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Commission permanente du travail
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail
et de la Main-d'Oeuvre
Séance du mercredi 4 juin 1975
(Dix heures vingt-quatre minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Commission du travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration,
étude des crédits budgétaires, séance du 4 juin, 10
h 25 minutes. Le rapporteur continue d'être le même, M. Boudreault
(Bourget). Les membres de la commission pour cette séance sont M.
Bellemare (Johnson); M. Cornellier (Saint-Hyacinthe); M. Boudreault (Bourget);
M. Burns (Maisonneuve); M. Charron (Saint-Jacques); M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Cournoyer (Robert Baldwin); M. Déziel
(Saint-François); M. Harvey (Charlesbourg); M. Lachance (Mille-Iles); M.
Lecours (Frontenac); M. Malépart (Sainte-Marie) ; M. Roy (Beauce-Sud);
M. Verreault (Shefford).
La parole est au ministre.
Affiches du "petit ange"
M. Cournoyer: M. le Président, hier, il a
été question du "petit ange" dans l'industrie de la construction.
J'ai mentionné que j'avais demandé au sous-ministre adjoint chez
nous, avant de publier "petit ange" de faire une enquête ou un essai
à effectif réduit pour qu'on puisse voir comment serait
reçu le "petit ange" en question; ensuite, un rodage sur 26 chantiers de
construction. Les commentaires suivants ont été constatés,
parce qu'on a fait, au 2 avril 1974... C'est déjà l'an
passé. Cela fait plus qu'un an. Avant qu'on fasse l'impression finale,
on a fait le rodage.
Pour la région de Québec, cinq chantiers visités,
86 ouvriers touchés. On leur a montré ce dépliant. Les
commentaires des surintendants et contremaîtres sont favorables à
100%. Très bien reçues, affichées en grand nombre au
début des travaux c'est ce que les gens disaient ces
affiches facilitent la tâche en sécurité; des pancartes au
lieu des dépliants. A cette époque, on n'avait que le
dépliant. Ces gens, les contremaîtres disaient: Faites donc des
pancartes, parce que les dépliants ne donnent pas grand-chose. Cela aide
le gars, mais cela reste dans sa poche, et il le jette de toute façon.
Mais, une pancarte reste.
Commentaires des ouvriers, favorables à 70%. Le format n'est pas
assez grand. Cela ressemble aux pancartes. Ils aimeraient mieux le genre
pancarte. Cartons pour poser sur les murs. Ajouter des dépliants sur
l'hygiène, les toilettes, etc. Augmenter la quantité. S'il y en
avait plus, cela ferait réfléchir. Ce sont les commentaires des
ouvriers dans Québec. La publicité, c'est bon, mais il ne faut
pas devenir fou. Qui va payer pour cela?
Ce sont des commentaires des ouvriers. Bons pour ouvriers et patrons,
dessins mal faits.
M. Burns: C'est "petit ange".
M. Cournoyer: Oui, toute la patente, dessin mal fait, c'est pour
les ouvriers, et pas trop de lecture. Il ne faut pas mettre trop de lecture
là-dedans.
M. Magella Vézina, inspecteur pour la région de Rimouski
et Rivière-du-Loup: onze chantiers visités, I89 ouvriers
contactés. Commentaires des surintendants et contremaîtres
favorables à 100%, très bien reçus; dépliants,
essentiels, pas trop longs à lire, en plus grande quantité;
affiches en carton sur casque ils voudraient mettre cela sur les casques
bottines et clous je ne sais pas ce que les clous viennent faire
là, mais, de toute façon, ce sont les commentaires que j'ai
. Commentaires des ouvriers favorables à 98%; 2% ont pris cela un
peu à la légère; tous d'accord pour une publicité
bien organisée qui renseigne tout le monde; c'est bon; on déplore
le manque d'inspecteurs sur les chantiers c'est à l'occasion de
la discussion quelques-uns ont trouvé cela enfantin.
M. René Lachance, inspecteur pour la région de Chicoutimi:
dix chantiers visités, 155 ouvriers contactés, commentaires des
surintendants et contremaîtres favorables à 98%; commentaires des
ouvriers favorables à 98%; c'est parfait, mieux, s'ils sont plus grands;
ce sera bon, ce sera très bon, meilleur si imprimé sur un carton
pour poser sur les murs; les couleurs sont bonnes, les dessins expriment bien
ce qu'ils représentent, pas trop de lecture; dépliants pour
chaque norme, posés sur les murs, les ouvriers les mettent dans leur
poche, les regardent et les jettent. C'est ce que je pensais, de toute
façon, du dépliant proprement dit.
La liste des organismes ou personnes ayant exprimé une opinion
sur les dépliants concernant le projet de vulgarisation des
règlements de sécurité, c'est ce que vous avez. Il y a
l'Association de la construction de Montréal qui a été
consultée, M. Yves Gagnon, qui est devenu par la suite conseiller de la
commission Cliche; l'Association de prévention des accidents
industriels, M. Noèl; l'Association des constructeurs de routes et
grands travaux; l'Association de sécurité des pâtes et
papiers du Québec; l'Association provinciale des constructeurs
d'habitation; la Commission de l'industrie de la construction; le Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction, local 144;
la Corporation des maîtres électriciens; la Corporation des
maîtres-entrepreneurs contre l'incendie; la Corporation des maîtres
en réfrigération; la Fédération de la construction
de Québec; la Fédération des travailleurs du
Québec; Hydro-Québec; le Syndicat de la construction de
Montréal, M. Florent Audet; la Corporation des
maîtres-mécaniciens en tuyauterie du Québec. Ce sont
là les gens et organismes qui ont été consultés.
Qui a eu le contrat et comment cela a-t-il été donné?
Quant à l'historique de ce programme de vulgarisation des
règlements, ce programme a été entre-
pris dans le but de sensibiliser les employeurs et les travailleurs du
secteur de la construction aux principales prescriptions du code de
sécurité de la construction.
Il consiste en la préparation de 14 dépliants à
175,000 exemplaires, 140,000 en français et 35,000 en anglais, en quatre
couleurs; l'impression de 20,000 affiches murales, 18,000 en français et
2,000 en anglais; une présentation audio-visuelle traitant des 14
sujets. La Commission des accidents de travail assume la responsabilité
financière du projet. C'est une entente entre le ministère du
Travail et la CIC, c'est elle qui a accordé le contrat à l'agence
de publicité. Ce n'est pas le ministère du Travail, c'est la CAT.
Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, par l'entremise de sa
direction générale de l'inspection, a participé au projet
en choisissant les sujets à vulgariser et en participant à la
rédaction des textes et des illustrations techniques. Les coûts du
contrat original étaient les suivants: présentation
audio-visuelle, $3,100; impression des dépliants, $88,800; impression
des affiches murales $48,350. Il y a ensuite eu des coûts additionnels
pour l'impression d'une quinzième affiche à $3,535, et certains
des montants originaux ont été revisés. Je ne sais pas
maintenant. On va nous répondre comment on a donné le contrat
à la compagnie Inter-Canada Publicité, les gens de la commission
sont un peu dispersés. Aussitôt que j'aurai la réponse sur
la façon dont on a accordé le contrat, je vous le dirai. Moi, je
n'étais pas présent lors de l'octroi du contrat, je ne peux pas
vous répondre personnellement là-dessus. Ici, j'ai la liste des
montants en bas de $10,000 qui n'apparaissent pas aux comptes publics. Je note
tout simplement que vous avez de tout là-dedans. Par exemple, les
réunions des comités consultatifs, je vois des montants, des gens
que je ne connais pas, des arbitres...
M. Burns: Des arbitres... Un grief.
M. Cournoyer: Je vois Roland Tremblay à $1,298; Yvon
Tremblay, $30, cela doit être des gens qui ont assisté à
des comités consultatifs en vertu de la loi 49, c'est-à-dire le
bill 49. On a University of Chicago Press, je ne sais pas ce que l'on a
acheté là, mais cela a coûté $16, ce sont des
abonnements. Tous les montants sont là, je dépose cela pour ce
que cela peut valoir: ce sont des noms qu'on connaît bien: Gilles
Laporte, Rémi Morin, René Morin $65, $30, $30, cela vous donne en
fait la somme qui est cumulative dans les comptes publics, mais ce sont tous de
petits montants, la majorité. J'en vois un ici, Yves Gauthier, à
$4,185, c'est un occasionnel, les employés occasionnels, en fait,
passent dans cela. C'est pour cela que vous avez une somme aussi forte, c'est
que les occasionnels passent là-dedans ou les contractuels, ceux qui
sont employés comme ...et qui gagnent $10,000 ou moins.
Services professionnels M. Burns: Comme je vous disais hier, ce
n'était pas dans le but de mettre en doute la valeur de cet article,
c'est pour nous donner une raison surtout de comprendre le fait que à
peu près ou plus que 50% du montant global des services professionnels
étaient des montants inférieurs à $10,000.
C'est un peu pour avoir une idée de cette répartition. Si
jamais, M. le ministre, on avait besoin de questions additionnelles, on vous
les posera en Chambre ou on vous les posera au feuilleton, relativement
à cela, mais, pour nous, il s'agit simplement d'avoir un portrait
général des montants non publiés.
M. Cournoyer: On va vous le donner en copies.
M. Burns: Est-ce que vous aviez d'autres réponses à
nous donner?
M. Cournoyer: Le "break down" des honoraires de Laporte, que vous
avez demandé hier.
M. Burns: Oui, la division. La division entre les honoraires et
les dépenses.
M. Cournoyer: Vous m'avez posé hier une question
additionnelle à deux autres questions que vous aviez posées quant
à trois rapports qui ont été faits par des gens...
M. Burns: Mineau, Castonguay et Sainte-Marie.
M. Cournoyer: Le rapport Castonguay a coûté
$26,199.53 et ce n'est pas seulement M. Castonguay, c'est le comité
d'étude qui avait été formé, les dépenses
sont incluses.
M. Roy: $26,199.
M. Cournoyer: $26,199.53. Le rapport Sainte-Marie a
coûté $54,800 et Mineau, Allard et Associés a
coûté $70,017.29. Je ne sais pas s'il y a deux montants... deux
comptes.
M. Roy: Est-ce que dans ces montants, il y a une partie
rémunération, au point de vue du salaire ou si c'est une somme
globale, une somme forfaitaire?
M. Cournoyer: Non, c'était suivant les contrats, un
certain taux. Par exemple, chez Pouliot, Guérard et Associés, la
firme dans laquelle M. Castonguay est associé, il y a des taux pour tel
individu ou tel genre d'individus dans le contrat que nous signons avec elle et
nous payons sur rapport de l'utilisation de ce genre de personnes. Ce sont des
honoraires, mais c'est global, des honoraires à une firme, mais qui
travaille sur le projet en question. Quand c'est telle personne dans la firme,
cela coûte tant l'heure; quand c'est telle autre personne dans la firme,
cela coûte moins ou cela coûte plus. Cela dépend, mais c'est
inscrit au contrat, même autorisé. C'est la même chose dans
le cas de Mineau, Allard et Associés. Dans le cas de Sainte-Marie aussi,
c'est la même chose. Le rapport Laporte, je vais vous le donner; on est
en train de le compiler.
M. Burns: Ce que je discutais en aparté avec le
député de Beauce-Sud, c'est aussi bien de le livrer à la
commission. On parlait du rapport Laporte lui-même. Evidemment, comme
conseiller du ministre, M. Laporte est un contractuel permanent du
ministère. De sorte que c'est globalement...
M. Cournoyer: Oui. L'affectation à United Aircraft, c'est
une affectation ordinaire dans mes livres et il n'y a pas de coût pour
cette affectation en particulier.
M. Burns: Ah! bon.
M. Cournoyer: En même temps qu'à United Aircraft, il
était aussi à la Union Carbide et dans les autres
problèmes que nous avons. Pas seulement celui-là.
Il n'y a pas d'identification sur tel contrat. Je pense bien que c'est
ce que le Conseil du trésor voudrait que nous fassions. Malheureusement,
je ne pense pas que ce soit la méthode. Le contrat de M. Laporte expire
le 15 de toute façon.
M. Roy: Le 15 juin?
M. Cournoyer: Oui. A la suite des instructions reçues du
Conseil du trésor, le contrat de M. Laporte expire le 15 juin.
M. Burns: II ne sera pas renouvelé? ll ne sera pas
renouvelé. C'est parce que là, vous venez de faire un signe de
tête et cela non plus, ne passe pas au journal des Débats.
M. Cournoyer: Le contrat tel quel ne sera pas renouvelé.
Les instructions sont là.
M. Roy: Est-ce qu'il y a des raisons particulières de la
part du Conseil du trésor?
M. Cournoyer: II est d'accord avec l'Opposition.
M. Burns: Avec quel dédain, vous venez de dire cela, M. le
ministre! Cela non plus ne passe pas au journal des Débats.
M. Cournoyer: La façon dont je bouge mon nez quand je
parle du Conseil du trésor et de l'Opposition, c'est identique.
M. Roy: Le ministre nous donne l'impression que le Conseil du
trésor agit par une tutelle sur le ministère du Travail?
M. Cournoyer: Oui. M. Roy: Oui?
M. Cournoyer: Le Conseil du trésor, la Commission de la
fonction publique, le ministère de la Fonction publique, ont mis tous
les ministères en tutelle depuis déjà un bout de
temps.
M. Burns: Permettez-moi de dire que je suis d'accord avec le
conseil du travail sur un point, si c'est l'idée qui est
derrière...
M. Cournoyer: Le Conseil du trésor. Fonctionnaires
M. Burns: Le Conseil du trésor... sur un point, si c'est
cela qui est la motivation. On ne doit pas faire indirectement ce qu'on ne peut
pas faire directement.
