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Commission permanente
du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail
et de la Main-d'Oeuvre
Séance du jeudi 13 juin 1974
(Dix heures vingt minutes)
M. CORNBLLIBR (président de la commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs! La commission
du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration reprend ses travaux, ce
matin, pour l'étude des crédits du ministère du
Travail.
Pour la réunion de ce matin, les membres de la commission sont
MM. Bérard (Saint-Maurice), Bonnier (Taschereau), Burns (Maisonneuve),
Cournoyer (Robert-Baldwin), Harvey (Charlesbourg), Malépart
(Sainte-Marie).
M. BURNS: Vous avez beau essayer, M. le Président, cela va rester
"Robert-Baldwin" pareil!
M. COURNOYER: Comme Robert Burns, cela reste toujours "Robert
Burns"!
M. BURNS: Surtout quand c'est Gordon entre les deux!
Bon. A part ça, chez vous sont bien?
Situation sur les chantiers de construction
(suite)
M. COURNOYER: J'aimerais vous donner des indications sur ce qui se passe
sur les chantiers de construction actuellement.
M. BURNS: J'avais indiqué au ministre que j'aimerais qu'il fasse
à nouveau le point, maintenant qu'une journée s'est passée
depuis le dernier rapport.
M. COURNOYER: Le rapport date de cinq heures hier après-midi. Je
le donne par région.
A Chicoutimi, il y a 33 chantiers de fermés. J'ai la liste. Cela
ne vaut pas bien bien la peine de donner la liste des chantiers, mais, à
Chicoutimi, il y a 33 chantiers de fermés.
A Sorel, tous les chantiers de construction sont fermés. A
Sept-Iles, tous les chantiers de construction sont fermés, à
l'exception de neuf petits chantiers. Il ne faudrait pas dire où ils
sont, par exemple, parce qu'ils vont aller les fermer. Je ne sais pas où
ils sont.
A Québec, tous les chantiers industriels et commerciaux sont
fermés et 50 p.c. des chantiers domiciliaires sont fermés. La
liste des chantiers qui ne sont pas fermés pourrait être
donnée au ministre, mais je ne l'ai pas, actuellement.
A Rimouski, il y a un chantier de fermé. C'est la polyvalente de
Rivière-au-Renard, route 6, à gauche, à
Rivière-au-Renard.
A Trois-Rivières, tous les chantiers de construction sont
fermés. A Drummondville, aucun chantier de fermé dans cette
région. A Joliette, tous les chantiers de construction sont
fermés. A Val-d'Or, aucun chantier de fermé encore dans cette
région, à cinq heures, hier après-midi. A Montréal,
tous les chantiers de construction sont fermés. A Hauterive, trois
chantiers de construction sont fermés. A Hull, 23 chantiers de
construction sont fermés. A Saint-Jérôme, 50 p.c. des
chantiers domiciliaires sont fermés. Bien sûr, si je mets
Sainte-Scholastique dans la région de Saint-Jérôme, cela
semble aussi fermé bien dur, fermé comme il faut.
M. BURNS: A clé.
M. COURNOYER: A Sherbrooke, 35 chantiers de fermés; région
de Saint-Jean et d'Iberville, aucun chantier de fermé; région de
Gran-by, 3 chantiers de fermés; région de Saint-Hyacinthe
proprement dite, les gros chantiers sont fermés et il semble que tous
les chantiers de moindre importance sont également fermés;
région de Beloeil et Saint-Hilaire, tout est fermé. Je pense que
j'ai fait le tour de la province.
M. BURNS: Le ministre peut-il nous dire quelle est la proportion des
chantiers qui sont fermés actuellement dans le Québec?
M. COURNOYER: On peut dire, sans crainte de se tromper, qu'il y aurait
à peu près 72.5 p.c. des chantiers de fermés.
M. BURNS: Environ les trois quarts.
M. COURNOYER: Peut-être un peu plus; 72.5 p.c. étant, bien
sûr, la proportion de la FTQ par rapport à la CSN et la CSD comme
représentativité dans l'industrie de la construction, mais aucune
incidence dans la... C'est une question de déduction.
M. BURNS: Le ministre est-il en mesure de nous dire si des pourparlers
ont été amorcés entre les parties hier? Quand on en a
parlé, il n'y avait pas encore de contact. Le ministre, je pense, par
ses représentants, tentait de façon officieuse de voir ce qu'il y
avait à faire. C'est bien normal dans les circonstances. Mais est-ce que
depuis ce moment il y a eu rencontre entre les parties, au moins?
M. COURNOYER: II n'y a pas eu de rencontre entre les parties. Je ne
dirai pas cependant qu'il n'y a pas eu de rencontre entre les officiers de mon
ministère et certaines des
parties, sans vouloir les nommer, pour le moment, si vous me
permettez.
M. BURNS: D'accord.
M. COURNOYER: Mais il y a eu des rencontres entre les officiers de mon
ministère et certaines des parties quant à la méthode
d'intervention qui pourrait être décidée par le
ministère dans le cas du conflit de la construction. Ce genre de test,
si je peux appeler ça un test, devrait se poursuivre d'ici midi pour
que, cet après-midi, je puisse faire autre chose et avoir une image un
peu plus exacte des possibilités que nous aurions, soit de demander
formellement aux parties de retourner au travail, de rouvrir les chantiers,
d'une part et, d'autre part, de retourner au travail et de s'abstenir
d'empêcher les gens d'aller travailler, de s'abstenir de demander aux
gens d'arrêter de travailler ou de s'abstenir d'intervenir sur les
chantiers de construction. C'est une hypothèse que je croirais plausible
pour le courant de l'après-midi.
Ce serait plausible que nous demandions cela. Maintenant, nous allons
peut-être le demander, mais nous voudrions avoir l'assurance que, l'ayant
demandé, on n'a pas juste mis le problème de côté,
on a saisi les parties d'une possibilité de rencontre, et vu cette
possibilité de rencontre, cela incite les gens à retourner dans
un climat de paix au moins pendant que les rencontres auront lieu.
M. BURNS: Est-ce que le ministre prévoit nous faire une
déclaration dans le courant de la journée à ce sujet?
M. COURNOYER: Je ne pourrais vous l'assurer parce que, d'abord, je ne
suis pas au point stratégique pour le moment, le point
stratégique se situant beaucoup plus à Montréal
qu'à Québec, et je ne suis pas en mesure, sauf par mon conseiller
spécial, de...
M. BURNS: Dont on a parlé hier?
M. COURNOYER: Oui, mais là il est préoccupé par ce
que vous avez dit hier.
M. BURNS: J'espère que ça ne l'a pas empêché
de dormir, pauvre Gilles.
M. COURNOYER: Non, pauvre Gilles, il n'est pas pauvre avec le salaire
que je lui donne.
M. BURNS: Je suis content de vous l'entendre dire.
M. COURNOYER: II reste que ça énerve un peu les gens;
c'est comme M. Kissinger, il est énervé un peu par une chose
actuellement. Il est un peu énervé, mon Gilles, mais je pense
bien que ce midi il va être moins énervé que ce matin.
M. BURNS: Bon, en tout cas...
M. COURNOYER: Ce midi, quand je lui expliquerai l'état d'esprit
dans lequel le député de Maisonneuve se trouvait lorsqu'il a
posé sa question et qu'elle était située dans un ordre
général beaucoup plus que dans notre cas particulier, j'ai
l'impression que nous allons...
M. BURNS: II faut bien lui dire à M. Laporte que ce
n'était pas son cas comme tel, son cas servait d'exemple à une
situation que je considère généralisée, sans
vouloir revenir sur ce sujet; le ministre a très bien compris le sens de
mes remarques qui ne visaient pas M. Laporte particulièrement, dont j'ai
reconnu hier, de façon non ambiguë, la compétence et la
valeur dans le poste où vous l'employez.
M. COURNOYER: Ceci étant dit, je pense bien qu'on peut quand
même espérer que cet après-midi, d'une manière ou
d'une autre, que je sois présent ou non en Chambre, je devrais au moins
communiquer une certaine attitude du ministre. Si je ne suis pas capable, c'est
parce que mes conseillers et moi-même avons jugé qu'il
n'était pas opportun de le faire cet après-midi, mais je ne crois
pas que je puisse laisser passer la semaine sans avoir fait une intervention
dans le domaine de la construction.
Je souhaiterais que les chantiers rouvrent lundi matin. Je ne dis pas
que tout le problème va être réglé, mais je
souhaiterais que normalement les chantiers ouvrent lundi matin. Mais comme je
ne suis pas à un souhait près et à un échec
près, au moment où je vous parle, je fonderais peu d'espoir, mais
peut-être que cet après-midi j'aurais plus d'espoir.
Pompiers de Montréal
M. BURNS: Pendant qu'on est dans le domaine des conflits, M. le
ministre, c'est toujours plus intéressant de parler d'un conflit avant
qu'il arrive. Je suis informé qu'à Montréal il y en a un
qui semble vouloir se dessiner, au grand déplaisir du syndicat
concerné. D'ailleurs, des représentants de ce syndicat sont ici
ce matin, le syndicat des pompiers de Montréal. Le ministre est au
courant du problème, il nous en a parlé d'ailleurs au
début des négociations. Il en a parlé en passant
évidemment. Il semblerait qu'actuellement il y aurait des groupes de
pompiers à Montréal qui s'apprêteraient à manifester
leur désaccord devant l'attitude un peu négative que la ville
entretient à leur égard lorsqu'ils demandent une révision
de leur salaire. Etant donné la sentence arbitrale, étant
donné, comme le ministre l'a mentionné d'ailleurs quand il en a
parlé, les critères que M. Lalancette a utilisés pour
fixer le salaire des pompiers de Montréal, étant donné ces
critères-là, en tout cas un de ces critères, celui de
l'évaluation du taux d'inflation, s'est avéré par la suite
absolument inexact, je pense bien que
tout le monde va comprendre qu'un mécontentement existe.
Cela ne relève pas, selon mes informations, du syndicat
lui-même, mais il y a des groupes qui ont décidé que
mercredi prochain ils poseraient des gestes pour montrer leur désaccord
face à la situation. J'apprends, parallèlement à ça
qu'une somme de $30 millions a été mise à la disposition
de la ville de Montréal pour faire face aux diverses augmentations de
coût causées par cette inflation qui continue à nous
affecter. Je me demande, étant donné que c'est le gouvernement du
Québec qui aurait mis ces $30 millions à la disposition de la
ville de Montréal pour faire face aux coûts plus
élevés, si le ministre n'est pas en mesure de faire des pressions
auprès de Son Honneur le maire Drapeau pour voir qu'au moins on ne se
retrouve pas dans une situation de conflit chez les pompiers.
Je ne sais pas si le ministre est au courant de la situation au complet.
J'imagine qu'il l'est, mais est-ce que le ministre est en mesure de nous dire
ce qu'il a l'intention de faire, face à ce conflit
appréhendé? Encore une fois, j'insiste là-dessus parce
qu'on accuse souvent les syndicats de chauffer à blanc leurs membres
pour les faire débrayer, etc.
J'ai eu l'occasion de parler avec les officiers de l'Association des
pompiers de Montréal. Evidemment, ils ne sont pas eux-mêmes les
instigateurs d'un tel mouvement. Ils savent qu'il existe, et je pense qu'ils
veulent régler le problème selon les voies normales et
espèrent qu'on n'en arrivera pas à une situation de conflit,
situation de conflit qu'eux, comme moi, estimons possible, étant
donné un certain mécontentement, un certain malaise qui
s'installe chez les pompiers de Montréal voyant qu'ils ont une demande
tout à fait justifiée à faire valoir, voyant que les fonds
sont disponibles et voyant, d'autre part, que jusqu'à maintenant
l'administration municipale de Montréal ne semble pas se
préoccuper de régler le problème.
M. COURNOYER: Sur la question des $30 millions ou peut-être
un peu plus que le gouvernement du Québec a mis à la
disposition de la ville de Montréal, je pense que c'était
déjà dans le discours du budget. Vous vous souvenez que dans les
discours du budget il y avait les octrois aux différentes
municipalités, particulièrement à l'article des affaires
municipales. Selon les renseignements que je possédais et que je
possède encore, ces participations gouvernementales tenaient compte du
fait que dans les municipalités le taux du revenu ne subissait pas une
inflation aussi considérable que le taux du revenu du Québec et
que, par conséquent, le gouvernement du Québec partageait
l'inflation, si on peut appeler cela de cette façon, en termes que je ne
qualifierai pas, pour le moment, d'économiques ou de pas
économiques. Disons que le gouvernement du Québec recevant plus,
compte tenu de l'impôt sur le revenu et de la taxe de vente, la
distribution s'est effectuée d'une manière telle que le
gouvernement aide les municipalités d'un certain ordre en prenant en
considération l'augmentation de leurs coûts, compte tenu de leur
inflation par rapport à l'augmentation moins considérable du
revenu de l'imposition foncière qui est la base même des revenus
des municipalités.
Comme il y a eu $30 millions, est-ce que je pourrais préciser que
ces $30 millions étaient seulement pour des augmentations de salaires?
Je ne pourrais pas le dire.
Je ne pourrais pas dire, je pense bien que c'est plutôt le
ministère des Affaires municipales qui pourrait vous expliquer le
détail de cette subvention de $30 millions.
Il reste que, dans l'esprit de ceux qui lui ont consenti ces $30
millions ou d'autres millions de dollars dans d'autres municipalités,
c'était pour tenir compte de l'augmentation des coûts due à
l'inflation.
L'argumentation que j'ai devant moi de la part des pompiers de
Montréal m'a semblée logique depuis le début, depuis que
la sentence est sortie. Ils sont venus me voir à l'époque et nous
avons discuté de la sentence. Il y avait un certain nombre de
critères dans la sentence, dont l'augmentation du coût de la vie,
qui étaient projetés. Il y avait encore un autre critère
qui était plus immédiat, celui des augmentations consenties par
la ville à ses autres employés. A l'époque, les pompiers
étaient placés dans la situation de ne pas savoir quelles
étaient les autres augmentations consenties aux autres employés
de la ville. Depuis, cependant, on sait que la ville consent, sans que ce soit
accepté au syndicat des cols blancs, un certain pourcentage
quoiqu'elle ne l'appelle pas pourcentage mais, même si
c'était un "lump sum" ou un montant forfaitaire annuel, ça
demeure que ça peut être évalué en pourcentage des
coûts ou des salaires des individus.
H y a eu une convention collective signée entre les cols bleus et
la ville qui est spécifique quant au montant d'argent et ce que
ça représente en fonction du pourcentage. La Fraternité
des policiers n'a pas encore signé sa convention collective et on peut
dire que les cols blancs non plus ne l'ont pas signée. Il y a cependant
l'un des gros syndicats à la ville, les cols bleus, qui ont leurs
conditions de travail déterminées depuis que la sentence de M.
Lalancette a été rendue dans le cas des pompiers et elle
comportait ce critère, en particulier.
Moi, j'ai toujours prétendu et je continue de prétendre
que, quand M. Lalancette a établi ces critères, il a fait des
projections des coûts de ces critères qui, à
l'époque, pouvaient sembler justes. A cette époque il a fait une
projection des coûts, mais il a d'abord établi ces
critères. Aujourd'hui, la constatation que les pompiers peuvent faire,
c'est que ces critères, si on les appliquait, non seulement en
projection, mais en corrigeant la projection avec la réalité
de
tous les jours, les pompiers seraient légitimés de
demander l'applicabilité des critères, mais en disant: Voici ce
que ça représente dans la réalité maintenant.
C'est, je pense, ce que les pompiers demandent tout simplement, une
réévaluation des critères dans leur application et non pas
une réévaluation de la projection. La projection a
été faite dans le temps, on peut considérer que la
projection était bonne dans le temps.
Mais, cela restait des projections. La constatation aujourd'hui, c'est
nettement différent au moins dans ces deux points qui sont des
critères.
Le maire Drapeau, à qui j'ai parlé, prétend que
c'est une sentence arbitrale et qu'en conséquence il se conforme
à la loi. Il n'a pas l'intention de changer la sentence arbitrale
considérant que les critères ne sont pas des critères,
mais des considérants. Disons que je ne peux pas facilement accepter ce
raisonnement du maire Drapeau. Je dirais même que je suis disposé
à le rejeter d'emblée. Une sentence arbitrale, dans notre code,
cela tient lieu de convention collective et toute convention collective,
même si en principe on dit qu'elle est immuable pour sa durée,
reste la propriété des parties. Si les parties jugent qu'il y a
lieu de l'amender, ce n'est pas parce que c'est une sentence arbitrale qu'on ne
l'amende pas. Ce n'est pas une sentence arbitrale. C'est une convention
collective qui est issue d'une décision d'un arbitre et non pas d'un
consentement des deux parties. Cela reste une convention collective, au sens du
code du travail, dans mes livres.
Alors, si le maire Drapeau se réfugie derrière le fait
qu'il s'agit d'une décision d'un tiers, je dis que le maire Drapeau se
réfugie derrière la facilité. Cela ne devrait pas
l'empêcher de considérer très favorablement la demande des
pompiers qui est faite sur une base totalement raisonnable. Si les pompiers me
demandaient ou demandaient au maire d'être payés comme les
pompiers de Vancouver, cela serait une autre histoire. Jusqu'ici, du moins dans
les conversations que j'ai eues avec la Fraternité des pompiers, ils se
sont restreints à demander la réévaluation des
critères qui ont servi de base à leur sentence. Ils n'ont pas
demandé d'être payés comme des pompiers de Vancouver. Ils
ont demandé d'être payés conformément à leur
sentence, mais en réévaluant des critères.
M. BURNS: Avec les faits qu'on connaît.
M. COURNOYER: Avec des faits, aujourd'hui. Or, à l'époque,
les pompiers ont réagi très durement à la sentence
arbitrale elle-même, non pas quant à son application en 1973, mais
quant à son application en 1974, prétendant que l'arbitre avait
jugé pas mal ultra petita, puisque les pompiers prétendent qu'ils
n'ont jamais fait de preuve sur ce que ce serait 1974. La ville prétend,
de son côté, qu'elle n'a jamais, non plus, fait de preuve de ce
que ce serait en 1974.
J'imagine, dans le raisonnement de M. Lalancette, qui a tout simplement
décidé, pour une raison que je ne connais pas et que je n'ai pas
à juger non plus, étant donné que son pouvoir, c'est de
juger suivant l'équité et non pas de juger suivant les preuves
selon le code du travail actuel, toujours, et je pense que cela va
rester de même, on n'a pas l'intention de le changer, personne n'a
demandé de changer cela, quant à l'arbitrage des
différends et il juge suivant ce qu'il considère
équitable. Je ne le blâmerai pas non plus. C'est sa sentence. Il
en est le maître, et j'imagine qu'il en a la responsabilité
totale.
Mais aujourd'hui, en 1974, les pompiers ont été patients,
je l'admets, lorsqu'ils ont reçu la sentence, malgré des
réactions de leurs membres qui étaient nettement des
réactions de personnes choquées parce que, à
l'époque elles jugeaient qu'elles avaient subi des préjudices par
le système d'arbitrage.
Si on veut maintenir le système d'arbitrage dans les services
publics comme ceux des pompiers ou des policiers, j'imagine que ceux qui
bénéficient de ce système ne devraient pas en être
les victimes, parce qu'ils perdent, par le système d'arbitrage, une
foule de pouvoirs que d'autres ont, par le système de la
négociation ordinaire, avec droit de grève attaché au
bout.
Cela, ça fait quelques fois que je tente d'inviter des gens non
pas à reconsidérer le problème de l'arbitrage mais
à établir, d'une façon ou d'une autre, des critères
de référence qui devraient faire en sorte que des individus qui
n'ont pas le droit de grève soient toujours au moins aussi bien
traités que ceux qui ont le droit de grève.
C'est dans ce sens que la sentence de M. Lalancette me plaisait et me
plaît encore. C'est qu'on s'est référé, pour les
augmentations aux syndicats qui, eux, avec le pouvoir ordinaire d'un syndicat
de faire la grève, pouvaient les obtenir, puis on disait: Parmi les
critères, ce qui sera consenti par la ville à ses autres
employés qui ont le droit de grève, on ne voit pas pourquoi ceux
qui n'ont pas le droit de grève n'auraient pas le même genre
d'augmentation, vu qu'ils n'ont pas le pouvoir, eux, de faire la pression par
la grève.
Là, je pense que, compte tenu des circonstances, il ne faudrait
pas que la municipalité ou la ville de Montréal ou d'autres
villes, s'assoyant derrière un système d'arbitrage qui pourrait
être jugé comme préjudiciable à ceux qui sont les
seules victimes, qui pourraient être des victimes d'un système
beaucoup plus que des bénéficiaires d'un système, cause
une réouverture totale, dans l'esprit de la population, de ce
système d'arbitrage qui foncièrement, dans ces cas, est un
excellent système. Dans le cas des pompiers, des policiers, on voudrait
le changer demain matin qu'on y retournerait à plus ou moins
brève échéance, à la condition, cependant,
qu'à cause de ce système, les gens ne se sentent pas des victimes
de ce système.
Dans le cas des pompiers, actuellement, au
risque de me mêler des affaires du maire, je demanderais au maire,
je l'ai demandé: Vou-driez-vous regarder cette sentence arbitrale,
trouver dans la sentence les arguments qu'il vous faut devant la population
pour réviser non pas les critères mais leur application dans les
faits, et puis amender une convention, qui est la propriété de la
ville et des pompiers, parce que les pompiers vous demandent de l'amender?
Ce ne serait pas un précédent, ce ne serait pas la
première fois que ça arrive qu'on modifie les termes d'une
sentence arbitrale. Cela aurait au moins la couleur, à ce moment-ci, de
corriger une injustice que des évaluations de critères semblent
avoir causée chez les pompiers et non pas une injustice du
système. Corriger une injustice du système ne change pas
nécessairement le système. Il faut le maintenir, ce
système. J'ai, bien sûr, invité le maire Drapeau à
regarder cela sérieusement. Il m'a dit: Si vous avez un chèque en
blanc à m'envoyer, je vais le recevoir et j'écrirai le montant
que ça coûte dessus. Remarquez bien que le maire Drapeau peut
encore une fois dire: Je n'ai pas d'argent; c'est mon privilège de le
dire. Par ailleurs, le gouvernement du Québec n'a pas l'intention de
remplacer l'administration municipale dans ses responsabilités. Il ne
peut que l'inviter à regarder à nouveau le problème de ses
pompiers et à essayer, au moins, de resituer ces pompiers dans une
échelle de valeurs qu'ils avaient avant la sentence arbitrale par
rapport au consentement donné par la ville à d'autres de ses
employés qu'on appelle les cols bleus et les cols blancs. Resituez-les
au moins vis-à-vis des cols bleus, dans la situation relative dans
laquelle ils se trouvaient avant que vous consentiez des augmentations que vous
avez consenties aux cols bleus. Autrement, ce que nous constaterons, ce sera un
élargissement ou un rétrécissement d'un écart, qui
était souhaité par tout le monde, entre les salaires payés
aux cols bleus et les salaires payés aux pompiers.
Ces écarts ont dû être jugés satisfaisants, il
y a un certain temps, mais il semble que, pour les pompiers, le système
d'arbitrage les place dans une situation, par rapport à d'autres
employés qui ont le droit de grève, continuellement
déprimante pour eux.
Je n'ai pas accepté que, mercredi prochain, on fasse des
arrêts de travail chez les pompiers. Ces arrêts ne seront pas plus
légaux la semaine prochaine qu'ils ne l'auraient été
l'année passée. Pas plus légaux que celui qui a
été fait déjà. Un bingo, qu'il soit organisé
ou pas organisé, spontané ou pas spontané, avec ou sans
pancarte, il reste que les bingos sont considérés par le ministre
du Travail comme illégaux.
Mais, avant qu'ils ne se produisent et connaissant les données du
problème, le ministre du Travail a tenté privément de
parler au maire Drapeau, je l'ai fait. Les pompiers ont eu l'occasion de
rencontrer le premier ministre, hier. Il a consenti à parler au maire
Drapeau et, publiquement, moi, je réponds à votre question.
Je crois qu'il y a lieu, pour la ville de Montréal, de rajuster
ou de réviser le contenu de sa sentence arbitrale
appréciée en projection par M. Lalancette en fonction des
critères que M. Lalancette a utilisés, mais dans leur application
constatée et non pas projetée. Je le demande publiquement au
maire Drapeau. Il va me répondre que ce n'est pas mes affaires. Ce ne
sera pas la première fois.
M. BURNS : Je remercie le ministre. Je pense que sa position est claire,
sans ambiguïté. Je l'en félicite, d'ailleurs, et je l'appuie
entièrement dans son évaluation de la situation. Etant
donné qu'on connaît les données du problème, que la
demande des pompiers semble tout à fait justifiée, que le
ministre du Travail et le premier ministre semblent l'endosser comme
justifiée, je me demande si et c'est pour ça que je
parlais des $30 millions le gouvernement du Québec, en vue
d'éviter un conflit, avant qu'il arrive, ne pourrait pas mettre un peu
de pression sur l'administration municipale de Montréal, sachant que
déjà une somme de $30 millions a été mise à
la disposition de la ville de Montréal, également que la demande
des pompiers, dans le fond, se situe entre $1 million et $2 millions; je ne
pourrais pas donner le chiffre exact, mais c'est de cet ordre. Donc, un ordre
beaucoup moindre que la somme totale qui a été mise à la
disposition de la ville de Montréal. Sachant que ça peut
dégénérer en conflit, je me demande s'il ne faudrait pas
que le gouvernement du Québec, tout en admettant que la ville de
Montréal a sa propre autonomie pour s'administrer, si on ne devrait pas,
du côté gouvernemental, mettre de la pression sur la ville de
Montréal.
Qui va hériter du bébé à un moment
donné s'il y a conflit à la ville de Montréal? Je sais
qui, moi, je suis en train de lui parler.
M. COURNOYER: Mais c'est...
M. BURNS: C'est le ministre du Travail qui va être "pogné"
avec le problème si les pompiers sortent en grève, légale
ou illégale; dans ce cas-là, elle serait illégale,
évidemment.
M. COURNOYER: C'est ça. Mais comme les pompiers ont
constaté que, pour le maire Drapeau, le ministre du Travail est un petit
ministre, ils ont été voir le premier ministre. Et le premier
ministre leur a dit qu'il appellerait le maire Drapeau; j'espère que
c'est un gros ministre, lui.
M. BURNS: Comme ça, il y a des pressions qui se font du
côté gouvernemental?
