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Commission permanente du Travail
de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration
Conflit de travail à l'Hydro-Québec
Séance du vendredi 17 novembre 1972
(Dix heures six minutes')
M. SEGUIN (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Nous allons nous dispenser de la formalité de nommer les membres,
à ce moment-ci. Si les membres de la commission le veulent, nous
accepterons les parlementaires présents comme étant membres de la
commission c'est un léger à-côté de la
pratique ordinaire quitte, à la fin de cette séance,
à faire les ajustements voulus sur la liste pour les dossiers.
M. BURNS: II peut y avoir des modifications au cours de la séance
elle-même.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela. Il s'agirait de faire
parvenir l'information aux membres de la commission.
J'attends le retour du ministre qui est installé sur les
premières banquettes.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre est disposé à commencer
la séance?
M. COURNOYER: J'attends le représentant de la partie syndicale.
Il n'est pas encore ici. Il est peut-être retardé par la
circulation.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La séance de la commission est
suspendue temporairement.
A l'ordre, messieurs! Dans l'esprit du parlementarisme le mieux compris,
le mieux pratiqué, nous avons voulu attendre que les parties soient
toutes deux représentées. Je dis bienvenue aux deux parties et
ainsi se terminent mes commentaires et mes remarques pour passer
immédiatement au ministre du Travail.
M. COURNOYER: Les miennes ne seront pas longues. Disons que j'ai
déjà annoncé pourquoi cette commission parlementaire
siégeait. Elle est censée être une sorte de pression sur
les parties pour que les parties puissent en venir à une entente
même si elles n'ont pas le même recours qu'elles avaient la semaine
dernière. Elles ont le recours à l'opinion publique
représentée par les parlementaires. Je précise
immédiatement que je ne demande pas aux parties de faire vite, à
moins que les autres parties aient des commentaires, mais, pour ma part je veux
me limiter à la recherche de ce qui ne va pas entre
l'Hydro-Québec et ses employés. Je pense que c'est le rôle
de cette commission de faire des suggestions, s'il faut en faire aux deux
parties, pour qu'elles puissent trouver une entente satisfaisante pour les
employés et pour l'Hydro-Québec, et surtout pour les
employés à ce moment-ci, parce que ce sont eux qui ont perdu le
droit de grève.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais seulement quelques mots
à ajouter. Je ne pense pas que le rôle de la commission soit
d'agir comme arbitre entre les parties, loin de là. C'est un peu, comme
le ministre le disait tout à l'heure, d'essayer de voir les
possibilités de rapprochement entre les parties. Mais, avant de
débuter, j'aimerais savoir si les deux parties, la partie patronale et
la partie syndicale, voient une certaine efficacité dans la tenue de la
séance de ce matin.
Je m'explique un peu. Est-ce que les parties préféreraient
que la séance s'arrête assez abruptement pour leur permettre de
continuer à négocier, si ça fonctionne bien dans les
négociations, ou si les deux parties sont désireuses de
présenter leur point de vue en nous signalant surtout en gros, au niveau
des principes, ce qui accroche le plus et ce qui fait qu'il y a ou qu'il semble
y avoir un blocage? Je trouve que c'est d'autant plus urgent que les
syndiqués, à toutes fins pratiques, ont perdu ce moyen de
pression qu'ils avaient et que, actuellement, ils se trouvent dans une position
assez fragile. Notre parti serait intéressé à savoir si
vous croyez qu'il y a avantage et que c'est plus profitable de lever la
séance pour vous permettre de continuer à négocier ou
encore d'entendre vos exposés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Dorchester.
M. GUAY: En même temps que ceux qui m'ont
précédé, j'aimerais bien faire préciser le mandat
de la commission. La commission, ce matin, a beaucoup plus un mandat moral
qu'un mandat physique comme tel, parce que je pense que ce n'est pas à
la commission de trancher le litige actuellement. L'Assemblée nationale
s'est déjà prononcée sur un projet de loi, comme vient de
le dire le député de Bellechasse, et on sait ce qui est
arrivé. On a évité en Chambre à plusieurs reprises
un débat sur le sujet afin de ne pas nuire ou gâter les
négociations. Il ne faudrait pas non plus, par le biais d'une commission
parlementaire, que la même chose se produise.
Est-ce qu'on compte sur la sagesse d'une commission parlementaire pour
aider les parties à négocier? C'est ce que je crois et ce serait
là toute la valeur, ce matin, de la commission parlementaire. Mais je
pense que ce serait très difficile, sans entendre les parties, de faire
le point sur l'état des négociations ce matin; ce serait
très difficile, malgré tout, malgré qu'on connaît
plusieurs choses, de faire des recommandations pour aider les
négociations. Il y a des gens dans le milieu qui s'affairent
spécialement à la question et j'aimerais entendre ceux qui sont
plus directement impliqués, savoir de
quelle façon ils voient la chose. Si, plus tard, pour la
commission, il y a lieu de faire des recommandations qui puissent aider, je
serai de ceux-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: A ce moment-ci, je n'ai rien de particulier à ajouter.
Je préférerais qu'on entende les parties immédiatement. On
se réservera les commentaires pour plus tard.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'il y a un représentant
des employés qui voudrait parler devant la commission? Voulez-vous s'il
vous plaît, donner votre nom et votre fonction.
Contre proposition de la partie patronale
M. MORRISSEAU: M. Claude Morrisseau, négociateur en chef. Nos
commentaires seront brefs, messieurs. Nous avons reçu cette nuit de la
partie patronale, une contreproposition. Nous avons à étudier
cette contreproposition. C'est pourquoi nous demandons au ministre de remettre
la séance de la commission à mardi prochain.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'il y a des commentaires du
côté patronal?
M. BAUVAIS: Alexandre Bauvais, directeur général du
personnel. Nous sommes d'accord. Si le syndicat est prêt à
procéder à ce moment-ci, nous le sommes. Et s'il ne l'est pas,
nous acceptons que cela soit remis à plus tard.
Ajournement de la séance
M. COURNOYER: Cette remarque est dans le sens péjoratif. Je pense
que le syndicat est parfaitement prêt à procéder. Il le dit
immédiatement. Ce n'est pas dans cet esprit que les discussions de cette
nuit ont eu lieu. Il s'agit strictement d'une remise de cette séance
pendant que le syndicat étudie la contreproposition patronale,
peut-être pour vous faire une contre-proposition syndicale.
On m'a assuré, cette nuit, que le syndicat était
prêt à procéder. Mais, pour éviter qu'il y ait
conflit sur des textes ou des conflits internes, sur les contenus, quand il n'y
en a peut-être pas parce que votre proposition d'hier a
peut-être réglé un certain nombre de choses ou elle n'en a
peut-être pas réglé du tout mais, vu cette
proposition, le syndicat m'a demandé de retarder la séance de la
commission. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas prêt à
procéder. J'ai compris, cette nuit, qu'il était prêt
à procéder et qu'il avait même de la difficulté
à ne pas procéder.
M. MORRISSEAU: Vous avez très bien compris, M. le ministre.
M. BAUVAIS: L'Hydro-Québec n'a pas d'objection à ce que ce
soit ajourné à mardi prochain.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si j'ai bien compris, les deux parties
sont consentantes à ajourner la séance à mardi. Est-ce
qu'il y a des membres de cette commission qui ont des commentaires?
M. LOUBIER: Un seul commentaire, M. le Président. Je trouve qu'il
est très sage, de la part des deux parties, de procéder de cette
façon. Je pense que, pour les membres de la commission, cela nous donne
confiance, au moins sur le plan moral, du sérieux des
négociations.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie. La commission ajourne
ses travaux à mardi, 4 heures.
(Fin de la séance à 11 h 39)
Commission permanente du Travail de la Main-d'Oeuvre
et de l'Immigration
Conflit de travail à l'Hydro-Québec
Séance du mardi 21 novembre 1972
(seize heures quatorze minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Bonjour de nouveau aux deux parties. Formalités du début.
