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Commission permanente
du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Projet de loi no 201
Loi modifiant la loi sur les relations
de travail dans l'industrie de la construction
Séance du lundi 23 décembre 1974
(Quinze heures vingt-trois minutes)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration se
réunit pour étudier le projet de loi no 201, article par article.
Avant de commencer, je voudrais faire les changements suivants ou proposer les
changements suivants à la commission: M. Lalonde remplace M. Bienvenue;
M. Bonnier remplace M. Boudreault; M. Lecours (Frontenac) remplace M. Ciaccia
(Mont-Royal); M. Veilleux (Saint-Jean) remplace M. Déziel.
Comme rapporteur, je vous suggérerais M. Jean-Claude
Malépart, député de Sainte-Marie. Est-ce que les membres
de la commission sont d'accord?
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 1, adopté?
Remarques générales
M. BURNS: Non, M. le Président. L'article 1, dans le fond, il ne
faut pas se le cacher, est l'article central du projet de loi. Maintenant que
nous avons exprimé, à l'encontre du principe du projet de loi,
tout ce que nous avions à dire, je ne suis pas pour revenir
là-dessus. J'ai dit ce que j'avais à dire, le ministre du Travail
a dit ce qu'il avait à dire, le premier ministre a dit ce qu'il avait
à dire, le député de Johnson a dit ce qu'il avait à
dire, alors je ne veux pas reprendre le débat sur l'article 18 tel
qu'amendé. Je trouve qu'il devrait y avoir une précaution. J'y
tiens énormément. Sous-jacent à tout ce que j'ai dit en
deuxième lecture, il y a une précaution évidente à
partir du moment où le gouvernement se donne, par l'entremise du
lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire par l'entremise du
cabinet, tous ces pouvoirs de savoir exactement dans quel cadre le gouvernement
va exercer cette discrétion qu'il se donne. Vous savez que je ne suis
pas sans penser et je vais être bien franc avec vous autres, ce
n'est pas du libelle, ce n'est pas du salissage que je vais faire en disant
cela, M. le premier ministre et M. le ministre du Travail que les
tentatives que vous avez faites le premier ministre les qualifie de
négociations avec une partie, la partie la plus majoritaire du
côté syndical pour régler un problème qui
s'appelle celui de la baie James... J'ai des doutes sur l'application du texte
actuel. Si le problème de la baie James est revenu pendant au moins dix
minutes dans le discours du premier ministre, j'ai nettement l'impression que
c'est une façon déviée que vous utilisez pour tenter de
régler ce que vous n'avez pas pu régler par des
négociations unilatérales avec la FTQ. J'ai nettement
l'impression que, lorsque vous dites "modifier le décret sans le
consentement, prolonger et abroger le décret, toujours sans le
consentement des parties intéressées", qu'il n'y a pas seulement
le problème du site olympique à Montréal.
Je pense que l'aspect de la baie James est pour beaucoup, si je
considère le premier ministre comme une personne intelligente, et je ne
l'ai jamais nié, et comme quelqu'un qui prépare toujours ses
arrières, ce dont on s'est aperçu à plusieurs reprises,
puisque cela fait déjà trois semaines que ce projet de loi est
préparé par des interventions de ses ministres. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce l'a préparé lorsqu'il a parlé
du peu de productivité dans le domaine de la construction,
particulièrement dans les métiers d'électricien, de
plombier, surtout dans les métiers de "pipe-fitter".
J'ai entendu le premier ministre qui, même lorsqu'on ne lui posait
pas la question, trouvait le moyen de passer ce message. J'ai entendu, pas plus
tard que la semaine dernière, le ministre de la Justice, alors qu'on
étudiait le projet de loi sur la reconduction de la loi concernant les
propriétaires la loi de la régie, sur la
réconciliation entre les propriétaires et les locataires
je l'ai entendu faire passer le même message. J'ai entendu le ministre du
Travail passer le message à quelques reprises aussi sur le peu de
productivité. Cet après-midi, c'est-à-dire ce matin, j'ai
entendu le premier ministre qui volait au secours de son ministre du Travail,
dont on n'acceptait pas, si vous voulez c'est le moins que je puisse
dire à ce stade-ci la possible intervention dans le domaine de la
construction de part et d'autre, du côté patronal et du
côté syndical. J'ai entendu le premier ministre revenir sur le
même thème.
Je me demande très sérieusement jusqu'où le
gouvernement veut aller lorsqu'il demande les pouvoirs qui sont prévus
à l'article 1 et, avant de faire un amendement je vous annonce
tout de suite que j'en ai un j'aimerais que le chef d'Etat du
Québec, qui nous fait l'honneur de sa présence ici, nous dise
exactement quelle extension il entend donner à des pouvoirs aussi
discrétionnaires et aussi larges que le lieutenant-gouverneur en
conseil, soit le cabinet, veut se donner par l'article 1.
J'aimerais, au départ, qu'on ait cette déclaration. Par la
suite, j'aimerais, M. le Président, me réserver le droit,
à l'intérieur de mes vingt minutes sur l'article 1, vous faire
une suggestion qui deviendra peut-être inutile par la réponse du
premier ministre. Je ne le sais pas. Je ne peux pas présumer de sa
réponse. Mais si sa réponse est ce que je pense qu'elle sera, je
voudrais, M.
le Président, revenir immédiatement après cette
question que je pose au premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président, depuis environ six mois, il y a des
problèmes qui, sérieux qu'ils étaient dans le domaine de
la construction, sont devenus aigus. On est conscient, quand même, de
l'importance du secteur de la construction dans l'économie en
général. On n'est pas pour revenir là-dessus. Si cela va
mal dans la construction, c'est l'économie du Québec qui est en
danger et, après cela, ce sont toutes les conséquences
financières et sociales qui en résultent. Donc, nous avons
essayé tous les moyens. D'abord, nous avons lancé un ultimatum
à l'occasion d'une grève, à la fin de juin, pour
entraîner un retour au travail. Cela n'a pas eu d'effet,
c'est-à-dire que cela a eu des effets, sauf que la productivité
n'a pas augmenté. On avait établi la commission Cliche
auparavant, une commission d'enquête publique dans le domaine de la
liberté syndicale, dans le domaine de la construction. On se rend compte
qu'on est bien conscient des risques politiques d'établir des
enquêtes publiques, le député qui est avocat le sait,
n'importe qui peut venir témoigner et faire du oui-dire, cela fait les
manchettes des journaux, cela implique le gouvernement, en tout cas, on est
bien conscient des risques politiques de telles enquêtes. Mais si on fait
de telles enquêtes, c'est parce que le gouvernement se considère
inattaquable. Cela ne veut pas dire que les démagogues ne peuvent pas
exploiter la situation, mais le gouvernement se considère
inattaquable.
M. BURNS: Qui sont les démagogues, M. le premier ministre?
M. BOURASSA: Je ne sais pas si le député se sent
visé, mais ce n'est pas le...
M. BURNS: Non, non. C'est parce que, ce matin, vous avez parlé de
nous, de l'Opposition, et pas seulement à moi, vous avez parlé de
tous les membres de l'Opposition, le député de Johnson, les
députés du Parti créditiste et de l'Opposition officielle,
comme des gens qui faisaient de la démagogie dans ce cas-ci.
M. BOURASSA: J'ai dit qu'il n'y avait pas beaucoup de solutions.
M. BURNS: J'aimerais que vous nous précisiez, alors, que la
distance entre nous est réduite au point de vue du piétage...
M. BOURASSA: D'accord. Non, cela va bien aller.
M. BURNS: J'aimerais que vous nous disiez exactement qui sont les
démagogues.
M. BOURASSA: Je suis attendri par la personne derrière vous,
alors ne vous inquiétez pas il n'y aura pas de...
