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Commission permanente du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail
et de la Main-d'Oeuvre
Séance du mardi 9 mai 1972
(Vingt heures vingt-trois minutes)
Préliminaires
M. PICARD (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: M. le Président, avant de commencer je voudrais
préciser que, lors de la formation des commissions parlementaires, la
banque de présidents n'avait pas encore été
complètement formée par le président de l'Assemblée
nationale. M. Picard, qui est membre de la commission parlementaire du travail,
a par la suite été nommé membre de la banque des
présidents par le président de l'Assemblée nationale.
M. Picard agit ce soir non pas comme membre de la commission
parlementaire mais comme président de cette commission. Demain ou dans
les jours suivants, nous présenterons une motion en Chambre pour
qu'à l'avenir M. Picard soit remplacé comme membre de la
commission parlementaire du travail. Ce soir, M. le Président, je me
propose comme votre remplaçant à la commission parlementaire du
travail, au moins pour former le quorum au départ. Je ne voudrais pas
gêner mon ami le député de Maisonneuve par ma
présence et je m'abstiendrai de participer au débat. Je me
retirerai pendant quelques minutes pour lui permettre de s'exprimer librement,
sans crainte et sans peur. Je vais aller faire un tour vers la passoire
d'Orsainville pour être sûr que ses amis ne viendront pas le
protéger.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président, en ce qui me concerne...
M. LE PRESIDENT: Un instant, on va commencer la séance, si vous
le permettez.
M. BURNS: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Au début, tel que le prévoit le nouveau
règlement, il faudrait nommer un rapporteur.
M. BURNS: Je proposerais le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Je ne suis pas membre régulier.
M. CROISETIERE: Ce doit être un membre régulier, parmi les
présents.
M. LACROIX: Je proposerais que M. Cornellier soit le rapporteur de la
commission.
DES VOIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Y a-t-il d'autres députés qui
sont ici pour remplacer un membre en titre de la commission?
M. LEDUC: M. le Président, je remplace ce. soir, pour la
soirée du moins, M. Bossé. Lorsque M. Bossé sera de
retour, il pourra occuper sa fonction habituelle.
M. LE PRESIDENT: Tout le monde est d'accord sur ce changement?
DES VOIX: D'accord.
M. LACROIX: II est bien entendu qu'au début de chaque
réunion on peut s'adresser à la présidence pour lui
demander de substituer un nom à un autre, mais pour la séance
seulement. Si on veut substituer une personne à une autre pour la
durée de la session, il faut le faire par motion à
l'Assemblée nationale.
M. LE PRESIDENT: Je tiens à rappeler aussi, tel que le
prévoit le règlement, que tous les députés qui ne
sont pas membres en titre de la commission et qui veulent adresser la parole
doivent, au préalable, obtenir l'autorisation des membres en titre de la
commission.
M. LEDUC: M. le Président, je me permets de vous rappeler le
précédent qui a été créé à la
commission parlementaire des affaires municipales. Si vous êtes d'accord
et si les membres de la commission sont d'accord si on veut bien
m'écouter; même si je suis assis du côté de
l'Opposition, je demeure quand même un député
ministériel pour accepter cette suggestion je n'en fais
pas une motion que tous les députés de l'Assemblée
nationale qui voudront, à cette commission parlementaire, poser des
questions, n'auront pas besoin d'avoir le consentement de la présidence,
mais pourront s'adresser à la présidence pour pouvoir poser des
questions. Si on se fie au précédent si on peut l'appeler
comme ça qui a été créé à la
commission parlementaire des affaires municipales, peut-être ce
précédent pourrait-il s'appliquer à la commission
parlementaire du travail.
M. LE PRESIDENT: En faites-vous une suggestion?
M. LEDUC: J'en fais une suggestion.
M. BURNS: M. le Président, le député de Taillon,
peut faire la motion, mais je pense que
cela a été une espèce de consensus entre les quatre
partis qu'aux crédits, parce qu'il y a des aspects assez particuliers
parfois, même si le spécialiste du parti est présent,
ça doit être complété par quelqu'un d'autre du
parti, parce que tel ou tel aspect est plutôt étudié par un
autre. Moi, je suis entièrement d'accord, en ce qui me concerne.
M. CROISETIERE: Si vous me le permettez, M. le Président,
j'aimerais souligner que les députés qui ne sont pas membres des
commissions et qui veulent faire des interventions, peuvent bien le faire quant
à nous, mais en autant qu'ils ne répètent pas. S'ils
viennent dans le milieu d'une séance et s'ils n'ont pas participé
au début, qu'ils lisent au moins les débats qui ont
précédé.
M. BURNS: II n'est pas question de mettre de conditions à
ça. L'étude des crédits, à mon avis, est une chose
bien importante, que ce soit à la commission du travail ou de la
fonction publique. Il arrive malheureusement qu'un député est
pris dans une autre commission et il peut faire, par inadvertance, des
répétitions, mais nous sommes malheureusement obligés de
l'accepter. Si l'ensemble de la commission comprend que ce
problème-là a été réglé, il va se
sentir bien vite en dehors de la bande.
M. LACROIX: M. le Président, si vous me permettez une remarque
à la suite des remarques du député de Maisonneuve, cela,
c'est surtout dans l'intérêt de l'Opposition. Pour nous du parti
ministériel, il est assez facile, malgré les difficultés
que nous rencontrons, d'avoir les membres des commissions présents. Dans
l'Opposition ce n'est pas la même chose. Ce soir, trois commissions
siègent et des députés du Parti québécois,
du Ralliement créditiste ou d'Unité-Québec peuvent faire
partie de deux commissions et vont d'une à l'autre.
Le cas se présente ce soir. H y a un député en
particulier qui, normalement, serait membre des trois commissions. Nous formons
les commissions en fonction de nos députés, de leur connaissance
et par la suite, on appelle les commissions selon la disponibilité des
partis de l'Opposition.
Si on appelait, par exemple, en même temps les trois commissions
auxquelles est attaché le député de Maisonneuve, on
pourrait dire que le parti ministériel veut priver les partis
d'opposition de participer au débat. A l'heure actuelle, nous, au
pouvoir, avec beaucoup de votes, avec beaucoup de députés, on est
"poigné" avec une Opposition qui nous oblige à modifier nos plans
de jour en jour, selon les disponibilités de l'Opposition. Vous
comprendrez qu'il ne faudra pas être trop rigide sur les
règlements même si, personnellement, j'aimerais bien que les
règlements soient observés le mieux possible. L'Opposition
étant tellement faible, je voudrais qu'elle ait toute la chance possible
de s'exprimer.
M. LEDUC: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Toujours sur la même question?
M. LEDUC: Toujours sur la même question, pour enchaîner avec
l'intervention du député des Iles-de-la-Madeleine et qui est
président du caucus libéral. Si je me base sur
l'expérience de trois commissions, soit celle des affaires municipales,
des institutions financières et de la voirie, il est arrivé qu'il
y a eu un remplacement de députés. A chaque fois, à
l'occasion de ces commissions, on a référé le
député au journal des Débats. Je peux citer à ce
propos MM. Latulippe, Guay, Béland, du Ralliement créditiste et
MM. Tremblay (Sainte-Marie) et Léger du Parti québécois.
Lorsqu'on leur a dit qu'on avait discuté à fond tel sujet, avant
de participer à la commission parlementaire, ces députés
ont accepté de relire le journal des Débats. Cela n'a pas
créé de problème.
M. CROISETIERE: C'est ce à quoi je faisais allusion
tantôt.
M. LEDUC: Si on me permet un terme anglais, jusqu'ici, je pense qu'il y
a eu une espèce de "gentlemen's agreement" qui a fait que les
députés d'opposition ont accepté. Lorsqu'on leur a dit,
par exemple: On a discuté cet après-midi ou ce matin, à la
voirie, du problème du sel, les députés de l'Opposition
ont dit : Très bien, on lira ce qui s'est passé ce matin. Nous
avons reçu une excellente collaboration des partis d'opposition, sans se
répéter inutilement.
Il peut arriver cependant que des députés de l'Opposition
soulèvent des questions ou des problèmes qui ont
été discutés précédemment. Jusqu'à
présent, disons que le passé est peut-être un peu garant de
l'avenir, nous avons eu une excellente collaboration de ce
côté-là.
Je pense que nous pouvons travailler dans ce sens et je ne vois pas
pourquoi, ici, spécialement avec le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, nous ne pourrions pas travailler dans le même esprit, qui
est un esprit constructif et positif tout à son honneur.
M. LE PRESIDENT: Toujours sur la suggestion du député de
Taillon à l'effet de permettre à tous les députés
présents d'adresser la parole en commission, le député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je pense qu'il y a un autre
élément valable que nous ne devons pas négliger. A
plusieurs reprises, lorsque nous voulons poser des questions en Chambre, nous
sommes renvoyés à l'étude des crédits de tel ou tel
ministère. Cela suppose que n'importe quel député peut
poser ses questions à la commission parlementaire, par exemple, celle du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration ou à n'importe quelle
autre. Cela signifie que n'importe quel député, sans restriction,
je pense, doit avoir le droit, à une commission parlemen-
taire, lors de l'étude des crédits, de s'adresser au
ministre. D'autant plus, ce n'est qu'une fois par année que nous avons
la chance d'avoir, autour du ministre, les fonctionnaires qui peuvent, en
quelque sorte, l'aider à répondre aux questions de
l'Opposition.
Je pense qu'à partir de là on doit permettre à tout
député, de quelque parti que ce soit, même du
côté ministériel eux aussi ont des questions
à poser parfois; nous y gagnons tous à les entendre, comme le
parti au pouvoir bénéficie de l'Opposition de poser les
questions qu'il veut.
M.LACROIX: Le président est toujours libre d'accepter ou de
refuser les questions suivant qu'elles sont pertinentes ou non. Si le
débat a déjà été fait, il peut
déférer...
M. GUAY: Absolument.
M. BURNS: D'après le règlement, M. le
Président...
M. GUAY: Le président est toujours président à une
commission.
M. BURNS: ... je m'excuse je ne veux pas me servir de cette de
cette qualité un peu particulière ici mais je suis un des
quatre leaders parlementaires qui ont participé à la
rédaction de notre nouveau règlement. Je peux vous dire ceci,
entre autres choses, et non seulement je vous demande mais je sais que vous
êtes obligé de prendre ma parole, en vertu des règlements
parlementaires. Un des règlements qui avaient été
proposés d'ailleurs je vois un des officiers de la Chambre qui y
était, alors il peut le confirmer dans le projet original,
c'était que le président de la Chambre ou d'une commission puisse
rappeler à l'ordre un député qui répète
indûment des arguments qu'il a servis lui-même ou qui ont
été utilisés par un autre. C'est à ma demande, je
me le rappelle très bien, que cette chose a été
retirée du projet de règlement et retirée du
règlement, effectivement. C'est pour une raison bien simple: C'est qu'il
est très difficile de laisser cette discrétion au
président.
En tout cas, si j'étais président, je n'aimerais pas avoir
cette discrétion de dire combien de fois il faut répéter
un argument pour que ce soit indu de le répéter. Cela a
été accepté, d'ailleurs. C'est un consensus des quatre
partis. C'est pour cela qu'on a dit: On se servira de la bonne, pure et simple
logique. On verra que les arguments qui sont servis à la commission ou
en Chambre sont des arguments qui, même s'ils se
répètent... Ce n'est que cela. Mais il ne faudrait pas partir
avec l'idée que le règlement actuel nous permet ou vous permet,
M. le Président, d'arrêter quelqu'un lorsqu'il
répète des arguments. Je pense que vous êtes obligé
de les entendre tant qu'ils seront dans l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, le point que j'avais soulevé,
c'était la question du droit de parole et non pas des arguments qui
étaient soulevés. Je pense qu'il y a consensus et nous sommes ici
pour étudier les crédits du ministère du Travail. Je suis
satisfait des arguments de part et d'autre. La seule suggestion que je puisse
faire, c'est aux leaders parlementaires des différents partis, qui
doivent faire des suggestions pour amender ce règlement en vue de la
prochaine session afin que, lorsqu'il s'agira de l'étude des
crédits, on donne le droit de parole à tous les
députés mais qu'on maintienne le règlement actuel dans le
cas de l'étude de projets de loi.
M. LACROIX: Invoquant l'article 97, M. le Président, le leader
parlementaire du Parti québécois a absolument raison. Seulement,
il avait été entendu qu'un député qui ne fait pas
partie d'une commission parlementaire devait demander l'autorisation de la
commission pour poser des questions, participer aux débats. Vous savez,
je pense que le leader parlementaire du Parti québécois a raison
dans son argumentation, mais lorsqu'on élargit le droit de parole aux
autres députés, il reste tout de même au président
de déterminer, à un moment donné, parce que nous sommes
toujours limités, dans l'étude des crédits, au temps
limite de dix heures... Si j'étais avocat, ce serait pire, mais comme je
suis un honnête homme et que je ne veux que discuter loyalement des
règlements, je ne voudrais pas que le temps soit compté.
M. BURNS: Vous viendrez à la commission de la justice, demain
matin, répéter vos belles paroles devant le bâtonnier, pour
voir de quoi vous aurez l'air! Vous répéterez cela devant le
bâtonnier demain!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je pense que nous avons entendu
suffisamment d'arguments. Je vais rendre ma décision.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
On a parlé des leaders parlementaires, tout à l'heure. Je suis le
leader parlementaire de notre groupe. Je tiens bien à le
préciser, parce qu'on ne semble pas vouloir en tenir compte.
Je ne veux pas prêter d'intention à qui que ce soit, mais
j'aimerais ici ce soir bien préciser parce qu'il en a
été question aux réunions des leaders lorsque nous avons
préparé le règlement qu'il a été
convenu lorsqu'il y a des commissions parlementaires spécialement
convoquées pour entendre des mémoires présentés par
des parties, chaque parti aurait un représentant pour questionner, ou un
porte-parole, de façon à éviter les débats. Mais,
en aucun moment, il ne fut question de brimer les droits des
députés lors de l'étude des crédits.
Et je tiens à le dire. Je suis venu ici ce soir pour prendre part
à l'étude des crédits et je ne voudrais pas, lorsque je
serai obligé de demander la parole ou que je la demanderai, qu'on
considère ce fait comme une faveur. Je tiens tout simplement
à souligner que c'est un droit, parce que si ça ne semble pas
tellement clair, je vais soulever la question devant la Chambre demain et nous
allons statuer pour l'étude des crédits qui restent.
Le député de Dorchester l'a dit tout à l'heure.
J'ai justement posé des questions cet après-midi au ministre des
Affaires sociales. Il m'a dit qu'il me répondrait lors de l'étude
des crédits de son ministère, malheureusement, je ne fais pas
partie de cette commission parlementaire. Il va falloir repenser l'affaire dans
son ensemble, si on empêche les députés, quels qu'ils
soient, d'intervenir lors de l'étude des crédits.
M. LE PRESIDENT: Le député de Taillon.
M. LEDUC: Je pense bien, M. le Président, que ce que le
député de Maisonneuve et ce que le député de Beauce
viennent de dire et ce que le député des Iles-de-la-Madeleine a
dit, et je présume, ce que le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
pense, c'est que tous les députés ont le droit de poser des
questions au moment de l'étude des crédits.
Et je répète ce que j'ai dit tantôt, c'est que les
précédents qui ont été créés à
des commissions où j'ai eu l'occasion de savoir ce qui se passait, les
institutions financières, la voirie et les affaires municipales, tous
les députés ont pu poser des questions. C'est pourquoi au
début, j'ai soulevé ce point afin de permettre à tous les
députés de poser des questions, même s'ils ne sont pas
membres de la commission parlementaire.
Il ne faut pas se faire d'illusions. S'il y a x députés
qui sont membres de la commission parlementaire, c'est parce qu'on est
limité par le nombre, mais ça ne veut pas dire que les 108
députés n'ont pas le droit de poser des questions. Et les
précédents créés depuis le début de
l'étude des crédits nous permettent de croire que les ministres
qui ont été impliqués dans l'étude de leurs
crédits ont permis à chacun des députés de poser
des questions, que ce soit d'ordre général ou d'ordre local, ou
régional pour leur comté. Il y a eu une collaboration
extraordinaire.
Et je ne vois pas pourquoi, connaissant spécialement le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, on pourrait douter de cette collaboration,
au contraire. Alors, j'ai soulevé ce point-là et je pense bien
que ce serait inutile de continuer la discussion en sachant que si on exclut le
président de l'Assemblée nationale, il reste 107
députés; si on exclut le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre il en reste 106; les 106 autres députés pourront
poser les questions.
Avant qu'on me dise gentiment et poliment de me taire, je me tais, M. le
Président, mais je pense que les 106 députés pourront tous
poser des questions. M. le ministre du Travail.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le député. A l'ordre,
messieurs!
M. DEMERS: Ce sont des précautions superflues, parce qu'il n'y a
pas un autre député à part les membres de la commission.
Pourquoi parle-t-on de ça?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. DEMERS: C'est pour remplacer
des gens.
M. BURNS: Non, non, il y a le député de Beauce qui n'est
pas membre de la commission puis il y a le député de Bourget qui
n'est pas membre de la commission.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je cède la parole au
ministre du Travail pour l'étude des crédits du ministère
du Travail. Le ministre du Travail.
Exposé général du
ministre
M. COURNOYER: Vous savez, c'est la deuxième fois que le ministre
du Travail se présente devant la commission parlementaire pour
étudier les crédits de son ministère. Je ne doute pas que
ce sera plus dur cette fois-ci.
M. BURNS: Peut-être.
M. COURNOYER: Remarquez que la dernière fois vous avez
été extrêmement gentils avec moi et je conçois
qu'aujourd'hui vous avez peut-être décidé d'être
moins gentils. C'est normal qu'il en soit ainsi. Vous m'aimez moins que vous
m'aimiez. C'est normal aussi. Cela dépend des bons coups et des mauvais
coups qu'on fait pendant l'année.
Je pourrais, à l'occasion de l'étude de ces
crédits, faire un grand discours sur l'efficacité interne de mon
ministère puis dire que ça va pour le mieux dans le meilleur des
mondes, mais je ne crois pas qu'il soit opportun de dire que ça va
très bien quand tout le monde sait que ça ne va pas si bien que
ça.
Sans se vanter de choses qu'on ne réalise pas, on peut dire qu'il
y a des choses qui vont bien et des choses qui vont mal, quitte aux
députés à poser toutes les questions. Je ne suis pas le
gars qui va s'opposer aux questions posées. Vous allez peut-être
vous opposer aux réponses, mais si c'est un privilège que les
députés ont de s'opposer aux réponses, c'est le
privilège du ministre de donner les réponses qu'il croit
opportunes dans les circonstances. Compte tenu de tout ce débat que je
viens de voir, débat de procédure qui est fort
intéressant, mais auquel je ne comprends rien du tout, c'est un
peu...
M. LACROIX: Le boss est un peu un avocat aussi.
M. COURNOYER: Voilà, je suis un avocat
qui n'a malheureusement jamais eu le privilège de pratiquer
devant les tribunaux. Je ne m'en vante pas, mais disons que ça manque
dans ma formation, pour le moment.
M. BURNS: Vous n'avez jamais eu ça la chance d'avoir un client
qui serait envoyé "en dedans" pour un an ou une histoire comme
ça?
M. COURNOYER: Non. Je n'ai jamais eu la chance non plus de plaider pour
l'autre client qui s'arrange pour envoyer l'autre en prison pour un an, deux
ans, trois ans.
M. LACROIX: C'est parce que ce n'est pas le bon qui est "en dedans".
M. COURNOYER: Maintenant, vous savez que chacun a ses fonctions...
M. LEDUC: II faut dire, M. le ministre, que vous n'avez jamais
frappé de pépins.
M. COURNOYER: J'ai déjà frappé des pépins,
mais pas nécessairement de pépins.
M. DEMERS: La pomme était moins gâtée.
M. COURNOYER: Elle n'était pas mal. Ecoutez, je ne sais pas
comment on fait ça d'habitude, ici devant les commissions
parlementaires. Je n'ai pas l'intention de prolonger la discussion. Compte tenu
du fait qu'on m'a dit qu'il y avait une période maximale, je n'ai pas
l'intention d'enlever aux députés quelque minute que ce soit du
temps qui leur est réservé pour faire part au ministre du Travail
de leurs préoccupations face aux crédits présentés
au nom de son ministère.
Je laisse aux députés qui veulent bien le faire le soin de
me poser des questions sur n'importe quel sujet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, nous avons l'intention, au fur et
à mesure que chaque article sera soumis, de poser les questions qui nous
intéressent et pour lesquelles nous voudrions avoir des réponses
du ministre. C'est dire que nous attendrons, étant donné que le
ministre n'a pas fait de grand énoncé de sa politique. Nous nous
restreindrons aussi, nous n'irons pas nous tirer dans le mille pour donner des
directives au ministère du Travail, ce n'est pas notre rôle; le
nôtre est de surveiller son travail.
Au fur et à mesure que chaque article sera discuté et
débattu, nous ferons les observations qui nous intéressent. Pour
ma part, j'attends l'article 1.
M. CROISETIERE: Le ministre aimerait-il nous présenter ceux qui
l'accompagnent?
M. COURNOYER: II y a lieu de présenter le personnel qui
m'accompagne pour votre édification personnelle et pour ceux qui ne le
connaissent pas. Vous avez le sous-ministre, Réal Mireault; en
arrière, le sous-ministre adjoint, Jean- Marc Jodoin, et l'autre
sous-ministre adjoint, Paul-Emile Bergeron. M. Matte peut vous présenter
les suivants.
M. MATTE: Paul Matte, directeur du service de la gestion
financière; Guy Lapointe, directeur général des services
techniques, et Jean-Paul Bélanger, analyste au service de la gestion
financière.
M. LACROIX: Vous avez tort de ne pas les connaître.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, avant l'étude des crédits
d'un ministère, on peut se permettre de poser des questions
générales sur l'ensemble de la politique du ministère
concerné. Je vais essayer d'éviter de faire un grand tour
d'horizon de la politique du travail et de la main-d'oeuvre. Ce soir, pour
signifier qu'il y a de graves problèmes dans l'industrie de la
construction qui regardent les politiques du travail, nous avons appris qu'une
grève de 24 heures était annoncée.
Je pense que nous sommes en droit de demander au ministre du Travail
cette année, avant l'étude des crédits, quels changements
majeurs ont été apportés à la politique du travail
et de la main-d'oeuvre depuis l'année dernière. On a eu
l'occasion d'en discuter l'année dernière et j'ai l'impression
qu'on va devoir y revenir cette année, étant donné qu'il y
a eu du changement dans l'attitude des travailleurs, dans l'attitude des
patrons et peut-être dans l'attitude des syndicats aussi concernant les
politiques de travail. Le décret de la construction que nous avons
actuellement semble contesté de part et d'autre.
Le ministre a apporté des précisions dans certains
secteurs, mais on n'a pas eu l'occasion de vivre ces nouvelles politiques parce
que c'est très récent. Si les lois actuelles du ministère
du Travail sont maintenues, j'ai bien l'impression que des régions comme
celle que j'ai l'honneur de représenter sont appelées à
mourir à plus ou moins brève échéance. Je ne sais
pas si, à l'intérieur de l'étude des crédits, on va
pouvoir se permettre de discuter à fond ces questions, étant
donné qu'une commission parlementaire va siéger dans quelques
jours, je l'espère, afin que nous puissions poser toutes ces questions
et réviser, peut-être en entier, toutes les politiques de travail
dans la province de Québec.
Lors de l'étude des crédits, à chacun des articles,
à mesure qu'ils seront apportés, nous avons l'intention de faire
préciser l'orientation que le ministre entend désormais donner
à ses politiques de travail afin que les travailleurs soient plus
satisfaits qu'ils semblent l'être pré-
sentement. On a signifié au ministre du Travail, à
plusieurs reprisés, qu'au ministère du Travail des choses ne
fonctionnent pas.
On a l'impression que même le ministère ne sait pas trop
trop vers quoi il s'oriente. On a plutôt l'impression que c'est un
ministère de l'empêchement au travail, au lieu d'être un
véritable ministère du Travail. Nous aurons l'occasion, au cours
de ces études, de préciser certaines pensées et certaines
politiques, je l'espère bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, en ce qui me concerne, même si
l'Unité-Québec n'a rien à dire sur ça, nous avons
quelques petites choses à dire, nous, au départ, avant d'entrer
dans les détails de chacun des articles qui apparaissent aux
crédits du ministère.
Je me souviens et le ministre s'en souvient sans doute
que, l'année dernière, au tout début de l'étude des
crédits en commission parlementaire, je lui avais demandé, dans
une question très générale, de nous dire dans quels
domaines il avait l'intention d'apporter de la législation au cours de
l'année à venir. Je me souviens également que la
réponse du ministre avait été que la législation
viendrait en temps et lieu, mais que, plutôt que de faire une
déclaration d'ordre général comme, d'ailleurs, il
s'est refusé à le faire cette fois-ci il
préférait recevoir des questions précises. Je ne sais pas
si c'est encore son attitude, mais, si c'est son attitude, il y a un certain
nombre de questions d'ordre général que j'ai l'intention de poser
avant que nous entrions dans la discussion des articles un par un.
M. COURNOYER: Cela va.
M. BURNS: Dois-je comprendre que le ministre, cette année, me
répond la même chose que l'année dernière? Ma
première question serait, tout simplement, celle-ci: Quel est le
programme de législation du ministère du Travail pour
l'année à venir? Là-dessus, je veux tout simplement, si le
ministre me le permet avant de répondre, lui dire bien franchement et
bien honnêtement, à lui qui est un de mes bons amis, en dehors de
tout ce phénomène de relations partisanes qui peuvent exister
à l'intérieur, et à qui je reconnais toute la
compétence voulue je suis obligé de le lui dire, et
ça peut paraître plus dur, étant donné que c'est une
personne que j'estime, et j'espère que c'est mutuel que, depuis
qu'il est en fonction, il m'a énormément déçu comme
ministre du Travail. Je le dis, non pas dans l'intention d'essayer de faire de
la politique autour de ça. Je voudrais m'expliquer en disant que, pour
moi, le ministre du Travail, il me semble peut-être que le
gouvernement dans lequel il se trouve ne le lui permet pas; c'est un autre
problème, mais mon interlocuteur ici, c'est le ministre du Travail
que son problème, d'abord et avant tout, c'est une planification
de sa législation; c'est une espèce d'étude des
problèmes d'envergure, et Dieu sait qu'il y en a des problèmes
d'envergure dans le domaine qui concerne ce ministère! Je l'ai dit
peut-être à quelques reprises et cela a peut-être
passé comme une boutade, mais, pour moi, ce n'est pas une boutade; je
trouve ça très important. Malgré toutes les
qualités que le ministre possède en matière de
conciliation et de médiation, je considère et que ce soit
bien entendu que ce n'est pas le rôle d'un ministre, même si
ce sont les centrales syndicales qui demandent l'intervention du ministre du
Travail dans les conflits.
Ce n'est pas son rôle. Ce que le ministre a fait dans la
grève des pompiers de Montréal par exemple, dans la grève
des policiers provinciaux, dans quelques autres grèves dont la Presse,
c'est peut-être bien beau, c'est peut-être bien "flashé",
mais ce n'est pas le rôle d'un ministre du Travail.
Je regarde le bilan de législations que je mettrais, disons, au
crédit du ministre. On arrivera au solde après. Je regarde le
bilan des problèmes du domaine que je mettrais au débit du
ministre. A la fin de son administration, j'aimerais qu'on puisse faire un
solde, ce que les Anglais appellent une "balance". Actuellement, le solde est
vraiment au débit, c'est-à-dire qu'il n'y a pas grand-chose au
crédit du ministère du Travail. Malheureusement c'est en
toute humilité que je le dis, car je ne pense pas avoir découvert
l'Amérique ni avoir inventé les boutons à quatre trous, ni
quoi que ce soit il me semble que la clé de tout cela, c'est
l'approche de la direction du ministère du Travail.
Encore une fois, je ne veux pas passer pour un Astérix et essayer
de créer de la zizanie à l'intérieur, mais j'ai nettement
l'impression le ministre ne me répondra pas là-dessus et
je le comprendrai que c'est la forme de pensée de ce gouvernement
qui a cru qu'en allant chercher un ministre du Travail de la compétence
de celui qu'on a il dénichait une espèce de conciliateur, un
superconciliateur. A mon avis, cela est archi-faux comme approche. Si le
ministre a des talents de conciliateur et de médiateur, je dis: Bon
Dieu, qu'on l'utilise, mais qu'on n'en fasse pas un ministre du Travail.
D'autre part, connaissant ce qu'il connaît du milieu je
sais qu'il connaît le milieu qu'il utilise ses connaissances et
que le gouvernement le laisse travailler, le laisse planifier et le laisse nous
faire des lois qui vont régler les problèmes. C'est avec beaucoup
d'étonnement que, cet après-midi, je relisais un extrait du
Journal de Québec ou du Journal de Montréal du vendredi, 30
octobre 1970. Il est titré: "Le premier ministre dit pourquoi il a
choisi Cournoyer au lieu de prendre un de ses députés." Je ne
veux pas tourner le fer dans la plaie auprès des députés
qui auraient voulu être choisis ministre
du Travail. C'est leur problème et non le mien. Personnellement,
quand le ministre a été choisi, j'ai été un des
premiers à applaudir et je ne m'en suis pas caché. Sans aucune
partisanerie politique, j'ai dit: Si vous avez cherché un des gars
compétents au Québec, en matière de travail et de
main-d'oeuvre, vous en avez un. Voici le texte: "M. Bourassa a
félicité M. Cournoyer pour le geste de non-partisanerie qu'il a
posé". J'en parle parce que le ministre et je lui rends justice
là-dessus je pense, a toujours été sous le signe de
la non-partisanerie, lui aussi. "Il a précisé qu'il avait
prévenu le chef de l'Union Nationale de son intention de recourir aux
services de M. Cournoyer." Tout le monde a applaudi. Mais, quelques secondes
avant, le même premier ministre nous dit pourquoi il l'avait choisi;
c'est ça le titre de l'article et c'est ça qui m'a assez
fasciné. Là, je cite encore le premier ministre: "M. Cournoyer
est l'un des très rares experts au Québec dans le secteur du
travail, alors qu'il y a des problèmes urgents à régler,
que ce soit celui écoutez bien ça de la
construction, que ce soit celui de la négociation relativement à
la main-d'oeuvre avec le gouvernement fédéral". Là, nous
pourrions en ajouter bien d'autres, nous pourrions ajouter tous les
phénomènes, en tout cas, on y reviendra tantôt. Mais je
demande, au départ et c'est la question d'ordre général
que je pose au ministre: Quelle est sa conception d'un ministre du Travail?
Est-ce un superconciliateur, comme on a entendu dire, ou des fadaises de ce
genre depuis le début de la commission de la fonction publique? Je ne me
réfère pas aux travaux, M. le Président, comme tels parce
que je serais hors du sujet. Mais j'ai entendu, dans cette même salle,
des gens nous dire: II faudrait que le ministre du Travail intervienne dans le
conflit de la fonction publique. Bien, je dis: ce n'est pas sa "job". C'est
d'autant moins sa "job", si vous me pardonnez le mauvais français, que
ce ministre est déjà membre d'un groupe dont il est solidaire, et
on ne peut pas l'en blâmer.
Alors, j'aimerais que le ministre me le dise, une fois pour toutes, cela
va être dans l'intérêt et des centrales syndicales et des
patrons qui, de part et d'autre, sollicitent, à l'occasion,
l'intervention du ministre. Je vous dis tout de suite que si j'étais
ministre du Travail je ne le serai probablement jamais, mais si je
l'étais je refuserais carrément d'intervenir. Ce n'est pas
ma "job", ça. Ce n'est pas la "job" du ministre du Travail. Ce à
quoi il a à penser, c'est comment il les règle, ces
problèmes, comme ceux que M. Bourassa, le premier ministre, mentionnait
lors de sa nomination: le problème de la construction, le
problème de la négociation, relativement à la
main-d'oeuvre, les problèmes de relations
fédérales-provinciales. Le ministre nous a parlé, à
quelques occasions; j'ai lu certaines de ses conférences, et j'ai
trouvé que je ne pouvais pas dire grand-chose contre ce qu'il disait
là-dessus.
Le problème, c'est qu'on se dit: II n'y a rien qui se suit. Il
n'y a rien qui aboutit à la suite de ça. On se demande,
très sérieusement, si, au fond, le gouvernement actuel n'a pas,
en la personne du député de Chambly, choisi une autre caution
à ce pouvoir que je considère vraiment... En tout cas, ce n'est
pas la place, ce n'est pas le moment, non plus, de discuter de problèmes
partisans. J'ai essayé de mettre cela du côté non partisan,
comme le ministre d'ailleurs. Mais qu'est-ce que vous voulez, des fois il y a
des choses qui sortent et on se demande si, véritablement, le ministre,
comme certains autres, n'est pas une des cautions de ce gouvernement.
Je lui pose la question carrément, comme introduction: Quelle est
sa conception d'un ministre du Travail
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! J'aimerais avoir le consentement
des membres de la commission afin de permettre au député de
Laviolette de remplacer le député de Matane pour la
présente séance de la commission du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration. D'accord. Alors, je laisserais la parole, maintenant, au
ministre qui pourrait peut-être donner la réponse aux nombreuses
questions posées par les porte-parole des partis d'Opposition.
M. COURNOYER: Pour répondre, sans patiner, à la question
posée par le député de Maisonneuve, il est bien entendu
que lorsque vous avez eu d'abord une pratique de technicien des relations de
travail, cela prend un certain temps à devenir un homme politique ou un
politicien, un homme qui, dans le meilleur sens du terme joue justement le
rôle que vous prêtiez si gentiment à un ministre du travail
en disant :
Le ministre du Travail ne doit pas être là pour aller
éteindre des feux à la demande de qui que ce soit. Il y a des
conciliateurs, chez lui, qui sont payés pour cela et qui sont
censés être compétents pour faire cela. Là-dessus,
je suis en total accord avec le député de Maisonneuve, dans le
sens précis que ce n'est pas le rôle du ministre du Travail.
Mais il faut bien comprendre, cependant, que dans cette sorte
d'implications antérieures du ministre du Travail qui, qu'on le veuille
ou non, a quand même été un technicien des relations de
travail avant, il y a un malaise réel. Chaque fois qu'il y a un malaise
quelque part qui tombe sous sa responsabilité et qu'on insiste pour
qu'il intervienne, il y a nécessairement un jeu de questions qui se sont
posées dans le passé.
Vous avez parlé tantôt de l'intervention du ministre du
Travail au sujet des pompiers de Montréal. Sachons bien que le ministre
du Travail n'est pas intervenu dans le cas des pompiers de Montréal,
sauf pour dire aux pompiers qu'il n'interviendrait pas. Il est assez difficile
de faire autrement. Je ne sache pas que
la porte du ministre du Travail puisse être fermée à
la demande de quelqu'un qui représente un groupe de salariés ou
un groupe d'employeurs. Les gens veulent rencontrer le ministre du Travail, les
députés veulent le rencontrer aussi et ma porte restera ouverte
dans ce sens. A être assis à un bureau et préparer des lois
sans avoir aucun contact avec la réalité quoditienne, qu'on
retrouve régulièrement dans ce domaine, autrement que par des
rapports qui nous sont faits par des conciliateurs ou des officiers du
ministère, j'ai l'impression qu'il nous manque une dimension. C'est
cette dimension que le ministre du Travail ne peut, comme personne,
oublier.
Très souvent je pense que vous le constatez assez bien
vous-mêmes dans votre pratique si vous voulez réellement
connaître les problèmes, il faut aller voir à l'endroit
où sont les problèmes. Il y a les questions de comportement. Ce
sont toujours des questions de comportement chez nous. Je ne négligerai
jamais de descendre de mon piédestal de ministre du Travail pour voir
quels sont les problèmes réels.
M. BURNS: Si le ministre me le permet, rien qu'une précision. Je
devrais normalement, d'après les règlements, le faire
après mais si le ministre me le permet, je le ferai tout de suite.
Notez bien que je n'ai pas dit: Je ne vous blâme pas d'être
près des conflits, près des problèmes. Ce n'est pas du
tout ce que je dis.
M. COURNOYER: Non, non.
M. BURNS: Que vous soyez près des conflits, j'endosse
entièrement ce que vous venez de dire, que cela vous permettra de les
connaître davantage. Mais quand j'ai vu, moi, un ministre du Travail
être crevé, à un point tel qu'il avait du mal à
répondre et ce n'est pas de sa faute à des
questions, en Chambre, au cours du conflit de la Presse, qui avait les yeux
cernés comme j'ai rarement vu il avait des poches en dessous des
poches en dessous des yeux je me dis: Ce n'est pas le gars qui, à
un moment donné, sera placé dans une situation froide et pourra
rendre des décisions, administrer son ministère et penser
à long terme son ministère. Et Dieu sait que, s'il y en a un qui
a besoin d'être pensé à long terme, c'est celui-là.
Il y en a d'autres aussi mais, en tout cas, c'en est un.
M. COURNOYER: Oui, celui-là en particulier.
M. BURNS: Je ne voulais que rétablir ce fait, avec votre
permission. Je ne vous blâme pas d'être près des conflits,
près des problèmes des gens, de recevoir les gens, mais là
où je ne marche plus, c'est quand le ministre du Travail devient un
supermédiateur. Nous reviendrons au supermédiateur plus tard.
M. COURNOYER: Ce sont des termes, c'est un mythe. Je vais
considérer le terme supermédiateur comme un mythe. C'est à
cause de la fonction que j'occupe, point final, à la ligne, pour autant
que je suis concerné, je ne me prends pas pour un autre et je ne devrais
pas le faire non plus. Je ne pense pas que le ministre du Travail puisse se
prendre pour un autre.
Vous avez parlé, tantôt, de ce qui s'était produit
lors d'une commission parlementaire ici, et je n'y étais pas. Encore une
fois vous avez eu raison de dire que le ministre du Travail, étant
partie d'un gouvernement, peut difficilement à un moment donné,
agir comme médiateur entre le gouvernement et une autre partie qui,
elle, n'est pas au gouvernement. Ou bien il décolle du gouvernement et
dit : Je ne suis pas d'accord avec le gouvernement c'est un choix qu'il
a à faire, à un moment donné ou bien il dit: Je
suis solidaire du gouvernement et, à l'intérieur de ce
gouvernement, je tenterai, dans la mesure de mes moyens, de modifier, de faire
à l'intérieur, ce qu'on ne peut pas faire à
l'extérieur.
Ceci dit, voulant être près des problèmes, le
ministre du Travail ne refuse pas et ne peut pas refuser de rencontrer les gens
qui en ont.
Seulement je plaçais ça tantôt dans le contexte de
la non-intervention ou l'intervention du ministre dans des conflits nettement
identifiés. Et ces conflits-là, aussi "flashy" peuvent-ils
être, le ministre du Travail ne les a pas choisis. Mais il vient de dire
que sa pratique n'a jamais été une pratique d'homme politique,
mais une pratique de technicien des négociations. Je n'ai jamais
refusé comme conseiller en relations de travail d'intervenir; il y a une
sorte d'habitude qui fait que vous êtes toujours prêt à
intervenir à des endroits non pas comme ministre du Travail, mais parce
que vous vous appelez le technicien qui a fait ça avant.
Mais depuis un certain temps vous avez sans doute remarqué
et c'est à l'appui de votre thèse que le ministre du
Travail n'intervient pas dans les conflits comme il intervenait auparavant.
Parce que justement, à un moment donné, le ministre du Travail,
avec ses conseillers, a décidé que l'intervention du ministre
était nuisible au travail efficace des employés du
ministère du Travail et qu'on avait tout simplement ajouté un
autre échelon de médiation possible par-dessus les
échelons administratifs ordinaires. Cela compromettait gravement
l'efficacité des fonctionnaires.
A partir du moment où les discussions ont eu cours avec les
fonctionnaires chez nous, le ministre du Travail a décidé de ne
plus intervenir, de faire en sorte que nous fassions l'administration du
ministère j'aime à vouloir le gouverner ce
ministère-là, mais il reste qu'il y a aussi de l'administration
à faire et que nous fassions également ce que vous avez
appelé la planification de la législation.
Vous avez parlé d'un bilan tantôt. J'imagine
qu'un bilan ça se fait lorsqu'un type part, et je ne suis pas
encore censé partir dans les mois ou dans les semaines qui viennent,
à moins d'événements contradictoires. Mais j'ai
l'impression que, pour le moment, vous pouvez m'accuser de ne pas avoir
présenté de lois, et je suis d'accord avec vous. Je ne ferai pas
le bilan au moment où nous nous parlons.
J'aimerais vous rappeler cependant que les lois au ministère du
Travail se font depuis un certain temps après consultation du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Cela n'est pas une excuse,
remarquez. Mais le processus est un peu plus long. Le ministre du Travail ne
fait pas ce qu'il veut et il ne devrait jamais faire lui-même ce qu'il
veut. Il faut qu'il consulte.
Particulièrement en ce qui a trait à ce qui s'en vient
comme programme législatif et je ne peux pas dire quand ces
projets de loi seront soumis on peut se demander si nous allons proposer
des projets de loi moitié-moitié. Je pense que le parti que vous
représentez, M. le député de Maisonneuve, m'a
déjà accusé de présenter une loi en particulier
sans aller au fond du problème. Alors, j'ai admis ceci et il
était temps que je fasse quelque chose en ce sens-là. Et je l'ai
fait.
M. BURNS: Vous parlez du bill 290?
M. COURNOYER: Non, le bill 290 je tiens à rappeler que je ne suis
pas...
M. BURNS: Vous voulez dire le bill 15 par rapport au bill 290.
M. COURNOYER: Oui. Disons que j'ai accepté en votre
absence peut-être de remettre en question le bill 290 pratiquement
au complet. Pour le remettre en question au complet, il faut quand même
que j'aie ou bien une commission parlementaire postérieure ou une
commission parlementaire antérieure pour que tout le monde sache quels
sont les problèmes dans l'industrie de la construction.
