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Commission permanente du travail de la
main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude du projet de loi no 33
Loi sur la qualification professionnelle
des entrepreneurs de construction
Séance du mardi 17 juin 1975
(Onze heures six minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail et de la main-d'oeuvre, commission élue
siégeant en commission plénière pour l'étude
article par article du projet de loi no 33.
Les membres de la commission pour la séance de ce matin sont: MM.
Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Boudreault (Bourget), Burns
(Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Bédard (Montmorency), Cournoyer
(Robert-Baldwin), Déziel (Saint-François), Harvey (Charlesbourg),
Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart (SainteMarie), Roy
(Beauce-Sud), Verreault (Shefford). A moins qu'il n'y ait objection ou autre
proposition, le rapporteur sera M. Verreault (Shefford).
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Article 1
du projet de loi.
Définitions
M. Burns: A l'article 1, M. le Président... Non, je n'ai
pas de remarques générales. J'ai fait mes remarques
générales au niveau de la deuxième lecture. J'avais
annoncé, à toutes fins pratiques, deux suggestions d'amendement
que vous verrez apparaître, à un moment donné, au fur et
à mesure des articles. Mais, je n'ai pas d'autre déclaration en
ce qui me concerne, au départ.
M. Bellemare (Johnson): Simplement pour faire une rectification,
M. le Président, et rendre justice à qui justice est due.
L'historique du bill 51, tel que je l'avais dit en Chambre, c'est que le jeudi,
12 juin 1969, il est déposé en première lecture. Le
vendredi 13 juin 1969, il est déféré à la
commission du travail et de la main-d'oeuvre durant les mois de juillet et
août 1969 pour entendre les parties intéressées. Le 28
août 1969, c'est la première réunion de la commission
parlementaire pour l'étude des mémoires des associations
intéressées. Au mois d'août, le ministre annonce que le
projet de loi a été soumis au conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, et que ce même organisme aurait étudié
les suggestions faites en commission parlementaire. Le 25 septembre 1969, deux
réunions de la commission parlementaire pour l'étude des
mémoires des associations intéressées. C'est à
l'automne 1969 que la dernière gestation a été faite,
c'est-à-dire que c'est revenu devant le
Parlement le 12 septembre 1969. J'avais dit en décembre 1969,
mais c'est en septembre I969.
M. Le Président, j'aurai peut-être une modification, une
motion à apporter à la suite de l'article 5, et, de l'article 4,
peut-être.
Le Président (M. Séguin): On va y arriver.
M. Bellemare (Johnson): D'accord. Le reste, ce sont des
dispositions générales. J'en ferai part au fur et à
mesure.
Le Président (M. Séguin): En ce qui concerne vos
commentaires du début, je considère que cette matière est
close et terminée. A moins que le ministre...
M. Cournoyer: Non, c'est fait.
Le Président (M. Séguin): Article 1.
M. Cournoyer: On a de la misère à se rappeler les
époques, mais je savais que je n'étais pas
député.
M. Bellemare (Johnson): Vous l'étiez après. M.
Cournoyer: J'ai été élu le 9 octobre. M. Bellemare
(Johnson): Ah oui!
M. Cournoyer: J'ai été élu le 9 octobre.
Donc, fin de septembre, je n'étais pas député. Je m'en
souviens.
M. Burns: Ce qu'on se rappelle, c'est la date, la première
fois qu'on est élu.
Le Président (M. Séguin): Article 1.
M. Cournoyer: Les autres, je les ai oubliées.
M. Burns: M. le Président, à l'article 1, en ce qui
me concerne, je suis prêt à...
M. Cournoyer: Juste avant de... Nous avons reçu quand
même des remarques sur l'article 1 en particulier et on nous a
suggéré de clarifier davantage le mot "entrepreneur". Je
dépose, si cela ne vous fait rien de regarder, s'il vous
plaît...
M. Bédard (Montmorency): On va se passer cela.
M. Cournoyer: II y a l'article 4 b) aussi, mais il s'agit d'une
meilleure définition, où on parle de personnes qui
présentent des soumissions, personnellement ou par personne
interposée, dans le but d'exécuter, à leur profit, de tels
travaux.
Le Président (M. Séguin): Le paragraphe b), dans
l'article 1?
M. Burns: Oui, c'est l'article 1 b). Alors, l'article 1 a), le
paragraphe a) serait adopté. En ce qui me concerne je n'ai pas
d'objection.
M. Bellemare (Johnson): Le paragraphe a)... Le
Président (M. Séguin): A) adopté.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, il faudrait s'entendre, pour
ne pas me perdre...
M. Bellemare (Johnson): Alors, le paragraphe a), c'est
d'accord.
M. Bédard (Montmorency): Concernant le paragraphe a), pour
que cela soit clair dans mon esprit, peut-être dans l'esprit de tout le
monde aussi, lorsqu'on parle d'ouvrage de génie civil, cela couvre les
contrats d'aqueduc, d'égout, de voirie, système
d'éclairage routier, toutes ces choses. D'accord?
M. Cournoyer: C'est notre interprétation
générale. C'est un terme générique qui couvre tout
ce qui concerne des travaux...
M. Burns: C'est déjà son sens.
M. Bédard (Montmorency): Dans le bill 290, il est
très bien explicité.
M. Bellemare: D'ailleurs, en 1969, lorsque le comité
interministériel a siégé, c'était exactement le
même terme qui avait été employé, qui est reproduit,
du projet de loi 51, dans le projet de loi 33.
M. Bédard (Montmorency): C'est uniquement pour m'assurer,
M. le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
Le Président (M. Séguin): Article 1, paragraphe a).
Le député de Johnson avait-il un commentaire à faire?
M. Bellemare (Johnson): Non, d'accord!
Le Président (M. Séguin): Adopté. A
l'article 1, paragraphe b) on suggère une modification.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): La même définition qu'il y
avait dans le projet de loi 51.
M. Cournoyer: L'addition. On est retourné au projet de loi
51.
M. Bellemare (Johnson): A l'addition, non. L'addition est en
plus.
Le Président (M. Séguin): On y ajouterait...
M. Cournoyer: ...fait ou présente des soumissions
personnellement ou par personne interposée, dans le but
d'exécuter à son profit de tels travaux...
Le Président (M. Séguin): On ajoutera à la
suite du mot "construction," au paragraphe b), les mots suivants: "ou fait ou
présente des soumissions personnellement ou par personne
interposée, dans le but d'exécuter à son profit de tels
travaux". Adopté?
M. Bellemare (Johnson): Adopté.
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe c).
M. Bellemare (Johnson): II y a seulement un mot changé
avec la réimpression, c'est "toute" personne, pour "une" personne.
Quelle est la différence?
M. Cournoyer: Apparemment, c'est mieux "une" que "toute". Ce sont
des termes génériques. Encore une fois, c'est une question de
rédaction pour les légistes et en conformité avec d'autres
procédures législatives.
On ne m'a pas expliqué qu'il y avait une différence, sauf
que c'est conforme avec les processus législatifs ordinaires.
M. Bellemare (Johnson): "Une" comprend "toute"?
M. Cournoyer: J'ai toujours pensé cela
également.
M. Burns: C'est la technique habituelle.
M. Bellemare (Johnson): C'est pareil à une licence.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe c),
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe d)?
M. Burns: Adopté, en ce qui me concerne.
M. Bellemare (Johnson): Paragraphe d), d'accord.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe e)?
M. Burns: Au paragraphe e), j'ai un amendement à vous
suggérer, qui, me semble-t-il, devrait recevoir la faveur du ministre,
puisqu'il a dit qu'il était tout à fait "ouvert" à cela,
en deuxième lecture.
La suggestion que je vous fais, M. le Président, c'est d'amender
le paragraphe e) de l'article 1, en remplaçant les mots "du travail et
de la main-d'oeuvre", par les mots "des institutions financières,
compagnies et coopératives.
A toutes fins pratiques, ceci voudrait dire... Il s'agirait de prendre
le nouveau nom du ministère des Institutions financières,
malgré que ce ne soit pas adopté encore.
C'est pour cela que je n'ai pas présumé de
l'adoption de la loi. Je pense que ceci est en conformité avec la
recommandation 44 de la commission Cliche. Ce n'est pas simplement parce que la
commission Cliche recommande que ce soit soumis au ministère des
Institutions financières, plutôt qu'au ministère du Travail
que je fais cette proposition d'amendement, c'est parce que, j'imagine, je suis
le même raisonnement que la commission Cliche, en disant que la vocation
du ministère des Institutions financières m'apparaît comme
beaucoup plus normalement celle qui devrait avoir juridiction sur une telle
loi, qui vise principalement à vérifier la qualification
professionnelle des entrepreneurs de construction.
Comme je le mentionnais dans mon discours de deuxième lecture, je
pense que, si on regarde les deux ministères, le ministère du
Travail n'est pas aussi bien équipé pour faire la
vérification et la mise en application de cette loi auprès des
entrepreneurs que le ministère des Institutions financières qui,
déjà, a ce type de techniciens ou, en tout cas, est plus
voué à la vérification des entreprises comme telles.
C'est un peu pour cela, M. le Président, et sans plus de
commentaires que je fais cette motion d'amendement à l'article I e).
Le Président (M. Séguin): Sur la motion
d'amendement.
M. Cournoyer: Je veux parler sur la motion d'amendement.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que, quand on regarde la
complexité qu'il y a dans nos lois, particulièrement en ce qui
regarde le ministère du Travail, on devrait laisser... Je regrette de ne
pas partager l'avis de mon distingué collègue sur ce point, mais
l'expérience me prouve que c'est dans l'administration du
ministère du Travail que devrait rester toute la juridiction de cette
loi. Dans la loi des Institutions financières, il y a des performances
qui s'appliquent difficilement au ministère du Travail. C'est une loi,
je pense, bien plus de régie interne qui va être instituée,
mais cela ne peut rejoindre ni le code des professions, ni non plus le
régime des Institutions financières.
M. Cournoyer: M. le Président, il y a une raison actuelle,
c'est-à-dire que, si c'était pour plus tard... Ce n'est pas une
raison strictement d'administration. C'est que les licences d'entrepreneurs,
dans le cas de la construction, c'est quelque chose de nouveau, j'en conviens,
mais c'est pratiquement le prolongement naturel de la loi 49, parce qu'on
s'adresse à une classe de personnes ici dont l'immense majorité
sont des travailleurs qui sont qualifiés en vertu de la loi 49.