M. BURNS: ...on va couper les arbres cet après-midi.
M. BOURASSA: Ce que j'ai dit, ce matin, c'est qu'il n'y avait pas
beaucoup de contrepro-positions réalistes. Il y avait la proposition du
député de Johnson sur le fait d'un groupe de tuteurs, mais je
trouve que cela alourdirait le processus de décision. Donc, le
gouvernement a essayé de prendre tous les moyens pour régler ce
problème de la construction qui dure depuis des années, qui
coûte cher au Québec, qui coûte cher aux contribuables, aux
travailleurs et à tout le monde. Il y a un malaise, c'est le moins qu'on
puisse dire, le député de Maisonneuve l'a dit, il y a un malaise
sérieux dans le domaine de la construction. On a essayé avec des
lois spéciales, on a essayé avec des commissions d'enquête
publique qui vont donner des résultats, je pense bien, on a vu ce que
cela a montré. Mais là, je crois que le gouvernement a besoin de
ces pouvoirs. Pour l'instant, c'est Montréal, il n'est pas question de
la baie James, actuellement, cela va bien à la baie James.
D'après les informations qui me sont données, la
productivité est accrue et cela va bien. Combien de temps cela va-t-il
durer? Je ne le sais pas. Mais je ne crois pas que le projet de loi vise la
baie James. Le député est au courant, des problèmes qu'il
y a eus à Mont-Wright, par exemple, les augmentations de coût. On
ne peut pas...
M. BURNS: Je suis au courant aussi du nombre de travailleurs qui se sont
faits tuer à Mont-Wright.
M. BOURASSA: Cela, c'est un autre problème. Je veux dire que si
le ministre...
M. BURNS: C'est un autre problème. Sauf que, si on ne le
règle pas, cela va être passablement plus urgent.
M. BOURASSA: Si le député veut en parler, on est
prêt à en discuter. Je pense bien que le ministre est prêt
à en discuter également, mais là il y a des
problèmes urgents. Il y a les Jeux olympiques. Je voudrais que le
député me comprenne. C'est évident que, si on dramatise
trop la question des Jeux olympiques, cela peut nuire aux ressources
financières des Jeux olympiques, à la vente de la monnaie
olympique à travers le monde. La marge de manoeuvre du gouvernement,
pour expliquer ce qui se passe actuellement aux Jeux olympiques, doit tenir
compte de l'impact que peuvent avoir les déclarations sur les Jeux
olympiques, sur les ressources financières qui veulent financer les Jeux
olympiques. Il reste que le député est suffisamment au courant
des délais de construction et de l'échéancier pour se
rendre compte que le gouvernement ne peut pas se croiser les bras longtemps
sans qu'il y ait des conséquences très sérieuses sur le
calendrier de construction des Jeux olympiques. On voit, les coûts
ont
doublé, comme ils ont doublé à la baie James. Je ne
dis pas que c'est uniquement dû aux problèmes syndicaux de la
construction, mais c'est un facteur. C'est évident que, s'il y a 30 p.c.
de productivité, c'est un facteur. Hier, on disait que 80,000
travailleurs sont en grève à cause de la grève des
ferrailleurs.
M. BURNS: Là, ils sont en interruption de travail normale pour la
période des Fêtes. Ils ne travaillent pas, de toute
façon.
M. BOURASSA: Non, avant cela. Il y a des grèves forcées
à cause de la grève des ferrailleurs. Le ministre du Travail,
qui...
M. BURNS: Est-ce que vous êtes en mesure de confirmer
qu'actuellement les travailleurs sur le chantier du site olympique ne sont pas
en grève, qu'ils sont en congé uniquement à cause des
Fêtes?
M. BOURASSA: Avant cela, il y a eu des arrêts.
M. BURNS: D'accord, mais j'ai posé une question en Chambre au
premier ministre même.
M. BOURASSA: D'accord, mais il y a eu quand même des arrêts
de travail qui sont dus à cela. Le ministre du Travail a fait tous les
efforts, ils les a vus en petits groupes pour essayer de les convaincre de
retourner au travail. C'est évident qu'il semble qu'ils ont un moyen de
pression énorme avec la tenue des Jeux olympiques et que,
évidemment, comme tout groupe qui veut essayer d'utiliser au maximum ses
moyens de pression, ils sont tentés de s'en servir. Mais le gouvernement
a quand même une responsabilité vis-à-vis de l'ensemble de
la situation. Il y a des augmentations de salaire qui couvrent l'inflation et
les parties n'ont pas pu s'entendre sur ces augmentations. J'en ai
discuté avec les chefs syndicaux, dont le président de la CSN
avec qui je discute régulièrement et qui me faisait part de ses
doléances sur ces questions. Le député de Maisonneuve est
bien conscient du problème, il y a les contrats qui sont donnés
à prix fixe.
Il y a des régions où des hausses trop prononcées
vont mettre les entreprises en faillite. Il y a infiniment de facteurs en cause
qui font que le gouvernement en est venu à la conclusion que la seule
façon de régler le problème... Je ne dis pas que c'est
pour un temps indéfini, parce qu'il va y avoir les recommandations de la
commission Cliche, j'en ai discuté avec la commission Cliche il y a
quelques jours, les recommandations devraient nous être soumises à
la fin de mars.
M. BURNS: Est-ce que je peux vous interrompre à ce moment-ci?
Vous parlez de la commission Cliche. Est-ce que la commission Cliche a
été consultée? Je sais bien que vous avez... si vous me
dites que vous n'avez aucune obligation légale de le faire, je vais vous
dire : Oui, je l'admets d'avance, d'accord. Mais est-ce que la commission
Cliche a été consultée sur l'à-propos d'un tel
amendement?
M. BOURASSA: Moi, j'en ai discuté avec le président de la
commission, sans lui parler de l'amendement, je lui ai dit que je serais
obligé, comme gouvernement, d'arriver avec un projet de loi, tenant
compte de la situation actuelle. Je n'ai pas communiqué avec lui par la
suite pour lui dire le contenu de l'amendement et je n'ai pas eu de
représentation étant donné que c'est public. Je lui ai dit
qu'on ne pouvait pas attendre au début d'avril pour régler cette
situation, qu'il fallait nous donner les pouvoirs qui sont les pleins pouvoirs,
je suis d'accord avec vous.
M. BURNS: D'accord.
M. COURNOYER: II est entendu cependant que nous consulterons la
commission Cliche sur l'à-propos des amendements au décret.
M. BURNS: Ce que je trouve grave, M. le ministre du Travail et M. le
premier ministre, c'est que vous avez une commission que vous avez
nommée, qui tente, semble-t-il, selon toute apparence... et je crois les
membres quand ils disent qu'ils vont aller jusqu'au bout pour aider à
nettoyer la situation dans le domaine de la construction...
M. BOURASSA: On leur donne les moyens.
M. BURNS: Oui, mais ce que je ne veux pas, c'est que vous leur lanciez
un billot dans les jambes ou que vous changiez la situation en cours de route
par rapport à la commission Cliche. Moi, je pense que depuis le
début des auditions de la commission, il y a une chose qui est constante
et claire, c'est qu'ils ne veulent surtout pas, à part des correctifs
immédiats, comme la démission de M. Untel ou de la
démission de M. Untel pour nettoyer le paysage, ils ne veulent surtout
pas que la situation soit changée de façon législative
avant qu'ils aient eu la possibilité de terminer leur travail.
M. BOURASSA: C'est là où est le caractère
avantageux de ce projet, c'est que les pleins pouvoirs vont s'exercer par
arrêté en conseil. Cela veut dire qu'aussitôt qu'on aura les
recommandations de la commission Cliche, ces arrêtés en conseil
pourront facilement être...
M. BURNS: Voulez-vous dire que vous ne bougerez pas tant et aussi
longtemps que la commission Cliche va vous donner une recommandation?
M. BOURASSA: Quand le député parle de bâtons dans
les roues dans la commission Cliche, ce n'est pas exact car les pouvoirs
qu'on
se donne, c'est par arrêté en conseil. Si la commission
arrive avec des recommandations à ses délégués de
chantier à la fin de mars et qu'il faut faire des amendements à
la loi sur les délégués de chantier. Les
arrêtés en conseil qui auraient pu être faits par
pure hypothèse, je donne cet exemple, on ne peut pas prévoir pour
l'instant qu'il y en aura à ces délégués de
chantier pourront facilement être annulés par d'autres
arrêtés en conseil et on pourra apporter des changements à
la loi.
Mais il nous faut, d'ici trois ou quatre mois, surtout à cause
des Jeux olympiques... Il y a la Place Desjardins, je n'ai pas de chiffres,
mais le coût d'augmentation de la Place Desjardins, à cause des
arrêts plus ou moins sporadiques de la construction, c'est nous qui
allons payer cela, ce sont les contribuables du Québec.