Disons que, pour la séance de cet après-midi, les membres de
l'Assemblée nationale qui font partie officiellement de cette commission
sont les suivants:
M. Bacon, de Trois-Rivières; M. Saint-Germain, de
Jacques-Cartier; M. Picard, d'Olier; M. Burns, de Maisonneuve; M.
Croisetière, d'Iberville; M. Cornellier, de Saint-Hyacinthe; M.
Cournoyer, de Chambly; M. Demers, de Saint-Maurice; M. Guay, de Dorchester; M.
Marchand, de Laurier, qui est aussi le rapporteur pour la séance; M.
Shanks, de Saint-Henri, et M. Loubier, de Bellechasse, qui arrivera
incessamment.
Procédure
LE PRESIDENT (M. Séguin): La fin de semaine a porté
conseil à beaucoup de gens, mais, apparemment, elle n'a pas porté
conseil à tout le monde. Après ce commentaire, peut-être
qu'on peut commencer. J'ai demandé que la table, en avant de moi, soit
libérée et nous appellerons les interlocuteurs à tour de
rôle, ceux qui doivent s'adresser à la commission. De cette
façon, on pourra peut-être entendre plus favorablement chaque
partie.
Je voudrais bien établir, dès le début, que la
commission ne siège pas dans le but d'intervenir dans le conflit, dans
le sens de faire partie du système des négociations, mais,
plutôt, on a demandé aux deux parties en cause de se
présenter ici pour informer les membres de cette commission de la
situation, de ce qui existe, et pour permettre, en même temps, aux
membres de la commission de poser des questions. Je serai très
sévère lorsqu'il s'agira de négociations ou d'aspects des
négociations. C'est dire que j'arrêterai aussitôt le
débat s'il semble se diriger de ce côté. Parce que nous ne
voulons pas intervenir autrement que pour obtenir des renseignements. En aucune
façon, on ne permettra à cette commission de s'établir
comme arbitre. Je ne sais pas qui doit débuter, soit du syndicat, soit
de l'Hydro-Québec, mais cette partie pourra peut-être exposer,
dès le début, à la commission, son point de vue, permettre
certaines questions et, ensuite, recevoir des commentaires de l'autre partie et
permettre des questions. Peut-être que deux personnes, une de chaque
côté, pourront venir à la table en dernier et, si c'est
nécessaire, les membres de la commission pourront alors intervenir et
poser des questions. Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, sur la méthode que vous
suggérez...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui.
M. BURNS: ... je dois vous dire bien respectueusement que je ne suis pas
d'accord avec vous sur la "feasibility", si vous permettez l'expression, de
cette méthode suggérée. Parce que, actuellement, vous avez
un problème qui confronte deux parties, qui est la négociation
d'une convention collective. Or, tout le monde sait qu'en principe, la
convention collective à moins qu'on me dise le contraire
c'est d'abord le syndicat qui désire habituellement l'amender. Donc, en
principe, c'est le syndicat si je peux me permettre l'expression
qui est en demande. Je ne vois pas comment l'Hydro-Québec pourrait nous
dire: Voici ce que le syndicat nous a demandé. L'Hydro-Québec
serait alors obligée d'être l'interprète des deux
parties.
Je suggère plutôt que vous procédiez à
l'inverse, c'est-à-dire que le syndicat nous dise d'abord quel est
l'état de ses demandes litigieuses, c'est-à-dire non
réglées, et, par la suite, l'Hydro-Québec viendra nous
dire pourquoi elle n'est pas d'accord sur un certain nombre de demandes,
etc.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Aucune objection, et cela ne
répond pas à votre commentaire. J'y reviendrai.
J'ai demandé bien discrètement tout à l'heure,
avant l'ouverture de la séance, qu'on laisse la table de devant libre.
Nous appellerons à tour de rôle la ou les personnes qui seront
mises en cause ou qui devront faire des représentations. Si les
représentants du syndicat, qui sont présentement à la
table, ici, devant nous, voulaient prendre place dans la première
rangée ou la deuxième rangée, à leur choix. Ils
pourront être appelés, par la suite. Cela signifie peut-être
seulement une volte-face ou un changement de chaises. Je ne veux pas jouer
à la chaise musicale mais, au moins, établissons tout de suite
les règles du jeu. Nous les appellerons quasi immédiatement.
Est-ce que les membres de la commission seraient consentants à
adopter la procédure suggérée par le député
de Maisonneuve? Je n'ai pas d'objection. Mon embêtement était de
savoir qui appeler en premier lieu. Si vous voulez entendre les
représentants du syndicat d'abord, je n'ai certainement pas
d'objection.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais simplement une remarque.
Sans m'opposer, au contraire, à la requête du député
de Maisonneuve, chronologiquement, est-ce que l'Hydro-
Québec a commencé par produire des offres? Est-ce qu'il y
a eu des négociations de ces offres ultérieurement par la partie
syndicale? Si on voulait respecter l'ordre chronologique, laquelle des deux
parties a présenté d'abord...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est la question de l'oeuf et du
poulet.
M. LOUBIER: Chronologiquement, si c'est l'Hydro qui a
présenté un projet de convention collective, qu'ensuite le
syndicat l'a étudié et que le syndicat a fait des
représentations sur ces offres-là pour dire que cela ne
fonctionne pas, on pourrait peut-être respecter cet ordre chronologique.
Je n'ai pas d'objection à la demande du député de
Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Déjà vendredi, le ou les
représentants du syndicat se sont mis en cause, étant à la
table dès l'ouverture de l'Assemblée. Si nous pouvions continuer,
je pense qu'il n'y a pas tellement objection à ce qu'on entende le
côté syndical tout en reconnaissant les commentaires du chef de
l'Opposition officielle. Sans cela, nous allons nous éterniser sur un
débat futile.
M. GUAY: Je n'ai pas d'objection pour autant que les deux parties ne
sont pas limitées par le temps.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non.
M. GUAY: Je n'ai même pas d'objection à ce que la
première partie qui sera entendue revienne si elle a des commentaires
à ajouter. Disons que c'est une table de discussion et non une table de
négociation.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela. Il n'y a aucun
problème et, comme nous avons la chance de n'être qu'au mardi, il
y a amplement de temps, cette semaine, pour conclure cette séance ou ces
séances.
J'inviterais le ou les représentants du syndicat à
s'approcher de la table pour faire leurs commentaires ou leurs observations
à la commission. En le faisant, le premier qui aura à parler
voudra bien donner son nom et son poste pour le journal des Débats.
M. MORRISSEAU (Claude): Si vous voulez nous permettre d'attendre M.
Brûlé quelques minutes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Très bien. Est-ce que la partie
patronale consent à attendre quelques minutes sans que nous soyons
forcés à procéder?
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Très bien. (Suspension de la
séance à 16 h 22)
Reprise de la séance à 16 h 23
Document du médiateur
M. BRULE: Je suis Jacques Brûlé, directeur
québécois du Syndicat canadien de la fonction publique. D'abord,
nous nous excusons de notre retard. Un document nous a été remis
cet après-midi, à 3 h 15, par le médiateur, M. Yvon
Dansereau; ce document qu'il a fait parvenir à la partie syndicale
demandait notre position sur cedit document, sur quinze des points en suspens.
En ce qui nous concerne, ce document pourrait être une base de
règlement sur ces quinze points. Il est évident qu'il reste en
suspens d'autres points qui ont été moins discutés ou sur
lesquels nous n'avons même pas eu de propositions ou de suggestions pour
que le représentant du ministère du Travail puisse rapprocher les
parties. Nous avons donc discuté avec les trois comités de
négociation. Etant donné que nous l'avons reçu à
une heure passablement tardive, nous n'avons pas pu l'éplucher à
fond.
