Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Conflit de travail à la Commission
de transport de la Communauté
urbaine de Montréal
Séance du 18 septembre 1975
(Quinze heures quinze minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Deuxième séance de cette commission parlementaire du
travail en ce qui concerne les difficultés ouvrières à la
CTCUM.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
les suivants: M. Belle-mare (Johnson); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M.
Boudreault (Bourget); M. Burns (Maisonneuve); M. Léger (Lafontaine); M.
Mercier (Bellechasse); M. Harvey (Jonquière); M. Carpentier
(Laviolette); M. Harvey (Charlesbourg); M. Tremblay (Iberville); M. Pagé
(Portneuf); M. Malépart (Sainte-Marie); M. Roy (Beauce-Sud) et M.
Bourassa (Mercier).
Sans plus de préambule, je cède la parole, selon notre
ordre du jour, au ministre du Travail.
Rapport du médiateur
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, on se
rappelle qu'au terme de la première séance de la commission
parlementaire du travail, qui nous a permis de prendre connaissance des
positions respectives des parties, une résolution avait
été adoptée à l'unanimité, proposant qu'un
médiateur spécial soit nommé. En l'occurrence, M. Roger
Pi-lotte a été nommé comme médiateur
spécial. La résolution m'obligeait à présenter le
rapport du médiateur, aujourd'hui, jeudi.
Je lis le rapport Pilotte ici: "Conformément au mandat que vous
m'avez confié, suite à la commission parlementaire du travail, je
vous soumets mon rapport factuel sur les négociations entre la
Commission de transport de la Communauté Urbaine de Montréal et
le Syndicat du Transport de Montréal, section des garages et entretien,
(CSN), le Syndicat des Employés de bureau de la Commission des
transports de Montréal (CSN) et le Syndicat des Employés du
Transport de Montréal, section Caissiers, (CSN).
En tout premier lieu, je me dois de vous souligner que les deux parties
ont négocié dans un climat relativement serein et ont
coopéré avec le soussigné dans la poursuite diligente des
négociations à partir de samedi, le 13 septembre 1975,
jusqu'à ce jour." On m'apprend à l'instant qu'il y a
débrayage. "Même s'il reste beaucoup de chemin à parcourir,
il n'en reste pas moins que la médiation spéciale nous a permis
de régler un certain nombre de clauses que j'énumère et
dont vous retrouverez les textes ci-joints; de plus, je vous indique
également les clauses en suspens que j'identifie comme clauses communes
ou clauses particulières.
Je suis persuadé que ce travail nous permettra de constater le
chemin parcouru et l'ampleur du litige à ce jour. Respectueusement
soumis, Roger Pilotte."
J'ai les clauses communes et paraphées qui sont
réglées au nombre de 31. Il y a également les clauses
communes en suspens et si les membres de la commission veulent avoir des
détails sur les clauses communes réglées et
paraphées, je pourrai vous les donner. C'est pour épargner du
temps à la commission que je ne le fais pas dans un premier temps. Les
clauses communes en suspens, l'état des négociations aux tables
particulières: premièrement, concernant les caissières, un
bon pourcentage des clauses particulières sont
réglées.
Deuxièmement, en ce qui concerne bureaux et entretien,
très peu de clauses particulières sont signées. Comme
conclusion, le médiateur m'indique que le fossé qui sépare
les deux parties est évidemment très large. Le soussigné
aurait souhaité pouvoir continuer pendant quelques jours afin de
continuer les déblayages.
Cependant, je suis conscient qu'il appartient aux parties
elles-mêmes de décider si elles veulent continuer cette
opération. Si tel est leur désir, je suis disponible.
Evidemment, une situation de grève pourrait influencer grandement
la décision des parties à cet égard. On a annexé
à cela les clauses que j'ai mentionnées tout à l'heure
contenant les initiales appropriées.
M. le Président, je vous suggère d'abord de demander aux
membres de la commission parlementaire de faire leurs commentaires. S'ils ont
des questions à poser concernant les clauses communes ou les clauses
particulières, j'y répondrai, premièrement, avant de
procéder aux commentaires de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, et on passera, par la suite, aux
commentaires du Front commun syndical CSN.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre. Le
député de Maisonneuve.
