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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Audition de la Commission des accidents du
travail
Séance du jeudi 10 avril 1975
(Dix heures vingt minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration: A l'ordre, messieurs!
Un bref mot de bienvenue aux membres de la commission et à leurs
assistants, adjoints, etc. Les membres de la commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration, pour la séance de ce matin, sont les
suivants: MM. Bellemare (Johnson), Saint-Germain (Jacques-Cartier), Boudreault
(Bourget), Burns (Maisonneuve), Lessard (Saguenay), Ciaccia (Mont-Royal),
Cournoyer (Robert Baldwin), Déziel (Saint-François), Harvey
(Charlesbourg), Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart
(Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Ver-reault (Shefford).
Si la commission est d'accord, le rapporteur pour les séances de
cette commission serait M. Lachance (Mille-Iles) à condition qu'il
accepte.
M. Lachance: Je suis d'accord.
Le Président (M. Séguin): M. Lachance sera
rapporteur.
M. Burns: Je laisse la parole.
Le Président (M. Séguin): Speak now or, for ever,
keep your peace. Je cède la parole au ministre du Travail.
Convocation de la commission
M. Cournoyer: La convocation de la commission parlementaire,
même si elle ne s'inspire pas d'une décision du Parlement, de ce
Parlement-ci, pour éviter les procédures, j'aimerais qu'on
s'entende immédiatement pour dire que le mandat de la commission
parlementaire est identique à celui qui avait déjà
été voté par le Parlement, dans l'autre session.
M. Burns: Est-ce que vous admettez que c'est le mandat du
Parlement précédent qui nous fait siéger aujourd'hui?
M. Cournoyer: Je ne voudrais pas entrer dans...
M. Burns: Parce que cela pourrait avoir une certaine incidence
sur le cas de United Aircraft.
M. Cournoyer: Disons que, comme je ne suis pas ici pour discuter
du cas de United Aircraft, je dis que je prends le mandat...
M. Burns: On ne discutera pas du cas de United
Aircraft, sauf que, si vous admettez que c'est le même mandat que
celui qui nous a été donné, en vertu...
M. Cournoyer: Je n'admets pas que ce soit le même
mandat.
M. Burns: ... de la motion du député de Beauce-Sud,
dans l'autre Parlement...
M. Cournoyer: Je n'admets pas que ce soit le même
mandat.
M. Burns: ...à ce moment-là, il faudrait
peut-être suivre la même règle dans le cas de United
Aircraft.
M. Cournoyer: M. le député de Maisonneuve, je
n'admets pas que ce soit le même mandat, mais c'est une copie du mandat
qui a été obtenu l'an passé.
M. Burns: Qui nous a donné le mandat alors pour
siéger?
M. Cournoyer: C'est le ministre du Travail qui a annoncé
la convocation de la commission parlementaire pour étudier les
problèmes de la Commission des accidents du travail,
administrativement...
M. Burns: Alors, quel mandat a donné le ministre du
Travail à la commission?
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi est-ce qu'on est ici, dans ce
cas, M. le Président? On est ici pour une raison bien valable. Nous
avonsété convoqués. Pourquoi?
M. Cournoyer: En premier lieu, il s'agit de s'occuper des
maladies industrielles, dont l'amiantose.
M. Bellemare (Johnson): Qui dit ça, que c'est en premier
lieu?
M. Cournoyer: C'est notre mandat.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai vu ça nulle part.
M. Cournoyer: Disons que je vous demande de le faire; si vous ne
voulez pas le faire, ce n'est pas pareil.
M. Bellemare (Johnson): Une minute. Il y a la question de
l'administration également.
M. Burns: ...sa motion.
M. Cournoyer: Est-ce qu'on doit procéder?
M. Roy: J'aimerais bien revenir sur la motion que j'avais
présentée le 22 mai I974, à l'Assemblée nationale,
et qui a été adoptée le 29 mai I974 à
l'unanimité de la Chambre.
Cette motion avait pour but de demander que soient convoqués les
adminitrateurs, les dirigeants de la Commission des accidents du travail, aux
fins
d'étudier les procédés d'administration,
d'indemnisation, le processus de décision de la Commission des accidents
du travail, ainsi que tout autre sujet relatif aux affaires de cette
commission.
C'était le but de la motion et cette motion a été
adoptée. C'est ce qui avait été dit, qui avait
été convenu, que le mandat de la commission, en premier lieu,
comportant cela.
Ce matin, on sait que le gouvernement a attendu, comme d'habitude,
à la dernière minute, attend qu'il y ait des conflits, attend
qu'il y ait conflagration quelque part. Ce n'est quand même pas normal,
à la suite d'un ordre de la Chambre, d'une décision de la
Chambre, qui a été prise le 29 mai I974, qu'on attende II mois et
qu'on attende un autre Parlement, avant de convoquer la Commission des
accidents du travail.
Si nous n'étions pas intervenus en ce qui me concerne, je
suis intervenu à maintes et maintes reprises à la période
des questions, en vertu de l'article 34 de notre règlement pour
savoir quand la Commission des accidents du travail allait siéger... On
décide maintenant de faire siéger la Commission des accidents du
travail, il y a toute une question de procédure, une question
légale. Il s'agit de savoir si c'est une motion qui est
étudiée à la suite d'une décision d'un ancien
Parlement, ce qui a pour objet de créer un précédent qui,
comme le disait le député de Maisonneuve, pourrait être
utilisé dans le cas de la compagnie United Aircraft, ou s'il s'agit
d'une nouvelle convocation de la Commission des accidents du travail pour
étudier un problème particulier.
M. le Président, il n'y a pas eu de motion faite en Chambre comme
telle, pour définir le mandat précis de la commission. Le seul
mandat que nous avons actuellement, c'est le mandat qui se rattache à la
motion du 22 mai 1974. A ce moment-là, cela pouvait toucher tout ce qui
regarde de près ou de loin la Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: Je n'ai pas l'intention de vous empêcher de
toucher tout ce qui regarde la commission, de près ou de loin, à
ce moment-ci, en vous proposant, comme commission parlementaire, de
déterminer votre propre mandat, en s'inspi-rant de ce qui a
déjà été décidé par l'ancien
Parlement, l'ancienne Assemblée.
Je ne vais même pas me quereller avec vous autres. Vous voulez
regarder la Commission des accidents du travail, vous allez la regarder de fond
en comble, si vous voulez la regarder de fond en comble.
M. Burns: M. le Président, je propose que la motion qui a
été adoptée par le Parlement précédent soit
le guide de notre mandat à cette commission parlementaire,
c'est-à-dire, la motion qui a été déposée
par le député de Beauce-Sud.
M. BeIlemare (Johnson): M. le Président, il faut
absolument que cela soit fait, parce que, en vertu du règlement, il est
bien entendu que toutes les décisions qui sont prises, que toutes les
choses qui sont adoptées, q ue toutes les motions q ui sont
adoptées, ou qui sont au feuilleton, tombent à la fin d'une'
session. Cela devient statut.
A partir de là, la motion que fait le député dit,
par exemple: La clôture d'une session annule tous les. ordres qui
en vertu de l'article 6 n'ont pas été complètement
exécutés, sauf les ordres de produirez des documents.
M. le Président, la motion du député...
M. Burns: De Beauce-Sud.
M. Bellemare (Johnson): ... de Beauce-Sud.. Non, mais la
proposition qu'a faite le député de...
M. Burns: Maisonneuve.
M. Bellemare (Johnson): ... Maisonneuve est parfaitement
justifiée, parce que, notre mandat, ce matin, en vertu du
règlement, est complètement irrégulier. Cela fait
longtemps qu'on demande, je pense, au ministre de convoquer la Commission des
accidents du travail. J'ai, dès mon arrivée en Chambre,
manifesté un désir véhément de rencontrer ces
messieurs que je connais pour la plupart dont les talents sont remarquables.
Mais, je pense, M. le Président, qu'il y a peut-être des choses
qui sont intéressantes à savoir. J'ai posé moult questions
au feuilleton et je n'ai pas eu de réponse. Je vais m'habituer à
cela. Je vais m'y habituer si je ne suis pas habitué, mais je pense que,
ce matin, on a une belle occasion de regarder l'administration de la
commission.
Ce n'est pas notre faute si le ministre ne l'a pas convoquée
avant. On est justement ici pour régler un problème qui
traîne en longueur depuis longtemps, à savoir ce qui se passe. Il
y a des critiques véhémentes, il y a des déclarations qui
ont été faites par son président. Il faudrait
peut-être discuter de cela aussi. Il y a peut-être eu des
commissions, il y a peut-être eu des comités d'étude qui
ont fait certaines remarques. Il serait peut-être intéressant de
connaître tout cela, parce que, dans l'opinion publique, M. le
Président, la commission est vertement critiquée. Elle l'a
été de mon temps, elle l'est encore et elle le sera demain. Mais
je dis quil y a actuellement des problèmes, surtout qui sont venus au
point de vue organique, parce qu'on a séparé le centre de
réadaptation de la commission elle-même. On allait à un
gros problème. On voudrait surtout connaître les résultats
de cela.
La proposition qu'a faite le député, je serais bien
d'accord qu'on ait un mandat, que le mandat soit bien explicite, qu'on reprenne
la proposition qui a été faite lors de la dernière
session, qu'elle soit une motion officielle et qu'on l'accepte.
M. Cournoyer: Je suis d'accord sur non pas la motion du
député, mais je suis d'accord sur la suggestion du
député de Johnson à l'effet de reproduire, comme mandat de
cette commission, par cette commission, le texte qu'il nous a lu.
M. Bellemare (Johnson): Pour ne pas nous lier seulement à
un cas particulier.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que je prendrais la motion qui
a été adoptée par le Parlement et j'en ferais une motion
de cette commission parlementaire.
M. Burns: C'est ce que j'ai proposé, M. le ministre.
M. Roy: J'appuie la motion.
M. Cournoyer: On est en train de négocier avec vous, mais
je vous vois venir tout le temps.
M. Burns: Non, vous ne me voyez jamais venir.
M. Cournoyer: Disons à ce coup-ci, si je vous ai mal vu
venir, j'entretiendrais très facilement la reproduction de la motion du
Parlement par la commission.
M. Burns: C'est ce que j'ai proposé. M. Cournoyer:
Reproduisez-la.
M. Roy: Je vais appuyer... M. Cournoyer: S'il vous
plaît!
M. Roy: Je vais la citer textuellement telle qu'elle
apparaît au journal des Débats. La motion telle qu'amendée,
il y avait eu un amendement à la fin.
Le Président (M. Séguin): Voulez-vous aller
très lentement, c'est que je dois écrire cette motion.
M. Roy: D'accord, M. le Président, avec plaisir. "Que soit
convoqué dans un délai raisonnable..."
Je tiensàdire au ministre tout de suite que ces mots...
M. Bellemare (Johnson): C'est raisonnable.
M. Roy:... ne sont pas de moi, c'est un amendement qui avait
été proposé par le côté ministériel,
dans un délai raisonnable parce que j'avais des doutes.
M. Cournoyer: M. le Président, j'essaie de vous dire que,
si vous reproduisez intégralement la motion du Parlement, vous
êtes déjà là.
M. Roy: "... que soit convoquée dans un délai
raisonnable la commission permanente du travail...
M. Bellemare (Johnson): Raisonnable... M. Cournoyer: Elle
se convoque.
M. Roy: ... de la main-d'oeuvre et de l'immigration avec mandat
d'entendre les officiers de la Commission des accidents du travail, ainsi que
tout témoin que la commission jugera utile...
Le Président (M. Séguin): Ainsi que tout
témoin...
M. Roy: ...aux fins d'étudier les procédés
d'administration et d'indemnisation, le processus de décision de la
Commission des accidents du travail, ainsi que tout autre sujet relatif aux
affaires de cette commission.
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais demander au ministre si dans
tout autre sujet, on pourrait inclure l'IVAC.
M. Cournoyer: L'IVAC, ce sont les victimes d'actes criminels.
M. Bellemare (Johnson): II y a dans cela...
M. Cournoyer: C'est consécutif. Ce sont les mêmes
procédés.
M. Bellemare (Johnson): C'est vous autres qui décidez.
M. Cournoyer: C'est la commission qui l'administre.
M. Bellemare (Johnson): C'est un procédé
d'administration...
M. Cournoyer: Et d'indemnisation. Le processus de décision
de la Commission des accidents du travail, ainsi que tout autre sujet.
Le Président (M. Séguin): Mïnspirant de cette
motion, des commentaires qui ont été faits par le ministre du
Travail, par le leader parlementaire de l'Opposition officielle et des autres
commentaires qui ont été faits, je suspends les travaux de cette
commission pour environ quinze minutes.
M. Bellemare (Johnson): Qu'y a-t-il?
Le Président (M . Séguin): Je veux voir, si vous
voulez... D'ailleurs, je ne suis pas obligé de donner d'explication. Je
peux suspendre.
M. Burns: C'est votre droit.
Le Président (M. Séguin): Absolument! C'est
ça!
Je vais quand même donner une des raisons. C'est que je voudrais
m'assurer que nous n'établissons pas une procédure nouvelle en
adoptant un ancien mandat à une nouvelle session. Une fois que je serai
éclairé sur ce sujet, je reviendrai et on pourra discuter de
votre motion ou vous faire une proposition nouvelle.
M. Burns: D'accord, M. le Président!
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux de 15 à 20 minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 34)
Reprise de la séance à 10 h 53
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
Je dois constater, ainsi que les membres de la commission, je pense, que
la commission n'est pas réellement mandatée si on doit se baser
tout simplement sur la motion du 22 mai 1974 et approuvée par la Chambre
le 29 mai 1974.
Tout de même, si les parties sont consentantes,
c'est-à-dire les membres de la commission, et dans l'esprit que nous
avons ici beaucoup de personnes assemblées, membres de la Commission des
accidents du travail et membres de la commission de l'Assemblée
nationale, nous pourrions, si vous étiez consentants, accepter ou
adopter pour la séance ou les séances d'aujourd'hui la motion ou
le mandat tel que proposé et adopté par la Chambre au mois de
mai.
Cela ne vaudra tout de même que pour la partie de la
journée pendant laquelle noussiégerons. C'est que nous devrions
faire ratifier cette motion, ce mandat à nouveau par la Chambre ce soir
pour nos rencontres subséquentes.
M. Bellemare (Johnson): En vertu de l'article 152? Il est
très clair.
Le Président (M. Séguin): Si les membres donc sont
consentants à procéder de cette façon, en utilisant,
à cause des raisons données, ce qui nous est proposé comme
motion ici, comme mandat, je suis prêt à procéder
immédiatement. Mais je voudrais qu'il soit bien clair que nous ne
désirons en aucune façon établir une nouvelle
procédure ou créer un précédent.
Je demande tout simplement la coopération de tout le monde ce
matin afin de pouvoir faire démarrer les études que nous avons
devant nous à cette commission aujourd'hui.
Nous retournerons à la Chambre ce soir pour demander un
renouvellement du mandat qui sera aussi spécifique et sur lequel la
Chambre se prononcera, votera autrement dit.
Donc, ai-je le consentement des membres de la commission pour adopter
pour la journée d'aujourd'hui, jusqu'au renouvellement ce soir, lorsque
la Chambre siégera, le mandat tel qu'énoncé par le
député de Beauce-Sud.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, seulement une
observation. Vous parlez de l'ajourner. Je suis bien d'accord. Est-ce que
l'ajourner...
Le Président (M. Séguin): Je suspends les travaux
à 18 heures.
M. Bellemare (Johnson): 18 heures, oui.
Le Président (M. Séguin): Je suspendrai les travaux
à 18 heures jusqu'à la reprise des travaux de la Chambre à
20 h 15.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que je dois comprendre
qu'après la période des questions réglementaires, on aura
à siéger de nouveau ici à la commission?
Le Président (M. Séguin): Je pourrais, au cours de
la journée, vous confirmer cela. Dans le moment je ne peux pas
présumer des travaux de la Chambre ou de ce qu'on voudra adopter ce
soir. Je ne peux pas présumer de cela.
M. Roy: Parce que la Chambre est convoquée pour 20 h
15.
Le Président (M. Séguin): 20 h 15.
M. Roy: Si on examine le temps que prennent normalement les
affaires courantes de la période des questions, cela nous porte à
21 h 30.
M. Bellemare (Johnson): La déclaration
ministérielle du premier ministre.
M. Roy: Après cela, il va certainement y avoir la
déclaration ministérielle du premier ministre, du moins on le
présume. On a le droit de le présumer. Cela peut même
dépasser 21 h 30. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'examiner cet
aspect le plus tôt possible de façon que nos invités, les
gens qui sont ici, puissent en être informés afin qu'ils puissent
s'organiser en conséquence.
Le Président (M. Séguin): Je pense que je pourrai
faire part, au cours de l'après-midi, dune décision
là-dessus en ce qui concerne ce soir, après souper, par exemple.
Je devrai, de toute façon, si vous y consentez, procéder à
l'intérieur du mandat déjà proposé par motion ici
à la commission, quitte à ce que ce soit renouvelé
à la première séance de l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire ce soir. Pour vous dire ce qui arrivera après, la
commission est à la merci de la Chambre, des ordres de la Chambre.
M. Roy: Est-ce qu'on pourrait demander que cela se fasse tout de
suite dès l'ouverture de la commission cet après-midi?
Le Président (M. Séguin): Encore là...
M. Roy: Personnellement, pour les membres de la commission, cela
ne pose pas tellement de problèmes. C'est pour les gens de
l'extérieur qui sont ici.
Le Président (M. Séguin): Cela peut être
demandé, mais il faudrait que cette demande soit faite au
président de l'Assemblée nationale pour intervenir dans l'ordre
normal de sa présentation des travaux.
Si on est consentant à procéder avec ce mandat... Il est
bien compris que le mandat... Je vais le lire: Que soit convoquée, dans
un délai raisonnable, la commission permanente du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration avec mandat d'entendre les officiers de la
Commission des accidents du travail ainsi que tout témoin que la
commission jugera utile, aux fins d'étudier les procédés
d'administration et d'indemnisation, le processus de décision de la
Commission des accidentsdu travail, ainsi que tout autre sujet relatif aux
affaires de cette commission.
Ce serait le mandat pour aujourd'hui, et toujours dans le contexte que
nous présumons, que le mandat sera renouvelé par la Chambre ce
soir.
M. Bellemare (Johnson): En vertu de l'article 152, s'il y a des
instructions supplémentaires à nous donner pour étendre
les pouvoirs de notre commission, on se servira de cet article pour le
demander.
Le Président (M. Séguin): Je ne demanderai pas que
la Chambre répète exactement cela, on verra la motion qui sera
présentée et cette motion sera dé-battable.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, M. le Président...
M. Burns: C'est demandable.
M. Bellemare (Johnson): C'est demandable, c'est sûr.
M. Cournoyer: C'est une motion qui est présentable.
M. Bellemare (Johnson): Dans cette motion que vous venez de lire,
M. le Président, il est question de comparution de personnes.
Le Président (M. Séguin): C'est ça.
M. Roy (Beauce): Tout témoin utile, c'est ça.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je ferais une
motion, au départ.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'on peut
s'entendre sur la façon que j'ai suggérée?
M. Bellemare (Johnson): D'accord, j'accepte ça.
Le Président (M. Séguin): Vous êtes d'accord
là-dessus?
M. Burns: Oui. Motion pour entendre des témoins
M. Bellemare (Johnson): C'est mon second point maintenant. Je
voudrais faire motion pour qu'on entende, parmi les témoins, quelques
personnes que j'aurais à suggérer, que ces personnes soient ici
pour qu'on puisse les interroger. Je voudrais faire comparaître M.
Saint-Georges White. Il y a peut-être d'autres membres de la commission
qui ont des noms.
M. Roy (Beauce): Oui, j'ajouterais M. Pierre De-lagrave. Je vais
appuyer la motion du député de Johnson, à condition qu'il
accepte qu'on ajoute ce nom.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord. S'il y en a d'autres
à entendre aussi.
M. Lecours: J'aurais deux documents que j'aimerais voir
déposer ici devant cette commission.
Le Président (M. Séguin): Un instant, j'ai une
motion.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que d'autres membres...
Le Président (M. Séguin): II faut combiner cette
motion pour les deux personnes.
M. Bellemare (Johnson): Le député de Beauce-Sud
ajoute le nom de Pierre Delagrave, est-ce qu'il y en a d'autres parmi les
membres de la commission qui auraient des gens à inviter à la
commission pour les questionner?
Le Président (M. Séguin): Pour le moment, il s'agit
de témoins.
M. Roy (Beauce): II y a évidemment les officiers actuels
de la Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: Ils sont déjà dans la motion.
M. Burns: Sur la motion, M. le Président, je n'ai pas
d'objection, au contraire, j'endosse entièrement la motion qui a
été proposée par le député de Johnson et
complétée par le député de Beauce-Sud. J'aimerais
savoir cependant, à ce stade-ci, avant de voter sur la motion et
d'autres motions semblables, si c'est l'intention de la commission de faire
venir ou d'inviter des personnes qui ont des choses à nous dire en
matière d'accidents de travail? Je pense, par exemple, aux centrales
syndicales. Ce matin, j'ai reçu peut-être que les autres
membres en ont reçu aussi un mémoire préparé
par la FTQ. Je vois M. Emile Boudreault, qui m'a remis ce mémoire, je
pense qu'il en a des copies pour les autres membres de la commission, ceux qui
n'en auraient pas reçu. Je sais que la CSN est très
intéressée à comparaître également, et
possiblement la CSD, je ne le sais pas.
M. Roy (Beauce): Michel Rioux, de la CSN.
M. Burns: Exactement. J'aimerais que le ministre nous dise s'il a
l'intention, quitte à faire ça à une autre séance,
de recevoir des témoignages de parties intéressées mais
non des témoins comme tels, qu'on pourrait assigner.
M. Cournoyer: M. le Président, je crois utile que tous
ceux qui ont vécu les expériences de la Commission des accidents
du travail dans le passé et qui voient l'avenir d'une certaine
façon, puissent l'exprimera la commission parlementaire du travail et de
la main-d'oeuvre.
La seule chose que j'aurais comme réserve, c'est qu'il ne
faudrait quand même pas qu'on traîne cela longtemps, longtemps. Il
serait peut-être possible et utile d'inviter, comme commission
parlementaire, ceux qui ont quelque chose ou qui voudraient s'exprimer ici, de
l'indiquer au secrétariat des commissions parlementaires et de dire
dans
quel délai ils pourraient venir présenter leurs affaires
ici.
Je conviens assez facilement que la commission parlementaire
aété convoquée principalement, à ce moment-ci, pour
étudier la question des maladies industrielles. Mais je conviens
également que le mandat est celui que nous avons. Comme il est beaucoup
plus large que les seules maladies industrielles, il y a peut-être des
gens qui, à l'intérieur de dix jours, n'ont pas eu le temps de se
préparer à venir ici. Même pour le mémoire de la
GTQ, on m'a dit hier que ce n'était pas tout ce que nous avions à
dire sur la question de la Commission des accidents du travail; c'était
quelque chose de préparé pour une certaine donnée, mais
ils ont autre chose à ajouter à cela.
Je pense qu'à titre de suggestion, je retiens comme suggestion,
à ce moment-ci, que nous invitions ceux qui ont quelque chose à
dire au sujet de la Commission des accidents du travail ou à
l'intérieur du mandat qui est très vaste, tel que nous l'avons lu
tantôt. A ce moment-là, qu'ils avisent le secrétariat des
commissions et nous réunissons la commission parlementaire du travail et
de la main-d'oeuvre à une autre date qui satisferait plus ceux qui ont
quelque chose de sérieux à dire.
M. Roy: II y a aussi des organismes... Il ne faudrait pas non
plus se perdre en procédure. Je suis bien d'accord pourqu'on permette
aux organismes qui le désirent de se faire entendre, mais, comme la
commission a également le pouvoir de faire comparaître devant elle
des personnes ou des organismes, si elle le désire, je pense que, si on
donnait tout de suite les noms de ceux que nous aimerions voir devant la
Commission des accidents du travail, cela éviterait toute cette
procédure.
M. BeIlemare (Johnson): M. le Président, pour rejoindre la
proposition de l'honorable député de Maisonneuve, je suis
parfaitement d'accord pour qu'on entende toutes les centrales d'abord, mais
aussi la partie patronale. Celle qui est sous la présidence de M.
Perreault...
M. Burns: Conseil du patronat.
M. Bellemare (Johnson): Conseil du patronat, et aussi parce que
je pense que c'est bien important de connaître la version de ceux qui ont
à payer l'administration. Je parle en ressources, en argent. Les
ouvriers aussi ont le droit de se faire entendre par leurs centrales, parce
qu'eux aussi paient indirectement une contribution, par leur santé, par
les accidents de travail, etc.
Je pense que le Conseil du patronat, M. Perreault et les autres, devrait
être inclus dans cette convocation possible.
M. Cournoyer: Dans la suggestion, je les invitais, je demandais
à la commission de les inviter à nous faire valoir leur
désir de comparaître, plutôt que nous, les convoquer. Le
danger, en voulant les convoquer, c'est que nous oubliions de convoquer du
monde qui voudrait peut-être venir devant nous.
En les invitant et en leur disant d'informer le secrétariat des
commissions qu'ils ont l'intention de présenter un mémoire ou de
présenter leurs opinions ici, d'une façon très
générale, cela inclurait très probablement cette
association qu'on appelle Association des accidentés de travail, par
exemple, qui a été formée depuis un certain temps, qui a
peut-être quelque chose à dire.
Qu'ils nous avisent, pour éviter d'attendre ici, afin qu'on
puisse faire un certain ordre des représentations qui pourront se faire
ici.
M. Bellemare (Johnson): La seule difficulté que je vois
dans la remarque du ministre, c'est la date possible. C'est difficile pour un
organisme, quel qu'il soit, de prévoir, dans le temps qu'il aurait la
convocation à la commission parlementaire du travail.
M. Cournoyer: Pour placer, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Si on laissait une date...
M. Cournoyer: Normalement, si on convoque et qu'on attend des
mémoires, on m'a laissé entendre qu'on donnait un avis de trente
jours. C'est peut-être traditionnel, ce n'est peut-être pas inscrit
dans des règles de procédure, mais on dit: Vous avez trente jours
pour le faire, vous avez trente jours pour vous préparer à
présenter vos mémoires, comme...
M. Bellemare (Johnson): II ne faudrait pas fermer
hermétiquement la porte à ceux qui n'ont pas...
M. Cournoyer: Cela veut dire que les parties pourraient nous
indiquer quand elles pourraient être prêtes à
présenter un mémoire et c'est mon intention de le faire.
M. Bellemare (Johnson): Que le ministre tentait de fixer une date
et qu'il annonce officiellement que la commission parlementaire du travail se
réunira pour entendre les membres de la commission et d'autres, toutes
les associations qui y ont intérêt, patronales, syndicales ou
autres, et que la date soit à peu près fixée. Je pense que
cela rassurerait tout le monde. On aurait quelque chose de positif, parce que,
autrement, si on laisse cela dans le temps, le délai raisonnable
pourrait devenir déraisonnable.
M. Roy: Cela peut prendre encore onze mois.
M. Bellemare (Johnson): Cela peut aller peut-être à
l'autre élection. Ce n'est pas sûr que vous seriez là.
'
M. Cournoyer: Une chance qu'on n'a pas fait cela pendant que vous
n'étiez pas là.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Cournoyer: Une chance qu'on n'a pas fait cela pendant que vous
n'étiez pas là.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! Une chose est
sûre, c'est que je me serais rendu avec beaucoup de grâce,
même devant mon ancien ministre.
Le Président (M. Séguin): Je dois admettre que...
Le député de Saguenay.
M. BeIlemare (Johnson): Mon ancien supérieur.
Le Président (M. Séguin): C'est qu'on semble
s'éloigner un peu de la motion, même si ce sont des explications
très avantageuses.
M. BeIlemare (Johnson): D'accord, c'est le ministre qui
dérogeait au règlement.
Le Président (M. Séguin): Et le ministre et le
député de Johnson. Le député de Saguenay avait
demandé la parole.
M. Lessard: M. le Président, simplement quelques mots sur
la motion qui a été présentée concernant la
convocation des témoins. Je n'ai pas l'intention de soumettre une
série de noms, mais je pense qu'on doit s'accorder sur le fait que toute
personne, par exemple, tout fonctionnaire actuellement à la commission
des accidents du travail, que ce soit un agent évaluateur ou un agent de
réclamation, etc., puisse être interrogé à cette
commission parlementaire et réponde à nos questions sur certains
dossiers qu'on voudrait discuter à cette commission parlementaire.
M. Cournoyer: Je suis un peu moins d'accord. C'est la commission
qui est responsable de ses employés. Le fait qu'on parle de M.
Saint-Georges White ou de M. Pierre Delagrave, ce sont deux anciens officiers
supérieurs de la commission, je n'ai pas d'objection, parce que M.
Delagrave très certainement est sorti tototalement de la commission.
Qu'on veuille lui parler, je trouve cela correct. Mais, dans la
responsabilité, telle qu'elle est, à mon sens, ce n'est pas un
procès. La commission est là pour représenter son
personnel et prendre lieu et place de son personnel.
M. Lessard: M. le Président, je suis bien d'accord, mais
il me semble que les administrateurs de la commission ne peuvent pas
complètement connaître, à un moment donné, toutes
les différentes procédures quand il s'agit d'un dossier
spécifique. Ace moment, j'accepterais en fait que la personne en
question, je n'ai pas l'intention de donner des noms, mais par exemple, si une
personne de la Commission des accidents du travail désire donner des
explications concernant certaines interventions qui ont pu être faites et
qui m'apparaissaient, en tout cas, être en dehors des droits de la
Commission des accidents du travail, je trouverais normal que ces personnes
puissent venir nous donner les explications nécessaires.
M. Cournoyer: Si je prends votre raisonnement, je le prends
différemment de la première remarque que vous aviez faite. C'est
que si la commission juge qu'elle a besoin de quelqu'un pour expliquer telle ou
telle chose technique, la Commission, non pas parlementaire, mais des accidents
de travail, qu'elle le fasse. La commission est responsable devant l'opinion
publique des gestes posés par ses fonctionnaires. C'est le même
principe.
M. Lessard: On verra.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
Est-ce que la motion telle qu'énoncée par le député
de Johnson et appuyée par le député de Beauce-Sud, est
agréée, toujours dans le contexte des réponses du
ministre, du mandat que nous avons, parce que la motion est recevable,
basée sur ce que nous avons aujourd'hui comme mandat provisoire? Le
député de Maisonneuve.
M.Burns:Toujours sur la motion, je ne pense pas que je doive y
ajouter les noms de deux personnes dont je veux parler immédiatement,
mais j'aimerais savoir si c'est l'intention du ministre du Travail d'inviter
à cette commission deux autres de ses collègues du cabinet, le
ministre de l'Environnement et le ministre des Richesses naturelles, lesquels,
chacun dans leur domaine, ont à toutes fins pratiques des juridictions
concurrentes. Je pense que le député de Charlesbourg me souligne
que le ministre des Affaires sociales devrait, à un moment donné
ou à un autre, avec ses deux autres collègues venir participeraux
travaux de la commission, parce que, je ne le dis pas méchamment, je
présume que le ministre du Travail, à un moment donné, va
être obligé de dire: Cela relève du ministère de
l'Environnement, cela relève du ministère des Richesses
naturelles, l'aspect des mines, par exemple, cela relève du
ministère des Affaires sociales. Est-ce qu'il y aurait moyen dans le
fond de faire une table ronde véritable à ce niveau? Je sais bien
que, même en ajoutant le nom de ces trois ministres dans la motion, cela
ne change rien. Je fais la suggestion, en tout cas, qu'à un moment
donné ou à un autre de nos travaux, ces trois ministres viennent
s'adjoindre à nous pour compléter...
M. Cournoyer: M. le Président, je pense bien que...
M. Burns:... à leur point de vue les informations qu'on
pourrait peut-être obtenir.
M. Cournoyer: M. le Président, je ne veux pas être
procédurier, mais nous avons convoqué, tel que c'était
inscrit ici, la Commission des accidents du travail dans les mandats qui lui
sont dévolus par la loi. Je sais bien qu'il y a tout le problème
de la sécurité, de la multiplication des centres au point de vue
préventif. Il est possible que la commission fasse des remarques sur la
prévention. A ce moment, je pense bien que ce sera au Parlement de
décider de la nature du mandat. Je n'ai pas d'objection à
discuter du mandat, d'un autre mandat d'une autre commission parlementaire,
mais celle-ci a été convoquée pour entendre la Commission
des accidents de travail et d'autres témoins, mais sur les sujets de la
Commission des accidents de travail, les
procédés d'indemnisation. Je relisais tantôt la
motion. Il s'agit d'entendre la commission. Si je les mêle trop à
ce moment-ci, on n'entendra pas la commission, on n'entendra pas les
problèmes qui sont des problèmes de la commission. Il peut
arriver que, pendant l'étude, pendant les auditions que nous faisons, il
y ait des choses sous l'autorité d'autres ministères ou d'autres
ministres. A ce moment, ce que nous avons devant nous, c'est la Commission des
accidents de travail. Le mandat qui a été accepté par le
Parlement, c'était de convoquer la Commission des accidents de travail
et d'autres témoins qu'on jugera utile de convoquer.
Je suggère que si on juge utile, à un moment donné,
d'avoir des gens du ministère des Affaires sociales sur telle ou telle
chose qui s'est produite comme, par exemple, le Centre de réadaptation,
qui est passé aux Affaires sociales, ou encore des gens de la Caisse de
dépôt sur la façon dont ils administrent les fonds
maintenant que les fonds sont sous la responsabilité de la Caisse de
dépôt plutôt que sous l'autorité exclusive de la
commission, on le jugera à ce moment-là. Pour le moment,
j'aimerais me référer, à ce moment-ci du moins, à
cette idée de motion qui était de convoquer la Commission des
accidents du travail pour lui poser des questions sur ses
procédés administratifs, sur ses procédés
d'indemnisation et sur les difficultés qu'elle peut avoir à
mettre en vigueur un certain système qui permette aux accidentés
du travail d'être, comment dit-on, bien traités et d'appliquer,
à toutes fins utiles, très rapidement le principe q ui a
été établi par la publicité selon lequel "la paie,
ça n'attend pas".
M. Burns: Oui, j'ai vu cela quelque part. Le Président
(M. Séguin): Le député de...
M. Burns: Non, mais je veux seulement signaler ceci au ministre.
Ecoutez, ce n'est pas moi qui le dis. Même un des vice-présidents
de la commission, M. Jean-Marc Jodoin, dans une de ses récentes
conférences, a parlé des sept juridictions provinciales
desquelles relèvent les accidents de travail. Il a parfaitement raison.
C'est un des problèmes. On va se plaindre de l'inefficacité de la
commission, c'est bien sûr. Mais un des problèmes possibles qui
peuvent nous dire pourquoi cette commission est tellement inefficace, c'est
qu'il y a plusieurs juridictions qui sont impliquées là-dedans.
Il me semble que ce ne serait que normal que ce même gouvernement, qui a
au moins quatre ou cinq autorités... En tout cas, j'en oublie un. Il y a
le ministre de la Justice également qui, je pense, aurait
peut-être des choses à nous dire sur l'application de la loi,
quant aux employeurs qui font fi des règles de sécurité
minimales...
M. Lessard: L'IVAC aussi...
M. Burns: L'IVAC également qui relève de lui. Il me
semble, en tout cas, que le ministre ne devrait pas fermer la porte sur... ce
n'est pas une motion que je fais, mais c'esttout simplement une invitation
à ce que certains autres ministres puissent, à un moment
donné, venir non pas comparaître, mais nous livrer leur point de
vue relativement à ce qu'on va discuter au cours de cette
commission.
M. Cournoyer: C'est seulement parce que je crois que le mandat
que nous avons ou que nous nous sommes donné, c'est d'entendre la
Commission des accidents du travail et d'autres témoins jugés
utiles. On les juge utiles au moment où on a à discuter avec la
Commission des accidents du travail, mais c'est, à mon sens à
moi, impératif que nous reliions ces témoins jugés utiles
à ce mandat général qu'on a voulu donner. On a voulu
entendre la commission au sujet de ses procédés administratifs,
sur ses procédés d'indemnisation et la méthode qu'elle a
d'établir les incapacités. Parfait! Entendons-les
là-dessus. Mais quand il s'agit de prévention des accidents
industriels, je sais qu'il faut en parler à un moment donné. Je
sais que cela va arriver, certainement, sur la table de cette commission
parlementaire. C'est une commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre. Il est possible qu'à un moment donné, je sois
obligé ou tenu de dire que la sécurité dans les mines ne
relève pas du ministère du Travail, mais ça relève
du ministère des Richesses naturelles. Tout le monde le sait. Il est
possible aussi que... Pardon?
M. Lessard: ... malheureusement... Pas nécessairement en
faveur du ministre du Travail.
M. Cournoyer: Non. Je suis convaincu que vous ne direz pas une
chose semblable sans avoir pensé aux conséquences qui pourraient
survenir.
Ce que je pense, c'est que s'il s'agit d'étudier la
sécurité, le mémoire de la FTQ est indicatif
là-dessus. Il n'est pas confus, mais il touche différents
aspects. Mais l'aspect sur lequel si on pouvait commencer on
serait immédiatement non pas bloqué, mais qu'on serait
obligé de regarder, c'est la Commission des accidents du travail, ses
procédés administratifs, ses procédés
d'indemnisation ou de détermination des indemnités. C'est
celaqui, en fait, fait l'objet du mandat. Je ne voudrais pas le limiter
à cela, mais il me semble que, si on veut le faire très vaste, on
n'a pas besoin de la Commission des accidents du travail ici,
immédiatement. On est aussi bien de prendre le comité
interministériel sur l'hygiène et la sécurité au
travail et dire: Prenons ce rapport et étudions le en commission
parlementaire. La commission est un des éléments
là-dedans.
M. Roy: M. le Président, si on me permet, il ne faudrait
pas oublier que cette convocation de la commission parlementaire du travail a
été demandée l'an dernier, et qu'une décision a
été prise suite aux événements qui se produisent
dans les régions de l'amiante.
Si on se réfère à la séance de
l'Assemblée nationale de mardi dernier, ce n'est pas le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre qui a fait une déclaration par rapport
à l'amiantose. C'est précisément le ministre des Richesses
naturelles qui a énoncé toute une série de politiques,
toute une série de mesures alors que nous savons très bien que le
ministère des
Affaires sociales s'est également penché sur cette
question et qu'il y a eu des déclarations publiques qui ont
été faites.
Alors, je reviens à la proposition du député de
Maisonneuve. Jetrouvequ'il n'estque normal actuellement que nous puissions, si
la commission le juge à propos, convoquerdevant la commission
parlementaire le ministre des Richesses naturelleset le ministre des Affaires
sociales, surtout ces deux ministres.
J'appuie entièrement la motion du député de
Maisonneuve. A ce moment, vous avez les ministres...
M. Lachance: Ce n'est pas une motion, c'est une opinion.
M. Roy: C'est une opinion qu'il a émise. J'appuie
entièrement cette demande. Comment peut-on interroger le ministre des
Richesses naturelles, suite à la déclaration qu'il a faite, si,
à un certain moment, on se réfère à lui en disant:
Voici, c'est une décision qui a été prise par le
ministère des Richesses naturelles. C'est le ministre des Richesses
naturelles qui a fait telle déclaration, qui a pris telle
décision.
