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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et
de l'immigration
Etude du projet de loi no 52
Séance du mercredi 25 juin 1975
(Vingt heures trente-trois minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Le Président (M. Séguin): La commission du travail
et de la main-d'oeuvre étudie le projet de loi no 52, Loi de
l'indemnisation de certains ouvriers employés dans les exploitations des
mines et carrières.
Les membres de la commission, pour la séance de ce soir, sont:
MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Boudreault (Bourget),
Burns (Maisonneuve). Il faudrait peut-être faire un changement, dans
votre cas.
M. Lessard: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Séguin): MM. Burns et Charron.
M. Lessard: Je remplace M. Charron.
Le Président (M. Séguin): Je disais donc: MM. Burns
(Maisonneuve), Lessard (Saguenay), Ciaccia (Mont-Royal), Cournoyer
(Robert-Baldwin), Déziel (Saint-François), Harvey (Charlesbourg),
Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart (Sainte-Marie), Roy
(Beauce-Sud), Verreault (Shefford). Le rapporteur sera? Vous proposez M.
Lachance (Mille-Iles).
M. Roy: Est-ce qu'il y a un vote là-dessus, M. le
Président?
Le Président (M. Séguin): Non.
M. Lachance: Cela vous tente de voter?
Le Président (M. Séguin): A moins que vous en ayez
un autre, on prendrait alors un vote pour décider.
M. Roy: Non, je voulais avoir une directive. Le
Président (M. Séguin): Article no 1. Titre
modifié
M. Cournoyer: Avant d'aller à l'article no 1, les juristes
nous indiquent que compte tenu de ce qu'il y a dans le projet de loi, il ne
faudrait pas que le titre dépasse ce qu'il y a dans le projet. Il ne
faudrait pas non plus qu'on utilise le titre pour dire qu'on indemnise certains
employés des mines et carrières, il s'agit de l'indemnisation des
victimes d'amiantose ou de silicose dans les mines et car- rières. Pour
plus d'honnêteté intellectuelle, au moins.
M. Lessard: Vous voulez corriger le titre? M. Cournoyer:
C'est cela.
Le Président (M. Séguin): L'indemnisation de?
M. Cournoyer: Loi de l'indemnisation des victimes d'amiantose ou
de silicose dans les mines et carrières, parce que cela ne s'applique
pas aux autres endroits.
M. Roy: Changer le titre de la loi? M. Cournoyer: S'il
vous plaît.
M. Lessard: On a parlé sur le principe cet
après-midi.
M. Cournoyer: C'est ce que vous m'avez enseigné,
d'ailleurs.
M. Roy: Est-ce que le ministre voudrait répéter
tranquillement, s'il vous plaît?
M. Cournoyer: Le projet de loi no 52 s'intitulerait Loi de
l'indemnisation des victimes d'amiantose ou de silicose dans les mines et les
carrières. Ce qui réfléterait plus le texte qui est
là que le texte actuel.
On me dit que, encore une fois, c'est sur l'indemnisation au lieu de, de
l'indemnisation.
M. Roy: Loi sur l'indemnisation. M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: Là, c'est un amendement à l'amendement.
M. Cournoyer: Non, non, c'est...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y a un accent circonflexe
sur?
M. Cournoyer: Cela prendrait un e. M. Lessard: A l'article
1 a), M. le Président. Le Président (M. Séguin):
Article 1 a). Définitions
M. Lessard: Dans la définition d'emploi, est-ce que cela
comprend les usines?
M. Cournoyer: Les quoi? M. Lessard: Les usines.
M. Cournoyer: Qui sont situées sur la mine. Si je
comprends bien, oui, cela comprendrait cela, ainsi que tout autre emploi sur
l'emplacement
d'une mine. L'usine qui est située sur la mine est couverte par
cela.
M. Lessard: Celle qui est située à
l'extérieur?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que s'il y a une usine qui est
située... Il y a cinq usines, à peu près, qui sont
à l'extérieur des mines; elles ne sont pas assujetties à
cela parce qu'il n'y a pas de permis.
Remarquez bien...
M. Lessard: II n'y a pas de permis là-dedans.
M. Cournoyer: II n'y a pas de permis comme dans le cas des mines
et des carrières.
M. Roy: ... des usines.
M. Lessard: 887 ne s'applique pas.
M. Cournoyer: Non.
M. Lessard: Pourquoi?
M. Cournoyer: C'est parce que cela relève de la Loi des
établissements industriels et commerciaux et non pas de la Loi des
mines.
M. Lessard: Ils ne sont pas sujets aux poussières.
M. Cournoyer: Ils sont sujets aux poussières... M.
Lessard: D'amiante? M. Cournoyer: Pardon? M. Lessard:
D'amiante?
M. Cournoyer: Dans les cas de mines de transformation de
l'amiante, ils sont sujets aux poussières d'amiante, oui.
M. Roy: Les compagnies qui fabriquent des matériaux de
construction, des bardeaux, par exemple, de revêtement extérieur,
à base d'amiante, des bardeaux d'amiante, il y a des usines qui font de
la transformation de l'amiante, de l'amiante brut...
M. Cournoyer: II y en a cinq au Québec.
M. Roy: II y en a cinq. Mon collègue de Frontenac me
disait tout à l'heure que les personnes qui travaillent dans ces
établissements sont plus exposées aux poussières que dans
les mines.
M. Cournoyer: Je ne doute pas de cela. M. Lecours: Au
point de vue médical. M. Roy: Au point de vue médical.
M. Lessard: II y a de l'amiantose aussi dans ces usines.
M. Cournoyer: Je comprends, dans les usines.
M. Lessard: A ce moment, est-ce qu'on va faire deux types de
gens?
M. Cournoyer: Non, nous ne faisons pas deux types de gens...
M. Lessard: Est-ce que la Loi des établissements
industriels... Oui, je comprends qu'il y a deux types de gens mais, en ce qui
concerne l'amiantose puis la silicose, on est en train de faire une loi pour
régler ce problème.
M. Cournoyer: Pas tout le problème.
M. Lessard: Non, pas tout le problème, d'accord, j'en
conviens. Cependant, quand je posais la question concernant les usines, c'est
parce que je calculais qu'ils sont soumis à la poussière et les
conséquences de ces transformations du minerai de l'amiante peuvent
aussi produire l'amiantose ou la silicose. A ce moment, ces gens seront soumis
à l'ancienne loi de la Commission des accidents du travail et non pas au
projet de loi no 52?
M. Cournoyer: C'est clair que c'est comme cela que ça va
être jusqu'à nouvel ordre.
M. Lessard: Pourquoi?
M. Cournoyer: Pour la simple raison que nous enlevons un permis
ou que nous avons un permis seulement dans les mines, au moment où l'on
se parle. Et toute l'économie de ce projet de loi vient du fait que nous
enlevons un droit de travailler dans les mines. S'il s'agissait pour nous de
mettre en application un règlement identique ailleurs cela, c'est
une loi qui vient à peine d'être adoptée si nous
faisions un règlement identique à celui que le ministre des
Richesses naturelles vient de faire...
M. Lessard: Est-ce que c'est votre intention?
M. Cournoyer: Mon intention, je dois la calculer à ce
moment-ci...
M. Lessard: Vous avez le droit.
M. Cournoyer: ...parce que je ne vois pas pourquoi je le ferais,
comme ministre du Travail, dans le cas de l'amiantose ou de la silicose et que
je ne le ferais pas dans le cas des vapeurs d'acide ou autres.
M. Lessard: Oui, Canadian Reynolds.
M. Cournoyer: Jusqu'ici du moins, nous n'avons pas fait cela, et
ce que nous voulons corriger, selon ce que j'ai dit cet après-midi,
c'est l'action gouvernementale et ses effets. Lorsque nous prenons un geste
déterminé par le gouvernement, nous enlevons le permis de
travailler, nous ordonnons une compensation. Dans les autres cas, nous
n'enlevons pas nécessairement le permis de travailler. Dans les
autres cas, je sais parfaitement qu'à la minute où je commence,
je suis obligé d'arriver à cela, à la minute où je
dis que cela prend un examen annuel, pour commencer, dans le cas des mines
d'amiante ou de métaux, je ne refuse pas du tout de considérer
cette chose. Je tente d'établir ici, que tout le monde le comprenne
bien, un précédent qui s'inspire de la décision
gouvernementale, premièrement, en vertu d'un autre arrêté
en conseil; l'autre relèvera de moi. Il me reste encore deux mois avant
le mois de septembre, vous allez sans doute me questionner, mais je ne viens
que d'avoir le pouvoir quand même. Il m'a été offert par
l'Opposition si gentiment que je pense bien, avec la surveillance de
l'Opposition et des députés gouvernementaux, voir à ce que
ce pouvoir soit exercé. Mais tant et aussi longtemps que nous
n'exercerons pas ce pouvoir, je ne vois pas pourquoi je m'aventurerais
aujourd'hui dans des décisions qui impliqueraient ces gens.
Je n'ai pas de raison, dans le secteur industriel, de ne pas dire oui
aux cas d'amiantose, comme on le dit dans les mines, ici. Si on était,
par ailleurs, pour déterminer que cela prend un examen annuel dans les
autres industries et que, si une personne est atteinte de maladies pulmonaires
alors qu'elle travaille dans une industrie et qu'elle y est exposée
peut-être d'une façon plus aiguë encore que dans le cas de
l'amiante, on lui enlève son permis de travailler dans ces usines
ce n'est pas le cas actuellement si cela devenait le cas, il va de soi
que nous devrons, en toute logique et non seulement en toute
honnêteté, mais en toute justice pour les autres travailleurs dans
les mêmes circonstances, à qui le gouvernement retirerait un
permis de travailler, faire le même raisonnement que nous faisons
ici.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le 1787 qui vient
d'être publié dans la Gazette officielle, le 14 mai, ne couvre pas
l'industrie où il y a de l'amiantose, mais on n'est pas requis par la
loi, non plus, d'avoir un certificat...
M. Cournoyer: Non.
M. Bellemare (Johnson): ... dans le secteur industriel, mais en
vertu de la troisième cédule de la Loi des accidents du travail,
à l'article 12, ces gens sont couverts actuellement par la Loi des
accidents du travail, parce qu'on y dit: "Toute maladie caractéristique
je vous le cite au texte, M. le Président, pour être bien
sûr d'un emploi, métier ou procédé industriel
et qui lui est particulière, est déclarée être une
maladie industrielle au sens de la loi". Cela s'applique à l'article 37,
qui dit que son degré d'incapacité est calculé sur "75% de
ses gains hebdomadaires moyens" pendant les douze mois qui ont
précédé. Le secteur industriel, pour tout de suite, c'est
75%.
M. Cournoyer: II y a un maximum de $9,000.
M. Bellemare (Johnson): Et il y a l'article 12 de la
cédule 3 qui couvre ces cas caractéristiques.
Mais il n'y a pas besoin de permis, si je comprends bien, ni permanent,
ni temporaire dans l'industrie ordinaire, sauf que la loi que vous faites
présentement est exclusive. C'est une loi particulière pour
couvrir les mines et les carrières.
M. Cournoyer: Mais il n'est pas dit que le principe que nous
développons dans cette loi ne s'appliquera pas là lorsque nous
établirons qu'il faut un permis.
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre, ce que je voudrais bien
savoir de vous, c'est, surtout quand il s'agit des emplois à couvrir, de
qui on doit couvrir et de la façon dont on doit le couvrir, n'y
aurait-il pas moyen, dans la loi, de mettre une disposition spéciale
pour que jamais, dans aucun cas, ceux qui vont avoir à
bénéficier de la loi 52 puissent avoir moins que ce qu'accorde la
Loi des accidents du travail?
M. Cournoyer: Cela, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Cela existe dans d'autres lois.
M. Cournoyer: Un instant. On va arriver là tantôt
sur le quantum.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, mais c'est parce qu'on parle de
l'emploi qui va être couvert.
M. Cournoyer: Sur le quantum, on va arriver là
tantôt. Je comprends qu'il s'agit d'emplois qui vont être couverts
par cette loi spéciale.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Cournoyer: Ici, nous essayons de délimiter quels sont
les emplois couverts par cette loi spéciale. Je pense que c'est une loi
spéciale car elle est une exception à la règle
générale de la Commission des accidents du travail ou de la Loi
des accidents du travail; c'est une loi spéciale dans ce sens.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour cela que, dans la loi, vous
ajoutez les deux mots "amiante" et "silice" qui ne sont pas dans
l'arrêté en conseil.
M. Cournoyer: C'est-à-dire qu'ils sont dans
l'arrêté en conseil...
M. Bellemare (Johnson): Non.
M. Cournoyer: ...jusqu'à un certain point. C'est que dans
les deux cas...
M. Bellemare (Johnson): La loi reprend mot à mot, dans la
réglementation, l'arrêté en conseil, sauf quand on arrive
à "pouvant exposer une personne aux poussières", et vous ajoutez
"d'amiante ou de silice".
M. Cournoyer: Oui, parce qu'il s'agit d'amiantose et de
silicose.
M. Bellemare (Johnson): Qui n'est pas compris dans votre
arrêté en conseil 1787.
M. Cournoyer: C'est vrai. C'est-à-dire que les gens
peuvent souffrir d'une autre maladie que l'amiantose et la silicose. Ils
peuvent être exposés, quand même, aux
poussières...
M. Bellemare (Johnson): On avait le même problème
avec l'arrêté 885, je pense.
M. Cournoyer: L'ancien arrêté 887.
M. Bellemare (Johnson): ... qui a été
abrogé, l'arrêté en conseil du 30 août 1956. Les gens
disaient: Ce n'est pas de la tuberculose, alors nous n'avons pas à
refuser un certificat.
M. Cournoyer: Mais le problème est changé.
C'est-à-dire que le refus d'un certificat peut être pour plusieurs
causes. La compensation est pour deux causes, il s'agit d'arniantose et de
silicose. Nous n'avons pas l'intention, ici, de compenser les gens qui ont fait
une pleurésie ou une pneumonie parce qu'ils étaient à la
pêche ou à la chasse dans les îles de Sorel. Cela arrive,
à l'automne, dans les îles de Sorel, que l'on prenne des petites
maladies; ce ne sont pas celles que l'on peut compenser, mais celles qui sont
directement reliées à un site industriel et qui, selon toute
vraisemblance, sont la cause des maladies industrielles que l'on appelle
l'amiantose et la silicose.
M. Bellemare (Johnson): Je comprends parfaitement bien cela, mais
le règlement d'application de la Loi des mines concernant le certificat
médical des ouvriers, c'est clair?
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Et dans la définition de l'emploi,
c'est au texte de la loi, sauf que la loi ajoute deux mots, l'amiante et le
silice. C'est ajouté dans la loi, ce n'est pas dans
l'arrêté en conseil.
M. Cournoyer: Non. Dans l'arrêté en conseil, on va
refuser un permis de mineur permanent à une personne qui souffre des
voies respiratoires. Elle peut souffrir des voies respiratoires pour une
multitude de causes. Celles que nous compensons ici d'une façon
spéciale, ce sont celles qui résultent des poussières
d'amiante et de silice, donc l'amiantose et la silicose. Ce sont des maladies
industrielles. L'ancien président de la Commission des accidents du
travail le sait fort bien, je parle de maladies industrielles et non pas de
maladies des voies respiratoires.
M. Bellemare (Johnson): Cela date de 1962, avant la
cédule.
M. Cournoyer: La Commission des accidents du travail, par
l'application du règlement no 887 à l'époque, était
limitée dans le refus du certificat par la seule tuberculose; elle n'est
plus limitée au- jourd'hui par cette seule tuberculose. Elle doit
refuser un certificat parce que la personne souffre de maladie des voies
respiratoires.
M. Bellemare (Johnson): Cela, on l'a toujours fait en vertu du
règlement no 887, à partir de I962. On les a toujours couverts
parce qu'on disait qu'en vertu de la cédule 3...
M. Cournoyer: Vous les couvriez ordinairement?
M. Bellemare (Johnson): Oui, toutes les maladies.
M. Cournoyer: Vous les enleviez, c'est-à-dire que vous ne
leur permettiez pas de travailler dans les mines.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire dès qu'il
était constaté que le gars était atteint d'amiantose...
Cristini en est un cas, celui qui est devant le parlement.
M. Cournoyer: Cristini c'est la silicose. M. Bellemare
(Johnson): Exactement ça.
M. Cournoyer: Dès que vous saviez que c'était de la
silicose, vous établissiez...
M. Bellemare (Johnson): En vertu de la cédule 3, 2° on
appliquait la loi.
M. Cournoyer: C'est ça. La cédule 3, c'est les
maladies industrielles et que la commission est tenue de considérer
comme telles.
M. Bellemare (Johnson): De compenser.
M. Cournoyer: Elle établit le degré
d'incapacité en fonction de ses règles. C'est ce qu'elle fait
actuellement. Un degré d'incapacité ici, qui est compensable,
c'est un degré d'incapacité qui résulte directement d'un
emploi, une maladie industrielle, pas une maladie des voies respiratoires.
