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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Projet de loi no 52
Loi sur l'indemnisation des victimes
de l'amiantose et de la silicose
dans les mines et carrières
Séance du vendredi 27 juin 1975
(Douze heures trente minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail et de la main-d'oeuvre entreprend de nouveau
ses travaux sur le projet de loi no 52, Loi sur l'indemnisation des victimes de
l'amiantose et de silicose dans les mines et carrières. Vous vous
souviendrez qu'il y a eu une modification dans le titre du
règlement.
Pour la séance d'aujourd'hui, les membres de la commission sont:
M. Bellemare (Johnson); M. Bérard (Saint-Maurice); M. Boudreault
(Bourget); M. Burns (Maisonneuve); M. Lessard (Saguenay); M. Vallières
(Richmond); M. Cournoyer (Robert-Baldwin); M. Déziel
(Saint-François); M. Harvey (Charlesbourg); M. Lachance (Mille-Iles); M.
Le-cours (Frontenac); M. Malépart (Sainte-Marie); M. Roy (Beauce-Sud);
M. Verreault (Shefford). Le rapporteur continue d'être M. Lachance
(Mille-Iles). Je passe donc la parole au ministre du Travail.
Article 4 retiré
M. Cournoyer: Avant de commencer, M. le Président,
j'aimerais mentionner immédiatement, après les longues
discussions que nous avons eues avec le Dr Lecours en particulier, et bien
sûr, avec l'Opposition également, sur l'article 4 et les
conséquences possibles quant à l'évaluation d'un
degré quelconque d'incapacité qui ne serait pas relié
à l'amiantose, mais qui serait de la condition préventive, que
j'en suis venu à la conclusion que nous devions retirer l'article 4.
Même s'il est encore dans les nouveaux projets, c'est parce qu'il
n'était pas retiré l'autre soir. C'est pour cela qu'il
paraît dans les nouveaux projets. Que ce soit dit que l'article 4 est
retiré.
Le Président (M. Séguin): M. le ministre...
M. Cournoyer: C'est seulement une remarque préliminaire,
M. le Président. On n'est pas rendu à l'article 4, à ce
moment-ci.
Motion d'amendement
M. Roy: Nous étions rendus à l'article 4, M. le
Président, j'avais même proposé un amendement à
l'article 4, d'ailleurs que le président a en main, en ce moment.
Le Président (M. Séguin): Mais cette motion devient
caduque, à ce moment-ci...
M. Cournoyer: A moins que le député de Beauce ait
une meilleure chose que nous autres.
M. Roy: Voici, dans l'article 4... M. Lessard: Elle est
meilleure!
M. Roy:... je proposais que l'ouvrier qui, sans être
frappé d'incapacité permanente, la nouvelle rédaction de
l'article, se voit retirer un certificat médical permanent pour des
raisons de prévention contre les risques d'amiantose ou de silicose,
reçoit une indemnité forfaitaire de $1,000 et devient admissible
à l'indemnité complémentaire prévue à
l'article 2 b).
M. Cournoyer: Ce n'est pas mon intention d'accepter cette
modification pour la raison que nous traitons ici de l'amiantose et de la
silicose.
M. Roy: Bon, si vous n'avez pas l'intention d'accepter cet
amendement, il est évident que l'article 4 n'a plus sa raison
d'être.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: Mais, M. le Président, je voudrais quand
même souligner que la motion présentée par le
député de Beauce-Sud devrait, je pense, être
acceptée dans le sens qu'on accepte le principe de la prévention.
Et, en commission parlementaire, lorsque nous avons siégé pour
analyser, en fait, tout le travail de la commission des accidents de travail,
nous avions parlé de prévention. Quelqu'un qui, comme
l'expliquait le Dr Lecours, est atteint d'asthme, par exemple, a beaucoup plus
de possibilités d'être atteint d'amiantose ou de silicose dans une
période probablement plus brève.
Or, si on ne fait pas cette prévention, il arrive ceci, c'est que
l'individu en question, qui est atteint d'asthme ou atteint d'une maladie, en
fait, qui le rend peut-être plus passible d'avoir l'amiantose ou la
silicose, se verra presque dans l'obligation de dire: Je vais aller avaler de
la poussière un peu plus, pour pouvoir, justement, me qualifier en vertu
de la loi générale. Je trouve que si on accepte le principe, par
exemple, que quelqu'un qui est atteint de 1% d'amiantose ou de silicose, puisse
être indemnisé, je pense qu'on devrait aussi accepter le principe
de prévention. Dans ce cas, on devrait accepter que la loi
générale s'applique, tel que le propose le député
de Beauce-Sud. Si le ministre n'accepte pas cette proposition, dans ces
circonstances, il faudrait bien accepter que l'article 4 soit tout simplement
retiré.
M. Roy: Remarquez bien, M. le Président, qu'en ce qui me
concerne, je préfère...
Le Président (M. Séguin): Je ne voudrais pas
intervenir encore ici. Le ministre a déjà exprimé
son intention de retirer l'article 4, donc il ne faudrait pas parler d'un
amendement sur un article qui n'existe pas. Si vous voulez discuter...
M. Lessard: Voici, M. le Président...
M. Roy: L'amendement n'a pas été adopté.
Le Président (M. Séguin): Non, cela n'a pas
été suggéré comme amendement.
M. Lessard: Qu'on se comprenne bien, M. le Président, il y
avait un amendement du député de Beauce-Sud sur la table, en ce
qui concerne l'ex-article 4...
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Lessard: Cet amendement doit être discuté avant
justement l'amendement du ministre.
M. Cournoyer: On peut procéder. Je regrette l'amendement
et j'explique pourquoi je le regrette. C'est qu'il n'est pas question de faire
autre chose que de compenser pour cette poussière d'amiante dont on m'a
montré la nature d'une façon manifeste hier. Personnellement, je
me sentirais probablement incapable de travailler dans l'amiante, étant
donné que je n'ai pas dormi de la nuit avec cela; ce n'est
peut-être pas à cause de cela, c'est avec cela que je n'ai pas
dormi. Effectivement, cette poussière d'amiante peut affecter des gens
plus rapidement. Si nous acceptions le principe que nous rembourserions au
même titre ceux qui sont effectivement atteints d'amiantose et ceux qui
ont les bronches "avariables" plus rapidement que d'autres, cela voudrait dire
que, dans tous les autres corps de métiers et partout ailleurs, on
devrait établir, par exemple, qu'une personne qui est susceptible
d'être malade un jour, dans telles circonstances, on doit la compenser
pour le reste de ses jours. On dit: Changez de "job" si vous n'êtes pas
capable de travailler là-dedans, parce que cette prévention, elle
existe.
M. Roy: Oui, mais j'aurais un mais. Qu'arrive-t-il pour une
personne, qui après avoir travaillé dix ans, douze ans et quinze
ans dans une mine, se voit, à un moment donné, retirer son permis
à cause des dangers?
M. Cournoyer: M. le Président, elle est placée
aujourd'hui, cette personne, dans une situation où elle n'a rien du
tout. Elle n'est pas incapable, elle n'a pas d'incapacité pulmonaire,
elle ne souffre pas des voies respiratoires, elle est susceptible de
peut-être souffrir des voies respiratoires. L'examen annuel que nous
faisons maintenant dans les mines d'amiante et dans les mines de métaux
actuellement, c'est un examen qui, en soi, est de nature préventive. Si
on est pour dire: On ne fera pas d'examen annuel; on va en faire juste quand
les gars sont malades et qu'ils viennent se plaindre, cela est une autre
histoire.
Il y a un caractère préventif je pense bien que le
député de Saguenay va comprendre en particulier, parce que,
d'autre part, on devrait peut-être le faire ailleurs, cet examen
qui dit: Monsieur, vous êtes susceptibles d'être malade; vous ne
l'êtes pas, mais le caractère de vos poumons ne vous permet pas de
travailler soit dans la soudure on parle d'amiante ici soit dans
un autre endroit, par exemple, qui serait renfermé. Si vous souffrez de
claustrophobie, est-ce que ce n'est pas, à un moment donné un
empêchement de travailler dans un endroit fermé? Pourquoi je ne
compenserais pas la personne qui souffre de claustrophobie, parce que tout ce
que j'ai à lui offrir, c'est un emploi dans un endroit fermé?
C'est une maladie; en fait, c'est un état qui fait que la personne ne
peut pas travailler dans les circonstances.
Cela veut-il dire que, dès qu'on découvre à une
personne une faiblesse quelconque, soit dans le système pulmonaire, soit
dans les yeux ou dans tout autre système, on va lui dire: On va vous
compenser pour le reste de vos jours? Vous aviez droit à une "job"
jusqu'à la fin de vos jours. Cela ne relève pas du tout de la
nature de votre travail passé. Ce n'est pas une résultante
directe de votre travail passé; c'est juste parce que vous ne pourrez
pas travailler à l'avenir sans risquer d'être malade qu'on vous
dit: Monsieur, vous ne travaillez plus ici.
M. Lessard: M. le Président...
M. Cournoyer: C'est préventif, cela aussi.
M. Lessard: ...j'aurais une question à poser quand
même au ministre...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: ...qui me paraît assez importante. Est-ce que
le permis de mineur peut être retiré je sais un peu la
réponse, mais je voudrais que cela soit confirmé
exclusivement pour des mesures de prévention ou est-ce que le permis de
mineur n'est retiré que dans les cas où il est atteint d'un
minimum de silicose ou d'amiantose? Je pense que c'est important...
M. Cournoyer: C'est important.
M. Lessard: ... parce qu'à ce moment la compagnie peut
jouer facilement avec ses employés, lorsqu'elle constate, par exemple,
que l'employé est atteint d'asthme et que, peut-être, dans une
période d'un an, il pourra être atteint d'un minimum d'amiantose
ou de silicose, la compagnie n'aura qu'à dire: C'est regrettable, mais
pour des mesures de prévention, je refuse ou je m'oppose au
renouvellement du permis par la Commission des accidents du travail. Je pense,
M. le Président, que la question est très importante. Est-ce que,
dans ces circonstances, lorsqu'il s'agit d'asthme ou d'une autre maladie qui
rend peut-
être la personne plus susceptible d'être atteinte
d'amiantose ou silicose, on peut lui refuser son permis de travail, qui lui est
absolument nécessaire pour travailler?
M. Cournoyer: Moi, M. le Président, quitte à
vérifier, j'ai l'impression qu'on peut refuser le permis de travail d'un
type qui est atteint d'asthme, parce qu'il est atteint d'une maladie des voies
respiratoires. Ce que nous compensons ici, ce sont les maladies des voies
respiratoires causées par l'environnement industriel. J'ai
mentionné, avant aujourd'hui, que, lorsqu'une personne a
contracté une pleurésie ou une pneumonie qui lui laisse des
marques, elle a une maladie des voies respiratoires. Mais, si elle a
contracté cette maladie à la chasse, dans les îles de
Sorel, à l'automne, je ne vois pas comment je peux exiger une
compensation de 90% du salaire jusqu'à 65 ans, comme c'est prévu
ici, pour une maladie qui n'est pas une maladie industrielle.
M. Lessard: Oui, mais cela peut être une
conséquence, par exemple, de son milieu de travail. Je pense...
M. Cournoyer: Oui, mais je ne suis pas médecin.
M. Lessard: ... que, à ce moment, quelqu'un peut
être atteint d'asthme à cause de ses conditions de travail. Je ne
sais pas, peut-être que le docteur Lecours comme médecin peut me
donner...
M. Lecours: Disons qu'à l'heure actuelle, on veut surtout
compenser ceux qui souffrent d'amiantose. C'est pour cela la loi, le type de la
loi, la silicose.
M. Lessard: Oui, mais le gars perd quand même sa "job".
M. Cournoyer: Bien oui.
M. Lecours: C'est peut-être possible qu'il perde son
emploi, mais on ne peut pas toujours relier la question de l'amiantose ou de
l'amiante à l'asthme. Il y a plusieurs raisons, il y a plusieurs causes
qui donnent l'asthme; c'est un facteur allergique, mais lequel? Il n'y en a
jamais juste un, il y en a plusieurs. On ne pourra jamais déterminer
d'une façon légale quelle cause a donné à ce
monsieur une maladie qu'on appelle l'asthme. On ne peut pas le trouver en
médecine.
M. Lessard: Mais je voudrais poser une question au docteur
Lecours.
Le Président (M. Séguin): Posez-la au
président.
M. Lessard: C'est-à-dire, M. le Président, que vous
la passerez au docteur Lecours.
Le Président (M. Séguin): II l'entendra et si le
docteur le veut, il y répondra.
M. Lessard: On parle d'asthme, mais on parle d'autres maladies.
Le problème que je vois, si l'article 4 disparaît et qu'il n'est
pas remplacé, par exemple, ou que la motion du député de
Beauce-Sud n'est pas acceptée, c'est que les compagnies vont être
beaucoup plus prudentes, parce qu'elles savent qu'en dernier ressort elles vont
payer. Elles vont surveiller beaucoup plus leur personnel, de telle
façon qu'à un moment donné... Alors qu'autrefois on
traitait le personnel un peu comme du bétail, qu'on le rendait jusqu'au
cimetière et qu'on l'envoyait à l'abattoir quand il
n'était plus capable de travailler, là on va dire à la
moindre petite maladie, pneumonie, asthme ou autre chose: C'est bien
regrettable, mais pour des raisons médicales et pour des dangers
possibles que tu puisses être atteint d'amiantose ou de silicose, on te
congédie. Pour le gars, cela a exactement le même résultat,
il perd sa "job". Il a pu travailler dans la compagnie pendant dix ans, douze
ans, treize ans, etc. mais le gars perd sa "job", comme celui qui est atteint
d'amiantose ou de silocose; il est aux prises avec les mêmes
problèmes que le gars souffrant d'amiantose ou de silicose avait avant.