Par exemple, si vous êtes ministre du Travail, vous ne pouvez pas,
parce que M. Réal Mireault, dans votre esprit, est un bon sous-ministre,
décider de le payer $50,000 par année, si M. Mireault demande
$50,000. Il y a des normes à respecter.
Ce qui serait la tendance normale d'un ministre qui trouve que M.
Réal Mireault mérite $50,000, c'est de dire simplement, à
une place où vous avez un siège, un "front bench", au cabinet, de
faire prendre la décision au cabinet et de faire bouger le cabinet sur
le réexamen des échelles salariales.
M. Cournoyer: Je n'y crois pas, aux échelles
salariales.
M. Burns: Pourquoi n'y croyez-vous pas?
M. Cournoyer: Pas dans un cabinet de ministre. Un cabinet de
ministre va rester de nature politique et tant et aussi longtemps...
M. Burns: Pas quand on parle de hauts fonctionnaires comme un
sous-ministre. J'espère que vous n'êtes pas en train de me dire
ça.
M. Cournoyer: M. Laporte n'est pas un sous-ministre.
M. Burns: Non, je ne vous parle pas...
M. Cournoyer: Là, je parle d'un contrat avec un
sous-ministre...
M. Burns: ...de M. Laporte dans son rôle actuel. Je vous
parle de M. Laporte, qui était directeur des relations
patronales-ouvrières.
M. Cournoyer: Ah oui, mais cela, c'est...
M. Burns: C'est un directeur général. Qu'est-ce que
vous voulez...
M. Cournoyer: II n'est pas directeur général.
M. Burns: Je pense personnellement, que cela est
suprêmement injuste pour les autres qui ne sont pas du cabinet comme tel,
au sens politique du mot.
M. Cournoyer: Je ne trouve pas ça injuste pour les
autres.
M. Burns: En tout cas, il y a d'autres directeurs
généraux dans votre ministère.
M. Cournoyer: Oui, il y a d'autres directeurs
généraux dans mon ministère.
M. Burns: D'accord! A ce moment-là...
M. Cournoyer: J'ai déjà dit devant vous, et
à la dernière commission parlementaire, que s'il voulait avoir le
même traitement que M. Laporte, il l'aurait, mais avec les mêmes
conséquences. Mon sous-ministre est là et je n'ai pas de cachette
pour lui. Pour autant que je vois son rôle, cela en est un
d'administrateur d'un ministère. Ce n'est pas lui qui fait la politique
dans mon ministère, c'est le ministre. Je pense bien que vous êtes
d'accord sur cela.
M. Burns: Je n'ai jamais rien dit contre cela.
M. Cournoyer: Quand, à un moment donné, le ministre
fait la politique dans son ministère, il doit s'équiper de
personnes susceptibles de tomber en même temps que lui sur n'importe
quelle motion de l'Opposition ou du gouvernement et elles ne vont pas,
normalement, dans mes livres à moi, dans un cabinet de ministre; elles
ne doivent pas retourner sur des tablettes parce qu'elles ne font pas l'affaire
du ministre qui suit.
M. Burns: M. le ministre, je suis entièrement d'accord
avec vous. Mais c'est un tout autre problème.
M. Cournoyer: Je ne pose pas le problème des
sous-ministres. Je dis que les sous-ministres...
M. Burns: Pour le personnel politique ainsi qu'on l'appelle,
celui qui est affecté soit à un cabinet de ministre soit à
un cabinet de chef de l'Opposition ou de leader de l'Opposition, je suis
entièrement d'accord, et je l'ai mentionné à plusieurs
reprises, en particulier à la commission de la fonction publique. Ce ne
devraient pas être des gens qui acquièrent une permanence, mais ce
devraient être des gens, cependant, je maintiens cela, pour une question
d'équilibre, si elle a un sens, cette politique salariale
gouvernementale, ce devraient être des gens qui devraient être
payés comme les autres de cette même catégorie. Je suis
d'accord avec vous. Le risque est que ces gens ne doivent pas devenir des
hypothèques pour la fonction publique, une fois disparus le ministre, le
leader parlementaire de l'Opposition ou le chef de l'Opposition en question. Je
suis entièrement d'accord.
M. Giasson: Vous êtes presque d'accord. M. Burns: On
est d'accord sur...
M. Giasson: Ce sont des nuances qui vous séparent.
M. Burns: Non, il y a une nuance drôlement importante
à ce qu'on me dit. Je partage l'avis du ministre suivant lequel le
personnel politique ne devrait pas être un personnel qui acquiert une
certaine permanence et qui hypothèque, à toutes fins pratiques,
la fonction publique.
M. Roy: Et qui hypothèque la province.
M. Boudreault: Parfaitement d'accord.
M. Burns: Quand on a vu la disparition, à toutes fins
pratiques, de l'Union Nationale et qu'on a été obligé
d'assumer, dans la fonction publique, les nombreuses secrétaires et
sous-secrétaires de cabinet qui sont, depuis sur les tablettes. Dans
certains cas, il y en a quelques-unes qui ont été
réaffectées et qui sont utiles. Mais je dirais que, dans la
majeure partie des cas le ministre du Travail le sait, il a
été, pendant un bout de temps, ministre de la Fonction publique
ce sont des gens qu'on a installés sur une tablette et qui
viennent faire leur tour de temps à autre chercher leur salaire. C'est
indécent. C'est quand même inacceptable.
Le jour où on va regarder franchement le problème... Je
n'ai rien contre le personnel politique d'un cabinet, il est nécessaire.
Par exemple, je faisais une blague avec mon ami, le leader du gouvernement, et
je lui disais: Quand je serai leader du gouvernement, moi, le leader de
l'Opposition, je ne prendrai pas votre personnel immédiat, c'est un
personnel politique. Il m'a dit, à ce moment, que je serais trop vieux,
de toute façon, lorsque cela arriverait et que, peut-être, le
personnel serait trop vieux. C'est bien évident. Mais...
M. Boudreault: Vous l'avez prise.
M. Burns: En tout cas, je l'ai prise, c'était une bonne
"joke". Il reste quand même, si on veut être sérieux sur
cette affaire... Non, M. le Président, c'est tout à fait dans
l'ordre, je pense.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, je n'aime pas interrompre, mais nous sommes en train de
discuter une politique de la fonction publique. Tant que vous resterez, pour
des exemples et des commentaires, à l'intérieur du
ministère, je n'ai certainement pas raison d'interrompre, mais, si on
est en train de faire une espèce de tour d'horizon, en ce qui concerne
les salaires, les positions, la rétention ou non de personnages de la
fonction publique, je pense qu'on dépasse de beaucoup la raison de cette
rencontre de la commission du travail et de la main-d'oeuvre. Si vous restez
à l'intérieur de cela, mon Dieu, à moins que le ministre
s'oppose à des questions, on décidera, à ce moment, si,
oui ou non...
