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Commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère de
l'Immigration
Séance du mardi 6 mai 1975
(Dix-sept heures trente)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'Immigration): A l'ordre, messieurs! La
séance est ouverte pour étudier les crédits du
ministère de l'Immigration. Les membres de cette commission seront, pour
cette séance: MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice),
Boudreault (Bourget), Burns (Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Assad
(Papineau), Bienvenue (Crémazie), Déziel (Saint-François),
Harvey (Charlesbourg), Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac),
Malépart (Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Ver-reault (Shefford) et le
rapporteur serait... Est-ce que nous avons un volontaire?
Une Voix: Le député de Papineau.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Papineau, M. Assad. Je cède la parole au ministre de l'Immigration,
Me Jean Bienvenue.
Exposé général du
ministre
M. Bienvenue: J'ai des textes pour mes collègues. M. le
Président, chers collègues membres de la commission, je
désire tout d'abord, avec votre permission, vous présenter ceux
qui m'entourent, à côté ou en arrière. M.
René Didier, ici à ma droite, est sous-ministre en titre de mon
ministère; M. Bonin, qui était assis et qui se lève, est
sous-ministre adjoint; M. Marcel Cloutier, derrière moi, est directeur
général à la Direction de l'adaptation; M. Benjamin est
secrétaire général du ministère de l'Immigration;
M. Pelletier est directeur des ressources internes; M. Péloquin, mon
chef de cabinet, qui, à cause de ses fonctions, très humble, est
nommé en dernier. Quand je dis humble, je ne parle pas des fonctions; je
parle de l'individu.
M. le Président, messieurs, une des principales
différences entre ces gens que je viens de nommer et celui qui vous
parle est la suivante: ils ont, eux, une sécurité d'emploi et je
dois, moi, comme tous mes excellents amis, membres de cette commission, faire
renouveler mon mandat tous les quatre ans. Quant au reste, nous avons beaucoup
en commun. Nous avons la communion de pensées et d'actions et la
solidarité dans les décisions. Je me plais à dire, avec
toute la sincérité dont je suis capable, que je ne les
considère pas comme des hauts fonctionnaires, mais comme mes proches
collaborateurs.
Si, pendant ou à la suite de l'étude de ces
crédits, compte tenu, évidemment, qu'il est de bonne guerre
parlementaire que l'Opposition cri- tique le gouvernement, soit parce qu'il le
mérite, soit en pensant un peu à l'électorat, si, dis-je,
les membres de cette commission ont des reproches à formuler, je suis
prêt à les subir, conscient de mes propres déficiences. Si,
au contraire, vous deviez exprimer certains commentaires favorables, c'est
à eux, mes proches collaborateurs, que je les refilerai avec infiniment
de plaisir parce qu'à mes yeux ils les auront largement
mérités, de même, d'ailleurs, que les centaines d'autres
membres du ministère de l'Immigration du Québec, qui ne sont pas
parmi nous aujourd'hui, mais n'en font pas moins un excellent travail
quotidien.
Ainsi donc, dans cette communion de pensées à laquelle je
viens de faire allusion, mes proches collaborateurs croient, comme moi, que
l'action du ministère, du ministre de l'Immigration du Québec
consiste à circuler dans un corridor étroit, qui tend parfois
à se rétrécir spontanément et d'une manière
prolongée visant presque à la permanence, les limites de ce
corridor se trouvant aussi bien à Québec qu'à Ottawa. Dans
un autre langage et pour être clair et sans ambiguïté, je dis
qu'une partie importante de mes énergies et des énergies de mon
équipe est trop souvent consacrée à l'élargissement
de ce corridor, pour ainsi presque assurer la survie même de mon
ministère.
Quelques exemples récents vécus au cours de la
précédente année permettent d'illustrer ce propos. On se
rappelle, effectivement, que l'article II7 du projet de loi no 22, Loi sur la
langue officielle, retranchait une partie de l'article 3 de ma loi organique et
j'ai déclaré publiquement que je l'ignorais puisque je n'avais
pas été consulté sur un problème qui, apparemment,
n'en était qu'un de concordance de textes, que nous nous sommes
d'ailleurs empressés de rétablir par la suite,
conformément à l'engagement que j'avais pris.
Un autre exemple, c'est celui de l'automne dernier, alors que les
ministres de la Santé et du Bien-Etre ont pris une décision
concernant les restrictions appliquées aux médecins
étrangers. Mais je l'ai appris, sans doute comme vous, par la voie des
[ournaux.
Tout récemment encore, en mars 1975, et comme beaucoup de gens,
j'ai appris de la même façon les programmes fédéraux
des travailleurs saisonniers antillais et mexicains.
Même si ces exemples et quelques autres sont un peu
agaçants, beaucoup parfois, je suis loin de m'en étonner et de
m'en scandaliser. Je souhaite honnêtement que vous ayez la même
réaction. Je trouve cela même normal.
Cette situation s'explique à la fois par l'histoire et par la
nature même du champ de l'immigration.
Tout d'abord par l'histoire. Au Québec, on a ignoré depuis
beaucoup trop longtemps l'immigration, comme j'avais l'occasion, encore hier
soir, de l'expliquer longuement sur les ondes de Radio-Canada. J'ai
relevé, à la page 62 du premier volume du livre vert
fédéral, récemment publié, la citation suivante,
que je trouve, pour ma part, parfaitement fondée: "Au cours des
dernières années, la participation du Québec dans le
domaine de
l'immigration a été très active." Vous comprenez,
messieurs je sors de la citation pourquoi je trouve cette
citation bien fondée...
M. Burns: Pour une fois qu'il y a quelqu'un qui vous
félicite!
M. Bienvenue: C'est un précédent... M. Burns:
Oui.
M. Bienvenue: ... un exemple. M. Burns: Vous pouvez le
noter.
M. Bienvenue: Merci. Reprenant la citation: "Du point de vue
historique, son taux de natalité élevé était une
garantie de sa position démographique, culturelle et linguistique au
sein de la confédération. A une certaine époque, cette
situation expliquait le manque relatif d'enthousiasme du Québec pour
l'immigration. Les avantages de celle-ci ne semblaient profiter qu'à
l'élément anglophone du Canada tandis que, compte tenu de la
faiblesse de l'élément francophone du mouvement, le Québec
avait tendance à considérer que l'immigration était
incompatible avec son intégrité culturelle."
Il n'est donc pas étonnant que beaucoup, y compris au sein de la
Fonction publique du Québec, aillent jusqu'à ignorer l'existence
même du jeune ministère de l'Immigration du Québec. Je
m'emploie chaque jour et sans relâche, et toute l'équipe de mon
ministère avec moi, à faire connaître notre action et
à faire disparaître ces oublis.
En ce qui concerne maintenant la nature même du champ de
l'immigration, il est superflu de rappeler qu'il s'agit d'une clientèle
particulière les nouveaux arrivants dont les
problèmes sont ceux de M. Tout-le-Monde: travail, éducation,
santé, bien-être, loisir, vie familiale, consommation et que
sais-je encore.
La vocation de mon ministère est de rappeler aux autres les
besoins de cette clientèle particulière et de satisfaire ceux que
personne ne prend en compte.
Ceci étant dit, l'action du ministère que je dirige s'est
orientée, au cours de l'année écoulée, vers deux
axes principaux: d'une part, développer et affiner l'outil de
travail encore très jeune et qui, comme le rappelais déjà
l'an dernier en pareille circonstance et à peu près à
pareille date, a été créé en décembre 1968,
a démarré à la fin de 1969, m'a été
confié en février 1972 et fonctionne normalement depuis le
printemps 1973, soit depuis seulement deux années; d'autre part,
développer et mettre en oeuvre des programmes diversifiés,
concrets et, dans toute la mesure du possible, irréversibles.
Développer et affiner l'outil de travail. le développement
et le perfectionnement de cet outil de plus en plus indispensable de la
politique du gouvernement du Québec qu'est son ministère de
l'Immigration.
En premier lieu, j'obtenais de cette Assemblée,
l'Assemblée nationale du Québec, des pouvoirs accrus via la loi
46. En votant ce projet de loi, le 28 décembre dernier, mes
collègues députés donnaient au Québec un
véritable instrument pour réaliser une politique cohérente
et énergique en matière d'immigration dans le cadre,
évidemment, du pacte confédératif actuel, qui
prévoit le partage de compétences entre le gouvernement central
et les provinces, ce que ne permettait pas le chapitre 68 des lois de la
même année, I968, qui prévoyait la création du
ministère.
La nouvelle rédaction des articles 2 et 3 étend à
la fois la clientèle du ministère, en y ajoutant les
résidents temporaires, et les pouvoirs du ministre en le rendant
responsable de la planification, de la coordination et de la mise en oeuvre des
politiques gouvernementales en ce qui touche les nouveaux arrivants et leur
recrutement, leur sélection, leur établissement et leur
intégration à la société québécoise,
plus particulièrement à la majorité francophone.
Nonobstant mes remarques du début, déjà les effets
de cette nouvelle loi se font sentir tant du côté des autres
ministères québécois que du côté
d'Ottawa.
Le budget de cette année 1975/76.
En second lieu, les crédits que nous discutons aujourd'hui
marquent, je le dis bien respectueusement, une étape importante dans
l'histoire de ce ministère.
Sans doute n'atteignent-ils pas encore le niveau que souhaitait l'an
passé mon collègue et ami, le député de
Maisonneuve, reprenant les chiffres publiés dans le budget de l'an I du
Parti québécois, et qui, si ma mémoire est bonne,
totalisaient un peu plus de $20 millions.
Au cours du débat sur le projet de loi no 46, je pense avoir
réussi à le convaincre que, le Québec étant
toujours dans la Fédération canadienne, il aurait
été inutilement coûteux et illogique d'installer des agents
aux quatre coins des limites territoriales de la province, puisqu'il existe au
Canada, comme dans tous les Etats souverains, le principe de la libre
circulation des personnes.
J'ai donc demandé et obtenu du Conseil du trésor tous les
crédits nécessaires au fonctionnement des programmes actuellement
indispensables dans mon champ de compétence.
L'action présente du ministère justifie un budget de $16
millions, dont $5 millions sont directement versés par le gouvernement
fédéral sous forme d'allocation hebdomadaire aux étudiants
des COFI. Le Conseil du trésor du Québec a donc fourni les $ll
millions nécessaires, dont $349,500 ont été virés
au ministère des Travaux publics pour la location des COFI dont la
gestion directe est maintenant, on le sait, assurée par le
ministère que je dirige.
En 1969/70, le budget du ministère était de $2,835,000.
Six années plus tard, il est désormais de $ll millions, soit une
croissance de près de 400%. Dans la même période, la part
des remboursements fédéraux est passée, elle, de 74%
à 50%. En d'autres termes, le gouvernement du
Québec assume de plus en plus seul ses responsabilités
dans le domaine de l'immigration.
Du côté des effectifs, le nombre des postes
autorisés est passé de 147 à 461 au cours de
l'année. Cet accroissement de 314 postes est réparti comme suit:
215 pour la prise en gestion directe des COFI, intégration des
professeurs et du personnel de soutien; 42 postes additionnels pour les
programmes d'établissement et d'intégration; 31 postes
additionnels pour les bureaux à l'étranger; 16 pour l'encadrement
général des options du ministère, et 10 pour la
recherche.
L'organisation.
Dans le même temps, M. le Président, le plan d'organisation
administrative supérieure a été
réévalué et mon ministère compte désormais
sur 26 postes de cadres supérieurs et d'adjoints aux cadres contre II
à pareille date l'année dernière.
Pour ses opérations, le ministère dispose donc
désormais d'un élément de programme
"établissement", qui regroupe une direction des services à
l'étranger et une direction du recrutement et de l'établissement;
d'un élément de programme "adaptation", qui regroupe une
direction de la formation, et une direction de l'adaptation des groupes
ethniques.
L'ouverture prochaine de classes de COFI à Hull et à
Sherbrooke est une amorce du réseau des bureaux régionaux du
ministère dont on parle depuis plusieurs années, s'inscrivant
aussi logiquement dans le cadre de la politique de
démétropolisation à laquelle nous n'avons pas
renoncé, bien au contraire.
Enfin, la jeune direction de la recherche a connu des débuts
prometteurs. Trois bulletins statistiques ont été publiés
c'était une première historique dans le cas du
Québec et un quatrième est actuellement sous presse.
Même si certaines statistiques sont loin d'être
satisfaisantes dans ce qu'elles signifient pour le Québec, on a
désormais entre les mains les outils de travail qui permettent une
meilleure connaissance du mouvement migratoire et de la clientèle du
ministère. Ce sont là des instruments de politiques et de gestion
que nous jugeons indispensables.
Par ailleurs, des études sont en cours et je citerai les plus
importantes: La connaissance des groupes ethniques, l'intégration des
immigrants par le sport, la rentabilité intellectuelle de l'immigration
et l'impact économique de l'immigration au Québec.
Ressources humaines: II n'est cependant plus possible de traiter
l'immigration en soi séparément ou isolément. En effet,
l'immigration n'est rien d'autre qu'un effort extérieur
complémentaire destiné à combler les déficits d'une
population, qu'il s'agisse du déficit global et on parle à
ce moment-là de démographie ou de déficit sectoriel
et je songe à l'emploi et à la main-d'oeuvre. Au
Québec, cela peut devenir également, si on le veut, une action
volontaire destinée à renforcer la communauté francophone,
qui y est largement majoritaire.
Depuis deux ans déjà, je le répète
obstinément à mes collègues du cabinet...
M. Burns: J'aime le mot obstinément, M. le ministre.
M. Bienvenue: Mais j'ai eu de l'aide, j'ai eu de l'aide du
député de Maisonneuve et je le souligne en passant.
M. Burns: Vous avez encore mon aide.
M. Bienvenue: Merci, je l'accepte bien volontiers. D'ailleurs, le
mot obstinément, M. le Président, pour l'information du
député de Maisonneuve, n'était pas dans le texte original,
je l'ai ajouté ce matin.
M. Burns: Vous aviez bien raison parce que vous êtes
très obstiné ou bien absolument courageux...