Je trouve que si on ne prévoit pas cela, les compagnies vont profiter de
la possibilité de prévention et, étant donné
qu'elles participent entièrement à ce fonds, vont peut-être
congédier de façon systématique ou s'opposer au
renouvellement de façon systématique un certain nombre
d'employés qui pourrait continuer de travailler. Le résultat
c'est que les gars perdent leur "job".
M. Lecours: M. le Président, je pense que le
député de Saguenay ne fait pas assez confiance aux syndicats. Ils
sont là pour défendre leurs travailleurs. Pensez-vous qu'ils vont
laisser enlever l'emploi à un de leurs travailleurs si quelqu'un a une
maladie qui ne mérite pas de perdre l'emploi, autrement dit. Ce n'est
pas une maladie grave. Il n'y a pas aucun syndicat qui ne défendra pas
le cas de son homme, de son syndiqué pour dire que ce gars va conserver
son emploi, messieurs. Ils vont aller trouver d'autres spécialistes qui
vont donner les certificats médicaux prévus pour prouver que ce
monsieur ne souffre pas d'une maladie qui peut occasionner une perte
d'emploi.
M. Lessard: C'est un permis de travail, ce n'est pas une carte
syndicale. C'est un permis de travail...
M. Lecours: Oui, mais cela prend des services...
M. Lessard: ... qui est donné par la Commission des
accidents de travail...
M. Lecours: ... cela prend des certificats médicaux dans
cela.
M. Lessard: ... et le ministère des Richesses
naturelles.
M. Lecours: C'est une question médicale, cela.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président...
M. Lessard: Le syndicat ne peut pas soulever des griefs
médicaux.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: ... en ayant écouté le ministre tout
à l'heure, je pense que pour trancher cette question, il faut tenir
compte qu'il y a deux cas différents. Vous avez d'abord le cas de
nouveaux employés qui vont s'embaucher pour travailler dans les mines
d'amiante, employés auxquels on va faire subir des examens
médicaux, qui permettront de découvrir que cette personne a une
faiblesse des voies respiratoires, souffre d'asthme ou autre chose, et il se
voit refuser son permis, c'est-à-dire son certificat médical, son
permis de mineur. Cela n'est pas un permis permanent, c'est son premier
permis.
M. Lecours: Temporaire.
M. Roy: Oui, son permis temporaire. Mais, il y a le cas de
personnes qui, à la suite de l'adoption de cette loi, travaillent
déjà dans les mines depuis dix ans, depuis douze ans, depuis
quinze ans, personnes qui ont contribué à un fonds de pension,
personnes qui ont des droits acquis et qui perdront leur permis.
Je trouve que le cas des personnes qui travaillent déjà
dans les mines depuis un certain nombre d'années qui perdront leur
permis en vertu des dispositions de la loi, de la nouvelle loi, est
complètement différent du cas de personnes qui font une demande
pour travailler dans les mines et qui se voient refuser leur permis à
cause d'une faiblesse des voies respiratoires. Je pense que vouloir traiter les
deux cas avec la même disposition dans la loi crée une injustice.
Si on fait en sorte de dédommager les personnes parce qu'elles viennent
de faire une demande d'emploi, on ouvre une porte à des abus
extrêmement grands. Sur cela, je serais porté à donner
raison un peu au ministre. Mais si, d'un autre côté, on refuse le
permis à des personnes qui travaillent depuis un certain nombre
d'années, qui ont des droits acquis comme je le disais tantôt,
sous prétexte de la prévention, et qu'il n'y a aucune disposition
pour dédommager ces personnes, je dis qu'on leur cause un
préjudice très grave. Alors, il faudrait à mon sens qu'il
y ait deux dispositions dans la loi de façon à faire une
distinction très nette entre les deux cas que j'ai mentionnés
tantôt.
Le Président (M. Séguin): L'honorable ministre.
M. Cournoyer: Là-dessus je vous avoue que, tel que
conçu et rédigé, le projet ne traite que de l'amiantose et
de la silicose. Si je veux régler le problème des autres,
remarquez bien qu'on peut parler des mines, des maladies des voies
respiratoires où il y a un permis. Mais posez-vous donc la question, par
exemple, sur celui qui perd une jambe dans une mine; il ne travaillera pas plus
celui-là, mais il n'a pas l'amiantose ou la silicose.
M. Roy: Non, mais il est...
M. Cournoyer: Et cette personne est compensée
conformément aux règles ordinaires de la Loi des accidents du
travail.
M. Lessard: A vie, à part cela.
M. Cournoyer: Oui, monsieur à vie.
M. Lessard: Qu'il ait une "job", qu'il s'en trouve une ou qu'il
ne s'en trouve pas.
M. Cournoyer: Oui, monsieur. M. Lessard: A vie.
M. Cournoyer: Oui, mais il n'est pas compensé par exemple
à 90% de son revenu net.
M. Lessard: On en reparlera tantôt, vous allez voir.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: II y a des amendements à venir
là-dessus.
M. Lessard: C'est 75% du revenu brut et cela équivaut
à...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un à la fois.
M. Lessard: Cela n'arrête pas à 65 ans.
Le Président (M. Séguin): Un à la fois, s'il
vous plaît.
M. Cournoyer: Oui, pardon.
Le Président (M. Séguin): M. le ministre.
M. Cournoyer: M. le- Président, si on veut régler
le problème de tous les accidentés de travail dans la province de
Québec, on va mettre de côté ce projet de loi sur
l'amiantose, parce qu'on va régler tous les problèmes en
même temps. On va entendre la solution globale. Nous avons voulu nous
restreindre à l'amiantose, parce que c'est cela qui est le
problème apparemment dans les mines d'amiante. C'est l'amiantose qui est
le problème. Et parce que le règlement est fondé sur la
silicose et l'amiantose, c'est-à-dire les opérations
minières en milieux empoussiérés, c'est celui-là
qui enlève un permis. On enlève le permis pour des maladies
des voies respiratoires. Les maladies des voies respiratoires dont il
est question dans ce projet de loi, sont celles qui nous sont
mentionnées comme étant l'amiantose et la silicose. Je vais faire
une tentative, un précédent, bien sûr que c'est un
précédent, tout le monde m'accuse de le faire; je fais un
précédent qui est injuste en soi pour ceux qui n'ont pas les
bénéfices qui sont établis ici. Je dis: Je règle le
problème de l'amiantose à titre expérimental, à
part cela.
M. Lessard: C'est un Québec.
M. Cournoyer: Si c'est un Québec, dites-le aux mineurs, on
va se retirer et on reviendra au mois de septembre.
M. Lessard: On vous dira pourquoi tout à l'heure. On vous
le dira tout à l'heure à l'article 6 pourquoi. Alors, le vote sur
la motion...
Le Président (M. Séguin): On demande le vote sur
l'amendement proposé par le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Que ceux qui sont en
faveur de l'amendement veulent bien l'indiquer.
M. Roy: M. le Président, vous êtes censé, en
vertu de notre règlement, faire appel aux députés qui sont
membres de la commission.
Le Président (M. Séguin): Je les ai tous
nommés tout à l'heure, ce sont les seuls qui voteront.
M. Roy: Vous devez vérifier, M. le Président. On
peut voter à main levée, mais il faut que vous fassiez l'appel
des députés; les membres peuvent changer et je n'ai pas les
statistiques. Ce n'est pas mon rôle de vérifier la
présence.
Le Président (M. Séguin): Ecoutez, vous avez
peut-être raison. Nous sommes ici une dizaine de personnes. L'appel des
noms, je viens d'énumérer les membres.
M. Roy: L'appel des noms, c'est comme cela qu'on est censé
procéder.
M. Lessard: Cela peut être changé, à un
moment donné. Si on le fait à main levée, le
député peut bien lever la main et on vérifiera cela.
Le Président (M. Séguin): C'est cela, cela nous
prendra une calculatrice ici. Un instant, à l'ordre! Que ceux qui sont
en faveur de la motion veuillent bien l'indiquer. Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Shefford.
M. Verreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Levez la main. S'il vous
plaît, il faut l'indiquer de la main d'après le règlement.
C'est pour cela que je trouve qu'il y a double effort. Le député
de Saint-Maurice.
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Roy: Vous avez changé la tradition.
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas moi qui ai
changé la tradition.
M. Vallières: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Contre. Le
député de Frontenac.
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de... Levez la main. Le député de Mille-Iles.
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Robert-Baldwin.
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du Travail,
contre?
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): Un vote. Le
député de Saguenay.
M. Lessard: Pour.
Le Président (M. Séguin): La motion est
rejetée par le compte de: 2 en faveur et 7 contre. Il y avait une motion
proposée par le ministre qui était, si je me souviens bien, de
biffer l'article 4.
M. Cournoyer: C'est exact.
Le Président (M. Séguin): Etes-vous prêts
à voter sur l'amendement du ministre, soit de biffer l'article 4? Le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Robert-Baldwin.
M. Cournoyer: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Mille-Iles.
M. Lachance: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: En faveur.
M. Cournoyer: II faut lever la main, on n'est pas obligé
de dire: En faveur.
Le Président (M. Séguin): On n'est pas
obligé de dire un mot.
M. Lessard: En faveur ou contre.
Le Président (M. Séguin): Je le sais, moi.
M. Lessard: Ah! vous le savez?
Le Président (M. Séguin): J'ai appelé ceux
qui sont contre. Le député de Frontenac.
M. Lecours: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Maurice.
M. Bérard: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Shefford.
M. Verreault: En faveur.
Le Président (M. Séguin): La motion est
adoptée.
M. Bellemare (Johnson): Mon nom a-t-il été
enlevé sur le...
Le Président (M. Séguin): Non. Le
député de Johnson.
M, Bellemare (Johnson): En faveur. Une Voix: Vous aviez
compris que...
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'ai compris, qu'on enlève
$1,000.
Le Président (M. Séguin): La motion du ministre est
adoptée, soit que l'on biffe l'article 4. Je reviens, si on me le permet
à ce moment-ci, à un article suspendu, l'article 2.
M. Cournoyer: M. le Président, sur l'article 2, est-ce que
le député de Saguenay pourrait avoir le texte, s'il vous
plaît? Pourrait-on avoir une copie du dernier texte que vous m'avez
présenté ce matin pour le député de Saguenay et le
député de Beauce-Sud, et les autres députés...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson, de Shefford.
M. Cournoyer: ...car il y a des choses à préciser
ici.
M. Lessard: L'article 2 avait-il été
réellement suspendu?
Le Président (M. Séguin): Oui. Nous avons devant
nous une proposition de remplacer l'article 2 du projet de loi no 52. Je
constate qu'il est 1 heure, la commission suspend ses travaux. Pourrais-je
avoir une explication sur ce qui s'est dit en Chambre; j'y étais mais je
n'ai pas compris. Doit-on retourner en Chambre à 2 h 30?
M. Roy: M. le Président, nous devons retourner en Chambre
à 2 h 30 pour des votes. Aussitôt que les votes seront pris, nous
pourrons revenir en commission parlementaire.
Le Président (M. Séguin): Nous suspendons nos
travaux jusqu'à 15 heures.
Une Voix: Sine die.
Le Président (M. Séguin): Oui, la séance e.
suspendue sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
Reprise de la séance à 15 h 15
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Les membres de la commission, cet après-midi, sont les
mêmes qu'avant le déjeuner. S'il y avait des modifications faites
de la part de l'Opposition et du côté ministériel, on
pourrait les prendre en considération à ce moment-là. Il
s'agirait de faire les modifications. C'est entendu que c'est le même
rapporteur.
En face de la réimpression du projet 52, tel que soumis par le
ministre, avant le déjeuner, je me vois devant une situation où
nous avions déjà approuvé certains articles comme l, etc;
il y a des modifications mineures dans la nouvelle présentation, donc,
il faut nécessairement, pour me conformer, au lieu d'approuver comme
"amendement", si vous voulez faire la même chose, soit prendre le nouveau
projet tel que soumis.
J'ai fait la vérification pendant l'heure du lunch, à
savoir s'il y avait des changements à apporter au principe, dans le
projet de loi 52 réimprimé, qui n'affectent en aucune
façon le principe approuvé en deuxième lecture. Donc,
à partir de ce moment, la commission a le droit d'amender, de faire les
changements voulus. Si nous partons sur cette base, étant donné
qu'il n'y a pas de modification de principe, nous n'offensons en aucune
façon la procédure réglementaire ou réelle du
Parlement et des approbations qui auraient été données en
Chambre auparavant, en deuxième lecture.
Je passe tout de suite et je vous demanderais de regarder le nouvel
article I. Les seuls changements qu'il y a, pour autant que je puisse voir,
c'est que nous avons introduit dans la définition des termes, a)
commission, ce qui n'existait pas, vous avez une définition. Je ne vois
pas d'opposition à ce moment-là. Si vous prenez le nouvel article
d), il faut faire la concordance, à la deuxième ligne, au lieu de
référer, comme dans l'ancien règlement 52, au paragraphe
a), il faut référer à d).
Est-ce que je pourrais considérer que l'article I est
adopté tel qu'amendé?
Révocation du premier texte
M. Roy: Oui. M. le Président, il y aurait cette
façon de procéder, mais il y en aurait peut-être une autre
beaucoup plus simple, celle de révoquer tout ce qui a été
fait jusqu'ici; on repart à neuf et on dit nouvel article no 1,
adopté; nouvel article no 2, adopté; nouvel article no 3... Cela
va être moins compliqué pour le rapporteur.
Le Président (M. Séguin): Je veux m'en tenir au
nouveau texte, strictement sur notre procédure.
M. Cournoyer: Révoquons donc l'autre. M. Roy:
Révoquons l'autre.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a une
motion de révocation pour l'ancien texte?