M. BELLEMARE (Johnson): II y a une question qui me chicote. D'abord,
dans la province du Québec, pour protéger toute
législation du Travail, on a établi, il y a quelques
années, et changé complètement le Conseil supérieur
du Travail, sa forme, surtout quant à son efficacité de moyens de
juger, d'accepter, de refuser, ou de préparer une loi. Je me suis
toujours soumis à cette directive que j'allais chercher au Conseil
supérieur du travail, avant de présenter un projet de loi en
Chambre, pour être bien sûr qu'au Conseil supérieur du
travail au moins, là où les parties sont
représentées, on avait un appui sûr.
Je ne crois pas, dans les circonstances, que le Conseil supérieur
du Travail, ait eu à se prononcer. Je ne le sais pas. Je ne le pense
pas. Le ministre dit non. A partir de là, je pense...
M. BOURASSA: Je n'ai pas eu de représentation contre le projet de
loi.
M. BELLEMARE (Johnson): On en a quelques-unes.
M. BURNS: Vous allez en avoir aujourd'hui, si mon intuition est bonne.
Je n'ai pas de renseignements, je vous le dis tout de suite, mais j'ai
l'impression que vous allez en avoir très bientôt, sinon
aujourd'hui, du moins dans les jours qui viennent.
M. COURNOYER: Du conseil consultatif?
M. BURNS: Pas du conseil consultatif. Vous allez en avoir probablement
de certaines associations patronales. Vous allez en avoir peut-être de
toutes les associations syndicales. Maintenant, je ne veux pas présumer
et je n'ai pas de renseignements, mais je vous dis que je m'attends que vous en
ayez, pour la simple et unique raison que ce projet de loi est apporté.
On aurait pu être méchant ce matin. On aurait pu vous dire: On va
présenter la motion de report à six mois.
M. BOURASSA: Vous ne l'avez pas fait.
M. BURNS: Nous ne l'avons pas fait pour une raison bien simple. Nous ne
voulons pas faire une obstruction systématique sur ce projet de loi.
M. BOURASSA: D'accord. J'ai dit au député, et j'ai
oublié de le dire ce matin... Il dit: II va dire à ses
émissions de radio hebdomadaires que le député de
Maisonneuve est contre l'augmentation de salaire. Je ne l'ai pas dit, en fin de
semaine.
M. BURNS: Non.
M. BELLEMARE (Johnson): On vous avait bien averti aussi !
M. BURNS: C'est cela. Vous ne l'avez pas dit, mais là, vous allez
me répondre franchement. Vous n'êtes pas à une
émission de radio et ce n'est pas un journaliste qui vous interroge. Je
vous demande de continuer à parler du même sujet, dans votre
réponse...
M. BOURASSA: D'accord.
M. BURNS: ... que ce qui apparaît dans la question.
Est-ce que, véritablement, le but de ce projet de loi, c'est,
pour vous, de changer le salaire prévu par le décret. Je
comprends que, dans l'esprit du gouvernement, s'il y a une modification... En
tout cas, j'ai été appelé à comprendre cela. Je
n'ai pas eu de conversation privilégiée qui pourrait me permettre
de vous dire que c'est cela que je pense, mais, simplement par l'approche qui a
été faite à tout ce projet de loi, la préparation
dont je faisais mention tout à l'heure, etc., par des
déclarations de ministres en dehors de l'Assemblée nationale,
etc., et même certaines déclarations de ministres à
l'intérieur de l'Assemblée, j'ai été,
personnellement, par intuition, appelé à croire que le but
principal de cela était, d'une part, d'augmenter la
productivité...
M. BOURASSA: C'est vrai.
M. BURNS: ... dans le domaine de la construction.
M. BOURASSA: C'est l'un des buts principaux.
M. BURNS: C'est le point de vue du gouvernement.
Deuxièmement, de permettre le règlement du problème
à Montréal.
M. BOURASSA: C'est cela.
M. BURNS: Je suis bien placé pour en parler, c'est dans mon
comté qu'est le site des Jeux olympiques.
M. BOURASSA: C'est cela.
M. BURNS: Que vous vouliez faire reprendre le travail le plus tôt
possible dans ce domaine et, possiblement, permettre une augmentation de
salaire de $0.50 l'heure qui, stupidement, a été promise par le
maire Drapeau et ses comparses. Je dis "stupidement" parce que, à ce
moment, ils n'avaient même pas l'assurance que le gouvernement du
Québec les appuierait dans cela et je dis "stupidement" parce qu'ils
auraient dû savoir, à ce moment, que cela créait un
problème ou une réaction en chaîne dans d'autres chantiers
industriels aussi importants que celui du site des Jeux olympiques.
Cependant, M. Drapeau, simplement pour sauvegarder cette image de
sauveteur de Montréal, de projets de grandeur attachés à
son nom, a fait tous les compromis possibles et impossibles dont celui des
$0.50 l'heure qui a provoqué, M. le premier ministre, ce que vous savez,
des réactions en chafne auprès même des sous-traitants sur
le site des Jeux olympiques.
Actuellement, vous êtes rendus à présenter un projet
de loi qui, de par ce que je comprends, veut être sous le couvert de
l'augmentation de la productivité des gens de la construction alors que,
dans le fond, ce que j'ai entendu de vos ministres qui se sont exprimés
là-dessus et de vous-même, M. le premier ministre,
c'étaient deux groupes et peut-être trois au maximum, de
l'industrie de la construction, côté syndical, dont vous vous
préoccupiez, parce que c'était surtout eux qui bloquaient un
certain nombre de réactions.
Si c'est cela, M. le Président, je me dis: II faudrait
peut-être examiner les pouvoirs que vous vous donnez dans l'article
1.
Il faudrait peut-être le dire clairement, comme je l'ai
mentionné en deuxième lecture. Si c'est la possibilité
d'augmenter de $0.50 l'heure à Montréal, à tel autre
endroit et non ailleurs, qu'on le dise, surtout que les gens de la
Gaspésie, que les gens qui sont dans la construction domiciliaire, par
exemple à Drummondville, un des endroits où cela coûte le
plus cher au Québec pour construire une maison, selon les chiffres
même du ministère...
M. COURNOYER: Cela coûte peut-être moins cher
maintenant.
M. BURNS: Pourquoi? Qu'est-ce qu'il y a de changé depuis?
M. COURNOYER: Les taux de salaire ayant augmenté, il est possible
que cela coûte moins cher que cela coûtait.
M. BURNS: En tout cas.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que la productivité est
meilleure?
M. COURNOYER: Apparemment, oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Ailleurs, elle est bonne.
M. BURNS: De toute façon, M. le Président, tout le monde
sait d'ailleurs que ce n'est pas le domaine domicilaire que vous visez
actuellement. S'il y a un endroit où la productivité je
demande au ministre de me contredire si j'ai tort là-dessus est
bonne, c'est dans le domaine domiciliaire actuellement. Je pense qu'on ne peut
pas... Par contre, votre projet de loi, votre projet d'amendement au bill 290
est quelque chose qui vise l'ensemble des domaines. Vous savez, cela vise la
construction de routes, cela vise la construction domiciliaire, cela vise
et c'est là votre problème, je pense la
construction industrielle, c'est-à-dire les grands projets. Cela vise la
Place Desjardins, cela vise les Jeux olympiques à Montréal, cela
vise d'autres grands projets du style. J'ai peur que cela vise aussi la baie
James. C'est cela que je veux prévoir avant.
M. COURNOYER: Dans quel sens, M. le député de Maisonneuve,
pourrions-nous viser la baie James...
M. BURNS: Vous savez...
M. COURNOYER: ... s'il y a un sens en particulier, il n'est pas question
de...
M. BELLEMARE (Johnson): Si vous ne mettez pas une fin...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BOURASSA: On en a discuté, mais on ne l'a pas accepté.
Pourquoi se servirait-on de cela?
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais si vous ne mettez pas une date, par
exemple...
M. BURNS: Voulez-vous que je vous donne des raisons?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): S'il vous plaît, pour les fins du
journal des Débats, on demanderait de parler un à la fois. On va
vous accorder le droit de parole à tout le monde.
