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Commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre
Séance du mardi 3 juin 1975
(Dix heures vingt-huit minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail et de la main-d'oeuvre, étude des
crédits, séance du 3 juin 1975. Le séance de 10 h 15
minutes décolle avec promptitude à 10 h 28. Les membres de la
commission sont les suivants: MM. Bellemare (Johnson); Bérard
(Saint-Maurice); Boudreault (Bourget); Burns (Maisonneuve); Charron
(Saint-Jacques); Pilote (Lac-Saint-Jean); Cournoyer (Robert Baldwin);
Déziel (Saint-François); Harvey (Charlesbourg); Tremblay
(Iberville); Faucher (Nicolet-Yamaska); Malépart (Sainte-Marie); Roy
(Beauce-Sud); Verreault (Shefford). Le rapporteur est toujours M. Boudreault
(Bourget).
Je pense qu'à la fin de nos travaux sur l'étude des
crédits, à la dernière séance, le
député de Maisonneuve était en train de nous parler. Je me
demande s'il a terminé.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Alors, j'appelle le
programme 1, proprement dit, élément 1, adopté.
M. Burns: Non. Il faut d'abord savoir ce que c'est,
l'élément 1. Excusez-moi, M. le Président, j'avais encore
un certain nombre de choses à caractère
général.
Le Président (M. Séguin): Voici, je vous ai fait
l'offre, vous m'avez dit que vous aviez terminé.
M. Burns: Non, j'avais terminé le sujet dont je vous
parlais la dernière fois.
Le Président (M. Séguin): Ah bon!
M. Burns: C'est bien cela que j'ai compris.
Le Président (M. Séguin): Alors, faites un nouveau
départ...
M. Burns: II n'y a pas de nouveau débat, ce sont des
questions...
Le Président (M. Séguin): Nouveau
départ.
M. Burns: Ah! Merci, M. le Président. Je vous avais mal
compris. Peut-être une question d'actualité, cela évitera
peut-être une question en Chambre au cas où le ministre ne serait
pas là cet après-midi. Durant la fin de semaine, il y a eu des
commentaires c'est encore dans les généralités, M.
le Président, il y a eu des commentaires...
Le Président (M. Séguin): Oui, mais vous vous
rapportez à quelque chose qui pourra ou ne pourra pas se passer cet
après-midi en Chambre, je me demande si réellement c'est la place
de la commission.
M. Burns: M. le Président, quand on pose une question en
Chambre, à un moment donné, on nous dit: Vous avez l'occasion
privilégiée de le faire, vous avez l'étude des
crédits. Si, rendu aux crédits, vous nous dites: Ce n'est pas
possible, faites cela en Chambre. Ecoutez, je suis bien d'accord pour me faire
renvoyer de Caïphe à Pilate et de Pilate à Caïphe,
mais, à un moment donné, je veux trouver quelqu'un entre les deux
à qui je vais parler. Ou bien on va se retirer vous et moi, M. le
Président, et on va jaser tout seuls, cela ne me fait rien. Ce n'est pas
vous qui avez les réponses aux questions que j'ai l'intention de
poser.
Le Président (M. Séguin): Ce serait beaucoup plus
intéressant pour vous que pour moi de nous retirer ensemble, je vous
l'assure!
M. Cournoyer: M. le Président, je pense bien que les
crédits...
M. Burns: Je ne sais pas si je dois prendre cela comme un
compliment.
M. Cournoyer: N'empêche, disons que la seule remarque que
vous faites...
M. Burns: Vous savez de quoi je veux parler.
M. Cournoyer: ... est qu'il y a quelque chose qui peut se
produire en Chambre cet après-midi. Je pense bien que le
député pourrait oublier cette partie et poser directement sa
question...
M. Burns: C'est ça.
M. Cournoyer: ... sans suggérer que cela peut se faire ou
que cela ne peut pas se faire en Chambre.
M. Burns: D'accord!
M. Cournoyer: On va répondre ou on ne répondra
pas.
M. Burns: On repart à neuf, M. le Président?
M. Cournoyer: On repart à neuf.
Le Président (M. Séguin): Promptement.
M. Burns: Promptement.
Le Président (M. Séguin): A 10 h 30.
Application de la loi 30 dans le cas de M.
Laberge
M. Burns: Je dis tout simplement qu'en fin de semaine, j'ai
été, par la voie des jour-
naux comme tout le monde, probablement témoin de
remarques contradictoires de la part du premier ministre, et de la part du
ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre, relativement à l'application
de la loi no 30, au cas de M. Louis Laberge, président de la FTQ, qui,
comme tout le monde le sait, a été trouvé coupable, dans
un procès, à Joliette, en particulier de méfaits. Je n'ai
pas à raconter les faits. Je pense qu'ils sont connus. Ce ne sont
d'ailleurs pas les faits qui m'intéressent. C'est beaucoup plus l'aspect
de l'attitude gouvernementale vis-à-vis ou commentant ces choses, parce
que je ne veux pas entrer dans les droits de M. Laberge. C'est une autre
affaire. Il a encore droit d'appel, et cela, c'est son problème à
lui, ce n'est pas le mien. Mais le commentaire qui a été fait,
l'a été de façon, à mon avis, politique...
M. Boudreault: M. le Président, je m'excuse. M. le
député de Maisonneuve, est-ce que ce n'est pas sub judice, cette
chose?
M. Burns: Oui. Si je me mets à vous dire... Non, ce dont
je vais vous parler, ce n'est pas sub judice. Ce qui est sub judice, c'est que
M. Laberge a encore le droit d'aller en appel. Je ne vous parlerai même
pas de cela.
La sentence n'est pas prononcée. Cela n'a rien à faire...
D'ailleurs, je ne veux pas toucher à cela.
Je constate, comme tout le monde, que M. Laberge a été
trouvé coupable en première instance. Je constate, comme tout le
monde, que M. Laberge a indiqué son intention d'aller en appel. Je
constate, comme tout le monde, que la sentence de M. Laberge n'a pas encore
été imposée.
Il y a eu des commentaires de deux ministres, en fin de semaine, le
premier ministre et le ministre du Travail. Le premier ministre disant que,
selon les dispositions de la loi 30, qu'on vient d'adopter récemment et
qui prive un certain nombre de personnes qui ont, à toutes fins
pratiques, un dossier judiciaire, d'être des représentants
syndicaux dans l'industrie de la construction, l'interprétation du
premier ministre était que cela s'appliquait à M. Laberge.
Le ministre du Travail, si les reportages que j'ai lus sont exacts,
prétend le contraire, c'est-à-dire que la loi 30... Je dois dire,
en passant, que je partage l'avis du ministre du Travail. Je ne veux pas ouvrir
un débat là-dessus. Je veux savoir si le premier ministre et le
ministre du Travail ont réussi à agencer leurs opinions, au moins
pour donner une attitude gouvernementale unique, eu égard à
l'application de la loi 30.
La raison pour laquelle je vous pose cette question, M. le ministre,
c'est à cause de la proximité de l'adoption de cette loi, et mon
souvenir du débat, c'est encore très frais dans la mémoire
de tout le monde, cela date de moins de deux semaines, était que nous
discutions de façon très précise du domaine de la
construction. Je me rappelle qu'en particulier, sur cet article, les arguments,
tant du chef de l'Opposition que de ma part, ont été pour dire
que c'était un début. Ce que nous craignions, dans la mise en
application d'un tel article, c'est-à-dire l'article privant certains
syndicalistes du droit de devenir, soit représentants syndicaux ou
officiers syndicaux, était quelque chose qu'on croyait, à un
moment donné, que le gouvernement serait tenté de porter sur un
autre plan, beaucoup plus général, celui-là,
c'est-à-dire celui de l'ensemble de l'application du code du travail et
non pas tel qu'on le concevrait dans le cours de ce débat, uniquement au
niveau de la construction.
J'ai peut-être mal compris, mais au cours de ce débat, j'ai
l'impression d'avoir eu l'assurance du premier ministre, mais de façon
beaucoup plus claire de la part du ministre du Travail, que ce n'était
pas dans l'intention du gouvernement de porter ces privations de droit de
syndiqués sur le plan général de l'application du code du
travail, mais de le laisser uniquement dans le domaine de la construction.
Encore une fois, j'ai peut-être mal compris, mais c'est comme cela
que j'ai compris le débat. Maintenant, j'aimerais, si le ministre du
Travail le voulait bien, qu'il commente cette attitude, en apparence
contradictoire, de la part du chef de l'Exécutif et de l'un de ses
lieutenants, pour le moment.
M. Cournoyer: Disons qu'elle n'est contradictoire qu'en
apparence. Dans le cas du premier ministre, je ne sais pas ce qu'il a dit, mais
je sais que j'ai eu une conversation avec lui après les
déclarations réciproques que nous avions faites. Le premier
ministre accepte totalement mon raisonnement selon lequel la Loi des relations
de travail qui a été amendée est spécifiquement
celle de la construction.
M. Burns: Qui ne vise pas M. Laberge... M. Cournoyer:
C'est-à-dire que... M. Burns:... dans son poste actuel.
M. Cournoyer: Dans son poste actuel, non. Par ailleurs, si la
question m'était posée: Est-ce que cela vise M. Laberge? Je
dirais: Pour autant qu'il occupe un poste dans l'industrie de la construction,
à l'intérieur de la Loi des relations de travail dans la
construction, je serais obligé de dire oui. Si la question est
posée: Est-ce qe vous faites des exclusions pour Louis Laberge? Non. Il
s'agit de savoir si la Loi des relations de travail dans la construction
s'applique à Louis Laberge ou non. C'est une question qui n'est pas
hypothétique dans mon esprit. La FTQ et les syndicats de la
construction, ce sont les syndicats de la construction.
Mais si, par hasard, M. Laberge occupait le poste de président du
syndicat ou du Conseil des métiers de la construction, cela
s'appliquerait à Louis Laberge. On n'a pas donné de nom dans la
loi. Ce sont les postes qui sont délimités dans la loi et, en
conséquence, je sais que la première impression peut
peut-être laisser une sorte d'ambiguïté, mais la question qui
m'a été posée par le journaliste a été:
Est-ce que c'est vrai que M. La-
berge sera la première victime du bill 30? Je dis: J'en doute
fort, étant donné que le bill 30 n'a amendé que la Loi des
relations de travail dans la construction et que, d'autre part, la
Fédération des travailleurs du Québec, étant
l'organisme que nous connaissons, ce n'est pas un syndicat comme tel. Disons
que d'une façon beaucoup plus précise, dans mon cas, parce qu'il
m'arrive de connaître un peu les structures de la
Fédération des travailleurs du Québec, par rapport aux
structures de la CSN ou de la CSD, il ne s'agit pas d'un syndicat. Il s'agit
d'un groupement volontaire, un porte-parole commun d'un certain nombre de
personnes et on appelle cela une structure syndicale qui, en fait, ne
répond pas du tout aux mêmes règles que celles des
compétiteurs de cette structure, la CSN ou la CSD.
Dans mon opinion, le gouvernement n'a pas dit, et je ne me souviens pas
d'avoir dit cela, que le code du travail ne serait pas amendé, mais
c'est un autre débat. Cela n'est pas le débat que nous avions la
semaine passée sur le bill 30 qui ne s'appliquait qu'à
l'industrie de la construction. On ne peut pas dire que nous ne ferons jamais
telle chose ou que nous ferons telle chose. Je ne me souviens pas,
personnellement, à moins que je retrouve cela...
M. Burns: Si jamais les crédits du Travail sont
passés à l'enregistrement, parce qu'apparemment, nous sommes les
derniers, les autres commissions ont la transcription des débats de
façon assez rapide... Dans notre cas, cela va un peu moins vite.
Peut-être qu'on les aura aujourd'hui.
M. Cournoyer: C'est parce qu'on parle trop ici.
M. Burns: Je ne trouve pas qu'on parle trop. M. Cournoyer: On
parle plus.
M. Burns: Peut-être qu'on parle plus. Quand nous les
aurons, je vais vérifier le point de vue qui a été
exprimé au cours de cette discussion, quoique ceux relatifs au bill 30,
nous les ayons déjà. On pourra vérifier, mais j'ai
nettement l'impression qu'on nous a donné l'assurance qu'il ne fallait
pas avoir de craintes inutiles, que les dispositions privatives de droit, dans
le projet de loi no 30, pourraient éventuellement être
étendues à l'ensemble du monde du travail, donc comporter un
amendement au code du travail.
J'en viens donc... excusez, M. le ministre, vous aviez quelque chose
à dire?
M. Cournoyer: Je n'ai pas autre chose à ajouter. Mais
qu'il soit bien clair que, dans l'opinion du premier ministre et du ministre du
Travail, il n'y a pas d'incompatibilité pour autant que le ministre du
Travail est concerné, il interprète plus
précisément la loi qui a été passée, mais
pour le cas où M. Laberge serait un dirigeant d'un syndicat de la
construction, une partie contractante, la loi s'appliquerait à M.
Laberge. Ce qui n'est pas le cas d'après la connaissance que j'en
ai.
M. Burns: M. le ministre, j'endosse entièrement ce que
vous dites. Il est certain que, si M. Laberge, demain, quittait son poste de
président de la FTQ et tentait de devenir président du Conseil
des métiers de la construction, la loi s'appliquerait à lui, ou
s'il devenait président d'un syndicat, du local I44 des plombiers, par
exemple, il est évident que ce n'est pas une loi qui dit que M. Laberge
est exclu de cette loi, ou que M. Pépin est exclu de cette loi. Nous
parlons de M. Laberge dans son poste actuel, celui de président de la
FTQ qui est, M. le Président, comme le ministre le sait fort bien, au
sens du code civil, un groupement de personnes au Québec ne
possédant pas la personnalité juridique mais ayant une existence
légale. C'est la description à peu près mot à mot
dans le code de procédure civile. Ce n'est pas un organisme comme la CSN
ou la CSD, qui est incorporé en vertu de lois spéciales. Mais
cela ne change rien au fait de base, et c'était là ma question
originale. La loi 30 est un amendement, comme l'a dit le ministre, à la
loi des relations de travail dans l'industrie de la construction, et ne vise
pas nécessairement toutes les personnes qui pourraient avoir des postes
syndicaux ailleurs que dans l'industrie de la construction. C'est bien compris.
Ce n'est pas, soit dit en passant, l'impression que nous avions de l'opinion du
premier ministre. Je voulais clarifier cela plutôt que de vous poser une
question en Chambre cet après-midi.
Pendant que nous sommes sur le problème de la législation,
le ministre pourrait-il faire le point sur son intention de
légiférer, dans la prochaine année , en particulier sur le
projet de loi 24 qui est déjà inscrit je ne sais pas s'il
porte actuellement ce numéro mais, lorsqu'il a été
déposé il portait le numéro 24 qui se voulait un
amendement au code du travail, ou des amendements au code du travail. Le
ministre est-il en mesure de nous dire s'il a l'intention de faire adopter les
amendements qui nous avaient été présentés par ce
projet de loi avant l'ajournement de la session cet été?
Et, en autres je ne veux pas l'interrompre, si le ministre avait
d'autres projets de loi est-ce qu'il serait en mesure de faire le bilan de cela
à ce stade-ci?
M. Cournoyer: II est clair que dans le cas du bill 24, les
amendements sont presque tous prêts maintenant. Au bill 24 proprement dit
parce que le conseil consultatif a fait remarque de certaines erreurs
il y a des changements assez fondamentaux fondamentaux, oui, dans
le cas de la langue proprement dite que le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre a suggéré de faire, d'une
façon unanime.
Il y a aussi un certain nombre d'amendements sur la
démocratisation des syndicats et sur le financement des syndicats, qui
ne sont pas dans le bill 24, mais qui seraient dans le bill que j'entendrais
déposer le plus rapidement possible. La question de savoir si je vais
dépasser cela avant juin relève beaucoup plus du Parlement que du
seul ministre du Travail.
M. Burns: Mais, votre intention à vous?
M. Cournoyer: Mon intention serait d'avoir fait cela avant que
nous partions, à l'été.
M. Burns: C'est-à-dire adopté?
M. Cournoyer: Adopté pour les trots lectures. Etant
donné que la majorité des dispositions du bill 24 sont maintenant
connues de la part de l'Opposition et des députés, puisque cela
fait environ un an qu'il a été déposé, il y a le
Conseil du patronat qui demande une commission parlementaire c'est
d'hier qu'il l'a fait on verra s'il y a lieu d'avoir une commission
parlementaire là-dessus et de retarder encore une fois l'application de
certaines dispositions que nous jugeons nécessaires, au ministère
du Travail, même celles qui ne sont qu'administratives.
Dans le sens où vous m'avez posé la question, le
désir du ministre du Travail serait que ces amendements soient
adoptés dans la loi avant l'ajournement d'été.
M. Burns: Bon.
Office de l'industrie de la construction
M. Cournoyer: D"autre part, il y a un projet de loi, que
j'espère voir adopté par le gouvernement cette semaine, qui
concerne les dispositons spéciales dans le cas des maladies
industrielles qui sont susceptibles de faire perdre un permis aux gens.
J'aimerais aussi faire adopter cela avant l'ajournement
d'été.
D'autre part, il y a l'industrie de la construction. Nous avons
l'intention de créer l'Office de l'industrie de la construction avant
l'ajournement d'été.
Nous avons l'intention également de créer, d'adopter,
avant l'ajournement d'été, toutes les recommandations de la
commission Cliche qui réfèrent au maraudage. En même temps,
nous nous devons de prendre une décision dès aujourd'hui
je dis bien aujourd'hui, c'est comme ministre du Travail et non pas comme
Parlement sur l'opportunité de créer immédiatement
une seule association patronale, qui est une autre de la série de
recommandations de la commission Cliche.
Des projets de loi sont en train d'être écrits
actuellement. Je pense bien que je ne peux les déposer et prendre une
décision, avant que nous ayons fini la commission parlementaire à
laquelle vous n'assistez pas. Mais, comme, cet après-midi...
M. Burns: Pardon?
M. Cournoyer: ... à laquelle vous n'assistez pas, celle
qui étudie le rapport Cliche.
M. Burns: Celle qui doit siéger cet après-midi.
M. Cournoyer: Celle qui doit siéger cet après-midi.
Il y a des délais qui sont demandés par les parties. Je parle
bien des parties contractantes.
Si nous avions accepté, par exemple, votre première
suggestion, je pense bien que la deuxième qui serait venue aurait
été d'entendre les parties contractantes. Les parties
contractantes ont été invitées à comparaître
cet après-midi. Il semble bien que, cet après-midi, seule la CSD
soit prête à comparaître. Les associations patronales
n'auront pris une décision que demain. La Fédération des
travailleurs du Québec nous indique qu'elle n'est pas prête
à comparaître aujourd'hui, mais ce sera plus tard. La CSN demande
de ne comparatre que le 9.
Il s'agit de savoir si, comme gouvernement, je vais permettre qu'on
attende davantage alors qu'il y a un certain nombre d'urgences. Le rapport de
la commission Cliche me semble très clair sur ces urgences. Il y a une
chose certaine, c'est que je viens d'annoncer mon intention de créer
l'office de l'industrie de la construction qui est la clef dont on parlait la
semaine dernière. Si nous créons l'office de l'industrie de la
construction, il y a tout un tas de conséquences qui viennent se greffer
à l'existence même de l'office quant à son mandat actuel et
son mandat futur. Cela devra faire l'objet d'une loi avant l'ajournement
d'été, étant donné que l'office devra jouer le
premier rôle. Le premier rôle de l'office sera la question du
maraudage et de la reconnaissance des associations comme
représentatives.
Dans ce sens, M. le Président, ce sont les choses que nous
voudrions faire avant l'ajournement d'été.
M. Burns: Si je peux poser une question additionnelle sur les
intentions du ministre, la création de l'office de la construction, dans
l'esprit du ministre, comporte-t-elle l'adoption des recommandations de la
commission Cliche, relativement au pouvoir de l'office de la construction, plus
particulièrement en matière de placement qui, à mon avis,
si le ministre me permet d'ajouter simplement quelques brèves phrases,
est la recommandation centrale de la commission Cliche, c'est-à-dire de
ne plus confier aux parties, individuellement, la possibilité de faire
le placement des travailleurs de la construction, ceci, dans l'intention que ce
ne soit plus une farce que d'écrire, dans un projet de loi, que les
travailleurs de la construction sont libres d'adhérer à l'une ou
l'autre des centrales syndicales qui sont représentée dans
l'industrie de la construction, soit la CSN, la CSD et la FTQ?
A mon humble avis, le phénomène même du placement
est, en soi, un empêchement à l'exercice de la liberté
syndicale dans l'industrie de la construction pour la simple raison que,
à certains endroits, certains territoires privilégiés de
l'une des centrales par rapport aux autres, comme tout le monde le sait, cela
peut changer d'un territoire à l'autre, dans telle région, il est
à peu près impossible de trouver une "job" dans tel métier
si on est membre de telle centrale syndicale.
Cela veut dire que, dans les faits, le placement devient un
empêchement, de la façon qu'il est exercé actuellement,
à l'exercice de la liberté syndicale, de sorte que, si on
considère le travail de la commission Cliche d'abord et avant tout
comme
une étude approfondie sur l'exercice de la liberté
syndicale, il me semble que ce premier moyen, même s'il est dilué
dans les pouvoirs de l'office de la construction et même s'il
apparaît de façon un peu ancillaire dans ce rapport, cela reste
quand même, à mon humble avis je peux avoir tort
probablement la recommandation la plus importante qui vise à changer la
situation actuelle en vue de permettre aux travailleurs de la construction
d'avoir véritablement la liberté de choix de leur adhésion
syndicale.
Je reviens à ma question. Est-ce que, lorsque le ministre nous
dit qu'il entend créer cet office de la construction, il a l'intention
de tenir compte des recommandations de la commission eu égard au
placement?
M. Cournoyer: Si j'énonçais immédiatement
une réponse positive ou une réponse négative à
votre question, je me trouverais dans la difficulté de ne pas avoir
à entendre les parties.
M. Burns: Pas du tout. En tout cas, je ne suis pas de votre avis,
M. le ministre.
M. Cournoyer: Les parties me connaissant comme elles me
connaissent, elles savent fort bien que, lorsque j'aurai pris une
décision dans ce sens, cela ne vaut pas tellement la peine de venir ici
devant une commission parlementaire pour me dire quoi faire.
M. Burns: Au contraire, je pense que c'est tout à fait
dans l'esprit des commissions parlementaires que le gouvernement exprime une
politique et que les parties viennent se prononcer sur cette politique et
peut-être risquent de faire changer d'opinion, comme cela s'est fait
d'ailleurs dans certains autres cas dans le passé. Cela s'est
peut-être fait moins souvent au Travail parce que cela a toujours
été des projets de loi à la vapeur, faits à la
dernière minute, que le ministre avait son idée bien
arrêtée et qu'il avait décidé qu'il ne changerait
pas d'idée. Cela s'est fait dans des lois normales, c'est-à-dire
qui procédaient selon les voies normales de discussion de ces projets de
loi. Je pense, par exemple, simplement au gros code des professions et à
chacune des lois individuelles où le gouvernement avait soumis une
certaine politique. Pendant un an, on a entendu des représentants des
diverses professions. Il y a eu, effectivement, changement de politique du
gouvernement à la suite de ces représentations des corps
professionnels intéressés. Je pense, par exemple, à la loi
65 concernant les CLSC, où le gouvernement a modifié un certain
nombre de positions prises à l'origine, même s'il ne modifiait pas
le principe même de l'affaire.
M. Cournoyer: M. le Président, pour répondre de
façon claire et non embêtante pour qui que ce soit dans la loi
créant l'office, il sera question de placement. Nous allons nous
inspirer non seulement du rapport de la commission Cliche, mais
également de l'étude Sexton, qui est une des annexes que nous
voudrions bien avoir, maintenant que la commission a fini son travail.
Là-dessus, il y a deux ou trois questions que nous nous posons
sur le caractère obligatoire du placement et on se pose la question
à savoir si c'est conforme aux conventions internationales auxquelles
nous adhérons. Sur la question du placement obligatoire, mes officiers
me disent que le placement obligatoire, par exemple, par les bureaux de
placement syndicaux, comme il existe très souvent dans les faits,
aujourd'hui, serait aussi anticonventionnel, si on prend des conventions
internationales auxquelles nous adhérons celles de l'OIT
que si on obligeait tout le monde à passer par un bureau de placement
central. L'étude Sexton, l'étude, en fait, du professeur
d'université, d'après ce qu'on m'indique ce n'est pas moi
qui l'ai lue; je ne l'ai pas encore ne conclurait pas de la même
façon que la commission Cliche en matière de placement. Mais il
sera question, très certainement, dans la création de l'office,
du mandat que l'office devrait avoir en matière de placement ce qui ne
veut pas dire que d'emblée, nous mettrons toutes les dispositions,
concernant le placement, de la commission Cliche, mais que nous allons nous
inspirer non seulement des recommandations de la commission Cliche, mais
également des recommandations ou des études faites par M.
Sexton.
M. Burns: Donc, M. le Président, l'intention du ministre,
c'est d'avoir une législation an cette matière...
M. Cournoyer: Sur le placement.
M. Burns: ... tout ce qui concerne le maraudage et, en
particulier, le placement avant l'ajournement d'été.
M. Cournoyer: Oui, parce que le maraudage, comme vous le savez,
en vertu de la loi actuelle, commencerait officiellement au mois de
juillet...
M. Burns: Juillet.
M. Cournoyer: ... c'est-à-dire qu'au mois de
juillet...
M. Burns: Suivant...
M. Cournoyer: ... il faut demander d'être reconnu comme
association représentative, et la période de maraudage est
portée beaucoup plus loin. Mais une fois que le certificat d'association
représentative est émis, il est émis en vertu de la loi
actuelle par le commissaire-enquêteur en chef, ce qui serait le premier
mandat, en fait, de l'office de l'industrie de la construction que nous
créerions, tel que c'est écrit ici.
Deuxièmement, la réglementation de l'office. Il faudra
qu'il le fasse, mais il faudra aussi dire si nous acceptons la recommandation
d'une association patronale unique, parce que là, les deux parties
peuvent demander d'être reconnues, c'est-à-dire que des
associations patronales qui répondent aux normes de la loi 9, peuvent
demander d'être reconnues avant le mois de juillet, comme associations
représentatives sans qu'elles
aient le degré de représentativité établi.
C'est plus tard qu'il est établi, et il se trouve à être
établi, si je me souviens bien, vers le mois d'octobre. L'existence
même des nouvelles associations, du côté syndical, ce sera
encore possible vu le pluralisme consacré de nouveau par la commission
Cliche et existant dans la loi no 9. Cela est clair dans notre esprit. Nous
allons maintenir le pluralisme syndical. Du côté patronal, nous
devons prendre une décision comme je l'ai dit tantôt
aujourd'hui, selon laquelle nous créerons ou nous ne créerons pas
d'association patronale unique. Si nous décidons de créer une
association patronale unique, il n'est pas question de demande de
représentativité ou d'association représentative nouvelle,
à compter du mois de juillet, conformément à l'un des
articles qui tomberait, en conséquence, dans le cas des employeurs en
particulier, dans la loi no 9, telle qu'elle est écrite.
Dans le cas de la représentativité, la recommandation de
la commission Cliche, qui vise à enlever un des facteurs
d'établissement de la représentativité, nous allons aussi
la mettre en vigueur, c'est-à-dire qu'il y avait trois facteurs. Nous
n'en aurons plus que deux dans la question de reconnaissance ou dès
l'établissement du degré de représentativité des
associations syndicales.
Je pense bien qu'en faisant le tour comme cela... Il y a la question du
placement aussi. Dans la question du placement, je vous ai dit ce dont je
devais tenir compte, mais cela n'est qu'une partie du mandat de l'office.
Il y a aussi à considérer la question de savoir si nous
allons accepter comme changement très majeur et très profond qui
existe aussi, c'est-à-dire que la commission de l'industrie de la
construction, ou les comités paritaires.n'ont plus la surveillance des
termes du décret. Nous tombons dans un système d'arbitrage par
chantier. C'est la recommandation de la commission Cliche avec laquelle,
personnellement je dois vous dire, je me querelle. C'est un changement trop
radical, à mon sens, d'une histoire de quarante ans et de mouvements
syndicaux, pas un en particulier qui ont été
éduqués dans une forme d'administration de leur convention
collective totalement différente de celle qu'on retrouverait normalement
dans l'industrie sédentaire. Ces gens vivent comme cela depuis quarante
ans et il y a un certain nombre de désavantages, j'en conviendrai, mais
il y a un certain nombre d'avantages à cause de la nature de cette
industrie. Là-dessus, je pense bien, la commission Cliche a probablement
raison, mais il me semble qu'elle ne tient pas compte de la nature
particulière de cette industrie.
Dans la question des conflits de juridictions de métiers, par
exemple, il est clair que je ne peux permettre que les juridictions de
métiers soient laissées à des arbitres, donc qu'on
recrée une multitude de juridictions de métiers lorsqu'on vient,
justement, de réduire le nombre de juridictions de métiers
à une quantité qui est quand même appréciable sur le
continent nord-américain. On est dans une position
privilégiée et il n'y a qu'un arbitre actuellement des
juridictions de métiers dans la province de Québec. Il n'y a pas
tellement de problèmes, justement, à cause de notre
système. Une fois que l'arbitre a décidé d'une juridiction
de métiers, elle est applicable partout dans la province de
Québec. Les gens doivent donc s'y conformer. Il nous retour nons
à l'arbitrage des juridictions de métiers par chantier, cela
dépendra des griefs qu'on pourra y faire sur un chantier. On ne
déterminera pas nécessairement la juridiction de tel
métier, mais on va peut-être avoir une juridiction de
métiers pour tel chantier et une autre juridiction du même
métier pour tel autre chantier dépendant des arbitres qui ne sont
pas assujettis à la jurisprudence.
Même la jurisprudence, là-dedans, à mon sens, si
nous n'avons qu'un décret et qu'une série de taux de salaires
pour la province de Québec, à ce moment-là, on ne peut pas
souffrir d'interprétations différentes. On ne doit avoir qu'une
seule interprétation. C'est la tendance contraire qui, je pense,
pourrait sortir de la recommandation de la commission Cliche qui voudrait
confier à des arbitres de chantier des termes d'interprétation de
métiers. Là-dessus, je me querelle. Je ne peux pas dire que je
n'ai pas l'intention de suivre la recommandation de la commission Cliche, mais
si je change totalement le système de surveillance des conditions de
travail alors que l'instrument qu'on appelle l'office n'est pas en position,
aujourd'hui, de remplir toutes les sections de son mandat du jour au lendemain
cela pourra arriver dans cinq ans peut-être ou dans trois ans
on dirait: A partir de cette année, l'office a été
créé il y a trois ans, donc il s'est occupé des
premières parties de son mandat.
Maintenant, dans trois ans d'ici, revenons et enlevons la CIC, enlevons
CASIC , enlevons ces choses-là. Qu'on donne un certain nombre de mandats
à l'office pour recruter tout le personnel de ces organismes
médians, maisqu'ils deviennent, effectivement, médians, que
l'office soit président et membre de chacune des deux organisations
qu'on appelle CASIC et CIC. Qu'on n'enlève pas, du jour au lendemain, la
participation des premiers intéressés au respect des conditions
de travail sur la forme ou selon la forme qu'ils connaissent le mieux.
Remarquez bien que c'est probablement une bonne intention de la part de
la commission Cliche, elle abolit le placement et, si je projette, elle dit:
Etant donné que vous n'avez plus le placement, vous allez avoir un autre
rôle. L'autre rôle sera de faire des griefs et de faire respecter
les conventions collectives dans ce milieu.
On peut se poser sérieusement la question à savoir si
effectivement les délégués de chantier, les agents
d'affaires, sont ou seraient aussi bien équipés que l'est
l'actuelle CIC pour faire respecter les termes du décret. La CIC a le
pouvoir de faire inspecter les livres. Elle le fait d'une façon
régulière, chez les employeurs. Il y a des inspecteurs de
chantier qui, quels que soient les noms des inspecteurs de chantier, font la
vérification du taux de salaire payé. Il y a du "mandatoire"
dedans. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire par là.
C'est-à-dire qu'ils ont le pouvoir d'inspecteurs, ils sont
indépendants des parties,
du moins en droit. Ils sont des employés des parties. Si ces
personnes devenaient des employés de l'office et que les politiques
étaient déterminées par la CIC, politiques
budgétaires, etc., j'ai l'impression qu'on aurait fait oeuvre utile, qui
ne serait pas une cassure avec 40 ans d'histoire, mais qui préparerait
peut-être, à plus ou moins brève échéance, un
changement aussi radical que celui qui est suggéré, par la
commission Cliche, en matière de surveillance des conditions de travail
dans l'industrie de la construction. Cela se ferait probablement beaucoup plus
naturellement dans deux ou trois ans que cela ne se ferait aujourd'hui, si
cette cassure arrivait par un geste législatif entre des traditions qui
vont être difficiles à changer. Je tiens à vous dire cela.
C'est une opinion personnelle.
Mais 40 ans d'histoire, cela ne se change pas du jour au lendemain,
surtout sur la méthode de surveillance des salaires, du temps
supplémantaire, des heures de travail. Ces choses, ce sont les
comités paritaires qui les faisaient avant que ce soit la CIC qui, en
fait, n'est qu'un seul comité paritaire à l'intérieur
d'une province, pour administrer un seul décret. Je me pose de
sérieuses questions quant à l'opportunité de faire cette
cassure et je dois vous dire qu'au moins en ce qui concerne les juridictions de
métiers, je n'ai pas l'intention de suivre la recommandation de la
commission Cliche.
M. Burns: Dans les projets de législation qui suivent la
commission Cliche, est-ce que le ministre a l'intention de se pencher
immédiatement sur la recommandation concernant le tribunal de la
construction ou si vous voulez...
M. Cournoyer: Je dois vous dire, M. le Président, que,
dans ce cas, j'ai l'impression que, compte tenu du fait qu'il s'agit de
l'administration de la justice, j'écrirai une lettre au ministre de la
Justice pour qu'il s'occupe de cette section. C'est une question de
capacité et cela relève normalement, même si c'est un
tribunal spécialisé comme te tribunal du travail, ce n'est que
techniquement... Le tribunal du travail ne relève pas du tout du
ministre du Travail, il est dans nos bâtisses, mais ces gens sont...
M. Burns: II a été conçu, quand même,
comme une politique du ministère du Travail, à l'origine.
M. Cournoyer: Oui, à l'origine, la demande...
M. Burns: Evidemment, je présume, à l'origine, avec
l'assentiment du ministère de la Justice...
M. Cournoyer: Forcément.
M. Burns: ... puisqu'il émanait du ministère de la
Justice.
M. Cournoyer: Les juges sont nommés, non pas sur
recommandation du ministre du Travail, mais par le ministre de la Justice,
après consultation du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre. Mais la consultation ne se fait pas par le ministre du Travail
pour les nominations des juges. Elle se fait par le ministre de la Justice.