M. Roy: Ce serait au ministre à...
M. Cournoyer: Révoquez les autres...
Le Président (M. Séguin): Proposé par le
ministre, unanimement appuyé, la révocation du projet original no
52. Il est remplacé pour notre étude par la réimpression,
distribuée avant l'ajournement du midi, du nouveau projet no 52,
incluant des modifications.
Article 1 tel qu'amendé, adopté.
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 2. Nous
étions en face d'un nouvel article.
Indemnités
M. Lessard: Je pense qu'il s'agit ici du coeur du projet et cet
article est fort important. Il faut bien comprendre, M. le Président,
qu'il y a deux choses importantes dans ce projet.
Il y a d'abord le principe qu'on reconnaît de pouvoir verser
à quelqu'un qui a vu sa santé diminuer à cause de
l'amiantose ou à cause de la silicose, on lui reconnaît le
principe d'être payé pour la perte de sa santé, pour sa
maladie. Il s'agit de l'indemnité forfaitaire.
Or, dans l'ensemble, nous disons que, globalement, avec les amendements
que j'ai pu entrevoir ou qui vont être présentés
prochainement, dans l'ensemble, nous sommes d'accord sur le principe de ce
projet de loi.
Cependant, en ce qui concerne l'indemnité forfaitaire,
c'est-à-dire le fait de reconnaître financièrement qu'il y
a eu une atteinte à sa santé et qu'il faut compenser
financièrement à cette atteinte, je considère que les
montants forfaitaires ne sont pas assez élevés.
En effet, je voudrais vous donner un exemple. Il est certain qu'on
distingue bien deux choses. Il est certain que, s'il s'agit du cas d'une
personne dont l'incapacité est reconnue totalement, cette personne ne
pourra pas se trouver du travail, ou d'une personne qui a atteint l'âge
de 55 ans.
Cette personne ne pourra, à ce moment-là, se trouver du
travail et, à son indemnité forfaitaire, s'ajoute une
indemnité complémentaire, à savoir 90% de son salaire.
Mais, dans le cas, par exemple, où il y a une incapacité
partielle... On sait, actuellement, que la Commission des accidents du travail
a très difficilement reconnu jusqu'ici l'incapacité due à
l'amiantose ou due à la silicose. On sait, par exemple, d'après
les informations qui nous ont été données, que le maximum
d'incapacité, qui a été reconnu par la Commission des
accidents du travail jusqu'ici, a été de 25%.
Or, je prends un exemple concret: Admettons la possibilité d'un
individu qui a atteint l'âge de 40 ans et dont l'incapacité
reconnue est de 20%, qu'est-ce que cela va lui donner comme montant
forfaitaire? Cela va lui donner, en vertu de la table, soit 20% de $22,227,
à l'annexe A, soit environ $4,400. Nous croyons que ce montant est
absolument insatisfaisant. C'est bien beau de parler de
$4,400 de versement immédiat, au moment où le gars perd sa
"job", mais cela veut dire $400 par année.
Si cette personne se présentait devant une cour de droit commun
on sait qu'il y a eu des précédents et j'ai
étudié certains précédents que des avocats m'ont
remis je suis assuré que ces montants pourraient être
supérieurs. Nous croyons et nous serions d'accord à accepter le
principe du projet de loi, si le montant forfaitaire était doublé
ou si les montants forfaitaires étaient doublés, parce qu'il est
certain qu'à ce montant forfaitaire s'applique...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Sans vouloir vous interrompre, il a été question,
dans les derniers commentaires que vous avez faits, que vous seriez capable ou
en mesure d'accepter le principe si le principe du projet de loi était
déjà accepté en deuxième lecture. C'est
peut-être une autre question...
M. Lessard: Nous serions d'accord pour adopter cet article 2.
Nous serions d'accord sur l'article 2 le ministre acceptait de doubler ces
montants forfaitaires, parce que nous disons qu'il est vrai que, à ce
montant forfaitaire, s'ajoutera, à un moment donné, une
indemnité complémentaire, mais, cette indemnité, comme
nous le verrons à l'article 6 et comme nous le verrons à
l'article 5, est soumise, en fait, à la condition que l'ouvrier accepte
un emploi. Il s'agit donc d'une assurance-travail, il s'agit donc d'une
assurance-revenu.
Dans le fond, l'indemnité complémentaire va tout
simplement remplacer l'assurance-chômage en attendant que le gars se
trouve une "job". En effet, il est certain que, si le gars a atteint 55 ans ou
s'il a atteint 60 ans, il n'a pas de problème, il va être
protégé, parce que, probablement, le gars va avoir de la
difficulté à se trouver une "job" ou on va avoir de la
difficulté à lui en trouver une. Si le gars a une
incapacité de 20% et est âgé de 40 ans, à ce moment,
probablement, parce qu'une incapacité de 20% va lui permettre de pouvoir
travailler dans d'autres métiers, probablement qu'à ce moment, on
sera capable de lui assurer un travail, et peut-être bien assez vite
puisque la compagnie n'est pas intéressée ou les gouvernements,
etc., mais particulièrement la compagnie n'est pas
intéressée à payer très longtemps cette personne.
Probablement qu'on lui assurera à ce moment un travail. Autrement dit,
on lui a accordé, pendant la période au cours de laquelle il a
été en chômage, 90% de son salaire net, alors que, dans le
fond, l'assurance-chômage reconnaît 66 2/3% du salaire brut. Or,
nous disons que 66 2/3% du salaire brut, cela équivaut presque
pratiquement à 90%, si on fait le calcul, du salaire net.
Or, M. le Président, nous disons qu'on n'a pas fait de miracle
quand on a reconnu ces 90%. Cependant, l'ouvrier est atteint ou il ne l'est
pas. S'il est atteint, c'est son montant forfaitaire qui va compenser pour le
fait qu'il est atteint d'amiantose ou qu'il est atteint de silicose. Nous
croyons que ce montant forfaitaire n'est pas assez élevé
actuellement et que, si l'ouvrier pouvait se présenter devant une cour
de droit commun... Pour quelqu'un qui perd un bras et qui se présente
devant une cour de droit commun, on estime son incapacité en tenant
compte globalement de son espérance de vie et en tenant compte de son
incapacité partielle. Il est vrai qu'on lui verse un montant global, un
montant total, mais ce montant, par la suite, il peut le faire profiter. On
sait que les montants devant les cours de droit commun qui sont versés
actuellement sont très élevés.
Nous autres, M. le Président, nous vous soumettons bien
respectueusement que nous serions d'accord sur l'article 2 du projet de loi
pour autant qu'on augmente l'indemnité forfaitaire établie selon
l'annexe A. Je pense qu'il n'y aurait aucun problème, si le ministre le
veut bien, à doubler ces montants parce que, quand on calcule, à
18 ans, $30,000, les ouvriers dans le secteur de l'amiante savent très
bien qu'il n'y a pas d'ouvriers, à 18 ans, atteints d'amiantose et que
ces montants ne seront pas versés.
La moyenne des ouvriers atteints d'amiantose, tel qu'on l'a vu
d'après l'étude du Dr Silikov, c'est autour de 40 ans; et autour
de 40 ans, si on reconnaît à l'ouvrier, par exemple, une
incapacité de 80%, cela va être $8,000 qu'on lui donne comme
montant forfaitaire, soit $800 sur une période de dix ans. Or, nous
croyons, M. le Président, que c'est absolument insatisfaisant et nous
espérons que le ministre tiendra compte de nos suggestions, à
savoir qu'on devrait, je pense, doubler ces montants forfaitaires.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, quelques mots pour dire que
j'appuie entièrement la proposition de mon collègue de Saguenay.
Quand on regarde l'annexe A de l'indemnité forfaitaire basée sur
une incapacité permanente de 100% et qu'on voit que le montant est
établi à partir de l'âge de 18 ans et moins, on se rend
compte, évidemment, qu'il y a quand même de $30,000 à aller
jusqu'à $24,741, c'est-à-dire jusqu'à 35 ans, à
toutes fins pratiques, ce ne sera pas tellement utilisé.
Si on faisait en sorte, dans la loi, que le montant de $30,000 qui
constitue le montant maximal, au lieu d'être à 18 ans, soit
établi à 40 ans, il est évident que pour le travailleur
qui aurait atteint l'âge de 54, 55 ou 56 ans, ses droits se trouveraient
automatiquement doublés.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je n'ai pas
à répéter tous les propos que mon collègue de
Saguenay vient de soutenir devant la commission parlementaire, mais je suis
entièrement d'accord sur ses propos. J'estime, M. le Président,
que le ministre devrait considérer tout de suite, étant
donné qu'il semble y avoir un désir réel de vouloir en
venir à une solution pour le moins satisfaisante, afin de
dédommager et de pouvoir accorder des bénéfices aux
victimes de l'amiantose et de la silicose, cette suggestion qui
est faite, qui est fort positive et qui devrait être retenue.
M. Cournoyer: M. le Président, je pense bien que nous
avons à dessein inscrit une annexe A, qui doit être
approuvée comme telle à l'annexe A, et je constate que
l'Opposition ne s'oppose pas à une compensation forfaitaire, mais ce sur
quoi elle a des objections, c'est sur le quantum. Or, quant à moi, je
pense que nous devrions discuter l'annexe A au moment où nous arriverons
à la fin du projet de loi, c'est-à-dire à l'annexe A.
Je ne dis pas que je suis en désaccord total avec le Parti
québécois ou avec le Ralliement cré-ditiste, mais ce que
je dis, c'est qu' à ce moment-ci, je suis à l'article 2 et je
pourrais entretenir une acceptation de l'article 2, pour l'Opposition comme
pour le gouvernement, sous réserve, bien sûr, d'une acceptation de
l'annexe A et je pense que l'annexe A ne se situe pas à l'article 2. On
se réfère à l'annexe A. C'est une question de
quantification. On a dit: On est d'accord à l'article 2 qu'il y ait une
indemnité forfaitaire; ce sur quoi le député de Saguenay
s'oppose, c'est sur le quantum de l'indemnité forfaitaire. Il ne
s'oppose pas du tout au fait qu'il y en ait une.
Si on pouvait régler le problème de l'article 2, je
discuterais avec vous de l'annexe A et je suis prêt à entretenir,
actuellement, une approbation de l'article 2, sous réserve de l'annexe
A.
M. Lessard: J'accepte la proposition du ministre, mais j'aurais
une autre remarque. Quand on parle, dans l'article 2 "... de cette
indemnité complémentaire doit être déduite toute
somme versée à l'ouvrier en vertu d'une convention collective de
travail ou d'une loi du Québec ou du Canada en raison de la cessation
d'emploi de cet ouvrier."
J'aimerais avoir des explications sur cet article, sur cette partie
d'article parce que j'estime que, si l'ouvrier...
M. Roy: Je m'excuse, mais c'est seulement... M. Lessard:
Très bien.
M. Roy: Ce n'est pas sur un point de règlement comme tel,
mais je veux revenir au paragraphe b) du sous-paragraphe e) de l'article 2.
Alors, je pourrais permettre au député de Saguenay de continuer
ses remarques sur le sous-paragraphe 2 et j'aimerais qu'on me permette de
revenir au sous-paragraphe b) parce que je n'ai pas...
Le Président (M. Séguin): Je pense qu'il n'y aurait
pas d'objection. Il s'agirait de permettre au député... Vous
étiez en train de parler de l'article 2. On va terminer cela. A ce
moment, on reviendra, momentanément, pour entendre les commentaires sur
l'article en question, malgré qu'il soit adopté.
M. Cournoyer: Non. Il parle du premier paragraphe de l'article 2.
Le député de Saguenay parle du deuxième paragraphe de
l'article 1.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: On parlait du premier paragraphe...
Le Président (M. Séguin): C'est le premier
paragraphe de l'article 2.
M. Cournoyer: II n'est pas adopté.
M. Roy: C'est le premier paragraphe, le sous-paragraphe b).
M. Lessard: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Séguin): Alors, nous sommes au
même article.
M. Roy: Nous sommes au même article, mais c'est le
sous-paragraphe b).
Le Président (M. Séguin): Je prends l'article...
M. Cournoyer: II n'est pas adopté.
Le Président (M. Séguin):... 2 dans sa
totalité, à ce moment-ci. Alors, il n'est pas question de
revenir. Il s'agira de parler du sous-paragraphe b). Continuez.
M. Lessard: Je vous indique que l'article 2 n'est pas encore
adopté.
M. Cournoyer: Non. Il n'est pas adopté.
M. Lessard: On prévoit déduire de cette
indemnité complémentaire toute somme versée à
l'ouvrier en vertu d'une convention collective de travail ou d'une autre loi du
Québec ou du Canada en raison de la cessation d'emploi de cet
ouvrier.
Voici que l'ouvrier se négocie, en vertu d'une convention
collective, une assurance-salaire, en cas de maladie ou autre chose.
Dans cette négociation, la compagnie accepte de participer
à 50% et l'ouvrier accepte de participer à 50%. L'ouvrier a
déjà payé cette assurance-salaire. Il a pu la payer
pendant dix, douze, quinze ans. A un moment donné, l'ouvrier a pu
prévoir le cas où il lui arriverait des problèmes dans la
vie. Je prends le cas de l'assurance-salaire. Cela peut être le cas d'un
régime de retraite ou autre chose. J'estime que l'ouvrier l'a
gagné. Il n'a pas affaire à être pénalisé,
parce qu'il s'est assuré cette retraite et a participé à
une assurance-salaire.
Je comprends bien que le ministre va me répondre: Cela va lui
faire deux salaires. A un moment donné, cela lui fera une indemnisation
complémentaire de 90% sur son salaire; ensuite, étant
donné qu'il ne travaille plus, à cause de la maladie, et qu'il a
perdu son emploi, à ce moment, il a son assurance-salaire.
