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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail
Séance du jeudi 29 mai 1975
(Dix heures vingt huit minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs.
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
reprend l'étude des crédits du ministère du Travail. Pour
la séance de ce matin, les membres de la commission sont: M. Bellemare
(Johnson); M. Bérard (Saint-Maurice); M. Boudreault (Bourget); M. Burns
(Maisonneuve); M. Charron (Saint-Jacques); M. Brown (Brome); M. Cournoyer
(Robert-Baldwin); M. Déziel (Saint-François); M. Harvey
(Charlesbourg); M. Lachance (Mille-Iles); M. Lecours (Frontenac); M.
Malépart (Sainte-Marie); M. Roy (Beauce-Sud); M. Verreault (Shefford).
Le rapporteur sera encore ce matin M. Boudreault. M. le ministre.
Revue générale des activités du
ministère (suite)
M. Cournoyer: Je continue donc une revue générale
des activités de mon ministère, par directions
générales.
A la direction générale de l'inspection, 85% des
crédits budgétaires affectés à ce programme sont
consacrés au salaire du personnel, tandis que 12% le sont aux frais de
voyages de quelque 470 inspecteurs et autres employés
semi-itinérants.
En 1974/75, quelque 3,560 édifices publics, 4,100
établissements industriels et, en plus des installations techniques
mentionnées ci-après, 5,000 installations de transporteurs ont
été inspectées. Ces quelque 12,660 inspections ont
résulté en la correction de quelque 77,500
défectuosités en regard de la sécurité. Des efforts
particuliers ont été portés sur l'inspection des endroits
à haute fréquence d'accidents, lesquels ont été
visités systématiquement. Ces inspections ont été
notamment effectuées dans les hôpitaux, foyers et garderies, dans
les hôtels, motels et cabarets je ne sais pas quel genre
d'accidents il y a dans les motels! Ils ne l'ont pas dit maisons de
chambre encore un autre endroit! édifices en hauteur,
treize étages et plus, colonies de vaconces, transporteurs des stations
de ski, exploitation forestières, fonderies, machineries lourdes,
établissements de fabrication de wagons, roulottes et véhicules,
les stations de service, les industries du textile, les aciéries et
lamineries, les ateliers de produits chimiques.
Dans les installations techniques, nous avons, comme vous le savez, les
appareils sous pression qui sont sous notre autorité c'est
peut-être pour cela les questions de chambres et de motels! la
plomberie et les installations électriques. Dans le cas des appareils
sous pression, nous avons 28,839 inspections et nous avons émis des
certificats de conformité A, B, C ou D à 15,035 endroits.
Dans le domaine de la plomberie, nous avons émis 24,000 permis,
suite à 69,511 visites et il y a eu des certificats de conformité
au nombre de 19,437 qui ont été émis. L'installation
électrique, 173,360 permis, 350,005 inspections et 173,664 certificats
de conformité.
D'autre part, quelque 14,800 plans ont été
approuvés en 1974/75, dont plus de 55% concernaient des installations
électriques.
Plusieurs enquêtes sur plaintes et accidents ou à la suite
d'accidents ont été effectuées.
Dans le cas des appareils sous pression, il y a eu 61 accidents; dans le
cas d'édifices publics, 7; dans les industries, 90; dans la
construction, 81 et chez les transporteurs, 9. Les plaintes, cependant dans les
édifices publics, 98; dans les appareils sous pression, aucune; dans les
industries, 364; dans la construction, 19; transporteurs, 169. Ce qui fait un
total dans le cas des appareils sous pression, d'enquêtes, 61; sur les
édifices publics, 105; industries, 454; dans la construction, I00 et
chez les transporteurs, I78, pour un total de 898.
Au type de la qualification professionnelle, les activités de la
direction générale de l'inspection, au cours de l'année
1974/75, se résument ainsi: certificats de mécaniciens de
machines fixes émis, 16,939; examens, 2,067; permis d'entrepreneurs en
tuyauterie, émis, 6,642; examens de qualification, 721; soudeurs
à haute pression, 1,047; permis d'entrepreneur en
électricité, 2,372, et il y a eu 534 examens.
Un nouveau code de l'électricité est entré en
vigueur le 1er mai 1974. L'adoption de ce nouveau code a été
édictée principalement en regard de l'évolution technique
dans le domaine de l'électricité et impliquait la mise à
jour du code existant.
Le 1er septembre 1974 entrait en vigueur un code de
sécurité pour les travaux de construction. Ce code regroupe en un
seul document sept règlements, lesquels ont subi des modifications,
compte tenu de l'expérience, de la surveillance de leur application et
de l'évolution technologique à laquelle s'est ajoutée une
section pour les travaux sur les rues, routes et autoroutes.
Le 1er septembre 1974, donc ici, encore une fois, il n'y a pas de
recoupage avec ce que la commission Cliche recommande. Il y a une
évolution que nous considérons comme normale.
Nous avions sept règlements, nous n'en avons plus qu'un en
matière de sécurité sur les chantiers de construction. Le
fouillis dont parle la commission Cliche dans le domaine des règlements
était réel, j'imagine, l'an passé, mais est beaucoup moins
réel maintenant que cette unification, au moins, du règlement de
sécurité a été faite.
Conformément à la recommandation du comité
interministériel relatif à la sécurité publique, un
code du bâtiment est sur le point d'être adopté. Ce code,
inspiré du code national du bâtiment, est, selon nous,
adapté aux besoins du Québec. Son élaboration a fait
l'objet d'études et de recherches techniques approfondies.
Déjà, six séries de cours ont été
donnés aux professionnels
et spécialistes du bâtiment en vue bien sûr, de la
mise en vigueur de ce code du bâtiment.
Une tournée dans neuf principales villes de la province a
été effectuée pour informer les mécaniciens de
machines fixes sur les amendements projetés à la loi et aux
règlements concernant leur profession. Chaque année, il y a cette
question qui revient, de la crainte des mécaniciens de machines fixes de
perdre leurs possibilités d'emploi, de mettre fin à leur
carrière de mécaniciens de machines fixes. Chaque année,
nous disons qu'il ne se fera pas de modifications sans qu'ils aient
été consultés au préalable sur le projet de
modifications.
Nous sommes donc, encore une fois, à l'élaboration du
projet d'une nouvelle réglementation en matière de machines
fixes. Cette élaboration est maintenant à l'étape de la
consultation, comme je viens de l'exprimer.
M. Harvey (Charlesbourg): Si vous me le permettez, M. le
Président, leur inquiétude, est-ce qu'elle porte sur le fait que
la réforme consisterait peut-être à réduire les
effectifs ou peut-être à leur donner de nouvelles affectations?
Comme vous parlez d'une nouvelle réglementation à laquelle
seraient assujettis les inspecteurs de machines fixes, leur inquiétude,
est-ce qu'elle vient du fait que ce n'est pas certain qu'ils aient encore
l'assurance de leur emploi aux termes de l'engagement du ministère du
Travail comme tel ou du fait qu'ils pourraient être affectés
à un autre ministère, peut-être les Travaux publics?
M. Cournoyer: Les mécaniciens de machines fixes, ici, il
faut les situer dans le contexte. Un amendement à la loi ou aux
règlements...
M. Harvey (Charlesbourg): Oui.
M. Cournoyer: ... comporterait non pas une disparition des
mécaniciens de machines fixes, mais, d'abord et avant tout,
peut-être, à cause de la modernisation, une diminution...
M. Harvey (Charlesbourg): D'effectifs.
M. Cournoyer: Les effectifs ne sont pas à notre emploi.
C'est-à-dire que ce sont des gens qui sont employés
conformément à un règlement qui oblige l'emploi d'un
mécanicien de machines fixes pour surveiller tel ou tel appareil sous
pression ou tel appareil de réfrigération.
Dans le sens précis que je viens de vous dire, le
règlement pourrait réduire l'obligation d'avoir des
mécaniciens de machines fixes.
En conséquence, il y aurait nettement, pour les individus qui
sont là, ou bien une perte d'emploi, parce que leur employeur ne serait
plus tenu de les avoir, ou bien une affectation nouvelle à
l'intérieur d'une usine quelconque qui emploie un mécanicien de
machines fixes, mais une affectation nouvelle ne résultant pas
nécessairement d'une perte d'emploi. On n'aurait pas
nécessairement une conséquence de perte d'emploi.
Les préoccupations générales du ministère
sont de deux ordres. D'abord, moderniser le règlement. Il y a certaines
dispositions, dans le règlement, qui font penser, par exemple, à
certaines dispositions qui existaient encore en 1967 ou 1968, dans te contrat
des enseignants, obligeant l'instituteur à chauffer le poêle en
rentrant le matin dans l'école. Ce sont des choses comme cela. On exige
aussi d'avoir un opérateur ou un mécanicien de machines fixes
pour des appareils de réfrigération ou des appareils de
chauffage, là où le nombre de BTU ou le nombre d'unités de
réfrigération est de tel ordre et le danger de tel ordre et
où cela ne vaut pas nécessairement la peine. Il y a un
mécanicien seulement parce que la loi le dit et non pas pour la
protection du public.
Le premier but que l'on doit poursuivre, c'est la protection du
public... Ce n'est pas ta pipe, c'est mon coeur qui va mal. Je m'excuse.
Une Voix: ...
M. Cournoyer: Cela n'est pas vrai. Ne joue pas avec nos nerfs. La
protection du public, c'est l'essentiel de la Loi des mécaniciens de
machines fixes. Cette loi ne comporte pas de disposition quelconque qui dit
qu'il faut employer du monde. Il faut employer du monde mais en fonction de la
sécurité du public. Si nous en arrivions à la conclusion
que les règles actuelles ne sont plus adéquates, compte tenu du
genre d'équipement que nous avons, il serait illusoire de penser que
nous allons continuer d'obliger à employer du monde alors que ce n'est
pas nécessaire, justement à cause de la nature même des
choses.
M. Harvey (Charlesbourg): L'employeur aussi était tenu de
garder 24 heures par jour des ingénieurs de machines fixes à
cause de telles normes de sécurité exigées...
M. Cournoyer: Oui.
M. Harvey (Charlesbourg): ... qui ne sont plus à jour
aujourd'hui.
M. Cournoyer: Oui, mais quand on dit que nous consultons surtout
les mécaniciens de machines fixes eux-mêmes, c'est clair que si
nous réduisons les obligations d'avoir des mécaniciens de
machines fixes, le nombre d'emplois de mécaniciens de machines fixes
diminuant, il va résulter, au moins au bout du compte, une perte nette
d'emplois, soit des emplois pour ceux qui sont là ou dans les
constructions nouvelles où il ne serait pas nécessaire d'avoir
des mécaniciens de machines fixes, alors qu'aujourd'hui il est
nécessaire d'en avoir.
La question première, comme je le disais tantôt, c'est une
question de sécurité. Les enquêtes que nous faisons
concernent à peu près tous les nouveaux appareils qui sont
installés et qui devront être installés et qui ne
nécessiteraient pas, par la nature même de ces appareils et des
mesures de sécurité que nous imposons à ces appareils et
non pas aux employeurs on impose des mesures de sécurité
à ces appareils la présence constante d'un
mécanicien de machines fixes.
Mais, quand nous consultons, nous consul-
tons les mécaniciens de machines fixes pour éviter que
ceux qui ont un emploi soient tout simplement mis de côté du jour
au lendemain par les employeurs, en conséquence de l'application d'une
loi visant la sécurité du public. On essaie donc, du moins ce
sont les instructions que nous donnons à ceux qui consultent, de faire
en sorte que cette loi remplisse le but de sécurité et qu'en
même temps elle ne préjudicie pas à ceux qui sont
maintenant des mécaniciens de machines fixes.
Remarquez qu'il peut y avoir, même par l'application de cette loi
si jamais elle est adoptée, une augmentation des mécaniciens de
machines fixes dans certains endroits où il n'y en a pas aujourd'hui.
Alors, le net, cela pourrait être une diminution, une
égalité ou cela pourrait être plus de mécaniciens de
machines fixes, mais pas sur les mêmes appareils nécessairement,
ceux qui font l'objet aujourd'hui de la réglementation.
M. Harvey (Charlesbourg): Quant aux inspecteurs qui sont au
ministère, eux ne sont pas nécessairement affectés.
M. Cournoyer: Aucun des inspecteurs du ministère n'est
affecté par cela.
M. Harvey (Charlesbourg): D'accord.
M. Burns: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au ministre relativement à cela? Vous parlez de consultation.
D'une part, j'aimerais savoir quelle forme prend cette consultation et,
deuxièmement, avant de prendre une position définitive du
côté gouvernemental, est-ce qu'on a l'intention d'inviter les
personnes intéressées à nous faire leurs commentaires
à ce sujet devant une commission parlementaire?
M. Cournoyer: Oui et non. Cela dépend comment on se
conduit devant une commission parlementaire. Si vous n'êtes pas là
quand ça va arriver, on va être encore en chicane et on va les
avoir fait venir pour me dire des choses que je sais déjà.
M. Burns: Toutes les fois où quelque chose
d'intéressant s'est passé et qu'on a demandé qu'une
commission siège relativement à un problème, on a toujours
été là. Mais lorsqu'on s'est aperçu, dans le cas de
la commission Cliche, par exemple, que le gouvernement n'a aucunement
l'intention de faire face aux nombreuses critiques qui lui sont
adressées et peut-être faire face aux questions ou aux
réponses que la commission pourrait donner éventuellement
à certaines choses qui nous paraissent ambiguës dans le rapport,
à ce moment, on ne croit plus qu'il soit utile de participer à
une commission parlementaire.
Si l'on parle d'amender tout le régime qui vise les gens
concernés, les mécaniciens de machines fixes, alors je
considère que l'on devrait y participer sans aucune restriction.
M. Cournoyer: M. le Président, comme je ne suis pas
mesquin, je pourrais l'être souvent mais je ne le suis pas
habituellement, je ne mets pas de côté la possibilité du
revers de la main. Ce que nous tentons de faire actuellement, c'est une
consultation avec les associations qui représentent ces gens. Nous leur
avons, selon le sous-ministre adjoint, envoyé le projet de loi qui
remplacerait l'actuelle loi des mécaniciens de machines fixes. Nous
l'avons envoyé aux associations qui nous ont semblé, et je pense
bien qu'elles le sont toutes, représentatives des mécaniciens de
machines fixes d'une part, et de ceux qui les emploient, les
propriétaires. Combien d'associations y a-t-il? Environ quatre
associations.
Nous voudrions, avant de le soumettre au Parlement, le bonifier
davantage pour répondre aux différents objectifs communs que je
viens d'énoncer. Si, au moment de la présentation de ce projet de
loi, les députés ou le ministre même, recevaient des
commentaires qui mériteraient d'être entendus, selon l'un des
députés ou selon le ministre, je ne vois pas d'objection à
les entendre en commission parlementaire sur les effets.
M. Harvey (Charlesbourg): Les normes, c'est édicté
par règlement.
M. Cournoyer: II y a plusieurs choses qui sont dans la loi
même des mécaniciens de machines fixes et c'est le Parlement qui
modifierait la loi des mécaniciens de machines fixes; dans le cas du
règlement proprement dit, nous en reparlerons en temps et lieu. A ce
moment-ci, je parle surtout d'amendement à la loi, et, entendre les
parties ne me fatiguerait pas outre mesure si ce n'est que cela nous
permettrait, en ce qui nous concerne, une certaine publicité sur
l'existence ou les projets du gouvernement.
M. Harvey (Charlesbourg): Merci.
M. Cournoyer: Plusieurs projets d'amendements à la
réglementation ont été élaborés et sont
rendus à l'étape de la consultation ou de l'approbation. Ces
amendements concernent les établissements industriels et commerciaux, la
sécurité dans les édifices publics, la
sécurité dans les bains publics. Nous sommes dans les motels et
les bains...
Les travaux forestiers. Ce dernier projet sera accompagné d'un
manuel d'illustrations techniques à l'intention des travailleurs
forestiers. D'autre part, un nouveau code des ascenseurs et monte-charge est en
bonne voie de préparation.
L'année financière 1974/75 a été
marquée par l'implantation du service d'administration et de perception,
qui servira de soutien à l'inspection et permettra aux unités
opérationnelles de consacrer plus d'efforts au service de la
clientèle. Ce service est responsable de la perception des honoraires
d'inspection selon les lois et règlements. La phase "étude" de la
première génération de système du projet de
mécanisation de certaines opérations est complétée,
alors que la deuxième phase "construction" progresse rapidement. La mise
en route et le rodage de la première génération sont
prévus pour la fin de 1975. Il en résultera une meilleure
efficacité et une meilleure gestion, croyons-nous, du moins.
Comme le démontre le tableau ci-dessous, une priorité a
été accordée au recrutement du personnel pour combler les
nouveaux postes approuvés au budget de l'an dernier. Au 31 mars 1974,
nous avions 431 inspecteurs, 32 cadres des professionnels, 223 employés
de bureau, pour un total de 686. Au 1er avril 1975, nous avons 467 inspecteurs,
53 cadres des professionnels, 241 employés de bureau, pour un total de
761. L'augmentation des effectifs s'est fait particulièrement sentir au
niveau des postes d'inspecteurs et de professionnels. Ainsi, au service
d'inspection du travail et des lieux publics, le nombre de postes
autorisés d'inspecteurs et de professionnels est passé de 133 et
8 à 152 et 19 respectivement. En plus de l'entraînement du
personnel nouvellement entré en fonction, la direction
générale de l'inspection a attaché une place importante au
perfectionnement de son personnel, le faisant bénéficier de cours
portant autant sur les relations humaines que sur les techniques
spécialisées, telles les techniques d'inspection, les
installations techniques (électriques, appareils sous pression et
plomberie), les procédures d'inspection, le code du bâtiment,
l'hygiène industrielle et le bruit.
Je viens de mentionner le code du bâtiment. Nous avons maintenant
l'assurance que le code du bâtiment sera en vigueur... C'est quand, le
1er janvier? En fait, nous sommes au stade de l'adoption du code du
bâtiment. Maintenant, j'ai signé la demande d'arrêté
en conseil. A cause de certaines législations qui touchent à
l'hygiène publique qui relève du ministère des Affaires
sociales, elle doit être signée par le ministre des Affaires
sociales ces jours-ci, comme demande au conseil des ministres, ce qui nous
permettrait de mettre en vigueur immédiatement le code du
bâtiment.
A l'intérieur même du code, il y a une sorte de
cédule de progression, pour éviter quei nous arrêtions tout
demain matin, avec un nouveau code du bâtiment. Dans l'espace de six
mois, les plans devraient être conformes au nouveau code du
bâtiment, en laissant, au moment où on se parle, les plans tels
quels, parce qu'il y a déjà des règles un peu partout. Les
règles seraient mises en vigueur au moins dans six mois. Les nouveaux
plans qui parviendraient dans six mois devraient être conformes au
nouveau code du bâtiment, dans le champ d'application de ce code du
bâtiment.
M. Roy: M. le Président, pourrais-je poser une question au
ministre?
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: Ce code du bâtiment va-t-il toucher tous les
secteurs de la construction, c'est-à-dire du bâtiment comme tel?
Va-t-il s'appliquer partout?
M. Cournoyer: II touche à tous les édifices
publics, tous les édifices qui sont jugés comme publics, en vertu
de la Loi des établissements industriels.
M. Burns: Tous les secteurs, cela veut dire même...
M. Roy: Cela veut dire même les secteurs de
l'habitation.
M. Burns: ... les routes, l'habitation.
M. Cournoyer: II y a certaines constructions qui sont des
habitations, mais qui sont des édifices publics dans la terminologie que
nous avons. Le code du bâtiment ne touche pas aux routes.
M. Roy: Mais il ne touchera pas à l'habitation comme
telle.
M. Cournoyer: Pas en soi, l'habitation unifamiliale n'est pas
considérée comme un édifice public.
M. Roy: Le code du bâtiment va se limiter exclusivement aux
édifices publics.
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: II n'ira pas plus loin.
M. Cournoyer: Non.
M. Roy: Quels sont les moyens que le ministère entend
prendre pour ceux qui s'achètent des maisons familiales et qui se
plaignent de la mauvaise construction?
M. Cournoyer: Cela ne relève pas de mon ministère.
Cela relève plutôt des Institutions financières. C'est le
consommateur...
M. Roy: Oui, je comprends qu'il y a une question de
consommateur.
M. Cournoyer: II y a la question des permis d'entrepreneur qui
est un pas dans la direction de ne pas permettre à n'importe qui de
construire, donc de s'assurer de la capacité financière et de la
capacité technique des gens. Ce sont les permis d'entrepreneur. Cela
devrait normalement protéger le public.
M. Roy: La capacité financière n'est pas toujours
synonyme d'honnêteté.
M. Cournoyer: J'en conviens.
M. Roy: Je pense que le problème est plutôt du
côté de l'honnêteté de la part de certaines
personnes. Je connais des entrepreneurs qui se limitent à la petite
construction familiale et ce ne sont pas des millionnaires.
M. Cournoyer: Non. Ils n'ont pas besoin d'être
millionnaires. S'ils étaient millionnaires, on ne croirait
peut-être plus en leur honnêteté.
M. Roy: Ce sont des gens qui font de l'excellent travail. Tandis
qu'il y en a d'autres qui sont
beaucoup plus pourvus et on sait ce qui se produit.
M. Cournoyer: Je ne sais pas si nous avons le droit de vous
demander ce que vous voulez insinuer.
M. Roy: Je n'insinue rien. Je pose une question au ministre. Le
ministre a toujours une arrière-pensée.
M. Cournoyer: Je n'en ai pas. C'est vous qui m'en prêtez
bien plus que je n'en ai. Si j'avais dans la tête tout ce que vous me
prêtez, je serais un génie!
M. Roy: Pour enlever tous les doutes qu'il peut y avoir
derrière l'idée du ministre, dans son esprit, je voulais tout
simplement savoir si le code du bâtiment allait toucher le secteur de
l'habitation.
M. Cournoyer: Non. Cela ne touche pas la maison unifamiliale.
Cela touche des résidences qui sont, selon la définition des
édifices publics, des édifices publics.
M. Roy: Des édifices à logements multiples.
M. Cournoyer: C'est dans ce sens que la définition
d'édifice public rend une résidence édifice public. Quand
c'est unifamilial, ce n'est pas public. En gros, comme me le dit mon
sous-ministre, c'est tout ce qui est construction de bâtiment,
excepté les maisons unifamiliales. Est-ce que cela répond
à votre question?
M. Roy: J'ai une précision du ministre.
M. Cournoyer: Qui m'a été donnée par le
sous-ministre.
M. Roy: Pardon?
M. Cournoyer: Qui m'a été soufflée par le
sous-ministre.
M. Roy: Une chance que le sous-ministre est là.
M. Cournoyer: II y a une chose, par exemple, que je ne saurais
trop souligner et ce n'est pas de la vantardise de le dire, c'est que nous
avons parlé d'un code du bâtiment du Québec. Il existe un
code du bâtiment national. Nous avons fini notre travail et nous aurons
maintenant, dans un avenir qui est dans les deux semaines qui s'en viennent, un
code du bâtiment du Québec, différent un tant soit peu du
code national du bâtiment.
M. Burns: Le code fédéral du bâtiment.
M. Cournoyer: Pardon, le code national du bâtiment.
M. Roy: Maintenant...
M. Cournoyer: "National".
M. Burns: Fédéral. Cela n'existe pas la nation
canadienne.
M. Cournoyer: Ah bon! donc le code fait par Ottawa.
M. Burns: C'est cela.
M. Roy: Maintenant, lequel va avoir préséance sur
l'autre?
M. Cournoyer: Le code provincial ou le code du Québec a...
Comment est-ce qu'on l'appelle notre affaire? Le code du bâtiment du
Québec?
Le code du bâtiment du Québec a préséance
à cause des pouvoirs de réglementation que nous avons dans les
édifices publics. Dans toutes les places où il n'y a pas de
contestation de juridiction, il a préséance sur le code national
du bâtiment.
Il y a une chose qui est claire, c'est que le code national du
bâtiment ou le code fédéral du bâtiment ou le code
fait par Ottawa n'a pas de caractère "mandatoire", sauf s'il est
adopté comme tel par une municipalité. On se comprend?
M. Roy: Maintenant, qu'arrive-t-il...
M. Cournoyer: Notre code à nous autres, il va s'appliquer
partout. Il a le caractère "mandatoire" dans la province de
Québec. Dans les endroits où les municipalités ont choisi
d'appliquer le code national du bâtiment, il abolit cette
possibilité pour les municipalités puisqu'elles ont l'obligation
d'appliquer le code du bâtiment du Québec.
M. Burns: Le code fédéral du bâtiment. M.
Cournoyer: Le code fait par Ottawa.
M. Roy: Maintenant, qu'arrive-t-il dans le cas des
édifices à logements multiples construits par la
Société centrale d'hypothèques et de logement au
Québec?
M. Cournoyer: La Société centrale
d'hypothèques et de logement au Québec?
M. Roy: Oui. Ils construisent des édifices. M.
Cournoyer: Oui, mais elle est astreinte... M. Roy: Quel code va
avoir préséance?
M. Cournoyer: Elle est astreinte aux règlements
municipaux. Le code du bâtiment fait par Ottawa n'a force de loi, dans la
province de Québec, que lorsqu'une municipalité l'a adopté
comme étant son code du bâtiment de la municipalité. Nous
empêchons les municipalités d'adopter un code du bâtiment en
imposant le code du bâtiment du Québec à toutes les
municipalités du Québec.
M. Roy: Pardon, vous dites? C'est parce que le
député de Maisonneuve m'a parlé en même temps.
M. Burns: Je m'excuse.
M. Cournoyer: Je vais répéter.
M. Roy: Oui, s'il vous plaît.
M. Cournoyer: Je dis que nous empêchons les
municipalités d'adopter le code du bâtiment fait par Ottawa et
nous imposons aux municipalités le code du bâtiment du
Québec. Elles n'ont pas le choix de le prendre ou de na pas le prendre,
elles ont cela. La Société centrale d'hypothèques et de
logement est assujettie aux règlements des municipalités et elle
n'est assujettie au code national du bâtiment, au code
fédéral du bâtiment ou au code du bâtiment fait par
Ottawa que dans la mesure où une municipalité l'impose. Or, les
municipalités ne peuvent plus l'imposer dès que le code du
bâtiment du Québec est en existence.
M. Roy: Très bien.
M. Cournoyer: D'accord.
M. Roy: Continuez; donc quoi?
M. Cournoyer: Donc le code du bâtiment du Québec a
préséance sur toute disposition du code du bâtiment fait
par Ottawa.
D'autres questions sur le code?
M. Roy: On y reviendra.
M. Cournoyer: Bon. Je pensais bien que cela vous aurait fait
plaisir d'avoir un code du bâtiment du Québec.
M. Burns: Justement, M. le ministre, dans les faits, on
s'aperçoit, comme dans d'autres juridictions, qu'effectivement la
velléité de légiférer du gouvernement du
Québec se faisait mettre de côté sa compétence.dans
le sens juridique du mot.
Quelle va être l'attitude du ministre et du gouvernement
relativement à cette attitude, à mon avis,
antifédéralisme rentable, qu'on voit d'ailleurs
déjà dans le domaine de la justice, par exemple, où la
cour fédérale prend de plus en plus de juridictions qui
appartiennent carrément et clairement, en vertu de l'article 91 du BNA
Act, qui nous tient lieu de constitution, au Québec? Il est fort
possible que, dans la tendance actuelle, vous vous fassiez pointer un certain
nombre de choses qui, effectivement, vous empêchent de réaliser ce
que vous êtes en train de dire, c'est-à-dire que le code du
bâtiment du Québec devienne et ait préséance sur le
code fédéral.
Quelle sera l'attitude du gouvernement à ce moment-là?
M. Cournoyer: Voici. Je pense que nous sommes, dans ce domaine
comme dans d'autres, dans le domaine de l'obligatoire et de conditions
minimales. Vous comprenez ce que je veux dire? C'est que nous sommes dans un
domaine de conditions minimales. On ne pourrait pas empêcher une
municipalité de faire mieux. On ne pourrait pas empêcher, par
exemple, une municipalité de dire: Bien, au lieu du règlement que
vous avez passé là, nous, au lieu je vais vous donner un.
exemple qui est peut-être ennuyeux, ce n'est peut-être même
pas dans le code. Si on dit: Dans toute maison ou dans tout édifice
public, le système électrique doit être fait avec des fils
de grosseur de 3 pouces c'est un exemple que je donne bien trois
pouces, c'est contenu dans quatre pouces.
M. Roy: C'est tout un exemple.
M. Cournoyer: C'est un gros fil!
M. Burns: Un maudit gros fil!
M. Cournoyer: Mais je ne vous ai pas dit...
M. Roy: Vous aimez les gros fils ce matin.
M. Cournoyer: Moi, je ne suis pas dans le diamètre de
trois pouces, je suis dans la circonférence. Donc, cela fait un petit
fil bien ordinaire, trois pouces.
M. Burns: Même trois pouces de circonférence, c'est
un gros fil.
M. Cournoyer: En tout cas, si...
M. Roy: Si le ministre était attaché par un fil de
cette dimension, il trouverait...
M. Cournoyer: Vous seriez correct? M. Roy: ... que c'est
un gros fil.
M. Burns: On ne pourrait pas dire que sa vie politique tient
à un fil.
M. Roy: Non. Elle tient à un câble!
M. Cournoyer: Ma vie politique tient à un fil, c'est celui
de ma pensée.
M. Burns: ... le premier ministre?
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Non?
M. Cournoyer: Je ne pense pas. Enfin, il a de quoi à dire
quand il me jette dehors. Mais si je décidais de partir, je reste encore
attaché par mon fil.
M. Burns: Bon.
M. Cournoyer: M. le Président, cet exemple que je donnais,
est peut-être très ennuyeux. Je vais changer l'exemple. Admettons
qu'on dise que
les poutres doivent être des 4 x 4, au lieu de 2 x 4, par exemple,
d'une façon générale. Il n'y a rien qui empêche une
municipalité, dans mes livres, d'insister pour que ce soit des 5 x 5, si
elle veut les avoir encore plus solides et plus sécuritaires. Mais nous,
nous disons: Le minimum, c'est 4x4, vous ne pouvez pas aller en bas de 4 x
4.
Par ailleurs, j'ai dit, au début de mes remarques, que le code du
bâtiment provincial, le code du bâtiment du Québec
était inspiré du code du bâtiment, adopté par
plusieurs municipalités au Québec, et lui-même copié
sur celui du Conseil national de la recherche.
Est-ce exact, national, dans ce cas? National Research Council.
M. Burns: Est-ce qu'on ne peut pas changer le nom? Je m'oppose
à ce qu'on parle de législations canadiennes comme étant
nationales.
M. Cournoyer: Ce n'est justement pas une législation.
M. Burns: C'est quelque chose qui est bâti artificiellement
autour d'un chemin de fer et qu'on a décidé d'appeler national,
à ce moment-là.
M. Cournoyer: C'est long. C'est un long chemin de fer.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Si on veut être
gentil, messieurs, je vous demanderais de revenir au sujet.
M. Burns: Ce n'était qu'une remarque en passant.
Le Président (M. Séguin): Oui, oui. C'est pour cela
que...