Remarques des députés
M. Burns: M. le Président, très brièvement,
je n'ai pas de long commentaire à faire, sinon le suivant: C'est un voeu
que j'exprime à l'endroit des membres de la commission parlementaire. Si
les travailleurs de la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Montréal ont décidé, dans les trois unités de
négociations, de débrayer cet après-midi, s'ils ont
décidé de faire la grève, je pense que la commission
parlementaire doit, au départ, pour nettoyer l'atmosphère, se
rendre compte du fait qu'il s'agit là d'un droit parfaitement
légal qui leur est reconnu par la loi, de sorte que je ne voudrais pas
qu'au cours non, je n'ai pas l'impression que je suis en train de
critiquer le ministre, c'est un voeu que j'exprime à l'endroit de
la commission de nos travaux cet élément puisse
venir d'une façon ou de l'autre changer la nature des relations qui
puissent exister entre la commission parlementaire et les parties.
J'aurais tenu, et je tiens a le dire, exactement le même
raisonnement si cela avait été la Commission de transport de la
Communauté urbaine qui avait décidé de faire un lock-out.
C'est parfaitement son droit, c'est très légal. Comme les
travailleurs le possèdent ce droit, je pense que cela ne doit pas
intervenir dans le débat et dans notre façon d'apprécier
le problème. C'est la seule remarque à caractère
général que j'aurais. Je souhaiterais, en ce qui nous concerne,
que le mandat du médiateur, M. Pilotte, soit maintenu, que ce ne soit
pas à cause du fait qu'un arrêt de travail vient d'intervenir
qu'on change l'attitude, semble-t-il, ouverte qui avait été
manifestée par la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre la semaine dernière. Je pense que si on a réussi
à rapporter un certain progrès et je poserai des questions
au ministre d'ailleurs à la fin de mon intervention à ce sujet
on est en droit d'espérer que malgré un arrêt de
travail il puisse y avoir d'autres progrès qui puissent intervenir dans
les jours et dans les semaines qui viennent.
Je voudrais tout simplement savoir ceci de la part du ministre du
Travail; et si M. Pilotte était venu témoigner, c'est
probablement à lui que j'aurais posé la question, mais j'imagine
que le rapport a été fait au ministre du Travail. J'aimerais
connaître le nombre de clauses réglées et surtout quelles
sont, parmi les clauses réglées, celles qui l'ont
été à la suite de l'acceptation patronale des demandes
syndicales et celles qui ont été réglées à
la suite du retrait de certaines demandes syndicales ou du maintien du statu
quo. En somme, ce que je demande, c'est: Qu'est-ce qu'on est en mesure de voir
comme effort par les parties en cause à la suite de cette ronde de
négociations qui a débuté samedi dernier, comme le disait
le ministre, et qui se termine aujourd'hui avant le rapport du médiateur
spécial?
Le Président (M. Séguin): Le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, si je pouvais dire seulement
quelques mots pour commenter ou répondre aux paroles du leader
parlementaire de l'Opposition. Le droit de grève était
légal, mais ce n'est pas parce qu'il est légal qu'il devient
justifié. J'ai eu l'occasion au cours de la fin de semaine de dire
qu'actuellement une grève dans le métro serait antisociale,
inutile et très coûteuse, que nous avions, dans une
procédure assez exceptionnelle, convoqué la commission
parlementaire pour substituer à la grève un moyen de pression qui
nous paraissait aussi efficace et qui évitait à des centaines de
milliers de travailleurs d'être des victimes innocentes d'un conflit de
travail.