Le montant de 90% est versé parce que l'ouvrier a justement perdu
son emploi, parce qu'il a perdu son revenu; cependant, ce n'est pas parce qu'il
a perdu son revenu qu'on doit pour autant le
pénaliser d'avoir épargné ou de s'être
assuré assuré des avantages sociaux. Pour ma part, je trouve ce
principe curieux. Peut-être que le ministre a des explications à
me donner. Malheureusement, c'est toujours ce qu'on constate dans les lois
sociales, on constate encore ce principe, on décourage les gens de
s'assurer des choses pour leur vie future. Les gars ont payé pendant
dix, quinze ans et on leur dit: Ecoutez, vous avez perdu votre "job". On vous
donne 90% de votre salaire moyen, à partir de telle date. Cependant,
toutes vos négociations d'avantages sociaux, tout ce que vous avez
tenté de gagner comme avantages sociaux, tout cela sera déduit du
montant qu'on vous donne.
M. le Président, j'ai des réserves sérieuses.
M. Cournoyer: M. le Président, là-dessus, je pense
bien que la recherche que nous faisons, et je suis convaincu que le
député de Saguenay va comprendre, c'est que nous imposons une
charge additionnelle à peu près à tout le monde, ce n'est
pas aux entreprises minières que nous imposons effectivement la charge
additionnelle ici. Il faut quand même se comprendre, et être assez
honnête. Nous sommes en plein milieu d'une négociation et le
coût de tout cela ne sera tout simplement pas offert en salaire aux
travailleurs. Il faut se comprendre là-dessus. Sommes-nous d'accord
là-dessus? Le coût horaire ou le coût annuel de cette
assurance, c'est tout simplement une chose qui ne sera pas
nécessairement offerte en salaire.
M. Lessard: Vous voulez dire qu'ils vont l'amortir...
M. Cournoyer: Je ne sais pas, mais si je suis un employeur, et je
l'ai déjà été, quand je calcule le coût d'une
mesure sociale, que je donne une augmentation de salaire, je calcule mon
coût global d'ici la fin de l'année; je dis: Si ça me
coûte 10% de plus par année, je suis capable de payer 10% ou 15%
de plus et je la consens à mes ouvriers. Mais j'ai déjà
consenti 15%, dont 10% s'en vont au salaire, 2% pour les vacances, 1% pour le
fonds de retraite et 2% pour les autres avantages sociaux. Mon coût
global est de 15%. Quand nous arrivons ici, nous sommes placés dans la
situation où nous imposons, malgré toutes les
représentations, une formule d'indemnisation pour ceux qui souffrent
d'amiantose. Si les parties elles-mêmes, le syndicat et les employeurs en
particulier, ont négocié des conditions de paiement à
cause d'une perte d'emploi, la tradition veut qu'on ne demande pas pourquoi ils
ont perdu leur emploi. On fait exprès, du côté syndical;
avec raison, on dit: II a perdu son emploi. La raison que vous donnez, si c'est
une mise à pied, dès qu'il ne s'agit pas d'un congédiement
pour cause, il a perdu son emploi, il doit donc bénéficier des
systèmes ou des régimes qu'on a prévus ensemble pour la
perte d'emploi.
C'est déjà un coût et ce coût n'est pas
absorbé par la seule compagnie, mais par tous les travailleurs en
même temps. Lorsque nous imposons aujourd'hui un régime de
compensation pour perte d'emploi à cause de l'amiantose ou de la si-
licose, encore une fois, les compagnies vont dire qu'elles absorbent le
coût totalement elles-mêmes. Le ministre du Travail ne dit pas
ça, c'est probablement moins d'argent qu'elles vont mettre dans les
salaires des gens si, effectivement, elles jugent qu'à l'occasion de la
négociation de leur convention collective, le total ou le global de ce
qu'elles peuvent absorber et de ce que le syndicat est capable d'accepter,
ça se limite à tel niveau, en comptant les
bénéfices sociaux, que ce soient des bénéfices
ordonné par la loi, la Régie des rentes y est,
l'assurance-maladie est dedans, tout ça est dedans. On dit toujours:
Quand on vous donne $10 d'augmentation par semaine, il faut ajouter 20%
là-dessus; je ne vous donne pas seulement $10, je paye tous les
impôts, les différents bénéfices sociaux
ajoutés à ça.
M. Lessard: C'est la même chose pour l'amortissement sur
l'investissement aussi.
M. Cournoyer: C'est ça.
M. Lessard: L'investissement immobilier.
M. Cournoyer: Celui-là, je n'en parlerai pas, je ne
connais que le système des relations de travail; si jamais j'arrivais
à d'autres capacités, j'en connaîtrais plus long sur les
investissements immobiliers. Pour le moment, je suis dans le domaine des
relations de travail. Je vois des gens qui ont négocié dans le
temps des régimes de compensation salariale, en cas de perte d'emploi.
C'est le régime comme tel, si les participants à ce
régime, c'est-à-dire les travailleurs, ont mis de l'argent
dedans, les employeurs aussi, il arrive un régime par-dessus où,
effectivement, les travailleurs et la compagnie mettent de l'argent, même
si ça ne paraît pas comme ça. C'est là que je me
suis querellé assez souvent avec l'ancien président de la
Commission des accidents de travail. Au point de vue strictement philosophique;
une question de termes beaucoup plus qu'autre chose.
Si j'en arrive a la conclusion que, de toute façon, la masse
salariale ou le coût annuel de la main-d'oeuvre va être
augmenté d'une certaine façon pour permettre une compensation
dans le cas de l'amiantose ou de la silicose, lorsqu'il y a perte d'emploi en
raison de l'amiantose ou de la silicose, je me dis qu'il y a deux
régimes, un qui vise beaucoup plus que l'amiantose ou la silicose qui
est en vigueur mais qui inclut l'amiantose ou la silicose. Ce régime est
financé par les employés et le patron.
L'autre régime que nous imposons, aujourd'hui, dit: Vous allez
compenser effectivement, d'une manière différente,
c'est-à-dire une manière de la loi, à 90% dans le cas de
l'amiantose et la silicose.
Si je dis à ces groupes intéressés que non
seulement ce régime, que nous imposons, va exister en soi, mais s'il y a
un régime, on va puiser à même le régime, en plus de
cela, par-dessus ce que nous imposons aux mêmes personnes, en
définitive.
Ce que nous faisons ici je comprends l'in-
terrogation du député de Saguenay nous disons
qu'étant donné que la source de financement est la même
est la même c'est le prix de l'amiante, dans le cas de
l'amiante, c'est le prix du minerai dans le cas du minerai, ce prix-là
comprend une composition main-d'oeuvre et, de toute façon, il va falloir
le réclamer quelque part.
Comme elle est la même et qu'il s'agit de deux régimes,
l'un ne devrait pas s'ajouter à l'autre, mais tout simplement
complémenter l'autre. Lorsque vous recevez des bénéfices
en fonction d'un régime, et je parle toujours de celui qui est
désigné par la convention collective, on ne parle pas d'un
régime où l'individu se serait lui-même acheté une
assurance-salaire, je parle de celui qui l'a fait par convention collective...
s'il arrive que cette personne reçoit une indemnité de 75% de son
salaire cela pourrait arriver, j'ai vu cela, 75% de son salaire
on ne voit pas pourquoi les mêmes personnes, directement ou
indirectement, lui ajouteraient 90% de son revenu net, par-dessus le
bénéfice qu'il a de son salaire.
Il est possible, cependant, à la suite de la passation de cette
loi, que le syndicat représentant les employés, négicie
avec la compagnie pour dire que dans le cas où il y a compensation
décrétée par la loi, les bénéfices qui sont
donnés ne s'appliquent pas. Les bénéfices qui sont
donnés en vertu de la convention collective sont retirés, parce
qu'il y a compensation. Une compensation qui vient de l'extérieur.
Comme je ne peux pas amender les conventions collectives
d'autorité par la loi, je me dis: J'ordonne une compensation telle
qu'elle est définie et si les syndicats sont susceptibles de
négocier des régimes d'assurance-salaire parce que c'est
de ceux-là qu'on parle, beaucoup plus que des régimes
d'assurance-maladie ils ont la possibilité de dire: Etant
donné que celui-là, on en prend soin dans la loi, nous ne voulons
plus le considérer comme un bénéfice en vertu de notre
convention collective.
On dit ici que l'indemnité complémentaire doit être
déduite de toute somme versée à l'ouvrier en vertu d'une
convention collective de travail. Or, si la convention collective de travail
dit que dans le cas d'amiantose, compte tenu du fait qu'il y a une
compensation, on ne verse pas d'indemnité, c'est un
bénéfice accru dans le fonds d'indemnisation, dans le cas de
perte d'emploi, pour toutes autres raisons que l'amiantose ou la silicose.
Donc, une diminution des avantages de la convention collective, parce
qu'on en prend soin dans la loi, exactement de la façon que l'on
prévoit.
Quand je regarde l'autre, par exemple, on a des programmes
d'assurance-chômage. Si un type est éligible à
l'assurance-chômage, je me pose sérieusement la question: Pourquoi
je ferais un cadeau à la Commission d'assurance-chômage
canadienne, parce que j'impose aux employeurs québécois, une
charge de maintenir à 90% le salaire des gars?
Je dis que si l'assurance-chômage devait payer de toute
façon, qu'elle paie, mais moi, je dé- duis de ce que je dois
payer en fonction de mon affaire, ce que l'assurance-chômage paie.
Au lieu que les gens, l'assurance-chômage, déduisent ce que
je paie de leurs obligations, en fonction du système
d'assurance-chômage, qui prévoit, malgré nous, des
congés de maladie, ce dont ils ont parlé déjà en
1970/71, comme c'est malgré nous, je dis ici qu'en imposant une charge
additionnelle, ou une charge à l'industrie et je ne parle pas des
employeurs, je dis bien aux industries, parce que c'est l'industrie qui
l'absorbe cette charge-là ils m'ont imposé, à la
Commission d'assurance-chômage en 1971, des bénéfices en
cas d'invalidité que je croyais et je crois encore être de la
juridiction provinciale.
S'ils ont décidé de le payer et de le réclamer aux
Québécois, qu'ils paient les dettes qui sont encourues en
conséquence, mais non pas par un régime comme celui-là. Je
vais tout simplement, comme ministre du travail du Québec, dire: Quand
on paie, vous autres, vous ne payez plus.
Quand ils sont obligés de payer en vertu de leur loi, je ne vois
pas pourquoi nous devrions payer plus que la composition de ce qu'une personne
reçoit en assurance-chômage jusqu'au maximum de 90% du revenu net
dont on parle ici. Dans ce sens, c'est cela que nous voulons éviter.
Nous voulons éviter cela, non pas pour le travailleur, mais ce sont des
coûts généraux qui sont absorbés par l'industrie.
Quand je dis l'industrie, je dis les travailleurs aussi. Ils sont dans
l'industrie. Ce que vous n'avez pas dans votre poche, vous le mettez dans un
fonds général. Soyons clair là-dessus.
Que les cmpagnies se plaignent actuellement, je le comprends aussi.
Mais, elles se plaignent. De toute façon, elles vont négocier
cela avec les syndicats. L'une des craintes je voudrais le mentionner
pour les gars de l'amiante que j'ai éprouvée, c'est qu'en
disant: Je vais régler cela, je crains que cela prolonge le conflit,
parce que, tant que je ne l'aurai pas réglé, on ne saura pas le
coût de cela et on ne saura pas quelle offre salariale faire aux
syndicats, parce qu'on va calculer cette offre dans ce qu'on vous offrira,
comme syndicat.
Dans ce sens, je vous le dis honnêtement, je dois tenter de rendre
justice aux travailleurs, leur assurer ce que je crois utile de leur assurer.
C'est 90% du revenu net. Parfait, ce n'est peut-être pas ce que les
travailleurs veulent, mais c'est beaucoup mieux que ce qu'ils ont. Mais, par
ailleurs, s'ils ont des bénéfices actuellement, en vertu d'une
loi canadienne ou en vertu d'une loi québécoise, je ne vois pas
pourquoi j'ajouterais au fardeau de ces mêmes travailleurs, parce que ce
sont eux autres qui vont le payer en disant: Ces bénéfices, on
n'en a plus besoin. Ce qui va arriver, je le sais ce qui va arriver. C'est que
la minute où nous aurons 90% du revenu, pour les fins de l'impôt,
on ne les considérera pas comme salaire, à cause des autres
considérations qu'on a faites, mais, pour les fins de
l'assurance-chômage, on va dire: C'est dommage, c'est du revenu, on ne
vous paie plus d'assurance-chômage. En conséquence, ce que vous
auriez eu droit, parce que vous perdez votre
emploi, on ne vous le donnera plus, en vertu d'une loi
fédérale, parce qu'une loi provinciale va imposer, à ce
moment, un fardeau accru à l'industrie de l'amiante au Québec et
à l'industrie des mines du Québec.
Dans ce sens, M. le Président, c'est l'argumentation que nous
avons pour déduire ce qu'on reçoit, en vertu d'autres lois, et
éviter qu'un individu, qui souffre d'une incapacité comme
celle-là, ne reçoive plus en définitive, d'une part, que
celui qui travaille, et, d'autre part, que nous absorbions des obligations que,
par conventions collectives, on a décidé d'absorber
soi-même, par une loi fédérale ou par une loi provinciale
je parle du titre de l'assurance sociale qui s'applique très peu
ici, étant donné que c'est au bout du compte qu'on en parle
et qu'à ce titre, nous augmentions tout simplement le fardeau du
contribuable québécois et de l'industrie
québécoise.