La loi 49, c'est la loi de la qualification des travailleurs proprement
dits. Comme, pour être... Je vais prendre seulement l'exemple de
l'électricien. J'ai cherché et, finalement, j'ai trouvé
pourquoi cela relevait du ministère du Travail. C'était parce
qu'il s'agissait de travailleurs pour commencer et, pour pouvoir être
entrepreneur électricien, il faut avoir une licence qui
précède, qui est suivie de l'apprentissage en fonction des
différentes lois qui émanent du ministère du Travail.
Dans le cas des autres, c'est totalement nouveau, dans le cas des
menuisiers, par exemple, des entreprises de construction, quand on pense
à Atlas Construction ou quand on pense à une entreprise
quelconque, Zarolega, par exemple, on peut penser qu'il ne s'agit pas
nécessairement de corps de métiers. Mais quand on regarde le
nombre, cependant, de personnes qui sont dans cette nature, on est
obligé de penser qu'il s'agit du prolongement naturel d'un
système de qualification établi sous l'autorité et
l'égide du ministère du Travail et qui n'est que
complémentaire, en définitive, au point de vue de la
qualification technique et administrative pour entreprendre.
La plupart des gens sont d'abord et avant tout des travailleurs de la
construction. L'immense majorité des entreprises de construction, s'il y
en a 20,000, sont d'abord et avant tout des travailleurs de la construction
qualifiés en vertu du système de qualification professionnelle et
de la main-d'oeuvre dans la province de Québec, le règlement no
I. Il m'apparaîtrait, à ce moment du moins, difficile d'accepter
au nom de ces travailleurs qui ont une tendance à vouloir aussi
être protégés, malgré le fait qu'on pense à
protéger le consommateur, il y a ici une protection de
réciprocité, c'est-à-dire qu'on veut se protéger
comme industrie contre la venue des aventuriers. La plupart des gens, comme je
le répète, sont qualifiés d'abord et avant tout comme
menuisiers, comme corps de métiers. Pour eux, il s'agit d'un
prolongement naturel; le premier relève encore du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Si on l'assimile si bien aujourd'hui à un problème de
protection du consommateur, on peut penser que le rapport Cliche lui-même
le fait, mais surtout en fonction de la stabilité de l'employeur comme
tel et en fonction des autres processus que le rapport Cliche mentionne. Le
rapport Cliche l'envoie au ministère des Institutions
financières, je n'ai réellement pas vu pourquoi, peut-être
que vous l'avez vu, vous autres, pourquoi. Par ailleurs, comme il a
été conçu par le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, je le vois comme un prolongement naturel du bill 49, qui est
particulièrement appliqué à l'industrie de la
construction, c'est d'ailleurs comme cela qu'il avait été
conçu, si vous vous souvenez, M. le député de Johnson.
C'était la trilogie, vous aviez le bill 290, le bill 49 et le bill 51;
c'est dans la construction en particulier que le bill 49 a reçu sa
totale application, et très peu dans la qualification professionnelle en
dehors de la construction, sauf pour le règlement no 2, qui touche les
métiers de construction, mais qui sont dans l'industrie.
Or, je vois très mal que ce prolongement naturel tombe sous
l'autorité d'un autre ministre, parce qu'on devient employeur.
M. Bellemare (Johnson): C'est là qu'on aurait eu
l'avantage de les questionner, si les membres
de la commission étaient venus, sur le pourquoi de leurs
recommandations. Cela nous embête royalement, aujourd'hui...
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez! Ils nous l'auraient dit,
pourquoi, eux, ils l'ont mis là, dans la recommandation. Vous, vous nous
dites que c'est en vertu de l'application de la trilogie de...
M. Cournoyer: C'est ma théorie. Ce n'est pas un rejet
d'emblée de la proposition du député de Maisonneuve. Je
dis que, à ce moment-ci, la première partie relevant du
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, je vois très peu
comment je pouvais faire relever la deuxième partie d'un autre ministre
que le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre. Si on personnalisait le
problème, si on disait: C'est à cause de ce ministre. C'est
celui-là qu'on ne veut pas, c'est à cause de lui...
M. Burns: Non, je veux dire...
M. Cournoyer: Mais, si c'était cela, je trouve que ce
n'est pas la façon de faire des lois.
M. Burns: On pourrait repartir longtemps là-dessus, mais
là, je pense que je sortirais complètement du cadre de...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ... l'adoption d'une loi. Ce n'est pas à cause
de ce ministre, c'est à cause du ministre du Travail, quelle que soit la
personne qui occupe la fonction.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: C'est dans ce sens que je fais ma motion.
M. Cournoyer: Oui, mais je remarque... Oui?
M. Burns: Moi, je remarque une chose. Je ne sais pas si je vous
ai mal interprété en deuxième lecture, mais j'avais
compris que le ministre du Travail ne s'objectait pas même à
considérer la possibilité de remettre cela au ministère
des Institutions financières, surtout... C'est là-dessus que je
comprends difficilement votre argument principal qui est de dire: En principe,
je ne suis pas contre, éventuellement. Mais, dans le moment,
immédiatement, il me semble que c'est à nous de mettre cela en
vigueur, alors qu'on crée une Régie des entreprises de la
construction par cette loi. On l'institue par l'article 5.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: On met en place les nouvelles structures et il me
semble que c'est peut-être l'époque rêvée pour dire:
Cette structure, il me semble qu'elle devrait normalement relever de tel ou tel
ministère et de poser le geste en consé- quence, dès le
moment de l'adoption de la loi. C'est un peu cela qui est mon
étonnement. D'une part, il semble que vous ayez fait volte-face depuis
votre discours de deuxième lecture.
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas cela. Vous parlez du
ministère des Institutions financières. Moi, je dis: C'est au
ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre. J'insiste sur le mot
"main-d'oeuvre" au bout. Quand je dis: "A ce moment-ci, je suis responsable de
la formation professionnelle de la main-d'oeuvre", il est fort possible que
dans cela, nous ayons l'obligation, comme ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre, de faire de la formation d'entrepreneurs, c'est-à-dire
comme on fait d'ailleurs, avec cause. On finance des projets, chez le patronat,
par exemple, depuis déjà sept ou huit ans, en vertu des
programmes de formation professionnelle qui relèvent du ministre de la
Main-d'oeuvre, pour la qualification professionnelle des entrepreneurs de
construction. Il n'y en a pas jusqu'ici. Je parle de sécurité,
par exemple.
La sécurité va encore relever du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas pris
une décision d'envoyer la sécurité ailleurs.
Or, les cours de sécurité qui peuvent devenir obligatoires
doivent être faits en fonction des politiques générales du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et non pas pour autre chose
que pour la sécurité des travailleurs.
Il y a donc, intimement reliée à ce moment-ci à la
partie de la main-d'oeuvre, pas à la partie du travail proprement dite,
à la partie de la main-d'oeuvre du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, une préoccupation de qualification des individus qui
sont, d'abord et avant tout, pas nécessairement des compagnies
enregistrées ou des compagnies constituées en vertu de la Loi des
compagnies. Ce sont des individus qui deviennent du jour au lendemain
entrepreneurs et, pour devenir entrepreneur, il faudra avoir des qualifications
techniques. On en parle dedans. C'est cela qu'on demande, un examen de
qualification technique, mais il est possible que le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre soit appelé à participer au
programme de formation technique de ceux qui veulent devenir entrepreneurs.
Donc, la section de la main-d'oeuvre du ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre aura, nécessairement, à cause de la nature de
ses préoccupations et à cause de la nature de la clientèle
qui est là et qui peut vouloir devenir entrepreneur... Surtout, si
c'étaient des clients, comme j'ai parlé tantôt, d'Atlas
Construction les grosses compagnies il y en a 185 dans la
province de Québec... Le reste ce sont des petits employeurs. C'est un
peu pour cela, la mobilité qu'on y retrouve, mais quand on va donner des
cours de formation professionnelle, cela sera en fonction de l'existence de
cette loi et en fonction d'une meilleure approche à cette loi, parce
qu'on ne veut pas empêcher, par cette loi, les gens d'être
entrepreneurs.
On veut permettre à ceux qui sont qualifiés
techniquement de l'être et il est possible que nous en arrivions
à la conclusion que la formation professionnelle, sous la direction de
la main-d'oeuvre, ait un mot à dire dans la formation technique de ceux
qui veulent devenir entrepreneurs.
Alors, si je lâche la juridiction, non pas comme ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, mais que j'envoie cela au ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, la seule
préoccupation du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, naturellement, est de protéger le
public et ici, il faut protéger non seulement le public, mais l'individu
dans son droit d'obtenir, à cause de ses qualifications techniques, une
licence d'entrepreneur et surtout dans son droit d'avoir la formation technique
pour obtenir la licence d'entrepreneur.
Quand j'ai dit "à ce moment-ci", je parle du fait que cela
relève encore du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et
si, par hasard, dans un an ou dans deux ans, on en arrivait à la
conclusion de créer un ministère des ressources humaines et si ce
dernier absorbait toute la section de la main-d'oeuvre du ministère...
Ce n'est pas une annonce que je fais, mais ce sont des choses qui se
discutent.
Dans le rapport Cliche, il y a au moins une remarque à cet effet,
c'est-à-dire tous les procédés de formation, le terminus
étant l'émission d'une licence comme nous le faisons actuellement
dans le cas des électriciens et des plombiers, en particulier, il me
semble, qu'à cause des programmes de formation, à cause de
l'intérêt immédiat que le ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre a dans l'évolution des cadres et surtout la formation
technique de ces gens.
Je dis: A ce moment-ci, cela serait onéreux de le
transférer au ministère des Institutions financières parce
que ce ne serait peut-être pas le bon ministère. Remarquez que si
les professions relevaient du ministère des Institutions
financières, cela serait une autre chose, mais l'organisation des
professions relève du Conseil exécutif. Pourquoi est-ce qu'on a
choisi, à un moment donné, le Conseil exécutif
plutôt que le ministère des Institutions financières? C'est
une question qui a dû être débattue lorsqu'on a
étudié ce bill, mais il y a certainement l'autre
dimension....
M. Burns: C'était principalement pour souligner que la
réglementation du code des professions ne pouvait pas se coller à
un ministère en particulier, de sorte qu'on l'a envoyé à
l'exécutif en nommant un ministre d'Etat responsable.