M. COURNOYER: Je ne sais pas si le premier ministre fait des pressions;
tout ce que je sais, M. le député de Maisonneuve, c'est que les
pompiers ont rencontré le premier ministre hier qui a dit qu'il
appellerait le maire Drapeau. Comment va-t-il faire cela? C'est son
problème.
Je sais bien que moi, je viens de faire ma pression. Mais moi, je suis
un petit ministre pour le maire Drapeau.
M. BURNS: Je pense que, pour le maire Drapeau, tous les ministres sont
de petits ministres. On a vu ça dans le cas de notre bon ami, le Dr
Goldbloom, quand il a essayé de convaincre le maire d'une certaine
façon de faire concernant le parc Viau et les services pour loger les
athlètes.
M. COURNOYER: Temporaires ou permanents.
M. BURNS: Oui, c'est ça. En tout cas, M. le ministre, de toute
façon je vous remercie pour votre position bien claire.
M. CARON: M. le Président, dans le même ordre
d'idées...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Verdun.
M. CARON: ... on a des villes de banlieue aussi qui sont un peu prises
dans la même situation. Si, par le biais du gouvernement provincial,
c'est payé par le gouvernement provincial, je me demande si le ministre
pourrait parler aussi pour les villes de banlieue. On a des pompiers à
Verdun et ailleurs. Je sais qu'à Verdun ils sont dans la même
situation. Je pense que si on le fait pour les pompiers de Montréal, on
devrait le faire pour l'ensemble de l'île de Montréal.
M. COURNOYER: Remarquez bien que j'ai été prudent sur les
$30 millions, M. le conseiller municipal de Verdun, député de
Verdun.
M. CARON: M. le ministre, vous savez que Montréal a un bien plus
gros gâteau que les villes de banlieue; dès qu'il y a un trou
à boucher, Québec s'empresse de le boucher et les villes de
banlieue, quand elles ont besoin d'argent, vont cogner à la porte du
petit propriétaire. Je pense qu'il faudrait qu'à un certain
moment on s'assoie autour d'une table et qu'on pense aux villes de
banlieue.
M. COURNOYER: Je suis totalement d'accord avec vous là-dessus.
Cela dépend de la forme de la subvention. S'il y a une subvention de $30
millions consentie à la ville de Montréal et que c'est per
capita, et que la ville de Verdun a aussi reçu une subvention de la part
du gouvernement qui est per capita, je ne le sais pas, M. le
député de Verdun...
M. CARON: Pour ce qui est des subventions des villes de banlieue
je ne parle pas seulement de Verdun en particulier, je parle de l'ensemble des
villes de banlieue je vous dis que le gâteau est bien petit
comparé à celui de la ville de Montréal.
M. COURNOYER: Encore une fois je vous le répète
cette observation que vous faites, j'espère que ce n'est pas
seulement au ministre du Travail que vous la faites...
M. CARON: Non, non, je la glisse puisqu'on a l'occasion d'en parler.
C'est pour cela que j'en parle.
M. COURNOYER: Merci beaucoup de cette observation judicieuse, M. le
député de Verdun.
M. BURNS: Le député de Verdun est conseiller municipal, il
pourrait très bien en parler au ministre des Affaires municipales. Je
pense que c'est de là que viennent les décisions.
M. COURNOYER: II pourrait, par la même occasion, inviter les
travailleurs de Verdun à retourner au Travail...
M. CARON: C'est le ministre des Finances.
M. COURNOYER: II pourrait peut-être, par la même occasion,
inviter les employés de Verdun à retourner au travail, sachant
fort bien que vous allez vous occuper du problème immédiatement
lorsqu'ils seront retournés au travail.
M. CARON: On le leur a demandé, ils sont à négocier
actuellement. Nous n'avons pas de problèmes avec nos pompiers, ça
va bien. Par contre, si on le fait pour d'autres, on devrait le faire pour eux
aussi. Ils sont bien compréhen-sifs, alors il ne faut pas abuser sur des
gens qui sont compréhensifs.
M. BURNS: Est-ce qu'ils font l'objet d'une sentence arbitrale, eux
aussi, les pompiers de Verdun?
M. COURNOYER: Ils sont en grève...
M. BURNS: Non, les pompiers de Verdun...
M. COURNOYER: Ah! les pompiers de Verdun...
M. BURNS: Cela a été négocié dans leur
cas.
M. CARON: C'est la convention qui devrait être revisée dans
leur cas aussi.
M. BURNS: Bon. Pendant qu'on est dans le domaine des conflits, M. le
ministre...
M. COURNOYER: Pas encore?
M. BURNS: Oui. Je m'en voudrais de ne pas en soulever un qui est
vraiment pitoyable, à mon avis, au point de vue des
résultats...
M. COURNOYER: Au point de vue religieux.
Pavillon Saint-Dominique
M. BURNS: Au point de vue religieux aussi. Vous avez un flair
extraordinaire, M. le ministre, vous saviez exactement de quel conflit je
voulais parler. J'ai eu l'occasion d'ailleurs, hier soir, d'aller visiter le
gréviste de la faim, M. Luc Bertrand qui, dans le but de sensibiliser ou
de relancer, si vous voulez, une certaine sensibilisation autour du conflit du
pavillon Saint-Dominique, a décidé de faire la grève de la
faim. Je pense qu'il en est rendu à sa seizième journée de
jeûne total.
Je me suis informé si c'était un jeûne total et
effectivement, semble-t-il, c'est un jeûne total. Il ne prend que de
l'eau. Je trouve ça quand même admirable qu'une personne qui n'est
pas directement impliquée dans le conflit, dans le but non de relancer
le conflit, mais de le remettre dans l'actualité, pose un geste comme
celui-là.
Je pense qu'on ne peut pas rester insensible à ça. Ce
n'est pas le jeûne en soi qui est intéressant, c'est ce qu'il y a
derrière ça. Alors, qu'est-ce qui arrive dans le conflit du
pavillon Saint-Dominique, qu'est-ce que le ministère entend faire pour
essayer de convaincre nos bonnes soeurs de régler un problème
comme celui-là?
Je sais qu'il y a eu de nombreuses interventions. Je sais que le
cardinal Roy lui-même a tenté d'intervenir avec une pression
morale qui est sans doute aussi grande sinon plus grande que celle que le
ministre du Travail pourrait avoir. Mais est-ce que le ministre, tout en
sachant et en admettant que je suis convaincu qu'il est préoccupé
par ce conflit, a des choses concrètes ou précises dans le
présent qu'il a l'intention de faire en vue de voir s'il n'y aurait pas
une solution à ce conflit?
M. COURNOYER: Là où un cardinal a échoué,
dans un domaine aussi religieux que celui-ci, une autorité civile,
même une autorité morale civile n'aurait probablement pas
l'influence que celle que le cardinal aurait pu avoir.
M. BURNS: Je suis convaincu que, si on fouillait dans l'histoire, on se
rendrait compte que M. de Colbert a sans doute réussi à certains
endroits où le cardinal Richelieu avait failli.
M. COURNOYER: Mais Frontenac a échoué à deux ou
trois reprises. Et il avait des canons. La bouche de nos canons, nous, s'est
tue depuis un certain temps et nous avons, avant même l'intervention du
cardinal, tenté des efforts avec les représentants des
autorités du pavillon Saint-Dominique. Si vous vous souvenez, à
l'époque, il y avait 7-Up qui était, ici à Québec,
en grève; il y avait aussi le magasin Pollack. Dans les deux autres cas,
ça s'est réglé d'une certaine manière que je n'ai
pas à décrire, mais dans ce cas particulier je ne voudrais pas
faire d'effort inutile. Un cardinal ayant échoué, un ministre du
Travail ne pourra que s'embourber dans une pourpre cardinaliste; je n'ai pas de
pourpre, moi.
M. BURNS: Mais la raison pour laquelle je soulève le
problème c'est que ce n'était pas de façon inutile
que je soulignais le jeûne de M. Bertrand ça reprend si
vous voulez dans l'actualité. C'est peut-être une occasion pour le
ministère. C'est un fait nouveau qui n'est peut-être pas
directement mêlé au conflit lui-même, mais c'est un fait
nouveau qui relance dans l'actualité le conflit du pavillon
Saint-Dominique.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu pour le ministère de faire une
autre tentative, même si le ministre semble dire d'avance qu'il n'a pas
tellement confiance dans le résultat? Il semble que ce serait
peut-être l'occasion de le faire. C'est absolument intolérable
qu'on considère ce conflit comme réglé, comme
classé, comme fini. C'est réglé puis on n'y pense plus. Il
me semble en tout cas que c'est inadmissible.
M. COURNOYER: Disons que pour le moment j'ai des conflits d'une
actualité assez imposante. Mais je vais regarder à nouveau pour
voir s'il y a lieu pour mon ministère d'intervenir. Je vous ai dit dans
quel état d'esprit je me trouvais face aux choses religieuses. Pour ma
part, je peux toujours porter un jugement sur l'attitude des Dominicaines; si
j'en portais un je serais obligé d'en porter un aussi sur l'attitude du
syndicat, refaire l'histoire et se demander pourquoi une grève a pu
durer deux ans.
C'est le même cas qu'à la United Aircraft. Plus une
grève se prolonge, plus elle devient difficile à régler,
et ça c'est pour une foule de considérations. Dans le cas du
pavillon Saint-Dominique, il n'a jamais arrêté de fonctionner
à ma connaissance. On a utilisé des soeurs pour faire du travail
que d'autres faisaient avant, ou on a utilisé d'autres
employés.
Après deux ans de manifestations continues, au Pavillon
Saint-Dominique, deux ans de manifestations à la porte parce
qu'il y a eu des piquets de grève, à la porte pendant deux ans
intervention sur intervention de différentes autorités
n'ont pas fait bouger les soeurs du Pavillon Saint-Dominique. Peut-être
que ce que vous mentionnez, le retour à l'actualité publique,
à l'actualité intense dans la région de Québec
pourrait inciter les Soeurs dominicaines à reconsidérer leurs
positions face à la suggestion du cardinal, acceptée par la
partie syndicale; on a quand même cela comme fait, la suggestion du
cardinal acceptée par la partie syndicale.
M. BURNS: De soumettre le problème à l'arbitrage.
M. COURNOYER: Soumettre le problème à l'arbitrage. Si
cette solution n'a pas été jugée bonne par les soeurs, que
nous tentions de
chercher une autre voie de solution que l'arbitrage, je pense bien que
je vais examiner cela avec les fonctionnaires de mon ministère pour voir
s'il y a lieu de le faire. Je ne voudrais pas me casser le nez plus d'une fois,
parce que ça fait deux ou trois fois que mes fonctionnaires se cassent
le nez sur le Pavillon Saint-Dominique. La porte nous semblait
extrêmement close; si vous pensez ou si vous croyez qu'elle est
entrouverte, je vais voir, et si elle est entrouverte, soyez assuré que
je mettrai mon pied juste dans l'ouverture pour qu'elle ne se referme pas.
M. BURNS: Tout ce que je voulais, c'est une assurance de la part du
ministre que le problème ne soit pas considéré comme un
problème classé. D semble qu'il ne le soit pas, en tout cas, sur
le plan des employés. Ce qu'ils demandent et ce qu'ils ont
accepté, je trouve que ce n'est pas énorme. Ils ont même
accepté dans un cas où ce n'est pas obligatoire en vertu
de la loi de se soumettre à un arbitrage. Je pense bien que c'est
une manifestation de bonne foi de la part du syndicat en question, de sorte
qu'il me semble que cela vaudrait peut-être la peine de faire une
dernière petite pression.
En passant, je signale que les grévistes de United Aircraft,
hier, sont allés porter leur appui pour ajouter un peu de pression et
ils ont demandé à parler à la soeur supérieure. On
a dit qu'elle n'était pas là, alors, ils ont dit: On aimerait
parler à la soeur inférieure, d'abord.
Je remercie le ministre de ses précisions là-dessus.
M. BERARD: Concernant un autre conflit de travail excusez, M. le
député ça regarde le conflit qui dure depuis
plusieurs mois à Shawinigan-Sud, le conflit de Cascade Meubles. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire s'il y a eu des développements
concernant ce conflit qui dure depuis très longtemps? Il y a
également le conflit de Matelas Suprême, à Saint-Narcisse.
C'est un autre conflit qui m'intéresse particulièrement. Est-ce
qu'il y aurait eu des développements?
M. COURNOYER: Au moment où je vous parle, il n'y a pas eu de
développement récent. Je voudrais vous faire un rapport plus
précis mais comme j'en ai quelques-uns, des conflits, je n'ai pas
souvenance de tous leurs contenus; j'en connais quelques-uns mais de ce
temps-ci j'ai la tête pas mal remplie de toutes sortes d'affaires. Je
vais demander à mon sous-ministre de s'informer si le conciliateur au
dossier a d'autres démarches en vue dans ces deux cas-là et je
vous répondrai lorsque j'aurai la réponse du conciliateur.
M. BERARD: Très bien, M. le ministre. Maintenant, si le
président me le permet, je voudrais revenir au conflit dans le domaine
de la construction. Tout à l'heure, vous avez
énuméré diverses régions, diverses villes pour
rendre compte de la situation. Je crois que Trois-Rivières et la
région de Shawinigan n'ont pas été
énumérées; j'aimerais connaître la situation dans
Trois-Rivières et Shawinigan, actuellement, dans le domaine de la
construction.
M. COURNOYER: Trois-Rivières: Tous les chantiers de construction
sont fermés. Pour Trois-Rivières, j'ai l'impression que ça
prend toute la région.
M. HARVEY (Dubuc): Et pour le Saguenay-Lac Saint-Jean?
M. COURNOYER: Je pense que vous échappez encore à cela
malgré le fait que ça choque les gens de la région de
Chicoutimi. A Chicoutimi, on a 33 chantiers; je vais prendre des noms. Arvida,
par exemple, est là-dedans, Kénogami, Saint-Dominique,
Saint-François, Jonquière, Hébertville, Saint-Bruno
Saint-Bruno, Métabetchouane Métabetchouane, Alma
Alma, Champagnat, Saint-Joseph d'Alma, Alma, L'Ascension, Chicoutimi,
Saint-Honoré, Chicoutimi-Nord, Chicoutimi, Chicoutimi, Chicoutimi. Cela
comprend-il votre région?
M. HARVEY (Dubuc): C'est pas mal la région.
M. COURNOYER: Ce sont les 33 chantiers fermés : chemin
Saint-Thomas, Place Angoulème, coin Hôtel-Dieu-Labrecque, parc de
la Colline. Ils sont tous énumérés. Dans ce coin, cela me
parait être les gros chantiers qui sont fermés. Je ne crois pas
que le résidentiel soit tellement touché. Les gros chantiers me
semblent fermés.
Est-ce qu'on a fini les crédits?
M. BURNS: Non, non.
M. COURNOYER: Tu me gardes combien de temps ici? J'ai l'impression, des
fois, que vous me gardez ici pour que je ne règle pas le problème
de la construction.
M. BURNS: Au contraire, M. le ministre. Si c'est ça que vous
voulez, on peut suspendre les crédits.
M. COURNOYER: Non, je ne veux pas suspendre, pour revenir encore.
M. BURNS: Non, sauf que je pense bien que, comme représentant de
l'Opposition à cette commission-ci, je dois faire mon devoir et faire le
tour complet des crédits du ministère...
M. COURNOYER: Je vous en prie.
M. BURNS: ... qui a des problèmes de façon constante.
D'ailleurs, il y a un autre conflit dont on aurait pu parler, celui de
Sorel.
M. COURNOYER: Lequel ça?
M. BURNS: Celui de Sorel Industries, je pense.
M. COURNOYER: Sorel Steel.
M. BURNS: Sorel Steel, plutôt. Sorel Steel Foundries; le nom
exact, je ne m'en souviens pas.
M. COURNOYER: Les industries de Sorel. Sorel Steel Foundries.
M. BURNS: La présence de la famille Simard, à
proximité de cette compagnie, est-ce que ça vous gêne pour
régler le conflit?
M. COURNOYER: Vendredi dernier, j'ai rencontré ce gentil monde
qui était dans nos bureaux à Montréal, du
côté patronal et du côté syndical. Le climat me
semblait très dégagé et favorable à un
règlement. C'était, bien sûr, le lendemain de la visite du
président du Parti québécois et on est parti avec,
semble-t-il, un mémoire d'entente ou avec une nouvelle proposition qui
devait être soumise aux membres lundi. Depuis lundi, je suis assis avec
vous autres; je ne sais pas tout, là.
M. BURNS: Mardi, M. le ministre.
M. COURNOYER: Lundi, lundi, il y a une journée...
M. BURNS: Qu'est-ce que vous avez fait lundi, vous n'avez rien fait?
M. COURNOYER: Lundi, j'ai pris congé, j'ai été
jouer au golf. Ce n'est pas tout à fait vrai, parce que je ne joue pas
au golf.
M. BURNS: M. le ministre, on va quitter ce domaine, à moins que
les collègues n'aient d'autres questions sur les conflits en cours. On
va revenir à quelque chose qu'on avait commencé à toucher,
que mon collègue de Chicoutimi en mon absence avait discuté avec
vous, c'est-à-dire la Commission du salaire minimum.
M. COURNOYER: Oui, j'ai tout dit.
M. BURNS: Pardon?
M. COURNOYER: J'ai tout dit.
M. BURNS: Vous avez tout dit, mais...
M. COURNOYER: Est-ce que tu vas recommencer le contre-interrogatoire sur
les premiers interrogatoires?
M. BURNS: Non, on va continuer.
M. COURNOYER: Ah! bon, on va continuer.
M. BURNS: On va aller plus loin.
M. COURNOYER: Je vais essayer de me souvenir de ce à quoi j'ai
répondu pour limiter les questions.
Commission du salaire minimum
M. BURNS: Après avoir pris connaissance des transcriptions de
cette séance parce qu'à la fin de la séance j'avais
dû m'absenter j'ai cru comprendre que le ministre avait une
opinion assez arrêtée quant à la disparition, à
toutes fins pratiques, sous sa forme actuelle, de la Commission du salaire
minimum et à son intégration au ministère du Travail. Sauf
erreur, c'est ce que j'ai compris...
M. COURNOYER: Vous avez bien compris.
M. BURNS: ... à la lecture de vos échanges avec le
député de Chicoutimi. Le ministre n'a pas précisé,
cependant, s'il s'était fixé un calendrier pour arriver à
ça, si, d'autre part, il envisageait des difficultés pratiques
d'arriver à cela. Quand je parle de difficultés pratiques, je
parle de divergences d'opinions entre le ministre et la présidente de la
Commission du salaire minimum, probablement ce sujet, entre autres. Je me
demande si le ministre envisage dans le concret comment cela va se faire, avec
toutes les difficultés que cela pourrait comporter.
M. COURNOYER: L'idée générale du ministre, c'est de
modifier la Loi du salaire minimum. Je ne pourrais pas abolir la Commission du
salaire minimum comme ça. Ce serait de modifier la Loi du salaire
minimum pour donner toutes les responsabilités de la commission au
ministre. Ceci, bien sûr, étant une mesure essentiellement
temporaire pour amender davantage la Loi du salaire minimum à la fin de
cette année ou au début de l'année prochaine, suite aux
recommandations de M. Caston-guay, qui, je l'espère, vont venir avant la
fin de l'année, non seulement sur le contenu du salaire minimum,
c'est-à-dire sur les quantums, mais sur les méthodes d'arriver
à établir le salaire minimum au Québec et sur une
politique du salaire minimum.
Comme je l'expliquais à votre collègue de Chicoutimi, il y
a deux principales opérations qui sont faites par la commission, la
première étant la fabrication des ordonnances et la
deuxième étant l'administration ou la surveillance de ces
ordonnances.
La fabrication des ordonnances a subi une influence ministérielle
assez considérable ces derniers temps. J'annonçais en même
temps que, sur décision du ministre, trois ordonnances seraient
modifiées le 10 juillet: l'ordonnance générale pour
enlever l'exception de 10 p.c. dans le cas du soulier, les 10 p.c. qui sont
inscrits là-dedans; et les deux autres ordonnances, 9 et 10, seraient
modifiées pour que le taux de salaire qui y est prévu soit
égal aux autres salaires de l'ordonnance générale. Les
ordon-
nances sont maintenant passées et il y aura une autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil pour que ces ordonnances prennent effet le 10
juillet.
Mais de cette expérience et du fait que le ministre a
commandé la révision de ces trois ordonnances, d'une façon
très précise, cela minimise davantage le rôle que la
commission joue dans la fabrication des ordonnances. Il était
déjà minimisé par la fabrication de l'ordonnance no 4 qui
était suite à des décisions du ministre de modifier
l'ordonnance no 4 et d'inclure toutes les autres ordonnances, moins les 9 et
10, dans une seule ordonnance générale. Cela a eu lieu il y a
à peu près deux ans, quand on avait fait le plan pour rejoindre
le taux de salaire à $2 dans le temps.
Alors, du côté de la fabrication des ordonnances, la
commission et le ministre ont eu un certain nombre de désaccords et le
ministre a gagné, comme il se devait. Mais,en gagnant, le rôle de
la commission dans ces domaines devient presque nul. Si le ministre peut dire
à la commission "faites une ordonnance de cette façon-là",
je ne vois pas pourquoi la commission continuerait de faire des ordonnances. Ce
serait tout simplement illusoire ou même hypocrite que de demander
à la commission de faire des ordonnances qui de toute façon,
aujourd'hui, sont pratiquement faites avec le service de recherche du
ministère du Travail. Le service de recherche, je dois dire, est
extrêmement compétent, habile et indépendant de toute
question d'ordre politique. Il nous donne les chiffres comme il pense qu'ils
sont.
A partir de là, il reste, comme préoccupation à la
Commission du salaire minimum, l'administration, c'est-à-dire la
surveillance des ordonnances, pour que les employeurs se conforment aux
ordonnances et que les employés aient au moins une lueur d'espoir que
ces droits, qui sont minimums, soient respectés par les employeurs.
Pour arriver à ça, la commission pourrait le faire,
pourrait elle-même réviser ses propres procédures
administratives, pour faire en sorte que la méthode sur plainte qui
existe actuellement mais ce n'est pas une décision
ministérielle; une décision de la commission traditionnelle,
c'est qu'on n'agit que sur plainte soit modifiée de telle
manière qu'on n'agisse pas seulement sur plainte et que les employeurs
soient surveillés par des méthodes qui ont peut-être eu
cours dans d'autres sphères de surveillance de conventions collectives
décrétées, par exemple.
M. BURNS: La méthode du, passez-moi... M. COURNOYER: Du rapport
mensuel. M. BURNS: ...l'expression, "spot check".
M. COURNOYER: Oui, mais je veux dire sur rapport mensuel.
M. BURNS: L'échantillonnage.
M. COURNOYER: Sur rapport mensuel.
M. BURNS: Sur rapport mensuel, oui.
M. COURNOYER: C'est-à-dire qu'actuellement, ce que je
souhaiterais remarquez bien qu'il reste un certain nombre d'employeurs
là-dedans et l'établissement du système lui-même est
très compliqué. Si vous avez 150,000 employeurs qui doivent faire
un rapport mensuel, je croyais et je crois encore que dans le simple rapport
mensuel de ce que nous avons payé à tel employé,
signé par l'employeur, il y a un élément de police et
qu'après cela vous faites un "spot check" pour vérifier la
conformité du rapport avec la réalité. Vous avez là
un commencement de "self policing". Il y a toujours le danger qu'on vienne
questionner, par exemple, une serveuse de restaurant et lui demander son
salaire et découvrir que les déclarations faites par l'un et par
l'autre ne correspondent pas. C'est un système qui est peut-être
difficile à établir.
Alors, comme il s'agit d'un changement total de la mentalité des
inspecteurs, non seulement de la mentalité mais du rôle des
inspecteurs de la Commission du salaire minimum, il s'agira aussi, très
probablement, d'un changement dans les catégories d'inspecteurs:
inspecteurs de livres, inspecteurs d'établissements. Nous avons chez
nous, au ministère du Travail, tout un service qui fait
déjà des inspections. Je croyais qu'on pouvait songer à
intégrer un certain nombre de choses qui sont faites par le
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, actuellement, par son
service d'inspection, intégrer l'inspection du salaire minimum à
un système général d'inspection, ce qui fait que si
j'intégrais ce système d'inspection au ministère du
Travail, dans les cadres du ministère du Travail, la deuxième
préoccupation de la Commission du salaire minimum deviendrait
pratiquement nulle.
Comme il s'agit de deux structures actuellement parallèles l'une
à l'autre, ayant un sous-ministre au Travail et un sous-chef à la
Commission du salaire minimum, le président ayant le rôle du
sous-chef, à toutes fins utiles, conformément à la Loi de
la fonction publique, et étant seul ministre, je préfère,
dans ces cas particuliers, avoir une seule autorité qui soit sous ma
juridiction et qui me permettrait de répondre d'une cohésion
entre des préoccupations de même nature.
Le salaire minimum, les décrets, les décrets de
conventions collectives sont des choses qui me semblent être de
même nature, qui procèdent non pas d'une philosophie mais d'une
base différente et où il s'agit, dans tous les cas, de faire
respecter des taux de salaire ou des conditions de travail qui émanent,
en dernier ressort, de l'autorité gouvernementale. L'ordonnance doit
être passée par le lieutenant-gouver-
neur en conseil, le décret, qui est basé sur des
conventions collectives, est lui-même une émanation du
lieutenant-gouverneur en conseil, et je croyais qu'il y avait lieu que la
surveillance de tout cela soit faite par la même autorité.
Dans le cas de l'abolition de la Commission du salaire minimum, il n'est
pas question que le ministre réagisse à des différences
d'opinions avec la présidente, parce que la fabrication des ordonnances,
de la manière dont on les fabrique aujourd'hui, a commencé avant
que la présidente actuelle n'y soit. C'est le service de recherche du
ministère du Travail qui avise le ministre. A partir du moment où
cela a déjà commencé, il ne s'agit pas de la
présidence actuelle.
Quant à la deuxième partie des activités, il y a
deux ans, j'avais dit à la commission que je croyais opportun de
réviser totalement la méthode d'inspection. Deux ans
après, j'ai lu dans le journal qu'on a la même inspection, les
mêmes difficultés.
M. BURNS: Parlez-vous de l'article du Montreal Star?
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: En date du 6 avril?