M. Lessard: M. le Président, simplement un mot. C'est que,
dans le fond, l'ouvrier, non seulement va avoir participé à ce
système par la négociation, mais il va avoir participé
aussi à ce système de 90%, par sa participation à un plan
d'assurance collective.
M. Cournoyer: C'en est un.
M. Lessard: Non, mais, étant donné qu'il perd son
propre régime, les douze, treize, quatorze ou quinze ans qu'il a
payés dans son régime d'assurance collective, il les perd, parce
que c'est déduit de ses 90%.
M. Cournoyer: Est-ce qu'on se comprend sur ce que veut dire un
plan d'assurance collective? Il n'y a pas d'épargne là-dedans.
C'est-à-dire que je m'achète une assurance-vie. Si je ne meurs
pas, c'est dommage, je paie encore l'année prochaine. Je suis chanceux
de ne pas être mort.
M. Lessard: Si c'est une assurance-travail, par exemple, il a
participé, à un moment donné, à son
assurance-travail.
M. Cournoyer: Non. Tout cela, je ne veux pas refaire
l'économie. Surtout, on veut tous éviter d'être sans
emploi, à un moment donné et on essaie, par le truchement de la
négociation d'une convention collective, d'éviter les affres de
la perte d'un emploi en se donnant soit un SUB, "supplementary unemployment
benefit". Dans le cas des TUA, les employés l'ont tous ou, à peu
près, sauf à United Aircraft. Il ne faut pas parler de United
Aircraft aujourd'hui, mais ils ont tous une sorte de compensation pour perte de
revenu qui peut... Naturellement, quant aux pertes de revenu, on tend à
éviter d'identifier les causes de perte d'emploi, sauf lorsqu'il s'agit
de congédiement pour cause.
Mais les causes de perte d'emploi, que ce soit la maladie, que ce soit
la diminution de personnel, la tendance marquée de ce qu'on appelle les
"supplementary unemployment benefits", c'est de dire: Quand un gars perd son
emploi, il faut main- tenir au moins un revenu identique à celui qu'il
avait pendant qu'il avait son emploi et le plus longtemps possible. Ce sont des
fonds qui sont contribués, apparemment, souvent sur une base d'ouvriers
et d'employeurs, mais, en définitive, par le truchement des conventions
collectives et des offres salariales qui sont faites. Je prétends qu'ils
sont contribués par les deux tout le temps.
M. Lessard: M. le Président, j'aurais une dernière
question à l'article 2. C'est qu'au paragraphe b), deuxième
paragraphe, on dit: Si l'incapacité permanente a été
établie avant l'entrée en vigueur de la présente loi,
l'ouvrier qui perd son emploi à cause de cette incapacité n'a pas
droit à l'indemnité forfaitaire. J'aimerais demander pourquoi cet
ouvrier n'aurait pas droit à son indemnité forfaitaire puisqu'il
perd son emploi quand même à cause de l'incapacité qui a
été établie avant l'entrée en vigueur de cette
loi.
M. Cournoyer: Dans ce cas en particulier, il a droit à son
incapacité telle qu'établie par la commission. Mettons qu'on a
donné une compensation en fonction du degré d'incapacité,
nous ne lui enlevons pas cela parce qu'il y a droit jusqu'à la fin de
ses jours. Par ailleurs, je ne suis pas pour lui donner en plus
l'indemnité forfaitaire qui remplace cette indemnité. On ne lui
donne pas plus. Par ailleurs, on lui donne le droit à l'indemnité
complémentaire.
M. Lessard: II a ses 90%?
M. Cournoyer: Oui, il a droit au complémentaire.
M. Lessard: D'accord.
M. Roy: Ce que je veux savoir du ministre... C'est parce qu'ici,
on dit: Avant l'entrée en vigueur de la loi. Je comprends que je ne suis
pas rendu au dernier article de la loi parce que cette loi va entrer en vigueur
par proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil. D'ici ce temps, il peut y
avoir des ouvriers de l'amiante, et les cas vont être
réglés par la Commission des accidents de travail J'aimerais
savoir du ministre à ce moment s'il peutnous donner une
indication. On n'aurait pas besoin de revenir sur le dernier paragraphe, mais
cela éliminerait peut-être la discussion à ce moment, parce
que, si on règle quelque 100, 150, 20C ou 300 ou même 500 dossiers
avant que la loi n'entre en vigueur, je trouve qu'il va y avoir des
préjudices assez sérieux.
M. Lecours: M. le Président, je voudrais abonder dans le
même sens que le député de Beauce-Sud. Je pense que la date
de la proclamation de la loi, on devrait la connaître le plus rapidement
possible, parce que présentement les compagnies s'acharnent à
faire examiner les patients rapidement.
M. Roy: C'est cela.
M. Lecours: Je pense qu'elles peuvent peut-être
éliminer plusieurs cas où elles n'auront pas besoin de payer le
montant forfaitaire. Il y a deux autres principes, il y a le
bénéfice du doute que j'espère, ils ne le laisseront pas
tomber et ils ne laisseront pas tomber la question de quelqu'un qui a 60%
d'incapacité partielle permanente; présentement on lui donne 100%
immédiatement. Je voudrais qu'ils conservent ces deux principes et
connaître la date de la proclamation de la loi.
M. Roy: Ou quand la loi va être votée. Supposons
que, ce soir, la loi soit votée. Bon, vous allez la proclamer, elle va
être signée par le lieutenant-gouverneur et vous allez...
M. Cournoyer: C'est parce que j'en ai deux ou trois autres
à proclamer en même temps.
M. Lessard: ... le réveiller à 15 h 30...
M. Cournoyer: Non, mais j'aimerais bien la proclamer aussi.
J'aimerais la proclamer en même temps que les deux autres.
M. Roy: Vous avez l'intention d'émettre un
arrêté en conseil au cours des prochains jours pour... Combien
cela peut-il prendre de temps, au maximum?
M. Cournoyer: M. le Président, je conçois une
chose, c'est que nous sommes à la fin de cette partie de la session,
nous tentons de régler, d'aider au règlement d'un
problème, cela ne réglerait qu'une partie du problème des
gars de l'amiantose. Ils ne pourront régler leur problème que
lorsque la loi sera proclamée. Donc, le plus rapidement possible, et
s'il y avait possibilité de la proclamer aujourd'hui, je la proclamerais
aujourd'hui. Comprenons-nous bien, il n'est pas question de retarder, ce n'est
pas comme pour certaines autres dispositions où on dit: A la date de la
proclamation. La date de sa proclamation, c'est proclamé. Je veux la
proclamer aussitôt qu'elle sera votée.
M. Roy: II y a une autre clause qui remplace elle qui est dans la
loi. La loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Cela évite une
proclamation.
M. Lecours: Qu'elle entre en vigueur le jour de la sanction,
c'est intéressant à savoir parce que, si elle est
sanctionnée cet après-midi, il n'y a plus de problème.
M. Cournoyer: M. le Président, je donne l'assurance
à la commission parlementaire que la proclamation se fera au plus tard
la semaine prochaine si elle n'est pas faite aujourd'hui.
M. Roy: Au plus tard la semaine prochaine. Cela me satisfait. Les
paroles du ministre...
M. Cournoyer: Accepte-t-on l'article de proclamation?
Le Président (M. Séguin): Non, voici... on va
essayer...
M. Cournoyer: On est en ordre, M. le Président,
c'était une farce...
Le Président (M. Séguin): Oui, parce que je pense
bien qu'il s'agirait de dire: Adopté, à ce moment.
M. Roy: Cela va pour l'article 2. Article 2, adopté.
M. Lessard: C'est de même pour l'article 3.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît I
A l'article 3...
M. Cournoyer: Juste une mention que je voudrais donner. Etant
donné qu'on s'en va dans la procédure d'appel plus tard, je
cherchais tantôt, quand je discutais avec les ouvriers de l'amiante, au
paragraphe 3 de l'article 2, "l'indemnité complémentaire
favorable à l'ouvrier doit être payée quand même
pendant l'appel".
M. Lessard: Ah oui! Mais le problème, c'est cela. Il
commence à être payé immédiatement pendant la
procédure d'appel. Mais cependant, par exemple, s'il n'y a pas droit, il
est obligé de rembourser.
M. Cournoyer: Cela, on y arrivera. C'est une autre partie, la
question des remboursements.
M. Lessard: C'est un autre article.
M. Cournoyer: Au cas où l'employeur en appellerait, ou la
commission en appellerait d'une décision... il n'y a pas que la
commission qui peut en appeler d'une décision.
Le Président (M. Séguin): Article 2, adopté.
Article 3.
Maintenant, j'ai moi-même, non pas une question, mais tout
simplement...
M. Roy: Un amendement...
Le Président (M. Séguin): ... une remarque à
faire. Nous avions déjà, dans l'ancien projet que nous avons
retiré, prévenu ou amendé cet article, en disant: Les
revenus bruts annuels. Je me rends compte qu'au début, le mot "annuels"
n'y est pas.
M. Roy: C'est vrai.
M. Lessard: Vous êtes très vigilant, M. le
Président.
M. Roy: C'est bien, M. le Président! M. Lessard:
D'accord, M. le Président!
M. Roy: On accepte votre amendement, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas un
amendement. Je voulais simplement montrer...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est un nouvel amendement.
M. Lessard: II est adopté...
Le Président (M. Séguin): ... qu'il y avait une
divergence entre les deux copies.
M. Bellemare (Johnson): ... le groupe de l'Opposition avait
été bien intentionné en vous le suggérant.
C'était mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): A savoir si on devait
inclure "annuels", ce serait un amendement.
Le ministre propose l'amendement à l'article 3, après le
mot "bruts", on ajouterait "annuels".
Une Voix: D'accord! Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 3,
adopté.
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté, tel
qu'amendé.
M. Harvey (Charlesbourg): L'article 4 a été
biffé.
Le Président (M. Séguin): L'article 4 a
été retiré, biffé.
M. Lessard: D'accord!
M. Roy: L'article 5 devient l'article 4.
Le Président (M. Séguin): L'article 5 devient 4,
oui. Je ne suis pas tellement inquiet de la nomenclature. Cela s'ajuste assez
facilement.
Alors, le prochain article 5, devenu 4, oui. Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Lessard: A l'article 5, M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Article 5, devenu 4,
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 6, devenu 5.
Droit d'appel
M. Lessard: A l'article 6, M. le Président, voici: La loi
ne prévoit pas un droit d'appel. L'article 6 est un article que je
n'aime pas tel que rédigé, parce que cela laisse planer les
moyens de chan- tage sur l'ouvrier, parce qu'on sait que beaucoup de raisons...
On m'a dit que le ministre avait une proposition, un amendement à
proposer, soit un droit d'appel. Si le ministre n'a pas ce droit d'appel...
M. Roy: On va le proposer.
M. Cournoyer: J'aimerais changer, dans le projet que vous avez,
pour être bien précis sur le A: "refuse un nouvel emploi qui lui
est offert par la commission "...
M. Lessard: ... mentionné ou non... Très bien.
M. Cournoyer: J'enlève "mentionné ou non", dans le
paragraphe b) de l'article 1...
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer:... pour remplacer cela par "qui lui est offert par
la commission".
M. Lessard: Par la Commission des accidents du travail.
M. Cournoyer: C'est ça. Ce sera défini
tantôt, commission.
M. Lessard: Cela va.
M. Roy: C'est une grosse amélioration.
M. Cournoyer: Le droit d'appel? Il est prévu à
l'article 12...
M. Lessard: L'article 12 ne prévoit... C'est-à-dire
l'article 13. Ce sont toutes les décisions de nature médicales,
visées dans l'article 2, sont sujettes à un appel devant un juge
de la cour Provinciale...
M. Cournoyer: Non. A l'article 12, j'aurais une modification pour
dire: "Toute décision de nature médicale, visée à
l'article 2, ou toute décision rendue en vertu de l'article 5...
M. Lessard: Je...
M. Cournoyer: ... est sujette à appel devant un conseil
d'arbitrage créé en vertu de la section 1 du chapitre IV du
code...
M. Lessard: Vous comprenez que je n'avais pas cet article.
M. Cournoyer: Je comprends cela.
Le Président (M. Séguin): Article 6, devenu 5,
amendé au sous-paragraphe a), avec les mots, après les mots
"nouvel emploi", qui lui est offert par la commission ". Adopté?
M. Lessard: Cela s'améliore, votre affaire.
Adopté.
Le Président (M. Séguin): L'article...
M. Lecours: Est-ce que c'est seulement la commission qui pourra
offrir un poste ou le centre de main-d'oeuvre pourrait-il offrir un emploi
à notre travailleur?
M. Cournoyer: Nous avons ici une personne qui est, en
définitive, bénéficiaire d'un certain montant d'argent de
la part de la commission et nous disons que la commission doit s'en occuper et
lorsqu'elle a, comme commission, un nouvel emploi, c'est de celui-là
qu'on parle. Bien sûr, s'il y a des centres de main-d'oeuvre qui offrent
un emploi, ce n'est pas impossible que cela se fasse, et cela n'est pas
impossible non plus qu'un employeur offre un emploi, mais le seul que nous
considérons, pour les fins de cette loi, c'est celui qui est offert par
la commission.
M. Lecours: Le service de placement de la commission.
M. Cournoyer: C'est-à-dire le service de
réadaptation de la commission, mais c'est la commission. C'est le
service de réadaptation, mais comme c'est la commission, elle peut
changer de nom.
M. Harvey (Charlesbourg): Quand le député de
Johnson a créé cela, ce fut une excellente initiative.
M. Bellemare (Johnson): Merci, monsieur.
Le Président (M. Séguin): L'amendement est
adopté. L'article 6 devenu l'article 5 tel qu'amendé est
adopté. Article 7 devenu l'article 6.