M. BELLEMARE (Johnson): Regardez, en commençant, à votre
article 1, vous allez tout de suite régler un problème pour moi,
surtout pour la baie James. Jusqu'au 1er juin 1977, le lieutenant-gouverneur en
conseil, il n'y a rien de changé, sauf cela, parce que si le projet de
la baie James dure six, sept, neuf ans ou dix ans et que votre loi existe
encore, je ne sais pas, au point de vue du décret, quand il va venir
à expiration, comment on va faire pour le renouveler. Si on disait, au
début: Jusqu'au 1er juin 1977, le lieutenant-gouverneur en conseil peut
aussi. Mais le reste de l'article, c'est une autre affaire, parce que cela ne
devient pas un décret dont la vie est garantie. Pour la baie James,
surtout, si cela doit durer six, sept, huit ou dix ans, le décret, si la
loi n'est pas changée,
s'opère. C'est la prorogation, l'abrogation, la modification. Qui
va déterminer, c'est cela que le député de Maisonneuve a
essayé de vous expliciter, l'intérêt public? Le
gouvernement, le ministre, c'est cela mon problème.
M. TOURNOYER: Qui en est responsable?
M. BELLEMARE (Johnson): Comment allez-vous être informé de
la nécessité qu'il y a pour vous de modifier...
M. COURNOYER: J'ai les moyens de le savoir.
M. BELLEMARE (Johnson): ... si vous avez. Cela vous prend un moyen. Vous
ne pouvez pas être sur le chantier continuellement. D'abord, la
première des choses, la date, pour m'empêcher de rêver en
couleur pour la baie James, parce que les autres projets, en 1976, cela va
être probablement terminé avec ce qu'on passe là. Je crois
qu'il peut y avoir une formule qui semble dire: Ecoutez, messieurs, on a une
loi. S'ils ne veulent pas suivre, on la modifie. D'ici à la fin du
décret, mai 1976, probablement que je ne serais pas trop
réticent, par exemple, dépassé cela...
Une minute ! Vous avez la baie James qui va durer neuf ou dix ans. Je
dirais: "Jusqu'au 1er juin 1977, le lieutenant-gouverneur en conseil peut".
Là au moins, on sait que la durée de la loi va se terminer
là, sauf s'il y a une autre loi qui revient pour la prolonger.
M. BURNS: M. le Président, avant de parler de date, ce sur quoi
je suis entièrement d'accord avec le député de Johnson
qu'il faut limiter, dans son application, la présente loi. Je pense
qu'il va falloir au moins mettre ce que je qualifiais "d'atténuement" au
pouvoir discrétionnaire qui est donné actuellement au
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. BOURASSA: C'est pourquoi, cela?
M. BURNS: Oui. Je vais vous faire une suggestion. Vous me dites, depuis
samedi soir: Faites des suggestions. Je vais vous en faire une.
Moi, je pense, M. le Président, qu'il serait important, à
l'article 1, tout réprobateur que je puisse être au texte de
l'article 1, mais il est adopté en principe, alors je suis obligé
d'être réaliste et de me dire : Je ne suis pas pour jaser avec
vous pendant les trois prochaines semaines d'un texte dont le principe est le
projet de loi.
M. BOURASSA: Pleins pouvoirs au ministre.
M. BURNS: Non, pas pleins pouvoirs au ministre. Au contraire...
UNE VOIX: Au lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BURNS: ...je trouve que vous allez met- tre des "atténuements"
à ses pleins pouvoirs au cabinet...
M. BOURASSA: Au cabinet, oui.
M. BURNS: ...parce que c'est cela, actuellement.
M. BOURASSA: C'est cela qui est le principe.
M. BURNS: Vous dites: Sur recommandation du ministre, le
lieutenant-gouverneur...
M. BOURASSA: D'accord!
M. BURNS: Le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est le cabinet,
oui.
M. BOURASSA: C'est le cabinet.
M. BELLEMARE (Johnson): ...condition essentielle...
M. BURNS: Et vous enlevez la possibilité de consentement que la
loi laissait comme obligation auprès des associations
intéressées. Bon!
M. BOURASSA: C'est théorique ce vers quoi vous vous dirigez.
C'est-à-dire que s'il y avait consentement...
M. BURNS: Vous ne connaissez pas encore mon amendement.
M. BOURASSA: Je le sens.
M. BURNS: On vient vous proposer un amendement.
M. BOURASSA: Je le sens.
M. BURNS: C'est quoi, mon amendement? Sentez-le pour voir si vous
êtes un bon intuitif. C'est quoi?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je pense que...
M. BOURASSA: S'il y a consentement, on ne peut pas intervenir?
M. BURNS: Pardon?
M. BOURASSA: S'il y a consentement, on ne peut pas intervenir?
M. BURNS: Non, ce n'est même pas cela, même pas cela. Je ne
vais pas si loin que cela.
M. BOURASSA: Cela ne va pas si loin que cela?
M. BURNS: Vous voyez que votre intuition n'est pas forte.
M. BOURASSA: Oui, avec le député de Maisonneuve
parfois...
M. BURNS: Vous devriez m'engager comme conseiller politique, cela
pourrait vous aider. Mais l'article 75 de la loi ne me permet pas d'être
votre conseiller.
M. VEILLEUX: Après consultation.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'est moins ... que de jouer à la
devinette, par exemple.
M. BURNS: Oui, mais c'est parce que c'est le premier ministre qui a dit
qu'il le savait d'avance.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'accord! On le lit?
Proposition d'amendement
M. BURNS: M. le Président, je propose, simplement, à
l'article 1, d'ajouter l'alinéa suivant: "Aucune telle modification du
décret ne peut être faite sans que l'occasion ne soit offerte aux
associations de se faire entendre devant la commission parlementaire du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration".
M. le Président, ce que je dis dans le fond, c'est que si vous
voulez mettre de côté le consentement des associations, je trouve,
et c'est dans votre intérêt, M. le ministre du Travail, le
premier, et en deuxième lieu parce que ce sera votre recommandation
à vous, d'abord, M. le ministre du Travail, et en troisième lieu,
le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est dans votre intérêt que
vous ayez accordé la possibilité d'appliquer la règle audi
alteram partem. Alteram partem, en l'occurrence, ce sont plusieurs parties et
patronales et syndicales. Je pense que, si vous devez faire une modification,
avant de l'imposer, vous devez au moins avoir la décence d'inviter les
associations intéressées à venir en commission
parlementaire pour nous dire ce qu'elles pensent de la modification que vous
projetez. Par la suite, on aura, nous, à se prononcer.
Peut-être que l'Opposition votera contre la mesure que vous
proposez. Peut-être qu'elle votera pour. Mais, cela restera encore. Je ne
change rien au projet de loi parce que, comme je l'ai dit tout à
l'heure, cela ne sert à rien de revenir sur le principe parce que, pour
moi, le principe se trouve à l'article 1. Mais, vous aurez encore la
possibilité, le lieutenant-gouverneur en conseil...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que l'association comprend les sept
groupes? Le mot "association" comprend-t-il bien toutes les corporations?
M. BURNS: A mon avis, oui, à moins que les légistes ne me
disent le contraire.
M. BELLEMARE (Johnson): Les noms...
M. COURNOYER: M. le député de Maisonneuve, je pense bien
que ce que vous essayez d'établir, c'est un processus et un "due
process".
M. BELLEMARE (Johnson): Un quoi?
M. BURNS: C'est ça, c'est un "due process".
M. COURNOYER: On appelle cela une sorte de "due process". Je n'ai pas
d'objection du tout à aller devant une commission parlementaire avec une
modification que je m'apprêterais à proposer au conseil des
ministres.
M. BURNS: Où les parties aussi peuvent se faire entendre?
M. COURNOYER: Les parties c'est justement notre difficulté
actuellement sont identifiées comme les seules associations
patronales et les syndicats. Il y a d'autres parties aussi qui ne sont pas
nécessairement les associations patronales et syndicales. Si vous
acceptiez que: "aucune telle modification du décret ne peut être
faite sans qu'elle soit soumise, au préalable, à la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre", là, je parle d'une
tout autre chose.
M. BURNS: "... que les parties intéressées puissent se
faire entendre"...
M. COURNOYER: "... que les parties intéressées puissent se
faire entendre...", c'est une chose. J'oublie "les parties
intéressées".
M. BURNS: Je ne voulais pas aller aussi loin que cela, M. le ministre,
parce que j'attendais...
