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Commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des problèmes de l'industrie de la
construction
Séance du jeudi 24 avril 1975
(Dix heures seize minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'Immigration): A l'ordre,
messieurs!
Pour la séance de ce matin, les députés suivants
seront les membres de la commission. M. Bellemare (Johnson), M. Bérard
(Saint-Maurice), M. Boudreault (Bourget), M. Burns (Maisonneuve), M. Charron
(Saint-Jacques)...
M. Burns: Non, je m'excuse, M. Lessard.
Le Président (M. Séguin): M. Lessard (Saguenay), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Cournoyer (Robert-Baldwin), M. Vallières
(Richmond), M. Brisson (Jeanne-Mance), M. Massicotte (Lotbinière), M.
Lecours (Frontenac), M. Malépart (Sainte-Marie), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Verreault (Shefford). Nous avons le même rapporteur qu'à la
dernière séance. Est-ce qu'on propose un autre rapporteur? Le
député de Richmond.
Comme convenu, lors de l'ajournement, il y a quinze jours, il
s'agissait, ce matin, dès la reprise des travaux, d'entendre certains
membres de la commission qui n'avaient pas eu l'occasion de se faire entendre
la dernière fois ou qui auraient d'autres commentaires à faire.
L'ordre établi, tel que je l'avais déposé au bureau du
secrétaire des commissions, est le suivant: M. Cournoyer
(Robert-Baldwin), ministre du Travail, M. Lecours (Frontenac), M.
Vallières (Richmond), M. Burns (Maisonneuve), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Lessard (Saguenay), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier). Y a-t-il d'autres
membres qui veulent faire des commentaires? M. Bellemare (Johnson)? Y a-t-il
d'autres membres qui ont des commentaires? Ils s'ajouteront à la
suite.
Donc, sans plus de préambule, M. le ministre.
Règlement concernant la
prévention
des accidents du travail et des maladies
professionnelles
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai bien l'intention de
poser toutes les questions que je voudrais poser à la Commission des
accidents du travail, mais je pense bien qu'étant donné que je
suis le ministre titulaire responsable de la Commission des accidents du
travail, il serait peut-être odieux pour moi de prendre le temps des
membres de la commission pour poser des questions à une commission alors
que je sais déjà les réponses.
Je voudrais seulement mentionner une chose en particulier qui peut ne
pas être tout à fait pertinente à l'audition de la
Commission des accidents du travail, mais qui pourrait s'inscrire, je pense
bien, dans le domaine de la prévention des accidents industriels et de
la nécessité apparente de réviser notre politique en
matière de sécurité et de prévention des accidents
industriels.
Il a été dit, et je pense bien que c'est une
vérité très observable, que le nombre d'organismes
impliqués dans la prévention des accidents industriels ou dans la
correction des situations causant des accidents industriels,
particulièrement au niveau gouvernemental, était assez
élevé. Dans le cas de l'amiante et dans le cas des mines, on sait
que les règlements de sécurité et de prévention
sont sous l'autorité du ministère des Richesses naturelles. On
sait que d'une façon générale la sécurité
dans les industries est sous l'autorité du ministère duTravail et
on sait aussi que le service de la protection de l'environnement a une
juridiction, par la tradition du moins, sinon par la loi, en ce qui concerne
l'environnement à l'intérieur des usines. Il ne toucherait pas,
cependant, les mines proprement dites, mais il a certainement juridiction
à l'extérieur des mines et dans le domaine municipal, par
exemple, pour contrôler les émanations industrielles qui seraient
susceptibles de causer des maladies ou de la pollution dans l'environnement des
industries.
Nous avions, face à cette situation de multiplication,
décidé, il y a déjà un certain temps, de tenter une
unification en formant ce qu'on appelle un comité
interministériel qui impliquait à peu près tout ce monde
qui vise presque essentiellement dans tous les cas à prévenir des
situations qui causent des difficultés, à plus ou moins long
terme sur le comportement de la santé des gens, que ce soit au travail,
que ce soit à l'extérieur. Ce comité m'a fait une
recommandation avant-hier que j'aimerais vous lire. C'est une recommandation du
comité mais que je fais mienne, à ce moment-ci du moins.
M. Burns: Est-ce qu'on peut en avoir des copies
éventuellement?
M. Cournoyer: Oui, je vous ferai faire la copie, mais je peux
vous dire juste l'intention générale, tel que le rapport a
été rédigé. Ce n'est pas...
M. Bellemare (Johnson): C'est toujours le comité
interministériel.
M. Cournoyer: Oui, toujours le comité
interministériel mais qui est formé du Service de la protection
de l'environnement, du ministère des Affaires sociales, du
ministère des Richesses naturelles, du ministère duTravail et, je
pense que la Commission des accidents du travail y est effectivement et
formellement représentée, à ce moment-ci, du moins, au
titre de la compensation pour les situations causées par l'absence de
règlements chez d'autres.
On sait que le vice-président de la Commission des accidents du
travail afait des déclarations sur le sujet il n'y a pas tellement
longtemps.
M. Burns: Vous avez fait un beau discours là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Merveilleux et je
pense que ça mériterait d'être distribué
à plusieurs autres, parce que ce discours qui a été
prononcé devant l'Association des mines et métaux méritait
d'être signalé, le 20 février 1975.
M. Cournoyer: Je voudrais vous dire que lorsque ce discours a
été prononcé, le vice-président m'avait
appelé pour me demander l'autorisation de le prononcer dans les termes
où il l'a prononcé.
M. Bellemare (Johnson): Je l'ai échappé
celle-là.
M. Burns: En conformité au code d'éthique des
fonctionnaires, ils ne doivent pas parler aux journalistes et s'exprimer
à l'extérieur sans avoir l'opinion...
M. Cournoyer: C'est-à-dire que je dois faire noter, pour
le bénéfice du député de Maisonneuve, qu'un
commissaire n'est pas encore un fonctionnaire, pas plus que le président
de la commission...
M. Burns: Le code d'éthique ne s'applique pas à
eux.
M. Cournoyer: Ils ont le même code d'éthique que le
ministre.
M. Burns: Ah bon!
M. Cournoyer: II y a de l'éthique qui se fait normalement
sans qu'elle soit écrite.
M. Burns: M. le ministre, cela veut dire qu'ils n'en ont pas.
M. Lessard: Ils n'en ont pas, ce n'est pas en leur faveur.
M. Cournoyer: On fait nos règles au fur et à mesure
qu'elles sont nécessaires.
Donc, je lis cette lettre qui est un rapport ou une recommandation
unanime de ce groupe qui est en ces termes: "La présente est pour vous
informer que lors de sa dernière réunion, le comité
interministériel a adopté à l'unanimité une
résolution concernant la préparation d'une réglementation
unifiée relative à la prévention des accidents du travail
et des maladies professionnelles. Cette réglementation comportera, en
plus de certaines dispositions générales et administratives,
trois sections: la prévention des accidents du travail, hygiène
et salubrité des lieux...
M. Bellemare (Johnson): Pas trop vite, prévention,
hygiène...
M. Cournoyer:... et la salubrité des lieux... M.
Bellemare (Johnson): ...salubrité.
M. Cournoyer:... et les services de santé et de premiers
soins. En conséquence, trois comités de travail ont
été formés. L'un dirigé par le ministère
du
Travail et de la Main-d'oeuvre s'occupera de la section concernant la
prévention des accidents du travail, un autre, sous l'égide des
Services de protection de l'environnement préparera la partie concernant
l'hygiène et la salubrité des lieux ; un troisième,
dirigé par le ministère des Affaires sociales s'occupera de la
section sur les services de santé et de premiers soins.
Nous croyons et c'est la lettre qui le dit que cette prise
de position du comité, répond, dans une certaine mesure, aux
demandes du patronat et des syndicats, concernant l'établissement d'un
code de sécurité et d'hygiène unique, applicable à
tous les secteurs de travail.
Remarquez, M. le Président, qu'il s'agit là d'un rapport
d'un comité interministériel et d'une recommandation pour un
travail qu'ils effectuent eux-mêmes, c'est-à-dire un travail de
préparation que je considérerai comme un travail technique.
Lorsque nous aurons en notre possession ce document ou ce projet de
règlement unifié, il nous faudra, bien sûr, s'assurer que
ce projet de règlement unifié rencontre, au moins dans son texte
et dans son intention, ce qui est inscrit ici comme étant les demandes
patronales et syndicales concernant la sécurité.
Il est clair également que le règlement proposé par
le ministère de l'Environnement, actuellement dans la Gazette
officielle, est un règlement qui doit être au moins, pour le
moment, mis de côté, en attendant le rapport du comité
interministériel. D'autant plus que ce règlement, sous plusieurs
aspects, était en contradiction, différent peut-être du
règlement déjà en vigueur au nom du ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre.
Ceci étant dit, il est indiqué, pratiquement, que nous
devons procéder, lorsque le règlement sera arrivé,
à une consultation, cette fois, à partir d'un texte et
d'intentions du comité interministériel, à une
consultation des principaux intéressés, c'est-à-dire les
représentants d'employeurs et de syndicats.
Il va de soi, également, que devant un règlement
unifié, la conséquence presque directe que nous ne pouvons
déceler que par la logique des choses, c'est qu'il faudra décider
qu'il n'y a qu'une autorité pour l'administrer. Une fois qu'il y aura
seulement un règlement, je ne vois pas pourquoi il y aurait deux ou
trois autorités pour l'administrer.
Il faudra également prendre la décision à savoir de
quelle autorité ce règlement devra relever dans son
administration régulière.
En tout temps, nous devrons penser, formellement penser non
seulement formellement, mais dans le fond des choses que, quelles que
soient les conséquences sur les structures actuelles, le seul but qui
doit être poursuivi par les fonctionnaires et par le gouvernement, c'est
la protection de l'individu, sa santé et la qualité de sa
vie.
Sans vouloir décourager quelque fonctionnaire que ce soit, ces
changements de structures sont devenus nécessaires. Par l'unification
d'un règlement, à cause d'un certain nombre de préjudices
quant à l'avenir de ces personnes, nous ferons en sorte, si jamais nous
unifions, de tenter de protéger
les emplois des individus sans qu'il y ait de difficulté pour
eux.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que cela va se faire dans un temps
limité?
M. Cournoyer: Le rapport que j'ai dans les mains, M. le
Président, ne m'indique pas la période de temps.
M. Bellemare (Johnson): C'est bien intéressant pour la
commission, ce matin.
M. Cournoyer: Etant donné qu'ils sont quand même
avancés, il ne s'agit pas de tout recommencer, parce qu'il y a des
règlements de sécurité qui existent dans la province de
Québec. Sur la question de ne pas être suivis, j'ai des nouvelles
pour vous, ils sont suivis, d'une façon générale,
lorsqu'ils sont des règlements de sécurité. Ils sont aussi
bien suivis que d'autres règlements.
M. Lessard: ...la loi 290...
M. Bellemare (Johnson): Si le gouvernement se plaît
à voir violer sa loi, c'est encore pire.
M. Burns: Le ministre a bien exprimé que la loi 290...
M. Cournoyer: J'ai des nouvelles pour vous. Regardez comme il
faut la loi 290, vous allez peut-être découvrir qu'elle est bien
suivie. Il y a quand même 70,000 personnes qui travaillent. Il y a un
certain nombre de personnes qui sont dans la CSN et qui travaillent. J'ai
l'impression qu'il y en a qui travaillent dans la CSN, même si M. Bourdon
a dit cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre.
M. Cournoyer: Les règlements devront être suivis. La
police fera en sorte qu'ils soient suivis. Un mois, deux mois, trois mois...
Combien de temps faut-il pour faire cela? Quatre à six mois, c'est
beaucoup trop long, je ne puis pas attendre aussi longtemps.
M. Bellemare (Johnson): J'approuve le ministre sur cela
certainement, parce qu'il a en main une foule de détails et de
renseignements qui peuvent nous aideret aider ces gens à produire un
règlement unifié. Ce serait, dans l'espèce, quelque chose
de véritablement nécessaire et urgent. Je pense que le ministre a
raison de dire à ces officiers que, six mois, c'est trop long, parce
qu'il faudra, après que le règlement sera unifié, que la
loi suive. Seulement un règlement, s'il n'y a pas de loi, si elle n'a
pas de dents, cette réglementation unifiée ne pourrait pas
produire d'autres effets, elle ne produirait que les mêmes effets.
Le gouvernement regardera sa loi qui est méprisée et, tous
les jours, violée, et elle aime cela, se faire violer.
M. Cournoyer: On peut toujours donner des instructions et dire
que cela va être fait dans six mois, mais je ne peux pas insister
davantage sur les capacités de travail des gens.
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre comprend que la session va
probablement s'ajourner en juin pour reprendre en octobre. Si, à ce
moment, la réglementation était unifiée, si on pouvait
déjà avoir entendu les parties, je pense que ce serait facile,
à l'automne, d'avoir une loi qui concrétiserait toute cette
législation.
M. Cournoyer: On va essayer. Je n'ai pas discuté des
raisons avec le sous-ministre adjoint, M. Lapointe, qui vient de dire que c'est
de quatre à six mois. Je n'ai pas discuté des raisons pour
lesquelles il me dit quatre à six mois. S'il a d'excellentes raisons, M.
Lapointe, je discuterai avec lui et je vous en reparlerai. Pour le moment, la
question a été posée directement de vous à lui ou
de moi à lui. Ils m'ont dit de quatre à six mois. Je voudrais
bien savoir pourquoi on me dit de quatre à six mois.
M. Bellemare (Johnson): On dit que six mois, c'est trop long.
M. Cournoyer: Oui, c'est trop long.
M. Bellemare (Johnson): Bond'accord. Partant de là, c'est
moins que six mois.
M. Cournoyer: Moins que six mois.
M. Bellemare (Johnson): Après cela, de six mois, cela peut
être quatre mois.
M. Cournoyer: En tout cas, seulement pour l'unification d'un
projet de règlement, je trouverais que, dans trois mois, la chose serait
réaliste de penser que le projet de règlement devrait être
fini.
M. Roy: Mais dans trois mois, nous allons être à la
veille de l'ajournement pour l'été.
M. Cournoyer: Je n'ai jamais dit que...
M. Roy: Alors, cela va aller... Trois mois égalent six
mois, en somme.
M. Cournoyer: Voulez-vous, on va faire la distinction entre le
projet de règlement et le processus de mise en branle du
règlement, le projet lui-même de règlement? Je demande
à mes fonctionnaires et à ceux qui sont membres du comité
de fai re le projet dans les trois mois. Ce n'est pas encore un
règlement, et parler de consultation comme vous en avez parlé
tantôt... Au moins, la consultation devrait commencer au bout de trois
mois sur un projet de règlement. C'est cela que j'ai dit.
M. Roy: Quand vous parlez de consultation, est-ce que cela veut
dire une consultation au niveau d'une commission parlementaire à
laquelle les organismes et les groupes concernés et
intéressés
seraient appelés à venir faire connaître leur point
de vue sur ce projet de règlement?
M. Cournoyer: Ils vont avoir la chance de faire connaître
leur point de vue.
M. Roy: Vous ne dites pas comment.
M. Cournoyer: Ils seront consultés.
M. Roy: Consultés par qui et comment?
M. Cournoyer: Par le comité interministériel.
M. Roy: Est-ce que le comité va tenir des séances,
des auditions quelque part?
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: II faudrait quand même savoir exactement de quoi il
retourne.
M. Cournoyer: Quand il aura son projet de règlement.
M. Roy: Pardon?
M. Cournoyer: Quand il aura son projet de règlement.
M. Lessard: Comment va-t-il tenir cela? M. Cournoyer:
Pardon?
M. Lessard: Comment va-t-il tenir ces audiences?
M. Cournoyer: D'abord, nous avons des organismes que nous pouvons
consulter et que nous avons parfois l'obligation de consulter. Il y a le
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, qui est un organisme que
nous pouvons consulter...
M. Bellemare (Johnson): Le ministre y a bien confiance
d'ailleurs.
M. Cournoyer: A peu près de la même manière
que vous aviez confiance, comme président de la Commission des accidents
du travail, au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre que vous
aviez formé à cette époque, comme pendant à la
Commission des accidents du travail.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais j'ai au moins suivi certaines
recommandations qui ont été très efficaces, tandis que le
ministre, lui, son Conseil supérieur du travail, je pense qu'il le
néglige un peu.
M. Cournoyer: On se néglige réciproquement.
M. Bellemare (Johnson): Mais, M. le Président, dans les
trois comités de travail qui ont été formés,
à la suite de la recommandation du comité
interministériel, celui du travail, de la prévention, auquel est
confiée cette particularité? Est-ce que les associa- tions qui
font de la prévention actuellement en foni partie ou en feront
partie?
M. Cournoyer: C'est ce comité interministériel dont
vous parlez.
M. Bellemare (Johnson): Non, je parle des trois comités.
Il y a un comité de travail qui a été formé
pours'occuperde prévention particulièrement. Il y a des
associations actuellement qui font de la prévention au nom de et pour la
Commission des accidents du travail. Est-ce que ces associations vont faire
partie intégrante de ce comité?
M. Cournoyer: La Commission des accidents du travail siège
au comité et les associations sont habituellement des associations de
prévention qui sont financées par la commission. La commission
pourra les représenter ou encore les avoir avec elle si elle veut, mais
la commission siège au comité proprement dit.
M. Bellemare (Johnson): Parce que c'est de tout temps que ce sont
ces associations qui l'ont fait, en étant payées par la
commission.
M. Cournoyer: La prévention, non pas les
règlements.
M. Bellemare (Johnson): Oui. C'est pour cela que, comme en
Ontario et comme dans les autres provinces, c'étaient ces associations
qui faisaient de tout temps la prévention, à même des
deniers votés chaque année par...
M. Cournoyer: La commission.
M. Bellemare (Johnson): ...octroyés par la commission.
Là, on arrive devant un autre processus, comme disait le
vice-président dans sa conférence, on arrive à un tournant
où il faut nécessairement que la commission elle-même
prenne en main sa responsabilité au point de vue de la
prévention. Je veux savoir si ces associations font partie de ce
comité de travail, parmi les trois.
M. Cournoyer: C'est la commission qui prend en main ses
responsabilités.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire que c'est le
ministère du Travail, si j'ai bien compris, qui prend en main le soin de
faire la préparation d'un règlement unifié dans la
prévention.
M. Cournoyer: Je ne sais pas si on se comprend bien. L'un est
dirigé par le ministère du Travail, parce que c'est un
règlement qui émane, au moins en grande partie; c'est un
règlement de sécurité qui émane du ministère
du Travail.
Une autre partie, qui émane du ministère des Richesses
naturelles, touche la sécurité dans les mines. Le
ministère du Travail se trouve à présider un comité
sur lequel le ministère des Richesses naturelles est
représenté et, comme la Commission des accidents du travail est
indépendante du minis-
tère du Travail, elle fait partie de ce comité au titre de
la prévention et de la sécurité pour la préparation
des règlements. Il n'est pas impensable, aujourd'hui, que la
décision, qui suivra l'unification du règlement, implique une
autorité qui soit différente du ministère du Travail, du
ministère des Richesses naturelles et qui implique peut-être
l'autorité de la Commission des accidents du travail au complet en
matière de prévention des accidents industriels. Cette
décision n'est pas prise. J'ai cru bon tantôt d'expliquer qu'il
s'agit d'unifier le règlement et que, comme voie de conséquence,
il faudra unifier l'administration. Mais je n'ai pas dit qui devrait avoir
l'administration et, comme la Commission des accidents du travail a
énoncé par son vice-président ses opinions
là-dessus et comme la Commission des accidents de travail est un
organisme éminemment intéressé à la
prévention des accidents de travail, comme commission, étant
donné qu'elle paie au bout... Ecoutez, je comprends qu'on puisse avoir
des observations à faire. Ce que je dis c'est que la commission est
intéressée parce qu'elle paie des compensations au bout lorsqu'il
n'y a pas eu de prévention.
M. Bellemare (Johnson): Les quatre associations vont faire partie
du comité du travail, représentées par le ministère
du Travail dans...
M. (tournoyer: La commission va faire partie du comité et
les quatre associations seront représentées par la
commission.
M. Bellemare (Johnson): Par la commission. Elles
disparaîtront après.
M. Cournoyer: II n'est pas question dans ce règlement de
faire disparaître l'association. Il n'est pas question dans ce
règlement de dire que le ministère du Travail va
disparaître dans ses responsabilités, il est question
d'unification d'un règlement.
M. Bellemare (Johnson): Mais le principal motif de beaucoup de
plaintes, actuellement dans la province, vient qu'il n'y a pas de
prévention qui se fait par les associations qui sont
subventionnées par la commission. Après nombre et nombre
d'années, dans toutes les provinces, d'ailleurs en Ontario et ailleurs,
le même système a été employé. Là on
s'est aperçu, en Colombie-Britannique ou ailleurs... On a changé
le système. Là, on est à le changer. C'est très
important, parce que ces associations, ces groupes, ce sont eux qui, au nom et
pour la commission, ont toujours fait de la prévention. On
s'aperçoit, aujourd'hui, plus que jamais, que le but n'est pas atteint.
Alors, la Commission des accidents du travail, le ministère, le
comité interministériel soumettent aujourd'hui une nouvelle
formule pour étudier la réunification du règlement pour
qu'on puisse véritablement faire de la prévention. Comme vous le
disiez si bien tout à l'heure, la Commission des accidents du travail
est plus que toute autre intéressée à faire de la
prévention, pour qu'au bout, la note, au point de vue d'accidents,
d'incapacité totale ou permanente des individus, soit moins grave et
aussi au point de vue du coût.
Je pense que c'est la Commission des accidents du travail, plus que
toute autre, qui, un jour ou l'autre, devrait prendre les précautions et
étudier, avec les quatre associations, ce qu'ils ont fait et ce qu'ils
n'ont pas fait pour véritablement... Les autres, l'environnement,
l'hygiène et toutes ces choses vont se rattacher à un tout.
M. Cournoyer: Je n'ai pas autre chose à ajouter.
M. Bellemare (Johnson): C'est bien conforme à ce que vous
pensez.
M. Cournoyer: Je pense bien que ce que j'ai dit, je l'ai dit, et
c'est enregistré.
M. Bellemare (Johnson): C'est conforme à ce que je pense
aussi.
M. Cournoyer: Cela se ressemble beaucoup. Excepté que
vous, vous voudriez peut-être que les associations de prévention
fassent partie du comité.
M. Bellemare (Johnson): Au moins qu'elles soient
consultées.
M. Cournoyer: Elles seront consultées par la Commission
des accidents du travail qui les finance déjà. C'est la seule qui
est habilitée, comme commission, à voir...
M. Bellemare (Johnson): Ce sont elles qui ont
l'expérience.
M. Cournoyer:... justement, si les associations de
prévention d'accidents industriels font le travail que la commission est
en droit de s'attendre d'elles puisque c'est elle qui juge de la
validité du budget requis et qui donne les budgets, ce n'est pas le
ministère du Travail qui donne les budgets aux associations de
prévention.
C'est la Commission des accidents du travail qui émet les budgets
chaque année, qui donne les budgetsde prévention aux
associations. Si elle n'est pas satisfaite de leur travail elle n'a qu'à
le dire et à agir autrement. C'est elle qui donne les budgets, ce n'est
pas le ministre, à même la commission. La commission, jusqu'ici,
par le truchement de ces associations, a l'autorité au moins
budgétaire si elle n'a pas d'autorité idéologique de la
conduite de ces associations. Peut-être que cela devra changer, mais tout
ce que je vous ai dit ce matin comporte une unification du règlement
lui-même. Au moins on empêche des situations d'incongruité
entre un règlement qui émane d'une autorité
gouvernementale et un règlement qui émane d'une autre
autorité gouvernementale. L'unification, pour ceux qui ont vécu
dans ce domaine en particulier, c'est déjà extrêmement
important de la réaliser. J'ai dit trois mois pour préparer le
projet d'un règlement unifié. Il y a trois comités qui
sont là-dedans, que ces trois comités fassent leur travail et
après cela on avisera sur la façon d'administrer le
règlement. Si les asso-
dations de prévention d'accidents industriels doivent être
augmentées, doivent être modifiées dans leurs structures et
dans leur administration, cela sera probablement une conclusion qu'on devra
tirer à la suite de l'unification du règlement.
M. Bellemare (Johnson): Nous allons avoir une copie de ce
document?
M. Cournoyer: Oui. Je n'ai pas autre chose, pour le moment,
à vous dire.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je cède
la parole au député de Frontenac. Avant qu'il ne prenne la
parole, le président de la CAT, M. le juge Tessier, m'a indiqué
ce matin qu'il avait en main les documents dont la commission avait
demandé le dépôt la semaine dernière ou il y a
quinze jours, à la dernière séance. M. le
président, si ces documents sont disponibles, tel que signalé,
voulez-vous, s'il vous plaît les déposer à ce
moment-ci.
M. Tessier: Oui, M. le Président. Il y a six questions ou
documents qu'on nous avait demandé de déposer la dernière
fois que nous sommes venus ici, c'est-à-dire le 10 avril. On nous avait
demandé de produire, d'abord, la grille d'évaluation des
incapacités. Deuxièmement, de produire la liste de tous les
médecins agissant ou ayant agi comme experts à temps partiel ou
autrement pour la commission. Troisièmement, de produire le nombre de
cas de travailleurs des mines auxquels s'est appliquée la directive no 9
et indiquer quel pourcentage. Quatrièmement, de produire la liste des
compagniesqui ont été subventionnées pour le maintien des
services médicaux. Cinquièmement, de faire rapport sur le nombre
de compagnies qui ont été cotisées au
démérite et indiquer les récidives. Enfin,
sixièmement, de produire un état des montants payés
à Mineau, Allard et associés, premièrement pour leur
premier mandat relatif à l'étude des procédés
administratifs et, deuxièmement, pour leur participation à titre
de conseillers pour l'implantation des procédés
administratifs.
Or, nous avons tous ces documents, M. le Président, et nous
allons les distribuer immédiatement. Il y a six documents.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie, M. le
Président. Deuxième point à signaler aux membres de la
commission, la commission a indiqué son désir d'entendre, devant
cette commission, en particulier, M. Pierre Delagrave et M. Saint-Georges
White.
Je voudrais indiquer aux membres de la commission que ces deux messieurs
sont ici présents. Donc, s'il y avait par hasard des
députés qui ont à faire des commentaires ce matin ou cet
après-midi, ou qui voudraient questionner ces personnes ou leur demander
certaines explications, je ne sais pas, soyez libres de le faire, mais si
possible, aujourd'hui afin de ne pas faire revenir ces personnes constamment
devant la commission.
M. Bellemare (Johnson): Tout va dépendre de la
procédure qu'on va suivre aujourd'hui, des délibérations
de la commission.
Le Président (M. Séguin): C'est ça, sans
problème. Le député de Frontenac.
Amiantose
M. Lecours: M. le Président, j'ai l'intention de faire une
intervention à deux volets, premièrement, me situant dans tout ce
problème de la CAT et deuxièmement, en posant quelques questions
plus précises aux hautes instances de la CAT.
J'ai entrepris depuis plusieurs années une lutte de principe
contre la CAT, car je croyais alors et je le crois toujours, que le travailleur
accidenté ou atteint de maladie industrielle était démuni
sur le plan des recours possibles dans ce système "no fault" qu'est la
CAT, système dépassé et vieilli, toujours à
l'avantage de la grosse compagnie ou de la multinationale, dotée de
moyens de pression sans limite sur les jugements exécutoires et quasi
sans appel efficace de la part du travailleur accidenté par le biais
d'expertise médicale faite par les experts de la CAT.
M. le Président, je tiens à le répéter
devant cette commission permanente du travail, la CAT est la meilleure police
d'assurance tous risques, que peut se payer tout employeur. Cet organisme,
jusqu'à aujourd'hui a résisté aux pressions
répétées des groupes les mieux organisés de notre
système socio-économique. Mes luttes nombreuses et soutenues
comme médecin de famille et comme député médecin de
la région amiantifère de Thetford Mines m'ont appris que si un
jour une décision de cet organisme semblait teintée d'une justice
sociale vraiment de notre époque ou si une décision semblait plus
humaine et plus adaptée aux règles du jeu, qu'on est en droit de
s'attendre dans une social-démocratie véritable, en retour, le
principe de base restait immuable, c'est-à-dire que toute la philosophie
de la CAT se résumait à protéger les compagnies et plus
spécialement celles qui peuvent se payer un lobbying rentable dans le
genre de celui pratiqué avec succès par l'Association des mines
d'amiante du Québec, du moins pour les compagnies exploitant les
gisements d'amiante des Cantons de l'Est.
Je ne crains pas d'avancer un autre corollaire à savoir la grande
faiblesse de nos centrales syndicales face aux décisions injustes de la
CAT envers le travailleur lésé. Ces dernières ne se sont
jamais dotées de services médicaux adéquats, seul moyen
efficace pour démasquer et contester les décisions suspectes et
parfois non basées sur les connaissances scientiq ues et
médicales modernes que rendent trop souvent les soi-disant experts de la
CAT.
Depuis la grève spectaculaire de l'amiante de 1949, jamais les
grandes centrales syndicales n'ont remis en cause d'une façon
systématique le grand principe directeur de la CAT, soit de
défendre les compagnies avant les employés de ces
dernières. Tout au plus, les unions ouvrières ont
travaillé à résoudre des cas particuliers, mais jamais ces
groupes de pression n'ont menacé toute la philosophie
dépassée et rétrograde de la CAT.
Si les grandes centrales syndicales ont lamentablement manqué
à leur tâche de changer l'orientation et la raison d'être de
la CAT, je dois avouer que les gouvernements qui se sont succédé
depuis la création de la CAT en 1936 se sont peu souciés
d'humaniser la CAT. Ils ont fait confiance aveuglément à cette
structure désuète, sur le plan social qu'est devenue la CAT.
Depuis quelques années, le gouvernement Bourassa, qui se réclame
la seule social-démocratie vraiment nord-américaine, s'est
intéressé d'une façon toute particulière au
problème de l'amiantose qui prévaut dans mon comté. Aussi,
dès le 19 mars I975, lorsque j'ai réclamé du ministre Jean
Cournoyer la convocation de la CAT devant la commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration, il a considéré cette
suggestion comme réaliste et obligatoire.
M. Burns: C'est une motion qui date d'un an, de la part du
député de Beauce-Sud
M. Roy: II faudrait au moins avoir la décence de dire la
vérité.
M. Lecours: M. le Président, question de règlement.
C'est moi qui ai la parole présentement, je vais continuer mon
discours.
M. Roy: Ce n'est quand même pas permis de dire n'importe
quoi.
M. Lecours: Jamais vous n'avez demandé de parler de
l'amiantose, l'automne dernier, M. le député.
M. Roy: J'ai parlé de l'amiantose le 29 mai 1974.
M. Lecours: Qui a la parole, M. le Président?
Le Président (M. Séguin):
A l'ordre!
Une Voix: Vous allez nous parler du sirop d'érable.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lessard: 70...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Le
député de Frontenac.
M. Lecours: Le 10 avril dernier, la CAT, obéissant
à l'ordre du parlement québécois, se présentait
pour la première fois de son existence devant une commission
parlementaire. Au risque de déplaire à mes honorables
collègues de l'Opposition, qui furent les seuls à questionner les
hautes instances de la CAT, cette première séance fut
décevante.
Je suis obligé de le dire. A part la citation de certains cas
particuliers, lamentables, même pitoyables, rien de déterminant ne
fut apporté qui aurait pu bouleverser et changer certaines structures
importantes de la CAT, comme le comité de pneumoconiose, par
exemple.
Ce comité est pourtant au coeur même du pro- blème
de l'amiantose. Jamais ce comité d'experts, avec ses pratiques
arbitraires, n'eut à répondre, par son président, à
une question embarrassante et pertinente. Pourtant, mes collègues d'en
face prétendent en savoir très long sur tout le problème
de l'amiantose.
On aurait pu s'attendre, de la part d'un député
séparatiste, bien conseillé par son chef, René
Lé-vesque, lui-même ex-ministre des Mines, exministre aux Affaires
sociales...
M. Roy: ...il n'est pas question du chef, c'est la question de la
Commission des accidents de travail.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
Une Voix: C'est cela, le procès que vous vouliez
faire?
M. Burns: C'est ce qui a été publié par
erreur dans le Devoir, cela?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lecours: Attendez, on va arriver à quelque chose,
tantôt.
M. Burns: Est-ce que c'est le texte qui a été
publié par erreur la semaine passée, M. le Président?
M. Lessard: Par Gérald Leblanc?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Lecours: Je pose le problème par ces questions
précises.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Lecours: ...l'incrimination descommissaires de la CAT, comme
étant les seuls responsables de ne pas avoir exigé la
modification de l'arrêté en conseil 887, du 30 août 1956,
lequel a permis à un expert à temps partiel de la CAT de
retourner de grands malades à leur emploi habituel dans les mines
d'amiante pour y décéder et y mourir.
Devant la faiblesse du Parti québécois à cette
première séance historique de la CAT devant la commission
permanente, je crois qu'un observateur impartial aurait été en
droit de conclure que les députés séparatistes ne
s'apitoient sur le sort des travailleurs des mines d'amiante que lors des
grèves ou des campagnes électorales.
M. Roy: Politicailleux!
M. Lecours: Je comprends très bien qu'un jeune parti pense
plus à la rentabilité politique, à l'instar de son chef,
René Lévesque, qu'à changer en profondeur les structures
de la CAT. A la fin de leur représentation, mes bons amis de la CAT
semblaient confiants et soulagés.
M. Burns: Donnez-lui de la corde.
M. Lecours: Mes amis grévistes qui étaient
présents à cette séance étaient
déçus, et avec raison. Quand ledéputé de Johnson,
M. Maurice Bellemare, a pris la parole, je m'attendais à autre chose
qu'à de grandes envolées flamboyantes et vides de sens.
Mon honorable collègue, lui, l'ancienne force vive de l'Union
nationale, député de 1944 à 1970, ministre pendant de
nombreuses années, avant de devenir ministre du Travail, oui, je
m'attendais à beaucoup plus de celui qui fut président de la CAT
de mars 1970 au 31 décembre 1972.
Je crois qu'on était en droit de s'attendre à beaucoup
plus de ce politicien légendaire pour aider la cause des mineurs qui
furent si souvent exploités par certains fonctionnaires de la CAT,
même du temps qu'il était lui-même président de la
CAT.
Je m'attendais beaucoup plus de cet homme devenu sage, comme il se
plaît à nous le répéter, par la dure leçon
des choses, lorsqu'il était au pouvoir.
Moi, comme député de Frontenac, je croyais qu'il lui
restai tassez de courage pour faire comme le Dr Paul Cartier,
c'est-à-dire faire une confession, une toute petite confession, nous
disant la vérité, sur les pressions occultes s'exerçant
sur la CAT et sur les membres du comité de pneumoconiose.
Cette confession aurait bien été accueillie par les
travailleurs atteints d'amiantose, de silicose, ainsi que par tous les
travailleurs en général. Ses aveux, même voilés, ne
se sont jamais concrétisés. Mon espoir d'avoir un allié
sûr pour aider mes mineurs s'est envolé dans un jeu de mots, de
cris, de gestes stéréotypés, en bon politicien vieux
style.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne vous attendez pas à ce que
je réponde à cela? Non.
M. Lecours: Ce soir-là... Non, parce que vous n'avez pas
le droit de parole. Je ne m'y attends pas.
M. Bellemare (Johnson): C'est insignifiant, c'est pee-wee.
M. Burns: On trouve cela trop drôle, nous autres.
M. Lecours: Ce soir-là, vous êtes devenu un
comédien.
M. Bellemare (Johnson): ... un comédien, un homme qui
possède... qui veut dramatiser...
M. Lecours: Ce soir-là, j'ai compris qu'un ex-duplessiste
de I949 n'a pas eu le courage de dénoncer son chef et son parti...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lecours:... lors de la dépression, de la
première grève générale de l'amiante, ne pouvait
aujourd'hui se lever pour aider le député ministériel que
je suis pour empêcher que nos mineurs atteints d'amiantose se fassent
bafouer plus longtemps...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lecours: ... par un vieux système qui était
déjà dépassé au temps même où le
député de Johnson était le président de la CAT.
M, Lessard: On l'a lu, votre discours.
M. Burns: On a lu tout cela dans le Devoir.
M. Lecours: La cause de mes gars mérite d'être
défendue. Bien que je sois député ministériel, je
n'ai jamais hésité un instant à réclamer plus de
justice pour mes amis les mineurs.
M. Burns: Lâche pas la patate!
M. Lecours: Aujourd'hui, je l'affirme, mon parti, par sa
commission politique, appuie ma prise de position. Mes collègues
députés et ministres me soutiennent dans cette lutte à
finir.
M. le juge et président de la CAT, messieurs les commissaires,
j'ai la profonde conviction que, lorsque vous quitterez le salon rouge, ce
soir, quelque chose aura changé, non seulement parce que le
député de Frontenac aura défié votre comité
d'experts...
M. Burns: Ah! Ah!
M. Lecours: ... mais surtout face à toute cette population
de la région de Thetford-Mines qui est liée en bloc pour exiger
des transformations profondes et radicales au sein du comité de
pneumoconiose et au sein même de la CAT.
J'ai bien l'intention, dans les minutes qui vont suivre, d'exposer
à cette commission permanente du travail les vraies raisons qui m'ont
poussé à demander publiquement la révocation des membres
du comité de pneumoconiose.
Pour moi, le problème est de taille, mais irrévocable, si
l'on veut obtenir de ma population la crédibilité
nécessaire entourant la déclaration ministérielle du 8
avril I975, concernant la salubrité dans les mines d'amiante, la
révision et la compensation juste des mineurs atteints d'amiantose.
M. Lessard: ... une compagnie.
M. Lecours: Premièrement, il faudra mettre sur pied un
comité d'experts indépendants à l'abri des tripotages de
la part des grosses compagnies et de l'Association des mines d'amiante du
Québec en ce qui concerne le degré d'empoussiérage en
milieu de travail.
Deuxièmement, un comité de médecins experts sera
créé pour avoir les dossiers médicaux et les radiographies
pulmonaires antérieures de chacun des mineurs des mines d'amiante.
Comme ce comité devra faire rapport au comité de
pneumoconiose pour tous les cas jugés suspects, il est obligatoire que
ce comité ait la crédibilité des mineurs qui devront
être évalués par ce dernier.
Dans la région de Thetford Mines et d'Asbestos, M. le
président de la CAT, j'ai la douloureuse obliga-
tion de vous dire que le comité d'experts passe pour un groupe de
vendus. Au plan de la compétence médicale, ils sont certainement
des experts, mais ils ont perdu la confiance de la population.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je soulève
un point de règlement. Je cornprends que le député s'est
préparé de longue main à tout ce crachat qu'il lance ce
matin à tout le monde, mais je pense qu'on n'a pas le droit... M. le
Président, je soulève un point de règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Un instant! Je soulève un point de
règlement. On n'a pas le droit, M. le Président, dans une
commission parlementaire, devant des experts qui sont ici à la table, de
traiter ces hommes de vendus. Ce sont des professionnels reconnus dans la
province et dans le monde international pour leur compétence. On n'a pas
le droit...
M. Lecours: Ils étaient des vendus.
M. Bellemare (Johnson): ... de les traiter de vendus. Je demande
au député de retirer cette expression "de vendus" devant des
professionnels qui ont voué toute leur vie, toute leur carrière
à défendre une maladie industrielle et à former un
comité. Ils sont internationnalement reconnus. Ils peuvent avoir fait
des fautes, ce peut être cela, mais ils ne sont pas vendus, le mot
"vendus" est de trop.
M. Lecours: La déclaration ministérielle...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Vous aviez dit que vous n'avez pas fait mention...
M. Lecours: Absolument pas, j'ai rapporté l'impression de
la population, chez nous, dans ma région. Il faud rait que le
député de Johnson écoute un peu mes propos. Ils seraient
plus intéressants que ceux qu'il a prononcés l'autre jour...
M. Bellemare (Johnson): Je pense qu'insulter vos
collègues, comme vous le faites, ce n'est pas digne de l'éthique
professionnelle.
Le Président (M. Séguin): M. le
député de Frontenac, continuez.
M. Lecours: La déclaration ministérielle en ce qui
concerne l'amiantose, telle qu'énoncée par le gouvernement...
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi ne vous êtes-vous pas
présenté au Collège des médecins pour faire une
déclaration comme vous faites, pour les traiter de vendus, devant votre
comité de régie interne.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre! A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Où est votre éthique
professionnelle?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): II faut avoir peu d'honneur pour
faire...
M. Lecours: La déclaration ministérielle...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lecours: ... en ce qui concerne l'amiantose, tel
qu'énoncé par le gouvernement Bourassa, est très
acceptable et louable au plan médical, mais encore là, suite aux
déclarations du Dr Paul Cartier, ex-médecin-chef de la clinique
des mines de la région de Thetford Mines, des précautions
spéciales s'imposent de la part du gouvernement responsable dont je fais
partie. Quel fut le rôle ou même les rôles du Dr Paul
Cartier? Lui-même a avoué que délibérément,
il a caché la vérité aux mineurs atteints d'amiantose. Il
a même ajouté: Certains sont morts quelques mois après que
je les eus classés de catégorie A.
Il ne faut pas oublier que ce même Dr Cartier interprétait
à temps partiel, comme expert de la CAT, des radiographies pulmonaires
annuelles en vue de l'émission du certificat du mineur. Je dis que ces
affirmations sont troublantes, inexplicables. Je blâme la CAT pour avoir
permis, durant de longues années à un de ses experts de
ridiculiser le droit premier de tout mineur de connaître l'état
réel de sa santé. Un médecin est toujours un
médecin, même s'il conseille la CAT. L'éthique
médicale, même pour le médecin qui pratique en milieu
industriel, existe comme pour tous les autres médecins. Le Dr Cartier
émettait-il lui-même au nom de la CAT le certificat du mineur?
Ce même médecin assistait à l'autopsie de mineurs
décédés et suspectés de souffrir d'amiantose dans
ma région. Travaillait-il alors dans l'intérêt des
compagnies ou pour la justice, concernant la veuve et les enfants du mineur qui
venait à peine de décéder? A quel titre, le Dr Cartier se
présentait-il, le vendredi à Montréal, lors de la
réunion du comité de pneumoconiose? A plusieurs occasions, dans
le rapport officiel du comité de pneumoconiose, les experts arrivaient
à la conclusion, après avoir pris connaissance de l'histoire
industrielle du mineur concerné, telle que relatée par le Dr
Cartier, que le mineur, n'ayant pas travaillé dans un milieu d'em
poussiérage significatif, il ne pouvait pas accepter la
réclamation de ce dernier, même s'il était porteur
d'amiantose, selon son médecin de famille et selon d'autres experts en
pneumologie.
Est-ce que le Dr Cartier apportait avec lui pour les réunions du
vendredi à Montréal, l'histoire médicale et les
radiographies du mineur examiné? Il faut savoir que le mineur, qui
devait passer des tests pour l'amiantose au comité de pneumoconiose,
devait se rendre à la clinique des mines à Thetford Mines avant
de se rendre a Montréal, pour permettre au Dr Cartier de préparer
le dossier qui serait employé par le comité de pneumoconiose et
à l'avantage des compagnies le plus souvent.
Je n'ose même pas penser qu'il y ait eu collu-
sion entre les experts du comité de pneumoconiose et le Dr
Cartier. C'est trop sérieux. Dans l'affirmative, cette réponse
équivaudrait à forcer le code des professions à
déclencher une vaste enquête pour connaître toute la
vérité sur les agissements du comité concerné. Des
sanctions sévères pourraient en découler.