M. BURNS: M. le ministre, l'année passée on disait
exactement la même chose aux crédits.
M. COURNOYER: J'en reviens avec ce qui est déjà sur le
tapis.
M. BURNS: Cela a été fait l'année
passée.
M. COURNOYER: Trois chapitres d'amendements au code du travail sont
prêts. Vous savez combien de chapitres il y a dans le code du travail.
Les techniciens de chez nous avec le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre compte tenu du fait qu'il y a un certain nombre de membres
du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui sont en vacances
pour un certains temps ...
M. BURNS: II y en a trois.
M. COURNOYER: C'est de ceux-là que je parlais. Deux
seulement.
M. BURNS: C'est vrai, Charbonneau n'y est pas.
M. COURNOYER: De toute façon, il y a trois chapitres du code du
travail qui ont été soumis au Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, dont deux chapitres ont passé l'épreuve de
la consultation. Ils ont subi des modifications après consultation. Le
troisième n'a pas encore fini de subir l'épreuve de la
consultation.
Il y a un projet de loi de prêt. Il est devant le conseil des
ministres actuellement. C'est la loi d'inspection technique pour la
sécurité du public.
Anciennement on l'appelait, en fait, la Loi des établissements
industriels et commerciaux. De plus, plusieurs lois sont amendées: la
Loi des électriciens, si je me souviens bien, la Loi des
mécaniciens en tuyauterie. Toutes ces lois sont fondues en une seule: le
Loi de l'inspection technique.
Nous avons préféré, compte tenu du fait qu'il y a
des règlements dans ça, avant que de soumettre ceci au Parlement,
fabriquer les règlements généraux et les règlements
particuliers qui suivront, pour éviter qu'il y ait une trop longue
période de temps ou qu'on se pose trop de questions sur les
règlements. Nous avons décidé qu'il était
préférable de faire les règlements immédiatement et
de les soumettre à l'Assemblée nationale en même temps que
le projet de loi lui-même. Cela c'est sur la Loi de l'inspection
technique, et j'ai l'impression que c'est une loi importante dans un domaine
qui préoccupe hautement le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Il y a un autre projet de loi, qui n'est pas encore terminé
celui-là, qui est la loi des normes du travail. Il est plus difficile
à faire, je l'admets, mais il s'agit de quelque chose qui regarde la
Commission du salaire minimum, comme la loi des décrets de conventions
collectives. Nous n'avons pas encore remis totalement en question la loi des
décrets de conventions collectives, non plus que la Loi du salaire
minimum, mais il nous semble à nous, au ministère du Travail, que
ceci doit être remis en question, rapidement. Quand je dis rapidement,
c'est compte tenu des contraintes que vous et moi avons.
Il y a un autre projet de loi qui est prêt celui-là: la Loi
de la sécurité au travail. C'est une loi importante, elle est
prête. Est-ce qu'elle est passée devant le conseil? Les principes
de la révision ont été examinés au Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, mais le texte de loi
lui-même ne l'a pas été.
Il y a aussi la Loi des accidents de travail. Je
pense qu'il y a eu des amendements rapides, mais je ne décide
pas, moi, comme ministre du Travail, du programme des travaux parlementaires.
Lors de la dernière session, plusieurs amendements auraient
été susceptibles d'être apportés, mais compte tenu
du fait qu'il fallait passer ça avant le 1er janvier, nous avons
limité les amendements à augmenter le montant d'argent maximum de
$6,000 à $9,000. Cela c'était urgent de le faire.
Par ailleurs, récemment, sur la Loi des accidents du travail,
nous avons formé un comité interministériel, incluant le
ministère dels Affaires sociales et le ministère du Travail, pour
remettre en question, par exemple et je ne dis pas la conclusion pour le
moment parce que le conseil des ministres n'en a pas pris connaissance
l'existence d'un centre de réhabilitation au Québec, en dehors du
système hospitalier de Québec, strictement pour les
accidentés du travail. La conclusion est arrivée.
On a remis également en question l'autre partie,
c'est-à-dire l'intégration de l'assurance-maladie aux accidents
de travail. Certains se sont opposés même à la remise en
question. Comme ministre du Travail j'ai dit: II faut remettre ça en
question. Peut-être les conclusions seront-elles qu'il n'y a aucun
avantage à modifier l'état actuel des choses, mais et
c'est dans ce sens-là que j'ai eu des oppositions, si nous ne faisons
pas l'étude, nous allons avoir tout simplement à faire
l'étude un jour, parce que quelqu'un sera obligé de remettre
ça en question à un moment donné. Il y avait une question
de $10 millions de récupération possible ou impossible de la part
du gouvernement central. L'étude a été faite et le rapport
est maintenant devant le conseil des ministres.
C'est une partie de la Loi des accidents de travail. Il y a l'autre
partie, celle qui traite du centre de réhabilitation qui est à
Québec présentement. C'est un magnifique centre de
réhabilitation qui ne sert aujourd'hui qu'aux accidentés du
travail. Pour pouvoir, à la demande de quelqu'un, l'intégrer dans
le système hospitalier québécois, il fallait quand
même savoir le degré d'occupation de ce centre par les
accidentés de travail, et étudier celui de Montréal et
celui de Québec en même temps. Il y a un centre de
réhabilitation à Montréal qui est drôlement
différent de celui de Québec. Alors, ce qui nous est
arrivé comme rapport est soumis au conseil des ministres, et la seule
raison pour laquelle il n'est pas passé actuellement au conseil des
ministres, c'est que M. Castonguay, le ministre des Affaires sociales, n'a pas
encore eu le temps d'en prendre connaissance et de le soumettre comme tel au
conseil des ministres. Ce sont deux conclusions sur deux points
extrêmement importants, je pense, de la Loi des accidents de travail.
Il y a aussi la restructuration de la Commission des accidents de
travail. Je pense qu'on en a parlé lors de la dernière commission
parlementaire sur les crédits. Encore une fois, je pense, au moment
où je parle, compte tenu des représentations qui ont
été faites je le dis comme ministre du Travail, je ne sais
pas si, à un moment donné, je n'aurai pas à faire face
à d'autres sortes de responsabilités pour d'autres raisons
je pense qu'il y aurait lieu de donner à la Commission des accidents du
travail un conseil d'administration qui impliquerait les employeurs et les
salariés, sur une base paritaire si vous voulez.
C'est un changement majeur de la conception de la Commission des
accidents du travail et de son rôle dans la société. Ce
sont des amendements qui sont maintenant prêts ou pratiquement
prêts. Us n'ont pas encore été soumis au conseil
consultatif, bien que le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
ait demandé exactement cela. Nous avons suivi comme procédure
qu'avant d'aller dans le moulin du comité de législation il
fallait avoir soumis à nouveau les textes au conseil consultatif parce
que, parfois, ils se satisfont d'énoncés de principes, mais,
quand on les revoit dans les textes, on ne retrouve pas nécessairement
les principes qu'on croyait avoir approuvés.
C'est une précaution supplémentaire, si vous voulez, mais
nous avons décidé au ministère du Travail qu'il
était préférable d'avoir des protestations à ce
moment-là que de les avoir postérieurement. C'est une loi, et je
pense que des amendements majeurs à la Loi des accidents du travail
seront soumis au Parlement cette année, au cours de la session. Il y a
aussi la Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs, le bill
51. Le bill 51, qui a subi une commission parlementaire sous le gouvernement
antérieur, a été étudié,
réétudié, réapprouvé par le conseil
consultatif et, actuellement, les fonctionnaires du ministère le mettent
dans sa forme définitive. Il sera soumis au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre le plus rapidement possible.
Une autre chose nous préoccupe grandement depuis les
événements qu'on a connus dans le régime de relations de
travail chez les policiers. Il y a lieu, pour le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, qui s'est interrogé là-dessus, d'avoir
continuellement des consultations avec eux pour savoir s'il n'y aurait pas lieu
de l'amender. C'est assez difficile de l'amender sans consultation et nous en
faisons, là-dessus. Il y a la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction et, sauf le respect que je dois au
député de Maisonneuve, ce n'est plus tout à fait la
même loi que le bill 290, quoi qu'on en dise. Je ne parle pas du bill 15;
je parle de l'autre bill qui a été adopté, cette fois-ci,
non sous vapeur et qui a tenté de centraliser des choses centralisables
en donnant aux parties contractantes, encore une fois, le privilège de
s'administrer elles-mêmes et de décider ce qui était bon
pour elles.
Il m'a semblé, encore une fois, que le fait de retourner cette
chose-là aux parties contractan-
tes, c'était peut-être, pour le ministre, se
départir de certaines responsabilités, mais je crois à une
forme de participation des gens, surtout dans les problèmes qui les
regardent. J'en discutais, ce midi même, avec un actuaire qui travaille
pour la commission de l'industrie de la construction. Il me parlait justement
de cette expérience d'unification des bénéfices sociaux
dans l'industrie de la construction à la suite, bien sûr, du bill
que nous avons adopté au Parlement et qui réorganisait
l'industrie de la construction au point de vue administratif. Il me disait que
même si officiellement, à la table, les parties ne s'entendent
pas, elles sont quand même heureuses d'unifier les
bénéfices de façon que tout le monde qui travaille dans la
province de Québec dans l'industrie de la construction ait, au moins, un
semblant de bénéfices et qu'on ne retrouve pas les
problèmes qu'on a eus auparavant alors qu'une personne qui travaillait
à Montréal pour un mois n'avait pas le temps d'accumuler les
bénéfices qu'il lui fallait. Elle allait travailler à
Sorel pendant encore deux mois et la conjonction des deux ne lui donnait pas
droit à des bénéfices.
Disons que ceci a été une résultante du fait que le
gouvernement et le Parlement je ne prendrai pas plus de crédit
qu'il ne faut ont approuvé une loi permettant cette unification
des bénéfices sociaux dans l'industrie de la construction, tout
en permettant également une certaine cohésion, au moins dans
l'administration des décrets qui ont toujours existé dans la
province de Québec. Là, j'attends, bien sûr, les
députés du Ralliement créditiste qui me diront que
c'était bien bon avant, mais que c'est moins bon aujourd'hui. Cela
dépend du point de vue où l'on se place. Quant à moi, il y
a bien des choses qui devraient être modifiées. Je reviendrai
là-dessus.
Aujourd'hui, certains aspects de la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction, sont discutables, mais pas toute la loi.
Je ne pense pas que toute la loi doive être remise en question. Si vous
voulez savoir l'opinion du ministre là-dessus, je ne crois pas que toute
la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction doive
être remise en question.
L'expérience, bien qu'elle ait placé le gouvernement
actuel dans l'obligation de faire voter le bill 38, de la Loi de l'industrie de
la construction mérite encore d'être revécue, malgré
toutes les ombres qu'on voit au tableau pour le mois de novembre qui vient.
Elle mérite d'être revécue avec les modifications que le
Parlement voudra bien apporter. Mais, entre vous et moi, il faut quand
même laisser aux gens le soin de s'ajuster dans les cadres nouveaux, de
les comprendre, de les connaître avant de commencer à les
modifier. Et là je ne suis pas prêt à les modifier
sensiblement au moins dans le cadre administratif dans lequel ils sont
placés. Il y a des amendements qui me sont soumis, requis par les
centrales syndicales, par les patrons. Si jamais ils me demandaient les
mêmes amendements et que ceux-ci répondaient à des
préoccupations de certaines parties du Québec, à ce
moment-là on aura au moins trouvé des solutions
intéressantes pour à peu près tout le monde.
J'ai parlé de certaines lois que j'administre comme ministre du
Travail. Il y en a peut-être d'autres. Voyez-vous on me demandait encore
une autre modification au bill 81 ce midi. Le bill 81, je ne sais pas si vous
vous en souvenez, avait été l'occasion du premier esclandre de M.
Laberge au parlement, lorsqu'il a été adopté;
c'était au mois de décembre. Il prenait l'administration des
bénéfices sociaux de Montréal et les envoyaient à
la Caisse de dépôt et à la Régie des rentes. Ce
bill-là, selon les renseignements que je possède, devrait
être amendé, modifié de façon à retourner les
cotisations aux parties.
Encore là, ce serait un consentement unanime du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Je ne vais pas dans le fond mais
c'est également une des préoccupations.
L'article 45 du bill 49 j'aimerais en parler, mais vous connaissez
l'article 45 c'est probablement la cause d'un certain nombre de
difficultés que nous avons. Le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, c'est-à-dire les gens qui vivent avec l'article 45 du
bill 49, qui est la Loi sur la formation et la qualification professionnelles,
a indiqué son accord: II fallait que ce soit révisé et
précisé davantage sur les avis de mise à pied et aussi
ajouter une sorte de garantie ou clarifier davantage le texte de l'article 45.
Celui-ci doit rendre permis au moins le règlement qui était fait
en vertu de l'article 45 mais qui a été jugé, par le
ministère de la Justice, comme étant illégal et ultra
vires des pouvoirs conférés au gouvernement par l'article 45
actuel. Les parties se sont entendues sur un texte et quand je dis les parties
ce ne sont pas les parties à un contrat.
M. BURNS: Le ministère de la Justice a dit que...
M. COURNOYER: Que l'article 45, dans sa formulation actuelle, ne
permettait pas au gouvernement d'accepter ou d'adopter un règlement qui
lui a été soumis par le ministre du Travail. Le règlement
comportait des dispositions qui étaient ultra vires, les pouvoirs
conférés au gouvernement par l'article 45.
Un consensus a été donné, parfois retiré,
parfois redonné, parce que c'est de la conciliation, peut-être pas
stable, mais continuelle, dans le métier que nous exerçons tous
avec le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
Là-dessus, il a fallu que le gouvernement prenne certaines
responsabilités mais nous allons arrêter de concilier et prendre
nos responsabilités comme ministre. Malgré le fait que les
parties ne seront peut-être pas totalement encore satisfaites, nous avons
décidé d'amender l'article 45 et de rendre possible au moins
le
règlement que les parties du Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre nous avaient soumis mais qui avait été
jugé illégal.
D'autre part, toujours en ce qui a trait à l'industrie de la
construction et à la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles, cette loi n'a reçu ses premières applications,
en fait, que dans l'industrie de la construction pour le moment. Le premier
règlement en vertu de la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles est celui dont nous entretiendra sans doute bientôt le
député représentant le Ralliement créditiste.
Cette loi, on en a adopté le premier règlement et cela
cause, bien sûr, les "éjarrages" qu'on connaît dans
différents comtés de la province de Québec. Est-ce que
c'est dans la manière de l'appliquer? Est-ce que c'est la loi qui est
mauvaise? Cela, on en discutera avec les gens. Le leader parlementaire du
Ralliement créditiste a proposé récemment au Parlement
qu'il y ait réunion de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre pour, justement, étudier le problème des cartes de
compétence, dans le domaine de l'automobile comme dans le domaine de la
construction. En fait, il y a deux problèmes. Dans le domaine de la
construction, c'est la loi sur les qualifications professionnelles qui est mise
en vigueur tandis que dans le cas de l'automobile, actuellement, ce que les
gens vivent, c'est la Loi des décrets de convention collective qui
conserve le pouvoir d'émettre des certificats de compétence aux
gens.
Les deux lois sont là, et c'est pour ça que le
gouvernement avait pensé qu'il y avait lieu de diviser en deux la motion
du Ralliement créditiste. Pour cette motion, je ne sais pas les
procédures, je ne connais pas tellement cela, mais il semble que nous
avons convenu qu'il y aurait une réunion de la commission parlementaire
pour étudier l'application de la Loi sur la formation et la
qualification professionnelles... Celle-là.
M. BURNS: L'autre n'est pas décidée encore...
M. ROY (Beauce): La deuxième n'est pas décidée
encore...
M. BURNS: Pour l'autre, nous sommes encore en plein débat.
M. COURNOYER: Laquelle?
M. BURNS: La deuxième concernant l'automobile.
M. COURNOYER: Non, c'était presque terminé la
dernière fois. On a ajourné sine die, si je me souviens bien,
compte tenu du fait qu'il y a eu publication, cette fois-ci, dans la Gazette
officielle du 8 avril, d'un projet de règlement pour l'automobile. Un
projet de règlement en vertu, cette fois-ci, de la loi sur la
qualification professionnelle qui empêcherait les comités
paritaires d'émettre des certificats de compétence, qui les
retournerait sous l'empire de la loi sur la qualification professionnelle.
C'est assez complexe, mais, de toute façon, cette partie de nos
préoccupations ou des préoccupations du Ralliement
créditiste est en voie, non pas de se formaliser, mais de se placer pour
une discussion.
Il y a aussi l'arrêté en conseil no 2711, dont j'ai
parlé avant-hier. Je parlais au président de la commission de
l'industrie de la construction où on m'a rapporté ce matin que la
semaine prochaine la commission de l'industrie de la construction serait
susceptible, aussitôt que convoquée pour la commission
parlementaire, d'expliquer les bienfaits de l'arrêté en conseil
2711, ce que cela a fait jusqu'ici, les ennuis qu'on a eus et de venir nous
dire ce que cela va donner comme pouvoirs ou comme instruments de travail.
On est encore en haut et on s'imagine toujours qu'on veut faire mal
à quelqu'un, mais ces dispositions de l'arrêté en conseil
no 2711, qui limitent l'entrée des travailleurs, auraient dû
normalement être précédées de normes d'acceptation.
Malheureusement, la commission de l'industrie de la construction je ne
veux pas l'excuser et je ne veux certainement pas la blâmer pour autant
est une commission formée de personnes humaines, pas seulement
d'institutions, qui n'a commencé d'exister formellement qu'au mois de
novembre 1971, et qui n'a été mise en place qu'au mois de
novembre 1971 avec un certain nombre de mandats. Le premier est de s'organiser
comme commission. Le deuxième, bien sûr concernait
l'administration du décret. Nous avons, pardessus cela, ajouté
une obligation additionnelle sur la question de sécurité sur les
chantiers de construction. Il ne faut pas demander trop, trop aux mêmes
gens d'avoir fait des normes d'acceptation dans l'industrie de la
construction... Oui?
M. BURNS: Ce que vous avez fait, cela fait l'objet d'une autre de mes
questions préliminaires. Ne me répondez pas, vous me
répondrez plus tard, si cela dérange votre exposé. Ce
n'est pas dans ce sens-là...
M. COURNOYER: Non, non, je n'avais pas d'exposé...
M. BURNS: Vous parlez de la remise de la sécurité sur les
chantiers entre les mains de la commission de l'industrie de la construction.
Entre vous et moi, vous ne trouvez pas que c'est une affaire suffisamment
importante, suffisamment sérieuse, la question de la vie de je ne sais
pas combien de gars qui se font tuer chaque année sur les chantiers de
construction, pour que ce soit le ministère lui-même qui s'en
occupe plutôt que de déléguer cela...
Remarquez, vous allez me dire que, jusqu'à un certain point,
c'est le ministère par personne interposée. Je le comprends. Mais
il me semble que cela commence à être drôlement important.
D'ailleurs, vous nous avez fait adopter des projets de loi, à une couple
de reprises, sur le danger ou la menace de quelques personnes qui pourraient se
faire assassiner dans des conflits. Je pense, par exemple, au bill no 15. Je me
rappelle ce que le ministre du Travail, lui-même, nous a dit. Est-ce
qu'il va falloir qu'on attende que les gens se fendent le crâne en deux
et qu'ils soient morts...
M. COURNOYER: C'est ça.
M. BURNS: ... pour qu'on adopte un bill? On reviendra au bill no 15 plus
tard. Mais je me souviens de ça. Je me dis que là il y a une
place où on sait qu'il y a des cinquantaines, sinon des centaines de
gars par année qui se font tuer sur la construction pour des
problèmes de sécurité au travail.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Pourquoi ne serait-ce pas le ministère du Travail?
M. COURNOYER: Non, mais cela l'est. M. BURNS: Je m'excuse encore.
M. COURNOYER: Vous allez me dire que c'est le ministère du
Travail. Je pourrais employer 122 inspecteurs au ministère du Travail et
peut-être que je réglerais le problème mais peut-être
que je ne le réglerais pas. J'ai nommé 122 inspecteurs en vertu
de la loi. C'est tout ce que j'ai fait. Mais au lieu de les employer au
ministère du Travail, je les ai nommés inspecteurs du
comité paritaire, aussi comme inspecteurs avec les mêmes pouvoirs,
ou des pouvoirs un peu plus limités, que ceux qui sont dévolus au
Service d'inspection technique.
M. BURNS: Est-ce qu'en pratique, vous avez le même contrôle
de ces inspecteurs que celui que vous avez, par exemple, de vos
commissaires-enquêteurs? Pas un contrôle...
M. COURNOYER : Dans quel sens?
M. BURNS: C'est peut-être un mauvais exemple, celui des
commissaires-enquêteurs, parce qu'ils exercent des pouvoirs quasi
judiciaires.
M. LACROIX: Me permettriez-vous une question?
M. BURNS: Certainement.
M. LACROIX: En fait, dans le domaine de la construction, on sait qu'il y
a des dangers. C'est clair que lorsqu'il y a des dizaines et des dizaines de
milliers d'employés qui sont impliqués dans des travaux
considérables...
M. BURNS: Quand il y a des centaines de morts.
M. LACROIX: Est-ce que c'est pire là que dans la marine, dans le
domaine du transport maritime? Est-ce que c'est pire que dans le domaine du
transport routier? Vous savez, des morts, il y en a dans tous les domaines.
Est-ce que c'est toujours la faute de l'entrepreneur? Est-ce que c'est toujours
la faute du propriétaire? Est-ce que l'employé, dans bien des
cas, n'est pas lui-même responsable? Est-ce que l'employeur peut
toujours, constamment, avoir un inspecteur qui va surveiller son employé
pour savoir s'il se conforme aux normes? Je me pose une question. Le
député de Maisonneuve connaît très bien le
problème, et le ministre du Travail aussi. Mais je me demande si on ne
fait pas un cas particulier de cas généraux qui se posent dans
bien d'autres domaines également. Vous savez, cela se pose dans le
domaine du transport par eau, cela se pose dans le domaine du transport
routier. Cela se pose dans bien d'autres domaines. Mais, j'ai l'impression
peut-être que je me trompe, si je me trompe, j'en suis fort
heureux qu'on essaie de poser un problème, dans un domaine
particulier, qui, en fait, est un problème général de
relations entre employeurs et employés, entre personnes qui retiennent
les services de quelques-uns et d'autres qui ont la responsabilité
d'exécution de travaux.
Peut-être que le député de Maisonneuve ou le
ministre pourrait me rassurer là-dessus. Mais il me semble qu'on veut
placer sur un plan particulier un problème qui se pose à
plusieurs niveaux.
M. COURNOYER: Disons que...
M. BURNS: Je pense que le député des Iles-de-la-Madeleine
ne comprend pas, si vous me permettez M. le ministre, le sens de ma question.
Il ne s'agit pas, pour moi, d'imputer la faute aux employeurs ou aux
employés.
M. LACROIX: Qu'est-ce qu'on voit dans les journaux actuellement?
M. BURNS: Je sais, je n'ai pas peur de le dire, que dans la
majorité des cas c'est la faute des employeurs. Je ne vous dis pas dans
tous les cas. Je le sais. Par exemple, justement dans une bâtisse
gouvernementale, vous avez un gars qui se fait suspendre par un treuil parce
que, malheureusement, il est seul et qu'il n'a personne pour actionner la
machine. Il se fait poigner et il passe à travers le treuil. Il y a
quelque chose qui ne va pas en quelque part. C'est à Parthenais,
à Montréal. Mon but, ce n'est pas de de discuter, à ce
stade-ci, de la faute de l'un ou
de l'autre. Je me dis que c'est un fait qu'il y a du monde qui meurt
là-dedans. Est-ce qu'il y en a plus dans d'autres industries? Est-ce
qu'il y en a moins? Personnellement,c'est absolument inconséquent. Ce
qu'on sait, actuellement, cependant, c'est qu'il y en a. Cela a
été fortement "publicisé" depuis quelque temps. Alors, on
ne peut pas se fermer les yeux, se tirer la laine sur les yeux et dire: II n'y
a pas de problème dans ce domaine. Les syndicats, entres autres le
Syndicat de la construction de Montréal, nous ont tellement
chanté le problème dans les oreilles qu'ils ont réussi
à nous sensibiliser à ça. Ils ont réussi aussi, je
pense, à sensibiliser le ministre à ça.
M. LACROIX: Nous n'avons pas d'objection à ça, non
plus.
M. BURNS: Une fois qu'on est sensibilisé, je ne me pose pas
nécessairement, à ce stade de la discussion, le problème
de savoir à qui la faute. C'est dans ce sens que je dis que je pense que
le député des Iles-de-la-Madeleine ne comprend pas ce que je veux
dire. Ce que je voulais dire, c'est: Est-ce normal, maintenant qu'on est
sensibilisé à ce problème, maintenant qu'on sait que c'est
sérieux, maintenant qu'on sait que des gars, comme dans la construction
de l'échan-geur Turcot, se font tuer, tout simplement, parce que des
règles de base de l'étaiement des caissons ne sont pas
respectées, maintenant qu'on sait tout cela, qu'il y ait du monde, donc,
qui contrevienne encore aux règlements de sécurité? Donc,
s'il y en a, qui aura le meilleur contrôle là-dessus, sinon le
ministère, qui est le plus sensibilisé?
Toutes les fois qu'on fait des plaintes dans ce domaine et j'en
ai eu connaissance, j'ai reçu des lettres de procureurs de la couronne,
et je ne peux pas les blâmer là-dessus de la
négligence criminelle, qui ne serait pas, normalement, de la juridiction
du ministère du Travail mais plutôt de celui de la Justice, ils
nous disent: L'état actuel du droit criminel ne nous permet pas
d'intenter, avec le moindrement de chances de succès, des plaintes de
négligence criminelle. Cela a été la réponse qu'on
a eue dans l'affaire de l'échangeur Turcot, cela a été la
réponse qu'on a eue dans l'affaire de Parthe-nais, cela a
été la réponse qu'on a eue dans les multiples autres
cas.
Au moins, si, à cause du phénomène un peu stupide
de la juridiction criminelle, qui est entre les mains du fédéral,
et semble-t-il, même si ce sont des gouvernements libéraux aux
deux niveaux, ils n'ont pas l'air de pouvoir s'influencer l'un et l'autre, en
tout cas le Québec, dans ce sens, n'a pas de grandes chances de
l'influencer, et Dieu sait que le ministre a essayé de le faire,
lui...
M. LACROIX: ... fédéral-provincial entre le NPD et le
séparatisme.
M. BURNS: Pardon?
M. LACROIX: Cela vous prouve qu'il y a moins de relations entre le Parti
libéral fédéral et le Parti libéral provincial
qu'entre le NPD fédéral et le Parti québécois.
M. BURNS: Vous pourrez tirer vos conclusions le jour où le Parti
québécois sera au pouvoir, au Québec, et le NPD au
fédéral. Alors on verra.
M. LACROIX: Malheureusement, je serai mort depuis vingt ans. J'aurai 120
ans!
M. BURNS: Ah non! Vous serez bien jeune, le député des
Iles-de-la-Madeleine, si cela continue comme cela. Vous êtes en train de
faire une bien belle "job" pour nous aider, à part de cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il ne faudrait pas aborder des sujets comme
cela.
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse. J'ai été
amené dans un corridor que je ne voulais pas visiter, pas parce que je
n'aime pas cela mais parce que je trouve que c'est très peu utile au
niveau de la discussion que nous avons entreprise.
Je me pose la question et j'aimerais savoir pourquoi...
M. COURNOYER: Vous savez d'où je viens. Pendant un certain nombre
d'années, les représentants syndicaux ont demandé que des
pouvoirs soient donnés ou conférés à ceux qui
visitent le plus souvent les chantiers, c'est-à-dire les inspecteurs de
chantiers de construction du comité paritaire, dans le temps, à
Montréal. Ces pouvoirs, justement, ont été
conférés à ces gens.
Remarquez que c'est un supplément ce n'est pas l'essentiel
à la surveillance des chantiers de construction. J'aurais pu,
probablement, décider d'utiliser davantage d'autres organismes
plutôt que d'employer du personnel à cette fin. Mais si je pense
qu'il y a lieu, pour les gens, ici, de connaître l'arrêté en
conseil qui nomme ces gens, pour savoir ce qu'ils ont à faire, je ne
sais pas si ces arrêtés en conseil ont été
publiés ou si on en a parlé suffisamment, je ne voudrais pas
prolonger le débat là-dessus, c'est que cela doit être
considéré comme un effort d'ajouter un certain nombre de
personnes qui vont sur les chantiers de construction voir comment les ouvriers
sont traités.
Si je regarde â nouveau le décret actuel de la
construction, c'est qu'il y a un certain nombre de règles de
sécurité qui seront négociées. Nous avons, depuis
l'année dernière, au moins fait les règles et nous les
avons, nous, rendues obligatoires. Avant, c'était une incitation.
Là-dessus, je pense que la semaine dernière, lorsque le
président de la Commission de l'industrie de la construction a
présenté ce programme de sécurité sur les chantiers
de construction, il y a peut-être quelqu'un qui a mal compris. Les
règlements restent obligatoires. Ce ne sont plus des incitations. Est-ce
bien cela?
UNE VOIX: M. le sous-ministre.
M. COURNOYER: Je m'informe parce qu'effectivement...
M. BURNS: Je le dis pour le journal des Débats. Il faut dire:
Dit-il à ses sous-ministres.
M. COURNOYER: Nous avons donc donné des pouvoirs et pas seulement
des pouvoirs.
Nous les avons nommés inspecteurs en vertu de la loi qui nous
permettait de les nommer. Nous aurions pu employer 125 personnes nouvelles,
mais peut-être que nous n'aurions pas été capables de les
occuper aussi bien que ceux qui sont déjà là et qui y vont
par affaires, faire en sorte que les ouvriers aient les droits qui leur sont
reconnus par un décret. J'en conviens, il est assez volumineux, ce
décret-là.
Nous avons ajouté les règlements de
sécurité, encore une fois, parce que ça les regarde. Nous
les avons nommés inspecteurs et la responsabilité de cette loi
n'a pas été transférée, que je sache, à la
Commission de l'industrie de la construction. Nous avons nommé des
inspecteurs de la Commission de l'industrie de la construction inspecteurs de
la sécurité sur les chantiers de la construction, au même
titre que les autres inspecteurs que nous avons. Ils répondent avec un
mécanisme de réponse, de la même manière que les
autres inspecteurs répondraient.
Il y a peut-être un intermédiaire additionnel, mais la
responsabilité n'a pas été ôtée du
ministère du Travail. Nous avons ajouté un nombre d'inspecteurs
pour aider ceux qui, jusqu'ici, malgré les efforts qu'ils faisaient, ne
réussissaient pas toujours à éviter des accidents, et pas
seulement des accidents mortels. H y en a qui sont pires que mortels parce que
les gens sont plus mal emmanchés après qu'avant. Ils seraient
peut-être mieux morts, souvent, que de rester estropiés pour le
restant de leurs jours et couchés, comme j'en vois à la
Commission des accidents du travail ici, dans des "racks". Enfin le mot "rack"
n'est peut-être pas français, mais dans ça.
Pour ma part, honnêtement, malgré le fait que certains de
vos amis m'ont dit que j'étais le plus grand meurtrier après les
Rose, disons que je n'ai pas poursuivi pour autant, parce que je n'aime pas
ça. Mais, de toute façon, on me l'a dit.
M. LACROIX: Cela a fait beaucoup de publicité, pourtant.
M.COURNOYER: Cet après-midi, on m'a enterré aussi. Mais
c'était encore les mêmes.
M. LEDUC: Vous avez l'air, quand même, très en santé
après votre enterrement.
M. LACROIX: Vous ne sortez tout de même pas du...
M. COURNOYER: A tout événement, pour en revenir aux
inspecteurs, il me semble qu'avec 125 personnes de plus qui visitent les
chantiers de construction, il y a peut-être des échafaudages qui
vont avoir des garde-fous, il y a peut-être des gens qui vont voir que,
qu'une grue n'a pas d'affaire à côté de fils à haute
tension. Il y a peut-être plus de gens qui ont des chances d'avoir les
pouvoirs qui étaient conférés par notre loi, à
nous. Les pouvoirs de ces gens-là, c'est de dresser les avis et
prescriptions de la Loi des établissements industriels et commerciaux et
des règlements énumérés ci-après faits en
vertu de ces dispositions pour instruire les patrons et les employés de
leurs responsabilités et de leurs devoirs, et intenter des poursuites en
vertu de l'article 40 de la Loi des établissements industriels et
commerciaux.
M. BURNS: Est-ce que le ministre parce que ce n'est pas toujours
très facile d'obtenir des arrêtés en conseil, même
pour des députés serait d'accord qu'au moins les membres
de la commission...
M.COURNOYER: Je n'ai aucune forme d'objection.
M. BURNS: ... en ait une copie? Pas ce soir, mais dans les jours qui
viendront.
M. COURNOYER: Ce sont des documents publics sur des gestes que nous
avons posés.
M. BURNS: Tant et aussi longtemps que cette merveille qui est en train
de se préparer et qu'on appelle la compilation des règlements
qui, semble-t-il, est en train de se faire ne sera pas
publiée, évidemment, ça nous est parfois difficile.
Même que, parfois, nous n'en avons pas connaissance, parce que nous
n'avons pas la chance de regarder la Gazette officielle, cette fin de semaine
là.
M. COURNOYER: Je vais faire ça pour cet arrêté en
conseil.
M. BURNS: Oui, l'arrêté en conseil que vous venez de
citer.
M.COURNOYER: Celui-là, j'imagine que vous l'avez reçu. Les
normes de sécurité, les députés en ont reçu
copie.
M. BURNS: Oui.
M. COURNOYER: Tous les députés en ont reçu copie et
tout autre document qui est un document public enfin quand je dis
public, la plupart des documents de mon ministère sont publics
ils ne sont peut-être pas tous publiés dans la Gazette officielle,
mais j'ai des documents administratifs, je vais les donner à n'importe
qui, n'importe quand.
M. BURNS: D'accord. Celui-là en particulier, vous ne l'avez
pas.
M. COURNOYER: Vous allez l'avoir, il n'y a pas de problème.
M. BURNS: En tout cas je ne veux pas étendre la discussion
inutilement sur ce point-là. D'ailleurs, ce n'est pas inutile, il s'agit
de la sécurité...
M. COURNOYER: Très à point.
M. BURNS: ... et puis, dans bien des cas, de la vie des gens de
l'industrie de la construction. La raison qui me motivait à poser cette
question au ministre au début, savoir le fait de ne pas garder à
son ministère le contrôle de cette inspection c'est que je me
disais que si cela a autant d'importance que tout le monde ici semble le
croire... en tout cas, le ministre et moi sont les seuls qui en ont
parlé jusqu'à maintenant. J'imagine que les autres
députés sont d'accord sur l'importance de cet aspect-là.
Si cela a une telle importance, je me demande pourquoi confier cette fonction
d'inspection des règles ou des normes de sécurité sur les
chantiers à des gens qui ont déjà, ne nous le cachons pas,
un boulot déjà assez important à faire, voir à
l'application du décret. Vous l'avez dit vous-même, vu
l'épaisseur qu'a le décret, c'est déjà un boulot
assez important.
Le gars est obligé de voir si les taux de salaire sont
respectés, si toutes les autres conditions de sécurité
sociale, etc., sont respectées...
M. COURNOYER: Ne multiplions pas les difficultés de l'inspecteur
en construction. Il va avoir...
M. BURNS: Qu'est-ce qu'il a comme responsabilité à part
ça? Il a quoi?
M. COURNOYER: II va vérifier la carte de compétence. C'est
sa première affaire actuellement, puis il va vérifier
également le fait que le gars travaille des heures
supplémentaires ou ne travaille pas. Malheureusement, il n'y va pas
après.
M. DEMERS: Faire arrêter les gars puis les mettre en prison.
M. COURNOYER: Disons que son travail est important. Je ne crois pas
personnellement que ça puisse lui enlever une préoccupation de
sécurité, parce que de toute façon on parlait
déjà à l'inspecteur de chantier de construction des
problèmes de sécurité parce qu'on pensait qu'il avait
l'autorité. Ne nous mêlons pas, il ne passait pas beaucoup
d'inspecteurs. Nous en avons dix, et dix qui faisaient autre chose en plus.
Alors, ces 123 étaient déjà
préoccupés de sécurité. Aussi
préoccupé de sécurité sur les chantiers de
construction, je tiens à rappeler qu'il y a un "shop steward", comme on
dit dans les unions internationales. On va appeler ça
délégué de chantier.
Mais ces gens-là sont aussi préoccupés de
sécurité. L'addition de cette personne fait qu'on dit: Voici, il
y en a un qui vient souvent ici, on n'a pas besoin de l'appeler du bureau de
l'inspecteur. Il vient ici, puis il a une chose de la sécurité
qui marche mal, il a les mêmes pouvoirs que l'autre: Veux-tu
arrêter ça? Dans ce sens-là, ce n'est pas
nécessairement le gars qui va aller faire l'inspection pour savoir si le
"shoring" est bien fait ou bien si le "shoring" est mal fait, si on a
étançonné comme il faut ou si on n'a pas
étançonné comme il faut. Il y a quelqu'un qui va lui dire
qu'on a mal étançonné.
Il ne faut pas s'imaginer là que, compte tenu du fait que vous
avez un "closed shop" complet là-dedans... Ce sont des
représentants syndicaux et effectivement s'ils se préoccupaient
de ça à part des autres affaires, ce serait déjà
beaucoup qui motiverait la cotisation syndicale. Ils s'en préoccupent,
ils peuvent bien dramatiser pour un bout de temps, mais il y a aussi les
représentants syndicaux sur les chantiers de construction.
M. BURNS: On ne dramatise pas quand on parle...
M. COURNOYER: Non, non, mais je dis que je peux bien, à un moment
donné, dramatiser. Cela n'empêche pas qu'on se fait tuer sur les
chantiers de construction, mais il ne faut pas...
M. BURNS: Le gars qui s'est fait tuer sur un chantier de
construction...
M. COURNOYER: ... s'imaginer que personne s'occupe de voir à ce
que les chantiers soient conformes aux règles. Il faut bien admettre que
des morts accidentelles je n'ai pas de statistiques pour le moment
il va y en avoir encore la semaine prochaine, puis il va y en avoir
encore l'autre semaine après, mais ce ne sera pas nécessairement
à cause d'infraction aux règles de sécurité. Cela,
on va l'admettre tout le monde, décemment puis calmement. On va trouver
des responsabilités criminelles à certains employeurs.
On va trouver des négligences à certains autres, qui ne
sont pas nécessairement criminelles, mais le gouvernement, comme tel,
doit s'assurer qu'il y ait une possibilité que quelqu'un découvre
cela avant que ça arrive.
Comme je le disais tantôt, j'aurais pu mettre 122 inspecteurs.
J'en ai 122 de plus qui vont se préoccuper aussi de
sécurité, mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi les
représentants syndicaux qui se préoccupent de
sécurité, parce que la convention et le décret comportent
qu'ils se préoccupent de sécurité.
M. LACROIX: Ils ont leur part de responsabilité.
M. COURNOYER: Non, je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils ont leur
part de responsabilité dans les accidents.
M. LACROIX: Non, mais dans la rédaction des
règlements.
M. BURNS: Non, mais ça fait du bien au député des
Iles-de-la-Madeleine de dire cela.
M. LACROIX: Dans l'application des règlements.
M. COURNOYER: Disons que les syndicats ont, quand même,
confié une responsabilité à leurs
délégués syndicaux. Ce n'est pas seulement pour faire les
"slowdown"; il y a aussi celle-là.
M. LACROIX: Ils peuvent toujours faire des représentations.
M. COURNOYER: Je tiens à rappeler ici la lettre que j'ai
envoyée à M. Morin, afin de préciser que c'est encore le
service d'inspection du ministère du Travail qui est responsable de
cela. Il ne faut pas laisser l'impression qu'on n'a plus rien à faire
là-dedans. "Le service d'inspection du travail, qui relève de la
Direction générale des services techniques du ministère,
demeure responsable de la mise en application de la Loi des
établissements industriels et commerciaux et des règlements qui
en découlent. Pour cette raison, les inspecteurs de ce service
continueront d'effectuer toutes les enquêtes et inspections qu'ils
peuvent juger utiles. "La direction du service d'inspection du travail du
ministère émettra des directives d'ordre technique et
administratif, concernant l'application de la Loi des établissements
industriels et commerciaux et des règlements qui en découlent
pour servir de règles de conduite et de procédure aux inspecteurs
de la commission. Le service d'inspection du travail du ministère devra
participer à la formation des inspecteurs de la commission
préposés à la surveillance des normes de
sécurité. La commission fera un rapport mensuel au service
d'inspection du travail du ministère au sujet des inspections
effectuées. Ce rapport indiquera le nombre de chantiers visités,
la nature, les avis et significations donnés par les inspecteurs et
aussi toute autre information que le service d'inspection du travail peut
exiger. "Dans le cas d'accidents mortels ou autres cas graves qui seront
spécifiés par le service d'inspection du travail, les inspecteurs
de la commission devront suivre les directives particulières
émises à cet effet par le service d'inspection du travail. Le
service d'inspection du travail du ministère fera un rapport mensuel
à la commission parce qu'il faut, quand même, leur dire ce
qu'on a fait et ce qu'ils nous ont dit au sujet des mesures prises
à la suite des rapports et autres demandes formulées
mensuellement par la commission. "Les personnes que la commission entend
affecter à ce travail de surveillance des normes de
sécurité seront nommées inspecteurs c'est avant que
l'arrêté en conseil dont on parlait tantôt vous soit remis
par arrêté en conseil, conformément à
l'article 21 de la Loi des établissements industriels et commerciaux".