M. Bienvenue: Bien, arrêtons là.
M. Burns: ... vous avez un courage absolument sans borne.
M. Bienvenue: D'accord. Alors...
M. Burns: Je m'excuse de vous avoir interrompu.
M. Bienvenue: C'est le genre d'interruptions qui me plaisent, M.
le Président. Alors, je le répète obstinément
à mes collègues du cabinet. Dans le cadre de l'allocation
interprogrammes ou allocation triennale, j'ai à nouveau livré le
même message à la même occasion, poursuivant mon obstination
et on va voir bientôt, en tournant la page, qu'elle commence à
donner des fruits.
C'est la raison pour laquelle je n'ai pas été surpris que
le livre vert fédéral aboutisse aux mêmes conclusions que
le Québec et je cite: "Malgré son importance, l'immigration n'est
qu'un élément dans l'évolution de la population au Canada.
La politique d'immigration doit être envisagée dans le cadre plus
vaste d'une politique démographique globale." C'est pour toutes ces
raisons que mes hauts fonctionnaires ont rédigé un livre brun sur
la problématique des ressources humaines au Québec. Il y a des
gens...
M. Roy: ...
M. Bienvenue: Je répondrai au député de
Beauce-Sud. Il y a des gens qui se sont même effarouchés, croyant
voir une connotation discriminatoire ou raciste. Dans deux instants, le
député de Beauce-Sud va voir pourquoi brun ou lieu de blanc;
c'est que le blanc s'en vient quelques lignes plus loin. Une raison
fondamentale, c'est que la couverture du livre était brune.
M. Roy: Parce que j'ai l'impression qu'on est un peu dans la
brume.
M. Bienvenue: Le député de Beauce-Sud est en verve
cet après-midi. Reprenons où nous en étions, M. le
Président. Alors, terminé à la mi-
décembre, ce document de travail, le livre brun, a servi de base
à la discussion d'une soixantaine d'experts réunis en colloque
à Montréal les 31 janvier et 1er février derniers. Il va
de soi que ces travaux ont reçu l'approbation des plus hautes instances
du gouvernement du Québec; c'est pourquoi, le 18 mars dernier, le
discours inaugural énonçait ce qui suit: "L'immigration est un
problème qui dépasse le strict champ culturel; elle s'inscrit en
fait au coeur de la politique démographique d'une société.
Une intense recherche débouchera sur la publication d'un livre blanc,
sur les ressources humaines. Ce livre blanc servira de base à une large
consultation populaire, dans le cadre d'une commission parlementaire de cette
Assemblée. Vous serez ainsi appelés à élargir le
mandat du ministère de l'Immigration, le situant dans le cadre plus
vaste des ressources humaines qui relient étroitement les
problèmes de population, de main-d'oeuvre et d'immigration."
Voilà, je l'espère, messieurs, où conduit
l'obstination et j'espère qu'elle aboutira. De fait, une solide
équipe comprenant des hommes aussi prestigieux que les professeurs
Jacques Henripin et Pierre Harvey ainsi que le recteur de l'Université
de Sherbrooke, M. Yves Martin, est au travail sous la direction non moins
experte de mon sous-ministre adjoint à la recherche et au
développement, M. Bernard Bonin, qui se cache derrière ses
feuilles pour esquisser un sourire.
Les actions et les programmes.
J'en arrive maintenant, M. le Président, mes chers
collègues, au second axe principal de l'action de mon ministère,
qui est le développement et la mise en oeuvre de programmes concrets
diversifiés et irréversibles.
Sans doute les statistiques récentes sont-elles encore loin
d'être satisfaisantes a mes yeux. Cependant, l'année qui vient de
s'achever, l'année 1974, a marqué un léger progrès
sur l'année précédente. C'est ainsi qu'en 1974, il est
arrivé 33,458 immigrants au Québec, soit une augmentation de
24.5% par rapport à 1973 et de 80% par rapport à 1972. Ce nombre
représente 15.3% de l'immigration canadienne contre 14.6% l'année
précédente.
Haïti, ce fait est ignoré par la grande majorité de
la population du Québec, est arrivé au premier rang des pays
d'immigration avec 4,853 personnes contre 2,252 en 1973, occupant donc le
troisième rang. La France était au quatrième rang avec
2,372 personnes contre 1,951 en 1973, occupant alors le cinquième rang.
Ces deux pays francophones représentent 21.6% des nouveaux arrivants,
plus de un sur cinq, contre 15.7% en 1973.
Même si le gain est appréciable, je ne puis me satisfaire
d'une immigration qui ne correspond pas encore adéquatement aux
véritables besoins du Québec. En effet, cette immigration est
trop mécanique et pas encore suffisamment francophone ou
francophonisable.
C'est pourquoi la politique de mon ministère se fixe deux
objectifs prioritaires. D'une part, maîtriser de plus en plus le flux
migratoire, sans pour autant oublier les deux contraintes majeures que sont
l'article 95 de la constitution et la libre circu- lation des personnes
à travers le Canada, à l'intérieur du pays. D'autre part,
intégrer les nouveaux arrivants à la communauté
francophone québécoise.
La maîtrise du flux de l'immigration au Québec.
En ce qui concerne cette opération, notre action doit se faire au
double niveau du gouvernement fédéral et de la province. Du
côté d'Ottawa, je voudrais d'abord me féliciter de la prise
de position publique et officielle inscrite dans le livre vert, où l'on
peut lire ce qui suit: "La politique fédérale ne saurait
éviter de tenir compte des répercussions possibles de
l'immigration future sur les rapports numériques entre les francophones
et les anglophones du Canada." Plus loin: "Les moyens à prendre en vue
d'élargir la portée et d'augmenter l'efficacité de la
collaboration dans le domaine du recrutement et de la sélection font
actuellement l'objet de discussions soutenues entre les autorités
fédérales et celles du Québec."
J'ai remis, en mai dernier, à mon homologue, M. And ras, un
projet d'entente élargissant très fortement l'actuelle entente
Lang-Cloutier, signée en 1971 comme on le sait. Aux termes de ce projet,
le Québec aurait accès à toutes les demandes de
résidence formulées à l'étranger et les agents
fédéraux devraient prendre en considération dans tous les
cas l'avis du Québec avant d'émettre un visa. Les hauts
fonctionnaires des deux ministères ont discuté de ce projet
à plusieurs reprises et, lors de ma dernière rencontre toute
récente avec le ministre Andras je dis toute récente parce
que c'était le vendredi, 25 avril dernier j'ai acquis la
certitude que la signature de cette entente n'était plus qu'une question
de quelques semaines.
Effectivement, M. le Président, j'ai ici, tout près de
moi, à la portée de la main, une copie, un exemplaire de ce
projet de protocole d'entente sur lequel le fédéral a
apporté, comme il se devait et comme la chose était normale,
certaines propositions, contre-propositions ou modifications. Je crois ne pas
faire erreur en parlant d'un délai raisonnable, quand même, de
quelques semaines parce que ce projet, ce document entraînera du
côté québécois, évidemment, possiblement
l'analyse et l'étude des contre-propositions et les modifications de
dernière heure.
Toutefois, je suis confiant que le délai que je viens d'indiquer
sera respecté.
Par ailleurs, au cours de l'année écoulée, nous
avons mis en place le processus des missions conjointes de recrutement et de
sélection, précédant dans les faits la signature de
l'entente dont je viens de parler, et qui les institutionnalisera je
l'ai bien prononcé du premier coup, M. le Président!
Ainsi, en outre des missions déjà réalisées
en France depuis plusieurs années, mes fonctionnaires ont
participé à sept missions conjointes avec le
fédéral, deux en Afrique francophone, une dans les îles de
l'océan Indien, deux en Tunisie, une à Malte et une à
Athènes, en Grèce.
De plus, les deux ministères ont développé un
mécanisme de concertation intelligente, efficace
et quasi permanente, que j'espère, pour ma part, voir
déboucher un jour sur la création d'un comité mixte de
l'immigration, fonctionnant sur le principe du consensus, comme le
comité mixte qui existe déjà dans le domaine de la
main-d'oeuvre.
Enfin, mon équipe a préparé un mémoire
très étoffé, précisant la position du Québec
en réponse au livre vert fédéral. Ce mémoire vient
d'être déposé il y a à peine quelques heures au
conseil des ministres, et je le remettrai personnellement à M. Andras
à la fin de ce mois.
Contrairement au mémoire préparatoire au livre vert de
janvier I974, et dont, soit dit en passant, et je le souligne avec beaucoup de
fierté, le gouvernement fédéral a largement tenu compte,
ce nouveau mémoire sera rendu public dès qu'il aura
été remis à celui à qui il est destiné, mon
homologue fédéral à Ottawa, et j'espère que,
contrairement à l'année dernière, il ne sera pas l'objet
de fuites pendant les quelques semaines qui nous séparent de sa remise
prochaine.
En ce qui nous concerne tous, au ministère de l'Immigration du
Québec, nos principales actions qui sont destinées à
maîtriser le flux migratoire, sont les suivantes:
Premièrement, le développement des postes à
l'étranger. Au cours de la discussion sur le projet de loi no 46,
j'avais déjà indiqué ce qui en était. Je
répéterai ici que nous sommes à procéder en cette
matière: sept postes à Paris, au lieu de quatre; trois à
Rome, au lieu d'un; deux à Beyrouth au lieu d'un; ouverture du poste de
Londres, avec l'envoi de trois agents, vous rappelant, messieurs de la
commission, que l'immigration britannique est la deuxième en importance,
représentant plus de 10% des nouveaux arrivants. Il est donc normal que
les immigrants britanniques sachent exactement ce qui les attend au
Québec. Ouverture de postes à Port-au-Prince, en Haïti, avec
deux agents; à Lisbonne, Portugal, avec trois agents et en
Amérique du Sud, un pays sur lequel nous n'avons pas encore
arrêté notre choix, avec deux agents également.
Le personnel est soit en cours de recrutement, dans ces cas, soit en
stage de formation, soit en instance de départ.
En second lieu, une concertation accrue avec le ministère
québécois du Travail et de la Main-d'Oeuvre. C'est ainsi que
notre participation s'est développée au sein du comité
interministériel sur la main-d'oeuvre et l'emploi, le comité
qu'on appelle le CIME, et du comité mixte sur les besoins en
main-d'oeuvre.
En troisième lieu, l'action auprès des entrepreneurs.
Jusqu'à tout récemment, M. le Président, les entreprises
qui avaient une pénurie de main-d'oeuvre s'adressaient exclusivement aux
centres de main-d'oeuvre du Canada, et faisaient directement le recrutement
à l'étranger, souvent dans des pays non francophones. Au cours de
l'année écoulée, une demi-douzaine de grosses entreprises,
et non les moindres, ont eu recours aux services de mon ministère pour
leurs campagnes de recrutement qui se sont faites prioritairement dans des pays
francophones.
En quatrième lieu, les immigrants entrepre- neurs. Le bilan de
l'année écoulée met en évidence l'importance
grandissante de ce service de mon ministère; créé il y a
encore relativement peu de temps, soit en 1972/73, ce service avait
traîé un chiffre d'affaires de $6 millions au début. Ce
montant est passé à $51 millions pour 1974/75.
Au cours de l'exercice, 239 immigrants entrepreneurs,
représentant plus de $22.5 millions, se sont installés au
Québec et 153 candidats, représentant $29 millions, ont eu
recours à nos services.
Chaque investissement représente en moyenne $125,000 et les
investissements réalisés ont créé 455 nouveaux
emplois. 72% des cas traités venaient de pays reconnus pour leur
attachement à la francophonie. La France à elle seule en a fourni
38%, et $22 millions, contre 7%, et $4 millions, en provenance des pays
anglophones.
En cinquième et dernier lieu, je rappellerai mon souci,
partagé par mon homologue fédéral, en ce qui concerne les
résidents temporaires. Il ne faut plus qu'un drame comme celui des
Colombiens se renouvelle. J'ai entrepris à ce sujet des conversations en
profondeur avec mon homologue fédéral. Mes proches collaborateurs
et mon sous-ministre en particulier ont repris et continué cette
conversation.
L'intégration à la communauté francophone.
Après la maîtrise du flux migratoire dont je viens de parler, le
second objectif reste l'intégration des nouveaux arrivants à la
communauté francophone. Le problème prioritaire est
évidemment d'assurer que ceux-ci apprennent et parlent le
français comme la loi du ministère m'en fait un devoir. L'outil
essentiel de cette politique, ce sont les COFI, ou centres d'orientation et de
formation des immigrants. Après un long et douloureux conflit dont tous
se rappellent, le conseil des ministres m'a donné mandat, il y a
bientôt un an, soit le 31 juillet dernier, d'en assurer la gestion
directe et exclusive et d'en intégrer le personnel à la fonction
publique.
La chose a été réalisée sans bruit et sans
heurt, quant à nous du moins, selon un style qui m'est
particulièrement cher, et cela contrairement aux déclarations
fracassantes, aux attaques quasi quotidiennes qui étaient la
règle d'or il y a un an.
Cette intégration n'a pas été une chose simple mais
j'ai la prétention de dire qu'elle a été faite
harmonieusement et à la satisfaction de tous. Je tiens à rendre
publiquement hommage au travail acharné de mes propres fonctionnaires
ainsi qu'à l'extrême et précieuse collaboration
reçue du Conseil du trésor du Québec, de la Commission de
la fonction publique et des ministères concernés, soit ceux de la
Fonction publique, des Travaux publics, des Transports et enfin de
l'Education.
Mais là ne s'arrête pas notre rôle en matière
linguistique. Nous jouons également un rôle de gardien vigilant
vis-à-vis des professionnels immigrants, pour qui la connaissance de la
langue française est requise. Mon ministère, de ce fait, a
signé un protocole d'entente avec l'Office des professions au terme
duquel la complémentarité des tâches en ce domaine a
été définie et reconnue.
En outre, de nombreuses actions ponctuelles
ont été menées dans ce domaine avec le
ministère des Affaires sociales et celui de l'Education.