Parlons un peu de ce fameux comité de pneumoconiose. Il se
compose présentement du Dr Fer-nand Grégoire qui en est le
président, du Dr Mea kins.du Dr Gougou.du Dr Leduc et parfois le Dr
Duval s'y joint. Après la première séance de la commission
parlementaire, j'avais déclaré à un journaliste, M.
Gérald Leblanc, du journal Le Devoir, que le Dr Fernand Grégoire
était propriétaire majoritaire à la clinique Lavoisier,
Inc. Le journaliste fut sommé de se rétracter,
maisjedoisdirequ'il m'avait bien cité. Très souvent, on
blâme les journalistes, mais cette fois, il n'était pas à
blâmer, je l'avais réellement dit. S'il y a des corrections
à apporter, je veux en assumer la pleine responsabilité. Comme la
décision finale du comité de pneumoconiose était
rédigée sur le papier officiel de la clinique Lavoisier, Inc.,
dont le Dr Grégoire est copropriétaire, plusieurs médecins
et moi-même avions cru que la CAT dirigeait les mineurs à
être examinés à cette clinique. De plus, un fonctionnaire
en charge de la comptabilité à la CAT m'avait affirmé que
des chèques au montant de $2,497.45 avaient été
versés à la cliniq ue Lavoisier, Inc. en 1973 pour frais de
taxis. Je croyais que l'examen physique se faisait à cette clinique.
Selon les dernières informations, j'ai appris que les patients ne sont
pas examinés à cette clinique présentement. J'aimerais
savoir si, dans les années antérieures, les mineurs
étaient examinés à cette clinique. Le Dr Grégoire
détient 49.9% des parts de cette clinique. Il n'est donc pas
majoritaire.
Le Dr D. Comeau en a 49.9%. Il en reste 0.2% des parts qui appartiennent
à un autre partenaire. Celui-là est inconnu. Selon certaines
sources, le secrétariat de la Clinique Lavoisier Incorporée
rédige le rapport final avant d'être signé par les membres
du comité de pneumoconiose. Toujours selon le secrétaire
général de la CAT, le Dr Fernand Grégoire reçoit
$150 par dossier de mineurs examinés pour amiantose, alors que les
autres médecins de ce même comité reçoivent de $20
à $25 par cas. J'aimerais bien connaître la raison de cette grande
différence pécuniaire payée au Dr Grégoire,
comparativement aux autres médecins spécialistes dudit
comité. Un spécialiste médical, pour une expertise
légale, reçoit habituellement $75, comprenant le risque, pour ce
médecin, de témoigner à plusieurs reprises devant un
tribunal civil. C'est loin de la situation qui prévaut à la CAT
quand cela prend de six à huit mois pour une première expertise
avant de déceler l'amiantose. Si le mineur n'est pas satisfait de la
décision, il faut compter douze mois additionnels d'attente pour obtenir
le privilège de se faire réexaminer par ce comité. Ce
n'est que très rarement que la demande dépasse le stade de
révision de ce comité, qui possède un pouvoir presque
discrétionnaire. De plus, plusieurs mineurs examinés par le Dr
Grégoire, y compris l'audition du vendredi, sont prêts à
témoigner qu'en présence de ces der- niers, ils ne sont environ
qu'une trentaine de minutes au maximum. Je crois que $150 pour un cas semblable
est un peu anormal, même s'il doit faire la révision des tests de
fonction respiratoire et des tests sanguins.
Lorsqu'on sait qu'il en coûte de $600 à $700 à une
compagnie minière de ma région pour faire examiner un patient par
le comité de pneumoconiose, alors qu'il en coûterait moins de $100
pour faire faire les mêmes tests au CHU de Sherbrooke ou à
l'université Laval, soit à l'hôpital Laval, je dois me
poser de sérieuses questions.
M. le Président de la CAT, MM les commissaires, je me range du
côté des mineurs pour réclamer la démission des
membres de ce comité, car en plus des éléments de preuve
soumis, il est alarmant de constater qu'un patient porteur d'amiantose clinique
et radiologique, avec cyanose, hypocratisme digital, dyspnée
sévère au repos, peut recevoir un taux d'incapacité
très bas pour la simple raison que l'histoire industrielle du Dr Cartier
n'est pas significative d'empoussiérage important. Ces experts le savent
très bien, mais ils oublient trop facilement que les mineurs
examinés, âgés de 55 ans et plus, ont, pour la grande
majorité d'entre eux, commencé leur travail dans les mines
à l'âge de 13,14 ou 15 ans, et qu'ils ont travaillé plus de
30 ans à des taux de poussière de 600 à 700 fibres par
centimètre cube d'air.
Je crois que le Dr Cartier, qui a travaillé comme médecin
industriel, pendant 30 à 40 ans à Thetford Mines, sait
très bien qu'il n'y a pas un travailleur de 50 ans et plus, qui a
travaillé à un degré d'empoussiérage non
significatif.
Je crois, en résumé, que personne ne mettra en doute les
déclarations du Dr Paul Cartier, ainsi que son rôle important
joué au sein même du comité de pneumoconiose. Il faut
insister une dernière fois sur le rôle du Dr Cartier, sur le choix
des pièces anato miques lors des autopsies et sur son triste rôle
en ce qui concerne l'histoire industrielle du patient, laquelle est si
importante qu'elle peut, à elle seule, faire refuser une
réclamation pour amiantose.
Je vois mal la CAT nier, devant mes honorables collègues, que
lors des réunions du vendredi à Montréal, le comité
de pneumoconiose était à même de prendre connaissance des
rapports radiologiques du mineur examiné alors que le Dr Cartier
était là avec les documents nécessaires. Pas un membre de
la commission permanente du travail, de la main-d'oeuvreetde l'immigration
nedoute un instant que c'est rentable pour une compagnie minière de
faire examiner leurs patients à Montréal, même au
coût de $600 et de $700 par cas. Pas un membre de cette commission ne
manquera de s'interroger sur le rôle prédominant que joue le
président du comité de pneumoconiose et sur la
nécessité de faire rédiger les rapports par la Clinique
Lavoisier Incorporée, alors que les bureaux de la CAT à
Montréal sont certainement assez bien organisés pour accomplir
cette tâche, réduisant ainsi les dépenses inutiles. Pas un
membre autour de cette table, j'en suis persuadé, n'hésitera
à se ranger, avec le député de Frontenac, avec les mineurs
trop souvent lésés dans leurs droits les plus fondamentaux pour
réclamer la
destitution des membres du comité de pneumoco niose.
M. le juge Maurice Tessier, président de la CAT, au nom de la
justice sociale, au nom de ceux qui ont perdu leur santé et à la
mémoire de ceux qui ont laissé leur vie dans ces mines d'amiante,
je veux, en terminant, me fiant à votre dévouement et à
votre jugement sûr et compréhensif, vous demander de prendre au
sérieux les propos que j'ai tenus devant cette commission.
Il faut, une fois pour toutes, que les grosses compagnies reconnaissent
que c'est payant d'investir pour protéger la santé du
travailleur. Le meilleur moyen pour y arriver est de les faire payer pour leurs
malades. Il faut une fois pour toutes que la CAT réalise qu'elle ne peut
plus accepter son rôle de défenseur des compagnies sans remords et
sans penser que trop souvent la famille du mineur atteint d'amiantose ne
recevra qu'une centaine de dollars par mois car l'incapacité partielle
ou permanente est trop basse pour la gravité de la condition physique du
mineur malade. Des correctifs immédiats s'imposent, sinon, c'est la vie
même de la CAT qui est menacée. Je me demande si cette
dernière mourra de vieillesse ou de mort violente ou d'amiantose.
Maintenant, je me pose surtout une question, je pense que cela peut
intéresser beaucoup de gens. J'aimerais connaître, de M. le juge
ou d'autres experts, depuis quand le Dr Cartier travaillait pour la CAT
à temps partiel et depuis quand il a cessé de travailler pour la
CAT et à quels honoraires il travaillait pour la CAT.
M. Tessier: M. le Président, le Dr Duval, qui
préside le comité de pneumologie, me dit que le Dr Cartier aurait
commencé à travailler à temps partiel pour la commission
en 1972 et qu'il aurait cessé de travailler pour la commission à
l'automne 1974, il y a environ six mois.
M. Lecours: Est-ce que le Dr Cartier émettait
lui-même le certificat du mineur après ses examens et les
radiographies qu'il interprétait lui-même?
M. Tessier: Je pense que je vais être obligé de
demander au Dr Duval de répondre à ces questions parce que je ne
suis pas assez familier avec toute la question médicale.
Le Président (M. Séguin): Dr Duval. M. Duval:
M. le Président...
M. Roy: J'aimerais, M. le Président, pour le
bénéfice des membres de la commission, qu'on précise les
fonctions exactes du Dr Duval.
Le Président (M. Séguin): Cela va!
M. Duval: Je suis directeur du service de pneumologie depuis
1970.
M. le Président, le Dr Cartier a commencé à
travailler avec nous au mois de juin 1972. Il a fait des lectures de films
environ une fois par semaine, assez régulièrement; il y a des
périodes où il n'en faisait pas, mais cela revient à peu
près à une séance par semaine. Il a cessé de lire
des radiographies à l'automne, vers la fin de novembre 1974. Est-ce que
cela répond à votre question?
M. Vallières: Une question supplémentaire. Le
Président (M. Séguin): Un instant!
M. Lecours: A l'heure actuelle j'aimerais bien savoir à
quels honoraires il était payé pour faire cela. Cela
m'intéresse...
M. Duval: II était à vacation.
M. Lecours: Pardon?
M. Duval: A vacation.
M. Lecours: A quels honoraires?
M. Duval: A $100 par jour, je pense,
M. Lecours: A $100 par jour.
M. Duval: Oui.
M. Lecours: Merci. J'aimerais aussi savoir si c'est lui qui
rédigeait le certificat du mineur.
M. Duval: Oui, c'est lui qui signait...
M. Lecours: II était autorisé à les
signer?
M. Duval: Oui.
M. Lecours: Quand avez-vous réalisé qu'il
interprétait mal les radiographies?
M. Duval: C'est surtout au cours de l'année 1974,
c'est-à-dire, que je voyais, n'est-ce pas, que notre philosophie
n'était pas tout à fait la même. J'ai repris moi-même
certaines lectures et je me suis aperçu que légalement parlant,
il était dans son droit d'émettre des certificats.
Suivant l'arrêté en conseil 887, si vous avez vu le texte
qu'il y a sur le certificat lui-même, il était dit qu'un type peut
perdre son certificat à condition qu'il souffre de tuberculose. Il n'est
pas mention d'autre maladie. En se référant à ce texte de
loi, on peut facilement émettre un certificat. Ma philosophie est un peu
différente. Je refuse ou je retiens des certificats. Il faut dire que le
Dr Cartier faisait des rapports aux employeurs et il faisait des rapports au
médecin qui travaillait avec lui. Il y avait un médecin qui
travaillait avec lui. Ce qu'on m'a dit c'est qu'il faisait lui-même
rapport au travailleur, l'informait de sa condition. La question du certificat
médical est une question légale, à mon sens.
Une Voix: De mineurs.
M. Duval: De mineurs, justement. Je crois pouvoir dire que...
M. Bellemare (Johnson): Voulez-vous parler dans le micro?
M. Duval: ...le Dr Cartier avisait les travailleurs, directement
ou par son assistant. Pardon? Ecoutez...
Le Président (M. Séguin): Nous ne sommes pas
à un procès, alors, continuez.
M. Ouval: Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Lecours: Est-ce qu'il était chargé par la
commission d'assister aux autopsies qui se pratiquaient à
l'hôpital de Thetford-Mines? Jusqu'à quel point choisissait-il les
pièces anatomiques, qui était chargé de choisir les
fameuses pièces anatomiques?
M. Duval: C'est difficile pour moi de répondre à
cela parce que je n'ai jamais travaillé dans la région de
l'amiante.
M. Lecours: Vous étiez en charge du comité
de...
M. Duval: Je comprends, mais il y a ceci, le Dr Cartier
n'était pas obligé d'assister aux autopsies. Il le peut, par
intérêt scientifique. N'importe quel médecin va assister
à une autopsie, comme vous-même, vous pouvez aller assister
à une autopsie à l'hôpital, si c'est votre patient. Etant
donné que le Dr Cartier s'intéressait au problème de
l'amiantose, je crois que c'est un droit légitime d'aller assister
à une autopsie.
M. Lecours: Dr Duval, vous assistiez vous-même aux
réunions du comité de pneumoconiose le vendredi, très
souvent, à Montréal.
M. Duval: Oui.
M. Lecours: Vous avez certainement vu des radiographies qui
étaient interprétées d'une façon un peu curieuse,
bien avant 1974. Il était là avec les radiographies, le vendredi
à Montréal, lors des réunions du comité de
pneumoconiose.
M. Duval : Là, je crois que le Dr Grégoire est plus
à même d'expliquer le rôle que jouait le Dr Cartier
auprès du comité. Ce que je peux dire, c'est que le Dr Cartier
allait porter ses radiographies et faire rapport au comité de ses
constatations.
M. Lecours: A Montréal, au comité de
pneumoconiose.
M. Duval: Le Dr Cartier n'a jamais fait partie du comité
et n'a jamais assisté...
M. Lecours: II était là tous les vendredis, tout de
même.
M. Duval: Non. Avant la séance. La différence est
que c'est avant la séance du comité. Le Dr Cartier n'a jamais
assisté aux réunions.
M. Lecours: Non, mais il apportait les dossiers voulus. C'est
cela que je veux vous faire dire, Dr Duval, pas autre chose.
M. Duval: Oui, mais qu'est-ce que vous voulez, à ce
moment-là, M. le député, il fallait tout de même que
les informations se rendent au comité et c'était le Dr Cartier
qui se chargeait de faire cela.
M. Lecours: Ce que je trouve étrange dans toute cette
histoire, c'est que le Dr Cartier apportait des radiographies qui
étaient mal interprétées et le comité de
pneumoconiose n'a jamais dénoncé cette situation. Il y a quelque
chose d'anormal dans cela.
M. Duval: Non. Le comité ne s'est jamais servi des
interprétations personnelles du Dr Cartier. C'est un comité
absolument indépendant et qui ne prend pas l'avis de chacun. Le
comité est là pour juger de la valeur des films et juger de la
valeur des faits rapportés. Il faut tout de même rapporter des
faits. Il nous faut des informations.
M. Tessier: M. le Président, pour une meilleure
compréhension et pour donner satisfaction au député de
Frontenac, j'ai à mes côtés le Dr Grégoire qui est
le président du comité de pneumoconiose. Le Dr Duval essaie
d'expliquer ce qui se passe à ce comité, mais, comme il l'a dit,
il ne fait pas partie du comité. Je pense que la personne qui peut le
mieux renseigner les membres de cette commission, c'est le président
lui-même du comité. Alors, si vous voulez diriger vos questions au
Dr Grégoire...
M. Lecours: Je vais répéter la question au Dr
Grégoire. Certainement.
M. Tessier:... en ce qui concerne le comité de
pneumoconiose, je crois que vous allez avoir des réponses beaucoup plus
précises.
M. Lecours: Je vais laisser répondre le Dr
Grégoire.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Grégoire: Je vais répondre à la
dernière question. Il y a tellement eu de questions posées et la
plupart sont très appropriées, je pense qu'il faut une
réponse pour bien éclaircir la situation. Maintenant, en ce qui a
trait à la dernière question, puisqu'on commence avec la
dernière, aucun médecin, pas plus le Dr Cartier qu'un autre
médecin de compagnie, ou même représentant des unions ou
représentant du travailleur en tant que médecin privé n'a
le droit de venir à nos délibérations. Et ça, c'est
une loi qui a été votée il y a déjà quelques
années, je pense qu'on peut dire, sept, huit ou dix ans pour des raisons
que la commission a jugées nécessaires parce que ça
pouvait, j'imagine, créer de l'imbroglio que les médecins, deux,
trois ou quatre, soient là. Parce que dans une après-midi, nous
pouvons passer un certain nombre de patients qui viennent de différentes
compagnies, de différentes
régions et tout, de sorte qu'aujourd'hui, on dit je pense
que c'est encore la lettre qui est envoyée au réclamant
qu'il a le droit d'avoir son médecin et qu'il peut venir nous rencontrer
pour nous donner des informations jugées nécessaires avant la
réunion. Il nous apporte les documents et parfois, il n'y a pas
seulement le Dr Cartier qui vient, il y a des médecins du patient
même qui se sont présentés à plusieurs reprises, et
souvent même, quand ils veulent rencontrer le comité, on leur
demande de venir. Il y a des fois où ils trouvent que c'est un peu
tôt, parce qu'ils commencent à 7 heures le matin,
c'est-à-dire que nous sommes là à 7 heures ou 7 h 15,
alors il faut que le médecin, autant de la compagnie que l'autre, s'il
vient ce jour-là, qu'il se présente avant. De toute façon,
on n'a pas le droit de les voir ni durant ni après.
Il y a une chose qui est très importante, vous comprenez que, si
nous n'avons pas le dossier médical du patient, si nous n'avons pas son
dossier industriel, comment pouvons-nous arriver à donner justice
à ce réclamant? Comment pouvons-nous savoir si la compagnie ne
nous le dit pas, j'ai toujours interprété le rapport qu'on nous
fait, qui nous est apporté comme étant véridique jusqu'au
moment où il est confronté avec ce que le malade ou ce que le
réclamant nous a dit.
Cette liste d'emplois qu'il a, du 1er juin 1942 jusqu'au 1er avril 1962,
par exemple l'employé a été "ensacheur", c'est ce qui
apparaît dans les livres de la compagnie que les intéressés
sont obligés de fournir au gouvernement lorsque la Commission des
accidents du travail le demande.
En plus de ça, nous avons la liste des problèmes
médicaux qu'a pu avoir le patient et qui sont connus du médecin
de la compagnie. Il y en a peut-être qui ne sont pas connus c'est
important que les travailleurs qui sont ici le sachent lors de leur
déclaration. Il est important qu'ils disent, tout d'abord, à la
Commission des accidents du travail par qui ils ont été
traités, quel est leur médecin de famille, deuxièmement,
pour quelle maladie ils ont été traités, à quel
hôpital ils ont été traités; et la commission, avant
de nouse nvoyer le dossier, avant d'appeler ce réclamant s'assure que
toutes ces données sont au dossier pour que lorsqu'arrive le jour de
l'examen par les cinq membres du comité, nous soyons au courant de tout.
Mais là encore, ce n'est pas pour rien que nous le voyons à cinq,
c'est qu'il y a toujours des idées qui peuvent sortir lorsqu'on
questionne l'employé et qu'il a oublié de nous dire telle chose
...Je ne veux pas faire de cas particuliers, mais on en a eu un avec fracture
de côtes qui était visible et, lors du questionnaire, il avait
oublié de nous dire qu'il avait eu un accident dans la mine, il y a
peut-être 25 ans de ça. Ce sont des choses qui se
présentent. Losqu'on voit des radiographies, on peut s'en rendre
compte.
Pourquoi toutes ces choses? Pour vous dire que c'est important. Mais le
docteur Cartier, pas plus qu'un autre médecin, pas plus que les autres
mines, n'a le droit d'assister. La plupart du temps, il m'apporte...
M. Lecours: L'expérience.
M. Grégoire: ... les radiographies qui ont
été prises par la compagnie, qui sont très importantes
pour nous, parce qu'on demande d'avoir des spécimens de ces
radiographies qui remontent le plus loin possible, pour l'individu en
question.
Je veux répondre en même temps à une autre question.
Pourquoi n'avons-nous pas dénoncé le docteur Cartier, lorsqu'il
nous apportait ces radiographies? Pour l'unique et simple raison que les
patients qui se présentent devant nous je pourrais dire dans
l'extrême majorité des cas sont des patients qui ont
quelque chose, à la radiographie. Ils nous les apportent en disant qu'il
y a quelque chose, à la radiographie.
Comment pouvons-nous attaquer? Nous ne voyons pas les autres. Nous, nous
n'examinons que les réclamants qui nous sont
déférés. Or, ceux qui nous sont
déférés, je pense bien que par définition, ce sont
des gens qui sont en tout cas, il y a bien du danger qu'ils soient
malades. Ils nous sont envoyés.
Lorsqu'on les reçoit, il est évident qu'il y a quelque
chose, à la radiographie. Parfois, il y a quelque chose à la
radiographie, mais il y a peut-être moins de choses à d'autres
points de vue. Au moins, les radiographies montrent quelque chose et nous
faisons tout simplement l'interprétation, en l'absence du docteur
Cartier.
Comme la plupart des médecins, nous nous permettons, à nos
heures, même entre nous, d'apporter des opinions qui peuvent être
différentes de ce qu'un autre médecin a pu trouver. C'est bien
régulier.
Tout de même, pour ces radiographies, on ne peut pas dire qu'elles
ne comportent rien ou...
M. Lecours: Etes-vous d'accord pour dire que le docteur Cartier
vous fournissait une histoire industrielle?
M. Grégoire: Oui, il nous fournit une histoire
industrielle. La compagnie, par son ingénieur, nous fournit une histoire
industrielle également.
M. Lecours: Depuis quand l'ingénieur est-il engagé
par la compagnie? Cela fait combien d'années? Cela ne fait pas tellement
longtemps, docteur Grégoire.
M. Grégoire: Nous avons eu des causes de part et d'autre.
L'ingénieur était là lorsqu'à eu lieu une audition
où les compagnies se plaignaient des décisions que nous avions
rendues.
Je pense qu'il en est pour nous comme pour beaucoup de travailleurs,
à ce que vous nous dites. Il est très difficile de faire plaisir
à tout le monde. Nous essayons non pas de faire plaisir
mais de trouver la justice et déterminer j'en profite ici, si
vous me le permettez le degré les Anglais ont le mot
"impairment" c'est-à-dire de diminution fonctionnelle
respiratoire du patient en question qui est attribuable à son travail
dans les mines.
M. Lecours: Je peux poser une question, docteur
Grégoire?
M. Grégoire: Si vous me permettez, M. le
Président...
M. Lecoure: J'aurais une question dans...
M. Grégoire: C'est parce que je veux dire un peu ce qui en
est du point de vue de la philosophie. Il a été question...
M. Lecours: Oui, mais il faut savoir, Dr Grégoire, que la
capacité respiratoire d'un mineur ou de n'importe qui peut varier entre
80% et 120% pour une personne normale.
Vu que vous n'avez pas eu d'examen, au début, quand le monsieur a
commencé à travailler dans les mines, comment pouvez-vous, 30 ans
plus tard, vous baser sur la capacité respiratoire? Il y a d'autres
tests qui existent, j'en suis persuadé, mais tout de même...
M. Grégoire: M. le Président, il est exact que nous
n'avons pas, au départ, lors du préemploi, un examen
physiologique complet même pas un examen physiologique en tant que
tel du travailleur. Le docteur Lecours vient de dire ce qui en est,
jusqu'à un certain point et il est vrai que nous avons
décidé, pour ne pas faire de tort aux travailleurs en
général, de ne pas les considérer normaux s'ils ont entre
80 et 120.
Comme il le dit, la normale, parce que c'est un peu comme avec la
glycémie ou avec d'autres choses, la capacité respiratoire
maximale serait entre 80 et I20.
Certains de nos confrères, dans d'autres laboratoires, vont dire:
Vous avez classifié M. Untel comme anormal! Il était encore dans
la normalité, parce qu'il avait 85. Nous l'avons classifié comme
anormal, M. le Président, pourquoi? Parce que nous disons que si c'est
entre 80 et I20, nous allons prendre l'exacte moyenne, I00, puisque les
moyennes viennent des écarts de la moyenne. Il est certain, comme nous
ne le savons pas... Peut-être que M. Untel était à 120% au
début et qu'il est rendu à 80%, aujourd'hui. Le considérer
comme normal, ce serait très mauvais.
Par contre, il se peut aussi que le même homme ait commencé
à 80% au début, s'il était dans ceux... Mais, nous ne le
savons pas non plus. Aujourd'hui, nous nous disons: Puisque la moyenne vient de
tous les écarts de la moyenne, nous partons de l'exacte moyenne. S'il a
80%, nous disons qu'il est 20% en bas de la normale.
Je crois qu'il est difficile de faire autre chose. Nous sommes
réceptifs aux suggestions. Il est très bon d'en discuter.
Seulement, c'est notre façon de procéder. Nous procédons
et nous avons les mots "incapacité", en français, et "IPP",
incapacité partielle permanente, par exemple. On a ces mots. Nous la
recommandons, mais, en réalité, cette incapacité c'est une
réelle incapacité de la respiration, la capacité de la
respiration à ventiler.
Deuxièmement, il y a le volume pulmonaire. Je ne voudrais pas
faire un trop long cours, mais je pense que cela peut éclairer un peu
ici l'assemblée de savoir comment nous procédons. Nous avons des
tests qui sont compliqués, il est vrai, qui sont là tout de
même pour savoir quelle est la fonction réelle des poumons. Je
veux tout simplement dire ceci: II est certain que la ventilation est une
partie seulement de l'opération de la respiration, si vous voulez.
Pourquoi ventilons-nous notre poumon? C'est afin que l'air qui est
inhalé s'en aille au niveau des alvéoles et laisse au sang qui y
passe l'oxygène dont il a besoin pour que ce sang, en même temps,
par la ventilation, remette, dans l'air, ambiant d'abord, dans les
alvéoles et dans l'air ambiant, le CO2 qui y est produit.
Nous avons des tests qui nous permettent de connaître quelles sont
les capacités de ce réclamant par rapport à la normale
pour lui, d'après sa taille, son poids, son âge, chez des
travailleurs. En d'autres termes, nous avons ce que nous appelons encore, le
mot, on me dit qu'il n'est pas français, "rédiction",
d'après les normales, si vous voulez.
Encore une fois, comme je vous dis, pour toutes nos normales, nous
prenons toujours exactement la moyenne et c'est sur la déviation de
cette moyenne exacte que nous faisons nos recommandations à la
commission. Mais, il y a bien plus que cela. C'est que, en plus de ces
capacités de volume pulmonaire, capacité vitale, volume
résiduel, capacité pulmonaire totale, pourcentage de l'un sur
l'autre, débit expiratoire maximum-seconde, le débit expi-ratoire
maximum, la capacité respiratoire volontaire maximale, tout cela pour
tester tout simplement la ventilation, comme on disait tantôt, cette
ventilation, dans certains cas, pourrait être bonne et, au niveau des
poumons, s'il y a une fibrose considérable, l'oxygène ne passe
pas.
Le pauvre travailleur ne se trouve pas à ce moment, même
s'il est capable de ventiler beaucoup, à avoir le bénéfice
de sa ventilation. Or, nous faisons, à ce moment, une prise de sang
artérielle, ce qui veut dire quoi? C'est du sang qui vient directement
des poumons, après qu'il a passé dans le poumon. Là
encore, au moment où nous faisons cette prise de sang, nous faisons
l'analyse et l'étude de l'air qu'il inspire et qu'il expire pour savoir
quelles sont les phases, en d'autres termes, aériennes, la phase liquide
de cet airet de ce sang, et comment le poumon de ce patient travaille. Il
travaille bien, il travaille moins bien ou encore moins bien. Nous faisons 104
déterminations différentes sur chaque patient qui nous est
référé, encore une fois, par la Commission des accidents
du travail. Nous avons à analyser chacun de ces tests. C'est
après l'analyse de chacun de ces tests que nous pouvons connaître
et savoir si réellement ce malade a une diminution réelle de ses
fonctions et de quelles fonctions. Nous devons dire ici que, pour ce qui est de
l'amiantose, en particulier, les tests de fonctions donnent plus que la
radiographie pulmonaire, ce qui est l'inverse en silicose.
Nous avons l'occasion de voir beaucoup de cas de silicose et
d'amiantose. Dans les cas de silicose, pour montrer la différence, c'est
qu'on va avoir la nodulation dans le poumon, qui est bien évidente, et
souvent les tests de fonctions sont tout à fait normaux encore, parce
que ces nodules n'atteignent pas autant la fonction que l'amiantose. Pour
l'amiantose, c'est beaucoup plus, je dirais, difficile d'évaluer
l'insuffisance respiratoire d'après les radiographies. C'est pourquoi il
devienttrès important de faire les examens que nous faisons. Lorsque le
patient...
M. Lecours: Si la fonction respiratoire est si importante,
pourquoi ne faites-vous pas la compilation statique et dynamique des gaz dans
votre laboratoire?
M. Grégoire: Là encore, je dois dire que c'est pour
la raison suivante, c'est que nous l'avons faite de 1962 à 1963. Nous
l'avons faite chez un bon nombre de sujets. Cela n'a jamais ajouté
quelque chose à la fonction totale que représente, je dirais,
l'ensemble des tests que nous faisons. Il faut tout de même, à un
moment donné, savoir se limiter. Il y aurait un certain nombre d'autres
tests qu'on pourrait faire, c'est évident. Par exemple, on ne fait pas
de bronchoscopie, on ne fait pas de bronchospiro métrie, on ne fait pas
de bronchographie, on ne fait pas de biopsie, on ne fait pas de ponction
pleurale, toutes des choses qui, lorsqu'il s'agit d'un diagnostic précis
pour un malade qui nous arriverait à l'hôpital ou même avec
la notion, parfois, qu'il a travaillé dans les mines... Il y a des
médecins et d'excellents médecins qui vont demander et
c'est leur droit et même, je dirais, à ce moment s'il est
envoyé par maladie, une obligation de faire faire tous ces tests...
M. le Président, je tiens à vous dire que nous ne
soumettons pas le patient à des tests qui sont traumatisants, si nous
n'en avons pas besoin. Je crois que ce serait assez odieux, de la part du
patient, à chaque fois qu'il vient, surtout la première fois,
pour un examen, d'avoir à subir une biopsie pulmonaire ou une
bronchoscopie, même si certains de mes collègues trouvent qu'une
bronchoscopie n'est pas tellement difficile à subir c'est moins
difficile pour celui qui la fait que pour celui qui la subit nous ne les
soumettons pas à cela, nous donnons le bénéfice d'un doute
raisonnable au patient d'après l'histoire de cas que je lui fais au
complet, moi-même, lorsque je le reçois, non pas à la
clinique Lavoisier je comprends pourquoi, d'ailleurs il y a eu un
imbroglio à un moment donné parce que les rapports sont faits sur
les feuilles de la clinique. Je reviend rai là-dessus tantôt, si
vous me permettez.
Pour tout de suite, je fais cette histoire, mais l'histoire industrielle
du patient aussi à ce moment, et c'est important parce qu'il peut y
avoir eu des erreurs. C'est toujours important, lorsqu'on le reverra, les
membres du comité, d'avoir, premièrement, les données de
la compagnie, deuxièmement, puisque c'est dans votre région,
celles du Dr Cartier pour voir si ça concorde. La plupart du temps,
ça concorde assez bien avec ce que l'ingénieur de la compagnie a
envoyé. Troisièmement, l'histoire médicale de ce patient,
tout ce qu'il a subi dans sa vie, comment il s'est senti, quand il a
commencé à souffrir de dyspnée, quand il a commencé
à avoir des troubles respiratoires et où en est-il rendu. Quel
degré de dyspnée, I, II, III, IV et puis, finalement, les
antécédents personnels.
Est-ce qu'il a eu d'autres maladies, tout autre antécédent
personnel? Et puis, un examen physique complet que je fais, moi, le premier,
puisque c'est à moi qu'ils sont référés, ces
patients, d'abord. Ce malade, ce patient, de toute façon, ce
réclamant, part de mon bureau cela se fait à l'Institut
Bru chési et s'en va dans les laboratoires. Il va subir d'abord
une radiographie pulmonaire, non seulement une, mais une radiographie en
inspiration an-téropostérieure et postérolatérale
et aussi en latérale, ce que nous considérons comme important.
S'il a besoin d'une tomographie, nous lui faisons faire une tomographie. Ce
n'est rien de traumatisant pour le patient. Il est là, devant
l'appareil, et une, deux, trois ou quatre radiographies sont prises. Mais cela
nous renseigne, dans certains cas, beaucoup plus qu'une simple
radiographie.
Maintenant, il faut tout de même dire, et j'en profite ici, que
l'appareil radiologique à l'Institut Bruchési est un appareil des
plus modernes. Le directeur médical de Bruchési me dit qu'il y a
deux appareils semblables au Canada, ce qui nous permet, peut-être ici
aussi, de voir des choses sur notre radiographie qui se montrent plus ou moins
sur des radiographies prises avec un appareil de moins grande puissance, je
pourrais dire. Il faut vous dire aussi autre chose, c'est que, lorsque nous
interprétons notre radiographie, ces radiographies prises à
Bruchési peuvent être différentes aussi, si la
dernière radiographie du réclamant, que nous avons devant nous, a
été prise il y a six mois ou il y a huit mois ou il y a
même un mois, et si, dans l'intervalle, le type a fait une
pleurésie ou il commence une pneumonie ou un mésothéliome
ou quelque chose d'autre, nous jugeons la radiographie que nous avons, et c'est
celle-ci qui compte pour nous, tout en étant intéressant tout de
même de voir où cela a commencé, depuis le temps qu'on a pu
commencer à voir quelques petits troubles.
Ensuite, ce patient a des analyses d'expectoration. C'est important de
savoir s'il y aurait de la tuberculose ou pas, quels sont les microbes, la
flore microbienne habituelle et tout? Y a-t-il des corps d'amiante dans ses
expectorations ou pas? Il y a ces examens et les examens usuels du sang que
tout patient subit, même externe, analyse d'urine, formule sanguine,
azotémie, leucémie, cholestérol, enfin toutes ces
différentes analyses. Il retourne au Centre Montfortain et il attend
d'être demandé par le laboratoire de physiologie respiratoire du
Pavillon Rosemont, de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, car depuis la
fusion, le laboratoire fait partie du gros complexe de l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Là, il a tous les tests de physiologie
respiratoire au repos et à l'effort, lorsque... J'oubliais une chose,
c'est que, aussi à Bruchési, il a l'électrocardiogramme au
repos d'abord. Si son électrocardiogramme au repos montre qu'il fait de
l'angine, par exemple, qu'il a des troubles d'angine, parexemple, qu'il a des
troubles de rythme très importants, nous ne permettons pas qu'il ait un
effort. Encore une fois, nous ne voulons pas traumatiser le patient qui vient
devant nous, le réclamant. Nous voulons tout simplement savoirs'il peut
faire un effort. S'il peut faire un effort, comme je lui explique, c'est
très important s'il peut le faire.
Pourquoi? Vous me permettrez l'expression, c'est un peu comme si vous
vouliez examiner une voiture et que vous ne la feriez fonctionner que
tranquillement, sans la mettre sur la route. Si vous voulez réellement
savoir comment va cette voiture, vous aimez bien aller l'essayer et voir ce qui
arrive. C'est un peu ça. Souvent, au repos, la plupart de nos hommes ne
se plaignent pas de dyspnée, d'ailleurs, s'ils le font au repos, dans la
très grande majorité des cas, ce sera le coeur, la plupart du
temps. Le type, par exemple, qui a fait un infarctus, peut finalement s'en
plaindre même au repos. De façon générale, la
dyspnée, l'essoufflement, qui est en rapport avec une fibrose
pulmonaire, est une dyspnée d'effort. Alors, on sait pourquoi, à
l'effort, parce que les tests vont nous prouver que la fonction totale est
perturbée, il n'y a pas assez d'élimination de CO2, ou il n'y a
pas assez d'absorption d'oxygène. On pourra, à partir de
là, déterminer quelle est la diminution fonctionnelle
comparée, encore une fois, à la moyenne de la normale.
Maintenant, j'en profite pour répondre à la question qui
m'a été posée. Comment se fait-il que je reçoive un
montant fixe de $150 pour examiner ces patients, M. le Président? Je
suis tout à fait reconnaissant au député de souligner
cette question. Ce barème a été fixé au
début de la commission, il y a déjà 20 ans, et si je
regarde les barèmes de la régie, j'ai ici unefeuille que je peux
vous transmettre pour tous les tests que nous faisons, ce barème me
donnerait donnerait au laboratoire, $250 parce que je ne suis pas seul
il ne faut pas s'imaginer que tous ces examens peuvent se faire seuls,
j'ai des médecins, le tout étant relié, si vous voulez,
aux expertises qui sont faites. C'est ce que donnerait tout ce travail qui est
assez immense si vous voulez avoir une copie, je peux vous la
passer...
Il y a peut-être plus que ça, c'est peut-être
important de le dire ici.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre! M. Grégoire: Pour un examen...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaîtl A l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais aux personnes
dans la salle, au public, de vous retenir un peu. Je ne voudrais pas qu'il y
ait d'interruption à la séance et on écoute bien
attentivement ce que le Or Grégoire nous dit. Je vous demanderais de
vous dispenser de tout commentaire à voix haute ou encore d'expressions
d'appréciation ou de non-satisfaction avec ce qui serait dit.
Dr Grégoire, continuez, s'il vous plaît.
M. Grégoire: Merci. Lorsque tous les examens ont
été passés, après deux, trois ou quatre jours, nous
avons la réunion du comité de pneumoco niose, les cinq
médecins, lorsque c'est possible pour le Dr Duval, les autres
nédecins étant les Dr Jarry, Jonathan Meakins, Gougoux et Gaston
Leduc, qui sont tous des spécialistes, des experts affiliés
à l'université d'une façon ou d'une autre. Ils sont tous
reconnus comme experts et ont consacré depuis des années, en
dehors de la commission, un temps énorme pour se tenir au courant de
toute la documentation, pour aller dans les congrès voir ce qu'il y a de
nouveau afin de l'apporter si possible pour nous permettre d'être
à lavant-garde de toutes les recommandations que nous allons faire
à ce patient, lorsqu'il est réellement malade.
Le matin ou l'après-midi que nous faisons cette réunion,
le patient se présente devant nous, j'ai l'histoire que j'ai faite et
que je lis au complet devant les cinq membres. S'il y a quelque chose qu'ils
aiment éclaircir, ils requestionnent le patient; ensuite, trois d'entre
eux l'examinent, et j'ai aussi mon rapport qui est là et qui reste au
dossier, avec le nouvel examen qui entre aussi au dossier.
C'est cette partie d'examen, lorsqu'on fait notre réunion de la
Commission des accidents du travail, qui n'est pas inscrite ni dans les
dossiers de Bruchési, ni dans les dossiers de l'hôpital
Saint-Joseph de Rosemont, mais c'est le rapport de ce comité que je fais
faire à la clinique Lavoisier. Après l'avoir examiné
physiquement, tout est inscrit sur le tableau et nous inscrivons ces
données pour la Commission des accidents du travail. Là, c'est la
lecture des radiographies qui est faite selon la nouvelle méthode
internationale. Cette lecture est aussi consignée au dossier. Ensuite,
c'est la lecture et l'étude des tests de physiologie avec tout le monde.
Les tests de physiologie que je dois interpréter en tant q ue test et
ensuite appliq uer au patient en q ues-tion au réclamant en question.
C'est avec toutes ces données, histoire industrielle, histoire clinique,
histoire du patient, examen physique, les radiographies pulmonaires, les
électrocardiogrammes, toutes les données du sang... Nous avons
encore trouvé, cette semai ne, deux cas qui commençaient à
souffrir de diabète, parfois un peu d'infarctus. On ne fait pas, en
d'autres termes, exclusivement des examens du poumon et s'en laver le mains.
Nous croyons que, quant à passer un examen comme celui-là, cela
peut renseigner le médecin de famille de savoir réellement ce que
son patient a en plus des troubles strictement respiratoires.
M. Lecours: M. Grégoire, je voudrais savoir pourquoi le Dr
Cartier n'employait pas la méthode internationale pour lire les
radiographies? Vu qu'il travaillait à temps partiel, je suppose qu'il a
trouvé une méthode pour être acceptée par la
commission, présentement.
M. Tessier: Le Dr Duval va répondre à cette
question.
M. Duval: M. le Président, le Dr Cartierest un de ceux qui
ont contribué à établir ce code international, il y a de
cela plusieurs années. Le Dr Cartier a toujours fait partie du
comité de lecture de films et c'est lui qui a contribué
énormément, par son expérience, à établir ce
code international. Alors, il l'employait.
M. Grégoire: A mon point de vue, si je peux
répondre ici partiellement à la question que M. le
député vient de poser, depuis deux ou trois ans, nous avons, dans
la lecture de films du Dr Cartier,
une lecture de films faite selon la classification internationale. Il
faut tout de même dire que cette nouvelle classification est une nouvelle
classification internationale. Nous l'avons discutée. Nous étions
à Bucarest et nous étions un groupe, non seulement du Canada,
mais de 39 pays pour discuter de cette classification pour en arriver à
une classification. Enfin, elle est entrée en vigueur vers juillet ou
août I972. Alors, je pense que, depuis ce temps, je suis revenu fier de
revenir comme avec un trophée, avec une nouvelle classification et nous
avons commencé, aussitôt qu'elle a été en vigueur,
à l'appliquer parce qu'elle a des avantages sur l'ancienne. Mais cela ne
veut pas dire que l'ancienne ne valait rien, mais elle n'était pas
autant à la pointe que peut l'être la nouvelle classification pour
nous renseigner surtout dans les cas d'augmentation des images
linéaires.
Lorsque nous faisons nos recommandations, elles sont basées sur
toutes ces données et nous demandons, la plupart du temps... Le patient
nous dit où il travaille. S'il est renduqu'il travaille à
l'extérieur, il est certain qu'il n'y a pas de problème quant
à la quantité de poussière qu'il a. S'il travaille
à l'intérieur et si nous n'avons pas de données
suffisantes pour être capables de savoir s'il peut retourner ou pas, nous
allons demander, dans un certain nombre de cas, à la Commission des
accidents du travail, de nous fournir les données des dernières
enquêtes industrielles pour nous dire où en est rendu le
degré de poussière.
Dans certains cas, nous savons que le degré de poussière
était trop élevé mais qu'il y a eu amélioration
considérable. Nous demandons au patient, si on le changeait d'endroit,
s'il pourrait se trouver une place à l'extérieur ou autrement,
s'il est réellement attaqué et atteint de façon assez
importante, nous allons demander qu'il soit mis en dehors de la
poussière.
Vous savez, là aussi, ce qui semble ne pas être humain peut
l'être plus la semaine suivante. Il y a deux semaines, en arrivant ici,
il y avait un monsieur que je me souvenais avoir vu ici, je l'ai salué
en lui demandant: Comment ça va? Et il a dit: Oui, cela va bien,
docteur, depuis que vous m'avez sorti de la poussière, j'ai 20% et je ne
trouve pas d'emploi, ça va très bien. Lorsqu'on a eu ça,
on se dit: Si le patient a été 35 ans ou 40 ans à
travailler dans la poussière, dans des concentrations de
poussière qui, il y a 30 ans ou 40 ans, d'après les rapports de
l'ingénieur, étaient dix, quinze ou vingt fois plus fortes
qu'actuellement, et si cela a pris tout ce temps pour commencer à
développer une amiantose et qu'il est rendu à 58 ans, ce n'est
pas vieux, mais, sur le marché du travail, il paraît que c'est
assez difficile de trouver un emploi.
Pour terminer ce cas, nous avons remis un certificat de retour au
travail au patient mais à la condition toujours à la fin
de nos rapports qu'il ne soit pas exposé à des
concentrations de poussière... à la condition qu'il retourne dans
un endroit où la concentration de poussière est inférieure
au seuil de tolérance. Je disais, avant: Les limites permises. Mais il
paraît que c'est plus français de dire: Au seuil de la
tolérance.