Ce qui est en jeu, ce n'est pas le syndicalisme. Ce sont des
augmentations de salaire de 30% à 50% ou plus, selon les parties, et je
ne vois pas comment on peut justifier la grève, même si elle est
légale, d'autant plus à la façon dont la grève
s'est déclenchée. Des centaines de milliers de travailleurs se
sont rendus ce matin à leur travail, sans savoir qu'il y aurait une
grève cet-après-midi. Alors, ils sont pris en plein milieu de
l'après-midi pour retourner à leur résidence avec des
complications considérables et énormes. Je ne blâme pas les
syndiqués. Ils ont obéi à l'ordre qui leur a
été donné par les dirigeants syndicaux, mais je crois que
les dirigeants syndicaux auraient pu agir d'une façon plus
civilisée, étant donné que les travailleurs à
Montréal, cet après-midi, auront à faire face à des
ennuis considérables, parce qu'ils n'ont pas eu de préavis sur
une grève qui est peut-être légale, mais qui est
complètement injustifiée et qui est antisociale, parce qu'elle se
fait sur le dos des travailleurs.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Burns: ... le premier ministre vient de relever certains
points relativement à ce que je viens de mentionner. Je suis
obligé de mentionner que le premier ministre m'indique, par sa
réplique, que le voeu que j'exprime via la commission parlementaire ne
sera pas respecté ou tout au moins, quant au premier ministre.
Lorsque le premier ministre qualifie la grève ou l'arrêt de
travail actuel d'antisocial et d'injustifié, de complications pour les
travailleurs et de tout cela, je suis obligé de comprendre la
réponse du premier ministre comme étant un refus du voeu que je
viens d'exprimer, souhaitant que la commission parlementaire ne tienne pas
compte dans ses travaux du fait qu'il y a arrêt de travail.
En ce qui me concerne, M. le Président, les grèves
justifiées, les personnes les mieux placées pour les juger, ce
n'est pas, à mon avis, le premier ministre. Ce n'est pas le ministre du
Travail. Ce n'est pas le leader de l'Opposition. Ce n'est pas quelque membre
que ce soit d'une commission parlementaire qui voit le problème de loin.
Je pense que les gens qui sont en mesure de juger de la justification d'un
arrêt de travail, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui, un moment
donné, prennent cette décision quels que soient les coûts
que cela puisse leur comporter, et cela, je pense que c'est bon qu'on se le
dise. Ce n'est pas au premier ministre de dire que cette grève n'est pas
justifiée. Il n'a jamais vu une assemblée de travailleurs de
près, en ce qui me concerne...
M. Bourassa: Pas de...
M. Burns: ... en matière de convention collective...
M. Bourassa: A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: Non, vous répondrez si cela vous tente.
M. Bourassa: D'accord! Je vais vous répondre.
M. Burns: C'est cela, vous répondrez. Mais moi, en tout
cas, j'ai déjà vu des assemblées de travailleurs et j'ai
déjà remarqué que la meilleure justification d'un
arrêt de travail, surtout lorsqu'il s'installe dans un cadre légal
permis par la loi, c'est la décision même des travailleurs, et
cela, soyez certains d'une chose, c'est une décision qui pèse
lourd lorsqu'elle est prise collectivement par les travailleurs, et je pense
qu'on doit respecter cela.
Maintenant, si on veut dire, du haut de sa hauteur de premier ministre,
que c'est antisocial et injustifié, qu'on le dise! En ce qui me
concerne, cela restera une opinion qui est complètement farfelue, qui ne
tient à rien et qui ne tient surtout à aucune expérience
du genre.
M. Bourassa: J'ai parlé comme premier ministre, au nom de
la population de Montréal, mais j'ai également parlé comme
député de Mercier. Aujourd'hui des dizaines de milliers
d'électeurs de mon comté et de tous les comtés je
représente quand même l'ensemble de la population vont
être pénalisés très sérieusement et demain,
ce seront les travailleurs les plus démunis qui seront frappés
par une telle grève.
Il est évident que la grève est légale, mais nous
avons essayé, dans cette procédure exceptionnelle, de concilier
le fait que la grève était légale avec le tort
considérable que cela cause aux travailleurs de Montréal et c'est
pourquoi nous avons convoqué la commission parlementaire. Nous avons dit
aux deux parties: La commission parlementaire est convoquée. Nous sommes
prêts à faire travailler les quinze députés ou les
douze députés qui la composent autant qu'il faudra plutôt
que de pénaliser 300,000 ou 400,000 travailleurs à
Montréal.