J'ai été un peu surpris que cela soit le ministre des
Richesses naturelles qui fasse cette déclaration ministérielle.
Il me semble qu'il aurait été plus normal qu'elle ait
été faite par le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui
est responsable de la Commission des accidents du travail, bien que le
ministère des Richesses naturelles soit impliqué comme tel, j'en
conviens, mais je suis surpris ce matin de ne pas voir ici le ministre des
Richesses naturelles...
M. Harvey (Charlesbourg): II est en conférence à
Ottawa.
M. Roy: Je comprends...
M. Harvey (Charlesbourg): II se passe quelque chose à
Ottawa.
M. Roy: Mais j'espère quand même qu'il pourra
être ici à une prochaine séance.
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Jacques-Cartier sur une question de règlement.
M. Saint-Germain: Ecoutez, nous sommes réunis ici... Nous
avons établi la procédure et cela fait déjà une
heure et demie qu'on "placote" pour ne rien dire. On a tout ce qu'il faut pour
commencer nos travaux. On n'est pas venu ici pourécouter l'Opposition.
On est venu ici pour écouter les membres de la commission et je vous
demanderais de bien vouloir commencer. On se plaint que cela fait quatorze mois
qu'on attend la réunion de la commission et cela fait une heure et demie
qu'on perd du temps à parler de procédure. Alors,
commençons.
M. Roy: En cequi concerne le pointde règlement qui est
soulevé par le député, j'aimerais lui dire que la
commission a suspendu ses travaux tout à l'heure pendant au moins 20
minutes et qu'il y a eu d'autres choses qui ont été
discutées et cela ne dépend pas de l'Opposition. Si la Chambre
avait précisé le mandat de la commission ce matin, il est
évident que toutes ces questions auraient été
évitées, mais malheureusement...
M. Saint-Germain: On l'a accepté le mandat.
M. Roy:... on est en face d'une procédure et on est en
face d'une situation que nous devons clarifier.
M. Saint-Germain: On l'a accepté le mandat de la
commission. Cela a été accepté. Alors, qui y a-t-il
à dire? Tout ce que vous dites, vous pouvez le dire à la Chambre.
Ce n'est pas l'endroit pour le dire.
M. Bellemare (Johnson): Si le député pense que
l'Opposition a fait de l'obstruction pendant une heure et demie ce n'est pas
cela. Il y a eu 20 grosses minutes sur l'heure qui ont été prises
par le président en vertu de...
M. Saint-Germain: La cornmission a des conflits de juridiction.
Ecoutons-la.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord. M. Saint-Germain: Elle va
nous le dire
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Saint-Germain: Et en partant de cela, on verra.
M. Bellemare (Johnson): On va certainement procéder, mais
je pense qu'il était nécessaire d'établir notre mandat
avant de commencer, parce que...
M. Saint-Germain: C'est fait.
M. Bellemare (Johnson): ...c'est tellement une grosse affaire que
je pense qu'on devrait prendre le temps nécessaire parce qu'il y a bien
des choses en cause.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, sans vous
interrompre, nous avons devant nous une motion commentée amplement par
les membres de la commission et cette motion se lit comme suit: "Que cette
commission convoque M. Saint-GeorgesWhite et M. Pierre Delagrave pour qu'ils
répondent aux questions que pourront leur poser les membres de la
commission." Cette motion est-elle agréée?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté.
M. Bellemare (Johnson): Elle est proposée par le
député de Johnson.
Le Président (M. Séguin): Oui, c'est
déjà mentionné au journal des Débats. Je
cède donc la parole au député de...
M. Lecours: ... Frontenac.
Le Président (M. Séguin): ... Frontenac.
Motion pour dépôt de documents
M. Lecours: M. le Président, j'aimerais voir
déposer devant cette commission deux documents. J'en fais une motion:
"Que soient déposées devant la commission du travail et de la
main-d'oeuvre les différentes grilles d'évaluation
d'incapacité dont souffrent les travailleurs accidentés ou
atteints de maladie industrielle", et un autre document que j'aimerais bien
avoir: "Que soit déposée devant cette commission la liste de tous
les médecins agissant ou ayant agi au cours des cinq dernières
années comme experts permanents ou à temps partiel auprès
de la Commission des accidents du travail et recevant ou ayant reçu des
rémunérations de cette dernière."
Une Voix: J'appuie cela.
M. Burns: Le déposez-vous ou faites-vous une motion pour
que ce soit déposé?
M. Lachance: II fait une motion.
M. Lecours: Je fais motion pour que cela soit
déposé.
M. Burns: Vous demandez cela à la commission?
Le Président (M. Séguin): Cette motion est-elle
agréée?
M. Burns: Agréé.
Le Président (M. Séguin): ... une copie de sa
motion.
M. Lachance: II a fait motion.
Le Président (M. Séguin): La motion de
dépôt... On va les faire faire.
Alors, messieurs, nous allons nous mettre en branle, en m'excusant
toutefois, avant de commencer, des 20 minutes que j'ai pu prendre pour essayer
de faire démarrer la commission. Je reviens donc au ministre du
Travail.
Rapports Gauvin et Castonguay
M. Cournoyer: Avant de commencer, M. le Président,
j'aimerais, pour lecture par les membres de la commission, déposer le
rapport Gauvin sur les montants d'indemnisation pour que vous puissiez le lire
après. En même temps, j'en profiterais pour remettre, à
chacun des membres de la commission, copie du rapport de M. Castonguay sur le
salaire minimum. Je sais que ce n'est pas dans le mandat, mais je voudrais
simplement le faire distribuer aux membres de la commission qui ne l'ont pas
encore.
M. Léger: Est-ce que le ministre pourrait nous donner le
prénom, parce que ce n'est pas le même rapport Gauvin que le
rapport Gauvin qui est célèbre dans la province.
M. Cournoyer: C'est probablement semblable...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est le même M. Gauvin.
M. Léger: C'est le même M. Gauvin, sur un sujet
différent.
M. Cournoyer: M. Jean-Louis Gauvin. C'est lui, spécialiste
de l'accident.
M. BeIlemare (Johnson): Castonguay a une incidence.
M. Cournoyer: Non, il n'a pas d'incidence, mais je voulais
seulement que vous sachiez, étant donné que j'avais promis de
vous le remettre...
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi ne le remettez-vous pas
plutôt ce soir en Chambre?
M. Cournoyer: C'est parce que je ne veux pas déposer le
rapport Castong uay en Chambre. Je veux le remettre aux députés
et je ne vois pas pourquoi je le déposerais. C'est un document de
travail pour les études qu'on va faire plus tard sur le salaire minimum.
Etant donné que j'avais pris cet engagement hier, je demanderais la
distribution du mémoire que la FTQ aurait voulu présenter. Qu'on
le distribue aux membres. Je pense bien que cela va être suffisant
à ce moment-ci de la journée, du moins, en ce qui regarde la FTQ,
sur son mémoire actuel qui est, comme je le disais tantôt, partiel
et non pas complet, sur les représentations que la FTQ pourrait faire ou
aurait pu faire sur la Commission des accidents du travail et les accidents de
travail au Québec. J'ai fini.
La Commission des accidents du travail m'a informée qu'elle avait
des choses à dire et, si vous voulez procéder
immédiatement, on entendrait la Commission des accidents du travail.
Le Président (M. Gratton): Ledéputéde
Maisonneuve.
Remarques de l'Opposition
M. Bruns: Je serais intéressé, lorsque la
Commission des accidents du travail nous fera valoir son point de vue, qu'elle
nous dise pourquoi les accidentés du travail ont tort de penser que la
Commission des accidents du travail est absolument inefficace actuellement.
J'ajouterais simplement cet aspect-ci. Je pense qu'elle est inefficace dans les
faits et je dirais qu'elle est inefficace idéologiquement
également. Je m'explique sur l'aspect idéologique. J'ai toujours
pensé j'ai peut-être tort de le faire, vous me direz que
j'ai tort si vous croyez que c'est un fait qu'une loi comme la Loi des
accidents du travail doit être interprétée plutôt en
faveur du bénéficiaire que contre le bénéficiaire.
Dans les faits, je ne crois pas que ce soit là l'approche de la
Commission des accidents du travail, en partant du
président en descendant jusqu'au commis de bureau et même
jusqu'à la secrétaire. On semble, à la Commission des
accidents du travail, chercher des façons pour ne pas rendre
l'accidenté prestataire ou, s'il est un prestataire, pour chercher
à diminuer le montant de ses prestations ou le pourcentage de son
indemnité. C'est cela que j'appelle, à mon avis, une
inefficacité idéologique à la Commission des accidents du
travail. Cela se vérifie à tous les niveaux. Cela se
vérifie particulièrement chez les médecins qui sont
appelés à donner des opinions concernant l'incapacité d'un
salarié. Je peux simplement vous citer un cas qui a été
porté à mon attention récemment.
Cela implique tout le problème de l'intervention des
médecins eux-mêmes dans le cadre du processus d'examen de
l'incapacité d'un accidenté du travail. On a porté
à mon attention un cas où un travailleur je ne dirai pas
de quelle compagnie c'est à Montréal, a subi au dos un
accident de travail. Il est allé voir quatre médecins, deux
médecins à qui il adit que c'était un accident qu'il avait
subi en dehors de son travail et deux médecins à qui il a dit
effectivement la vérité, que c'était un accident subi au
cours de son travail. Dans les deux cas où ce travailleur a
consulté un médecin en lui disant que cela avait
été en dehors du travail, que c'était un accident
d'automobile tout simplement, l'incapacité qui avait été
suggérée par les médecins est exactement quatre fois
plusélevée que celle concernant un accidentde travail. Ce
travailleur a fait délibérément ce test parce que
ça n'était pas la première fois qu'il avait affaire
à la Commission des accidents du travail.
Je pense que ça me donne le signe d'une certaine mentalité
où on se dit: Un accident de travail est quelque chose qu'on doit garder
au minimum, c'est quelque chose où on doit, en somme, protéger
l'employeur, alors que la protection qui devrait être dans cette loi est
la protection de l'accidenté. En ce qui me concerne, c'est la
première inefficacité de la commission, inefficacité que
j'appelle idéologique. On n'est pas branché sur le travailleur
accidenté, on est branché pour protéger, dans le fond,
celui qui paye, c'est-à-dire l'employeur.
La deuxième, c'est une inefficacité réelle. J'ai
devant moi, M. le juge, vous avez sans doute vu ça... Pardon?
Le Président (M. Gratton): Question de règlement,
le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Nous venons d'adopter une procédure et
nous sommes ici pour écouter les gens de la commission. Je crois que le
leader parlementaire de l'Opposition déroge complètement au
règlement. Est-ce qu'on va suivre le mandat etécouter ce que la
commission a à nous dire? Il me semble que c'est la raison même de
notre présence ici ce matin. Tout ce que le leader parlementaire de
l'Opposition dit là peut être facilement dit ailleurs. Quand
est-ce qu'on va commencer à écouter la commission? C'est
ça qui nous intéresse, c'est ça qui intéresse la
province.
M. Burns: Où voulez-vous que je dise ça?
Le Président (M. Gratton): Sur la question de
règlement, le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ce n'est certainement pas l'endroit pour le
dire. Nous sommes ici pourécouter les gens...
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Gratton): Ledéputéde
Maisonneuve, sur la question de règlement.
M. Burns: ... je crois, au contraire, M. le Président, que
vous vous rappelez qu'au début de mon intervention, je disais qu'il y
avait deux questions en particulier, il y en a beaucoup d'autres qu'on posera
à la commission éventuellement, mais il y en a deux avec
lesquelles j'aimerais que la commission commence. C'était en
particulier, cette double inefficacité que je soulignais. Je n'ai pas
l'intention de prendre toute la matinée,j'ai pleinementconscience que
c'est la Commission des accidents de travail qui s'en vient témoigner
devant nous. En tout cas en ce qui me concerne, je suis orienté sur deux
questions, si elle est capable de me répondre là-dessus. C'est
là-dessus que je pense que c'est tout à fait dans l'ordre de
poser ces questions.
M. Saint-Germain: Je ne crois pas qu'il soit de nos
responsabilités de dire à la commission ce qu'elle doit dire. Le
député pourra, lorsque le temps sera venu, poser des questions
qui s'imposent s'il veut être éclairé sur certains sujets.
Mais le mandat de cette commission est d'écouter la Commission des
accidents de travail et ça fait déjà presque deux heures
que nous sommes ici, on n'a pas encore commencé.
M. Roy (Beauce): Sur la question de règlement, je voudrais
dire...
Le Président (M. Gratton): Je m'excuse auprès du
député, mais je suis déjà prêt à
rendre une décision.
M. Roy (Beauce): J'ai quelque chose à ajouter ici. C'est
la deuxième fois que ça se produit. J'aimerais dire au
député que nous sommes ici pour interroger la Commission des
accidents de travail. C'est une motion que j'ai présentée
moi-même devant le Parlement, motion que vous avez adoptée
d'ailleurs et c'est nous qui avons des questions à poser. C'est dans ce
sens que mon collègue de Maisonneuve posait des questions et j'en ai
aussi. Je n'ai pas l'intention...
M. Saint-Germain : Vous poserez to utes les questions que vous
voudrez...
M. Roy (Beauce): ... d'être obligé de faire un
débat de procédures à chaque fois.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous
plaît! Sur la question de règlement, je pense que je
devrai accepter que le député de Maisonneuve, et, à
la suite, le député de Beauce-Sud et le député de
Johnson pourront, aussi brièvement que possible, compte tenu du nombre
de personnes qui sont devant nous, situer dans quel cadre général
ils ont l'intention de questionner la commission.
Je les inviterais, par contre, à le faire aussi brièvement
que possible. L'honorable député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je tiens à vous assurer
d'avance que je vais être le plus bref possible. Le deuxième
aspect que j'aimerais entendre traiter par la commission, c'est celui que les
accidentés eux-mêmes, ceux qui viennent à nos bureaux
régulièrement et qui demandent même nos interventions,
peut-être celui qui les frappe le plus, c'est cette espèce
d'inefficacité, à mon avis, réelle, bien au contraire de
cette annonce que je montrais au président de la commission et aux
membres de la commission: "La paie, cela ne peut pas attendre". C'est une
annonce, une coupure du Journal de Montréal du samedi, 19 octobre 1974,
dans laquelle on nous dit ceci; je lis simplement le premier paragraphe: "La
Commission des accidents du travail de Québec vient d'effectuer une
réforme administrative dont l'objectif est de verser le premier paiement
d'indemnisation à l'accidenté de travail, cinq jours ouvrables
après réception de l'avis d'accident".
Dans les faits, ce n'est pas vrai. Dans les faits, cela ne se passe pas
ainsi. Il y a, je pense, très peu de gens qui peuvent se vanter d'avoir
reçu une indemnisation de la Commission des accidents du travail, cinq
jours après le rapport de l'accident. Je n'en connais pas
personnellement. J'aimerais peut-être que la commission nous dise
exactement comment, ces procédures ayant été
changées, cela a amélioré la situation.
Ce qu'on sait dans les faits, c'est qu'à la Commission des
accidents du travail, particulièrement à Montréal
je ne parle pas pour les autres régions, parce que malheureusement je ne
connais pas les problèmes précis des autres régions
vous avez de 500 à 600 personnes par jourqui tentent de rejoindre la
commission, et qui n'y réussissent pas. Ce, de l'avis d'un de vos
représentants à Montréal qui a été
questionné par moi, questionné par des personnes que je connais,
également, et qui traitent particulièrement de problèmes
d'accidents du travail.
Vous avez actuellement de 500 à 600 personnes qui ne peuvent
même pas atteindre, partéléphone, la commission, à
Montréal. La proportion est peut-être vraie ailleurs. Vous avez,
en plus de cela, des gens qui, à Montréal, sont obligés de
subir une attente d'une heure, une heure et demie, avant qu'on puisse traiter
leur cas.
Vous avez, actuellement, une seule personne, à ma connaissance,
qui s'occupe de l'accueil, à Montréal. Si c'est une question de
personnel, il faut changer la situation. Je suis entièrement d'accord,
mais qu'on y voie.
Vous avez, en plus de cela, M. le Président, ce que j'appelle le
minimum de décence qu'on devrait avoir à l'endroit d'un
accidenté. Quand ses presta- tions, quand sa réclamat ion est
refusée, il me semble qu'on devrait lui dire pourquoi, d'une part, et
qu'on devrait, deuxièmement, lui dire qu'il a le droit d'en appeler,
comme on le fait à la Commission de l'assurance-chômage.
Si une personne qui est en chômage fait une réclamation et
qu'elle se fait refuser sa réclamation, qu'est-ce qui arrive? On lui
envoie un avis: Voici la raison pour laquelle on vous la refuse.
Deuxièmement, on vous avertit que vous avez 30 jours pour faire un
appel.
Dans le cas de la Commission des accidents du travail, c'est encore plus
évident, il n'y a même pas de délai.
Ledossierestconstammentouvert. Il me semble que cela, on devrait s'en occuper,
dire au travailleur: On a refusé ta réclamation pour telle et
telle raison, mais par contre, tu peux en appeler; tu peux soulever la
question.
Il me semble qu'au niveau des procédures, il y a une série
de choses comme celles-là qu'on devrait instaurer dans le processus
d'examen d'une réclamation à la commission, pour je
reviens à mon premier point prouver un peu aux travailleurs que
cette loi est administrée dans le but d'aider les accidentés du
travail, et non pas dans le but d'éviter des réclamations.
Grosso modo, ce sont les remarques de base q ue j'avais à faire
et j'espère que la commission est en mesure de nous donner quelques
réponses là-dessus, si elle envisage des changements. Si j'ai
tort de poser ces problèmes, qu'elle me le dise.
En tout cas, soyez certain que ce n'est pas de la
génération spontanée de ma part, c'est quelque chose qui
provient d'une expérience de cinq ans et même plus avant
d'être député avec des travailleurs qui ont eu
à subir des procédures de la Commission des accidents du
travail.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, à la suite des questions
posées par le député de Maisonneuve, questions d'ailleurs
que je partage entièrement, il serait peut-être bon de dire ici
aux membres de la commission que les irrégularités
signalées et les problèmes signalés par le
député de Maisonneuve existent non seulement à
Montréal, mais existent également à Québec.
J'aimerais ajouter un troisième aspect. C'est qu'on attend
souvent le rapport de l'employeur avant d'accorder une attention à une
demande d'un accidenté du travail. Il arrive parfois et, je dis, trop
souvent que les employeurs retardent, pour des raisons que j'ignore, mais dans
des périodes de temps injustifiables, de faire leur rapport tant et
aussi longtemps que le rapport de l'employeur n'a pas été soumis
à la Commission des accidents du travail, du moins selon les dossiers
que j'ai entre les mains, il n'y a aucune compensation versée à
l'employé.
On a même demandé à un accidenté du travail,
après avoir été accidenté depuis trois ans,
à cause du refus de l'employeur, de faire parvenir son rapport, de
retourner voir son employeur et lui demander de produire son rapport.
Evidemment, devant une telle situation, on ne peut pas faire autrement
que de dire à l'employé que le problème de l'employeur, la
Commission des accidents du travail a quand même des moyens de recours
dans la loi de façon à ne pas obliger ou encore, en quelque
sorte, de faire ramper des accidentés du travail devant des
employeurs.
J'aimerais qu'on nous dise, à ce moment-ci, de quelle
façon on entend corriger cette situation à la Commission des
accidents du travail et pourquoi on a laissé ce système se
perpétuer jusqu'à cette date. Il y aurait évidemment
beaucoup d'autres questions. Je pourrai y revenir, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Je ne vous surprendrai pas du tout, je le
sais, parce que, connaissant mon passé plus que d'autres, vous savez que
j'y ai participé très activement, comme président de la
Commission des accidents du travail pendant un certain temps.
Je pense qu'on est rendu aujourd'hui à une phase assez critique
qui a évoluée sûrement avec le temps, mais on est rendu
avec 300,000 cas d'accidents du travail par année. Cela demande
véritablement une réforme en profondeur, parce que les critiques
qui sont adressées à la Commission des accidents du travail...
Mon collègue de Beauce-Sud a dit tout à l'heure que cela pouvait
peut-être provenir du manque des employeurs à donner les rapports
qui sont exigés, mais cela peut aussi venir d'un manque de rapports
médicaux qui souvent, à cause de l'encombrement des bureaux, des
médecins n'envoient pas les rapports à temps, à la
commission. Il y a une faille qu'il faudrait peut-être essayer de
résoudre.
Mais, M. le Président, à la Commission des accidents du
travail, depuis quelques années, je pense qu'il s'est faite une
transformation assez considérable des structures qui ont
été difficiles parce que, dans le grand champdes activités
des travailleurs, il y a de multiples nouvelles sortes d'accidents du travail
qui autrefois n'étaient pas considérées par la commission
et qui amènent aujourd'hui des complications quant aux
règlements. Cela joue aussi un rôle très important.
Mettre tout le blâme sur la Commission des accidents du travail
sans chercher à trouver une solution, je pense que c'est un peu
prématuré. Nous allons entendre les messieurs de la commission
donner réponse à nos questions, mais je pense qu'il y a une
réforme de base qu'il faudrait trouver, une réforme
complète de la commission, parce que ce qu'on entend le plus se
répéter parmi des travailleurs, particulièrement, c'est
qu'on traite un peu la commission comme une compagnie d'assurance et cela fait
mal aux travailleurs. Il y aurait peut-être lieu de trouver une
transformation globale pour avoir aujourd'hui, en 1975, une nouvelle
orientation, c'est-à-dire que cela pourrait peut-être devenir
paritaire. C'est une suggestion qui me vient à l'idée.
Je pense que, si on regarde le nombre extraordinaire de
réclamations qu'on reçoit tous les jours à la
Commission des accidents de travail, il y a un pourcentage
d'insatisfaits, pas seulement chez nous, mais dans toutes les compagnies
d'assurance, si vous considérez la Commission des accidents de travail
comme celle qui doit payer des bénéfices. Partout, dans toutes
les compagnies d'assurance, il y a énormément de gens qui
plaident contre les compagnies. A plus forte raison, quand il s'agitd'un
accident de travail.
Là, j'ajoute ceci, c'est vrai que ce sont les employeurs qui
paient la totalité des indemnisations, des frais de la commission. C'est
vrai aussi que le travailleur paie énormément dans sa vie, par un
accident qui va demeurer tout le temps.Est-ce que la base de l'indemnisation
est juste aujourd'hui? On l'a prise à pi us de $3,000, $6,000, $8,000,
$9,000 corn me base. Aujourd'hui, elle pourrait être de $12,000. Je pense
que cela ne serait pas trop, parce que la base étant changée, les
gains qu'ont les employés, on ne pourra pas éternellement la
laisser sur une base actuarielle de $9,000. Je pense que, dans d'autres
provinces, on est allé jusqu'à $12,000. A cause des incidences de
l'augmentation et de l'inflation, on devrait peut-être aller
jusqu'à $12,000 ou $15,000.
M. le Président, j'aurai sûrement à poser à
la commission des questions qui ne seront pas méchantes, mais qui seront
d'actualité. Particulièrement depuis qu'on a abandon né le
Centre de réadaptation, cela fait mal à bien du monde.
Aujourd'hui, on emploie tous les moyens possibles pour que le centre, qui avait
été payé $20 millions par les employeurs et qui rendait
énormément service aux accidentés de travail, parce qu'il
n'y a pas seulement à leur donner des indemnisations, il a à les
réadapter à la vie aussi... C'est une cause très
importante de critique. Là, on les dirige actuellement vers les
hôpitaux généraux. On transforme le Centre de
réadaptation en un centre de soins généraux, pour des
chroniques, quand il n'a pas été fait pour cela. L'idée du
législateur dans le temps, c'était de donner un moyen de
réadaptation à ceux qui étaient accidentés, payer
un peu la part de ce que les employeurs causent de dommages à un
employé. C'est im portant à la commission, la
réadaptation, l'éducation que l'on fait pour le réadapter
dans une vie sociale où on peut lui faire subir le moins de pertes
possible.
J'aurai sûrement des questions quant au Centre de
réadaptation à poser à la commission: Ce qu'il est devenu
et pourquoi il est devenu comme cela? Pourquoi enlever à l'ouvrier, au
travailleur cet instrument qui était voulu et nécessaire avec
tout ce que cela a coûté pour le réorganiser et aujourd'hui
en faire un centre désuet pour des chroniques, payé par eux?
C'est grave. Il y a parmi les commissaires des gens qui ont voulu cela.
M. le Président, j'aurai l'occasion de revenir sur cette question
qui pour moi est dramatique chez l'employeur. C'est la responsabilité de
la commission et non pas la responsabilité de tous les individus dans la
province de payer les frais de réadaptation d'un accidenté de
travail. C'est à vous autres que cela appartient, la stricte
responsabilité de réadapter. Je sais que le centre est
équipé avec les sommes voulues. Même aujourd'hui, on fait
des prothèses excellentes. On a des hommes extraordinaires qui font
des
prothèses, qui les ajustent selon les besoins et qui rendent
d'immenses services aux travailleurs. Pourquoi fermer ce centre?
M. le Président, je reprends mon calme, parce que je ne voudrais
pas laisser l'impression que je suis en fureur. C'est un point particulier
qu'il faudrait aussi discuter. C'est vrai qu'il y a des accidentés de
travail qui sont lésés peut-être dans les rapports qui
n'arrivent pas à temps, soit de l'employeur, soit du médecin. Je
ne sache pas que, délibéremment, on ait mis de côté
certaines représentations, q ue ce soit de la part des syndicats ou que
ce soit de la part des ouvriers eux-mêmes. J'ai eu l'occasion d'assister
à de nombreusesauditions que la commission donne, de bonne
volonté, à ceux qui veulent se faire entendre, qui se sentent
lésés. 90% des cas aux auditions desquels j'ai assisté, on
leur a donné raison, parce que, comme disait si bien le
député de Maisonneuve, c'est un droit qu'a la commission de
protéger le faible.
M. le Président, je pense qu'il yen aencore et il y en aura
encore peut-être, des gens qui se sentent lésés. Il faut
faire attention aussi de détecter entre ceux qui réclament et qui
ont des justes raisons de le faire et d'autres qui semblent vouloir, en
certaines occasions, exploiter la Commission des accidents du travail. Il yen a
eu. J'en ai connu, M. le Président.
Je pense que c'est un peu ce que je voulais dire au début de ces
quelques remarques, qui amèneront sûrement des questions
très importantes pendant le débat.
Le Président (M. Gratton): M. le président de la
Commission des accidents du travail, la commission est tout oreilles.
Exposé du président
M. Tessier (Maurice): M. le Président, je dois d'abord
déclarer, au tout début, que nous sommes prêts à
répondre à toutes les questions qui pourront nous être
posées. Nous voulons faire toute la lumière sur l'administration
de la Commission des accidents du travail. Nous n'avons absolument rien
à cacher. On cornprendra cependant qu'il nous sera difficile de discuter
des cas particuliers. Le député de Beauce-Sud a soulevé,
entre autres, un cas en particulier. Je rappellerai, M. le Président,
que nous avons, à la Commission des accidents du travail, quelque cinq
millions de dossiers. Evidemment, nous ne pouvons pas, je crois, et vous
l'admettrez avec nous, discuter et nous ne sommes pas prêts, d'ailleurs,
devant cette commission parlementaire à discuter de cas particuliers.
Nous sommes bien prêts à donner toutes les explications sur
l'ensemble de l'administration de la commission. Mais à ce moment, j'en
profite justement pour inviter les honorables membres de cette commission,s'ils
ont des cas particuliers qui touchent certains de leurs électeurs,
à communiquer avec nous. Nous sommes toujours prêts à leur
fournir toutes les explications. S'ils veulent nous écrire, ou s'ils
veulent venir nous rencontrer à la commission, nous allons leur montrer
nos dossiers, les dossiers qui les intéressent, et nous allons fournir
toutes les explications pertinentes qui justifient telle ou tel le
décision de la commission.
Je reviens, M. le Président, à la déclaration du
député de Maisonneuve. Evidemment, il s'agit d'une très
longue, d'une assez longue déclaration, je pourrais dire, qui n'est pas
beaucoup sous la forme de question précise, mais j'ai tout de même
relevé deux points particuliers je crois, dans son exposé.
D'abord le premier, c'était l'inefficacité apparente de la
Commission des accidents du travail. A cela, il faut se rappeler qu'il n'y a
pas très longtemps, il y a quelques années, simplement une partie
des travailleurs du Québec étaient couverts par la Loi des
accidents du travail. En 1967, on a établi ce que l'on a appelé
un plan quinquennal afin de couvrir l'ensemble des travailleurs du
Québec, et de 1967 à 1972,le nombre des employés au
Québec a plus que triplé, du fait qu'aujourd'hui, et depuis 1972,
il n'y a que deux seules exceptions: les employés dans le service
domestique et ceux qui travaillent sur des fermes familiales. Ceux-là ne
sont pas couverts. C'est donc dire que 98% environ des travailleurs du
Québec bénéficient maintenant de la Loi des accidents du
travail.
Evidemment, ceci a amené une augmentation considérable des
réclamations avec le résultat que la commission a
été littéralement débordée. La commission du
temps, quelques mois avant que je n'y entre, au début de I973,
constatant qu'il fallait nécessairement apporter des réformes en
profondeur dans son administration a requis les services d'une firme d'experts
en administration, la firme Mineau, Allard et associés. A ce
moment-là, il y avait beaucoup de critiques dans le public, en
particulier de la part des employés et des accidentés du
travail.
Je veux souligner, M. le Président, que la commission s'en est
rendu compte d'elle-même. La commission, au début de I973, n'a pas
attendu qu'il y ait des pressions de la part du public ou de la part d u
gouvernement mais, d'elle-même la commission a pris sur elle d'engager
cette firme d'experts en administration. Le rapport a été
déposé au mois d'août 1973.Lorsquejesuis arrivé
à la commission, au mois de septempre I973, on venait d'avoir le rapport
depuis, à peine deux mois, on était en train de l'étudier.
Ce rapport contenait, entre autres, I25 recommandations. Sur I25
recommandations, II6 ont été entièrement retenues. Neuf
l'ont été partiellement ou ne l'ont pas été du tout
parce que certaines de ces recommandations avaient déjà
été appliq uées entre temps, au cours des études.
C'est donc dire que dans l'ensemble nous avons retenu à peu près
toutes les recommandations qui nous ont été faites par le rapport
Mineau.
Nous sommes allés beaucoup plus loin. Je crois que la Commission
des accidents du travail, là, a causé un précédent
que l'on a rarement vu dans un ministère ou dans un organisme
gouvernemental. Ordinairement, lorsqu'un rapport semblable est remis on
l'étudié, on en extrait quelques recommandations, lorsque le
rapport ne demeure pas sur les tablettes définitivement.
Mais, dans notre cas, qu'avons-nous fait? C'est là où je
dis que c'est probablement un précédent et un cas assez unique.
C'est que, voulant justement
mettre en application ces recommandations, nous avons confié un
second mandat à cette même firme. Nous avons dit à la firme
Mineau, Allard et associés: Vous nous avez fait des recommandations
précises, nous requérons maintenant vos services pour mettre en
application toutes ces recommandations sans exception. Ce second mandat s'est
poursuivi au cours des derniers mois et dans les mois qui ont suivi, et je
pourrais dire pendant un peu plus d'un an, jusqu'à tout
dernièrement.
Inutile de vous dire que lorsque l'on fait une réforme
administrative en profondeur comme celle qui nous était proposée,
cela a créé, il faut l'admettre, une certaine confusion à
un moment donné, un certain désordre, même. ll y a eu des
retards d'apportés. Je dois ajouter que nous constatons, aujourd'hui,
que toutes les recommandations du rapport Mineau n'étaient pas
nécessairement bonnes, n'étaient pas nécessairement les
meilleures.
Au cours de l'application de certaines de ces recommandations, nous
avons dû les modifier dans plusieurs cas. Nous avons même dû
en mettre certaines de côté parce qu'elles se
révélaient, par l'expérience pratique, inefficaces. C'est
bien beau des recommandations sur le papier, mais quand on vient pour les
mettre en pratique, on s'aperçoit que c'est différent. A titre
d'exemple, le rapport Mineau nous disait: Si vous mettez en application nos
suggestions, nos recommandations, vous allez vous apercevoir que vous avez au
moins 200 fonctionnaires de trop à la Commission des accidents du
travail. Or, il s'est prouvé que c'était exactement le contraire.
Pour mettre en application ces réformes et avoir plus
d'efficacité, il fallait augmenter d'environ 200 fonctionnaires le
nombre que nous avions à la Commission des accidents du travail. Nous
avons donc dû procéder dernièrement à une vaste
campagne de recrutement et, au moment où je vous parle, il y a des
concours qui se tiennent devant des jurys. Il va y en avoir encore demain. ll y
en a eu la semaine dernière, pour recruter entre autres des agents de
réclamation dont le nombre était très insuffisant, quoique
disait le rapport Mineau. Nous recrutons également des agents de
bureau.
Je tente du moins, M. le Président, de répondre par ce
tableau, aux inquiétudes du député de Maisonneuve. Nous
avons été littéralement débordés et nous
avons traversé une période de réorganisation. Ceci,
assurément, il faut l'admettre, a suscité des critiques.
Maisjedoisajouter, puisqu'on parled'inef-ficacité, qu'en I973 et
ceci est dans le rapport Mineau la moyenne de jours qu'on prenait
à la commission pour effectuer un premier paiement d'indemnisation
à un accidenté du travail était de 69 jours. Actuellement,
après quelques mois, nous avons tout de même réussi
à réduire de moitié ce délai. D'après le
dernier rapport que j'ai reçu du service de l'indemnisation la semaine
demière, nous en étions rend us à 34 jours en moyenne.
Nous avons donc, je crois, amélioré notre efficacité de
50%. Nous ne sommes pas satisfaits encore, loin de là. Nous voulons
atteindre l'objectif que nous nous sommes proposé et auquel le
député de Maisonneuve a fait allusion en exhibant une feuille de
publicité dans un journal. Evidemment, nous demeurons avec ce même
objectif de cinq jours, de pouvoir effectuer les paiements dans les cinq jours
de la réception de l'avis d'accident. C'est l'objectif que nous voulons
atteindre. J'admettrai, M. le Président, avec le député de
Maisonneuve, que cette campagne de publicité, faite par la commission, a
peut-être été mal comprise de la part du public et en
particulier des accidentés du travail. Elle a été
également faite à une mauvaise période. Là-dessus,
il faut dire que la commission a été mal avisée par ses
conseillers, Mineau, Allard et associés, qui nous ont demandé de
faire cette campagne de publicité à l'automne I974, alors qu'elle
aurait dû être faite beaucoup plus tard au moment où,
réellement, nous aurions pu démontrer une amélioration
dans nos services.
La campagne de publicité a été faite d'après
les avis de nos conseillers et nous le leur avons reproché
amèrement. Ils le savent et, à plusieurs reprises, ils ont admis
qu'ils avaient fait erreur en nous conseillant de la sorte. Elle a
été faite à peu près au plus mauvais moment, au
moment où nous étions justement à mettre sur pied un
nouveau système administratif, alors que nous étions dans le plus
creux au point de vue de l'efficacité.
Comme je l'ai démontré tout à l'heure, nous avons
depuis ce temps remonté la pente et nous continuons chaque jour et
chaque semaine, à améliorer notre efficacité et nos
services envers les accidentés du travail. Cet objectif de cinq jours
demeure, nous espérons l'atteindre, mais il faut être
réaliste; il est évident que l'on ne peut pas s'attendre à
ce que dans tous les cas, nous puissions envoyer le premier chèque dans
les cinq jours de la réception de l'avis de l'accidenté. Il y
aura des cas compliqués. Mais nous nous disons, à la commission,
l'objectif que nous nous proposons, c'est que nous voulons atteindre au moins
90%. Le jour où nous aurons réussi à faire parvenir un
premier chèque à un accidenté du travail, dans 90% des
cas, dans les cinq jours de la réception de l'avis, je crois que nous
aurons réellement obtenu une efficacité qui pourra se comparer
très favorablement à n'importe quelle autre commission d'accident
du travail au Canada.
Chose sur laquelle je voudrais également apporter une
précision, qui a peut-être été mal comprise dans la
campagne de publicité par les accidentés du travail, qui rejoint
un peu l'énoncé du député de Beauce-Sud, c'est que,
lorsque nous disons cinq jours comme délai pour envoyer le premier
chèque, cela a été compris par la plupart des
accidentés du travail comme voulant dire cinq jours de l'accident. Nous
ne pouvons évidemment pas envoyer un chèque à un
réclamant lorsque nous ignorons qu'il a été
accidenté. C'est évident que le délai de cinq jours est
à partir de la réception de l'avis; or, comme l'a souligné
le député de Beauce-Sud, il arrive évidemment dans
certains cas je ne veux pas faire de reproche à qui que ce soit
en particulier que l'employeur, ou le médecin, retarde de
transmettre la formule, que nous la recevions trois semaines après
l'accident. Il est évident qu'à ce moment-là,
l'accidenté se plaint, et avec raison, qu'il n'est pas payé dans
un délai raisonnable.
Mais je dois ajouter que dans des centaines,
dans des milliers de cas, actuellement, le premier chèque
d'indemnité parvient c'est indépendant de notre
volonté, c'est le service des postes, cela ne relève ni de la
commission, ni du gouvernement du Québec ou est transmis à
l'accidenté dans les 24 heures ou dans les 48 heures. Je le
répète, dans des milliers de cas, le chèque est transmis
à l'accidenté du travail. Dans d'autres cas, il y a retard. Mais
je reviens à ce que je disais, nous avons tout de même, je crois,
augmenté notre efficacité de ce côté, de 50% au
cours des derniers mois.
Un autre point, M. le Président, soulevé par le
député de Maisonneuve, concerne le bureau de Montréal.
Le député de Maisonneuve aurait été
parfaitement justifié, il y a quelques mois, de faire la
déclaration qu'il a faite, en ce qui concerne les difficultés
à rejoindre un agent ou une personne responsable au bureau de
Montréal; c'est vrai. C'était vrai il y a quelques mois, mais je
vous donne l'assurance que ce n'est plus vrai au moment où je vous parle
et ce n'est plus vrai depuis plusieurs semaines.
Nous avions à Montréal huit lignes
téléphoniques; nous en avons maintenant 24. Nous avons tout un
personnel qui se remplace, même à l'heure des repas, qui est
là pour répondre à tous les appels
téléphoniques.
J'y ai moi-même, il y a environ un mois, passé quelques
heures pour me rendre compte comment fonctionnait le système. Je suis
demeuré dans la pièce où les appels
téléphoniques sont reçus. C'est comme cela à
n'importe quelle heure du jour, su ries 24 lignes, les 24
téléphonistes qui répondent aux appels, il y a toujours,
à la journée longue, maintenant ce n'était pas le
cas il y a quelque temps trois, quatre ou cinq lignes qui sont
libres.
Ceci pour vous prouver que nous avons réalisé qu'il
existait des lacunes et que nous avons pris les moyens pour corriger ces
lacunes, notamment en ce qui concerne les communications
téléphoniques au bureau de Montréal.