Là, on dit: "A titre d'inspecteurs ainsi nommés, selon les
prescriptions de la Loi des établissements industriels et commerciaux,
ces salariés de la commission devront effectuer les inspections et
vérifications sur les chantiers, etc."
Tout ce dont vous doutez pour le moment, si je comprends bien, ce n'est
pas qu'il y en ait 122 de plus. C'est beaucoup mieux que c'était avant;
il n'y en avait que dix.
M. BURNS: Nous sommes bien heureux de l'apprendre.
M. COURNOYER: Vous dites: Est-ce qu'ils seront capables, quand
même, d'assumer cette responsabilité additionnelle par rapport
à la responsabilité que l'administration du décret leur
donnait déjà?
M. BURNS: C'est cela.
M. COURNOYER : Je dis honnêtement que, si la commission de
l'industrie de la construction ne se sentait pas capable de le faire...
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre, mais c'est surtout dans le cadre
de leurs préoccupations. Certaines compagnies ont et des directeurs du
personnel et des directeurs de sécurité. Certaines compagnies,
qui se préoccupent davantage de cela, disent: Ce n'est pas
nécessairement le directeur du personnel qui va s'occuper de la
sécurité; on va nommer un gars pour cela. Je parle de compagnies
en dehors de la construction.
Je me dis que, si elles font cela, c'est parce qu'elles ont
trouvé que c'était peut-être préférable
d'avoir un gars dont c'est la préoccupation, dont c'est la "bebite" de
voir exactement où sont les failles au point de vue de la
sécurité. Ce n'est que dans cet aspect-là. Je ne vous
blâme pas d'en avoir nommé 122. Tant mieux, c'est même bien
mieux qu'avant. Je serais stupide de dire le contraire. Mon rôle, comme
député d'Opposition, c'est de voir, aussi drôle que cela
puisse paraître, que votre ministère soit le plus parfait
possible.
M. COURNOYER: C'est cela, vous avez raison.
M. BURNS: Alors, je cherche comment il se fait que vous n'avez pas fait
exprès pour être encore plus parfait que vous êtes
là.
M. COURNOYER: Je pense bien que, de toute façon, je donnerai le
double de cette lettre là au député en même temps
que l'arrêté ministériel qui est un complément
à cette lettre de M. Morin, qui est président de la commission.
Je donne des instructions précises pour que tous les
députés en aient.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le ministre a donné un
exposé assez clair et précis de la politique de son
ministère. Je crois qu'il faudrait passer à l'examen des
administratifs.
M. COURNOYER: Les questions générales.
M. LE PRESIDENT: On pourrait discuter de toutes les questions.
M. COURNOYER: On peut le faire.
M. LE PRESIDENT: Autrement, la présidence a beaucoup de
difficulté à donner la parole à chaque personne.
M. BURNS: Je ne veux pas monopoliser le temps de la commission; passez
aux autres députés, je n'ai pas d'objection, mais je ne veux
pas...
M. LE PRESIDENT: C'est parce que nous sommes allés dans...
M. BURNS: Ecoutez, M. le Président, dans les autres commissions,
nous nous sommes bien entendus. C'est dommage que le député de
Taillon soit parti, parce qu'il serait là pour appuyer mes dires. A la
commission, je pense d'ailleurs que le député des
Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: A l'article 1, on fait le tour du ministère et par la
suite on procède plus rapidement article par article.
M. BURNS: C'est ce dont nous nous sommes rendu compte, au
ministère des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: C'est justement la directive que je voulais avoir.
M. BURNS: Voici justement le député de Taillon; il peut
confirmer mes dires. Aux Affaires municipales, nous y étions, le
député de Taillon et moi-même, au début et il y a eu
des questions à savoir si ce n'était pas trop long de discuter de
la politique générale du ministère avant d'aborder les
articles, et nous nous sommes rendu compte c'est là-dessus que je
voudrais sa confirmation que ç'a été beaucoup plus
rapidement ensuite article par article parce qu'il y avait un tas de choses qui
avaient été discutées dans l'ordre général,
dans l'ordre des politiques.
M. LE PRESIDENT: Si tout le monde est consentant, je n'ai pas
d'objection. Alors, la parole est au député de Beauce. Le
député de Beauce m'a demandé la parole il y a
longtemps.
M. LACROIX: Si vous le permettez, M. le Président, pour confirmer
ce que le député de Maisonneuve vient de dire, quand on fait le
tour du problème du ministère à l'article numéro 1,
ça va plus rapidement lors de l'étude des autres articles. Il
reste tout de même que, suivant notre nouvelle réglementation,
après dix heures de discussion, on peut considérer que les
crédits...
M. BURNS: Ce n'est pas automatique, ça.
M. LACROIX: ... que nous soyons rendus à l'article 2 ou à
l'article 3, sont globalement adoptés. Nous ne le faisons pas parce que
nous sommes à roder une machine, mais nous demandons aux
députés de s'exprimer sur l'article 1, de faire un tour d'horizon
global, mais quand arrive l'étude article par article, de s'en tenir
strictement à l'article en discussion pour passer plus rapidement
à l'étude des budgets des différents
ministères.
M. LEDUC: II a été convenu aux Affaires municipales
et la même chose est arrivée à la Voirie que
lorsque, par exemple, il y avait un remplacement de député, de
n'importe quel parti, j'ai cité des noms tantôt au début de
la commission, on référait le député en question au
journal des Débats. Je pense que cela a évité un paquet de
discussions inutiles. Si, par exemple, on parle des centres de main-d'oeuvre
dans la politique générale du ministère et que le ministre
donne des réponses, lorsque viendra le tour de l'article
budgétaire des centres de main-d'oeuvre, le ministre ou le
président pourra dire: Nous en avons discuté au début. Je
crois que cela a évité une série de discussion, et la
limite de dix heures que l'on pourrait avoir à l'esprit
jusqu'à maintenant, du moins dans le cas des crédits que
nous sommes à étudier actuellement, n'est pas entrée en
considération. Je m'excuse auprès du député de
Beauce, je prends peut-être un peu de son temps, mais ça n'a pas
été pris en considération pour la simple et bonne raison
que nous avons étudié les crédits de a à z.
Cela a évité une discussion, éternelle je pense.
Alors, si on s'entend là-dessus, d'après l'expérience
passée, cela a été très profitable.
M. LACROIX: En plus, on a demandé aux députés
ministériels de participer le moins possible aux discussions pour
permettre aux députés de l'Opposition de poser le plus grand
nombre de questions possible, de se faire éclairer sur ce dont ils ont
besoin, sur l'administration des différents ministères.
Quant à moi, j'avais demandé la parole au
début. Je dois m'absenter, parce que j'ai deux autres commissions
qui siègent. Je dois voir à ce que les membres soient
présents. Demain, je reviendrai sur certains problèmes
particuliers qui m'intéressent. Pour ce soir, je donne, avec plaisir, la
parole au député de Beauce, même si les présidents
ont ce malheureux défaut d'avoir l'oeil plus à gauche qu'à
droite.
M. LE PRESIDENT: Je dois rappeler au député des
Iles-de-la-Madeleine que je mets en pratique les propos qu'il vient de tenir il
y a à peine 30 secondes, donner de préférence la parole
aux députés de l'Opposition.
M. LACROIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. BOSSE: Si le député de Beauce me permet, relativement
à la construction et aux dangers dans la construction, est-ce que le
ministre pourrait nous dire si une liste a été établie des
entrepreneurs qui sont plus prudents et de ceux qui le sont moins? Je pense que
cela permettrait peut-être aux inspecteurs de vérifier
auprès de ceux où se produisent le plus d'accidents...
M. COURNOYER: Cette liste existe sans doute à la Commission des
accidents du travail. Les relations entre la Commission des accidents du
travail et notre service d'inspection ne sont peut-être pas encore
rodées comme il faudrait, mais il y a certainement une liste depuis
qu'on a établi ce qu'on appelle le mérite ou
démérite. Pour les rapports d'accidents, il y en a qui en
rapportent plus et d'autres qui en rapportent moins. Cette liste existe sans
doute à la Commission des accidents du travail.
M. BOSSE: C'est dans le sens d'une recommandation, par exemple, à
l'effet de demander aux inspecteurs de vérifier surtout auprès
des entrepreneurs où il se produit le plus d'accidents. Je remercie le
député de Beauce de m'avoir permis de poser la question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'aimerais savoir, avant de commencer, si la commission
ajourne à dix heures ou si elle a l'intention de prolonger ses travaux
jusqu'à onze heures.
M. LE PRESIDENT: D'après les règlements, nous sommes
censés siéger jusqu'à onze heures, à moins que la
commission en décide autrement.
M. COURNOYER: La commission va proposer...
M. BURNS: M. le Président, je viens d'en parler au whip du Parti
libéral, qui, semble-t-il, me donnera une réponse dans quelque
temps. Je sais que les membres de l'Unité-Québec semblent
d'accord, les membres du Ralliement créditiste aussi. Nous pouvons
peut-être suspendre, si vous avez des gens...
M. LACROIX: Si vous me permettez, cinq minutes. C'est parce que les
règlements nous obligent, vu qu'il nous reste 30 jours pour
étudier tous les crédits d'après les nouveaux
règlements, et le leader parlementaire s'est entendu avec vous pour
jusqu'à onze heures...
M. BURNS: Non, non, nous n'avons pas parlé de l'heure.
M. LACROIX: Je ne voudrais pas qu'on arrive... Dans cinq minutes, je
suis de retour.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement,
il faudrait peut-être dissiper un malentendu. Il n'est pas obligatoire
qu'une commission, au bout de dix heures, termine ses travaux. Le
règlement actuel, sauf erreur on me corrigera si je me trompe
rend les crédits automatiquement acceptés au bout d'un
certain nombre de jours, soit 45 jours, mais pour autant que chaque commission
ait ou bien accepté ses crédits ou bien siégé un
minimum de dix heures.
En tout cas, si on prend l'expérience de l'année
dernière, on avait réglé cela en beaucoup moins que dix
heures. On avait réglé cela en une journée complète
de dix heures jusqu'à six heures le soir.
Quant à moi, à moins...
M. LE PRESIDENT: Vous en faites une proposition?
M. COURNOYER: II n'y a pas de problème.
M. BURNS: Non, non, je ne fais pas de proposition. Mais, quant à
moi, il me semble qu'en dedans de dix heures il y a de fortes chances que les
crédits du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre soient
réglés.
M. COURNOYER: Je n'ai que $19 millions.
M. BURNS: Sauf qu'il se posait un problème bien pratique, pour ma
part. C'est que j'ai autre chose à faire à compter de dix heures.
C'est malheureusement du travail; ce n'est pas du plaisir.
M. LE PRESIDENT: Nous pourrions entendre le député de
Beauce, en attendant...
M. BURNS: D'accord, oui, oui.
M. LE PRESIDENT: ... le retour du député des
Iles-de-la-Madeleine.
UNE VOIX: Si ses propos sont longs...
M. ROY (Beauce): Si c'est pour me faire couper et être
obligé de recommencer, ce sera, en définitive, une perte de
temps. Je ne voudrais pas être obligé de m'y prendre à deux
reprises pour les remarques que j'ai à faire, parce qu'assez souvent, on
est obligé de répéter pour se remettre dans l'ambiance et
de reprendre le sujet lorsque la séance commence. Alors, si les membres
de la commission veulent ajourner la séance à dix heures, je n'ai
aucune espèce d'objection. Si les membres de la commission pensent que
nous pouvons siéger jusqu'à onze heures, je n'ai aucune
espèce d'objection, non plus. Ce n'est pas parce que nous n'avons pas de
travail, car, lorsque les commissions reprennent le lendemain,
évidemment il faut prendre le temps de nous préparer pour le
lendemain matin.
M. LE PRESIDENT: Si le député de Beauce le permet, le
député de Saint-Maurice a une question très courte.
M. ROY (Beauce): Parfait.
M. DEMERS: Elle est courte, mais je ne sais pas si la réponse
sera courte. C'est que je voudrais que le ministre m'oriente sur la position
qu'il prendra dans l'éventualité d'une renégociation au
sujet de l'assurance-chômage ou si nous devons classer l'affaire pour
toujours. C'est court comme question.
UNE VOIX: Bien sûr.
M. BURNS: Cela va être une réponse longue!
M. DEMERS: En tout cas, je lui pose la question.
M. BURNS: J'endosse entièrement la question du
député de Saint-Maurice. Je trouve que c'est une très
bonne question. Même, j'ajouterais une sous-question: Avant qu'il
réponde à la question du député de Saint-Maurice,
qu'il nous fasse l'historique de toute cette affaire.
M. DEMERS: Cela ferait une petite histoire à raconter au coin du
feu.
M. BURNS: Cela pourrait être une histoire assez
intéressante à entendre.
M. COURNOYER: Est-ce que je suis obligé? Expliquez-moi les
règles, M. le député de Maisonneuve, pour savoir si je
suis obligé.
M. BURNS: Vous n'êtes pas obligé comme tel, mais,
moralement, vous l'êtes, je pense.
M. COURNOYER: Voulez-vous répéter votre question, s'il
vous plaît?
M. DEMERS: Est-ce que vous voulez que je répète ma
question?
M. COURNOYER: Votre question et la sous-question.
M. DEMERS: ... pour donner le temps au whip en chef de revenir pour nous
dire que nous pouvons ajourner?
M. BURNS: Je pense que c'est une bonne question que, peut-être, il
faudrait garder pour une longue séance.
M. DEMERS: Cela ferait un bon débat. Je pensais que vous pouviez
répondre rapidement.
M. GUAY: Cela me préoccupe aussi au plus haut point.
M. BURNS: Alors, voyez-vous, c'est unanime comme question. Cela peut
être une question très courte: Le ministre nous a parlé,
à un moment donné, d'un certain livre blanc.
M. COURNOYER: Moi, je vous ai parlé de ça?
M. BURNS: Oui!
M. DEMERS: Un livre blanc inédit.
M. BURNS: Un livre blanc. Vous n'en avez pas parlé, mais on en a
entendu parler. Cela a transpiré.
M. COURNOYER: Vous en avez entendu parler.
M. BURNS: On dit même, dans des milieux bien informés, que
ce serait entre les mains du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. BURNS: Comme j'ai entendu, l'année dernière, le
ministre nous dire que ce qui se passait au Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, c'était public, est-ce que le ministre est d'accord
pour remettre aux membres de l'Assemblée nationale copie de cet
avant-projet du livre blanc?
M. COURNOYER: Bien sûr que, si le ministre a remis cela à
des consultants, il va le remettre certainement à des
"décidants", pas à des dissidents...
M. BURNS: C'est cela!
M. COURNOYER: II le remet avec les mêmes réserves que
lorsqu'il l'a remis au conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
à l'effet que c'est un document de travail qui a
été préparé par des fonctionnaires du
ministère du Travail, que ce document de travail comporte
déjà certaines tranches que le ministre du Travail a
approuvées lui-même mais qu'il a données à titre de
conférence, qu'il y a une tranche particulière qui n'a pas encore
été décidée, et c'est cette tranche, je pense, qui
intéressait le plus les membres du conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre. Parce que vous l'avez déjà, je n'ai pas
l'impression que ce serait un refus autre que diplomatique et comme je ne suis
pas diplomate, je n'ai aucune objection à dire que vous l'avez
reçu du ministre du Travail, mais comme document préparé
par des fonctionnaires, chez nous, qu'il n'a pas reçu l'entière
approbation du ministre et qu'il n'a pas été soumis...
M. BURNS: Non, non.
M. COURNOYER: On l'a dit déjà, d'ailleurs. Je pense que
c'est à cette époque qu'on disait qu'il avait été
soumis au conseil des ministres et refusé. Ce livre blanc, je tiens
à souligner qu'il n'a jamais été sur la table du conseil
des ministres.
M. DEMERS: On avait même dit, à l'époque, que vous
vous étiez donné dix ans pour réaliser ce projet.
M. COURNOYER: II est assez difficile pour un ministre du Travail qui est
élu à tous les quatre ans de dire: je vais me donner dix ans,
mais...
M. DEMERS: Mais vous pouvez revenir avec un autre gouvernement.
M. COURNOYER: ... il y a des politiques salariales qui ont
été établies par un autre gouvernement et qui continuent
de s'appliquer aujourd'hui.
M. GUAY: Est-ce que le député...
M. DEMERS: II faudra revenir un peu là-dessus parce qu'il y a de
la matière.
M. BURNS: Actuellement, on pose des questions courtes.
M. GUAY: J'aimerais demander au ministre on parle souvent du
conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre s'il pourrait nous
déposer un document concernant le nom des membres de ce conseil, le
nombre de membres avec le traitement de chacun des membres? J'aimerais lire
cela.
M. COURNOYER: Je pense que c'était prêt, l'an passé,
à la dernière commission parlementaire et, comme personne ne
l'avait demandé, je n'ai pas osé le déposer.
M. GUAY: Disons que je le demande.
M. BURNS: Que le rapport du conseil consultatif soit
déposé.
M. GUAY: Et le quorum de cette commission...
M. COURNOYER: II y a la loi. Vous avez la Loi du conseil
consultatif.
M. GUAY: Les dates des séances. Disons que cela pourrait
peut-être faire l'objet d'un dépôt de documents.
M. COURNOYER: Cette loi est une loi qui est connue, quand même,
par les membres du Parlement.
M. GUAY: Oui.
M. COURNOYER: Elle s'appelle la Loi du conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre.
M. GUAY: C'est cela.
M. COURNOYER: Son quorum est inscrit dedans. Vous avez su qu'on a
déposé, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale, le
rapport du conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
conformément à la loi. C'était une petite plaquette noire
avec bien des pages blanches. Le député de Saint-Maurice avait
cru bon dire au ministre du Travail, je ne sais pas si vous vous en souvenez:
Conseil consultatif, pages blanches! C'était le rapport. Les noms sont
certainement dans ce rapport. Ils n'ont pas été modifiés,
que je sache, depuis ce temps. Je puis déposer de nouveau pour votre
information, si vous l'avez égaré, le rapport du conseil
consultatif. Quant au traitement ou au montant d'argent que chacun des membres
du conseil a reçu, il n'est probablement pas inscrit dans le rapport,
mais nous l'avons. Nous pouvons vous en faire parvenir une copie.
M. DEMERS: Ils sont payés par jetons?
M. COURNOYER: Ils sont payés par assemblée. Si vous voulez
que je vous donne les noms, je peux vous les donner immédiatement. Du
côté syndical, MM. Marcel Pepin et Louis Laberge. Ce sont les deux
absents, pour le moment, qui m'empêchent de procéder. MM. Jean
Gérin-Lajoie et Dalpé. Il y a aussi M. Caron, qui
représente la CEQ, mais M. Dalpé représente la CSN, M.
Pepin la CSN, MM. Laberge et Gérin-Lajoie la FTQ.
Du côté des patrons, il y a M. Charles Perrault, qui est
président du Conseil du patronat du Québec; M. Martin, ce n'est
pas à titre de président de la Société des
conseillers en relations industrielles mais probablement comme
représentant du Conseil du patronat du Québec; Me Claude
Lavery, M. Beaulieu et M. Brunet. M. Brunet vient des pâtes et papier; M.
Beaulieu de l'industrie de la construction, c'est un
entrepreneur-électricien; Me Lavery est un avocat qui est probablement
délégué par le Conseil du patronat et M. Martin aussi.
M. ROY (Beauce): En somme vous avez neuf membres?
M. COURNOYER: Dix membres. Et le président est Me Fernand Morin,
qui est un ancien sous-ministre au ministère du Travail.
M. DEMERS: Est-ce que nous pouvons avoir approximativement le nombre de
séances qu'ils ont tenues?
M. COURNOYER: A la mémoire je ne l'ai pas, mais c'est tout
inscrit dans le rapport blanc que vous avez vu. Il y a des pages blanches par
bout.
M. BURNS: J'ai une question sur le conseil consultatif. Remarquez que
nous allons sans doute y venir. C'est un des articles.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Mais peut-être une question d'ordre
général. Est-ce que le juge en chef du tribunal du travail...
M. COURNOYER: Qui siège à titre d'observateur.
M. BURNS: ... est membre ex officio de ce conseil?
M. COURNOYER: II est membre ex officio, mais il n'a pas droit de vote.
Il est invité surtout...
M. BURNS: Est-ce qu'il siège, parce qu'il était question
à un moment donné...
M. COURNOYER: II siège toutes les fois.
M. BURNS: Le sous-ministre me fait signe que oui ou non.
M. COURNOYER: II est toujours là, mais comme invité.
M. BURNS: C'est-à-dire qu'on a institutionnalisé sa
participation, sans que ça soit officiel, mais il est là tout le
temps.
M. COURNOYER: Chaque fois que j'y suis allé, le juge en chef
était là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Alors ça va aller jusqu'à 10 h 30?
M. LE PRESIDENT: Oui à peu près jusqu'à 10 h
30.
M. ROY (Beauce): Je vais essayer de faire le plus brièvement
possible. J'ai suivi depuis l'année dernière les activités
qui se sont déroulées, surtout les conflits qui ont eu lieu, et
également les politiques qu'a eu à défendre ou à
proposer le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. A chaque fois, je me
suis interrogé et je me suis demandé si les objectifs du
ministère sont bel et bien définis, les objectifs globaux, les
objectifs d'ensemble autrement dit. Je me suis demandé dans quelle
direction le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre semble
s'orienter en fonction d'un développement économique, d'une
économie expansive au Québec, et si les principes qui guident le
ministère du Travail sont faux à la base. Et je m'explique.
Nous avons été en mesure de constater tout au cours de
l'année que nos lois de travail, nos lois de qualification
professionnelle ou autres semblent vouloir surtout contingenter la
main-d'oeuvre et empêcher un certain nombre de travailleurs d'avoir
accès au travail. Toutes ces lois nous permettent de constater, surtout
dans nos comtés ruraux dans les comtés urbains je connais
moins les problèmes qu'il y a énormément de travaux
qui auraient pu être effectués au cours de l'année 1971 et
qui seraient actuellement en cours sans toutes ces restrictions, ces
craintes.
Comme ils ne sont pas effectués, ce n'est pas de la main-d'oeuvre
qui est remplacée, c'est du chômage qui en découle
directement.
Ceci a pour conséquence d'augmenter le nombre de chômeurs
et, de ce fait, d'affecter le PNB, autrement dit, le produit national brut au
Québec qui a des conséquences assez directes dans le
développement de l'économie.
Le ministre a fait allusion tout à l'heure au domaine de la
construction. Je pense bien que c'est un domaine qui nous touche plus
particulièrement parce que nous avons été
sensibilisés par les événements et par tout ce qui s'est
passé, depuis le mois de janvier surtout, dans nos comtés. Le
ministre est parfaitement au courant, mais j'aimerais, à ce stade-ci de
nos travaux, souligner à l'attention du ministre et de ses officiers
ainsi que des membres de la commission parlementaire, que si le
ministère regarde la situation en toute objectivité, il se rend
compte que nous avons deux types de construction au Québec, pas un type
de construction, deux types de construction.
Nous avons un type de construction qui se fait sur une base
industrielle, et nous avons un type de construction de type artisanal. Alors il
est évident qu'appliquer les mêmes lois, les mêmes
décrets, les mêmes exigences aux deux domaines c'est faire fausse
route. Je le dis à l'attention du ministre, j'attire l'attention du
gouvernement sur ce point-là, parce que je me demande sincèrement
où on va, d'autant, qu'en plus d'avoir deux types de construction
complètement différents, au point de vue application
de loi, nous avons trois milieux différents en plus de ça,
parce que les deux mêmes types de construction peuvent s'appliquer dans
trois milieux différents, dans les milieux exclusivement urbains, alors
on peut parler de Montréal à ce moment-là, de
Québec, la grande région métropolitaine, vous avez les
milieux semi-urbains au Québec dans les petits centres du Québec,
et vous avez les milieux ruraux.
Moi, je ne vois pas comment le gouvernement va réussir à
s'en sortir avec une seule politique et avec les mêmes règlements
à appliquer partout dans tout le territoire. J'aimerais qu'on prenne
bonne note de ces choses-là, qu'on en fasse une étude objective.
Nous ne le disons pas au gouvernement pour créer des complications, nous
le disons en toute sincérité et avec un souci du bien commun,
dans l'intérêt de notre province et dans l'intérêt de
nos travailleurs. Si le gouvernement veut appliquer les mêmes lois, les
mêmes décrets dans les deux types de construction et dans les
trois milieux que je viens de désigner, le gouvernement, pour assurer
les droits des uns, va brimer les droits des autres.
A l'heure actuelle, vous avez des droits particuliers pour les
travailleurs dans la construction de type industriel. Mais si vous appliquez
les mêmes lois, dans l'autre type de construction c'est que vous brimez
les droits des travailleurs artisans et des entrepreneurs artisans. J'ai eu
à vérifier un cas récemment assez banal. Je l'ai
vérifié auprès de la Commission de l'industrie de la
construction. Je l'ai vérifié auprès du ministère
du Travail. Je l'ai vérifié auprès des centres de
main-d'oeuvre et à ce moment-là, je me rapporte aux examens et
aux cartes de qualification, autrement dit en ce qui a trait à la Loi de
qualification professionnelle.
Supposons qu'une personne a des petites réparations à
faire à sa propriété j'ai un cas typique que je
pourrais citer à l'attention du ministre une réparation
évaluée à $150. La personne n'est pas capable de faire
exécuter les travaux par elle-même; ça s'inscrit au centre
de main d'oeuvre, comme entrepreneur, et il faut quatre personnes ayant des
cartes de qualification professionnelle différentes pour exécuter
les mêmes travaux.
Je pense que c'est tout simplement ridicule. C'est faire fausse route,
et c'est se placer dans une tour de Babel d'où on ne sortira jamais. Si
le gouvernement voulait, par exemple, modifier ses lois, modifier ses
décrets pour ce genre de travaux, pour ces petits entrepreneurs et ces
travailleurs artisans, le gouvernement se trouverait automatiquement à
brimer les droits des travailleurs de la construction industrielle dans les
grands milieux urbains.
C'est pour cela que je voudrais demander au gouvernement, dans ce
domaine-là, de bien examiner la situation, d'essayer de voir avec
attention et objectivité le problème là où il se
pose de façon pratique. J'aimerais, de ce côté- là,
qu'on laisse faire un peu la théorie, les grandes théories, les
grandes politiques qui semblent bien belles en théorie et sur papier,
mais lorsqu'on arrive pour les appliquer, de quelle façon le
seront-elles? Le gouvernement sera-t-il obligé d'engager trois fois 122
autres inspecteurs pour vérifier chez toutes les personnes, tous les
individus, dans tous les coins du Québec s'ils répondent aux
exigences du ministère lorsqu'ils effectuent des petites
réparations dans leur propriété. Je pense qu'il y a une
distinction et que le ministre est conscient du problème. Je le souligne
à son attention.
C'est à partir de ces données que tous les
problèmes surgissent au Québec pour créer un
mécontentement et une confusion tels qu'ils vont même nuire
considérablement à l'économie de la province, sans oublier
que la paix sociale au Québec risque d'être sérieusement
compromise. Pour ce qui a trait à la qualification professionnelle, je
tiens à dire à l'honorable ministre que je ne suis pas un
spécialiste dans ce domaine. En tant que représentant d'un
comté, je n'apprends rien à personne en disant que nos bureaux
sont inondés de personnes qui viennent nous soumettre leur cas, leurs
problèmes et qui nous demandent, en dernier recours, d'intervenir pour
obtenir gain de cause, pour obtenir un minimum de satisfaction afin de pouvoir
travailler dans la légalité sans toujours avoir la peur de se
faire prendre en exerçant un métier, une profession qu'ils
exercent depuis de nombreuses années mais qui, à cause de toutes
les conditions et les types d'examens qui, dans certains cas, devraient
être réévalués sont rendus à un
certain âge, 45, 50, 55 ans, et sont exclus totalement du marché
du travail. Ils deviennent alors à la charge du ministère des
Affaires sociales.
C'est un des problèmes fondamentaux que nous vivons au
Québec. Comme l'industrie de la construction est l'industrie la plus
importante, lorsqu'on est rendu à légiférer dans ce
domaine pour la restreindre, il est évident que l'on fait mal à
l'industrie et au développement économique du Québec.
Il est évident qu'on touche au fond du problème. Le
développement économique du Québec a toujours
été conditionné de façon très
appréciable par l'importance de ce domaine et à cause
également du fait que des personnes, qui avaient des petites
entreprises, ont décidé tout simplement de fermer boutique et de
laisser ça de côté.
Dans le domaine de la qualification professionnelle, je pense qu'on a
fait un oubli sérieux. Dans tous les domaines, que ce soit
l'administration je vais prendre ce domaine-là comme exemple
ou la direction générale de toute entreprise, vous avez
des personnes qu'on appelle des généralistes et vous avez des
spécialistes. Je n'ai jamais vu d'entreprises qui ont été
capables de fonctionner uniquement avec des spécialistes. Cela prend,
tout de même, des généralistes à un moment
donné, des types qui
sont dans la direction générale, qui ont des connaissances
un peu dans tous les domaines pour être capables de trouver des
consensus, pour que l'entreprise soit efficace et qu'il y ait une certaine
coordination.
Est-ce pensable je pose la question; le ministre pourra me
répondre tout à l'heure à l'heure actuelle, dans
l'industrie de la construction, d'avoir uniquement des spécialistes?
Essayez d'avoir uniquement des spécialistes en médecine;
où irions-nous? Il y a, tout de même, des médecins de
pratique générale. Si vous arrivez dans des petites
localités de 1,000 à 1,200 personnes, la spécialisation,
c'est bien de valeur, je n'y crois pas et personne n'y croit. Il peut y avoir
certains spécialistes dans ces localités, qui exécutent
certains travaux, mais nous ne sommes pas en Floride, nous ne sommes pas, non
plus, en Californie; nous sommes dans la province de Québec. Ce n'est la
faute du ministre, ni des officiers du ministère, ni des
députés de l'Assemblée nationale si, dans l'industrie de
la construction, il y a trois fois plus de travail à faire durant
l'été que durant l'hiver. C'est une utopie de prétendre
qu'avec les permis de travail on sera capable de planifier pour donner du
travail à une certaine catégorie de personnes sur une
période de 12 mois en vue de leur garantir la sécurité
d'emploi.
Je dis et je le répète, et qu'on nous prouve le contraire.
Je pense qu'un beau matin il faut regarder pour être pratique. Alors, si
on veut s'enligner, dans le domaine de la qualification et dans le domaine du
travail au Québec, uniquement vers la spécialisation dans tous
les domaines, moi, je m'interroge sérieusement sur les intentions que
pourraient avoir, à ce moment-là, certaines personnes qui croient
dur comme fer à ces théories et à cette philosophie. Je
dis que ce n'est plus de la spécialisation; c'est une maladie et je
pourrais même la qualifier de "spécialité."
M. COURNOYER: Je ne voudrais pas vous interrompre, mais j'aimerais mieux
répondre rapidement à certaines observations, plutôt que de
les oublier et, après ça, ne pas avoir eu la conversation qu'on a
habituellement.
M. ROY (Beauce): Parfait.
M. COURNOYER: On peut bien penser que nous avons la
"spécialité", mais, malheureusement, c'est justement le contraire
que nous recherchons. Cela peut sembler de la "spécialité", mais,
au ministère du Travail on peut regarder certaines
déclarations du ministre on peut constater que, compte tenu de ce
qui existait avant la Loi des relations du travail dans l'industrie de la
construction, vous aviez, je ne me souviens pas combien de corps de
métiers. C'était un chiffre épouvantable. Une personne
recevait son certificat de compétence dans le comté de X ici,
mais il ne servait à rien dans le comté d'à
côté, qui était sous un autre décret. Il y avait
quinze décrets dans l'industrie de la construction, il y avait quinze
sortes de compétences.
Il y avait des finisseurs de ciment léger comme des finisseurs de
ciment je ne sais quoi. De toute façon, ce n'était pas la
même chose faire du béton sur du trottoir et finir du béton
sur un chantier de construction...
M. DEMERS: II y en avait pour "braker", d'autres pour tomber.
M. COURNOYER: Cela dépendait des négociations. Le
règlement en question, je pense ce qui nous a manqué et
qui nous manque encore c'est que nous en informions beaucoup
l'Assemblée nationale et surtout les députés sur
l'intention poursuivie. C'est la partie "spécialité". Nous visons
à une "généralice", mais spécialisée.
Par ailleurs, l'autre genre de question, la première partie de
vos observations m'intéresse depuis un bon nombre d'années
déjà. On doit faire une distinction entre différents types
de construction. On a parlé tantôt de la construction de type
industriel. Il y a la construction de type artisanal qu'on peut assimiler assez
bien à la construction de type résidentiel par maisons
unifamiliales. Cela peut se situer partout au Québec, ce n'est pas
nécessairement dans une grande ville.
Vous avez aussi redivisé votre observation en trois, en disant:
II y a aussi les régions ou les milieux dans lesquels les constructions
s'effectuent. Là-dessus, je ne suis pas en désaccord avec vous.
Je ne peux pas l'être. Seulement, il faudrait convaincre aussi certaines
parties contractantes qui viendront plaider devant vous lors de la commission
parlementaire. C'est intéressant de penser à cela. Je pense
qu'ils sont peut-être rendus là. D'après les analyses
qu'ils font, ils en sont peut-être rendus là. Quand bien
même je dirais qu'il faut qu'il y ait un délégué de
chantier, quand il n'y en a pas, on retourne au type artisanal. Je pourrais
dire: II faut en plus que vous ayez, avant de rentrer sur le chantier de
construction, un "Jack and Jill", je ne sais quoi, en tout cas un endroit pour
faire ses besoins. Avant de commencer à construire, il faut qu'il y ait
de l'eau potable sur le chantier, un porteur d'eau, etc. Ce n'est pas possible.
On ne parle pas du tout le même langage. C'est peut-être
actuellement le défaut général du décret de la
construction, mais il faut le lire au complet. Ce décret de la
construction, son défaut général est peut-être qu'il
part, tout en voulant faire des précisions dans des domaines plus ou
moins petits, d'une conception de gros chantiers de construction. Quel que soit
l'endroit où se situe un gros chantier de construction, on l'a
adapté, par le truchement d'une généralisation, à
des chantiers de construction qui n'étaient pas susceptibles de recevoir
cette adaptation.
Quant à l'autre partie de votre observation,
celle qui dit qu'on a seulement trois ou cinq mois de construction au
Québec, là-dessus je ne suis pas un technicien, mais je suis
obligé de m'inscrire un peu en faux contre cette affirmation en 1972. Je
dois constater que les chantiers de construction existent maintenant au cours
de toute l'année et qu'avec les nouvelles techniques de construction on
s'arrange au moins pour avoir fini l'excavation avant la gelée, de
façon qu'on puisse couler le béton.
Mais, après cela, on fait de la construction d'hiver partout au
Québec. Cela ne se fait peut-être pas dans la Beauce, parce qu'il
n'y a pas de grosses constructions. Mais ils sont très rares, les petits
propriétaires qui vont construire une maison de $12,500 et faire
exprès pour la construire en hiver parce que le genre
d'équipement qu'ils ont est un genre d'équipement qui ne se
prête pas facilement à l'excavation en sols gelés. Est-ce
que j'ai l'air d'un technicien de la construction? De toute façon, vous
avez raison de dire qu'un certain type de construction ne se fait pas en hiver.
Mais, d'une façon générale, il y a des emplois en hiver
dans l'industrie de la construction. Si je me souviens bien, il neigeait pas
mal et il faisait pas mal froid, à Sept-Iles, lorsqu'on a eu le dernier
conflit de la construction. Ce n'était pas dans le milieu de
l'été. Ce n'était pas à la période normale
où on aurait pu s'attendre à un conflit comme ça au mois
de mai ou au mois de juin.
Normalement, les chantiers de construction sont prévus,
maintenant, surtout les gros, pour une période de deux ans. Quand on a
construit Manicouagan, on arrêtait à peine entre Noël et le
Jour de l'An à cause des congés. Les gens étaient dans le
bois et on les envoyait chez eux parce qu'il était temps qu'ils
retournent chez eux.
Je ne parle que d'un projet important: on coulait du béton
à Manic V, on faisait du remplissage à Outardes IV. Il y a des
genres de construction qui se font l'hiver et il y en a d'autres qui ne se font
pas l'hiver. Mais, d'une façon générale, il y a maintenant
possibilité de travailler dans la construction, l'hiver comme
l'été, sauf, bien sûr, dans la petite construction
résidentielle où le coût d'excavation serait beaucoup plus
cher et où le coût d'entretien d'une certaine chaleur dans le
béton qu'on coule coûterait énormément cher et
où on prendrait des risques. Les gens ne les prennent pas, à ce
moment-là.
M. ROY (Beauce): J'aurais peut-être une couple de petites
questions bien courtes et cela se terminerait là. Est-ce que vous me
permettez, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: D'accord. Continuez. UNE VOIX: Deux questions.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas dit qu'il ne se fait pas de construction
d'hiver. J'ai dit qu'il s'en faisait trois fois plus l'été parce
qu'à ce moment-là j'incluais la petite construction
d'habitations, comme vous disiez, dans tous les milieux du Québec.
J'incluais également les travaux de réparation. Dans les travaux
de réparation, si vous avez des statistiques, vous allez constater qu'il
y a un assez grand nombre de personnes qui travaillent là-dedans durant
les mois d'été. Alors,...
M. COURNOYER: C'est tout le contraire.
M. ROY (Beauce): L'autre point que je voulais aborder tout à
l'heure, c'est que dans la question de la qualification professionnelle,
à l'heure actuelle, le gouvernement veut, par ses lois, avoir de plus en
plus de généralistes. Mais je me demande, encore une fois, par
quel moyen le gouvernement va pouvoir régler définitivement la
question, étant donné qu'il y a des gens qui veulent se
spécialiser seulement dans une chose et qu'il y en a d'autres qui sont
plutôt généralistes et qui vont travailler dans huit, dix
ou douze domaines, compte tenu de leur milieu? Il y a des gens qui, à
l'heure actuelle, ont fait des études et se sont
spécialisés dans un domaine particulier. A cause des exigences de
la qualification professionnelle, ils ne peuvent pas avoir leur carte pour leur
métier, leur spécialisation très poussée parce que
justement la spécialisation, on l'a étendue. Alors, cela joue
dans deux sens. C'est pour cela que je dis que le gouvernement est dans une
drôle de situation. Moi-même, j'aimerais bien pouvoir trouver une
solution à ce problème pour la suggérer à
l'honorable ministre. Mais il y a des gens pour qui, compte tenu de leur
milieu, la spécialisation est impensable; il y en a d'autres qui se
spécialisent, justement, et la loi de la qualification professionnelle
ne le leur permet pas. Je donnais au ministre, avant le début de la
séance de la commission parlementaire, l'exemple d'une personne qui se
spécialise dans le posage de tapis et qui doit détenir une carte
de spécialiste en recouvrement de planchers mous, quelque chose de
semblable.
M. COURNOYER: Cela ressemble à ça.
M. ROY (Beauce): A ce moment-là, on a inclus les
"prélarts" et les tuiles. Mais le type ne connaît pas cela. Il ne
veut rien savoir. Lui, c'est la pose du tapis uniquement. Il est
spécialisé là-dedans et équipé pour le
faire. On ne lui reconnaît pas sa compétence.
On va prendre un autre domaine dans l'industrie de la construction. Dans
nos régions, cela nous touche beaucoup, ainsi que dans la ville de
Québec même. Vous avez le poseur de gyproc. Il y a beaucoup de
travailleurs qui sont allés travailler dans l'Etat du Maine, dans l'Etat
du New-Hampshire, dans le Massachussetts, dans le Connecticut. Les types ont
travaillé pour des entrepreneurs qui, eux, se spécialisaient dans
le posage de gyproc et dans le...
M. COURNOYER: Tirage de joints. M. ROY (Beauce): Tirage de joints. M.
COURNOYER: Je suis bon, n'est-ce pas?
M. ROY (Beauce): Ils ont de la difficulté avec les examens de
qualification des centres de main-d'oeuvre. Ils sont obligés d'obtenir
des cartes de menuisiers et ce ne sont pas des menuisiers. Ils ne veulent pas
être des menuisiers. Ils veulent uniquement se spécialiser
là-dedans.
Ensuite, vous avez un autre problème, mais je pense bien qu'on va
s'éterniser et qu'on va dépasser l'heure. Je vais donc me
soumettre à la décision de l'honorable président, qui a
été très tolérant à notre endroit, pour
revenir à une autre séance.
M. LE PRESIDENT: Je crois que le député de Saint-Maurice a
une motion.
M. DEMERS: Une motion d'ajournement, si cela répond aux
désirs de tous.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté.
M. BURNS: C'est sine die, si je comprends bien. Il n'y a pas de date
où nous nous rencontrons à nouveau?
M. DEMERS: Ce dépend des leaders. M. LEVESQUE: Sine die.
M. COURNOYER: Je n'ai pas dit que c'était fini, j'ai dit sine
die.
M. LE PRESIDENT: Ajourné sine die. (Fin de la séance
à 22 h 34)
Séance du jeudi 11 mai 1972
(Dix heures douze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
La parole est au député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, l'autre soir, je demandais au
ministre du Travail s'il avait l'intention de reprendre la négociation
au sujet de l'assurance-chômage. Il m'a répondu par un sourire.
J'ai pensé que cela l'intéressait plus ou moins. Etant
donné qu'on ne peut avoir de certitude sur l'assurance-chômage,
j'aimerais soulever un problème qui retient l'attention de tout le monde
actuellement, un problème aigu et crucial, soit celui du chômage
au Québec.
Si l'assurance-chômage ne relève pas ou ne peut relever du
gouvernement provincial, il y a certainement au ministère du Travail une
responsabilité en ce qui a trait au chômage. Le gouvernement
central a été forcé, pour des raisons politiques et
économiques, d'essayer de restreindre autant que possible l'inflation.