Alors, c'était la formule que nous avons jugée... et nous
croyons que le reste des inconvénients qui existaient dans la
réalité justifiaient les deux parties de ne pas recourir à
une grève qui est inutile parce qu'on peut remplacer son moyen de
pression qui est antisocial pour les raisons que j'ai données
tantôt.
Que le député de Maisonneuve trouve mon opinion farfelue,
je suis convaincu qu'il peut trouver cela farfelu, son parti peut trouver cela
farfelue, mais le demi-million de travailleurs qui, ce soir, retourneront
à leur travail, trouveront que le premier ministre avait raison de dire
que c'était une grève injustifiée et qui n'a pas
été déclenchée dans des conditions
civilisées.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Même si j'avais certaines réserves la
semaine dernière quant à la convocation de cette commission
parlementaire, je pense qu'aujourd'hui les événements ou
du moins ce que je viens d'entendre sont en train de me donner
raison.
J'espère que le premier ministre va réaliser et
réalisera immédiatement qu'il serait extrêmement malheureux
de se servir de la commission parle- mentaire pour livrer un message ou pour
politiser le conflit. Je pense que nous avons été
convoqués à la commission parlementaire pour travailler
sérieusement et objectivement, de façon à faire
entendre.
M. Bourassa: ...
M. Roy: Je n'ai pas interrompu...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: Je ne vous avais pas interrompu.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Je ne vous ai pas interrompu. Le Président (M.
Séguin): Bon.
M. Roy: J'ai attendu patiemment parce que, normalement, je devais
parler après le député de Maisonneuve et vous êtes
intervenu tout de suite après, ce que l'on n'a pas l'habitude de faire
en commission parlementaire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: Je disais donc qu'il serait malheureux qu'on se serve de
la commission parlementaire pour d'autres fins que celles pour lesquelles nous
avons été convoqués, c'est-à-dire examiner la
situation dans son ensemble et l'examiner de façon objective. C'est le
seul commentaire que j'ai à faire et j'aurai des questions à
poser à la suite de celles du député de Maisonneuve.
On a dit qu'il y avait un certain nombre de clauses qui avaient
été réglées. On nous a dit, d'un côté,
qu'il y avait encore un fossé très large à combler pour
permettre aux parties de se rapprocher. On a demandé aux membres de la
commission parlementaire s'ils avaient des questions à poser, de les
poser.
Nous n'avons pas de copies de documents qui nous permettent de dire: La
clause no 3 ou la clause no 4 ou la clause no 5 est paraphée comme
telle. Le seul document qui nous a été remis à cette
commission parlementaire, c'est le document qui a été
présenté par la CTCUM, la semaine dernière. En ce qui me
concerne, j'aurais espéré, en tant que membre de la commission,
que le gouvernement nous donne plus d'information et nous donne plus de
documents de façon qu'on puisse faire un meilleur travail, un travail
plus positif.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président... Le
Président (M. Séguin): M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): ... pour répondre aux
questions posées par le député de Maisonneuve et, par la
suite, par le député de Beauce, vous me permettrez d'indiquer au
député de Beauce que la résolution du député
de Bourget obligeait le mi-
nistre du Travail à rendre public le rapport préliminaire
présenté par le médiateur spécial qui l'avait
donné et je n'ai pas l'intention, M. le Président, pour
l'information du député de Beauce-Sud, de le faire agir comme
ministre du Travail. J'ai le rapport complet devant moi et je suis
disposé à répondre à toutes questions des membres
de la commission parlementaire sur chacun des points soulevés dans le
rapport préliminaire du médiateur à son patron, le
ministre du Travail, tel qu'indiqué par le voeu unanime de la commission
parlementaire. Bien sûr, la Commission de transport de la
Communauté urbaine a déposé un document la semaine
dernière, pour tous les membres de la commission. La partie syndicale a
fait un plaidoyer verbal par la voix de M. Pepin et on peut l'avoir comme
documentation avec les épreuves du journal des Débats.