M. COURNOYER: Je vais aller devant une commission parlementaire avec. Je
n'ai pas d'objection du tout. Je n'ai pas l'idée de mettre la province
à l'envers.
M. BURNS: Bien, bon Dieu! Je suis entièrement d'accord avec
vous.
M. COURNOYER: Mais, seulement, de m'astreindre à dire: Je vais
entendre les parties, c'est une tout autre chanson. Je peux soumettre mon
jugement à l'étude d'une commission parlementaire qui est
composée de mes pairs, des gens responsables comme moi devant la
population du Québec. Cela vous inclut, monsieur le député
de Maisonneuve. Dans ce sens-là, je dis que je peux m'astreindre
à cela, quitte à revenir et dire que, dans une commission
parlementaire, on va faire entendre les parties, et les parties, cela veut dire
toutes les parties. Aujourd'hui, je ne voudrais pas dire qu'on va
établir la procédure d'une commission parlementaire. Cela peut
être long, mais...
M. BURNS: Ce que je veux dire, M. le ministre...
M. BOURASSA: Les gars peuvent prendre une semaine...
M. BURNS: ... comprenons-nous...
M. COURNOYER: II faut qu'il y ait un "due process".
M. BURNS: Je ne veux pas vous leurrer, je ne veux pas vous prendre par
surprise, loin de là, je vous dis que, normalement, ma première
proposition aurait pu être ceci.
M. COURNOYER: Les gars qui sont les premiers à... ce sont les
gens d'en bas. Ce n'est pas public le conseil consultatif.
M. BURNS: Ma proposition, normalement, aurait pu être celle-ci. Au
lieu de mettre "sans que l'occasion ne soit offerte aux associations de se
faire entendre", j'aurais pu dire: "sans que les parties
intéressées ne puissent se faire entendre". Vous savez ce que
cela veut dire. A ce moment-là, cela veut dire n'importe qui au
Québec peut venir. Et là, je m'attendais à une objection;
l'objection étant que, c'est évident, on ne peut pas faire cela
si la modification est nécessaire dans deux semaines. On n'est pas pour
prendre six mois à entendre les parties intéressées ou
groupes intéressés, selon notre règlement, et cela veut
dire à peu près tout le monde au Québec qui peut se faire
entendre là-dessus. Bon! C'est sûr qu'il y a toujours le
règlement de clôture et que le gouvernement l'a déjà
utilisé dans un problème encore plus grave que cela,
c'est-à-dire le projet de loi 22 où il l'a utilisé deux
fois. On ne reviendra pas là-dessus. Mais, je voulais être
réaliste dans mon amendement. Je voulais simplement dire qu'au moins les
associations, qui sont directement concernées par la modification,
puissent se faire entendre avant que la modification ne soit adoptée au
décret. Comment je le vois, en pratique? Je vous le dis bien clairement.
Que le ministre fasse une recommandation au cabinet, en vertu des pouvoirs que
l'article 18, tel que modifié, lui donne;que le cabinet dise: Oui, cela
a du bon sens, mais on ne l'adopte pas tout de suite.
Et vous, M. le ministre du Travail, vous allez aller devant la
commission parlementaire soumettre cela et aux parlementaires et aux parties
qui sont directement, immédiatement intéressées à
cela. Cela ne prend pas six mois, cela veut dire à peu près sept,
huit associations qui peuvent venir devant nous et dire ce qu'elles pensent de
la modification que vous avez l'intention de faire. Cela ne demande pas, M. le
Président, je vous dis d'avance que l'Opposition, en ce qui me concerne
je ne sais pas si le député de Johnson va m'appuyer
là-dessus; je ne l'ai pas consulté, mais connaissant son bon
sens, j'ai nettement l'impression qu'il ne sera pas loin de ma position, s'il
n'est pas exactement dans ma position d'avance, je vous dis que nous ne
mettrons pas de bois dans les roues dans une affaire qui semble sérieuse
du point de vue des modifications. Si vous nous dites: La commission doit
siéger dans trois jours et si les associations en question je
présume qu'étant intéressées comme elles le sont,
elles se bougeront et se fouetteront les flancs pour venir nous donner leur
point de vue sur la modification envisagée je dis, à ce
moment-là, cela fait mon affaire.
Je vous dis d'avance que c'est comme cela que je l'envisage. Si jamais
vous preniez une décision hors du consentement des diverses associations
concernées, il me semble qu'un minimum de décence vous invite
à soumettre cette position devant une commission parlementaire. Avec
votre majorité, soit dit en passant, du côté
ministériel, en commission parlementaire, cela risque très peu
d'être défait. Mais ce que j'aimerais, c'est qu'à la barre,
ici, les associations concernées viennent nous dire ce qu'elles en
pensent, peut-être pour éclairer le ministre dans sa
recommandation qui aura déjà été faite, fort
probablement, peut-être pour éclairer le cabinet dont la
décision aura probablement déjà été prise
sur ce problème, mais tout cela est fondé, est
complètement relié à un point de vue que je
considère comme très important dans ce domaine. C'est que vous ne
réussirez pas sérieusement à faire des modifications
importantes si elles ne sont pas, du moins majoritairement, acceptées
par les parties concernées. C'est uniquement dans ce sens que je fais ma
proposition et il me semble que j'aurais pu être traité de
quelqu'un qui charrie si j'avais dit: A moins que l'occasion soit offerte
à toutes les parties intéressées et groupes
intéressés de venir faire valoir leur point de vue devant la
commission parlementaire. Cela aurait voulu dire n'importe quelle association
qui a, de près ou de loin, une relation avec le domaine de la
construction.
Ce qu'on vous demande, dans le fond, c'est qu'avant de mettre en vigueur
votre modification, vous preniez un délai de quatre ou cinq jours, au
maximum, à mon avis, et même, dans les faits, je pense qu'on peut
parler de trois jours. Si vous êtes suffisamment prévoyants, si
vous pensez à votre affaire au moins, comme je l'espère, une
semaine à l'avance, vous pouvez peut-être, dès le moment
où vous envisagez cela, convoquer la commission parlementaire,
même si ce n'est pas venu au conseil des ministres. Si jamais, à
un moment donné, le cabinet changeait la recommandation du ministre du
Travail, il n'y a pas de péril dans la demeure, il s'agit de mettre fin,
tout simplement, aux travaux de cette commission, sans plus et sans aucune
autre formalité. Le leader du gouvernement peut, en tout temps, diriger
cela et dire que cette commission, qui avait été
convoquée, n'a pas à siéger. Mais je voudrais au moins
qu'on s'assure, dans un cas de pouvoirs aussi exceptionnels que
celui-là, qu'il n'y a pas de dommage très sérieux au
domaine de la construction.
Ce que je ne veux pas, dans le fond, c'est que
la situation soit empirée par une décision
unilatérale du cabinet sur recommandation du ministre du Travail.
Peut-être que la meilleure façon de le faire je ne connais
pas d'autres techniques.
Si vous en connaissez d'autres, dites-les-moi et je suis prêt
à retirer mon amendement. Mais je ne connais pas d'autres techniques que
de rendre les parlementaires, tant de l'Opposition que du côté
ministériel... Soyez assurés que, du côté
ministériel, il y a des gens qui se sentent intéressés
dans ce genre de problèmes parce qu'au niveau des différents
comtés, ça peut avoir des répercussions que, souvent, on
ne voit pas lorsqu'on les examine du point de vue technocratique, cela ne se
voit pas à part ça, parfois, quand on l'examine du
côté strictement de l'Opposition.
Moi, je pense qu'il est essentiel, il y a des députés
ministériels actuellement qui ont des choses à dire, des choses
intéressantes, je dois le dire, dans ce domaine. Je me souviens que,
quand on a aboli les deux règlements particuliers, 4119 et 2711, je
crois, les deux décrets qui concernaient les permis de travail, vous
avez eu des gens de tous les partis, à l'époque, il y avait un
plus grand nombre de députés du Ralliement des
créditistes, il y avait un plus grand nombre de députés de
l'Union Nationale, il y avait un plus grand nombre même, je dirais, de
députés du Parti québécois. Il y avait un moins
grand nombre de députés libéraux.