Lorsque le lieutenant-gouverneur en conseil a adopté
l'arrêté en conseil dont vous parlez, il est clair que ce qu'il
veut éviter c'est que des gens qui sont atteints de maladies des voies
respiratoires vivent dans un milieu empoussiéré. L'atteinte des
maladies des voies respiratoires peut être tout autre chose qu'une
maladie industrielle. On peut faire de l'asthme et ne pas être capable de
travailler dans un environnement comme celui-là et on peut ne pas
être atteint de silicose ou d'amiantose et toujours perdre son
certificat.
La perte du certificat c'est une chose, la compensation ça en est
une autre. Il n'est pas question pour nous actuellement de compenser autre
chose que pour les maladies industrielles qu'on appelle l'amiantose et la
silicose. Voilà pourquoi, lorsque nous parlons de compensation pour
perte de certificat, nous parlons d'une autre loi qui veut que, pour ceux qui
ont contracté une maladie à cause de l'industrie dans laquelle
ils travaillent, il y ait compensation de l'employeur.
Mais s'ils ont contracté une maladie des voies respiratoires en
dehors du milieu de travail et qu'ils perdent quand même le certificat,
cette fois ce n'est pas la responsabilité de l'employeur. C'est dans ce
sens-là. C'est une addition, j'en conviens, par rapport à
l'arrêté en conseil dont vous parlez. Ici il s'agit de compenser
pour des maladies industrielles, tandis que dans l'autre cas il s'agit de ne
pas permettre à une personne qui est atteinte d'une maladie des voies
respiratoires, pour quelque raison que ce soit, de travailler dans un milieu
empoussièré.
M. Bellemare (Johnson): Pour résumer, cela c'est le
permis, l'ordre en conseil c'est le permis; la loi, c'est la compensation.
M. Cournoyer: C'est ça.
M. Malépart: M. le Président, il faut penser quand
même que les travailleurs qui sont dans les usines n'ont pas besoin de
certificat de travail. Par contre, il y a une entreprise, à
Montréal, dont plusieurs travailleurs sont atteints d'amiantose à
20%. Alors les gars n'ont pas le choix. Ils ne peuvent pas sortir de leur
travail, continuer à respirer cette poussière et écourter
leurs jours.
M. Cournoyer: Encore une fois, en vertu des pouvoirs qui m'ont
été donnés par le Parlement et ce n'est pas encore
fini, la troisième lecture n'est pas passée nous devrons
probablement imposer un certificat médical annuel aux travailleurs qui
travaillent dans des circonstances qui ressemblent au moins aux mines.
M. Lessard: A la suggestion de l'Opposition.
M. Cournoyer: Oisons avec la collaboration éventuelle de
l'Opposition.
M. Roy: A la demande de l'Opposition.
M. Cournoyer: Enfin, si vous voulez le demander, demandez-le,
puis si je dis oui, ce n'est pas à vous que je dis oui, c'est au
député de Sainte-Marie.
M. Roy: Le ministre fait du patronage jusque dans ses
paroles.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez mal appris. Pas
Malépart, vous avez mal appris.
Une Voix: Sainte-Marie.
M. Lecours: M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre. Celui qui travaille dans l'industrie de transformation d'amiante
est-il assujetti à l'arrêté en conseil 1787-75?
M. Cournoyer: Non, à moins que l'industrie de
transformation de l'amiante se trouve sur la mine; une mine ou une
carrière, on dit bien, ici, "ainsi que tout autre emploi sur
l'emplacement d'une mine". Cela couvre même les employés de bureau
dans les mines.
M. Lecours: Mais quand vous parlez de certificat?
M. Cournoyer: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): Combien est-ce qu'il y en a?
M. Cournoyer: Bien...
M. Bellemare (Johnson): II faut qu'ils prennent du tabac à
priser, lâchez-moi.
M. Cournoyer: On m'a dit que c'est beaucoup plus vaste qu'on peut
le penser, le fait de toucher aux employés de bureau, ce que
l'arrêté en conseil 887 ne faisait pas.
M. Bellemare (Johnson): Non.
M. Cournoyer: Le nouvel arrêté en conseil touche
à tous les emplois sur le site d'une mine.
M. Bellemare (Johnson): Cela c'est le permis sur le site
seulement. Ce n'est que le permis cela.
M. Cournoyer: Oui, mais pour avoir un permis, si la personne a un
emploi dans un bureau et si elle perd son permis de travailler dans cet
environnement-là.
M. Lessard: Elle n'en a pas de permis, en vertu du nouvel
arrêté en conseil.
M. Cournoyer: En vertu du nouvel arrêté, moi je me
suis laissé dire et je le pense bien, si vous le lisez, qu'il touche
à tous les emplois qui sont sur l'emplacement d'une mine. Ce n'est pas
déterminé que les emplois de bureau ne sont pas sur l'emplacement
d'une mine lorsque c'est sur l'emplacement d'une mine.
M. Roy: De même que toute autre occupation sur le site
d'une mine pouvant exposer une personne aux poussières. C'est ce qui est
dit dans le sous-paragraphe 2 de l'article 1 de l'arrêté en
conseil 1787.
M. Cournoyer: Oui, mais on comprend bien que s'il y a un bureau
situé sur une mine, il y a plus de poussière là qu'en
ville. Ce n'est pas la même sorte de poussière, mais, d'un autre
côté, il y a de la poussière d'amiante qui peut se promener
dans les airs dans un bureau situé sur la mine.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais les dangers, comme le dit la
description de l'article, c'est que tout employé d'une carrière
est une personne exposée aux poussières. Exposée , il y a
bien des degrés d'exposition.
M. Lessard: Est-ce que dans l'application de
l'arrêté en conseil on va quand même l'élargir
jusqu'à reconnaître la nécessité d'émettre un
permis pour ces personnes qui travaillent à l'intérieur du
bureau?
M. Cournoyer: J'ai compris que ce n'est pas dans l'application,
c'est dans la rédaction du nouvel arrêté en conseil, pour
tout le monde.
M. Lessard: Oui, c'est beau cela, mais dans l'application?
M. Cournoyer: L'application, comme je l'ai dit cet
après-midi, la Commission des accidents du travail va être
obligée d'examiner tout le monde qui travaille sur l'emplacement d'une
mine, que ce soit dans le bureau ou autrement. On va émettre un permis
de travailler à cet endroit.
M. Lessard: II y avait un permis d'établi par le
ministère des Richesses naturelles, tout d'abord.
M. Cournoyer: Ils ne peuvent pas l'émettre à moins
de passer par la Commission des accidents du travail qui sert, en
définitive, de personne ressource là-dedans, c'est-à-dire
que ces personnes ne font qu'administrer l'arrêté en conseil qui
est là et par consentement de la Commission des accidents du
travail.
M. Bellemare (Johnson): Incluez-vous les carrières de
sable, de gravier?
M. Cournoyer: Les carrières.
M. Bellemare (Johnson): Les carrières de sable et de
gravier? De pierre concassée?
M. Cournoyer: Si vous lisez l'arrêté en conseil, il
s'applique à tout cela.
M. Lessard:... tellement large que cela va...
M. Roy: Oui, mais dans l'arrêté en conseil le
ministre a dit que c'est la Commission des accidents du travail qui est
chargée de l'application du règlement.
M. Cournoyer: Elle n'est pas chargée de l'application,
elle est chargée de l'examen des gens qui, par ailleurs, sont
obligés, par arrêté en conseil, d'avoir un permis.
M. Roy: Oui, mais dans l'autre règlement aussi,
c'était prévu.
M. Cournoyer: Et puis elle le faisait.
M. Roy: Ecoutez!
M. Cournoyer: La commission le faisait.
M. Roy: Et comment?
M. Cournoyer: Comment?
M. Roy: Quand les mineurs viennent nous dire qu'ils ne sont pas
détenteurs de permis depuis quatre ans, depuis cinq ans, quand
même!
M. Cournoyer: Disons qu'à la vérification, et
lorsque vous avez interrogé vous-même le mineur en question, bien
sûr il n'avait pas son permis dans ses poches. Cela ne veut pas dire que
la compagnie ne l'avait pas.
M. Roy: Un instant! Le président de la Commission des
accidents du travail a fait des vérifications pendant l'heure du souper
et il a été bien clair là-dessus. Ce furent les paroles
mêmes du président de la Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: Qu'est-ce qu'il a dit?
M. Roy: II a dit qu'effectivement il n'avait pas renouvelé
le permis des mineurs, qu'il n'y avait rien à la Commission des
accidents du travail. C'est le président lui-même.
M. Cournoyer: Ils n'ont pas renouvelé son permis, mais le
mineur en question ne travaillait plus à l'endroit où il
travaillait avant. J'ai vu ce mineur et pour lui, c'était la
vérité et il n'a pas dit une menterie, pas une. Il n'avait pas de
permis, on ne l'a pas renouvelé et on n'a pas non plus affecté ce
mineur à un nouvel examen médical parce qu'il n'y était
pas tenu en fonction de l'ancien arrêté en conseil.
M. Bellemare (Johnson): Là, il va l'être, par
exemple.
M. Cournoyer: Là, il y est tenu.
M. Bellemare (Johnson): Avec tout le monde.
M. Cournoyer: II y est tenu.
M. Lessard: La confusion qui a existé à ce
moment-là à la commission parlementaire était sur le fait
que c'était la compagnie qui conservait les permis dans ses dossiers. Le
mineur n'étant pas propriétaire de son permis et n'étant
pas en possession de son permis, il pensait qu'il ne possédait pas de
permis.
M. Bellemare (Johnson): Ce sera la même chose dans
l'arrêté en conseil 1787, c'est la compagnie qui garde les permis.
Elle peut le lui remettre quand il s'en va.
M. Lessard: Oui, le mineur devrait avoir au moins une copie de
son permis quitte à en avoir une copie à l'intérieur du
dossier de l'entreprise.
M. Cournoyer: Vous avez totalement raison.
M. Lessard: ... pour permettre d'avoir une surveillance de la
part du mineur.
M. Cournoyer: Vous avez totalement raison. Là-dessus, je
pense que les remarques qui ont été faites à la Commission
des accidents du travail, pendant qu'elle était devant la commission
parlementaire, ont porté fruit. C'est vrai pour le ministre des
Richesses naturelles aussi.
Pour autant que nous sommes concernés, le mineur doit avoir une
assurance lui-même pour ses propres fins. Qu'il faille en donner une
copie à la compagnie, cela est une autre histoire. L'histoire qu'il est
difficile de rejoindre les mineurs, je n'y crois pas, pas plus que vous
d'ailleurs. Qu'on le remette...
M. Lessard: Quand ils vont chercher leur paie ils n'ont
qu'à remettre le permis.
M. Cournoyer: C'est une question d'administration, c'est aussi
simple que cela.
M. Roy: Moi, je vais un peu plus loin en disant je l'ai
souligné aujourd'hui à l'intention du ministre que le
mineur devrait être porteur d'une petite carte, comme d'un permis.
M. Cournoyer: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Roy: Cela n'existe pas en vertu de l'arrêté en
conseil comme tel. Si le mineur était détenteur d'un permis
facile à porter comme toutes les autres cartes, les permis de conduire,
les permis de chasse, les permis de pêche, les permis pour avoir un
permis de chasse, les permis de travail, tous les permis qui peuvent exister...
Il y en a des permis. Moi, je dis que pour la protection du mineur et pour
permettre aussi aux inspecteurs de faire leur travail, que ce soient les
inspecteurs de la Commission des accidents du travail ou les inspecteurs du
ministère des Richesses naturelles, le mineur devrait être porteur
de ce petit permis, qui est une attestation que son permis de mineur est bien
en vigueur, avec une date d'échéance, pour qu'ils puissent faire
les vérifications. Ce serait quelque chose de pratique, pour qu'il ne
soit pas tenu d'apporter un document de deux pages qui comporte bien des
clauses et puis qui est encombrant, en somme. Ceci ne l'empêcherait pas
d'avoir une copie de son examen médical et une copie du permis comme
tel, mais ce serait un petit certificat qu'il devrait porter continuellement,
qu'il devrait garder comme son permis de conduire.
M. Bellemare (Johnson): Cela est dans l'article 9 de
l'arrêté 1787.
M. Cournoyer: M. le Président, c'est prévu.
M. Bellemare (Johnson): C'est prévu dans
l'arrêté en conseil.
M. Roy: ... de déposer son certificat médical ou un
duplicata de son certificat médical.
M. Cournoyer: Pour satisfaire le député de
Beauce-Sud dans sa recherche qui est fort correcte, pour autant que je suis
concerné, la Commission des accidents du travail va émettre un
certificat au mineur et une copie à la compagnie, mais le mineur va
avoir son papier dans ses poches. La commission m'a dit qu'elle le ferait.
L'arrêté en conseil est quand même daté du 15 mai, il
ne faut pas penser qu'on a révolutionné tout le monde. D'un autre
côté, compte tenu de la suggestion du député de
Beauce-Sud et compte tenu des remarques déjà faites, le mineur
aura son certificat de mineur.
M. Lessard: Article 1 a)...
M. Cournoyer: Dans ce sens, je pense bien que le
député de Beauce-Sud peut être satisfait: le mineur va
savoir s'il est qualifié ou pas. Que la compagnie le sache, c'est une
autre chose...
M. Bellemare (Johnson): Annuellement?
M. Cournoyer: Annuellement. On va le réémettre
annuellement, mais chaque mineur verra s'il a son certificat médical ou
pas. Il va l'avoir dans sa poche.
M. Roy: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): Adopté.
M. Lessard: Article 1 a), adopté, b) adopté.
M. Roy: A l'article 1 b), M. le Président, il y a une
question que je pose au ministre, parce qu'on retrouve la même
disposition dans l'arrêté en conseil. Lorsqu'on fait la
définition d'un ouvrier, on dit: Ouvrier: Une personne, sauf un
étudiant... Et dans l'arrêté en conseil, au sous-paragraphe
1 de l'article 1, on trouve: Ouvrier: "Toute personne à l'exception du
personnel étudiant". Si une personne occupe un emploi, j'imagine, en
vertu du programme de placement étudiant, elle a quand même
certains droits; elle a droit à une certaine protection.
Je comprends que ce ne sont que des emplois temporaires, mais il y a
également d'autres personnes qui travaillent dans les mines de
façon temporaire ou occasionnelle. Alors, pourquoi cette exclusion?
M. Lessard: Le député de Frontenac devrait parler
dans son microphone.
M. Roy: Oui, je serais très intéressé
à l'entendre.
M. Lecours: Présentement les compagnies minières
font passer des examens médicaux tous les ans à tous les
étudiants, des rayons X pulmonaires, mais jamais on n'a trouvé
des cas d'amian-tose chez les étudiants. Ils ne travaillent pas assez
longtemps et ne sont pas exposés à des quantités de
poussière pour donner l'amiantose, parce que ce sont toujours des
moyennes pondérées. Quand on parle de 5 fibres, on peut
travailler à 20 fibres par centimètre cube pendant une certaine
période de temps et si, après, on part de ce milieu, ce n'est pas
dangereux d'attraper l'amiantose d'une façon clinique. C'est la seule
raison.
M. Lessard: A moins que l'on soit tout le temps dans les 20
fibres?
M. Lecours: Oui, mais là, disons qu'il y a un danger
peut-être après 35 ans. Ceux qui ont l'amiantose
présentement, ce sont ceux qui ont travaillé dans des
atmosphères de 500 à 600 fibres par centimètre cube
pendant au moins 20 ans. Ils ne voyaient pas à 10 pieds ces hommes qui
travaillaient dans les mines d'amiante.
M. Roy: Les étudiants, leurs salaires figurent sur la
liste de paie et les compagnies sont tenues de payer un certain pourcentage
à la Commission des accidents du travail.
M. Lecours: Oui, oui, c'est vrai.
M. Roy: Ils sont déjà protégés par la
Commission des accidents du travail. Je comprends et je suis d'accord avec le
député de Frontenac lorsqu'il dit que les étudiants ne
sont pas exposés sur une période tellement longue. Mais
étant donné qu'ils sont exposés, cela ne pose pas un
problème...
M. Lecours: Ils ne pourront pas perdre un permis de travail, ils
n'en ont pas. Ici, c'est un projet de loi pour payer ceux qui perdent leur
permis de travail, ceux qui ne peuvent plus travailler dans les mines.
M. Roy: Bien, cela ne se pose pas alors!
M. Cournoyer: ...à cause de la philosophie
générale.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe b),
adopté. Paragraphe c).
M. Lessard: Au paragraphe c), je voudrais faire remarquer d'abord
qu'en ce qui concerne la définition du revenu net disponible, en fait on
calcule les revenus de l'ouvrier tirés de l'emploi prévu par le
paragraphe a) moins les déductions annuelles. J'insiste sur le mot
"annuelles" parce que je voudrais faire remarquer simplement, pour savoir si on
ne pourrait pas faire de concordance, qu'à l'article 3, on
détermine le salaire de base, c'est la moyenne des traitements et
salaires hebdomadaires. Alors, de quelle façon maintenant va se faire
l'indemnité complémentaire, est-ce qu'elle va être
versée annuellement ou hebdomadairement?
