Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente du Travail
de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration
Conflit de travail à l'Hydro-Québec
Séance du mardi 19 décembre 1972
(Onze heures vingt-sept minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Avant que notre commission entreprenne ses travaux, je désire
porter à l'attention de tous les membres de la commission, les
remplacements suivants sur la liste des membres attitrés. M. Bienvenue
est remplacé par M. Larivière. M. Blank est remplacé par
M. Veilleux. M. Burns est remplacé par M. Tremblay (Sainte-Marie). Cela
clôt la liste des remplacements pour l'instant. Le parti
Unité-Québec ne nous a pas donné avis de remplacement
quant aux membres déjà sur la liste de la commission.
Il va de soi que nous procédions à la nomination d'un
rapporteur de la commission. Il a été proposé que M.
André Marchand soit le rapporteur. Est-ce que c'est accepté par
tous les membres?
M. GUAY: Accepté.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est "une bonne job" pour lui!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je cède la parole au ministre du
Travail, M. Cournoyer.
Impasse dans les négociations
M. COURNOYER: Lors de la dernière séance de la commission
parlementaire qui étudiait le problème qui subsiste entre
l'Hydro-Québec et les syndicats représentant ces employés,
nous avions convenu que si l'une des parties, si le ministre ou si d'autres
personnes au Parlement demandaient la convocation de la commission
parlementaire à nouveau, nous la convoquerions dans les meilleurs
délais. Elle a été convoquée pour ce matin à
la demande du représentant des syndicats, M. Brûlé, qui est
venu me voir à Québec la semaine dernière et m'a
demandé que la commission parlementaire soit de nouveau convoquée
vu, selon lui, qu'il y avait impasse dans les négociations malgré
le fait qu'il y avait eu des séances de la commission parlementaire
auparavant.
Je ne peux que, non pas déplorer, mais souligner que c'est
strictement la continuation de la procédure qui avait été
établie dès le point de départ, pour entendre les parties
dans ce litige.
Je crois qu'étant donné qu'il s'agit d'une demande du
syndicat, celui-ci pourrait expliquer sa position et pourquoi il a cru bon de
demander de nouveau la convocation de la commission parlementaire et expliquer
succinctement les points qui continuent de séparer les parties.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé, auriez-vous objection
à vous installer au fauteuil, au centre de la table?
Documents de la partie syndicale
M. BRULE: Jacques Brûlé, directeur du Syndicat canadien de
la fonction publique. A la séance de la commission parlementaire du 23
novembre il avait été fortement question d'un document
monolithique sur 15 points, document présenté par le
médiateur, M. Yvon Dansereau.
Je me souviens qu'à ce moment le syndicat avait
démontré clairement la valeur de ce document, et la partie
patronale, l'Hydro-Québec, par l'entremise de M. Jacques Duro-cher, a
fait l'éloge du sérieux du document. Nous savions, à ce
moment, qu'il y avait quatorze des quinze points qui avaient été
acceptés par l'Hydro-Québec et M. Durocher avait dit que le
syndicat et l'Hydro discuteraient du quinzième point. Trois semaines
plus tard, nous n'avons pas discuté du quinzième point une fois
de plus. C'est pour cela que, sur les clauses en suspens, il est évident
que le document tenant compte du quinzième point modifiera la position
du syndicat, et que ce document monolithique de quinze points a tout de
même amené le syndicat à faire des concessions pour
l'obtenir ou pour tenter de l'obtenir.
N'ayant pas le quinzième point, qui porte sur le quartier
général de la Côte-Nord, il est évident que cela met
en doute et en cause le document dans son ensemble, parce qu'il ne faut pas
oublier que ce document de quinze points ne comportait pas
nécessairement des demandes syndicales. Il y avait des demandes
syndicales qui avaient été modifiées par le
médiateur, même à l'intérieur de quinze points, nous
avions fait des concessions.
Dans les circonstances, le syndicat va donc remettre deux documents
à la commission parlementaire. Si le document monolithique est
réglé, il y aura sept points en suspens; et si le document
monolithique n'est pas réglé tel que convenu, il y aura
au-delà de vingt points en suspens.
Je pense que c'est un bref résumé des séances
antérieures de la commission parlementaire et des discussions qui ont eu
lieu entre le syndicat et PHydro-Québec. Nous sommes prêts
à présenter les documents à la commission parlementaire,
soit avec le document monolithique ou sans le document monolithique.
M. COURNOYER: Actuellement, c'est l'état de vos relations?
M. BRULE: C'est cela.
M. COURNOYER: Je ne veux pas résumer
pour ne pas faire d'erreur, mais l'état de vos relations c'est
que, dans un sens, vous avez une vingtaine de points, dans l'autre, vous en
avez sept.
M. BRULE: C'est cela.
M. COURNOYER: Dans les deux cas, je ne pense pas qu'on puisse faire
négocier l'Hydro-Québec ici et vous dire : Les quinze points sont
réglés. Dans les deux cas, nous ne le savons pas. Il semble qu'il
serait préférable que vous déposiez les deux documents, si
vous en avez deux.
M. BRULE : Nous déposerons les deux et nous allons faire valoir
nos points de vue sur chacune des clauses en suspens, comme si le document
monolithique n'était pas accepté et n'était pas
complété sur la totalité des quinze points.
M. COURNOYER: Si je comprends bien votre intention, vous déposez
un ou deux documents à la commission et vous dites: Pour le moment,
étant donné l'état des négociations...
M. BRULE: Nous déposons le document comme s'il n'y avait pas de
document monolithique.
M. COURNOYER: C'est ça. S'il y avait un document monolithique,
c'est-à-dire selon la position que vous aviez la dernière fois,
vous alliez accepter les quinze points tels que suggérés par le
conciliateur. Vous dites: Parce que cette suggestion n'a pas été
acceptée au total par l'Hydro-Québec, c'est-à-dire les
quinze points n'étant pas réglés, s'ils avaient
été réglés, il y en aurait sept.
M. BRULE: La position que nous avions alors, nous la maintiendrons
aujourd'hui.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. BRULE : Vu que cela n'est pas réglé et que le document
n'est pas comme tel, donc nous maintenons nos clauses en suspens.
M. COURNOYER: Est-ce qu'on se comprend? Pour ma part, je pense qu'il y a
lieu de déposer au moins le premier document et, quant au
deuxième, on verra après. Mais pour le premier, il y a quinze
points plus sept autres en suspens.
M. BRULE: Quand je dis au-delà de vingt points, je ne les ai pas
énumérés un par un, il peut y en avoir 23, 24 ou 25.
Chacun des points demeure en suspens et nous voulons discuter chacun d'eux.
M. COURNOYER: Chacun des points qui, selon vous, aurait
été réglé si le document monolithique avait
été accepté en totalité.
M. BRULE: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si je comprends bien, vous désirez
déposer ces documents ce matin sur la table de la commission de
manière que les députés, membres de la commission,
puissent en prendre connaissance immédiatement et qu'il y ait
échange, si c'est là le désir des membres de la
commission.
M. BRULE: C'est ça.
M. MORRISSEAU: Le premier document que nous déposons, c'est celui
que nous avons numéroté document no 2. C'est le document qui
énumère les clauses en litige, étant donné que le
bloc monolithique n'a pas été accepté intégralement
par la partie patronale. Dans ce document, vous retrouvez certains points du
bloc monolithique, points sur lesquels la partie patronale ne s'était
pas rendue complètement à nos demandes.
Alors, nous avons réitéré ces points-là dans
le document que nous vous transmettons.
Cependant, certains points du bloc monolithique n'apparaissent pas dans
ce document parce qu'ils étaient pris séparément, à
la satisfaction du syndicat. Nous ne les avons pas inscrits dans ce document.
Naturellement, si la partie patronale revenait sur sa position concernant ces
points du bloc monolithique, ceux-ci seraient à ajouter au document que
vous avez actuellement entre les mains.
M. COURNOYER: Qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on fait une thèse
sur chaque point? J'ai l'impression qu'on piétine un peu. Tous les
points sont là. Jusqu'ici, nous avions des contenus sur lesquels la
commission ne s'est pas penchée. Que je sache, nous n'avons pas
touché aux contenus depuis le début des
délibérations de la commission parlementaire. Les parties se sont
entendues ou avaient l'air de s'entendre entre elles. Nous ne sommes jamais
allés dans les contenus.
Si je comprends bien, nous irons dans les contenus ce matin.
M. BRULE: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Dorion.
M. BOSSE: Si j'ai bien saisi, lors de la dernière réunion
de la commission parlementaire, il avait été convenu que les
parties se rencontraient pour négocier. Il y avait une quinzaine de
points sur lesquels elles semblaient tout près d'être d'accord. Si
je saisis bien, étant donné qu'il n'y a pas eu d'entente sur
l'ensemble des clauses, vous remettez tcut en question.
C'est-à-dire que ces clauses n'ayant pas été
acceptées en bloc ou à peu près... Est-ce que je saisis
bien? Tous ces éléments sont remis en question?
M. BRULE: En fait...
M. BOSSE: En fait, la négociation n'est pas terminée.
M. BRULE: Non, ce n'est pas ça. Le document monolithique est un
document...
M. BOSSE: Qu'est-ce que le document monolithique?
M. BRULE: ... qui a été présenté par le
médiateur, M. Yvon Dansereau, qui, lui, était médiateur
depuis le mois de juillet. M. Dansereau a assisté à toutes les
négociations et les discussions entre le syndicat et
l'Hydro-Québec et aux réunions avec le médiateur du
syndicat et l'Hydro-Québec, ce qui est le jeu normal de la
négociation.
Lors de la deuxième séance de la commission parlementaire,
M. Dansereau a préparé un document qui contenait 15 points.
Il dit: Moi, je verrais un règlement sur ces points. Moi, en tout
cas, je verrais de bon oeil un règlement sur ces quinze points, si vous,
le syndicat, vous pouviez concéder tel et tel point. Donc, le document
du médiateur devenait un document qui était conditionnel à
ce que le syndicat retire certaines de ses demandes. Nous avons
étudié le document et nous avons accepté de retirer
plusieurs demandes du syndicat, advenant qu'il y aurait entente sur quinze
points; mais il était bien entendu que c'était un document
monolithique. En acceptant ces quinze points, cela faisait disparaître au
moins quinze autres points où le syndicat faisait des demandes et on se
retrouvait avec sept points qui portaient sur la durée de la convention,
le réajustement des échelles de salaires, les plans
d'évaluation des tâches, les exigences normales, les
employés temporaires de l'Hydro-Québec. En fait, on se retrouvait
avec sept points et le reste était éliminé, parce que soit
que le syndicat ait fait des concessions ou qu'il y ait entente entre les
parties.
Il était évident aussi que, si le document n'était
pas accepté en son entier, le syndicat ne faisait plus les concessions
qu'il avait faites pour obtenir ce document. Et c'est là qu'on met en
cause des choses qu'on avait concédées durant la médiation
sous réserve d'avoir ce document. Donc, le syndicat est prêt
aujourd'hui à maintenir la position qu'il avait à ce
moment-là, advenant qu'il y ait entente sur le document. Mais, puisqu'il
n'y a pas entente au temps où nous nous parlons ce document a
déjà été déposé depuis trois semaines
nous revenons, nous, sur nos demandes originales.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Concernant le document déposé
par le médiateur, M. Dansereau, parmi les quinze points, il y en avait
un sur lequel vous ne vous êtes pas entendus, le problème de la
Côte-Nord.
M. BRULE: Le quartier général de la Côte-Nord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie) : Comme cela n'a pas été
accepté par la partie patronale, les quinze points sont tous remis en
cause. C'est-à-dire que vous aviez fait des concessions que là,
vous ne faites plus parce...
M. BRULE: C'est-à-dire que ce sont les quinze points plus quinze
autres points. Parce qu'on avait abandonné quinze autres points pour
avoir ceux-ci.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord.
M. BOSSE: Ceci étant dit, je pense qu'il reste pas mal de points
en suspens. Cela veut dire que vous faites des représentations de part
et d'autre devant la commission parlementaire du travail et là, nous,
qu'est-ce que nous faisons au juste, après?
M. COURNOYER: Nous entendons les deux parties. Après, je ne sais
pas. Nous verrons ensuite. M. le député de Dorion, on parle bien
de quinze points, mais il semble qu'il y ait un point clé dans cela. Je
n'en vois qu'un, maintenant, dans les quinze points. Il y a le point
clé. Quel est le point clé? Si on touche au point clé,
nous allons voir.
Nous avons un point à discuter. Si nous ne touchons pas au point
clé, nous avons quinze points à entendre. Cela peut être
très long. Il s'agirait pour nous de voir quel est ce point clé
qui n'est pas réglé, quitte après cela â aborder les
sept autres points, si jamais ce point clé nous était connu dans
ses implications. Puis, nous leur demanderons de sortir et nous discuterons de
ce que nous allons faire. Mais là, je ne le sais pas.
M. BOSSE: Je suis bien prêt à entendre le point clé
et les autres points. Mais je me pose une question. Une fois que nous aurons
entendu tout cela, j'imagine qu'il n'y a pas que des spécialistes qui
siègent à cette commission. Est-ce que nous sommes arbitres?
M. COURNOYER: II a été clairement établi que nous
ne sommes pas des arbitres. Nous regardons cela au nom du public
québécois qui a subi une grève et, en même temps, au
nom des salariés qui ont fait la grève et qui ont perdu à
toutes fins utiles l'effet de cette grève lorsque nous avons
adopté la Loi des services essentiels. Nous sommes là pour servir
de tampon et que ces gens puissent nous parler des problèmes qu'ils ont
comme ils pourraient en parler s'ils étaient en grève. C'est
à peu près cela.
M. BOSSE: Nous sommes des "tamponneux."
M. COURNOYER: Nous sommes des "ta-ponneux".
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous ne sommes pas ici pour négocier.
Nous n'avons pas l'autorité pour négocier.
M. COURNOYER: Les questions des députés peuvent parfois
amener un éclairage nouveau sur les problèmes en litige. A ce
moment-ci, je me demande: Pourquoi ne pas aborder ce fameux point
clé?
M. BOSSE: J'ai compris que le député de Sainte-Marie
parlait pour lui-même quand il a dit que nous n'avions pas la
capacité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas dit la capacité. J'ai dit
que nous n'avions pas le mandat.
M. BOSSE: Ah bon!
M. COURNOYER: C'est très vrai.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La commission n'est pas mandatée pour
négocier. Nous avons la capacité...
M. VEILLEUX: Est-ce que vous voulez que j'agisse comme médiateur
entre les deux?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela serait bien mauvais, je pense.
M. SHANKS: Si nous revenions au point clé.
M. LAVOIE (Wolfe): Je ne peux pas voir l'utilité de la
réunion de la commission aujourd'hui. Nous devons entendre ces gens,
mais nous n'avons aucun mandat pour décider quoi que ce soit.
M. COURNOYER: Le peuple a le droit de savoir pourquoi les parties ne
signent pas une convention collective. Et le peuple, c'est encore vous et moi
jusqu'à nouvel ordre. Et comme les gens de l'Hydro-Québec n'ont
pas la possibilité d'aller sur la place publique avec une grève
qui serait inefficace, parce que les intéressés n'ont plus le
droit étant donné les services essentiels tels qu'ils sont
définis, nous avons convenu de donner l'occasion au syndicat et à
l'Hydro-Qué-bec de nous expliquer pourquoi ils ne sont pas capables de
signer une convention collective, et nous recevons cela au nom du peuple. C'est
à peu près cela que je fais ici. Laissons faire le pourquoi et
après, nous verrons ce que nous avons à faire.
M. BOSSE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant. ... je vous donnerai la parole
par la suite.
M. BOSSE: Sur le rôle de la commission...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Comme complément à la
déclaration du ministre...
M. BOSSE: Comme membre de la commission, je pense que je peux quand
même dire des choses. Si j'ai bien compris, c'est une espèce de
"fact finding board" qui va permettre aux parties de s'exprimer sur la place
publique et permettre aux journalistes de voir et d'exprimer pour le public les
deux positions.
M. COURNOYER: Pour le moment, c'est cela et cela va rester cela
jusqu'à nouvel ordre mais, après cette séance, je vous
l'ai dit tantôt, je ne sais pas ce qui arrive. On verra. J'imagine que
les parties pourront se conformer à la loi, définir les services
essentiels et retourner en grève si elles ne s'entendent pas. C'est une
possibilité, il y en a d'autres que je n'ai pas à l'idée
pour le moment. Le processus que nous avons suivi est de donner la chance aux
parties d'exprimer devant le peuple ce qui les empêche de signer une
convention collective et, une fois que ce sera fait, le peuple va savoir
pourquoi elles ne sont pas capables de signer une convention collective. Le
peuple va peut-être me dire de faire quelque chose, on verra.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: Je trouve un peu inquiétant que les membres qui
composent cette commission parlementaire se disent: qu'est-ce qu'on fait ici?
Il est évident que nous aurions préféré, dans les
circonstances, garder notre force qui était notre droit de grève
reconnu par le code du travail qui a tout de même été
accordé par les législateurs. Dans l'intérêt du
public, on nous a enlevé ce droit-là qui nous est reconnu par la
loi. Il n'en reste pas moins que les travailleurs de l'Hydro-Québec, qui
sont accrédités, qui sont syndiqués et qui ont un droit
comme tous les travailleurs québécois d'avoir une convention et
des conditions de travail négociées, à partir du moment
où la même Assemblée nationale nous enlève notre
droit qui nous est reconnu par le code du travail, si on nous l'a enlevé
pour le bien-être du public québécois, je pense que le
même gouvernement devrait se pencher sur les droits des travailleurs de
l'Hydro-Québec et faire les pressions nécessaires, s'il y a lieu,
pour qu'ils aient une convention collective de travail. Je pense que c'est le
rôle des gens qui composent l'Assemblée nationale,
indépendamment des partis au pouvoir ou d'Opposition.
Je pense que nous avons un droit, comme citoyens et comme
syndiqués, de faire valoir nos points et nos demandes comme n'importe
quel autre travailleur syndiqué dans la province de Québec. Il
est évident que nous jouons avec de l'électricité, cela
semble pas mal plus délicat qu'autre chose et que cela a eu une
répercussion sociale plus sérieuse qu'ailleurs, mais est-ce que
cela veut dire pour autant qu'à partir du moment où nous avons
une loi qui rend une grève inopérante ou qui neutralise une
grève par rapport à la force et aux moyens de pression que nous
pouvons représenter dans une négocia-
tion normale, quand on se retrouve devant une commission parlementaire
et qu'il y a des points en suspens, je pense qu'on va faire valoir devant ces
mêmes gens-là qu'ils ont adopté le bill 7 3. S'il y a des
pressions qui doivent s'exercer, tant du côté syndical que du
côté patronal, je pense que ce sont des gens assez bien
placés pour le faire. Il y a une chose qui est sûre, c'est que
jusqu'à maintenant tous les mécanismes prévus par la loi
avec un conciliateur, un médiateur, une grève de deux jours au
mois de juin, une grève que nous avons connue avant l'adoption du bill
73, douze mois de négociation, nous sommes rendus au point mort et,
depuis quinze jours il n'y a pas eu de rencontre entre le syndicat et
l'Hydro-Québec et ces gars-là attendent d'avoir une convention
collective de travail qu'ils sont en droit de recevoir.
Donc, nous avons des comparaisons à faire. Il faut tout de
même regarder l'historique des négociations de
l'Hydro-Québec et des négociations des secteurs public et
parapublic qui se sont déroulées depuis au-delà d'un an.
Les gars n'ont plus de place nulle part. Ce ne sont pas des gars couverts par
le parapluie de la politique salariale. Ce ne sont pas des gars des secteurs
public et parapublic. Le sous-ministre de la Fonction publique, M. Roch Bolduc,
a dit carrément, à une table de négociation, qu'on n'avait
pas d'affaire là. Nous voulons savoir à quelle place nous sommes.
Si nous sommes des Québécois à part entière, nous
voulons, au moins, faire valoir nos droits et nos revendications. Moi, je vais
essayer de sensibiliser les gens à la commission parlementaire pour que
nous puissions au moins démontrer que ce que nous demandons est
justifié, dans chacun des cas.
Maintenant, si on nous dit que nous sommes illogiques, nous prendrons
nos responsabilités. Je ne pense pas que les responsabilités
soient toujours du même côté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Pour rassurer l'opinant, il m'apparaît que
la commission parlementaire est, en quelque sorte, un tribunal d'audition. Je
pense que le cheminement normal, suite à une loi spéciale,
rencontre aujourd'hui un mur qui peut paraître infranchissable aux deux
parties. A cet égard, je pense que, comme représentant d'un
comté à forte majorité ouvrière et aussi comme
membre de la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, il est
de mon devoir de défendre, à ce titre, le poste que nous occupons
au niveau de la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre. Je
pense que nous n'avons pas besoin de nous poser de questions, à savoir
ce que nous venons faire ici, puisque nous considérons, tout aussi bien
que les représentants de l'Assemblée nationale, comme ceux qui
font partie des invités de ce matin, représentants de
l'Hydro-Québec, de la partie syndicale, tous ensemble, que notre temps
est beaucoup trop sérieux pour que nous le passions à tourner en
rond.
Compte tenu du fait que la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre est un tribunal d'audition, nous allons, candidement,
écouter ce que vous avez à nous dire. A la suite de ça,
j'appuie à 100 p.c, sérieusement aussi, l'opinion émise
par le ministre responsable de cette commission et qui est le titulaire du
ministère du Travail. Je pense que la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre tient des réunions assez
régulièrement sans pour autant avoir besoin d'être
constamment devant des conflits, puisque toute législation, qui est
présentée à l'Assemblée nationale, fait objet d'une
étude préalable. Le ministre sait vous le connaissez aussi
bien que moi démocratiquement, défendre les politiques
qu'il va présenter en Chambre. A cet égard, compte tenu du fait
que noue tenons régulièrement des réunions sur les
questions du domaine du travail et de la main-d'oeuvre, nous tiendrons d'autres
réunions que l'on pourra appeler réunions secrètes,
réunions de cuisine ou réunions habituelles.
A cet égard, je pense que vous êtes invités ce matin
à nous exposer votre problème. Déposez votre document,
tâchez de le vulgariser au meilleur de votre connaissance pour faciliter
à tous les membres de cette table la compréhension la plus
grande. Nous aurons nous aussi à nous exprimer à la suite de vos
exposés. Je suis vraiment un peu vexé" qu'on demande ce qu'on
vient faire ici ou enfin qu'on veuille mettre en doute la valeur d'une
commission parlementaire aussi sérieuse que celle du travail et de la
main-d'oeuvre. Celle-ci a un mandat qui lui a été donné
par la Chambre, elle est ici pour écouter et, à la suite de cela,
on verra à vous donner la conclusion de la confrontation qui fait objet
de votre litige.
M. LAVOIE (Wolfe): On verra ce que cela donnera.
M. GUAY: Pour ma part, je pense que la réunion de cette
commission parlementaire est très valable. Cela va au moins nous
permettre de répondre aux questions qui nous sont posées. La
grande question est la suivante: Qu'est-ce qui se passe à
l'Hydro-Québec depuis l'adoption du bill 73? Comme les membres du
gouvernement ou même des partis de l'Opposition ne sont pas des
spécialistes de la question, cela va au moins nous permettre de prendre
connaissance à fond du litige qui existe. J'ai bien aimé
tantôt qu'on dise qu'on pourrait discuter du point clé.
Evidemment, ce qui importe, c'est ce que vous avez appelé ce point
clé, qui pourrait peut-être être un déblocage et
ensuite ce serait plus facile.
La commission parlementaire, je la vois à peu près comme
cela, c'est qu'au moins les
membres de la commission prendront connaissance de ce qu'il y a.
Ensuite, s'il y a lieu, et j'ajoute s'il y a lieu, si nous sommes
obligés de faire la part des choses, nous essaierons de la faire de la
meilleure façon possible. Je suis disposé à entendre les
parties aussi longtemps qu'elles voudront s'exprimer et ensuite nous passerons
à l'étude de ce point clé. Puis, comme dit le ministre,
nous verrons.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Jean.
M.VEILLEUX: M. le Président, je ne me pose pas de question sur ce
que l'on fait. A moins que je me trompe, le point clé, on l'a
déjà, M. Brûlé nous l'a donné. C'est un refus
de l'Hydro-Québec au document monolithique le syndicat l'a
accepté mais il a été refusé par
l'Hydro-Québec qui fait qu'on se retrouve avec le document ici,
avec toutes les clauses en suspens. Je pense qu'il s'agirait de savoir de
l'Hydro-Québec pourquoi elle a dit non au document monolithique. Je
pense que c'est le point clé et j'aimerais bien que
l'Hydro-Québec vienne nous dire pourquoi elle a refusé le
document monolithique.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Après la suggestion du
député de Saint-Jean, on demande ce qui se passe à
l'Hydro-Québec. Il est entendu que, par le bill 73, on a brisé
l'équilibre de forces et actuellement il n'y a pas de
négociation. La commission parlementaire doit écouter le point de
vue des deux parties: la partie syndicale et la partie patronale. Ensuite,
quitte à convoquer la commission parlementaire sans les parties et
essayer de trouver un joint pour relancer les négociations, et que le
ministre essaie de faire des suggestions. Je pense que c'est notre rôle.
C'est actuellement bloqué et il faut admettre que la partie patronale a
le gros bout du bâton parce que tous les services sont maintenus.
Il n'y a plus de grève à l'Hydro-Québec, à
toutes fins pratiques; par le bill 73, les gars n'ont plus le droit de faire la
grève. En somme, cela comprend tout le monde. Le ministre l'avait dit
lorsque nous avons voté le bill 73. Tout le monde était
obligé d'entrer au travail à toutes fins pratiques. N'ayant plus
ce pouvoir de négociation, la partie syndicale attend et la partie
patronale peut attendre longtemps. Elle peut la faire mourir à petit feu
parce que tout marche à l'Hydro-Québec comme s'il n'y avait pas
de litige, comme s'il n'y avait pas de mésentente sur la convention
collective. Qu'on entende les deux parties, le point de vue de la partie
syndicale et le point de vue de la partie patronale, quitte à convoquer
de nouveau la commission parlementaire, à essayer de trouver un joint
pour relancer les négociations, à faire des suggestions, venant
de la part du ministre.
M. VEILLEUX: La partie syndicale nous a dit qu'elle avait accepté
le document monolithique du médiateur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce qui se passe, on le sait.
M. VEILLEUX: Moi, je veux savoir de l'Hydro-Québec pourquoi elle
a dit non. Après cela, on verra ce qu'il y a à faire.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça. Qu'on entende les deux
parties.
UNE VOIX: On a entendu M. Brûlé, il nous a dit que
c'était oui.
M. BRULE: Je suis d'accord. C'est évident que nous, nous
l'acceptons.
M. VEILLEUX: On veut savoir pourquoi les autres disent non.
M. BRULE: Nous ne le savons pas encore nous-mêmes, nous allons
l'apprendre en même temps que vous ce matin.
M. SHANKS: C'est déjà bon la commission parlementaire
comme ça!
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il y aurait moyen de faire venir les gens de
l'Hydro-Québec pour le savoir, M. le Président?
M. COURNOYER: Ils sont là.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'ils pourraient venir nous expliquer pourquoi ils
ont dit non?
Relations entre 1'hydro et ses syndicats
M. GAUVREAU : Georges Gauvreau, commissaire. M. le Président,
nous avons écouté avec intérêt la discussion des
membres de cette commission sur la fonction de la commission. Il est entendu
que nous ne pouvons faire autre chose que de nous conformer aux
décisions qui seront prises par la commission quant à la
façon de procéder à partir d'aujourd'hui. C'est la
cinquième fois aujourd'hui que nous venons à cette commission
dans le but d'éclairer la population, les parlementaires d'abord, de
faciliter les négociations et, à chaque fois, nous sommes
retournés en négociation. Nous sommes prêts à faire
les efforts qui nous seront suggérés par cette commission.
Toutefois, avant d'expliquer notre point de vue, j'aurais juste une
déclaration brève à vous faire, une déclaration de
nature générale, sur les relations syndicales entre
l'Hydro-Québec et ses syndicats. J'y suis d'autant plus invité
que plusieurs députés ont parlé de l'historique, du
contexte, de l'opinion publique, du rôle de la commission, de prendre
connaissance des faits, des difficultés de la grève que nous
avons
vécues, qui nous ont préoccupés. Et on a
posé la question: Que se passe-t-il?
Pour tout ceci, je crois que nous devons vous donner vraiment notre
point de vue. Avant de commencer un exposé, j'espère que vous
nous permettrez de vous donner... Je voudrais simplement vous dire ici le
rôle que les commissaires et tous les cadres de l'Hydro-Québec
jouent dans ce travail de négociation collective.
Chez nous, une convention collective se prépare par une large
consultation. Ce n'est pas une équipe isolée de deux ou trois
négociateurs, spécialistes de relations syndicales. Il se fait
une large consultation parmi nos cadres des niveaux élevés, moyen
et intermédiaire, les cadres les plus rapprochés des gens qui
font le travail.
L'idée de cette consultation préalable est de permettre
à l'équipe de relations syndicales de prendre connaissance des
vrais problèmes de fonctionnement au jour le jour, non seulement des
problèmes d'efficacité, de production
d'électricité, mais aussi des problèmes des hommes qui
travaillent, des répercussions des décisions que nous prenons,
des clauses que nous introduisons dans la convention.
Ces cadres qui vivent avec la convention nous font part de
l'expérience vécue avec la convention précédente.
Ils nous permettent de bâtir une espèce de tableau de ce qu'il est
possible d'offrir et de ce qu'il est peut-être impossible d'offrir.
C'est cette équipe de négociation qui comprend non
seulement des spécialistes de relations syndicales, mais aussi toute une
équipe, tout un comité de négociations des gens de
la ligne hiérarchique, des gens qui font du travail au jour le jour avec
les hommes de la ligne qui est ici présente. C'est pourquoi la
délégation est assez nombreuse. Ces gens demandent un mandat aux
commissaires.
Au fur et à mesure que les négociations se poursuivent, le
mandat n'est jamais d'une rigidité absolue. Ces gens reviennent et nous
tiennent au courant de l'état des négociations, des
problèmes, des difficultés qu'ils éprouvent. Il arrive que
la commission modifie ou ajoute au mandat déjà
accordé.
Je crois que c'est l'essentiel de ce que je voulais vous dire.
Maintenant, il y a quelques exposés que nous pourrions faire; nous
allons les faire de la façon que vous allez nous proposer. Nous allons y
mettre plus ou moins de temps, selon que la commission en conviendra. Nous
répondrons à des questions, si vous voulez, aussi exactement que
possible. Et quant à l'état actuel des négociations, je
demanderais à M. Jacques Durocher, directeur des relations syndicales,
de faire le point.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Jean qui sera suivi du député de Wolfe.
M. VEILLEUX: Je me demande, au point de vue de la procédure,
avant d'arriver et de nous faire l'historique, exactement combien de
réunions, etc. Il y a une question que je veux poser et ça
pourrait peut-être nous empêcher de faire tout cet historique que
nous avons dans le document: Pourquoi l'Hydro-Québec a-t-elle dit non au
document monolithique? Cela me chicote depuis que je suis entré ici.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gauvreau.
M. GAUVREAU: Je suis le seul membre de la commission présent ce
matin, les autres étant retenus à Montréal. Mais j'ai
reçu mandat de mes collègues de faire un effort pour vous donner
une information assez globale, pour autant que la commission nous le permet.
C'est le mandat que j'ai reçu, d'abord.
M. VEILLEUX: Mais après ça, est-ce que nous allons avoir
la réponse à la question que je pose? C'est ça qui
m'inquiète.
M. GAUVREAU: Après, oui.
M. BOSSE: M. le Président, si la commission exprimait le
désir...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que vous permettez, M. le
député de Dorion? Le député de Wolfe m'avait
demandé la parole.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est dans le même sens que le
député de Saint-Jean, concernant la question qui a
été posée tantôt: Pourquoi le bloc monolithique
n'a-t-il pas été accepté? C'est ce que nous voulons
savoir.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Vous aurez peut-être une réponse
à cela en prenant connaissance de la dernière proposition globale
de l'Hydro-Québec datée du 8 décembre 1972, qui est
présentée aujourd'hui. A la dernière page, en conclusion,
au troisième point, on dit: "Nous avions demandé aux
représentants des syndicats de communiquer à leurs membres le
résultat de la présente négociation. Nous regrettons
qu'ils n'aient pas donné suite à notre demande." Si les membres
faisant partie intégrale d'un syndicat ou des syndicats ne sont
même pas au courant des dernières offres, comment voulez-vous que
nous puissions agir? Il faudrait presque être le bon Dieu. Il faudrait
être capable de rencontrer les membres à la place des syndicats
qui n'ont pas informé leurs membres.
Du moins, c'est le document qui est livré aujourd'hui, le 19
décembre, par l'Hydro-Québec, qui regrette, dans ce même
document, en conclusion, que les membres ne soient même pas au courant
des dernières offres qui font partie intégrale de ce document
déposé aujourd'hui à la commission parlementaire. Je pense
bien que l'on va faire du "in and out" et on va
demander au syndicat si c'est vrai que les membres ne sont pas au
courant ou s'ils le sont.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable ministre du Travail.
M. COURNOYER: A ce moment-ci, nous intervenons dans la procédure
interne des parties. A savoir si on a informé ou si on doit informer les
membres, je tiens à souligner, à la même page, qu'il
s'agissait d'une condition posée par l'Hydro-Québec à un
règlement disant: Voici, vous allez informer vos membres de cette
proposition.
Si le syndicat a jugé bon de ne pas informer ses membres de cette
proposition, c'est peut-être parce qu'il pensait que les
négociations n'était pas finies, selon lui. C'est ce que j'ai
compris.
M. HARVEY (Chauveau): Remarquez que là-dessus, je ne juge pas.
Nous l'avons dit tout à l'heure et je continue de croire que nous sommes
un tribunal d'audition, non pas un tribunal qui va porter un jugement dans le
présent conflit. Cela m'apparait quand même, dans le document qui
est présenté par l'Hydro-Québec, comme étant
quelque chose qui saute aux yeux. J'en fais mention pour l'information des gens
de la presse, des gens qui assistent à cette réunion et des gens
de la commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Dorion.
M. BOSSE: Si j'ai bien compris, M. Gauvreau a suggéré une
méthode de travail, à savoir nous faire un historique. Par
contre, la commission, par ses membres, semble être désireuse
surtout, non pas de vous entendre sur un historique. Ses membres sont capables
de faire la lecture d'un beau document que vous nous avez
présenté.
Ce que nous désirons avoir immédiatement pour
abréger peut-être... l'historique, vous nous l'avez
présenté tout seul, comme document. S'il y a lieu, plus tard, et
par la suite, nous pourrions très bien poser des questions sur
l'historique. Mais ce n'est pas opportun, pour nous, à ce moment-ci. Ce
qu'il est opportun de savoir, c'est pourquoi vous n'avez pas répondu
à la demande syndicale ou à la proposition du conciliateur. C'est
ce qui nous intéresse pour le moment, quitte par la suite à y
revenir, si les membres de la commission sont d'accord. Cela pourrait
peut-être abréger pas mal de choses. A toutes fins pratiques, nous
ne sommes pas des arbitres. Cela a été mis en lumière
grâce à votre pouvoir électrique.
M. GAUVREAU: Si j'ai bien compris le voeu de la commission, c'est qu'on
est prêt à nous entendre. S'il y a des députés qui
croient que nous serons trop longs, nous pourrons abréger, aller
rapidement dans l'historique, sans en faire un dossier. Les documents qui sont
là sont plus longs que ce que nous avons à dire et nous allons
venir assez vite à la réponse à votre question. Pour
répondre à la question, il faudrait qu'on fasse un
exposé.
M. VEILLEUX: Si c'est essentiel, je suis d'accord pour qu'il le
fasse.
M. COURNOYER : Cela va-t-il nous amener à un règlement, M.
Gauvreau? Nous allons prendre connaissance de cela et après, que
ferons-nous? Peut-être que vous pouvez aussi nous donner une suggestion,
à savoir ce que nous allons faire après?
M. GAUVREAU: On a dit, ce matin, qu'il y avait un grand besoin
d'informations pour les parlementaires et pour le public.
M. COURNOYER: Si on allait...
M. GAUVREAU: Nous croyons répondre à ce besoin-là.
C'est évident que vous avez parlé du rôle du
ministère...
M. COURNOYER: Non, je ne veux pas parler du rôle du
ministère.
M. GAUVREAU: La commission en circuit fermé...
M. COURNOYER: Effectivement, l'historique, suivant la suggestion du
député de Dorion, nous l'avons. Supposons que vous ne voulez pas
entrer immédiatement dans la question des quinze points, quant à
l'historique, quand même, nous savons une chose, nous, les
parlementaires, c'est qu'il y a eu une grève et que nous avons
voté une Loi des services essentiels à l'Hydro-Québec
ordonnant ainsi à l'immense majorité des travailleurs de
l'Hydro-Québec de retourner travailler pour assurer à la
population un service essentiel. C'est ce que nous avons fait. J'imagine que,
même avant de le faire, nous savions que les services essentiels à
l'hydro-Québec n'étaient pas déterminés. Parce que
s'ils l'avaient été par le consentement des parties, nous
n'aurions jamais eu à adopter une loi ordonnant le retour au travail de
ceux qui assuraient les services essentiels. Il y a une partie d'historique que
nous avons vécue presque en même temps que l'Hydro-Québec
et en même temps que le syndicat, au nom de la population et comme
parlementaires. Alors, quant au contenu proprement dit, il est un peu plus
inconnu de la part des parlementaires et de la part du ministre aussi. Je ne
m'en cacherai pas. Je ne connais pas tout le contenu de ce qui a pu se passer.
La petite histoire de cette histoire-là, si vous voulez la donner, c'est
parfait. Je n'ai ucune forme d'objection. Mais, en fait, nous avons devant nous
un résidu de convention collective. Ce qu'il m'intéresserait
beaucoup plus de savoir, c'est ce qui s'est passé depuis la
dernière séance de la commission
parlementaire. Que s'est-il passé depuis ce temps-là?
Il y avait un point qui manquait sur quinze. Vous avez fait une offre le
8 décembre. Cela, je le sais. Elle est incluse ici. Peut-être que
si vous expliquiez l'offre que vous avez faite, ce serait suffisant pour moi.
Toutefois, je ne veux pas vous empêcher de parler. Vous pouvez me faire
l'historique que vous voulez, mais est-ce que nous aurons avancé
davantage avec l'historique après? Parce qu'il est midi dix, cela va
finir à midi et demi. Nous allons reprendre à trois heures et
continuer. Et l'autre va faire un autre historique de son côté.
L'historique ne sera peut-être pas le même parce qu'il semble qu'on
a vécu dans un même contexte, tout le monde, mais que la
perception aura été différente. Parce que si elle avait
été la même, cela serait assez simple. Et si on ne
perçoit pas l'historique de la même manière, je ne sais pas
où nous allons et nous n'avons pas touché au contenu encore. Et
cela ne donne pas une convention collective au bout, la façon dont c'est
arrivé. Quant à moi, cela ne me fait rien. C'est votre
suggestion. Vous voulez y aller. Allez-y, je ne vous empêcherai pas de
parler.
M. BOSSE: M. le Président, il ne s'agit pas pour moi de chercher
à bâillonner le porte-parole. Seulement, je ne crois pas qu'il lui
appartienne de déterminer les méthodes. La commission a
décidé, elle, d'entendre immédiatement les
intéressés. Elle ne veut pas connaître l'historique.
L'historique est dans le document et les journalistes en prendront le contenu
et en feront la publicité qu'ils voudront. Pour nous, si on parvenait
à obtenir une réponse immédiatement là-dessus... Il
n'appartient pas au porte-parole de déterminer les méthodes de
procédure, il appartient aux membres de la commission et ceux-ci ont
exprimé le désir d'avoir une réponse immédiatement
sur les quinze points. S'il y a lieu, par la suite, de vous demander de nous
faire l'historique... Par expérience de la négociation, je sais
très bien que cela peut nous prendre quinze jours ici et nous pouvons
entendre des histoires pendant quinze jours. J'aimerais cela me mettre au
courant du dossier et, à ce moment-là, nous agirons comme
conciliateurs ou médiateurs.
Mais c'est déjà fait avec des gens compétents. Tout
cela a été fait. Ce que nous voulons savoir, comme membres de la
commission, pour l'information du public, c'est pourquoi vous n'acceptez pas
les points. Vous avez peut-être de très bonnes raisons. Je ne le
sais pas. Je voudrais entendre cela d'abord et l'historique après. Parce
que nous avons vécu l'historique un peu nous aussi. Nous avons
voté des lois. Nous avons lu les journaux et nous avons entendu des
histoires de part et d'autre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Laurier.
M. MARCHAND: Je suggérerais, pour éco- nomiser le temps
des membres de la commission, du syndicat et de l'Hydro-Québec, que l'on
verse intégralement le document au journal des Débats. De cette
façon, tout le monde pourra en prendre connaissance et nous aurons
l'historique et tout le monde pourra le lire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous faites une proposition pour que le
journal des Débats reproduise intégralement le document
déposé par l'Hydro-Québec.
M. BOSSE: Je voudrais savoir si cet historique et l'historique syndical
correspondent, si c'est conforme aux faits.
M. MARCHAND: Qu'il soit discutable ou non...
M. GAUVREAU: Ce sont des faits. Il n'est pas question
d'interprétation.
M. MARCHAND: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): Si on accorde à l'Hydro-Québec le
privilège de déposer ses documents au journal des Débats,
est-ce que nous ne pourrions pas demander la même chose au syndicat
aussi? Il doit avoir des documents à faire déposer au journal des
Débats aussi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le syndicat aurait d'autres
documents que celui que vous nous avez remis il y a quelques minutes?
Auriez-vous d'autres documents en main présentement?
UNE VOIX: II faudrait peut-être dire au journal des Débats
qu'il s'agit de documents déposés par l'Hydro-Québec, de
bien le spécifier au journal des Débats.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est cela. Les documents
déposés par l'Hydro au journal des Débats.
M. COURNOYER: Si le syndicat a des choses à dire contre ce
document, j'imagine que vous allez le lire, et si vous avez quelque chose
à préciser davantage, vous le préciserez à une
séance ultérieure de la commission.
M. LEGENDRE: Raymond Legendre, du Syndicat canadien de la fonction
publique. Il y aura un document qui sera notre historique. Nous demandons le
même privilège que vous avez accordé à
l'Hydro-Québec, à savoir qu'il paraisse intégralement dans
le journal des Débats.
M. MARCHAND: Je propose que les deux documents soient
déposés au journal des Débats.
M. COURNOYER: Pas de problème. (Voir annexes)
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gauvreau.
M. GAUVREAU: II est évident que nous ne sommes pas venus ici pour
vous imposer une procédure. Je l'ai dit avant, ce n'est pas à
nous de discuter la procédure, c'est à vous et nous allons nous y
conformer.
Nous ne tenons pas à lire tous les documents que nous avons
publiés. Nous ne sommes pas venus ici pour faire un plaidoyer ou un
réquisitoire. Nous sommes venus ici pour exposer des faits.
Il est déjà 12 h 15. Avant que nous nous quittions, je
retiens quand même la proposition du ministre du Travail, qui nous a
demandé si nous ne pourrions pas expliquer notre offre du 8
décembre. Je demanderais à la commission de donner l'occasion
à notre directeur des relations syndicales d'exposer cette offre et son
contexte.
M. COURNOYER: Vous allez répondre en même temps aux voeux
des autres députés, voeux exprimés pour savoir pourquoi
vous avez refusé le quinzième point. J'imagine que, dans l'offre
du 8 décembre, vous faites une offre globale, n'incluant pas le
quinzième point. J'imagine que cela sera expliqué en même
temps, répondant ainsi aux voeux des autres députés,
membres de cette commission.
Offre de l'Hydro-Québec
M. DUROCHER: Jacques Durocher, directeur des relations syndicales
à l'Hydro-Québec. Il est évident, M. le Président,
que les documents que nous avons déposés ce matin ne
règlent pas en soi le différend que nous connaissons actuellement
à l'Hydro-Québec. Ces documents font état, dans un cas, de
l'historique des négociations et M. Gauvreau en a parlé
tantôt font état également de la dernière
proposition globale de l'Hydro-Québec en date du 8 décembre. Ils
font état également des améliorations apportées par
l'Hydro-Québec aux présentes conventions collectives tout au
cours des négociations qui se sont déroulées sur une
période de 13 mois; ils font également état du coût
des avantages sociaux à l'Hydro-Québec et, enfin, signalent les
problèmes affrontés en ce qui a trait à la
détermination des services essentiels.
Dans une négociation, on ne peut pas, à un moment
donné, détacher un point, l'isoler sans pour autant
détacher de tout le contexte la négociation d'une convention
collective. Une négociation est une suite de compromis que les parties
font de part et d'autre et ces compromis ne font évidemment pas
l'affaire en totalité de l'une et de l'autre des parties. Depuis la
remise du document en quinze points du médiateur, il y a eu un certain
nombre de rencontres avec le médiateur. Il a été question
du quinzième point qui n'a pas été réglé, le
quartier-général Mani-couagan ou Côte-Nord. Le 8
décembre, l'Hydro-Québec a présenté au syndicat une
proposition dite globale. Cette proposition représentait pour
l'Hydro-Québec un effort ultime en vue d'en arriver à un
règlement et, avant de la soumettre au syndicat, nous avions pris soin
de rencontrer la veille, soit le 7 décembre, le directeur
québécois du SCFP, le négociateur en chef du SCFP et le
médiateur, M. Dansereau, dans le but d'indiquer à ces personnes
le sérieux et l'importance de la proposition du lendemain. Que contenait
cette proposition? Elle permettait, dans un premier temps, la mise à
jour, sur un ensemble d'articles, lettres d'entente, appendices qui, tout au
cours des négociations avaient fait l'objet de nombreuses discussions de
même que d'une entente.
Le 8 décembre, la partie patronale a remis aux syndicats ces
documents, dans le but de leur permettre de vérifier s'ils
représentaient exactement l'objet des ententes. Dans un deuxième
temps, nous avons reformulé de nouvelles propositions sur les salaires.
A ce chapitre, pour une convention collective d'une durée de quatre ans
avec un effet rétroactif d'un an, ce qui veut dire trois années
réelles de durée de convention collective, nous proposions une
hausse moyenne cumulative des salaires de 25.95 p.c. par rapport aux salaires
actuels.
Pour les employés de métiers, ces propositions
représentaient en 1972, 1973 et 1974 des augmentations sur les classes
de salaires de 5p.c, 6 p.c. et 6 p.c. Ces augmentations accordées sur la
classe I avaient pour effet, en 1973 et 1974, d'accorder aux employés
qui se trouvent dans les classes supérieures... Le plan
d'évaluation des employés de métiers comprend vingt
classes et 75 p.c. des employés de métiers se situent entre les
classes 15 et 20. La façon dont nous présentions, pour les
années 1973 et 1974, l'augmentation de 6 p.c. et de 6 p.c. avait pour
effet d'accorder des hausses supérieures à 6p.c, en 1973 et en
1974, aux employés dans les classes supérieures,
c'est-à-dire à la majorité des employés de
métiers de l'Hydro-Québec. Pour l'année 1975, notre
proposition haussait de 6 p.c. les taux de 1974. L'augmentation proposée
pour 1972 était rétroactive au 30 décembre 1971. Pour les
employés de bureau, nous proposions, pour les années 1972, 1973
et 1974, des hausses sur les maximums des échelles des salaires de 5
p.c, 6 p.c, 6 p.c. et 6 p.c. Les échelons qu'on retrouve dans une
échelle étaient également augmentés du même
ordre de grandeur.
Quant à l'employé, il recevait, selon les termes de notre
proposition, l'augmentation du maximum de son échelle des salaires.
Ce qui veut dire qu'un employé qui n'est pas au maximum de son
échelle de salaires se trouve à recevoir une augmentation
supérieure à 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c et 6 p.c. En plus, nous
accordions aux employés de bureau un montant forfaitaire de $100.
La convention collective des employés de bureau comprend une
annexe pour les employés des directions Projets de lignes de transport
et Construction de lignes. Ces employés travaillent dans un contexte
près de la construction et nous retrouvons, dans cette catégorie,
des employés de bureau et de métiers permanents et temporaires.
En ce qui a trait aux employés de bureau dans ce groupe, ils recevaient
les mêmes augmentations de salaire que les autres employés de
bureau.
Pour les employés de métiers, nous avions
déjà proposé des améliorations considérables
au chapitre des salaires, puisque nous indexions,, en quelque sorte, les
salaires des employés de métiers de ce groupe aux salaires
payés à nos employés des chantiers de construction.
Toujours au chapitre des salaires pour le groupe des techniciens, notre
proposition comportait trois éléments. En 1972, une augmentation
de salaire de 5 p.c, par la suite, les techniciens étaient
intégrés dans un nouveau plan de carrière et l'offre
comportait également des hausses substantielles au chapitre des
échelons accordés au mérite. Ce qui veut dire qu'en plus
de recevoir des augmentations de 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c. et 6 p.c. pour les
années 1972 à 1975 inclusivement, les employés
reçoivent chaque année au mérite une autre augmentation de
salaire qui varie, selon notre proposition, de $9 à $12 pour la
durée de la convention collective. Ces augmentations au mérite
sont données sur une base hebdomadaire.
Sur un autre point qui était en suspens, à savoir les
exigences normales. Nous avions tout au cours des échanges avec les
syndicats amélioré la définition que l'on retrouve dans la
convention collective. Nous avons proposé plusieurs nouvelles
définitions. Le 8 décembre, encore une fois, nous tentions de
régler cette question, en proposant une nouvelle définition qui,
nous le croyons, a pour effet de préciser l'expression "exigences
normales". Du côté des techniciens, l'implantation du nouveau plan
de carrière proposé antérieurement, a été,
par notre proposition du 8 décembre, améliorée en tentant
de répondre à certaines demandes du syndicat.
Un autre point important qui demeurait en suspens, le système
d'évaluation des opérations de postes et centrales, le CPPC, a
été modifié par notre proposition du 8 décembre.
Nous croyons que le contenu de cette proposition, au chapitre du CPPC, dans la
très grande proportion des demandes syndicales, était de nature
à satisfaire les employés de métiers. Nous avions
demandé au syndicat de communiquer cette proposition que nous avons
qualifiée d'effort ultime de l'Hydro-Québec, de la communiquer
aux membres, mais il a jugé à propos de ne pas la communiquer.
C'est son droit. Nous déplorons ce fait, parce que nous sommes
convaincus que cette proposition était de nature à régler
la présente négociation.
En ce qui a trait au quartier général Côte-Nord,
l'Hydro-Québec a jugé à propos de ne pas donner suite
à la demande syndicale à ce chapitre pour plusieurs raisons.
C'est une question qui a fait l'objet de discussions à plusieurs
reprises au cours des négociations. Lorsque nous avons pris connaissance
du document du 21 novembre du médiateur sur les quinze points, on nous a
indiqué que, en plus des quinze points, les autres points qui restaient
en suspens étaient les suivants: les salaires, la définition des
exigences normales, le plan de carrière des techniciens et le
système d'évaluation des opérateurs des postes et
centrales, le CPPC.
Ce n'est pas pour des raisons capricieuses qu'on a refusé cette
demande. Je proposerais à M. Robert Chabot, notre négociateur en
chef, de vous donner les motivations de notre refus sur le quartier
général Manicouagan; salaires, CPPC, exigences normales, plan de
carrière des techniciens.
M. COURNOYER: Avant que l'Hydro finisse, étant donné que
nous suspendons nos travaux jusqu'à 3 hres et étant donné
qu'il s'agit de points sur lesquels nous avons insisté depuis le
début, nous sommes rendus à un point précis, il ne
faudrait pas partir au moment où on arrive.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je ne susggère pas de suspendre
nos travaux, je demande tout simplement si on continue. Je suis bien
d'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que nous entendons M. Chabot?
Raisons du refus de l'Hydro-Québec
M. CHABOT: M. le Président, Robert Chabot, chef des services,
relations syndicales, Hydro-Québec. Le quinzième point. Il s'agit
là d'une demande syndicale par laquelle le syndicat désire faire
changer un endroit de ralliement. C'est la définition du quartier
général. La convention collective actuelle définit ainsi
le terme "quartier général".
Or, le terme "quartier général" signifie le lieu
défini par la direction où l'employé se rapporte
normalement à l'heure du début de sa journée
régulière de travail. C'est une définition d'application
générale.