M. Cournoyer: Sur le sujet, donc, il est clair pour moi que le
code du bâtiment du Québec n'a rien à voir avec le code du
bâtiment fait par le gouvernement fédéral. Il ne
procède pas du tout de la même façon, l'un devant
être adopté par des municipalités pour avoir effet et
l'autre étant obligatoire pour toutes les municipalités du
Québec. Le dernier est obligatoire pour toutes les municipalités
du Québec. Si les municipalités veulent faire plus que le code
national du bâtiment; si, par exemple, on dit qu'un édifice public
doit avoir une rampe d'accès pour les personnes handicapées et si
on dit que, sur chaque étage, il doit y avoir une toilette pour au moins
les personnes handicapées qui se promènent en chaise roulante, il
n'y a rien qui empêche une municipalité, ou un constructeur de
faire deux rampes d'accès et de faire deux toilettes par étage,
mais il doit y en avoir au moins une selon nos règles.
M. Roy: Moi, je trouve cela bien beau, tout ce que le ministre
nous dit ce matin. Les intentions semblent pures, claires et précises,
d'une limpidité qui nous étonne, même. Mais la
Société centrale d'hypothèques et de logement est une
société prêteuse. Elle peut consentir des pTêts,
comme elle peut les refuser. Si elle inclut comme obligation première
que les constructions qui seront admissibles à obtenir des prêts,
autrement dit qui seront financées par la Société centrale
d'hypothèques et de logement, devront se conformer aux normes minimales
du code du bâtiment fédéral, si c'est un code identique,
cela ne pose pas de problème, mais il peut y avoir des
différences. En supposant que dans un domaine particulier on
parlait des fils électriques, tout à l'heure les
conditions minimales soient plus élevées que les conditions
minimales du gouvernement provincial, à ce moment-là, la
Société centrale d'hypothèques et de logement dit: Etant
donné que nos normes ce sont les normes de la
société prêteuse sont basées sur le code
national, dans ces conditions, on ne prête pas, qu'est-ce qui se
produit?
M. Cournoyer: Ils ne prêtent pas.
M. Roy: Pardon?
M. Cournoyer: Ils ne prêtent pas.
M. Roy: Bon. C'est ce que je voulais savoir.
M. Cournoyer: Mais si, par exemple, le code national du
bâtiment ou le code fédéral du bâtiment
appelez-le donc comme vous le voudrez...
M. Roy: Peu importe le nom, je comprends.
M. Cournoyer: ...est inférieur au code provincial ou au
code du Québec, ils ne peuvent pas construire dans les
municipalités. S'ils veulent prêter quand même, c'est leur
privilège, mais ils ne peuvent pas construire, sauf en conformité
avec cela et les plans et devis devront être approuvés avant, pas
par la Société centrale d'hypothèques et de logement, mais
par les services d'inspection du ministère du Travail. C'est nous qui
approuvons les plans ou les refusons. Ce n'est pas la Société
centrale d'hypothèques et de logement. Pour ses fins, elle peut bien
faire ce qu'elle veut, mais pour les fins du gouvernement du Québec,
nous nous devons de faire respecter un code du bâtiment que nous avons
maintenant. Une fois qu'on l'a et qu'il est en vigueur c'est dans six
mois, comme je vous l'ai dit tantôt que tous les plans devront
passer et être approuvés par nous, la conformité que nous
allons rechercher, c'est avec notre code du bâtiment et non pas avec le
code du bâtiment national.
M. Roy: Je suis bien d'accord sur toutes ces intentions et pour
que le code du bâtiment du Québec ait la priorité. Je suis
entièrement d'accord là-dessus.
Si je pose ces questions, c'est parce qu'actuellement on sait que, dans
le domaine de l'habitation et de la construction d'édifices à
logements multiples, c'est la Société d'hypothèques et de
logement qui est le gros prêteur au Canada et au
Québec. D'ailleurs, on n'a qu'à se rappeler les
déclarations que le ministre des Affaires municipales, responsable de la
Société d'habitation du Québec, a faites à la
commission parlementaire, comme à l'Assemblée nationale.
Moi, j'aimerais savoir si le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre a l'intention de faire approuver son code du bâtiment par
la Société centrale d'hypothèques et de logement, afin que
ce soit ce code qui soit accepté, reconnu sur le territoire du
Québec. Le danger qu'il y a, c'est qu'on paie encore des taxes à
Ottawa...
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: ...et je n'ai pas l'impression qu'on va cesser d'en payer
en 1975. Le gouvernement fédéral met des capitaux à la
disposition des provinces dans le domaine de l'habitation. Si le Québec,
à cause de ces choses, perd $50 millions, $75 millions, $100 millions ou
$125 millions d'investissements, c'est autant de travailleurs qui n'auront pas
de travail et qui seront en chômage; c'est autant de logements qui vont
nous manquer.
C'est pour cela que j'aimerais savoir, à ce moment-ci, si, de ce
côté, on prend toutes les mesures qui s'imposent.
M. Cournoyer: Je n'irai certainement pas demander à la
Société centrale d'hypothèques d'approuver le code que
nous avons décidé d'adopter au Québec. Si c'est cela que
vous me demandez de faire, je réponds non.
M. Roy: Je ne vous demande pas de le faire. Je vous demande si
vous avez examiné cette possibilité. Vous dites que vous n'avez
pas l'intention d'y aller. C'est ce que je veux savoir.
M. Cournoyer: La Société centrale
d'hypothèques a ses préoccupations à elle. Nos
préoccupations portent nettement sur la sécurité dans les
édifices publics et cela, c'est selon nos normes à nous. A partir
du moment où c'est sécuritaire, nous sommes satisfaits d'avoir
fait notre travail. En plus de cela, il faut qu'on respecte des normes
minimales, par exemple, les voies d'accès pour personnes
handicapées. Quand il n'y a pas de voies d'accès dans les plans
et devis qui nous sont soumis, on ne les approuve pas, parce que cela ne
respecte pas nos normes. Si la Société centrale
d'hypothèques décide de ne pas prêter parce qu'ils se
conforment à nos normes, bien c'est un problème qu'elle a; ce
n'est pas moi qui l'ai. Le code national, on peut l'appeler comme cela, notre
code du Québec. Celui-là, est-ce que je peux l'appeler
national?
M. Burns: Là, il a plus son sens, le mot "national".
M. Cournoyer: De toute façon, ce code non seulement a
préséance; il est obligatoire pour la construction
d'édifices publics au Québec. C'est obligatoire de respecter ce
qui est écrit dedans. Je ne sais pas comment mettre cela. Si cela a des
conséquences sur la construction au Québec, cela devrait
être des conséquences bénéfiques, puisque les
dispositions qu'il y a dans le code national du bâtiment ou dans le code
du Québec ne sont pas pour empêcher de construire; ce sont des
dispositions pour construire d'une façon sécuritaire et selon un
certain nombre de préoccupations qu'un gouvernement doit avoir envers la
société. C'est tout. Et c'est le gouvernement du Québec,
jusqu'à preuve du contraire, qui a cette responsabilité.
M. Roy: Je suis entièrement d'accord avec le ministre sur
ce point. En tout cas, nous aurons l'occasion d'y revenir.
M. Cournoyer: Nous avons, bien sûr, une autre direction
générale...
M. Burns: II ne faut pas être trop souvent d'accord avec le
ministre; il paraît que cela ne lui aide pas du tout.
M. Cournoyer: Cela me nuit.
M. Roy: Sur ce point, je pense qu'on peut quand même, si on
dit que le code du bâtiment du Québec doit avoir priorité
sur tout autre code qu'on l'appelle le code fédéral, le
code canadien, le code d'Ottawa, je me fous des termes je suis
entièrement d'accord.
M. Cournoyer: Bon. Nous avons maintenant la section du service de
main-d'oeuvre. Indépendamment de la formulation particulière
d'une politique de main-d'oeuvre, son objectif doit demeurer le même,
soit l'adéquation de l'offre et de la demande d'emploi. Ainsi, nous
tenterons dans les remarques qui suivent d'illustrer les moyens mis en oeuvre
par le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre en vue d'atteindre
cet objectif.
En formation professionnelle, le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre négocie avec le gouvernement fédéral les
annexes de formation des adultes, selon les besoins estimés. Il fournit
à l'entreprise des services lui facilitant l'accès aux programmes
de formation et en assure la réalisation en regard des orientations et
politiques gouvernementales en matière de ressources humaines.
Trois mécanismes de formation illustrent cette activité:
soit la formation des adultes en institution, la formation des adultes en
industrie et la formation des cadres.
Dans la formation des adultes en institutions, par exemple, l'objectif a
été établi comme étant l'augmentation du taux de
placement et des gains de personnes formées. Comme rôle, nous
avons la préparation, la surveillance et l'évaluation du plan de
formation ainsi que les réclamations des frais du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de l'Immigration. En I974-I975, de la formation à temps
plein chez les adultes, 43,809 adultes en ont bénéficié.
La formation à temps partiel, 56,146 adultes en ont
bénéficié. Le budget total de ces dépenses
était de $73,120,000.
Pour 1975-1976, dans la formation à temps plein, nous
prévoyons 41,358 adultes; à temps partiel, 58,730 adultes, pour
des estimations budgétaires de l'ordre de $84,100,000.
Nous avons un autre objectif dans la formation des cadres qui est
l'accroissement de la productivité des entreprises par le
développement d'une approche et l'application de techniques saines et
modernes de gestion.
Notre rôle a été de faire le diagnostic, de
procéder à la formation et de suivre, justement, pour voir si la
formation répondait aux objectifs premiers.
Les ressources, ceux qui la font, c'est le Centre d'organisation
scientifique de l'entreprise, COSE qu'on l'appelle, avec un budget de $323,425,
et le Centre de formation et de consultation a un budget de $128,262. En
1974-1975, 1,887 stagiaires ont fait leur cours au Centre d'organisation
scientifique de l'entreprise, et 309 stagiaires ont fait leur cours au Centre
de formation et de consultation. Les projections pour 1975-1976 sont: un budget
total de $510,000; nombre de stagiaires prévus 2,330; nombre
d'interventions, que nous devrons faire parce que ce sont des groupes, 310.
La formation en industrie. L'objectif poursuivi est l'occupation d'un
emploi, la conservation de l'emploi et la promotion dans l'emploi. Le
rôle du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre a
consisté à diagnostiquer le besoin, l'analyse, la surveillance et
l'évaluation du projet, les recommandations et le financement. Le nombre
de stagiaires dans la formation en industrie a été de 20,559; le
nombre de contrats qui ont été donnés, 4,228; le budget
total affecté à la formation en industrie l'année
dernière a été de $11,071,000. La projection pour
1975-1976 est de 20,600 stagiaires, 4,250 contrats et une estimation
budgétaire de $11,179,000.
La commission de formation professionnelle. On en a entendu parler aussi
devant la commission Cliche, c'est une corporation qui groupe les
représentants du monde du travail et comprend employeurs et
employés. Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre confie
à la commission de formation professionnelle la coordination et
l'évaluation régionales de la formation professionnelle aux
adultes en institution. La commission de formation professionnelle dispose de
quatre services pour atteindre ses objectifs, soit: le service de formation et
d'admission, le service d'organisation de la formation, le service
d'évaluation postformation et le service d'administration.
M. Burns: M. le Ministre, je suis obligé de souligner que
nous n'avons pas quorum.
M. Harvey (Charlesbourg): On peut probablement continuer puisque
le député de Beauce-Sud n'est parti que pour quelques
secondes.
M. Burns: Même si le député de Beauce-Sud
était ici nous n'aurions pas quorum.
M. Harvey (Charlesbourg): II vient de s'absenter pour quelques
secondes.
M. Burns: Je veux dire que c'est un ouvrage collectif que nous
faisons. Je suis d'accord pour me plier en quatorze pour aider le gouvernement
à disposer de ses crédits, mais je pense que, du
côté ministériel, vu son nombre, on devrait aussi faire cet
effort.
M. Harvey (Charlesbourg): Mais vous savez comme moi que
siège actuellement le comité des bills privés où au
moins la présence d'une vingtaine de députés est
nécessaire puisqu'ils parrainent des projets de loi actuellement
à l'étude.
M. Burns: II y a quatre projets de loi à
l'étude...
M. Harvey (Charlesbourg): II y a une vingtaine de
députés qui sont présentement...
M. Burns: II y a quatre projets de loi, donc il ne peut pas y
avoir plus de parrains que de projets de loi.
M. Harvey (Charlesbourg): Assurément, mais il y a
peut-être plus de personnes intéressées.
M. Burns: Je dis tout simplement que si l'Opposition fait son
effort pour être présente partout, à toutes les
commissions, il me semble que du côté ministériel, on
devrait aussi faire cet effort.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le député de
Maisonneuve, je ne cherche pas d'excuses mais je veux demander votre
collaboration, chose que vous nous accordez assez régulièrement,
et je pense que justifier deux autres commissions...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): ...actuellement en cours, on pourrait
peut-être nous permettre, pour le moment du moins, avec
référence au journal des Débats, de prendre connaissance
du message...
M. Burns: De toute façon, c'est une discussion inutile que
nous avons parce qu'à partir du moment où...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ...j'ai souligné l'absence de quorum, la
commission ne siège plus.
Le Président (M. Séguin): L'article 146 est
très clair. La commission suspend ses travaux.
Suspension temporaire.
Reprise de la séance à 11 h 35
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 35)
Reprise de la séance à 16 h 33
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration,
séance de l'après-midi.
Les membres de la commission sont: MM. Bellemare (Johnson),
Bérard (Saint-Maurice), Bou-dreault (Bourget), Burns (Maisonneuve),
Charron (Saint-Jacques), Brown (Brome-Missisquoi), Cournoyer (Robert-Balwin),
Déziel (Saint-François), Harvey (Charlesbourg), Lachance
(Mille-Iles), Le-cours (Frontenac), Malépart (Sainte-Marie), Roy
(Beauce-Sud), Verreault (Shefford).
M. le ministre.
M. Cournoyer: J'étais donc, ce matin, lorsque le quorum a
été brisé, d'une façon abrupte, par quelqu'un qui
n'est pas ici, en train de décrire les services de formation
professionnelle et les projections pour 1975/76, au titre de la formation
professionnelle en industrie.
Le nombre de stagiaires prévus pour l'année 1975/76 sera
de 20,600, pour un nombre de contrats de 4,250 et des estimations
budgétaires, comme je le disais ce matin, de $ll,179,000.
Compte tenu que le seul minimum garanti pouvait être
augmenté pour correspondre aux besoins de formation dans les commissions
de formation professionnelle, le ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre a négocié pour l'année financière
1974/75, un budget de $73,120,000. Le budget accordé pour l'année
1975/76 est de $84,100,000, soit une augmentation de 10%, en surplus de
l'indexation. Les prévisions budgétaires acceptées par le
comité fédéral-provincial de main-d'oeuvre, pour
l'exercice financier 1976/77, donc une projection d'un an, sont de l'ordre de
$103,241,250. Il convient de préciser qu'il existe onze commissions de
formation professionnelle au Québec, réparties dans les onze
régions administratives du Québec. Le budget des commissions de
formation professionnelle est de $8,477,600 et le reste du budget de la
formation professionnelle des adultes est dépensé par le
ministère de l'Education du Québec, au titre de l'organisation
des cours proprement dit.
Nous avons également, dans la section main-d'oeuvre, des conseils
de main-d'oeuvre et de reclassement. L'activité de reclassement se
divise, au ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, en quatre
catégories.selon le genre d'intervention de notre part. Le reclassement
proprement dit: En vertu de l'article 45 du bill 49, l'employeur, qui
prévoit effectuer un licenciement collectif, doit en donner avis au
ministre, dans les délais variables selon le nombre de travailleurs mis
à pied.
L'employeur doit alors participer à la constitution d'un
comité de reclassement, qui a comme mandat de trouver des solutions aux
problèmes auxquels font face les travailleurs licenciés. Le
comité est alors composé de deux représentants de
l'employeur, de deux représentants des salariés, d'un
représentant du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, d'un
représentant du minis- tère de la Main-d'oeuvre et de
l'Immigration du gouvernement fédéral, et d'un
président.
En 1973/74, nous avons reçu 165 avis de licen-ciement.pour 12,458
travailleurs qui étaient visés. En 1974/75, nous avons
reçu 165 avis de licenciement, pour 17,390 travailleurs
visés.
Nous procédons aussi au reclassement préventif.
Grâce à l'avis de licenciement collectif, le ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre a été amené, dans de
nombreux cas, à explorer les possibilités d'éviter le
licenciement avant qu'il ne se produise, par la mise en oeuvre et la
coordination de certaines mesures publiques et privées. C'est ce que
nous appelons, nous, le reclassement préventif. Son objectif est
d'assurer le maintien des emplois ou même l'augmentation de la
qualité de l'emploi. Le ministère constitue alors des
comités, selon la même formule que le comité de
reclassement, en vertu de l'article 3 c)),de la loi du ministère.
Notre principal objectif est alors d'amener l'entreprise à
diagnostiquer ses problèmes et à entreprendre une
réorganisation, qui lui permettra de se maintenir sur le marché.
Ce genre de comités, nous en avons eu 22, en 1973/74, qui couvraient
11,800 travailleurs, et en 1974/75, ce fut 62, pour une couverture de 55,620
employés visés.
Nous avons aussi les comités d'étude de maindd'oeuvre. Il
s'agit de constituer des mécanismes permettant à l'entreprise de
diagnostiquer ses problèmes de main-d'oeuvre, sélection,
recrutement, pénurie, formation et promotion, d'en analyser les causes,
d'élaborer des moyens de solution et adopter en conséquence leur
politique de développement des ressources humaines.
Un comité d'étude de main-d'oeuvre peut être
formé en regroupant des entreprises qui font face à des
problèmes d'adaptation et de formation de leur personnel.
Le comité permet à ces entreprises de développer
des mesures appropriées d'adaptation. Ce fut le cas, par exemple, pour
la création du comité d'association des manufacturiers du bois de
sciage du Québec.
Il y a enfin les conseils de main-d'oeuvre, qui sont des organismes
créés en vertu de l'article 41-d du bill 49, regroupant des
associations patronales et syndicales d'un secteur industriel et dont le mandat
est de favoriser l'adaptation des programmes de développement des
ressources humaines dans un secteur industriel et d'assurer un meilleur
équilibre entre les besoins de l'entreprise et ceux de la
main-d'oeuvre.
Le ministère a déjà constitué un conseil de
main-d'oeuvre de la forêt et est en voie de structurer deux autres
conseils de main-d'oeuvre dans les secteurs de l'hébergement et de la
restauration, des mines, etc. Le ministère a déboursé, au
cours de la dernière année financière, $255,000 pour le
fonctionnement des divers comités. Le ministère de la
Main-d'oeuvre et de l'Immigration fédéral a contribué dans
la même proportion. Par ses interventions, le ministère du Travail
et de la Main-d'oeuvre a contribué au maintien de plusieurs milliers
d'emplois et a aidé plusieurs entreprises à adapter leur
politique de main-d'oeuvre.
Le ministère du Travail désire mettre l'accent sur des
interventions sectorielles et pourrait alors fournir aux entreprises et aux
salariés d'un secteur industriel les moyens d'identifier leurs
problèmes, de les analyser et d'adapter leur politique de main-d'oeuvre
dans le cadre d'une concertation entre le milieu de travail et l'Etat.
M. le Président, nous avons beaucoup entendu parler de
qualification professionnelle ces dernières années. Nous sommes
responsables de l'administration des règlements de qualification
découlant de l'article 30 du bill 49. Ainsi, deux règlements ont
fait l'objet d'arrêtés en conseil, soit le règlement no I,
dont le champ d'application est celui déterminé par la Loi des
relations de travail dans l'industrie de la construction, et le
règlement no 2, dont le champ d'application couvre les secteurs non
assujettis dans les lois sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction.
Dans l'application de ces règlements de qualification, le
ministère possède les responsabilités suivantes:
l'admission à l'apprentissage, l'admission et l'administration à
l'examen de qualification ainsi que la validation de la qualification. Au cours
de l'année 1974/75, le ministère a perçu $173,845 en
droits d'apprentissage ou de qualification de la part des travailleurs. Depuis
le début de l'application des règlements, le ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre a émis 45,017 carnets, dont 14,200 durant
la présente année; 108,262 travailleurs furent qualifiés,
dont 11,962 durant l'année; 6,572 travailleurs ont passé avec
succès leur examen; 4,237 ont vu leur certificat validé; il y a
eu 1,964 attestations d'expérience et il y a eu 2,849 échecs.
D'autre part, le ministère participe à un programme de
qualification interprovincial appuyé sur un règlement
accepté par toutes les provinces dans le cadre d'une entente entre le
comité des normes interprovinciales et le ministère du Travail
dans le but de faciliter aux travailleurs désireux d'acquérir une
mobilité nationale les possibilités d'une reconnaissance
interprovinciale de leurs qualifications.
Le ministère participe aussi à l'administration des
examens interprovinciaux, émet des certificats correspondants et
élabore des examens de qualification. Vous avez vu, dans la Gazette
officielle d'il y a à peu près un mois et demi ou deux mois, le
nouveau règlement numéro I de la construction. Ce projet de
règlement a été publié dans la Gazette officielle
du 2 avril dernier et son entrée en vigueur doit se faire le 2 sepembre
1975.
Ce nouveau projet de règlement confie au ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre les responsabilités suivantes: admission
à l'apprentissage, contrôle de l'apprentissage, admission à
l'examen ainsi que sécurité professionnelle. Il est à
noter qu'en vertu de ce règlement, à compter du 31
décembre 1976, tous les travailleurs exerçant une profession dans
l'industrie de la construction devront détenir l'attestation de
sécurité délivrée par le ministère.
Ceci implique environ 150,000 travailleurs de cette industrie. Mais,
l'une des recommandations du rapport Cliche vise exactement cet effet. Je ne me
souviens pas du numéro de la recommanda- tion, mais on dit que les cours
de sécurité doivent faire partie du programme de formation
professionnelle pour tous les travailleurs de la construction. Nous avons
été un peu plus loin, parce que les cours de formation
professionnelle n'impliquent pas nécessairement les journaliers, mais
pour les journaliers, nous insisterons sur le fait qu'ils aient une attestation
de cours de sécurité pour pouvoir obtenir de travailler sur des
chantiers de construction dès le 31 décembre 1976.
Le règlement no 2 est envisagé de façon
complémentaire au règlement no I. Il est à prévoir
que plusieurs des métiers couverts par ce règlement seront
à qualification facultative. Le ministère prévoit mettre
en oeuvre les mêmes mécanismes que ceux prévus au
règlement no I en ce qui a trait aux activités et aux services
à rendre aux travailleurs. Un des aspects très important qu'il
faut prévoir dans ce règlement, c'est d'assurer un service
d'inspection pour les travailleurs et les entreprises des différents
secteurs concernés par ce règlement.
Placement et emploi. L'objectif fondamental d'un service de placement
peut se définir comme étant: toutes mesures pouvant fournir aux
travailleurs un emploi correspondant à ses habiletés et à
ses connaissances d'une part, et d'autre part, fournir, à l'employeur,
la main-d'oeuvre dont il a besoin et ce dans les plus brefs délais
possibles. Dans l'atteinte de cet objectif, le ministère du Travail par
l'intermédiaire du réseau de ses centres de main-d'oeuvre du
Québec offre ses services à l'ensemble de la classe
ouvrière québécoise tout en concentrant ses efforts sur
les clientèles particulières qui, pour différentes
raisons, éprouvent de la difficulté à se procurer ou
à conserver un emploi.
La grande majorité des services à la clientèle sont
dispensés dans les 53 centres de main-d'oeuvre du Québec
répartis à travers la province. Les principales clientèles
particulières faisant l'objet des services de placement et emplois, sont
les bénéficaires d'aide sociale, les finissantss du réseau
scolaire, les handicapés, les travailleurs âgés, les
agriculteurs, les grands projets gouvernementaux ainsi que certaines
activités des organismes parapublics.
Au cours de l'année 1974/75, des centres de main-d'oeuvre ont
effectué 27,164 placements, hommes ou femmes, sur un total de 46,178
présentations aux employeurs, ce qui représente plus de 50% de
rentabilité des efforts dans ce domaine. Ces placements ont
été effectués à la suite de 63,164 inscriptions
enregistrées dans les centres de main-d'oeuvre.
Dans le but de faciliter la réintégration des
bénéficiaires d'aide sociale au marché du travail, le
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre a la responsabilité
de l'application de l'arrêté en conseil sur opération
placement, nouvellement identifié sous le vocable Emplois nouveaux. Au
cours de l'année financière 1974/75, plus de 9,000
bénéficiaires de l'aide sociale ont
réintégré le marché du travail en fonction et en
vertu de l'opération placement. 29 projets furent également
préparés dans les différentes régions
nécessitant des
déboursés de $2,250,000 et procurant de l'emploi à
1,045 bénéficaires d'aide sociale. De plus, le total de 1,467
projets d'initiatives locales acceptés par le fédéral ont
procuré plus de 800 emplois à des bénéficiaires
d'aide sociale.
Les statistiques démontrent également que les centres de
main-d'oeuvre du Québec ont sélectionné 1,349 travailleurs
pour le projet de la baie James et ont aussi acheminé 2,914 travailleurs
sur les mêmes chantiers. De plus, dans le cadre des négociations
entre le gouvernement du Québec et les autochtones du territoire de la
baie James, pour faciliter l'embauche des indiens Cris de ce territoire, des
ententes sont intervenues entre le ministère, les employeurs et la
société d'énergie pour établir une procédure
qui faciliterait l'accès des Indiens au chantier LG-2.
Déjà, un premier groupe d'Indiens occupent différentes
fonctions de travail sur ce chantier. Dans le cadre d'une entente entre le
gouvernement du Canada et l'Union des producteurs agricoles du Québec,
de même qu'en vertu d'un accord entre le ministère du Travail et
l'Union des producteurs agricoles, 7 centres de main-d'oeuvre agricole sont en
activité dans les régions agricoles suivantes: Québec,
Saint-Rémi, Saint-Hyacinthe, Sherbrooke, Saint-Georges-de-Beauce,
Nicolet et La Pocatière.
Ces centres assurent aux employeurs agricoles le recrutement de la
main-d'oeuvre nécessaire à leur exploitation et aux travailleurs
qui désirent un emploi en agriculture, une occasion de faire
connaître leurs possibilités. Au cours de l'exercice financier de
1974/75, environ $250,000 ont été versés par le
gouvernement du Canada pour l'exploitation de centres de main-d'oeuvre agricole
et une subvention du ministère du Travail, de $24,000 a
été versée à l'UPA pour assurer la coordination de
cette activité.
Un comité interministériel s'est penché sur le
problème de la réadaptation par le travail des adultes
handicapés où inadaptés. Le ministère du Travail
devrait être en mesure d'affecter le personnel nécessaire pour
coordonner cette activité et assurer la liaison avec le ministère
des Affaires sociales. De plus, le ministère rembourse à
l'Institut national canadien des aveugles un montant de plus de $50,000 pour
aider cette association dans ses efforts particuliers de placement des
aveugles.
Une autre clientèle particulière qui éprouve de la
difficulté à accéder au marché du travail est celle
des travailleurs inexpérimentés ou des finissants du
réseau scolaire. Environ 60,000 jeunes travailleurs s'ajoutent au
marché du travail chaque année, et le ministère du Travail
entend assurer les services de main-d'oeuvre nécessaires à cette
clientèle. Ce travail s'effectuera en collaboration avec le
ministère de l'Education et les instances
décentralisées.
Le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre assume la
responsabilité de l'administration de la loi sur les bureaux de
placement privés dans un nouveau projet de loi présentement
à l'étude.
Le travailleur âgé de 45 ans et plus éprouve aussi
des difficultés d'intégration au marché du travail. Les
efforts principaux du ministère du Tra- vail et de la Main-d'oeuvre dans
ce domaine consistent à coordonner les activités de l'association
des Partenaires Associés qui, en vertu des accords avec le
ministère, obtenait récemment une subvention de $24,000 pour ce
travail.
M. Burns: $24,000.
M. Cournoyer: C'est $24,000.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Dans le but de créer des emplois pour les
personnes qui éprouvent des difficultés à se chercher un
emploi et à conserver l'emploi qu'elles possèdent, un nouveau
programme fédéral-provincial sera mis en marche prochainement
il y en a un qui a commencé hier dans les régions
expérimentales de Drummondville, en milieu urbain, et du Lac-Saint-Jean,
en milieu rural. Les efforts du ministère du Travail seront de
préparer et d'implanter une stratégie permettant d'atteindre
l'objectif du programme fédéral-provincial dans ce domaine et de
collaborer avec le ministère des Affaires sociales et le
ministère de la Main-d'oeuvre et de l'Immigration. Des
déboursés de l'ordre de $10 millions faciliteront la
participation des organismes du milieu pour assurer la bonne marche du
développement de la stratégie d'emploi communautaire.
M. le Président, dans le rapport que je faisais sur la direction
générale du travail, j'avais laissé de côté
hier les activités du bureau du commissaire enquêteur en chef. Je
vais cependant revenir là-dessus immédiatement pour donner
justice à toutes les directions qui ont quelque chose à dire.
Le bureau du commissaire-enquêteur en chef est, au
ministère, le service qui a pour fonction d'appliquer les sections du
code du travail se rapportant à l'exercice du droit d'association et
à l'accréditation des syndicats. C'est ce bureau qui, par les
commissaires-enquêteurs, dispose des plaintes de congédiement, de
suspension et de déplacement pour activité syndicale et, par
l'intermédiaire des enquêteurs et commissaires enquêteurs,
décerne les accréditations aux associations syndicales. De plus,
les commissaires enquêteurs doivent disposer de requêtes ou de
demandes de différentes natures: détermination du statut de
salarié des travailleurs, décision relative à
l'appartenance ou non d'un salarié à une accréditation
déjà existante, révocation, sur demande des employeurs ou
de groupes de salariés, des accréditations déjà
accordées en conformité avec les délais impartis à
l'article 21 du code du travail, constatation des transmissions de droits et
d'obligations prévus à l'article 36 et règlement des
difficultés qui en découlent.
Le bureau est donc amené à étudier un nombre
considérable de dossiers. Au cours de l'année financière
qui s'est terminée le 31 mars1975, le bureau a reçu 3,651
affaires diverses et a disposé au cours de ces 12 mois de 3,832 cas. En
effet, au premier avril 1974, il y avait 848 affaires qui n'étaient pas
encore
réglées et au 31 mars 1975, on n'en comptait que 667, ce
qui indique une amélioration assez marquée, surtout si on tient
compte des causes qui ont été intro-duites en mars et qui exigent
certains délais administratifs qui sont d'ailleurs prévus au
règlement général. Le bureau a accordé 1,223
accréditations nouvelles visant 41,462 salariés. Par ailleurs,
pendant la même période, les commissaires-enquêteurs ont
disposé de 887 plaintes de congédiement qui ont donné lieu
à 148 ordonnances de réintégration, 290 rejets et 449
retraits. Les autres affaires dont il a été disposé par
les commissaires-enquêteurs, au nombre de 1,722, se rapportent aux
requêtes diverses auxquelles il a été fait plus tôt
référence.
Il faut ajouter à cela un certain nombre de décisions
incidentes, en particulier, des ordonnances de vote. Pour l'exécution de
ce travail, le bureau compte sur un personnel de moins de I00 employés
comprenant 16 enquêteurs, 17 commissaires-enquêteurs, conseillers
juridiques, quelques techniciens et administrateurs et les employés de
bureau proprement dits.