M. BOURASSA: Cela va en descendant tout le temps.
M. BURNS: J'ai remarqué que, lorsque nous avons discuté de
ces problèmes, des opinions sensées sont venues de tous les coins
de la Chambre, de tous les partis de la Chambre, parce qu'ils avaient la vision
particulière, la lunette particulière qui s'appliquait à
leur région, à leur comté, etc. Il y a eu une discussion,
à mon avis, très constructive qui a eu lieu. Je pense que le
ministre du Travail est en mesure de confirmer mon point de vue
là-dessus, cela n'a pas été des emmerdements à ne
plus finir, ç'ont été des faits qui se sont
discutés. Je voudrais qu'on puisse connaître, au moins par les
représentations des membres de l'Assemblée ou de cette
commission, les effets nocifs ou bénéfiques que peut traduire une
certaine modification au décret déclaré
unilatéralement. J'aimerais que les gens concernés puissent venir
nous dire, eux, quel effet ça peut avoir dans leur domaine.
Il me semble que je ne vous impose pas un lourd fardeau quand je vous
dis qu'aucune modification qui est le nouveau pouvoir que vous vous accordez,
sans consentement des partis, ne peut être faite sans que l'occasion soit
offerte aux partis intéressés à venir se faire entendre.
Il suffit de planifier, j'ose croire que quand une décision majeure
comme celle-là sera prise dans l'avenir, vous y penserez au moins plus
que 24 heures à l'avance.
Je pense que, d'habitude, le ministre, avant de faire ça, a
tenté, peut-être parfois de façon imparfaite, d'obtenir le
pouls du milieu. Si c'est ça, vous êtes capable de prévoir
et de planifier une commission parlementaire, vous êtes capable de venir
dire à la commission parlementaire: Voici l'amendement que j'envisage,
voici l'amendement que le lieutenant-gouverneur en conseil envisage d'adopter,
croyez-vous, messieurs de l'Assemblée nationale, que ce soit acceptable?
Croyez-vous, messieurs et mesdames, représentants des associations
concernées, que ce soit acceptable? Sinon, pourquoi? C'est ça mon
amendement, M. le Président. Il me semble que cela atténuerait
tout au moins les pouvoirs discrétionnaires qui sont donnés au
lieutenant-gouverneur par l'article 1 du projet de loi 201.
M. BOURASSA: Juste un point, M. le Président, est-ce que les
partis qui seraient contre il pourrait y avoir des partis qui seraient
contre pourraient bloquer le processus de décision avec un
amendement comme ça?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, est-ce que vous me
donnez la parole pour deux minutes?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Johnson, sur
l'amendement.
M. BOURASSA: S'il parle...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, d'abord, moi je
donnerais à la commission parlementaire un délai de 30 heures
pour fins de discussion, pour protéger tout le monde, parce que c'est
une loi d'exception. Comme c'est une loi d'exception, même dans la
modification, suite à l'amendement du député de
Maisonneuve, qu'on puisse les entendre mais non pas pendant un certain temps,
comme un mois ou un mois et demi, parce que ça va être une
répétition épouvantable. Le gouvernement demande une loi
d'urgence, une loi d'exception, parce qu'il y a des problèmes
très urgents à régler.
Si l'amendement est accepté, je voterai en faveur, si
l'amendement est accepté, il permettra au ministre qui, lui,
dépense des heures avec ses sous-ministres à négocier,
présentement, avec les parties, sans succès, et là, le
député de Maisonneuve lui offre une occasion, celle de la
commission parlementaire, qui est formée d'hommes qui ont
déjà vécu dans ce domaine de les entendre, mais
avec un délai fixe. Par exemple, quand on a été trente
heures en commission, cela représente quasiment une semaine d'auditions.
Et avec une limite dans l'audition je ne sais pas si le
député est prêt à accepter cette limite mais
trente heures de discussions, quand on siège six heures par jour, cela
représente cinq jours. Quand les trente heures seront atteintes, nous
aurons au moins
entendu les parties. En vertu de la loi 201 qui est devant nous, ce
matin, le gouvernement a un pouvoir extrêmement général. Il
dit que, pour remédier à cette situation, la seule solution est
d'invoquer la loi de la prorogation ou de l'abrogation ou de la modification.
Vous avez quelque chose à modifier. J'avais pensé, tout à
l'heure, au Conseil supérieur du travail qui, avant toute modification,
aurait pu donner son avis, mais la proposition est encore bien meilleure, parce
que c'est devant des parlementaires appartenant à différents
groupes que les parties vont venir se faire entendre avec une limite de temps
de trente heures.
Je pense que la perte de temps occasionnée au ministre pour
étudier ces modifications avec les parties, actuellement, est
incomparablement plus longue que ne le serait un tel processus devant la
commission parlementaire. Si le ministre pouvait l'accepter, je pense qu'avec
un temps limité de trente heures... Est-ce mieux ou non?
M. BOURASSA: Evidemment, cela alourdit la tâche du ministre.
M. COURNOYER: Je pense que ce que vous recherchez, M. le
député de Maisonneuve, c'est que le ministre n'utilise pas ce
genre de pouvoirs discrétionnaires, à moins qu'effectivement il y
ait eu une impossibilité de s'entendre par les majorités ou autre
chose.
M. BELLEMARE (Johnson): Que ce soit dans l'intérêt
public...
M. COURNOYER: Ce que je ne voudrais pas, M. le Président, c'est
qu'on vienne dire, avant que le processus ne soit déterminé,
pourquoi ils sont contre le ministre. J'aimerais bien par exemple, quand il
s'agit d'intérêt public parfait, je n'ai pas tellement de
problèmes qu'on donne l'occasion aux parties de venir dire
pourquoi elles ne s'entendent pas entre elles sur les problèmes qui sont
en discussion. C'est une tout autre chanson que celle du pourquoi elles ne
s'entendent pas avec le ministre.
Remarquez que, dans chacun des cas qui sont prévus ici, l'article
dont il est question suit un autre article qui donne le pouvoir aux parties de
décider majoritairement, j'en conviens, mais de décider
majoritairement d'abroger, de modifier ou de prolonger le décret.
A un moment donné, je pense bien que, dans le "due process", il y
a des gens qui ont des raisons de ne pas le prolonger, si on arrivait au bout.
Le ministre a décidé de le prolonger. Donc, il faudrait qu'il
aille poser la question d'abord aux parties majoritaires et, dans la question
de modification, que la question ait été posée de modifier
le décret dans tel ou tel sens et que les parties ne peuvent pas
s'entendre. Si je pose le problème comme cela, il faudra que les parties
aient l'occasion de venir dire à la commission parlementaire pourquoi
elles ne peuvent pas s'entendre sur les clauses et qu'en définitive le
gouvernement se trouverait à agir comme arbitre d'une situation dans
laquelle les parties ne peuvent réellement pas se sortir
elles-mêmes, en vertu du pouvoir qui leur est donné par la loi,
d'une façon générale.
M. BELLEMARE (Johnson): Que le ministre décide. Que le
gouvernement décide.
M. COURNOYER: Oui. On décide, mais ce qu'elles viennent discuter
devant la commission parlementaire, c'est notre décision.
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'elles viennent produire leurs arguments.
M. COURNOYER: Oui, mais le fait est cependant il faut bien se
replacer dans le contexte, M. le député de Johnson
qu'elles ont effectivement leurs positions sur le problème que nous
avons. S'il s'agit, pour le moment, comme celui que nous avons à
discuter, d'un problème de productivité et d'indexation de
salaires, c'est celui qu'elles semblent être aujourd'hui incapables, pour
une foule de raisons, de régler elles-mêmes. Je n'ai pas à
dire en leur nom pourquoi elles ne peuvent pas s'entendre sur ces
problèmes de productivité et sur le problème de
l'indexation, de la demande qui est faite, que je considérais comme
légitime, de réviser les salaires s'ils étaient perdus, ou
s'ils perdaient de leur pouvoir d'achat.
Si j'en discutais avec le premier ministre dans la
proposition, on disait qu'aucune telle modification de décret ne peut
être faite sans que l'occasion ne soit offerte aux associations de se
faire entendre devant la commission du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration, sur les raisons qui motivent leur incapacité ou leur
impossibilité de s'entendre, cela veut dire qu'il y a eu une
impossibilité de s'entendre qui a précédé notre
affaire, à nous autres.