Dans une perspective complémentaire, l'action auprès des
groupes ethniques a été de nouveau renforcée. Une
véritable direction vient d'être constituée, regroupant
l'ensemble de projets d'intégration. La Saint-Jean-Baptiste de 1974 a
été l'occasion d'une semaine de l'amitié
québécoise qui a connu un immense succès et a
regroupé, pour fraterniser, des milliers et des milliers de
Québécois d'origine et de nouveaux Québécois,
à Montréal en particulier, au Chalet de la montagne, au Forum,
dans des fêtes de quartiers et de rues et l'opération a
été un succès.
Les projets Vivre au Québec, connus sous le nom de VIVAQ et les
opérations Vacances et loisirs, sous le nom de VAL, réunissent
chaque semaine, toute l'année, des centaines et des centaines d'adultes
et de jeunes dont 50% sont Québécois d'origine et 50% de nouveaux
arrivants pour des activités très diversifiées: carnaval,
cabane à sucre, camps de fin de semaine, folklore, art culinaire,
petites vacances, sports, loisirs, artisanat et que sais-je encore.
Le résultat de ces activités nouvelles qui se
déroulent exclusivement en français est surprenant et bien des
préjugés sont en train de disparaître, notamment du
côté des Québécois.
Enfin, M. le Président, mon ministère a été
au coeur d'une prise de position concertée, cohérente et ferme du
gouvernement du Québec face aux projets fédéraux de
multiculturalisme.
Voilà, M. le Président et mes chers collègues, un
rapide et bref bilan de l'action du ministère que je dirige au cours de
l'année qui vient de s'écouler.
Sans doute avons-nous encore beaucoup de chemin à parcourir et
mon collègue, le député de Maisonneuve, aura tout à
fait raison de me le rappeler et de me stimuler encore davantage. Cela est
écrit, voyez que je pensais à lui en préparant mon
intervention. Mais l'année, qui vient de passer, a été
riche d'actions et prometteuse de moissons à venir.
Depuis plusieurs mois, vous ne m'avez plus entendu me plaindre, comme
par le passé, ni parler de microministère ou de minibudget.
J'ai, en effet, la conviction et la certitude que le Québec a
enfin pris conscience du problème vital que représente le
phénomène migratoire pour son avenir et qu'il a commencé
à prendre les moyens pour le maîtriser et l'utiliser à ses
fins propres.
La prochaine étape est incontestablement celle des ressources
humaines dont on a abondamment parlé depuis quelques mois, projet
cohérent et englobant, indispensable et nécessaire si le
Québec de l'an 2,000 veut encore être une nation française
bien vivante au coeur de l'Amérique du Nord.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre. Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je remercie le mi- nistre de
ces précisions, de cette allocution intro-ductive à ses
crédits. Cette allocution, a première vue, me paraît
optimiste, nous laissant croire qu'un certain nombre de problèmes sont
réglés. Mais puisque je dois servir d'aiguillon au ministre et si
cela peut l'aider que je le dise, je ne pense pas que tous les problèmes
en matière d'immigration sont réglés, loin de
là.
Je me réfère d'abord simplement à une
déclaration que le ministre faisait l'année dernière, lors
de l'étude de ses crédits, encore une fois, plus
particulièrement le 9 avril 1974. Et on retrouve cette intervention
à la page B-697, et je cite le ministre lorsqu'il nous disait: "Si
1973/74 a été l'année de la réorganisation et de la
rationalisation de l'appareil que je viens de décrire, l'année
qui vient, 1974/75, sera l'année de la croissance et du
développement. Plus concrètement, je me propose d'atteindre les
deux objectifs préliminaires suivants le ministre s'en souviendra
sans doute premièrement, mettre une terme à la
réorganisation; deuxièmement, poursuivre les négociations
avec Ottawa en vue d'obtenir plus de pouvoirs en matière de
sélection et de recrutement et en vue de sortir les COFI du cadre
restrictif de la Loi de la formation professionnelle des adultes."
Suivant ce que j'ai entendu le ministre dire, son premier but de
l'année passée est encore un but de cette année,
c'est-à-dire qu'il est encore en état de réorganisation,
même si, je dois l'admettre, il y a eu des pas de franchis.
Son deuxième but, je pense qu'il est encore en train de
poursuivre des négociations avec Ottawa. Et, dans le fond, je pourrais
résumer l'étude des crédits du ministère à
une seule question: Qu'est-ce qui se passe? Où en sommes-nous? Je veux
bien on reviendra à la déclaration intro-ductive du
ministre comprendre qu'il y a une série de choses qui se font,
qu'il y a des contacts avec Ottawa. Mais, cependant, je ne peux pas
m'empêcher de rappeler que, l'année dernière, en ce qui
nous concerne, nous avons fait une tentative de passer le ministère au
peigne fin, justement dans le but d'améliorer l'efficacité de ce
ministère et je remercie le ministre de l'avoir reconnu dans sa
déclaration.
A ce moment-là, je me souviens que, dans une formule un peu
synthétisée, nous trouvions que nous étions face à
un ministère qui a un budget inadéquat, un personnel insuffisant,
en somme, disions-nous, un miniministère.
A la fin de l'étude des crédits de 1974/75, nous avons
même, vous vous en rappellerez, refusé de voter l'adoption de ces
crédits qui nous étaient présentés, à notre
avis, absolument sans tenir compte de ce que nous considérons être
l'importance que devrait prendre le ministère de l'Immigration au sein
de l'appareil gouvernemental québécois.
Par ce refus de voter l'adoption des crédits, nous voulions
souligner notre appui, dans le fond, total à un ministère que
nous voulions sérieux, que nous voulons encore très
sérieux, un ministère doté, par conséquent, de
moyens sérieux et voué à posséder des pouvoirs
sérieux.
Cette année, la question de base est la suivante. Encore une
fois, malgré les bonnes intentions exprimées dans la
déclaration préliminaire du ministre, ce que nous voudrions
savoir, après ces années de négociation, après la
loi 46, après le livre vert, puis après le livre brun auquel
s'est référé le ministre et dans l'attente du livre blanc,
c'est où en sont les pouvoirs du Québec en matière
d'immigration.
Dans le fond, c'est la seule et unique question qui m'intéresse,
je le dis au ministre, cette année. Dans le fond, j'aimerais que le
ministre, de façon plus explicite, beaucoup plus directe que ce qui nous
est apparu dans sa déclaration de base, nous dise quels sont les
nouveaux pouvoirs que le Québec a, depuis l'étude des
crédits l'année dernière.
J'aimerais savoir, s'il y a des nouveaux pouvoirs qui existent et qui ne
s'appliquent pas encore et quand ils vont s'appliquer, j'aimerais savoir
où sont les nouveaux moyens financiers. Sans entrer dans les
détails, je n'ai qu'à regarder le projet de prévisions
budgétaires du ministère, qui, pour l'année 1975/76 par
rapport à 1974/75, passent de $8,108,100 à $10,650,500. Toujours
parlant de ces nouveaux moyens, ce que je trouve particulièrement
inquiétant, c'est que, d'une part, les employés permanents, eux,
pendant cette période, passent de 147 à 461. Si je regarde la
ventilation de ces crédits je ne veux pas entrer, M. le
Président, dans les détails; je suis au niveau des remarques
générales je m'aperçois qu'effectivement, au niveau
des traitements de l'année 1974/75 à 1975/76, c'est-à-dire
cette année, c'est là qu'on va chercher cette augmentation. On
passe de $1,796,000 à $5,910,000 pour 1975/76, mais, alors qu'on
augmente le personnel permanent à l'emploi du ministère, on
semble diminuer les sommes mises à la disposition de ce que l'on appelle
les services. Ces sommes passent de $5,691,000 à $3,509,000. J'ai de la
difficulté à croire, M. le Président, que, devant une
telle situation: augmentation de $2,542,000 du budget global du
ministère, on soit en mesure de dire qu'on a à faire face
à un ministère qui est en plein développement.
C'est évident que $2 millions d'augmentation par rapport aux $8
millions de l'année passée, c'est une somme énorme, mais
deux fois zéro, M. le Président, cela donne toujours zéro.
Cela ne m'impressionne pas beaucoup que la proportion d'augmentation soit de
près de 25%, quand on sait que le budget partait de $8 millions.
Cela ne m'impressionne pas davantage, quand je vois le personnel qui
augmente, personnel déjà existant, personnel des COFI, et que,
parallèlement, au niveau des services, on diminue de près de $2
millions la somme qui est affectée à cela. Je vous avoue que cela
me permet de me poser un certain nombre de questions. La question de base que
je pose rievant ce phénomène c'est: Quels sont les nouveaux
pouvoirs, où est-ce qu'on s'en va, quand ces nouveaux pouvoirs vont-ils
s'appliquer et quels sont les nouveaux moyens?
C'est le ministre lui-même, l'année passée, qui
réclamait là-dessus je l'appuyais, je pense, sans aucune
réserve environ $15 millions de plus, à l'intérieur
de l'assiette financière, pour administrer son ministère.
Je pense même que le ministre nous a laissé entendre qu'il
était très confiant de les obtenir. Je réfère le
ministre encore une fois à ses déclarations du 9 avril 1974,
toujours à l'étude des crédits, lorsqu'il nous disait, je
cite à la page 696: "II me faudrait également une quinzaine de
millions de dollars supplémentaires. Je vous fais donc part, dès
maintenant, de mon intention de demander un budget supplémentaire pour
mettre en oeuvre les politiques que j'expliquais à l'Assemblée
nationale le 26 mars dernier, etc.
Et le ministre continue avec cette affirmation, dans les jours qui ont
suivi, soit le 22 mai 1974: "Le premier ministre a vu d'un très bon oeil
une demande que je lui ai faite de crédits supplémentaires." On
trouve cette affirmation à la page B/2262, toujours de ses
crédits de l'année dernière.
Je suis en droit, M. le Président, de me poser ces questions,
malgré encore une fois l'affirmation de bonnes intentions, dont vous
savez quel endroit est pavé, qui paraît dans votre
déclaration d'introduction. Je voudrais que le ministre nous
précise comment il pense qu'il aura la possibilité
d'améliorer la situation qu'il nous décrivait l'année
dernière, alors que, sur le plan des moyens financiers, je ne vois pas
de solution très encourageante.
J'aimerais que le ministre, dans le fond, parce que son ministère
se résume actuellement à une question qui se pose en quatre mots,
nous dise comment il prétend, avec ce budget, concrètement,
informer les immigrants, recruter les immigrants, les sélectionner et
les implanter dans la société québécoise. En quoi y
a-t-il quelque chose de changé cette année par rapport à
l'année dernière?
En ce qui me concerne, je vous avoue que je n'ai pas du tout l'intention
d'entrer dans les détails de savoir si M. Untel sera nommé
à tel poste et pas nommé à tel autre poste. Je pense que
c'est cela, la question fondamentale. Il n'y en a pas d'autre.
J'ai une autre question générale à poser au
ministre, par la suite, que je pourrai lui soumettre aussi au même
moment. Je ne sais pas s'il préfère me répondre à
cette première question et me répondre à l'autre ensuite.
Si le ministre est d'accord, c'est relié à cette première
question, dans le fond, d'orientation du ministère, autre qu'une
déclaration de bonnes intentions; c'est celle qui, à mon avis,
viserait à dissiper une confusion constante sur ces fameuses
étapes vers l'acquisition de nouveaux pouvoirs pour le Québec en
matière d'immigration.
En somme, ce que je lui demande, c'est à la suite de sept
différents articles que je vais lui citer les uns après les
autres, s'il est possible pour lui de nous dégager un
échéancier précis, afin que l'on puisse retrouver dans les
étapes qui sont, de façon éparse, évoquées
à gauche et à droite, comment on va arriver à
véritablement donner les pouvoirs que le ministre, tant par sa loi 46,
par son discours de présentation en deuxième lecture de
son projet de loi, que, d'ailleurs, par sa déclaration
préliminaire à l'étude des présents
crédits... comment on va dégager une espèce
d'échéancier.
Alors, c'est relié à ma première question. Je lui
cite simplement un certain nombre de faits, lentement, s'il veut en prendre
note, qui, à mon avis, créent de la confusion et nous
empêchent de pouvoir dégager un échéancier
vis-à-vis de cette acquisition de nouveaux pouvoirs pour le
Québec.
Le premier. M. Marcel Prud'homme, adjoint parlementaire de M. Robert
Andras, le ministre fédéral, a annoncé en février
1975 j e vous réfère, entre autres, au Devoir du 5
février et à la Presse du 4 février la signature
prochaine d'un protocole Canada-Québec ou une entente qu'on appelle
maintenant Bienvenue-Andras, pour remplacer l'entente Cloutier-Lang, premier
élément.
En second lieu, la conférence, je dis bien, dite nationale, de
consultation sur le livre vert fédéral doit avoir lieu en I975 ou
au printemps I976. Autre élément qui jette aussi la confusion
dans cette possibilité d'envisager un échéancier, et c'est
le troisième, le secrétariat fédéral
créé par M. Andras pour procéder à la consultation
avec les provinces à un mandat de deux ans, c'est-à-dire qu'il
doit, ce secrétariat fédéral, on présume, faire
rapport durant cette période de deux ans. C'est une information que nous
avons tirée du Jour du 4 février I975, si vous me permettez de
citer des oeuvres pornographiques aux yeux des libéraux.
M. Bienvenue: Ce n'est pas encore la nuit, je vous permets de
citer le Jour.
M. Burns: D'accord. Quatrième élément, le
gouvernement fédéral se propose de tenir au printemps 1975 une
conférence fédérale-provinciale sur l'immigration,
toujours selon M. Marcel Prud'homme et dans un article qui a paru dans la
Presse du 4 février.
M. Bienvenue: Est-ce qu'il ne s'agirait pas du même
élément que le deuxième?
M. Burns: C'est dans le même article, sauf...
M. Bienvenue: Non, ma question est la suivante: Est-ce qu'il n'y
aurait pas confusion, est-ce que cette conférence ne serait pas la
même dont il s'agit...
M. Burns: Voyez-vous, c'est que...
M. Bienvenue: ...dans la deuxième étape qu'a
mentionnée le député de Maisonneuve?
M. Burns: Dans le livre vert, on parle de I975 ou au printemps
I976, alors que M. Prud'homme nous laisse entendre que ça serait au
printemps I975.