En ce qui nous concerne, ce document est un document de valeur et que le
syndicat apprécie d'une façon très sérieuse. Il est
évident qu'en recevant un document comme celui-là, cela change le
mécanisme de présentation du syndicat devant une commission
parlementaire. Nous sommes prêts à procéder sur d'autres
points. Sur ceux-là, j'attends d'avoir plus d'indications ou de
précisions pour qu'on puisse se prononcer.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. COURNOYER: Je voudrais noter pour le bénéfice de
l'assemblée que ce document n'a pas été remis du tout
à l'Hydro-Québec; donc l'Hydro-Québec n'est absolument pas
au courant de ce qu'il y a dans ce document. Etant donné que
l'Hydro-Québec ne l'a pas vu, je demanderais pour ma part que la
Commission hydroélectrique voie ces quinze points avant d'énoncer
son accord ou son désaccord. Pour le moment, ce n'est pas une fin de
non-recevoir, on ne l'a pas vu. Nous allons garder ce document dans nos mains
jusqu'à ce que l'Hydro-Québec l'ait vu. Je constate que, de votre
côté, il n'est pas si mal que ça. Il est
négociable.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le problème se pose...
Excusez.
M. BRULE: A ce moment, si vous faites des représentations, ce
serait très limité et très restreint, c'est-à-dire
que vous ne toucheriez pas aux quinze points mentionnés dans ce document
qui vous apparaît être un document de valeur, pour utiliser votre
expression.
M. LOUBIER: II faudrait, je pense, que l'Hydro-Québec, de son
côté, ne touche pas à ces quinze points, pour que vous
puissiez être
sur la même longueur d'onde. Si vous donnez un exposé ne
touchant pas à ces quinze points et que, par la suite,
l'Hydro-Québec fasse son exposé en touchant ces points, cette
rencontre avec la commission ne sera pas profitable.
Est-ce qu'il y aurait possibilité qu'une copie de ces documents
soit remise à l'Hydro-Québec et qu'il y ait au moins une
acceptation de principe de la part de l'Hydro-Québec pour qu'elle ne
touche pas, dans son exposé, aux quinze points mentionnés plus
haut, quitte à se réserver des commentaires à une
période ultérieure?
M. BURNS: M. le Président, je ne crois pas qu'il appartienne au
syndicat de remettre ce document à l'Hydro-Québec.
M. LOUBIER : Cela dépend des instructions reçues et des
discussions qu'ils ont eues avec le ministère du Travail. C'est la seule
parenthèse que je fais. Mais j'ai une question à poser à
M. Brûlé. M. Brûlé, est-ce que les quinze points dont
vous faites mention sont, à votre avis, des points majeurs, même
si ce ne sont pas exclusivement les seuls points en litige entre les parties?
Est-ce que, d'après Vous, ce sont des points d'importance, des points de
discussion qui ont beaucoup d'importance aux yeux du syndicat?
M. BRULE: Plusieurs de ces points sont très importants pour le
syndicat. Disons que ces points ne touchent pas à la masse
monétaire et ne touchent pas au plan d'évaluation des
tâches comme telles, mais touchent à des clauses normatives
à incidence pécuniaire qui sont très importantes et qu'on
discute depuis le tout début des négociations. C'est tout de
même la première fois que nous avons des indications je ne
dis pas des indications qui viennent de la partie patronale mais je
pense que le médiateur a dû s'inspirer des conversations qu'il a
eues avec les parties pour bâtir un document comme celui-là qui
tenterait probablement de rapprocher les parties. Nous avons eu très peu
de temps, en le recevant à trois heures quinze cet après-midi, de
le discuter entre nous. A première vue, c'est un document qui nous
semble très intéressant. Il est bien sûr que les
contrepropositions que le syndicat a faites, ou les tentatives en vue d'un
règlement possible ou éventuel à l'Hydro-Québec...
Nous avons remis nos contrepropositions et nos positions au médiateur.
Si le gouvernement nous donne un médiateur, c'est parce que les
discussions devenaient drôlement difficiles entre les parties
concernées.
Donc une chose est sûre, c'est que probablement le
représentant du ministère du Travail s'est inspiré des
très longues discussions qu'il y a eues entre le syndicat et, je
présume, l'Hydro-Québec, pour faire de telles suggestions.
Maintenant, je ne peux pas discuter du document de fond parce que c'est
une recommandation ou une suggestion qui vient du ministère du Travail.
Il n'y a rien qui m'indique là-dedans que c'est la position de
l'Hydro-Québec. Donc, il est très difficile pour la partie
syndicale... Quant à moi, je préférerais faire des
commentaires sur la position de la partie syndicale. Il est évident que
c'est sous toutes réserves de la réaction de la partie
patronale.
M. BURNS: En somme, ce ne sont pas des points qu'on pourrait taxer
d'insignifiants. Ce sont des points qui peuvent avoir une importance quant
à l'ensemble du problème.
M. BRULE: Oui. Il n'y a pas de doute.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On semble discuter un peu dans le vide,
ici. Tout d'abord on ne connaît pas les clauses qui sont
déjà adoptées, on ne connaît pas les quinze clauses
dont il est question depuis tout à l'heure. Je ne vois pas d'autre
solution, si la commission est d'accord, que d'ajourner immédiatement
jusqu'à huit heures et quart. A ce moment-là, la partie patronale
sera peut-être en mesure de faire connaître au moins les quinze
points et pouvoir faire des observations, de les enlever de leur débat,
ou de leur discussion si cela est nécessaire.
A ce moment-ci c'est une perte de temps horrible. Nous négocions
autour de toutes sortes de choses que nous ne connaissons pas.
M. CROISETIERE : Et pour les parties concernées...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je le comprends, mais d'un autre
côté il faut être juste pour tout le monde. Actuellement
nous parlons avec des sous-entendus et faisons des commentaires sur des choses
qu'un côté ne connaît pas. Alors, soyons justes, si vous
voulez.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à huit heures et quart ce
soir.
Reprise de la séance à 20 h 32
M. SEGUIN (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
La raison de l'ajournement de cet après-midi a été
la production, non pas devant la commission, mais pour le syndicat, d'un
document qui contenait quinze points. J'ignore ces quinze points, n'ayant pas
vu le document, et les membres de la commission, pour autant que je le sache,
ne l'ont pas vu non plus. Ma première question, à la reprise ce
soir, serait de demander à l'Hydro-Québec, ou au
côté patronal, si elle a des observations à faire en ce qui
concerne ce document. J'espère qu'on a eu au moins l'occasion d'en
prendre connaissance.
Pourriez-vous vous nommer, s'il vous plaft, et donner votre poste.
Commentaires des parties
M.DUROCHER: Jacques Durocher, directeur des relations syndicales
à l'Hydro-Québec. Nous avons pris connaissance du document vers
six heures ce soir. Le document, comme vous venez de le mentionner, M. le
Président, énumère quinze points en litige qui sont, soit
d'ordre pécuniaire, soit d'ordre normatif.
A première analyse, ce document nous apparaît comme un bon
document de travail du médiateur, qui est de nature à
régler un certain nombre de points qui y sont mentionnés. Vous
comprendrez que, dans le peu de temps que nous avons eu pour en faire
l'analyse, ce sont les premières impressions que nous dégageons
du document. Donc, c'est un bon document de travail et nous croyons qu'il est
de nature à régler un certain nombre de points qui y sont
mentionnés. C'est notre première réaction à ce
document.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie.
Du côté syndical, est-ce qu'il y a des commentaires, autres
que ceux que M. Brûlé a faits cet après-midi?
M. BRULE: Jacques Brûlé, directeur du Syndicat canadien de
la fonction publique. J'ai dit, cet après-midi, que nous avons eu ce
document, vers trois heures, trois heures et quart, et, à quatre heures
et quart parce que je suis arrivé en retard nous nous
étions déjà prononcés sur la valeur du
document.
Je pense que, même si l'Hydro-Québec en a pris connaissance
très tard, vers la fin de l'après-midi, ce ne sont tout de
même pas des faits nouveaux; ce sont des faits que nous discutons depuis
douze mois. Il me semble qu'après douze mois, sur des clauses qui ont
tout de même une certaine valeur mais qui sont d'ordre secondaire au
dossier... Cela m'inquiète un peu d'entendre la partie patronale dire
qu'il faudrait y réfléchir davantage et voir les rapprochements
possibles sur les clauses en suspens.