Ce sont les deux seuls documents qui ont été remis
à la commission parlementaire et ce rapport est un rapport
préliminaire au ministre du Travail que je déposerai et qui fera
partie intégrante de la séance de la commission d'aujourd'hui.
Pour répondre plus précisément au député de
Maisonneuve, il aura l'occasion, tout à l'heure, lorsque la partie
syndicale sera appelée à faire ses commentaires, à poser
la question, mais de mémoire, je pense qu'il y a, sur 31 clauses
communes réglées et paraphées, 18 retraits de la part de
la partie syndicale.
Dans les clauses communes réglées et paraphées, il
y a: 1.01 But de la convention 5.03Régime syndical 9.04Comparution en
cour lors d'une enquête 10.02Congés en cas de maladie 10.03
Congés en cas de maladie (Avis à l'employé) 10.06
Congés payés en cas de maladie (Choix de médecins)
10.09Congés payés en cas de maladie (Jours en maladie
accumulés) 10.10Congés payés en cas de maladie 10.11
Congés payés en cas de maladie (Conditions supérieures)
10.12Congés payés en cas de maladie (Conditions
supérieures) 10.13Congés payés en cas de maladie
(Conditions supérieures) 10.14 Congés payés en cas de
maladie (Sommes déduites des jours de maladie) 10.15 Congés
payés en cas de maladie (Utilisation des crédits en maladie)
8.02Congés sociaux 8.03 Congés sociaux (Jours d'absence
motivés) 12.02 Examens médicaux (Numérotation de
l'ancienne convention) 13.02 Disqualification pour raison médicale 13.03
Disqualification pour raison médicale (Référence,
médecin de famille) 15.02 Mesures disciplinaires 17.03...
M. Roy: Je m'excuse, est-ce que le ministre me permettrait de lui
poser une question à ce moment-ci?
M. Harvey (Jonquière): Je vais finir ma
réponse...
M. Roy: Un instant, ça fait justement partie...
M. Harvey (Jonquière): Je ne le permets pas, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: M. le Président, c'est pour la bonne
compréhension des membres de la commission, quand même.
M. Harvey (Jonquière): 17.03 Arbitrage...
M. Roy: Actuellement, on n'a pas le temps de prendre des
notes.
M. Harvey (Jonquière): 17.05...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: Qu'est-ce qu'on est venu faire ici? Je m'oppose à
cette façon de procéder: on n'a pas de document et on n'a pas le
temps de prendre des notes et le ministre nous demande de poser des questions.
Est-ce qu'on veut se moquer de nous?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, continuez.
M. Roy: Qu'on nous remette une copie du document.
M. Harvey (Jonquière): 17.03 Arbitrage 17.05 Arbitrage
22.01 Travail à forfait 22.02Travail à forfait 23.01 Charge de
travail 23.02, 23.03, 23.04, 23.05 Charge de travail 24.01 Droit acquis
27.02Certificat et lettres de service 27.03Certificat et lettres de service
II y a des clauses communes en suspens; j'évite de les mentionner
puisque le député de Maisonneuve ne l'a pas demandé, mais
je réponds de mémoire. Je pense que 18 des 31 clauses
réglées et paraphées ont été le fruit d'un
retrait syndical. Mais vous aurez l'occasion d'avoir des réponses plus
précises lorsque la partie syndicale sera appelée a se prononcer.
J'ai le détail ici, c'est bien ça: 18 demandes syndicales
retirées, une patronale acceptée, une syndicale modifiée
et 11 retours au statu quo pour un total de 31.
M. Burns: C'est-à-dire que, dans le fond, le retour au
statu quo était à la suite de demandes syndicales ou à la
demande patronale?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas mentionné.
M. Burns: Ah, bon! Mais c'est mentionné où?
M. Harvey (Jonquière): Ici, le papier, j'ai demandes
syndicales retirées, 18; demandes patronales acceptées, 1 ;
demandes syndicales modifiées, 1; retour au statu quo 11, pour un total
de 31.