M. le Président, je ne sais pas où le député
de Maisonneuve a pris ses renseignements lorsqu'il a dit qu'il n'y avait qu'un
seul agent d'accueil à Montréal. Nous avons exactement 35 agents
d'accueil, agents de réclamation ou autres, au bureau de
Montréal, pour recevoir les accidentés du travail qui se
présentent à nos bureaux.
M. Burns: M. le Président, je parlais de personnes qui
reçoivent les gens qui se présentent à votre bureau de
Montréal.
M. Tessier: C'est cela, qui reçoivent les gens. Nous avons
une salle qui, malheureusement, il faut l'admettre, n'est pas assez vaste. Nous
avons divisé des petits bureaux, il y a des agents de
réclamation, des agents d'accueil, des agents de réadaptation
sociale, mais nous en avons 35 de ces agents. Notre salle d'attente,
malheureusement, est également trop petite. Nous envisageons
déjà, depuis au-delà d'un an, de déménager.
Cette question reviendra peut-être de nouveau, lorsque nous aurons des
questions au sujet du centre de réadaptation. Lorsque nous avons vendu
le centre de réadaptation de
Québec, la transaction comprenait également le centre de
Montréal, où nous avons nos bureaux. Nous attendons la signature
de l'acte de vente pour aller nous loger ailleurs, dans des... Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Avez-vous des terrains qui vous
appartiennent?
M.Tessier: Non, nousn'envisageonspaspourle moment de nous
construire, nous croyons que nous pourrions... On nous a fait, du moins on a
négocié jusqu'ici certaines offres qui nous ont été
faites pour nous fournir des locaux tout à fait appropriés et
beaucoup plus vastes en nous rapprochant également d'une bouche de
métro. Rien n'est encore conclu à ce sujet.
Mais, il faut admettre que nous avons un problème de ce
côté. Le député de Maisonneuve, M. le
Président, n'a pas tout à fait tort lorsqu'il parle des accueils
au bureau de Montréal, parce que nous manquons réellement
d'espace. Il faut l'admettre. Ceci, je crois, est indépendant de nous.
Nous avons tout de même pris des dispositions il y a environ un mois pour
agrandir un peu nos espaces.
M. Bellemare (Johnson): Le président me permettrait-il une
question? Tous les locaux du deuxième sont-ils actuellement
occupés?
M. Tessier: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Tous les locaux qui sont au
deuxième?
M. Tessier: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Même la salle qui est assez
vaste?
M. Tessier: C'est-à-dire du côté ouest. Le
côté ouest est tout occupé par nous, mais il y a une partie
qui est occupée par le centre de réadaptation de l'autre
côté.
M. Bellemare (Johnson): A l'autre bout.
M. Tessier: Oui, à l'autre bout.
Nous avons pris les dispositions, comme je l'ai dit, il y a quelque
temps et, depuis environ un mois, peut-être un mois et demi, afin de
créer l'espace qui nous manquait, nous avons
déménagé nos services financiers dans un autre immeuble,
à la Place Crémazie. Ceci a pu libérer certains locaux.
C'est temporaire.
M. Bellemare (Johnson): Combien d'employés ont
été déménagés là?
M. Tessier: On me dit une soixantaine.
M. Bellemare (Johnson): Une soixantaine.
M. Tessier: Une soixantaine.
M. Bellemare (Johnson): Du service financier?
M. Tessier: Oui. C'est tout le service aux employeurs, la
cotisation aussi.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui. toute la cotisation.
M. Tessier: Toute la cotisation et les renseignements aux
employeurs, et également, le service de prévention et le service
de vérification aux employeurs. C'est tout cela, c'est tout ce qui y est
rattaché, si vous voulez. Nous avons laissé, dans nos locaux
actuels, sur le boulevard Laurier, tous nos services qui concernent les
accidentés et nous avons déménagé tous les services
qui concernent les employeurs à la Place Crémazie.
M. Bellemare (Johnson): La vérification. M. Tessier: La
vérification, la cotisation... M. Bellemare (Johnson): La
cotisation.
M. Tessier: ... la prévention et la perception.
Enfin...
M. Bellemare (Johnson): Le service juridique est resté
à Québec?
M. Tessier: D'ailleurs, il n'y en a jamais eu à
Montréal.
M. Bellemare (Johnson): Non, il y en avait un
représentant.
M. Tessier: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): II y avait toujours un
représentantdu service juridique qui allait à
Montréal.
M. Tessier: Qui vaà Montréal. Evidemment, il ya de
nos fonctionnaires des différents ministères.
M. Burns: Ce n'est pas grave, M. le Président. A
Montréal, il y a seulement 61% des accidentés du travail. Ce
n'est pas grave.
M. Tessier: C'est grave, oui.
M. Burns: C'est cela que je veux dire. Quand je vous parlais
d'une efficacité, je pourrais vous dire, entre autres, que s'il y a 61%
des accidents du travail au Québec qui ont lieu à
Montréal, cela m'étonne que votre bureau de Montréal ne
soit pas mieux équipé qu'il ne l'est.
M. Tessier: C'est un fait et nous nous en rendons compte.
M. Burns: A tous les points de vue, au point de vue juridique, au
point de vue d'accueil, au point de vue...
M. Tessier: Oui, mais...
M. Burns: Même vos dossiers sont à Québec.
Quand un accidenté du travail s'en va au bureau de la rue Laurier
à Montréal et demande une information concernant son dossier, on
lui dit: On va vous répondre dans cinq à dix jours pour la simple
raison qu'on n'a que...
M. Tessier: Non.
M. Burns: Oui. Je vous jure, M. le Président, que je suis
témoin de cela.
M. Tessier: Ce n'est pas exact, M. le Président, et je
regrette de contredire...
M. Lessard: C'est parce que les dossiers ne sont pas...
M. Tessier: ...le député de Maisonneuve, mais,
évidemment, il peut y avoir des cas d'exception. Nous avons, comme l'a
souligné d'ailleurs le député de Johnson...
M. Burns: M. le juge, qu'est-ce que vous avez à
Montréal? Vous avez votre écran cathodique qui donne quoi?
Qu'est-ce qu'il donne votre écran cathodique?
M. Tessier: C'est justement de cela que je veux parler.
M. Burns: Bon, allez-y donc.
M. Tessier: Si le député veut me permettre de lui
répondre, je vais lui répondre.
Le Président (M. Gratton): M. le juge, si vous me
permettez, je pense qu'on pourrait peut-être tenir pour acquis que vous
en êtes présentement à des remarques
générales, tout en répondant aux questions qui ont
été posées. J'inviterais les membres, s'ils ont des
questions qui sont soulevées, parce que le président de la
commission peut le dire, à les prendre en note. Nous reviendrons
ensuite, lorsqu'il aura terminé, pour poser des questions.
M. Bellemare (Johnson): Je suis bien heureux d'entendre dire par
le président que cela a été une erreur de bâtir
à Québec la Commission des accidents du travail.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson n'écoute pas, je pense.
M. Bellemare (Johnson): La Commission des accidents du travail.
Cela a été une erreur de le bâtir à Québec,
c'est à Montréal que cela aurait dû être.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): C'est le Parti libéral, avec M.
Hamel.
Le President (M. Gratton): A l'ordre! M. le juge.
M. Tessier: M. le Président, je dois rectifier. Je n'ai
jamais dit que c'était une erreur d'avoir construit la Commission des
accidents du travail à Québec. J'ai dit que nous étions
trop à l'étroit à Montréal. Je voudrais donner les
explications selon lesquelles nous sommes forcés, actuellement...
M. Bellemare (Johnson): Cela prouve que l'erreur est là
quand même.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Tessier: Avant d'en arriver là, je disais que,
justement, le député de Johnson avait mentionné dans ses
remarques qu'en 1974, nous avions reçu près de 300,000
réclamations. C'est exact, nous avons reçu plus
précisément 292,603 réclamations...
M. Bellemare (Johnson): 292,000...
M. Tessier: II n'y a aucun doute qu'en 1975, nous en recevrons
au-delà de 300,000.
M. Bellemare (Johnson): Vous en aviez, en 1970, 200,000.
M. Tessier: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Cela a progressé.
M. Tessier: Sur 300,000 réclamations, il y a eu des
retards peut-être injustifiés, il faut l'admettre, la nature
humaine est toujours là, nous ne prétendons pas être
parfaits. Nous sommes des humains. Nos fonctionnaires sont des humains. Nous
faisons des erreurs. C'est sûr. Si nous faisons des erreurs, ou qu'il y a
eu des retards même injustifiés dans 1,000 dossiers, 1,000 cas
d'accidentés du travail, cela représente tout de même un
tiers de 1%. Même si nous avions 3,000 cas d'accidentés où
il y a eu des retards, où il a pu y avoir des erreurs, cela
représente à peine 1%. Nous essayons, évidemment, de
baisser davantage ce pourcentage, de l'éliminer complètement.
C'est dans ce sens que nos efforts portent depuis plusieurs mois. Je peux dire
qu'à la commission actuellement, je dois en rendre témoignage et
en féliciter les 1,400 fonctionnaires de la commission, nous avons une
mentalité un peu exceptionnelle.
Tout le monde fait un effort. Nos fonctionnaires, nous les rencontrons
assez régulièrement, service par service. Nous voyons le
dévouement qu'ils mettent. Nous les voyons, par exemple, travailler en
dehors des heures de bureau, depuis quelques mois, même des samedis au
complet, des soirées complètes sur semaine, faire du temps
supplémentaire justement pour essayer d'augmenter cette
efficacité, passer, autrement dit, à travers une période
critique. Comme je l'ai expliqué, par suite de cette
réorganisation administrative, nous avons traversé une
période critique. Nous sommes actuellement, justement, grâce au
bon travail do nos fonctionnaires, à remonter la côte.
Dernier point, M. le Président, que j'ai relevé dans les
remarques du député de Maisonneuve, c'est qu'on dit: La
commission rend une décision, c'est final! On n'avise pas l'individu
impliqué qu'il peut y avoir un recours. Encore là, ce n'est pas
exact.
Je me tiens personnellement au courant, et mes collègues
commissaires le font comme moi Des instructions bien précises ont
été données à tous nos agents d'indemnisation.
Encore là, je ne dis pas que quelques-uns ne sont pas fautifs à
l'occasion, ne suivent pas entièrement ces directives. Mais lorsque
c'est porté à notre connaissance, nous voyons à leur
rappeler que, dans chaque cas, on est obligé de mentionner les raisons
motivant la décision de l'agent d'indemnisation et avisant
l'accidenté qu'il peut y avoir un recours s'il n'est pas satisfait.
M. Burns: J'ai des centaines de dossiers, à mon bureau,
qui remontent à I970. Ce n'est pas nouveau. J'ai des centaines de
dossiers. Je suis convaincu que nos collègues à cette table sont
capables d'en sortir autant que moi. Je vous jure que je n'ai, dans aucun de
ces dossiers, une simple indication que le travailleur accidenté a le
droit de se pourvoir contre cette décision.
M. Tessier: C'est...
M. Burns: Je vous dis: Je suis prêt à vous les
apporter, tous ces dossiers. Je suis convaincu que tous nos collègues du
côté ministériel et du côté de l'Opposition
sont en mesure de prouver la même chose que je vous dis.
M. Tessier: M. le Président...
M. Burns: Vous avez peut-être donné vos
instructions, mais elles ne se rendent pas.
M. Tessier: ...est-ce que j'ai bien compris le
député de Maisonneuve, qu'il a des centaines de dossiers
remontant à I970?
M. Burns: Des choses aussi récentes que la semaine
dernière?
M. Tessier: Nous serions bien heureux... Voici, d'abord en I970,
que ce soit en I970 ou en I97I à venir jusqu'à I974, je suis bien
d'accord que cela ne se faisait pas. Mais, ces directives remontent à
I974, c'est-à-dire que depuis je ne peux pas donner la date de
mémoire environ un an des directives bien précises ont
été données à cet effet. Qu'il y ait eu des
manquements, nous serions heureux de le savoir parce que, justement, nous
voulons améliorer notre service administratif et nos services aux
accidentés, et ce serait un service de la part des députés
de nous signaler, par exemple...
M. Burns: M. le Président...
M. Tessier: ... dans tel ou tel cas on a désobéi ou
on ne s'est pas conformé aux directives.
M. Lessard: Vous allez avoir du travail comme président de
la commission.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Je voudrais, M. le Président, que vous
compreniez nos interventions comme, justement...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: ... visant le même but que le vôtre,
c'est-à-dire améliorer le service.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Ce n'est pas dans le but de vous critiquer. C'est parce
qu'on veut améliorer la situation.
M. Lessard: On reviendra.
M. Tessier: M. le Président, je prends en bonne part ces
remarques venant du député de Maisonneuve. Je l'invite à
nous signaler ces cas particuliers comme d'ailleurs le député de
Saguenay, s'il en a, comme n'importe...
M. Lessard: Vous allez avoir du travail.
M. Tessier: ... quel député, que ce soit le
député de Beauce-Sud ou le député de Johnson.
M. Lessard: ...aux agents de réclamations. Cela ne
fonctionne pas. Cela ne marche pas.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
Je reviens encore, ce n'est pas un contre-interrogatoire, de toute
façon...
M. Lessard: D'accord!
M. Burns: C'est parce que le président a ce style
parlementaire que nous avons tellement bien connu, qui nous provoque à
lui poser des questions. On le reconnaît, il n'a pas changé.
Le Président (M. Gratton): Alors il faudra
peut-être, comme M. le juge, apprendre à ne pas réagir de
ce côté-ci.
M. Burns: C'est vrai.
Le Président (M. Gratton): Sur ce, il est midi trente.
Messieurs, je pense que nous avons convenu que nous suspendrions...
M. Tessier: M. le Président, avec votre permission,
avantquevous ne suspendiez la séance pour la reprendre cet
après-midi, la commission aurait un document à déposer. Ce
document est un bref mémoire sur les maladies professionnelles.
Je sais qu'il sera certainement question, probablement au cours de cet
après-midi ou des séances subséquentes, de maladies
professionnelles, d'amiantose, de silicose, d'intoxication. Nous avons donc
préparé un bref mémoire avec des annexes que nous
aimerions déposer devant les membres de la commission afin qu'ils aient
le temps, entre les deux séances, de l'examiner et peut-être de
nous poser des questions là-dessus.
Est-ce qu'on peut le déposer, M. le Président?
Le Président (M. Gratton): Oui. Le rapport est donc
déposé et la commission suspend ses travaux jusqu'à cet
après-midi, quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 15 h 11
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
A la suspension des travaux, le président de la commission avait
la parole, il était en train de faire son exposé, du moins une
partie, je lui demanderais de bien vouloir reprendre la parole et
continuer.
M. BeIlemare (Johnson): J'aurais une question, je pense que le
député en a une aussi.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît, oui.
M. BeIlemare (Johnson): Vous nous avez dit ce matin qu'au
début de la séance de cet après-midi, vous nous diriez
s'il y a possibilité de siéger ce soir et que vous nous donneriez
l'ordre de la procédure qu'on va suivre au point de vue des heures.
Le Président (M. Séguin): La procédure de
cet après-midi se continue comme ce matin. D'ailleurs, cela a
été comme je l'ai dit, jusqu'à six heures, et on ajournera
sine die pour se rapporter en Chambre dès ce soir et la Chambre ou la
commission déterminera sa prochaine rencontre.
M. BeIlemare (Johnson): Vous avez dit: Je serai en mesure de vous
dire...
Le Président (M. Séguin): Je ne le suis pas,
malheureusement, à ce moment-ci, pour des raisons qui ne m'ont pas
permis de...
M. Bellemare (Jonson): L'avion n'est pas revenu encore.
Le Président (M. Séguin): II ne s'agissait pas
tellement d'avions, mais d'autres engagements par d'autres personnes.
M. Bellemare (Johnson): La conférence n'est pas finie.
M. Roy ( Beauce): Je m'excuse...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Je m'excuse auprès du président qui avait
la parole, c'est seulement pour poser une question, M. le Président,
est-ce qu'il va être possible cet après-midi de discuter
particulièrement des maladies industrielles et surtout du cas de
l'amian-tose, laquelle, je pense, peut être considérée
comme une question prioritaire dans les circonstances.
Le Président (M. Séguin): Dans le bon ordre de nos
travaux, je suggérerais à la commission qu'on continue d'entendre
le président de la commission. Il y a eu des questions, j'étais
absen: juste avant le lunch mais je comprends qu'il y a aussi des questions
posées au président par le député de Maisonneuve et
peut-être d'autres etque le président, je pense, doit,
pour autant qu'il le désire ou qu'il le peut, répondre à
ces questions. Il y a peut-être d'autres questions aussi à
l'intérieur que des membres de la commission voudront poser au
président de la Commission des accidents de travail.
Une fois qu'il aura terminé, à moins qu'il y ait une
objection générale de la commission, je demanderai certainement
qu'on puisse aborder tout de suite cette question d'accidents industriels. Le
président sera en mesure, à ce moment-là, soit de
continuer ou de demander à un de ses collègues un des membres de
la commission ou des conseillers de poursuivre dans ce domaine.
C'est la réponse que je peux vous faire, pour autant qu'on
veuille considérer le bon ordre de nos travaux. Je demanderais au
président de la Commission des accidents du travail de bien vouloir
continuer là où il a interrompu ses commentaires avant le
lunch.
M. Tessier: Je vous remercie, M. le Président Je n'en ai
que pour quelques minutes. Il me restait, lors de la suspension à midi,
deux points, soulevé par le député de Maisonneuve auxquels
je n'avais pas répondu.
Le premier touche la question du bénéfice du doute. Je
voudrais assurer les membres de cette commission que, depuis déjà
quelque temps, dans tous les cas, la commission accorde, sans exception, le
bénéfice du doute à l'accidenté.
Le second point, c'est que si on croit, si l'une ou l'autre des parties
croit avoir été lésée, si on doute qu'on ait
accordé le bénéfice du doute, il y a des paliers d'appel.
En effet, la commission a établi trois paliers d'appel.
Il a été question ce matin, que les accidentés
n'étaient pas informés suffisamment de ceci. Je dois
préciser que c'est le contraire de ce qui a été
affirmé et j'en donne la preuve. D'abord, sur le formulaire d'accident
que doit remplir l'accidenté, l'employeur et le médecin, il y a,
au verso, des instructions. Je dispenserai les membres de cette commission de
la lecture de tout ce qui y est mentionné, mais il y a, à
l'article 8, révision d'une décision.
Vous me permettrez de lire ce paragraphe: "Tout accidenté qui se
sent lésé par une décision de la commission peut demander
par écrit une révision de son cas.
Sa demande doit être justifiée au point de vue juridique ou
appuyée par un certificat médical. Des personnes
différentes étudieront son dossier et rendront une nouvelle
décision ou maintiendront la décision antérieure. Si
l'accidenté s'estime encore lésé, il a le droit d'en
appeler à la commission elle-même, qui pourra reprendre
l'étude du dossier et l'inviter à venir faire connaître son
point de vue.
Or, au cas où l'accidenté ne verrait pas les droits qui
lui sont accordés, nous avons fait im-
primer et distribuer aux employés au-delà de 1 million
d'exemplaires, dans toute la province, d'une petite brochure intitulée:
L'Indemnisation des accidentés du travail. Il y a un index et, à
l'index, au début, à la page 1, Droit d'appel, page 21. Si on se
réfère à la page 21, encore là, il est
mentionné j'en dispense la lecture les trois paliers
d'appel, c'est-à-dire que, si un accidenté ou un employeur, parce
que, évidemment, cela s'applique aux deux parties, n'est pas satisfait
de la décision rendue par notre agent d'indemnisation, il peut demander
à ce que son dossier soit référé au comité
de révision, suivant toute l'explication qui est fournie.
Ensuite, si encore là l'une ou l'autre des parties n'est pas
satisfaite de cette deuxième décision, le dossier peut être
référé à la demande de l'une ou l'autre des
parties, au bureau d'appel. Enfin, si encore là on n'est pas satisfait
de la décision du bureau d'appel, on peut demander une audition devant
les membres de la commission que nous tenons d'ailleurs partout en province.
C'est-à-dire que la commission se déplace et qu'un tribunal
itinérant... Nous allons siéger dans n'importe quelle ville de la
province. Nous avons siégé à Gaspé, comme nous
avons siégé à Val-d'Or, comme nous avons
siégé dans les Cantons de l'Est, par exemple, à Granby,
comme nous siégeons à Chicoutimi et partout.
M. Lessard: Vous y êtes allé combien de fois?
M. Tessier: Pardon?
M. Lessard: Le comité de révision.
M. Tessier: Non, les paliers d'appel, le comité de
révision, le bureau d'appel, l'audition devant la commission.
M. BeIlemare (Johnson): Après le comité de
révision, vous dites?
M. Tessier: Bureau d'appel.
M. BeIlemare (Johnson): Qu'est-ce que le bureau d'appel?
M. Tessier: Le bureau d'appel est composé de membres de
notre service juridique.
M. BeIlemare (Johnson): Ah bon!
M. Tessier: Je dois préciser ceci, c'est que l'agent de
réclamation, qui a rendu la première décision, n'est
jamais présent. Il ne peut influencer d'aucune sorte la révision
aux trois paliers d'appel. Ce sont d'autres fonctionnaires qui siègent
et au bureau de révision et au bureau d'appel...
M. BeIlemare (Johnson): Le bureau d'appel, c'est le comité
juridique.
M. Tessier: C'est une section, si vous voulez, ou une division au
sein de nos services juridiques.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Tessier: Enfin...
M. Lessard: M. le juge...
Le Président (M. Séguin): S'il vous plaît,
retenez ces questions, si vous voulez, jusqu'à ce qu'on puisse permettre
au président de terminer.
M. Lessard: Cela a trait directement. Pour une information
supplémentaire...
Le Président (M. Séguin): Dans le même
contexte non pas un débat, mais dans le même contexte que la
question qui vient d'être posée par...
M. Lessard: Oui, c'est pour une information
supplémentaire, ce qui va me permettre par la suite d'intervenir sur
l'intervention du juge. J'aimerais que vous me disiez, si vous êtes
actuellement capable de le faire, ou plus tard au cours de cette commission
parlementaire, combien de cas particuliers ont été entendus
à la commission comme telle au cours de l'année I974?
M. Tessier: Des auditions publiques devant la commission, nous en
tenons environ... Au dernier rapport, je donne un chiffre un peu approximatif,
c'est entre 45 et 50, que nous avons entendues en I974, cela peut être 47
ou 48, c'est entre 45 et 50.
M. Bellemare (Johnson): Y compris la pneu-moconiose pour les cas
de..
M. Tessier: Pour la pneumoconiose, il s'agit, à ce moment,
d'expertises médicales. Nous faisons la distinction entre une audition
légale et une expertise médicale. Evidemment, il y a appel
également dans les cas de pneumoconiose, comme il y a appel dans tous
les cas de maladies professionnelles, alors que nous tenons des expertises
médicales.
M. Lessard: Quand vous parlez de 45 auditions, vous parlez de 45
séances ou vous parlez de 45 cas particuliers qui ont
été...
M. Tessier: 45 cas particuliers.
M. Lessard: Cela ne fait pas beaucoup...
M. Roy: Dans combien de séances... Vous avez dit tout
à l'heure que vous aviez siégé dans différentes
villes du Québec. Vous avez nommé quelques-unes de ces villes.
Pourriez-vous nous dire combien de séances il y a eues dans chacune de
ces villes au cours de la dernière année?
M. Tessier: Nous pourrions vous fournir ces chiffres.
M. Roy: Non, mais à votre connaissance, quand
avez-vous...
M. Tessier: Je peux vous dire ceci, peut-être que cela
pourrait vous satisfaire c'est que, sur le total des auditions, il y en a eu
environ 50% de tenues dans la ville de Montréal, à nos
bureaux.
Je pourrais dire, peut-être pas un tiers, mais 25% dans la ville
de Québec et les autres 25% à peu près partout dans toute
la province.
M. Bellemare (Johnson): Je trouve que le nombre de demandes
d'audition me semble très bas. Habituellement, on en faisait beaucoup
plus...
M. Tessier: A chaque fois que nous en avons l'occasion, M. le
Président, lors de rencontres, comme il arrive de temps à autre,
soit à des réunions de syndicats, des réunions de patrons,
nous insistons sur le fait qu'il devrait y avoir plus de demandes d'audition.
Moi-même, je suis surpris que nous n'ayons pas plus de demandes. Mais je
puis tout de même préciser qu'à ma connaissance, depuis que
je suis à la Commission des accidents du travail, nous n'avons pas
refusé une seule demande d'audition.
Cette semaine, à titre d'exemple, hier et avant-hier, j'ai
reçu deux lettres de demande d'audition. Nous avons fixé, hier,
justement, une date d'audition à Montréal pour la première
semaine de mai. Ordinairement on laisse un délai d'environ trois
semaines pour permettre aux parties et à leurs procureurs de se
préparer. Parce que, lorsqu'il s'agit d'une audition, nous
recommençons, c'est-à-dire qu'on reprend tout à neuf. Les
parties font entendre leurs témoins et les questionnent sous serment. Il
y a transcription, il y a plaidoirie de la part des avocats ou des
procureurs.
M. Bellemare (Johnson): II y a eu même des
accidentés qui ont eu deux auditions.
M. Tessier: Oui. Il y en a eu une pas loin de chez vous...
M. Bellemare (Johnson): II y en a... M. Tessier: ...
à Grand-Mère.
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y en a encore un qui,
malgré...
M. Tessier: A Shawinigan plutôt.
M. Bellemare (Johnson): ... deux auditions, se promène
devant le Parlement depuis cinq ans.
M. Tessier: II y a eu, dans certains cas, plus qu'une audition
ce sont des cas exceptionnels, bien entendu et cela peut arriver
lorsque, comme on le sait d'abord, les dossiers de la Commission des accidents
du travail ne sont jamais fermés...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Continuez, M. le président.
M. Tessier: Ils peuvent toujours être rouverts en tout
temps. Même si cela fait 20 ans que la décision a
été rendue, si à un certain moment, on nous arrive et on
nous représente des faits nouveaux... Il est arrivé, justement
l'automne dernier, que nous ayons tenu une seconde audition à Shawinigan
et il y avait déjà eu une audition de tenue six ou sept ans
auparavant.
On nous a représenté que, depuis ce temps, on avait
découvert des faits nouveaux, qu'on voulait faire entendre des
témoins qui n'étaient pas disponibles au moment de la
première audition. On a accordé automatiquement une
deuxième audition et nous avons entendu tous les témoins
nouveaux.
M. Cournoyer: Dans le même ordre d'idées, juste pour
préciser, et, après cela, pour poser un point d'interrogation
qu'on a tous à peu près...
M. Lessard: Qu'on a tous, à peu près.
M. Cournoyer: Je vous pose deux questions, M. le
Président. La première, est-ce que vous pourriez nous dire,
à la commission, si, dans les cas d'audition devant la commission, tout
le monde est représenté par avocat?
M. Tessier: Non. Tout le monde n'est pas représenté
par avocat.
M. Cournoyer: Bon!
M. Tessier: II arrive souvent, surtout lorsque l'audition est
demandée par l'accidenté, qu'il soit représenté par
un agent syndical.
M. Cournoyer: Bon!
M. Tessier: Je pourrais dire que, dans environ 50% des cas, c'est
un agent syndical qui représente l'accidenté et non pas un membre
du Barreau.
M. Lessard: II peut se faire représenter par son
député aussi.
M. Tessier: II peut se faire représenter par n'importe
qui.
M. Lessard: D'accord!
M. Tessier: Par son député.
M. Cournoyer: Par le député de Saguenay.
M. Lessard: D'accord, on va en avoir des demandes de...
M. Tessier: Si vous avez un cas à l'idée, M. le
député de Saguenay, veuillez nous le soumettre, faire une demande
d'audition et c'est avec grand plaisir que nous irons siéger à
Baie-Comeau.
M. Lessard: Cela me fera plaisir. Si cela ne se règle pas,
j'accepte l'invitation.
M. Roy: J'aimerais savoir comment il se fait qu'il n'y a eu que
45 cas au cours de la dernière année où on a
demandé des auditions. Il y a des cas de gens, et je ne veux pas citer
des cas d'exception, on pourrait prendre des exemples pour illustrer le
système, où, après maintes et maintes reprises et
après trois, quatre ou cinq ans de correspondance, la seule chose qu'on
ait offerte aux accidentés, c'est le droit de passer à nouveau
devant un comité d'experts médicaux, ce qui est bien
différent. Je suis un peu surpris aujourd'hui, d'ailleurs, je comprends
que c'est la première fois que la Commission des accidents de travail se
présente devant une commission parlementaire, mais je suis quand
même surpris d'apprendre toutes ces choses. Lorsqu'on est
député d'un comté le président de la
Commission des accidents de travail le sait très bien lui-même
pour en avoir eu des cas, des dizaines et des dizaines sur son bureau quand il
était député comment se fait-il que les
accidentés ne sont pas au courant de la possibilité de demander
une audition devant une commission spéciale comme celle que vous venez
de mentionner alors qu'on les réfère toujours à un
comité d'experts médicaux?
M. Tessier: M. le Président, je suis surpris de cette
déclaration du député, puisque je viens de mentionner que
la formule même d'accident du travail qui est remplie et signée
par l'accidenté, il l'a en main.
M. Roy: C'est une nouvelle formule, M. le Président, qui
date de I974.
M. Tessier: D'accord, mais c'est ce que j'ai expliqué ce
matin, M. le Président, j'ai dit que cette restructuration
administrative est récente.
M. Roy: C'est la première fois.
M. Tessier: Elle date du rapport Mineau. J'ai dit que la
commission avait évolué au cours des derniers mois et des
dernières années, je ne suis pas pour répéter ce
que j'ai dit ce matin, et que la commission avait ordonné une
étude exhaustive de ses procédés administratifs et
qu'entre autres recommandations il y avait cette recommandation de former trois
paliers d'appel. Nous avons accepté cette recommandation. Nous l'avons
mise à exécution et cela date de I974.
M. BeIlemare (Johnson): Ce palier d'appel existait.
M. Tessier: II y en avait deux avant.
M. BeIlemare (Johnson): II y avait le comité de
révision, il y avait le comité juridique et il y avait
l'audition.
M. Tessier: Depuis I973.
M. BeIlemare (Johnson): Ne venez pas dire que cela n'existait
pas.
M. Tessier: Oui, mais pas dans la même forme.
M. BeIlemare (Johnson): Oui, mais il est certain que cela
existait. Le droit de l'ouvrier était représenté, c'est
sûr.
M. Tessier: Pas dans la même forme. A ce moment-là,
si on me le permet, M. le Président, pour l'information du
député de Johnson, on ne communiquait pas une décision
motivée à l'accidenté. On disait tout simplement: Votre
dossier a été révisé. La décision est
maintenue. C'est ce qu'on faisait en I972 et en I973. Aujourd'hui, nous
motivons nos décisions. Nous avons adopté en I973 une directive
qui porte le no 64 et qui précise justement la manière dont les
dossiers doivent être revisés à trois paliers. Je
réponds également à la question soulevée par le
député de Maisonneuve, à savoir que l'accidenté
n'était pas informé. Je dois ajouter ceci, et je conclus
d'ailleurs sur cette question qu'à la suite de nos directives de la
commission, des directives ont été émises par la direction
générale de l'indemnisation et transmises à tous nos
agents d'indemnisation.
Il peut arriver, il faut l'admettre, que certains de nos fonctionnaires,
agents de réclamation, ne se sont pas conformés
immédiatement. Lorsqu'on s'en aperçoit, on agit
immédiatement pour qu'on se conforme aux directives. Mais il peut
arriver qu'il se glisse certains cas. Oui?
M. Lessard: Je ne veux pas engager une discussion de fond
dès le début, parce que j'ai beaucoup de questions suite à
votre exposé. Mais est-ce que pour poursuivre cette directive qui
a été donnée - vous demandez à vos agents de
réclamation, qui ont justement à écrire à des
réclamants, d'inscrire à l'intérieur de la lettre cette
possibilité d'appel qui est prévu à la Loi de la
Commission des accidents de travail?
M. Tessier: C'était justement, lorsque le
député m'a coupé la parole, ce que j'étais en train
de dire. Je vais vous faire distribuer les directives de la direction
générale d'indemnisation. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un qui
pourrait se charger d'en faire la distribution.
C'est assez court. Je vais vous lire quelles sont les instructions qui
sont données à nos agents, lorsqu'ils correspondent avec les
accidentés. "De plus, dans les cas de réclamations
contestées, il est important de procéder ainsi: a) L'agent de
réclamation rend sa décision et la communique aux parties en
ayant soin de préciser qu'elles peuvent en appeler de la décision
et qu'à cette occasion l'étude du dossier sera confiée au
premier niveau d'appel, soit le comité de révision. b) Lorsque
l'étude est terminée par le comité de révision, il
appartient au directeur adjoint concerné de communiquer la
décision rendue aux parties. Cette fois encore, il faut préciser
que les parties peuvent en appeler de la décision et que le bureau
d'appel se chargera de l'étude de la question.
c) Sur réception de représentation, le dossier est
confié au bureau d'appel qui rend sa décision et la communique
aux parties en les informant que le dernier appel se situe au niveau de la
commission elle-même, c'est-à-dire l'audition.
Ce sont les directives auxquelles nos agents de réclamation
doivent se conformer.
M. Lessard: Puis-je vous faire remarquer que j'ai ici une lettre
du 25 mars 1975, dans laquelle un agent de réclamation informe un
réclamant d'une décision et qu'il n'y a absolument rien
d'indiqué dans votre directive qui est noté dans la lettre en
question.
M. Tessier: L'agent de réclamation en question, à
ce moment-là, a manqué à son devoir, n'a pas suivi les
directives formelles qui lui ont été données. Je serais
bien heureux qu'on me communique son nom, soit une copie de cette lettre afin
que nous prenions les dispositions nécessaires pour que l'agent en
question se conforme aux directives précises qu'il a reçues.
M. Roy: M. le Président, je pense qu'on pourrait
procéder à l'inverse, demander plutôt quel est l'agent qui
s'est conformé à la directive, parce que je n'ai jamais vu, en ce
qui me concerne, une seule lettre dans laquelle les directives que vous
mentionnez ont été mises en application. Je pense que ce serait
plus sage, ça prendrait beaucoup moins de temps de faire l'inverse.
M. Tessier: J'ai déjà été
député. Je sais un peu comment cela se passe. Nous avons 300,000
réclamations annuellement. Il y en a probablement dans le comté
de Beauce-Sud, je lance un chiffre au hasard, disons 10,000.
M. Roy: Non, non. C'est au hasard. M. Tessier: Disons
5,000.
M. Roy: Et même un grand hasard. Je ne voudrais quand
même pas laisser le président laisser supposer que la population
de mon comté est accidentée.
M. BeIlemare (Johnson): Ce ne sont pas tous des infirmes.
M. Tessier: Non, mais il y a des employés qui subissent
plusieurs accidents l'un après l'autre, au cours d'une même
année. Disons qu'il y a à tout événement, quelques
milliers d'accidents, dans à peu près tous les comtés de
la province. Il y en a certainement dans le comté de Beauce-Sud comme il
y en a dans tous les autres comtés.
Par conséquent, s'il y en avait quelques milliers, ceux qui sont
satisfaits des décisions de la commission, ceux qui, non satisfaits, en
ont appelé de la première décision de la commission et ont
été satisfaits de la décision rendue par le comité
de révision ou le comité d'appel, ou encore à la suite
d'une audition, ce qui est assez rare comme on l'a mentionné tout
à l'heure ceux-là, les députés n'en
entendent jamais parler.
Ce dont les députés entendent parler, et les lettres qu'on
leur remet, ce sont des cas d'exception; ce sont des cas d'accidentés
qui ne sont pas satisfaits et qui, à ce moment-là, vont voir leur
député. Cela représente un pourcentage infime on le
voit d'ailleurs par le nombre de lettres qu'on reçoit des
députés, je parle de l'ensemble des 110 députés et
de la part des syndicats cela représente tout de même une
quantité ou un pourcentage infime, sur les 300,000 réclamations
que nous réglons dans un an.
Il est évident que les députés sont saisis de gens
qui ne sont pas satisfaits. Le député, à son bureau,
reçoit les gens qui ont à se plaindre de quelque chose, soit de
leur allocation familiale, de l'allocation du service social, soit d'une
décision rendue par la Commission des accidents du travail. Ce sont ces
gens-là que vous voyez.
Mais vous ne voyez pas tous les cas des gens qui sont satisfaits; nous,
nous les voyons. C'est ce qui explique que vous pouvez peut-être avoir,
dans vos dossiers, certaines lettres. Mais nous recevons, si on prend les
décisions, disons 300,000 lettres de décisions qui sont
envoyées annuellement aux accidentés, vous en recevez
peut-être quelques douzaines à travers cela, de la part de ceux
qui ne sont pas satisfaits des décisions.
Il faut l'admettre je l'ai dit ce matin nous ne sommes pas
infaillibles. Nous sommes des humains, tous ce que nous en sommes, moi le
premier et tous nos fonctionnaires également. Nous ne sommes pas
à l'abri d'erreurs. Nous aimons, par exemple et je le
répète à ce que cela nous soit signalé
lorsque cela se produit. Je le dis à chaque fois que j'ai l'occasion de
le dire, lorsque j'ai l'occasion d'adresser la parole devant un groupe, par
exemple.
Si vous relevez quelque chose d'anormal, de pas satisfaisant, ne vous
gênez pas pour nous le dire et pour nous le signaler.
M. Lessard: Ne trouvez-vous pas curieux que c'est justement dans
les dossiers que nous avons que ces directives ne sont pas appliquées.
Est-ce que ce serait le hasard qui ferait que...
M. Tessier: Oui...
M. Lessard: ...nous recevons seulement les dossiers où les
directives ne seraient pas appliquées. Ce serait le hasard qui voudrait
cela.
M. Tessier: Justement, cela veut peut-être dire que nous
avons, malheureusement, dans l'ensemble de nos fonctionnaires, il y en a
probablement quelques-uns, justement, qui sont moins compétents que les
autres.
M. Lessard: C'est un drôle de hasard...
M. Tessier: Oui, mais la preuve, c'est justement cela. C'est
qu'ils ont à se plaindre non seulement de la décision, mais vous
constatez, en
même temps, que la directive en ce qui concerne les droits d'appel
n'est pas mentionnée par ce même agent. Cela veut dire que la
compétence de cet agent est douteuse. C'est pour cela que nous sommes
heureux quand vous nous le signalez afin que nous prenions les dispositions
nécessaires, soit pour lui faire suivre un cours de perfectionnement ou
soit pour le muter s'il n'a pas la compétence pour agir comme tel.
M. BeIlemare (Johnson): M. le Président...
M. Tessier: Mais ce que je voudrais que vous sachiez, honorables
membres de la commission parlementaire, c'est que la commission en tant que
telle, c'est-à-dire mes collègues et moi, tous nos efforts
quotidiens se portent du côté de l'amélioration des
services aux accidentés. Nous admettons que nous avons encore un bon
bout de chemin à faire avant d'atteindre les objectifs que nous nous
sommes fixés depuis un an, ou un peu plus d'un an, soit depuis l'automne
1973, si vous voulez. Mais nous espérons pouvoir atteindre ces objectifs
dans un avenir assez rapproché.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez fait parvenir aux agents de
réclamation les renseignements qui découlaient d'une directive,
numéro 65, de la commission. Seriez-vous assez aimable de nous faire
parvenir la directive?