A un moment donné, on fait les déductions annuelles, les
tables de l'impôt, la déduction pour le régime de rentes du
Québec, le régime d'assurance-maladie du Québec, et on
détermine le salaire de base par les traitements et salaires
hebdomadaires. A l'article 2 b), on dit: C'est l'indemnité
complémentaire équivalant à 90% de son revenu net
disponible. Est-ce que cela va être une indemnité annuelle, une
indemnité hebdomadaire ou une indemnité mensuelle? On se
promène entre "annuelle" et "hebdomadaire".
Si on enlevait "annuelle" à ce moment-là...
"hebdomadaire".
M. Cournoyer: Juste pour régler un des problèmes
que j'ai, les revenus dont il est question ici, les revenus nets disponibles,
ce sont les revenus bruts. On va mettre "bruts" tout de suite après, si
vous me le permettez, pour que ce soit clair qu'il s'agit du revenu brut, moins
ce qui arrive après. On va être plus clair là-dedans.
M. Roy: Au lieu de revenus nets disponibles, vous allez
indiquer...
M. Cournoyer: Non. Les revenus nets disponibles, ce sont les
revenus bruts de l'ouvrier tiré d'un emploi, etc. J'ajoute le mot
"bruts" après revenus.
M. Roy: D'accord.
M. Cournoyer: Ici, il s'agit de savoir le revenu net disponible
de l'employé proprement dit et pour les fins de son calcul
personnalisé. Lui, ce sont ses revenus bruts annuels qu'on prend.
M. Bellemare (Johnson): Comme en vertu de l'article 37.
M. Cournoyer: C'est la même chose que la loi actuelle.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont les gains annuels moyens.
M. Cournoyer: Moyens.
M. Bellemare (Johnson): Les revenus moyens de l'année.
M. Cournoyer: Une année. On prend donc la même
chose, c'est pour cela qu'on ne change pas, dans ce sens,
l'interprétation ordinaire de la loi pour l'établissement du
revenu net. D'accord? Après cela, il s'agit d'une moyenne,
c'est-à-dire qu'il s'agit de calculer comment on le paie. Ce sont deux
choses qui me semblent totalement différentes.
M. Bellemare (Johnson): II y aurait peut-être avantage
à mettre "annuelles".
M. Cournoyer: Ce serait peut-être...
M. Bellemare (Johnson): Cela y est dans l'autre loi.
M. Lessard: Est-ce que cela va être pour la dernière
année de son travail?
M. Cournoyer: La dernière année avant qu'il soit
déclaré, avant qu'on lui enlève son permis.
M. Lessard: Est-ce qu'on va calculer le temps
supplémentaire?
M. Cournoyer: Est-ce qu'on le calcule, habituellement, le temps
supplémentaire?
M. Bellemare (Johnson): Oui, le revenu. Ils prennent la
moyenne...
M. Cournoyer: De l'année qui a
précédé...
M. Bellemare (Johnson): Ses gains hebdomadaires moyens pendant
les douze mois. C'est cela.
M. Cournoyer: Moyens. Alors cela comprend le temps
supplémentaire, le revenu supplémentaire à cette
époque. Il peut en avoir fait, il peut...
M. Lessard: Autrement dit, dans les revenus bruts sera compris
son temps supplémentaire.
M. Cournoyer: II l'est actuellement. On me dit qu'il l'est
actuellement.
M. Lessard: S'il a gagné $12,000 dans les douze derniers
mois, cela veut dire $10,000, par exemple, selon son travail...
M. Cournoyer: Ordinaire.
M. Lessard: ... à l'usine, selon ses 40 heures par
semaine, plus $2,000, par exemple, en temps supplémentaire, son revenu
brut est de $12,000.
M. Cournoyer: Oui, cela, on parlait du plafond
tantôt...
M. Lessard: Oui, oui.
M. Cournoyer: ... mais, avant le plafond, cela comprend les
revenus des douze mois précédents, bruts.
M. Lessard: Mais pourquoi, par exemple, n'aurait-on pas pris le
revenu brut sans tenir compte des déductions annuelles? Pourquoi
n'a-t-on pas utilisé les mêmes normes ou le même revenu
comme base de calcul que celui qu'on utilise à la Commission des
accidents du travail?
M. Cournoyer: En fait, ici, il s'agit de quelque chose de
nouveau. C'est nouveau, cela. Dans le cas de la Commission des accidents du
travail, c'est-à-dire sa loi générale, on parle de 75%
d'un maximum de $9,000.
M. Bellemare (Johnson): Article 42.
M. Cournoyer: Oui. Tandis qu'ici, on parle de 90% d'un revenu net
disponible. Le revenu net, on le définit parce que c'est la
première fois qu'on l'utilise dans la loi.
M. Lessard: Vous dites: Moins les déductions annuelles
prévues par les tables d'impôt, les déductions pour le
régime de rentes, le régime d'assurance-maladie. Est-ce que cela
va être imposable?
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas imposable; si c'était
imposable, nous mettrions 100%. C'est un peu dans ce sens que je parlais cet
après-midi, car les questions que l'on se pose actuellement et que vous
vous êtes posées cet après-midi...
M. Lessard: Mais, de toute façon, votre 100% ou votre 90%,
vous l'enlevez de son revenu brut, son indemnité... vous déduisez
les montants prévus à la table d'impôt, etc. Que vous
mettiez 100% si vous le voulez, que vous calculiez cela comme revenu brut et
que vous le rendiez imposable, cela ne changerait pas grand-chose par
rapport...
M. Cournoyer: Mais cela peut changer un certain nombre de choses,
c'est une question de philosophie. Dans la discussion que nous avons, le
ministre des affaires sociales et moi-même, sur ce sujet en particulier,
ce n'est pas déterminé, mais nous croyons que l'un des
inconvénients que vous allez mentionner tantôt à un autre
endroit, même si vous pouvez le mentionner à cet article, c'est le
fait que, pendant la durée de cette indemnisation, la personne ne paie
pas un certain nombre d'impôts, un certain nombre de taxes qui lui
donneraient des bénéfices, par exemple, à 65 ans. Vous en
avez parlé cet après-midi. Ce qui veut dire, pour nous, un
problème, actuellement. C'est qu'il serait préférable,
selon certains ministres, dont le ministre des Affaires sociales et
moi-même, de simplement compenser à 100% et de faire participer la
personne aux différentes législations sociales que nous avons, en
payant les taxes comme tout le monde.
Je ne suis pas prêt à faire cela à ce moment-ci.
Nous avons des discussions avec les actuaires de la Commission des accidents du
travail quant au coût. Surtout, nous discutons de ce que nous ferions,
dans quelle position relative la province de Québec se trouverait par
rapport aux autres provinces du Canada. Si nous remboursions à 100%,
cela coûterait plus cher à ceux qui paient ou défraient le
financement de la Commission des accidents du travail. De 100%, au lieu de 75%
actuellement, si nous passons à 90%, il y a 10% qui se trouvent
être une taxe additionnelle sur les industries québécoises.
Si je ne le fais, actuellement, que pour les mines, comme je vous l'ai dit cet
après-midi, je ne crains pas le précédent, mais je dis que
quand je le ferai dans l'ensemble de l'industrie au Québec, cela voudra
dire que, par rapport aux autres provinces canadiennes, nous placerions nos
industries dans une situation de payer 100%, au lieu des 90% dont nous partons
ici. Tout est déjà proposé dans le rapport de M. Gau-vin,
que vous avez lu. Si nous payons 100%, comment nos industries se situent-elles
par rapport aux autres provinces et quelle est la situation dans laquelle nous
nous trouvons, nous...
M. Bellemare (Johnson): Nous sommes déjà bas
à cause du maximum. La Colombie-Britannique est rendue à 12, nous
sommes encore à 9.
M. Cournoyer: Mais c'est une situation qui est essentiellement
temporaire, l'ancien président de la commission le sait. Nous avons
été en avance dans le temps où le député de
Johnson était président de la Commission des accidents du
travail; nous avons dépassé de $1,000, à l'époq ue,
l'Ontario
M. Bellemare (Johnson): Durant une période, nous
étions en avance de $3,000
M. Cournoyer: ... très court, quand même, mais nous
avions $1,000 supplémentaires car on me recommandait $8,000 et,
finalement, nous avons réglé pour $9,000.
M. Bellemare (Johnson): C'est exact.
M. Cournoyer: Et on s'est retrouvé en avance. A cause de
cela et à cause de la suggestion qui est faite de ne plus parler en
termes de milliers de dollars modifiables par législation, ce que vous
avez dans l'article 3, ici, c'est l'intention exprimée dans un terme de
loi, par le gouvernement, de ne plus parler d'un chiffre, comme d'autres
provinces en parlent, mais de parler d'une formule, la formule étant
basée sur une période de temps jusqu'à 150% du salaire
moyen hebdomadaire. Ce qui veut dire que, si nous évaluons ce que veut
dire l'article 3, actuellement, pour les mineurs, ce maximum qui est ici se
situe autour de $12,000.
M. Bellemare (Johnson): A 130%.
M. Cournoyer: A 130%. Normalement, si nous allons, selon le
projet de M. Gauvin, c'est-à-dire l'étude de M. Gauvin, à
150%, nous dépassons, et de beaucoup, parce que c'est mobile à
chaque année, c'est évalué chaque année, sans qu'il
soit besoin de revenir au Parlement pour demander une augmentation de $1,000 ou
de $2,000, quand on sait les difficultés que cela peut causer. C'est une
formule, et cela est impressionnant au Canada. Comme nous avions l'occasion de
parler ici de 90% du revenu net disponible, il nous a semblé utile de
l'inscrire, comme nous croyons utile de l'inscrire dans la loi
générale.
Dans le projet de loi général, lorsque nous le
présenterons, nous ne parlerons pas seulement de 130%, nous parlerons de
130% pour l'année en cours, et de 135% ou 140% jusqu'à 150% sur
une période de cinq ans, parce que les coûts sont
additionnés ici. Des coûts annuels sont additionnés
à cause de cette nouvelle méthode.
Quand on parle de 90% du revenu net disponible, il arrive que nous
tentons d'être plus justes, mais ça ressemble à 75% quand
même.
M. Bellemare (Johnson): Quand vous partez de 130% à 150%,
les actuaires vont vous dire aussi que la participation patronale à ce
moment est fort plus coûteuse.
M. Cournoyer: C'est ça, alors la position...
M. Bellemare (Johnson): Là, il faut aussi que vous
puissiez prendre le pas avec toutes les autres provinces pour ne pas non plus
que l'industrie québécoise soit, au point de vue surtout de la
taxation, plus pénalisée qu'ailleurs.
M. Cournoyer: Par ailleurs, si nous allions à 100%, il
nous faudrait trouver une formule de remboursement ou de financement de la
Commission des accidents du travail.
M. Bellemare (Johnson): En vertu d'un article de la loi, vous
avez le droit au fonds consolidé.
M. Cournoyer: Je comprends, mais le fonds consolidé, ce
n'est pas une histoire en l'air, il y a de la perte là-dedans.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais ça ne s'est jamais fait
jusqu'à maintenant.
M. Cournoyer: Non, ça ne s'est jamais fait jusqu'à
ce jour, mais...
M. Bellemare (Johnson): Jamais on n'y a eu recours.
M. Cournoyer: ... on sait fort bien que compte tenu de la
position financière de la Commission des accidents du travail qui est
bonne, il n'y a pas de problème majeur. Mais, étant donné
que depuis un certain temps nous indexons, conformément à la Loi
des rentes du Québec, chaque année et que la méthode
comptable de la Commission des accidents du travail c'est qu'à chaque
année on paie nos dettes, à partir de ce moment, nous devons
charger chaque année des augmentations, pour des accidents qui ont eu
cours il y a déjà un certain temps, à cause de
l'indexation. Il nous faut donc réviser la méthode de financement
et il peut arriver que le gouvernement du Québec soit tenu, à
cause d'un déficit actuariel accru, non pas par la faute de la
Commission des accidents du travail ni par la faute du nombre d'accidents, mais
à cause de l'indexation, qui ne peut plus, en vertu de la philosophie
originale, être compensée comme on le fait actuellement.
C'est-à-dire que dès qu'il y a un accident on le finance
totalement jusqu'à une rente, on l'achète au moment où
l'accident est survenu.
Ce qui arrive, c'est que nous devons revérifier ça et nous
devons penser également à une compensation que le gouvernement du
Québec peut être appelé...
M. Bellemare (Johnson): Article 118.
M. Cournoyer: ... à financer un déficit actuariel
possible, compte tenu des nouvelles lois.
M. Bellemare (Johnson): C'est inclus dans le projet de loi.
M. Roy: Mais, il y a un point là-dessus, il y a le
financement direct...
M. Lessard: Mais, avant...
M. Roy: Je m'excuse, mais sur ce qui vient d'être
dit...
M. Lessard: Je comprends, mais la perte du revenu, moi...
M. Roy: Je m'excuse, mais je ne veux pas le perd re.
M. Lessard: Moi non plus, je ne veux pas le perdre.
M. Roy: On parle du fonds consolidé du revenu. Il n'y a
pas eu de recours direct de la part de la Commission des accidents du travail
au fonds consolidé du revenu. Mais, les victimes d'accident, elles, ont
dû avoir recours au fonds consolidé du revenu pour aller chercher
la différence dont elles avaient besoin, parce que lorsqu'une personne
est déclarée invalide à 60% ou à 40%, c'est le
bien-être social qui compense. C'est ça que je voulais dire.
M. Lessard: M. le Président,...
M. Cournoyer: On me signale ici juste pour finir cette
affaire, avant que je vous revienne, il n'y a pas de problème
que, lorsque le fonds consolidé du revenu financerait la commission, ce
serait remboursable par la commission. C'est-à-dire que ce n'est pas
aussi simple que ça, il faut rembourser, donc c'est une avance.
M. Lessard: On ne veut pas discuter de l'ensemble de la Loi de la
Commission des accidents du travail, il faut discuter du projet de loi no
52.
M. Cournoyer: Je voulais juste mentionner pour le
bénéfice du député de Johnson que, lorsque le fonds
consolidé du revenu avancerait de l'argent, ce serait remboursable par
la commission.
M. Bellemare (Johnson): Sauf qu'il est dit par
arrêté en conseil, pour faire une prévision, que, quand le
montant total des compensations payables par la Commission des accidents du
travail article 118 le lieutenant-gouverneur en conseil, sur
recommandation de la commission...
M. Cournoyer: C'est pour les aveugles, ça. M. Bellemare
(Johnson): Un instant.
M. Cournoyer: C'est la compensation aux ouvriers aveugles.
M. Bellemare (Johnson): Le paiement prévu à
l'article ... est fait par le ministre des Finances à même le
fonds consolidé du revenu. Il y a un article...
M. Cournoyer: C'est très précis.c'est pour les
aveugles.
M. Bellemare (Johnson): Mais, il y a un autre article, nous
allons le trouver...
M. Cournoyer: Nous nous en reparlerons.
Le député de Saguenay avait une ligne de pensée qui
était intimement reliée avec le texte de loi qui est devant nous,
tandis que nous avons débordé, nous, sur l'économie
générale de la Commission des accidents du travail, de la Loi des
accidents de travail.
M. Lessard: Pour une fois je suis dans l'ordre. M. Cournoyer:
Voilà.
M. Lessard: Le ministre me dit que ce ne sera pas imposable;
alors je présume que, dans la Loi sur l'impôt, ce ne sera
imposable ni au fédéral ni au provincial?
M. Cournoyer: C'est imposable ni au fédéral, ni au
provincial; il y a seulement les accidents de travail.
M. Lessard: Dans les circonstances, je présume que, dans
la Loi sur l'impôt, il y a certainement un article qui couvre la
Commission des accidents du travail; est-ce qu'il couvre
précisément la loi de la Commission des accidents du travail?
Enfin, ce n'est pas une loi de la Commission des accidents du travail
cela. Un petit problème technique important, je pense.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on pourrait regarder 96? Je
trouve 96...
Le Président (M. Séguin): Est-ce que vous pourriez
garder la même ligne de pensée?
M. Cournoyer: Disons que le vice-président m'indique que
ce n'est pas aussi clair que c'en a l'air, mais qu'ils ont des recommandations
de faites et qu'ils seraient susceptibles de faire une exception. Mais je vais
tenter, avant la fin de la veillée, de régler mon problème
ici. Ici je vous ai dit que les 90% existaient comme cela, parce qu'ils
n'étaient pas imposables.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: S'ils sont imposables, c'est une autre chanson.
M. Lessard: Oui, oui, justement. Si on veut savoir où on
va, dans cette affaire-là, il faudrait avoir une réponse à
la fois du ministre du Revenu provincial et à la fois du ministre du
Revenu fédéral. Cela peut apporter une conséquence en
fait, une diminution nette du revenu qui est prévu en vertu de la loi.
Je pense que cela serait.
M. Cournoyer: On ne recherche pas cela, je vous assure, j'ai dit
90% parce qu'ils ne sont pas imposables.