M. COURNOYER: A peu près. Quand on constate qu'il y a la
même inspection, ou il y a eu négligence de la part du ministre,
ou la commission, avec les changements internes, les commissaires
n'étant plus les mêmes, n'a pas eu le temps de réviser
cela. Ce qui n'a pas empêché l'esprit du ministre d'évoluer
dans le sens de confier à une seule direction du ministère du
Travail l'inspection des choses qui émanent du lieutenant-gouverneur et
qui sont confiées à l'autorité du ministre pour la
surveillance.
A partir de là, abolir la commission aujourd'hui, remplacer la
commission par le ministre, sur une base temporaire et, après discussion
avec le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, qui peut en
saisir les implications, parce que je peux bien dire que le ministre va avoir
les pouvoirs, après, qu'est-ce qui va arriver? Disons que la
précipitation dans laquelle je me trouverais si je le faisais demain
matin, c'est que je ne peux assurer personne de la date où le ministre
cessera d'être commission et que tout sera intégré au
ministère du Travail. Cela, je ne peux pas le dire.
M. BURNS: Vous n'avez pas d'échéancier précis?
M. COURNOYER: Je n'ai pas d'échéancier. Le texte de loi
lui-même est fait, mais dans les différentes choses qui se
produisent actuellement, vous avez entre les mains, par exemple, le rapport
Mineau pour la Commission des accidents du travail.
Comme il s'agit d'organismes paragouvemementaux qui émanent de la
même autorité, j'ai demandé à la commission, il y a
quatre ou cinq mois, de retenir les services de la firme Mineau, Allard et
Associés pour que cette firme, qui a été aussi
présente, comme filiale de Price Waterhouse, à la Commission de
l'industrie de la construction, pour y établir un système de
surveillance mécanographique des rapports mensuels des employeurs,
examine comment on pourrait le faire à la Commission du salaire minimum.
Ceci a été fait par la commission; elle a retenu les services de
la firme Mineau, Allard et Associés qui incessamment devrait remettre un
rapport préliminaire, si ce n'est pas déjà fait, le 15
juin le 15 juin, c'est après-demain de ce que, selon eux,
ça prendrait actuellement. Il est sûr qu'il y aura des amendements
législatifs requis. Par ailleurs, vous avez M. Castonguay qui examine la
politique du salaire minimum avec quatre critères d'examen du salaire
minimum. Je ne me souviens pas des critères dont il doit tenir compte
dans sa recherche. Si on décidait que le salaire minimum ne doit pas
être un salaire minimum, mais que ça doit être un salaire
raisonnable je prends ça comme exemple on ne parlerait
plus du salaire minimum, mais d'un salaire raisonnable.
M. BURNS: Le seuil de la pauvreté.
M. COURNOYER: Ce ne serait peut-être pas cela; ça pourrait
être cela, je ne le sais pas. Pour le moment, je laisse M. Castonguay
chercher, mais il est possible qu'on ne parle plus seulement du salaire horaire
de $2.10 non plus, dans la terminologie actuelle, mais qu'on parle de
conditions de travail, qui sont peut-être parfois aussi importantes que
le salaire et qu'on retrouverait dans d'autres émanations
gouvernementales comme les décrets, par exemple. On parle souvent de
l'absence de congés fériés dans le cas du salaire minimum,
il n'y en n'a pas. C'est une condition de travail; ce n'est pas un salaire.
Alors, tout ça va peut-être nécessiter d'autres
amendements à la loi pour mettre en vigueur une nouvelle politique du
salaire minimum. C'est pour la fin de l'année. Mais je ne peux pas
promettre que je vais être là à la fin de l'année.
Vous savez, c'est temporaire, comme je le disais; je suis là pour les
trois prochaines années, je l'espère bien, mais les voeux d'une
population changent et un gars disparaît. Les engagements que je pourrais
prendre dans le cas d'un amendement ou d'une abolition de la Commission du
salaire minimum aujourd'hui, ce seraient des engagements du ministre actuel du
Travail et il y a des choses qui, dans l'administration publique, ont un
caractère temporaire qui ont des tendances à devenir permanentes.
D y a des choses permanentes qui sont plus temporaires que des choses
temporaires.
Alors, compte tenu de cette expérience et après des
remarques avec le président du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, la semaine dernière, il m'a semblé que même
le projet de loi qui est écrit actuellement, qui
change le mot commission partout par le mot ministre, je dois le
soumettre au conseil consultatif qui se préoccupera surtout de la partie
concernant le remplacement de cela. En effet, ce ne serait que temporaire, mais
ce ne serait pas écrit dans la loi que ce serait temporaire. On ne peut
pas dire dans la loi que c'est temporaire. La loi a toujours été
temporaire dans mes livres à moi, mais, jusqu'à ce qu'elle soit
changée, elle est toujours bonne.
Alors, si le conseil consultatif dit qu'avant de donner un consensus sur
une modification qu'il considérerait comme importante dans la Loi du
salaire minimum il veut savoir ce qu'il y aura après, ça ne me
donne pas de grosses raisons de la modifier actuellement. Si je suis capable de
lui dire ce qu'il y aura après, je suis aussi bien de faire tout de
suite ce que je ferais après, sans faire ce que je devrais faire avant.
Les raisons qui me forceraient à faire cela immédiatement, ce
serait pour éviter formellement que, compte tenu de l'annonce faite que
la commission sera abolie un jour, la commission, se sentant mal à
l'aise dans une situation temporaire, commence à poser des gestes qui
seront peut-être ennuyeux et pour le ministre et pour l'avenir de la
commission.
M. BURNS: C'est pourquoi il est embêtant de ne pas avoir de
calendrier là-dessus. Vous avez, d'une part, la commission qui se sent
devenir inutile à plus ou moins brève échéance.
Vous avez les employés qui eux-mêmes sont dans un état
d'insécurité je ne dirais pas quant à leur emploi
parce qu'ils sont régis par la Commission de la fonction publique
quant au moins à leur devenir.
Ces gens ne savent pas s'ils vont être intégrés au
ministère lorsque la disparition de la commission sera consacrée.
Je pense que c'est une série de phénomènes comme cela qui,
si on ne connaît pas l'échéance que le ministre veut mettre
à cette réforme, jusqu'à un certain point immobilisent
à toutes fins pratiques la Commission du salaire minimum.
M. COURNOYER: C'est pour ça d'ailleurs que la décision que
je prenais, ne sachant pas encore ce qui va remplacer, était d'abolir la
commission comme institution, la remplacer par le ministre, qui,
lui-même, peut procéder à des intégrations. Le
ministre est là, il est ministre dans les deux cas, ministre du Travail
et de la Main-d'oeuvre responsable du ministère du Travail et
responsable d'une commission intermédiaire entre lui et les
employés aujourd'hui. Et l'existence du sous-chef, par exemple, fait
qu'il y a deux structures parallèles. Si jamais nous arrivons à
l'intégration des deux structures, il n'y aura plus qu'un sous-chef,
c'est le sous-ministre.
A partir de là, disons que je n'ai pas actuellement idée
de ce qui va arriver après. Il y aura la réaction possible du
conseil consultatif face à cette décision du ministre de
remplacer la commission par lui-même, ce qui est fait au moins pour les
ordonnances, excepté que je dois passer par la commission pour les
fabriquer; ça prend une résolution de la commission selon la loi.
A partir de là, je dis: Laissez-moi au moins voir le conseil consultatif
pour savoir ce qu'il va me dire de tout cela. Après cela
j'établirai un échéancier quand j'aurai reçu le
rapport de MM. Mineau, Allard et Associés, qui me dira comment ça
peut se faire au point de vue de l'intégration. J'ai posé la
question à M. Mineau: Comment peut-on faire l'intégration? Est-ce
qu'il y a lieu de faire l'intégration aussi? La question doit être
posée. Intégrer au service d'inspection technique, c'est une
chose, mais ça peut posséder son autorité propre, son
autonomie propre. Cela peut-être une direction qui inspecte les
conditions de travail mais sous une autorité d'inspection. La
philosophie d'inspection doit être pareille partout quand il s'agit du
même ministère; comme on a déjà, au ministère
du Travail, une philosophie d'inspection quant à ce qui a trait à
différentes sphères d'inspections que nous faisons, par d'autres
lois, est-ce qu'il y a lieu de mettre ça sous la même
autorité? Et aussi, qu'est-ce que ça comporte de mettre en branle
un système d'inspection totalement différent de celui qui est
là? Je pense bien que pour les employés, ce qui est le plus
difficile pour eux, c'est comment ils vont être intégrés
dans un nouveau système d'inspection alors que leur emploi a
été fait pour un système d'inspections qui est totalement
différent. Là-dessus, on peut tout de suite dire qu'il n'y a pas
de danger pour les employés. Il y a peut-être du danger pour leur
avenir, par exemple, c'est-à-dire leur prospection d'avenir. Mais il est
entendu qu'il y a des conventions collectives qu'on doit suivre. Les
fonctionnaires qui sont là sont assujettis aux conventions collectives
qui existent dans la fonction publique québécoise et nous devons
respecter tout ce qui est écrit dans ces conventions, même si nous
nous appelons commission.
A partir de là, les expectatives de promotion des individus
peuvent être multipliées par dix, compte tenu de la
création possible d'un certain nombre de postes additionnels vu le
changement du type d'inspections, ou encore elles peuvent être
réduites à néant compte tenu de la catégorie de
personnes dont vous avez besoin pour occuper certains nouveaux postes. On peut
avoir besoin de personnes en mécanographie ou d'analystes de salaires,
non dans le sens de savoir le contenu du salaire mais d'analystes d'inspecteurs
de livres, par exemple. Cela se fabrique peut-être rapidement un
inspecteur de livres, cela dépend de ce qu'on lui demande d'inspecter et
comment on lui demande d'inspecter. Je ne ferai pas des comptables avec eux et
je ne veux pas avoir de comptables non plus dans le sens précis dont je
viens de parler. Par ailleurs, si j'ai besoin de toute une structure de
mécanographie nouvelle pour que ces choses puissent
entrer dans un système d'inspection, si c'était là
la conclusion de MM. Mineau, Allard et Associés, à partir du
moment où nous avons le plan, nous devons intégrer le mieux
possible nos employés actuels de la commission qui font de l'inspection
dans ce plan et, aussi, permettre à ces employés de se qualifier,
eux, parce qu'ils sont là, pour s'intégrer dans de nouvelles
fonctions.
Cela peut être un plan de six mois comme un plan de six ans,
ça dépendra de ce que les techniciens vont nous suggérer
comme but, je ne le sais pas pour le moment.
M. BONNIER: M. le Président, d'ailleurs j'ai l'impression
qu'aussitôt qu'on touche à la question même du salaire
minimum, on touche à une question qui est beaucoup plus vaste. Et je me
demande si le ministre du Travail a des consultations avec le ministre des
Affaires sociales, quant au revenu annuel garanti. Des expériences se
font actuellement au Manitoba, en relation avec le gouvernement
fédéral, et quand un revenu annuel garanti est possible et
plausible il peut remettre en cause, dans le fond, dans son fonctionnement
même, la question d'un salaire minimum ou son importance.
Alors à partir de là, est-ce nécessaire d'avoir une
commission du salaire minimum? Est-ce que ce sera même nécessaire
dans un an ou deux? La question reste elle-même à poser aussi.
M. COURNOYER: L'enquête que M. Cas-tonguay fait actuellement porte
justement sur le salaire minimum en fonction du revenu garanti, et son but est
d'examiner ce salaire minimum-là en fonction de l'un de ces
critères dans la forme de revenu garanti. Et je le disais tantôt,
est-ce qu'il y a lieu d'avoir un salaire minimum?
Cette question est fondamentale. Est-ce qu'il y a lieu de maintenir un
salaire minimum ou de remplacer un salaire minimum par une politique de salaire
raisonnable à l'intérieur de toutes sortes d'autres politiques,
comme la politique du revenu garanti, comme les politiques d'aide sociale?
M. BONNIER: C'est beaucoup plus vaste.
M. COURNOYER: C'est plus vaste que le seul salaire minimum. Quand on
parle de conditions de travail, tantôt on en parlait, elles peuvent
être étrangères au salaire. La Commission du salaire
minimum, par le simple terme de salaire minimum, affecte le minimum, mais
personne n'a dit qu'elle fixait le minimum vital. Ce n'est pas ça, elle
fixe le minimum payable et non pas le minimum vital.
La nouvelle approche, je la saurai quand j'aurai au moins un rapport de
M. Castonguay et ce sera discuté, j'imagine, au Parlement, parce que
ça devra trouver une correspondance dans nos lois. Actuellement, c'est
le salaire minimum. Mettons que la politique ce n'est plus le salaire minimum,
c'est le salaire raisonnable. Il faudrait que j'amende des lois pour rendre le
salaire minimum raisonnable. Est-ce qu'on doit avoir même un salaire
raisonnable décrété de cette façon-là? Je ne
le sais pas. Est-ce qu'on doit se diriger, par exemple, vers l'extension
juridique des conventions collectives et baser tous nos raisonnements sur les
conventions collectives et non pas baser nos raisonnements sur des salaires
raisonnables ou salaires minimums?
Et est-ce que le gouvernement du Québec, qui possède un
instrument unique sur le continent nord-américain, l'instrument de la
Loi des décrets de conventions collectives, ne devrait pas utiliser
cette loi-là plutôt que l'autre loi du salaire minimum? Mais il
reste toujours un résiduaire. Le salaire minimum devrait, pour nous
en tout cas c'est l'opinion que j'ai énoncée
déjà être un salaire pour les résiduai-res et
ne plus encombrer un salaire minimum qui ne correspond pas aux
réalités, parce que si je prends le salaire minimum, par exemple,
j'ai toujours pensé moi que quand on établit le salaire minimum
il est général d'application, il va se retrouver au plus bas
niveau de la capacité de payer d'un entrepreneur ou d'une
entreprise.
Plusieurs entreprises pourraient payer plus cher, mais ne paieraient
plus cher que lorsque forcées par le gouvernement de le faire, et elles
profitent tout simplement de l'existence de ce salaire minimum qui,
lui-même, est situé au plus bas niveau. Et parce qu'il est
situé à ce bas niveau, on dit par exemple que, dans certains
domaines, on pourrait payer bien plus cher, mais comme dans d'autres domaines
on peut payer beaucoup moins cher, tout le monde a un niveau d'égale
médiocrité.
Alors la parité, ne pouvant la faire par en haut, on a dû
la faire par en bas, en ramenant tout le monde à une égale
médiocrité. C'est bien dit, ça?
M. BURNS: C'est bien dit, mais c'est triste à entendre quand
même.
M. COURNOYER: C'est triste à entendre, ça devrait
être satisfaisant pour vous que nous y pensions dans ce sens.
M. BURNS: Non, non! je ne blâme pas le ministre d'y penser, au
contraire, mais pendant qu'il y pense, le ministre, est-ce que je peux
vous...
M. BONNIER: M. le député de Maisonneuve, est-ce que je
peux finir?
M. BURNS: Certainement.
M. BONNIER: Juste une petite remarque par rapport à ce que vient
de dire le ministre, qu'un employeur parfois a recours au salaire minimum,
même s'il pourrait payer plus. Il y a
un cas en particulier, qui me préoccupe beaucoup, c'est que je
constate que dans certaines industries où on fait, mettons, des maisons
préfabriquées, on va payer un journalier le salaire minimum, ce
qui est beaucoup moins que sur les chantiers de construction.
Ce sont des espèces d'anomalies qui resteraient peut-être.
Comme vous le dites, s'il y a moyen de prendre tout le problème pour
intégrer cela dans les politiques générales du
ministère du Travail, il me semble que ce serait beaucoup plus
logique.
M. BURNS: Pendant qu'on est sur ce sujet-là et pendant que le
ministre nous annonce qu'il y pense, c'est-à-dire qu'on pense, à
son ministère, à ce que va devenir la Loi du salaire minimum ou
la loi des salaires raisonnables... J'ai compris, dans les remarques du
ministre, qu'il envisage peut-être même de penser en termes d'une
loi de conditions minimums de travail.
M. COURNOYER: Vous rayerez le mot "minimum", parce que je ne me souviens
pas de l'avoir utilisé.
M. BURNS: Non, mais en tout cas.
M. COURNOYER: Qui s'étendraient au-delà du mot
"salaire".
M. BURNS: Au-delà du mot "salaire".
M. COURNOYER: Sans mettre "minimum" au bout, mais elle se rendrait
au-delà.
M. BURNS: Est-ce que je peux, à ce moment-là,
suggérer au ministre d'envisager la possibilité, si on
étend cela à des conditions de travail et non pas seulement au
salaire, qu'on se mette à penser en termes de protection de
l'employé non syndiqué par un système analogue à
celui de l'arbitrage au moins dans les cas de congédiement? J'ai
toujours trouvé absolument inacceptable qu'un employé, parce
qu'il fait partie d'une entreprise qui n'a pas de syndicat pour le
représenter, soit, à toutes fins pratiques, à la merci
totale de l'employeur quant à son congédiement.
On le voit même dans le cas de plaintes en vertu du salaire
minimum. Je comprends que la loi dit qu'un employé ne peut pas
être congédié parce qu'il porte une plainte en vertu du
salaire minimum, mais cela, c'est illusoire dans les faits. Dans les faits, le
patron va dire: D'accord, je vais te le payer, ton salaire minimum, mais
guette-toi bien dans une couple de mois. C'est facile de trouver quelque chose
à un employé, qui, officiellement, n'a aucun rapport avec cela et
qui justifierait le congédiement pour d'autres raisons que cette plainte
quant au salaire minimum. Je crois qu'on devrait penser, si on vise à
assurer des conditions minimales de travail, à cette espèce de
lacune de notre loi. Si le ministre se faisait le parrain d'une loi permettant
à n'importe quel employé, syndiqué ou non, de soumettre
son cas à l'arbitrage lorsqu'il est congédié, probablement
qu'il serait bien en avance sur toutes les lois en Amérique du Nord. Je
l'admets.
Dès qu'on pense à étendre à d'autres choses
qu'au salaire les minimums qu'un employé doit se voir offrir comme
protection, il faut, parmi les premières choses, penser à ce
droit de faire vérifier la décision de l'employeur de
congédier un employé qui n'est pas représenté par
un syndicat. Je pense, sans élaborer là-dessus, également
qu'on pourrait être en mesure de parler même d'ancienneté
comme étant une des conditions minimales de travail. En tout cas, je le
souligne au ministre étant donné que, semble-t-il, il y a du
travail qui se fait au ministère là-dessus et qu'on pense
à ce qu'on va faire. Je souligne, entre autres, ces deux cas qui
pourraient peut-être faire l'objet d'études, à savoir si
c'est possible de fixer, comme conditions minimales de travail, que tout le
monde, syndiqué ou non, a droit de faire respecter son
ancienneté, a droit de se plaindre lorsqu'il est
congédié.
M. COURNOYER: D'accord, on va le prendre en considération.
M. BURNS: Maintenant, pendant qu'on est sur la Commission du salaire
minimum, je me rappelle je pense que ce n'est pas le dernier rapport qui
vient de sortir du Vérificateur général, mais le
précédent; je n'ai pas pu, à cause du temps où il a
été déposé, vérifier si la remarque
apparaissait encore cette année pour le ministère du Travail
que le Vérificateur général signalait ce que lui
considère comme une anomalie, à savoir que certaines
dépenses, qui sont des dépenses du ministère du Travail,
soient, à toutes fins pratiques, imputées à la Commission
du salaire minimum.
Ce que le Vérificateur général trouvait d'anormal
dans cela, c'était que la Commission du salaire minimum, étant
une entité en soi, étant autofinancée et de façon
indépendante des crédits du ministère, il devenait,
à partir de ce moment-là, impensable que le ministère
impute à cet organisme autofinancé des salaires ou des contrats
donnés à l'extérieur pour ses propres fins, à lui.
Je ne sais pas si mes informations sont exactes, mais il semblerait que cela se
fait encore.
M. COURNOYER: Moi, j'ai cru comprendre que le rapport que vous avez est
celui de 1972/73.
M. BURNS: J'ai bien dit que je n'avais pas eu le temps de
vérifier si la remarque se retrouvait cette année.
M. COURNOYER: La remarque peut se retrouver, parce que c'est le rapport
de 1972/73. En 1973/74, vous ne retrouverez pas la même remarque.
M. BURNS: Vous voulez dire le prochain rapport?
M. COURNOYER: C'est ce que je pense.
M. BURNS: Ce n'est pas celui qui a été
déposé la semaine dernière?
M. COURNOYER: Non, parce que celui-là porte sur 1972/73, celui
que vous avez eu la semaine dernière.
M. BONNIER: II va être déposé un peu plus tard.
M. BURNS: La remarque que j'avais vue, en tout cas, c'était le
rapport de 1971/72.
M. COURNOYER: De 1971/72.
M. BURNS: Je n'ai pas eu le temps de vérifier...
M. COURNOYER: Elle a été reprise en partie.
M. BURNS: Elle a été reprise, bon.
M. COURNOYER: On la retrouve un peu en 1972/73.
M. BURNS: Par exemple, M. le ministre, je vais vous poser une question
précise.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: L'ex-président de la Commission du salaire minimum, M.
Jean-Guy Lefebvre, est à l'emploi de votre ministère, comme, je
pense, conseiller cadre ou quelque chose comme ça.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Est-ce qu'il est encore payé à même les
fonds de la Commission du salaire minimum?
M. COURNOYER: Oui, il est encore payé par la Commission du
salaire minimum.
M. BURNS: Voyez-vous, cela est une irrégularité. Je ne
sais pas s'il y en a d'autres, mais...
M. COURNOYER: Je ne le crois pas. Les remarques du Vérificateur
général portaient, bien sûr, sur un certain nombre de
salaires; elles portaient aussi... D'après les fonctionnaires,
même M. Lefebvre serait maintenant sur la liste de paye du
ministère et non plus sur celle de la commission. Cela fait un mois
qu'on aurait donné cet ordre.
M. BURNS: Cela est réglé.
M. COURNOYER: C'est réglé, il n'y aura plus personne qui
serait affecté au ministère et payé par la commission,
sauf ceux que la loi prévoit. Les conciliateurs, comme vous le savez,
sont payés par la commission.
M. BURNS: Cela, c'est la loi qui le prévoit. M. COURNOYER: Oui,
c'est la loi. M. BURNS: II n'y a pas de problème là.
M. COURNOYER: Cela est en compte, cependant, c'est-à-dire qu'elle
nous rembourse. Nous les payons et la commission nous rembourse.
M. BURNS: Si on parle d'un autre cas du même genre, M. Castonguay
fait pour le compte du ministère une étude...
M. COURNOYER: M. Castonguay fait une étude pour le compte de la
commission.
M. BURNS: II la fait pour le compte de la commission?
M. COURNOYER: C'est un ordre du ministre, mais, quand même, il la
fait pour le compte de la commission.
M. BURNS: C'est ça.
M. COURNOYER: II fait à mon ministère des choses qui
regardent la commission, qui a son propre pouvoir de taxation et qui aurait
dû chercher les mêmes affaires depuis longtemps.
M. BURNS: M. Castonguay est payé par la commission?
M. COURNOYER: Par la commission, de même que MM. Mineau, Allard
& Associés sont payés par la commission. Ils cherchent
quelque chose pour la commission. La révision dont on parle, même
de la politique du salaire minimum, ce sont des fins de la commission. Ils ont
des finances à la commission. Je ne sais pas si vous avez lu les
rapports financiers de la commission, mais elle a plus d'argent que mon
ministère.
M. BURNS: D'accord, c'est ce que je voulais vérifier.
Est-ce que je peux poser au ministre, toujours dans le domaine du
salaire minimum, un certain nombre de questions relativement à ses
désirs éventuels de modifier la couverture de la loi? Entre
autres, récemment, on a appris que s'organisait une espèce de
mouvement chez les aides familiales, qu'on appelle généralement
les bonnes, les personnes qui travaillent dans des familles. Cette
organisation, dont je ne connais pas le nom exactement, demande que les aides
familiales soient couvertes par la Loi du salaire minimum. Qu'est-ce que le
ministre pense de ça?
M. COURNOYER: Compte tenu de la difficulté qu'on a à
couvrir ceux qui sont couverts aujourd'hui, je ne vois pas comment je pourrais
couvrir ceux qui ne sont pas couverts.
M. BURNS: Oui, mais...
M. COURNOYER: Dans la...
M. BURNS: Ce n'est pas une réponse.
M. COURNOYER: Pardon?
M. BURNS: Ce n'est pas une réponse.
M. COURNOYER: Bien, c'est une réponse. J'ai du mal à
couvrir ce que j'ai à couvrir, je ne vais pas ajouter en plus de cela
des aides familiales dans les familles. Je ne suis pas capable de faire
ça. Je n'ai même pas de système d'inspection pour les
places qu'on retrouve avec pignon sur rue. Je ne l'ai pas, le système
d'inspection, au moment où je vous parle; je ne vais pas songer à
aller faire des enquêtes dans les chambres à coucher de la
population pour savoir s'il y a une bonne ou s'il n'y a pas de bonne, si elle
est bien payée ou si elle n'est pas bien payée. Je ne suis pas
capable de faire ça au moment où je vous parle.
La Commission du salaire minimum a reçu le même genre de
requête et la conclusion à laquelle elle en est venue, c'est qu'on
ne peut pas couvrir ça.
M. BURNS: On ne le peut pas physiquement ou bien on ne le peut pas parce
qu'on ne le veut pas? C'est ce que je veux savoir.
M. COURNOYER: Bien, on va vous déposer ce que la commission a dit
là-dessus. Je peux vous donner ça en Chambre n'importe quand.
C'est non. Quand je vous dis que nous révisons...
M. BURNS: Oui, mais la commission a dit non pourquoi? Parce qu'elle
n'est pas capable, parce qu'elle n'a pas les services voulus pour faire la
vérification nécessaire...
M. COURNOYER: Parce que la demande...
M. BURNS: ... ou bien parce que philosophiquement elle juge ça
inacceptable?
M. COURNOYER: Sur la question de philosophie, je ne sais pas. Je ne sais
pas si c'est de la philosophie, du droit ou de l'administration, la
réponse à la question. Je ne le sais pas.