M. Tessier: Oui. Malheureusement, je ne l'ai pas ici.
M. Bellemare (Johnson): On va la faire polycopier.
M. Tessier: Mais, certainement qu'on la déposera. M. le
Président, nous déposerons une copie de la directive.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. Continuez.
Avez-vous terminé?
M. Tessier: Oui, pour le moment, j'ai terminé.
Peut-être que je pourrais, simplement, aborder un autre sujet. M. le
Président, je veux rappeler que j'ai déposé, avant la
suspension de ce matin, une pochette contenant, entre autres, un mémoire
sur les maladies professionnelles. Si vous désirez nous interroger
à ce sujet, nous sommes prêts à répondre à
toutes vos questions.
Le Président (M. Séguin): M. le Président de
la Commission des accidents du travail et les membres de la commission, je vous
demanderais, autant que possible, pour faire avancer nos travaux le plus
positivement possible, de toujours vous en tenir, soit dans nos questions ou
soit dans nos réponses, au vérifiable et de vous attacher le
moins possible à l'hypothétique. Cela rend la tâche
beaucoup plus facile de pouvoir faire une espèce d'opinion sur ce qui se
passe.
Avant, M. le Président de la commission, la commission se
réserve à ce moment-ci le droit de vous poser des questions sur
votre exposé. Donc, puisque vous avez terminé cet exposé,
avant de passer à la section d'accidents industriels, je demande d'abord
au ministre s'il a des questions à poser sur votre exposé ou sur
l'administration. Ce sera aux partis de l'Opposition, à leur tour, de
poser des questions et aux membres de la commission, naturellement. Quand je
dis "aux membres", c'est que, naturellement, l'Opposition, je pense, en
l'occurence, a plus de questions. Je ne le sais pas. M. le ministre.
M. Cournoyer: M. le Président, comme il est compris par la
commission et par moi-même en particulier, que nous aurons d'autres
séances pour discuter des problèmes d'administration
générale et qu'il faudrait quand même qu'on s'arrête
un peu à un des aspects particuliers, c'est-à-dire les maladies
industrielles, je m'abstiendrais à ce moment-ci du moins, de poser des
questions.
Le président a soumis son mémoire. Je ne sais pas si les
membres de la commission ont eu le temps de lire ce mémoire sur les
maladies industrielles.
Je préférerais que le président de la commission
fasse la lecture de ce mémoire avec nous, en même temps que nous,
étant donné que cela a fini assez tard, pour qu'on puisse voir
dans quel sens il se dirige dans le domaine des maladies industrielles. Je
réserverais toute question sur l'administration générale
de la commission pour une séance ultérieure de la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, compte tenu du mandat que nous
avons donné ce matin.
Le Président (M. Séguin): Maintenant, je reconnais
le bien-fondé des commentaires du ministre. Est-ce que la commission
voudrait, à ce moment, poser des questions se rapportant à ce qui
a déjà été dit ou si vous retardez vos questions
jusqu'après la lecture ou les commentaires sur l'exposé du
mémoire sur les accidents industriels?
M. Bellemare (Johnson): J'aimerais savoir une chose avant de le
faire et de donner mon consentement. C'est quand la prochaine?
M. Cournoyer: Je planifiais la chose pour le 22.
M. Bellemare (Johnson): 22?
M. Cournoyer: Mardi, le 22 de ce mois.
M. Roy: Mardi, dans deux semaines.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ce serait une partie de la
journée?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que le 22, il y a le Parlement
qui siège; aujourd'hui, on est dans une position assez
privilégiée, étant donné que le Parlement ne
siège que ce soir; donc, on a eu la journée. Mais le 22, je ne
peux pas présumer des orientations des travaux du Parlement. Le 22,
ce
serait la journée que je préciserais comme étant la
prochaine séance de la commission parlementaire.
M. Roy: Le 22, c'est le mardi, cela veut dire qu'on
siégerait à 10 heures ou 10 h 30.
M. Cournoyer: A 10 heures. M. Roy: 10 heures.
M. BeIlemare (Johnson): Est-ce que le ministre pourrait
s'entendre avec le leader du gouvernement pour qu'on puisse, après la
période des questions, continuer le travail en après-midi et en
soirée?
M. Cournoyer: Dans ce temps, c'est-à-dire pour le 22?
M. BeIlemare (Johnson): Le 22.
M. Cournoyer: Certainement. Il y a un leader qui est ici, il y a
un leader qui est là, il y a une moitié de leader qui est...
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas de misère dans mon
parti, mon caucus est toujours unanime.
M. Roy: Voulez-vous que je vous parle de la présidente de
la Commission du salaire minimum?
Le Président (M. Séguin): J'ai demandé tout
à l'heure...
M. Cournoyer: Non pas change pour change, je changerais tout de
suite; c'est votre affaire.
Le Président (M. Séguin): ...de rester dans le
domaine du vérifiable.
M. Bellemare (Johnson): Alors, mardi, dans la matinée,
à 10 heures, plus après la période des questions. Le
ministre s'entendra avec le leader du gouvernement et on pourra revenir, pour
finir, l'après-midi et en soirée. Je serai satisfait.
M. Cournoyer: Bien sûr.
Le Président (M. Séguin): Aucun commentaire
là-dessus, si vous me permettez, comme président de cette
commission... Il va parler tout de suite après. C'est que je
reçois toujours ces commentaires très volontiers, mais c'est
toujours dans le contexte, naturellement, des travaux de la Chambre, dans le
contexte des crédits, enfin, tout ce qu'il peut y avoir à
discuter à ce moment. C'est une proposition qui est faite pour le 22,
à être confirmée, je pense...
M. Bellemare (Johnson): Pour une fois que le ministre nous en
donne l'occasion, dans quelques années, ce ne sera pas de trop.
Le Président (M. Séguin): Bien. Alors, c'est le
député de Maisonneuve qui a la parole.
M. Burns: Sur la possibilité d'aller directement au
problème des maladies industrielles, je n'ai pas d'objection, pour
autant qu'on me dise, comme le ministre le mentionnait tout à l'heure,
qu'on va revenir, parce que...
M. Cournoyer: Le 22. Je ne suis pas le patron du Parlement, mais
le 22, si vous le voulez, on le mettra dans la motion de ce soir. Il n'y a pas
de date précise dans la motion qu'on avait. Au lieu de dire: Dans les
plus brefs délais, on dira le 22.
M. Bellemare (Johnson): Vous allez être présent?
M. Cournoyer: Je serai présent, M. le Président.
C'est assez rare, mais je serai là.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce.
M. Roy: Oui, je suis entièrement d'accord, je pense que
cela répond au voeu de tout le monde, étant donné la
situation particulière qui prévaut dans ce domaine. Je suis
prêt à offrir ma collaboration pour qu'on puisse discuter des
maladies industrielles tout de suite.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, si le ministre nous certifie
qu'on va revenir le 22.
Le Président (M. Séguin): A l'intérieur
d'une société de bonne entente, nous demandons au
président de continuer son exposé, lui ou celui qui devra faire
la lecture ou la vérification, les explications, etc., sur le
mémoire.
M. Tessier: M. le Président, nous avons, à la
Commission des accidents du travail, le grand privilège de compter parmi
nos commissaires un grand expert en maladies professionnelles,
particulièrement en pneumoconiose et toute maladie pulmonaire.
Le Dr Bertrand Bellemare, qui est à ma gauche, commissaire, dont
la renommée dépasse depuis longtemps les limites non seulement du
Québec, du Canada, mais est internationale. Il est détenteur d'au
moins quatre ou cinq "fellows" canadiens, américains, anglais et autres;
il est un grand spécialiste et, de plus, il est un membre de la
Commission des accidents du travail depuis près de 30 ans.
Comme nous avons ce privilège d'avoir un tel expert comme
commissaire, je crois que, sur toute question de maladies professionnelles, nul
autre que le Dr Bellemare peut être plus compétent pour
répondre à toutes les questions. Avec votre permission, M. le
Président, je demanderais au Dr Bellemare, étant donné
qu'il sera appelé à répondre à ces questions, de
procéder à la lecture du mémoire que la commission a
déposé ce matin, lequel mémoire a d'ailleurs
été préparé par le Dr Bellemare.
Le Président (M. Séguin): Dr Bellemare. Maladies
professionnelles
M. Bellemare (Bertrand): Merci, M. le Président. Si vous
permettez, je vais procéder à la lecture du mémoire.
A l'avant-propos, il semble opportun, à ce moment, de faire le
point sur les réalisations de la commission, relativement aux maladies
professionnelles.
La commission a la responsabilité unique de la compensation et de
la réadaptation sociale des accidentés du travail et de ceux qui
souffrent de maladie professionnelle.
La commission ayant, de par la loi, une décision finale et sans
appel à rendre sur les cas qui lui sont soumis, elle doit prendre toutes
les précautions voulues.
C'est pourquoi elle a pris des dispositions toutes particulières
pour étudier le cas de tout requérant pour maladie
professionnelle.
Dans cette optique précise, la commission s'est dotée, au
service de l'indemnisation, d'une division spéciale pour s'occuper des
cas de maladies professionnelles.
Outre un chef de division des maladies professionnelles, nous avons
nommé trois médecins expérimentés et
compétents, soit le Dr Philippe Duval pour les maladies professionnelles
pulmonaires, le Dr Paul-Eugène Soucy et le Dr Louise Mercier-Soucy pour
apprécier toutes les autres maladies professionnelles non
pulmonaires.
A la vérité, M. le Président, nous n'avons rien
à envier aux autres commissions canadiennes ou américaines au
point de vue médical, relativement à l'étude des
réclamations pour maladies professionnelles. Ce fait doit être
connu davantage, quoique nous soyons conscients qu'il y a toujours place aux
améliorations.
Réflexions sur l'ensemble des maladies professionnelles. Il
importe de dire que toutes les maladies professionnelles sont couvertes par la
Loi des accidents du travail du Québec et ce, depuis le 1er septembre
1962. Auparavant, à la cédule III de la loi, on désignait
chacune des maladies professionnelles ce qui, nécessairement, devenait
limitatif et imposait au législateur des modifications
fréquentes. Avec l'article 12, tout le champ des maladies
professionnelles est désormais couvert, pour le présent et
l'avenir.
Cet article se lit comme suit: "Toute maladie caractéristique
d'un emploi, métier ou procédé industriel et qui lui est
particulière, est déclarée être une maladie
industrielle au sens de la Loi des accidents du travail."
Ainsi, la commission a reconnu et compensé, en 1974, les maladies
suivantes prouvées de nature professionnelle: L'amiantose, asthme
professionnel, brucellose, byssinose, conjonctivite, dermite, hépatite,
intoxication, oreillons, salmonellose, saturnisme, perforation du septum nasal,
silicose, sidérose, staphylococcie, surdité professionnelle,
tendinite, ténosynovite, tuberculose et varicelle.
Voici quelques unes des statistiques sur l'en- semble des
réclamations pour maladies professionnelles pour les années 1972
à 1974 inclusivement: 1972: 1,236 cas; 1973: 1,405 cas; 1974: 1,396
cas.
A ce jour, en 1975 des chiffres qui datent de quelques jours
nous avions déjà reçu 727 réclamations pour
maladies professionnelles, pour les premiers mois de 1975. Pour votre
bénéfice, nous reproduisons les statistiques globales sur les
réclamations pour toutes les maladies professionnelles
étudiées en 1974.
Je crois, M. le Président, que ce tableau, je peux en faire
lecture, mais je crois que si on me permet, je sauterais le tableau pour parler
du chapitre des pneumoconioses. L'étude des cas...
Le Président (M. Séguin): Voici, docteur... M.
Bellemare (Bertrand): Excusez-moi!
Le Président (M. Séguin): ...je demanderais qu'un
double de ce tableau soit remis au journal des Débats afin qu'on puisse
le faire paraître au journal des Débats, ce qui
compléterait votre texte.
M. Cournoyer: Ce n'est pas long, pourquoi ne le lirait-il
pas?
Le Président (M. Séguin): Vous pouvez le lire si ce
n'est pas très long. Lisez-le donc, ce sera tout de suite inscrit.
M. Bellemare (Bertrand): Amiantose. Nous avons accepté 85
cas. Les demandes refusées ou à être
révisées, et cela demande une explication. Pour un cas, il faut
qu'il soit deux ans exposé dans la province de Québec pour avoir
le droit de faire étudier sa réclamation, la faire
reconnaître. C'est dans la loi, comme d'ailleurs, pour toutes les autres
commissions d'accidents du travail du Canada, pour la même chose. Il
arrive que des gens présentent des images ou l'individu peut
présenter de la poussière dans ses poumons mais qui n'a aucune
incapacité. On dit, à ce moment-là: On ne peut pas
compenser l'individu. Mais on dit que le cas doit être revu dans un an,
dans deux ans. C'est cela. Ce sont des cas à être
révisés. Tous les cas pour réclamations de maladies
professionnelles pulmonaires, de toute façon tous les dossiers sont
ouverts à la commission et tous les cas de maladies professionnelles
pulmonaires sont révisés, et l'accidenté, le
réclamant, le requérant a toujours droit de venir devant la
commission pour demander que son cas soit étudié, ou encore, son
médecin traitant peut le faire.
Pour la byssinose, il y a eu deux cas. Un cas est encore, soit à
être refusé ou à être révisé. Pour la
silicose, 22 cas dont 15 dans... Pour la tuberculose professionnelle, il s'agit
de personnel hospitalier, les trois quarts du temps, qui sont exposés
dans des sanatoria ou autres endroits et qui peuvent contracter la tuberculose
au cours ou à l'occasion de leur travail. Les huit cas
présentés ont été acceptés.
II est évident que la majeure partie des réclamations qui
nous sont soumises sont dues aux dermites par la manipulation de substances
irritantes pour la peau. Nous avons eu 318 cas et 25 personnes nous ont soumis
des réclamations qui ne présentent pas des dermites
professionnelles.
Au chapitre des intoxications, je comprends l'intoxication par le plomb
ou saturnisme et toute forme d'intoxication. D'ailleurs, dans le mémoire
il va être question de saturnisme ou d'intoxication par le plomb ou
d'intoxication par l'arsine ou autres formes d'intoxication. A toutes les
formes nous avons accepté 136 cas dont 23 sont soit en révision,
parce qu'en révision, j'ajoute le fait qu'un cas peut-être en
révision au moment où on l'écrit, où on l'inscrit
dans les statistiques parce qu'on attend des rapports additionnels pour
être soumis à nos experts sur les conditions de travail ou encore
des rapports de laboratoires médicaux qui prennent quinze jours à
trois semaines avant que nous ayons les résultats...
Les maladies musculo-squelettiques, ce sont les tendinites et ces
choses-là, nous en avons accepté dix cas. Les maladies
infectieuses professionnelles c'est encore là, comprenez-vous, le
contact autres que la tuberculose, avec des gens qui sont porteurs de
germes et il y a un contact professionnel, c'est accepté. Il y a les
autres cas, parce que nous aurions une nomenclature assez longue, 76 et 50 ont
été refusés ou sont en révision.
Pneumoconiose.
M. Bellemare (Johnson): Juste une question, M. le commissaire,
avant de passer à la pneumoconiose, est-ce qu'il y a une explication
particulière pour que, dans trois mois et dix jours, on ait ici presque
la moitié des cas des années précédentes puisque
vous nous déclarez qu'il y en a 727 jusqu'à maintenant. Donc,
pendant trois mois, nous en retrouvons 727 comparativement aux années
précédentes, pour toute l'année 1,236 en 1972, en 1973,
c'est 1,405 et en 1974, c'est 1,387. Cela veut dire que vous en avez là,
durant les trois mois de cette année, en moyenne, beaucoup plus que dans
les années précédentes. Est-ce qu'il y a un facteur
particulier?
M. Bellemare (Bertrand): Le facteur particulier, M. le
député, c'est qu'il s'est produit des cas de saturnisme dont il
va être question tantôt et la presse parlée et écrite
a été au courant de cela. Tout le monde, à un moment
donné, s'est dit: Bien nous souffrons, nous aussi, de cette maladie.
Dans la question de l'arsine, dans une certaine compagnie de
Montréal où il y a eu deux mortalités, nous sommes rendus
à je ne sais pas combien de réclamations qui sont produites par
ces cas. Une réclamation, chez nous, lorsqu'elle est dûment
signée par l'accidenté, le requérant et l'employeur, cela
veut dire une réclamation produite que nous sommes obligés
d'étudier et avoir les rapports médicaux.
M. Bellemare (Johnson): C'est un facteur déterminant pour
l'augmentation.
M. Bellemare (Bertrand): C'est un facteur d'entraînement
qui est arrivé avec cela, plus les cas où... Là où
il y a moins de facteurs d'entraînement, c'est avec les cas de
surdité; eux se sont multipliés. A part cela, les autres, ce sont
des cas d'intoxication qui ont grossi le chiffre que je viens de vous
donner.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire que I année va
sûrement dépasser en pourcentage toutes les autres années
précédentes.
M. Bellemare (Bertrand): Sûrement.
M. Lessard: Autrement dit, la mortalité de certains cas a
été bénéfique pour d'autres personnes. Cela a pris
du monde qui meurt à un moment donné.
Le Président (M. Séguin): Docteur, continuez.
M. Bellemare (Bertrand): Pneumoconioses. Etude des cas. 1-
L'étude des réclamations pour maladies professionnelles
pulmonaires est faite avec toute l'éthique professionnelle
désirable et les techniques scientifiques les plus modernes que la
médecine possède. Nous sommes très affirmatifs sur ce
point. C'est dans cette ligne de pensée que la commission a cru
nécessaire d'avoir un spécialiste à plein temps dans cet
important secteur et aussi de créer un service de pneumologie.
M. Bellemare (Johnson): Depuis quelle année, M. le
Président?
M. Bellemare (Bertrand): Le service de pneumologie? Il date
certainement de trois, quatre ou cinq ans, au moins, 1970.
De plus, nous sommes fiers de tous et chacun des membres de notre
comité d'experts indépendants en pneumoconiose et de son
président, le Dr Grégoire, qui est à mes
côtés. En fait, il y a six spécialistes qui prennent part
à l'étude de tous et chacun des cas soumis. Plusieurs ont des
réputations internationales. Il s'agit là d'un domaine
d'expertise hautement spécialisé. Aucune commission, non
seulement au Canada, mais en Amérique et dans la plupart des pays
d'Europe, ne fait autant que la Commission des accidents du travail de
Québec pour que tous et chacun des cas d'amiantose, de silicose ou
autres pneumoconioses soient examinés en profondeur pour connaître
les pertes de capacités réelles des requérants. Les
examens comportent une semaine d'observation au cours de laquelle des
épreuves cardiorespiratoires des plus poussées sont faites. Il
est évident que ces examens révèlent parfois des
pathologies fort prononcées et fort débilitantes, mais qui n'ont
aucune relation avec le travail.
Nous ne pouvons passer sous silence le travail d'expertise
également difficile que fait notre comité d'experts en
anatomo-pathologie. lequel est composé de trois spécialistes
éminents: le Dr Roland Guy, président du comité, le Dr
René Lefebvre et le Dr Thomas Seemayer. Tous ces gens sont
des professeurs soit à McGill, soit à Montréal et
chefs hospitaliers des plus grands hôpitaux de Montréal.
Par ailleurs, il est bon de souligner que, dans chaque cas, une
étude des conditions de travail est faite pour permettre à nos
experts de connaître non seulement la qualité, mais la
quantité de la ou des substances auxquelles le requérant a
été exposé. Toutefois, la commission n'a pas la
responsabilité de l'étude des conditions de travail dans les
mines et usines. Elle a la collaboration très étroite du
ministère de l'environnement et du ministère des Richesses
naturelles pour obtenir ces renseignements. 2- Pour répondre
adéquatement à l'augmentation du nombre des pneumoconioses, la
commission a décidé d'acheter un spectrographe de masse de la
NASA. M. le Président, c'est un appareil des plus nouveaux, des plus
modernes, dont on se sert actuellement pour envoyer vers les étoiles,
pour savoir quelle est la qualité de l'air, combien il y a
d'oxygène, ces choses-là, et dont les astronautes se sont servis.
Cet appareil des plus perfectionnés permet d'échantillonner d'une
façon constante et immédiate tous les échanges pulmonaires
gazeux et fournit sur-le-champ les résultats nécessaires pour les
études d'expertises. Auparavant, les mêmes mesures étaient
prises avec des techniques élaborées. Cet appareil permet en
outre à la commission de faire examiner par ses experts du comité
de pneumoconiose trente cas par semaine au lieu de quinze.
La commission maintient ses instructions au président et aux
membres du comité de pneumoconiose, c'est-à-dire accorder 100%
d'incapacité chaque fois qu'il y a plus de 60% de la fonction pulmonaire
qui est affectée. De plus, elle rappelle que la clause de la
présomption des maladies professionnelles est en faveur de
l'accidenté.
L'ordre en conseil 887. La commission a la responsabilité
d'appliquer l'ordre en conseil 887 du ministère des Richesses
naturelles.
Nous avions, depuis les années 1950, trois cliniques pour faire
ces examens, soit à Noranda, Val-d'Or et Thetford-Mines; nous avons
rapatrié les trois cliniques au siège social de la commission,
sous la direction du Dr Louis-Philippe Duval, pneumologue et spécialiste
en hygiène industrielle, il est ici à mes côtés. Tel
que requis, un comité d'examen des films pulmonaires composé de
trois spécialistes a été formé. Ce comité
est chargé de réviser tous ces films avec histoire
médicale de tous les ouvriers de l'amiante.
La commission a décidé par règlement, en 1967, que
tous les requérants qui présentaient des débuts de
pneumoconiose, et ce, sans incapacité, et qui de plus, devaient changer
d'emploi, sur recommandation de ces spécialistes,
bénéficieraient de l'équivalent d'une compensation
pouvant, selon perte de salaire, varier jusqu'à 10%. Par la suite, tous
ces cas sont automatiquement examinés, réexaminés par le
comité de pneumoconiose après trois ans.
Etudes particulières sur l'amiantose. En 1973, la commission
était informée pour la première fois que les poseurs
d'isolants d'amiante ou d'autres matériaux isolants ne subissaient aucun
examen médical pulmonaire en dépit du fait qu'ils versaient, par
le truchement de leur local 58 au Québec, $0.01 de l'heure de travail
à leur siège social aux Etats-Unis pour examen médical. Il
s'agit de l'Association internationale des poseurs d'isolants. Il y a
approximativement...
M. Bellemare (Johnson): M. le commissaire, juste une remarque. La
commission a décidé par règlement, en 1967, est-ce que
c'est le règlement no 9?
M. Bellemare (Bertrand): Exactement.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous pourriez nous en faire
parvenir une photocopie?
M. Bellemare (Bertrand): Oui, certainement. M. Bellemare
(Johnson): D'accord.
M. Bellemare (Bertrand): II y a approximativement 700 personnes
affectées à ce travail. Un employé peut travailler deux
jours ici, deux mois là, etc. Pour acquérir leurs services, on
appelle au bureau du local 58, qui désigne les travailleurs à
tour de rôle. Devant ce qui précède, il est fort difficile
de déterminer l'employeur ou les employeurs responsables de
l'amiantose.
Toutefois, la commission étant profondément convaincue que
la justice et l'équité lui commandaient que ces gens soient
protégés, elle a pris les dispositions suivantes: 1 celle
de les faire examiner par son directeur de service de pneumologie et ce, sans
aucune charge. Cependant, il fut convenu que le local 58 continuerait par la
suite, à ses frais, les examens médicaux. Elle remettrait au
médecin désigné le dossier qu'elle aura pour chacun d'eux.
2 celle de compenser les cas qui présentent des pathologies
pulmonaires avec incapacité; 3 celle d'aviser le service des
spécialistes du ministère de l'Environnement afin qu'il puisse
faire des études des conditions de travail et instaurer les mesures
préventives désirables. Nous n'avons qu'à nous
réjouir de la coopération de ce ministère et de celle des
autres services gouvernementaux de prévention.
Comme parfois on semble croire dans certains milieux que la commission
ne se préoccupe pas des maladies professionnelles, elle croit
aujourd'hui opportun de vous soumettre certains exemples de travaux
particuliers qui sont actuellement en voie d'être complétés
et ce, pour le mieux-être des travailleurs québécois.
M. Bellemare (Johnson): M. le commissaire, je voudrais simplement
vous arrêter parce que vous nous dites au paragraphe 3 que c'est bien
important pour les fins de la discussion qui va avoir lieu dans quelques
minutes: "celle d'aviser le service des spécialistes du ministère
de l'Environnement afin qu'ils puissent faire des études des
conditions
de travail et instaurer des conditions de prévention
désirables." Nous n'avons qu'à nous réjouir de la
coopération reçue de ce ministère. Est-ce que vous vous
réjouissez autant après ce qui est arrivé dans une usine
à Montréal? Parce que c'est le service d'environnement qui avait
la responsabilité de constater, sur les lieux, ce qui se passait
là?
M. BeIlemare (Bertrand): Je vous dis ce que je sais. A ma
connaissance, le ministère de l'Environnement, chaque fois qu'on a
demandé sa coopération, on l'a eue.
M. BeIlemare (Johnson): Est-ce qu'il l'avait fait dans le temps?
D'accord.
Le Président (M. Séguin): Je
préférerais que le Dr Bellemare puisse...
M. Roy: Gardez votre question, vous la poserez après.
Le Président (M. Séguin): M. le commissaire.
M. Bellemare (Bertrand): 2- Une industrie de transformation de
l'amiante était en difficulté au point de vue d'examen et de
recrutement médical et les travailleurs devaient être
examinés au point de vue pulmonaire dans les meilleurs délais. La
commission a demandé à son directeur du service de pneumologie de
faire les examens requis, ce qui a été fait. Elle a
également eu la coopération du ministère de
l'environnement pour étudier les conditions de travail et instaurer les
mesures préventives. 3- Au Québec, il y a également eu
l'étude faite par le Dr Corbet McDonald et son équipe de
l'université McGill. Cette étude a duré trois ans et se
poursuit toujours. Ces recherches ont porté sur tous les mineurs
d'amiante du Québec. d) Etude du Dr Irving Selikoff.
Nous ne pouvons formuler de commentaires sur le rapport
préliminaire; nous attendons le rapport complet signé par le Dr
Selikoff lui-même. Nous sommes des plus intéressés à
en prendre connaissance. Si nous sommes bien informés, il sera
disponible dans deux ou trois mois.
Nul doute que cette étude scientifique contribuera à
stimuler l'intérêt scientifique de tous les chercheurs dans ce
domaine.
M. Bellemare (Johnson): II faut peut-être ajouter le Dr
Cartier, aussi.
Le Président (M. Séguin): Dr Bellemare, s'il vous
plaît. L'autre Dr Bellemare.
M. Bellemare (Bertrand): M. le Président, nous sommes
rendus au chapitre des intoxications.
La commission reçoit, d'une année à l'autre, une
variété de réclamations pour intoxications par divers
toxiques. Nous nous limiterons à soumettre à votre bienveillante
attention certaines d'entre elles qui ont fait l'objet particulier de
commentaires de la part de la presse écrite et parlée et
d'apporter les précisions qui s'imposent.
Le plomb (saturnisme). Il y a toujours eu des cas de saturnisme au
Québec.
Une Voix: A l'ordre!
Le Président (M. Séguin): C'est le service de
ventilation. Continuez donc, docteur. Docteur. A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): II y a toujours eu quelques cas de
saturnisme au Québec. Ils ont été compensés par la
Commission des accidents du travail, comme il se doit, et les conditions de
travail ont été étudiées par les organismes
gouvernementaux concernés. Il y a un an, le problème du
saturnisme au Québec a été particulièrement
soulevé, à nouveau, à l'occasion d'examens que l'on a
faits chez les policiers qui pratiquaient le tir dans les chambres
spéciales à cet effet, ce qui multiplia les réclamations,
lesquelles sont venues de plusieurs endroits du Québec.
Nous croyons que ce processus est sain et nous rappelle constamment la
nécessité d'être à la fine pointe des
développements. En effet, c'est salutaire, si le tout demeure sur le
terrain scientifique et dans un but de prévention. Ces prises de
conscience ont apporté des améliorations des conditions de
travail.
Nous croyons opportun de jeter l'éclairage nécessaire sur
la manière dont la commission a procédé pour
étudier les réclamations produites pour saturnisme. D'abord, nous
avons demandé tous les rapports sur les études qui avaient
été faites sur les conditions de travail. Puis, la commission a
formé un comité de spécialistes pour étudier les
réclamations qui ont été produites pour saturnisme
professionnel. Nous avons sollicité la coopération des Drs
Cameron, professeur à l'université McGill et chef du
département de médecine au Montreal General; Ruedy,
également professeur à l'université McGill et qui est
directeur de la division de la Clinique de pharmacologie et toxicologie du
Montreal General; Gosselin, spécialiste en médecine interne
à l'Hôtel-Dieu de Montréal et chef de médecine
interne à l'Université de Montréal; Albert Nantel, chef du
département de toxicologie au Centre hospitalier universitaire, expert
de la commission et du ministère des Affaires sociales en matière
de toxicologie. A ces experts, s'ajoutait notre spécialiste et directeur
médical du service des maladies professionnelles (non pulmonaires)
à la commission. Le Dr Soucy, qui est avec nous ici, cet
après-midi.
Après cette étude des dossiers hospitaliers et des
rapports médicaux et des analyses de sang et d'urine, les
requérants ont été convoqués pour examens.
Nous avons convoqué les médecins traitants
intéressés, au début de décembre pour discuter avec
eux et nos experts des normes à être appliquées par la
Commission des accidents du travail afin que nous ayons tous la même
compréhension du problème par la suite. Nous croyons que cette
pratique est de bonne éthique professionnelle.
La commission a été saisie de tout ce qui
précède et a pris les dispositions voulues.
Les cas d'arsine. Tous se souviennent des deux mortalités par le
gaz d'arsine et des autres travailleurs hospitalisés.
Aussitôt que la commission a été mise au courant du
fait, elle a pris contact avec les familles éprouvées. Des appels
téléphoniques ont été faits avec les hôpitaux
et les médecins concernés afin d'agir avec diligence. Cette
procédure n'est pas nouvelle, elle s'applique dans tous les cas de ce
genre, dès qu'ils lui sont connus à la commission.
Cancer des vaisseaux du foie dû au chlorure de vinyl. L'an
dernier, un médecin italien a publié sur le sujet. Un
spécialiste québécois a lu les articles et s'est souvenu
d'avoir vu des cas semblables au cours de sa pratique. Il en a informé
la commission.
Entre 1962 et 1972, il s'est produit six cas de cancer des vaisseaux du
foie, soit des angiosarcomes. Dans ce temps-là, aucun médecin ne
savait que le chlorure de vinyl pouvait produire ce cancer.
Nous avons immédiatement fait faire une enquête
spéciale et versons aux familles les compensations rétroactives
et futures auxquelles elles ont droit, quoiqu'elles ces familles
n'aient jamais fait de demande en ce sens à la commission. C'est un
autre exemple qui illustre bien le souci de justice et d'équité
de la commission.
Surdité professionnelle. Nous recevons de plus en plus de
réclamations pour surdité. Ainsi, l'an dernier, nous avons
accepté 372 cas. Grâce aux spécialistes de grande
réputation qui ont accepté d'agir comme experts, nous sommes
assurés de l'excellente qualité des examens faits pour
déterminer les incapacités permanentes. Notre barème va
être réétudié avec eux et ils vont formuler, par la
suite, à la commission les recommandations appropriées. Cette
étude est actuellement en cours. C'est le même processus que nous
employons dans l'étude des problèmes soumis sur les autres
maladies professionnelles.
Autre étude médicale spéciale par comités
d'experts. Nous vous présentons un autre exemple d'étude qui est
en cours pour vous informer davantage sur les travaux que la commission fait
relativement aux maladies professionnelles.
Vibrations (scies mécaniques). C'est un fait connu en
médecine du travail que les trépidations ou vibrations peuvent
engendrer des symptômes qui s'apparentent au phénomène de
Raynaud. Cette maladie professionnelle est reconnue par la commission.
Ce qui est nouveau est le fait que des travailleurs auraient
présenté des symptômes en manipulant des scies
mécaniques. Après avoir consulté toutes les autres
commissions des accidents du travail du Canada, amassé le plus de
renseignements possible sur le sujet, nous avons confié l'étude
de cette importante question à un comité de plusieurs experts
présidé par le Dr Jean-Louis Bonenfant, que plusieurs connaissent
à Québec comme une autorité.
Plusieurs personnes ont déjà été
examinées, nous poursuivons nos recherches et une réunion globale
des spécialistes médicaux est prévue pour la mi-mai. En
somme, nous procédons ici, comme dans les autres cas, après
consultation médicale.
Coopération avec les autres organismes gouvernementaux. A chaque
réclamation que nous avons pour maladie professionnelle, nous avisons
par écrit tous les organismes gouvernementaux concernés. Cette
collaboration a pour but de permettre de faire de la prévention sans
délai et aussi d'orienter leur travail vers d'autres employeurs avec des
expositions similaires. Tout ce travail de contact est maintenant fait par
notre propre service de prévention.
En outre, la commission, comme nous le disions auparavant, a besoin de
connaître les conditions de travail, la qualité et la
quantité des substances délétères pour sa propre
gouverne et pour permettre à ses experts de formuler un diagnostic en
toute connaissance de cause.
Conclusions. Dans ce bref exposé, nous avons simplement voulu
projeter de la lumière sur la façon dont la Commission des
accidents du travail remplit son rôle actuellement en matière de
réparation de maladies professionnelles.
Pour qu'il y ait plus de médecins du travail disponibles dans le
but de protéger la santé des travailleurs, la commission verse
des allocations pour services médicaux industriels. Egalement, elle paie
pour les cours de premiers soins donnés par la
Société-ambulancière Saint-Jean.
Le service de prévention de la commission est à se
développer et est prêt à coopérer, dans la plus
large mesure, avec les autres organismes gouvernementaux ou autres pour que la
meilleure des préventions soit faite pour protéger les
travailleurs québécois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le commissaire.
Est-ce que le ministre a des questions?
M. Cournoyer: Je pense que je vais laisser les
députés poser toutes les questions, étant donné que
c'est une commission qui relève de mon autorité, alors j'aime
mieux que les députés...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je vais essayer au cours de
la période des questions de suivre le dossier que nous a transmis le D
rBellemare et de poser des questions sur ce dossier.
D'abord, Dr Bellemare, vous dites que depuis I962, la Commission des
accidents du travail se préoccupe des maladies industrielles. Vous
donnez justement une précision concernant la définition des
maladies industrielles. Est-ce que depuis I962, la Commission des accidents du
travail s'est préoccupée de l'amiantose et a reconnu l'amiantose
comme maladie industrielle?
M. Bellemare (Bertrand): M. le député, vous me
permettez de faire une modification a ce que vous avez dit, soit qu'on
reconnaissait les maladies depuis I962. Les maladies industrielles sont
reconnues
depuis le début de la commission, mais avec une liste
limitative.
M. Lessard: C'est cela.
M. BeIlemare (Bertrand): En I962, on adit:Toute maladie
caractéristique particulière d'un emploi, métier ou
occupation sera désormais reconnue comme maladie industrielle, parce
qu'il y a au-delà de 400 substances toxiques. Quant à votre autre
point, je dois vous dire que le rôle de la commission est celui de voir
à la juste compensation des maladies professionnelles qui lui sont
soumises. Sur ce point, en I962, comme en I975, la commission a
déployé... Je crois que ce que j'ai décrit tantôt
comme examen, nous le faisions déjà en I962, la façon de
procéder avec un comité de pneumoco-niose, de spécialistes
de premier choix.
M. Lessard: Dr Bellemare, je vous pose une question
précise. Est-ce que depuis I962 la Commission des accidents du travail a
reconnu comme maladie industrielle l'amiantose et a traité comme telle
justement les personnes qui avaient cette maladie?
M. Bellemare (Bertrand): La réponse est affirmative, oui;
et avant cela.
M. Lessard: La réponse est donc affirmative oui,
malgré le fait que l'arrêté en conseil 887 ne semblait pas
reconnaître l'amiantose comme maladie industrielle?
M. Bellemare (Bertrand): L'arrêté 887 est un
arrêté du ministère des Ressources naturelles, par lequel
on demandait à l'employeur de faire subir un examen médical
accompagné de radiographies. Cet examen médical au
préembauchage devait au début être indemne de maladies
pulmonaires. Après cela, on a dit: Pour les réexamens, exempt de
tuberculose. C'est l'arrêté qui est là. Dans le temps, ce
qu'on avait comme réclamation, ce n'est pas la commission qui l'a fait,
mais dans l'histoire professionnelle on n'écrirait pas la
même chose aujourd'hui, d'ailleurs on l'a vu dans le temps,
c'était la silicose tuberculose qui, dans la province, régnait.
C'est cela probablement qui a fait qu'on a pensé à émettre
cela comme on peut le voir parfois ailleurs.
M. Lessard: II y a quelques jours, le ministre des Richesses
naturelles, dans une déclaration ministérielle, nous disait qu'il
se proposait d'amender l'arrêté en conseil 887 qui a
été adopté en date du mois d'août I956 afin que cet
arrêté en conseil couvre toutes les maladies de voie respiratoire,
dont l'amiantose. Est-ce que, étant donné que la Commission des
accidents du travail reconnaissait déjà l'amiantose comme maladie
industrielle, cette décision d'amender l'arrêté en conseil
887 va changer quelque chose vis-à-vis de la Commission des accidents du
travail?
M. Bellemare (Bertrand): La Commission des accidents du travail
n'est pas chargée de la médecine du travail, de la
prévention, si vous voulez, médicale dans l'industrie. Alors, son
rôle était de recevoir, d'accueillir les réclamations qui y
sont faites, soit par le réclamant, soit par le médecin traitant
ou d'autres truchements. C'est cela que nous avons fait.
M. Lessard: Mais, cependant, en ce qui concerne le fait que
l'amiantose, pour la Commission des accidents du travail, était reconnue
comme maladie industrielle, la modification de l'arrêté en conseil
ne change rien vis-à-vis de la Commission des accidents du travail,
puisque vous la reconnaissiez depuis...
M. Bellemare (Bertrand): Au point de vue de la compensation, vous
avez raison, M. le député.
M. Bellemare (Johnson): Mais c'est la loi qui vous...
M. Bellemare (Bertrand): ... elle est inscrite... M. Bellemare
(Johnson): Dans la loi...
M. Bellemare (Bertrand):... l'amiantose, depuis nombre
d'années.
M. Bellemare (Johnson): Dans la loi.
M. Bellemare (Bertrand): Oui. Il y a eu des amendements...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas un arrêté en
conseil.
M. Bellemare (Bertrand): ... de 38, de 44 et de...
Le Président (M. Séguin): Un instant, sans vous
interrompre, M. le député. Je viens de régler
unilatéralement cette question de q uestions supplémentaires ou
additionnelles. Je demanderais qu'on entende, qu'on écoute celui qui
pose des questions, qu'on écoute les réponses, et, à la
suite, si un autre membre de la commission a une question supplémentaire
ou additionnelle à poser sur le sujet dont vous parlez, il pourra,
à ce moment, reposer cette question non pas comme question
additionnelle, mais comme question tout à fait dans l'ordre et
principale.