En pratique, les employés de bureau ont, comme quartier
général, le bureau où ils viennent travailler. Les
monteurs, entre autres, se rendent normalement où se trouvent les
véhicules dont ils se servent pour travailler. La région
Manicouagan-Côte-Nord, est une région qui comporte, tout le monde
le sait, un grand nombre de centrale échelonnées le long de deux
rivières, Manicouagan et Outardes. Il y en a même une à 135
milles, qui s'appelle le barrage
Daniel-Johnson ou le barrage Manic 5. Pour la région de
Manicouagan, lors de la dernière négociation, c'est-à-dire
en 1969, et par la suite, donc, au cours de la durée de la convention
collective qu'on cherche ensemble à renouveler, il y a eu des ententes
particulières entre l'entreprise et le syndicat, ayant trait au quartier
général. Donc, il fut convenu conjointement de certaines ententes
particulières à ce sujet. Je mentionne ici quatre lettres
d'entente que nous avons eues, une qui traite du problème des
opérateurs des centrales Outardes 3 et 4 de même que des
opérateurs du poste de transformation Micoua. Cette lettre d'entente a
été signée le 10 novembre en même temps que la
convention collective qu'on veut renouveler et on prévoit, parce que ces
employés travaillent selon des programmes particuliers, un mode de
rémunération particulier. Mais, dans cette lettre d'entente, il
est stipulé, il est bien clair que le temps de transport entre la
résidence de l'employé, disons Baie-Comeau, Hauteri-ve, et un
endroit qui se situe le long de la rivière, ce qu'on appelle le mille 13
ou la centrale de Manicouagan 2, ce temps-là, cet espace-là,
cette distance de treize milles n'est pas rémunérée. Et
cela, donc, a été convenu en novembre 1969, cela a
été convenu au mois de janvier 1970 pour les
préposés à l'entretien qui travaillent à Outardes 3
et 4, pour les opérateurs de la centrale la plus éloignée,
Manic 5, de même, également, pour les préposés
à l'entretien de Manic 5.
Et ces deux dernières lettres d'entente ont été
acceptées le 17 et le 18 novembre 1970. Bref, la demande syndicale est
que les employés soient rémunérés pour le temps de
transport entre leur résidence et un point déterminé
conjointement par les deux parties comme étant le quartier
général. Il n'y a eu aucun changement qui justifie la
modification de ce quartier général. Les conditions qui
prévalaient au moment où, conjointement, il a été
convenu de l'établissement de la fixation du quartier
général sont encore là.
La demande syndicale est de faire payer les employés pour du
temps de transport. C'est une demande que l'on peut qualifier d'exclusivement
salariale. L'évaluation que nous en faisons, d'une façon
très conservatrice, est de l'ordre de $100,000 parce que ce temps que
les employés ne nous fourniront pas, nous devrons ou bien voir à
assurer le travail en ajoutant du personnel ou bien en temps
supplémentaire. C'est, en substance, le problème du quartier
général de Manicouagan.
En fait, je crois que tout le monde doit franchir une certaine distance
pour aller travailler.
Il y en a qui franchissent trois milles, d'autres quinze milles,
d'autres vingt milles, d'autre même plus. J'ajoute ici un détail,
cela concerne actuellement c'est pour cela que j'ai dit que nous
étions très conservateurs dans notre estimation environ
80, peut-être 85 employés. Mon conservatisme repose sur le fait
que nos actuels effectifs dans cette région-là sont restreints
présentement parce que nous travaillons sur du neuf. Dans quelque temps
il nous faudra augmenter sérieusement les effectifs afin d'assurer un
entretien préventif comme il se doit.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Sur ce quinzième point, si j'ai bien compris, M.
Chabot nous a dit que les syndicats verraient à ce que les
employés soient payés pour le temps de transport entre la
résidence et ce fameux quartier général à
Manicouagan.
M. CHABOT: A Manic 2.
M. VEILLEUX: Quelle était la position du médiateur sur ce
quinzième point?
M. CHABOT: La suggestion du médiateur, lorsque nous avons pris
connaissance du document, indiquait: Quartier général Manic,
statu quo. Mais à ce moment-là, les représentants du
ministère nous ont informés que l'expression était
à corriger pour y indiquer: Proposition demande syndicale. Donc, le
médiateur recommandait que la partie patronale accepte de
rémunérer les employés à partir de la base...
M. VEILLEUX: D'accord.
M. CHABOT: ... si on peut appeler ainsi, Hauterive, Baie-Comeau, pour
effectuer leur travail. C'était la recommandation du
médiateur.
Si vous me permettez, on en paie déjà du temps de
transport sur les heures régulières de travail. J'ai fait
mention, tantôt, de quelques lettres d'entente, dont l'une a
été signée lors de la signature et les autres au cours de
la vie de la convention collective, et je prends une lettre d'entente
particulièrement: Les employés qui vont faire de l'entretien
à Outardes 3 et à Outardes 4, cela peut prendre environ, d'une
façon modérée, une heure pour s'y rendre à partir
du mille 13, point qui a été déterminé
conjointement comme le quartier général actuel.
A partir du moment où les employeurs se présentent au
quartier général, c'est-à-dire le mille 13 ou Manicouagan
2, ils montent dans un véhicule, et roulent pendant une heure pour se
rendre au travail; le voyage dure une heure, de même que le retour. Ce
temps est calculé comme du temps de travail au sein de la journée
régulière de travail. Ce qui veut dire que l'employé
partant de Manicouagan 2 prend une heure pour aller à Outardes 3 ou 4 et
une heure pour en revenir. Il nous fournit une journée de six heures de
travail et il est rémunéré pour huit heures. C'est donc un
ajout que le synicat veut
faire au temps de transport rémunéré comme faisant
partie de sa journée régulière de travail. Cela peut
prendre une demi-heure environ, cela peut varier avec les saisons et les
conditions atmosphériques.
M. MARCHAND: L'employé voyage-t-il dans son propre
véhicule ou utilise-t-il un véhicule de l'Hydro-Québec
durant les heures de travail?
M. CHABOT: Pour se rendre au quartier général actuel,
c'est-à-dire le mille 13, l'employé n'utilise pas son propre
véhicule.
M. MARCHAND: II utilise le véhicule de l'Hydro-Québec,
donc il n'est pas tenu de payer l'essence ou toute réparation.
M. CHABOT: II n'est pas appelé à utiliser son propre
véhicule.
Pour plus de précisions, si vous permettez, M. le
Président, j'ai ici à ma gauche, le directeur de cette
région administrative, la région Mani-couagan, M.
Labossière.
M. MARCHAND: J'aurais une autre question dans le même domaine.
Après les heures de travail, c'est son propre véhicule qu'il
utilise? J'aimerais savoir si l'employé utilise son propre
véhicule, après les huit heures. N'est-il pas
véhiculé par l'Hydro-Québec?
M. LABOSSIERE: J'aimerais répondre à cette question.
L'employé voyage toujours dans les véhicules de
l'Hydro-Québec entre Manic 2 et la base de Baie-Comeau, le chauffeur est
aussi payé. Ils sont toujours transportés gratuitement dans des
voitures de l'Hydro-Québec pour aller et revenir. La journée
exacte de travail pour un employé est payée à partir de
huit heures, une fois rendu à Manic 2. Sa journée finit à
5 heures au point de vue de la paie.
M. MARCHAND : Je parle de sa résidence à son travail,
est-ce qu'il choisit lui-même son lieu de résidence ou si
l'Hydro-Québec a des roulottes quelque part où sont logés
ses employés?
M. LABOSSIERE: II y a deux endroits où les employés
peuvent résider dans ce secteur, Hauterive et Baie-Comeau. La base
où les transports sont groupés ensemble est Baie-Comeau et ceux
qui veulent vivre à Hauterive y vivent.
M. VEILLEUX: II y a un camion de l'Hydro-Québec qui prend les
employés le matin, à sept ou huit heures, au mille 13, à
Manicouagan 2; vers sept heures trente minutes, les employés partent de
Baie-Comeau dans un camion de l'Hydro-Québec et montent au mille 13 et
c'est à ce moment que commencent leurs heures de travail.
M. LABOSSIERE: C'est cela, monsieur.
M. VEILLEUX: Ils voudraient être payés à partir de
Baie-Comeau, dans le camion de l'Hydro-Québec, pour aller jusqu'au mille
13?
M. LABOSSIRE: C'est cela.
M. VEILLEUX: Et vous n'acceptez pas cela?
M. LABOSSIERE: C'est cela. Celui qui est payé actuellement, c'est
le chauffeur.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saint-Henri.
M. SHANKS: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention l'exposé de M. Chabot tantôt. Cela me
surprend étrangement. Il a dit qu'il avait une attitude conservatrice,
qu'il était conservateur. Vous savez que les conservateurs sont un peu
menteurs. Vous avez dit tantôt que cela pouvait coûter
jusqu'à $100,000. J'ai beaucoup de difficultés à y croire.
J'ai essayé de jouer avec les chiffres autant que possible. Il y a 13
milles non rénumérés pour 80 employés, en
étant très libéral, je dirais que je pourrais aller
jusqu'à $40,000. Je ne comprends pas pourquoi vous faites une
tempête je trouve que c'est une tempête dans un verre d'eau
je ne vois pas quel choc électrique vous avez pu attraper pour
procéder à cette histoire, je trouve que c'est absolument...
Dès que le camion ou la voiture de l'Hydro-Québec a pris les
employés en charge, pour moi, ils sont en charge, ils travaillent pour
l'Hydro-Québec. Je pense que nous sommes assez au nord de la province,
qu'on doit tout de même tenir compte des conditions climatiques. Si ces
gens sont retardés par les tempêtes de l'hiver, ils perdent un
nombre incroyable d'heures. M. le Président, je vous assure que ce n'est
pas très convaincant ce que vous nous apportez comme preuve. C'est mon
point de vue.
M. VEILLEUX: M. Chabot, j'aurais une question à vous poser ou
à M. Labossière.
Il serait peut-être bon pour les membres de la commission de
préciser. J'ai déjà travaillé dans ce secteur pour
la Quebec North Shore. Nous ne pouvions pas nous véhiculer
nous-mêmes, à l'intérieur des limites forestières.
Si l'Hydro-Québec transporte des employés de Baie-Comeau au mille
13 ou Manicouagan 2, quelle est la raison fondamentale pour laquelle vous vous
servez d'un camion de l'Hydro-Québec?
M. LABOSSIERE: C'est parce que les employés n'ont pas le choix de
demeurer à Manic 2. On considère que la distance entre la base et
Manie 2, le transport de treize milles, était acceptable et justifiait
ce transport.
M. VEILLEUX: Est-ce que le camion de l'Hydro-Québec doit passer
à une barrière pour circuler dans les limites du bois?
M. LABOSSIERE: C'est une route provinciale qui appartient à la
Voirie.
M. VEILLEUX: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour les employés qui partent de
Hauterive et de Baie-Comeau pour aller au mille 13, quelle est la distance?
M. VEILLEUX: Treize milles. M. LABOSSIERE: Treize milles.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que ces employés ont le choix
de demeurer où ils veulent? Est-ce qu'ils sont obligés de
demeurer à Hauterive ou à Baie-Comeau ou est-ce qu'ils pourraient
demeurer près de leur travail? Ils n'ont pas le choix?
M. LABOSSIERE: Ils ne pourraient pas demeurer à Manie 2.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Chabot, tantôt, donnait comme
exemple qu'il y a des employés de l'Hydro-Québec moi, je
suis un ancien employé de l'Hydro-Québec qui demeurent
à Montréal. Le type s'achète une maison à
Montréal-Nord ou à Boucherville, cela est son choix, s'il veut,
il peut s'acheter une maison ou prendre un logis tout près de son
travail. Mais ces employés n'ont pas le choix, ils sont obligés
de demeurer à Hauterive ou à Baie-Comeau. Donc, j'abonde un peu
dans le sens de ce que disait le député de Saint-Henri, je trouve
normal, n'ayant pas le choix, qu'ils soient payés pour le temps du
transport de leur domicile au travail.
M. LABOSSIERE: Je voudrais mentionner un autre point.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On ne décide pas, ce sont des
observations.
M. LABOSSIERE: Manic 2 est le quartier général de tous les
exécutants. La centrale de Manic 2 est l'endroit où toutes les
facilités pour entretenir le gros matériel se trouvent. A Manic
2, on a le centre de répartition, tout émane de là. Tout
ce qui concerne les centrales de Manie-Outardes émane de Manic 2. C'est
de là qu'on travaille vraiment en ce qui concerne les exécutants,
les hommes de métiers, les opérateurs, les électriciens et
les mécaniciens.
M. VEILLEUX: Je suis député d'un comté rural, tout
près de Montréal. Est-ce que ça équivaudrait
à dire qu'un employé qui travaille au ministère de la
Voirie, qui demeure à Saint-Jean, dont le quartier général
est à Napier- ville, à 12 milles, et qui commence à huit
heures du matin veut être payé à partir de son domicile,
faire les douze milles sur son temps de travail?
Autrement dit, je pars de la maison à huit heures. Si j'arrive
à 8 h 20 ou 8 h 25, je poinçonne à 8 h 25 et ça
équivaut à 8 heures. C'est ça le quinzième
point.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, l'exemple du
député de Saint-Jean n'est pas la même chose. Si le gars
travaille à Napierville et reste à Saint-Jean, il peut aller
rester à Napierville. S'il veut rester à Saint-Jean, c'est son
affaire. Mais là, ce n'est pas la même chose. L'employé ne
peut pas aller demeurer là. Il faut qu'il demeure à Hauterive ou
à Baie-Comeau. Il n'a pas le choix.
M. VEILLEUX: Ce que ne comprend pas le député de
Sainte-Marie on voit que le député de Sainte-Marie n'est
pas député d'un comté rural c'est que le type qui
part de Saint-Jean va poinçonner à Napierville, mais revient
travailler à Saint-Jean. Et lorsqu'il, poinçonne à 8
heures et reprend son travail à 8 h 20 ou 8 h 30 à Saint-Jean,
entre 8 heures et 8 h 30, il est payé, mais il n'est pas payé
entre 7 h 30 et 8 heures.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourquoi dites-vous que je ne comprends pas?
J'ai très bien compris. S'il veut demeurer à Napierville, c'est
son affaire. Mais il peut aller demeurer à Saint-Jean. Mais il ne peut
pas aller demeurer sur les lieux. Il faut qu'il fasse absolument ces 13 milles.
Ce n'est pas la même chose. Cela lui est imposé.
M. BOSSE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Est-ce le sens de la revendication que donne le syndicat?
J'aimerais entendre le syndicat là-dessus, à savoir pourquoi il
insiste pour que les syndiqués soient payés. Quelles sont les
motivations, quels sont les arguments? Si c'était possible. Puisque
c'est le point en litige, si j'ai bien compris, on pourrait peut-être
entendre le syndicat là-dessus, à savoir quelle est
l'argumentation du syndicat. Pourquoi réclament-ils et tiennent-ils
à être payés pour le temps de transport? Il doit y avoir un
fondement.
J'imagine que c'est justifié. Est-ce que le représentant
du syndicat, M. Brûlé ou M. Legendre ou d'autres, voudraient nous
apporter des éclaircissements là-dessus?
LE PRESIDENT (M. Pilote): j'inviterais le président du syndicat,
les représentants du syndicat à venir s'asseoir.
M. VEILLEUX: Je suggérerais aux gens de l'Hydro-Québec de
demeurer...
M. BOSSE: De rester là, oui. Si on avait des questions à
poser... Ne vous sauvez pas, nous négocions.
Votre moyenne est bonne. D'ailleurs, sur 108 députés, vous
en avez au moins deux qui viennent de l'Hydro-Québec.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est à M.
Brûlé.
M. BRULE: Si vous voulez, M. Raymond Legendre va expliquer la technique
de la demande. Après, je me réserve le droit de faire certains
commentaires.
Raisons de la demande syndicale
M. LEGENDRE: Raymond Legendre, Syndicat canadien de la fonction
publique. Pour la bonne compréhension du problème, nous avons
imprimé une partie d'une carte géographique qui indique le
chemin. Vous pourrez suivre, parce que mes explications vont partir de cette
carte. Vous avez une petite légende qui indique aussi le nombre de
milles entre les différents points. Alors, contrairement à ce que
MM. Chabot et Labossière ont affirmé, la demande syndicale vise
à préciser le quartier-général qui, actuellement,
pour certains employés, se situe auprès d'un poteau sur la route,
le mille 13.7 que vous voyez, à peut-être un pouce au début
de la ligne noire. Au début de cette ligne, vous avez Baie-Comeau et le
centre de services dont l'inauguration a été faite au mois de
novembre et qui regroupe tous les postes que l'Hydro-Québec avait dans
les deux villes, c'est-à-dire Hauterive et Baie-Comeau. Il y avait des
employés qui devaient se rapporter à plusieurs endroits dans ces
deux villes. L'Hydro-Québec a bâti un centre de services,
centralisant ainsi toutes ses installations dans les deux villes. Donc, la base
dont on parlait tout à l'heure, c'est le centre de services de
Baie-Comeau qui est nouveau. Ceci qui explique la demande, maintenant, par
opposition aux lettres d'entente qu'on avait dans le passé. Nous ne
demandons pas, contrairement à ce que M. Chabot disait, que le temps de
transport soit payé entre le lieu de résidence et le mille 13.
Nous comprenons que tout individu doit se transporter jusqu'à un endroit
donné. On ne s'attend pas que le temps de transport parte de la porte de
la maison de l'individu jusqu'au mille 13, on dit: L'individu va se
véhiculer avec ses propres moyens jusqu'au centre de services.
L'Hydro-Québec le prendra là en charge et l'enverra
travailler où ses services seront nécessaires. Il y a des
employés qui partent de chez eux, Hauterive ou Baie-Comeau, et se
rendent au centre de services pour 7 h 30 le matin. L'Hydro-Québec dit
que cela prend une demi-heure pour faire treize milles le matin et une
demi-heure, le soir. Cela prend donc une heure pour faire ces treize milles
aller-retour. Il y a des employés qui conduisent des camions et, comme
le disait M. Chabot, ces employés sont payés pour le temps du
transport. Il y a des employés dans le camion qui vont travailler le
long de la ligne en haut. Ces employés commencent à être
payés au moment où ils passent à côté du
poteau du mille 13.7. C'est leur quartier général.
Si un matin, au mille 10, trois milles avant le poteau, le camion a une
panne, selon la théorie exposée, le type ne pourrait pas
commencer à travailler avant d'avoir passé au mille 13.7 parce
que le camion a bloqué avant. Si le camion bloque au mille 14, il peut
bloquer pendant deux jours, l'Hydro-Québec le paiera. S'il bloque avant,
l'Hydro-Québec ne le paiera pas.
Il y a des employés qui partent de la base le matin dans le
camion, qui reçoivent certaines instructions et qui vont monter le long
de la ligne pour y travailler. Il y a des gens d'autres unités
là-dedans. Il y a des techniciens qui pourraient, un matin, se trouver
dans un camion. Leur temps commence à Baie-Comeau, ils s'en vont
travailler le long de la ligne eux aussi, profitent du transport et sont assis
à côté de gens qui ne commencent à travailler que
plus tard, c'est-à-dire lorsqu'ils passent au mille 13.7. Si on suivait
cette théorie, il y a des gens qui, pour pouvoir commencer à
travailler, devraient monter au mille 13.7 redescendre et aller travailler
ailleurs parce que leur quartier général est là. C'est
comme s'il y avait une cloche à côté du poteau.
Notre demande est logique en regard de la nouvelle situation qui existe
là-bas. Nous ne demandons pas plus que ce qui existe ailleurs. Si on
prend l'exemple de Montréal, l'Hydro-Québec dit aux gens:
Rends-toi au centre de Jarry, et nous allons prendre un camion t'en-voyer
réparer une sous-station ou quelque chose du boulevard Gouin,
montée Saint-Michel.
Même si le gars travaillait là pendant deux semaines, trois
semaines, son quartier général, c'est le centre de services
Jarry. Si son quartier général est une station parce qu'il est
opérateur dans la station, son quartier général devient
là: le quartier général, c'est la station.
A Baie-Comeau, pour certains employés, on fait exception et on
situe le quartier général à un poteau. Si le type dit:
C'est bien, moi je vais me rendre là. Où sont les autobus,
où sont les moyens de transport en commun? Il n'y en a pas. Il n'a pas
de choix, quand même il voudrait dire: Je vais me bâtir un "shack"
à côté du mille 13, il ne pourrait pas être à
côté, il n'a pas le choix, il doit demeurer dans les deux centres,
comme le disait M. Labossière, Hauterive ou Baie-Comeau. Il n'y a pas de
transport en commun, il ne peut pas utiliser son véhicule. Alors,
l'Hydro dit: Si tu veux un véhicule, viens à 7 h 30 à
Baie-Comeau à la base, mais ton temps va commencer à partir du
poteau.
Alors, il y a des situations que l'on pourrait
retrouver aussi baroques que celles que je citais tout à l'heure,
à savoir que le type partirait de Baie-Comeau, monterait au poteau pour
poinçonner, redescendrait et irait travailler ailleurs. Il y a des gens
qui pourraient être assis, eux-mêmes employés de
l'Hydro-Québec, il y en a un qui est assis dans le camion, lui, est
technicien, il s'en va travailler au même endroit le long de la ligne, le
long de la rivière, lui y serait payé à partir du quartier
général, c'est-à-dire la base et l'autre commencerait
à être payé au mille 13. Le coût
d'opération... Je ne sais pas si un libéral est plus menteur ou
moins menteur qu'un conservateur, mais vous êtes nettement plus
près de notre vérité à nous, même si vous la
dépassez. Vous êtes peut-être trop libéraux.
Nous l'estimons à environ $30,000. Ce n'est pas loin, mais c'est
quand même dix milles et ce calcul a été fait en utilisant
les mêmes méthodes que le député de Saint-Henri; on
a calculé le nombre d'employés, et le nombre d'heures et, quand
l'Hydro-Québec parle d'une demi-heure par jour pour aller faire treize
milles, on sait fort bien que, dans les faits, cela ne prend pas une demi-heure
pour faire treize milles. Il peut y avoir des circonstances, le temps, des
tempêtes qui empêchent le type d'aller plus rapidement, mais on
peut parler de quinze â vingt minutes pour aller faire ces treize
milles-là. C'est dans le bois, il n'y a pas de lumière, c'est
asphalté.
M. VEILLEUX: Revêtement bitumineux.
M. LEGENDRE: Alors, nous trouvons notre demande fort justifiée et
nous avons maintenu cette demande comme un point très important,
même s'il y a une petite conséquence, ce n'est pas beaucoup, mais
pour l'Hydro-Québec maintenir ce refus de nous accorder cette demande
crée la situation que nous avons ce matin. Nous avons une vingtaine de
points non réglés, parce que ce petit point n'est pas
réglé, mais il est très important pour nous, très
important pour les employés de cette région. Alors, nous le
maintenons et nous allons le maintenir fortement.
LE PRESIDENT: (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! La commission suspend
ses travaux à trois heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance 15 h 10
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
On m'informe qu'au moment de la suspension des travaux de la commission,
M. Legendre avait la parole, est-ce exact?
M. LEGENDRE: Je venais d'exposer la position syndicale en ce qui
concerne le quinzième point, à savoir le quartier
général. J'étais prêt à répondre aux
questions s'il y en avait de la part de la commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable dépouté de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Simplement une question pour préciser
le noeud du problème, vous voulez que le centre de services à
Baie-Comeau devienne, à toutes fins pratiques, le quartier
général.
M. LEGENDRE: C'est le but de notre demande qui est justifiée par
l'argumentation que j'ai développée, mais aussi par le fait que
le centre de services de Baie-Comeau est nouveau. L'ouverture a eu lieu en
novembre ou en octobre. Cela justifie donc que le quartier
général soit centralisé à cet endroit où les
gens prennent les ordres, l'équipement, les camions.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Supposons l'employé qui se rend au
centre de services à 7 h 30, il part à 7 h 30 pour le mille 13,
il n'est pas payé. Si l'employé, à l'avenir, va au centre
de services pour 8 heures, ça vous conviendrait. A 8 heures, il monte
dans le véhicule de l'Hydro-Québec et il commence sa
journée régulière.
M. LEGENDRE: L'heure du commencement de la journée, pour nous,
n'est pas en relation avec notre demande. On demande que le quartier
général ne soit plus le mille 13 mais bien le centre de services.
Si, pour effectuer les travaux, on doit faire partir les gens à 7 h 30
du quartier général, il y aura un coût pour le temps de
transport en dehors des heures de travail. Il y a des clauses qui
prévoient ça. S'ils doivent partir à 8 heures, ce sera du
temps de transport durant les heures de travail, ce qui raccourcira la
période productive de l'employé.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Si je comprends bien, c'est pour que ces
employés soient sur un pied d'égalité avec les autres
employés de l'Hydro-Québec. Voici un exemple, pour imager. A
Montréal, il y a un quartier général à Jarry. Les
gens partent de Jarry pour aller travailler à Pointe-Claire. Si, un beau
jour, on demande aux gens d'être à 7 h 30 à Jarry pour se
trouver à Pointe-Claire à 8 h, cette demi-heure leur est
payée?
M. LEGENDRE: Oui.
Ces gens-là, avec les mêmes conditions, seraient sur un
pied d'égalité avec les autres groupes des employés de
l'Hydro-Québec, à toutes fins pratiques.
M. LEGENDRE: Si les besoins du service l'exigent, ce seraient seulement
des précisions. A l'Hydro-Québec, quelqu'un qui arrive à
son quartier général à huit heures ne commence pas
à produire du travail à huit heures. Il commence à
produire au moment où le camion ou le véhicule l'a emmené
jusqu'à l'endroit où il doit effectuer le travail.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Henri.
M. SHANKS: Ma question s'adresse à la partie patronale. Je
voudrais savoir comment vous expliquez, pour les bénéfices de la
commission parce qu'on ne s'y comprend pas trop que vos deux
politiques soient tout à fait différentes? Il s'agit qu'un
bonhomme, à Montréal, prenne sa voiture, s'en aille au centre. De
là, dans un camion, il se rend à une sous-station. Là-bas,
ils font exactement la même chose. Us partent de Baie-Comeau ou de
Hauterive, ils sautent dans leur voiture, se rendent au centre de services et
là, ils prennent un camion. Comment expliquer que, dans un cas, ils
seraient payés et, dans l'autre, ils ne le seraient pas? C'est ce que je
voudrais savoir, pour le bénéfice de la commission. Comment vous
en sortez-vous? Comment allez-vous nous expliquer cela?
M. CHABOT: Le plus clairement possible. Manicouagan 2 ou mille 13, c'est
la même chose. C'est une centrale. D'accord?
M. SHANKS: Oui.
M. CHABOT: Lorsque les centrales que nous avons construites ont
commencé à fonctionner à être exploitées
comme on dit communément, la première fut Manicouagan 2.
Lorsqu'on y a affecté du personnel, on a dit: Messieurs,
conformément aux dispositions de la convention collective, vous allez
vous rendre à votre quartier général, c'est-à-dire
Manicouagan 2. Pas de problème. On a commencé ainsi et ça
fonctionne depuis que Manicouagan 2 est en opération.
Par la suite, les autres centrales du complexe se sont
complétées et ont commencé à être
exploitées. Exemples: Outardes 3, Outardes 4, Manicouagan 5. Il a fallu
y verser du personnel. On n'a pas dit: Messieurs d'Outardes 3,
désormais, votre quartier général sera, comme pour ceux de
Manicouagan 2, Outardes 3 ou Outardes 4; on a dit: Nous sommes d'accord, si
vous l'acceptez, le nouveau quartier général, pour tous ceux qui
travailleront au nord de Manicouagan 2, sera Manicouagan 2. C'est-à-dire
que, dès que vous allez arriver en ligne avec Manicouagan 2, ce sera
votre nouveau quartier général.
Le gars qui travaille à Manic 2, y arrivant, va travailler
là; il part le matin à 7 h 25, 7 h 30. Le gars qui travaille
à Outardes 3 ou Outardes 4 qui est à 65 ou 70 milles à peu
près, dès qu'il franchit le degré où se situe Manic
2, son temps est considéré comme du temps effectivement
travaillé. Donc, à l'origine, Manicouagan 2, il n'y a pas de
problème avec ça; c'était ça, le quartier
général. Qu'est-il arrivé par la suite? Et là je
fais un autre retour; lorsque nous avons décidé, convenu avec le
syndicat que Manicouagan 2 fût le quartier général, nous
avons dit: Messieurs, plus que ça, nous allons vous fournir un autobus
aux frais de l'entreprise, nous allons vous transporter de Baie-Comeau
jusqu'à Manicouagan 2 sans frais, etc. C'était un autobus que
l'Hydro-Québec mettait à la disposition des employés.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Un véhicule de
PHydro-Québec.
M. CHABOT: C'était un véhicule loué. On a mis
ça à leur disposition. Avec le développement, les
employés trouvaient toutes sortes de bonnes raisons pour justifier que
tel véhicule particulier à PHydro-Québec qui servait pour
des fins de transport du personnel revienne le soir à Baie-Comeau et
Hauterive. Nécessairement, s'ils étaient revenus à
Baie-Comeau et Hauterive à bord de ce véhicule le soir, le
lendemain matin on reprenait le véhicule et les employés
remontaient. De sorte qu'à un moment donné nous nous sommes
aperçus qu'il était absolument superflu d'avoir notre autobus
parce qu'il voyageait vide et que les gars voyageaient avec des
véhicules de l'entreprise, des véhicules affectés au
transport. C'est la situation qui existait; c'est la situation qui existe
présentement.
Donc, les gars partant de Baie-Comeau sont transportés en
véhicule. A quel endroit sont-ils transportés? Au quartier
général. Qu'est-ce que le quartier général? Pour
tous ceux qui travaillent à Manic 2 et au nord, c'est Manic 2. Ceux qui
travaillent là sont bien installés, ils sont rendus. Nous
pourrions effectivement et très facilement réimplanter le
système de transport en autobus pour emmener les employés
à Manic 2 ou au mille 13 et là, nos véhicules de transport
affectés strictement au transport des employés pourraient prendre
en charge les employés de l'entretien ou de l'opération qui sont,
eux, affectés à des centrales plus au nord.
C'est pour ça que je disais tantôt que c'était une
question strictement d'ordre économique que cette chose-là.
Effectivement, nous assurons le transport gratuitement et le
quartier-général, quant à nous, n'est pas changé,
c'est Manic 2. Cela prend quoi? Nos calculs sont basés sur une
demi-heure, une saison dans l'autre, 250 jours de travail par année. Le
syndicat les base peut-être sur des minutes un peu moins nombreuses.
Mais il faut une demi-heure pour aller
travailler. Qui ne prend pas une demi-heure pour aller travailler? De
plus, le transport est fourni, comme je l'ai expliqué tantôt. Le
quartier-général, je le disais au tout début de mon
exposé, dans sa définition globale, c'est l'endroit où se
rapportent habituellement les employés pour travailler.
J'ai dit qu'il y avait des exceptions, que, dans le cas de la
région Manicouagan-Outardes, c'était une exception qui peut
être, selon le point de vue du syndicat ou un autre point de vue,
désavantageuse ou avantageuse. Le gars qui travaille à Manic 2,
bénéficie d'un moyen de transport de 20 minutes ou une
demi-heure, assuré par l'employeur. Mais celui qui travaille à
Outardes 4 en a pour trois quarts d'heure en partant de Manic 2. Pendant ce
temps-là, il se fait véhiculer et rémunérer comme
si c'était sa journée régulière.
C'est peut-être plus avantageux pour les gars d'Outardes 3 ou
d'Outardes 4 mais il reste que, étant donné que Manic 2 est
à la porte de notre aménagement au nord des rivières Manic
et Outardes, c'est quand même un endroit qui n'est pas si
éloigné. Or, dans la région Manicouagan, on a plusieurs
quartiers généraux. Les gars qui s'occupent communément de
la distribution, les monteurs qui font strictement de la distribution, du
dépannage, etc., se rapportent à un quartier
général qui se trouve à être, par hasard, celui du
bureau régional dont on disait qu'il vient d'être construit. Les
employés de bureau se rapportent là.
Dans la région, on va aussi aller à Sept-Iles, il y a un
autre quartier général pour les employés de la
région de Sept-Iles. Le quartier général est l'endroit
où se rapportent les groupes d'employés. M. Tremblay parlait
tantôt du gars qui s'amène au centre de services Jarry et à
qui on dit par hasard : Ce matin, tu t'en vas à
l'extrémité ouest de l'île. Justement, un bon jour, c'est
l'expression qui a été utilisée, on lui dit: ce matin, tu
vas aller là.
Cela devient, je ne dirai pas une exception mais ce n'est pas une chose
des plus constantes, des plus régulières.
Le cas qu'on vous explique, le cas que nous avons devant nous, c'est un
cas régulier, mathématique, routinier, sur une base annuelle.
Cela s'adresse au personnel affecté aux installations que nous avons au
nord de Manic 2.
M. SHANKS: Vous ne pensez pas qu'autrefois, tout de même, le
transport, tel que vous me l'avez décrit vous m'avez fait un long
historique était un avantage marginal pour le syndicat? C'est ce
que vous m'avez dit tantôt. C'est un avantage marginal, on a
considéré qu'on leur donnait le transport. Vous ne pensez pas
qu'aujourd'hui, dans nos conditions modernes de travail, cela pourrait
maintenant faire partie des conditions de travail que ce ne soit pas un
avantage marginal mais tout simplement un avantage réel?
Vous payez combien les gens de l'Hydro-Québec, en salaire, par
année?
M. CHABOT: Si je vous disais qu'un opérateur...
M. SHANKS: Je peux savoir la somme globale des salaires. Cela va
chercher combien de milliers de dollars? La masse salariale, c'est quoi?
M. CHABOT: La masse salariale de l'ensemble de nos employés?
C'est dans l'ordre de $65 millions.
M. SHANKS: Evidemment, on s'accroche dans les fleurs du tapis,
merci.
M. CHABOT: Mais sur ceci, disons qu'un opérateur du complexe
gagne au minimum $12,000 par année.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester a
demandé la parole.
M. GUAY: Je ne pose la question à personne en particulier. Mais
si les deux parties peuvent y répondre, tant mieux. Je voudrais que ce
soit bien clair. Par exemple, un employé part de Baie-Comeau, se rend
travailler à Outardes 2 c'est possible dans ces cas-là? Je
voudrais savoir la différence entre l'employé qui part de
Baie-Comeau et va travailler à Outardes 2 et celui qui part du
même coin, soit Baie-Comeau, mais va travailler à Outardes 3.
C'est pour établir la différence parce qu'entre cela, pour celui
qui va travailler à Outardes 2 il y atoujours le mille 13. A
toutes fins pratiques, pour que le travailleur reçoive le même
salaire, si on peut dire, il faut que l'employé qui se rend à
Outardes 3 parte de chez lui plus tôt. En fait, celui qui travaille
à Outardes 2 est payé à partir de Baie-Comeau, l'autre est
payé à partir du mille 13. D'accord? Si je ne vous induis pas en
erreur?
M. CHABOT: L'employé qui travaille à Manic 2 située
à treize milles n'est pas rémunéré pour le temps de
transport entre Baie-Comeau et Manic 2, le mille 13.
M. GUAY: Pour celui qui travaille à Manic 2?
M. CHABOT: Oui. Quant à celui qui travaille à Outardes 3
ou Outardes 4 parce que Outardes 2 n'est pas encore construit
dès qu'il franchit la latitude où se situe Manic 2, sa
journée régulière de travail débute. Tout le monde
qui travaille de Manic 2 en allant vers le nord est sur le même pied sauf
que le gars qui travaille à Manic 2 est rendu à son endroit de
travail qui correspond à son quartier général, et celui
qui travaille à Outardes 3 ou Outardes 4 n'est pas encore rendu à
son endroit de travail mais cela est considéré, dès qu'il
franchit la frontière de Manic 2, comme étant son quartier
général.
M. GUAY: Est-ce qu'il y a des employés de l'Hydro-Québec
qui partent de Baie-Comeau et qui sont payés à partir du centre
de services à Baie-Comeau?
M. CHABOT: II y a des employés dont l'affectation quotidienne
n'est pas le complexe Manicouagan-Outardes et ces employés sont
payés à partir de leur quartier général qui n'est
pas celui de Manic 2 mais qui est celui qui peut être de la base du
quartier général ou du bureau régional dont on parlait
tantôt.
Exemple, le technicien qui fait partie de la troisième
unité de négociation qui est au dossier. Son quartier
général est le bureau régional de la région
Manicouagan. Une bonne journée, il peut avoir à monter à
Manic 5. Le lendemain, il peut avoir à monter à Manic 1, dont on
n'a pas parlé et qui est une centrale située tout près de
la route principale. Le surlendemain, il peut peut-être aller à
Forestville ou à Labrieville. Dans ces cas, son quartier
général, tel que défini dans la convention que je citerai
plus tard, c'est là où il se rapporte tous les matins et, de
là, une assignation lui est attribuée par son patron.
Quant à l'employé d'entretien qui travaille à Manic
1, centrale qui est située tout près de la route 15, son quartier
général n'est pas le bureau régional dont on faisait
état tantôt. C'est la centrale Manic 1 où il se
présente tous les matins pour travailler.
M. GUAY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Legendre.
M. LEGENDRE: M. Chabot frise la vérité mais en est
éloigné un peu. Je ne serai pas aussi radical que le
député de Saint-Henri.
Les gens de l'entretien à l'Hydro-Québec sur la
Côte-Nord prenez-en deux, A et B sont convoqués
à 7 h 30 à la base, au centre de services de Baie-Comeau,
censément pour passer à 8 h au mille 13 pour aller travailler
à Manic 5. A 7 h 30, on a besoin d'un de ces types pour aller travailler
à Manic 1 ou à Forestville ou tout le long de la côte. Il y
en a un qui va partir à 7 h 30 pour passer à 8 h au mille 13, il
y en a un qui va attendre à 8 h avant de partir du quartier
général qui devient son quartier général ce
matin-là, parce qu'il est faux de dire que les employés ont pour
tout le temps un quartier général qui s'appelle: Toi tu
travailles, tu es un employé de l'Hydro-Québec mais tu es un
spécial, tu travailles au nord de Manic 2; donc, ton quartier
général c'est le mille 13. Il y a des employés qui ont une
autre catégorie, eux travaillent toujours au sud de Manic 2; ce ne sont
pas les faits. Il y a des gens qui peuvent aller travailler à
Forestville, à Bersimis, à Baie-Comeau, à Hauterive; ils
peuvent grimper à Manic 5 et ils peuvent aller à Sept-Iles. Ces
gens-là, leur quartier général varie selon les
affectations qu'ils reçoivent.
Moi, je dis que le quartier général de tous les
employés... Tous les employés de bureau M. Chabot le
disait tout à l'heure ce sont des gens qui se rapportent au
centre de services de Baie-Comeau. Tous les techniciens qui étaient
avant à Manic 2, depuis récemment, cet été ou cet
automne, leur quartier général est devenu le centre de services
de Baie-Comeau. Il y a des employés, comme le disait M. Chabot, qui sont
monteurs, qui sont appelés à aller travailler le long de la
côte; leur quartier général est au centre de services. Il y
a des employés qui sont appelés à travailler et en haut et
en bas; leur centre de services devient le mille 13. Quand j'essayais de donner
une image, tout à l'heure, de l'absurdité de la décision
de l'Hydro-Québec de maintenir le quartier général pour
certains au mille 13, on pourrait avoir cette situation: les deux types sont
convoqués à 7 h 30.
Il y en a un qui est appelé à aller travailler à
Manic 1. Pour pouvoir commencer à travailler, il faudrait qu'il passe
par le mille 13, qu'il fasse demi-tour, revienne et aille travailler à
Manic 1. Ce qu'il fait, il attend et il part; il va travailler à Manic
1. L'autre est parti depuis 7 h 30, son temps compte à partir du mille
13. Si on faisait une comparaison un peu plus large à travers la
province, on verrait qu'il y a des gens qui, régulièrement, leur
centre de services étant à Québec, vont travailler tous
les jours à Lévis. Il y a des gens dont le domicile est
Victoriaville et qui vont travailler à 30 ou 50 milles de là.
Partout en province, dans des centres qui ne sont pas comme
Montréal ou Québec, de grosses villes, on a des gens,
employés de l'Hydro-Québec, qui se rendent à 8 heures le
matin à leur quartier général, pointent leurs cartes et
commencent à travailler. Ils sont en camion pendant une heure ou une
heure et demie. On retrouve ça partout à travers la province,
sauf pour les gens du complexe Manic. On voudrait en faire une exception cette
année parce que l'Hydro-Québec a concentré ses
activités dans un centre de services à Baie-Comeau. Plutôt
que d'avoir des lettres d'entente qui nous permettent d'avoir trois heures une
fois, une heure et demie l'autre fois, selon que le travail s'effectue à
Manic 5 ou Manic 3, on dit; Le quartier général devra être
le centre de services de Baie-Comeau. Notre évaluation se chiffre par
$30,000.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que c'est comme complément aux
déclarations de M. Legendre? M. Brûlé.
M. BRULE: Jacques Brûlé, directeur du syndicat canadien. Il
y a une chose que je comprends assez mal dans la grande logique ou dans la
philosophie de l'Hydro-Québec. Je pense qu'on a établi, au
départ, que les travailleurs qui travaillent à Manic I, Manic 2,
Outardes 3, Outardes 4 ou Manic 5, sont des gens qui demeurent à
Baie-Comeau ou à Haute-rive. Donc, si, au départ,
l'Hydro-Québec, dans
sa grande logique, reconnaît le principe de payer du temps de
transport pour les gens qui travaillent à Outardes 3, Outardes 4, Manic
3 ou Manic 5, en reconnaissant au départ que ce n'est pas un lieu
habitable, et que ces gens doivent se déplacer de Baie-Comeau ou de
Hauterive pour se rendre à leur lieu de travail, pourquoi prendre une
décision arbitraire? Est-ce à dire que Manic 2, même si
c'est plus près, est plus habitable? Je pense que, si on reconnaît
que toute la côte, que les gens qui travaillent à Manic 2,
Outardes 3, Outardes 4 ou Manic 5, c'est plus loin, on donne plus de temps. Ce
n'est pas vrai que, parce que le gars se rapproche de Baie-Commeau ou de
Hauterive, le site est modifié pour autant. Cela demeure un endroit
isolé et il faut que l'individu parte de Baie-Comeau et de Hauterive
pour se rendre au travail. On ne demande pas la parité ou
l'équivalence avec le gars qui est à Manic 5, mais on demande de
lui allouer un temps de transport qui correspond au même temps de
transport qu'on va accorder à d'autres qui travaillent plus loin, parce
que c'est un lieu où il n'y a pas d'habitation. L'Hydro-Québec
prend une décision très arbitraire. Elle dit: Pour nous,
ça devient habitable jusqu'à Manic 2. Ce n'est pas vrai,
ça arrête à Hauterive. Parce qu'à partir du moment
où ils entrent sur leur territoire pour aller à Manic 2, ils sont
sur un territoire qui est la propriété de l'Hydro-Québec
et qui est remis au gouvernement provincial. Je ne peux pas l'affirmer, mais,
à ce que je sache, l'Hydro-Québec paie le gouvernement provincial
pour l'entretien de la route. C'est la police provinciale qui fait les rapports
d'accidents sur cette route, qui est utilisée â 95 p.c. par les
travailleurs de l'Hydro-Québec. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on
va s'enfarger dans les fleurs du tapis, mais, si on reconnaît que c'est
un endroit exceptionnel, où il n'y a pas d'habitation, celui qui est le
plus près de la route aura moins de temps de transport et celui qui est
plus loin en aura plus.
Mais il n'est pas vrai que les conditions sont modifiées pour un
par rapport à l'autre parce qu'un est plus près de l'autre. En
toute logique, si on reconnaît un principe, on va le connaître
jusqu'au bout et on va cesser d'avoir des positions radicales comme dire: Parce
que l'Hydro-Québec pense cela, c'est cela, la logique, c'est ça,
la vérité. C'est un peu ça qui est fâchant.
Le gars qui va monter quinze milles plus loin pour aller à
Outardes aura du temps de transport parce qu'il s'en va quinze milles plus loin
et celui qui a quinze milles plus proche n'a absolument rien parce que
l'Hydro-Québec a décidé d'une façon arbitraire que
ça arrêterait là.
On dit qu'il y a un quartier général et M. Chabot dit
qu'il y a différents quartiers généraux sur la
Côte-Nord, parce qu'il y en a un à Hauterive et un à
Sept-Iles. Pour ceux qui connaissent la Côte-Nord, de Hauterive à
Sept-
Iles, il y a 135 milles. C'est Montréal-Québec. C'est
facile de dire qu'il y a différents quartiers généraux sur
la Côte-Nord. Il est évident qu'il y a un centre à
Québec et un à Montréal aussi. Mais celui qui ne
connaît pas la province de Québec dira: II y a un centre à
Montréal et un centre à Québec. Pour le gars qui ne
connaît pas cela, il pense que cela peut se faire à pied. Il y a
tout de même 135 milles entre les deux, on pourrait aussi bien dire que
l'Hydro-Québec est généreuse, elle fournit les barrages
aux opérateurs.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je pense que le problème de fond pour le
quinzième point est réellement sorti. Le problème n'est
pas de payer un transport entre Baie-Comeau et le mille 13 mais bien de
déménager ce qu'on appelle le quartier général.
Si j'ai bien compris, dans la position de l'Hydro-Québec, le
quartier général demeure au mille 13, tandis que la position
syndicale est que le quartier général est â Baie-Comeau,
alors que la position du médiateur était que le quartier
général soit à Baie-Comeau. Pour moi, le problème
du 15e point réside là-dedans. Je me posais tout à
l'heure, une question, je vais faire plaisir au député de
Sainte-Marie, quand je lui donnais l'exemple d'un comté rural comme le
mien à la Voirie, à ce moment-là, le problème ne se
pose plus.
Je m'imagine dans une négociation. Je n'ai jamais
négocié â un niveau provincial, mais j'ai eu l'occasion de
négocier â un niveau local, avec plusieurs commissions scolaires
de ma région. Je n'étais pas du côté patronal,
j'étais du côté syndical. Il me semble, lorsqu'on faisait
ce qu'on appelle un "package deal", qu'à certains moments le syndicat
acceptait des défaites sur certains points et que la commission scolaire
acceptait d'autre part des défaites sur d'autres points. Par contre, le
syndicat pouvait gagner sur certains points et la commission scolaire sur
d'autres points. Je pense que la question qui doit nous venir à l'esprit
à l'heure actuelle est la suivante: Dans les quinze points pris
globalement, que gagne l'Hydro-Québec? Que perd l'Hydro-Québec?
Que gagne le syndicat? Que perd le syndicat? Je pense qu'on en est rendu
là, M. le Président, à se demander comme parlementaires,
pour faire le bilan, ce que gagne et ce que perd l'Hydro-Québec, ce que
gagne et ce que perd le syndicat. J'aimerais bien qu'on accepte les quinze
points dans un "package deal" ou qu'on refuse les quinze points. Je ne peux pas
accepter qu'une des parties, si je suis négociateur, accepte huit, dix,
treize ou quatorze points et en refuse un, cinq, six points; qu'on les prenne
tous ou qu'on les refuse tous. Peut-être, pour avoir une image
complète, devrions-nous savoir exactement, sur les quinze points pris
globalement, ce que gagne et ce que perd chacune des parties.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Legendre.
M. LEGENDRE: M. le Président, je suis Raymond Legendre. Il y a
quand même, avec tout le respect que je dois aux gens de la commission,
un médiateur et un conciliateur qui ont travaillé avec les deux
parties pendant des mois, qui ont fouillé ce qui était perdu et
ce qui était gagné. Dans un effort ultime de médiation, on
sait les efforts que nous avons dû faire pour accepter les quinze points
que le médiateur proposait. On a acceptéde se marcher sur le
coeur et de laisser tomber des choses. J'imagine que l'Hydro-Québec a
aussi fait la même chose, sauf qu'elle ne s'est pas marché sur le
coeur assez fort pour le quinzième point. Nous, nous l'avons fait pour
le quinzième point. A une demi-heure de l'ouverture de la commission
parlementaire, on laissait encore tomber des points. Le médiateur a fait
des recommandations aux deux parties et le médiateur a été
nommé par le ministre Cournoyer. Il détient de lui le prestige du
ministre.
Après avoir pataugé dans le dossier pendant des mois et
avec ies conseils du conciliateur qui le précédait, il dit: Moi,
je pense que c'est ça qui devrait être la solution. Il nous a
convaincus et il a essayé de convaincre l'Hydro-Québec. Il a
quasiment réussi à l'Hydro-Québec, puis il a réussi
chez nous. Nous prenons le chemin que nous trace le médiateur et nous
disons: D'accord, on va accepter le document monolithique tel que tu nous le
proposes. Si vous nous demandez de faire l'évaluation du document, soit
les quinze points, on va être obligé de refaire avec vous une
démarche qui nous a pris des mois. Je ne pense pas que ce soit le but de
la commission de recommencer une démarche qui a été quand
même assez ardue, assez longue et assez pénible pour toutes les
parties impliquées. Mais le fait que le médiateur attache son nom
derrière ce document, moi je pense que ça vient donner une valeur
au document. On pourrait contester la valeur, mais on ne l'a pas
contestée, on l'accepte.
M. VEILLEUX: Je pense qu'il n'est pas question de demander aux deux
parties de reprendre exactement, dans les moindres détails, ce qu'une
partie a pu gagner ou perdre. Vous avez répondu globalement à la
question que je me posais, à savoir que, comme on dit en bon canadien,
vous avez pilé sur votre orgueil sur certains points, comme vous
êtes peut-être gagnant sur d'autres. Je pense que
l'Hydro-Québec aura à répondre aussi si, elle a
pilé sur son orgueil ou pas. J'imagine qu'elle a dû le faire
aussi.
J'avais deux sous-questions à savoir que le problème ne
résidait pas, dans mon esprit M. Chabot me reprendra si je fais
erreur à savoir que les gars de l'Hydro-Québec voulaient
être payés pour un millage pour se rendre au travail, sans
travailler, et qu'ils remettaient en cause l'endroit que vous aviez
préalablement à cause de travaux à l'intérieur des
terres, parce que ça remonte pas mal loin ça me rappelle
des souvenirs parce que j'ai fait cette route plusieurs jours, plusieus
semaines le problème était sur la définition du lieu
du quartier général compte tenu des derniers
développements qu'a connus sur la Côte-Nord l'Hydro-Québec.
Si j'ai bien compris la position de la partie syndicale, pour elle le quartier
général n'est plus au mille 13 mais il est au mille 1.
M. CHABOT: M. le Président, quand le député de
Saint-Jean parle d'un rapprochement du quartier général ou du
rapprochement d'un endroit d'où les employés vont partir, il y a
une question d'argent. Les employés veulent être payés
partant du mille 1 et en montant jusqu'à leur assignation de travail. Ce
qui veut dire pour nous du temps improductif.
M. VEILLEUX: M. Chabot, leur lieu de travail à ces mêmes
employés de Baie-Comeau et de Hauterive peut-être soit Manic 2,
Outardes 3, Outardes 4, Manic 3 et ça va en montant le
député de Saguenay connaît la région plus que moi
soit vers Outardes 2, Manic 1 ou encore Forestville, s'il y a des pannes
dans ce coin ou Port-Cartier, un peu plus haut que Baie-Comeau.
M. CHABOT : Sur ça, je veux simplement repréciser que le
problème en cause est celui des employés affectés sur le
complexe Manicouagan-Outardes, aller jusqu'à Manic 2, et de là en
montant vers le nord. C'est pour eux qu'on discute sur le quartier
général. Je parlais tout à l'heure de temps improductif et
ce matin j'ai avancé le chiffre conservateur, disais-je, de
$100,000.
M. VEILLEUX: Là c'est le chiffre libéral de $30,000.
M. CHABOT: Je veux préciser qu'un conservateur peut être,
sans être libéral, capable de justifier ce qu'il avance. Il y a 84
employés qui sont visés par ça. La demande syndicale dont
les deux parties nous font part signifie, d'après nos estimations,
16,500 heures par années, hommes-heures.
M. MARCHAND: En temps supplémentaire?
M. CHABOT: Non, sur une base régulière. Selon nos calculs,
le temps productif de travail effectivement fourni par un employé dans
cette partie de la région est de 1,650 heures par année.
Normalement on calcule 40 heures par semaine; 2,080; mais là on calcule
le temps productif: 1,650 heures.
Je ne multiplie que par le nombre d'employés requis et on arrive
à environ $10,000, le coût d'un employé sur le complexe. Je
trouve ça encore conservateur.
Seulement $10,000 par année pour un employé. Cela veut
dire dix employés additionnels pour nous fournir 16,500 heures à
$10,000 par employé annuellement. C'est de là qu'on arrive au
coût de $100,000. Je ne crois pas que ce soit forcé. Lorsque j'ai
dit $100,000, je parlais strictement sur une base annuelle et non pas sur la
base de durée de la convention collective.
J'aurais pu dire tout près du tiers de $1 million.
M.COURNOYER: Pour la première demi-heure, 7 h 30 à 8 h,
vous paieriez les employés réguliers en dehors du temps
productif. S'ils pointaient à Baie-Comeau, ils se trouveraient à
temps simple, si j'ai compris.
M. CHABOT: C'est ça.
M. COURNOYER: II y a des règles de temps simple dans le temps du
transport. C'est ici pour une demi-heure par jour par employé. Est-ce
que c'est la même chose au retour? Vous pointez là aussi,
ça fait une heure par jour.
M. CHABOT: C'est ça, M. le Président, une demi-heure le
matin, une demi-heure le soir, ça fait une heure.
M. COURNOYER: Une heure mais là, ne me comptez pas un
employé à $10,000.
M. SHANKS: Tout de même.
M. CHABOT: Non, lorsque je dis 16,510 hommes-heures par année,
c'est le coût de la demande syndicale.
M. COURNOYER: Mais vous évaluez cela en fonction d'hommes par
année.