M. Burns: Le retour au statu quo sera fait à la suite de
quoi, M. le ministre?
M. Harvey (Jonquière): Vous le demanderez à la
partie patronale lorsqu'elle viendra tout à l'heure.
M. Burns: Ou à M. Pilotte, peut-être.
M. Harvey (Jonquière): Non, M. Pilotte m'a
présenté son rapport. Je n'ai pas...
M. Burns: C'est ça, vous avez le rapport de M. Pilotte; je
vous demande des détails sur ce rapport.
M. Harvey (Jonquière): II ne le mentionne pas dans son
rapport, je viens de l'avoir de mon sous-ministre quant au détail des 31
clauses.
M. Burns: Oui, mais les onze clauses en question, le retour au
statu quo, j'aimerais savoir ce que c'est. Est-ce que c'est le syndicat qui a
décidé de maintenir le statu quo ou si c'est l'employeur?
M. Harvey (Jonquière): La plupart sont des clauses
syndicales qui sont revenues au statu quo.
M. Burns: Ah bon! Et les 18 retraits, c'étaient des
demandes nouvelles de la part du syndicat?
M. Harvey (Jonquière): Qui ont été
retirées par la partie syndicale.
M. Burns: C'est-à-dire que 29 des 31 clauses qui ont
été réglées l'ont été à la
suite de l'intervention syndicale. Est-ce que je me trompe en disant cela?
M. Harvey (Jonquière): Pour les onze, je ne serais pas
prêt à me prononcer là-dessus. Je vous le dirai tout
à l'heure. Vous poserez la question aux intéressés.
M. Burns: Qu'est-ce qu'on vient faire ici? On vient obtenir des
renseignements?
M. Harvey (Jonquière): On vient ici pour se renseigner.
J'ai le rapport du médiateur qui ne le mentionnait pas et je viens de
vous dire que, sur 31 clauses communes réglées et
paraphées, il y a 18 demandes syndicales retirées, il y a une
demande patronale acceptée, une demande syndicale modifiée; le
retour au statu quo porte sur onze, et je vous donnerai le détail
précis sur ces onze clauses, en ce qui concerne le côté
syndical et le côté patronal immédiatement après que
vous aurez, si vous le désirez, posé la question aux inté-
ressés qui seront appelés dans l'ordre à nous donner des
commentaires suite à cette première phase de médiation par
un médiateur spécial, la CTCUM passant en premier lieu et la
partie syndicale en deuxième lieu. J'aurai une réponse à
vous donner...
M. Burns: Vous avez cité ces statistiques en vous basant
sur le rapport de M. Pilotte. C'est cela?
M. Harvey (Jonquière): Son rapport ne le mentionnait pas.
C'est un addendum que je viens d'avoir pour le détail. Je l'ai
donné de mémoire, il me l'a dit.
M. Burns: J'en fais la demande, en vertu de nos
règlements, est-ce que vous voulez déposer le rapport de M.
Pilotte à la commission, s'il vous plaît?
M. Harvey (Jonquière): Je l'ai mentionné tout
à l'heure, il sera déposé pour être imprimé
tel que produit dans le document du travail de la commission parlementaire.
M. Burns: Alors, vous allez le déposer
immédiatement?
M. Harvey (Jonquière): Avec plaisir. M. Burns:
D'accord.
M. Harvey (Jonquière): Vous pouvez voir par là que
je n'avais pas l'intention de... C'est un dépôt à la
commission qui sera imprimé avec les commentaires...
M. Burns: Est-ce qu'on va avoir la copie immédiatement?
Vous savez que nos règlements disent que, lorsque vous citez un
document, ne serait-ce qu'en partie, ce document peut être
immédiatement déposé. Alors, je vous demande...
M. Harvey (Jonquière): On va demander au
préposé à la commission de faire en sorte d'en rendre des
exemplaires disponibles pour les membres de la commission, le plus rapidement
possible. J'ai déposé la copie.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): C'est un volume. C'est
une documentation assez volumineuse. Demander de reproduire
immédiatement une quantité d'exemplaires suffisante pour chacun
est peut-être une tâche qui nous gardera ici jusqu'à six
heures, je me demande si on pourrait...