M. Cournoyer: C'était la seule raison. M. Burns:
C'était la seule raison.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre peut me dire si
c'est la régie, comme dit la loi, qui va assurer la qualification
professionnelle des entrepreneurs? C'est la régie elle-même qui va
le faire. Ce ne sera plus le service de la main-d'oeuvre.
M. Cournoyer: Non. La formation, par exemple, ne relèvera
pas de la régie. Elle va émettre des licences, elle va calculer
si les gens peuvent passer leurs examens.
M. Bellemare (Johnson): Les cours dont vous parlez, de
qualification professionnelle des entrepreneurs en construction, vont
être donnés par la régie, sous l'autorité de la
régie.
M. Cournoyer: Non. Sous l'autorité des services de la
main-d'oeuvre du ministère du travail et de la Main-d'Oeuvre. Cela ne
veut pas dire que la régie ne demandera pas de cours de cette nature. Si
la régie dit: On va calculer un terminus. Le terminus, c'est
celui-là. La régie va être obligée, probablement, en
collaboration avec le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre,
d'aller chercher l'argent où il se trouve et c'est au ministère
du Travail et de la Main-d'oeuvre qu'il se trouve pour la formation
professionnelle. C'est bien sûr que la régie peut donner des
cours. Personne ne va l'empêcher d'en donner. Elle va avoir le droit d'en
donner, mais lorsqu'elle a besoin d'un financement, cela doit cadrer avec les
politiques générales de formation de la main-d'oeuvre du
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, même si certains
pourraient dire qu'on n'a pas de politique.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre n'a pas changé
d'idée depuis 1962. Ce n'est pas seulement depuis hier.
M. Cournoyer: Non. C'est-à-dire...
M. Bellemare (Johnson): En 1962, il professait exactement le
même système et répétait la même chose au nom
de l'association du "builder exchange".
M. Cournoyer: La Fédération de l'industrie de la
construction.
M. Bellemare (Johnson): Oui, vous disiez la même chose.
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas faire un
débat toute la matinée là-dessus. Il semble bien
évident que mon amendement ne sera pas adopté. Est-ce que j'ai
une bonne intuition?
M. Cournoyer: Vous avez une bonne intuition.
M. Burns: Alors, amendement rejeté sur division.
M. Bellemare (Johnson): ...sur cela, sur la délivrance,
sur la formation.
Le Président (M. Séguin): Article 1e)
adopté? M. Bellemare (Johnson): Article I, non. Il y a...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît. Article 1e), amendement proposé et rejeté sur
division. L'article I e) tel que conçu est adopté. Article
I f)? Adopté. Article I g)? Adopté. Article I h)?
M. Bellemare (Johnson): Au paragraphe h), M. le Président,
la commission Cliche disait, à sa recommandation no 51, que soient
regroupées, sous la juridiction d'une instance
spécialisée, appelée tribunal de la construction... Est-ce
le désir, le voeu du ministre d'établir cette instance
spécialisée au tribunal du travail et particulièrement
d'organiser ce tribunal de la construction? Je pense que c'est longuement
explicité par les commissaires que ce serait une instance
véritablement souhaitable que celle-ci soit ajoutée au tribunal
du travail.
M. Cournoyer: D'emblée, je ne peux rejeter cette
possibilité. Je reste convaincu que les décisions de cette nature
doivent faire l'objet de discussions avec le ministre de la Justice dans le
contexte de son livre blanc sur l'administration de la justice au
Québec. Le tribunal du travail, actuellement, comme vous l'avez
formé à l'époque, a une juridiction extrêmement
limitée. Là, on ajoute une juridiction, en appel au moins, dans
le cas des licences d'entrepreneurs, mais quand on y ajoute une juridiction, il
est possible que son utilisation par certains juges du tribunal du travail les
spécialise en soi dans le domaine de la construction.
Est-ce qu'on doit pour autant créer un tribunal de la
construction, quand on peut se poser un certain nombre de questions quant
à l'utilisation du tribunal du travail tel que conçu
actuellement? Il s'agit de lois qui sont... Bien sûr, cette loi n'est pas
nécessairement une loi de relations de travail, mais elle a une
incidence dans les relations de travail à cause de la permanence de
l'employeur qu'on recherche ici. Il me semble qu'avant de dire au tribunal du
travail: Vous allez vous diviser en deux, vous allez vous spécialiser
davantage ils sont déjà spécialisés, au
tribunal du travail il faudrait voir jusqu'à quel point le
tribunal du travail est occupé actuellement avec la juridiction
très restreinte qu'il a. En ajoutant des juridictions au tribunal du
travail tel qu'il est aujourd'hui, nous nous dirigerons très
certainement vers des divisions à l'intérieur du tribunal du
travail qui vont se faire naturellement avant même que la loi dise qu'il
y a un tribunal de la construction. On va avoir d'autres lois à adopter,
on va essayer d'en donner davantage au tribunal du travail à cause de la
nature spécifique du tribunal du travail, mais que, par la suite, on
soit tenu, en le regardant avec le ministère de la Justice, de diviser
le tribunal du travail en deux et de dire: "II va y avoir un tribunal de la
construction et un tribunal ordinaire", on décidera à ce moment.
Pour l'instant, je vois mal, du revers de la main, qu'on dise que le tribunal
du travail doit être remplacé par un tribunal de la construction
ou doit se diviser en deux.
M. Bellemare (Johnson): Je ne pense pas à faire
disparaître le tribunal du travail. Au contraire, il rend de grands
services et il y a à sa tête, il y a comme juges dans ce tribunal
du travail des hommes extrêmement compétents qui ont fait toute
leur carrière et toute leur vie dans le droit ouvrier. Je pense que la
commission Cliche, en recommandant à 51 d'avoir une instance
particulière pour la construction, avait aussi prévu ce qu'on
appelle la présomption de culpabilité. Elle aurait pu, là
aussi, quand elle l'a défendue dans le bill 30, trouver son application.
Pas seulement pour cette loi, mais particulièrement aussi sur la
présomption de culpabilité. Mais comme c'est une loi
adoptée, je n'ai pas le droit d'y revenir. Mais je signale en passant
que cette instance particulière du ministère du Travail aurait pu
se faire facilement, parce que vous avez, dans la composition du tribunal du
travail, des hommes d'une grande compétence au point de vue du domaine
de la construction. Je n'ai pas besoin de vous nommer le juge en chef qui
connaît de A à Z tout le domaine.
M. Cournoyer: Pas particulièrement, pas
nécessairement du domaine de la construction.
M. Bellemare (Johnson): Le juge en chef, après avoir
été pendant des années à la CSN, a une
expérience qui est valable en construction.
M. Cournoyer: J'en doute un peu.
M. Burns: Je ne vous en parlerai pas, c'est mon ancien
patron.
Une Voix: Compétent!
M. Bellemare (Johnson): D'accord, adopté, M. le
Président, en effaçant encore une recommandation du tribunal de
l'enquête Cliche.
Le Président (M. Séguin): Article 1, tel
qu'amendé, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Article
2.
M. Burns: Je suis prêt à l'adopter, M. le
Président. On verra des dispositions transitoires quand on y arrivera,
à la fin.
Le Président (M. Séguin): Article 2,
adopté?
M. Bellemare (Johnson): La version réimprimée
reprend beaucoup des articles de 51. Je le fais remarquer.
M. Harvey (Charlesbourg): On l'améliore.
M. Bellemare (Johnson): Non, non. Reprend. Je n'ai pas dit
améliore; reprend.
M. Burns: M. le Président, est-ce qu'on assiste à
un concours de beauté entre le député de Johnson et le
député de Robert-Baldwin?
M. Bellemare (Johnson): De popularité?
M. Burns: De beauté.
M. Bellemare (Johnson): De beauté! Ah non!
M. Bédard (Montmorency): Ces années-là sont
passées pour le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Pour moi, oui.
Le Président (M. Séguin): En attendant, l'article
2, adopté?
M. Bellemare (Johnson): Oui, II faut bien dire ce que j'ai fait
de bien, au moins.
M. Burns: Oui, vous en avez fait des bonnes choses. Je vous le
dis souvent.
Le Président (M. Séguin): Article 3?
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi la version
réimprimée a-t-elle éliminé "toute consultation
préalable avec la régie?"
Vous avez le lieutenant-gouverneur en conseil dans la première
version "après consultation de la régie". Aujourd'hui, on l'a
fait disparaître dans le nouvel article 3.
M. Cournoyer: Le gouvernement...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est pour protéger les
régions rurales?
M. Cournoyer: Ce n'est pas nécessairement pour les
protéger, mais cela peut avoir cet effet. Cela n'empêche pas le
gouvernement de consulter la régie, mais cela ne l'oblige pas à
le faire.
Quand le gouvernement s'astreint à de trop nombreuses
consultations, il n'agit pas. Le retrait de cette obligation que le
lieutenant-gouverneur se faisait ici, dans le premier projet, vient du fait que
le gouvernement ne veut pas s'astreindre à être obligé de
faire une consultation lorsqu'il juge approprié d'exclure des
municipalités de 5,000 âmes ou moins.
M. Burns: M. le Président, mes remarques sur l'article 3
vont un peu plus loin que cela. Je me demande véritablement quel peut
être le bien-fondé d'exclure certaines catégories de
travaux, que le lieutenant-gouverneur indique, de l'application de la loi,
même si on restreint cela au territoire des municipalités de 5,000
âmes ou moins.
J'aimerais cela que le ministre défende devant nous le
bien-fondé d'un tel article.
M. Cournoyer: Nous avons eu longtemps c'est pour cela que
c'est un pouvoir et non une exclusion spécifique, si cela n'existe pas
encore dans la loi des électriciens dans la loi des
mécaniciens en tuyauterie, l'exclusion des municipalités en
deçà d'un certain nombre d'âmes. Strictement à cause
du fait que, souvent, il n'y a même pas d'entrepreneur dans ce
coin-là.
Quand il y en a un qui fait de l'entreprise de construction, au titre de
la qualification professionnelle, par exemple, c'est dans ces endroits que nous
avons eu le plus de problèmes, surtout pour les infractions techniques
à la loi, parce que les gens ne peuvent pas être qualifiés,
mais font quand même des travaux. Les gens ne sont pas obligés de
prendre un entrepreneur.
Je m'explique là-dessus. Vous avez des endroits comme Roberval,
mais un peu plus loin, dans de petites municipalités, où il y a
un "jack-of-all-trades" il fait n'importe quoi. C'est un gars qui s'est
formé lui-même habituellement. C'était un fermier, il
répare les automobiles, il a une certaine capacité technique,
mais il ne pourrait pas subir d'examens, si on se comprend bien.