En ce qui me concerne, en ce qui concerne le syndicat, nous sommes
prêts à procéder, et sur les documents, et sur les
problèmes de fond et sur les clauses en suspens.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous comprendrez, M.
Brûlé, qu'au moment présent, puisqu'il y a ces quinze
articles ou ces quinze clauses, étant donné les commentaires qui
ont été faits par le côté patronal il y a quelques
minutes, il serait assez difficile pour la commission de procéder
puisqu'il s'agirait de faire, au cours de nos délibérations, un
triage. Et comme ça se rapprocherait énormément de la
négociation entre les deux parties, je pense, M. le ministre, messieurs,
que ce serait très imprudent, de la part de la commission, de
procéder à cet instant.
Je passerai le micro à mes collègues immédiatement
après ce commentaire. Etant donné ce qui s'est dit de part et
d'autre, puisque les deux côtés semblent reconnaître le
document qu'il date de douze mois ou qu'il date de douze heures, peu
m'importe comme étant un document de travail qui pourrait
peut-être apporter une solution partielle au moins au problème, il
serait peut-être bon que les deux parties continuent, pour le moment, de
négocier et qu'on se rencontre de nouveau à 4 heures, jeudi de
cette semaine.
Maintenant, messieurs, avez-vous des commentaires à faire?
M. COURNOYER: Je voudrais seulement insister, M. le Président,
sur la nature de vos dernières remarques. Il y a un document qui est
nouveau même si, effectivement, les parties peuvent considérer que
ça fait longtemps qu'elles en discutent. Les deux parties vont admettre
que ce nouveau document rapproche peut-être et cela je le prends
de votre déclaration cet après-midi, M. Brûlé,
à l'effet que c'était une base...
Vous avez été assez prudent, comme l'Hydro-Québec
l'a été il y a quelques minutes. Dans les deux cas, c'est une
base sur laquelle vous pouviez maintenant parler à portée de
voix, si je peux m'exprimer ainsi.
Comme votre portée de voix n'a pas besoin de
l'intermédiaire de la commission sur ces quinze points, parce que
maintenant vous êtes à portée de voix, je pense que le
président insiste sur une partie du dossier en demandant aux parties:
Pourquoi ne règleriez-vous pas ces points où vous êtes
à portée de voix. Quitte à revenir devant cette commission
lorsque vous aborderez les problèmes où, n'étant point
à portée de voix, vous êtes peut-être très
loin de moi de toute façon.
M. LOUBIER: Je n'ai pas grand-chose à ajouter à la
versatilité du ministre du Travail qui, dans son langage professionnel
de conciliateur, médiateur et spécialiste en relations
ouvrières, vous a exprimé un voeu que je ramène-
rais en quelques phrases. Premièrement, le syndicat a
affirmé de façon assez spontanée cet après-midi que
c'était un document valable, que la rédaction et le contenu de
toutes ces clauses doivent rassembler de prime abord des départs pour
arriver à des solutions. D'autre part, l'Hydro-Québec, par la
bouche de son directeur, vient de nous faire savoir, de façon assez
prudente aussi, qu'il y avait certains points je peux présumer
qu'il y avait un S après le T et je pense que la suggestion faite par le
président, est marquée au coin d'une grande sagesse et qu'il joue
au Salomon ce soir qui permettront aux parties, en tout cas, si on a
l'assurance véritable que c'est un document valable des deux parties...
Premièrement, cela semble acquis. Deuxièmement, est-ce que cela
permet d'espérer qu'il y aura rencontre le plus rapidement possible
relativement à ce document? Parce que vous, cela ne vous
intéresse pas trop de venir niaiser tous les jours à la
commission parlementaire. De notre part, ce que nous souhaitons, c'est un
règlement négocié. Alors, si on a l'assurance des deux
parties que ce document est au moins un élément de rapprochement,
et qu'il y aura véritablement négociation des deux
côtés, quant à moi, je suis prêt à appuyer la
suggestion faite par le président et nuancée par le ministre du
Travail.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Dorchester.
M. GUAY: J'endosse les propos qui viennent d'être tenus devant
cette commission. Je suis quand même un peu rassuré d'entendre les
deux parties non pas se prononcer sur un document mais sur la bonne
volonté qu'elles semblent mettre de part et d'autre. Nous ne voudrions
surtout pas, comme commission parlementaire, nuire au travail des
négociations. Et c'est justement la raison principale pour laquelle
j'endosse les propos qui ont été tenus.
Si ce document a une certaine valeur comme on vient de le dire
c'est peut-être un élément nouveau, un
élément de rapprochement pour les parties ce serait bien
malheureux si une commission parlementaire venait brouiller les propos qui
peuvent ressortir de ce document. J'appuie en totalité ce qui vient
d'être dit.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: J'arrive un peu en retard. Je m'en excuse, mais j'ai aussi
d'autres fonctions en plus d'être député. Je suis
également leader parlementaire du Parti québécois et j'ai
actuellement à discuter. Le chef de l'Opposition sait ce dont je
parle.
Si je comprends bien, actuellement, les deux parties semblent trouver,
à l'intérieur d'un document qui leur a été soumis
par l'entremise d'un médiateur du ministère du Travail, une
possibilité d'ouverture, de discussion. Person- nellement, je serais
très mal venu d'insister sur le fait qu'on doive continuer à
tenir ces séances de la commission parlementaire, s'il y a une
possibilité, s'il y a une lueur de règlement.
Cependant, c'est peut-être le moment de vous dire
brièvement ce que je pense du problème. Je ne veux pas aller
très très loin. Je pense qu'il va falloir se mettre une chose
dans la tête, dès maintenant. Je pense surtout au ministre du
Travail, je pense surtout aux représentants de l'Hydro-Québec, je
pense surtout aux représentants du syndicat. Vu la forme et le contenu
du projet de loi que nous avons adopté la semaine dernière
relativement aux "services essentiels", entre guillemets, vu le fait
qu'actuellement les employés de l'Hydro-Québec ne savent pas
vraiment où ils s'en vont, si l'Hydro-Québec s'assoit et dit: Vos
propositions ne m'intéressent pas; vu qu'ils ne se retrouvent devant
aucune possibilité réelle de négociation, je pense que
c'est peut-être le moment de nous dire entre nous qu'il faudra trouver
une solution à un certain moment.
Il y a des gens qui, dans le passé, ont pensé qu'il
fallait tout le temps imposer aux syndicats des conditions de travail.
J'aimerais cela voir, une fois pour toutes, une loi qui imposerait à un
employeur des conditions de travail. Je n'ai pas vu cela souvent. Je ne l'ai
jamais vu d'ailleurs.
Je ne veux pas nuire aux négocations, mais il faudrait
peut-être dire à cet employeur-là, qui est très bien
équipé, qui a peut-être je suis obligé de lui
rendre hommage là-dessus, parce que je le sais personnellement
une des meilleures organisations au point de vue des relations
patronales-ouvrières, qu'il y a bien des gens qui ont trouvé que
le syndicat, en l'occu-rence, était très patient. C'est bien rare
que l'on puisse dire cela.
S'il peut y avoir un règlement, bravo, mais je vous avoue qu'il y
a peut-être des questions que je me pose actuellement. Je vois que cela
fait déjà deux fois, trois fois maintenant, que l'on remet des
séances de cette commission parlementaire. Je commence à me poser
de sérieuses questions, à savoir: Qu'est-ce qu'il pense, le gars
qui travaille pour l'Hydro-Québec actuellement, et qui va prendre
connaissance, chez lui, aux nouvelles, à la radio, dans les journaux
demain, ou à la télévision, que c'est remis encore une
fois? Je me dis que la patience a un certain bout et j'espère que le
bout n'est pas encore atteint. Je le souhaite pour tout le monde. Mais c'est
une chose, une réflexion à laquelle je pense depuis un certain
temps et que j'ose dire tout haut. Sans vouloir être un
élément provocateur de quoi que ce soit...