M. Burns: II n'a pas l'air de s'y opposer.
Le Président (M. Séguin): Non, mais restez à
l'intérieur du ministère.
M. Burns: M. le Président, je veux seulement vous dire
ceci:
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas...
M. Burns: A l'occasion de la discussion d'un conseiller
spécial du ministre, tout le problème de principe se pose. C'est
là-dessus qu'on en est.
Le Président (M. Séguin): Vous l'avez dit, alors on
n'en discutera pas.
M. Burns: C'est cela. En tout cas, je ne veux pas faire un long
débat là-dessus, je voulais seulement dire que, personnellement,
parce que le député de...
M. Giasson: Montmagny-L'Islet.
M. Burns: ... Montmagny-L'Islet me disait que j'étais
entièrement d'accord avec le ministre, quoique...
M. Giasson: Vous n'êtes pas éloignés.
M. Burns: ... sur le principe de base, je pense qu'on s'entend,
mais c'est sur l'application du principe qu'on ne s'entend pas.
M. Cournoyer: Je ne veux pas argumenter trop longtemps. Pour
répondre à la question que vous avez posée hier sur les
honoraires qui apparaissent dans les comptes publics, il y a $718.59 de
dépenses.
M. Burns: $718.59 de dépenses. Le reste, ce sont des
honoraires.
M. Cournoyer: Ce sont des honoraires. Je vous donne un exemple,
sans vouloir être mesquin. Mettons que je dirais à mon
sous-ministre: On va changer ta "job" et on va te donner $50,000. Cela ne
marcherait pas du tout avec mon sous-ministre. Je suis convaincu que cela ne
marcherait pas, à $50,000 par année, à cause de l'autre
avantage qui est inclus dans la fonction publique; c'est qu'un sousministre est
sous-ministre pour le reste de ses jours. Il a au moins le revenu du
sousministre jusqu'à la fin de ses jours. C'est-à-dire que c'est
un type qui ne peut être délogé que pour cause, dans la
fonction qu'il occupe d'administrateur au-dessus de la classe I.
Je prend seulement l'exemple pour ce que c'est. Je pense bien que c'est
très sérieux, le choix d'un sous-ministre, dans l'administration,
parce qu'il implique beaucoup plus que la durée ordinaire du mandat d'un
ministre.
Le ministre est là pour la durée de son mandat, cela peut
être deux ans comme cela peut être quatre ans. Mais,
théoriquement, du moins, un ministre peut être battu aux
élections, peut disparaître et même si c'est le même
parti qui reste au pouvoir, les nominations qu'il a faites dans la fonction
publique, avec le système de la fonction publique, impliquent beaucoup
plus que sa propre portée, réelle à lui, comme
ministre.
Un sous-ministre qui est payé $38,000 par année et qui a
35 ans, il lui reste 30 ans au service de l'Etat. C'est un contrat de
$1,140,000 qu'on signe avec lui. On le regarde comme cela, mais...
M. Burns: Sauf qu'il est assez rare que le sous-ministre en poste
soit sous-ministre au moment où il arrive. C'est assez rare. Par
exemple, M.
Mireault, je l'ai connu du temps qu'il était au service de la
conciliation...
M. Cournoyer: Vous allez prendre un type à 35 ans et il
lui reste 30 ans avant d'atteindre 65 ans. Son salaire actuel, mettons qu'il
est établi à $38,000 par année, multipliez cela par 30
ans, cela vous donne $1,140,000.
M. Roy: Vous n'incluez pas les augmentations?
M. Cournoyer: Non, je ne calcule que le salaire fixe du
sous-ministre au moment où on se parle. Il y a des salaires
inférieurs à cela, ce sont des échelles de salaire la
plupart du temps, mais il y en a 21 comme cela au gouvernement, si je me
souviens bien. Ce sont des contrats dans chaque cas qui ont une portée
tellement plus longue que la durée d'un ministre, pas
théoriquement, mais, en fait, une portée plus longue que la
durée d'un ministre. Quand on nomme un sous-ministre, nous signons avec
lui un contrat de $1 million. Je considère que c'est extrêmement
sérieux. Dans l'autre cas, on peut peut-être discuter la
façon dont il utilise des conseillers spéciaux, mais il y a une
chose certaine, c'est que, quand le ministre disparaît, le contrat
disparaît. Il n'existe plus, il ne traîne pas. Si le leader de
l'Opposition devenait à un moment donné premier ministre ou
encore ministre du Travail, il serait obligé de prendre Laporte, parce
que Laporte est un excellent garçon, mais il ne serait pas tenu de le
faire en vertu d'un contrat signé par son prédécessuer,
qui serait, en l'occurrence, le ministre Cournoyer. On pourrait toujours penser
que M. le député de Maisonneuve, s'il était ministre du
Travail, aurait besoin d'un certain nombre de personnes pour l'aider. Il
prendrait sûrement les sous-ministres qui sont là et il se
demanderait s'il n'y a pas lieu de garder un gars comme Laporte dans
l'entourage, si, bien sûr, Laporte voulait. C'est un contrat
synallagmatique, un consentement mutuel, c'est cela.
M. Burns: Je vais en prendre pour $2 de cela.
M. Cournoyer: Dans le fond, regardez la différence, je ne
veux pas vous prouver cela. De toute façon, le Conseil du trésor
m'a dit ce que je devais faire dans mon ministère. Je ne devais pas
faire comme je fais depuis un bout de temps, et comme le Conseil de
trésor est suprême, on va respecter ses voeux. D'un autre
côté, je considère que le "deal" de nommer M. Laporte
sous-ministre serait un encombrement pour la fonction publique, un encombrement
pour Laporte, à cause surtout du caractère très politique
de son rôle auprès du ministre. Quand, à un moment
donné, on change de gouvernement, Laporte reste là ou il s'en va,
mais il peut rester là. Vous avez à le déloger pour cause
seulement.
Pour congédier un sous-ministre, pour congédier un
fonctionnaire, quoi qu'en disent les représentants de l'Opposition, je
me suis déjà fait dire par des fonctionnaires qu'il fallait
être pris en
flagrant délit de mettre le feu au parlement devant 40
témoins, dont un devait être borgne et l'autre boiteux.
Une Voix: Et bilingue!
M. Cournoyer: Remarquez que je ne veux entrer ni dans le rapport
Cliche ni dans l'enquête Cliche. Je note au passage que deux individus
qui ont comparu devant la commission Cliche pour avoir vendu des emplois
à la baie James ont été congédiés par le
ministère du Travail, il y a de cela un an et demi ou deux ans, et que
nous avons reçu l'ordre de la Commission de la fonction publique de les
réinstaller dans leur poste au titre qu'ils avaient avant après
qu'on les congédie, ils ont eu un congé de six mois.
M. Burns: Parlez-vous de M. Bergeron?
M. Cournoyer: Non, je parle de M. Desjardins, de Val-d'Or et
l'autre était un M. Simard, je pense. Non, c'est un nommé Soucy,
de Val-d'Or. Ils ont recomparu devant la commission Cliche, nous les avions
déjà congédiés, mais nous avons reçu l'ordre
de les réembaucher.