M. CHABOT: Oui.
M. COURNOYER: Un homme par année coûte plus cher que le
nombre d'heures qu'il fait.
M. CHABOT: Oui, quand j'avance ça, M. le Président, je dis
que les heures en moins qui ne me sont pas fourmes par mon personnel, il va
falloir que je les assure.
M. COURNOYER: Mais je ne comprends pas qu'il y ait des heures en moins.
Voulez-vous m'expliquer pourquoi il y a des heures en moins quand un type part
plus de bonne heure pour se rendre là-bas?
M. CHABOT: M. le Président, un employé fait huit heures
par jour et il a deux heures de transport par jour. Cela veut dire qu'il a une
journée de production de six heures. Si l'employeur accorde une
journée de production de cinq heures au lieu de six...
M. COURNOYER: J'aimerais qu'on parle de la même chose, M. Chabot.
J'ai compris que tout ça se situait avant l'heure du début du
travail au mille 13.7. Au mille 13.7, présentement, vous commencez
à compter le temps. J'ai compris ça?
M. CHABOT: C'est ça.
M. COURNOYER: Si vous commencez à compter le temps à 7 h
30 et qu'à 8 h, vous arrivez au mille 13.7...
M. CHABOT: Oui.
M. COURNOYER: Vous avez une demi-heure de travail improductif, j'en
conviens. Mais il n'entre pas dans le temps de travail productif que vous
mettez au-delà de huit heures?
M. CHABOT: M. le Président, au-delà de huit heures...
M. COURNOYER: Je me pose des questions.
M. CHABOT: ... on paye le taux de surtemps.
M. COURNOYER: Non, je parle d'après huit heures du matin.
Admettons que le gars...
M. CHABOT: Oui, d'accord. Mais la journée de travail est de huit
heures par jour.
M. COURNOYER: Oui.
M. CHABOT: Si on dit à l'employé: A huit heures, il faut
que tu sois, en t'en allant travailler, à Manic 2 et, à cinq
heures, que tu sois de retour à Manic 2, tu as une heure pour dfner, tu
as eu ta journée de huit heures de travail.
M. MARCHAND: Cela fait une heure à temps et demi.
M. CHABOT: Par contre, si on le paye en partant de 7 h 30, ça
veut dire qu'à 7 h 30, il quitte Baie-Comeau et, à 5 heures, il
devra être de retour à Baie-Comeau.
M. COURNOYER: Ou à 5 h 30. Je veux savoir si on arrive à
$30,000 où à $100,000 avec ça. Selon votre estimation,
c'est à $100,000 et, selon l'autre, c'est à $30,000. Il peut y
avoir une question d'évaluation; on ne parle peut-être pas de la
même chose.
UNE VOIX: On parle de la même chose, c'est la façon de
calculer qui est différente.
M. COURNOYER: Ne vous mêlez surtout pas.
M. VEILLEUX: M. Chabot, si le syndicat disait, c'est une supposition que
je fais: Cette
demi-heure le matin et cette demi-heure le soir, vous ne soustrayez pas
ça des huit heures, ça va en plus de huit heures, mais c'est
payé à temps simple au lieu de temps double. Ce serait combien?
$100,000, $30,000 ou $40,000 ou $50,000? Vous, si je comprends bien, je ne
pense pas me tromper en comprenant comme ça, la demi-heure le matin et
la demi-heure le soir, vous les additionnez dans les huit heures. Au lieu de
six heures de travail, il se trouve à faire cinq heures de travail.
Si on continue à garder six heures de production, il y a une
heure de non-production qu'on va payer à temps et demi. C'est cela? Si
le syndicat disait: On garde les six heures de production telles qu'on les
connaît, sauf que l'autre heure de non-production, au lieu de la payer
à temps et demi, on va la payer au même taux que le six heures de
production, cela changerait quoi dans les chiffres?
M. CHABOT; Je ne suis pas à même de le calculer aussi
rapidement, mais je pense, que vous avez là une suggestion ou une
proposition que M. Veilleux soumet, mais nous, ce matin et cet
après-midi, nous sommes ici avec vous pour expliquer l'écart qui
nous sépare en ce qui concerne ce problème du quartier
général Manic 2.
M. COURNOYER: Aux salaires que nous recevons, nous avons
dépensé au moins $30,000 dans la journée.
M. CHABOT: C'est vrai.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Juste une question très courte.
Lorsqu'un employé de l'Hydro-Québec monte dans un véhicule
de l'Hydro pour aller travailler, normalement, il part de Jarry à huit
heures, il est couvert par la Loi des accidents du travail s'il a un accident.
Lorsque ces employés, à Baie-Comeau, prennent un véhicule
fourni par l'Hydro-Québec à sept heures et demie et qu'ils se
rendent au mille 13, pendant cette demi-heure, s'il y a un accident, est-ce que
ces employés seraient couverts par la Loi des accidents du travail?
Qu'est-ce qu'il arriverait? Ils ne sont pas en devoir. Par contre, on les
oblige à être là à sept heures et demie pour prendre
le véhicule et se rendre au mille 13. Mais s'il arrivait un accident
pendant cette demi-heure, seraient-ils couverts par la Loi des accidents du
travail?
M. CHABOT: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une question qui me chicote.
M. CHABOT: Justement, je veux y répondre. M. le Président,
on n'oblige pas les gens qui travaillent à Manic 2 et au nord à
venir prendre le véhicule à sept heures et demie. Si on le fait,
on le paie et c'est le gars qui conduit qu'on paie. On l'a dit ce matin
également, les employés peuvent facilement monter avec leur
voiture sur cette route provinciale...
M.TREMBLAY (Ste-Marie): Ils peuvent prendre l'avion aussi.
M. CHABOT: Non, mais c'est une route provinciale. Ils peuvent y
monter.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. Chabot nous parle d'une route provinciale. Je suis bien
d'accord pour dire que le ministère de la Voirie a décidé
de la prendre à son compte, mais on ne s'y sent pas très en
sécurité en hiver. On sait quelle sorte de parcours on fait pour
aller à Manic 5. J'y suis allé assez souvent. Il faut quand
même dire que ce n'est pas une route comme une route provinciale, que ce
n'est pas une route ordinaire. C'est une route extrêmement dangereuse.
Mais je voudrais poser les questions suivantes à M. Chabot. Lorsqu'il
nous dit que le quartier général est au mille 13, c'est
basé sur quoi? Comment avez-vous décidé que le quartier
général était là? Pourquoi cette
décision?
LE PRESIDENT (M. Giasson): On a abordé cette question ce matin.
Le journal des Débats va en faire part d'ailleurs. C'est assez long
à expliquer, mais je pense que les deux parties ont très bien
exposé la situation.
M. LESSARD: D'accord. Vous avez quand même le véritable
quartier général de l'Hydro-Québec. Ce n'est pas au mille
13. C'est à Baie-Comeau même, c'est-à-dire à
quelques peids de la barrière qui est au mille 1.
M. CHABOT: Je regrette, mais j'ai expliqué ce matin ce
qu'était, tel que défini dans la convention collective, un
quartier général.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le journal des Débats rend compte des
explications que le député de Saguenay voudrait avoir et je pense
qu'on revient sur les mêmes thèmes tout simplement.
M. LESSARD: D'accord. Mais il reste quand même que, quand on
traverse la barrière de l'Hydro-Québec, on ne la traverse pas au
mille 12 ni au mille 13, mais on la traverse au mille 1. Quand on se fait
arrêter par la police provinciale, c'est au mille 1 et non au mille
13.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Tout le monde est d'accord là-dessus,
mais on a expliqué de quelle façon on était arrivé
à déterminer que le mille 13 ou Manic 2 devait être le
quartier général.
M. LESSARD: D'accord. Mais c'est inacceptable quand même. Le
territoire d'une compagnie, c'est là où on entre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Je propose, vu que je connais la position des deux parties...
Je trouve bien honnêtement que l'Hydro-Québec fait de "l'enculage
de mouche" avec cela et je propose qu'on passe à autre chose.
Comme le ministre du Travail l'a mentionné tantôt, cela
coûte à peu près $30,000 ce que nous discutons, à
savoir si nous allons donner les $40,000 ou non. Je trouve parfaitement stupide
que l'Hydro-Québec je le dis en connaissance de cause, j'ai
déjà négocié avec l'Hydro-Québec
s'accroche sur un petit point comme celui-là, alors que le syndicat a
déjà manifesté son point de vue, c'est-à-dire que,
si les quinze points au total sont acceptés, il n'en reste que quatre
à régler. Si les quinze points ne sont pas réglés,
on se retrouve avec la liste que le syndicat nous a remise ce matin. Je propose
tout simplement que nous passions à autre chose avant que je devienne
trop en maudit, parce que je trouve la situation absolument insupportable.
M. SHANKS: Je ne suis pas seul à être radical. Merci, mon
bon ami.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Duro-cher.
M. DUROCHER: On a longuement parlé de cette fameuse liste de
quinze points, et ce qui a été mis en relief, c'est surtout un
quinzième point qui n'avait pas fait l'objet d'une entente. Mais dans
cette liste, il y a tout un contenu qui, à ce moment-ci, n'est pas
révélé et qui est très important. On a parlé
tantôt d'un "package deal". Or, habituellement, un "package deal" est ce
que font les parties patronale et syndicale. Elles font un "package deal". La
liste de quinze points est un document de travail remis par le médiateur
et les quinze points représentaient, pour l'Hydro-Québec,
plusieurs concessions et représentaient plusieurs améliorations
à la convention collective.
Si on prend le cas du dépanneur, le syndicat voulait avoir le
statu quo. L'Hydro-Québec a convenu dans le document des quinze points
de donner le statu quo. Sur la rétroactivité, l'évaluation
des emplois, le syndicat voulait la rétroactivité à la
date de la formulation du grief, l'Hydro-Québec a donné la
rétroactivité à la date de la formulation du grief.
En ce qui a trait au surtemps, la proposition qui était
avancée par le médiateur était une formule avancée
par l'Hydro-Québec, laquelle formule bonifiait la convention collective.
En ce qui a trait au paiement des repas en surtemps, la proposition
avancée par le média- teur était la proposition patronale
qui bonifiait les paiements des repas, qui haussait l'allocation de paiement
des repas. En ce qui a trait à la prime de quart, la proposition
avancée par le médiateur était la proposition patronale
qui bonifiait les primes de quart, qui haussait les primes de quart. En ce qui
a trait aux indemnités de résidence, le syndicat voulait qu'on
ajoute une indemnité de résidence aux employés travaillant
à Sept-Iles. Le médiateur proposait que l'Hydro-Québec
accorde une indemnité de résidence à Sept-Iles.
L'Hydro-Québec a accepté de l'accorder.
M. BURNS: Est-ce que toutes ces propositions étaient
intégralement la proposition syndicale?
M. DUROCHER: Je ne dis pas que c'était intégralement la
proposition syndicale.
M. BURNS: II serait peut-être bon que vous disiez cela aussi.
M. DUROCHER: Ce que je dis...
M. BURNS: N'essayez pas de nous conter des peurs et de vous imaginer que
c'est seulement vous qui faites des concessions sur ces quinze points.
M. DUROCHER: Je n'ai jamais voulu prétendre...
M. BURNS: C'est ce que vous êtes en train de nous dire.
M. DUROCHER: ... que dans le document de quinze points, il n'y avait que
l'Hydro-Québec qui faisait des concessions. Ce que je veux
démontrer, c'est que, sur la liste des quinze points, qui était
avancée par le médiateur, ce que le médiateur proposait
était des améliorations importantes apportées à la
convention collective.
M. BURNS: C'est cela, une convention collective. Si les gars avaient
absolument les conditions de travail idéales, savez-vous ce qu'ils
feraient? Ils vous signeraient une convention collective pour 100 ans. Us
diraient: N'y touchez plus. Mais ce n'est pas cela et c'est pourquoi la loi
prévoit que les conventions ne doivent pas dépasser trois ans. Il
faut s'ajuster de temps à autre.
M. DUROCHER: J'en conviens. Et s'il y avait des conditions de travail
parfaites, il n'y aurait pas de négociateur et il n'y aurait pas de
syndicat. Malheureusement, ce n'est pas la situation.
Ce que je veux démontrer, c'est que dans le document de quinze
points, il y avait des améliorations substantielles apportées aux
conventions collectives.
C'était le but de mon intervention, non pas de prétendre
que ce qu'il y avait dans le document satisfaisait sur tous les points aux
demandes syndicales.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. Durocher a répondu avec un peu plus de
détails à la question que je posais tout à l'heure. Je ne
trouve absolument rien d'offusquant dans le fait que le représentant de
1'Hydro-Québec donne cette réponse qui est moins d'ordre
général que celle qu'a donnée le syndicat. Si le syndicat
veut dire exactement, comme M. Durocher vient de le faire, les principaux
points qu'il a concédés, cela va peut-être éclairer
les gens qui sont ici. Nous avons été calmes jusqu'ici; je tiens
bien à ce que nous demeurions calmes, que nous ne nous énervions
pas. Je pense que le syndicat est disposé à prendre le temps
voulu, l'HydroQuébec et nous aussi; alors, on peut patienter encore
quelques heures. Si cela fait un an et demi qu'on attend, on peut encore
attendre une couple d'heures.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: Jacques Brûlé, directeur du syndicat. Sur les
quinze points, il y en a huit où le médiateur a grugé dans
nos demandes pour en arriver à une formule de compromis. Il ne faut pas
oublier non plus le texte no 1 que nous avons remis ce matin; nous avons
abandonné cela pour les quinze points même s'ils étaient
affaiblis par le médiateur. Nous avons dit oui, nous de la partie
syndicale. On a une divergence de vues ou d'opinions sur les chiffres; en tout
cas, on peut évaluer cela entre $35,000 et $50,000. En fait, c'est cela
que je trouve épouvantable, on dit: On a donné des choses au
syndicat. Il est évident que le syndicat ne peut rien donner, il est
là pour améliorer les conditions de travail qui correspondent
à des besoins au moment où on négocie. Quand l'employeur
dit: Je suis bon, parce que je te l'ai donné, cela fair archaïque
en maudit, comme négociation en tout cas. On est bon, on l'a
concédé.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, concernant la
question de la différence sur laquelle on ne s'entend pas, je
proposerais qu'on passe le chapeau dans la salle; on va ramasser le
montant.
M. SHANKS: Le Parti québécois, vous avez la plus grosse
caisse, commencez donc!
M. VEILLEUX: Comme le disait M. Brûlé, c'est
extrêmement difficile de dire: On a donné quelque chose à
l'Hydro. Mais, vous avez certainement vous l'avez mentionné
des points sur lesquels vous avez concédé pour accepter le
document monolithique qui se trouve contenu dans le document
numéroté 2 qu'on appelle le document no 1. Si j'ai bien compris,
ce sont des choses, là-dedans, que vous avez concédées
pour les quinze points et l'Hydro-Québec vient de nous dire ce qu'elle a
concédé pour quatorze points. C'est cela, l'opposition?
M. LEGENDRE: Ce qui veut aussi dire que le mille 13 ou le quartier
général fait que la commission parlementaire devra entendre les
positions des parties sur une trentaine de points; au contraire, si
l'Hydro-Québec acceptait la demande syndicale, on n'aurait à
discuter que sept points.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, M. Legendre, vous voudriez qu'on
tasse l'Hydro-Québec pour qu'elle accepte le document monolithique pour
qu'on ait moins de travail ici. Au lieu d'avoir 22 points, on en aurait
sept.
M. LEGENDRE: Remarquez que nous n'avons plus un grand choix, nous; nous
sommes obligés d'être devant vous et d'expliquer nos positions. Si
vous voulez, on va prendre le temps, on va expliquer une trentaine de points et
on va vous donner de la documentation, des dossiers; on va déposer tout
cela et, après cela, on va dire: Encore une fois, le quartier
général est là, parce qu'il va être compris dans les
30 points ou à peu près. On va être encore pris à
discuter du quartier général. Nous ne demandons pas que vous
tassiez l'Hydro-Québec, c'est notre façon à nous de dire
à l'Hydro-Québec ce que nous pensons du fameux quartier
général, ce que nous n'avons jamais pu faire en
négociation pendant un an. Nous n'avons jamais discuté, avec
l'Hydro-Québec, du quartier général; quand nous y avons
touché ç'a été avec le médiateur, on lui a
indiqué que c'était un point important, un point majeur. Nous lui
avons expliqué; lui il a compris notre explication puisqu'il l'a
inscrite dans ses recommandations. Alors, nous sommes encore ici avec une
trentaine de points, parce que le mille 13 ou le quartier général
n'est pas encore réglé. Appelez cela comme vous voudrez, tasser
l'Hydro-Québec ou que l'Hydro-Québec en arrive à accepter
notre argumentation, baisse ses chiffres, accepte de dire que ce n'est pas plus
cher qu'une journée en commission parlementaire; après cela, on
cela, on va se mettre à des autres points.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Ma question s'adresserait à la partie syndicale; je
voudrais savoir si vous prévoyez que, le fait d'accepter que le centre
où doivent se rapporter les employés soit au mille 1, cela peut
avoir des effets d'entraînement importants au niveau d'autres demandes
susceptibles.
A mont point de vue, dès le départ, en
termes de coût, je pense qu'il apparaît avantageux de
concéder aux employés un avantage qui paraît normal. D'un
autre côté, si vous me disiez que ça peut avoir des effets
importants sur d'autres négociations, c'est le facteur
déterminant. Même là, je ne suis pas encore convaincu, il
faudrait me convaincre.
M. CHABOT: Exactement. Cette demande par laquelle le syndicat veut faire
modifier l'application du quartier général va avoir des effets
d'entraînement pour les autres quartiers généraux que nous
connaissons. Exemple, Carillon, on y a une centrale, la rivière
Outaouais. On a des employés qui demeurent, les uns d'un
côté, les autres de l'autre côté de la
rivière. Il y en a qui demeurent à Rigaud, d'autres à
Lachute. Qu'est-ce qui empêche le syndicat, en s'appuyant sur la nouvelle
notion du quartier général, de demander demain que ces gars
soient payés dès qu'ils partent des frontières municipales
de Rigaud ou de Lachute. Le gars qui travaille à Beauharnois peut
travailler à Valleyfield. Il peut aussi travailler ailleurs. C'est pour
ça que le quartier général est défini comme
l'endroit où le gars se rapporte.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je trouve que vous charriez pas mal, dans le sens que ce
n'est pas une question de municipalité qu'on a à Baie-Comeau et
à Hauterive. C'est une barrière qu'on a, une barrière
détermine un territoire de travail et c'est là que
l'Hydro-Québec fait ses travaux. Que la barrière soit au mille 13
ou au mille 1, normalement, quand on va faire des affaires à
l'Hydro-Québec le quartier général est à
Baie-Comeau.
D'ailleurs, quand on veut circuler sans l'autorisation de
l'Hydro-Québec, on a la police provinciale à ses trousses. Ce que
je veux dire, c'est que le territoire où une compagnie travaille, un
territoire qu'elle détermine elle-même, où elle
établit elle-même la barrière, aussitôt que vous
mettez le pied sur ce territoire, c'est le territoire de l'Hydro-Québec.
Or je ne comprends pas pourquoi vous refusez de reconnaître ce territoire
alors qu'en fait, vous le reconnaissez lorsque... parce que vous allez me dire
que la barrière n'existe plus. Vous allez me dire: II n'y a plus de
police provinciale à la barrière de l'Hydro-Québec. Je
regrette, il n'y en a plus lorsque je décide d'aller à la chasse
et d'aller à la pêche de temps en temps.
Mais quand je décide d'entrer dans les chantiers de
l'Hydro-Québec parce que je veux me rendre à Manic 5 et que je
décide, avec 150 gars de monter, les policiers de l'Hydro-Québec
viennent encore nous dire: C'est notre barrière, c'est notre limite. Ou
bien vous reconnaissez la barrière ou bien arrêtez de la
reconnaître quand ça fait votre affaire.
M. VEILLEUX: II ne faut pas mêler la chasse et la pêche avec
l'Hydro-Québec.
M.LESSARD: C'est là que le député ne comprend
pas.
M. VEILLEUX: Eclairez-moi.
M. LESSARD: Je vais vous expliquer. Il y a environ deux ans,
l'Hydro-Québec a décidé d'enlever ses policiers à
la barrière. Normalement, si elle décide d'enlever ces hommes,
c'est que nous n'avons plus besoin de laissez-passer, excepté quand on
va directement dans les chantiers. Nous n'avons plus besoin de laissez-passer
pour entrer au mille 2, au mille 3, au mille 4, au mille 5. C'est
théorique. J'ai eu l'expérience personnelle, il y a environ 9
mois, où l'Hydro-Québec a décidé de
reconnaître sa barrière. Il y avait 25 policiers au mille 1,
à la barrière, qui protégeaient le territoire de
l'Hydro-Québec. C'est ce que je veux dire. Pour des raisons de loisirs,
on a strictement limité les barrières au chantier direct de
construction, mais quand ça fait l'affaire de l'Hydro-Québec, la
barrière du mille 1, on la reconnaît. Deuxième chose, le
quartier général de l'Hydro-Québec à Baie-Comeau,
à Hauterive est strictement vis-à-vis, à quelque 1000 ou
1200 pieds de la barrière.
M. VEILLEUX: Je pense, M. le Président que...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant, votre nom, s'il vous
plaît.
M. LABOSSIERE: Gérard Labossière, directeur, région
Manicouagan. Je voudrais un peu protester contre l'affirmation de M.
Lessard.
Je voudrais corriger une affirmation gratuite qu'il vient de faire. Il a
mentionné que la route a été transférée il y
a neuf mois. Cela ne fait pas neuf mois encore. La route est
complètement publique. Les seules barrières qui existent
actuellement, ce sont les barrières du chantier.
M. LESSARD: Est-ce que je pourrais poser une question à M.
Labossière? Cela ne fait pas neuf mois, vous allez me dire. Il faudrait
que je précise la date. Il y avait alors transfert au ministère
de la Voirie. J'ai fait une demande à l'Hydro-Québec pour obtenir
une passe à la barrière du mille 1. On me l'a refusée.
Quand je suis allé, c'était pour un problème très
particulier. Il y avait une vingtaine d'agents de la Sûreté du
Québec à la barrière. Alors qu'ils nous ont toujours
reconnus avant...
M. MARCHAND: Est-ce que le député avait sa 22?
M.LESSARD: Non, je n'avais pas ma 22, mais j'avais des gars qui avaient
décidé de se
battre, par exemple, pour gagner leur pain chez eux.
M. LABOSSIERE: Je crois qu'il y a un malentendu de date. La route n'a
été transférée que le 1er mai. L'incident que le
député mentionne, je crois qu'il s'est produit avant cette
date.
M. BURNS: M. le Président, je formule officiellement ma motion de
tantôt, c'est-à-dire qu'on passe à autre chose que le
problème qu'on discute actuellement.
Ni l'Hydro-Québec ni le syndicat ne peuvent nous en apprendre
plus sur ces problèmes de quartiers généraux. J'aimerais
bien qu'on entende autre chose.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, si moi, aujourd'hui, le 19
décembre, je décidais de m'en aller sur cette fameuse
route...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. VEILLEUX: J'ai le droit comme n'importe quel membre de poser une
question.
M. BURNS: J'invoque le règlement. Je suis membre de la commission
à ce que je sache. J'ai fait une mention à l'effet qu'on passe
à un autre problème. Si le député de Saint-Jean
veut parler là-dessus, cela ne me fait rien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est qu'à la demande de son
collègue, le député de Sainte-Marie, il a
été remplacé à la commission par le
député de Maisonneuve.
A tout événement, on ne sera pas trop formel sur la
procédure.
M. MARCHAND: M. le Président, je suis prêt à
accepter que le député de Maisonneuve fasse partie de la
commission à la place du député de Sainte-Marie.
M. BURNS: De toute façon, M. le Président, si vous
vérifiez votre règlement, vous allez voir que les modifications
se font à la demande du leader parlementaire. En l'occurrence, le leader
parlementaire, c'est moi, et je n'ai pas demandé à être
remplacé...
M. VEILLEUX: Je veux parler sur la proposition du député
de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député de
Maisonneuve pourrait préciser davantage sa motion? Il veut parler de
quoi précisément.
M. VEILLEUX: Il veut qu'on arrête de parler de la barrière,
de la clôture.
M. BURNS: Je veux qu'on arrête de parler de ce problème,
parce que j'ai l'impression que. les membres de la commission sont parfaitement
éclairés.
M. VEILLEUX: Je veux dire, M. le Président, que je ne suis pas en
faveur qu'on cesse d'en parler pour la raison suivante: J'avais posé une
question au député de Saguenay, tout à l'heure, je voulais
lui en poser une autre. Avant de me donner la parole sur ce sujet particulier,
vous l'avez donnée à M. Labossière, je crois, qui a fourni
une explication supplémentaire. Mais je n'ai pas eu le privilège
de suivre dans l'ordre. Le député de Maisonneuve venait
après moi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui, mais si nous voulons respecter la
règle de procédure, la commission a une motion devant elle. Je
vais la mettre aux voix.
M. VEILLEUX: Je suis contre.
M. MARCHAND: M. le Président, pouvons-nous faire des motions en
commission parlementaire?
M. BURNS: Oui. Lisez votre règlement vous allez vous en
apercevoir.
M. MARCHAND: Vous êtes le seul dans votre parti à l'avoir
lu.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II y a une motion de présentée.
S'il y a des gens qui veulent parler sur la motion, je suis prêt à
les entendre. Par contre, si personne ne veut intervenir sur cette motion, je
la mets aux voix.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour être
éclairé sur la motion du député de Maisonneuve,
j'aurais une question de privilège à poser.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II n'existe pas de question de
privilège en commission parlementaire.
M. VEILLEUX: Une question de règlement, M. le Président.
Cela existe en commission. Ce serait pour être mieux
éclairé. Je voudrais savoir vous me direz si ma question
est recevable ou pas si, le 19 décembre, je suis au mille 1 et que
je veux m'en aller sur cette fameuse route tortueuse, est-ce que je vais
être arrêté au mille 13 ou au mille 1?
M. LESSARD: Vous ne serez arrêté ni au mille 1 ni ailleurs.
C'est pourquoi, tout à l'heure, j'ai demandé de justifier
pourquoi le mille 13. Dans les circonstances bien ordinaires, vous ne serez
arrêté que sur les chantiers, en entrant à Outardes 2 ou
Manic 5, si vous y entrez.
M. VEILLEUX: M. le Président, cela répond à ma
question et confirme ce que j'ai avancé
tout à l'heure au député de Saguenay.
Si ce n'est pas pour la chasse, la pêche ou les clubs
privés, on ne se fera pas arrêter.
M. LESSARD: M. le Président, je suis d'accord que, tout à
l'heure, il y a eu un transfert du chemin de l'Hydro-Québec au
ministère de la Voirie. Par exemple, on sait très bien qu'en
d'autres circonstances, ils utiliseront les mêmes moyens. De toute
façon, ce que je dis, c'est qu'on ne peut pas discuter de cette question
de barrière comme on discute d'une certaine municipalité comme
Carillon ou ailleurs. L'Hydro-Québec ne loge pas les gars en haut et ce
n'est pas facile de se loger non plus, de n'importe quelle façon. Le
territoire de travail pour ces gars commence au mille 1, à mon sens.
M. VEILLEUX: Je suis éclairé, M. le Président; on
pourrait passer à un autre point.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'aimerais attirer l'attention du
député de Maisonneuve. Tel qu'il a formulé sa motion, la
présidence juge qu'elle est irrecevable, parce que trop
imprécise. Le député de Maisonneuve a dit: Moi, je propose
qu'on parle d'autres choses. Si j'ai bien compris, c'est de cette façon
qu'il a précisé sa motion.
M. BURNS: Des autres points en litige.
Je pense que vous comprenez ce que je voulais dire. Il y a je ne sais
combien de points en litige; je propose simplement qu'on passe à un
autre article en litige.
M. COURNOYER: Voilà pourquoi le député de
Saint-Jean est d'accord maintenant avec vous, la motion étant
précise.
M. VEILLEUX: Excepté sur la motion du député de
Maisonneuve...
M. BURNS : Je ne voulais pas discuter de la nouvelle mode des cravates,
cela ne m'intéresse pas du tout.
M. VEILLEUX: ... pour passer aux sept autres points qui ne sont pas
contenus dans le document monolithique, du moins
l'énumération.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que les membres de la commission
acceptent de discuter des autres points qui n'ont pas été
touchés jusqu'ici et qui sont sujets de litige entre les deux parties
devant nous?
M. LATULIPPE: J'aimerais bien savoir si ça se rattache
directement à cette motion le fait de régler le 15e point,
automatiquement ça règle tous les autres problèmes.
UNE VOIX: Non; il en reste sept.
M. LATULIPPE: II en reste sept à part celui-là.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Pour fins de la bonne compréhension
des membres de la commission, est-ce que quelqu'un du côté
syndical pourrait préciser si c'est sept, trente ou un autre nombre?
M. BRULE : Jacques Brûlé du syndicat canadien. Je ne suis
pas de l'autre bord de la table, je ne peux pas faire d'amendement, mais si on
parle d'autres choses, on parle de quoi? Est-ce qu'on parle du document no 1 ou
du document no 2? Il est évident que, tant et aussi longtemps qu'on n'a
pas statué sur le 15e point, pour nous le document no 2 s'applique. Nous
allons parler sur la totalité des clauses en suspens, en ce qui nous
concerne. Tant et aussi longtemps que le 15e point n'est pas tranché
dans un sens ou dans l'autre, nous allons discuter du document no 2 et nous
allons sortir tous les points qui sont en suspens.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est justement ce que je voulais faire dire
au député de Maisonneuve. Qu'il précise le sujet de la
discussion qu'on devait aborder ici à la commission.
M. le ministre du Travail.
M. COURNOYER: J'ai une question à poser. Je ne sais si j'ai bien
compris. Depuis la remise du document du conciliateur, M. Dansereau, comportant
15 points on va le savoir, qu'il y en avait 15 dans ce document
est-ce qu'il y a eu discussion entre les syndicats représentant les
employés et l'Hydro-Québec? Je repose cette question bien que
j'aie entendu qu'il n'y en avait pas eu. Est-ce qu'il y a eu des
discussions?
M. BRULE : II y en a eu avec le médiateur, mais il n'y a pas eu
de discussion avec l'Hydro-Québec. Tout ce qu'on a su de la bouche du
médiateur, c'est que l'Hydro-Québec acceptait les 14 premiers
points et refusait le quartier général. Dans l'offre du 8
décembre de l'Hydro-Québec, on ne retrouvait pas le quartier
général de la Côte-Nord. Donc, l'Hydro-Québec
confirmait ce que le médiateur nous avait dit, que le quartier
général était refusé par elle.
M. COURNOYER: Je présume que nous avons réglé le
15e point. Pour la commission parlementaire, je pense bien que nous ne sommes
pas pour recommencer l'étude du 15e point; j'ai l'impression que c'est
entre vous et eux que vous pouvez élaborer davantage. Admettons que nous
l'avons réglé.
M. GAUVREAU: Me permettez-vous un mot sur le 15e point?
M. COURNOYER: Vous pouvez toujours. M. GAUVREAU: Au sujet du coût,
les
dernières interventions sur les estimations ont fait état
d'un "enculage de mouches". Je crois que nous, les commissaires, nous allons
aux sources, nous avons une équipe pour nous renseigner, pour faire des
calculs.
Nous avons encore confiance dans l'estimation qui a été
faite de $100,000 et plus, ce qui veut dire $300,000 à $350,000 pour la
durée de la convention.
Je n'attache pas plus d'importance à ça, c'est une
question de principe, c'est une question de "package deal" surtout. Je crois
que c'est là que ça devrait être.
M. COURNOYER: C'est comme cela que cela avait été compris,
le "package deal". Excepté que vous le considérez en
totalité et vous mettez l'argent, parce que vous dites que c'est de
l'argent, dans le paquet. Tandis que le conciliateur l'avait mis dans 15
points. Il a dit: Voilà un "package deal" et on règle ces quinze
points. La différence, c'est sur ce que comprend le "package deal".
C'est ce que j'ai compris. Il comprenait quinze points et là, il en
comprend plus selon vous.
M. BURNS: Juste une question, M. le Président. Je m'excuse, M. le
ministre. Je parlais avec le leader du gouvernement sur des problèmes
qui concernent cette commission et je n'ai pas compris ce qui s'est
passé pendant ce temps-là.
M. COURNOYER: On cherche...
M. BURNS: Vous avez décidé que ma motion n'était
pas assez précise. Est-ce ça?
M. COURNOYER: Nous cherchons. Justement, le représentant du
syndicat a dit: Sur lequel des points voulez-vous qu'on aille? Il y en a
plusieurs, il y a deux groupes de points...
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de Maisonneuve,
à la suite de votre motion, le ministre est intervenu sur un point
d'ordre et j'ai reconnu son point d'ordre...
M. COURNOYER: La motion est passée... M. BURNS: Parfait, cela
va.
M. COURNOYER: II fallait chercher quel groupe de points on retient,
parce qu'on a parlé d'autres.
M. BURNS: D'accord.
M. COURNOYER: Sur les autres points, il y en a quinze, comme je disais
tantôt quand vous étiez occupé, qui faisaient partie d'un
"package deal". Si on considérait comme réglé le fameux
point sur lequel votre motion disait de ne plus parler mais de parler d'autre
chose, il y aurait quinze points de moins dans nos préoccupa- tions. Le
syndicat demande: Voulez-vous que l'on parle des quatorze autres?
M. BURNS: Le jour où vous allez décider, à la
surprise de toute la province, de voter une loi et pour une fois imposer des
conditions de travail à des employeurs au lieu de les imposer aux
employés, pour faire changement, j'ai hâte de voir ça, j'ai
hâte de vous voir faire ça. Ce sera la seule loi spéciale
sur laquelle je vais être bien d'accord. Je vais voter pour.
Quand vous voyez des employeurs qui niai-sent...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Appuyé.
M. BURNS: ... ce serait peut-être bon aussi de leur imposer des
conditions de travail.
M. COURNOYER: C'est une remarque que je prends en ligne de compte et
j'en tiendrai compte au moment opportun.
M. BURNS: Oui, en 1995.
M. COURNOYER: C'est à peu près à cette
date-là que vous allez avoir le pouvoir.
M. BURNS: Oui, à peu près.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si nous permettions au ministre du Travail de
continuer son exposé.
M. COURNOYER: J'arrive aux autres points, je ne veux embêter
personne en face. Comment dis-tu ça?
M. BURNS: J'ai dit: Envoie, vas-y, beau blond!
M. COURNOYER: Je cherche quelle demande je peux faire au syndicat, quel
point aborder maintenant devant cette commission parlementaire. Les points qui
resteraient, si on assumait que tout le reste est réglé, sont des
points strictement d'ordre pécuniaire puisqu'on parlait toujours des
clauses à incidence pécuniaire, mais qui étaient des
clauses normatives dans les quinze points, et ça réglait toutes
les clauses à incidence pécuniaire.
Nous sommes rendus dans l'autre partie. On présume que l'autre
point est réglé, on en a assez entendu là-dessus. Dans
l'autre partie, quel est notre problème?
M. BRULE: En admettant que la commission parlementaire a
été sensibilisée au sujet de notre quartier
général, on présume que le quartier général
n'est plus un problème. Il resterait le document no 1 que nous allons
vous remettre à l'instant. J'espère que l'Hydro-Québec
sera aussi intéressée que la commission parlementaire. C'est sous
réserve du quartier général, comme de raison.
M. LEGENDRE: Pas sous réserve, c'est pour autant que c'est
réglé.
M. COURNOYER: Si c'était tout réglé.
M. BRULE: Oui, on présume que là où il y a de la
bonne foi, le désir de vouloir voir les choses se régler, c'est
fait. Remarquez bien que Robert Chabot vient de me dire qu'il est
gêné, parce qu'il le concéderait déjà.
UNE VOIX: Où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir, M.
Chabot. Allez.
M. CHABOT: Je crois m'apercevoir que M. Brûlé continue de
rêver.
UNE VOIX: Rêvons tous.
Document no 1
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, document no 1. Est-ce que les
parlementaires ont des questions à adresser à l'une ou l'autre
des parties?
M. LEGENDRE: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que la partie syndicale,
ou la partie patronale, selon la procédure que vous voudrez, explique
les motivations des deux parties sur les points qui sont dressés dans
cette liste?
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est-à-dire qu'on pourrait
appeler...
M. LEGENDRE: Comme on l'a fait pour le point quinze.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... point par point, puis entendre chacune
des parties.
M. LEGENDRE: Vous allez vous faire une idée, comme vous vous
êtes fait une idée sur le mille 13 ou le quinzième
point.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Avant peut-être de procéder point par point,
il y en a sept, la partie syndicale dit qu'il y a sept points et que ce sont
ces sept points qu'il resterait à entendre en dehors des quinze.
J'aimerais savoir de la partie patronale si ce sont bien ces sept points ou
s'il y en a d'autres?
M. BRULE: Justement, c'est que la partie patronale n'a pas reçu
la pile de documents que vous avez reçue. On en a remis vingt
exemplaires, il me semble que l'Hydro-Québec pourrait en avoir au moins
une ou deux copies. Parce que je n'ai pas l'impression qu'on va avoir encore
une chance de régler avec eux.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Durocher.
M. DUROCHER: Ce que je veux mentionner, c'est que, le 21 novembre,
lorsque la fameuse liste des quinze points nous a été remise,
nous avons demandé au médiateur, en plus des quinze points, quels
étaient les autres points à régler. Et la réponse
que nous avons eue à ce moment-là du médiateur est
celle-ci: En plus des quinze points, il y a quatre autres points à
régler. C'était le 21 novembre. Et ces quatre points à
régler étaient les salaires, la définition des exigences
normales, le plan de carrière des techniciens et le CPPC, le
système d'évaluation des opérateurs. Le 21 novembre nous
avons demandé de préciser quels étaient les points en
litige et on nous a dit qu'il en restait quatre. Aujourd'hui, on nous dit que,
admettant l'hypothèse que les quinze points sont réglés,
il en reste sept.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M BRULE: Je voudrais qu'on s'en reporte à la séance de la
commission parlementaire où j'ai annoncé qu'il y avait un
document sur quinze points et où j'ai dit qu'il resterait six ou sept
points en suspens, ce qui a été enregistré.
Maintenant, je ne sais pas ce que le médiateur a dit à
l'Hydro-Québec parce que je n'étais pas là. Je sais
très bien ce que j'ai dit en commission parlementaire la journée
où on m'a remis le bloc monolithique. J'ai dit que c'étaient six
ou sept points qui demeureraient en suspens. Et le septième point, vous
remarquerez que c'est le protocole d'entente de retour au travail et je pense
que n'importe où, là où il y a eu grève, il y a eu
des choses qui se sont passées, il y a toujours un protocole d'entente
avant de revenir au travail. Et je ne pense pas que ce soit un point qui
s'ajoute comme tel, mais c'est tout simplement normal qu'il y ait un protocole
d'entente quand on signe une convention collective de travail.
Quand le médiateur a remis la liste de quinze points à la
partie syndicale, j'ai rencontré les trois comités de
négociation des syndicats des collets blancs, des techniciens et de
métiers et la liste que nous avons remise au médiateur cette
journée-là, c'est la liste qu'on retrouve ici. La seule chose qui
a été ajoutée est le protocole d'entente pour le retour au
travail qu'on va vous expliquer. C'est que, présentement, on a un
confrère qui est congédié, suspendu pour une
période de temps indéfinie et on sait très bien que, au
temps où on se parle, on n'a pas de convention collective de travail. On
n'a pas de recours par voie de grief ni d'arbitrage et on a un confrère
qui est suspendu depuis un mois. On ne sait pas ce qui va arriver après.
Je sais que l'Hydro-Québec ne manque pas d'imagination quand c'est le
temps.
Donc, on veut écrire en noir sur blanc un protocole d'entente
pour dire: nous signons le contrat tout en réglant nos problèmes
en même temps. Il n'y aura pas de choses qui vont se passer
découlant de la grève ou découlant des
gens qui y ont participé plus ou moins directement.
Si le directeur du personnel de l'Hydro-Québec se sent
offusqué par un protocole d'entente de retour au travail à la
suite d'un affrontement je pourrai à ce moment-là vous citer que
dans toutes les grèves qui ont eu lieu chez nous je
présume que cela est semblable dans d'autres syndicats il y a
toujours eu de tels documents qui ont été signés à
la suite d'un règlement, d'une entente entre les parties. Je ne pense
pas qu'on puisse considérer cela comme étant un point qu'on
ajoute. C'est un document de bonne foi entre les parties. On s'est
essayé, on s'est engueulé, maintenant on signe et on oublie
tout.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Legendre.
M. LEGENDRE: Dans le journal des Débats de la commission
permanente du travail no 111, à la page B-6629, M. Brûlé,
dans une intervention, dit: "Je tiens à préciser que c'est tout
de même une première tranche. Parce qu'il y a six points en
suspens, je pense, qu'on avait discutés mardi passé, soit les
clauses à incidence pécuniaire. Je pense que cela demeure."
C'était sa déclaration.
Plus loin, après M. Brûlé, M. Durocher: "M.
Durocher: ... Il y a entente effectivement sur 14 points. Quant au
quinzième point, nous sommes disponibles et disposés à
continuer la négociation à son sujet, et également sur les
quelques autres points qui demeurent encore en litige. "En
résumé, nous souscrivons à la déclaration que vient
de faire M. Brûlé."
M. Brûlé venait de parler de six points et M. Durocher
venait de dire qu'il était d'accord sur cela. Je ne vois pas comment
aujourd'hui M. Durocher peut parler de quatre points quant le 23 il
déclarait qu'il était d'accord avec M. Brûlé.
M. VEILLEUX: En dehors des quinze points, des sept points, des quatre
points ou des cinq points, est-ce qu'il y en a qui sont
réglés?
M. DUROCHER: Selon les documents qu'on vient de nous remettre, il me
semble que la question des salaires est réglée parce que cela
n'apparaît pas dans le document. A moins que je lise mal le document
qu'on vient de nous remettre...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous retrouvez la question des salaires
vis-à-vis de la colonne des articles.
M. DUROCHER: Je m'excuse, M. le Président. Dans la colonne des
sujets. Je voyais bien "Plan de carrière des techniciens" et à
l'extrême-gauche...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Du côté des sujets, vous avez
raison, Du côté des articles...
M. DUROCHER:... l'article des salaires.
M. BRULE : On est en train de les préciser de toute
façon.
M. LEGENDRE: M. Durocher ne peut quand même pas nier sa
déclaration du 23 novembre où il admettait qu'il y avait six
points.
M. COURNOYER: Laissons donc faire cela. Quel est le problème que
nous avons à régler?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si nous passions au premier sujet: "Exigences
normales de l'emploi." C'est une chose qui n'est pas réglée entre
les parties. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. LEGENDRE: Pour l'intelligence de la commission, nous avons à
déposer certains documents. Malheureusement, nous ne les avons pas en 20
copies parce que cela ferait 20 pieds de documents. Là-dedans, il y a
les conventions collectives actuelles. Il y a les projets de convention
collective. Il y a une copie du mémoire que nous avons
présenté. Il y a aussi les annexes à notre mémoire.
Ces documents pourront être feuilletés par les
députés pendant leurs vacances de Noël. Cela vous
éclairera, si vous voulez avoir...
LE PRESIDENT (M. Giasson): II y a beaucoup de députés qui
ne prennent pas de vacances de Noël.
M. LEGENDRE: Tant mieux. A ce moment-là...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Cela va aller aux vacances de Pâques,
si vacances il y a à Pâques. Succinctement, est-ce que la partie
syndicale pourrait commenter le sujet 1: "Exigences normales de l'emploi."
Exigences normales de l'emploi
M. COURNOYER : Sans que je lise tout cela.
M. LEGENDRE: La première clause en suspens est la
définiton des exigences normales de l'emploi. Le syndicat, dans son
projet de convention collective dont vous avez copie, avait formulé une
définition des exigences normales d'emploi. Dans la convention, on se
réfère à des exigences normales d'emploi. On dit:
L'employé aura tel poste après un système d'affichage pour
autant qu'il puisse satisfaire aux exigences normales d'emploi. Dans le
passé, on n'avait pas de définition.
Le syndicat tentait de prouver qu'un individu remplissait les exigences
de l'emploi et l'Hydro-Québec tentait de prouver que l'individu ne les
remplissait pas. Cela nous a amenés à faire une série
d'arbitrages, où les présidents de
tribunaux ne pouvaient rendre de décision parce que les exigences
normales d'emploi n'étaient pas définies. L'Hydro-Québec
admettait, au début des négociations, qu'il y avait un
problème, c'est que les exigences normales d'emploi pouvaient varier
selon les régions administratives. Il y a une autonomie qui est
laissée aux différentes régions et c'était
laissé, à ces endroits-là, aux dirigeants de la
région d'établir les règles.
Donc, nous ne pouvions pas être assurés que, pour obtenir
un poste, les exigences seraient définies d'une telle façon. Nous
avons donc formulé la définition, comme nous pensons qu'elle doit
être, des exigences normales d'emploi. Vous la retrouvez à la page
20 de notre mémoire et c'est ce qui fait l'objet du litige. Ce que nous
voulons avoir, c'est une ligne médiane dans l'administration de cette
partie de notre convention. Nous ne demandons pas aux employés
d'être des bilingues parfaits, nous leur demandons de connaître
suffisamment d'anglais pour faire leur travail. Or, il était possible
d'exiger, dans un poste, un bilinguisme parfait et dans un autre un
poste identique, mais dans une autre région on pouvait ne pas
l'exiger. C'était laissé à la région
administrative. Nous avons défini les exigences d'emploi comme
étant des exigences minimales et non maximales. Nous avons aussi
défini les exigences normales comme étant des exigences
raisonnables, non idéales et non au-dessus de la moyenne. Nous avons,
par la suite, précisé que c'étaient des exigences
indispensables et essentielles. On a dit que c'étaient des exigences qui
étaient liées à la nature même du poste vacant,
c'est-à-dire à la tâche ordinaire, à celle qui se
fait habituellement et non exceptionnellement. Ceci, à notre avis,
permettrait à l'Hydro-Québec d'administrer la convention
collective, d'accorder les promotions, d'accorder les mutations, tout mouvement
de personnel selon cette ligne de conduite qui lui serait tracée par la
convention. Ceci permettrait aussi au syndicat de pouvoir faire valoir ces
points lorsqu'il conteste la décision de l'Hydro-Québec. Il ne
s'agit pas de toujours contester la décision de l'Hydro-Québec
d'ailleurs on ne le fait pas mais, dans certains cas, on doit
contester cette décision parce qu'elle nous apparaît injuste. Ceci
empêcherait aussi la partie patronale de formuler autour d'un poste qu'on
veut accorder â un individu bien précis des exigences qui feraient
que seul cet individu-là pourrait remplir les exigences normales
d'emploi.
Ce n'est pas une entorse faite aux droits de gérance parce que
l'argumentation de l'Hydro-Québec est que c'est un empiètement
sur ses droits de gérance. Nous, nous disons que ce sont des droits de
gérance qu'elle a jamais eus. Elle a jamais eu le droit d'exiger des
choses qui ne sont pas exigibles. Tout ce à quoi elle a eu droit, dans
les droits de gérance qui lui sont reconnus, c'est d'administrer
normalement la convention. Elle a pas de droits de gérance lui
permettant de procéder à un patronage dans l'octroi des postes.
Ce n'est pas un droit de gérance, cela. D'ailleurs, elle s'en cache,
elle dit qu'elle ne le fait pas.
Nous voulons avoir un mécanisme de convention collective qui va
aussi permettre au syndicat de dire à l'un de ses membres qui voudrait
avoir un poste qu'il ne possède pas les qualifications normales, s'il ne
les a pas que de dire à l'Hydro-Québec: Vous n'avez pas choisi le
bon gars, c'est l'autre qui aurait dû avoir le poste. Nous voulons
être d'égal à égal avec l'Hydro-Québec
lorsque vient le temps de contester ce point.
Nous avons ajouté dans notre dossier une série de
décisions arbritales où le président de ces tribunaux nous
disait qu'il était vrai que l'Hydro-Québec avait erré dans
sa décision; mais, ils ne possédaient pas le pouvoir de changer
la décision. C'est dans les commentaires, des sentences arbritales que
vous trouverez là-dedans. Si vous pouviez avoir dans votre convention
une clause définissant les exigences normales d'emploi de telle
façon, ça me permettrait de régler le problème.
Même si je reconnais que vous avez une excellente preuve que le bonhomme
n'est pas bon, je ne peux pas changer la décision parce qu'il y a des
clauses qui m'empêchent de le faire. Dans plusieurs sentences, vous
retrouvez tous les commentaires de ces juges. Nous avons fait une compilation
des différentes recommandations des tribunaux d'arbitrage, nous avons
fait de la recherche, nous avons fouillé et nous en sommes venus
à la conclusion que seule cette position que nous avons
présentée à la partie patronale, qui apparaît dans
notre projet de convention, serait celle qui insérerait dans la
convention collective un élément de paix industrielle. On ne
serait pas toujours rendu à l'arbitrage et on ne serait pas toujours en
train de faire des chinoiseries autour du choix d'un gars plutôt que d'un
autre pour un poste donné. Ce serait un élément, pour
nous, qui servirait à accentuer la paix industrielle à
l'Hydro-Québec, dans ses relations avec ses employés, entre les
syndicats et l'Hydro-Québec.
Vous avez, dans la documentation qui vous a été remise,
toute l'argumentation qui pourrait vous être nécessaire pour vous
faire une idée plus juste. On peut, si vous voulez, à la suite
des questions que vous voudriez poser ou à la suite de l'exposé
de l'Hydro-Québec, discouvrir plus longuement sur chacun des points. Ce
que nous demandons, c'est un mécanisme nous permettant d'aller donner
à nos membres des droits que leur reconnaît la convention
ailleurs. On dit: A exigences normales égales, l'ancienneté
prévaudra. Si on ne peut pas faire la preuve de ces exigences normales,
parce qu'on n'a pas de définition des exigences normales, on donne un
droit à un employé et on l'empêche de l'exercer en ne lui
donnant pas les moyens voulus.
M. VEILLEUX: M. Legendre, est-ce que
vous verriez parce que les exigences normales sont pour les
métiers et les employés de bureau dans la convention
collective, à écrire exactement quels sont pour chacun des
métiers et chacun des employés de bureau...
M. LEGENDRE: Non. Vous vous référez à la
description de la tâche. C'est déjà écrit. La
description d'un opérateur, d'un "lineman", d'un mécanicien,
c'est écrit. Ce ne sont pas les exigences pour l'emploi.
M. VEILLEUX: Admettons que je m'appelle M. Y et que je veux m'en aller
à l'Hydro-Québec; je voudrais être... Donnez-moi un nom de
métier à l'Hydro-Québec?
M. LEGENDRE: Opérateur.
M. VEILLEUX: Je voudrais être opérateur.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous faites allusion à la promotion
à l'intérieur de l'entreprise qu'est l'Hydro-Québec. C'est
ça que vous avez à l'esprit?
M. LEGENDRE: Oui. Ce n'est pas pour l'emploi, c'est pour
l'embauchage.
M. VEILLEUX: Je veux être opérateur à
l'Hydro-Québec, je sors, j'ai certaines qualifications et
l'Hydro-Québec analyse mes qualifications et me dit si je suis apte ou
non au travail. Est-ce que ces mêmes qualifications ne vaudraient pas
pour un employé à l'intérieur lorsqu'il s'agit d'une
promotion ou si ça prend d'autres qualifications d'après
vous?
M. LEGENDRE: Vous êtes à l'extérieur de
l'Hydro-Québec, vous êtes sur le marché du travail. Vous
voulez devenir opérateur, vous allez voir l'Hydro-Québec; on n'a
pas de contrôle sur ce que l'Hydro-Québec va exiger de vous. Pour
être opérateur, il faut connaître certaines choses. On
pourrait l'établir. A l'intérieur de la convention, quand vous
voulez cesser d'être opérateur et vous en aller comme monteur de
lignes si ça se peut comme exemple, quoique celui-là ne
soit pas tellement bon si vous voulez changer d'emploi à
l'intérieur, il y a un système d'affichage. On dit: II faut que
l'employé ait une douzième année, il faut qu'il parle
anglais, il faut qu'il ait 6 pieds et 4 pouces, 185 livres. Tout ça. On
donne des qualifications pour l'emploi. On dit que l'Hydro-Québec peut
exiger certaines conditions pour remplir un poste.
Elle ne peut pas exiger, par exemple, que tous les "linemen" aient six
pieds et sept pouces. Elle ne peut pas le faire. Elle ne peut pas exiger qu'une
secrétaire ait les mensurations d'une starlette. Elle ne peut pas le
faire.
M. VEILLEUX: Pour employer un langage qu'employait le
député de Maisonneuve tout à l'heure, ne trouvez-vous pas
que vous charriez un peu en disant cela?
M. LEGENDRE: Imaginez-vous qu'un jour on a exigé qu'une
secrétaire ait cinq pieds et quatre pouces, parce qu'il fallait que la
secrétaire ait cette grandeur pour atteindre le tiroir d'un classeur.
Cela voudrait dire que toutes les secrétaires de l'Hydro-Québec
devraient avoir cinq pieds et quatre pouces pour travailler.