Les gens de la région n'ont pas besoin qu'il subisse des examens.
Ils ont confiance en lui. Quand il s'agit de réparer un robinet, il va
réparer le robinet. Ce n'est pas un plombier.
On va insister, nous, de notre côté, à cause du
règlement no 1, pour que cette personne ait un certificat de
qualification de plombier, Comme il ne peut pas l'avoir, on empêche cet
individu de travailler alors que les gens le trouvent compétent. Mais,
techniquement, on oblige donc les gens à aller chercher un entrepreneur
dans une autre ville pour de petits travaux de cette nature.
Comme les travaux couverts par la Loi des licences d'entrepreneurs sont
assez vastes, c'est-à-dire qu'ils touchent à peu près
à tout, ces gens n'auraient probablement pas on ne peut pas
déterminer dans quel cas aujourd'hui la capacité de vivre
comme entrepreneurs seulement. Ils font de ces travaux que d'autres
entrepreneurs d'autres municipalités ne sont pas
intéressés à aller faire dans cette municipalité.
Il s'agit de faire une loi qui ait, dans ce cas particulier d'exclusion,
suffisamment de souplesse pour éviter qu'il n'y ait que des infractions
techniques à cette loi, pour qu'on ne retrouve pas le pauvre individu
avec des amendes de $200 pour absolument rien, qui n'empêche personne de
travailler et alors que tout le monde est satisfait de son travail à
cause de la nature du travail qu'on lui demande.
Quand on parle de catégories de travaux ici, on pourrait exclure
admettons-le, ce n'est pas nécessairement cela qu'on va faire
les gars qui entreprennent des réparations, les gars qui vont
refaire une galerie, par exemple. Ce ne sont pas des entrepreneurs; ils
seraient des entrepreneurs techniquement, mais il n'y a pas d'entrepreneur dans
cette municipalité. L'exemple que nous avons est probablement
très mal choisi, dans le cas de la plomberie, parce que la santé
publique est impliquée là-dedans. Peut-être qu'on pourrait
aller jusqu'au bout et dire: Tout le monde doit être qualifié dans
la province de Québec. Nous, nous gardons le pouvoir d'exclure des
catégories de travaux, non pas tous les travaux, mais des
catégories de travaux dans les municipalités de 5,000 âmes
et moins, parce qu'on croit qu'il y a lieu de penser, un jour ou l'autre, qu'il
y a des situations que la loi ne peut pas prévoir, qui seraient cause de
préjudices plutôt que cause d'aide. Or, cette loi est
censée aider les gens.
M. Burns: Si je suis votre raisonnement, M. le ministre, je me
demande pourquoi vous n'y allez pas carrément dans la loi en les
excluant et en nommant les catégories de travaux. Ce que je crains,
toutes les fois que je vois...
M. Bellemare (Johnson): La loi d'exception.
M. Burns: ... un texte comme celui-là qui s'attaque quand
même, il faut bien se le dire, à un élément
fondamental de cette loi, c'est-à-dire à des catégories de
travaux régis par la loi ou non le lieutenant-gouverneur en
conseil a beau être bien beau, bien fin et bien "smart" c'est
qu'il puisse possiblement agir de façon discriminatoire, sans que le
Parlement puisse vérifier ses gestes. Je veux dire qu'il n'y a rien,
à moins que j'aie mal lu le projet de loi 33, qui oblige le
lieutenant-gouverneur en conseil à soumettre à une commission
parlementaire la réglementation qu'il voudrait mettre en vigueur, en
vertu des pouvoirs prévus dans cette loi.
Je crains toujours, lorsqu'on s'attaque à l'objet même de
la loi, qu'on donne cette discrétion au lieutenant-gouverneur en
conseil. A ce moment, le raisonnement du ministre me satisfaisait. C'est un
fait. Personnellement, je suis bien placé pour le savoir. J'habite
l'été, une petite municipalité où, justement, il y
a des "jacks-of-all-trades" qui font, comme le ministre le mentionnait, des
travaux. J'ai eu l'occasion d'en embaucher moi-même. Mais je pense, M. le
Président, qu'à partir du moment où on laisse cette
discrétion d'exclure ou non les travaux et d'exclure certaines
catégories par rapport à d'autres, dans des territoires de
municipalités de 5,000 âmes ou moins et que le Parlement qui
adopte cette loi, qui se prononce sur le fond, sur le principe de la loi, n'a
pas de chance, n'a pas la possibilité de vérifier le
bien-fondé du geste posé par le lieutenant-gouverneur en conseil,
personnellement, je m'oppose un peu à cette façon de
légiférer. J'admets bien qu'il est fort probable qu'il soit
nécessaire au lieutenant-gouverneur en conseil d'avoir des pouvoirs de
réglementation, je ne le nie pas, c'est la technique moderne, c'est une
façon moderne de légiférer. Je suis entièrement
d'accord. Mais quand cette réglementation, ce pouvoir de
réglementation s'attaque au principe même de la loi et à
l'application du fond de la loi, j'ai de très sérieuses
réticences.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais
appuyer le député de Maisonneuve et ajouter que si le ministre,
dans une loi comme celle que nous étudions ce matin, permet certaines
exceptions, au moins il devrait se servir de la Gazette officielle pour nous
mettre au courant de ces exceptions, des cas qui seront exclus...
M. Burns: Avant de le faire.
M. Bellemare (Johnson): ... avant de le faire. Que ce soit
publié dans la Gazette officielle, au moins, pour prévenir ceux
qui auront à subir ces exclusions. Je pense qu'on devrait
inscrire...
M. Cournoyer: D'accord. Ce n'est pas mon intention de jouer dans
le catimini et surtout d'utiliser un pouvoir abusif ici ou qui pourrait
être jugé comme abusif.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais...
M. Cournoyer: Je vais poser des questions à mes officiers
ici, mais je vais vous suggérer dans le courant de l'après-midi
un amendement qui va vous satisfaire et satisfaire votre conscience de
législateur et la mienne en même temps, cela va être
parfait. Je n'ai pas de problème là-dessus.
M. Burns: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): Si c'est publié dans la Gazette
officielle...
M. Cournoyer: Question d'avis, je n'ai pas de
problème.
M. Bellemare (Johnson): ... les avis sont donnés.
M. Cournoyer: Pour au moins que quelqu'un puisse poser des
questions en Chambre avant que le geste ne soit posé, même si je
n'irai pas à la commission parlementaire.
M. Burns: Peut-être pourriez-vous, M. le ministre, suivre
l'exemple de celui dont on parlait tout à l'heure, du ministre des
Institutions financières. Quand il change une réglementation en
matière de protection du consommateur, la soumet avant sa mise en
application, et ceci en vertu de la loi 45, la Loi de protection du
consommateur, qui a été adoptée il y a deux ou trois ans,
soumet cette réglementation à la commission parlementaire
concernée avant la mise en application du règlement. Il me semble
que ce serait au moins une façon de protéger ce droit fondamental
dans la loi d'exclure ou de ne pas exclure telle ou telle catégorie de
travaux.
M. Cournoyer: On va regarder la loi 45 cet après-midi et
comme je vous l'ai dit tantôt, c'est une précaution que je
considère à propos d'y inclure, je ne dis pas à une
commission parlementaire, mais je vais regarder la loi 45 cet
après-midi.
M. Pilote: M. le Président, je m'excuse auprès de
mes collègues sur cette savante discussion entre le ministre et
l'Opposition, est-ce que vous me permettrez une directive? Est-ce que je puis
saluer la venue du club de l'Age d'or d'Alma en votre nom, au nom des membres
de la commission et en mon nom personnel?
Le Président (M. Séguin): C'est déjà
fait.
M. Burns: Vous n'avez pas le droit de le faire, mais vous avez
bien fait de le faire. On suspend l'article 3?
M. Cournoyer: Oui, mais je veux seulement regarder l'article 60
qu'on vient de me signaler.
M. Burns: Pour une réponse à notre
problème?
Une Voix: Oui, c'est l'article 60.
M. Bellemare (Johnson): Tout règlement, avant d'être
approuvé, doit être précédé d'un projet
publié dans la Gazette officielle du Québec. C'est un
règlement de la régie, cela?
M. Cournoyer: Non, c'est un règlement...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas un ordre en conseil.
M. Burns: Parce qu'un règlement définit...
M. Bellemare (Johnson): Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
exclure, ce n'est pas pareil.
M. Cournoyer: On m'a dit que...
M. Burns: Le nouveau règlement est défini comme
étant un règlement de la régie.
Le Président (M. Séguin): Articles 3 et 4
suspendus.
M. Cournoyer: Suspendez donc cela.
Le Président (M. Séguin): Article 4a),
adopté.
M. Burns: Adopté quant à moi.
Le Président (M. Séguin): Article 4b),
adopté?
M. Lachance: A l'article 4b), il y a un amendement.
Le Président (M. Séguin): Oui, en nous
référant à la feuille qu'on a distribuée tout
à l'heure, article b), un amendement est proposé: Aux travaux
d'entretien et de réparation de bâtiments ou d'ouvrages de
génie civil exécutés par des salariés qui font
habituellement des travaux d'entretien de bâtiments ou d'ouvrages de
génie civil ou qui travaillent à la production dans un
établissement embauchés directement par un employeur autre qu'un
entrepreneur. C'est cet amendement qui est suggéré pour remplacer
l'article 4b) tel que proposé. Sur l'amendement.
M. Bellemare (Johnson): La loi 290 se limitait à certaines
clauses. Là, vous les...
M. Cournoyer: L'entrepreneur, oui.
M. Bellemare (Johnson): Vous définissez certains
termes.
M. Cournoyer: On précise davantage.
M. Burns: Seulement sur une question de texte, l'absence d'une
virgule après je m'excuse de gratter sur des virgules, mais c'est
bien important le mot "établissement" me laisse dans le doute
quant au fait que le mot "embauchés" vise les deux catégories,
c'est-à-dire les salariés qui font habituellement...
Le Président (M. Séguin): Allons-y pour la virgule,
M. le ministre.
M. Burns: Je ne sais pas, je ne suis pas...
M. Cournoyer: On me signale que, normalement, il aurait dû
y en avoir une.
Le Président (M. Séguin): Alors, la virgule en
question viendrait...
M. Burns: On va toujours bien adopter un amendement
aujourd'hui.