M. COURNOYER: Je ne réagirai pas tout à fait au complet,
surtout sur la loi.
M. BURNS: Non, attendez une minute. Je veux tout simplement dire que
c'est important.
J'accepte cet ajournement-là, mais je l'accepte en disant qu'il
ne faudrait pas qu'on nous arrive trop souvent à la dernière
minute avec des propositions du médiateur. Il ne faudrait pas, trop
souvent, qu'on nous amène ces documents-là qui, de façon
très étonnante, n'ont pas été soumis pendant les
périodes qui étaient prévues par la loi, entre autres la
période prévue par l'injonction, en vertu de 99. Ce n'est pas une
critique contre le ministère, éventuellement nous y
viendrons.
M. COURNOYER: Cela arrive.
M. BURNS: Mais, pour le moment, ce que nous voulons, c'est un
règlement. Il n'y a aucune espèce de doute là-dedans. Je
suis peut-être le premier à le désirer, mais je le fais,
à ce stade-ci, et pas plus que cela... J'aimerais tout de suite, M. le
Président, donner l'avertissement que je commence à ne pas
trouver cela drôle.
M. COURNOYER: Disons, M. le Président, pour répondre au
député de Maisonneuve, qui a vu des négociations avant
aujourd'hui, que le document en question a été d'abord soumis au
syndicat. Il a été soumis comme une tentative, comme on en fait
régulièrement. Quand vous étiez négociateur, vous
vous souvenez que vous faisiez parfois des tentatives...
M. BURNS: Je me rappelle également qu'il y avait des
éléments de stratégie du moment où on
déposait un document. Je me rappelle de ça.
M. COURNOYER: Celui-là en particulier a peut-être fait
partie d'une stratégie, je n'en suis pas au courant, mais ce n'est
certainement pas une stratégie du médiateur. Tout ce qui est
arrivé, c'est qu'après des discussions qui ont eu cours
directement entre les parties aujourd'hui, le médiateur a tenté
un dernier effort sur quinze points seulement. Il reste, en plus des quinze
points, d'autres points, si je comprends bien, qui sont peut-être
très importants aussi, mais d'une importance quantitative. Il s'agissait
de points qui portent sur des clauses normatives à incidence
pécuniaire. Il y en a un grand nombre qui ont été
réglées dans les deux ou trois dernières semaines. Il y a
des concessions qui ont été faites de part et d'autre. Je dois
dire que le syndicat, après une nuit complète, a discuté
avec nous de la même manière qu'aujourd'hui, sur un document qui
pourrait faire l'objet d'un règlement. Pour des raisons qui sont
peut-être des raisons stratégiques... Je n'ai pas à
calculer la stratégie des parties, ce n'est pas mon rôle; ce sont
elles qui sont en conflit, ce n'est pas moi qui suis en conflit avec elles, pas
que je sache. Je sais que j'ai certains conflits, mais je ne les ai pas
tous.
M. BURNS: Vous êtes poigné avec!
M. COURNOYER: Je suis poigné avec. Je ne veux excuser personne,
mais si c'est possible que cette commission parlementaire, par le simple fait
qu'elle siège aujourd'hui, ait fait en sorte que, dans la
stratégie, il y ait quinze points de réglés, elle aura
pleinement joué son rôle. Le délai accordé ou
demandé par le président n'est pas un délai pour
rediscuter les mêmes points; c'est pour donner aux parties la chance de
s'entendre sur ces quinze points pour que nous ayons devant nous, lors de la
prochaine séance, encore moins de points qu'il n'y en avait la semaine
dernière lorsque nous avons commencé les séances de la
commission parlementaire et encore moins qu'il n'y en avait lorsque les
employés de l'Hydro-Québec, avec l'esprit que vous avez
décrit tantôt, au bout d'un certain degré de patience, ont
décidé de faire la grève. A partir de ce moment, je dis:
Parfait. La commission parlementaire n'est pas reportée à une
autre date, elle joue son rôle en disant aux parties: C'est votre
problème. Vous allez tenter de le régler et, si vous ne le
réglez pas, nous allons poser les questions qu'il faut poser parce que
nous voulons savoir, comme commission parlementaire, pourquoi le peuple peut
être privé d'électricité pendant un bout de
temps.
Quant aux services essentiels, je pourrais, à ce moment-ci, si je
n'étais pas pris avec le contenu d'une convention collective, demander
aux parties de négocier conformément à la loi, de discuter
des services essentiels, parce que, officiellement, l'Hydro-Québec est
encore en grève. Tout le monde travaille, mais le syndicat et
l'Hydro-Québec peuvent...
M. BURNS: Ne faites pas de farce.
M. COURNOYER: Ne dites donc pas: Pas de farce, cela me fait mal au
coeur. Non, je ne fais pas de farce. Il y a la possibilité de discuter
des services essentiels. Il y a aussi la possibilité, pour le tribunal
du travail, à votre suggestion, de déterminer quels sont les
services essentiels.
M. BURNS: Vous savez très bien, M. le ministre, dans quelle
optique j'ai proposé cet amendement. Vous savez fort bien que c'est en
vue d'une éventuelle réglementation de l'ensemble des services
essentiels dans la fonction publique. Personnellement, je crois
qu'actuellement, si le gouvernement fonctionne et continue à fonctionner
y compris le ministre, si ouvert qu'il puisse paraître dans
le sens où il fonctionne actuellement, et si, d'autre part, les
syndicats ne réussissent pas à mettre un peu plus d'imagination
dans leur façon d'exercer leur droit de grève dans les services
publics, le droit de grève va disparaître. Je le sais fort bien.
Je sais parfaitement bien que c'est quelque chose qui s'en vient. C'est ce que
je ne veux pas, moi. C'est un droit qu'on leur a reconnu, qu'on leur a permis
d'utiliser. Depuis que je connais ce droit de grève dans la fonction
publique, il est arrivé une chose, c'est que le gouvernement
laisse pourrir les situations. Une fois qu'elles sont bien pourries,
comme il faut, à ce moment-là, il y a une loi qui arrive. Vous en
avez le championnat, vous, le gouvernement actuel. C'est-à-dire que vous
en avez exactement cinq, dans l'espace de deux ans. Même le gouvernement
Bertrand n'a pas réussi à faire cela durant une si courte
période.
M. COURNOYER: Si jamais vous prenez le pouvoir, il est possible que vous
en fassiez encore moins que nous.
M. BURNS: On va essayer de faire autre chose que cela. Entre autres
choses, on va essayer de discuter de la masse salariale, du budget avant qu'il
soit déposé en Chambre. Remarquez que vous allez dire que ce
n'est pas le budget du gouvernement qui vise les gens de l'Hydro-Québec.
Mois, si j'étais un employé de l'Hydro-Québec, je serais
en... je ne vous dirai pas quoi...
M. COURNOYER: Ce serait antiparlementaire.
M. BURNS: Je serais au "bout". Parce que, de temps en temps, quand cela
faisait l'affaire du gouvernement, on a dit: Ils ne font pas partie de la
politique salariale. Parce que ç'aurait été trop le "fun"
pour le reste du front commun de dire: On va rejoindre certains salaires de
l'Hydro-Québec. Par contre, on a tenté, une fois qu'on les a
convaincus de cela, de les mettre complètement à part.
Maintenant, je suis convaincu qu'il y a des gens au cabinet qui disent: Ne va
pas plus loin que cela. La politique salariale du gouvernement, c'est
ça.
Il faudrait peut-être qu'on leur dise, une fois pour toutes,
où se situent ces gens-là. Cela est choquant; c'est plus choquant
que pour n'importe quel employé actuellement au Québec, la
situation des employés de l'Hydro-Québec.
LE PRESIDENT (M.Séguin): Messieurs, je voudrais vous
prévenir de ne pas trop vous éloigner de la question.