M. Burns: Non?
M. Cournoyer: Je n'en ai pas fait une et il y a eu du monde de
nommé. Le ministre de la Justice a procédé à la
consultation du Conseil consultatif et non pas du ministre.
M. Burns: Votre avant-dernier prédécesseur le
faisait. Il faisait même les suggestions lui-même. Je pense au
député actuel de Johnson.
M. Cournoyer: Mon avant-dernier prédécesseur a
probablement pensé qu'il pouvait le faire. Quant à moi,
étant donné qu'il s'agissait de l'administration de la justice,
je n'ai pas voulu me mêler de consulter ou même de suggérer
un nom de juge au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Je
pense qu'il y a eu trois juges de nommés?
M. Poirier fut nommé du moins je me souviens de la
nomination de M. Poirier et cela a fait l'objet de consultations
directes par le ministre ou le sous-ministre de la Justice, mais certainement
pas par le ministère du Travail.
De toute façon, c'est une question qui relève du
ministère de la Justice, la question d'organisation des tribunaux, et
cela doit s'insérer, j'imagine, en toute logique, dans les
volontés de révision des tribunaux que le ministre de la Justice
a soumis dans le livre blanc sur la justice.
M. Burns: Bon. Revenant au bill 24 et à ses
amendements...
Le Président (M. Séguin): Puis-je vous interrompre
un instant. Il ne sera pas question de débat ou autre chose, je ne veux
pas me mêler au débat. Il me reste à l'esprit et
n'étant pas juriste, n'ayant pas une formation de juriste des
observations.. Je parle des commentaires qui auraient été faits
précédemmment en ce qui concernait l'interprétation de la
loi 30 au sujet de M. Laberge. Je voudrais demander la coopération et
l'appui de la commission sur ce que je vais dire. Ayant consulté
indirectement deux juristes, le député de Maisonneuve, qui a
émis son opinion sur la question, à savoir si cela pouvait
être sub judice ou non, et une autre juriste du ministère du
Travail, qui semble avoir des doutes, je vous ai donné l'explication qui
ne me donne personnellement pas un doute très grave, très
sérieux, mais je voudrais demander ceci: Toute cette partie,
débutant avec la question du député de Maisonneuve, et ce
qui concerne la réponse du ministre, pour le moment et jusqu'au lunch,
où j'aurai l'occasion de consulter des juristes, avec en main le texte
du journal des Débats à ce moment-là, je voudrais ,
dis-je, demander, s'il y a quelque chose, une phrase, quel commentaire qui
pourrait être considéré, dans ce contexte, contraire
à notre procédure du "due process", aux
journalistes ici présents de faire une réserve totale sur
ces commentaires. Dès l'après-lunch, j'aurai l'occasion de dire
oui ou non si c'est acceptable; et, à ce moment, si, pour une raison qui
sera déterminée par des juristes, on décide qu'il y avait
une partie sub judice, je demanderai que cette partie soit rayée du
journal des Débats.
C'est un geste de prudence, M. le député; je ne veux pas
faire de débat à ce sujet, vous aurez certainement la
confirmation de ce que je veux dire immédiatement après le lunch.
L'heure de tombée pour la presse, je pense, n'en subira pas de retard
sérieux.
Je sais que chaque député, assis dans son fauteuil,
bénéficie quand même d'une certaine immunité, et je
ne voudrais pas qu'il se glisse dans...
M. Burns: Les journalistes aussi bénéficient d'une
immunité lorsqu'ils rapportent les paroles...
Le Président (M. Séguin): Oui, c'est exact.
M. Burns: ... de quelqu'un qui...
Le Président (M. Séguin): Je demande un geste de
coopération, je ne fais pas de restriction, je dis tout simplement que
je verrai à avoir une opinion et plus d'expertise sur une
décision à rendre sur la recevabilité d'un commentaire; je
ne dis pas le tout, car, naturellement, le tout ne touche pas ce commentaire,
ce ne peut être que des parties. Je demande simplement une réserve
autour de cette question qui a été débattue et je vous
assure que la réponse sera très prompte à venir.
Je demanderais à M. Massicotte, qui est présent,
d'observer mes commentaires, s'il le veut, en ce qui concerne l'impression
d'une question sur le bill 30 et l'application d'une interprétation
donnée par le premier ministre durant la fin de semaine et par le
ministre du Travail, où il semblait y avoir un peu de confusion. Mais le
débat s'est élargi un peu là-dessus.
Juste une suspension à un moment pour pouvoir dire: D'accord, il
n'y a pas de problème. Mais vous comprendrez que je n'agis pas ici comme
juge. Ce n'est pas mon rôle et je ne suis pas juriste. C'est dans ce
contexte-là. Un doute ne m'enlève quand même pas la
responsabilité de recevoir les commentaires des membres, pourvu que ces
commentaires soient réguliers.
M. Burns: Je ne veux pas non plus entreprendre de débat
là-dessus, M. le Président, mais je vous dis bien humblement que
je ne crois pas que vous ayez le pouvoir de défendre aux journalistes de
publier ce qui s'est dit ici.
Le Président (M. Séguin): Je ne le défends
pas, j'ai demandé une coopération.
M. Burns: Advenant le fait que vous jugiez qu'il était
impropre et anormal de discuter de cette chose, il y a une certaine directive
du président de l'Assemblée nationale, selon laquelle il peut
peut-être faire rayer les choses, les paroles non parlementaires, mais je
ne crois pas que vous puissiez faire rayer du journal des Débats des
choses qui sont irrégulières, en somme.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, cela peut être la réponse également.
Il n'y a pas de pouvoirs à la commission une fois que c'est dit. De
toute façon, je veux consulter...
M. Burns: Vous pouvez m'empêcher de continuer dans cette
ligne, je vous reconnais totalement ce droit. Mais comme le débat,
à toutes fins pratiques si on peut l'appeler ainsi a eu
lieu, je ne pense pas que vous puissiez, à moins que j'aie
prononcé des paroles antiparlementaires, ce qui, je pense, n'a pas
été le cas...
Le Président (M. Séguin): Non, pas du tout. C'est
simplement pour être bien sûr qu'il y a justice de part et d'autre,
le droit d'écrire et d'utiliser des commentaires publiquement les
paroles dites ici et aussi le droit à chaque député
d'expliquer ou de poser des questions au ministre ou a la personne qui est
questionnée de répondre, mais je ne voudrais pas...
M. Burns: En somme, si vous voulez me permettre simplement ce
commentaire, en aucune occasion au cours de la discussion, nous nous sommes
prononcés sur les droits immédiats de M. Laberge, relativement
à son appel. Je pense qu'on a été très clair, M.
Laberge a été trouvé coupable d'un méfait et M.
Laberge a annoncé son intention d'aller en appel. Qu'on le mentionne, je
pense que cela ne change rien à ses droits et cela ne nuit pas à
ses droits.
D'autre part, ce que je demandais dans le fond, c'est
peut-être mon erreur d'avoir personnalisé l'opinion que je
demandais au ministre, ou une clarification, de l'avoir personnalisée
à M. Laberge la question fondamentale qui se posait,
c'était: Est-ce qu'on doit croire?
Les commentaires des deux ministres, en fin de semaine, se sont faits eu
égard à la décision de M. Laberge.
Le Président (M. Séguin): Je comprends.
M. Burns: Là, c'est un tout autre cas. Je voulais
simplement clarifier une position gouvernementale qui m'apparaissait,
m'apparaît encore même si je prends la parole du ministre
comme contradictoire, de la façon que cela a été
rapporté, si véritablement le premier ministre a dit ce qu'il a
dit. Je tiens pour acquis qu'il l'a dit, jusqu'à preuve du
contraire.
Le ministre du Travail nous a fourni une explication qui atténue
la position.
Concernant M. Laberge, je tiens à dire que jamais, je n'ai eu
l'intention de me prononcer sur la valeur du jugement rendu la semaine
dernière et sur la valeur des procédures qui s'en viennent, sans
aucun doute.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, même lorsque j'aurai l'occasion de consulter ces
juristes, il me fera plaisir de vous inviter, avec le texte en
main, pour voir s'il y a certaines choses. Vous serez le premier
à l'admettre, je n'en doute pas, s'il y avait quelque chose.
Mais, étant donné que j'ai ce doute, c'est la raison pour
laquelle j'apporte cette précision à ce moment-ci. C'est fort
irrégulier, cela n'arrivera peut-être jamais à nouveau,
mais, encore une fois, je pense que c'est surtout...
M. Burns: Par prudence.
Le Président (M. Séguin): Par prudence, et aussi
pour ne pas accepter qu'à nos commissions, à certains moments, on
se permette des choses qui peuvent être préjudiciables à
une personne qui n'est pas ici, en l'occurrence, on a peut-être
nommé cette personne plusieurs fois. Je me demande, avec une certaine
réserve, surtout avec la prudence que vous me prêtez, si cette
condition très simple de reculer d'une couple d'heures, peut-être,
certains commentaires... une décision sur ces commentaires.
Si vous voulez, je demande ici votre coopération, sans quoi je
deviens une partie du débat, ce que je n'ai pas le droit de faire, mais
je voudrais faire ici, entre parenthèses, ces commentaires. Dès
que nous ajournerons, je rejoindrai certaines personnes aussitôt que ce
sera humainement possible de le faire. Je demanderai à M. Massicotte de
me fournir une ou des copies du texte concernant cette question et la
réponse, ou les questions et réponses concernant bien
précisément cet article. Je lui ferai part, s'il le veut, de ce
que je veux dire, exactement.
Messieurs, vous abordiez un autre sujet, continuez donc. Excusez-moi
pour l'interruption.
Maintien des services essentiels en cas de
grève
M. Burns: Je vous en prie, M. le Président, c'est votre
droit. Toujours en matière de législation, on se souviendra que,
il y a bientôt deux ans, le ministre du Travail avait
déposé un projet de loi, qui était le projet de loi no 89,
sur le maintien des services essentiels en cas de grève, en tout cas,
qui se voulait, démagogiquement, désigné comme cela.
On se souviendra que ce projet de loi a été l'objet d'un
tollé de protestations, particulièrement de la part des
représentants syndicaux, des milieux syndicaux et que, par la suite, le
projet de loi est mort, de sa belle mort, à la fin d'une session et n'a
jamais été réintroduit sous cette forme. Lors des
crédits, l'année dernière, je me souviens avoir
discuté de ce phénomène des services essentiels avec le
ministre. Plus particulièrement, le ministre, à ce moment, nous
laissait entendre que, parmi les points qui étaient encore en litige, il
y avait ce fameux article 99 qui devait, en principe, à l'origine, tel
qu'on l'avait conçu, être une forme de protection de services
essentiels après coup. En tout cas, j'ai le droit de ne pas être
d'accord sur cette interprétation. Mais, on avait
présenté, à l'origine, le projet de loi 89 comme
étant une justification à ne pas légiférer en
matière des services essentiels, de façon plus précise, en
disant, si jamais une grève, dans son application, nuit à la
santé et à la sécurité de la population, il peut
toujours y avoir une injonction émise et, par la suite, la formation
d'une commission d'enquête qui verra à régler le
différent entre les parties.
J'aimerais savoir, de la part du ministre, toujours sur cette question
de loi à envisager dans l'année à venir, possiblement
avant l'été, s'il en est arrivé à une conclusion
définitive relativement à la politique qui devrait être
appliquée dans les cas de grève des services essentiels, ce qui,
l'an passé, je le répète, semblait être le point
principal, le point majeur où les parties du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre accrochaient ou, si vous voulez,
n'étaient pas d'accord.
M. Cournoyer: Dans ce domaine, M. le Président, il y a eu
une évolution cette année dans les discussions que nous avons
eues avec les membres du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
Il y a, encore aujourd'hui, un certain nombre d'interrogations. Cela redevient
une question d'opportunité de présenter ou de ne pas
présenter un projet de loi à ce moment-ci.
Il s'agit de l'amendement ou de la radiation de l'article 99 et de son
remplacement par une méthode d'établissement des services
essentiels en cas de grève qui affecteraient la sécurité
ou la santé du public. Cela va un peu plus loin que cela. Il s'agit de
services publics. Nous avons fait évoluer la situation dans le sens
suivant, du moins l'espérons-nous; Les parties en sont venues à
la conclusion que non seulement nous devions réviser la question des
services essentiels, mais nous devions réviser également la
méthode de négociation des services essentiels. Compte tenu que
nous n'avons pas adopté de loi et que je prenais et prends encore la loi
proposée comme étant un tout qui n'est pas divisible dans mes
livres, comme modification à l'article 99, je ne crois pas opportun de
présenter à ce moment une loi visant l'établissement des
services essentiels.
Les négociations dans les services publics sont
déjà commencées. La révision de la méthode
de négociation dans les services publics aurait été
contraire à ce que d'autres ministres ont déjà entrepris.
S'il s'était agi pour moi de n'amender l'article 99 qu'en fonction des
services essentiels, j'aurais brisé au moins ce que j'aurais pu appeler
un consensus. Comme ministre du Travail qui avait consulté les gens,
j'aurais brisé une méthode de négociation, non seulement
des services essentiels, mais aussi, du contenu d'une convention collective.
Comme il n'est pas possible de le faire, à ce moment, compte tenu du
fait que les négociations sont déjà commencées, je
trouverais odieux de ma part, comme ministre du Travail, d'entrer dans un champ
d'activités qui ne relèvent pas exclusivement, pour le moment, de
la Fonction publique, du ministère des Affaires sociales et du
ministère de l'Education et de changer les méthodes de
négociations qui ont déjà cours.
Je n'amenderai pas personnellement l'article 99 à ce moment. Par
ailleurs, vous avez inscrit au feuilleton, si je me souviens bien, une loi qui
est
au nom du ministre Forget, qui regarde le maintien des services
hospitaliers en cas de crise; une crise possible. C'est toujours possible.
C'est une décision qui relève de M. Forget qui doit assurer les
services de santé au Québec. Quant à moi, ce n'est pas la
loi que nous avons discutée avec le conseil consultatif. Comme ce que je
proposais était un tout, je ne veux pas participer à une partie
seulement.
M. Burns: En somme, pour cette année, relativement au code
du travail, il n'y aurait que des amendements qui apparaissent au bill 24, plus
un certain nombre d'amendements à ce qui est proposé dans le bill
24, comme par exemple, la formule Rand ou des histoires comme cela et le
financement des syndicats.
M. Cournoyer: Le financement des syndicats, la
démocratisation des syndicats.
M. Burns: Oui, j'aime plus...
M. Cournoyer:... vous n'aimez pas cela.
M. Burns:... ou moins l'expression "la démocratisation des
syndicats", surtout que les partis politiques, en général,
surtout les hommes politiques, particulièrement, n'ont pas tellement de
leçon à recevoir de l'ensemble du syndicalisme. On a beau faire
état d'un certain nombre d'accrocs à la démocratie dans
des secteurs très précis et très particuliers et
même là, cela ne s'applique qu'à des syndicats très
précis que je ne nommerai pas mais dans l'ensemble du
syndicalisme, je pense qu'on n'a pas de grande leçon de
démocratie à donner à des gens. Je vous en parle avec
expérience, à moins que cela ait bien changé depuis un
an.
M. Cournoyer: Ce n'est pas une leçon, c'est notre
entité et notre souci de la social-démocratie.
Sécurité au travail
M. Burns: Mon Dieu! Quant à la sécurité qui
était, comme le ministre le sait fort bien, le thème de la
manifestation du 1er mai, la fête des travailleurs, organisée par
les centrales, je pense que je n'ai pas à expliciter... On vient d'avoir
encore des cas qui remettent en valeur le problème du droit, de la
sécurité du travail dans son milieu de travail.
Tout le monde sait que les centrales, par leur manifestation du 1er mai
voulaient, à mon avis, revendiquer une meilleure sécurité,
et, tous les jours, on se retrouve devant des situations de bouilloires qui
explosent dans la face de travailleurs, qui décèdent, par le
suite, à la suite de revendications précises à l'endroit
de ces conflits.
Entre autres, la FTQ, elle, demande que soient établis, dans
toutes les conventions collectives et dans le code du travail, les droits et
les pouvoirs suivants: Je les énumère, M. le Président, ce
sont: Le droit individuel du travailleur de cesser le travail, lorsqu'il croit
qu'il y a danger ; le droit pour les représentants syndicaux de faire
cesser tout travail qu'ils estiment dangereux; le droit, en tout temps, de
recourir à la grève sur des questions de sécurité
et de santé; le droit, enfin, pour les travailleurs et leurs
représentants, d'avoir accès à toute information
concernant la sécurité et la santé.
Je sais cela prend particulièrement de la valeur dans le
présent conflit de l'amiante que la CSN partage, dans les grandes
lignes, ces recommandations et, particulièrement en ce qui concerne les
travailleurs de l'amiante actuellement, il y a même des propositions
précises du côté syndical, que la partie syndicale veut
introduire dans l'éventuelle convention collective à être
signée, et cela rejoint à peu près principalement ces
recommandations dont, par exemple, le droit d'arrêter de travailler,
individuellement, pour un travailleur, lorsqu'il croit que sa santé est
en danger.
J'aimerais connaître la réaction du ministre relativement
à ces propositions, en général, évidemment, parce
que je pense bien que le ministre n'est pas en mesure de nous donner sa
position en détail, mais je pense que j'ai peut-être sorti les
recommandations en matière de sécurité, venant des
centrales, qui sont peut-être les plus évidentes et les plus
générales.
M. Cournoyer: Disons que tout le monde est pour la vertu, ainsi
que moi-même. Les représentations faites par la FTQ peuvent
être faites à plusieurs niveaux. Elles sont faites, comme vous le
dites, au niveau de chacune des conventions collectives,
régulièrement. Je dois vous avouer que je ne me suis pas encore
attardé, à ce moment-ci du moins de mon histoire je vais
attendre le résultat de votre motion à accepter ou
à refuser les représentations faites par la FTQ là-dessus,
puisqu'elles sont partagées, je n'en doute pas, avec enthousiasme, par
la CSN et probablement par la CSD aussi.
Là-dessus, M. le Président, nous avons voulu couper, non
pas couper court, mais aller rapidement, en présentant la Loi amendant
la Loi des établissements industriels et commerciaux, en vertu desquels
nous passons des règlements de sécurité. Pour cela, vous
avez un projet de loi qui est sur une table. D'autre part, je vous ai
parlé l'autre jour de cette révision à la structure
administrative de la Commission des accidents du travail et à
rétablissement d'un mandat beaucoup plus précis, de la Commission
des accidents du travail en matière de prévention des accidents
industriels.
Je pense bien que, quand j'aurai la possibilité de publier cette
lettre que j'envoie à la Commission des accidents du travail, vous
pourrez constater là-dedans que nous aurons décidé, ce que
nous n'avons pas fait encore, de confier à un seul organisme
c'est une autre représentation, aussi, de la part de la
Fédération des travailleurs du Québec la
sécurité sur n'importe quel site industriel dans la province de
Québec. Si nous le confions à un seul organisme, c'est bien
sûr que l'expérience va probablement être différente.
On a assisté à la multiplication des règlements, et, lors
de l'étude du problème de l'amiantose, il a été
évi-
dent que nous entreprenions la rédaction d'un seul
règlement qui englobe, en fait, celui qui émanait du
ministère de l'environnement et qui visait essentiellement à
éviter un certain nombre de maladies de type industriel; celui qui
venait du ministère du Travail, qui était même
différent, et qui allait peut-être un peu plus loin et plus
rapidement que les autres. Depuis un certain temps, les instructions
données à mes officiers et qui sont suivies par mes officiers,
l'accessibilité à nos renseignements, pour les dirigeants
syndicaux et les représentants syndicaux, est faite.
Il est arrivé, dans certains cas, où il y a eu des
difficultés, que la façon de rédiger les rapports
n'était peut-être pas conforme. Cela a été fait et
cela a été corrigé.
De tout temps, depuis que je suis ministre du Travail, lorsque c'est
venu à moi, les instructions ont été de donner aux
dirigeants syndicaux ou aux agents d'affaires, aux présidents de
syndicats ou aux présidents de comités de sécurité,
dans certains cas, dans les usines, de donner les rapports que nous avions,
nous, les rapports de nos inspections.
Nous n'avons pas la même procédure chez nous que dans le
cas du ministère des Richesses naturelles quant aux inspections que nous
faisons. Cela ne veut pas dire que le ministère des Richesses naturelles
agit mal, mais nous avons atteint,nous, un degré de collaboration avec
les centrales syndicales qui n'a jamais été atteint dans le
passé. C'est-à-dire que nous le faisons avec eux, lorsqu'ils sont
là, parce qu'il n'y a pas toujours de syndicat quand il y a des
accidents de travail.
L'idée principale, actuellement... Ce qui est difficile au strict
point de vue structurel, ce n'est pas difficile au point de vue philosophique.
Je pense bien que tout le monde va comprendre qu'il s'agit d'un seul organisme
qui s'occupe de tout cela, et peut-être qu'il y aura la cohésion
qu'il faut. Pour l'organisation de la prévention des accidents
industriels, il peut nous apparaître et il apparaît très
souvent au ministre que celui qui paie les pots cassés au bout serait
probablement celui qui est le mieux équipé ou le mieux
conditionné pour éviter qu'il y ait des pots cassés. En
l'occurrence, ici, il s'agit de la Commission des accidents du travail.
Compte tenu du fait que la Commission des accidents du travail a une
certaine structure, actuellement, et qu'elle est au moins mise en doute quant
au caractère représentatif qu'elle a, il m'appartient de ne pas
augmenter le mandat de la Commission des accidents du travail tant que nous
n'aurons pas pris des décisions quant à la révision de la
structure de la Commission des accidents du travail. Quand je dis structure, je
ne parle pas de ce qui est en dessous de la commission, je ne parle que de ce
qu'était la commission proprement dite, la commission comme telle.
Si nous poussons notre idée de participation et que la Commission
des accidents du travail soit plutôt constituée sur une base comme
celle de la Régie de l'assurance-maladie qui a un certain degré
de participation des intéressés, à partir de ce
moment-là, nous n'avons plus la même Commission des accidents du
travail et, en conséquence, nous pouvons penser à la
révision globale de son mandat. Mais, tant et aussi longtemps que nous
n'avons pas fait cette réforme de la commission proprement dite, il
m'apparaîtrait onéreux, du moins dans les préoccupations
que j'ai comme ministre, d'en confier davantage ou de retirer des juridictions
d'ailleurs, pour les remettre là.
J'ai dit, la semaine dernière, que cette instruction de la part
du ministre devrait normalement parvenir à la Commission des accidents
du travail, la semaine prochaine. Je n'aurai pas d'objection, aussitôt
qu'elle sera envoyée à la Commission des accidents du travail
cette instruction du ministre, de préparer ce qu'il me faut comme
la lecture des lois de confier à l'Opposition ou de confier aux
députés, la lettre proprement dite que j'enverrai au
président. Elle comporte essentiellement que la Commission des accidents
du travail ne serait plus une commission des accidents du travail, elle serait
un office d'indemnisation des victimes d'accidents, qui aurait, parmi ses
mandats, la réadaptation sociale et physique, de même que la
prévention des accidents industriels.
M. Burns: Et qui s'occuperait de l'aspect contentieux de
l'évaluation des incapacités?
M. Cournoyer: L'aspect contentieux, c'est-à-dire que nous
créerions je n'annonce pas cela, parce que j'en discute avec vous
calmement un droit d'appel. Le droit d'appel, selon ce que j'ai comme
discussion avec le ministre des Affaires sociales, serait confié
à la structure qu'on appelle la commission des affaires sociales qui
aura, dans peu de temps, semble-t-il, une méthode d'appel
établie, ou une section appel pour l'établissement des
invalidités en fonction des autres invalidités qui n'ont rien
à voir avec les seuls accidents de travail. Mais cet
organisme-là, qui serait sur le point d'être créé
par le ministère des Affaires sociales, s'établirait,
forcément, une jurisprudence, il serait indépendant de la
Commission des accidents du travail ou de l'office d'indemnisation des victimes
d'accidents du travail et il pourrait servir de lieu d'appel sur les
décisions quant à l'indemnisation des victimes.
M. Burns: Mais la première décision où il
pourrait y avoir appel, elle viendrait d'où exactement? Qui est-ce
qui...
M. Cournoyer: La première décision, ce serait
l'organisme que l'on appelle la commission. Aujourd'hui, il n'y a pas d'appel,
à toutes fins utiles. C'est-à-dire qu'on en appelle à la
commission d'une décision d'un employé de la commission. La
décision où il y aurait appel serait une décision de la
commission. Mais on en appellerait à un organisme tiers. On aurait pu
dire: Le tribunal du travail, mais comme on parle aujourd'hui de la
création de cette commission d'appel dans le cas de la
détermination des degrés d'invalidité et qu'on va
probablement établir une sorte de philosophie d'invalidité, si on
peut appeler cela une philosophie, mais de calcul, au moins,
d'invalidité, qui sera peut-être totalement différent de ce
que nous
avons actuellement... Cela, c'est 30% cela, c'est 30%, cela fait 60%
à deux. Si je perds les deux jambes, c'est un autre 30% par coup, cela
fait 120% d'incapacité, et finalement on continue comme cela.
Pour ma part, la question de l'établissement, la méthode
de l'établissement est aussi importante. Comme je n'ai pas
l'évaluation des coûts actuels et de l'effet que cela peut avoir,
je me pose sérieusement la question: Qu'est-ce qu'on doit compenser
à la Commission des accidents du travail? Actuellement, on compense les
incapacités. On ne compense pratiquement pas les dommages. On compense
l'incapacité suivant des barèmes qui sont établis depuis
la création, j'imagine, de la Commission des accidents du travail, qui
sont appliqués aux victimes d'actes criminels et qui seront
peut-être déterminés d'une façon totalement
différente dans le cas de l'invalidité par l'autre organisme qui
va juger en appel des, décisions d'invalidité, soit la
Régie des rentes, soit d'autres organismes qui relèvent du
gouvernement. Il y a une question de philosophie de ce qui doit être
indemnisé et il y a aussi les recommandations du rapport Gauvin quant au
montant de l'indemnisation, c'est-à-dire au montant global de
l'indemnisation.
A mon sens, le précédent que nous allons créer, si
nous acceptons la recommandation que je fais au gouvernement, sur la question
de l'amiantose... En fait, nous allons plus loin dans ce cas en particulier que
ce qui existe comme philosophie actuelle. Nous compensons pour la perte du
droit de travailler. Dans le cas actuel, nous nous limitons au droit
retiré par le gouvernement en vertu de l'arrêté en conseil
887, mais, en soi, il comporte les germes d'un raisonnement semblable dans
d'autres circonstances où, sans retirer le droit par un acte
gouvernemental, le résultat net d'un accident de travail c'est que vous
avez perdu le droit de travailler. Je peux donner ou continuer de donner 20%
d'incapacité à une personne mais ces 20% peuvent constituer, dans
certains cas, une incapacité totale permanente, selon ce qu'elle
faisait. Je vois mal un menuisier, qui perd le droit de gagner sa vie comme
menuisier à l'âge de 50 ans, parce qu'il a perdu sa main, penser
qu'il n'a fait que perdre sa main qui comporte 20% d'incapacité. Dans
son cas, ce n'est pas 20% d'incapacité. Dans le cas du ministre
Cournoyer, cela peut n'être que 20% d'incapacité, parce que je
n'ai peut-être pas besoin de la main droite et, si je n'en avais pas, je
signerais moins, mais j'apprendrais peut-être à signer de la main
gauche et cela ferait pareil. Il reste que cette façon d'évaluer
les dommages est tellement uniforme qu'elle cause nécessairement des
injustices.
M. Burns: En somme, si je comprends bien le ministre, on se
dirige vers la "subjectivation" de l'évaluation des
incapacités.
M. Cournoyer: Dès que nous posons le premier jalon,
c'est-à-dire que nous "subjectivons" dans le cas de maladies
industrielles, dans le cas de l'amiantose, dans le cas de la silicose et dans
le cas du retrait d'un permis, forcément, nous nous dirigeons vers une
"subjectivation" plus poussée. Ce sont les conséquences
réelles d'un accident de travail pour tel et tel individu et non pas
l'application objective que c'est actuellement, d'un code qui veut que, pour
telle perte de membre, telle perte de droit, c'est 10%... 10% pour un doigt,
c'est une chose.
Perdre la jambe à 30% pour un chauffeur de camion, cela lui fait
perdre le droit de conduire un camion. Si c'est un accident de travail, il a
perdu plus que la seule jambe, mais cela est dans les faits. Nous
commençons donc dans les droits, c'est-à-dire quand nous retirons
le permis de travail d'un individu auquel il était assujetti, nous
"subjectivons" si nous compensons pour autre chose que sa seule perte de 20% de
capacité des voies respiratoires, comme c'est le cas actuellement. Ce
que nous avons établi ici c'est un pourcentage d'incapacité de
respirer qui n'empêchait pas la personne de travailler auparavant mais
qui va l'empêcher de travailler dans son milieu maintenant que
l'application du règlement 887 est totalement changée. Il n'est
plus besoin de tuberculose, comme vous le savez, une seule maladie des voies
respiratoires, qui peut être l'amiantose ou autre chose aussi, qui a
été contractée... Lorsqu'on établit que cela fut
contracté sur les lieux de travail, à cause du travail, cela
engendre une responsabilité de la part de remplacement selon les
projections que nous faisons.
Je le savais, lorsque j'ai écrit la lettre, que c'était
beaucoup plus profond que la seule surface d'un papier qui dit: faites cela
dans les cas d'amiantose ou de silicose. Le premier geste de "subjectivation"
vient que voici un geste gouvernemental qui retire à quelqu'un son
permis de travailler à cause d'une incapacité de 20% ou de 10%.
Cette incapacité en soi aurait été ou serait, en fonction
des lois actuelles, compensée par une prestation pour la durée de
la vie de la personne qui reste invalide mais à 20% jusqu'à la
fin de ses jours. A cause de l'application du 887, il perd le droit de
travailler, ce qu'il avait encore avant, puisque ce n'était pas de la
tuberculose. Je prétends que l'Etat doit faire en sorte qu'il ait une
compensation, dans ce cas en particulier, pour la perte du droit et non pas
seulement la perte de son intégrité physique, il y a quelque
chose qui vient s'ajouter à cela.
Forcément, dès que nous nous aventurons là-dedans,
nous avons à faire l'exercice mental: pourquoi ne pas faire la
même chose dans le cas du chauffeur de camion qui, dans un accident de
travail, perd la jambe droite et qui ne peut plus continuer de travailler comme
chauffeur de camion. Dans ce cas, c'est encore un mauvais exemple parce que ce
serait encore l'Etat qui lui retirerait son droit de conduire un camion; si on
se comprend bien, il n'aura plus de permis de chauffeur pour conduire un
camion. La conséquence directe, même à de tels endroits,
c'est que nous devrons adapter le même règlement dans le cas des
chauffeurs de camions et plus rapidement encore que dans d'autres.
M. Burns: Ce sont des cas clairs où ce sont des
permis...
M. Cournoyer: Gouvernementaux.
M. Burns: ...gouvernementaux, mais préalables à
l'exercice d'un tel travail. Si nous commençons à "subjectiver"
au niveau de la perte du droit, à cause de la perte d'un permis
gouvernemental, il me semble que l'on devrait pousser le raisonnement encore
plus loin et complètement "subjectiver." Personnellement j'ai toujours
été de ceux qui pensent que... Il y a eu des cas que j'ai
déjà cités, je pense à la Commission des accidents
du travail, où l'on tentait de réviser certaines
incapacités telles qu'elles avaient été accordées
à un menuisier parce qu'il avait été blessé
à la main gauche qui devenait, à toutes fins pratiques,
impotente, même si sa main existait encore. L'on disait: il est droitier,
ce gars-là, donc il peut continuer à être menuisier; sauf
qu'il s'était fait partir les doigts de la main gauche assez rapidement
lorsqu'il est retourné au travail. On s'est aperçu que
c'était plus qu'une incapacité de 5% dont il souffrait. La
Commission des accidents du travail n'a jamais accepté la
"subjectivation" de l'incapacité. C'est la raison pour laquelle je dis
que si vous commencez à le faire pour des droits j'espère
que vous en êtes conscients qui sont relatifs à des permis
gouvernementaux, c'est dire qu'il faut aussi y songer dans des cas de faits; il
y a des pertes de droit de travailler par des faits. Le menuisier qui, à
50 ans, perd l'usage de sa main gauche aura bien de la difficulté
à se recycler dans un autre domaine. Cela veut dire, à toutes
fins pratiques, qu'à compter de ce moment-là, ce n'est pas un
permis gouvernemental qu'on lui retire, ce sont des faits qui font qu'il ne
peut plus exercer son droit de travail, à moins qu'il ait d'autres
qualités. Dès lors je serais d'accord qu'une éventuelle
réglementation tienne compte de la possibilité de recycler
l'individu, de la réadaptation ou de la réinsertion dans son
milieu de travail.
A ce moment-là, cela suppose des services connexes de
réadaptation très sérieux et ce n'est pas
nécessairement une critique à l'endroit de votre service...
M. Cournoyer: Remarquez bien, M. le Président que si nous
avons l'air d'être loin de la prévention, nous sommes en plein
dedans.
M. Burns: Exact.
M. Cournoyer: Je prétends que si les industries
étaient tenues de compenser les dommages réels, elles seraient
beaucoup plus prudentes que la seule compensation qu'on retrouve actuellement
devant la Commission des accidents du travail.
C'est une question d'intégration. On peut arriver avec n'importe
quel règlement ce n'est pas un constat d'impuissance, remarquez
bien que je veux être prudent sur les mots "constat d'impuissance"
n'importe quel règlement, s'il n'est pas suivi...
M. Burns: Est-ce qu'il y a des cas où vous avez
regretté d'avoir dit cela?
M. Cournoyer: Jamais. Je ne l'ai jamais dit.
M. Burns: Vous l'avez dit devant la commission Cliche.
M. Cournoyer: C'est vrai. J'ai mes témoignages ici. Je
voudrais que vous les lisiez.
M. Burns: Oui.
M. Counoyer: Ce que j'essaie de dire, c'est que n'importe quel
règlement, s'il n'est pas suivi, peut causer des dommages aux individus
et, une fois qu'on cause des dommages aux individus, la quantification de ces
dommages a ou n'a pas de conséquence sur le comportement de ceux qui
devraient avoir un comportement différent, en vertu des
règlements.
On peut bien imposer des amendes, cela fait longtemps que je le dis, on
peut bien changer des amendes épouvantables de $5,000, $50,000 ou $3
millions, s'il le faut, mais, dans le fond, là où nous nous
trouvons dans une totale difficulté, c'est que les conséquences
actuelles feraient que personne n'est effectivement tenu de payer les dommages
réels causés aux individus par une négligence de
l'employeur.