M. BURNS: Vous utilisez le mot philosophie...
M. COURNOYER: Non...
M. BURNS: ... de façon un peu large.
M. COURNOYER: Je ne le sais pas.
M. BURNS: Mais vous savez ce que je veux dire.
M. COURNOYER: Je ne le sais pas. Je n'ai pas la raison qui a
été donnée par la commission pour ne pas couvrir les aides
familiales. Parce que la commission a le pouvoir de le faire. Il n'y a pas
besoin de loi pour couvrir les aides familiales, d'après ce que je peux
voir. Mais il s'agit d'un salaire payé à une personne pour faire
un certain travail. Il faut tenir compte de l'exclusion, je ne me souviens pas
si l'exclusion est dans la loi ou dans l'ordonnance; je n'ai pas tout en
mémoire avec tout le système de lois que j'administre. En
particulier là-dessus, je ne sais pas si c'est la loi qui dit que cela
ne s'applique pas aux domestiques ou si c'est l'ordonnance qui dit que la
présente ordonnance ne s'applique pas aux domestiques.
Si c'est l'ordonnance qui dit que cela ne s'applique pas aux
domestiques, à partir de là la commission pourrait,
légalement, appliquer l'ordonnance aux domestiques. La raison pour
laquelle elle ne l'applique pas aux domestiques peut être une raison
d'ordre administratif comme cela peut être une raison d'ordre
philosophique. Pour le moment, je dis que je n'ai pas la raison qui a
été donnée par les officiers de la commission à la
commission lorsque le problème s'est soulevé pour nième
fois. Je pense que cela fait à peu près six mois que la question
a été posée à la commission, de couvrir ou de ne
pas couvrir les aides familiales. J'ai lu comme ça... Ah ! c'est dans la
loi.
M. BURNS: C'est la loi, bon.
M. COURNOYER: ... les domestiques...
M. BURNS: A ce moment-là, cela demandera une modification de
votre part.
M. COURNOYER: Bien. M. BURNS: C'est plus que...
M. COURNOYER: De ma part, cela prendrait une modification.
M. BURNS: A ce moment-là, je pose une question au ministre.
Est-il d'accord pour les couvrir?
M. COURNOYER: Non.
M. BURNS: Du moins sur la philosophie de l'affaire. Je ne voulais pas
utiliser le mot "idéologique" mais, en tout cas, sur l'idéologie
de couvrir les aides familiales.
M. COURNOYER: Pour le moment, le ministre n'est pas d'accord.
M. BURNS: Pourquoi n'est-il pas d'accord?
M. COURNOYER: Parce qu'il n'est pas d'accord.
M. BURNS: J'aimerais savoir pourquoi.
M. COURNOYER: Parce qu'il ne sait pas dans quoi il s'embarque pour le
moment. Je vais vous dire que je suis d'accord quand je saurai dans quoi je
m'embarque. Actuellement, je ne sais pas dans quoi je m'embarque. Est-ce que je
m'embarque dans une diminution du personnel? Est-ce que je m'embarque dans une
correction d'abus? Est-ce que je m'embarque dans l'empêchement aux gens
de gagner leur vie de la façon qu'ils ont décidé de la
gagner? Est-ce que je m'embarque dans une perte d'emploi possible pour des gens
qui veulent ce genre d'emplois? Je ne le sais pas. Je n'ai aucune idée.
Alors, je ne peux pas vous dire pourquoi je suis d'accord ou ne suis pas
d'accord. Je vous dis que, pour le moment, je ne suis pas d'accord. J'aurai
éventuellement des informations qui sont susceptibles de m'être
communiquées. La demande a été faite officiellement,
appuyée par la FTQ, par la CSN, par le PQ. Je ne l'ai pas encore
entendu, mais je suis sûr que les députés libéraux
sont d'accord sur ça, donner plus d'argent à plus de monde, c'est
parfait. A partir du moment où je ne sais pas dans quoi je
m'embarquerais, je ne peux pas vous dire non, ni oui. Mais je vous dis que,
pour le moment, c'est non de peur que les gens interprètent mon oui et
que, demain matin, je sois "poigné" avec une échéance
d'une journée pour faire voter une loi pour dire que les domestiques
sont dedans.
M. BURNS: Le ministre reconnaît que c'est un genre de travailleurs
qui sont absolument démunis dans leur façon de discuter de leur
rémunération. Je ne dis pas...
M. COURNOYER: Oui, cela...
M. BURNS: ... qu'il n'y a pas, à l'occasion, quelques aides
familiales qui ont de bonnes conditions de travail. Mais, règle
générale, il arrive qu'elles sont dans un état de
sujétion totale vis-à-vis leur employeur.
C'est-à-dire...
M. COURNOYER: Comme je n'ai pas les moyens...
M. BURNS: ... que l'individu...
M. COURNOYER: ... de me payer une bonne, je ne sais pas de quoi cela a
l'air, une bonne; ma femme n'en veut pas non plus. Je ne sais pas ce que cela
veut dire, une bonne. Quelqu'un est dans une maison, un étranger dans
une maison, je ne sais pas ce que cela veut dire et je ne sais pas pourquoi
elles n'ont pas plus de pouvoirs que ça. Je sais bien que, lorsqu'on se
cherche des bonnes, on n'en trouve pas.
M. BONNIER: Le "bargaining power" est bon actuellement.
M. COURNOYER: Pardon?
M. BONNIER: Le "bargaining power", le marchandage des bonnes est bon
actuellement sur le marché. Elles peuvent demander pas mal le salaire
qu'elles veulent parce qu'elles sont rares.
M. BURNS: Je vous avoue que ce n'est pas mon impression.
M. BONNIER: Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas
préférable d'étudier le problème. Mais...
M. BURNS: Je vous avoue que ce n'est pas mon impression.
M. COURNOYER: Si vous avez une bonne, comment la payez-vous?
M. BURNS: Je n'en ai pas de bonne, je n'en ai jamais eu et ma
mère n'en a jamais eu non plus.
M. COURNOYER: Moi non plus.
M. BURNS: Je ne sais pas ce que c'est, moi non plus, de proche, une
bonne. Mais je sais, d'autre part...
M. BOSSE: II y a les bonnes et les pas bonnes.
M. BURNS: Je ne m'embarquerai pas dans ce que le député de
Dorion veut.
M. COURNOYER: II y a de bonnes bonnes.
M. BURNS: II y a quelque chose qu'on peut remarquer au départ.
C'est que vous avez ce groupe, dont j'oublie le nom...
M. COURNOYER: L'Association des aides familiales, je pense que c'est
comme ça que cela s'appelle.
M. BURNS: Apparemment c'est organisé par l'entremise ou par le
biais de la JOC. Mais, semble-t-il, eux autres, en tout cas, qui commencent
à être de plus en plus représentatifs, considèrent
que ce n'est pas normal qu'on laisse cette catégorie de travailleuses
dans un état complet de sujétion par rapport à un
employeur.
C'est pour cela que je le demande au ministre. Cela ne me satisfait pas,
d'ailleurs, sa réponse.
M. BOSSE: Quant au problème que le député de
Maisonneuve a soulevé tout à l'heure sur les bonnes,
premièrement, il y a une rareté
réelle, apparemment, selon ceux qui les utilisent. Moi non plus,
je ne les utilise pas. Il y a une autre difficulté aussi. C'est toujours
la même difficulté qu'on rencontre dans l'application de la loi,
tel que le député de Maisonneuve l'a soulevé tout à
l'heure, à savoir l'évaluation. J'ai eu l'occasion, par
expérience, de discuter avec quelques-unes. C'est toujours
l'évaluation, par exemple, des heures qui sont faites à
l'égard du coût de la pension, du logement, etc. C'est toujours le
même petit truc qui est utilisé, au fond, par les employeurs qu'on
retrouve dans d'autres secteurs.
A compter du moment où quelqu'un loge quelque part, dès
qu'une plainte est portée, d'abord, il risque d'être
congédié on le sait dans l'application de la loi
actuelle. Je suis bien d'accord que c'est inapplicable, même si, dans la
loi, c'est clair et précis que l'employeur doit faire telle et telle
chose... Tout le monde sait qu'à compter du moment où une plainte
est portée on l'a constaté surtout dans le secteur des
cabarets, des restaurants et de l'hôtellerie les gens sont
congédiés. C'est presque automatique, dès qu'ils ont
porté plainte, même s'ils le font dans le secret. J'ajouterais
même que les inspecteurs qui font leur travail je ne veux pas
porter d'accusation il est étrange que les employeurs
l'apprennent rapidement, avant même que cela aille devant un tribunal
quelconque.
Je pense qu'il y a un problème majeur là. Pour moi, il
serait souhaitable que peut-être un syndicat les regroupe. Encore
là, je comprends que ce sont des unités d'une personne à
la fois...
M. BURNS: Le député de Dorion, avec son expérience
syndicale, va comprendre tout de suite la difficulté de négocier
une affaire de même.
M. BOSSE: Je comprends que c'est pratiquement impossible.
M. BURNS: II n'y a pas d'association d'employeurs de bonnes.
M. BOSSE: Non. C'est pratiquement impossible.
M. BURNS: On serait obligé de négocier 500 conventions
collectives pour chaque individu.
M. BOSSE: C'est pratiquement impossible. En fait, c'est un
problème qui est soulevé sur le plan humain, où je ne vois
pas, du moins présentement, une solution. Je demanderais
précisément au député de Maisonneuve, à part
la condition de les soumettre à la Loi du salaire minimum, à
laquelle ils sont déjà soumis dans la loi... Ils ne le sont
pas?
M. COURNOYER: Ils sont exclus par la loi.
M. BOSSE: Ils sont exclus par la loi. A partir de là, même
s'ils étaient soumis à la loi, est-ce que vraiment cela
corrigerait la situation ou y a-t-il d'autres solutions?
M. BURNS: Moi, je pense que ce serait moins pire, si je peux dire,
qu'actuellement. C'est dans ce sens que je dis cela.
M. BOSSE: Ils pourront le réclamer, une fois qu'ils sont partis
de chez l'employeur.
M. BURNS: II y a aussi tout le phénomène de la pression
morale de l'existence d'une ordonnance. C'est cela. C'est sûr qu'elle ne
sera peut-être pas appliquée à 100 p.c, mais, à
partir du moment où vous avez un minimum de salaire dans une ordonnance,
il y a peut-être des employeurs qui vont dire: II faut suivre
l'ordonnance, sans qu'il y ait nécessité de porter plainte.
En tout cas, je présume que la tendance normale d'un citoyen,
c'est de suivre la loi. Je pars avec ce postulat. Quand il y a une loi, c'est
censé être en pression morale suffisante pour que, dans la
majorité des cas, elle soit appliquée et suivie. Je ne dis pas,
à ce moment-là, qu'il n'y a pas des gens...
M. COURNOYER: L'existence de la loi empêche une personne de
requérir les services d'une autre personne qui est prête à
les donner.
M. BURNS: Je ne comprends pas.
M. COURNOYER: L'existence de la loi, la crainte de se faire prendre,
dans le cas des domestiques, par exemple, peut empêcher, à mon
sens, quelqu'un d'employer une personne qui, par ailleurs, veut rester
là. Parce que, très souvent, dans les bonnes, il y en a qui sont
des personnes mal prises. C'est pour cela, d'ailleurs, que vous pouvez
considérer qu'il y a peut-être des abus. La personne qui s'en va
travailler comme bonne, cela dépend qui c'est. Il y en a qui sont des
bonnes. Elles ont voulu faire cela toute leur vie. Ce sont des femmes qui
n'avaient pas d'enfants, qui ont voulu élever des enfants et qui sont
devenues pratiquement une seconde mère de famille ou encore une
mère de famille, des fois, en l'absence de la mère proprement
dite, et qui sont intégrées à la famille, très
souvent.
Mais celles qui ne sont pas intégrées à la famille,
parfois, tu te demandes qui c'est. Qui place ces gens dans les foyers, qui
deviennent presque, parfois des foyers nourriciers ou des foyers de protection?
Ce n'est peut-être pas toujours adéquat, mais il y a des
institutions qui essaient de placer des jeunes filles dans des foyers. Si vous
imposez à la personne qui rend service de payer un salaire minimum, le
but premier poursuivi par une institution, qui serait d'intégrer du
monde dans un foyer qui semble normal, au moins de l'extérieur,
n'est
plus possible parce qu'on est obligé de les payer $2.10. On ne
l'emploie plus. On ne le fait plus parce qu'elle devient une
employée.
Très souvent, la compensation qu'on donne, c'est beaucoup plus du
genre de celle qu'on donnerait à notre fille de 20 ans pour qu'elle
reste à la maison. Moi, je ne le fais pas parce que je n'ai pas de fille
de 20 ans, premièrement et que, deuxièmement, je n'ai pas de
bonne.
Mais ceux qui en ont, ont l'impression, parfois, de jouer un rôle
social en aidant une personne à s'intégrer dans un milieu
familial différent de celui dans lequel elle vit. Elle se retrouve dans
une institution quelconque pour protection de jeunes filles dans la province de
Québec. A un moment donné l'institution en question demande que
cette personne soit placée à une telle place. Ils ont une liste
de personnes qui en reçoivent et, si tu mets un salaire minimum dessus,
tu es pris avec.
M. BOSSE: En fait...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... le député de Verdun.
M. COURNOYER: Je ne dis pas que j'ai réglé le
problème pour autant. C'est un des aspects. Cependant M. Castonguay, qui
examine la couverture du salaire minimum, a été saisi de ce
problème de la même manière que les autres demandes de
couverture. Il y a les agriculteurs qui ne sont pas dedans non plus. La
couverture du salaire minimum proprement dite, la philosophie du salaire
minimum comme telle, qui est en train d'être examinée par M.
Castonguay, comporte le champ d'application de la Loi du salaire minimum. Le
champ d'application de la loi, c'est restrictif jusqu'à un certain
point, ça exclut les salaires travaillant à des exploitations
agricoles, les domestiques de maison, ça exclut bien sûr ceux qui
sont mieux placés, ceux qui sont assujettis à un
décret.
Maintenant, ça s'applique aux salariés exécutant,
à la fois, en dehors de la province... De toute façon, ce champ
d'application, il y a deux places qui existent aujourd'hui; vous n'avez pas
encore posé la question sur l'agriculture, mais vous allez la poser tout
de suite après.
M. BURNS: Je ne la pose pas, vous m'avez répondu.
M. COURNOYER: Dans le cas de l'agriculture, il me semble, aujourd'hui
vous me permettrez de répondre par anticipation à une
question que vous devriez m'avoir posée.
M. BURNS: Que je ne vous poserai pas, parce que vous y répondez
avant.
M. COURNOYER: Dans l'agriculture, il y a le projet de loi no 1 qui est
sur la table depuis longtemps, sur le salaire minimum, qui inclut
l'agriculture. C'était avant qu'on pense au syndicalisme agricole et
qu'on obtienne la participation de l'UPA pour représenter les
producteurs agricoles. J'ai posé une question à M. Toupin, il y a
trois semaines, à l'occasion de l'étude de la couverture du
salaire minimum et du projet de loi que j'entendais déposer, qui
comportait plus que les seuls amendements à la structure en disant: Le
ministre et la commission s'en mêlent. J'avais fait introduire dans ce
projet de loi tous les amendements qui avaient été prévus
dans le bill 1, y inclus le champ d'application qui continuait d'exclure les
domestiques mais qui incluait l'agriculture.
J'ai demandé à M. Toupin, le ministre de l'Agriculture, de
discuter avec l'UPA pour voir si elle serait encore d'accord aujourd'hui sur
l'inclusion de l'agriculture dans le salaire minimum ou si elle a d'autres
méthodes en voie de réalisation à l'intérieur du
système de l'agriculture. J'ai demandé ça il y a quinze
jours ou trois semaines à M. Toupin et il devrait me donner une
réponse avant que je ne dépose le projet de loi sur la couverture
de l'agriculture proprement dite, les exploitations agricoles.
Les exploitations agricoles de type industriel, je ne vois vraiment pas
pourquoi ce n'est pas au moins sous la Loi du salaire minimum, puis qu'on
emploie formellement du monde. Il y a d'autres endroits où ce n'est pas
de type industriel, et ça pourrait causer un certain nombre de
problèmes. J'ai demandé à M. Toupin d'examiner cette
situation avec l'UPA, ce qu'il fait de son côté parce que l'UPA et
lui se parlent souvent.
M. BURNS: Par contre, je signale au ministre qu'il serait un peu
illusoire de penser que l'UPA puisse en venir à couvrir le travailleur
agricole lui-même, je ne parle pas du producteur. Actuellement, à
part le domaine de la forêt qui est un peu spécial, ce sont
surtout des producteurs agricoles que l'UPA représente.
M. COURNOYER: Mais cela n'empêche pas l'UPA d'être
progressive.
M. BURNS: Non, mais je ne peux pas demander à l'UPA d'être
plus pure qu'il le faut. Je comprends le conflit d'intérêts dans
lequel elle se retrouverait. Si elle représente, d'une part, les
producteurs agricoles sur le plan des mises en marché et de fixation de
prix, etc., elle se trouve à représenter, vis-à-vis du
travailleur agricole, celui qui est employé, un peu la partie patronale,
dans le fond, comme le dit le député de Dorion. Alors, comment
voulez-vous lui demander en même temps de représenter la partie
patronale de veiller à ses intérêts et de
représenter les travailleurs agricoles eux-mêmes? Connaissant
l'UPA, le sérieux de ces gens, ils se rendraient compte
immédiatement de la position intenable dans laquelle on veut les placer.
C'est pour cela...
M. COURNOYER: Ils peuvent être dans une position intenable mais
être d'accord à sortir de
la position intenable en acceptant immédiatement que ce soit sous
le salaire minimum.
M. BURNS: Ah! d'accord, mais j'avais compris que le ministre laissait
entendre...
M. COURNOYER: ... la permission. M. BURNS: Pardon?
M. COURNOYER: Je ne leur demande pas la permission.
M. BURNS: Non, ce n'est pas ce que j'ai compris. J'ai compris que le
ministre laissait entendre que l'UPA pourrait peut-être s'en occuper sur
le plan syndical parce que c'est quand même une centrale syndicale,
l'UPA. Mais si c'était ce que le ministre voulait dire, je dis qu'on
place l'UPA dans une position intenable.
M. COURNOYER: Non, j'ai parlé d'une autre méthode qui
aurait peut-être pu être discutée par l'UPA. Par exemple, la
Loi des décrets de convention collective, parce qu'elle a des
conventions collectives, et comme les prix sont fixés maintenant,
disons, par discussion avec l'UPA, une des composantes des prix étant
les conditions de travail, il n'est pas sûr que le salaire minimum
réponde d'une façon efficace à la compétition que
les producteurs ont entre eux, mais le prix fixé pour un même
produit reste le même. Si j'ai bien compris, c'est ce qu'ils discutent
avec le ministère de l'Agriculture et la Régie des marchés
agricoles.
M. BURNS: C'est ça.
M. COURNOYER: Quand ils discutent avec eux, l'entreprise X qui a une
convention collective, parce qu'il est possible que des entreprises aient une
convention collective, même si ce sont des producteurs agricoles, cette
entreprise est, face à d'autres entreprises qui n'ont pas de convention
collective, dans une position, tout simplement compétitive
défavorable quant à ses coûts. Le truchement de la Loi des
décrets de convention collective peut remplacer la Loi du salaire
minimum mais, de toute façon, ils sont exclus de la Loi du salaire
minimum par le décret s'ils sont assujettis à un
décret.
Alors, mon idée générale était: N'y a-t-il
pas une autre méthode de régler un certain nombre de
problèmes pour les exploitations agricoles en prenant une autre loi
plutôt que celle-là? Ce qui fait que si vous prenez l'autre loi,
il n'y a plus de raison d'avoir l'exclusion qui est ici; de toute façon,
c'était parce qu'ils sont couverts par une autre loi qu'ils sont exclus
par la Loi des décrets de convention collective, ayant des
décrets. Le raisonnement suivi par le ministre est particulier: Si vous
acceptiez une formule de décret, je ne vois pas pourquoi vous vous
objecteriez à être inclus dans la Loi du salaire minimum qui vous
exclut par ailleurs. D'autre part, l'établissement des conditions de
travail minimales dans les exploitations agricoles, l'argumentation qu'on peut
servir et que j'ai déjà servie, c'est que dans ces conditions,
les travailleurs, ce qui les énerverait le plus probablement, c'est la
question des heures de travail, pas le taux de salaire, parce que les
entreprises agricoles vont payer plus cher que $2.10. Ce sont les heures de
travail fixées à 40 heures. Et ça, c'est fatigant sur le
système d'une entreprise de travailler de cinq heures à huit
heures sur une terre; ce n'est pas la même chose que travailler de cinq
heures à huit heures à la General Motors.
Il est possible, encore là, par le truchement d'une ordonnance,
de faire la même chose que dans les scieries et la forêt. C'est que
les heures de travail sont différentes de l'ordonnance
générale. Maintenant qu'on a ajusté les salaires au moins
à l'ordonnance générale, on discutera d'une
réduction des heures de travail dans les scieries; on va en discuter la
semaine prochaine ou dans deux semaines. Mais au moins on a augmenté les
salaires. Le salaire était à $1.50 dans les scieries, je ne
savais pas cela; $1.65 dans la forêt et $1.50 dans les scieries.
Là, ils montent tous à $2.10. Encore là, les heures de
travail restent celles prévues aux ordonnances actuelles, parce que
c'est le seul avantage qu'ils ont à cause de la fixation des heures de
travail d'avoir une ordonnance différente de l'ordonnance numéro
4.
Est-ce que cela sera encore vrai dans deux ans ou dans trois ans
lorsqu'on aura revisé toutes les méthodes de production? C'est
possible que ce ne soit plus vrai. Pour le moment, ce serait peut-être
tragique de réduire les heures de travail à l'ordonnance
générale. C'est pour ça probablement qu'on a maintenu
l'ordonnance des scieries, le numéro 9, et le numéro 10 pour la
forêt, ou vice versa. Mais je pense bien que j'ai répondu, pour le
moment, aux questions que vous m'avez posées quant au champ
d'application du salaire minimum.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Quant au champ d'application, je ne vois pas tellement
d'inconvénients à l'ouverture totale pour tous les
salariés, mais on se heurte encore à la difficulté de
l'application. Comme je le disais tout à l'heure, l'application qu'on a
présentement n'est quand même pas de nature à nous
convaincre que ça corrigerait la situation. Au fond, c'est beaucoup plus
dans une concordance avec une espèce de politique du salaire minimum
garanti, sur laquelle M. Castonguay est en train de faire une étude.
M. BURNS: S'il y en a un qui sait que ce n'est pas applicable, une
politique de revenu
minimum garanti actuellement, c'est bien M. Castonguay. Il a
"sacré le camp" du gouvernement à cause de ça, d'ailleurs.
A cause de la...
M. BOSSE: Oui, mais aussi...
M. BURNS: ... difficulté qu'il y a de faire toute politique de
revenu minimum garanti tant et aussi longtemps que le Québec n'aura pas
en main tous les pouvoirs et tous les éléments, tous les pouvoirs
sur tous les éléments...
M. BOSSE: Je peux dire qu'il y a certaines...
M. BURNS: ... comme l'assurance-chômage, comme les allocations
familiales, comme les pensions de vieillesse.
M. BOSSE: II n'y a rien qui empêche...
M. BURNS: Ce sont des éléments de revenu, ça. Vous
ne pouvez pas établir une politique de revenu minimum garanti si
certains de ces éléments-là vous échappent, si
c'est une autre juridiction qui prend des décisions à ce
sujet.
M. BOSSE: II n'y a rien qui empêche cependant de faire une
concordance à l'intérieur de ce qui existe. On a rencontré
des anomalies, je pense que le député de Maisonneuve
lui-même a dû vivre cette expérience, on a rencontré
des anomalies à l'occasion de l'application de l'aide sociale, par
exemple, où l'aide sociale dépassait quelquefois le salaire
réel reçu pour une certaine catégorie de salariés,
ce qui faisait qu'une personne qui travaillait recevait moins qu'une personne
qui était effectivement assistée sociale. De là la
difficulté, souvent de faire en sorte que certaines personnes aient
intérêt à travailler.
Je pense que c'est là-dessus qu'ils travaillent. Alors c'est une
forme de salaire minimum garanti et je ne suis pas du tout d'accord avec votre
façon de voir à savoir qu'on doit avoir tous les droits,
posséder tous les pouvoirs. Pour moi, ce qui existe présentement,
on peut en tenir compte dans l'établissement d'une politique de salaire
minimum garanti, sans pour ça avoir les pouvoirs, mais je crois bien
que, comme ça se fait actuellement.
M. BURNS: Le député de Dorion ne parle pas de la
même chose que moi. Il parle d'un salaire minimum garanti.
M. BOSSE: Non, j'ai parlé d'un revenu minimum garanti.
M. BURNS: S'il parle d'un revenu minimum garanti, là je maintiens
mon opinion, que vous ne pouvez pas faire de politique sérieuse, de
politique de revenu minimum garanti si vous n'avez pas tous les
éléments qui entrent dans le revenu, si ces
éléments ne sont pas sous votre contrôle.
M. BOSSE: La concordance peut se faire quand même.
M. COURNOYER: J'espère que ça ne relèvera pas du
ministre du Travail.
M. BURNS: Cela c'est sûr. Moi je suis bien prêt à
admettre ça, quoique j'admets...
M. COURNOYER: Malgré tout le plaisir que j'ai à vous
entendre, pourriez-vous me poser des questions sur mon ministère afin
qu'on puisse adopter mes crédits? Je ne sais pas ce que je vous ai fait,
mais vous faites exprès.
M. BURNS: Vous vous sentez...
M. COURNOYER: Je me sens midi et dix, et je sens que la construction
commence à me peser lourd sur le dos.
M. BURNS: Voulez-vous suspendre?
M. COURNOYER: Non, ce n'est pas la question de suspendre, je voudrais
avancer dans mes affaires. J'ai donné rendez-vous à quelqu'un
à 13 heures.
M. BURNS: Bien on avance, là. On avance. M. COURNOYER: Mais dans
la politique...
M. BURNS: J'ai bien moins de questions à vous poser que j'en
avais le premier jour.
M. COURNOYER: Allons-y donc.
M. BURNS: J'en ai encore une bonne pile, mais...
M. COURNOYER: Les crédits des affaires sociales ne sont pas finis
encore.
M. BURNS: Non, mais ils ne veulent plus les rappeler. Le gouvernement ne
veut plus les rappeler parce qu'ils ont dépassé je ne sais pas
combien d'heures... Ils sont rendus à 23 heures, je pense.
M. BONNIER: Cela ne fait rien, il nous en reste encore.
M. BURNS: Alors, en continuant dans le domaine de la révision,
dans le cadre de la révision de la loi, il y a un problème qui,
je pense, est assez aigu, et c'est celui des amendes qui sont ridicules,
à mon avis, en 1974. Si vous avez des amendes qui ne forcent pas les
employeurs ou qui ne les décident pas à avoir peur de la loi, ce
sont des amendes qui sont irréalistes. Est-ce que le ministre envisage,
d'une part, de hausser les amendes?