M. BURNS: D'accord, je n'en parle plus.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député d'Olier.
M. PICARD: M. le Président, je dois tout d'abord dire que je suis
d'accord sur la décision que vous avez prise tout à l'heure
à l'effet d'ajourner les séances de la commission parlementaire
afin de permettre aux deux parties d'étudier ce document qui contient
quinze clauses ou quinze points. Il y a cependant une question que je me pose.
Vendredi dernier, lors de l'ajournement de la séance de la commission,
on a invoqué comme raison que la partie patronale avait fait des
propositions et que la partie syndicale voulait avoir le temps et l'occa- sion
de les étudier. Est-ce qu'on a donné une réponse à
la commission?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non.
M. PICARD: Je m'excuse, peut-être qu'on en a déjà
parlé mais j'ai été obligé d'aller, à un
moment donné, à l'Assemblée nationale. J'aimerais donc
savoir quelle est la position de la partie syndicale. Peut-être que M.
Brûlé pourrait nous dire ce qu'il est advenu de ces propositions
faites par l'Hydro-Québec, qui ont été la raison de
l'ajournement de la séance de vendredi.
M. BRULE: Tenant compte de la proposition de la partie patronale, le
syndicat a remis au médiateur, M. Dansereau, ses positions par rapport
à la contreproposition de la partie patronale, de vendredi à
samedi. Depuis, nous n'avons pas eu de rencontre avec l'Hydro-Québec,
sauf une de très courte durée hier soir. Cet après-midi,
un document nous a été remis par le représentant du
ministère du Travail.
M. PICARD: Vous parlez du nouveau document. En ce qui concerne la
proposition patronale de vendredi dernier, vous avez fait rapport au
conciliateur.
M. BRULE: Oui.
M. LOUBIER: Si vous me permettez, je pense qu'il y a imbroglio. Le
document qui a été remis à la partie syndicale à
quatre heures, cet après-midi disons trois heures et quinze ou
trois heures le même document remis à l'Hydro-Québec
est justement le reflet des propositions de l'Hydro-Québec de vos
contre-propositions et c'est là où le médiateur a
essayé de concilier tout, pour rédiger ce document. Je le
comprends de cette façon.
M. BRULE: II est évident que cela reflète les discussions
que nous avons eues en fin de semaine.
M. PICARD: D'accord.
M. COURNOYER: Je suis d'accord avec le député d'Olier que,
s'il restait cinquante points la dernière fois, vendredi, il n'en reste
maintenant qu'une vingtaine.
M. PICARD : Dont quinze environ sont couverts par ce nouveau document de
travail.
M. COURNOYER : Quinze points sont dans le document, les autres ne sont
pas couverts. Il en resterait une vingtaine. C'est le document de
l'Hydro-Québec de la semaine dernière qui a fait qu'aujourd'hui
on peut penser qu'il y a une vingtaine de points qui ne sont pas encore
réglés, le document soumis par l'Hydro-Québec, la semaine
dernière, qui a fait que le syndicat a
dit: On va regarder ce document, parce qu'il nous semble sérieux.
C'est sérieux qu'on a dit cette fois-là? Il ne faut pas que je me
trompe sur les termes; on a dit que c'était une proposition
sérieuse. A partir de cette proposition sérieuse de
l'Hydro-Québec, il reste dans nos livres, au ministère du
Travail, un vingtaine de points dont quinze sont traités dans un
document dont on a parlé au syndicat et qu'on a remis à
l'Hydro-Québec; il resterait la différence, c'est-à-dire,
j'imagine les salaires, les clauses de CPPEQ...
M. BRULE: Les plus belles. M. COURNOYER: Pardon? M. BRULE: Les plus
jolies.
M. COURNOYER: Les plus belles, celles qui impliquent le
député de Maisonneuve, celles dont il parlait tantôt et qui
n'ont rien à voir avec les quinze propositions de tantôt.
M. BURNS: Une chance que le ministre du Travail est mon bon ami.
Je veux simplement poser une question, M. le Président. A quelle
date la commission ajourne-t-elle ses travaux?
M. COURNOYER: A quatre heures, jeudi. M. BURNS: D'accord. J'accepte.
M. BRULE: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais un
commentaire à apporter.
M. COURNOYER : Amen.
M. BRULE: II y a un ajournement à jeudi, quatre heures. Des
commentaires et des discussions ont eu lieu à la commission
parlementaire. Il convient de dire qu'on n'est pas rendu au temps
même s'il y a un ajournement de la commission de s'asseoir sur sa
chaise. A la suite de l'adoption du bill 73 pour maintenir les services
essentiels et réparer les pannes, je pense que s'il y a des abus dans
les délais, et cette chaise pourrait devenir une chaise
électrique, parce que les pannes sont réparées.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous arrête, si vous n'aviez
pas fini. Je ne voudrais pas qu'on commence à ce moment-ci à
discuter le pour et le contre, qui a raison et qui n'a pas raison. Je dirai
simplement et c'est le mot de la fin qu'on a vanté tout
à l'heure l'esprit de bonne entente qui existe entre employeur et
employés. On a cité en exemple cette compagnie, cette
organisation employeur et employés comme faisant l'envie
de beaucoup.
M. BURNS: Je ne peux pas vous laisser continuer comme ça. Ce sont
des gens qui attendent depuis près d'un an une convention collective;
arrêtons de nous conter des histoires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Dans l'esprit de ces observations,
qu'elles soient vraies ou fausses, peu importe, ce n'est pas à moi de
décider. Si vous m'aviez permis de continuer, vous auriez entendu ce qui
suit. Je suggère fortement que l'on continue les négociations
d'ici jeudi, quatre heures. L'Assemblée nationale, à la
suggestion du ministre de la justice, pardon, le ministre du Travail, a
décidé...
UNE VOIX: Pas encore. C'est le ministre du Travail.
M. BURNS: Le ministre de la Justice, c'est le gars qui cause des
problèmes et c'est le ministre du Travail qui va les réparer
après.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On a suggéré que la
commission rencontre les deux parties en cause, et c'est ce qu'on a fait. Ce
qui m'inquiète un peu, c'est que déjà nous sommes rendus
au deuxième ajournement sans avoir accompli de travail.
M. COURNOYER: M. le Président, c'est là que je dis que
vous avez accompli un grand travail jusqu'ici...
Le PRESIDENT (M. Séguin): Alors... M. COURNOYER: A l'ordre?
Pardon.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, j'ai dit: Alors.
M. COURNOYER: J'ai compris: A l'ordre! La commission a accompli un grand
travail même en ne siégeant pas. La commission est là pour
entendre les vrais problèmes entre les parties. Si les parties
éliminent ou élaguent les problèmes qu'elles ont entre
elles qui ne sont pas les vrais problèmes, lorsque la commission prendra
connaissance des vrais problèmes, à ce moment-là, elle
jouera un rôle encore plus efficace.
Remarquez que j'aimerais bien mieux que tous les problèmes soient
réglés à l'Hydro-Québec et que jeudi, au rapport
que je devrai faire à la période des questions, ils aient
réglé tous les problèmes, toutes leurs affaires. Et la
commission aura quand même joué son rôle parce que,
effectivement, elle est là pour faire en sorte que les parties voient
qu'il y a quelqu'un qui s'occupe de cette histoire-là.
Pour le moment, nous nous en sommes occupés vendredi, nous avons
réglé une trentaine de points. Il y en a quinze autres qui sont
sur la table et qui sont susceptibles d'être réglés
aujourd'hui ou demain. Peut-être que je parle fort, mais si ces
points-là ne sont pas réglés aujourd'hui ou demain, il y a
quelque chose qui ne va pas dans la stratégie de quelqu'un. Il y a des
limites à tenir le Parlement comme ça.
Quant à jeudi, s'il reste les salaires, à ce
moment-là, je subirai moi aussi le procès dont
vous parliez tantôt, M. le député de Maisonneuve. Je
le subirai moi aussi.
M. BURNS: Oui.
M. COURNOYER: En même temps que l'Hydro-Québec et en
même temps que tout le monde.