C'est ce que nous disons actuellement. Alors, vous comprenez que ce
n'est plus à nous de décider parce que nous avons donné ce
que nous croyons être le mieux, quitte ensuite, soit de la part du
médecin de la compagnie... je ne sais pas comment ça fonctionne
une fois rendu là, mais je sais que la Commission des accidents de
travail fait parvenir un rapport de nos recommandations à qui de droit.
Pour nous, ça se termine là, nos recommandations. Nous
avertissons cependant le malade, nous allons lui dire que nous aimerions le
revoir, si c'est un individu qui est jeune, s'il a 42 ans ou 45 ans, il lui
reste encore 23 ans d'emploi possible. Il commence déjà à
faire, je ne sais pas, on ne parle pas seulement d'amiantose, on parle de
silicose, on parle de byssi-nose, une ou l'autre de toutes ces maladies
industrielles qui nous sont référées. Nous demandons qu'il
soit recyclé par le service de recyclage de la Commission des accidents
de travail. Je ne sais pas si aujourd'hui ce service est aussi
développé que la commission voudrait le voir, mais il est
d'importance primordiale si on veut rendre à ce patient de 40, 42 ou 45
ans, des possibilités de travailler dans un endroit où il n'y a
pas de poussière, mais dans un endroit où il ne se sentirait tout
de même pas complètement démuni. S'il a été
vu par des psychologues orienteurs et si on l'a orienté dans une
nouvelle direction, une fois qu'il aura été orienté, il
pourra encore une fois gagner sa vie, mais aussi rendre service à la
société, à sa famille et à lui-même. Parce
que je crois que ce n'est pas se rendre service que de dire: On n'est plus
capable de rien faire à 40, 42 ou 45 ans. Je pense que c'est une chose
très importante.
Pour ma part, j'ai été très heureux de voir,
l'autre jour, que le ministre Massé demande, suggère que ces gens
soient réhabilités et avec tout le... c'est peut-être vous,
M. le ministre, qui avez dit ça, je ne sais pas. De toute façon,
j'ai vu quelque chose qui nous plaisait énormément, parce que
ça permettra à ce travailleur de se réhabiliter même
s'il gagne plus. On en a en effet quelques-uns qui ont changé de
profession et ont plus de revenus que lorsqu'ils travaillaient dans la
mine.
C'est pour parler de la philosophie arriérée que nous
avons, que nous sommes censés avoir, que j'ai cru entendre que nous
avions à la commission. Nous croyons que c'est juste que le
réclamant, qui a laissé une partie de sa santé dans le
moulin, dans les mines ou dans n'importe quelle industrie, si la maladie qu'il
présente est en rapport avec son travail, ait une
rémunération proportionnelle à sa diminution de fonction,
même si ce patient a plus de 65 ans et même si, normalement, il
n'est plus sur le marché du travail. Cela a évolué, je
peux vous le dire. Je me souviens qu'au temps de mes études, il
était question de compenser pour la perte de capacité à
gagner. Ce n'est plus cela.
Le Président (M. Séguin): L'honorable ministre du
Travail.
M. Cournoyer: Juste une question dirigée au Dr
Grégoire, mais dirigée à M. Tessier, en
particulier.
Tout ce que le Dr Grégoire vient de nous dire,
c'est une précision manifeste, c'est-à-dire qu'on arrive
avec un degré d'incapacité qu'on a établi avec tous les
calculs possibles et en fonction, bien sûr, d'une perte de
capacité respiratoire et non pas en fonction d'un traitement qu'on doit
subir en entrant dans un hôpital parce qu'on est près de la tombe.
Cette partie-là, je l'ai comprise.
Celle que je comprends moins et que j'aimerais que, dans les jours qui
viennent, la Commission tente de m'expliquer, et d'expliquer aux membres de la
commission, c'est non pas l'attitude des spécialistes ou de ceux qui
examinent, mais que fait-on avec la conséquence?
Quand on dit, par exemple, qu'un individu a perdu le
pouvoird'allertravaillerdans une mine, il a vu, selon l'évaluation, la
capacité totale qu'il avait réduite de 20%, par exemple. Ces 20%,
cette incapacité physique l'empêchent de continuer à gagner
sa vie à l'endroit où il la gagnait avant. Cela l'empêche
aussi de gagner sa vie dans la région où il la gagnait avant, si
la région est une région comme celle de l'amiante. Ce n'est pas
facile de retrouver des emplois dans une région comme celle de
l'amiante, à moins qu'il y ait autre chose que de l'amiante.
L'exposition à la poussière, c'est vrai pour toute la
région de l'amiante. On ne parle pas que de l'industrie, mais on parle
également de la pollution environnante.
La question que je pose au président de la commission est la
suivante: Cette incapacité de gagner sa vie dans l'industrie dans
laquelle l'individu a gagné une très grande partie de sa vie et
dans laquelle il a laissé 20% de sa capacité, cette
incapacité de gagner sa vie, est-ce que la commission la compense d'une
façon ou d'une autre?
M.Tessier: Oui, M. le Président. Lorsque, après un
examen médical comme celui qu'on vient de décrire, le travailleur
est trouvé atteint d'une incapacité, suite évidemment,
à une maladie industrielle, on lui accorde une indemnité
basée sur les barèmes et sur la loi telle qu'elle existe.
Si, dans le rapport comme vient de le mentionner le Dr
Grégoire on recommande que l'individu ne soit plus exposé
à la poussière et qu'on recommande par conséquent, qu'il
ait un autre emploi, il est immédiatement référé au
service de réhabilitation.
M. Cournoyer: Cette partie, je la comprends aussi très
bien, le Dr Grégoire l'a expliquée. Ce que je m'explique
difficilement et peut-être que vous avez une explication
c'est qu'en définitive, l'incapacité de 10% est une
incapacité totale dans le cas d'un mineur d'amiante. Il ne peut pas
gagner sa vie dans l'amiante.
M. Tessier: Comme tel, non.
M. Cournoyer: II est rémunéré, par exemple,
sur une base de 20%, très scientifiquement établie; on lui dit
qu'il a une incapacité permanente de 20%, IPP, que vous appelez.
Là, il est correct, parce qu'on va le payer jusqu'à la fin de ses
jours, parce que c'est une incapacité permanente.
Mais son incapacité, qui peut être temporaire, c'est de
gagner sa vie. C'est une incapacité que moi je peux regarder ici
peut-être avez-vous une autre explication comme une
incapacité totale temporaire, ITT, et non pas IPP, qui découle de
l'IPP. Vous comprenez ce que je veux dire?
M. Tessier: Je comprends très bien.
M. Cournoyer: II y a un type qui se promène ici depuis
cinq ans, je pense bien que c'est ce cas, c'est sa décision à
lui. A un moment donné, on lui reconnaît une incapacité de
10%, je pense, mais une incapacité totale de gagner sa vie dans les
mines où il travaillait avant. Son métier, c'est un métier
de mineur. Tant qu'il n'a pas trouvé un autre métier, est-ce
qu'il n'est pas dans une incapacité totale temporaire?
M. Tessier: Nous considérons que, sur une période
de deux ans, nous avons justement une indemnité que nous payons, que ce
soit à un mineur ou à un autre. Cela peut être un menuisier
aussi; cela peut être un plâtrier. Du moment que c'est un
accidenté du travail, qu'il soit un accidenté physique ou atteint
d'une maladie industrielle, nous le référons, comme je le disais,
au comité de réhabilitation sociale et nous continuons de lui
payer une indemnité totale pendant une période de deux ans. Cela
veut dire que nous essayons de le recycler et de lui trouver un emploi, un
emploi qui peut convenir à sa condition physique. C'est comme cela que
la commission a procédé, à ce que je sache, depuis de
très nombreuses années.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas lieu de modifier cela. Quant
à la commission, personnellement, je suis bien ouvert à toute
modification qui pourrait l'améliorer davantage. Je crois d'ailleurs que
cela s'est fait au cours des dernières années, parce que, avec
les années, les indemnités payées aux accidentés du
travail ont été étendues. Il y a quelques années il
n'y avait pas d'indemnité qui continuait de payer pendant la
période de recyclage.
Aujourd'hui et depuis quelque temps avant que je sois à la
commission, d'ailleurs, on n'a rien changé depuis ce temps on le
fait à la commission. Cette période devrait-elle s'étendre
davantage? Evidemment, c'est possible. Il faudrait que ce soit
réétudié. Je pense que c'est précisément ce
que le comité d'étude actuel fait. Je parle du comité
Gauvin, il étudie justement si nous donnons entièrement
l'indemnité que l'accidenté doit recevoir. N'y a-t-il pas lieu de
l'augmenter? Si oui, dans quelle proportion et de quelle manière? C'est
présentement à l'étude et j'espère qu'on trouvera
le moyen...
M. Cournoyer: Je vous pose la question.
M. Tessier:... d'en arriver à une indemnisation
complète. Il est évident que la Loi des accidents du travail,
telle qu'elle existe, M. le Président, ne compense pas le travailleur
dans son entier. Nous compensons une intégrité physique, c'est ce
que la loi dit; mais nous ne compensons pas, par exemple,
les souffrances morales, tous les inconvénients qu'une maladie
industrielle ou qu'un accident du travail peuvent occasionner à
l'employé comme la chose se fait en vertu du droit commun. Celui qui
poursuit à la suite d'un accident d'automobile réclame pour perte
de la jouissance de la vie, pour un tas de choses dont la cour tient compte.
Mais, la Loi de la commission des accidents du travail, depuis qu'elle existe,
depuis 1931, nous oblige à compenser uniquement la perte
d'intégrité physique. N'y aurait-il pas lieu d'apporter des
amendements à la loi pour la bonifier en faveur des accidents du
travail? Je suis parfaitement d'accord, quant à moi, pour qu'elle soit
améliorée dans ce sens. Mais, évidemment, il faut peser
les avantages et les inconvénients. Je pense bien que ce n'est pas ici,
ni à ce moment qu'on sera en mesure de trancher la question, parce que
c'est une question assez complexe sur laquelle tout le monde devrait se
pencher. Parce qu'il ne faut pas perdre de vue que, la Commission des accidents
du travail, qu'est-ce que c'est, en somme? C'est une mutuelle d'assurance.
C'est cela, une mutuelle d'assurance, la Commission des accidents du
travail.
M. Roy: Pour protéger les employeurs.
M. Tessier: Ce n'est pas pour protéger les employeurs,
c'est pour évidemment indemniser...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Tessier:... les accidentés du travail.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tessier: Cela fonctionne.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! J'ai
déjà demandé votre coopération, mesdames et
messieurs. Un instant, s'il vous plaît!
M. Lessard: II faut bien qu'ils se défoulent un peu, ils
ont leur voyage.
Le Président (M. Séguin): Oui, je comprends. D'un
autre côté, j'ai demandé votre coopération. J'ai
demandé que vous respectiez le silence voulu afin de faire entendre ceux
qui font leur exposé ou les questions qui sont posées par les
membres de la commission. Donc, encore une fois, je demande votre
coopération, s'il vous plaît, je vous prie de ne pas vous exprimer
d'une façon ouverte. Continuez.
M. Tessier: Je termine, M. le Président, sur ceci. La
Commission des accidents du travail est un organisme qui est chargé
d'appliquer la loi que l'Assemblée nationale le charge d'appliquer.
Alors, nous ne pouvons pas aller plus loin, ni moins loin d'ailleurs, que les
pouvoirs et les obligations que la loi nous donne. Si l'Assemblée
nationale décide de modifier cette loi en profondeur, nous nous
conformerons à l'application de la loi. Depuis 1931, je crois que c'est
toujours de cette manière que la Commission des accidents du travail a
été dirigée.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais savoir, si on me
permet, à ce moment, parce qu'on a parlé de deux ans...
Le Président (M. Séguin): Sur le même
sujet.
M. Roy:... d'accorder un bénéfice pendant deux
ans...
M. Tessier: Oui.
M. Roy:... j'aimerais savoir du président de la commission
si cette période de deux ans est considérée pour tous les
groupes d'âge, c'est-à-dire si c'est la même chose pour les
personnes de 30 ou 35 ans, comme cela peut l'être pour des personnes de
50 ou 55 ans.
M. Tessier: Oui.
M. Roy: Vous n'avez jamais tenu compte à ce moment, au
niveau du recyclage, des difficultés additionnelles qui peuvent se
poser...
M. Tessier: Non, c'est...
M. Roy: ... à des personnes qui dépassent 50
ans?
M. Tessier: Non.
M. Roy: Quels sont les empêchements qui vous ont
empêché d'en tenir compte?
M. Tessier: Ecoutez, je ne pourrais pas, je pense bien,
répondre à cela, parce que c'est un règlement qui existait
à la commission lorsque j'y suis arrivé. Quels sont les motifs?
Peut-être que d'autres ici qui sont à la commission depuis plus
longtemps que moi, soit le vice-président ou M. Mathieu, qui
étaient là bien avant moi à la commission, pourraient
donner les raisons qui ont motivé cette période. Je ne pourrais
pas l'expliquer.
M. Roy: Pourquoi cette modification du règlement, parce
qu'il semble que ce soit un règlement interne, pour quelle raison ce
règlement n'a-t-il pas été modifié? J'aimerais le
savoir.
M. Tessier: II faudrait demander à ceux qui étaient
là au moment où cela a été fait.
M. Jodoin (Jean-Marc): M. le Président, si vous me le
permettez, il ne s'agit pas d'un règlement, mais bien d'une directive de
la commission en interprétation de l'article 37-4 de la loi. L'article
37-4 dit: "La diminution de capacité de travail est
évaluée autant que possible d'après la nature de la
lésion, mais en tenant compte aussi de l'aptitude de l'ouvrier à
reprendre le travail au cours duquel il a été blessé ou
à s'adapter à quelque autre occupation appropriée." Notre
directive porte le numéro 30. Si
vous voulez, cet après-midi, nous pourrions vous la distribuer et
voir de quelle façon on applique l'article 37-4, ce qui donne un
supplément au réclamant dont l'incapacité peut être
minime, mais parce qu'il ne peut reprendre un travail quelconque.
Le Président (M. Séguin): Je reviens au Dr
Le-cours, au député de Frontenac, excusez-moi, pas de commercial
ici.
M. Lecours: Les Drs Mikeans et Gougoux sont de grands
spécialistes en pneumologie, à mon avis, mais et je trouve que
$25 par cas, ce n'est pas assez pour les autres. Je reviens encore aux fameux
$150 pour le Dr Grégoire. Vous allez nous expliquer, Dr Grégoire,
pourquoi vous recevez $150 pendant que les autres spécialistes, comme
vous avez dit tout à l'heure, qui étaient de grands
spécialistes, reçoivent $25? On va décortiquer les $150
pour expliquer.
M. Grégoire: J'ai cru tantôt avoir répondu,
mais je me rends compte que ce n'est pas clair. C'est bon de revenir
là-dessus. Je reçois $125 pour l'analyse, c'est ma
spécialité, et pour des tests de physiologie, $125 pour cela.
C'est ce qui est donné par la régie pour les
spécialistes pour l'interprétation des tests de physiologie dans
un laboratoire de physiologie il n'y en a pas des centaines dans la
province quand on a environ 100 déterminations à analyser,
c'est pour cette étude et cette analyse. C'est à part,
complètement. Pour la réunion, c'est-à-dire lorsque nous
nous rendons à la réunion l'après-midi ou le matin, selon
le jour, lorsque nous faisons... Maintenant, nous en faisons une
l'après-midi et l'autre le matin, au comité de pneumoconiose.
J'ai $25 exactement, comme les autres membres de la commission,
c'est-à-dire exactement $25 pour cet après-midi. Ce sont deux
choses complètement séparées.
En d'autres termes, je pourrais... Cela a déjà
existé comme ça. J'étais consultant pour la Commission des
accidents du travail. Nous avions parfois un cas, parfois deux cas par semaine,
et j'allais au comité pour donner l'explication, je dirais, tout ce qui
sous-tend... En d'autres termes, ce sont des chiffres que nous avons,
exclusivement des chiffres qu'il faut traduire, à ce moment, en
données cliniques et en adaptation ou diminution d'adaptation à
la fonction respiratoire. C'est cela qui rapporte...
Dans un autre laboratoire, vous faites exactement les mêmes
déterminations. Vous allez, par exemple, vous faire faire les
déterminations, que ce soit à Sherbrooke, à
Montréal, ici, le médecin qui va faire l'interprétation de
tous ces tests, c'est la note qu'il va envoyer à la régie, parce
que c'est basé: 1, 2, 3, 4. Vous savez comment cela fonctionne dans les
laboratoires. C'est envoyé, c'est automatique d'après le nombre
de cas, d'après le nombre, je dirais, de tests qui ont été
analysés.
Or, dans le fond, je travaille, comme c'est là, à rabais,
M. le Président, par rapport à mes confrères. Je veux bien
spécifier, par rapport à mes confrères, pour le même
travail, je travaille ici à moitié prix et on me l'a
reproché, à part cela, parce que je serais un coupe-gorge, comme
c'est là. Mais heureusement que cela s'applique seulement au cas de la
Commission des accidents du travail, et je comprends aussi qu'il nous faut,
pour cela...
Moi, je ne peux pas, il est évident, faire ce travail... Lorsque
je suis en train d'examiner le patient du point de vue clinique, le patient qui
est dans le laboratoire, j'ai des médecins et ceux-ci sont payés
à salaire à même les revenus que je touche, et c'est
là qu'arrive la Clinique Lavoisier, d'où nos revenus sont
"poolés" comment dites-vous? sont mis en commun, de toute
façon, les revenus de tout ce que peut apporter une clinique. Je suis
à salaire, à la clinique, parce que nous avons un personnel de
quatorze. Ceci, ce n'est pas parce que les tests sont faits à la
clinique, mais parce qu'il y a le laboratoire et il y a, ensuite, pour
répondre à... En tout cas, les $25, je les ai comme les autres.
Mais il y a peut-être quelque chose qui est injuste là-dedans, si
vous vous arrêtez à y penser. C'est qu'ensuite j'aurais eu le
même montant, disons, j'aurais eu même plus si cela avait
été fait...
On me demande de faire l'interprétation des tests, comme il
m'arrive d'aller en cour pour d'autres cas, évidemment, des cas de
traumatisme tho-racique où le médecin du patient, par exemple, va
me demander d'aller le défendre en cour. Nous l'avons examiné et
je trouve qu'il a, par exemple, 15% ou 20% ou 18%, et j'en profite ici pour
vous dire ceci: C'est qu'en utilisant les mêmes barèmes que ceux
que j'utilise pour la Commission des accidents du travail, je suis toujours
bien au-delà, pas en dessous, bien au-delà... Chaque fois, j'ai
perdu, pour mon client, une partie de l'IPP, si vous voulez, que je
recommandais, parce qu'en cour, on ne juge pas de la même façon,
et c'est d'autant plus grave je ne fais pas le procès de la cour,
mais je veux tout simplement dire que c'est...
M. Burns:... docteur, continuez. C'est très
intéressant, ce que vous dites.
M. Grégoire: Chaque fois, j'ai été
diminué. Je crois que c'est aussi l'expérience de mes
confrères ici. En utilisant les barèmes que nous avons et que
nous donnons, toujours à cause... Comme je vous le disais tantôt,
parce que nous partons de 100, en partant de l'exemple que nous donnions
tantôt, de 80 à 120. Nous disons: En bas de 100, il est
anormal.
C'est bien sûr qu' en réalité, il est encore parmi
les individus normaux, par rapport à ce que nous donnent nos tables,
à ce que nous donnent nos données. De toute façon,
à ce moment-là, j'aurais le droit, tout simplement pour envoyer
le rapport des tests comme cela, de même que dans n'importe quel
laboratoire de la province de Québec qui existe, de demander c'est le
travail qu'on fait et pour lequel nous sommes reconnus comme étant
experts .
Ce n'est pas moi qui ai fixé le barème. Il donne
actuellement et vous l'avez ici $250.50. Je ne sais pas si cela
peut répondre à votre question. Mais pour le reste, j'ai $25,
comme les autres, ce qui fait $150, mais ce qui arrive, je dicte ce rapport et,
comme je le disais tantôt je voulais le di re et je ne l'ai pas
dis, vous me permettez de le dire actuelle-
ment lorsque l'hôpital Saint-Joseph de Rosemont a
fusionnée avec l'hôpital Maisonneuve, nos patients n'ont plus
été hospitalisés là. C'est sûr que
c'était une situation bien délicate. Nous avions, heureusement
seulement trois ou quatre patients par semaine, avant 1970 ou 1971, il y en
avait beaucoup moins. Mais cela prenait tout de même une chambre, que
nous étions obligés de garder, pour les patients qui sont
malades, j'en conviens, mais qui ne sont pas assez malades pour prendre la
place de grands malades qui sont à l'entrée de l'hôpital et
qui attendent en bas, dans les salles d'urgence. De sorte que nous avons
été assez chanceux, la commission et nous, de trouver chez les
pères Montfortains, des chambres libres apparemment les retraites
sont un petit peu moins à la mode aujourd'hui il y avait de la
place pour héberger ces patients à un coût bien minime, par
rapport au per diem de l'hôpital.
C'est bien entendu, ils sont là pour trois, quatre ou cinq jours,
selon les cas. De là, ces patients sont envoyés un peu partout. A
ce moment-là, le directeur de l'hôpital Saint-Joseph de Rosemont
m'envoyait une lettre me disant qu'il ne pouvait plus continuer à nous
donner ce service du secrétariat, parce que les patients ne sont plus
hospitalisés à l'hôpital.
Si vous me le permettez, M. le Président, puisque la question
revient, je vais vous lire la lettre que je recevais du directeur
médical, le Dr Dominique Lambert, en date du 14 janvier 1974:
Dr. Fernand Grégoire, faisant suite à nos conversations,
la présente est pour vous aviser que le service des archives se trouve
dans l'obligation de discontinuer l'exécution du travail de
secrétariat relié aux expertises de la Commission des accidents
du travail, ceci étant dû à des contraintes
budgétaires.
Comme la cessation de cette activité de travail deviendra
effective le 21 janvier 1974, nous espérons que vous serez en mesure de
prendre les dispositions qui s'imposent en cette circonstances. Il est entendu
et je lui avais fait admettre ceci que le laboratoire de
physiologie respiratoire sera tenu de vous faire parvenir les rapports, les
chiffres, en d'autres termes, des tests qui seront passés
etqu'une copie devra être conservée dans ce service.
Espérant que le tout se trouvera à votre entière
satisfaction..."
Qu'est-ce qui est arrivé à ce moment-là? Je pense
qu'on n'avait pas le choix.
M. Lecours: Dr Grégoire, je pense qu'on va revenir un peu
au sujet. On s'éloigne un petit peu. A l'heure actuelle, les $125 que
vous recevez, dites-vous pour l'interprétation des tests, ce n'est
certainement pas vous qui prenez les prises de sang; les tests respiratoires,
ce n'est pas vous qui les faites non plus. Vous n'êtes pas présent
quand cela se produit, quand ces tests sont faits.
A vous entendre parler, vous êtes le seul à
interpréter les tests. Les autres médecins méritent
seulement $25 parce qu'ils n'interprètent pas les tests. Je trouve cela
un peu étrange que dans un comité de 5 membres, il y en a
seulement qu'un qui est payé $125 pour interpréter les tests
à lui seul. Il a une grosse responsabilité, ce pauvre gars.
M. Grégoire: Si je peux répondre, c'est que, entre
l'interprétation des tests et la discussion des tests, il y a deux
choses. Je passe actuellement tout mon temps à faire le travail de la
Commission des accidents du travail.
M. Lecours: Seulement la Commission des accidents du travail, pas
d'autres patients?
M. Grégoire: Actuellement, j'ai fermé mon
bureau.
M. Lecours: Depuis quand?
M. Grégoire: Avant cela je faisais deux
demi-journées par semaine. Cela va en augmentant depuis...
M. Lecours: Vous recevez plus de patients de la commission
maintenant.
M. Grégoire: Oui et je suis pris. Le temps que je fais les
examens de ces patients...
M. Burns: Une question de règlement. Le
député de Frontenac dit en partant: On va revenir sur le sujet.
Il devrait savoirque le sujet actuellement, surtout dans sa région, vise
un paquet de monde en grève pour un problème fondamental, ce
n'est pas le seul, mais, fondamentalement, le problème de l'amiantose.
Si vous vous mettez à gratter pendant deux heures encore, pour savoir
combien le Dr Grégoire reçoit et combien il ne reçoit pas,
je m'en balance. Ce qu'il m'importe de savoir, c'est comment on va
améliorer l'administration de la Commission des accidents du travail.
Vous pouvez peut-être vous faire une petite chicane entre
médecins. Il reçoit plus ou moins, c'est votre problème.
Ce n'est pas le mien. Mais, si vous voulez revenir au sujet, c'est cela la
question de règlement. Le sujet est: Comment est-ce qu'on règle
le problème des gars qui, actuellement, sont en grève chez vous,
M. le député de Frontenac, pour essayer, entre autres, de faire
reconnaître des droits fondamentaux, c'est-à-dire de
reconnaître que l'amiantose est devenue quelque chose d'un peu plus qu'un
détail en passant. Ces gars-là se font fourrer simplement par le
système actuel. C'est cela. Qu'on augmente ou qu'on diminue ce que
reçoit le Dr Grégoire, je pense que cela ne changera rien au
problème.
Le Président (M. Séguin): Je comprends le point de
vue du député de Maisonneuve et je demanderais au Dr Lecours de
continuer puisqu'il a la parole, mais de revenir d'une autre
façon...
M. Lecours: C'est la question de règlement avant. Parce
que je pense que la question financière est une question importante.
Le Président (M. Séguin): Voici...
M. Burns: La question financière des travailleurs.
M. Lecours: Je m'en occupe aussi.
M. Burns: Voyez-y donc!
M. Lessard: Cela fait deux heures qu'on discute.
M. Lecours: Ce n'est pas à cause de mes questions, c'est
à cause des réponses trop longues, peut-être. Je veux en
venir au fait qu'à l'heure actuelle le comité de pneumoconiose a
perdu la confiance des travailleurs de ma région. Ils ne veulent plus
les avoir là. Comment va-t-on faire pour les changer, si on ne prouve
pas qu'à l'heure actuelle, il y a des choses un peu curieuses qui se
passent au niveau de ce comité.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a d'autres experts pour les
remplacer?
M. Lecours: Certainement qu'il y en a d'autres.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre peut nous dire
s'il a l'intention de changer la loi cette année concernant le
comité de pneumoconiose, concernant la directive 30 et 9? Est-ce que le
ministre veut apporter, dans la question d'amiantose, quelque chose de
spécifique si, comme dit le député de Frontenac, le
comité de pneumoconiose doit être dissous? Qu'est-ce que c'est
demain matin pour le ministre qui a la responsabilité?
M. Cournoyer: Le député de Frontenac peut bien
poser des questions qui tentent de faire en sorte qu'on dissolve le
comité de pneumoconiose. Ce sont les questions que le
député de Frontenac a la permission de poser, cela ne veut pas
dire qu'on va changer demain matin et qu'on va ôter le comité de
pneumoconiose. Il y a une chose très claire dans l'argumentation du
député. Il prétend et probablement avec raison, il
est le député de la région que ce comité n'a
pas la crédibilité requise dans la région pour participer
au règlement du problème de l'amiante. C'est une
prétention. Je ne peux pas dire que vous avez raison, M. le
député. C'est une prétention. Maintenant, il y a une
chance à donner au comité de pneumoconiose de recouvrer sa
crédibilité et d'expliquer pourquoi il agit de telle ou telle
manière, sans que, pour autant, on décide, avant même de
les avoir entendus, que ces gens n'ont pas et ne devraient pas avoir de
crédibilité. C'est un procès d'individu que je n'ai pas
l'intention de faire.
M. Bellemare (Johnson): ...de piastres et de cents qui n'est pas
de mise quand il y a un problème d'amiantose.
M. Cournoyer: Là-dessus, je rejoins le
député de Maisonneuve. Dans les questions de piastres et de
cents, on n'a qu'à suivre les règles de la régie et on
paie ce que cela vaut.
M. Burns: C'est cela.
M. Cournoyer: ... et ce qui est évalué
déjà ailleurs.
M. Burns: J'aimerais que le député de Frontenac
s'enquière auprès du Dr Grégoire ou auprès d'un
autre membre qui est près du comité de pneumoconiose, qui sont
les spécialistes au Québec actuellement en matière de
pneumoconiose et si on destitue le comité actuel, est-ce qu'on a
d'autres personnes qu'on peut utiliser au Québec pour les remplacer au
comité de pneumoconiose?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît. La commission suspend ses travaux sine die ce qui veut dire en
réalité que nous reviendrons reprendre nos travaux, probablement,
une fois l'appel des affaires courantes en Chambre, après la
période des questions, donc entre 16 heures et 16 h 15, vers cette
heure.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 16 h 30
M. Séguin (président de la commission
permanente du travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A
l'ordre, messieurs!
Pour la séance de cet après-midi, M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal) et M. Harvey (Charlesbourg)
reprend son poste, donc il remplace M. Brisson (Jeanne-Mance).
Le député de Frontenac.
M. Lecours: M. le Président, j'aurais une dernière
question à poser. J'aimerais savoir du juge Tessier, président de
la CAT, s'il est disposé à faire réviser tous les dossiers
et radiographies antérieures des mineurs des mines d'amiante et surtout
les dossiers pour ceux qui sont atteints d'amiantose mais non compensés
à 100%.
M. Tessier: Certainement, M. le Président. D'ailleurs, je
rappellerais au député de Frontenac qu'il y a eu une
déclaration ministérielle du ministre des Richesses naturelles en
date du 8 avril. Justement, cette déclaration ministérielle
mentionne bien que tous les dossiers sans exception des mineurs d'amiante
doivent être révisés. C'est certainement l'intention de la
commission de se conformer au désirexprimé parle ministre des
Richesses naturelles.
M. Lecours: Merci. Terminé pour moi.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, je m'en voudrais, en
tant que député de Richmond, dont la plus grande partie des
activités économiques est centrée sur la mine d'amiante
d'Asbestos, de ne pas participer aux échanges de points de vue sur le
rôle et l'efficacité de la Commission des accidents du travail,
particulièrement en ce qui a trait à la maladie industrielle
qu'est l'amiantose.
En tant que fils d'un mineur qui travaille déjà depuis
plus de 25 ans dans une mine d'amiante et pour y avoir travaillé
personnellement pendant plusieurs mois, je voudraisfaire part à mes
collègues de même qu'aux officiers de la Commission des accidents
de travail, de quelques remarques et interrogations de mon milieu.
Le Dr Lecours a évidemment touché beaucoup de points dont
j'aurais voulu traiter et je voudrais l'assurer que je partage
entièrement ses propos, même les reproches qu'il a adressés
à l'Opposition et en particulier au député de Johnson,
pour l'inertie dont il a fait preuve relativement au problème de
l'amiantose, tant lorsqu'il était ministre du Travail que
président de la Commission des accidents du travail.
Je désire également souligner à la Commission des
accidents du travail qu'à l'instar du député de Frontenac,
j'estime que le comité de pneumoco niose a perdu la confiance des
travailleurs de l'amiante.
Il est évident, que le député de Johnson aime cela
ou non, que les travailleurs ont porté un jugement de valeur sur les
membres du comité de pneumoconiose et qu'ils estiment qu'ils sont vendus
aux compagnies minières.
Ce phénomène de non-confiance n'est pas dû
uniquement aux déclarations inquiétantes du docteur Cartier, mais
aux nombreux jugements qu'a rendus le comité depuis de nombreuses
années.
Comment voulez-vous, messieurs du comité de pneumoconiose, qu'un
travailleur à qui vous reconnaissez 20% d'incapacité et qui est
complètement ruiné physiquement, puisse être satisfait du
faible taux d'incapacité que vous lui reconnaissez?
Le docteur Grégoire mentionnait ce matin qu'il accordait le
bénéfice du doute aux travailleurs, mais ce
bénéfice du doute demeure très faible. Si vous
désirez vraiment prouver aux mineurs que vous leur accordez le
bénéfice du doute, il faudrait, comme premier pas à
franchir, admettre que les mineurs qui travaillent depuis 25 ou 30 ans dans la
mine, et qui sont atteints d'une maladie cardiaque, puissent obtenir gain de
cause et être indemnisés au même titre qu'un porteur
d'amiantose à 100%.
J'ai vu de nombreux dossiers et je peux vous dire que l'argument que
vous apportez sera de dire qu'il est dommage, mais que vos spécialistes
ne peuvent établir de relation de cause à effet entre la maladie
cardiaque et la présence d'amiante sur les poumons du travailleur.
Mes chers médecins du comité de pneumoconiose,
êtes-vous en mesure d'évaluer réellement le degré de
nocivité de l'amiante sur les poumons? Je pense que les recherches
médicales dans ce domaine ne sont pas assez poussées pour que
vous soyez affirmatifs. Mais est-ce la faute du travailleur si la science ne
sait pas ce qui a pu provoquer sa maladie cardiaque? Est-ce sa faute si la
science ne sait pas si l'amiante sur les poumons en est la cause, de cette
maladie cardiaque? Comment, MM. du comité de pneumoconiose, pouvez-vous
ne pas tenir compte du fait que l'on retrouve beaucoup plus de maladies
cardiaques chez les travailleurs de l'amiante?
Est-ce qu'un gars qui a travaillé pendant 30 ou 40 ans dans une
mine, y a dépensé sa vie, ne peut pas obtenir que vous lui
accordiez véritablement le bénéfice du doute? A l'heure
actuelle, en ne reconnaissant pas la maladie cardiaque comme étant la
cause d'une présence de poussière d'amiante sur les poumons,
à mon avis, vous accordez le bénéfice du doute aux
compagnies minières qui peuvent, croyez-moi, bien mieux assumer une
perte de revenu que l'employé.
M. le Président, je ne voudrais pas faire de sentimentalisme,
mais, quand, en tant que député, vous recevez des gens qui ont
travaillé, pendant 50 ans, dans une mine, à un degré
d'empoussiérage très élevé, qui sont atteints de
maladie cardiaque et, à qui la Commission du travail refuse de
reconnaître une incapacité, cela revient à dire qu'on
laisse crever le gars et que le député ou qui que ce soit ne peut
rien y faire.
Messieurs, en vous abstenant d'indemniser un pareil travailleur, vous
devenez des complices des
compagnies minières, un instrument entre les mains des grandes
compagnies afin, d'une certaine façon, sciemment ou non,
d'écraser le travailleur. Mais, si ces gars ont un niveau d'instruction
relativement peu élevé, cela ne les empêche pas d'apporter
des jugements de valeur sur votre groupe. Ce sentiment de non-confiance des
travailleurs, c'est vous, spécialistes du comité, qui l'avez
créé en ne posant pas les gestes et en ne prenant pas les
décisions que vous deviez prendre. Vous êtes devenus, sciemment ou
non, des associés de compagnies multinationales dans le secteur de
l'amiante. Connaissant la puissance financière de ces compagnies,
lesmineurs doutent de votre intégrité et il faut les
comprendre.
Le ministre a souligné un point très important, ce matin,
en demandant d'indiquer si vous accordez une compensation au travailleur qui,
avec 20% d'incapacité, ne peut se trouver un autre emploi. Est-ce que la
Commission des accidents du travail, d'après son mandat, peut
déterminer, voire fixer le taux d'incapacité en fonction de
critères qu'elle établirait elle-même? Pourquoi est-ce que
le comité de pneumoconiose s'acharne-t-il à plutôt vouloir
s'orienter vers la réhabilitation du travailleur? Cette mesure est
logique et bonne, mais à condition qu'elle soit efficace.
J'ai l'impression, à moins que la Commission des accidents du
travail, chiffres à l'appui, ne puisse prouver le contraire, que la
réhabilitation dont vous parlez est un immense éléphant
blanc. Pourquoi la Commission des accidents du travail n'a-t-elle jamais fait
d'effort afin de corriger une anomalie évidente à
l'intérieur de ses structures et de son mode d'évaluation du taux
d'incapacité?
J'ai pu me rendre compte d'une autre anomalie très importante au
niveau de la Commission des accidents du travail. En effet, le Or
Grégoire disait, ce matin, qu'à l'occasion le comité de
pneumoconiose recommande que le travailleur soit changé de lieu de
travail afin d'être moins exposé aux poussières d'amiante.
Je voudrais être très réaliste et vous dire, messieurs les
spécialistes, que votre patient, de retour au médecin de la
compagnie, est reclassé en très bonne forme et que,
conséquemment, la compagnie fait fi de vos recommandations, n'en tient
nullement compte.
Même s'il n'est pas du mandat de la Commission des accidents du
travail de vérifier si les compagnies minières appliquent leurs
recommandations, ne vous êtes-vous jamais posé la question,
à savoir si la compagnie tient compte de nos recommandations. Bien
sûr, vous n'avez aucun pouvoir de coercition vis-à-vis des
compagnies. Avez-vous, de façon officielle, avisé vos
supérieurs afin de leur souligner le problème? Vous avez
nettement manque', non pas dans les responsabilités que vous
confère, dans ce cas précis, la Loi de la Commission des
accidents du travail, mais vous avez manqué de conscience morale.
N'avez-vous pas toléré cette situation?
Le travailleur que l'on retourne au même emploi, malgré vos
recommandations, c'est tout comme si la décision avait été
prise par la compagnie de le faire mourir plus rapidement; car l'amiante, qu'on
ne se le cache pas, tue à petit feu de nombreux travailleurs. En
définitive, tout le monde est responsable de cette situation, mais,
à mon avis, encore davantage ceux qui connaissaient le problème
et l'ont laissé de côté de fapon systématique. Il
est une autre dimension qu'il me faut aborder et qui ne peut être
détachée de la Commission des accidents du travail. Il s'agit de
l'aspect préventif. Il est du devoir et de la responsabilité du
comité de pneumoconiose de recommander l'assainissement des conditions
atmosphériques à divers endroits où les conditions ne sont
pas satisfaisantes.
Les compagnies minières, qui sont ici pour faire de l'argent,
choisiront, le plus souvent possible, les solutions qui réduiront le
moins possible leurs bénéfices. Je n'hésite pas à
affirmer qu'à mon avis aucune politiq ue qui sera mise de l'avant, et
visant la prévention, ne sera respectée tant et aussi longtemps
qu'il en coûtera moins cher aux compagnies de mal payer leurs victimes
des maladies industrielles que d'investir dans des équipements qui
protégeront davantage la santé des travailleurs. Ainsi, je crois
que toute la philosophie qui sous-tend les décisions qui sont prises par
le comité de pneumoconiose devra être modifiée et
orientée vers de meilleurs critères d'évaluation du taux
d'incapacité. Si les médecins qui sont au comité de
pneumoconiose veulent continuer ce que j'appellerais leur routine habituelle
d'aide aux compagnies, qu'ils démissionnent de leur poste de
façon pure et simple.
Je pense que le problème de l'amiantose qui est soulevé
devait l'être. Il ne faudrait cependant pas se contenter d'en discuter et
de formuler des voeux pieux. Il faudra faire preuve de fermeté et
prendre toutes les décisions qui s'imposent. D'ailleurs, si aucun
changement ne se produisait, cela ne pourrait être
bénéfique aux compagnies minières qu'à très
court terme puisque je suis persuadé qu'avec la détermination des
travailleurs de l'amiante, cela ne ferait qu'aggraver un problème qui
pourrit depuis déjà trop longtemps.
Je voudrais maintenant, M. le Président de la commission, vous
poser quelques questions et j'espère que, si M. Grégoire
répond, il pourra le faire de façon assez concise.
Pourriez-vous, nous assurer que l'examen annuel du mineur se fait avec
des appareils qui sont toujours suffisamment perfectionnés, afin de
déceler les symptômes de maladies respiratoires et, en
particulier, de l'amiantose?
M. Tessier: Je crois que, sur cette question, le Dr Duval est en
mesure de répondre à savoir comment on procède pour faire
les examens et les renouvellements de permis de mineurs.
M. Duval: M. le Président, sans doute que le
député de Richmod est un peu au courant de ce qui se passe chez
lui. Vous avez passé un examen médical quand vous avez
travaillé dans la mine, vous, à Asbestos?
M. Vallières: J'ai travaillé à titre
d'étudiant pendant quatre étés.
M. Duval: Avez-vous passé un examen médical?
M.Vallières: J'ai passé un examen médical,
oui, très sommaire.
M. Duval: Avec une radiographie-pulmonaire? M.
Vallières: Oui.
M. Duval: Bon!
Evidemment, l'examen de préembauchage est supposé
être un examen plus élaboré que l'examen annuel, mais si
vous voulez parler d'examens annuels, cela se fait par un examen physique qui,
pour les jeunes, évidemment, n'est pas toujours très long, je
l'admets, surtout quand il y a eu un premier examen et que tout était
normal, le médecin peut passer un peu plus vite.
La radiographie pulmonaire, elle, est censée être prise
tous les ans et envoyée pour lecture. Actuellement, cela se fait
à la Commission des accidents du travail. Si le film n'est pas bon, on
demande tout simplement de le reprendre, comme cela se fait dans les
hôpitaux. Dans les hôpitaux, il n'est pas question de traiter un
patient et d'essayer d'interpréter de mauvais films. Soyez
assurés qu'en ce qui me concerne, moi, il n'y a jamais un mauvais film
qui soit accepté, jamais. Je le fais reprendre jusqu'à ce que
j'aie un bon film. Si je n'ai pas de bon film, je m'enquiers auprès des
autorités médicales et je leur demande: Qu'est-ce qui ne va pas
avec votre appareil ou avez-vous une technicienne capable de prendre un rayon
X? Cela va là. A la fin, évidemment, si ça ne marche pas,
on vérifie l'appareil.
J'en profite pour dire, ici, qu'il y a des endroits, dans la province de
Québec, où j'ai demandé de renouveler les appareils de
rayons X, et j'ai même suggéré cela, l'été
dernier, à Thetford Mines, lors d'une réunion médicale
où était le député de Frontenac, et j'en ai
profité pour lui demander de faire des pressions auprès du
gouvernement pour obtenir un bon appareil de rayon X à certains
endroits. Je ne l'ai pas obtenu encore. On travaille avec les outils qu'on a et
les délais sont là aussi.
M. Vallières: Merci.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Cournoyer: Je voudrais poser une question incidente à
cela. Comment se fait-il que ce n'est pas la commission elle-même qui est
possesseur de ses propres appareils? Comme cela, elle pourrait les
contrôler.
M. Duval: Excusez-moi, je n'ai pas saisi. M. Cournoyer: On
ne se comprend pas là. M. Duval: Je n'ai pas saisi.
M. Cournoyer: Comment se fait-il que la commission fait affaires,
pour les radiographies, par exemple...
M. Duval: Ah oui! M. le ministre, l'organisation des cliniques
minières, il faut que je vous en parle parce que vous me posez une
question qui concerne...
M. Cournoyer: Non. Je pourrais aller dans l'histoire, mais
j'aimerais mieux qu'on se restreigne à aujourd'hui.
M. Duval: Aujourd'hui...
M. Cournoyer: Supposons que je dise: Je suis le ministre
responsable, je ne comprends pas une miette que vous n'ayez pas votre propre
équipement. Achetez-le. Dites-moi pourquoi vous ne devriez pas
l'avoir.