M. Bellemare (Johnson): C'est rare que c'est unanime.
M. Burns: Après "établissement".
Le Président (M. Séguin): D'ailleurs, c'est
là que la ligne finissait ici...
L'amendement est adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 4 c).
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, à
l'élément c), pour clarifier...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): ...parce que cela vise les
travaux municipaux: "Aux travaux de construction de canalisation d'eau".
Pourquoi n'ajouterions-nous pas "d'aqueducs"? On a le mot "d'égouts".
"De pavage", ajouter "de voirie, de trottoirs et autres travaux de même
nature, lorsqu'ils sont exécutés par des salariés des
communautés urbaines ou des municipalités". Il me semble que ce
serait plus complet.
M. Burns: De voirie...
M. Bédard (Montmorency): Quand je dis "de voirie", c'est
de sablage, gravelage, asphaltage.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que vous proposez
cela comme amendement?
M. Bédard (Montmorency): Oui. Je proposerais d'ajouter les
mots "d'aqueducs", les mots...
M. Bellemare (Johnson): La canalisation d'eau, cela veut dire
quoi?
M. Bédard (Montmorency): Normalement, en termes de
génie, canalisation d'eau, ce sont des fossés à ciel
ouvert, des rivières, si on veut. Ce n'est pas couvert par "d'aqueducs".
Avec "canalisation d'eau ou d'aqueducs", là, vous couvrez la partie
"tuyaux", si vous voulez, des travaux exécutés par les
municipalités. Ce serait plus complet et plus clair. "Voirie", c'est
encore pareil. C'est du gravelage,
sablage et asphaltage, même la pose de puisards. Mais, quand on
dit: 'Tous travaux de même nature", la pose de puisards serait couverte
dans l'élément "voirie".
Est-ce qu'il y aurait une objection...
M. Lachance:... de pavage...
M. Bédard (Montmorency): II y aurait les mots "d'aqueducs
et de voirie" à ajouter après "de pavage". Cela couvre tous les
travaux d'entretien d'une municipalité.
M. Burns: Je ne vois pas d'objection. Je pense que la partie
essentielle de cet article, c'est lorsque ces travaux sont
exécutés par les salariés des communautés urbaines,
régionales ou des municipalités.
M. Bédard (Montmorency): Ce serait plus clair.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection.
M. Lachance: "D'aqueducs, d'égouts, de pavage ou de
voirie".
M. Bédard (Montmorency): Je peux vous dire que dans les
municipalités la majorité des travaux d'entretien sont des
travaux d'aqueduc.
M. Bellemare (Johnson): Dans la loi no 290, troisièmement,
article 2, "aux travaux de construction de canalisation d'eau, d'égouts,
de pavage, de trottoirs et d'autres travaux du même genre
exécutés par les salariés des communautés urbaines,
régionales... C'est au texte de la loi no 290.
Si on veut que notre législation puisse avoir une certaine
corrélation, si on change, dans la loi, la différence qu'il y a
dans la loi no 290... Dans celle-ci, c'est spécifiquement ces
termes.
M. Bédard (Montmorency): Ce n'est que pour
compléter, M. le député de Johnson. Au lieu de parler de
canalisation d'eau, c'est une précision...
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais il n'y a pas eu de
problème avec la loi no 290 jusqu'à maintenant.
M. Burns: Ce que le député de Johnson
soulève, c'est dans le but de garder une certaine uniformité
à notre législation. Il suggère de garder...
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez jamais eu de problème
avec la loi no 290 et il est là dans la loi, depuis des
années.
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai pas été
porté à l'appliquer. Il a dû y en avoir, certainement
où il n'y a pas eu de problème...
L'argument que je vous apporte d'ajouter les mots "d'aqueducs" et "de
voirie", ce sont des travaux exécutés par les
municipalités. C'est plus clair, et c'est tout! On apportera un
amendement à la loi no 290. C'est le seul argument que vous
apportez.
Le Président (M. Séguin): Dans le moment, on
discuterait un amendement suggéré pour l'article 4 c).
M. Cournoyer: Ecoutez! Moi, j'ai eu à étudier ces
lois et à les faire avec le plus de cohésion possible. Lorsque
nous avons fait un amendement au paragraphe 4 b), c'est qu'on ne définit
pas, ici, l'employé permanent ou le salarié permanent dans le
cadre de la Loi des licences d'entrepreneurs, tandis qu'on le définit
dans la loi no 290. Ce que nous avons fait, en fait, c'est d'introduire la
définition de salarié permanent dans le corps de l'article 4 b).
Ce qui le rendra différent, nécessairement, du deuxième
paragraphe de l'article 2 de la Loi des relations de travail dans l'industrie
de la construction. Mais, la raison, on la sait. C'est-à-dire qu'on a
modifié cela parce qu'on n'a pas de définition de salarié
permanent dans la Loi des licences d'entrepreneurs. Donc, on a introduit dans
le corps, là ou on l'utilise, la définition qu'on y retrouve de
salarié permanent.
Dans le cas du troisièmement, il y est déjà
écrit, et je n'ai pas l'intention de le modifier. Je ne vois pas
pourquoi nous n'essaierions pas de garder la cohésion. S'il y a lieu de
le modifier ici, je pense bien qu'il y a plutôt lieu de le modifier
là, et si nous le modifions là, on le modifiera, par la suite,
ici. Mais, je ne vois pas comment on peut le modifier ici, quand il n'est pas
modifié là, et je ne vois pas pourquoi je devrais le modifier
là. Je n'aurais pas de raison de le modifier là, au moment
où je vous parle.
Si j'avais et si on avait des raisons de le faire, parfait! Mais, comme
on n'a pas de raisons de le faire, je ne vois pas pourquoi je le ferais.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais au point de vue de mise
en application, cela n'a apporté aucun problème?
M. Cournoyer: Non, mais ce qui est possible... Ici, remarquez
bien qu'il s'agit d'exclusions et les entrepreneurs et les salariés ont
une tendance à vouloir inclure. Alors, dans ce projet de loi qui est
devant vous, nous essayons d'être consistants avec l'autre. L'autre... Il
est possible que les gens devant nous viennent nous dire que les travaux de
voirie faits par des villes, cela ne se fait pas; c'est-à-dire que cela
doit se faire conformément à la présente loi parce que les
villes sont en concurrence directe dans la voirie "plane", mais pour le pavage,
d'une façon générale, qui est parfois de la
réparation par des municipalités, on dit que, si cela se fait
avec les salariés des municipalités, cela va se faire, mais en
fait, on peut vouloir dire que, dans le cas de la voirie, si cela se fait
même avec les employés des municipalités, cela doit
être fait conformément à la Loi des relations de travail
dans la construction; donc, par un entrepreneur.
M. Bédard (Montmorency): Si cela est fait par un
entrepreneur.
M. Cournoyer: C'est-à-dire qu'en fait, ici, on vient de
dire que cela n'a pas besoin d'être un entrepreneur pour faire cela.
M. Bédard (Montmorency): Très bien.
M. Cournoyer: Dans l'autre loi, on dit: L'employeur doit
s'astreindre aux lois des relations de travail dans l'industrie de la
construction, ce qui aide à obliger la municipalité à
faire affaires avec un entrepreneur, mais ici, nous l'excluons donc de
l'application générale en disant: Cela ne s'applique pas aux
travaux de construction. Et on doit le prendre le plus restrictivement
possible, compte tenu de la philosophie générale dont on vient de
parler.
M. Bellemare (Johnson): Adopté.
Le Président (M. Séguin): Un instant. La suggestion
proposée par le député de Montmorency n'est pas
acceptée.
M. Lachance: II la retire.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. Il la retire.
Je veux bien le spécifier ici. Alors, paragraphe c), tel que
rédigé, adopté? Paragraphe d). Adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe e). Nous
sommes toujours à l'article 4, paragraphe e). Adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Paragraphe
f).
M. Bellemare (Johnson): Vous changez la transmission de force
pour "...transport d'énergie..." Y a-t-il une raison bien
spécifique pour la définition dans les termes? Y a-t-il d'autres
compagnies? Est-ce que c'est pour couvrir d'autres compagnies, des petites
compagnies, comme, par exemple, l'Alcan? C'est cela, la réponse?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que, lorsqu'on parle des
entreprises de distribution d'électricité, c'est ce qu'on a voulu
parce qu'il y a un changement là aussi, "...transport
d'énergie...", on nous dit au comité de législation que
c'est l'expression qu'on doit utiliser pour l'énergie électrique
et c'est cette expression qu'on utilise.
M. Bellemare (Johnson): A l'article 6, on parle aussi de
transport de construction, de lignes de transport de force
exécuté par les salariés de la commission
hydroélectrique de Québec.
M. Cournoyer: Dans ce cas en particulier, nous avons voulu parler
des entreprises de distribution d'électricité parce qu'il y a
plusieurs personnes qui le font. Il n'y a pas qu'Hydro-Québec.
M. Bellemare (Johnson): Ce que j'ai pensé...
M. Cournoyer: Dans ce cas, nous excluions nommément
Hydro-Québec, mais nous n'ex- cluions pas les autres compagnies qui font
aussi de la distribution d'électricité.
M. Burns: Pour leurs fins personnelles. M. Bellemare
(Johnson): Pour l'Alcan?
M. Cournoyer: On ne les exclut pas pour leurs fins
personnelles.
M. Burns: Oui, mais à part Hydro-Québec, qui est-ce
qui en fait? C'est pour leurs fins personnelles?
M. Cournoyer: Oui, toujours.
M. Burns: C'est ce que je veux dire.
M. Cournoyer: Mais dans ce sens, c'est un peu la philosophie
générale ici. C'est pour leurs fins personnelles qu'ils le font.
Pour le mot "énergie", on m'a vendu l'idée que c'était
mieux que de dire les forces, transport de force...
M. Bédard (Montmorency): L'expression est certainement
meilleure.
M. Burns: Très bien.
Le Président (M. Séguin): Le paragraphe f).
Adopté. Le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): J'aurais un amendement à ajouter
après l'article 4 qui serait extrêmement important. Je vais vous
l'expliciter maintenant.
Dans le bill 51, on disait ceci, par exemple, qui devrait être,
à mon sens, étudié d'une manière
particulière...
Le Président (M. Séguin): Un instant! Est-ce que ce
que vous proposez s'ajouterait à...
M. Bellemare (Johnson): ... à l'article 4.
Le Président (M. Séguin): Alors, ce serait un autre
sous-article.