M. VEILLEUX: C'est ce que j'essaie de comprendre. Je me transpose dans
le secteur où j'ai travaillé, dans le secteur de l'enseignement.
Admettons qu'il y avait un poste d'ouvert comme principal d'école,
hypothétiquement. Il y avait certaines exigences de base au point de vue
de la scolarité, de la santé et ce que vous voudrez. Ces
exigences étaient identiques lorsque l'on ouvrait le concours à
l'intérieur des enseignants de l'école ou de la commission
scolaire. Est-ce que vous verriez des exigences à l'intérieur qui
seraient différentes de celles de l'extérieur?
M. LEGENDRE: Nous, nous voulons un mécanisme nous permettant de
contester des décisions folichonnes d'un employeur. Si, par exemple,
vous offrez vos services, comme instituteur, pour devenir directeur
d'école et que la commission scolaire exige de vous que vous parliez le
grec, parce qu'il y a un étudiant grec dans l'école, on pourrait
dire qu'elle a bâti "la job" pour un professeur qui, lui, parle le grec.
Il y en a seulement un dans toute la commission scolaire qui parle le grec, et
c'est lui qui aura l'emploi parce qu'on exige que le directeur parle le grec.
Cela ne se tient pas. On ne peut pas exiger d'un directeur qu'il parle le grec
parce qu'il y a un élève qui parle le grec. C'est cela. On veut
avoir un mécanisme empêchant des décisions arbitraires qui
peuvent faire sourire, mais qui sont des faits à 1'Hydro-Québec,
des décisions qui peuvent être bâties de toutes
pièces, comme un gant, pour convenir à un individu. On veut avoir
tel employé à tel poste. On le regarde et, s'il a six pieds et
six pouces, on exige six pieds et six, s'il ne parle pas l'anglais, on exige
qu'il ne parle pas l'anglais, et vice versa. On bâtit "la job" à
la taille de l'individu,
M. VEILLEUX: En d'autres mots, vous voudriez que les normes, les
exigences normales soient celles que l'on retrouve au début, lorsqu'un
poste est ouvert à l'Hydro-Québec. Je m'imagine que, quand
l'Hydro-Québec a décidé d'engager des secrétaires
au début, elle n'exigeait quand même pas cinq pieds et quatre
pouces parce qu'un tel tiroir est à cinq pieds et deux pouces. C'est ce
que vous ne voulez pas qu'on change en cours de route pour le plaisir de
changer.
M.LESSARD: Pour continuer ce que le
député de Saint-Jean a dit, ces conditions sont-elles
déterminées au moment où on décide qu'on a besoin
d'un nouveau gars ou si elles sont déterminées avant? Par
exemple, un poste s'ouvre. Il y a une promotion possible pour les
employés de l'Hydro-Québec. C'est l'Hydro-Québec qui
détermine: Voici, pour tel emploi, pour telle promotion et elle
le décide vraiment les exigences sont telles. Ou bien, ces
exigences, ces critères, ces normes, ces qualifications minimales dont
on a besoin pour un poste, sont déterminés avant et,
après, l'Hydro-Québec est obligée de respecter ces
exigences?
M. LEGENDRE: Avant de passer la parole à mon collègue
Morrisseau, je voudrais que vous fassiez immédiatement la distinction
entre la description du poste et les exigences de l'emploi. C'est
différent.
M. LESSARD: D'accord. Mais une fois que vous avez très bien
décrit le poste, l'Hydro-Québec est capable, une fois que la
description est claire, basée sur quelque chose de concret... H est
certain qu'on ne peut pas y aller avec des critères qui se tranchent au
couteau, mais il reste qu'une fois qu'une bonne description de poste est faite,
il est possible de déterminer les exigences de ce poste. Si, par
exemple, vous avez telle fonction à remplir, si cela prend quinze ans de
scolarité ou douze, ça prend l'anglais ou l'espagnol, quand le
poste est créé, il est possible de déterminer en
même temps les exigences. Cela devrait être possible parce que, si
l'Hydro-Québec peut modifier continuellement les exigences pour un
poste...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous voulez, on va accorder le droit de
parole aux représentants du syndicat et, par la suite, on donnera le
droit de réplique aux représentants de l'Hydro-Québec.
Ensuite, les membres de la commission pourront parler.
M. MORISSEAU: Claude Morisseau, porte-parole. En fait, très
brièvement, nous ne voulons pas empêcher l'Hydro-Québec
d'établir les exigences, pas du tout. Nous voulons que ces exigences
soient normales et nous voulons mettre dans la convention collective ce qu'est
la normalité des exigences. Les exigences, l'Hydro-Québec les
établira. Si nous trouvons qu'elles ne sont pas normales telles que
définies dans la convention collective, nous pourrons aller devant un
arbitre et faire la preuve devant l'arbitre que les exigences que
l'Hydro-Québec a établies, tel poste vacant, ne sont pas
justement normales compte tenu de ce que nous aurons écrit dans la
convention collective. Mais les exigences resteront toujours la
prérogative de l'Hydro-Québec pour autant qu'elles seront
normales.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le représentant de
l'Hydro-Québec.
M. LESSARD: ... Si vous avez besoin d'une secrétaire, si
l'Hydro-Québec exige 19 ans de scolarité pour une
secrétaire à un certain niveau, on n'a pas besoin de 19 ou 20 ans
de scolarité pour faire cela. On a besoin d'un cours reconnu, etc. Quand
la définition du poste est claire, il me semble que
l'Hydro-Québec ne devrait pas déterminer ses exigences lorsqu'il
y a une ouverture de promotion, qu'elle devrait les déterminer à
un moment donné, une fois que la description du poste est faite,
dès le début... Ne pas modifier parce qu'elle peut modifier
continuellement ses exigences.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Chabot.
M. CHABOT: M. le Président, nous entrons dans un autre sujet qui,
je l'espère pour nous tous, ne sera pas aussi long que celui qu'on a
abordé tantôt. Les exigences normales. Pour bien situer le
problème, les exigences normales, c'est ceci. Lorsque nous avons un
poste vacant dans l'entreprise, il y a un mécanisme qui prévoit
que ledit poste vacant va être affiché, selon certaines
modalités. Sur l'avis de poste vacant affiché, l'employeur y
indique des exigences normales, c'est-à-dire des conditions auxquelles
doit satisfaire le postulant qui veut accéder à cet emploi.
La convention collective actuelle, celle que nous sommes en train de
renouveler, définit ainsi l'expression "exigences normales d'un emploi":
Les termes "exigences normales d'un emploi" signifient les exigences
établies en relation avec l'emploi. C'est ce qui est actuel. Le 8
décembre, dans notre proposition globale, celle que nous avons un peu
détaillée ce matin, voici le nouveau texte que nous avons soumis
au syndicat. Les termes "exigences normales de l'emploi" signifient les
exigences raisonnables et objectives liées directement à la
nature même du poste vacant. Là, nous assistons quand même
à une clarification que nous estimons valable de la définition
des termes "exigences normales de l'emploi".
De plus, l'employeur a le fardeau de la preuve en arbitrage à
savoir de convaincre l'arbitre que les exigences normales qui ont
été affichées sur l'avis étaient des exigences
normales raisonnables, objectives liées directement à la nature
même du poste vacant. C'est le fardeau de l'employeur détablir que
les prérequis ou ces exigences n'étaient pas des exigences
folichonnes ni arbitraires, mais qu'elles correspondaient à la nature
même du poste vacant.
C'est la proposition du 8 que nous avons formulée au syndicat qui
est une sensible amélioration sur nous le reconnaissons
l'ambiguïté de la définition qui est dans la convention
collective présente.
Dans un des documents qui vous ont été remis ce matin,
intitulé "Dernière proposition globale de l'Hydro-Québec",
en date du 8 décembre 1972, nous en traitons brièvement. Je ne
voudrais pas en ajouter pour en ajouter,
mais, au cours de la négociation, c'est un sujet que nous avons
longuement débattu face en face comme en ex-parte soit avec le
conciliateur, soit ultérieurement avec le médiateur.
Nous avons demandé, dans notre projet remis au syndicat, que,
durant la convention collective qu'on négocie, nous puissions
conjointement procéder à la fabrication d'un système
d'évaluation des emplois. Ceci aurait été de nature
à résoudre d'autres problèmes relativement aux exigences
normales.
L'Hydro-Québec est quand même une entreprise très
jeune, nous l'avons aussi fait valoir au syndicat, c'est une entreprise qui
date effectivement de 1966, depuis que nous avons regroupé les
différentes structures administratives. Depuis ce temps, nous avons
commencé et nous poursuivons une normalisation des emplois qui sont
normalisables à l'intérieur du territoire de
l'Hydro-Québec.
Ce sont des étapes nécessaires et qui vont permettre de
résoudre les problèmes que nous pouvons avoir eu égard
à l'établissement d'exigences normales. Mais nous croyons quand
même que le texte proposé le 8 décembre est un texte
très valable et qui résoudrait les problèmes que le
syndicat a mentionnés. J'ai complété mon exposé sur
ce point, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Seulement une question, M. Chabot. Est-ce que vous avez le
texte de votre proposition concernant le fardeau de la preuve? Dans votre
document, à la page 7, on n'a que votre définition des exigences
normales. Est-ce que vous avez un texte rédigé
là-dessus?
M. CHABOT: C'est-à-dire qu'il faut se référer aux
dispositions de la convention collective en vigueur qui n'ont pas
été changées sous cet aspect.
M. BURNS: Qui vous donnent déjà le fardeau de la preuve
devant l'arbitre que les exigences normales ont été
appliquées. D'accord.
M. COURNOYER: C'est vrai? Vous n'avez pas de contestation
là-dessus?
M. VEILLEUX: Que pensez-vous de cette définition-là?
M. LEGENDRE: C'est qu'elle ne règle pas le problème que
l'on veut régler. Quand on dit, dans le document de
l'Hydro-Québec, la dernière proposition...
M. BURNS: Page 7, la dernière proposition.
M. LEGENDRE: Les termes "exigences normales de l'emploi" signifient les
exigences raisonnables et objectives et liées directement à la
nature même du poste. Avant, dans la convention, il y a la clause des
droits de gérance. C'est la compagnie qui décide quelles
exigences sont reliées avec le poste et c'est elle qui décide ce
qui est raisonnable.
Nous, nous voulons un mécanisme obligeant la normalité
dans leurs décisions. Nous voulons des espèces de clôtures
assez souples pour lui permettre d'administrer l'Hydro-Québec mais
d'éviter les décisions folichonnes qui peuvent se prendre dans
certaines régions, souvent dans toute la province.
La clause qui est là ne règle pas le problème,
même si le fardeau de la preuve est sur ses épaules.
M. VEILLEUX: Si je prends cette définition à la page 7,
vous me direz, MM. de. l'Hydro-Québec, si j'erre dans mes propos, un
poste de commis de bureau est vacant par exemple. Que le type soit commis de
bureau à Québec, à Sept-Iles, à Saint-Jean,
à Montréal, le poste est celui de commis de bureau. Dans votre
esprit, MM. de l'Hydro, est-ce que vous pourriez avoir des exigences
raisonnables et objectives différentes d'un lieu à un autre pour
un même poste?
M. CHABOT: M. le Président, on a justement abordé le sujet
de la normalisation, je le mentionnais tantôt, des descriptions
d'emplois. La réponse que nous avons reçue de nos interlocuteurs
était: Qui normalise idéalise.
Ce qui veut dire qu'en normalisant, vous allez idéaliser et
bloquer des promotions à des employés qui, dans des
régions périphériques ou des districts plus
éloignés, seraient en mesure d'exécuter les tâches
prévues aux postes vacants mais, parce que vous auriez normalisé
et idéalisé, par voie de conséquence... Nous ne sommes pas
d'accord.
M. VEILLEUX: Pour répondre plus directement à ma question,
M. Chabot, est-ce que dans votre esprit cela veut dire que, pour les commis de
bureau, ce sont les mêmes exigences raisonnables et objectives, quel que
soit l'endroit où on est commis de bureau?
M. CHABOT: Tout dépend du contenu de l'emploi; il peut y avoir
des variantes dans les exigences de l'emploi affiché, si cet emploi est
à Hull, à Manicouagan, à Québec ou à
Montréal.
M. VEILLEUX: Admettons que vous avez besoin d'un commis de bureau pour
recevoir les gens qui ont besoin de renseignements. Il y a quelqu'un au
comptoir. Que le type soit à Saint-Jean parce qu'il y a un bureau
de l'Hydro-Québec à Saint-Jean à Québec,
Montréal, Sept-Iles, Baie-Comeau, il fait exactement le même
travail, quelque soit l'endroit où il est. Est-ce que, dans votre
esprit, cela veut dire que les exigences raisonnables et objectives dans ce
cas seront identiques partout ou si elles seront différentes?
M. CHABOT: A un contenu d'emploi exactement le même, les exigences
devront correspondre et seront les mêmes. Mais il peut y avoir en
fait, il y a tellement de variations dans les différents emplois
des modifications très mineures, des différences très
mineures avec les exigences normales.
M. VEILLEUX: Mais vous ne craignez pas, si vous parlez des exigences
même mineures vous en avez qui peuvent se spécialiser dans
le bureau Y, Z, bien loin qu'il y ait exagération à un
certain moment, si vous vous attardez à toutes les petites exigences
mineures?
M. LEGENDRE: Comment se fait-il, par exemple, qu'à Québec,
les releveurs de compteurs doivent mesurer cinq pieds et huit pouces? Et on
peut avoir dans une autre région des releveurs de compteurs mesurant
cinq pieds et sept pouces. Est-ce que les compteurs sont placés plus
haut dans les caves de Québec que dans les autres régions? Non.
C'est la direction administrative de la région qui a
décidé que ce serait cinq pieds et huit pouces. Et si un type ne
peut plus grandir ce n'est pas sa faute et mesure cinq pieds et
sept pouces, il ne pourra jamais devenir releveur de compteurs à
Québec. Il faudra qu'il déménage. Ce n'est pas directement
relié selon nous, mais comme les droits de gérance appartiennent
à 1'Hydro -Québec nous sommes d'accord que ce soit
à elle nous voulons tout simplement qu'elle les administre
à l'intérieur de la normalité. C'est-à-dire que, si
les compteurs sont placés à cinq pieds et six pouces, les gars de
quatre pieds et deux pouces ne pourront pas devenir releveurs de compteurs,
c'est vrai. Ils seront trop bas. Mais le type qui mesure cinq pieds et sept
pouces pourrait quand même obtenir le poste. Cela se tiendrait à
l'intérieur d'une normalité.
M. VEILLEUX: Si je vous comprends bien, M. Legendre, vous seriez pour
que les exigences raisonnables et objectives soient identiques partout.
M. LEGENDRE: Moi, je serais d'accord. Si on veut varier, qu'on varie;
mais qu'on puisse établir ces exigences en observant les points que nous
avons soulevés, à savoir que ce soient des exigences minimales et
non maximales. Ce peut être idéal d'avoir cinq pieds et sept
pouces, mais ce n'est pas ce qu'on veut. Ce ne seront pas des exigences qui
vont être idéales, mais qui seront raisonnables. Ce ne sera pas
au-dessus de la moyenne. Ce seront des exigences indispensables et essentielles
au travail. Ce sont des exigences liées à la nature même du
poste vacant, à la tâche ordinaire, à celle qui se fait
habituellement et non exceptionnellement. Nous, nous voulons avoir ces quatre
points dans notre convention, ce qui va permettre à
l'Hydro-Québec d'administrer sa convention, son personnel; s'il doit y
avoir des variantes dans les régions, on pourra jouer avec elles si on
le veut, mais on devra le faire à l'intérieur de ces lignes que
nous, nous appelons les lignes de la normalité. On ne pourra plus
exagérer. On ne pourra plus, par exemple, exiger cinq pieds et huit
pouces si cela ne se tient ou cinq pieds et quatre pouces pour une
secrétaire, parce que le tiroir est trop haut.
M. COURNOYER : Pourriez-vous me répéter dans l'ordre les
quatre exigences?
M. LEGENDRE: Ce sont des exigences minimales et non maximales.
M. COURNOYER: Oui. L'autre?
M. LEGENDRE: Deuxièmement, ce sont des exigences raisonnables,
non idéales et non au-dessus de la moyenne.
M. COURNOYER: On retourne au mot "idéal". Cela veut dire quoi,
idéal?
M. LEGENDRE : Si je voulais avoir ma secrétaire à
24-18-36, ce peut être mon idéal mais il peut varier avec la
candidate qui va avoir le poste.
M. COURNOYER: Ce peut être 24-36-18.
M. LEGENDRE: Votre idéal est différent du mien.
M. VEILLEUX: Troisième point?
M. LEGENDRE: Troisième point. Ce sont des exigences
indispensables et essentielles. Quatrième point. Ce sont des exigences
liées à la nature même du poste vacant, c'est-à-dire
à la tâche ordinaire, à celle qui se fait habituellement et
non exceptionnellement. Nous pensons donner à l'Hydro-Québec un
mécanisme lui permettant de vivre et à nous, un mécanisme
qui nous permettra de donner de la valeur à des points qui ont de la
valeur. Quand on pense à l'ancienneté, on dit: C'est bien beau,
cela peut permettre d'obtenir des promotions. Mais quand on ne peut plus
utiliser son ancienneté parce qu'il y a des barrières, c'est se
leurrer. C'est aux pages 20 et 21 de notre mémoire.
Et si vous poursuivez dans le même mémoire, vous
retrouverez de savants arbitres qui sont habituellement nommés par votre
ministère. Dans un document, le juge Trépanier définit ce
que sont des exigences normales. Et après cela, on en retrouve d'autres,
dont Roger Chouinard, à quelques reprises. Et tout le long de notre
mémoire, on donne des exemples où des juges ont dit à peu
près ce que nous disons.
M. VEILLEUX: Au moins, les juges se sont entendus sur les exigences.
M. LEGENDRE: Ils disent que ce n'est pas possible qu'on exige six pieds
quand "la job" peut se faire par des hommes qui mesurent cinq pieds et six
pouces. Cela pourrait être idéal. L'Hydro-Québec n'est pas
un service de police ni de l'armée où on peut exiger que tous les
soldats mesurent la même chose. Mais on peut établir qu'un
employé, pour obtenir telle promotion, ne devrait pas dépasser 50
ans. On pourrait comprendre que c'est normal. Si, par exemple, l'employé
doit avoir 50 ans pour avoir tel emploi parce qu'on sait que les candidats ont
moins de 50 ans et leur candidat a 50 ans juste ou 51 ans, on dit: Les gens de
l'Hydro ont bâti sur mesure les exigences pour cet individu. Ce n'est pas
un type pour remplir le poste vacant qu'ils voulaient. Ils voulaient donner un
emploi à leur gars.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Chabot.
M. CHABOT: J'ai fait état de la proposition que nous avons remise
le 8 décembre tout en rappelant que déjà nous avons le
fardeau de la preuve, ce dont nous ne voulons pas nous sauver. Nous
l'acceptons. Nous reportons cette disposition dans la convention collective.
Les fantaisies qu'éventuellement quelqu'un de chez nous peut être
tenté de faire, vous ne pensez pas qu'avec le fardeau de la preuve et la
définition telle qu'on l'a proposée, cela va peut-être
rester un rêve qui ne sera pas couché sur papier. On le dit
très bien. On dit que c'est raisonnable et objectif et c'est lié
directement à la nature même du poste vacant, arbitrable
nécessairement, fardeau de la preuve, tel que je le disais
tantôt...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Legen-dre.
M. LEGENDRE: ... qu'ils ne peuvent substituer leur jugement à
celui de l'employeur. Et comme on a signé la convention où on
leur donne le droit d'avoir ce jugement dans le cas des droits de
gérance et dans l'établissement des exigences normales d'emplois,
nous ne pouvons pas, nous, corriger par le fardeau de la preuve, qui est sur le
dos de l'employeur, ces injustices et notre solution n'emmerde pas
l'Hydro-Québec et nous permet d'obtenir ce que nous sommes en droit
d'obtenir. Ce n'est pas plus sorcier que cela.
M. COURNOYER: Ce que vous dites, c'est que, malgré le texte,
même s'il est écrit d'une certaine façon, le juge ne pourra
jamais substituer son jugement à l'employeur.
M. LEGENDRE: Oui.
M. COURNOYER: C'est comme si je prenais votre propre écriture.
Minimale et non maximale...
M. LEGENDRE: Oui.
M. COURNOYER: L'Hydro-Québec peut toujours décider qu'il
s'agit d'une minimale pour elle et sa minimale, c'est raisonnable. J'ai
établi que c'était cinq pieds deux pouces.
M. LEGENDRE: Oui. Les quatre points que nous vous avons donnés,
si vous les prenez un par un séparément, il est sûr qu'un
seul n'est pas suffisant. Et si vous les prenez tous les quatre, quand on les
relit, on a l'impression qu'on se répète dans les quatre points.
Mais si vous prenez les quatre points, le juge les prendra aussi et dans les
quatre points, l'Hydro-Québec ne pourra pas exiger des points
idéals ou des points qui sont farfelus, parce que les quatre points sont
aussi des obligations pour l'employeur. Actuellement, nous n'avons pas ces
quatre points. Si nous avons les quatre points, l'employeur sera forcé
d'agir à l'intérieur de ces quatre points. Cela devra être
relié à l'emploi. Cela devra être minimal et non maximal.
Cela ne devra pas être idéal. Cela devra être quelque chose
qui se fait habituellement, non exceptionnellement. Si l'Hydro-Québec en
preuve dit: J'ai demandé cinq pieds deux pouces parce qu'une fois dans
la vie du gars, il sera obligé d'avoir cinq pieds deux pouces, le juge
va dire: tu as mal choisi parce que c'est quelque chose d'habituel et non
d'exceptionnel.
C'est pour cela que nous avons besoin, même si le fardeau de la
preuve est là, de ces quatre points-là pour pouvoir donner toute
la valeur à notre clause d'ancienneté, dans le cas des promotions
ou des mouvements de personnel.
M. COURNOYER : Dans la proposition actuelle de l'Hydro, il y a deux
choses au moins qui se retrouvent. J'en vois deux. J'ai vu tantôt:
Lié directement à la nature même du poste vacant. Vous avez
ajouté "id est". Vous avez redéfini ce qu'était lié
à la nature même du poste vacant, mais je le vois ici. Cela doit
vouloir dire quelque chose, généralement parlant, "lié
à la nature même d'un poste vacant".
M. LEGENDRE : Ce sont des mots de plus qu'on n'avait pas, mais, selon
nous, selon...
M. COURNOYER: II y en a deux, il y a au moins celui-là.
Après cela, le mot "raisonnable" était aussi dans votre
vocabulaire tantôt, si je me souviens bien. J'ai entendu le mot
"raisonnable" et vous avez ajouté "non idéal". Et "objective",
est-ce qu'il était là-dedans?
M. LEGENDRE: Non.
M. COURNOYER: Objective et non idéale, cela se ressemble.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, seulement une question, c'est souvent
comme cela qu'on apprend des choses. Je demande à M. Chabot:
Qu'est-ce qui ne fait pas votre affaire dans la proposition syndicale?
Qu'est-ce qui vous rend inacceptable cette proposition-là?
M. CHABOT: D'abord, dans cette demande du syndicat, nous voyons une
entrave, une limitation, un blocage à l'évolution des exigences
normales qui peuvent être nécessaires au sein d'une entreprise. Si
nous donnons suite à la demande syndicale, telle qu'elle est
formulée, cela crée une boite, quand on dit: Non au-dessus de la
moyenne. Non au-dessus de la moyenne, c'est quelle moyenne? C'est la moyenne de
1972, la moyenne de la valeur des hommes qui sont en place actuellement? A quoi
répond cette chose-là? Autre facette aussi, c'est que, lorsque le
syndicat introduit une expression qui est de ce style-ci, "non idéale et
non au-dessus de la moyenne", nous trouvons que c'est une façon
malheureuse, parce que négative, de définir ce que doivent
être des exigences normales, quand on dit ce que ce ne doit pas
être sans dire ce que ce doit être.
M. BURNS: Mais à chaque fois, le "non quelque chose"
répond toujours à quelque chose de très positif, vous avez
toujours "minimale et non maximale", "raisonnable et non idéale et non
au-dessus de la moyenne", "indispensable et essentielle", il n'y a pas de
négation, "lié à la nature même et non
exceptionnelle". Ce que je comprends dans la position syndicale, c'est qu'ils
essaient de fixer un corridor. D'autre part, M. Chabot, avec votre
expérience tant du côté patronal que du côté
syndical si vous ne l'avez pas oubliée vous savez sans
doute...
M. CHABOT: Cela ne s'oublie jamais.
M. BURNS: J'espère. Vous savez sans doute que, quand on parle de
postes vacants, l'individu qu'on amène à un poste n'est jamais,
au départ, au moment de l'accession à ce poste-là, au
niveau de la moyenne, pas toujours en tout cas au niveau de la moyenne des gens
qui sont déjà au poste. Je pense que c'est cela qui semble
être la recherche du syndicat dans la fixation de ce corridor-là,
c'est-à-dire que quelqu'un qui veut accéder à un poste
n'est pas nécessairement, dès le premier jour de l'accession
à ce nouveau poste-là si vous me passez l'expression
anglaise "up to par", mais il peut le devenir. Je pense que
l'expérience, dans tous les cas de promotion, c'est que la personne a
une période... Je pense que c'est le juge Lippé qui, dans une de
ses décisions, parlant d'exigences normales, disait: II faut quand
même donner une période d'adaptation à une personne quand
elle arrive à un poste. Je me demande si ce n'est pas une
décision qui a été rendue chez vous.
M. CHABOT: II y en a tellement.
M. LESSARD: M. Chabot, je comprends un peu les exigences ou le corridor
qu'on veut déterminer à l'Hydro-Québec et je vais vous
donner un exemple.
J'ai été surpris d'apprendre des officiers du Centre de
main-d'oeuvre du Québec que lorsqu'on formulait certaines
réquisitions d'hommes à l'Hydro-Québec, on
déterminait un âge limite de 40 ans pour des journaliers. Quand
vous parlez de l'évolution des exigences normales d'une entreprise, je
comprends un peu ce que vous voulez dire. Peut-être, pour vous, un homme
de 35 ans ou un homme de 32 ans est-il meilleur qu'un homme de 50 ans? Comme il
y a de plus d'hommes de 32 ans et de 40 ans qui sont en chômage, vous
aimez mieux prendre ces gars. J'avais été un peu
scandalisé de cette limite et de ce critère qu'on imposait. Le
Centre de main-d'oeuvre du Québec m'en a montré un exemple. Vous
êtes de plus en plus sévères. Un gars fait une crise
cardiaque chez vous et vous le laissez crever après avoir
travaillé vingt ans pour vous.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous permettez, M. Legendre, on va
laisser à M. Chabot le soin de répondre à la question.
M. CHABOT: Ce problème que le député mentionne est
un problème d'exigences d'embauchage. Le problème auquel nous
sommes confrontés cet après-midi est celui des exigences normales
lorsque du monde est dans la boite et veut postuler un poste vacant.
M. LESSARD: II y a quand même un exemple, il s'agit d'un poste
vacant. Il y a le problème de la promotion. Vous l'avez passablement au
niveau de l'entrée et je comprends que vous l'ayez à
l'intérieur de la boite.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Legendre.
M. LEGENDRE: Je vais donner un exemple pour essayer d'expliquer les
faits. On peut parler en des termes qui ne veulent pas dire la même
chose. Pour les exigences normales, chacun a ses définitions.
L'Hydro-Québec varie même avec les mois pour les mêmes
postes. Deux avis de postes vacants ont été émis, l'un le
25 juin 1971 et l'autre le 22 septembre 1971, à trois mois d'intervalle.
Le premier, le 25 juin, exigeait d'être âgé d'au moins 25
ans. Le 22 septembre, le même poste est réaffiché, et il
n'y a plus l'exigence des 25 ans. Le 25 juin, un type devait posséder
six à sept années d'expérience dans le travail de bureau
avec responsabilité progressive. Le 22 septembre, il devait
posséder trois à quatre années d'expérience dans le
travail de bureau avec responsabilité progressive. Trois mois plus tard,
le même poste est réaffiché avec des exigences normales,
mais différentes. Un type qui, au mois de juin, aurait postulé le
poste avec six ou sept années d'expérience dans le travail de
bureau avec responsabilité progressive, mais qui aurait eu 24
ans, n'aurait pas pu avoir le poste parce qu'on exigeait 25 ans. Par
contre, un autre individu qui aurait postulé le poste à 23 ans,
au mois de septembre, aurait eu le poste avec trois ans d'expérience.
Pourtant, il s'agissait d'exigences normales. Si on avait eu le corridor
établi, l'Hydro-Québec aurait été obligée de
jouer à l'intérieur de ce corridor, n'aurait pas pu exiger six ou
sept années d'expérience, ni l'âge de 25 ans mais aurait
dû s'en tenir à la deuxième option, qui était de
trois à quatre années sans limite d'âge.
On retrouve dans l'avis de la convention des cas nombreux d'exigences: 5
pieds 8 pouces; 25 ans d'âge; des bilingues; des gens qui parlent
italien; simplement pour satisfaire un individu.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Brûlé.
M. BRULE: Prenons l'exemple que M.Legen-dre vient d'apporter. Si on
regarde le texte de l'Hydro-Québec, ça n'apporte pas de correctif
à des affichages comme celui4à. On dit que le terme d'exigences
normales d'emploi signifie des exigences raisonnables et objectives
liées directement à la nature même du poste vacant. Donc,
rien n'entrave l'Hydro-Québec, au moment de l'affichage, qui exige 25
ans, qui demande six ans d'expérience. On va dire que c'est raisonnable
et objectif. Cela ne vient pas en contradiction avec la nature même du
poste vacant à ce moment. On ne peut pas faire une preuve par rapport
aux autres postes qui existent à PHydro-Québec. On dit qu'ils
doivent être objectifs et raisonnables selon la nature même du
poste vacant au moment de l'affichage.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Chabot.
M. CHABOT: L'exemple que M. Legendre vient de souligner est tout
à fait compréhensible. J'espère qu'on ne commencera pas
à passer cas par cas. H y a une explication bien simple. Je ne sais pas
si elle touche ce cas.
Voici qu'au mois de juin on affiche un poste vacant. Nos exigences sont
assez fortes, on n'a pas d'employé de PHydro-Québec qui postule
le poste, donc le poste est encore vacant. Nous avons le choix à ce
moment-là soit d'embaucher quelqu'un, parce qu'il n'y a aucun postulant
qui répond aux exigences...
Permettez-vous que je finisse? ... soit de reconsidérer, au lieu
d'embaucher, nos exigences normales pour voir s'il n'y aurait pas
possibilité de donner la chance à un employé de
PHydro-Québec qui est dans la boite d'accéder à cette
promotion. Parce que dans ce cas, nous avons décidé de favoriser
une promotion, on vient nous dire ce soir: Messieurs, vous jouez selon le temps
avec les exigences.
Seulement un dernier point, si vous me le permettez.
Dans le phénomène des promotions chez nous, strictement
chez les employés de bureau, durant les années de la convention
collective en 1969, 1970 et 1971, je n'ai pas calculé 1972, il s'est
accordé à nos employés 935 promotions, qui ont valu 33
griefs. Je dis bien griefs, je ne dis pas arbitrages. Je crois qu'il y a 20
griefs qui sont passés par l'arbitrage sur 935 promotions, en trois ans
de convention collective.
Je pense qu'on a également là un élément
statistique qui peut aider à faire savoir que les valses, les abus, les
disproportions entre ce qui est réellement requis et ce qui est
exigé sur papier, c'est peut-être un peu "charrier".
M. LESSARD: Quand vous faites un concours et déterminez des
exigences trop fortes par rapport aux véritables besoins ou par rapport
aux hommes qui sont dans la boite, cela peut aussi vous donner la
liberté de dire: Dans ce concours, on a mis telles exigences, sept ans
de scolarité, sept ans d'expérience. Deux gars se sont
présentés, cela ne nous plaît pas, on annule le concours et
on en recommence un autre. J'ai déjà vu cela.
M. CHABOT: La convention a des dispositions à cet effet.
M. LESSARD: Oui. D'accord.
M. VEILLEUX: On passe à un autre point, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. On passe aux mécanismes et
aux échelles.
M. BURNS: Cela vous est, M. Chabot, absolument inacceptable, cette
proposition? C'est tellement loin de votre proposition que vous ne pouvez pas
l'accepter, mis à part du fait que tantôt vous m'avez
répondu que c'était négatif, mais je pense que nous avons
chacun notre idée sur l'aspect négatif?
M. CHABOT: Je pense que, M. le député, la réponse
à votre question, vous allez la trouver dans nos commentaires de ce
matin lorsqu'on a fait notre présentation d'une proposition globale, le
8 décembre au syndicat.
M. BURNS: Répétez-moi-la donc, je n'étais
peut-être pas là.
M. CHABOT: On a dit que la proposition du 8 décembre était
un effort ultime de l'employeur en vue d'en arriver à un
règlement. Cette proposition comportait la disposition que j'indiquais
tantôt sur les exigences normales.
M. BURNS: Vous pensez que ce ne serait pas applicable, votre
système de postes vacants, de promotions.
M. CHABOT: La définition réclamée par le syndicat
sur les exigences normales ne nous va aucunement.
M. BURNS: Ne vous va pas ou devient inapplicable.
M. CHABOT: Inacceptable et inapplicable administrativement à
l'Hydro-Québec.
M. BURNS: Dans le fond, si je prends votre définition, vous avez
l'aspect raisonnable qu'on retrouve dans la demande syndicale, l'aspect
objectif que vous avez dans votre définition et qu'on ne retrouve pas
nécessairement, sauf erreur, dans la proposition syndicale et l'aspect
lié à la nature du poste que vous retrouvez dans les deux
définitions, comme le disait le ministre tantôt.
Dans le fond, ce qui vous fatigue, j'ai l'impression que ce sont les
mots "minimale et non maximale", "indispensable et essentiel", je ne pense pas
que cela vous fatigue, parce que j'ai l'impression que ça se retrouve,
même si ce n'est pas dans les mots, dans votre définition. Il y a
sans doute l'expression "non au-dessus de la moyenne" qui vous fatigue. Est-ce
que je me trompe en disant ça?
M. CHABOT: II y a ça, entre autres.
M. BURNS: Parce que le reste se retrouve formellement ou virtuellement
dans votre proposition.
M. CHABOT: Vous êtes à même, M. le Président,
de voir l'effort que nous avons fait le 8 décembre, en faisant cette
comparaison.
M. BURNS: Je vois votre effort, mais je me demande quel effort de plus
vous êtes capables de faire.
M. CHABOT: Je pense que j'ai répondu à cette question,
quand j'ai dit que cela ne nous allait pas du tout, cette demande du
syndicat.
M. BURNS: Voici la question précise que je vous pose, M. Chabot:
Est-ce que ce sont les mots "minimale" et "non au-dessus de la moyenne" qui
vous fatiguent? Est-ce que je me trompe en disant ça?
M. CHABOT: Tout à l'heure, j'ai parlé de "non au-dessus de
la moyenne", j'ai dit: c'est quoi, la moyenne?
M. BURNS: Moi, j'ai compris que c'était la moyenne des gens qui
occupaient ce poste. A moins que je ne me trompe.
M. CHABOT: Alors, qui va faire l'évaluation de la moyenne des
titulaires, la valeur moyenne des titulaires? C'est à peu près
cela?
M. BURNS: Ce serait à peu près cela.
Vous savez comment ça se fait, cet emploi; à moins que ce
soit un poste nouveau, auquel cas ce critère ne s'appliquerait pas.
M. CHABOT: II faut reconnaître quand même que, lorsqu'on
parle de moyenne, qui établirait la valeur moyenne du pool
d'employés déjà titulaires de l'emploi où il y a un
poste vacant?
M. BURNS: J'imagine que...
M. CHABOT: J'ai l'impression que cette demande ne colle pas bien.
M. BURNS: Au contraire, je trouve que ça va donner un drôle
de critère pour l'arbitre, parce que les critères, s'il n'y a pas
de grief, ce n'est pas important. Mettez 52 critères, s'il n'y a pas de
grief, ils ne s'appliqueront jamais. Mais le cas où c'est important
qu'il y ait des critères, c'est le jour où il y a un grief et le
jour où un arbitre est obligé de se pencher sur le
problème. Une des choses qu'il va être obligé
d'évaluer, c'est ce qu'ils ont l'air, les gars dans cette fonction et la
moyenne de ces gars. C'est là qu'ils deviennent importants, les
critères; à part cela, ça n'a aucune importance. Vous
pouvez demander les exigences maximales si vous voulez, dans le cas où
il n'y a pas de grief, personne ne va s'en plaindre. C'est la définition
même du grief.
M. CHABOT: Le grief est toujours produit après.
M. BURNS: Je veux dire que si, à un moment donné, vous
jugez dans un cas que M. X est la personne idéale pour ce poste et celle
qui a les qualités maximales mais qu'il n'y a personne d'autre que M. X
qui prétend à ce poste, vous n'avez pas de problème. Mais
le jour où quelqu'un se plaint de ne pas avoir été choisi,
parce qu'il a plus d'ancienneté et qu'il prétend avoir les
exigences normales, c'est là que vous allez être obligés de
soumettre votre décision à l'arbitre. C'est là que
l'arbitre va être obligé de jauger ce problème.
M. CHABOT: Et c'est là que nous aurons aussi le fardeau
d'établir que nos exigences qui étaient sur l'avis de poste
vacant étaient raisonnables et objectives.
M. BURNS: Si je reprends l'argumentation de M. Legendre, tantôt,
qui vous disait: Vos droits de gérance vous donnent le droit, dans le
fond, d'établir quelle est la nature d'un poste, qu'est-ce que vous
répondez à ça? C'est du pareil au même.
M. CHABOT: Oui, mais...
M. BURNS: Vous dites: C'est normal que ce soit relié à la
nature du poste, mais la nature du poste, c'est nous qui en décidons. Il
n'y a pas d'autres critères que ça.
M. CHABOT: Quand même, il faut que ce soit raisonnable.
M. BURNS: Raisonnable, ce n'est pas un critère objectif, c'est un
critère subjectif.
M. CHABOT: Et objectif, c'est un critère subjectif.
M. BURNS: Et objectif, c'est un critère dont
l'appréciation se fait de façon subjective. Comprenant le
problème, ayant vu un tas d'arbitres dire: Je ne peux pas me mêler
de ça parce que c'est l'employeur qui décide, sous ses droits de
gérance, je me demande si vous n'auriez pas, même vous un guide
très important, un corridor très important. Cela sert
peut-être au syndicat en cas de grief, mais peut-être aussi
à l'employeur quand il décide d'afficher un poste et de dire ce
que vont être les exigences et, ensuite, de les apprécier aux yeux
d'un futur arbitre qui devrait se pencher sur ce problème.
Je me demande très sérieusement si ce n'est pas aussi dans
votre intérêt d'accepter une définition plus stricte des
exigences.
M. LESSARD: Ce qui est raisonnable, c'est situer aussi entre le minimal
et l'idéal.
M. CHABOT: Mais tout ça, M. le Président, ce sont des
considérations que nous avons faites en équipe avant de
présenter notre proposition du 8 décembre. Comparé avec la
définition que nous avions avant, considérant la demande
formulée par le syndicat, nous avons devant nous une proposition qui est
un effort très honnête, en ce qui concerne la définition de
ces termes-là, tendant vers la solution de certains problèmes qui
ont pu survenir.
M. BURNS: Voyez-vous, c'est une appréciation subjective.
M. CHABOT: Est-ce que vous êtes arbitre?
M. BURNS: Dans ce que vous venez de dire, vous vous trouvez correct et
vous trouvez le syndicat méchant parce qu'il n'accepte pas votre affaire
correcte. C'est une appréciation subjective, c'est un exemple parfait
parce que vous n'avez pas de critère de ce qui est normal comme
proposition syndicale.
M. LEGENDRE: C'est quoi, un gars correct? Là n'est pas la
question.
M. BURNS: C'est ça.
M. LEGENDRE: Ce n'est pas moi qui vais le dire, nous allons
l'écrire dans la convention. M. Chabot, avant de dire qu'il est correct
et qu'il est honnête en faisant ça, il va se situer dans le
corridor, il ne se situera pas à l'extérieur du corridor. Il est
possible qu'il soit honnête. Nous irons le voir quand nous aurons mis le
corridor de chaque côté de lui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Par contre, je me demande un peu s'il n'y aurait pas un danger
de prendre un critère en particulier, si on se renferme et qu'on dit la
moyenne d'âge... Par exemple, une moyenne de conservation des postes
à l'Hydro-Québec pendant cinq ans, c'est une bonne moyenne mais
les postes ne changent pas. C'est un critère qui va changer assez
souvent. C'est-à-dire qu'à chaque année il faudra
réévaluer le critère d'âge.
Si, par exemple, on met dans une convention ou dans une loi quelconque
et qu'on tient compte d'une moyenne d'âge, ce n'est pas le seul facteur
mais c'en est un. Vous avez mentionné comme exemple tantôt que le
candidat devait être situé entre tel âge...
M. LEGENDRE: Pour vous éclairer sur votre point, c'est que les
exigences normales évoluent avec la société dans laquelle
on vit.
M. GUAY: Oui, d'accord.
M. LEGENDRE: Si, aujourd'hui, c'est important de parler anglais pour
travailler à l'Hydro-Québec, la société va
évoluer et, un jour, sans modifier les critères, il ne sera
peut-être plus important de parler anglais. Si, par exemple, il y a 50
ans, les petits gars de 8, 9 ou 10 ans travaillaient dans les usines,
aujourd'hui, par la législation, c'est défendu de travailler
quand tu n'a pas atteint un âge donné.
Il pourra arriver que l'on ne pourra pas travailler avant l'âge de
20 ans. Il faudra s'arrêter à 40 ans et les exigences normales
vont continuer à évoluer là-dedans. On pourra toujours
vivre avec les mêmes corridors parce que ce sera raisonnable et normal.
Et ce qui est normal, c'est la situation dans laquelle on vit. Les âges
qu'on exige actuellement pour entrer à l'Hydro-Québec, ce ne sont
pas ceux qu'on exigeait iî y a dix, quinze ou vingt ans.
Il y a des employés qui sont entrés à
l'Hydro-Québec alors qu'on exigeait une septième année.
Aujourd'hui, on exige une douzième année pour faire le même
travail. Aujourd'hui, on exige le CEGEP. Il y a cinq ans, il n'y avait pas de
CEGEP. Et sans modifier nos critères, nous allons continuer à
évoluer avec le système et avec la société et nous
pourrons continuer à administrer la convention. L'Hydro va continuer
à administrer la convention et nous allons continuer à donner les
avantages de notre convention à nos membres.
M. GUAY: Oui, Et si on ne prend pas un seul critère et qu'on la
sort du contexte, la moyenne d'âge... Une moyenne d'âge, ça
varie constamment en vieillissant.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On revient à l'article 2 ou à
l'autre mécanisme et échelle.
Rétroactivité
M. MORRISSEAU : Claude Morrisseau, porte-parole. Nous allons seulement
vous parler du mécanisme des salaires. Nous allons réserver
l'article de l'augmentation de salaires pour la fin, le dessert.
Dans le mécanisme, il y a accrochage du côté
rétroactivité. L'Hydro-Québec nous offre actuellement une
rétroactivité sur les heures régulières
rémunérées. Cela veut dire 40 heures ou 37 1/2 heures par
semaine, selon le cas. Nous, ce que nous demandons, c'est la
rétroactivité sur toutes les heures
rémunérées. La différence, c'est que les
employés qui ont fait du surtemps depuis l'expiration de la convention
collective jusqu'au moment où on signera une nouvelle convention
collective, auront fait du surtemps selon l'ancien taux. Quand on parle de
rétroactivité, cela veut dire que les nouveaux salaires que nous
négocions vont rétroagir. C'est comme si l'employé avait
son augmentation à partir de l'expiration de la convention collective.
Donc, si l'employé avait eu son augmentation à partir du 30
décembre 1971, quand il aurait fait du surtemps, il aurait
été payé au nouveau taux. C'est un privilège que
l'Hydro-Québec nous refuse actuellement.
Il y a autre chose aussi. On a, par exemple, dans l'unité 2000,
à l'annexe, les employés PLTCL (projets de lignes de transport et
de construction de lignes) des employés qui travaillent temporairement.
Ordinairement, au mois de décembre, ces employés sont mis
à pied pour une courte période et sont réembauchés
par la suite. En ce qui concerne ces gens, la rétroactivité que
l'Hydro-Québec offre, c'est la rétroactivité
jusqu'à leur dernier embauchage. Cela veut dire que le temps que ces
gens auraient fait pour l'Hydro depuis l'expiration de la convention jusqu'au
moment où ils ont été mis à pied, serait aussi
payé à l'ancien salaire. Une personne qui a travaillé pour
l'Hydro-Québec de décembre 1971 à novembre 1972, a
travaillé à l'ancien taux. Cette personne, qui ne travaille plus
aujourd'hui pour l'Hydro-Québec, devrait avoir le droit, selon nous, de
recevoir les sommes d'argent qui lui sont dues, parce qu'elle a
travaillé pour une période de temps à un salaire qui
n'était pas réel parce qu'il y avait négociation. Et puis,
si l'augmentation avait été donnée, comme je le disais
tantôt, au moment où la convention a expiré, ce bonhomme
aurait bénéficié de X cents l'heure de plus tout le temps
qu'il aurait travaillé. Ce qu'on demande, c'est une
rétroactivité complète, sur toutes les heures
rémunérées, pour tout le monde qui a travaillé pour
l'Hydro-Québec, entre l'expiration de la convention et le moment
où on va la signer. Je pense que ce n'est pas une demande farfelue, mais
une demande tout à fait normale.
Plan de carrière
M. MORRISSEAU: II y a aussi, dans le mécanisme des salaires,
quelque chose qui concerne les techniciens, l'unité 957 seulement, le
mécanisme du plan de carrière. Il y a deux nouvelles demandes et
une demande de conserver le statu quo. Premièrement, on demande la
possibilité d'avoir des chefs d'équipe dans le niveau trois. Pour
cela, il faut vous expliquer ce qu'était l'ancien plan, le plan de la
convention expirée au mois de décembre 1971. C'était un
plan de carrière qui était composé de six classes. Le chef
d'équipe se retrouvait à la classe 5. Il y avait aussi des
spécialistes technologistes qui se retrouvaient dans les classes 5 et
6.
Le syndicat, dans sa demande initiale, avait requis que les
spécialistes et les chefs de groupe, quant à leur classe, soient
considérés égaux, c'est-à-dire qu'on ne retrouvait
pas de chefs d'équipe, classe 6, comme on retrouvait des
spécialistes, classe 6. Les chefs d'équipe étaient
arrêtés à la classe 5. Les spécialistes se rendaient
jusqu'à la classe 6. La prétention syndicale était qu'un
chef d'équipe équivalait à un spécialiste, classe
6.
A la suite de négociations que nous avons eues sur le plan de
carrière avec la partie patronale cela n'a pas été
fréquent, mais nous avons eu quelques rencontres le syndicat a
modifié cette demande et a demandé la possibilité d'avoir
des chefs, niveau 3, ce qui représente en réalité
l'ancienne classe 6. Quand on définit un chef d'équipe, on dit
que c'est un emploi qui exige la direction d'autres techniciens et qui se situe
dans le niveau 2 ou le niveau 3, selon le cas, tandis que l'Hydro-Québec
dit que c'est un emploi qui exige une direction de travail et qui se situe dans
le niveau 2. Elle coupe toute possibilité au chef de groupe d'atteindre
le niveau 3. Nous ne demandons pas que les chefs de groupe actuels s'en aillent
directement au niveau 3. Ce n'est pas ce que nous demandons. Nous acceptons la
position de l'Hydro-Québec, qui dit qu'un chef de groupe, classe 5, s'en
va dans le niveau 2. Mais nous voudrions que la convention prévoie qu'il
y ait des possibilités pour un chef d'équipe d'atteindre le
niveau 3 selon le cas. Si, par exemple, il y a un chef de groupe à un
endroit donné, qu'il y a un poste ouvert et que ce chef de groupe soit
spécialisé, à ce moment-là, l'Hydro-Québec
pourrait afficher, niveau 3, pour le poste en question. C'est tout simplement
ce que nous demandons.
Quand l'Hydro-Québec parle des spécialistes, elle dit que
c'est un poste de niveau 2 ou 3 selon le cas. C'est la position de
l'Hydro-Québec en ce qui concerne les spécialistes. Notre
position est qu'un poste de spécialiste est un poste de niveau 2 ou 3 en
ce qui concerne les régions, et un spécialiste du siège
social occupe un poste de niveau 3. J'explique le pourquoi de la position
syndicale.
Les postes de spécialistes, dans l'ancien plan je vous
l'ai dit tantôt étaient des postes des classes 5 et 6; du
moment qu'il y avait un poste de spécialiste affiché,
c'était un poste de classe
5. Le gars progressait automatiquement jusqu'à la classe 6,
c'est-à-dire qu'il atteignait le maximum du plan de carrière par
progression automatique.
Dans la position de l'Hydro-Québec, ce n'est pas ce qui se passe.
On nous dit que c'est deux ou trois, selon le cas. Si on compare le niveau 2
à l'ancienne classe 5, le gars qui poserait sa candidature à un
niveau 2 ne progresserait pas automatiquement au niveau 3 comme dans le temps
où quand il sollicitait un niveau 5, il progressait automatiquement
jusqu'au niveau 6 qui était le maximum, comme le niveau 3, dans le
nouveau plan, est le maximum.
L'Hydro-Québec nous dit qu'elle veut définir le
spécialiste comme étant un poste de niveau 2 ou 3, selon le cas
parce qu'elle veut permettre dans les régions d'afficher des postes de
spécialistes, ce qu'elle ne faisait pas auparavant. Dans les
régions actuellement, il n'existe pas, pour ainsi dire, de poste de
spécialiste, parce que l'Hydro-Québec prétend que les
spécialistes de région sont moins spécialistes que ceux du
siège social et que ces gars-là, elle ne pouvait pas les nommer
spécialistes parce que le gars aurait progressé automatiquement
jusqu'à 6 et, à ce moment-là, il aurait été
"overpaid", il aurait été surpayé, il aurait eu un salaire
disproportionné, compte tenu de ses responsabilités. Nous disons:
D'accord, si vous voulez donner cette possibilité dans les
régions, on dit: Dans les régions, le spécialiste, c'est
un niveau 2 ou 3, selon le cas, mais au siège social, où les
spécialistes avec l'ancien plan existaient c'est seulement au
siège social qu'on retrouvait les spécialistes ces
gars-là progressaient automatiquement jusqu'au maximum. On dit que les
postes au siège social sont encore des postes de spécialistes au
maximum, c'est-à-dire des postes de niveau 3. Nous voulons conserver une
concordance avec ce qui existait auparavant. Il n'est pas vrai que les
responsabilités des spécialistes au siège social ont
diminué, elles sont toujours les mêmes et le spécialiste du
siège social atteignait le maximum automatiquement, du moment qu'il
avait une promotion, le maximum de l'échelle. Nous voulons que cela
continue comme cela. Du moment que le spécialiste du siège social
a une promotion, il atteint le maximum de l'échelle.
Nous demandons aussi le paragraphe qui, dans le mécanisme des
salaires, disait que, quand un employé est muté à la suite
d'un affichage et qu'il bénéficie de la lettre
d'entente-déménagement, il bénéficie aussi d'un
échelon. Quand un gars était muté à la suite d'un
affichage, il bénéficiait de la lettre
d'entente-déménagement, il avait aussi, comme augmentation lors
de sa mutation, un échelon d'augmentation. Cela existe dans la
convention actuelle. Ce n'est pas une demande du syndicat, c'est un statu quo
qu'on demande. Dans la position patronale, cela n'existe plus, on a fait
disparaître cela. C'est actuellement ce qui accroche dans le
mécanisme des salaires. Il restera plus tard, au moment où on
parlera des salaires, des augmentations de salaires, à parler en
même temps de la structure du plan de carrière comme telle, qui a
des implications pécuniaires. On en parlera en même temps qu'on
parlera des augmentations de salaire. Comme je vous ai dit tantôt, on
aimerait en parler en dernier lieu.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que vous avez
complété?
M. MORISSEAU: S'il y a des questions, je suis prêt à
répondre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Quant aux représentants de
l'Hydro-Québec, est-ce que vous préférez intervenir
immédiatement avant d'appeler les députés à poser
des questions aux parties?
M. DUROCHER: II serait peut-être préférable que les
questions soient posées immédiatement et nous interviendrons par
la suite.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Y a-t-il des commentaires de la part des
membres de la commission? Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Sur le problème de rétroactivité, je
pense qu'il faut bien garder à vue l'esprit et les principes qui
sous-tendent l'idée de rétroactivité. Comment se fait-il
que la rétroactivité soit venue historiquement dans les
conventions collectives? Elle est venue simplement pour deux choses. D'une
part, de façon à ne pas priver les employés
d'augmentations qu'ils auraient pu avoir facilement quelque temps avant.
D'autre part, pour empêcher il ne faut pas oublier ce principe
les employeurs de jouer avec la date à laquelle la convention va
se régler. Parce que ça devient très payant de retarder la
signature de convention collective si on ne paye pas une pleine
rétroactivité.