M. BURNS: Je suis parfaitement d'accord, M. le Président.
M. BOURASSA: Oui, mais les associations, ce sont sept groupes,
c'est-à-dire qu'il y aurait sept groupes qui auraient le droit de faire
cela.
UNE VOIX: Sept groupes qui ont le droit de nous dire...
M. BURNS: C'est cela, des associations dans le sens de la loi.
M. COURNOYER: Le rapport que je vous ai fait qu'ils étaient dans
l'impossibilité de s'entendre, il faudrait qu'ils viennent vous dire
pourquoi ils ne sont pas capables de s'entendre avant que je prenne une
décision.
M. BURNS: Je suis prêt, M. le Président, à accepter
la modification suggérée par le ministre à mon
amendement.
M. BELLEMARE (Johnson): II y en a plus que sept, ils sont neuf.
M. COURNOYER: Au prochain voyage, ils seront peut-être vingt.
M. LALONDE: Question de s'adapter à l'employeur.
M. BELLEMARE (Johnson): Voulez-vous me répéter le bout de
phrase que vous avez, M. le Président? "... sur les raisons qui
motivent... "
M. COURNOYER: "... leur impossibilité de s'entendre.
M. BELLEMARE (Johnson): Motivent...
M. COURNOYER: Je présume qu'ils ont essayé de
régler leur problème et c'est pourquoi le ministre et le
gouvernement doivent le régler le problème, dans
l'impossibilité de s'entendre.
M. BURNS: J'accepte la suggestion du ministre.
M. BOURASSA: II reste un point auquel... M. BURNS: Je l'incorpore
à ma motion.
M. BOURASSA: S'ils s'entendent, on n'a même pas besoin de prendre
de décision.
M. BURNS: S'ils s'entendent, on n'a même pas besoin de prendre de
décision.
M. COURNOYER: Ici, je pense que je conditionne à un exercice de
responsabilité des parties sur les problèmes qui confrontent leur
industrie précédant l'obligation pour le ministre
d'intervenir.
M. BURNS: Le souhait général c'est, je pense, dans
l'opinion du ministre, du premier ministre et de tout le monde, ici à la
commission, qu'on n'ait jamais à s'en occuper et qu'ils puissent
réussir à trouver un terrain d'entente ensemble. Je pense que
c'est cela, c'est clair.
M. BOURASSA: L'objectif du député, c'est de donner une
espèce de police d'assurance contre une action hâtive.
M. BURNS: Une action hâtive et discrétionnaire.
M. BELLEMARE (Johnson): Et que les modifications qui seront faites,
seront soumises.
M. COURNOYER: Malgré le voeu de la majorité.
M. BURNS: Malgré le voeu de la majorité.
M. BOURASSA: Le seul point, M. le Président, c'est sur la
durée de la commission.
Mettons qu'on est pris, je pense surtout aux Jeux olympiques...
M. BELLEMARE (Johnson): Jusqu'au 1er juin 1977.
M. BOURASSA: Non, mais je parle là-dessus. Mettons que cela
prend... Comment est-ce qu'on...
M. BELLEMARE (Johnson): ... trente heures, trente heures de
débat.
M. BOURASSA: C'est parce que trente heures, c'est une semaine et que
cela glisse à deux semaines.
M. BELLEMARE (Johnson): Regardez le conseil... Ici, le ministre... On
s'impose à nous autres, 25 heures, pour le discours du trône, 25
heures pour...
M. BOURASSA: Mettons qu'on veut faire un petit amendement après
les discussions, il faut encore trente heures pour ce petit amendement.
UNE VOIX: C'est-à-dire que nous...
M. COURNOYER: M. le premier ministre, je pense bien que je donne
l'esprit dans lequel je fais cela. C'est que je limite l'intervention
gouvernementale au seul cas où il y a impossibilité pour les
parties de s'entendre. C'est le cas actuel, au moment où on se parle,
dans le cas de l'indexation et de la productivité.
Si vous voulez que, au prochain voyage, on vienne vous dire pourquoi on
ne s'entend pas et qu'on fasse les représentations, la décision
du lieutenant-gouverneur en conseil elle-même ne se ferait
qu'après que l'occasion aurait été donnée aux
parties de se faire entendre. Mais ce n'est pas sur la décision que nous
avons à prendre qu'ils viennent discuter, sur leur impossibilité
de s'entendre.
M. BOURASSA: Ce que je veux savoir c'est si, après les trente
heures de discussion, il y aurait une petite modification à ce qu'on
leur propose, mais on ne leur propose rien...
M. COURNOYER: C'est-à-dire que je constate...
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'ils viennent nous dire pourquoi ils sont
contre la motion... La modification leur sera soumise d'avance.
M. COURNOYER: Non, pas dans le texte que je viens de dire. Il n'est pas
question de soumettre une décision du gouvernement.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, pas une décision. Comment vont-ils
prendre la décision...
M. COURNOYER: Sur le contenu de décret, il est question de
démontrer aux parlementaires qu'ils sont dans l'impossibilité de
s'entendre et, parce qu'ils sont dans l'impossibilité de s'entendre, le
gouvernement assume sa responsabilité de prendre leur place.
Mais, s'ils étaient dans la capacité de s'entendre, je
n'aurais pas l'intention d'intervenir.
M. BELLEMARE (Johnson): ... après travail, M. le
Président, de se faire entendre devant la commission parlementaire du
travail...
M. BURNS: ... de la main d'oeuvre et de l'immigration.
M. BELLEMARE (Johnson): ... de la main-d'oeuvre et de l'immigration,
vous ajoutez "sur les raisons qui motivent l'impossibilité de s'entendre
sur une période de trente heures".
M. COURNOYER: La période de trente heures, à ce moment, je
n'ai pas à discuter avec eux d'un contenu de décret.
M. BELLEMARE (Johnson): Protégez-vous donc et protégez
donc tout le monde. Je pense qu'avec une date limite, comme on l'a dans...
M. BOURASSA: Nous allons les prendre les trente heures.
M. BELLEMARE (Johnson): Ils vont les prendre. C'est mieux que d'en
prendre soixante.
M. COURNOYER: II faudra se nommer un gars pour venir là, pendant
les trente heures.
UNE VOIX: C'est long.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous regrettez de ne pas l'avoir
fixée.
M. BOURASSA: Cela aurait pu nous en prendre moins que cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, je suis bien sûr que cela va prendre
moins de temps. Cinq jours à six heures, c'est pas mal de travail.
M. BOURASSA: Cela colle le ministre pour une semaine.
M. BELLEMARE (Johnson): Ecoutez, s'ils le tiennent pour quinze jours,
cela va être bien pire. Je pense bien que là...
M. BOURASSA: Parce que dans le texte, comme il est là, le
gouvernement peut mettre fin à la commission quand il se juge
informé.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. COURNOYER: II leur a donné l'occasion de se faire
entendre.
M. BURNS: Les mots que vous ajoutez, M. le ministre, quels sont-ils?
M. COURNOYER: Sur les raisons qui motivent leur impossibilité de
s'entendre, leur incapacité, les raisons qui motivent
l'incapacité dans laquelle ils se trouvent. Enfin, appelez-le comme vous
voudrez, vous êtes responsables d'une loi 22, pas moi.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous ne voulez pas mettre d'heures?
M. BURNS: Cela peut toujours être corrigé après le
rapport des...
M. BELLEMARE (Johnson): La commission parlementaire peut siéger
60 heures.
M. BOURASSA: La commission pourrait, par exemple, décider au
début que chaque parti a une heure ou deux pour se faire entendre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): D'ailleurs, dans les règlements de la
commission... deux commissions.
M. BOURASSA: J'aime mieux cela, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): 20 minutes d'exposé, 40 minutes de
questions.
M. BOURASSA: 30 heures, tout le monde va se sentir forcé de
prendre six heures chacun.
M. BURNS: Vous avez actuellement, comme le dit le président,
toujours les règles, je vous l'ai dit tout à l'heure,
après la première lecture qui peuvent s'appliquer en ce qui me
concerne. D'ailleurs, je pense qu'elles s'appliquent automatiquement dans un
cas où on invite les gens, non pas dans un projet de loi, mais
uniquement par une résolution.
M. BOURASSA: La commission peut décider que chaque partie aura
deux ou trois heures pour cela...