M. Bellemare (Johnson): Un autre sous-article.
Le Président (M. Séguin): D'accord, continuez.
M. Bellemare (Johnson): Qui porterait, par exemple, le no 5.
Le Président (M. Séguin): Parce que nous avions
adopté f). Alors, si vous proposez un amendement qui serait f)...
M. Bellemare (Johnson): Non, c'est un autre article qui
deviendrait l'article 5. Si je comprends bien, l'article 4 vient d'être
adopté.
Le Président (M. Séguin): Alors, c'est un article
qui deviendrait l'article 5.
M. Bellemare (Johnson): Qui deviendrait l'article 5.
Le Président (M. Séguin): Alors, cela n'a pas
rapport à cela. Donc, article 4 tel qu'amendé adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Et j'appelle l'article 5.
Le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, il n'y a rien
dans la présente loi pour empêcher, par exemple, les corporations
municipales d'édicter des règlements municipaux sur la
construction dans les limites territoriales et d'en surveiller l'application en
octroyant des permis de construire et en procédant à des
inspections périodiques. Je ne sais pas si le ministre a lu ces deux
articles 8 et 9 du bill 51, que je ne retrouve pas dans celui-là.
L'article 9 disait: Nonobstant l'article 8 et toute disposition
législative inconciliable, tout fonctionnaire municipal responsable de
la délivrance des permis de construire doit s'assurer que celui qui
exécutera des travaux détient une licence d'entrepreneur ou de
constructeur ou un permis exigible en vertu de la présente loi.
Je pense, M. le Président, que c'est un point fort important dans
nos municipalités. Il y a peut-être une raison pour laquelle vous
l'excluez aujourd'hui. Je serais bien heureux de savoir pourquoi, parce que,
dans les municipalités, on édicte des règlements sur la
construction et sur la manière de surveiller l'application en accordant
des permis qui sont des permis municipaux auxquels sont assujetties certaines
inspections périodiques. Il y a peut-être une raison qui a
motivé le législateur de ne pas répéter cette
clause qu'il y avait pour les municipalités de respecter leur
réglementation et d'avoir des inspecteurs qui verront à des
inspections périodiques et qui auront le droit de s'assurer qu'on
exécutera véritablement les travaux selon les plans et devis
déposés à la municipalité.
Dans les règlements municipaux, M. le Président, c'est le
propriétaire qui doit obtenir un permis et non pas un entrepreneur.
En vertu du code municipal, les pouvoirs donnés ont pour but
d'obliger le propriétaire à soumettre au préalable les
plans de construction, de reconstruction, de transformation ou d'addition
à des bâtiments, des projets de changement de destination, d'usage
d'un immeuble ou de déplacement d'un bâtiment à un
fonctionnaire ou à un employé de la municipalité
désigné à cette fin et obtenir de celui-ci un permis de
construction ou un certificat d'approbation.
Dans l'autre, M. le Président, dans le code municipal, il est
bien dit: obliger le propriétaire à soumettre au préalable
les plans de construction, de reconstruction, de transformation, d'addition
à des bâtiments, des projets de changement de destination ou
l'usage d'un immeuble ou le déplacement d'un bâtiment à un
officier désigné à cette fin et d'obtenir de celui-ci un
permis de construction ou un certificat d'approbation. C'est la loi, M. le
Président, c'est le code municipal à l'article 392-A.
M. Cournoyer: M. le Président, à l'article 8, je
n'ai pas d'objection, mais il me semble que cette loi-ci n'enlève aucun
droit à une municipalité qui détient ces droits en vertu
du code municipal. J'ai pensé que c'était une redondance de
marquer dans la présente loi qu'on n'empêche pas une
municipalité de faire ce qu'elle a le droit de faire et parfois
l'obligation de faire en vertu d'une autre loi. C'est seulement cela. C'est
l'article 8. A l'article 9...
M. Bellemare (Johnson): Si on veut...
M. Cournoyer: A l'article 9, je n'ai pas d'objection.
M. Bellemare (Johnson): Si on veut se retrouver un peu dans cette
loi, qui est une loi de base vis-à-vis des qualifications des
entrepreneurs, ce serait peut-être le bon endroit de le
répéter, même si c'est de la redondance, parce que cela
forme en somme un tout et je ne vois pas pourquoi on ne le retrouverait pas
là.
M. Cournoyer: Cela forme un tout, mais un tout qui, en fait, ici,
reconfirme un droit ou une obligation; cela peut aussi bien être une
obligation qu'une municipalité a de faire cela pour ses citoyens. Je ne
vois pas pourquoi je reconfirmerais cela quand je crée une régie.
La régie a le droit de faire des règlements dans les limites de
sa loi, cela n'enlève aucun droit ni aucune obligation à
quiconque qui est un tiers et qui n'est pas assujetti à cette loi.
M. Bellemare (Johnson): Regardez, dès le début,
quand il était question de ce bill 51, on se réfère
souvent à cela, le comité lui-même, après de longues
études qui ont duré trois ans, en est venu, après avoir
étudié le code municipal, à la décision, c'est dans
son rapport, d'ajouter cela. L'argument que vous me donnez, on l'avait
prévu. Le rapport du comité le dit bien, et parce que cette loi
va former un tout, il faudrait que cette redondance, comme vous dites si bien,
se retrouve dans cette loi. Le comité était unanime sur cette
recommandation particulière des articles 8 et 9 dans la loi 51. Il y a
eu des dissensions sur d'autres articles, mais, sur cela, il était
unanime à l'adjoindre, à l'imbriquer, à l'imprimer, non
pas à l'imprimer, à l'inclure dans le bill des qualifications des
entrepreneurs. Vous pouvez avoir, demain matin, plusieurs différends et
ce n'est pas tout le monde qui va recourir à la loi municipale et
à la loi sur les services publics.
M. Cournoyer: Je vais penser à l'article 8, je vais y
penser avant de vous dire non ou de vous
dire oui. Je vais voir quel effet cela a et pourquoi les légistes
n'ont pas remis ici ces articles. Je vous ai donné beaucoup plus une
argumentation de légiste que notre intention. Notre intention est de ne
rien empêcher, je pense qu'on n'empêche rien même en ne
mettant pas cette clause dans la loi.
M. Bellemare (Johnson): Je vous conseillerais aussi, M. le
ministre, sans vous obliger, de relire les conclusions tirées à
ce moment par le comité interministériel qui a prévu
l'adoption de cet amendement.
M. Cournoyer: Je vais y penser. Je ne vois pas d'objection
à introduire l'article 9 quelque part dans la loi, peut-être pas
là, parce que, même l'article 8, peut-être que ce n'est pas
là, peut-être que c'est un nouvel article, je n'ai pas d'objection
de toute façon à réintroduire l'article 9 du bill 51.
M. Bellemare (Johnson): Là, c'est sûr et certain
qu'une municipalité ne pourra sûrement pas, si elle respecte la
loi, délivrer un permis si le candidat n'a pas sa qualification
d'entrepreneur. C'est une chose qui n'est pas prévue dans la Loi des
cités et villes.
M. Cournoyer: Vous allez comprendre que je doive, avant de le
mettre, en discuter avec le ministre des Affaires municipales, parce que ce
sont des obligations additionnelles que l'on impose aux
municipalités.
M. Bellemare (Johnson): Non, non. Cela existe déjà
excepté pour la délivrance du permis. Cela est déjà
dans la Loi des cités et villes, article 392 a).
M. Cournoyer: Quand on oblige la municipalité à
vérifier la conformité du permis, il n'y a pas seulement le
permis, il y a la conformité du permis aussi. Là, on oblige une
municipalité à vérifier le permis et la conformité
du permis; cela, c'est mettre un peu de monde dans l'administration de la loi
et surtout mettre ces gens dans l'eau bouillante.
M. Bellemare (Johnson): Dans la Loi des cités et villes,
M. le Président, il est compris qu'il faut qu'elle surveille les
travaux.
M. Cournoyer: Ce qui veut dire... La ville émet des permis
en vertu d'un règlement municipal. Elle a donc à voir à
vérifier la conformité des travaux qui vont être entrepris
avec son règlement municipal. On se comprend? Dans le cas du permis ou
de la licence d'entrepreneur de vérifier cette licence, comme il y a des
catégories de licences, ce sont tous les fonctionnaires municipaux qui
vont se retrouver à vérifier la conformité de la licence
avec les travaux devant être entrepris.
M. Bellemare (Johnson): On fait une loi de base justement pour
protéger les qualifications de l'entrepreneur. Je pense que c'est bien
logique que si, dans une municipalité, un propriétaire demande un
permis et veut confier à un entrepreneur certains travaux, on lui
demande si son entrepreneur est qualifié comme entrepreneur.
M. Cournoyer: Le gars va lui montrer sa licence et ses
qualifications d'entrepreneur plombier. Il veut faire des travaux de
construction générale; il est qualifié comme entrepreneur,
il a un permis, et là, c'est peut-être ennuyeux de parler de
plomberie par rapport à l'entreprise générale. Ce sont des
comparaisons qui ne se tiennent pas.
Mais pour les autres catégories de permis, par exemple, qui
peuvent survenir par la suite, quand on va demander à tous les
fonctionnaires municipaux du Québec, qui émettent des permis en
vertu des règlements qu'ils connaissent bien, de vérifier si la
licence est conforme à un règlement passé par la
régie et d'être arrêtés dans leur travail, parce
qu'ils ne peuvent pas administrer, il va falloir qu'ils appellent la
régie de toute façon.
M. Bellemare (Johnson): Si on veut faire une loi, M. le
Président, qui ait véritablement un sens, il va falloir couvrir
presque tous les abcès. Pardon, les aspects.
Une Voix: C'est un bon lapsus.
M. Bellemare (Johnson): C'est un bon lapsus. Il y a des
abcès aussi. Je garde ma motion, M. le Président.
M. Cournoyer: Je ne vous dis pas non, je ne vous dis pas oui. Je
vais vérifier avec le ministre des Affaires municipales, pour voir si on
est capable de demander à tous les officiers en bâtiment de
vérifier cela.
Une fois qu'ils auront le pouvoir de vérifier, il y aura la
garantie de conformité à la loi qui sera assise là-dessus.
Il ne faut pas oublier cela.
A un moment donné, lorsque le gars va commencer à
construire, après avoir constaté que sa licence était
bonne pour faire ce genre de travaux, nous serons aux prises avec des
inspecteurs que nous ne contrôlerons pas, que la régie ne
contrôlera pas, et qui vont administrer la loi.