M. Lessard: A l'article 7, j'ai dit, lors de mon intervention en
deuxième lecture, que la compagnie ou les compagnies ou l'industrie
doivent être responsables, à partir du moment où la
personne a été atteinte de la maladie jusqu'au
cimetière.
J'estime qu'à 65 ans une personne peut actuellement recevoir sa
pension de vieillesse et continuer de travailler. Je ne vois pas pourquoi, en
vertu de cette loi, parce que le gouvernement fédéral accorderait
la pension de vieillesse à l'individu, on déciderait de lui
retirer son indemnisation.
Il faudrait, au moins, si on ne veut pas modifier cet article, que
l'ouvrier ait la possibilité de continuer à souscrire au
régime de rentes du Québec ou à son régime
privé, s'il en a un, que l'employeur verse sa part à ces deux
régimes et que le salaire sur lequel les droits de ces régimes
sont basés soit celui qu'il aurait eu, s'il avait conservé son
emploi.
Je ne pense pas que, parce que l'ouvrier, à un certain moment,
est atteint d'amiantose ou de silicose et reçoit sa pension de
vieillesse, on doive lui retirer son indemnité.
Il me semble qu'on lui a donné cette indemnité parce qu'il
avait perdu un revenu et ce n'est pas parce qu'il a atteint 65 ans que, pour
autant, on doit lui laisser sa petite pitance de pension de vieillesse.
Je dis qu'on devrait reconnaître le principe qu'à partir du
moment où l'ouvrier a été atteint par la maladie,
l'amiantose ou la silicose, jusqu'au cimetière, l'entreprise devrait
être responsable de verser l'indemnité complémentaire.
M. Cournoyer: En fait, vous mettez en cause tous les principes
d'assistance sociale que nous avons. Lorsque nous émettons des
régimes d'assistance sociale, particulièrement les régimes
de rente du Québec, ou les autres, les régimes de retraite, on
prend soin, jusqu'à un certain point, des personnes qui, ayant atteint
l'âge qu'on dit normal de la retraite, n'ont pas de revenu. Lorsque nous
donnons un bénéfice d'une nature sociale, il faudra en convenir,
nous sommes placés exactement dans la même situation ou bien de
donner l'un ou bien de donner l'autre. Ici, il s'agit d'un régime d'une
nature sociale et je ne peux faire autrement que de le calculer comme un
régime d'une nature sociale. En conséquence, il serait, à
mon sens, injuste pour un travailleur qui n'est pas atteint de silicose et n'a
pas bénéficié du régime actuel de continuer de
travailler, d'être obligé, à partir de 65 ans, de continuer
à travailler et de recevoir moins que celui qui a eu jusqu'à un
certain point, si on peut appeler cela ainsi, la chance d'avoir la silicose ou
l'amiantose.
M. Lessard: Je pense que...
M. Cournoyer: Ce n'est pas ce qu'on m'a dit, mais disons que
celui qui a eu la chance d'avoir la silicose et l'autre qui n'a pas eu la
chance d'avoir la silicose tombent sous le régime ordinaire.
M. Lessard: M. le Président, peut-être me suis-je
mal exprimé, c'est possible. Le problème, c'est que celui qui a
eu la chance de ne pas avoir la silicose ou l'amiantose, il participe au
régime de retraite privée, il participe au régime des
rentes du Québec et, à 65 ans, il arrête de travailler. Le
gars qui a eu le malheur d'être atteint de la silicose ou de l'amiantose,
à 64 ans, par exemple...
M. Harvey (Charlesbourg): A 64 ans, par exemple, il a le
forfaitaire et il est parfait. Ensuite, il tombe sous le régime
universel qui s'appelle le régime...
M. Lessard: Non, il perd son fonds de pension privé.
M. Cournoyer: II ne perd pas son fonds de pension.
M. Harvey (Charlesbourg): Bien non, il a contribué
à son fonds de retraite.
M. Cournoyer: A 64 ans il a sa rente normale.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est à 65 ans qu'il peut le
prendre.
M. Cournoyer: II ne le perd pas à 64 ans. Je pense qu'on
parle plutôt de...
M. Lessard: Mais le gars, à 45 ans...
M. Cournoyer: Le gars à 45 ans n'a pas droit à
grand-chose.
M. Lessard: De 45 ans jusqu'à 65 ans il ne participe pas
au fonds de retraite privé.
M. Cournoyer: Je comprends cela, M. le Président. Il ne
travaille pas non plus.
M. Roy: Si on me le permet, M. le Président, une personne
qui continue à travailler dans une mine, en ce qui nous concerne
actuellement, dans les mines d'amiante, et qui travaille jusqu'à 65 ans,
participe jusqu'à 65 ans au fonds de retraite et au régime des
rentes du Québec. Lorsqu'arrive l'âge de 65 ans, il peut retirer
la pleine retraite. Si j'ai bien compris le député de Saguenay,
c'est que, si la personne est condamnée à ne pas travailler
à l'âge de 45 ans, rendue à 65 ans il y aura une
période de 20 ans à laquelle elle n'aura pas contribué au
régime des rentes du Québec, elle ne sera pas admissible à
la pleine pension.
M. Cournoyer: A ce moment-là, nous disons, et je pense que
vous avez le même texte que moi "dans ce cas il doit lui être
versée une indemnité correspondant à la peine qu'il subit"
c'est-à-dire que nous le replaçons comme s'il avait
travaillé, du moins en fonction du régime des rentes du
Québec. Quant à son droit qu'il aurait en fonction d'un
régime supplémentaire de retraite, ce droit est en fonction
très souvent des contributions qu'il a lui-même mises dedans. On
va comprendre cela, c'est très souvent. Parfois il est participant,
parfois il ne l'est pas. On n'a pas une règle générale
là-dedans. S'il est participant, il a, en fonction de la Loi des
régimes supplémentaires des rentes du Québec des droits
acquis qu'on ne peut pas refuser de lui consentir s'il atteint l'âge de
65 ans, s'il a obtenu une pension différée à
l'époque qu'on va lui donner à 65 ans. Cela peut être
à 60 ans aussi. Il peut arriver aussi qu'il ait obtenu ou qu'il ait
droit à une pension de retraite anticipée. Je ne le sais pas.
Dans ce cas en particulier, comme la variété... Je
répète que c'est une loi qui, sans vouloir régler
exclusivement le problème de l'amiantose, s'adresse aussi au
problème de la silicose. Et là, les variétés de
régimes de rentes supplémentaires sont, à toutes fins
utiles, en fonction du nombre de négociations qui ont lieu. Dans une
industrie cela en est une, dans une autre industrie cela en est une autre. Nous
ne touchons pas à cela, non pas parce que nous ne croyons pas que le
député de Beauce-Sud n'a pas raison dans... Enfin, est-ce le
député de Beauce-Sud qui a proposé quelque chose dans ce
sens-là? Non, c'est le député de Saguenay.
M. Lessard: Ce n'est pas pour lui permettre de participer au
fonds de pension...
M. Cournoyer: M. le Président, ce n'est pas une question
de lui permettre, c'est une question de l'exiger.
M. Lessard: Voici, le régime des rentes du Québec,
vous avez réglé cela.
M. Cournoyer: Celui-là, d'accord!
M. Lessard: Vous avez réglé une partie de
l'amendement que j'avais proposée, vous l'avez reconnue. Mais, pourquoi
ne pas lui permettre à un moment donné, s'il le désire, ou
s'il le veut, de participer au fonds de retraite privé?
M. Cournoyer: M. le Président, c'est qu'en
définitive ces régimes sont des régimes de participation
qui sont, la plupart du temps et de plus en plus on peut
l'espérer des régimes négociés entre un
syndicat et la compagnie. A ce moment-là, s'ils veulent permettre
à quelqu'un... Il y a une nouvelle situation de perte de permis ici qui
n'existait pas et qui n'existe peut-être pas au moment où on se
parle. Il n'y a peut-être personne encore qui a perdu son permis à
cause d'une maladie qu'on appelle l'amiantose ou la silicose. Que ces gens
disent: Ecoute, quand il perd son permis, on voudrait qu'il ait le
privilège de continuer de participer au plan. Cela est une chose qui se
négocie là.
M. Lessard: D'accord que cela peut se négocier
là.
M. Cournoyer: Bon. Si cela se négocie là...
M. Lessard: Si on la met dans la loi, elle ne sera pas
négociable, elle va être là.
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai l'impression que plus
on va en mettre dans la loi, plus on va éviter la négociation des
problèmes particuliers aux différentes industries.
Là-dessus, je pense qu'on doit laisser la plus grande liberté
possible parce qu'une pension donnée... Encore une fois, une pension
donnée par un fonds qui lui-même est contributoire, quel que soit
la façon dont on le regarde, peut n'être financé que par la
compagnie, mais il devient contributoire parce que ce que j'ai mis dans un
fonds de pension, je ne l'ai pas mis dans la poche des ouvriers. C'est clair
qu'il devient contributoire par la seule nature des choses.
En conséquence, si les parties décident qu'étant
donné qu'il y a compensation en fonction du régime que nous avons
ici, on ne donne pas collectivement une autre compensation additionnelle
à 65 ans pour ces gens; ce sont les parties qui décident
ça. On pourrait intervenir et dire: Non, vous allez être
obligés de donner ça, je pense que nous intervenons dans les
affaires d'un syndicat, dans les négociations avec l'employeur sur les
fonds de retraite. Je n'ai pas l'intention d'intervenir à ce moment-ci.
Je ne dis pas qu'un jour, on n'interviendra pas, je pense qu'on intervient
tellement souvent dans tout qu'un jour, on va
se retrouver à régler la vie d'à peu près
tout le monde et à décider que le cadran qui les réveille
le matin, c'est nous qui le montons. On en est rendu là ou à peu
près.
A partir du moment où on intervient dans tout, on se place dans
la situation de ne pas permettre aux gens d'avoir des désirs autrement
que de venir devant le gouvernement pour demander la réalisation de ces
désirs. Il n'y a qu'un gouvernement. Il y a en a qui vont attendre
longtemps avant d'avoir la satisfaction de leurs désirs particuliers. Il
n'y en a qu'un. Les gens de l'amiante sont ici depuis deux jours. On a
parlé de la construction jusqu'à trois heures ce matin; pendant
ce temps, les gens de l'amiante attendaient.
Depuis le début du conflit de l'amiante... C'est de valeur, il
n'y a qu'un ministre du Travail, mais ce n'est pas parce qu'il n'aime pas les
gars de l'amiante qu'il ne s'est pas occupé de leurs problèmes.
Il y avait le problème... Ceux qui suivent mes activités le
savent, j'ai tous les problèmes.
M. Lessard: D'accord, d'accord.
M. Cournoyer: Je ne m'en vanterai pas, je veux dire que...
M. Lessard: Ne vous vantez pas. Ne nous faites pas pleurer.
M. Cournoyer: A part ça, quand même tu pleurerais
une fois de temps en temps, ça te ferait du bien.
M. Lessard: Ne nous faites pas pleurer. M. Cournoyer: Des
larmes de crocodile. M. Lessard: Je ne verse pas de ça. M.
Cournoyer: Vous seriez si bien...
M. Lessard: Des fois, ça arrive au ministre de verser des
larmes de crocodile.
M. Cournoyer: Vous seriez si bien si le gouvernement avait
accepté votre motion.
M. Lessard: Laquelle?
M. Cournoyer: La dernière, quand vous avez voulu vous
débarrasser de moi. Vous n'auriez même pas à discuter d'une
chose comme ça cet après-midi.
M. Lessard: Ne nous dites pas.
M. Cournoyer: Vous seriez déjà en vacances.
M. Lessard: Ne nous dites pas que c'est vous qui avez
amené ce projet; c'était le temps, je vous ai dit que ça
faisait 26 ans.
M. Roy: Est-ce que le ministre veut...
M. Lessard: On ne commencera pas le discours de deuxième
lecture.
M. Roy: Parce que c'est dangereux pour le prix coco.
M. Cournoyer: La nature du débat est à l'article
132.
Le Président (M. Séguin): C'est ça. Le
député de Beauce-Sud avait-il des commentaires?
M. Roy: Non, j'ai fait des commentaires tout à l'heure, je
les ai faits au fur et à mesure. D'accord.
Le Président (M. Séguin): Vous avez eu vos
réponses?
M. Roy: Oui, j'ai eu mes réponses.
Le Président (M. Séguin): Article 7 devenu article
6, adopté.
Article 8 devenu article 7.
M. Roy: Article 8 devenu article 7, j'ai la même
réserve, on a eu la même réponse tout à l'heure
vis-à-vis de l'entrée en vigueur de la loi.
Le Président (M. Séguin): Alors, adopté.
Article 9 devenu article 8.
M. Lessard: A l'article 9, j'aimerais avoir des explications. On
dit: "En cas d'aggravation, postérieure à l'entrée en
vigueur de la présente loi, d'une incapacité permanente
causée par l'amiantose ou la silicose et pour laquelle une rente a
été accordée en vertu de la Loi des accidents du travail,
l'ouvrier a droit à une indemnité forfaitaire pour cette
aggravation établie suivant l'annexe A et, le cas échéant,
à une indemnité complémentaire."
Je vais donner un exemple pour savoir si je comprends bien. Par exemple,
en vertu de l'ancienne loi de la Commission des accidents de travail, l'ouvrier
avait une incapacité permanente reconnue de 20%, il continue de
travailler, l'incapacité monte en cas d'aggravation,
postérieure à l'entrée en vigueur de la présente
loi ça monte à 30%. Il a 10% de plus que
l'incapacité reconnue par la Commission des accidents de travail.
Comment est-ce que ça va fonctionner pour le paiement forfaitaire?
Est-ce que ça va être 10% supplémentaire?