M. Duval: Premièrement, comprenez-vous, si la commission
avait un appareil de rayonsX, il faudrait avoir une équipe d'entretien
qui voie à ce que ces appareils fonctionnent. Assez souvent, lorsque
nous sommes dans des endroits éloignés, comme Chibougamau, la
Côte-Nord, Gaspé, cela demanderait une organisation assez
complexe. La commission n'a pas acheté d'appareils tout simplement parce
que, dans ces endroits, un appareil de rayons X, c'est coûteux, et
surtout coûteux au point de vue de l'entretien et de la technique. Une
technicienne en radiologie coûte cher. Pour en avoir une
compétente il faut payer un bon prix. Alors, il y aurait double emploi.
A Gaspé, où il y a 2,000 mineurs, disons que la commission a son
appareil, et cela prend le temps d'une technicienne à l'année.
L'hôpital local doit avoir un appareil et actuellement ces petits
hôpitaux n'ont pas assez de matériel. Je dirais qu'il y a des
hôpitaux qui devraient avoir un appareil de rayons X un peu plus
perfectionné et un autre pour faire la routine. Comme il n'y a qu'un
appareil et qu'une technicienne et que la population est de 5,000 à
6,000 âmes, comprenez-vous, cela prendrait un autre appareil. Cela arrive
à Chibougamau, cela arrive à Gaspé actuellement, cela va
arriver sur la Côte-Nord, etc. Voyez-vous, s'il y a une organisation
convenable dans chacun de ces hôpitaux, on peut suffire aux besoins de la
population et des mines. A un moment donné, l'achat des appareils,
l'entretien, tout cela se confond et les mines paient à l'hôpital
le coût des radiographies.
M. Roy: Si j'ai bien compris, vous venez d'admettre... J'aimerais
avoir bien compris, quand même, M. le Président, c'est
important.
Le Président (M. Séguin): Mesdames, messieurs, vous
nous avez donné une coopération totale ce matin, je vous
prierais, s'il vous plaît, de revenir dans le même esprit et de ne
pas interrompre les gens qui posent les questions ainsi que ceux qui
répondent. M. le député de Beauce-Sud, sur le même
sujet.
M. Roy: J'aimerais avoir bien compris. Vous ve-
nez d'admettre qu'il n'y a pas d'appareil de rayons X au bureau central
où les médecins de la Commission des accidents du travail
exercent leurs activités, exercent leur profession? Vous n'en avez pas
au bureau.
M. Duval: Oui, il y en a un juste à côté du
centre de réadaptation.
M. Roy: Non. C'est pour cela que je veux avoir bien compris,
parce qu'il y avait du bruit. Est-ce que vous nous avez bien dit que la
Commission des accidents du travail ne possédait pas d'appareil de
rayons X.
M. Duval: Non. J'ai parlé des endroits
éloignés, de problèmes d'organisation locale. Il faut bien
comprendre. Je vais vous nommer des endroits où il n'y a qu'un
médecin pour desservir une population rurale et minière.
L'exemple typique de cela, c'est à Normétal. Vous avez là
un médecin qui est absolument isolé. Il a un appareil de rayons X
et une garde-malade qui travaille avec lui. Dans le passé, depuis 1960,
on a entraîné à peu près 15 techniciennes
nous-mêmes moi et une de mes assistantes à prendre
des rayons X et àfaire le travail très bien. Je parle d'appareil,
d'équipement insuffisant. Cela peut arriver. Alors, j'espère q ue
cela répond à la question du député de
Beauce-Sud.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: Est-ce que, M. le Président, la
commission pourrait nous indiquer si toutes les catégories de
travailleurs d'une mine, les journaliers, les contremaîtres, les
employés-cadres sont soumis à l'examen annuel?
M. Duval: Oui.
M. Vallières: Tous, les employés-cadres
inclusivement.
M. Duval: Même, on va plus loin. La plupart des mines font
examiner le personnel, toutes les femmes, les secrétaires. Je ne sais
pas si cela existe dans le domaine de l'amiante, mais je sais que, dans les
mines de métaux, cela se fait partout. Admettons.
M. Vallières: Je vais vérifier votre affirmation
parce que plusieurs employés-cadres m'ont dit qu'ils ne passaient pas
l'examen annuel.
M. Lessard: Vous avez la responsabilité de faire appliquer
l'arrêté en conseil 887.
Est-ce que vous êtes capables de nous assurer que toutes les
entreprises minières au Québec, font examiner leurs
employés tel que prévu en vertu de l'arrêté en
conseil 887 et est-ce que vous êtes capable de nous assurer que tous les
employés du secteur minier au Québec possèdent leur
certificat de mineur, comme membres de la Commission des accidents du
travail?
M. Tessier: A ceci, je crois devoir répondre que la
Commission des accidents du travail, en conformité avec le
règlement 887, fait subir les examens de préemploi et les
renouvellements annuels de permis. Toutefois, il ne relève pas de la
responsabilité de la commission de voir si les employés qui sont
engagés par les compagnies minières possèdent ou non leur
certificat, ou si leur certificat est valide ou non, ou a été
renouvelé. Ceci relève des inspecteurs du ministère des
Richesses naturelles. Je voudrais bien préciser ça, ce n'est pas
notre responsabilité, c'est la responsabilité d'un
ministère. Nous n'avons pas d'inspecteurs à la commission pour
vérifier ces choses, mais le ministère des Richesses naturelles a
un service d'inspection et c'est sa responsabilité de voir à ce
que chaque employé qui travaille dans une mine ait son certificat de
mineur. S'il ne l'a pas, ce ministère doit nous le référer
et nous lui faisons subir les examens.
M. Roy: J'aimerais savoir quels sont... On se
réfère toujours, comme à la dernière séance,
à l'arrêté en conseil 887. Qui est chargé de
l'application de l'arrêté en conseil 887? Est-ce que c'est la
Commission des accidents du travail ou est-ce que c'est le ministère des
Richesses naturelles?
M. Tessier: C'est la Commission des accidents du travail en ce
qui concerne les examens.
M. Roy: Qui est responsable de l'application de l'article
887.
M. Tessier: En ce qui concerne les examens.
M. Roy: Quels sont les mécanismes ou les moyens que la
Commission des accidents du travail a mis sur pied en vue de vérifier
si, justement, les mineurs ont subi leurs examens lorsqu'ils sont entrés
au travail et s'ils ont subi leurs examens annuels, tel que stipulé dans
la loi et les règlements?
M. Tessier: C'est le ministère des Richesses naturelles
qui a son service d'inspection dans les mines et qui doit vérifier si
chaque mineur qui travaille dans une mine a subi l'examen, conformément
à l'arrêté en conseil 887 qui est du ressort de la
Commission des accidents du travail.
M. Roy: Ce que je veux savoir à ce moment-ci...
M. Tessier: En somme, il y a deux organismes, pour être
plus clair, qui sont responsables de l'application du règlement 887.
M. Roy: Puisque vous êtes chargé de l'application du
règlement 887, ce que je veux savoir, c'est quels sont les
mécanismes ou les moyens que la Commission des accidents du travail a
pris pour s'assurer que les inspecteurs des mines ont rempli leurs fonctions et
qu'ils ont exigé l'examen obligatoire des mineurs, non seulement au
moment de leur entrée sur le marché du travail dans le domaine de
l'amiante, mais leur examen annuel. Je veux savoir si vous avez des
mécanisme de vérification.
M. Tessier: Je ne crois pas qu'il y ait de mécanisme de
vérification parce que nous ne voulons pas intervenir dans l'application
d'une autre loi d'un autre ministère de qui nous ne dépendons
pas, qui est le ministère des Richesses naturelles, et, lorsqu'on nous
signale que telle ou telle personne n'a pas son certificat de mineur, cela
devient la responsabilité du ministère des Richesses naturelles
d'aviser la compagnie minière et d'empêcher ce mineur de
travailler tant que la commission, par le service du docteur Duval, n'a pas
fait passer les examens.
M. Roy: Est-ce que vous avez déjà été
mis au courant que des mineurs aient été embauchés sans
avoir subi l'examen initial, première partie de ma question.
Deuxième partie de ma question, est-ce que vous avez
déjàété avisé que le certificat
médical n'a pas été renouvelé dans certains
cas?
M. Tessier: Personnellement, je n'ai jamais été
avisé, je n'ai jamais été mis au courant qu'il pouvait y
avoir des employés, dans les mines, qui pouvaient y travailler sans
avoir leur certificat.
En ce qui concerne le renouvellement, je pense que le docteur Duval veut
préciser, dans son service.
M. Duval: Non.
M. Roy: Si vous étiez chargé de l'application du
règlement 887, vous aviez l'obligation de vous assurer que les mineurs
passent leurs examens.
M. Cournoyer: Avant de continuer dans cette ligne. C'est la
même ligne de pensée que mon collègue de Beauce-Sud ou
Nord?
M. Roy: Sud.
M. Cournoyer: La responsabilité de la commission en vertu
de l'arrêté en conseil en question et la responsabilité du
ministère des Richesses naturelles, ce sont deux responsabilités
totalement distinctes, si je comprends bien.
M. Tessier: Oui.
M. Cournoyer: Vous avez à émettre un permis ou un
certificat de mineur, lorsqu'un examen doit être passé, donc un
nouveau mineur et à renouveler ce certificat chaque année.
La police, pour voir si les gars ont leur certificat de mineur,
l'arrêté en conseil ne vous ordonne pas de la faire.
M. Duval: C'est cela.
M. Tessier: C'est exact. Mais il y a des dispositions, par
exemple, au ministère des Richesses naturelles où les...
M. Cournoyer: C'est cela la différence, c'est un peu comme
la police provinciale avec des règlements, elle fait un règlement
et l'autre les observe.
M. Roy: Dans le même ordre d'idée, j'aimerais
savoir, lorsque la Commission des accidents du travail ne semble pas être
au courant, puisque le président vient de nous dire lui-même que
cela n'a jamais été porté à sa connaissance, que
les mineurs n'aient pas leur certificat.
J'aimerais savoir quelles sont les possibilités, quels sont les
moyens que les travailleurs ont pour s'assurer que ces règlements soient
appliqués? J'ai l'impression qu'on se lance la balle, d'un
côté comme de l'autre. C'est un peu comme la pendule. Quand cela
ne fait pas l'affaire, on envoie cela au ministère des Richesses
naturelles, quand cela ne fait pas l'affaire, on envoie cela à la
Commission des accidents du travail. Quand on est coincé, à la
Commission des accidents du travail, on va au ministère des Richesses
naturelles et vice versa. La pendule voyage, comme cela, d'une année
à l'autre.
M. Tessier: Vous avez parfaitement raison, M. le
député. Je crois que cela a été assez bien
expliqué par le ministre du Travail à l'ouverture de la
séance de ce matin, et cela l'avait été par le
vice-président de la Commission des accidents du travail à la
réunion du 10 avril qu'il y a 8 juridictions.
C'est précisément pour cela qu'un comité
interministériel a été formé, sur lequel il y a des
représentants des 8 ministères ou organismes gouvernementaux,
afin qu'on trouve le moyen de confier à un organisme ou à un
ministère, toute la question de la prévention et de la
surveillance également. C'en est unequestion de surveillance, en cequi
concerne les mineurs.
Actuellement, c'est le malheur que nous déplorons, avec vous, M.
le député, c'est que tout le monde s'en mêle.
M. Roy: Oui. Tout le monde s'en mêle...
M. Tessier: Cela passe d'un ministère à l'autre et
d'un organisme à l'autre. Chacun a des responsabilités qu'il ne
peut pas dépasser. Il n'y a aucun doute qu'il manque de coordination
là-dedans, et c'est pour cela que le gouvernement a formé ce
comité interministériel pour essayer de trouver une solution
définitive à ce problème.
M. Roy: Tout le monde s'en mêle, mais personne ne s'en
occupe.
J'ai ici une quarantaine de noms de personnes qui n'ont pas eu à
subir leurs examens médicaux annuels. J'ai le nom des travailleurs pour
la mine Carey Canadian Mines. Il y en a 12 qui n'ont jamais subi d'examen
médical.
M. Tessier: C'est possible.
M. Roy: A partir de là, vous avez un règlement qui
porte le no 887, vous avez la Loi de la Commission des accidents du travail,
dont l'article 109, qui vous dit que vous pouvez organiser à votre
discrétion des cliniques et soumettre à des examens
médicaux les ouvriers exposés à l'inhalation de
poussière d'amiante.
Cela fait 44 ans que la Commission des accidents du travail est
fondée. Aujourd'hui, on est en face de quelle situation? C'est au point
de départ.
M. Lessard: M. le Président...
M. Roy: J'aimerais savoir je m'excuse auprès de mon
collègue de Saguenay actuellement, à ce moment-ci, quels
sont les moyens de recours que les travailleurs ont pour être
protégés et que la loi soit appliquée? Est-ce qu'il y a
des moyens de recours ou s'il n'y en a pas?
M. Tessier: II faudrait poser la question, M. le
Président, au ministère des Richesses naturelles. C'est...
M. Lessard: M. le Président...
M. Tessier: Le ministre du Travail vient d'expliquer que c'est le
ministère qui est chargé de faire la police, si vous voulez,
c'est cela. Nous, c'est du côté technique, pour les examens.
M. Lessard: Mais, M. le Président, c'est que, pour
rejoindre, exactement, la question qui était posée par le
député de Beauce-Sud, je comprends très bien maintenant
qu'il y a deux étapes là-dedans. Lorsqu'il y a engagement d'un
mineur, la compagnie doit lui faire passer des examens et, par l'entremise du
ministère des Richesses naturelles, lui émettre un certificat de
mineur.
M. Tessier: C'est-à-dire que c'est la Commission des
accidents du travail qui émet un certificat aux mineurs.
M. Lessard: D'accord. Donc, la Commission des accidents du
travail, vous émettez un certificat.
M. Tessier: Conjointement, excusez-moi, je ne veux seulement que
compléter, parce que je ne voudrais pas induire les membres de la
commission en erreur. Conjointement, j'ai dit, la Commission des accidents du
travail, mais c'est conjointement avec le ministère des Richesses
naturelles. Le certificat doit être signé par les deux.
M. Lessard: Comment le président de la Commission des
accidents du travail peut-il nous dire que c'est d'abord la Commission des
accidents du travail en relation avec le ministère des Richesses
naturelles qui émet les certificats de travail? Comment peut-on
concilier cela avec le fait qu'il y a des gens, des mineurs, dont la liste est
en possession du député de Beauce-Sud, qui ont eu le
renouvellement de leur certificat de travail, alors qu'ils affirment
eux-mêmes ne pas avoir subi d'examen et de ne pas avoir été
oscultés par des médecins depuis trois, voire cinq ans, alors que
l'arrêté en conseil 887 oblige les mineurs à passer un
examen annuel? C'est une déclaration du président des mineurs de
la Carey Canadian, M. Nazaire Paquet, qui dit qu'il y a des mineurs, dans cette
compagnie, qui ont obtenu des certificats de travail et qui, naturellement,
parce que c'est vous autres qui avez émis ces certificats de travail...
Vous avez donc eu à renouveler ces certificats de travail, parce que
vous avez, j'espère, la liste des personnes à qui vous avez
émis des certificats de travail. Comment se fait-il que ces gens ont des
certificats de travail, ont eu leur certificat de travail renouvelé,
sans être passés devant un médecin? Je ne comprends plus
rien.
M. Cournoyer: Si vous permettez, j'aimerais bien avoir la liste
de ces gens. L'accusation est beaucoup plus portée contre certaines
activités du ministère des Richesses naturelles...
M. Lessard: Non, je regrette, le renouvellement. Il y a eu des
permis renouvelés dans ces cas.
M. Cournoyer: La liste du renouvellement est là.
M. Roy: M. le Président, j'ai une liste ici. Je vais me
référer à la personne qui me l'a remise...
M. Cournoyer: Pour lui demander s'ils peuvent déclarer les
infractions.
M. Roy:... pour voir si vous pouvez en avoir une copie. Je
m'étonne, pour ne pas dire que je suis scandalisé...
M. Cournoyer: Vous êtes?
M. Roy: ... scandalisé...
M. Cournoyer: Ce n'est pas la première fois.
M. Roy: ... de voir, à un moment donné, que je
serai obligé de fournir les noms au ministère du Travail et
à la Commission des accidents du travail. Je pense que ce n'est pas mon
travail de le faire.
M. Cournoyer: Pensez-vous qu'ils sont allés dire qu'ils
n'ont pas de permis?
M. Roy: ... par exemple, la même journée. Si vous en
voulez, je peux vous donner des noms de personnes qui, durant trois ans, n'ont
jamais eu de permis, ni à l'entrée, ni après. Un autre
ici, encore trois ans; un autre ici, un M.Thivierge. Je vais taire le
prénom de la personne. Un M. Labrecque, trois ans, il n'a jamais eu de
permis; un M. Paré, trois ans, jamais eu de permis; un monsieur
Thivierge, un an, jamais eu de permis; un M. Grenier, deux ans, jamais eu de
permis; un M. Villeneuve, quatre ans.
M. Cournoyer: Est-ce qu'on pourrait savoir... M. le
Président, vous pouvez continuer votre liste, vous l'avez.
M. Roy: Ce sont des employés de la Carey Canadian
Mine.
M. Cournoyer: Oui, mais est-ce qu'ils sont assujettis à
l'obligation d'avoir un permis?
Des Voix: Oui.
M. Cournoyer: Vous êtes sûrs de cela?
Des Voix: Oui.
M. Lessard: Ils travaillent dans la mine.
M. Cournoyer: Attendez un peu. Il y a tout un personnel ici qui
est exclu par l'arrêté en conseil. Je ne sais pas si c'est le
paragraphe 9, mais si les occupations sont considérées comme des
occupations exposées aux poussières... Tous les emplois dans les
travaux souterrains et tous les emplois en surface dans les opérations
de concassage de la pierre et du minerai sont des travaux qui sont
exposés aux poussières.
Vous avez un autre paragraphe, c'est le no 9, si je me souviens bien,
qui limite quand même, qui dit qu'il y a certaines personnes qui ne sont
pas tenues d'avoir le certificat de mineur.
M. Roy: Mais, il y en a qui ont obtenu des certificats... de
travail.
M. Cournoyer: C'est cette partie... qui ont obtenu des
certificats."
Entre vous et moi, on pourra au moins faire enquête, le demander
à la commission et dire: Comment se fait-il que vous ayez donné
des certificats comme ceux-là, alors qu'effectivement il n'y a pas eu
d'examen médical selon l'allégation des gens? Posez la question
cet après-midi à M.Tessier ou au comité de pneumoconiose.
Je ne sais pas comment ils appellent cela.
M. Roy: La question est posée. M. Cournoyer: Elle
est posée.
M. Jodoln: M. le Président, est-ce qu'on pourrait quand
même faire, à ce moment, une certaine correction? Je vois ici dans
la salle M. Tanguay, qui est le chef inspecteur des Richesses naturelles et qui
doit voir, je pense, au contrôle de l'émission des permis. C'est
la commission qui, conjointement avec le ministère des Richesses
naturelles, émet le permis d'un mineur, mais l'inspection et le
contrôle, à savoir s'il y a des nouveaux mineurs d'entrés
depuis un an, depuis deux ans, si la commission n'est pas au courant et si ces
mineurs n'ont pas subi d'examen, nous n'avons pas les films et, comme tels,
nous ne pouvons pas vérifier si tel ou tel employé a
été exposé à des poussières de pierre dans
une mine. M. Tanguay est ici. Il connaît très bien le
règlement 887 et je pense qu'il pourrait éclairer la
commission...
M. Cournoyer: Non, M. le Président. La question
posée relève de la Commission des accidents du travail, parce
qu'il y a renouvellement. Il y a des gens qui ont vu leur permis
renouvelé sans, selon leurs allégations, avoir subi l'examen
médical requis en vertu de l'arrêté en conseil dont il est
question. C'est une allégation. Il y a peut-être une explication
à donner. La question posée est: Quelle est l'explication que
vous avez à donner là-dessus? Il ne s'agit pas de personnes qui
n'apparaissent pas sur vos listes. Il s'agit de personnes qui ont obtenu un
certificat de renouvellement, qui ont donc passé, en premier lieu, qui
ont déjà eu le premier... .
M. Jodoin: Sans avoir subi d'examen.
M. Cournoyer: Sans avoir subi d'examen, c'est l'affirmation que
le député de Beauce-Sud vient de faire.
M. Jodoin: Justement, est-ce qu'il y a eu une radiographie?
Est-ce qu'on a été saisi de la radiographie?
M. Cournoyer: Je vous pose la question. M. Roy: On pose la
question.
M. Cournoyer: On ne sait pas la réponse, M. le
vice-président. Si je connaissais la réponse, bien sûr, je
n'aurais pas posé la question. Cette question a été.
posée. Il faudrait qu'on ait d'autres éléments pour que
vous y répondiez, mais cherchez les éléments de
façon que ceux qui ont posé la question puissent être
satisfaits de la réponse, pas nécessairement satisfaits de la
façon dont vous répondez, mais satisfaits d'avoir une
réponse à cela.
M. Duval: M. le Président, si je peux répondre
à cette question, c'est que, pour notre part, nous n'avons jamais
émis de certificat sans avoir une radiographie devant nous. Le sine qua
non de notre procédure, c'est qu'on doit absolument, d'abord, avoir une
radiographie avant de procéder. Sans radiographie, on n'ouvre même
pas de dossier. Donc, on ne peut pas le savoir.
M. Lessard: Le renouvellement?
M. Duval: Le renouvellement, non. Si le type a déjà
subi un examen avec radiographie pulmonaire, il a donc un dossier en bonne et
due forme dans les classeurs de la Commission des accidents du travail
actuellement. Lorsque l'examen annuel revient, il faut avoir un film pour
contrôler. Si on n'a pas de film, cela ne vaut rien. On ne peut pas dire
que ce type a été examiné. C'est la chose dont nous avons
besoin, une radiographie pulmonaire. Il y a des messieurs qui disent qu'ils ont
eu un permis renouvelé sans examen. Je voudrais savoir ici s'il y en a
qui peuvent répondre à cela, s'ils ont eu une radiographie. Cela
se peut qu'ils aient eu une radiographie sans examen médical. Cela se
fait des fois.
Une Voix: J'ai eu connaissance de cela. M. Lessard: M.
Duval...
M. Duval: S'ils ont eu une radiographie et, étant
donné que cela peut être des gens d'un certain âge qui ne
présentent pas de problème médical spécial, la
radiographie apparaît normale, alors, on dit: On n'a pas eu d'examen
physique. On va émettre quand même le certificat, parce que ce
type peut avoir besoin de son certificat. S'il décide de changer
d'emploi, d'aller voir un autre employeur, il lui faut son certificat. A ce
moment, on fait acte de justice envers l'employé en lui émettant
un certificat.
M. Lessard: M. Duval, est-ce que cela se peut que la Commission
des accidents du travail ait normalement émis...
Une Voix: Vous avez ici un type qui n'a pas eu de radiographie
depuis cinq ans...
Le Président (M. Séguin): Je regrette, monsieur. Si
vous avez des commentaires...
M. Lessard: Ce serait bon de le savoir.
Le Président (M. Séguin): C'est très bien,
en temps et lieu, si nécessaire. Messieurs, à l'ordre! Tout se
débat à l'intérieur d'une série de questions par le
député de Richmond. Je reviens au député de
Richmond. La parole à l'intérieur d'une question faisant suite
à une question, on dépasse cela.
Une Voix: M. le Président, c'est une question
pertinente.
Le Président (M. Séguin): Non. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: J'aimerais qu'il vienne témoigner.
Une Voix: Cela fait cinq ans qu'il n'a pas subi d'examen.
Le Président (M. Séguin): Un instant, monsieur. Je
ne connais pas votre nom, d'abord, mais je ne voudrais pas commencer un
débat avec vous. Ce que je veux suggérer tout de suite...
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Séguin): ... c'est que la
commission vous entendra, mais donnez donc votre nom au secrétaire des
commissions pour être entendu.
Une Voix: Mon nom est rendu.
Le Président (M. Séguin): ...en temps et lieu. Je
passe donc, pour le moment, au député de Richmond.
M. Lessard: Non, M. le Président. J'étais en train
de poser une question au Dr Duval.
M. Vallières: M. le Président...
M. Lessard: Si le député de Richmond me permet,
juste une question pour compléter.
M. Vallières: M. le Président, je permettrais au
député de Saguenay de poser une dernière question.
M. Lessard: Je voudrais poser la question suivante au Dr Duval,
suite à la réponse qu'il nous donnait.
Est-ce qu'il est possible qu'après avoir obtenu un certificat de
travail, et naturellement, après avoir passé un examen
parce que là, c'est obligatoire après qu'il y a eu
émission par la Commission des accidents du travail d'un certificat de
travail, que le renouvellement parcequ'il fautqu'il y ait renou-
vellement si cela fait trois ou quatre ans qu'il a eu son certificat de
travail ait pu se faire automatiquement, sans examen?
M. Tessier: M. le Président...
M. Lessard: Ce n'est pas ce que M. Paquet affirme, en tout
cas.
M. Tessier: ... le Dr Duval a dit, je crois, peut-être pas
assez catégoriquement, que jamais la Commission des accidents du travail
n'a émis un renouvellement de certificat de mineur sans que celui-ci ait
subi une radiographie pour le renouvellement de ce certificat. Cela, c'est en
ce qui nous concerne, nous.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): II semble qu'il existe un
doute. Est-ce qu'il y aurait possibilité qu'on puisse en discuter avec
les preuves nécessaires à l'appui de ce qu'on avance de part et
d'autre? Dans le moment, on discute un peu dans le vague.
Je m'excuse, s'il vous plaît!
Une Voix: Vous ne voulez pas les entendre.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! J'ai suggéré, tout à l'heure, la
procédure que vous deviez suivre. S'il vous plaît, donnez votre
nom au secrétaire des commissions. Vous serez appelés, à
votre tour. Entre-temps, il y a une audition qui se fait ici et je voudrais
pouvoir travailler avec une certaine sérénité.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Sur la même
question?
M. Bellemare (Johnson): S'il vous plaît, oui.
M. le Président, est-ce que la commission peut nous dire,
actuellement, dans l'arrêté en conseil 887, si elle a eu à
appliquer le neuvième paragraphe de cette réglementation? Parce
qu'il est dit dans ce paragraphe: Les dispositions du présent
règlement, quand il s'agit de permis, ne s'appliquent pas aux ouvriers
qui sont employés à des occupations exposées aux
poussières pendant plus d'un total de moins de 50 heures par mois.
Est-ce que ce ne sont pas, parfois, ces cas qui peuvent se
présenter?
M. Duval: M. le Président, si vous permettez, je peux
répondre à cette question.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y a des cas comme
ceux-là, d'abord?
M. Duval: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ce n'est pas de ces cas qu'il
serait question présentement?
M. Duval: C'est impossible de contrôler. On ne
peut pas contrôler cela. On ne lésait pas. Par exemple, il
m'arrive de donner un certificat médical à des gens qui peuvent
avoir une radiographie suspecte, douteuse, au début, pour une certaine
période. Justement en accord avec cet article, no 9, si le type n'a pas
d'exposition de plus de 50 heures par mois, il peut travailler. Cela
dépend, par exemple, de la teneur en silice qu'il y a dans une mine ou
dans l'endroit de travail. Si la teneur en silice est très
élevée, il y a des endroits où on ne permet jamais cela.
Par contre, s'il y a une mine où la teneur en silice est faible, il n'y
a aucun risque à laisser travailller un type 50 heures par mois, avec
une exposition qui peut être...
M. Bellemare (Johnson): Sans permis.
M. Duval: Non, avec permis. Il a son certificat. J'émets
le certificat.
M. Bellemare (Johnson): Mais comment cela se fait-il que
l'article 9 dit: Le règlement ne s'applique pas, c'est-à-dire le
règlement du permis? Le règlement 887 dit, à l'article 9:
Le règlement ne s'applique pas quant au permis...
M. Duval: Oui.
M. Bellemare (Johnson): ... quand il s'agit d'ouvriers
travaillant...
M. Duval: II ne s'applique pas, mais en réalité,
c'est bien difficile de dire à un mineur: Va travailler, et ne pas lui
donner de papier.
Il faut toujours expliquer à l'employeur cequ'il a le droit de
faire. Cela équivaut à un permis. A ce moment-là il faut
envoyer un rapport au médecin et à l'employeur pour expliquer la
situation et dire: Ce monsieur peut travailler.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la commission détient
un dossier de ces gens?
M. Duval: Dans les dossiers, il est certain que j'ai quelque
chose, mais vous les donner comme cela, du jour au lendemain, je ne peux pas.
J'ai tout de même 80,000 dossiers, qui couvrent une période de
vingt ans. Je ne peux pas vous fournir des statistiques pour le moment, mais
j'en ai comme cela.
M. Roy: Une question additionnelle. J'aimerais savoir une chose
pour m'éclairer, est-ce que tous ceux qui travaillent dans les mines
d'amiante actuellement sont détenteurs d'un certificat de mineur?
M. Duval: Je n'en sais rien. Ce n'est pas à moi de faire
la police. J'ai essayé de vous l'expliquer tout à l'heure. Cela
n'appartient pas à la Commission des accidents du travail de voir
à ce que chaque mineur ait son certificat. Je reçois des
radiographies. Je reçois des documents et je fais mon travail avec ce
que j'ai dans les mains. Je ne peux pas contrôler si un mineur a son
certificat ou non.
M. Roy: Le certificat de mineur qui est exigé, c'est un
moyen de contrôle pour s'assurer que les mineurs ont subi les examens
médicaux requis.
M. Duval: D'accord!
M. Roy: Est-ce cela? Et on n'est pas au courant actuellement et
on n'est pas en mesure de nous dire si tous ceux qui travaillent dans les mines
d'amiante ont leur certificat de mineur?
M. Tessier: II faudra clarifier de nouveau la situation pour le
député de Beauce-Sud. Il existe une loi, qui est la Loi des
mines, dont l'application relève du ministère des Richesses
naturelles, et c'est à ce ministère de voir à faire
appliquer sa loi. Or, parmi les dispositions de la Loi des mines, il y en a une
qui dit que toute personne qui veut travailler dans une mine doit
posséder un certificat de mineur, sauf quelques exceptions qui ont
été mentionnées tout à l'heure. Quant à
l'examen pour l'obtention du certificat, le ministère des Richesses
naturelles s'en réfère à nous, à la Commission des
accidents du travail, pour faire passer les examens et émettre le
certificat. Disons qu'il y a pour le ministère des Richesses naturelles
une obligation de voir à ce que chaque mineur ait son certificat.
D'autre part, on s'en réfère à nous en ce qui concerne
l'émission du certificat. C'est comme cela que cela fonctionne.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que je pourrais obtenir le
consentement des membres de la commission parlementaire pour crever cet
abcès? Pourquoi n'entendrions-nous pas ce monsieur qui veut
peut-être nous dire quelque chose qui va nous aider? Là, on va
savoir qui est qui et on va savoir quoi est quoi.
M. Roy: C'est bien important.
M. Bellemare (Johnson): Si les membres de la commission sont
consentants, on va le crever, l'abcès. On l'a peut-être devant
nous et on tâtonne autour. On va l'entendre, on va lui poser des
questions et il va nous dire ce que c'est. Tout à coup il aurait une
réponse à cela. On serait bien mieux de l'enten dre tout de suite
que de laisser planer un doute et un doute qui ne nous mène nulle
part.
M. Saint-Germain: M. le Président, ne serait-il pas plus
sage de demander que, lors d'une prochaine séance, comparaissent devant
la commission ceux qui sont responsables au ministère des Richesses
naturelles, section des mines? Lorsqu'on aura entendu ces gars-là, on
saura à quoi s'en tenir.
M. Bellemare (Johnson): Mais laissons donc dire à ce
monsieur ce qu'il pense...
M. Saint-Germain: A la suite des explications qui nous auront
été données, s'il y a eu fraude quelque part, que ce soit
au ministère des Richesses naturelles ou que ce soit au niveau de la
commission, il y a des gens qui se promènent dans la rue, ils ont des
permis pour conduire et ce sont des permis volés. Il peut arriver que
des certificats soient volés
aussi. Le ministère de la Justice prendra ses
responsabilités. Là, on tourne en rond. Ecoutez, on fait un
travail extrêmement important. On veut résoudre un problème
cet après-midi. Tout le monde veut résoudre le problème.
On travaille pratiquement dans l'anarchie.
M. le Président, sur une question de règlement. Je pense
que si on veut faire avancer nos travaux, il faudrait travailler avec
ordre.
Ce n'est pas la dernière fois qu'on peut se rassembler. Il y a
d'autres moyens. Si ce monsieur veut parler, qu'il fasse comme tout le monde,
qu'il aille donner son nom et on l'écoutera quand le temps sera
venu.
M. Lessard: Là, nous avons un dilemne. Nous avons d'une
part la question de règlement, M. le Président, les
déclarations de l'ex-ministre, le juge Tessier, président de la
Commission des accidents du travail, qui dit que jamais il n'y a
émission de certificat, de renouvellement de certificat, sans examen,
et, par ailleurs, on a la déclaration du président du syndicat
des mineurs de Carey Canadian, qui dit qu'il y a des mineurs qui travaillent
depuis trois ans, quatre ans, voire cinq ans, et qui n'ont jamais
été auscultés par des médecins ou ont passé
un examen devant des médecins. On ne pourra pas aller plus loin. On a
d'autres problèmes à discuter avec vous, mais on ne pourra pas
aller plus loin sinon savoir si, concrètement, il y a des gens qui ont
un certificat de mineur, ont vu ce certificat renouvelé et qui n'ont
jamais passé d'examen devant des médecins. Quand le
président-juge de la Commission des accidents du travail était
ministre, j'étais obligé de prendre sa déclaration, mais
il n'est plus ministre. Il est de l'autre bord de la table. Je ne suis pas
obligé de la prendre. Je me fie un peu à ce qu'il dit, mais, par
ailleurs, j'ai bien confiance à ce que d'autres peuvent dire, des
mineurs qui sont dans le métier et qui subissent et vivent le
problème. Je me demande si on ne réglerait pas tout de suite ce
problème.
M. Saint-Germain: C'est une question de procédure. Cet
après-midi on entend la Commission des accidents du travail. A une autre
assemblée, nous pourrons écouter les responsables du
ministère des Richesses naturelles, et il n'y a aucune objection de
principe à écouter les mineurs. Ce sont eux que nous voulons
défendre, c'est pour eux que nous travaillons après-midi.
M. Lessard: C'est pour eux, tous les jours en commission.
M. Saint-Germain: On pourra les écouter lorsque leur tour
sera arrivé, mais à procéder comme on procède, on
n'avance en rien. C'est la meilleure façon de noyer le poisson.
M. Bellemare (Johnson): J'en fais une motion pour entendre ce
monsieur, qui veut nous donner au moins un échantillonnage. Je fais
motion pour entendre au moins ce mineur. Si ma motion est battue, il faudra
passer à autre chose, mais là, il y aurait peut-être lieu,
M. le Président, d'avoir un témoignage bien probant. Si ce n'est
pas vrai, il en portera la conséquence. Je fais une motion pour qu'on
puisse entendre ce monsieur nous dire si c'est vrai ou non. Là, on va
crever l'abcès, on va voir qui dit vrai.
M. Saint-Germain: On ne crèvera rien.
Motion pour entendre un mineur
M. Bellemare (Johnson): En tout cas, M. le Président, j'en
fais une motion.
M. Saint-Germain: De la façon qu'on procède, on ne
crèvera rien.
Le Président (M. Séguin): C'est une motion
présentée par le député de Johnson. En ce qui
concerne la recevabilité ou la motion elle-même, j'allais
justement demanderqu'on me fournisse une copie: Que cette commission...
M. Roy: Est-ce qu'on peut parler, M. le Président, sur la
recevabilité de la motion?
Le Président (M. Séguin): Un instant. La commission
suspend ses travaux, même s'il y a une motion, pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
Reprise de la séance à 17 h 36
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Le député de Johnson a soumis la motion suivante que je
reconnais: "Que cette commission entende immédiatement M. Jean-Louis
Poulin, mineur", mineur dans le sens de sa profession ou de son métier,
non pas parce qu'il est en bas de 18 ans.
Messieurs.
M. Burns: Sur la motion, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Sur la motion, le
député de Maisonneuve.
M. Burns: Sur la motion, M. le Président, je vais
être favorable à cette motion, sans aucune réticence. Je ne
parlerai pas pendant une demi-heure pour dire pourquoi. La raison pour laquelle
je suis en faveur de cette motion, c'est pour qu'on puisse, directement, aller
à la source d'information qui, apparemment, est à notre
portée et que, par la suite, nous puissions continuer à poser des
questions, avec des faits devant nous, aux représentants de la
Commission des accidents du travail.
M. le Président, je voterai en faveur de la motion du
député de Johnson.
M. Roy: M. le Président, de façon à ne pas
retarder les travaux de la commission, je vais me limiter à une courte
phrase. Je voterai en faveur de la motion, sans aucune restriction, parce que
j'estime que c'est bien important qu'on puisse entendre un mineur, ça va
être un précédent dans une commission parlementaire. C'est
un problème qui concerne ces gens, ils sont ici aujourd'hui pour se
faire entendre et pour avoir un dénouement heureux, pour qu'il y ait des
décisions prises et je pense que c'est de la plus haute importance qu'on
puisse les interroger. Je voterai en faveur de la motion pour que M. Poulin
soit interrogé devant la commission.
Le Président (M. Séguin): Sur la motion, le
député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, si vous avez
jugé que la motion était recevable, c'est également
qu'elle est discutable. Moi aussi, à l'instar du député de
Beauce-Sud, j'ai certaines réserves quant au précédent que
nous créons puisque si, chaque fois que nous faisons des auditions
à cette commission parlementaire et que quelqu'un s'avise de
contrecarrer ou encore de s'opposer à ce qui est avancé...
M. Roy: Non...
M. Burns: La commission est maîtresse de ses travaux, elle
peut décider. C'est ce qu'elle est en train de décider, si vous
votez en faveur.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est exactement à ce sujet que
je m'exprime, M. le député.
M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Charlesbourg): Je dis aussi que j'ai certaines
réserves, mais, par contre, je ne vois pas d'objection à ce qu'il
soit entendu. Je pense que ma position est claire puisque je ne voudrais pas,
aux fins du journal des Débats, que l'on pense que le gouvernement
lui-même, ou que, étant membre du parti ministériel, l'on
s'oppose à un éclairage certain.
A cet égard, j'ai cru bon, quant à moi, de mentionner que
je serais favorable aussi, à entendre M. Poulin compte tenu du
précédent que nous créons, qui est peut-être
dangereux, mais compte tenu de cela, j'accepterai moi aussi et je voterai en
faveur de l'audition de M. Jean-Louis Poulin.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que d'autres
membres de la commission ...A l'ordre, s'il vous plaît! Je
préféreraisqu'on ne fasse aucune démonstration en ce
moment.
M. Harvey (Charlesbourg): J'appuie ce geste, M. le
Président.
M. Burns: Vote.
Le Président (M. Séguin): Que ceux qui sont en
faveur de la motion du député de Johnson... M. Bel lemare
(Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Bérard
(Saint-Maurice)?
Une Voix: II n'est pas ici.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget)?
M. Boudreault: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Lessard
(Saguenay)?
M. Lessard: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Cournoyer
(Robert-Baldwin)?
M. Cournoyer: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Vallières
(Richmond)?
M. Vallières: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): En faveur, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): M. Massicotte
(Lotbinière)? M. Lecours (Frontenac)?
M. Lecours: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Verreault
(Shefford)?
M. Verreault: Pour.
Le Président (M. Séguin): Pour: 12, contre: aucun.
Donc, sans plus de préambule, en me basant sur le mot
"immédiatement" dans le texte de la motion, j'inviterais M. Jean-Louis
Poulin, mineur, à se présenter à la table.
S'il vous plaît, on essaie de procéder sans
démonstration.
M. Bellemare (Johnson): M. Poulin, vous êtes mineur depuis
plusieurs années?
M. Poulin (Jean-Louis): Je suis mineur depuis 28 ans et 7 mois,
le 25 avril, demain matin.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que, depuis 28 ans, vous avez fait
autre chose qu'être mineur?
M. Poulin: Non, monsieur.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas fait autre chose. Est-ce
que votre métier, votre profession vous amène à travailler
à l'extérieur de la mine? Ou dans la mine?
M. Poulin: Dans la mine.
M. Bellemare (Johnson): Dans le trou, comme on dit.
M. Poulin: Sur le terrain de la mine et dans le trou, et dans le
moulin.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez toujours
travaillé...
M. Poulin: J'ai été 25 ans dans le moulin.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez été 25 ans dans
le moulin et là, vous êtes dans la mine?
M. Poulin: On m'a envoyé dehors, depuis cinq ou six
ans.
M. Bellemare (Johnson): Dehors, vous voulez dire dans le
trou?
M. Poulin: Non. Dans la cour et sur la "track", de même que
dans les alentours de la mine.
M. Bellemare (Johnson): Là, vous n'allez pas dans le
trou?
M. Poulin: Non.
M. Bellemare (Johnson): Depuis combien de temps êtes-vous
en dehors de la "track"?
M. Poulin: A peu près depuis 6 ans.
M. Bellemare (Johnson): En vertu de la Loi de la
Commission des accidents, est-ce que l'article 9 de
l'arrêté en conseil s'applique à vous, M. Poulin? Il dit
que les dispositions du présent règlement ne s'appliquent pas aux
ouvriers qui sont employés à des occupations exposées aux
poussières pendant un total de moins de 50 heures par mois, si vous
travaillez en dehors de la mine même.
M. Poulin: Si cela s'applique à la poussière
dehors, j'oserais dire que, très souvent, à peu près tous
les jours, il y a bien des moments où il faut marcher à reculons
pour ne pas y toucher. Cela doit faire partie de la poussière.
M. Bellemare (Johnson): Mais, il est bien entendu qu'un mineur,
c'est celui qui est couvert par l'arrêté en conseil, et, pour lui,
on prévoit qu'il y a un renouvellement de permis.
M. Poulin: Je n'ai jamais eu de permis, dans 28 ans. Je ne
connais pas cela un permis de travail, je n'en ai jamais eu.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais, actuellement, depuis six ans,
vous n'êtes plus dans la mine.
M. Poulin: Je suis dans la mine et je travaille pour la
même mine, seulement, on m'a envoyé dehors.
M. Bellemare (Johnson): Oui, je comprends, mais vous êtes
à l'extérieur.
M. Poulin: A l'extérieur du moulin.
M. Bellemare (Johnson): Vous m'avez dit, il y a deux minutes,
tout à l'heure, que vous étiez mineur dans le trou.
M. Poulin: Non, j'ai été 25 ans dans le moulin et,
depuis quelques années, on m'a envoyé dehors,
c'est-à-dire, tout près du moulin, dans le "shed" sur la
"track", tout près de la bâtisse.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce obligatoire je demande cela
à la commission, je demande cela au Dr Duval dans un cas comme
celui-ci, lui qui a déjà été un mineur, d'avoir un
permis renouvelable tous les ans?
M. Duval : Oui, je crois qu'après 25 ans d'exposition, on
doit continuer à examiner ce monsieur à tous les ans et à
lui émettre un permis.
M. Bellemare (Johnson): Maintenant que M. Duval a dit que
c'était nécessaire que vous ayez un permis, avez-vous subi un
examen, avez-vous subi une radiographie depuis cinq ans.
M. Poulin: Je n'ai pas subi de radiographie et je n'ai pas
été examiné depuis 1970.