Pour inciter tout le monde à être prudent, surtout les
employeurs et surtout aussi les travailleurs, parce que les travailleurs ont
aussi besoin d'être prudents très souvent, il s'agit tout
simplement de s'assurer que la pénalité n'est pas qu'une
pénalité payée à l'Etat, mais qu'elle comporte
également un remboursement de dommages causés aux individus par
négligence.
Il y a la question de savoir si on peut poursuivre des tiers, pour la
différence. Tout cela est intimement relié à ce que l'on
peut appeler une révision majeure, souhaitée, voulue et urgente
de la Commission des accidents du travail, de sa constitution et aussi de ses
objectifs et de ses méthodes d'opération.
M. Burns: Une dernière question à ce sujet. Est-ce
que le ministre peut nous indiquer s'il a l'intention, à brève
échéance, de ramener devant la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre, la Commission des accidents du travail sur
l'ensemble du problème et en particulier, sur le problème
spécifique de l'amiantose?
M. Cournoyer: Cela dépendra, sur la question de
l'amiantose.
M. Burns: Quant au deuxième, je sais qu'on
annonçait peut-être que le ministre voudrait confirmer ou
infirmer cela que le ministre s'apprêtait dès cette semaine
à mettre sur pied un système qui, à toutes fins pratiques,
règlerait une partie des problèmes des gens de l'amiante. Est-ce
que c'est exact que c'est pour cette semaine?
M. Cournoyer: Cela dépend de celui qui a dit cela.
M. Burns: J'ai entendu cela à la radio.
M. Cournoyer: C'est pour cette semaine pour autant que le
ministre est concerné.
M. Burns: Cela dépend du cabinet, alors?
M. Cournoyer: Toute l'affaire dépend essentiellement du
cabinet.
M. Burns: Bon. D'accord! Je reviens à ma première
question.
En admettant que la solution proposée par le ministre soit
adoptée par le cabinet et soit mise en vigueur immédiatement,
cela réglerait peut-être je ne veux pas me prononcer
d'avance parce que je n'ai pas les détails, mais en admettant aussi que
cela règle aussi le problème de l'amiantose, la Commission des
accidents du travail devrait aussi revenir devant nous sur le reste du
problème, je pense bien.
M. Cournoyer: C'est clair.
M. Burns: Est-ce que le ministre est en mesure de nous indiquer
à quel moment il a l'intention de reprendre les travaux de la commission
à ce sujet?
M. Cournoyer: Je peux faire reprendre cela aussitôt qu'on
en aura fini un certain nombre d'autres ou encore, on prendra la Commission des
accidents du travail avant d'en finir un certain nombre d'autres.
Actuellement, mes préoccupations sont dans le domaine de la
construction à cause de ce que je vous ai dit tantôt, pour les
semaines qui viennent, étant donné que l'ajournement
d'été est quand même prévu pour le mois de juillet,
je me verrais dans une très difficile position de dire: On va recevoir
la Commission des accidents du travail la semaine prochaine.
Si nous voulons également déposer le code du travail ou
les amendements au bill 24, le bill 24 proprement dit, mais amendé avant
l'ajournement d'été il y a cela et il y a un certain
nombre de préoccupations que nous avons j'ai des projets de loi
qui sont maintenant sur la table du parlement, il va falloir en prendre soin
aussi. Il y a la question des permis d'entrepreneurs et la question de la loi
et des établissements industriels et commerciaux. Il va falloir adopter
la deuxième et la troisième lecture de ces projets,
j'espère, plus ceux qui vont être soumis très rapidement,
cette semaine ou au début de la semaine prochaine, concernant l'office,
concernant les mandats de l'office, concernant le maraudage. Tout cela doit
être fait. Il nous reste trois ou quatre semaines avant l'ajournement
pour l'été, peut-être cinq semaines, peut-être six
semaines.
Ces choses étant dans les préoccupations du ministre, je
me verrais mal, aujourd'hui...
M. Burns: L'an passé, à pareille date, il restait
huit semaines.
M. Cournoyer: II reste huit semaines. J'ai l'intention, M. le
Président, de procéder comme nous avons commencé à
le faire dans le cas de la Commission des accidents du travail, selon les
disponibilités du Parlement et de la commission parlementaire. Pour le
moment, on est dans les crédits. Cet après-midi, on a la
construction. Demain, on aura peut-être autre chose, je ne le sais
pas.
Injonctions
M. Burns: Sur un autre sujet, M. le Président, toujours
dans les généralités cependant, parce que je ne vois pas
à quel autre endroit je peux poser ce genre de question eu égard
aux différents programmes. Le ministre de la Justice, récemment,
sous le titre pompeux: La justice contemporaine, déposait un livre
blanc. Si je comprends bien ce qu'est un livre blanc, c'est habituellement
l'expression de la politique d'un ministère et non pas l'expression
d'une politique avancée par le cabinet. Je ne sais pas si le ministre du
Travail a été consulté sur certaines recommandations qu'on
retrouve dans le livre blanc. C'est une des questions que je veux lui poser,
mais, plus particulièrement, il y en a deux qui sont évidemment
du domaine du travail, celle voulant que les injonctions en matière de
relations de travail soient de compétence exclusive du tribunal de
travail... Le livre blanc, soit dit en passant, rapporte que 40% des
injonctions ont été intentées à l'occasion des
grèves. C'est assez intéressant comme statistique et comme
possibilité de recourir ou de ne pas recourir à l'injonction.
Par ailleurs, le livre blanc, sur un autre sujet, veut rendre plus
difficile le retrait des plaintes portées au cours des conflits de
travail. Ce sont les deux points, je pense, sur lesquels je voudrais
m'arrêter avec le ministre et les membres de la commission. D'une part,
en matière d'injonction, j'avais compris, dans l'exposé que le
ministre nous avait fait de ces projets relatifs à l'actuel article 99,
que l'injonction pour mettre fin à une grève serait, à
toutes fins pratiques, mise de côté, éventuellement. Je
conçois que cet énoncé touchant à l'injonction pour
mettre fin à une grève ne veut pas dire mettre de
côté toute forme d'injonction dans des cas où, par exemple,
le piquetage s'exerce en dehors des limites normales de l'exercice du droit au
piquetage. J'aimerais avoir l'opinion du ministre sur ces deux points. Comme je
pense que ce n'est pas une décision de cabinet, à moins que je ne
me trompe, je ne vois pas que le ministre soit nécessairement
obligé d'être d'accord sur les dispositions du livre blanc.
Egalement, j'aimerais avoir l'opinion du ministre sur l'affaire des plaintes
qui ne pourraient pas être retirées en matière de conflits
de travail.
Sur ce deuxième point, je fais appel beaucoup plus au ministre
qui s'adonne à être quelqu'un qui a eu énormément
d'expériences de conflits de travail, au ministre qui a vu que, à
un moment donné, un règlement entre parties, à une
certaine époque des ennemis jurés... Ces parties
redeviennent,
après le règlement de la grève, des personnes qui
sont obligées de travailler ensemble. C'est un peu les remarques que je
faisais au ministre de la Justice quand on parlait de cette recommandation.
J'ai l'impression qu'on ne tient pas compte, dans la recommandation qui
vise à rendre plus difficile le retrait et même peut-être
à empêcher toute possibilité de retrait de plaintes
portées au cours d'une grève, entre autres, qu'on est en
matière, d'abord et avant tout, de relations humaines et que les parties
qui, hier, se faisaient face à s'affrontaient à l'occasion d'une
grève... Peut-être de façon stratégique, dans
certains cas, je n'hésite pas à dire qu'il y a des plaintes au
criminel qui sont portées. Peut-être qu'après le
règlement, ces mêmes parties peuvent regretter que ces plaintes
aient pu être portées et peut-être qu'elles pourraient nuire
à l'atmosphère qui doit présider à un
éventuel retour au travail.
Alors, j'aimerais avoir les commentaires du ministre, si possible, sur
ces deux points, savoir ce qu'il en pense.
M. Cournoyer: Sur le premier point, je suis totalement d'accord
avec le ministre de la Justice. Sa recherche, c'est de spécialiser les
injonctions dans le tribunal du travail. Donc, vous pouvez même
déceler un certain accord sur certaines autres choses qui sont dans le
rapport de la commission Cliche, qui veut spécialiser aussi un certain
nombre de choses dans un tribunal particulier à la construction. Il est
possible qu'on ne puisse pas arriver à un tribunal de la construction,
mais qu'un certain nombre de plaintes soient envoyées au tribunal du
travail, plutôt qu'à n'importe quel autre tribunal en
matière de construction. La question de division de la construction,
c'est une autre question. Dans le cas des injonctions, il est donc clair que le
ministre du Travail a été consulté et que le ministre du
Travail est totalement d'accord avec le ministre de la Justice; cette partie a
été suggérée par le ministre de la Justice et
acceptée par le ministre du Travail.
Quant à la deuxième, le ministre du Travail est
également d'accord. Je vais vous dire pourquoi. C'est non pas parce que
les parties ne recouvrent pas à un moment donné une certaine
quiétude, qu'elles n'ont pas le goût de s'entendre et que,
finalement, les "enfarges" qu'elles ont sont justement des actions ou des
plaintes qui ont été faites, soit au pénal, soit au
criminel, soit au civil, aussi. Elles sont dans les mains des tribunaux au
moment où les parties viennent pour régler leurs
différends. A mon sens, et c'est après avoir bien
considéré cela, je suis obligé de dire que, très
souvent, il y a des plaintes futiles qui sont faites devant les tribunaux, et
qu'au cours d'un conflit on prend n'importe quelle plainte sans porter
réellement un jugement en disant: Voici, je vais l'embêter par une
plainte. Que ce soit le syndicat ou la partie patronale, c'est une utilisation
des tribunaux que je considère à un tout autre escient que
l'utilisation ordinaire des tribunaux. Comme les parties arrivent à la
fin de leur conflit, elles se sentent tout à fait disposées,
ayant convenu entre elles du contenu de leur convention collective, à
ré- gler tout leur contentieux, c'est-à-dire quelque chose comme
ceci: Ce que nous avons apporté sur la place publique, nous ayons fait
des plaintes aux tribunaux, nous avons fait des plaintes au ministère de
la Justice. Là, on s'est trompé, on n'aurait pas dû les
faire, ces plaintes. Je considère que c'est utiliser l'appareil
judiciaire à des fins totalement impropres, ordinaires et prévues
par le gouvernement ou par les lois québécoises que de
prétendre que les parties peuvent, d'une façon aussi constante,
prendre des actions et, à la fin, qu'on retire tout cela et que ce soit
comme s'il ne s'était rien produit.
Si elles n'ont pas le goût de prendre des actions ou si elles
pensent qu'elles devraient les retirer à la fin, elles n'ont qu'à
ne pas prendre d'actions. C'est réciproque. Si elles ne veulent pas
utiliser les tribunaux, si elles ne veulent pas utiliser les tribunaux
jusqu'à la limite, elles n'ont qu'une seule chose à faire, c'est
de ne pas commencer. Quand elles commencent une action, mon opinion, c'est
celle-là, que le fait qu'on les retire, c'est que tout le monde les
considère comme futiles; mais on utilise les tribunaux, par exemple, et
on retire les actions à la fin du conflit. Cela veut dire que, quelle
que soit l'action prise, quel que soit le geste commis, quel que soit l'acte
commis, qu'il soit criminel ou non, cela n'a pas d'importance. A la fin, on va
tout retirer cela.
A mon sens, je l'ai répété avant aujourd'hui,
celle-là, vous la retrouvez dans certains projets du ministre du Travail
qui ont été soumis au Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, les deux parties m'ont dit: Non, on n'a pas besoin de cela. Mais
les deux parties ont donc décidé en fonction du code du travail,
dans la consultation que j'avais avec elles, de continuer tout simplement
d'utiliser les tribunaux. Cette utilisation des tribunaux fait que les
tribunaux sont habituellement pris pour d'autres et personne ne prend au
sérieux les actions qui sont prises pendant la durée d'un
conflit, parce que les gens les retirent. C'est tout simplement rire de la
justice que de commencer à prendre cela. Si on n'a pas le goût
d'en prendre et d'aller jusqu'au bout, on n'a qu'à ne pas en prendre.
C'est un peu une sorte de pression qui se construit en utilisant les tiers et
en utilisant les systèmes et les appareils judiciaires; il n'y a qu'une
chose à faire, les parties n'ont qu'à ne pas prendre d'actions,
si elles ne veulent pas aller jusqu'au bout.
On ne peut pas continuer de permettre que ces services publics, qu'on
appelle les tribunaux, continuent d'être l'instrument des instruments de
pression, de part et d'autre, pendant la durée des conflits qui portent
sur toute autre chose que les actes criminels ou les actions en dommages qu'on
prend.
Là-dessus, je suis d'accord avec le ministre de la Justice. Les
raisons ne sont peut-être pas les mêmes, remarquez, mais les
miennes, c'est que si on ne veut pas les prendre, les tribunaux, qu'on ne les
prenne pas et qu'on ne les mêle pas dans cette histoire.
M. Burns: Mais, vous ne trouvez pas, M. le mi-
nistre, que cette opinion ne tient pas compte qu'on juge d'une
même plainte, à deux occasions tout à fait
différentes, c'est-à-dire une dans une atmosphère
survoltée, qui est l'atmosphère de grève, qui est
l'atmosphère, disons-le, de guerre privée entre deux parties,
où tout le monde se hait pour se tuer ou presque, et lorsque le
règlement intervient où tout le monde dit et est obligé de
reconnaître, bien humblement, qu'il y a eu des torts et des erreurs de
part et d'autres, mais qu'on est obligé de continuer à vivre
ensemble. Les gens qui ont exercé un droit parfaitement légal
à la grève, souvent, mettent le patron en maudit, parce qu'ils
utilisent un droit purement et simplement légal. Quand le
règlement se fait, le patron, comme n'importe qui d'autre, comme
n'importe quel syndiqué, est obligé de se rendre compte que c'est
ensemble qu'ils vont reprendre, maintenant qu'il y a eu une certaine entente
sur la raison à la base du conflit.
Je pense que cette opinion, que vous émettez, ne tient pas compte
du phénomène selon lequel la plainte, souvent, est portée
à un degré de chaleur des relations, et on est porté
à la retirer à un autre degré de chaleur, qui est
passablement baissé.
M. Cournoyer: Donc, c'est une plainte qui, très souvent,
n'est pas fondée, et elle peut être jugée non fondée
par un tribunal. Mais l'utilisation, M. le député de Maisonneuve
vous le savez, votre expérience est encore plus grande que la
mienne là-dedans des tribunaux, c'est ce qui embête tout le
monde. Maintenant, cela n'embête plus personne, parce qu'on prend
n'importe quelle action. On en prend de dix millions, parfois. On sait fort
bien qu'il n'y a jamais personne qui va payer cela. On va retirer cela,
à la fin et on va dire: Vous avez fait quoi? Qui a fait quoi?
L'employeur prend une action et après, il la retire. Qu'il demande au
moins la permission au tribunal de la retirer, parce qu'il a impliqué le
tiers, qu'on appelle le tribunal. C'est un tiers entre les parties...
M. Burns: Je tiens à souligner au ministre que les
tribunaux, actuellement, exigent qu'on leur demande la permission de retirer
une plainte. J'ai vu des cas, très rares, mais j'en ai vu quelques-uns,
où un juge a refusé carrément sa permission de retirer une
plainte. C'est le droit, même actuel, des tribunaux, sauf que si on prend
la peine devant cette situation présente de notre droit,
où le tribunal doit donner sa permission au retrait de la plainte
dans un livre blanc, de dire qu'on va rendre encore plus difficile le retrait,
cela veut dire qu'on intervient dans cette discrétion que le tribunal a,
actuellement, de constater et la grande majorité des juges je
tiens à le dire j e pense, de façon très
réaliste, constatent ce phénomène et ne se prennent pas
pour des objets mal utilisés par les parties. Encore une fois, je parle
de la majorité des juges. Il y a peut-être des juges qui
s'insultent de cette affaire, mais c'est peut-être parce qu'ils se
prennent pour d'autres ou deux ou trois autres. Mais ce n'est pas parce qu'on
devient juge qu'on est plus intelligent qu'avant. Il y a peut-être des
juges qui devraient se le rappeler. Mais, c'est la minorité. Je tiens
à le dire.
Mais, dans la majorité des cas, le juge, justement en permettant
le retrait de la plainte, a tenu compte du fait que l'atmosphère
survoltée dans laquelle la plainte était portée,
n'était peut-être plus celle qui présidait aux relations
entre les parties. En somme, les tribunaux sont là. C'est vrai qu'il y a
du droit public et du droit privé. Je suis prêt à
reconnaître cela, et qu'il y a des crimes qui, en somme, ne concernent
pas, nécessairement, les individus, mais soyez certains d'une chose,
c'est que lorsque c'est un véritable crime, grave et important, c'est
très rare que le tribunal va accepter, comme cela, que la plainte soit
retirée. Si, par exemple, il y avait je ne sais pas un
incendie qui avait détruit la moitié d'une ville à
l'occasion d'une grève, je serais bien surpris de voir un juge permettre
le retrait d'une telle plainte, même si l'employeur qui l'a
portée, au début... De toute façon, cela deviendrait du
domaine public, l'exemple que je vous donne là, mais en charriant un
peu, on peut l'utiliser. Je serais bien surpris de voir le tribunal dire:
Là, le problème est réglé entre les parties. On va
oublier cela. Ce n'est pas du tout le cas. Loi "antiscabs"
M. Burns: C'est souvent dans les cas de relations beaucoup plus
personnelles, même si on est en matière pénale, de
relations personnelles, telle que, par exemple, les bousculades sur les lignes
de piquetage qui donnent lieu à des plaintes de voies de fait, des
plaintes de méfait, des plaintes... En tout cas, toute la série
qu'on peut voir à l'occasion de l'exercice même du droit de
grève. Je pourrais relier cela à une autre promesse que le
ministre avait faite l'année dernière, qui aiderait
peut-être aussi à ce qu'il y en ait moins, de ce genre de plaintes
"futiles" à l'occasion de grève, la fameuse loi "antiscab" dont
je n'entends plus parler de la part du ministre, tel qu'il l'avait promis aux
grévistes de Joliette qui étaient allés le rencontrer
à son bureau à Montréal. Je relie cela à cela. Si
on veut véritablement éviter qu'il y ait des plaintes futiles, il
faudrait peut-être que, d'une part, on évite autant que possible,
qu'il y ait des plaintes sur les lignes de piquetage. La meilleure façon
pour qu'il y ait moins de plaintes relativement au piquetage, c'est qu'à
un moment donné il n'y ait pas de scabs, il n'y ait pas de personnes qui
puissent légalement travailler alors qu'une grève est
légalement déclarée.
Là-dessus, c'est un autre rappel que je fais au ministre, je ne
l'ai pas entendu nous dire, depuis, ce qu'il pensait de cette fameuse loi
"antiscab"
M. Cournoyer: Je prends cela pour un commentaire.
M. Burns: Je vous pose la question. Est-ce que vous avez
l'intention de revenir avec votre loi "antiscab" que vous aviez promise aux
grévistes de la Canadian Gypsum, aux...
M. Cournoyer: En temps et lieu.
M. Burns: ... grévistes de la Firestone et aux
grévistes...
M. Cournoyer: II n'y avait pas de scabs à la
Firestone.
M. Burns: Non, mais il y en avait à la Canadian Gypsum,
par exemple.
M. Cournoyer: II y en avait cinq.
M. Burns: II y en avait. De toute façon, c'est à
l'occasion de cette rencontre que vous aviez fait cette promesse.
M. Cournoyer: Oui, et la promesse a été faite,
aussi, a l'occasion d'une autre rencontre, que les gars n'auraient pas le droit
de travailler pendant la durée d'une grève.
M. Burns: Je ne vois pas quelle commune mesure cela peut
avoir.
M. Cournoyer: Ce ne serait pas n'importe quelle grève
aussi.
M. Burns: II faudrait que ce soit une grève
légale.
M. Cournoyer: Oui... n'importe quelle grève.
M. Burns: Une grève exercée dans les cadres
précis du code du travail.
M. Cournoyer: C'est cela. Vous avez vu le projet que j'ai
déposé au Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre?
M. Bums: : Oui.
M. Cournoyer: Etiez-vous d'accord sur ce projet?
M. Burns: Non.
M. Cournoyer: C'est celui là.
M. Burns: Bon!
M. Cournoyer: Vous n'êtes pas d'accord.
M. Burns: Bien, je ne suis pas d'accord sur tout. Il y a des
bonnes choses dedans.
M. Cournoyer: Oui, il y a d'excellentes choses
là-dedans.
M. Burns: II y a de bonnes choses dans tout, vous savez.
M. Cournoyer: Disons que...
M. Burns: Même dans la viande, il y a de bonnes choses.
M. Cournoyer: Je vous permettrai, à n'importe quel temps,
de me poser de nouveau la question lors des périodes de questions,
étant donné que je ne peux vous répondre, à ce
moment-ci, à l'étude de mes crédits sur ce projet en
particulier.
M. Burns: Pourquoi n'êtes-vous pas capable à ce
moment-ci?
M. Cournoyer: Parce que j'ai décidé de ne pas vous
répondre.
M. Burns: Avez-vous une bonne raison?
M. Cournoyer: J'ai d'excellentes raisons et j'en suis le seul
juge.
M. Burns: Quelles sont-elles, vos raisons? M. Cournoyer: Je ne
répondrai pas.
M. Burns: Vous ne voulez pas me répondre et vous ne voulez
pas me dire pourquoi vous ne voulez pas me répondre.
M. Cournoyer: C'est un goût que j'ai à un moment
donné d'être haïssable avec vous.
M. Burns: II faut dire que vous m'en devez quelques-unes.
M. Cournoyer: Oui, juste un peu. M. Burns: Pas beaucoup.
M. Cournoyer: Non. Vous avez encore de l'avance.
M. Burns: Ce n'est pas fini.
M. Cournoyer: Je vous en devrai plus.
M. Burns: Attendez, vous ferez la somme et le bilan.
M. Cournoyer: Non, j'ai une bonne idée...
M. Burns: Comme cela, vous n'avez pas l'intention de me
répondre à ce sujet.
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Avez-vous l'intention de... Bien non, vous ne
répondrez pas à cette question non plus. Aussi bien ne pas poser
de questions inutiles. J'y reviendrai éventuellement. A l'avenir, je
devrai vous poser une question préalable: Est-ce que le ministre a
l'intention de répondre à ma question?
M. Cournoyer: Cela dépendra toujours de la question.
M. Burns: Oui, d'accord!
M. Cournoyer: Je refuse très rarement de répondre
à vos questions.
M. Burns: Non, je dois dire que ce n'est pas la majorité
des cas. Mais, particulièrement, sur ce cas-là, où j'avais
vu le ministre du Travail, je ne sais pas si c'est parce qu'il avait peur de
rencontrer des grévistes de proche, qu'il était intimidé
par des gens qui occupaient son bureau, j'avais vu le ministre faire une
promesse comme cela. C'est du moins, en tout cas, ce que les travailleurs en
grève de Joliette avaient compris, il y avait même des
travailleurs d'ailleurs, si je me souviens bien, il y avait les
grévistes de Slack's Brothers, à Waterloo.
M. Cournoyer: II y en avait des scabs à Slack's?
M. Burns: Je ne vous parle pas de cela.
M. Cournoyer: II n'y avait pas un scab à Slack's.
M. Burns: Ce n'est pas une question. Ils n'allaient pas
réclamer pour eux. Ils allaient réclamer pour une
amélioration de la loi en matière de relation de travail, plus
particulièrement dans l'exercice du droit de grève, parce que,
même le gréviste, à Slack's Brothers où il n'y avait
pas de "scab", ne peut pas faire autrement, quant à sa solidarité
syndicale, que de se sentir brimé dans ses droits quand il voit des
confrères de United Aircraft qui se font "scaber" à la
journée longue, et avec la complicité évidente
policière.
J'aurais plus aimé que le ministre nous dise ses intentions
relativement à la loi "antiscab" que de me répondre par le projet
qu'il a soumis au conseil consultatif, qui n'est pas public, que je n'ai pas
à commenter parce que je ne suis pas censé en avoir
connaissance.
M. Harvey (Charlesbourg): Alors, on était à
l'élément I.
M. Burns: Est-ce que le député de Charlesbourg veut
répondre pour le ministre?
M. Harvey (Charlesbourg): Non. Je pense qu'il a refusé de
répondre.
M. Cournoyer: II a posé la même question et je lui
ai répondu la même affaire.
M. Burns: Alors, il n'a pas plus de chance que moi dans cela.
M. Harvey (Charlesbourg): On n'est pas chanceux.
M. Burns: Non.
M. Harvey (Charlesbourg): On devrait faire front commun, M. le
député de Maisonneuve.
M. Burns: On va faire un caucus ce midi.
M. Harvey (Charlesbourg ): D'accord, on lunche ensemble.
M. Burns: En partant de la Loi du salaire minimum, M. le
ministre... Je n'ai pas parlé de la Commission, ni de sa
présidence. Je peux peut-être vous poser une question incidente
concernant la commission. Est-ce que vous avez l'intention, cette année,
au cours de l'étude des crédits, quelque part, de nous l'amener
pour qu'on puisse discuter avec elle. Elle, se référant à
la commission.
Je suis sérieux là-dessus, M. le ministre. Je
considère que la Commission du salaire minimum, avec toutes les
tribulations dont elle peut être l'objet ou qu'elle peut causer au
ministre, mériterait d'être entendue à cette occasion
privilégiée que constitue l'étude des crédits du
ministère du Travail, d'être amenée devant nous ou
invitée à venir discuter avec nous de la commission
parlementaire. Je vous fais la suggestion que d'ici à ce que
l'étude des crédits de votre ministère soit finies qu'on
se réserve une période que je suis prêt à accepter,
limitée dans le temps, pour discuter avec les représentants de la
Commission du salaire minimum. C'est la seule façon de le faire, sinon
de passer par la voie d'évitement beaucoup plus longue qui serait
d'inscrire une motion de député en Chambre et Dieu sait ce qui va
arriver aux motions de député d'ici quelques semaines. Je
m'attends, encore une fois, à ce que le leader du gouvernement nous
inscrive la fameuse motion de rouleau à vapeur de la fin de session,
d'ici quelque temps et que, par le fait même... Vous dites très
bien? Pardon?
M. Tremblay: Excellent.
M. Burns: Vous avez un haut sens de la démocratie, mon
cher collègue.
M. Tremblay: Un sens de l'humour.
M. Burns: Oui. Il faut avoir un sens de l'humour parfois.
M. Tremblay: En vous écoutant, c'est ce qui arrive.
M. Cournoyer: Pour revenir à votre question, M. le
Président, je sais que M. le député de Maisonneuve
voudrait bien voir la Commission du salaire minimum...
Salaire minimum
M. Burns: Ce n'est pas par sado-masochisme que je vous demande
cela. Je vous le demande très sincèrement. Cela fait exactement
deux ans, je pense, et même trois ans que je vous demande cela. On a
l'occasion de rencontrer la Commission des accidents du travail et vous
l'aviez accepté à la suite d'une motion du député
de Beauce-Sud je ne vois pas pourquoi un autre organisme, relevant du
ministère du Travail, ne viendrait pas devant nous au moins à une
occasion je ne vous dis pas à tous les six mois, tous les ans,
etc mais cela fait quand même cinq ans que je siège
à cette Assemblée et je n'ai jamais eu
l'occasion de discuter avec les commissaires de la Commission du salaire
minimum. Je trouve que ce serait dans l'intérêt du...
M. Cournoyer: Du ministre.
M. Burns: ... ministre, de la commission et principalement de
ceux qui sont régis par cette commission, de voir comment elle pourrait
être améliorée dans les faits, peut-être même
discuter avec eux et ce ne serait pas sans intérêt
de leurs réactions aux recommandations du rapport Mineau.
M. Cournoyer: Mineau en particulier. M. Burns: En
particulier.
M. Cournoyer: M. le Président, à l'occasion de
l'étude de mes crédits, je n'ai pas l'intention de faire
convoquer la Commission du salaire minimum, mais je vais étudier la
possibilité, sans qu'il y ait une motion inutile, dès que nous
aurons, comme ministre et comme gouvernement, pris une décision sur les
recommandations du rapport Castonguay...
M. Burns: Castonguay, oui.
M. Cournoyer: ...qui sont nécessairement beaucoup plus
politiques et qui relèvent de l'organisation législative et des
décisions gouvernementales. Lorsque nous aurons pris des
décisions sur certains fonds il y a des recommandations de fonds
dans le cas du rapport Castonguay je ne mets pas de côté la
possibilité qu'au strict point de vue de l'administration, nous
convoquions la commission parlementaire, comme nous l'avons fait dans le cas de
la Commission des accidents du travail, sans qu'il y ait besoin d'une motion
à cet effet; mais, après mes crédits. En principe, je n'ai
pas d'objection à ce qu'elle soit convoquée.
M. Burns: A cette occasion-là.
M. Cournoyer: A cette occasion-là. Et lorsque nous aurons
pris des orientations sur le rapport Castonguay, il y a nécessairement
des modifications à la Loi du salaire minimum qui devront s'ensuivre.
Alors, il y aura sans doute étude en commission parlementaire de ces
modifications, et, en conséquence, vous aurez le privilège que je
n'ai pas eu depuis un certain temps, celui de rencontrer la commission.
M. Harvey (Charlesbourg): Si le député de
Maisonneuve me le permet, est-ce que la modification au salaire minimum peut
être faite uniquement par arrêté en conseil ou s'il faut une
loi?
M. Cournoyer: Pour le salaire même, il n'y a pas de
problème, c'est l'arrêté en conseil. Mais certaines
recommandations du rapport Castonguay impliquent des modifications
législatives.
M. Harvey (Charlesbourg): Et les liens que cela peut avoir avec
le rapport Mineau?
M. Cournoyer: Le rapport Mineau, c'est strictement
l'administration des ordonnances à l'intérieur; ils sont 300.
C'est une question interne qui intéresse sans doute les
députés, comme l'administration interne de la Commission des
accidents du travail intéresse également les
députés; c'est au même titre que je verrais la Commission
du salaire minimum devant vous si, par ailleurs, elle devait subsister.
M. Burns: Pendant que nous sommes sur le sujet de la Commission
du salaire minimum, je vous poserai une question de détail que je ne
pose pas souvent, mais il me semble qu'elle est bien fondée à ce
stade-ci. Concernant les deux rapports Mineau et Castonguay, j'aimerais savoir
si vous êtes en mesure de nous dire combien ces études ont
coûté; deuxièmement, qui en a assuré le paiement.
Est-ce la commission elle-même, à même ses fonds, ou est-ce
le ministère? Si c'est la commission, je n'ai pas d'autre
possibilité de connaître le coût de ces études, je ne
pense pas...
M. Cournoyer: C'est la commission...
M. Burns: ...parce que ce ne sera pas au rapport des comptes
publics.
M. Cournoyer: Je n'ai pas d'objection à vous le donner. Je
ne l'ai pas maintenant, mais je l'aurai pour la séance ultérieure
de la commission parlementaire. Les deux coûts: Castonguay et Mineau.
M. Burns: C'est cela. Pendant qu'on est sur ce problème de
coût de services accordés par les organismes, j'ai sous les yeux
un article paru le 17 mai 1975 dans le journal Le Jour sous la signature de M.
Jacques Keable. Au cas où vous n'auriez pas lu cet article, au cas
où vous ne seriez pas un lecteur assidu du journal le Jour...
M. Cournoyer: Ce qui est d'ailleurs le cas.
M. Burns: Alors raison de plus de vous citer les deux premiers
paragraphes de l'article de M. Keable.
M. Harvey (Charlesbourg): Ci-devant M. Keable.
Contrat de publicité
M. Burns: Cet article se lit comme suit dans les deux premiers
paragraphes: "L'agence de publicité Inter-Canada de Montréal,
présidée par M. Henri Dutil, ancien secrétaire
général du Parti libéral du Québec s'est vu
attribuer un contrat sans soumission de $142,250 par la Commission des
accidents du travail. A la suite d'une révision des coûts, le
contrat a été porté à quelque $175,000, toujours
sans soumission. Il s'agissait de préparer,
de désigner et de passer un contrat d'imprimerie pour 2,450,000
exemplaires de dépliants portant sur 14 sujets différents, plus
20,000 posters et du matériel audio-visuel. Ce matériel
éducatif est destiné aux travailleurs de la construction pour les
inciter à la sécurité au travail."
J'en ai des copies ici, je ne sais pas si le ministre les
reconnaît, ce sont les dépliants, avec le"pe-tit ange" qui monte
au ciel ou qui en descend, je ne le sais pas et vous avez aussi quelques
exemplaires de ces dépliants: Ensemble, on est en
sécurité. Encore le petit ange avec un casque de
sécurité, qui monte ou qui descend du ciel, je ne le sais
pas.
Ce qui m'avait frappé dans cet article, c'est l'autre paragraphe,
qui pose le problème: Tout ce matériel risque de moisir dans les
caves de la Commission des accidents du travail puisque la commission de
l'industrie de la construction, en désaccord avec ce matériel
qu'elle juge infantile et insatisfaisant et on cite "c'est du
matériel pour des enfants de troisième année" dit un
membre de la CIC refuse de le distribuer.
M. Cournoyer: Bourdon, ça?
M. Burns: Je ne le sais pas, je vous cite l'article. Je ne sais
pas à qui on se référait exactement, mais il y a un membre
de la CIC qui aurait dit: "C'est du matériel pour des enfants de
troisième année".
Je ne sais pas si le ministre va exercer son jugement personnel, si les
gens de la construction vont juger que c'est très sérieux, ce
petit ange qui monte ou qui descend du ciel et qui dit: "Décoffrons de
façons ordonnées.
M. Harvey (Charlesbourg): II n'est pas seul. Il est
accompagné.
M. Burns: II est accompagné d'un travailleur, oui, qui
regarde cela.
M. Déziel: Est-ce qu'il y a une étiquette syndicale
là-dessus?
M. Burns: II semble y avoir une étiquette syndicale, oui.
Ce n'est pas le problème. Je veux tout simplement savoir si le ministre
peut nous confirmer ces faits. Ce qu'il y a de particulièrement
étonnant, c'est qu'il semble, d'une part, qu'il y ait eu contrat sans
soumission, qui est quand même d'une valeur assez importante, si
l'article rapporte les faits de façon exacte, ou si les faits
rapportés dans l'article sont exacts. Il s'agirait d'un contrat qui, au
total, engage la Commission des accidents du travail pour $175,000. C'est le
premier problème, cela n'a pas été fait par voie de
soumissions.
Le deuxième problème, qui laisse quand même un
certain nombre de questions sans réponses, c'est que l'organisme
à qui on a confié cela, c'est un organisme de publicité,
où semble-t-il un libéral notoire est président de cette
compagnie, M. Henri Dutil.
Il y a évidemment l'aspect du patronage qui nous saute aux yeux
immédiatement et qui demande, à mon avis, une réponse de
la part du ministre.