M. Cournoyer: C'est 10% supplémentaire, mais il a
déjà 20% jusqu'à la fin de ses jours. A l'âge
où l'aggravation est constatée.
M. Lessard: D'accord. A ce moment-là, son indemnité
complémentaire va s'établir comment? 90%.
M. Cournoyer: Non, l'indemnité complémentaire va
être de 90% de son revenu net disponible, tel que prévu.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Séguin): Article 9 devenu article
8, adopté. Article 10 devenu article 9. Adopté?
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Article 11
devenu 10. Adopté.
M. Lessard: Une minute. L'indemnité complémentaire
est indexée, mais le forfaitaire? Dans cinq ans, cela va être
encore... Aujourd'hui, c'est correct. On va en discuter tantôt.
Aujourd'hui, le forfaitaire, j'ai donné par exemple, 20%, pour un gars
de 40 ans; il reçoit $4,400. Mais dans dix ans, son $4,400, cela va
être quoi? L'ouvrier, quand il va être retiré de son emploi,
lorsqu'il va perdre son emploi, dans dix ans, si on ne change pas la table de
forfaitaire, on va être encore à $4,400?
M. Roy: II y a un oubli là.
M. Lessard: Si à un moment donné, il y a une
augmentation du coût de la vie de 10% pendant une période comme on
l'a eue, on a eu même 15% ou 16%, il a vu réduire son montant
forfaitaire de...
En fait les $4,400 d'aujourd'hui vont valoir, peut-être dans 10
ans, $2,200.
M. Roy: II reste qu'il faudrait que la cédule
d'indemnité forfaitaire soit sur une base d'une certaine indexation.
M. Lessard: Si elle doublait, on pourrait peut-être...
M. Roy: Même si elle doublait, le principe demeure.
M. Lessard: Le principe demeure.
M. Cournoyer: Est-ce que cela veut dire, si je comprends bien,
les indemnités complémentaires...
M. Lessard: Cela va.
M. Cournoyer: D'accord. On n'a pas de problème
là-dessus. Mais vous voudriez qu'on indexe l'annexe "A" en plus.
M. Lessard: M. le Président, vous me comprendrez et vous
pourrez dire au ministre ceci: Dans dix ans, par exemple... actuellement on
vote les montants. Si on n'indexe pas ces montants forfaitaires, dans dix ans,
les $4,000 ou $4,400 que vous donnez à l'ouvrier, ils ne vaudront plus
grand-chose. Pourtant, le gars a la même maladie que celui-là qui
a été atteint il y a dix ans passés.
M. Roy: En 1975.
M. Lessard: En 1975, par rapport à 1985. Il faudrait
conserver au moins la valeur constante de l'argent.
M. Roy: Parce que le ministre est certainement au courant des
dernières statistiques.
M. Lessard: Les députés vont faire augmenter leurs
salaires, probablement, dans dix ans. Mais le montant forfaitaire ne sera pas
augmenté.
M. Cournoyer: M. le Président, est-ce que le
député de Saguenay serait heureux si nous disions, au lieu de
"complémentaire" qui est inscrit: "les indemnités prévues
à l'article 2"?
M. Lessard: Parfait. M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Alors, on propose un
amendement. Cet amendement viendrait après le mot
"indemnités".
M. Cournoyer: Oui, des indemnités. On enlèverait
"complémentaires ' et on ajouterait "prévues à l'article
2". Les deux sont là.
M. Roy: II y a non seulement le député de Saguenay
qui sera satisfait, mais également le député de
Beauce-Sud.
M. Lessard: Les mineurs aussi. Il vaut la peine d'étudier
des projets de loi à la fin de la session. On dirait que les ministres
sont plus attentifs à nos suggestions.
M. Cournoyer: M. le Président, c'est parce que vous n'avez
pas été ici toute la nuit.
M. Roy: Non, c'est qu'on a voulu avoir l'Opposition par l'usure;
c'est l'Opposition qui a le gouvernement par l'usure.
M. Cournoyer: Ah! Ah! Vous avez donc raison de vous en faire.
M. Roy: Continuons, cela va bien.
M. Cournoyer: Ne nous chicanons pas.
M. Lessard: Ce n'est pas le temps.
Le Président (M. Séguin): C'est une nouvelle loi
complètement nouvelle. Ce n'est pas nécessaire de dire que c'est
une nouvelle loi.
Donc, l'article 11 devenu l'article 10, amendé. Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Alors l'article 10 tel
qu'amendé, adopté?
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Séguin): Article 12 devenu
l'article 11.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Séguin): Adopté. A
l'article 13 devenu l'article 12, on propose un changement.
M. Lessard: On l'a, M. le Président. Voulez-vous
l'avoir?
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Lessard: Avec ce changement, M. le Président, cela
améliore considérablement l'article 6, parce que le refus d'un
emploi peut au moins être contesté devant le tribunal de la cour
Provinciale et par un conseil d'arbitrage. Toute décision de nature
syndicale... Si c'est l'ouvrier qui va en appel, est-ce le syndicat qui nomme
l'arbitre?
M. Cournoyer: Le code du travail.
M. Lessard: Du côté patronal, c'est la
commission?
M. Cournoyer: Ici, c'est cela la difficulté, c'est la
commission, le côté patronal. C'est elle qui dit non.
M. Lessard: Les deux, la commission et les ouvriers, nomment
maintenant le troisième.
M. Cournoyer: Nommer le tiers.
M. Lessard: C'est mieux que ce soit la commission.
M. Cournoyer: C'est pour cela que je dis que la décision
qui est là relève de la commission.
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: C'est pour cela d'ailleurs que j'ai dit
tantôt que c'est la commission qui offre un emploi et non pas
l'employeur.
M. Lessard: Parfait.
M. Cournoyer: Ici, par exemple, M. le Président, il ne
faudrait pas qu'on traîne les affaires. En le relisant, il ne faudrait
pas traîner les affaires ad vitam aeternam et qu'un type, après
trois ans, vienne nous voir en disant: Je ne suis pas satisfait de votre
décision. J'aimerais ajouter "sujet à appel dans les
quatre-vingt-dix jours de la communication de la décision".
M. Lessard: D'accord, parfait.
Le Président (M. Séguin): Après le mot
"appel", on ajouterait: "dans les quatre-vingt-dix jours..."
M. Cournoyer: Les juristes ne disent pas "communication", ils
disent "notification".
M. Lessard: "sujet à appel dans les quatre-vingt-dix jours
de la notification..."
M. Cournoyer: "... de la décision."
Le Président (M. Séguin): "de la
décision".
M. Roy: Notification, c'est préférable, parce que
la notification... il peut s'écouler plusieurs jours après la
décision, il peut y avoir un certain laps de temps entre les deux.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que les deux
s'appliquent "de la décision" et "de la notification"?
M. Cournoyer: "...dans les quatre-vingt-dix jours de la
notification de la décision." Je vous ai notifié, M. le
Président, de la décision que j'ai prise de finir cela le plus
vite possible. Dans les 90 minutes prochaines, vous avez le droit d'en
rappeler.
M. Lessard: Pour autant que le ministre va nous donner
satisfaction, on va lui donner satisfaction.
M. Cournoyer: ...au président.
Le Président (M. Séguin): Après le mot
"appel", on ajouterait "dans les quatre-vingt-dix jours de la notification de
la décision..."
M. Cournoyer: "...devant un conseil..."
Le Président (M. Séguin): "...devant un conseil
d'arbitrage créé." Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Cournoyer: Adopté.
M. Roy: L'amendement est adopté. Je m'excuse, j'en ai
peut-être perdu un bout. Le ministre avait dit qu'il avait un amendement
à proposer.
M. Lessard: On l'a.
M. Cournoyer: C'est celui-là.
M. Roy: Mais, il y en a un autre... "toute décision de
nature médicale", parce qu'on a parlé tout à l'heure
relativement à l'emploi aussi.
M. Cournoyer: C'est écrit, "...ou toute décision
rendue en vertu de l'article 5", M. le Président, tout de suite
après, la deuxième ligne.
M. Roy: "...ou toute autre décision rendue en vertu de
l'article 5." Parfait, M. le Président, merci. Trop de lumière
éblouit.
M. Cournoyer: Voilà.
Le Président (M. Séguin): Cet article no 12, tel
qu'amendé, remplacerait l'ancien article 13. C'est cela?
Des Voix: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Au complet?
M. Cournoyer: Oui, M. le Président, au complet.
Une Voix: Vous avez compris.
Le Président (M. Séguin): Article 14, devenu
article 13? Il y a une proposition d'amendement ici.
M. Cournoyer: II y a un remplacement aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que quelqu'un
pourrait hocher de la tête pour me dire si c'est adopté?
M. Lessard: Adopté, M. le Président. M. Roy:
Adopté.
Le Président (M. Séguin): La motion d'amendement
est adoptée. Article 14, devenu article 13, tel qu'amendé,
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Lessard: II nous reste la table.
Le Président (M. Séguin): Nous passons à
l'article 15, devenu article 14.
M. Roy: Adopté. M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 16, devenu
article 15?
M. Roy: Je poserais une question au ministre pour lui
éviter l'obligation de soumettre un arrêté en conseil au
conseil des ministres pour l'entrée en vigueur de la loi, ce ne serait
pas plus simple qu'elle entre en vigueur le jour de sa sanction? C'est bien
plus simple.
M. Lessard: Oui, il la sanctionnera après que les
règlements seront adoptés.
M. Roy: C'est pas mal plus simple.
M. Lessard: Ce n'est pas compliqué. D'ailleurs, c'est
toujours ce qui existe dans la plupart des lois.
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai l'impression que ce
serait plus simple pour moi et, de toute façon, je peux partir en
vacances plus facilement.
M. Lessard: Le jour de sa sanction.
M. Roy: Le jour de sa sanction. Parfait, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, il y a un
amendement ici qui est: Entre en vigueur le jour de sa sanction.
M. Roy: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): A la date de sa
sanction.
M. Roy: Le jour de sa sanction.
Le Président (M. Séguin): L'expression
consacrée, je pense que c'est le jour de sa sanction.
M. Lessard: C'est cela. Nous sommes rendus, M. le
Président...
M. Roy: Voyez-vous, j'ai évité du travail au
ministre.
M. Cournoyer: Vous êtes donc gentil. M. Lessard:
Alors, le ministre...
Le Président (M. Séguin): Est-ce que l'amendement
est adopté?
M. Lessard: Oui, adopté.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que l'article 16
devenu 15 tel qu'amendé est adopté?
M. Roy: Adopté.
M. Lessard: M. le Président, il nous reste l'annexe, le
ministre veut partir en vacances, à ce que je sache, le plus vite
possible.
Le Président (M. Séguin): Je m'excuse, voulez-vous
me permettre d'appeler les articles, s'il vous plaît! De cette
façon, on peut garder un peu d'ordre. Annexe A: Indemnité
forfaitaire basée sur une incapacité permanente de 100%.
Indemnité forfaitaire
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas d'autre
commentaire à faire. J'ai fait mes remarques et j'attends la
réponse...
M. Cournoyer: M. le Président, les cas que nous avons
examinés, c'est par nos actuaires et par comparaison aussi avec d'autres
pays. Remarquez bien que la cédule ici n'est pas un "window dressing",
cela apparaît comme un "window dressing", mais on aurait pu oublier
totalement la cédule pour dire: Ceux qui sont effectivement soumis
à cela. On a dit qu'il y en a de 18 ans, mais beaucoup moins de 30 et 40
ans qui peuvent être susceptibles de subir une maladie de ce type
industriel. Ce que nous avons établi, ce sont les montants forfaitaires.
Nous nous sommes basés sur ce qui arrive en présentant une
indemnité de $1,000 par année, si je me souviens bien,
c'était bien $1,000 par année qu'on donnait pour une
indemnité à l'individu, jusqu'à la fin de ses jours.
Cela n'est pas basé sur des taux en vigueur, mais par comparaison
avec l'endroit où cela existe...
M. Lessard: En Nouvelle-Zélande. M. Cournoyer: En
Nouvelle-Zélande.
M. Lessard: Oui, mais ce n'est pas le même coût de
vie.
M. Cournoyer: Je comprends cela, mais...
M. Lessard: Ce n'est pas le même niveau de vie.
M. Cournoyer:... à la suggestion du député
de Saguenay...
M. Lessard: D'accord!
M. Cournoyer: ... nous allons indexer ces choses.
M. Lessard: Quand on indexe... Quand c'est trop bas, et qu'on
indexe...
M. Cournoyer: Je comprends...
M. Lessard: ... on reste en bas quand même.
M. Cournoyer: Non, mais quand même... Vous savez, si...
M. Lessard: Oui, mais si c'était un tribunal de droit
commun ou même dans les cas de la Commission des accidents du travail,
l'indemnité est plus forte que cela.
M. Cournoyer: Ah! Ah!
M. Lessard: ... pour autant qu'ils reconnaissent...
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Lessard: ... une incapacité assez forte.
Je ne vous dis pas devant les cours de droit commun, je ne parle pas du
chiffre d'il y a dix ans, que le rapport Gauvin a utilisé. Regardez les
décisions des juges depuis trois ou quatre ans et vous allez voir que
des $150,000 et des $135,000, il y en a.
M. Cournoyer: M. le Président, il y a deux sortes
d'indemnités, ici. Je ne suis pas en train de négocier une
convention collective qu'on va signer à tout prix. D'abord, ce n'est pas
mon argent que j'envoie sur la table. Il y a déjà des
protestations suffisantes, actuellement...
Je regarde la liste des gens qui ont vu leur incapacité
établie, ces derniers temps. Il y en a 25 qui ont vu leur
incapacité établie de 11% à 15%; 14 de 16% à 20%;
18 de 21% à 25%; 7 de 26% à 30%; 2 de 31% à 40% et 6 de
41% à 100%.