M. Bellemare (Johnson): Depuis cinq ans, cette année, vous
n'avez jamais été examiné?
M. Poulin: Oui, cela va faire cinq ans au mois de...
M. Bellemare (Johnson): Tous les ans, vous faites le même
ouvrage, mais vous... Que c'est fatigant! Non, je ne suis pas "photokodak".
Vous n'avez paseu de permis et votre permis n'a pas été
renouvelé. M. Duval vient de nous dire que c'est obligatoire d'avoir un
renouvellement.
M. Poulin: Je n'ai jamais eu de permis, je ne connais pas cela,
un permis de travail.
M. Bellemare (Johnson): Vous a-t-on déjà dit que
vous aviez souffert d'amiantose?
M. Poulin: Non, j'ai été examiné à
plusieurs reprises et on ne m'a jamais parlé d'amiantose.
M. Lessard: M. Poulin, lorsque vous dites que vous ne connaissez
pas cela, un permis... Vous dites que cela fait 28 ans que vous travaillez
comme mineur, à une place ou l'autre, mais comme mineur. Avant qu'on
vous place dans la cour, est-ce que vous avez eu l'occasion de subir des
examens médicaux? Est-ce qu'à la suite de ces examens, il y a eu
émission d'un certificat de mineur tel que M. Jodoin, je pense, en a
un?
M. Poulin : Non, je ne connais pas ce certificat et je ne l'ai
jamais vu.
M. Lessard: C'est la compagnie qui l'a.
M. Poulin: Peut-être que la compagnie peut l'avoir. Moi,
personnellement, je ne l'ai jamais vu, je ne l'ai jamais pris dans mes mains,
c'est le premier.
M. Bellemare (Johnson): Etes-vous le seul comme cela, M. Poulin,
dans le travail que vous accomplissez, qui n'ayez pas de permis?
M. Poulin: Probablement que je ne suis pas le seul.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y en a d'autres dans la
salle, qui pourraient lever la main, qui en ont ou qui n'en ont pas? Merci.
C'est défendu.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Il y a une motion pour entendre M. Poulin.
M. Bellemare (Johnson): Non, c'est d'accord. C'est une
erreur.
Le Président (M. Séguin): Non, mais ce n'est pas le
temps de prendre des votes, à savoir si un est pour ou contre.
M. Bellemare (Johnson): Je retire cela.
Le Président (M. Séguin): Oui, certainement.
M. Bellemare (Johnson): Baissez vos mains. Est-ce que vous avez
déjà subi un examen de préemploi au début?
M. Poulin: Au début, oui.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez subi un examen de
préemploi.
M. Poulin: J'ai passé à la clinique au
début, oui.
M. Bellemare (Johnson): Vous en avez subi depuis 1965, 1966,
1967, 1968?
M. Poulin: Pas régulièrement. Des fois, c'est
prolongé de deux ans.
M. Bellemare (Johnson): Mais vous en avez déjà
subi, jusqu'en 1970?
M. Poulin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): A partir de 1970, vous n'en avez plus
subi?
M. Poulin: Je n'ai pas été redemandé.
M. Roy: A quel endroit avez-vous subi cet examen?
M. Poulin: A Thetford, à la clinique. M. Roy: A la
clinique de la compagnie? M. Poulin: De la compagnie.
M. Roy: Autrement dit, ces examens sont exigés...
M. Poulin: Oui.
M. Roy: ...c'est-à-dire les examens que les mineurs
doivent passer, ils les passent dans les cliniques organisées par les
compagnies?
M. Poulin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous vous souvenez du nom du
médecin qui vous a passé les radiographies?
M. Poulin: La dernière fois que j'ai passé, cela a
été justement le Dr Cartier.
M. Lessard: Depuis ce temps, vous ne passez plus.
M. Cournoyer: Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle vous
êtes parti de l'emploi que vous aviez en 1970?
M. Poulin: Si j'ai une raison?
M. Cournoyer: Pas vous, mais est-ce que c'est venu de votre
propre chef de changer de place ou si c'est la compagnie qui vous a
changé de place?
M. Poulin: Non, M. le ministre. Je peux vous donner la raison.
Cela concerne la CAT.
M. Cournoyer: La quoi? M. Poulin: Cela va concerner la
CAT. M. Cournoyer: Donnez donc la raison. M. Bellemare (Johnson):
C'est quoi?
M. Poulin: J'ai eu un accident à la mine. On m'a
"éhanché" l'épine dorsale et j'ai fait une demande
à la compagnie, je n'étais plus capable de faire le même
ouvrage. Quand je me suis présenté, le gérant du personnel
m'a dit: Si tu n'es pas capable de faire le même ouvrage, ce n'est pas un
hôpital ici, va-t'en chez vous ou fais-toi payer par la CAT. La CAT
renvoyait la balle, elle disait: Va-t'en travailler chez vous. Alors, j'ai
demandé de changer d'ouvrage et on m'a envoyé dans la cour pour
cette raison. J'avais toujours travaillé pendant 25 ans sur les
poches.
M. Cournoyer: Sur les poches?
M. Poulin: Pendant seize ans, j'ai empoché de l'amiante
à la pelle avec un masque dans la figure.
M. Lessard: Dans la cour, est-ce que vous avez subi une
diminution de salaire?
M. Poulin: Oui, j'ai perdu beaucoup en allant dans la cour, j'ai
perdu $0.21 l'heure, parce que j'étais sur un "lift truck" comme
opérateur sur la production.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y a des compensations que
vous a données la...
M. Poulin: On m'a "égrianché" dans le dos, si vous
voulez le savoir...
M. Bellemare (Johnson): Non, répondez-moi.
Est-ce que la commission vous a donné un dédommagement
pour l'accident que vous avez subi?
M. Poulin: Elle m'a payé trois mois. On m'a renvoyé
à l'ouvrage, je n'étais pas capable de faire le même, c'est
là que j'ai pris la décision de changer d'ouvrage.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous avez eu une IPT?
M. Poulin: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous avez eu une indemnisation
permanente?
M. Poulin: Permanente? Pour m'avoir "égrianché", on
m'a donné $1,700 à prendre ou à laisser.
M. Bellemare (Johnson): Parce que vous étiez en bas de
10%. En vertu de la Loi des accidents du travail, quand la fixation de l'IPT
est en bas de 10%, la commission doit parsa loi vous offrir un montant.
M. Poulin: Oui, mais...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'était en bas de
10%?
M. Poulin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): En bas de 10%, la commission doit vous
offrir un montant et vous régler.
M. Poulin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ace moment, on vous a offert $1,700.
M. Poulin: Oui, monsieur.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Roy: M. le Président, j'aurais deux autres questions.
J'aimerais savoir si la compagnie vous a déjà interrogé au
moment de votre engagement ou au moment où vous avez été
transféré à un autre travail, pour voir si la compagnie
vous a déjà parlé de votre permis de travailleur de
l'amiante, de votre permis de mineur?
M. Poulin: Jamais.
M. Roy: La compagnie ne vous a jamais parlé d u
permis?
M. Poulin: Non.
M. Roy: Deuxième question, est-ce que vous avez
déjà rencontré, pendant ces 28 années et sept mois,
un inspecteur du ministère des Mines, qui a fait les
vérifications d'usage, à savoir si vous aviez votre permis, si
vous aviez déjà passé vos examens ou autre chose?
M. Poulin: Jamais, je ne les ai vus.
M. Roy: Vous n'avez jamais vu d'inspecteur des mines du
ministère des Richesses naturelles?
M. Poulin: Non.
M. Roy: Si le règlement me le permettait, j'aurais
demandé s'il y en avait d'autres dans la salle à qui on n'avait
jamais demandé de permis, mais je vois quand même qu'il y a des
mains qui se lèvent, M. le Président. Alors, il n'est pas le
seul.
M. Cournoyer: M. le Président, afin de dissiper
l'imbroglio sur la présence des permis, il n'y en a pas un ici, dans la
salle, qui en a un, permis. Il me semble que j'ai cru comprendre qu'il n'y en
avait pas. La raison, maintenant, on va la demander. On va préciser
cette chose, pour savoir où est le permis.
M. Roy: J'aimerais bien, par exemple, demander pour voir si les
mineurs...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'ils ont subi des examens tous
les ans?
M. Cournoyer: Bien oui! C'est la compagnie... C'est marqué
dans la loi.
M. Roy: Ce que je tenais à savoir, M. le Président,
c'était si les mineurs avaient déjà rencontré les
inspecteurs du ministère des Richesses naturelles, section des mines,
relativement à la possession de leur permis. On me dit que non,
jamais.
M. Cournoyer: Posons la question: Est-ce qu'ils possèdent,
naturellement, le permis ou si le permis est dans les coffres de la
compagnie?
M. Tessier: C'est l'explication, M. le Président, que je
dois donner, parce que là, je pense qu'on est sous une mauvaise
impression...
M. Cournoyer: M. le Président... Le Président
(M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: ... je pose la question à vous, maintenant,
même si notre ami est là. Je vous pose la question. Est-ce que les
permis émis par la commission ou les certificats de mineurs sont remis
à chacun des mineurs?
M. Tessier: Non, M. le Président. M. Cournoyer: Ils
sont remis à qui?
M. Tessier: A la compagnie, c'est elle qui les a,
conformément à l'arrêté en conseil 887. Egalement,
pour les inspections cela répond un peu à la question du
député de Johnson les inspecteurs du ministère des
Richesses naturelles ne rencontrent pas les mineurs, ils se rendent à la
mine...
M. Lessard: Ils vont prendre une brosse avec les gars de la
compagnie. Ils fêtent avec les...
M. Tessier:... ils vérifient la liste des employés
et doivent s'assurer que la mine ou la compagnie possède tous les permis
en regard des noms sur la liste des employés. C'est comme cela que
l'inspection... . M. Lessard: Ils vont dans la mine.
M. Tessier:... doit se faire et, présumément, se
fait. Le mineur lui-même ne voit pas son permis ou son renouvellement de
permis.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Est-ce que la Commission des accidents du travail s'est
assurée que l'inspecteur des mines avait bien fait son travail?
M. Tessier: Non. On n'a aucun pouvoir pour s'assurer de cela.
M. Lessard: M. le Président, vous dites, M. le
président de la commission, que l'inspecteur de la compagnie doit se
rendre sur le lieu de travail pour vérifier le nombre de...
M. Tessier: J'ai dit: L'inspecteur du ministère des
Richesses naturelles.
M. Lessard: Pas de la compagnie, du ministère des
Richesses naturelles, doit se rendre sur le lieu du travail pour
vérifier le nombre des employés.
M. Tessier: Oui.
M. Lessard: C'est cela?
M. Tessier: Oui.
M. Lessard: Or, M. Poulin nous dit qu'il n'a jamais
rencontré un inspecteur.
M. Tessier: Non, il ne rencontre pas l'inspecteur non plus.
M. Lessard: Au moins, il avait le droit, par hasard.
M. Tessier: Non. L'inspecteur se rend au bureau de la
compagnie.
M. Lessard: Justement, j'ai bien plus l'impression que cela
devient des parties, avec les gars de la compagnie, plutôt qu'une
vérification.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Tessier: C'est absolument en dehors de notre contrôle.
Nous ne sommes pas en mesure, évidemment, de répondre au nom du
ministère des Richesses naturelles, et encore moins au nom du service
d'inspection. Je crois que, comme notre vice-président de la Commission
des Accidents du travail l'a mentionné tantôt et qu'il est le chef
de la
division des inspections du ministère des Richesses naturelles,
s'il était dans la salle, vous pourriez lui poser des questions,
à ce sujet. Mais, quant à la commission, nous ignorons totalement
comment l'inspection se fait. Nous savons que cela se fait en allant au bureau
de la compagnie, mais nous ignorons la manière dont on procède.
Cela ne relève pas de la Loi de la Commission des accidents du
travail.
M. Roy: M. le Président, vous êtes quand même
chargé de la prévention.
M. Lessard: M. Pilon disait la même chose.
M. Roy: Et au nom de la prévention, comment se fait-il que
vous ne vous soyez jamais préoccupé de ces choses?
M. Tessier: Sur la question de la prévention, j'aimerais
apporter une précision, afin que les membres de cette commission
parlementaire, de même que le public, ne soient pas ind uits en erreur.
On a longuement parlé et discuté l'autre jour de l'article 87,
qui accordait certains pouvoirs en ce q ui concerne la prévention. Or,
l'article 87 n'a pour but que de fixer la cotisation. Pour une meilleure
compréhension, il y a lieu de lire ensemble les articles 87 et 77. L'on
verra que, par l'article 87, la commission a le droit d'entrer dans la mine
pour se rendre compte si l'outillage, etc., ne met pas la santé ou la
vie des employés non seulement ceux d'une mine, d'ailleurs, de
n'importe quelle industrie en danger.
Cela lui donne le droit de pénétrer, sous peine d'une
amende qui est imposée au propriétaire de l'industrie. Si la
commission découvre que l'outillage, la ventilation, le lieu de travail
peuvent exposer à des maladies professionnelles, des maladies
industrielles, ou à des accidents du travail, à ce moment, la
Commission des accidents du travail, en vertu du paragraphe 7 de l'article 77,
peut augmenter la cotisation à l'employeur en question, peut la doubler,
si vous voulez comme pénalité, afin de forcer la compagnie
à prendre les dispositions nécessaires pour protéger la
sécurité des mineurs ou des employés.
Même, elle a le pouvoir, en vertu du paragraphe 4 de l'article 77,
d'enlever l'industrie en question de la sous-classe dans laquelle elle est
placée et de la placer sous la cédule 2. C'est-à-dire que,
sous la cédule 2, la compagnie en question ou l'employeur en question
devient seul responsable du paiement de toutes les indemnités
payées à la suite d'accidents du travail. Je tiens à faire
cette précision. Ce qui revient à dire, comme le ministre du
Travail l'a expliqué ce matin, que, dans la prévention, nous
n'avons pas, présentement, les pouvoirs nécessaires pour
réellement faire de la prévention. Malgré tout cela, nous
avons mis sur pied un service de prévention, mais nous n'avons
réellement pas les pouvoirs dans la loi, telle qu'elle existe
présentement, qui nous permettent de faire de la prévention
directe, mais d'en faire indirectement, en payant des subventions aux
associations de prévention.
M. Lessard: M. le Président. Est-ce que je pourrais
demander au président de la Commission des accidents du travail si, en
vertu des pouvoirs qu'il vient de nous lire, en relation avec l'article 87, la
commission s'est prévalue de ce pouvoir et a
pénétré à l'intérieur d'entreprises
d'amiante depuis cinq ans?
M. Tessier: Je ne serais pas en mesure de répondre
à cette question...
M. Lessard: L'avez-vous fait oui ou non?
M. Tessier: ...parce que cela ne fait pas assez longtemps que je
suis à la commission, mais qui pourrait...
Une Voix: Je ne crois pas.
M. Lessard : Cela n'a jamais été fait. Alors, vous
avez des pouvoirs, mais vous ne les avez jamais utilisés parce que vous
laissiez cette responsabilité au ministère des Richesses
naturelles. Deuxième question.
M. Tessier: Je tiens à préciser ceci. Même si
nous étions allés faire des inspections en vertu de l'article 87,
tout ce que nous pouvions faire à ce moment, c'est augmenter la
cotisation de l'employeur.
M. Lessard: L'avez-vous fait en ce q ui concerne les mines
d'amiante?
M. Tessier: Le vice-président vient de vous
répondre qu'à sa connaissance, non, cela n'a pas
été fait.
M. Cournoyer: ...c'est la dernière partie.
M. Lessard: Avez-vous augmenté les cotisations en ce qui
concerne les mines d'amiante?
M. Jodoin: On l'a fait lorsque l'employeur, soit une mine ou une
autre entreprise, était déficitaire, c'est-à-dire une
entreprise dont les coûts d'accident excédaient les cotisations
versées dans la classe où elle se trouve.
M. Lessard: Les accidents physiques. M. Roy: Vous venez de
nous dire...
M. Tessier: ...physiques ou industriels.
M. Jodoin: Parce que l'article 87 ne s'applique pas seulement aux
mines mais à tout établissement.
M. Lessard: D'accord, mais...
M. Roy: Je comprends, mais il y a un point que j'aimerais bien
éclaircir. Vous dites que vous vous basez sur le montant total des
déboursés que la Commission des accidents de travail a dû
effectuer pour établir sa cotisation vis-à-vis des
entreprises.
M. Jodoin: C'est-à-dire le système de mérite
ou de démérite.
M. Roy: Est-ce que le système de mérite
expliquerait peut-être une raison pour laquelle il y a bien des mineurs
qui n'ont pas été traités à juste titre?
M. Jodoin: A ce moment-là et depuis très longtemps,
vous aviez l'Association de sécurité des mines qui avait comme
responsabilité, puisqu'elle a été subventionnée
je parle avant 1964 puisque cette association s'est retirée en
1964 de faire de la prévention sur le plan de l'éducation.
Mais les règlements de sécurité, encore une fois,
applicables au secteur minier, comme les règlements de
sécurité applicables aux établissements industriels et
commerciaux appartiennent au ministère du Travail.
M. Lessard: Avant la suspension j'aurais une dernière
question pour M. Tessier. Honnêtement je ne doute pas que vous
soyez honnête est-ceque vous pouvez me dire si c'est la
première fois aujourd'hui ou depuis quelques jours, depuis les
différentes séances de la commission parlementaire, parce qu'il y
a eu une certaine publicité, que vous entendez parler de mineurs qui
n'auraient pas subi d'examens médicaux annuels?
M. Tessier: Effectivement, M. le Président, c'est la
première fois aujourd'hui que j'en entends parler.
M. Lessard: J'ai envie de dire que c'est... ah!
M. Cournoyer: M. le Président, un instant, juste avant de
terminer, sur le cas...
M. Lessard: Ce n'est pas très brillant de la part de la
commission.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Cournoyer: Avant de terminer, j'aimerais qu'on puisse
clarifier le cas du témoin qui est venu à notre demande. Comme on
va revenir vers 8 h 15, j'aimerais que la commission puisse nous donner une
indication du pourquoi de la situation de ce monsieur? J'imagine que ça
pourra donner des explications à d'autres en même temps, mais on a
un cas précis d'un monsieurqu'on a pris la peined'entendre sur sa propre
affaire, j'aimerais que vous puissiez nous donner, vers 8 h 15, une explication
du cas de ce monsieur. On procédera, par la suite, aux travaux de la
commission en entendant les différentes associations, et ensuite, les
députés.
M. Roy: Ce serait bon, à la suite de ce que vient de dire
l'honorable ministre, et à la suite de la réponse que va nous
fournir la Commission des accidents du travail, qu'on puisse reposer une
question ou deux à M. Poulin.
M. Lessard: Pour préciser, sur la question que
soulève le ministre, il serait probablement possible, à
l'intérieur de la période de la suspension, jusqu'à 20 h
15, de nous informer ou de vérifier, à vos bureaux, afin de
savoirsi M. Poulin avait effectivement un certificat de mineur. Ou vous l'avez
dans vos dossiers, ou vous ne l'avez pas. Si vous l'avez dans vos dossiers, par
la suite, on parlera du renouvellement.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, mesdames, MM.
les membres de la commission, je voudrais d'abord remercier M. Poulin et lui
poser une question. M. Poulin, avez-vous l'intention d'être ici ce soir,
à 20 h 15, ou plus tard dans la soirée? Je pose la question
à M. Poulin, je pense bien que...
M. Poulin: Oui.
Le Président (M. Séguin): Oui. Vous allez
être ici ce soir. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h
15 ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
Reprise de la séance à 20 h 29
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Nous continuons ce soir avec les mêmes membres de la commission
que ceux que nous avions cet après-midi, à l'exception du
député de Mille-Iles qui a dû s'absenter pour une partie de
la journée. Alors, le député de Mille-Iles reprend sa
place comme membre de la commission.
M. Burns: Nous nous en étions aperçus, M. le
Président, le niveau avait monté.
Le Président (M. Séguin): Sans faire de commentaire
sur ces commentaires, je voudrais aviser tous et chacun ici que nous
terminerons ce soir pas nécessairement les travaux de la commission,
mais nous allons ajourner la commission ce soir sine die, à dix heures,
au lieu d'aller à 10 h 30 ou 11 heures. C'est avec le consentement des
membres de la commission, et je pense qu'il n'y aura pas d'objection.
M. Lessard: M. le Président, j'avais demandé, avant
la suspension des travaux, à la suite du ministre du Travail, au
président de la commission de nous fournir certaines informations
concernant M. Poulin. Pouvons-nous obtenir ces informations?
M. Tessier: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant, M. le
président! Un instant! J'allais le dire. M. leprésident, les
membres de la Commission des accidents du travail, s'il s'agit de discuter de
l'état de santé de M. Poulin, je pense que je n'accepterai pas
des discussions de ce côté. C'est tout à fait personnel
à l'individu. Je ne connais pas quelles sont les implications que
pourrait avoir le fait d'ouvrir en public le dossier personnel d'un individu.
Donc, s'il s'agit de vérifier si, oui ou non, il avait un certificat,
s'il avait des plaques, de toute façon, d'une façon
générale et selon ce qu'il serait censé avoir ou ne pas
avoir, mais non pas du tout sur la condition de santé de l'individu.
M. Lessard: M. le Président, je suis complètement
d'accord sur ce que vous dites. C'est justement ce que je veux savoir de la
part de la commission. Est-ce que, M. Poulin, avait un certificat de travail,
qui avait été émis par la Commission des accidents du
travail, pendant le période à laquelle il a travaillé pour
la compagnie, soit la période de 28 ans et 6 mois, malgré le fait
que, dans les derniers cinq ans, il ait travaillé non pas à
l'intérieurdu moulin, mais à l'extérieur? J'aimerais
savoir, étant donné que M. Poulin n'a pas été
informé s'il avait obtenu ce certificat de mineur...
M. Tessier: M. le Président, le ministre du Travail avait
demandé, avant la suspension de la séance, que nous allions
chercher son dossier, c'est-à-dire le dossier de M. Poulin...
Nous l'avons effectivement. Le Dr Duval a son dossier et peut donner
toutes les précisions quant aux périodes où il a
été examiné, ses renouvellements de certificats, il a tout
son historique au point de vue du renouvellement du certificat.
Alors, je vais demander, avec votre permission, bien entendu...
M. Bellemare (Johnson): Même pour les cinq dernières
années?
M. Tessier: Je ne veux pas...
M. Bellemare (Johnson): II est là
spécifiquement?
M. Tessier: Oui, le Dr Duval va tout vous expliquer cela.
M. Bellemare (Johnson): Un instant. Le témoin aujourd'hui
qui a été autorisé par la commission à venir ici,
est là pour nous dire si, pendant les cinq dernières
années, on l'a examiné oui ou non.
M. Tessier: Le Dr Duval va vous donner son dossier depuis le
début, d'accord, jusqu'à maintenant.
M. Lessard: D'accord.
M. Burns: Non, mais justement, je pense que le président a
soulevé... On n'a pas à donner à moins que M. Poulin le
veuille, le dossier médical de M. Poulin en commission
parlementaire.
M. Tessier: On touchait la question de son renouvellement de
permis.
M. Burns: Le dossier des certificats, on s'entend bien, c'est
seulement cela, d'accord.
M. Tessier: Son renouvellement de permis, c'est là-dessus
que le ministre du Travail a demandé d'avoir son dossier. Dr Duval,
pourriezvous expliquer ce qu'il y a à son dossier au point de vue du
renouvellement de permis? Il y a des examens qui ont eu lieu.
M. Ouval: M. le Président, M. Poulin est entré en
fonction dans la mine d'amiante qui était autrefois Ouébec
Asbestos en 1944. Je n'ai pas toutes les radiographies, mais j'ai en main
celles jusqu'à 1971 inclusivement. Son permis de travail a
été renouvelé inclusivement jusqu'en 1971. Après
cette date, je n'ai pas d'autres radiographies. Je n'ai absolument rien au
dossier.
M. Bellemare (Johnson): II a dit la vérité. M.
Duval: Selon lui, il n'a pas été examiné.
M. Lessard: La commission n'a pas renouvelé son permis de
travail après 1971?
M. Duval: Parce que nous n'avons pas eu de rapport d'examen et de
radiographie.
M. Lessard: Vous aviez son dossier.
M. Duval: On l'avait, oui. Je comprends, mais il faut tout de
même que l'individu se présente à l'examen.
M. Bellemare (Johnson): Cet après-midi, vous nous avez
dit, Dr Duval, que cela prenait un permis...
M. Duval: Oui.
M. Bellemare (Johnson):... même à
l'extérieur.
M. Duval: D'accord, c'est-à-dire que...
M. Bellemare (Johnson): II ne l'a pas eu pendant ce temps.
M. Duval: Ecoutez, pas toujours. A l'extérieur,
comprenez-vous...
M. Bellemare (Johnson): Je vous l'ai demandé. M. Duval:
D'accord, je suis...
M. Bellemare (Johnson): Vous m'avez dit: oui, cela prend un
permis à l'extérieur.
M. Duval: Cela prend un permis à l'extérieur. Je
sais que j'en...
M. Bellemare (Johnson): Voici un homme qui a dit la
vérité cet après-midi.
M. Duval: Oui, il a dit la vérité.
M. Bellemare (Johnson): Pendant quatre ans, il n'a pas
été examiné, de 1971 à 1975.
M. Duval: Non, il n'a pas été examiné depuis
1971.
M. Bellemare (Johnson): Son permis a-t-il été
renouvelé?
M. Duval: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que son permis à la
compagnie a été renouvelé?
M. Duval: Non, pas par la commission. Il a travaillé sans
permis, à l'extérieur. Maintenant, ce qui arrive dans ces cas,
c'est qu'il faudrait avoir une enquête industrielle pour savoir s'il y a
autant de poussière à l'extérieur qu'à
l'intérieur. M. Poulin prétend qu'il y a autant de
poussière à l'extérieur. Pour déterminer la chose,
il faudrait avoir une enquête industrielle.
M. Bellemare (Johnson): Vous nous avez dit que ça prenait
quand même un permis.
M. Duval: Oui. Un type qui a travaillé 25 ans dans les
mines après tout, on ne se base pas seulement sur la loi, il faut
tout simplement agir selon le bon sens il faut lui faire des examens
annuels pour pouvoir contrôler.
M. Lessard: Pour la Commission des accidents du travail, depuis
1971 M. Poulin n'était pas considéré comme étant un
employé de la société, puisque vous n'aviez pas
renouvelé son permis, comme mineur, en tout cas. Puisque vous n'aviez
pas de rapports médicaux, à ce moment, pour la Commission des
accidents du travail, M. Poulin ne faisait plus partie des employés de
la compagnie.
M. Duval: On ne le savait pas.
M. Roy: Ce que j'aimerais vous demander à ce moment-ci,
vous dites que vous ne le saviez pas...
M. Duval: Non.
M. Roy: ...mais étant donné que...
M. Duval: On a dit, cet après-midi, que ce n'était
pas à nous de faire la police, de voir si tout le monde avait un
certificat, dans les mines. Cela a été bien établi. Ce
n'est pas la tâche de la Commission des accidents du travail de voir si
un type a son certificat ou non. Ce n'est pas notre domaine.
M. Roy: Oui, mais moi, ce que j'aimerais savoir, docteur, c'est
que... Quand même, la Commission des accidents du travail a suivi son
dossier pendant 25 ans et, à la fin de 1971, il n'y a pas eu de nouveaux
examens qui ont été produits à la Commission des accidents
du travail. Est-ce que vous avez, à la Commission des accidents du
travail, établi un mécanisme de vérification, dans le cas
des non-renouvellements de permis, à savoir si la personne est encore
à l'emploi de la compagnie ou si la personne est tout simplement
déménagée, décédée, a changé
d'emploi ou est ailleurs?
M. Tessier: M. le Président, j'ai...
M. Roy: Non, je pose la question... Non, M. le
Président...
M. Tessier: ...ai dit assez là-dessus cet
après-midi.
M. Roy: ...je m'excuse. J'ai posé la question au
docteur.
M. Tessier: J'ai dit que...
M. Roy: Je veux que ce soit le docteur qui me réponde.
M. Tessier: Oui, mais là, il s'agit d'une question
d'administration, et je pense que...
M. Roy: Non, non.
M. Cournoyer: La question est posée. Elle ne demande qu'un
oui ou un non. Est-ce qu'il y en a, un mécanisme, pour vérifier,
comme le député de Beauce-Sud le demande? Il n'y en a pas.
M. Tessier: II n'y en a pas.
M. Cournoyer: Bon! C'est clair.
M. Roy: Pourquoi?
M. Cournoyer: Là, c'est plus compliqué.
M. Roy: Je comprends, mais j'aimerais quand même savoir. Je
suis bien d'accord avec le ministre que c'est plus compliqué.
M. Burns: ...un oui ou un non.
M. Roy: Je suis bien d'accord, mais j'aimerais qu'on me dise
pourquoi on n'a pas institué ce mécanisme à la Commission
des accidents du travail.
M. Tessier: Parce que la loi ne nous oblige pas à
instituer un tel mécanisme.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, je ne voudrais pas
être désagréable à l'endroit du président de
la Commission des accidents du travail, mais je pose des questions...
M. Cournoyer: Je ne voudrais pas être
désagréable non plus pour le député de Beauce-Sud.
J'aimerais bien, par exemple, préciser que la loi a été
expliquée trois fois cet après-midi. Je vais vous dire maintenant
ce que je pense de l'attitude que devrait avoir mon président de
commission devant une telle remarque qui est faite. Pourquoi ne l'avez-vous pas
fait? Il n'y a qu'une raison qui peut empêcher la commission de l'avoir
fait, c'est sa présomption que c'était fait par quelqu'un d'autre
conformément aux règlements.
M. Roy: Bon!
M. Cournoyer: Donc, elle présume que si ce n'est pas fait
par elle, c'est fait par quelqu'un d'autre.
M. Roy: M. le Président...
M. Burns: Ne vous mêlez pas!
M. Roy: M. le Président...
M. Burns: Quand même, là, on charrie
dangereusement.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue... Je veux revenir là-dessus. Le ministre semble au
courant... Est-ce que le ministre est au courant de toutes ces situations?
M. Cournoyer: Non, monsieur.
M. Roy: Vous n'étiez pas au courant, vous non plus?
M. Cournoyer: Non, monsieur.
M. Burns: Est-ce l'habitude devant la commission Cliche qui vous
a donné ce style?
M. Cournoyer: Non, monsieur.
M. Roy: Les blancs de mémoire sont devenus à la
mode.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse d'intervenir, c'est
une question du député de Beauce-Sud, mais ce n'est pas aussi
facile que cela de dire que la Commission des accidents du travail met de
côté un certain nombre de choses parce qu'on se dit que c'est
réglé par une autre juridiction. C'est bien sûr qu'il y a
plusieurs juridictions, bien sûr que la Commission des accidents du
travail n'est pas la seule à décider. Je pense que les membres de
la commission voudraient obtenir comme assurance que la Commission des
accidents de travail ait comme préoccupation la façon dont on
règle de façon permanente, à long terme, les
problèmes qui affectent les travailleurs accidentés, les
travailleurs qui sont affectés par les maladies professionnelles ou
industrielles.
M. le ministre, j'espère que vous n'essayez pas de nous mettre
sur une voie parallèle, une voie latérale.
M. Cournoyer: Au contraire!
M. Burns: Non, non. Si c'est "au contraire" je suis d'accord avec
vous.
M. Cournoyer: Ce n'est pas du tout mon intention. Ah non!
M. Burns: Mais je veux qu'on reste exactement dans le domaine.
S'il y a une responsabilité à être assumée par la
Commission des accidents du travail par le ministre lui-même, à ce
moment-là, il ne faudra pas dire qu'il y a plusieurs juridictions.
M. Cournoyer: Non, non!
M. Burns: Je vous ai demandé, M. le ministre...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns:... à vous et à toute la commission,
à la première séance, de faire venir ici les ministres qui
ont des choses à dire là-dessus: le ministre des Richesses
naturelles, le ministre des Affaires sociales, le ministre de la Justice et
possiblement le ministre des Affaires municipales, à cause de l'aspect
de l'environnement.
M. Cournoyer: Et le ministre de la Santé.
M. Burns: Le ministre de la santé c'est le ministre des
Affaires sociales, si vous êtes à jour.
M. Cournoyer: Oui. On peut peut-être faire cela, mais... Le
ministre de la santé, le sous-ministre.
M. Burns: C'est parce que vous êtes déjà
rendu au fédéral.
M. Cournoyer: Presque, je suis presque rendu là.
M. Burns: Au fédéral on appelle cela le ministre de
la Santé, ici, on appelle cela Affaires sociales, votre collègue
qui siège au cabinet avec vous. C'est vrai que vous ne venez pas
souvent, cela, c'est votre...
M. Cournoyer: Je ne viendrai pas souvent si cela continue comme
ça.
M. Burns: M. le Président, je suis en train de faire faire
au ministre un petit cours de recyclage. C'est seulement cela.
M. Cournoyer: C'est excellent.
M. Burns: C'est seulement cela.
M. Cournoyer: Considérez-moi comme recyclé.
M. Lessard: Cela, on n'est pas...
M. Burns: Je dis tout simplement, M. le Président, blague
à part, que nous avons proposé, dès le départ,
qu'il y ait, sinon les ministres concernés, du moins la présence
de personnes concernées dans les autres juridictions. Apparemment, cela
ne faisait pas l'affaire de la commission. La commission verra en temps et
lieu, s'il faut, un par un, à assigner ces gens et peut-être qu'on
en décidera.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: Mais, pour le moment, je ne veux pas qu'on nous mette
sur une voie d'évitement...
M. Cournoyer: Non, M. le Président.
M. Burns:... en nous disant: II y a d'autres juridictions. Il y a
entre autres les Richesses naturelles en matière de mines. Je vous
demande tout simplement qu'on ne se cache pas derrière cela.
M. Cournoyer: M. le Président, il n'est pas question de se
cacher. Nous avons la Commission des accidents du travail devant nous et c'est
à la Commission des accidents du travail qu'on pose des questions sur
l'exercice du mandat qu'elle a et les imprécisions ou la confusion dont
vous parlez. C'est bien sûr que la commission ne peut pas répondre
de la confusion qui ne relève pas de sa propre administration. C'est
cela que je veux dire.
M. Lessard: Cela, c'est le gouvernement.
M. Cournoyer: Cela, c'est le gouvernement, et le gouvernement, il
est ici à cette commission, c'est moi.
M. Burns: C'est cela. C'est le ministre...
M. Cournoyer: Ne leur demandez pas cela à eux. Demandez
cela à moi.
M. Burns: ...qui prendra cela éventuellement. M.
Cournoyer: C'est cela, d'accord. M. Burns: D'accord, on
s'entend.
M. Lessard: En temps et lieu, vous aurez des comptes à
rendre.
M. Cournoyer: Je suis convaincu de cela.
M. Bellernare (Johnson): M. le Président, je pense que la
démonstration qu'a faite l'honorable ministre, c'est probablement pour
que sa réglementation unifiée de ce matin puisse avoir une
certaine valeur, si elle n'est pas trop loin dans la législation
à venir. Que le comité du travail prépare toute une
étude sur la prévention et sur les maladies industrielles; que le
deuxième comité sur l'hygiène puisse fonctionner et que le
troisième siège sur les services à distribuer, je pense
que le fait d'avoir une réglementation unifiée le plus tôt
possible, sous la juridiction d'un seul organisme pourrait.peut-être
faire avancer le règlement dans bien des choses.
C'est pour ça que je supplie ce soir le ministre du Travail de
faire diligence pour que ça puisse se réglementer d'ici,
probablement, la fin de juin, pour que, dès septembre, on puisse
véritablement réaliser ce chaînon qui manque, puisque
l'Ontario vient d'adopter un règlement, suite aux recommandations d'un
"task force" de 1973. Un conseil de sécurité a été
créé l'an dernier. Ce conseil regroupe les représentants
des 9 associations provinciales de sécurité, ceux du
ministère du Travail et est présidé par le directeur des
relations publiques de la commission ontarienne des accidents du travail. La
juridiction de ce conseil consiste, premièrement, à coordonner et
favoriser le développement des programmes de toute
sécurité; deuxièmement, coordonner et appuyer
l'activité des associations de sécurité, et,
troisièmement, développer de nouveaux programmes de
sécurité à l'intention des industries en faisant partie
des associations de sécurité.
Cela, c'est déjà réalisé. Pourquoi, nous,
attendre plus longtemps? C'est le devoir et une obligation, pas seulement
morale, mais une obligation sine qua non, pour employer un petit mot. Ce sont
les responsabilités du ministre.
M. Lessard: Est-ce que je pourrais vous demander pourquoi vous
n'avez pas été aussi diligent que ça lorsque vous
étiez président de la Commission des accidents du travail?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'aurai
l'occasion tout à l'heure de répondre...
M. Lessard: Vous avez eu connaissance de ça?
M. Bellemare (Johnson): ...pour montrer tous les
bénéfices et les bienfaits que le député de
John-
son a faits quand il était ministre, et il y a des témoins
ici qui vous diront la même chose. Je n'ai pas tout fait, moi non plus.
J'ai vécu selon mon temps.
M. Lessard: Mais vous aviez eu conscience...
M. Bellemare (Johnson): Mais j'ai fait énormément
plus, probablement, que bien d'autres qui m'ont
précédé.
M. Lessard: Mais vous avez eu...
M. Bellemare (Johnson): J'ai le témoignage de certains
commissaires qui sont présents pour vous dire qu'on a fait
énormément...
M. Lessard: Est-ce que vous avez eu...
M. Bellemare (Johnson): ...à la commission.
M. Lessard: Est-ce que...
M. Bellemare (Johnson): On a fait ce à quoi vous n'avez
jamais pensé, un conseil consultatif, on a fait... Non, je ne le dis pas
tout de suite, je vais le dire tantôt.
M. Lessard: Lorsque vous avez été président
de la commission, est-ce que vous avez constaté cet éparpillement
de responsabilités entre les ministères et est-ce que vous
êtes intervenu auprès du...
M. Bellemare (Johnson): A ce moment-là, on a adopté
des règlements, j'ai donné des directives, à part la
directive no 9...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare (Johnson): Je vais le dire, ce que j'ai fait.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): II y a une limite à dire que je
n'ai rien fait.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Je ne suis pas allé dans tous les
cimetières pour demander si les épita-phes portaient un nom.
Le Président (M. Séguin): Nous avions convenu, M.
le député, Messieurs, un certain ordre pour les travaux, les
questions, tout ça. Je constate que le nom du député de
Johnson est certainement sur cette liste.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas moi qui ai commencé,
c'est lui.
Le Président (M. Séguin): ... mais pas à ce
moment-ci. Alors, pour empêcher la continuation d'un autre débat,
en dehors du sujet que nous avons abordé, je cède la parole au
député de Frontenac
M. Bellemare (Johnson): C'est assez, il l'a eue toute la
journée.
Le Président (M. Séguin): ... de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, juste une question
au président de la Commission des accidents du travail. Concernant les
normes actuelles de confidentialité des divers dossiers que vous avez en
votre possession, est-ce que le travailleur est en mesure, à l'heure
actuelle, ou lorsqu'il le désire, même sans qu'il le
désire, d'être mis au courant de son état de santé,
de suivre l'évolution de son dossier, et, possiblement, de savoir
dès qu'il est atteint d'amiantose. d'en être avisé?
M. Tessier: Oui, M. le Président, la Loi des accidents du
travail prévoit que la commission est obligée de transmettre
copie de tous les certificats médicaux au médecin traitant,
c'est-à-dire au médecin de l'accidenté, et
également, au médecin de l'employeur, s'il le requiert.
Vu la confidentialité, comme vous l'avez souligné, M. le
député, d'examens médicaux, nous ne remettons pas les
documents médicaux directement, ni à l'employeur, ni à
l'accidenté, mais au médecin de l'une ou l'autre des parties,
à leur demande.
M. Vallières: Concernant les déclarations un peu
morbides du Dr Cartier... médecin de famille, oui. Je voudrais savoir
si, suite aux déclarations du Dr Cartier, vous entendez prendre des
mesures afin d'exercer un certain contrôle sur toutes les...
Le Président (M. Séguin): Messieurs, à
l'ordre! Le député de Richmond.
M. Vallières: Est-ce que vous avez l'intention d'exercer
un certain contrôle chez les autres médecins qui opèrent
actuellement au nom de la Commission des accidents du travail ou au nom des
cornpagnies, afin de vous assurer de leur intégrité et
éviter peut-être que ne se reproduise ce qui s'est produit dans le
cas du Dr Cartier? Si des mesures sont envisagées, quelles seront ces
mesures?
M. Tessier: Certainement qu'après cette expérience
que vous venez de souligner, où nous avons été
obligés de prendre la mesure que vous connaissez, dès que nous en
aurons été informés, nous suivons maintenant de
très près ce qui se passe dans tous les examens
médicaux.
M. Vallières: Je ne sais pas si la Commission des
accidents du travail dispose de ces renseignements. Je voudrais qu'elle puisse
m'indiquer, néanmoins, un ordre de grandeur sur le nombre de
travailleurs qui sont décédés à l'intérieur
d'un délai de trois ans, suite à une reconnaissance
d'incapacité par la commission, incapacité reconnue au porteur
d'amiantose.
M. Tessier: M. le Président, nous n'avons pas
évidemment ces chiffres avec nous, mais, il me fera plaisir de les
produire à la commission parlementaire.
M. Vallières: Très bien.
M. Roy: Ces rapports médicaux sont-ilsenvoyés
à chaque année au médecin de famille?
M. Tessier: Pardon?
M. Roy: Ces rapports médicaux sont-ilsenvoyés
à chaque année au médecin de famille ou si c'est seulement
lorsque le médecin de famille en fait la demande?
M. Tessier: Non, c'est lorsque la demande est faite.
M. Roy: Seulement lorsque la demande est faite.
M. Tessier: C'est la question qui m'a été
posée...
M. Roy: Cela veut dire...
M. Tessier: La loi prévoit que l'une ou l'autre des
parties, par l'intermédiaire de son médecin, peut obtenir le
dossier médical.
M. Roy: Vous ne pensez pas que, si on attend qu'un mineur aille
chez son médecin de famille pour que celui-ci communique avec la
Commission des accidentsdu travail pour son état de santé, on
risque, comme on l'a dit ou comme l'a semblé dire le Dr Lecours, qu'il
soit trop tard, parce que c'est presque un certificat de décès
que vous lui envoyez?
M. Tessier: Oui, mais, qu'est-ce que vous voulez? La loi est
comme cela. Tant qu'elle ne sera pas amendée, nous, de la commission,
devons nous y conformer.
M. Roy: Avez-vous fait des demandes de modification de la loi
à ce sujet?
M. Tessier: Non.
M. Roy: Non.
M. Lecours: S'il veut en parler, on va lui en parler.
M. Cournoyer: Etant donné que vous posez cette question au
président de la commission, il y aurait lieu que la commission
reçoive, par la loi, la possibilité ou l'obligation de remettre
son dossier à chaque individu.
M. Roy: Ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai posé la
question à savoir si le dossier est envoyé seulement lorsque le
médecin de famille en fait la demande, après que le mineur s'est
présenté chez lui, ou si la Commission des accidents du travail
envoie une copie du rapport, chaque année...
M. Cournoyer: Au médecin de famille?
M. Roy: ... au médecin de famille.
M. Cournoyer: Est-ce que vous inviteriez, comme
possibilité, qu'on le fasse automatiquement?