On sait qu'en vertu du code, il peut y avoir appel de toute
décision d'un commissaire-enquêteur, au tribunal du travail. On
estime que de l'ensemble des décisions, environ 5% seulement sont
portées en appel, ce qui n'apparaît pas être un pourcentage
exagéré pour nous. Seulement 5% compte tenu des projections qu'on
en faisait, cela veut dire deux choses. Ou les gens ne veulent pas appeler, ou
les décisions sont bonnes. Selon un relevé récent, il
ressort que dans à peu près la moitié de ces
requêtes, la permission d'appeler est refusée par le tribunal.
Quant au reste, le tribunal infirme ou modifie de quelque façon la
décision initiale rendue par les commissaires-enquêteurs.
Le bureau du commissaire-enquêteur tient le ministère et le
conseil consultatif au courant de tous les problèmes qui se posent et
participent à la préparation de certains projets de
règlement. Ainsi, il a été amené à soumettre
pour étude un nouveau projet de règlement relatif à
l'organisation des travailleurs en forêt ainsi qu'à certains
projets de modifications, à certains articles du code qu'il a la
responsabilité d'appliquer, notamment en ce qui a trait à la
fonction d'enquêteur prévue à l'article 24 a) du code et
à mettre au point une disposition visant à prévoir les cas
assez fréquents de fusions, de divisions ou de transformation dans la
structure d'associations déjà accréditées et
signataires de conventions collectives de travail. De ce fait, sans faire
beaucoup de bruit, le bureau du commissaire-enquêteur en chef contribue
à ordonner, en un certain sens, les relations entre les salariés
et et emploveurs et à canaliser un bon nombre de conflits et de
difficultés. Voilà, M. le Président, ce que j'avais
à dire, d'une façon générale, sur les
activités du ministère. J'aimerais mentionner, avant de terminer,
cependant, qu'il y a quelques années, maintenant, j'avais indiqué
le désir du ministère du Travail de faire une expérience
d'horaires flexibles de travail à l'intérieur d'une de nos
structures administratives. Je suis heureux de dire que cette expérience
est en cours et que les résultats sont plus que satisfaisants quant
à l'augmentation de la productivité. Nous avons
procédé dans une section en particulier, c'est le service des
organisations et systèmes, où nous avons un groupe de
professionnels assez imposant et aussi du personnel de bureau. La façon
dont nous avons fait les heures flexibles montre que on peut parler
d'enthousiasme loin de réduire la productivité, nous
croyons l'avoir sensiblement accrue. Les gens sont plus enthousiastes au
travail parce qu'ils ont cette liberté que les horaires flexibles
peuvent leur donner. Remarquez que nous n'avons pas une totalité
d'heures flexibles. C'est-à-dire qu'on ne dit pas aux gens: Vous
viendrez quand vous voudrez, mais il y a des sections, qu'on pourra
décrire, si vous voulez, mais des sections d'horaires flexibles
où la personne est libre de compléter sa semaine de travail ou sa
journée de travail comme elle veut et quand elle veut. Cette
expérience, d'après les enquêtes qui ont été
faites, elle dure depuis... C'est aujourd'hui le 16 mai. C'est une
période de référence aujourd'hui. Cela fait quinze jours
seulement. Mais, nous avons distribué un questionnaire
d'appréciation aux employés à heures flexibles et ce
questionnaire avait pour but de vérifier le degré de
réceptivité de ce nouveau système d'heures de travail. 53
employés ont répondu au questionnaire et ce chiffre nous indique
très clairement une satisfaction évidente, au moins à
titre expérimental. Je ne sais pas si la même réaction va
exister dans deux ou trois mois, mais le genre de collaboration que nous avons
des professionnels des services des systèmes et du personnel de bureau
également pour la mise en vigueur de cet horaire flexible est excellent.
Pour autant que le ministère est concerné, il semble excellent
aussi du côté de la partie qui représente
l'employé.
M. Burns: Est-ce que vous avez l'intention de poursuivre cette
expérience dans d'autres domaines, dans d'autres secteurs du
ministère?
M. Cournoyer: Déjà, la demande pour les horaires
flexibles se fait sentir du côté des autres sections. Voyant de
notre côté une augmentation de la productivité, remarquez
que l'expérience est jeune, notre intention, si c'est plus productif
avec des horaires flexibles et là où c'est possible et faisable,
remarquez que ce n'est peut-être pas faisable partout, nous allons
très certainement, après l'expérience, l'étendre
à d'autres secteurs, mais toujours avec le consentement.
Comme vous vous en souvenez, M. le député de Maisonneuve,
vous aviez, à l'époque, soulevé non pas un doute quant aux
horaires flexibles, mais requis le consentement des ouvriers ou des
employés du gouvernement avant de l'imposer.
Ce consentement a bien sûr été obtenu avant et c'est
peut-être ce qui fait la validité de l'expérience,
actuellement. Ce n'est pas une expérience que nous tentons seuls, c'est
une expérience que les employés tentent avec nous.
Si cela sert d'exemple pour les autres sections du ministère, par
ailleurs, nous augmentons la productivité et il nous fera plaisir
d'instaurer le même système ailleurs.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
Commentaires de l'Opposition
M. Burns: M. le Président, après ce long
exposé de la part du ministre du travail, je me demandais en
l'écoutant puisque dans les années
précédentes, cela a été beaucoup plus court que
cela si ce n'était pas son chant du cygne, si ce n'était
pas sa façon de nous annoncer, qu'éventuellement, il y aurait un
autre ministre du Travail qui discuterait des crédits.
Je n'ai pas du tout et je vous le dis tout de suite
l'intention d'être ici pour vous flatter et je ne pense pas que ce soit
mon rôle de le faire. Je me sens dans une drôle de position,
étant donné que devant la Chambre, il y a déjà une
motion de blâme à l'endroit du ministre du Travail qui porte mon
nom comme initiateur de cette motion.
Que cette motion sera éventuellement débattue en Chambre,
il y a déjà eu tout le point de vue que nous avons
énoncé, au nom de l'Opposition, relativement à la motion
que j'ai faite concernant la comparution des membres de la commission Cliche,
qui a été défaite à la majorité des voix, de
cette commission. Je n'ai également pas l'intention de revenir
là-dessus.
Il y a également eu, dans les jours qui ont
précédé, le débat relativement aux projets de loi
no 29 et no 30. M. le ministre, sur le plan... J'ai presque besoin de dire que,
sur le plan personnel, le ministre est une personne aimable, à qui on
n'a pas de reproche à faire. Je veux tout simplement que tout le monde
sache que c'est en tant qu'homme public que je m'attaque aussi
régulièrement au ministre du Travail et que j'ai l'intention de
continuer à m'attaquer au ministre du Travail.
De plus, en plus de cet espèce d'arrière-plan que je suis
en train de tracer, il y a eu le rapport du chef du gouvernement du
Québec, le premier ministre, une espèce d'énoncé
qui laissait croire que la commission Cliche il va falloir en parler,
j'imagine que le ministre du Travail ne s'attend pas à ce qu'on fasse
l'étude de ses crédits sans discuter du rapport Cliche il
y a eu de la part du gouvernement une espèce d'énoncé qui
tente de laisser croire à la population que le gouvernement actuel est
sans reproche, que le gouvernement actuel n'est même pas mentionné
dans le rapport. Je suis prêt à admettre immédiatement
qu'il n'y a pas de recommandation directe à l'endroit du ministre du
Travail ou à l'endroit de quelque ministre que ce soit, ou à
l'endroit du gouvernement comme tel.
Cependant, l'ensemble du rapport Cliche a, à mon avis,
donné, sans qu'il y ait collusion de notre part avec la commission
Cliche, tous les éléments nécessaires pour appuyer la
motion de blâme que j'ai actuellement inscrite à l'endroit du
ministre du Travail.
J'ai l'intention, avec votre permission, de passer, en guise
d'introduction à nos travaux, en ce qui concerne l'Opposition, à
travers tous les passages du rapport Cliche qui, à mon avis, sont des
blâmes directs à l'endroit du gouvernement et de sa façon,
surtout, de maintenir le système de relations de travail au
Québec, que ce soit dans la construction tout le monde voudra
faire le parallèle ou dans d'autres domaines.
Le premier cas qui me tombe sous les yeux je vais procéder
de façon chronologique à l'intérieur du rapport Cliche
pour que tout le monde puisse me suivre le premier reproche, à
mon avis, qu'on retrouve dans le rapport de la commission, on le retrouve
à la page 17 où on lit ceci: "Des criminels d'habitude ont
implanté dans le syndicalisme, des moeurs et méthodes de la
pègre. La commission a de plus été étonnée
de constater que c'est avec une grande facilité que certains d'entre eux
ont obtenu un pardon. Les services rendus à l'occasion
d'élections les ont probablement réhabilités aux yeux de
certains. Il est stupéfiant de constater qu'un triste sire comme
René Mantha allait obtenir un pardon. L'étonnement n'est pas
moindre de noter que figurent au nombre de ces répondants, M. Louis
Laberge et le juge Paul Papineau".
M. le Président, ce premier, extrait peut peut-être
paraître comme n'étant pas une remarque directe à l'endroit
du gouvernement. Je pense, au contraire, que cette première citation que
je vous livre, relativement à la commission Cliche, donne un peu le ton
de cette attitude critiquée tout au cours du rapport Cliche, cette
attitude de tolérance de la part du gouvernement à l'endroit d'un
certain nombre de gens qui n'ont véritablement non seulement rien
à faire dans le domaine de la construction, mais qui ont
été les causes premières de cette jungle qui existe dans
le domaine de la construction, de cette espèce de situation absolument
devenue inexplicable. J'ai, à de nombreuses reprises, critiqué
l'attitude passive du gouvernement et, en particulier, de l'actuel ministre du
Travail, relativement à ce genre de choses.
J'ai, à toutes les occasions qui m'ont été
fournies, c'est-à-dire celles que le gouvernement a décidé
de nous fournir, lors de l'adoption de projets de loi spéciaux,
exceptionnels, comme le projet de loi no 201, à la dernière
session; comme le projet de loi no 8, en 1970; comme le projet de loi no 9, en
1973; et il y a d'autres cas plus isolés. "Toutes les fois, j'ai
énoncé, j'ai tenté en tout cas, de faire comprendre qu'il
y avait possiblement une solution globale aux problèmes de la
construction, mais que si ce problème global devait être
envisagé, il devait être fait et utilisé par l'entremise du
ministre du Travail, donc d'une personne qui recevait une certaine
crédibilité, ce que je considère que l'actuel ministre du
Travail n'a pas.
Passons à un autre extrait du rapport Cliche, qu'on retrouve
à la page 30. On lit ceci: "Ce que la violence ne pouvait lui donner, la
FTQ-Construction a tenté de l'obtenir au moyen de négociations
secrètes nouées avec M. Paul Desrochers et la haute direction
d'Hydro-Québec, la SEBJ et la SDBJ, c'est-à-dire la
Société d'énergie de la baie James et la
Société de développement de la baie James".
Je continue la citation: "Devant la preuve, la
commission ne peut conclure que le gouvernement ce n'est pas
Dédé Desjardins on dit: le gouvernement,
Hydro-Québec et FTQ-Construction ont véritablement
négocié en vue d'instituer le monopole syndical à la baie
James".
Lors de l'adoption du bill 9, je pense que nous avons été,
du côté de l'Opposition, très clairs et cela nous a
causé comme vous le savez d'ailleurs...
Si le premier ministre était ici, il me parlerait de la page 133.
Les raisons exactes de la page 133 de ce rapport sont justement reliées
au projet de loi no 9, parce qu'à un moment donné M. André
Desjardins, qu'on appelle, de façon un peu bizarre, le roi de la
construction, avait décidé de vendre son idée au ministre
du Travail et que l'Opposition avait décidé, elle, de ne pas
acheter l'idée qu'on avait l'intention de lui vendre.
C'est-à-dire qu'à l'intérieur d'un projet
spécifique, qui s'appelait la négociation du décret, il
était absolument inconcevable, à nos yeux, que M. André
Desjardins ou qui que ce soit de la FTQ, de la CSN ou de la CSD puisse venir,
pendant que les règles avaient déjà été
placées par la loi existante, changer les règles du jeu.
Selon nous je maintiens l'opinion que le député de
Saint-Jacques et moi-même avons émise à ce moment-là
l'adoption du projet de loi no 9 venait tout simplement, alors que les
règles avaient été établies et qu'elles
commençaient à être suivies, changer les règles en
plein milieu de ce que l'on peut appeler la rencontre ou, si vous voulez, la
partie entre le côté patronal et le côté
syndical.
Autre point qu'on retrouve dans le rapport Cliche et qui peut avoir un
certain intérêt dans la discussion que nous soulevons
actuellement, c'est qu'à la page 48 on retrouve la citation suivante:
"En outre, en constatant l'existence dans la construction d'un système
de terrorisme aussi bien structuré, aussi notoire, il nous
apparaît inconcevable ce n'est pas moi qui parle; c'est la
commission que le gouvernement provincial ait pu en ignorer l'existence.
Pourtant, sauf la mise en garde sévère et formelle du ministre de
la Justice en 1972, le gouvernement provincial n'a rigoureusement rien fait
pour enrayer le mal profond qui paralysait toute l'industrie de la
construction."
La commission Cliche, je ne veux pas l'utiliser comme une caution
à mon endroit, ni à l'endroit des membres de l'Opposition. Mais
la commission Cliche vient confirmer exactement ce que nous avons dit, de
façon régulière, depuis 1970 , à toutes les
occasions où on nous a présenté un projet de loi à
caractère spécial. Chaque fois, nous avons demandé au
gouvernement comment il se faisait que ce gouvernement, qui se
prétendait être une équipe de jeunes administrateurs
dynamiques, pouvait tolérer qu'on se retrouve devant une jungle dans la
construction, jungle qui faisait que qui que ce soit qui avait des pouvoirs
politiques j'expliciterai plus loin; d'ailleurs, ce n'est pas moi, mais
la commission Cliche qui va expliciter cela le moindrement solides
était en mesure de changer les règles du jeu.
Quand la commission Cliche utilise à l'endroit du gouvernement
des termes aussi précis que "il nous apparaît inconcevable que le
gouvernement provincial ait pu en ignorer l'existence de ce
système de terrorisme et qu'on dit également "le
gouvernement provincial n'a rigoureusement rien fait pour enrayer le mal
profond qui paralysait l'industrie de la construction", je comprends mal le
premier ministre ou encore le ministre du Travail de venir nous dire qu'il n'y
a aucun reproche qui puisse être fait à l'endroit du gouvernement
ou même encore à l'endroit du ministre du Travail.
Partout on sent une espèce de réticence de la part de la
commission Cliche concernant le problème politique. Et si je me place
dans leurs souliers, je les comprends. Il leur était difficile, eu
égard au mandat de la commission Cliche, qui était d'examiner
l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie de la construction,
et disons malgré les choses qui venaient à leur connaissance et
malgré les choses qui ont été portées à la
connaissance du public, d'arriver à des conclusions précises
à l'endroit du gouvernement.
Cependant, il faut être aveugle, il faut être
véritablement démagogue pour tenter de trouver dans la commission
Cliche, dans le rapport de la commission Cliche une espèce d'absolution
totale à l'endroit du gouvernement. Et c'est ce que je suis en train de
tenter de vous soumettre, M. le ministre du Travail.
Je pense que les trois citations, que je viens de vous soumettre, sont
on ne peut plus claires quant à une espèce de condamnation de
l'attitude et surtout de la passivité du gouvernement relativement au
problème bien connu de l'industrie de la construction.
Mais, ce ne sont pas les seules citations que je peux extraire du
rapport Cliche. Je vous réfère maintenant à la page 63 de
ce même rapport, où on lit ceci, au bas de la page 63 et au
début de la page 64: "Le gouvernement, et plus particulièrement
la Commission de l'industrie de la construction, informée de ces abus
soit dit en passant, la commission Cliche parle des abus concernant
l'étiquette syndicale, qui sont bien connus et qui sont bien
décrits dans les pages précédentes néglige
de faire respecter le décret malgré de pressants appels. La
commission considère que cette indifférence envers
l'intérêt public est inacceptable. Elle est d'avis cette
commission que le gouvernement ne devrait pas tolérer ces
illégalités."
Le premier ministre a beau dire: Je n'ai rien à me reprocher et
je suis content du rapport Cliche. Cela est une façon de noyer le
poisson. Et la conclusion, à laquelle j'en viendrai, je pense, devrait
situer le débat, je l'espère en tout cas, dans sa
véritable perspective.
Ce que nous croyons, c'est que la commission Cliche a
énoncé un certain nombre d'irrégularités,
d'illégalités même, tel qu'on le mentionne à la page
64 du rapport et que, du côté gouvernemental, on tente,
actuellement, de noyer le poisson. La première façon de le faire,
c'est de refuser que les commissaires de la commission Cliche viennent
témoigner à l'occasion de la discussion de leur rapport.
Je...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député, je ne voudrais pas vous interrompre.
Mais, je voudrais vous demander peut-être une explication.
Nous sommes à l'étude des crédits du
ministère du Travail. C'est l'étude des crédits.
Jusqu'à présent maintenant, vous me corrigerez et vous
ferez les mises au point nécessaires, si c'est possible nous
sommes en train de faire l'analyse du rapport Cliche, sur une certaine partie.
Nous faisons aussi une critique générale du gouvernement, qui ne
se rattache peut-être pas directement aux crédits du
ministère du Travail. Et aussi, nous procédons peut-être
à un semi ou un miniprocès du ministre du Travail.
Dans tout ça, cela fait deux ou trois fois que je vous entends
dire que vous allez revenir pour montrer comment ou de quelle façon tout
cela se rattache à ce que vous dites.
J'aimerais peut-être, afin de mieux vous comprendre et de
reconnaître que vous procédiez dans ce sens, que vous m'expliquiez
de quelle façon vous voulez grouper tous vos commentaires afin que,
réellement, cela se rattache aux crédits.
M. Burns: M. le Président, je pense que c'est l'endroit,
lorsque nous discutons des crédits d'un ministère, de parler de
politique au sens non partisan du mot.
Ce que je suis en train de faire, c'est de parler des politiques du
ministère du Travail en particulier, et du gouvernement en
général. Et je cite, à l'appui de mes dires, un certain
nombre d'extraits de la commission Cliche alors que, du côté
gouvernemental, je n'ai pas, je dois le dire, entendu le ministre du Travail le
dire, sauf peut-être dans son témoignage, dans son aveu
d'impuissance...
M. Cournoyer: M. le Président, s'il vous plaît.
M. Burns: Ce n'est pas moi qui ai parlé d'aveu
d'impuissance, M. le Président.
M. Cournoyer: C'est qui?
M. Burns: C'est la commission Cliche qui a
considéré que vous aviez fait un aveu d'impuissance quand vous
êtes allé témoigner devant la commission Cliche.
M. Cournoyer: Je n'ai pas fait d'aveu d'impuissance.
M. Burns: On y reviendra. J'ai une autre citation qui vous
concerne là-dessus.
M. Cournoyer: II y en a bien des citations qui me concernent.
M. Burns: Ah oui! c'est plein.
M. Cournoyer: ...je suis le ministre du Travail.
M. Burns: C'est plein.
M. Cournoyer: II y en a moins qui vous concernent parce que ce
n'est pas vous le ministre du Travail.
M. Burns: Bien non! Imaginez-vous donc que moi, ils n'ont pas de
raison de me critiquer. Je ne suis pas ministre du Travail. Peut-être que
si, un jour...
M. Cournoyer: J'accepte totalement d'être critiqué,
M. le Président. Si c'est cela, je pense que...
M. Burns: Non, non. Si un jour, je suis ministre du Travail,
probablement qu'on aura plus de choses à dire à mon sujet...
M. Cournoyer: Probablement. D'accord.
M. Burns: ...que l'on en a eues à l'occasion de...
M. Cournoyer: Je vous le souhaite de tout coeur.
Le Président (M. Séguin): Le député
est en train de me donner une explication sur la façon dont cela
pourrait se rapporter en réalité, aux critiques. Si l'explication
est acceptable et logique, il n'y a aucune raison de vous empêcher de
vous exprimer. Je n'ai pas l'intention d'interrompre ici, pour le plaisir
d'interrompre le député.
M. Burns: D'accord, M. le Président. Je relie tout ce que
je suis en train de dire, d'une part disons-le clairement et une fois
pour toutes aux fuites calculées je vous le dis, M. le
Président, même s'il n'est pas ici et j'accuse le premier
ministre d'avoir calculé ces fuites, d'avoir calculé le type de
fuites qui devaient être faites. En particulier, je suis absolument
étonné que, dans 134 recommandations, ce qui est sorti comme
fuites durant une certaine fin de semaine, on retrouve, d'une part, la mise en
tutelle des syndicats, et que, d'autre part, on retrouve la présomption
qui paraît dans le projet de loi no 30, et que, troisièmement
parlons-en, on va en parler, je ne suis pas gêné d'en
parler on retrouve une fuite qui concerne un paragraphe du rapport
Cliche, à la page 133. Si le premier ministre veut venir en discuter, je
n'ai aucune espèce d'objection à en discuter. A la page 133, on
dit ceci. Après avoir décrit les pressions dont M. André
Desjardins avait été l'objet de la part de M. Paul Desrochers, on
dit: "II n'y a pas uniquement ceux qui sollicitent son appui. Un autre, au
moins, l'a pressé de s'abstenir de faire campagne contre lui". L'autre,
au moins, c'est moi. Je ne m'en cacherai pas. Je vais vous dire exactement dans
quel cadre cela s'est fait. Le premier ministre fera toute la démagogie
qu'il voudra relativement à ce paragraphe qui me concerne dans le
rapport Cliche.
Je continue à citer le rapport: "A quelques jours des
élections d'octobre 1973, André Desjar-dins lui-même se
targue auprès de M. Lo-rion pour ceux qui ne le connaissent pas,
c' est le chef de cabinet du ministre du Travail d'avoir repoussé
une demande de M. Robert Burns".
Jusque-là, on peut faire des farces. On peut dire: M. Burns a
été refusé ou a subi un refus de la part de M. Desjardins
quant à une demande qu'il lui a faite. Mais lisons l'ensemble de
l'affaire. "Telle qu'elle est rapportée, la démarche visait
à faire retirer du comté de M. Burns les "gars"
dépêchés dans le rapport, on met les "gars" entre
guillemets, vous savez ce que cela veut dire, les gars, quand on parle des
"gars" à Dédé Desjardins, entre guillemets,
j'espère que vous savez ce à quoi je me réfère
contre lui par le roi de la construction".
Qu'est-ce qui est arrivé, M. le Président? C'est bien
simple.
La personne qui, en mon nom, s'occupait de l'organisation, en ce qui
concerne le Parti québécois dans le comté de Maisonneuve,
était une personne du nom de Robert Lachance, que le
député de Mille-Iles connaît bien.
M. Lachance: Très bien.
M. Burns: Je ne veux pas faire de personnalités.
M. Lachance: Non, il ne faut pas.
M. Burns: En plus d'être un parent du député
de Mille-Iles, cette personne avait aussi la qualité d'être un
représentant syndical du Syndicat canadien de la fonction publique. Ce
représentant syndical, qui s'adonnait à être mon
représentant au point de vue de l'organisation en période
électorale, a appris, à un moment donné, que M.
André Desjardins avait décidé d'aller faire la guerre
c'était l'expression qu'on nous avait livrée
à Claude Charron, dans le comté de Saint-Jacques, à Robert
Burns, dans le comté de Maisonneuve, et à Clément Richard,
dans le comté de Montmorency.
Devant cette situation, M. Lachance non pas le
député, mais son cousin m'a dit: II serait normal que nous
tentions de voir exactement quelle extension on va donner à cette
guerre. Effectivement, M. Lachance non pas le député, mais
son cousin a demandé à M. Laberge, président de la
Fédération des travailleurs du Québec, d'organiser une
rencontre entre, autant que possible, l'exécutif de la
Fédération des travailleurs du Québec, M. Desjardins, M.
Lachance non pas le député, mais le représentant
syndical et moi-même, ce qui, effectivement, a été
fait. Cela a eu lieu, pour ceux qui voudraient savoir où, au
Réveillon, a Montréal, qui est à proximité du
comté de Maisonneuve, qui est aux abords du comté de Maisonneuve.
Etaient présents à cette rencontre: M. Louis Laberge,
président de la Fédération des travailleurs du
Québec; M. Fernand Daoust, secrétaire général de la
Fédération des travailleurs du Québec; M. Jacques
Brûlé, vice-président de la Fédération des
travailleurs du Québec; M. André Desjardins qui, à
l'époque, était président du Conseil des métiers de
la construction; M. Robert Lachance, qui est la personne à laquelle je
me réfère il n'y a pas de danger, je viens de nommer son
prénom, on ne peut pas le confondre et moi- même. J'oublie
peut-être une personne, mais, en ce qui me concerne principalement,
c'étaient les personnes qui étaient présentes à
cette rencontre. Pardon?
M. Harvey (Charlesbourg): C'étaient "les gars" qui
étaient là.
M. Burns: C'étaient les personnes, pas les gars, parce
qu'au sens de la commission Cliche, quand on dit "les gars", on sait fort bien
ce qu'on veut dire.
M. Harvey (Charlesbourg): Ce que cela veut dire.
M. Burns: Bon! Ce n'étaient pas des gars, parce que Louis
Laberge, Jacques Brûlé, Fernand Daoust, Robert Lachance et
moi-même...
M. Harvey (Charlesbourg): C'étaient des personnes.
M. Burns: ... ce ne sont pas des gars au sens du rapport Cliche.
Je pense que les cinq personnes que j'ai mentionnées remarquez
que j'ai oublié d'en mentionner une, délibérément,
d'ailleurs et moi-même, on n'est pas habitué à
manier le bâton de baseball. Bon! Alors, c'est cela que cela veut dire,
"les gars". Pour ceux qui ne comprennent pas ce que veut dire la commission
Cliche, quand elle parle "des gars" de l'industrie de la construction, c'est
cela que cela veut dire. Ce sont les honnêtes travailleurs
d'élections avec un "bat" de baseball dans les mains. C'est cela que
cela veut dire. Bon!
Le Président (M. Séguin): Un instant!
M. Burns: M. le Président, on m'a demandé une
précision. Je la donne.
Le Président (M. Séguin): Je comprends, mais c'est
cela, votre explication à la façon dont vos commentaires se
rattachent aux crédits du ministère du Travail.
M. Burns: M. le Président, c'est une incidence qui arrive
à l'occasion de ma critique du...
Une Voix: C'est plaisant. M. Burns: J'espère.
Le Président (M. Séguin): J'ai déjà
eu beaucoup d'imagination, mais j'ai de la peine à comprendre, vous
savez...
M. Lecours: On voit qu'il connaît cela, faire des
élections.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je demanderais au député de revenir à la
pertinence...
M. Burns: J'y reviens, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): ... du débat ou de
s'abstenir, tout simplement, de continuer dans cette direction.
M. Burns: J'ai fait cet aparté, simplement, étant
donné que le premier ministre... Je n'ai pas l'intention d'y
revenir...
Le Président (M. Séguin): II faut vous
astreindre.
M. Burns: ... je vous dis d'avance. Je me suis même abstenu
de tout commentaire, depuis que le premier ministre, de façon
lâche et basse, a commenté la page 133.
A toutes les occasions qu'il avait, de me référer à
la page I33, je me suis délibérément imposé la
restriction de ne pas revenir à cette fameuse page I33. Mais là,
vous m'avez permis de je vous le dis tout de suite que j'ai
terminé relativement à...
Le Président (M. Séguin): Non, je ne veux pas
restreindre vos commentaires.
M. Burns:... cette page I33.
Le Président (M. Séguin): Je voudrais que vous
reveniez à la pertinence du débat.
M. Burns: Je vais revenir à la ligne
générale et par occasions tout simplement de façon
incidente, j'ai cru qu'il était nécessaire de faire cette mise au
point, parce qu'il y avait un tas de gens qui disaient: Comment se fait-il,
Burns est mêlé dans cette affaire, Burns est nommé dans la
commission Cliche, c'est un bandit comme Dédé Desjardins et tous
les autres? J'aurais pu m'étonner, un moment donné, et me
choquer. D'ailleurs, je vous avoue, M. le Président, qu'au départ
j'ai été choqué mais une certaine rationalité qui
nous affecte tous, du moins dans mon parti, m'a forcé à me dire
que la bassesse et l'absence d'éthique dont a fait preuve le premier
ministre était probablement quelque chose qui lui reviendrait
éventuellement sur la gueule.
En ce qui me concerne, M. le Président, j'ai pensé que je
n'avais pas besoin de faire une mise au point. Je n'ai même pas
soulevé de question de privilège, je vous demande, je vous prends
à témoin là-dessus...
Le Président (M. Séguin): II n'y en a pas de
question de privilège.
M. Burns:... je n'ai pas soulevé de question de
privilège en Chambre, ce que j'aurais pu...
Le Président (M. Séguin): C'est peut-être
là que vous auriez dû le faire.
M. Burns: ... très facilement le faire, je ne l'ai pas
fait. Mais, puisqu'on parle du rapport Cliche et puisqu'on va en parler
longtemps, pendant l'examen des crédits du ministère du Travail,
parce que je vous le demande, M. le Président, à quel endroit
à part d'ici, pourrions-nous parler de cette commission Cliche, à
moins de revenir sur la décision que nous avons prise du
côté de l'Opposition de ne pas participer à un
système qui cautionne tout simplement un éventuel portrait
général qui, je vous le prédis, donnera comme
résultat une critique totale du moins on tentera de le faire
passer comme cela du rapport Cliche, alors que tout le monde trouvera
quelque chose de bien dans le rapport Cliche.
Mais si on ne permet pas puisqu'on a décidé de cela
aux commissaires qui ont été chargés d'examiner
l'exercice de la liberté syndicale au Québec, de venir d'une part
exposer leurs problèmes et d'autre part de venir, par la suite, corriger
un certain nombre de fausses impressions qu'on pourra laisser au cours des
travaux de cette commission, on aura tout simplement bâti une
mosaïque qui va faire plaisir d'ailleurs au ministre du Travail, parce
qu'il n'est pas du tout cela me fait de la peine qu'il se soit
absenté pendant quelques secondes, il pourra rectifier
éventuellement, je l'espère je sais que le ministre du
Travail n'est pas du tout d'accord sur les travaux de la commission Cliche, je
sais que c'est "over his dead body" selon sa propre expression, que la
commission Cliche a été formée. Je sais que les
recommandations de la commission Cliche ne font pas du tout l'affaire du
ministre du Travail. On tentera, je vous le prédis, je vous le dis
surtout à vous autres, députés ministériels
sincères, parce que vous n'êtes pas tous des bandits, il y a du
monde là-dedans...
Le Président (M. Séguin): Je trouve que vous
dépassez un peu ...
M. Burns: Non, je ne dépasse pas, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Oui, vous dépassez
un peu. Il y a des présomptions et je pense bien que vous...
M. Burns: Je ne dépasse pas, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): ... êtes trop
savant juriste pour ne pas avoir compris mes commentaires de tout à
l'heure.
M. Burns: M. le Président, est-ce que j'ai accusé
quelqu'un?
Le Président (M. Séguin): Vous avez la parole, mais
à la pertinence du débat. Nous sommes sur les crédits,
ici...
M. Burns: M. le Président sur les crédits...
Le Président (M. Séguin): ... et non pas sur
l'étude du rapport Cliche.
M. Burns:... s'il y a une place où je peux, dans
l'ensemble critiquer le ministère du Travail et le gouvernement via ce
ministère, c'est bien ici.