D'une part, je pense que c'est un principe de justice normal pour
l'employé qui se dit: Si ma convention comme disait M. Morrisseau
tantôt avait été signée à telle date,
j'aurais eu le temps, même si ç'avait été en temps
supplémentaire; parce qu'elle se signe plus tard, j'ai l'impression que
je me fais fourrer. Le gars qui pense ça, je pense qu'il n'a pas tort.
D'autre part, l'employeur doit se dire: Ma convention collective se termine
à telle date évidemment, vous allez me dire, M. le
ministre et les gens de l'Hydro-Québec que c'est un
élément de "bargaining" c'est ce qui va permettre de
mettre un peu plus d'argent dans le pot.
Il me semble que, sur le principe lui-même, je n'ai rien d'autre
à dire sinon que, à mon avis c'est quelque chose d'absolument
indéfendable en position contraire. Si c'est un aspect de "bargaining"
qui joue dans l'affaire, je ne le sais pas. Est-ce ce que l'Hydro-Québec
va nous le dire ? Je n'ai aucune idée, je ne peux pas le
présumer.
M. LESSARD: Le jour où on refuse ce principe, il me semble qu'on
enlève une force énorme aux employés que ce soit dans un
secteur ou dans l'autre parce que le gars est pris en disant: Ecoute, je vais
concéder sur telle chose, parce que ma convention collective doit
être signée le plus vite possible parce que je n'ai pas de
rétroactivité. Quand tu signes une convention collective, c'est
à partir de la date où elle a été échue.
M. BURNS: Sur ce point, M. Legendre, M. Morrisseau, si je comprends
bien, dans les quinze points du médiateur, il n'est évidemment
pas question de salaires mais il n'est pas question du tout non plus de
l'aspect de la rétroactivité.
M. MORRISSEAU: Non. C'est une question de date, c'est une
question...
M. BURNS: D'accord. C'était seulement une question qui me venait
à l'esprit. Je savais qu'il n'était pas question de salaires,
mais il aurait pu être question aussi du principe de la
rétroactivité. Pour moi, M. le ministre, cela va aussi loin que
de dire que cela devrait même être un problème
réglé par voie de législation, la
rétroactivité. Quand vous aurez du temps libre et que vous ne
serez pas â éteindre des feux et à régler en dessous
du nez du ministre de la Justice des grèves de policiers et de telles
histoires, vous pourrez peut-être penser à cela. Cela peut
être un problème qui pourrait se régler une fois pour
toutes et, à mon avis, bien des conflits se régleraient plus
facilement si, par voie de législation, il était
décidé que c'est de la date d'expiration d'une convention
collective que part l'augmentation et qu'elle sera rétroactive.
Vous allez me dire que les employeurs vont jouer sur l'augmentation.
Oui, c'est vrai. Mais ils joueront sur l'augmentation et on saura exactement
où ils jouent. Actuellement, on ne le sait pas. Ils disent: Si je te
donne 5 p.c, c'est 5 p.c. mais avec paiement uniquement de
rétroactivité sur tes heures régulières, etc. et
c'est pour cela que je me rends à 5 p.c. Si tu veux avoir le plein
paiement de ta rétroactivité, je vais payer seulement 4 p.c.
Je vous fais la suggestion à long terme. Mes suggestions ne sont
pas toujours bêtes. Il faudrait peut-être y penser.
M. COURNOYER: J'en suis quelques-unes. M. BURNS: Oui, quelquefois. M.
COURNOYER: Pas toutes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs de l'Hydro-Québec, avez-vous
des commentaires sur cette partie du débat?
M. DUROCHER: Sur les trois points soule- vés par le syndicat,
à savoir la rétroactivité, le cas des employés de
l'annexe de la convention collective du bureau et le plan de carrière
des techniciens, il nous apparaît extrêmement difficile de
détacher ces éléments des offres de salaire comme telles.
Nous sommes en pleine implication pécuniaire. Evidemment, dans des
offres patronales, l'employeur prend en considération sa masse
salariale, il prend en considération la situation de ses salaires, il
prend en considération un ensemble de facteurs, ce qui fait qu'à
un moment donné il propose telle hausse de salaire compte tenu d'un
ensemble de facteurs. Nous croyons qu'il serait plus approprié de faire
des représentations sur les points qui ont été
mentionnés par le syndicat au moment où nous parlerons des
augmentations de salaires.
Cela se tient ensemble, c'est intimement lié. Et
détachés, morcelés, les points soulevés, par le
syndicat, des augmentations de salaires ont pour effet qu'on oublie la masse
salariale qui est sous-jacente à toutes ces questions. Pour le moment,
nous croyons opportun de réserver nos représentations
là-dessus, quitte à les faire au moment où le syndicat
fera valoir sa position sur les augmentations de salaires, parce que, dans un
plan de carrière comme celui qui est proposé par le syndicat ou
par l'Hydro-Québec, il y a des sommes d'argent considérables.
Selon que l'on place un minimum dans un niveau de salaire à un endroit
plutôt qu'à l'autre, cela représente des sommes d'argent
plus ou moins grandes, selon que le plan de carrière est dix ou onze
ans, selon que les chefs d'équipe sont dans un niveau 2 ou dans un
niveau 3 du plan de carrière. Tout ça représente de
l'argent et, pour ces motifs, je pense que nous devrions attendre que le
syndicat expose sa position sur les augmentations de salaires, pour faire nos
commentaires.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Je voudrais savoir, de la part de la partie
patronale ce que représentent en pourcentage, les salaires versés
aux employés de l'Hydro-Québec. En pourcentage du chiffre
d'affaires, parce que l'Hydro-Québec est quand même un
commerçant, dans une certaine mesure, par la vente de cette ressource
électrique. En regard du chiffre d'affaires de fin d'année, quel
est le pourcentage que représente la partie des salaires versés
aux employés?
M. DUROCHER: Malheureusement, M. le député, je ne suis pas
en mesure actuellement de faire la relation exacte entre notre chiffre
d'affaires et notre masse salariale.
M. HARVEY (Chauveau): Mais, comment pouvez-vous discuter?
M. DUROCHER: Au mois de décembre 1971, nous avions pour les trois
unités de négociation qui font l'objet du présent
débat, bureau, métiers et techniciens, une masse salariale
d'environ $65 millions pour les 8,200 employés concernés dans le
présent dossier.
M. HARVEY (Chauveau): Ce sont des salaires versés directement,
mais si vous tenez compte des avantages de retraite ou ces choses-là,
quelle est la proportion, quel est le chiffre d'affaires total de
l'Hydro-Québec?
M. DUROCHER: Je ne voudrais pas vous embêter, mais lorsque vous
discutez.... On me répond à ce moment-ci que le chiffre
d'affaires annuel de l'Hydro-Québec, sous réserve, est de $500
millions.
M. HARVEY (Chauveau): $500 millions. Alors, $65 millions
représentent environ 15 p.c. du chiffre d'affaires versé en
salaires directs, sans tenir compte des avantages, plan de retraite ou...
M. DUROCHER: Exactement. En ce qui a trait aux avantages sociaux, ce que
nous versons au cours de l'année 1972 aux employés
représente $20,000,000.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avant de suspendre les débats de notre
commission, je donne la parole au ministre du Travail.
M.COURNOYER: Seulement un renseignement pour savoir à quand nous
remettons nos travaux. Cela dépend plus des leaders parlementaires que
de moi pour le moment. Si c'est demain après-midi...
M. LESSARD : II ne faudrait pas faire tramer le problème jusqu'en
1975.
M. COURNOYER: Cela fait assez longtemps que ces gens attendent pour
avoir une convention collective qu'on peut peut-être passer la
soirée là-dessus.
M. BURNS: II y a un petit problème dont le ministre devrait tenir
compte, je doute fort qu'on siège passé Noël. Qu'arrive-t-il
si le problème n'est pas réglé d'ici Noël? C'est pour
ça que je dis qu'il faudrait peut-être... Pardon?
M. SHANKS: Je suis prêt à siéger à
Noël.
M. BURNS: Moi aussi, je suis prêt à siéger à
Noël. Il n'y a pas de problème, mais je ne pense pas que ce soit
tout le monde.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous pourrions continuer de siéger
après le souper, à 20 h 15. Nous suspendons nos travaux pour le
souper et reprenons la séance à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h)
Reprise de la séance 20 h 31
M. GIASSON: (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
M. MORRISSEAU: Je ne comprends pas moi, comment la partie patronale peut
relier directement aux salaires le mécanisme qui concerne le plan de
carrière des techniciens dont j'ai parlé tantôt. Si notre
demande était demeurée ce qu'elle était au début,
c'est-à-dire l'intégration des chefs de groupe, directement dans
le niveau 3, à ce moment-là, elle aurait eu une implication
pécuniaire directe. Mais ce n'est pas ce que nous demandons. Nous
demandons l'intégration au niveau 2, tel que l'Hydro-Québec le
propose pour les chefs de groupe. Mais à la suite de cette
intégration-là, nous demandons la possibilité qu'il y ait
des ouvertures pour les chefs de groupe au niveau 3. Cela n'a pas d'implication
pécuniaire directe. On peut passer la même remarque pour les
spécialistes de niveau 2 et de niveau 3 dans les régions, et pour
les spécialistes de niveau 3 au siège social. Cela n'a pas une
implication pécu-nière directe.
Quant à l'autre point que nous avons soulevé,
c'est-à-dire que l'employé, qui est muté à la suite
d'un affichage, ait droit à une promotion d'un échelon, ce n'est
pas une demande qui a une implication pécuniaire directe, ce n'est pas
une demande du tout. C'est tout simplement le statu quo que nous voulons
conserver. Cela existe actuellement dans la convention collective.
Quand l'Hydro-Québec dit qu'elle veut parler de ces points au
moment où on discutera des offres salariales, je pense que ce n'est pas
un cas qui puisse être discuté à ce moment-là.
Je pense que c'est l'Hydro-Québec qui pourrait répondre
à cette question.
M. DUROCHER: Pour répondre à votre question, je peux dire,
pour employer l'expression du milieu, le "turn-over" chez nos techniciens est
extrêmement bas. Ce sont de jeunes techniciens que nous avons à
l'Hydro-Québec. La moyenne d'âge est aux environs de 30 ans et
très peu de techniciens quittent l'entreprise pour des emplois sous des
cieux meilleurs. Nous embauchons par ailleurs chaque année un nombre
assez considérable d'employés de cette catégorie,
étant donné que, de plus en plus, l'entreprise évolue dans
la technologie et doit faire appel à cette main-d'oeuvre
spécialisée.
M. COURNOYER: Est-ce que cela répond à votre question?
M. LAVOIE (Wolfe): Cela répond toujours, peut-être pas
à 100 p.c. mais cela répond.
M. COURNOYER: Parlez-vous des contremaîtres? J'ai compris
contremaîtres tout à l'heure.
M. LAVOIE (Wolfe): Je parle des techniciens et des
contremaîtres.
M. COURNOYER: Est-ce que c'est possible que des techniciens...
M. LAVOIE (Wolfe): J'ai l'expérience de quelqu'un qui
était affecté à la construction de lignes de 750,000 volts
et l'Hydro-Québec l'a laissé aller aux Etats-Unis. On m'a dit que
c'était un type très compétent.
M. DUROCHER: Si vous parlez des employés qui sont affectés
à des travaux de construction, il s'agit d'une catégorie
d'employés différente de ceux qui font l'objet de la
présente commission parlementaire. Dans la construction, il y a
évidemment une variable dans la main-d'oeuvre, selon l'importance des
travaux à effectuer. Tout le contexte de la construction amène
des variations dans nos effectifs. Lorsque nous sommes à réaliser
de grands projets, nous devons faire appel à une main-d'oeuvre
appropriée et, lorsque des travaux sont en réduction,
évidemment, dans le domaine de la construction, il y a des
réductions de personnel.
Si vous vous référez à une situation de
construction, la réponse que je vous donnais était en fonction de
nos techniciens qui travaillent dans l'exploitation, c'est-à-dire ceux
qui sont affectés dans des postes, des centrales, à la
télécommande, etc.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Pour les besoins du journal des
Débats, je désire signaler à l'attention de la commission
qu'il y a deux remplacements qui se sont produits. M. Houde (Limoilou) remplace
M. Harvey (Chauveau) et M. Croisetière remplace M. Demers.
M. BURNS: Cela ne s'améliore pas.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Morris-seau.
M. MORRISSEAU: M. le Président, concernant le plan de
carrière des techniciens, les points de mécanique que je viens
tout juste de soulever, on prétend que cela ne s'attache pas directement
aux salaires. L'Hydro-Québec prétend que cela s'attache
directement aux salaires; j'aimerais que l'Hydro-Québec me dise comment
elle voit cet attachement direct aux salaires et pourquoi elle veut rapporter
cela en négociation et faire son exposé sur cela quand on
arrivera aux salaires.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que les gens de l'Hydro-Québec
acceptent de répondre à ces remarques ou si...
M. DUROCHER: Je pense, M. le Président, qu'avant l'ajournement de
6 heures, nous avons exposé les motifs qui nous amenaient à
considé- rer les modifications proposées par le syndicat sur le
plan de carrière des techniciens au moment où nous aborderons la
question des augmentations de salaire. Ce que je disais, c'est que, selon qu'un
plan de carrière qui est un système de rémunération
d'employés était constitué d'une façon plutôt
qu'une autre façon, cette construction du plan de carrière
amenait des coûts. A titre d'exemple, je disais: Si nous avons un plan de
carrière de 10 ans plutôt que de 12 ans, si dans la structure du
plan de carrière on instaure les minimums des niveau 2 et niveau 3
à un endroit plutôt qu'à un autre, cela a des incidences
sur les salaires; si les technologues ou les spécialités sont
intégrés dans un niveau 2 ou dans un niveau 3, cela a des
incidences également sur la somme d'argent qui résulte de
l'établissement de ce plan de carrière. Pour ces motifs, je
demandais, étant donné que c'était relié
directement au revenu ou à la rémunération qu'un
employé allait recevoir de l'Hydro-Québec, que nous abordions
cette question en même temps que les augmentations de salaires.
M. MORRISSEAU: M. le Président, quand j'ai parlé de ces
changements mécaniques, j'ai même soulevé le point qu'on ne
touchait pas à la structure du plan de carrière, ce qui incluait
aussi la progression de dix ou douze ans, comme le soulève M.
Durocher.
J'ai dit précisément qu'on n'en parlait pas.
J'étais d'accord avec lui à ce moment parce que cette question
touchait directement au salaire. Nous n'avons pas soulevé ce
problème. Nous avons dit que nous attendrions. Quant à
l'intégration, dans les deux points mentionnés, il ne s'agit pas
d'intégration du tout; je l'ai dit et je comprends que
l'intégration, par exemple des chefs d'équipe, directement au
niveau 3, aurait une implication financière directe. Mais ce n'est pas
le cas, ce n'est pas ce que nous demandons. Nous acceptons le processus
d'intégration soumis par l'Hydro-Québec. Ce n'est pas là
l'accrochage. L'accrochage c'est qu'à la suite de l'intégration,
on veut que l'accession au niveau 3 soit possible pour les chefs
d'équipe. C'est le problème. Cela n'a absolument aucune incidence
sur les questions financières.
M. DUROCHER: M. le Président, nous serions prêts à
passer immédiatement aux questions de salaires, si le syndicat peut
exposer sa position sur ce point. Lorsque nous répondrons à leurs
interventions sur les salaires, nous donnerons notre position sur le plan de
carrière.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE : Je pense que nous avons établi cet après-midi
que nous pourrions discuter des salaires à la toute fin. C'est pour
ça que le plan de carrière du technicien, sa durée et son
renouvellement, doivent faire un paquet qui peut être discuté en
même temps, de même
que la rétroactivité, parce qu'elles ont une incidence
directe sur le réajustement des salaires. Ce sont des questions dont on
devrait parler ensemble.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Ce qui signifie que la commission pourrait
passer au quatrième point, travail à forfait?
M. BRULE: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, nous vous écoutons.
Travail à forfait
M. MORRISSEAU: En ce qui concerne les travaux à forfait,
actuellement, dans la convention collective, il y a une clause qui dit
qu'accorder des travaux à forfait n'aura pas pour effet de causer des
mises à pied. Le syndicat demande d'ajouter un mécanisme qui
permettrait aux employés de l'Hydro-Québec de reprendre
l'entretien qu'ils ont perdu.
Cela s'adresse surtout pour les monteurs. Il y a d'autres cas mais c'est
surtout dans le cas des monteurs. Actuellement, de plus en plus,
l'Hydro-Québec emploie des entrepreneurs pour faire des travaux
d'entretien. Le syndicat n'a pas d'objection parce que l'Hydro-Québec
emploie des entrepreneurs pour faire de la construction. Par exemple, s'il y a
une nouvelle ligne à construire, le syndicat n'a pas d'objection
à cela. Mais plus ça va, plus il y a des contrats qui se donnent
pour faire de l'entretien. Ces travaux, le syndicat prétend que cela
revient aux employés syndiqués. Ce sont les employés
syndiqués qui faisaient ces travaux et, plus cela va, moins ils en font,
parce que, naturellement, les entrepreneurs sont de plus en plus nombreux. Nous
ne demandons pas l'élimination complète des entrepreneurs mais
nous demandons un mécanisme qui va nous permettre de reprendre le
terrain que nous avons perdu en ce qui concerne l'entretien.
Cela pourrait être un mécanisme qui donnerait au syndicat
la reprise, à plus ou moins longue échéance, des travaux
d'entretien qui sont actuellement faits par les entrepreneurs.
M. BRULE: A toutes fins pratiques, les contrats forfaitaires pour nous,
en vertu de l'application du bill 290, je pense que tout le monde le
connaît, ce sont des travaux de construction. Nous nous rendons compte de
plus en plus qu'il y a des travaux de service et d'entretien qui sont faits par
l'entreprise privée. Cela a pour effet de diminuer des monteurs de
lignes, des gens d'entretien, qui sont couverts par notre
accréditation.
Il est évident que la clause que nous avons
présentement... On dit que les contrats forfaitaires n'auront pas pour
effet de réduire du personnel permanent ou régulier. La partie
patronale, comme réponse à cela, dit que le syndicat voulait
avoir une forme de recrutement hypocrite en empêchant les entrepreneurs
de venir faire nos travaux.
C'est la réplique de la partie patronale. Mais, à toutes
fins pratiques, si on reconnaît la construction à la construction
et que l'Hydro-Québec a comme responsabilité d'assurer la
transmission et la distribution, je pense que les travaux de transmission ou de
distribution autres que la construction devraient être faits par les
employés de l'Hydro-Québec. C'est la position du syndicat. C'est
pour ça que nous disons que, depuis un bon bout de temps, depuis
quelques années, l'Hydro-Québec empiète à
l'intérieur de notre juridiction sur des travaux qui devraient
être exécutés par des travailleurs de
l'Hydro-Québec. Je pense que nous pourrons démontrer clairement
qu'il y a des travaux de service et d'entretien qui sont exécutés
par l'entreprise privée et qui, antérieurement, étaient
faits par les travailleurs de l'Hydro-Québec.
Il est évident que, par voie de conséquence, à ce
jour, cela n'a pas eu pour effet de réduire du personnel régulier
mais cela a certainement eu comme effet à long terme d'augmenter le
personnel régulier, parce qu'on n'embauche pas et on donne ça
à l'entreprise privée. Donc, le "turnover" dont parlait le
directeur du personnel de l'Hydro-Québec se fait à l'envers.
Depuis dix ans à l'Hydro-Québec, même avec tout ce que
l'Hydro-Québec a pris depuis la nationalisation, le personnel n'a pas
augmenté. Il est évident qu'il y a du monde qui fait quelque
chose quelque part et que ce n'est pas en tenant compte de l'esprit et des
principes qui ont été invoqués entre les parties pour dire
que l'entretien et le service sont faits par les travailleurs de
l'Hydro-Québec et que la construction est faite par les travailleurs de
la construction.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, est-ce qu'il y aurait
possibilité de poser une question à la partie patronale? Elle a
deux volets. Par exemple, à quel pourcentage évaluez-vous la
différence que cela peut coûter à l'Hydro-Québec
d'une part, d'employer des entreprises privées pour du travail
forfaitaire?
M. DUROCHER: Si vous me permettiez, M. le député, j'ai
bien enregistré votre question, mais avant d'y répondre, j'aurais
certaines interventions à soumettre sur le problème des contrats
à forfait.
On a prétendu, dans certains milieux, que 12,012 pour assurer
votre confort, c'était beaucoup trop à l'Hydro-Québec. Ce
que le syndicat demande, c'est d'augmenter nos employés.
Ce que nous avons présentement dans la convention collective,
c'est une disposition qui a pour effet de garantir en quelque sorte que,
lorsque nous donnons des contrats à forfait, les employés de
l'Hydro -Québec n'en seront pas
affectés par des mises â pied.
Donc, la disposition actuelle de la convention collective protège
les employés de l'Hydro-Québec dans le domaine des contrats
à forfait. Les employés de l'Hydro et les membres du syndicat ne
sont pas affectés lorsque l'Hydro-Québec donne des contrats
à forfait. La demande syndicale, celle que nous avons par écrit,
et à ma connaissance, c'est la seule que nous ayons eue jusqu'à
présent par écrit, est la suivante:
Le fait de donner des contrats à forfait ne doit pas avoir pour
effet de causer des surplus de personnel. Aucun travail d'entretien ne sera
effectué par des entrepreneurs ou sous-entrepreneurs, en partie ou en
entier. Tout contrat ou sous-contrat d'entretien actuellement accordé
à des entrepreneurs ou sous-entrepreneurs sera aboli dans un
délai maximum d'un an de la signature de la présente convention
collective.
C'est la demande syndicale par écrit que nous avons encore
aujourd'hui. Pour revenir â votre question, il y aurait lieu de faire
plusieurs distinctions sur la nature des contrats. Votre question, si je l'ai
bien comprise, est la suivante: Quel est le coût que
l'Hydro-Québec doit absorber lorsque les travaux sont faits par ses
propres effectifs? Et quel est le coût lorsque les travaux sont
effectués par des entrepreneurs?
M. BELAND : Justement, y a-t-il une différence essentielle ou non
de ce côté-là?
M. DUROCHER: Pour répondre à cette question-là, il
faudrait considérer la nature des contrats. De quels contrats s'agit-il?
S'il s'agit de contrats d'entretien, il faudrait d'abord définir ce
qu'on entend par contrat d'entretien. Il peut y avoir des contrats d'entretien
de toute nature.
S'agit-il de contrats d'entretien dans les bâtisses? S'agit-il de
contrats d'entretien sur les lignes de distribution? Pour la pose des poteaux?
Pour l'émondage? Je pense que, pour répondre à votre
question, il faut définir la nature du contrat. Ce que je peux vous
affirmer, c'est que les contrats actuellement donnés à
l'entreprise privée qui touchent l'émondage, le plantage de
poteaux et l'entretien de lignes de distribution, en gros,
d'aprèslesdernièresévalua-tions que nous avons eues, l'un
vaut l'autre. Il en coûterait à peu près le même prix
pour faire faire des travaux par les employés de l'Hydro-Québec
ou par les employés des entrepreneurs.
La situation était différente il y a quelques
années.
M. BELAND: Si j'interprète bien ce que vous dites, en moyenne,
cela arrive sensiblement à la même chose. Par contre, et
c'était là le deuxième point, est-ce que vous avez
remarqué une différence substantielle en ce qui concerne la
qualité de travail effectué? Encore là, selon une moyenne,
parce qu'en somme, on peut aller vis-à-vis tellement d'allées
dans ce domaine-là que c'est assez difficile.
M. DUROCHER: Je crois que nous pouvons affirmer qu'en ce qui a trait
à la qualité du travail effectué, les travaux
effectués par des employés de l'Hydro-Québec sont d'aussi
bonne qualité que ceux effectués par des employés
d'entrepreneurs. Il y a un facteur que nous retrouvons lorsque nous avons
recours aux entrepreneurs privés, qui est important pour
l'Hydro-Québec, c'est la mobilité du personnel. Un entrepreneur
peut plus facilement c'est plus dans les moeurs prendre son
personnel et l'affecter à un endroit donné, dans une
région, parce que les besoins sont au point X et, à un autre
moment, déplacer cette main-d'oeuvre à un point y lui peut
être assez éloigné du point X. Disons que cette
opération s'effectue plus facilement avec les employés des
entrepreneurs qu'avec les employés de l'Hydro-Québec.
M. LESSARD: Vous dites que les travaux sont faits à peu
près au même prix. Que cela soit fait par l'Hydro-Québec ou
par l'entreprise privée, il n'y aurait pas d'augmentation de coût
par l'entreprise privée et qu'il y a une mobilité de
personnel.
M. DUROCHER: La question de mobilité de personnel...
M. LESSARD: Est-ce que c'est la raison principale qui fait que
l'Hydro-Québec donnerait, selon des affirmations, de plus en plus de
contrats à forfait?
M. DUROCHER: La question de la mobilité du personnel est un
facteur. Un autre facteur est qu'il y a des périodes de pointe
auxquelles nous devons faire face. Le recours aux services des entrepreneurs
privés est alors d'une aide importante pour l'Hydro-Québec.
Cela permet, en dehors de l'Hydro-Québec, d'avoir une
main-d'oeuvre qui est qualifiée dans ce domaine. Il arrive assez souvent
que des employés d'entrepreneurs, lorsqu'il y a des postes vacants
à l'Hydro-Québec, demandent à remplir ces fonctions et, en
quelque sorte, cela permet à l'Hydro-Québec d'avoir de
l'extérieur un recrutement de personnel qui est déjà
qualifié pour remplir ce genre de travail.
M. LESSARD: Est-ce que normalement ces travaux d'entretien vont durer
une période X ou est-ce que ce sont des travaux qui devraient
normalement durer aussi longtemps que dure la ligne de transmission?
M. DUROCHER: Cela varie énormément d'une région
à l'autre.
M. LESSARD: Ce que vous voulez dire...
M. DUROCHER: Et cela varie selon la nature des travaux. Il peut s'agir
d'un programme, à un certain moment, qui est élaboré dans
une région pour rénover certaines lignes ou d'un
programme qui est élaboré pour la construction de
nouvelles lignes, à cause d'un secteur d'habitations qui s'est ouvert.
Il y a énormément de variantes dans ce domaine.
M. LESSARD : Quand vous parlez de période de pointe, cela veut
dire que l'Hydro-Québec pourrait être dans l'obligation d'engager
un nouveau personnel dont elle pourrait ne pas avoir besoin dans deux, trois ou
quatre ans.
M. DUROCHER: C'est exact. Il y a des fluctuations.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: Quand M. Durocher dit que c'est le seul document qu'il a eu du
syndicat, je tiens à vous dire que c'est la première fois en
treize mois que nous pouvons parler de contrat forfaitaire avec des
représentants de l'Hydro-Québec, parce que nousn'avons pas pu en
parler encore une fois. Il est donc évident que c'est le seul et unique
document et c'est la première fois qu'on l'aborde, premièrement,
depuis le début des négociations.
Quand on demande si la qualité des services est différente
par du personnel de l'Hydro-Québec, je sais qu'il y a deux ans, deux
monteurs de lignes parce que les moteurs de lignes à
l'Hydro-Québec sont des gens qui ont une progression automatique
à l'Hydro-Québec qui ont été renvoyés par
l'Hydro-Québec parce qu'ils étaient incompétents pour
faire la profression automatique et ces deux travailleurs de
l'Hydro-Québec travaillent maintenant pour des entrepreneurs dont un est
contremaître et l'autre, monteur AA. Donc, des gars qui sont
renvoyés par l'Hydro-Québec parce qu'ils ne peuvent pas faire la
progression automatique et les entrepreneurs en font des contremaîtres et
des monteurs de première classe. Pour connaître les contrats
forfaitaires qui ont été faits par l'entreprise privée,
dans le mémoire du mois d'août qui a été remis au
médiateur, à la page 152 et à la page 153, vous verrez que
les équipes qui ont travaillé à l'entretien, à des
services à l'Hydro-Québec. Au-delà de 90 équipes
ont travaillé à l'entretien de lignes durant la vie de la
convention collective de travail et là on parle uniquement de
l'année 1971. En 1971, il y a au-delà de 90 équipes de
l'entreprise privée qui ont travaillé à l'entretien de
lignes. Un nombre de 90 équipes à quatre par équipe, on
sait que cela fait 360 travailleurs.
M. COURNOYER: Combien l'Hydro-Québec a-t-elle
d'équipes?
M. BRULE: II y avait 90 équipes en 1971. M. COURNOYER: A
l'Hydro-Québec? M. BRULE: Oui.
M. COURNOYER: Ce sont des employés de l'Hydro-Québec?
M. BRULE: Non. Ce sont des entrepreneurs qui ont fait...
M. COURNOYER: Combien y avait-il d'équipes de
l'Hydro-Québec?
M. BRULE: II peut y avoir 1,000 monteurs de lignes à
l'Hydro-Québec.
M. COURNOYER: II y a 1,300 gars. M. BRULE: II y a 1,360 gars. M.
COURNOYER: II y en a 1,360. M. BRULE: Ce n'est pas le mille 13.
M. COURNOYER: Non. Ce n'est pas le mille 13.7. C'est le mille 13.6.
M. BELAND: Si vous me permettez une question, lorsque vous dites
"contrats d'entretien", est-ce que vous voulez parler aussi de contrats
d'entretien consistant à brûler des conifères ou des
feuillus sous les lignes? Est-ce que vous parlez également de cela?
M. BRULE: II peut y avoir de cela, de l'émondage et de
l'entretien de lignes.
M. BEL AND: Je ne sais pas quelle partie va me répondre, mais
est-ce qu'il y a un pourcentage quelconque de ce travail qui est fait par
l'Hydro-Québec et un autre, étant donné qu'il s'en fait de
façon forfaitaire, de fait directement par l'Hydro-Québec, par
ses employés?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Chabot?
M. CHABOT: Est-ce que votre question porte sur le domaine de la
construction ou sur le domaine de la distribution de
l'électricité?
M. BELAND: II s'agit de l'entretien des lignes de distribution de
l'électricité. Disons que, dans des parties de forêt,
à intervalles réguliers, aux deux, trois, quatre ou cinq ans, on
passe pour brûler avec de l'herbicide les branches qu'il y a là.
Cela constitue un genre d'entretien. Je sais qu'il y en a, je l'ai vu sur ma
propriété, qui se fait par contrat, mais il y en a certainement
qui se fait par l'Hydro-Québec, quel en est le pourcentage?
M. DUROCHER: Nous avons deux grandes catégories de lignes de
transport. Il y a des lignes de distribution et des lignes de transport
d'énergie. La ligne de transport est celle qui prend origine d'un point
de génération et qui
s'en va jusqu'à un poste, et de là, on fait une
distribution, d'où les lignes de distribution.
Quant aux lignes de transport, au moment où on les construit, des
équipes font du déboisement; il y a un personnel d'entrepreneurs
qui fait cela. Il y a du personnel de l'Hydro-Québec qui surveille les
travaux. Une fois que la ligne est construite, il faut, comme vous le
mentionnez, M. le député, à certaines périodes
envoyer des produits chimiques sur le sol pour détruire les arbustes qui
y poussent. Dans ce cas-là, on fait appel à des entreprises
privées. En ce qui a trait aux lignes de distribution, il y a des
équipes de l'Hydro-Québec et des équipes d'entrepreneurs
qui veillent à leur entretien.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Legen-dre.
M. LEGENDRE: M. le Président, étant donné que, ce
soir ou demain, nous devrons faire des comparaisons avec 1'Hydro-Ontario, ce
sera peut-être sur le plan pécuniaire, je pense qu'au moment
où on parle de personnel affecté à des travaux, on peut
aussi facilement faire une comparaison. L'Hydro-Ontario embauche actuellement
12,000 travailleurs, de bureau, de métier et des techniciens,
c'est-à-dire 12,000 qui se comparent à nous et nous, nos trois
unités comprennent 8,000 travailleurs. Je peux me tromper de quelques
centaines d'un bord ou de l'autre, mais c'est 12,000 contre 8,000.
L'Hydro-Ontario ne fait que la production. Elle n'est pas rendue où nous
en sommes, et la distribution est entre les mains de l'entreprise privée
ou de services à d'autres niveaux. Cela peut être des
municipalités et il y a des compagnies privées qui distribuent
l'électricité. Or, 12,000 employés produisent de
l'électricité à un moindre coût que nos 8,000 qui
produisent, transmettent et distribuent l'électricité.
Il y a certainement du travail au Québec qui est fait par des
gens qui devraient normalement être des employés de
l'Hydro-Québec versus l'Ontario.
L'autre point que je voudrais vous soumettre est aussi le point...
oui?
M. COURNOYER: Une minute, sur la question de distribution, vous avez
mentionné que l'Hydro-Ontario n'avait pas la distribution, que
c'étaient les municipalités qui l'avaient.
M. LEGENDRE: Les municipalités ou compagnies.
M. COURNOYER: Quand j'ai posé la question à M.
Brûlé il y a quelques minutes, à savoir combien de
personnes de l'entreprise privée travaillaient à l'entretien du
réseau électrique de l'Hydro-Québec, il a dit 360, c'est
ce que j'ai compris. Je continue, est-ce à la transmission, à la
distribution ou à la production?
M. BRULE : Sur les lignes.
M. COURNOYER: Quelles lignes? La distribution ou la transmission?
M. BRULE: Distribution.
M. COURNOYER: La partie de la distribution n'est même pas incluse
dans vos comparaisons, je suis obligé d'arrêter.
M. LEGENDRE: II y a 12,000 employés, M. le ministre, pour
l'Hydro-Ontario, qui produisent de l'électricité.
M. COURNOYER: Voilà! Qui produisent.
M. LEGENDRE: Ici, nous sommes 8,000 à en produire, à en
distribuer. Le transport et la distribution.
M. COURNOYER: Alors, 8,360...
M. LEGENDRE: A un coût moindre en Ontario.
M. COURNOYER: En Ontario, ça coûte moins cher?
M. LEGENDRE: On produit de l'électricité à un
coût moindre qu'au Québec.
M. COURNOYER: J'aimerais vous entendre expliquer la question de
coût immédiatement parce que je sais que ça s'en vient. M.
Legendre, vous avez dit "coût moindre", je veux le savoir, parce que
s'ils sont 12,000 seulement pour la production, la transformation et qu'ils ne
touchent pas à la distribution, que ces 12,000 produisent à un
coût moindre que mes 8,000, je ne comprends plus rien.
M. LEGENDRE: Nous non plus, M. le ministre.
M. COURNOYER: II n'y en a que 360 là-dessus qui sont des gens
à forfait?
M. LEGENDRE: Non, M. le ministre.
M. COURNOYER: Combien y en a-t-il? Tantôt, il m'a dit 360.
M. LEGENDRE: Quand on parle de l'entretien des lignes de transmission,
on ne parle pas uniquement de tous les employés impliqués dans la
transmission. Quand M. Brûlé s'est référé aux
360, il parlait de gens impliqués dans l'entretien des lignes de
transmission.
M. COURNOYER: De distribution. J'ai compris, distribution.
M. LEGENDRE: De distribution.
M. COURNOYER: Qui fait l'entretien des lignes de transport
d'énergie au Québec.
M. LEGENDRE: On en a parlé tout à l'heure. Il y a des gens
chez nous qui s'occupent aussi de le faire, il y a des gens qui s'occupent,
dans l'entreprise privée, de le faire aussi. Il y a des contrats qui se
donnent.
M. COURNOYER: Est-ce dans l'entretien de la ligne ou dans l'entretien de
la sous-ligne, ce qu'il y a en dessous? On a donné un exemple
tantôt. Il s'agissait de l'émondage ou enfin de l'entretien du sol
ou du sous-sol, pour que les arbres ou les arbustes ne...
M. LEGENDRE: M. Durocher a été précis. Lorsqu'il
s'agit de la ligne de transmission, si j'ai bien compris son intervention,
c'est qu'il y avait des entrepreneurs qui pouvaient être engagés
pour s'occuper de brûler l'herbe ou de répandre de l'herbicide
sous les lignes. Il s'est limité à ça dans son
intervention. Parce que l'émondage, il le sait fort bien, dans d'autres,
dans la distribution, il sait qu'on est là...
M. COURNOYER: M. Legendre, j'aimerais que vous compariez des choses
pareilles. Si vous prenez le réseau total d'électricité en
Ontario avec les 12,000...
M. LEGENDRE: Ils sont 12,000.
M. COURNOYER: ... qui ne font qu'une partie de votre travail, à
un coût moindre que votre travail au complet, j'aimerais que vous
m'expliquiez cela parce que je ne comprends plus rien. Je comprends que vous
êtes efficaces, je le savais depuis longtemps. Il y a un degré
d'efficacité, apparemment en Ontario, les gens sont efficaces aussi.
M. LEGENDRE: Votre question vise quoi, au juste, vous voulez que je vous
réponde quoi?
M. COURNOYER: Bien ça, je ne vous dirai pas la
réponse.
M. LEGENDRE: Quelle est la réponse que vous voulez avoir? La
différence des 4,000, où se situe-t-elle?
M. COURNOYER: Si nous avons un système total à comparer,
comparons le système total de l'Ontario qui comporte la transmission, la
production d'électricité, son transport et sa distribution. Quand
vous dites les 12,000 de l'Hydro-Ontario, ils ne touchent pas à la
distribution, si j'ai bien compris?
M. LEGENDRE: A la distribution.
M. COURNOYER: J'aimerais que vous me disiez exactement si la
distribution coûte quelque chose dans le système de l'Ontario.
Quelles sont les comparaisons des deux systèmes qui sont identiques? Ce
qui arrive, c'est que la personne qui reçoit son
électricité dans la maison, chez elle, ne sait pas du tout que
l'électricité a passé par 36 postes de transformation, des
sous-postes.
M. LEGENDRE: Ce que j'ai voulu dire, c'est que, lorsqu'on dit que 12,012
personnes travaillent à votre service, on oublie de dire qu'il y a
peut-être 5,000 ou 5,012 personnes qui y travaillent aussi. Ces gens ne
sont pas des employés de l'Hydro-Québec. C'est ce que j'ai voulu
dire tout à l'heure. L'Hydro-Ontario produisait dans le compteur de
l'électricité qui coûtait moins cher qu'elle ne coûte
dans le compteur du Québécois.
Le gars de l'Ontario paye moins cher l'électricité que le
gars du Québec. Ne me sortez pas des villages de l'Ontario versus le
Québec.
M. COURNOYER: Je ne les connais pas.
M. LEGENDRE: Je vous dis que l'Hydro-Ontario produit de
l'électricité, la transmet et la distribue à des
coûts moindres que l'Hydro-Québec, avec, elle, un personnel plus
élevé. Nous, nous la produisons, nous la transmettons et nous la
distribuons. Mais, ce qu'on oublie de dire... J'inclus cela là-dedans
tout simplement pour faire un parallèle avec le sujet que l'on discute
actuellement, les contrats à forfait. Pour démontrer
jusqu'à quel point cela devient important, dans des régions il y
a plus d'employés d'entrepreneurs que d'employés de
l'Hydro-Québec.
Ce n'est pas vrai que nous sommes 12,012; nous sommes peut-être
22,012. Je ne le sais pas, mais je lance le chiffre.
M. LESSARD: Autrement dit, quand on dit, par exemple, 12,000
employés à l'HydroOntario et vous êtes 8,000 à
l'Hydro-Québec, en faisant les comparaisons, vous voulez montrer que
cela n'a pas de sens, qu'il y a un autre groupe d'employés qui est
ailleurs, qu'on paye ailleurs et qui ne sont pas des employés de
l'Hydro-Québec.
M. LEGENDRE: C'est cela.
M. COURNOYER: Je voulais seulement vous dire qu'effectivement ils ne
sont pas seulement 12,000 en Ontario non plus. Si toute la distribution est aux
municipalités, il doit y en avoir un groupe qui fait la distribution.
Ils ne sont pas dans les 12,000 de l'Ontario.
M. BRULE: Ils sont bien 17,000 là-bas. M. COURNOYER: On ne le
sait pas.
M. LEGENDRE: On ne le sait pas, mais au moins on peut être
assuré qu'il y en a plus que 12,012 au Québec. Je compare
à cette intention, dans ce but, monsieur le ministre. Je voulais
démontrer qu'il y avait beaucoup d'entrepreneurs qui travaillaient
à la production,
transmission, distribution, placez-les où vous voulez. Dans
certaines régions il y a plus d'employés, à certains
moments, qui travaillent à la production, transmission, distribution
placez-les encore où vous voulez à brûler les
arbres, à en couper, à poser des poteaux, qu'il n'y en a à
l'Hydro-Québec. Je parle d'équipes.
L'autre point que je voulais faire ressortir, c'est qu'il y a des gens
de l'Hydro-Québec, avec les normes de sécurité
proposées par l'Hydro-Québec, parce qu'on joue avec du jus et
avec de l'électricité et c'est dangereux... Alors,
l'Hydro-Québec a établi un système de
sécurité assez au point. Ce système, il y a des
équipes d'employés de l'Hydro-Québec qui ne peuvent pas le
respecter ou qui sont juste sur le bord, quelquefois, lorsqu'ils sont
appelés à travailler avec des entrepreneurs; parce que nos gars
sont appelés â travailler avec des entrepreneurs. Les mesures de
sécurité coûtent des sous. Cela parait dans la note de
l'Hydro-Québec à la fin du mois, mais l'entrepreneur, lui, son
intérêt ne se situe pas au niveau de la sécurité.
Vous en savez quelque chose, M. le ministre, des accidents de travail. Nos gars
ont quelquefois peur de travailler avec les entrepreneurs. Ils sont
appelés à travailler ensemble à l'occasion.
M. COURNOYER: Très souvent.
M. LEGENDRE: Nous avons des équipes, avec certains entrepreneurs
où nos gars refusent ou ont peur de travailler parce que les mesures de
sécurité proposées par l'Hydro-Québec ne sont pas
respectées par les entrepreneurs.
M. LESSARD: Selon vous, combien y aurait-il, véritablement,
d'employés à l'Hydro-Québec? Je comprends que cela peut
varier. Il y en a 12,012, 12,010.
M. LEGENDRE: 12,012, c'est parce qu'on dit qu'il y a 4,000 cadres pour
8,000 employés. Un cadre pour chaque trois employés.
M.LESSARD: II y a 8,000 employés.
M. LEGENDRE: II y a 8,000 employés syndiqués. Il y en a
8,500 contre 12,012. Il y a des cadres quelque part.
M. COURNOYER: Vive l'Hydro-Québec! Elle est pas mal mieux que la
Fonction publique provinciale.
M. LEGENDRE: Je ne sais pas.
M. BURNS: Ce n'est pas non plus un critère de
référence.
M. COURNOYER: II me manque des cadres et j'aime prêcher pour ma
paroisse un peu, pour que quelqu'un m'aide.
M. LESSARD: II vous manque des cadres?
M. COURNOYER: Je comprends.
M. BURNS: Arrêtez de mettre du monde sur les tablettes dans la
Fonction publique et vous serez bien.
M. LESSARD: II y en a trop à certaines places et ailleurs,
là où ce serait essentiel, on n'est pas capable d'en avoir.
M. COURNOYER: Vous pensez?
M. LESSARD: Oui, quand c'est essentiel. Le Conseil du trésor
coupe sur des choses de $12,000 pour avoir un directeur de la main-d'oeuvre sur
la Côte-Nord alors que c'est bien essentiel et on met sur les tablettes
des gars qui gagnent $18,000 ou $20,000.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Nous sommes loin du sujet, revenons-y.
M. LESSARD: Nous sommes loin du sujet.
M. BURNS: M. le Président, c'est que nous avons hâte
à l'étude des crédits du ministère de la Fonction
publique. Je le dis au ministre; ça va faire la troisième
fois.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Cela va venir et nous pourrons en
discuter...
M. BURNS: Je vais lui en parler cette fois-là.
M. BELAND: M. le Président, je trouve très
intéressante cette toute récente discussion, parce que je n'ai
pas de secrétaire à mon bureau depuis quatre jours.
M. COURNOYER: Je vous en prie, ce n'est pas un cadre que vous
cherchez.
M. LESSARD: Parfois, ce sont les plus beaux cadres.
M. VEILLEUX: M. le Président, je voudrais poser une question aux
gens de l'Hydro-Québec, MM. Chabot ou Durocher. Que ce soit à
l'Hydro-Québec ou à l'Hydro-Ontario, il y a trois choses en
commun: la production, la transmission et la distribution. Au Québec,
combien, globalement, de personnes travaillent dans la production, la
transmission et la distribution, que ce soit à forfait ou non?
M. LEGENDRE: Si toutes les mesures de sécurité
étaient respectées, le chiffre serait de...
M. BURNS: Vous ne savez pas combien vous avez d'employés? C'est
inquiétant.
M. DUROCHER: Nous allons tenter de donner une réponse, notre
caucus a été très bref. Sur le bordereau de paie de
l'Hydro-Québec, nous avons 12,518 employést ce qui
comprend les bureaux, métiers, techniciens, ingénieurs.
cadres, sous-cadres et l'ensemble de notre personnel d'exploitation.
M. VEILLEUX: Est-ce que, sur le bordereau, M. Durocher, ce chiffre de
12,518 inclut les contrats forfaitaires?
M. DUROCHER: Non.
M. VEILLEUX: Je voudrais savoir, en plus des 12,518 employés,
combien il y en a, d'après vous qui travaillent à forfait.
M. DUROCHER: Le nombre d'employés d'entrepreneurs varie
énormément d'une saison à l'autre et d'une année
à l'autre. Je vous indiquais tantôt que lorsqu'il s'agit d'un
programme de construction de lignes, nous faisons appel à plus de
personnel d'entrepreneurs que dans d'autres périodes.
M. VEILLEUX: Pour simplifier, combien y en a-t-il qui travaillent
à forfait pour l'émonda-ge, l'entretien de lignes etc? C'est ce
que je veux savoir.
M. DUROCHER: Pour ce qui est des travaux d'émondage, la pose de
poteaux et construction de lignes, nous avons en moyenne 500 employés
d'entrepreneurs et les employés de l'Hydro-Québec qui font un
travail analogue sont au nombre d'environ 1,000.
M. VEILLEUX: Mais ces 1,000 employés sont compris dans les
12,518?
M. DUROCHER: Ils sont compris dans les 12,518.
M. VEILLEUX: Cela fait un grand total de 13,018 à peu
près.
M. DUROCHER: Là, je vous ai parlé de la distribution, de
la pose de poteaux, de la construction de lignes et de l'entretien de
lignes.
M. VEILLEUX: Nous devrions dire maintenant 13,013.
M. DUROCHER: Nous ne pouvons pas inscrire sur notre bordereau de
paie...
M. COURNOYER: Avez-vous dit construction de lignes?
M. DUROCHER: Des lignes de distribution.
M. VEILLEUX: M. Durocher, tout à l'heure, on a mentionné
qu'on arrivera bientôt avec l'Ontario. Je sais qu'en Ontario, si j'ai
bien compris M. Legendre, il y a 12,000 employés à la production.
C'est ça que vous avez dit, M. Legendre, 12,000 à la production
en Ontario? En Ontario, il doit se faire de la transmission et de la
distribution aussi. Pour la transmission, que ce soient des
municipalités ou d'autres, est-ce que vous avez des statistiques sur le
nombre d'employés qui travaillent dans le secteur de la transmission en
Ontario et qui ne sont pas payés par l'Hydro-Ontario?
M. DUROCHER: Les chiffres que j'ai pour l'Hydro-Ontario, c'est 25,000
employés. Ce qui ne comprend pas les employés des services
municipaux de distribution d'électricité. A l'Hydro-Ontario, il y
a 25,000 employés qui font la production et le transport de
l'énergie.
M. VEILLEUX: ILs font ce qu'on appelle la production et la
transmission.
M. DUROCHER: Et de la distribution dans certains milieux ruraux. Dans
les centres urbains, la distribution de l'énergie est assurée par
des municipalités.
M. VEILLEUX: Et vous n'avez pas de statistiques, dans ces milieux
urbains, pour savoir le nombre d'employés qui y travaillent? Cela
pourrait-il aller à 30,000 d'après vous?
M. COURNOYER: On va régler le mille 13 vite.
M. DUROCHER: On m'a dit que, dans les municipalités qui
s'occupent de la distribution de l'énergie, il y aurait autant
d'employés, de 25,000 à 30,000 employés.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Après, je ne veux prendre la place de personne.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. M. BURNS: C'est à moi?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Non. M. Durocher, si vous n'avez pas
terminé, vous pouvez le faire. La parole sera au député de
Maisonneuve par la suite.
M. VEILLEUX: Je termine mes questions en disant que nous, au
Québec, nous en avons 13,018; de l'autre côté, ils sont
50,000. Toutes les questions que j'ai posées, c'est pour ça.
M. DUROCHER: Si vous voulez entrer dans ce domaine-là, je dois
vous avouer mon incompétence. Il y a des personnes ici qui sont
compétentes en la matière et qui peuvent vous donner des
réponses, M. le député.
M. VEILLEUX: Je voulais tout simplement voir, proportionnellement, ce
qu'on avait com-
me employés au Québec pour faire de la production, de la
transmission et de la distribution, comparativement à l'Ontario. J'ai eu
la réponse.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je m'adresse à Me Durocher, directeur du service de
relations patronales et ouvrières. Vous avez parlé de directeur
des relations syndicales. Je n'aime pas ça.
M. DUROCHER: Moi non plus.
M. BURNS: Parce que ce n'est pas beaucoup, ça.
M. DUROCHER : On s'entend là-dessus, M. le
député.
M. BURNS: D'accord. Vous changerez de nom. D'après votre
expérience, qu'est-ce que c'est le rapport, la proportion de cadres par
rapport aux syndiqués habituellement dans l'industrie en
général, dans l'entreprise?
M. DUROCHER: Dans l'entreprise privée?
M. BURNS: Oui, un peu partout, soit privée, publique, n'importe
quoi.
M. LESSARD: Ce qui est raisonnable comme vous dites.
M. DUROCHER: Objectif.
M. BURNS: Objectif et raisonnable, minimal et non maximal.
M. DUROCHER: C'est 20 p.c. de cadres.
M. BURNS: C'est 20 p.c. de cadres. Chez vous, ça fait quoi? Vous
nous avez dit que vous aviez 12,518 personnes sur la liste de paye.
M. DUROCHER: Oui.
M. BURNS: Le syndicat nous dit qu'il y en a environ 8,100. Cela veut
dire que vous êtes rendus à combien comme pourcentage?
M. DUROCHER: On peut vous donner de bonnes explications...
M. BURNS: Parce que votre mille 13 on l'a. Ce ne sera pas long, on va
les trouver les mille 13.
M. DUROCHER: Lorsque nous parlons de 8,500 employés
syndiqués, nous parlons des employés de bureau, de métiers
et des techniciens.
Ce groupe d'employés syndiqués, il faut ajouter le groupe
des ingénieurs.
M. BURNS: Qui est de 400, 500?
M. DUROCHER: Environ 700 ingénieurs. En plus des
ingénieurs, il y a du personnel qui n'est ni dans les cadres ni
syndiqué.
M. BURNS: Quel groupe?
M. DUROCHER: Des groupes au personnel, des groupes au contentieux, des
groupes à la recherche économique.
M. BURNS: Et pourquoi ne sont-ils pas syndiqués, eux? Comment se
fait-il qu'ils ne soient pas syndiqués?
M. DUROCHER: Parce qu'ils ne sont pas dans l'unité de
négociation.
M. BURNS: Sont-ce ceux pour qui vous vous êtes battus qui ne sont
pas dans l'unité de négociation?
M. DUROCHER: Dans l'unité de négociation, M. le
député, nous avons conclu avec le syndicat une entente â la
satisfaction des deux parties.
M. BURNS: Ah non! Je ne me mêlerai pas de ce qui ne me regarde
pas.
M. DUROCHER: A l'IREQ, nous avons 94 cadres, â l'Institut de
recherche de l'Hydro-Québec. Au siège social, nous avons 900
cadres. A la place Victoria, 155. Dans les régions, 1700. Il y a ce
personnel-là...
M. BURNS: Non, non. Je prends votre première réponse qui
dit que vous avez à peu près 20 p.c. de vos employés qui
sont des cadres.
M. DUROCHER: Ce n'est pas la question que vous me posiez. La question
que vous me posiez, c'était: dans les entreprises publiques et
privées, quel est la proportion cadres syndiqués? Je vous ai
répondu que, dans l'entreprise privée et publique, la proportion
pouvait être de l'ordre de 20 p.c. Cela peut varier, mais en gros...
M. BURNS: Chez vous, c'est quoi, la proportion?
M. LESSARD: II est aussi bon qu'au gouvernement?
M. BURNS: Il n'a pas le droit de le dire, je prends son avis.
M. LESSARD: II ne peut pas prendre mon avis.
M. BURNS: Il ne peut pas prendre mon avis, non.
M. DUROCHER: M. le député de Maisonneuve, je peux avancer
que la proportion à l'Hydro-Québec varie selon les unités
administratives de 17 p.c. à 25 p.c.
M. BURNS: De cadres?
M. DUROCHER: De cadres.
M. BURNS: De 17 p.c. à 25 p.c. Et si je vous disais que la
proportion habituellement considérée comme normale est de un
à dix, est-ce que vous trouveriez que je fais un schisme, que je suis
hérétique? De un à dix, est-ce que vous trouvez que je
charrie?