Cette arme, qui est jugée à deux tranchants, a
détérioré dans certaines régions le climat et
l'emploi. Le dernier budget Turner, qui s'adresse surtout aux vieillards,
prévoit peu de choses pour le relancement économique. On ne peut
pas dire que la situation est meilleure dans la province de Québec
qu'elle l'était. On a peut-être 1/10 de 1 p.c. de diminution de
chômeurs, d'après les dernières informations que nous
avons. Mais, si on fait la part des choses exactement, il n'y a pas plus
d'emplois qu'il n'y en avait, il y en a moins.
Nous sommes en présence de chômeurs
spécialisés, de chômeurs instruits. Cela durera,
d'après les statistiques et les économistes, au moins cinq
années où on aura sur le marché une apparition de 50,000
travailleurs instruits. Environ 45 p.c. de notre main-d'oeuvre actuellement
si je m'en rapporte aux informations que j'ai pu obtenir seraient
des gens de 25 ans et moins. Là-dedans, il y aurait certainement 35 p.c.
de nos diplômes d'universités, de CEGEP, de tous les milieux
éducationnels de la province. On trouve très peu d'emplois pour
ces jeunes. Il y a des domaines où il n'y a aucune ouverture. Le
diplôme n'a, comme solution, dans la plupart des cas, que de retourner
à la spécialisation. Il revient plus spécialisé,
plus instruit et plus qualifié pour chômer encore.
Je ne veux pas courir après les sorcières. Mais je pense
qu'il y a une situation très aiguë en ce qui a trait à nos
gradués, nos frais émoulus des milieux de l'éducation. Il
y a des domaines, tels que le génie, la comptabilité,
l'administration, les sciences pures où il y a une baisse d'emploi de 23
p.c. Dans les arts, une baisse entre 15 p.c. et 30 p.c. En psychologie, en
littérature, en sciences avancées, les spécialistes sont
placés dans une situation qui n'a pas d'issue. On dira
que c'est peut-être la conjoncture, conjoncture économique,
nationale, internationale. Il reste que la conjoncture est plus aiguë au
Québec qu'elle ne l'est en Ontario. Le fossé entre ces deux
provinces va en s'élargissant. Il y a peut-être, comme
consolation, comme je le disais tantôt, un peu mois de chômeurs au
Québec qu'il y en avait et que nous aurions pu accomplir une meilleure
performance dans ces derniers mois que l'année précédente,
comparativement à l'Ontario.
Mais il reste qu'ici, au Québec, le problème est de plus
en plus aigu. Si on prend certaines régions, par exemple la Mauricie, on
a essayé de pallier, de différentes façons par le
programmé des Initiatives locales, de Perspectives-Jeunesse, qui ne
sont, à mon sens, que des trompe-l'oeil faits simplement pour s'assurer
une clientèle politique par un gouvernement qui n'administre qu'en
fonction de la politique. Ces programmes ont probablement fait diminuer le taux
de chômage, mais ce n'est qu'éphémère. Le 31 mai,
tout rentrera dans le vieux statu quo.
Je ne veux accabler le ministre d'aucune façon, mais notre
problème, le chômage, est d'une acuité extraordinaire. Je
parlais de la Mauricie. Nous avons eu les problèmes de la Gulf,
où 850 employés, sont en voie d'être mis
complètement à pied. Il y a eu une petite restructuration avec le
Goodrich qui aurait racheté une partie de la Gulf et où on
emploierait 300 personnes. Il y a une diminution dans la main-d'oeuvre à
Trois-Rivières où les compagnies de papier ont beaucoup de mal,
à la Domtar. Nous avons des gens de Shawinigan et de la région
qui travaillent à la Domtar. C'est un tableau qui est très
sombre.
Des solutions, on en envisage très peu.
Le gouvernement provincial avait pensé, avec les travaux d'hiver,
employer de la main-d'oeuvre en faisant faire des chemins et toutes sortes de
travaux. Malheureusement, cela n'a donné à peu près aucun
résultat. On a fait travailler plus d'entrepreneurs, plus
d'équipement lourd, mais on sait qu'aujourd'hui les travaux de voirie se
font avec de l'équipement lourd et que la main-d'oeuvre est
reléguée à l'arrière.
Comme indice de chômage, d'après les informations que j'ai,
nous sommes descendus de 9.5 p.c. à 9.3 p.c, alors que la moyenne
nationale varierait entre 7.3 p.c. et 7.4 p.c. Il y a une diminution d'emplois
évidente partout, dans tous les domaines. Cela veut dire qu'on a
peut-être un peu moins de chômeurs cycliquement et que cela se
rétablira. On est énormément loin des 100,000 "jobs"
promises. J'espère que cela reviendra de temps à autre, ces
100,000 "jobs". On voit, lorsque des gens font des promesses peut-être un
peu inconsidérées, que cela active des idées plus ou
moins, non pas catholiques, mais normales et que cela accentue, non pas les
révolutions, mais, dans certains milieux, l'incompréhension et le
doute à l'endroit du gouvernement.
On dira que les chômeurs ont diminué dans la province de
Québec. On en verrait, d'après les statistiques, 185,000. Mais,
d'après une étude d'économistes sérieux, si on
tient compte des assistés sociaux et des chômeurs non
enregistrés et si on part des jeunes de 14 ans ou 16 ans en montant, on
aurait 330,000 chômeurs dans la province de Québec. C'est un
record peu enviable.
J'exhorte le gouvernement à trouver des moyens c'est son
problème pour corriger cela par des politiques de main-d'oeuvre.
Ce matin, le ministre nous remet une brique pour une politique
québécoise de main-d'oeuvre. Si on relit ces choses cela
vient de nous arriver, mais j'ai jeté un oeil sur les têtes de
chapitre ce sont certainement d'excellentes idées, mais, au point
de vue concret, en arrive-t-on à des solutions qui soient
cohérentes? En arrive-t-on à dire, par exemple : Dans la
région X, il y a tant de chômeurs? Au lieu d'avoir tout ce qu'il
faut pour les recycler dans tous les domaines, on trouvera des "jobs" pour
certains. Est-ce qu'on a quelques programmes de main-d'oeuvre
sérieux?
Le ministre est certainement au courant de l'étude qui a
été faite aux Etats-Unis et les programmes de main-d'oeuvre
américains, afin, par tous les moyens, de faire une guerre
sérieuse à la pauvreté, une guerre contre la faim, contre
la misère, contre le chômage et contre les faibles revenus.
Le gouvernement américain, qu'on ne peut approuver dans tous ces
domaines, est entré là-dedans de plain-pied. Nous avons vu d'un
côté le gouvernement central, les gouvernements régionaux,
d'un autre côté le patronat d'après certaines
informations il y aurait 800 à 1,000 gros propriétaires, de gros
industriels qui font partie de ces plans on est entré d'une
façon sérieuse pour occuper l'étudiant pendant ses
études. On a formé des comités de citoyens qui sont
allés partout. Le monde syndical a été
intéressé, le patronat et les gouvernements. On a réuni
tous ces gens-là. On a établi une politique cohérente en
sachant où on allait et ce qu'on voulait.
Si on veut réduire la pauvreté et la misère, si on
veut restaurer le climat qui on en a la preuve aujourd'hui n'est
pas des plus rassurants, il va falloir que nos gouvernements vous direz
que, dans l'Opposition, on peut prêcher l'absolu, je l'admets, c'est
drôle l'Opposition réunissent tout ce monde-là,
étudient sérieusement la situation et mettent tout le monde dans
le bain. Qu'on prenne les chefs syndicaux, qu'on prenne le patronat, qu'on
prenne le gouvernement et qu'on commence des travaux sérieux
calqués sur les programmes américains.
On me dira peut-être que ç'a été
essayé et que ça ne donne pas de résultats
extraordinaires. La statistique américaine nous donne des
résultats extraordinaires. Dans le domaine du patronat, la grande
industrie est rendue à aller chercher la "job", et ce n'est plus le
fonction-
naire du gouvernement qui va chercher la "job", c'est la grande
industrie. Aujourd'hui, allez dans un bureau de placement provincial demander
une place et on va vous dire: Des "jobs", je vais regarder. Bien, je n'ai rien.
C'est tout. Cela finit là. Le gars s'en retourne chez lui et on lui dit:
Tu reviendras me revoir le mois prochain. Cela fait douze mois qu'ils y
vont.
Il faut que nos gens des bureaux de placement soient des "peddlers" de
"jobs", des gars qui vont chercher la "job" là où elle est. Cela
n'a pas passé encore. Ce sont des officiers. Il faut qu'il y ait quelque
chose qui se tienne entre le ministère du Travail et le ministère
des Affaires sociales. Il faut que ça se compénètre au
point de vue du malaise social, dans une région, avec les Affaires
sociales.
Le ministère du Travail va arriver là-dedans avec le
patronat puis il va s'orienter, il va aller quelque part. J'exhorte
sérieusement le gouvernement. Ils me diront qu'ils ont pris connaissance
de ce document. Si je l'ai, ils doivent l'avoir; s'ils ne l'ont pas, c'est
grandement temps qu'on leur fasse parvenir les caractéristiques
fondamentales des programmes américains.
C'est je crois une bible un peu extraordinaire de mise en oeuvre. On
n'atteindra pas la perfection de la misère dans le monde il y en
aura tout le temps mais on pourrait faire en sorte, en prenant ce moyen
ou tout autre moyen, qu'à la commission du travail, lorsqu'on aura fini
d'étudier le budget, on se réunisse tout le monde, les
parlementaires, et qu'ensemble on essaie de trouver des solutions. Qu'on fasse
venir les assistés sociaux et qu'on les mette dans le coup; qu'on fasse
venir les patrons, qu'on les mette dans le coup.
C'est un malaise collectif, ça ne fera pas simplement du bien au
gouvernement puis aux assistés. Cela va faire du bien à la
société en général. Quand tout le monde
participera, que nos éducateurs seront là-dedans, que nos
étudiants seront dans ce programme-là, afin d'avoir tout le monde
pour soulager cette misère et cette pauvreté, quand tout le monde
sera occupé à ça il y aura moins de contestation, moins de
discussion. Les syndicats, quand ils auront travaillé
sérieusement dans ce domaine, comprendront le problème. Ils
l'auront étudié sur place, ça sera une participation
active du monde syndical. Cela sera une participation active du monde patronal
à ses positions.
M. le Président, au cours de ces remarques, je ne veux pas
insister plus qu'il ne faut. Il y aurait de quoi en parler pendant plusieurs
heures. J'ai ici de la documentation pour être ennuyant pendant bien
longtemps, mais il reste que le chômage, la façon dont il doit
être résolu, c'est l'affaire de la collectivité
québécoise, quels que soient les partis politiques.
Qu'on se mette ensemble là-dessus, puis qu'on travaille
sérieusement et on fera des élections après que ces
problèmes-là seront réglés. On se durcira de
nouveau l'un contre l'autre, mais il faudra avoir fait un effort honnête,
intelligent, loyal, afin d'améliorer la situation qui est faite à
ces gens.
Cela c'est pour le programme de la main-d'oeuvre. Tantôt,
lorsqu'un autre aura pris la parole, j'aurai d'autre chose à dire comme
remarques générales. Je pourrais peut-être dire un mot, si
vous me le permettez, M. le Président, de la Commission des accidents du
travail ou attendre si vous aimez mieux qu'on revienne à ce
sujet-là à l'article précis. Je me réserve ce sujet
pour tantôt. Je vais donner la parole à un autre qui a d'autres
remarques à faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, à mon tour je voudrais
apporter quelques remarques supplémentaires à celles que j'avais
formulées avant-hier soir. Inutile de vous dire que, depuis que nous
avions fait nos remarques, il y a 36 heures à peine, déjà
on sent que nous ne vivons pas le même climat, au Québec, que nous
vivions il y a effectivement 36 heures.
Je pense bien que tout le monde se demande, avec raison d'ailleurs, dans
quelle direction on va et quand ça va finir. Je l'ai dit et je le
répète, quitte à passer pour être ennuyant: II y a
des choses qu'un Etat, qu'un gouvernement ne peut pas ignorer, qu'il n'a pas le
droit de bafouer sans avoir à en subir des conséquences
excessivement pénibles.
Le ministère du Travail je tiens à le dire
n'est pas un ministère à vocation économique; c'est un
ministère de services. Vouloir faire jouer au ministère du
Travail un rôle économique, lui donner une vocation
économique, c'est un peu faire fausse route. A l'heure actuelle, on
tente, par des lois du travail, de faire reprendre l'activité
économique et d'améliorer le sort des travailleurs dans leur
ensemble. Le ministère du Travail peut améliorer le sort de
certaines classes de la société, j'en suis, mais il ne pourra pas
améliorer le sort de son ensemble parce que cela est subordonné
à toute l'économie. Si on améliore le sort d'une
catégorie de travailleurs, c'est une autre catégorie de
travailleurs ou une autre partie de la population qui aura à payer,
parce que l'ensemble de l'économie a un montant global à
distribuer dans la population.
Si le ministère du travail légifère à
l'intérieur de cela pour augmenter le niveau de vie d'un groupe
ce qui est bien en soi il ne faudrait pas oublier non plus que, si ceci
n'a pas pour conséquence d'améliorer l'ensemble de
l'économie, ce sont d'autres personnes qui paient pour. J'aimerais
à dire aussi que, si le rôle du ministère du Travail n'est
pas d'être à vocation économique, il ne faudrait pas, non
plus, qu'il devienne un obstacle au développement de l'économie.
A l'heure actuelle, au Québec, nous avons de petits entrepreneurs, de
petites entreprises qui ne demandent qu'à se développer pour
devenir des moyennes, puis de grosses entreprises.
A l'heure actuelle, elles n'ont aucune possibilité à cause
de nos lois de travail. Des gens viennent à nos bureaux; il s'agit de
petites entreprises qui, à un moment donné, se lancent dans
divers domaines comme celui de la construction. Nous le savons, la construction
est la plus grande industrie que nous avons au Québec. Si on parle de la
construction dans son ensemble, vous avez la construction de routes, la
construction de résidences, la construction d'édifices, la
construction d'habitations familiales. La construction touche donc
énormément de domaines. A l'heure actuelle, nous manquons de
petites entreprises.
Il y a des gens qui seraient prêts à exécuter des
travaux, il y en a qui seraient prêts à faire exécuter ces
travaux et à cause de notre législation de travail ces travaux ne
sont pas faits. Des matériaux ne sont pas utilisés et de ce fait
l'industrie ne peut en produire d'autres pour les remplacer et des
conséquences en découlent ailleurs.
Je vais me permettre de citer deux exemples. Une personne désire
organiser une petite entreprise pour faire du pavage d'asphalte dans les cours,
dans les montées de garages, faire de petits trottoirs, etc., mais c'est
inutile. A cause de la réglementation, des permis de travail, cette
entreprise ne sera pas créée. Alors, deux familles qui auraient
vécu de cette entreprise ne pourront pas le faire.
Dans les milieux ruraux, je le dis et je vais le répéter
tant et aussi longtemps que je serai en Chambre et que le gouvernement ne fera
pas quelque chose dans ce domaine nous allons revenir à la charge
et nous ne lâcherons pas nous avons de petites
municipalités de 1,200 ou 1,500 âmes et ce n'est pas uniquement
dans le comté de Beauce, c'est général, où on exige
la même qualification et la même réglementation que pour
Montréal. Il me semble, M. le Président, qu'on n'a pas besoin de
25 cours classiques pour comprendre ça. C'est très simple. Il y a
d'autres personnes, par contre, qui arrivées à un certain
âge, ne sont pas capables de donner un plein rendement de travail, je le
dis et la Commission des accidents du travail le sait, à cause
d'accidents de travail, à cause de leur condition physique. A 50 ans,
elles ne peuvent pas donner le même rendement que les autres. A l'heure
actuelle, elles ont le domaine artisanal de l'industrie de la construction,
dans toutes ses sphères, pour gagner leur vie. Si elles fournissent un
rendement d'à peu près 50 p.c. et si on oblige ceux qui les
embauchent à leur payer un plein salaire, comme ça se fait dans
la grosse industrie de la construction, on n'a pas les moyens de les engager et
ces personnes doivent demander l'aide de l'assistance sociale. Je pense que le
gouvernement a assez de difficulté à l'heure actuelle je
ne veux pas tourner le fer dans la plaie avec le bien-être social,
avec ce ministère, et je connais la situation, après avoir lu les
journaux ce matin, où le gouvernement est en train de se retrouver.
Qu'est-ce que nous devons faire en face de cela? Moi, je dis que nous
devons être réalistes et examiner la situation telle qu'elle est,
qu'on tienne compte de l'endroit où elle se présente et qu'on
laisse faire les théories savantes. Qu'on garde les deux pieds sur terre
et qu'on regarde la réalité telle qu'elle est. L'histoire des
permis de travail, de grève dans l'arrêté no 2711, c'est
inacceptable. On nous présente le décret no 2711 et à
l'article 10 d'un beau document qu'on vient de nous remettre, ce matin: "Un
droit véritable au travail. Enfin la politique de la main-d'oeuvre a une
assise très profonde puisqu'elle repose sur le besoin de travailler des
hommes." Je reconnais ce principe. "Ce besoin est à ce point fondamental
qu'il fait naître un véritable droit, celui d'être
productif." Bien oui, si c'est vrai et si c'est le ministère du Travail
qui prépare cela, regardez dans vos décrets et dans vos
documents. Vous êtes en train d'empêcher la population du
Québec de travailler. Je vous le dis là. "Chaque individu a un
droit strict d'exercer une occupation adaptée à ses
capacités et à ses besoins. La plénitude et
l'équilibre de l'individu en dépendent. Il en découle
l'obligation pour l'Etat de faciliter l'exercice de ce droit."
Vous avez des jeunes qui vont laisser leurs études cette
année, et la seule option qu'ils ont devant eux, c'est d'aller justement
travailler dans l'industrie de la construction dans leur milieu. Avec le
décret no 2711, c'est impossible. Qu'est-ce que les jeunes de 18, 19, 20
ans qui sortent des études vont faire cette année? C'est le
ministère du Travail, c'est vous autres qui empêchez ces jeunes de
travailler. J'en connais, à l'heure actuelle, qui sont au travail, qui
ont réussi à se trouver du travail et ils ont de bonnes
situations. Le 1er juin, ils seront des chômeurs à cause du
décret no 2711. C'est absolument vrai, parce que...
M. COURNOYER: Ecoutez... Non, ce n'est pas vrai...
M. ROY (Beauce): C'est absolument vrai et je le dis au ministre,
à moins que vous amendiez le décret, parce que dans la
période réglementaire, la commission de l'industrie de la
construction, après leur avoir téléphoné
moi-même, m'a assuré que le permis de travail, ils ne l'auraient
pas.
M. COURNOYER: Je vous ai assuré.
M. ROY (Beauce): La commission de l'industrie de la construction va
accorder des permis de travail lorsque tous ceux qui ont rempli les conditions,
du 1er janvier 1970 au 30 septembre 1971, vont avoir reçu leur permis de
travail. Je dis au ministre de vérifier auprès des officiers de
la commission de l'industrie de la construction...
M. COURNOYER: Je n'ai pas à vérifier...
M. ROY (Beauce): Lorsque tous les individus qui ont rempli les
conditions auront leur permis de travail et s'il en manque, ils
reconsidéreront le cas de personnes qui ne remplissent pas ces
mêmes exigences.
Maintenant, si ce n'est pas cela, M. le ministre...
M. COURNOYER: Je m'excuse de vous interrompre. La réponse qu'on
vous a faite est une réponse d'une commission qui a un
arrêté en conseil no 2711 à administrer. Cet
arrêté en conseil no 2711, je vous ai annoncé à
vous, les députés, que je le modifierais pour en retarder la mise
en application jusqu'à ce qu'on ait établi des normes
approuvées par le gouvernement. Ces normes, j'ai même dit que,
lorsque je les recevrais, je les soumettrais à la commission
parlementaire du travail et de la main-d 'oeuvre. Ces normes d'acceptation ne
sont pas établies. Je peux bien accepter que vous répétiez
les mêmes choses, mais il me semble que moi aussi j'ai dit, la semaine
passée, et cela ne fait pas longtemps, que le 1er juin, il ne perdrait
pas son emploi le petit gars dont vous parliez tantôt.
M. ROY (Beauce): M. le Président, si vous me permettez, je ne
voudrais...
M. COURNOYER: D'habitude, je n'interromps pas.
M. ROY (Beauce): ... pas contredire les paroles du ministre, mais encore
cette semaine, suite à la question que mon collègue...
M. COURNOYER: Mais l'arrêté en conseil n'a pas
été modifié encore et la commission de l'industrie de la
construction n'est pas au courant de la modification à
l'arrêté en conseil.
Elle ne peut pas vous dire autre chose que ce qui est écrit dans
l'arrêté en conseil actuel. L'arrêté en conseil
aussitôt que modifié, la commission n'a pas d'autre choix que
d'administrer le nouvel arrêté en conseil, pas celui qu'elle a
actuellement.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre pourrait rassurer les employeurs
du Québec? Comme le député de Dorchester en a fait mention
hier, ils auraient appris qu'à partir du 8 mai, tout employeur qui ne
satisferait pas aux exigences de ces arrêtés en conseil serait
pénalisé. Je suis bien d'accord, je comprends et je veux rendre
hommage au ministre pour l'effort qu'il fait. Mais nous avons des
renseignements différents, selon qu'ils sont donnés au Parlement,
ou à la Commission de l'industrie de la construction. Je veux savoir,
une fois pour toutes, qui dit vrai. Je veux savoir à quoi nous en
tenir.
M. COURNOYER: Pour autant que les arrêtés en conseil...
M. ROY (Beauce): Je pense que c'est très important.
M. COURNOYER: ... c'est-à-dire leur contenu, sont
concernés, je peux vous assurer que c'est le ministre qui dit vrai.
M. DEMERS: Donc, lorsque nous aurons des problèmes, nous pourrons
tous les renvoyer au ministre et il les réglera.
M. COURNOYER: D'habitude, c'est à peu près ça que
vous faites, de toute façon...
M. DEMERS: C'est ça que je fais.
M. COURNOYER: ... sans aucune forme d'invitation.
M. DEMERS: C'est ce que je fais.
M. CROISETIERE: C'est la meilleure formule. Cela sort les gars de
prison. On fait tout avec ça.
M. COURNOYER: C'est parce qu'on paie l'amende à leur place.
M. DEMERS: Non, non, non!
M. CROISETIERE: Une réflexion, si vous me permettez. Il reste un
fait que tous ces problèmes ne sont pas soumis au bureau du
député pour être transmis...
M. COURNOYER: Non. M. CROISETIERE: ... au ministre. M. COURNOYER: Ce
n'est pas ça. M. CROISETIERE: Alors, c'est...
M. COURNOYER: L'arrêté en conseil n'est pas, non plus,
qu'une forme d'information aux députés. Aussitôt qu'il est
modifié et publié, la Commission de l'industrie de la
construction est tenue de s'y conformer.
M. CROISETIERE: D'accord.
M. COURNOYER: Mais, quant à rassurer les employeurs qui auraient
reçu cet avis, je regrette mais je ne l'ai pas vu. Est-ce que c'est un
avis verbal? Est-ce que c'est un avis écrit qu'ils ont reçu de la
Commission de l'industrie de la construction?
M. ROY (Beauce): Ce sont des appels téléphoniques que nous
avons reçus.
M. COURNOYER: Oui!
M. ROY (Beauce): Ce sont des avis que des
inspecteurs de la Commission de l'industrie de la construction donnent
un peu partout. C'est pour cela que je me demande...
M. CROISETIERE: II y aurait peut-être lieu que le ministre avise
ces inspecteurs.
M. ROY (Beauce): ... à ce moment-là, s'il n'y aurait pas
lieu pour le ministre du Travail d'émettre un communiqué de
presse, dès aujourd'hui, le rendre public de façon à ce
qu'on cesse d'être inquiet et qu'on cesse d'avoir peur de toujours
être poursuivi devant les tribunaux. Chaque jour, nous avons des
employés de l'industrie de la construction qui reçoivent des
sommations. Encore aujourd'hui!
Je suis bien d'accord que le ministre fait l'effort voulu. Mais je dis
qu'il y a un manque de communication entre le ministère du Travail et la
Commission de l'industrie de la construction. Il est urgent que ce contact se
rétablisse de façon à ce que la Commission de l'industrie
de la construction dise la même chose que le ministre. Savez-vous ce que
les gens de l'industrie de la construction, nous répondent, quand on les
pousse au pied du mur? Ils nous disent ceci: Ecoutez, M. le
député, ce n'est pas nous qui faisons les lois.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. ROY (Beauce): C'est le gouvernement qui fait les lois, et vous
être drôlement mieux placé que nous pour faire les lois. Si
vous n'êtes pas satisfait de ces lois, c'est vous qui siégez au
Parlement de Québec.
M. COURNOYER: Oui.
M. ROY (Beauce): Faites-les changer et, nous autres, nous ne demandons
pas mieux que de les appliquer autrement.
M. COURNOYER: C'est ce que vous avez fait.
M. ROY (Beauce): Mais nous n'avons pas reçu d'autres instructions
que celles que nous avons.
Or, c'est la réponse classique. On nous envoie de Cai'phe
à Pilate. Mais il reste que pendant ce temps-là les travaux ne se
font pas. Les chômeurs demeurent des chômeurs. Le PNB reste bas et
le ministère des Affaires sociales a des problèmes. Le premier
ministre a des problèmes avec le ministre des Affaires sociales. Ce sont
toutes des conséquences.
M. DEMERS: Pour quelques jours, cela va être noir
là-bas.
M. ROY (Beauce): Pour quelques jours. J'espère que cela va se
replacer, dans l'intérêt du gouvernement. De toute façon,
je pense qu'il faudra, à un moment donné, parler le même
langage, dans la province de Québec.
M. COURNOYER: Oui.
M. ROY (Beauce): On parle d'une politique unifiée de la langue,
d'accord, mais je n'ai pas l'impression qu'on parle le même langage dans
les commissions gouvernementales quand je dis les commissions
gouvernementales, j'inclus les commissions paragouvernementales et dans
le gouvernement du Québec. Il y aurait peut-être lieu d'avoir une
nouvelle politique de la langue, pour avoir, au moins, la même
dialectique.
Je vous le dis: C'est une confusion terrible. Alors, je renseigne le
ministre sur ce fait, parce qu'il y a peut-être des points, des
éléments dans cela dont le ministre n'a pas été
informé. Mais, chaque lundi et chaque fin de semaine, lorsque nous
retournons dans nos comtés, c'est comme cela. D'ailleurs, j'aurais
aimé que vous soyez témoin de l'assemblée qu'il y a eu
à Saint-Georges de Beauce et de celle qui a suivi, à
Laurier-Station. A ce moment-là, vous auriez pu vous rendre compte de ce
que les gens veulent. Les gens veulent travailler, mais ils veulent avoir la
paix. Les gens réclament la paix et on a le trouble dans la province de
Québec, ce matin. Pourquoi? Est-ce que cela dépend des
travailleurs ou si cela dépend de notre législation?
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'aimerais ajouter quelques remarques
à ce que vient de dire mon collègue de Beauce. Ses paroles sont
très à point'. Nous vivons ce problème également.
J'aimerais exposer à la commission, ce matin, le problème relatif
à la formation et à la qualification professionnelles. Je
toucherai surtout à la qualification. La formation, c'est autre
chose.
M. le Président, c'est à partir d'exemples bien concrets
d'entreprises que j'ai été informé. Des gens sont venus me
voir au bureau. Je n'ai pas pu leur dire autre chose que: Messieurs, vous ne
pouvez plus continuer à travailler de la façon dont vous le
faites. Je m'explique.
A Saint-Léon-de-Standon, plus précisément, j'ai
déjà travaillé pour une personne qui fait ce qu'on appelle
du déménagement de bâtisses. C'est un problème qui
se pose. Je pars de cet exemple, mais on peut les multiplier. J'aimerais poser
la question suivante au ministre: Quel certificat de qualification devront
détenir les gens qui travaillent au déménagement de
constructions? Il y a plusieurs entrepreneurs, il y en a même dans la
Beauce et il y en a ici, aux alentours de Québec. Est-ce que ces gens
devront être compétents en démolition ou en construction,
comme menuisiers ou comme serruriers, comme on semble le dire assez
souvent?
M. DEMERS: Comme camionneurs.
M. GUAY: Probablement. A partir de là, est-ce qu'un permis de
travail suffira? Si ces
gens travaillent comme journaliers, ils n'ont pas le droit de se servir
d'outils de menuiserie ou autres.
M. le Président, cela a des effets d'entraînement. Je dois
dire que ce propriétaire, ce dirigeant d'entreprise a normalement
embauché chaque année, depuis tout près de 15 ans, environ
10 travailleurs de Saint-Léon. Ce sont des gens qui acquièrent
une compétence que nul autre travailleur ne peut posséder. J'en
sais quelque chose. J'ai travaillé pour cet entrepreneur pendant deux
ans.
Cela prend un gars polyvalent. De temps en temps, il est menuisier, de
temps en temps, il est plombier, de temps en temps, il est maçon, de
temps en temps, il est n'importe quoi. Cela prend des gens qui sont capables de
faire tout cela.
Dans d'autres genres d'entreprises, par exemple j'en ai
soufflé un mot au ministre avant-hier dans le domaine du fer
ornemental, la même question se pose. Quand les gens vont chercher leur
certificat de qualification, on les "enfarge" de telle sorte qu'on leur demande
je me demande si ces questions devraient être posées
à un test de qualification pour l'obtention d'un certificat
quelle est l'épaisseur obligatoire d'une porte de coffre-fort, parce que
ces gens doivent détenir une compétence de serrurier.
Ce sont des entreprises qui devront fermer leurs portes tôt ou
tard. Evidemment, les gens nous disent: Nous allons continuer et, s'il le faut,
nous allons continuer à travailler armés jusqu'aux dents, mais je
vous garantis, M. le député, que nous allons continuer à
travailler et ce n'est pas le ministère du Travail ou ses inspecteurs de
la Commission de l'industrie de la construction qui vont nous en
empêcher.
A partir de là, je pense qu'il s'est créé un climat
qui est très malsain. Peut-être que ça existe uniquement en
milieu rural. Si je suis arrivé quelques minutes en retard à la
commission ce matin, c'est que j'ai rencontré certains de ces
entrepreneurs. Ils m'ont dit: Une fois pour toutes, tu vas nous dire si nous
commençons demain ou si nous ne commençons pas. Tout est
prêt. Tout ce qui manque, c'est le OK du ministère du Travail et
on dit que nous ne l'aurons probablement pas.
D'autres personnes ont acquis une compétence prouvée. Un
employeur a travaillé aux Etats-Unis pendant huit années. Si
cette personne était compétente pour prendre des contrats aux
Etats-Unis dans les fondations de constructions, je me pose la question
suivante: Comment se fait-il qu'ici, au Québec, il ne réussisse
pas à passer son examen de qualification pour l'obtention d'une carte de
compétence, alors qu'aux Etats-Unis il était reconnu comme
étant compétent?
C'est un autre problème que je soulève, parce que dans mon
comté comme dans la Beauce, comme dans plusieurs comtés
il y a énormément de travailleurs qui ont exercé
leur métier du côté américain pendant 5, 10 ou 15
ans. Ils reviennent au Québec et du fait qu'ils n'ont d'abord pas
travaillé au Québec, du fait que les certificats de qualification
n'ont pas d'équivalence, ces gens-là ne peuvent plus travailler
au Québec.
Je connais une firme qui ferme ses portes, une firme qui a
employé pendant toute l'année dernière 5 personnes
régulièrement et assez souvent du personnel supplémentaire
dans la plus belle période de la construction. Cette année, j'en
ai rencontré le propriétaire. D'abord, il a été
arrêté à cause de la non-qualification, et il a dit: Je
n'ai pas le choix, je ferme mes portes.
Ce gars a investi de l'argent, il a acheté de la machinerie, il
s'est confectionné des formes qu'il peut déplacer facilement. Il
peut probablement travailler à un prix moindre que les autres firmes
autour du Québec parce que cette expérience, il l'a acquise aux
Etats-Unis. Il se voit dans l'obligation d'abandonner son commerce uniquement
parce qu'il y a des restrictions. Je vous garantis que ce n'est pas, chez lui,
la compétence qui manque. H est reconnu comme étant
compétent. Il a tout ça, sauf le droit de travailler.
Je pense que ces exemples se multiplient dans tout le Québec. Et
ce n'est rien, nous faisons abstraction du permis de travail, le
député de Beauce y ayant touché. Mais quand on touche
à la qualification professionnelle, l'information qui a
été donnée concernant tout ça semble être
très faible. D'ailleurs, les travailleurs ne sont pas au courant et les
employés non plus. J'ai l'impression que les employeurs n'ont pas pu
informer leurs employés, parce qu'ils disent que c'est tellement
compliqué, c'est tellement confus que plus on en sait ou plus on en
apprend, moins on en sait.
Nous en avons eu l'expérience dans des réunions, qui n'ont
pourtant pas été convoquées par des députés.
Je vous dis que ça a été des réunions apolitiques.
Nous avons même été avertis de ne pas faire de politique.
Nous nous en gardions bien, ce n'est pas un problème politique, et
ça ne donnerait absolument rien de le politiser.
Comme le disait si bien mon collègue de Beauce, il faut revenir
les pieds sur terre, il faut être réalistes. Je pourrais me
prendre comme une victime de ça. J'ai voulu l'automne dernier me
construire une maison je ne vais pas chercher l'exemple au
Lac-Saint-Jean ou ailleurs et je n'ai pas trouvé de travailleurs
détenteurs de certificats de qualification dans les métiers de la
construction.
Comme j'ai un peu peur des entrepreneurs, je me suis dit que j'allais
construire ma maison. J'ai fait de la recherche pour devenir entrepreneur,
parce que je n'ai pas le droit de construire sans ça, mais dans ma
paroisse, c'est curieux, il n'y a que trois personnes qui détiennent des
certificats de qualification dans le domaine de la menuiserie. Il aurait fallu
que j'aille ailleurs
chercher du personnel compétent et les gens de Saint-Léon
m'ont dit: Si le député va chercher son personnel à
l'extérieur pour se construire, il ira se faire élire par des
gars de l'extérieur. Aussi ridicule que ça paraisse, c'est
ça.
J'ai un exemple â ajouter, qui est assez frappant. Dans une
paroisse de mon comté on m'a permis de nommer la
municipalité: Sainte-Justine de Dorchester un programme
d'Initiatives locales a été accepté pour faire le
déblayage des pistes de neige et la construction d'un chalet des
sports.
Alors on a réussi à construire tant bien que mal le chalet
des sports, en cachette, faire la menuiserie, monter la construction. A un
moment donné, le responsable du projet a pris peur. Il dit: Plutôt
que de se faire arrêter, je vais essayer d'avoir des peintres avec des
certificats de qualification, pour ne pas que ces travailleurs-là soient
obligés de verser $200 d'amende ou faire un mois de prison.
Il a cherché pendant une semaine, c'est-à-dire qu'il a
passé au filtre tous les travailleurs de sa paroisse: il n'y a pas un
peintre dans la paroisse qui a une carte de qualification comme peintre. Il
dit: Maintenant, je suis assuré qu'il n'y en a pas à
Sainte-Justine, alors je vais me diriger au centre de main-d'oeuvre. Le gars
arrive à Saint-Georges-de-Beauce, au centre de main-d'oeuvre, il demande
s'il y aurait des peintres disponibles détenant des cartes de
qualification. Non, on n'en a pas, mais on lui dit: Allez à
Lévis, je suis sûr qu'il y en a. Le gars part de Saint-Georges, il
a décidé de jouer le jeu, il descend à Lévis et on
lui dit: On n'en a pas présentement sur la liste de travailleurs
disponibles. Ils ont dit, au centre de main-d'oeuvre de Lévis: II y a
une chose que vous pouvez faire. Vous allez vous rendre à 825 rue
Saint-Thérèse, et là vous allez vous informer de quelle
façon les gars chez vous peuvent obtenir un carnet d'apprentissage. Vous
savez que les programmes d'initiative locale doivent être terminés
pour une date fixe, on a essayé de retarder l'échéance,
ça devient donc impossible.
Alors, le responsable du programme en question n'a pas pu faire faire la
peinture au chalet des sports et à l'échéance du
programme, le temps normal pour la réalisation du projet, il ne pourra
pas respecter le délai. Qu'est-ce qui arrive? La question a
été posée aux fonctionnaires du ministère et je
vous avoue en toute franchise qu'ils n'ont pu y répondre. Depuis ce
temps-là, les gens sont nerveux, les gens se disent: Désormais on
n'a plus le droit de travailler. Et je pense qu'en conclusion, c'est ce qu'on
en déduit aussi.
Peut-être que c'est moins fréquent dans les villes. Je n'ai
pas mis mon nez tellement dans les villes, mais il semble y avoir
également des problèmes, si on en croit les journaux de ce matin.
A partir de là, je pense qu'il y a lieu soit d'exclure, soit d'abolir
certaines parties du décret de la construction, mais chez nous ça
ne peut plus fonctionner, et les gens sont décidés à faire
n'importe quoi. Et je vous avoue, M. le ministre, que je ne peux pas les
décourager, là je ne suis plus capable de les tenir, comme vous
avez déjà dit en Chambre.
Je leur dis bien: Attendez encore une semaine, peut-être qu'on va
trouver une solution, mais le problème se pose à ce
niveau-là. Et les entrepreneurs, les employeurs doivent cesser leurs
travaux et disent: Cette année, je ne peux pas te réembaucher
parce que le ministère du Travail me l'interdit. Il y a aussi le cas du
déménageur de maison; j'ai cherché partout quel certificat
de qualification ces travailleurs-là devraient détenir et je n'ai
pas encore trouvé de réponse.
Peut-être que ce sont là des cas marginaux, mais je trouve
qu'ils se répètent drôlement souvent. Le comté de
Papineau est aux prises avec ces mêmes problèmes. J'ai même
une pétition du comté de Papineau et si le député
de Papineau était ici, probablement qu'il pourrait confirmer parce qu'il
a eu une copie de ça. Alors, de plus en plus ça semble se
répéter dans les comtés ruraux et je ne suis pas capable
de sortir de ma maison sans faire face à des problèmes comme
ceux-là, encore ce matin.
Alors, je pense qu'il y a lieu d'examiner ça, comme le disait
tantôt le député de Saint-Maurice. On a déjà
demandé que la commission parlementaire soit convoquée, mais
ça commence à être pressant puis à être
drôlement pressant qu'elle soit convoquée, afin que ces
entrepreneurs-là, ces travailleurs-là soient rassurés. On
a beau leur dire, nous: Attendez, patientez encore un peu, les gars sont rendus
au bout de la corde. On a les prestations d'assurance-chômage qui sont
arrêtées, depuis déjà un certain temps, dans bien
des cas, et ces gens-là ne peuvent plus se permettre de travailler.
Alors, ce sont des gens qui, dès qu'ils veulent travaillent, sont des
hors-la-loi. A partir de là, moi je ne peux pas leur dire: Les gars, ne
travaillez pas. Le conseil que je leur donne, c'est de travailler. Je vais
peut-être faire outrage au tribunal en disant ça, mais je leur
dis: Messieurs, travaillez, et si vous vous vous faites pincer...
M. DEMERS: Un an.
M. GUAY: ... venez me trouver puis on ira ensemble trouver le ministre
du Travail, puis on tentera d'apporter une solution. Mais, je ne peux pas dire
à ces gens-là: Privez vos familles. Serrez-vous la ceinture comme
on a déjà dit, ça ne se fait plus. Je suis peut-être
nerveux, ce matin, mais les gars étaient sur la route, tout en
descendant ils ont dit: On sait qu'il est allé coucher chez lui, ce
matin on va s'informer. Alors j'ai dit: Les gars, travaillez, ce n'est pas
compliqué, vous n'êtes pas des voleurs.
M. COURNOYER: Vous avez raison.
M. GUAY: ... peut-être qu'on protège mieux
ceux-là et que vous ne faites rien de
répréhensible, nous allons tenter de faire confirmer dans
les documents que le droit au travail n'appartient pas au gouvernement mais aux
travailleurs, à l'individu. Je suis content et surpris, ce matin, de
voir ce volume, cette brique assez volumineuse que nous a remis le ministre du
Travail.
Je suis surpris mais je suis content d'y voir que le droit au travail
est un droit qui appartient à l'individu. Ce n'est pas à l'Etat
de décider si un travailleur est compétent ou pas. Si j'embauche
un travailleur et qu'il me fait du mauvais travail, je vais m'en rendre compte.
A partir de là, si c'est toujours l'Etat qui décide de la
compétence d'un travailleur, l'employeur n'a plus rien à dire, et
même le travailleur.
M. COURNOYER: C'est la même chose pour l'achat d'appareils
électriques. Ce n'est pas à l'Etat de décider s'il est bon
ou pas. Tu l'achètes et tu le vois après, une fois que ta maison
est brûlée!
M. GUAY: L'Etat exerce un droit de regard une fois que le travail est
effectué.
M. COURNOYER: On peut dire que l'Etat n'a pas de responsabilité;
je pense que vous avez dit cela lors des séances du mercredi
après-midi. Vous avez même répété assez
souvent que l'Etat n'a pas affaire à cela. L'Etat n'a peut-être
pas affaire à cela à votre avis mais il semble cependant que,
dès que quelque chose va mal, on retourne de toute façon à
l'Etat, que ce soit vous ou d'autres, pour que l'Etat réglemente
davantage. Un instant! Je l'ai déjà dit à plusieurs
endroits, à d'autres personnes qu'aux députés; les
députés sont ici rois et maîtres et c'est eux, l'Etat. Je
ne suis pas tout seul dans l'Etat. Vous êtes des gens de l'Etat, vous
aussi.