Troisièmement, ce qui me frappe aussi, c'est qu'il y a deux
organismes qui sont sous la surveillance du ministère du Travail,
c'est-à-dire la CIC et la Commission des accidents du travail, qui,
malgré leur relative autonomie, peuvent se retrouver dans un conflit
tel, quant à la conception de la publicité qui doit être
faite, que le matériel payé sans soumission, à l'ancien
secrétaire du Parti libéral soit tout simplement appelé
à dormir dans les caves.
Il me semble que, tout au moins, c'est de mon devoir, en conscience, de
poser des questions relativement à cela. Est-ce que le ministère
a été consulté par la Commission des accidents du travail,
avant qu'elle entreprenne cette publicité? Quel a été le
rôle du ministère? Est-ce que le ministère a
été consulté et quel a été le rôle que
le ministère a joué dans cette affaire?
M. Coumoyer: Disons que sur le choix de la compagnie en question,
le ministère n'a pas été consulté et je vais
m'enquérir sur la façon dont la Commission des accidents du
travail a pu choisir la compagnie en question.
Quant au choix de la publicité, c'est-à-dire le petit ange
dont vous parlez ici, le petit ange, pour autant que je suis concerné,
je l'ai vu avant. Je n'ai pas donné mon autorisation au petit ange; j'ai
demandé que le petit ange en question soit soumis à 5,000
exemplaires à des délégués de chantier, aux
centrales syndicales et à tous ceux qui s'occupent de
sécurité.
La semaine dernière, je prévoyais cette question,
étant donné que j'ai eu des discussions avec certains
journalistes qui sont habituellement au fait de ce qui se passe au journal Le
Jour et surtout au fait de ce qui se passe dans la tête de M. Bourdon,
à ce moment-ci.
Je vous assure que j'ai demandé le résultat de cette
demande que j'avais faite à mes officiers, c'est-à-dire de faire
le test sur la façon dont est reçu le "petit ange". Il avait un
nom, on le lui a enlevé. J'ai voulu voir justement comment il
était reçu. On m'a informé de la réaction de ceux
qui ont été consultés, sur le texte lui-même et
comment cela est fait. Il y a une centrale qui n'a pas dit un mot, c'est la
CSN. Elle n'a pas répondu du tout. C'est Florent Audet qui a
été consulté. D'après les papiers que j'ai eus, la
centrale CSN n'a pas répondu. Elle préfère toujours,
à postériori, faire des critiques qui s'imposent et surtout
trouver ridicule ce qu'elle n'a pas officiellement jugé ridicule avant
même que ce soit publié à 170,000 exemplaires, comme vous
le dites.
Pour les autres parties, je vais vous donner le rapport de
l'enquête qui a été faite, avant de publier cela.
C'était sur les instructions précises du ministre. Quant au
reste, la question du coût, la question du choix, je vais m'informer
auprès de la commission comment elle a choisi la compagnie en question
et si mon ministère a été consulté.
Personnellement, j'appelle cela de l'administration pure et simple. Je n'a pas
touché à cela. Je ne sa-
vais même pas que c'était Dutil. La Commission des
accidents du travail a un certain degré de liberté dans
l'administration de ses fonds. Je ne vérifie pas et je ne donne pas
d'instruction chaque fois qu'il y a des gestes qui se posent à la
commission, mais, comme vous m'avez posé la question sur la façon
de choisir cette entreprise de publicité en particulier plutôt que
telle autre, je vais m'informer auprès de la Commission des accidents du
travail qui a payé le coût et qui a choisi.
Quant au reste, je vous ai indiqué la méthode pour
approuver le dessin. Le "petit ange" qui est là a été
soumis à tous ceux qui étaient susceptibles de porter un
jugement. On en a fait 5,000 exemplaires avant. Je ne sais pas si ce sont 5,000
exemplaires des grands posters ou si ce sont 5,000 exemplaires des petits
dépliants. Je n'avais vu que les petits dépliants. Le petit ange
était dessus. Comme le petit ange était dessus, je me suis
informé comment le "petit ange" serait reçu sur les chantiers de
construction par les gars de la construction et je vais vous donner le
résultat tel qu'il m'a été donné.
M. Burns: J'aimerais aussi, puisque vous allez être
obligé de faire faire des recherches pour donner une réponse
exacte, que vous vérifiiez le coût du contrat sous l'angle de la
création, de la conception, etc., parce que, peu importe qu'on en fasse
imprimer 5,000 exemplaires ou non, le coût est déjà
là, par rapport au coût total de l'impression des quelque 2
millions d'exemplaires.
M. Cournoyer: Le coût d'impression, cela doit être
standard.
M. Burns: Oui, mais je veux dire pour qu'on puisse avoir la
différence entre l'aspect de la création, de la conception, etc.,
qui est à un taux qui, peu importe qu'on fasse imprimer 5,000
exemplaires ou 2 millions, est à un coût que,
nécessairement, le contrart devrait comporter.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: En tout cas, je veux dire...
M. Cournoyer: Je vais vous donner ces détails. Je n'ai
aucune forme d'objection à vous donner ou à vous fournir ces
détails. Mais, je ne crois pas qu'ils vont rester dans la cave, par
exemple.
M. Burns: Non. En tout cas, quant au "petit ange", on pourrait
peut-être l'appeler Ti-Jean, parce que je vois...
M. Cournoyer: Ils l'appelaient de même, Phil. Tremblay.
M. Burns: Ils l'appelaient Ti-Jean. Vous l'avez fait enlever, je
sais pourquoi maintenant, parce que, à un moment donné, il a dit:
en creusant, creuses-tu ta fosse? Je me demandais si c'était pour
cela.
M. Cournoyer: C'est seulement un cas. Regardez les autres
aussi.
M. Burns: L'autre n'est pas pire. Pourquoi jouer avec le feu?
C'est pour des pompiers.
M. Cournoyer: C'est aussi bien.
M. Burns: Pour des pompiers, c'est bête en maudit. L'autre,
l'électricité indispensable est parfois dangereuse.
M. le Président, il est 12 h 30. Je pense qu'on avait...
M. Cournoyer: Oui.
Le Président (M. Séguin): Si vous me permettez,
messieurs, seulement avant d'ajourner la commission, je voudrais vous aviser
immédiatement que tout ce qui a été dit ce matin n'est pas
considéré sub judice, d'aucune façon. Donc, je demanderais
à la commission d'autoriser immédiatement l'éditeur du
journal des Débats de publier et faire circuler le texte intégral
de ce qui s'est dit. Est-ce qu'il y a consentement de la part de la
commission?
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
M. Burns: Encore une fois, M. le Président, vous avez
rendu une bonne décision.
(Fin de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre, et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la séance de ce soir sont M. Bellemare
(Johnson); Bérard (Saint-Maurice); Boudreault (Bourget); Burns
(Maisonneuve); Charron (Saint-Jacques); Ciaccia (Mont-Royal); Cournoyer
(Robert-Baldwin); Déziel (Saint-François); Harvey (Charlesbourg);
Lachance (Mille-Iles); Le-cours (Frontenac); Malépart (Sainte-Marie);
Roy (Beauce-Sud); Verreault (Shefford). Le rapporteur pour les séances,
ou du moins pour cette séance encore, est M. Boudreault (Bourget). Si
j'ai bonne souvenance, lorsque nous avons laissé nos travaux aux
crédits, c'était le député de Maisonneuve qui avait
la parole.
Une Voix: Encore!
Le Président (M. Séguin): II faudrait remarquer que
le mot "encore" n'a pas été dit à la suite des
commentaires du président.
M. Bums: C'est vrai.
M. Harvey (Charlesbourg): Encore!
Affaire Varin
M. Burns: II faudrait appliquer cela à une voix et non pas
au président, à moins que la voix veuille s'identifier.
M. le Président, ce matin, nous avions terminé la
discussion relativement à un certain nombre d'organismes qui
relèvent du ministère du Travail. J'aimerais, toujours dans le
domaine des généralités, soulever le problème
particulier d'un Gilles Varin...
M. Cournoyer: Pardon?
M. Burns: Gilles Varin. Cela vous dit quelque chose?
M. Cournoyer: Varin me dit quelque chose, mais Gilles... Est-ce
qu'il s'agit de celui de la Commission de la formation professionnelle de
Montréal-Nord?
M. Burns: C'est cela. Est-ce que c'est Gilles ou autre chose?
M. Cournoyer: Ce doit être Gilles; le nom "Varin" me disait
quelque chose, mais je ne savais pas...
M. Burns: II était au Centre de formation professionnelle
de Montréal-Nord. C'est cela?
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: II semble que ce M. Varin, qui était directeur
général du Centre de formation profes- sionnelle de
Montréal-Nord, aurait pu, encore une fois, je le dis avec beaucoup de
réserve...
M. Cournoyer: D'accord.
M. Burns: ... aurait pu être impliqué dans une
histoire de pot-de-vin relativement à un système de location ou
de contrat de location de machinerie lourde. Quant au fait que sept
employés ont apparemment, par voie de résolution,
été réembauchés à la suite d'une
hésitation, dirais-je, j'aimerais que le ministre nous fasse le point
relativement à M. Gilles Varin. Je pense que tous les faits qui le
concernent sont sortis au cours de l'enquête de la commission Cliche.
M. Cournoyer: Le point est assez difficile à faire pour le
ministre. Je pense bien que le député de Maisonneuve va
comprendre qu'il y a peut-être un certain nombre de choses qui sont
susceptibles de devenir sub judice. Lors du témoignage de M. Varin
devant la commission Cliche, il semble avoir été établi,
sans l'avoir été, un certain nombre d'accusations possibles mais
qui ont été niées par M. Varin. Le rapport de la
commission Cliche, tout en soulignant un certain nombre de faits, n'en arrive
pas aux mêmes conclusions dans le cas de M. Varin que dans le cas d'un
certain nombre d'autres personnes. Disons que je veux être prudent et le
plus prudent possible, compte tenu de ce que le ministère de la Justice
pourrait faire.
Dans le cas de la nomination de M. Varin, je vous avoue que je n'ai pas
eu affaire là-dedans, étant donné qu'il s'agissait d'une
question qui relève beaucoup plus du sous-ministre responsable de la
main-d'oeuvre que du ministre du Travail. Les actions qui sont
reprochées à M. Varin vous comprendrez que je sois prudent
il les a niées devant la commission Cliche. Ce qui ne veut pas
dire que devant un tribunal ordinaire le ministère de la Justice ne
pourrait pas faire ou prendre les actions qu'il jugerait appropriées
s'il a les preuves qui seraient susceptibles de tenir devant les tribunaux
ordinaires. De toute façon, la décision qui a concerné M.
Varin est venue du ministère du Travail, incitatrice beaucoup plus que
directrice, à la Commission de formation professionnelle qui est quand
même son employeur, à M. Varin. Et, la Commission de formation
professionnelle a acquiescé en suspendant M. Varin à partir des
faits qui étaient reconnus ou qui étaient affirmés devant
la commission Cliche.
Par la suite, sur les instances du sous-ministre adjoint, M.
Mérineau, il semble que M. Varin ait offert sa démission
après que la commission de formation professionnelle eut
réengagé M. Varin après l'avoir suspendu à la
demande du ministre du Travail et du sous-ministre à
l'époque.
A l'occasion de la commission Cliche et des représentations qui y
étaient faites, j'ai nommé M. Béland pour faire
enquête, à la commission de formation professionnelle
Montréal-Nord, sur les procédés administratifs, et en
même temps toucher à tout ce qui se produit dans les commissions
de formation professionnelle. Le rapport des trou-
vailles, si trouvailles il y a, devrait nous parvenir très
bientôt, de la part de M. Béland. Non seulement je ne refuse pas,
mais j'accepterais d'emblée une demande de déposer le rapport de
M. Béland aux députés de l'Assemblée nationale. Le
voici, le rapport est là...
M. Burns: C'est fait, M. le ministre.
M. Cournoyer: La demande étant faite, j'ai
déposé le rapport. Je n'ai pas l'intention de garder ce rapport
pour moi, c'est strictement une constatation à l'occasion de ce qu'on a
affirmé pour la commission de formation professionnelle
Montréal-Nord, le rapport de M. Béland débordera sans
doute la seule commission de formation professionnelle Montréal-Nord et
s'étendra aux différentes commissions de formation
professionnelle de la province de Québec.
M. Burns: Vous l'attendez quand, ce rapport, M. le ministre?
M. Cournoyer: D'après les dernières conversations
que j'ai eues, et je ne sais pas si les oreilles me silaient... On ne s'est pas
parlé depuis longtemps, M. le député de Maisonneuve?
M. Burns: Depuis ce matin.
M. Cournoyer: Ce matin nous n'avons pas parlé de cela.
M. Burns: J'ai parlé au ministre de la Justice tout
l'après-midi, par exemple.
M. Cournoyer: II faudrait mentionner, pour mes collègues
du Parti libéral qu'il n'y a pas eu de conversation entre vous et moi
depuis que nous nous sommes laissés.
M. Burns: Non, vraiment. Nous nous sommes quittés, pour
ceux qui voudraient vérifier, à midi et demi, en commission,
publiquement, et l'on se revoit maintenant.
M. Cournoyer: II y a environ une vingtaine de minutes, je
discutais du rapport de M. Béland, et les oreilles m'ont silé, et
comme j'ai de grandes oreilles, il est possible que nous communiquassions sans
que les gens le sachent.
M. Burns: Alors, vous avez pensé que je poserais une
question...
M. Cournoyer: Pas nécessairement que vous amèneriez
une question comme celle-là, mais c'est une question d'actualité.
M. Varin a été l'objet d'une enquête assez serrée de
la part de la Sûreté du Québec et de la part de la
commission Cliche.
On peut donc conclure qu'il y a quelque chose qui se passait, sans
pouvoir le prouver nécessairement devant les tribunaux. Je veux
être précis là-dessus. Je ne voudrais pas empêcher le
ministre de la Justice, s'il a d'autres preuves, de procéder devant les
tribunaux. Mais, pour ce qui est du ministre du Travail qui devant
l'Assemblée nationale est responsable des commissions de formation
professionnelle, il m'apparaît que l'enquête que j'ai faite, comme
ministre du Travail, dans l'administration de cette commission de formation
professionnelle et des autres commissions de formation professionnelle en
même temps, je doive la remettre aux députés. Je n'ai
aucune cachette, mais je vous avoue que je n'ai pas vu le rapport; je n'ai pas
de cachette et je le déposerai tel que je le recevrai.
M. Burns: Quand allez-vous le déposer?
M. Cournoyer: On m'a affirmé que ce serait probablement
dans le cours des deux semaines suivant la rédaction finale du rapport,
donc avant la fin de la session actuelle. Je devrais normalement, dès
que je l'aurai, le déposer à l'Assemblée nationale ou le
remettre aux députés.
M. Burns: D'accord. On va attendre ce rapport.
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas eu l'occasion...
Le Président (M. Séguin): Je me demandais si le
député avait terminé sur cette question.
M. Burns: Oui, j'ai terminé sur cette question. C'est pour
cela que j'ai même demandé au député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Mais ce n'est pas une question. Ce sont des commentaires
généraux que je veux faire, M. le Président, à ce
moment-ci, mais je n'ai pas tellement le goût d'en faire. C'est la
première fois que j'ai réellement l'impression de perdre mon
temps en assistant à une commission parlementaire. Parce que je suis en
train de me demander... Je n'ai pas interrompu le ministre. Je m'excuse, je
veux aller bien calmement. Je demande au ministre d'être patient, de ne
pas s'énerver. Je me demande ce qu'on pourrait apporter de
réellement positif à cette commission à ce moment-ci.
Nous avons, au ministère du Travail, un titulaire qui a pris la
responsabilité du ministère en I97I.
M. Cournoyer: I970.
M. Roy: Fin I970, mais qui l'avait eue dans l'ancien
gouvernement.
M. Cournoyer: Un mois.
M. Roy: Peut-être un mois, mais qui l'a eue quand
même, dans l'ancien gouvernement. Quand on essaie de faire le bilan des
réalisations positives du ministère depuis cinq ans, je pense
qu'il nous faudrait un micro microscope pour les découvrir. Dans le
monde du travail, on n'a jamais eu plus de problèmes qu'on en a à
l'heure actuelle.
M. Cournoyer: Comme quoi l'évidence n'est pas visible par
les gens qui ne veulent pas voir.
M. Roy: Non, c'est justement, même avec beaucoup d'efforts,
on ne peut pas le voir. Des lois non respectées. J'ai ici un volumineux
rapport que le ministre connaît.
Il y en a beaucoup là-dedans. Des bandits ont été
encouragés, tolérés, on les a laissés faire.
Une Voix: A l'ordre!
M. Roy (Beauce-Sud): Oui, oui, je suis à l'ordre. Cela
vous inquiète peut-être, mais je suis à l'ordre. On ne
s'est pas gêné, au ministère du Travail du Québec,
pour emprisonner d'honnêtes travailleurs, professionnels depuis quinze
ans, depuis dix-huit ans...
M. Boudreault: Démagogie!
M. Roy: Oui, si vous pouvez arrêter la démagogie, je
n'appelle pas ça de la démagogie, j'appelle ça de la
honte. Quand un gouvernement en est rendu, par sa législation sur le
travail, à emprisonner d'honnêtes travailleurs, dont le seul crime
est d'avoir continué à exercer leur profession, je pense qu'on
n'a pas besoin d'aller plus loin au ministère du Travail pour
découvrir que cela n'a pas de sens, que c'est ridicule, que ce n'est
même pas un ministère du Travail, c'est un ministère de
persécution des travailleurs.
Oui, M. le Président...
M. Cournoyer: J'espère qu'il y a...
Travail sans permis
M. Roy: Le ministre pourra se rappeler, je vais donner des
exemples, certains appels téléphoniques que j'ai dû lui
faire en faveur de pères de famille qui étaient
emprisonnés et qui devaient passer la fête de Noël
derrière les barreaux, pour avoir travaillé, pour avoir
continué d'exercer leur métier, après 18 ans
d'expérience. Cela, le ministre le sait; le ministre nous dit et nous
dira: J'ai fait respecter la loi. C'est vrai. Mais il dira plus loin que la loi
n'est pas applicable. Quelle est la première responsabilité d'un
ministre, si les lois qu'il a la responsabilité d'administrer ne sont
pas applicables parce qu'elles vont trop loin? C'est d'apporter des
modifications à ces lois et de les faire changer, pour qu'elles soient
des lois justes, honnêtes, des lois qui puissent être
appliquées.
Encore tout récemment, et je pense que ça se produit
actuellement dans tous les palais de justice de la province, c'est encore par
dizaines et par dizaines, et chaque semaine, que des causes sont
intentées contre les travailleurs de la construction, contre des
personnes qui ont le malheur de commettre le crime de faire de petites
réparations à leur résidence, sans être au courant
de toutes les subtilités et de toutes les réglementations, et
j'ajouterais stupides, du ministère qui obligent ces gens... le ministre
trouve ça drôle. Le ministre pourra rire tant qu'il voudra...
M. Cournoyer: Je ne trouve pas ça drôle, mais
j'aimerais que vous me disiez si vous êtes d'accord sur le rapport Cliche
dans chacune de ses 134 recommandations.
M. Roy: Je vais y revenir.
M. Cournoyer: Je vous connais, je vous vois venir.
M. Roy: On aura l'occasion d'y revenir.
M. Cournoyer: Vous allez me dire: non, je ne suis pas d'accord
sur le rapport Cliche, je suis d'accord sur son esprit.
M. Roy: M. le Président, dans ce que je dis, il s'agit de
l'administration du décret de la construction, la loi 290, de
l'administration du règlement de qualification professionnelle, du
fameux règlement qui a imposé les permis de travail aux
travailleurs de la construction. Il s'agit de ces règlements.
Encore récemment, au palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce,
un travailleur qui avait fabriqué une fenêtre dans un atelier a eu
le malheur d'aller poser la fenêtre dans une maison en réparation;
il s'est retrouvé derrière les barreaux, parce qu'incapable de
payer l'amende de $200, parce qu'au moment où on l'a poursuivi, cela
faisait cinq mois qu'il était sans travail et qu'il recevait des
prestations d'assurance-chômage qui se faisaient toujours attendre.
C'est la situation de gens honnêtes, de travailleurs qui ont
continué d'exercer une profession, un métier dans leur province,
pour tâcher de gagner leur vie, fa vie de leur famille. Voilà de
quelle façon ces gens son embêtés, se font "encarcaner" par
le gouvernement de leur province.
M. le Président, une autre personne, un menuisier-artisan
et je pourrai fournir les numéros de dossiers au ministre si cela
l'intéresse a eu le malheur de faire son rapport le 17 ou lieu du
15 du mois, pour envoyer ce qu'il devait retourner pour lui-même. On le
poursuit en justice, on le traîne en cour et on le fait condamner
à $200 d'amende pour avoir retardé de deux jours la signature et
l'envoi de son propre rapport.
Un petit entrepreneur, artisan encore, avait engagé son fils pour
travailler dans son entreprise, sa petite entreprise de réparation dans
une paroisse rurale de mon comté. Il a également
été condamné à payer une amende, et, parce que non
capable de payer l'amende, on l'a menacé de poursuites judiciaires et de
la prison, pour avoir engagé son propre enfant.
M. le Président, ce sont quelques petits cas que je porte
à l'attention du ministre à ce moment-ci. On peut en retrouver de
semblables par dizaines, par centaines et voire par milliers. Si on avait en
main actuellement tous les dossiers de la Commission de l'industrie de la
construction et si on pouvait voir toutes les poursuites que ces gens ont
intentées contre les travailleurs contre les travailleurs
je vous dis qu'on aurait quelques milliers de dossiers qui ne seraient pas
à l'honneur
du gouvernement, qui continue de permettre à une loi aussi
stupide dans cette réglementation d'aller aussi loin et de commettre de
tels abus à l'endroit des travailleurs.
Le ministre pourra trouver cela drôle, tant qu'il voudra...
M. Cournoyer: Je ne trouve pas cela drôle.
M. Roy: Je veux attirer votre attention encore une fois, sur une
lettre qu'on lui a fait parvenir le 23 mai, pour en illustrer d'autres. Je me
permettrai de donner lecture de la lettre au ministre. La personne m'en a fait
parvenir une copie. Elle a également fait parvenir une copie au
député de Maisonneuve ainsi qu'au chef de l'Union Nationale.
Voici ce que dit cette lettre:
M. le ministre, par la présente, je désire attirer votre
attention sur certaines procédures de nature civile qui ont
été intentées au mois de novembre 1974, par la Commission
de l'industrie de la construction contre notre cliente, dame Marie-Laure
Guénette, demeurant dans le rang 4, à Saint-Cyprien. On a dit
dans la lettre que c'était dans le comté de Beauce-Sud, mais
c'est dans le comté de Bellechasse. En effet, au cours de l'année
1974, une certaine dame a effectué certains travaux de construction et,
à cet effet, elle a embauché cinq travailleurs de la construction
ils sont nommés dans la lettre M. Florian Fortier, M.
Bertrand Campeau, M. Clément Campeau, M. Robert Campeau et M. Rosario
Turcotte. Toutes ces personnes ont été très bien
payées. Elles se sont déclarées entièrement
satisfaites des conditions de travail et, plus particulièrement, des
montants d'argent qu'elles ont reçus, suite aux travaux
effectués. Travaux de construction, travaux de réparation qu'on
apportait à une résidence. Par la suite, dame Guénette a
reçu la visite d'un inspecteur de la Commission de l'industrie de la
construction pour fins de vérification des salaires payés. C'est
à la suite de cette visite d'un inspecteur de la Commission de
l'industrie de la construction que des procédures ont été
signifiées à notre cliente par un huissier, le 7 novembre 1974.
Il s'agit d'une action intentée en cour Provinciale du district
judiciaire de Québec, subséquemment transférée dans
le district judiciaire de Beauce et dans laquelle la Commission de l'industrie
de la construction réclame la somme de $1,145.80 à cette dame.
Après comparution chez le procureur de la cliente, j'ai
communiqué avec le procureur de l'industrie de la construction
vous savez qui, M. le ministre pour lui demander de retirer...
M. Cournoyer: Non.
M. Roy: ...l'action intentée contre notre cliente en lui
exposant la situation financière précaire de celle-ci. Je joins
d'ailleurs, à la présente copie de la lettre adressée
à cette occasion, à Me Desjardins vous le connaissez, Me
Desjardins Lacroix et associés. Ces derniers m'ont répondu
qu'ils soumettraient le tout à leur supérieur et qu'ils me
feraient connaître leur position. Finalement, le 13 mai 1975, le
procureur de la commis- sion, Me Claude Lacroix nous a informés que les
procédures devraient être continuées. Comme je l'exposais
à Me Desjardins, Lacroix et associés, dans une lettre du 12
décembre 1974 il faut dire que maintenant, c'est Me Lacroix, mais
il y a quelques mois, c'était Me Desjardins lui-même la
défenderesse de cette cause est une mère de famille avec quatre
enfants à sa charge. Son mari a subi une hernie discale. Il en est
encore affecté. C'est un ancien camionneur qui vit maintenant des
prestations de l'assurance-chômage et qui reçoit approximativement
la somme de $97 par semaine. Je suis également informé que les
prestations d'assurance-chômage tirent à leur fin et que
bientôt ces personnes devront vivre de l'aide sociale et publique.
Je me demande, M. le ministre, si vous ne pourriez pas user de votre
influence pour suggérer à la Commission de l'industrie de la
construction de retirer ce dossier. Je ne crois pas que la Commission de
l'industrie de la construction ait été mise sur pied pour jeter
sur le pavé des familles entières qui sont actuellement
très pauvres.
M. Cournoyer: Démagogie. M. Roy: M. le
Président... M. Cournoyer: Démagogie.
M. Roy: ... c'est une lettre signée par Me Pierre-W.
Morin, des études juridiques Morin et Pépin de
Saint-Georges-de-Beauce.
M. Cournoyer: C'est de la démagogie quand même.
M. Roy: M. le Président, que le ministre appelle cela de
la façon qu'il voudra...
M. Cournoyer: Démagogie.
M. Roy: ... ce sont des gens très pauvres qui actuellement
sont poursuivis devant les tribunaux comme de vulgaires criminels, et comme on
ne l'a pas fait pour ceux qui ont violé les lois dans l'industrie de la
construction les gros et comme on n'a pas fait contre les
charognards dans d'autres domaines. Une copie de la présente lettre a
été expédiée à M. Robert Burns, chef de
l'Opposition, à ce qu'on dit dans la lettre, à Fabien Roy et
à M. Maurice Bellemare. Vous remerciant de votre bienveillante
attention... Je le dis à l'intention de mon collègue parce que
c'est le procureur qui l'a dit dans sa lettre.
M. le Président, des lettres comme cela et des dossiers de cette
nature dans le Québec, il en pleut actuellement. Si le ministre avait
l'occasion de prendre la peine de sortir de la ville de Québec, de
s'éloigner de la région de Montréal et d'aller faire une
enquête personnelle pour voir la logique de certaines de ses lois et pour
voir la logique surtout de la réglementation, beaucoup plus de la
réglementation que de la loi, il se rendrait compte de quelle
façon les gens qui osent faire faire des petits travaux dans les
régions rurales du Québec se
font prendre actuellement par les inspecteurs de la Commission de
l'industrie de la construction qui, soit dit en passant, et j'ai toujours
trouvé cela terrible... C'est la Commission de l'industrie de la
construction qui empoche les amendes. Les inspecteurs sont à pourcentage
dans l'application d'une justice qu'ils exercent pour eux-mêmes. Quand on
est rendu à exercer le pouvoir judiciaire pour ses propres fins et
à empocher l'amende, on appelle cela un Etat. C'est un Etat dans l'Etat
que l'industrie de la construction.
M. le Président, je vais aller plus loin. J'ai ici des dossiers
qui ont fait l'objet de résolutions lors du dernier congrès
libéral qui a eu lieu à Saint-Georges-de-Beauce, des dossiers
concernant des petits travaux qui ont été faits par des
organismes de loisirs paroissiaux, qui sont des petits travaux je sais
que mes collègues des comtés ruraux ont les mêmes
problèmes que moi, les mêmes problèmes que je peux avoir
dans mon comté et ailleurs des résolutions, qui ont
été adoptées à part cela par les militants
libéraux au congrès de Saint-Georges-de-Beauce, dans lesquelles
on demande des modifications au décret de la construction pour qu'on
cesse de pénaliser et de poursuivre, encore une fois, des gens qui ne
font que donner de leur temps pour permettre à la communauté
locale, la communauté paroissiale d'avoir la possibilité d'offrir
des petits services aux enfants de leurs paroisses, de leurs
localités.
M. le Président, j'ai ici deux dossiers assez volumineux qui nous
démontrent que des organismes actuellement se font poursuivre comme de
vulgaires criminels par la Commission de l'industrie de la construction parce
que ces organismes ont accepté des programmes d'initiatives locales du
gouvernement fédéral qui leur ont permis, pour une fois, de
donner quelque chose aux gens qui travaillaient avant cela, durant les
années antérieures, bénévolement, de façon
à construire un petit chalet de loisir, de façon à
organiser un petit chalet pour la patinoire, pour organiser en quelque sorte
une clôture autour de la patinoire, on appelle cela des "bandes" de
patinoire, des gardes, pour organiser des bancs et organiser des petits
services à des organismes de loisirs.
J'ai ici également le dossier de l'aréna de
Saint-Ephrem-de-Beauce, où les travailleurs ont accepté le
salaire offert et ont fait don d'une partie de leur salaire à la
Corporation locale de l'aréna comme contribution personnelle à
l'organisme de loisirs de leur localité à la suite surtout des
épreuves qu'ils ont eues lorsque l'aréna de Saint-Ephrem a
été détruite dans une tornade, comme on se le
rappelle.
M. le Président, le dossier est très volumineux; je sais
que le ministre est au courant de ce dossier, mais ces gens sont poursuivis
à l'heure actuelle et je vais vous donner le montant pour
une somme additionnelle de $4,449.39. Je m'excuse, mais ils ont accepté
le chèque que la corporation a envoyé de $4,449.39, et on refuse
ce chèque pour la bonne raison qu'on avait fait une réclamation
qui totalisait les quelque $9,000. Je m'excuse, M. le Président, mais je
vais donner le montant. Les montants réclamés totalisent
$5,137.35. C'est dire qu'on a réclamé à cet organisme de
loisirs la somme de $9,000 par la Commission de l'industrie de la construction,
alors qu'il y a un affidavit, une déclaration assermentée, pour
chacune de ces personnes qui a travaillé, comme quoi elle donne une
partie de son temps. Il faut quand même être capable de donner
quelque chose au Québec actuellement. Ces gens le donnent à leur
organisme, parce que ça leur sert pour eux-mêmes et pour les
membres de leur famille. La Commission de l'industrie de la construction le
refuse.
M. le Président, il y a cinq organismes de Beauce-Sud,
actuellement, qui sont poursuivis par la Commission de l'industrie de la
construction. Je sais qu'il y en a dans le comté de Frontenac, à
Saint-Méthode, je sais qu'il y en a dans le comté de Bellechasse,
je sais qu'il y en a dans le comté de Beauce-Nord, je sais qu'il y en a
aussi dans le comté de Lotbinière, à ce qu'on m'a dit. Il
y en a dans plusieurs comtés de la province qui sont fait retourner. Il
y en a également dans le comté de Montmagny-L'Islet. Il y en
aurait un peu partout dans la province de Québec. Le ministre,
malgré les demandes répétées qu'on fait au
ministère du Travail de façon à amender le code du travail
pour ne pas pénaliser ces organismes communautaires qui oeuvrent sur le
plan des petites localités, qui n'ont pas le moyen de se doter de
complexes sportifs de $1 million, $1.5 million à $2 millions, fait la
sourde oreille. Le ministre nous dit qu'il est obligé de faire accepter
les lois, mais il oublie de nous dire qu'il les fait accepter quand cela semble
faire l'affaire. Or, on sait très bien qu'on fait surtout appliquer les
lois lorsqu'il s'agit de petites gens, de gens peu fortunés, qui n'ont
pas les moyens de défense et qui n'ont pas les moyens de pression qu'ont
les gros. Quand je parle des gros, je parle de ceux qui ont réussi
jusqu'ici, par toutes sortes de moyens, soit en achetant la paix, soit en
s'organisant, d'une façon ou d'une autre, pour tâcher de ne pas
être dérangés.
Cela fait exactement, en ce qui me concerne, plus de trois ans que je
mène une bataille acharnée auprès du ministère du
Travail pour qu'on corrige ces injustices. Le congrès libéral de
Beauce, qui a été tenu il y a exactement neuf jours, a
entériné ces positions haut la main, à l'unanimité,
et a fait des recommandations au ministère du Travail.
M. le Président, qu'est-ce que je pourrais dire de plus au
ministre du Travail, à cette commission parlementaire, ce soir, avant
l'étude des crédits, avant qu'on entende l'étude des
crédits, article par article? Qu'est-ce qu'on pourrait dire de plus? Qui
empêche actuellement le ministre et le ministère du Travail
d'agir?
Quels sont les buts que l'on vise ou les objectifs que l'on cherche
à atteindre, et dans quel intérêt cherche-t-on à
procéder de cette façon? Pour servir les intérêts de
qui, en faveur de qui? Ce sont des questions que nous pouvons vous poser.
M. le Président, je pourrais aborder la question du bill 24 qui a
été déposé devant l'Assemblée nationale l'an
dernier concernant les modifications au code du travail. Qu'est-ce que cela va
nous donner d'exiger du ministère du Travail des
modifications au code du travail? Qu'est-ce que cela va nous donner de
plus? Même si je continuais à le répéter et à
le réclamer, je me demande encore une fois par quels moyens, quelles
sont les pressions que l'on pourrait faire auprès du ministère du
Travail pour qu'il y ait ces amendements au code du travail, de façon
à améliorer les relations patronales-ouvrières au
Québec, de façon que les ouvriers cessent de se faire charrier
d'un côté et de l'autre, et je dis bien se faire charrier,
tantôt se faire charrier par le côté patronal, et
tantôt se faire charrier par le côté syndical.
Quand on rencontre des travailleurs du Québec, actuellement, ils
en ont soupé de la situation du conflit au centre de laquelle ils se
trouvent continuellement. Ils se retrouvent devant une situation de fait; ils
ont besoin d'un gouvernement pour administrer leur province, ils ont besoin
d'un syndicat pour défendre leurs droits, ils assument les frais des
deux, et les deux sont continuellement en chicane.