M. DUROCHER: Dans la province de Québec?
M. BURNS: Oui.
M. DUROCHER: Dans l'entreprise publique et privée?
M. BURNS: Dans l'ensemble.
M. DUROCHER: Je dirais que nos sources de références ne
sont pas les mêmes.
M. BURNS: Vous avez de 17 p.c. à 25 p.c. de cadres proprement
dits et vous nous avez dit qu'il y avait un certain nombre d'employés
qui étaient mis de côté soit par entente avec le syndicat,
soit pour des raisons qu'on n'a pas à discuter ici.
M. BURNS: La masse salariale totale de l'Hydro-Québec, elle est
quoi?
M. DUROCHER: Toujours selon les mêmes sources de
référence...
M. BURNS: Quelles sont vos sources de référence? C'est
quelqu'un de chez vous, j'espère.
M. DUROCHER: Ce sont les gens qui sont en arrière de moi.
M. BURNS: Ce sont les cadres, tout le monde.
M. DUROCHER: Notre masse salariale qui, je crois, apparaît dans le
rapport annuel de l'Hydro-Québec est de l'ordre de $130 millions.
UNE VOIX: Cela peut inclure le temps supplémentaire, le
transport...
M. BURNS: Cela inclut vos cadres. Cela inclut également vos
non-syndiqués et le groupe pour lequel nous discutons actuellement.
M. DUROCHER: Cela inclut les employés à qui nous avons
payé du salaire pendant une année. Il y a des employés
temporaires qui sont inclus là-dedans.
M. VEILLEUX: Ceux que vous avez mentionnés tout à
l'heure...
M. BURNS: Je m'excuse. Seulement une dernière question. Vous
reviendrez après.
M. VEILLEUX: Oui.
M. BURNS: Est-ce que vous êtes capable d'isoler dans votre budget
les montants payés à vos sous-entrepreneurs?
M. DUROCHER: A l'ensemble des sous-entrepreneurs?
M. BURNS: Pour la dernière période fiscale, vous devez
pouvoir mettre le doigt sur le coût de vos sous-entrepreneurs.
M. DUROCHER: Nous serions en mesure de le faire, mais je dois vous dire
que nous n'avons pas ici ces données.
M. BURNS: Je ne pense pas que nous réglions cela ce soir. Vous
pouvez peut-être vérifier cela et nous le dire à la
prochaine séance.
M. DUROCHER: Nous pouvons prendre les informations pour répondre
à votre question.
M. BURNS: Combien a coûté à l'Hydro-Québec
l'aspect purement des sous-contrats?
M. DUROCHER: Votre question est la suivante, si je l'ai bien comprise.
Quelle est la somme d'argent que l'Hydro-Québec verse...
M. BURNS: Exactement.
M. DUROCHER: ... à l'ensemble des entrepreneurs à
l'Hydro-Québec?
M. BURNS: Exactement.
M. DUROCHER: Cela signifie la construction de nos centrales...
M. BURNS: Non. Je ne parle pas de la construction. Je parle de...
M. DUROCHER: ... la juridiction...
M. BURNS: ... la juridiction de l'unité de
négociations.
M. GAUVREAU: M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui.
M. GAUVREAU: Ces questions sont fort intéressantes et vous pouvez
être assuré...
M. BURNS: Je ne vous demande pas de juger mes questions. C'est moi qui
les pose.
M. GAUVREAU: Je les trouve intéressantes quand...
M. BURNS: Vous n'êtes pas ici pour juger mes questions.
M. GAUVREAU: Je les trouve intéressantes quand même.
M. BURNS: Bravo!
M. GAUVREAU: Nous pourrions vous donner toutes les réponses avec
une grande précision en d'autres temps. Nous nous préparerons. Je
pose ici une question. Est-ce que cela relève de la commission
parlementaire des richesses et de la main-d'oeuvre ou si...
M. BURNS: Nous ne sommes pas ici à le commission des richesses et
de la main-d'oeuvre.
M. GAUVREAU: Excusez.
M. BURNS: ... du travail et de la main-d'oeuvre.
M. GAUVREAU: ... ou de l'autre commission parlementaire à
laquelle l'Hydro-Québec vient chaque année...
M. BURNS: M. le Président...
M. GAUVREAU: Je pose la question au président.
M. BURNS: Non.
M. GAUVREAU: Ce que je veux dire...
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président. Je
m'excuse. C'est mon privilège de député ici de poser les
questions que je voudrai. Monsieur pourra juger mes questions chez lui, dans
son salon, et dire qu'il n'est pas d'accord sur mes questions. Ce n'est pas lui
qui va me dire quel genre de question je vais poser ici. Ce n'est pas vrai. A
moins que M. le Président me dise que je ne suis pas dans l'ordre. Je
vais me soumettre à vous, M. le Président. Vous êtes mon
autorité. Pas lui. Ce n'est pas vrai. Quand je paie mon compte, il est
peut-être mon autorité, pas vous, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. le député de Maisonneuve,
vous avez le droit de poser des questions...
M. BURNS: Exactement. Vous êtes bien aimable.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... et je reconnais le droit à M.
Gauvreau de juger les questions...
M. BURNS: Non. Je ne lui reconnais même pas ce droit. Il est ici
comme témoin. C'est aussi simple que cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Vous dites que M. Gauvreau a le droit de
juger vos questions dans son salon chez lui. Il a le droit de le faire ici
comme il a le droit de le faire dans son salon.
M. BURNS: II le fera quand je ne poserai pas de question.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): II a le droit de répondre ou de ne
pas répondre à vos questions. C'est son privilège.
M. BURNS: Non. Cela ne marchera pas ainsi, M. le Président. Ne
soyez pas aussi libéral.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Vous posez une question à M.
Gauvreau...
M. BURNS: Je ne pose pas une question à M. Gauvreau, pas du tout.
C'est M. Gauvreau qui vient de nous dire ce qu'il pense de mes questions. Je
l'ai vu venir quand il a dit que mes questions étaient
intéressantes.
Je l'ai vu venir mais moi, je veux avoir des réponses. Je vous
donne aussi le temps de trouver les réponses aux questions que je
pose.
M. GAUVREAU: M. le Président, la seule intervention que je veux
faire je ne voudrais pas que cela cause une tempête c'est
que je pense que, dans un autre temps, il y a eu les questions, dans un autre
temps, cela peut être à l'ajournement de cette...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Pas du
tout, nous sommes ici pour discuter d'un problème qui est bien simple
qui s'appelle le contrat de travail, la convention collective des
employés de l'Hydro-Québec. Ou vous allez me dire que nous sommes
venus niaiser ici. Si vous me dites cela, je vais m'en aller et nous allons
dire aux employés de l'Hydro-Québec: On vous a enlevé
votre droit de grève, on ne vous a rien donné à la place
et on ne peut même pas vous offrir la discussion de vos vrais
problèmes en commission parlementaire. Si c'est cela, bravo, tout le
monde le saura et les gars de l'Hydro-Québec feront une grève
illégale. Cela sera parfait. Ecoutez, quand même!
M. COURNOYER: M. Gauvreau va répondre aux questions. Il dit: Ce
sont des questions...
M. BURNS: Ce n'est pas à M. Gauvreau que je pose la question.
M. COURNOYER: M. Durocher pourra répondre à la question.
L'Hydro-Québec pourra répondre à la question... si elle a
immédiatement la réponse exacte. Moi, je veux la réponse
exacte. Il n'est pas question de savoir si l'Hydro-Québec peut nous dire
immédiatement qu'elle n'est pas d'accord pour répondre à
la question. Ici, je suis totalement d'accord avec vous. Elle va
répondre aux questions parce que c'est un organisme public et elle va
répondre à toutes les questions qu'on va lui poser, mais il est
possible que, sur des questions précises comme: Quel pourcentage de
main-d'oeuvre elle a comme cadres, quel nombre de sous-entrepreneurs elle a,
quel montant d'argent elle donne aux sous-entrepreneurs, les individus qui sont
ici n'étaient peut-être pas préparés à ce
genre de questions. Demain après-midi, on va répondre à
cela.
M. BURNS: C'est ce que j'ai dit, nous ne sommes pas pressés. Ils
nous diront cela demain, après-demain s'ils veulent. Il n'y a pas de
problème. Qu'ils ne viennent pas dire que c'est à une autre
commission qu'on doit poser ces questions-là.
M. COURNOYER: II y a d'autres questions aussi.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, tout le monde est d'accord sur le
genre de questions.
M. VEILLEUX: Moi, je leur poserais d'autres questions si vous le
permettez.
M. GAUVREAU: Nous voulons simplement dire que nous ne sommes pas en
mesure de répondre à ces questions-là avec toute la
précision désirée.
M. VEILLEUX: Ce que je demande aux gens de l'Hydro-Québec, c'est
que, quand ils nous apporteront les réponses aux questions du
député de Maisonneuve, ils nous apportent les mêmes
réponses pour l'Ontario. Si vous pouvez trouver des statistiques en
Ontario, peut-être un appel téléphonique aux gars de
l'Ontario... Si vous ne pouvez pas, vous nous le direz. Moi, cela
m'éclairerait. S'il y a possibilité de voir la masse salariale
totale payée par l'Hydro-Ontario aux 25,000 employés, de savoir
ce que cela coûte aussi en Ontario pour la distribution, les 25,000
autres employés et ce qu'elle donne aussi en masse à des
sous-entrepreneurs.
M. GAUVREAU: Les questions seront inscrites au journal des
Débats. Nous pourrons en prendre connaissance et nous préparer en
conséquence.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. M. Legendre.
M. BURNS: C'est parce que j'avais dit: Une dernière question.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord. Si vous le permettez, M. Legendre,
nous allons accorder la parole au député de Maisonneuve et nous
reviendrons à vous par la suite.
M. BURNS: Je m'excuse auprès de ceux qui voulaient poser des
questions. La masse salariale, M. Durocher, vous nous avez dit qu'elle
était de $130 millions. Vous n'êtes peut-être pas en mesure
de nous donner exactement, ce soir, la réponse à la question que
je vais vous poser. Quelle partie de ces $130 millions va aux employés
visés par le conflit actuel?
M. SHANKS: $65 millions.
M. BURNS: Cela veut dire que la différence, les autres $65
millions, s'en va aux cadres. C'est cela?
M. DUROCHER: Aux employés non syndiqués.
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait isoler cette partie? Est-ce qu'on
pourrait avoir le détail?
M. DUROCHER: Je ne suis pas en mesure de donner les précisions,
mais nous allons...
M. BURNS: Je ne vous demande pas une réponse tout de suite.
M. DUROCHER: ... apporter des précisions à vos
questions.
M. BURNS: Est-ce qu'il y aurait moyen que vous nous fassiez un tableau
bien simple, en quatre ou cinq colonnes?
Le groupe visé par le conflit coûte tant. Le groupe
non-cadre, c'est-à-dire syndicable mais non syndiqué coûte
tant. Les cadres coûtent tant. Si on pouvait avoir ça, ça
nous aiderait.
M. GAUVREAU: Les temporaires. M. BURNS: Oui.
M. GAUVREAU: C'est assez important à cause de la
construction.
M. BURNS: Les temporaires, oui, si vous pensez.
M. GAUVREAU: Les temporaires, c'est la construction.
M. BURNS: Si vous pouvez faire une sous-section des temporaires, je n'ai
pas d'objection.
M. GAUVREAU: Parce que la construction augmente beaucoup la masse
salariale, cela ne se fait pas avec rien.
M. DUROCHER: Est-ce que je pourrais demander au député de
Maisonneuve, dans le but
d'essayer de lui apporter une réponse précise, de
reformuler sa question en ce qui a trait au sous-contrat? Quel genre de
sous-contrat vise-t-il?
M. BURNS: Je vous dis, les sous-contrats qui sont de la juridiction de
l'unité de négociation. Remarquez que, dès que je formule
une question comme celle-là, je vais être obligé de laisser
à l'employeur un certain élément de subjectivité et
d'estimation, que ce soit dans l'unité de négociation ou non.
Vous êtes capables de faire ça. Vous êtes venus ici pour
nous informer, autant que le syndicat. Dites-nous donc quelle est la partie ou
combien coûte tous vos sous-contrats? Dites-nous dans quels domaines sont
vos sous-contrats?
M. DUROCHER: Tous les sous-contrats?
M. BURNS: Oui.
M. DUROCHER: Excluant la construction?
M. BURNS: Mettez tout, mais mettez-nous la construction à
côté. On vous posera des questions quand vous reviendrez avec ces
chiffres. Si on estime mal vos chiffres, vous nous corrigerez.
M. DUROCHER: Votre question est: Quelle est la somme d'argent que
l'Hydro-Québec...
M. BURNS: Vos sous-contrats.
M. DUROCHER: ... dépense en sous-contrats?
M. BURNS: C'est ça.
M. GAUVREAU: Pour la construction, ce ne sera peut-être pas
prêt demain.
M. BURNS: Si vous vous trompez d'une couple de cent mille, je ne
braillerai pas, je comprends ça. Je veux dire que dans le budget de
l'Hydro-Québec, vous pouvez peut-être oublier un cent mille ou un
cinquante mille. N'en oubliez pas trop, mais nous aurions une vue
générale si vous pouviez nous dire que nos sous-contrats nous
coûtent tant par année. Dans ça, il y a la construction;
dans ça, il y a autre chose. Vous verrez les catégories à
nous donner. Si ce n'est pas prêt demain, ce sera prêt
après-demain, j'imagine qu'on va siéger demain et
après-demain.
M. GAUVREAU: On va essayer de comprendre l'esprit de votre question et
de vous donner les meilleurs tableaux possible.
M. BURNS: Si vous ne la comprenez pas, c'est le temps. Vous avez le
droit, M. Gauvreau, de me poser des questions.
M. DUROCHER: Je la comprends.
M. BURNS : Cela va, vous comprenez ce que je veux.
M. VEILLEUX: ... sortir mes chiffres de l'Ontario.
M. DUROCHER: Votre question était assez claire et elle est
enregistrée au journal des Débats.
M. LEGENDRE: Les chiffres ne devraient certainement pas être
moindres que les chiffres que nous donne un document officiel de
l'Hydro-Québec, qui sont déjà supérieurs de $25
millions à ceux que nous donnait M. Durocher tout à l'heure quand
il parlait d'un "payroll" total de $130 millions. Ici, on parle d'exploitation:
12,245 employés en 1971 pour un salaire de $129 millions; personnel de
chantier, 2,477 employés pour un total de $24 millions; total des
salaires, $154,513,000. Il y avait 114 noms d'employés à la
retraite. Les chiffres de demain ne devraient certainement pas être
moindres que ceux-ci.
Je vais vous donner le petit carton distribué publiquement par
l'Hydro-Québec, c'est le calendrier 1972. En 1971, ça
coûtait $154 millions. Le chiffre de $130 millions que vient de donner M.
Durocher, pour l'ensemble du personnel, doit certainement dépasser
ça.
M. COURNOYER: C'est $24 millions pour la construction.
M. LEGENDRE: Ces chiffres incluaient les cadres et les
employés.
M. BURNS: Ce qu'on ne veut pas, M. le ministre, c'est se faire dire que
c'est peut-être cela, que ce n'est peut-être pas cela. Je veux
avoir des chiffres et on en discutera. Dans le fond, même si ce n'est pas
au niveau des salaires, ce soir, c'est peut-être le moment de la poser,
la question parce qu'elle a une incidence sur les contrats forfaitaires.
Peut-être que nous aurons ces renseignements, quand on parlera des
salaires. Cela pourra peut-être aider.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'article traitant des mécanismes et
de l'échelle est épuisé. Durée et renouvellements
aussi. Travail à forfait, aussi.
M. COURNOYER: C'est ce dont on vient de parler.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Plan d'évaluation des
opérateurs.
M. COURNOYER: Je signale qu'il ne nous restera pas grand temps, à
la commission parlementaire, étant donné que, semble-t-il, il y a
un vote. Je le signale pour les parties, seulement pour qu'on s'en
souvienne.
M. BURNS: Là-dessus, je n'aurais pas d'ob-
jection à ce qu'on ajourne si le problème du plan
d'évaluation prend un certain temps. D'autre part, si c'est court, je
suis bien prêt à le faire, mais on risque de se faire interrompre
pour ceux qui sont venus devant la commission d'ici quelques
minutes à cause d'une multitude de votes qu'on devra prendre
tantôt. Je voudrais quand même savoir quand la commission a
l'intention de se réunir à nouveau.
M. COURNOYER: Etant donné la nature du vote qui aura lieu
on parle d'un certain nombre d'heures pour ce vote ...
M. BURNS: On envisage trois heures de votes.
M. COURNOYER: J'ai entendu six heures.
M. BURNS: Cela devrait se faire en dedans de trois heures.
M. LESSARD: On va se dégourdir les jambes.
M. COURNOYER: Il s'agit de savoir si, demain matin, nous pouvons
siéger à cause de l'heure tardive à laquelle nous allons
peut-être sortir d'ici.
M. BURNS: M. le ministre, vous nous avez déjà fait
siéger jusqu'à trois heures du matin et le lendemain, nous
étions là quand même. On est capable de faire cela
encore.
M. LESSARD: On n'avait pas d'équipes de huit heures.
M. BURNS: On n'a pas des D 2, des M 2, des D 1 et des M 2
d'ailleurs.
M. VEILLEUX: Cela va jusqu'à D 7.
M. COURNOYER: A tout événement, j'avais pensé
à trois heures demain après-midi, à moins d'avis
contraire.
M. BURNS: Pour autant qu'on siège demain, cela me fait
plaisir.
M. COURNOYER: A trois heures, à moins d'avis contraire. Si jamais
vous continuiez ou si vous ajourniez la Chambre à une autre
journée, alors je dispenserais convenablement...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On dit à trois heures demain
après-midi, mais ce serait après la période des
questions.
M. COURNOYER: A moins d'avis contraire.
M. GUAY: On pourrait peut-être siéger en soirée.
UNE VOIX: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Est-ce que les membres de la commission
préfèrent ajourner immédiatement?
M. BURNS: C'est peut-être aux parties qu'il faut demander
cela.
M. BRULE: Cela va.
UNE VOIX; On pourrait peut-être demander aux parties si elles
n'auraient pas quelque chose à régler entre elles, entre-temps.
Il y en aurait moins.
M. BURNS: On pourrait peut-être dire aux parties: Vu que
normalement vous auriez dû être pris ici, devant nous,
jusqu'à minuit, si vous pouvez utiliser ces deux heures pour
régler quelques-uns des problèmes...
M. LEGENDRE: Je suis disponible pour discuter des exigences normales
d'emploi, du mille 13 et des contrats à forfait, à la
lumière des explications qu'on vient de nous donner.
M. GUAY : Pendant que vous êtes à la table.
M. VEILLEUX: N'oubliez pas non plus le quartier général,
le mille 13.
M. LESSARD: ... complètement à Manic 5. Je pourrais
rentrer mieux à l'Hydro-Québec demain matin.
UNE VOIX: On va rencontrer moins de policiers en montant.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission suspend ses travaux
jusqu'à demain après-midi, après la période des
questions, à moins d'avis contraire.
M. BRULE: En fait, c'est trois heures, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A quatre heures.
(Fin de la séance à 21 h 50)
Séance du mercredi 20 décembre 1972
(Seize heures trente-quatre minutes)
M. GIASSON: (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
La commission poursuit ses travaux et je signale les remplacements
suivants: M. Larivière remplace M. Bienvenue, M. Veilleux remplace M.
Blank, M. Saint-Germain occupe le siège de M. Bossé, M. Houde
(Fabre) remplace M. Cornellier. Je n'ai pas d'information venant des autres
partis à l'effet d'inscrire des remplacements.
M. VEILLEUX: L'Unité-Québec est absent et le Parti
québécois.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, lors de l'ajournement des travaux,
hier, je n'étais pas au fauteuil de la présidence. Je ne suis pas
informé quelles étaient les choses pendantes devant la
commission.
M. COURNOYER: Nous étions prêts à les
régler.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Les parties étaient sur le point de
signer la convention.
M. VEILLEUX: On était rendu au plan d'évaluation...
M. COURNOYER: ... plan d'évaluation des opérateurs.
Plan d'évaluation des opérateurs
LE PRESIDENT (M. Giasson): On me signale que la discussion portait sur
le plan d'évaluation des operateurs.
M. COURNOYER : On était rendu là.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A qui doit-on donner la parole? On me signale
que la parole est aux gens du syndicat. M. Brûlé.
M. BRULE: Peut-être que la commission pense que nous sommes sur le
point de signer la convention. C'est que l'Hydro-Québec a
développé une nouvelle stratégie de négociations.
Elle négocie maintenant directement avec les membres. C'est
peut-être ça. En fait, c'est une fausse piste, une nouvelle
stratégie découlant de recommandations de la commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que vous auriez des commentaires sur
le sujet qu'on a appelé?
M. VEILLEUX: Plan d'évaluation des opérateurs.
M. COURNOYER: C'est CPPC.
M. VEILLEUX: C'est CPPC.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Cela veut dire quoi, que ce n'est pas propre,
propre, propre?
M. COURNOYER: Vous pourriez traduire pour les membres de la commission,
ce que veut dire CPPC, M. Brûlé?
M. BRULE: D'ailleurs, on va vous remettre la liste des
abréviations.
M. COURNOYER: C'est vrai, M. Lépine... LE PRESIDENT (M. Giasson):
M. Lépine.
M. LEPINE: Pour faciliter le travail de façon que vous puissiez
nous suivre, j'ai fait imprimer une série d'articles sur
l'évaluation des emplois qui nous permettront de bien centraliser le
problème. Je suis Gilles Lépine, représentant du Syndicat
canadien de la fonction publique.
Sans aller dans un historique, disons que le problème
découle de négociations de 1969 et de 1971 qui sont
complétées par une lettre d'entente sur la restructuration d'un
plan d'évaluation qui est particulier aux opérateurs. Nous
devions compléter ce plan pour le mois de janvier 1972. La
première offre de l'Hydro-Québec nous est arrivée dans le
mois de novembre 1972.
A la suite de la dernière offre de l'Hydro-Québec, nous
avons fait savoir à l'Hydro-Québec que son offre comprenait une
série d'omissions. On me parle de possibilités de régler
le problème et, jusqu'aujourd'hui, il y a eu un refus de la part de
l'Hydro-Québec de mettre sur papier les possibilités qu'on
m'indique.
On se voit obligé de reprendre le plan d'évaluation et de
signaler à la commission les différents points en litige,
l'article que vous avez devant vous et la proposition patronale, la
dernière remise au syndicat.
Attaché au plan d'évaluation, peut-être pour mieux
le faire avaler, l'Hydro-Québec a demandé, par la lettre
d'entente du dessus, que ce système fasse partie du plan des
métiers. Nous sommes d'accord. Une omission que l'Hydro-Québec a
faite, c'est qu'elle n'a mis aucune modalité. Comment ce système
s'appliquera-t-il? Est-ce qu'il sera en vigueur dans 90 jours? Est-ce qu'elle
nous remettra les descriptions ou le pointage attaché à ce
système? Dans combien de jours, en quelle année? Personne ne le
sait.
C'est la première omission que l'on constate dans la proposition
de l'Hydro-Québec.
Dans la deuxième partie qui traite des salaires attachés
à ce plan, l'Hydro-Québec propose du rétroactif au 30
décembre 1971, mais en partant du salaire payé actuellement ou de
la classe de salaire payée actuellement versus la classe que le nouveau
plan produira, sans tenir compte des différentes mutations que les
employés ont eu à subir ou des différentes
promotions que les employés ont sollicitées dans ce temps. Il y
aura des pertes de ce fait, même de certaines sommes d'argent, par les
intéressés.
De plus, comme troisième condition, l'Hydro-Québec demande
au syndicat le retrait de tous les griefs qu'il y avait dans l'ancien plan,
sans aucune étude de ces griefs, à savoir si les gens
touchés par ces griefs avaient raison. A la deuxième page du
projet, vous verrez tous les numéros de griefs et la série de
griefs à l'ancien plan d'évaluation. Nous sommes d'avis qu'un
certain nombre auraient simplement donné des points à
l'employé sans lui donner d'argent. Mais les gens pour lesquels
l'Hydro-Québec demande le retrait des griefs perdraient environ deux ans
de rétroactivité. Ceci, à notre point de vue, est une
condition inacceptable, soit que le droit qui leur avait été
accordé par l'ancienne convention collective leur soit enlevé
automatiquement par une lettre d'entente et cause préjudice à ces
gens.
Nous sommes bien d'accord que nous demandions un nouveau plan, mais les
droits de l'ancien plan d'évaluation ne peuvent être rayés
d'un coup de crayon et faire perdre deux ans de rétroactif à la
moitié des gens inclus dans ce programme d'évaluation.
C'est la partie que l'Hydro-Québec a attachée au plan
d'évaluation dans le but de rayer tout le passé et, à
notre point de vue, c'est inacceptable.
Allons à l'article de l'évaluation, à la 3e page.
Le plan d'évaluation des métiers et le plan d'évaluation
des opérateurs sont deux instruments de travail différents. Le
CPPC comme on l'appelle communément, le classement physique des postes
et centrales, est le plan par lequel nous donnons du pointage à de
l'équipement afin de pouvoir classer les employés qui utilisent
cet équipement.
Les tâches sont similaires et la seule façon qu'il y avait
de classer ces gens-là était par la responsabilité
attachée à l'équipement qu'ils font fonctionner.
Les articles 7.01 à 7.06 du plan seraient acceptables au
syndicat. Dans l'article 7.07...
M. COURNOYER: Les articles 7.01 à 7.06?
M. LEPINE: De 7.01 à 7.06 seraient acceptables par le syndicat. A
l'article 7.07, à notre point de vue, l'Hydro a ajouté une
condition pour avoir juridiction dans son travail. Si on regarde l'ancien
système, on ne trouvait pas, à la deuxième ligne, "et d'en
diriger l'exécution". En fait, pour nous, on dit que c'est une condition
de plus que l'employé doit remplir afin d'avoir juridiction. Notre
suggestion n'est pas de changer le texte complet, ce serait: "Et ou d'en
diriger", car c'est possible qu'il soit appelé à diriger et c'est
possible, dans certaines conditions, qu'il n'ait pas à diriger.
Les articles 7.08 à 7.12 sont acceptables.
L'article 7.13 est, à notre point de vue, une grille qui permet
d'appliquer toutes les modalités prévues dans le plan. C'est la
partie représentative de toutes les modalités que nous attachons
à ce plan-là. Pour les opérateurs de centrale, à
7.13a), on retrouve, au deuxième paragraphe, plus 50 p.c. des points de
l'appareillage à distance attribués à sa juridiction.
Dans l'ancien plan, on retrouvait: plus 50 p.c. des points du poste ou
de la centrale. En mettant "appareillage", à notre point de vue, c'est
une diminution, dans le sens que l'Hydro-Québec pourra subdiviser ses
postes et centrales et enlever à l'employé une partie des points
auxquels il avait droit avant. C'est une diminution dans le texte qui fait
qu'il pourra perdre des points et, par le fait même, avoir une classe
inférieure de traitement.
A plus 25 p.c., c'est le statu quo aussi, car avant c'était la
même chose. C'était marqué plus 25 p.c. des postes ou
centrales. En marquant "appareillage" l'Hydro-Québec diminue la valeur
de ce paragraphe. Disons que, pour nous, le statu quo serait acceptable. Dans
le même tableau, l'Hydro-Québec a fait un oubli. Dans le plan on
prévoit une modalité de 15 p.c. quand un employé sert
d'intermédiaire et ces 15 p.c. ne sont pas inscrits dans la grille alors
qu'ils devraient l'être. Il est prévu dans le plan; si vous
retournez à l'article 7.11 on voit au haut: Attribution des
pourcentages, référence 7.13. Quand on retourne à 7.13 on
ne retrouve pas le pourcentage de 15 p.c. qui est prévu à
l'article 7.11. On retrouve les 50 p.c, les 25 p.c. Les 15 p.c. ont
été omis. Ce sont des omissions que nous avons tenté de
corriger ces derniers jours et, parce que nous sommes devant une commission
parlementaire, l'Hydro-Québec refuse de les corriger même si elle
est consciente que l'erreur est là. Jusqu'à ce jour nous essuyons
un refus parce qu'on prétend que c'est de la négociation.
M. COURNOYER: Est-ce que cela veut dire, M. Lépine, que s'il n'y
avait pas de commission parlementaire ce serait réglé ou
ça se réglerait?
M. LEPINE: Sur notre bonne foi, nous allons le corriger. Après un
an et un mois de négociation, la bonne foi peut se...
M. BURNS: J'aurais le goût de parler là-dessus. J'ai fait
mon "show" hier, je ne le ferai pas aujourd'hui.
M. COURNOYER: Non, non. Par le... M. BURNS: On verra tantôt.
M. LEPINE: Opérateur de tableau. Nous demandons la disparition de
cette fonction. Jusqu'à aujourd'hui il reste dans la province quelques
opérateurs de tableau. L'Hydro est d'accord que c'est tout simplement
à cause
d'une possibilité de forcer ces régions à
administrer comme toutes les autres qu'elle ne peut pas enlever cela parce
qu'il resterait trois opérateurs de tableau dans la province.
Dans une région, on nous dit: Nous n'avons pas juridiction sur
l'administration interne. Quand elle disparaîtra, nous vous
l'ôterons. Pourtant, tout le reste de la province fonctionne sans
opérateur de tableau et nous essuyons un refus sur cette question.
Opérateur adjoint. Ceci, à mon point de vue, est le clou
de l'innocence. On dit: "... 25 p.c. de l'appareillage attribué". On a
toujours accordé 25 p.c. des points de l'opérateur dont
relève l'adjoint. D'ailleurs, à la définition d'adjoint,
on voit qu'il relève de quelqu'un. On alloue le pointage à
l'opérateur ou la responsabilité du poste ou de la centrale et
l'adjoint a 25 p.c. des points de la personne dont il relève. Nous
demandons le changement de la phrase parce qu'on n'alloue pas, comme tel, de
l'appareillage à l'adjoint, mais c'est un adjoint à
l'opérateur qui a à travailler sur toutes les parties
d'équipement dont se sert l'opérateur, mais sous sa surveillance.
Nous demandons le changement de phrase pour que ça corresponde à
la réalité comme ça s'est toujours appliqué. Et
nous avons essuyé un refus depuis treize mois.
Opérateur mobile avec juridiction. C'est 100 p.c. des points de
la centrale visitée possédant le plus haut classement physique.
Un opérateur mobile peut visiter des postes ou des centrales. On demande
d'ajouter "poste" pour avoir la concordance avec ce qu'il visite
réellement. Cela serait 100 p.c. des points du poste ou de la centrale
visitée possédant le plus haut classement physique et,
là-dessus encore, aucune possibilité de correction, même si
c'est tout simplement de la concordance avec une réalité, avec
les faits.
On dit: Plus 40 p.c. de la deuxième plus haute assignation. En
fait, c'est plus 40 p.c. de son deuxième poste le plus haut
visité. Ce n'est pas une assignation car une assignation impliquerait
que l'employé aurait deux fonctions et qu'il aurait 100 p.c. de sa
première fonction et 40 p.c. de sa deuxième. Dans les faits,
c'est 40 p.c. de son deuxième plus haut poste ou centrale visitée
ou assignation.
Car il peut y avoir des assignations différentes et c'est encore
un refus de corriger, tout simplement pour donner le portrait de la
réalité.
Opérateur mobile sans juridiction. Encore là, tel
qu'exprimé plus haut, ce n'est pas sous centrale visitée et non
pas centrale seulement et à la deuxième partie, c'est 40 p.c, la
même chose que pour un opérateur mobile avec juridiction. 7.13b),
Plus 50 p.c, nous n'avons aucune idée pour laquelle, même dans ses
textes, l'Hydro-Québec a deux façons d'opérer. Elle dit
à l'autre page: Des points de l'appareillage à distance et quand
on retourne à l'article 7.13b), elle dit: 50 p.c. des points des postes
à distance.
Enfin, dans une page, on nous donne une partie de ce que nous voulons
et, dans l'autre page, on nous refuse au complet ce que nous voulons pour deux
tâches d'application semblables. A 50 p.c, c'est poste ou centrale, telle
la demande précédente.
Encore là, les 15 p.c. qui ont été prévus
ailleurs ont été omis et nous n'avons aucune réponse
là-dessus. Opérateur de poste sans juridiction, c'est une
fonction qui n'existe plus; on demande l'abolition de cette fonction et,
jusqu'à maintenant, il y a un refus là-dessus.
Opérateur adjoint. Notre demande est la même qu'à la
page précédente, c'est-à-dire que ce soit 25 p.c. des
points de l'opérateur dont il relève.
Opérateur de télécommande (avec juridiction),
acceptable; opérateur de télécommande (sans juridiction),
il faudrait enlever les mots "ou non", et remplacer par "un opérateur de
télécommande sans juridiction ne peut avoir de poste à
distance qui ne soit pas télécommandé." C'est tout
simplement changer une phrase pour l'appliquer à la
réalité.
Opérateur mobile (avec juridiction), même commentaire que
pour 7.13 a); pour opérateur mobile (avec juridiction); opérateur
mobile (sans juridiction), même remarque que pour opérateur mobile
(sans juridiction) à 7.13 a).
D'autres commentaires nous ont été faits verbalement
à la suite de la proposition de ce plan, et ceci sans aucun texte sur le
mode d'application qui nous sera offert, tout simplement en nous disant: Telle
fonction d'opérateur de centrale à Beauharnois, sera
réglée à la signature de la convention. Il n'y a aucune
question à savoir comment ce sera fait, quelle modalité
rétroactive il y aura, les tâches que les gens font depuis
longtemps. La même chose pour l'opérateur des Cèdres. On
nous parle de changements dans l'avenir; mais de quelle façon? Aucune
explication. Pour le poste de l'Assomption, on nous dit que les employés
ont juridiction, on ne parle pas de rétroactivité, il n'y a rien,
sur les modalités d'application, on ne dit pas comment on les fera.
A l'article 7.14, dans la première partie, il existe à
l'Hydro-Québec à la cinquième ou à la
sixième ligne, on parle de régulateur de tension trois
phases. Il existe à l'Hydro-Québec des régulateurs de
tension monophasés qu'on ne retrouve pas dans leurs grilles.
A l'article 4, postes à distance, inchangé. Pourtant, dans
la négociation, il a été convenu d'insérer des
clauses de 50 p.c., 25 p.c. et 15 p.c. L'article 4 de l'ancien plan n'avait pas
de clause de 25 p.c, les concordances sont à faire et ne sont pas dans
le plan. Articles 7.15 à 7.19 inclusivement, acceptables.
A l'article 7.20, on parle, au deuxième paragraphe, b), à
l'avant-dernière ligne, pour les postes ou centrales de 50 p.c. et pour
les autres de 25 p.c.
On ne mentionne nulle part les 15 p.c. qui sont prévus,
concordance qu'on a jusqu'à main-
tenant refusé de mettre dans les textes.
Les articles 7.21 à 7.24 inclusivement, acceptés.
J'ai oublié un article, 7... Non, c'est parfait.
Ceci donne le portrait de ce qui manque dans le plan; en fait-, il y a
une grande partie qui est de la concordance et qui n'a jamais été
faite et il y a quelques points en suspens pour parfaire le plan
d'évaluation.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a des questions ou des
commentaires qui doivent venir de la table des parlementaires ou si
l'Hydro-Québec veut intervenir immédiatement?
M. VEILLEUX: On pourrait peut-être, M. le Président,
demander à l'Hydro-Québec pourquoi les changements de concordance
demandés sur ce document par le syndicat ont été
jugés inacceptables.
M. CHABOT: M. le Président, nos commentaires sur l'exposé
syndical relativement au CPPC, vous les trouvez d'abord dans un des documents
que nous avons remis hier à cette commission, document qui est
intitulé "Dernière proposition globale de l'Hydro-Québec
en date du 8 décembre 1972." A la page 8 dudit document... Pour vous
aider, je vais le lire, c'est très bref.
Dans un premier paragraphe, on définit en quoi consiste le CPPC,
c'est-à-dire le classement physique des postes et centrales, disant que
c'est un système qui permet d'évaluer les emplois
d'opérateur de poste et de centrale. "La dernière proposition de
l'Hydro-Québec je continue à lire apporte des
améliorations substantielles à ce système. Voici, à
titre d'exemple, certaines de ces améliorations.
Premièrement, le prolongement de la courbe de points de
l'appareillage à la classe de salaire 25." Une petite histoire,
maintenant; c'est que le système existant actuellement se limitait
à 20 classes de salaires. Notre proposition du 8 décembre fait
que le classement des opérateurs de poste et de centrale déborde
la classe 20, de sorte qu'on peut avoir des opérateurs à des
classes supérieures à la classe 20. C'est une amélioration
que l'on qualifie de substantielle parce qu'on assiste à un
déblocage.
Deuxième amélioration que nous citons, c'est:
l'introduction de classes de salaires consécutives pour les
différentes catégories d'opérateurs.
Actuellement, le système prévoit que les opérateurs
sont classés et, par voie de conséquence,
rémunérés selon le mode suivant: Classe de salaire 10, les
opérateurs un peu plus élevés étaient
rémunérés selon la classe de salaire 12 et ainsi de suite
avec les nombres pairs. C'est-à-dire qu'on avait des opérateurs
10, 12, 14, 16, 18 et 20. Notre proposition du 8 décembre intercale les
classes impaires. Donc, on pourra désormais, avec notre proposition au
syndicat, retrouver des opérateurs de poste et de centrale qui seront
10, 11, 12, etc., selon la séquence numérique. Voilà une
autre amélioration.
Troisième amélioration que nous citons. L'augmentation des
points alloués aux opérateurs dits opérateurs mobiles de
même qu'aux opérateurs dits opérateurs de
télécommande. Sur ce point, alors que le pointage je vais
vous faire grâce de grandes techniques pour une assignation
particulière, était de 15 p.c. de la valeur de l'endroit
où l'employé allait travailler, nous l'avons porté
à 40 p.c, ce qui veut dire, encore là, que les opérateurs
ayant plus de points, parce que ce pourcentage étant augmenté de
25 p.c, c'est-à-dire de 15 p.c. à 40 p.c, ils deviennent
chargés de postes d'installation auxquels on accorde une valeur
supérieure et, par voie de conséquence, un classement
supérieur. En bref, opérateurs en haut des classes 20,
opérateurs aux classes impaires et plus de points accordés pour
les opérateurs mobiles. Dans cette proposition, nous avons dit que le
tout rétroagissait au 30 décembre 1971. Résultats
pratiques et concrets. Cela veut dire que notre proposition, sur un grand total
de 597 opérateurs, dont le salaire est déterminé par le
CPPC, il y en a 282 qui bénéficient d'une classe de plus.
C'est-à-dire que, si le gars était 10, il devient 11; si le gars
était 18, il devient 19. Il y en a 282 qui profitent d'un gain d'une
classe avec notre proposition. Et il y en a 48 qui profitent d'un gain de deux
classes de salaires, sur un total de 597.
Ces trois points que je viens de mentionner rejoignent les demandes
syndicales. Les commentaires que la partie syndicale faisait sur certains
termes, certains oublis, certaines dentelles au sein de l'article 7 qui traduit
tout ça, quant à nous, ce ne sont pas des problèmes de
fond. S'il y a eu des oublis, c'est évident que ces choses, nous allons
les normaliser. S'il y a des concordances qui, par hasard, n'ont pas
été faites, nous les ferons. Mais nous apprenons officiellement
ces problèmes qui sont présentés par le syndicat, ici,
aujourd'hui. C'était notre proposition du 8.
M. VEILLEUX: Je suis heureux de vous entendre dire que vous êtes
prêts à régler les notes de concordance ou une bonne partie
des notes de concordance que soulevait le syndicat tout à l'heure. Donc,
quant à nous il s'agit de savoir si, de part et d'autre, vous êtes
prêts à vous entendre là-dessus. C'est un bon point pour
les deux parties. Cela a tout l'air...
M. COURNOYER: Voici monsieur, vous ne vous êtes pas
rencontrés depuis le document final pour entendre vos observations. Les
observations que M. Lépine vient de faire, M. Chabot, devant la
commission, est-ce qu'il vous les a faites?
M. LEPINE: Vendredi, j'ai discuté effective-
ment avec M. Lachance qui administre ce plan. J'ai demandé de le
rencontrer pour corriger ses erreurs et mettre sur texte corrigé tout le
plan. Vendredi après-midi, ceci m'a été refusé.
Hier, avant la reprise de la soirée, j'ai demandé à MM.
Chabot et Lachance de s'asseoir pour corriger et parapher les corrections.
Encore une fois, ceci m'a été refusé.
M. COURNOYER: Bon, d'accord. N'allons pas plus loin, le refus est
peut-être motivé par toutes sortes de circonstances. J'oublie
ça, n'allons pas plus loin là-dessus. Tout ce que je peux
comprendre, c'est que vous n'avez pas eu la chance de communiquer directement
à la partie patronale les remarques que vous avez communiquées
à la partie patronale par le truchement de la commission
parlementaire.
M. LEPINE: Je les ai communiquées par téléphone
à la partie patronale; j'ai donné l'explication intégrale
de ce que je viens de vous donner et on a refusé de parapher ces
corrections. On m'a dit: Sur notre bonne foi, on va te corriger ça
après et ainsi de suite.
M. CHABOT: M. le Président, sur ce problème, la situation
est simple. Nous avons remis ça le 8 décembre au syndicat et nous
avons appris que nous étions convoqués à une commission
parlementaire. Maintenant, je répète ce que je disais
tantôt, nous croyons je n'ai pas entendu la partie syndicale le
déclarer que, avec notre proposition du 8 décembre, nous
nous sommes rejoints, particulièrement par les trois grands points que
j'ai brièvement exposés tantôt. Le reste, c'est une
question de concordance. J'aimerais bien apprendre de la partie syndicale si
c'est seulement une question de concordance ou une question de fond qui
reste.
M. COURNOYER: Est-ce qu'il y a du fond, dans le début?
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: Quand on voit la position de M. Chabot, c'est bien là
la négociation avec l'Hydro-Québec. En premier, une
déclaration de principe disent: Nous sommes prêts, s'il y a eu des
omissions ou des concordances, à y voir. Dans un deuxième
souffle, l'Hydro-Québec dit: Pour nous, l'offre du 8 décembre
correspondait aux besoins du syndicat. D'une part, la partie patronale dit que
c'est la première fois qu'elle en entend parler. C'est
complètement faux. C'est la deuxième fois que c'est porté
à son attention.
Quand M. Lépine a parlé avec M. Lachance, le responsable
du plan d'évaluation de tâches de l'Hydro-Québec, M.
Lachance, a dit qu'il consulterait M. Chabot. Tout de même, on ne jouera
pas à l'autruche. Cela fait 13 mois que nous négocions et
ça fait 13 mois que nous jouons comme ça. Il y a toujours une
maudite limite de jouer à l'autruche et de prendre les gens pour des
autruches.
M. VEILLEUX: C'est une limite maudite.
M. BRULE: Une maudite limite, je l'aime mieux comme ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, est-ce que cela clôt
l'échange de commentaires sur le sujet du plan de l'évaluation
des opérateurs?
M. CHABOT: Je ne sais pas si cela clôt les commentaires.
M. COURNOYER: Je voudrais savoir quelque chose. Y a-t-il des oppositions
de principe? Parce qu'à travers les termes techniques que vous utilisez,
cela a été pesé. Par exemple, l'une de vos
premières remarques et l'on va me disputer d'avoir posé
cette question, mais je vais quand même la poser "et/ou d'en
diriger", est-ce que ce sont des principes qui vous opposent sur l'article 7.07
ou si c'est une question de concordance, des mots?
M. LACHANCE: Jacques Lachance, évaluation des emplois à
l'Hydro-Québec. Sur ce point en particulier, non.
M. COURNOYER: Qu'est-ce que c'est non? Il n'y a pas de problème,
là?
M. LACHANCE: II n'y a pas de problème.
M. COURNOYER: Je vais plus loin. Dans le cas du... Pardon?
M. BURNS: Je voudrais savoir ce qui les sépare à l'article
7.07. Vous ne vous entendez pas? L'article 7.07 est un point que l'on a
mentionné comme étant en suspens.
M. LACHANCE: A ma connaissance, à la suite des offres du 8
décembre, ces offres devaient régler le CPPC.
M. COURNOYER: Mais cela ne l'a pas réglé. Le
problème dans lequel nous nous trouvons, c'est que ça n'a pas
été réglé. On nous dit: Jusqu'à l'article
7.06, les points sont réglés. On les comprend, il n'y a pas de
problème de compréhension jusqu'à l'article 7.07. A 7.07
on dit: "et/ou d'en diriger l'exécution". Là, c'est
marqué: "et d'en diriger l'exécution." Nous comprenons, vous et
moi, que celui qui ne dirigerait pas l'exécution mais qui serait requis
de concevoir et d'élaborer un plan de manoeuvre qui n'en
dirigerait pas l'exécution ce n'est pas la même chose que
s'il en dirigeait l'exécution. Est-ce qu'ici il s'agit d'une opposition
de principe entre vous et eux ou s'il s'agit d'un accident de parcours
où on a oublié le mot "ou"?
M. LACHANCE: C'est exactement ça, c'est un accident de
parcours.
M. COURNOYER: Merci beaucoup, ce qui fait qu'à 7.07 il n'y aurait
pas de problème si vous parliez directement. Ce serait si simple, votre
affaire. On prend le 7.13 dans le cas du poste ou centrale. Vous me permettrez
de retourner dans le contenu. Il s'agit d'une affaire assez compliquée
et complexe. Ce sont deux termes différents à dessein,
compliqués et complexes parce que ce sont des changements de mots et on
ne sait jamais. L'appareillage...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On avait compris.
M. COURNOYER: Vous avez compris que ce n'était pas la même
chose que je voulais dire. S'il y a lieu, 50 p.c. des points de l'appareillage,
c'est la deuxième remarque qu'a faite M. Lépine devant nous par
rapport à ce qui existait auparavant, 50 p.c. des points du poste ou
centrale. Dans la terminologie de l'Hydro-Québec, est-ce que
"appareillage" veut dire "poste" ou "centrale"? Ou, y a-t-il là une
objection de principe, c'est-à-dire qu'on ne s'entend pas sur le
quantum?
M. LACHANCE: Le terme "appareillage attribué", on le retrouve
dans le but du CPPC. C'est un des facteurs considérés. Pour faire
la concordance avec le texte, plutôt que d'utiliser "poste" ou "centrale"
on a utilisé "appareillage attribué". Je n'ai pas d' objection si
vous voulez avoir une réponse exacte...
M. COURNOYER: Je ne veux pas l'avoir, je veux simplement
déterminer qu'il s'agit bien d'une conversation possible entre vous et
eux et qu'une fois que cette conversation a lieu, il n'y a pas de
différence de fond entre vous et eux. Il ne s'agit que d'une question de
terminologie. Si c'est ça, parfait, rencontrez-vous.
M. CHABOT: Sur ce point je finissais mes commentaires tantôt. Je
disais que la partie syndicale avait présenté une série de
petits paragraphes et de sous-paragraphes sur lesquels il n'y avait pas
d'entente.
Mais je n'ai pas entendu la partie syndicale dire que le contenu, les
gros points qui étaient litigieux, qui formaient leurs demandes à
la table de négociations... Parce que ceci a été
formulé à la table de négociations de part et d'autre, pas
un individu avec un autre. Je pense que c'est une question qui est quand
même importante. Nous avons formulé cela le 8 décembre.
Nous croyons c'est ce que je disais tantôt que ceci
rattrapait la partie syndicale dans ses demandes et le reste, la question de
dentelle, la question de concordance je l'ai dit tantôt
également... Il est possible qu'il y ait eu des concordances qui ont pu
être omises. Si nous sommes devant vous, ce n'est certaine- ment pas pour
des points-virgules. Si nous sommes devant vous, c'est pour des questions de
fond. Or, je pense que les questions de fond sont réglées.
M. COURNOYER: C'est ce que nous essayons de découvrir, M. Chabot.
J'ai bien entendu, tantôt, la partie syndicale dire qu'elle était
d'accord à partir de l'article 7.01 jusqu'à l'article 7.06. Elle
a fait une remarque qui est corrigée par M. Lachance à l'article
7.07. Elle a dit qu'à l'article 7.08, l'article 7.09, l'article 7.10,
l'article 7.11 et l'article 7.12. elle était d'accord. Combien cela en
prend-il de plus? Il y avait l'article 7.13, après. A cet article, c'est
le guide d'application des postes de travail. J'imagine que cet article
s'inspire de ce qui est réglé dans les autres articles. Est-ce
que le guide d'application s'en inspire?
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: II est évident que le joint sur ce plan... Si M.
Lépine avait la chance de parler à M. Lachance, le responsable du
plan ... Mais nous n'avons pas négocié le plan CPPC avec M.
Lachance, mais avec M. Chabot. Parce que nous ne pouvons pas le rencontrer, M.
Lachance. Et quand nous lui demandons quelque chose, il faut qu'il appelle
ailleurs. Si M. Lépine avait la chance de parler au responsable à
l'évaluation des tâches, peut-être que ces gars parleraient
au même niveau et qu'ils pourraient s'entendre sur le même
plan.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Parfait.
M. BRULE: Parce que ce n'est pas moi qui négocie le plan, c'est
M. Lépine. Que l'Hydro-Québec fasse donc la même chose avec
son responsable à l'évaluation des tâches. Peut-être
nous comprendrions-nous un peu plus.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que M. Lachance ou M. Chabot...
M. CHABOT: Je suis d'accord sur cela, mais quand je suis ici en
commission parlementaire, je suis ici en commission parlementaire. Quand on me
demande de retarder d'une demi-heure le système parce qu'il y a des
choses qu'on veut bâcler, il y a des moments pour le faire et, entre le 8
décembre et ladite date, il y avait le temps.
M. BRULE : Nous n'avons pas eu le temps en treize mois.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si nous revenions au point qui était
demeuré litigieux...
M. COURNOYER: Là-dessus, j'ai l'impression qu'une conversation
sérieuse entre les parties nous évitera d'aller dans des
contextes que nous ne connaissons pas et que nous ne connaîtrons jamais,
à moins qu'on me donne la
chance, un jour, de mettre les pieds dans toutes les centrales pour
savoir ce que c'est. Je ne sais pas ce que c'est et je n'ai jamais eu cette
chance. Je pense qu'il y a bien des députés ici qui n'auront
jamais la chance de mettre les pieds dans une centrale.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'y suis allé.
M. COURNOYER: Vous y êtes allé parce que vous avez toute
une expérience, tout votre "background".
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'y ai pas seulement mis les pieds, j'y
ai travaillé.
M. COURNOYER: Dans une centrale?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
UNE VOIX: II ne devait pas être payé cher!
M. COURNOYER: Ceci étant dit, si nous passions...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est dans le temps où tout allait
bien à l'Hydro-Québec.
M. COURNOYER: ... à l'indemnité de non-sédentaire.
C'est une indemnité que nous n'avons pas. Nous sommes
sédentaires.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission étudiera maintenant le
sujet: Indemnité de non-sédentaire.
M. Morrisseau.
Indemnité de non-sédentaire
M. MORRISSEAU: L'indemnité de non-sédentaire est
versée à des employés permanents qui travaillent à
ce qu'on appelle projet de lignes de transport et construction de lignes. Ils
sont au nombre d'environ 80. Avant 1967, ces employés avaient une
indemnité de résidence journalière et n'avaient aucune
restriction. Ils avaient cela tout le temps sans aucune restriction. En 1967,
lors de la négociation, l'Hydro-Québec a demandé une
restriction à cette indemnité et elle a dit que, du moment qu'un
employé était à la même place 18 mois, il perdait
son indemnité de non-sédentaire parce que, selon l'Hydro-
Québec, les employés non sédentaires seraient
appelés à plus ou moins long terme à devenir des
employés sédentaires.
Alors, on a essayé ce système pendant deux conventions
croyant qu'effectivement nos employés du PLTCL permanents seraient
devenus des employés sédentaires.
M. COURNOYER: Un instant. Pour les débats de la Chambre, le PLTCL
permanent, on va se perdre, qu'est- ce que c'est?
M. MORRISSEAU: Je l'ai mentionné au début...
M. COURNOYER: Répétez-le souvent.
M. MORRISSEAU: Ce sont des employés qui travaillent aux projets
de lignes de transport et à la construction de lignes. Alors, quand je
dirai PLTCL, cela se réfère à cela. CL, c'est construction
de ligne, PLT c'est projets de lignes de transport.
M. COURNOYER: Et MBT?
M . MORRISSEAU: Métiers, bureau, techniciens.
M. BRULE: C'est compréhensible que la commission ne comprenne pas
tellement puisque cela fait treize mois que l'Hydro-Québec ne comprend
pas.
M. VEILLEUX: Disons en blague que, si le ministre avait lu votre
document, il aurait vu que c'était écrit sur la note.
M. COURNOYER: Oui, mais le document n'est pas inscrit dans les
débats de la Chambre. Il faut le répéter.