M. Lessard: Si c'est imposable.
M. Cournoyer: Si c'est imposable cela devrait être autre
chose que 90%.
M. Lessard: D'un côté ou l'autre, cela va être
autre chose.
M. Cournoyer: Oui, la seule raison quand on parle du revenu net
disponible, on le voit ici, c'est qu'on enlève les impôts; c'est
pour cela qu'on le remet.
M. Lessard: C'est cela, puis ce serait peut-être plus
facile d'en arriver à reconnaître, comme la Commission des
accidents du travail, les revenus bruts.
M. Cournoyer: Peut-être que oui, peut-être que non.
Si nous nous dirigeons vers les 100% à cause des autres
bénéfices que les accidentés de travail se trouvent
à ne pas avoir je parle des bénéfices, par exemple,
de la Régie des rentes du Québec; lorsqu'ils arrêtent
à l'âge de 25 ans, ils ne contribuent pas à la Régie
des rentes du Québec, lorsqu'ils sont accidentés. Mettons une
incapacité totale permanente, ils ne contribuent pas à la
Régie des rentes du Québec. Ils n'ont donc pas droit aux
bénéfices, parce qu'ils ne contribuent pas.
C'est la même chose. De toute façon, il ne s'agit pas de
faire des citoyens de deuxième classe avec des accidentés du
travail. Ils ne le sont pas pour le moment, mais j'ai l'impression que, suite
aux discussions que j'ai avec le ministère des Affaires sociales, il
s'agit pour eux d'être des citoyens à part entière, mais
accidentés. S'ils sont accidentés, ils ne peuvent pas travailler.
Il s'agira de faire en sorte que ces gens-là payent les taxes ordinaires
et, s'ils sont remboursés à 100%, qu'ils participent comme un
autre travailleur aux différents coûts des bénéfices
auxquels ils auraient droit par ailleurs.
M. Lessard: Là vous êtes dans le flou là.
M. Cournoyer: Vous restez dans le flou pour le moment.
M. Lessard: Oui, mais je ne suis pas prêt à accepter
l'article dans le flou comme cela.
M. Cournoyer: Je comprends. La question que vous avez
posée, je la trouve pertinente, et je pose la question au
vice-président de la Commission des accidents du travail: Comment
régler le problème d'une façon plus claire, à
savoir est-ce que c'est taxable ou non? Moi je prétends que ce que nous
avons fait en établissant le revenu net disponible à 90% ou
encore en l'établissant tel que décrit ici, ce que nous disons,
c'est qu'effectivement nous enlevons du revenu net disponible les taxes qui
seraient payées autrement. En conséquence, tout le reste suit
cette logique. Si par hasard on rendait imposable le revenu net disponible,
nous ne suivrions plus la même logique et ce ne devrait plus être
90%, mais 100%.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, pour que le
journal des Débats ne rapporte pas que j'ai cité un article qui
n'était pas réellement juste, j'ai cité 118 et on m'a
répondu que c'est pour les aveugles. Je tiens à préciser
pour le journal des Débats, pour ne pas qu'il y ait contradiction, que
c'est l'article 96.
L'article 96 dit: "Lorsque le lieutenant-gouverneur en conseil est
d'opinion que le montant disponible dans le fonds d'accident, y compris les
réserves mais à l'exclusion toutefois du fonds spécial,
est devenu insuffisant pour faire les paiements des compensations au fur et
à mesure qu'ils deviennent échus, et de manière à
ne pas obérer injustement à l'avenir les employeurs d'une classe
d'industries en particulier en mettant à leur charge des paiements qui
sont dus à raison d'accidents ayant eu lieu les années
précédentes, il peut requérir la commission de faire une
cotisation supplémentaire..."
M. Cournoyer: Oui, il peut requérir.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est que pour rectifier au journal
des Débats. Il y a un pouvoir de la commission de recourir au fonds
consolidé.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: Tel que décrit, du côté
pratique, si on retire le permis d'un mineur après cinq ans, cela voudra
dire que lorsqu'il aura atteint l'âge de 65 ans, il sera
pénalisé, en retirant sa pension du régime des rentes,
parce qu'il n'aura pas sa pleine pension.
M. Lessard: On va le voir tantôt, cela. On va discuter de
cela tantôt. C'est bien vrai, par exemple; le gars, parce qu'il
reçoit du régime fédéral, se trouve à
être pénalisé et il perd, à un moment donné.
Le problème, c'est qu'il peut le perdre avant. On va le voir, justement.
S'il refuse un emploi, il peut le perdre avant. Il reste qu'à 65 ans, si
vraiment il n'a pas eu d'emploi avant, en vertu de la loi et parce qu'il
devient rentier, à un moment donné, c'est-à-dire pas
rentier, il reçoit tout simplement sa pension de vieillesse, à ce
moment-là, il perd son salaire.
M. Bellemare (Johnson): II retire seulement les montants
versés pour cinq années.
M. Lessard: II retire sa pitance. A cela, on va y revenir.
Le Président (M. Séguin): L'amendement à
l'article 1 c) est-il adopté?
M. Lessard: A l'article 1 c), j'ai posé une question fort
importante. Je veux bien le savoir parce que cela modifie toute la loi. Quand
on va arriver aux 90% tantôt, je veux bien savoir si c'est taxable ou pas
et si on a l'intention de modifier la loi. Si on mettait je ne sais pas
dans la loi, quelque chose en relation avec la Loi de la Commission des
accidents de travail, est-ce que cela ne réglerait pas notre
problème?
M. Cournoyer: C'est ce que j'essayais de régler.
M. Lessard: Parce qu'on dit que la loi va être
appliquée par la Commission des accidents de travail.
Puis-je proposer la suspension pour cinq minutes?
M. Cournoyer: De toute façon, c'était à un
autre article. L'intention du ministre est claire, je pense bien. Est-ce
suffisamment clair comme intention?
M. Lessard: Oui, c'est suffisamment clair, mais ce n'est pas
clair, l'intention du ministre du Revenu.
M. Cournoyer: Non, le paragraphe c). M. Lessard: A la fois
fédéral et provincial. M. Cournoyer: Au paragraphe c),
est-ce clair?
M. Lessard: Oui, c'est clair. On peut aller plus loin. On peut
passer par-dessus cela.
M. Cournoyer: Je comprends vos réticences à cause
du fait que le paragraphe c) est intimement relié à 90%.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: Mais ce n'est pas dans le paragraphe c) qu'on
retrouve 90%, on retrouve une définition de revenu net disponible.
M. Lessard: Je suis d'accord pour continuer et l'accepter. C'est
parce qu'au paragraphe c), c'est strictement une définition.
M. Cournoyer: C'est cela.
Je demandais, à un moment donné, parce que je voyais la
relation avec 90%, mais on peut continuer l'étude de la loi, quitte,
à 90%, à avoir une plus grande assurance de la part du ministre
du Travail parce que cela a certainement des conséquences
importantes.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre ajouterait les
revenus bruts annuels, pour que nous soyons bien sûrs que ce sont
les...
M. Lessard: A l'article 2, on va avoir des problèmes.
M. Bellemare (Johnson): Revenus nets disponibles, les revenus
bruts annuels tel que le veut la Commission des accidents du travail dans sa
loi.
M. Lachance: Cela est dans la loi.
M. Bellemare (Johnson): Cela est dans la Loi des accidents du
travail, "bruts annuels".
Parce que, plus loin, on dit "les déductions annuelles", mais,
dans les revenus bruts, on ne dit pas "annuels", simplement pour que ce soit
bien clair que ce sont les revenus bruts annuels, comme ce sont les
déductions annuelles, plus loin dans le même paragraphe.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux pour quelques instants.
M. Cournoyer: ...
Le Président (M. Séguin): Après le mot
"bruts", on ajouterait le mot "annuels", donc "bruts annuels" au paragraphe c).
Alors l'amendement est adopté pour le paragraphe c).
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Je reviens, l'article 1
tel qu'amendé, adopté.
M. Lessard: Adopté. Le Président (M. Séguin):
Article 2. Indemnités
M. Lessard: A l'article 2, est-ce que l'indemnité
forfaitaire va être imposable? Est-ce que les 90% vont être
imposables? Là, on est au coeur du problème.
M. Cournoyer: M. le Président, avant d'aller plus loin, je
vais tenter de répondre, pour les besoins du journal des Débats,
aux calculs qu'a faits cet après-midi le député de
Saguenay.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: D'ailleurs, je vous dis que c'est à sa
demande que je dois donner cette explication.
M. Lessard: J'ai même fait faire des photocopies des
explications du ministre...
M. Cournoyer: Pour la distribution.
Avant d'y arriver cependant, et pour éviter qu'il y ait toutes
sortes de problèmes quant à l'application de l'article 2, on dit:
"ouvriers atteints de silicose et d'amiantose". Qui décide qu'il est
atteint de silicose et d'amiantose? C'est bien sûr qu'il s'agit du
domaine médical, il ne s'agit pas d'autre chose que des médecins,
ce n'est pas le politicien qui décide cela.
M. Lessard: A quel niveau?
M. Cournoyer: J'aimerais modifier le texte pour que ce soit d'une
façon générale. S'il y a des problèmes entre
spécialistes, j'aimerais, à un moment donné, que ce soit
d'une façon générale et non pas le comité de
pneumoconiose seul. Des appels sont prévus, d'autres le seront à
l'extérieur de la Commission des accidents du travail dans peu de temps.
J'aimerais qu'on change le texte de l'article 2, au début, pour que ce
soit l'ouvrier chez qui un diagnostic positif de silicose ou d'amiantose a
été médicalement établi par des spécialistes
en la matière et entraînant une incapacité permanente. Ce
sont des spécialistes, ce n'est pas le politicien, même s'il y a
des spécialistes qui peuvent être politiciens.
M. Lessard: Chez qui un diagnostic a été
médicalement établi... Est-ce que le ministre pourrait
répéter?
M. Lecours: Présentement, les seuls spécialistes
qui peuvent dire si quelqu'un fait de l'amian-tose ou non, c'est le
médecin qui travaille pour la Commission des accidents du travail au
comité de pneumoconiose. Il n'y a pas un autre spécialiste qui
peut dire si quelqu'un est atteint d'amiantose ou non, pour recevoir une
compensation. A la façon que vous le décrivez, n'importe quel
spécialiste pourrait faire un diagnostic d'amiantose et le faire
compenser d'après son diagnostic.
M. Cournoyer: N'importe quel spécialiste, mais il serait
contredit par des spécialistes, c'est-à-dire que ce n'est pas
politique, cette affaire.
M. Lecours: Non, non.
M. Cournoyer: Ce sont toujours des spécialistes.
M. Lecours: Je ne sais pas, mais je trouve qu'il y a une
nuance.
Il faut faire attention parce que, présentement, seul le
spécialiste de la Commission des accidents du travail peut dire si
quelqu'un fait de l'amiantose.
M. Cournoyer: C'est pourquoi j'ai voulu être
général dans ce que j'ai suggéré. S'il y a un
conflit, c'est entre les spécialistes et non pas entre les
spécialistes et la seule Commission des accidents du travail qui
siègent en appel. Ce n'est pas que je n'ai pas de respect pour la
commission, mais je le dis tel que c'est actuellement. Un spécialiste
peut dire: II souffre d'amiantose, alors qu'un autre dira: II ne souffre pas
d'amiantose.
M. Roy: Autrement dit, un spécialiste contredirait le
spécialiste de la commission.
M. Cournoyer: Voilà. On serait placé dans la
situation où, actuellement, les seuls spécialistes qui ont le
pouvoir de le faire, ce sont ceux de la Commission des accidents du travail. Si
nous modifions le texte dans le sens que j'ai dit...
M. Lessard: Répétez-le donc tranquillement pas vite
pour que je comprenne.
M. Cournoyer: L'ouvrier chez qui un diagnostic positif de
silicose ou d'amiantose a été médicalement établi
par des spécialistes en la matière.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont les spécialistes de la
commission.
M. Cournoyer: Cela peut ne pas être les spécialistes
de la commission. S'il y a un conflit, cela peut être entre les
spécialistes de la commission et ces spécialistes. Actuellement,
la seule autorité à la commission, c'est le comité de
pneumoconiose.
M. Lessard: II a été établi à un
moment donné qu'il n'y avait pratiquement pas de spécialistes
à l'extérieur de la commission.
M. Cournoyer: Cela a été contredit au moins par le
directeur général du Collège des médecins.
M. Lecours: Oui, il a complètement contredit cela.
M. Cournoyer: II y en a en masse. Remarquez bien que c'est ce
qu'il a dit.
M. Lessard: Mais, quand vous dites "par des spécialistes",
est-ce que cela peut être par un spécialiste?
M. Cournoyer: Non. Si c'est par un spécialiste, c'est
fini. N'importe quel spécialiste va déterminer qu'il ne l'a pas
et ça y est.
M. Lessard: Alors, qu'est-ce que cela va être le
comité? "Chez qui un diagnostic positif de silo-cose ou d'amiantose a
été médicalement établi par des
spécialistes", cela veut dire quoi? Deux, trois, quatre?
M. Cournoyer: Cela veut dire le groupe de spécialistes de
la commission qui, en fait, examinent le patient.
M. Lessard: Si eux disent non?
M. Cournoyer: II y a au moins un autre spécialiste. Il
peut y avoir un spécialiste retenu par la Confédération
des syndicats nationaux qui dise: Bien, il souffre d'amiantose. Le
système actuel ne permet d'appel qu'à la commission et on a des
appels de la commission de la part du comité de pneumoconiose. Quand on
a passé devant le comité de pneumoconiose, on se rend directement
à la commission.
Si nous permettons que des spécialistes l'aient établi,
cela veut dire que cela ne peut pas être seulement les
spécialistes du comité de pneumoconiose. Si la commission se
satisfait de tels spécialistes qu'elle choisit, même si c'est en
appel, il y a un autre spécialiste qui l'a dit. Ce n'est pas que
politique. Ils n'ont pas décidé que, ce matin, cela fait
l'affaire, on a décidé de le déclarer
"amiantosé".
M. Lessard: Si la commission refuse, cela arrive souvent, on
travaille continuellement avec la commission et, à un moment
donné, que ce soit un autre genre d'accidents du travail, on va voir le
spécialiste et on fait affirmer à ce spécialiste qu'il y a
une incapacité de 20% ou de 25% et la commission dit: Notre
comité de spécialistes n'établit pas qu'il y a une
incapacité de 25%, il l'établit à 10% ou il
n'établit aucune incapacité. Qui va avoir raison?
M. Cournoyer: Voilà la difficulté continuelle
à la commission...
M. Bellemare (Johnson): II y a une question d'audition
après cela.
M. Cournoyer: II y a des auditions.
M. Bellemare (Johnson): Si la commission refuse,
l'accidenté a le droit de demander une audition.
M. Lessard: Oui, je comprends. M. Cournoyer: C'est
cela.
M. Bellemare (Johnson): Lorsqu'il y a une audition, le
spécialiste vient devant la commission, devant nos spécialistes,
il y a des auditions médicales, il y a des auditions des
commissaires.
M. Lessard: Mais, en dernier ressort, vous pouvez
décider.
M. Cournoyer: Mai, ce qui s'en vient, M. le Président, ce
sont des auditions en dehors de la commission, en dehors du comité de la
commission.
M. Roy: Oui, mais il peut quand même y avoir un tribunal
quelconque, un tribunal composé par je ne sais qui. Il va falloir qu'il
y ait quand même quelqu'un qui ait mandat de trancher le débat,
à un moment donné. Si les spécialistes de la Commission
des accidents du travail disent non et que les spécialistes en dehors de
la Commission des accidents du travail disent oui et qu'il y a autant
d'arguments positifs que d'arguments négatifs de part et d'autre, qui va
trancher le débat?
M. Lessard: Qui va payer les spécialistes? A un moment,
par exemple, le gars en prend un pour contester la décision, parce que
l'assurance-maladie du Québec ne paie pas dans ces cas-là.
M. Lecours: Ah oui, elle paie certainement. Si la commission dit
que ce n'est pas un cas d'amiantose, c'est une maladie.
M. Lessard: Voici. S'il conteste, par exemple, moi, je suis
atteint d'amiantose et la Commission des accidents du travail me fait passer
devant un comité d'experts qui affirment que je ne suis pas atteint
d'amiantose, je suis obligé de prendre mes propres spécialistes
pour aller contester leur décision devant la commission.
Or, à ce que je sache, actuellement, à moins de me
tromper, les services de santé du Québec ne paient pas, dans ces
circonstances.
M. Lecours: Oui, ils paient. Ils paient pour n'importe quelle
maladie présentement, pour toutes les maladies.
M. Lessard: Non, mais si c'est pour aller contester la
décision! Si j'amène, par exemple, deux médecins ici,
à Québec, pour contester la décision de la Commission des
accidents du travail, je suis obligé de les payer de ma poche.
M. Roy: Je vais donner un exemple concret. Il y a un mineur de
l'amiante, dans la région de Thet-ford, je pense, plus
précisément d'East Broughton, qui a été se faire
examiner par les spécialistes de la Commission des accidents du travail,
c'est-à-dire qui a passé les examens requis d'une clinique. Il
est venu à Québec. Cette personne avait perdu connaissance
à l'usine, en fin d'après-midi. Je pense qu'il s'agit d'un M.