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Dans la révision...?
M. COURNOYER: Dans le projet que je vous ai mentionné
tantôt.
M. BURNS: Que vous avez mentionné. M. COURNOYER: ... un
maximum...
M. BURNS: Bon d'accord. Est-ce que le ministre peut nous donner une
indication du montant?
M. COURNOYER : Vous allez trouver ça dans le bill 3. Pour le
moment je ne l'ai pas dans les mains, mais ce sont les mêmes amendes qui
étaient prévues dans le bill 3 qui avait été
déposé en 1970.
M. BURNS: Je ne m'en souviens pas. Est-ce que c'est de l'ordre de celles
que vous envisagez pour les établissements industriels et
commerciaux?
M. COURNOYER: C'est correspondant, je ne sais pas. Bon, disons que c'est
beaucoup plus grand que ce que c'est.
M. BURNS: J'attendrai le projet de loi.
Maintenant, autre problème relativement à la loi: le
phénomène de la prescription de six mois. Est-ce que le ministre
y touche? Il arrive, comme le ministre le sait, avec cette prescription de six
mois, que quand la plainte est portée, ça ne va que dans les six
mois précédents. Cela devient un peu ridicule que ces six mois
soient toujours tramés au moment de...
M. COURNOYER: Dans le bill 3, nous touchions, en tout cas, nous touchons
encore dans le projet dont je vous ai parlé tantôt, au
problème de la prescription. Je sais que nous y touchons. De quelle
manière. Je ne peux pas vous dire au moment où je vous parle. Je
sais que c'est de la même manière que dans le bill 3, puisque les
instructions que j'ai données à mes légistes
étaient de changer le mot "commission" par le mot "ministre" et de
reproduire tout ce qu'il y avait dans le bill 3 qui a été
déposé. Cela touchait la prescription.
M. BURNS: Dernier point sur ces problèmes de champ de couverture,
d'application de la loi et de révision de la loi elle-même. Il
semble qu'un des domaines où c'est le plus difficile d'appliquer une
politique de salaire minimum, c'est dans le cas du travail à domicile.
C'est évident que les contrôles sont difficiles à faire,
que la surveillance est pratiquement impossible parce que vous ne savez pas et
que la Commission du salaire minimum ne sait pas où, exactement et
précisément, il se fait du travail à domicile. Il y a en
particulier l'industrie de la couture, si je peux dire d'une façon
large, qui donne beaucoup de travail à domicile.
Il y a des dames qui ont leur machine à coudre à la maison
et qui acceptent de faire du travail à domicile pour des entreprises.
C'est soit à la "job" ou à salaire, je ne le sais pas.
M. BOSSE: A la "job".
M. COURNOYER: Ce n'est pas à la "job", c'est à la
pièce.
M. BURNS: Ce doit être à la pièce. Est-ce qu'il n'y
a pas lieu, M. le ministre, de tenter de couvrir davantage ce
domaine-là? La suggestion qui me viendrait à l'esprit, par
exemple, serait d'exiger que les employeurs ou les entreprises qui donnent du
travail à domicile prennent un permis. Cela vous donnerait au moins
l'indication, toujours pour ceux qui suivraient la loi, évidemment, des
endroits où il se fait du travail à domicile.
M. BOSSE: Habituellement, ce sont des sous-contrats.
M. BURNS: C'est interpréter...
M. BOSSE: II n'y a pas de surveillance.
M. BURNS: ... de façon large le sous-contrat.
M. BOSSE: Oui, je comprends. Je sais que c'est le sous-contrat habituel
qu'on utilise. On l'utilise aussi dans le taxi, j'en suis conscient.
M. COURNOYER: Je pense qu'il y a des décrets qui l'ont fait
à titre expérimental; je pense que c'est dans la robe pour dame.
Il semble que ce n'est pas avec un grand succès.
M. BURNS: Ils ne peuvent pas les rejoindre. C'est difficile à
surveiller.
M. COURNOYER: Dans le cas du gant de cuir aussi, je pense. La seule
raison de l'existence du décret serait le travail à domicile,
à cause de la prohibition qu'il y a dedans. Cela ferait l'affaire des
employeurs, des salariés parce que les taux de salaire semblent assez
bas dans le gant de cuir. L'une des discussions que nous avons aujourd'hui sur
le décret du gant de cuir porte essentiellement sur l'abolition du
décret ou sur son maintien. Il me semble que c'est cela, le gant de
cuir, mais je ne suis pas sûr; c'est peut-être le soulier ou autre
chose. Pour le gant de cuir, la seule façon de contrôler le
travail à domicile, c'est par le décret. On n'est pas sûr
que cela a l'effet escompté, mais au moins cela a un effet. On ne
voudrait pas laisser tomber le décret à cause de cette
disposition qu'il y a dedans.
Dans certains domaines, comme la robe à Montréal, il me
semble que le travail à la pièce est prohibé ou permis
suivant certaines circons-
tances, mais c'est surtout dans le cas de décrets proprement
dits. Les décrets ont l'avantage d'être administrés par des
gens qui sont présents et qui ne veulent pas la concurrence. Tandis que
le salaire minimum n'a pas cet avantage-là et il ne pourrait pas l'avoir
jamais parce que cela s'applique à toutes les industries.
L'intérêt manifesté par les gens est toujours
égal à leurs propres intérêts. Quand vous avez le
syndicat de la robe, par exemple, qui négocie une convention collective,
ce qu'il veut, lui, c'est d'avoir le plus de monde possible assujetti au
décret de façon qu'on ne porte pas préjudice à ses
membres par le fait qu'on donne du travail ailleurs. Il n'empêche pas
pour autant le travail ailleurs, mais il dit: Vous allez le faire suivant un
certain nombre de circonstances et il surveille ça pour
l'intérêt de ses membres comme syndicat. Et le patron est
surveillé, lui, pour l'intérêt des patrons ensemble, qui
voient une concurrence qu'ils n'aiment pas. Si c'est du "cheap labour" ils
n'aiment pas ça.
M. BOSSE: Ce n'est pas seulement dans le domaine de la robe et du
vêtement, il y a une foule de petits travaux comme ça qui sont
effectués à domicile. C'est de connivence, si on peut dire,
jusqu'à un certain point du côté de l'employeur autant que
de l'employé, tous les deux réalisent des
bénéfices. S'il fallait toucher à tout ça, c'est
évident que du colleur de timbre jusqu'à la
couturière...
M. BURNS: J'avais une question que le député de Saguenay
m'avait demandé de vous poser, mais je suis pas mal convaincu que le
ministre n'a pas la réponse, étant donné qu'il n'y a
personne de la Commission du salaire minimum, ici. Il y a juste la Commission
du salaire minimum qui pourrait me donner une réponse.
M. COURNOYER: C'est quoi que tu poses comme question?
M. BURNS: Penses-tu que tu vas être capable? D'accord. J'ai
été à la pêche puis il a mordu.
M. BOSSE: Surtout dans le Saguenay, c'est profond.
M. BURNS: C'est le cas de l'hôtel Paquet à Port-Cartier. Je
l'ai dit d'avance, j'ai dit que c'était le député de
Saguenay qui m'avait demandé de vous poser la question. Je me suis dit:
Peut-être que le ministre n'a pas la réponse. Apparemment, c'est
un dossier bien particulier...
M. COURNOYER: De toute façon...
M. BURNS: ... le député de Saguenay a été en
communication avec madame la présidente pour voir à ce que ce
dossier bouge. Cela à l'air que ça ne bouge pas, c'est une
affaire qui remonte à 1964.
M. COURNOYER: II doit y avoir prescription certain.
M. BURNS: Je ne sais pas s'il y a prescription, il y a des
jugements.
M. COURNOYER: Je considère ça comme une question
particulière qui n'a rien à voir avec la politique
générale.
M. BURNS: C'est pas mal particulier. M. COURNOYER: II a la tête
dure. M. BURNS: Je l'avais dit au ministre.
M. BURNS: C'est un dossier qui traîne apparemment à la
Commission du salaire minimum. Je n'ai pas toutes les informations, le
député de Saguenay m'a donné...
M. COURNOYER: A chaque fois qu'il y a un dossier qui traîne
à la Commission du salaire minimum, voudriez-vous s'il vous plaît
demander au député de Saguenay d'en aviser le ministre pour que
le ministre fasse pression sur sa Commission du salaire minimum pour que le
dossier cesse de traîner?
M. BURNS: C'est ce que j'ai pensé, M. le ministre. J'ai
remarqué dans la copie de la correspondance que le député
de Saguenay a adressée à la Commission du salaire minimum qu'il
avait malheureusement omis d'envoyer une copie au ministre du Travail, avec une
lettre lui demandant d'intervenir. C'est ce que je vais suggérer au
député de Saguenay.
M. BOSSE: C'est du bon patronage. M. BURNS: Ce n'est pas du patronage.
M. BOSSE: Je le sais. M. BURNS: Pardon?
M. BOSSE: J'espère que le député de Maisonneuve, le
très honorable, n'a pas perdu le sens de l'humour.
M. BURNS: On va passer à un autre secteur. Je laisse les affaires
générales, si vous voulez, M. le Président. On est
d'accord, on va encourager le ministre, pour commencer à parler du
programme 1, à moins que d'autres députés aient des
problèmes de caractère général.
Je signale, en passant, je vois des représentants de la
Commission des accidents de travail, que je n'ai pas encore parlé de la
Commission des accidents de travail. C'est pour une bien
bonne raison, c'est que le député de Beauce-Sud est
très intéressé à parler de la Commission des
accidents de travail. H a même fait une motion qui a été
adoptée. Avant d'en parler à la commission, ici, au cours de vos
crédits je vous dis tout de suite que j'ai sûrement
l'intention d'en parler, peut-être pas de façon aussi vaste que la
motion en Chambre nous permettrait de le faire lorsqu'on amènera les
gens de la commission nous rencontrer je voulais voir le
député de Beauce-Sud avant, pour voir s'il veut au moins amorcer
la discussion aux crédits, avant de vous en parler.
Alors, je me réserve le droit de...
M. COURNOYER: J'en ai parlé au député de
Beauce-Sud, ce matin.
M. BURNS: Qu'est-ce qu'il en pense?
M. COURNOYER: Selon lui, il préfère que ce soit devant la
commission parlementaire, comme sa motion l'indiquait, et qui étudiera
les procédures administratives. Elle pourra faire venir les
témoins qu'elle jugera approprié. Je pense que le
député de Beauce-Sud, à l'occasion des crédits...
Actuellement, il est pris avec le bill 22, et cela va aller jusqu'à la
fin des crédits et même bien plus.
M. BURNS: Alors, M. le Président, je suis bien prêt
à réserver mes questions à ce moment-là.
Peut-être que cela permettrait aux gens de...
M. COURNOYER: ... hier ou avant-hier.
M. BURNS: ... se libérer si cela les intéresse.
M. COURNOYER: Je vous ai remis, hier ou avant-hier le
député de Beauce-Sud ne l'avait pas ce matin le rapport
Mineau. J'imagine que cela nécessite un examen assez sérieux de
votre part et de la part du député de Beauce-Sud pour poser des
questions aux gens de la commission et pour voir jusqu'à quel point les
procédures administratives révisées sont en forme, si
elles sont en voie de devenir des réalités, et enfin même
de mettre en doute les procédures administratives qui sont
suggérées par M. Mineau.
Alors, je pense qu'on pourra avoir une séance, comme c'est
prévu d'ailleurs, pour étudier le problème des accidents
de travail. Parce qu'il m'a semblé que le député de
Beauce-Sud en avait beaucoup plus long à dire que sur le seul
problème de la révision administrative. Et cela va aller sur le
contenu de la loi en plus. Comme il n'est pas ici et comme il ne me semble pas
qu'il va venir ici avant la fin des crédits...
M. BURNS: D'accord. Est-ce qu'il n'y aurait as, à la Commission
des accidents de travail, uelqu'un avec qui les députés
d'Opposition ou leurs représentants pourraient se mettre en contact pour
avoir certaines informations à caractère pratique?
M. COURNOYER: Oui. Il y a M. Charles Bélanger. Je pense qu'il est
ici, Charles. Il est le secrétaire général de la
commission. Je suis convaincu qu'il va donner toutes les informations, quels
que soient les députés d'ailleurs qui en ont besoin. Et pour
l'étude qui va venir incessamment, compte tenu de la décision
qu'on a prise au Parlement, j'aimerais mieux que vous ayez le plus de contacts
possible avant avec la commission. M. Roger Mathieu est ici d'ailleurs. Les
commissaires sont tous disposés à répondre à toutes
les questions que les députés peuvent poser avant, quitte
à poser les mêmes questions par la suite ou faire des observations
par la suite à la commission.
M. BURNS: D'accord. On se mettra en communication avec M.
Bélanger d'ici à ce que la commission siège. J'imagine que
ce ne sera pas avant une couple de semaines.
M. COURNOYER: Si on parle du bill 22, cela peut être plus long,
avec tous les mémoires qu'ils ont à lire.
M. BURNS: On me dit que ce serait fixé au 3 juillet.
M. COURNOYER: C'est déjà fixé? M. BURNS:
Semble-t-il...
M. COURNOYER: J'espère qu'on va me demander quand je suis
disponible, de temps en temps!
M. BOSSE: Le 3 juillet.
M. COURNOYER: En tout cas, mon leader ayant fixé cela pour
moi...
M. BURNS: Je m'excuse, M. le Président... M. COURNOYER: Vous ne
parlez pas... M. BURNS: ... je vous ai induit en erreur. M. COURNOYER: ... du 3
août, toujours?
M. BURNS: Non. Le 3 juillet, qu'on me soufflait à l'oreille, je
me rends compte que c'est une autre commission, c'est celle sur
l'Hydro-Québec.
M. COURNOYER: Ah bon! C'est une autre commission électrique !
M. BURNS: Je ne veux pas partir une chicane entre vous et le leader du
gouvernement.
M. COURNOYER: Non, non. De toute
façon, si le leader m'avait dit que c'était le 3 juillet,
j'aurais été là comme un bon soldat.
M. BURNS: Bon, très bien. M. COURNOYER: Volontaire.
M. BURNS: Je ne sais pas, M. le ministre, si vous voulez suspendre
immédiatement pour reprendre à quatre heures ou après la
période des questions, parce que là, je vais embarquer dans les
relations de travail proprement dites, au programme 1.
M. COURNOYER: Moi, je ne le sais pas. Peut-être que cet
après-midi, je ne pourrai pas venir ici. Alors, ajournons sine die parce
que je ne peux pas vous promettre...
M. BURNS: Ah oui, à cause de la construction.
M. COURNOYER: Là, je suis un peu nerveux. Je viens les mains
toutes mouillées.
M. BURNS: Bon. Remarquez, M. le ministre, que je ne le fais pas
exprès pour vous tenir ici. C'est que je veux, en sortant de
l'étude de vos crédits, que vous vous rendiez compte que je
considère vos crédits comme aussi importants que ceux de
n'importe quel autre ministère et qu'à ce titre je veux avoir la
possibilité de faire le survol complet de votre ministère.
M. COURNOYER: A ce titre-là, vous me considérez, vous,
comme un gros ministre !
M. BURNS: Eventuellement, oui!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 23)
Reprise de la séance à 16 h 35
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, ce n'est pas le nombre, c'est la
qualité qui est présente!
Je pense que nous étions rendus aux problèmes à
caractères généraux qui sont, en ce qui me concerne,
terminés.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, on peut passer au programme 1:
Relations de travail.
Relations de travail
M. BURNS: Je pourrais passer immédiatement au programme 1, avec
la réserve que j'ai faite ce matin. Normalement, c'est dans les
problèmes généraux que j'aurais parlé de la
Commission des accidents du travail. Cependant, comme il y a une commission
spécifique là-dessus, je vais réserver toutes mes
remarques. Surtout que et j'en remercie le ministre il nous
fournit la possibilité de communiquer avec M. Bélanger pour
obtenir les réponses à nos questions sur le plan pratique, et vu
également que le rapport Mineau est déjà entre nos
mains.
Le premier point que j'aimerais aborder concerne un problème
assez actuel, délicat cependant, je l'admets. C'est le fameux
problème du local 767 des machinistes, c'est-à-dire le
problème des relations des syndicats internationaux avec les syndicats
québécois. Tout le monde connaît le problème, en
particulier, des machinistes de l'Association internationale des machinistes
à Sept-Iles.
UNE VOIX: Tout le monde ici!
M. BURNS: Tout le monde ici! M. Malépart est au courant du
problème des machinistes à Sept-Iles? Il est au courant, je le
sais. Je vois cela dans ses yeux! Tout le monde ici est au courant.
Le problème, en deux mots, se résume de la façon
suivante: C'est un syndicat qui, d'international qu'il est, décide,
à un moment donné, tout en voulant maintenir son affiliation
à sa centrale québécoise, c'est-à-dire à la
Fédération des travailleurs du Québec, de tenter d'obtenir
sa "québéquisation" ou, de façon plus large,
peut-être même sa canadianisation, par l'entremise de la FTQ.
Cela pose un certain nombre de problèmes, selon les constitutions
actuelles. Le ministre en a fait part hier à la Chambre. Il n'a
peut-être pas mentionné cette constitution, mais c'est
probablement une des constitutions où on aurait pu citer un souci plus
ou moins grand de l'autonomie locale du syndicat.
Maintenant que les interventions juridiques, par voie d'injonction, se
sont faites d'un côté et de l'autre, est-ce que le ministre a
l'intention, soit par voie de législation ou par voie de directives ou
autrement, de nous dire s'il a, éventuellement, l'intention de prendre
partie comme ministre, pas pour les parties concernées, dans un genre de
problème comme celui-là? C'est peut-être le premier
problème de cette nature, aussi précis que celui-là, mais
ce n'est sans doute pas le dernier. Chez les syndicats, à la FTQ en
particulier à la CSN et à la CSD, cela ne se pose pas
comme problème il y a de plus en plus de syndicats qui veulent
reprendre en main leur autonomie. Dans le fond, c'est cela que pose le
problème des machinistes à Sept-Iles. Comme c'est un
problème qui devrait revenir à divers moments, je me demande si
le ministère a déjà une politique établie
relativement à ce genre de situation.
M. COURNOYER: J'ai été mis au courant du problème
des machinistes de façon formelle par l'avocat du local, Me Richard. Peu
de temps auparavant, j'avais été mis au courant d'un
problème de même nature par Me Claude Trudel, qui
représente le Syndicat des pâtes et papiers, qui vient de
décider de se canadianiser, d'américanisé qu'il
était dans sa constitution.
Dans le cas des syndicats de M. Claude Trudel, j'ai eu une discussion
avec lui et je ne sais pas ce que cela peut comporter comme orientation du
ministre sur les attitudes des syndicats en question. Je dois donc être
assez prudent à ce moment-ci du moins. Il semble, d'après ces
deux avocats, que pour reconnaître, d'une part, le Syndicat canadien des
pâtes et papiers par opposition aux accréditations qui ont
été consenties à un syndicat affilié au Syndicat
international des pâtes et papiers et que, d'autre part, pour
reconnaître le droit de l'Association des machinistes de Sept-Iles qui
est affiliée à la FTQ, qui est une émanation de
l'Association internationale des machinistes par voie de charte émise
par cette association internationale, pour rendre à ces deux syndicats
le pouvoir qu'ils ont ou qu'ils auraient et qu'ils ont laissé de
côté sans trop savoir... A un moment donné, l'organisation
syndicale se fait, comme vous le savez, tout le monde fait partie d'un
syndicat, mais sans trop savoir ce qu'il y a dans la constitution; c'est assez
épais à lire et volumineux et c'est une campagne de recrutement
habituellement, les gens signent une carte d'union. On a eu le problème,
par exemple, à Montréal, dans le cas de Miron dernièrement
où on signait une carte de l'Union internationale des opérateurs
de machineries lourdes, local 791, International Union of Operating Engineers,
Local 791, A, B. Finalement les gens signent une carte du syndicat et, pour
eux, il s'agit d'un syndicat qu'ils respectent au moment où ils y
adhèrent, non pas nécessairement par le contenu qu'ils
connaissent de la constitution, mais par la personne qui leur demande de signer
ou leur offre de se joindre à un syndicat de cette nature.
Quand on découvre ce que cela veut dire par la suite, au point de
vue du degré d'autonomie, au point de vue de fonds de grève, au
point de vue d'attitudes ou d'activités permises ou non permises avec
les finances de ces syndicats, on découvre naturellement cela
après que l'on a obtenu l'accréditation, et cela peut se
découvrir peut-être cinq ou dix ans après, lorsqu'il y a un
conflit qui se manifeste entre, d'une part, l'autorité internationale et
l'autorité locale, d'autre part.
Dans le cas des syndicats canadiens des pâtes et papiers, nous
avons informé l'avocat des syndicats canadiens des pâtes et
papiers que je n'avais pas l'intention de modifier la loi pour canadianiser les
syndicats, mais que si j'avais à modifier la loi, je
"québéquiserais" les syndicats, dans le sens suivant, ce n'est
pas du tout une notion de séparatisme ou autrement, ni
d'indépendance, c'est que nos lois du travail...
M. BURNS: Une chance que vous avez dit cela, je vous offrais une carte
de membre.
M. COURNOYER: II va falloir que je me tourne la langue sept à
huit fois avant de parler.
M. BURNS: II n'y a pas de danger, vous m'avez dit que ce n'était
pas cela.
M. COURNOYER: Ce que je veux dire, c'est que si un syndicat dit: J'ai
des affiliations dont je veux me départir actuellement et qui sont
américaines. Je peux toujours penser que, comme l'entité
syndicale qui forme le grand syndicat des pâtes et papiers au Canada peut
décider, elle, de se séparer de cette entité nationale
canadienne pour dire: Moi, je veux avoir mon autonomie au plus bas
échelon de cette hiérarchie syndicale, mais parce que le
syndicat, qui émane de ce système de charte, sera une
émanation d'un syndicat canadien, on ne ferait que changer le
problème de place en disant que ce ne sera plus Washington, mais cela va
être, soit Vancouver, et même Québec, mais de toute
façon, une entité nationale qui décidera de "chartrer" ou
de ne pas "char-trer" ou de "déchartrer" ou de mettre en tutelle ou
d'empêcher d'agir un syndicat local qui n'agit, en vertu du code du
travail, qu'en vertu de lois strictement provinciales.
A partir du moment où nous examinons le problème
disons qu'il y a six mois, je n'aurais probablement pas été
amené à regarder ce problème avec un degré
d'acuité, c'est-à-dire que, pour moi, cela existait dans les
moeurs et personne ne se posait réellement la question à cette
époque si le Syndicat des pâtes et papiers se pose cette
question à ce moment-ci, demandant que l'on reconnaisse
une entité nationale comme "chartrant" des entités
québécoises, "chartrant" dans le sens spécifique du mot
"chartrer"...
M. BURNS: Ne le réveillez pas, il est tranquille.
M. COURNOYER: Moi, je prétends que je devrais amender la loi
québécoise pour dire qu'on n'émettra
d'accréditation que pour les syndicats qui sont incorporés au
Québec. Ce qui n'empêche absolument pas une affiliation d'un
syndicat québécois avec une entité nationale ou une
entité internationale, mais qui ne laisse pas en suspens une
entité foncièrement québécoise strictement parce
qu'elle n'est pas en bons termes avec une entité nationale ou une
entité internationale.
Il faut que l'on constate que la Confédération des
syndicats nationaux est affiliée à la Fédération
mondiale du travail, que le degré de liberté que l'on a à
l'intérieur de la FTQ...
M. BURNS: Le syndicat chrétien également.
M. COURNOYER: Même chose, mais je verrais que le degré de
liberté que l'on a de rester ou de nous faire rester affilié
à la FTQ est total, dans mes livres, ce que je connais. On est
affilié, mais c'est parce que l'on veut une entité de cette
nature. Je crois sincèrement que, si j'ai à amender la loi cette
année et je pense bien que j'aurai à amender la loi pour
régler, pas nécessairement seulement le problème de
Sept-Iles, mais le problème du Syndicat canadien des pâtes et
papiers en particulier j'insisterai dans cette loi pour que les
syndicats, qui recevront désormais une accréditation, soient des
syndicats qui répondent à des constitutions qui sont conformes
à la loi québécoise.
Est-ce que je suis rendu à le faire, au moment où je vous
parle? Disons que je dois admettre que je n'ai pas suffisamment de consultation
ou d'indication avec les parties sur les effets que cela pourrait avoir
à même un certain nombre d'entités syndicales. Bien
sûr que je pourrais dire: Des droits acquis, mais dans le fond, si le
principe est bon aujourd'hui pour les travailleurs, les machinistes, par
exemple, en fonction d'une application des droits acquis, ces machinistes ne
pourraient pas régler leur problème. Si je disais: Ecoute, je les
connais tous. Qu'est-ce que cela représente comme mécanisme pour
une incorporation des syndicats au Québec? En vertu de quelle
constitution ou quelle constitution devrais-je reconnaître dans ces
syndicats qui obéissent aux droits des conditions totalement disparates
un peu partout? A ce moment, il y a beaucoup d'ouvrage, vous en conviendrez,
à dire quelle est la constitution maîtresse à laquelle
devraient répondre les constitutions des syndicats, comme minimum de
liberté, parce que c'est, en fait, l'autonomie locale que nous
recherchons dans cela. Si on regarde cela comme il faut, c'est l'autonomie
locale face à des organismes internationaux ou nationaux et j'ai
l'impression que cela fait déjà un bout de temps que mon
sous-ministre m'indique que l'on devrait réviser la Loi des syndicats
professionnels et que, compte tenu de ces deux cas qui sont devant nous, nous
devrons peut-être précipiter l'étude de la Loi des
syndicats professionnels, pour arriver à peu près à une
"québéquisation" des syndicats ou des entités locales.