Il y a des règles, par exemple, qui existent dans
l'électricité, dans la plomberie, dans le chauffage, dans la
réfrigération, dans le giclage automatique depuis quarante ans;
elles n'ont pas été changées par les règlements
actuels parce que probablement qu'un jour on a décidé que l'Etat
avait une responsabilité en vertu du principe que la
sécurité publique peut être en danger. Il y a certaines
normes qui doivent être respectées. On parle de plus en plus de
code du bâtiment, on parle de code de l'électricité, de
code de protection des incendies. C'est bien beau d'avoir des règles
mais il va falloir que quelqu'un les comprenne, que quelqu'un sache au moins
comment les lire.
Je vous ai renvoyé hier ou avant-hier, aux règlements de
sécurité sur les chantiers de construction. Il va falloir que
quelqu'un s'assure qu'il sait lire les règlements de
sécurité, au moins. Vous pouvez crier: Encore une fois, c'est une
intervention erronée de l'Etat, mais qui va s'assurer que les gens
connaissent les règlements de sécurité? Ce n'est qu'une
petite chose mais lisez le règlement de sécurité sur les
chantiers de construction. Moi, je ne suis pas un spécialiste
là-dedans et il y a bien des bouts que je ne comprends pas du tout, ni
en anglais ni en français, parce que ce sont des termes techniques.
Comment faire pour en arriver à vulgariser ces choses-là? Il va
falloir qu'on comprenne.
Je peux bien vous dire que je suis d'accord avec vous que le droit au
travail existe, c'est d'ailleurs écrit dans un document du
ministère du Travail. Cela ne veut pas dire que le ministre est en
désaccord totalement sur tout ce qu'il y a dans ce document, il y a une
grande partie sur laquelle il est d'accord. Le droit au travail est un droit de
l'individu mais il ne faut jamais oublier que tout droit qu'une personne exerce
brime peut-être le droit d'un autre. L'Etat a la responsabilité
d'agencer les droits individuels les uns les autres. Si ce n'est pas une
responsabilité de l'Etat d'agencer ces droits individuels, je ne sais
pas qui aura cette responsabilité. Un jour, elle va nous péter
dans la face, c'est aussi simple que cela.
Il faudrait lire le document en question ici au complet, pas seulement
le titre. Il y a des choses là-dedans qui vous indiquent que non
seulement nous nous dirigeons vers un droit au travail, parce que c'est le
principe de base, mais nous nous dirigeons vers des réglementations
encore plus ennuyantes que celles qui existent, mais jamais pour le
bien-être de l'Etat proprement dit ou le bien-être du ministre ou
du ministère du Travail. La première fonction est de s'occuper
des individus qui forment la société mais sachez bien que,
lorsqu'on inscrit qu'il ne faut pas aller à plus de 60 milles à
l'heure, c'est parce qu'on veut protéger quelqu'un. On a certainement,
quand on a écrit cela sur un poteau, limité la liberté de
quelqu'un et le droit d'aller se casser la gueule quand il le veut. On dit:
Casse-toi la gueule si tu veux mais ne casse pas celle des autres en même
temps. Ta liberté et ton droit de travailler, c'est peut-être
limité par le droit d'un autre aussi de gagner sa vie. C'est le principe
de la collectivité.
Je peux retourner dans votre argumentation du domaine rural.
Malheureusement pour moi, je ne peux qu'être d'accord avec vous. H
y a des municipalités de 5,000 âmes et moins on dit 5,000,
mais on pourrait choisir 1,000, 6,000 ou 10,000; ce n'est pas important
qui n'ont pas et qui n'auront jamais, parce que ce sont des
municipalités à population restreinte, le nombre de
compétences dans tous les domaines qu'on peut retrouver dans l'industrie
de la construction, que ce soit dans le décret ou que ce soit dans les
lois de qualification. En conséquence, on doit faire quelque chose de
spécial pour ces gens, parce que ça n'a pas d'allure d'aller
chercher à Lévis ou à Montréal un journalier ou un
charpentier menuisier pour faire des formes quand il y en a trois ou quatre
dans la cour qui sont capables de le faire.
Je pense qu'à l'exercice, et à l'exercice seulement, ces
lois qui ont été faites sur une base générale, dans
l'intention d'assurer des
droits égaux à tout le inonde il ne faut pas
s'imaginer, même si c'est restrictif pour le moment ou que c'est
interprété comme étant restrictif, que cela a
été fait pour enlever des droits; c'était pour assurer des
droits égaux à tout le monde causent dans les
municipalités plutôt rurales, comme vous l'avez dit tantôt
il y en a peut être moins à Montréal, des
problèmes comme ceux-là, à cause de la grosseur de la
population des malaises et surtout des situations impossibles, des
situations qui n'ont pas d'allure. Je dis, à ce moment-là:
D'accord, corrigeons ces situations, mais regardez bien le fond du
problème en vous demandant s'il y a lieu d'abolir ou s'il y a lieu de
corriger.
Jusqu'ici, il nous semble à nous plus opportun de corriger que
d'abolir.
M. CROISETIERE: M. le Président, étant donné qu'il
semble y avoir un genre de mainlevée pour enlever la pression
actuellement dans ce domaine, le ministre prévoit-il, dans un avenir
prochain, apporter un amendement à ce décret ou à ces
arrêtés en conseil pour régulariser la situation?
M. TOURNOYER: Certainement et je pense que ça peut être
fait aujourd'hui. Il reste que nous sommes préoccupés par
plusieurs problèmes en même temps...
M. CROISETIERE: D'accord.
M. COURNOYER: ... mais mes fonctionnaires ont déjà
préparé le texte de l'arrêté en conseil.
M. CROISETIERE: Je crois que ça répondrait très
bien...
M. COURNOYER: C'est pour corriger la situation à la commission de
l'industrie de la construction et dans les centres de main-d'oeuvre du
Québec. Jusqu'au 3 janvier, les centres de main-d'oeuvre
émettaient des permis de travail. La Commission de l'industrie de la
construction a pris sur elle d'émettre les permis de travail à
compter du 3 janvier et, parce que le règlement est fait comme il est
fait, elle a dit: Pour pouvoir avoir un permis de travail, il est inscrit qu'il
faut avoir travaillé l'an passé ou durant les 18 derniers mois.
Comme vous n'avez pas travaillé durant les 18 derniers mois,
l'arrêté en conseil étant fait comme il est fait, le 1er
juin, vous ne pourrez pas travailler. Je ne peux pas dire qu'ils n'ont pas
raison d'avoir dit ça; c'est le texte de l'arrêté en
conseil. J'ai dit aux députés que j'avais une mainlevée;
je ne peux pas le faire juste par une décision du ministre. Cela prend
un amendement à l'arrêté en conseil et cet amendement,
apparemment, serait prêt aujourd'hui.
M. CROISETIERE: Très bien, parce que ce problème n'est pas
généralisé dans toute la province, en ce sens qu'il est
plus aigu à certains endroits qu'à d'autres. Dans notre
région, le problème est moins aigu que semble l'indiquer le
député de Dorchester pour sa région. Alors, c'est pour
enlever cette pression.
M. COURNOYER: Certainement, le ministre a décidé de
l'enlever, la pression, compte tenu des observations qui ont été
faites par les députés ici et compte tenu des réactions
que j'ai eues. Je n'ai pas l'idée de ne pas l'enlever, c'est
décidé.
M. CROISETIERE: Très bien.
M. COURNOYER: Dans la mesure où je suis concerné.
M. ROY (Beauce): J'aimerais, si vous le permettez, rappeler au ministre
ce que nous avons dit avant-hier soir. Lorsque le député de
Dorchester a demandé tantôt d'abolir les lois et les
décrets, il parlait toujours en termes de régions ou de petites
municipalités rurales. Nous n'avons jamais demandé et nous
n'avons pas l'intention de le faire non plus que les règlements
de sécurité dans l'industrie de la construction soient abolis, au
contraire. Ecoutez, il faut tout de même être logique! Ce sont des
choses complètement différentes; nous ne parlons pas de la
même chose à ce moment-là. Ce que j'ai dit avant-hier soir
j'ai tenu à faire la distinction; j'ai encore mes notes ici
c'est que vous avez, dans la construction, deux types de construction.
Je m'excuse, mais je veux que ce soit bien compris pour que, dans le journal
des Débats, nos propos ne soient pas interprétés.
Il y a deux types de construction. Vous avez la construction de type
industriel qu'on appelle la grosse construction. Je pourrais ajouter, dans la
construction industrielle, la construction d'habitations familiales en
série. Par exemple, on va faire un développement domiciliaire, on
va construire dix, douze, quinze, dix-huit, vingt-cinq maisons familiales en
série qui sont faites par le même entrepreneur, par des ouvriers
spécialisés.
Vous avez l'autre type de construction, qui est artisanale. Tous les
problèmes auxquels le ministère a à faire face et que nous
avons soumis à son attention viennent de la construction de type
artisanal. Vous obligez les gens qui construisent une seule résidence
à toutes les lois et à tous les décrets, peu importe le
milieu où ils se trouvent au Québec, que la municipalité
ait 400 âmes ou qu'elle en ait 75,000. C'est la même loi et les
mêmes décrets. C'est là que les difficultés
arrivent, parce que, justement, nous avons dit qu'il y avait trois milieux
différents. Nous avons dit que si vous aviez une seule politique globale
au Québec, le ministère se trouve, pour protéger les
droits des uns, à brimer les droits des autres.
Ceux qui travaillent dans la construction industrielle, la grosse
construction, sur les grands chantiers de construction, ont des droits. Mais si
le gouvernement veut étendre ces mêmes droits aux petits, ceux-ci
sont brimés dans leurs droits. Si le gouvernement abolit le
décret, il abolit les droits des autres. Alors, il faut absolument faire
une nuance entre les deux types de construction.
Je voudrais demander au ministre, ici, s'il a l'intention, dans la
modification qui est en voie de préparation je ne voudrais pas
dévoiler des secrets d'Etat, mais je pense qu'il serait bon de savoir,
de façon que les gens puissent un peu s'orienter pour calmer leur
inquiétude de modifier les décrets et d'exclure la petite
construction et les réparations de maisons... Ce sont les mêmes
décrets et les mêmes lois qui s'appliquent pour des
réparations de $200 sur des maisons familiales dans des petites
municipalités de 1,000 âmes.
M. COURNOYER: M. le Président, là-dessus, je ne voudrais
pas faire un cours. Je n'aime pas répéter cela, mais c'est ainsi
que la loi est faite. Le ministre peut bien avoir des intentions, peut bien
constater qu'effectivement vous avez raison. Il y a un certain nombre de choses
qui relèvent du ministre. Par exemple, l'arrêté en conseil
no 2711 ne découle pas de la même procédure que le
décret de la construction. Donc, l'arrêté en conseil no
2711, le ministre en a l'autorité malgré les problèmes que
cela lui cause de le modifier. C'est la responsabilité du ministre.
Quant au règlement de qualification professionnelle, la
façon d'obtenir les cartes de compétence, etc., cela
relève également du ministre, selon le bill no 49, après
consultation de ci et de ça, d'un paquet de monde qu'il faut qu'il
consulte là-dessus. Mais cela relève du ministre et cela ne
procède pas du voeu des parties contractantes. Les termes du
décret, compte tenu du fait que le bill no 38 a donné
l'autorité au ministre d'émettre un décret avant le 1er
janvier 1970, je crois il me semble que cela fait déjà un
an était une loi spéciale qui est expirée. Au
moment où nous nous parlons, c'est la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction qui prévaut et lors d'une question
posée par le député de Saint-Maurice, j'ai dit que des
amendements proposés par le ministère, par accident ou autrement,
n'ayant pas reçu l'assentiment de la Fédération de
l'industrie de la construction, sont contestés juridiquement. J'ai
été obligé de dire au député de
Saint-Maurice en Chambre que, compte tenu de la nature humaine le ministre
était obligé d'abord que les parties contractantes, celles qui
sont reconnues dans la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction ou conformément à cette loi, aient
décidé de modifier les termes du décret.
Si je reviens, par exemple, aux deux articles sur lesquels vous me
demandez de me pronon- cer comme ministre et surtout de dénoncer des
intentions de faire quelque chose, écoutez, je peux bien me prononcer
sur le contenu et tenter de convaincre les parties contractantes qu'il y aurait
lieu de répondre à ce besoin, de répondre à ce
défaut de la cuirasse qui fait qu'on est en train de remettre à
peu près tout en question mais que pour un petit défaut dans une
cuirasse. Je le considère comme petit. Je ne considère pas que ce
soit cela qui fasse mal aux entreprises de construction qui sont parties,
elles, au décret de la construction. Je ne crois pas non plus que c'est
ce genre de travail qui fasse mal aux travailleurs de la construction
actuellement.
Maintenant, c'est une opinion énoncée par un ministre.
Je peux bien vous demander de poser la même question lors de
l'étude, en commission parlementaire, lorsque les gens d'en face
viendront vous dire qu'ils ne veulent même pas l'amender, l'article 2711,
et qu'ils sont enragés après le ministre, actuellement, parce
qu'il l'a fait. Mais j'avais l'autorité et le pouvoir de le faire. Mais
quand il s'agit de dire: La loi de l'industrie de la construction ne
s'appliquera pas dans des localités de 5,000 âmes et moins ou de
500 âmes et moins encore une fois, je reprends les chiffres
arbitrairement ils vont dire: La loi qui est là, il va falloir
que tu l'amendes avant de faire ça. Amender la loi, je vous dis que
c'est peut-être dangereux de le faire parce que, de toute façon,
c'est peut-être préférable de redonner aux parties le plus
possible de responsabilités, sans pour autant que le ministre s'en
débarrasse. Mais les pouvoirs du ministre, dans la Loi des
décrets de convention collective comme dans la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction, sont drôlement
limités une fois que les décrets sont adoptés.
Avant que les décrets ne soient adoptés, là il y a
toujours possibilité de protestation. Le ministre peut ne pas donner
suite à une demande des sept parties contractantes. Mais, encore
là, dans la loi de l'industrie de la construction, je suis obligé
de leur retourner toute la patente. Modifiez-les, je ne peux pas les adopter.
Cela, on sait ce que ça peut donner sur les chantiers de construction.
Il n'y a rien qui va mal actuellement et, apparemment, il y a beaucoup de
choses qui vont mal.
M. DEMERS: C'est la seule place où cela marche.
M. COURNOYER: Pardon?
M. DEMERS: C'est la seule place où cela ne va pas mal.
M. COURNOYER: Bien là, cela va un peu mieux. Mais je veux dire
qu'il n'y a rien qui va mal et ils sont en grève, ce matin. Ils ont
fermé tous les chantiers de construction à Montréal,
hier. Je ne sais pas s'ils ont continué aujourd'hui. Apparemment,
tout était fermé, hier, à Montréal, sur les
chantiers de construction. On a sorti tous les employés de la
construction des complexes G et H, hier, parce qu'ils étaient de
l'industrie de la construction. Ils ont reçu un ordre de quelque part.
Mais je ne me souviens pas de l'assemblée générale qui a
convoqué une grève dans la construction! De toute façon,
cela a été fait.
M. GUAY: Cela dépend de la raison, aussi.
M. COURNOYER: Mais, actuellement, on va prendre comme raison qu'on ne
retournera au travail que lorsque la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction sera amendée. Cela veut dire quoi?
Amendée comment? Vous voudriez qu'on l'amende, présentement, pour
leur enlever des pouvoirs mais ils pensent qu'ils n'en ont pas assez. Cela est
l'autre problème.
M. MARCHAND: II n'y a pas un ouvrier qui voulait être en
grève, parce qu'ils perdent $50 par jour, actuellement, en plus. Ils
sont obligés de suivre ces quatre apaches qui mènent tout
ça.
M. CROISETIERE: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre puisqu'il vient d'ouvrir une porte. Est-ce que le ministre
anticipe la possibilité d'apporter des amendements à la Loi sur
les relations du travail?
M. COURNOYER: A la Loi sur les relations du travail, oui, dans
l'industrie de la construction, en particulier.
M. CROISETIERE: Oui.
M. COURNOYER: Je crois qu'il y a lieu d'en faire.
M. CROISETIERE: Mais au code du travail?
M. COURNOYER : Au code du travail aussi. J'ai déjà
annoncé, l'autre jour, qu'il y avait trois chapitres qui seraient
revisés dans le code du travail.
M. CROISETIERE: A cette session-ci?
M. COURNOYER: Ils seront déposés à cette
session-ci, très certainement, ou cette partie de la session, mais je ne
suis pas responsable du programme législatif gouvernemental...
M. CROISETIERE: Très bien.
M. COURNOYER: ... et des travaux de la Chambre. Je ne sais pas comment
ça marche.
M. GUAY: II y a toujours les personnes qui sont déjà dans
le domaine. Je pense, par exemple, aux personnes qui depuis dix, douze ou
quinze ans sont dans des métiers de construction; menuisiers,
maçons ou autres. A partir de là, est-ce qu'il y aura lieu de
prévoir une protection pour ces personnes?
Il arrive ceci et j'ai des exemples dans mon comté. Des personnes
se sont présentées pour l'obtention du certificat de
qualification. Cela leur semble impossible de franchir le barrage. Elles ne
réussissent pas leurs examens de qualification. Il y a une raison
à ça.
M. COURNOYER: Bien, il y a une raison. Il me semble que c'est vous qui
m'avez parlé d'un poseur de tapis.
M. GUAY: C'est le député de Beauce.
M. COURNOYER: C'est le député de Beau-ce. D'une part, les
règlements exigent que, pour poser du tapis, il faut être poseur
de revêtement mou et, dans les revêtements mous, il y a du
prélart, de la tuile et différentes choses comme ça. Si je
n'ai jamais posé autre chose que du tapis, lorsque je viens pour passer
l'examen pour la carte de qualification de poseur de revêtement mou, pour
poser exclusivement du tapis, je ne suis pas capable. Mais les officiers de mon
ministère, encore une fois, l'ont constaté, pas seulement dans
vos régions; cela s'applique ailleurs, d'autres spécialisations
existent dans ce domaine comme dans d'autres domaines, très hautes
spécialisations. Quand on veut en faire des généralistes,
on rencontre des difficultés intrinsèques parce que ce n'est pas
nous autres qui les avons spécialisés, c'est la "job". On a
toujours dit ça.
M. GUAY: C'est ça.
M. COURNOYER: C'est la "job" qui les a spécialisés.
De toute façon, on m'informe au ministère qu'il y aurait
une possibilité c'est une annonce officielle, car je pense que
nous parlons officiellement, ici qu'on procède par
l'émission de qualification par module.
Prenons votre poseur de tapis, par exemple. Il aurait ce module. Il ne
serait poseur de revêtement mou que lorsqu'il pourrait poser n'importe
quel revêtement mou, mais il pourrait n'être qu'un poseur de
"prélart" ou qu'un poseur de tapis. Enfin, je n'ai pas les modules qu'il
y a dans cela, mais ce serait par module plutôt qu'autre chose, un peu en
s'inspirant de celui de l'automobile.
Dans le domaine de l'automobile, on dit: Quand vous avez tout cela, vous
êtes "full-fledged". Quand vous n'en avez qu'une partie, on ne vous
empêche pas de travailler, mais vous n'êtes pas qualifié
pour faire les autres travaux. Mais vous êtes qualifié pour
cela.
M. GUAY: Ce serait la même chose, en fait, pour les entrepreneurs
qui font uniquement des fondations, parce que cela existe.
M. COURNOYER: Je ne vous ai pas suivi, tantôt, lorsque vous avez
dit que l'entrepreneur fermerait ses portes parce qu'il n'a pas de carte de
qualification, lui, et qu'il se demande de quelles qualifications il a besoin
pour faire cela. Est-ce l'entrepreneur qui a besoin d'avoir une
qualification?
M. GUAY: Ce sont plutôt ses employés.
M. COURNOYER: Ah bon! Les "jacks of all trades" là! Tu as besoin
de cela dans certaines régions. Il y a certaines affaires qui marchent
comme cela. Mais cela, c'est un peu détaillé. Je n'irai pas dans
le détail, car, pour le moment, je ne le sais pas. Mais, pour rendre
encore plus facile l'obtention des certificats de qualification, on prend le
module. On ira plus loin, on ira plus vite que cela encore. C'est qu'il faut
maintenant voir quelle sorte d'examen il y aura, parce que, même avec un
module, si je lui pose des questions dans la langue de Molière, il est
fort possible qu'il ne comprenne rien. Sauf le respect que je dois au leader
parlementaire du Parti québécois, notre langue française,
que nous voudrions imposer, il faudrait peut-être constater qu'elle est
parfois bafouée par ceux qui la parlent et qui ne la comprennent pas
encore. C'est difficile. Je pense que vous le savez. L'une des principales
causes de nos difficultés, c'est que nous avons francisé nos
textes un peu trop rapidement. Les gens ne les comprennent plus.
M. GUAY: C'est un peu comme le garagiste.
M. DEMERS: Au sujet du certificat de qualification M. le
Président, j'aimerais revenir là-dessus est-ce qu'on va
cesser un peu les examens théoriques? Je m'explique. Vous avez, par
exemple, des conducteurs de machines à paver, à étendre de
l'asphalte, qu'on appelle dans l'ancien français de Molière, les
"pavers". Le conducteur du "paver", cela fait quinze ans qu'il conduit cela. Il
n'a pas de carte de compétence. Pour avoir sa carte de
compétence, il doit aller subir un examen, au comité paritaire,
pour conduire de l'équipement lourd. On lui pose comme question: A quel
degré devez-vous placer votre pelle, en travaillant sur un terrain qui a
une inclinaison de tant de degrés, pour enlever trois pouces de terre?
Le gars ne sait pas lire, ne sait pas ce qu'est un degré, ne sait pas ce
qu'est un angle, mais il sait ce qu'est une machine, par exemple, qu'on appelle
un bélier mécanique ou bulldozer. Vous allez lui dire: Vas dans
cette côte, enlève trois pouces de terre, égal, et descends
cela jusqu'en bas, et il va vous faire cela parfaitement. Mais, lorsqu'il est
à passer son examen universitaire pour conduire un "paver" et un
bulldozer, il n'est pas fort. Il a zéro. Cela fait trois fois de suite
qu'il a zéro. Et, cet été, il se demande comment il va
travailler.
Je comprends qu'avec l'assurance que le ministre a donnée sur la
qualification de la main-d'oeuvre, on pourra peut-être en venir à
bout. Moi, je lui ai dit: Vas-y, fais-toi arrêter et, quand tu iras en
prison, on te sortira. Mais, jusqu'ici, il y a ce problème. Je voudrais
qu'on en vienne à faire passer des examens pratiques à nos
artisans, non pas des examens théoriques. Et cela se
généralise. Les grands techniciens, qui auront les termes justes,
l'angle, tout cela et qui conduisent de l'équipement lourd, il va
falloir marcher longtemps, dans la province, pour en trouver. Alors, que les
comités paritaires fassent passer des examens pratiques. Qu'ils partent,
qu'ils aillent dans le champ avec l'intéressé qui veut avoir un
permis.
C'est comme quand on fait passer un examen au conducteur d'automobile.
Il y a un examen théorique, mais c'est pas mal plus fort quand le gars
prend la voiture, s'en va dans la circulation, ne tue personne, fait ses
arrêts à l'endroit voulu, sait repartir et n'est pas une cause de
nuisance publique pour ceux qui fréquentent les routes.
Je pense qu'il faudrait en venir strictement à l'examen pratique
pour ces gens-là. C'est comme les gens qui travaillent sur les machines
fixes. Il y a encore des qualifications là-dessus où il faut
être quasiment actuaire pour conduire ça d'après les
normes. Je demande que ça soit revisé. Je ne sais pas si le
ministre aurait une opinion à émettre là-dessus.
M. GUAY: J'aurais une question si le président permet
et le ministre pourrait y répondre en même temps.
Est-ce qu'il n'y a pas eu déjà en pratique, dans des tests
de qualification professionnelle, des tests audio-visuels qui ont
été employés dans certains domaines...
M. COURNOYER: Oui.
M. GUAY: ... qui ont été mis de côté ou qui
fonctionnent encore?
M. DEMERS: Les modules.
M. COURNOYER: On vient de me donner la raison pour laquelle...
M. LE PRESIDENT: Le ministre me permet-il? Je crois que le
député d'Iberville a une autre question à laquelle vous
pourriez répondre globalement.
Le député d'Iverville.
M. CROISETIERE: Le ministre a dit tantôt qu'il prévoyait
dans son optique et celle de ses fonctionnaires procéder
à une qualification par modules. J'aimerais ici lui exposer un cas en
particulier qui pourrait peut-être illustrer une façon de
régler un problème particulier.
Il s'agit d'un entrepreneur qui va revêtir des maisons,
déjà construites, de stuc. Il a des employés et, à
un moment donné, ils doivent
poser ces lattes, ce qui va nécessairement demander une heure ou
deux de travail. Est-ce qu'ils ont le droit de poser ces lattes-là sans
requérir un menuisier? Le menuisier, il n'en a pas besoin toute la
journée. Il en a besoin pour mettre son treillis.
J'en ai dans ma région qui ont été condamnés
à plusieurs reprises. J'ai déjà présenté un
dossier au ministère du Travail à l'époque. Ce
type-là a payé l'amende souvent. Je demanderais au ministre, avec
ses fonctionnaires, s'il pourrait essayer de faire une compensation.
M. COURNOYER: C'est à peu près les problèmes les
plus difficiles.
M. CROISETIERE: D'accord, mais...
M. COURNOYER: Remarquez que ce n'est pas parce que c'est difficile qu'on
doit les mettre de côté. Mais quand je parle de lattes...
M. CROISETIERE: Ce sont les "bugs" de la loi, excusez l'expression.
M. COURNOYER: ... j'ai les lattes métalliques, j'ai les lattes en
treillis, j'ai les lattes en bois. Il y avait un syndicat, qui vient
d'être aboli, il n'existe plus, un local des menuisiers qui s'appelait
les poseurs de latties métalliques. Et il fallait prendre un poseur de
latties métalliques. Vous avez du revêtement en aluminium qui
pourrait être posé par je ne sais combien de personnes. En fait
ça relève du ferblantier, ou du menuisier. Il y a
différentes choses qui sont issues des traditions du mouvement syndical
américain. Et ces traditions ont établi des juridictions de
métiers avec lesquels, vu la nature du mouvement syndical, nous faisons
affaires, avec lesquels nous devons jouer ou devons cesser totalement de
composer.
Parce qu'entre vous et moi, la logique, dans tout ça, il ne faut
pas en chercher, il n'y en a pas.
M. CROISETIERE: Dans la grosse construction, d'accord.
M. COURNOYER: Vous dites dans la grosse construction, d'accord. Mais moi
je dis: Ne cherchons pas de logique. Posons-nous la question, si effectivement
on doit mettre des exclusions à un principe qui est faux.
M. CROISETIERE: C'est ça.
M. COURNOYER: Mais entre vous et moi, reprenons en deux secondes
l'histoire de ces juridictions. Disons, par exemple, que l'un des
problèmes majeurs que j'ai eus dans ma petite carrière de dix
ans, ça a été: qui pose le mur-rideau à la Place
Ville-Marie. Cela a remplacé des fenêtres, donc c'est le menuisier
c'était un truc d'à peu près un quart de pouce. Le
ferblantier dit : Non c'est du fer-blanc parce que le "gauge" est juste
en-dessous du bon "gauge", donc c'est à moi. Le gars de l'acier de
structure dit: C'est attaché à la structure, c'est à
moi.
Et effectivement il y a un édifice à Toronto, la
Toronto-Dominion Bank, dont la construction a été retardée
au 32e étage parce que les gars de l'acier de structure ont dit : Si
vous ne nous garantissez pas que c'est nous qui allons poser ça en bas,
nous ne montons plus. Après ça, vous dites: Où est la
logique? Il est possible que nous ayons consenti ça cette
fois-là.
On est parti avec cette théorie, mauvaise, que pour poser
ça maintenant c'étaient des gars de l'acier de structure. Mais,
la vitre qu'il y a dedans, qui la pose?
M. DEMERS: S'il y avait du mastic.
M. COURNOYER: Vous riez mais c'est ça. Si c'est au mastic c'est
une chose, si c'est au plastique c'est une autre affaire.
M. CROISETIERE: II reste une chose, il y en a qui sont condamnés
pour ça.
M. COURNOYER: Je le sais, je vous dis d'où c'est issu et en
même temps je vous souligne qu'on ne modifie pas quelque chose qui est
venu au monde d'hier.
M. ROY (Beauce): M. le ministre, je me permettrai d'apporter une
remarque en passant; ça sera pour les mêmes raisons que la tour de
Babel n'a jamais été complétée, il y a eu la
confusion des langues.
M. COURNOYER: Oui, mais je tiens à ajouter que la Place
Ville-Marie a été complétée.
M. ROY (Beauce): Pas pour la même raison.
M. DEMERS: Dans ce temps-là ils travaillaient plus avec la
langue.
M. COURNOYER: On rit bien, mais vous allez rire jaune comme moi par
bouts quand vous allez les voir devant vous.
M. ROY (Beauce): Je le sais. Nous le savons. Tout à l'heure, on
parlait de qualification professionnelle; il est évident qu'on pourrait
s'étendre là-dedans puis faire un débat énorme.
D'abord, 14 spécialités sont incluses, je pense, 14
métiers sont reconnus et ils comprennent plusieurs autres
métiers. Mais, si on prenait le temps de faire une nomenclature
complète de toutes les spécialisations qu'il y a dans le domaine
de la construction, nous en retrouverions plus de 200.
M. COURNOYER: C'est 56, pour être plus exact.
M. ROY (Beauce): Alors on peut aller à près de 300 parce
qu'il vous en manque certainement au moins une quarantaine.
M. COURNOYER: Mais ne versez pas dans la surspécialisation
là.
M. ROY (Beauce): Non, non je comprends, mais il demeure qu'il y a des
gens, pour les besoins de l'industrie, qui se spécialisent dans un
domaine particulier et même des spécialités qu'on ne
pourrait même pas imaginer. Il y a des gens qui ont
développé des talents, ils ont des talents, ils ont
développé une compétence particulière dans tel ou
tel domaine. Le fait que la personne veut se spécialiser
là-dedans, pour quelle raison la réglementation gouvernementale
l'empêcherait?
M. COURNOYER: Je vais vous donner la raison dans ça, c'est que
j'ai aussi en même temps, si vous vous souvenez, parlé des
parités de salaire. Pour payer un salaire égal dans l'industrie
de la construction, il faut avoir des qualifications égales. En partant
du fait où je vais obliger quelqu'un par un décret à payer
un menuisier au taux de salaire qui est prévu dans le décret,
dans telle ou telle région, le moins que je puisse m'attendre comme
ministre du Travail c'est qu'il soit capable de faire une "job" aussi bien
qu'un autre menuisier.
Je suis obligé de penser à ça dans ce
sens-là. C'est pour la protection du public que j'oblige le public
à payer certains taux de salaire. C'est dans ce sens-là
probablement que vous dites: Est-ce que le ministre a l'intention d'abolir les
décrets pour certaines localités? C'est tout ou rien, parce que
je ne pense pas que les parties contractantes accepteraient de modifier le
décret dans son application, à moins qu'on dise: II n'y a rien
qui s'applique là. C'est le salaire minimum qui s'applique.
Comprenez-vous? En partant de là, vous me posez la question
à juste titre, à mon sens: Qu'est-ce qui arrive avec ces
gens-là? Je vais vous lire ce qui est préparé par mon
ministère pour ces gens-là et ça répond à la
question du député de Dorchester comme à la vôtre et
j'espère aussi, en partie du moins, à celle du
député d'Iberville. "Dans le but de disposer de tous les cas non
encore réglés en matière de qualification des travailleurs
de l'industrie de la construction qui avaient travaillé dans cette
industrie avant la date d'entrée en vigueur du règlement
actuel..." La plupart sont ceux qui ont travaillé dans l'industrie, les
autres demandent un permis de travail comme journalier. Mais, quand je parle de
qualification professionnelle, ce sont des gens qui disent: J'étais
menuisier avant, ça fait 25 ans que je pratique ce
métier-là. Malheureusement, je l'ai pratiqué à mon
propre compte puis je ne me suis jamais enregistré au comité
conjoint, puis je faisais ça à titre artisanal, comme vous le
disiez. "... la Direction générale de la main-d'oeuvre entreprend
dès le lundi 15 mai à moins qu'il n'y ait des
grèves générales un peu partout, on est pris avec
ça nous aussi une opération plus intense qui se
déroulera de la façon suivante: Les lundi et mercredi de chaque
semaine, tous les centres de main-d'oeuvre du Québec seront ouverts de 7
h à 10 h du soir et tous les samedis de 9 h à 5 h.
M. ROY (Beauce): A partir de samedi. Je le lirai aux Débats.
M. COURNOYER: Je vais le faire photocopier pour vous le remettre, mais
je veux ici l'enregistrer tout simplement au procès-verbal.
M. ROY (Beauce): Très bien.
M. COURNOYER: Tous les samedis, de neuf heures à cinq heures de
l'après-midi, jusqu'au 30 juin. Donc, du 15 mai au 30 juin, nos centres
de main-d'oeuvre seront ouverts pour une fin bien précise. Le
règlement no 1, celui dont on parle tellement, sur la qualification dans
l'industrie de la construction, sera amendé de façon que le
délai du 1er juin, qui y est inscrit soit reporté au 1er janvier
1973. De plus, une action conjointe avec la commission de l'industrie de la
construction sera entreprise dans la première semaine de juin, de la
façon suivante: dans chacune des régions administratives du
Québec, la commission fera un inventaire de tous les travailleurs qui
doivent détenir un certificat de qualification et qui sont surpris au
travail sans ledit certificat.
Elle fera une enquête et émettra la liste. A chaque
semaine, la commission remettra à la Direction générale de
la main-d'oeuvre une liste des travailleurs à qui on aura émis un
avis de se présenter aux centres de main-d'oeuvre du Québec pour
s'inscrire aux examens ou faire reconnaître leurs droits acquis, selon le
cas. Cette opération devrait être terminée le ou vers le
1er décembre 1972. Par cette opération, nous croyons pouvoir
vider la question des droits acquis. C'est là, je pense, qu'est le plus
grand drame. Pour les nouveaux travailleurs de la construction assujettis au
règlement de formation et de qualification, étant donné
que les parties ont accepté le principe de règlement de formation
et de qualification par module, celui dont je vous parlais tantôt, nous
nous proposons d'entreprendre une consultation auprès du comité
consultatif de la construction en vue de modifier nos règlements de
façon à tenir compte du système modulaire, ce qui n'est
pas fait actuellement. C'était des intentions; je les
répète.
Nous entreprendrons également avec les parties des études
sur la possibilité d'établir une attestation d'expérience
d'un métier plutôt que de passer un examen de qualification
qui pourrait tenir lieu d'un certificat de qualification pour certaines
catégories de travailleurs. Nous entendons également discuter
avec les parties un système de reconnaissance d'équivalence
d'expérience acquise dans une autre industrie que celle de la
construction. Je parle des
gens de la maintenance, des gens qui ont été dans
l'industrie forestière, des conducteurs de tracteurs, des gens qui ont
pratiqué un métier connexe ressemblant à ceux que l'on
pratique ordinairement dans la construction mais qui, parce qu'ils n'ont pas
travaillé dans l'industrie de la construction, se voient refuser
l'accès à l'industrie de la construction ou sont obligés
de passer de nouveaux des examens de qualification. Par exemple, un conducteur
de niveleuse ou d'une machine qui, sans être une niveleuse, est une
pièce d'équipement qui se conduit avec des manettes.
Cette consultation, advenant un retour au calme il est
très important que je pose cette condition à la reprise
devrait se faire au cours des deux prochains mois de sorte que les
règlements soient publiés et adoptés avant le 1er octobre
1972 afin de dégager l'atmosphère des futures négociations
qui, normalement, seraient censées débuter vers la fin de cette
année-ci. En effet, la convention, ou le décret dont il
était question tantôt, expire au mois de mars 1973. Tel que
convenu par le ministre, la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvere sera convoquée dans le plus bref délai. Le plus
bref délai, c'est compte tenu de vos autres occupations. J'aurais
convoqué la commission parlementaire de la main-d'oeuvre et du travail
pour entendre l'affaire de la construction aujourd'hui ou demain, cela ne
m'aurait rien fait, mais vous avez d'autres travaux qui se font ailleurs que
dans mon bureau et je suis obligé de m'intégrer dans ces
travaux.
M. GUAY: Si on veut entendre toutes les parties, est-ce que la
commission aura le privilège ou le droit de se déplacer?
M. COURNOYER: Pour aller où? Le centre de décision de ce
gouvernement reste encore le Parlement du Québec.
M. ROY (Beauce): Oui, nous sommes d'accord sur le centre, mais ce que le
député de Dorchester a voulu demander, c'est si la chose
était nécessaire, à un moment donné, afin
d'être plus au courant des problèmes qui peuvent se poser dans
telle ou telle région du Québec, serait-il possible de songer
à ce que la commission parlementaire se déplace?
M. COURNOYER : Je pense qu'il y aurait lieu que vous en discutiez avec
le leader du gouvernement et avec les autres leaders pour savoir si vous ne
créeriez pas, dans ce cas-là, un dangereux
précédent. C'est à vous de le décider; moi, je ne
vois pas d'objection à cela. Arrangez-vous avez les leaders.
M. CROISETIERE : II y aurait certainement un inconvénient; c'est
l'enregistrement du journal des Débats.
M. COURNOYER: Ce sont des inconvénients techniques.
Donc, tel que convenu, la commission parlementaire sera convoquée
dans le plus bref délai, afin que soient manifestées les
objections de toutes les couches de la population au règlement de
qualification et de contrôle quantitatif de la main-d'oeuvre.
Après que cette démarche de la population auprès de la
commission parlementaire aura été complétée, la
consultation des parties sera entreprise en vue de modifier le
règlement.
Maintenant, lorsque nous commencerons l'étude des
problèmes de la construction, sachons bien que ce sera probablement
encore plus compliqué que la fonction publique. Ce sera peut-être
un genre de discussion un peu différent et le calme ne sera
peut-être pas là. Bien que j'aie donné des avertissements
sérieux, il semble qu'il y en a qui commencent à ne pas me
prendre tellement au sérieux.
Je vous demande, à vous, de le dire, mais, pour ma part, je ne
pourrai pas tolérer longtemps des séances comme la
dernière de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre que nous avons eue. Si c'est la façon de faire des
séances, une fois, c'est beaucoup trop.
M. ROY (Beauce): Nous sommes d'accord là-dessus.
M. COURNOYER: Maintenant, sachez que c'est quand même litigieux et
que les gens vont peut-être dire des choses en face de vous qui se disent
déjà ailleurs, mais dans un autre climat que celui de
l'Assemblée nationale.
Moi, je pourrai les appeler au calme dès le début. Je le
demande encore ici, parce qu'effectivement nous serons obligés de le
faire. Ce problème doit être pris avec calme, bien que la
situation soit explosive. Le calme doit d'abord se démontrer chez les
parlementaires. Je pense que vous le faites habituellement, mais, dans ces
affaires-là, ça ne prend pas de temps, les étincelles. De
toute façon, j'y vais avec prudence et je vous demande votre
collaboration dans ce cas-là en particulier. Je pense que je vous ai
donné la mienne pour essayer de régler certains de vos
problèmes. Je vous avoue que ça m'en cause de sérieux,
dans mes autres domaines d'activités. Cela cause de sérieux
problèmes à mon ministère, mais vos
représentations, de la façon dont vous les avez faites, m'ont
invitées, quand même, à être aussi parlementaire que
vous. Je me suis dit: C'est le gouvernement, c'est le Parlement; nous avons
aussi des responsabilités vis-à-vis de la population et nous
devons les prendre de telle façon. Même si ça ne satisfait
pas tout le monde, il faut prendre nos responsabilités.
M. DEMERS: Pourrais-je faire un commentaire sur vos directives?
M. COURNOYER: S'il vous plaît.
M. DEMERS: Je trouve que c'est marqué au
coin du réalisme et du bon sens, les directives que le ministre
vient de nous annoncer. Je crois que ça va faciliter
énormément les choses, que ça va sortir des bureaux des
députés les doléances qui ne sont pas faites pour aller
là. Je comprends que, quand ça va mal, il faut aller les porter
là, mais les députés ont fait leurs commissions, ils sont
venus en parler au gouvernement. Le gouvernement a fait une intervention qui
est sérieuse. Je ne sais pas quelle collaboration il y aura des
officiers et des agents de main-d'oeuvre, s'il n'y aura pas de problème
de convention collective quant aux heures de fermeture. Il faudrait, au moins,
avoir la collaboration de ces gens parce que c'est un problème qui est
sérieux, crucial. Quant à nous, le ministre peut être
assuré de notre collaboration en tout temps dans ce domaine.
M.GUAY: M. le Président, je pense que, dans ce que vous venez de
nous lire, il y a matière à rassurer les travailleurs, surtout
ceux que nous avons représentés. Il semblait qu'avant ces
mêmes travailleurs, peut-être même parfois, refusaient
d'essayer de comprendre. Je pense que nous allons, par ça,
établir un climat d'abord de calme, comme vous l'avez dit, et que nous
serons en mesure, je pense bien, de leur donner une réponse et de leur
dire: Ecoutez, ça, ça, ça, cela va donner telle chose.
Evidemment, nous nous bornions je suis obligé d'utiliser
ce terme à la Gazette officielle, aux lois existantes et nous
leurs disions: Dans la loi, c'est ça.
Désormais, on pourra leur dire: Dans la loi, c'est autre chose.