M. BURNS: Ah oui!
M. COURNOYER: Mais il restera ce qui, effectivement, est un
problème majeur, semble-t-il, le problème des salaires. Mais
quant aux autres petits points, je leur dis: Réglez-en un petit
peu...
M. BURNS: II y a deux choses que je ne veux pas qu'on oublie cependant.
Je ne veux pas qu'on oublie, parce que jeudi, peut-être qu'il y aura eu
une dernière contreproposition d'un grand bonhomme comme Gilles Laporte,
ou de Réal Mireault, des gars comme ça. Bon! Peut-être
qu'à ce moment-là, on nous dira également: Ce n'est pas
encore tout à fait prêt et on reviendra. Je veux seulement qu'on
dise que, tôt ou tard, il ne faudra pas laisser les employés de
l'Hydro-Québec sans convention collective comme ils le sont maintenant
et sans solution d'une convention collective, d'une part.
Et deuxièmement, je dois dire également qu'il faudra
aussi, tôt ou tard, je ne sais pas quand, peut-être à
l'étude des crédits du ministère l'année prochaine,
examiner comment le ministère a fonctionné là-dedans. Tout
le monde, pour ne pas envenimer le problème, a toujours dit, moi le
premier: Le ministère a l'air de faire "sa job" là-dedans. Mais
on va peut-être la scruter. L'attitude du ministère...
M. COURNOYER: Vous allez la scruter jeudi.
M. BURNS: ... des personnes qui sont intervenues là-dedans, il va
peut-être falloir examiner ça. D'accord?
M. COURNOYER: Je suis prêt.
M. BURNS: II va peut-être aussi falloir examiner pourquoi,
à certaines étapes, certains gestes ont été
posés, et les injonctions et tout ce qui s'est passé
après.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour ce soir, le mot de la fin,
ajournement à 4 heures, jeudi.
(Fin de la séance à 21 h 3)
Séance du jeudi 23 novembre 1972
(Seize heures quinze minutes 1
M. SEGUIN (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
C'est la reprise après deux séances ajournées. Je
vais me dispenser de certaines formalités, telles que la bienvenue,
etc., puisque nous sommes déjà habitués à
travailler ensemble. Les membres de la commission, pour cette séance,
sont MM. Springate, Sainte-Anne; Pearson, Saint-Laurent; Bossé, Dorion;
Burns, Maisonneuve; Croisetière, Iberville; Brisson, Jeanne-Mance;
Cournoyer, Chambly; Demers, Saint-Maurice; Guay, Dorchester; Harvey, Chauveau;
Marchand, Laurier; Shanks, Saint-Henri. Normalement, les membres de
l'Assemblée nationale qui voudraient assister à la séance
pourraient poser des questions. Mais lorsqu'il s'agit d'un vote, si tel vote
est nécessaire, ce sont les personnes ci-haut mentionnées qui
auront voix au chapitre.
Après 24 heures, on a probablement pris connaissance de la
situation un peu plus qu'on ne l'avait fait lorsqu'on s'est quitté
mardi. Sans plus de préambule, et sans invitation à qui que ce
soit à prendre la parole en ce qui concerne la commission, je
demanderais aux représentants du syndicat de bien vouloir faire le
point, c'est-à-dire l'historique, ou d'informer la commission où
en sont les discussions à ce jour. Il est convenu que nous entendrons
immédiatement après, la partie patronale. Je demanderais aux
membres de la commission de réserver leurs questions, si tel est le cas,
à la fin des observations qui seront faites d'un côté ou de
l'autre. Une fois que le syndicat aura terminé son exposé, vous
poserez vos questions. On voudra bien y répondre si possible. Une fois
que la partie patronale aura fait ses commentaires, vous poserez vos questions,
tout ceci pour essayer d'établir un peu d'ordre dans la
procédure.
Messieurs, nommez-vous, indiquez votre poste et procédez.
Quatorze points réglés
M. BRULE: Jacques Brûlé, directeur québécois
du Syndicat ccanadien de la fonction publique. Mardi passé, devant cette
même commission, j'ai dit que le médiateur, M. Yvon Dansereau,
après de longues semaines de discussions, vous avait remis un document
très sérieux et très intéressant qui était
un document monolithique, qui comprenait quinze points et qui, pour lui,
après de longues discussions entre les parties, pourrait être un
document qui établirait une base d'entente sur les clauses en suspens,
soit les clauses normatives ou certaines clauses à incidence
pécuniaire.
Après deux jours de discussion, soit avec l'Hydro-Québec
et avec le médiateur, M. Yvon Dansereau, de ces quinze points, quatorze
sont acceptés. Mais par contre, je tiens à faire remarquer
à cette commission que, étant un document monolithique, nous, du
côté syndical, avons laissé tomber des choses que nous
trouvions passablement intéressantes pour accélérer les
négociations et avoir une convention collective de travail
négociée dans les plus brefs délais.
Donc, pour nous, même s'il reste un point sur les quinze, tenant
compte de ce sur quoi nous avons cédé, ce point-là demeure
important. Et en ce qui concerne le syndicat, nous sommes prêts à
poursuivre la négociation dans les plus brefs délais et en venir
à une convention négociée.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est la fin de vos commentaires?
M. BRULE: Oui, c'est la fin de mes commentaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Les questions, messieurs. M. le
ministre, avez-vous des commentaires?
M. COURNOYER: Non, je n'ai pas non plus de questions. Je n'ai pas de
commentaires à faire, je les ai faits déjà, lors de la fin
de la dernière séance. Je n'ai pas de commentaires; à
moins que les autres députés aient des questions. Pour ma part,
je n'en ai pas.
M. DEMERS: Pour ma part, je n'ai aucun commentaire. Je trouve que la
situation est bien résumée. Il ne faudrait pas, en posant des
questions et des sous-questions, raviver une flamme qui menace de
s'éteindre à l'approche d'un règlement que nous souhaitons
tous très ardemment.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, si quatorze des quinze points sont
acceptés, c'est déjà l'expression de la sagesse que la
commission parlementaire ne soit pas intervenue de façon directe dans
les négociations. Le quinzième point qui reste est
peut-être un point très important; cependant, si les
négociations se poursuivent, je donnerais mon accord pour que les
négociations se poursuivent pour autant qu'il y ait du progrès.
Nous ne pouvons pas demander mieux.
En fait, vous souhaitez et tout le monde souhaite une convention
négociée. Je le répète, pour ma part, c'est
également ce que nous souhaitons.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie, avez-vous des commentaires?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Brûlé, vous dites que la
partie patronale a offert un règlement en quinze points. Est-ce bien ce
que vous avez dit?
M. BRULE: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas ça.
M. BRULE: En fait, ce qui est arrivé...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous vouliez seulement préciser un
peu.
M. BRULE: C'est que, depuis quinze jours ou trois semaines, nous ne nous
sommes pas chicanés souvent avec l'Hydro-Québec parce que nous ne
nous rencontrions pas trop souvent. Nous parlions très souvent avec le
médiateur mais très peu souvent avec la partie patronale. Il y
avait plusieurs points en suspens et je tiens à souligner que le
médiateur a quand même fait un travail de valeur là-dessus.
Il y avait plusieurs points en suspens et les parties pouvaient très peu
discuter ensemble.
Le médiateur s'est inspiré des discussions, je
présume, qui ont eu lieu au syndicat d'abord, puis avec
l'Hydro-Québec. Il a pondu un document monolithique sur les quinze
points qui lui semblaient les plus importants, tenant compte de ce que l'une ou
l'autre des parties voulaient ou ne voulaient pas céder. Puis, le
médiateur a rencontré le syndicat et lui a dit: Si tu veux
laisser tomber tes clauses en suspens, moi, je ferais une recommandation en ce
sens. C'est de cela qu'est né ce document. Si nous obtenons ces quinze
points, nous sommes prêts à céder sur des choses que nous
avions encore maintenues.