M. BURNS: M. le ministre, je suis très heureux d'entendre avec
quelle ouverture d'esprit vous examinez ce problème et cela me donne
l'occasion, peut-être, de préciser l'attitude du Parti
québécois, de l'Opposition officielle à l'Assemblée
nationale, dans cette matière qui, très souvent, a
été mal interprétée, qui, très souvent,
s'est fait traiter, dans certains milieux, d'attitude sectaire, d'une attitude
favorisant une espèce de xénophobie, si je peux utiliser
l'expression. En ce qui nous concerne et je pense que là-dessus,
le ministre et moi, nous nous rencontrons par les remarques qu'il vient de
faire si véritablement le ministre du Travail, le
ministère du Travail et tous les services qui y sont rattachés
sont en faveur de l'accréditation des syndicats, en faveur de la
conciliation, tout service que l'on peut imaginer, que le ministère du
Travail met à la disposition du syndicalisme, si cela doit être
efficace, il faut qu'à un moment donné les syndicats, qui veulent
agir dans la compétence du ministère québécois du
Travail, se plient à certaines normes.
Parsonnellement je n'ai jamais été contre les affiliations
internationales. J'ai eu des clients qui étaient des syndicats
internationaux, j'ai eu des clients qui étaient des syndicats
québécois et des clients qui étaient des syndicats
canadiens. Je pense, par exemple, au Syndicat canadien de la fonction publique
qui, lui, est canadien, mais qui jouit quand même d'un certain
degré d'autonomie au Québec. Ce n'est peut-être pas encore,
comme le dit le ministre, la "québéquisation" des syndicats.
Personnellement, je crois, non seulement qu'il est utile d'avoir des
affiliations internationales, mais je pense que c'est nécessaire. Il est
important que les syndicats du Québec aient une ouverture d'esprit sur
ce qui se passe ailleurs, sauf et c'est là que je rejoins le
ministre, et je pense que c'est aussi là que le programme du Parti
québécois rejoint l'attitude que le ministre vient d'exprimer
que nous croyons que ce n'est pas le syndical local qui doit être
dominé par une affiliation extérieure.
L'affiliation québécoise elle-même, si elle
décide de se donner un trait d'union avec les autres syndicats, bravo,
tant mieux! C'est à ce niveau que les syndicats pourront avoir cette
communication avec les groupes des autres pays et savoir quel genre de
problème eux doivent affronter dans leur vie de tous les jours. C'est
dans ce sens que je vais être personnellement
entièrement d'accord sur cette espèce de reprise en main
des syndicats qui vivent au Québec, qui agissent au Québec, de
leur autonomie, tant au point de vue de la constitution... Il me semble que
c'est normal qu'on puisse dire qu'un gars, membre d'un syndicat qui paie des
cotisations syndicales, puisse à un moment donné dire: Telle
chose dans la constitution de mon syndicat ne fait pas tout à fait mon
affaire, je propose, en assemblée régulière des membres,
la modification; ceci dans le cas d'une affiliation internationale par le biais
du syndicat lui-même qui est international, n'est pas possible. Ce n'est
pas être contre les affiliations internationales, c'est d'être au
contraire pour l'autonomie des membres qui ont un instrument entre leurs mains
qui devraient pouvoir contrôler totalement leur syndicat.
Là-dessus, M. le ministre, je serai un de ceux qui applaudiront
très fort quand vous arriverez avec des modifications dans ce sens,
toujours en disant que les syndicats, les centrales elles-mêmes, une fois
que les syndicats ont cette autonomie, pourront se donner les affiliations
qu'ils voudront, décider librement en assemblée
générale et pourront aussi quitter les centrales quand cela ne
fera plus leur affaire. Je pense que c'est toute l'affaire. C'est le cas de la
CSN qui est affiliée à la Centrale mondiale du travail,
également affiliée à la Confédération
internationale des syndicats chrétiens, et la FTQ qui est
affiliée à la Confédération internationale des
syndicats libres; quant à la CSD, je ne connais pas ses affiliations
internationales, mais c'est la centrale elle-même qui décide de
s'affilier avec un organisme international et qui ne se fait pas dicter, du
moins pas plus que dans le cadre de son acceptation de la constitution, sa
ligne de conduite ici au Québec.
M. COURNOYER: Et sa propre constitution.
M. BURNS: Et sa propre constitution. Je pense qu'une fois qu'on aura
réalisé cela, dans les faits, tous les syndicats, y compris les
syndicats actuellement internationaux, vont pouvoir donner encore de meilleurs
services qu'ils n'en donnent actuellement parce qu'ils auront cette
liberté de mouvement. Ils constateront et on n'a pas besoin
d'être séparatistes pour dire cela qu'au Québec, il
y a peut-être des choses qui ne sont pas pareilles à ailleurs, qui
sont différentes d'ailleurs. A ce moment-là, cela leur donnera la
liberté de mouvement.
Alors, M. le Président, j'incite fortement le ministre à
se pencher rapidement cependant sur ce problème. Il semble qu'il nous a
indiqué que le problème des machinistes à Sept-Iles et le
problème des travailleurs du Syndicat canadien des pâtes et
papiers vont peut-être hâter son projet de législation. Je
dis tant mieux, même si actuellement cela cause un certain nombre de
frictions, pas tellement au niveau des syndicats du papier parce qu'eux c'est
pratiquement par entente avec l'affiliation internationale que cela s'est fait.
Mais si ces problèmes aussi difficiles qu'ils puissent paraître
dans le moment doivent hâter une législation dans le sens que le
ministre semble l'avoir mentionné et dans le sens que je l'ai
mentionné, nous applaudirons très fort, on appuiera le ministre
dans ses efforts pour convaincre les gens qui sont actuellement dans un
syndicat international. Je pense que le ministre n'aura pas une mince
tâche là-dessus. Je le reconnais d'avance. Il se fera critiquer
comme étant pro CSN et anti FTQ ou anti CTC le jour où il
amènera cela. Je pense qu'il n'en est rien. Je pense qu'il est
très important de se rendre compte que c'est d'abord et avant tout pour
permettre au ministère du Travail de jouer son rôle total et
entier, que tous ces services puissent jouer le rôle total et entier dans
le domaine qui leur est réservé et, à ce moment-là,
le ministre pourra compter sur notre appui, soyez-en assuré.
Il y a peut-être un point que j'aimerais soulever pendant que nous
sommes encore dans le domaine des relations de travail. Je me demande si les
conseillers juridiques du ministre se sont penchés sur l'espèce
de notion de négocier de bonne foi.
Je sais que le ministre nous en a glissé un mot en passant, au
début de l'étude des crédits du ministère du
Travail. Ce qu'on constate actuellement, c'est que c'est très facile en
pratique de passer à côté de cette notion de
négocier de bonne foi. Quand je dis que c'est facile, c'est facile et
pour les patrons et pour les syndicats de passer à côté. Je
me demande si le ministre n'a pas tenté, avec ses conseillers
juridiques, de cerner davantage cette notion de négocier de bonne foi.
Je m'explique en ce sens que je l'avais toujours comprise, cette
négociation de bonne foi et avec diligence, comme étant tout
simplement une attitude franche à l'égard de la
négociation, tout en admettant, comme je l'ai déjà dit un
peu plus tôt, que dans les négociations souvent s'installent des
éléments de stratégie qui font qu'à un moment
donné on va faire durer un peu plus telle ou telle négociation,
que s'installent des phénomènes à caractère
pratique, en ce sens que si vous devez consulter tout votre service du
personnel du côté patronal ou si vous voulez consulter tous vos
membres et même vos délégués de services ou vos
services mêmes relativement au projet, cela peut prendre un certain
temps. Ces choses étant admises, il me semble qu'il faudrait quand
même préciser la notion de négociation de bonne foi. Je
n'ai malheureusement pas pu faire de recherche sur l'état du droit
ouvrier dans d'autres pays, dans d'autres provinces relativement à cela,
mais je me demande si le service juridique du ministère ou le service de
recherche du ministère ne s'est pas penché là-dessus, et,
s'il ne l'a pas fait, s'il n'y aurait pas lieu de le faire pour
éviter...
M. COURNOYER: Pour couper court à cela, parce que je sais que
c'est une recherche assez
difficile à faire, il me semble que j'ai eu quelque chose au
service de la recherche chez nous il y a quelques années. Mais en
changeant, M. le député de Maisonneuve, l'obligation de
négocier, on oblige à négocier maintenant avec un
syndicat. Si vous vous souvenez, dans le code actuel, les négociations
doivent se poursuivre de bonne foi ou s'être poursuivies de bonne foi
pendant une période de X temps. Si l'une des deux parties pense qu'on
n'en viendra pas à une entente, elle a le droit de recourir à la
conciliation et de mettre en branle des délais de grève. La
question de bonne foi ici a toujours été
interprétée: On s'est rencontré, on s'est vu, on a fait
des demandes, je ne les trouve pas bonnes. Je t'ai dit non. Tu es parti. Tu as
demandé la conciliation. Mais si nous changeons l'environnement des
gens, c'est-à-dire que, pour avoir le droit de grève, on n'a plus
besoin d'avoir négocié de bonne foi, on n'a qu'à aviser le
ministre et, dans 90 jours, on va avoir le droit de grève dans les
époques qu'on a prévues, la pression, à ce
moment-là, devient différente, c'est-à-dire qu'on peut
toujours donner l'avis au moment où on le juge opportun.
M. BURNS: Vous parlez des éventuels amendements que vous avez
annoncés.
M. COURNOYER: Les amendements convenus. Dans le contexte de la
conciliation volontaire qui met en branle des délais de grève et
qui doit être précédée d'une négociation de
bonne foi entre les parties, tel que c'est écrit dans le code actuel, si
je me souviens bien, à partir de là, en enlevant cette condition
à l'exercice du droit de grève, c'est-à-dire de demander
la conciliation après une période de négociation de bonne
foi, je ne sais pas si les mots "de bonne foi" seront interprétés
de la même manière maintenant. C'est parce qu'en fait on
conditionnait pratiquement l'exercice du droit de grève à une
négociation de bonne foi, parce que la négociation de bonne foi
devait précéder la demande de conciliation. Mais si on ne
conditionne plus le droit de grève ou son exercice à une
négociation de bonne foi, on n'a plus le même contexte dans lequel
les parties vont évoluer désormais. Je pense bien qu'on ne change
pas les mots "de bonne foi", mais même en ne les changeant pas, la
nouvelle expérience, le nouvel environnement de ces mots va
peut-être changer l'application de ce concept de bonne foi. Pour le
moment, je voudrais bien entreprendre des études sur les mots "de bonne
foi", j'aimerais mieux faire l'expérience du nouveau système et
de ce que l'on entend par négociation de bonne foi dans le
système, étant donné que le droit de grève, de
toute façon, est acquis 90 jours après l'avis donné au
ministre.
Cela peut peut-être changer totalement le contexte.
M. BURNS: C'est possible, M. le ministre, que ça arrive à
ça. C'est possible aussi que non.
M. COURNOYER: Oui, c'est possible.
M. BURNS: D'ailleurs, si je le pose, c'est simplement eu égard
à une certaine expérience passée qui fait qu'à
certains moments les raisons sont difficiles à analyser, il faut
pratiquement faire de la psychiatrie industrielle pour en arriver à
mettre le doigt sur le problème lui-même. Mais il arrive
très souvent que, pour des raisons qu'on a de la difficulté
à pointer, certains employeurs se mettent à refuser de
négocier. Dans le fond, la question de base ou de fond que je pose : Y
a-t-il moyen de trouver, je ne sais pas si c'est un texte ou un esprit, qui va
pratiquement forcer les gens à négocier?
C'est ça que je veux dire, c'est la question que je pose, que le
député de Taschereau soulevait l'autre jour sous une autre forme
en disant: Y aurait-il moyen de faire ouvrir les conventions collectives six
mois avant leur expiration pour que ça risque d'être
réglé quand la date d'expiration effective arrive? Vous avez
répondu partiellement à cette question en disant: Les nouveaux
amendements vont faire que le monde a besoin de s'aligner et de se mettre
à négocier parce qu'autrement, il y a un délai de
grève qui va leur bondir dans la face. C'est dans ce sens que je demande
s'il y a des recherches, si on s'est préoccupé de ça, si
on a pensé à une possibilité; peut-être qu'il n'y en
a pas aussi. Peut-être que je cherche quelque chose
d'irréalisable. Mais j'ai vu, trop souvent, des employeurs qui, encore
une fois pour des raisons que j'ignore, ils avaient sans doute leurs raisons
stratégiques, mais qui, manifestement, se refusaient à
négocier. Je me souviens même de certains cas où votre
sous-ministre actuel, quand il était directeur du service de
conciliation, avait même refusé l'intervention conciliatrice de
gens, parce que c'était trop évident qu'il n'y avait pas eu de
négociation.
M. COURNOYER: Même pas de bonne foi?
M. BURNS: Même pas de bonne foi, la question ne se posait pas,
c'est-à-dire qu'il y avait des dates, je me souviens d'ailleurs dans
certains cas où je m'étais plaint à M. Mireault de me
refuser une conciliation. Mais je pense que maintenant, avec le recul du temps,
il avait parfaitement raison dans ce contexte-là de le faire. Mais je me
dis que c'est choquant de voir un texte de loi où même l'ensemble
de l'économie du droit d'accréditation se fait bafouer tout
simplement par des décisions de l'employeur qui dit: Nous allons vous
fixer une date de négociation pour tel et tel jour. Voilà qu'on
se rend compte après deux ou trois reprises, c'est automatique, la
veille, on reçoit un coup de téléphone qui dit: Je
m'excuse, mon chef de service de je ne sais trop quoi n'est pas là et on
annule la séance, ainsi de suite, ainsi de suite, ainsi de suite. Y
a-t-il quelque chose dans la législation, ailleurs, qui a prévu
ce genre de situation? Je sais qu'on n'en a pas, nous. C'est justement pour
ça que je pose la question ouvertement.
M. COURNOYER: Je considère la question comme posée. L'an
prochain, on y répondra davantage si on est capable d'y répondre
l'an prochain.
M. BURNS: Je vais être bien franc avec le ministre, je ne
m'attends pas à une réponse immédiate et je ne le
blâmerai pas non plus s'il ne me donne pas une réponse dans les
deux ou trois semaines. S'il me donne une réponse l'année
prochaine, je vais être bien content parce que c'est véritablement
un cas type de droit à long terme.
M. COURNOYER: C'est à très long terme.
M. BURNS: Mais ça ne veut pas dire qu'on doive l'oublier.
M. COURNOYER: Cela ne veut pas dire qu'on doive définir non plus
la bonne foi. Vous me posez la question sous deux angles, à savoir si
c'est définissable et si ce n'est pas définissable. Dites-moi
pourquoi? Ne la définissez pas, si ce n'est pas définissable.
C'est ça que j'ai compris.
M. BURNS: Dans le fond, ce que je vous pose, c'est une question...
M. COURNOYER: Faites un essai de définition et si vous
n'êtes pas capable, vous me direz que ce n'est pas possible.
M. BURNS: Dans le fond, ce que je vous pose comme question, c'est une
question de technique législative plus qu'autre chose qui n'est
peut-être pas nécessairement de votre compétence
immédiate...
M. COURNOYER: Vous avez parlé de psychanalyse tantôt
aussi.
M. BURNS: J'ai parlé de psychanalyse, de...
M. COURNOYER: La réaction des gens, M. le député de
Maisonneuve, vous la connaissez aussi. Vous me demandez $0.50, je vous offre
$0.10; vous dites: Tu ne négocies pas de bonne foi, tu aurais dû
au moins m'offrir $0.25.
M. BURNS: Je ne l'ai jamais comprise comme ça, cette
négociation de bonne foi.
M. COURNOYER: Je l'ai déjà entendu comme ça: Tu
n'es pas de bonne foi, tu m'offres seulement $0.10, es-tu fou? Tu n'es pas de
bonne foi certainement, tu sais bien que je n'accepterai jamais ça! Je
t'ai demandé $0.50, est-ce qu'on règle pour au moins $0.35 comme
première offre et, là, tu serais de bonne foi. Et tu aurais une
première offre de $0.35...
M. BURNS: Cela me permettrait de revenir avec $0.48 en proposition.
M. COURNOYER: L'autre va dire: Tu me demandes $1, tu sais bien que je ne
suis pas capable de négocier avec toi, ça n'a pas d'allure, tu
n'es pas de bonne foi dans tes demandes. Quand tu me dis, par exemple: Je veux
avoir une semaine de 40 heures, c'est bien simple, 40 heures, j'en avais 75
avant. Ce n'est pas de bonne foi de me faire réduire comme ça. En
fait, vous le savez fort bien.
M. BURNS: Moi, je ne l'ai jamais interprété comme
ça.
M. COURNOYER: Pas vous, mais j'ai souvent entendu des gens qui disent:
Ils ne négocient pas de bonne foi, ils nous disent qu'on a tort. Cela ne
sert à rien de leur parler, ils disent qu'on a tort au point de
départ. J'ai vu des gens qui étaient mes patrons à
l'époque, dans la fonction publique je ne parlerai pas du
même que celui d'hier pendant que je négociais avec les
enseignants. Je lui demandais: Comment veux-tu que je leur explique ça?
Il disait: Ecoute, c'est bien simple, on n'a pas de temps à perdre pour
expliquer ça. Pendant ce temps, les Américains s'en vont sur la
lune, nous, on discute de folies semblables. Va essayer d'expliquer ça
à quelqu'un. Eux, ils te demandaient quelque chose qui avait de
l'allure, dans leur esprit. Va leur dire que les Américains s'en vont
sur la lune pendant qu'on discute de folies semblables, voir si ça ne
sera pas...
M. BURNS: Cela a dû aider, en tout cas, à
l'atmosphère des négociations, une telle réponse.
M. COURNOYER: Cela a duré deux ans. M. BURNS: Cela les tenait en
haleine.
M. COURNOYER: Ou bien l'expression: Pourquoi ça? C'est parce que
c'est ça. Dissertez longuement, M. Cournoyer, là-dessus. Ce n'est
pas pour rien que j'ai appris à patiner. La réponse que j'avais
à donner, c'était: Parce que c'est ça. Tu le dis souvent,
en des termes différents. Là, on est accusé de mauvaise
foi. J'admettrais que ce soit de mauvaise foi dans ces circonstances, mais de
là à définir la mauvaise foi ou la bonne foi dans un texte
de loi, ou encore dans des procédures coercitives, il y a une marge. Si
on définit des termes généraux comme ceux-là, on
devient tellement précis qu'on ne peut pas prévoir tous les cas.
Ne prévoyant pas tous les cas, les gens négocient de bonne foi,
en faisant des gestes qui ne sont pas inscrits dans des discussions de bonne
foi. Je pense cependant que, compte tenu du contexte dans lequel les mots "de
bonne foi" étaient inscrits auparavant, et du nouveau contexte, à
partir de là, nous pouvons avoir une nouvelle notion de la
négociation qui va se développer chez les parties
elles-mêmes. Il faut négocier, pour éviter qu'il y ait un
conflit, parce qu'on va l'avoir de
toute façon. Il ne faut pas appeler le conciliateur ou faire en
sorte que le conciliateur vienne là juste pour faire un acte de
présence, pour mettre en branle des délais de grève; quand
on a décidé de les mettre en branle, ils sont mis en branle. De
toute façon, ça va être 90 jours après la
convention, c'est présumé, et si on veut les délais de
grève avant, on les mettra avant, mais chacune des parties, ayant la
liberté d'envoyer l'avis au ministre, a le droit d'exercer des pressions
à ce moment-là.
Dans le cas des services publics, nous introduisons le processus de
recommandation d'un conciliateur que les parties sont libres d'accepter ou de
refuser. La négociation va vouloir se faire de bonne foi pour
éviter que le conciliateur vienne recommander toutes sortes de choses
farfelues, car ça arrive que des conciliateurs recommandent des choses
farfelues. A partir du moment où le conciliateur recommande des choses,
on va être mal pris d'en laisser beaucoup à recommander au
conciliateur parce que ça peut être l'administration de la
compagnie, chez l'employeur en particulier, qui va causer des problèmes.
Aussi bien avoir consenti ou avoir compris comme il faut.
Du côté syndical, ça va être le risque
à prendre de se faire imposer des choses par les circonstances beaucoup
plus que par le pouvoir exécutoire. Il n'y en aura pas de pouvoir
exécutoire, mais on va avoir l'air fou de dire non, parce que c'est un
conciliateur. La pression deviendra morale, mais extrêmement pesante et
lourde dans le cas des services publics. La bonne foi, dans ce cas, compte tenu
d'un terminus différent, une recommandation d'un conciliateur va se
faire sentir davantage chez les parties pour qu'elles règlent leurs
problèmes le plus possible elles-mêmes et en laissent le moins
possible au conciliateur. Donc, il restera moins de choses au conciliateur
à régler et les parties, bien... Je veux enfin essayer le nouveau
système.
Si jamais on avait des nécessités créées par
les constatations du nouveau système, nous reviendrons avec les
modifications que nous jugerons appropriées dans ce temps-là.
J'aimerais mieux faire l'expérience du nouveau système avant
d'aventurer mes recherchistes ou mes conseillers juridiques, qui sont
déjà très occupés par l'autre sorte de
législation, dans une chose qui, pour le moment ne me semblerait pas
propre à faire l'objet d'une recherche au moment où on se
parle.
M. BURNS: Je comprends le point de vue du ministre. Je ne lui demande
pas de mettre une grosse équipe de recherche là-dessus, à
temps plein pendant les deux prochaines années. Je soulève cette
question parce que je trouve qu'à long terme, au point de vue du droit
du travail, elle peut avoir une certaine importance. Et je pense que c'est en
la soulevant, comme cela, à l'occasion, que, peut-être pas le
ministre lui-même, peut-être pas ses collaborateurs
immédiats, mais quelqu'un à un moment donné, au
ministère du Travail, se dise: C'est vrai, il y a peut-être des
solutions à ce problème. A un moment donné, il y a un gars
brillant qui arrive avec une solution brillante. C'est dans ce sens-là
que je fais la suggestion.
Un autre problème que j'aimerais discuter avec le ministre
j'aimerais surtout avoir son point de vue, parce que le ministre, je pense, ne
s'est jamais véritablement exprimé sur ce problème ou du
moins, s'il l'a fait, je m'en excuserai, je n'en aurai pas eu connaissance
c'est le problème du piquetage. C'est le problème, dans le
fond, de la philosophie du piquetage. Je m'excuse encore une fois d'utiliser ce
terme-là.
Il arrive actuellement que nos bons juges de la cour Supérieure,
qui nous "pitchent" des injonctions par la tête avec une facilité
absolument déconcertante, ont toujours considéré le
piquetage comme un moyen d'information. Et il suffit qu'une grève
devienne un peu, je dirais même pas violente, je dirais un peu
véhémente, un peu plus bruyante qu'une autre, c'est quasi
automatique, vous avez une injonction qui sort de la cour Supérieure
avec une rapidité absolument extraordinaire, limitant le piquetage
à trois personnes par porte.
Personnellement, je suis en total désaccord quant à
l'approche voulant que le piquetage est une méthode d'information. C'est
s'enfouir la tête dans le sable et, comme le disait quelqu'un d'autre,
c'est se mettre la tête dans l'autruche que de dire cela.
Je pense que, si on remonte aux origines du piquetage, on se rend compte
que c'était la façon des syndiqués en grève
d'informer le public. C'est pour cela les pancartes, c'est certain.
C'était pour informer le public qu'ils sont en grève. Mais
pourquoi voulaient-ils informer le public? C'était pour leur dire:
"Rentrez pas icittte". En particulier aux travailleurs, éventuels
candidats "scabs": "Rentrez pas icit-te". Je ne reprendrai pas avec le ministre
toute la discussion qu'on a eue sur la loi "antiscabs". J'aimerais savoir du
ministre si, lui, il voit, comme ministre du Travail, le piquetage comme une
simple méthode d'informer la population qu'il y a grève à
cet endroit-là, ou si, au contraire, il lui donne son plein sens,
c'est-à-dire le fait que ce sont des travailleurs qui veulent informer
les gens qu'il ne faut pas qu'ils entrent dans cette usine, parce qu'elle est
en grève. Voici l'intérêt de ma question. Je termine
là-dessus, M. le ministre. L'intérêt de ma question, c'est
que cela pourrait même, si le ministre partageait mon opinion
là-dessus, l'inciter à corriger la législation et
même faire corriger la législation à caractère civil
en matière d'injonction pour que, véritablement, le piquetage ait
son plein sens. Cela va jusque-là, dans le fond, ma question.
M. COURNOYER: Je ne suis pas prêt à aller jusque-là.
Mais quand vous me posez la ques-
tion, vous me parlez de deux informations, n'est-ce pas? Parce que, dans
les deux cas, vous m'avez parlé d'informer le public qu'il ne devrait
pas entrer là.
Vous ne m'avez pas dit qu'il s'agissait d'autre chose.
M. BURNS: Cela veut dire que...
M. COURNOYER: ... cela veut dire empêcher...
M. BURNS: On va...
M. COURNOYER: ... en conclure d'informer le public qu'il ne devrait pas
entrer là.
M. BURNS: J'ai utilisé les termes "informer le public qu'il ne
devrait pas entrer là", cela veut dire bloquer les portes. Je vous le
dis bien carrément, c'est ouvert.
M. COURNOYER: Le piquetage, à mon sens à moi, est
très nettement une méthode d'information et non pas une
méthode de fermer des portes d'une entreprise quelconque ou même
d'un magasin quelconque. Vous aviez du piquetage qui empêchait le public
d'aller s'approvisionner dans les magasins d'alimentation. Si c'est cela le
piquetage pour vous, ce n'est pas cela pour moi. Qu'ils ne devraient pas y
aller, pas pire. La liberté du public reste la liberté du public.
Je ne peux pas permettre qu'à l'occasion d'une grève, on
enlève la liberté du public de se servir parce que le magasin est
ouvert.
M. BURNS: Je ne parle pas du public à ce moment-là.
M. COURNOYER: Moi, je parle du public.
M. BURNS: Moi, je parle des gens qui s'en vont travailler à
l'intérieur.
M. COURNOYER: Vous parlez des travailleurs. Je n'ai pas l'habitude de ne
pas respecter les lignes de piquetage. C'est une tradition chez nous, mais je
vous assure, monsieur, que lorsque je ne suis pas en grève, je ne vois
pas pourquoi je n'aurais pas l'occasion d'entrer dans mes bureaux sans
être protégé par la police. C'est arrivé pendant la
grève des secteurs publics ici. Pour pouvoir aller voir ce qui se
passait dans nos bureaux, c'est-à-dire retourner à nos papiers
pour tenter de résoudre le problème, il fallait se cacher dans
les corridors du dessous pour entrer dans nos bureaux, de peur d'être
assailli par des gens qui faisaient du piquetage à la porte et de peur
de les insulter surtout. Comme on ne veut pas les insulter, on joue tout
simplement à la cachette avec eux et, cela, je n'aime pas cela.