C'est pour cela que je demanderais la coopération des membres de
la commission, afin de ne pas faire comme je fais présentement,
interrompre le député de Saguenay, mais plutôt d'essayer d
entendre chacun et de poser ses questions et de permettre à celui qui
doit répondre de répondre.
Le député de Saguenay.
M. Lessard: A la page 7 de votre mémoire, vous
déclarez ceci: II est bon de souligner que, dans chaque cas, une
étude des conditions de travail est faite pour permettre à nos
experts de connaître non seulement la qualité, mais la
quantité de la ou des substances auxquelles le requérant a
été exposé.
J'aimerais avoir des explications et j'aimerais surtout que vous me
disiez si ces études ont eu particulièrement lieu dans la
région de l'amiante, d'abord, comme première question, et,
ensuite, j'aurai des questions supplémentaires.
M. BeIlemare (Bertrand): II est évident qu'à chaque
fois que nous avions une réclamation, comme je l'ai dit dans le texte,
un avis était envoyé au ministère intéressé
disant que nous avions une réclamation, afin qu'il puisse savoir qu'il y
avait des cas chez nous que l'on reconnaissait, qui produisaient des
réclamations, pour les aider dans la prévention. Nous demandions
les études des conditions de travail, si nous les avions
déjà, parce que nous avons accumulé, avec les
années, des renseignements, et les études des conditions de
travail d'aujourd'hui... Si vous faites l'étude de cette maladie, ce
n'est pas une maladie contagieuse que l'on peut contracter dans un laps de
temps très court. Ce sont des années. Alors, si on demande des
études récentes de conditions de travail, cela ne nous donnera
pas les études qui ont été faites il y a des
années, sur lesquelles on avait une autre façon de calculer. A ce
moment, on calculait en millions de particules par pied cube. Aujourd'hui, on
s'en va avec les cinq fibres par c.c.
M. Lessard: Est-ce que la Commission des accidents du travail
comme telle, a déjà fait des études, suite aux
différentes réclamations qui se sont faites à cette
commission? Est-ce que vous avez fait des études particulières,
de votre propre autonomie, sur le problème de l'air ou le
problème des conditions de travail dans la région de
l'amiante?
M. Bellemare (Bertrand): Nous ne sommes pas équipés
pour cela, M. le député. C'est pourquoi on demande aux autres qui
ont l'équipement nécessaire, qui ont les techniciens
nécessaires, de faire ces études.
M. Lessard: Vous demandiez au ministère des Richesses
naturelles, suite aux réclamations que vous aviez, de...
M. Bellemare (Bertrand): Ils n'ont pas les renseignements voulus,
M. le député. Si un type a travaillé pendant 30 ans ou 40
ans, ce n'est pas l'histoire des conditions de travail de I974 ou I975 ou I973
ou même I970.
Si on prend la moyenne d'exposition connue chez nous, c'est à peu
près 26 ans pour les réclamants que nous avons vus. C'est
l'étude des conditions de travail qui dataient depuis des
années.
M. Lessard: Avez-vous déjà reçu des rapports
du ministère des Richesses naturelles ou avez-vous déjà
demandé des rapports au ministère des Richesses naturelles
concernant la teneur en fibre d'amiante par centimètre cube, par
exemple?
M. Bellemare (Bertrand): A ma connaissance, il y en a
peut-être eu récemment, le Dr Grégoire les voit, c'est lui
le président du comité des pneumocondose, mais lorsque...
M. Lessard: Vous êtes très explicite dans votre
rapport. Vous dites qu'il est bon de souligner que, dans chaque cas, une
étude des conditions de travail est faite pour permettre à nos
experts de connaître non seulement la qualité, mais la
quantité de la ou des substances auxquelles le requérant a
été exposé. Vous êtes très précis dans
votre rapport. C'est justement sur cela que je vous pose des questions. Si vous
êtes précis comme cela, c'est parce que ces études
existent. C'est facile de mettre des mots comme cela dans un rapport. Je vous
demande si, réellement, en fait, concrètement, ces études
ont existé, de la part de la Commission des accidents de travail, ou
encore si vous vous fiez à ces études, exclusivement, au
ministère des Richesses naturelles. Si c'est le cas, est-ce que, par
ailleurs, vous avez demandé des rapports au ministère des
Richesses naturelles concernant la teneur de fibre d'amiante ou d'autres
produits qui peuvent avoir des conséquences néfastes sur les
poumons des travailleurs?
M. Bellemare (Bertrand): Vous avez parfaitement raison, M. le
député. Nous demandons des études des conditions de
travail. Nous avons des rapports. Nous avons les rapports du ministère
de l'environnement comme nous avons ceux des Richesses naturelles. Seulement,
lorsqu'il s'agitd'une intoxication nouvelle, il est clair que ce sont des
études récentes. Mais lorsque vous avez une condition qui demande
des années d'exposition comme la silicone et l'amiantose, on prend les
rapports que l'on a et que l'on avait et on n'est pas obligé d'en
demander un récent si on en a déjà eu. Ce n'est pas la
condition actuelle qui change le portrait et qui nous permet de faire un
diagnostic. Ce sont les études qui ont été faites
antérieurement, ce à quoi le travailleur a été
exposé pendant des années, tandis que, dans les cas
d'intoxication, c'est différent. Dans les autres cas, c'est
différent.
M. Lessard: M. Bellemare, comme spécialiste dans ce ou ces
secteurs, vous savez qu'il y a un maximum de teneur de ces produits qui, s'il
est dépassé, va contribuer à augmenter le nombre de cas.
Vous êtes au courant que la norme internationale en ce qui concerne le
nombre de fibres par centimètre cube était de cinq fibres. Est-ce
que, dans la région de l'amiante, selon les rapports que vous avez
reçus du ministère des Richesses naturelles ou selon vos propres
rapports, vous avez eu parce que vous avez quand même une
responsabilité de prévention, mais en tout cas on reviendra sur
cela tantôt des rapports qui démontraient que la teneur en
quantité de fibres d'amiante par centimètre cube dépassait
la norme internationale?
M. Bellemare (Bertrand): Nous avons eu des rapports qui
dépassaient les concentrations maximales permises. C'est pour cela
que... D'ailleurs, le résultat est là. On a compensé des
cas.
M. Lessard: Je ne sais pas si je peux aller jusqu'à vous
demander quelle était normalement, en général, en moyenne,
la teneur ou la quantité de fibres par centimètre cube?
M. Bellemare (Bertrand): Je ne sais pas. M. Lessard: Vous
ne le savez pas.
M. Bellemare (Bertrand): Non, monsieur, je ne le sais pas.
M. Lessard: J'aimerais bien voir les rapports. Justement, est-ce
que, à la suite de ces rapports, comme spécialiste, et comme
membre de la Commission des accidents du travail, vous avez eu l'occasion de
communiquer avec le ministère des Richesses naturelles pour intervenir
et réclamer ou affirmer ou dire que la teneur était
supérieure à la norme internationale et qu'il faudrait absolument
prendre des mesures pour corriger la situation?
M. Bellemare (Bertrand): Au comité interministériel
dont je fais partie, à titre de délégué de la
commission, et dans d'autres rencontres, lorsque nous causons de nos
problèmes et que nous avons des réclamations, parce que les
communications sont assez fréquentes je ne veux pas minimiser le
problème grave et sérieux de l'amiante, seulement.il y a d'autres
problèmes aussi tout de suite on demande que des mesures soient
instaurées pour la prévention. Tous mes collègues ici
à côté de moi, qui sont des spécialistes et qui ont
des charges, lui, comme président du comité de pneumoconiose,
l'autre pour la pneumologie et l'autre pour toutes les autres intoxications,
font des appels téléphoniques pour que nous ayons les rapports le
plus rapidement possible. Si au contraire, ces réclamations, ces
rapports d'un accident, d'une fracture, prennent du temps, je vous dis que
cette compilation, cet examen des cas d'intoxication et de maladies
professionnelles, c'est élaboré, mais il faut que ce soit
élaboré et il faut que ce soit bien fait, en profondeur. C'est
pour cela que je n'ai pas hésité, si le président m'a dit
tantôt que j'avais mis la main à la plume pour écrire,
à dire que, chez nous, au Québec, dans le domaine des maladies
professionnelles, on n'est pas parfait, mais je vous dis qu'on n'a pas
grand-chose à envier ailleurs, que je sache. Excusez-moi de
répéter cela, M. le député, vous m'en fournissez
l'occasion.
M. Lessard: Donc, M. Bellemare, vous me dites que vous avez eu
l'occasion, soit à l'intérieur du comité
interministériel ou d'une autre façon, d'intervenir auprès
du ministère des Richesses naturelles et auprès du
ministère de l'environnement pour que des mesures concrètes
soient prises pour corriger la situation.
M. Bellemare (Bertrand): On parle de l'ensemble de maladies
professionnelles, M. le député.
M. Lessard: Oui, je suis d'accord. En fait, je prends l'exemple
de l'amiantose. Je pourrais prendre l'exemple de Canadian Copper. En fait, si
vous avez proposé des mesures en ce qui concerne l'amiantose,
probablement que vous avez dû le faire aussi en ce qui concerne d'autres
entreprises. Je prends l'exemple de l'amiantose et on pourra...
M. Bellemare (Bertrand): M. Renaud est à notre service de
prévention, depuis un an, à peu près. C'est lui maintenant
que l'on charge de communiquer, au point de vue de la prévention,
pourqu'il y ait une suite, que tout soit ordonné, avec tous les autres
qui s'occupent de prévention. C'est la façon de procéder
maintenant.
M. Lessard: Vous parlez, dans votre rapport, d'une excellente
collaboration entre le ministère des Richesses naturelles, le
ministère de l'environnement et la Commission des accidents du travail
concernant les mesures préventives. J'aimerais bien, M. Bellemare, que
vous me donniez des explications ou que vous me concrétisiez cette
affirmation, lorsque vous dites: "Nous n'avons qu'à nous réjouir
de la coopération reçue de ces ministères et de celle des
autres services gouvernementaux de prévention."
Suite aux interventions que vous avez pu faire, que ce soit en ce qui
concerne l'amiantose ou les différentes industries de l'amiante, que ce
soit en ce qui concerne l'arsine ou d'autres industries, pourriez-vous me
préciser quelles sont d'après vos informations, les mesures de
prévention qui, à votre connaissance, ont été
prises par les ministères des Richesses naturelles ou de
l'environnement. Puisque vous parlez d'une excellente collaboration, il me
semble que cela ne doit pas être un joli mot qu'on lance comme cela parce
qu'on est en commission parlementaire. Cela doit être plus que cela.
J'aimerais que vous m'expliquiez cela.
M. Bellemare (Bertrand): Vous comprenez sans doute, M. le
député, qu'avec la question des maladies professionnelles qui
fait maintenant la manchette je suis le premier à dire: Si cela
peut amener de la prévention, tant mieux ces ministères
sont saisis d'études de conditions de travail et joliment. Mais ce que
j'ai voulu dire par cette façon de dire: collaboration
particulière et étroite et que je trouvais heureuse, c'est de
voir que, lorsque nous avons des réclamations et que l'on fait appel
à ces services, l'on ait une priorité pour donner une chance au
réclamant qui est malade, pour étudier son cas et, en même
temps, prévenir les autres.
C'est ça que j'ai voulu dire, M. le député, et, en
même temps, instaurer les mesures de prévention pour là et
ailleurs.
M. Lessard: Et, en même temps, instaurer des mesures de
prévention pour là et ailleurs. Ce que...
M. Bellemare (Bertrand): Si on travaille... s'il y avait d'autres
industries chez nous où il avait du chlorure de vinyl,
immédiatement, on irait voir à la prévention pour ne pas
qu'il y ait d'autres cas du cancer du foie, comme on en a trouvé. Ce
qu'il y a, c'est que si on fait étalage aujourd'hui, on lève la
couverture sur des recherches que la commission a faites, c'est parce qu'on dit
toujours: Elle ne s'occupe pas des maladies professionnelles. J'ai voulu
simplement montrer quelques exemples pour dire: Chez nous, on étudie
ça et on l'étudié d'une façon particulière
et sérieuse. C'est ça que j'ai voulu démontrer.
M. Lessard: M. Bellemare, je ne nie pas que vous fassiez des
études, mais ce que je voudrais savoir, concrètement, en plus,
parce que vous travaillez en collaboration avec d'autres
ministères...
M. Bellemare (Bertrand): Oui.
M. Lessard: ...étant donné que vous avez justement
une responsabilité très importante en ce qui concerne les
maladies industrielles, étant donné justement que vous avez
normalement, tel que vous l'affirmez dans votre rapport, des données
concernant la teneur en fibres ou autres produits toxiques qui peuvent
être dangereux, je vous demande, dans cette collaboration avec les
ministères vous avez eu l'occasion de faire certaines
recommandations pour prévenir les maladies industrielles, selon ce que
vous me dites si vous avez eu, ou si vous avez en tête des
exemples concrets où le ministère des Richesses naturelles,
où le ministère de l'environnement ont agi pour corriger la
situation; lesquels?
M. Bellemare (Bertrand): On va prendre l'étude sur le
vinyl, on va prendre l'étude sur l'arsine, on va prendre des
études sur le plomb, parce qu'il n'y a pas seulement le ministère
de l'environnement qui a étudié le plomb, il y en a d'autres, la
ville de Montréal, ou la Communauté urbaine, nous avons eu tous
ces rapports.
M. Lessard: M. Bellemare, vous me parlez des études et je
vous parle... Quant aux études sur l'amiantose en 1949, il y a eu un
conflit à un moment donné dans la région de l'amiante, ce
n'est pas depuis 1974 et depuis 1975 qu'on parle d'amiantose. Vous parlez des
études et vous en avez fait, les ministères en ont fait, je pense
que les conséquences néfastes de l'amiantose sont connues
passablement. Je vous demande, suite à ces études si,
concrètement, d'après vos informations, d'après les
demandes que vous avez faites aux différents ministères, des
mesures ont été prises pour corriger la situation.
M. Bellemare (Bertrand): Pour prévenir les maladies
professionnelles? Oui. Mieux que ça, la commission a dit aux
ministères intéressés: Si vous ne réussissez pas,
la commission peut imposer... comme elle l'a fait dans un cas, je me le
rappelle, je vois le député de Johnson qui se le rappelle,
où on avait imposé $100,000 et plus. La commission a un taux de
mérite et de démérite et peut imposer des cotisations
spéciales si les mesures préventives ne sont pas prises
conformément au désir ou aux dictées d'autres
ministères. C'est ça qu'on veut faire par la prévention
à savoir, coopérer; c'est une forme de coopération avec
les autres.
M. Lessard: La Commission des accidents du travail, dans le cas
où les ministères n'auraient pas agi, avait la possibilité
d'agir.
M. Bellemare (Bertrand): Je dis conjointement, pardon.
M. Lessard: Conjointement.
M. Bellemare (Bertrand): Je dis conjointement, je ne dis pas dans
l'impossibilité d'agir.
M. Lessard: Vous m'affirmez que des mesures préventives
ont été prises pour prévenir ces maladies dans
différents ministères. J'aimerais que vous m'informiez
particulièrement en ce qui concerne l'amiantose, la silicose ou
l'arsine; quelles sont les mesures concrètes qui ont été
prises par le ministère des Richesses naturelles, ou autres
ministères, pour corriger la situation ou intervenir auprès des
compagnies pour corriger la situation? Puisque vous le savez, vous m'avez
affirmé, en ce qui concerne l'amiantose, que vous avez eu connaissance
de rapports qui démontraient que les compagnies ne se soumettaient pas
nécessairement à la norme internationale qui était de cinq
fibres par centimètres cubes et que vous avez fait des recommandations,
est-ce que vous pourriez m'indiquer quelles sont les mesures concrètes
qui ont été appliquées par le ministère des
Richesses naturelles pour corriger la situation?
M.Tessier: M. le Président, est-ce que le
député de Saguenay me permettrait d'apporter peut-être un
éclaircissement général sur la question de la
prévention?
Le débat tourne sur la question du rôle que la Commission
des accidents du travail doit jouer dans la prévention des maladies
professionnelles. Si vous le permettez, j'aimerais très
brièvement en faire un peu la rétrospective.
La loi qui a créé la Commission des accidents dutravail.en
1931, lui aconfié un mandat très spécifique et très
défini, soit celui de compenser sous forme d'indemnités, les
accidentés du travail, ceux qui subissent un accident proprement dit, ou
encore une maladie professionnelle à l'occasion du travail.
Mais, le rôle préventif de la Commission des accidents du
travail, en somme, s'est limité jusqu'à il y a environ un an
à subventionner quatre associations de prévention au
Québec. La commission ne faisait pas autre chose.
La prévention était laissée à huit
ministères ou organismes.
M. Lessard: A huit ministères ou organismes?
M. Tessier: Oui. Alors, c'est dire qu'il y a beaucoup de
ministères qui s'occupent de prévention. On a notamment
mentionné le ministère de l'environnement, on a également
le ministère des Affaires sociales, le ministère des Richesses
naturelles, en ce qui concerne les mines. Le règlement 887 est un
règlement du ministère des Richesses naturelles.
A la suite du rapport Mineau-Allard, une des recommandations a
été de créer au sein de la commission un service
spécial de prévention. Nous l'avons créé en date du
3 avril 1974.
M. Bellemare (Johnson): En vertu du règlement 87.
M. Tessier: Oui. D'accord.
M. Lessard: Alors, vous aviez le pouvoir de le faire en vertu de
la loi?
M. Tessier: Oui, mais...
M. BeIlemare (Johnson): Pas tout à qu'il permettait...
M. Tessier: Nos pouvoirs nous semblaient très
limités. L'an dernier, au 3 avril 1974, nous avons adopté une
résolution par laquelle nous avons donné une
interprétation beaucoup plus large à l'article 87, beaucoup plus
large. Est-ce que nous avons dépassé la légalité de
la Loi des accidents du travail? Jusqu'à maintenant, cela n'a pas
été contesté. A tout événement, nous avons
pris sur nous...
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce qu'il disait, l'article 87?
M. Tessier: L'article 87 dit qu'il nous donne le pouvoir...
M. Bellemare (Johnson):... le droit d'entrer et de constater s'il
y a des outils qui sont défectueux...
M. Tessier: Oui. C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Ensuite.
M. Tessier: II nous donne les pouvoirs généraux,
mais l'article 87, c'est pour la cotisation. Mais on a un autre article.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais après. Lisez en bas.
Lisez après l'article 87.
M. Tessier: On a un autre article, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Non, non. La septième...
M. Tessier:... qui s'applique beaucoup plus à la
prévention que l'article 87.
M. Bellemare (Johnson): Toutes les précautions
nécessaires pour prévenir les accidents dont les ouvriers
employés dans cette usine pourraient être victimes. L'article
87.
M. Tessier: La commission...
M. Lessard: Vous aviez le pouvoir en vertu de l'article 87.
M. Roy: Est-ce que vous pourriez le lire à haute voix,
s'il vous plaît? Je pense que ce serait intéressant pour le
journal des Débats et également pour les membres de la
commission.
M. Bellemare (Johnson): Comment? Je ne comprends pas.
M. Roy: Je demanderais qu'on fasse la lecture de ces
articles.
M. Tessier: Pardon?
M. Roy: Je demanderais au président de la commission de
nous faire la lecture de ces articles plus fort pour qu'on l'entende.
Le Président (M. Séguin): Je peux bien donner
lecture de l'article, mais...
M. Lessard: M. le Président, je demande... Je vais parler.
Justement, étant donné l'importance de cet article qui permettait
à la Commission des accidents du travail d'intervenir auprès des
usines et même d'aller jusqu'à une certaine prévention,
j'aimerais qu'on lise complètement cet article.
M. Tessier: Oui. L'article 87 se lit comme suit: "1 La
commission, l'un de ses membres ou tout officier ou toute personne
autorisée par elle à cette fin ont droit d'entrée à
toute heure raisonnable dans l'établissement, les dépendances ou
toute partie de l'établissement, de tout employeur qui est tenu de
contribuer au fonds d'accidents pour s'assurer que les conditions de travail,
les outils, machines et appareils en usage sont exempts de danger et
suffisants, que toutes les précautions nécessaires ont
été prises pour prévenir les accidents dont les ouvriers
employés dans cette industrie pourraient être victimes et qu'on y
emploie et utilise les appareils de sûreté prescrits par la loi ou
pour toute autre fin que la commission peut juger nécessaire pour
déterminer la proportion dans laquelle cet employeur doit contribuer au
fonds d'accidents."
M. Lessard: Deuxièmement.
M. Tessier: "2 Tout employeur ou toute personne qui
empêche, entrave ou refuse cette inspection est passible, en sus des
frais, d'une amende n'excédant pas $500."
Je le disais tout à l'heure, en vertu de cet article 87 et de
l'article 110, nous avons donc décidé, en 1974, suite à la
recommandation du rapport Mineau, de créer ce qui n'existait pas
préalablement à la commission, c'est-à-dire un service de
prévention. Notre résolution du 3 avril 1974 qui l'a
créé, mentionne bien que le but de ce comité de
prévention est de protéger le travailleur contre les risques
d'accidents ou de maladies professionnelles, minimiser les effets sociaux et
économiques qu'entraîne telle condition. Cela se continue,
évidemment, la résolution est beaucoup plus longue. Je veux
mentionner ces deux points précis qui sont les buts de la formation du
service de prévention qui n'existait pas il y a un an ou un peu plus
d'un an, puisque nous sommes aujourd'hui au 10 avril et que cela a
été créé le 3 avril 1974.
Or, nous sommes, à la commission, allés chercher un des
experts en prévention qui nous a été prêté
par Hydro-Québec, en la personne de M. Raymond Renaud qui est ici
d'ailleurs. M. Renaud a dû créer de toutes pièces un
service qui n'existait pas, a dû d'abord commencer par s'équiper,
a dû avoir du personnel et on peut dire, à toutes fins pratiques,
que ce n'est que l'automne dernier, il y a environ six
mois, que ce service de prévention a commencé à
fonctionner.
Mais, à venir jusque-là, à peu près toute
laques-tion de prévention était exécutée tant par
le ministère du Travail, comme, par exemple, les règlements dans
la construction, les édifices publics, et les trois autres
ministères que j'ai mentionnés tout à l'heure. Egalement,
il y en a qui relèvent du ministère de l'Agriculture et
autres.
Devant ce fouillis, si je peux m'exprimer ainsi en ce qui concerne la
prévention, le gouvernement a décidé de former un
comité interministériel dont font partie des représentants
de chacun de ces huit ministères et la Commission des accidents du
travail. C'est à partir de ce moment, réellement, je ne dis pas
qu'il n'y a pas eu d'échanges avant cela.
Je voudrais compléter ou expliciter un peu la pensée du Dr
Bellemare tout à l'heure, c'est qu'à partir de ce moment, il y a
eu, réellement, des échanges de faits entre la commission et les
ministères, par l'entremise du Dr Bellemare, qui est le
représentant de la commission au sein de ce comité
interministériel, et de M. Raymond Renaud, qui est notre directeur du
Service de la prévention et qui siège également au
comité interministériel. Nous avons deux représentants sur
le comité.
Avant cela, puisqu'il est question d'amian-tose je vais revenir
directement au point avant de céder la parole à mon
collègue, le Dr Bellemare il y avait beaucoup moins ou à
peu près pas d'échanges, c'est-à-dire que les
échanges se faisaient au moment où un fait se produisait, comme
on a caché le nom il est arrivé à la
Canadian Refiner où il y a eu des cas d'intoxication par l'arsenic. Il y
a eu deux morts. Plusieurs ont dû être hospitalisés. A venir
jusqu'à ce moment, ou avant la création du comité
interministériel et de notre comité de prévention, le
rôle de la commission était exclusivement de compenser,
après coup bien entendu, les accidentés du travail ou ceux qu'on
considère comme accidentés, ceux qui étaient atteints de
maladie professionnelle, comme l'amiantose.
Je voudrais préciser également un autre point, le
député tout à l'heure a soulevé la question du
règlement 887.
M. Lessard: On va en reparler.
M. Tessier: Le Dr Bellemare a dit: La commission s'est toujours
occupée de question de l'amiantose, elle l'a toujours compensée.
C'est exact. En ce qui concerne le règlement 887, c'était un
règlement du ministère des Richesses naturelles. Ce
règlement dit que tout mineur doit subir un examen annuel pour voir s'il
est atteint de tuberculose. C'est là, évidemment, qu'est le
point...
M. Lessard: Autres maladies respiratoires. M. Tessier: Oui,
à l'embauchage.
M. Lessard: Qu'il a été trouvé exempt de
maladies des voies respiratoires et autrement apte à travailler à
une occupation exposée aux poussières...
M. Tessier: M. le Président, c'est l'examen d'embauchage.
Nous avons été chargés en tant que Commission des
accidents du travail d'appliquer ce règlement 887 pour l'examen
d'embauchage et pour le renouvellement du permis de mineur. Lorsqu'il s'agit du
renouvellement du permis de mineur, il est question uniquement, si je ne fais
erreur, de tuberculose. Pour l'examen annuel de renouvellement du permis, il
est question uniquement de tuberculose. C'était là une lacune. Je
comprends qu'en I956, c'était latuberculose qui effrayait tout le monde.
Il était question seulement de cela. Alors, on a imposé cela.
Dans la déclaration, si j'ai bien compris, qu'a faite le ministre des
Richesses naturelles en Chambre avant-hier, il a dit qu'il se proposait de
faire amender immédiatement ce règlement pour y inclure
l'amiantose et toute autre maladie pulmonaire. Allons-nous être encore
chargés de l'application du règlement? Je l'ignore. Si oui, nous
allons nous conformer à la loi.
M. Bellemare (Johnson): Dans la directive 9, il n'y a pas quelque
chose?
M. Tessier: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Dans la directive 9?
M. Tessier: On me dit que non. Je termine là-dessus ,
c'est la précision que je voulais faire. Indépendamment de ces
examens pour les permis de mineur, c'est que la commission compensait depuis
des années bien avant cela pour l'amiantose, sans, évidemment,
faire de prévention.
Nous l'admettons, nous n'avions pas de service de prévention
à la commission. C'est tout nouveau, notre service de prévention.
Mais nous compensions les cas d'amiantose, comme nous continuons de le faire.
Mais, aujourd'hui, dans la différence qu'il va y avoir, il y a deux
choses bien spécifiques, je pense, qu'il faut retenir.
Premièrement, le règlement 887 va être amendé pour
inclure l'amiantose; deuxièmement, actuellement, au moment où on
se parle, la Commission des accidents du travail a mis sur pied un service de
prévention qui va s'occuper de toutes les maladies professionnelles y
incluant l'amiantose. Mais cela, c'est tout récent.
M. Lessard: Donc, c'est tout récent...
M. Tessier: Je tenais à faire cette précision.
Quant au reste, je pense bien que le Dr Bellemare...
M. Lessard: Je reviens à vous quand même...
M. Tessier:... pourrait continuer de répondre à vos
questions.
M. Lessard:... M. le juge. Vous nous aviez laissé
entendre, au début de votre intervention, que la Commission des
accidents du travail avait reçu comme mandat de compenser pour les
maladies industrielles ou les accidents de travail.
On constate qu'en vertu de l'article 87, vos pouvoirs étaient
beaucoup plus vastes que cela, étaient plus importants que cela, dans le
sens que vous aviez la possibilité d'avoir un comité pour aller
surveiller à l'intérieur des usines ce qui se passait
là-dedans.
Est-ce que, avant le 3 avril I974, vous avez eu l'occasion,
premièrement, de vous assurer des conditions de travail à
l'intérieur d'usines particulières? Deuxièmement, est-ce
qu'il est déjà arrivé que vous ayez pris des
procédures contre certaines compagnies en vertu du paragraphe 2 de
l'article 87?
M. Tessier: Non, M. le Président. Avant la
création, il y a un an, du comité de prévention, la
commission ne s'est jamais prévalue... Moi, je suis arrivé assez
récemment à la commission depuis un an et demi à
peine mais on me dit que non, on ne s'est jamais prévalu de 6e
pouvoir que donne la loi...
M. Lessard: De ce pouvoir.
M. Tessier:... que donne la loi...
M. BeIlemare (Johnson): C'est en vertu de l'article 110 que vous
l'avez fait exercer par d'autres.
M. Tessier: Pardon?
M. BeIlemare (Johnson): C'est en vertu de l'article 110 que vous
l'avez fait exercer par d'autres.
M. Tessier: En vertu de l'article 110, c'étaient les
associations. Oui, d'accord, indirectement, si vous voulez. Les pouvoirs ont pu
être exercés par d'autres, parce qu'en vertu de l'article 110,
nous avons subventionné des associations de prévention.
Je suis obligé de répondre au député de
Saguenay, qui me demande: Est-ce que la commission s'est prévalue des
dispositions et des pouvoirs que lui accordait l'article 87? La réponse,
c'est: Non!
M. Lessard: En quelle année a été
constituée la Commission des accidents du travail?
M. Tessier: En I93I.
M. Lessard: Cela lui a pris du temps avant de se
réveiller.
M. Tessier: Ah! C'est possible, mais, à tout
événement, ce que je veux démontrer, c'est que, depuis un
an environ, on est certainement beaucoup plus réveillé
qu'auparavant, puisqu'on a pris des dispositions pour s'occuper
réellement de prévention. Je vais même aller plus loin.
M. Bellemare (Johnson): Un instant! Pour le
ré-veillage...
M. Lessard: Attendez un peu!
M. Tessier: S'occuper réellement...
M. Bellemare (Johnson): ...il a au moins la décence de
dire qu'elle s'est réveillée.
M. Tessier: M. le Président, il y a mon
prédécesseur qui ne voudrait pas que je l'accuse d'avoir
été endormi...
M. Bellemare (Johnson): Non.
M. Tessier: ... parce qu'il était président de la
commission.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tessier: Mais il y a une chose certaine, c'est qu'on se rend
compte, je crois, d'après les renseignements qu'on a fournis depuis ce
matin, que la Commission des accidents du travail, actuellement, est loin
d'être endormie, et que nous avons pris des dispositions,
justement...
M. Bellemare (Johnson): Ne me recommencez pas cela!
M. Tessier:... pour améliorer nos services. Nor seulement
améliorer nos services aux accidentés mais faire ce que la
commission n'a jamais fait auparavant depuis I93I, sans faire de blâme
à personne c'est-à-dire faire de la prévention.
M. Lessard: M. le Président...
M. Tessier: Nous commençons à en faire.
M. Lessard: Mais, M. le Président, ne pensez-vous pas
qu'il y a une certaine relation entre la motion du député de
Beauce-Sud, qui a été présentée il y a onze mois,
et un certain réveil depuis ce temps9 Est-ce que le fait que
vous vous présentiez pour la première fois devant une commission
parlementaire ne vous a pas amené à bouger un peu plus?
M. Tessier: Aucune relation. M. Roy: C'est une
coïncidence.
M. Tessier: Je m'en excuse, M. le Président, en toute
humilité auprès de mon ancien collègue, le
député de Beauce-Sud, mais malheureusement, je n'ai jamais lu sa
motion, par conséquent; cela n'a pas pu m'influencer, je ne sais
même pas ce qu'elle disait.
M. Roy: M. le Président, cela me surprenc quand
même, parce que l'ex-ministre était ici dès le début
de nos travaux, l'année dernière, pour étudier les
crédits de la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre
et vous m'aviez vous-même demandé si nous vous interrogerions.
Cela me surprend un peu.
M. Tessier: Pardon.
M. Roy: Vous m'aviez vous-même demandé si
nous avions l'intention de vous interroger à ce
moment-là.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: On devait réserver une séance très
spéciale pour vous autres.
M.Tessier: Excusez-moi, M. le Président, je n'ai pas
compris, d'autres parlaient.
Le Président (M. Séguin): C'est aussi bien, parce
que je vais faire cesser ce débat immédiatement. C'est le
député de Saguenay qui a la parole et c'est le président
de la Commission des accidents du travail qui se charge de répondre.
M. Tessier: Tout ce dont je me souviens, M. le Président,
c'est que l'an dernier, à la demande du ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, nous nous étions préparés, au mois de juin
je crois, à comparaître devant la commission.
M. Roy: En mai.
M. Tessier: Je me souviens q ue je suis venu trois fois, je me
suis présenté trois fois, avec tous mes collègues, ici.
Oui, trois fois.
M. Bellemare (Johnson): Qui était ministre?
M.Tessier: Je ne sais pas ce qui est arrivé, mais,
à tout événement' nous étions prêts à
répondre aux questions qui nous seraient posées par les membres
de la commission.
M. Lessard: D'accord.
M. Tessier: Nous avons dû retourner à nos bureaux et
cela n'a pas eu lieu.
M. Lessard: M. le Président, vous avez affirmé tout
à l'heure que maintenant, depuis le 3 avril 1974, vous aviez
créé un service de prévention. J'aimerais savoir combien
de personnes sont actuellement dans ce service de prévention?
M. Tessier: Cinq.
M. Lessard: Que font-elles et quelles sont exactement leurs
responsabilités?
M. Tessier: Je pense que la meilleure réponse que je
pourrais fournir au député serait de donner lecture de la
résolution de la commission du 3 avril qui l'a créée.
M. Burns: Dans les faits.
M.Tessier: Oui, mais on demande quels sont les objectifs. C'est
qu'on m'a dit.
M. Burns: Non. Qui avez-vous actuellement dans ce service? C'est
ce que le dép uté de Saguenay veut savoir.
M. Tessier: Je l'ai mentionné tout à l'heure. Nous
avons le directeur, M. Raymond Renaud, qui est un ancien officier responsable
du service de prévention à Hydro-Québec. Il dirige
maintenant notre service. M. Renaud est entré en fonction en septembre
I974, il y a environ six mois. Evidemment, avant qu'il recrute du personnel,
avant qu'il fasse des études, actuellement, il est à compiler des
données, c'est-à-dire que nous n'avions aucune statistique, en
somme, à la commission, qui pouvait servir à la
prévention. Alors, une des premières choses que M. Renaud a faite
a été de créer, dans son propre service, un bureau de
statistiques.
M. Lessard: De combien de personnes? M. Burns: Quelles sont les
cinq personnes?
M. Lessard: II en manque quatre. M. Renaud est un gars
compétent, semble-t-il, il vous a été prêté.
Quelles sont les quatre autres personnes?
M. Tessier: Alors, M. Renaud...
M. Lessard: M. Renaud pourrait répondre.
M. Tessier: M. Renaud, qui est le directeur du service, pourrait,
lui, fournir toutes les explications.
M. Lessard: Nous sommes bien d'accord.
Le Président (M. Séguin): M. Renaud, sur ce
point.
M. Renaud (Raymond): Je vais vous donner l'organigramme
général du service de la prévention. Premièrement,
il y a le directeur du service et les conseillers en hygiène et
médecine du travail, les Drs Duval et Soucy. Le service est
composé de trois divisions. La division analyse statistique; la division
de l'évaluation et de la planification et la division de
l'éducation.
Je vais vous lire cela, si vous avez le temps: Les objectifs des
conseillers en hygiène et médecine du travail, en parlant des Drs
Soucy et Duval.
M. Lessard: Répondons d'abord. On ira aux objectifs tout
à l'heure.
M. Renaud: D'accord.
M. Lessard: Vous m'avez parlé de vous, M. Renaud, vous
m'avez parlé de deux médecins conseillers et on a parlé de
cinq personnes. Il en reste deux.
M. Renaud: On a parlé de trois divisions. Si vous voulez,
je vais vous donner chacune des divisions. La première division que je
vous ai donnée...
M. Burns: Non, on veut savoir qui est là-dedans.
M. Lessard: II manque deux personnes. Il y en a cinq dans ce
comité.
M. Renaud: Actuellement.
M. Burns: C'est cela. Pas dans trois ans. Cette année.
M. Renaud: II y a un M. Bouchard.
M. Lessard: Qu'est-ce qu'il fait?
M. Roy: Son prénom.
M. Renaud: M. Richard Bouchard.
M. Lessard: II est responsable de quoi?
M. Renaud: II est responsable d'analyses statistiques,
présentement. En plus de cela nous avons une statisticienne, une dame El
Grati.
M. Lessard: Oui.
M. Renaud: Son adresse et son numéro de
téléphone...
M. Lessard: Non. Elle s'occupe aussi d'analyse de
statistiques.
M. Renaud: Et j'ai un M.Jean Pineault pourfaire les contacts avec
les associations subventionnées par la commission et les employeurs.
M. Lessard: Mme El Grati s'occupe elle aussi d'analyses
statistiques.
M. Renaud: Elle vient d'entrer. Elle est entrée lundi.
Mais c'est une statisticienne.
M. Lessard: Elle n'a pas encore commencé à faire
des statistiques.
M. Renaud: Excusez-moi, je ne comprends pas.
M. Lessard: Est-ce que cela fait cinq ou six? Cela fait six.
M. Renaud: A la fin du mois de mai, je crois que c'est le 26 mai,
nous allons avoir le chef de division de l'évaluation et de la
planification.
M. Lessard: Cela n'existe pas actuellement. On n'en a pas
là.
M. Renaud: On ne l'a pas. M. Lessard: Education.
M. Renaud: Le 26 mai, le chef de division de l'éducation
entre en fonction.
M. Lessard: Cela a été constitué le 3 avril
I974. Pourriez-vous me dire, depuis ce temps, s'il y a eu des enq uêtes
faites de la part de ce com ité et si on a prévu des
possibilités d'appliquer l'article 87 qui est prévu dans la
loi.
M. Renaud: Dans plusieurs cas le nombre de cas au juste,
je ne pourrais pas vous le mentionner mais plusieurs employeurs ont
été visités et dans certains cas où la
fréquence des accidents étaitélevée, nous avons
rencontré les employeurs et le comité de sécurité
du syndicat de l'employeur. Or a rencontré le groupe de l'employeur,
soit le directeur de l'usine, le gérant du personnel, le directeur des
opérations et le préposé à la
sécurité de l'entreprise. Par la suite, nous avons
rencontré le comité de sécurité des
syndiqués de l'entreprise, pour voir ce qui ne marchait pas dans
l'entreprise. On a décelé plusieurs problèmes. Dans une
usine en particulier, à Québec, je peux vous dire qu'on a
résolu un très grand problème.
M. Lessard: Est-ce qu'il serait possible de déposer, pour
l'information de la commission parlementaire, ces dossiers d'enquêtes,
pour savoir le nombre d'enquêtes et quelles compagnies
particulières ont été visitées.
M. Renaud: Cela me ferait plaisir.
M. Lessard: Est-ce que ce serait possible d'obtenir ces
informations?
M. Renaud: Oui, monsieur.
M. Lessard: Depuis le 3 avril I974.
M. Renaud: Attendez. Le 16 septembre. Depuis ce temps.
M. Lessard: Maintenant, est-ce qu'en fait...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Tessier: Si M. le député me permettait, je
voudrais préciser ceci. On semble vouloir adresser un reproche à
M. Renaud...
M. Lessard: Non.
M. Tessier: ... dans un an, de ne pas avoir fait grand-chose.
M. Lessard: A cinq personnes, on comprend, M. le
Président.
M. Burns: C'est à la commission que nous disons qu'elle
n'a rien fait.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Tessier: Nous avons eu je l'ai dit II6
recommandations à mettre en application.
M. Lessard: Pour cela.
M. Tessier: Nous avons choisi un ordre de priorité. En
avril I974, nous avons créé le service de prévention. Il
nous fallait réquérir les services d'un bon directeur. Alors,
nous avons cherché et nous avons trouvé. Nous ne pouvions pas
l'avoir du jour au lendemain. Le 16 septembre, M. Renaud est entre en
fonction.