Que peut-on dire de plus au ministre du Travail? Que pourrait-on dire de
plus au ministère du Travail? Que pourrait-on exiger de plus lorsque
l'on constate que même nos collègues, nos adversaires politiques
et que la députation de l'Assemblée nationale, les formations
politiques, sont unanimes actuellement pour demander des modifications à
cette chose-là, quand on parle des permis de travail et autres? On ne
peut pas dire qu'il n'y ait pas unanimité. Le Parti libéral
lui-même s'était opposé dans le temps, alors qu'une motion
que j'avais présentée à l'Assemblée nationale avait
reçu l'unanimité de l'Opposition; aujourd'hui, elle est
appuyée par la Parti ministériel. Que faut-il de plus? Est-ce que
les députés au Québec ont encore quelque chose à
dire de valable, ou si nous sommes limités simplement à faire de
la parlote, et que tout est décidé en coulisse, derrière
les rideaux, par les hauts fonctionnaires et les technocrates du gouvernement?
Nous servons actuellement de paravant, de façade, devant la population,
nous servons en quelque sorte de coussin amortisseur ou de zone tampon entre la
population du Québec et le gouvernement.
M. le Président, ce sont toutes des questions que nous sommes en
droit de nous poser. C'est pourquoi je dis actuellement qu'on perd notre temps.
J'ai l'impression de perdre mon temps à cette commission parlementaire
du travail et de la main-d'oeuvre; c'est peut-être la raison pour
laquelle, il y a d'autres raisons mais c'en est une, je ne me suis pas
tellement senti utile. Même si nous ne sommes pas toujours en accord avec
le gouvernement, il y a au moins des points sur lesquels le gouvernement est
d'accord quant à notre prise de position.
M. le Président, nous savons que nous avons un travail
parlementaire important à faire dans une commission parlementaire, mais
cela fait cinq ans que l'on répète les mêmes demandes. Ces
demandes font aujourd'hui l'unanimité des parlementaires, mais le
gouvernement se refuse encore à agir, le gouvernement continue de
permettre à un petit groupe, je dis bien un petit groupe, de poursuivre
indûment les travailleurs du Québec et les gens qui ont le malheur
de faire des réparations à leur petite propriété.
Et quand je dis des gens, il s'agit la plupart du temps de gens
âgés, des veufs, de mères nécessiteuses, qui ont de
petites réparations à faire à leur propriété
avec les maigres pitances qu'ils reçoivent du gouvernement à la
suite de l'application des fameux barèmes de la loi de l'aide
sociale.
M. le Président, pour reprendre un autre sujet, depuis deux ans,
le ministre du travail nous dit qu'il y aura un nouveau règlement
particulier relativement à la formation et à la qualification
professionnelle de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. J'ai
ici ce règlement, qui est censé remplacer celui en vigueur depuis
janvier 1973. J'ai questionné le ministre à plusieurs reprises
pour lui demander: A quand le nouveau règlement? Le ministre a dit: Je
ne peux pas vous dire quand, mais je peux vous dire que cela s'en vient. Le
ministre peut-il nous dire encore aujourd'hui que cela s'en vient?
M. Cournoyer: Vous l'avez dans les mains.
M. Roy: Oui, je l'ai, mais j'ai eu aussi d'autres projets de
règlement entre les mains, qui n'ont jamais été
publiés dans la Gazette officielle.
M. Cournoyer: Etes-vous d'accord sur celui-là?
M. Roy: Celui-là, je dis que c'est une
amélioration. Je n'ai pas eu le temps de l'examiner à fond, mais
d'après ce que j'ai eu l'occasion d'étudier jusqu'ici,
j'admettrai que c'est une amélioration sur l'ancien règlement. Je
veux quand même être objectif, c'est une amélioration
considérable sur l'ancien règlement. Mais cela n'élimine
pas la fameuse question des permis de travail, j'ai toujours été
d'accord M. le Président, pour qu'il y ait une certaine
réglementation relativement à la qualification professionnelle et
pour qu'on protège les travailleurs de la construction; je n'ai jamais
été en désaccord sur ces choses.
Lorsque le gouvernement s'en va étendre, par exemple,
l'application de ces règlements de l'industrie de la construction et
qu'il applique les mêmes lois, les mêmes normes, les mêmes
règlements à l'édifice de 40 étages construit dans
le centre-ville de Montréal et à une veuve du rang 3 de la
paroisse de Saint-Y, je dis, M. le Président, qu'on embrasse trop
à ce moment-là. C'est justement là qu'il y a des
problèmes sérieux. Pour protéger les uns, on lèse
les droits des autres. Il devrait y avoir des distinctions marquées, en
fait. C'est qu'il n'est pas toujours aussi possible et aussi loisible aux gens
qui demeurent dans de petites localités rurales de se perfectionner
qu'à ceux qui travaillent dans les grands centres ou dans les grandes
régions métropolitaines. M. le Président, les travailleurs
de ces petits centres n'ont jamais demandé d'avoir la même
réglementation et d'être soumis aux mêmes lois que ceux qui
travaillent dans la grosse industrie de la construction, dans la construction
industrielle, la cons-
truction commerciale dans les grands centres. On leur a donné la
même chose, on leur a imposé la même chose malgré eux
et sans même les consulter.
Si on veut faire un règlement global au Québec et
l'appliquer dans tous les domaines sans distinction, je pense que je pourrais
rappeler au gouvernement ce vieux proverbe: Qui trop embrasse mal
étreint. C'est justement là qu'arrivent toutes les complications
et toutes les injustices qui découlent de l'application de ces fameux
règlements.
M. le Président, il y a un dernier point sur lequel je veux
attirer l'attention du ministre. Celui-ci laisse toujours une question en
suspens. En juin 1972 et c'est bien 1972 il y avait eu un projet
de règlement concernant les garagistes; ce projet de règlement a
été réimprimé, modifié. On devait toujours
convoquer la commission parlementaire à ce sujet de façon
à permettre aux mécaniciens, aux garagistes et même
à leurs organisations professionnelles, voire syndicales, de se faire
entendre devant la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre.
Or, c'est toujours le statu quo de ce côté. J'aimerais savoir si
le ministre a toujours l'intention d'apporter ou de faire appliquer le
règlement qui est actuellement à l'état de projet ou si le
gouvernement a l'intention de laisser porter à l'heure actuelle, comme
cela semble aller. Il y a une inquiétude actuellement dans ces milieux
de travail, il y a des problèmes également, et c'est la raison
pour laquelle je demanderais au ministre de dire, un peu plus tard ce soir, si
cela s'en vient, si cela ne s'en vient pas, et si cela s'en vient, c'est quand.
Je ne dirais pas que ces gens réclament actuellement le
règlement. Il y en a qui l'ont réclamé, d'autres
réclament le maintien du statu quo actuel. Je ne suis pas actuellement
en mesure de prendre parti pour l'un ou l'autre, mais je voudrais demander au
ministre quelles sont ses intentions sur ce point.
Je limiterai là mes observations. Je n'ai pas d'autres questions
à poser au ministre et je ne m'attends pas d'avoir d'autres questions
non plus pendant l'étude des crédits, parce que je me dis que
tant et aussi longtemps qu'on ne commencera pas par la base, cela ne sert
à rien de discuter les détails par la suite.
M. Cournoyer: M. le Président, pour répondre au
député de Beauce-Sud, et sans vouloir le faire d'une façon
définitive, je lui demanderai de relire le rapport de la Commission
d'enquête sur l'exercice de la liberté syndicale et de rechercher
dans le rapport en question des solutions au premier problème qu'il a
voulu mentionner devant la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre. Vous allez y découvrir que, si vous êtes d'accord
sur le rapport, il faudra que vous me le disiez à un moment
donné, comme Opposition, comme membre du Ralliement créditiste,
que vous m'indiquiez que vous, de votre côté, vous acceptez toutes
les recommandations d'une autre personne qui vient de la Beauce, qui s'appelle
le juge Cliche, et qui porte, accidentellement peut-être, sur les sujets
dont vous avez parlé tantôt. Je ramène plus
particulièrement le député au place- ment, dans le cas de
l'utilisation des individus qui travaillent dans l'industrie de la
construction, pour toutes les personnes susceptibles de requérir leurs
services dans quelque endroit que ce soit au Québec. S'il est d'accord
sur les formules de placement qu'il y a là-dedans, j'aimerais bien qu'il
l'indique à la population de Beauce-Sud par le truchement, bien
sûr, de la commission parlementaire.
M. Roy: M. le Président, j'aborderai cette question
lorsque nous aurons l'occasion d'en faire une étude globale.
M. Cournoyer: Je n'ai jamais dit, M. le Président, que je
demandais au député de Beauce-Sud de me donner une réponse
ce soir. Mais, lorsqu'il me pose ce genre de question, il s'agit bien, M. le
député de Beauce-Sud, d'une attitude globale. Et avec toute la
sympathie que je peux éprouver pour les gens de Beauce-Sud, tant et
aussi longtemps que les lois seront écrites comme elles sont
écrites, la Commission de l'industrie de la construction a
l'autorité.
Cela fait longtemps que nous vous le répétons, ce n'est
pas le ministre qui va utiliser l'influence politique que le
député de Beauce-Sud voudrait qu'il ait sur la Commission de
l'industrie de la construction pour retirer des actions que la commission, dans
son autorité législative, a comme obligation de faire respecter.
C'est dans la loi actuelle et, si je regarde le rapport de la commission
Cliche, il n'y a pas de changement majeur à ce sujet en particulier. Je
dis: D'accord, vous voulez le regarder sur une base globale, mais effectivement
vous avez le bénéfice d'être dans l'Opposition et j'ai
l'obligation d'être au gouvernement.
Quant à moi, je dois déclarer ce que j'entends faire et
quant à vous, vous n'êtes pas obligé de le faire. Dans ce
domaine particulier des actions qui sont prises pour irrespect d'une loi, que
ce soit par un organisme de loisir ou que ce soit par une entreprise de
construction italienne qui vend des terrains qui sont achetés librement,
je tiens à vous le dire, d'une verge de largeur par deux arpents de
longueur, avec une vente à réméré et on remet
à l'employeur, chaque semaine, le montant que ça coûte pour
un terrain de deux arpents de longueur par une verge de largeur et si le gars
ne peut pas payer, ça retourne à l'employeur, je vous en prie, M.
le député, vous allez voir qu'il s'agit aussi d'organismes de
loisir. Ce n'est pas du tout de la nature des organismes de loisir que vous
avez mentionnés, mais à cause du genre d'abus dont on vient de
parler, dont je viens de parler en particulier, il arrive que la règle
accroche du bon monde. Cela accroche même d'excellentes personnes et,
quand on les accroche, je vous assure d'une chose, ce ne sont pas elles que
nous visons, ce ne sont pas elles non plus que la Commission de l'industrie de
la construction, avec tous les avatars qu'elle connaît, vise. Elle vise
les abus de certains individus qui ont comme premier souci de faire en sorte
qu'on passe à côté des termes du décret.
Je vous le répète, j'ai vu des terrains d'une
verge de largeur par deux arpents de longueur, vendus à
réméré à des travailleurs italiens qui ne savaient
pas ce qu'ils achetaient et c'était fait devant notaire. A la minute
où ils ne pouvaient plus payer, le terrain était retourné
au vendeur qui se trouvait, comme par hasard, à être l'employeur.
C'était du bon monde, c'était la communauté, mais il
s'agissait de faire en sorte que les gens s'achètent une partie de
terrain à condition qu'ils soient continuellement capables de la payer.
C'était remboursement, toutes les semaines, à même le
salaire, remettre à l'employeur le montant d'argent qui avait servi
à acheter cette bande de terrain d'une verge par deux arpents de
longueur.
M. Roy: Le ministre devrait savoir une chose. Si vous
permettez...
M. Cournoyer: Remarquez qu'on ne vise pas, je vous assure...
Tantôt, vous ne m'avez pas permis de vous interrompre, vous
répondrez après.
M. Roy: D'accord.
M. Cournoyer: Je pense que c'est normal que nous agissions ainsi.
Nous ne visons, ni comme Parlement, ni comme gouvernement... Je ne pense pas
que le député de Beauce-Sud tente de permettre ce genre d'abus;
cela est loin de ses pensées. Je vous assure que toute loi restrictive
dans le domaine de la construction, au titre de la qualification ou au titre
des permis de travail, vise beaucoup plus ceux qui abusent des travailleurs de
la construction que ceux qui pourraient s'en servir d'une façon
décente comme celle que vous avez décrite.
Et c'est vrai que, dans tous les comtés de la province de
Québec, j'ai les mêmes représentations faites depuis aussi
longtemps que celles que vous faites continuellement à mes bureaux. Mais
c'est vrai aussi que je réponds à des députés
libéraux de la même manière que celle avec laquelle je suis
tenu de vous répondre. C'est clair que cette loi n'est pas
administrée par le ministre du Travail, que le décret, tel qu'il
est écrit, doit être respecté et que le règlement de
qualification, avec celui des permis de travail, tant qu'il ne sera pas aboli,
doit être suivi par les citoyens du Québec.
Cela, je vous le répète, c'est à l'avantage des
travailleurs de la construction. Ce n'est pas parce que vous avez des gens qui
en subissent les désavantages que, d'une façon
générale, un règlement de cette nature n'est pas à
l'avantage général des travailleurs de la construction. Quand
vous prenez des exemples aussi particuliers, même d'une façon
généralisée... Dans votre comté, cela arrive
régulièrement. De pauvres personnes qui n'ont pas un cent, qui
sont obligées de faire des réparations à leurs
édifices, qui sont obligées d'utiliser des gens qui ne sont pas
des travailleurs de la construction et de passer à côté d u
décret de la construction ; je suis convaincu que vous avez toute la
bonne foi requise pour faire ce genre de représentation.
Je vous le répète, M. le député de
Beauce-Sud et je le répète aussi aux députés du
Parti libéral qui ont fait les mêmes représentations, moins
du
Parti québécois, mais d'un autre côté, il y a
aussi eu les mêmes représentations du côté du
député de Saguenay en particulier, de ce même genre de
poursuites qui sont entreprises par la Commission de l'industrie de la
construction.
Ce que j'essaie de vous dire avec le plus d'objectivité possible,
c'est que ces règlements sont faits pour protéger les
travailleurs de la construction.
Je ne vous permettrai pas plus d'interrompre que je ne vous ai
interrompu tantôt. Je vous jure d'une chose, c'est que les parties
contractantes qui sont habituellement à l'origine de ces
règlements, n'ont pas du tout comme but d'empêcher du monde de
gagner leur vie.
Mais, prenez-le à l'envers c'est pour cela que je vous
renvoyais tantôt au rapport de la commission Cliche et dites-vous
bien qu'il faut penser aussi, à cause de la nature même de
l'industrie de la construction, aux travailleurs de la construction qui sont de
réels travailleurs de la construction.
M. Roy: Après 17 ans, un gars est un travailleur de la
construction?
M. Cournoyer: Oui, certainement.
M. Roy: Et vous le mettez en prison?
M. Cournoyer: Après 17 ans, je comprends...
M. Roy: Quand vous le mettez en prison, après 17
ans...
M. Cournoyer: Remarquez bien que les histoires de Noël, cela
fait partie du folklore, en autant que je suis concerné...
M. Roy: Non, non.
M. Cournoyer: Non, non. Je le sais, c'est ennuyant pour le
ministre du Travail de recevoir un appel téléphonique du
député de Beauce-Sud disant: Arrange-toi pour que le gars qui
s'en va en prison à Noël sorte. Il a été
condamné à $200 d'amende, parce qu'effectivement il n'a pas suivi
les règlements et la Commission de l'industrie de la construction a
réussi à le fai re condamner.
La Commission de l'industrie de la construction ne fait pas condamner
les gens j'aimerais le rappeler au député de Beauce-Sud
pour le plaisir de faire condamner les gens. Elle le fait strictement en
fonction de protéger les travailleurs de la construction.
Je ne vois pas autre chose... Remarquez bien que vous pouvez en rire,
c'est votre privilège d'en rire. Mais, je vous défie, vous
particulièrement, le député de Beauce-Sud, de me
dire...
M. Roy: Le règlement ne vous permet pas de défier
qui que ce soit, je ne vous ai pas défié tout à
l'heure.
M. Cournoyer: Je retire mes affaires.
M. Roy: Retirez-les.
M. Cournoyer: Je ne vous défie pas, je vous somme.
M. Roy: Cela revient au même.
M. Cournoyer: Arrangez cela comme vous voudrez, ce que je
voudrais que vous fassiez, par exemple, c'est de lire le rapport Cliche comme
il le faut, bien comme il le faut, et de nous dire, d'une façon globale
et précise que ce qui est inscrit là-dedans n'a pas d'effet sur
vos citoyens qui sont susceptibles, demain matin, de construire des
arénas à prix réduit et qui, effectivement, pourront
passer par un bureau de placement différent de celui qui est ici.
Ce n'est pas rire de la commission Cliche. Son premier souci a
été les travailleurs de la construction.
M. Roy: Je suis heureux de vous l'entendre dire.
M. Cournoyer: Oui, cela a été les travailleurs de
la construction. Elle a voulu les protéger contre tous les avatars et
comme elle veut les protéger contre tous les avatars de la concurrence
à rabais, de la part de quelque organisation que ce soit, c'est
dedans.
Si vous regardez juste les problèmes de vos organismes de loisirs
et les organismes de loisirs de mes collègues députés
libéraux, je suis convaincu que dans chaque cas, dans chacun des cas qui
a impliqué des projets PIL en particulier, on a dit, c'est $100 par
semaine qu'on paie.
Les propriétaires ou ceux qui étaient les organismes de
loisirs ont dit: C'est parfait, voici la manne. Non pas la manne pour les
travailleurs de la construction. Faisons travailler des gens qui sont en
chômage, parce qu'apparemment, les projets PIL ont toujours comme premier
but de réduire le chômage. Faisons travailler ces gens,
construisons.
A Saint-Ephrem-de-Beauce, vous avez construit...
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, mais je dois
rectifier. Saint-Ephrem-de-Beause a construit, en premier lieu, une
aréna et a suivi certaines réglementations. Il y a eu, à
un moment donné, la question des certificats de qualification
professionnelle, versus les cartes d'apprentis.
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: L'aréna s'est écroulée, à un
moment donné.
M. Cournoyer: Pas à cause des cartes d'apprentis.
M. Roy: Mais, lorsqu'ils ont reconstruit, il y avait une question
de récupération et ils étaient limités dans les
subventions gouvernementales et autres. Ils ont dû avoir recours à
un programme
PIL. Pour être capables de récupérer les
investissements et les dons qu'ils avaient reçus de la population
locale, les travailleurs qui ont accepté d'aller travailler à
l'aréna ont consenti et ont offert de donner une partie de leur temps et
une partie de leur salaire... Cela ne regarde pas le gouvernement.
M. Cournoyer: ...
M. Roy: Cela ne ragarde pas la Commission de l'industrie de la
construction. Un homme est quand même libre, dans sa localité, de
faire un don d'une semaine de son temps pour un organisme-projet.
M. Cournoyer: Bien sûr, comme le gars est libre d'acheter
à réméré un terrain d'une verge de largeur par deux
arpents de longeur.
M. Roy: Quand on arrive pour le poursuivre, par après...
Non, ce n'est pas la même chose. Un instant!
M. Cournoyer: II est toujours libre le gars.
M. Roy: C'est fait dans l'intention de frauder, ce n'est pas la
même chose. Le ministre, qui est un avocat, devrait le savoir.
M. Cournoyer: Frauder? Vous avez un beau terrain d'une verge de
largeur par deux arpents de longueur. Que voulez-vous. Vous avez du gazon
là-dessus. Vous pouvez couper cela seulement d'un coup. Vous partez avec
une grande tondeuse et vous coupez votre gazon d'un coup...
M. Roy: Ce n'est pas fait dans l'intention de frauder un terrain
d'une verge de large?
M. Cournoyer: II ne fraude rien.
M. Roy: Voyons donc! Vous êtes mêlé.
M. Cournoyer: On est deux "chums". On a une verge chacun. Cela
fait déjà deux verges. On continue comme cela. On est une "gang"
de gars qui avons, communautairement, une belle patente d'une verge chaque. On
est propriétaire de cela.
M. Burns: Autant de gars, autant de verges.
M. Cournoyer: Oui, autant de verges. C'est ce qu'il fallait voir,
n'est-ce pas? Chacun a sa "varge". En fait, je sais que ce que vous dites c'est
dans l'intention de frauder, Mais, dans le cas de l'utilisation de la
main-d'oeuvre, par exemple, qui dit: Je vais vous remettre, ce que j'essaie de
vous dire, ce n'est pas ce genre de préoccupation sociale que le
gouvernement vise ou que la réglementation vise, mais quand il accroche
quelque chose, il ne peut pas dire, parce que tu fais partie d'un organisme de
loisirs intéressant, que cela va bien et, pour l'autre, parce qu'il fait
partie d'un organisme de loisirs jugé non intéressant, que cela
va moins bien.
J'espère que vous comprenez la distinction. M. Roy: Je
l'ai comprise avant.
M. Cournoyer: C'est que Saint-Ephrem-de-Beauce, pour autant que
je suis concerné, je trouve cela excellent. Mais quand ce sera
Beauce-d'Ephrem, je ne trouverai pas cela aussi excellent que
Saint-Ephrem-de-Beauce. Que voulez-vous que je fasse? Il faut que quelqu'un
porte le jugement sur la qualité de l'organisme en question. Vous avez
eu, bien sûr, des possibilités de faire un certain nombre de
travaux, dans Saint-Ephrem, dans Saint-Georges et un peu partout dans la
province de Québec, des projets PIL.
Le gouvernement fédéral a décidé que
c'était $100 par semaine pour un chômeur. C'est cela qu'il a
décidé de payer. Les municipalités et ceux qui encouraient
des travaux PIL ont décidé, eux autres, de financer ou de
participer à cela, pour autant qu'ils avaient $100 par semaine et ils se
sont tous trouvés pris avec des choses qui ne relèvent pas du
projet PIL.
Je vais vous donner l'exemple, par exemple... La ville de
Montréal, c'est loin de Saint-Ephrem. C'est une grosse affaire, comme
disait le député tantôt.
M. Roy: C'est dans la banlieue de Saint-Ephrem.
M. Cournoyer: C'est dans la banlieue de Saint-Ephrem, tout
près. La ville de Montréal, quand elle a décidé,
à un moment donné, de faire ses propres travaux sur le
marché Bonsecours, c'était une chose qui était correcte.
Voici une ville qui a peut-être 5,000 cols bleus, de toutes les sortes de
métiers, qui a, pour des raisons historiques, une préoccupation
de chômage et qui a aussi une préoccupation de refaire le
marché Bonsecours, tout le fer blanc qu'il y a dessus. La ville de
Montréal dit: Je n'ai pas besoin d'observer le décret de la
construction. Cela fait quelques années. Le député de
Maisonneuve s'en souviendra. Je n'ai pas besoin d'observer cela. On conteste
l'application du décret de la construction, à l'époque,
par la ville de Montréal.
En même temps que la ville de Montréal faisait cela, en
face de la ville de Montréal, il y avait comme une sorte de caserne, en
face du Champ-de-Mars le député de Maisonneuve
connaît cela qui a été transformée, pendant
un certain temps, en prison.
M. Burns: ...
M. Cournoyer: Non, pas de ce côté, de l'autre
côté de la rue. Vous avez la caserne de l'armée en face du
Champ-de-Mars, de l'autre côté de la rue Craig.
M. Burns: Ce à quoi je pense actuellement, c'est la sortie
de l'autoroute Est-Ouest qui est là.
M. Cournoyer: Avant votre temps, dans le temps que vous
travailliez sur la rue Saint-Jacques.
M. Burns: Je suis jeune, moi.
M. Cournoyer: Je comprends que vous êtes plus jeune que
moi. Mais, de toute façon, au point de vue strictement humanitaire,
l'organisation des pénitentiers du Canada avait décidé de
faire faire ces travaux par des gens qui étaient au péniten-tier,
autant d'emploi perdus pour les travailleurs de la construction, parce que, si
on commence à faire des travaux en dehors du décret de la
construction, il n'y a pas un employeur sur la terre, y inclus vos organismes
de loisirs, qui va pouvoir faire en sorte de faire affaires avec des
entrepreneurs. Il n'y en a pas un qui en ait besoin. Ils vont faire affaires
directement avec des travailleurs, à condition que ce soit la
façon de passer à côté du décret. Plus on est
gros, plus c'est facile.
Vous avez la maintenance, l'entretien ou le service. Je suis prêt
à discuter de cela, ce n'est pas nécessairement de la
construction. Mais, quand, à un moment donné, un employeur
quelconque dit: Moi, à cause d'un décret de construction qui est
négocié de bonne foi entre des entrepreneurs de construction et
des syndicats de la construction, je trouve que cela irait bien mieux si
j'employais des travailleurs moi-même et si je faisais cela totalement en
dehors du décret de la construction... Ce n'est pas
Saint-Ephrem-de-Beauce, mais si je le permets à Saint-Ephrem-de-Beauce,
si les parties veulent le permettre à Saint-Ephrem-de-Beauce, pourquoi
ne permettrions-nous pas à toute entreprise de dimension raisonnable
et cela c'est dix employés et plus de faire ses propres
travaux de construction et d'arrêter ces restrictions, tout ce paquet de
restrictions qui proviennent de la nature même de l'industrie de la
construction? Faisons cela nous-mêmes.
Qu'on aille, par exemple, dans le cas de la femme en question dont vous
parliez tantôt, dans Saint-Ephrem-de-Beauce, M. le député
de Beauce-Sud, cette pauvre femme...
M. Roy: Dans le comté de Bellechasse.
M. Cournoyer: Dans le comté de Bellechasse.
M. Roy: Oui, il y en a dans le comté de Beauce-Sud, il y
en a dans le comté de Frontenac, il y en a partout.
M. Cournoyer: Le député de Bellechasse n'est pas
ici, mais mettons qu'il y en a aussi dans Beauce-Sud. Cette pauvre femme qui
dit: Moi, je vais employer moi-même directement ces personnes et je vais
les payer le prix que je vais vouloir. Elle n'observe pas le décret.
Quand elle n'observe pas le décret, je vous assure qu'il n'y a pas une
partie contractante... Et cette partie qui veut empêcher cette femme de
faire des travaux d'électricité ou des travaux de
réparation chez elle, ce n'est pas celle-là que nous visons
essentiellement. Mais où se termine et où commence la
démarca-
tion entre ce qui relève du décret de la construction et
ce qui ne relève pas du décret de la construction? Où cela
commence-t-il? Quand la femme a des enfants ou quand elle n'en a pas? Ce sont
des travaux de construction. Quand elle a de l'argent ou quand elle n'en a pas?
Ce sont des travaux de construction. Le rapport Cliche me semble clair
là-dessus: toute l'industrie de la construction, en commençant
par tous ceux de Saint-Georges-de-Beauce et de Saint-Joseph-de-Beauce, est
obligée ou est astreinte aux travaux ou au décret de la
construction. Est-ce bon ou est-ce mauvais? Cela dépend de ce que nous
recherchons.
Au point de vue strictement sentimental, ce n'est pas drôle de
forcer une veuve à payer un prix qu'elle ne peut pas payer. A d'autres
points de vue cependant, ce n'est pas drôle de forcer des travailleurs
à travailler à des prix inférieurs à ce qu'ils
doivent recevoir. C'est exactement la situation dans laquelle nous nous
trouvons. Le système de décrets a ceci d'ennuyeux, c'est qu'il y
a bien des gens, dans la province de Québec en particulier, qui sont
prêts à travailler pour n'importe quel désespoir de salaire
à condition que ce soit au-dessus du salaire minimum. Entre le salaire
minimum et le salaire du décret, vous allez trouver bien du monde pour
travailler là-dedans. Ils sont tous prêts à le faire et ce
sont tous d'honnêtes travailleurs, à condition qu'on leur offre le
genre de travail en question. Il n'y a pas un chrétien que je connaisse
comme employeur qui n'offrira pas à quelqu'un un peu plus que le salaire
minimum et beaucoup moins que le décret pour passer justement à
côté des coûts que le décret lui impose dans les
circonstances.
Lorsque nous parlons d'une veuve, vous touchez mon coeur. Lorsque nous
parlons des loisirs de Saint-Ephrem, vous touchez également mon coeur
comme ministre et vous touchez le coeur d'à peu près tous les
députés ici. Par ailleurs, lorsque vous parlez de certains
employeurs dans la province de Québec, vous vous dites: Un instant.
Est-ce que nous allons permettre à d'autres personnes d'utiliser le
précédent des loisirs en question pour faire ce qu'elles veulent
avec les travailleurs de la construction? C'est possiblement ce que vous ne
recherchez pas. J'aime mieux vous prêter le fait que vous ne le
recherchez pas que de vous prêter le fait que vous recherchiez exactement
cette conclusion. Lorsque vous demanderez au ministre d'inciter une commission
du gouvernement qui agit à l'intérieur de son mandat, qui lui a
été confié à l'intérieur des lois du
Parlement, d'inciter cette commission à faire différemment de ce
que ces lois du Parlement lui commandent, je suis obligé de vous dire,
M. le député de Beauce-Sud, que vous demandez au ministre de
faire exactement ce que vous reprocheriez au ministre de faire s'il le
faisait.
M. Roy: M. le Président, est-ce qu'on me permet? Je vais
commencer par les programmes PIL puisque le ministre en a beaucoup
parlé. J'ai pourtant été bien clair. Je comprends que le
ministre se devait d'organiser toute une argumentation de façon à
pouvoir compliquer le problème pour le faire paraître
insoluble.
Quand j'ai parlé des programmes PIL, je me suis limité
à un seul secteur. Il y a au moins quatre sortes de projets PIL. Il y a
les travaux dans les hôtels de ville, les casernes de pompiers et autres,
il y a d'autres édifices municipaux; c'est une deuxième
catégorie de projets PIL. Il y a également, dans le cadre des
projets PIL, des programmes de travaux publics. Les exemples que m'a
donnés le ministre tout à l'heure sont tous des exemples qui
concernent les trois types de projets PIL que je viens de mentionner. J'ai
parlé d'un quatrième type de projets PIL. Ce sont des projets PIL
accordés pour des travaux communautaires. Je n'ai pas parlé des
autres. Je ne demande pas et je ne demanderai pas non plus d'exempter de
l'application du décret de la construction des travaux publics, des
travaux aux édifices municipaux et des travaux dans les hôtels de
ville de quelque localité que ce soit. Je ne l'ai pas demandé et
je ne le demanderai pas. Je veux tout de suite rassurer le ministre. Il s'agit
tout simplement, et je le répète encore une fois pour être
bien compris, de projets communautaires. J'ai donné des exemples au
ministre, je ne me suis pas limité à un seul exemple. J'ai dit
qu'on peut retrouver des exemples actuellement dans tous les comtés de
la province et j'en ai nommé une demi-douzaine. Le ministre a surtout
voulu se centrer au niveau d'un exemple que j'ai voulu lui donner, soit celui
de Saint-Ephrem.
M. le Président, le ministre a demandé si j'étais
d'accord sur le rapport Cliche. J'ai demandé, et cela fait longtemps que
je le demande, l'abolition du fameux règlement concernant les permis de
travail.
Ici, je veux référer le ministre à une des
recommandations du rapport Cliche. A la page 554, la recommandation I3I: "Que
les modalités de ce régime se situent dans le cadre suivant:
Premièrement, abolition du système de permis de travail." Je
pense que c'est clair. C'est en français. "Inscription à
l'ordinateur de l'office de toutes les données pertinentes à
chacun des salariés de la construction." Par la suite, il y a d'autres
indications qui sont données. Mais, on commence par dire ceci:
"L'abolition du permis de travail". Premier point. Deuxièmement, lorsque
je demande au ministre du Travail, actuellement, d'amender la loi, de
façon à exempter dans certaines localités des petits
travaux de réparation à des maisons, je le demande, mais je
serais prêt à retirer ma demande à une autre condition.
C'est que ces gens, actuellement, n'ont pas les moyens de payer ce que les lois
gouvernementales exigent. Qu'on ait donc le courage au niveau du gouvernement
de donner à ces gens le moyen de payer ce qu'on leur réclame, et
ils vont le payer. Mais je m'évertue à faire comprendre au
ministre et à faire comprendre au gouvernement que ces gens n'ont pas
les moyens, ils ne sont pas capables de payer à cause des maigres
pitances qu'ils retirent. C'est aussi simple que cela.
M. Harvey (Charlesbourg): Ne vous choquez pas...
M. Roy: Quand le ministre dit qu'il veut faire respecter les
lois, je suis d'accord avec lui. Le rapport Cliche est plein de blâmes
à l'endroit d'un ministre et d'un gouvernement qui n'ont pas fait
appliquer les lois pour les grosses entreprises. On pourrait en citer
plusieurs. Par contre, on se venge sur les petites gens qui n'ont pas les
moyens, et on les persécute pour faire voir que le gouvernement agit.
C'est cela que je n'accepte pas, M. le Président. On a trouvé que
la loi et le décret n'étaient pas applicables pour les gros et le
gouvernement les fait appliquer pour les petits. Qu'on ait donc la même
mesure pour tout le monde. C'est ce que je demande au gouvernement. Je ne lui
demande pas autre chose que cela.
Quand je vois que les gens, actuellement, surtout les veuves, les
mères nécessiteuses, les personnes invalides, les inaptes au
travail, qu'on leur accorde encore et encore... Aujourd'hui, j'ai eu l'occasion
de faire des représentations auprès du ministère des
Affaires sociales pour qu'on leur accorde $10 par mois pour maintenir
l'entretien d'une résidence familiale. Et on va obliger ces gens
à respecter et à suivre toutes ces lois et on va les poursuivre
devant les tribunaux à cause du décret de la construction? M. le
Président, cela se fait. J'en ai cité des cas et je peux en citer
d'autres. Cela se fait actuellement. Si cela vous scan-lise, tant mieux. Cela
va peut-être réveiller quelqu'un tantôt.
Je dis que cela se fait actuellement dans la province de Québec
et qu'on ne pourra pas continuer ainsi. Il y a quand même des limites,
à user de coercition à l'endroit de petites gens qui n'ont pas
les moyens, et à recourir à un système de tolérance
envers ceux qui en ont les moyens. C'est ce que je dénonce, ce sont les
politiques que je désapprouve de la part du gouvernement. Si le ministre
me disait aujourd'hui: On a fait appliquer le décret, on a fait
appliquer les lois pour tout le monde...
M. Cournoyer: Pourquoi n'est-il pas appliqué?
M. Roy: ... je n'aurais pas un mot à dire, M. le
Président, mais le ministre n'a pas fait appliquer le décret, n'a
pas fait appliquer la loi.
M. Cournoyer: Vous n'êtes pas capable de comprendre que ce
n'est pas le ministre qui les fait appliquer.
M. Roy: Je dis au ministre actuellement qu'il y a des demandes de
modification qui ont été faites aux lois existantes.
M. Cournoyer: Par qui?
M. Roy: Par qui? Partout, aux lois qui ont été
faites. Nous en avons demandé des amendements au code du travail.
M. Cournoyer: II y en a.
M. Roy: II y a eu des demandes de modification de faites.
M. Cournoyer: Quand avez-vous demandé un amendement au
code du travail, vous? Que le député de Maisonneuve me dise qu'il
a demandé des amendements au code du travail, je vais le croire.