J'ai vu cela dans les secteurs publics ici. Quand il s'est agi de faire
entrer des personnes dans les hôpitaux lors de la dernière
grève, il y avait des équipes d'urgence en dedans, et des gens
à la porte qui empêchaient des gens d'entrer à
l'hôpital. C'est cela le piquetage que vous m'avez défini
tantôt? Je ne pense pas. Vous parliez d'informer les gens qu'ils ne
devraient pas entrer. Il arrive parfois que des gens ont des besoins totalement
indépendants de la protestation des gens qui sont à la porte.
Vous le savez, et sans vouloir refaire de drame, je n'aimerais pas reparler des
événements de la grève des hôpitaux en 1971/72.
J'espère qu'ils ne se reproduiront pas. Des erreurs ont
été commises dans cela par certains syndicats ou certains
syndiqués. On ne devrait pas, à mon sens, accuser tout le
mouvement syndical d'erreurs commises par certains syndiqués, mais
à partir de là, un instrument de travail qui en soi est bon,
informer les gens et empêcher les gens librement, c'est-à-dire les
informer qu'il y aurait lieu pour eux de ne pas se mettre les pieds là,
si cela devient un empêchement et s'il se trouve à y avoir par
exemple un bâton de 2" X 2" au bout de la pancarte, disons que c'est du
piquetage piquant et il y en a qui ont cela comme instrument. C'est sûr
que ce n'est pas de la violence encore, mais ce sont des instruments pour le
moins contondants dont on se sert pour annoncer au public qu'il ne devrait pas
entrer en ces endroits...
M. BURNS: Et puis...
M. COURNOYER: ... et pour annoncer à une personne qui a affaire
sur les lieux et qui n'est pas en grève, de ne pas entrer, par exemple,
dans certaines industries, pour avertir le patron, qui n'est pas en
grève, qu'il n'a plus le droit d'entrer dans sa bâtisse à
lui parce qu'il y a une ligne de piquetage à la porte. Je ne peux pas
admettre cela, à moins qu'on revoie les notions de piquetage à la
lumière de ce qu'on fait sur nos lignes de piquetage à nous.
Des grèves spontanées dans la construction avec des
pancartes toutes faites, c'est très spontané, mais il y a
effectivement des gens qui sont invités drôlement rapidement
à sortir. Encore une fois, il y a la grosseur du petit bout de bois qui
tient la pancarte disant que les employeurs ont fait un lock-out. J'ai vu cela
dans les journaux ce matin, la spontanéité. C'est imprimé
à l'imprimerie de Chartrand probablement...
M. BURNS: Parce que cela a été vite fait. Il dit: Laissez
les tranquilles...
M. COURNOYER: Regardez, par exemple, M. le Président, ce qui se
passe aux chantiers de construction. Bien sûr, il y a des choses qui se
sont passées. Il y a eu de la spontanéité. Mais savez-vous
qui a causé les arrêts de travail sur les chantiers de
construction? De la façon que cela a été causé,
chacun des cas particuliers
va nous indiquer qu'on a utilisé la bonne vieille méthode
traditionnelle, c'est-à-dire que vous sortez parce qu'il y va de votre
avantage de sortir, parce qu'il va y avoir plus d'argent pour vous si vous
sortez, et si vous ne sortez pas, vous allez sortir quand même, on va
revenir vous aider. Il vaut mieux sortir sur vos deux pattes que de sortir
à quatre pattes.
On sent cela, quelquefois à la façon dont on se regarde
dans l'industrie de la construction. Vous avez eu la réaction de la
Confédération des syndicats nationaux. Il ne s'agit pas d'une
grève à laquelle elle veut participer ou d'une manifestation
à laquelle elle veut participer de cette manière, mais elle y est
entraînée forcément, compte tenu des effectifs qu'elle
comporte. On a déjà vu cela, et ce n'est certainement pas voulu
par la "phisolophie" généralement exprimée par les
représentants syndicaux.
M. BURNS: Ni par la "spychologie".
M. COURNOYER: Mais la "spychologie" des individus, c'est quelque chose
appliqué à un droit collectif. C'est cela qui est toujours le
danger dans lequel on se trouve. La restriction au piquetage,
c'est-à-dire la restriction mentale quand on dit: Le piquetage est
informatif et doit être informatif et paisible. Quand on fait cette
restriction, c'est parce qu'on veut préserver la liberté de ceux
qui ne sont pas parties à cela d'entrer ou de sortir d'un endroit
donné, s'ils ont encore cette liberté d'entrer ou de sortir d'un
endroit donné. Mais à partir du moment où on conserve
cette liberté, on ne doit pas faire d'une ligne de piquetage un
instrument pour empêcher les gens d'y entrer, mais pour les inviter
à ne pas y entrer, paisiblement, en les laissant libres d'entrer ou de
ne pas entrer.
M. BURNS: M. le ministre, si je pose la question, c'est que j'ai
nettement l'impression que le sens original d'une ligne de piquetage, c'est de
tenter, en plus d'informer le public, de convaincre ceux qui doivent respecter
l'existence d'une grève, de ne pas entrer, en particulier, ceux qui sont
les candidats éventuels au "scabbing". Je pense que c'est cela.
Même si on ne se disait pas cela, on se cacherait des choses. Le gars qui
est en grève et qui prend la peine de se promener avec une pancarte
devant son employeur, ce qu'il tente de dire au monde, c'est qu'on est en
grève et, du même coup, on vous demande de ne pas venir travailler
à notre place. C'est nous autres les employés ici, et on est en
grève.
Si, à un moment donné, cela change d'allure,
c'est-à-dire que les tentatives de convaincre le monde deviennent un
petit peu plus fortes, je dis qu'il ne s'agit pas de commencer automatiquement
à penser en termes d'injonction. L'injonction est un recours civil. Il
s'agit, cependant, et j'ai toujours admis cela, je l'ai dit même à
des syndicats que j'ai représentés dans le passé, de se
rendre compte que le code criminel continue à exister, même quand
il y a une grève. Que ce soit le rôle des policiers
d'arrêter les gens qui se servent d'un trop gros bâton
derrière la pancarte pour convaincre le monde, je dis oui, d'accord.
Mais il s'ensuit c'est là que je fais le lien entre les deux
choses pratiquement automatiquement que, si on considère le
piquetage comme uniquement une étape d'information et non pas une
méthode de convaincre le monde, dès qu'une ligne de piquetage est
un petit peu moins paisible que ce qu'on voudrait bien qu'elle soit, il y a une
injonction qui arrive et c'est cela que je ne trouve pas normal.
Qu'il y ait des arrestations, qu'il y ait des poursuites, qu'il y ait
des plaintes portées contre des gens qui commettent des actes de
violence sur les lignes de piquetage, j'en suis; mais lorsqu'il y a un acte de
violence sur une ligne de piquetage, qu'on ne recourt pas aux moyens normaux
d'arrêter la violence, c'est-à-dire la force policière,
mais qu'on aille utiliser automatiquement un recours qui, soit dit en passant,
n'est aucunement fait pour cela, c'est-à-dire l'injonction, c'est
là que je ne suis pas d'accord. C'est pour cela que je dis qu'il est
important qu'on reconnaisse que la ligne de piquetage n'est pas juste une
question d'information. Quand le juge arrive à la conclusion qu'il
faille, à United Aircraft, avoir seulement trois personnes dans la ligne
de piquetage, il ne connaît pas ce fait que, trois personnes, cela va
être dur à convaincre les "scabs" de ne pas entrer.
M. COURNOYER: Ou s'ils sont 500? M. BURNS: Surtout s'ils sont 500. M.
COURNOYER: 500 contre 3.
M. BURNS: C'est pas mal moins impressionnant d'arriver à une
ligne de piquetage où il y a trois personnes. D'accord là-dessus,
M. le ministre?
M. COURNOYER: Oui, c'est pas mal moins impressionnant.
M. BURNS: Ne nous le cachons pas, une ligne de piquetage, c'est pour
impressionner le monde.
M. COURNOYER: Pardon?
M. BURNS: Ne nous le cachons pas, une ligne de piquetage, c'est aussi
fait pour impressionner le monde. C'est une autre forme...
M. COURNOYER: D'intimidation. M. BURNS: Non.
M. COURNOYER: Pour donner de l'information.
M. BURNS: Non, Vous allez le dire. C'est une autre forme
d'information.
M. COURNOYER: Impressionner le monde, c'est-à-dire...
M. BURNS: Impressionner, oui.
M. COURNOYER: C'est gros l'affaire.
M. BURNS: C'est là que je dis que si vraiment, par l'impression
qu'on veut créer, on utilise des moyens qui sont illégaux, eh
bien, il y a des moyens légaux de réprimer l'utilisation de ces
moyens.
M. COURNOYER: Vous parlez d'une chose que je ne connais pas tellement,
parce que je n'ai jamais pris une injonction de ma vie. J'ai très
souvent manifesté mon opinion presque totale à prendre des
injonctions. Seulement, lorsque les gens prennent des injonctions,
habituellement... et je ne parle pas des injonctions du 99, parce que
celle-là, j'ai déjà manifesté l'intention de m'en
départir comme instrument de travail.
A partir du moment où j'ai manifesté mon intention de m'en
départir comme instrument de travail, comme ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, j'ai bien sûr indiqué que je n'aimais pas le genre
d'injonction, de participation ou de demande, devant les tribunaux, où
l'on dit: Vous avez raison et on va plaider cela la semaine prochaine. Il
n'était pas question de piquetage dans l'injonction du 99. Les questions
du piquetage telles que je les conçois, je ne pourrais pas, à ce
moment du moins, et pour un grand bout de temps, permettre qu'on les
interprète autrement que comme de l'information. C'est sûr que
cela ne relève pas de moi. Le piquetage pour moi est informatif. Quant
à l'utilisation d'injonction pour enlever des lignes de piquetage, je
vous dis franchement que ce n'est pas dans le code du travail, cela ne
relève pas de mon autorité. Je ne m'en lave pas pour autant les
mains, mais je me dis que c'est un droit civil d'entrer ou de sortir d'un
endroit et qu'on ne soit pas empêcher d'exercer ce droit, qu'on n'en soit
empêché par personne. C'est l'exercice paisible d'un autre droit
pendant que l'autre exerce paisiblement le sien. On se sert de l'injonction
parce qu'on ne me permet pas l'exercice paisible de mon droit ou du droit d'un
individu, par l'exercice non paisible d'un autre droit, celui de piqueter. Pour
ma part, je ne l'ai jamais utilisé, peut-être parce que j'ai
réglé mes problèmes avant d'avoir des grèves. C'est
pour cela que je n'ai pas eu à l'utiliser. Peut-être aussi que si
on établit une nouvelle méthode de règlement, une nouvelle
philosphie ou "phisolophie" d'un règlement on va peut-être se
retrouver sans besoin de lignes de piquetage en signant des conventions
collectives.
M. BURNS: Je le souhaite avec vous, M. le ministre. Je n'en suis pas
certain. Dernier point, M. le Président, que j'aimerais faire commenter
par le ministre au programme 1. C'est la suggestion assez récente
je pense qu'elle remonte au mois de mars 1974 du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, relativement au grief
accéléré. Je pense bien que le ministre reconnaît
qu'une des plaies du domaine des relations de travail, c'est qu'on se retrouve
et on a eu un exemple, on l'a, on le vit actuellement, celui de l'hôpital
Notre-Dame... Je l'ai vécu à plusieurs reprises. Je suis
convaincu que le ministre, du côté patronal, l'a vécu
à plusieurs reprises également. C'est cette espèce
d'accumulation de griefs de gens qui ont une plainte qu'ils croient
justifiée. Elle n'est pas toujours justifiée; la preuve, c'est
que ce ne sont pas toujours les syndicats qui gagnent leur cause en
arbitrage.
En tout cas, on peut établir qu'il y a une bonne proportion de
cas où les plaintes sont justifiées, parce qu'il n'y a pas
seulement les plaintes qui sont venues à l'arbitrage, il y a aussi les
plaintes qui se règlent en cour de procédure de griefs,
c'est-à-dire avant l'arbitrage. Ce qu'il y a de plus frustrant dans le
fond pour des syndiqués ou des travailleurs, qui ont formulé un
grief, c'est de voir qu'une histoire traîne pendant un an, deux ans,
trois ans. J'ai même vu au port de Montréal ce n'est pas de
votre juridiction, je l'admets, M. le ministre un cas de grief
collectif, qui concernait quelque chose comme 40 personnes, il a
été inscrit en décembre 1966 pour avoir la décision
finale en 1972. J'étais bien placé pour le savoir, c'est moi qui
l'ai plaidé tout le long, ce grief.
La suggestion du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
de faire des griefs accélérés m'apparaît comme
étant une possibilité, peut-être pas dans tous les cas,
parce qu'il y a des cas qui méritent qu'on s'y attarde. Il y a des
points de droit à soulever et il y a des décisions
préliminaires qui doivent être rendues par des tribunaux
d'arbitrage. Même à l'intérieur de la procédure des
griefs, il y a des recherches qui doivent être faites par l'employeur,
souvent pour donner une réponse sérieuse à la plainte.
J'aimerais savoir si le ministre a pris connaissance de cette suggestion, ce
qu'il en pense...
M. COURNOYER: Le ministre a pris connaissance.
M. BURNS: ... et comment pense-t-il que cela puisse être fait?
M. COURNOYER: Le ministre a pris connaissance de cette suggestion.
D'ailleurs, il a participé indirectement à nous donner une
bénédiction à titre expérimental. C'était
voulu
comme cela, d'ailleurs, par les deux parties du conseil consultatif
qu'on lance l'idée de l'arbitrage accéléré comme
formule à être introduite dans des conventions collectives en
négociation ou en cours de négociation. Ces formules étant
toutes faites, bien faites, bien balancées, on n'aura pas besoin de
discuter de tout cela dans chacune des conventions collectives, sauf les
adapter à des situations concrètes qu'on retrouve à
l'échelon local des conventions collectives. J'ai donc dit oui à
cela. J'ai donné ma bénédiction si on appelle cela
une bénédiction paternelle, comme ministre.
Je n'ai pas cru bon de le faire cependant, parce que le conseil
consultatif ne nous a pas demandé de l'inclure dans le code du travail.
C'est strictement, pour le moment, à titre expérimental et vous
avez trois formules qui sont suggérées par le conseil consultatif
d'une base commune. Nous avons publié ces formules pour distribution
à tous ceux qui sont en voie de négocier des conventions
collectives, de façon qu'ils puissent en prendre connaissance et
décider de les mettre dans leurs conventions collectives, parce qu'elles
sont susceptibles d'adaptation de toute façon.
Là-dessus, comme formule de règlement de grief
accéléré, non seulement je n'ai pas objection, mais le
ministère est prêt à collaborer avec ceux qui voudront
l'utiliser. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'on a suffisamment
d'arbitres, par exemple. Vous savez que le bassin d'arbitres possibles est
toujours extrêmement réduit. Que ce soit cela ou la recherche d'un
médiateur quelconque ou d'un enquêteur spécial qui
recevrait l'assentiment ou, au moins, une bénédiction des
parties, nous restons dans un bassin extrêmement réduit.
M. BURNS: Surtout depuis que les juges ne peuvent plus agir, en
principe, comme arbitres.
M. COURNOYER: Les juges ne peuvent plus agir, en principe, parce qu'il y
a un certain nombre de juges qui ont été drôlement
tramés dans les rues après des sentences arbitrales ou des
recommandations qu'ils avaient faites.
M. BURNS: Ce n'est pas tellement cela, M. le Président. Je pense
que la raison de base était qu'il y avait certains juges qui, à
un moment donné, faisaient plus d'arbitrage que d'audition de causes
pour lesquelles ils avaient été nommés, soit à la
cour Provinciale, soit à une cour Municipale ou soit à la cour
des Sessions de la paix, dans le cadre de notre juridiction ou encore dans le
cadre de la juridiction fédérale.
M. COURNOYER: Mais nous ne rejetons pas l'idée, M. le
Président, je dis que nous ne la rejetons pas, nous ne l'avons pas
explorée. Mais compte tenu de la difficulté que nous avons de
maintenir un certain degré d'indépen- dance des arbitres, nous ne
rejetons pas l'idée de créer chez nous une sorte de tribunal
permanent. Une personne aurait au moins l'assurance de pouvoir donner sa vie
comme arbitre.
La difficulté que nous avons actuellement, c'est que vous
demandez, pour être arbitre, que la personne n'occupe jamais pour un
syndicat ou un patron. Vous lui demandez en même temps, par la même
occasion, de ne pas occuper pour un patron, mais de connaître le
mouvement syndical et le mouvement patronal. Il faut donc qu'elle l'ait connu
auparavant par la pratique. Si elle l'a connu par la pratique, elle est persona
non grata en face de l'une des parties, parce qu'elle l'a connue sur un bord ou
sur l'autre.
M. BURNS: Elle est marquée.
M. COURNOYER: Elle est marquée, elle vient du côté
patronal ou elle vient du côté syndical. Quand on vient pour la
mettre sur la liste qui est fabriquée par le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, cela prend la bénédiction de tout
le monde.
M. BURNS: II faut quasiment avoir fait de la politique entre les
deux!
M. COURNOYER: II faut être détaché, pendant un temps
du moins, des mouvements dans lesquels nous nous trouvions. Mais je ne rejette
pas l'idée de ce service permanent d'arbitres qui seraient
l'équivalent des juges, mais qui ne seraient pas des juges proprement
dits.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Saint-Maurice.
M. COURNOYER: Les juges ou les avocats.
M. BURNS: Juste sur ce point, si le député de
Saint-Maurice me le permet. Est-ce que, voyant la réaction favorable du
ministre à l'idée du grief accéléré, il a
l'intention de convaincre ses collègues du cabinet, lors de la prochaine
négociation du front commun ou, si ce n'est pas du front commun, du
secteur public et parapublic, d'introduire des dispositions concernant le grief
accéléré dans la fonction publique et parapublique?
M. COURNOYER: J'ai certainement l'intention de leur montrer, comme aux
autres employeurs, qu'il y a des avantages considérables dans des
procédures de griefs accélérées.
M. BURNS: Est-ce que vous avez l'intention, étant donné
que c'est vous qui êtes spécialiste dans ce domaine, même
s'il y a...
M. COURNOYER: Non, je suis spécialiste au ministère du
Travail, mais il y a un ministre de la Fonction publique...
M. BURNS: II y a un ministre de la Fonction publique, mais je veux
dire...
M. COURNOYER: II y a un ministre de l'Education.
M. BURNS: ... je n'aime pas parler dans son dos. Il n'est pas ici, mais
il ne faut pas dire tout à fait qu'au niveau des spécialistes,
ses qualifications se comparent aux vôtres.
M. COURNOYER: Ce n'est pas là-dessus que j'en ai, mais il a
d'excellents spécialistes qui l'avisent.
M. BURNS: Comme ministre du Travail, je pense que vous êtes
intéressé à ce que la grosse convention au
Québec... je pourrais quasiment dire que c'est une convention
"pattern-maker", si vous me passez l'expression anglaise, puisse partir...
M. COURNOYER: Inspirante.
M. BURNS: ... inspirante, oui, partir dans le sens que vous semblez le
désirer.
M. COURNOYER: J'aimerais beaucoup cela. M. BURNS: Notre ministre est
désarmant.
M. COURNOYER: Non, mais quand je sais, par exemple, la nature des
problèmes qui existent dans la fonction publique, quand je sais qu'au
seul hôpital Notre-Dame, il y a 300 griefs qui trameraient, pour des
raisons que je ne connais pas cela peut être le syndicat, cela
peut être le patron, je ne le sais pas, tout ce que je sais, c'est qu'il
y en a 300 quand je sais que, c'est dans le domaine public et
parapublic, on ne les a pas réglés ces problèmes, je me
dis: J'envoie un enquêteur. J'envoie M. Geoffroy. M. Geoffroy va
peut-être me dire que, s'il y avait une procédure de grief
accélérée dans les hôpitaux au Québec, cela
aurait aidé au moins à diminuer l'intensité du climat
défavorable qui existait à l'hôpital Notre-Dame,
peut-être à l'hôpital Sacré-Coeur et peut-être
dans d'autres hôpitaux au Québec, mais qui, pour le moment, ne
sont peut-être pas si évidents que dans le cas de l'hôpital
Notre-Dame et que la conclusion comporterait je dis bien "comporterait",
parce que je ne sais pas ce qu'il va conclure qu'il faudrait introduire,
dans la convention collective des hôpitaux, une procédure de grief
accélérée, mais cette conclusion viendra de la part de M.
le juge Geoffroy au ministre du Travail qui, lui, devra prendre des mesures
auprès de ses collègues pour corriger un certain nombre de
situations que le juge Goeffroy, par ailleurs, aura découvertes. Dans ce
sens, oui.
Si c'est la conclusion du juge Geoffroy qu'une procédure de grief
accélérée aurait aidé à résoudre un
certain . nombre de problèmes à Notre-Dame, oui, je ferais en
sorte parce qu'il s'agit de quelque chose que j'ai entrepris avec la
bénédiction du premier ministre de nommer M. Geoffroy, de
détacher l'enquête du ministère des Affaires sociales et de
la prendre sous le compte du ministère du Travail, avec comme but ultime
de suggérer et de proposer des correctifs à la situation, comme
ministre du Travail. Je le ferai au moment opportun et au moment où
j'aurai reçu, de M. Goeffroy, des recommandations qu'il est sans doute
tenu de me faire. Ceci est dans le domaine des hôpitaux. Nous avons
couvert un large domaine, parce que dans le domaine des écoles, ce n'est
pas tout à fait pareil. Il n'y a qu'une convention collective avec les
enseignants. Il y a des griefs et ils ont une procédure d'arbitrage qui
se veut accélérante, et les gens semblent satisfaits du
côté des enseignants du moins je n'ai pas eu d'écho
dernièrement que cela ne va pas bien de l'arbitrage. Ils ont
peut-être moins de problèmes à arbitrer, remarquez bien,
avec le bureau d'arbitrage des enseignants. Il parait que cela va bien. S'il y
a aussi, à cet endroit, une possibilité d'arbitrage
accéléré, on fera un arbitrage
accéléré là aussi. Mais je vais me limiter, pour le
moment, à l'examen de la situation dans le cas des hôpitaux comme
celui de Notre-Dame, et comme vous le savez, il n'y a qu'une convention
collective, dans le milieu hospitalier, signée par chacune des
administrations hospitalières; en vertu du bill 46, on ne peut pas la
modifier sans le consentement de tout le monde. C'est donc dire que si jamais
cela en était une conclusion, il faudrait amorcer, dès à
présent, le processus pour intégrer cette procédure
d'arbitrage accélérée dans la convention des
hôpitaux qui, elle-même, n'est qu'une partie de la grande
convention inspirante dont vous parliez tantôt.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Saint-Maurice.
M. BERARD: Vous m'excuserez, M. le Président, ce matin j'ai
dû m'absenter durant la dernière heure pour piloter une
délégation dans un ministère, mais il y a un point que
j'aimerais connaître. Cela concerne les spécialistes en relations
de travail. Je sais qu'il y a des concours actuellement pour nommer des
spécialistes en relations de travail.
Premièrement, est-ce qu'on a trouvé de ces
spécialistes? Si on en a trouvé, dans quelle partie ou dans
quelle sphère de l'industrie a-t-on l'intention d'utiliser ces
spécialistes en relations de travail?
M. COURNOYER: J'ai répondu à cette question hier ou
avant-hier.
M. BERARD: Excusez-moi. Je me référerai simplement
à...
M. COURNOYER: J'ai dit oui. Je le répète que j'ai dit oui.
Nous avons cinq spécialistes qui ont été qualifiés.
J'en ai nommé trois seule-
ment, parce que je ne suis pas au courant du nom des deux autres. Les
sphères d'activités dans lesquelles ils vont ncessairement
travailler seraient, en premier lieu, dans l'industrie de la construction, et
M. Dansereau est l'un de ces spécialistes en relations de travail. Il
était là avant, mais il a été qualifié
spécialiste en relations de travail.
Dans une autre sphère d'activités, il s'agit des mines de
métaux du Québec, où M. Roger Pilote sera responsable du
secteur minier. Sans l'avoir désigné, c'est lui qui a pris
l'habitude déjà de s'occuper des mines.
Il y a M. Vassart, qui a pris l'habitude de s'occuper des pâtes et
papiers. Son affectation sera d'abord et avant tout dans les pâtes et
papiers. Je ne connais pas les deux autres, car je ne les ai pas
affectés encore.
M. BERARD: C'est le même M. Dansereau qui s'occupe actuellement du
conflit dans le domaine de la construction?
M. COURNOYER: C'est cela.
M. BURNS: Le programme 1 est adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le programme 1 est adopté.
Programme 2?
M. BURNS: Ne faites pas de crise cardiaque. Adopté!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 2, adopté. Programme
3?
M. BURNS: Programme 3, ne prenez pas les nerfs. Adopté!
UNE VOIX: Qu'est-ce que c'est, le programme 3?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 3: Gestion interne et soutien.
Adopté! Programme 4: Service de main-d'oeuvre.
M. BURNS: Restez bien calme! Adopté!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 4, adopté.
Programme 5: Sécurité au travail et dans les lieux
publics.
Sécurité au travail et dans les lieux
publics
M. BURNS: J'ai seulement deux petites questions là-dessus.
D'abord, on en a parlé de façon générale dans les
questions introductives à vos crédits, M. le ministre, ce sont
des cas particuliers que je réservais au programme 5. On a reçu
deux représentations et des recommandations, si vous voulez, concernant
la sé- curité dans les édifices, de tenir compte, dans une
éventuelle réglementation, du problème des
handicapés. Je pense que vous devez avoir reçu cela aussi, M. le
ministre.
M. COURNOYER: Oui, mais j'en ai tenu compte aussi.
M. BURNS: J'aimerais particulièrement que vous fassiez le point
là-dessus, si possible.
M. COURNOYER: Disons que la...
M. BURNS: II est question de coût, je pense bien, dans tout
cela.
M. COURNOYER: Pas tellement.
M. BURNS: Est-ce que le ministre a changé cette affaire?
M. COURNOYER: C'est dans le code du bâtiment...
M. BURNS: C'est cela.
M. COURNOYER: ... comme cela a été accepté par tout
le monde. C'était à l'occasion de l'étude du code du
bâtiment. Je ne dis pas que nous avons accordé tout ce que les
handicapés demandaient.