M. MORRISSEAU: Nous avons essayé depuis 1967, pour voir si
réellement cela serait arrivé, c'est-à-dire que nos
employés non sédentaires seraient devenus des employés
sédentaires. Après 18 mois, les gars perdaient leur prime
d'employé non sédentaire. Actuellement, sur 80 employés,
il y a environ 30 employés qui ne reçoivent plus leur prime parce
qu'ils ont été au moins 18 mois au même endroit. Ces
employés demeurent pour la plupart dans des roulottes, ils ne peuvent
pas s'acheter une maison parce qu'ils suivent la construction des lignes de
l'Hydro, alors ils voyagent partout en province, même si ce sont des
employés permanents. Comme je le disais, trente d'entre eux actuellement
ne reçoivent plus l'indemnité parce que cela fait plus de 18 mois
qu'ils sont à la même place.
Naturellement, ces employés-là sont à la même
place parce qu'il y a de la construction de lignes qui se poursuit dans les
environs, mais au moment où il n'y aura plus de construction de lignes,
ces employés-là vont être appelés à
déménager. Alors, selon nous, même si l'employé
demeure 18 mois, deux ans ou deux ans et demi au même endroit, parce
qu'il y a de la construction de lignes qui se fait là, cela reste
toujours un employé non sédentaire. Au moment où un gars
perd son indemnité de résidence, parce que cela fait 18 mois
qu'il est à un endroit, il s'en va voir son supérieur et il lui
dit : II semble bien que je suis devenu un employé sédentaire,
j'ai envie de m'acheter une maison, je suis fatigué de vivre dans une
roulotte. Son supérieur va lui dire: Moi, je ne peux pas te garantir que
tu vas rester ici ad vitam aeternam, peut-être que la semaine prochaine
tu vas déménager, peut-être que dans deux mois il n'y aura
plus de construction dans le bout et tu vas
être obligé de changer d'endroit, tu vas
déménager. Je te recommande donc de ne pas t'acheter de maison.
Je te recommande de continuer à rester dans ta roulotte parce que,
peut-être, à un moment donné, on va te dire: Bonhomme, la
semaine prochaine, tu t'en vas. Tu es à Québec aujourd'hui et la
semaine prochaine tu t'en vas sur la Côte-Nord. C'est là qu'on
s'en va construire des lignes.
Alors, quant à nous les employés, même après
avoir essayé durant deux conventions, sont toujours des employés
non sédentaires. Alors, notre demande originale était de revenir
à ce qu'on avait dans la convention collective avant 1967,
c'est-à-dire que 80 employés bénéficient de la
prime de non-sédentaires tout le temps, même s'ils demeurent au
même endroit plus de 18 mois. Parce que, selon nous, même s'ils
demeurent là deux ans, ce sont encore des employés non
sédentaires, parce que la semaine suivante ils peuvent être foutus
ailleurs.
On demande que la prime s'applique toujours. C'est notre demande
initiale. On n'a absolument pas été capable de faire quelque
chose avec ça. On a fait une confre-proposition à
l'Hydro-Québec, recommandant, si le gars continuait à
rester après 18 mois dans un même endroit si
peut-être certains petits inconvénients disparaissaient de
diminuer la prime à $6 par jour au lieu de $8. L'employé
recevrait, tel que prévu dans la convention qui a expiré, $8 par
jour pendant 18 mois. C'est prévu dans la convention. Après 18
mois, on demande que l'employé reçoive $6, que son
indemnité de non-sédentaire soit diminuée de $2 parce
qu'il y a peut-être certains petits inconvénients qui ont disparu
si le gars est resté 18 mois au même endroit. On demande le statu
quo de la convention qui est de $8 par jour jusqu'à 18 mois. Il y a une
exception à ça. C'est que les employés de la
Côte-Nord ont $8 par jour tout le temps, sans la restriction du 18 mois.
Le reste de la province, c'est $8 mais, après 18 mois, zéro. Ils
perdent leur indemnité. On demande $8 tout le temps, sur la
Côte-Nord ; ailleurs, en province, $8 pour les premiers 18 mois. C'est le
statu quo. On demande d'ajouter à ça $6 après les premiers
18 mois pour le reste de la province, exception faite de la Côte-Nord,
parce que c'est le statu quo. L'Hydro-Québec offre le statu quo. Pour
les raisons que je vous ai mention nées, on a cru que nos
employés non sédentaires deviendraient sédentaires
à plus ou moins longue échéance. Cela n'a pas
été le cas. Il y a des employés qui sont restés
deux ans ou deux ans et demi au même endroit, mais ils sont quand
même des non-sédentaires.
M. COURNOYER: C'est le poste que vous considérez comme non
sédentaires.
M. MORRISSEAU: Parce que ces gars ne demeurent pas à la
même place tout le temps.
M. COURNOYER: C'est le poste qu'ils occupent comme non
sédentaires.
M. MORISSEAU: C'est ça, exactement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Du côté de
l'Hydro-Québec.
M. CHABOT: Le groupe PLTCL, tel que bien défini tantôt,
nous en parlons dans notre document intitulé "Dernière
proposition globale de PHydro-Québec en date du 8 décembre 1972".
Nous en parlons à la page 5. Bref, on y dit que ces gars sont des
employés dont le travail s'apparente à celui de la construction.
Ce sont des gars qui travaillent à des projets de ligne de transport et
à la construction de lignes et, par définition, une ligne doit se
déplacer. Dieu sait combien nous en avons de très longues!
Notre position sur cette prime de $56 par semaine est le maintien du
statu quo. Nous donnons cette prime qui est une compensation pour la
mobilité géographique inhérente à la nature des
emplois dont les employés sont titulaires. Nous croyons que, ceci
étant une dimension strictement pécuniaire, après 18 mois
mis à part la Côte-Nord parce que la partie syndicale a
fait état que, sur la Côte-Nord, un employé reçoit
sa prime de $56 hebdomadaire, indépendamment de la limite de 18 mois
nous croyons qu'après 18 mois dans un endroit X, l'employé
a un statut passablement permanent, c'est-à-dire un endroit
géographique où il est depuis assez longtemps et qu'il peut y
être attaché encore pendant quelque temps. Il y a une chose qu'il
faut dire...
M. COURNOYER: Je vous arrête là. Est-ce que son statut
permanent est l'emploi ou le poste ou si c'est parce qu'il l'occupe comme
ça?
M. CHABOT: Le poste.
M. COURNOYER: Vous le lui garantissez pour 18 autres mois?
M. CHABOT: C'est-à-dire qu'on le garantit pour 18 mois quand un
employé n'est pas sédentaire.
M. COURNOYER: Vous payez pendant 18 mois la prime d'employé non
sédentaire. Au bout de 18 mois, il a fini d'être non
sédentaire, il est devenu sédentaire. Mais il reste là
pour combien de temps après 18 mois?
M. CHABOT: II peut rester là pour une autre année, 18
autres mois...
M. COURNOYER : Ou six autres mois ou deux autres semaines.
M. CHABOT: Ou six autres mois. Mais, dès que nous le
redéménageons à nos frais parce que nous effectuons
les déménagements à nos frais quand même nous
ré instaurons la prime de non-sédentaire. Il y a une
période de 18 mois.
Si l'employé reste plus de 18 mois, cette prime tombe et à
partir du moment où on le mute de nouveau, il faut que cet
employé puisse se déplacer facilement. On rétablit alors
cette prime.
M. COURNOYER: Est-ce le poste ou l'individu, M. Chabot?
M. CHABOT: C'est l'individu qui est mobile mais les postes aussi, M. le
ministre, peuvent être déplacés ailleurs.
M. COURNOYER: Je comprends cela.
Il s'agit de personnes bien identifiées comme étant les
PLTCL, c'est-à-dire les projets de lignes de transport. Donc, ce sont
les grandes lignes 735kv, ou d'autres lignes de transport à plus faible
courant. Il y a aussi l'autre aspect, les CL, les constructions de lignes.
Quelle différence y a-t-il entre projet de lignes de transport et
construction de lignes?
M. CHABOT: Ceux qui sont affectés aux projets de lignes de
transport font le travail préliminaire, c'est-à-dire l'arpentage,
le "slashing" pour l'arpentage, etc. Ceux qui sont attachés à la
construction des lignes, ce sont des inspecteurs qui supervisent, qui
surveillent l'exécution des travaux.
M. VEILLEUX: La construction des lignes, si j'ai bien compris hier, est
donnée à forfait?
M. CHABOT: La construction de lignes est donnée à
contrat.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. COURNOYER: II n'y a rien de plus mobile qu'une ligne?
M. BURLE: Pardon?
M. COURNOYER: II n'y a rien de plus mobile qu'une construction de
ligne?
M. BRULE: En fait, lorsqu'on commence à construire une ligne, au
point X, par exemple, prenons la ligne qui vient de Churchill Falls, cette
ligne doit s'en venir à Montréal.
M. COURNOYER: Est-ce que le type suit la ligne, c'est-à-dire le
prolongement de la ligne?
M. CHABOT: Pas toujours. Il y a certaines subdivisions territoriales qui
existent où on a une juridiction autant à la gauche qu'à
la droite de la ligne. Cela peut durer plusieurs mois, les travaux peuvent
prendre plusieurs mois parce que, très souvent, il n'y a pas seulement
une ligne, mais deux ou même trois qui vont passer en
parallèle.
M. COURNOYER: De quelle nature sont les employés qui,
effectivement sont restés au bout de 18 mois et qui ont perdu la prime?
Quelle sorte de travail faisaient-ils?
M. BRULE: En fait, ces gens font toujours le même genre de
travail. Il n'y a aucun mécanisme dans la convention pour la
mobilité de personnel. Les gens doivent suivre les travaux
exécutés, indépendamment du plus vieux ou du plus jeune,
indépendamment si cela fait trois mois ou 24 mois. A un moment
donné, le supérieur immédiat dit: Tu t'en vas à tel
endroit, cela indépendamment de son statut et de la durée de son
séjour quelque part.
Donc, ces gens, vu qu'aucun mécanisme n'est prévu, doivent
suivre les travaux. Dans les 24 heures, ces gens sont avisés qu'ils sont
mutés ailleurs. Pour nous, ce sont toujours des non-sédentaires.
Pour les autres catégories de travailleurs à
l'Hydro-Québec, quelqu'un changera de lieu de travail, quand on
déclarera un surplus de personnel ou que son lieu de travail,
disparait.
L'Hydro-Québec bâtit différents quartiers
généraux, on est fort là-dessus, alors ce gars,
après 18 mois, devient sédentaire, sédentaire dans une
roulotte. Il est mieux de ne pas faire un solage en dessous parce que, dans les
24 heures, il peut avoir à briser son solage.
M. COURNOYER: M. Brûlé, je comprends que comme dans tous le
développement des grandes lignes, comme les 735kV, à un moment
donné, il y a eu des travaux sur deux lignes une à
côté de l'autre, dans une période de temps assez
réduite, et même une troisième s'en vient de Churchill
Falls à peu près sous la même emprise, dans le même
bout. J'imagine que le type loge quelque part, dans une roulotte par exemple
parce qu'il y a eu aménagement de trois lignes en un peu plus de 18
mois.
M. BRULE: C'est cela.
M. COURNOYER: Normalement, si on dit que l'employé suit la ligne
et qu'il s'agit de construction de lignes, quand il n'y a plus de ligne,
à Micoua, par exemple, c'est peut-être un mauvais exemple, mais
quand il n'y en a plus, on en construit une ailleurs. Construire une ligne de
transmission ne prend pas tellement de temps. Les gars vont vite! Comment un
gars peut-il rester là 18 mois et au bout de 18 mois y rester
encore?
M. GAUVREAU: On ne les change pas à chaque poteau.
M. COURNOYER: Je compends cela, M. Gauvreau, il n'y a pas de
problème. J'ai déjà vu une ligne de transmission, on ne
change pas cela à chaque poteau. Je suis sûr de cela.
M. GAUVREAU: Ils se déplacent, comme disait M. Chabot, dans une
direction ou dans l'autre, une distance pas trop longue pour ne pas perdre trop
de temps.
M. COURNOYER: Ce sont les 18 mois.
M. GAUVREAU: Les 18 mois ont dû survenir justement dans le cas
où une deuxième ligne est arrivée, a repris le travail
après que la première ligne fut passée.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. GAUVREAU: Mais s'il y avait juste une ligne à construire, je
crois que M. Desrosiers pourrait la construire.
M. VEILLEUX: J'ai fait des calculs, tout à l'heure. Vous avez dit
qu'il y avait 80 employés dans cette situation à $56 par semaine,
ça fait $4,480 par semaine pour l'Hydro-Québec multiplié
par 52 semaines, ça fait $232,960 par année. Depuis 1967, combien
sur les $232,960 multipliés par X nombre d'années,
l'Hydro-Québec a épargné en mettant un arrêt
à 18 mois?
M. MORRISSEAU: J'ai mentionné tantôt qu'actuellement il y
avait environ 30 employés sur les 80 qui ne touchaient plus cette
indemnité de résidence parce qu'ils étaient au même
endroit depuis 18 mois ou plus.
M. VEILLEUX: Cela fait $1,680 par semaine.
M. MORRISSEAU: Mais je continue à dire que ce n'est pas parce
qu'ils sont au même endroit que ce sont des employés
sédentaires, ce n'est pas vrai. Us ne sont pas sédentaires. Les
gars qui travaillent, par exemple, à Québec, à la
Canardière, eux sont des employés sédentaires. Ils sont
là depuis 10, 15 ans; ce sont des employés permanents puis ils
ont leur chez-soi, ils ont leur maison et, comme disait M. Brûlé,
il y a un solage en dessous. Mais ce n'est pas vrai pour les gars du PLTCL. Ils
vivent dans des roulottes et ils sont obligés de vivre dans des
roulottes parce qu'ils ne savent pas quand ils vont partir de là pour
s'en aller rester ailleurs. Ils ne le savent pas et l'Hydro-Québec n'est
pas capable de le leur dire.
M. VEILLEUX: Je pose la question pour une raison bien simple. Si
l'Hydro-Québec épargne $3,000 par année pour ça,
c'est une tempête dans un verre d'eau. Si elle épargne sur
$232,000, $500,000... C'est ça que je veux savoir. Vous n'avez pas fait
de statistiques, mais je vais demander à l'Hydro-Québec. Est-ce
que vous avez relevé des statistiques depuis 1967 et combien avez-vous
épargné là-dedans?
M. CHABOT: Nous n'avons pas relevé les statistiques dans le sens
de l'économie qu'on a pu faire sur ce sujet. Il y a une chose qu'il ne
faudrait pas oublier, je pense. La partie syndicale l'a affirmé
tantôt, notre gros foyer où nous avons énormément de
travail à exécuter sur la construction de lignes de transport est
sur la Côte-Nord. Ce sont dans des endroits éloignés,
isolés. Sur la Côte-Nord, la limite de 18 mois, elle n'existe pas.
Un employé non sédentaire sur la Côte-Nord peut y
être depuis trois ans même; il l'a encore cette prime.
M. VEILLEUX: M. Chabot, que le gars travaille sur la Côte-Nord ou
qu'il travaille au point Y, s'il est non sédentaire, il est non
sédentaire.
M. BRULE: Mais la forêt est moins plate dans le Nord-Ouest
québécois que sur la Côte-Nord, c'est loin du bois.
M. VEILLEUX: Disons que c'est le principe. Quand un gars
arrête-t-il d'être non sédentaire? Quand est-il non
sédentaire et quand est-il sédentaire?
M. CHABOT: C'est ça. Si vous me permettez, M. le
Président. C'est la limite qui a été convenue par les deux
parties en 1969, lors de la convention collective qu'on tente de renouveler;
c'était de fixer ça à 18 mois, mise à part la
Côte-Nord. Les deux parties ont trouvé cela raisonnable; c'est une
négociation.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien la position syndicale, c'est qu'en
1972 on ne trouve plus ça raisonnable. Je serais porté à
vous poser la question qu'on a posée tout à l'heure dans d'autres
secteurs.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Saint-Jean me
permet, M. Morrisseau me demande la parole depuis quelques instants; je pense
qu'il a un détail à apporter.
M. MORRISSEAU: Justement. Pour arriver à la question du
député de Saint-Jean, il parlait de coût tantôt et M.
Chabot vient de déclarer que la grosse partie de ces gars étaient
sur la Côte-Nord. Cela veut dire qu'ailleurs, c'est l'infime partie et
l'économie que l'Hydro-Québec fait, elle la fait justement avec
l'infime partie. Cela doit être réellement infime. Un autre point
que je veux soulever, c'est qu'en 1967 il y avait environ 120 de ces
employés: aujourd'hui, ils sont 80 et on sait très bien que
l'Hydro-Québec vise à éliminer ces employés
permanents du PLTCL. Elle veut faire fonctionner le PLTCL seulement avec des
employés temporaires. Elle vise à l'élimination de ces
employés.
Cela diminue graduellement d'année en année. Le coût
que nous demandons est réellement infime.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je m'adresse à M. Chabot. Lorsque le
taux de $8 a été accordé aux employés non
sédentaires, ces $8 étaient basés sur quoi? Pourquoi
payait-on ces
$8 à ces employés non sédentaires? Est-ce parce que
ça leur occasionnait des dépenses supplémentaires pour
vivre? Le calcul était basé sur quoi?
M. CHABOT: C'était basé sur leur mobilité
géographique, on avait besoin d'eux. Les deux parties se sont entendues
sur $8 par jour, comme elles se sont entendues sur 18 mois pour la
durée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce que je veux dire, si $8 par jour
étaient raisonnables pendant 18 mois, après 18 mois, cet
employé devient sédentaire. Il est sur place deux mois de plus
et, pendant ces deux mois, on ne lui donne plus les $8 par jour. Si c'est
raisonnable pour 18 mois, pourquoi ça ne le serait pas pour 20, 22 ou 24
mois?
M. CHABOT: Peut-être qu'à ce moment-là la partie
syndicale voulait avoir 24 mois, la partie patronale douze mois. Vous avez sans
doute déjà négocié. On prend ce sujet en
particulier, mais tout ça se situe encore, comme nous le disions hier,
au début des séances de cette commission, dans le cadre du grand
tout de la négociation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si c'est raisonnable $8 par jour pendant 24,
22 ou 20 mois, ça l'est. Si ça ne l'est pas, ça ne l'est
pas plus pour 18 mois. Si vous avez accepté que pour 18 mois, ça
vaut ça, ça le vaut pour 19, 20 ou 21 mois. Il me semble que mon
raisonnement est logique.
M. CHABOT: M. le Président, il a été convenu par
les parties, à ce moment-là...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je comprends...
M. CHABOT: ... que c'était...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a été convenu lors des
négociations de 1969.
M. CHABOT: C'est ça, c'était le point sur lequel on
s'entendait.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais les circonstances changent.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Ces employés estimés sédentaires
vivent-ils avec leurs familles? Est-ce qu'il y a des services communautaires
pour leurs familles, leurs enfants, des écoles et ainsi de suite?
M. CHABOT: Nous nous efforçons de bâtir, si on peut appeler
ça comme ça, des campements le plus près possible des
centres commu- nautaires. Il y en a parmi ces employés non
sédentaires qui vivent en pleine ville. Il y en a d'autres qui doivent
malheureusement, pour un certain temps, aller exécuter leurs travaux
dans des endroits plus éloignés.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'un employé, au bout de 18 mois, s'il
n'a pas sa prime, a le droit de demander de revenir à un emploi stable
ou à un emploi sédentaire?
M. CHABOT: L'employé le souhaite et nous le souhaitons. Nous
avons des travaux...
M. SAINT-GERMAIN: L'employé n'a pas le droit d'exiger que
l'Hydro-Québec le renvoie chez lui au bout de 18 mois?
M. CHABOT: C'est une des particularités de leur travail que
d'avoir à être appelés à se déplacer. Nous
souhaitons bien, et je suis sûr que les employés le souhaitent
aussi, avoir un emploi physiquement et géographiquement stable. Mais,
malheureusement, il nous faut bâtir de ces lignes-là.
M. SAINT-GERMAIN: Disons, que je suis employé de l'Hydro et que
vous m'envoyez dans le nord et me payez $8 par jour.
M. CHABOT: Oui.
M. SAINT-GERMAIN : Si, au bout de 18 mois, vous ne me payez plus, je
reviens à un emploi stable. Mais, à mon avis, un emploi stable,
c'est quand un homme vit avec sa famille d'une façon normale, avec ses
enfants. Ses enfants vont à l'école, il revient chez lui le soir
et on vit en famille. C'est ça un emploi stable.
M. CHABOT: Oui, mais...
M. SAINT-GERMAIN: Vous me considérez comme n'étant plus un
employé qui a un emploi stable. Je devrais donc avoir, il me semble,
à titre d'employé, le droit de dire: Puisque je suis maintenant
considéré comme un employé stable, envoyez-moi où
c'est stable, où c'est permanent.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Pour l'information du député de
Jacques-Cartier, avant son arrivée il avait été
établi, de l'autre côté de la table, que pour les
employés non-sédentaires de la Côte-Nord, l'allocation
journalière demeurait, quelle que soit la durée de la fonction.
Ce sont des employés non sédentaires qui ont à travailler
en dehors de la région...
M. SAINT-GERMAIN: Peut-être pourriez-vous vous entendre sur la
définition d'un employé qui occupe un emploi stable et d'un
employé qui occupe un emploi qui...
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: La définition, c'est 18 mois, actuellement.
M. COURNOYER: C'est un emploi non-sédentaire dans des
catégories de personnel assez précises s'il dure moins de 18
mois. S'il dure plus de 18 mois, il devient sédentaire,
c'est-à-dire que c'est l'employé qui devient sédentaire et
non le poste. Le poste ne devient pas sédentaire, lui.
M. CHABOT: La prime tombe au bout de...
M. COURNOYER: La prime de non-sédentaire tombe au bout de 18 mois
parce que le poste...
M. CHABOT: C'est ça!
M. COURNOYER: ... restant non-sédentaire, l'employé est
devenu sédentaire.
M. CHABOT: Pas parce que l'employé devient automatiquement avec
un statut ferme de sédentaire.
M. COURNOYER: Non?
M. CHABOT: Non. Au bout de 18 mois, période convenue entre les
parties en 1969, sauf sur la Côte-Nord, la prime tombe. Si, six mois
après, nous disons à l'employé: Ton travail t'amène
là-bas à tel autre endroit X, on le déménage, sa
roulotte, sa famille et on rétablit la prime pour dix-huit autres mois
à moins que ce soit sur la Côte-Nord, et ainsi de suite.
M. VEILLEUX: Si je vous comprends bien, vous et le ministre, durant les
premiers 18 mois, et l'employé et le poste sont non sédentaires.
Après dix-huit mois, l'employé est sédentaire, mais non le
poste.
M. CHABOT: Après 18 mois, la prime tombe, comme je l'ai
expliqué tantôt.
M. VEILLEUX: Cela revient à ça!
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Dorchester.
M. GUAY: Toute déduction faite, ce que vous demandez est de faire
sauter la norme de 18 mois. Quand les 18 mois ont été
établis comme étant valables, sur quel critère principal
s'était-on basé? Avez-vous un critère bien particulier qui
a fait que les deux parties avaient convenu de 18 mois?
M. BRULE: On va vous l'expliquer, c'est dans un "package deal". A un
moment donné, l'Hydro-Québec c'est sa façon de
faire une offre globale a fait une offre globale pour les 8,700 et a
grugé chez les non-sédentaires. Il est évident que les
pauvres 80 gars dans le bois ne feraient pas renverser la vapeur.
L'Hydro-Québec mise énormément sur la solidarité.
Quand elle parle de sédentaires, il y a sédentaires et
non-sédentaires, mais cela tient compte ou non de la roulotte de
l'individu. La roulotte peut-être stationnée là pendant 18
mois. Même si l'individu se promène à 100 milles à
la ronde de sa roulotte, il a "une job" de sédentaire. La roulotte n'a
pas bougé. Quand on déménage la roulotte, on
considère que l'employé est un non-sédentaire. On attache
bien plus d'importance à la roulotte qu'à l'individu. C'est un
peu ça, les humains. Pourquoi une personne a-t-elle passé tant de
mois au même endroit et pourquoi fait-elle du travail de ligne? C'est
parce que le gars se promène autour de la roulotte. La roulotte ne bouge
pas. Donc on dit: Toi, tu deviens un sédentaire parce que les roues
n'ont pas fait un seul tour pendant 18 mois. Mais le gars en a fait des tours
autour de la roulotte, il s'est promené 100 milles à la ronde
autour de celle-ci.
M. GUAY: Si le député de Saint-Jean me le permet, je n'ai
pas terminé. Après une nouvelle évaluation, ce
critère ne tiendrait plus, selon les demandes syndicales. J'aurais une
question bien précise à poser à l'Hydro-Québec, si
c'est possible d'y répondre.
Combien cela coûterait-il à l'Hydro-Québec par
année pour donner suite à la demande syndicale? Est-ce qu'il y a
des calculs là-dessus?
M. CHABOT: Je n'ai pas de données ici sur ce que peut signifier
en dollars l'application de cette demande.
M. COURNOYER: Vous ne pouvez pas nous le dire non plus parce que vous ne
savez pas quand vous allez muter les gars qui vont redevenir
sédentaires...
M. BRULE: C'est de la construction...
M. GUAY: II s'agit uniquement d'addition parce que les premiers 18 mois
sont payés. Sur la Côte-Nord, c'est constamment payé. Il
s'agit uniquement d'une trentaine d'employés qui se sont vus enlever
cette prime de non-sédentaire étant devenus sédentaires
par définition de l'article de la convention.
M. CHABOT: C'est cela.
M. GUAY: Nous pouvons peut-être faire nous-mêmes le calcul,
au prix payé actuellement, si vous ne l'avez pas. Et nous pouvons
calculer combien cela pourrait signifier de capitaux ou de crédits de la
part de PHydro-Québec. Mais vous n'avez pas les chiffres...
M. CHABOT: Non, malheureusement. M. GUAY: ... en vous basant sur le
passé.
M. CHABOT: Malheureusement, je n'ai pas ces données.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien les questions de non
sédentaire et de sédentaire, dans les faits, c'est le poste qui
est sédentaire ou non-sédentaire.
M. MORRISSEAU: II n'y a pas d'employés sédentaires et il
n'y a pas de postes sédentaires. C'est faux d'affirmer qu'il y a quelque
chose de sédentaire. Quelque chose de sédentaire est quelque
chose qui ne bouge pas. Ces postes et ces gars bougent. Peu importe s'ils
bougent après 18, 19 ou 20 mois. Ils bougent.
M. VEILLEUX: Vous m'avez mal compris. Si un type est à Saint-Jean
et s'occupe de l'entretien, dans les faits, il a un poste sédentaire.
Vous dites que dans les faits, le gars qui fait ce travail, est à un
poste non sédentaire. C'est ce que vous voulez dire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La seule chose qui est sédentaire,
c'est la tour qui est coulée dans le ciment. Elle reste là.
M. VEILLEUX: Ce que j'essaie de démontrer, c'est qu'à
l'Hydro-Québec vous avez une catégorie de postes qui sont
sédentaires et vous en avez d'autres qui ne le sont pas. Et ceux dont
vous parlez ne le sont pas dans votre esprit.
M. MORRISSEAU: Dans le PLTCL... M. VEILLEUX: C'est cela.
M. MORRISSEAU: ... il n'y a pas de postes, ni d'employés
sédentaires.
M. VEILLEUX: Merci.
M. MORRISSEAU: Les employés sédentaires existent dans le
"1,500", les employés de métiers ou dans le "2,000", les
employés de bureau. Eux ont des postes sédentaires.
M. VEILLEUX: C'est exactement ce que je disais.
M. MORRISSEAU: Mais dans le PLTCL, je regrette, mais il n'y a pas de
sédentaires. Cela bouge. Et sédentaire signifie qui ne bouge pas.
Cela ne dit pas: Ne bouge pas au bout de 18 mois. Cela dit: Ne bouge pas. Et
les gars bougent.
M. COURNOYER: Est-ce que cela signifie que tous les employés de
l'Hydro-Québec qui ne sont pas des non-sédentaires ne bougent
pas?
M. MORRISSEAU: Ils bougent en travaillant, mais ils ne changent pas de
résidence.
M. BRULE: ... il n'y aurait pas de bill 73. M. COURNOYER: Regardez-le
donc.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que nous pouvons passer à
l'autre sujet? Le protocole d'entente de retour au travail.
Protocole d'entente de retour au travail
M. COURNOYER: Si j'ai bien compris hier, il s'agit d'un cas en
particulier.
M. BRULE : Oui. Et en plus, nous voulons tout de même signer un
document parce qu'il y a eu une grève et il y a eu une réponse
des services essentiels.
M. COURNOYER: Oui. Des services essentiels.
M.BRULE: II me semble que des choses se sont passées durant cette
grève et nous avons un employé qui est suspendu depuis trois
semaines. Nous tentons de le faire réintégrer et c'est toute une
histoire.
M. COURNOYER: Qu'est-ce qu'il a fait? M. BRULE: II a parlé...
M. COURNOYER: II s'agit d'un cas. J'en parlais justement pour formuler
mon autre suggestion qui suivait...
M. BRULE: En fait, il y a eu un mouvement de 50 travailleurs...
M. COURNOYER: Ce serait préférable qu'on n'en discute pas
ici.
M. BRULE: Non, mais vous me l'avez demandé. Vous m'avez
posé une question.
M. COURNOYER: Je faisais exprès pour voir si tu irais, tu aurais
pu me dire non. Il serait préférable qu'ils en discutent avec
l'Hydro-Québec par exemple comme des autres sujets qui ne sont pas
complétés jusqu'ici, malgré que cette suggestion va
peut-être paraître mauvaise je la fais quand même.
M. BRULE: Nous avons un modèle à soumettre, M. le
ministre.
M. COURNOYER: Vous avez un modèle à me soumettre, un
modèle de protocole?
M. SHANKS: Un protocole d'entente.
M. BRULE: Ce n'est pas 38-22-36.
M. COURNOYER: Non, ce n'est pas ce modèle-là?
M. BRULE: C'est joli quand même.
M. COURNOYER: Alors, disons que vous me le remettez et que vous le
remettez aux membres de la commission pour leur information, ce que vous
suggérez, mais je reviens avec la suggestion que je voulais faire avant
qu'il ne soit trop tard. Je crois qu'après deux séances et demie
de la commission parlementaire...
M. BRULE: M. le Président, je pense que, sans qu'on puisse
discuter des problèmes de fond ce matin, l'Hydro-Québec a
publié dans toute la province, ses offres à tous ses
employés. Négociations nouvelles ce matin. Tous les
employés de l'Hydro-Québec ont reçu une brochure disant
qu'elle fait une offre d'une durée de quatre ans. L'offre salariale et
les clauses normatives y sont. En plus, on ajoute: "Au moment d'aller sous
presse, les syndicats n'avaient pas encore indiqué qu'ils
transmettraient à leurs membres le contenu de la présente
proposition globale comme l'avait demandé le représentant de
l'Hydro-Québec." Je pense que dans les circonstances il y a tout de
même des mises au point qui doivent être faites. Je me demande de
quel droit l'Hydro-Québec peut proposer, sans tenir compte du syndicat,
une convention d'une durée de quatre ans. Nous, nous avons tout de
même une preuve à montrer pour justifier nos demandes de salaires
et de durée de convention collective de travail. J'ai toujours
pensé qu'à la suite de l'adoption du bill 73 le ministre du
Travail et de la Main-d'oeuvre avait établi un mécanisme entre
les parties puisqu'il y avait une loi qui était la négociation en
présence du médiateur et que l'une ou l'autre des parties pouvait
demander la convocation d'une commission parlementaire pour y faire part des
différends.
Je pense que ce même ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre
doit voir à l'application du code du travail. Dans le même code du
travail, il est aussi dit que les conventions sont d'une durée d'un au
minimum et de trois ans au maximum. Je me demande si l'Hydro-Québec,
à moins que ce soit une affaire telle qu'on ne puisse toucher personne,
ne s'improvise pas législateur en plus d'être une régie
d'Etat. L'Hydro-Québec se permet des libertés, même
après qu'il y a eu des ententes, à la demande du ministère
du Travail, de l'Assemblée nationale; je pense qu'on y rencontre les
mêmes gens et qu'ils doivent tout de même, pour le bien-être
de la collectivité québécoise, prévoir des
mécanismes pour qu'on en vienne à une convention
négociée et tenter de montrer les différends qu'il y a
entre les parties, si accrochages il y a. En fait, ça fait deux jours
qu'on en discute. Je tiens à dire en ce moment que le syndicat ne
signera pas une convention d'une durée de quatre ans et je me demande
qui va me forcer à signer une convention de quatre ans. Je me demande
sur quoi l'Hydro-Québec peut se baser, tant au niveau de la durée
que des offres salariales et des clauses normatives, quand le directeur du
personnel nous disait hier que lui, ses mandats, il allait les chercher chez
les commissaires. Nous du syndicat, nos mandats, nous allons les chercher chez
nos membres quand nous préparons un projet. Ces mandats nous sont
transmis par une constitution qui est tout de même écrite et
acceptée par quelqu'un et qui est encore conforme à la même
loi. On a les trois exécutifs, les trois unités de
négociation qui nous ont mandatés pour convoquer une commission
parlementaire pour faire valoir nos droits sur les points en suspens. L'offre
globale de l'Hydro-Québec du 8 décembre a été
publiée ce matin pour une durée de quatre ans, en même
temps qu'un petit paragraphe pour dire que le syndicat ne veut pas aller voir
ses membres. Ces "Négociations nouvelles" sont consignées dans un
bulletin de la direction des relations syndicales, qui a été
donné à chacun des employés à
l'Hydro-Québec. On en a assez ramassé pour remplir
l'Assemblée nationale, on pourrait en donner à chacun des
députés, pour voir dans quelle atmosphère on
négocie avec l'Hydro-Québec.
M. BURNS: Comment cela a-t-il été remis par
l'Hydro-Québec?
M. BRULE : Par les cadres, chacun en avait un. C'est du syndicalisme
avant-gardiste.
M. BOSSE: C'était une publication?
M. DUROCHER: M. le Président, lorsque nous avons
présenté au syndicat les offres du 8 décembre, nous avions
demandé aux dirigeants syndicaux de porter à la connaissance de
leurs membres le contenu de ces offres. Au cours de la fin de semaine, nous
avons fait imprimer le document "Négociations nouvelles". Nous l'avons
gardé en suspens. Il est imprimé depuis le 10 décembre
1972 et il porte le numéro 15. Ce qui veut dire que tout au cours des
treize mois de négociations, nous avions, avant aujourd'hui,
imprimé 14 numéros de "Négociations nouvelles"
Ce que nous avons fait aujourd'hui, compte tenu du fait qu'à la
commission parlementaire hier, nous avons déposé des documents
qui reproduisaient et les offres du 8 décembre et un document
intitulé? "Améliorations apportées aux conventions
collectives", ils étaient devenus des documents publics et nous avons
distribué aux employés le numéro 15 de
"Négociations nouvelles" ce matin, décrivant ce que nous avons
fait au cours des négociations.
M. BURNS: Sont-ce des négociations nouvelles...
M. DUROCHER: Non, j'ai dit que le bulletin est préparé
depuis le 10 décembre 1972.
M. LESSARD: Le 10 décembre 1972, et la petite remarque?
M. BURNS: C'est la nouvelle politique des relations
patronales-ouvrières?
M. DUROCHER: Ce n'est pas une nouvelle politique, c'est celle qui est en
vigueur depuis le début des négociations.
M. BURNS: Trouvez-vous que ça va aider au règlement?
M. DUROCHER: Ce que nous considérons, c'est que le syndicat peut
avoir des membres à informer, que 1'Hydro-Québec peut avoir des
employés à informer et, nous l'avons mentionné dans un
document déposé à la commission parlementaire, nous
déplorons que le syndicat ait décidé de ne pas communiquer
aux membres les dernières propositions de l'Hydro-Québec, et, ce
qui se produit actuellement, c'est que les dirigeants...
M. BURNS: Est-ce que vous croyez à la négociation, vous,
M. Durocher?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si on veut me permettre, ce serait beaucoup
plus simple si on en laissait un parler à la fois.
Je demanderais au député de Maisonneuve, s'il le veut
bien, de permettre à M. Durocher de terminer son intervention et
vous...
M. BURNS: Demandez-lui donc s'il sait ce que veut dire une
accréditation?
LE PRESIDENT: Je vous le remettrai dès qu'il aura fini son
intervention. M. Durocher.
M. DUROCHER: M. le Président, ce qui se produit actuellement,
dans l'entreprise nous comprenons que le syndicat ait des membres, mais
il faut comprendre que l'entreprise a des employés aussi ce qui
se produit depuis quelques semaines, c'est que les employés se posent la
question: Que se passe-t-il? Et les cadres de l'entreprise sont envahis de
questions par leurs employés. On veut savoir ce qui se passe. Comme
depuis hier les offres du 8 décembre étaient devenues chose
publique, l'entreprise les a portées à la connaissance de ses
employés.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député de
Maisonneuve a d'autres questions à poser?
M. BURNS: Oui, j'ai une question. Je veux demander à Me Durocher
s'il sait ce que veut dire une accréditation. Cela a quel sens à
ses yeux? Il est directeur des relations syndicales à
l'Hydro-Québec. Cela veut dire quoi une accréditation?
M. DUROCHER: II y a un code du travail qui parle de
l'accréditation.
M. BURNS: Vous êtes avocat, vous savez fort bien ce que veut dire
une accréditation.
M. DUROCHER: L'accréditation définit l'unité de
négociation et le syndicat parle au nom des employés.
M. BURNS: Cela donne droit au syndicat de négocier au nom des
employés et ça va même plus loin que ça. Le syndicat
peut même représenter les employés pendant toute la
durée de l'accréditation, sans même cession de
créances. Vous deviez savoir ça.
M. DUROCHER: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Dorion.
M. BOSSE: La série de questions que j'allais poser après
celle que j'ai posée à M. Durocher était dans ce sens.
Est-ce que c'est une habitude à l'Hydro-Québec de négocier
par-dessus la tête des représentants des syndicats?
M. DUROCHER: Nous ne négocions pas par-dessus la tête des
syndicats. Nous négocions avec le syndicat à la table des
négociations. Ce que nous avons fait, et je l'ai mentionné
tantôt, il y a quinze numéros de "Négociations nouvelles"
qui ont été publiés pendant les présentes
négociations. Ce que l'entreprise fait, comme plusieurs entreprises
font, depuis plusieurs années, c'est que nous informons les
employés de ce qui se passe. Ce n'est pas la première fois que le
syndicat amène cette question. Le syndicat a soulevé cette
question au cours de la conciliation. Les documents que nous imprimons et que
nous distribuons aux employés, ce ne sont pas des documents qui ont pour
effet d'essayer de creuser un fossé entre l'entreprise et le syndicat,
ce sont des documents d'information, ce sont des documents qui rapportent ce
qui se passe.
M. BOSSE: Mais ne croyez-vous pas qu'en ce faisant, vous
discréditez les représentants qui sont dûment
mandatés pour représenter les salariés et qu'il vous
appartient de négocier avec les représentants dûment
mandatés et, à eux, il appartient, en termes de stratégie
par exemple ou de méthode, d'utiliser à tort ou à raison,
les méthodes qu'ils préfèrent. Cela leur appartient en
vertu du code du travail. C'est clair.
Cette méthode que vous utilisez présentement n'est pas
propre à l'Hydro-Québec. Seulement, elle n'est pas moins
répréhensible pour ça. En ce sens...
M. BURNS: C'est gênant quand c'est une des grandes entreprises du
Québec qui fait ça.
M. BOSSE: Et une...
M. BURNS: C'est gênant. Une entreprise
publique à part ça. Cela est gênant en maudit pour
les Québécois.
M.BOSSE: ... une entreprise pour laquelle le PQ s'est battu
nerveusement.
M. GUAY: Cela donne un bon exemple.
M. BOSSE: Si j'étais ministre du Travail, je serais en
maudit.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorion. J'ai
indiqué à la partie syndicale que je les reconnaîtrais. M.
Legendre.
M. BRULE: C'est beau de faire du charriage, mais...
M. BOSSE: Je n'ai pas terminé mon intervention, si vous
permettez, auprès de M. Duro-cher. Ne croyez-vous pas qu'en utilisant
cette méthode vous faites ce que vous voulez éviter?
C'est-à-dire créer un fossé entre la partie patronale et
la partie syndicale. Vous créez là un climat de méfiance.
Il m'apparaît que c'est créer un climat de méfiance parce
que vous forcez les mandatés du syndicat à se tourner de bord et
peut-être à durcir leur position. C'est ce qu'on peut appeler une
attitude pour le moins douteuse, en termes de négociation.
C'étaient les remarques que j'avais à faire. Si vous
voulez...
M. DUROCHER: M. le Président... M. BRULE: M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'avais indiqué à la partie
syndicale que je la reconnaîtrais après l'échange entre les
membres de la table. M. Legendre. J'avais dit à M. Legendre...
M. LEGENDRE: M. le Président, j'ai seulement un point à
ajouter. Je veux souligner le fait que c'est la troisième fois qu'on a,
de cette façon, appris des choses. C'est que l'Hydro-Québec a
fait trois offres salariales depuis le début de la négociation
et, à chaque fois, il y a eu une publication auprès des membres.
Il y en a même eu une, celle du 6 avril qui a été dans les
mains des membres pendant que nous, nous étions au ministère avec
M. Blain.
Nous attendions la remise de cette offre, il était dix heures ou
dix heures et demie de l'avant-midi. Depuis huit heures le matin tous nos gens
en province avaient reçu l'information nouvelle. Ils étaient au
courant du contenu, nous ne l'étions pas. Cela a été la
première fois.
La deuxième fois cela s'est fait au mois de juin. Le 13 juin, une
deuxième action du même genre. L'Hydro-Québec
prétend que c'est pour informer les membres. Nous avons publié
dans le même laps de temps 40 circulaires contenant toutes les
informations au fur et à mesure que se déroulaient" les
négociations. Pour informer les gens, nous sommes mieux
équipés. Nous avons nos structures. Nous n'avons pas
été avares d'information; 40 circulaires dans douze mois. Cela
veut dire qu'il en est sorti quelques-unes par semaine, à l'occasion.
Nous avons informé les gens sur le contenu, sur le déroulement
des négociations. Nous n'avons pas besoin de "Négociations
nouvelles" pour le faire. Ce qui est malsain et malhonnête
là-dedans, c'est que les membres le reçoivent en même temps
ou â certains moments avant les négociateurs. Ce n'est
certainement pas pour informer les membres que c'est fait.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brûlé.
M. BRULE: Quand M. Durocher dit que c'est le 15e numéro de
"Négociations nouvelles" qu'il publie, c'est vrai. J'ai ici le premier
numéro de "Négociations nouvelles. On écrit dans ce
numéro que l'Hydro-Québec fait ça dans le but d'informer
rapidement les cadres du développement des négociations. Donc,
"Négociations nouvelles" était remis aux cadres. Mais il y avait
des coincidences en chemin et, quand il y avait des offres salariales, les
cadres en avaient 10,000 copies pour en remettre à chacun des
travailleurs de l'Hydro-Québec. On est rendu avec des cadres à
l'Hydro-Québec. Il y a 12,012 cadres. C'était "propre, propre,
propre" ça, à l'Hydro-Québec. C'est "propre, propre,
propre", tu sais. C'est pour informer les cadres. A chaque travailleur, le
matin, durant les heures de travail, on remettait un rapport des
négociations de leurs supérieurs immédiats. Là, les
gars, regardez bien ça, cela va être plaisant! La provocation, ce
n'est plus le syndicat qui la fait, c'est l'Hydro-Québec. Là, ils
viennent d'apprendre qu'il y a un contrat de quatre ans et nous sommes devant
une commission parlementaire. En tout cas, s'il arrive des choses, je ne pense
pas qu'on soit tenus pour les uniques responsables.
M. LESSARD: On va prendre un rythme de...
M. BURNS: M. le Président, il est déjà passé
six heures. Je demande la suspension jusqu'à huit heures et quinze.
M. COURNOYER: Je ne peux pas être ici à huit heures quinze
pour des raisons que je n'ai pas à expliquer.
M. BURNS: Ah bien! Vous avez des raisons à nous expliquer, M. le
ministre. Vous êtes ici en tant que personne représentant le
public. Vous devez nous dire pourquoi vous ne pouvez pas être ici.
M. COURNOYER: Mon cher collègue et ami, et ennemi de temps
à autre, je pense qu'il y a lieu que les négociations entre
l'Hydro-Québec et le syndicat reprennent le plus rapidement possible et
je fais immédiatement en sorte
que les parties se rencontrent à nouveau en dehors de la
commission parlementaire à compter de demain matin.
M. BURNS: Non. Ce n'est pas si vite que cela, les affaires.
LE PRESIDENT: II est 6 heures.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le Président. S'il est 6 heures, nous
allons suspendre jusqu'à 8 h 15.
M. COURNOYER: Non.
M. BURNS: C'est ce que dit la procédure parlementaire.
M. COURNOYER: Elle dit cela...
M. BURNS: Oui. Il n'y a pas eu de motion d'ajournement. Il est
dépassé 6 heures et nous ne devrions même pas jaser
actuellement. Nous devrions revenir ici à 8 h 15.
M. COURNOYER: Je tiens à vous dire qu'en toute
déférence pour M. Brûlé, j'ai laissé passer 6
heures...
M. BURNS: J'ai fait la même chose.
M. COURNOYER: II est 6 h 10. Si les règles de procédure
m'obligent à être ici à 8 heures, je serai ici à 8
heures, parce que je suis respectueux du règlement.
Retour aux négociations
M. BURNS: Je ne veux pas faire le niais et vous passer cela à
gauche et à droite. Je veux tout simplement dire ceci. Je ne vois
vraiment pas que l'attitude du ministre puisse se soutenir quand il nous dit:
Maintenant, nous demandons à ces gens de négocier, ces gens qui
négocient depuis treize mois, ces gens qui, du côté de
l'Hydro-Québec, nous répètent constamment qu'ils ont fait
une offre le 8 décembre et qu'ils ne veulent plus entendre parler
d'autre chose.
M. COURNOYER: Ils vont entendre parler de moi demain matin.
M. BURNS: J'aimerais bien qu'on entende parler de vous. Je vais vous
faire une proposition.
M. COURNOYER: Laquelle?
M. BURNS: Je propose que la commission soit ajournée à
demain après-midi 3 heures et qu'on négocie d'ici ce temps. Je
suis bien d'accord. Mais ne nous ramenez pas après les Fêtes, s'il
vous plait. Personnellement, je trouve que c'est une farce. Si le ministre du
Travail endosse ce genre d'attitude...
M. COURNOYER: Quel genre d'attitude?
M. BURNS: Le ministre a beaucoup de qualités... Laissez-moi
terminer.
M. COURNOYER: Dites-moi quel genre d'attitude.
M. BURNS: Je suis en train de vous le dire. Laissez-moi faire. Je vais
vous le dire, vous allez voir ça. Je trouve que vous avez beaucoup de
qualités comme médiateur non pas au sens
péjoratifd'entremetteur syndical. Je ne le dis pas de façon
péjorative. Mais il y a une chose qui est bien claire. C'est que nous
sommes placés devant un conflit, un différend qui est
passé à trois reprises au niveau de la grève. Vous avez
des gens qui ont eu le droit de grève à trois reprises au niveau
de la grève. Vous avez des gens qui ont eu le droit de grève
à trois reprises de façon légale et on le leur a
enlevé par injonction, on a décidé de le mettre de
côté aussi à cause de conditions climatiques. A un certain
moment, on l'a fait mettre de côté aussi par une loi. Là,
il y a un employeur qui dit: Le 8 décembre, on a fait une proposition.
Parfait.
On voit l'attitude des représentants de l'employeur au mille 13,
par exemple, ou pour autre chose. Je pense que je n'ai pas besoin
d'énumé-rer cela, les députés se sont fait une
opinion là-dessus. Là on dit à ces mêmes
gens-là: Retournez négocier, faites vos bons petits
garçons. Je dis non, M. le Président. Dites-leur d'aller
négocier, c'est bien, et qu'ils viennent nous faire rapport demain
après-midi ici et là on va voir s'il y a des possibilités,
si ce sont des affaires de concordance, comme disait M. Chabot tantôt. Si
c'est juste cela nous le verrons demain. Nous examinerons cela.
Moi, je n'accepte pas, je trouve absolument indécent qu'on puisse
dire à ces gens-là, avec le dossier que nous avons devant nous:
Là, nous, bien fins, nous sommes bien beaux et bien "smart" tout le
monde, retournez négocier et moi, le ministre du Travail, je vais aller
mettre de la pression là-dedans et je vais régler cela. Moi, je
vous dis non, cela n'a aucun sens, c'est indécent.
M. le Président, c'est bien dommage. Non, juste en terminant.
Mais nous avons mandat, non pas du ministre du Travail de siéger ici,
mais de l'Assemblée nationale, et, si vous voulez retourner devant
l'Assemblée nationale et lui faire rapport, cela va vous prendre une
motion à cet effet-là, laquelle motion est débattable et
j'ai bien l'intention de la débattre. Je dis: Je suis prêt
à accepter, je comprends ce que le ministre a dit tantôt, je ne
suis pas complètement dingo là-dessus, je comprends qu'il y a
certaines affaires qui peuvent peut-être s'ajuster entre les parties,
mais je ne veux pas les laisser aller, tant dans l'intérêt de
l'Hydro-Québec que dans l'intérêt du syndicat. Remarquez
que c'est dans l'intérêt des deux parties.
Je trouve cela anormal qu'on soit rendu à ce
stade-ci, le 20 décembre 1972, après treize mois de
négociations, avec les conflits qu'on connaît, qui existent depuis
longtemps à l'Hydro-Québec et qu'on dise bien gentiment aux
parties: On vous retourne et faites donc vos bons garçons, revenez
nous donc avec une entente. Nous ne sommes même pas capables
d'avoir une entente sur un protocole de retour au travail. Voyons donc! J'ai lu
cela et j'ai dit: Les gars de l'Hydro-Québec, franchement, ne sont pas
méchants de ne demander que cela. Parce que, d'habitude, ils en
demandent beaucoup plus dans une entente de retour au travail. On n'est
même pas capable de s'entendre là-dessus et on va leur dire:
Retournez et allez négocier!
Je dis: Voyons donc, c'est de la foutaise! On se conte des peurs, M. le
ministre. Je vous le dis carrément: Vous vous contez des peurs, si vous
vous imaginez qu'on va dire à ces gens-là de retourner
négocier et qu'on les reverra peut-être au mois de janvier ou
février, je ne sais pas.
Treize mois, quinze mois, vingt-deux mois, qu'est-ce que ça
fait?
M. COURNOYER: Je n'ai pas dit peut-être.
M. BURNS: Je vous dis: Allons-y, faites ça, dites-leur de revenir
demain! Nous siégeons encore cette semaine.
M. COURNOYER: M. Burns, pardon, M. le député de
Maisonneuve, donnez-moi une chance entre le 1er et le 6...
M. BURNS: Vous pouvez m'appeler M. Burns, je ne suis pas
gêné de mon nom.
M. COURNOYER: Apparemment, on n'a pas le droit, il faut dire le
député de...
M. BURNS: Je ne suis pas "choquatif" là-dessus.
M. COURNOYER: Donnez-moi une chance entre le 1er et le 6.
M. BURNS: Non, non!
M. COURNOYER: Vous ne voulez pas me donner une chance, ce que je
cherche, M. Burns, c'est un règlement plus qu'autre chose.
M. BURNS: Non, je veux vous donner une chance.
M. COURNOYER: Je n'ai pas le temps, je ne suis pas une locomotive pour
faire ça demain midi.
UNE VOIX: Négociez, négociez!
M. BURNS: Vous avez un médiateur très compétent qui
s'appelle M. Blain, que je connais très bien, que vous n'avez pas
emmené ici pour rien. Vous ne l'avez pas appelé ici juste pour
venir voir de quoi a l'air une commission parlementaire. C'est parce que,
à un moment donné, vous voulez l'envoyer dans le centre de
l'affaire.
M. COURNOYER: Vous me prêtez des intentions.
M. BURNS: Bravo, M. Blain, je vous dis: Bonne chance et allez-y! Mais
demain, venez nous faire rapport. J'aimerais bien ça. Là, on a
siégé jusqu'à 4 h 30 ce matin à l'Assemblée
nationale. Eux, les gars, ils peuvent peut-être se rencontrer
jusqu'à minuit. Ils peuvent peut-être se voir demain matin de 10 h
à 1 h, ils peuvent peut-être venir nous faire rapport demain
à 3 heures. On verra où ils seront rendus.
M. COURNOYER: Je peux bien venir vous faire rapport demain. Je ne
voudrais pas qu'ils perdent une heure et demie.
M. BURNS: Non, je ne veux pas que ce soit vous qui fassiez
ça.
M. COURNOYER: Pourquoi?
M. BURNS: Ce n'est pas votre rôle de faire ça.
M. COURNOYER: Je le sais bien mais je remplis souvent des rôles
qui ne sont pas les miens.
M. BURNS: Vous n'êtes pas un supermédiateur. Vous devriez
être là pour penser à la législation, mais vous
n'avez pas le temps parce que, je vous l'ai dit plusieurs fois, vous allez
éteindre des feux. Je vous l'ai dit.
M. COURNOYER: Celui-là est un feu important à
éteindre.
M. BURNS: Ce n'est pas un feu, vous l'avez éteint, vous l'avez
arrosé en masse avec le bill 73 dessus. Vous l'avez arrosé bien
comme il faut. Il est éteint, le feu.