M. BURNS: Oui, mais en principe, elle a une heure vingt minutes
d'exposé, quarante minutes de questions par et le côté
gouvernemental et l'Opposition.
M. BOURASSA: D'accord. Cela veut dire qu'il y a neuf parties, cela
ferait...
M. BELLEMARE (Johnson): La durée limite allouée à
chaque personne ou groupe pour un exposé sommaire...
M. BOURASSA: Neuf heures, à moins que la commission...
M. BELLEMARE (Johnson): ... de son
mémoire est de 20 minutes. Le temps alloué aux membres de
la commission pour la période des questions est de 40 minutes,
répartie également entre les partis.
M. BOURASSA: La commission est forcée de suivre le calendrier,
c'est-à-dire que la commission pourrait décider de siéger,
par exemple, de 10 heures le matin au lieu de commencer à 15 heures,
jusqu'à...
M. BURNS: Elle n'avait pas établi ses règles.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BURNS: Sur ordre de la Chambre.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, sur l'article 1...
M. COURNOYER: Si vous voulez, je pense bien que le mot "association"...
Vous vous êtes toujours référés aux associations
représentatives et non pas aux associations "at large". Cela ne vous
fait rien d'ajouter le mot "représentative" à votre mot
"association".
M. BURNS: Non.
M. LALONDE: D'ailleurs, je ne sais pas si c'est utile, parce que, dans
l'article qui précède, on dit: Sans le consentement des
associations de salariés et d'employeurs.
M. COURNOYER: Oui, mais il y en a plusieurs.
M. BELLEMARE (Johnson): II y a association et association
représentative.
M. LALONDE: Ce sont seulement celles auxquelles on se
réfère ici.
M. BURNS: Cela se réfère justement à
celles-là. Cela se réfère aux associations qui sont
décrites dans le paragraphe précédent.
M. LALONDE: Dans le paragraphe précédent, cela fait
référence...
M. BURNS: Ces associations sont les associations mentionnées dans
le bill 290?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le ministre, si vous suivez ce raisonnement,
parce que, comme vous dites, il y a d'autres associations qui ne font pas
partie du décret...
M. BOURASSA: ... qu'ils limitent.
M. BURNS: Vos dites associations, d'accord.
M. BOURASSA: Alors, sous réserve peut-être de fautes
grammaticales...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les mem- bres de la commission sont
prêts à se prononcer sur l'amendement proposé par le
député de Maisonneuve qui se lit comme suit: Aucune telle
modification du décret ne peut être faite sans que l'occasion ne
soit offerte auxdites associations de se faire entendre avant la commission
parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration, sur les
raisons qui motivent l'impossibilité de s'entendre.
M. BELLEMARE (Johnson): Si l'impossibilité n'est pas le mot
juste, le ministre "de la langue" pourra peut-être trouver le mot
juste.
M. BURNS: Vous avez le rapport des officiers légistes entre les
deux qui peuvent nous suggérer des meilleures utilisations de la langue
française, en plus des lumières que le ministre de "la langue"
peut nous suggérer lui-même.
M. BELLEMARE (Johnson): II y a des gens en Italie qui sont bien
informés...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On revient au Québec.
M. BURNS: Lalonde, c'est vrai. Ce n'est pas Lalonde, c'est "la
langue".
M. BOURASSA: En pratique, cela voudrait dire que, si je comprends bien
le sens de l'amendement, c'est que, s'ils ne s'entendent pas sur l'indexation,
il y a au moins une bonne journée où les parties font valoir leur
point de vue sur l'indexation, et après cela...
M. BURNS: C'est cela. L'important...
M. BOURASSA: II faudrait que dans l'agenda de la convocation...
M. BURNS: ... c'est que les associations n'aient pas l'impression de se
faire réentendre, qu'elles aient la possibilité de se faire
entendre, avant que vous leur imposiez une modification...
M. BOURASSA: Non, cela protège le gouvernement aussi.
M. BURNS: Je pense que cela protège le gouvernement aussi.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous n'avez qu'à les renvoyer à
l'article 8 des règlements pour la commission parlementaire.
M. BOURASSA: Est-ce que le député de Maisonneuve est
tenté de traverser?
M. BURNS : Est-ce que vous avez un ministre du Travail à
remplacer?
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que vous accepteriez?
M. BURNS: Est-ce que je vous ai convaincu samedi soir et ce matin?
M. BOURASSA: Non, mais comme ministre d'Etat au travail pour...
M. BURNS: Vous savez bien que je n'irais jamais me placer à un
niveau si peu élevé.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 1...
M. BELLEMARE (Johnson): Non, il n'est pas adopté, sauf si le
ministre insère une petite phrase "jusqu'au 1er juin 1977", pour qu'elle
ne soit pas en vie ad vitam eternam.
M. COURNOYER: Je pense que c'est une excellente...
M. BURNS: Chacun nos niveaux.
M. COURNOYER: ...disposition telle qu'elle est écrite, et qu'elle
doit avoir un caractère permanent.
M. BELLEMARE (Johnson): Ecoutez! Jusqu'au 1er juin 1977, si, rendu au
1er juin 1977, vous pensez qu'elle doit être prolongée, cela
prendra une loi de deux lignes pour la prolonger. Mais ne la laissez pas
indéfiniment, parce que là, vous allez avoir toute la critique de
la baie James qui va durer six ans, sept ans, huit ans ou neuf ans.
M. BOURASSA: Cela va être soumis en commission parlementaire. Si
je me rappelle...
M. COURNOYER: Avant l'amendement du député de
Maisonneuve...
M. BOURASSA: ...Quand on a des délais, les gens attendent...
M. COURNOYER: Avant l'amendement du député de Maisonneuve,
vous pouviez penser que ce serait utilisé de façon abusive, mais
vous avez l'amendement ici qui se réfère nettement au paragraphe
précédent qui dit que ce sont les parties qui doivent tenter de
régler leurs problèmes comme la loi le prévoit, et que des
amendements au décret, qui seraient souhaités par l'une ou
l'autre des parties, doivent d'abord être discutés entre les
parties. Si elles ne réussissent pas à s'entendre, il faut
qu'elles viennent devant la commission parlementaire maintenant pour expliquer
pourquoi elles ne s'entendent pas, et, en fait, lorsque le gouvernement a
décidé, lui, que dans l'intérêt public, il devait
intervenir. Toutes ces choses sont restées dans le texte. Quand on a
décidé d'intervenir, c'est parce que les parties ne s'entendant
pas, ayant expliqué leur non entente entre elles, le gouvernement pense
que, dans l'intérêt public, il y a lieu qu'il prenne une
décision sans le consentement des parties.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous allez avoir une loi qui va être... Un
décret qui n'a pas de durée, qui n'a pas d'année de
durée.
M. BOURASSA: On va avoir la commission Cliche qui va nous faire cette
recommandation. Quant à nous, M. le Président, on serait
d'accord, si...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 1, adopté?
M. BOURASSA: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Avec amendement.
M. BOURASSA: Bien...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 2?
M. BOURASSA: Sauf les fautes de français, mais je pense
que...
M. COURNOYER: C'est "incapacité", plutôt que
"impossibilité".
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 2, adopté?
M. BURNS: Adopté. C'est une concordance.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 3?
M. BELLEMARE (Johnson): Attendez!
UNE VOIX: Cela va?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. BOURASSA: Bon, bien...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Article 4, adopté?
UNE VOIX: Ah oui!
M. BOURASSA: Je veux féliciter l'Opposition, M. le
Président, pour sa collaboration.
M. BELLEMARE (Johnson): ...réparation pour ce que vous nous avez
dit ce matin. On est de la partisanerie. Ce n'est pas vrai.
M. BOURASSA: C'est...
M. BURNS: Ce matin, vous nous avez accusés de tous les maux,
là on vous a fait d'un projet de loi qui était absolument
inacceptable, un projet de loi qui a une couleur d'acceptabilité.
M. BOURASSA: C'est le pardon de Noël qui s'applique aux membres de
l'Opposition.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas seulement le pardon, c'est le ferme
propos et vous ne l'avez pas, vous.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je remercie tous les membres de la
commission pour leur bonne collaboration.
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration ajourne ses travaux.
M. BOURASSA: Sine die.
(Fin de la séance à 16 h 23)