M. Bienvenue: Je pense qu'il s'agit du même sujet.
M. Burns: Si c'est le même sujet, peut-être que le
ministre pourrait remarquez que je ne lui demande pas de parler au nom
du ministre fédéral ni de son adjoint parlementaire au
moins jeter de la lumière sur ce problème...
M. Bienvenue:... printemps I975...
M. Burns: Mais c'est une conférence
fédérale-provinciale sur l'immigration, toujours selon M.
Prud'homme, qui aurait lieu au printemps I975.
M. Bienvenue: Qui aurait lieu tout de suite.
M. Burns: Actuellement. Moi, je n'en ai pas entendu parler.
M. Bienvenue: Pour moi, c'est la même chose.
M. Burns: Je signale au ministre que le deuxième
élément que j'avais mentionné était une
conférence de consultation sur le livre vert, alors que selon M.
Prud'homme ce serait une conférence fédérale-provinciale
sur l'immigration. Si c'est la même chose, c'est peut-être M.
Prud'homme qui devrait préciser ses façons de parler.
Cinquième élément, le 9 avril I974, le ministre
lui-même disait à l'étude de ses crédits: "Dans
quelques jours, je retourne à Ottawa avec un projet précis
d'entente fédérale-provinciale." Vous vous rappelez ça, M.
le ministre?
M. Bienvenue: Oui.
M. Burns: Sixième élément, le gouvernement
fédéral pense pouvoir procéder...
M. Bienvenue: Juste une seconde.
M. Burns: Certainement. Là je me réfère
à une déclaration que le ministre a faite le 9 avril 1974.
M. Bienvenue: ... à Ottawa avec un projet
précis?
M. Burns: D'entente fédérale-provinciale. M.
Bienvenue: Bien.
M. Burns: Le gouvernement fédéral pense pouvoir
procéder à la refonte de sa loi sur l'immigration en I976. Autre
élément qui ne peut que contribuer à jeter de la confusion
dans l'ensemble du dossier.
Finalement, en septième lieu, la Presse du 28 janvier I975, sous
la plume de Rhéal Bercier et de Marcel Desjardins, affirme: "A la suite
de ce colloque" il s'agit d'un colloque qui a eu lieu du 31 janvier au
1er février 1975 sur le document Henripin-Harvey "M. Bienvenue
préparera un livre blanc" vous l'avez mentionné M. le
ministre "c'est-à-dire un énoncé de politiques sur
le sujet".
Dans le fond, ce sont tous des éléments épars
devant une situation où on n'est pas sûr en tout cas
moi personnellement comme député de l'Opposition et comme simple
citoyen du pouvoirde recrutement, du pouvoir de sélection. Je ne
suis pas sûr même d'une vague approche de droit de veto que le
Québec, aux dires mêmes du ministre l'année
dernière, voudrait avoir et sur lequel, évidemment, nous serions
entièrement d'accord.
Je ne suis pas sûr que devant cette confusion totale, on n'est pas
en train tous ensemble de se faire passer un sapin. Je ne suis pas sûr
que, devant un budget si peu amélioré au point de vue des moyens
financiers, on n'est pas en train de se faire passer un sapin en matière
d'immigration.
Je ne suis pas sûr si le ministre lui-même n'est pas victime
du cabinet lorsqu'on lui remet un budget de cette nature avec un personnel
accru, avec des services diminués et avec une prétention
d'augmenter la pénétration, la présence du
ministère québécois de l'Immigration.
Pour chacun des points, de même que pour l'ensemble du
problème, je demande au ministre c'est ce à quoi se
résumera mon intervention s'il est possible de mettre de l'ordre
dans tout ça, qu'on nous dise exactement ce à quoi on est en
droit de s'attendre encore une fois, pas nécessairement des
bonnes intentions, nous sommes tous capables d'en exprimer de
dégager le contenu réel de cet ensemble de raccordement
Ottawa-Québec, Québec-Ottawa et même Québec seul et
Ottawa seul, de situer l'importance réelle des changements qu'on est en
mesure d'attendre de la situation actuelle, s'il y a véritablement
quelque chose qui bouge. J'aimerais également que, de façon
concrète je sais que le ministre a mentionné dans son
exposé tout à l'heure qu'il n'avait pas l'intention de
déposer le document, qu'il soumettrait bientôt à son
homologue fédéral, avant de l'avoir soumis, je le comprends
très bien, en temps et lieu, tout au moins, de déposer les
documents il nous donne des réponses sur l'attitude
supposément ferme du gouvernement québécois en
matière d'immigration.
Et enfin, j'aimerais que le ministre nous fasse une espèce de
résumé de l'endroit où le ministère de
l'Immigration du Québec en est rendu face à chacune de ces
étapes, si ces étapes sont envisagées, si cet
échéancier est présent dans l'esprit du ministre.
Le Président (M. Séguin): Au point de vue de la
procédure, est-ce que le ministre veut répondre tout de
suite?
M. Roy: Un instant, M. le Président, il y a une
procédure...
Le Président (M. Séguin): C'est justement ce
à quoi je voulais en venir. Est-ce qu'on veut répondre tout de
suite aux questions du député de Maisonneuve?
M. Bienvenue: Je voudrais ...
Le Président (M. Séguin): Ou si on va passer pour
entendre ce que le député de Beauce a à dire.
M. Roy:... parce que j'ai des questions similaires.
M. Bienvenue: Alors, j'ai noté, et je vais changer de
page.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud. Et les réponses viendront présumément en
même temps.
M. Bienvenue: Oui.
M. Roy: J'ai écouté le ministre tout à
l'heure nous faire part de ses commentaires, au début de la commission
parlementaire, relativement à l'étude des crédits de son
ministère. Je n'ai pu faire autrement que de me référer
à la Loi du ministère de l'Immigration qui, comme on le sait, a
été sanctionnée au mois de novembre 1968, pour relire les
fonctions précises du ministère de l'Immigration.
De 1968 à I975, il y a une période de sept années.
Si on veut voir le rôle qu'a joué effectivement le
ministère de l'Immigration depuis sa fondation, il s'agit d'examiner le
bilan actuel. Je pense que le bilan est quand même un moyen de
connaître la situation réelle. Et si on le compare au bilan de
l'année précédente, ça peut nous donner les
orientations, les projections, comme il est possible, surtout nécessaire
d'en avoir lors de l'étude des crédits, pour être en mesure
de déterminer quelle est l'orientation réelle d'un
ministère donné.
Pour ce qui a trait au ministère de l'Immigration, je regrette
mais j'ai nettement l'impression, quand je regarde tout ça et que
j'écoute à nouveau le ministre cette année, que nous avons
un ministère de prestige, pour donner du prestige au Québec, un
ministère de prestige et d'illusion. Et je m'explique.
Quelles sont les réalisations concrètes de notre
ministère de l'Immigration au Québec? On nous a bien donné
quelques statistiques, on nous a bien expliqué qu'il y a beaucoup
d'intentions. D'ailleurs, si je compare le discours que le ministre vient de
nous faire à celui que nous faisait ce matin le ministre des Terres et
Forêts aux crédits de ce ministère, je constate, là
comme ailleurs, qu'il y a beaucoup d'intentions, très peu de
réalisations. Il y a beaucoup d'idées, mais il y a peu
d'action.
Et je pense qu'il est assez inquiétant de constater
qu'après s'être donné un outil qui aurait pu jouer un
rôle véritable, pas seulement de négocier ou aller
parlotter à une conférence ou à une autre, mais de dire:
Voici nos politiques au Québec, nous avons décidé de faire
telle chose et nous avons adopté telle attitude face à telle
situation...
Quand je regarde les statistiques que me donnait le ministre tout
à l'heure, alors qu'on nous disait qu'il y avait eu 33,458 immigrants au
Québec, qu'il y avait une bonne augmentation par rapport à
l'année précédente, qui était de 26,871, en
me référant aux statistiques fournies par le ministère, et
que je constate qu'à la page 13, tel que le ministre nous l'a
signalé tout à l'heure: Haïti est arrivé au premier
rang des pays d'immigration avec 4,853 personnes contre 2,252 en 1973, au
troisième rang; la France, 2,372 contre 1,951 en 1973, au
cinquième rang. Si on additionne les chiffres, cela fait environ 7,200
immigrants sur 33,458. Il faut, également, regarder l'immigration totale
au Canada. Je n'ai pas les chiffres de 1974 pour l'immigration canadienne, mais
je constate que l'immigration québécoise, par rapport à
l'immigration canadienne en 1973, n'a été que de 14.6%.
Si on regarde l'immigration française qui s'est faite chez nous,
dans le Québec, il reste que le pourcentage est minime, voire même
décourageant.
M. le Président, je pense que, si le Québec a jugé
nécessaire, à un moment donné, de se donner une loi du
ministère de l'Immigration, c'était pour prendre en main,
être en mesure de prendre ses politiques, d'adopter ses politiques, les
faire connaître et de batailler, vigoureusement, pour les faire adopter.
Malheureusement, ce n'est pas le cas. Actuellement, je pense que, si on veut
être objectif et si on veut regarder la situation dans son ensemble, on
pourrait se demander où va le Québec, où va la
francophonie tout simplement, non seulement dans l'Amérique du Nord,
mais dans la province de Québec. Justement, dans le journal Le Devoir de
samedi, le 3 mai 1975, une étude, faite par M. Jacques Henripin, disait
que la proportion des francophones baissera à 23% et 95% des
francophones vivront au Québec. A ce moment, on s'est basé sur
des statistiques, évidemment, de l'année dernière. On a
tenu compte du taux de natalité, on a tenu compte, également, du
taux de l'immigration.
C'est à condition que la situation ne s'aggrave pas,
c'est-à-dire qu'on maintienne, qu'il y ait, autrement dit, le maintien
du taux de natalité des francophones au Québec tel qu'il est
là et qu'on maintienne, également, la population francophone
à l'intérieur des frontières du Québec. Lorsque je
parle du maintien de la population francophone à l'intérieur du
Québec, je songe, évidemment, aux gens de ma région et de
la région du sud du Saint-Laurent, qui émigrent en grand nombre
vers les Etats-Unis à chaque année, qui contribuent à
accroître le déséquilibre.
Si on regarde, au niveau de l'émigration, le peu de politique que
nous avons, seulement que des intentions, je pense qu'on n'est même pas
capable de tenir les pourcentages actuels. Ceci veut dire que l'étude de
M. Henripin risque d'être beaucoup inférieure, comme
résultat en l'an 2000, que les résultats qu'on escompte
aujourd'hui.
M. le Président, je dis qu'au niveau du ministère de
l'Immigration, d'ailleurs, on devrait changer, radicalement, la philosophie du
ministère parce qu'il va falloir aller plus loin qu'au niveau de
l'immigration si nous voulons survivre comme peuple. Il va falloir un ensemble
de politiques. Il va falloir un droit de regard sur les politiques du mi-
nistère des Affaires sociales. Il va falloir avoir un droit de regard
dans d'autres domaines, dans le domaine de l'éducation, entre autres,
tout ce qui a trait à la qualification professionnelle, au niveau du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Actuellement, on ne peut
pas se contenter du miniministère de l'Immigration que nous avons. Il va
falloir aller plus loin. Je dis que c'est une question de survie nationale. Je
vais jusque là.
J'ai ici des statistiques qui vont nous démontrer jusqu'à
quel point je veux attirer l'attention des membres de la commission
là-dessus, ainsi que des collaborateurs du ministre dans quelle
direction nous allons sur le plan démographique en tant que peuple.
Regardons les statistiques vis-à-vis des Canadiens français sur
les régimes confédératifs, Québec par rapport au
Canada.
Le taux de natalité en 1932 par rapport au taux de
natalité canadien était de 28.1% au Québec par rapport
à 22.5% au niveau du Canada. En 1952 parce qu'en 1932,
c'était le temps de la grande noirceur, la grande crise
économique ce taux était de 30.6% pour le Québec,
comparativement à 27.9% pour le Canada. En 1957, le taux avait
diminué à 29.8% pour le Québec, comparativement à
28.3% pour le Canada. En 1962, pour la première fois dans notre
histoire, le taux de natalité au Québec a été
inférieur au taux moyen canadien, il a été de 25.2%,
comparativement à 25.3% en 1962 pour la moyenne canadienne. En 1967, le
taux était réduit à 17.3% comparativement à
l'Ontario 17.8%. Pour la première fois dans notre histoire, le taux de
natalité du Québec était inférieure à celui
de l'Ontario. En 1972, notre taux de natalité est passé de 17.3%
à 14%.
M. le Président, ceci nous amène à examiner
d'autres statistiques. S'il y a une diminution de la jeunesse, diminution des
naissances, il y a automatiquement un pourcentage de vieillissement de la
population. C'est là, je pense, que c'est excessivement sérieux.
En 1961, 5.8% de la population dépassait l'âge de 65 ans et plus.
En 1988, selon les données actuelles, 14% de la population du
Québec dépassera l'âge de 65 ans. Ce qui veut dire que sur
le plan économique, on ne pourra pas, en 1988, au Québec accorder
les bénéfices sociaux qu'on accorde aujourd'hui aux personnes de
65 ans et plus.
Si ce sont les données que nous pouvons prévoir pour I988,
quelles seraient celles que nous pourrions obtenir pour l'an 2000? Je pense
qu'il est important qu'on prenne le temps de réfléchir pour voir
quelles pressions pourront être faites, exercées sur le
gouvernement, sur le coût exorbitant de la population non-productive. A
ce moment, c'est nous qui ferons partie de la population non-productive. Ce ne
seront pas les autres. C'est nous qui serons là. C'est pourquoi, je dis
que nous n'avons plus le temps de nous amuser. Il va falloir passer aux actes.
Il va falloir que le gouvernement gouverne. Je pense que la loi du
ministère de l'Immigration, on se propose de l'amender cette
année, tant mieux. Je le dis à l'intention du ministre
aujourd'hui. Que le ministre s'organise pour avoir une loi énergique. Il
y a dans ce secteur,
comme dans tous les autres secteurs, là où les
juridictions sont partagées entre le fédéral et le
provincial, des zones grises. Occupons-les les zones grises. Occupons-les en
totalité. N'attendons pas que les autres les occupent. Prenons
l'initiative de les occuper.