Cela va sûrement rassurer les travailleurs, surtout dans nos
comtés. J'y pense en particulier, parce que ce sont ceux-là que
nous connaissons le plus. A partir de là, je pense qu'on doit remercier
le ministre d'avoir collaboré, mais d'abord de nous avoir
écoutés et ensuite d'avoir donné suite à nos
demandes, c'est-à-dire aux demandes des travailleurs de nos
régions.
Je suis convaincu que le climat, d'une part, pour nous, va se raffermir
énormément. Cela va être plus facile de discuter avec les
gars. Nous serons beaucoup plus conscients, remarquez bien que nous ne sommes
pas inconscients des problèmes qui existent au ministère du
Travail. Je l'ai dit d'ailleurs à maintes reprises. C'est un des
ministères qui est toujours sur un volcan. A partir de là, il ne
s'agissait pas de tout casser. Les gens, chez nous, nous disaient : Allez-y
fort les gars, parce que, si vous n'y allez pas, on va encore nous passer de
nouvelles réglementations. Nous allons encore subir ce qui est
là.
Je pense que l'effort du ministre du Travail, ce matin, est quelque
chose de très bien. Nous serons en mesure de l'étudier davantage,
d'en regarder les conséquences. Je garantis au ministre toute ma
collaboration dans ce sens-là.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, cela m'a tenté d'intervenir
à plusieurs reprises dans le débat, mais je voulais que nos
collègues puissent vider cette question, qui m'apparait très
importante. Moi aussi, je suis satisfait des explications que vous avez
finalement données. Pour ma part, j'aurais des questions d'ordre
général à poser sur d'autres sujets.
M. ROY (Beauce): J'aurais peut-être une question. Je ne veux pas
priver le député de Bourget de son droit de parole, parce que
nous en avons usé amplement ce matin. Mais il y a un point
complémentaire peut être en dehors de cela qui, quand même,
à l'heure actuelle, crée certains problèmes. Je veux
parler des petits entrepreneurs qui ne semblent pas pouvoir se qualifier pour
travailler sur leur machinerie. Je vais prendre comme exemple les
entrepreneurs... Pardon?
M. COURNOYER: C'est couvert par cela.
M. ROY (Beauce): C'est couvert par cela. Ils vont pouvoir se qualifier
eux-mêmes. Je voulais faire allusion à ceux qui travaillent
à la section de l'hydraulique agricole par exemple, ceux qui font des
travaux mécanisés sur les fermes. Ils sont propriétaires
d'un bélier mécanique et ils le conduisent eux-mêmes. C'est
inclus?
M. COURNOYER: C'est-à-dire qu'il s'agit de savoir qui actionne la
machine sur les chantiers de construction et l'attestation de
l'expérience va servir même pour eux. Il n'y a pas de
différence du tout. Nous, quand il conduit sa machine, malheureusement
pour lui, nous ne le considérons pas comme un entrepreneur. Nous le
considérons comme un salarié au point de la qualification.
M. ROY (Beauce): C'est parfait! J'en suis très heureux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais d'abord commencer mes
questions en parlant de ce document qu'on vient de déposer, qui, si je
le comprends bien, est le livre blanc dont on a tellement parlé.
M. COURNOYER: Non, c'est un document de travail dont on a parlé
comme livre blanc.
M. LAURIN: Oui. Je voulais demander au ministre qui avait
commandé ce document de travail. Par qui a-t-il été
fait?
M. COURNOYER: Ce document de travail a été commandé
par l'ancien ministre du Travail, M. Laporte. Il a été fait par
les officiers du ministère. Vous dire qui, je ne sais pas. Je sais que
cela a été fait par la Direction générale de la
main-d'oeuvre d'une façon générale et aussi par
les gens de la recherche chez nous. Ce document a été fait
très certainement au début de l'année 1971.
M. LAURIN: Je vois qu'il porte la date du 21 mars 1971, soit la date de
son dépôt probablement ?
M. COURNOYER: Non, il n'a jamais été déposé.
Donc, c'est surtout la date de sa finition.
M. LAURIN: La fin de sa rédaction. J'imagine que ce document a
été étudié amplement par le ministre et par les
hauts fonctionnaires de son ministère. Jusqu'à quel point
représente-t-il les opinions et la politique du ministère?
M. COURNOYER: Je pense que vous pouvez retrouver, dans les deux ou trois
premières tranches, l'inspiration des textes des deux conférences
du ministre sur la formation professionnelle en particulier et sur
l'état de la main-d'oeuvre au Québec. Quant à la partie
qui est la plus difficile, c'est l'organisation de la main-d'oeuvre
après. Tout cela est beaucoup plus difficile, de même que
l'utilisation des $200 millions ou, je pense, des $180 millions que nous
retrouverons là-dedans. J'ai l'impression que là-dessus le
ministre et d'autres conseillers se sont posé de sérieuses
questions quant à la façon d'arriver à faire cela.
Vous le savez, je pense que ce n'est pas à vous que je vais
apprendre ça. Il y a là-dedans à peu près tout ce
qu'il faut non pas pour négocier je ne sais pas comment appeler
ça parce que négocier comme cela, je n'ai jamais fait ça
mais discuter avec nos collègues du gouvernement du Canada de la
récupération de certaines sommes d'argent qui sont essentielles
à la réalisation d'une politique de main-d'oeuvre ici. Seulement,
comme vous êtes au courant de ce genre de monologue que nous faisons avec
Ottawa, monologue qui se solde la plupart du temps par des décisions
unilatérales du gouvernement central qui se fout de nous comme de l'an
40, j'ai l'impression, ce ne sont pas des voeux pieux qu'il y a
là-dedans, mais il faut être sûr plutôt de nos
capacités et de voir si nous sommes bien d'accord sur tout ça
collectivement pour que ça serve effectivement à quelque
chose.
Moi, je n'ai pas discuté de cette chose avec le gouvernement
central et je n'ai pas l'intention d'en discuter. On a adopté, la
semaine passée, une loi sur la formation professionnelle des adultes. Je
ne peux pas dire qu'on n'a pas été consultés parce que
justement dans les dispositions qu'on a retrouvées dans cette loi, il y
avait un certain nombre de dispositions qui répondaient, d'une
façon, je pense, satisfaisante, à certaines de nos
préoccupations, comme par exemple la règle de trois ans qui est
abolie, la règle de 52 semaines, et certaines choses aussi en ce qui a
trait aux allocations de formations ou à la somme d'argent globale.
Mais la façon dont on l'a fait, c'est aussi aberrant que
n'importe quel autre système de négociation. Que ce soit
là ou ailleurs, je ne sais pas quel terme utiliser pour qualifier cela,
mais je vous assure que le ministre du Travail est aussi au désespoir
que d'autres ministres. Mais il n'a pas l'intention que le gouvernement central
ait sa peau. Ils ont menti. Je ne démissionnerai pas d'ici.
M. LAURIN: Justement, M. le Ministre, vous disiez quand vous
aviez l'habitude de faire des conférences qui reprenaient certaines de
ces idées vous avez fait certaines déclarations comme, par
exemple, celle du 5 juin 1971 quand vous disiez, à propos de la
formation professionnelle, précisément, que la loi
fédérale acceptait, à titre expérimental, pour le
Québec, en 1966, qu'elle a assez duré, qu'elle a
démontré des lacunes trop considérables pour maintenir un
tel système mixte et qu'il vous paraissait raisonnable de terminer cette
expérience et de requérir que le gouvernement du Canada
transfère, sous l'autorité et la juridiction du gouvernement du
Québec, toutes les sommes qu'il accorde à la formation
professionnelle au Québec afin de permettre une planification de cette
formation à long terme. J'imagine que c'est encore votre opinion.
M. COURNOYER: C'est doublement vrai, aujourd'hui. C'est encore plus vrai
que c'était dans ce temps-là, et cela va être encore plus
vrai la semaine prochaine. Mais ce que j'aimerais, par exemple et je
pense que c'est dans mes prérogatives de ministre du Travail
c'est au moins de déposer, à la commission parlementaire, la
dernière proposition que nous avons faite à Ottawa, parce qu'il y
a eu une dernière proposition à laquelle nous avons
répondu par des amendements à la loi.
La dernière proposition était, à mon sens, une
proposition de négociation. Mais sur certains principes, je n'entendais
pas négocier. Point.
M. LAURIN: Quand a-t-elle été faite?
M. COURNOYER: Elle a été faite, si je me souviens bien, il
y a deux ou trois mois. Au mois de février.
M. LAURIN: Qu'est-ce qu'elle contenait?
M. COURNOYER: Elle contient, exactement, en des termes peut-être
plus précis, que le Québec est maître des priorités
en matière de politique de main-d'oeuvre et de formation professionnelle
c'est une des choses que pour planifier les besoins, nous sommes
prêts à collaborer avec le gouvernement central, mais que,
lorsqu'il y aura des difficultés ou qu'on ne s'entend pas, c'est le
Québec qui a l'autorité de trancher la question des besoins en
main-d'oeuvre, ici, en qualité et en quantité. Elle est faite
d'une façon très générale et elle demande, en
définitive, ce qui est inscrit là.
M. LAURIN: Si je comprends bien...
M. COURNOYER: En définitive, c'est ça.
M. LAURIN: ... vous étiez d'accord avec le principe de la
création d'une commission québécoise de la main-d'oeuvre
et de l'emploi qui aurait la haute main sur toute la politique de la
main-d'oeuvre.
M. COURNOYER: Si vous me permettez juste une restriction, je suis
d'accord pour que le Québec assume tout ça. Quand à la
méthode ou la formulation, une commission de la main-d'oeuvre et de
l'emploi, c'est une autre question. Je pense que là-dedans on parle
d'une commission. Pour ma part, j'ai des doutes sur la commission et je ne
pense pas que je puisse en parler aujourd'hui. J'ai des doutes sur une
commission. Mais, quant aux buts poursuivis, ce sont toujours les
mêmes.
M. LAURIN: Oui. C'est une question de modalités. M. le
Président, j'ai lu la lettre de M. Trudeau, moi aussi, à
plusieurs reprises, lettre à laquelle il demande une réponse, la
plus rapide possible, et où il laisse entendre qu'une entente
définitive sera atteinte d'ici peu.
En lisant cette lettre, je me rends compte qu'elle est exactement aux
antipodes de votre déclaration du samedi, 5 juin, parce qu'elle
préconise la création d'un comité mixte dont les fonctions
sont exactement calquées sur celles que ce livre blanc assigne à
la Commission de la main-d'oeuvre et de l'emploi ou à l'organisme
différent dont vous pourriez parler.
Est-ce que mon interprétation, d'abord, est exacte? Est-ce que
c'est véritablement aux antipodes, en ce sens que ce comité mixte
fait de la politique de main-d'oeuvre une priorité, une juridiction
conjointe, à tout point de vue, du fédéral et du
Québec en ce qui concerne la politique de la main-d'oeuvre, la
planification de la main-d'oeuvre, l'étude des besoins, l'étude
du marché, l'allocation des ressources? Cela devient une commission
mixte. Comme on sait que c'est le fédéral qui a la Loi de la
formation professionnelle, qui a les fonds et qui les distribue, est-ce que
cela ne veut pas dire, à toutes fins pratiques, que ce comité
mixte est "loadé", pour employer une expression que vous employez
parfois, dans le sens fédéral beaucoup plus que dans le sens
québécois?
M. COURNOYER: C'est mon interprétation.
M. LAURIN: Evidemment, cette commission mixte aurait beaucoup plus de
pouvoirs du côté fédéral que, du côté
québécois, ce qui forcerait le Québec à accepter
encore des faits accomplis à répétition.
M. COURNOYER: C'est mon interprétation. M. LAURIN: C'est votre
interprétation.
Donc, si c'est votre interprétation, entendez-vous faire quelque
chose? D'abord, est-ce que vous allez faire des représentations, des
protestations contre le projet de loi actuellement à l'étude au
Parlement fédéral?
Est-ce que vous pensez qu'on peut faire plus que des protestations?
Est-ce qu'on peut poser des gestes positifs? Est-ce qu'on peut avoir l'espoir
que quelque chose peut se passer?
M. COURNOYER: Ecoutez, avec les événements qui viennent de
se produire, je ne suis pas au désespoir, mais je n'ai certainement pas
une espérance qu'on puisse qualifier d'optimiste. On vient de voir de
quelle façon on détruit une volonté d'intégration
d'une politique de revenu rationnelle. On la détruit du revers de la
main. C'est probablement avec infiniment de plaisir qu'on a augmenté les
pensions de vieillesse, au Québec comme ailleurs. Je pense bien que
personne ne peut s'opposer à cela. On est encore placé dans une
situation comme on l'a été dans le cas de
l'assurance-chômage. On est peut-être difficilement capable de
protester contre une augmentation à $100 des bénéfices de
l'assurance-chômage, même si cela avait le même effet que
l'augmentation exclusive des pensions de vieillesse. Cela a le même effet
dans les deux cas.
C'est parce que je suis dans une commission parlementaire que je suis
très prudent dans mes termes. Si j'étais ailleurs, je serais un
peu plus véhément. Effectivement, je suis prudent. J'essaie de
garder mon calme, mais j'ai les mains en sueurs. Il reste une chose. C'est que
les choses étant ainsi, je me pose de sérieuses questions, moi
aussi.
Mais on n'aura pas ma démission, par exemple! Si on veut
réussir cela, on a menti. C'est à l'intérieur du
gouvernement du Québec qu'il faudra changer d'attitude. Moi, je suis
rendu au point je pense que M. Castonguay l'a dit aussi de me
demander si cette façon douce que nous avons prise de négocier
avec le gouvernement central n'a pas joué des tours manifestes au
Québec. D'ailleurs, je pense bien que cela saute aux yeux. Il y a un
nombre de choses considérables où, en apparence du moins, nous
avons obtenu certains gains mais où, dans la réalité des
faits, nous avons fait des pas en arrière dans une politique du
Québec.
Ce n'est pas à mon sens une raison pour le gouvernement du
Québec de démisionner, mais c'est certainement une raison pour
canaliser un changement de méthode, point.
M. LAURIN: Vous dites que la négociation semble impossible, le
type de négociation, en tout cas, qui a été mené
depuis deux ans. Que peut-on espérer d'autre avec une négociation
de type rude ou raide?
M. COURNOYER: Il suffit de savoir s'il y a lieu de négocier.
M. LAURIN: Bon.
M. COURNOYER: Disons que cette question ne s'adresse pas seulement au
ministre du Travail. Quant à moi, j'ai fait ce que j'avais à
faire, un peu comme d'autres ministres ont fait ce qu'ils avaient à
faire dans un contexte de négociation. Mais voici que la
négociation se termine abruptement par la présentation d'un
discours du budget, en disant: Tout ce que vous avez dit, c'est fini; ce n'est
plus bon, tout ce sur quoi on semblait s'entendre. Nous avons
décidé que la pyramide des bénéfices sociaux,
ça s'augmente seulement à une place et, dans les autres places,
arrangez-vous avec vos problèmes. Les autres places, ce sont les
assistés sociaux qui vont réclamer, demain matin, d'être
traités à peu près comme les pensionnés sont
traités avec l'augmentation. Je vais encore être obligé,
comme membre du gouvernement du Québec, de dire que le peuple du
Québec est surtaxé, que je n'ai pas d'argent à mettre
là-dedans. Pendant ce temps-là, on va continuer à
dépenser de l'argent dans des programmes comme Perspectives-Jeunesse et
les Initiatives locales, des petits programmes de bouts de chandelle, de bouts
de chemins, pour remplacer les bouts de chemins d'hiver.
Pendant ce temps-là, le gouvernement du Québec est pris
avec ses problèmes financiers et on va laisser faire ça!
M. LAURIN: Quelle issue voyez-vous?
M. COURNOYER: Vous avez choisi une issue, et je n'ai pas choisi la
vôtre encore. Entre vous et moi, j'ai dit tout à l'heure que
j'avais les mains en sueurs... j'ai la tête pleine aussi. Mais je dis
que, pour le moment, cette attitude du gouvernement fédéral,
à deux reprises en l'espace de deux semaines, de répondre par un
projet de loi à la façon dont M.Mackasey répond
d'habitude de venir me consulter une fois que le projet de loi est
présenté, de venir me dire dans une lettre qu'il est prêt
à consulter et, pendant ce temps-là, de passer le projet de loi
en deuxième lecture, ce genre de négociation, j'en suis toujours
la bête. Je suis toujours la personne qui reçoit le coup de
matraque à la fin.
On va s'arrêter, à un moment donné, et dire: On ne
fessera pas toujours sur le même bord, et, si le gouvernement est capable
de se tenir debout devant les mouvements syndicaux, il va falloir qu'il se
tienne debout devant le gouvernement fédéral.
M. LAURIN: Bien d'accord.
M. DEMERS: C'est pire que l'autre.
M. LAURIN: Je souligne au ministre qu'il avait adopté une
attitude vigoureuse au mois de juin avec le bill 82 sur
l'assurance-chômage, ce qui était une autre façon, au fond,
sinon de négocier, du moins d'affirmer des politiques. Mais on sait ce
qui est arrivé avec le bill 82. Une loi adoptée par le Parlement
a été défaite ou rendue inopérante.
Est-ce que l'autre issue, qui serait pour le Québec de mettre
l'autre gouvernement devant le fait accompli par des projets de loi, en ce qui
concerne la formation professionnelle, les centres de main-d'oeuvre, a des
chances de réussir ou si on peut encore s'attendre que, du fait que nous
n'avons pas les sommes qu'il faut ou qu'il y a des chicanes constitutionnelles
à l'horizon, on serait encore obligé de défaire des lois
qu'on aurait adoptées à l'unanimité?
M. COURNOYER: J'ai l'impression que, si j'avais aujourd'hui la
stratégie qu'il faut prendre maintenant, je pourrais vous
répondre d'une façon plus intelligente et certainement plus
intelligible. Mais, étant donné que cette stratégie
devient une stratégie gouvernementale, compte tenu aussi de la situation
financière dans laquelle nous nous trouvons, on peut faire des bravades,
mais ça va rester des bravades. Nous en avons fait. Je dois avouer que
le bill 82, c'est une bravade conçue rapidement pour dire: Voici, vous
ne les aurez pas. J'aurais pu faire des bravades et reculer après.
M. LAURIN: Mais vous avez reculé surtout pour des raisons
économiques.
M. COURNOYER: II n'y avait aucune autre raison que des raisons
économiques. Si le mouvement syndical avait paru être d'accord
pour faire le sacrifice parce qu'il y a un sacrifice à faire dans
ça s'il avait donné quelque indication qu'il ne me
demandait pas la même chose que ce qui était donné par
l'autre, mais que ses membres consentaient à être
Québécois et maîtres chez eux ce consentement,
après cette réunion ici dans cette salle, moi, je ne l'ai pas
décelé je ne me serais pas trouvé seul à
dire: Je vais vous faire faire des sacrifices. Quand les gens qui sont les
premiers impliqués ne veulent pas les faire les sacrifices... Je n'ai
donc pas touvé, sur cette position, l'appui que j'aurais pensé
trouver chez les mouvements syndicaux.
Comme je ne l'ai pas trouvé, à mon grand regret, j'ai
été obligé de constater que le fédéral avait
encore gagné.
Je dis que le fédéral a gagné, je ne sais pas s'il
a gagné, mais de toute façon ce sont sa procédure, sa
décision, son livre blanc sur l'assurance-chômage, malgré
nos protestations écrites et, je pense, intelligentes. Cette lettre que
j'ai envoyée au mois de novembre 1970 à M. Mackasey n'a pas
été conçue par un petit politicien de second ordre;
ça n'a pas été conçu seulement par le ministre du
Travail, ç'a été conçu par un aréopage de
hauts fonctionnaires québécois, avec tout le tact qu'il fallait y
mettre. Cette lettre-là a été tout simplement
classée comme une protestation d'un vulgaire individu qui dit au
gouvernement central: Vous faites erreur dans deux ou trois affaires.
Seulement, il me paraît que le gouvernement central nous
considère comme un vulgaire gouvernement municipal et que c'est son
attitude arrogante qui fait que moi je suis obligé de changer de
système, de changer de pas. Mais, quand je change de pas, ça
n'est pas pour moi la démission.
M. LAURIN: En somme, dans cet exemple, c'est l'argent qui a
gagné. Et comme un gouvernement a plus d'argent que de besoins il peut
utiliser cette arme-là beaucoup plus qu'un gouvernement comme le
vôtre, qui a plus de compétences que d'argent.
M. COURNOYER: C'est à peu près ça. Cela se
résume à ça.
M. LAURIN: Et là on est au point mort, comme vous avez dit en
Chambre il y a quelque temps. Puis, il n'y a pas beaucoup de solutions à
l'horizon.
M. COURNOYER: Si la solution est dans un changement d'attitude,
remarquez qu'encore une fois notre population au Québec est une
population que je considère gâtée, au point de vue
financier. Malgré toutes les difficultés, toutes les choses qu'on
rencontre, c'est une population qui vit relativement bien comparativement
à d'autres pays. Cette population, face à une augmentation des
déboursés individuels accrus, va probablement se comporter de la
façon qu'elle s'est comportée dans le passé: Le
gouvernement nous donne ça, le gouvernement fédéral nous
donne ça, puis le gouvernement fédéral nous donne
ça, puis M. Trudeau nous a donné ça et M. Trudeau nous a
donné ça.
M. LAURIN: Le fédéral joue sur notre besoin de
dépendance.
M. COURNOYER: Il joue sur le besoin de dépendance de n'importe
quelle des populations qui composent le Canada. Je ne veux pas faire une grande
dissertation mais, compte tenu des circonstances dans lesquelles nous vivons au
Québec actuellement, je peux bien le dire que moi j'aimerais bien
ça payer mes agents de la paix la même chose que le gouvernement
fédéral paie les siens dans des prisons qui sont de l'autre bord
de la rue. J'aimerais ça.
Mais je n'ai pas les moyens que le gouvernement fédéral a.
C'est 40 p.c. ou 42 p.c. du budget qui vont aux salaires. Le gouvernement
fédéral vient chez nous créer des précédents
pour des emplois exactement de la même nature que les nôtres. Des
infirmières sont mieux payées quand elles travaillent pour un
hôpital de vétérans que lorsqu'elles travaillent pour un
hôpital de la province de Québec. C'est ce qu'ils sont capables de
faire. La même chose dans le cas des pensions de vieillesse, la
même chose dans le cas des bénéfices
d'assurance-chômage. On fait des choses avec une notion telle que c'est,
je ne suis pas capable de le dire avec certitude, une quasi-ignorance de
l'existence de préoccupations au Québec.
On a la vérité à Ottawa, et cette
vérité-là on la garde. Quand bien même nous
penserions, nous, être plus près du peuple que nous
représentons, ils vont toujours prétendre qu'eux aussi ils sont
plus près du peuple et que ce sont eux qui mènent. Avec l'argent,
on achète n'importe quoi, puis nous ne pouvons pas nous opposer à
des augmentations de pension de vieillesse. Ils n'ont pas assez d'argent, les
vieux. Je le sais, parce que les taxes scolaires augmentent, les taxes
municipales augmentent. Les gens qui sont rendus aujourd'hui à leur
pension ne sont plus capables de garder les maisons qu'ils avaient parce que
les autres obligations du gouvernement du Québec sont réparties
sur eux comme sur les autres citoyens. En conséquence, nous sommes
placés dans la douloureuse situation de constater que, s'ils ont besoin
de plus d'argent, les autres assistés sociaux aussi en ont besoin de
plus.
Mais, nous sommes encore dans l'incapacité. Il ne reste qu'une
chose au fédéral, c'est de prendre aussi les assistés
sociaux, puis de les augmenter.
M. LAURIN: C'est ça qui va arriver, vous allez voir. Donc, il
faudrait aller chercher au fédéral plus de points d'impôts,
plus de taxes afin de se donner les moyens dont on a besoin, mais, là
aussi, c'est le blocage. On l'a vu à la dernière
négociation, il n'y a pas moyen d'aller chercher des points
d'impôts, c'est gelé pour les cinq prochaines années.
Devant cette voie sans issue du point de vue financier, du point de vue
constitutionnel, qu'est-ce qu'il y a de possible pour que l'on puisse donner
aux assistés sociaux, aux chômeurs, aux étudiants à
court d'emploi les mêmes avantages que ceux qui leur sont donnés
par un autre gouvernement, puisque c'est le seul moyen?
M. COURNOYER: Encore une fois, je répète que la
stratégie, bien sûr, appartient au gouvernement. Compte tenu des
circonstances actuelles, le gouvernement, je pense, après discussion
avec les députés, devra probablement modifier sa stratégie
d'ensemble. Moi, je reste convaincu d'une chose, c'est qu'il nous faudra faire
comprendre à notre population que votre solution n'est pas celle que
nous choisissons, mais que, par ailleurs, le système actuel fait que du
fédéralisme, il n'y a que nous qui en faisons. Je suis
obligé de le constater.
Tant et aussi longtemps qu'on nous considérera comme un
gouvernement municipal détenant un pouvoir délégué
du gouvernement central pour administrer un budget que le gouvernement central,
par ailleurs, alimente par des subventions, je resterai encore le même
pauvre individu qui doit rencontrer ses députés qui ont des
problèmes parce qu'ils rencontrent
les gens du peuple beaucoup plus souvent que le gouvernement central ne
les rencontre. On va rester avec les résidus et les difficultés
pendant que d'autres se promènent en Cadillac, avec des affaires dont
ils n'ont peut-être même pas besoin. Peut-être que si tout le
monde avait une Ford, ce serait mieux qu'une certaine catégorie avec une
Cadillac.
M. LAURIN: Allez-vous vous cogner la tête sur le même mur
jusqu'à ce que vous soyez assommé et inerte?
M. COURNOYER: Disons que je suis, personnellement, difficilement
assommable et que je reste rarement inerte. Je vais revenir...
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres commentaires de caractère
général?
M. LAURIN: II y a d'autres sujets généraux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice aurait une
question.
M. DEMERS: Dans les généralités, je voudrais
demander au ministre si c'est l'intention de son ministère et du
gouvernement de faire disparaître la Commission des accidents du
travail.
M. COURNOYER: Ce n'est pas l'intention de mon ministère ni
l'intention de mon gouvernement. Mon gouvernement a peut-être des
idées que je ne connais pas encore mais, quant à moi, ce n'est
pas mon intention de la faire disparaître.
M. DEMERS: Aussi, fausses seraient toutes les rumeurs qui ont couru
à l'effet que ce serait transféré et intégré
au ministère des Affaires sociales?
M. COURNOYER: Les rumeurs ont certainement couru. Je ne peux pas dire
que c'est faux qu'il y ait eu des rumeurs. Ces rumeurs étaient
fondées, je le pense très sérieusement, sur l'une des
dispositions du rapport Caston-guay-Nepveu qui concluait, lui, à cette
intégration de la Commission des accidents du travail au
ministère des Affaires sociales.
M. DEMERS: Le ministre envisage-t-il des modifications à la
structure?
M. COURNOYER: Le ministre envisage des modifications à la
structure, et ces modifications font actuellement l'objet de consultations. La
structure, devra être modifiée, selon le ministre, même si
le président de la commission n'aime pas ça.
M. DEMERS: Se pourrait-il que les services médicaux soient
intégrés à la Régie de l'assurance-maladie?
M. COURNOYER: Dans les deux études qui ont été
faites, il y avait justement la partie du centre de réhabilitation et la
partie de l'intégration des bénéfices médicaux
à l'assurance-maladie. Je dis qu'il est trop tôt, pour le moment,
pour révéler ces conclusions, parce qu'elles n'ont pas
été communiquées officiellement au conseil des ministres.
Le comité en question avait été présidé par
le ministère des Affaires sociales et, à ce comité, il y
avait le président de la commission et le sous-ministre adjoint chez
nous. Les conclusions sont faites, mais il me semble, après les avoir
lues, qu'il ne serait pas question, dans ce rapport, de recommander ce dont
vous venez de parler, c'est-à-dire l'intégration des
bénéfices médicaux au plan d'assurance-maladie.
M. DEMERS: Les frais d'hospitalisation seraient-ils confiés
à la direction générale de l'assurance-hospitalisation au
ministère des Affaires sociales?
M. COURNOYER: Je pense qu'il y aurait lieu je ne veux pas mettre
la question de côté que vous lisiez le rapport même
du comité, si le gouvernement, après étude, décide
de le rendre public. Moi, je n'ai pas d'objection à rendre ce rapport
public. C'est une enquête qui a été faite par des gens
sérieux, mais le gouvernement n'a pas encore adopté ce
rapport.
M. DEMERS: Le ministre pourrait-il nous résumer les grandes
politiques de rajeunissement et d'intégration qu'il entend poursuivre
à la CAT?
M. COURNOYER: II y a, il me semble, certainement une modification
fondamentale à faire, c'est de rapprocher un peu plus la commission des
assurés qu'elle ne l'est actuellement. Remarquez qu'on n'a pas beaucoup
parlé que ça ne marchait pas à la Commission des accidents
du travail. C'est vrai en partie seulement. Vous savez, celui pour qui
ça n'a pas marché se sent toujours frustré. Il y en a
peut-être 15,000 pour qui ça allait bien mais deux ou trois pour
qui ça ne marchait pas. De toute façon, la commission a fait des
efforts assez considérables cette année pour se rapprocher
davantage des gens qui sont assurés.
Mais, encore là, ça reste un geste d'une commission qui,
par sa nature même, est une commission de fonctionnaires. Sans mettre un
sens péjoratif là-dessus, les commissaires sont devenus des
fonctionnaires. Je n'ai pas aimé je le dis parce que vous me
posez la question que les membres de la commission deviennent des
directeurs de services de la commission et qu'ils assument des rôles de
directeurs de services. Je considère la commission comme une commission
et non pas un président de commission, cela dit sans malice
vis-à-vis du président actuel. Pour rapprocher davantage la
commission des assurés, il nous
semble, au moment où nous nous parlons, à moins de preuve
contraire, que cette commission devra être reconstituée, qu'il
devrait y avoir un vice-président à Montréal, avec les
autorités qu'il faut, un vice-président à Québec
avec les autorités qu'il faut pour régler les
problèmes.
Pour ma part, sans l'avoir étudié, je verrais d'un bon
oeil qu'on décentralise ce qu'on a "overcentralisé" à
Québec. Les dossiers de tout le monde sont rendus à
Québec, et c'est extrêmement difficile d'avoir les renseignements
quand on est à Montréal, alors que 70 p.c. des assurés
sont à Montréal. Cela cause des problèmes, mais c'est
à la commission de prendre ces décisions. Pour qu'elle puisse
prendre ces décisions et qu'elle soit plus près des
assurés que de ceux qui administrent, il nous semble qu'il serait bon,
du moins, que la commission soit constituée d'un conseil exécutif
et d'un conseil d'administration. Le conseil d'administration serait
formé de représentants de ceux qui sont assurés, soit les
employeurs et les employés.
M. DEMERS: Mais elle resterait strictement, intrinsèquement,
indépendante et elle administrerait le montant de $250 millions qui est
sien. Cela demeurerait à elle et ne serait pas intégré au
gouvernement.
M. COURNOYER: C'est au moment où on se parle...
M. DEMERS: Oui, je comprends.
M. COURNOYER: Je ne parle pas des politiques de dix ans d'ici, mais il
reste que, compte tenu des études que je viens de dire, il y aurait une
question de centre de réhabilitation là-dedans. Peut-être
que la conclusion sera que le centre de réhabilitation soit
intégré aux centres hospitaliers de Québec, au
réseau hospitalier de Québec et qu'il serve à tout le
monde au lieu de servir seulement aux accidentés. Cela dépend
encore une fois de la proportion d'utilisation par les accidentés. Je ne
sais pas pour le moment. C'est dans le rapport qui sera rendu public. Vous avez
parlé tantôt de l'investissement. Il y avait quatre
problèmes réels: la prévention des accidents, qui
relève du ministère du Travail et qui relève aussi, par
les associations de prévention d'accidents, de la Commission des
accidents du travail. Donc, il y a un problème de dualité pour
les mêmes choses. Il y a dédoublement.
En plus, il y avait le problème de l'administration des rentes
d'invalidité par la commission. Ce problème n'est pas mis de
côté, mais il est quand même étudié. Vous avez
la Régie des rentes qui administre des rentes et vous avez la Commission
des accidents du travail qui administre des rentes, deux organismes
organisés pour administrer des rentes. L'étude n'est pas faite
dans ces cas-là. Ce n'est pas terminé, à savoir si,
effectivement, on devrait soit faire administrer des rentes par la Régie
des rentes ou soit faire administrer tout cela par la Commission des accidents
du travail, sans s'en préoccuper. La conclusion n'est pas là.
L'étude est en train de se faire.
M. DEMERS: Les placements de la CAT?
M. COURNOYER: J'en arrivais justement au troisième
problème. Il y avait les placements. Cela aussi est à
étudier. Il y avait le centre de réhabilitation et
l'intégration à l'assurance-maladie. De ces cinq
problèmes, il y en a deux sur lesquels le comité
interministériel les ministères des Affaires sociales, du
Travail et de la Main-d'Oeuvre s'est penché. Sur ces deux points
soit le centre de réhabilitation et l'intégration à la
Régie de l'assurance-maladie, l'intégration des
bénéfices ou des prestations, je ne me souviens pas. Les
conclusions sont arrivées là-dessus.
Quant aux trois autres, les conclusions vont arriver. Mais, pour le
moment, c'est le statu quo.
M. DEMERS: En appendice, pendant que nous sommes à la CAT, je
demanderais au ministre s'il y a des études et des positions prises
devant ce qui s'avère une nouvelle maladie professionnelle des
travailleurs de l'amiante.
Il semblerait que cette maladie qui s'appelle la
mésothéliome, qui est une maladie qui développe un cancer
aux parois de l'estomac et qui est transmissible, d'après certains
chercheurs américains, par le contact des gens avec la poussière
de l'amiante et ces choses-là. Est-ce qu'on a des recherches assez
précises, étant donné que, dans le Québec, dans la
région de l'amiante, Thetford, Asbestos et ces endroits, nous avons des
mineurs, et que les gens qui en seraient atteints mourraient, dans 100 p.c. des
cas? Aux Etats-Unis, l'hypothèse est assez alarmante. Elle est
appuyée sur le fait que 75 p.c. des travailleurs de l'amiante des Etats
de New-York et du New-Jersey meurent de différents types de cancer, et
c'est cette maladie qui semble assez nouvelle. Est-ce que vos recher-chistes et
vos médecins en prévention ont fait ou feront quelque chose
à ce sujet? A moins que ce soit un canard publicitaire.
M. COURNOYER: Non.
M. DEMERS: Mais on a découvert aux Etats-Unis 52 cas dans la
même industrie cela s'appelle la mésothéliome
qui ont été décelés à Manville, au
New-Jersey, un centre minier de 15,000 de population.
M. COURNOYER: Selon les renseignements que j'ai, au moment où
nous nous parlons, le Dr Bellemare, qui est commissaire, serait
président d'un comité qui étudie la même chose
qu'eux.
M. DEMERS: Est-ce que c'est détecté dans la région
ou dans la province, cette maladie? Vous n'avez pas de rapport
là-dessus?
M. COURNOYER: Je n'ai pas de rapport là-dessus. L'étude se
fait par la commission.
M. DEMERS: Mais on n'a pas de rapport pour savoir si on a des cas,
à part l'amianthose. On a un cas d'amiantose qui marche depuis cinq ans,
il est en santé comme on ne l'a jamais vu, je serais mort d'avoir fait
ce qu'il a fait. L'amiantose, est une chose. Mais cela, c'est un cancer des
parois stomacales qui a été trouvé aux Etats-Unis.
J'aimerais que, lorsque vous aurez quelques rapports, vous nous en fassiez
parvenir une copie afin de rassurer mon collègue de Wolfe qui est
député de cette région et qui m'a demandé de
soulever le problème.
C'est ce dont j'avais à parler à la Commission des
accidents de travail.
M. COURNOYER: Pour répondre à votre dernière
question, je vais demander à la commission de préparer un rapport
préliminaire sur ça. Je vous en remettrai une copie.
M. DEMERS: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à
caractère général? Oui. Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: J'aurais une ou deux questions, M. le Président. On
n'entend plus parler, M. le ministre, du fonds minier.
M. COURNOYER: II n'est pas encore installé.
M. BURNS: Comme tout le monde le sait, la situation, à ma
connaissance, ne s'est pas tellement améliorée, ni
appréhendée, ni actuelle, dans le domaine des mines,
particulièrement dans le Nord-Ouest québécois. Depuis
au-delà de deux ans, si je ne me trompe pas, les syndicats de mineurs,
en particulier les métallos, réclament la formation d'un fonds
minier pour protéger, justement, les mineurs qui sont appelés. Ce
sont des gens qui sont obligés de travailler aux endroits où il y
a des mines. Alors, ils sont obligés de quitter le Nord-Ouest
québécois. En plus de la perte de salaire, cela veut dire, pour
eux, dans bien des cas en fait, une relocalisation. Où est rendue cette
histoire du fonds minier?
M. COURNOYER: Disons que, pour être très honnête avec
vous, c'est dans le statu quo le plus stable.
M. BURNS: En plus de perdre leur député, soit dit en
passant.
M. COURNOYER: Est-ce qu'ils ont perdu leur député?
M. BURNS: Avec la réforme de la carte. M. COURNOYER: Ah bon! M.
BURNS: Un de leur député.
M. COURNOYER: C'est dans le statu quo le plus stable.
M. BURNS: C'est-à-dire que rien ne se fait.
M. COURNOYER: Je vais vous avouer que la personne que nous avions
chargée de trouver une solution a dû s'absenter ou a pris un
congé sans solde pour aller au Honduras. Elle vient à peine de
revenir. J'ai appris hier qu'elle était à son bureau. Je vais
m'informer de nouveau de sa santé.
M. BURNS: Mais il n'y a rien de concret que vous pourriez nous dire?
M. COURNOYER: Non. Je ne peux pas vous dire qu'il n'y a pas quelque
chose de concret. Je vous ai dit que c'était dans le statu quo le plus
stable.
M. BURNS: Pas de discussion avec les employeurs, ni quoi que ce
soit?
M. COURNOYER: Moi, je n'en ai pas eu.
M. BURNS: Avez-vous l'intention d'en avoir bientôt?
M. COURNOYER: Aussitôt que certains autres problèmes
urgents seront réglés. Il s'agit de savoir l'ordre de
priorité des urgences.
M. BURNS: II me semble, justement si je regarde le bilan des
promesses que vous nous avez faites, l'année passée, au plan
législatif que...
M. COURNOYER: Je ne me souviens pas d'avoir promis un fonds minier.
M. BURNS: Non, non, c'est parce que j'ajoute.
M. COURNOYER: C'est sans doute une promesse que le député
voudrait que je fasse.
M. BURNS: Oui, oui. C'est cela. On peut en sortir bien d'autres que vous
nous avez faites, l'année passée.
M. COURNOYER: Laquelle? Comme quoi, par exemple?
M. BURNS: Vous avez parlé d'une loi sur le placement, le 5 juin,
au sujet des crédits.
M. COURNOYER: Elle s'en vient. On va ôter le placement aux
syndicats.
M. BURNS: Vous nous aviez dit "qu'il y
avait lieu, pour l'Etat, de se mêler des agences privées de
placement."
M. COURNOYER: C'est encore vrai.
M. BURNS: "Je n'ai pas, toutefois, l'intention de les abolir parce
qu'elles rendent encore des services aux travailleurs et aux employeurs. Le
ministre a cependant précisé que le projet de loi, qui est
presque prêt, ne sera sans doute pas présenté avant la
session d'automne". On n'a toujours pas vu cela.
M. COURNOYER: Vous le verrez en temps et lieu. Pour le moment, je ne
l'ai pas.
M. BURNS: Ce seront toujours de bien beaux crédits que nous
allons étudier ici!
M. COURNOYER: Comme vous avez pu le voir, il y a une certaine
réduction dans mes crédits; vous allez sans doute le constater.
Vous allez comprendre que je ne peux pas travailler aussi vite avec des
crédits moindres et avec des salaires augmentés de 4.8 p.c.
M. BURNS: La législation, vous la soumettez toujours au conseil
consultatif du travail.
M. COURNOYER: Pardon?
M. BURNS: Vous n'avez pas changé la politique de soumettre votre
législation au conseil consultatif du travail?
M. COURNOYER: Non, non.
M. BURNS: Vous n'avez pas changé de politique. Cela, ne demande
pas d'argent.
M. COURNOYER: Cela ne demande pas d'argent?
M. BURNS: Non.
M. COURNOYER: Disons qu'on a coupé $12,000 là-dedans.
C'est peut-être que cela en demande moins, parce que cela coûte
$100 du coup, ces...
M. BURNS: On veut moins de réunions, au conseil consultatif.
M. COURNOYER: Cela coûte peut-être moins de $100 du coup,
par exemple.
UNE VOIX: Vous êtes payés quand même!
M. BURNS: Ce n'est pas grave, cela. Le syndicalisme de cadre, M. le
ministre.
M. COURNOYER: Nous avons demandé des mémoires, tel que
promis. Aussitôt que vous le pourrez dans vos travaux parlementaires, la
commission parlementaire recevra ces gens.
L'annonce a été faite dans les journaux, demandant
à ceux qui avaient quelque chose à dire sur le syndicalisme de
cadre, pour ou contre, de se préparer, parce qu'effectivement je
pense que ça a été publié il y a deux mois
aussitôt que la commission parlementaire aura
décidé...
M. BURNS: Et le français, langue de travail, où en est-ce
rendu?
M. COURNOYER: C'est dans le code du travail, mon cher
collègue.
M. BURNS: Quand?
M. COURNOYER: Aussitôt que la consultation sera finie. Ecoutez un
peu, M. le député de Maisonneuve, vous avez parlé du
français, langue de travail. Mais, dans ma prérogative, c'est la
partie qui regarde la langue.
M. BURNS: Vous avez toujours dit que, quant à vous, ça
viendrait par amendement au code du travail.