Je tiens à préciser que c'est tout de même une
première tranche. Parce qu'il y a six points en suspens, je pense, qu'on
avait discutés mardi passé, soit les clauses à incidence
pécuniaire. Je pense que cela demeure. Mais on peut dire que dans le
document monolithique, il reste un point en suspens. Je ne sais pas si cela
répond à votre question.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Parfait.
M. LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. Brûlé. Alors,
puisque vous êtes au terme de vos commentaires, pour le moment, est-ce
qu'il y a d'autres questions? Vous pourrez y revenir, naturellement.
M. BRULE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, je dois entendre les
commentaires du côté patronal.
M. DUROCHER: Jacques Durocher, directeur, relations syndicales à
l'Hydro-Québec. Le document du médiateur de mardi dernier,
document qui a été qualifié de très sérieux,
et comme étant le résultat d'un travail formidable fait par le
médiateur, a fait l'objet d'un travail qu'on peut qualifier, je pense,
d'aussi sérieux, de la part de la partie syndicale et j'oserais dire
également de la part de la partie patronale. Il y a entente
effectivement sur 14 points. Quant au quinzième point, nous sommes
disponibles et disposés à continuer la négociation
à son sujet, et, également sur les quelques autres points qui
demeurent encore en litige.
En résumé, nous souscrivons à la déclaration
que vient de faire M. Brûlé. Ce sont nos commentaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre. M. COURNOYER: Pas de
questions. LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le député. M.
DEMERS: Pas de commentaires.
M. GUAY: J'aurais peut-être une question. Une fois le
quinzième point, dont vous parlez, accepté, coryez-vous que ce
sera plus facile ensuite de poursuivre la négociation sur les points qui
restent ou est-ce qu'il y en a d'autres plus importants que les quinze points
dont nous parlons?
M. COURNOYER: Ce sont tous des points importants. Et s'il n'est pas
encore réglé, c'est probablement parce que les parties le
considèrent comme extrêmement important et le mettent avec les six
autres points pour continuer les discussions. On ne connaît même
pas la nature du point, vous et moi, et le faire déclarer par les
parties à ce moment-ci, serait peut-être odieux. J'ai
répondu à votre question.
M. GUAY: D'accord, M. le ministre. Je ne voudrais pas faire
préciser quels sont les points, mais par ordre de grandeur.
M. COURNOYER: Vous savez, l'importance des points, quand il y en avait
164 ou 175 au départ et qu'il en reste six, sept ou huit je ne
sais pas au juste, on m'a dit quelques-uns tantôt on a
parlé de six plus l'un des quinze points... Il semble que, si les
parties ne se sont pas entendues sur ce point en particulier, c'est parce
qu'elles le considèrent comme assez important pour le régler
elles-mêmes en négociation continue. Mais on ne semble pas avoir
voulu mettre un ordre de règlement de ce point avant de continuer pour
les six autres points. On ne dit pas: On va régler celui-là et,
par la suite, on va régler les six autres. On le met avec les autres
points et on dit: On est prêt à continuer les
négociations.
M. GUAY: Vous me donnez comme réponse que ce sont tous des points
importants.
M. COURNOYER : J'ai l'impression qu'après tant de poisse, ce sont
tous des points importants qui restent. Tout ce qui reste doit être
important pour les deux parties.
M. LE PRESIDENT (Séguin): Le député de Maisonneuve.
Vous n'avez pas de commentaires? Vous me permettrez, pendant dix secondes, de
consulter quelques personnes. C'est un peu un départ pour un
président de commission. Je demanderais à M. Burns et à M.
Cournoyer de venir ici.
M. BRULE : Je ne veux pas éterniser le débat, parce que je
préfère rencontrer les représentants de
l'Hydro-Québec et négocier avec eux. Quand un médiateur
nous remet un document monolithique et laisse tomber le reste... Je pense que
le quinzième point, il ne faut pas l'évaluer comme point, mais
comme base de règlement d'un document. Je pense qu'il faut
préciser cela aussi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ce que le ministre a
mentionné tout à l'heure.
M. COURNOYER: Ce point, en particulier, est très important.
M. BRULE : Ce point fait partie du document, du bloc.
M. COURNOYER : Mais nous pouvons continuer, quand même, à
discuter ensemble de ce point en particulier.
M. BRULE: C'est évident.
M. COURNOYER: Vous ne l'oubliez pas pour autant.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On peut présumer qu'il y a
encore une partie du contrat à régler, peu importent les points.
Il reste une partie, dont le quinzième...
M. COURNOYER: Quelques petits points d'interrogation.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... le quatorzième ou le
douzième je ne le sais pas du document en question
à régler.
M. BRULE: Je veux que cela soit clair. Le point qui reste fait partie
d'un accord sur l'ensemble du document.
Parce que c'est un document monolithique qui disait: Laisse tomber ta
grenaille, ça, moi je le recommande. Nous, nous avons laissé
tomber la grenaille. Ce que le médiateur appelait la grenaille, pour
nous, c'était très important. Il disait : Laisse tomber ta
grenaille et moi, je suis prêt à faire des recommandations. Nous,
nous avons dit: Sur cette base de discussion-là, les quinze points
étant le document monolithique, cela nous prend les quinze points pour
aborder le reste de la négociation.
M. LE PRESIDENT (M. Séguin): Avez-vous un commentaire à
faire de votre côté? Rien à ce moment-ci?
M. COURNOYER: C'est bien dit.
M. BURNS: Avec votre permission, M. le Président. En somme, ce
que vous nous dites, c'est que le quinzième point qui reste en suspens
est toujours en suspens. Quant à vous, vous voulez encore en
discuter.
M. BRULE: Oui.
M. BURNS: Vous ne l'avez pas mis au panier. Les autres points qui
restent en suspens également, vous voulez en discuter. C'est cela?
M. BRULE: Ce que je veux dire par là surtout, c'est qu'on ne peut
pas le mettre au panier, parce qu'il fait partie du règlement du
document monolithique. Que ce soit le deuxième, le troisième ou
le quinzième point, par ordre chronologique, nous nous sommes
prononcés sur le document, sur les recommandations du
médiateur.
M. BURNS: Sur les quinze points. Est-ce que je peux pousser la question
un peu plus loin? En somme, si le point est en suspens actuellement, c'est que
vous l'acceptez et que l'employeur ne l'accepte pas. Est-ce que c'est cela?
M. BRULE: Si l'employeur ne l'accepte pas, à ce moment-là,
ce n'est plus un document monolithique, conditionnel à laisser tomber le
reste des points.
M. BURNS: Si je comprends bien...
M. COURNOYER: Les quatorze points sont réglés pour autant
que celui-là aussi est réglé.
M. BRULE: C'est évident.
M. BURNS: D'accord. C'est une proposition globale sur quinze points. En
ce qui vous concerne, vous êtes prêts à régler sur
les quinze points?
M. BRULE: Nous nous sommes prononcés sur la valeur du
document.
M. BURNS: D'accord.
M. BRULE: Je ne pensais pas compliquer une chose facile, mais je pense
que c'est une précision qui s'imposait.
M. BURNS: Dans ce domaine-là, M. Brûlé, c'est
très facile sans qu'on le veuille.
M. BRULE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que je peux vous voir, M. Burns,
M. Guay?
Je vous remercie de votre présence. La commission ajourne ses
travaux sine die. Cela veut dire que nous nous rencontrerons de nouveau, soit
à la demande du syndicat, soit à
la demande de l'Hydro, soit à la demande du ministre.
M. BURNS: Pour être plus prudents, est-ce qu'on ne pourrait pas
dire à la demande d'un représentant de l'un ou l'autre des
partis?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, si on veut être très
technique...
M. BURNS: Ce n'est pas que je ne fasse pas confiance au ministre. Il
peut ne pas voir des problèmes à des endroits où nous en
voyons, nous.
M. COURNOYER: Mais pour être encore plus prudents, il faudrait
dire un représentant autorisé par écrit des partis.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, messieurs, je vous remercie.
Bonjour. La séance est levée.
(Fin de la séance à 16 h 30)