M. BURNS: Je m'en excuse.
M. COURNOYER: Mais c'était surtout l'accès facile aux
bâtiments.
M. BURNS: C'est cela. Je m'excuse de poser cette question, mais le
ministre va comprendre que son code du bâtiment, son projet de code, il
nous l'a soumis il y a à peine deux jours, soit hier. Je n'ai pas eu le
temps de le lire.
M. COURNOYER: Je l'ai soumis hier. Je comprends parfaitement. J'aimerais
bien quand même mentionner que nous en avons tenu compte, et dire dans
quelle mesure nous en avons tenu compte, mais nous en avons tenu compte.
M. BURNS: Pouvez-vous nous dire dans quelle mesure vous en avez tenu
compte? Grosso modo, pas dans les détails.
M. COURNOYER: Je peux vous le faire dire par mon ingénieur en
chef, parce que les techniques, moi...
M. BURNS: Au nom du ministre.
M. COURNOYER: Nous aurons un document qui va expliquer tous les articles
qui ont tenu compte de l'aspect des handicapés. D'abord, pour
l'accès dans les bâtisses, les
édifices publics, on a prévu qu'il y ait au moins une
entrée au niveau du sol, afin de permettre l'accès en chaise
roulante. Il y a ensuite les indications qui ont été
demandées pour indiquer qu'une toilette peut recevoir une chaise
roulante. Il y a une indication internationale sur la porte selon laquelle une
personne peut avoir accès dans cette chambre de toilette. II y a aussi
la question des toilettes elles-mêmes, pour qu'il y ait un cabinet de
toilette accessible pour une personne en chaise roulante, à chaque
étage. Il est possible qu'il y ait des étages qui ne soient pas
accessibles à des chaises roulantes, pour des raisons que je ne connnais
pas. Si un étage n'est pas accessible, il n'y a pas d'obligation, mais
dès qu'un étage est accessible à un handicapé en
chaise roulante, il doit y avoir une toilette dans les cabinets de toilette
accessible pour un individu en chaise roulante. Il me semble que j'ai lu cela
dans le document que tu m'as donné.
De toute façon, on aura les explications dans quelques minutes.
C'est l'article 3.100 du code du bâtiment dans la première partie.
Je connais les numéros, mais ce qu'il y a dedans...
M. BURNS: II est fort en chiffres, il n'y a pas d'erreur. Je ne peux que
féliciter le ministre pour cette initiative. Il arrive souvent qu'on
critique les ministres, mais moi je suis de ceux qui pensent que plus on les
critique, plus on doit les féliciter quand ils font une bonne chose.
M. COURNOYER: Merci.
M. BURNS: Dans ce cas, je pense que c'est une bonne chose que cette
mesure soit introduite dans le code du bâtiment. Peut-être qu'on
aura l'occasion de s'en reparler davantage quand j'aurai personnellement pris
connaissance du code et quand des directives plus précises pourront
sortir par l'entremise du document. Est-ce que vous voulez ajouter quelque
chose?
M. COURNOYER: Je vais vous les dire, parce que je n'aime pas parler
à travers mon chapeau et vous donner une fausse impression. Tout d'un
coup que j'en aurais donné plus que le client en demandait.
M. BURNS: Je vais être obligé de retirer mes
félicitations.
M. COURNOYER: Je ne voudrais surtout pas que vous retirassiez vos
félicitations.
Domaine d'application. Généralités. La
présente section s'applique à tous les bâtiments ayant
moins de trois étages en hauteur de bâtiment et dont l'aire de
bâtiment est de 3,000 pieds carrés ou moins qui peuvent être
construits selon les suppléments no 1 du présent code.
Mesures spéciales pour permettre l'accès aux
bâtiments pour les personnes en chaise roulante. 1) Un accès sans
marche à partir de la rue, conforme au supplément no 5 du code
national du bâtiment, doit être prévu pour tout
bâtiment à son premier étage et à tout autre
étage dont le plancher est à moins de deux pieds du sol, à
l'exclusion des bâtiments du groupe f, division 1.
Cette exigence ne s'applique pas aux bâtiments existants, non plus
qu'au changement d'occupation. Un accès sans marche, conforme au
supplément no 5 du code national du bâtiment, doit être
prévu pour toutes les parties d'un étage ouvertes au public, sauf
dans le cas de mezzanines, balcons ou gradins, lorsque l'étage est
accessible de niveau par un ascenseur ou par une rampe. Les aires des locaux
munies de sièges fixes pour le public dans les destinations de groupes A
doivent comporter, au moins à un niveau, des espaces aisément
accessibles pour recevoir des personnes en chaise roulante. Ces espaces seront
situés le plus près possible des issues, auront une superficie de
six pieds carrés chacun et leur nombre sera établi
conformément au tableau 1.1.1.1. Il en manque.
C'est dans d'autres sections pour les toilettes, parce que j'ai vu cela
dans un résumé qu'ils m'ont donné. C'était un
résumé. Les toilettes sont à un autre article. Mais de
l'application générale, c'est l'accès. Dans d'autres cas,
c'est l'accès à d'autres parties des locaux. Je pense que vous
allez le retrouver à différents articles, mais le
résumé que vous m'aviez confié l'autre jour, je ne le vois
pas.
Si c'est possible de donner une copie du résumé au
député de Maisonneuve et aux autres députés, cela
complétera, sans que vous ayez besoin de rechercher les articles, au
moins vous indiquer où ils se trouvent, ceux qui se
réfèrent à l'accès facile pour les
handicapés.
M. BURNS: Je ne retire pas mes félicitations, M. Cournoyer.
M. COURNOYER: Merci.
M. BURNS: Le dernier point, M. le Président, que j'aimerais
discuter au programme 5, c'est le problème qui revient d'année en
année des mécaniciens de machines fixes. Leur problème
est, je pense, compréhensible. Ils ont des craintes, à mon avis,
justifiées, étant donné certaines vues exprimées
par le Montreal Board of Trade en particulier, de voir que leur statut de
surveillant des bouilloires sous pression je pense que c'est le terme
technique précis disparaisse tout simplement. On sait
qu'actuellement ce statut pourrait le ministre me corrigera si j'ai tort
probablement disparaître par simple arrêté en
conseil.
M. COURNOYER: Pourrait disparaître sur simple arrêté
en conseil.
M. BURNS: C'est cela. C'est exact.
M. COURNOYER: D'après ce qu'on me dit, c'est exact.
M. BURNS: J'aimerais que le ministre nous rassure, pas tellement nous,
comme ces personnes, sur ses intentions. Je pense, en tout cas, que c'est faux
de prétendre, sans être un spécialiste dans le domaine,
sans avoir été un mécanicien de machines fixes, sans
connaître toute la technique des bouilloires sous pression, qu'on peut
laisser cela à peu près à n'importe qui, que ce n'est pas
nécessaire que ces bouilloires soient sous surveillance, etc.
J'aimerais bien que le ministre nous dise exactement quelles sont ses
intentions là-dessus, si on peut être assuré que la
situation actuelle va demeurer inchangée et, tout au moins, c'est
peut-être l'assurance que j'aimerais que le ministre nous donne, si
jamais il désire changer la situation, qu'il permette, avant de changer
la situation, aux gens qui sont autorisés à parler au nom des
mécaniciens de machines fixes de venir s'exprimer auprès du
ministre en commission parlementaire ouvertement.
M. COURNOYER: Je n'ai pas objection à la commission
parlementaire, mais il est entendu que je ne ferai pas l'abolition sans que les
gens aient été entendus pleinement.
Dans cette phrase, vous pouvez dire que j'ai l'intention de faire
l'abolition.
M. BURNS: Cela semblerait ça.
M. COURNOYER: Oui, cela pourrait être interprété
comme cela aussi, mais seulement je n'ai pas l'intention d'abolir des
règles qui font que la sécurité du public est
protégée, mais les fonctions de la loi en question sont de
protéger le public et non pas de protéger des jobs.
Il est entendu que la seule abolition, par arrêté en
conseil, de la nécessité de détenir un certificat de
qualification causerait, chez ceux qui en détiennent un, un changement
de leurs expectatives de carrière. C'est pourquoi, eux aussi doivent
être consultés lorsque nous décidons d'abolir la
requête. On m'informe que la consultation sur un projet devrait pouvoir
avoir lieu à l'automne. Je vous assure, et vous pouvez assurer ces gens,
qu'ils seront consultés et, s'il y a lieu de les consulter face à
une commission parlementaire, compte tenu de l'impératif que j'ai
mentionné... Ce qui nous intéresse dans un code de
sécurité, c'est la sécurité du public.
On ne peut pas empêcher le monde de construire et de s'en aller
ailleurs parce que cela coûte moins cher. Parce que l'on n'est pas
obligé d'avoir un ingénieur, étant donné que la
partie que nous avons en vigueur actuellement est pour un genre de bouilloire.
S'il y a un nouveau genre de bouilloire et qu'il n'a pas besoin
d'opérateur, qu'il n'a pas du tout les mêmes impératifs de
protection du public, je ne me sentirais pas dans une position bien confortable
en maintenant une personne à côté d'une bouilloire qui n'a
pas besoin d'une personne, seulement parce que la personne est susceptible de
faire une carrière là-dedans.
Je n'ai donc pas d'objection à ce que ces gens paraissent devant
une commission parlementaire, s'ils le désirent encore, à part la
consultation que mon ministère doit faire auprès d'eux.
M. BURNS: Comme cela, il n'y aura pas de changement de statut tant que
ces gens n'auront pas été consultés et peut-être
même qu'il y a une possibilité d'en discuter en commission
parlementaire.
M. COURNOYER: II n'y aura pas de changement de statut d'autorité
sans qu'il y ait le processus de consultation que je viens d'annoncer pour
l'automne possiblement, mais cela ne sera pas avant l'automne.
M. BURNS: Quant à moi, le programme 5 est adopté, M. le
Président.
M. COURNOYER: Pour revenir aux toilettes disons que: "... cet
étage est accessible à toute personne en chaise roulante
conformément à l'article 3. 1. 1. 2, au moins une des chambres de
toilette prévues doit comporter une cabine accessible à ces
personnes. Des cabines de toilette accessibles aux personnes en chaise roulante
doivent être indiquées et identifiées par le symbole
officiel international".
M. BURNS: D'accord. Le programme 5, adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le programme 5, adopté.
M. BURNS: Avant que vous adoptiez l'ensemble des crédits,
j'aurais seulement un dernier problème à soulever au ministre,
que j'aurais pu soulever à bien des endroits. Je ne sais pas où
j'aurais pu le soulever, mais c'est un problème qui me préoccupe,
qui préoccupe un tas de gens un peu partout au Québec et, en
particulier, dans la région de Montréal, où il y a
actuellement beaucoup de construction de gros édifices. J'aurais pu en
parler dans le cadre de la discussion sur le conflit dans la construction, mais
ce n'est pas un conflit de la même nature; en tout cas, il ne semble pas
de la même nature que celui de la construction actuellement.
C'est le problème des élévateurs. Je vois, par la
réaction du ministre, qu'il sait exactement ce que je veux dire. Je suis
informé je ne sais pas si mes informations sont exactes, si elles
le sont, je trouve cela ahurissant, aberrant que, depuis janvier
dernier, les employés des diverses compagnies, en particulier de trois
compagnies plus que les autres... Vous me connaissez, je n'ai jamais
été du genre à partir au secours d'une
compagnie en particulier, surtout les grosses, encore moins que les
autres, mais je sais qu'actuellement, il y a environ 80 p.c. du travail dans le
domaine des élévateurs qui sont assurés par les compagnies
Otis, Westinghouse et Dover (Turnbull).
Je sais, si mes informations sont exactes il y a des raisons dont
je me doute, mais qu'officiellement j'ignore que les employés
préposés à l'entretien des ascenseurs, à
l'installation des ascenseurs, depuis janvier dernier, ne travaillent pas, tout
en étant payés par les compagnies. Je sais que le
problème, au fond, a un caractère syndical.
Je le dis avec beaucoup de réserve parce que c'est le genre de
syndicalisme que je déplore personnellement. C'est le genre de
syndicalisme aussi, M. le ministre, je pense, qui fait du tort à
l'ensemble du syndicalisme.
Ce n'est presque pas exagéré de parler de pègre
dans ce domaine. Je dis exactement ce qui se passe dans ce domaine. Encore une
fois, ce n'est pas que je veuille venir à la rescousse des trois
compagnies en question, mais je trouve cela ahurissant que des méthodes
comme celles-là soient utilisées dans un domaine qui est
pratiquement un domaine de service public.
M. le Président, personnellement, je demeure dans un
édifice à étages, je n'ai pas encore le problème.
Je ne l'ai pas.
M. COURNOYER: Vous l'aurez la semaine prochaine.
M. BURNS: Mon voisin, le député de Dorion, il demeure dans
un édifice où il y a encore plus d'étages que chez nous.
Ayant visité cet édifice la semaine dernière, ou il y a
deux semaines, je me rends compte, entre autres, que le résultat, pour
un édifice de 25 étages, l'immeuble Les Dauphins sur la rue
Papineau, il y a, je pense, deux ascenseurs qui fonctionnent. C'est comme cela
un peu partout. Je ne sais pas d'ailleurs si l'ascenseur no 1 fonctionne si mal
que cela pour cette raison, mais je veux dire que c'est devenu, tout le monde
va l'admettre, dans des édifices en hauteur, un service quasi essentiel
que d'assurer la réparation des ascenseurs.
Est-ce que le ministre peut nous dire ce qui se passe dans ce domaine?
Comment se fait-il que cette situation puisse être tolérée,
puisse se maintenir, semble-t-il, impunément?
Je sais que la question n'est pas facile à répondre
surtout dans le contexte actuel. J'aurais aimé pouvoir poser cette
question dans un autre contexte.
M. COURNOYER: Ce n'est pas facile à répondre. Dans le
contexte actuel, s'il y a quelqu'un qui mangeait des coups, ce seraient bien
les gars des ascenseurs, parce qu'ils ont été, depuis deux ans au
moins, c'est épouvantable depuis deux ans, les chefs de file d'une
réaction constante et totale de la pire espèce pour
empêcher la réalisation de certains objectifs que l'on avait
à l'intérieur de la loi 290. C'est le but premier qui
n'était pas avoué, mais du côté de l'union des
employés des ascenseurs, c'est une union qui est indépendante
d'à peu près tout le monde, qui a bénéficié
pendant des années d'un système de corporations fermées
totalement fermées. Peut-être avec la collaboration de leurs
employeurs, par exemple !
On a contribué du côté des employeurs à faire
fermer totalement cette industrie à l'accès de toute autre
personne que celles qui étaient qualifiées par M. Baxter. C'est
un nom que j'ai dit et que j'échapperai souvent.
Dans le cas des ascenseurs, vous vous souvenez qu'il y a eu une
grève nationale il y a à peine un an et demi. Cette grève
nationale a été arrêtée au Québec à
cause de l'existence du bill 290, elle était illégale et les
grévistes sont finalement rentrés au travail et la construction
s'est faite quasi normalement pendant un grand bout de temps.
Ce qui arrivait cependant, c'est que l'on se reprenait sur la partie qui
n'était pas dans le bill 290, la partie de l'entretien. Quant à
la partie de l'entretien, on me mettait l'ultimatum de sortir l'industrie de
l'installation des ascenseurs de l'industrie de la construction pour le faire
rejoindre l'entretien et assujettir les employés des ascenseurs à
une convention nationale négociée à Hamilton,
principalement; et là, j'ai pris le mors aux dents. J'ai dit non. Tout
va être dans la construction. J'ai signé un arrêté en
conseil que l'entretien est maintenant dans la construction. C'est
passé. Ce n'est pas moi qui ai signé l'arrêté en
conseil, mais j'ai suggéré un arrêté en conseil qui
a été signé il y a deux semaines, je pense, pour
assujettir l'entretien au décret de la construction. Ce que le syndicat
des ascenseurs recherche, c'est d'avoir des conditions de travail
différentes de celles qui sont dans le décret de la
construction.
Je dis à ces gens qu'il n'y a qu'un moyen de le faire. C'est par
la négociation, par le truchement des associations
représentatives, conformément au bill 290, et non pas de vous
faire un petit "deal", à vous autres seuls. Lorsque ces gens-là
auront convenu ensemble que vous avez raison d'avoir des clauses
particulières, vous aurez des clauses particulières.
Le problème vient aussi du fait qu'il y a des caisses de retraite
et de sécurité sociale assez considérables qui se sont
trouvées affectées par l'introduction des mécaniciens
d'ascenseurs dans les plans généraux de pension de la Commission
de l'industrie de la construction, affectant ainsi leur capacité de
participer au fonds national qui est habituellement contrôlé par
un comité conjoint, national, de l'Union des employés des
ascenseurs et de l'Association des entrepreneurs ou des constructeurs
d'ascenseurs.
L'applicabilité de nos lois, la liberté de nos individus,
ceux qui sont là, deviennent, par la participation à une caisse
de retraite nationale presque illusoires. On n'a pas la liberté de
sortir
de ce syndicat, lorsqu'on a contribué ou qu'on a contribué
en notre nom des sommes fantastiques dans votre fonds de pension. Si vous en
sortez, vous perdez tout. C'est un autre cas de constitution qui fait que
certains de nos Québécois n'ont pas la liberté de sortir,
même si, techniquement, ils ont la liberté. On a constitué
des caisses de retraite. On dit: Maintenant, si vous sortez de ces unions, vous
perdez votre caisse de retraite. C'est aussi clair que de l'eau de roche. Il
faut absolument être collectif, comme la Fraternité
interprovinciale des ouvriers en électricité, qui a pu
négocier sa sortie en ne perdant pas tout, de la Fraternité
internationale des ouvriers en électricité. Mais c'était
la force des gens. C'est le contraire qui se produit dans le cas de la
Fraternité ou de l'Union des employés d'ascenseurs. C'est l'union
qui est la plus forte et qui veut être internationale, nationale, et ne
pas s'occuper du tout des lois provinciales de construction.
Les instructions que j'ai données ont été suivies
par mes gens. Des actions seront sans doute prises dans peu de temps, compte
tenu des méthodes utilisées pour faire du boycottage, du sabotage
d'ascenseur exprès, pour pouvoir obtenir gain de cause contre un
gouvernement, contre une décision gouvernementale, en utilisant tous les
moyens, y inclus le piquetage illégal, mais surtout les moyens encore
plus efficaces, comme parfois briser des ascenseurs, couper des fils
d'ascenseurs, menacer très souvent, si je me fie je ne suis pas
capable de le prouver mais menacer des individus qui font de l'entretien
d'ascenseurs, de descendre l'ascenseur, de mettre le gars sur le bord du trou
et de lui dire: Toi, veux-tu y aller en bas? J'ai entendu dire cela. Je ne peux
pas le prouver. Mais par ailleurs, c'est au ministre de la Justice de faire la
preuve et la recherche de cet état de fait.
M. BURNS: S'il y a un domaine, M. le ministre, où il y a un
paquet de plaintes d'intimidation qui n'ont jamais été
menées à bien, c'est bien là, faute de témoins.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Oui. Les témoins ne se présentent pas.
M. COURNOYER: Ils ne se présentent pas.
M. BURNS: Ils n'ont rien vu, tout d'un coup.
M. COURNOYER: Ils se sont plaints, mais ils n'ont rien vu. C'est du
sinistre syndicalisme. Ce n'est même pas du syndicalisme.
M. BURNS: Ce n'en est pas du tout d'ailleurs.
M. COURNOYER: Mais c'est comme vous le disiez tantôt, par exemple.
C'est qu'au nom du syndicalisme, on fait des actes comme ceux-là. Cela
se reflète sur tout le mouvement syndical à la minute que cela
sort. J'imagine que quand bien même je ferais 36 semonces à M.
Baxter, je ne sais pas s'il me comprend, il parle plutôt anglais que
français, de toute façon. Il est dans son petit "Family Compact"
irlandais.
M. BURNS: Comme les 94 p.c. de ses membres, d'ailleurs.
M. COURNOYER: C'est cela. C'est le "Family Compact" irlandais. On
n'entre pas dans cette corporation fermée comme on veut.
Là-dessus, je pense que mon ministère a peut-être fait un
certain nombre d'erreurs je vais prendre ces erreurs à mon compte
en n'établissant pas nous-mêmes des procédés
de qualification des ouvriers ou des travailleurs dans l'industrie de
l'ascenseur. Mais j'entends prendre mes responsabilités, par exemple,
dans les meilleurs délais, pour établir les cours de
qualification qui vont me permettre de faire des mécaniciens
d'ascenseurs libres de l'union en question, parce que, tant et aussi longtemps
que c'est l'union en question qui va participer, d'une façon ou d'une
autre, à l'émission des certificats de qualification pour pouvoir
être mécaniciens d'ascenseurs, nous maintenons un état
d'esclavage constant chez les individus, en les prenant dès la naissance
et en les asservissant à une union de cette nature.
Je vous dis que cela est ma responsabilité, la
responsabilité de mon ministère. J'entends bien sortir à
coups de pied au derrière M. Baxter du système de qualification
que nous avons dans l'industrie de la construction.
M. BURNS: Bravo, M. le ministre! Je vous signale, entre autres, que la
situation actuelle a une importance telle que, encore une fois, si mes
renseignements sont exacts, il est même à craindre que certaines
compagnies, parmi les trois que j'ai mentionnés tout à l'heure,
quittent tout simplement le domaine de l'entretien des
élévateurs, et c'est nous qui, actuellement, au Québec,
nous nous plaignons du transfert de sièges sociaux ailleurs. A ce
moment-là, on serait quand même blâmé de laisser
faire une telle situation. Je félicite le ministre...
M. COURNOYER: Je rappelle à ces compagnies, par exemple, que le
problème n'est pas meilleur en Ontario...
M. BURNS: Non.
M. COURNOYER: ... ni en Colombie-Britannique.
M. BURNS: II n'est peut-être pas meilleur ailleurs, mais en tout
cas, encore une fois je félicite le ministre de la fermeté avec
laquelle il semble avoir l'intention de régler le problème.
Une dernière question à ce sujet à laquelle on a
partiellement répondu, je pense, lors d'une première
réponse du ministre. Est-ce qu'il est concevable, dans l'esprit du
ministre, que le problème, appelons-le comme il est, de l'International
Union of Elevators Contractors, local 89, puisse être soumis à la
commission Cliche?
M. COURNOYER: II est non seulement concevable, mais la commission Cliche
me semble avoir décidé de s'attarder avant tout à ce
problème avant de toucher au problème de la baie James parce
qu'il est plus urgent. Il me semble que j'ai entendu dire que la commission
Cliche était libre, mais il me semble qu'elle a déjà eu
des rencontres à ce sujet et a déjà discuté de
l'approche à l'étude de ce problème particulier de l'Union
of Elevators Contractors.
M. BURNS: Elevators contractors. M. COURNOYER: Constructors.
M. BURNS: Constructors, oui, vous avez raison. M. le Président,
je remercie le ministre de sa réponse là-dessus. Je pense que
cela termine l'étude des crédits du ministère. Je remercie
le ministre de la franchise avec laquelle il a répondu à
certaines de nos questions parfois délicates. Je n'ai pas à
m'excuser de l'avoir retenu si longtemps même si je sais fort bien qu'il
avait d'autres chats à fouetter que de venir jaser avec moi cet
après-midi et quelques jours avant. Je remercie également ses
hauts fonctionnaires, ceux qui sont présents ici et ceux qui l'ont
été au cours de l'étude des crédits, fonctionnaires
sur lesquels nous comptons toujours énormément. J'en profite pour
les remercier de leur collaboration constante. Ce n'est pas seulement au niveau
de l'étude des crédits qu'ils collaborent avec nous
même nous de l'Opposition ils n'ont pas peur de nous... C'est au
moins un ministère où les fonctionnaires n'ont pas peur de nous.
C'est peut-être grâce au ministre. En tout cas, peut-être
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
l'Assomption.
M. BURNS: En somme, M. le Président, je remercie le ministre de
sa collaboration ainsi que celle de ses fonctionnaires.
M. PERREAULT: M. le ministre, j'aurais une petite question à
propos de l'entretien des ascenseurs. Lorsque j'étais à
Hydro-Québec nous avons formé des techniciens en mécanique
et en électronique pour avoir soin des ascenseurs d'Hydro-Québec.
Nous avons établi que les techniciens de nos écoles de
technologie étaient bien supérieurs aux mécaniciens
d'ascenseurs de l'union des ascenseurs. Il faudrait peut-être regarder
s'il n'y aurait pas possibilité que les techniciens puissent avoir
accès à ces écoles.
M. BURNS: Ah oui, ah oui! C'est-à-dire qu'il va falloir former
des gars, et vite. On va prendre ceux qui sont déjà
formés.
M. PERREAULT: Vous en avez! Je peux vous dire que nous en avons
formé en trois mois des techniciens qui étaient drôlement
très bons dans l'entretien d'ascenseurs.
M. COURNOYER: Je prends cette suggestion en très bonne
considération. Je remercie tous les députés, ceux de
l'Opposition, ceux du parti au pouvoir.
Vous remercierez M. Roy pour les premières séances de
cette commission. Je sais qu'il a été pris ailleurs, étant
donné qu'il est obligé d'être deux, maintenant que M.
Samson est ailleurs.
M. BURNS: Pourquoi me dites-vous cela? On dirait qu'il fait partie de
mon caucus.
M. COURNOYER: Je vous remercie tous pour votre franchise.
J'apprécie ce climat de liberté que vous avez utilisé
à plein, mais décemment, pendant la période de questions
du ministre, et surtout votre compréhension lorsque, parfois, le
ministre était dans l'impossibilité de répondre clairement
à des choses qui, de toute façon, sont embrouillées, et
qui resteront embrouillées encore longtemps.
Je vous remercie beaucoup et j'espère bien que, d'ici
l'année prochaine, j'aurai de meilleures réponses encore que
celles que je vous ai communiquées aujourd'hui.
M. BURNS: En terminant, M. le ministre, est-ce que d'ici à
l'année prochaine vous vous proposez de venir nous voir de temps
à autre, en Chambre, pour qu'on puisse vous poser des questions?
M. COURNOYER: Tous les mercredis.
M. BURNS: Tous les mercredis, pas plus que cela. Vous savez, vous
êtes un des ministres que nous aimons le plus questionner, parce que vous
êtes un des ministres qui nous donnent des réponses, même
si, parfois, elles sont difficiles à distinguer.
M. COURNOYER: Savez-vous pourquoi je vous donne tant de réponses?
C'est parce que je viens seulement le mercredi.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 12)