Thivierge, si ma mémoire est bonne. Je n'ai pas le dossier devant moi.
La personne est morte, après avoir reçu l'avis qu'elle
n'était pas "amiantosée" de la Commission des accidents du
travail.
M. Lessard: II ne devait pas mourir.
M. Roy: II est mort. La Commission des accidents du travail n'a
pas payé. La famille a fait faire une autopsie sur le corps de la
personne. L'autopsie a démontré que la personne était
morte étouffée à cause de trop de fibres de coton, de
fibres sur les poumons. Les poumons se sont bloqués. La Commission des
accidents du travail n'a jamais voulu reconnaître le fait, même
après avoir vu le rapport de l'autopsie. Elle n'a jamais voulu le
reconnaître. A qui aura-t-on recours pour permettre que cette question
soit tranchée une fois pour toutes?
Si ma mémoire est bonne, il s'agit du cas de M. Henri Thivierge,
que la Commission des accidents du travail a sûrement dans ses
dossiers.
M. Bellemare (Johnson): M. Jodoin! M. Jo-doin.
M. Lessard: II faut quand même s'en tenir au principe. On
est rendu dans des cas particuliers.
M. Lecours: ... diagnostic, disons, plus ou moins sûr.
Mourir étouffé, cela n'existe...
M. Roy: Le principe: Qui va trancher en dernier ressort?
M. Lessard: C'est cela le principe. C'est qu'il y a deux
problèmes fort importants. Qui va trancher, entre la Commission des
accidents du travail et les spécialistes? On dit des
spécialistes. Le deuxième point, c'est que s'il s'agit de
spécialistes, la personne peut se faire examiner par des
spécialistes, mais il faut quand même lui donner les moyens
nécessaires pour le faire.
A un moment donné, le gars est obligé de passer devant
trois spécialistes et de les amener à Québec pour
contester la décision de la Commission des accidents du travail.
Actuellement, à ce que je sache, c'est le problème fondamental
à la Commission des accidents du travail. C'est qu'il n'y a pas un
médecin qui accepte, d'abord. Les médecins,
généralement, ont peur de venir contester la décision de
la Commission des accidents du travail et ils ont leur voyage de la Commission
des
accidents du travail, avec toute la série de dossiers qu'on leur
fait remplir. De plus, les prix sont tellement prohibitifs. Imaginez-vous le
gars qui vient à Québec par exemple. Je comprends que la
commission se déplace actuellement, mais c'est déjà
arrivé, dans certains cas, que la personne a dû amener ses
médecins à Québec sur des distances assez longues.
Imaginez-vous qu'à un moment donné il n'y a pas un gars qui soit
capable de payer un spécialiste, deux spécialistes, au prix qu'on
doit les payer actuellement, à l'heure, que ce soit un avocat, un
médecin ou un autre spécialiste. C'est la même chose.
M. Cournoyer: Mais, dans le cas de l'article 62 de la Loi des
accidents du travail, il est clair que la commission peut...
M. Lessard: Se déplacer.
M. Cournoyer: ...payer les frais qui ont été
raisonnablement encourus par un individu.
M. Bellemare (Johnson): Même dans des auditions où
la plainte est refusée, à 99%, la commission accorde au moins les
frais.
M. Lessard: M. le Président, c'est pour cela qu'on veut
que la commission siège. J'en ai des cas où il a fallu que je me
batte, à un moment donné...
M. Cournoyer: Moi, ce n'est pas parce que je ne veux pas qu'elle
siège.
M. Lessard: Non, non, mais savez-vous depuis quand ils ont
commencé à régler certains problèmes? Depuis qu'ils
ont passé devant la commission!
Une Voix: Parfait.
M. Lessard: Je ne vous le cache pas. C'est drôle. Ils sont
assez vites, de ce temps-ci, qu'ils n'attendent même plus le rapport des
compagnies.
M. Roy: Ils sont "open", M. le Président. Ils sont
"open".
M. Lessard: Ecoutez, c'est important, cette loi, et il faut
protéger le gars en question. Il ne faut pas le fourrer encore, il ne
faut pas l'organiser encore excusez l'expression comme cela
fonctionne dans le système actuel.
M. Cournoyer: Oui, mais regardez, M. le Président,
l'exemple de la possibilité qu'offre une commission parlementaire
d'entendre la Commission des accidents du travail, de poser des questions
directement à la Commission des accidents du travail. C'est que la
commission se sent moins sûre d'elle-même et qu'elle prend soin
plus rapidement des choses. C'est parfait.
Actuellement, l'article 62, qui est là, permet à la
commission de payer des frais à des individus.
S'il n'y avait pas cette permission de l'article 62, je dirais qu'il y a
eu des abus...
M. Bellemare (Johnson): Sauf que l'article dit: Réussit.
La partie qui réussit.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): II y a le mot "réussit". Si elle
ne réussit pas, c'est une décision.
M. Cournoyer: II ne faut tout de même pas ouvrir la porte
à des gens qui ne pourraient pas être utiles.
M. Bellemare (Johnson): Mais, dans l'article 62 que vous citez,
c'est s'il réussit. S'il ne réussit pas, il ne sera pas
payé, mais la Commission peut, en vertu d'un autre article,
discrétionnaire, accorder des frais de représentation. Cela s'est
fait.
M. Cournoyer: Lorsque la commission juge que la contestation n'a
pas été futile et faite seulement pour dépenser de
l'argent, parce que cela peut arriver aussi que les gens font dépenser
de l'argent pour rien...
M. Bellemare (Johnson): Dans l'article 62, le mot
"réussit" est là.
M. Lessard: Dans la Loi de l'aide sociale, il y a un
comité d'appel indépendant comme tel du ministère.
M. Coumoyer: Oui.
M. Lessard: Le type vient se défendre à un moment
donné. Je ne vois pas pourquoi toute personne n'aurait pas la
possibilité de contester une décision de la Commission des
accidents du travail, et, pour la contester, pour contester des
spécialistes, cela prend d'autres spécialistes. Quand ils
viennent me voir, les gens me disent: Ils ne reconnaissent pas cela. Je leur
dis: Je comprends bien, mais je ne suis pas médecin; il y a une chose,
c'est que je vais être capable de travailler ton dossier si tu m'apportes
une contestation officielle d'un autre médecin et si l'autre
médecin est prêt à venir devant la commission
parlementaire.
Or, le problème se pose actuellement en vertu de l'article 62,
où on dit: "Dans le cas de contestation concernant une
réclamation pour compensation ou d'une autre affaire quelconque, la
commission peut adjuger à la partie qui réussit le montant de
frais qu'elle croit raisonnable" je vous dis que c'est discriminatoire
"et sa décision pour le paiement par un employeur de la somme
ainsi adjugée... etc.", c'est qu'il y a trop de cas...
M. Cournoyer: II s'agit de fonds publics.
M. Lessard: Je comprends qu'il s'agit de fonds publics, mais il
s'agit aussi d'un être humain...
M. Cournoyer: Je comprends, mais il s'agit de ses fonds à
lui aussi. Il s'agit des fonds du même être humain. Si
c'était seulement pour penser qu'il s'agit de permettre à tout le
monde de contester pour n'importe quoi, n'importe où et n'importe
comment, ce n'est pas ce que vous cherchez.
M. Lessard: Non, ce n'est pas ce que je cherche.
M. Cournoyer: La seule chose qu'il reste à la commission
pour éviter de payer toujours et pour rien, c'est de dire: La partie qui
a réussi, nous lui paierons des frais. En vertu d'un autre article,
selon le député de Johnson, il y a quand même
possibilité, lorsque la chose a été judicieuse, que
c'était une contestation normale, même si la personne perd, qu'on
paie quand même. Mais de là à dire que nous paierons
toujours dès qu'il y a un spécialiste qui est invité,
c'est tout simplement ouvrir la porte à ne pas régler un seul
cas, sauf par tous les spécialistes. Le faire pour ces gens-là,
ici, et ne pas le faire pour les autres accidentés du travail, ce serait
de l'abus, à ce moment-ci au moins.
Quand vous parlez d'appel à l'extérieur, je vous dis: Oui,
vous avez raison encore une fois. La lettre que j'ai envoyée à la
Commission des accidents du travail implique nécessairement un appel
à l'extérieur de la commission, qui serait de toute façon
nouvellement formée. Cette chose-là, même si vous ne le
croyez pas, je veux la faire d'ici il s'agit de préparer le
projet de loi et de l'étudier avec les gens le mois d'octobre ou
au commencement de la prochaine session.
M. Roy: Vous avez plus tôt parlé de septembre.
M. Cournoyer: D'ici septembre, vous pourrez l'étudier.
M. Lessard: Je reste quand même insatisfait de la
réponse du ministre. Un premier point, en ce qui concerne le paiement
des spécialistes, l'article 62,-j'espère que nous allons, cette
fois, l'utiliser un peu plus librement, cependant, l'amendement que nous
propose le ministre nous laisse encore très songeurs, pour savoir chez
qui un diagnostic positif de silicose ou d'amiantose a été
médicalement établi par des spécialistes en la
matière. Je dis qu'il y a les spécialistes de la commission, mais
quand on va sortir à l'extérieur de la commission, est-ce que ce
sera un spécialiste ou deux? Combien de spécialistes cela
prendra-t-il pour contester la décision de la commission?
M. Cournoyer: Sur cette question, je suis ouvert pour
préciser davantage les mots "des spécialistes". L'intention que
j'avais était...
M. Lessard: Oui, je comprends votre intention.
M. Cournoyer: ... non pas de faire déterminer cela par
n'importe quel médecin, fût-il député...
M. Lessard: C'est dans ce sens que vous disiez que vous ne
vouliez pas que cela soit politique.
M. Cournoyer: Parfois, il y a des gens qui sont
compétents, même plus que des spécialistes, parce qu'ils
vivent avec des amiantosiques plus régulièrement que d'autres. Il
y en a qui ont eu cette expérience.
Par ailleurs, ceux qui administrent les fonds publics, c'est la
Commission des accidents du travail, à ce moment du moins, et elle doit
prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas dilapider
ces fonds publics. Dans ce sens, je parlais de spécialistes, non parce
que d'autres médecins que des spécialistes en pneumoconiose ne le
peuvent pas, mais il reste qu'il s'agit de protéger d'une part les fonds
publics et d'autre part l'individu.
C'est la conjonction des deux qu'on doit faire à la Commission
des accidents du travail, ce n'est pas autre chose: la conjonction de
l'intérêt public et de l'intérêt de l'individu.
L'intérêt public, c'est l'administration de fonds publics: c'est
ce que la Commission des accidents du travail fait, elle administre des fonds
publics.
Par ailleurs, elle dispense des soins à des individus atteints ou
non atteints, il s'agit de savoir si la personne est ou non atteinte de
silicose ou d'amiantose. Lorsque c'est déterminé par des
spécialistes, on paie des frais, et non seulement les frais, mais on
considère que la personne a droit aux bénéfices
spéciaux qui sont donnés ici. C'est un diagnostic de silicose ou
d'amiantose qui n'a pas été fait par n'importe qui, cela a
été fait par des spécialistes.
Quant à préciser les mots "des spécialistes" pour
éviter qu'on soit sans fin parfait, je suis prêt à
préciser. Ce que je recherche ici, c'est tout simplement que la
commission et l'individu soient traités équitablement, mais d'une
façon scientifique, puisqu'il s'agit de quelque chose de scientifique.
Il s'agit uniquement de quelque chose de scientifique.
M. Roy: Mais il y a quand même un point. Dans
l'administration actuelle de la Loi des accidents du travail, c'est la
décision des experts de la commission qui est considérée
comme finale. Je ne pense pas apprendre quoi que ce soit au ministre à
ce moment.
M. Cournoyer: Non, il y a appel à la commission.
M. Roy: Oui, il y a appel, c'est un grand mot, le mot "appel"
à la commission. Sur le plan pratique, il peut y avoir appel, mais il
reste que ceux qui sont de la plus haute instance, ce sont les experts de la
Commission des accidents du travail, qui décident. Or, même si on
ajoute ça à notre paragraphe aujourd'hui, il n'y a pas de
mécanisme de prévu qui aurait l'autorité nécessaire
pour trancher la question malgré les objections des experts de la
Commission des accidents du travail.
Lorsqu'il s'agit d'établir l'incapacité des victimes
d'accidents d'automobiles, l'incapacité est toujours
déterminée à la suite d'audiences devant les tribunaux de
droit commun. Ce ne sont pas les compagnies d'assurances elles-mêmes qui
déterminent le degré d'incapacité d'une victime d'accident
d'automobile. La compagnie d'assurances qui assure le risque est soumise aux
décisions des tribunaux. Dans le cas de la Commission des accidents du
travail, ça n'a à peu près pratiquement jamais
été le cas. Ce sont les experts de la commission. Autrement dit,
la commission est juge et partie: elle représente les employeurs et elle
dit protéger les droits des employés. Mais, c'est la Commission
des accidents du travail qui juge et ce sont les compagnies qui paient.
Je suis bien d'accord sur ce que le ministre vient d'ajouter dans le
paragraphe de l'article 2, parce qu'il s'agit d'une évolution que je
considère normale, mais, à ce moment, ça ne veut rien
dire, parce qu'il n'y a pas autre chose de prévu. Il faudrait qu'il y
ait quelque chose de prévu dans le projet de loi, quitte à ce
qu'on y ajoute un paragraphe pour qu'il y ait un mécanisme ou quelqu'un
de prévu pour trancher la question. Il va certainement y avoir des
conflits, des interprétations différentes sur certains dossiers.
Il y en a déjà...
Le Président (M. Séguin): Je comprends. La
commission suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 55)
Reprise de la séance à 22 heures
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Cournoyer: ... quand vous voudrez.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je comprends qu'il fait chaud, je comprends...
M. Lessard: Ce sont des questions qui sont importantes.
M. Cournoyer: Vous êtes libre de le faire après.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Cournoyer: C'est important mais, si vous voulez de la
politique, je suis capable autant que vous.
M. Lessard: Ce qu'on vous demande, c'est de nous présenter
une loi qui soit claire.
M. Cournoyer: Elle est claire, actuellement.
M. Lessard: Elle est claire, oui, elle est claire, votre loi!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: II y a des spécialistes qui vont le
déterminer.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît!
M. Lessard: Parce que vous avez dit aux spécialistes,
justement, qu'avant la fin de la session il fallait faire vite.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lessard: Vous ne vous en êtes pas
préoccupé avant.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Si on peut
reprendre tranquillement le débat. Le ministre est à consulter
ses collègues pour apporter des précisions à la demande de
l'Opposition, pour autant que je comprenne ce qui est arrivé auparavant.
Qu'on lui accorde donc quelques minutes.
M. Lessard: On n'est pas ici pour étudier les
différentes patentes.
Le Président (M. Séguin): Vous faites des
suggestions.
M. Cournoyer: J'ai fait une suggestion au premier paragraphe;
c'est une suggestion qui est censée être constructive, je la fais
encore, je la maintiens. Toutes les clarifications que l'Opposition veut avoir,
qu'elle fasse donc l'expérience de la loi avant de se demander comment
elle va être administrée.
M. Lessard: On vous demande...
M. Cournoyer: II n'y a pas de loi, actuellement, et il n'y a pas
de bénéfices de donnés.
M. Lessard: On dit au ministre, en ce qui concerne son
amendement, que cela n'apporte rien de plus parce que ça ne
précise rien. On dit: L'ouvrier chez qui un diagnostic positif de
silicose ou d'amiantose a été médicalement établi
par des spécialistes en la matière. Ce sera qui, les
spécialistes? Les spécialistes de la Commission de travail ou
encore des spécialistes indépendants?
M. Cournoyer: Ou encore? Non. Remarquez bien une chose. Il y a
deux personnes qui peuvent en appeler à la Commission des accidents du
travail. Il y a la compagnie qui dit que le sujet n'a pas la silicose et qu'il
n'a pas l'amiantose et il y a l'individu qui dit qu'il a l'amiantose et la
silicose. Ces deux personnes sont donc devant la même commission et ils
vont contester une décision qui est différente dans les deux cas.
Dès la minute où
vous parlez de droit d'appel, la structure actuelle de la commission
veut qu'elle soit l'organisme qui siège en appel. C'est cela, la
structure actuelle de la commission. Elle siège en appel d'une
décision qui a été prise par un comité de
pneumoconiose. Actuellement, ce comité, vous le savez, je l'ai
augmenté ou j'ai demandé à la commission de l'augmenter
d'au moins deux spécialistes qui sont nommés, d'une part, par les
représentants des syndicats, ce qui le change un peu. Cela ne le change
pas totalement, mais ça ne veut pas dire que ce sont des bandits, ces
gars-là.
D'autre part, un spécialiste est nommé par les
représentants des compagnies minières. Ces gens vont prendre une
décision.