Québec s'est donné par les différents budgets
d'autres ministères un réseau d'ambassades. J'appelle cela des
ambassades, c'est en quelque sorte des ambassades en réalité. Les
maisons du Québec à l'étranger, il y en a une en Belgique,
il y en a deux en France, je pense, il y en a une en Italie. Prenons nos
maisons du Québec en France, en Belgique, dans les pays francophones,
est-ce qu'elles jouent un rôle vraiment positif? Est-ce qu'elles jouent
un rôle utile pour ce qui a trait à l'immigration française
chez nous au Québec?
Lorsque l'on constate les centaines de milliers de dollars, pour ne pas
dire les millions qui sont dépensés pour tâcher de
maintenir ces maisons du Québec à l'étranger, je dis que
le ministère de l'Immigration devrait prendre toutes les mesures
nécessaires, de façon que ces maisons du Québec jouent un
rôle important au niveau de l'information, au niveau des contacts.
Que les personnes qui sont là ne se gênent pas pour faire
de la propagande, pour inviter des gens francophones à venir
s'établir chez nous.
M. le Président, je pourrais discourir davantage dans tous les
autres secteurs, revenir sur des questions qu'a posées le ministre, mais
je dis que, actuellement, nous n'avons pas le temps de nous amuser à ce
que j'appelle de la dentelle, de la décoration. C'est la raison pour
laquelle je ne serai pas plus long dans mon intervention. Je veux dire au
ministre, aujourd'hui, que ses responsabilités sont grandes, très
grandes. C'est une question de survie nationale. Les statistiques, les faits
sont là pour le démontrer, pour le prouver.
Or, si le gouvernement veut agir, au niveau d'une loi de l'immigration,
cette année, qu'on vise à élargir le cadre de la Loi de
l'immigration, mais qu'on fasse en sorte que le ministère soit beaucoup
plus qu'un ministère de l'Immigration et qu'on en vienne, en quelque
sorte, à un ministère de la population, de façon que nous
puissions avoir, au Québec, nos propres outils, capables de
décider ce qui peut et ce qui doit être fait, dans
l'intérêt de notre population et dans l'intérêt du
Québec.
Le Président (M. Lecours): Le député de
Crémazie, le ministre de l'Immigration.
M. Bienvenue: Si on me le permet, M. le Président, pour
suivre un ordre qui est peut-être illogique, mais qui, au moins, marche
avec ma petite mémoire, je voudrais faire quelques remarques à
l'adresse du député de Beauce-Sud et, ensuite, revenir aux
questions du député de Maisonneuve.
Je veux remercier sincèrement le député de
Beauce-Sud pour ce que je qualifie d'excellentes remarques celles qu'il vient
de faire, par lesquelles, je le dis sans détour, il me rejoint et
rejoint la préoccupation et l'inquiétude du ministère, au
complet, que je dirige. Il a cerné un problème extrêmement
grave qui est le problème, dans le fond, de la démographie, le
problème de la population, le problème de la main-d'oeuvre, des
politiques sociale et familiale, il l'a dit, face au taux qui, peut-être,
n'en inquiète pas d'autres, mais, je vous l'avoue, qui inquiète
celui qui vous parle, le taux de la natalité, actuellement, au
Québec, le Québec qui est un pays vaste j'emploie le mot
"pays" dans son sens non politique qui est un territoire vaste,
où il y a de la matière première. Il y a des
possibilités, au niveau agricole, entre autres, que connaît bien
le député de Beauce-Sud.
Tout ce problème, dans le fond, explique un peu l'obstination
à laquelle a fait allusion, précédemment, le
député de Maisonneuve, obstination qu'il m'attribuait, que je
m'attribue, lorsque je dis que, depuis trois ans, nous avons fait des
démarches, dans les réseaux gouvernementaux, pour faire passer
cette idée qui, maintenant, est en voie de passer, celle de l'urgente,
de l'impérieuse nécessité d'un ministère des
ressources humaines ou de la population. Le problème est beaucoup plus
grave que l'emploi des mots, je le concède au député de
Beauce-Sud. Il est impérieux qu'après nous être
souciés d'un tas de domaines, que je respecte, qui sont ceux de
l'agriculture, des légumes, des arbres, des forêts, des mines,
l'on commence à s'interroger cela presse sur le
problème de celui dont tout cela est fonction: l'être humain, au
Québec, l'être humain qui, suivant les pronostics et les
prévisions, sombres mais réelles du député de
Beauce-Sud, risque d'être en nombre toujours décroissant, lors des
prochaines années, et, notamment, dans les dernières
décennies du siècle actuel.
Il est évident que le livre blanc dont on a parlé et que
j'ai confié aux mains les plus expertes qui soient, que je connaisse, du
moins, au Québec, ceux que j'ai nommés, qui se voudra un
énoncé de politiques qu'entendra suivre le gouvernement du
Québec, portera sur tous les problèmes qu'a soulignés le
député de Beauce-Sud, non seulement sur les problèmes,
mais sur les solutions qu'il faudra envisager pour les régler, à
court, moyen et long termes, ce qui n'est pas facile.
Il n'est pas question d'autres l'ont dit avant moi de
procéder par contraintes, par exigences, d'envahir les foyers, de dicter
et de diriger les naissances, mais il est question c'est la
responsabilité de tout gouvernement qui se respecte cependant de
faciliter, de faire tomber les obstacles, qui soient d'ordre économique
ou autre, à la natalité normale que devrait connaître une
région, un territoire, un pays comme le Québec.
Ce livre blanc sur lequel je compte beaucoup, dont mes hauts
fonctionnaires et moi avons vendu l'idée au gouvernement du
Québec, me fait dire que, puisqu'il porte sur une des zones grises dont
a parlé, avec raison, le député de Beauce-Sud c'est
la démographie, cette zone grise et tout ce qu'elle comporte, tous les
problèmes qu'elle sous-tend avec beaucoup de fierté
cela ne choquera personne que le Québec, à ce moment-ci,
est en avance sur son homo-
loque fédéral dans l'étude du problème et
des solutions à envisager.
Le problème est tellement vaste qu'il doit sensibiliser ceux
mêmes qu'il affecte, c'est-à-dire la population du Québec,
les organismes et les individus qui se soucient, comme le député
de Beauce-Sud, et comme aussi, je le sais, même s'il n'en a pas
été question, le député de Maisonneuve et les
députés de cette Chambre et les députés de cette
commission qui siègent à ma droite.
C'est sur cela que le livre blanc doit déboucher. C'est notre
voeu le plus cher et cela arrivera sur une commission parlementaire vaste,
totalement démocratique, à laquelle seront conviés, pour
s'y faire entendre, tous ceux, individus ou organismes, que ce problème
aigu intéresse, concerne et, surtout, inquiète afin que,
après cette étape de consultations, le gouvernement du
Québec puisse présenter pour adoption aux membres de
l'Assemblée nationale, un projet de loi qui fera plus encore que ce que
dit le député de Beauce-Sud. Il ne sera pas seulement question
d'amender la loi actuelle du ministère de l'Immigration, parce que,
selon la façon dont nous le voyons, ce ministère devra
disparaître, purement et simplement, pour devenir une entité, une
partie d'un tout beaucoup plus vaste qui regroupera tous les secteurs qui
affectent le problème de l'avenir de la population du Québec. Je
le répète, l'Immigration, qui est un, c'est un
phénomène, comme on le sait, de complémentarité
à la population autochtone, à la population déjà
installée au Québec, l'Immigration ne sera plus un
ministère, mais une direction générale; la
démographie sera un autre élément, un autre secteur
important de ce futur ministère des ressources humaines, et il serait
illogique, je pense, sans connaître l'avenir, de ne pas considérer
comme un secteur tout aussi important, la main-d'oeuvre, qui est en fonction
directe de la population. D'autres l'ont fait avant nous. On sait que, au
gouvernement central, c'est le ministère de la Main-d'oeuvre et de
l'Immigration. Les deux sont intimement liés. On peut penser et songer
à ajouter tout cela le député de Beauce-Sud y a
fait allusion à certains secteurs sociaux aux politiques,
à certaines politiques sociales et également familiales.
Tout ce qu'il a dit au sujet de la population active, de la population
productive, est rigoureusement vrai. Nous partageons ses vues. Je pense qu'il
est enfin temps, si cela n'a pas été fait suffisamment dans le
passé, dans ce domaine ou dans d'autres, de prévoir, de planifier
plutôt que d'essayer de guérir ou d'éteindre les feux. Le
mal sera fait à ce moment. Il va de soi que ce qui vaut dans ce domaine,
au niveau économique, vaut évidemment, et pour cause, au niveau
social et culturel, au niveau linguistique. Cela, c'est manifeste.
Je suis de ceux qui ont déjà dit qu'il faudrait
éviter que nous soyons nous-mêmes suicidaires, il faudrait
éviter que nous ayons nous-mêmes décidé froidement
de nous faire disparaître collectivement. Il est bon d'imputer la faute
à d'autres, à ceux qui nous entourent, on sait comment le
Québec est un îlot entouré dans une mer anglophone de
centaines de millions, il ne faudrait pas pousser le masochisme jusqu'à
provoquer nous-mêmes ou accélérer nous-mêmes notre
chute ou notre disparition comme peuple.
M. Roy: II ne faudrait pas être les artisans de notre
propre génocide.
M. Bienvenue: Voilà! Je remercie à nouveau le
député de Beauce-Sud. Je conclus en disant que ses remarques vont
rigoureusement dans le sens de nos préoccupations et aussi le mot
est plus fort, mais fondé sur la vérité, il correspond
à la réalité de nos inquiétudes.
Pour ce qui est du député de Maisonneuve, je voudrais
d'abord essayer, même si ce n'est pas l'ordre dans lequel il a
posé ses questions, d'éclairer, ou donner un éclairage
à certaines questions qu'il a posées avec beaucoup
d'à-propos. Je sais que pour quelqu'un qui n'est pas dans le champ
immédiat de l'immigration, il y a des choses qui prêtent à
confusion, surtout au cours de l'année qui vient de s'écouler,
tout en rappelant, au point de départ, que ce n'est pas toujours aussi
simple, aussi facile que dans certaines matières qui sont clairement
délimitées dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique,
je pense à l'éducation, je pense à la défense
nationale. L'immigration est justement un de ces rares domaines qui font
l'objet d'un champ de juridiction partagée et, à cause de cela,
il y a déjà danger de confusion au départ, je le
conçois. Par ailleurs, l'année financière qui vient de
s'écouler et la nouvelle qui est commencée ont vu survenir une
suite d'événements qui peuvent facilement porter à
confusion pour, je le répète, l'individu qui n'est pas toujours
près et vivant dans le problème. Je dis qu'il peut y avoir
confusion parce que, si on veut parler de livres, ou ce que les anglophones
appellent "papers" il y a eu une série et il y a actuellement une
série de livres en circulation ou sur le point de l'être au Canada
et au Québec. On a entendu parler du livre vert, on a entendu parler du
livre brun, on parle de livres blancs, et je conçois facilement que les
gens s'interrogent là-dessus.
D'autre part, j'ai dit, il y a un instant, que le gouvernement du
Québec, et j'en étais fier avec raison, était en avance
sur le gouvernement central au sujet de la démographie. Or, il arrive
que cette préoccupation que nous avions, nous, au Québec, depuis
deux ou trois ans, je l'ai dit et je me répète, qui était
celle de considérer l'immigration dans un tout beaucoup plus
enveloppant, beaucoup plus global, beaucoup plus important, qui est celui de la
population en général, l'immigration n'étant qu'une des
parties constituantes, il arrive qu'au même moment où nous
avancions à pas très rapides ici au Québec, à
partir de mon ministère pour sensibiliser le public, ce problème
de l'immigration n'étant qu'un élément, il arrive qu'au
même moment ou à peu près, mais avec un peu de retard, le
gouvernement central a finalement ou enfin vu le problème de la
même façon.
Donc, il est question, actuellement, aux deux niveaux, d'enquêtes,
d'études, d'analyses, de col-
loques sur le problème de la démographie globale. Il en
est question au niveau fédéral et il en est question au niveau
provincial. Au Québec, ce n'est pas de nature évidemment à
faire souvent comprendre les gens davantage, cela porte, au contraire à
un peu plus de confusion.
A ce sujet, je voudrais, peut-être pour clarifier ce qu'a
soulevé le député de Maisonneuve, donner les grandes
étapes de consultations du gouvernement fédéral sur le
livre vert, telles que je les ai comprises, et on essaiera de voir s'il n'y a
pas confusion dans les sept éléments ou étapes qu'a
soulevés le député de Maisonneuve.
Le livre vert du gouvernement fédéral doit être le
document de travail à la base de la consultation nationale en vue
d'amener une refonte de la loi fédérale de l'immigration.
Donc, il ne faut pas confondre ici avec le Québec, avec le
ministère dont j'ai parlé au député de Beauce-Sud
et avec les livres brun, blanc, etc. Le fédéral avait
annoncé que, d'ici le 16 mai, un comité parlementaire recevrait
les mémoires d'individus ou de groupes venant de partout au Canada. Le
ministère que je dirige et moi-même avons été
invités à aller faire entendre nos commentaires devant ce
comité. J'ai refusé, pour ma part, en indiquant non pas
que j'aie quoi que ce soit contre le procédé ou contre la
façon que, contrairement à certains groupes, organismes ou
individus, le gouvernement du Québec était un organisme avec un
grand O, assez considérable et assez prestigieux pour faire ses
commentaires sur le livre vert en question à un autre niveau, soit
auprès du ministre lui-même, qui en est le signataire, M. And
ras.
Après avoir je l'ai dit plus tôt soumis, en
janvier 1974, la position préliminaire, antérieure du
Québec sur le livre vert à venir, le Québec
s'apprête, d'ici quelques semaines, probablement, je l'ai dit, d'ici
à la fin de mai, à faire connaître maintenant sa position
officielle, entérinée par l'Exécutif, sur le livre vert
tel que publié, lu et analysé par les gens de mon
ministère, qui y ont consacré énormément de temps,
dans un travail tout à fait positif. Donc, au lieu d'aller, nous, devant
ce comité parlementaire fédéral, c'est auprès du
ministre que je ferai connaître le mémoire du Québec en
réponse au livre vert et je le rendrai public immédiatement. On
ne le fait pas, évidemment, sur-le-champ, parce que je veux le soumettre
aux membres du Conseil exécutif du Québec et à celui
à qui il est destiné avant de le livrer au public. Voilà
pour la première étape de ce comité parlementaire qui
devait siéger d'ici ou avant le 16 mai.