M. COURNOYER: II y a encore des braises.
M. BURNS: Sauf qu'il y a des gars qui n'ont pas encore de convention
collective, et vous avez un employeur qui a l'air de ne vouloir rien
comprendre. C'est ça la conclusion de la commission.
M. COURNOYER: Peut-être que je peux lui faire comprendre,
peut-être que vous lui avez déjà fait comprendre au cours
de cette discussion à l'Assemblée nationale.
M. BURNS: Je ne suis pas convaincu de ça. J'aimerais être
convaincu de ça demain après-midi.
M. COURNOYER: Je ne serai pas capable.
M. BURNS: Pourquoi n'êtes-vous pas capable? Avez-vous une bonne
raison?
M. COURNOYER: II faudrait que je discute avec tous ceux qui ont
passé à l'Hydro-Québec en commençant par d'autres
qui ont précédé...
M. BURNS: Ce n'est pas ce que nous demandons. Il semble que les parties
ont des bouts à faire, qu'elles les fassent et elles viendront demain
nous dire quels bouts ont été faits. C'est tout. Demain,
l'Assemblée nationale se réunit, il n'y a pas de problème,
la Chambre ne sera pas ajournée demain parce qu'il y a une motion de
censure de notre parti alors cela veut dire qu'elle va siéger demain.
Moi, je suis prêt â ne pas même aller vous engueuler en
Chambre, mais juste à venir entendre ce qui se passe ici.
M. COURNOYER: Sur quoi porte la motion de censure?
M. BURNS: Sur votre incompétence à administrer la
province.
M. COURNOYER: Tant que vous me laisserez administrer la province, je
vais peut-être être capable de l'administrer comme il le faut.
M. BURNS: Quand je dis la vôtre, je parle de votre premier et du
sixième.
M. LESSARD: Ce n'est pas le député de Laurier, de
grâce !
M. BURNS: M. le Président, je m'oppose entièrement... De
toute façon, il n'y a pas de motion.
M. COURNOYER: Suspension jusqu'à huit heures quinze.
M. BURNS: Le règlement. Je demande l'application stricte du
règlement. On est dépassé six heures, M. le
Président.
M. COURNOYER: La politesse que vous m'avez fait faire tantôt, on
s'en souviendra. C'est dommage, je vais y être obligé. J'avais
l'intention de vous rencontrer demain matin, mais je ne pourrai pas vous
rencontrer demain matin. Le problème restera entier, je n'y peux rien,
vous comprenez.
M. BURNS: Vous pouvez en faire une suggestion. Vous êtes capable
en maudit, à part cela.
M. COURNOYER: J'essaie, M. Burns, de faire tout ce que je peux.
M. BURNS: Faites-les négocier d'ici à demain midi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à huit heures quinze ce soir.
M. BURNS: Demain après-midi ils reviendront ici.
M. COURNOYER: Vous voulez qu'ils négocient et qu'ils reviennent
ici, tout ce monde-là demain après-midi?
M. BURNS: Tout ce monde-là reviendra demain
après-midi.
M. LESSARD: Cela fait longtemps qu'ils attendent.
M. COURNOYER: S'il n'y a rien de réglé demain
après-midi...
M. BURNS: On le saura et vous prendrez vos responsabilités
d'avoir laissé ces gens sans aucun autre recours en leur disant:
Retournez au travail et nous, nous nous croisons les bras et nous vous
regardons. Vous prendrez vos responsabilités à ce
moment-là, M. le ministre.
M. COURNOYER: Je ne me suis pas croisé les bras, M. Burns, et
vous le savez que nous ne nous sommes pas croisé les bras.
M. BURNS: Vous vous êtes croisé les bras. LE PRESIDENT (M.
Giasson): A l'ordre!
M. BURNS: Qu'est-ce qui s'est passé depuis l'injonction, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'ai dit que la commission suspendait ses
travaux jusqu'à huit heures quinze ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 21 )
Reprise de la séance à 20 h 35
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Je vous prie de noter les remplacements suivants: M. Bienvenue est
remplacé par M. Veilleux; M. Blank est remplacé par M.
Gallien-ne; M. Croisetière est remplacé par M. Boivin; M.
Cornellier est remplacé par M. Gratton; M. Demers est remplacé
par M. Croisetière; M. Harvey (Chauveau) est remplacé par M.
Pelletier; M. Marchand est remplacé par M. Pilote.
A la suspension de la séance pour le souper, des membres de la
commission ont exprimé le désir de continuer à discuter
avec des représentants de l'Hydro-Québec et de la partie
syndicale et que ce désir a été exprimé par le
député de Maisonneuve, je lui donne la parole au
départ.
M. BURNS: Merci, M. le Président. D'abord, j'aimerais que le,
ministre nous dise ce qui est arrivé entre le moment où
l'injonction a été accordée et la date où le projet
de loi no 73 a été adopté. Je lui pose la question, non
pas par rapport à l'Hydro-Québec, ou aux syndicats, je lui
demande quel est le travail qui a été fait par ses
fonctionnaires.
M. COURNOYER: Je ne peux pas m'en souvenir. Il y a eu beaucoup de
travail de fait par mes fonctionnaires là-dessus.
M. BURNS: Vous avez eu des conciliateurs. Vous avez eu des
médiateurs. Vous avez eu un juge commissaire enquêteur,
nommé en vertu de l'article 99. Vous n'êtes pas capable de nous
dire ce qui s'est passé.
M. COURNOYER : Mes médiateurs et mes conciliateurs ont fait ce
qu'il y avait à faire.
M. BURNS: Qu'ont-ils fait?
M. COURNOYER: Ils ont fait de la médiation.
M. BURNS: Ecoutez, M. le ministre, nous ne jouerons pas aux nonos. Nous
ne jouerons pas aux "niaiseux" ensemble. Il est bien évident que, s'ils
étaient médiateurs, ils ont "médié", ils ont
"médiaté", ils ont "médiationné"!
M. COURNOYER: Ils ont fait leur possible.
M. BURNS: Je vous demande tout simplement ce qu'ils ont fait. Je vais
vous poser une question plus précise. Votre injonction a
été accordée vous faites partie de ce
gouvernement-là à la demande du lieutenant-gouverneur en
conseil dont vous faites partie, pour ceux qui ne le savent pas, c'est le
cabinet des ministres. Vous avez demandé à un juge de la cour
Supérieure de dire aux gens de l'Hydro-
Québec: Vous n'avez pas le droit de faire la grève et nous
vous enjoignons de retourner au travail. Nous vous avons imposé un petit
travail forcé. On ne discutera pas de cela. Qu'est-il arrivé? De
par l'article 99 du code du travail, il y a eu une personne qui a
été nommée, qui s'appelle un commissaire enquêteur,
en vertu de la loi, non pas au sens du commissaire enquêteur à
l'accréditation, mais un commissaire.
Sauf erreur, ce commissaire est l'ex-juge Beaulieu maintenant à
sa retraite. Qu'est-il arrivé à partir de là? C'est ce que
je vous demande.
M. COURNOYER: M. Burns, je suis avec beaucoup de fébrilité
les activités de mon ministère. J'essaie de les suivre toutes, en
particulier j'ai suivi celle-là de très près. H a dû
y avoir un rapport du commissaire enquêteur, comme il se doit. Je ne l'ai
pas vu, je dois vous l'avouer. Est-ce qu'il y a eu des négociations
à l'intérieur de l'injonction? C'est une injonction de 80 jours
qu'il y avait, celle de l'article 99.
M. BURNS: De l'article 99.
M. COURNOYER: Cette injonction a été prise. On
était censé trouver une solution au problème entre les
parties dans les 80 jours, ce qui n'est évidemment pas
arrivé.
M. BURNS: Quelle est la première date où le commissaire a
rencontré les représentants de chacune des parties?
M. COURNOYER: Je ne le sais pas.
M. BURNS: Vous ne le savez pas! Combien y a-t-il eu de séances,
de rencontres entre le commissaire et les parties?
M. COURNOYER: Je ne le sais pas non plus.
M. BURNS: Vous ne le savez pas! Que faisons-nous ici?
M. COURNOYER: Nous entendons les parties, tel que le mandat le
stipule.
M. BURNS: Attendez un peu. Je veux me former une opinion sur la
situation. C'est tout ce que je veux avoir.
M. COURNOYER: Il y a eu 38 séances de conciliation.
M. BURNS: Etes-vous capable d'obtenir ces renseignements en le demandant
à vos sous-ministres?
M. COURNOYER: Non. Mes sous-ministres ne sont plus ici. Nous sommes en
dehors des heures de travail.
M. BURNS: Qu'est-ce que vous êtes en train
de nous dire? Que nous n'avons pas d'affaire à être
ici.
M. COURNOYER: Non. Vous me posez des questions. Je dis: Je ne peux pas
répondre. Je vais vous répondre demain après-midi sur les
questions aussi précises que cela. J'ai une mémoire, mais ma
mémoire a des limites comme tout le monde.
M. BURNS: D'accord. Alors, M. le Président, je fais motion pour
que la commission s'ajourne immédiatement, que les deux parties, avec
l'insistance...
M. COURNOYER: A demain après-midi.
M. BURNS: M. le Président, voulez-vous prendre ma motion en
note?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Elle est enregistrée.
M. BURNS: On va me la relire tantôt?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce une motion d'ajournement?
M. BURNS: Oui, c'est une motion d'ajournement, mais j'y mets des
conditions. M. le Président, je propose que la commission s'ajourne
jusqu'à demain après-midi, 3 heures, et qu'entre-temps, le
ministre du Travail voit à ce que les parties se rencontrent et que
demain après-midi, à 3 heures, les parties viennent nous faire
rapport de la situation.
M. COURNOYER: A propos de la deuxième partie de votre motion:
Voulez-vous vous rencontrer, s'il vous plaît, j'ai fait mon devoir.
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse. J'invoque le
règlement. Le ministre du Travail peut être bien "cute", parfois,
mais là, il est un petit peu trop "cute".
Je fais une motion. Je demande que la commission s'ajourne à 3
heures demain après-midi et qu'entre-temps le ministre déploie
toutes les énergies nécessaires pour que les parties se
rencontrent et qu'elles viennent nous faire rapport, demain après-midi,
à 3 heures. C'est clair.
M. LESSARD: Nous voterons sur cela, M. le Président. Si le
ministre veut voter contre, il votera contre. C'est son problème.
M. COURNOYER: Je suis d'accord avec vous.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez, un instant !
M. COURNOYER: Pour les mots: "énergies nécessaires", qui
est-ce qui juge le mot "nécessaires"?
M. LESSARD: M. le Président, il y a des gens qui attendent depuis
pas mal de temps pour régler des problèmes. Ils n'ont pas de
convention collective. Ils sont aux prises, à un moment donné...
Le mot "nécessaires"... Il y a une motion sur la table. Si le ministre
calcule qu'il n'est pas capable de suffire, à un moment donné, et
de répondre à ce qu'on demande...
M. COURNOYER: Qu'il démissionne!
M. LESSARD: C'est bien dommage, mais demain matin... Il votera contre.
C'est son problème. Il y a une motion sur la table et nous allons en
discuter.
M. COURNOYER : Je ne voterai pas contre une motion "paquetée"
comme celle-là, mon cher collègue et ami.
M. LESSARD: Votez pour!
M. COURNOYER: Vous devez savoir que je vais être d'accord pour
faire exactement ce que je fais depuis le début de mon mandat. Je vais
faire les affaires nécessaires et ils reviendront demain
après-midi. Mais le nécessaire, je vais le juger.
M. BURNS: Parfait, il n'y a pas de problème. Alors, nous allons
voter.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de Maisonneuve,
vous aviez demandé la parole.
M. BURNS: S'il n'y a pas d'autres intervenants, je demande le vote sur
ma proposition.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous avez demandé que votre motion
soit bien comprise et bien explicitée.
M. BURNS: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je vais tenter de la dire. Si elle n'est pas
exacte, vous me corrigerez. J'ai pris quelques notes rapidement.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Maisonneuve
propose que la commission parlementaire du travail ajourne ses travaux
jusqu'à demain, 3 heures. La motion prie le ministre de voir à ce
que les parties se rencontrent et que ces mêmes parties viennent faire
rapport à la commission, demain, à 3 heures. Est-ce cela?
M. BURNS: Exactement. Si on veut être plus précis, M. le
Président, que les parties viennent faire rapport, demain, à 3
heures, des résultats de leur rencontre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Comme il s'agit d'une motion qui est
recevable, elle est donc débattable. Est-ce qu'il y a des membres
de la commission qui veulent prendre la parole sur la motion du
député de Maisonneuve?
Personne n'intervient, je mets la proposition aux voix. M. Veilleux?
M. VEILLEUX: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gallienne?
M. GALLIENNE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Bossé?
M. BOSSE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Burns?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Boivin?
M. BOIVIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gratton?
M. GRATTON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Cournoyer?
M. COURNOYER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Croisetière?
M. CROISETIERE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Guay?
M. GUAY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Pelletier?
M. PELLETIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Pilote?
M. PILOTE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Shanks?
M. SHANKS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La motion du député de
Maisonneuve est adoptée à l'unanimité des membres de la
commission. Donc, nous ajournons nos travaux et nous reviendrons demain,
à 3 heures.
M. BURNS: A demain, 3 heures. (Fin de la séance à 20 h
45)
Séance du jeudi 21 décembre 1972
(Quinze heures Quarante minutes)
M. GIASSON (president de la commission permanente du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Pour le journal des Débats, je signale les remplacements
suivants, M. Bienvenue est remplacé par M. Veilleux; M. Blank, par M.
Gallienne; M. Bossé, par M. Larivière; M. Croisetière par
M. Boivin; M. Marchand par M. Pilote et M. Harvey (Chauveau) par M.
Gratton.
Vous vous rappelez que lors de la suspension des travaux hier soir, il y
a eu une motion du député de Maisonneuve qui demandait de
suspendre les travaux jusqu'à 3 heures aujourd'hui. Cette motion priait
également le ministre du Travail d'inviter les deux parties à se
rencontrer puis â venir faire rapport à la commission
parlementaire du travail. Suite à cette motion, nous voilà
réunis et je présume que nous aurons rapport tel que requis par
la motion du député de Maisonneuve.
M. le ministre du Travail.
Travail du ministère dans le conflit
M. COURNOYER: Le député de Maisonneuve m'a posé
hier un certain nombre de questions quant aux activités du
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre. Je me suis enquis de
l'exactitude des dates, etc., bref, de tout ce qui s'est passé depuis la
prise de la première injonction qui avait nommé le commissaire
enquêteur, M. Beaulieu. J'ai l'impression que les membres de la
commission pourraient au moins prendre connaissance de tous les rapports du
conciliateur, son éphéméride depuis le début,
depuis qu'il a commencé à intervenir. Si vous voulez, je peux
vous les donner, mais quant à les réciter, c'est assez ennuyeux,
très long, les dates sont plus ou moins précises, il y a parfois
des séances de 19 heures de suite. Vu que les questions étaient
précises...
M. BURNS: Cela m'est égal que vous déposiez les documents.
Il s'agit de savoir pour combien de temps nous sommes ici. Je pose
peut-être une question qui a l'air de mettre la charrue devant les
boeufs, mais je n'ai pas d'objection à ce que vous déposiez,
devant les membres de la commission, votre rapport. Si nous devons nous
rencontrer à, nouveau ce soir ou demain, le cas échéant
nous aurions eu le temps de le lire.
Sinon, je me demande quelle utilité cela aura.
M. COURNOYER: Justement, hier, je n'ai pas saisi l'utilité des
questions, que j'ai peut-être été un peu froissé je
pense, parce que...
M. BURNS: Vous avez manqué votre "party".
M. COURNOYER: ... mes employés ont manqué la
présence de leur patron.
M. BURNS: II y en a encore qui tiennent à cela.
M. COURNOYER: J'ai l'habitude de faire honneur à mes obligations
et celle-là en était une que je n'ai pas pu honorer. Même
si j'étais froissé, il m'a semblé que les questions
étaient dirigées pour savoir honnêtement mettons
qu'aujourd'hui je ne prends pas cela avec un grain de sel, je prends cela
honnêtement si le ministère du Travail avait fait son
boulot là-dedans ou le travail que la loi lui commande de faire et s'il
en avait fait plus.
Je sais que mes employés en ont fait plus. Peut-être que
moi, je n'ai pas fait tout ce qu'il fallait faire, je ne sais pas. C'est une
question de jugement, mais je sais que mes employés ont
déployé à peu près tout ce qu'il faut pour tenter
de rapprocher les parties au maximum.
Ils n'ont pas réussi et moi non plus. C'est le rapport que je
leur ai demandé et il est là. Il n'a pas d'autre but que
d'établir que le ministère du Travail a fait d'énormes
efforts, que les négociations duraient depuis treize mois,
qu'effectivement les parties discutaient encore devant la commission
parlementaire de points qui normalement, auraient dû faire l'objet
d'ententes en treize mois, que nous avons entendu ici, devant cette commission,
dires des choses que les parties ne s'étaient pas encore dites ou ne se
disaient pas depuis très longtemps. Si c'était dans le contexte
général d'expliquer ce qui s'est réellement produit, on a
dit: Voici, je peux déposer cela ou je peux le garder; on va tout
simplement informer les députés sur des dates précises
mais tout cet historique, je n'ai pas voulu le faire à la reprise des
travaux de la commission parlementaire. Si jamais on voulait que je le fasse,
il est là et je peux le déposer. Je ne pense pas que ce soit
utile. Ce n'est pas une question d'utilité, mais qu'il soit bien clair,
par exemple, que mon ministère a été présent dans
cette histoire, sinon le ministre. Le ministère a été
présent et il a fait tous les efforts qu'il fallait qu'il fasse pour que
les parties s'entendent elles-mêmes. Je voulais préciser seulement
cela, pour mon ministère. Ce n'est pas drôle de se faire dire...
Quand c'est rapporté, quelquefois, les gens prennent cela pour autre
chose. Les officiers de mon ministère ont fait tout ce qu'ils pouvaient
faire. Personne ne sera blâmé là-dessus.
M. BURNS: II y a quand même des choses qui m'étonnent dans
cette affaire.
M. COURNOYER: Comme quoi, par exemple?
M. BURNS: Après l'injonction, cela a pris un
célèbre temps avant que les parties ne se rencontrent.
M. COURNOYER: Les parties l'ont peut-être voulu.
M. BURNS: La question, je la posais comme cela.
M. COURNOYER: Il y a eu un laps de temps, vous avez raison. Il y a eu un
laps de temps, probablement voulu par les parties, compte tenu d'autres choses
qui se produisaient ailleurs dans la province. Est-ce une question de
stratégie des parties? Je ne le sais pas de toute façon. Chose
certaine, un temps assez considérable s'est écoulé depuis
la fin de la période de l'injonction de 80 jours.
Il y a eu des périodes de stagnation, volontaire ou autrement,
mais il y a un bout de temps que les parties ne se sont pas rencontrées,
ni par le conciliateur ni autrement.
M. BURNS: Pour éviter qu'on perde du temps, j'accepte que vous
déposiez le rapport. Si on doit y revenir après l'avoir lu, on y
reviendra. D'accord?
M. COURNOYER : Parfait.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que les deux parties qui sont devant
la commission sont prêtes à se faire entendre?
M.GAUVREAU: M. le Président, notre directeur des relations
syndicales, M. Jacques Durocher, et le chef négociateur, M. Robert
Chabot, sont retenus pour quelques instants. Je m'excuse, mais je crois que
ça ne devrait pas durer plus de deux ou trois minutes. Ce ne sera pas
long, excusez-nous. Cela nous arrive très rarement d'être en
retard. C'est la première fois en cinq séances.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Etant donné qu'un des membres me
demande qui est cet homme, il s'agit de M. Gauvreau de l'Hydro-Québec.
Il est commissaire à l'Hydro-Québec.
Rencontre des parties
M. COURNOYER: M. le Président ,à la suite de la motion,
j'ai demandé aux parties de reprendre les pourparlers entre elles et
l'une des parties ayant exprimé le voeu qu'il y ait un
représentant du ministère du Travail, j'ai fait revenir M. Blain
de Montréal. Il est cependant arrivé assez tard hier soir et il
semble que les parties ne se soient réunies entre elles que ce matin, en
présence du conciliateur, M. Blain.
LE PRESIDENT (M. Giasson): MM. Durocher et Chabot, lors de votre courte
absence, il a été convenu que nous devions vous attendre pour que
vous ouvriez le débat qui fait suite à la motion du
député de Maisonneuve, motion formulée hier soir.
D'ailleurs, motion sur laquelle le vote a été pris.
Nous serions prêts, ici à la commission, à vous
écouter.
M. DUROCHER: Jacques Durocher. M. le Président, effectivement, ce
matin, nous avons rencontré la partie syndicale en présence de M.
Yvan Blain et au cours de cette rencontre, nous avons demandé au
syndicat de répondre à notre proposition du 8 décembre.
C'est ce qu'a fait le syndicat et il nous a également indiqué
qu'en ce qui a trait â un certain nombre de textes que nous lui avons
remis le 8 décembre, il avait des commentaires à nous soumettre
sur ces documents. Nous avons convenu que le syndicat nous les ferait parvenir
à sa meilleure convenance.
La proposition syndicale de ce matin, en réponse à la
nôtre du 8 décembre, représente... Il y a plusieurs
éléments là-dedans et, compte tenu du temps que nous
avions à notre disposition, il nous a été impossible de
répondre à cette contreproposition.
Etant donné, comme je l'ai déclaré au syndicat, que
le 8 décembre, dans la proposition que nous avons faite nous avions
donné au syndicat le mandat complet que nous avions eu de la commission,
il me faut dans les circonstances faire rapport à la commission qui
tiendra compte des dernières demandes syndicales et qui avisera en
conséquence.
Voilà la déclaration que j'avais à faire
relativement à notre rencontre de ce matin.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que la partie syndicale aurait des
commentaires à ajouter?
M. BRULE : Je suis passablement étonné de la position de
la partie patronale. C'est évident que nous nous sommes
rencontrés ce matin. Dès la fin de la réunion de ce matin
et à l'ouverture de la séance de la commission parlementaire, il
est sûr qu'il ne s'est pas écoulé grand temps. Mais il
n'est pas vrai que nous ayons parlé de points nouveaux ce matin. Ce sont
des points que nous discutons depuis treize mois. Entre autres, le quartier
général, on en a tout de même discuté pendant deux
jours ici. Les exigences normales, je pense qu'on les a discutées aussi.
Ce ne sont pas des faits nouveaux qui ont été apportés ce
matin. Le plan d'évaluation, le CPPC, on en a discuté à
plusieurs reprises. Les indemnités des non-sédentaires, les gens
aux roulottes, on en a parlé passablement.
En tout cas, je suis drôlement étonné de n'avoir
rien de positif. En fait, on a repassé le travail de la commission
parlementaire, ce matin, dans un temps plus court. Ce qu'on a
déposé devant la commission parlementaire cette semaine, c'est
l'historique que nous avons fait ce matin et il n'y a pas eu de modification
sauf pour les exigences normales. Même le syndicat a proposé
à la partie patronale un document moins volumineux que celui que
nous avons déposé devant la commission parlementaire en
lui ajoutant un paragraphe pour la proposition de l'Hydro-Québec.
Je ne veux pas faire de procès d'intention à
l'Hydro-Québec, mais je trouve déplorable qu'elle n'ait
même pas une petite maudite réponse à donner sur quelque
chose, sur les huit points que nous avons discutés et que nous discutons
depuis treize mois. Je trouve cela un peu inquiétant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de Maisonneuve,
nous sommes réunis ici suite à votre motion. Nous avons eu
l'expression du rapport des deux parties. Est-ce que vous avez des commentaires
ou des questions à formuler?
M. BURNS: Ce que j'ai à dire s'adresse beaucoup plus au ministre
à qui je demande ce qui arrive à partir de maintenant.
M. COURNOYER: D'abord, je ne veux pas poser de question au
sous-paragraphe. Mon conciliateur dit ce qui a été ajouté
au document par la partie syndicale dans le cas des exigences normales, parce
que cela a été discuté ce matin. Et j'imagine que M.
Blain...
Je demanderais un ajournement d'à peu près une demi-heure,
une fois que nous avons reçu le rapport, pour voir jusqu'à quel
point nous pouvons faire autre chose à ce moment-ci. Je ne veux rien
précipiter. Je ne veux pas me choquer.
M. BURNS: Vous demandez qu'on ajourne une demi-heure?
M. COURNOYER: Une demi-heure maintenant...
M. BURNS: Nous reviendrons à 4 h 30?
M. COURNOYER: ... pour que nous puissions nous reparler...
M. BURNS: D'accord.
M. COURNOYER: ... avec quelque chose de neuf.
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 4 h 30 cet après-midi.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 54
Réunion de la commission
hydroélectrique
M. COURNOYER: M. le Président, M. Duro-cher a fait une
déclaration, tantôt, disant qu'il n'avait pas de mandat
additionnel et qu'il y avait une réunion de la commission la semaine
prochaine. On pourrait, à toutes fins utiles, précipiter les
réunions de la commission parce que nous aussi nous sommes une
commission et cela pourrait être difficile de le faire. Par ailleurs,
cela me semblerait honnête de penser qu'il puisse y avoir une
réunion de la commission à une date autre que le 27
décembre. C'est un problème assez important pour nous comme pour
la commission. On pourrait espérer que la réunion ait lieu avant
le 27 décembre.
Ce que je suggérerais, c'est que, d'abord à la suite de la
réunion ou avant la réunion mais suite à la
réunion de la Commission hydroélectrique, les parties se
réunissent à nouveau pour tenter de se parler en présence
du médiateur, M. Blain et M. Dansereau, puisque M. Dansereau a
été au dossier. Il est absent du dossier parce qu'il est malade
pour le moment. Qu'une commission parlementaire soit convoquée pour le 3
janvier et à cette commission, j'aimerais qu'on reçoive le
rapport circonstancié de M. Dansereau sur l'état des pourparlers
lorsque les parties se sont quittées le 8 décembre.
Nous avons entendu les deux parties nous dire où elles pensaient
qu'elles étaient; j'aimerais bien savoir où M. Dansereau pensait
qu'elles étaient parce que j'entends dire des choses, que M. Dansereau
se serait trompé d'évaluation, que ce n'était pas cela. Je
n'aime pas beaucoup avoir cela. J'aimerais qu'on puisse présenter ici un
rapport de M. Dansereau sur les points en litige le 8 décembre et sur
l'état des parties le 8 décembre. A la suite de cela, nous allons
aviser. Dans l'intervalle, je vous assure que je ne négligerai pas les
efforts pour tenter de faire en sorte que les parties règlent leurs
problèmes, sans motion, mais je vais agir sur la même motion
qu'hier.
M. BURNS: II n'y a pas moyen qu'on se réunisse avant cela, M. le
ministre?
M. COURNOYER: Il y a une raison. Je comprends, je ne vous ferai pas dire
les vôtres, mais les miennes ressemblent un peu aux vôtres.
M. BURNS: Quant à moi, je ne suis pas gêné de le
dire, je vais être en dehors du pays à partir du 31
décembre, pour les affaires de l'Etat. Je suis
délégué par l'Assemblée nationale...
M. COURNOYER: Pour moi, c'est une question de santé mentale; en
conséquence, c'est pour les affaires privées de l'Etat.
M. BURNS: II n'y a pas moyen que la
commission siège la semaine prochaine, par exemple, le 28 ou le
29 décembre?
M. COURNOYER: A la condition qu'un autre que moi... si vous n'avez pas
besoin de moi, ça va être parfait.
M. BURNS: Vous venez d'ouvrir une porte en maudit.
M. COURNOYER : Je sais que vous n'avez pas besoin de moi. Effectivement,
je vous assure que je ne peux pas être ici la semaine prochaine. Hier,
c'était un "party", mais je vous assure que ce n'est pas un "party"
demain. Je suis un homme public, mais je suis aussi un homme marié,
père de trois enfants et j'ai le droit de les voir comme tout le monde
ici. Après l'année que j'ai passée, aussi mauvaise qu'elle
ait pu être, je dois à ma famille d'être là pendant
un petit bout de temps, à la fin de l'année. Si vous ne le croyez
pas, je vais aller plaider ça moi aussi. Je vais me négocier une
petite convention collective moi aussi, vous savez, avec toi, Robert.
M. BURNS: Tu aurais de la misère. Je me "revengerais".
M.COURNOYER: Remarquez que ce n'est pas du tout pour éviter votre
présence, parce que malgré le fait que nous ayons des
écarts de langage parfois vous et moi, je crois que vous jouez un
rôle extrêmement important pour la commission parlementaire. Je ne
voudrais pas que vous soyez parti au moment où nous arrangeons les
affaires, ce n'est pas ça. Vous jouez un rôle qui est
extrêmement important; même si on ne s'aime pas; ça va bien
quand même. Quand vous n'y êtes pas, ça paraît.
M. BURNS: Vous allez être entre les habiles mains du
député de Sainte-Marie qui peut aussi apporter une très
grande contribution.
M. COURNOYER: Surtout qu'il connaît l'Hydro-Québec.
Je vous demande le 3 janvier. D'ici à ce temps, on peut toujours
espérer que les parties auront réglé leurs
problèmes.
M. GUAY: C'est ce qu'on souhaite.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres commentaires?
M. BURNS: Est-ce que les gens de votre équipe de conciliation, M.
Blain, M. Dansereau, vont tenter de rencontrer les parties durant cette
période?
M.COURNOYER: S'il y a lieu de le faire, c'est peut-être
aujourd'hui, c'est peut-être demain. Remarquez que c'est demain vendredi.
Il y a lieu de le faire. Je ne serai pas loin.
M. BURNS: Si je comprends bien, à quelle date les
représentants de l'Hydro-Québec doivent-ils faire préciser
leur mandat par la commission?
M.COURNOYER: II me semble que j'ai compris le 27, tantôt, pour la
réunion de la commission. J'ai souhaité que la réunion
puisse avoir lieu avant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, sur la proposition du ministre, je
pense que cela semble logique. Ce que je vais tenter de savoir c'est, au moins
si cela est possible, même si ce n'est pas absolument sûr, si les
parties vont se rencontrer. Evidemment, ce qui est souhaitable, c'est
qu'à la réunion du 3 janvier, les parties nous disent: On
négocie et ça va bien. C'est entendu.
M. COURNOYER: J'aimerais mieux qu'elles nous disent: C'est
réglé et c'est fait.
M. GUAY: Ce serait encore mieux. Au moins, que les parties se
rencontrent. Pour négocier, il faut se rencontrer.
M. COURNOYER: II y a une question de jugement. Si c'est pour se
rencontrer et se répéter les mêmes choses comme elles l'ont
fait ce matin, est-ce que cela a de l'allure de les faire se rencontrer
à nouveau? C'est une question pour le médiateur, qui va voir s'il
y a lieu de les faire se rencontrer à nouveau. Parce que, si on veut
avoir un règlement, il faut qu'elles se marient. Je ne voudrais pas
utiliser de mauvais mots, mais il faut qu'elles communiquent. Ce n'est pas tout
de se rencontrer. On ne fait pas d'enfant si on ne couche pas dans le
même lit!
M. GUAY: La commission parlementaire a déjà un certain
travail de fait, c'est-à-dire qu'on a entendu les parties. Les
parlementaires sont quand même conscients de la gravité du
problème, de la situation et je ne peux pas faire autrement que
d'appuyer vos propos, M. le ministre, et d'espérer, entre-temps, qu'il y
ait un règlement négocié comme, normalement, cela doit se
faire.
M. COURNOYER : Merci.
M. BURNS: Avant qu'on ajourne la séance, M. le Président,
est-ce que les gens de l'Hydro-Québec, est-ce que M. Gauvreau peut me
donner la réponse? J'ai demandé, avant-hier, un certain nombre de
documents. Je n'en ai pas encore entendu parler. L'avez-vous oublié?
M. GAUVREAU: Nous ne l'avons pas oublié. Nous allons les
déposer lorsque nous aurons compilé des choses que nous avons
demandées.
M. BURNS: Est-ce que vous pouvez nous promettre cela pour, au moins, la
prochaine séance, pour le 3 janvier?
M. GAUVREAU: Nous allons faire notre possible.
M. BURNS: Vous ne pouvez pas le promettre.
M. GAUVREAU: Une partie certainement. Une bonne partie.
M. BRULE: Cela fait treize mois qu'on négocie. Il y a quelque
8,000 gars qui attendent une convention collective de travail. Si je comprends
bien, à l'Hydro-Québec, il y a cinq commissaires.
Je ne sais pas si on pourrait juger du sérieux du
problème, pour faire des réunions spéciales quand il y a
8,500 gars qui attendent. On prend la réunion normale prévue pour
la commission.
M. COURNOYER: J'ai demandé, M. Brûlé, à
l'Hydro-Québec de faire une réunion avant le 25.
Employé suspendu
M. BRULE: Elle était prévue pour lundi, puisque M.
Gauvreau m'a dit qu'il y avait une réunion de la commission lundi
prochain. J'ai un gars qui est suspendu indéfiniment, qui s'appelle
Dufour. On va en reparler le 3 janvier de ça aussi. Cela fait deux
semaines que je parle de l'affaire Dufour. J'ai même fait des
propositions à l'Hydro-Québec en disant: Installez-le au travail,
ce gars. Quand nous aurons signé la convention, nous ferons valoir nos
preuves de part et d'autre et nous verrons si trois semaines de suspension
c'est suffisant ou non. Dufour, il va passer les Fêtes avec sa suspension
indéfinie, il ne pourra pas retourner au travail, parce que ça
fait partie du grand "package deal". Il me semble que c'est jouer avec des
gars, c'est jouer avec de la chair humaine, pas mal. Il me semble que si
l'Hydro-Québec veut avoir de la compréhension de la part du
syndicat pour les délais additionnels, elle devrait devenir un peu plus
humaine ou faire semblant qu'elle l'est, en tout cas. Ce gars va passer les
Fêtes en attendant les résultats des négociations pour
savoir ce qui va arriver avec son avenir. Vous allez dire que c'est un gars,
mais pour moi c'est drôlement important. Parce qu'il y a un protocole
d'entente qui fait partie aussi de ce paquet et ça couvre des gars comme
Dufour. Mais tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas discuté, Dufour
est sur la sellette. On va attendre la réunion de la commission et on va
attendre un mandat.
M. COURNOYER: Je n'ai jamais dit ça. M. BRULE: Je voulais vous le
faire dire. M. COURNOYER: Je n'ai pas dit ça. J'ai demandé, s'il
y avait lieu que vous vous réunissiez, que le médiateur use de
son jugement. C'est tout ce que j'ai répondu aux
députés.
M. BRULE: Est-ce qu'il y aurait moyen entre-temps, au moins, de
régler l'affaire Dufour? C'est la proposition du syndicat, de le
réinstaller au travail et on verra après la signature de la
convention si c'est abusif, les trois semaines de suspension ou s'il
mérite ça, ou si cela doit être rétréci ou si
ça pourrait être maintenu. Il me semble qu'on ne demande pas
l'impossible, on demande à un gars qui a été suspendu
à la suite d'une grève légale pour les gestes qu'il a
posés durant une grève... Des gestes, les travailleurs
syndiqués en ont posé, mais il y a des cadres qui en ont
posé aussi. Je me penche sur ce cas. Je trouve malheureux d'être
obligé d'apporter ça devant une commission parlementaire dans les
circonstances. Il me semble qu'il y a une logique de relations syndicales qui
devrait dépasser ça.
M. BURNS: Est-ce que l'Hydro-Québec a besoin d'un nouveau mandat
pour profiter du protocole d'entente?
M. GAUVREAU: II y a une seule rectification que je voudrais faire en
parlant de lundi, dans une conversation privée avec M.
Brûlé, avec qui j'ai parlé lundi, je pensais tout
simplement à la prochaine réunion habituelle de la commission,
qui a lieu le lundi. Je n'avais pas vérifié que c'était
Noël la semaine prochaine. Normalement, la prochaine réunion n'est
pas lundi. Je voulais dire que ce qu'il m'avait dit, j'en parlerais à la
commission à la prochaine réunion.
M. COURNOYER: Vous avez pris votre demande en considération
sérieusement.
M. GAUVREAU: Je suis prêt à collaborer avec mes
collègues pour ...
M. COURNOYER: Non, collaborez donc avec moi un peu. Je vous demande si
vous pouvez réunir la commission avant lundi.
M. GAUVREAU: Nous avons le droit, les commissaires, d'après notre
règlement interne, de demander une réunion.
M. COURNOYER: S'il vous plaît. M. GAUVREAU: Nous avons le
droit.
M. COURNOYER: Est-ce que vous pourriez nous donner le privilège,
à nous, de vous demander d'exercer ce droit?
M. GAUVREAU: Je vais communiquer avec le président.
M. COURNOYER: Pardon?
M. GAUVREAU: Je vais communiquer avec le président; et si les
membres sont disponibles, nous aurons une réunion. Je ne peux pas vous
promettre qu'il y aura une réunion de la commission demain.
M. COURNOYER: Ecoutez! Vous êtes devant une commission
parlementaire, M. Gau-vreau. Vous ne pouvez pas me promettre qu'il y aura une
commission demain? Voulez-vous que j'aille prendre le téléphone
et...
M. GAUVREAU: Je peux vous promettre que je vais essayer.
M. BURNS: Voici ma question. Est-ce que les négociateurs de
1'Hydro -Québec ont besoin d'un nouveau mandat pour discuter du
protocole d'entente?
M. GAUVREAU: Le protocole d'entente n'est jamais venu devant la
commission.
M. BURNS: Cela veut dire qu'ils ont besoin d'un nouveau mandat pour en
discuter.
M. GAUVREAU: Le protocole d'entente a récemment été
soumis, il est évident qu'il faut un nouveau mandat.
M. BURNS: Quand a-t-il été soumis? Je demande ça
à la partie syndicale. Quand le projet de protocole d'entente a-t-il
été soumis à l'Hydro -Québec?
M. BRULE: Nous l'avons remis à M. Danse-reau le 8, la
journée de l'offre globale de l'Hydro-Québec. Et nous l'avons
déposé à la commission hier. Mais c'est drôle,
chaque fois qu'on parle de documents avec l'Hydro-Québec, c'est toujours
la première fois qu'elle en prend connaissance. Hier, à propos du
plan d'évaluation des opérateurs, l'Hydro-Québec dit
qu'elle venait de prendre connaissance des demandes du syndicat quand il y a eu
des conversations téléphoniques avec des responsables de cette
agence et qu'on en a discuté ici même avec M. Chabot.
On nous dit que c'était la première fois qu'on en prenait
connaissance. C'est tout de même se "garrocher" la balle et c'est jouer
avec les nerfs de pas mal de gars. Tout de même, il y a 8,500 gars de
l'Hydro-Québec qui sont rentrés à la suite du bill 73. On
a dit qu'il y aurait une commission parlementaire et qu'on parlerait de nos
problèmes.
Maintenant, on ne veut déranger en rien la vie de personne. On
parlera des problèmes des gars de l'Hydro-Québec quand cela
pourra convenir à tout le monde. Moi, j'ai voyagé la nuit pour
les gars de l'Hydro-Québec et nous avons fait des appels
téléphoniques durant la nuit pour aviser nos gens, quand il y a
eu le bill 73, qu'il y avait une loi et qu'on leur recommandait le retour au
travail. On l'a fait la nuit.
On a fait des assemblées le matin. La journée de
l'adoption de la loi, on a fait des assemblées avec nos gars pour leur
expliquer la loi. On ne pensait pas â notre contrat de travail, à
du 8 à 5. On faisait face à nos responsabilités. Il y a
rien de plus déprimant au temps où on se parle. On tente de
trouver des solutions à notre problème et on attend une
réunion de la commission qui sera dûment convoquée. Comme
si tout allait bien, qu'il n'y avait pas de problème, qu'il n'y avait
pas de différend entre les parties. Cela devient un peu
inquiétant. On dirait que le renouvellement de la convention collective
de travail des gars de l'Hydro-Québec devient un
à-côté pour les commissaires. Il y a d'autres
préoccupations ailleurs.
Moi, je trouve que cela prend du front. C'est le moins que je puisse
dire, que cela prend du front! Je pense que cela démontre clairement
l'espèce de relations humaines, de relations de travail qu'il peut y
avoir entre une entreprise comme l'Hydro-Québec et un syndicat. La
situation qu'on vit, c'est qu'il ne faut rien déplacer, ne pas bouger
trop vite. Il ne faut tout de même pas empêcher les gens de prendre
leur fin de semaine. C'est épouvantable!
Seulement, nos gars, cela fait treize mois qu'ils bûchent. Et ils
ont droit d'avoir un renouvellement, et la meilleure convention possible dans
le plus bref délai possible. Quand je dis le plus bref délai,
c'est au temps où on se parle, car cela fait tout de même
déjà treize mois.
On s'est fait dire toutes sortes de choses dans ce maudit
dossier-là. Je pense que c'est suffisant. Si l'Assemblée
nationale peut mettre des pressions parfois, je pense que cette même
Assemblée nationale, dans le cas d'une industrie
québécoise et une régie d'Etat peut aussi serrer la vis
quelque part parfois, quant on voit une telle indifférence.
En tout cas, je ne peux pas faire plus pour le moment, mais je demande
aux gens de la commission parlementaire et aux gens de l'Assemblée
nationale de prendre le problème des gars de l'Hydro-Québec au
sérieux, parce que cela va devenir sérieux.
M. BURNS: Cela l'est pas mal déjà. Cela va le devenir
encore plus?
M. BRULE: Cela va devenir sérieux. Ce n'est pas vrai qu'on va se
faire "garrocher" comme des balles de ping-pong tout le temps.
M. BURNS: Vous voulez dire que cela va le devenir plus?
M. BRULE: Cela va le devenir plus.
M. BURNS: Je le sais bien, il y a du monde patient chez vous. M.
Gauvreau, je veux juste vous poser une dernière question
là-dessus. Un congédiement chez vous relève-t-il d'une
décision de la commission ou de votre service de relations patronales
ouvrières?
M. GAUVREAU: Cela relève de la commission.
M. BURNS: Cela relève de la commission! Tous les
congédiements, ce sont les commissaires qui se prononcent dessus?
M. GAUVREAU: Oui.
M. BURNS: Les réinstallations également?
M. GAUVREAU: Oui. Cela va de soi. C'est lié parce que
réinstallation...
M. BURNS: Vous me dites qu'il n'y a pas de... Pardon?
M. GAUVREAU: Vous parlez d'une réinstallation consécutive
à une suspension. M. Dufour est suspendu...
M. BURNS: Oui.
M. GAUVREAU: ... et non congédié.
M. BURNS: Une suspension indéfinie, jusqu'à preuve du
contraire, est un congédiement.
M. GAUVREAU: Oui. Cela relève de la commission.
M. BURNS: Cela relève de la commission? M. GAUVREAU: Oui.
M. BURNS: Cela signifie que votre groupe de négociateurs ne
pourrait pas, demain, rencontrer des représentants du syndicat et
négocier ce point sans l'avis de la commission, n'est-ce-pas?
M. GAUVREAU: Ils pourraient toujours en discuter.
M. BURNS: Oui, mais vous ne pouvez pas prendre de décision.
M. GAUVREAU: Ils pourraient faire une recommandation à la
commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Cela fait plusieurs heures que nous passons en commission
à attendre les parties de part et d'autre. Il n'y a peut-être pas
treize mois que nous en entendons parler comme députés, mais cela
fait plusieurs mois que nous en entendons parler. Quand le ministre dit d'ici
au 3 janvier, les gens vont se rencontrer et discuter sérieusement, je
prends cette suggestion comme très impérative, parce qu'en
relations de travail, si j'étais à la place des syndiqués,
après treize mois d'attente, cela doit devenir joliment "tannant". Comme
membres de l'Assemblée nationale, nous avons eu l'occasion maintes fois
de faire des réunions urgentes sans tenir compte de l'heure et de la
journée. Je trouve normal que, pour essayer de régler ce conflit,
cela soit les gens de l'Hydro-Québec ou que cela soit les syndicats qui
oeuvrent à l'intérieur de l'Hydro-Québec pour
représenter les employés, d'ici le 3 janvier, à la
prochaine commission, qu'on prenne quand même au sérieux ce qui a
été dit par les membres de la commission, ici, et qu'on cherche
réellement à trouver une solution.
Comme le disait le ministre, le médiateur viendra nous faire un
rapport de l'état des négociations, exactement où en
étaient les négociations le 8 et s'il y a une évolution
d'ici le 3 janvier, j'ai l'impression qu'il y a des membres de la commission,
du moins pour ma part, si cela ne bouge pas ni d'un côté, ni de
l'autre, nous serons peut-être un peu moins doux que nous avons pu
l'être jusqu'ici.
C'est anormal. Si vous voulez négocier il va falloir que vous
vous regardiez dans les yeux l'un l'autre et que vous vous parliez, que vous
essayiez de trouver des solutions de part et d'autre. Si vous restez le dos
tourné l'un à l'autre, il est entendu que vous ne trouverez pas
de solution d'ici le 2 janvier. Le seul souhait que je puisse faire en tant que
membre de la commission, c'est que vous vous retourniez, que vous vous
regardiez et que vous discutiez de part et d'autre, sans répéter
tout ce que vous dites depuis treize mois. Vous avez votre voyage et nous
aussi, nous commençons à l'avoir. C'est primordial pour des
relations de travail, si on veut en venir à une entente, que les gens
soient capables de se parler et de discuter. Je compte fortement que ce
dialogue se fasse et que, s'il y a lieu, les commissaires de
l'Hydro-Québec se réunissent. Si cela fait partie du travail de
se réunir pour donner un nouveau mandat ou pour dire à votre
négociateur de se retourner et de discuter franchement... Je pense que
c'est autant votre devoir de le faire que ç'a été le
nôtre de nous réunir en commission depuis plusieurs jours. Moi
aussi, je commence à avoir mon voyage.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je voudrais poser
une question à M. Gauvreau. Au sujet de ce que vous disiez tantôt,
dans le cas de M. Dufour dont parlait M. Brûlé, vous ne pouvez pas
prendre la décision de le réintégrer dans ses fonctions
sans passer par la commission, sans la permission de la commission. C'est cela
que vous avez dit?
M. GAUVREAU: Comme commissaire seul, je ne peux prendre aucune
décision dans aucun domaine.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela veut
dire que, dans tous les autres domaines on parlait des quartiers
généraux, des non-sédentaires, des sédentaires
pour toute concession que vous pouvez faire au syndicat, il faut que
vous passiez toujours par la commission.
M. GAUVREAU: Les négociateurs tous les gens qui font de la
négociation syndicale le savent agissent à
l'intérieur d'un mandat qui couvre toute une série de choses. Ils
peuvent agir à l'intérieur de leur mandat sans revenir à
la commission, mais si un changement doit être apporté au mandat,
ils doivent revenir à la commission.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Brûlé mentionnait le cas
Dufour. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais M. Brûlé
dit: Ce gars va passer les Fêtes et va se dire tout le temps: Est-ce que
je vais ravoir mon poste ou si je ne l'aurai pas?
Vous laissez un gars dans l'attente et vous ne pouvez pas prendre de
décision sans convoquer la commission et sans que la commission
décide de le réembaucher. N'y a-t-il pas moyen de hâter les
choses par téléphone ou quoi que ce soit? Il faut que tous les
commissaires se réunissent pour décider d'un cas comme ça!
On a suspendu un employé parce qu'il a donné un coup de coude ou
n'importe, je ne le sais pas. Je vous pose la question. Je trouve ça un
peu extraordinaire; je me mets dans la peau du gars qui est suspendu à
cause d'une grève et qui se dit: Peut-être que j'ai
été suspendu et il y en a des centaines d'autres qui ont agi
comme moi, des deux côtés. Le gars passe une période des
Fêtes dans l'indécision, l'incertitude et il n'y a pas moyen de
faire quoi que ce soit, il n'y a aucun joint possible sans convoquer tous les
commissaires et qu'ils disent: Dufour, tu viens travailler ou tu restes dehors.
Il n'y a rien à faire, c'est ce que vous voulez dire?
Je trouve ça inconcevable. Je comprends que c'est votre mandat,
je ne vous dis pas que c'est votre faute. Mais il reste que c'est un
problème et ça énerve 8,000 gars qui sont en
arrière pour être sûrs... Parce que j'ai vécu une
grève à l'Hydro-Québec et il s'est passé toutes
sortes de choses. Souvent, un de nos collègues, un de nos
confrères, qui est pris comme ça, ç'a des
répercussions sur 8,000 gars, ç'a des répercussions
très mauvaises. Je comprends M. Brûlé, peut-être
qu'il ne veut pas le dire, mais je vais le dire. Je comprends les 8,000 gars
qui sont là, énervés. Je ne lui pose pas la question,
peut-être qu'il a une maudite misère à les tenir en paix.
C'est de la dynamite, c'est un feu qu'on arrose avec de l'essence.
Peut-être que le fait de réintégrer ce gars diminuerait la
tension et que ça aiderait même aux négociations. Un
syndiqué, un de ses confrères qui est mal pris, on le
considère tout le temps, on essaie toujours de le sortir de la
situation. On dirait qu'il ne se fait absolument rien pour que les deux parties
se rencontrent. On dirait que toutes les circonstances font qu'il faut que vous
restiez divisés par un maudit mur et je m'attends que le 3 va arriver et
qu'on n'aura rien de fait. Je m'attends à ça. Pour les
fêtes, les gens ne sont pas disponibles. Je suis prêt à
venir le 3, mais probablement qu'on va venir pour rien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député du Lac
Saint-Jean.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Un cas comme ça me préoccupe,
autant que s'il concernait 100 personnes.
M. PILOTE: M. Gauvreau, il est 5 h 25, vous serait-il possible de
communiquer avec le président de l'Hydro-Québec pour demander une
réunion des commissaires, pour rencontrer votre négociateur et
lui donner un mandat plus grand pour négocier avec les syndicats et
d'avoir une réunion demain pour empêcher que la sauce ne se
gâte.
M. GAUVREAU: Vous parlez d'un mandat global? Je veux dire un mandat
général ou un mandat sur le problème.
M. PILOTE: Un mandat plus large pour le cas qu'il faut.
M. GAUVREAU: Je crois que j'ai déjà répondu
à cette question, au ministre Cournoyer. J'ai dit : Je suis prêt
à faire un appel, à faire des pressions auprès de mes
collègues pour qu'ils se réunissent plus tôt.
M. COURNOYER: Nous allons plaider tous les deux et nous allons faire
tous les deux des pressions et la réunion devrait avoir lieu normalement
avant la semaine prochaine. D'accord? Vous et moi, nous faisons ça
ensemble, nous sommes d'accord tous les deux?
M. GAUVREAU: Je peux aller dans votre bureau, si vous voulez.
M. COURNOYER: Est-ce que nous sommes d'accord, tous les deux pour faire
pression auprès des commissaires?
M. GAUVREAU: Je suis prêt.
M. BRULE: J'ai une question à poser à M. Gauvreau. A
quelle date a eu lieu la dernière réunion des commissaires?
M. GAUVREAU: Nous nous sommes réunis lundi dernier.
M. BRULE: Vous vous êtes réunis lundi dernier. Cela fait
trois semaines qu'on a porté à l'attention de
l'Hydro-Québec le congédiement de M. Dufour. Pourquoi en
parlera-t-on à la prochaine et n'en a-t-on pas parlé avant? Cela
fait trois semaines que c'est porté à l'attention de
l'Hydro-Québec et nous nous sommes ren-
contrés la semaine passée. On ne me dira pas que
l'Hydro-Québec n'était pas au courant, qu'on n'a pas amené
le cas Dufour. On l'a amené aux représentants du ministère
du Travail et aux représentants de l'Hydro-Québec il y a
au-delà de trois semaines. Cela veut dire qu'on va en parler seulement
lundi mais on s'est réuni il y a une semaine et il y a deux
semaines.
M. COURNOYER: M. Gauvreau et moi venons de convenir de presser sur les
autres commissaires pour qu'il y ait une réunion avant mardi, le 27. Les
autres commissaires, il y a M. Giroux qui est le président, M.
Déguise qui apparemment est malade il ne sera pas là
il y a M. Boyd qui est encore commissaire et l'autre, c'est M. Paul
Dozois. Il en reste quatre autres, mais il y en a un ici devant moi. Nous
allons nous parler, M. Gauvreau a dit oui tout à l'heure. Nous allons
parler tous les deux au président pour qu'il y ait une réunion
avant lundi.
M. BRULE: Si vous avez besoin de poids pour presser, je suis assez
solide !
M. COURNOYER: Non, j'ai ajouté le moindre, j'ai ajouté le
mien à celui de M. Gauvreau pour l'aider à convoquer la
commission avant; en plus, il y a toute la commission parlementaire qui l'a
demandé, je ne sais pas combien de fois.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Le problème Dufour n'est pas le projet
de la baie James, ça ne doit pas prendre des discussions de quatre ou
cinq jours, c'est oui ou non. Quitte, après, à revenir. Je ne
sais pas, je trouve ça ridicule.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux jusqu'au 3
janvier prochain, quinze heures, trois heures de l'après-midi.
(Fin de la séance à 17 h 26)
ANNEXE Référer à la version PDF page B-8158
À PAGE B-8171