Si on prenait cela et si c'était une chose définitive qui
s'applique et ne s'appliquera qu'à ces seules personnes, si nous ne
créons pas un précédent dans ce que nous faisons... Si
nous n'avions que l'indemnité pour incapacité permanente, je
pense bien qu'on pourra peut-être aller du côté de
l'augmentation, mais là, nous avons l'indemnité
complémentaire en plus et l'indemnité complémentaire
n'existe pas actuellement.
Actuellement, quel que soit le degré d'incapacité,
l'indemnité complémentaire n'existe pas.
M. Lessard: Oui, mais l'indemnité complémentaire,
c'est différent du forfaitaire. Il faut distinguer cela
complètement de ça. Et vous le distinguez très bien
à l'article 2. Le forfaitaire, c'est de lui reconnaître sa maladie
et le complémentaire, c'est de reconnaître qu'on lui fait perdre
une "job" parce qu'on lui fait perdre son permis de travail, parce qu'il est
atteint de silicose et d'amiantose.
Là, ... le forfaitaire. Le forfaitaire, c'est que le gars,
à un certain moment, avait une santé quand il est entré
et, maintenant, la santé a diminué.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: Qu'est-ce que vaut une perte de santé de 20%
pour un gars de 40 ans? Cela vaut $4,000? $4,400, soit $440 par année
pendant dix ans.
M. Cournoyer: 40 ans...
M. Lessard: 40 ans, c'est une incapacité de 20%, ce qui
est à peu près la moyenne. $4,400, $440 par année pendant
dix ans? $440 par année sur une période de dix ans.
M. Cournoyer: Vous souvenez-vous d'avoir accepté
tantôt non je ne parle pas d'indexation je parle de
l'aggravation.
M. Lessard: C'est une autre affaire. Aggravation ou pas
aggravation. A un certain moment, il est atteint à 20%. On lui
reconnaît 20%...
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard:... et il est âgé de 40 ans. La table
dit: $22,227. Si vous prenez $22,227. Il a 20%.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: Si vous prenez 20% de $22,227, cela fait $4,400
à peu près. Il a perdu 20% de sa santé et on lui dit: On
te donne $4,000. Laissons faire le complémentaire. Cela est simplement
parce qu'il perd sa "job".
M. Cournoyer: II a perdu 20% de sa capacité respiratoire.
Il n'a pas nécessairement perdu 20% de sa santé. J'ai vu des gars
hier qui avaient l'air en pleine santé, mais ils n'avaient pas de
capacité respiratoire.
M. Lessard: Sa jouissance de la vie?
M. Cournoyer: Cela a été établi à
$1,000. La jouissance de la vie, qu'est-ce que c'est? Pensez-vous qu'on jouit
de la vie, vous et moi, dans ce temps-ci?
M. Lessard: Oui, mais on est un peu mieux payé!
M. Cournoyer: Pour pas mal moins longtemps. Vous n'avez pas
d'indemnité comme cela, vous en cas de maladie.
M. Lessard: Plus particulièrement comme vous.
M. Cournoyer: Vous n'en n'avez pas d'indemnité comme cela
en cas de maladie. Pensez-vous que ce serait correct de donner cela aux
députés? Vous n'êtes que six, vous allez devenir fous bien
vite, si on ne vous...
M. Lessard: Nous sommes encore sains d'esprit.
M. Cournoyer: Vous avez plus de chance que nous de devenir
fous.
M. Harvey (Charlesbourg): Ne vous cassez pas la tête. On
peut vous arranger un montant forfaitaire tout de suite.
M. Lessard: A part cela, vous me dites que vous avez
appliqué la table qui existe en Nouvelle-Zélande.
M. Cournoyer: II n'y a pas de table en Nouvelle-Zélande.
Le maximum est de $15,000.
M. Lessard: Le maximum est de $15,000.
M. Cournoyer: II n'y a pas de table. Donc, ce qu'on veut en
dessous de $15,000...
M. Lessard: Est-ce que le ministre croit que quelqu'un qui a
perdu 20% de sa capacité, en fait, a perdu 20% de sa capacité
physique, parce qu'on lui reconnaît une incapacité de 20%.
M. Cournoyer: Une incapacité pulmonaire.
M. Lessard: Ecoutez, c'est une incapacité permanente, une
incapacité physique de 20%.
M. Cournoyer: Parfait!
M. Lessard: On lui donne pour cette incapacité physique
$4,400.
M. Roy: Une incapacité pulmonaire de 20% peut
représenter une incapacité physique supérieure à
20%. Je parle de malformation et de...
M. Lessard: On tient compte globalement...
M. Cournoyer: M. le Président, il s'agit d'une
façon qui peut sembler arbitraire d'établir ces dommages, nous
avons pris le montant de $1,000 par année. En partant de 18 ans, cela
donne $30,000 jusqu'à 65 ans. C'est jusqu'à la mort.
M. Lessard: Un instant! M. Roy: J'aimerais dire au
ministre... M. Lessard: 65 moins 18... D'accord! M. Cournoyer:
L'intérêt, cela existe.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais dire une chose au
ministre...
M. Cournoyer: Surtout chez un créditiste.
M. Roy: Oui, si on prend le cas de la personne de 40 ans, il y a
quand même 25 ans jusqu'à l'âge de 65 ans. Si elle a une
incapacité à 20%, on va lui donner $4,445 et si on divise par 25
ans, cela fait $177.82 par année. Quand on vous dit que ce n'est pas
assez, je pense qu'on a raison.
M. Cournoyer: Calculez l'intérêt, vous, du
Crédit social...
M. Lessard: Ils n'en ont pas d'intérêt, eux. M.
Cournoyer: Ils n'ont pas d'intérêt eux.
M. Roy: Quand bien même vous ajouteriez 10%
d'intérêt à $177.82 par année, en enlevant...
M. Cournoyer: II reste qu'il en a.
M. Roy:... 2% d'impôt qu'il est obligé de payer sur
les intérêts, il reste 8%.
M. Cournoyer: La personne, M. le Président, a une
incapacité de 20%, elle n'a pas une incapacité de 100%.
M. Lessard: Ce n'est pas gros.
M. Cournoyer: Je comprends que le député de
Saguenay trouve que ce n'est pas gros. Je comprends qu'actuellement ils n'ont
pas cela.
M. Lessard: Oui, ils l'ont en vertu de la Commission des
accidents du travail.
M. Cournoyer: Ah! Ah!
M. Lessard: A part cela, c'est une indemnité en vertu de
la Commission des accidents du travail. C'est une indemnité à
vie.
M. Cournoyer: Seriez-vous prêt à faire un pari avec
moi?
M. Lessard: En vertu de la Commission des accidents de travail,
si le gars se trouve "une job" à $10,000 par année, qu'on lui a
reconnu $3,000
d'indemnité, à ce moment-là, il va avoir $10,000,
plus $3,000 d'indemnité, tandis que, dans ce cas, il ne l'aura pas.
M. Cournoyer: Dans ce cas, son histoire, il l'a d'un coup sec et
on ne la lui enlève pas.
M. Lessard: En bas de 10%, à la Commission des accidents
de travail aussi, il l'a d'un coup sec.
M. Cournoyer: II n'a pas d'indemnité complémentaire
par exemple.
M. Lessard: Non, je suis d'accord.
M. Cournoyer: Nous lui donnons une indemnité
complémentaire en plus.
M. Lessard: Mais ça, c'est différent.
M. Cournoyer: Ce n'est pas différent, nous l'assurons
jusqu'à 65 ans de 90% de son revenu net disponible.
M. Lessard: Non, vous l'assurez jusqu'à ce qu'il se trouve
un emploi.
M. Cournoyer: Non. Nous l'assurons qu'il va avoir 90% de son
revenu net disponible.
M. Lessard: M. le Président, je voudrais quand même
qu'il y ait une distinction très nette, le ministre l'a faite en vertu
de l'article 2, entre le montant forfaitaire qui est versé en vertu du
fait que l'individu a perdu quelque chose, une partie de sa santé
physique, ce sont là les indemnités forfaitaires. L'autre
indemnité de 90%, c'est pour la perte de son emploi.
Nous disons qu'un gars qui a perdu 20% de sa capacité physique,
qui est âgé de 40 ans et qui reçoit $4,400 par
année, c'est insuffisant.
M. Cournoyer: M. le Président, vous avez le
privilège de dire que c'est insuffisant, je le reconnais formellement
à l'Opposition, étant donné que nous sommes rendus
là, je préfère un vote sur division; la
responsabilité que j'ai, c'est d'imposer un coût additionnel
à tout le monde là-dedans et j'ai limité ce coût
à ces montants, c'est bien sûr que ce n'est pas suffisant, tout le
monde ne sera jamais satisfait dans la province de Québec, au Canada et
dans le monde entier, tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas une vie
heureuse. Dans ce cas, on essaie de compenser pour une perte de
capacité, nous donnons quelque chose qu'il...
M. Lessard: Ne parlez pas du Biafra. M. Cournoyer: Je ne
parle pas du Biafra.
Le Président (M. Séguin): Voulez-vous un vote...
à main levée?
M. Cournoyer: Non, avec dissidence. M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Séguin): Un vote à main
levée?
M. Lessard: Je propose qu'on double le montant forfaitaire.
M. Cournoyer: Je refuse.
Le Président (M. Séguin): Sur l'amendement
proposé de doubler les montants à l'annexe a), je ne parle pas
des âges...
M. Roy: M. le Président, sur la motion, je suis
entièrement d'accord, j'avais même dit au ministre que
l'échelle de $30,00 ne devait pas partir à 18 ans, parce qu'il
n'y en a pas à 18 ans, mais que si on partait l'échelle à
40 ans à $30,000, pour les gens de 54 et 55 ans, ça revient
à doubler.
M. Cournoyer: Je refuse. Donc, votons, s'il vous plaît!
Le Président (M. Séguin): A main levée, le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je suis en faveur de la motion pour doubler.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Shefford?
M. Verreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Frontenac?
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Mille-Iles?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Robert-Baldwin, ministre du Travail?
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): La motion est
rejetée.
L'annexe "A", adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, le court
préambule est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Le titre est
adopté?
M. Roy: Adopté. Est-ce que celui qui est chargé du
rapport peut le faire dans deux minutes?
M. Lachance: Ecoutez, donnez-moi l'occasion de le
préparer.
Le Président (M. Séguin): Le projet de loi no 52,
Loi sur l'indemnisation des victimes d'amian-tose ou de silicose dans les mines
et les carrières, est-il adopté tel qu'amendé?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Séguin): La commission, ayant
terminé ses travaux, devra faire rapport en Chambre aussitôt que
possible. A l'ordre messieursl
Est-ce qu'il y a consentement unanime de la commission pour entendre un
mineur de la mine Carey?
M. Burns: Oui, M. le Président.
Des Voix: Oui.
Témoignage de M. Nazaire Paquet
Le Président (M. Séguin): Si vous aimez mieux
parler debout, d'accord.
M. Paquet (Nazaire): ... du syndicat des travailleurs de la mine
Carey. Je voudrais, par la présente, profiter de l'occasion pour
remercier toute l'équipe qui a travaillé à la loi que vous
venez d'adopter. On sait que nous, les travailleurs, on est habitué de
critiquer les députés, les ministres, de part et d'autre. On aime
cela, c'est un bon passe-temps. Aussi, cela fait de la publicité d'un
côté ou de l'autre.
Mais, par contre, lorsqu'à un moment donné, on
découvre, en étant ici présents pendant deux jours, qu'il
y a eu du travail énorme fait pour défendre la santé et la
vie des travailleurs, nous, travailleurs, on n'est pas habitués de
réaliser des choses comme cela, de constater des choses comme cela. On a
l'habitude de se battre à la sueur de notre front pour avoir de petits
gains. Vous n'ignorez pas que cela fait 26 ans que les travailleurs de
l'amiante se battent constamment, à tous les deux ans ou trois ans, au
renouvellement de leur convention, pour avoir de la protection pour la
santé des travailleurs. Vous venez de nous accorder un appui que, depuis
26 ans, on n'avait jamais été capable d'avoir. Croyez-moi, on est
reconnaissants au groupe qui a travaillé dans ce domaine. Même si
on croit qu'il y aurait pu peut-être y avoir quelque chose de mieux
encore, on est conscient qu'on n'a jamais fait un gain, les travailleurs, comme
on vient d'en faire un. Je crois que la question du salaire dans nos
conventions collectives, c'est seulement une bagatelle, parce qu'une vie, cela
ne se vend pas. A l'heure actuelle, on ne la vendait pas, on la donnait.
Je crois que la question du salaire pour laquelle il reste à
négocier avec la compagnie sera peut-être une chose assez dure,
parce que, risquer notre vie comme on la risquait à un salaire de $3.73
l'heure, ce n'est pas tout à fait normal. Il y a aussi beaucoup d'argent
à aller chercher. On espère aller en chercher une graine qui va
être assez considérable. La bataille n'est pas finie, mais la
principale bataille qu'il y avait à livrer, on vient de la gagner, je
crois. Merci.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Paquet.
M. Paquet: II y a une chose que je voudrais préciser c'est
que le ministre Cournoyer nous a fait remarquer qu'il n'avait pas dormi cette
nuit à cause de la poussière dans ses yeux. Je voudrais m'excuser
auprès du ministre Cournoyer pour une dame qui a eu un accès de
colère peut-être ou posé un geste irréfléchi,
mais il me faudrait faire remarquer au ministre que, chez les mineurs, on passe
souvent des nuits les yeux pleins de poussière. On y passe aussi des
nuits où on ne peut pas respirer tellement à notre aise.
Le Président (M. Séguin): Merci.
(Fin de la séance à 16 h 46)