Quand ils administreront la loi, on va se retrouver avec des histoires
d'inspecteurs qui ne font pas leur travail comme il le faut et qui ne
relèvent pas de l'autorité de la régie.
En ceci, c'est un droit en même temps qu'on donne à la
municipalité de dire: Oui, ce permis est bon. Le gars qui va construire
avec le permis qui est conforme avec la licence émise va partir. Il n'y
aura pas de contrôle de la régie sur l'officier municipal.
Quand il va être parti, si ce n'est pas vrai, le gars va s'asseoir
sur le fait qu'il a pu avoir un permis de construire et que son permis de
construire lui a été consenti par l'officier qui avait le droit
de le lui consentir. En conséquence, la régie, qui arrivera par
la suite pour faire respecter sa loi, parce que l'inspecteur ne la respectait
pas, ne sera pas capable de faire respecter sa loi devant les tribunaux.
Les tribunaux vont dire: Ecoutez, il est parti, il
a demandé la permission de construire, on la lui a donnée.
L'officier municipal n'est pas responsable devant la régie. Qu'est-ce
que la régie va faire avec lui?
M. Bellemare (Johnson): Vous avez 100 entrepreneurs dans la
province de Québec qui font des travaux comme cela, dans les
municipalités, qui attendent que la régie viennent les
vérifier; vous allez avoir bien des lacunes.
M. Cournoyer: Ce n'est pas la question de vérification, M.
le député de Johnson. Je vous le dis, c'est le fait que,
lorsqu'il n'y a aucune autorité de la régie qui est là
pour voir à ce que le système de licences soit adéquat,
quand il n'y a aucune autorité sur les individus qui va vérifier
si le gars a bien sa licence...
S'il avait seulement une licence d'entrepreneur, c'est simple, on
dirait: As-tu ta licence?
M. Bellemare (Johnson): La municipalité est encore mieux
placée que bien d'autres pour vérifier ces choses-là.
M. Cournoyer: Justement. Elle est mieux placée que bien
d'autres pour dire: II a son permis. Une fois qu'il a son permis, même si
la régie venait par la suite dire que ce n'est pas le bon permis,
l'entrepreneur aura agi en fonction d'une permission qui lui avait
été consentie par la ville ou par la municipalité en
question.
Cette permission n'aura pas été conforme à ce que
la régie avait établi comme règlement. La régie n'a
aucun pouvoir sur la personne en question, sur l'officier municipal en
bâtiment. La régie n'en a pas.
M. Bellemare (Johnson): II y a des avantages. Prenez-le sur
l'autre côté, c'est sûr que vous allez avoir des
désavantages.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Juste un
instant, messieurs. Nous discutons une proposition d'amendement. Je n'ai pas de
copie de cet amendement.
Contrairement à ce que je viens de dire, je me rends compte que
j'ai...
M. Bellemare (Johnson): J'en avais proposé un, le
premier.
Le Président (M. Séguin): Merci. Je ne l'avais pas
vu. On discute quelque chose dont on a suggéré le retrait. Je
pense que ce serait inutile de continuer le débat sur cet amendement. Si
j'ai bien compris, ce que la commission voulait faire à ce moment-ci, et
avec le consentement du député de Johnson, c'est qu'il ne
présente pas son amendement à ce moment-ci, mais se
réserve le droit...
M. Bellemare (Johnson): Non, je laisse ma motion. Le ministre m'a
dit qu'on laissait la motion et qu'il l'étudierait. Cet
après-midi, il nous dira s'il va l'incorporer ailleurs dans la loi, ou
s'il va accepter l'amendement, tel quel.
C'est cela que j'ai compris du ministre. Je laisse mon amendement tel
quel et on continue.
Le Président (M. Séguin): L'amendement est
suspendu.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela. Suspendu.
Le Président (M. Séguin): D'accord. Il n'y a rien
que j'aime plus que la clarté.
M. Burns: Là, on arrive à l'article 5 pour
vrai?
Le Président (M. Séguin): Oui. Je rappelle
l'article 5.
Régie des entreprises de construction du
Québec
M. Burns: M. le Président, je veux juste faire remarquer
que le ministre s'est assagi dans sa réimpression...
M. Bellemare (Johnson): Ah oui!
M. Burns: ... je me demandais si le ministre se sentait une
obligation, parce qu'il est député de Robert Baldwin, de mettre
une traduction anglaise de la régie comme Quebec Construction
Enterprises Board, le tout étant je me suis aperçu que le
ministre l'avait vérifié en contravention de l'article 11
de la loi 22 qui dit que les organismes gouvernementaux sont
désignés par leur seule dénomination française. Je
vois que le ministre s'est assagi...
M. Bédard (Montmorency): Concordance.
M. Burns: ... qu'il s'est rendu compte qu'il faisait partie du
gouvernement du Québec en plus d'être le député de
Robert Baldwin.
Le Président (M. Séguin): Article 5,
adopté?
M. Burns: Adopté, dans sa nouvelle forme. Je suis
entièrement d'accord.
Le Président (M. Séguin): Article 6?
M. Bellemare (Johnson): A l'article 6, c'est là que je
reviens avec les cours de perfectionnement, les cours de qualification
professionnelle. "La Régie a pour fonction de surveiller les
activités des entrepreneurs de construction au Québec et,
notamment, de délivrer des licences prévues par la
présente loi", après avoir subi un certain nombre de cours de
qualification professionnelle, si je comprends bien. Cela va être...
M. Cournoyer: Une obligation?
M. Bellemare (Johnson): Non, mais je me demande si c'est
là que la régie va pouvoir détenir le pouvoir
d'édicter des règlements qui vont pourvoir à certains
cours de perfectionnement, de qualification...
M. Cournoyer: Le pouvoir de la régie est quelque part,
dans le corps de la loi, mais certainement pas à l'article 6.
M. Bellemare (Johnson): On ne le dit pas à l'article 48,
à l'article 48, pour les règlements.
M. Cournoyer: Le rôle de la régie, les pouvoirs de
réglementations sont énumérés à l'article
58, je pense. "La Régie peut édicter les règlements
pour..." On en reparlera là, si cela ne vous fait rien, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord, je n'y ai aucune
objection. Laissez-moi vérifier seulement une minute l'article 58.
L'article 58, oui, c'est cela. L'article 58: "La Régie peut
édicter des règlements... C'est cela, c'est correct. Il y en a
toute une série.
Le Président (M. Séguin): Article 6,
adopté?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
Le Président (M. Séguin): Article 7.
M. Bellemare (Johnson): II y a une chose, M. le Président.
A l'article avant, dans la première version, il était dit, on ne
l'a pas reproduit dans le texte de la réimpression: "La Régie est
une corporation au sens du code civil." On doit se référer au
code civil, je suppose, parce que, dans l'ancienne loi, on avait mis simplement
une phrase pour couvrir cet ancien article 7 qui n'a pas été
réimprimé. On avait dit: "L'Office est une corporation au sens du
code civil et il est investi des pouvoirs généraux d'une telle
corporation." Il y a peut-être de bonnes raisons de ne pas le reproduire
là. Dans la première version, on disait: "La Régie est une
corporation au sens civil et elle est investie des pouvoirs
généraux d'une telle corporation." On disait exactement la
même chose. Je ne sais pas pourquoi on ne l'a pas reproduit.
M. Cournoyer: C'est à cause de sa méthode de
financement.
M. Bellemare (Johnson): Sa méthode de financement?
M. Cournoyer: Oui, la méthode de financement de la
régie, c'est le fonds consolidé de la province, pour la
première année et, après cela, c'est à même
les budgets qui sont émis chaque année par le Parlement. C'est la
méthode de financement qu'on a. Avec une méthode de financement
comme celle-là, on ne peut pas donner les pouvoirs
généraux d'une corporation. C'est toujours avec des restrictions
budgétaires qui viennent des budgets qui sont votés par le
Parlement. "Les dépenses de la Régie sont payées
à l'article 134 ... à même le fonds consolidé
du revenu et, pour les exercices subséquents, à même les
deniers accordés annuellement à cette fin par la
Législature."
On m'a expliqué que si on donne les pouvoirs
généraux de dépenser, par exemple, comme corporation, nous
sommes placés dans la situation de permettre, dans une loi
générale, de dépenser autant qu'on veut, même si,
effectivement, on est obligé, comme Parlement, de voter des budgets
à la régie, chaque année.
M. Bellemare (Johnson): Dans un autre article, on va voir tout
à l'heure, que lorsqu'il va être question de budget, il faut que
ce soit soumis dans l'espace de trente jours, annuellement au ministre. On va
voir cela.
M. Cournoyer: Pour le mettre dans le budget général
du ministère, il faut une discussion à l'Assemblée
nationale. Ce n'est pas une corporation dans ce sens, ce n'est pas une
corporation au sens civil du mot.
M. Bellemare (Johnson): Très bien. Je n'ai aucune
objection.
Le Président (M. Séguin): Article 7,
adopté.
M. Bellemare (Johnson): Une minute, à l'article 7, on
change... Dans la ville de Québec ou dans la ville de Montréal,
on établit le siège à Québec ou à
Montréal.
M. Cournoyer: C'est l'une ou l'autre. C'est une nouvelle
technique depuis que je suis là. J'aimerais que ce soit à
Montréal, mais les gens du Conseil exécutif de la province
veulent tous que ce soit à Québec. Cela fait que...
M. Burns: Ne me dites pas que vous allez transférer votre
ministère à Québec, on va vous voir plus souvent à
la période des questions. Ce ne serait pas une mauvaise idée.
M. Cournoyer: Je n'ai pas encore l'intention de le faire. Le
ministère est toujours à Québec officiellement, c'est le
ministre qui n'est pas là.
M. Burns: Du moins, pour le temps qu'il vous reste à
être ministre.
M. Cournoyer: Le siège du gouvernement, m'a-t-on dit, est
à Québec.
M. Burns: Oui.
M. Bellemare (Johnson): A la Commission des accidents du
travail.
Le Président (M. Séguin): Article 7,
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 8?
M. Bellemare (Johnson): C'est la nomination des membres.
Le Président (M. Séguin): Vers midi et demi. Est-ce
que vous avez des amendements à l'article 8?