M. Roy: M. le Président.
M. Cournoyer: Mais vous, vous avez demandé quoi comme
amendements au code du travail?
M. Roy: M. le Président, nous avons demandé et nous
avons répété à maintes et maintes occasions qu'il
devrait y avoir des amendements au code du travail. Je n'ai pas ici toutes les
déclarations, je n'ai pas tous les journaux des Débats, mais nous
avons présenté nous-mêmes des motions devant
l'Assemblée nationale.
M. Cournoyer: Laquelle, la dernière?
M. Roy: La dernière? Ce n'était pas sur la
question...
M. Cournoyer: C'est ma démission. A part celle-là,
l'autre?
M. Roy: Ce n'est pas une commission parlementaire que nous avons
demandée là-dessus; je n'ai pas demandé votre
démission...
M. Cournoyer: Non, pas vous. Disons, vous êtes d'accord
avec le député de Maisonneuve et sur cela, je ne peux pas
m'empêcher de constater que vous êtes d'accord.
M. Roy: ... j'ai demandé votre remplacement, cela revient
au même...
M. Cournoyer: Cela revient au même.
M. Roy: ... parce que je n'aime pas les démissions, c'est
clair?
M. Cournoyer: Vous allez être satisfait bientôt.
M. Roy: J'ai demandé au premier ministre de prendre les
mesures pour nous donner un ministre du Travail qui nous permettra de savoir
où on s'en va. Je pense bien, M. le Président, que vous avez
là l'exemple que je vous disais au tout début: cela ne sert
absolument à rien, nous n'avançons pas...
M. Cournoyer: Vous n'avancez pas... M. le Président.
M. Roy: ... nous perdons notre temps. M. Cournoyer: M. le
Président...
M. Roy: Le ministre veut tout simplement, ce soir, aller un peu
de gauche à droite comme il en a l'habitude.
M. Cournoyer: Ce n'est pas moi qui vais ainsi. M. Roy: II
veut nous voyager ici et là encore
une fois, et ce n'est pas la première fois que je l'entends, cela
fait au moins 50 fois que nous l'entendons, c'est toujours la même chose,
nous sommes toujours aux prises avec les mêmes problèmes et les
mêmes difficultés. Cela démontre très bien
l'attitude, la mentalité qui existe au ministère du
Travail...
M. Harvey (Charlesbourg): Alors, bon voyage!
M. Roy: En ce qui me concerne, M. le Président, je vais
continuer à assister à la commission parlementaire pour
étudier les crédits dans l'espoir que, peut-être, je
pourrais apprendre quelque chose de nouveau.
Une Voix: Certainement.
M. Roy: Mais j'ai des doutes et je serais même prêt
à accepter d'invoquer le règlement, si je finis par apprendre
quelque chose de nouveau ou des intentions nouvelles de la part du ministre,
pour le souligner immédiatement, et que ce soit bien noté et
renoté dans le journal des Débats, parce que je n'ai pas
l'impression que l'on va gagner quoi que ce soit, que nous allons avancer dans
quoi que ce soit et qu'il y aura des changements véritablement valables
de façon à améliorer le climat des conditions de travail
au Québec et d'améliorer surtout le secteur de l'industrie de la
construction.
M. Cournoyer: M. le Président, seulement pour les
dossiers, je voudrais bien noter que le député de Beauce-Sud nous
a avisés que nous ne prenions pas le rapport Cliche sur une base
globale. Vous avez entendu cela déjà? Il vient de prendre le
deuxième paragraphe de l'article 131 des recommandations de la
commission Cliche qui dit: Abolition du système de permis de travail. Je
le ramène immédiatement au troisième paragraphe du
même article qui dit: Etablissement de pénalités
sévères pour les salariés et les employeurs qui violent
les dispositions du régime. Il semble bien que pour la commission
Cliche, les pénalités ne sont pas encore assez
sévères, et cela s'inscrit dans un rapport global, c'est
l'article 131 et ça recommence à 129.
M. Roy: Charriez tant que vous voulez! M. Cournoyer: Je ne
suis pas charrié! M. Roy: Charriez tant que vous voulez. M.
Cournoyer: C'est de dire, monsieur, je... M. Roy: Charriez tant que
vous voulez! M. Cournoyer: Je ne charrie pas, vous avez...
M. Roy: Vous m'avez demandé un point tout à l'heure
et je vous en ai donné un.
M. Cournoyer: Quel point vous ai-je demandé? M. Roy:
Vous m'avez dit: A quel endroit du rapport Cliche fait-on état dans
les recommandations de ce que le député de Beauce-Sud voudrait
avoir ici ce soir?
M. Harvey (Charlesbourg): Ah non! concernant des
modifications...
M. Cournoyer: Ou des recommandations que vous avez faites.
M. Roy: J'en ai un point.
M. Cournoyer: Je vous en donne un point, l'abolition...
M. Roy :...
M. Cournoyer: Non, non. Un instant...
M. Roy: ...
M. Cournoyer: La recommandation de la commission Cliche d'abolir
les permis de travail s'inscrit quand même dans un contexte total de
placement intégré de tous ceux qui travailleront dans l'industrie
de la construction. Quand vous prenez,vous...
M. Roy: C'est le gouvernement qui va définir ce qui entre
dans l'industrie de la construction, dans la loi et dans le décret. Tout
n'entre pas dans l'industrie de la construction actuellement.
M. Harvey (Charlesbourg): ... Camille, M. le
Président?
M. Roy: Pardon?
M. Harvey (Charlesbourg): Comprenez-vous mieux Camille, M. le
ministre?
M. Cournoyer: Je respecte beaucoup le député de
Beauce-Sud parce que je pense bien que je dois faire l'effort de donner des
explications au député de Beauce-Sud et là-dessus, je le
respecte. Je sais qu'il est en désaccord avec moi et dans le fond, il y
a probablement beaucoup d'accords entre le député de Beauce-Sud
et moi. Comprenons-nous bien. Par ailleurs, et sans vouloir embrouiller le
député de Beauce-Sud, parce que je le sais intelligent, il ne
s'agit pas, pour le ministre du Travail, de faire en sorte qu'on
pénalise la veuve et l'orphelin dont vous parliez tantôt.
M. Roy: Je n'ai pas parlé d'orphelin.
M. Cournoyer: Vous avez oublié l'orphelin, mais vous avez
parlé de la veuve. Il ne s'agit pas pour moi de faire en sorte qu'on
empêche des gens de faire la charité ou de s'organiser ensemble
dans les "bees" qu'on a vus et dont on a déjà entendu parler,
vous et moi, à Saint-Joseph de Beauce.
M. Roy: Dans Beauce-Nord. La grande corvée.
M. Cournoyer: La grande corvée. Cette grande corvée
n'avait pas pour but de "fourrer" le décret de la construction, mais de
reconstruire une industrie et les gars ont pris les moyens pour le faire.
M. Roy: Oui, parce que le décret de la construction ne
permettait pas la reconstruction de l'usine. Cela va aussi loin que cela et
nous avons, M. le Président, rencontré les officiers de votre
ministère à ce sujet.
M. Cournoyer: Qui vous l'ont dit.
M. Roy: II n'y avait pas possibilité, en vertu des
règlements de qualification professionnelle, en vertu des permis de
travail et en vertu de toutes vos restrictions, de reconstruire l'usine dans
des délais normaux. Il a fallu avoir recours à une corvée
pour faire cadeau à une grosse entreprise d'une usine pour permettre
à des travailleurs de la localité de mon collègue voisin,
le député de Beauce-Nord, de la localité de Saint-Joseph
de Beauce, pour être en mesure de garder une usine dans le centre
industriel pour garder du travail pour la main-d'oeuvre...
M. le Président, le gouvernement avait là un exemple
frappant qu'il était important et urgent de réexaminer. Le
gouvernement ne l'a pas fait.
M. Cournoyer: Non.
M. Roy: Non, et il ne le fera pas.
M. Cournoyer: Vous avez fait une corvée cette
fois-là.
M. Roy: Le juge Cliche y a participé.
M. Cournoyer: Je comprends que le juge Cliche y a
participé.
M. Roy: Et celui qui vous parle, votre humble serviteur l'a fait
aussi. J'ai cloué des clous sur...
M. Cournoyer: Bien oui et le gouverneur général du
Canada est allé donner sa bénédiction à cela. Je
suis convaincu de cela.
M. Boudreault: Et le député est maintenant...
M. Cournoyer: Mais je vous assure d'une chose, M. le
député de Beauce-Sud, si vous n'avez pas fait d'infraction au
décret à ce moment-là parce que c'était une
corvée, c'était probablement parce que cette chose était
sentie par la population et qu'elle la voulait. Elle a contribué
d'elle-même, non pas à "fourrer" le décret, mais à
faire travailler des gens à des conditions de travail qui étaient
probablement inférieures à celles qu'on retrouvait dans le
décret. Mais en même temps que la population organisait sa propre
corvée, il y a des travailleurs de la construction qui ne pouvaient pas
faire leur métier. Quand vous aurez vous-même, comme
député de...
M. Roy: M. le Président... Je m'excuse, mais...
M. Cournoyer: J'ai dit tantôt que c'était à
mon tour à parler. Tout à l'heure je vous ai laissé
parler.
Le Président (M. Séguin): Un à la fois.
M. Cournoyer: J'ai laissé parler le député
de Beauce-Sud avec beaucoup de privilèges. Vous ferez cela
après.
Quand vous avez fait cela, vous avez privé des travailleurs de la
construction de leur gagne-pain et quand cela reste isolé, un "bee", une
corvée, quand cela reste isolé, ce n'est pas bien grave. Mais, si
tout le monde dans la province de Québec décidait de faire des
corvées, les travailleurs de la construction chercheraient comment
travailler demain matin, et vitement à part cela. Là, au lieu
d'avoir un certain nombre de travailleurs sur le dos, vous auriez des
travailleurs de la construction sur le dos. La position fort
privilégiée dans laquelle vous vous trouvez, c'est que vous
pouvez, en même temps cela c'est une logique que je reconnais chez
vous critiquer les travailleurs de la construction pour ce qu'ils
demandent et obtiennent par le truchement d'une convention collective ou un
décret et critiquer ceux qui les empêchent et ceux qui permettent
tout en même temps, empêchent et permettent de
travailler.
Vous dites: II y a des gens qui sont partis pour aller en prison parce
qu'ils n'avaient pas observé ou ils n'avaient pas le bon certificat de
qualification dans leurs poches.
C'est arrivé souvent, un certificat de qualification, que ce soit
l'employeur ou le syndiqué ou la personne en question, dans les deux
cas, il y a eu des pénalités. Dans les cas où vous m'avez
téléphoné, c'étaient des gens qui avaient
décidé qu'ils ne paieraient pas l'amende, qu'ils feraient les six
jours de prison prévus, quel que soit l'endroit ou la date où
ça se produisait. Pourquoi faisaient-ils ça? C'est parce qu'ils
étaient, semble-t-il, frustrés dans leurs droits d'individus par
rapport à eux-mêmes, mais par rapport aux gens de la construction,
ces gens frustraient les droits des travailleurs de la construction.
Quand on est placé à la tête d'un ministère
comme le mien, je vous assure, peut-être un jour le serez-vous, parce que
vous avez toutes les qualifications requises pour être ministre du
Travail dans un prochain gouvernement, je reconnais à M. Roy toutes les
qualifications...
M. Harvey (Charlesbourg): Vous n'êtes pas juge encore, M.
le ministre.
M. Cournoyer: Cela va arriver à un moment
donné.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'on pourrait
rester dans l'actualité?
M. Cournoyer: A l'intérieur de l'actualité. Je suis
d'accord.
Chaque fois que nous faisons une loi, il est
clair qu'il y a des gens qui encourent avec cette loi un certain nombre
de droits et les droits des uns en empêchent d'autres ou confient
à d'autres des obligations. Cela, c'est dommage de le dire, mais les
lois de l'industrie de la construction, que ce soient celles qui seraient
susceptibles d'être votées après le rapport Cliche,
engendreront le même genre de problèmes, c'est-à-dire
l'ajustement des individus qui perdent un certain nombre de droits au
bénéfice d'un certain nombre d'autres individus.
Ceci étant dit, je vais maintenant répondre à votre
question sur l'automobile, parce que je ne vous ai pas répondu à
cette question.
M. Roy: Pendant qu'on discute de la question de l'automobile, si
on me le permet, j'aimerais apporter une précision et une rectification
aux déclarations que le ministre a faites tout à l'heure
lorsqu'il a parlé de la corvée de Saint-Joseph-de-Beauce. Je
n'avais pas soulevé la question de cette corvée, mais je sais que
ça fait mal un peu au ministère du Travail.
Ce serait injuste pour la compagnie de dire que ces gens ont
réussi à bénéficier d'un complexe industriel, de
toute une usine, à des prix avantageux. Il faut mettre le mot avantageux
entre guillemets. La compagnie n'a jamais refusé à aucun moment
de se soumettre au décret de la construction, elle n'a jamais
refusé de payer les salaires, elle n'a jamais refusé de payer les
avantages prévus à la Commission de l'industrie de la
construction, tel que la loi et les règlements l'exigent.
Elle n'a jamais refusé d'engager des travailleurs
qualifiés. Je pense que c'est une question de justice et
d'honnêteté à l'endroit d'une entreprise. Même le
directeur général des entreprises me l'a dit à un moment
donné, parce que la décision a été prise par la
population de Saint-Joseph. Le maire de Saint-Joseph assistait à la
réunion, le représentant syndical parce que le syndicat de
l'usine était affilié à la FTQ, si ma mémoire est
bonne faisait aussi partie de la délégation qui a
rencontré les officiers du ministère du Travail à ce
moment, et ce sont les travailleurs et la population locale qui ont
décidé d'accorder tout cela à la compagnie. La compagnie
pouvait s'organiser ailleurs, dans un édifice déjà
construit, où elle aurait pu, dans une certaine mesure, relancer sa
production et s'organiser avec le temps nécessaire pour agrandir son
usine de façon à avoir un local assez vaste.
Saint-Joseph-de-Beauce a dû avoir recours à cette ultime
mesure pour garder cette industrie chez elle, dans son parc industriel. En ce
qui a trait aux travailleurs qui ont perdu leur emploi, comme le ministre du
Travail l'a dit, c'est entendu qu'on peut dire ces choses. Mais je dois dire au
ministre qu'à ce moment-là, il y a eu des contacts faits avec les
centres de main-d'oeuvre de la région et il n'était pas possible,
dans les délais dans lesquels l'usine était construite, d'avoir
la main-d'oeuvre qualifiée par l'industrie de la construction. Mais je
veux dire au ministre que tous les gars qui ont travaillé à la
reconstruction de l'usine, à l'exception d'à peu près une
dizaine de person- nes, étaient des gens de l'industrie de la
construction. Quand les gens travaillent à la construction de maisons
préfabriquées, ce sont des gens qui sont dans la construction, ce
n'est pas dans le décret. Il y a bien des gens qui étaient
allés travailler dans cette usine, après avoir travaillé,
dix ans, douze ans, quinze ans, sur des chantiers de construction du
Québec. C'étaient des gars de la construction, mais pas des gars
de la construction aux termes de la loi.
C'est ce que je veux dire au ministre actuellement. La compagnie ne l'a
pas demandé, elle ne l'a pas refusé, c'est la population qui a
dû avoir recours à cette ultime mesure pour garder
l'économie locale au moins à un taux de développement et
éviter le désastre; autrement dit, il y aurait du chômage
accru dans cette localité.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-François.
M. Déziel: M. le Président, si vous me le
permettez, au cours de l'exposé préliminaire que le
député de Beauce-Sud nous a présenté, j'ai
été tout à fait surpris de voir que celui-ci était
un adepte du braconnage...
M. Roy: Pardon?
M. Déziel: Du braconnage. Braconnier.
M. Roy: Qu'est-ce que c'est du braconnage? Expliquez-vous.
M. Déziel: Où vont s'arrêter les lois?
Où vont se limiter les lois, concernant ce braconnage? Si le
député de Beauce-Sud avait bien voulu inverser les rôles et
savoir ce qu'il en coûte aujourd'hui pour être entrepreneur, vous
avez des cotisations patronales à payer, soit $200, $500 ou $1,000 et,
concernant le domaine des électriciens savez-vous qu'on paie $8,000,
$10,000 et même $15,000 par année? Et je parle du petit
entrepreneur, par le fait même.
Vous êtes porté à encourager ce braconnage...
M. Roy: Non. Je n'ai parlé des électriciens
à aucun moment.
M. Déziel: C'est ce que vous avez dit tout à
l'heure.
M. Roy: J'invoque le règlement. On m'accuse tout
simplement et je vais laisser faire le député de
Saint-François. Il m'accuse d'encourager le braconnage. Il est rendu
dans le domaine de l'électricité. Je n'ai pas parlé
d'électricité de la soirée. Il y a quand même des
limites, je ne me laisserai pas dire n'importe quoi en commission
parlementaire.
M. Déziel: M. le député de Beauce-Sud,
est-ce que vous n'auriez pas parlé tout à l'heure des
installations qui pouvaient se faire à différents endroits? Mais
sous prétexte que la personne vivait de l'assistance sociale, elle ne
pouvait pas payer.
M. Roy: J'ai parlé des petites réparations à
la propriété. Je n'ai pas parlé de la grosse industrie de
la construction comme telle.
M. Déziel: Les petites réparations sont...
M. Roy: J'ai parlé des petites réparations qu'on
fait dans les petites propriétés, dans les milieux ruraux.
M. Déziel: Les petites réparations relèvent
du décret de la construction, c'est aussi simple que cela aussi.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous allez provoquer des chocs. De
toute façon, le ministre ne peut pas...
M. Déziel: Les petites réparations relèvent
du décret de la construction, c'est cela qui est l'affaire.
M. Roy: Je n'ai parlé d'électricité en aucun
moment.
M. Déziel: S'il n'y avait pas de décret de la
construction, M. le député de Beauce-Sud, vous pouvez être
sûr que ce serait l'anarchie complète au Québec. Il faut
absolument...
M. Roy: Est-ce que je peux vous poser une question? Etes-vous au
courant que ces lois n'ont jamais existé dans l'Ontario, dans aucune
province canadienne et que jamais les Etats-Unis n'ont pu en faire appliquer de
semblables?
Nous, on essaie de faire au Québec ce que les autres n'ont jamais
pu faire. On se réveille avec des problèmes. On est intelligent,
nous autres, au Québec.
M. Déziel: On est peut-être avant-gardiste dans ce
sens-là également.
M. Roy: Drôles d'avant-gardistes, on est en train de
construire une tour de Babel. Continuons, cela va bien.
M. Cournoyer: La tour de Babel, c'est une belle tour de Babel.
C'est moi, Babel.
M. Déziel: Maintenant, qu'est-ce que vous pensez, M. le
député de Beauce-Sud, de la protection du consommateur? Quand
vous voyez des braconniers aller faire des installations diverses, disons au
niveau de l'électricité. Si ce sont des installations
frauduleuses et que le feu prend dans l'étable, quelle protection a le
consommateur vis-à-vis de sa compagnie d'assurance?
M. Roy: Vous avez raison dans la question de
l'électricité. Je vous donne raison à 150%, même
à 200%; je pourrais dire 220%, cela va faire 220 volts.
M. Déziel: Mais pour quelle raison cela
s'appliquerait-il...
M. Boudreault: Vous avez posé un des clous tout à
l'heure. Qui nous dit qu'ils sont bien cloués? Danger public.
M. Roy: Je vous donne la permission d'aller vérifier.
M. Boudreault: Ce devaient être des clous
créditistes, des clous pas de tête.
M. Déziel: Je pense qu'il faut savoir faire la part des
choses là-dedans et, s'il y a un décret relatif à la
construction, il faut absolument que ce soit respecté. A mon sens, s'il
y a des lois qui existent, que ce soit la loi 172, la loi 154 ou autres, je
suis convaincu qu'il faut absolument protéger le consommateur dans un
premier temps.
D'autant plus que ces entrepreneurs ont d'immenses cotisations à
payer et ont des frais d'exploitation et des dépenses à payer.
Vous ne pouvez pas arriver et vous plaindre du fait que la personne...
L'employé qui travaille pour cet entrepreneur, en dehors des heures,
bien souvent, lui-même, coupe les prix pour aller faire du
braconnage.
Ce qui me suprend énormément, c'est que vous essayez de
les défendre ce soir. Je n'accepte pas cela.
M. Roy: Ce n'est pas cela. On est en train de vouloir
interpréter les propos que j'ai tenus. Je n'accepte pas cela. Ce n'est
pas cela que j'ai dit. Si on avait pris soin de bien comprendre...
Le Président (M. Séguin): Je pense que ce qu'il y a
à dire sur cette question...
M. Cournoyer: Sur la construction, on va se reprendre, parce
que...
Une Voix: L'incident est clos.
Le Président (M. Séguin): Sur la question qu'on
discute présentement, la commission suspend ses travaux...
M. Cournoyer: Un instant, il faut que je réponde sur les
automobiles. Le député de Beauce-Sud m'a posé une question
sur les automobiles.
Le Président (M. Séguin): La commission ne suspend
pas ses travaux. C'est le ministre du Travail qui a la parole.
M. Cournoyer: Ce que je veux dire dans le cas des automobiles, M.
le Président, ce qui est arrivé, au cours des trois
dernières années, c'est qu'il y a eu de la part de mon
ministère une foule de tentatives pour faire de la
réglementation, de la clarification dans les services automobiles.
Finalement, après des révisions, après des
protestations, je pense bien, des plus petits qui voyaient cette autre
intrusion de l'Etat dans le procédé de qualification requise, les
gens ont décidé que c'était brimer leurs droits que de
requérir
que les gens qui réparaient les automobiles soient
qualifiés. Il faut qualifier en fonction de standards gouvernementaux.
J'en suis venu à la conclusion qu'il fallait qualifier, mais que nous
qualifierions en vertu d'une disposition particulière de la loi et
après que les gens qui sont les premiers intéressés,
c'est-à-dire les travailleurs de l'industrie de l'automobile, dans les
services automobiles et les représentants d'employeurs ou d'associations
de service, auraient présenté une position commune, s'ils le
voulaient bien.
Sans vouloir présumer des jours qui viennent, il semble bien
qu'il y ait consensus sur la qualification professionnelle des travailleurs de
l'industrie de l'automobile, mais consensus des deux parties impliquées.
Il y a plusieurs parties, un côté qui requiert des services et
l'autre côté qui offre ses services à des employeurs; dans
les deux cas, ils offrent leurs services à une clientèle qu'on
appelle le consommateur. Ce ne serait qu'en raison d'un certain nombre de
préoccupations des consommateurs que je devrais normalement prendre la
décision que ceux qui offrent leurs services aux consommateurs doivent
le faire en offrant non seulement des services, mais des services
qualifiés, compte tenu du fait que le consommateur n'a pas la
capacité de juger avant de commencer si la personne qui lui offre ses
services est une personne qualifiée ou non. Par ailleurs, j'ai
hésité et j'hésite encore sur la qualification obligatoire
dans l'industrie des services automobiles. Je ne peux pas dire ce que nous
déciderons, mais je suis personnellement d'opinion qu'il faille opter
pour une qualification identifiée et laisser la population libre de
prendre ou de ne pas prendre les services de personnes qualifiées,
à la condition, par exemple, qu'il soit clair que les personnes qui
travaillent dans tel ou tel garage sont ou ne sont pas qualifiées par le
ministère du Travail ou encore en fonction du système dont je
parlais tantôt.
Je devrais normalement être en mesure de présenter une
législation sur le sujet qui extrairait les services automobiles de la
loi 49 et qui isolerait cette industrie, à la suite de ce qu'on peut
constater comme étant au moins le consensus général ou
majoritaire, d'un côté comme de l'autre, sur la
réglementation possible des services offerts au public, en
matière de réparation d'automobiles, en particulier.
Je ne peux pas dire le contenu de cela. Ce sont les parties qui l'ont
soumis au ministre, mais je n'ai malheureusement pas eu le temps de prendre des
décisions sur le contenu de leurs représentations. Mais je dois
dire qu'il semble bien que ces représentations atteignent les objectifs
que je m'étais fixés lorsque j'ai demandé aux parties de
regarder ce qu'elles voulaient. Il reste qu'elles doivent vouloir quelque
chose. Pour autant que le gouvernement est concerné, il doit vouloir
protéger le consommateur des services en question.
Si les gens de la Beauce ne veulent pas être
protégés et qu'ils veulent faire affaires avec d'autres personnes
que celles qui sont qualifiées, que voulez-vous? Le monde le la Beauce,
c'est du bon monde. Ils peuvent décider ce qu'ils veulent. J'ai- merais
bien leur garder cette liberté de faire affaire avec des gens non
qualifiés.
M. Roy: Pourquoi prendre les gens de la Beauce en
particulier?
M. Cournoyer: C'est parce que les représentations
principales viennent du député de la Beauce, de Beauce-Sud, en
particulier.
M. Roy: C'est parce qu'un député actif...
M. Harvey (Charlesbourg): Vous parlez pour vous.
M. Cournoyer: Les autres n'ont pas dit un mot encore.
Jusqu'ici... C'est un député actif qui dit que, chez nous, on est
capable de juger soi-même de la qualité des services. Vous avez
dit cela, je pense bien que vous m'avez dit cela souvent.
M. Roy: Disons qu'il y a eu dans la Beauce en 1972 la formation
d'une association de travailleurs d'automobiles qui a regroupé les
comtés de Dorchester dans le temps, Lévis, Frontenac, Beauce et
je pense qu'il y en avait également du comté de Bellechasse.
C'est une association...
M. Cournoyer: C'est un nommé Demers qui était
là.
M. Roy: Non, cela n'a aucun rapport avec l'association de
Demers.
M. Cournoyer: Pas le même Demers. C'est une autre
association.
M. Roy: L'association de Demers, c'en est une autre. Après
cela, il y a l'ASA.
M. Cournoyer: Oui, l'Association des services automobiles.
M. Roy: L'association dont un M. Déry, je pense, de
Portneuf en est le secrétaire ou le président, je ne me souviens
pas trop. Il y a trois groupements là-dedans, mais je sais que les gens
de la région de La Chaudière, le bassin de La Chaudière,
le bassin de l'amiante s'étaient groupés à ce moment pour
tâcher de faire parvenir des mémoires au ministre du Travail,
mémoires qu'ils ont faits d'ailleurs. Je demanderais au ministre, avant
de mettre ce règlement en vigueur, s'il a songé à donner
suite à un voeu de la Chambre, que la commission parlementaire soit
convoquée à ce sujet.
M. Cournoyer: II n'est pas question pour moi de mettre un
règlement en vigueur. Il est question pour moi de présenter une
loi. Donc, c'est à la Chambre qu'elle sera présentée et je
ne peux pas faire les lois moi-même. Le règlement aura
été un règlement, c'est-à-dire que c'était
sous l'autorité de la loi 49. Ce qui m'est suggéré
actuellement, c'est un retrait de la loi 49 pour permettre une
autre loi, mais particulière au service automobile. Dans ce sens,
je dois le soumettre au Parlement. On ne peut pas dire que j'ai fait une loi,
mais l'extraction fait qu'on peut retourner devant le Parlement avec un projet
de loi sur les services automobiles. Autre question?
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président...
M. Roy: C'est parce qu'il y avait eu une motion tout à
l'heure. On parlait de la suspension ou de l'ajournement de la Chambre.
M. Cournoyer: ... le député de Maisonneuve partait
et vous aviez l'air d'avoir fini, alors il reste...
M. Harvey (Charlesbourg): ... les interlocuteurs de l'Opposition
étaient absents.
M. Cournoyer: Tout dépendra, on peut aller jusqu'à
23 heures, s'il le faut.
Contentieux fédéral-provincial
M. Burns: C'est aussi bien. C'est probablement le dernier point
à caractère général que je voudrais soulever. Quant
à moi, après cela, j'ai nettement l'impression que cela risque
d'aller assez vite quant à l'examen des programmes. C'est pour cela que
je préférais soulever la plupart des grands problèmes
à ce stade plutôt que d'aller gratter les détails
individuellement à chaque programme. On en a touché un mot, mais
peut-être pas à ma satisfaction, parce qu'on l'a à peine
effleuré au moment de l'échange initial de la part du ministre et
de ma part. C'est le phénomène du contentieux
fédéral-provincial et particulièrement dans trois
domaines: Celui du transport interprovincial, de la construction sur les
chantiers fédéraux et les meuneries. En particulier, je pense
à un cas bien connu par le ministre, la meunerie Camirand, entre autres.
On se souviendra qu'en 1973, lors de la conférence
fédérale-provinciale, le gouvernement du Québec avait
réclamé à corps et à cris la juridiction
complète sur ces travaux. Je pensais, pour un certain moment, à
la suite de négociations infructueuses, qu'on avait oublié cet
aspect. Il semble, par des déclarations récentes du ministre, en
tout cas si je m'en tiens à l'extrait du Devoir du 21 avril 1975, que ce
ne soit pas mort du côté du ministre du Travail. Il semble que, si
je prends les extraits pertinents de cet article du 21 avril 1975, le ministre
réclamerait un seul régime pour l'industrie de la construction
avec juridiction provinciale, que les petites meuneries à
caractère local, si je comprends bien, devraient demeurer sous
juridiction provinciale et que les entreprises de transport, même celles
engagées dans le transport interprovincial, soient soumises à la
loi québécoise.
Je vous cite évidemment quelque chose qui remonte à quand
même très peu de temps, c'est-à-dire à il y a un peu
plus d'un mois, le 21 avril.
J'aimerais que le ministre nous fasse le point relativement à ce
contentieux fédéral-provincial. C'est un cas, évidemment,
pour nous autres, on pourrait vous dire bien calmement: On est aussi bien de ne
pas en parler, de toute façon on va régler cela quand on sera
là. Mais, en attendant, de façon constructive, j'aimerais savoir
comment évolue ce dossier, ce qu'il advient de tout cela, quelles sont
les intentions immédiates du ministère. Est-ce qu'il y a de
l'espoir en vue? Est-ce qu'il n'y en a pas? Est-ce que vous faites cela juste
pour tenir le temps, pour montrer que vous faites quelque chose en
matière de relation fédérale-provinciale? Ce sont toutes
ces questions qui peuvent être posées. J'ai vu une espèce
de grand vide, en tout cas sur le plan public. Peut-être que d'autres
choses ont été faites et si d'autres choses ont été
faites entre 1973 et avril 1975, j'aimerais bien le savoir et que le ministre
nous dise exactement ce qui a été fait à ce
moment-là.
M. Cournoyer: Beaucoup de choses ont été faites sur
les trois dossiers, parce que notre stratégie, si on peut appeler cela
une stratégie je pense bien que quelqu'un dira que cela n'en est
pas une cela a été de mener les trois dossiers de front et
de ne jamais parler d'une seule des trois choses. Pour nous, les trois choses
procèdent du même principe premier, c'est-à-dire que
lorsque c'est nettement localisé... Dans le domaine de la construction,
c'est localisé, il n'y a rien de plus localisé que cela. Cela se
fait ici ou cela se fera ailleurs. C'est à l'intérieur du
Québec ou cela ne l'est pas. Dans la question des petites meuneries,
elles sont ici ou elles sont ailleurs. Si elles sont ici, c'est clair. Dans le
domaine du transport, c'est peut-être un peu plus compliqué. Mais,
pour autant qu'on est concerné, c'est la question de l'accessoire et du
principal. Pour nous, c'est l'accessoire et le principal. Le principal, s'il
est sous notre juridiction, nous croyons que l'accessoire doit le suivre et non
pas le principal suivre l'accessoire. Dans le transport, vous savez que, par
simple truchement d'un transport interprovincial fort accidentel, par
application des lois fédérales, il n'y a plus de lois
provinciales qui s'appliquent. Vous pouvez avoir une accréditation... On
va prendre quelque chose que vous connaissez fort bien, le Syndicat des
caissiers de la Commission de transport de Montréal qui... en vertu des
lois québécoises, point final à la ligne. Pour les
chauffeurs, c'est la même chose. Mais une certaine tendance
d'interprétation s'est développée de la part des tribunaux
voulant que, lorsqu'il y avait du transport interprovincial, la loi
fédérale s'appliquait pour la totalité.
M. Burns: Le cas du Voyageur...
M. Cournoyer: C'est cela. A partir du moment où nous
accepterions ce raisonnement, il n'y a plus aucune juridiction provinciale sur
le transport. Il n'y en a plus parce que, par extension, c'est l'entreprise
totale qui, à cause d'un accessoire, tombe sous la juridiction
fédérale alors qu'effectivement, c'est le contraire qui devrait
se
produire. Bon, on est encore dans le domaine des représentations.
Nous avons fait des représentations, non pas véhémentes,
mais les plus diplomatiques possible compte tenu des circonstances
auprès du gouvernement fédéral. Dans le cas de la
construction, des causes ont été amenées devant les
différents tribunaux canadiens, celle de Montcalm Construction en
particulier, qui a jugé que le "federal undertakings"...
M. Burns: Dans le cas de Mirabel?
M. Cournoyer: Oui. Mais à partir du cas de Mirabel, vous
pouvez tirer une conclusion sur à peu près tout ce qui se produit
et qui est financé par le fédéral et qui devient par le
fait même du "federal undertaking". Je dis bien des mots "federal
undertaking" parce que je ne sais pas comment les traduire en français.
Ceci voudrait dire que dans tous les endroits où le gouvernement
fédéral, par le truchement du ministère du
Développement régional octroie des subventions, cela devient du
"federal undertaking" et, en conséquence, les lois
québécoises ne s'appliquent pas. Donc, les décrets de la
construction ne s'appliquent pas. Le gouvernement fédéral nous
semble, du moins au titre de la construction, être totalement d'accord
sur nos représentations.
Au titre des meuneries, on nous oppose la décision strictement
d'ordre constitutionnel, que cela a été déclaré
dans l'intérêt général du Canada, en vertu du
pouvoir déclaratoire selon l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique.
M. Burns: La loi du blé également, je pense.
M. Cournoyer: C'est exact, mais la loi du blé, qui
comprenait le pouvoir déclaratoire, ou enfin qui s'inspirait du pouvoir
déclaratoire, la loi créant la Commission canadienne du
blé. On a déclaré que les meuneries étaient dans
l'intérêt général du Canada, quelle que soit leur
localisation. Dans les trois cas, nous croyons, nous, que ce ne sont pas des
décisions judiciaires qui doivent survenir, ce sont des décisions
strictement d'ordre politique. Le ministre Munro, à la suite de la
lettre qui a été publiée le 21 avril mais qui avait
été envoyée avant, nous a répondu. Mais cela
c'était à la suite de plusieurs discussions au niveau des
sous-ministres. La lettre du ministre ici était un point final. Celle
que j'ai envoyée était un point final, en disant: Ecoute, nous
allons retourner la page vite.