M. COURNOYER: Oui, et les amendements sont prêts.
Il y a une difficulté que je pourrais vous mentionner, cependant,
et qui va peut-être vous frapper. Vous n'allez peut-être pas
être d'accord avec nous. Il y a eu comme vous le savez, une
recommandation unanime du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, sur ça. Cette recommandation unanime, après
étude par nos officiers, comportait ce que je peux considérer,
moi, comme un trou appréciable, soit que le syndicat choisit la langue
de négociation et la langue de la convention.
Nous avons aussi constaté que certains éléments,
soit anglophones soit francophones et très souvent francophones
qui vivent dans un milieu francophone ou anglophone, tout dépend
de qui on parle, n'auraient pas le privilège de se défendre dans
leur langue, une fois que la loi serait adoptée, particulièrement
en matière de mesures disciplinaires. Ce sont des amendements que le
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre n'a pas prisés.
Nous voulions dire à un gars soumis à des mesures disciplinaires.
Tu pourras, toi, choisir la langue de ta défense, même si le
syndicat a décidé que la langue de la négociation ou la
langue de la convention serait soit l'anglais, soit le français. Dans ce
sens-là, c'est la seule difficulté que j'ai eue avec le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre sur la langue.
M. BURNS: Mais vos amendements, à ce que je peux voir, quand vous
parlez qu'ils vont se greffer au code du travail, au fond, vont s'appliquer
à peu près uniquement à la langue de négociation et
à la langue de discussion des mesures disciplinaires ou des griefs. Pour
la langue parlée tous les jours au travail, vous allez faire quoi?
M. COURNOYER: J'attends le rapport de la commission Gendron.
M. BURNS: Elle est utile, cette commission Gendron là!
M. DEMERS: La journée qu'ils vont avoir rencontré cette
commission-là, il n'y a plus rien à faire au Québec.
M. BURNS: Je vais dire comme M. Charron hier: Si vous attendez trop,
elle va sortir en anglais, la commission Gendron.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, il est 12 h 30. Les travaux de la commission
reprendront à 16 heures, à la salle 91-A.
M. COURNOYER: II me semble que c'était entendu hier avec les
leaders parlementaires pour ajourner sine die, pour qu'ils discutent s'il y a
lieu de réunir cette commission-là cet après-midi.
C'est décidé?
M. BURNS: Je n'ai pas été consulté encore.
Jusqu'à nouvel ordre, je suis encore leader parlementaire du Parti
québécois.
M. DEMERS: Sine die, ça ne fera pas tort à personne.
M. COURNOYER: Non, c'est-à-dire que pour le moment, s'ils
s'entendent...
M.,BURNS: Faisons donc ça sine die, puis ça nous permettra
de consulter.
M. LE PRESIDENT: Alors, ajourné sine die. (Fin de la
séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. PICARD (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
La parole est au député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre au sujet des notes initiales, du préambule, avant que nous
passions aux articles. On a parlé et reparlé de la
nécessité de créer un véritable tribunal du
travail. Les éditorialistes en ont manifesté le désir
depuis longtemps. Je ne sais pas si le ministre croit que, dans des situations
comme celles que nous venons de vivre, que nous vivons actuellement et que nous
vivrons sans doute, un véritable tribunal du travail serait l'outil tout
désigné pour mettre fin à ces situations qui deviennent de
plus en plus compromettantes pour la sécurité des
Québécois.
M. BURNS: Je m'excuse d'intervenir, mais je trouve ça un peu
vexant pour le tribunal du travail de dire qu'on voudrait avoir un
véritable tribunal du travail.
M. COURNOYER: Celui qui existe actuellement.
M. BURNS: Je pense que c'en est un; c'est ce qu'on a actuellement. Sa
juridiction est peut-être plus limitée qu'on ne le voudrait,
mais...
M. COURNOYER: On a un tribunal du travail actuellement qui a toute la
nature d'une cour de justice et qui n'a pour fonction ce sont les termes
mêmes de sa création que d'interpréter les lois
particulières au travail. Il est possible qu'on donne plus de pouvoir au
tribunal du travail qu'il n'en a actuellement, pour juger des causes qui
proviennent des lois ouvrières. Présentement, toutes les causes
des commissions de construction, paritaires, etc., vont devant les tribunaux
ordinaires. Et là, je ne le promets pas, parce qu'il faut que je sois
précis dans ma façon de parler, mais je pense que, de notre
côté, nous songeons sérieusement à... Avec la
collaboration du tribunal du travail et par les discussions à
bâtons rompus souvent, nous nous dirigeons tout de même nettement
vers une augmentation de juridiction du tribunal actuel du travail par
exclusion des autres tribunaux, dans certains domaines qui sont particuliers au
domaine des relations de travail. Je sais que ce n'est pas là-dessus que
porte votre question. Mais je dis: II y a un tribunal du travail
présentement.
M. DEMERS: Je sais qu'il y en a un.
M. COURNOYER: C'est un véritable tribunal du travail à mon
sens et ce que le député de Saint-Maurice mentionnait et voulait
surtout,
c'est un organisme quelconque, que ce soit un tribunal des conflits de
travail, qui est une chose différente d'un tribunal du travail tel qu'on
le conçoit actuellement, qui aurait juridiction pour trancher des
litiges ou des différends par opposition à la juridiction des
griefs ou des interprétations des lois actuelles ou des
arrêtés en conseil.
Pour ma part, j'ai souvent hésité là-dessus parce
que, même si les gens qui sont à l'extérieur regardent cela
avec un oeil extrêmement intéressé comme étant la
façon de régler les problèmes, quant à moi, je le
vois beaucoup plus avec une certaine crainte pour le moment quant aux
résultats de son geste. Compte tenu du fait que nous avons des
problèmes actuellement, mais oubliant cela, parce qu'il y a d'autres
problèmes qui sont susceptibles de survenir et il y en a d'autres qui
sont passés dans le temps, les parties en présence ne sont pas
prêtes, à mon sens, à terminer leurs négociations
par un arbitrage, et que ce soit un tribunal du travail ou autrement, cela
reste un arbitrage. Or, les expériences que nous avons vécues
jusqu'ici, c'est la tendance contraire. Vous avez des arbitrages dans le
domaine des pompiers et vous avez des arbitrages dans le domaine des policiers
actuellement. C'est prévu comme cela, la façon de régler
les différends dans ces domaines-là selon le code du travail,
c'est l'arbitrage.
Je tiens à rappeler que les principaux conflits que nous avons
eus en 1971 sont des conflits qui ont, ou bien résulté du refus
de sentences arbitrales, ou bien résulté du fait qu'on ne voulait
pas terminer le conflit par une sentence arbitrale. On peut parler de la
prohibition du droit de grève, nous avons un exemple avec le bill 19 qui
prohibe le droit de grève et on sait que présentement tout le
monde est en grève ou à peu près. Nous avons en même
temps prohibé le droit de grève aux policiers provinciaux et
pourtant nous avons eu une séance d'étude qui a duré cinq
jours. Les policiers de Montréal n'ont jamais eu le droit de
grève que je sache et ils ont fait la grève une fois. Les
pompiers de Montréal non plus n'ont pas eu le droit de grève, les
policiers de Laval n'ont pas le droit de grève et d'autres corps de
police n'ont pas le droit de grève. Il y avait la méthode
traditionnelle pour eux de régler leurs problèmes par la voie de
l'arbitrage, l'arbitrage par un tribunal quelconque qui était jusqu'ici
choisi par les parties ou à défaut de s'entendre par le
président, nommé par le ministre si je me souviens bien de ma
loi, c'est un peu comme cela et j'en signe parfois des nominations.
Actuellement, lorsqu'on pose la question et qu'on dit : Est-ce que le
ministre ne pense pas que ce serait le moyen de régler les
problèmes comme ceux que nous vivons actuellement? Formellement, je suis
obligé de faire la distinction entre l'entreprise privée et le
secteur public et dans le secteur public, redistinguer davantage en disant:
D'un côté il y a le gouvernement, puis, il y a aussi les
municipalités qui sont dans le secteur public et il y a les commissions
scolaires qui l'étaient ou qui le sont encore. H y en a de moins en
moins qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement en
négociation. Je ne veux pas faire une thèse, mais revenir avec
l'opinion de fond. Le gouvernement, que ce soit le gouvernement actuel ou un
autre gouvernement peut difficilement accepter dans les matières qui
sont de sa juridiction que des tranches aussi imposantes de ses dépenses
soient décidées par des gens qui n'en sont pas parties et qui ne
sont pas responsables devant la population. Les gens qui auraient de
l'équipement, qui seraient les arbitres désignés se
trouveraient, à mon sens, à remplacer le gouvernement dans sa
responsabilité première, de déterminer les taux de
dépenses possibles dans tel ou tel domaine. On peut être en
désaccord sur cette position. Mais, la responsabilité du
gouvernement dans ces cas ne peut certes pas, s'il ne réussit pas en
négociation ordinaire, être transférée sur les
épaules de tiers qui, eux, ne sont responsables devant la population
à aucun moment. Soyons en accord ou en désaccord, c'est mon
opinion.
Il faudrait qu'on me fasse la preuve que la négociation va
très mal dans le domaine privé pour dire que je vais changer le
système qui existe actuellement. Mais au moment où on se parle,
et pendant à peu près toute l'année, vous allez me dire
que c'est peut-être une année merveilleuse, mais le nombre de
conflits, de différents ou de discussions qui se sont
réglés sans grève est beaucoup plus fort que le nombre de
discussions qui se sont réglées avec grève. Ce n'est pas
nécessairement parce que nous sommes efficaces au ministère du
Travail, c'est parce que les parties... Sur 8,000 conventions collectives, il
n'y a pas eu 8,000 grèves. Il faut que je prenne les proportions comme
elles sont. Elles sont évidentes, elles sont manifestées dans les
journaux. C'est le devoir des journalistes d'informer. Malheureusement, on
n'informe pas autant lorsque ça s'est réglé que quand
ça ne s'est pas réglé.
Dans toutes les mines du Nord-Ouest contrôlées par Noranda
Mines qui était, depuis un grand bout de temps, l'employeur le plus
véreux, la situation s'est réglée sans grève. A
l'Aluminium Company of Canada, on a pensé avoir une grève; cela
s'est réglé sans grève, ils sont 12,000
employés.
S'ils y avait eu une grève, tout le monde aurait su qu'il y avait
une grève, mais sans qu'il y ait besoin de passer à des
mécanismes extraordinaires que les parties ne sont pas plus susceptibles
de vouloir que moi, parce qu'elles aussi sont sous contrôle de leurs
propres effectifs et idées. Je ne vois donc pas la
nécessité de modifier dans le secteur privé la structure
qui fait qu'aujourd'hui, compte tenu des circonstances, ce n'est pas si pire
que ça.
Encore une fois, je ne veux pas faire de vantardise, ce n'est pas de la
vantardise. Mais actuellement, compte tenu du climat qui existe
au Québec aujourd'hui, et oubliant le fait qu'il y a quand
même des manifestations qui sont totalement étrangères
à la négociation d'une convention collective, que ce soient les
gars de la construction ou ailleurs, nous avons 507 personnes en grève
au Québec.
Je comprends que ce sont là onze grèves qui sont
probablement douloureuses pour les gens qui les font, mais ce sont quand
même 507 personnes qui sont en grève officielle. Et il y a 8,000
conventions qui se renégocient de jour en jour, à des
époques différentes. Si ces 8,000 conventions se soldaient en
majorité par des grèves, je dirais que le processus est mauvais.
Mais ce n'est pas du tout le cas; il y a beaucoup plus de conventions qui se
signent sans grève qu'il y en a qui se signent avec grève.
M. BURNS: Pendant que nous sommes sur le sujet amorcé par le
député de Saint-Maurice, le tribunal du travail, je reviens
à une question que j'ai posée au ministre à deux ou trois
reprises, cette année, parce que l'on a eu des incidents qui m'incitent
à reposer la question. Le tribunal du travail, comme tout le monde le
sait, relève du ministère de la Justice. J'ai toujours
trouvé que c'était une anomalie. Même si ce sont des juges
nommés en vertu de la Loi des tribunaux judiciaires et qui ont
juridiction au même niveau qu'un juge de la cour Provinciale, je trouve
quand même que c'est peut-être une chose que le ministre devrait
négocier. Si je peux m'exprimer ainsi puisque le mot est à la
mode tant au niveau fédéral-provincial qu'au niveau des
relations de travail. Je me demande si le ministre ne devrait pas entreprendre,
avec le ministre de la Justice, ou par l'intermédiaire du conseil des
ministres, des négociations pour prendre juridiction sur ces juges.
J'ai vu un phénomène qui m'a assez étonné.
Tout le monde sait que le tribunal existe depuis 1969 et que, depuis ce
temps-là, ça fait à peu près trois fois que le
tribunal déménage. Il était dans l'édifice
Gagné à l'origine; il n'était pas placé dans les
corridors, mais c'était tout juste. En tout cas, pendant à peu
près six, sept mois, il a été vraiment le souffre-douleur
de cet édifice, parce que d'abord, on le promenait à
l'intérieur de l'édifice et, ensuite, on l'a descendu sur la rue
McGill, près de Sainte-Catherine à Montréal,
évidemment, je ne vise pas le cas de Québec et finalement
chose qui m'a renversé, l'incident auquel je fais
référence au mois de novembre, tout d'un coup, on
s'aperçoit que le bail expire pour les locaux du tribunal du travail. Il
n'y avait personne qui avait pensé à ça et, d'un coup, on
s'est aperçu que nos juges du tribunal du travail qui, soit dit en
passant, font un travail que je considère assez efficace c'est
pour ça que, même ne faisant pas partie du tribunal du travail, je
trouvais ça vexant pour eux de dire que ce n'était pas un
véritable tribunal du travail...
M. DEMERS: Je pense que le député de Maisonneuve...
M. BURNS: J'ai compris...
M. DEMERS: ... a profité un peu de l'occasion pour rapporter des
choses qui sont un peu loin de ma pensée.
M. BURNS: Non. Le député de Saint-Maurice sait que je ne
lui prête pas des intentions malveillantes. Je me demande très
sérieusement, justement à cause de la relation qui existe, une
relation qui n'est peut-être pas structurelle, institutionnalisée,
mais qui existe entre le niveau inférieur qui s'appelle les commissaires
enquêteurs et le tribunal du travail, s'il n'est pas normal, même
si ce sont des juges, que ce soit le tribunal du travail qui obtienne
juridiction sur les juges.
M. DEMERS: Est-ce qu'on peut savoir où ils sont rendus
actuellement?
M. BURNS: Apparemment, ils sont retournés à
l'édifice Gagné, rue Crémazie.
M. COURNOYER: Cela fait longtemps que vous n'avez pas plaidé,
parce qu'ils sont très bien installés maintenant.
M. BURNS: Je ne parle pas de maintenant, je dis que c'est quand
même extraordinaire que cette chose...
M. COURNOYER: Oui, d'accord.
M. BURNS: ... qui est probablement une des bonne
améliorations...
M. DEMERS: Ils ont eu de la misère à trouver...
M. BURNS: ... du droit du travail. Je pense que c'est une des
améliorations je l'ai déjà dit et je ne m'en cache
pas que M. Bellemare nous a léguées comme testament, avant
de partir.
M. DEMERS: Et sans mourir.
M. BURNS: Un testament politique. Et nous sommes en droit de nous
réjouir de ça; il n'y a aucun doute là-dessus.
M. COURNOYER: Mais, effectivement...
M. BURNS: ... Mais voir jusqu'à quel point ce tribunal du travail
est une espèce d'appendice qui relève du ministère de la
Justice mais qui a tous les rapprochements nécessaires auprès du
ministère du Travail et de ses organismes, je me demande
sérieusement si...
M. COURNOYER: Pour le moment, il s'agissait surtout, physiquement, de
les intégrer à la bâtisse qui est identifiée
à Montréal comme étant l'endroit où le
ministère du Travail et les autres travaillent. Donc, ils sont sortis
du
contexte général qu'on était susceptible d'avoir au
palais de justice. Les planifications, par le ministère de la Justice,
semble-t-il, auraient été faites pour que ce tribunal
siège tout simplement dans la tour de la justice comme les autres
tribunaux.
Il faut que vous sachiez que, parfois quand les décisions sont
prises, cela implique des bâtisses en construction ou en planification.
Et quand vous changez une décision qui était strictement d'ordre
politique, les autres décisions ne suivent pas aussi facilement parce
qu'il y a des gens qui sont... Cela a été extrêmement
difficile et la localisation du tribunal du travail avait été
décidée par M. Bellemare pour l'édifice Gagné,
maintenue par le ministre du Travail qui l'a remplacé et il est
arrivé que ce fut moi. J'ai obtenu un cas qui est encore patent
aujourd'hui de M. Russell, qui était alors ministre des Travaux
publics, qu'on fasse les travaux afin que les tribunaux du travail soient
logés au septième étage ou au huitième
étage, là où ils sont présentement.
Je vous raconte cette histoire parce qu'elle est vécue et qu'elle
se vit encore. J'ai obtenu cela en échange d'une école qui s'en
irait dans une bâtisse de la commission de formation professionnelle,
soit dans le réseau scolaire ordinaire parce qu'on n'en avait pas
suffisamment besoin à Granby comme commission de formation
professionnelle. Pendant qu'on construirait des écoles, on a dit:
Plutôt que de faire cela, on va prendre cette bâtisse et on va
l'envoyer dans le réseau ordinaire des écoles.
M. DEMERS: Le maquignon.
M. COURNOYER: J'ai appris vendredi dernier que cela n'était pas
encore fait.
M. BURNS: Donne-moi un tribunal, je vais te donner une école.
M. DEMERS: Un cheval, un lapin.
M. COURNOYER: Et j'ai appris vendredi dernier que l'école
était encore inoccupée et que les tribunaux du travail
étaient situés au-dessus. Mais entre les deux, il s'est quand
même passé une élection où le ministre des Travaux
publics et le ministre du Travail de l'époque ont été
défaits. Ces ententes n'ont pas été signées.
M. BURNS: Certains ont plus de longévité que les autres.
Je souligne ce point parce que le ministre est sans doute informé que
l'autre ministère auquel j'ai fait référence,
c'est-à-dire le ministère de la Justice, envisage une
réforme de la Loi des tribunaux judiciaires et en particulier
l'intégration à plus ou moins court terme. A mon avis, j'imagine
que ça va être à long terme parce que c'est une
réforme assez en profondeur. Dans cette réforme la cour
Provinciale serait constituée de diverses divisions. Il y en aurait une
dans ce projet qui serait la division du travail. Donc, on perpétuerait
cette situation. Je le mentionne à ce stade-ci parce que la loi n'est
pas encore rédigée, j'imagine. En tout cas elle n'est pas
déposée. Cela vaudrait peut-être la peine que le
ministère du Travail fasse valoir son point de vue à ce
sujet.
M. COURNOYER: Oui, nous ferons valoir notre point de vue. Mais , je vais
vous avouer que je n'ai pas décidé encore quelle orientation
prendre. Mais, il reste que l'autre partie de vos préoccupations
comporte aussi les commissaires enquêteurs parce qu'ils ont un pouvoir
quasi judiciaire. C'est en fait un tribunal intégré tel que je
l'ai vu, le droit d'appel est exclusif d'une décision d'un commissaire
enquêteur. Il est exclusif au tribunal du travail. En fait, c'est une
demi-cour ou enfin c'est du quasi judiciaire ou on peut même dire que
c'est du judiciaire dans le cas des commissaires enquêteurs. Il nous a
semblé, parfois, au cours de nos élucubrations, qu'il y aurait
peut-être lieu de sortir les commissaires enquêteurs du giron du
ministre. Ils sont sous l'autorité du ministre actuellement...
M. BURNS: Si on veut être logique dans un sens ou dans
l'autre.
M. COURNOYER: ... et on pourrait les envoyer sous la
responsabilité de l'organisation du tribunal du travail. C'est pour vous
indiquer que nous songeons quand même, nous aussi, à
intégrer le tribunal du travail, non pas sous les ordres du ministre
parce que c'est impossible, mais le laisser dans sa juridiction actuelle avec
son autonomie propre comme il doit l'avoir, mais lui ajouter les commissaires
enquêteurs. Je ne dis pas que c'est cela qui va se faire. Mais nous
songeons sérieusement à diverses réorganisations pour
rendre encore plus indépendants du ministre les commissaires
enquêteurs parce que les tribunaux judiciaires le sont. Le tribunal du
travail est totalement indépendant et les commissaires enquêteurs
aussi. Techniquement, ils relèvent encore de quelqu'un de la direction
générale des relations patronales ouvrières chez nous qui,
lui, relève d'un sous-ministre, qui, lui, relève du ministre.
Alors, il y a toujours cette possibilité d'intervention dont je doute de
l'efficacité postérieure. Nous y pensons.
Si jamais il y a un projet de loi ou une intention quelconque
manifestée par le ministre de la Justice dans la réforme des
tribunaux, nous devrons à ce moment-là remettre en question cette
orientation du ministère de la Justice de façon que le
système qui est là, physiquement divisé, puisse recevoir
une sorte de consécration dans le droit en même temps que dans les
faits. On peut dire que, dans les faits, le tribunal du travail a sa propre
autonomie, il a un juge en chef.
M. BURNS: Remarquez que, sur le plan strictement des structures de
l'organisme même,
on peut dire très facilement que cela n'a aucune importance que
cela relève d'un ministère ou de l'autre. Ce qui arrive, c'est
qu'il y a tellement de satellites administratifs autour de ces organismes, qui
ont eux de l'importance et ne relèvent pas des mêmes
autorités. C'est là que le problème, que les conflits se
posent. Quand, à un moment donné, vous vous réveillez avec
un bail qui expire et qu'il n'y a personne qui y a pensé, je commence
à me poser de sérieuses questions sur la valeur administrative
d'un système bicéphale comme ça.
M. COURNOYER: II est possible que, de toute façon, on n'y aurait
pas pensé aussi, même s'il avait été au
ministère du Travail.
M. BURNS: Nous né louons pas les édifices.
M. COURNOYER: Vous les auriez peut-être gardés...
Ce sont les Travaux publics qui louent ça, même pour le
ministère de la Justice et le ministère du Travail aussi. On a
avisé et suravisé, parce que même s'il y a quelqu'un qui a
découvert que le bail ne se renouvelait pas, il y a quelqu'un qui
discute depuis longtemps de la localisation du tribunal du travail à
l'édifice Gagné à Montréal. Je vous ai
raconté l'histoire il y a deux ans. A cette époque, on n'avait
pas encore terminé la tour de la justice et déjà on disait
que ça devait être à l'édifice Gagné. Ce
l'est finalement. Je dois vous avouer que des décisions comme
celles-là, de laisser écouler un bail et d'aviser le juge en chef
qu'il n'y a pas de bail, et que le juge en chef découvre comme par
hasard parce que c'est par hasard qu'il l'a découvert,
étant donné que le nouveau locateur du bail venait chez lui, pour
voir ce qu'il y avait comme surface qu'il n'avait plus de place le
lendemain, cela vous indique que je suis un peu au courant de ça.
M. BURNS: J'espère, c'est le minimum auquel on peut s'attendre de
vous.
M. DEMERS: Vous êtes perdu dans le cubage.
M. BURNS: J'aurais deux courtes questions d'ordre général
avant d'aller dans les détails.
M. COURNOYER: En passant, nous avons remis aux députés les
points majeurs et les commentaires des modifications qui portent sur tous les
articles du budget ou des crédits. Vous l'avez demandé pour les
deux chapitres et vous l'avez eu pour tous les chapitres.
M. BURNS: Vous êtes bien aimable. Je suis convaincu d'ailleurs que
cela va raccourcir la discussion des crédits eux-mêmes.
Autre point, on a entendu depuis un certain temps, M. le ministre, des
mécaniciens de machines fixes se poser des questions à la suite
de représentations faites par des chambres de commerce, entre autres le
Montreal Board of Trade voulant que les règlements qui les
régissent soient changés. Devant ça, les
mécaniciens de machines fixes se disent qu'ils n'ont pas auprès
du gouvernement le même lobby que le Montreal Board of Trade, se sont mis
à s'inquiéter et, je pense, à bon droit. Ils veulent
savoir s'ils devraient s'attendre à voir leurs règlements
changés de façon unilatérale par le gouvernement sans
discussion du problème, sans consultation ou même, à la
rigueur, sans négociation avec le mot négociation est
peut-être un peu fort des associations de salariés
représentant ces mécaniciens de machines fixes. Est-ce que le
ministre peut nous dire quelle est son attitude à l'égard de ce
problème-là?
M. COURNOYER: J'ai déjà répondu à certaines
d'entre elles. J'imagine qu'il y en a un peu partout dans la province des
associations comme celles-là. J'ai répondu que les
règlements, il y avait probablement lieu de les modifier. Je ne vois pas
dans leur contenu, ce sont les services techniques qui préparent ces
choses-là. J'ai dit que, s'il y a lieu de les modifier, nous ne le
ferions pas sans les avoir consultées au préalable. Mais
effectivement, à un moment donné, il va falloir que je prenne mes
responsabilités et que je les modifie. Mais, il n'y aura pas de
règlements modifiés sans consultation préalable des
associations de salariés.
M. BURNS: Est-ce que je dois comprendre, à ce stade-ci, que c'est
votre intention de les modifier?
M. COURNOYER: Encore une fois, personnellement, les machines fixes, cela
m'intéresse énormément parce que c'est très gros,
c'est dangereux aussi. Il y en a qui sont plus dangereuses que les autres. A un
moment donné, il y a peut-être une loi des machines fixes qui a
été établie il y a très longtemps, qui ne tient pas
compte du tout des développements techniques actuels. Je veux bien
créer de l'emploi, mais pas artificiel. On peut se mêler dans
cela; créer des emplois artificiels, dire, que, pour une machine fixe...
Par exemple, le petit appareil de réfrigération qui est sur le
bord ici est une machine fixe qui n'est absolument pas dangereuse, totalement
intégrée. Il est assez difficile d'imposer à quelqu'un
d'avoir un mécanicien de machines fixes, suivant les normes ordinaires
pour tous, pour pouvoir surveiller cet appareil de réfrigération
qui est strictement une unité de réfrigération. Entre cela
et ne pas en avoir du tout, il y a une grande marge; dans ce sens qu'il y a
quand même des degrés de danger dans les machines fixes, compte
tenu de l'évolution qui nous force aujourd'hui à réviser
ces règlements-là et de façon à ne pas créer
artificiellement des emplois pour dire: Cela en prend un, pour le plaisir d'en
avoir un.
Est-ce que c'est notre intention. Je n'ai pas discuté avec Guy. D
y en a que le ministre accepte parfois, et d'autres qu'il n'accepte pas; mais
celles-là, j'ai l'habitude de les accepter. On me dit d'abord qu'il n'y
aura pas de modification sans consultation, qu'il faudrait les modifier pour
tenir compte de l'évolution technique et que notre principale
préoccupation va un peu plus loin. C'est que, dans des endroits
où, par exemple, on n'aurait plus besoin, suivant le règlement
nouveau, d'opérateurs ou de mécaniciens de machines fixes, nous
protégerions ces gens-là qui perdraient leur emploi par suite
d'une modification. Cela, c'est après consultation. Mais en plus de
cela, notre préoccupation, c'est de ne pas faire perdre l'emploi des
gens qui sont déjà employés et qui, effectivement,
n'auraient plus besoin d'être là suivant les nouveaux
règlements. Quant au contenu, je ne le sais pas, c'est technique.
M. BURNS: Ce besoin de faire des changements, s'il y a lieu, sans faire
perdre d'emplois, cela figurerait comme un principe de base à toute
discussion.
M. COURNOYER: La méthode pour y arriver, c'est une intention qui
vient de m'être communiquée par le directeur des services
techniques qui, effectivement, est chargé de toute l'opération.
L'une des intentions, c'est de faire en sorte que les gens ne perdent pas
d'emploi à cause d'une modification au règlement. Maintenant,
est-ce que cela s'insère dans le règlement ou si cela se fait
ailleurs? Je ne le sais pas. C'est possible qu'il y ait des conventions
collectives en plus; je ne le sais pas.
M. BURNS: D'accord. Ma dernière question, pour le moment, au
stade des affaires générales: Sauf erreur, vous avez, je crois,
un ministre d'Etat qui est affecté à la Main-d'Oeuvre, qui
s'appelle M. Bienvenue, le député de Matane. Qu'est-ce qu'il fait
exactement dans votre ministère? Expliquez-nous donc cela.
M. COURNOYER: Pour le moment, il ne fait pas grand-chose.
M. BURNS: Bon!
M. COURNOYER: II examine le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, particulièrement dans sa section de la main-d'oeuvre; il
est aussi ministre de l'Immigration. L'une des intentions, c'est, bien
sûr, de regarder s'il n'y aurait pas lieu d'unifier sous un seul ministre
l'Immigration et la Main-d'Oeuvre.
M. BURNS: Mais sa nomination remonte à quand, M. le ministre?
M. COURNOYER: Elle remonte au même temps où il a
été nommé ministre de l'Immigration.
M. BURNS: Cela fait au moins trois ou quatre mois. Deux mois.
M. DEMERS: II a émigré dans un autre pays.
M. COURNOYER: II regarde encore et il faut qu'il commence par regarder
son propre ministère et après cela, l'autre ministère. Ce
sont des choses qui sont difficiles à regarder. Il y a des petits bouts
que je perds dans la Main-d'Oeuvre et il y a deux ans que je suis
là.
M. BURNS: Mais, est-ce que vous avez l'intention de le faire travailler,
votre ministre d'Etat?
M. MARCHAND: Est-ce qu'il ne travaille pas à l'Immigration
actuellement?
M. COURNOYER: Actuellement, il est à l'Immigration mais il n'en
est pas le titulaire...
M. BURNS: Ce n'est pas mon problème. Nous sommes ici aux
crédits du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. COURNOYER: Vous savez, le ministre du Travail ne fait pas
travailler...
M. BURNS: S'il a trop d'ouvrage, nommez-en un autre, c'est tout.
M. MARCHAND: II ne faut quand même pas dire que le ministre ne
fait rien.
M. BURNS: Je ne dis pas que le ministre ne fait rien, je constate qu'il
n'y a rien qui se fait, depuis qu'il est nommé. Je suis obligé de
poser cette question-là.
M. COURNOYER: M. Bienvenue a été nommé ministre
d'abord de l'Immigration et c'est sa responsabilité première.
Comme deuxième responsabilité, il est responsable de la
Main-d'Oeu-vre de façon à pouvoir examiner les
possibilités d'unification des deux ministères, c'est tout.
M. BURNS: C'est ça le but de sa nomination?
M. COURNOYER: Le but de sa nomination est celui-là; s'il y en a
d'autres, ce n'est pas moi qui les connais.
M. BURNS: Savoir s'il doit décider de vous recommander de se
faire harakiri.
M. COURNOYER: Non. La décision de faire harakiri au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre...
M. BURNS: Enfin, il a réussi à accrocher un titre, celui
du ministère de l'Immigration, et vous lui demandez s'il veut
l'intégrer à votre ministère?
M. COURNOYER: Vous devenez haissable... M. BURNS: Pardon?
M. COURNOYER: Vous devenez haissable pour rien.
M. BURNS: Je ne suis pas haissable du tout.
M. COURNOYER: II n'est pas ici, les absents ont toujours tort.
M. BURNS: Je ne parle pas impersonnellement contre l'individu Jean
Bienvenue.
M. COURNOYER: D a réussi à s'accrocher un titre, c'est qui
ça?
M. BURNS: Dans les faits, c'est ça, il a réussi à
s'en accrocher un.
M. COURNOYER: II n'y a pas de problème entre lui et moi, le
ministre responsable de la Main-d'oeuvre...
M. BURNS: C'est-à-dire le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. COURNOYER: ... les lois n'ont pas été amendées,
je suis encore le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. La loi du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre n'a pas été
amendée. S'il y a lieu de l'amender, c'est à la suite de
l'étude que pourra, bien sûr, faire M. Bienvenue en consultation
avec le ministre titulaire de la Main-d'Oeuvre.
M. BURNS: En somme, est-ce qu'on doit comprendre que sa nomination est
principalement pour étudier cette fusion possible dont vous avez fait
mention?
M. COURNOYER: Cela comprend tout ce que vous voulez comprendre de sa
nomination. La première raison...
M. BURNS: Je ne veux pas comprendre n'importe quoi, je veux comprendre
ce que vous me dites. C'est pour ça d'ailleurs que vous venez
défendre les crédits, M. le ministre, c'est pour ça que
vous venez dire...
M. COURNOYER: Vous me demandez de défendre la position du
ministre responsable de la Main-d'Oeuvre face au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre qui lui, reste titulaire du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, qui reste en pleine possession de la direction
générale de la main-d'oeuvre comme avant.
M. BURNS: C'est justement pour cela que je m'adresse à vous,
c'est principalement pour ça.
M. COURNOYER: Il n'y a aucune forme de problème.
M. BURNS: II y en a une forme de problème. Je veux savoir
précisément si sa fonction principale est de faire ce que vous
avez dit tantôt, c'est-à-dire d'étudier les
possibilités d'intégration de ces deux ministères,
Immigration et Travail et Main-d'Oeuvre.
M. COURNOYER: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit tantôt.
M. BURNS: C'est ça que je voudrais que vous me
précisiez.
M. COURNOYER: Je me suis bien entendu dire peut-être
avez-vous entendu ce que vous vouliez entendre "possibilité
d'intégration de l'Immigration et de la Main-d'Oeuvre".
M. BURNS: Oui.
M. COURNOYER: Bon!
M. BURNS: Alors, ce n'est pas principalement sa fonction, d'abord,
d'étudier cette possibilité d'intégration?
M. COURNOYER: Oui, oui, c'est ça.
M. BURNS: C'est principalement sa fonction. Il ne faudra pas s'attendre
de lui à de grandes politiques au niveau de la Main-d'Oeuvre ou quoi que
ce soit, ni de discussions avec le fédéral?
M. COURNOYER: Pour le moment, les discussions au fédéral,
c'est moi.
M. BURNS: C'est parce qu'on veut savoir sur qui fesser si ça ne
marche pas?
M. COURNOYER: C'est sur moi. M. BURNS: Bon, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions de caractère
général?
M. DEMERS: J'aurais une toute petite question. J'avais parlé de
la chose en Chambre, au sujet des maisons préfabriquées. Il y a
un problème assez sérieux qui vient "maganer" et faire tort
à nos ouvriers spécialisés. Il y a dans la Mauricie, un
endroit où on fabrique du préfabriqué je m'excuse
de la répétition de mots qu'on appelle pléonasme, M. le
Président je voudrais que le ministre me dise comment on peut
arriver à empêcher des gens de faire de la peinture dans ces
maisons-là, le cultivateur du bout du rang qui va travailler là?
On fait l'électricité, on fait la plomberie puis on arrive avec
la cabane, on la plante dans le milieu de la place alors que nos
électriciens, nos plombiers regardent arriver la maison et eux n'ont
rien à dire dans la construction.
M. COURNOYER: Vous posez le problème de modernisation d'une
industrie.
M. DEMERS: Oui.
M. COURNOYER: II y a des gens qui ont trouvé que, sur les sites
des chantiers de construction, on perdait beaucoup de temps. Ils ont
trouvé des formules pour diminuer les coûts de production d'une
maison. Au lieu de faire ça dehors, on fait ça en dedans. Au lieu
de percer un trou pour passer un fil pour faire la filerie primaire, on perce
tout ça ensemble puis le fil passe très bien, beaucoup mieux en
dedans qu'en dehors.
On monte tout ça et on fait les raccords. Bien sûr que ceux
qui sont sur le chantier regardent arriver une maison dans laquelle on n'a plus
que l'électricité à installer, elle est toute faite.
M. DEMERS: Pas de peinture, pas de plomberie.
M. COURNOYER: Comment il n'y a pas de plomberie?
M. DEMERS: La plomberie est faite aussi? M. COURNOYER: Tout est fait. M.
DEMERS: C'est ça.
M. COURNOYER: Oui tout est fait. A ce moment-là, reposons-nous le
genre de questions que nous nous sommes posées presque tout
l'avant-midi...
M. DEMERS: Je comprends.
M. COURNOYER: ... sur la planification et sur la protection des uns par
rapport aux autres.
M. DEMERS: C'est ça.
M. COURNOYER: C'est tout ça le drame, parce que si je dis
à des gens: Vous ne ferez pas ça... Je vais plus loin, je prends
une maison à Saint-Luc et je la transporte en plein chez vous, dans la
Mauricie. Quand l'électricien la regarde arriver, elle est finie, toute
finie; il n'y a rien à faire. Là, le gars dit: Moi, je n'ai pas
de "job" parce qu'il y en a un autre qui a une "job". Et qu'est-ce qu'on fait?
Et la question posée est: Qu'est-ce que je fais?
M. DEMERS: Non mais...
M. COURNOYER: Est-ce que je vais empêcher la personne d'aller
peinturer on parle de peinture une maison à Saint-Luc,
même si elle n'a pas de certificat de qualification, puisque le
certificat de qualification n'est obligatoire que sur le site de la
construction?
M. DEMERS: C'est ça.
M. COURNOYER: Dans la boutique, il ne l'est pas encore.
M. DEMERS: C'est complexe.
M. COURNOYER: C'est très complexe, c'est l'avenir...
M. DEMERS: Je ne m'attends pas que vous me donniez une solution au
problème mais je tenais à souligner à cette commission ce
fait qui existe et qui, brutalement...
M. COURNOYER: C'est ça.
M. DEMERS: On y fait face, tous les jours.
M. COURNOYER: Brutalement c'est comme ça. Et à ce
moment-là, vous dites: Voici une autre forme de technologie. Il n'y en a
pas eu tellement de technologie dans l'industrie de la construction ou des
modifications technologiques avancées dans l'industrie de la
construction...
M. DEMERS: Cela, c'est un gros morceau.
M. COURNOYER: Là, c'est un très gros morceau. Il ne faut
jamais oublier pourquoi les gens en sont arrivés là.
M. DEMERS: Est-ce qu'on peut envisager qu'un jour tous nos corps de
métiers devront probablement disparaître devant ça?
M. COURNOYER: Non, peut-être pas; peut-être qu'ils vont
travailler en boutique pour faire les maisons.
M. CROISETIERE: Elles s'en viennent en boutique et même à
deux étages. Chez nous, à Saint-Luc, on envisage d'en faire
à deux étages.
M. COURNOYER: Le concept d'Habitat 67 a été
réalisé comment? C'est vrai que du béton, c'était
plus pesant, mais aujourd'hui, on transporte une maison en deux parties ou en
deux sections n'importe où en province. La ville du mont Wright ou la
ville de Fermont va être construite en maisons
préfabriquées érigées à Saint-Luc. Et
voilà! A ce moment-là, posons-nous la question. La question ne
doit pas être posée d'une façon légère,
posons-nous la question: Pourquoi en sommes-nous arrivés à cette
conclusion qu'il fallait construire en boutique plutôt que de construire
dans les chantiers? On peut se dire que c'est peut-être un effet du
coût élevé de la main-d'oeuvre ou de la reproduction sur
les chantiers.
M. DEMERS: Cela reviendra peut-être au même prix avec le
temps, mais les gars seront à l'abri du vent.
M. COURNOYER: Non, ce ne sera jamais au même prix parce
qu'étant à l'abri du vent, ils travaillent douze mois par
année sans arrêter.
M. DEMERS: C'est ça.
M. COURNOYER: Ils travaillent huit heures par jour tandis que dans les
chantiers de construction, selon les dernières informations que j'ai,
ils ont 35 p.c. de productivité.
M. DEMERS: C'est ça.
M. COURNOYER: Cela fait une grosse différence et ce n'est pas la
faute des gens. Ils se promènent avec un bout de bâton pendant un
certain temps, puis ils le coupent avec une égoïne. Tandis que
là-bas, ils coupent tout ça avec la scie mécanique et, de
plus, c'est bien coupé. C'est drôle comme les joints sont
parfaits.
M. DEMERS: C'est bien.
M. COURNOYER: Les joints étant parfaits, la construction est
meilleure, tout le monde est satisfait. D'abord, il faut regarder qui doit
être satisfait le premier; apparemment d'après ce que j'ai compris
ce matin, c'est le client.
M. DEMERS: Le consommateur.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais un autre point à
soulever; ça va être très court. Dans les assemblées
qui ont eu lieu dans notre région, les fonctionnaires du
ministère du Travail, qui ont été assez aimables de venir
rencontrer nos travailleurs, ont soulevé le point suivant. Je vais
couper court pour ne pas répéter toutes leurs paroles. Ils ont
d'abord dit que la population, précisément les travailleurs,
était bien mal informée concernant les lois du travail.
Deuxièmement, que même les députés de l'Opposition
n'avaient pas toute l'information suffisante.
La question que je voudrais poser au ministre du Travail est celle-ci:
Est-ce que c'est prévu que, désormais, premièrement les
travailleurs, deuxièmement les employeurs, seront mieux informés
sur ces lois de la construction? Je prends, par exemple, de petits employeurs.
Ils ne sont même pas au courant que telle ou telle loi existe.
Les travailleurs de chez nous n'étaient même pas au courant
qu'un certificat de qualification était obligatoire. On disant: Ce n'est
pas tout, il y a le permis de travail Quoi? Est-ce que ça prend autre
chose? Ils ne sont pas au courant de ça. Bien sûr, on a
signifié qu'à ce moment-là on pouvait tout lire ça
dans la Gazette officielle du Québec. Mais qui reçoit la Gazette
officielle?
M. COURNOYER: Qui est capable de la lire?
M. DEMERS: ... à part ça.
M. GUAY: Qui est capable de la comprendre?
M. DEMERS: C'est quoi la Gazette?
M. GUAY: Qui est capable de la comprendre?
Je voudrais demander au ministre du Travail s'il a l'intention, au cours
de l'année 1972, d'émettre suffisamment d'information par des
brochures ou par des moyens mieux connus, par les journaux. Je ne risquerais
pas trop à le demander uniquement par les grands media d'information
parce que les gens lisent très peu les journaux, surtout en campagne.