Le Président (M. Séguin): Vous le faites fort bien
dans tout le media, et je vous garantis que cela atteint beaucoup plus de
gens...
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, mais vous allez me
dire tout de suite, si vous voulez avoir une critique du ministère du
Travail qui est actuellement l'abcès le plus grave que nous subissons au
point de vue administration gouvernementale au Québec. Voulez-vous que
je fasse cela ou bien non si vous voulez me dire: Ne parle pas de cela, puis
surtout n'utilise pas des mots qu'on n'aime pas?
Si c'est cela le problème, M. le Président, dites-le-moi
tout de suite et on va savoir exactement à quoi s'en tenir. Vite
à part cela, parce que moi, je n'ai pas l'intention de perdre mon temps
ici.
Je suis en train de vous dire que je n'ai pas du tout l'intention de
subir de restrictions quant à ma façon, quant aux choses que j'ai
l'intention de soulever à l'endroit du ministère du Travail,
particulièrement du ministre du Travail, particulièrement parce
que le gouvernement l'endosse à l'endroit du gouvernement
complètement.
Je suis tanné d'entendre des gens au Québec qui disent:
Les maudits syndicats, ce sont des "baveux", ce sont des écoeurants les
chefs syndicaux! C'est du monde qu'il faut "crisser" en prison une fois par
année, pour régler des problèmes.
M. le Président, je m'excuse, mais le mot "crisser" est
maintenant dans notre langage.
Le Président (M. Séguin): Dans le vôtre
peut-être, mais il n'est pas parlementaire.
M. Burns: Ne vous choquez pas. Il est dans le langage de tout le
monde. Vous savez fort bien ce que je veux dire.
Le Président (M. Séguin): Encore là.
M. Burns: Je n'accepte pas qu'on dise que les chefs syndicaux
sont la cause de tous ces problèmes que nous subissons au Québec;
alors qu'un gouvernement puisse s'en tirer sans aucune gêne, c'est cela
qui m'inquiète. Il y a deux ministres ici à la table, il devrait
y en avoir un troisième pour écouter ce que je dis là. Il
y a deux ministres à la table et tous les autres sont visés.
Quand je parle du ministre du Travail, je parle de l'ensemble du
gouvernement. Je parle de ce gouvernement qui tolère un ministre du
Travail qui fait le bouffon, qui est un bouffon national, qui tente de laisser
croire que toutes les fautes, actuellement, doivent être imposées
à quelqu'un d'autre qu'à lui. Quand je dis "qu'à lui"
c'est à ce gouvernement qui est en place.
M. le Président, je pense que je prendrai cette latitude de vous
expliquer pourquoi je considère qu'on n'a plus le temps, on n'a plus le
choix sur- tout de se poser des questions, à savoir qui est responsable
et qui ne l'est pas.
Je vous dis carrément et c'est ce que je suis en train de
vous dire que c'est le gouvernement qui est responsable de la situation.
Le gouvernement devra au moins accepter qu'à l'occasion des
crédits, quelqu'un l'engueule. Ce ne sont pas les journalistes; ce n'est
pas la "job" des journalistes de faire cela.
Moi, en tant que député de l'Opposition, je
considère que c'est ma "job" de vous dire que vous ne faites pas, du
côté gouvernemental, votre travail, que vous minez, sur le dos des
syndicats, une certaine atmosphère qui doit favoriser une meilleure
situation ou un progrès quelconque au Québec.
On a beau voir régulièrement cela me fait sourire
et cela m'épate l'un après l'autre, Guy Saint-Pierre,
ministre de l'Industrie et du Commerce partir en chasse contre les syndicats et
qui dit: Si la productivité a baissé au Québec, c'est la
faute des syndicats. S'il y a des investissements qui ne se font pas au
Québec, c'est la faute des syndicats.
Tout de suite après, on se rend compte que cela fait partie,
c'était un des éléments de l'émission de fin de
semaine, que ce soit à Radio-mutuel ou à
Télémédia, du premier ministre, on s'adonne à voir
apparaître cette ligne de pensée.
Cela m'étonne tout à fait de voir le ministre Garneau,
ministre des Finances, dire exactement la même chose, à peu
près dans la même période. On a affaire et ne nous
le cachons pas à une concertation. Vous savez ce que c'est la
définition d'une grève?
Une grève, c'est un arrêt de travail concerté de la
part des travailleurs. Là, on a affaire à un lock-out
psychologique de la part du gouvernement qui est aussi un arrêt de
travail concerté, mais le lock-out psychologique s'adresse
principalement à ceux qui, dans notre société
actuellement, sont, passez-moi l'expression, les plus "ma-ganés",
c'est-à-dire les travailleurs.
Qu'on dise qu'il y a des bandits dans la construction et qu'on dise
qu'il y a du monde qui ont fait exprès du côté syndical
pour provoquer cette situation décrite par la commission Cliche, moi, je
pense qu'à ce moment on déplace le problème. Ce que la
commission Cliche aurait pu faire, si elle avait été plus libre
de ses mouvements je ne critique pas la commission Cliche en disant
cela, je parle tout simplement de son mandat si la commission Cliche
avait été plus libre de ses mouvements, savez-vous ce qu'elle
aurait recommandé?
Il y aurait eu probablement 135 recommandations, mais la première
se serait lue à peu près comme ceci: II faut
qu'immédiatement ce gouvernement soit déplacé et,
particulièrement, le ministre du Travail doit quitter son poste. Je
pense que cela aurait été la première recommandation.
C'est ce que je suis en train, M. le Président, de tenter de vous
démontrer par les extraits. Je vous ai parlé de l'extrait
à la page 17, de l'autre à la page 30, de l'autre à la
page 48. J'étais rendu à la
page 63. M. le Président, je vais vous citer in extenso, pour
votre édification personnelle patientez les pages 101
à 104. Il est bien important qu'on trouve, éventuellement, le
lien entre toutes ces recommandations non officielles de la commission
Cliche.
A la page 101, M. le Président, on parle de René Mantha et
de l'esprit de famille qui existe dans ce domaine. Je ne veux pas plus qu'il ne
le faut accabler M. René Mantha. Je préfère accabler ceux
qui ont trouvé que René Mantha était utile en vue d'une
éventuelle élection dans Taillon et dans Laporte.
Je cite la page 101: "M. Mantha avait déjà acquis une
solide expérience dans un autre milieu. Son dossier judiciaire en
témoigne éloquemment. Il montre une spécialisation en
matière de violence caractérisée". Remarquez que c'est un
des gars qui, à un moment donné, ont été
arrêtés pendant la campagne électorale dans Laporte et
Taillon, la dernière en 1973. René Mantha, il ne faut pas se le
cacher, c'est un organisateur libéral. D'accord? C'est clair. Il ne
faudrait pas que quelqu'un vienne me dire que ce n'est pas vrai. S'il y a du
monde qui veut venir me dire que ce n'est pas vrai, j'aimerais entendre le
député de Taillon venir me le dire et j'aimerais entendre le
député de Laporte venir me le dire.
Je continue: "II montre une spécialisation en matière de
violence caractérisée, entre autres, par une attaque contre son
propre frère, à coups de poignard dans le dos. Sa
compétence fut reconnue puisqu'on le voit, le jour des élections
ce n'est pas moi qui le dis, c'est la commission Cliche en
octobre 1973, diriger une escouade d'une douzaine de fiers-à-bras dont
notre boxeur, Yvon Duhame q ue tout le monde connaît, qui est
poigné pour un dix, vous savez pourquoi; à un moment
donné, il a fait péter LG-2 c'est lui, Yvon Duhamel, c'est le
même gars armé, comme il se doit, d'un coup de poing
américain, faisant le tour de deux comtés, Taillon et
Laporte".
Ce n'est pas moi qui dis cela. C'est la commission Cliche. Je comprends,
maintenant, pourquoi on ne veut pas inviter les commissaires à venir
parler ici. Je commence à comprendre.
M. Cournoyer: C'est bien écrit.
M. Burns: C'est bien écrit, mais j'aimerais bien cela,
à un moment donné, qu'on fasse préciser un certain nombre
de choses.
Je ne vous ai pas arrêté, M. le ministre, pendant vos deux
heures d'exposé donnez-moi mes deux heures, à moi aussi.
D'accord?
M. Cournoyer: C'est pour deux heures, votre affaire?
M. Burns: Je ne le sais pas. On verra. M. Cournoyer:
Peut-être cinq heures. M. Burns: On verra.
M. Cournoyer: Vous n'avez pas de limite, vous.
M. Burns: Je n'ai pas de limite. Je n'ai pas commencé en
disant: Je vais parler pendant quinze minutes.
M. Cournoyer: Non, non.
M. Burns: Je n'ai pas d'engagement à votre endroit.
M. Cournoyer: Vous n'avez pas d'engagement à mon endroit
et je n'en veux pas non plus.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Je sais que vous avez un verbe facile et que vous
avez un livre épais à lire.
M. Burns: Je n'ai pas le verbe facile, mais j'ai des idées
très précises.
M. Cournoyer: Vous avez un livre épais à lire.
M. Burns: Oui. Moi, je suis tanné qu'on entende
régulièrement le premier ministre dire: Mon gouvernement est
irréprochable. Il a été lavé par la commission
Cliche. C'est faux. C'est le gouvernement qui a été
condamné de façon plus directe par la commission Cliche que le
gouvernement de l'Union Nationale ne l'avait été par la
commission Salvas. Il va falloir se rendre compte de cela.
Non, mais ceux qui se rappellent de la commission Salvas, il y avait du
monde qui avait joué avec des actions, à un moment donné.
On va se le rappeler. La commission, sous la présidence du juge Salvas,
avait dit à l'Union Nationale: Vous êtes des voleurs.
Là, on va bien plus loin que ça dans la commission Cliche.
On dit: Vous êtes des gens qui outrepassez vos pouvoirs. Vous vous servez
de la force, dans le fond, de vos fonctions pour mettre de côté la
loi. Cela, ce n'est pas outrepasser ses pouvoirs, ce n'est pas essayer de faire
du "fric", c'est "fourrer" le peuple du Québec au complet! C'est
ça que la commission Cliche nous dit.
Il faudrait peut-être qu'on s'en rende compte. Je continue, M. le
Président. J'étais rendu à la page...
M. Harvey (Charlesbourg): 102.
M. Burns: 102. Merci, M. le Président. Au deuxième
paragraphe, on venait de parler justement de M. Duhamel, que tout le monde
connaît, et on continue en disant: "Mantha et trois de ses voyous
ce n'est pas moi qui utilise l'expression, les organisateurs libéraux
ça se font arrêter durant l'avant-midi en train de faire du
grabuge à l'entrée d'un comité du Parti
québécois, dans le comté de Taillon." Ouf! le premier
ministre a le droit de faire des gorges chaudes . A la page 133, je me suis
mêlé de ça, moi, j'ai tout simplement demandé
à Dédé Desjardins s'il voulait tout simplement que les
élections soient calmes dans Maisonneuve, Saint-Jacques et Montmorency
ou bien s'il avait l'intention que cela joue dur. C'était ça.
C'était la question que j'ai posée à Dédé
Desjardins.
"Relâchés à la suite des représentations d'un
avocat qu'on pourra nommer éventuellement, d'ailleurs si la
commission Cliche était ici, on pourrait peut-être lui demander
qui est cet avocat, ce serait bien le "fun" de savoir ça, ce serait bien
le "fun" de savoir combien il y a de causes qui viennent du ministère de
la Justice, dirigées à l'endroit de cet avocat, cela serait
peut-être une question à poser à la commission Cliche, je
vous signale ça en passant ils continuent de vaquer à
leurs activités. Deux d'entre eux, faisant partie d'un autre groupe,
d'une dizaine de fiers-à-bras, feront l'objet d'une autre arrestation,
cette fois-ci dans l'après-midi, à l'entrée d'un bureau de
scrutin du comté de Laporte." On est capable de situer l'endroit un peu,
on ne dit pas: II y a du monde au Québec, quelque part, qui a fait
quelque chose de pas correct. Non. La commission Cliche, elle, à
l'occasion d'une étude concernant l'exercice de la liberté
syndicale dans l'industrie de la construction, a détecté
ça. Et elle s'est dit: Mon mandat ne me permet pas d'aller pas mal plus
loin que de dire, dans mon texte de fond, ceci. Mais cela, il faut être
mauditement aveugle et il faut être complètement sourd pour ne pas
comprendre les critiques directes qui sont faites à l'endroit du
gouvernement.
Je continue. Ce n'est pas moi, c'est la commission Cliche qui continue.
Qu'est-ce qu'ils faisaient, ces gens? "Ils tentaient d'y pénétrer
dans ce bureau de scrutin du comté de Laporte pour semer
le désordre et effrayer les électeurs. Tout ce beau monde
était commandé par René Mantha, qui avait comme mission de
faire régner l'ordre dans les bureaux de scrutin. Ils se promenaient du
comté de Taillon à celui de Laporte, alternant leurs efforts au
soutien des candidatures de MM. Guy Leduc on a tenté, à un
moment donné, de lui indiquer qu'il était temps qu'il s'en aille,
en tout cas, le gouvernement libéral, encore une fois, n'a pas reconnu
ou n'a pas saisi la chance qu'on lui donnait quand on a fait notre motion
et d'André Déom". Lui, on y reviendra, on s'en occupera
éventuellement.
Je continue, M. le Président. Je vous ai dit que c'était
long, cette citation, mais elle est importante, cette citation de la page 101
à la page 104 du rapport Cliche. "Après leur arrestation, les dix
hommes furent emmenés au poste de police de Longueuil. M. Paul-Marcel
Prévost, secrétaire d'élection dans le comté de
Laporte M. le Président, est-ce que je peux enregistrer un
sourire tout de suite émit rapidement une autorisation de
détention jusqu'à l'heure de clôture du scrutin. Mais
quelques minutes plus tard c'est un vrai roman, cette histoire, mais il
faut lire ça au complet les policiers recevaient la visite d'un
autre avocat du Parti libéral j'aimerais bien ça qu'on
parle de cet autre avocat, savoir le nombre de causes que lui aussi
reçoit du ministère de la Justice porteur d'une nouvelle
lettre, signée par M. Prévost vous vous souvenez, le
même gars qui était président d'élection et qui a
fait incarcérer du monde pour et au nom de Mme Bas-tienne
Foucrault, présidente d'élection de Laporte, et révoquant
l'autorisation précédente.
Après avoir énuméré les noms des dix
fiers-à-bras, dont plusieurs sont des délégués de
chantier réputés il faudra relier aussi toute
l'argumentation qui nous est venue à l'occasion des bills 29 et 30
la lettre se termine ainsi: J'autorise la libération des
personnes susdites, à la condition expresse et formelle qu'ils et
la commission prend la peine de dire entre parenthèses: Les journalistes
savent ce que je veux dire (sic) quittent le comté de Laporte et
n'y reviennent pas d'ici la clôture du scrutin. C'est de toute
beauté, on est du monde beau, fin, "smart", on est des anges.
Arrête donc Dédé, puis arrête donc Néné
Mantha, arrête donc de faire du trouble dans Laporte, Taillon, veux-tu
t'en aller, va donc faire du trouble dans un autre comté comme
Saint-Jacques ou ailleurs, c'est un peu ce qu'on dit. Ces honnêtes
travailleurs je continue à citer la commission, ce n'est pas moi
d'élection purent donc se remettre à l'oeuvre, mais
ailleurs. Ce n'est pas moi qui dis cela, c'est la commission Cliche. Aucune des
personnes arrêtées, ce jour-là, fut poursuivie en justice,
quoique d'autres puissent en conclure je termine la citation des pages
101 à 104, par ce texte-ci le défaut de plainte et l'ordre
de libération émanant d'un officier d'élection, nous
paraissent M. le Président, j'insiste sur ces mots qui viennent,
ce ne sont pas, encore une fois, mes mots...
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg):
Voulez-vous que je les cite?
M. Burns: ... nettement indécents. Une commission
d'enquête qui prend la peine d'examiner une situation comme
celle-là, qui dit qu'elle n'a pas le pouvoir je la comprends
d'avoir été prudente à cet égard de juger
politiquement les autorités en place, mais qu'elle prenne la peine de
décrire de façon puis là je vous ai cité
à peine un extrait, parce que tout ce qui précède cela est
aussi, et j'invite les députés ministériels à lire
et à approfondir, moi cela fait deux fois que je le lis le rapport
Cliche, je le trouve de plus en plus le "fun" j'aimerais cela pouvoir le lire
une troisième fois. Je n'ai pas le temps. A chaque fois que je le lis je
retrouve dans le rapport Cliche des choses qui sont indicatives d'une certaine
voie à suivre, qui sont indicatives de deux façons, et sur le
plan politique qui a de plus en plus de gens qui doivent être conscients
que des situations comme celle de la construction ne peuvent pas venir au monde
toutes seules. Je pense que les membres de la Commission d'enquête sur le
crime organisé, aussi, auraient intérêt à lire le
rapport de la commission Cliche, parce qu'on y retrouverait dans le fond un
énoncé qui est sous-tendu partout dans ce rapport qui peut servir
à la CECO, qu'il n'y a pas de crime organisé, qu'il n'y a pas de
choses qui sont en dehors de la légalité, sans qu'il y ait
complicité de la part des gens en place, c'est-à-dire du
gouvernement, c'est-à-dire, en l'occurrence, pour le crime
organisé, de la part du milieu policier.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): Est-ce que vous
avez terminé?
M. Burns: Non, je n'ai pas terminé, je commence. Il y a
tellement de choses à dire là-dessus. A part cela, M. le
Président, vous ne pensez pas que je vais laisser passer cette occasion
privilégiée, je l'admets, de soumettre le problème,
l'ensemble du problème, qu'on comprend à l'occasion de la
construction, l'ensemble du problème des relations de travail au
Québec et la collusion évidente du gouvernement, à
l'endroit d'un certain nombre de personnes qui sont quand je dis un
certain nombre de personnes, cela se limite à, peut-être, une
vingtaine de personnes pour qui on passe des lois spéciales et
qu'on applique à l'ensemble de la construction, alors qu'il y a, non
seulement juste quatre syndicats visés, mais qu'à
l'intérieur des quatre syndicats, il y a peut-être une vingtaine
de personnes visées.
En tout cas, cela nous permet, à un moment donné, de
préparer des amendements à l'ensemble du code du travail qui nous
paraîtront peut-être, éventuellement, par voie du projet de
loi no 24. On tentera aussi d'imposer à l'ensemble du syndicalisme la
présomption qu'on retrouve, contre les grèves illégales et
contre ceux qui y participent, dans le projet de loi no 30. M. le
Président, si jamais vous me rappelez à l'ordre, je vais vous
dire que vous avez parfaitement raison. Je ne veux pas parler d'avance d'un
projet de loi, alors que je ne sais même pas exactement ce qu'il va
donner, mais je me doute un peu de ce que cela va donner.
M. le Président, après cette citation, je pense que je
dois vous référer aux pages 122 et suivantes de la commission
Cliche. Là, je vais vous faire grâce de la lecture totale des
pages 122 à 133, mais j'invite tout le monde, qui est
intéressé à savoir ce qui se passe, à lire toutes
les pages comprises entre la page 122 et la page 133. Je vais me permettre
cependant, M. le Président, de vous lire certains extraits.
A la page 122, on nous parle de certaines alliances, M. le
Président, qui ont été constatées au sein de la FTQ
et sur lesquelles je n'ai pas à élaborer. On parle de la
responsabilité évidente d'André Desjardins et de ses
complices. On ne parle pas de ses collègues, on parle de ses complices.
C'est la commission Cliche qui parle de cela. "Nous croyons qu'il faut
plutôt formuler la question de la façon suivante: Comment se
fait-il on arrive, M. le Président, au coeur du sujet
qu'un homme comme André Desjardins ait pu acquérir autant de
pouvoirs au sein de la FTQ-Construction et dans notre société en
général?"
Je pense, M. le Président, que cela vaut la peine de
s'arrêter à cette question. La commission Cliche se pose cette
question et dans les pages qui viennent y répond. C'est pour cela que
j'indique à tout le monde, qui est intéressé à
avoir le point de vue de la commission Cliche à ce sujet, de lire les
pages 122 à 133 inclusivement. Mais, pour éviter de prendre un
temps inutile auprès de la commission, puisque tout le monde sait lire,
j'ai l'intention de vous sortir ce que je pense être la réponse
à cette question posée par la commission Cliche.
Tout de suite, à la page 124, on retrouve ceci: "L'homme a
trouvé des appuis en dehors du monde syndical. Le milieu interlope a
contribué à son ascension en lui fournissant les ressources
humaines dont il avait besoin". Encore une fois, je ne veux pas discourir
là-dessus, mais il n'y a qu'à lire ces pages qui entourent cette
première déclaration, parce que c'est un élément de
solution qui est apporté par la commission Cliche. Quand on nous dit que
le milieu interlope a contribué à son ascension et lui
fournissait des ressources humaines, vous allez voir, aux alentours, que la
commission Cliche ne dit pas cela de gaieté de coeur, d'une part, mais
ne le dit pas sans être appuyée sur quelque chose de
précis.
A cette question posée par la commission: Comment se fait-il
qu'André Desjardins ait ce pouvoir dans la construction et dans la
société en général? Premier élément
de solution: le milieu interlope a contribué à son ascension.
Le deuxième élément de solution, M. le
Président, on le retrouve à la page 125 du rapport. "Globalement,
les patrons n'ont pas offert de véritable résistance à ses
menées", les menées d'André Desjardins. "Individualistes
avant tout, ils ont souvent cherché à s'entendre isolément
avec lui, donnant ainsi aveuglément dans son piège favori", etc.,
etc., etc. Deuxième élément de solution, M. le
Président, les patrons.
Je répète Le premier, le monde interlope; le
deuxième, les patrons.
Le troisième élément, M. le Président, on le
retrouve un peu plus loin, à la page 128. "Certains hommes politiques
ont eu des réactions tout à fait analogues". On a décrit
l'espèce de complaisance qu'on a à l'endroit de M. Desjardins.
"Au moment de mettre en chantier les plus grands travaux de construction jamais
entrepris au Québec, il fallait s'assurer du concours syndical. Avec qui
traiter? Avec le plus fort, c'est-à-dire André Desjardins.
Ne pouvaient pas douter de sa toute puissance ceux qui l'ont vu à
l'oeuvre, le 24 mars I97l,faisant irruption, avec une trentaine de
fiers-à-bras, dans l'enceinte où siégeait une commission
parlementaire..."
Premier élément, c'est clair: le monde interlope.
Deuxième élément: les patrons. Troisième
élément: le milieu politique. La commission va plus loin que
ça. Elle se demande comment il se fait qu'un gars comme André
Desjardins puisse avoir cette puissance, comment il se fait que Claude Charron,
député de Saint-Jacques, et Robert Burns, député de
Maisonneuve, en 1973, puissent avoir été presque attaqués
physiquement, en pleine Assemblée nationale, parce qu'ils s'opposent au
bill 9. Cela nous donne un petit élément de raison pourquoi,
à un moment donné, André Desjardins a cette force et
pourquoi on a permis cette force j'insiste sur le mot "permis". On a
fait des gorges chaudes à la suite des premières
révélations de la commission Cliche. On a dit: Le syndicalisme
est totalement pourri. Le syndicalisme... Et on a tenté
d'éclabousser des syndicats aussi respectables que le Syndicat canadien
de la Fonction publique, que le Syndicat des travailleurs unis de
l'automobile, que le Syndicat des métallurgistes unis. Les trois
sont affiliés à la FTQ. On a tenté de dire: Ces gens sont
aussi corrompus. Vous voyez comment c'est corrompu.
C'est trop facile de poser ce geste et, dans le fond, c'est populaire de
le faire parce que je vous dis, même franchement, je le dis au ministre
du Travail, il y a même un certain nombre de travailleurs
syndiqués qui pensent ça, que tous les syndicats sont corrompus.
Mais comme chef politique au Québec, il me semble que le premier
ministre en particulier, et comme hommes politiques, tous nous autres ici, que
ce soit du côté ministériel ou du côté de
l'Opposition, nous avons le devoir de dénoncer cette facile
équation entre le fait qu'il y a eu quelques personnes
indésirables dans la construction qui ont entaché la
réputation syndicale. Cette équation facile, on ne doit pas
permettre qu'elle se fasse et qu'on dise qu'à cause de ça, du
côté syndical, tout le monde est pourri, tout le monde est
bandit.
Moi, je pense qu'il est temps qu'on se le dise et l'occasion de la
commission Cliche est peut-être celle où on peut se le dire, et
l'occasion des crédits du ministère du Travail, peu importent les
intentions politiques partisanes, personnelles à l'endroit du
gouvernement et à l'endroit, en particulier, du ministre du Travail.
M. le Président, il est tout près de six heures. Je vous
propose de suspendre le débat. J'en ai encore pour un bout de temps.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Je constate que nous avons quorum, il est vingt heures vingt, et les
membres de la commission de cet après-midi sont les mêmes pour ce
soir.
La parole est au député de Maisonneuve, mais puisqu'il
n'est pas ici pour le moment et que le ministre avait des observations à
faire, alors je lui demande de les faire.
M. Cournoyer: Ce sont des observations que je faisais à
mes collègues en aparté. Je me propose bien de les faire au
moment où je répliquerai aux commentaires du député
de Maisonneuve. Mais, comme le député de Maisonneuve a dit
tantôt à la commission qu'il n'avait pas l'intention d'attaquer
personnellement le ministre, mais qu'il attaquerait le ministre dans sa
fonction officielle, je m'en voudrais de parler en son absence officiellement
et surtout qu'il n'a pas fini l'intervention qu'il avait à faire.
M. Harvey (Charlesbourg): Puis-je suggérer qu'on suspende
pour une quinzaine de minutes, quitte à reprendre tout à l'heure,
compte tenu du fait que, même si nous avons quorum, aucun membre de
l'Opposition n'est présent.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que la commission
me demande de suspendre les travaux?
M. Lachance: Oui, on vous demande de suspendre les travaux pour
quinze minutes.
M. Boudreault: M. le Président, on est d'accord pour
suspendre les travaux pour quinze minutes en attendant l'Opposition
officielle.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, lors de la suspension,
j'étais encore à vous soumettre les raisons qui, à mon
avis et selon même l'opinion donnée par la commission Cliche,
expliquent la question qui était posée à la page 122 de
son rapport, c'est-à-dire: "Comment se fait-il qu'un homme comme
André Desjardins ait pu acquérir autant de pouvoir au sein de la
FTQ-Construction et dans notre société en
général?"
J'avais mentionné trois éléments de solution qui
paraissent dans le rapport Cliche lui-même, c'est-à-dire, à
la page 124, le milieu interlope qui a contribué à l'ascension de
M. Desjardins; à la page 125, les patrons n'ont pas offert de
véritable résistance à ses menées et, finalement,
à la page 129, certains hommes politiques ont eu des réactions
analogues, permettant, à toutes fins prati-
ques, à M. Desjardins de prendre cette importance, et dans le
milieu de la construction syndical, et en général au
Québec.
La où j'en étais rendu, M. le Président,
c'était à vous citer peut-être, toujours dans ce même
chapitre, le texte où la commission Cliche a été
obligée de tirer une conclusion relativement à cette importance
que M. Desjardins avait dans le milieu en question. A la page 131, après
avoir constaté toutes ces choses absolument inquiétantes quant
à l'importance que M. Desjardins pouvait prendre dans ce domaine, on lit
ceci: "L'Assemblée nationale adopte la loi 9 qui permet, en pratique,
à André Desjardins d'imposer à tous les travailleurs de la
construction, syndiqués ou non avec la FTQ, la convention collective
qu'il vient de signer et toutes celles qu'il voudra bien conclure par la suite.
Il n'a plus qu'à rompre le simulacre de négociations
engagées sur l'autre front; elles sont devenues inutiles; il a obtenu ce
qu'il voulait du gouvernement, sans rien donner".
M. le Président, toujours dans le cadre que j'ai amorcé
cet après-midi, comment pense-t-on qu'on va réussir à
mettre de l'ordre dans l'industrie de la construction, lorsque de telles choses
sont révélées par une commission d'enquête
relativement à l'exercice de la liberté syndicale dans
l'industrie de la construction? De telles choses vont-elles permettre,
éventuellement, que la norme et la paix reviennent à
l'intérieur de l'industrie de la construction?
On passe un chapitre complet qui, d'ailleurs, de façon assez
intéressante, doit être mentionné, je pense. Non pas un
chapitre, mais une section qui s'intitule: Le roi de la construction. Je pense
qu'il n'est pas inutile de rappeler que cette section concernant le roi de la
construction est consacrée à M. Desjardins.
On en arrive avec les trois éléments de solution que j'ai
cités, je pense, relativement à l'opinion de la commission et
à la suite de cela, on dit: Malgré tout cela, malgré tout
ce qu'on vient de dire, vous avez une Assemblée nationale qui a assez
peu de colonne vertébrale pour arriver à adopter une loi qui
s'appelle le projet de loi no 9 qui accorde, à toutes fins pratiques,
à cet individu, André Desjardins, une espèce
d'exclusivité totale quant à la façon dont les choses vont
se passer dans la construction.
M. le Président, c'est, à mon avis, un autre
élément qui nous amène à croire que le
gouvernement, actuellement, et dans la situation qui a été
examinée, jaugée, soupesée par la commission Cliche, le
gouvernement et surtout pas le ministre du Travail, n'est pas en mesure de dire
que la commission Cliche n'a aucune conclusion à son endroit.
M. le Président, je voudrais maintenant passer à un autre
passage du rapport de la commission Cliche, qu'on retrouve à la page 146
et surtout à la page 147. C'est la partie où la commission Cliche
examine, à toutes fins pratiques, l'utilisation d'une loi
spéciale par le gouvernement, à l'endroit des employés
d'élévateurs, et, en particulier, où la commission Cliche
se pose des questions relati- vement à M. Warner Baxter, bien connu du
ministre. Au bas de la page 146, on voit ceci: "On voit jusqu'où vont
les méthodes des adjoints de M. Warner Baxter. Ce dernier est d'autant
plus dangereux qu'il exerce une emprise totale sur les effectifs du local. Il
en contrôle l'accès, d'une façon parfaitement
discriminatoire et en fonction de ses seuls critères. Entre autres
injustices, la proportion de membres francophones n'atteint pas 10%. C'est
pourquoi une révélation nous a singulièrement surpris: par
une lettre émanant d'un sous-ministre du Travail...
Une Voix: Quel sous-ministre?
M. Burns: ... d'un sous-ministre du Travail, le gouvernement a
confié, le 27 juin 1972, à nul autre que Warner Baxter le soin de
dispenser des cours et faire subir leurs examens de qualification aux futurs
mécaniciens d'ascenseurs. Le geste, en plus d'être illégal
ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président, c'est la commission
constitue une abdication pour le moins complaisante des pouvoirs
ministériels en faveur du dernier homme à pouvoir les exercer
honnêtement. C'était mettre entre les mains de Baxter l'ultime
instrument d'oppression; pis encore, l'octroi de ce pouvoir lui
conférait une respectabilité que peu de gens lui
reconnaissent."