M. Roy: J'inviterais la Commission des accidentsdu travail
à le faire auf ur et à mesure, automatiquement, parce que,
autrement, la commission est presque réduite à envoyer le
certificat de décès.
M. Tessier: M. le Président, il faudrait que je
précise. Ce que j'ai énoncé tout à l'heure
s'applique à tous les accidents généraux. Je crois que
c'est l'article 50 de la loi. Mais, dans le cas d'examen de renouvellement,
c'est-à-dire de permis de mineur, à ce moment, le Dr Duval
m'informe qu'on n'attend pas que l'employé ou l'employeur
requière l'examen médical. Je crois que le Dr Duval pourrait
préciser là-dessus, exactement comment cela se passe, dans le cas
d'examen de renouvellement de permis de mineurs.
M. Duval: M. le Président, les examens annuels sont tous
rapportés, pourchaque mineur, au médecin qui afait l'examen. Je
le fais personnellement sur des listes préparées
spécialement à cette fin, en trois exemplaires. J'en garde une,
j'en envoie une à l'employeur. Pour les recommandations que je dois
suivre au sujet de diagnostics, je dis tout simplement à l'employeur:
Référez-vous à votre médecin. Au médecin,
j'envoie un rapport spécifique...
M. Roy: Quel médecin?
M. Duval: ... pour chaque employé.
M. Lessard: Au médecin de l'employeur.
M. Duval: Pardon?
M. Lessard: Si c'est le médecin de l'employeur qui a fait
l'examen, il va l'envoyer au médecin de l'employeur.
M. Duval: Oui, c'est ce que je fais.
M. Lessard: Cela ne règle pas le problème.
M. Duval: Non.
M. Lessard: Le médecin de l'employeur est
intéressé à cacher le dossier.
M. Duval: Un instant. Je ne peux pas dire cela. Ecoutez un peu...
Laissez-moi vous dire que si...
M. Lessard: Dévoilez, en tout cas.
M. Duval: Ecoutez, M. le député, on peut être
contrôlé par n'importe qui. Vous avez, par exemple, quelqu'un qui
passe une radiographie, je la trouve normale. Il y a un monsieur tout à
l'heure qui me disait: A un moment donné, ils m'ont dit que ma
radiographie était normale. Deux mois après, je vais passer un
examen dans un hôpital et on me trouve
quelque chose sur mes poumons. Il s'agissait d'une lésion
tuberculeuse qui venait d'apparaître. Cela ne prend pas deux mois,
parfois cela peut prendre deux semaines d'intervalle. Après cet examen,
ce monsieur a été hospitalisé et traité, et, trois
mois après, sa lésion était disparue. Alors, il y a des
intervalles entre des examens qui nous amènent à des diagnostics
différents de ce que l'on peut faire chez nous.
M. Lessard: Dr Duval, ce n'est pas là le
problème.
M. Duval: Pardon?
M. Lessard: Ce n'est pas là le problème.
M. Duval: Là, je...
M. Lessard: La question que vous posait le député
de Beauce-Sud, c'est: Est-ce que les rapports sont envoyés au
médecin de famille? Vous nous répondez, parce qu'on pensait,
à la suite des explications supplémentaires que voulait nous
donner le président de la commission, que, dans le cas de renouvellement
des permis de travail, cela pouvait être envoyé au médecin
de famille. Or, ce n'est pas le cas, d'après vos informations.
M. Duval: Pardon. Est-ce que je peux continuer?
M. Lessard: C'est le médecin traitant. M. Duval:
Est-ce que je peux continuer?
M. Lessard: Oui, d'accord, mais je veux vous mettre sur la bonne
voie. Répondez à nos questions, n'allez pas à
côté des questions.
M. Duval: Pour fins pratiques...
M. Lessard: Si je vous comprends bien, c'est que le rapport est
envoyé au médecin traitant.
M. Duval: Non, je n'ai pas dit cela.
M. Lessard: Si c'est le médecin de la compagnie, le
rapport est envoyé au médecin de la compagnie, pas au
médecin de famille. Comme le demandait le député de
Beauce-Sud, c'est que le rapport n'est pas nécessairement envoyé.
C'est certain que ce ne sont pas tous les mineurs qui ont des médecins
de famille ou reconnus, etc., mais le rapport n'est pas nécessairement
envoyé au médecin de famille lors du renouvellement du
certificat. Il est envoyé au médecin traitant. Si le
médecin traitant est le médecin de la compagnie, il est
envoyé au médecin de la compagnie.
M. Cournoyer: M. le Président, seulement pour faire une
petite distinction. L'examen fait à la Commission des accidents du
travail, c'est un examen en vue du renouvellement ou de l'émission d'une
carte ou d'un certificat de mineur.
M. Lessard: Ce n'est pas fait à la Commission des
accidents du travail, elle n'a pas de clinique.
M. Coumoyer: Non, c'est-à-dire qu'il est fait pour la
Commission des accidents du travail, tel que décrit depuis deux jours
que nous siégeons là-dessus. Cela a été
décrit comment cela se faisait. Pardon?
M. Roy: Par les cliniques.
M. Coumoyer: C'est d'accord.
M. Roy: Administrées par la propriété des
compagnies.
M. Coumoyer: Oui, mais au moment où vous avez cela, je ne
crois pas qu'on sache qui est le médecin traitant de quelqu'un qui n'est
pas encore découvert malade. C'est assez difficile de dire: On va
envoyer le rapport au médecin traitant quand le type ne sait même
pas qu'il est malade.
M. Roy: Oui, mais il y a une question qui se pose à ce
moment. Quel est votre médecin de famille? Cela prend une ligne de plus
dans le rapport. Quel est votre médecin de famille? On nous dit que
c'est spécifié même dans le rapport. Pardon?
M. Duval: M. le Président, est-ce que je peux continuer,
s'il vous plaît?
Le Président (M. Séguin): Oui, je vous en prie.
M. Duval: Les examens annuels ont pour but, justement, d'assurer
le renouvellement du certificat. Alors, il faut tout de même passer par
le chemin le plus court pour atteindre d'abord le médecin qui fait les
examens. Ordinairement, M. le député, les mines du Québec
ne sont pas dans les villes. Elles sont dans des endroits très
éloignés. Il n'y a qu'un médecin à la disposition
des mineurs et de toute la population. Il arrive de très rares
exceptions. Il y a deux mines qui sont près de Montréal et il y a
la région de Thetford où il y a des médecins en abondance.
Nécessairement, on envoie le rapport au médecin qui fait les
examens, de sorte que le type peut avoir son certificat, c'est-à-dire
que le certificat est envoyé à la mine, comme le demande la loi,
et le rapport médical est envoyé au médecin qui fait les
examens. Si vous voulez avoir un rapport envoyé, il n'y a rien qui
empêche le médecin traitant s'il y en a un s'il veut
avoir une information, de nous la demander; on va la lui envoyer.
M. Lessard: On n'est pas plus arriéré que les
autres, les régions minières.
M. Duval: Non.
M.Lessard: II y a les médecins de la compagnie et les
médecins de la municipalité ou de la cité, etc.; les
compagnies ont leurs médecins bien souvent... C'est bien
compréhensible qu'il n'y ait pas autant de médecins que dans une
région comme celle de
Montréal. Cependant, c'est d'autant plus facile pour la
Commission des accidents du travail de savoir q ui est le médecin
traitant, parce que, souvent, il n'y en a qu'un ou deux, mais il y a une
différence, bien souvent, entre chez nous... Je pense que le Dr Lecours
pourra le confirmer. Il n'a jamais été médecin de
compagnies, mais il a été médecin, par exemple, dans sa
ville. Alors, il y a une différence entre le médecin de famille
et le médecin de la compagnie.
M. Duval: M. le Président, c'est pour des fins
administratives. M. le député, c'est pour des fins
administratives, sinon, ça prendrait trop de temps.
M. Lessard: Cela ne prend pas de temps, envoyer un rapport
médical au médecin de famille.
M. Duval: Je comprends, mais alors, qu'on nous donne les moyens
de l'envoyer, parce que, écoutez, cela commence à être du
boulot. On fait 20,000 radiographies par année.
M. Lessard: D'accord, Dr Duval, mais ne croyez-vous pas que, sans
parler...
M. Duval: Moi, je n'ai aucune objection...
M. Lessard: ...contre l'éthique des médecins de
compagnie, ne croyez-vous pas qu'il n'est pas d'intérêt
d'ailleurs, ils n'ont pas la responsabilité et le devoir de le faire
pour le médecin de la compagnie de sortir ces dossiers, de faire
connaître ces dossiers ou de les transmettre au médecin de
famille? Parce que le médecin de famille, probablement, est beaucoup
plus attaché à son client que c'est le cas pour le médecin
de la compagnie. C'est pour cela. On sait qu'en vertu de la loi actuellement,
vous avez raison. On le reconnaît. On sait qu'actuellement, vous n'avez
pas l'obligation de transmettre le rapport au médecin de famille. Mais
je pense que ce serait quand même une amélioration
considérable si on pouvait le faire, parce que le médecin de
famille, je pense bien, pourrait dire à son client... Je suis d'accord
sur ce que disait le ministre duTravail tout à l'heure. Il ne faut pas
l'envoyer à l'individu parce que si, à un moment donné, on
lui apprend qu'il est à 80% mort, ça ne l'aidera pas à
sauver ses 20%. Mais on pourrait au moins l'envoyer au médecin de
famille.
M.Tessier: La loi prévoit, M. le Président, qu'en
vertu de l'article 50, pour tout accidenté, tout accidenté du
travail qui requiert que son rapport médical soit envoyé à
son médecin de famille, nous sommes obligés de l'envoyer et nous
le faisons, d'ailleurs.
M. Vallières: M. le Président, je voudrais,
peut-être par l'intermédiaire du président de la Commission
des accidents du travail...
On m'indique que, s'il est de l'intention de la commission de modifier
un peu le fonctionnement, pour ce qui est des radiographies pulmonaires qui
sont passées de façon annuelle, si on se réfère au
fait que l'examen est fait dans une clinique de la compagnie, avec, j'imagine,
des instruments qui appartiennent à la compagnie, et en plus, avec un
médecin de la compagnie, cette procédure sera-t-elle
modifiée dans un avenir rapproché? Est-ce votre intention de
faire quelque chose afin d'éviter un peu qu'on associe trop ces tests de
radiographies pulmonaires aux compagnies minières?
M. Tessier: Actuellement, il n'y a rien eu d'envisagé
comme changement, mais j'aimerais préciser, à ce moment-ci, que
c'est tout à fait une incidence que la Commission des accidents du
travail soit mêlée à cela.
En somme, les certificats de mineurs et la sécurité dans
les mines, tout ce qui concerne les mines et les mineurs relève
exclusivement de la Loi des mines qui, actuellement, est sous l'autorité
du ministère des Richesses naturelles. Comme le ministère des
Richesses naturelles n'a probablement pas un service médical
adéquat dans son ministère, on nous demande tout simplement un
genre de faveur, si vous voulez. On nous dit: Nous ne sommes pas
équipés pour faire passer des examens et émettre les
certificats. On no us a demandé, à la commission, de faire passer
les examens et on l'a mis dans l'arrêté en conseil 887.
Réellement, toute la question des mines ne relève pas de
nous, mais elle relève d'un ministère bien précis. Notre
rôle, en tant que Commission des accidents du travail, est de compenser,
de donner les indemnités qui s'imposent dans le cas d'accidents du
travail ou de maladies industrielles. Je le répète, c'est tout
àfait par incidence que nous avons été chargés, par
un arrêté en conseil, de faire un travail qui, normalement,
relève du ministère des Richesses naturelles.
M. Vallières: Alors, il faudrait s'adresser à eux
si on veut obtenir des modifications à cela.
M. Tessier: C'est ce que j'ai dit cet après-midi.
M. Vallières: Maintenant, je voudrais que la commission
essaie de m'indiquer le nombre de travailleurs qui se sont servis de leur
possibilité de réhabilitation, par l'intermédiaire de la
Commission des accidents du travail et le nombre de personnes qui se sont
trouvé de l'emploi, à la suite de l'aide que vous leur avez
apportée. Est-ce possible de connaître ces chiffres?
M. Tessier: Pour quelle période?
M. Vallières: Pour une période peut-être
d'aujourd'hui à il y a cinq ans, par exemple.
M. Tessier: Les cinq dernières années. M.
Vallières: Oui.
M. Tessier: Certainement. Nous allons pouvoir vous fournir ces
chiffres-là. Mais, évidemment, il va falloir relever nos
statistiques.
M. Vallières: Cela nous aiderait à porter un
jugement sur la valeur de...
M. Tessier: Evidemment, c'est notre service de
réhabilitation qui pourra nous fournir ces chiffres.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si vous me le
permettez, pour ajouter sur le même thème, je pense que, dans les
statistiques que pourrait fournir la Commission des accidents du travail, il y
a deux bases très importantes pour la réadaptation des
accidentés du travail et, particulièrement, de ceux qui souffrent
de ces maladies industrielles: l'amiantose et la silicose. Il y a d'abord la
directive no 9 qui a été en vogue et qui a été
appliquée pendant longtemps; de 10% ils sont montés à
20%.
Après cela, en 1972, la directive 30 est arrivée, elle a
complètement refait la directive 9. Elle a dit que, pendant trois
années, pour permettre aux mineurs, à ceux qui souffrent de
maladies industrielles, on leur donne un ITT, presque au maximum, pourvu que
cela ne dépasse pas 100%. Celle que j'avais instaurée en 1972,
l'augmentation des salaires a fait que, dans bien des cas, elle ne pouvait pas
s'appliquer.
Après mon départ, vous l'avez changée et vous
l'avez aérée, c'est-à-dire que vous lui avez donné
plus de force pour qu'elle puisse être plus applicable. Je pense, M. le
Président, qu'il faut dire qu'il y a un service maintenant en vertu de
la directive 30qui paie jusqu'à 100% pendant trois ans. Vous voyez cela
au paragraphe de votre directive en date du 11 octobre 1973, qui a
amendé celle que j'avais fait adopter pour la rendre plus efficace et
plus conforme au barème des salaires et de l'indexation au coût de
la vie, parce qu'il y avait un salaire qui montait et que l'indexation restait
la même.
Alors, il est admis, en principe, que la réparation
ajoutée à la capacité résiduelle ne peut
excéder 100%. La réparation sera constituée du
degré d'incapacité partielle permanente et du degré
d'incapacité partielle de réadaptation. Cela, M. le
Président, doit toucher un nombre assez considérable de gens, en
vertu des décisions qui sont prises par la commission pour compenser
cette perte de force... D'ailleurs, je pense que c'est exécutif.
L'indemnité partielle de réadaptation doit être une
véritable incitation au travail, comme telle, elle a un caractère
temporaire et ne devant pas s'étendre au-delà de trois ans et
doit être revisée tous les six mois.
M. Tessier: Je pourrais peut-être ajouter, avec votre
permission, M. le Président, certaines précisions. La directive
30 a été adoptée le 12 juin 1969. Elle a été
par la suite modifiée une première fois le 3 février 1971,
une seconde fois le 25 octobre 1972 et enfin, la dernière fois, le 11
octobre 1973.
M. Bellemare (Johnson): Pour suivre l'indexation au coût de
la vie.
M. Tessier: C'est cela. En ce qui concerne les trois ans
d'indemnité qui sont payés à celui que nous essayons de
recycler, de réhabiliter, en lui trouvant un nouvel emploi, ceci a
été décidé à la suite des conférences
annuelles des Commissions des accidents du travail des dix provinces du Canada.
Il y a eu là un accord ou un consensus entre les dix provinces pour
fixer cette limite à trois ans. Ce qui existe actuellement au
Québec existe partout ailleurs au Canada. C'est-à-dire que toutes
les Commissions des accidents du travail se sont entendues pour fixer ce temps,
en considérant en même temps l'incitation.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est bien connu des mineurs
aujourd'hui, cette directive qui leur permet de se réhabiliter avec un
pourcentage beaucoup plus élevé quand on l'oblige à sortir
de la mine?
M. Tessier: Je ne pourrais dire si c'est bien connu ou si ce
n'est pas assez connu. Je ne pourrais le dire.
M. Bellemare (Johnson): Peut-être que bien des gens,
à la suite de décisions que prend la Commission des accidents du
travail, parce que le certificat ne lui permet pas de délivrer un permis
pour retournerdans les mines, se voient pris avec un problème, comme on
disait cet après-midi, de réhabilitation dans leur milieu ou
ailleurs. Là, il y a des prévisions spéciales dans la
commission que vous avez faites et que j'ai faites moi-même, pour
tâcher de suivre l'évolution et l'indexation de la vie, pour
permettre à ces gens d'avoir presque une indemnité égale
à la perte de salaire pendant trois ans.
M. Tessier: Ce que je pourrais préciser, c'est ceci. Comme
le Dr Grégoire l'expliquait cet après-midi et ce matin en
particulier, lorsqu'à la suite de l'examen médical, il y a une
recommandation voulant qu'un mineur atteint d'amiantose ou de silicose, peu
importe la maladie pulmonaire, on fait une recommandation disant qu'il ne doit
pas retourner dans les mêmes conditions de travail. A ce moment, son
dossier est immédiatement transmis à notre service de
réhabilitation et nos agents de réhabilitation sociale entrent en
contact avec l'accidenté en question, l'informent de tout ce que la
commission peut fai re pour I ui, non seulement au point de vue du paiement
d'indemnités pendant une période de trois ans, mais en essayant
de lui trouver un autre emploi.
M. Roy: Comme M. Poulin nous a expliqué, cela a
donné une baisse de salaire.
M. Tessier: Pardon?
M. Roy: M. Poulin, avant le souper, nous a dit que, dans son cas,
sa réhabilitation s'est résumée à une baisse de
salaire.
M. Tessier: Oui, c'est fort possible lorsque ça
dépasse la période de trois ans, parce que, pour les trois
premières années, nous comblons la différence. C'est
ça que la directive 30 dit.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Après trois ans, qu'est-ce que c'est?
M. Tessier: Après trois ans, il n'y a plus rien. M.
Roy: Pardon?
M. Tessier: Après trois ans, il n'y a plus
d'indemnité qui est payée.
M. Roy: II n'y a plus d'indemnité qui est payée,
même si l'incapacité demeure.
M. Tessier: C'est ça.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Roy: C'est en vertu de quoi, ça, que c'est
limité à trois ans?
M. Tessier: En vertu de la directive 30, comme je l'ai dit,
qui...
M. Roy: Directive qui émane d'où?
M. Tessier: De la commission.
M. Roy: Ah! c'est vous qui avez déterminé
ça?
M. Tessier: C'est-à-dire nous, pas seuls.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Tessier: Pas seuls, j'ai expliqué tout à l'heure
que cette directive 30 a été adoptée à la suite de
consultations avec toutes les autres Commissions des accidents du travail du
Canada, c'est-à-dire des autres provinces. Il y a eu un consensus
à ce moment pour déterminer à trois ans le délai de
paiement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, j'ai posé une
question à laquelle j'aimerais bien que le président
réponde, concernant les maladies cardiaques chez les gens qui sont
porteurs d'amiantose. C'est un point jugé comme étant très
important pour les mineurs. On se rend compte qu'il y a même des mineurs
qui sont cardiaques et qui ne peuvent passer les tests respiratoires. Je
voudrais que vous m'indiquiez ce que vous faites avec ces gens et, dans un
autre temps, s'il est de l'intention et du pouvoir de la Commission des
accidents du travail de permettre aux gens qui sont par exemple
déclassés à 20% par la commission et qui sont cardiaques,
qui ne peuvent continuer leur travail à cause de cette maladie
cardiaque, d'avoir le bénéfice du doute, compte tenu du fait
qu'elle est porteuse d'amiantose, afin d'indemniser ce mineur à 100%,
suite à sa maladie cardiaque. Bien qu'on ne puisse prouver le
phénomène de cause à effet, il faut quand même se
rendre compte qu'il y a beaucoup plus de gens qui sont cardiaques, chez les
gens qui travaillent dans l'amiante, et je me demande si la commission tiendra
compte un jour de cette dimension très importante.
M. Tessier: M. le Président, avant de répondre
à la question du député, je voudrais faire une
précision, parce que je me demande si j'ai été assez clair
tout à l'heure dans mes remarques, lorsque j'ai dit qu'après
trois ans, le paiement de l'indemnité était suspendu en vertu de
la directive 30. C'est là l'indemnité de réhabilitation,
je voudrais bien qu'on comprenne ça. Mais si l'incapacité de
l'accidenté a été évaluée à 30% ou
40%, ça demeure indéfiniment. Ce n'est pas une question de trois
ans. C'est seulement pour la réhabilitation. Quant à la question
des maladies cardiaques, je n'ai pas la compétence pour répondre
à ça, mais je crois que le Dr Grégoire est en mesure de
vous donner les informations.
M. Grégoire: Pour ce qui est des cardiaques, il est vrai
que nous ne leur faisons pas faire d'épreuves d'effort, mais nous avons
tous les autres tests, les autres examens dont j'ai parlé ce matin, tant
au point de vue ventilation... Parce que même s'il est cardiaque, cela ne
l'empêche pas de faire une capacité vitale, de faire un volume
pulmonaire, de faire un débit expiratoire maximum, de faire un volume
expiratoire maximum seconde et d'avoir toutes les données du sang
artériel et de la ventilation des échanges gazeux au repos, avec
la capacité de diffusion.
La plupart sont des tests objectifs, le sang artériel et tout.
Nous n'avons pas l'effort. Ce que nous faisons avec tous les autres examens
cliniques, ra-diologiques, physiologiques, oscultation et tout, nous donnons ce
que nous croyons le plus près, tout en donnant le plus de
bénéfices de doute, à ce moment-là, au patient,
lorsqu'il a un effort qui nous dit exactement ce qui en est.
Ce qui arrive à ce moment-là, c'est que nous avons parfois
des gens, qui, lors d'un premier examen, montrent qu'ils ont... Nous en avons
eu un cette semaine, sans nommer de cas, qui avait une insuffisance
coronarienne à l'effort, à l'électrocar-diogramme, lors
d'un premier examen en 1972.
Nous lui avions, avec les tests que nous avons vus et tout, donné
25%. Je m'excuse, ce n'est pas nous qui donnons. Nous avions recommandé
une incapacité partielle permanente IPP dans le jargon des
spécialistes de 25%.
Il est revenu cette semaine. Il n'avait plus son insuffisance
coronarienne, il avait été bien traité et nous avons pu
lui faire faire son effort. Aujourd'hui c'était hier avant de
partir l'incapacité réelle, l'insuffisance respiratoire
réelle était de 15%. Nous ne diminuons jamais le montant qui a
été donné une première fois, lorsque cela a
été donné IPP. Il y a des cas. Vous pouvez me dire:
Comment cela se fait-il, j'ai eu un patient qui avait la silicotuberculose, qui
a eu 100% et vous l'avez ensuite ramené à 50%?
Ce n'est pas la même chose, ce n'est pas le même
problème. C'était pour la silicotuberculose. Mes confrères
me disent qu'on n'a pas le droit de dire guéri en tuberculose, mais
disons que lorsque la tuberculose est complètement arrêtée,
pour autant qu'on puisse le juger d'après tous les tests que nous
faisons, la tuberculose est complètement sous contrôle, à
ce moment-là, si la diminution de fonction est de 50%, là, nous
la ramenons à 50%. Mais ce sont les seuls cas.
Les autres cas, tous les autres cas, c'est ce qui arrive dans
l'amiantose, en réalité, je ne crois pas... A ma connaissance, en
tout cas, depuis que nous sommes là, nous n'avons jamais diminué
la compensation d'un travailleur une fois qu'il avait eu un certain
degré.
Mais il y a une chose que j'avais oublié de dire ce matin et
c'est probablement très important pour les travailleurs qui sont ici et
pour tout le monde de savoir cela, c'est que nous allons demander, en voyant un
travailleur une première fois, comme nous savons que l'amiantose,
peut-être pas autant que la silicose... Même si le patient est
sorti du travail, son amiantose peut continuer, ce qu'on ne disait pas il y a
quelques années dans les vrais bouquins de médecine. Aujourd'hui,
on s'en est rendu compte, il y a une possibilité d'aggravation. Nous
allons demander, selon l'évolution de la maladie du patient que nous
voyons, de le revoir dans trois ans ou dans cinq ans.
Au bout de trois ans, on va nous le renvoyer et s'il y a augmentation de
son incapacité, c'est ce qui est différent des cours civiles,
nous augmentons l'IPP; nous l'augmentons proportionnellement à
l'atteinte fonctionnelle.
Mais il y a plus que cela. Il y a des travailleurs qui nous disent:
Docteur, on n'est pas revenu avant, parce qu'on a été
demandé seulement maintenant. Je pense qu'il est important, et on l'a
dit l'an passé, lors de la journée médicale que nous avons
faite dans votre région et nous vous remercions beaucoup de
l'encouragement que vous nous avez donné, par votre présence.
Les médecins étaient là et ils ont très bien
suivi... Ils nous ont montré leur intérêt. Nous
étions très satisfaits par le nombre de questions qui
ontété posées par les médecins de la
région.
Je répète ici un certain nombre de choses que j'ai dites
alors. C'est important, je pense, pour le travailleur de savoir qu'il a droit,
s'il fait une pneumonie, une brocho-pneumonie, une pleurésie, de toute
façon, s'il se sent mal au bout d'un an, un an et demi... On avait
pensé que si rien n'allait plus mal, qu'on pourrait le voir seulement
dans trois ans. C'est son droit à lui, travailleur, de demander à
son médecin...
M. Bellemare (Johnson): Me permettez-vous une question,
docteur?
M. Grégoire: Voulez-vous seulement me laisser finir? C'est
son droit à lui de demander à son médecin, c'est le droit
du médecin, je n'oserais pas dire son devoir, mais presque, de
redemander une nouvelle expertise, un nouvel examen pour son patient. Je ne
sais pas si cela répond à votre question.
M. Vallières: Dr Grégoire, ce que j'aimerais vous
entendre dire: Est-ce que vous reconnaissez ou non le fait que la maladie
cardiaque peut être une conséquence d'une présence
d'amiantose?
M. Grégoire: Oui, encore, vous vous en souvenez. La
maladie cardiaque qui est en rapport avec la fibrose pulmonaire, ce qu'on
appelle le coeur droit, le coeur pulmonaire, je ne voudrais pas être
obligé de...
M. le ministre, vous ne comprenez pas. Cela veut dire le coeur, la
partie du coeur... Je vais peut-être dire quelque chose qui semble une
absurdité. On a deux coeurs, un coeur droit et un coeur gauche. Le coeur
droit pousse le sang je pense que cela peut être important
dans le poumon, le coeur droit, la partie du coeur, la moitié...
M. Roy: ...de la commission.
M. Grégoire:... qui pousse le sang dans le poumon. S'il y
a un barrage au niveau du poumon, ce coeur s'hypertrophie, devient plus
épais, décompense. C'est en rapport avec sa maladie. C'est ce
qu'on appelle le coeur pulmonaire. Je dis "oui", le coeur pulmonaire
toujours.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: Oui, une dernière question en ce qui
me concerne. Le Dr Grégoire a eu l'occasion de nous mentionner à
plusieurs occasions que le comité de pneumoconiose fait des
recommandations aux compagnies minières en leur demandant de ne pas
retourner le travailleur dans le même degré
d'empoussiérage. Je vous faisais mention tantôt que les compagnies
n'en tiennent pas compte d'aucune façon. Trouvez-vous anormal ou normal
que cette situation se produise? Si c'était anormal, par qui croyez-vous
qu'il serait possible de vérifier et exercer une vérification
constante afin de savoir si les compagnies tiennent compte de vos
recommandations?
M. Grégoire: M. le Président, je veux
répondre ici à cette question qui nous tient beaucoup à
coeur. C'est que, souvent, nous formulons la recommandation que le patient que
nous avons vu, s'il a une fibrose pulmonaire, qu'il soit changé
d'emploi. Il est certain que vous prenez la position du comité de
pneumoconiose actuellement. Nous faisons nos recommandations, qui sont
transmises à la Commission des accidents du travail qui va envoyer le
rapport à la compagnie.
Je pense qu'on en a parlé l'an dernier lors de cette
journée médicale. C'est une autre chose qui est peut-être
importante. Puisqu'on a ici les syndicats aussi, vous pouvez peut-être
ensemble aider, tout le monde. On est là pour aider le travailleur.
J'avais justement demandé au député de Richmond, à
ce moment, d'essayer, étant donné qu'il était à
l'Assemblée nationale, d'aider la loi. Voici dans quel sens: A un
monsieur qui a travaillé 30 ans, par exemple, dans une industrie
minière, qui est encore dans une quantité de poussière qui
est un peu plus forte ou beaucoup plus forte que celle qu'il peut accepter,
nous lui demandons de changer d'emploi. On m'a dit... Remarquez que nous
n'avons pas les moyens d'aller contrôler, mais, des travailleurs m'ont
dit, lorsque j'ai voulu changer, docteur, j'ai été
"bumpé".
Cela veut dire quoi, "bumpé"? Cela veut dire que lorsqu'il avoulu
sortir du moulin pour s'en aller à l'extérieur, et qu'il y a eu
une position d'affichée, il y en a un autre qui avait peut-être 35
ans ou qui avait
peut-être 38 ans ou qui avait peut-être 40 ans de service
dans la mine, qui a dit : Moi, je suis fatigué de travailler en dedans.
Je ne suis pas malade, mais je suis fatigué. Je prends la position.
On avait suggéré, au point de vue médical,
apparemment... Ce n'est pas bien du point de vue... En tout cas, la loi de
l'union, dit que la priorité au point de vue de l'ancienneté est
une loi intouchable. J'avais répondu à ceci : Comme dans toute
loi générale, il doit pouvoir y avoir des exceptions. Est-ce que,
si l'on demande à un comité, si on veut être sérieux
le plus possible, faire notre possible, par une recommandation d'un
comité comme le nôtre, pour que cet individu puisse changer
d'endroit, lorsqu'une position est affichée, s'il peut se faire
déplacer, je pense qu'on pourrait peut-être faire une exception
pour celui-ci et dire: D'accord, la prochaine place qui s'ouvre en dehors,
où il n'y a pas de poussière, c'est vous qui allez l'avoir et non
pas les 10, 15 ou 30 autres qui le veulent et qui ne sont pas malades.
Je pense qu'on rendrait alors service aux gens qui sont malades. C'est
une suggestion. Je suis probablement complètement en dehors du sujet
mais...
M. Burns: C'est cela, vous êtes en dehors.
Le Président (M. Séguin): On a répondu
à la question. Est-ce qu'il y avait autre chose, M. le
député.
M. Vallières: Non. Je voudrais avoir une autre
précision sur la même question.
Le Président (M. Séguin): Une autre
précision, une précision plus précise.
M. Vallières: Je voudrais avoir l'opinion du Dr
Grégoire. S'il y avait des mesures coercitives ou des mesures de
contrôle de faites, est-ce que vous jugez que ces mesures reviendraient
à la Commission des accidents du travail? Est-ce que ce serait à
vous de contrôler ces choses, si on avait un mandat à donner
à quelqu'un, à qui devrait-on le donner, selon vous?
M. Grégoire: Vous me demandez cela, et je suis expert
consultant en médecine pulmonaire pour la Commission des accidents du
travail. Je crois que je le demanderais, par exemple, à M.
Tessier...
M. Vallières: Cela ne vous chicote pas de savoir que vous
faites des recommandations qui ne sont pas suivies...
M. Grégoire: II y a une foule...
M. Vallières: Vous n'avez aucune possibilité de
recours et d'insistance auprès des compagnies minières? Vous
n'aimeriez pas avoir des pouvoirs supplémentaires?
M. Grégoire: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit
que cela ne me chicotait pas, mais je vous ai dit que c'était une
question administrative. Je suis bien mal placé pour vous parler de
questions administratives.
M. Tessier: M. le Président, à cela, je
répondrais que, sûrement. Il me semble que l'Assemblée
nationale devrait nous donner les pouvoirs de suivre les recommandations qui
viennent d'être mentionnées par le Dr Grégoire. Lorsque
l'on recommande que l'employé, à cause de son état de
santé, devrait travailler à l'extérieur, loin des
poussières, la loi devrait nous le permettre. Nous serions très
heureux que la loi nous permette de voir à ce que ce soit
exécuté.
M. Vallières: M. le Président, une dernière
question très importante. Est-ce que la Commission des accidents du
travail reconnaît que l'amiantose peut provoquer le cancer pulmonaire
sous toutes ses formes? Est-ce qu'elle le reconnaît dans les faits?
M. Tessier: Nous nous en reportons évidemment aux
expertises médicales pour déterminer l'indemnité à
accorder à un accidenté d u travail ou à un employé
atteint d'une maladie industrielle. Je ne peux donc pas répondre
à cela. Cela dépend de l'expertise médicale.
Peut-être que le Dr Grégoire pourrait préciser.
M. Vallières: C'est une question très importante et
je veux avoir une réponse très précise. C'est
peut-être la question la plus importante de toutes celles que j'ai
posées. Je veux avoir une vraie réponse.
M. Grégoire: M. le Président, la réponse est
oui, si vous voulez une réponse précise.
M. Vallières: Sous toutes ses formes?
M. Grégoire: C'est oui, sous toutes ses formes, mais
à condition...
M. Vallières: Non.
M. Grégoire: Sous toutes ses formes,
c'est-à-dire... Excusez-moi, dans le poumon. Ce que je veux dire par
là, l'adéno-carcinome, le cancer bronchogénique du poumon,
le cancer de la plèvre, le méso-théliome, les formes de
cancer pulmonaire qui existent, s'il y a de l'amiantose.
Il faut tout de même qu'il y ait de l'amiantose, qu'il y ait
quelques corps d'amiante. Si le patient a été exposé
à des concentrations de poussière qui ont été
suffisantes pour faire développer, chez lui, qui ont donné une
réponse anatomo-pathologique... Parce que, vous le savez, je n'ai rien
à vous dire là-dessus, le cancer du poumon est
diagnostiqué avec la biopsie ou avec l'examen anatomo-pathologique, et
lorsqu'on a ces rapports, parce qu'à ce moment, nous dépendons...
C'est-à-dire que notre diagnostic est posé sur les rapports du
comité, parce qu'il y a un comité de pathologis-tes, que vous
avez entendu, d'ailleurs, l'an dernier, c'est exactement la même chose,
et, selon le rapport de ces pathologistes, nous suivons ce que le rapport nous
dit. Si ce n'est pas un cancer du poumon, si c'est un cancer des
métastases qui viennent de l'abdomen, il est évident qu'on ne
peut pas... Je m'excuse.
M. Lecours: Comment pouvez-vous expliquer, Dr Grégoire,
que j'ai au moins, ici, cinq cas bien précis, de haute carcinoma, qui
ont été refusés, avec amiantose dans le poumon,
prouvée à l'autopsie?
M. Grégoire: Si vous avez ça, je vous conseillerais
une chose...
M. Lecours: Je les ai sûrement.
M. Grégoire: ... il faudra nous les renvoyer, parce qu'il
y a une chose qu'il faut dire...
M. Lecours: Je vais les renvoyer sûrement. Oui, et
c'est...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Grégoire: Je m'excuse. C'est votre droit, et à
part cela, c'est en évolution. On sait que les recherches continuent
à se faire, et, il y a dix ans, il n'était pas question de cancer
avec amiantose. Aujourd'hui, on sait que cela existe. Ce n'est pas pour rien
que nous allons dans tous les congrès, M. le Président, que nous
suivons l'évolution de la science et que nous nous adaptons, et si,
aujourd'hui, on reconnaît qu'il yen a, c'est oui. On a ici seize cas,
même...
Le Président (M. Séguin): Non, je pense qu'on a
répondu aux questions.
M. Lecours: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous
terminé?
M. Vallières: Non.
Le Président (M. Séguin): Vous avez
terminé?
M. Vallières: Non, je n'ai pas terminé.
M. Burns: Cela fait à peu près huit fois que vous
nous dites que c'est la dernière question.
M. Vallières: On n'a limité le temps de personne.
J'ai d'autres questions à poser, qui sont importantes, et j'ai
l'intention de les poser.
M. Burns: Allez-y! D'accord.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: C'est une question d'ordre administratif et,
donc, qui va s'adresser au président.
Je voudrais savoir si l'émission de l'ensemble des permis qui
vont aux compagnies minières, ces permis qui sont presque
distribués en vrac aux compagnies... Est-ce votre intention d'en
contrôler la distribution chez les travail leurs, plutôt que de les
distribuer à la compagnie, si la législation était
conséquente à cela?
M. Tessier: Qu'on nous donne le pouvoir de le faire, et
sûrement que nous le ferons.
M. Cournoyer: La question est: Est-ce que vous aimeriez avoir
l'obligation de le faire?
M. Vallières: C'est ça. M. Tessier: Oui.
M. Vallières: Très bien.
Autrequestion: En cas de décès d'un travailleur atteint
d'amiantose, est-ce que l'indemnisation tient compte, pour les personnes
survivantes, de la perte de revenu résultant du décès du
mineur?
M. Tessier: Non. Actuellement, la loi, telle qu'elle existe, nous
permet uniquement d'accorder des rentes à la veuve à un taux
déterminé, un taux fixe, sans tenir compte de ce que le mineur
aurait pu gagner davantage en augmentation de salaire, avec l'inflation, etc.,
nouvelle convention collective, s'il n'était pas
décédé. Mais la commission a soumis, dernièrement,
des recommandations au ministre du Travail pour amender la Loi des accidents du
travail, afin de modifier le barème des rentes aux veuves et
améliorer le sort de celles-ci.
M. Vallières: Par exemple, est-ce que vos recommandations
vont viser à tenir compte davantage non seulement davantage, mais je
pense qu'actuellement vous ne tenez pas compte de la charge familiale. Est-ce
que vos recommandations viseront à améliorer ce point
précis?
M. Tessier: Exactement. Elles vont tenir compte également
de la charge familiale, du nombre des enfants, etc. C'est une des
recommandations d'amendement qui ont été soumises au ministre du
Travail il y a quelques semaines.
M. Vallières: Merci, M. le président.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, j'ai un certain nombre de
questions brèves.
Le Président (M. Séguin): S'il vous plaît,
à l'ordre! Je demanderais, encore une fois, votre
coopération.
M. Burns: J'espère que les réponses seront
également brèves.. D'abord, cela fait exactement cinq à
six heures que nous discutons du problème de l'amiantose. Je pense que
nous n'avons pas devant nous de données en ce q ui concerne la
commission. Serait-il possible, M. le président de la commission, de
nous dire combien vous avez actuellement de dossiers actifs? Je le dis de
façon large...
M. Tessier: Parlez-vous de l'ensemble des accidentés du
travail?
M. Burns: Non, d'amiantose.
M. Tessier: Je pense que ce serait bien difficile de... Ce serait
impossible, ce soir, de vous répondre parce que...
M. Burns: Je veux dire, monsieur...
M. Tessier: ... nous ne faisons pas de distinction.
M. Burns: Non, laissez-moi finir, M. le Président...
M. Tessier: Nous avons actuellement des centaines de milliers de
dossiers.
M. Burns: ... laissez-moi préciser...
M. Tessier: Mais nous pouvons vous produire ces chiffres.
M. Burns: Vous n'avez pas changé, vous, depuis que vous
n'êtes plus ministre. Vous n'êtes pas arrê-table!
M. Tessier: On ne peut pas le donner.
M. Burns: Pour vous aider, M. le Président, je veux
seulement vous dire que, quand je parle de dossiers actifs, ce sont des
dossiers dans lesquels actuellement, au moment où on se parle, vous
payez une compensation pour l'amiantose. C'est cela que je veux savoir.
M. Tessier: Oui, nous pourrons vous le fournir. M. Burns:
Vous ne l'avez pas.
M. Tessier: Non, pas ce soir. Nous n'avons pas apporté de
statistiques sur tous nos dossiers.
M. Burns: De quoi pensiez-vous qu'on jaserait quand vous
êtes venu ici?
M. Tessier: De bien des choses. On me dit, pour donner un chiffre
approximatif...
M. Burns: Non. Ne me donnez pas de réponse, si vous ne
l'avez pas, j'aime mieux que vous fouilliez et que vous me la donniez. C'est
pour cela que je voulais poser ma question avant l'ajournement.
M. Tessier: On me dit environ 1,000 dossiers actifs
présentement.
M. Burns: M. le Président, j'aimerais qu'en même
temps, quand vous me direz que c'est 1,000, ou 1,002 ou 1,004 ou 998, quand
vous aurez la précision, j'aimerais également que vous nous
disiez depuis combien de temps ces dossiers sont actifs.
M. Tessier: Depuis combien de temps?
M. Burns: Depuis combien de temps ces dos- siers sont actifs,
c'est-à-dire le plus vieux dossier remontant à telle date, le
plus jeune commençant à telle date. D'accord?
M. Tessier: D'accord.
M. Burns: Troisièmement, j'aimerais que vous tentiez de
nous dire également quelles sont, au plus bas et au plus haut, les
incapacités partielles permanentes, les IPP, qui sont affectées
à chacun de ces dossiers. D'accord?
M. Tessier: Nous vous fournirons également ces
chiffres.
M. Burns: Egalement, j'aimerais que vous nous disiez combien de
cas d'incapacités totales permanentes vous avez dans ces dossiers.
M. Tessier: D'accord également.
M. Burns: D'accord également. Egalement, comme me le
suggère le député de Johnson, si vous êtes capable
de préciser combien il y a de cas, actuellement, en état
d'audition, qui sont non réglés, c'est-à-dire qui sont en
voie de règlement.
M. Tessier: En suspens.
M. Burns: Pour lesquels la commission ne s'est pas encore
prononcée.
M. Tessier: D'accord. Nous vous fournirons également ces
chiffres.
M. Burns: D'accord. Autre question, j'aimerais que vous me disiez
si, à un moment donné ou à un autre... Non, avant cela,
j'ai une autre question à vous poser. C'est peut-être au Dr
Grégoire que je devrais la poser. Actuellement, le comité de
pneu-moconiose est formé d'un certain nombre de spécialistes, je
pense. Combien sont-ils?
M. Grégoire: Cinq, M. Burns. M. Burns: Cinq
spécialistes.
M. Grégoire: C'est cela. C'est le comité, mais nous
siégeons la plupart du temps avec le Dr Duval, qui est le
représentant de la Commission des accidents du travail, pour nous
fournir les indications.
M. Burns: Six en tout.
M. Grégoire: Mais le comité est réellement
de cinq.
M. Burns: Oui, avec le Dr Duval, cela fait six.
M. Grégoire: Le Dr Duval est le sixième, mais il
représente la commission, le côté administratif, un peu
comme aujourd'hui.
M. Burns: Dr Grégoire, pouvez-vous nous dire qui sont les
médecins qui font partie de ce comité et quelles sont leurs
spécialités?
M. Grégoire: Certainement, avec plaisir. D'abord, le Dr
Gaétan Jarry, est le directeur médical de l'Institut
Bruchési et il est un spécialiste du poumon, c'est un
spécialiste pulmonaire depuis 50 ans. Deuxièmement, le Dr
Jonathan Meakins, qui est ici, est en même temps un spécialiste en
maladies pulmonaires et spécialiste aussi en médecine interne,
Fellow du Collège royal, Fellow de l'American College of Chest
Physicians et professeur à l'université McGill, au Royal
Victoria, professeur en charge du département de pneumologie. Le Dr
Jacques Gou-goux, spécialiste en maladies pulmonaires, est en charge du
service de pneumologie de l'hôpital du Sacré-Coeur à
Montréal et professeur à l'Université de Montréal.