C'est encore un fait, il faut l'admettre, c'est la réalité.
Quand les inspecteurs de la Commission de l'industrie de la construction
arrivent sur un chantier, vont-ils prendre le temps, eux, d'expliquer à
chaque travailleur, avant de les arrêter, l'ensemble de ces lois? C'est
impensable aussi. Je me demande s'il y aurait lieu, à un moment
donné, de mettre sur pied une information. Je sais qu'il y en a
déjà...
M. COURNOYER: II n'y en a pas assez.
M. GUAY: ... mais il n'y en a peut-être pas assez. Ces
fonctionnaires qui se sont rendus dans nos régions nous ont
demandé de le souligner, si c'était possible, au ministère
du Travail. Ils ont dit : Nous pouvons le faire aussi mais nous sommes
peut-être moins écoutés que...
M. COURNOYER: D'ailleurs, c'est très complexe. Vous avez raison
de le mentionner. Dans les conversations que j'ai eues avec vous, j'ai
mentionné qu'il nous fallait absolument, au cours de cette année,
faire une tentative de vulgarisation des différentes choses que nous
avons, pas nécessairement des obligations mais aussi des droits des
travailleurs.
M. GUAY: Oui.
M. COURNOYER: Nous donnons aussi des droits, pas seulement des
obligations. D s'agirait pour nous de les vulgariser. Ce n'est pas de leur
donner un bout de papier mais de rendre ce bout de papier accessible aux gens
qui sont susceptibles d'y avoir recours. Il ne s'agit pas. d'un texte de la
Gazette officielle et de le lancer dans le public. Il s'agit de le vulgariser
de telle sorte qu'ils le comprennent très bien et qu'il n'y ait pas
d'histoires de virgules et de références à l'article 301,
etc.
M. GUAY: C'est ça.
M. COURNOYER: Je vous assure que nous allons faire cette année
une tentative réelle de vulgarisation, au moins des lois principales qui
s'appliquent aux groupes de travailleurs les plus nombreux. Il y en a qui sont
plus précises mais celles-là, les lois principales, nous allons
en faire une tentative réelle de vulgarisation.
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais interrompre le ministre? Pendant qu'il
parle de vulgariser les lois de son ministère, il n'y aurait pas moyen,
à l'Office d'information, via le conseil des ministres, de vulgariser
certaines lois telles que la Loi de la chasse et de la pêche? Des gens
ont une carabine dans leur voiture et ils ne savent pas à quelle heure
ils doivent la mettre dans la valise. Il faudrait que ce soit vulgarisé.
Cette histoire coûte $200 ou $300.
M. COURNOYER: L'amende?
M. DEMERS: Oui, l'amende. Ce sont des lois qui devraient être
vulgarisées. On a un Office d'information. Au lieu de nous envoyer des
coupures de journaux que nous avons tous dans nos bureaux, s'il vulgarisait
ça et le jetait dans le public.
M. COURNOYER: Si nos relations avec l'Office d'information et de
publicité étaient excellentes, je vous dirais: Parfait. Mais
comme mes relations avec l'Office d'information et de publicité ne sont
pas tout à fait excellentes...
M. DEMERS: Vous aussi? Prenez le moyen que vous voudrez.
M. COURNOYER: Nous avons chez nous un directeur de l'information qui
relève de l'Office d'information, semble-t-il. Plus maintenant, il
relève de chez nous et nous allons faire ça chez nous. Quant au
ministère de Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, je
comprends...
M. DEMERS: C'est une politique qui devrait être suivie et
établie dans tous les domaines, surtout dans les domaines
spéciaux. On dit que la loi, tout le monde doit la connaître mais
ce n'est pas tout le monde qui la connaît.
M. GUAY: Je tiens à souligner au ministre qu'il y a même
certains centres de main-d'oeuvre où les travailleurs demandent de
l'information. Ils ne semblent pas posséder cette information. C'est ce
qui fait, entre autres qu'une fin de semaine, j'ai reçu 43 appels
téléphoniques, samedi, dimanche et lundi. On me demandait ce que
ça prenait à un travailleur pour l'obtention d'une carte de
compétence et, dans d'autres cas, un permis de travail. Je les ai, les
Gazettes officielles. Si je m'en tiens aux textes et que je leur en fait la
lecture, ils disent: On a moins compris que tantôt.
M. COURNOYER: Disons que c'est compris entre vous et moi. Nous allons
faire ce qu'il faut dans mon ministère pour vulgariser et rendre
accessible aux citoyens la législation qui les regarde.
M. GUAY: Je vous promets ma collaboration pour diffuser ce qui leur
manquera aussi, advenant le cas où il y aurait une faiblesse.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, ça termine les questions d'ordre
général. Avant de procéder à l'étude des
crédits article par article, j'aimerais vous faire part d'une directive
qui nous est parvenue ce midi, nous informant d'une entente entre le journal
des Débats et le Conseil du trésor sur la façon de
référer aux différents articles des crédits. Cela
facilitera le travail du personnel du journal des Débats, et aussi
ça facilitera la lecture du journal des Débats par les
citoyens.
Voici les grandes lignes: On utilise souvent l'expression "poste
budgétaire". A l'avenir, "le poste budgétaire" se
référera seulement à un ministère et non pas
à un article des crédits. Lorsque vous parlerez d'un "poste
budgétaire", cela sera parce que vous ne voudrez pas utiliser par
exemple l'expression "ministère du Travail". Maintenant, si vous ouvrez
votre livre des crédits à la page 208, en marge, vous avez
l'article 1. Il faudrait vous référer à ce
chiffre-là comme étant l'article et, à droite de la ligne,
vous avez: Administration, 1: Services administratifs. C'est le sous-article.
Et plus à droite encore, toujours dans Services administratifs, vous
avez 1: Traitements, salaires et allocations. C'est une catégorie.
J'aimerais à l'avenir, lorsque vous vous référerez aux
services professionnelles, que vous disiez: catégorie 4. Le journal des
Débats le saura immédiatement et on n'aura pas à faire
toutes ces corrections au moment d'éditer le journal.
Ceci dit, nous passons à l'article 1: Administration,
sous-article 1: Services administratifs. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Administration Services administratifs
M. CROISETIERE: II y aurait une diminution de...
M. DEMERS: ...de $1,000.
M. CROISETIERE: ... $139,400. A la page 29, nous avons les
explications.
M. DEMERS: Etant donné que nous avons les explications, il ne
servira à rien de poser des questions.
M. CROISETIERE: Le montant de $126,400 est causé par une
diminution de... Ou est-ce que vous les réaménagez à
d'autres directions ou services?
M. DEMERS: Est-ce que vous diminuez les frais de congrès? Vous ne
voulez plus aller aux congrès?
M. CROISETIERE : II y a aussi un montant de $13,000 pour l'engagement de
fonctionnaires occasionnels. Est-ce l'explication?
M. COURNOYER: Elle sont toutes écrites là.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 1: Traitements,
salaires et allocations.
M. DEMERS : Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4: Services professionnels,
administratifs et autres.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. DEMERS: Un instant s'il vous plaît afin que nous ayons le temps
de voir nos pages. Qu'est-ce qui est prévu dans les services juridiques,
M. le ministre?
M. COURNOYER: Pardon?
M. DEMERS: II y a une augmentation de $110,500. Non, un montant de
$6,000 pour services juridiques.
M. LE PRESIDENT: J'étais dans la catégorie 5.
M. DEMERS: C'est cela. Je suis au même endroit, à la page
30 de nos notes explicatives.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes dans l'article 5 actuellement.
M. CROISETIERE: Entretien et réparation: une augmentation de
$800.
M. LE PRESIDENT: Une augmentation de $800?
M. DEMERS: Je retire ma question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Catégorie 5?
Adopté?
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6: Loyers.
M. CROISETIERE: Une diminution de $231,000.
M. DEMERS: Parce que vous êtes relogés. Vous êtes
partis de l'édifice Delta et vous avez été relogés
par le gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. CROISETIERE: Adopté.
M. DEMERS: Est-ce que l'édifice Delta vous coûtait cela par
année?
M. COURNOYER: Je n'ai aucune idée de ce que l'édifice
Delta a coûté. Cela relève du ministère des Travaux
publics.
M. DEMERS: Adopté.
M. COURNOYER: Ce n'est pas moi qui ai loué cela.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10: Dépenses de transfert.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14: Remboursements.
M. DEMERS: Adopté.
M. BURNS: L'an dernier, vous aviez un remboursement de $250,000 mais il
n'apparaît pas cette année. Qu'est-ce qui s'est passé? Ou
qu'est-ce qui ne se passera pas?
M. CROISETIERE: C'est dû à un changement de politique.
M. BURNS: Oui, mais le document n'est pas au journal des
Débats.
M. DEMERS: A qui remboursiez-vous l'an dernier?
M. BURNS: Un montant leur était remboursé.
M. COURNOYER: C'était que le centre d'informatique de la
Commission de l'industrie de la construction à Montréal, à
cause... Si vous vous souvenez, il y a eu une absence de décret un
certain temps et c'était la Commission du salaire minimum qui
administrait; mais le centre d'informatique était devenu la
propriété du
ministère du Travail. Nous étions tenus de faire des
travaux pour la Commission de l'industrie de la construction qui nous
remboursait pour les travaux que nous avions faits avec son équipement,
si on peut s'exprimer ainsi. Nous les payions, nous, et eux nous remboursaient.
Depuis ce temps-là, le centre d'informatique du ministère du
Travail est retourné à la Commission de l'industrie de la
construction; c'est sa propriété par décision. Ce fut
conclu dans la loi. Là, elle fait ses affaires et nous, nos
opérations sont passées au CTED (Centre de traitement
électronique des données) provincial. Alors, on n'a plus de
remboursement, puisqu'on ne tait plus de travaux pour la Commission de
l'industrie de la construction.
M. BURNS: Très bien; merci. M. LE PRESIDENT: Adopté? UNE
VOIX: Oui.
Service de l'information
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Service de l'information;
catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
M. DEMERS: Diminution de deux salaires. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 3: Services de
transport et de communication.
M. DEMERS: Adopté, quand ça diminue.
M. CROISETIERE: ... la publicité dans les journaux, à la
radio et à la télévision. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4: Services
professionnels, administratifs et autres.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. DEMERS: Matériel de communication. Il n'y a pas grand-chose de
brisé.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6: Loyers.
M. DEMERS: II va y en avoir plus demain. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11: Autres
dépenses.
M. DEMERS: Adopté.
Service de la recherche
M. LE PRESIDENT: Article 2: Service de la recherche; catégorie 1:
Traitements, salaires et allocations.
M. GUAY: II y a eu une augmentation du personnel à cet
article-là. Qu'est-ce qu'ils cherchent, ces gens-là?
M. BURNS: Depuis le temps qu'ils cherchent, ils devraient avoir
trouvé.
M. DEMERS: Au grand nombre qu'ils sont pour chercher. Ils cherchent de
l'ouvrage.
M. COURNOYER: J'ai l'impression qu'il faudrait qu'on vous donne à
peu près tout ce qu'ils ont trouvé.
M. GUAY: Disons en principe.
M. COURNOYER: Mais, d'une façon générale, ils sont
à l'origine la grosse brique rouge que vous avez là,
ça ne se fait pas comme ça par "concoction" de ces
documents de travail assez importants du ministère du Travail. Ils ont
beaucoup plus que ce seul service de recherche, ils servent à peu
près tous les services qu'il y a chez nous. Et même avec ce
budget-là, il y a d'autres choses qui vont se produire très
certainement entre la Commission du salaire minimum et le service de recherche
pour encore ajouter à la recherche, parce que, selon notre opinion, ce
qui manque le plus dans tout ça, c'est de la recherche. Pour la
recherche, il faudrait peut-être aller, parfois, dans la Beauce pour voir
comment pensent les gens.
M. GUAY: C'est parce que je trouvais ce document-là très
logique. J'ai pris le temps de le regarder un peu à midi et je me posais
la question: Qui l'avait trouvé? Alors, si ça apparaît
à cette catégorie-là, à partir de là, votre
réponse me satisfait, M. le ministre.
M. COURNOYER: Ce sont eux qui ont trouvé cela.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie 3:
Services de transport et de communication.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4: Services
professionnels, administratifs et autres.
M. GUAY: Adopté.
M. CROISETIERE: Ces consultants-là, ce sont des firmes
privées?
M. COURNOYER: Non. La plupart, dans le cas de la recherche, seraient des
professeurs d'université qui reçoivent mandat de rechercher dans
tel ou tel domaine ou d'examiner tel ou tel problème. Ce sont surtout,
il me semble, des gens d'université.
M. DEMERS: Vous prévoyez une intensification?
M. COURNOYER: Si l'on prévoyait une intensification, $5,700, je
ne pense pas que ce soit une intensification remarquable.
M. DEMERS: Ce n'est pas un salaire de conseiller juridique.,
M. COURNOYER: IL y a des conseillers juridiques qui gagnent $6,000 vous
savez. Tout dépend desquels.
M. DEMERS: Pas ceux que je connais.
M. BLANK: Par semaine.
M. DEMERS: Par semaine, oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10: Dépenses de transfert.
M. DEMERS: Que sont ces transferts? Est-ce quand vous transférez
du personnel d'un endroit à l'autre; le déménagement ou
ces choses-là?
M. COURNOYER: Le mot transfert est un mot choisi par le Conseil du
trésor. Je ne sais pas ce que c'est, je vais essayer de le comprendre.
Vous allez m'excuser quelques secondes.
Il s'agit de subventions versées à certains secteurs
d'université. On pourra parler de celle de McGill, inclue
là-dedans. Par exemple, l'université McGill, avec les trois
centrales syndicales, a négocié avec nous pendant à peu
près toute l'année dernière, pour faire un centre de
recherche sur les conventions collectives et leur contenu. C'était
conjoint: Cela devient une subvention à un groupe contrôlé
par l'université McGill. Il y en a aussi qui sont données
à d'autres universités, comme à l'université
Laval.
Cela s'appelle ainsi, dépenses de transfert mais je n'ai pas
l'impression qu'il s'agit de transfert d'individus.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez vérifié
l'efficacité de cette méthode pour motiver ces
dépenses?
M. COURNOYER: Les discussions sont assez difficiles pour savoir à
quoi cela sert. Cela devient une subvention à la recherche tout
simplement, à des universités. Nous regardons
l'efficacité, bien sûr. C'est normal qu'il en soit ainsi. Nous
devons avoir le produit de ces recherches qui est partagé avec d'autres
personnes qui en ont besoin. Le produit des recherches du ministère du
Travail n'est pas nécessairement partagé. Ici, vous avez
ça parce qu'on a bien consenti à vous le faire partager. Ce n'est
pas toujours pareil.
M. BURNS: Est-ce que vous voulez dire que c'est une charité?
M. COURNOYER: Ce n'est pas une charité, c'est vous qui l'avez
payé, c'est une chose entendu, il n'y a aucune charité.
M. DEMERS: Catégorie 13, M. le Président. M. LE PRESIDENT:
Catégorie 10. Adopté.
M. CROISETIERE: La catégorie 11 est adoptée.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 11 est adoptée.
Catégorie 13?
M. DEMERS: J'aurais une question à poser. Il n'y aura pas de
participation du gouvernement fédéral pour les travaux de
recherche? Ils ne vous ont pas trouvé?
M. COURNOYER: Non, ils cherchent seul.
M. DEMERS: Vous avez refusé leur participation?
M. COURNOYER: Pardon?
M. DEMERS: Est-ce que le ministère a refusé la
participation ou s'ils vous ont dit que vous n'aviez pas été
gentils dans l'année?
M. COURNOYER: Ils nous ont trop versé jusqu'à maintenant
apparemment. Ils reprennent le trop-plein cette année.
M. DEMERS: Adopté.
M. BURNS: II y a des investissements qui ne sont pas assez publicitaires
pour eux. Cela ne parait pas tellement.
M. DEMERS: ... travaux des initiatives locales.
M. BURNS: Les initiatives locales et les perspectives-jeunesse
paraissent plus.
Direction générale de normes de travail
M. LE PRESIDENT: Adopté alors. Article 3: Direction
générale des normes de travail Catégorie de
dépenses no 1: Traitements, salaires et allocations.
M. CROISETIERE: II y a l'engagement de cinq personnes?
M. COURNOYER: On augmenter de 5. M. DEMERS: Adopté.
M. GUAY: On a eu l'occasion de rencontrer ces personnes. Est-ce que leur
travail est toujours dans le sens de celui qu'ils ont fait ces derniers temps,
disons celui que je connais du moins, qui était de donner de
l'information?
M. COURNOYER: Non.
M. GUAY: Ce qu'ils ont fait à ce sujet...
M. COURNOYER: Ce fut une utilisation additionnelle dans leur
comportement habituel.
M. GUAY: Ils nous ont dit qu'ils n'étaient pas obligés de
venir ici. On l'a apprécié.
M. COURNOYER: II n'y sont pas obligés mais ils y consentent
très bien, bien que leur fonction ne soit pas d'aller informer mais
d'informer le ministre ou d'aviser le ministre sur des modifications à
des décrets.
M. GUAY: Alors, ils sont venus chercher chez nous de l'information.
M. COURNOYER: Normalement, les gens vont la leur donner. Ils n'auront
pas à chercher chez vous.
M. GUAY: Cela ne ferait pas tort.
M. COURNOYER: Ce n'est pas un acte de charité qu'ils font. Je
veux le répéter encore une fois. Ils ont dit: II y a des
problèmes, il faut pouvoir expliquer aux gens ce qu'on fait. Cela fait
partie de la vulgarisation dont on parlait tantôt. La vulgarisation n'est
pas seulement faite de bouts de papier. Il faudra, à un moment
donné, que nos gens puissent rencontrer des groupes de citoyens et leur
expliquer. On ne peut pas demander aux députés de connaître
tous les décrets et les lois.
M. GUAY: J'ai le droit de souligner leur belle participation à
ça quand même parce que les gens...
M. COURNOYER: Je vous remercie beaucoup en leur nom.
M. DEMERS: Vous pouvez en mettre en masse.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 3: Service de transport
et communication. Catégorie 4: Services professionnels, administratifs
et autres.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. DEMERS: II y a une diminution. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
M. CROISETIERE: II y a une augmentation de $57,800 sur le total.
Direction générale des services
techniques
Administration
M. LE PRESIDENT: Adopté pour 11. Article 4: Direction
générale des services techniques. Sous-article 1: Administration.
Catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations.
M. CROISETIERE: Est-ce que ces personnes ont été
dirigés vers d'autres postes?
M. COURNOYER: C'est l'abolition des postes. Probablement qu'il n'y avait
pas de titulaire et personne n'a perdu son emploi.
M. DEMERS: Et cela marche quand même.
M. COURNOYER: Oui, c'est un service qui, je dois le dire à la
louange de son directeur général, va très bien chez
nous.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4: Services professionnels,
administratifs et autres.
M. DEMERS: Là, vous augmentez passablement de $400 à
$8,000.
M. CROISETIERE: II y a les honoraires de services scientifiques, $2,500
pour frais de réception.
M. DEMERS: II doit y avoir un petit "party" de $2,500.
M. COURNOYER: Les honoraires de $5,000 pour les services scientifiques,
ce sont surtout des consultants pour le code du bâtiment dont M. Tessier
a parlé, c'est cela.
M. DEMERS: Et cela presse, c'est plus qu'apparent.
M. GUAY: Cela peut servir à mettre un peu d'harmonie dans
l'affaire, on va consentir à ces crédits.
M. CROISETIERE: Avez-vous aussi un harmonium? $2,500. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5:
Entretien et réparations.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
M. DEMERS: $100.
M. COURNOYER: C'est pour des repas en temps supplémentaire.
UNE VOIX: Adopté.
Service de probation des plans
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Service d'approbation
des plans. Catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
Adopté.
M. GUAY: Approbation des plans, ce sont les plans de quoi au juste?
C'est quand même passablement dispendieux.
M. COURNOYER: II y a les machines fixes, il y a la plomberie, le
chauffage...
M. GUAY: C'est cela?
M. COURNOYER: ... il n'y a pas de règlement. Prenez
Montréal, par exemple, c'est la ville qui approuve les plans avec les
services techniques et nous, c'est le reste de la province.
M. DEMERS: Est-ce qu'à Québec c'est la même
politique qu'à Montréal ou bien si on passe par les
ministères?
M. COURNOYER: Dans les édifices publics, à
l'échelle provinciale, c'est nous qui faisons la probation des plans, en
électricité; en plomberie, tout en voulant être plus ou
moins précis, ce n'était pas tout à fait pareil,
Montréal a son propre service d'inspection et c'est la même chose
du côté de Québec. C'est pour les autres
municipalités, mais pas la ville de Québec.
M. CROISETIERE: A Québec, c'est le ministère qui s'en
occupe. Adopté.
M. COURNOYER: A Québec c'est le ministère, de toute
façon, ce sont tous des édifices du gouvernement.
M. CROISETIERE: Catégorie 3. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4:
Services professionnels, administratifs et autres.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
Adopté.
M. CROISETIERE: Adopté.
Bureau des examinateurs des
électriciens
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3: Bureau des examinateurs des
électriciens et Service d'inspection des installations
électriques. Catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations.
M. CROISETIERE: II y a une diminution de treize aux effectifs et une
autre diminution de $4,000 pour l'engagement de fonctionnaires occasionnels.
Ces treize-là ont-ils été mutés ailleurs?
M. DEMERS: Non, c'est parce qu'ils voulaient avoir une augmentation de
salaire. C'est assez contradictoire. Vous diminuez le personnel, vous gardez le
même montant et il n'y aurait pas d'augmentations de salaire?
M. CROISETIERE: Et vous engagez des occasionnels?
M. COURNOYER: On en a des occasionnels de toute façon dans le
budget général, mais ici il y a treize postes vacants et qu'on ne
renouvelle pas. Il n'y a plus personne à ces postes, il n'y a donc
personne de mis à pied. Quant à l'autre diminution de $4,000 dans
le cas des occasionnels, c'est qu'on prévoit en avoir moins besoin que
l'année précédente.
M. GUAY: On entend souvent dire que ça prend un temps assez long
avant d'avoir, parfois, des examinateurs. Est-ce que c'est le cas? Est-ce que
le ministère reçoit souvent des plaintes de cette nature à
savoir qu'un inspecteur aurait dû être là une semaine, trois
jours ou deux semaines avant?
M. COURNOYER: Cela arrive.
M. DEMERS: Lorsque vous faites poser, par exemple, une fixture dans
votre maison, cela ne prend pas de temps à les voir. On sera
obligé de refiler la maison au complet si ce n'est pas conforme. Cela,
il le trouve assez vite.
M. GUAY: Mais sur des constructions neuves?
M. COURNOYER: Là-dessus, vous avez raison. On me dit qu'il y a un
certain nombre de plaintes venant surtout des municipalités rurales, des
régions rurales.
M. GUAY: C'est pour ça que je posais la question.
M. COURNOYER: Là-dessus, la nouvelle loi des services techniques
va probablement donner l'autorisation à la direction
générale des services techniques de faire des installations, ce
qu'on appellerait le "spot check" plutôt d'aller inspecter chacune des
installations électriques. Alors avec le "spot check", on pense que
ça va aller plus vite. A un moment donné, s'il y a des gens qui
se font prendre, ils paieront.
M. GUAY: Ah, d'accord!
M. COURNOYER: Mais, effectivement, la nouvelle loi va vous donner
ça. Mais il y a eu des plaintes effectivement. Nous prévoyons une
nouvelle loi. Nous pouvons nous permettre une diminution d'effectifs tout en
étant aussi efficace.
M. GUAY: Celui qui fait l'installation d'un système a quand
même une part de responsabilité?
M. COURNOYER: Oui, il est qualifié totalement par la Commission
de la fonction publique. Eux connaissent ça.
M. DEMERS: Pardon? Est-ce que vous pourriez nous dire si c'est compris
dans le cadre de vos attributions?
M. COURNOYER: Non, c'est compris dans le cadre des attributions du
ministre de la Fonction publique qui, lui seul, est responsable de la
Commission de la fonction publique.
M. CROISETIERE: Est-ce qu'on pourrait adopter l'article sans trop de
commentaires de la part du ministre?
M. COURNOYER: S'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie 3 :
Services de transport et de communication?
M. DEMERS: Adopté. Il y a une diminution, il y a moins de monde.
S'il y a du retard dans leur voyage, ils vont prendre encore plus leur
temps.
M. CROISETIERE: Quant aux renseignements qu'on nous a donnés sur
la nouvelle répartition des territoires, est-ce qu'ils se trouvent
à avoir plus grand à couvrir? Cela reviendrait un peu à la
question du député de Saint-Maurice ou du député de
Dorchester à savoir qu'il y aurait retard.
M. COURNOYER: Nous tentons d'être aussi efficaces avec moins
d'effectif, parce qu'on n'a pas d'argent. A ce moment-là, nous devrons
prendre d'autres moyens. Je vous ai annoncé que nous prenions d'autres
moyens...
M. CROISETIERE: D'accord.
M. COURNOYER: Au lieu de faire toute l'inspection à la minute ou
au nombre de boutons qu'il y aurait dans une bâtisse. En ayant des
inspecteurs sur place, au lieu de se promener de Québec à
Montréal ou de Montréal à Québec ou dans les autres
régions, dans certains cas on aura des inspecteurs sur place. Les frais
de voyage seront d'autant diminués. Je ne sais pas s'ils vont aimer
ça.
M. GUAY: On avait compris au départ que c'était un budget
d'austérité.
M. COURNOYER: Cela ne devrait pas être interprété
comme un budget... Non, je m'inscris en faux.
M. CROISETIERE: Le ministre nous invite pratiquement à poser la
question au ministre des Finances?
M. COURNOYER: C'est en fait une recherche. Je dois le dire à la
gloire des officiers de mon ministère. C'est une recherche de maintenir
un degré d'efficacité à un coût moindre.
Vous avez beau regarder comme il faut, il y a une diminution nette de ce
budget.
M. GUAY: Cela est parfait.
M. DEMERS: Pour autant que l'efficacité sera là.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie
5?
M. CROISETIERE: Catégorie 5. Adopté. M. LE PRESIDENT:
Catégorie 7. Adopté? M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement?
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11?
M. CROISETIERE: Adopté.
Service d'inspection des établissements
industriels et commerciaux
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4: Service d'inspection des
établissements industriels et commerciaux et des édifices
publics. Catégorie 1: Traitements, salaires et allocations?
M. CROISETIERE: Une diminution de six personnes?
M. DEMERS: Là aussi. Ce sont des gens qui sont disparus et que
vous n'avez pas remplacés?
M. COURNOYER: Ce sont des postes vacants.
M. DEMERS: Est-ce qu'ils disparaîtront tous un bon matin et qu'il
n'y aura plus personne.
M. COURNOYER: Disons que ce n'est pas une mauvaise question.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services des transport et de
communication.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7.
M. CROISETIERE: II y a une question ici, M. le Président.
Vêtements, chaussures et accessoires pour les inspecteurs, est-ce une
catégorie un peu particulière de gens qui est
privilégiée?
M. DEMERS: Est-ce que ce sont des bottines spéciales? Des
chaussures de sécurité?
M. COURNOYER: Des chapeaux de sécurité, des bottines de
sécurité, tous les autres appareils qu'on requiert des
travailleurs de la construction.
M. CROISETIERE: Très bien, adopté. M. DEMERS: Des
chaussures anticlous. M. GUAY: Adopté. M. COURNOYER: Les deux.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté. Catégorie
11?
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11. Adopté. Catégorie
13: Contribution du gouvernement du Canada.
M. CROISETIERE: Là, c'est...
M. DEMERS: $75,000, adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 13. Adopté.
M. COURNOYER: Vous savez de quelle contribution il s'agit?
M. DEMERS: Non, nous ne le savons pas.
M. COURNOYER: C'est parce qu'on inspecte aussi leurs buildings.
M. DEMERS: Ah! Ils vous payent pour ça et ils appellent ça
une contribution. Vous, vous payez la main-d'oeuvre. Est-ce que c'est
rentable?
M. COURNOYER: C'est-à-dire que ça s'équivaut
à peu près.
M. DEMERS: Est-ce que c'est un peu comme les marchés avec
Ottawa.
M. COURNOYER: Non, celui-là, ça s'équivaut à
peu près.
M. DEMERS: Adopté.
M. GUAY: Ils ne font que payer leurs dettes.
M. DEMERS: C'est changer quatre $0.25 pour $1.
M. COURNOYER: Voilà.
M. CROISETIERE: Pour services rendus, ça devrait être
souligné.
Bureau des examinateurs des mécaniciens de
machines fixes
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5: Bureau des examinateurs des
mécaniciens de machines fixes et Service d'inspection des appareils sous
pression. Catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations.
Adopté?
M. CROISETIERE: Un employé... adopté. M. LE PRESIDENT:
Catégorie 3. Adopté?
M. DEMERS: Services de transport... Bien oui!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DEMERS: Services professionnels...
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4.
M. DEMERS: Les professionnels ne sont pas corrects.
M. CROISETIERE: Adopté. Catégorie 5. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté. Catégorie 7?
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8?
M. MARCHAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11?
M. MARCHAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 13? Contribution du
gouvernement du Canada.
M. DEMERS: Je comprends que le député de Laurier a le
droit d'adopter mais on aimerait bien regarder pour savoir s'il ne nous induit
pas en erreur. Avec la couleur du manteau qu'il porte, il
m'inquiète.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 13: Contribution du gouvernement du
Canada.
M. MARCHAND: ... du député, je savais qu'il avait...
M. GUAY: Alors, probablement que ça aussi...
M. COURNOYER: C'est la même chose.
M. GUAY: ... c'est la même chose. D'accord.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 13, adopté. Catégorie
14: Remboursements.
M. DEMERS: Remboursements de qui? A qui? A vous autres, naturellement,
mais...
M. COURNOYER: L'inspection de compagnies, les compagnies seraient tenues
de nous rembourser les frais de voyage etc., là où nous sommes
obligés d'aller.
M. DEMERS: Où vous allez faire de l'inspection et de la
vérification. Des machines fixes?
M. COURNOYER: Ici, ce sont dans les appareils sous pression... pendant
la fabrication.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14. Adopté? M. CROISETIERE:
Adopté.
Bureau des examinateurs des mécaniciens en
tuyauterie
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6: Bureau des examinateurs des
mécaniciens en tuyauterie et Service d'inspection de la plomberie.
M. CROISETIERE: L'augmentation d'un employé...
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Traitements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4:
Services professionnels.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. CROISETIERE: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Catégorie 11. M. CROISETIERE: Adopté. Direction
générale de la main-d'oeuvre
M. LE PRESIDENT: Article 5 : Direction générale de la
main-d'oeuvre, Catégorie de dépenses no 1 : Traitements, salaires
et allocations.
M. DEMERS: Oui, c'est là que le ministre associé va jouer
son rôle. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 3: Services de
transport et de communication.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4: Services professionnels.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6: Loyers.
M. DEMERS: Un instant, il y a une augmentation, je voudrais voir ce que
c'est.
M. TOURNOYER: C'est pour l'achat d'une machine à photocopier.
M. CROISETIERE: D'accord. Pour le service de placement étudiant,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7:
Fournitures et approvisionnements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 10: Dépenses de
transfert.
M. DEMERS: Est-ce que c'est encore un terme de la trésorerie des
grands commis de l'Etat?
M. COURNOYER: Des subventions.
M. DEMERS: Subventions pour la recherche?
M. CROISETIERE: Vous avez une diminution de $100,000 pour les
assistés sociaux à la catégorie 10.
M. LE PRESIDENT: Dépenses de transfert. M. COURNOYER: Non, il
s'agit...
M. CROISETIERE: II y a plus de députés maintenant, il y a
donc moins d'assistés sociaux.
M. DEMERS: Ce n'est pas parce qu'il y a un cas ou deux qu'il faudrait
tous nous mettre sur le même pied.
M. COURNOYER: H n'y a pas encore de programme. On parle bien des
assistés sociaux mais il n'y a pas encore de programme réellement
approuvé et je préfère ne pas le mettre dans ce cas-ci,
étant donné qu'aussitôt qu'il y a $100,000 quelque part,
les gens viennent le chercher pour rien.
Quand on aura fait un programme, on tentera de le réintroduire
par d'autres virements de crédits.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10: Dépenses de transfert.
Adopté?
UNE VODC: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 13: Contribution du
gouvernement du Canada?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 15: Imputations?
M. DEMERS: Les imputations ont augmenté? C'est l'OPDQ.
Adopté.
Subventions à la formation nrofessionnelle
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6: Subventions à la
formation professionnelle; catégorie 13: Contribution du gouvernement du
Canada.
UNE VOIX: Adopté.
M. GUAY: J'aurais des informations à demander là-dessus.
Subventions à la formation professionnelle...
M. LE PRESIDENT: Article 6, catégorie 13. M. GUAY: Article 6,
catégorie 13.
M. DEMERS: Subventions à la formation professionnelle:
$8,453,200. Nous avons une question ici.
M. CROISETIERE: C'est quoi, l'ensemble deça?
M. DEMERS: Qu'est-ce que ça comprend? Qu'est-ce qu'on fait avec
ça, la formation professionnelle?
M. COURNOYER: Ce sont des subventions...
M. DEMERS: C'est du recyclage?
M. COURNOYER: Non, ce sont des subventions de fonctionnement aux
commissions de formation professionnelle. C'est strictement ça, ce n'est
pas la formation, ce n'est pas le recyclage des gens, ce ne sont pas les
allocations de formation non plus, ce n'est pas le coût d'achat des
cours, ce sont des subventions de fonctionnement aux commissions de formation
professionnelle. Elles existent tout le temps même s'ils
n'achètent pas de cours.
M. DEMERS: On les paie à l'année au cas où ils
travailleraient?
M. COURNOYER: D y a l'engagement des professeurs; on a des professeurs
qui sont là à l'année mais, il y en a plusieurs qui
détiennent déjà des emplois ailleurs. Ce sont des
professeurs, quand même, dans le domaine professionnel. Ce ne sont pas
nécessairement des professeurs de carrière, ce sont la plupart du
temps, des techniciens qui viennent enseigner à des étudiants la
façon dont il faut faire les affaires.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 13. Adopté? M. CROISETIERE:
Article 6. Adopté.
Direction générale des relations
patronales-ouvrières
M. LE PRESIDENT: Article 7: Direction générale des
relations patronales-ouvrières. Catégorie 1 : Traitements,
salaires et allocations.
M. CROISETIERE: C'est dû à l'intégration de 130
employés de la Commission du salaire minimum?
M. DEMERS: Vous avez intégré ça à la
direction générale des relations patronales-ouvrières?
Qu'est-ce que vous avez fait avec ça? Ce sont des enquêteurs ou
quoi?
M. COURNOYER: Non, ce sont des conciliateurs qui étaient
jusqu'ici enfin, les conciliateurs et leur personnel des
employés de la Commission du salaire minimum et ils relevaient de
l'autorité du ministre.
M. DEMERS: Ils étaient payés par le gouvernement?
M. COURNOYER: Ils étaient payés par la Commission du
salaire minimum, ils le sont encore mais ils passaient dans l'effectif et le
budget passait dans le budget de la Commission du salaire minimum.
L'instruction que nous avons reçue, et à laquelle nous nous
sommes conformés, a été de prendre des employés
qui, effectivement, étaient des employés qui travaillaient pour
le ministère du Travail et qui étaient des gens payés par
la commission et de les amener au moins dans l'effectif du ministère du
Travail pour que ce soit montré.
Avant, vous ne les voyiez pas. C'était la Commission du salaire
minimum qui avait son propre budget, à peu près $1,663,900 ce qui
représentait dans le budget de l'an dernier un coût de $52,300.
Cela coûtait quand même $1,663,900, mais vous ne le voyiez pas.
L'instruction a été que nous prenions notre personnel et que nous
vous le donnions.
Par ailleurs, à l'article 7, catégorie 14, la Commission
du salaire minimum a l'obligation, par sa loi, de payer ces services-là
et nous rembourse $2,258,300.
M. DEMERS: Cela signifie que, si vous n'aviez pas eu ce montant
provenant de la Commission du salaire minimum, votre budget aurait
été plus bas de $1,663,900.
M. COURNOYER: Non, parce qu'il y a un remboursement.
M. DEMERS: Très bien.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GUAY: N'y a-t-il pas de ces employés qui sont allés
à la Commission de l'industrie de la construction?
M. COURNOYER: Non, pas de la commission...
M. GUAY: Ce ne sont pas ceux-là encore.
M. COURNOYER: Ceux qui sont passés à la Commission de
l'industrie de la construction
auraient été employés pour des fins
d'administration de l'ordonnance qui était applicable aux chantiers de
construction entre le bill 38 et le décret qui a été
voté.
M. GUAY: Ah bon! M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 2: Contributions de l'employeur.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. DEMERS: Mais il y a une augmentation, tout de même, de
quelques...
M. CROISETIERE: C'est la même remarque que pour les
traitements.
M. DEMERS: Oui. Mais pour le savoir, il faut avoir le temps de tourner
la page. Ce n'est pas moi qui l'ai préparé ce budget.
M. LE PRESIDENT: Si vous regardez à la catégorie 14, les
remboursements de l'ordre de $2,258,300 vous donneront l'explication de toutes
les augmentations à cet article budgétaire.
M. DEMERS: Je remercie le président de ses renseignements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 4: Services professionnels.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 5.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 6: Loyers.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 11: Autres dépenses.
M. DEMERS: Quel matériel ces gens utilisaient-ils l'an dernier?
Cette année, vous avez un montant de $13,500 et l'an dernier, vous
n'aviez pas un sou.
M. COURNOYER: Ils étaient payés par la Commission du
salaire minimum.
M. DEMERS: Ah! je comprends. Est-ce que c'est la Trésorerie qui
vous a recommandé ces...
M. COURNOYER: C'est la Trésorerie. Je pense qu'il est plus normal
que les choses qui sont d'administration courante tombent dans l'administration
courante.
M. CROISETIERE: Catégorie 14. Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 14 est adoptée? Cette
catégorie concerne les remboursements dont il a été
question tantôt.
M. CROISETIERE: C'est la Commission du Salaire minimum qui rembourse les
frais encourus.
Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 8: Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre. Catégorie 1 : Traitements, salaires et
allocations.
M. GUAY: Depuis quand fonctionne le Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre?
M. COURNOYER: II fonctionne d'ailleurs, très bien.
M. GUAY: Mais depuis quand? M. COURNOYER: La loi...
M. DEMERS: Depuis le dernier bon gouvernement que nous avons eu.
M. COURNOYER: II faut dire que je fus membre du Conseil supérieur
du travail, en 1962-1963 cela fait longtemps et qui a
été changé en Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre en 1968 ou en 1969, à peu près en même temps
que la Loi des relations de travail dans la construction et de la Loi de la
formation professionnelle. Les révisions majeures qui ont
été faites par l'ancien gouvernement comportaient la Loi du
ministère du travail, la Loi sur la qualification professionnelle de la
main-d'oeuvre, la Loi des relations de travail dans la construction et la Loi
du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
C'étaient les quatre lois majeures du gouvernement
précédent.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Adopté. Catégorie
3.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Alors, messieurs, ceci complète
l'adoption des crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Nous vous remercions de votre bonne collaboration.
M. COURNOYER: Je tiens à remercier les membres de la commission
pour la collaboration excellente qu'ils m'ont donnée et surtout pour la
façon expéditive avec laquelle nous avons entrepris
l'étude de ce budget et l'avons poursuivie du début à la
fin.
M. DEMERS : Je pourrais ajouter que je suis satisfait de la façon
dont s'est déroulée cette étude. Je crois que c'est un
avantage que nous avons en commission de pouvoir parler des grandes politiques
du ministère, lorsqu'on peut prévoir qu'avec des ministres
honnêtes et des fonctionnaires honnêtes, on doit moins scruter la
piastre que les idées.
M. CROISETIERE: J'aimerais souligner, pour ma part, que le document qui
nous a été remis par le ministre et ses officiers et qui est
intitulé Les points majeurs et commentaires, a beaucoup facilité
la compréhension, grâce aux notes explicatives incluses dans ce
document. Cela a énormément facilité l'adoption des
provisions budgétaires du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. COURNOYER: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je dois avouer en toute franchise,
ce n'est pas arrivé au ministre du Travail mais c'est
arrivé dans d'autres cas que, pour une fois, le ministre du
Travail n'a pas fui devant les questions qu'on lui posait. Il a accepté
toutes les questions de l'Opposition et il a essayé d'y répondre,
je pense bien, le plus adéquatement possible. Je pense qu'il a
réussi. Pour ma part, cela me satisfait pour les questions que nous
avions à poser sur le budget du ministère du Travail cette
année et nous comptons sur la collaboration que nous connaissons du
ministre du Travail. Je pense qu'il nous le répète assez souvent,
il est prêt à nous aider. Nous lui réitérons donc,
de la part de notre formation politique, que nous collaborerons au bon vouloir
qu'il démontre.
M. DEMERS: II y a un petit détail que j'ai oublié de
souligner. J'avais attiré l'attention de l'honorable ministre sur le
chômage, il ne m'a pas donné de grands remèdes à
ça. J'espère que les lois et ses précisions futures
pourront éclairer notre lanterne qui est pas mal obscurcie.
M. COURNOYER: J'ai cru comprendre je m'excuse de ne pas avoir
répondu à votre question qu'en la posant, vous vouliez y
répondre en même temps.
M. DEMERS: Je ne suis pas ministre pour répondre aux question.
Vous vous en apercevrez dans quelque temps. Ce n'est pas la même
chose.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, la commission est ajournée
sine die.
(Fin de la séance à 17 h 41)