A la fin de mai je viens de l'indiquer j'irai rencontrer
mon homologue fédéral pour lui présenter la position du
Québec, la lui faire connaître. M. Andras, le ministre
fédéral, croit ensuite pouvoir envisager une réforme de la
Loi de l'immigration fédérale pour l'automne 1975, l'automne qui
vient, mais je pense qu'il serait beaucoup plus réaliste de penser en
termes du début de l'année 1976, sans parler pour lui,
évidemment. La consultation, ensuite, sur cet autre aspect que sont les
objectifs démographiques du Canada donc, pas en vue de la refonte
même de la loi particulière et spécifique de l'immigration,
mais sur les objectifs à grands volets, à vastes contextes de la
démographie au Canada, étude poursuivie par nos homologues
fédéraux parallèlement à nous du Québec, sur
le plan québécois se poursuit actuellement et va se
poursuivre de façon que les règlements de l'immigration
non pas la loi, mais les règlements puissent en tenir compte. Ce
sont ces objectifs qui doivent être déterminés dans un
délai de deux ans, suivant l'échéancier que s'est
donné le fédéral, à partir de la date de
dépôt du livre vert.
Donc, là, on se comprend. On n'est plus dans le champ
précis de l'immigration, mais de la démographie "at large". Par
conséquent, si je reviens à certaines des étapes qu'avait
annoncées le député de Maisonneuve et qui semblaient
créer chez lui une certaine confusion et je le comprends, parce
que tout cela survenant en même temps, il y a de quoi, je pense,
s'interroger et il faut s'éclairer ensemble il parlait, au
début, de cette déclaration de M. Prudhornme sur une entente
Canada-Québec à venir. Il s'agit manifestement et clairement de
celle dont j'ai parlé dans mes notes préliminaires, dont j'ai dit
que j'espérais en voir la signature d'ici à quelques semaines. M.
Prudhomme en a parlé, je pense que c'est en janvier ou en février
dernier, à la télévision. Cette entente va lier deux
ordres de gouvernement seulement; le gouvernement central et le gouvernement du
Québec. Il y a eu, évidemment, un retard qui n'est pas
néfaste à mes yeux.
Ce document a dû franchir différentes étapes
à Ottawa dont notamment celle du conseil des ministres, qui, je le sais
maintenant, l'a approuvé il n'y a pas très longtemps. Alors, ce
document qu'annonçait M. Prud'homme, que, par gentillesse, il a
appelé l'entente Bienvenue-Andras et que par un retour de gentillesse
j'appelle Andras-Bienvenue, qui pourra porter tout autre nom, je ne veux pas
laisser le mien à l'histoire devrait, je l'espère, se
signer dans les semaines à venir à moins que des complications de
dernière heure surviennent au niveau du "state of wording".
Cette entente, puisque, par le biais des choses, ça me
ramène un peu à une des questions du député de
Maisonneuve, va justement être ce jalon très important, cette
étape, ce bond considérable en avant, comme je me plais à
l'appeler, qui va je n'aime pas me servir des mathématiques pour
expliquer ma pensée mais qui pourra représenter un
pourcentage combien accru du pourcentage de ce que pouvait donner l'entente
précédente Lang-Cloutier en termes de résultats concrets
pour le Québec.
C'est dans cette entente que l'on retrouvera bien
concrétisés et figés les mots: recrutement,
sélection et information, qui sont à la base de la loi 46. C'est
dans et par cette entente approuvée par le fédéral que les
représentants du Québec à l'étranger pourront
participer de façon absolument conjointe, étant parfaitement
présents à toutes les candidatures de ceux qui se destinent au
Québec. Comme je le disais dans mes remarques préliminaires,
l'officier du fédéral, qui a, qu'on le
veuille ou pas, dans l'état actuel des choses, le mot final pour
ce qui est de la décision de permettre ou de refuser l'entrée,
devra prendre en considération l'opinion, le jugement de la partie
québécoise.
Si on relit, pour un instant, l'ancienne entente, que je ne critique pas
parce qu'il y avait beaucoup de retard et que c'étaient les
débuts, la première entente Lang-Cloutier, dans le cadre de ce
que je viens d'indiquer, on verra le progrès incroyable qui aura
été fait depuis l'époque en question.
M. Burns: Je l'espère. On n'est pas pour signer des
ententes pour avoir pire que l'entente Lang-Cloutier. Je l'espère.
M. Bienvenue: Revenant à cette autre étape
qu'indiquait le député de Maisonneuve en parlant de
conférence, du printemps I975, fédérale-provinciale sur
l'immigration et conférence nationale sur le livre vert et consultation
fédérale avec les provinces, j'ai essayé tout à
l'heure, mais je n'ai peut-être pas été clair, de faire
comprendre qu'il y avait deux domaines différents, qui étaient la
consultation sur le livre vert proprement dit ouverte pas seulement aux
gouvernements des provinces mais aux organismes, aux individus et cette
consultation beaucoup plus vaste, échelonnée sur une
période de deux ans qui porte sur les problèmes
démographiques au Canada.
Il se peut que M. Prud'homme, en parlant d'un sujet, ait confondu avec
un autre mais je pense que j'ai donné les grandes étapes. Le
député de Maisonneuve, me citant le 9 avril I974, me faisait
dire, et avec raison, que j'annonçais, à ce moment-là que
je retournerais à Ottawa avec un projet précis d'entente
fédérale-provinciale. Cette étape a eu lieu, je suis
effectivement retourné, dans les jours qui ont suivi, soit au
début de mai I974. Après l'avoir annoncé, j'ai
forcé le retour à Ottawa de mon homologue, M. Andras, qui
était en pleine campagne électorale, à ce
moment-là. Je suis allé lui porter précisément et
expliquer ce projet d'entente qui est l'entente And ras-Bienvenue dont on
parle, sur laquelle s'est penché le gouvernement fédéral
avec des retards évidemment normaux. L'élection
fédérale a eu lieu un ou deux mois plus tard, il y a eu beaucoup
d'autres consultations, d'échanges, beaucoup d'étapes à
franchir dans des différents comités ministériels ou
interministériels au fédéral.
C'est ce document que j'ai avec moi, qui n'est pas tout à fait
final dans sa forme définitive, mais sur le point de l'être, et
c'est de celui-là que j'ai parlé en termes d'espoir de quelques
semaines.
Le député de Maisonneuve a parlé aussi de la
refonte de la loi fédérale. Effectivement, j'ai confirmé
que c'était l'échéancier que cela se fasse à
l'automne 1975 ou au début de 1976.
Enfin, il y a l'annonce du livre blanc par celui qui vous parle, il y a
quelques mois. Ce livre blanc est en train de s'écrire. C'est en
l'écrivant que mes proches collaborateurs et les experts qu'ils se sont
adjoints réalisent l'ampleur du problème qu'a soulevé le
député de Beauce-Sud, parce qu'il s'était fait des choses
dans le passé, mais peu, comme l'a souligné le
député de Beauce-Sud. Et c'est tout un défi que nous avons
relevé.
C'est à partir de nombreux éléments qui
étaient dans le livre brun dont on a parlé antérieurement
que s'écrit ce livre blanc qui tient compte de l'opinion des experts qui
s'étaient réunis au colloque de la fin de janvier et début
de février sur le livre brun.
Le député de Maisonneuve a aussi posé une question
relativement au budget, aux sommes, aux deniers du ministère, en faisant
certains rappels. Il est vrai, il est exact que j'avais déjà
parlé d'une demande, auprès de mon premier ministre, de $15
millions supplémentaires. Le député de Maisonneuve...
M. Burns: II voyait cela d'un bon oeil, me disiez-vous.
M. Bienvenue: Le député de Maisonneuve, s'il a de
la mémoire visuelle, se rappellera qu'à chaque fois que j'ai
parlé de ces demandes de budget, tant au premier ministre qu'au ministre
des Finances, j'y mettais un certain sourire et j'employais la méthode
dite de hold-up...
M. Burns: C'est ce qui est grave, M. le ministre.
M. Bienvenue: ...mais on verra les résultats que cela a
donnés dans un autre temps. J'y mettais un certain sourire que je viens
d'assimiler à la méthode dite du hold-up. J'ai employé
à quelques reprises je ne m'en cache pas un truc que
connaît bien mon collègue et confrère, le
député de Maisonneuve, qui est avocat, et qu'emploient certains
vendeurs ou acheteurs; le truc qui consiste souvent à souffler un peu
les montants pour s'assurer d'avoir ceux qu'on veut réellement
Effectivement, j'ai dit tout à l'heure que...
M. Burns: Voulez-vous nous dire que vous demandiez $15 millions
pour avoir $10 millions?
M. Bienvenue: C'est-à-dire que non; je parlais de $15
millions pour être sûr d'avoir au moins le nombre que je voulais.
J'ai dit tout à l'heure que le montant que nous avions demandé et
obtenu du Conseil du trésor correspondait à nos besoins et les
satisfaisait. Il faut se rappeler et c'est pour entrer dans le
détail des questions du député de Maisonneuve
à l'occasion de nos crédits actuels, qui sont ceux de 1975/76,
que les montants attribués à la catégorie Services sont de
l'ordre de $3,509,100, contre, comme le disait le député de
Maisonneuve, $5,691,000 pour 1974/75. Cette différence de $2,200,000
provient de ce que ces sommes ont été virées d'abord au
poste des salaires, ensuite au poste de l'équipement. Les salaires sont
passés de $1,796,600 à $5,910,200, soit une augmentation de
$3,110,000.
M. Burns: ...$5 milliards, ce serait vraiment un point de
départ de négociations.
M. Bienvenue: L'étude de mes crédits serait
déjà terminée. Si on retire, pour les fins du calcul, les
$2,100,000 auxquels fait allusion le député de Maisonneuve, dont
il a parlé et dont je viens de parler, qui sont destinés,
évidemment, aux professeurs et au personnel des COFI que le
ministère a maintenant pris sous sa charge, on aura constaté que
l'augmentation des salaires est de plus de $1 million et porte sur 100 postes
supplémentaires annoncés dans mon introduction.
Je disais, tout à l'heure, 42 postes additionnels pour les
programmes d'établissement et d'intégration, 31 postes
additionnels pour les bureaux à l'étranger, 16 postes
additionnels pour l'encadrement général des actions du
ministère et 10 pour la recherche.
Alors les crédits supplémentaires en 1974/75, que le
député de Maisonneuve disait que j'avais demandés l'an
dernier, à l'étude de mes crédits, nous les avions. Je
m'excuse, quand je dis trop souvent je, je voudrais qu'on lise cela comme des
nous. Nous les avions obtenus effectivement. Et à la suite des
crédits votés en 1974/75, soit $7,976,000 à la fin de
l'année, le budget, par ces crédits supplémentaires, a
été porté à $8,108,000. C'était là le
montant des crédits supplémentaires, $132,000 répartis
comme suit: $32,000 pour l'indexation pour compenser l'inflation, $100,000 de
crédits supplémentaires, réels ceux-là, pour
couvrir les dix postes supplémentaires que nous avions anticipés
pour nos postes à l'étranger.
Alors, on retiendra, M. le Président, que nos crédits, qui
totalisaient l'année dernière, au moment de l'adoption des
crédits, $7,976,000, ont définitivement été
portés à la somme que j'indiquais précédemment,
soit $11 millions. Je dis au député de Maisonneuve, qui parlait
des $10 millions et quelque, $10,650,000 je crois, qu'effectivement
c'était bien $11 millions, mais $350,000 ont été
virés aux fonds des travaux publics, pour ce que nous avons obtenus
d'eux au chapitre des COFI.
M. Burns: Avant que vous changiez de sujet, M. le ministre, avant
que vous quittiez le sujet des piastres et des cents, dans les années
précédentes, le budget du ministère faisait état de
la partie remboursement. Je ne sais pas si cela s'appelait remboursement ou
ristourne, je ne sais pas trop quoi,...
M. Bienvenue: Du fédéral, $5 millions à peu
près.
M. Burns: Du fédéral. Cette année, cela ne
paraît pas dans vos crédits. Est-ce qu'il y a moyen que vous nous
donniez de plus amples informations à ce sujet? Quelle est la proportion
en somme, sujette...?
M. Bienvenue: Je donne le chiffre pour cette année, tout
de suite pour le député de Maisonneuve, $5,325,700 contre, l'an
dernier, $5,125,900.
M. Burns: Qui est actuellement intégré tout
simplement aux $10 millions?.
M. Bienvenue: Le concept de brut et de net, comme le sait le
député de Maisonneuve, a disparu cette année, alors cela
ne représente cette année, que 50% contre l'année
dernière 64%. Cette partie, cette contribution du fédéral.
Alors...
M. Burns: Vous savez qu'il y a bien des municipalités au
Québec, des petites municipalités, qui ont un budget plus
élevé que la contribution provinciale en matière
d'immigration. C'est fantastique!
M. Bienvenue: C'est vrai, mon sous-ministre me dit, je fais mien
ses propos pour en rester le parrain pour les fins du journal des
Débats, que 30,000 immigrants commençaient à constituer
une petite municipalité. Mais je suis fier, comme je le disais tout
à l'heure, je suis fier de l'apport quand même, on a parlé
en termes de millions tout à l'heure, des immigrants investisseurs, de
l'apport de l'ordre de quelque $50 millions cette année. Je pense que
c'est bénéfique.
Le député de Maisonneuve avait posé une question
générale au début, qui était à peu
près la suivanteje reprends ses motsQu'est-ce qui s'est
passé ou qu'est-ce qui se passe cette année au ministère
de l'Immigration?