Le Dr Gaston Leduc, spécialiste en maladies pulmonaires, est en charge
du département de phtisiologie je vous sors un mot, c'est
plutôt de la tuberculose...
M. Burns: Ce sont des gens qui souffrent de phtisie.
M. Grégoire: Oui. Le Dr Duval, spécialiste en
maladies pulmonaires, est aussi spécialiste en maladies industrielles,
parce qu'il a des diplômes en maladies industrielles, et est en charge du
service de pneumologie de la Commission des accidents du travail. Je suis le
cinquième, aussi spécialiste en maladies pulmonaires, en maladies
internes, Fellow du Collège royal, Fellow de l'American College of Chest
Physicians, Fellow de l'American College of Physicians, et récemment,
associate Fellow of the Royal Society, the Royal College of London, et
spécialiste en physiologie. J'ai eu l'avantage d'être
peut-être le premier au Canada à aller étudier cette
spécialité afin de pouvoir connaître les atteintes
fonctionnelles respiratoires, non seulement, à ce moment-là, pour
les mineurs, c'était une partie de mon mandat, comme consultant pour la
Commission des accidents du travail, mais, en même temps, aussi, pour les
malades que nous avions dans nos hôpitaux et qui avaient besoin de subir
une intervention telle qu'une lobectomie, une omentectomie et ces
choses-là.
M. Burns: D'accord.
M. Grégoire: Cela vous donne les...
M. Burns: D'accord, cela va bien. Vous avez très bien
répondu à ma question. Est-ce que vous pouvez me dire, à
votre connaissance, combien il y a de spécialistes en maladies
pulmonaires au Québec à part des six que vous m'avez
nommés?
M. Grégoire: Exactement, je crois que c'est environ 80
à 90. Est-ce que quelqu'un peut, peut-être pas actifs, 55 actifs,
à ce qu'on me dit, mais probablement que, dans la liste des
médecins vous en trouvez.
M. Burns: II y en a 50 autres à part vous autres.
M. Grégoire: II y en aurait 50 autres à part de
nous. En pneumoconiose il y en a très peu à ma connaissance qui
se sont spécialisés là-dedans. Je pense, qu'il y a un
certain nombre de raisons à cela. Celle que je vois, il y en a
probablement beaucoup d'autres, ce n'est pas parce que c'est une
spécialité qui n'est pas abordable, mais les gens qui souffrent
d'amiantose, de silicose ou de maladies industrielles, telles celles qu'on a,
ce sont des gens à qui on ne peut pas apporter de traitements de leur
amiantose en tant que telle. On traite les complications de l'amiantose,
complications de la silicose, mais on a l'habitude de dire que si c'est une
fibrose, une fois la fibrose établie, vous ne pouvez pas la faire
disparaître. Une fois que le médecin a posé le diagnostic,
s'il ne fait pas partie de la Commission des accidents du travail, sauf
quelques-uns qui sont intéressés tout spécialement
à cette question, ça peut être un travail intellectuel qui
est très intéressant...
M. Burns: Dr Grégoire, en somme, à combien
évaluez-vous le nombre de médecins au Québec, à
l'heure actuelle, qui peuvent être considérés je
vous demande une opinion, je vous le dis d'avance, c'est évidemment
votre opinion comme des spécialistes en pneumoconiose?
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais demander au Dr Gougoux
de répondre à cette question, qui est beaucoup plus...
M. Burns: Je n'ai pas d'objection.
M. Grégoire: ...dans le... je dirais à cause des
jeunes, à cause des... parce qu'il est professeur actuellement à
l'Université de Montréal, actif et tout, de répondre
à cette question, s'il vous plaît?
M. Gougoux: La réponse est assez facile. C'est qu'il n'y a
aucun cours organisé dans les universités ou ailleurs pouvant
entraîner les pneumologues dans une spécialité telle que la
pneumoconiose. Plus que ça, nous n'avons même pas le droit de
faire participer les résidents en pneumologie ou les spécialistes
en pneumologie qui voudraient s'intéressera la question; ils n'ont pas
le droit de venir à nos réunions par défense même de
la commission. Ce qui fait que pour devenir spécialiste en
pneumoconiose, il faut nécessairement en faire pendant un certain nombre
d'années et jusqu'à maintenant, je ne vois aucun moyen de
réaliser la chose autrement.
M. Burns: En somme, est-ce qu'actuellement vous êtes en
train de me dire que les seuls spécialistes en pneumoconiose sont les
six qu'a mentionnés le Dr Grégoire?
M. Gougoux: J'oserais dire ça, M. le
député.
M. Cournoyer: M. le Président, juste une question
additionnelle; vous dites que par défense de la commission, vous n'avez
pas le droit d'inviter d'autres personnes. Qu'est-ce que c'est ça, cette
défense?
M. Tessier: Je l'ignore.
M. Gougoux: Notre président...
M. Cournoyer: Qu'est-ce que ça veut dire: la
défense de la commission?
M. Gougoux: Notre président, ce matin, a bien dit qu'aucun
médecin ne pouvait assister aux réunions de la commission, sauf
avant l'assemblée, jamais durant l'assemblée.
M. Burns: Une minute, Jean, ça se relie à
ça. Dr Gougoux, est-ce que vous pouvez me dire comment on devient
spécialiste en pneumoconiose?
M. Gougoux: J'oserais dire qu'il faudrait assister à nos
réunions d'une façon régulière pendant une couple
d'années...
M. Burns: II n'y a personne qui a le droit d'y aller, il n'y a
personne qui va le devenir.
M. Gougoux: Ou aller ailleurs vers d'autres commissions, telles
qu'elles existent en France.
M. Burns: Dr Gougoux, le jour où, tout à fait par
malheur, tous les six vous êtes dans le même avion et que cet avion
fait un plongeon dans le fleuve Saint-Laurent, qu'est-ce qui arrive? Qui vous
remplace? C'est la question grave qui se pose. Comment va-t-on les choisir?
Comment en êtes-vous arrivé là?
M. Gougoux: J'ai été associé au mouvement
à titre d'observateur pendant un certain nombre d'années.
M. Roy: Est-ce que vous aviez le droit d'assister aux
réunions?
M. Gougoux: A ce moment-là, oui.
M. Roy: Comme observateur?
M. Gougoux: J'étais là comme observateur.
M. Roy: Maintenant, pourquoi ne permet-on pas à d'autres
observateurs de faire ce que vous avez fait?
M. Gougoux: Je ne peux pas répondre à la
question.
M. Bellemare(Johnson): Quelqu'un m'a dit que ces cours
n'existaient dans aucune université.
M. Grégoire: Si vous me permettez, je pense que je peux
apporter un certain éclaircissement ici. Ce n'est pas pour blâmer
personne, je ne pourrai donner de date exacte, mais, en 1961 ou 1962, je
donnais des communications sur l'amiantose, la silicose, etc., au Château
Frontenac, devant à la fois les médecins de médecine
industrielle et en plus, dans l'assemblée, des représentants du
milieu ouvrier. Je trouvais cela très bien parce qu'on essayait de faire
l'éducation des gens.
A la fin, une question m'a été posée et m'a sur-
pris. J'étais tout simplement consultant pour la commission, comme
aujourd'hui. Je ne me souviens pas du nom du chef ouvrier qui était
là. A ce moment-là, il y avait des médecins
j'étais simplement consultant, je ne faisais pas partie du comité
de compagnies qui assistaient aux délibérations. Il y en
avait aussi deux plus jeunes, parce que le Dr Gougoux est tout de même
plusjeune que moi.
Ces derniers étaient là en vue de former une élite
qui nous remplacerait plus tard. Les médecins de compagnies qui
assistaient étaient là pour nous donner des informations sur ce
qui se passait. Dans ce temps-là, c'était le docteur Vidal. Cet
ouvrier me demande donc: Pourquoi n'y aurait-il pas aussi un médecin
représentant de l'union? Spontanément, j'ai répondu: On
n'a aucune objection. Médecin de l'union, médecin du patient ou
médecin de la compagnie, pour nous, on discute entre nous et on veut en
arriver à la meilleure solution possible.
Je disais cela devant l'assemblée, il y avait des membres de la
Commission des accidents du travail. Qu'est-ce qui s'est passé? Comme je
vous dis, je ne mets pas cela loin pour rien, c'est parce que c'est vrai, c'est
comme cela.
On reçoit une lettre quinze jours plus tard : Dorénavant,
aucun médecin, ni des compagnies, ni aucun autre médecin, n'aura
le droit d'assister aux délibérations des membres du
comité. Nous sommes encore liés par cette loi, parce q ue, sur la
feuille que reçoivent les travailleurs...
M. Burns: Cette directive, Dr Grégoire, d'où
venait-elle?
M. Grégoire: De la Commission des accidents du
travail.
M. Burns: Signée par qui?
M. Grégoire: Ecoutez, vous me demandez...
M. Burns: Je ne vous demande pas le nom de la personne, je vous
demande le poste.
M. Grégoire: Je ne peux réellement pas vous le
dire. Même si je le voudrais, cela fait 12, 15 ans.
M. Burns: Est-ce que c'était le président ou une
secrétaire qui vous a envoyé cette directive? C'est ce que je
veux savoir. Etait-ce un vice-président ou un autre?
M. Grégoire: Vous voulez des réponses
précises, M. le Président.
M. Burns: Je veux savoir...
M. Grégoire: Si je pouvais vous la donner, vous savez que
je vous la donnerais, mais je ne peux pas me souvenir.
M. Burns: Si vous ne pouvez pas l'avoir ce soir, ce sera
peut-être une autre question à laquelle on trouvera une
réponse la prochaine fois.
M. Tessier: M. le député de Maisonneuve, pour
compléter les explications qui viennent d'être fournies par le Dr
Grégoire, il y a un des commissaires qui siégeait à ce
moment et qui siège encore à la commission. Le Dr Grégoire
a dit que c'était arrivé vers 1962, il y a à peu
près douze ou treize ans. M. Roger Mathieu, qui est commissaire, me dit
qu'il a assisté aux délibérations et qu'il connaît
tout l'historique de cette décision de la commission dans le temps.
Est-ce que, M. Mathieu, vous pourriez venir donner ces explications? Comment se
fait-il que la commission a pris la décision d'interdire la
présence des médecins lors des examens au comité de
pneumoconiose?
M. Mathieu: Oui, M. le Président. Je suis arrivé
à la Commission des accidents du travail, la première fois, le
1er avril 1961. Je venais du monde syndical. J'avais été,
immédiatement avant, président de la CSN. Je savais, par mes
fonctions antérieures, qu'une foule d'ouvriers se plaignaient que
lorsqu'ils étaient examinés par des experts de la commission, la
plupart du temps, c'est ce qu'on disait je n'en avais jamais eu la
preuve personnellement les médecins des compagnies qui les
employaient étaient présents à l'examen. Ils
prétendaient que les médecins des compagnies dictaient ou
essayaient d'influencer les experts de la commission dans leurs conclusions et
leurs recommandations à la commission.
Sachant cela, je n'en avais jamais été personnellement
témoin, mais, puisque les ouvriers croyaient cela, j'ai demandé
à la commission que plus jamais un médecin de compagnie ne puisse
assister aux expertises des experts qui agissaient pour nous. La commission a
été d'accord.
Nous avions, à ce moment, deux possibilités. L'une
étant de laisser les médecins de compagnies continuer d'y aller,
parce que les grosses compagnies ont toutes des médecins, et ils ont
tous le moyen de se rendre à ces examens. On aurait pu les laisser
continuer et permettre aux médecins des ouvriers d'exercer le même
droit. C'était mon avis à ce moment et la commission l'a
partagé. Si nous avions étendu ce d roit aux médecins des
ouvriers, la plupart du temps, les ouvriers sont traités par des
médecins de famille qui ne sont pas des spécialistes, et ils ne
s'y rendent pas.
Effectivement, en pratique, c'était ma conviction, et cela a
été celle de la commission, nous avons jugé qu'il
était préférable d'interdire toute présence
étrangère lors des expertises. Nous l'avons fait, non pas
seulement pour les médecins, mais pour nos enquêteurs, par
exemple, quand une compagnie conteste la réclamation d'un ouvrier qui
demande une enquête, l'employeur ne croit pas la version de
l'ouvrier.
Nous faisons une enquête, puisqu'il y a contestation. J'avais
été personnellement témoin, quand j'étais dirigeant
syndical, que des ouvriers se plaignaient que les enquêteurs de la
commission passaient, se rendaient au bureau du personnel de l'employeur et
disaient au directeur du personnel ou à un de ses représentants:
On voudrait voir M. Un-tel, votre employé, je suis un
représentant de la
Commission des accidents du travail, nous avons besoin de l'interroger
sur un accident pour lequel il a fait une réclamation.
Alors, le directeur du personnel ou son représentant convoquait
l'ouvrier, le faisait venir. Là, l'enquêteur de la commission
interrogeait l'ouvrier en présence du directeur du personnel ou de son
représentant. Il est arrivé que l'ouvrier faisait une
déclaration et qu'ensuite il venait se dédire. On disait:
Pourquoi as-tu dit à notre enquêteur telle chose? On m'a
interrogé devant le directeur du personnel, je ne pouvais pas dire la
vérité, je me serais fait "maudire" dehors. Devant cette
attitude, on a demandé que nos enquêteurs interrogent les ouvriers
ou leurs témoins sans d'autres personnes. On a demandé que nos
experts examinent sans la présence d'aucune autre personne que l'ouvrier
qui est examiné et que les experts soient désignés par
nous, pour que cela se fasse sans intervention étrangère. C'est
l'esprit dans lequel cette directive a été donnée par la
commission, à ma demande et d'accord avec les autres commissaires. C'est
encore pour cette raison que cela existe. Maintenant, les médecins de
compagnies, le Dr Grégoire l'a souligné ce matin, ont le droit,
les médecins de l'ouvrier ou des syndicats ont le droit d'aller faire
des représentations à nos experts, lorsqu'ils examinent des gars
à notre demande, mais avant l'examen.
Dès qu'ils ont fait leurs représentations et que l'examen
commence, ils n'ont plus le droit d'être là.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Burns: Une dernière question là-dessus à
M. Mathieu. Je m'excuse, M. le ministre, seulement pour ne pas perdre le fil.
En somme, c'est une décision de la commission?
M. Mathieu: Oui.
M. Burns: C'est une résolution de la commission?
M. Mathieu: Oui.
M. Burns: Vous y êtes arrivé vers les années
1961 ou 1962?
M. Mathieu: Je suis arrivé au début de 1961. Je
pense que c'est à la fin de 1961 ou au début de 1962 que mes
collègues ont été d'accord sur ce point de vue et que
c'est devenu une décision de la commission.
M. Coumoyer: Maintenant, dans le même ordre d'idées,
vous avez un comité, qu'on appelle j'ai de la misère
à prononcer ce mot, comment dites-vous cela?
M. Burns: Pneumoconiose.
M. Cournoyer: Pneumoconiose. C'est formé de
spécialistes. Actuellement, etavec toute la bonne foi du monde, ce sont
probablement d'excellents spécialistes, mais la chose ou l'examen semble
se faire
en circuit totalement fermé. De là, des doutes toujours
possibles sur ce qui se passe à l'intérieur de ce circuit
toujours fermé. Il n'est pas question de mettre en doute
l'intégrité de chacun des membres qui sont là.
Est-ce que cette directive, d'autre part, qui est inspirée du
fait que des médecins de compagnies ou des médecins d'individus,
d'accidentés qui venaient, en fait, pour des raisons que je ne connais
pas, mais, dans le temps, presque rédiger les rapports d'accidents,
est-ce que c'est possible aujourd'hui on va l'oublier mais en la
gardant, celle-là, mais en parlant de pneumoconiose, strictement dans le
but d'inspirer les gens qui sont dans la région de l'amiante, qui n'ont
pas confiance, semble-t-il, selon une déclaration du Dr Lecours... Ce
n'est peut-être pas vrai; c'est peut-être vrai. Ne mettons pas cela
sur le doute. Est-ce que ce serait possible il y a 80
spécialistes, vous l'avez dit tantôt que deux ou trois
spécialistes viennent s'additionner je dis bien des
spécialistes, pas des représentants, pas des avocats de cas
syndicaux ou dans ce cas-là des spécialistes... Est-ce
qu'il serait possible que des spécialistes soient désignés
par les centrales syndicales ou les syndicats qui représentent les gars
pour assister dans les jugements qui seront portés, étant
donné que la déclaration du ministre des Richesses naturelles
dit: Nous voulons examiner tout le monde? On peut se poser la question. Ils ont
déjà été examinés par les mêmes
personnes. On ne peut pas facilement changer de jugement, mais si on pouvait
ajouter, je dis deux, on peut dire trois, quatre, je ne le sais pas, mais des
gens qui seraient désignés par les syndicats représentant
les employés de l'amiante, pour assister à cet examen global de
ceux qui ont été atteints d'amiantose depuis le début,
est-ce que cela changerait quelque chose à la directive que vous avez
adoptée en I962?
M. Tessier: Certainement que ce serait possible, M. le ministre.
Il s'agirait tout simplement d'apporter une modification on peut le
faire demain à la directive que nous avons adoptée. Que le
syndicat des employés de l'amiante nous désigne le nom ou les
noms de leurs spécialistes, et nous allons certainement l'accepter
immédiatement.
M. Cournoyer: Parfait!
M. Mathieu: M. le Président...
M. Burns: Pardon, M. Mathieu?
M. Mathieu:... si vous me permettez, au sujet de la question que
pose le ministre. Il vient d'avoir sa réponse, mais je voudrais
souligner qu'il y a quelques années, trois, quatre, cinq, six ans, je ne
sais pas, les membres du comité de pneumoconiose pourraient
répondre de façon plus précise, il y a un médecin
spécialiste en pneumologie, un Dr Leduc, qui n'était pas membre
du comité de pneumoconiose, mais qui avait beaucoup de cas où on
agissait comme médecins pour des syndicats ou des
fédérations de syndicats CSN, FTQ, indifféremment.
A ce moment-là, à la demande officieuse des deux
centrales, la commission était d'accord pour ajouter le Dr Leduc comme
membre du comité de pneumoconiose, à leur demande et à
leur recommandation. Le Dr Leduc est encore membre de ce comité.
M. Burns: J'aurai, M. le président et M. Mathieu, Dr
Grégoire, Dr Gougoux, d'autres questions la prochaine fois. Mais, comme
vous devez faire une certaine recherche, je voudrais tout simplement
compléter ma question relativement à la recherche. Je vous ai
demandé le nombre de cas d'amiantose que vous avez comme dossiers
actifs, les pourcentages d'incapacités partielles permanentes, les
pourcentages, s'il y en a, d'incapacités totales temporaires et totales
permanentes. Je vous demande, si possible, de faire une espèce de
division de ces statistiques par région, c'est-à-dire où
se situent vos cas. J'aimerais bien le faire. Alors, sur ce, comme il est dix
heures, je propose l'ajournement du débat...
M. Roy: Avant...
M. Burns: ...simplement pour garder mon droit de parole la
prochaine fois. Je n'ai cependant pas d'objection, s'il y a des questions
additionnelles, qu'elles soient posées à ce moment-ci. Mais, je
veux bien qu'il soit bien clair que c'est moi qui propose l'ajournement du
débat. Je n'ai pas objection à ce que le député de
Beauce-Sud pose une question.
M. Saint-Germain: J'étais sur la liste, ce matin. Dans le
même sens, pour éclairer...
Le Président (M. Séguin): M. le
député, vous l'êtes encore sur la liste.
M. Saint-Germain:... j'aurais peut-être d'autres questions
pour éclairer la commission. Avec ces statistiques, est-ce que vous
pourriez nous dire si vous avez déjà comparé...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Pour la simple
raison qu'il y a une motion d'ajournement proposée. Elle est
débattue dans des circonstances très limitées, cette
motion d'ajournement, c'est-à-dire que chaque parti a droit, je pense,
sans vérifier mon règlement, à dix minutes pour dire
pourquoi on ne doit pas ajourner. Sans cela il n'y a pas de débat
possible. Je suis obligé de proposer, à ce moment-ci,
l'ajournement sine die. Je n'ai pas d'alternative. Je regrette, M. le
député, je ne...
M. Bellemare (Johnson): Sur la motion d'ajournement.
Le Président (M. Séguin): Sur la motion.
M. Bellemare (Johnson): Oui, sur la motion d'ajournement.
Le Président (M. Séguin): Voulez-vous entretenir un
débat sur la motion d'ajournement?
M. Roy: D'accord. Je veux intervenir sur la motion d'ajournement,
M. le Président. Je ne voudrais pas faire un débat de
procédure, mais seulement, sur un point, avant d'ajourner j'aurais
préféré je pense que cela aurait été
dans l'intérêt des membres de la commission qu'on puisse
poser encore deux ou trois questions à M. Poulin qui est ici à la
commission parlementaire, qui est ici à la barre...
M. Vallières: ...apporter son message...
M. Roy:... de façon à ne pas l'obliger à
revenir à une prochaine séance pour répondre à deux
ou trois questions. Alors, les questions que j'aurais eu à poser
à M. Poulin...
M. Vallières: Non, non. C'est la même chose pour
tout le monde
M. Harvey (Charlesbourg): Je ne peux pas... Discutez sur la
motion.
M. Roy: Je dis pourquoi je ne suis pas d'accord. J'explique
pourquoi je ne suis pas d'accord.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous alliez dire: J'allais lui poser
cette question.
M. Roy: Je veux vous dire, M. le Président, quelles
auraient été les questions que j'aurais à poser.
M. Harvey (Charlesbourg): Cela ne nous intéresse pas, M.
le Président. Qu'il parle sur la motion d'ajournement; s'il est
d'accord, ou s'il est contre.
M. Burns: Sur la question de règlement, M. le
Président, je suis drôlement placé. C'est moi qui ai
proposé l'ajournement, mais je sais fort bien qu'il est parfaitement
régulier en tout cas je vous le soumets, M. le Président
pour le député de Beauce-Sud de dire pourquoi il ne
voulait pas que l'ajournement se fasse à ce moment-ci et cela veut dire,
évidemment, quelle sorte de questions il aurait voulu poser. C'est bien
évident.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est parce qu'il avait trois
questions.
M. Roy: M. le Président, je voudrais rappeler à
l'ordre le député de Charlesbourg.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est à vous d'être dans
la ligne de pensée de la présidence.
Le Président (M. Séguin): Voici ce que votre
règlement dit: "En commission élue, un député peut
proposer que la commission ajourne ses travaux." C'est ce qui a
été fait. "Deuxièmement, ces motions sont mises aux voix
sans amendement et elles ne peuvent être faites qu'une fois au cours
d'une séance, sauf par un ministre. Elles ne peuvent être
débattues, sauf qu'un représentant de chaque parti reconnu peut
prononcer un discours de dix minutes chacun à leur sujet." Alors, c'est
dans cette galère que vous vous embarquez à ce moment-ci. Vous
pouvez disposer, chaque parti, de dix minutes, sur la motion d'ajournement.
M. Roy: M. le Président, je ne voudrais pas faire un
débat de procédure, comme je l'ai dit tout à l'heure.
M. Harvey (Charlesbourg): Qui représente-t-il, M. le
Président?
M. Roy: Les questions qu'il aurait été bon de poser
à M. Poulin... Je n'interroge pas M. Poulin, je veux dire pourquoi je ne
suis pas d'accord qu'on ajourne à ce moment-ci. Tout à l'heure le
président de la Commission des accidents du travail a dit que des
indemnités de réadaptation étaient offertes à
toutes les personnes qui...
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, une question de
règlement. D'après ce que je peux voir, le député
de Beauce-Sud n'est pas d'accord sur l'ajournement puisqu'il veut continuer la
discussion. A ce moment-là, qu'il accouche pour dire s'il est d'accord
et ensuite on va continuer à travailler.
M. Lessard: II a dix minutes, en vertu des règlements,
pour accoucher. Laissez-le continuer.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plait.
M. Lessard: Laissez-lui ses dix minutes pour accoucher.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Harvey (Charlesbourg): Le député de Beauce-Sud
est assez mêlé comme cela, ne le mêlez pas davantage.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Roy: Si on s'imagine que je vais aller voir le
député de Charlesbourg pour lui demander la permission et lui
demander quoi dire!
Je dis, M. le Président, que nous aurions dû retarder de
quelques minutes, une quinzaine de minutes au plus l'ajournement de ces travaux
afin que nous puissions interroger M. Poulin et lui demander pour voir si, dans
son cas, on lui a offert des indemnités de réadaptation puisqu'on
s'est donné la peine ce soir, cet après-midi, de permettre
à un mineur de venir devant la barre à la commission
parlementaire. Je pense que ç'a aurait été
élémentaire qu'on puisse lui poser cette question pour voir, dans
son cas, ce qui se serait produit.
M. le Président, il y a un deuxième point qui aurait
dû être éclairci devant la commission parlementaire. C'est
que M. Poulin nous a appris qu'il ne travaillait pas dans le moulin, il
travaillait à l'exté-
rieur du moulin. Le Dr Hamel, si ma mémoire est bonne, m'avait
dit que ce monsieur devait détenir c'est plutôt le Dr
Duval, je m'excuse son permis. On a appris que M. Poulin n'avait pas de
permis depuis 1971. Ce qu'il aurait été bon de savoir, au niveau
de la commission parlementaire, c'est dans quelle condition de travail M.
Poulin doit travailler à l'heure actuelle. Je pense que cela aurait
été intéressant et d'intérêt
général que nous puissions le savoir, de façon à
pouvoir connaître si la poussière, dans le secteur de travail,
parce qu'il n'est pas le seul à travailler et à exercer ce genre
de travail dans les mines d'amiante en dehors de ce qu'on appelle les trous
comme tels, mais pour voir jusqu'à quel point M. Poulin peut être
exposé dans ce genre de travail.
M. le Président, il est évident...
M. Harvey (Charlesbourg): On va tout lui demander ça.
M. Roy: ...que j'aurais eu des commentaires à faire
à la suite de nos travaux, après deux jours. Les commentaires que
j'aurais eu à faire à la Commission des accidents du travail,
c'est que je regrette de constater qu'on n'était pas au courant,
à la Commission des accidents du travail, que les mineurs travaillaient
sans permis. J'aurais aimé leur dire ça, j'aurais aimé
leur dire également qu'aucune vérification n'était faite
en ce qui a trait aux permis échus. J'aurais aussi aimé dire
qu'aucune clinique de la commission n'avait été instituée
par la commission elle-même alors que l'article le prévoit
clairement.
M. le Président, j'aurais pu dire aux gens de la Commission des
accidents du travail que les indemnités de réadaptation sont
absentes ou absurdes dans bien des cas. J'aurais voulu leurdire aussi qu'on n'a
pas fait de recommandations pour modifier la loi et les règlements.
J'aurais pu ajouter, M. le Président, si on me l'avait permis, que nous
en avons assez appris pour dire que la Commission des accidents du
travail...
M. Cournoyer: M. le Président, écoutez un
instant...
M. Dufour: C'est une question de règlement.
M. Cournoyer: M. le Président, c'est bien simple, j'ai
l'intention de vous le permettre; étant donné que nous avions une
entente, aussi bien vous permettre de poser ces questions. On avait une entente
pour dix heures et vous faites exactement ce qu'on ne pensait pas qu'il
était possible de faire.
M. Burns: M. le Président, je vais régler le
problème beaucoup plus vite si la commission le veut bien. J'avais
compris que la commission désirait ajourner ses travaux àdix
heures. C'est pourquoi j'ai fait ma motion. En ce qui me concerne, je suis
prêt à continuer; je retire ma motion et on va continuer. C'est
tout.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve. A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): De toute façon, M. le
Président, on aurait voté contre.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Avant de
démarrer à nouveau, à quelle heure la commission
désire terminer ses travaux ce soir?
M. Burns: Des ententes comme cela, je n'y crois plus, pas une
miette. On arrêtera quand on sera censé arrêter. Si c'est 11
heures, ce sera 11 heures et si c'est minuit, ce sera minuit.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve, en continuant.
M. Burns: C'est peut-être au Dr Grégoire que je dois
poser cette question-ci. Est-ce que je comprends la situation, que, pour
devenir spécialiste en pneumoconiose, il faut nécessairement
faire partie du comité des six que vous nous avez mentionné?
C'est-à-dire vous-même, le Dr Duval et les quatre autres
médecins.
M. Grégoire: Ce n'est pas absolument nécessaire. Si
quelqu'un, par exemple, va étudier aux Etats-Unis, en Angleterre, en
France avec le Dr Sa-doul, en Afrique du Sud, il va prendre part à la
recherche et pas nécessairement dans un comité de pneumoconiose,
mais, tout de même, à Cardiff, par exemple, en Angleterre,
où on fait...
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): Je vous demande
pardon, voulez-vous vous servir de l'autre microphone, le journal des
Débats ne peut absolument pas vous saisir.
M. Grégoire: Cel ui-ci est meilleur. Je ne sais pas si
vous avez compris.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg):
Voulez-vous reprendre au début, pour le bénéfice de
la commission, s'il vous plaît?
M. Grégoire: Ce n'est pas absolument nécessaire
qu'il fasse partie du comité de pneumoconiose pour devenir expert en
pneumoconiose. Il peut prendre sa formation dans un autre pays ou dans une
autre partie de notre pays, que ce soit aux Etats-Unis, que ce soit en
Angleterre, que ce soit, comme je le disais, à Cardiff, qui est un
centre d'étude extraordinaire pour les pneumoconioses, de même
qu'avec le docteur Sadoul, par exemple, à Nancy, à d'autres
endroits en France, à d'autres endroits en Afrique du Sud.
Ce n'est pas absolument nécessaire. C'est la réponse.
M. Burns: C'est la réponse, docteur, mais vous-même,
comment êtes-vous arrivé...
M. Dufour: Une question supplémentaire qui viendrait
compléter la question de...
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): ...la parole. Je
m'excuse.
M. Dufour: J'aimerais compléter la question de...
M. Burns: Je m'excuse, vous reviendrez tout à l'heure.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): Tout à
l'heure, M. le député, cela ne vous fait rien?
M. Burns: Comment vous-même et vos collègues de ce
comité êtes-vous devenus ce qu'on peut appeler des
spécialistes en pneumoconiose? A part vos études à
l'étranger. Comment se fait-il, à un moment donné, comme
le disait le Dr Gougoux, tout à l'heure, que ces six médecins
et je le crois, je prends entièrement sa parole que vous
m'avez nommés, sont des médecins qu'on peut considérer
comme les seuls spécialistes en pneumoconiose au Québec
actuellement?
M. Grégoire: Pour parler pour moi, si vous me permettez,
parce que j'ai peut-être été, de ceux qui sont ici, le
premier qui a fait ces études. J'ai passé quatre ans aux
Etats-Unis, dont trois ans aux laboratoires Trudeau, à Saranac Lakes,
à travailler avec un certain nombre de mineurs qui nous étaient
envoyés de la province de Québec, pour faire des études en
amiantose.
J'avais une bourse d'études à ce moment-là, qui me
permettait là-bas d'être "fellow" et qui nous a permis de faire...
C'étaient les premières découvertes, c'est à cause
du laboratoire qu'on avait et c'est là qu'on a vu, pour la
première fois, que des gens, même avec des radiographies,
très peu touchés, se sentaient encore relativement bien, avaient
une diminution de saturation du sang artériel, comme je l'ai
expliqué ce matin.
Cela a été tellement surprenant pour mon patron, le Dr
George Wright, à ce moment, qu'il nous a fait recommencer avec le
même patient trois fois. Nous avons travaillé tous les soirs
jusqu'à onze heures, au laboratoire, pour reprendre des analyses et des
examens, parce qu'il ne voulait pas croire, c'était quelque chose de
tout à fait nouveau. C'était en 1947. J'ai été
là jusqu'en 1950. J'ai ouvert le laboratoire de physiologie respiratoire
de Lavoisier, l'institut et non pas la clinique, il faut s'entendre. Depuis ce
temps, nous passions, lorsque nous étions demandés pour le faire,
des cas qui souffraient de pneumoconiose, toutes les pneumoconioses, pas
seulement, il va sans dire, celle de l'amiantose.
Il y avait, à ce moment, le Dr Vidal, le Dr Codée et le Dr
Jarry qui faisaient partie du comité de trois. On me demandait d'aller
leur traduire les chiffres que j'avais en données cliniques, pour les
patients qui avaient eu des tests. Petit à petit, j'étais avec le
comité à lire des radiographies... Il y avait, en tout cas, un
radiologiste expert à ce moment, le Dr La-charité. Un peu plus
tard, lorsque, après la disparition du Dr Codée, c'est le Dr
Meakins qui l'a remplacé, mais qui l'a remplacé avec,
naturellement, toutes les connaissances. Il était déjà
spécialiste en poumon, intéressé en tant que... Parce
qu'il faut tout de même dire que cela s'enseigne. Je donne des cours,
à l'université, sur la pneumoconiose. Ce n'est pas quelque
chose... Quand un médecin est reçu, il ne peut pas dire qu'il n'a
jamais entendu parler de pneumoconiose, mais, il y a une différence,
comme vous le savez, entre en entendre parler, avoir eu des cours
là-dessus et devenir spécialiste là-dedans. C'est pourquoi
ceux qui s'ajoutent se sont additionnés petit à petit, se sont
toujours additionnés. Heureusement, comme vous le disiez tantôt,
qu'il n'y a pas eu un crash d'avion pour que tout le monde tombe.
Naturellement, si cela arrivait avec notre club des Canadiens, c'est un peu la
même chose qui arriverait, je pense bien.
M. Burns: Ce serait un peu moins grave quand même.
M. Grégoire: S'il faut que les six tombent... On en
trouverait d'autres, parce qu'il paraît qu'il n'y a personne qui ne se
remplace pas. Cela créerait peut-être... On n'est pas
indispensable. On ne s'en fait pas. On a, depuis des années,
travaillé dans ce domaine. On s'est intéressé à
cela, parce qu'on aime ce genre de travail.
M. Burns: Comment vos autres collègues sont-ils devenus
spécialistes dans ce domaine. Vous nous avez expliqué comment
vous y êtes venu.
M. Grégoire: Je m'excuse. Comment j'ai
commencé?
M. Burns: Vous, vous nous l'avez expliqué. Vous nous avez
donné presque votre curriculum vitae.
M. Grégoire: Puis-je leur demander, si vous voulez, parce
que...
M. Burns: Je ne veux pas passer la soirée là-dessus
quand même.
M. Grégoire: Vous savez...
M. Burns: Je veux très brièvement que vous nous
disiez comment vos collègues, le Dr Duval, le Dr Gougoux et les autres
j'oublie le nom des trois autres sont devenus des
spécialistes en pneumoconiose?
M. Grégoire: Je crois que c'est avec... D'abord,
déjà spécialistes en poumon, en assistant à toutes
les réunions du comité, en prenant part aux discussions et en
étudiant de plus en plus continuellement, en assistant aux
congrès, parce que, la minute que nous avons une responsabilité,
vous savez ce qui arrive, c'est qu'on prend... Oui, c'est cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
S'il vous plaît, à l'ordre! A l'ordre! Je vous demanderais, s'il
vous plaît, de permettre à celui qui répond de
répondre. A l'ordre!
M. Grégoire: On a une façon de le dire. On disait:
Fabricando fit faber. C'est en forgeant qu'on
devient forgeron. C'est un peu cela. Ce sont déjà des
spécialistes qui se surspécialisent, comme le dit ici M. Parks,
il faut faire, à ce moment, un peu de géologie, il faut
s'intéresser à la physiologie, il faut s'intéresser
à l'épidémiologie et chacun...
M. Burns: Parfait, docteur, parfait. Dans votre curriculum vitae,
vous nous avez dit, à un moment donné, que vous étiez
allé étudier à quel endroit?
M. Grégoire: D'abord, à John Hopkins, à New
York, avec le Dr Cournant, et, ensuite, à Saranac Lakes, trois ans.
M. Burns: Etes-vous au courant: Qui finance l'Institut Saranac
Lake?
M. Grégoire: Je n'ai pas eu affaire à être
financé par eux parce que c'était une bourse de la province de
Québec, comme étudiant en physiologie...
M. Cournoyer: La question est posée. Est-ce que vous
étiez au courant, qui finance cela?
M. Grégoire: Je vous dis: Non.
M. Cournoyer: Vous n'êtes pas au courant encore
aujourd'hui. Il n'est pas au courant. C'est la question que j'ai
posée.
M. Burns: II n'est pas au courant?
M. Cournoyer: Non, il n'est pas au courant, même
aujourd'hui.
M. Burns: Bon, d'accord. Docteur, dernière question quant
à vous, est-ce que, dans les réunions de votre comité,
vous vous êtes penchés sur le taux ou le nombre de fibres qui
peuvent être nocives pour un travailleur? Est-ce que cela a
été l'objet d'un examen par votre comité?
M. Grégoire: M. le député, chaque fois que
nous avons un travailleur, non seulement dans l'amiante, mais dans toute ligne,
c'est la première réquisition, la première chose qu'il
faut savoir, tellement que nous ne prenons pas de décision tant que nous
n'avons pas les rapports d'une étude industrielle, soit au dossier ou
encore que nous avons déjà de la compagnie, parce que c'est
sûr qu'il y a certaines compagnies où nous avons reçu des
rapports de la médecine industrielle où on nous dit le taux.
M. Burns: Soyons brefs. Je ne veux pas prendre le temps de mes
confrères, mais, dans le fond, c'est vous qui prenez le temps de nos
collègues autour de la table en répondant longuement.
M. Grégoire: Je m'excuse.
M. Burns: Je vous demande vous voulez être
précis, j'accepte cela simplement: Vous êtes-vous
déjà penchés sur le taux de fibres par centimètre
cube qui peut être nocif au travailleur?
M. Grégoire: Oui, monsieur.
M. Burns: A quel moment vous êtes-vous penchés sur
ce problème?
M. Grégoire: Depuis que je suis même avant,
mais enfin pour moi président du comité, parce qu'avant
cela, j'étais consultant sans être membre du comité.
M. Burns: C'est arrivé à plusieurs reprises que
vous vous êtes penchés sur une étude de cette nature
ou...
M. Grégoire: Mes collègues vont vous le dire,
chaque cas.
M. Burns: Mais je vous parle du nombre de fibres...
M. Grégoire: Du nombre de fibres, là, il faut
s'entendre.
M. Burns: ... qui peuvent être nocives pour la santé
d'un travailleur.
M. Grégoire: Le nombre de fibres, avant cela
c'était le nombre de particules par pied cube.
M. Burns: Oui, d'accord.
M. Grégoire: Nous avions besoin de l'avoir chaque fois,
mais depuis, c'est plus clair naturellement d'avoir les fibres que d'avoir les
particules. Nous avons les fibres, je pense...
M. Burns: D'accord, maintenant la méthode de calcul, c'est
fibre par centimètre cube.
M. Grégoire: C'est cela.
M. Burns: Bon. Est-ce que vous vous êtes
arrêtés au nombre de fibres par centimètre cube qui peut
être nocif pour un travailleur exposé et pour un travailleur qui
ne l'est pas encore?
M. Grégoire: Pour un travailleur qui est...
M. Burns: Un travailleur déjà exposé, disons
que je prends un mineur qui est déjà exposé, je pense,
depuis une dizaine d'années et un mineur qui commence aujourd'hui,
c'est-à-dire quelqu'un qui n'était pas mineur hier. Est-ce que
vous vous êtes déjà penché sur le taux par rapport
à ces deux situations?
M. Grégoire: Nous ne nous sommes pas penchés, parce
que nous ne les recevons pas. Si un mineur commence à travailler, ce
n'est pas nous qui le voyons. Nous le voyons lorsque le médecin de
famille ou le médecin de compagnie nous l'envoie.
M. Burns: Ce n'est pas cela que je vous dis, docteur. Je vous
dis..
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Burns: Comme expert, quel est le taux que
quelqu'un je vais poser la question clairement, on ne tournera
pas autour du pot qui n'a jamais été exposé peut
subir selon l'opinion de votre comité, et quel est le taux que quelqu'un
qui est déjà exposé, peut subir?
M. Grégoire: Nous savons actuellement que cinq fibres par
milimètre cube pour quelqu'un qui n'a jamais été
exposé, qui commence à travailler durant... pourrait
être...
M. Cournoyer: Des millimètres ou des centimètres?
Docteur, c'est important, cela. Des millimètres ou des
centimètres?
M. Burns: Cinq fibres par centimètre cube.
M. Grégoire: C'est par ce, centimètre cube. Je
m'excuse, j'ai probablement... A cinq fibres, jusqu'à maintenant, nous
croyons qu'il ne développera pas de maladie amiantosique dans sa
vie.
M. Burns: Quelqu'un qui n'a jamais été
exposé...
M. Grégoire: Qui n'a jamais été
exposé.
M. Burns: Pour quelqu'un qui a déjà exposé,
maintenant?
M. Grégoire: Pour quelqu'un qui a déjà
été exposé, nous avons l'impression que s'il est à
cinq fibres, cela ne devrait pas créer de problème.
Mais comme nous ne le savons pas pour un cas particulier, nous demandons
de revoir ce patient, selon les cas, dans un an, deux ans ou trois ans, comme
je disais tantôt. S'il y a évolution, nous allons le sortir,
demander qu'il sorte de la poussière; et s'il sort de la
poussière, ça ne veut pas dire c'est peut-être
quelque chose d'important à savoir qu'il n'est plus
exposé, que ça va arrêter là, parce qu'il n'est plus
exposé. La fibrose, celle qui est faite, elle est faite, mais les fibres
qui sont là peuvent, dans certains cas ce n'est pas dans tous les
cas continuer à faire progresser la maladie que nous appelons
fibrose amiantosique.
M. Burns: De par votre expérience, docteur, une fois que
l'exposition est faite, une fois que c'est commencé, quel est le
pourcentage où ça s'arrête et le pourcentage où
ça continue? Avez-vous des statistiques là-dessus?
M. Grégoire: Nous n'avons pas de statistiques. Nous savons
que, dans certains cas, cela peut progresser assez vite; malheureusement,
même une fois que les gens sont complètement sortis de leur
milieu, même une fois la retraite arrivée. Nous savons cela. Mais
même si je vous donnais des statistiques du groupe que nous avons, cela
ne veut pas dire du tout que c'est ce qui se passe en général
dans la région, dans la mine ou dans les... Parce que ceux que nous
voyons, nous, c'est un groupe très sélectionné. Nous ne
recevons que ceux qui nous sont envoyés. Nous n'allons pas les chercher
nous-mêmes. Nous sommes à l'autre extrémité de la
ligne et nous les recevons. Il y en a combien d'autres qui commencent ou qui
ont commencé? Nous n'en savons rien. Nous sommes là, je pense que
c'est le président, tantôt, qui le disait, pour établir le
degré d'incapacité fonctionnelle que représentent les
individus qui nous sont envoyés.
M. Burns: Docteur, si je vous comprends bien, je vais essayer de
vous résumer. Vous considérez, à votre comité, que
quelqu'un qui n'a jamais été exposé peut tolérer un
taux de cinq fibres par centimètre cube.
M. Grégoire: Oui.
M. Burns: Est-ce que je suis dans l'erreur de dire que cette
conclusion, je dois l'interpréter de la façon suivante: Quelqu'un
qui, déjà, est exposé, ne peut pas tolérer cinq
fibres par centimètre cube?
M. Grégoire: Moi, je ne pourrais pas aller, du point de
vue scientifique, à dire cela, au moment présent, parce
que...