M. Burns: Le rapport est daté du 17 septembre, M. le
ministre. Je vois le rapport qui est entre vos mains, M. le Président.
Il est daté du 17 septembre. Je ne comprends pas qu'on ait pas
pensé qu'on avait une commission parlementaire aujourd'hui, le 18...
M. Harvey: (Jonquière): On y a pensé...
M. Burns: ... et qu'il n'y en ait pas des copies de faites.
Voyons donc!
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le
médiateur a travaillé jusqu'à très tard dans la
soirée d'hier.
M. Burns: Comment se fait-il que ce soit daté du 17
septembre?
M. Harvey ( Jonquière): C'est parce que...
M. Burns: C'est parce qu'il l'a fait le 17 septembre. Je crois M.
Pilotte sur parole.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, les notes
de M. Pilotte et son rapport écrit à la plume, bien sûr,
ont été rédigés hier soir.
M. Harvey (Jonquière): II s'est rendu de Montréal
à Québec ce matin, il a rédigé et
revérifié son rapport et en homme prudent, il a
vérifié les informations du député de Maisonneuve
qu'il avait lui-même, avant de me poser la question,
vérifiées avec les parties intéressées pour
être bien sûr que les documents qu'il attachait au rapport,
très bref, qu'il me présentait, rapport progrès,
était un rapport conforme aux faits. Il a fait dactylographier, ce
matin, son rapport pour le vérifier à nouveau et il me l'a remis
tel que convenu à l'heure...
M. Burns: A quelle heure l'avez-vous eu, M. le ministre?
M. Harvey (Jonquière): Je l'ai eu aux alentours de 1 h
40.
M. Burns: Oui. N'y avait-il pas moyen d'en faire de photocopies
à ce moment?
M. Harvey (Jonquière): Je ne travaille pas pour
l'Assemblée nationale.
M. Burns: Vous ne travaillez pas pour l'Assemblée
nationale. Sommes-nous une "gang" de bouffons ici?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: Venons-nous entendre des rapports avec des petits
morceaux et de petits bouts?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, vous faites une
tempête dans un verre d'eau.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A I ordre!
M. Roy: Le ministre devait savoir qu'on demanderait une copie du
rapport.
M. Harvey (Jonquière): Vous allez en avoir une.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: Quand allons-nous l'avoir? Demain, la commission
parlementaire va siéger?
M. Harvey (Jonquière): Demandez cela à M.
Pouliot.
M. Roy: Le président vient de nous dire que cela va
prendre du temps pour le faire photocopier.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Harvey (Jonquière): Demandez cela à M. Pouliot
qui est derrière vous. Peut-être que vous allez l'avoir si vous
arrêtez de placoter, avant que vous ne finissiez de parler.
M. Roy: C'est vous autres qui avez convoqué la commission
parlementaire et qui avez déterminé l'heure. C'est à vous
d'être prêts.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas à en remettre
des copies. Ce n'est pas mon travail.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai l'intention, messieurs, si la commission y consent toujours,
de demander au secrétaire de la commission de voir à faire
imprimer immédiatement la lettre de M. Roger Pilotte au ministre, la
liste des clauses communes réglées et paraphées et la
liste des clauses communes en suspens.
M. Harvey (Jonquière): L'état des
négociations aux tables particulières.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! L'état des négociations aux tables
particulières. Si on pouvait vous produire ces copies
immédiatement, je demanderais toutefois que le ministre, entre-temps,
pendant que nous attendons ces copies, puisse continuer, s'il le désire,
à nommer, pour la commission, les clauses communes en suspens et, pour
faire suite à cela, l'état des négociations aux tables
particulières, d'après le texte que je fais imprimer.
M. Harvey (Jonquière): Parfait.
Le Président (M. Séguin): On recevra...
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Je ne nie rien de ce
document, mais je dis que ce serait très onéreux et très
difficile d'apporter toutes ces pièces justificatives au même
moment. On peut produire tout de suite, si vous le voulez, ces documents que
j'ai nommés, les cinq pages pertinentes.