M. Lessard: Une fois qu'il y sera allé, ces gens-là
vont prendre une décision. On a quand même certaines
expériences de décisions prises par la commission parlementaire.
Le ministre conviendra qu'on n'est pas prêt à donner notre
entière confiance et même le député de
Frontenac en conviendra, il l'a affirmé en commission parlementaire
à donner tous ces pouvoirs à la seule Commission des
accidents du travail. On veut, en vertu de cette loi, que la décision de
la Commission des accidents du travail puisse être contestée et
contestable et par d'autres spécialistes que ceux de la Commission des
accidents de travail. Le ministre nous apporte son amendement. L'intention du
ministre, je l'ai comprise tantôt. J'ai compris qu'il voulait, par son
amendement, apporter la possibilité que des spécialistes à
l'extérieur de la Commission des accidents de travail puissent
reconnaître, faire un diagnostic positif de silicose et d'amiantose.
Cependant, son amendement ne nous garantit pas que ces
spécialistes, qui font un diagnostic positif de silicose et d'amiantose,
seront reconnus ou que le diagnostic de ces spécialistes va être
reconnu par la Commission des accidents de travail. Cette loi, elle est
administrée, en vertu de l'article 11, je pense, par la Commission des
accidents de travail.
M. Coumoyer: Vous avez entendu, dans le cas de l'amiantose en
particulier, le Collège des médecins offrir ses services. Vous
avez entendu cela comme moi.
M. Lessard: Est-ce qu'on ne pourrait pas former un comité,
dans ces circonstances?
M. Coumoyer: Si on disait ceci, par exemple, pour satisfaire le
voeu non pas de l'Opposition mais de tout le monde ici. L'indépendance
de la décision, c'est ce que tout le monde recherche, ce n'est pas de la
politique qu'on fait; on recherche l'indépendance de la décision.
Si on disait "par des spécialistes en la matière choisis par le
Collège des médecins"? Là, ils ne sont plus choisis par la
commission. Quand c'est établi par des spécialistes en la
matière choisis par le Collège des médecins, on a une
garantie d'indépendance que vous ne semblez pas trouver à la
Commission des accidents du travail.
M. Lessard: Maintenant, le problème qui se pose "par des
spécialistes choisis par le Collège des médecins", c'est
de savoir qui va avoir la responsabilité de payer ces
spécialistes.
M. Cournoyer: C'est la commission qui va payer le
spécialiste, en fait, il s'agit d'un arbitre. Cela n'empêcherait
pas l'individu ou la compagnie d'avoir son propre spécialiste. Ils sont
deux là-dedans. Il y a une compagnie qui dit: Non, il ne souffre pas
d'amiantose, puis l'autre qui dit: Oui, je souffre d'amiantose. Dans les deux
cas, ils peuvent avoir leur spécialiste et l'article 62 s'applique. Mais
lorsqu'ils sont choisis par le Collège des médecins, il s'agit de
la décision finale. C'est cela que je comprends.
M. Lessard: Là, je veux voir l'étape. Les
spécialistes de la Commission vont être quoi, dans cette affaire?
Ils vont être à la première étape?
M. Cournoyer: Ce sont les protecteurs des fonds publics,
première étape.
M. Lessard: Première étape.
M. Coumoyer: Si l'individu est satisfait, il n'y a pas de
problème.
M. Lessard: S'il y a un appel, il faudra préciser, en cas
d'appel, que cet appel puisse se faire devant des spécialistes choisis
par le Collège des médecins.
M. Cournoyer: Oui, disons que je suis d'accord sur cela, cette
intention, il n'y a pas de problème. En appel, il s'agit juste
d'écrire cela. Ce n'est pas parce que mon projet de loi est
bâclé. C'est pour écrire ce que vous me dites et qui a du
sens, qui n'est pas politique, qui ne fait pas exprès pour
m'écoeurer.
M. Lessard: Je ne fais jamais de politique.
M. Cournoyer: Ne faites pas exprès pour
m'écoeurer.
Disons que la rédaction serait dans le sens qu'on vient de dire,
en appel.
M. Lessard: D'accord. Alors vous allez soumettre un
amendement...
M. Cournoyer: On va soumettre cela...
M. Lessard: ... au rapport.
M. Cournoyer: Au rapport, est-ce que l'intention serait correcte
là?
Le Président (M. Séguin): Je devrai demander aux
membres de la commission, M. le député. S'il y a consentement de
la commission, on pourra vous entendre.
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Séguin): Allez-y.
M. Vallières: Ma question s'adresse au ministre. Est-ce
que cela signifie que, dans chaque cas particulier, le Collège des
médecins aura à nommer des spécialistes ou si c'est un
comité permanent?
M. Cournoyer: Non, c'est dans chaque cas particulier. Cela peut
être permanent, remarquez bien qu'une fois que le Collège des
médecins aura choisi un spécialiste pour arbitrer les cas de
l'amiantose, nous le paierons, c'est tout.
Est-ce que vous voulez continuer sur le premier paragraphe ou si je peux
continuer l'explication de l'indemnité forfaitaire par rapport
à...
M. Lessard: On va attendre l'amendement.
M. Roy: On va attendre l'amendement du ministre. Le ministre va
nous le donner ce soir ou à une séance prochaine?
M. Cournoyer: Ce ne sera pas long.
Cet après-midi, dans son discours, le député de
Saguenay a donné un exemple qui avait été calculé,
j'en conviens, assez rapidement lors du dîner. J'ai fait calculer
l'exemple donné par le député de Saguenay par rapport
à ce que nous comprenons du texte. Et, à la demande du
député de Saguenay, je me permets de l'expliquer ici pour
préciser, au moins, non pas l'erreur du député de
Saguenay, mais l'incompréhension de ce député du texte qui
lui était soumis.
Remarquez bien que c'était une erreur mais, quand même,
c'est surtout de l'incompréhension.
M. Lessard: Une erreur qui était possible en vertu de la
rédaction.
M. Cournoyer: Non. Quand on ne cherche pas des poux, on trouve
ça correct.
M. Lessard: D'accord, parfois, c'est important d'en trouver.
M. Cournoyer: Selon l'exemple donné cet après-midi,
on comparait deux personnes d'égal revenu brut, on l'a établi
à $10,000 dans les deux cas. Si je prends la loi actuelle, si une
personne avait un revenu brut de $10,000 et souffrait d'une incapacité
théoriquement établie à 40%, l'indemnité sous forme
de rente qu'elle aurait en vertu de la loi actuelle c'est 40% de 75% de $9,000
et non pas de $10,000, parce que la loi fixe le plafond à $9,000. Pour
les fins de la comparaison on peut cependant dire que je vais prendre les
$10,000 qui ont été exprimés par le député
de Saguenay en oubliant qu'il y a un plafond de $9,000, ce qui donne
l'indemnité en question, une indemnité annuelle de $3,000
à 40% et à 75% de $10,000.
Si l'employé se trouve un emploi, dans le contexte de la loi
actuelle, qui lui donne $7,500 bruts par année, ce qu'il recevra en
vertu de la loi actuelle ne serait pas réduit, parce que c'est une
indemnité permanente. Son revenu annuel serait donc de $3,000 non
imposables parce que la par- tie de compensation n'est pas imposable, plus les
$7,500 imposables, mais, pour faire des comparaisons en chiffres bruts,
ça lui donnerait un revenu de $10,500 par an.
Dans le contexte du projet de loi tel qu'il est soumis, pour l'individu
qui fait $10,000 bruts, on établit son revenu net à 90% de son
revenu brut. Si on trouve le revenu net disponible, 90% de son revenu brut...
Son revenu net serait $9,000, $10,000 moins à peu près 10% qu'on
retrouve ici, ce qui donne $9,000 nets, et si on lui donne 90% de $9,000,
ça donne $8,100. C'est là l'indemnité que nous payons en
vertu du deuxième paragraphe, une indemnité complémentaire
équivalant à 90% de son revenu net disponible, c'est $8,100.
Quant au forfaitaire, en assumant qu'il s'agit d'une personne
âgée de 45 ans, si vous prenez la table à la fin du projet
de loi, après les notes explicatives, à l'annexe A, cela donne
$7,988. C'est un montant que l'on paie comme cela, au moment où la
personne perd son permis de travail à cause de silicose ou d'amiantose.
Si c'est à 55 ans, c'est un autre exemple, c'est $6,118, et cela diminue
avec les ans. Mais, cette partie veut dire 40% de ce maximum de 100% et c'est
pour cela qu'on l'établit à $7,988, c'est 40% du montant
prévu pour 45 ans.
La réduction qui surviendrait lorsque l'individu prendrait un
emploi qui lui rapporterait $7,500,bruts, toujours pour comparer avec le
même revenu de l'autre exemple, c'est une réduction de 50% des
premiers $5,000 et 75% de l'excédent; ce qui donne $4,375 de
réduction. L'indemnité de $8,100, moins $4,375, donne $3,725 de
maintien d'indemnité, plus les $7,500, cela donne $11,250; tandis que,
dans l'autre cas, c'était $10,500. C'était juste parce que le
député de Saguenay était parti, si je comprends bien son
exemple, du fait que c'était 40% des 90% qu'on lui consentait.
M. Lessard: J'étais parti de la pratique actuelle de la
Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: Et, partant de mon hypothèse initiale, j'ai
descendu mon raisonnement jusqu'à la fin.
M. Cournoyer: A la fin, si j'avais appliqué votre
raisonnement, vous aviez totalement raison, cela donne $7,500 plus zéro,
tandis que, dans le cas tel que je le décris, c'est $7,500 plus $3,725,
ce qui donne $11,250 dans le cas actuel, plus l'indemnité forfaitaire
qui n'est pas prévue dans l'autre cas.
M. Lessard: Bon, cela va. Je pense que c'est clair et j'admets
que j'avais fait une erreur; comme je le disais, je partais de
l'hypothèse de la Commission des accidents du travail.
Je voudrais demander au ministre cela me paraît quand
même important puisque l'on dit toujours "l'ouvrier, chez qui un
diagnostic positif de silicose ou d'amiantose a été
médicalement établi par des spécialistes en la
matière" à quel niveau
d'incapacité on enlèvera le permis au travailleur,
à 10%, 15%, ou 20%?
M. Cournoyer: Même 0.5%. Dès que la personne, en
vertu du règlement, est atteinte des voies respiratoires, si c'est de la
silicose ou de l'amiantose...
M. Lessard: C'est automatique.
M. Cournoyer: ... elle n'a plus le droit d'avoir un permis.
M. Lessard: Alors, c'est automatique.
M. Cournoyer: C'est-à-dire qu'elle n'a plus de permis de
mineur.
M. Lessard: Cela devient automatique. A un moment donné si
elle est atteinte d'amiantose à 5%, elle perd automatiquement son
permis.
M. Cournoyer: Le permis est terminé ici,
c'est-à-dire qu'on continue ailleurs. Le député me dit
qu'à moins qu'il y ait un autre emploi, mais un autre emploi qui n'est
pas un emploi qui se trouverait défendu à un type qui n'a pas de
permis. S'il a besoin d'un permis dans un autre emploi, il ne l'a pas.
M. Lessard: Mais, au rythme où on va là, et avec
ces normes, en 1978, si on fait examiner complètement tous les
travailleurs, combien va-t-il rester d'employés dans l'usine, dans les
mines?
M. Cournoyer: Un certain nombre de mines, c'est l'exemple que
vous donniez cet après-midi, ont déjà établi leurs
normes à cinq fibres et, apparemment, cinq fibres ce n'est pas une cause
d'amiantose à plus ou moins brève échéance.
Même le rapport que vous mentionnez assez souvent ne dit pas que cinq
fibres soient une cause d'amiantose. Je pense bien que tout le monde est dans
l'indécision là-dessus.
Il y a des mines mieux organisées que d'autres-, actuellement, et
qui y ont vu il y a déjà un certain temps. Ces mines c'est
là que je trouve que je ne les pénalise pas en faisant cette loi
ayant pris des précautions, les conséquences d'une loi
comme celle-là vont être moindres que dans le cas où on n'a
pas pris de précautions et où les gens sont encore dans les 175
et 300 fibres par centimètre cube.
M. Lessard: A partir du rapport Silikoff ou du Mount Sinai,
est-ce que le ministre a fait faire une étude ou une analyse pour
savoir, par exemple, combien d'employés pourraient être
retirés du secteur des mines d'amiante en vertu de cette loi?
M. Cournoyer: Quand on a estimé tant par 100 travailleurs,
c'est qu'on a été au maximum de l'évaluation possible. On
est arrivé à la conclusion que, ne le sachant pas avant que le
règlement ne soit appliqué et avant que l'examen n'ait
été fait, on ne le sait pas. C'est une chose hypothétique;
même à cinq fibres, on dit que c'est hypothétique.
Les constatations du Dr Silikoff ne sont pas encore définitives.
J'ai l'impression que ce que le ministre des Richesses naturelles veut faire
actuellement, c'est au moins mettre cinq fibres par centimètre cube et
conclure peut-être avec les spécialistes que cela aurait dû
être ou cela devrait être quatre ou trois fibres, si c'est
possible.
Dans ce sens, le nombre de personnes qui seraient affectées, nous
l'avions estimé rapidement, à cause du nouveau règlement,
c'est-à-dire à cause de la maladie des voies respiratoires, non
pas nécessairement l'amiantose. Dans le cas qui nous occupe ici, nous
allons plus loin que la seule amiantose, nous prenons la silicose aussi. On me
disait cet après-midi que, dans le cas de la silicose, il y aurait
peut-être 250 personnes qui seraient affectées par cette loi.
M. Lessard: Même si on reconnaît que cela peut partir
de 1%, 2%, 3%?
M. Cournoyer: Oui, parce que la silicose, apparemment, est
beaucoup plus facile à identifier que l'amiantose proprement dite,
c'est-à-dire que l'amiantose, cela prend plus de temps à
l'identifier. C'est ce qu'on me dit. Je ne me prendrai pas pour un autre. Je ne
suis pas un spécialiste. Mais, quant à savoir exactement le
nombre de personnes qui seraient susceptibles de perdre ou qui perdraient leur
permis en vertu du règlement du ministre des Richesses naturelles, je ne
saurais le dire. Nous avons été conservateurs dans notre
estimation, dans notre évaluation du nombre et, l'ayant
été, on se dit: Ecoutez, on a été conservateur
parce qu'effectivement on était en train de préparer un projet de
loi à l'époque et qu'on ne voulait pas que les gens disent: Cela
ne coûtera rien, cette histoire, ou cela va coûter de l'argent. On
a dit: Par tranche de 100 personnes et c'est là l'indication que
je donnais cela coûterait un certain nombre de millions de
dollars. S'il y en a 500, cela va coûter tant et s'il y en a 800, cela va
coûter tant à l'industrie. Mais, de là à
établir le nombre d'une façon précise, avant d'avoir
examiné les gens pour savoir s'ils vont perdre ou non leur permis, nous
ne l'avons pas fait.
Si nous l'avions fait, on le saurait exactement, mais nous ne l'avons
pas fait, le règlement a été établi le 15 mai.
M. Lessard: En ce qui concerne l'indemnité et le fait
qu'elle soit imposable ou non, le ministre a-t-il une réponse? C'est
à l'article 11, deuxième paragraphe. La loi
fédérale, si vous me permettez la loi de l'impôt
provincial, je pense, a à peu près la même rédaction
que l'impôt fédéral dit à l'article 389:
"Sont également exclus du calcul du revenu: d) une indemnité
reçue en vertu d'une loi du Canada ou d'une province sur les accidents
de travail, pour blessures, invalidité ou décès, à
l'exception d'une indemnité reçue à titre d'employeur,
etc.". Ici, il s'agit non pas d'une loi sur les accidents du travail, il ne
s'agit pas directement d'une
loi sur les accidents du travail, ce sont les conséquences
indirectes, c'est une maladie, ce n'est pas directement un accident, il ne se
fait pas couper un bras ou une jambe, etc., c'est une maladie industrielle.
Je pense bien que, du côté du Québec, il n'y aura
pas de problème. Le ministre est capable de donner un coup de
téléphone au ministre du Revenu et de dire: Ecoute, le principe,
l'idée du législateur c'est de faire en sorte que cette loi soit
identique à la Loi des accidents du travail parce que, indirectement,
c'est un accident du travail, mais, en fait, c'est une maladie qui est la
conséquence du milieu de travail.
A l'article 11, deuxième paragraphe, on dit et je pense
que c'est ce qu'on s'apprête à me répondre "elle
applique, dans l'administration de la présente loi, les dispositions de
la Loi des accidents du travail qui ne sont pas incompatibles avec la
présente loi". La question que je me pose c'est: Est-ce que, du
côté du gouvernement fédéral, il peut y avoir une
interprétation différente?
M. Roy: J'ai ici, si cela peut éclairer les membres de la
commission, le texte même de la Loi fédérale, article 81
h): "Une indemnité reçue en vertu d'une loi sur les accidents du
travail du Canada ou d'une province pour blessures, invalidité ou
décès, à l'exception de toute indemnité qu'une
personne reçoit à titre d'employeur ou d'ancien employeur de la
personne pour qui une indemnité pour blessures, invalidité ou
décès a été payée". C'est la même loi,
il n'y a pas de problème.