M. le Président, encore une fois, ai-je besoin de rappeler que
lorsque le premier ministre nous dit que, dans ce rapport, le gouvernement est
blanchi, qu'il faut lire dans leur contexte je n'extrais pas ces textes
de leur contexte ce genre de remarques que la commission Cliche fait
à l'endroit du gouvernement, et en particulier, du ministre du Travail,
puisque c'est lui qui est le porte-parole dans ce domaine, lorsqu'on dit, entre
autres, à la page 147, que le geste, en plus d'être illégal
il me semble que c'est une condamnation directe constitue une
abdication pour le moins complaisante des pouvoirs ministériels, est-ce
que j'ai besoin d'ajouter à des remarques comme celles-là?
Personnellement, j'ai nettement l'impression que ce n'est pas nécessaire
de le faire.
Je vais maintenant vous rappeler les dispositions qui paraissent aux
pages 229, 230, et 231 de ce même rapport.
A ces pages, M. le Président, 229, 230, 231, on souligne,
après de nombreux paragraphes, les irrégularités
administratives de la Commission de l'industrie de la construction et, en
particulier, on s'attarde sur les traitements de faveur qui sont faits à
l'endroit d'un certain nombre de personnes. En particulier, on pense à
la grosseur du véhicule accordé à telle personne qui n'a
pas besoin, à toutes fins pratiques, d'une automobile payée par
la CIC, alors que les véritables personnes qui font du millage pour la
CIC n'ont pas du tout ce type de véhicules mis à leur
disposition.
A la page 229, on lit ceci: "II est intéressant ici de noter que
ce n'est pas la première fois qu'on fait ainsi appel au
Vérificateur général". J'ouvre une parenthèse. On
avait demandé, à la suite de certaines remarques du
Vérificateur général, une
certaine opinion concernant l'administration et surtout ce traitement
préférentiel à l'endroit de certaines personnes. La
commission Cliche mentionne cet appel au Vérificateur
général.
Je continue la citation: "Le ministre du Travail lui-même lui
avait confié un mandat semblable auprès du comité conjoint
de Montréal. Il devait examiner les salaires et allocations, la location
des véhicules automobiles, le traitement des données et les
recours contre les employeurs. Cependant, M. Jean-Marie Lampron,
spécialement affecté à ce travail, n'a pu soumettre qu'un
seul rapport signalant plusieurs irrégularités administratives.
On y signalait, entre autres, des abus flagrants au titre des frais de
représentations, des frais de voyage encaissés, etc.".
A la page suivante, on retrouve la citation suivante: "Mais
l'enquête avorta. Les experts du Vérificateur
général désiraient encore enquêter sur le
régime de location des voitures, le traitement des données et les
recours contre les employeurs. C'était d'ailleurs leur mandat. Me
Raymond Le-boeuf, alors directeur général, et plusieurs fois
mentionné dans le premier rapport, émit des directives
écrites de nature à entraver l'enquête. Il réserva
à MM. Perreault, Jean-Pierre Pouliot et lui-même toute divulgation
d'informations. Le Vérificateur général ne pouvait
accepter de limiter son enquête en soumettant l'investigation à la
volonté de ceux qui en faisaient l'objet. Il s'en ouvrit donc aux
autorités du ministère du Travail. On décide de limiter la
vérification au travail déjà fait, soit le quart du mandat
déjà confié".
M. le Président, il me semble que, lorsque le ministre du Travail
a, sous ses ordres, comme objectif final, de voir à ce que la Commission
de l'industrie de la construction fonctionne bien, que son administration soit
bien faite, le minimum qu'on pouvait attendre de la part du ministre,
c'était surtout qu'il permette une enquête complète
relativement à des indications données par le Vérificateur
général, qui n'est pas nécessairement quelqu'un qui a un
intérêt particulier relativement à des décisions
politiques partisanes. Habituellement, je pense que c'est tout à fait le
contraire qu'on est en mesure de penser de ce personnage qui est mis en
fonction par le vote des deux tiers de l'Assemblée nationale. Il me
semble que le minimum de respect qu'on devait attendre de la part d'un
administrateur, comme le ministre du Travail se devait de l'être,
c'était de permettre une enquête complète relativement
à des indications qui sont données par le Vérificateur
général.
M. le Président, je vous réfère maintenant...
M. Cournoyer: M. le Président, juste une précision
pour le député de Maisonneuve. Je sais qu'il n'y a rien de
personnel dans ce que vous dites, M. le député de Maisonneuve,
mais, sur cette remarque en particulier, est-ce que je pourrais vous mentionner
qu'à aucun moment le ministre du Travail n'a été
impliqué dans le changement de mandat?
M. Burns: Bien...
M. Cournoyer: Est-ce que le ministre du Travail a écrit le
mandat, lui? Juste pour vous remettre...
M. Burns: Je suis prêt à recevoir vos
remarques...
M. Cournoyer: Et cela a aussi été dit devant la
commission Cliche.
M. Burns: Oui, cela a été dit.
M. Cournoyer: Je vais juste vous le répéter parce
que vous dites le ministre du Travail aurait dû.
M. Burns: Je pense...
M. Cournoyer: Le ministre du Travail n'a fait qu'une chose...
M. Burns: ...que le ministre du Travail aurait dû imposer
son autorité à moins que...
M. Cournoyer: Son autorité a été
imposée.
M. Burns: ...comme la commission Cliche en est arrivée
à une certaine conclusion d'impuissance totale...
M. Cournoyer: Cela, c'est la vôtre. M. Burns: ...de
la part du ministre... M. Cournoyer: Bien, voyons donc!
M. Burns: ...avouée par le ministre... Bien cela, c'est
une autre affaire. Mais quand on dit, à la page 231, que le
représentant du vérificateur, c'est-à-dire M. Jean-Pierre
Pouliot, s'en ouvrit aux autorités du ministère du Travail, on
décida de limiter la vérification au travail déjà
fait, soit le quart du mandat confié, je pense que cela, encore une
fois, c'est un blâme direct à l'endroit du ministre du Travail
qui, en l'occurrence, est le représentant du gouvernement. Remarquez
qu'il y a un nombre de blâmes...
M. Cournoyer: Non, non, il y en a beaucoup. Je n'ai jamais
affirmé à aucun moment, et le député de Maisonneuve
le sait, qu'il n'y avait pas de blâme à l'endroit du ministre du
Travail dans ce rapport. A aucun moment, n'ai-je affirmé cela.
M. Burns: Je vais terminer, je pense, mes remarques par la
...
M. Cournoyer: J'essaie de vous dire, par exemple, pour vous
éviter.
M. Burns: ...135e recommandation.
M. Cournoyer: Oui, mais elle n'est pas là la 135e.
M. Burns: Non, mais moi, je vais suggérer ...
M. Cournoyer: La 135e, j'aimerais qu'elle y soit.
M. Burns: ...la 135e recommandation.
M. Cournoyer: Ah, faites-la donc! De toute façon, vous ne
voulez pas m'entendre sur cela. C'était juste pour vous
éviter...
M. Burns: Oui, oui, bien...
M. Cournoyer:... lorsque vous dites "les autorités du
ministère du Travail", encore faudrait-il que, lorsque vous affirmez que
"le ministre du Travail aurait dû", le ministre du Travail ait
été compris dans les autorités consultées par le
Vérificateur général.
M. Burns: L'autorité du ministère, c'est vous,
à moins que vous ne disiez le contraire.
M. Cournoyer: Bon, d'accord, cela ne sert à rien.
M. Burns: Non, cela sert à quelque chose. M. Cournoyer:
Cela va, continuez.
M. Burns: Mais je voudrais savoir qui sont les autorités
du ministère.
M. Cournoyer: Continuez.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): Je crois que cela
n'apporterait peut-être pas une paix que l'on voudrait rencontrer...
M. Cournoyer: Non, non, je voulais juste préciser, pour
éviter au député de Maisonneuve que la chose devienne
personnelle. Je voulais juste éviter cela. Maintenant, comme le
député de Maisonneuve dit que ce n'est pas personnel, comme il
dit que: l'autorité du ministère du Travail, c'est vous, M.
Cournoyer, donc vous avez été consulté par le
Vérificateur général et vous avez limité son
mandat, c'est correct, cela.
M. Burns: A moins que le ministre m'explique que lorsqu'on
parle...
M. Cournoyer: J'essaie de vous l'expliquer, mais vous ne me
croyez pas.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): Si vous me
permettez on va essayer de faire une mise au point. La parole est au
député de Maisonneuve et je pense qu'un échange comme
celui-là avec notre...
M. Cournoyer: Je viole le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): En effet, M. le
ministre. Mais nous allons quand même, immédiatement après
l'exposé du député de Maisonneuve, demander, c'est tout
à fait normal aussi, même pour les membres de la commission,
d'obtenir l'éclairage aussi du ministre ou, enfin, une réponse
aux affirmations qui sont faites et, d'ailleurs, le règlement le
prévoit.
Alors, si vous me permettez, je pense que nous avons tous notre
tempérament à nous, on ne peut pas empêcher non plus le
ministre de sursauter. On sait que le député de Maisonneuve
aussi, à l'occasion, lorsque les ministériels énoncent
certaines choses, a ses sautes d'humeur, ce qui est compréhensible. Pour
le moment, je pense, si le ministre est d'accord, qu'on peut laisser la parole
au député de Maisonneuve, et le ministre aura la chance de lui
répondre.
M. Cournoyer: Je m'excuse d'avoir interrompu le
député de Maisonneuve.
M. Burns: Qu'on me comprenne bien. Je n'ai pas d'objection
à recevoir des questions de la part du ministre, même pendant mon
intervention. Je dis qu'il n'y a rien de personnel quant à l'individu
Jean Cournoyer qui, par ailleurs, peut être possiblement quelqu'un de
parfaitement utilisable ailleurs ce n'est pas à moi de le
décider, ce n'est pas moi le premier ministre à
l'intérieur de ce cabinet. Je n'ai rien de personnel contre l'individu
Jean Cournoyer, mais l'individu Jean Cournoyer s'adonne à être le
ministre du Travail et, comme tel, il est l'objet, à mon avis, via les
critiques dirigées à l'endroit du gouvernement, d'un certain
nombre de blâmes qui paraissent clairement dans le texte même du
rapport de la commission Cliche. Et je manquerais à mon devoir de
député de l'Opposition si je ne soulevais pas ces
problèmes. Alors, je sais que ce n'est pas particulièrement
drôle pour l'individu Jean Cournoyer d'entendre ce que j'ai à
dire.
Mais, comme je l'ai mentionné au début de mon
intervention, je ne suis pas venu ici pour faire plaisir à qui que ce
soit. Si j'étais venu ici pour faire plaisir à qui que ce soit,
je pense qu'on pourrait me blâmer de faire de la démagogie, comme
le premier ministre, s'il était ici, le dirait sans aucun-doute au bout
de deux de mes phrases.
M. le Président, je continue j'achève, d'ailleurs;
cela ne sera pas tellement long en vous référant à
la page 294 du rapport Cliche. Au bas de la page 294, on se
réfère encore une fois à cette loi no 9, qui, dans les
pages précédentes, a été qualifiée, à
toutes fins pratiques, d'une reddition totale de la part du gouvernement devant
l'importance que prenait un certain M. André Desjardins dont le pouvoir
il ne faut jamais l'oublier était qualifié par la
commission Cliche comme appuyé, d'une part, par le monde interlope,
d'autre part, par le côté patronal et, finalement, de façon
claire, par le côté politique, c'est-à-dire le gouvernement
en place.
On revient, dans le rapport Cliche, avec ce texte qui est assez
fantastique de la part d'une commission qui n'outrepasse pas ses pouvoirs,
ne
décide pas sur le plan politique, mais, d'autre part, se rend
compte du fait qu'il est impossible de discuter véritablement du
problème de la liberté syndicale dans l'industrie de la
construction sans passer une remarque comme celle qui suit: "L'adoption de la
loi no 9 régularisait donc, en cours de négociation, une
convention collective conclue contrairement aux règles fixées par
la loi. Dans ce but, on modifie ces dernières pour que la
représentativité majoritaire du Conseil provincial des
métiers de la construction suffise pour la conclusion et l'extension du
contrat collectif. De même, la majorité patronale qui avait
signé la convention était déclarée suffisante pour
donner effet à cette dernière".
M. le Président, c'est la critique principale que nous avons
formulée je n'ai pas l'intention d'y revenir à
l'occasion de l'adoption du projet de loi no 9. Nous avons dit au gouvernement,
à ce moment-là: Devant qui vous mettez-vous à genoux? Qui
vous fait plier? Qui vous demande d'adopter des choses aussi extraordinaires
que de changer, en plein milieu de la partie, les règles qui
s'appliquent normalement à ce type de partie? La partie en question
était très importante; elle concernait les négociations de
l'industrie de la construction, au cours de la période de 1973. On est
arrivé avec le projet de loi no 9.
Je pense que le diagnostic que pose la commission Cliche, à la
page 294 et à la page 295, relié à cette force qu'on
applique à un individu, est particulièrement significatif.
Je continue, M. le Président, en vous référant
également à la page 387 de ce rapport Cliche, où on
retrouve la citation suivante: "La commission considère j'insiste
sur ces premiers mots, ce n'est pas le député de Maisonneuve, ce
n'est pas le leader de l'Opposition, ce n'est pas l'Opposition elle-même
qui dit ceci; c'est le texte même du rapport que le gouvernement
du Québec ne s'est pas suffisamment intéressé aux
problèmes de main-d'oeuvre.
Le budget qu'il y consacre nous paraît nettement insuffisant et
l'organisation des services qu'il veut donner est trop éparpillée
et, à certains égards, inefficace." Là, on pourrait
continuer.
N'est-ce pas, M. le Président, une remarque directe à
l'endroit du gouvernement et, en particulier, à l'endroit du cadre dans
lequel le ministre actuel du Travail est obligé de fonctionner,
c'est-à-dire de la main-d'oeuvre? On a connu, dans les années
passées, on a vu même des aveux d'impuissance de la part du
ministre devant des discussions ou devant le problème du contentieux
fédéral-provincial. Est-ce que, M. le Président, on ne se
rend pas compte que, par un énoncé de ce type, toujours de la
part d'une commission qui n'a pas et qui ne se considère pas comme ayant
le pouvoir de faire des remarques en matière politique, ce n'est pas
très clair? Est-ce que ce n'est pas une condamnation de la politique du
ministère du Travail et en particulier du gouvernement en matière
de relations de travail et surtout de main-d'oeuvre?
Je signale, M. le Président, pour ceux qui seraient encore
d'accord avec le premier ministre que la commission Cliche n'a pas fait de
recommandations à l'endroit du gouvernement et n'a pas mentionné
surtout de réprobation à l'endroit du gouvernement, cet autre
élément à la page 387.
Finalement, M. le Président, et ce sera la dernière
citation que je ferai, concernant le rapport Cliche. A la page 492, et
jusqu'à la page 495, on retrouve, je pense, quelque chose qui, de
façon encore plus éloquente que dans les autres cas que j'ai
cités, une condamnation directe de l'attitude gouvernementale. A mon
avis, ce qui est plus important, c'est que cette partie du rapport Cliche se
fonde principalement sur le témoignage du ministre actuel du Travail ou
de la Main-d'Oeuvre.
A la page 49I: "De façon démocratique, le ministre Jean
Cournoyer est venu volontairement témoigner devant la commission. Le
ministre a admis que les législations, bien que bonnes, n'étaient
pas observées. Puis explicitant sa pensée, il a
déclaré: La commission vient remplir une carence:
l'incapacité constatée par le gouvernement à faire
respecter la loi."
Est-ce que je charrie, lorsque, prenant ces mots, je dis qu'il s'agit
là d'un aveu d'impuissance totale, de la part du gouvernement et en
particulier de celui qui a la charge particulière de faire adopter un
certain nombre de mesures, en matière de relations de travail et, une
fois qu'elles sont adoptées, de les faire appliquer? Quand j'entends, M.
le Président, la commission Cliche citer le ministre et
répéter ses mots en disant: "La commission vient remplir une
carence", c'était peut-être très gentil de la part du
ministre à l'endroit de la commission. C'était peut-être
une façon de dire à la commission: Vous faites un bon travail,
maganez-moi pas trop, mais moi je viens vous dire que vous remplissez un vacuum
au Québec. En plus de cela, il ajoute: L'incapacité
constatée par le gouvernement à faire respecter la loi, est une
chose admise de la part du ministre du Travail.
Moi, M. le Président, je pense que cela justifie les mots qui
viennent, toujours à la page 491, lorsque la commission Cliche dit
elle-même ce n'est plus Robert Burns, ce n'est plus le
député de Maisonneuve, ce n'est pas le leader de l'Opposition qui
dit cela "ce constat d'impuissance est angoissant" . Il me semble que je
suis tout à fait en droit de parler maintenant d'un ministre du Travail
qui, lui-même, a admis devant une commission d'enquête, et cette
commission d'enquête a elle-même détecté cet aveu
d'impuissance...
Je pense que je suis en droit, moi, de dire: Je ne suis plus dans une
position où je crois que le ministre du Travail et ce gouvernement sont
crédibles à un point tel qu'on puisse penser qu'il va y avoir de
sérieuses améliorations, qu'il va y avoir des changements
importants dans le domaine de la construction.
Bien sûr, M. le Président, on pourra toujours dire: On a
agi. Je prévois les quelques "futures révélations" du
premier ministre qui va dire: Nous avons agi. Nous avons pris le rapport
Cliche, nous avons attaqué le problème de fond. Nous avons mis en
tutelle quatre syndicats. Nous avons changé un certain nombre de
règles, dont l'impo-
sition de la présomption. C'est sûr, c'est ce qu'on va
continuer à dire et c'est ce qu'on va continuer à tenter de
laisser croire à la population, comme on va continuer à tenter de
laisser croire à la population que tout le syndicalisme est pourri parce
qu'il y a un certain nombre d'individus qui se sont peut-être servis de
leur poste pour abuser de la confiance qu'on leur donnait.
Mais, M. le Président, à la suite de la citation que je
viens de faire, lorsque la commission Cliche elle-même nous dit: "Ce
constat d'impuissance est angoissant", il est intéressant de lire ce qui
suit à la page 492: "Peu importe le travail que cette commission aura
fait, lors même qu'on expurgerait les indésirables des postes
qu'ils détiennent, même si les lois qui régissent le
secteur de la construction étaient améliorées, rien ne
changera si ceux qui font les lois n'ont pas la volonté de les appliquer
et de les faire respecter."
M. le Président, est-ce que ce n'est pas une condamnation claire,
directe, sans aucuns ambages, à l'endroit de ce gouvernement, de sa
politique de mise en application des lois et, particulièrement, de sa
politique législative en matière de relations du travail dans le
domaine de la construction? Après avoir dit tout cela, la commission
Cliche, qui, encore une fois, ne veut pas se lancer dans un débat
politique, ajoute la phrase suivante qui a elle-même, à mon avis,
à l'endroit du ministre, une importance particulière: "Quand un
grand ménage s'impose, il faut des personnes solides pour manier le
balai".
Est-ce que cela ne veut pas dire, M. le ministre, que vous devez
immédiatement, si le premier ministre n'a pas le courage de le faire,
manifester votre intention de quitter la direction du ministère du
Travail?
M. le Président, j'ai devant la Chambre une motion qui est un
blâme direct à l'endroit du ministre. Je m'appuierai
éventuellement, pour débattre cette motion, sur les textes que je
viens de citer. Mais je pense qu'il serait absolument inconscient de ma part de
ne pas soumettre ces textes à l'étude des membres de la
commission parlementaire. Je vais me poser un certain nombre de
problèmes quant à ma participation à la commission,
évidemment, mais je vais être obligé, en terminant, de vous
dire que des 134 recommandations qui, globalement, sont valables
j'insiste sur le mot "global", même si cela déplaît au
premier ministre, quand on le mentionne qui globalement peuvent apporter
une solution aux problèmes de la construction...
Bien sûr, M. le Président, que la commission Cliche peut
avoir fait des recommandations dans tel ou tel domaine qui sont discutables.
Bien sûr, M. le Président, que la commission Cliche peut
même se voir contredire par les faits relativement à telle ou
telle recommandation. Mais globalement, ces I34 recommandations qui ont
été faites sont faites en vue de changer l'atmosphère dans
le domaine de la construction. Je prétends que la commission Cliche a
commis, à tort ou à raison, une omission importante. C'est la
I35e recommandation, qui aurait dû être faite clairement par la
commission Cliche, quitte à se faire rabrouer par quelqu'un qui aurait
voulu attaquer l'excès de juridiction que la commission Cliche aurait pu
utiliser.
La I35e recommandation, qui, à mon avis, aurait dû
être la première, aurait été qu'il est essentiel que
le ministre du Travail actuel soit remplacé par quelqu'un d'autre pour
présider à une série d'amendements, à une somme
d'applications, de recherches qui a été faite par la commission
et, éventuellement, avec un espoir de changement véritable et non
pas un changement en surface, comme on semble vouloir le faire du
côté gouvernemental, dans le domaine de la construction.
Il est assez, M. le Président, incroyable, que la première
recommandation de la commission Cliche, au point de vue de son importance,
n'ait pas été un des éléments des projets de loi
que nous avons été appelés à étudier et que
nous serons appelés à étudier quant aux deux autres qui ne
sont pas encore adoptés. Il est assez étonnant, par exemple, que
le problème central dans le domaine de la construction, le
problème majeur, celui du placement, ne fasse pas l'objet de projets de
loi encore. Il est assez étonnant, M. le Président, qu'on ait
vendu à la population l'idée qu'il fallait
légiférer pour mettre en tutelle quatre syndicats, pour imposer
une présomption de culpabilité aux gens qui participent ou qui
dirigent ou encouragent une grève dans certaines conditions
mentionnées dans le projet de loi no 30. Il est assez étonnant
qu'on impose le problème du "double jeopardy", c'est-à-dire
qu'une fois que quelqu'un a payé une dette à la
société pour des actes criminels, qu'on dise que cette personne,
une fois qu'elle a payé à la société, soit par voie
d'amende, soit par voie de dossier judiciaire pur et simple ou soit par voie,
ce qui est encore pire, d'emprisonnement, qu'on lui impose, à cette
personne, une deuxième peine, c'est-à-dire celle d'être
exclue de la possibilité de représenter des syndicats.
M. le Président, il est assez étonnant qu'on l'ait extrait
du rapport Cliche, de ces I34 recommandations, alors que la I35e que je viens
de mentionner se trouve tout à fait présente. Je pense que je me
suis efforcé de vous mentionner à quels endroits se trouvait
cette I35e recommandation. Pour résumer, pour ceux qui l'auraient
oublié, je vous réfère aux pages 17, 30, 48, 63, I0I
à I04, I22 à I33, I46 et I47, 229, 230 et 23I, 294, 295, 38I et
382, 387 et, finalement, 492 à 495. La I35e recommandation, celle du
départ immédiat de Jean Cournoyer à la tête de ce
ministère, qu'on ne puisse pas la trouver dans ces textes, je pense que
c'est de l'aberration totale de la part du gouvernement. C'est tout simplement
la politique de l'autruche.
Je pense qu'en plus d'avoir trahi l'esprit de la commission Cliche
qui, elle, a décidé qu'elle soumettait un problème
global à la population en vue de régler le problème des
relations du travail dans l'industrie de la construction en extrayant
certains éléments qui faisaient son affaire, le gouvernement ne
comprend pas que, dans ce rapport, on a fait une 135e recommandation qui est
très précise.
En ce qui me concerne, je me sens très mal à l'aise,
malgré que je continuerai de participer aux
travaux de cette commission par respect, je pense, pour les
fonctionnaires qui, eux, malgré le découragement qui semble les
affecter, veulent qu'il y ait des améliorations dans ce domaine.
Je continuerai à participer, mais avec une certaine gêne,
parce que je ne vois plus maintenant à qui je peux m'adresser pour poser
des questions directes en ce qui concerne la politique du travail, en ce qui
concerne les politiques du travail et de la main-d'oeuvre en matière de
construction.
Je pense que, sans m'en rendre compte, je vous ai exposé les
raisons pour lesquelles j'ai formulé une motion de blâme à
l'endroit du ministre. Cette motion de blâme si véritablement on
voulait s'y pencher et si véritablement on voulait éviter
même qu'on en discute, à ce moment, c'est au premier ministre et
au ministre lui-même de prendre une décision là-dessus.
Mais, si on voulait véritablement écouter les raisons que j'ai
exposées, j'ai nettement l'impression que cette motion de blâme,
que j'ai formulée à l'Assemblée nationale et qui sera
débattue dans les jours qui viennent, devrait être
adoptée.
Il est certain que je ne peux pas, à ce stade-ci, formuler en
commission parlementaire cette motion à l'endroit du ministre, mais je
pense que j'ai très clairement exposé le point de vue de
l'Opposition officielle et en particulier de son porte-parole.
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg): La parole est au
ministre du Travail.
M. Cournoyer: J'aimerais bien savoir si le député
de Maisonneuve a fini ses commentaires sur tous les crédits. Il a
certainement autre chose.
M. Burns: J'ai fini mes remarques générales. Vous,
vous avez passé deux heures; moi, j'ai été moins gourmand,
j'ai pris une heure et quarante-cinq minutes.
M. Cournoyer: Je n'ai pas dit un mot de la construction dans les
crédits, étant donné que cela fait déjà un
bout de temps qu'on discute de la construction. Mais, comme le
député de Maisonneuve indique que, de toute façon, ces
choses seront discutées en Chambre sur sa motion, j'aimerais bien qu'il
continue. Je pourrais répondre concernant les crédits.
M. Burns: Moi, j'ai fini mes remarques préliminaires. Si
vous avez des choses à...
Le Président (M. Harvey, Charlesbourg):
Alors, on peut appeler le programme 1 des crédits du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre: Relations et conditions de
travail; programme 1, relations de travail.
M. Burns: Avant d'aborder...
Le Président (M. Séguin): Vous me le permettez?
Nous avons eu un débat ou des commentaires faits par le
député de Maisonneuve. En tant que président, je voudrais
qu'il soit enregistré au journal des Débats que la chose s'est
passée, mais je ne voudrais pas qu'il y ait par cela un
précédent d'établi, de sorte que, chaque fois que nous
aurons une commission pour étudier des crédits, l'on pourra
passer outre aussi largement au problème de l'étude de la
question devant la commission.
C'est la fin de mai. Mes commentaires, je voudrais qu'on procède,
puisque le député de Charlesbourg qui m'a
précédé ici a déjà appelé...
M. Cournoyer: M. le Président, moi je suis parfaitement
d'accord avec le député de Maisonneuve sur l'endroit pour faire
les commentaires qu'il a faits. C'est normal. On peut questionner ou mettre en
doute l'action d'un ministre plus particulièrement à l'occasion
de l'étude des crédits du ministère. J'en ai
discuté pendant la durée du souper, et à mon sens, si cet
endroit n'existe pas, si ce n'est pas l'endoit de prédilection pour
faire ce genre de remarques, je n'en vois pas d'autres, personnellement. A la
période de questions, on peut toujours dire: Vous me poserez cela aux
crédits. Vous ferez vos commentaires aux crédits. Si nous perdons
cette possibilité, M. le Président, par interprétation ou
autrement, je considérerais que c'est faire un accroc assez
sérieux à la démocratie et à la question possible
ou aux commentaires possibles des députés de l'Opposition et des
députés du gouvernement. La liberté que je reconnais aux
députés de l'Opposition, je la reconnais également
à tous les députés du gouvernement. Mais pour ma part,
c'est comme cela que j'entrevois et que j'ai entrevu, dans les cinq
dernières années, les commentaires et les questions des
députés de l'Opposition et du gouvernement, lors de
l'étude des crédits. Si ce n'est pas comme ça, je pense
que c'est une interprétation du règlement, mais je vous jure, M.
le Président que je n'ai aucune forme d'objection aux commentaires qui
ont été faits par le député de Maisonneuve ou par
ceux qui pourraient être faits à l'avenir devant la commission des
crédits.
Le Président (M. Séguin): Sans réplique de
ma part sur vos commentaires, M. le ministre, mon commentaire est basé
surtout sur le fait qu'il y a déjà une motion en Chambre par le
député de Maisonneuve. Et cette motion se rapporte de très
près à la plupart de ses commentaires en ce qui concernait le
ministère du Travail. Comme je viens de dire, je ne veux pas faire de
débat là-dessus, mais je voulais simplement qu'il soit
noté que je n'ai pas voulu et que ce n'est pas mon intention de
créer un précédent. Deuxièmement, l'occasion que le
député aurait pu utiliser pour s'exprimer de la même
façon était déjà enregistrée en son nom, au
feuilleton de la Chambre. Ce n'est pas une critique, c'est une constatation que
je fais. Je ne voudrais pas que personne s'offusque du fait que je mentionne ce
simple fait.
Je n'essaie pas d'appliquer un règlement, j'essaie simplement de
noter, à ce moment-ci, qu'il ne s'agit pas d'un précédent
bien spécial mais que déjà tout ce que le
député de Maisonneuve a dit, fera partie de son discours qu'il
aura à faire sur sa
motion privilégiée. Lorsqu'il s'agit de couper la parole,
je n'ai pas voulu le faire cet après-midi. C'est pour cela, justement,
M. le député, vous vous en souvenez d'ailleurs, que j'avais fait
allusion à cette question de motion au feuilleton. On m'a dit à
ce moment, je pense, sans accuser: Vous interprétez la loi à
l'envers. C'était justement à ce moment que j'ai voulu
prévenir ces choses ou un commentaire du genre qui s'est fait. Je suis
complètement en faveur de la liberté de parole de chacun, et je
ne tire aucune conclusion et je ne fais aucun commentaire sur ce que le
député de Maisonneuve a dit. Mais je voudrais pas, par exemple,
que dans une situation semblable, on puisse répéter et
répéter, à différentes occasions, des commentaires
du même genre, toujours devant soit la commission ou les mêmes
membres de l'Assemblée nationale.
Je pense que ces commentaires, si vous les prenez de bonne foi, comme je
sais que vous devez les prendre, messieurs les membres, vous comprendrez
peut-être un peu la situation. C'est assez difficile, parfois, de
contrôler.
Alors, si nous pouvons passer aux programmes du ministère, je
pense que nous serons tout à fait dans l'ordre.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement, je tiens simplement à dire ceci. Je respecte votre
décision, M. le Président. Je ne conteste pas votre
décision, surtout que, maintenant, ce que j'avais à dire
relativement à ce problème est dit, oui, comme vous le dites. Je
dois vous mentionner là-dessus, je suis parfaitement d'accord
avec le ministre du Travail, à la façon dont il s'est
exprimé que, s'il y a un endroit où on peut blâmer
la politique du gouvernement dans tel et tel domaine et, en particulier,
blâmer l'individu qui porte l'étendard du gouvernement dans tel et
tel domaine, en l'occurrence au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, il me semble que c'est à l'occasion de l'étude des
crédits, M. le Président.
Je ne vois pas, M. le Président, que j'aie, avec tout le respect
que j'ai pour votre décision, outrepassé les dispositions qui
sont prévues dans notre règlement. Quant à moi, je pense
qu'en conscience je me devais, à la première occasion psssible
qui m'était donnée, de soulever ce problème. La
première occasion possible, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, c'est
l'étude des crédits du ministère du Travail. Cela aurait
pu être il y a une semaine ou une semaine et demie, lorsque j'ai
déposé ma motion de blâme contre le ministre. Il est fort
possible qu'on ait mis de côté un certain nombre de commentaires
que j'ai fait aujourd'hui, si le débat avait eu lieu en Chambre.