M. Bellemare (Johnson): A l'article 8, une minute. Il y a une
chose, c'est qu'en général, sur cet article, je me suis
posé certaines questions. Parce que, pour devenir membre de l'office, on
avait prévu, autrefois, certaines conditions: D'être citoyen
canadien, d'avoir au moins 20 ans, de résider au Québec depuis au
moins deux ans, avoir fait de l'industrie de la construction leur principale
occupation au cours des cinq dernières années, y avoir
occupé un poste et avoir une bonne réputation, une bonne
renommée. C'étaient des conditions sine qua non, qui ne sont pas
dans le bill. Je répète pour le ministre.
M. Cournoyer: Oui, j'ai entendu.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez entendu. Il y avait, pour
devenir membre, des conditions qui n'étaient pas draconiennes, mais
raisonnables, celles d'être citoyen canadien, d'avoir au moins 20 ans, de
résider dans le Québec depuis au moins deux ans et avoir fait ou
participé dans l'industrie de la construction, occupé un poste et
avoir été quelqu'un dans l'industrie de la construction, au moins
durant les cinq dernières années, y avoir acquis une excellente
renommée une bonne renommée au moins.
Je pense que ce sont des conditions qui devraient être
répétées et qui devraient être des conditions
essentielles pour la nomination d'un membre, quel qu'il soit, même parmi
les trois permanents, un vice-président, un président et un autre
membre, et parmi les cinq autres membres qui seront choisis pour trois ans, on
devrait prendre, au moins, cette base.
C'était à l'article 12...
M. Cournoyer: II faudrait probablement oublier "citoyen canadien"
pour ne pas avoir de problème avec le député de
Maisonneuve.
M. Bellemare (Johnson): Comment? L'article 11, c'était...
De Maisonneuve? Non.
M. Cournoyer: De toute façon, on va prendre des gars de
Québec. On a l'impression que, politiquement, ce serait ennuyant de
prendre un Américain.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que ma remarque s'applique
très sérieusement à ce projet.
M. Cournoyer: C'est mieux, mais, en fait, disons qu'en ne le
disant pas, on n'a pas ce débat. Cela sera Québécois ou
bien Canadien.
M. Bellemare (Johnson): II n'est pas nécessaire
d'être Québécois, M. le Président, mais de
résider au Québec depuis deux ans, c'est normal; avoir au moins
20 ans, c'est encore normal.
M. Cournoyer: Pourquoi pas un gars de 18 ans? Un gars de 18 ans
pourrait fort bien être dans la régie.
M. Bellemare (Johnson): Oui?
M. Cournoyer: Parce qu'il n'est pas "mature"?
M. Bellemare (Johnson): II n'a pas cinq ans dans le domaine de la
construction, un gars de 18 ans.
M. Cournoyer: Oui, c'est cela, mais quand on met des conditions
comme celles-là, on se restreint à des schèmes de
pensée qui veulent que, nécessairement, après cinq ans, on
soit meilleur que quand on commence. Ce n'est peut-être pas vrai. Cela
dépend de ce qu'on vient faire ici.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que cela s'applique au ministre,
aussi, cinq ans après?
M. Cournoyer: Non, mais après cinq ans d'expérience
comme ministre, j'ai encore les mêmes problèmes que vous aviez
après quatre ans.
M. Bellemare (Johnson): Parce que vous allez dire, M. le
Président, dans deux minutes, quand vous allez lire le texte: Les cinq
autres membres seront choisis parmi les plus représentatifs, et ceux qui
sont désignés par les personnes qui ont le plus
d'expérience. Bon! Alors, une chose certaine, c'est qu'on...
M. Cournoyer: Ce qu'on dit, c'est: Ils sont
désignés parmi les personnes proposées par les
associations d'entrepreneurs de l'industrie de la construction les plus
représentatives.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais des entrepreneurs
d'expérience.
M. Cournoyer: Oui, c'est pour faire... Il y a des demandes qui
nous sont faites pour changer cela, mais on sait ce qu'on veut dire par des
entrepreneurs d'expérience.
M. Bellemare (Johnson): C'est quoi, en somme?
M. Cournoyer: Un type qui a de l'expérience, peut avoir
acquis son expérience après un an, et il a fait autant de
contrats après un an que celui qui est là depuis cinq ans et qui
n'a fait qu'un seul contrat pendant cinq ans. Mais il n'a qu'une
expérience, ce gars.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas là qu'il va avoir une
bonne renommée.
M. Cournoyer: La question de renommée, entre vous et moi,
c'est quoi?
M. Bellemare (Johnson): La renommée, M. le
Président, voyons!
M. Cournoyer: La renommée comme entrepreneur?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: Moi, j'ai de la misère à vous
suivre, sur ce terrain en particulier. Les questions de renommée,
c'est tellement vague que...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: ...de toute façon, quand je voudrai nommer
quelqu'un, je vais dire: II a une bonne renommée?
M. Bellemare (Johnson): Le ministre comprend trop, M. le
Président. Il entend, mais il ne veut pas comprendre.
M. Cournoyer: Non, mais...
M. Bellemare (Johnson): II entend comme il faut.
M. Cournoyer: Vais-je prétendre, à un moment
donné, que la personne qu'on nomme là...
M. Bellemare (Johnson): C'est surtout lui qui sait ce que c'est,
parmi les entrepreneurs, quand il s'agit d'un entrepreneur, après avoir
occupé le poste qu'il a occupé pendant de nombreuses
années dans le patronat, il sait, quand je veux dire des entrepreneurs
d'une bonne renommée, quelle sorte de qualificatifs s'attachent à
cette expression.
M. Cournoyer: C'est parce que je me limite, M. le
député de Johnson, en faisant cela, ou je limite le gouvernement
ou l'appareil gouvernemental peut-être, aux seules entreprises qui sont
financées de l'extérieur, parce que ce sont elles qui sont
là depuis cinq ans. Il y a des gens qui ne sont pas là depuis
cinq ans. Pourquoi me limiter aux seules personnes qui ont la capacité
de le faire?
M. Bellemare (Johnson): Parmi les membres signataires du
décret, les associations signataires du décret, il y a plus
qu'une association qui pourrait être de membre de bonne renommée,
parce qu'au décret vous avez plusieurs associations. Vous avez cinq
associations qui sont parties contractantes et, parmi elles, je pense que vous
êtes capable de trouver des personnes qui ont au moins cinq ans de bonne
renommée, de bonne expérience.
M. Cournoyer: Cela dépend où. Si je parle
d'entrepreneurs, il est possible que je n'en trouve pas, mais si je parle de
Dion qui est là cela fait dix ans qu'il est là...
M. Bellemare (Johnson): Ah plus que cela!
M. Cournoyer: Théoret, cela fait au moins dix ans. Ces
gars ont de l'expérience, mais pas comme entrepreneurs. Ce sont des
représentants d'associations. Dans les autres, combien ont passé
chez vous? Remarquez que le "turnover" est là. Ce n'est pas moi qui l'ai
compté, le "turnover".
M. Bellemare (Johnson): II y a des professeurs comme Dion...
M. Cournoyer: II y a des élèves comme Dion...
M. Bellemare (Johnson): II y a des élèves qui
dépassent les maîtres.
M. Cournoyer: Comme Dion, bien sûr, il dépasse le
maître tout le temps.
M. Bellemare (Johnson): Oui, cela fait longtemps que je le
connais. Théoret aussi. Alors, vous ne voulez absolument pas...
M. Burns: Cela n'a pas l'air à être parti pour
cela.
M. Bédard (Montmorency): Les arguments n'étaient
pas solides.
M. Bellemare (Johnson): ... mes arguments retirés pour moi
personnellement.
Le Président (M. Séguin): Ils sont bien
enregistrés. Article 8. Adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Article
9.
M. Bellemare (Johnson): A l'article 9, il y a un argument de
base. Pourquoi enlever le droit de vote aux cinq membres comme incapables de
porter un jugement objectif et positif sur des matières, par exemple,
autres que celles sur lesquelles l'article 9 leur donne droit de voter au
même titre que les trois autres membres permanents?
Vous dites: "Les cinq membres nommés en vertu du troisième
alinéa de l'article 8 siègent sans droit de vote sauf pour
l'adoption des statuts de la régie et des règlements et pour la
fixation, par règlement, des honoraires exigibles pour la
délivrance et le renouvellement des licences." Pourquoi enlever le droit
de vote à ces gens?
M. Cournoyer: Si nous nous inspirons, dans cette régie que
nous créons, de la Régie de l'assurance-maladie, les responsables
sont, en fait, les trois qui sont nommés au-dessus...
M. Bellemare (Johnson): Les trois permanents de dix ans.
M. Cournoyer: Si, à un moment donné, par
décision, les gens ne peuvent pas agir, comme c'est arrivé dans
certains cas à la Commission de l'industrie de la construction, par
exemple, où il n'y a pas d'action parce qu'on a besoin d'un certain
quorum, on dit: Les gens qui vont être les premiers responsables, je
pense bien que c'est clair, exercent tous les pouvoirs de la régie et
sont responsables de son administration dans le cadre de ses statuts et
règlements adoptés en vertu de la
présente loi, nous donnons donc un droit de vote restreint
à des gens qui sont là non pas de passage, ils sont
nommés aussi mais ils ne sont pas là d'une façon
administrative, c'est-à-dire qu'ils n'administrent pas la régie
d'une façon journalière. Ceux qui sont là ont la
responsabilité face au gouvernement, donc au Parlement, au moins en
matière budgétaire. Il ne faudrait pas faire décoller ces
gens sur tous les sujets qui peuvent n'impliquer que des décisions
d'ordre administratif. Vous parlerez de patronage tantôt, si vous
voulez...
M. Bellemare (Johnson): Je pensais que c'était
plutôt pour éviter des conflits d'intérêts
personnels.
Une Voix: II y a certains cas où c'est cela.
M. Cournoyer: II y a cela aussi. Remarquez bien qu'il y a
certains cas où les entrepreneurs continuent d'être des
entrepreneurs. On ne les sort pas de l'entreprise ici. L'administration
journalière, par exemple, pourrait peut-être les impliquer dans
des cas de conflits d'intérêts personnels. En disant: Ils votent
sur les règlements, c'est qu'ils votent d'une façon
générale.
M. Burns: Ce sont plus des consultants qu'autre chose.
M. Bédard (Montmorency): C'est cela.
M. Cournoyer: C'est un conseil consultatif dans la loi, avec ses
pouvoirs.
Le Président (M. Séguin): Adopté. La
commission n'ayant pas terminé ses travaux s'ajourne sine die.
(Fin de la séance à 12 h 30)