M. Lessard: Oui, mais vous allez les confondre.
M. Cournoyer: II y a déjà des maladies
industrielles. Je pense que vous avez dit plus tôt que c'est une loi des
accidents du travail. On parle d'accidents, mais les maladies industrielles
sont déjà compensées en fonction de la loi actuelle des
accidents du travail. Il s'agit d'une maladie industrielle compensée
différemment, mais c'est une maladie industrielle.
M. Lessard: D'accord. Nous verrons dans l'application.
M. Cournoyer: Nous le préciserons.
M. Lessard: L'article 2, on le suspend, quitte à recevoir
l'amendement lors du rapport.
M. Cournoyer: J'espère le faire avant, remarquez bien.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: Nous l'avons suspendu pour le moment.
Le Président (M. Séguin): L'article 2 est suspendu
en attendant la rédaction d'un amendement proposé par le
ministre. Je parle en même temps des paragraphes a) et b). Article 3.
Gains admissibles
M. Lessard: Article 3. Je constate qu'il y a un maximum de gains
admissibles, lequel est légal à 130% du salaire de base. Et plus
loin, le salaire de base est la moyenne des traitements et salaires
hebdomadaires pour l'ensemble des activités économiques du
Québec au mois de juin 1974, tel que publié par Statistique
Canada, en vertu de la Loi sur la statistique.
Or, M. le Président, je constate que, dans le secteur des mines,
le salaire de base est de 37% supérieur au salaire moyen, selon
Statistique Canada.
On constate que la moyenne hebdomadaire des salaires par division
industrielle basée sur les classifications de standards industriels de
1960, en janvier 1975, par exemple, ce salaire de base de l'ensemble de
l'industrie au Canada était de $191.54, alors que le salaire de base du
secteur minier était de $262.25 par semaine. Donc, le salaire moyen
industriel, à partir duquel on veut établir la compensation pour
les travailleurs dans le secteur de l'amiante, était de 37%
supérieur à ce salaire moyen.
M. Cournoyer: Est-ce que je peux poser une question? Est-ce qu'il
s'agit du salaire moyen canadien ou québécois?
M. Lessard: Canadien. D'abord, je me demande pourquoi
déterminer un maximum. Deuxièmement, je calcule qu'on devrait
tout simplement reconnaître le salaire moyen dans l'industrie. Ensuite,
pourquoi détermine-t-on le mois de juin 1974? Ceia veut donc dire que
l'indemnité ne pourra pas être modifiée, elle va être
déterminée à partir de juin 1974. S'il est payé en
1976, son indemnité est toujours basée sur juin 1974. Donc, le
salaire de base ne changera jamais.
M. Roy: Si on parle du salaire moyen canadien, c'est $191.54.
Mais, dans le projet de loi ici, on parle du salaire moyen du Québec,
qui est inférieur à celui-là; $187.41, si on prend les
statistiques de janvier 1975.
M. Cournoyer: Dans le cas qui nous occupe ici, il s'agit d'un cas
qui ressemble à un cas spécial et qui est spécial à
cause de son urgence, mais qui, selon nos intentions bien exprimées
d'ailleurs avant aujourd'hui, indique que nous nous dirigeons vers 90% du
salaire de base ou du revenu net disponible, avec un plafond basé sur le
revenu moyen québécois, non pas le revenu moyen canadien.
Si vous ne voulez pas de plafond, c'est une autre histoire. D'un autre
côté, au point de vue administratif, il y a lieu de mettre des
plafonds quelque part, selon ce qu'on m'a dit. Il n'y a pas seulement les gars
de l'amiante, il y a toutes les gens dans la province de Québec qui sont
placés dans des circonstances comme celles-là. On met donc un
plafond, strictement au point de vue administratif. Mais, dans le cas actuel,
le salaire moyen dont il est question est de $10,000 et le sa-
iaire moyen des mineurs de l'amiante, avec l'application du raisonnement
qui est ici, nous donne à peu près $12,000.
On le fait donc ici à cause du précédent que nous
créons et nous le faisons comme nous avons l'intention de le faire dans
la Loi des accidents du travail en général. Nous croyons que nous
donnons un bénéfice additionnel ici et nous nous prenons de telle
manière que nous ne créons pas de précédent que
nous ne pourrons pas mettre en vigueur ailleurs, au moins quant au calcul du
salaire de base maximum.
S'il y avait un plafond particulier à une industrie en
particulier ce serait différent, mais il change chaque fois que nous
avons une convention collective dans chaque cas. L'administration de ça
est pas mal compliquée. On met le plafond le plus réaliste
possible, compte tenu des circonstances actuelles, à 130% du salaire de
base et ça fait une référence de beaucoup
différente de celle que nous avons et qui est fixée à
$9,000.
M. Lessard: A moins que le ministre pense qu'il va utiliser les
articles qui vont venir par la suite, c'est que s'il refuse un emploi, il perd
sa compensation; on devrait reconnaître quand même que le salaire,
ça soit au moins... Je comprends un peu pourquoi vous mettez vos 130%.
J'ai dit tout à l'heure qu'en fait le salaire moyen du Québec est
de $187.41 dans l'ensemble de l'industrie, par rapport à $191.54 au
Canada.
Si on met 130%, cela veut dire que cela donne à peu près
la différence entre, d'un côté, le secteur minier et le
salaire moyen général. Comme on n'a pas des statistiques...
M. Roy: Même pas, parce que 130%, cela fait $243.63, alors
que le secteur minier, c'est $262.25.
M. Lessard: Le secteur minier, c'est pour l'ensemble du Canada.
On n'a pas les statistiques du Québec dans le secteur minier. On n'a pas
de statistiques.
M. Cournoyer: On va les avoir au mois de juin.
M. Lessard: Probablement que si le salaire de base, le salaire
moyen de l'ensemble du Canada est supérieur à celui du
Québec dans le secteur général, cela doit être la
même chose pour le secteur minier, parce que le "cheap labour" existe
chez nous. M. le Président, disons que les 130%, cela répond pas
mal à la question que je posais. Cependant, il me semble qu'au moins on
devrait fixer cela chaque année. C'est-à-dire que là on
dit au mois de juin 1974. Or, on sait que le coût de la vie augmente
considérablement, etc. On devrait dire 130% du salaire de base
annuel.
M. Cournoyer: Oui, mais cela doit être pris en
considération avec la modification générale à la
loi. Je vous ai dit cet après-midi qu'il s'agissait ici d'un cas
particulier réglé sur une base temporaire, en attendant des
révisions générales à la loi. Comme nous avons
l'intention de mettre 130%, nous devrions normalement monter à combien
l'an prochain? 135% le 1er janvier 1977, 140% le 1er janvier 1978, 145% le 1er
janvier 1979 et 150%...
M. Lessard: Toujours en se basant sur le salaire de juin?
M. Cournoyer: Sur le salaire du mois de juin. Le plafond devient
non pas...
M. Lessard: Je proposerais l'amendement suivant: Que l'article 3
soit amendé en remplaçant, dans la troisième ligne du
deuxième aliéna, le chiffre 1974 par les mots "de l'année
précédente". Vous ne modifiez pas vos 130%.
M. Cournoyer: Je les modifie.
M. Lessard: Vos 130% restent toujours là.
M. Cournoyer: Cela va monter à 150%.
M. Lessard: Non, mais, dans la loi, vous me dites que cela va
être modifié. Moi, j'aimerais bien mieux, M. le Président,
laisser faire les 130% puis établir le salaire de base moyen sur
l'année précédente. Si le salaire de base moyen, à
un moment donné, augmente par suite de négociations, etc., il
recevra toujours ses 130% du salaire moyen de l'année
précédente. En fait, vous faites jouer l'élément du
pourcentage, tandis que je dis qu'il me semble qu'on devrait laisser
l'élément du pourcentage constant, puis fixer l'indemnité
à partir du salaire moyen de l'année
précédente.
C'est bien plus logique comme cela.
M. Cournoyer: Dans notre cas à nous, il s'agit d'abord de
prendre soin de ceux qui vont perdre leur permis cette année par
décision de l'arrêté en conseil. C'est de ceux-là
qu'on prend soin, puis j'ai dit que c'était temporaire. Comme c'est
temporaire, la loi générale devrait normalement s'appliquer quant
au calcul des 90% la prochaine fois. C'est-à-dire que le salaire de
base, l'année prochaine, si nous adoptons la loi générale
au mois d'octobre, après consultation, bien sûr, devrait
être 130% du salaire moyen des Québécois au mois de juin
1975. Après, cela va être au mois de juin 1976. Les deux sont
mobiles, ils montent à 130%, 135%, 140% jusqu'à 150%.
M. Lessard: Mais qui détermine cela dans la loi?
M. Cournoyer: Pardon?
M. Lessard: Qui nous précise cela dans la loi?
M. Cournoyer: Ce n'est pas dans cette loi, je vous l'ai dit, mais
dans la loi générale.
M. Lessard: Oui, mais si le gouvernement tombe il va falloir que
les ministres s'entendent.
M. Cournoyer: II y a peu de chance que le gouvernement tombe.
M. Lessard: Non, non, mais, écoutez, le ministre
comprendra qu'une loi doit être faite pour le pire des ministres du
Travail.
M. Cournoyer: C'est moi le pire, vous n'en avez jamais vu un pire
que moi.
M. Lessard: M. le Président, je pense qu'à un
moment donné il est important qu'on le précise dans la loi,
quitte à dire par exemple 130%, avec augmentation de 5% par
année.
M. Cournoyer: Je vais mettre au mois de juin de l'année
précédente.
M. Lessard: Très bien.
M. Cournoyer: Mais je ne toucherai pas aux 130% parce que je
n'irai pas plus loin que la loi générale devrait aller. Cela
va?
M. Lessard: C'est cela. Très bien.
M. Cournoyer: Au lieu de "juin 1974", marquez de "l'année
précédente".
M. Lessard: Je pense que cela règle le problème et
votre loi est bien plus complète. Je pense que vous le comprenez.
M. Cournoyer: Moi, je voulais être sûr que j'en
faisais une loi temporaire, mais vous me placez dans la situation où mon
successeur aura une loi permanente.
M. Lessard: Non, on ne fait jamais de loi temporaire.
M. Cournoyer: Ecoutez, si cela satisfait tout le monde, de toute
façon, c'est cette année que je suis poigné avec, excusez,
je suis pris avec cette loi.
Le Président (M. Séguin): L'article 3,
deuxième paragraphe, amendé en ajoutant à la suite du mot
"juin" les mots "de l'année précédente". On
enlèverait "1974" et on continuerait "telle que publiée par
Statistique Canada en vertu de la Loi sur la statistique". Article 3, tel
qu'amendé, adopté?
M. Lessard: Non. Le maximum, au paragraphes. On dit que "Le
maximum des gains admissibles est établi au plus haut à
$500."
M. Cournoyer: Bon.
M. Lessard: Dans la Loi de la Législature, concernant les
salaires des députés, pour être plus justes, on l'a
déterminé aux $100. Pourquoi ne le déterminerait-on pas
aux $100? Je pense que c'est plus juste.
M. Cournoyer: Cela va être préjudiciable à
l'ouvrier.
M. Lessard: Pardon?
M. Roy: Pardon?
M. Cournoyer: Cela donne $1,000.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: C'est-à-dire qu'il s'agit quand même
d'établir un plafond.
M. Lessard: D'accord. Si ce sont $500,000, cela donne $1,000.
M. Cournoyer: Je peux accepter votre suggestion, par exemple.
M. Lessard: Non, non. A ce moment-là, je la retire.
Le Président (M. Séguin): L'article 3...
M. Cournoyer: Un instant, M. le Président, mettez donc,
à l'article 3, après le mot "revenus" le mot "bruts" dont on
parle ici.
Le Président (M. Séguin): Les revenus bruts de
l'ouvrier.
M. Cournoyer: Oui. On a ajouté "annuels", on est aussi
bien d'ajouter le mot "annuels" dans les deux cas.
Le Président (M. Séguin): Les revenus bruts annuels
de l'ouvrier ne sont pris en considération que jusqu'à
concurrence du maximum des gains admissibles, lequel est égal à
130% du salaire de base. L'amendement au deuxième paragraphe et au
troisième paragraphe demeure le même. Donc, l'article 3, tel
qu'amendé, adopté?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Si vous
voulez, messieurs, tel que convenu, nous avions suspendu l'article 2 et nous y
revenons immédiatement avec la proposition que je lirai. Il y aura une
modification tout de même quant à la disposition de l'article.
L'article demeure le no 2. Il y aura une première section, donc un petit
1 qui se lira comme suit: L'ouvrier atteint de silicose, etc. On passera aux
sous-articles a) et b) du paragraphe 1. Là, on introduirait l'amendement
qui serait un petit 2 au deuxième article. Article 2.2.
M. Lessard: Oui, d'accord.
Le Président (M. Séguin): C'est à ce moment
qu'on apporte l'amendement que je lirai. Si vous voulez prendre note.
M. Cournoyer: J'aimerais, si c'était possible, le faire
dactylographier, parce que c'est un texte assez long.
M. Lessard: D'accord. Ce serait mieux. De toute façon, je
ne pense pas qu'on termine ce soir. Ce serait beaucoup mieux...
M. Cournoyer: On va le rapporter demain.
Le Président (M. Séguin): Aucun problème de
ce côté-là. Article 4.
M. Cournoyer: J'aurai d'autres amendements.
M. Roy: M. le Président, à l'article 4, il est dit:
L'ouvrier qui, sans être frappé d'incapacité permanente, se
voit retirer le certificat médical permanent pour des raisons de
prévention contre les risques d'amiantose ou de silicose reçoit
une indemnité forfaitaire de $1,000 sauf si son employeur l'affecte
à un autre poste sans diminution de revenus. Je pense que c'est un
article qui revêt un caractère particulier, étant
donné qu'on va procéder à l'examen médical de tous
les ouvriers des mines. Si j'ai bien compris ce qu'on a dit tout à
l'heure, c'est que toute personne qui a atteint un degré de 5%
d'amiantose ne verra pas le renouvellement de son permis. Elle va donc devenir
admissible à la prime de $1,000. Parlant de prime, j'aimerais mieux le
mot indemnité, tel que mentionné ici.
M. le Président, qu'est-ce qui arrive dans le cas d'une personne
qui, après avoir travaillé trois ans dans une mine d'amiante,
perd son certificat à la suite d'un examen médical, d'un taux
d'amiantose de 6% ou 7%? Si elle ne peut accepter l'emploi qu'on lui offre
ailleurs, elle perd toutes ses indemnités; cela veut dire qu'elle est
obligée de se contenter d'un petit revenu de $1,000. Evidemment, c'est
plus loin dans la loi, on pourra y revenir, mais je pense qu'il devrait y avoir
une disposition additionnelle à cet article 4. J'en fais même une
proposition, M. le Président. Que l'article 4 soit amendé de la
façon suivante: C'est qu'après le chiffre de $1,000, on ajoute
les mots suivants: et devient éligible à l'indemnité
complémentaire prévue à l'article 2 b), sauf si son
employeur l'affecte à un autre poste sans diminution de revenus. Parce
qu'il y a également le fait que des personnes peuvent avoir un taux de
plus de 5% d'amiantose; des personnes peuvent avoir 10%, 15% et être
sérieusement affectées.
M. Cournoyer: Est-ce que le député a
remarqué que cet article s'appliquait lorsqu'il n'y a pas amiantose?
Je pense que vous avez peut-être mal compris, M. le
député de Beauce-Sud, lorsqu'on a dit 0.5%; dès qu'il y a
de l'amiantose, elle est susceptible de perdre son permis. Mais il s'agit ici
d'une personne qui n'a ni l'amiantose, ni la silicose. Ce sont des raisons de
prévention. On dit: Vous, c'est de valeur, vos poumons sont faibles,
faibles, faibles.
M. Lecours: Un monsieur peut souffrir d'asth-. me, un
exemple.
M. Roy: Quand même, si une personne tra- vaille dans une
mine d'amiante depuis un certain nombre d'années...
M. Lecours: Elle travaille depuis moins de trois ans, elle n'a
jamais eu son certificat de mineur d'une façon permanente.
M. Roy: Dans ce cas-ci le gars l'a. Il ne faudrait pas quand
même que des personnes qui perdent leur emploi se retrouvent uniquement
avec la prime de $1,000. D'abord, dans la loi, il n'y a pas de distinction
faite, à ce moment-ci.
M. Cournoyer: Pardon?
M. Roy: Dans le cas précis, on ne fait pas de distinction
entre une personne qui travaille dans une mine depuis une période de
temps plutôt qu'une autre période de temps.
M. Cournoyer: C'est une personne qui ne souffre ni d'amiantose,
ni de silicose...
M. Roy: ... mais qui offre, autrement dit, des
symptômes.
M. Cournoyer: De symptômes, mais ni d'amiantose, ni de
silicose, ce n'est pas cela. Elle est susceptible, à cause de son
état de santé, de prendre l'amiantose, la silicose, mais elle ne
les a pas. On constate à l'examen qu'elle n'a ni amiantose, ni silicose,
mais qu'elle a les poumons plus faibles qu'elle les avait avant d'avoir son
permis permanent.