M. Roy: Vous les avez réembauchés? M. Cournoyer:
On n'a pas le choix.
M. Roy: Vous n'avez pas le choix. En somme, cela veut dire que
peu importe ce qu'une personne peut faire, vous êtes tenu de la
garder...
M. Cournoyer: C'est-à-dire que ce n'est pas cela.
M. Roy: ...jusqu'à 65 ans?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que tu peux congédier un
fonctionnaire pour cause. Les causes sont jugées par des sections de la
Commission de la fonction publique, qui donnent la permission de destituer ou
de ne pas destituer. Dans ces deux cas, la Commission de la fonction publique
nous a ordonné la réintégration. Il y a une
légère différence entre avoir...
M. Roy: C'est bien important que ces choses soient dites. C'est
bien important que le public le sache.
M. Cournoyer: Je ne veux pas prolonger ce débat, mais je
vous dis que deux personnes de Val-d'Or à l'emploi du ministère
du Travail ont été congédiées par le sous-ministre
pour la raison que nous avions des plaintes au sujet de la vente de permis de
travail ou de la vente d'emplois à la baie James; ce congédiement
s'est fait au bout de six mois de suspension. Nous ne pouvons pas destituer,
comme ministre, nous suspendons indéfiniment, pendant que le gars est
devant la Commission de la fonction publique, et nous avons reçu un
ordre de réintégration. Par la suite, la commission Cliche a
rouvert le dossier avec l'aide de la
Sûreté du Québec et les deux personnes ont
été interrogées par la commission Cliche. Mais, la
commission Cliche n'a pas fait une preuve différente de celle que nous
avions faite devant la Commission de la fonction publique. Elle a fait des
affirmations, mais ces affirmations ne sont pas nécessairement des
admissions, et la preuve que nous devons faire, c'est que ce soit
irréfutable. Remarquez bien, encore une fois, il n'est pas question pour
moi de juger de l'attitude de la Commission de la fonction publique, parce que
vous avez ici deux cas qui sont susceptibles, dans l'opinion publique ou dans
notre opinion, d'être ou d'avoir l'air dégueulasses, étant
donné qu'on en a reparlé à la commission Cliche, qu'on a
réinterrogé ces gens à la commission Cliche, mais le
système est fait pour protéger de bons fonctionnaires; donc, il y
a des places où il y a des gens dont vous voudriez vous
débarrasser et où vous n'êtes pas capable de le faire. On a
enlevé le pouvoir au gouvernement par la Loi de la fonction publique, et
non pas seulement par la convention collective, je dis bien par la Loi de la
fonction publique, de congédier des fonctionnaires pour des raisons
autres qu'une cause réelle; on doit donc établir la cause, et
quand on n'est pas capable d'établir la cause à la satisfaction
de la Commission de la fonction publique, on a tout simplement l'ordre de
réintégration immédiate.
M. Roy: Par après la publication du rapport de la
commission Cliche, est-ce qu'il y a eu des modifications dans le cas de ces
deux personnes, entre autres?
M. Cournoyer: II n'y a pas de fait nouveau, ce sont les
mêmes faits que nous avions avant.
M. Roy: M. le Président, je pense que nous touchons
là un point excessivement important; c'est un point qui est
excessivement important parce qu'il est à se demander qui gouverne au
Québec. Je trouve qu'il y a quand même des limites. On ne me fera
jamais croire que c'est juste pour les citoyens de la province, pour les
administrés qu'on en est rendu là. Si on peut se permettre de
faire n'importe quoi dans la fonction publique et qu'on est couvert par tous
les moyens possibles, je dis qu'il n'y a pas grand-chose à faire et je
me demanderais pour quelle raison les gens se donneraient la peine d'aller
choisir un gouvernement. Le gouvernement est là; comment peut-on, par la
suite, voter des lois, faire appliquer des règlements qui s'imposent si,
à un moment donné, vous avez des cas de
désobéissance.
Comment peut-on agir? Je pense que c'est peut-être un des
problèmes les plus sérieux auquel le Québec a à
faire face à l'heure actuelle, celui d'avoir un Etat dans l'Etat.
M. le Président, je ne voudrais pas aborder la question de la
fonction publique, parce qu'il y a des fonctionnaires et je me limiterai
au ministère du Travail qui sont extrêmement
compétents, qui font du très bon travail, mais lorsqu'ils ont
dans les jambes nous avons des plaintes, des remarques et des
observations qui nous sont
faites par des fonctionnaires des gens qui sont de travers
pour employer un terme bien de chez nous, de travers dans les menoires
et qui sabotent le travail des autres, combien est-ce que cela coûte au
Québec? Je pense que la Loi de la fonction publique devrait être
amendée, cela s'imposerait. Que la Loi de la fonction publique soit
amendée, si on veut réellement avoir un gouvernement qui
gouverne, quel qu'il soit, mais un gouvernement qui gouverne, un gouvernement
responsable. Comment le gouvernement peut-il exercer certaines
responsabilités, prendre certaines décisions si, à la
suite de ce que le ministre vient de nous dire, deux personnes dont le nom a
été cité publiquement, sur qui des remarques ont
été faites dans un rapport comme le rapport Cliche le
gouvernement est obligé de les garder envers et contre tous? Je pense
qu'on peut se poser des questions.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, vu que c'est un membre de
l'Opposition qui vient de s'exprimer, je suis obligé, peut-être
pour la première fois au sein de cette commission, de manifester mon
désaccord sur l'opinion qui...
M. Roy: Je ne plierai pas, c'est certain.
M. Harvey (Charlesbourg): Casse, mais ne romps pas, mais ne casse
pas.
M. Roy: Quand on ne mène pas, on se fait mener.
M. Burns: L'opinion qui vient d'être exprimée par le
député de Beauce-Sud, avec tout le respect que j'ai pour le
député et pour son opinion, je ne peux pas la partager, M. le
Président. Si on mène jusqu'au bout un tel raisonnement et
surtout quand on sait à quelle occasion la demande de modifier la Loi de
la fonction publique est faite par le député de Beauce-Sud, cela
veut dire qu'on voudrait revenir, à toutes fins pratiques, pour des
motifs valables sur le plan des principes, je ne le conteste pas au
député de Beauce-Sud au pouvoir discrétionnaire
total du gouvernement d'agir à l'endroit de ses fonctionnaires.
Or, la Loi de la fonction publique est faite de façon telle
qu'aucun gouvernement, quel qu'il soit, qu'il soit libéral, qu'il soit
créditiste, unioniste, pé-quiste ou n'importe quoi d'autre, ne
puisse agir de façon discrétionnaire à l'endroit de ses
fonctionnaires. Je pense que c'est un peu comme le droit criminel, la Loi de la
fonction publique et les règles qui s'appliquent en matière de
fonction publique. C'est bien sûr que vous êtes capable de me
trouver des cas où quelqu'un est un véritable criminel et a
été acquité par le tribunal, mais le droit criminel est
conçu de façon qu'au moins dans la majeure partie des cas, de
véritables innocents ne soient pas retenus à l'intérieur
du filet de la justice.