M. Burns: Vos nouveaux pouvoirs.
M. Bienvenue: Juste au chapitre de ce qui se passe, je veux
rappeler brièvement, comme je l'avais fait précédemment
pour la loi 46, la prise en charge des COFI, les effectifs qui ont, à
toutes fins pratiques, triplé, le budget qui a été
augmenté de 33% ou 34%, et les missions conjointes. Cela m'amène
à la question du député de Maisonneuve: Quelles sont les
nouvelles réalisations ou les nouveaux pouvoirs auprès du
fédéral? J'ai parlé des missions conjointes qui
étaient une chose impensable et inexistante il y a un peu plus d'un
an.
Ces missions conjointes, le Québec y est invité
maintenant, chaque fois qu'elles ont lieu, mais il n'y participe pas toujours,
parce qu'il est de ces missions dans le coin du globe où le
Québec n'est pas particulièrement intéressé au
point de vue immigration.
Et il y a surtout comme pouvoir pas juridique, parce que tout ce
que l'on se dit depuis le début est conditionné par cette fameuse
entente dont on a beaucoup parlé et que j'attends d'ici quelques
semaines ce pouvoir de recrutement, de sélection et de
participation à la décision. Comme je pense l'avoir
déjà dit au député de Maisonneuve, mais il est bon
de le rappeler, ce pouvoir se pratique dans les faits dans nos postes à
l'étranger, et cela depuis un bon moment, au moins depuis un an, au
cours de l'année dont a parlé le député de
Maisonneuve, avec des résultats combien encourageants. En effet, les
représentants du QuéDec en poste à l'étranger me
rapportent que, dans peut-être 99% des candidatures
étudiées conjointement, la décision finale du
fédéral d'émettre ou de refuser le mandat a reçu
l'ap-
probation ou fait l'objet du consensus de la partie
québécoise.
Or, dans les faits, ce pouvoir s'exerce, mais il n'est pas encore
institutionnalisé, pas encore inscrit, pas encore juridique, parce que
cette entente n'a pas été signée. Evidemment, si nous
avions pu avoir l'étude de nos crédits mais je ne l'ai pas
voulu comme tel; je l'aurais bien souhaité comme tel dans un mois
ou un mois et demi, nous aurions pu mettre sur la table de cette commission
cette entente signée avec tout ce qu'elle comporte. Nous aurions eu
également les commentaires du Québec sur le livre vert, dans
lesquels, je pense, le député de Maisonneuve retrouvera, d'ici
trois semaines peut-être, des choses, des recommandations, des demandes,
des affirmations de principe qui iront avec plusieurs des idées que je
lui connais. Nous avons tenté ou nous tenterons de faire valoir
auprès des autorités fédérales nos points de vue
qui démontrent bien que le Québec est différent des autres
provinces et qu'il est bon, d'ailleurs, qu'il en soit ainsi.
Tout au long de nos commentaires sur le livre vert, nous avons voulu,
quand même, être positifs à l'endroit du problème de
l'immigration fédérale, qui nous concerne quand même dans
l'état actuel de la constitution. Nous avons voulu faire une
contribution qui soit la plus positive possible quant à l'ensemble du
pays, mais tout en rappelant des prérequis, des positions qui nous sont
bien propres et auxquelles nous tenons à tout prix.
Outre les pouvoirs juridiques sur le point de se donner, je n'y peux
rien, M. le Président, je le regrette. Je répète que
j'aurais souhaité, mais c'est impossible, que ces crédits
puissent s'étudier ou se voter dans un mois. Il y a de nouveaux
processus, extrêmement intéressants, qui se sont établis
entre le pouvoir central et nous par de la consultation a base de beaucoup de
bonne volonté et sans éclat, mais qui donnent des
résultats combien encourageants.
On me rappelle ici, notamment... Cela aussi, ce sont des
premières sur lesquelles on n'a peut-être pas fait assez de
publicité. Je sens que ce n'est pas le bon temps, par les jours qui
courent, de penser obtenir de la publicité. Il y a un rapport,
émanant d'une commission, qui va faire couler plus d'encre que nos
crédits dans les journaux.
M. Burns: On a entendu parler de cela.
M. Bienvenue: Je donne l'exemple de 66 entreprises
québécoises qui sont passées par notre ministère
pour recruter 894, soit près de 900 personnes francophones utiles
à l'économie, à l'activité même de ces
entreprises. Autrefois, elles passaient par les centres de main-d'oeuvre du
Canada. Evidemment, le centre de main-d'oeuvre du Canada s'adressait où
il voulait, à ceux qu'il voulait, aux pays qu'il voulait. Maintenant,
ces entreprises, le mot s'est répandu, la chose est connue, s'adressent
directement à nous qui, par le truchement de nos fonctionnaires en place
à Montréal, mais surtout de nos fonctionnaires en poste à
l'étranger, acheminons les demandes dans les bassins qui correspondent
à nos besoins et à nos aspirations sur le plan socio-culturel. Ce
service va en s'amplifiant. Cela me fait un peu penser au service des
immigrants investisseurs dont j'ai parlé; cela a fait boule de
neige.
Ce ne sont pas, si l'on veut, des pouvoirs écrits, mais dans les
faits, on a une collaboration totale des autorités centrales. Je ne vois
rien qui répugne à ce qu'un jour, comme document ou comme annexe
et c'est pensable à l'entente And ras-Bienvenue dont j'ai
parlé, des documents, des ententes de ce genre s'ajoutent, qui donnent
de plus en plus, dans les faits, un pouvoir de participation au
ministère de l'Immigration du Québec. Quand je dis que cela est
fait cordialement et avec une intelligente collaboration, c'est que les gens en
place là-bas ont réalisé que ce qui était bon,
à ce moment, pour le Québec, ce qui était bon sur le plan
économique, notamment, était aussi bon pour le pays.
Ces gens, lorsqu'ils viennent ici, paient des impôts aux deux
endroits et, bien souvent, nos tâches à l'étranger
permettent de diminuer les tâches, les fonctions qui incombent aux
représentants du fédéral, et les deux le font.
J'ai vu de ces coins, M. le Président où le
fédéral et Dieu merci, combien cela a changé
est heureux, fort heureux de voir l'agent d'information, l'agent d'orientation
du Québec lui prendre une pile de candidatures à l'immigration.
Les décisions à ce moment-là se prennent conjointement
avec un consensus assez remarquable.
M. Roy: Le ministre nous a parlé des entreprises, tout
à l'heure, qui avaient fait appel aux services du ministère.
J'aimerais savoir s'il y a des types particuliers d'entreprises,
premièrement, puis deuxièmement, ce sont des entreprises de
quelles régions, surtout?
M. Bienvenue: D'accord. Les entreprises en question
jusqu'à quel point c'est sacramentel, je ne veux pas trop m'aventurer
demandent évidemment qu'on entroure ces demandes d'un minimum de
discrétion. Sans aller jusqu'à faire inscrire les détails
dans le journal des Débats, avec grand plaisir, tout à l'heure,
dans quelques instants, je pourrai faire voir cela au député de
Beauce-Sud dont je connais la discrétion. Mais il me plaît de lui
dire que si on regarde cette liste, on la regardera ensemble pour la
première fois, je le dis au député de Beauce-Sud, à
travers d'autres choses...
M. Roy: Si vous n'étiez pas au courant alors, vous devez
apprécier la question, cela vous permet de vous mettre au courant.
M. Bienvenue: Excellent, le député de Beauce-Sud
m'aura aidé à en apprendre davantage, mais je dis tout de
suite...
M. Roy: J'ai toujours pensé que vous n'étiez pas au
courant du tout.
M. Bienvenue: II ne faut pas d'ailleurs; il faut en laisser
beaucoup à nos hauts fonctionnaires pour qu'ils en aient toujours
à nous apprendre. Je vois rapidement qu'il en est d'une foule
d'occupations, de métiers ou d'entreprises dans les domaines les plus
divers; je l'ai montré tout à l'heure avec plaisir au
député de Beauce-Sud. Egalement, je vois qu'il y en a, à
toutes fins pratiques, d'à peu près toutes les régions du
Québec qui, on le conçoit, on le devine, après avoir
tenté d'obtenir ici de la main-d'oeuvre locale, en s'adressant aux
centres de main-d'oeuvre du Canada ou par la voie des journaux, aux centres de
main-d'oeuvre du Québec, et ne parvenant pas à trouver
eux-mêmes ce qu'ils recherchent, s'adressent à nos services pour
que nous leur en procurions à l'étranger.
Cette observation est excellente, et cela m'amène à dire
qu'un rôle de gardien vigilant, que commence de plus en plus à
effectuer le ministère de l'Immigration du Québec, consiste
à s'assurer qu'ici même au Québec nous n'avons pas, quelque
part, des gens qui pourraient occuper les fonctions pour lesquelles on nous
passe des commandes avant que d'aller voir à l'étranger. C'est de
la charité bien ordonnée qui commence par nous-mêmes.
Alors, je montrerai la liste avec plaisir au député de
Beauce-Sud et aux autres députés, s'ils veulent la voir. Mais on
voit que cela couvre pas mal un champ très vaste d'entreprises, de
métiers, d'occupations et également de régions à
travers la province.
M. Burns: Est-ce que vous voulez nous en faire parvenir une copie
simplement. Une photocopie.
M. Bienvenue: C'est parce que ces gens-là nous demandent
souvent d'y attacher une certaines confidentialité. On trouvera une
façon de s'accommoder.
M. Burns: Moi en tout cas, M. le ministre, je serais satisfait
d'avoir participé à ces crédits, cette année, si
j'en sortais avec l'assurance d'un geste concret et je vais vous le proposer,
je ne sais pas si vous allez être en mesure de l'accepter.
M. Bienvenue: Allez-y.
M. Burns: On peut continuer à dialoguer pendant des heures
ici, on peut continuer à se parler des ententes qui vont se faire avec
le fédéral, des négociations qui vont se faire, des
problèmes de budget et autres. Mais il restera toujours, dans mon esprit
à moi, cette réticence que j'avais manifestée lorsque j'ai
voté à deux mains, en faveur du projet de loi no 46, à
savoir, si les pouvoirs qu'on donnait au ministère de l'Immigration
québécoise, dans le projet de loi no 46, n'étaient pas, en
définitive, tout simplement des choses à mettre dans une vitrine,
et dans le sens que ce sont des beaux pouvoirs qui paraissent bien dans une loi
mais qui sont difficilement utilisables. Il y a des personnes beaucoup plus
compétentes que moi qui ont constaté cela.
Entre autres, vous avez vous-même, dans votre exposé au
départ, parlé de l'équipe solide et prestigieuse de
personnes, telles que Jacques Henripin et Pierre Harvey, également le
recteur de l'Université de Sherbrooke, Yves Martin, et,
évidemment, votre sous-ministre adjoint à la recherche et au
développement, M. Bernard Bonin, qui n'est pas, lui non plus, une
personne à négliger au point de vue de sa compétence dans
ce domaine. Je serais drôlement intéressé si,
véritablement, on sortait de cette commission-ci avec l'assurance qu'il
va y avoir une consultation, mais pas comme le discours inaugural que vous
rapportez dans votre exposé le laisse entendre. Je reviens à
cette partie qui dit... Ce n'est pas que je sois contre, remarquez.
M. Bienvenue: Non, non.
M. Burns: II faut bien s'entendre; je vais faire toutes les
distinctions qu'il faut. La partie du discours inaugural que vous citiez dit:
"L'immigration est un problème qui dépasse le strict champ
culturel; elle s'inscrit, en fait, au coeur de la politique
démographique d'une société et une intense recherche
débouchera sur la publication d'un livre blanc sur les ressources
humaines. Ce livre blanc servira de base à une large consultation
populaire dans le cadre d'une commission parlementaire de cette
Assemblée, etc."
Si je comprends bien, le livre blanc va se diriger ou va nous diriger
vers l'élargissement des cadres de l'actuel ministère de
l'Immigration. Or, moi, je ne suis pas convaincu que l'actuel ministère
de l'Immigration et je ne suis pas le seul a véritablement
les pouvoirs et est en mesure de les exercer. Là, je me fie aux experts,
MM. Bonin, Henripin, Harvey et autres. Dans une nouvelle qui paraissait dans la
Presse du 28 janvier dernier, je prends simplement deux énoncés
qui, apparemment, sont d'origine de ce comité de personnes
prestigieuses, de cette équipe solide, comme vous le dites. Ces gens
disent deux choses qui nous portent vraiment à réfléchir.
Ce fameux rapport dit: "II ne fait pas de doute que le Québec ne
maîtrise pas son immigration." Cela, c'est un énoncé, je
pense, qui est de base; on est obligé de prendre cela et dire: Bien,
pourquoi on a un ministère de l'Immigration, quand les experts, les
démographes, les gens qui s'y connaissent dans le domaine de
l'immigration, qui se sont penchés et qui ont fait une étude sur
cela, en arrivent à cet énoncé qui semble, en somme, bien
simple, qui se résume en une phrase, mais qui contient tout, lorsqu'ils
disent: " II ne fait pas de doute que le Québec ne maîtrise pas
son immigration." "Mais continuent ces gens il reste vrai que le
Québec n'aura pas la maîtrise entière de son immigration
dans le cadre de la confédération canadienne; la
possibilité de migration interprovinciale sans entrave interdit,
d'ailleurs, qu'il puisse en être autrement." Partant de la loi 46,
partant de cette opinion, partant des pouvoirs que le minis-
tère a maintenant et de cette lacune constatée, je me
demande si, avant de faire une consultation sur un livre blanc encore
une fois, ce n'est pas que je sois contre; je serais d'accord qu'à un
moment donné on doive élargir les cadres du ministère de
l'Immigration et parler de ressources humaines, etc.: ce n'est pas là le
problème il ne faudrait pas que vous, M. le ministre, convoquiez
en commission parlementaire un certain nombre de gens, par exemple, M. Bonin,
M. Harvey, M. Henripin ou d'autres personnes que les membres de l'Opposition
pourraient vous citer, vous indiquer, pour examiner la possibilité,
simplement cela, avant de se lancer plus loin, de rendre le ministère de
l'Immigration québécois plus efficace, tant au niveau de
l'information, du recrutement, de la sélection, etc., par rapport aux
problèmes qui sont constatés justement dans le rapport
Harvey-Henripin.
M. Bienvenue: D'accord.
M. Burns: Moi, en tout cas, je serais satisfait, je sortirais de
cette commission, en disant: Evidemment, on n'a pas changé grand-chose.