Toutes sortes de raisons, entre autres les lois spéciales qu'on
nous a imposées de façon urgente, ont mis de côté
l'aspect privilégié de la motion que j'ai faite à
l'encontre du ministre du Travail et en particulier du gouvernement. A ce
moment-là, je croyais qu'il était de mon devoir de soulever cette
question, en lui accordant au moins autant d'importance que le ministre en a
accordé, quant au temps, à la défense de son
ministère et des diverses façons qu'il envisage de faire
fonctionner son ministère.
Donc, M. le Président, j'ajoute simplement ceci: Comme
député d'Opposition je l'ai dit, mais je pense qu'il est
important que je le répète je pense que c'était en
conscience un devoir qui m'était imposé de soulever cette
question au début et comme critique générale de l'attitude
du ministère et, en particulier, de son titulaire.
M. Boudreault: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bourget.
M. Boudreault: ... j'écoute le député de
Maisonneuve. Il me semble qu'il a débattu sa motion de blâme, qui
est quand même devant la Chambre actuellement. Est-ce que ce n'est pas
empiéter un peu sur le temps de la commission? Vous allez justement
avoir à débattre cette motion de blâme. C'est un peu ce que
vous avez fait, quand même.
M. Burns: Dans un autre cadre.
M. Boudreault: Je ne sais pas si c'est dans le cadre de la
loi.
M. Burns: Dans un cadre tout à fait différent.
Si vous vous référez à l'article 99, M. le
Président je pense que le député de Bourget me pose une
question de règlement; je ne sais pas si j'ai le droit de
répondre, mais, en tout cas, puisque vous ne m'avez pas
arrêté, M. le Président, j'ai le droit de me
défendre il m'est interdit "de revenir sur une question qui a
été décidée pendant la session en cours". Ce n'est
pas le cas. Il m'est interdit de me référer "à une affaire
inscrite au feuilleton, à moins que cette affaire et celle qui est en
discussion ne soient fondées sur le même principe".
M. Bourdreault: C'est jouer sur les bords.
M. Burns: M. le Président, je vous indique le
troisième paragraphe qui est possiblement c'est ce qui me faisait
dire l'autre soir, qu'humblement je pense que vous avez inversé les deux
positions "de se référer aux opérations et aux
délibérations d'une commission avant qu'elle soit
rapportée à l'Assemblée.
Or, je pense que jamais nous ne nous sommes référés
aux opérations d'une commission. Je me suis référé,
je dois l'admettre, à l'existence de ma motion de blâme. Je ne
vous cache pas que les arguments que je vous ai soumis, lors de ma critique
générale du ministère, sont des arguments qui sont
très semblables à ceux que je pourrais formuler à l'appui
de ma motion de blâme.
Il restera à décider si le message que j'avais à
faire valoir a été utilement compris afin que je n'aie pas
à revenir en Chambre relativement à la motion en question ou aux
arguments qui devaient servir d'appui à ma motion. C'est une autre
affaire. Mais en ce qui me concerne, je pense qu'il était tout à
fait normal, même si on voit un lien entre les deux, je l'ai fait
moi-même, je l'admets,
entre les critiques que j'ai formulées contre le
ministère, le gouvernement et, en particulier, le ministre en poste et
la motion. C'est sûr qu'il y a un lien. Maintenant, est-ce que...
M. Lachance: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Burns: Certainement.
M. Lachance: Le député de Maisonneuve est en train
de roder son discours sur la motion de blâme? C'est ce qu'il veut nous
dire?
M. Burns: Non. Je n'aime pas roder des discours qui,
éventuellement, perdent de leur qualité lorsqu'ils ont
été préparés longtemps d'avance et surtout
lorsqu'on n'y croit pas.
M. Lachance: C'est mon opinion.
M. Burns: Je vous ai tout simplement livré, à mon
avis, la pensée qui me préoccupe, depuis un certain temps et
surtout depuis une certaine attitude gouvernementale, depuis la parution du
rapport Cliche et, en particulier, depuis que je pense et cela, depuis
un certain nombre d'années qu'il est temps de faire un changement
de titulaire en matière de travail et main-d'oeuvre.
M. Lachance: Est-ce qu'on peut conclure que les crédits du
ministère du Travail sont acceptés?
M. Burns: Non, vous ne pouvez pas conclure cela.
M. Boudreault: On peut conclure que vous avez
empiété passablement sur le temps de la commission quand
même, sur les crédits, pour débattre votre motion de
blâme.
M. Burns: Arrêtez-vous là, wow, wow!
Le Président (M. Séguin): Là, on va
arrêter là...
M. Cournoyer: M. le Président, ce sont mes crédits,
donnez-moi une chance, les gars. Ce sont mes crédits que nous sommes en
train d'adopter. J'ai entendu le député de Maisonneuve, j'ai
parlé moi-même, j'ai expliqué tout ce qu'il y avait dans
mon ministère. Le député de Maisonneuve fait ce qu'il
croit être de son devoir de faire, nous, nous faisons ce que nous croyons
être le nôtre. Ceci étant dit, le député de
Maisonneuve a dit tout à l'heure qu'il avait quelques questions à
poser avant l'appel du programme I. Alors, s'il vous plaît, on va appeler
le programme I pour qu'on avance dans cette histoire.
M. Burns: M. le Président, je considère que cet
aspect ...
M. Cournoyer: Mes collègues du côté
ministériel sont d'accord avec moi que nous devrions étudier les
crédits.
M. Lachance: Programme par programme.
M. Cournoyer: Enfin, je ne sais pas si c'est comme cela.
Le Président (M. Séguin): ...messieurs, nous sommes
parfaitement d'accord.
M. Burns: Alors, M. le Président, je considère cela
comme clos. Même si je ne pense pas que le problème soit
réglé, en tout cas, je considère que j'ai fait mon
devoir.
Avant d'aborder spécifiquement les différents
éléments des divers programmes, j'ai l'habitude de poser au
ministre des questions relativement à ce qu'il a l'intention de faire en
matière de législation et, en particulier, si le ministre...
M. Cournoyer: Je vais être obligé d'attendre
après votre motion, par exemple, je vais être obligé de
vous répondre cela.
M. Burns: Bien, j'ai...
M. Cournoyer: Tout à coup, si votre motion était
acceptée!
M. Burns: Je vous ai dit, bon, écoutez, je vais être
très clair. Je vous ai dit que ma tendance normale serait de dire, vu
que ma motion n'est pas adoptée et que j'ai espoir que ma motion le
soit, j'aurais la tendance normale de vous quitter et de m'en aller...
Le Président (M. Séguin): Pas encore?
M. Burns: Non, laissez-moi terminer. J'aurais la tendance normale
de vous dire que je n'ai pas l'intention de participer à vos
crédits parce que, malgré l'individu, et encore une fois, ce
n'est pas à l'endroit de l'individu Jean Cournoyer.
Je ne pense pas que je fasse oeuvre utile en posant des questions
à l'actuel ministre du Travail. Mais comme le ministre du Travail n'est
pas tout le gouvernement, comme, derrière lui, il y a un certain nombre
de fonctionnaires très compétents qui ont un certain nombre de
choses à nous dire, et comme, actuellement, le véhicule de ces
choses s'adonne à être le ministre actuel du Travail, je vais
continuer à vous poser des questions. Si cela n'est pas clair, à
ce moment-là, demandez-moi de clarifier davantage.
M. Cournoyer: Cela me suffit, c'est clair.
M. Burns: C'est clair.
M. Cournoyer: Claire Casgrain.
M. Burns: On va en parler de Claire. On va en parler de cette
Claire-là.
M. Cournoyer: ... c'est une autre qui va être
débarquée.
M. Burns: M. le Président, au niveau de la lé-
gislation, il y a un certain nombre de questions que j'ai l'intention de
poser au ministre. Ai-je besoin de dire: A ce véhicule qui est le
ministre?
M. Cournoyer: II faut que tu le répètes toutes les
fois!
M. Burns: Non je ne le répéterai plus, ne
t'inquiète pas. Vous annonciez, M. le ministre, récemment, une
réforme complète de votre ministère, et on nous a
mentionné, entre autres, que cette intention de réforme de votre
ministère devait s'exercer sur une période de trois ans, dans le
but de regrouper dans un même centre tous les services de votre
ministère ainsi que ceux des commissions qui sont attachées
à votre ministère. Cela, semble-t-il, faisait suite à des
études qui avaient été commandées par votre
ministère. Entre autres, je vous réfère au rapport Gauvin,
sur la Commission des accidents de travail; au rapport Mineau, sur la
Commission du salaire minimum, où on va parler de Claire; et le rapport
Sainte-Marie qui, soit dit en passant, me paraît un rapport très
sérieux, du moins quant à ses conclusions qui touchent à
des points importants de certaines lacunes, à l'intérieur de
l'administration des relations de travail au Québec, en particulier, de
l'information, puisque c'était l'aspect principal qui était
touché par le rapport Sainte-Marie, concernant les centres de la
main-d'oeuvre du Québec.
Je voudrais savoir du ministre si ce regroupement, dans l'intention du
ministre, doit envisager une reprise de contrôle des différents
organismes? Si oui, quand est-ce que toute cette réforme doit avoir
lieu?
M. Cournoyer: D'abord la question de Travail-Québec c'est
une question d'information.
M. Burns: Cela vient de Travail-Québec.
M. Cournoyer: Cela ne veut pas dire qu'il y aurait abolition de
la responsabilité de chacune des commissions et organismes qui
relèvent du ministère du Travail, loin de là. D'autre
part, si vous vous référez aussi au rapport Gauvin, quant
à la structure de la Commission des accidents de travail,
particulièrement au titre des bénéfices, et au rapport
Mineau quant à la structure administrative de la Commission des
accidents du travail, le rapport Mineau dit que cela doit se faire. Et comme la
Commission des accidents de travail l'a dit déjà: C'est en train
de se faire.
J'ai été informé aujourd'hui qu'à la suite
des séances, pas à toutes les séances, mais à des
séances de la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre
qui a mis en présence de cette commission, la Commission des accidents
de travail, un certain nombre de décisions administratives ont
été prises au titre de l'indemnisation ou de l'organisation de
l'indemnisation des victimes d'accidents de travail. Je m'apprête, dans
les jours qui viennent, à écrire à la Commission des
accidents de travail les désirs du ministre quant à la
restructuration de la Commission des accidents de travail et quant à la
structure des bénéfices qui découlent des
préoccupations qui devraient être des préoccupations
ordinaires de la Commission des accidents de travail. Cette lettre n'a pas
encore été envoyée à la Commission des accidents de
travail, mais je peux vous dire cependant de quoi elle traite en
particulier.
Elle traite particulièrement de la structure de la Commission
comme telle, que je voudrais voir du type de la Régie de
l'assurance-maladie ou de la Régie des services de santé, avec
participation et exécutif; donc, une structuration totalement nouvelle
de la Commission des accidents du travail, avec participation des corps
intéressés, soit les groupements patronaux et les groupements
syndicaux, au même titre que certains groupements font partie de la
Régie des services de santé ou de la Régie de
l'assurance-maladie.
D'autre part, je demande aussi à la Commission des accidents du
travail, qui a les éléments financiers qu'il faut pour faire face
à certaines responsabilités, alors que le ministre a des
difficultés compte tenu de ses restrictions budgétaires, de
m'indiquer comment nous pouvons réaliser un désir du ministre,
celui qui veut qu'il y ait un droit d'appel des décisions de la
commission en dehors de la commission.
Bien sûr, je me permets de suggérer à la commission
que je verrais d'un très bon oeil c'est un désir seulement
que le droit d'appel soit confié à un organisme
nouvellement créé au ministère des Affaires sociales et
qui traite exactement des mêmes considérations,
c'est-à-dire cet organisme d'appel des prestations de rentes
d'invalidité, qui existe ou qui est sur le point d'être
créé au ministère des Affaires sociales.
On avait pensé, au point de départ, qu'on devrait envoyer
cela au tribunal du travail ou à une division du tribunal du travail.
Mais, en définitive, lorsque nous constatons qu'il doit y avoir
jurisprudence dans les conséquences des invalidités et que nous
créons, du côté du ministère des Affaires sociales,
un tribunal relatif à l'établissement de ces invalidités,
il me paraît ceci de concert, bien sûr, avec le ministre des
Affaires sociales qu'il devrait y avoir un seul droit d'appel et que ce
droit d'appel devrait être confié à un organisme qui peut
établir la même jurisprudence partout.
C'est une considération que le ministre du Travail a actuellement
et qui est sur le point d'être écrite à la Commission des
accidents du travail.
Le rapport Gauvin comporte, de plus, que nous changions totalement les
proportions de 75% d'un maximum de $9,000 pour arriver à 90% d'un revenu
net sans qu'il y ait de plafonnement, excepté le plafonnement d'un
revenu moyen des Québécois. Compte tenu du fait que ceci a
déjà été l'objet du rapport Gauvin et compte tenu
du fait que nous devons prendre, au gouvernement, dans peu de temps je
dis dans peu de temps, c'est-à-dire dans les jours qui viennent encore
une décision sur la perte des revenus ou la perte du droit de
travailler dans les mines, qui serait occasionnée par la mise en vigueur
d'une législation spéciale qui empêche les gens de
travail-
ler, effectivement, à cause d'un état de santé qui
découle directement d'une condition de travail, les maladies des voies
respiratoires...
Dans cette approche particulière aux poussières, nous
prenons comme attitude que nous ne devons pas compenser seulement la perte
physique occasionnée par une maladie industrielle. Comme vous le savez,
cela se fait maintenant comme ceci; on établit à 10% ou 20%
l'incapacité partielle permanente d'un individu et on le paie, pour
cette incapacité partielle, jusqu'à la fin de ses jours. La
philosophie qui se dégage de cette demande que j'avais faite à la
Commission des accidents du travail vise essentiellement à compenser
beaucoup plus que la seule perte d'incapacité respiratoire; on
compenserait la perte du droit de travailler d'un individu dans le milieu dans
lequel il évoluait.
Vu que, dans cette optique particulière, nous proposons qu'il
soit payé ou remboursé non seulement suivant ce qu'il perd, mais
que ce qu'il était susceptible de gagner aussi lui soit compensé,
on en arrive à la conclusion que, si c'est vrai dans le domaine des
accidents de travail avec maladie industrielle où le gouvernement est
impliqué, on doit également repenser tout le processus de
compensation pour les accidents de travail non seulement pour ceux qui perdent
leur droit de travailler, mais pour ceux qui, sans perdre un droit de
travailler, parce qu'il n'y a pas de permis de travail, le perdent en fait. Je
prendrai l'exemple que vous avez sans doute à la mémoire, M. le
député de Maisonneuve; un type qui perd une jambe et qui est
chauffeur de camion n'a plus le droit de conduire un camion. La loi ne
l'empêchera pas de conduire un camion, comme on va empêcher un
mineur de retourner dans les mines s'il est atteint aux voies respiratoires.
Par ailleurs, le résultat final est exactement le même, c'est
qu'il n'a plus le droit de conduire un camion.
Un travailleur de la construction qui est menuisier et qui se coupe
quatre doigts de la main, il a encore le droit de travailler comme menuisier,
mais en fait il n'a pas le pouvoir de le faire. Il a donc perdu, dans les
faits, le droit de gagner sa vie comme menuisier. Selon l'âge qu'il a
lorsqu'il perd le droit de gagner sa vie comme menuisier, on est placé
dans l'obligation que nous contractons vis-à-vis des mineurs face
à une situation d'intervention gouvernementale plutôt
négative, en ce sens qu'on enlève à un mineur le droit de
travailler, bien qu'on soit placé pratiquement dans le même
raisonnement à plus ou moins brève échéance face
à des gens qui, n'étant pas mineurs, ont toujours le droit
théorique de gagner leur vie dans le métier qu'ils
exerçaient. Mais cela reste un droit totalement théorique, compte
tenu du fait qu'ils ont eu un accident de travail.
M. Burns: Est-ce que cela n'est pas ce que je qualifiais de
subjectivation d'un certain nombre d'évaluations d'incapacité? Je
veux m'expliquer brièvement en disant que, par exemple, vous citiez le
cas du menuisier chez qui on applique les mêmes règles, lorsque
ses doigts ont été amputés à l'occasion d'un
accident de travail, les mêmes rè- gles au point de vue valeur de
l'incapacité partielle et permanente qu'à l'endroit de qui que ce
soit d'autre. Et on ne subjective pas, à mon avis, l'incapacité
à l'endroit de l'individu en tenant compte de ce qu'il fait dans la vie.
Par exemple, un menuisier qui, en apparence, pourrait subir à peine 5%
d'incapacité en perdant l'index et le pouce gauches, il faut se rendre
compte qu'il n'est plus capable d'être menuisier le reste de sa vie parce
qu'un menuisier travaille avec ses deux mains. Même s'il est droitier, sa
main gauche est très importante parce que c'est celle qui tient le clou
et c'est celle qui place les différents appareils, etc. C'est ce que
j'appelle subjectiver une réclamation, et cela veut dire tenir compte de
l'individu, de l'emploi qu'il exerçait au moment où il a subi
l'accident et tenir compte également, c'est très important
à mon avis, de sa capacité d'être
réinséré dans le marché du travail avec des
conditions normales.
C'est très simple de dire, tel ou tel travailleur n'a subi que 3%
ou 4% d'incapacité parce qu'il a perdu l'index et le pouce gauches. Mais
cela ne tient pas compte justement de tout ce que veut dire, quant à
l'individu, l'importance de la perte, ce que, normalement, un tribunal, s'il
était appelé à juger d'une telle situation, prendrait en
considération.
M. Cournoyer: Sans parler de subjectivisme, le seul fait que la
Commission des accidents du travail recommande une loi spéciale dans le
cas de ceux qui perdraient leur permis de travailler dans les mines d'amiante
à cause de l'amiantose, ou dans les mines de fer à cause de la
silicose, ou dans les autres mines aussi à cause de la silicose, nous
avons subjective d'une façon générale les circonstances
qui entourent la perte d'un doigt...
M. Burns: Quant à ce type-là.
M. Cournoyer: ...quant à ce type-là. Mais
dès le moment où nous subjectivons, dans le sens que vous le
dites, le cas des travailleurs de l'amiante, nous nous devons de penser
à subjectiver les autres cas aussi. Sauf que dans les autres cas, et
c'est la seule différence, il n'y a pas le retrait d'un droit par
décision du gouvernement par l'application du règlement 887.
C'est que le retrait d'un droit de travailler implique qu'on donnait le droit
de travailler à une personne qui ne souffrait pas de tuberculose ou ne
souffrait pas des voies respiratoires, comme c'était le cas avant
aujourd'hui.
Mais lorsque l'Etat retire ce droit, nous subjectivons en compensant ou
en demandant une compensation qui est beaucoup plus large que celle que nous
voyons actuellement et nous disons: c'est bien vrai, la personne... Et nous
allons plus loin dans le sens suivant, c'est que nous n'enlevons pas les
dommages. C'est-à-dire que le dommage réel subi va toujours
être calculé à 10% ou à 20%, mais c'est un dommage
que l'individu a subi et il l'a subi à cause d'une condition de
travail.
Par ailleurs, le dommage additionnel qu'il a subi formellement par
décision gouvernementale,
c'est de ne plus pouvoir travailler. Si on peut appeler ça un
dommage, c'est une conséquence directe de la première cause, la
première cause étant qu'il souffre d'amiantose, parce que les
conditions de travail dans lesquelles il évoluait n'ont pas
été suffisamment saines, elles ont causé justement cette
affection des voies respiratoires.
Or, l'Etat, à ce moment-ci règle un problème, mais
normalement, il nous faut penser aux règlements des problèmes de
même nature. La seule différence est que cela n'implique pas
l'intervention de l'Etat dans la décision de ne pas permettre de
travailler. Ce que je demande, en définitive, ce que j'ai demandé
à la Commission des accidents du travail, ce qui n'est pas encore
totalement écrit, parce que la lettre que j'ai à écrire
est assez compliquée, car elle couvre plusieurs angles, par exemple, le
droit d'appel, la restructuration de la Commission des accidents du travail. Il
y a certaines personnes qui n'aimeront pas voir arriver cela, mais cela
m'importe peu pour le moment. Comme je ne suis pas ministre pour tellement
longtemps, compte tenu de votre motion, ils savent que cela ne durera pas
longtemps l'affaire et cela va régler les affaires à venir.
M. Burns: Est-ce que vous m'indiquez déjà que ma
motion va être adoptée?
M. Cournoyer: Non, je ne vous indique pas que votre motion va
être adoptée. Par ailleurs, je sais fort bien qu'une motion comme
celle-là étant sur la table du Parlement, tant et aussi longtemps
qu'elle y est, cause, sur les épaules du titulaire, compte tenu de la
bonne foi qu'il vous prête, un doute sérieux sur les
capacités qu'il peut avoir de continuer d'être ministre.
M. Harvey (Charlesbourg): Même s'il y avait un vote libre,
vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ce soir.
M. Cournoyer: Le vote est une chose...
M. Burns: Le caucus vient de se prononcer.
M. Harvey (Charlesbourg): Certainement. C'est mon opinion
personnelle.
M. Cournoyer: M. le Président, je voudrais rester...
M. Burns: M. le ministre, vous n'avez plus de problème,
vous venez d'avoir une opinion du caucus libéral.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: Je ne suis pas le type, vous le savez, M. le
député de Maisonneuve, à rechercher l'unanimité ou
la majorité pour me bénir de choses que j'aurais dû faire
et que je n'ai pas faites. Ce n'est pas mon genre et je n'ai pas l'intention de
le devenir.
Pour revenir à la situation de la Commission des accidents du
travail, les études qui ont été fai- tes, à ma
demande, portaient essentiellement, au point de départ, il y a à
peu près un an, sur l'incongruité que je trouvais de maximaliser
à 75%, d'un revenu maximalisé lui-même à $9,000, les
prestations d'assurahce-accident qu'on donnerait à l'individu qui perd,
pour le restant de ses jours, ou pour une période donnée, la
facilité de gain qu'il avait.
J'ai donc demandé à la Commission des accidents de travail
l'étude dont il est question. Il est clair que quoi qu'en disent qui on
voudra, les instructions données sur la rétention d'actuaires
pour réexaminer le fondement même de la Commission des accidents
du travail, vient essentiellement du ministre. Cela a été la
même chose d'ailleurs dans le cas de la Commission du salaire minimum,
avec une réaction totalement différente.
Ce que nous recherchons, au moment où je vous parle, c'est,
très probablement, de modifier la structure des bénéfices
qui sont payés aux accidentés du travail, et, très
probablement aussi, de faire en sorte que les accidentés du travail,
qu'il soit nettement établi que les présomptions sont
plutôt en sa faveur, compte tenu des difficultés de preuve que
nous avons face à des situations qui peuvent se découvrir,
surtout au titre des maladies industrielles.
Remarquez que vous avez eu des mots très durs à l'endroit
du gouvernement sur les présomptions de culpabilité, mais que
dans les considérations du gouvernement, il existe aussi cette
présomption que la personne a effectivement subi une maladie
industrielle à l'intérieur de la bâtisse dans laquelle elle
travaillait, lorsque toutes les apparences sont en sa faveur.
M. Burns: La présomption n'a pas le même poids dans
chaque cas.
M. Cournoyer: Non, j'en conviens, M. le Président. C'est
sûr que nous recherchons cet équilibre que, normalement, nous
essayons de donner. L'individu accidenté du travail ou souffrant d'une
maladie qui semble découler de la situation dans laquelle il
travaillait, la présomption ou le fardeau de la preuve doit plutôt
être en sa faveur, plutôt qu'en faveur de la partie qui conteste le
paiement.
M. Burns: J'ai toujours partagé cette opinion, je suis
entièrement d'accord. Les lois qui sont adoptées dans le but
d'accorder un certain nombre de bénéfices à des
catégories de gens en l'occurrence, les accidentés du
travail sont carrément visés par la Loi des accidents du travail
doivent faire que les droits des gens soient interprétés
d'une façon favorable en cas de doute. D'ailleurs c'est un principe
d'interprétation en droit qui est très courant, mais qui, dans le
passé, n'a malheureusement pas été appliqué
très souvent quant à la mise en application de la Loi des
accidents du travail.
Remarquez que, si vous me dites que c'est la nouvelle mentalité
qui va présider aux interprétations de la Loi des accidents du
travail, je vais vous dire tout de suite que je suis entièrement
d'accord.
M. Cournoyer: Je suis convaincu de cela.
M. Burns: Et pas plus, par exemple, qu'on doive, en cas de doute,
être défavorable aux bénéficiaires de l'assistance
sociale lorsqu'on se demande si tel individu y a droit ou non. Je pense que,
s'il y a un doute, le doute doit être favorable au
bénéficiaire éventuel.
Maintenant, pendant qu'on y est on en a encore pour quelques
minutes à jaser de tout cela, je ne veux pas vous interrompre je
sais qu'hier vous nous avez dit que vous soumettiez au cabinet un certain
nombre de recommandations relativement au problème que nous discutons
actuellement. Je ne sais pas si c'est le moment de vous poser la question,
à savoir si du côté du cabinet on vous a donné le
feu vert pour la mise en application de ces recommandations.
M. Cournoyer: Le cabinet ne m'a pas donné le feu vert pour
la simple et bonne raison qu'au moment où j'ai pu quitter la commission
parlementaire, le conseil des ministres s'ajournait. Cependant, la discussion
que j'ai eue avec le premier ministre portait essentiellement sur
l'augmentation assez importante d'une taxe gouvernementale. J'ai ici le
mémoire que j'ai déposé au conseil des ministres, comme
nous devons le faire, et qui établit les coûts. Par exemple, aux
mines d'amiante, voici les coûts additionnels en pourcentage des salaires
payés, si je prends un taux moyen, en 1974, de $5.15 par $100 de
salaires payés. Dans l'hypothèse où nous aurions 100
mineurs qui perdraient leur droit de travailler en fonction du règlement
887 et qui bénéficieraient des dispositions de cette loi, le taux
monterait à $6.47. Et, si nous perdions 500 mineurs, le taux monterait
à $11.75, ce qui est un peu plus du double...
M. Burns: Des $100 de salaires...
M. Cournoyer: ... des $100 de salaires payés par la
compagnie. Je n'ai pas à expliquer que l'effet, au point de vue de la
taxation, pour une compagnie doit être discuté aussi avec le
ministre des Finances. Le ministre des Finances recherche l'argent d'un autre
bord et, ici, on le reprend avec une autre augmentation assez
considérable. Je peux prétendre moi, comme ministre du Travail,
qu'il ne s'agissait que de régler le problème de la pollution, et
on n'aurait pas eu le problème de payer des primes aussi
élevées que celles-là. Au point de vue strictement de la
fermeture de mines, je pense bien que personne ne recherche des fermetures de
mines à ce moment-ci, mais je vous donne l'exemple de ce que cela peut
coûter. Cela a été évalué par la commission,
c'est un taux double de ce qui est exactement le cas actuellement sur toute la
masse salariale.
J'ai mentionné que pour chaque tranche de 100 mineurs qui
perdraient leur droit de travailler, le maximum est établi à $12
millions pour la vie durant de chacun des mineurs. On en prend 100 et cela va
coûter $12 millions. Par ailleurs, comme je l'ai expliqué aussi
à certains de mes collègues, c'est que ces $12 millions, de la
minute...
M. Burns: Je m'excuse de vous interrompre. Quand vous dites $12
millions, c'est en tenant compte de l'expectative de vie du mineur en question
et de ce qu'on devra payer à la veuve, etc. si jamais le mineur en
question décède.
M. Cournoyer: Ce que la commission m'indique ici, c'est que, le
nombre de travailleurs touchés par ce projet de loi n'étant
actuellement pas connu, le calcul des engagements ne peut être fait avec
exactitude. On ne le sait pas. Pour chaque groupe de 100 mineurs
indemnisés en vertu de cette loi, il en coûterait $12
millions.
Ce coût ne tient pas compte du facteur de réadaptation,
parce que j'ai bien l'impression qu'il y a bien des gens qui ne veulent quand
même pas arrêter de travailler à l'âge de 45 ans. Il
n'en tient pas compte. Aussi, suivant le succès obtenu dans la
réaffectation des travailleurs dans d'autres fonctions parce
qu'il n'est pas dit dans ce projet que nous allons arrêter les gens de
travailler il est possible qu'à l'intérieur des compagnies
on réaffecte les gens, tout simplement. Ayant perdu le droit de
travailler dans l'environnement poussiéreux, ces personnes n'auraient
pas la possibilité de travailler ailleurs que dans un environnement
poussiéreux.
Il n'est pas dit non plus que les coûts sont des coûts
minimaux, ce sont des coûts maximaux à $12 millions, de même
que le coût de $12 millions ici est calculé en fonction du taux
présentement payé, et on dit: Si on a 100 mineurs et que cela
coûte $12 millions, les $12 millions doivent être financés
par l'industrie. Pour le financer par l'industrie, compte tenu de la masse
salariale actuelle, cela va coûter $6.47 par $100 de salaire que vous
payez. C'est dans la situation maximale de 100 mineurs. Si nous en avons 500,
il monte à $11.75 et si on avait 1,000 mineurs qui verraient leur permis
perdu à cause de cela, cela coûterait $18.35. Cela dépend
des obligations qui échoient à la mutuelle en question. Il s'agit
juste des mines d'amiante.
Dans les mines de métaux, sauf les mines de fer, les taux monte
de $7.67 à $8.61 par tranche de 100 mineurs aussi. Dans les mines de
fer, il monte de $2.20 à $3.29 parce que, probablement, les expositions
sont moindres. $2.20 ici reflètent aussi le coût de l'actuel
règlement et le coût de l'actuel règlement on peut voir que
les conditions étant différentes, il est à $5.15 dans les
mines d'amiante et à $2.20 dans les mines de fer, parce que ce sont des
mines à ciel ouvert, on n'y travaille pas de la même façon
du tout et le genre de minerai n'est pas le même que dans les mines
d'amiante. Mais, la place où c'est le plus dangereux, avec plus d'effets
encore que ceux qui nous préoccupent à ce moment-ci à
cause de l'existence du conflit que l'on connaît dans l'amiante, cela
reste la silicose, mines de métaux, sauf les mines de fer, les mines
souterraines où le taux est maintenant à $7.67, il passerait
à $8.61, à $12.37 puis à $17.07, mais le taux...
M. Burns: Par $100 de gain.
M. Cournoyer: C'est toujours par $100. Ce sont des taux
établis en pourcentage, par $100 de gain.
Or cette chose, les discussions sont en cours avec le ministre des
Finances, qui doit indiquer une réaction, vu cette nouvelle taxation que
nous devons imposer pour remplir les obligations nouvelles créées
par ce que la Commission des accidents du travail considère comme devant
être une loi spéciale.
Par ailleurs, je vous parlais de la lettre que je préparais
à l'endroit de la Commission des accidents du travail qui comporte les
différentes préoccupations du ministre, suite à certaines
réactions que la commission parlementaire n'a pas été sans
avoir et à certaines attitudes aussi, que historiquement, la Commission
des accidents du travail a pu prendre dans le passé.
La Commission des accidents du travail est venue devant une commission
parlementaire pour la première fois en 40 ans d'existence et,
habituellement, c'est le ministre qui répondait directement de la
Commission des accidents du travail, ce que nous n'avons pas fait cette
année. En conséquence, je pense bien qu'au point de vue
évolutif la seule obligation pour une commission des accidents du
travail de savoir qu'elle pourrait être interrogée par d'autres
personnes que son ministre est déjà un indicateur que nous
pouvons évoluer dans le sens que l'on cherche. Tous autant que nous
sommes, comme députés, nous recherchons le mieux-être des
citoyens de la province de Québec. On ne doit pas se cacher
derrière des organismes qui s'appellent commission ou autrement pour ne
pas faire ce que nous devons faire.