Je pense que c'est un peu le même parallèle qu'on peut
faire à l'endroit de la fonction publique. Bien sûr, il y a des
incompétents, à un moment donné, qui vont se faire
nettoyer ou blanchir par la Commission de la fonction publique, mais, ce qu'il
est important de savoir, c'est que toutes les chances sont du côté
de celui qui n'a rien à se reprocher, pour qu'il ne soit pas inutilement
puni. C'est un peu dans le même sens. Je vois un parallèle assez
clair. C'est sûr qu'avec un système comme celui-là, qui
veut d'abord et avant tout protéger celui qui est innocent, il y a de
temps à autre, certains coupables qui vont bénéficier de
la loi, mais je pense qu'il ne faudrait pas laisser l'impression que c'est la
majeure partie des fonctionnaires qui sont inutilement protégés
par la Loi de la fonction publique. Je pense, au contraire, que c'est la
majeure partie des fonctionnaires qui sont, à bon droit,
protégés par la Loi de la fonction publique et par le
système non discrétionnaire ou un élément de
révision de toute mesure discrétionnaire qui pourrait leur
être imposée.
Là-dessus, je ne peux pas partager l'avis du député
de Beauce-Sud et je tenais à le dire, M. le Président.
M. Roy: M. le Président, je pense qu'il y a une question
de nuance qui s'impose à ce moment-ci. Non, je m'excuse, M. le
Président, mais je ne veux pas laisser...
Le Président (M. Séguin): Parlez à
l'intérieur du ministère.
M. Roy: Oui, c'est ainsi que je parle, à la suite de ce
que nous avons discuté et je ne peux pas laisser les choses comme cela.
Je ne voudrais pas laisser l'impression devant la commission parlementaire, ce
matin, que j'ai dit qu'on doit revenir à un système
discrétionnaire au niveau de la fonction publique.
Ce n'est pas de cela que j'ai parlé, ce n'est pas de cela dont je
parle non plus. Ce que je dis, c'est que, lorsque des fonctionnaires, des
membres de la fonction publique se sont livrés à des choses
et ce sont des fonctionnaires du ministère du Travail pour
lesquelles ils ont été déclarés fautifs, pour
lesquelles le ministère les a suspendus, pour lesquelles la commission
Cliche les a blâmés, a fait des recommandations, et que la
Commission de la fonction publique est obligée de les réengager,
je dis qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est ce que je voulais
dire au gouvernement...
M. Cournoyer: Juste pour ramener la chose...
M. Roy: C'est cela que je veux dire au ministre. Si, dans ce cas
particulier, ces fonctionnaires sont protégés envers et contre
tous, la porte est ouverte aux autres pour faire la même chose dans tous
les domaines. A ce moment-là, cela ne marche plus.
M. Cournoyer: Ce que le député de Maisonneuve vous
dit, je pense bien qu'il est d'accord avec vous, vous n'êtes pas en
désaccord sur le
fond, ce qui arrive, dans ces cas-là, le ministère doit
passer par ce qu'on appelle le "due process" et le "due process", dans la Loi
de la fonction publique, si on veut appeler cela comme cela, une
procédure juste, veut que la Commission de la fonction publique
décide s'il y a lieu de prononcer la destitution ou non.
On doit donc se présenter devant cette commission et
établir une preuve identique à celle que nous devrions
établir devant une cour criminelle ou une cour de juridiction
criminelle; c'est que la personne n'est pas présumée coupable,
à moins qu'on la prouve coupable.
En conséquence, la Commission de la fonction publique est
très stricte sur les demandes qu'elle fait pour obtenir des preuves de
culpabilité en regard des actes posés.
Je comprendrai une chose. De notre avis à nous, avant que la
Commission de la fonction publique ne nous donne l'ordre de
réintégration, nous étions convaincus que ces personnes
devaient être congédiées. Je pense que cela a
été fait...
M. Roy: Je suis d'accord pour une fois avec le ministre.
M. Cournoyer: Nous étions convaincus, mais, par ailleurs,
la Commission de la fonction publique qui elle, a à juger de la
validité de la preuve, ne peut pas prendre en considération ces
deux seuls cas. Elle doit juger en fonction de toutes les preuves qui
pourraient lui être présentées dans d'autres cas.
Dans le cas de ces deux employés en particulier, je ne les
défends pas, la décision a été prise
communément par le sous-ministre et le ministre de les congédier.
Ils ont été réintégrés dans leurs fonctions,
non pas par décision du ministre et du sous-ministre, mais par
décision de la Commission de la fonction publique.
M. Roy: C'est là que cela ne marche plus.
M. Cournoyer: Mais c'est l'organisme tiers. Cela aurait pu
être un arbitre comme dans le cas d'une compagnie qui congédie
quelqu'un. Cela aurait pu être un arbitre, en vertu d'une convention
collective. Ici, c'est en vertu de la Loi de la fonction publique. Nous n'avons
pas réussi à établir à la satisfaction de la
Commission de la fonction publique que ces personnes devaient être
congédiées pour cause.
Elles sont retournées devant la commission Cliche. Il n'y a pas
eu d'élément de preuve nouveau qui a été
apporté devant la commission Cliche, mais, par ailleurs, les procureurs
de la commission Cliche et ceux du ministère de la Justice
étudient présentement la possibilité de poursuites devant
les tribunaux ordinaires contre ces personnes qui ont été
mentionnées par ou devant la commission Cliche.
Si des actes criminels leur étaient reprochés devant les
tribunaux ordinaires, on n'aurait plus à faire la même preuve et,
en conséquence, la cause serait que ce sont sur des gens
condamnés devant les tribunaux ordinaires pour des actes criminels que
nous aurions à nous exprimer. M serait alors beaucoup plus facile devant
la Commission de la fonction publique de dire: Ecoutez, il y a un jugement de
cour, ils sont coupables d'actes criminels, en conséquence, ils doivent
être destitués.
Je ne veux pas défendre la Commission de la fonction publique, je
ne veux qu'expliquer le système. Le système, j'en ai
été une victime dans ce sens en particulier. Cela nous place dans
de drôles de situations, très souvent, de ne pas poser un certain
nombre de gestes, parce qu'on sait qu'on va peut-être avoir l'obligation
de réintégrer les gens au bout de six mois.
M. Roy: Supposons que c'est un Etat dans l'Etat.
Le Président (M. Séguin): Autres questions?
Programme...
M. Roy: J'aimerais savoir une chose puisque nous avons
parlé de M. Laporte tout à l'heure. J'ai cru comprendre que le
ministre nous a dit que son contrat ne serait pas renouvelé; est-ce que
c'est une décision du ministère du Travail ou si cela vient d'une
condition imposée par le Conseil du trésor?