M. Burns: Je prends simplement votre énoncé et
j'essaie de l'appliquer à une situation. Vous me dites que quelqu'un qui
n'a pas été exposé peut tolérer cinq fibres par
centimètre cube. Je présume que quelqu'un qui a
déjà été exposé, puisque vous ne le
mentionnez pas dans votre affirmation, ne peut pas tolérer cinq fibres
par centimètre cube.
M. Grégoire: Voici la différence. Naturellement,
dans le cas du type qui commence à travailler, qui a 18 ans, par
exemple, ou 20 ans, on dit: 40 à 45 ans, s'il va finir de travailler
à 65 ans, cela lui donne 45 ans de travail à cinq fibres par cc.
Mais ceux que nous voyons, surtout ceux qui viennent de la région
amiantifère, c'est-à-dire de l'industrie primaire, parce que
c'est différent, l'industrie primaire et l'industrie secondaire, n'ont
été exposés qu'à une sorte d'amiante, l'amiante
chrysotile et non pas, comme dans l'industrie secondaire, à l'amiante,
à l'acrocy-dolite, à l'amosite, à la trérnolite...
Quand on parle d'amiante, vous savez, il y a plusieurs sortes d'amiante, parce
qu'on a un mélange d'amiante, par exemple. Ceux qui ont travaillé
dans les garnitures de freins, etc., je ne veux pas aller beaucoup plus loin,
peuvent développer de l'amiantose beaucoup plus rapidement, parce qu'il
y a des fibres qui sont beaucoup plus raides, plus dures et qui sont
différentes et cela fait un amalgame. Mais lorsqu'il s'agit d'un mineur,
par exemple, rendu à 58 ans, en moyenne, 55, 58, 60 ans, qui a
été exposé à des concentrations on ne les
avait pas en fibres mais on présume que cela pouvait
peut-être aller à 75, 80, 100 fibres par centimètre cube,
durant de très nombreuses années, et qu'il commence à
faire une amiantose, on se dit: lien a pour sept ansà travailler. Mais
on va le revoir dans un an, dans deux ans, et s'il est déplacé ou
si on a diminué, à cause d'une très bonne ventilation, la
quantité de poussière à cinq fibres par cc, nous avons
l'impression, jusqu'à preuve du contraire, qu'il peut faire ce
travail.
Je peux faire une erreur parce que les statistiques, actuellement, et
les travaux de recherche, bien là-dessus, ne nous ont pas encore
renseignés suffisamment.
M. Burns: Est-ce que vous vous êtes informés, par
exemple, auprès des endroits où déjà on a, soit
imposé aux compagnies quand je parle des endroits, je parle des
Etats, que ce soit une province ou que ce soit un Etat en Amérique du
Nord comme maximum acceptable de cinq fibres par centimètre cube
ou même, dans certains cas, où on a déjà
réduit soit pour l'année prochaine, comme c'est le cas à
certains endroits en 1976, à deux fibres par centimètre cube...
Est-ce que votre cornité, dans son examen de cette situation, s'est
informé auprès des gens qui ont conseillé les hommes
politiques si on peut dire, qui ont réglementé soit cinq fibres
par centimètre cube ou deux fibres par centimètre cube
immédiatement ou dans un an?
M. Grégoire: Oui, monsieur le...
M. Burns: Vous vous êtes informés.
M. Grégoire: Nous nous sommes informés.
M. Burns: Quel a été le résultat de cette
recherche que vous avez faite, j'imagine, auprès de vos
collègues, confrères...
M. Grégoire: En Angleterre, plus spécialement,
où on a beaucoup plus de recul, en calculant le nombre de fibres par
ce... Il y a là des usines, c'est l'industrie secondaire, ce qui est
encore plus dangereux, comme je vous le disais, parce qu'ils n'utilisent pas
qu'une seule sorte de fibres. On a des rapports depuis 25 ou 30 ans, parce
qu'il faut voir que ce n'est pas une chose qui se développe rapidement.
Si, par exemple, en Angleterre, on a la chance de voir que des gens qui sont
entrés il y a trente ans et où les normes étaient
sévères, à cinq fibres par centimètre cube, il n'y
a personne encore qui ait développé la moindre trace de fibrose.
Alors, c'est difficile, actuellement, même pour ceux qui vont mettre deux
fibres, par exemple, de dire que c'est exactement cela qu'il faut. C'est
certain que plus ce sera bas... On disait, zéro fibre, c'est encore
mieux que deux. Seulement, il faut voir que, si cinq fibres ne causent pas de
tort à l'individ u, au patient, comme q uelqu'un disait, c'est un
mineur...
M. Burns: Vous avez bien dit au patient qui n'est pas
déjà exposé.
M. Grégoire: Pas à un individu, mais au
travailleur. Si cela ne cause pas de tort, je pense que ce sera... Je ne suis
pas à l'autre bout de la production, mais quand on est dans une mine, ce
serait plutôt surprenant qu'il n'y ait pas du tout de poussière,
quand on a vu comment cela fonctionne, les usines, les mines et tout... Je
pense bien que tout mineur doit admettre qu'il y a une certaine quantité
de poussière, mais l'important, c'est qu'elle ne soit pas
supérieure à la dose qu'il peut tolérer et, jusqu'à
maintenant, il se peut que, dans cinq ans, dans dix ans ou dans vingt ans,
après avoir diminué à cinq fibres, on dise: Bien, ce
serait mieux quatre. Je ne le sais pas. Mais je dis une chose, c'est que, si on
parle de quinze, de dix-huit ou de vingt fibres actuellement ou peut-être
plus, diminuer à cinq, je dis que ce sera tout de même une
amélioration très considérable.
M. Burns: Bon! J'aurais simplement une question ou deux à
l'endroit du président de la commission et j'en aurai fini pour ce soir,
c'est-à-dire, évidemment, M. le Président, que je me
réserve le droit de revenir avec d'autres questions plus tard.
Evidemment, je ne répéterai pas les mêmes questions. Ce qui
m'a étonné un peu, M. le Président de la Commission des
accidents du travail, c'est le fait que, semble-t-il, le fameux permis de
mineur ne soit pas détenu par le mineur lui-même, mais remis entre
les mains des compagnies. Je lis dans le règlement 887, que vous
connaissez bien, à l'article 3, les mots suivants:
Tout ouvrier qui demande un emploi dans une exploitation ou entreprise
minière pour une occupation exposée aux poussières doit
être porteur vous m'entendez bien, M. le Président?
doit être porteur d'un certificat émis au cours des derniers douze
mois par un médecin en charge d'une clinique organisée
conformément aux dispositions de l'article 109, etc. attestant qu'il a
subi l'examen prescrit et qu'il a été trouvé exempt de
maladie des voies respiratoires et autrement apte à travailler à
une occupation exposée aux poussières. Ce que je veux savoir,
c'est d'où vient l'interprétation qu'on a faite que ce sont les
compagnies qui doivent être porteuses de ce certificat, alors que le
règlement 887 dit que c'est le travailleur qui doit être porteur
de ce certificat.
M.Tessier: II semble que c'est une coutume qui s'est
établie à la commission depuis de très nombreuses
années puisque le Dr Duval émet des permis depuis quinze ans et
il s'est toujours basé sur l'article 7 de l'arrêté en
conseil 887 qui dit: Sur demande de l'employeur, l'ouvrier lui remettra pour
bonne garde son certificat médical.
M. Burns: Oui, mais M. le Président, si vous lisez
l'article 7 avec l'article 3, cela laisse entendre que le travailleur a
déjà été porteur de ce certificat. Or, il semble
en tout cas jusqu'à preuve du contraire qu'il n'y a pas
beaucoup de travailleurs qui sont porteurs de ce certificat. Je comprends que
si on lit l'article 7 que vous venez de nous lire avec l'article 3, le
processus normal serait le suivant: Le travailleur passe l'examen, on lui remet
son certificat et l'employeur, en vertu de l'article 7, demande à ce
travailleur: Veux-tu m'exhiber et me donner pour bonne garde c'est bien
cela que dit le texte c'est-à-dire pour ne pas que tu le perdes,
ton certificat? J'ai bien entendu M. Poulin tout à l'heure et j'ai bien
remarqué, même si c'était irrégulier, le nombre de
mains qui se levaient dans la salle, nous démontrant qu'il n'y avait pas
en pratique de travailleurs qui étaient détenteurs de cela. Il y
a M. Poulin qui est dans le domaine depuis 28 ans, qui n'a
jamais vu ce certificat que lui exhibait M. Jodoin. C'est ce que je
trouve un peu anormal et le travailleur, vu qu'on remet le certificat à
l'employeur, si on le lui remet je l'ignore et le travailleur l'ignore
n'a aucune méthode de contrôle quant à lui. Il me
semble qu'il est le premier concerné. Il me semble que ce serait normal
qu'il soit au moins au courant qu'un tel certificat est émis à
son sujet, ou qu'un tel certificat n'est pas émis.
M. Tessier: C'est exact, M. le député. Pour ma
part, j'avais l'impression que le mineur avait son certificat de mineur. Comme
vous, j'ai appris aujourd'hui que c'était envoyé directement
à l'employeur. Le Dr Duval me dit qu'il y a certaines raisons pour
lesquelles la commission a toujours procédé comme cela depuis son
existence. Ce n'est pas une affaire nouvelle. Cela a toujours été
ainsi. Il y a quinze ans, quand il a commencé à en faire, son
prédécesseur agissait comme cela. Quand il l'a remplacé,
il y a quinze ans, il a continué la même procédure. Il y a
peut-être une raison. Je ne sais pas si le Dr Duval pourrait la
donner.
M. Duval: M. le Président, il y a quinze ans, un mineur
à qui on remettait son certificat le perdait. Il ne le retrouvait pas.
On a même donné des enveloppes spéciales faites en papier
très résistant pour q ue son certificat ne devienne pas un
chiffon de papier. Je ne blâme pas le travailleur. On lui remet un
certificat, c'est sa propriété et les circonstances veulent,
parfois, qu'il le perde en cours de route, en voyage. Il change d'employeur et
on était toujours vis-à-vis de rien. On perdait le certificat, on
ne l'avait pas. Alors, il fallait en émettre. A un moment donné,
dans le Nord-Ouest québécois, il y avait deux cliniques. Il y
avait la clinique A et la clinique B.
Il y avait des types qui étaient examinés à la
clinique A et l'année suivante, ils s'en allaient travailler pour une
autre compagnie. On a même des types qui ont travaillé pour 25 ou
30 compagnies durant leur vie. Il fallait produire 25 ou 30 certificats, il y a
des individus qui se promenaient à un moment donné avec 4 ou 5
certificats dans leur poche. Pour arriver à avoir un dossier par mineur
et avoir le contrôle médical de nos actes, il fallait instituer un
système et ça se faisait avant que j'arrive au service de la
commission. C'est à ma recommandation qu'on a fermé la clinique B
pour tâcher d'arriver à un contrôle médical. Nous
avons institué des formules d'histoire occupationnelle qui sont faites
en quatre copies, signées par I'applicant ou le mineur et il y en a une
copie, comme je vous disais tout à l'heure, qui va à chacun des
intéressés.
Si vous voulez bien prendre la peine de lire ce qu'il y a sur la feuille
jaune, la feuille qui appartient au mineur, vous allez avoir toutes les
explications voulues, M. le député de Maisonneuve, sur notre
façon de procéder.
M. Burns: Docteur, entre vous et moi, les mineurs conduisent des
automobiles aussi, ce ne sont pas des gens à part les autres, les
mineurs; ils ont des automobiles. Pour conduire une automobile, ça prend
un permis de conduire, ça prend un certificat d'immatriculation
d'automobile...
M. Duval: C'est indiqué ici.
M. Burns: Oui, je le sais bien. Comment se fait-il...
M. Duval: On peut vous le donner.
M. Burns: ...qu'il n'y ait pas un taux très
élevé de mineurs qui se font arrêter parce qu'ils perdent
leur certificat d'immatriculation ou leur permis de conduire et que vous dites:
on ne peut pas leur remettre leur certificat parce qu'ils risquent de le
perdre?
M. Duval: Je ne dis pas ça. Si, aujourd'hui, les mineurs
sont intéressés à l'avoir, ça ne me dérange
pas, comprenez-vous, que le mineur ait son certificat.
M. Burns: Je ne sais pas si les mineurs sont
intéressés, mais je trouve bizarre, comme néophyte dans le
domaine, qu'on ait appris aujourd'hui en même temps, sernble-t-il, par le
président de la Commission des accidents du travail, qu'un certificat
qui concerne quelque chose de très intime et de très privé
d'un mineur, ça ne lui passe même pas par les mains et que
ça aille directement aux compagnies. C'est seulement ça que je me
pose comme question.
M. Duval: M. le Président, permettez-moi d'ajouter ceci,
ce sont des choses qui se font avec l'expérience, avec les habitudes. A
un moment donné, il faut prendre le meilleur moyen pour arriver à
satisfaire tout le monde et si on a décidé ça, c'est parce
que très souvent, les mineurs arrivaient à la clinique et
n'avaient pas de certificats. Où l'as-tu mis, ton certificat? Cela fait
deux ans qu'on te l'a donné. Je l'ai perdu.
Finalement, vous savez que, pour émettre un certificat, il faut
tout de même avoir des documents médicaux. Il y a des types dans
le nord-ouest... Ce n'est pas le cas malheureusement dans I'am iante où
les gens ne déménagent pas; ils travaillent toujours dans la
même région mais lorsque vous pensez à d'autres
régions minières, le problème est très
différent. Il y avait des types qui subissaient des examens
médicaux à répétition pour obtenir un certificat. A
un moment donné, les employeurs se disaient: Tâchez de trouver une
méthode pour qu'on en finisse avec des certificats, les gens se
présentent chez nous, veulent avoir de l'emploi et nous disent qu'ils
ont déjà travaillé dans les mines et n'ont pas leur
certificat.
C'est pour ça qu'on a établi ça avec l'assentiment
des unions et des employeurs. Cela ne s'est pas fait contre leur
volonté. Je ne parle pas de la région de l'amiante parce
qu'à ce moment-là je n'étais pas concerné, mais je
sais que, dans le nord-ouest, cela s'est fait comme ça. Ces formules ont
été faites avec l'assentiment de tout le monde et ça porte
l'en-tête de la Commission des accidents du travail. Ces formules ont
été introduites en 1962.
M. Burns: Si jamais c'était le désir des
travailleurs, des mineurs, d'obtenir eux-mêmes leur certi-
ficat, est-ce que, à votre connaissance, la commission aurait
objection à...
M. Duval: M. le député, si vous me permettez, on
n'a aucune objection, mais, tout de même, il faut être pratique.
S'il faut adresser le certificat à chaque mineur, je ne peux pas le
faire, c'est impossible; c'est physiquement impossible d'adresser
individuellement les certificats aux mineurs.
S'ils veulent l'avoir, leur certificat, on peut les leur adresser,
qu'ils nous donnent une adresse quelque part, pour chaque mine, on enverra le
certificat et ils l'auront. Ils iront le demander. Ils devront avoir leurs
certificats, par exemple, pour passer leurs prochains examens.
Comprenez-vous? Lorsque l'examen annuel du mineurdevien dû, il
faut tout de mêmequ'il présente son certificat et, s'il ne l'a
pas, il faut tout recommencer. C'est cela, le problème.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): Sur le même sujet. Tout à
l'heure, le député de Frontenac vous demandait si et la q
uestion a été posée au président de la commission
plutôt que d'expédier en vrac les permis de travail, les
certificats, à l'employeur, il ne serait pas possible d'envoyer, a
chacun de ces travailleurs, son certificat, ou encore une photocopie de
l'authentique certificat, qui serait expédié, en vrac, à
la compagnie.
Je pense que, si j'ai bonne mémoire et on pourra le lire
dans le journal des Débats le président s'est dit d'accord
là-dessus. Je pense que la loi le stipule et, à mon point de vue,
le travailleur doit avoir son certificat, et on insiste pour que vous
respectiez cela, même si c'est plus de travail. Au fond, c'est la loi qui
le veut. Ces travailleurs qui n'ont pas de certificat...
M. Duval: La loi est là. On a observé la loi, M. le
député.
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, si on observe... En mettant de
côté l'article 7. Tout simplement une photocopie du certificat
donnerait satisfaction au travailleur.
M. Duval: Que la commission nous donne les moyens de le faire,
c'est tout.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est une question administrative.
M. Tessier: La commission n'a aucune objection.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est un point de gagné, M. le
Président.
M. Burns: M. le Président, j'apprends de la part du
député de Beauce-Sud, d'ailleurs il nous l'a dit tout à
l'heure, c'était pourquoi il s'opposait à l'ajournement, je n'ai
pas d'objection, mais je vou- drais qu'il soit bien clair que j'ai d'autres
questions. Je n'ai pas d'objection à ce que le député de
Beauce-Sud pose des questions à M. Poulin, parce que, apparemment, il
veut... Oui, c'est exactement lui, après moi.
M. Harvey (Charlesbourg): Absolument pas.
M. Saint-Germain: A la dernière assemblée de cette
commission, vous avez pris mon nom comme étant un des
députés qui auraient le droit de parole aujourd'hui. Ce matin,
vous l'avez de nouveau mentionné.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas eu l'occasion encore de poser les
questions que je voulais. J'avoue qu'une bonne partie des questions ont
déjà été posées, mais tout de même, je
voudrais compléter, si vous voulez bien me le permettre.
M. Burns: Sur la même question de règlement, je peux
vous dire que je suis ici depuis 10 h 30 ce matin et que j'ai réussi
à poser ma première question, à peu près à 9
h 30, ce soir.
M. Saint-Germain: C'est mieux que moi.
M. Burns: Patience et longueur de temps font plus que force ni
que rage, comme disais le bonhomme Lafontaine.
M. Saint-Germain: Est-ce que j'ai la parole?
M. Burns: Patientez, comme nous avons patienté.
M. Saint-Germain: Je veux bien patienter...
M. Burns: Je vous dis que le député de Beauce-Sud
vient de m'indiquer que, pour éviter que M. Poulin revienne une
prochaine fois, il voudrait lui poser des questions immédiatement. Nous
devrons ajourner nos travaux dans moins de quinze minutes. Je suis prêt
à céder mon droit. De toute façon, M. le Président,
je pense que, sur la liste, c'est le député de Beauce-Sud qui
vient immédiatement après moi. Je suis prêt à faire
à nouveau preuve de patience la prochaine fois et d'attendre mon tour.
Je suis bien conscient que je perds mon tour.
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement. Ce n'est pas le leader parlementaire de l'Opposition qui va
dicter à la commission qui va avoir le droit de parole ou non. C'est
votre autorité...
M. Burns: Si vous ne voulez pas, je vais continuer. Je veux tout
simplement être aimable à l'endroit du député de
Beauce-Sud et de M. Poulin.
M. Saint-Germain: Je veux dire qu'en ce moment, relativement
à cette liste, vous l'avez remarqué, je suis le seul qui n'a pas
eu son tour. Je crois qu'en toute justice...
Le Président (M. Séguin): Comme je l'ai dit au
début de la séance, ce matin, j'ai donné l'ordre des
personnes qui auraient à parler, faisant suite à ce qui avait
été convenu à la dernière assemblée.
En tête de cette liste, il y avait le ministre, M. Cournoyer, le
député de Frontenac, le député de Richmond, et
ensuite le député de Maisonneuve.
M. Burns: J'ai attendu depuis ce matin.
Le Président (M. Séguin): Nous avons entendu le
ministre ce matin. Nous avons passé au député de
Frontenac. Nous avons entend u ce soir le député de Richmond. A
ce moment-ci, nous entendons le député de Maisonneuve. Les
suivants sur la liste sont le député de Beauce-Sud, le
député de Saguenay, le député de Jacques-Cartier et
le député de Johnson. C'est dans cet ordre que la liste a
été assemblée et convenue. Je suis donc, à ce
moment-ci...
Le député de Maisonneuve m'informe, à cet instant,
qu'il cède la parole à celui qui a demandé la parole
après lui. C'est dire que, de la façon que j'interprète
les choses, lorsqu'il s'agit de nouvelles questions et non pas de questions
additionnelles et supplémentaires, le député de
Maisonneuve, maintenant, retombe après le député de
Johnson, s'il veut revenir. Pour le moment, puisque le député de
Maisonneuve cède sa parole, je reconnais immédiatement, dans ce
cas, le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais bien établir
une chose à ce moment-ci de façon qu'il n'y ait pas
d'équivoque, que cela ne cause pas de problème. J'ai seulement
deux questions à poser à M. Poulin. Je ne voudrais pas que le
fait de poser ces deux questions ici, ce soir, pour éviter à M.
Poulin l'obligation de revenir devant la commission, me fasse perdre mon droit
de parole qui vient immédiatement après celui du
député de Maisonneuve. D'ailleurs, le président l'a dit.
Si on accepte...
M. Cournoyer: Vous ferez comme le député de
Maisonneuve, vous proposerez l'ajournement.
M. Roy: Non, je veux que ce soit bien établi, parce que,
l'autre jour, j'ai donné mon droit de parole au député de
Johnson. J'ai demandé de revenir par après et...
M. Cournoyer: C'est parce que le député m'a
indiqué la voie tantôt.
M. Roy: ...on m'a informé poliment que j'avais perdu mon
droit de parole.
Le Président (M. Séguin): J'ai pensé
avoirétabli l'équilibre et l'ordre de nos discours et de nos
commentaires. M. le député de Beauce-Sud, sans préambule
sur la disposition de l'ordre, mais sur les sujets que vous voulez traiter,
voulez-vous procéder, s'il vous plaît?
M. Roy: On me permet de poser des questions à M. Poulin?
Merci, M. le Président. Première question, j'aimerais savoir de
M. Poulin, dans son cas, il a été affecté dans son travail
à la suite des difficultés relativement à l'amiantose. Je
pense qu'il a été question d'accident de travail. Il a
été en chômage pendant un certain temps. On a dit tout
à l'heure qu'on offrait des indemnités de réadaptation. Le
président de la Commission des accidents du travail l'a
déclaré, devant la commission. Est-ce que, dans votre cas, M.
Poulin...
M. Poulin: Oui...
M. Roy: ...on vous avait offert des indemnités de
réadaptation?
M. Poulin: Oui, si on peut appeler cela de la
réadaptation. Après l'opération à la colonne en
1968, après être retourné au travail sur l'ordre des
médecins de la CAT, trois mois après, je me suis
présenté à la compagnie et j'ai dit que ce m'était
impossible de retourner travailler sur des sacs de 100 livres, huit heures
durant, après avoir été opéré à la
colonne. Si on voulait me donner quelques mois pour me rétablir et
après, si j'étais capable, j'étais prêt à y
aller. Alors, on m'a dit que ce n'était pas un hôpital et de me
représenter à la CAT tant que je ne serais pas capable de faire
mon ouvrage.
M. Roy: La compagnie vous a répondu.
M. Poulin: Oui.. Après, la compagnie a envoyé une
lettre au gérant du personnel de me représenter à la
Commission des accidents du travail. Le médecin qui m'a examiné
m'a dit: On va te donner encore un mois et demi. Chauffe-toi au soleil.
Après cela, on m'a donné une lettre comme quoi je ne pouvais pas
plus retourner au travail. L'invitation que j'ai eue, j'ai été
envoyé dans la cour. Il a fallu que j'attende mon tour pour y aller,
pendant neuf à dix mois. Je suis resté sur le plancher, sur les
poches.
M. Roy: Vous n'avez pas eu d'indemnité de
réadaptation?
M. Poulin: Non.
M. Roy: Vous n'en avez pas eu du tout. Est-ce que j'ai bien
compris lorsque vous avez dit ce soir que le travail que vous avez
effectué après avoir travaillé dans le moulin était
un travail avec un salaire réduit?
M. Poulin: Oui.
M. Roy: De combien?
M. Poulin: A ce moment, en laissant mon ouvrage, je perdais $0.21
l'heure, parce que je n'opérais pas mon "lift truck", je n'en
étais pas capable. C'est très dur, il n'y a pas de ressort sur
ces camions. Je préférais rester sur le plancher à $0.21
l'heure meilleur marché. J'ai discuté ce cas avec la Commission
des accidents du travail après avoir fait un relevé de mon T-4 et
du T-4 d'un de mes compagnons de travail qui me remplaçait. La
différence était d'environ tout près de $2,000 ou $2,100
dans la
même année. On a dit que cela ne se discutait pas. On a
dit: C'est $1,700 pour ton affaire, c'est à prendre ou à
laisser.
M. Roy: Vous avez cherché du travail ailleurs ou est-ce
que vous avez eu d'autres revenus...
M. Poulin: Non. Quand cela fait 26 ou 27 ans qu'on travaille pour
une compagnie, et à l'âge qu'on a là, travailler ailleurs,
quand on est établi dans une place, on ne regarde pas bien loin.
M. Cournoyer: Une question incidente. M. Poulin, entre votre
accident et le moment où vous avez repris cet emploi avec $0.21 de
différence, combien s'est-il passé de temps?
M. Poulin: J'ai fait un relevé sur environ je ne
vous le dirai peut-être pas juste seize mois.
M. Cournoyer: Seize mois entre les deux?
M. Poulin: Entre les deux.
M. Cournoyer: Entre ces deux périodes.
M. Poulin: Oui, où j'ai abandonné, la
différence de $0.21 sur un "lift truck"...
M. Cournoyer: Vous avez votre accident de travail, à un
certain moment...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: ... cette défectuosité à la
colonne, vous perdez votre travail cette journée, vous arrêtez de
travailler cette journée. Vous revenez et vous lâchez vous
ne lâchez pas, on n'est pas rendu là encore vous revenez et
vous prenez un autre emploi...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer:... à la même compagnie où,
enfin, on vous dit: Descends d'emploi, va-t-en dans la cour...
M. Poulin: Même compagnie, même plancher, seulement,
je n'étais pas capable de conduire un "lift truck".
M. Cournoyer: Oui, mais combien de temps s'est-il passé
entre les deux? Seize mois?
M. Poulin: Environ.
M. Cournoyer: Pendant ces seize mois, c'est là que je
voudrais arriver à la réhabilitation, qu'est-ce que vous avez eu
comme compensation?
M. Poulin: Pendant ces seize mois?
M. Cournoyer: Oui, ces seize mois, rien du tout?
M. Poulin: On m'a renvoyé au travail, trois mois
après l'opération.
M. Cournoyer: Donc, vous êtes retourné au travail
trois mois après l'opération, pas seize mois après?
M. Poulin: Je suis retourné au travail le 3 mars, si je me
souviens bien, en I969. Là, on m'a renvoyé aux Accidents du
travail, donné environ cinq semaines d'extension et repayé
encore...
M. Cournoyer: C'est la commission qui vous payait pendant cette
période...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: ... ou l'employeur?
M. Poulin: Je ne travaillais pas. L'employeur ne voulait pas
m'ernployer. Il disait que ce n'était pas un hôpital.
M. Cournoyer: D'accord. Mais ce que je veux essayer
d'établir, pour le bénéfice de tout le monde, c'est: Au
moment de votre accident, jusqu'au moment où on vous emploie de nouveau
sur une base régulière...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer:... il s'est passé seize mois?
M. Poulin: Environ.
M. Cournoyer: Le premier coup, vous étiez sur le dos
certainement. Vous étiez en train de vous faire opérer pour la
colonne vertébrale, si je comprends bien...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: ... il s'est passé trois mois...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: ... au bout de trois mois, la Commission des
accidents du travail vous a retourné chez votre employeur.
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: Lui, vous a reçu et a dit: Non, ce n'est pas
un hôpital ici, Retourne à la CAT.
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: Là, vous êtes resté sous
l'égide de la CAT, la Commission des accidents du travail...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer:... pendant combien de temps?
M. Poulin: Environ cinq semaines avant de retourner au
travail.
M. Cournoyer: Cinq ou seize? M. Poulin: Cinq semaines.
M. Cournoyer: Bon! On n'ira pas dans les grands chiffres. Au bout
de cinq semaines...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: ... vous êtes retourné à la
compagnie, si je comprends bien?
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: La compagnie vous a encore dit: Retourne à
la Commission des accidents du travail ou bien prends une autre "job"?
M. Poulin: M. le ministre du Travail, j'avais abandonné le
"lift truck" avant d'être opéré.
M. Cournoyer: Vous aviez abandonné?
M. Poulin: J'avais abandonné l'ouvrage que je
faisais...
M. Cournoyer: Oui.
M. Poulin: ... avant d'être opéré, parce que
je n'étais plus capable de le faire. Je ne pouvais pas retourner dessus
en retournant au travail.
M. Cournoyer: Ce n'est pas cela que je veux savoir. C'est juste
la question de savoir quand, au bout de ces cinq semaines, vous êtes
revenu...
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: Je ne veux pas savoir si vous avez une "job" ou
pas. Je veux savoir ce que la compagnie a fait avec vous, à ce moment.
Vous a-t-elle retourné à la CAT, ou si elle vous a repris dans un
emploi quelconque?
M. Poulin: Elle m'a envoyé, pour autant que j'acceptais
d'aller sur le plancher.
M. Cournoyer: Sur le plancher.
M. Poulin: Oui. C'était moins dur sur le plancher pour un
gars qui porte un corset en acier que d'aller sur un "lift truck" qui est fixe
et qui pèse 6,000 livres, avec 4,000 livres dans le devant.
M. Cournoyer: C'est exact. Mais, à ce moment, vous avez
été sur le "payroll" de la compagnie.
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: Pendant combien de temps?
M.Poulin: Jusqu'à ce qu'ils m'envoient dehors.
M. Cournoyer: Quand vous ont-ils renvoyé dehors?
M. Poulin: J'avais fait une demande. Les compagnies ne gardent
pas de "job" spéciale ni de belles "jobs". Elles disent: Quand il y aura
une ou- verture, on fait une demande, elle est bonne seulement pour six mois.
Si vous ne la renouvelez pas, elle n'est plus bonne. J'ai fait une demande
quand il y a eu ce qu'on appelle, en bon canadien, un trou. J'ai fait la
demande. J'étais le plus vieux. Si je n'avais pas été le
plus vieux, je serais peut-être encore en dedans. J'étais le plus
vieux, c'est moi qui l'ai eue. Alors, je suis allé dehors, pour me
débarrasser des poches.
M. Cournoyer: Maintenant, quand vous parlez de seize mois,
qu'est-ce que c'est?
M. Poulin: Les seize mois, c'est quand j'ai abandonné mon
"lift truck" et qu'ils en ont mis un autre, jusqu'à ce que je sorte
dehors. Alors, je perdais $0.21 pour rester sur le plancher.
M. Cournoyer: Les seize mois ne partent pas de votre date
d'accident. Ils partent de votre retour efficace au travail, dans une autre
fonction que celle du "lift truck".
M. Poulin: Je vous le dis, j'avais abandonné cet ouvrage
avant d'être opéré, parce que je n'étais pas capable
de le faire. C'est pour cela que je me suis basé sur seize mois.
M. Cournoyer: A cause de l'accident.
M. Poulin: Oui, parce que l'accident est arrivé avant
cela.
M. Cournoyer: Vous avez abandonné cela et vous avez
arrêté de travailler.
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: En fait, si je comprends bien, vous avez
été opéré après avoir abandonné le
"lift truck".
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: Mais, vous n'avez pas subi un accident qui a fait
que cette journée-là vous avez arrêté de
travailler.
M. Poulin: Non. L'accident remontait à deux ans.
M. Cournoyer: A deux ans. Lors de cet accident, deux ans
auparavant, la commission vous avait-elle examiné?
M. Poulin: La commission m'avait examiné. On m'avait
hospitalisé ici, à Québec, on m'avait hospitalisé
à Thetford. On m'a passé des radiographies dans le dos. Je m'en
suis fait passer moi-même que j'ai payées de ma poche. Ils ont
tous dit: Quand cela ne marchera plus du tout, on regardera cela. A un moment
donné, j'étais à l'ouvrage, et au lieu de marcher avec une
béquille, je me suis retiré de l'ouvrage et là, ils ont
décidé de m'opérer.
M. Cournoyer: Maintenant, les $1,700 dont vous parliez
tantôt, c'est un règlement final.
M. Poulin: Oui.
M. Cournoyer: Ce montant est venu pour rembourser seize semaines
de perte.
M. Poulin: Non. Incapacité totale.
M. Cournoyer: C'est pour rembourser l'incapacité en bas de
10% dont on parlait cet après-midi. Une incapacité
permanente.
M. Poulin: Une incapacité permanente, parce qu'elle
était seulement de 6%.
M. Cournoyer: De 6%.
Le Président (M. Séguin): Je constate qu'il est 11
heures.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président...
M. Burns: M. le Président, avec la permission du
député de Charlesbourg, avant que nous ajournions, je sais qu'il
y a des gens qui représentent des organismes qui veulent venir
témoigner devant nous. Je vois, entre autres, M. Pepin qui est
là. Je sais que M. Paquet veut également témoigner. Je
sais que M. Pagé veut témoigner. Il y en a sans doute d'autres
que j'oublie. Afin d'éviter que ces gens, comme les trois personnes que
je viens de mentionner, passent une journée complète ici à
attendre la possibilité de venir témoigner, est-ce qu'on peut
leur donner une indication du moment où on les invitera à venir
témoigner?
M. Cournoyer: Parlez-vous de la date, M. le député
ou si vous parlez du moment?
M. Bums: Quand je parle du moment...
M. Pepin: M. le Président, j'ai reçu un
télégramme à mon bureau m'indiquant qu'aujourd'hui la
réunion se ferait mais que nous ne serions pas entendus, mais
qu'aujourd'hui vous nous indiqueriez quand on serait entendu. J'aimerais bien
le savoir. Une date.
M. Cournoyer: Je posais la question au député s'il
s'agissait de savoir si c'était a l'heure à laquelle vous seriez
entendu, quand il y aurait une réunion.
M. Pepin: Non, une date. On n'est pas aussi difficile que cela,
M. le ministre, vous le savez.
M. Cournoyer: Vous connaissant comme je vous connais, ce n'est
pas parce que vous êtes difficile, c'est parce que vous avez de
nombreuses occupations.
M. Pepin: Bien sûr, comme vous d'ailleurs, mais au moins
savoir quand on pourrait être entendu. C'est assez raisonnable.
M. Roy: J'aimerais poser une question au ministre à ce
moment-ci. Tout ce que nous avons discuté aujourd'hui et ce que nous
avons discuté lors de la dernière séance est toujours
revenu autour d'un même problème, la responsabilité du
ministère des Richesses naturelles relativement au contrôle des
permis. Je ne sais pas, je ne voudrais pas trop brimer les droits de qui que ce
soit, mais peut-être que ceux ont demandé à être
entendus devant la commission aimeraient peut-être que la commission
procède à entendre le responsable du ministère des
Richesses naturelles à ce sujet, de façon à pouvoir faire
la lumière là-dessus. Après, cela pourrait peut-être
ouvrir les portes pour faire des recommandations précises parce qu'on
tourne en rond, on a tourné en rond.
M. Cournoyer: II y a une chose certaine, vous interrogerez le
ministère des Richesses naturelles aux endroits voulus et vous avez une
commission parlementaire des Richesses naturelles pour interroger le ministre
responsable du ministère des Richesses naturelles et non pas le ministre
du Travail. Il a été assez clairement établi que
l'administration relevait du ministère des Richesses naturelles et le
ministre du Travail n'en répondra pas.
M. Roy: Ce que j'aimerais demander aussi au président,
à la suite d'une motion que nous pourrions faire, si on peut faire
comparaître devant la commission parlementaire duTravail et de la
Main-d'Oeuvre, la personne responsable?
M. Cournoyer: Je m'y opposerais. M. Roy: Vous vous y
opposeriez. M. Cournoyer: Oui, monsieur. M. Roy: Pourquoi?
M. Cournoyer: Parce que vous poserez les questions sur
l'administration du personnel du ministère des Richesses naturelles au
ministère des Richesses naturelles.
M. Roy: Je pense que...
M. Cournoyer: Je vous ai dit que je m'y opposerais. J'ai bien le
droit de ne pas être d'accord.
M. Burns: Ne vous choquez pas, M. le ministre, restez bien calme.
Je pense que la demande du député de Beauce-Sud est parfaitement
dans l'ordre, c'est-à-dire qu'on ne vous demande pas d'aller violer le
ministère, ni le ministre, encore moins, des Richesses naturelles: on
vous demande d'inviter cette commission à désigner quelqu'un de
ce ministère à venir témoigner. Je pense que c'est le sens
de la demande du député de Beauce-Sud.
M. Roy: C'est exactement ça.
M. Burns: C'est la chose la plus normale. Il y a eu quelqu'un des
Richesses naturelles, je me de-
mande même s'il n'est pas encore ici, qui a passé la
journée ici. On aurait pu très facilement lui demander de
témoigner comme on l'a fait à cette honorable juge qui
préside la Commission des accidents de travail...
M. Roy: A M. Poulin.
M. Burns: ... à M. Poulin, aux médecins de la CAT.
Il me semble que c'est une demande tout à fait normale,
justifiée, et il n'y a rien pour s'énerver comme le ministre
semble vouloir le faire.
M. Cournoyer: Je ne m'énerve pas, je dis que je m'y
opposerais.
M. Burns: Vous vous énervez.
M. Cournoyer: Je ne m'énerve pas, je m'y opposerai.
M. Burns: Bien oui, mais pour quelle raison?
M. Cournoyer: Je m'opposerai je n'ai pas besoin de vous donner
les raisons.
M. Roy: Un instant, M. le Président. On va s'opposer aux
objections du ministre.
M. Cournoyer: M. le Président, il est II h 5, quand vous
voudrez faire interroger quelqu'un, M. le député de Beauce-Sud,
vous poserez la question en commission et on verra à ce moment-là
si on va le faire interroger. Je vous dis que je m'opposerai dans ce
temps-là et je vous donnerai mes raisons dans ce temps-là.
M. Roy: C'est ce qu'on fera. M. Burns: Dernière
question...
M. Bellemare (Johnson): D'où vient cette humeur
massacrante?
M. Cournoyer: Cette humeur massacrante vient du fait que, quand
je fais une entente avec le monde, j'aime bien qu'elle soit respectée
partout le monde.
M. Bellemare (Johnson): Voyons, le ministre est plus gentil que
ça d'habitude.
M. Cournoyer: Bien oui, mais toujours tellement gentil.
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc, ne faites pas...
M. Cournoyer: Je suis un roseau qui plie et qui casse.
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc, ne faites pas le
pompier!
M. Burns: Est-ce qu'il y a moyen... M. Cournoyer: Je suis le
pompier.
M. Burns: On ne s'énervera pas, M. le pompier. M.
Bellemare (Johnson): Non, non, non!
M. Burns: Est-ce qu'il y a moyen de dire à M. Pepin...
M. Cournoyer: Si vous ne voulez pas m'énerver, ne mettez
le feu nulle part.
M. Bellemare (Johnson): Si le pompier est là...
M. Burns: Est-ce qu'on peut dire à M. Pepin, à M.
Pagé et à M. Paquet qu'ils ne seront pas nécessairement
requis à la prochaine séance? Ce n'est que ça que je veux
savoir.
M. Cournoyer: Je voulais leur dire qu'ils vont être requis,
mais si vous n'arrêtez pas de poser des questions à ceux qui vont
être ici, il est bien possible qu'ils passent la journée ici
à attendre.
M. Burns: Ecoutez...
M. Cournoyer: Je suis bien prêt à dire: On a
demandé à la commission d'être ici, je suis bien prêt
à vous dire: Lâchez la commission et prenez ceux qui ont quelque
chose à dire contre la commission demain matin, ils ont des choses
à dire, ces gens et ils sont venus passer la journée pour
ça.
M. Burns: Je peux vous dire que j'ai encore d'autres questions
à poser à la commission. Je ne sais pas...
M. Cou rn oyer : Est-ce que je peux vous Iimiter et vous dire:
Les gars, vous allez arrêter?
M. Burns: Je ne peux pas me prononcer au nom des autres
députés.
M. Bellemare (Johnson): C'est quand?
M. Cournoyer: Quand est-ce que vous voulez, M. le
député de...
M. Bellemare (Johnson): Je l'ai été assez
longtemps; décidez cela, vous. Décidez la date.
M. Burns: Jeudi prochain.
M. Cournoyer: Jeudi prochain, pas ce jeudi-ci, l'autre? Jeudi qui
s'en vient?
M. Burns: Aujourd'hui, c'est jeudi, la semaine prochaine...
M. Cournoyer: Aucune forme d'objection.
M. Roy: Je voudrais dire à M. le Président que je
n'avais pas fini de poser des questions à M. Poulin. S'il est
présent à la prochaine réunion, j'aurai encore quelques
questions à poser.
M. Cournoyer: Parfait. Comme je vous le dis, M. Pépin, je
ne peux pas vous dire... Jeudi prochain, mais je ne peux pas vous garantir.
M. Burns: Je propose l'ajournement.
M. Pepin: C'est la suggestion que je viens d'en-tendre. Je viens
d'entendre le 1er mai.
M. Burns: C'est vrai.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je ne saurais
reconnaître...
M. Cournoyer: II eût été très correct
de parler d'amiantose le 1er mai...
M. Burns: Sauf que je ne serai pas disponible toute la
journée, le 1er mai.
M. Cournoyer: En tout cas, voyez-vous combien je suis
complaisant, pas jeudi.
M. Burns: Pas jeudi, mais le plus tôt possible.
M. Cournoyer: Voilà. Mais j'étais d'accord sur
jeudi.
M. Burns: Est-ce qu'on peut... Je l'admets, c'est moi qui viens
de poser des problèmes...
M.Bellemare (Johnson): Alors le ministre commence à
rire.
M. Burns: Est-ce que, M. le ministre, on peut dire qu'il y aura
consultation, dans les prochains jours, concernant cette date?
M. Cournoyer: Oui et j'espère bien que cette
fois-ci...
M. Burns: Avec les membres de l'Opposition?
M. Cournoyer: ...il n'y aura pas de confusion et que l'annonce
qui sera faite à l'Assemblée nationale, entre les leaders... Je
vous le dis, jeudi, j'étais prêt, mais d'un autre
côté, je n'avais pas pensé que d'autres engagements
étaient pris par d'autres.
Si c'est pour être mardi en huit, pas mardi prochain, l'autre, ce
sera parfait également. Mais pour autant que le leader parlementaire
avise les gens de ne pas venir perdre leur temps ici. C'est tout.
M. Bellemare (Johnson): S'il ne change pas la date, parce que, la
dernière fois, il a changé la date. On ne l'a pas su. On l'a su
en Chambre, que c'était jeudi matin.
M. Burns: On l'a su jeudi.
M. Bellemare (Johnson): On ne l'a pas su...
M. Cournoyer: Disons que je ne veux insulter personne. Dans les
prérogatives du leader parlementaire dont vous fûtes jadis
l'illustre défenseur, quand vous l'étiez vous-même...
M. Bellemare (Johnson): Merci, Monsieur. M. Cournoyer: Ces
prérogatives, c'était de...
M. Bellemare (Johnson): Cela fait du bien, à la fin d'une
journée pareille, d'entendre un témoignage à la
vérité.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Je propose l'ajournement, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Sine die.
Le Président (M. Séguin): L'ajourner, oui. La
commission ajourne les débats.
M. Roy: II est trop tard pour la proposition du leader de
l'Opposition.
Le Président (M. Séguin): Oui, voici. Qui a fait la
proposition d'ajournement?
M. Roy: Ce n'est pas nécessaire, il est onze heures, c'est
ajourné automatiquement.
Le Président (M. Séguin): Oui. Alors, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 10)