M. Burns: M. le Président, sur ce problème de la
commission parlementaire, est-ce que le ministre envisage de ramener
bientôt, devant la commission parlementaire, les représentants de
la Commission des Accidents du travail?
M. Cournoyer: Moi, j'envisage de les ramener pour continuer
l'examen des procédés administratifs de la commission. Parce que
ce que nous avons touché jusqu'ici cela a été pratiquement
seulement le problème de l'amiantose. J'imagine qu'en même temps
on va toucher le problème de la silicose parce que c'est du même
ordre. Mais par ailleurs, les premières raisons de la convocation de la
Commission des accidents du travail devant la commission parlementaire
débordaient et de beaucoup les seuls problèmes de
l'amiantose.
M. Burns: C'était l'administration...
M. Cournoyer: C'était l'administration. Ce n'est pas fini.
Quant au temps pour y arriver, c'est une question de priorité,
j'imagine, dans les différentes préoccupations, soit du
gouvernement, soit de la commission parlementaire proprement dite.
Nous avons une commission parlementaire à laquelle vous
n'assisterez peut-être pas mardi soir, j'en conviens, c'est normal, mais
elle porte essen- tiellement sur le rapport de la commission Cliche. Nous
entendrons celle des parties représentatives, comme cela aurait
probablement été votre deuxième motion, nous l'avons
adoptée sans que vous soyez là, de limiter la commission
parlementaire aux parties représentatives.
J'ai une indication générale qu'il semble bien que les
associations représentatives du côté patronal indiqueront
qu'elles ne veulent pas venir devant la commission parlementaire; il est
possible que les associations syndicales disent la même chose; en
conséquence, nous devrons présenter les lois que nous croyons
utile de présenter dans les circonstances au Parlement; nous
déciderons à ce moment s'il y a lieu ou non de faire d'autres
commissions parlementaires sur le contenu des lois et projets de loi donc du
contenu des décisions gouvernementales.
Pour revenir à cette unification dont vous parliez plus
tôt, ce n'est pas l'intention du gouvernement ou du ministre d'unifier
les services; je ne crois pas que ce soit ce qui se dégage du rapport de
Gilles Sainte-Marie et Associés. Ce qui se dégage de ce rapport,
c'est d'unifier ou de permettre une accessibilité à l'information
totale à un endroit donné. Il n'est pas question dans les
conclusions de ce rapport d'unifier les services proprement dits. Là
où il est possible de le faire, particulièrement dans les
capitales régionales, il est souhaitable que cela se fasse, et cela doit
se faire selon des échéanciers qui ne peuvent pas être
établis à ce moment-ci. Il y a une question de
budgétisation dans cela, et il y a aussi toutes sortes de
considérations que les travaux publics et les contrôleurs
budgétaires peuvent avoir, où, une fois la politique
établie, on tende vers un centre qui va donner le service et non pas un
centre qui va seulement informer où l'on a notre solution. Si je prends
le rapport en question tel quel, il ne vise pas à remplacer les
organismes actuels, ce sera dans d'autres décisions qui peuvent venir;
remarquez bien que je ne dis pas que jamais les organismes actuels ne seront
intégrés quelque part, je n'ai jamais dit cela; je dis qu'en les
conservant tels qu'ils sont, il peut arriver que, physiquement, comme ministre,
j'insiste pour que toute ouverture de bureaux nouveaux, par exemple, de la
Commission des accidents du travail ou de la Commission du salaire minimum se
fasse aux endroits déjà choisis, où existe
déjà l'un ou l'autre des bureaux du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, où existe déjà un bureau de la
Commission des accidents du travail ou un bureau de la Commission du salaire
minimum. Je ne permettrai pas qu'il y ait cet éparpillement actuel qui
fait qu'un individu cherchant une solution à son problème de
travailleur soit transféré d'un bout à l'autre d'une ville
ou d'une région donnée pour pouvoir obtenir satisfaction.
M. Burns: M. le Ministre, si je vous pose cette question
immédiatement, cela va peut-être éviter une question au
programme 4 où, spécifiquement, l'on pourrait en discuter. Le
rapport Sainte-Marie qui, soit dit en passant, à mon avis, est
très bien fait, ne règle pas, quant à ces solutions, des
pro-
blèmes beaucoup plus délicats de contentieux
fédéral-provincial qui peuvent exister en matière de
centres de main-d'oeuvre; il indique quand même des choses qui peuvent,
vous me corrigerez si j'ai tort, très rapidement être
réglées; il indique en tout cas un certain nombre de points
où le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre se fait, vous
n'aimez pas le mot, M. le ministre, mais je vais l'utiliser, blâmer
encore une fois relativement à un certain nombre de critiques
précises qui peuvent se corriger, à mon avis, rapidement. A moins
que le ministre me dise: non, ce n'est pas possible, cela prend une
révision totale et complète de la loi.
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Entre autres, le cloisonnement de l'information
à l'intérieur du ministère est décrit comme
étant un des problèmes majeurs de cette absence d'unité
d'information.
Il n'y a pas de communication entre les directions
générales de votre ministère, selon le rapport; il n'y a
pas de communication entre les directions générales et les
directions régionales.
Je pense que c'est une question de structure, cela ne demande pas une
réforme totale de la loi, cela ne demande même pas la disparition
des organismes qui relèvent du ministère.
Le manque d'organisation de réseaux internes d'information de
chacun des organismes de la main-d'oeuvre est critiqué également.
L'absence d'un réseau global d'information. J'ai été
particulièrement frappé par certaines remarques de la commission
si on peut l'appeler ainsi du groupe Sainte-Marie...
M. Cournoyer:... le mot "commission".
M. Burns: Vous n'aimez plus le mot "commission". Il faut dire que
vous n'avez jamais aimé cela non plus.
M. Cournoyer: Le mot "commission".
M. Burns: Quand je vois, par exemple, à la page 4 du
rapport Sainte-Marie, la phrase suivante: "D'autre part, les systèmes de
communication n'étant pas partout les mêmes, par exemple,
ordinateurs à la carte et télex au CMQ, ce qui est d'ailleurs
tout récent, il faudrait songer à relier tous ces systèmes
pour faciliter l'acheminement de l'information".
Même à l'intérieur, il n'y a pas de
possibilité. Ce qui m'avait tout à fait étonné,
c'est la remarque qui apparaît un peu plus tôt dans ce rapport,
toujours à la page 4, lorsque l'on mentionne l'état des lieux,
l'état... Je ne vous dérange pas, le député de
Frontenac?
M. Lecours: Non. Je voulais avoir la parole depuis tout à
l'heure. Vous m'avez coupé la parole. J'avais une intervention pourtant
assez importante à faire. J'ai l'impression que Dédé
Desjardins, c'est comme cela qu'il est devenu fort. Il devait toujours garder
le micro pour lui-même et il avait toujours le droit de parole. Les
autres n'avaient pas le droit de dire un mot.
M. Burns: Mon Dieu Seigneur! Qu'est-ce qui vous a piqué ce
soir?
M. Lecours: Absolument rien.
M. Cournoyer: Je l'ai piqué ce midi parce qu'il
n'était pas ici ce matin.
M. Lecours: J'ai des personnes à défendre. J'ai des
veuves à défendre qui reçoivent...
M. Burns: On ne vous empêche pas de faire cela. On va vous
aider si jamais vous avez besoin d'aide.
M. Lecours: J'ai tenté de le faire tout à l'heure
et vous m'avez coupé la parole.
M. Burns: Oui, mais qu'est-ce que vous voulez? Je pense que j'ai
encore la parole, selon le président. A moins que le président me
dise que j'abuse de mon droit de parole. Je ne pense pas, non?
Le Président (M. Séguin): Non. Vous avez la parole.
D'ailleurs, vous avez mentionné au début: Je pose une question au
ministre qui pourrait peut-être aider ou faciliter...
M. Burns: ... à libérer le programme 4,
éventuellement.
Le Président (M. Séguin): Je m'excuse
vis-à-vis du député de Frontenac. S'il avait
demandé la parole, je ne l'avais pas vu.
M. Cournoyer: Je te promets que je vais revenir à ta
question.
M. Bums: Mon Dieu Seigneur!
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Avez-vous déjà vu des vierges
offensées comme cela ce soir? Je n'ai jamais vu cela.
M. Harvey (Charlesbourg): Je voudrais demander au
député de Maisonneuve si c'est en regard du programme 4, s'il a
prévu certaines questions concernant...
M. Burns: Pour une fois, mon Dieu, qu'il y a des
députés libéraux qui veulent participer à une
commission, ce n'est pas moi qui vais critiquer cela. On a été
obligé de suspendre la séance ce matin à cause de
l'absence de députés comme le député de
Frontenac...
M. Harvey (Charlesbourg): Et ce soir, nous avons dû... en
votre absence.
M. Burns:... parce qu'il n'y avait pas quorum. Le
Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Cournoyer: Je
garantis...
M. Lecours: ... le député de Maisonneuve aussi,
parce qu'il n'était pas à temps. Il est toujours en retard
à toutes les commissions.
M. Cournoyer: On reviendra à cela tout à l'heure.
Je garantis que le député de Frontenac va avoir le droit de me
poser n'importe quelle question tout comme le député de
Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): Tout cela, c'est dans le
programme 6, M. le ministre. Le député de Maisonneuve a la
parole.
M. Burns: M. le ministre, je veux simplement souligner un certain
nombre de choses qui sont assez frappantes, je pense. Je parlais entre autres
des systèmes de communication qui, entre les divers organismes, ne sont
même pas unifiés, ce qui est critiqué d'ailleurs par le
rapport Sainte-Marie.
Le fait tout à fait inattendu qu'on retrouve dans le rapport
Sainte-Marie concerne le fait que les centres de main-d'oeuvre du Canada,
étant mieux identifiés que nos centres de main-d'oeuvre
québécois, ils sont habituellement beaucoup plus l'objet de
questions de la part de travailleurs concernés.
On nous dit, par exemple, toujours à la page 4 de ce rapport:
"Les centres de main-d'oeuvre du Canada ayant des bureaux bien situés et
disposant d'un personnel considérable, ce qui n'est pas le cas de nos
centres de main-d'oeuvre, le client s'oriente directement vers ce bureau, alors
qu'on l'a convoqué au CMQ. Ces exemples peuvent sembler absurdes, mais
ce sont des faits dont ont fait part la plupart des chefs de bureau que nous
avons rencontrés".
Ce sont des choses qui, dans le concret, peuvent apparaître comme
étant de la cuisine, mais cela ne demande pas des réformes
complètes; cela demande des gestes positifs, directs, que votre
ministère est en mesure de poser, sans même être
obligé d'envisager une réforme complète.
Finalement, je pense que toute l'approche, qui est une approche
d'information du rapport Sainte-Marie à lui seul, mérite qu'on se
repose un certain nombre de questions sur l'utilisation qu'on fait de ces
différents bureaux qui, actuellement, si vous regardez la liste, sont
présents dans certaines régions et ne le sont pas quant à
d'autres juridictions.
Je veux savoir du ministre s'il envisage un changement, au moins,
parcellaire, tel que suggéré par le rapport Sainte-Marie.
M. Cournoyer: Déjà, le ministre proprement dit,
c'est-à-dire le ministre du Travail, qu'il faudrait distinguer
immédiatement de la Commission des accidents du travail et de la
Commission du salaire minimum, qui ne sont réunies que par le ministre,
a déjà d'emblée adopté le rapport de la firme
Sainte-Marie et Associés. Il a déjà commencé
à mettre en vigueur, dans la limite des capacités qu'il a, tout
ce qu'il est humainement possible de mettre en vigueur sans changer les
structures et sans arriver globalement.
Des instructions ont été données également
à la Commission des accidents du travail de faire la même chose.
Je comprends et je conçois fort bien qu'à la Commission du
salaire minimum, c'est plus difficile, parce que c'est l'Année de la
femme et, dans les circonstances, il m'apparaît totalement difficile...
Je vois le vice-président en arrière...
M. Burns: Est-ce que vous avez l'intention, soit dit en passant,
d'amener... Je ne veux pas vous envoyer sur une autre piste, mais est-ce que
vous avez l'intention d'amener les représentants de la Commission du
salaire minimum, cette année, en commission parlementaire? Je vous
l'avais demandé, l'année passée...
M. Cournoyer: Je vous ai dit non l'an passé et je suis
obligé de vous dire non, cette année.
M. Burns: Est-ce pour les mêmes raisons?
M. Cournoyer: Ce n'est peut-être pas pour les mêmes
raisons. Je ne me souviens pas de celles que j'avais l'année
passée, mais elles doivent se ressembler.
M. Burns: Est-ce qu'on peut interroger le... M. Boudreault:
C'est peut-être parce...
M. Burns: Est-ce qu'on pourrait interroger le
vice-président, éventuellement, en l'absence de la
présidente?
M. Cournoyer: Officieusement, vous le ferez, mais je ne voudrais
pas ne pas convoquer la présidente elle-même devant cette docte
commission. Ce que j'essaie de vous dire, c'est que, bien sûr,
étant donné que ma vie parlementaire s'achève, lorsque
votre motion sera adoptée à l'unanimité de la Chambre,
l'autre ministre aura le même problème que j'ai. Je ne voudrais
pas trop sourire, étant donné que c'est l'Année de la
femme, mais, ce que je veux dire, c'est que j'ai plus de difficultés du
côté de la Commission du salaire minimum à réaliser
cette forme d'unité de pensée, qu'on appelle "Travail
Québec".
Dans la dernière publicité, par exemple... Pardon?
M. Harvey (Charlesbourg): Cela ne nous empêche pas de voir
Claire quand même.
M. Cournoyer: J'aime mieux ne pas la voir. Il m'est
arrivé, par exemple, juste sur la publicité... En voulez-vous
d'autres? C'était votre voisin de comté avant qu'elle...
Il m'est arrivé la semaine dernière de faire une
légère crise sur la publicité donnée à
l'augmentation du salaire minimum, et cela a pris une décision du
ministre telle que je me demande
comment je vais faire pour payer, demain matin, pour faire mettre
"Travail Québec" sur le budget de la publicité. Ce fut un peu
difficile. Cela ne s'est pas fait. Il faut que je paie maintenant, et j'ai
décidé que même s'il fallait que je le paie de ma poche, je
le paierai de ma poche. C'est un peu bête, ce que je dis là
je n'aimerais pas être bête mais comme vous me posez des
questions qui m'appellent à être bête, je suis aussi bien
d'être bête. Je vous demanderai...
M. Burns: On est une "gang" de monde bête, icitte.
M. Cournoyer: Oui. En tout cas, à tout
événement, ce que nous voulons ou tentons de réaliser,
c'est, le plus rapidement possible, de faire une expérience. Je pense
bien que je vais en faire deux. J'aurais aimé en faire une dans le
comté de Maisonneuve, mais, étant donné que le projet
relève de l'autorité du ministre, c'eût été
probablement une intervention d'ordre politique fort ennuyeuse pour le
député de Maisonneuve. J'ai donc décidé de faire
cela dans le comté de Sainte-Marie. Ils sont dans le même
bout.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection, si vous voulez l'essayer dans
Maisonneuve. D'ailleurs, Maisonneuve a été l'objet d'un tas
d'expériences pilotes...
M. Cournoyer: Comme vous, par exemple, vous êtes le
résultat de la première.
M. Burns: Moi, c'est plus qu'une expérience pilote. Ils
ont réussi à me garder deux fois. Je n'ai pas été
obligé de changer de comté.
M. Cournoyer: Oui, mais cela fait quatre fois, moi qu'on...
M. Burns: Je n'ai pas été obligé de changer
de comté deux, trois fois pour me faire réélire.
M. Cournoyer: Je n'ai jamais été obligé de
changer de comté, moi.
M. Burns: Bien oui, vous avez changé trois fois.
M. Cournoyer: Non, je n'ai jamais été obligé
de changer de comté.
M. Burns: Non?
M. Cournoyer: Quand on change de comté, c'est parce qu'on
décide de changer de comté. On ne m'a jamais obligé de le
faire.
M. Burns: C'est ce que je veux dire, quand on mentionne que
quelqu'un qui est obligé de changer de comté est un...
M. Cournoyer: Vous en connaissez qui changent de
comté?
M. Burns: On se fait élire à une partielle et on se
fait battre aux générales. Après cela, on revient dans un
autre parti.
Le Président (M. Séguin): Vous ne seriez pas
choqués si j'appelais à l'ordre, à ce moment?
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Ce serait parfait.
M. Cournoyer: Donc, dans la réalisation de cette section
de Travail-Québec, à l'état pur, nous allons tenter deux
expériences cette année, une dans Laval, où il n'y a aucun
service du gouvernement provincial au titre de la main-d'oeuvre ou du travail,
et l'autre dans le comté de Sainte-Marie. Ce seront des
expériences, parce que, si vous remarquez aussi, à l'étude
du rapport, il ne s'agit pas que d'avoir un centre d'information, il faut
être capable d'informer en même temps. Les personnes qui doivent
être dans ces centres doivent être du genre de personnes qui
peuvent diagnostiquer le besoin d'un individu et le référer au
bon endroit pour éviter que cette personne se promène et se fasse
dire par des fonctionnaires que ce ne sont pas eux qui sont responsables du
règlement du cas. Cela n'est pas une critique contre les fonctionnaires
que je fais, en disant que les fonctionnaires me disent: Moi, ma juridiction,
je ne touche pas à cela, au salaire minimum, je ne touche pas aux
accidents de travail. Ton problème, c'est à une autre place
qu'ici. Ce centre en question serait normalement en mesure d'aider la personne
à remplir très souvent des formules, parce qu'on marche avec des
formules. On voudrait aider les gens dans ce sens.
Alors, pour les expériences pilotes, ma décision a
été prise. Elles devront se faire dans Laval et dans
Sainte-Marie.
M. Burns: A quel endroit dans Sainte-Marie? M. Cournoyer:
Ne m'en demandez pas trop.
M. Burns: Non, c'est important, parce qu'il est...
M. Cournoyer: Disons qu'on va essayer de situer...
M. Burns: ... possible que cela se retrouve dans Maisonneuve
à un moment donné, parce qu'avec...
M. Cournoyer: Avec les expansions.
M. Burns: C'est cela, avec toutes les séries de
modifications...
M. Cournoyer: Disons.
M. Cournoyer: Disons d'ailleurs que je vais faire...
M. Burns: ... il est possible que vous soyez poigné avec
moi comme député de Sainte-Marie à un moment donné,
si on tasse le comté de cette façon.
M. Cournoyer: M. le Président, on va essayer de ne pas
trop vous affecter. Remarquez bien que toute la conception du rapport
Sainte-Marie, c'est l'accessibilité à l'information. On doit donc
rechercher, non pas l'endroit qui satisferait une personne en
particulier...
M. Burns: Non, mais puisque vous parlez d'expériences
pilotes et que vous indiquez deux endroits, c'est-à-dire Laval et le
centre de l'île de Montréal, c'est un peu pour cela que je vous
demandais si vous êtes en mesure de signifier à quel endroit
à peu près dans le centre-sud on mettrait en application ce
centre.
M. Cournoyer: Je parle du comté de Sainte-Marie, qui est
un comté assez vaste et qui est un comté ouvrier comme le
vôtre.
M. Burns: Qui ressemble beaucoup à Maisonneuve...
M. Cournoyer: Oui ressemble beaucoup au vôtre.
M. Burns: Et qui ressemble beaucoup à Saint-Jacques
également.
M. Cournoyer: Oui. Dans ce sens, l'endroit devra être un
endroit accessible et facilement accessible pour remplir le premier but qui est
visé quand même par le rapport de Sainte-Marie. C'est
l'accessibilité à l'information, l'accessibilité aux
rampes d'information plus faciles à obtenir de la part des individus qui
ont un problème. Dans ce sens, c'est là que nous nous dirigeons.
Il va arriver, cependant, que parallèlement à cela,
l'identification visuelle dont vous avez parlé tantôt se fasse
cette année dans les deux organismes et demi que je contrôle,
c'est-à-dire le ministère du Travail, la Commission des accidents
du travail et la moitié de la Commission du salaire minimum.
L'identification visuelle devra se faire. Si elle ne se fait pas, je la ferai
moi-même, j'irai poser les pancartes, s'il faut que j'aille.
Entre l'identification visuelle, il faut faire attention à cette
sorte de structurite qui existe, cette sorte de protection d'autonomie qui,
à toutes fins utiles, est au détriment de ceux que nous
desservons. Je ne parle que de l'intérieur de mes préoccupations
comme ministre, je ne ferai pas le procès des autres ministères.
A l'intérieur de mes préoccupations comme ministre, l'autonomie
constitutionnelle de la Commission du salaire minimum, l'automonie
constitutionnelle de la commission des accidents du travail et l'autonomie
constitutionnelle de chacune de mes directions générales qui
relèvent de la direction de mon ministère, ces choses doivent
être abolies au bénéfice de ceux que nous devons
desservir.
M. Burns: Concernant l'identification des lieux, toujours dans le
rapport Sainte-Marie, ce qui m'a frappé... Cela a peut-être l'air
niaiseux de parler de l'identification des lieux, mais quand on voit la
remarque suivante: "Notons au passage l'exemple du client qui va chercher les
renseignements au bureau des permis, parce que ce bureau est mieux
identifié par une affiche bleue et une fleur de lys que le centre de
main-d'oeuvre que rien ne signale", c'est bête, mais quand on parle de
domaines d'information, ce sont des choses aussi simples que ça qui
deviennent, à mon avis, importantes, si véritablement on veut que
ces centres soient à la portée des citoyens.
M. Cournoyer: Mais je vous assure que mon ministère est
parfaitement conscient de cette absence d'identification et que mon
ministère, ce n'est pas seulement moi comme ministre, tout mon
ministère entre d'emblée dans l'identification visuelle que nous
avons déterminée et que vous retrouvez, bien sûr, sur le
sigle Travail-Québec; ça va être clair que c'est
Travail-Québec dans tous les centres du ministère du Travail. A
quelque endroit que nous sommes, nous avons cette identification visuelle. Je
pense que je parle pour mon sous-ministre, pour tous mes sous-ministres. Cette
affaire est réglée chez nous, il s'agit de la réaliser
dans les meilleurs délais. Ce sont bien sûr des délais
administratifs et non pas des délais politiques, la décision est
prise chez nous.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Frontenac.
M. Malépart: Sur la question des... Est-ce que vous
entrevoyez utiliser les groupements de quartier? C'est important. Si on
identifie le bureau, le gouvernement implante une bâtisse, un bureau, un
local, si on peut amener une participation de tous les mouvements de quartier,
automatiquement, ces gens représentent des groupes, les gens vont
pouvoir s'identifier à cet endroit.
M. Cournoyer: Je ne saisis pas la portée totale de votre
question.
M. Malépart: Ce que je veux dire, c'est que, sur le plan
pratique, en supposant qu'on ouvre un centre d'information et de service de
Travail-Québec, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de trouver une
façon de voir à ce que les comités des écoles, les
organismes de différents groupements sociaux, autour d'un quartier
donné, que ces gens soient invités, consultés ou
informés de l'ouverture, de l'existence d'un tel bureau...
M. Cournoyer: Dans ce sens, oui.
M. Malépart: Dans le sens de la décision.
M. Cournoyer: Bien entendu, nous devons utiliser en même
temps les réseaux d'information qui existent déjà. Nous
sommes un réseau. Ce que nous voulons établir, c'est un
réseau complémen-
taire, en définitive, pour aider justement ces centres
d'information qui existent déjà, qui sont plus
spécialisés encore que celui que le ministère du Travail
a, mais c'est bien plus à leur service qu'au seul service des individus.
Nous ne mettons pas de côté, pas du tout... non seulement nous ne
mettons pas de côté, mais nous comptons, bien sûr, sur la
participation des mouvements sociaux. Cela ne veut pas dire que nous les
emploierons dans les centres Travail-Québec. Je pense que c'est ce que
vous visiez au point de départ. Nous sommes au service ou nous devons
être au service de ceux qui travaillent déjà dans les
milieux pour leur donner une information qu'ils peuvent davantage diffuser que
nous le pouvons nous-mêmes.
Il faut d'abord qu'on donne la bonne information à ces gens.
M. Malépart: C'est ça.
M. Lecours: M. le ministre, maintenant qu'à la Commission
des accidents du travail, on accepte le principe que l'amiantose donne le
cancer pulmonaire, je voudrais que, dans votre lettre, vous n'oubliiez pas de
penser à ceux qui sont morts de cancer pulmonaire à cause de
l'amiantose, amiantose-cancer pulmonaire, association des deux maladies. Parce
qu'il faut penser qu'il y a plusieurs veuves. Surtout depuis 1971, c'est
accepté aux Etats-Unis, cette histoire; la Commission des accidents du
travail n'a jamais reconnu officiellement ça ici. J'ai au moins 15 ou 20
dossiers, à l'heure actuelle, de veuves qui devraient avoir leur pension
et qui ne l'ont pas encore.
M. Harvey (Charlesbourg): Nommez-les.
M. Lecours: Je peux vous les nommer demain matin, si vous voulez,
j'ai les dossiers. Mais je pense que, dans votre lettre, il faudrait y penser.
Philippe Casgrain va vous trouver pas mal bon avec ça, il va vous aimer,
il va vous trouver bon.
M. Cournoyer: Je n'ai pas de compte à rendre au mari de
l'autre.
M. Lecours: Vu qu'il est le procureur des mines d'amiante, il va
vous trouver passablement bon. Il y a une autre chose aussi, il y a un autre
aspect aussi que j'aimerais aborder à l'heure actuelle. Il y a des
mineurs qui souffrent à 25% ou 30% d'amiantose. Est-ce que la veuve va
pouvoir obtenir une pension proportionnelle après le
décès. Cela n'existe pas à l'heure actuelle, mais je me
demande si, dans une prochaine loi, on peut penser à quelque chose de
semblable.
M. Cournoyer: Etant donné qu'il s'agit d'un projet de loi
spécial, se référant bien sûr à la perte d'un
permis de travail, pour le moment, je dois me limiter à ceux qui perdent
leur permis de travail. Est-ce que je dois réexaminer le cas de ceux qui
ont perdu leur permis à cause de la tuberculose? Vous savez qu'ils ne
pouvaient le perdre qu'à cause de la tuberculose. Mes
préoccupations, jusqu'ici et compte tenu des observations que j'avais
eues, ne se sont situées que dans l'application d'une décision
rigoureuse du gouvernement d'enlever le permis de travail à des gens qui
souffraient des voies respiratoires. Je vois donc la personne qui perd son
permis de travail et c'est de celle-là que je me suis
préoccupé.
Quant à celle qui ne travaillait pas, qui est morte, qui va
perdre ce permis ou qui l'avait perdu...
M. Lecours: Dans vos directives, à l'heure actuelle, la
rétroactivité existe déjà. Il y a un
précédent créé pour le cancer du foie à la
Commission des accidents du travail et le même principe doit être
appliqué au néopulmonaire, quelqu'un qui avait une association
avec l'amiantose. Cela existe déjà à la Commission des
accidents du travail et il y a un précédent
créé.
M. Cournoyer: II faudra voir le texte de loi.
M. Lecours: Je ne pense pas que ce soit inscrit dans la loi, ce
serait plutôt une directive que vous devriez donner à la
Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: Oui, le ministre ne donne pas des directives comme
cela.
M. Lecours: Oui, mais elle a accepté. Tout
dernièrement, elle a commencé à payer à
l'association d'amiantose néopulmonaire, chez des patients qui ne sont
pas encore décédés. Elle ne l'a jamais fait avant la
dernière commission parlementaire. Elle a commencé à payer
ces gens.
M. Cournoyer: Remarquez bien qu'elle administre la Loi des
accidents du travail.
M. Lecours: Mais, la loi leur permet de payer... M. Cournoyer:
Oui, c'est-à-dire...
M. Lecours: ... dans ces cas, même
rétroactivement.
M. Cournoyer: Oui, je conviens que cela leur permet de payer
rétroactivement, mais est-ce que le ministre doit donner des
instructions interprétatives quant à la Loi des accidents du
travail, en lui disant: Maintenant, vous allez payer comme cela. Si on est
rendu là, on est aussi bien de dire: Otons la Commission des accidents
du travail, faisons-la mener par le ministre et il va décider quand on
paie et quand on ne paie pas. Remarquez bien que ce que je disais tantôt,
sur la restructuration possible de la Commission des accidents du travail,
celle que je souhaiterais, c'est que, d'abord, il y ait un droit d'appel en
dehors de la Commission des accidents du travail sur telle ou telle
décision des officiers de la Commission des accidents du travail, mais
que, au surplus, la Commission des accidents du travail ne soit plus
constituée par cinq personnes qui se trouvent à détenir le
monopole de l'administration ou de la politique des accidents du travail au
Québec. Ce n'est pas parce que
je mets en doute celles qui sont là. Je ne fais que dire que,
pour plus de crédibilité, à la Commission des accidents du
travail, en 1975, on doit penser à restructurer la Commission des
accidents du travail pour qu'elle ait la crédibilité requise pour
prendre les décisions qu'elle a à prendre.
A partir de là, je ne veux pas remplacer la Commission des
accidents du travail comme ministre. Je ne pense pas qu'il m'appartienne de le
faire. Par ailleurs, si nous arrangeons les systèmes pour qu'ils soient
plus justes et qu'ils engendrent une crédibilité accrue de la
part de la population desservie, nous devons constater qu'il y a nettement une
possibilité d'amélioration sur le comportement même de la
Commission des accidents du travail face aux accidentés du travail.
M. Lecours: C'est déjà amélioré
depuis la dernière commission parlementaire où la Commission des
accidents du travail est venue ici déposer. Il y a déjà
une bonne amélioration.
Je pense aussi à ceux qui ont eu des accidents, il y a 20 ans. Je
connais mes patients. Il y en a un, entre autres, qui a une jambe
amputée et qui a $60 par mois pour cela. Est-ce qu'il va y avoir moyen
de réajuster ces taux?
M. Cournoyer: C'est une question de précédent,
c'est une question de loi, c'est une question de savoir comment on finance ces
choses. Je prends, par exemple, un seul élément qui a
été décidé il y a deux ans, lorsque les rentes
d'invalidité ont été indexées, en même temps
que les rentes d'invalidité de la Régie des rentes.
Immédiatement, il a fallu augmenter de $35 millions les prestations dues
par les employeurs, seulement au titre de l'augmentation de l'indexation,
c'est-à-dire l'indexation des rentes.
Lorsque nous avons augmenté, par exemple, le revenu maximal, de
$6,000 qu'il était, à $9,000, c'est dommage, mais on a
été obligé de dire que c'est $9,000 à compter du
1er janvier.