M. Lessard: Vous n'aviez pas besoin des recommandations
prévues dans le rapport de Mineau, Allard et Associés pour
appliquer justement...
M. Cournoyer: M. le Président, un instant. M. Lessard:
C'est à l'article 87...
M. Cournoyer: M. le Président, un instant. Bien sûr,
je ne veux pas invoquer des points de règlement pour le plaisird'en
invoquer. On est en train de faire le procès d'une activité qui a
commencé pour la Commission des accidents de travail à peine l'an
passé et qui est en train de s'organiser. Il ne faudrait pas arriver
quand même à la conclusion ou laisser penser...
M. Burns: Ce n'est pas ça du tout le problème.
M. Cournoyer: Un instant. M. le Président...
M. Burns: Vous avez des gens qui vous disent qu'il y a un service
de prévention, on est en train d'essayer de savoir ce que c'est.
M. Cournoyer: Un instant, on essaie de vous expliquer, je pense
qu'on vous l'explique...
M. Burns: Voyons donc, vous êtes bien nerveux! M.
Cournoyer: Je ne suis pas nerveux du tout. M. Burns: Vous êtes
pas mal nerveux. M. Cournoyer: Je ne suis pas nerveux du tout. M.
Burns: Vous êtes pas mal nerveux.
M. Cournoyer: II ne faudrait pas que vous pensiez et laissiez
penser aux gens qu'il n'y a pas de prévention et qu'il n'y a personne
qui fait de l'inspection dans la province.
M. Burns: II n'y a pas de prévention. Il n'y en a pas, je
suis en train de le prouver.
M. Cournoyer: II n'y en n'a pas!
M. Burns: C'est de la folie furieuse de dire qu'il y en a.
M. Cournoyer: J'essaie de vous dire: II y a...
M. Lessard: ...cinq personnes... M. Cournoyer: Un
instant.
M. Lessard: ...cinq personnes pour faire de la
prévention.
M. Cournoyer: La Commission des accidents de travail commence
à assumer un rôle de prévention qui est déjà
assumé par un certain nombre d'autres ministères.
M. Burns: Ne nous contez pas d'histoires, il n'y a pas de
prévention.
M. Cournoyer: Je ne vous conte pas d'histoires, mon cher
monsieur.
M. Burns: Vous êtes tout mêlé dans toutes vos
juridictions. C'est ça, votre problème.
M. Cournoyer: Pas une miette.
M. Burns: Bien, voyons donc!
M. Cournoyer: On n'est pas mêlé une miette.
M. Burns: Dites-le donc clairement, c'est ça qu'on est en
train d'établir.
M. Cournoyer: II n'y a pas de mêlage du tout. M. Burns:
Vous êtes mêlé bien raide.
M. Cournoyer: Vous ne connaissez rien dans les règlements
et vous ne les regardez même pas, vous essayez tout simplement de faire
assumer par ces gens une responsabilité qu'ils n'ont pas
aujourd'hui.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement qui a été soulevée par le ministre, il ne
s'agit aucunement...
Le Président (M. Séguin): II n'y a pas de question
de règlement.
M. Lessard: Voici, je continue. Une Voix: Continuez.
M. Lessard: II ne s'agit aucunement de blâmer M. Renaud,
qui est là depuis six mois. Cependant, il s'agit de voir si la
Commission des accidents de travail a rempli le rôle qui lui a
été dévolu en vertu de l'article 87 de la loi et on
constate que ça n'a pas été le cas et que c'est seulement
depuis le 3 avril 1974 qu'on s'est prévalu de cet article de la loi et
qu'on a formé un comité pour faire de la prévention. Ce
que je demande à M. Renaud: Est-ce, depuis le 3 avril, que les
vérifications ont été faites? Je ne blâme pas M.
Renaud, avec cinq personnes, de ne pas avoir eu le temps de visiter chacune des
usines au Québec. Ecoutez, je suis convaincu qu'ils n'en auront pas le
temps, surtout qu'il s'agit strictement d'un comité de prévention
qui est pratiquement limité au bureau. Il sera impossible, à
moins que vous élargissiez ce comité, de répondre à
l'article 87 de la loi. Je vous demande, M. Renaud, étant donné
que vous avez un début de comité, si vous avez l'intention
d'aller plus loin que d'avoir strictement un comité limité au
bureau, d'avoir, pour la Commission des accidents de travail, des inspecteurs
qui pourront se rendre à l'intérieur des usines et pourront
vérifier si les conditions de travail, les outils, machines, etc. en
usage, sont aptes à prévenir les accidents.
M. Renaud: Actuellement, ce ne sont pas les plans du service.
Avoir des inspecteurs partout, non. Je dirais que non. Il y a des associations
qui existent, qui sont subventionnées par la Commission des ac-
cidents de travail. Ces gens, on veut leur faire visiter toutes les
entreprises et principalement celles où la fréquence des
accidents est élevée.
M. Lessard: Je termine, pour la prévention, j'aurais
d'autres questions, mais il y a d'autres députés. On a dit que
vous avez subventionné un certain nombre de services médicaux
industriels. Quels sont les services qui ont été
subventionnés? Actuellement, on sait qu'il n'y a aucune faculté
de médecine, semble-t-il, selon nos informations, qui ait une
spécialité en ce qui concerne la prévention des maladies
industrielles. J'aimerais savoir si la Commission des accidents de travail a
l'intention de voir ou de faire en sorte qu'une université puisse se
préoccuper de ce problème. Autre question, quels sont les
services médicaux industriels qui ont reçu des subventions de la
part de la Commission des accidents du travail et quels sont les montants qui
ont été versés à chacun? Cela va être, pour
le moment, ma dernière question.
M. BeIlemare (Bertrand): Je vais trouver les montants, je les ai
ici.
M. Lessard: Et les compagnies?
M. BeIlemare (Bertrand): Pour les compagnies, je n'ai pas la
liste; je peux vous la fournir, elle est disponible. Je crois que cela a
aidé grandement. Ce n'est pas cela qui paie le service médical.
C'est une allocation, c'est une incitation, c'est une motivation qu'on a voulu
ajouter à l'employeur pour qu'un médecin aille une heure par
jour, au moins, cinq jours par semaine, fasse les examens médicaux
périodiques de préembauchage et ait un dossier qui permettra
à la commission, lorsqu'il y aura une réclamation, si on veut
avoir le cheminement qui s'est fait au sujet de cet individu, de suivre
l'affaire.
M. Lessard: Alors, est-ce que, en vertu de l'arrêté
en conseil no 887, ces compagnies n'ont pas l'obligation de faire subir un
examen médical à leurs employés?
M. Bellemare (Bertrand): Elles sont obligées, M. le
député.
M. Lessard: Est-ce que votre service d'inspecteurs peut...
M. BeIlemare (Bertrand): Ce n'est pas à nous de faire
l'inspection pour savoir si les gens ont leur certificat de mineur ou non.
C'est le ministère des Richesses naturelles, je ne veux pas rejeter...
Ce n'est pas à nous de voir à ce qu'ils aient le certificat.
M. Lessard: Quelle est votre responsabilité dans
l'application de l'arrêté en conseil 887?
M. Bellemare (Bertrand): Les radiographies nous sont transmises
avec les rapports médicaux; c'est de les étudier,
d'émettre un certificat ou de le refuser.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Bellemare (Johnson): J'aimerais ajouter, au point de vue de la
prévention, où on a parlé des allocations pour services
médicaux, qu'il y a également le règlement 33, pour les
premiers soins. Je crois que c'est un règlement de prévention
pour la commission, qui a été amendé encore
récemment pour permettre, encore sur les lieux de construction, d'avoir
les médicaments et les mesures appropriés pour transporter et
traiter les blessés, pour qu'il n'y ait pas aggravation de
blessures.
Ensuite, le fait que l'on paie pour tous les employeurs de la province
des cours de la Société ambulancière Saint-Jean, pour
qu'il y ait le plus possible de personnes disponibles et compétentes
pour donner les premiers soins aux accidentés. Je crois que c'est encore
là une mesure de prévention, comme la commission a, avec son taux
de mérite et de démérite, encore un nerf de la guerre, une
incitation à la prévention. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Juste avant de passer la
parole au député de Beauce-Sud, je voudrais prévenir les
membres de la Commission des accidents du travail et les membres de la
commission ici, que, toujours dans le contexte de l'approbation de la Chambre,
nous siégeons ce soir, après la période des questions,
soit vers 9 h 15. Nous continuons ce soir. Je le dis à ce moment-ci,
parce que je sais que le temps avance et il y a encore beaucoup de questions
à se poser.
Nous compterons sur votre présence ce soir, après le
dîner, vers 9 h 15. Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, puisqu'on a abordé la
question de la prévention et qu'on a parlé également des
examens, j'aimerais que le Dr Bellemare ou le président de la commission
nous donne la teneur de l'article 109 de la Loi des accidents du travail.
M. Bellemare (Bertrand): Lecture, M. le député? M.
Roy: Oui, s'il vous plaît.
M. Bellemare (Bertrand): "La commission peut, à sa
discrétion, établir des cliniques et y soumettre à des
examens médicaux des ouvriers exposés à l'inhalation de
poussières silicieuses. Les dépenses encourues pour ces cliniques
sont payées par la commission sur le fonds d'accidents et
prélevées par voie d'addition à la cotisation de la classe
dont font partie les employeurs des ouvriers pour lesquels les cliniques sont
établies. "La commission peut, de la même manière,
contribuer aux dépenses de telles cliniques établies par les
employeurs. "La commission peut, par règlement, pour toute classe
d'industrie où, à son avis, les ouvriers sont exposés
à l'inhalation de poussières silicieuses. exiger l'examen
médical périodique des ouvriers dans une clinique établie
et subventionnée en vertu du présent article. 5- Après
l'entrée en vigueur d'un tel règlement, aucun employeur d'une
classe y mentionnée ne peut utiliser les services d'un ouvrier qui ne
fournit pas, à l'époque et de la manière fixée par
ce règlement, un certificat attestant qu'il a subi l'examen
prescrit. " Après cela, on passe à l'article 6.
Voulez-vous que je le lise aussi?
M. Roy: Non, d'accord. J'aimerais savoir, en vertu des
dispositions de cet article, combien il y a de cliniques que la Commission des
accidents du travail a établies?
M. Bellemare (Johnson): La Commission des accidents du travail,
en vertu de l'article 887, s'occupait de toutes les mines de la province de
Québec. Toutes les mines, tous les mineurs de la province de
Québec devaient avoir un certificat à l'embauchage et un
certificat renouvelé annuellement. Personne ne peut être mineur.
Je ne parle pas des explorations de... Je vais rester dans le cadre de... Cette
prévention dans les mines comportait un examen physique. J'ai ici des
dépliants des formes d'examens physiques que l'on fait remplir lors de
l'examen préembauchage et j'ai d'autres formules concernant l'examen
périodique annuel que l'on faisait subir. Le tout était
accompagné de la radiographie récente. En plus de cela, le chef
du service de pneumologie, le Dr Duval, s'en va dans les cliniques pour voir
lui-même certains mineurs, au cas où les radiographies n'auraient
pas la qualité qu'il désire, pour en faire reprendre une nouvelle
et dire au médecin qui prend ces radiographies de la façon dont
il veut qu'elles soient procédées pour compléter ces
examens.
Tout cela, c'est envoyé à Québec au siège
social où le spécialiste en pneumologie étudie les
radiographies et celles-ci sont gardées d'année en année
pour voir s'il y a une progression de la maladie professionnelle pulmonaire.
C'est la façon dont on procède.
Ces cliniques étaient individuelles. Il est obligatoire pour
l'employeur de fournir, pour celui qu'il veut embaucher, un examen
médical, plus une radiographie. C'est ce qui est fait.
M. Roy: M. le Président, je veux revenir avec ma question,
parce que ma question était bien précise. Je veux savoir combien
de cliniques la Commission des accidents du travail, en vertu des dispositions
de l'article que vous venez de lire, a instituées, a
organisées?
M. Bellemare (Bertrand): Comme propriétaire de cliniques,
non.
M. Roy: Vous n'en avez institué aucune?
M. Bellemare (Bertrand): Non pas comme propriétaire de
cliniques, parce que l'article 887 imposait aux employeurs mineurs de faire
eux-mêmes les examens et de prendre les radiographies et de les
transmettre à la commission. Si vous appelez cela une clinique, elle est
au siège social avec notre service de pneumologie où le docteur
fait des examens. Si vous appelez cela une clinique, elle est au siège
social. D'ailleurs, on la transporte à Montréal pour aller au
comité de pneumoconiose. On en aura deux. Il n'y a pas de clinique.
L'article 887, de la façon que je le lis, c'est que l'employeur doit
demander à un médecin compétent de faire l'examen physique
que je vous ai décrit tantôt, de prendre ou de faire prendre une
radiographie pulmonaire annuelle et de transmettre le tout à la
Commission des accidents du travail, mais, au point de vue de cliniques
industrielles payées et subventionnées par la commission, non,
sauf celle que l'on a, où le Dr Duval travaille.
M. Roy: Comment se fait-il qu'à la suite de tout ce qui
s'est produit en 1949, suite aux nombreuses et multiples revendications et des
demandes syndicales, du côté des travailleurs, la Commission des
accidents du travail ne s'est jamais prévalue des dispositions de
l'article 109 pour établir des cliniques, même si elles avaient
été parallèles, pour vérifier les opérations
des cliniques industrielles, c'est-à-dire des cliniques
organisées par les industries?
M. Bellemare (Bertrand): Si vous remarquez, je ne veux pas... Je
peux faire erreur... Je crois que l'article 887 est exactement l'application
par le truchement... C'est comme cela que la commission a pu payer pour suivre
les mineurs à l'examen de réembauchage.
C'est par le truchement du règlement 887 et de l'article I09,
c'est en vertu de cela que la commission peut payer pour cela, pour ces examens
qui sont faits par notre spécialiste, le Dr Duval.
M. Roy: Etes-vous assuré, avez-vous pris les...
M. Bellemare (Bertrand): Des demandes de formation de clinique,
M. le député, à ma connaissance, je n'en ai pas eu. Cela
fait quelques années que je...
M. Roy: Ce n'est pas une question de demandes, c'est une question
de responsabilités qui incombaient à la Commission des accidents
du travail pour protéger les travailleurs. C'est là-dessus que je
me suis basé. Maintenant, vous faites référence...
M. Bellemare (Bertrand): Est-ce qu'on parle de silicose, M. le
député?
M. Roy: Je parle des cliniques, tel qu'il est
spécifié à l'article I09, que vous avez pris la peine de
lire à la suite de la demande que je vous ai faite. Je vous ai fait lire
l'article concernant les ouvriers qui sont exposés à l'inhalation
de poussières silicieuses. C'est la même chose vis-à-vis de
l'amiantose.
M. Bellemare (Bertrand): M. le député, je vous
réponds que la silice...
M. Roy: Un instant.
M. Bellemare (Bertrand): ... les poussières silicieuses,
c'est pour la silicose ou pour l'amiantose.
M. Roy: C'est cela.
M. Bellemare (Bertrand): Est-ce que ces gens ne sont pas, par
l'article 887, requis d'avoir un examen médical annuel? Est-ce qu'ils ne
sont pas re-
quis de passer un examen physique? Est-ce que cet examen physique n'est
pas regardé par la commission? Je crois que cela se fait, M. le
député. Cela se fait, c'est une chose qui se fait annuellement.
Il est là, il lit combien, 20,000 radiographies par année?
M. Roy: Etes-vous bien assuré que dans toutes les
industries concernées par cela, le règlement 887 a
été intégralement appliqué?
M. Bellemare (Bertrand): Je vous ai dit qu'au sujet du certificat
de mineur, ce n'est pas à nous à surveiller si tout le monde a
son certificat. Ce n'est pas notre responsabilité. Notre
responsabilité, c'est d'émettre un certificat. Je ne peux pas
répondre pour une autre personne, parce que ce n'est pas à nous
à aller vérifier dans les usines si tous et chacun ont leur
certificat.
M. Roy: II n'y a eu aucun système, aucune organisation de
mise sur pied par la Commission des accidents du travail pour faire la
vérification dans les cliniques qui ont été
organisées par les industries?
M. Bellemare (Bertrand): Aucun système pour
vérifier. La vérification, lorsqu'on reçoit les
radiographies... Je ne veux pas, M. le député, je ne tourne pas
en rond, je crois répondre à la question que vous me posez,
peut-être que je ne saisis pas. Seulement, je comprends que, pour
établir les cliniques de la commission, l'article 887 dit: Faites les
examens, vous autres, les employeurs, par des médecins
compétents, prenez des radiographies, faites des examens physiques,
transmettez cela à la commission pour l'émission d'un certificat.
L'employeur est obligé d'avoir ce certificat dans les mains.
M. Roy: Maintenant, est-ce que vous avez c'est la question
que j'ai posée pris les dispositions de façon à
vous assurer, à vérifier, de façon à être
bien sûr que ces examens médicaux ont été faits dans
les cliniques des industries?
M. Bellemare (Bertrand): Ils peuvent être faits dans les
cliniques des industries. Ils peuvent être faits dans les bureaux
privés. Ils peuvent être faits dans des hôpitaux, M. le
député.
M. Roy: Oui, mais est-ce que vous avez vérifié?
C'est cela que je veux savoir.
M. Bellemare (Bertrand): Je vous ai dit tantôt que le Dr
Duval allait périodiquement, ce n'est pas plusieurs fois par
année, il y va au moins une fois et parfois deux fois, voir la clinique,
comment se font les examens. Il a des films qu'il trouve trop exposés ou
pas assez exposés. Ce sont des choses qui se produisent, parce qu'une
personne n'a pas la même épaisseur. Je m'excuse de ces
explications médicales, mais elles sont nécessaires. Le docteur
dit: Ces films, à l'avenir, je voudrais qu'il y ait plus d'exposition,
et il cause avec le médecin des cas qu'il a. Il a fait cette
tournée. Je ne veux pas prendre la place du Dr Duval qui est à
côté de moi, ici. Seulement, c'est ce qui se fait.
M. Roy: Est-ce que vous pouvez nous assurer que cela se fait dans
toutes les compagnies et que cela a été suivi? A titre
d'exemples, est-ce qu'il y a déjà eu des lettres ou encore des
amendes, des compagnies qui ont reçu des sommations, des compagnies qui
ont été, à un moment donné, avisées par la
Commission des accidents du travail comme quoi cette réglementation, ces
dispositions de l'article 887 ont été bien appliquées?
M. Bellemare (Bertrand): Je ne sache pas, M. le
député, de cas qui ne se soient pas soumis. Ils sont
obligés, ils sont requis. C'est une exigence de la loi d'avoir un
certificat de mineur pour travailler.
M. Roy: Qui est chargé de surveiller l'application de la
loi?
M. Bellemare (Bertrand): Le ministère des Richesses
naturelles.
M. Roy: Bon!
Le Président (M. Séguin): Avez-vous
terminé?
M. Roy: Non, je n'ai pas terminé ces questions.
On nous parle du ministère des Richesses naturelles. Vous nous
avez parlé de la création d'un comité
interministériel. Or, on se rend compte que, lorsqu'on pose des
questions un peu serrées, cela change de juridiction, comme par
hasard.
Quels en sont les résultats, jusqu'à maintenant? Est-ce
que ce sont des résultats positifs, à la suite de la
création de ce comité interministériel sur le travail qui
a été fait?
M. Jodoin (Jean-Marc): M. le Président, me permettez-vous
de répondre au député de Beauce-Sud?
Le Président (M. Séguin): Oui. Il s'agirait de vous
nommer.
M. Jodoin: Oui. Jean-Marc Jodoin, vice-président de la
commission.
Le comité interministériel qui a été
créé, nous participons aux travaux et aux séances du
comité, mais c'est sous la présidence d'un sous-ministre qui
relève du ministre du Travail. L'arrêté en conseil dit que
ce comité doit établir ou faire des recommandations pour en
arriver à l'élaboration d'une politique globale en matière
de prévention. Nous attendons les recommandations du comité.
M. Roy: Combien de réunions le comité a-t-il tenues
jusqu'à maintenant?
M. Bellemare (Bertrand): La semaine prochaine, je pense qu'il
passe deux jours à une séance particulière...
M. Roy: Combien de réunions ont eu lieu jusqu'à
maintenant?
M. Jodoin: Une vingtaine, je dirais.
M. Roy: Une vingtaine de réunions. Il y a huit
ministères qui sont impliqués dans ce comité
interministériel...
M. Jodoin: Pas nécessairement des ministères, des
organismes et des ministères.
M. Roy: Bon! Qui assume le leadership?
M. Jodoin: Le sous-ministre adjoint, Guy La-pointe.
M. Roy: Sous-ministre du Travail. M. Jodoin: C'est cela.
M. Roy: Quel est le rôle qui est attitré à la
Commission des accidents du travail dans ce comité?
M. Jodoin: Un rôle de participation aux travaux. M. Roy:
Point!
M. Jodoin: Oui.
Une Voix: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): C'est fort!
M. Jodoin: Pour en arriver au mandat qui est défini dans
l'arrêté ministériel.
M. Roy: J'aurais d'autres questions à poser ici, et je
voudrais revenir à l'avant-propos du document qui a été
présenté par le président de la Commission des accidents
du travail, qui nous dit ceci: Dans cette optique précise, la commission
s'est dotée, au service de l'indemnisation, d'une division
spéciale pour s'occuper des cas de maladies professionnelles.
J'aimerais savoir, moi, quand ce comité spécial, cette
division spéciale.a été créé?
M. Bellemare (Bertrand): Cela fait plus d'une dizaine
d'années, M. le député. Ce qu'il y a, c'est qu'à un
moment donné, comprenez-vous, on avait des cas de maladies
professionnelles. Je vais vous donner un exemple: A un moment donné,
dans un hôpital à Montréal, de la nourriture a
été contaminée, et on a eu, je pense, quelque 400
personnes qui ont eu des vomissements, de la diarrhée, etc., et ont
été malades. Elles ont pris cela à la
cafétéria de cet hôpital. Cela peut arriver. On l'a vu dans
d'autres endroits. C'est arrivé là. Si les réclamations
sont traitées dans les dix divisions, et qu'à un moment
donné, un, comprenez-vous... Pour qu'il y ait centralisation, quand on a
un cas d'usine, qui serait traité par un individu et qu'on ne saurait
qu'il y a un deuxième cas qui serait traité, deux cas, cela
commence à être sérieux; trois cas, cela commence à
être sérieux. Alors, on peut centraliser. Les cas d'arsine, si
tout le monde... Si on avait divisé cela comme on divise les accidents
de travail, on a fait une division spéciale pour accorder une attention
immédiate à tous ces cas et aviser les intéressés.
C'est pour cela qu'on a ressorti des dix divisions pour l'indemnisation une
division spéciale pour les maladies professionnelles. C'est la
première fois dans l'histoire de la commission qu'on a trois
médecins qui sont attachés à cette division. Je ne connais
pas une province qui ait autant de spécialistes qui sont
consacrés uniquement aux maladies professionnelles. Si vous remarquez le
nombre d'accidents, le nombre de réclamations qu'on aeues, cela commence
à être assez imposant. Ce qu'il y a, c'est que c'est la
qualité que l'on veut donner. J'ai voulu donner cette impression, parce
qu'on le fait. Si on ne l'avait pas fait, moi, j'aurais peut-être
hésité à écrire certaines choses.
M. Roy: Est-ce que, dans le cas des maladies professionnelles,
seraient exclues, par exemple, les maladies auxquelles nous avons fait
référence tout à l'heure à savoir l'amiantose et la
silicose?
M. Bellemare (Bertrand): Sont exclues?
M. Roy: Elles ne font pas partie de... Ces médecins ne
sont pas mandatés pour étudier et travailler de ce
côté?
M. Bellemare (Bertrand): Oui. M. Roy: Bon!
M. Bellemare (Bertrand): Le Dr Duval examine toutes les
radiographies, selon l'article 887, c'est lui qui dit s'il faut renouveler les
certificats des mineurs. Il fait cela depuis des années. A part cela, un
comité a été formé. Hier, j'ai pris connaissance,
tout comme les membres de la commission, du nouveau comité de trois
membres formé par la commission pour réviser les films au point
de vue de l'amiantose. Je m'aperçois que l'honorable Massé a
annoncé qu'il y aurait cinq membres. S'il prend les mêmes membres,
je sais que le directeur du service de pneumologie sera parti, mais je ne
connais pas le nom des autres qui sont désignés par le conseil
des ministres.
M. Roy: II y a deux autres personnes ici mentionnées dans
votre rapport, il s'agit du Dr Paul-Eugène Soucy et du Dr Louise
Mercier-Soucy. Y-a-t-il un lien de parenté entre les deux?
M. Bellemare: Oui. Ce sont le mari et la femme. Ce sont deux
grands spécialistes et nous sommes très heureux de les avoir.
C'est la première fois que je puis exprimer ma joie aussi ouvertement
d'avoir deux médecins aussi avertis et aussi intéressés
à la prévention des maladies professionnelles. C'est là
que je m'en suis rendu compte, spécialement lorsqu'on a commencé
ce que je vous ai raconté tantôt, dans les cas de saturnisme. Vous
savez comme moi qu'il y a un hôpital qui a dit que c'est une clinique
spéciale pour étudier les intoxications à Montréal,
à Santa-Cabrini. C'est là que nous avons eu le Dr Soucy et que je
l'ai connu. J'ai aussi connu madame Soucy qui a étudié fort
longtemps et qui est spécialisée. Le Dr Soucy est
spécialiste en médecine interne et spécialiste en
infralogie. Je crois qu'en toxicologie c'est important d'avoir un homme de son
calibre.
M. Roy: Nonobstant leur compétence, je ne mets pas cela en
doute du tout, ce sont des personnes que je ne connais pas, trouvez-vous
normal, c'est quand même une question de principe, que, dans un
comité de trois médecins, il y en ait deux qui soient mari et
femme?
M. BeIlemare (Bertrand): Ce n'est pas un comité, monsieur,
je m'excuse.
M. Roy: "Nous avons nommé trois médecins
expérimentés au comité au sein d'une division
spéciale."
M. Bellemare (Bertrand): Oui, à la division des maladies
professionnelles, vous avez deux services, M. le député, vous
avez le service des maladies professionnelles non pulmonaires. Le Dr Louise
Mercier-Soucy, lorsqu'elle a été engagée à la
commission, n'a pas été dirigée là. Elle a
été dirigée dans nos services au siège social.
C'est à cause de sa compétence, de son avidité de
connaître, de l'intérêt qu'elle a porté à son
travail que nous les avons mis ensemble.
M. Roy: J'attendais pour vous poser une question à ce
moment-ci. Les médecins qui sont à la Commission des accidents du
travail sont-ils soumis au règlement du Collège des
médecins?
M. Bellemare: Je n'aurais pas le droit de pratique on n'a
pas le droit de lever un doigt je n'aurais pas le droit de faire une
prise de pression artérielle sant être membre du Collège
des médecins. Je suis membre du Collège des médecins, tous
les médecins sont membres du Collège des médecins et
chirurgiens de la province de Québec et à part cela, nous sommes
heureux d'avoir non seulement des médecins qui ont fait de la pratique
industrielle, mais également des spécialistes en
orthopédie et des spécialistes d'autres
spécialités, comme le Dr Duval en pneumologie. Je ne puis
qu'exprimer ma gratitude...
M. Roy: Est-ce que le Collège des médecins a une
certaine juridiction sur ces membres, sur ces professions?
M. Bellemare: Au point de vue de l'éthique professionnelle
et au point de vue moral, comme sur tout médecin de la province.
M. Roy: Pardon?
M. Bellemare: Comme sur tout médecin de la province.
M. Roy: Je ne pose pas cette question pour rien, M. le
Président, même si elle peut sembler à un moment
donné, un peu douteuse. Je ne la pose pas pour rien.
J'aimerais revenir sur un point et ce sera ma dernière question,
M. le Président, pour permettre au député de Johnson qui a
également une longue série de questions à poser. A un
moment donné, on parle de l'arrêté en conseil 887,
paragraphe no 2, lorsqu'on dit que la commission a décidé, par
règlement 1967, que tous les requérants qui présentaient
des débuts de pneumoconiose, sans incapacité et qui, de plus,
devaient changer d'emploi sur recommandation de ses spécialistes,
bénéficieraient de l'équivalent d'une compensation
pouvant, selon les pertes de salaire, varier jusqu'à 10%. Par la suite,
tous ces cas sont réexaminés par le comité de
pneumoconiose, automatiquement après trois ans. J'aimerais savoir
pourquoi la limite de 10%. Si on parle d'une limite de 10%, est-ce que c'est
10% du salaire ou si c'est 10% de 75% du salaire?
M. Bellemare (Bertrand): C'est comme tous les pourcentages, M. le
député, lorsque l'on les fixe. C'est 75% du salaire, cela
équivaut à 100% et c'est 10% de cela.
M. Roy: De 75%.
M. Bellemare (Bertrand): Oui. L'idée est venue de cela.
Cela n'existait pas ailleurs dans les autres provinces et c'est à
l'occasion de contacts avec les Anglais qu'on s'est aperçu qu'en
Angleterre, dans des buts de prévention, on a dit: Le type qui ne
souffre pas de la maladie, mais qui a respiré des poussières, et
chez qui on peut présumer qu'il a des poussières, on va lui
donner non pas une compensation parce qu'on ne peut pas le compenser, mais on
va lui donner l'équivalent d'une compensation. Comme il n'a rien
actuellement au point de vue d'incapacité, parce qu'il est vu, à
ce moment-là, il est revu parce que son certificat a été
refusé au point de vue médical ou quelque chose comme cela.
Là, on dit: Qu'il le demande ou qu'il ne le demande pas, dans trois ans,
son cas va être revu. Mais s'il se produit quelque chose dans
l'intervalle de trois ans, lui-même ou son médecin ou n'importe
qui d'autre, peut nous demander de l'examiner et il va être
examiné tout de suite. On a dit, par exemple: Révision dans trois
ans, parce qu'on sait que c'est une maladie progressive, la silicose. C'est
pour cela qu'on a voulu ajouter cela. Ces 10% sont l'équivalent. Ce
n'est pas une compensation. Je voudrais que ce soit bien compris. C'est
l'équivalent d'une compensation de 10% qui est donné. Si vous
relisez le texte de l'honorable Massé, d'hier, il a ajouté
à cela et a rappelé dans le texte que non seulement l'IPP serait
là, qu'il serait payé selon l'IPP, mais il y aurait une IPR. Je
m'excuse de ces termes, du jargon que l'on a, mais il y aurait
d'ajoutée, une incapacité de réadaptation au travail, pour
ces individus. C'est conformément à l'article 37, paragraphe 4 de
la loi.
M. Roy: Vous avez bien dit et cela a bien été
spécifié dans votre document, selon la perte de salaire, cela
peut varier de 10%.
M. Bellemare (Bertrand): Oui, selon le salaire.
M. Roy: Est-ce que vous pourriez nous dire si cela varie le
minimum?
M. Bellemare (Bertrand): Oui, selon le salaire
perdu, s'il perd son salaire intégral ou s'il change d'emploi.
Quand le type est mineur, reste mineur et qu'il perd, je ne sais pas, combien
d'argent, on va payer jusqu'à 10%.
M. Roy: 10%, c'est un minimum ou un maximum?
M. Bellemare (Bertrand): C'est le maximum jusqu'à
maintenant qu'on adans notre règlement no 9.
S'il change d'emploi, s'il change d'employeur, on lui paie
automatiquement les 10%. S'il reste chez le même employeur qui veut
coopérer dans sa réadaptation, il n'est pas pour être
pénalisé deux fois pour une maladie dont il n'a pas encore les
symptômes. C'est un geste préventif, M. le
député.
M. Roy: C'est un maximum de 10% et la moyenne a été
de combien?
M. Bellemare (Bertrand): Je crois que la moyenne est plutôt
vers 10% que vers autre chose.
M. Roy: Est-ce qu'on pourrait examiner cette question et nous
donner des informations.
M. Bellemare (Bertrand): II y a moyen de le faire.
M. Roy: M. le Président, j'aurais beaucoupd'au-tres
questions sur le même sujet, mais je pense qu'il reste quelques minutes,
il faudrait permettre au député de Johnson.
Le Président (M. Séguin): II faudrait permettre aux
autres membres de la commission.
M. Bellemare (Johnson): Particulièrement de me
réveiller.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): De me réveiller, pour prendre
l'expression du président.
M. Harvey (Charlesbourg): II y a des questions endormantes.
M. Bellemare (Johnson): Le président qui dormait.
M. Harvey (Charlesbourg): A cause des questions qui
précédaient.
M. Bellemare (Johnson): Le président a dit qu'il
était réveillé, je pense que je le suis aussi.
M. le Président, ma première question est celle-ci. En
vertu de la loi, il y a une norme qui est établie de cinq fibres
d'amiante en moyenne par centimètre cube d'air. Nous avons appris ces
jours derniers qu'en Ontario cette norme serait baissée à 2.
Est-ce que le commissaire pourrait nous dire quel est son point de vue sur
cette baisse de norme que l'Ontario vient d'adopter.
M. Bellemare (Bertrand): Je ne suis pas au courant que l'Ontario
l'ait adoptée, c'est possible. Mais en ce qui me concerne...
M. Bellemare (Johnson): Je vais vous lire ce qui vient de
paraître.
M. Bellemare (Bertrand): Est-ceque ce sont des fibres mixtes ou
des fibres simples.
M. Bellemare (Johnson): "D'autant plus que l'Ontario vient
d'adopter une législation fixant cette norme à deux fibres par
centimère cube d'air. " J'ai pris mon renseignement là.
M. Bellemare (Bertrand): Fibre d'amiante mixte ou...
excusez-moi.
Le Président (M. Séguin): Voulez-vous, s'il vous
plaît, identifier la source de votre information.
M. Bellemare (Johnson): C'est Le Devoir. Vous auriez voulu que ce
soit Le Jour?
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas dit
ça, j'ai demandé d'identifier la source.
M. Harvey (Charlesbourg): Surtout pas lui.
M. Bellemare (Johnson): C'est un article signé M. Gilles
Lesage.
M. Bellemare (Bertrand): Je ne peux pas répondre à
cette question. Tout ce que je sais...
M. Bellemare (Johnson): II est question de...
M. Bellemare ( Bertrand): C'est de la documentation que je
connais, des renseignements que j'ai pu avoir, c'est qu'à 5 fibres par
cc...
M. Bellemare (Johnson): Approchez donc le micro.
M. Bellemare (Bertrand): Excusez, j'espère que c'est
ouvert. Les renseignements que j'ai pu avoir, de la documentation que j'ai lue,
des contacts que j'ai eus, à 5 fibres par cc, fibres d'amiante, je suis
médecin, si j'étais mineur, je retournerais travailler, il n'y
aurait pas de danger, je ne croirais pas, pour l'amiantose à ce taux.
Moins de cinq fibres par cc. C'est mon opinion. C'est ça que vous posez
comme question, c'est ça que je répondrais.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ce serait plus avantageux ou
moins, c'est votre réponse, non?
M. Bellemare (Bertrand): Plus avantageux?
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas plus dangereux à cinq
qu'à deux.
M. Bellemare (Bertrand): Ecoutez, il y a toujours de la
perfection mais je crois qu'à cinq, selon ce que
je connais, c'est une limite qui est maximum, raisonnable. '
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est vrai qu'en Angleterre on
a fait cette expérience de deux et qu'on est revenu maintenant à
cinq?
M. Bellemare (Bertrand): Je ne peux pas vous répondre
là-dessus, M. le député.
M. Bellemare (Johnson): L'honorable commissaire, répondant
à mon collègue de Beauce-Sud, disait qu'il n'y avait pas de
cliniques. Ce sont des cliniques, j'entends bien, industrielles. Dans chacun
des centres, est-ce qu'elles existent ces cliniques, ou non?
M. Bellemare (Bertrand): C'est-à-dire qu'il y a une
clinique qui existe à Thetford, une autre qui existait à
Asbestos, qui était incorporée à l'hôpital et les
examens se font dans une clinique. On peut appeler cela une clinique lorsqu'un
médecin est possesseur d'un rayon X qui est valable, pour prendre des
radiographies et qui a un personnel de gardes-malades, il peut appeler cela
clinique. On voit fleurir des cliniques ici et là. Mais c'est un bureau
de médecin ou encore l'hôpital...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que dans ces cliniques,
habituellement, les compagnies attitrent un médecin particulier pour
vérifier les dangers ou donner des certificats de classe A, en vertu de
l'arrêté en conseil 887, pour permettre aux mineurs de retourner
dans les mines? Est-ce qu'il y a des médecins particuliers qui sont
attitrés à ces cliniques?
M. Bellemare (Bertrand): Si ce sont des cliniques d'employeur,
qu'ils agissent pour l'employeur et qu'ils ont des classements, nous n'avons
aucune chose à voir avec cela.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la Commission des accidents d
u travail ne s'est pas aperçue, il y a un certain temps, que dans une
certaine clinique, un certain médecin délivrait des permis
à des mineurs de classe "A", quand il savait pertinemment qu'il ne
devait pas en donner?
M. Bellemare (Bertrand): Oui, je suis au courant.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes au courant?
M. Bellemare (Bertrand): Je suis maintenant au courant.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes maintenant au courant.
Mais vous l'étiez avant que je pose ma question?
M. Bellemare (Bertrand): Oui, parce que j'ai lu les journaux
comme vous.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez lu les journaux? Vous avez
simplement lu les journaux ou si vous avez pris action aussi?
M. Bellemare (Bertrand): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ah bon! Cela, c'est mieux. Vous n'avez
pas pu vérifier avant?
M. Bellemare (Bertrand): Non.
M. Bellemare (Johnson): Vous, comme moi, d'ailleurs?
M. Bellemare (Bertrand): Non.
M. Bellemare (Johnson): Mais le médecin qui s'est rendu
coupable, en protégeant la compagnie, a causé des
préjudices irréparables. Si on doit se fier aux certificats que
remettent certains médecins dans un cas comme celui-là, est-ce
que la commission, à l'endroit de ce médecin qui s'est rendu
coupable, gravement, vis-à-vis de la santé des mineurs, a pris
des dispositions spéciales pour vérifier ailleurs, par exemple,
si des cas semblables s'étaient présentés?
M. Bellemare (Bertrand): Je vous ai dit tantôt...
M. Bellemare (Johnson): C'est peut-être le ton qui est
fort, mais c'est ma voix.
M. Bellemare (Bertrand): J'ai la voix forte aussi, M. Bellemare.
Je vous ai dit tantôt que le problème de l'amiantose, au
Québec, avait fait l'objet de l'attention de la commission et j'ai
signalé deux cas, par exemple, où la commission n'était
pas du tout dans son mandat obligatoire de faire des examens comme elle l'a
fait. Mais quand elle a su que les poseurs d'amiante, qu'on appelle les
calorifu-geurs...
M. Bellemare (Johnson): Je l'ai vu dans votre rapport. Ce n'est
pas cela. Docteur, ne m'emmenez pas ailleurs. Je voudrais que vous me
répondiez sur le cas spécifique que je vous ai mentionné.
Vous en avez pris connaissance. Vous avez arrêté ce médecin
de faire des examens.