M. Cournoyer: C'est le Conseil du trésor.
M. Roy: C'est le Conseil du trésor qui vous empêche
de renouveler le contrat?
M. Cournoyer: Oui. C'est le Conseil du trésor. Ce n'est
pas le ministre du Travail. Le ministre du Travail n'a rien à reprocher
à M. Laporte, bien au contraire.
Par ailleurs, le Conseil du trésor ne voit pas les choses du
même oeil que le ministre du Travail et le Conseil du trésor est
un organisme de direction au gouvernement.
M. Roy: Quelles sont les raisons invoquées par le Conseil
du trésor?
M. Cournoyer: La première raison, c'est que ce n'est pas
pour un projet spécifique qu'il est retenu par le ministre et, selon les
règles nouvelles qui sont sorties, je pense que cela date du
début de mars pour l'emploi de contractuels, c'est que ce doit
être pour un projet spécifique. Je prends, par exemple, l'emploi
d'un contractuel au gouvernement pour l'affaire de United Aircraft. C'est un
contrat pour régler le conflit à United Aircraft, pour faire de
la médiation à United Aircraft. Le contrat de M. Laporte
n'était pas de cet ordre, c'était une répétition
dans chaque cas pour lequel le ministre l'y envoyait. On a dit: Cela prend une
affaire spécifique. Cela prend une date. Même si c'était
United Aircraft, il aurait fallu que j'y mette une date et dise: Fais ta "job"
à la United Aircraft. Je considère comme trop onéreux,
comme ministre, de commencer à écrire des contrats chaque fois
que je donne un mandat à mon conseiller spécial. Il est
préférable de mettre fin au contrat
qu'il avait avant. De toute façon, je n'ai pas le choix, c'est
prévu dans la lettre. La raison principale, invoquée, c'est
celle-là.
M. Roy: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Séguin): Programme 1,
adopté.
Commission Cliche
M. Burns: Non, M. le Président, j'ai simplement une
question relativement au programme 1, à l'élément 2. Je
note, que, par rapport au budget 1974/75, il y a une diminution assez
importante, presque $1 million, quelque $800,000 à
l'élément 2, Conciliation et arbitrage. Est-ce que le ministre
peut nous dire exactement pourquoi cette diminution?
M. Cournoyer: La diminution, c'est que la commission Cliche nous
a coûté $1 million et comme elle n'est pas dedans cette
année, c'est un budget supplémentaire; donc, la diminution n'est
pas qu'apparente. La commission Cliche a coûté $1 million et,
cette année, elle n'y est pas. Alors, la somme, en 1974/75, a
été de $2,244,400. Là-dessus, il y avait $1 million pour
la commission Cliche, il n'est donc pas répété cette
année.
M. Burns: La commission Cliche apparaissait à cet
élément?
M. Coumoyer: Elle a été ajoutée pendant
l'année par après, en budget supplémentaire.
M. Burns: Je m'interroge simplement sur le fait que la commission
Cliche apparaisse à ce poste budgétaire.
M. Cournoyer: C'est cela, oui.
M. Burns: Oui. Dans le poste conciliation et arbitrage.
M. Cournoyer: Oui. Comment on l'a mise là, ne me demandez
pas cela comme administrateur.
M. Burns: C'est une commission d'enquête qui n'a rien
à voir avec la conciliation et l'arbri-trage.
M. Cournoyer: C'est une commission d'enquête.
C'est-à-dire qu'elle étudie le problème d'une des lois du
gouvernement, une des lois qui relèvent du service du droit du travail,
Travail et Main-d'oeuvre, programme 1, Relations de travail. C'étaient
des relations de travail. Il y a trois affaires ici, trois postes. Le premier
poste, protection du d roit d'association, ce n'était pas cela, parce
que c'est strictement le code du travail; conciliation et arbitrage, on l'a
mise là. On nepouvait, certainement pas la mettre dans
l'élément Soutien administratif et technique, compte tenu des
circonstances. On l'a placée dans Conciliation et arbitrage. Ce
million-là tombe cette année.
M. Burns: Si je regarde la ventilation de cet
élément, j'ai de la difficulté à trouver $1 million
quelque part.
M. Cournoyer: Pardon?
M. Burns: J'ai de la difficulté à trouver $1
million de façon précise quelque part. C'est vrai que...
M. Cournoyer: C'est-à-dire que c'est $1 million...
Remarquez que le budget de la commission Cliche a été
établi l'an passé à $943,000. Je dis $1 million, c'est le
budget. D'une part, les comptes finals de la commission Cliche ne sont pas
rentrés, mais cela a été $943,000. D'autre part, il y a eu
des augmentations de traitements. Cela ne fait, en fait, qu'une
différence de $800,000.
M. Burns: C'est ce que je dis, à peu près $800,000
de différence.
M. Cournoyer: Mais les $800,000 viennent de l'augmentation des
traitements, $144,000. On enlève $943,000 pour fins de comparaison.
M. Bums: En tout cas, je trouve cela bizarre. C'est
peut-être la façon de le faire. Je me serais attendu de voir la
commission Cliche émarger au budget du ministère ailleurs
qu'à l'élément 2, Conciliation et arbitrage.
M. Cournoyer: On l'a mise là.
M. Burns: C'est une commission d'enquête qui a
été formée par un arrêté en conseil en vertu
du chapitre 11 des lois de 1964. Je ne vois aucune commune mesure entre cela et
un service de conciliation ou, encore, un service d'arbitrage.
M. Cournoyer: En tout cas, si vous vouliez l'explication, je
pense bien que c'est l'explication que les chiffres me donnent, mais ce n'est
pas autre chose.
M. Burns: L'explication est là. D'accord, parce que toute
autre explication m'aurait possiblement étonné. Je ne m'attends
pas à ce que vous diminuiez vos services de conciliation et d'arbitrage
dans l'année qui vient.
M. Cournoyer: Non, vous avez raison.
M. Burns: Je ne pense pas que ce soit l'intention de ministre non
plus.
M. Harvey (Charlesbourg): Mais cela aurait tout aussi bien pu
apparaître à l'article 3 de l'élément 1 plutôt
que d'être aux deux.
M. Cournoyer: Que voulez-vous? C'est le choix des
administrateurs, ils doivent savoir ce qu'ils font. Ils ont fourré cela
là. Que voulez-vous que je fasse.
M. Burns: Programme 1 adopté, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Programme 1,
éléments 1, 2 et 3 adopté.
M. Harvey (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Séguin): Programme 1,
adopté. Programme 2, éléments 1 et 2, adopté.
M. Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Programme 2,
adopté. Programme 3?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Programme 4?
M. Burns: Au programme 4, M. le Président, j'avais des
questions, mais on les a posées au tout début, lorsqu'on a
parlé du rapport Sainte-Marie, en somme, lors de l'étude sur la
transformation des centres de main-d'oeuvre. Je ne vois pas pourquoi on
reviendrait sur cette question à ce moment-ci.