M. Burns: J'ai sous les yeux, M. le ministre, c'est
peut-être ce à quoi vous vous référez, le rapport du
comité interministériel qui a paru dans le volume no 10,
décembre 1974, de Québec Travail.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: Ce sont sans doute les trois recommandations
principales relativement au premier problème. On y lit que les membres
du sous-comité recommandent de restreindre la portée de l'article
45 aux ouvrages que le fédéral entend vraiment régir et
d'exclure les meuneries du Oué-bec à caractère local.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: Quant au transport, la recommandation est d'amender le
code canadien du travail afin de permettre aux provinces de
légiférer sur les relations de travail et la
sécurité industrielle dans les entreprises de transport routier
extraprovinciales.
M. Cournoyer: C'est exact.
M. Burns: Finalement, la troisième recommandation, en
fait...
M. Cournoyer: Qui porte sur la construction.
M. Burns: Qui porte sur la construction, c'est bien cela, dit que
le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre du Ouébec, de concert avec
le ministre des Transports du Québec, demande l'abrogation du
règlement intitulé... non, ce n'est pas celui-là, je
m'excuse.
M. Cournoyer: Les transports.
M. Burns: J'étais encore dans la construction, elle est
dans le transport dis-je.
M. Cournoyer: Là-dessus, nous n'avons pas changé
d'un iota la position qui est là...
M. Burns: C'est ce que je voulais savoir.
M. Cournoyer: ... pour autant que le gouvernement du
Québec est concerné. Il n'y a pas un iota de changé.
Là où nous sommes le plus avancés, cependant, reste le
domaine de la construction.
M. Burns: Excusez, M. le ministre, je viens de retrouver la
dernière recommandation, pour compléter le dossier. Eu
égard aux inconvénients graves qui peuvent être
créés par l'existence de deux régimes parallèles de
relations de travail, nous croyons qu'il est important qu'il n'existe au
Québec, pour l'ensemble des chantiers, qu'un seul et unique
régime, soit le régime établi par la Loi sur les relations
de travail dans l'industrie de la construction, soit de juridiction
provinciale. Je voulais savoir si cette position du comité
interministériel, des Affaires intergouvernementales et du Travail et de
la Main-d'Oeuvre...
M. Cournoyer: Et des Transports.
M. Burns: ... ainsi que des Transports, est la position
officielle.
M. Cournoyer: Elle n'a pas été changée d'un
iota. La position du ministre du Travail fédéral est que, dans le
cas de la construction, on comprend bien, que, dans le cas des meuneries, c'est
notre
pouvoir et que, dans le cas des transports, vous ne l'aurez pas. On m'a
offert une conférence fédérale-provinciale pour le mois de
septembre entre les ministres du Travail, et je n'accepterai une telle
conférence que lorsque nous connaîtrons davantage la position
exacte sur les transports et sur les meuneries de la part du gouvernement
fédéral.
M. Burns: A cet égard, puis-je vous demander si vous
êtes en mesure de nous donner le point de vue des autres provinces
actuellement concernant ces trois points? Le connaissez-vous?
M. Cournoyer: Nous agissons pratiquement comme mandataires des
autres provinces sur les trois points.
M. Burns: En somme, elles seraient d'accord sur le point de vue
exprimé dans le rapport du comité.
M. Cournoyer: Elles ne l'ont pas exprimé aussi fermement
que cela. L'idée générale que nous suivons dans nos
négociations avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
l'Immigration ou avec celui du Travail, c'est de tenter d'obtenir le consensus
des provinces sur des choses comme celles-là. Sur la construction, par
exemple, je pense bien que les provinces sont totalement d'accord avec nous.
Dans le cas des transports, il y a peut-être de petites
différences entre quelques provinces, parce que cela dépend des
compagnies de transport ou des préoccupations de transport de chacune
des provinces.
Dans le cas des meuneries, nous n'avons pas de problèmes
tellement communs avec beaucoup d'autres provinces.
La Commission canadienne du blé touche l'Ouest au complet; donc,
pour les gens de l'ouest, pour autant qu'ils sont concernés, c'est un
problème tout à fait résiduaire pour ces provinces. Pour
les provinces de l'est, et, en particulier, si vous prenez Québec, ce
sont leurs problèmes. Mais il y a une tendance assez marquée du
côté des provinces maritimes à ne pas trop s'occuper
d'augmenter leur juridiction, vous le savez sans doute. Cela ne les fatigue
pas, la juridiction du fédéral dans leurs affaires. C'est un
problème de moins qu'elles ont. Ce n'est pas un commentaire
défavorable que je fais, mais, compte tenu de la taille qu'elles ont,
cela ne les fatigue pas. L'Ontario regarde cela avec un certain
désintéressement, mais beaucoup plus en fonction de
précédents créés de juridiction
fédérale en matière de relations de travail que l'Ontario
voudrait garder chez elle et voudrait récupérer, dont le
précédent créé dans le cas des meuneries, parce que
c'est nettement localisé dans le cas des meuneries. Elle regarde
beaucoup plus l'expérience ou la réaction du Québec avec
sympathie, mais pas une sympathie tellement active dans le cas des meuneries ou
des transports.
Dans le cas de la construction, tout le monde est assez actif, parce
que, les régimes de construction étant différents, il y a
des demandes d'à peu près tout le monde dans les provinces pour
dire: Ecoute, il s'agit de lois foncièrement provinciales. Les travaux
sont exclusivement dans les provinces et tout ce beau monde qui travaille dans
la construction devrait obéir à un régime de relations de
travail. C'est peut-être un peu là la réaction du
fédéral qui, face à nos revendications, dit: Dans la
construction, on est d'accord avec vous. Par ailleurs, dans la construction, il
semble bien que le gouvernement fédéral veuille insister sur des
décisions des tribunaux. Or, les tribunaux peuvent fort bien, en vertu
de la constitution canadienne, décider que "when it is a federal
undertaking, it is a federal undertaking, therefore, the law applies, and if
the law does not apply...
Le Président (M. Séguin): Vous allez me traduire
cela après, je pense, pour le journal des Débats.
M. Burns: Est-ce que le son est clair pour nos
transcriptrices?
M. Cournoyer: Ce que je voulais dire, c'est: Voici la
réaction. A mon sens, sur le régime intégré de
relations de travail dans la construction, j'ai bien avisé le
gouvernement fédéral, du moins mon homologue au ministère
du Travail, que si tel était le cas, j'interdirais à la
Commission de l'industrie de la construction de recevoir quelque prestation que
ce soit au titre d'avantages sociaux qui viendrait...
M. Burns: Pardon? Voulez-vous répéter cela, s'il
vous plaît?
M. Cournoyer: J'ai avisé mon homologue
fédéral que si le cas devait être... disons que c'est de
juridiction fédérale, que sur tout ce qui était "federal
undertaking", je verrais à ce que la Commission de l'industrie de la
construction ne touche en rien aux avantages sociaux pour les travailleurs de
la construction qui travailleraient sur un "federal undertaking".
M. Burns: Bon.
M. Cournoyer: C'est la seule arme que je possède. Elle est
éminemment pratique. Elle veut que, si mes lois ne s'appliquent pas, le
droit de grève existe dans ces chantiers, indépendemment de
l'existence de mes décrets. Il ne faudrait pas qu'on prenne les deux
avantages en même temps. Il y a l'avantage d'un décret qui dit
qu'il n'y a pas de grève et qu'on veuille tout le monde, je pense
bien être l'unique instrument des relations de travail qui
crée un certain nombre de bénéfices sociaux pour les
travailleurs de la construction, qui sont tous administrés par la
Commission de l'industrie de la construction et CADIC au-dessus des
bénéfices sociaux, et que, à un moment donné, s'ils
ne sont pas sous ma juridiction, je ne me sens pas responsable et que je sens
que mes organismes, les organismes en question, ne devraient recevoir aucune
prestation au titre des avantages sociaux sur des projets
fédéraux non assujettis à notre juridiction.
Je pense bien que, de ce côté, cela a été
peut-être l'argument par l'absurde, qu'il était impensable d'avoir
un système de relations de travail différent dans le cas des
projets fédéraux au Québec.
Il y a certaines autres provinces ou certains territoires qui verraient
probablement la même forme d'argumentation, mais qui sont placés
dans la situation où les taux de salaire payés en vertu des lois
provinciales sont inférieurs en fait à ce qui se paierait en
vertu des lois fédérales. L'attitude du gouvernement
fédéral est qu'il doit voir à ce que sur les contrats
fédéraux ce qu'il appelle les salaires raisonnables, soit
payé.
De toute façon, au Québec, les salaires raisonnables sont
copiés sur le décret. Nous avons énormément de
problèmes avec les heures de travail. Dans la construction de routes,
par exemple, vous avez le double système qui fait que ni les employeurs
ni les salariés ne sont satisfaits. On semble s'aventurer ou s'avancer
vers un règlement de la question de la construction, soit un
règlement judiciaire, ce que je ne souhaite pas, soit un
règlement politique, ce que je souhaiterais de tout coeur, sans qu'on
ait besoin d'amender les constitutions. Il s'agit de loi en définitive,
la Loi des relations de travail du Canada, qu'on n'a qu'à amender en
disant: On ne touche pas la province de Québec; s'il faut se restreindre
à la province de Québec, ça ne s'applique pas.
Cela ne s'applique pas là où il y a un système
intégré de relations de travail comme c'est le cas dans la seule
province, la nôtre. Notre système est le seul
intégré des relations de travail dans la construction. A cause de
l'inexistence d'un tel système dans d'autres provinces, les
hésitations d'Ottawa, c'est: Comment pouvons-nous nous assurer, nous,
que sur les contrats fédéraux, il y a des "fair wages conditions
paid"?
M. Burns: Vous avez fait référence tout à
l'heure à une offre qui vous a été faite par le
gouvernement central d'un conférence fédérale-provinciale
à l'automne. Est-ce que vous avez accepté une telle
conférence, est-ce que vous croyez qu'elle va avoir lieu?
M. Cournoyer: Non, je n'ai pas parlé à M. Munro. Je
sais qu'il a...
M. Burns: Qui vous a fait cette offre?
M. Cournoyer: M. Munro; par lettre, par exemple.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Mais la nature de la lettre, je dois le dire en
toute sincérité... Si je prends la nature de la lettre et qu'on
me dit qu'on va me dire non aux meuneries et aux transports, je ne suis pas
intéressé à aller me faire dire non pour les meuneries et
les transports quand je sais que dans le cas de la construction, ils ne sont
pas capables de me dire non. Je ne peux pas accepter une conférence
fédérale-provinciale où je ne vais que recevoir deux non
et un oui dont je sais déjà la provenance.
M. Burns: Vous croyez que les conférences
fédérales-provinciales sont absolument inefficaces?
M. Cournoyer: Pas nécessairement. M. Burns:
Inutiles? M. Cournoyer: Non, ce n'est pas ça... M. Burns:
Une perte de temps.
M. Cournoyer: Cela dépend. S'il s'agit de m'écrire
une lettre pour me dire: M. Cournoyer, on va garder la juridiction des
transports comme elle est, on va garder la juridiction des meuneries comme elle
est, on va attendre que le tribunal ait décidé sur le
problème de la construction, je ne vois pas ce que j'irais faire dans
une conférence fédérale-provinciale qui va discuter de ces
trois problèmes quand c'est déjà annoncé, ce qu'on
va me dire.
M. Burns: Qu'est-ce que vous allez faire pour changer la
situation?
M. Cournoyer: Je me garde...
M. Burns: Vous allez attendre, vous allez faire preuve
d'impuissance, encore une fois. Vous allez faire preuve encore une fois
d'apathie...
M. Bourassa: Gardez donc... pour vous-même.
M. Burns: On parle des conférences
fédérales-provinciales, les personnes qui connaissent
ça.
M. Cournoyer: J'en parle et je vais parler de l'autre qu'il y a
eue sur la main-d'oeuvre. Il y a eu des conférence sur la main-d'oeuvre.
Dans le cas des transports, de la construction et des meuneries...
M. Burns: Dans la main-d'oeuvre, on va vous donner le droit de
poser vos propres enseignes.
M. Cournoyer: Voyons donc!
M. Bourassa: Vous n'êtes pas... le groupe Harmonium samedi
soir.
M. Cournoyer: Voilà le "boss" qui est arrivé.
M. Bourassa: Parce qu'il a vu le groupe Harmonium samedi
soir.
M. Burns: Parce que j'ai vu samedi soir, clairement, enfin...
M. Bourassa: Ce n'est pas la première fois...
M. Burns: ... dans une région où vous vous croyez
très fort...
M. Bourassa: Nous verrons ça.
M. Burns: D'ailleurs, on l'a vu toute la fin de semaine, dans une
région où vous vous croyez très fort, j'ai vu poindre la
lueur de quatre autres comtés libérés dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Bourassa: Ce n'est pas la première fois que
Clémence Desrochers attire du monde dans une réunion.
M. Burns: Ce n'est pas ça que j'ai vu, ce n'est pas du
tout ça que j'ai vu. Nous autres, on ne se vante pas des espèces
de congrès régionaux où on réunit quelque 700 ou
800 personnes. On ne se vante même plus de ça; le premier
ministre, lui, pense à ça régulièrement. Toutes les
fois qu'il y a plus de 200 personnes dans ces réunions, il passe son
temps à commencer la période de questions avec ça. Il y
avait tout près de 10,000 personnes. C'est à vous que je dis
ça.
M. Bourassa: ... on n'a pas de chanteur "rock" pour attirer du
monde, c'est nous qui y allons et ils viennent le dimanche après-midi,
en fait...
M. Burns: René Levesque ne s'est pas promené avec
une guitare pour montrer qu'il était bien "swing".
M. Bourassa: Cela fait deux ans...
M. Burns: Ah ouil ça fait deux ans, bien oui! Tous les
moyens sont bons. D'après vous, en tout cas. Revenons au crédit,
M. le Président, à la suite de cette interruption
"malveilleuse".
M. Bourassa: C'est terminé, M. le Président?
M. Cournoyer: Cela a parti des relations de travail, je verrai ce
que je ferai quand j'aurai décidé de ne pas y aller et ça
sert...
M. Burns: Mais en somme, vous n'avez pas décidé de
ne pas y aller?
M. Cournoyer: A celle-là, oui, j'ai décidé
de ne pas y aller. A l'invitation telle qu'écrite par M. Munro.
M. Burns: Est-ce que vous avez répondu à
cette...
M. Cournoyer: Je n'ai pas eu le temps. Vous m'occupez
tellement.
M. Burns: Mon Dieu! Vous n'êtes pas souvent ici,
pourtant.
M. Cournoyer: Cela fait un bout de temps.
M. Burns: Cela fait une semaine que vous êtes assidu,
à peu près.
M. Cournoyer: Cela fait trois semaines. De quelle date la
dernière lettre?
M. Burns: La dernière lettre?
M. Cournoyer: La dernière lettre de M. Munro date de
combien de temps?
M. Burns: Je ne sais pas.
M. Cournoyer: Vous ne le savez pas?
M. Burns: Non. Je ne sais pas.
M. Cournoyer: C'est à peu près au temps où
j'ai commencé à être assidu ici.
M. Burns: Vous présumez que j'ai la copie de la lettre de
M. Munro?
M. Cournoyer: II fait exprès pour s'imaginer que je ne
fais rien.
M. Burns: Non, ce n'est pas ce que je dis. Je dis simplement que
le ministre du travail doit être évidemment à son bureau
à Montréal, mais il doit être ici aussi de temps à
autres.
M. Cournoyer: J'y suis. Vous admettez que j'y suis?
M. Burns: Depuis deux ou trois jours, d'accord.
M. Cournoyer: Ce qui me choque le plus, c'est que vous ne me
posez jamais de questions quand je suis là.
M. Burns: Bien non. J'ai des raisons bien précises. Je
vais vous expliquer demain pourquoi.
M. Cournoyer: C'est parce que vous n'avez plus confiance aux
réponses.
M. Burns: C'est cela.
M. Cournoyer: C'est votre privilège.
M. Burns: Je vous ai dit, d'ailleurs, pourquoi je participais aux
crédits du ministère du Travail. C'était par respect pour
vos fonctionnaires.
M. Cournoyer: Ah bon! C'est parfait. D'accord, je m'en
souviendrai.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Logiquement, je ne devrais même pas être
ici.
M. Cournoyer: C'est vrai, la logique serait que
vous ne soyez pas ici, mais cela fait un "moses" de bout de temps que
j'attends. Il est 10 h 20 et vous allez être ici tant que vous
voudrez.
M. Bourassa: Le député de Maisonneuve veut
être ministre du Travail, quoi?
M. Burns: Non. Peut-être dans un autre gouvernement.
Peut-être dans un autre gouvernement, mais pas dans celui-ci;
sûrement pas. Peut-être dans un autre gouvernement, je dis
même "peut-être". Il y a bien d'autres choses à faire...
M. Cournoyer: Je suis convaincu que, dans un autre gouvernement,
si jamais cela arrive, il va prendre le ministère des Affaires
culturelles.
Je le vois à l'opéra, avec un col monté, boucle
blanche, s'il vous plaît.
M. Bourassa: C'est le seul député qui n'est pas
petit bourgeois dans le Parti québécois.
M. Cournoyer: C'est pour cela que je le vois justement au
ministère des Affaires culturelles.
M. Burns: M. le Président, voulez-vous s'il vous
plaît rappeler tout le monde à l'ordre? Ce n'est pas de moi qu'on
discute ici, c'est des crédits du ministère du Travail.
Le Président (M. Séguin): Après les
débats qu'on a eus précédemment, je trouvais cela
tellement relaxant que je baignais dans le plaisir de vous entendre jaser
confortablement.
M. Burns: M. le Président, je voudrais vous faire
remarquer que le tonus a changé, pas à cause de moi et pas
à cause du ministre du Travail. Vous avez remarqué cela, M. le
Président? Ce n'est pas non plus à cause des collègues qui
ont suivi assidûment les travaux depuis le début. Je ne sais pas
pourquoi, il est arrivé quelque chose. Quand je dis quelque chose, cela
veut peut-être vouloir dire quelqu'un.
M. Cournoyer: La tornade blanche!
Le Président (M. Séguin): Dois-je présumer,
programme I...
Contrat d'analyse des fonctions de travail
M. Burns: Non, M. le Président, ce sont quelques questions
de détail que je ne peux pas poser non plus ailleurs, dans les
crédits. Je terminerai les questions à caractère
général. Je pose des questions sur ce qui s'est passé
l'année dernière.
Comme on étudie les prévisions budgétaires de
l'année qui vient, c'est pour m'éclairer à l'endroit de
ces choses. Je vois par exemple, dans le petit livre rouge des comptes publics
de 1973/74, au titre des services professionnels, la firme Du-charme,
Déom et associés qui a reçu $16,327.
Est-ce que le ministre du Travail peut nous dire pourquoi la firme
Ducharme, Déom et associés a reçu cette somme de $16,327?
Première question.
Deuxièmement, je vois également dans le paragraphe...
M. Cournoyer: Je suis aussi bien de répondre à
celle-là tout de suite.
M. Burns: Oui? D'accord.
M. Cournoyer: II s'agit de plans de carrière et d'analyse
des fonctions de travail. C'est la firme Ducharme, Déom et
associés. Il y en a d'autres également qui ont le même
genre de contrat. Je ne sais pas lequel des contrats, mais il s'agit
strictement d'une analyse des fonctions de travail.
M. Burns: Bon. Une analyse des fonctions de travail de votre
ministère?
M. Cournoyer: Non, non. Nous faisons, nous, au ministère
du Travail, une analyse de toutes les fonctions de travail dans la province de
Québec.
M. Burns: Bon!
M. Cournoyer: Dans l'industriel.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: La firme Ducharme, Déom et associés
est une firme qui a eu un contrat pour faire cette analyse ou une analyse en
particulier. Je ne sais pas laquelle... C'est dans
l'électrotech-nique.
M. Burns: Bon.
M. Cournoyer: II y a plusieurs analyses et il n'y a pas qu'une
fonction de travail. Je ne sais pas si vous avez vu cela, M. le
Président.
M. Burns: Est-ce que cela a été accordé
à la suite d'une soumission, ce contrat?
M. Cournoyer: Cela a été accordé à la
suite de concours faits par les fonctionnaires, de décisions des
fonctionnaires en fonction d'un certain nombre de barèmes. Si vous
voulez avoir la procédure, je vais vous la donner. Il n'est pas question
d'une intervention du ministre du Travail.
M. Burns: Je la voudrais.
M. Cournoyer: La procédure, Réal, pardon, M. le
sous-ministre.
M. Bourassa: II n'y a pas de soumission.
M. Cournoyer: Oui, il y en a.
M. Burns: Oui, il y en a.
M. Cournover: On procède habituellement par soumissions.
Il y a un comité de sélection.
M. Burns: Une autre fois que le ministre du Travail contredit le
premier ministre. Deux fois en deux jours, ce n'est pas croyable.
M. Cournoyer: C'est parce qu'il a tellement confiance en
moi...
M. Burns: Je suis à la veille de croire que ma motion va
être adoptée demain.
M. Cournoyer: Non, le premier ministre ne me pose pas de
questions tous les jours pour savoir si je suis les règles qu'il a si
savamment établies. Il sait que je les suis. Il a dit: Soumissions
publiques, soumissions publiques, il y a. A partir de ce moment, il dit, il n'y
a pas de soumissions dans cela, peut-être, mais je suis les règles
qu'il établit.
M. Burns: J'ai quasiment le goût, M. le ministre, de
retirer les paroles que j'ai dites à votre égard, avant
l'ajournement, ce midi, lorsqu'on parlait de Ti-Jean-la-sécurité
et on disait: Creuse ta fosse. J'aurais une autre suggestion, cela pourrait
s'appeler Ti-Bob-la-job-de-la-sécurité.
Une Voix: Voulez-vous retirer votre motion...
M. Burns: Cela ne serait pas pire et puis: Creuse ta fosse...
Le Président (M. Séguin): Pour revenir
à...
M. Bourassa: Ti-Bob, cela pourrait s'appliquer au
député de Maisonneuve.
M. Burns: Oui, mais Ti-Bob-la-job, c'est bien précis. Cela
ne me vise pas.
M. Bourassa: ... passablement dans votre comté, avec les
Jeux olympiques.
M. Burns: Oui, ce n'est pas vous qui avez trouvé ces jobs.
Vous ne viendrez pas me faire croire cela.
M. Cournoyer: C'est à part les jobs que Dorion a
trouvées à ses gars à la baie James.
M. Burns: Mon Dieu, Seigneur! Seigneur, je n'ai pas vu cela. Je
n'ai pas vu les résultats de cela.
M. Cournoyer: Vous n'avez pas vu les résultats de cela,
vous non plus.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Ti-Bob-la-job cherche les résultats de...
M. Cournoyer: ... une affaire tous les deux.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je vais
être obligé de suspendre la séance pour permettre
les...
M. Cournoyer: Ecoutez, des Ti-Bob, quand ils s'obstinent...
M. Burns: Quand deux Ti-Bob se rencontrent avec un Ti-Jean...
Le Président (M. Séguin): C'est parce que j'ai le
problème d'essayer de suivre, aussi intelligemment que possible, le
débat sur les crédits du ministère du Travail.
M. Cournoyer: C'est bien sur les crédits.
M. Burns: C'est parce qu'il y a des "inside jokes" qui se
promènent...
Le Président (M. Séguin): C'est justement. Il
faudrait que j'aie le livre ou le lexique voulu pour les suivre. Le
député de Maisonneuve.
M. Cournoyer: Celui-là, je ne le sais pas, mais je peux
vous soumettre, le plus rapidement possible, la procédure suivie pour la
détermination de celui qui a un contrat d'étude des tâches
ou des plans de carrières, comme nous les appelons au ministère
du Travail. C'est une procédure totalement intégrée.
M. Burns: Mais, dans les autres cas, vous dites qu'habituellement
vous procédez par voie de soumissions publiques.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que ce ne sont pas
nécessairement des soumissions publiques, ce sont des demandes de
soumissions à des personnes préqualifiées par ceux qui
sont les spécialistes de cette matière. N'importe qui ne peut pas
être appelé à faire une analyse de tâches comme cela.
Si vous faisiez une soumission, vous auriez des problèmes. Mais, il
arrive qu'on met un certain nombre... Je vais vous donner la procédure
de soumission. Il y a un certain nombre de qualifications, d'expériences
antérieures, dans un domaine particulier ou semblable. Il y a les
expérience que les fonctionnaires ont eues avec telle ou telle firme,
dans tel ou tel domaine. Ce n'est pas commencé d'hier, la question de
l'analyse des tâches. C'est commencé depuis cinq ans
maintenant.
Comme voie de conséquences, il y a des personnes qui reviennent,
parce qu'elles ont justement une expérience dans ce domaine de l'analyse
des tâches. Ducharme, Déom et associés, je ne savais pas
qu'ils étaient là, mais, d'un autre côté, je peux
vous dire comment cela a été choisi ou sélectionné,
mais en vous donnant la procédure que les fonctionnaires suivent.
Jusqu'ici, le ministre n'est jamais intervenu là-dedans.
M. Burns: Vous nous déposez... M. Cournoyer: ... la
procédure.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: La procédure, je pourrai vous la donner
demain. C'est une procédure générale dans le cas des plans
de carrières.
M. Burns: D'accord. Autre question. On voit également,
dans la catégorie, services professionnels, le nom de M. Gilles Laporte,
en regard duquel on voit la somme de $63,684. Pouvez-vous nous donner le
détail de ces $63,684? M. Gilles Laporte, je pense, est votre conseiller
spécial. Il était autrefois directeur des relations
patronales-ouvrières, à votre ministère. Tout à
fait par hasard, il a démissionné et, tout à fait par
hasard, le lendemain, il est devenu votre conseiller spécial à
titre contractuel.
M. Cournoyer: II n'y a pas de hasard là-dedans.
M. Burns: Non, je me rappelle les crédits de
l'année passée.
M. Cournoyer: Dans mes dossiers, je n'ai jamais dit que
c'était par hasard.
M. Burns: Non.
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Je suis d'accord. C'était un peu de façon
humoristique que je disais tout à fait par hasard. Je me rappelle que,
l'année passée, le ministre a dit que c'était bien de
propos délibéré, que cela s'était passé.
S'il y avait moyen d'avoir les détails de la partie, parce que
j'imagine que, dans cela, le titre est évidemment Services
professionnels administratifs et autres. Il y a peut-être des frais de
déplacement, il y a peut-être d'autres éléments. Je
voudrais avoir dans les grandes lignes la division de la part des honoraires et
de la part des dépenses dans les $63,684.
M. Cournoyer: Je ne l'ai pas malheureusement.
M. Burns: Je ne m'attends pas à l'avoir tout de suite.
M. Cournoyer: A une séance ultérieure, je pourrai
vous soumettre le détail annuel qui est dans la période
prévue de ce...
M. Burns: J'ai justement une dernière question
relativement aux services professionnels. Le montant total des services
professionnels payé l'année dernière par le
ministère du Travail s'élevait à $911,826. De ce montant,
il y en avait $566,729 qui étaient non publiés,
c'est-à-dire que, de la façon que je le comprends, la
façon dont on mentionne les montants non publiés, ce sont des
montants peut-être trop petits pour faire l'objet d'une mention
spécifique; donc on ne les publie pas. Si je comprends mal ce
livre...
M. Cournoyer: J'aimerais le comprendre.
M. Burns: Regardez, dans services professionnels, vous avez entre
parenthèses, je ne sais pas si vous avez un livre des comptes publics
devant vous...
M. Cournoyer: Maintenant que vous le mentionnez, je me souviens
de l'avoir...
M. Burns: A la page 1-169, vous allez trouver: Services
professionnels administratifs et autres, et, en-dessous, entre
parenthèses, le montant global de $911,826. Ensuite, en-dessous, il y a
une nomenclature. Vous avez, par exemple, l'assurance-vie Desjardins, $14,310,
et il y a une série de noms. Le montant le moins élevé qui
apparaît, se chiffre par $10,121, à un dénommé
Lucien Laroche. Si je comprends bien cette façon de présenter les
services professionnels, je comprends que tout montant inférieur
à $10,121, puisque c'est le montant le plus bas, n'apparaît pas ou
n'est pas publié dans les comptes publics. Donc, quand on se
réfère à des montants non publiés, $566,729, ce
sont des chiffres qui n'apparaissent pas dans la nomenclature
spécifique. C'est bien cela que je dois comprendre?
J'ai été frappé de voir que, dans le cas du
ministère du Travail, les montants non publiés, il y a
peut-être une raison et peut-être une très bonne raison
à cela c'est cela que je voudrais savoir
éventuellement s'élèvent à plus de 50% du
montant total, alors que, dans des ministères aussi importants à
cet égard que le ministère des Transports, la proportion est
d'à peu près 10% des montants non publiés. Je vous
réfère...
M. Cournoyer: Vous m'avez dit tantôt 50%...
M. Burns: Si je comprends bien, peut-être que je comprends
mal les statistiques qu'on nous donne ici, mais...
M. Cournoyer: Vous me dites quelque $900,000...
M. Burns: Je dis qu'en lisant la page 1-169, il m'apparaît
que les services professionnels administratifs s'élèvent pour
votre ministère à $911,826 pour l'année 1973/74, que, dans
ce montant, il y a $566,729 qui sont des montants non publiés, donc, que
je présume être des montants inférieurs à $10,121,
puisque c'est le plus petit montant nommé ou publié. Je fais la
comparaison avec le ministère des Transports, par exemple qui, lui, a un
montant de $29,338,051 au poste des services professionnels, et le montant non
publié est de $3,188,508, ce qui fait une proportion très
inférieure, à peine 10% ou un petit peu plus que 10% du montant
global et non publié. Il y a peut-être de bonnes raisons pour
cela. Je ne vous accuse de rien, je veux seulement essayer de comprendre
cela.
M. Cournoyer: Non, je veux seulement vous l'expliquer, parce que
c'est important pour tout le monde de comprendre. D'après les
sous-ministres, pour lesquels d'ailleurs vous êtes ici,
non pas pour moi, c'est pour eux, et vous avez beaucoup de respect pour
eux, on va en tenir compte, les montants non publiés sont des montants
de moins de $10,000.
Il y a, chez nous, au titre de la recherche universitaire, des montants
qui sont très souvent de moins de $10,000. Par exemple, on va avoir une
recherche pour $5,000. On va avoir une autre recherche pour $6,000, $7,000;
très rarement, on monte au-delà de $10,000 parce que, quand
même, les recherches sont toujours faites par les professeurs
d'université, et les budgets, habituellement attribués à
la recherche par l'extérieur, parce que cela entre là-dedans,
dépassent rarement $10,000, à moins que ce soit quelque chose qui
se prolonge dans le temps. Cela a tendance à ne pas être la
majorité des cas.
Il y a aussi les plans de carrière. Il y a plusieurs plans de
carrière. Je pense que c'est une chose qu'on ne publie pas mais qui est
disponible. C'est tout un paquet de petits détails qui fait que le
ministère, dans l'administration courante, emploie ou donne des petits
contrats, mais en multitude, pour telle analyse de tâche en particulier,
qui est une partie d'une analyse de tâche générale. C'est
moins de $10,000 dans tous ces cas. Vous savez, si on nous compare avec
d'autres ministères, dans le cas des honoraires professionnels chez
nous, comme exemple, on va retenir les services de M. Dufresne pour le cas de
United Aircraft.
M. Burns: M. Dufresne est mentionné; Dufresne, McLagan,
Daignault est inscrit pour $34,500.
M. Cournoyer: Oui, admettons que, dans ce cas en particulier,
Dufresne, McLagan, Daignault ont reçu du ministère du Travail un
certain montant. Ce montant peut être issu d'une analyse de tâche,
de la participation de Dufresne dans le cas de United Aircraft. C'est la somme,
en fait, affectée à Dufresne, McLagan, Daignault...
M. Burns: De tous les montants.
M. Cournoyer: De tous les montants payés à McLagan.
Mais s'il n'y avait eu, par exemple, dans le cas de Dufresne, que la seule
intervention de Pierre Dufresne dans le cas de United Aircraft, c'est
probablement $200 ou $2,000, mais cela n'apparaîtrait pas là.
C'est vrai qu'on n'a pas requis les services de plusieurs personnes au titre
des relations de travail, mais dans le domaine des plans de carrière,
nécessairement, nous faisons affaires avec des gens de
l'extérieur et c'est probablement la place où cela monte le plus,
en plus de la recherche en particulier.
M. Burns: Est-ce que ce serait une énorme tâche que
de vous demander la liste des personnes ou des organismes dont les noms
n'apparaissent pas spécifiquement ou, si vous voulez, dont les montants
sont non publiés? Pour le montant de $566,729, est-ce que ce serait un
travail de bénédictin que de nous soumettre cela?
M. Cournoyer: Non, parce que, de toute façon, cela a
été payé à même les frais du
ministère; donc c'est possible de les sortir.
M. Burns: II y aurait moyen de faire cela. M. Cournoyer: Ah
oui!
M. Burns: Je ne vous le demande pas d'ici la fin des
crédits. J'accepte que cela prenne un certain temps, mais...
M. Cournoyer: Vous allez l'avoir.
M. Burns: ... pour autant qu'on ait cela dans une semaine.
M. Cournoyer: II n'y a aucune forme de problème.
M. Burns: Bon!
M. Cournoyer: Ce n'est pas nous qui publions le livre en
question, vous le savez. Il y a une règle établie suivant
laquelle tout montant moindre que $10,000... Mais pour autant qu'on est
concerné, toutes les dépenses du ministère sont
disponibles au député.
M. Burns: D'accord! C'est la dernière question que j'avais
à poser relativement à cela. Je vous avais demandé le
coût d'un certain nombre de rapports. J'avais oublié de vous
demander le coût du rapport Sainte-Marie sur la transformation des
centres de main-d'oeuvre du Québec en centres d'information et de
services. Vu que vous devez déjà me donner réponse
relativement au coût du rapport Mineau et au coût du rapport
Castonguay, pourriez-vous ajouter à cette question celui concernant le
rapport Sainte-Marie?
M. Cournoyer: Assurément.
M. Burns: Cela compléterait mes questions d'ordre
général.
M. Cournoyer: Parfait!
Le Président (M. Séguin): Nous revenons, à
moins qu'il y ait d'autres commentaires de la part des membres de la
commission...
M. Burns: Pas de notre côté.
Le Président (M. Séguin): Programme I,
élément I.
Relations de travail
M. Burns: Au programme I, M. le Président,
c'est-à-dire celui qui concerne les relations de travail...
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
Elément 1.
M. Burns: Non, c'est le programme I. Je vous parle du programme:
Relations de travail.
Le Président (M. Séguin): Programme I. Il y a trois
éléments.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Celui dont vous parlez...
Le premier, c'est le droit d'association...
M. Burns: Le premier, c'est le droit d'association. Alors, ma
question s'applique au droit d'association.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
Elément I.