M. Bellemare (Bertrand): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez examiné à nouveau
tous les autres à partir de ce moment.
M. Bellemare (Bertrand): On a recommencé.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez recommencé à
faire des examens.
M. Bellemare (Bertrand): M. le Président, selon la
déclaration du ministre, en Chambre, ils vont être cinq au lieu de
trois.
M. Bellemare (Johnson): Ne m'emmenez pas ailleurs. Une minute! Ma
question est bien simple, c'est qu'à la suite de ce manque
d'éthique professionnelle, protégé par la compagnie,
est-ce que la commission, particulièrement vous qui êtes en charge
de la pneumoconiose, de l'amiantose, de la silicose et de toutes ces maladies
qui ont des grands
noms, vous avez, à ce moment, demandé à la
commission ou bien au directeur général du service de la
pneumoconiose de faire un examen sérieux dans d'autres cas qui pouvaient
être similaires?
M. BeIlemare (Bertrand): Exact. M. BeIlemare (Johnson):
Pardon? M. BeIlemare (Bertrand): Exact.
M. BeIlemare (Johnson): Cela s'est fait. Est-ce que vous en avez
détecté d'autres médecins qui auraient agi de cette
façon?
M. BeIlemare (Bertrand): Non.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez pris connaissance de ce fait il
y a un an?
M. Bellemare (Bertrand): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Après en avoir pris
connaissance...
M. Bellemare Bertrand): On a avisé...
M. Bellemare (Johnson): ...vous avez appliqué des
sanctions.
M. Bellemare (Bertrand): ...l'industrie.
M. Bellemare (Johnson): Avez-vous appliqué des
sanctions?
M. Bellemare (Bertrand): On a avisé l'industrie qui a
nommé le Dr Lesage et le Dr Lambert et, tout de suite après,
à la Commission des accidents du travail, j'en ai parlé avec mes
collègues. On a fait un symposium sur l'amiantose. On a réuni
tous les médecins de la région amiantifère qui comprend
Asbestos et Thetford afin de les informer sur la façon dont se fait un
diagnostic d 'amiantose. On a fait cela immédiatement, sur-le-champ.
C'est vérifiable en symposium. On a avisé sur la façon de
procéder pour faire un diagnostic, sur la façon de
procéder pour faire une réclamation chez nous et sur la
façon dont on procédait avec nos experts pour examiner et
déterminer les...
M. Bellemare (Johnson): Merci, docteur.
M. Bellemare (Bertrand): C'est à l'instigation... Je vois
le Dr Lecours. C'est à l'instigation du Dr Lecours que ce symposium a
été tenu.
M. Bellemare (Johnson): Docteur, avant de terminer j'y
reviendrai ce soir, s'il y a lieu est-ce qu'à ce moment la
commission ne devait pas prendre action et appliquer des sanctions
sévères contre la compagnie qui était complice d'un manque
d'éthi- que et surtout qui ne protégeait plus le véritable
malade qui descendait quand même dans la mine, qui souffrait d'amiantose
vous en avez retrouvé d'ailleurs après ? Vous en
aviez l'expérience, vous qui aviez assisté à la prise de
position qu'on avait adoptée quand on a fait payer $100,000 de
réclamation à une compagnie qui avait délibéremment
manqué à son devoir en ne protégeant pas ses
employés. Elle a payé $100,000, c'était peut-être un
fait unique. A ce moment, docteur, vous ne croyez pas que la Loi des accidents
du travail devait vous imposer l'obligation formelle de prendre une action
directe contre la compagnie? Il y avait là un crime qui avait
été commis au su et au vu de la compagnie avec la
complicité d'un médecin contre la santé des mineurs. C'est
grave. La Commission des accidents du travail devait, devant un fait
étalé, que vous connaissiez, prendre action et de faire comme on
avait fait avec la compagnie à Montréal de la poursuivre pour un
montant de $100,000, parce qu'elle avait manqué à
l'éthique professionnelle en ne protégeant pas dûment ses
employés en ne prévenant pas les accidents terribles qui ont
causé huit morts. Vous en avez un cas. Est-ce que la commission a pris
action?
M. Roy: Non, il a une bonne question.
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, il est 18 heures.
M. Roy: Cela peut être gênant, mais on est
intéressé à avoir une réponse.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, je suis bien prêt à
suspendre ma question, mais j'en ai encore pour une heure.
Le Président (M. Séguin): Un instant. Voici, ce
n'était...
M.Tessier: M. le Président, à maconnaissance, il
n'y a eu aucune action qui a été prise.
M. Bellemare (Johnson): Alors, je continuerai ma série de
questions, qui va durer une heure, à la reprise des travaux.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, la parole sera
au député... A l'ordre, s'il vous plaît! Seulement un
instant, pour éclaircir un peu. A l'ordre!
La séance est remise sine die. Dans l'occurrence, ou dans le
contexte présent, sine die veut dire jusqu'à la séance de
la Chambre ce soir. A ce moment, en Chambre, il sera décidé si
nous devons siéger ce soir ou non. Maintenant, advenant le cas où
la Chambre nous autoriserait à siéger ce soir, cela serait
après la période des questions, soit vers 21 h 15.
Maintenant, nous sommes quand même soumis à la Chambre pour
cette décision pour ce soir. Il y a des projections de faites dans le
moment.
(Findelaséanceà18h1)
Reprise de la séance à 21 h 31
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'Oeuvre, et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Pour la séance de ce soir, les membres de la commission sont les
mêmes que cet après-midi et ce matin, à l'exception de M.
Vallières (Richmond) qui remplace M. Déziel
(Saint-François).
Le député de Johnson.
M. BeIlemare (Johnson): M. le Président, quand la
commission parlementaire a suspendu ses travaux à 6 heures,
j'étais à signaler à l'attention de la Commission des
accidents du travail un cas qui s'est produit il y a à peu près
un an, où un médecin, dont le nom est connu, avait manqué
à l'éthique professionnelle en collusion directe avec la
compagnie.
Cet après-midi, l'honorable commissaire nous a répondu
qu'immédiatement, dès qu'il l'a su, il a pris les dispositions,
d'abord, pour qu'il sorte de la Commission des accidents du travail. Il
était membre, je pense, occasionnel du comité de la
pneumoconiose, avec le Dr Duval, à temps partiel. Cette nomination, qui
a été faite durant que j'étais président de la
commission, était survenue après que nousavions organisé
ce service central du Dr Duval à Québec, à la suite de la
fermeture de la clinique de Thetford et de Rouyn-Noranda. Pour tâcher de
faire comprendre l'intérêt public qu'il y avait dans la
décision que la commission avait prise à ce moment, et devant un
peu l'hostilité que nous manifestaient et le Dr Cartier et la compagnie,
nous lui avions dit qu'à temps partiel il pourrait nous faire part de sa
longue expérience au comité de la pneumoconiose. Ce sont les
circonstances dans lesquelles il a été engagé.
Mais e voudrais savoir deux choses: D'abord, en vertu de la loi,
pourquoi n'a-t-on pas pris action? Je voudrais savoir pourquoi, M. le
Président. La loi donnait à la commission le pouvoir d'exercer un
recours contre la compagnie qui était sûrement en défaut,
disant que l'employeur qui ne se conforme pas aux dispositions du
présent article ou qui, sciemment c'est l'article 21...
M. Tessier: Quel article?
M. Bellemare (Johnson): Article 21.
M. Tessier: Article 21?
M. Bellemare (Johnson): Article 21. Je n'ai pas à
apprendre cela au président de la commission, je pense bien.
M. Tessier: J'aimerais bien savoir quel article le
député de Johnson lit.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a qu'un article qui parle des
pénalités.
M. Tessier: Je ne peux le deviner.
M. Bellemare (Johnson): C'est celui-là qui parle des
pénalités. Article 21, M. le Président, "...qui sciemment
transmet ou fait transmettre une fausse information à la commission" ;
mais en vertu de l'article 52, il y a un autre article où il est
établi qu'une commission, appelée Commission des accidents du
travail l'article 52 constituée en corporation
revêtue de tous les droits et pouvoirs appartenant en
général aux corporations, ayant son siège social à
Québec..." Pourquoi, en vertu de ces deux articles, soit l'un ou
l'autre, la commission n'a-t-elle pas véritablement pris une attitude
positive pour démontrer à la face même de la province qu'il
y avait eu collusion à transmettre des faits et surtout à les
transmettre sous de fausses représentations?
Il y a des exemples: Dominic Supports & Forms Ltd, il n'y a pas si
longtemps, a été prise, je pense, en défaut à
l'échangeur Turcot à Montréal où il y a eu huit
morts. Nous avons fait faire une enquête très sérieuse,
très poussée. La commission a fait faire des relevés et
nous avons établi bien clairement nous, la com mission
qu'il y avait négligence coupable et criminelle. Nous avons donc pris
action. Nous n'avons attendu personne. Nous avons pris action et nous avons
poursuivi la Dominic Supports & Forms Ltd pour au-delà de $100,000
et c'est avec un règlement que nous avons pu régler cette
affaire. Et c'était une décision de la commission par
résolution officielle de poursuivre cette compagnie parce qu'elle avait
fait preuve de beaucoup de négligence.
Dans le cas d'aujourd'hui... Le nom n'est pas exact?
M. Jodoin: C'est exact.
M. Bellemare (Johnson): Dominic Supports & Forms Ltd.
M. Tessier: II n'y a que le nom qui soit exact.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Tessier: II n'y a que le nom qui soit exact.
M. Bellemare (Johnson): II est exact. Il y a $100,000 qu'elle a
déboursés, répartis sur quatre années. Elle a
payé tout le montant.
M. Lachance: Combien a-t-elle économisé?
M. Bellemare (Johnson): Combien? C'était la
réclamation que nous avions faite.
M. Lachance: Huit morts.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais au moins on a pris une
action.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): Là, vous avez un médecin
qui est sûrement reconnu, puisque la commission l'a destitué de
son poste.
M. Lachance: Qui l'a nommé ce médecin?
M. Bellemare (Johnson): On l'a dit tout à l'heure,
monsieur. Si vous étiez distrait, ce n'est pas ma faute.
M. Lachance: Non, je n'étais pas distrait.
M. Belle mare (Johnson): Non? Je le répète, M. le
Président, ce médecin, pour tout le monde, pour le Dr Bellemare
et tous les membres de la commission, pour le Dr Duval...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. Lachance: Qui l'a nommé?
M. Bellemare (Johnson): ...était un médecin reconnu
comme un homme honnête, comme un homme réellement
compétent.
M. Lachance: Qui l'a nommé?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: C'est le ministre du Travail, Cour-noyer.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je demanderais
au député de Johnson de continuer.
M. Lachance: Ce n'est pas le ministre duTravail du temps?
M. Cournoyer: C'est moi.
Le Président (M. Séguin): II est en train de poser
des questions et de faire des commentaires au président de la Commission
des accidents du travail. Voulez-vous, s'il vous plaît, continuer dans
cette veine?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, s'il y a des
membres autour de cette table qui ont quelque chose à dire, je voudrais
bien qu'ils fassent comme moi tout à l'heure. J'ai enduré pendant
quasiment quatre heures avant de prendre mon tour. Je pense que je suis
réveillé.
M. Lachance: ... poser les questions.
M. Cournoyer: Etant donné qu'on n'est pas dans un
procès.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Bellemare Johnson): Est-ce que le Dr Cartier fait encore
partie du bureau, ou comme observateur à la clinique de la
compagnie?
M. Tessier: De la compagnie, je ne crois pas. Il a
été remplacé, comme le Dr Bellemare l'a dit cet
après-midi, par le Dr Lesage et le Dr Lambert.
M. Bellemare (Johnson): II y a des personnes dans cette salle qui
vont vous dire le contraire, qui sont desemployés de la mine, qui vont
vous dire qu'il est là comme observateur. Il y en a dans la salle
ici.
M. Tessier: Cela est hors de ma...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas un témoignage, c'est
vrai.
M. Tessier: C'est hors de notre juridiction.
M. Cournoyer: II témoigne de faits qu'il ne connaît
pas.
M. Tessier: C'est hors de notre juridiction.
M. Cournoyer: En fait, M. le Président, le
député de Johnson pourrait demander au président de la
Commission des accidents du travail si le Dr Cartier est encore membre d'un
comité de pneumoconiose qui est la responsabilité de la
Commission des accidents du travail. La Commission des accidents du travail n'a
pas besoin de savoir si tel employeur emploie encore telle personne dans la
province de Québec.
M. Bellemare (Johnson): Arrêtez. Là, on ne
s'entendra pas.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Oui, on va
s'entendre tout de suite, si vous voulez, M. le député. Continuez
donc.
M. Bellemare (Johnson): Bon! Alors, M. le Président, c'est
la responsabilité de la commission de voir à protéger et
de compenser ceux qui sont accidentés. C'est aussi sa
responsabilité, dans le service de la pneumoconiose, de voir à ce
qu'il y ait, en place, des gens qui fassent, en vertu de l'arrêté
en conseil 887, des rapports conformes à la vérité et des
rapports qui puissent donner satisfaction non seulement à la commission
mais aussi à l'employé. Dans les circonstances, M. le
Président, ce docteur est encore membre du bureau comme observateur des
maladies industrielles.
Cela me surprend qu'il puisse encore donner, peut-être, le fruit
de son expérience, après ce qu'on lui a reproché
publiquement. Je cite ici le Dr Lecours, qui est le député de ce
comté. Dans un article qui est rapporté dans le Devoir, M. le
Président, le Dr Lecours réclame la création d'un
comité indépendant pour réviser toutes les radiographies
de la clinique des mines et appliquer rétroactivement les compensations
qui auraient dû être versées aux victimes de l'amiantose
dans ce cas. Je cite le député qui a répété
en Chambre ces propos. Je pense, M. le Président, que la commission doit
encore agir parce qu'il y a eu là de faux rapports, parce qu'il y a eu
là, "incriminés véritablement des gens qui ont eu à
souffrir de la décision de la livraison d'un permis qu'ils n'auraient
pas obtenu, qui ne seraient pas descendus à la mine". C'est ce que le Dr
Lecours dit, que la Commission des accidents de travail devrait prendre action,
avec le résultat que ces mineurs ont crevé quelques mois plus
tard.
Devant des faits aussi probants, la commission devait, je pense,
après au moins un an, prendre une attitude aussi ferme vis-à-vis
de cette compagnie, et d'abord s'assurer que ce médecin n'est plus en
service, ni comme observateur, ni comme conseiller
auprès de cette compagnie. La commission devait aussi prendre
action contre la compagnie qui était de collusion, on l'a
déterré après, on l'a trouvé, avec le
médecin en question, qui avait participé à la
délivrance des permis annuels nécessaires en vertu de
l'arrêté en conseil 887.
M. le Président, est-ce que la Commission des accidents de
travail a l'intention de convoquer la compagnie? Si elle l'a fait, qu'elle nous
dise dans quelle circonstance. Si elle le fera, d'ici quelque temps, qu'on nous
donne une raison valable. Si elle ne l'a pas fait, elle doit prendre une
décision dans ce cas.
M.Tessier: M. le Président, je n'ai aucuneobjec-tion
à ce que le député de Johnson essaie de prendre les
manchettes dans les journaux de demain...
M. BeIlemare (Johnson): M. le Président, je n'endurerai
pas ça.
M. Burns: Non, non. Vous n'êtes plus député,
vous.
M. Bellemare(Johnson): M. le Président, pourun
président, qui n'est plus de ce côté-ci de la table, qui
est de l'autre côté, mais qui a été ici assez
longtemps pour savoir qu'on n'a pas le droit de prêter de mauvaise
intention, ni directement, ni indirectement, par-dessus le marché un
avocat, un juge, c'est dégradant, dégradant!
Le Président (M. Séguin): La mise au point est
faite.
M. Belle mare (Johnson): Je vous attend s, vous...
M. Burns: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement.
M. Burns: J'invoque le règlement. M. le Président,
je voudrais rappeler à M. le juge, président de la Commission des
accidents du travail, qu'il n'est plus député, mais qu'il est mai
ntenant un témoin devant la commission. Je n'accepterai pas que mon
collègue de Johnson se fasse insulter de la façon que vous venez
de le faire. En ce qui me concerne, M. le juge et M. le Président, je
vous demande très sérieusement de vous aj uster à votre
nouveau rôle de président de la commission, à oublier le
fait que vous avez déjà été député et
à oublier que vous avez été ministre et que c'est
peut-être par cette voie que vous avez été nommé
juge. Ce n'est pas ma faute.
En ce qui me concerne, M. le juge et M. le président, il faudrait
peut-être vous rendre compte que vousêtes ici comme témoin
devant la commission et que le député de Johnson, pas plus que
moi, pas plus que le député de Beauce-Sud ou n'importe quel autre
député, n'a le droit de subir vos sarcasmes de cette
façon.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'alllais justement faire mention de cette chose lorsqu'on a
invoqué un point de règlement. Je demanderais donc qu'on puisse
continuer avec les affaires qui affectent cette commission, sans qu'on ait de
commentaires de personnalité ou autre. Je pense que ce serait dans nos
meilleurs désirs de pouvoir procéder de cette façon.
Je demande donc au président, que je connais très bien
d'ailleurs, et en même temps au député de Johnson, tous
deux des gens très flamboyants que nous avons connus, au cours des
années, de cette façon-là, je leur demanderais
peut-être de se restreindre un peu. Pour le moment, on va essayer de
contenir le débat.
M. Bellemare (Johnson): Je ne me laisserai pas insulter, pas par
lui certain, ni par aucun autre.
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas tenu de
chronomètre...
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas honte d être ici comme
député et d'avoir été président de la
commission. Je ne me suis pas sauvé, malgré les engagements
multiples que j'avais aujourd'hui. Je vais y être. Je vais y être
demain et après-demain aussi. Le 22 surtout. Là, je vous
attends.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le Président, continuez donc! Non pas dans la veine que
vous aviez commencée.
M. Tessier: M. le Président, très calmement, je
n'avais pas du tout l'intention de blesser le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): ...d'autres moyens.
M. Tessier: Si cela l'a blessé, ce que j'ai dit, je m'en
excuse.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Merci. Il faut le ferme propos, par
exemple.
M. Tessier: Tout de même, M. le Président, vous me
permettrez de rectifier bien des énoncés qui ont
été faits par le député de Johnson et, lorsqu'il
parle de faits probants, je crois que c'est loin d'être probant.
Si vous me permettez, M. le Président, nous mettons en cause deux
personnes, ou corporation, d'une part, le Dr Cartieret, d'autre part, la
compagnie qui l'employait pour faire les examens.
Lorsque nous avons été mis au courant de ce qui se passait
en ce qui concerne le Dr Cartier, la commission a immédiatement
avisé lacompagnie en question et nous l'avons informée que
même si les certificats de mineurs étaient renouvelés
légalement en vertu du règlement 887, nous ne pouvions tout de
même tolérer davantage que des mineurs, suivant les examens qu'ils
faisaient, atteints d'amiantose, soient retournés dans les mines. La
compagnie s'est rendue à nos représentations et a remplacé
le Dr Cartier par le Dr Lesage et le Dr Lamhert.
Le député de Johnson reproche à la Commission des
accidents du travail de ne pas avoir pris action
comme, puisqu'il fait une allusion, alors que le député de
Johnson était président de la Commission des accidents du
travail, il avait poursuivi une certaine compagnie de coffrage pour $100,000.
Encore là, il faut rectifier les faits. Il n'y a aucun rapprochement ou
aucune comparaison quelconque entre les deux cas.
Dans le premier, soulevé par le député de Johnson,
la compagnie de coffrage, il s'agissait d'une compagnie dont la
fréquence et la gravité des accidents entraînaient un taux
de démérite dans une sous-classe dans laquelle cette compagnie
était.
Or, en vertu de la Loi des accidents du travail, la commission du temps
où le président de Johnson présidait...
M. BeIlemare (Johnson): Le député.
M. Tessier: ... le député de Johnson
présidait,a imposé conformément a la loi une cotisation
additionnelle à titre de pénalité, cotisation, je crois,
de l'ordre de $100,000. La commission, dans le temps je n'y étais
pas à ce moment a négocié avec la compagnie pour le
paiement de cette pénalité sur une période, je crois, de
dix ans. C'est cela?
M. Bellemare (Johnson): A peu près.
M. Tessier: Période d'un certain nombre
d'années.
M. Bellemare (Johnson): Cinq ans.
M. Tessier: Cinq ans, peut-être ...
M. Bellemare (Johnson): N'en mettez pas plus.
M. Tessier: Ecoutez, je n'étais pas là dans le
temps. Vous le savez mieux que moi.
M. Bellemare (Johnson): Vous le dites aujourd'hui, mais ne le
dites pas que cela fait dix ans...
M. Tessier: C'est peut-être cinq ans, mais sur un certain
nombre d'années.
M. Burns: Est-ce qu'on règle pour cinq ans? M.
Bellemare (Johnson): L'as-tu vu...
M.Tessier: M. le Président, le président du temps a
négocié afin que la pénalité ne soit pas trop
difficile à avaler et adonné un certain délai pour le
paiement. C'était normal. Ce n'est pas un reproche que j'adresse.
M. Bellemare (Johnson): Vousdites que le président du
temps a négocié pour que cela ne soit pas trop difficile.
C'était le voeu même de toute la commission, de tout votre "board
".
M. Tessier: Peut-être.
M. Bellemare (Johnson) : Ilsont tous été
témoins.
M. Tessier: Peut-être.
M. Bellemare (Johnson): Cela n'a pas été facile. Ne
venez pas dire que cela a été facile.
M. Tessier: M. le Président, il s'agissait des faits que
je viens de rapporter. Je crois que le député de Johnson est
d'accord que je les relate fidèlement, même si je n'y ai pas
participé à ce moment. Il s'agissait d'imposer une cotisation
additionnelle à titre de pénalité à une compagnie
dont la fréquence et la g ravité des accidents étaient i
nacceptables. Cela est le cas. D'autre part, nous avons le cas du Dr Cartier.
Le Dr Cartier, conformément à l'article 887, faisait passer
desexamens pour le renouvellement de certificats de mineurs. Or, l'on sait que
l'article 887, lorsqu'il s'agit de renouvellement de certificats de mineurs, ne
parle pas d'amiantose, mais parle uniquement de tuberculose pour l'examen
d'embauche.
M. Lachance: M. le Président...
M. Lessard: Non, je précise, M. le Président.
M. Lachance: ... sur le point de règlement, le
président de la Commission des accidents du travail mentionne l'ancien
président. Je suis peut-être naïf, mais c'était qui,
l'ancien présidentde la Commission des accidents du travail?
Le Président (M. Séguin): Disons pour le moment...
Non, je ne vois pas que c'est un point de règlement.
M. Bellemare (Johnson): ... surtout dans la grande......du
député de Mille-Iles.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: C'est vrai que vous êtes naïf.
M. Bellemare (Johnson): Vous descendez beaucoup dans mon estime,
mon cher...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre. A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lachance: ... je ne le sais pas, moi.
M. Belle mare (Johnson): ... ne mérite pas
d'être...
Vous êtes plus gentilhomme que cela. Fermez votre trou.
Le Président (M. Séguin): Là, ça va
devenir un point de règlement, ce ne l'était pas. Je
demanderais...
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes malicieux.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Ne lui en demandez pas trop, au député de
Johnson. Ne lui en demandez pas trop.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre.
M. Lessard: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): ... rapporteur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay sur un point de règlement.
M. Lessard:... pour bien préciser, parce que j'ai le
document ici. J'ai l'arrêté-en-conseil 887, au troisième
paragraphe, après "il est ordonné en conséquence, sur la
proposition de l'honorable ministre des Mines...", je lis le troisième
paragraphe...
Non, je veux préciser. Il ne s'agit pas strictement de la
tuberculose. Il s'agit de maladies de voies respiratoires et autrement aptes
à travailler... Pour les employés aptes à travailler
à une occupation.
M. Cournoyer: Les renouvellements, M. le Président, il ne
s'agit pas de tuberculose...
M. Lecours: L'embauche.
Le Président (M. Séguin): Je demanderais au
président...
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Séguin):... de la Commission des
accidents du travail...
M. Lessard: II s'agit du renouvellement...
Le Président (M. Séguin): ... à reprendre la
parole, s'il vous plaît.
M. Tessier: M. le Président, si on se réfère
au règlement 887, on voit que... Il faut lire tout l'article 3. Il ne
faut pas lire juste la fin.
M. Coumoyer: M. le Président, ceci est clarifié. Je
pense bien que le député de Saguenay a compris que le
deuxième paragraphe se référait à des
renouvellements et le premier se référait au premier examen qui
concerne la tuberculose et les autres maladies respiratoires, tandis que les
autres paragraphes, dans les renouvellements, il ne s'agit que de la
tuberculose. Mais il vient d'admettre qu'il a compris. Alors, n'allons pas plus
loin que cela dans le débat là-dessus.
M. Lessard: Paragraphe 4.
M. Tessier: M. le Président, je remercie le
député de Saguenay. Cela va clarifier la situation.
Je reviens à ce que je disais. Le Dr Cartier n'était pas
un médecin de la commission pour évaluer les taux
d'incapacité pulmonaire due à l'amiantose qui servaient à
donner des indemnités à un mineur ou à un accidenté
du travail atteint d'une maladie professionnelle.
Son rôle consistait uniquement à faire passer des examens
pour le renouvellement des permis de mineurs. Par conséquent, il s'est
conformé, nous croyons, du moins. Nous pouvons nous tromper, bien
entendu. Nous ne sommes pas à l'abri d'erreurs. Mais nous croyons
l'article suffisamment clair ou le règlement 887 suffisamment clair pour
dire que le Dr Cartier s'y est conformé à la lettre et qu'il n'a
pas commis de faute au point de vue légal puisque le règlement
887 dit que si, après examen, l'individu ou l'employé en question
n'est pas atteint de tuberci-lose, il doit lui renouveler son permis.
J'admettrai avec vous que c'est peut-être ridicule, que cela fait
longtemps que ce règlement aura t dû être amendé. Je
suis d'accord là-dessus, mais jusqu'à aujourd'hui...
M. Bellemare (Johnson): Le président me permet-il une
question?
M. Tessier: Certainement. Avec plaisir.
M. Bellemare (Johnson): Le président estime-t-il que le
geste qu'a posé la commission en le destituant n'était pas pour
reconnaître une faute qu'il avait commise? Le président ne
partage-t-il pas mon avis que c'était manquer à l'éthique
professionnelle que de remplir des certificats de bonne santé quand,
personnellement, il savaitque le mineurqui descendait dans la mine était
déjà atteint par l'amiantose? C'est simplement à cette
question que je voudrais que le président me réponde.
M. Tessier: Je n'ai pas, du moins, personnellement, la
compétence, n'étant pas médecin et encore moins membre du
Collège des médecins, de dire si le Dr Cartier a manqué ou
non à l'éthique professionnelle. Mais, du point de vue
légal, évidemment, je pense que je peux formuler une opinion.
Nous l'avons examiné. Nous en avons discuté entre nous mes
collègues et moi et nous n'avons pas vu comment,
légalement, nous pourrions exercer un recours, étant donné
qu'il s'était conformé à un règlement
désuet, d'accord, mais qui était le règlement qui existait
à cette époque.
M. Bellemare (Johnson): On envoyait mourir des gens dans la mine.
Et vous étiez d'accord même s'il envoyait mourir des gens dans la
mine!
M. Tessier: Non. Nous n'étions pas d'accord et la preuve
que nous n'étions pas d'accord est que, lorsque la chose a
été connue, nous nous sommes empressés d'informer la
compagnie, et nous avons demandé à la compagnie de le remplacer
pour rémission des certificats de mineurs ou le renouvellement des
certificats de mineur.
Nous n'étions pas d'accord, mais, légalement puisqu'on
nous reproche aujourd'hui de ne pas avoir pris de poursuite, nous ne voyons pas
comment nous pouvions en prendre suivant la rédaction du
règlement 887. C'est pour ce point.
Deuxième reproche qu'on nous adresse: Pourquoi n'avez-vous pas
poursuivi la compagnie? Nous n'avionset nous n'avons aujourd'hui aucune preuve
de collusion. Si le député de Johnson a lu dans les journaux la
déclaration que le Dr Cartier a faite il y a quelques semaines, il a vu,
à ce moment, que le Dr Cartier a dit ou admis qu'il avait agi hors de la
connaissance et sans les instructions de la compagnie qui le payait et qui
l'avait engagé.
Si le député de Johnson ou n'importe quelle autre personne
veut nous fournir la preuve...
Une Voix: Oui.
M. Tessier: Quand vous parlez de faits probants, nous n'en voyons
pas, mais fournissez nous la preuve. Nous ne l'avons pas actuellement. Nous
serions heureux de l'avoir. Si nous avions la preuve qu'il y a eu collusion
entre le médecin en question et le compagnie qui l'employait,
assurément la commission agira. Mais d'ici là, M. le
Président, je crois que les reproches que l'on adresse à la
commission sont absolument injustifiés et que la comparaison qu'on a
faite avec la compagnie de coffrage, à qui une pénalité ou
une cotisation additionnelle de $100,000 a été imposée, ne
peut pas se faire avec le cas qui nousconcerne dans l'amiantose.
M. BeIlemare (Johnson): J'avais d'autre chose, certain.
M. Harvey (Charlesbourg): J'avais demandé la parole. C'est
intéressant, allez-y.
Le Président (M. Séguin): Allez-y,
procédez.
M. Bellemare (Johnson): Je ne viens que de commencer. J'ai
commencé à moins cinq. On n'a encore ôté le droit de
parole à personne.
M. Tessier: M. le Président, l'horloge a quinze minutes
d'avant.
Le Président (M. Séguin): II est 10 h 5.
M. Bellemare (Johnson): II y a seulement la commission qui est en
retard.
Le Président (M. Séguin): Vous aviez une question,
vous aviez un commentaire?
M. Bellemare (Johnson): Je continue.
Alors, M. le Président, l'honorable juge, président de la
commission, pour lui, qu'un médecin donne des permis classe A en
témoignant qu'ils sont en excellente santé...
M. Tessier: Ils ne sont pas atteints de tuberculose.
M. Bellemare (Johnson): Non, une minute. M. Tessier: Oui, c'est
cela.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, l'honorable
président de la commission a eu son tour.
M. Cournoyer: ...ils sont en excellente santé, il faudrait
quand même...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M.Lessard: II y a des cimetières qui sont remplis
de...
M. Bellemare (Johnson): Si, M. le Président l'honorable
président trouve que c'est bien.
M. Tessier: Non.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne trouvez pas que c'est bien
d'avoir renvoyé dans la mine des gens alors qu'il savait pertinemment
qu'ils n'avaient pas le droit d'avoir le certificat A.
M. Tessier: Non, c'est exactement le contraire.
M. Bellemare (Johnson): Bon, c'est bien. Alors, là...
M. Tessier: Ecoutez. Je ne voudrais pas qu'on me fasse dire des
choses que je n'ai pas dites. On a dit qu'on avait avisé la compagnie
qu'on n'était pas satisfait, qu'on ne voulait plus qu'il agisse pour les
examens. C'est cela que j'ai dit tout à l'heure.
M. Bellemare (Johnson): Le Collège des médecins
s'est-il plaint à votre corporation?
M. Tessier: A ma connaissance, non.
M. Roy: Est-ce que vous autres, vous vous êtes plaints au
Collège des médecins à la suite de cela?
Le Président (M. Séguin): Restons à
l'intérieur... C'était au député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): C'était une autre de mes
questions. Est-ce que vous avez fait rapport au Collège des
médecins?
M. Tessier: Non.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne vous êtes pas plaints au
Collège des médecins de cette situation? Qu'est-ce que vous avez?
Vous êtes bien nerveux ce soir. Est-ce que c'est parce que vous avez...
avec le premier ministre.
M. Tessier: Non, on ne s'est pas plaint et, d'ailleurs, le
médecin en question n'était pas un employé de la
commission à ce moment-là.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais devant les faits
probants...
M. Tessier: Devant les faits probants...
M. Bellemare (Johnson): Laissez-moi un peu le temps de vous poser
des questions. M. le Président, il a eu, pendant 20 minutes, le temps de
tout dire et je ne suis pas capable de poser une question, qu'il part en
feu.
Le Président (M. Séguin): C'est parce que je ne
voudrais pas interrompre...
M. Bellemare (Johnson): Je l'ai connu quand il était en
Chambre. Il était pareil. Il n'était pas plus raisonnable que
cela.
Le Président (M. Séguin): Je pensais que la
période des boniments était terminée et qu'on était
rendu aux travaux de la commission.
M. Bellemare (Johnson): II est rendu pire qu'avant. Alors, M. le
Président, s'il me laisse la paix, je vais continuer.
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Et vous, laissez-moi tranquille
aussi.
M. le Président le Collège des médecins n'a pas
été informé de l'attitude de ce médecin.
M. Tessier: Pas par nous.
M. Bellemare (Johnson): Pas par vous. Est-ce que vous avez dit
que ce n'était pas bien, pour un médecin, de retourner et de
décerner un certificat A, comme dit dans le certificat,
c'est-à-dire d'excellente santé, et de renvoyer ce mineur dans la
mine? Vous m'avez dit: Non, ce n'est pas bien. Comme vous admettez que ce n'est
pas bien, que c'est dérogatoire à son éthique
professionnelle, je pense que la commission qui a la responsabilité de
la prévention aussi, en vertu de l'article 87 parce que je vais
vous parler de 87 aussi avait le droit de prendre une action, de poser
un geste assez catégorique pour affirmer qu'il y avait eu là un
acte dérogatoire.
Je pense que tout le monde serait dans des meilleures dispositions
aujourd'hui concernant la commission qui doit exercer certaines mesures
préventives. Cela en était une, et la commission, mise au
courant, n'a rien fait. Sauf qu'elle vient d'être dévoilée
publiquement, devant une commission parlementaire et le député de
Frontenac l'a déclaré lui-même en Chambre. Je lui rends
grâce de l'avoir fait courageusement. Je pense que c'est
l'intérêt des mineurs qui était en cause et comme il
représente ces gens, c'était excellent.
Excellent, excellent, vous, je n'ai pas dit député.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous aussi. M. Bellemare (Johnson):
Cela, plus tard.
M. Lecours: J'ai encore de meilleures questions à poser,
si vous me laissez une chance tantôt.
M. Bellemare (Johnson): J'en ai encore. Je vais finir, je
commence. M. le Président, la prévention, disait le
président tout à l'heure, quand on a appliqué le
règlement au sujet de la Dominic Suports and Forms, c'était
simplement pour la pénaliser parce que dans la classe à laquelle
elle appartenait, elle causait un préjudice terrible par un taux
très élevé, quand les actuaires recommandaient un taux
spécial pour l'année en cours.
Mais quand le président dit que les deux cas sont
différents, je pense que les deux cas ont amené des gens qui sont
morts des suites d'un accident de travail. Parce que le Dr Bellemare, cet
après-midi, nous a répété que l'amiantose,
ça fait longtemps, même avant le 887, que la commission s'occupe
de ces cas d'amiantose qui est une maladie industriel le.
A partir de là, il y a eu sûrement là des gens qui
ont manqué à la prévention, toujours;
particulièrement, je pense que s'il y a eu huit morts dans
l'échangeur
Turcot, il y en a de rapportés dans la question des mines du
district de Thetford, la commission devait, elle aussi, appliquer l'article 87
de notre Loi des accidents du travail. Là, on aurait pu
véritablement prendre position et dire que toutes les précautions
nécessaires ont été prises pour prévenir tous les
accidents dont les ouvriers, dans cette industrie, pourraient être
victimes. C'est un cas patent où la commission n'a rien fait. Vous nous
l'avez dit, vous nous l'avez répété, elle n'a rien fait.
Croyez-vous que demain matin, les mineurs, les gens qui ont découvert ce
scandale vont apprécier la Commission des accidents du travail, elle qui
est l'ombudsman des accidentés? Elle qui doit être la bonne
conscience de tous ceux qui subissent un accident de travail. La commission qui
est spécialement désignée pourêtre le protecteur,
pas du capital, mais du pauvre travailleur, quel qu'il soit, qui n'a pas les
moyens de se défendre. C'est pourquoi la commission, en 1927 et en 1931,
a été organisée. Parce que ceux qui l'avaient
organisée en 1927 avaient établi une loi où on exploitait,
par les bureaux des avocats, le sort des accidentés. C'est en 1931 qu'on
a apporté cette loi, avec bien des modifications depuis ce temps.
Mais qu'il n'y ait aucune comparaison possible, je dis que le
président se trompe. Avec tout le respect que j'ai pour le haut poste
qu'il occupe, je dis que je vois mal un président se faire le
défenseur d'un acte aussi condamnable. Je sais que ça lui sera
reproche amèrement de ne pas avoir eu le courage de défendre les
ouvriers qui sont descend us dans la mine maigre q ue la loi spécifie...
bien qu'après la tradition q ui veut que la commission s'occupe des cas
d'amiantose el exige un renouvellement de certificat, ce n'est pas pourrien
qu'onexigeun renouvellementdecertificat à la Commission des accidents du
travail pour les mineurs, depuis longtemps.
D'ailleurs, le règlement no 9 y pourvoit aussi dans les
allocations qui sont fournies.
M. le Président, je pense que, à ce chapitre d'autres
députés poseront des questions mais moi je voudrais m'en tenir
à un autre sujet. La Commission des accidents du travail a
organisé, il y a quelques années, un service de mérite et
de démérite, pour faire appel aux employeurs, afin qu'ils aient
une précaution particulière, parce qu'on les touche directement
dans le paiement des redevances à la commission, s'ils ont un taux
d'accidents trop élevé dans la classe, dans la section où
ils sont groupés parmi les 82 ou 83 sections.
Ce système de mérite et de démérite a eu un
avantage. Quand on dit qu'on n'a rien fait à la commission pour
protégeret faire de la prévention, c'était un moyen.
Une autre chose, M. le Président. La Commission des accidents du
travail, pendant des années, a vécu un système de
prévention qui avait l'accord des associations qui s'offraient à
faire les visites et les inspections nécessaires dans tous les
établissements industriels. Les quatre grandes organisations sont venues
chaque année présenter leur budget et faire rapport de tout ce
qui se produisait. En vertu de l'article...
M. Roy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Je m'excuse auprès de mon collègue de Johnson, mais le
député de Mille-Iles passe son temps à interrompre. Il a
toujours quelque chose à dire.
M. Lachance: Je n'ai pas fait de commentaire. M. Roy: Si
la commission ne l'intéresse pas... M. Lachance: Je n'ai pas fait
de commentaire.
M. Roy: S'il a des commentaires à faire, il y a des temps
pour cela, en vertu de notre règlement.
M. Lachance: Je n'ai pas fait de commentaire. Il parle
gratuitement. Ecoute donc, toi...
M. Roy: Ecoutez patiemment. J'inviterais le Président
à le rappeler à l'ordre. Le règlement existe pour tout le
monde.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. BeIlemare (Johnson): Dans les quatre grandes
associations...
M. Lachance: II y a un congrès au mois de mai. M. Roy:
Vous irez au congrès.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je voudrais,
non pas faire une remontrance à qui que soit, mais, jusqu'à ce
soir, pendant la séance de cet après-midi, ceux qui vous ont
précédé, M. le député, s'en sont tenus
à des questions ou des commentaires sur des questions et n'ont pas voulu
prolonger leurs questions eux-mêmes.