Ceux qui étaient compensés en fonction d'un revenu maximum
de $6,000 l'année d'avant, les veuves qui étaient
compensées en fonction d'un système. Pour la cause d'accident, je
peux retourner jusqu'au début de la Confédération et dire:
Si tel cultivateur n'avait pas eu des enfants cette année-là, il
n'aurait peut-être pas eu des enfants à grosse gorge, il n'aurait
pas fait des enfants à grosse gorge, et on va retourner jusqu'à
l'origine et on va compenser jusqu'au début. Ce n'est pas parce que je
suis mesquin, mais le coût, effectivement, à la Commission des
accidents du travail et vous le savez, c'est un coût qui, au moment de
l'accident ou de la détermination de la compensation, est calculé
totalement. On dit: Voici la rente qu'on paie. Avec un montant de capital, on
achète une rente qui va se prolonger pendant les expectatives de vie de
la personne en question. Cela est totalement dû l'année de
l'accident. Or, la révision de la méthode de financement fait
qu'au moment où on se parle, on a de drôles de difficultés
au point de vue strictement de la réserve actuarielle nécessaire
pour remplir toutes les obligations actuelles de la commission, compte tenu de
l'indexation toujours possible. C'est-à-dire que l'indexation ne nous
garantit plus les coûts, mais les rentes ayant été
indexées, c'est bien sûr qu'on a indexé $60 par mois et
qu'aujourd'hui, les $60 par mois, si l'accident survenait aujourd'hui, ce
serait peut-être $360 par mois. On va indexer les $360, mais au moment
où la dette a été contractée, elle était
établie à $60 et c'est $60 que nous indexons.
Cela peut paraître injuste...
M. Lecours: Non, ce n'est pas injuste, parce que, dans les plans
privés, c'est exactement la même chose, mais je me demandais si
pour vous, dans votre optique, il y avait des possibilités de
changement.
M. Cournoyer: Ce que nous recherchons actuellement, ce sont, bien
sûr, les accidentés de travail d'aujourd'hui, ceux qui sont
déjà accidentés nous préoccupent et, dans le cas de
l'amiantose en particulier, nous avons une préoccupation, compte tenu du
fait que les gens vont perdre leurs permis de travailler dans les mines. Si
j'en ai 500 là-dedans, cela va me coûter cinq fois $12 millions et
il va falloir que je le calcule quelque part ces cinq fois $12 millions. Ce
sont les compagnies d'amiante qui doivent les payer parce que la Commission des
accidents du travail se finance à même les mutuelles ou les
revenus des mutuelles. On n'a pas nécessairement le choix de
nationaliser ou de ne pas nationaliser. Ce n'est pas cela l'histoire.
Nationalisant ou ne nationalisant pas, il va falloir garder les mêmes
obligations.
M. Lecours: II faut garder les mêmes obligations.
M. Cournoyer: Comme je ne participe pas aux décisions de
nationalisation, je dis: Vous avez contracté des obligations
vis-à-vis des individus, ce gouvernement, aujourd'hui, en 1975, prend la
décision d'enlever les permis de travail aux individus et ce
gouvernement vous oblige, à compter d'aujourd'hui, à payer les
pots cassés. Mais nous examinons les gens, aujourd'hui, pour des
maladies contractées longtemps avant. Ceux qui ont le droit de
travailler aujourd'hui et qui ont 20% d'incapacité ou 10%
d'incapacité n'auront plus le droit de travailler demain, mais ils ont
contracté leur affaire avant-hier.
M. Lecours: Ils sont âgés, peut-être, de 60
ans aujourd'hui, ces gens-là.
M. Cournoyer: Peut-être.
M. Lecours: La plupart entre 55 et 65 ans, la grande
majorité.
M. Cournoyer: J'ai vu à la télévision,
l'autre jour, le doyen des grévistes de l'amiante. Il ne souffre pas
d'amiantose à 83 ans.
M. Burns: II a juste 80 ans.
M. Cournoyer: 80 ans? Il avait l'air en santé.
M. Bums: II a lâché assez jeune.
M. Lecours: Le Dr McDonald de l'université McGill
prétend qu'ils vivent plus vieux chez nous qu'ailleurs. C'est à
cette conclusion qu'il en est venu dans son rapport McDonald. C'est
peut-être vrai, ce n'est peut-être pas faux.
M. Cournoyer: Les gars qui ont un coeur de pierre sont
habituellement des gens qui sont susceptibles de vivre plus vieux que les gars
qui ont un coeur de chair. En tout cas, c'est la réponse que je peux
vous donner.
M. Lecours: Je pense que c'est une bonne réponse.
M. Cournoyer: D'autres réponses viendront
nécessairement du gouvernement. D'autres questions? Adopté?
M. Burns: Non, M. le Président, pas adopté. Vous
avez bien hâte; mon ami Cournoyer, mon ami le ministre?
M. le Président, toujours dans cette question, je m'en voudrais
de ne pas soulever, à l'occasion de cette discussion des rapports
Mineau, Gauvin et Sainte-Marie, le phénomène qui est sous-tendu,
entre autres, même si on n'y trouve pas de solution dans le rapport
Sainte-Marie.
Ce n'était pas, je pense, le mandat qui lui avait
été donné, le phénomène contentieux
fédéral-provincial relativement aux centres de main-d'oeuvre.
Encore une fois, peut-être que cela va éviter une question un peu
plus tard dans l'examen des crédits. Le ministre, là-dessus,
a-t-il l'intention de poser des gestes précis, parce qu'il semble que,
depuis quelque temps, il a cessé de faire des discours tels que ceux
qu'il avait faits relativement à la récupération du
pouvoir sur l'assurance-chômage, etc., après quelques
défaites subies par lui et par son collègue actuel des
Communications qui, à l'époque, était ministre de la
Fonction publique?
De toute façon, a-t-on décidé de laisser tomber
l'aspect contentieux fédéral-provincial relativement aux centres
de main-d'oeuvre, ou si le ministre a l'intention de poser à nouveau le
problème, soit lui-même, soit via une éventuelle
conférence fédérale-provinciale, d'un autre ordre?
M. Cournoyer: Etaler à ce moment-ci ce que nous entendons
faire nous causerait probablement un préjudice dans les
stratégies que nous avons. Comme tout le monde nous regarde et que,
demain matin, Ottawa va lire les rapports de l'Assemblée
nationale...
M. Burns: II y a du monde qui lit cela!
M. Cournoyer: Ah! ils lisent en désespoir! J'espère
qu'ils vont comprendre celle-là. Il n'est pas de mon intention de lui
divulguer ma stratégie par le truchement d'une commission parlementaire
étudiant mes crédits. Il est cependant de mon intention d'aviser
Ottawa par la copie des minutes de cette assemblée que les centres
Travail Québec n'ont pas pour but de les remplacer, mais ont pour but
premier de faire en sorte que nous jouions pleinement tous les rôles que
nous avons à jouer en matière de main-d'oeuvre, si nous les
appelons centres Travail Québec, que nous donnons un service et que nous
les rendons surtout accessibles. Vous avez fait tantôt une remarque, M.
le député de Maisonneuve, sur cette différence
d'accessibilité entre les centres de main-d'oeuvre du Canada bien
identifiés et les centres de main-d'oeuvre du Québec mal
identifiés. La personne voudrait aller chez nous, mais elle va ailleurs
parce qu'on dit: Centre de main-d'oeuvre...
M. Burns: Même parfois, elle est convoquée chez nous
et elle s'en va ailleurs.
M. Cournoyer: C'est ce que je dis. Cela a d'ailleurs
été constaté par l'étude que nous avons faite.
Maintenant, ce que nous visons, ce n'est pas contre Ottawa, mais, lorsque nous
aurons autre chose à discuter avec Ottawa, c'est que nous ne voulons pas
remplacer par de la broche à foin ce qui semble aller très bien.
Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. Je vais commencer par
organiser ma maison. Une fois que ma maison va être organisée, on
va me demander si quelqu'un devrait venir passer le balai chez nous.
M. Burns: Pour autant que cela prenne quelqu'un de solide pour
manier le balai.
M. Cournoyer: C'est cela. Alors, comme je ne suis pas, selon
votre opinion, suffisamment...
M. Burns: Ce n'est pas moi qui ai dit cela, c'est la commission
Cliche.
M. Cournoyer: Ce n'est pas la commission Cliche qui a dit cela.
Elle n'a pas dit cela.
M. Burns: Ah! voulez-vous lire le...
M. Cournoyer: Ce sont les implications que vous faites et avec
raison d'ailleurs; étant donné les ambiguïtés qu'on
retrouve dans le rapport Cliche, vous avez le droit de tirer la conclusion que
vous voulez, et, comme politicien, je vous reconnais ce droit, même cette
obligation.
M. Burns: C'est pour cela que je demandais que la commission
Cliche vienne nous parler.
M. Cournoyer: Si la commission Cliche n'est pas venue ici, c'est,
bien sûr, par décision de la commission parlementaire et cela
répondait, bien sûr, à un voeu nettement exprimé par
la commission Cliche elle-même.
M. Burns: Sauf que la commission Cliche n'a rien à
décider là-dedans.
M. Cournoyer: Non. Mais nous, nous avons à décider
de ne pas rendre la commission Cliche au-delà de ces
considérations qui sont
totalement et j'espère bien que je ne trouverai rien d'autre
chose là-dedans totalement apolitiques pour autant que je suis
concerné. Moi, je suis concerné dans le rapport de la commission
Cliche et vous le savez, mais je considère les commissaires comme des
gens qui n'ont pas pris d'orientation politique et dans ce sens, je n'ai pas
l'intention de les faire comparaître ici pour les utiliser à mes
fins comme politicien. En même temps que je fais cela, je ne vous permets
pas de le faire.
M. Burns: Vous l'avez déjà fait, M. le ministre, en
présentant deux projets de loi qui sont des extraits de la commission
Cliche, tout simplement. Ils trahissent, à mon avis, l'esprit de la
commission.
M. Cournoyer: C'est votre opinion, vous avez encore le droit de
l'avoir et j'imagine que c'est une obligation pour vous de l'avoir. La seule
distinction entre vous et moi, à ce moment-ci, c'est que vous êtes
assis à gauche et je suis assis à droite du président et
c'est moi le titulaire du ministère du Travail et vous êtes
l'Opposition. Mais si vous étiez assis ici, je me demande comment vous
eussiez réagi à un rapport comme celui-là, qui vous
recommande de mettre en tutelle des gens qui sont en train de faire ce qu'ils
faisaient.
M. Burns: J'aurais peut-être agi avant, de façon que
le rapport Cliche ne soit pas nécessaire.
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai dit tantôt
qu'étant donné qu'il y a une motion pour me "sacrer" dehors de la
Chambre, par le député de Maisonneuve, qu'il a fait une partie de
son discours tantôt, je lui répondrai en Chambre sur cette partie.
A un moment donné, vous le faites exprès, vous m'amenez sur le
rapport Cliche, je ne veux pas y aller.
Le Président (M. Séguin): C'est
arrêté.
M. Cournoyer: C'est arrêté, fini, arrêtons
ça. Je disais donc que ce que je veux faire...
M. Burns: Je suis content que vous ayez remarqué que
c'était une partie de mon discours à l'appui de ma motion.
M. Cournoyer: Je comprends que c'est une partie.
M. Burns: C'est le bout qui va faire épargner du temps
à la Chambre. Voyez-vous, j'ai parlé pendant une heure et trois
quarts ou à peu près, ça va faire ça de moins, il
me restera à peu près une heure pour régler l'ensemble du
problème, tout en référant nos collègues à
mon discours ici à l'intérieur de la commission. Cela va faire
épargner énormément de temps, parce qu'il y a tout le
reste de l'administration du ministère qu'on devra discuter.
Le Président (M. Séguin): Je suis parfaitement
d'accord.
M. Burns: Vous êtes d'accord, M. le Président. Le
Président (M. Séguin): Programme 1. M. Burns: J'ai
encore quelques questions.
Le Président (M. Séguin): Elément 1. Ah!
vous avez d'autres questions?
M. Burns: Oui, mon Dieu!
Le Président (M. Séguin): Est-ce que c'est à
l'intérieur du programme 1, élément 1, 2 ou 3?
M. Burns: Je suis encore dans les
généralités.
M. Cournoyer: Je n'ai pas entendu votre question, étant
donné que...
M. Burns: Je vous assurais que vous avez déjà
entendu à peu près une heure et demie du discours de deux heures
et demie que je m'apprêtais à faire sur la motion de blâme,
alors, il en restera à peu près une heure à faire en
Chambre.
M. Cournoyer: Voilà.
M. Burns: Cette partie est faite.
M. Cournoyer: Pendant ce temps, essayez de faire autre chose.
M. Levesque: II n'aura pas droit à deux heures et
demie.
M. Burns: Le leader du gouvernement a parfaitement raison quand
il a dit que je n'avais pas droit à deux heures et demie en Chambre,
c'est pour ça que j'en ai fait une heure et demie ici. Il me restera une
heure en Chambre.
M. Cournoyer: II nous reste combien d'heures ici, sur nos
affaires?
M. Burns: II nous reste à peu près une quinzaine
d'heures.
Le Président (M. Séguin): Dans le moment, il nous
reste l'opportunité de continuer avec le programme 1,
élément 1, et vous avez dit que vous aviez encore des questions
d'ordre général.
M. Burns: D'ordre général, oui. Toujours sur la
même question que j'ai posée tout à l'heure, relativement
au fameux rapport Gauvin, Mineau et Sainte-Marie, dans un des passages de ce
rapport, on traite de la possibilité de remplacer éventuellement
des organismes tels que la Commission du salaire minimum et la Commission des
accidents du travail simplement par un élément du
ministère, c'est souligné sans être...
M. Cournoyer: Pas de façon formelle.
M. Burns:... de façon formelle et précise dans le
rapport Mineau. Est-ce que le ministre a déjà
pris une attitude définitive relativement à la disparition
dans sa forme actuelle de la Commission du salaire minimum, de la Commission
des accidents du travail et de leur intégration à
l'intérieur du ministère ou bien du maintien pur et simple de ces
commissions dans leur forme actuelle?
M. Cournoyer: Dans le cas de la Commission des accidents du
travail, M. le Président, dans sa forme actuelle, la demande dont je
vous parlais tantôt implique nécessairement un changement total de
forme, un changement de forme et un changement de mandat. Si nous changeons un
certain nombre de dispositions de la loi traitant de l'indemnisation des
victimes d'accident, il est bien normal que nous nous dirigions vers une
nouvelle forme de commission des accidents de travail. La Commission des
accidents du travail ne s'appellerait plus ainsi, ce serait une commission
d'indemnisation des victimes d'accident. Ce n'est pas le titre qui changerait
comme la structure organisa-tionnelle de cette commission.
Si nous créons la commission, si nous modifions la structure de
la commission en nous inspirant de la Régie de l'assurance-maladie, nous
avons, bien sûr, un président et directeur général
et un conseil d'administration qui implique une participation des principaux
corps intéressés, ce qui n'est pas le cas du tout de la
Commission des accidents du travail actuellement. Et parce que les principaux
corps intéressés représentent soit des accidentés
du travail, soit des travailleurs susceptibles d'être accidentés,
nous voudrions bien sûr arriver à établir que le mandat de
la Commission des accidents du travail comporte trois volets. Le premier, c'est
l'indemnisation; le deuxième, c'est la réadaptation sociale et la
réadaptation des accidentés de travail; le troisième
comporte la question de la prévention. On n'a pas que la
réadaptation. Je dois vous avouer que j'ai une tendance assez
marquée à remettre la prévention des accidents de travail
à la Commission des accidents du travail. Par ailleurs, je suis
obligé de tenir compte du fait que la commission Cliche recommande que
la prévention des accidents du travail soit ailleurs, qu'elle ne soit
pas à la Commission des accidents du travail, mais à un office de
l'industrie de la construction. La commission Cliche me recommande donc quelque
chose que, normalement et naturellement, on pourrait tenter, dans toutes les
autres industries, à remettre à la Commission des accidents du
travail.
Je suis donc face à deux possibilités. Ou bien c'est la
Commission des accidents du travail qui fait de la prévention, qui a le
rôle de la prévention, ou c'est l'Office de la construction en
matière de construction.
M. Burns: Vous êtes attelé, là!
M. Cournoyer: Non. Tout cela arrive en même temps, je tiens
à vous le dire. Les rapports que vous avez devant vous et que vous
étudiez, normalement, il me semble que c'est votre devoir de le faire,
ces rapports sont arrivés au cours de l'année 1974 ou au
début de l'année 1975. Je les ai tous en même temps. Parce
que je les ai tous en même temps, les décisions que j'ai à
prendre d'urgence dans le cas du rapport de la commission Cliche, ce sont des
décisions d'urgence à cause d'un groupe d'impératifs
immédiats. Il y en avait des impératifs qui étaient
immédiats la semaine dernière, il y en a d'autres qui deviennent
immédiats la semaine prochaine. Vous savez ce que je veux dire par
là, c'est toute l'organisation.
Il va falloir que, la semaine prochaine, je décide qu'il y a une
association patronale unique ou non. Il faut que cela se fasse la semaine
prochaine, étant donné que, le 1er juillet, les associations qui
existent dans l'industrie de la construction du côté de
l'employeur, ont le droit, en vertu de la loi actuelle, d'être reconnues
comme représentatives, à compter du 1er juillet de par les
demandes au commissaire-enquêteur. Il va falloir que je décide en
même temps si c'est l'Office de l'industrie de la construction
créé qui va faire le vote à la fin de la période de
maraudage ou si c'est le commissaire-enquêteur? Eu égard à
cela, je crée l'office ou non, mais c'est cette semaine qu'il va falloir
faire cela. Ce n'est pas parce que je ne l'ai pas fait la semaine
dernière qu'on doit penser que cela ne doit pas se faire. Les urgences
sont là et je devrai le faire.
Par ailleurs, quand on parle d'une partie du mandat de l'Office de
l'industrie de la construction, on est obligé de constater que, d'un
côté, on recherche une unification de l'organisme de
prévention qui paie les accidents, donc qui a un intérêt
assez marqué à éviter qu'il y ait des accidents, qu'on
appelle la Commission des accidents du travail, et un autre, qui a un
intérêt aussi marqué, selon le rapport Cliche, de dire: Ce
que nous recherchons, c'est une unité de pensée dans l'industrie
de la construction. Le rapport Cliche présente des avantages assez
marqués parce qu'il implique du monde qui pense à la même
affaire, dans la même industrie, qui est nettement sectorialisant.
A un moment donné, vous pouvez vous poser la question: Pourquoi,
si on sectorialise la prévention là, ne sectorialisons-nous pas
l'indemnisation des victimes d'accident qui le sont déjà? Elles
sont déjà sectorialisées par le truchement des mutuelles
à l'intérieur de la Commission des accidents du travail. Vous
pourriez peut-être arriver à la conclusion que si vous voulez un
bénéfice social intégré dans l'industrie de la
construction, il peut peut-être arriver, à plus ou moins
brève échéance, remarquez que cela n'a pas à se
faire demain matin, mais que si nous créons l'office, il ait aussi comme
mandat la charge de la mutuelle d'assurance-accident dans l'industrie de la
construction. Il n'y a rien d'incompatible avec cela dès que nous
créons l'Office de l'industrie de la construction. Il prendra charge de
tout ce qui se passe dans l'industrie de la construction et ne se
référerait plus à une Commission des accidents du
travail.
Sa constitution, cependant, à l'Office de l'industrie de la
construction, c'est une constitution semi-paritaire.
Elle est paritaire, un employeur et un syndiqué et le juge de la
cour Provinciale étant là.
Cette constitution, avec nomination pour dix
ans, au moment où je vous parle, je le remets en doute, je remets
en doute la constitution de la Commission des accidents du travail, à
cause justement d'un mandat c'est inscrit durant bon plaisir mais
les gens ne sont pas nommés du tout en conformité avec ce que
nous croyons dans le cas des accidents du travail, ils devraient être
nommés pour représenter et obtenir la crédibilité
qu'ils ont perdue totalement face aux accidentés. Je dis totalement,
sous réserve du contraire. Ce n'est peut-être pas tous leur faute
non plus, c'est une question de loi.
M. Burns: Ce n'est pas exagéré, dans les faits,
c'est vrai.
M. Cournoyer: Ayant perdu cette crédibilité, notre
moyen de retrouver la crédibilité, c'est de faire participer les
patrons et les syndiqués et peut-être aussi les accidentés
de travail à la structure administrative de la commission, en
s'inspi-rant de la Régie de l'assurance-maladie. Si on fait cela
là, remarquez bien qu'on fait le contraire dans l'industrie de la
construction, avec l'office.
M. Burns: Quand le ministre pense-t-il nous soumettre un plan qui
unifierait ce qu'il qualifie être un certain nombre de contradictions,
relativement à ces deux choses, entre autres la Commission des accidents
du travail via...
M. Cournoyer: L'office?
M. Burns: Via l'Office de la construction.
M. Cournoyer: Disons que, lorsque je serai en mesure de vous
annoncer que le gouvernement a accepté de créer l'office, je
pourrai plus facilement répondre à cette question.
Mais je tiens à vous dire, pour éviter qu'il y ait toute
forme d'interprétation là-dessus, que si nous nous posons la
question, cela ne veut pas dire que nous en faisons une objection à la
création de l'office. Ce n'est pas cela du tout. Ce n'est pas cela. Mais
nous avons à décider de créer l'Office de l'industrie de
la construction, parce qu'il est une clé l'office est une
clé des conclusions du rapport. On retrouve très souvent,
un peu partout, certaines responsabilités de l'office dans le
processus... A mon sens, c'est la clé pour le placement, c'est la
clé pour la sécurité du revenu, c'est la clé pour
le maraudage, le contrôle du vote. C'est probablement la clé aussi
pour l'administration des conditions du décret, le système
d'arbitrage, par exemple.
Cette clé, si nous ne décidons pas de la prendre, on est
mal pris. Il faut donc prendre une décision là-dessus. Cette
décision devra être prise la semaine prochaine.
Je vous dis que même si j'y pense non pas comme
contradiction nous nous plaçons dans la situation d'abolir la
participation jusqu'à un certain point, des parties à
l'administration de leurs affaires, dans l'industrie de la construction. Elle
existe depuis 1934; nous le faisons et nous l'abolissons dans le cas de
l'Office de la construction: par ailleurs, nous introduisons, dans le cas de la
Commission des accidents du travail, une participation. Ce qui fait que nous
aurons peut-être l'air de faire le contraire dans un cas de ce que nous
devons faire dans l'autre.
Mais nous ne sommes pas à une incompatibilité près.
Cela ne m'énervera pas de le faire si, effectivement, les
problèmes de la Commission des accidents du travail ne sont pas de la
même nature que ceux qu'on a décelés dans l'industrie de la
construction.
M. Burns: On a d'ailleurs déjà décidé
que l'industrie de la construction, au point de vue des relations de travail,
était un système tout à fait à part du droit
régulier.
M. Cournoyer: Oui. C'est déjà accepté...
M. Burns: Ce ne serait pas étonnant qu'on prenne une
position différente dans un cas par rapport à l'autre.
Puisque nous en sommes sur ce sujet et qu'on est encore dans les
généralités, est-ce que le ministre peut nous dire, parmi
les 135 recommandations de la commission Cliche...
M. Cournoyer: La 135e, c'est la vôtre.
M. Burns: C'est pour cela que je parle des 135 recommandations de
la commission Cliche, est-ce que, déjà, le ministre est en mesure
de nous dire la partie où le gouvernement a déjà pris des
positions autres que celles qui sont déjà sous forme de lois
adoptées ou de projets de loi déposé? Quelles seront ces
recommandations qui feront l'objet de lois avant l'ajournement
d'été?
Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire cela jusqu'à
maintenant...
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: ...malgré le fait qu'entre autres on n'ait pas
encore à notre disposition les annexes, donc qu'on n'ait pas
complètement en main le rapport Cliche?
M. Cournoyer: Non, je ne suis pas en mesure de vous le dire
aujourd'hui, M. le Président.
M. Burns: Est-ce que vous pensez être en mesure de nous le
dire bientôt, la semaine prochaine ou dans un avenir très
rapproché?
M. Cournoyer: Ecoutez! Je vais vous donner, par exemple, une
série de recommandations qu'il y a dans le rapport de la commission
Cliche, c'est le maraudage. Là-dessus, on est en mesure de dire que la
période de maraudage, par voie de règlement, pouvait se faire en
vertu de la loi no 9. Mais il y a la clé office qui fait la surveillance
du vote, tandis que, dans la loi no 9, c'est le commissaire-enquêteur en
chef qui le faisait. C'est une obligation que nous avons, qui est presque
identique, sauf quant à sa portée à plus long terme. On
retrouve, par exemple, la déduction des cotisations
syndicales et, pendant la durée du décret, l'obligation
pour l'individu d'enregistrer son choix. C'est la seule différence qui
n'existe pas dans la loi no 9. La loi no 9 dit: C'est le
commissaire-enquêteur en chef qui fait le règlement, et le
règlement implique que le commissaire-enquêteur en chef
décide que l'individu va venir décider devant lui à quelle
union il appartient. Cela, c'est déjà fait. Pour nous, on
pourrait passer un règlement demain matin, et nous tenons compte,
à ce moment, d'à peu près sept ou huit des recommandations
de la commission Cliche en matière de maraudage. Par ailleurs, celle
dont nous ne tenons pas compte, c'est celle qui implique un changement
législatif, qui veut que l'Office de la construction soit celui qui
fasse la surveillance de ce vote. Vous comprenez ce que je veux dire? Une fois
que nous décidons de créer l'office, bien sûr que cette
partie, le commissaire-enquêteur en chef aime autant pas l'avoir, il la
passe à l'office tout de suite. Ce n'est pas une question de discussion
avec le commissaire-enquêteur en chef, ses règlements à lui
sont prêts en fonction de la loi no 9. Quant au contenu du
règlement, sauf pour l'administration pendant la durée du
décret, donc, après la période de maraudage, il n'y a pas
de problème. C'est la même chose que ce qui est contenu dans la
commission Cliche, mais comme il implique plus, cela nécessite deux
amendements législatifs. Il y a seulement deux places où on n'est
pas capable de le faire, en vertu de la loi no 9, c'est l'office et la
durée ou, pendant la durée, le choix enregistré de
l'individu. Il n'y a que deux places où on ne peut le faire.
Donc, cela fait sept ou huit recommandations qu'on retrouve au titre de
maraudage, et on pourrait dire demain matin: Nous avons fait ce que la
commission Cliche disait, mais nous ne l'avons pas fait avec la clé
qu'elle a recommandée. Si nous décidons de prendre la clé,
nous nous conformons encore plus aux recommandations de la commission Cliche,
qui, en fait, viennent corriger un peu le bill 9.
M. Burns: Un petit peu... Je veux dire que la commission Cliche
est très claire, fait une critique directe...
M. Cournoyer: De quoi? M. Burns: Du bill 9...
M. Cournoyer: Allez-vous en! C'est le contraire, mon cher
confrère, collègue et ami.
M. Burns: Voulez-vous que je vous relise...
M. Cournoyer: Lâchez-moi! Vous, vous l'avez lu deux fois.
Moi, cela fait trois fois que je le lis.
M. Burns: Je suis en train de le relire pour une troisième
fois.
M. Cournoyer: C'est la quatrième fois, avec vous, cet
après-midi.
M. Burns: Voulez-vous que je vous montre la place?
M. Cournoyer: Dites-moi ce qu'elle dit d'intéressant.
M. Burns: Ce qu'elle dit du bill 9? M. Cournoyer: Dites-le
moi!
M. Burns: Je vais vous montrer cela. Ce ne sera pas long.
M. Cournoyer: Vite, vite!
M. Burns: Attendez un peu. Cela a 600 pages, cette affaire.
M. Cournoyer: Moi, je le sais par coeur.
M. Burns: Oui? Moi, je sais que cela existe, mais il faut que je
trouve à quelle place c'est.
M. Cournoyer: II dit: Le bill 9 donne le monopole à la
FTQ.
M. Burns: Oui, et il vous critique de l'avoir fait.
M. Cournoyer: II confirme le bill 9 ensuite. Il dit: Le monopole,
cela ne se donne pas à 50%. En 1975, mon vieux...
M. Burns: Une des recommandations, c'est le pluralisme
syndical.
M. Coumoyer: Le bill 9, qu'est-ce qu'il dit? M. Burns: Ce n'est
pas cela qu'il dit.
M. Cournoyer: Ah bien! J'ai mon douloureux voyage! Pluralisme
syndical! Là, j'ai mon voyage!
M. Burns: Attendez un peu. Je vais vous trouver le passage. Ce ne
sera pas long.
M. Cournoyer: II y avait deux unions avant le bill 9. Il y en a
trois, maintenant, dans le bill 9, et on est encore dans l'unité
syndicale. Il y en a trois, maintenant. Dans le bill 9, il n'y en avait que
deux.
Mon coeur n'est pas mal, il est près de 11 heures.
M. Burns: II en parle une couple de fois. Mais, quand on lit la
page 295, il est important de se rappeler qu'à un autre endroit, que je
n'ai pas sous les yeux actuellement, on se demande je pense que c'est
aux pages 101 à 104, si je ne me trompe comment il se fait qu'un
gars comme André Desjardins ait tellement d'importance et tellement
d'influence?
M. Cournoyer: Je sais tout cela. Du moment que vous avez lu
cela.
M. Burns: Oui, j'ai lu cela.
M. Cournoyer: Ne recommencez pas celle-là. Ne cherchez pas
les conclusions du bill 9. C'est celle-là que je veux que vous
regardiez.
M. Burns: C'est le bout qui vous achale, mon blond. Qu'est-ce que
vous voulez?
M. Cournoyer: Vous l'avez lu tout à l'heure. ...le bout.
On n'est pas pour le répéter. J'ai deux grandes oreilles. Elles
sont assez grandes que j'ai tout entendu.
M. Burns: II est important de se rappeler que tout cela est dit
dans ce contexte. Le contexte, entre autres, c'est l'énoncé qui
nous apparaît à la page 122 sous forme de question. Je m'excuse,
M. le Président, si cela vous achale. Je reviens là-dessus.
Patientez, soyez patient avec moi. Comment se fait-il qu'un homme comme
André Desjardins ait pu acquérir autant de pouvoir au sein de la
FTQ-Construction et dans notre société en général?
Les pages suivantes expliquent qu'il y a, de la part de cet individu, une
collaboration du milieu interlope, une collaboration des patrons et une
collaboration de la part de certains hommes politiques. On arrive à dire
tout simplement, à la suite de cela: "L'Assemblée nationale
adopte la loi 9 qui permet, en pratique, à André Desjardins
d'imposer à tous les travailleurs de la construction qui sont
syndiqués ou non avec la FTQ la convention collective qu'il vient de
signer d'accord? et toutes celles qu'il voudra bien conclure par
la suite".
Comme le disait également le député de Bourget, on
revient sur ce phénomène, au bas de la page 294, et on y dit:
"L'adoption de la loi 9 régularisait donc, en cours de
négociation, une convention collective conclue contrairement aux
règles fixées par la loi". Si ce n'est pas une critique de la loi
9...
M. Cournoyer: Mon patron m'a dit qu'il fallait que je sois calme,
parce que...
M. Burns: Qui est votre patron? André Desjardins?
M. Cournoyer: II m'a dit qu'il fallait que je sois calme, mon
patron. Il faut que je sois calme, mais il y a de maudites limites, par
exemple.
M. Burns: La limite est actuellement atteinte, M. le ministre. Il
est onze heures. Je propose la suspension des travaux.
Le Président (M. Séguin): La commission...
M. Burns: On va revenir à cela, par exemple!
M. Cournoyer: On va y revenir en désespoir, je vous
avertis.
M. Burns: Oui.
M. Cournoyer: Parlons-nous en dehors des lignes?
M. Burns: ... des lignes?
Le Président (M. Séguin): Les jours qui suivront
porteront sans doute conseil. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 58)