Formation professionnelle des adultes
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, à
l'élément 3, sur la formation professionnelle des adultes, il y a
un budget accru de $2 millions. Est-ce à dire que cet
élément 3 fait partie du protocole des ententes
fédérales-provinciales, alors que la position du ministre, en
matière pédagogique, par exemple, est complètement
autonome, c'est-à-dire via le ministère de l'Education, d'une
part? Par contre, sur le choix des options ou sur le recyclage accepté
par les candidats susceptibles de s'inscrire aux cours de formation
professionnelle, fait-il partie de l'ensemble du dossier du contentieux
fédéral-provincial dont le ministre lui-même voudrait
être en fait le maître-d'oeuvre, comme ministre provincial? Cela
fait-il parti de ce contexte?
M. Cournoyer: Oui, cela fait partie de ce contexte particulier de
la formation des adultes. C'est un élément du budget. Dans la
question des ententes fédérales-provinciales, nous avons eu cette
année trois réunions des ministres provinciaux de la
Main-d'Oeuvre, des ministres chargés de la main-d'oeuvre dans les
différentes provinces. A la dernière réunion qui
était présidée par le ministre du Québec, nous
avons présenté une position commune à celle du ministre
fédéral de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration. Cette position
commune, je pense bien, que pour les dossiers, ici, il m'appartient de vous la
dire: "II revient aux provinces d'assumer leur entière
responsabilité dans la formulation et dans l'application d'une politique
de main-d'oeuvre; d'assumer l'entière responsabilité de la
formation de la main-d'oeuvre; tant en institution qu'en industrie, de
même que dans rétablissement du montant des allocations de
formation et des critères et leur versement; d'assurer les services de
conseils professionnels et d'accueil aux individus, soit directement ou sur
recommandations d'organismes provinciaux ou fédéraux
concernés; d'appuyer les programmes de recherche et de
développement conformément à leurs responsabilités
en matière de main-d'oeuvre; de poursuivre et d'intensifier leurs
efforts de coopération interprovinciale dans le domaine de la
main-d'oeuvre par des rencontres de ministres et de hauts fonctionnaires. Il
revient aux provinces ou au gouvernement fédéral d'offrir,
grâce à leur réseau d'agences, les services de placement,
de mobilité et d'immigration qui sont de fait des instruments
d'application d'une politique de main-d'oeuvre et qui, comme tels, ne peuvent
être offerts qu'en fonction des orientations et des priorités des
provinces. Le partage des responsabilités entre les gouvernements
fédéral et provinciaux s'établirait dans les domaines
suivants:
Programme de création d'emplois. Il est souhaitable que les
gouvernements fédéral et provinciaux poursuivent des
expériences pilotes en matière de création d'emplois.
Cependant, ceci exige l'entière coopération des deux niveaux de
gouvernement et le maintien des projets jugés rentables.
Le financement: II est nécessaire d'établir une nouvelle
formule de financement des politiques de main-d'oeuvre qui évite toute
réduction du montant global de l'aide financière qu'offre
actuellement chaque année le gouvernement fédéral et qui
rend possible toute augmentation de celui-ci.
Cette formule devra aussi prévoir la suppression de la relation
actuelle fournisseur-acheteur que comporte la méthode de financement de
la formation de la main-d'oeuvre.
Cette formule devra être remise à point au cours d'une
conférence fédérale-provinciale des ministres
concernés".
Nous avons réussi, je pense bien...
M. Burns: Est-ce que le ministre accepterait de déposer le
mémoire?
M. Cournoyer: C'est fait. M. Burns: Merci.
Contentieux fédéral-provincial
M. Cournoyer: Le député de Maisonneuve a
parlé hier du contentieux fédéral-provincial; je peux
simplement dire ici que sans se chicaner avec le fédéral,
à la suite de deux réunions qui ont été des
réunions fort expérimentales et fort intéressantes
également et sans parler de front commun des provinces, nous avons quand
même réussi à concevoir une politique commune à
toutes les provinces du Canada, face à l'infiltration constante du
gouvernement fédéral en matière de main-d'oeuvre. Cette
position est unanime, même dans les Territoires qui ne sont pas des
provinces, au Yukon ou dans les territoires du Nord-Ouest, tout le monde a
réussi, en trois réunions, à arriver à un consensus
des provinces sur les éléments essentiels d'une politique commune
face au gouvernement fédéral.
Ce n'est pas une réussite frappante. Il eût
été
probablement préférable de faire un affrontement, mais
comme cet affrontement n'a pas eu lieu, et étant donné l'attitude
des provinces, je dois vous avouer que le gouvernement fédéral a
été très surpris que, malgré tout, cette fois-ci du
moins, les provinces aient pris cette position commune et l'aient
exprimée d'une façon commune sous la présidence de votre
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Cela a pris deux et trois
réunions, mais je dois noter que, quand on parle de provinces, la
collaboration des provinces entre elles, maintenant, en matière de
main-d'oeuvre, est une chose assurée. Ce serait plus simple de dire que
l'Ontario ne veut pas, mais ce n'est pas cela.
M. Burns: Dernière question concernant 4. A
l'élément I, on note une augmentation sensible des crédits
sous le poste: Contribution à la connaissance du marché du
travail. En fait, c'est une augmentation de $1,277,000 à $2,590,300, ce
qui fait une augmentation d'environ $1,300,000. Est-ce que le ministre peut
nous dire en quoi consiste cette augmentation? A quoi seront affectés
ces nouveaux crédits?
M. Cournoyer: Principalement aux plans de carrière,
c'est-à-dire la recherche, celle que nous avions commencée seuls,
en vertu d'un accord fédéral-provincial. Le gouvernement
fédéral nous donne maintenant une grande participation, puisqu'il
veut utiliser cette expérience du Québec dans le Canada. Comme
nous le faisons, comme nous le faisions avant que le gouvernement
fédéral en parle, le gouvernement fédéral aurait eu
cette idée, mais nous étions déjà suffisamment
avancés, nous avions déjà la technique, le gouvernement
fédéral a préféré donner une subvention
additionnelle pour la recherche du marché du travail,
c'est-à-dire l'analyse des tâches, des plans de carrière et
s'en servir à d'autres fins en dehors du Québec pour les autres
provinces et la juridiction fédérale.
M. Burns: D'accord, M. le Président.
M. Harvey (Charlesbourg): Alors, programme 4...
Le Président (M. Séguin): Programme 4,
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Programme 5?
M. Burns: M. le Président, encore une fois, au programme
5: Sécurité au travail dans les lieux publics, je pense qu'on en
a discuté amplement au niveau des questions générales; je
suis prêt à adopter le programme 5.
Le Président (M. Séguin): Programme 5,
adopté. Les estimations budgétaires du ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre sont adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): La commission ayant
terminé ses travaux, devra faire rapport en Chambre. La commission du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 11 h 20)