Il faut admettre qu'on n'est pas ici tellement pour émettre une
opinion de la part de la commission, mais pour entendre les membres de la
Commission des accidents du travail. Je vous demanderais, sans appeler à
l'ordre, sans être mauvais, simplement, autant que possible, de vous
retenir un peu et de concentrervoseffortssurdesquestions et on pourra
peut-être vous répondre.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je calcule que
j'ai été élu pour faire mon devoir et assister à la
commission parlementaire pour donner mon opinion sur tous les sujets et je ne
pense pas que l'honorable Président va me mettre un bâillon.
Alors, à partir de là, mon droit de parole, je l'exercerai en
vertu des règlements. Quand j'aurai perdu mon droit de parole, M. le
Président, vous aurez le droit de me rappeler à l'ordre. Je dirai
tout ce que je voudrai, pourvu que ce soit dans le cadre de la Commission des
accidents du travail, que ce soit sur le sujet. Là, vous aurez le droit
de me rappeler à l'ordre. J'ai un droit de parolequi est sacré,
en vertu de notre règlement, et, en vertu de ce règlement, quand
j'aurai épuisé mon droit de parole, vous me rappellerez à
l'ordre. Si cela ne vous plaît pas, M. le Président, c'est bien
dommage, mais je vais continuer. C'est clair?
Le Président (M. (M. Séguin): Tout ce que vous
venez de dire est irrégulier.
M. Bellemare (Johnson): Respectueux, M. le Président, de
votre décision.
Le Président (M. Séguin): Je vous demanderais de
continuer, M. le député.
M. Bellemare (Johnson): Alors, arrêtez de
m'arrêter.
Le Président (M. Séguin): Alors, commencez par
commencer.
M. Bellemare (Johnson): Comment voulez-vous qu'on puisse suivre
une discussion, M. le Président, avec les...
Je voudrais demander à la commission si ces quatre associations
continuent à faire de la prévention et si on leur accorde encore
des subsides, et de quel ordre.
M. Tessier: M. le Président, on accorde à ces...
Tout d'abord, les quatre continuent à faire de la prévention et
on leur accorde je ne pourrais pas détailler, parce que cela
varie de l'une à l'autre mais, dans l'ensemble, c'est environ $2
millions pour 1975.
M. Bellemare (Johnson): $2 millions qui sont donnés
à quatre associations pour faire quoi?
M. Tessier: De la prévention, évidemment.
M. Bellemare (Johnson): De la prévention, au lieu et
à la place de la commission?
M. Tessier: Dans un sens, oui, parce que, comme je l'ai
expliqué aujourd'hui, nous avons un tout nouveau service de
prévention. Cela fait à peine six mois que nous avons un
directeur de la prévention qui est en train d'organiser son service. Il
est évident qu'on ne peut pas du jour au lendemain, se lancer dans la
prévention de la même manière que des associations qui
existent depuis dix ou quinze ans le font.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que, M. le Président , vous
payez un inspecteur dans ces associations et qu'il fait des inspections dans
les usines?
M. Tessier: Non.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Tessier: Les associations elles-mêmes ont leur propre
service d'inspection et nous présentent annuellement un projet de budget
détaillé avec le nombre d'employés, comment elles
entendent utiliser l'argent et nous faisons venir ces associations l'une
après l'autre. Nous discutons avec elles et lorsque nous sommes
convainvus que ce qui nous est présenté est raisonnable, va
réellement profiter à la prévention, nous leur accordons
les subventions requises.
M. Bellemare (Johnson): Est-ceque, M. le Président, le
président de la commission pourrait aussi
nous dire si, en même temps qu'il examine le budget pour
l'année qui vient, il fait une récapitulation de ce qu'a produit
l'association en regard des visites...
M. Tessier: Oui.
M. BeIlemare (Johnson): ... des réformes, des suggestions
qui ont été faites dans des industries?
M. Tessier: Nous exigeons, M. le Président, un rapport
annuel détaillé de tout ce qui a été fait par
l'association, par chacune des associations. Maintenant que nous avons notre
service de prévention, nous sommes en relation je pourrais dire
quotidienne avec ces associations. Nous collaborons avec elles.
M. Bellemare (Johnson): Si je comprends bien, le service nouveau
qui vient d'être installé sera un jour ou l'autre incorporé
aux associations.
M. Tessier: Ce n'est pas l'intention de la commission,
actuellement, de remplacer ces associations ou de les faire disparaître.
Nous entendons continuer à coopérer avec elles dans toute la
mesure du possible et lorsque notre service de prévention,
évidemment, aura pris une certaine expansion, nous serons alors en
mesure d'offrir à ces associations encore un meilleur service pour
compléter leur travail de prévention.
M. Bellemare (Johnson): Mais le président a-t-il mis un
budget entre les mains du nouveau directeur...
M. Tessier: Oui.
M. Bellemare (Johnson):... qui est assez considérable pour
pourvoir durant l'année, un organisme rentable?
M. Tessier: On me dit de $150,000 à $200,000.
M. Bellemare (Johnson): Dans le budget, c'est à peu
près, de $150,000 à $200,000 pour l'année.
M. Lessard: Pour cinq personnes?
M. Bellemare (Johnson): Le budget est bien fait, M. le
Président, bien détaillé, surtout bien appliqué.
Prévention!
M. Tessier: M. le Président, c'est un début, c'est
tout nouveau, comme je l'ai mentionné. Cela fait à peine six mois
que c'est en marche. Nous avons mis à la disposition de ce nouveau
service les montants qui nous avaient été demandés. Je
vais vous donner les chiffres précis.
M. Bellemare (Johnson): M. Boucher connaît cela,
certainement.
M. Tessier: C'est plus que j'ai mentionné, M. le
Président, parce que le total mis à la disposition du service de
la prévention est de $2,453,000. Ceci comprend $1,981,788 en
subventions. Je ne me suis pas beaucoup trompé lorsque j'ai dit $2
millions.
M. Roy: Pour un an?
M. Tessier: Je me suis trompé de $18,000 seulement.
M. Lessard: $2,450,000...
M. Tessier: Le total, c'est $2,453,740.
M. Bellemare (Johnson): Pour la prévention?
M. Tessier: Oui. Là-dessus, il y a $1,981,788 en
subventions. La différence, c'est-à-dire environ $470,000 en
chiffres ronds, couvre les autres frais du service de prévention, y
compris évidemment les salaires, dépenses de voyage, etc.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce que, dans
le domaine de l'amiantose, il y a actuellement une association qui s'occupe de
la prévention dans le domaine des mines?
M. Tessier: Dans le domaine des mines, il y a une association qui
existe, c'est l'Association des mines, dont les mines d'amiante font
partie.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'elle est...
M. Tessier: L'association des mines ne requiert pas de
subventions de la part de la commission.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'elle fait rapport de ses
activités à la commission?
M. Tessier: Oui, nous avons un rapport annuel.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la commission rencontre ces
gens lors de la discussion des inspections qui ont été
faites?
M. Tessier: La commission rencontre assez fréquemment les
membres de cette association. Nous les rencontrons notamment au cours de leur
congrès annuel qui dure ordinairement trois jours et auquel nous
assistons. En plus de cela, nous avons, pour autant que je me souvienne, au
moins deux autres rencontres annuellement.
M. Bellemare (Johnson): Des cocktails, cela dure trois jours de
temps. Alors, vous les rencontrez lors de leurs assises qui se tiennent pendant
trois jours.
M. Tessier: Oui, mais en dehors de cela...
M. Bellemare (Johnson): Vous discutez de choses fort
sérieuses.
M. Tessier: Comme toujours.
M. Bellemare (Johnson): Cela se fait très gentiment.
Est-ce que le président ne trouve pas que des visites à son
bureau seraient bien plus fructueuses que ces assises?
M. Tessier: C'est ce que j'ai dit. J'ai dit qu'en
dehors des assises annuelles, nous rencontrions au moins...
M. Belle mare (Johnson): Est-ce que le président, si c'est
vrai...
M. Tessier: ... à deux reprises et possiblement trois, si
c'est nécessaire, plus souvent au bureau de la commission les
représentants de l'association. Je dois ajouter d'autre part que notre
nouveau service et notre nouveau directeur de la prévention sont en
contact constant avec cette association.
M. Bellemare (Johnson): On aimerait cela que vous nous donniez,
de la part de cette Association des mines que vous rencontrez très
souvent, particulièrement lors de ses assises, quelques aperçus
des visites et des recommandations qu'elle a pu faire aux usines sur
l'amiantose, sur la protection du capital humain. Vous êtes
sûrement au courant.
M. Tessier: Je suis au courant dans les grandes lignes,
peut-être, mais...
M. Bellemare (Johnson): Oui, seulement les grandes lignes.
M. Tessier: Ecoutez, franchement, de mémoire, je ne
pourrais pas vous mettre au courant de tous les sujets qui sont
discutés.
M. Bellemare (Johnson): Non, seulement les grandes lignes.
M. Tessier: En fait...
M. Bellemare (Johnson): L'Association visite les industries.
M. Tessier: ...en tant que président, je ne m'occupe pas
principalement de la prévention. Je dois faire cette précision.
Mon principal rôle, à tort ou à raison, remarquez bien, est
de voir à l'administration générale de la commission, de
voir à ce que tous les services fonctionnent normalement.
J'ajouterai...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est parce
que... Je ne voudrais pas que mon temps soit coupé par les long ues
réponses, parce qu'il est question d'amiantose plus que jamais.
M. Tessier: Je réponds à votre question.
M. Bellemare (Johnson): Je veux savoir s'il y a eu des rapports
faits par cette association, des rapports selon lesquels les usines ont
été visitées, si des recommandations sérieuses
vis-à-vis des compagnies ont été dictées et ce que
la commission peut nous dire aujourd'hui au point de vue de la
prévention.
M. Tessier: M. le Président, j'étais à dire
que, personnellement, je ne suis pas particulièrement familier avec
cette q uestion de prévention. J'ai expliqué le rôle que je
jouais à la commission, et nous avons à la commission d'autres
personnes que nous avons chargées ou mandatées pour s'occuper de
prévention. J'ai ici, à mes côtés, le
vice-président, M.
Jean-Marc Jodoin. Il a reçu, depuis environ un an, depuis que
nous avons formé notre service de prévention, que nous l'avons
mandaté, des rapports sur toutes les questions de prévention,
d'une part. D'autre part, notre nouveau directeur du service de la
prévention, s'occupe aussi quotidiennement de cettequestion.
Peut-être, M. le Président, que l'un ou l'autre des deux personnes
que je viens de mentionner pourrait donner pi us de détails sur ce qui
se passe à l'intérieur de l'association de prévention dans
les mines d'amiante.
M. Bellemare (Johnson): J'aimerais l'entendre dire au point de
vue de la prévention, surtout dans l'amiantose, ce qui peut se faire
actuellement, et ce que la commission peut nous dire, ce qui est en train de
s'élaborer au point de vue de l'amiantose particulièrement,
surtout pour faire suite au dépôt de documents assez
révélateurs ce matin par la FTQ.
M. Tessier: M. le Président, est-ce que le
député de Johnson me permettrait une remarque, avant de
passeràcela, parce qu'il m'a posé une question tout à
l'heure q ui est demeurée sans réponse, lorsqu'on a parlé
de démérite? On a dit: La commission devrait, dans ces cas, se
prévaloir des règlements de démérite. Avec la
permission...
M. Bellemare (Johnson): Se prévaloir... J'ai dit qu'on
avait adopté, à la commission, un règlement de
mérite et de démérite, afin, justement, que l'employeur
soit sensibilisé dans son argent. S'il y avait un taux qui
dépassait la normale dans la classe à laquelle il appartient.
C'est pour cela que je dis que cela a été une mesure de
prévention que celle d'établir un mérite ou un
démérite. C'est que, quand on le touche dans son argent,
l'employeur est beaucoup plus sensible. C'est pour cela que j'ai dit, tout
à l'heure, que la commission avait fait de la prévention.
M. Tessier: C'est ça, et c'est précisément
pour incite ries employeurs à faire de la prévention que ce taux
de démérite a été établi. Je voudrais, si
vous permettez, vous signaler qu'en 1973, 1,499 employeurs ont
été mis au taux de démérite, et cela leur a
coûté, en cotisations additionnelles, $3 millions. En 1974...
M. Bellemare (Johnson): C'est combien? M. Tessier: C'est
1,499...
M. Bellemare (Johnson): C'est 1,499 qui ont payé...
M. Tessier: C'est $3 millions, en cotisation additionnelles.
En 1974, il y a eu 1,520 employeurs...
Une Voix: Cela s'améliore.
M. Tessier: ...qui ont été cotisés au
démérite, et cela leur a coûté en cotisations
additionnelles $3,900,000.
C'est donc dire que la Commission des acci-
dents du travail se prévaut de ces dispositions, met un certain
nombre d'employeurs au démérite et les pénalise, justement
pour les inciter à exercer une plus grande prévention sur les
accidents du travail.
M. Lessard: Cela n'a pas l'air à les inciter, parce que
cela augmente chaque année.
M. Cournoyer: Par la même occasion, pour la prochaine
séance, est-ce que vous pourriez dire, dans les deux cas, combien il y a
eu de récidives par rapport à la première fois? Parce que,
là, on prend des chiffres... J'aimerais voir les récidives pour
voir si, effectivement, les taux de démérite et mérite
sont encore les mêmes...
M. BeIlemare (Johnson): Ce sont les mêmes.
M. Cournoyer: ...parce qu'on peut arriver à dire: II y a
une augmentation malgré tout ça.
M. Tessier: Certainement, M. le mérite, M. le ministre.
Nous allons...
M. Malépart: Vous allez avoir des points de
démérite.
M. Tessier: ...produire ces chiffres pour la prochaine
séance. On parle de mérite et de démérite.
M. Bellemare (Johnson): J'aimerais bien entendre le
vice-président sur la question de l'amiantose au point de vue des mines,
et je terminerai par une autre suggestion, mon intervention.
M. le Président, est-ce que vous permettez...
Le Président (M. Séguin): Oui, Si la personne en
question est présente.
M. Jodoin: Je suis ici.
Le Président (M. Séguin): Ah! C'est vous?
M. Jodoin: Oui, c'est moi.
M. BeIlemare (Johnson): Placez donc le micro...
M. Jodoin: Je pense que ce matin et que cet après-midi, au
cours des discussions, il y a eu passablement de confusion sur la question de
la prévention. Vous me permettrez de faire un retour en arrière
pour le bénéfice du député de Johnson, et
probablement pour les autres aussi qui ont abordé cette question, les
députés de Beauce-Sud, Saguenay et Maisonneuve.
Il faut retourner au rapport Mi neau. Le président, ce matin,
dans son exposé, a parlé des I25 recommandations du rapport
Mineau et une des recommandations du rapport Mineau portait justement sur la
question de prévention, mais il faut aussi admettre, à l'occasion
de la comparution devant la commission parlementaire du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration, que M. Richard Mineau, qui a le leadership
de la maison que nous avons retenue, a dit publiquement qu'un grand nombre de
ces recommandations venaient de la maison...
M. BeIlemare (Johnson): Le vice-président me permet-il une
question?
M. Jodoin: Oui, bien sûr.
M. BeIlemare (Johnson): Combien a coûté à la
commission le rapport qui a été fait par la firme Mineau et
Allard?
M. Jodoin: En honoraires, il a coûté jusqu'à
maintenant aux environs de $400,000.
M. Bellemare (Johnson): $400,000.
M. Jodoin: Mais si vous parlezde l'ensemble des recommandations
et des modifications au formulaire, au réaménagement que...
M. Bellemare (Johnson): La firme Mineau et Allard a
reçu...
M. Jodoin: ... en honoraires, près de $400,000.
M. Bellemare (Johnson): Combien reçoit-elle
présentement pour l'exercice?
M. Tessier: Rien pour l'instant. Je dois préciser parce
qu'il ne faudrait tout de même pas qu'il y ait malentendu. Quand mon
collègue, le vice-président, dit $400,000, cela comprend deux
mandats et c'est le deuxième mandat surtout qui a coûté le
plus cher.
M. Bellemare (Johnson): Combien a coûté le
premier?
M. Jodoin: Je ne pourrai s pas le dire parce que je pense que la
période d'étude, la collecte des données , si vous
soûlez, pour la maison Mineau, Allard & Associés, aurait
duré de janvier à juillet, à peu près, alors que
l'autre période, c'est-à-dire la mise en application des
recommandations, a duré près d'un an. Alors, il est certain... Je
ne sais pas si mon directeur des finances... Disons que la première
partie a pu coûter $150,000. On pourrait dire $250,000 pour la phase
d'implantation des recommandations.
M. Bellemare (Johnson): Ils disent ceci: "En 1973, la firme
Mineau, Allard & Associés remettait à la CAT une volumineuse
étude sur les structures et les procédés administratifs de
la commission. L'étude était commandée au coût de
$350,000."
M. Tessier: Ce n'est pas exact. C'est certainement le montant
avancé par mon collègue, $150,000... C'est un gros maximum de ce
qu'ont coûté l'étude et le rapport.
M. Bellemare (Johnson): Ce mandat...
M. Tessier: Ce qui a surtout coûté cher à la
commission a été le second mandat de la mise en application des
recommandations. Cela a duré longtemps et il y a eu pas mal plus de gens
qui ont travaillé là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Cela est-il terminé
présentement?
M. Tessier: Oui, depuis au-delà d'un mois.
M. Bellemare (Johnson): Et vous me dites que, dans l'ensemble,
cela peut avoir coûté en bas d'un demi-million.
M. Tessier: Oui, pas plus de $400,000, dans l'ensemble.
M. Bellemare (Johnson): $400,000 pour se faire dire quoi
faire.
M. Tessier: Non. Pas pour se faire dire quoi faire parce que,
comme je l'ai dit...
M. Bellemare (Johnson): Pour leur dire quoi faire.
M. Tessier: ...les $400,000 comprennent au moins $250,000, pas
pour nous dire quoi faire, mais pour nous dire comment appliquer ces
recommandations, poursuivre le cheminementde l'application des
recommandations.
M. Bellemare (Johnson): Patronage!
M. Jodoin: M. le Président, je peux continuer, avec votre
permission? Est-ce qu'on peut continuer, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Certainement.
M. Jodoin: Je pense que là, je vais être
obligé d'ouvrir une petite parenthèse pour le
député de Johnson. Cette étude a été
commandée par la commission. La commission a pris ses
responsabilités et je pense que nous avons choisi une maison qui
jouissait en tout cas à l'époque et probablement encore
aujourd'hui d'une excellente réputation.
M. Bellemare (Johnson): Cela n'a pas été pris par
l'ancien président, ni par le nouveau.
M. Jodoin: Non' c'est exact.
M. Bellemare (Johnson): Bon, très bien.
M. Jodoin: Comme vous le savez, M. le Président, le
député de Johnson sait très bien, parce que c'est lui qui
l'a institué, que le comité consultatif de la CAT a
été saisi de cette question et antérieurement, il y a
quelques années, au début de la mise sur pied du comité
consultatif, le Conseil du patronat a demandé, à pi usieurs
reprises, que cetteétude soit faite à la commission. Je ne crois
pas me tromper, parce que je pense aussi que les autres parties, les autres
membres du comité consultatif là je veux parler de la CSN
et de la FTQ ont appuyé cette demande, qu'une étude en
profondeur des structures et des procédés administratifs de la
commission soit faite et cela a été fait. Nous les avons en
même temps informés du choix de la firme qui était retenue
par la commission et personne à l'époque ne s'est opposée
à ce que ce soit la firme Mineau, Allard et associés. Je reviens
à ce que je disais tantôt. Un bon nombre de recommandations, parmi
les I25 qui faisaient partie du rapport Mineau, venaient de la maison,
c'est-à-dire de la commission, des officiers qui ont été
rencontrés par les experts de la firme. Donc, la question de la
création d'un service de prévention au sein de la commission,
cela peut être une recommandation de la commission mais je pense que cela
a été fortement influencé par les officiers de la
Commission des accidents du travail. Nous croyons que la commission devait
jouer un rôle beaucoup plus grand dans le domaine de la
prévention. C'est ce qui m'amème à dire ceci. Si j'ai dit
au début de mon intervention qu'il m'a semblé y avoir
énormément de confusion ce matin et cet après-midi
lorsqu'on a discuté de questions de prévention, c'est qu'on a
parlé de juridiction, on a parlé de sept ou huit. Quand j'ai
été appelé à prononcer certaines
conférences, j'ai parlé de huit juridictions susceptibles
d'intervenir dans des cas d'accidents du travail et de maladies
professionnelles et je pense que c'est exact. Alors, dans l'esprit des gens qui
ont écouté les débats, ce matin, je suis convaincu qu'on
n'a pas fait la lumière là-dessus. Nous avons voulu jouer un plus
grand rôle, mais il reste que, par les lois et les arrêtés
ministériels, il y a encore un certain nombre de ministères et
d'organismes qui ont des responsabilités vis-à-vis de la
sécurité. Je donne comme exemple le ministère du Travail,
par exemple, qui a la responsabilité d'édicter, comme vous le
savez très bien, M. le député de Johnson, vous avez
été aussi ministre du Travail, des règlements de
sécurité et de voir à leur application. Alors, il y a, au
ministère, un règlement de sécurité applicable aux
établissements industriels et commerciaux, le ministre du Travail a
aussi confié à la Commission de l'industrie de la construction un
règlement applicable au domaine de la construction. Vous avez le
ministère des Richesses naturelles qui a aussi un règlement et
qui est responsable de voir à édicterdes règlements et
voir à leur application dans le domaine des mines. Vous avez le
ministère des Affaires sociales qui est impliqué aussi pour la
médecine préventive, n'est-ce pas, docteur? Vous avez le
ministère des Richesses naturelles, le ministère de la Justice.A
ce moment-là, il ne faudrait pas confondre prévention en termes
d'éd ucation des travailleurs et des employeurs pour les sensibiliser
à des Programmes de prévention avec des règlements de
sécurité qui doivent être appliqués par
différentes juridictions au gouvernement.
C'est pour ça que je pense que j'ai d'excellentes relations avec
le ministère du Travail. J'ai travaillé en étroite
collaboration avec les sous-ministres et, en particulier, avec le sous-ministre
adjoint Guy Lapointe, nous avons étudié toute cette question. Le
sous-ministre Guy Lapointe a décidé d'en discuter avec son
ministre et de former un comité interministériel. Vous avez sans
doute copie du mandat du comité interministériel, nous avons dit,
avec justesse que nous participions aux travaux du comité
interministériel Ce comité a un mandat et il doit faire des
recommandations et en arriver à établir une politique globale en
matière de sécurité et de prévention.
Tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas ça, qu'on ne se sera pas
entendu, je pense que vous
allez avoir des situations comme celles qu'on déplore
aujourd'hui.
Cela n'empêchait pas la commission de prendre ses
responsabiltés même si la Loi des accidents du travail est presque
esssentiellement une loi de réparation. C'est cela, la Loi des accidents
du travail, c'est presque essentiellement une loi de réparation, nous
sommes là pour indemniser les accidentés du travail.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le commissaire me permet une
question, puisque c'est lui qui l'apporte? Est-ce que ce ne serait pas le temps
de refondre la Loi des accidents de travail, particulièrement ajouter un
chapitre où la commission, à part d'indemniser, pourrait, de son
propre chef, avec des sanctions bien à elle, faire un chapitre de
prévention.
M. Jodoin: M. le Président, si vous me permettez,
écoutez, je pense que c'est une question qui relève de
l'Assemblée nationale, en tout cas des législateurs, on peut
faire des recommandations mais ça relève des législateurs,
quant à moi. Nous avons une loi, nous l'appliquons avec la plus grande
justice possible. Je pense que personne ne va nous reprocher ça,
même si ce matin, on a eu une intervention du député de
Maisonneuve. Il a parlé d'inefficacité administrative, il a aussi
parlé d'inefficacité idéologique. A ce moment-là,
je pense que tout le monde va admettre qu'il y a eu une évolution dans
la mentalité et l'esprit de ceux qui ont à administrer la loi
à la Commission des accidents du travail.
Evidemment, comme il s'agit d'un organisme qui a 44 ans, si on veut se
reporter il y a 30 ans, la mentalité qui régnait à la
commission n'était certainement pas tellement différente de celle
qui pouvait régner dans d'autres organismes ou d'autres
ministères du gouvernement à l'époque. Mais aujourd'hui,
la commission n'a jamais été aussi ouverte à tous les
organismes, que ce soient des représentants d'associations
d'accidentés je pense qu'il y en a ici ou encore les
syndicats. Nous sommes ouverts, nous n'avons rien à cacher, je suis
très heureux de le dire. Je pense qu'il faut se rendre à
l'évidence, il y a des choses qui existent.
M. Bellemare (Johnson): A l'occasion de cette étude, faite
présentement, comme on fera le 22 il serait peut-être bon aussi
qu'on fasse des suggestions. La suggestion que je fais, quant à la Loi
des accidents du travail puisque vous venez de dire qu'au point de vue
idéologique, cela a évolué on pourrait
peut-être regarder maintenant une possibilité, vu que la
commission aurait bien rempli son rôle pendant des années, ou a
essayé de bien le remplir, ce serait peut-être le temps, plus que
jamais, de penser à un chapitre particulier de responsabilité et
de protection au point de vue de la prévention des accidents, pas
simplement au point de vue de la réadaptation. Pour la
réadaptation, il y a un chapitre. Les questions qu'on a posées
cet après-midi, c'était pour voir probablement jusqu'où
allait le mandat de la commission dans le cas de la prévention.
A part les articles 87 et 110, il n'y en a pas beaucoup qui parlent de
préventions. Je pense que se serait peut-être "other days, other
ways", le temps de l'appliquer et de penser véritablement que de mettre
dans notre loi, tout un chapitre de prévention.
M. Tessier: M. le Président, le député de
Johnson a parfaitement raison sur ce point. Nous avons envisagé, il y a
déjà quelques mois, une étude complète sur les
structures et les objectifs de la Commission des accidents du travail.
En effet, il y a environ 8 mois, à la fin de l'été,
au mois d'août, en autant que je me souvienne, nous avons formé un
groupe de travail...
M. Bellemare (Johnson): ...Riverin cela?
M. Tessier: C'est cela. Qui est sous la présidence de M.
Alphonse Riverin, ancien président de
l'UniversitéduQuébec, lequel groupe comprend, en plus de M.
Riverin, un avocat spécialisé en droit du travail, un
actuaire-conseil, un économiste et un sociologue.
Ce groupe de travail, dont le secrétaire est M. Charles
Bélanger, le secrétaire général de la commission, a
étudié depuis plusieurs mois, c'est-à-dire depuis
l'automne dernier, depuis la fin de l'été, il continue à
le faire, on m'a dit lundi de cette semaine c'est M. Riverin
lui-même qui me l'a dit qu'il s'attendait à pouvoir nous
remettre son rapport définitif avec ses recommandations pour le mois de
juin de cette année.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre du Travail n'a pas
participé à cette décision pour vous demander de le
faire?
M. Tessier: Certainement. Le ministre du Travail nous a
suggéré de créer un tel groupe de travail et parmi le
mandat je ne dirai pas tout le mandat le principal point qu'il y
a dans le mandat que nous avons confié à ce groupe de travail,
c'est d'étudier comment la commission pourrait jouer un plus grand
rôle du côté prévention.
Nous avons demandé spécifiquement à ce groupe de
travail de recommander des amendements à la Loi des accidents du
travail, afin d'en arriver à la suggestion que vient de faire le
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Le mandat, c'était
d'étudier la loi actuelle des accidents du travail en regard de ce qui
existe ailleurs au Canada, aux Etats-Unis et dans certains pays
européens de faire les recommandations jugées opportunes,
relativement au maintien de ce qui est encore en mesure de bien répondre
aux besoins actuels et aux changements jugés nécessaires En
regard de la prévention et de l'indemnisation et des services aux
victimes d'accidents professionnels, étudier les structures actuelles
à la commission et faire les recommandations appropriées,
relativement à leur
maintien en tout ou en partie ou à leur modification en vue d'une
efficacité optimale, à l'accomplissement du rôle que le
législateur lui a confié ou de tout rôle additionnel qui
pourrait être jugé approprié de recommander au
législateur et de confier à la commission à l'avenir."
C'était son mandat.
M. Tessier: II y a plus que cela, n'est-ce pas? Ce sont deux
paragraphes, mais il y en a un troisième. Le document que le
député de Johnson a pu se procurer est incomplet, il me
semble.
M. Bellernare (Johnson): J'ai le troisième.
M. Tessier: Vous avez le troisième. Ah! d'accord.
M. BeIlemare (Johnson): Voulez-vous que je vous l'envoie?
M. Tessier: Non, mais je voulais vous le lire au cas où
vous ne l'auriez pas eu.
M. BeIlemare (Johnson): C'est parce que je pensais que
c'était encore une "pichenotte". Je ne l'endurerai pas.
M. Tessier: Non, sans mauvaise intention.
M. BeIlemare (Johnson): Ah! Oui. Ah. je vous connais.
M. Lessard: Epelez "pichenotte" pour le journal des
Débats.
M. Jodoin: M. le Président, est-ce que je peux essayer de
terminer mon intervention? Cela va?
M. Bellemare (Johnson): C'est le président qui vous a
dérangé, ce n'est pas moi.
Le Président (M. Séguin): S'il vous
plaît!
M. Jodoin: Je n'ai pas dit que quelqu'un m'avait
dérangé.
M. Tessier: C'était conforme avec votre désir, M.
le député, la nomination de ce groupe de travail?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre. A l'ordre,
s'il vous plaît! M. Jodoin, voulez-vous continuer s'il vous
plaît.
M. Jodoin: Au comité interministériel, on a dit que
nous avons participé aux réunions et aux travaux du comité
interministériel, de par notre représentant à la
commission, le Dr Bellemare et Raymond Renaud qui est directeur de notre
service de prévention. J'ai aussi eu l'impression qu'on a
peut-être un peu minimisé, je ne dirais pas ridiculisé, M.
le Président, je m'excuse si j'emploie ce terme, mais les efforts qu'on
a faits en créant le service de prévention, parce qu'on a
parlé de qua- tre ou cinq personnes et d'un budget, enfin... Mais, il
faut se dire ceci: C'est que...
M. Lessard: Je pose une question de règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lessard: Je ne voudrais pas qu'on utilise "ridiculiser".
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Je suis à une question de
règlement.
Le Président (M. Séguin): Retirez le mot
"ridiculiser".
M. Jodoin: Je le retire pour "minimiser". Est-ce que cela vous
va?
Le Président (M. Séguin): Minimiser. Continuez.
M. Lessard: On croit que ce comité peut être
important pour le moment. Il a été formé très en
retard.
Le Président (M. Séguin): La parole est à M.
Jodoin.
M. Lessard: Pour que ce soit efficace, il va falloir que ce soit
d'une importance...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: J'ai le droit de soulever une question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Ce n'était pas une
question de règlement.
M. Lessard: Oui, je soulève une question de
règlement, une précision Votre paternalisme, je commence à
en avoir mon voyage aussi.
Le Président (M. Séguin): M. Jodoin.
M. Bellemare (Johnson): On va s'y opposer la prochaine fois.
Le Président (M. Séguin): M. Jodoin, s'il vous
plaît.
M. Jodoin: M. le Président, voici, c'est que cela
n'existait pas à la commission. On l'a créé de toutes
pièces. C'est extrêmement difficile de trouver des
compétence dans ce domaine, parce que, au Québec,
malheureusement, on ne forme pas d'agents ou de spécialistes en
sécurité.
Il est important que vous sachiez cela, pour ceux qui ne connaissent pas
ce domaine. Le pré-
sident vous a dit qu'on a créé le service, on a aussi
établi les objectifs du service qui sont des objectifs qui doivent quand
même tenir compte des responsabilités des autres ministères
et des autres organismes en place. Ce sont des objectifs de collaboration,
évidemment. Ce qu'il y a de plus important au service de
prévention chez nous' c'est la recherche, organiser la statistique de
façon à pouvoir mieux orienter les programmes de
prévention. C'est beaucoup et c'est presque essentiellement de
l'éducation.
On a fini par dénicher quelqu'un qui était à
Hydro-Québec et qui avait fait ses preuves. Depuis, nous continuons nos
efforts pour trouver des ingénieurs, des gens responsables, des gens qui
ont la compétence voulue pour nous aider à mener à bien
les objectifs du service.
M. Bellemare (Johnson): Le rapport Riverin va être rendu
public?
M. Tessier: Sûrement, il sera rendu public.
M. Jodoin: Je reviens au comité
interministériel.
M. Tessier: On ne l'a pas encore. On est censé l'avoir au
mois de juin. Il n'y a aucun doute qu'avant de le rendre public, on va
commencer par l'étudier. Après cela, on va certainement le
remettre au comité consultatif pour que le comité l'étudie
et nous fasse des recommandations. Après cela, évidemment, on
aura l'occasion d'en discuter avec le ministre du Travail qui est chargé
de déposer en Chambre des amendements à la loi. A ce moment, on
sera en mesure de le rendre public.
M. Roy: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
courte question pour éviter de revenir sur ce débat à une
séance ultérieure?
M. Jodoin: Seulement un instant, s'il vous plaît, M. le
député, est-ce que le...
M. Roy: Cela fait justement suite à ce qui vient
d'être dit.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que le
député de Johnson a pour le moment terminé?
M. Bellemare (Johnson): II y a longtemps.
Le Président (M. Séguin): Que vous avez
terminé?
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y a longtemps. A 22 h 45,
j'étais..
Le Président (M. Séguin): Oui, vous aviez
terminé à 22 h 45.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mon temps était expiré
à 22 h 45. C'est pour cela que...
Le Président (M. Séguin): C'est parce que ce n'est
pas tellement évident.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez...
Le Président (M. Séguin): Nous allons ajourner dans
la minute. Je constate qu'il est 23 heures.
M. Roy: Ma courte question.
Le Président (M. Séguin): II y aurait une courte
question pour le député.
M. Roy: Ma courte question... M. le Président, un instant.
J'ai été patient.
M. Cournoyer: II y a eu des questions autant que vous en avez
voulu.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Cournoyer: Attendez un peu. Un instant. Le Président
(M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: M. Lecours, le député du bout de
l'amiante n'a pas posé une désespoir de question de la
journée. Je comprends que tout le monde est intéressé,
mais le député de Frontenac a le droit, au moins dans la
journée, avant le 22, de poser une question à la Commission des
accidents du travail. C'est quand même son comté. Il a
certainement quelque chose à demander. Si c'est une question
additionnelle que vous voulez poser, rien n'empêche, à mon sens,
à ce moment-ci, le député de Frontenac de poser une
question qui est pertinente à son comté.
M. Roy: Le temps que vous avez pris pour répondre m'aurait
permis de poser la question et d'avoir la réponse.
Le Président (M. Séguin): La parole est au
député de Beauce-Sud.
Une Voix: Pas encore.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Une courte question.
M. Roy: Une courte question: C'était pour demander,
lorsqu'on a fait la nomination de ce comité spécial, s'il y a des
raisons particulières de n'avoir pas invité des
représentants des accidentés il y a quand même des
associations et des groupements qui existent à faire partie de ce
comité, pour que ces gens puissent s'exprimer et faire connaître
leur point de vue.
M. Tessier: II n'y a pas de raisons pour lesquelles il n'y a pas
d'accidentés qui en font partie.
Mais le mandat, par exemple, spécifie clairement que le groupe de
travail doit rencontrer les syndicats des groupes d'accidentés du
travail, de même que des groupes d'employeurs, les deux parties, afin de
connaître l'opinion de tout le monde.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le
président.
Je demanderais qu'on propose l'ajournement.
M. Lecours: M. le Président, je pense qu'il n'est pas
encore II heures.
Le Président (M. Séguin): Oui, il est II
heures.
M. Lecours: Je demande l'ajournement sine die.
Le Président (M. Séguin): Voici ce qui est
arrivé.
M. Lecours: Je demande l'ajournement sine die...
Le Président (M. Séguin): C'est ça!
M. Lecours: ... pour avoir la parole la prochaine fois au moins,
le 22, sur le dossier de l'amiantose...
Le Président (M. Séguin): Toujours dans le bon
esprit et dans l'esprit de justice tel qu'invoqué tout à l'heure,
je vais, juste à la veille de l'ajournement, prendre la liste de noms
des députés qui ont demandé la parole pour aujourd'hui,
mais qui n'ont pas obtenu ce droit. Je remettrai cette liste au
secrétaire des commissions, A la reprise, le président aura
à faire le choix, à ce moment, dans sa procédure. Je
calcule que nous devons considérer la reprise, peu importe le moment ou
l'heure ou le temps, des travaux de cette commission, comme étant
continue, c'est-à-dire nous ne recommencerons pas de la même
façon qu'aujourd'hui.
Nous allons commencer d'après la liste que j'ai, et je vous donne
la liste qui est la suivante: Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui
n'a pas parlé au début je ne parle pas de ses
brèves interventions qui n'a pas utilisé son droit de
parole. Il y a le député de Frontenac, M. Lecours; le
député de Mille-Iles, M. Lachance; le député de
Richmond, M. Vallières; le député de Maisonneuve, M.
Burns; le député de Beauce-Sud, M. Roy; le député
de Saguenay, M. Lessard; le député de Jacques-Cartier, M.
Saint-Germain.
Alors, je remets cette liste et s'il y en avait d'autres qui voudraient
parler, il faudrait l'indiquer au début de la prochaine séance,
mais je pense qu'avec votre coopération, la coopération des
membres, si nous suivons cette procédure, tous et chacun auront
l'occasion et le temps de s'exprimer et non pas de tasser à la fin d'une
séance, quand il reste une minute ou deux minutes, une intervention de
grande importance qu'un député voudra faire.
M. lessard: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Oui, le
député de Saguenay.
M. Lessard: Je tiens simplement à dire qu'on est
parfaitement d'accord. Je pense qu'il est tout à fait normal que le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et le député de
Frontenac aient en priorité la parole lors de la prochaine
séance.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. Je pense que,
dans l'esprit de justice et de tout ce qu'on pourrait considérer... Vous
aurez le droit de revenir si vous avez des questions.
M. BeIlemare (Johnson): Non. D'accord. A ce moment, comme l'a dit
ce matin le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, sera-t-il question de
l'administration de la commission, particulièrement? M. Cournoyer: Je
demeure sur les positions que j'ai exprimées à la commission ce
matin. Je n'ai rien à ajouter là-dessus et je pense bien que si
on a épuisé l'amiantose à l'époque, on aura
épuisé l'amiantose et on passera aux autres sujets qui concernent
des questions que les parlementaires pourront poser.
M. Roy: Tel qu'indiqué dans la motion, c'est bien
spécifique.
M. Cournoyer: Cela peut être une journée ou deux
journées, mais je laisse le soin au leader parlementaire de
déterminer le calendrier de ces travaux comme ceux des autres travaux.
Pour le moment, je suis disponible le 22. Je l'ai mentionné ce matin. Il
reste que les discussions peuvent avoir lieu entre les leaders parlementaires
pour dire qu'il y a autre chose de plus important cette journée et cela
sera le lendemain ou le soir. Je laisse cela là.
M. Roy: Toute la question du processus d'évaluation...
Le Président (M. Séguin): C'est écrit dans
la motion qui a été présentée par le ministre des
Affaires intergouvemementales et leader parlementaire. La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 1)