M. Burns: En somme, elle s'applique à l'article 41 du code
du travail qui fait une obligation de négocier de bonne foi.
Lors de discussions précédentes à cet effet, et en
particulier lors de l'étude des crédits de votre
ministère, l'année dernière, M. le ministre, nous avions
soulevé le problème de l'obligation réelle de
négocier de bonne foi. Je me souviens que vous aviez alors fait des
commentaires disant, principalement, qu'il était difficile de
détecter, et là-dessus je pense que je vous ai même
appuyé, qui négociait de bonne foi et qui ne négociait pas
de bonne foi, que cela devenait une question très subjective. Cependant,
vous nous aviez, à la fin de cette discussion, promis que des
études seraient effectuées à ce sujet. Etes-vous en mesure
de me dire si de telles études ont été faites? Si oui,
quels en sont les résultats? Sinon, pourquoi ces études
n'ont-elles pas été faites?
M. Cournoyer: L'année dernière nous avons
été aux prises avec des négociations de bonne et de
mauvaise foi dans le domaine de l'indexation et que nous n'avons pas entrepris
les études dont il est question dans les remarques que vous avez faites,
sur ce qu'est la bonne foi. Par le truchement de cette commission parlementaire
qui étudie mes crédits, je donne instruction au service de la
recherche d'étudier les systèmes de bonne foi qui existent.
M. Burns: De vérification de...
M. Cournoyer: De vérification de la bonne foi. Remarquez
bien, encore une fois, que ce ne sera pas plus facile, parce c'est le service
de la recherche, mais par le truchement de cette bébelle qu'on appelle
la commission parlementaire et l'enregistrement, je donne instruction au
service de la recherche de faire cela au lieu de faire autre chose.
M. Burns: Cela vous évitera une lettre, ou un
mémo.
M. Cournoyer: C'est exact, ce sera écrit. C'est convenu
devant vous.
M. Burns: Remarquez qu'il est possible qu'après les
études on en arrive à la conclusion qu'il est absolument
impossible de détecter de façon efficace ce que c'est de
négocier de bonne foi ou non. Je ne vous dis pas que c'est mon opinion;
je ne pense pas que, de façon définitive, on doive
démissionner devant une telle tentative. Bien au contraire, je pense
qu'on doit essayer de trouver de façon constructive des
éléments très concrets pour détecter ce qu'est une
négociation de bonne foi.
M. Cournoyer: Par ailleurs, M. le Président,
l'année dernière, nous n'avons pas eu tellement de plaintes,
comme nous en avions avant, sur la question de bonne foi. Je ne sais pas si
c'est parce que les gens acceptent mieux le code du travail, et qu'une fois
qu'ils sont pris pour négocier, ils sont aussi bien d'y aller.
Peut-être que les gens sont mieux éduqués, mais d'un autre
côté, nous avons moins d'accusations pour des négociations
de mauvaise foi.
M. Burns: M. le ministre, je ne pourrais pas, de mémoire,
vous citer de cas précis, mais il est évident qu'il y a des cas,
qui ont été portés à notre connaissance, où,
véritablement, le problème de la bonne foi se posait. Je pense,
si vous voulez qu'on en cite un, au cas du pavillon Saint-Dominique, où,
de part et d'autre, je ne vous dis pas que c'est la faute des bonnes soeurs ni
celle du syndicat, on s'est traité de gens qui ne voulaient pas
négocier de bonne foi. Si nous n'avons pas de règlement au
pavillon Saint-Dominique après je ne sais plus combien de mois, je pense
qu'on en est rendu au delà de deux ans, c'est sans doute du fait que, de
part et d'autre, on a l'impression qu'on ne négocie pas de bonne
foi.
Ce n'est pas mon rôle, ce soir, de venir vous dire que ce sont les
bonnes soeurs qui ne négocient pas de bonne foi, bien que j'aurais
tendance à croire cela. Vous savez, quand vous voyez des gens qui sont
de bonne foi, offrir aux bonnes soeurs la possibilité d'intervenir pour
les aider à régler leur conflit et que les bonnes soeurs disent:
Ne vous mêlez pas de cela, c'est notre bébelle, c"est une
indication, habituellement, qu'il n'y a personne qui veut négocier, de
ce côté, de bonne foi. Encore une fois, comme les critères
sont difficiles à poser...
M. Cournoyer: La question est posée, parce qu'elle est
posée, je ne crois pas faire des commentaires très précis,
mais d'un autre côté, sachez bien que l'économie du code du
travail fait qu'on négocie de bonne foi pendant une période de
temps et qu'une fois que la grève est commencée, il n'y a
personne qui oblige personne à négocier. Notre loi n'oblige
personne à négocier pendant la grève.
M. Burns: Non, mais je pense que l'esprit d'une
négociation de bonne foi c'est sans aucun doute le fait de
démontrer qu'on est là avant la grève...
M. Cournoyer: Oui, avant la grève.
M. Burns: ... pour tenter de négocier. Evi-
demment, il n'y a pas eu de plainte de portée formellement dans
le cas du pavillon Saint-Dominique. Mais, si vous voulez l'attitude
c'est pour cela que je peux être un peu plus "lax" dans mon
appréciation de qui peut faire preuve de mauvaise foi dans ce conflit
l'attitude après la grève est telle qu'on a nettement
l'impression, de l'extérieur en tout cas, que c'est le côté
patronal, les soeurs Dominicaines qui ont fait preuve de mauvaise foi, sans
aucun doute, qui ont été à l'origine même du conflit
à cause de leur attitude hautaine à l'endroit d'une formation de
syndicat. Je vois les soeurs Dominicaines qui disent, avec la main sur le
coeur: Mais, jamais chez nous un syndicat, c'est quelque chose d'absolument
immoral, c'est quelque chose qu'on ne peut pas tolérer nous qui sommes
de si bonnes personnes. Quand vous partez avec une mentalité comme
celle-là, je pense qu'il est absolument évident... Evident est
peut-être un mot un peu fort, mais il y a une indication que de ce
côté il n'y a pas tellement de preuve de bonne foi.
M. Harvey (Charlesbourg): Pouvez-vous citer Québec Poultry
comme étant un cas similaire?
M. Burns: Je pense qu'on pourrait citer Quebec Poultry comme
étant un cas similaire.
M. Harvey (Charlesbourg): De mauvaise foi ou de bonne foi? De
part et d'autre ou d'une partie? vous ne portez pas de jugement.
M. Burns: J'ai dit tout à l'heure que je me retenais de
poser un jugement sur la division de la bonne ou de la mauvaise foi d'un
côté ou de l'autre.
M. Cournoyer: Disons que l'étude, quand même...
M. Burns: Je pense qu'à Québec Poultry, il y a de
bons indices qu'on ne négocie pas de bonne foi, avant même qu'on
en arrive à l'état de conflit.
M. Cournoyer: Je ne veux pas faire de commentaires qui
envenimeraient un certain nombre de conflits. Il arrive que je ne suis pas dans
l'Opposition, ni un député seulement, je suis ministre du
Travail. La bonne et la mauvaise foi sont deux choses qui sont
appréciables compte tenu des circonstances et malgré tout ce que
vous avez à dire contre le ministre du Travail, il n'a pas porté
de jugement sur la bonne ou la mauvaise foi des parties...
M. Burns: Quand vous avez des indices comme au pavillon
Saint-Dominique, entre autres, comme celui que je vous ai mentionné tout
à l'heure, comme un autre qu'on pourrait ajouter au portrait, que du
côté patronal on a été pénalisé pour
ne pas payer le salaire minimum et que malgré cela les
négociations achoppent, à ce moment-là, il y a
là-dedans aussi des présomptions, même si elles ne sont pas
légales comme dans le bill 30. Il y a des présomptions qui,
à un moment donné font peut-être peser la mauvaise foi plus
lourd d'un côté que de l'autre. C'est mon impression.
M. Cournoyer: Je veux vous laisser cette impression à
cause de la fonction que j'occupe.
M. Burns: Je comprends votre réponse, mais, par contre, il
me semble qu'à ce stade-ci vous n'avez plus à craindre, dans le
cas du pavillon Saint-Dominique, entre autres, d'envenimer le conflit.
M. Cournoyer: Cela n'est pas la question du pavillon
Saint-Dominique, ce serait un jugement porté sur le pavillon
Saint-Dominique qui entraîne le ministre du Travail dans des
considérations de bonne ou mauvaise foi, dans d'autres conflits qui sont
en cours actuellement. Si j'étais pour porter un jugement dans le cas du
pavillon Saint-Dominique, je serait peut-être tenu de porter d'autres
jugements sur d'autres attitudes qui sont différentes, à d'autres
endroits, et qui envenimeraient plutôt les conflits au lieu de permettre
de les régler. Comme je l'ai dit, je ne suis pas député
seulement, je suis ministre du Travail, et compte tenu du nombre de conflits
que nous avons et des attitudes des parties, de l'une et de l'autre partie,
selon les cas, je m'en voudrais de porter un jugement sur le pavillon
Saint-Dominique qui m'entraînerait à porter un jugement sur
d'autres cas.
M. Burns: Bon. Je pense que c'est quand même à cet
endroit-ci que je peux vous demander, quant à ce conflit,
peut-être deux autres conflits qui me viennent à l'esprit,
peut-être trois, de nous faire le point relativement à la
situation du pavillon Saint-Dominique. Est-ce que c'est fini comme
grève, est-ce que cela n'existe plus, que le ministère a
considéré que c'est quelque chose qu'il doit mettre de
côté ou encore s'il y a des efforts qu'il déploie? Je vous
demanderais, puisqu'on est dans la région de Québec, de nous
donner également votre évaluation de la situation aux
Transformateurs de Québec et évidemment, vous vous y attendiez,
à la United Aircraft, sans aucun doute. Vous ne pensez pas...
M. Cournoyer: Dans le cas du pavillon Saint-Dominique, le
ministère ne fait plus rien, donc, au strict point de vue du
ministère, cette grève n'est pas terminée, parce qu'elle
continue, mais nous avons fait ce que nous croyons à l'intérieur
des possibilités que nous avions.
Dans le cas des Transformateurs de Québec, c'est une grève
dont je n'ai pas entendu parler récemment. Je ne peux porter aucun
jugement là-dessus.
M. Burns: Est-ce que vous avez un conciliateur ou un
médiateur...
M. Cournoyer: Je ne crois pas qu'on ait personne
là-dedans. C'est à Montmagny, ça? On peut
vérifier, mais je ne crois pas qu'il y ait personne
affecté de façon spéciale, sauf le conciliateur au dossier
dans le conflit des Transformateurs.
M. Burns: Dans le cas des Transformateurs, il y a une petite
couleur un peu spéciale qui, à mon avis, indiquerait sinon au
ministre du Travail, du moins aux autres membres du cabinet ou à
l'ensemble du cabinet, à intervenir dans ce conflit qui dure... je ne
sais pas la date exacte, mais c'est une question d'à peu près un
mois.
M. Cournoyer: C'est aussi jeune que ça?
M. Burns: II me semble, oui. Ecoutez, ça fait à peu
près un mois que j'en ai connaissance, ça dure peut-être
depuis bien plus longtemps.
J"ai l'impression que c'est une question de mois, un peu plus ou un peu
moins, sauf qu'ils sont habituellement les fournisseurs d'Hydro-Québec.
Actuellement, Hydro-Québec cela devrait déranger le
cabinet et le ministre du Travail nous dit-on, si nos informations sont
exactes, s'approvisionne de transformateurs en Ontario.
Il me semble qu'on a particulièrement intérêt dans
un conflit comme celui-là à voir et à déployer tous
les efforts pour qu'on n'attende pas 17 ou 18 mois pour crier victoire comme le
premier ministre le faisait en fin de semaine, relativement à la United
Aircraft, même si cela n'est pas encore réglé à la
United Aircraft.
M. Cournoyer: Je suis convaincu que mon ministère, les
excellents fonctionnaires que j'ai, l'excellente direction
générale s'occupent de ce conflit au même titre que les
autres conflits.
M. Burns: Je ne veux pas faire...
M. Cournoyer: ... insister à intervenir là-dedans,
j'imagine? Mon ministère s'en occupe.
M. Burns: Non, pas vous. Vous avez remarqué, depuis le
début, que je ne vous ai pas demandé, à vous,
d'intervenir?
M. Cournoyer: Parfait.
M. Burns: Je vous dis d'avance que, d'ici la fin, je ne vous
demanderai pas, à vous, d'intervenir
M. Cournoyer: Je le sais, cela.
M. Burns: Vous connaissez mes idées là-dessus, je
ne crois pas que ce soit le rôle du ministre du Travail d'intervenir dans
cela.
M. Cournoyer: Je n'interviendrai pas non plus.
M. Burns: Ce que je dis, c'est que je tiens à souligner au
ministre du Travail cette chose assez spéciale qui devrait nous toucher.
Je ne dis pas que toute grève au Québec ne devrait pas nous
toucher; au contraire. Dès qu'il y a des travailleurs en grève,
je crois que cela devrait préoccuper tout le monde, d'un
côté ou de l'autre de la table.
Dans ce cas-ci, il y a une espèce de "souligné" en-dessous
de cette grève, parce que les Transformateurs de Québec, qui
approvisionnent Hydro-Québec normalement, puisqu'ils sont en
grève, ne les approvisionnent pas actuellement.
Si, encore une fois, mes informations sont exactes, Hydro-Québec
s'approvisionne en Ontario, ce qui devrait nous inciter à
déployer tous les efforts pour régler cette grève.
Le cabinet au complet devrait être préoccupé par
cette situation.
M. Cournoyer: Le cabinet est préoccupé par à
peu près toutes les grèves dans la province de Québec, y
inclus celle des Transformateurs de Québec.
M. Harvey (Charlesbourg): Très bien.
M. Burns: J'ajoute, M. le ministre, qu'il est aussi très
bon de savoir qu'à peu près j'oserais dire le seul
client des Transformateurs de Québec, c'est Hydro-Québec.
M. Cournoyer: CEGELEC aussi est dans la même situation. Il
y a eu une longue grève à CEGELEC.
M. Burns: Oui.
M. Cournoyer: Le ministre est intervenu dans CEGELEC.
M. Burns: Si ce n'est pas nécessaire que le Ministre
intervienne dans...
M. Cournoyer: ... donniez instruction de ne pas intervenir.
M. Burns: Pardon?
M. Cournoyer: C'est avant que vous me donniez instruction de ne
pas intervenir.
M. Burns: Je ne vous ai jamais donné instruction de quoi
que ce soit. De toute façon, je suis sûr que, si je vous avais
donné instruction de faire quelque chose, vous auriez fait le
contraire.
M. Cournoyer: C'est cela. Dans ce cas, en particulier...
M. Burns: Je vous ai donné mon opinion, relativement
à votre intervention dans les conflits.
M. Cournoyer: Les Transformateurs de Québec Inc, est en
grève depuis le 16 avril et on est rendu au 3 juin. Ce n'est pas que ce
n'est pas long. Cela fait six semaines. Il y en a d'autres qui datent de plus
longtemps que cela, qui préoccupent le ministre davantage. Malgré
le fait que Transformateurs de Québec Inc vende à
HydroQuébec, je n'ai pas l'intention d'intervenir plus directement que
le service de conciliation le fait actuellement.
M. Burns: Vous me dites que votre service de conciliation est
dans ce dossier?
M. Cournoyer: Dans le dossier complètement, il est encore
dedans. C'est-à-dire au même titre que dans les autres cas.
M. Burns: II y a un conciliateur qui est là
actuellement?
M. Cournoyer: Je ne peux pas nommer le conciliateur.
M. Burns: Les parties se réunissent-elles par
l'intermédiaire du conciliateur ou sans le conciliateur?
M. Cournoyer: Tant et aussi longtemps que ce n'est pas
arrivé dans le cabinet du ministre, nous laissons à la structure
le soin de faire que cela n'arrive pas au cabinet du ministre, depuis
déjà un certain temps. Jusqu'ici, nous n'avons entendu parler de
Transformateurs de Québec Inc par personne, sauf par nous, ce soir.
M. Burns: Est-ce que le fait que je vous en parle, ce soir, que
je suis le premier à vous en parler, cela va vous inciter non pas
à intervenir personnellement, mais à voir si on intervient,
à l'intérieur de votre ministère et, si on n'intervient
pas, à suggérer, par vos sous-ministres, qu'on intervienne, pour
tenter de rapprocher les parties s'il n'y a pas de négociation?
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Pourquoi pas?
M. Cournoyer: J'attends les avis de ceux qui sont en charge des
relations de travail, au Québec, sur l'intervention du ministre. Je ne
veux pas leur dire quoi faire. Ils sont censés être
compétents, ces gens, ils savent quoi faire.
M. Burns: C'est-à-dire que vous attendez que tout le monde
soit exaspéré, à un moment donné?
M. Cournoyer: Non, j'attends que les fonctionnaires du
ministère du Travail me disent: M. Cournoyer, il faut que vous fassiez
quelque chose.
M. Burns: Je ne sais pas. C'est plutôt le contraire, vous
devriez dire à vos fonctionnaires: Je vous souligne ce cas, qui est un
cas assez spécial...
M. Cournoyer: Vous me soulignez un cas particulier qui n'est pas
différent dans les livres du ministre des autres cas de grève que
nous avons et qui sont peut-être antérieurs à celui de
Transformateurs de Québec Inc. Vous me signalez ce cas.
M. Burns: Pour vous, une grève prend-elle de l'importance
au fur et à mesure qu'elle dure?
M. Cournoyer: Pardon?
Pour vous, une grève qui prend de l'importance et dont vous devez
vous soucier est-ce une grève de trois mois, six mois, dix-huit
mois?
M. Cournoyer: Non, cela fait trop longtemps que vous faites une
distinction entre ce ministre et son ministère et que vous dites que ce
ministère est excellent, mais que le ministre n'est bon à rien..
En ce qui me concerne, je vous dis que le ministère se conduit
extrêmement bien dans toutes les grèves que nous avons sous notre
responsabilité actuellement et, à moins qu'il n'y ait des
remarques que le conciliateur aux dossiers est un mauvais conciliateur, qu'il
ne fait pas son travail...
M. Burns: Je l'accepte.
M. Cournoyer: Non, pas vous, mais disons que normalement ce ne
sont pas nécessairement seulement les députés de
l'Opposition ou les députés du gouvernement qui me signalent
l'existence d'une grève. Je reçois tous les matins le rapport de
grèves, et à moins que ces gens ou que des personnes ne se
plaignent de l'attitude des concilliateurs... Il m'est arrivé
très souvent de recevoir des appels téléphoniques ou des
lettres disant: Ecoute, si tu changeais de conciliateurs on l'envoie au
ministre cela nous aiderait. J'ai reçu des appels
téléphoniques hier dans le cas de Union Carbide, par exemple, et
dans le cas de Domtar, des emballages Domtar que vous connaissez bien, vous en
particulier, le député de Maisonneuve. On me dit: M. Cournoyer,
si vous changiez de conciliateur, à ce moment, on pense nous autres que,
si vous nommiez tel conciliateur, il y aurait des chances qu'on règle
notre problème. Là, je comprends quelqu'un qui est
impliqué dans le conflit et qui me dit: Voici, il y a quelque chose qui
ne va pas. Ce n'est pas nécessairement le conciliateur qu'on aime pas,
mais on est placé dans la situation, compte tenu d'un système de
circonstances dans lesquelles les parties vivent... Il dit: M. le ministre,
changez donc de conciliateur à ce moment. Il est excellent, le gars. On
ne se plaint pas du gars, mais il semble que cela prendrait ce petit coup de
pouce. Les personnes qui sont susceptibles de nous dire cela, habituellement
dans l'administration d'un ministère, sont encore les parties les
premières impliquées. Combien d'appels téléphonques
recevons-nous des parties syndicales, par exemple, qui disent: M. Cournoyer,
voulez-vous faire cela? On ne le fait pas tout le temps à cause des
autres considérations qu'on a. On n'est pas les représentants des
parties, mais quand on peut sentir qu'il y a lieu de faire un mouvement
quelconque, soit dans le changement du conciliateur, soit pour insister
auprès du conciliateur pour qu'il convoque, par exemple, demain ou
encore la semaine prochaine, les parties, on signale cela au conciliateur et
très souvent, le conciliateur le sait déjà. Il le sait
déjà parce qu'il vit dans le milieu.
Les interventions du cabinet du ministre dans ces conflits, il n'est pas
question de temps, de savoir si cela fait longtemps qu'elle dure ou pas. Il
s'agit de voir...
M. Burns: Vous ne pensiez pas que, cette grève durant
depuis si peu longtemps, je prendrais la peine de vous en parler.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que je n'en ai pas entendu
parler personnellement. Je ne dis pas que je la nie...
M. Burns: Ce que je vous demande: Pourquoi changer votre
conciliateur...
M. Cournoyer: Pourquoi ne parlez-vous pas de l'autre?
M. Burns: ... je ne vous dis pas que votre conciliateur n'est pas
bon, je vous dis tout simplement: Y aurait-il moyen que vous vous
préoccupiez, entre autres, de celle-là?
M. Cournoyer: Je me préoccupe de toutes les
grèves.
M. Burns: Cela ne semble pas, puisque vous dites...
M. Cournoyer: Oui, de toutes les grèves. M.
Burns:... Dans ce cas-là, on va attendre.
M. Cournoyer: J'essaie de vous le dire. Je me préoccupe de
toutes les grèves quand les parties requièrent que le ministre ou
que la direction générale intervienne, et qu'on m'en avise. On ne
m'avise pas de tout dans mon ministère. La direction
générale fait bien son travail, mais, à partir du moment
où on ne m'a pas avisé, je m'en préoccupe parce que c'est
une grève qui existe et qu'elle fatigue le ministre, mais je fais
confiance aux fonctionnaires du ministère. Si on me demandait de dire:
Ecoute, là c'est le temps. Ce n'est pas à vous que je vais
enseigner cela, il y a des choses qu'on doit faire quand c'est le temps de les
faire et quand ce n'est pas le temps de les faire, il est trop tard. Quand
c'est prématuré, on manque notre coût de toute
façon. Ce n'est pas à vous que je vais enseigner cela. Le
député de Maisonneuve connaît cela suffisamment.
Je pense que, dans ce cas particulier, n'ayant reçu de la part de
ni l'une ni l'autre des parties une demande ou une remarque quant à
l'attitude du conciliateur à ce dossier, je ne vois pas
l'opportunité, même si c'est le cas des Transformateurs du
Québec, et malgré les représentations du
député de Maisonneuve, de faire un geste spécial. Si, par
ailleurs, le syndicat appelait le ministre ou le cabinet du ministre, et
disait: On est prêt à faire un mouvement, on voudrait le faire
avec le conciliateur, mais il ne veut pas grouiller, les parties sont
habituées à faire affaires avec le conciliateur, M. le
Président, et je ne répéterai pas cela au
député de Maisonneuve. Il le sait.
M. Burns: Je le sais. Mais je soulignais le caractère un
peu spécial du fait qu'Hydro-Québec est à proximité
dans le portrait, et il me semble que cela devrait inciter le ministère
du Travail, à tout au moins se mettre le nez de façon
spécifique dans un conflit comme celui-là. Si je n'ai pas
réussi à faire passer ce message au ministre, bien, je ne le lui
passerai jamais.
M. Cournoyer: Eussiez-vous réussi à le passer, je
ne vous affirmerais pas que vous l'avez passé.
M. Burns: J'en suis certain. United Aircraft, M. le
Président?
M. Cournoyer: Cela va très bien!
M. Burns: Oui, mais, de façon plus spécifique?
M. Cournoyer: Je vais demander à mon conseiller
spécial.
M. Burns: C'est censé aller plus que bien. D'après
le premier ministre, comme il nous l'annonçait en fin de semaine,
c'était réglé. Sauf que je sais fort bien que les gens de
United Aircraft sont encore en dehors, et plus particulièrement ce sont
les grévistes, pas les "scabs".
M. Cournoyer: Je n'ai pas entendu les dernières remarques,
parce que j'entendais le rapport de mon conseiller spécial.
M. Burns: Je disais que c'est censé aller plus que bien,
c'est censé être réglé, au dire même du
premier ministre, en fin de semaine. A ce que je sache, il y a encore des
grévistes qui sont dehors. Il y a encore des grévistes qui,
à 85%, ont voté en faveur du rapport Laporte.
M. Cournoyer: Excellent rapport, d'ailleurs!
M. Burns: Avec toutes les réticences que les
grévistes ont manifestées à l'endroit du rapport Laporte.
Ce ne sont pas des remarques personnelles à l'endroit de M. Laporte.
C'est tout simplement que M. Laporte a peut-être fait des recommandations
qui, à certains égards, ne leur plaisent pas. Mais dans un but de
régler, à 85%, ils ont accepté globalement ce rapport. La
compagnie a commencé à faire des réticences. Le premier
ministre est censé être intervenu et toujours après avoir
annoncé...
M. Cournoyer: Le premier ministre a réussi.
M. Burns: II a réussi à quoi? Il y a encore un
millier de travailleurs qui sont à la porte de United Aircraft.
M. Cournoyer: Combien?
M. Burns: Un millier au moins.
M. Cournoyer: Vous affirmez cela comme cela.
M. Burns: Je veux dire, grosso modo.
M. Cournoyer: On peut dire qu'il y a un millier de travailleurs,
étant donné que le député de Maisonneuve
connaît parfaitement le dossier.
M. Burns: Non, je ne connais pas parfaitement le dossier, je
ne...
M. Cournoyer: Ah bon!
M. Burns: ... suis pas dans ce dossier, je tiens à vous le
dire; autrement, je serais en conflit d'intérêts de venir vous en
parler. Je n'ai jamais occupé, pour qui que ce soit, dans ce
domaine...
M. Cournoyer: Non, je sais que vous n'êtes pas...
M. Burns: Donc, je n'ai pas les détails de première
main. Mais tout ce que j'en sais, actuellement, quand je vous parle d'environ
un millier de grévistes, c'est que ce sont les chiffres qui,
actuellement, sont présentés dans les media d'information. A ce
titre, je suis comme tout le monde, je prends ce que je vois dans les media
d'information. Ce que j'entends dire, c'est qu'il y a encore un millier de
travailleurs...
M. Cournoyer: Ce qui est le problème actuellement. C'est
cela, le problème.
M. Burns: C'est cela, le problème. Le problème,
c'est de savoir combien il y en a effectivement.
M. Cournoyer: Et qui sont-ils. M. Burns: Et qui
sont-ils.
M. Cournoyer: J'ai répondu, cet après-midi,
à la question de modalité du retour au travail, de qui retourne
au travail. La réunion a commencé cet après-midi à
deux heures et demie, elle s'est terminée ce soir. Elle recommence
demain matin à neuf heures et demie. Il semble bien que les parties
discutent justement des modalités du protocole de retour au travail,
c'est-à-dire qui sont ceux qui doivent retourner et remplacer qui
à l'intérieur de la boutique. Remarquez bien que, s'il s'agit des
976... Quand vous parlez d'un millier, je comprends que c'étaient les
976.
M. Burns: Je n'étais pas tellement loin. M. Cournoyer:
Un instant! Laissez-moi finir.
M. Burns: Je n'ai pas dit: Dix milliers; j'ai dit: Un
millier.
M. Cournoyer: Vous dites qu'il y a 976 personnes, à la
porte de l'usine qui attendent de retourner au travail. Si c'était aussi
clair que cela, la chose serait peut-être compliquée, mais elle
serait au moins claire. Mais il ne semble pas, du moins d'après ce que
nous en savons, que ce soit aussi clair que cela, malgré le fait que les
membres du syndicat de United Aircraft aient indiqué qu'ils voulaient
tous retourner au travail il ne semble pas qu'ils puissent tous y retourner. Je
pense bien que le député de Maisonneuve ne cherche pas a
remplacer 476 personnes qui sont en dedans par 476 personnes qui ne veulent pas
y retourner. S'il n'y en avait que 500, je pense bien que le
député de Maisonneuve ne voudrait pas voir le gouvernement
insister pour qu'on remplace 476 personnes pour rien, s'il n'y avait que 500
grévistes à la porte qui sont susceptibles de retourner au
travail demain matin. La discussion qui a cours actuellement porte
essentiellement ou devrait porter essentiellement, à ce moment-ci au
moins, sur qui veut réellement retourner au travail une fois qu'il a
reçu le montant d'argent qui lui est dû au titre de la
rétroactivité et qu'il perdrait s'il ne s'était pas
déclaré gréviste lors de la dernière consultation
que le ministère du Travail a faite. Je ne veux pas aller plus loin pour
ne pas réduire davantage les forces syndicales.
M. Burns: Le dernier conflit, en fait, on en a parlé
aujourd'hui, est le conflit de l'amiante. Vous nous avez laissé entendre
qu'une réglementation précise serait soumise par vous, si
possible, et le possible étant le cabinet, est-ce que vous avez des
nouvelles depuis ce temps? Vous n'avez pas eu de réunion du cabinet
depuis.
M. Cournoyer: Non. Je dis nous pour l'enregistrement parce
qu'apparemment les signes de tête ne sont pas écrits.
M. Burns: D'accord.
Je ne veux pas reprendre la discussion que nous avons eue sur la
réglementation en question, ni sur la décision que vous attendez
du cabinet, je comprends. Si vous avez une position politique à prendre,
vous devez, j'imagine, la faire appuyer par l'ensemble du cabinet. Mais
advenant, encore une fois, que le cabinet vous appuie et que ce point de vue
règle l'aspect de la santé, est-ce que vous envisagez
d'intervenir à court terme? Je pense, que c'est un des
éléments principaux, pas le seul, je sais que le
phénomène du salaire, le phénomène de l'indexation
sont assez importants dans cette grève des travailleurs de l'amiante,
est-ce que vous envisagez de poser un geste?
Ecore une fois pas vous, mais votre ministère, par l'entremise de
ses fonctionnaires, a-t-il l'intention de poser un geste rapide en vue
d'essayer de capitaliser sur le fait qu'un des points principaux, en admettant
que ce soit ça qui soit le résultat de votre
réglementation, serait réglé?
M. Cournoyer: Si le conciliateur Vassart n'était pas
constamment au dossier quand je dis constamment, c'est qu'il suit cette
grève de très près, qu'il sait exactement les mouvements
de chacune des parties, de jour en jour je pourrais vous dire: Nous
allons faire un geste extraordinaire une fois que cette chose serait
réglée. Mais ce n'est pas le cas, M. Vassart n'a pas
laissé ce dossier depuis le début de la grève. Et avant,
bien sûr,il a tenté d'éviter la grève, mais depuis
le début de la grève, M. Vassart n'a pas laissé ce
dossier.
Je ne vois pas quel geste extraordinaire je
pourrais poser, sauf sur recommandation ou demande de la part de M.
Vassart.
M. Burns: M. Vassart, si je comprends votre réponse,
serait en disponibilité, il l'est encore d'ailleurs...
M. Cournoyer: Toujours, il l'est complètement.
M. Bunrs: ... et advenant que ça puisse changer la
température de quelqu'un, quelque part, dans le conflit de l'amiante, il
serait normalement...
M. Cournoyer: II est là.
M. Burns: ... prêt à intervenir sans
délai.
M. Cournoyer: II n'y a aucun délai, je sais qu'il a
d'autres dossiers, M. Vassart, mais celui-là, il le suit d'heure en
heure.
M. Burns: On pourrait peut-être poser des questions sur un
tas d'autres grèves. Ce n'est pas que je ne considère pas les
autres conflits en cours comme importants, sauf que je considère que ce
n'est peut-être pas l'endroit pour faire toute la nomenclature des
grèves et demander votre opinion sur chacune. J'ai extrait certaines
d'entre elles qui sont un peu plus marquantes à certains égards
que d'autres. En ce qui concerne les conflits actuels, je n'ai pas d'autres
questions à poser à ce sujet.
M. Roy: Je voulais tout simplement ajouter ceci puisqu'on a
parlé de l'amiantose, on a parlé de ce que le ministre entendait
faire. Etant donné que la commission parlementaire du travail, pour la
convocation de la Commission des. accidents du travail est ajournée sine
die, je vais demander au ministre, si on me le permet, quand la commission
parlementaire va continuer d'étudier ce problème, parce que comme
le disait le député de Maisonneuve, c'est un des points...
M. Cournoyer: Ecoutez, j'ai répondu à cette
question ce matin, tel que le député de Maisonneuve me l'a
posée.
Si nous présentons une loi spéciale, la Commission des
accidents du travail exécutera la loi spéciale que nous allons
présenter au titre de l'amiantose. Je n'ai pas besoin de la Commission
des accidents du travail, dans sa comparution devant la commission
parlementaire, pour discuter d'une législation que le gouvernement a
décidé de soumettre au Parlement; sur cet aspect-là en
particulier...
M. Burns: Sur cet aspect-là?
M. Cournoyer: Oui. Quant au reste, j'ai déjà
répondu au député de Maisonneuve ce matin
qu'aussitôt que les travaux parlementaires le permettraient, la
Commission des accidents du travail reviendrait pour la continuation de
l'étude, conformément au mandat qui lui a été
confié, c'est-à-dire d'étudier les structures
administratives et les procédés administratifs de la Commission
des accidents du travail.
Le Président (M. Séguin): Programme I,
adopté?
M. Burns: Non, M. le Président.
Le Président (M.Séguin): J'attire votre attention
sur l'heure. La Chambre siège jusqu'à II heures. Je n'ai pas
voulu interrompre...
M. Burns: Vous l'avez signalé; on n'a peut-être plus
le droit de siéger, moi, je ne l'ai pas signalé encore. On n'a
pas le droit de siéger après 11 heures, à moins que la
commission n'y consente unanimement.
Le Président (M. Séguin): J'attire l'attention de
la commission sur les heures fixées par notre règlement, puisque
nous ne sommes pas en loi d'urgence ou en situation d'urgence...
M. Burns: J'ai pris l'habitude, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je faisais remarquer tout
simplement qu'il était 11 heures. Si personne ne me reprend
là-dessus et puisque nous avons déjà la programmation pour
demain, puisque, en Chambre, cet après-midi, on nous a avisés que
nous siégerions demain 10 heures...
M. Cournoyer: Nous?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Cournoyer: On siégera demain à dix heures. Cela
ne sert à rien d'aller vite sur des crédits de quelques millions
de dollars si on est capable de faire cela demain matin.
M. Burns: Demain matin, quoi?
M. Cournoyer: On va continuer demain matin?
M. Burns: Oui.
M. Cournoyer: Ce sont les crédits demain matin, si je
comprends bien?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Je n'ajournerai pas sine
die. J'ajourne à demain matin.
M. Burns: Oui, c'est l'ordre de la Chambre.
Le Président (M. Séguin): C'est l'ordre de la
Chambre. Je veux tout simplement le suivre. Proposé par?
M. Harvey (Charlesbourg): Je le propose, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Proposé par le
député de Charlesbourg. Demain, au salon rouge, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 16)