Je pense bien qu'on pourrait continuer à parler toute la soirée
en se disant: On fait des études, on examine, etc.
J'aimerais quand même que les membres de la commission
parlementaire soient en mesure de discuter, d'avoir un échange
sérieux avec des experts dans ce domaine, entre autres les personnes que
vous avez mentionnées dans votre rapport, que je viens de mentionner et
d'autres, possiblement, qui pourraient venir nous éclairer. Je ne parle
pas de faire une consultation dans tout le Québec. Je parle de gens
triés sur le volet qui pourraient nous dire: Voici, il y a moyen,
peut-être, ou il n'y a pas moyen du tout de faire du ministère de
l'Immigration un véritable ministère avec des pouvoirs, et cette
loi, la loi 46 que nous avons adoptée l'année dernière,
peut devenir opérante, efficace, permettre au Québec je le
dis pour les fins du journal des Débats, il ne paraîtra pas, mais
je le dis avec un certain sourire d'utiliser un des
éléments de la mise sur pied d'une certaine souveraineté
culturelle, entre autres.
C'est la suggestion que je vous fais. Je la veux très positive,
dans le sens de dire qu'on n'aura pas, cette année, simplement
examiné des crédits ensemble; que le ministre ne se sera pas
inutilement forcé à nous démontrer l'utilité de son
ministère, dont il n'est pas absolument convaincu lui-même, j'en
suis sûr, mais on aura au moins...
M. Bienvenue: Pour les fins du journal des Débats, M. le
Président, le député de Maisonneuve fait même
sourire mes hauts fonctionnaires.
M. Burns: Vous voyez jusqu'à quel point je vise juste
à ce moment-là.
M. Roy: Non seulement les hauts fonctionnaires mais le
président lui-même.
M. Bienvenue: Tout le monde est de bonne humeur, M. le
Président.
M. Burns: Je dis simplement, M. le ministre, que c'est la
suggestion que je veux très positive. Je serais satisfait si on sortait
de cette commission avec l'assurance, de la part du ministre, qu'il va y avoir
une réunion en dehors de l'examen des crédits, simplement sur ce
point de consulter des experts. En ce qui me concerne, si jamais vous acceptez
cette suggestion, je me ferai fort de vous faire certaines suggestions en
dehors des personnes qu'on a déjà nommées qui pourraient
venir nous donner leur point de vue relativement à la mise en place d'un
véritable ministère de l'Immigration, avec des pouvoirs
concrets.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, mais avant que le
ministre réponde, si vous le permettez, j'endosse la suggestion du
député de Maisonneuve, qui me plaît
énormément. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé
à prendre la parole avant que le ministre ne se prononce au cas
où il y aurait certains doutes dans son esprit, en espérant
peut-être pouvoir le convaincre davantage. Je crains que l'orientation
qu'on semble donner actuellement: un livre blanc à l'automne, des
études, des conférences, après, une loi... Depuis
1970,...
M. Bienvenue: ...une loi.
M. Roy: Vous avez une loi avant?
M. Bienvenue: Non, le livre blanc avant.
M. Roy: Oui, c'est ce que je dis. Le livre blanc avant puis des
études, des colloques, tout le monde en parle et après arrive une
loi. C'est ce que j'ai dit. Mais il y en a eu dans d'autres ministères.
Je ne veux pas faire le procès d'un autre ministère, mais je
l'apporte à titre d'exemple pour dire qu'on n'a pas le droit de faire la
même chose au niveau du ministère de l'Immigration pour les
raisons que j'ai évoquées tout à l'heure, sur lesquelles
je n'ai pas l'intention de revenir. Qu'on se rappelle je le prends
à titre d'exemple le fameux livre blanc sur les politiques
forestières, en 1971. Une loi est actuellement déposée
devant l'Assemblée nationale, il y en a d'autres à venir et celle
qui est déposée devant l'Assemblée nationale ne pourra pas
être en force avant 1976.
Si on fait la même chose au niveau du ministère de
l'Immigration, si on veut, en quelque sorte, occuper les zones grises
quand je dis occuper les zones grises, c'est toujours en fonction du
contrôle par le Québec, de son immigration, c'est ce que nous
voulons, je ne l'ai pas dit tout à l'heure, mais c'est ce que nous
voulons, que le Québec contrôle son immigration s'il y a
des interventions à faire au niveau du fédéral, que le
Québec fasse connaître son point de vue, parce qu'il a les moyens
de le faire connaître et de l'exi-
ger. Si on s'oriente vers le livre blanc, vers la consultation, il reste
que les autres et je n'ai pas besoin de les identifier vont
occuper les zones pendant ce temps-là et on se retrouvera encore avec
des pouvoirs résiduaires. C'est pourquoi je dis que la suggestion du
député de Maisonneuve doit être reten ue, et cela devrait
se f ai re le pi us tôt possible, même avant l'ajournement pour les
vacances d'été. Je vais jusque là, avant l'ajournement de
la session pour les vacances d'été, on devrait avoir plus de
commissions parlementaires, une, deux ou trois séances si
nécessaire, pour que nous examinions cette question.
A la suite de ça, le gouvernement aura en main les données
nécessaires pour préparer une loi pour l'automne et on pourra
faire quelque chose en 1975. Il n'y aura pas seulement le député
de Maisonneuve qui sera satisfait, celui de Beauce-Sud également, et
beaucoup d'autres.
J'en vois sourire du côté ministériel...
M. Burns: La collectivité québécoise sera
contente.
M. Roy: C'est la collectivité
québécoise.
Le Président (M. Séguin): Un instant, M. le
ministre si vous voulez; reprenant le commentaire du député de
Beauce-Sud où il voit des sourires du côté
ministériel, est-ce qu'il y a des commentaires qu'on voudrait faire
à ce moment?
Alors, M. le ministre...
M. Roy: Ils sont d'accord sur nos suggestions. Qui ne dit mot
consent.
Le Président (M. Séguin): C'est ça.
M. Bienvenue: Laissez-moi dire un mot pour consentir.
Le Président (M. Séguin): Le ministre de
l'Immigration.
M. Bienvenue: Je reçois, M. le Président, avec
énormément de plaisir la démarche commune de deux membres
de l'Opposition, d'allégeance différente, mais qui jouent
parfaitement leur rôle. Le député de Maisonneuve a
tellement raison de dire, après ceux qui l'ont dit, ceux qu'il a
cités, que le Québec ne contrôlait pas son immigration. Il
a tellement raison que j'ai déjà dit, je pense, à
l'étude de crédits antérieurs ou à
l'Assemblée nationale à une autre occasion, qu'il y a à
peine un an le Québec, non seulement ne contrôlait pas ou n'avait
aucun moyen de regard ni de contrôle sur ceux qui venaient chez lui mais
le Québec ignorait même qui entrait chez lui.
Le ministère que je dirige, qui est le porte-parole du
gouvernement du Québec au chapitre de l'immigration, ignorait il y a un
an qui mettait les pieds à Dorval. Nous l'ignorions totalement. On voit
que c'est bien en amont, la question du contrôle. Dieu merci! cette
question de les connaître s'est réglée, c'est le fruit
d'une concertation in- telligente avec le fédéral; on n'avait
jamais pensé de le demander. On l'a demandé et on l'a eu.
Vous avez totalement raison. A force d'entendre dire: Si on pouvait
savoir si le Québec va se donner les outils pour contrôler son
immigration, les députés de l'Opposition me donnent une tentation
folle de sortir, laisser traîner devant eux, si je le pouvais, pendant
quelques instants le papier que j'ai dans mes documents. C'est ce projet
d'entente qui, je le dis, sans vouloir ne rien trahir, répondrait
honnêtement ou alors répondra à leurs attentes, mais
hélas les crédits sont venus avant.
Pour ce qui est de la suggestion elle-même, il y aura dans ce
livre blanc de larges chapitres sur l'immigration. J'ai bien dit que,
même si l'immigration allait devenir une partie de ce nouveau tout qui
sera les ressources humaines, il y aura de larges chapitres sur l'immigration,
qui conservera toujours son importance combien grande, surtout dans le contexte
du problème démographique actuel, du problème du taux de
natalité actuel au Québec.
C'est avec infiniment de plaisir je parle évidemment en
mon nom, mais je me chargerai de convaincre ceux du gouvernement auquel
j'appartiens, je pense au premier ministre, au leader du gouvernement, dont je
ne suis que le faible et pâle adjoint. Je vois d'un très bon
oeil...
Une Voix: ...
M. Bienvenue: Je ne suis pas allé en Floride, alors je dis
pâle adjoint. Je vois d'un très bon oeil...
M. Roy: ... ne rougit pas.
M. Bienvenue: Avant même que de rendre ce livre blanc
accessible dans une commission parlementaire au grand public, pour y faire
entendre des organismes, des individus, j'ai toujours été tenant
de la théorie que les députés, les membres de
l'Assemblée nationale sont prioritaires, font partie d'une
assemblée souveraine; ils doivent être consultés les
premiers, c'est ma modeste opinion.
Et je pense avec grand plaisir que nous pourrions, même s'il
n'était pas dans sa forme complète et définitive, avoir le
point de vue des députés de toutes les allégeances
politiques qui siègent à l'Assemblée nationale. On
pourrait se faire une espèce de petite commission parlementaire, pour
nous, entre nous...
M. Roy: Légale.
M. Bienvenue: Oui, légale, pour avoir les premières
réactions, entendre les suggestions des députés et du
gouvernement et de l'Opposition. Ensuite il y aurait moyen de penser à
une étape ultérieure qui serait de l'ouvrir et de consulter sur
un plus vaste plan l'opinion publique, les organismes. Est-ce que ça
vous irait ça?
M. Burns: Cela m'irait, pour autant que l'une de nos
préocupations... C'est cela que je ne veux pas qu'on perde de vue.
M. Bienvenue: Ce serait l'immigration avec les pouvoirs de
contrôle et, à ce moment-là...
M. Burns: Exactement.
M. Bienvenue:... le "timing" jouant, je pourrai ne plus parler de
tentation, mais vous aurez connu à ce moment-là je
l'espère, toute chose aidant, le texte de l'entente.
M. Burns: De l'entente Bienvenue-Andras? M. Bienvenue:
D'accord?
M. Burns: En tout cas, cela me plaît beaucoup comme
réponse, et pour autant qu'on s'entende bien, je ne veux pas qu'on se
perde...
M. Bienvenue: Non.
M. Burns: ... dans le grand problème du futur
ministère des ressources humaines. C'est un problème qui
paraît peut-être petit mais , à mon avis, dans ce futur
ministère des ressources humaines, ce sera une clef de voûte
efficace, évidemment, pour autant que les pouvoirs nécessaires
seront entre nos mains. Evidemment, avec l'entente et si, comme le ministre le
dit, cela répond à certaines de nos inquiétudes,
déjà il y aura peut-être beaucoup de choses
réglées à ce moment-là.
Je tiens énormément à ce que l'aspect de
l'immigration et l'aspect de l'utilisation des pouvoirs du Québec en
matière d'immigration fassent l'objet d'une étude
particulière, et même après consultation je suis
d'accord des membres de la commission parlementaire in camera, si l'on
veut, et que l'on puisse même faire appel à des experts, telles
les personnes que l'on mentionnait tout à l'heure et qui pourraient nous
dire: II y a telles choses qui peuvent être faites pour améliorer
comme on le disait le contrôle que le Québec doit
sur son...
M. Bienvenue:... c'est un procédé
démocratique, et entendre des gens, consulter des experts. Je ne sais si
je l'ai déjà dit mais je dis, après d'autres, que s'il y a
un ministère qui ne doit pas être politisé, avec un grand
ou un petit p, peu importe, je vous laisse le choix des "p", s'il y a un
ministère qui doit nager au-dessus de ces éléments
auxquels nous pensons tous, c'est bien celui-là et pour cause. Ces
commentaires du ministère de l'immigration du Québec, sur le
livre vert fédéral, vont être connus avant l'entente. Je
peux assurer les membres de l'Assemblée nationale qu'ils y percevront
déjà, de façon assez nette, assez précise, des
éléments, des revendications, des principes, des positions clefs
et chers au Québec et qui forment la substance, l'ossature de l'entente
en question qui pourra suivre, elle, quelques semaines plus tard.
C'est avec plaisir, si mes collègues en sont satisfaits, qu'on a
trouvé une espèce d'aménage- ment. Je pourrais le leur
transmettre et on pourra même parcourir, parce qu'on se voit à
l'Assemblée nationale, de main à main, cette liste
complète que me demandait le député de Beauce-Sud, en
taisant les noms mais en donnant le détail des régions, du type
d'entreprise, du type de métier, etc., tout y sera, si on le veut, sauf
les noms. Si, à un moment donné, la curiosité de l'un ou
l'autre des députés était piquée et s'ils voulaient
aller plus loin, on se verra et vous me soudoierez au bon sens du mot.
M. Roy: Cela me va, M. le Président, je trouve que c'est
un arrangement qui est acceptable, d'autant plus que ce n'étaient pas
les noms des entreprises comme telles que je désirais obtenir,
c'étaient les genres d'emplois, les catégories, les types
d'emploi...
M. Bienvenue: C'est cela, les régions.
M. Roy: ...et puis les régions du Québec.
C'étaient surtout ces deux points sur lesquels je voulais insister.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je
pécherais par naïveté si je ne vous posais pas, à ce
moment-ci, la questions inévitable: Le programme 1 est-il
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Dans le programme 1 , les
éléments 1, 2 et 3 sont adoptés.
M. Burns: Adopté.
M. Roy: Adopté avec réserve.
Le Président (M. Séguin): Je dois conclure quand
même...
M. Bienvenue: Vous en demandez beaucoup au député
de Beauce-Sud, M. le Président. Pourquoi poser des questions comme
cela?
Le Président (M. Séguin): Je dis donc que le budget
de l'Immigration est adopté.
M. Roy: Adopté avec réserve.
Le Président (M. Séguin): Adopté avec votre
réserve mais adopté quand même.
M. Bienvenue: Avec les engagements que j'ai pris tout à
l'heure.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie,
messieurs, de votre collaboration.
(Fin de la séance à 19 h 50)