M. Roy: Ce que je veux dire par cela, c'est qu'une personne qui
offre ces caractéristiques et qui travaille dans une mine d'amiante
depuis cinq, six ou sept ans se voit refuser son permis de mineur; c'est cela
que je veux dire, beaucoup plus que le taux d'amiantose, mais tenant compte
d'un nombre d'années que la personne aurait effectuées pour la
mine. Puis elle se voit limitée à recevoir une indemnité
forfaitaire de $1,000. Je trouve, M. le Président, que, sur ce point, ce
n'est pas suffisant. Le gouvernement devrait faire des distinctions de ce
côté.
M. Cournoyer: Disons que, pour ma part, la distinction est
faite.
Il s'agit de personnes qui ne souffrent ni d'amiantose ni de silicose,
mais qui ont les poumons faibles et à qui on dit: Pour vous
éviter à vous l'amiantose et la silicose, l'environnement
industriel dans lequel vous travaillez est malsain et on ne peut pas vous
permettre d'y travailler parce que vous allez prendre l'amiantose. Vous ne
l'avez pas, mais vous allez la prendre. Alors, on vous paie $1,000 pour vous
éviter de prendre l'amiantose.
M. Roy: Oui, mais, dans votre article, il est bien dit, à
la première ligne, et je reviens à ce que j'ai dit en premier
lieu, l'ouvrier qui, sans être frappé d'incapacité
permanente...
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Roy: Bon. Une personne peut être atteinte d'amiantose
sans être frappée d'incapacité permanente.
M. Lessard: Elle perd son travail quand même.
M. Cournoyer: Elle perd son travail, mais comme d'autres perdent
leur travail dans la province de Québec parce qu'elles ne sont pas
capables de le faire. Il s'agit là, comme vous le disiez si bien cet
après-midi, de protéger la santé des gens, de ne pas
forcer des gens et surtout de ne pas leur permettre de travailler. Avant le
règlement qui est adopté maintenant, on pouvait permettre
à des individus de continuer à travailler même s'ils
étaient atteints des voies respiratoires, sauf s'ils étaient
atteints de tuberculose. Là, on dit que ce règlement est pour
protéger la santé des individus. On leur dit: Vous n'êtes
pas capables de travailler dans ce milieu parce qu'il y a de la
poussière et on n'est pas capable d'enlever la poussière.
M. Lessard: Ce sont les examens annuels qui vont
déterminer cela?
M. Cournoyer: Ce sont les examens annuels qui déterminent
cela.
M. Roy: Oui, mais il va y avoir des gens qui ont quand même
un certain degré d'amiantose...
M. Cournoyer: Mais ceux-là sont couverts par le reste.
M. Roy: Si une personne a 5%?
M. Cournoyer: Elle est couverte, elle perd son permis, parce
qu'elle souffre d'amiantose.
M. Lessard: II veut confirmer l'article 2, où cela
s'appliquait s'il avait 0.5%.
M. Roy: Le point qui resterait à éclaircir, c'est
au sujet des personnes qui auraient plusieurs années de service.
M. Lessard: Oui, c'est là qu'est le problème. M.
Roy: C'est là qu'est le problème.
M. Lessard: Je reviens avec une préoccupation que j'ai. On
dit, à l'article 4: "sauf si l'employeur l'affecte à un autre
poste sans diminution de revenu." Mais il y a une chose, il peut arriver qu'on
l'affecte à un poste pendant six, sept ou huit mois, et, comme le gars a
été affecté à un autre poste, il perd son
ancienneté à un moment donné. Est-ce qu'il revient
parce que là ça va prendre une modification au code du travail ou
je ne sais quoi, la convention, mais oui avec son ancienneté?
S'il a quatre ou cinq ans de travail à la mine, est-ce que, dans son
autre emploi, on lui reconnaît son ancienneté? Il peut arriver que
la compagnie dise: D'accord, on va reclasser le gars et l'envoyer à un
autre poste. Mais, tout à coup, il arrive une diminution de la
production, le premier qui devra sortir, c'est lui. Autrement dit, c'est bien
simple, on contourne la loi indirectement. La compagnie dit: D'accord, on va
lui donner $1,000, mais, par ailleurs, on l'occupe à un autre emploi et,
six mois après, on dit: C'est bien de valeur, mais nous avons trop
d'employés, bonjour la visite, tu perds. Admettons qu'il a dix ans pour
la compagnie, est-ce que son ancienneté compte? Parce qu'il arrive le
dernier, il va donc être le premier à sortir.
M. Cournoyer: Le problème que nous avons, c'est de rentrer
dans les règles d'ancienneté qui sont établies par des
conventions collectives la plupart du temps. Quand il n'y a pas de convention
collective, il n'y a pas de problème, il n'y a pas d'ancienneté.
Il n'y en a pas beaucoup qui n'ont pas de convention collective, ça
serait une modification aux conventions collectives actuellement par le projet
de loi, ce que j'hésiterais à faire à ce moment.
M. Lessard: Le problème est là. M. Cournoyer:
C'est-à-dire...
M. Lessard: Vous voulez faire une loi et, en vertu de l'article
4, vous voulez faire de la prévention. Mais l'ouvrier peut se ramasser
à un moment donné tout simplement avec ses $1,000 et perdre
exactement son emploi, même s'il n'est pas atteint d'amiantose ou de
silicose, parce que la compagnie a décidé, sans le dire au
ministre, naturellement...
M. Cournoyer: Ils ne viendront pas me dire ça.
M. Lessard: ... de l'engager, de le prendre temporairement
à un autre poste sans diminution de salaire pendant six mois ou un an,
et, au bout d'un an, on va dire: Ecoute, nous n'avons plus besoin de toi.
M. Cournoyer: Ils ont sauvé les $1,000 et le poste.
M. Lessard: Ils n'ont pas sauvé les $1,000, ils les ont
versés.
M. Cournoyer: Non, ils ne les ont pas versés. Une Voix:
Bien non, ils l'ont engagé.
M. Cournoyer: S'il est maintenu dans un emploi sans perte de
revenu, ils ont sauvé les $1,000.
M. Lessard: Ah oui! C'est ça. Ils ont sauvé les
$1,000 et le poste. C'est encore pire. C'est moi qui interprétais...
M. Lecours: M. le Président, j'aurais un cas particulier
à soumettre dans ce sens. Quand la commission nous dit
"empoussiérage non significatif", qu'est-ce qui va arriver?
Des médecins de pneumoconiose nous donnent ce diagnostic souvent:
"empoussiérage non significatif". Qu'est-ce qui arrive à mon
mineur?
M. Cournoyer: Cela veut dire quoi? Vous êtes bien
plus...
M. Lecours: Cela veut dire qu'il n'y a pas assez
d'empoussiérage pour dire qu'il fait de l'amiantose, mais cela ne veut
pas dire qu'il n'en fait pas et on ne veut pas dire qu'il en fait. Pensez-vous
que la compagnie va garder ce monsieur? S'il a 19 ans d'ancienneté
à la mine, on va le mettre dehors carrément.
M. Roy: C'est cela: $1,000, puis le gars, dehors!
M. Lecours: On va lui donner $1,000 et s'en
débarrasser.
M. Roy: C'est cela.
M. Lecours: Et après 20 ans, on fera cela avec tout le
monde. Après 20 ans de service, c'est le moyen le plus sûr pour
que cela ne coûte pas cher à la compagnie.
M. Roy: C'est cela. On appelle cela une porte arrière.
M. Cournoyer: Une porte arrière? M. Roy: Une porte
arrière.
M. Cournoyer: D'après les explications que le docteur me
donne, c'est une porte d'en avantl Ce n'est pas une porte d'en
arrière.
M. Lecours: C'est une expression souvent employée à
la Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: L'intention, ici, était d'éviter
à un individu qui est placé...
M. Lessard: Je comprends l'intention du ministre...
M. Cournoyer: Cela me vient de la commission, cette proposition,
un individu qui ne perd pas nécessairement son permis,
c'est-à-dire à qui on retire son permis médical, en
disant...
M. Lessard: Je comprends l'intention du ministre, mais...
M. Cournoyer: Ce n'est peut-être pas pour l'amiantose et la
silicose, mais il n'a pas son permis médical et on dit: Ecoute, tu l'as
perdu parce que tu avais quelque chose aux bronches. Va-t-en chez toi,
voilà $1,000. Si je ne veux pas payer les $1,000, je l'emploie, je le
maintiens.
Je comprends qu'avec les règles des conventions collectives, les
gars rentrent à la queue leu leu et, à un moment donné, il
y a une diminution de personnel ou autre chose, bonsoir la visite. Cela ne m'a
pas coûté $1,000 et puis...
M. Lachance: M. le ministre, si vous enlevez cet article...
M. Cournoyer: Je pense bien qu'il ne change pas grand-chose
à l'esprit de tout le reste parce que ce qu'on veut compenser dans cela,
ici, ce sont les pertes pour l'amiantose et la silicose.
M. Lessard: Mais si le gars s'en va et que la compagnie ne le
reclasse pas ou ne l'affecte pas à un autre poste, il y a une perte de
$1,000.
M. Lachance: Bien non, l'assurance-chômage.
M. Lessard: Ah oui, l'assurance-chômage. Une Voix:
Le bien-être social.
M. Lessard: Je comprends. Je reviens un peu à ce que
disait le député de Beauce-Sud. S'il n'est pas atteint et s'il
n'est pas rengagé par la compagnie, le gars... D'abord, si on
l'enlève, il y a une perte de $1,000, mais le gars perd son emploi
exactement comme l'autre qui est atteint d'amiantose et de silicose.
M. Lecours: En vertu de la même loi, il n'a plus droit
à rien, excepté $1,000.
M. Lessard: C'est cela. Il va avoir le droit de crever comme les
autres. Le gars en question va dire:
M. Cournoyer: Ecoutez, on vise les victimes d'amiantose, pas les
ouvriers qui pourraient être susceptibles d'attraper l'amiantose.
M. Lecours: Oui, mais cela peut être un moyen. Moi, j'ai eu
plusieurs cas. Encore la semaine dernière, un de mes patients que j'ai
envoyé au comité de pneumoconiose est revenu avec
"empoussiérage non significatif". Pensez-vous que la compagnie va
prendre le risque de le garder un an pour qu'il devienne amiantosique?
Jamais.
L'explication qu'on m'avait donnée, c'est que le monsieur avait
travaillé deux ans avec un permis temporaire. Avant d'obtenir son permis
permanent, avant la fin de la troisième année, il passe un examen
et on lui dit: Toi, tu fais, disons, de l'asthme. Tu n'es pas apte à
travailler dans une mine d'amiante parce que tu as déjà une
maladie pulmonaire. On te retire ton certificat médical. Il avait $1,000
pour se recycler ailleurs, mais il n'était pas permanent à la
mine, ce monsieur, avant. Du moins, il n'avait pas un certificat permanent de
travail.
M. Lessard: Je pense que le député de Frontenac a
raison. Le gars travaille quand même dans
cette mine; il peut avoir travaillé sept, huit, dix ans dans
cette mine et avoir souffert d'une maladie qui n'est pas en relation directe
avec la silicose ou l'amiantose, mais il peut être plus apte, par
exemple, à contracter cette maladie. Il reste qu'en vertu de l'article
4, tel que le soulignait le député de Beauce-Sud, il perd aussi
son emploi comme celui qui est atteint d'amiantose et de silicose.
M. Roy: Même chose, pour les mêmes raisons,
c'est-à-dire pour des raisons quasi identiques.
M. Cournoyer: Pour des raisons psychologiques, il y a des
policiers qui vont perdre leur emploi; pour des raisons de prévention,
il y a des pompiers qui vont perdre leur emploi, parce qu'effectivement, ces
gens sont susceptibles de toutes sortes de maladies.
Un policier, par exemple, qui est un peu malade, il n'est pas encore
fou, mais on dit: Tu n'es pas capable de rester là.
M. Lessard: C'est prévu. Il y a une assurance. M.
Cournoyer: Tu le mets ailleurs.
M. Lessard: Non, non, il a une assurance. C'est prévu dans
sa négociation collective. Il a une assurance-maladie et puis...
M. Cournoyer: Pas quand il est susceptible d'être fou. Non,
il a une assurance-maladie quand il est fou. On va compenser cette folie, si
elle est contractée pendant les heures de travail.
M. Roy: Le ministre se trompe...
M. Cournoyer: Je donne un exemple. J'ai vu des...
M. Lessard: II n'est pas bon...
M. Cournoyer: Comment, il n'est pas bon?
M. Roy: II n'est pas bon, votre exemple, parce que la folie n'est
pas un critère qui est retenu en vertu de la Loi de l'aide sociale et
c'est la seule compensation qui existe.
M. Cournoyer: C'est pour la police.
M. Roy: Non, je parle de la Loi de l'aide sociale ordinaire. Pour
la police, ce n'est pas la même chose.
M. Cournoyer: Mais il y a compensation dans le cas de l'aide
sociale, dans le cas d'une personne qui perd son emploi à cause d'une
maladie qui est incompatible avec la fonction qu'elle a. J'ai parlé de
folie pour un policier en disant: S'il souffre de troubles psychosomatiques,
mais qu'il n'est pas encore à l'asile, on peut décider que cet
individu ne peut plus continuer d'exercer le métier de policier et on le
met à pied parce qu'il n'est plus capable de remplir la fonction. Est-ce
qu'à ce moment-là, on doit le compenser parce qu'il ne peut plus
remplir sa fonction?
M. Lessard: II y a plus que cela, c'est que ces $1,000, on sait
que la Commission de l'assurance-chômage...
M. Cournoyer: Non...
M. Lessard: On m'a dit cela.
M. Lecours: II peut l'avoir...
M. Lessard: La Commission de l'assurance-chômage dit que
s'il y a de l'argent accumulé, par exemple, sous forme de congés,
etc., qu'il reçoit... Parce que si c'est $100 par semaine, comme on peut
être dix semaines sans avoir d'assurance-chômage, cela veut dire
que ses $1,000, on les donne au gouvernement fédéral en plus.
M. Lafrance: C'est ce que cela veut dire.
M. Roy: Et il a une preuve médicale à fournir
à ce moment-là, car c'est un congé de maladie et il est
limité à quinze semaines.
M. Lecours: M. le Président, je pense qu'il faudrait lire
cela à peu près comme suit: L'ouvrier qui, sans être
frappé d'incapacité permanente, souffre d'une maladie pulmonaire
non industrielle, se voit retirer le certificat médical.
Des Voix: Je ne suis pas prêt. Pas d'accord.
M. Cournoyer: M. le Président, il s'agit de couvrir la
silicose et l'amiantose. Ici, on voulait éviter à des gens
d'avoir l'amiantose et la silicose, mais je constate, dans la discussion, qu'on
va beaucoup plus loin. Les $1,000, si j'en ai entendu parler lorsque
j'étais à Sept-lles, la semaine dernière...
M. Lessard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Cournoyer:... c'est surtout à cause des vacances de la
construction.
M. Lessard: M. le Président, on me dit qu'il y aurait eu
consentement, ce soir, pour aller jusqu'à minuit?
Le Président (M. Séguin): L'ordre de la Chambre est
minuit et demi.
M. Lessard: Non, il n'y a pas d'ordre de la Chambre, M. le
Président. Prenez le règlement. Vous verrez que nous ne sommes
pas sur une motion de fin de session, et vous constaterez que les heures de
session sont de dix heures du matin jusqu'à onze heures le soir. C'est
l'article 30, je pense.
Le Président (M. Séguin): Je comprends ce
à
quoi vous faites allusion et je suis totalement d'accord sur vos
commentaires. Il faut quand même se rappeler que, cet après-midi,
en Chambre, lorsque nous avons convenu de faire siéger ce soir les
commissions, il y a eu une motion proposée par le leader parlementaire
du gouvernement qui, lorsqu'il l'a proposée, a dit: Jusqu'à
minuit. C'est dans ce contexte que je parle d'un ordre de la Chambre.
M. Roy: M. le Président, si cela a passé devant
l'Assemblée nationale, je dois dire qu'il n'y a pas eu de consultation
au préalable. Je n'ai d'aucune façon été
informé de cela. Il a déjà été dit,
cependant, à l'Assemblée nationale, que les commissions
parlementaires étaient libres de siéger jusqu'à minuit si
elles le voulaient, mais, à ce que je sache, il n'y a pas eu d'ordre
spécifique pour que la commission parlementaire siège
jusqu'à minuit. Il y a quand même des limites, M. le Pré-
sident; nous avons commencé à dix heures ce matin, c'est assez,
il est onze heures.
M. Cournoyer: Faites donc une motion d'ajournement.
M. Lessard: D'autant plus que l'article 4 est important.
M. Roy: Je propose l'ajournement.
M. Cournoyer: Tout le monde est d'accord?
Le Président (M. Séguin): Agréé.
M. Lessard: On va suspendre à l'article 4.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 heures)