M. Roy: Est-ce que cela veut dire, M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président,
permettez-moi de vous féliciter pour votre jugement, parce que, en
définitive, tous les autres documents sont tout simplement les
pièces justificatives contenant les initiales des parties sur les
clauses paraphées, conclues, les clauses communes. On pourra avoir ces
documents un peu plus tard dans l'après-midi, ayant l'essentiel et
l'absolument nécessaire devant nous dans quelques secondes.
Je me conforme à votre décision en disant que les clauses
communes en suspens sont les suivantes: 2.04 Affichage 3.01 Vacances (Choix
à pourcentage au salaire régulier) 3.08 Prise de vacances suite
à maladie ou accident 4.01 Congés sociaux (Mariage) 4.03
Congés personnels 5.01 Paiement pour comparution en cour 5.03
Comparution en cour 5.04 idem 5.05 Poursuite devant les tribunaux 6.01
Congés payés en cas de maladie 6.05 Paiements pour attestations
6.07 Paiement pour preuve médicale 7.02 Accidents de travail
(Rémunération dans cas douteux) 7.06Accidents de travail (Preuves
au dossier) 7.07Accidents de travail (Déclassification, mises à
pied, etc.) 8.01 Examens médicaux (Coût) 9.01 Disqualification
pour raison médicale 10.04 Versement de salaire (Re: erreur de plus de
$12) 11.01 Mesures disciplinaires (Consultation de dossier) 11.04 Mesures
disciplinaires (Rature d'un dossier après neuf mois) 11.07 Mesures
disciplinaires (Re: convocation pour raison disciplinaire) 11.08 Mesures
disciplinaires (Rémunération re: convocation) 11.11
Mesures disciplinaires (Statu quo ante) 12.02 Procédure de griefs
(Numérotation du document syndical) 12.03 Procédure de griefs
13.02Arbitrage (Délai pour sentence) 13.06 Arbitrage (Arbitres) 14.01
Activités syndicales 15.01 Assurances 16.00 Jour de pension (A
être discuté) 17.00 Changements techniques et autres 18.03Travail
à forfait (Préséance d'un grief sur tout autre) 21.01
Rapports d'accidents 22.01 Transport gratuit 24.01 Congés pour affaires
publiques 24.02 Idem 27.01 Indexation des salariés (A être
discuté) 27.02 Indexation des salariés (A être
discuté) 28.01 Durée 29.01 Rétroactivité 30.01
Sécurité d'emploi 31.01 Communauté urbaine 32.01 Retards
pour force majeure 33.00 Clauses salariales (Non abordées). Demandes
patronales en suspens: 5.04 Affichage 6.01 Congés activités
syndicales 7.09 Congés affaires professionnelles 9.01 Fêtes
payées 9.02 Fêtes payées 11.07 Vacances prises avant la
retraite (Numérotation de l'ancienne convention) 16.04 Règlement
de grief (Numérotation de l'ancienne convention) 16.05 Droit de la
Commission aux griefs (Numérotation de l'ancienne convention) 17.01 Nom
des arbitres (Numérotation de l'ancienne convention) 17.02
Décision de trente jours (Numérotation de l'ancienne convention)
19.07 Mesures disciplinaires (Numérotation de l'ancienne convention)
20.06 Accidents de travail (Numérotation de l'ancienne convention) 30.11
Evaluation des emplois (Numérotation de l'ancienne convention) 42.01
Primes diverses (Numérotation de l'ancienne convention)
Voici maintenant l'état des négociations aux tables
particulières. 1- Caissières: Un bon pourcentage des clauses
particulières sont réglées 2- Bureaux et Entretien:
Très peu des clauses particulières sont signées.
Conclusion.
Je l'ai dit tout à l'heure, je le répète pour le
bénéfice du journal des Débats, "le fossé qui
sépare les deux parties est évidemment très large. Le
soussigné aurait souhaité pouvoir continuer pendant quelques
jours afin de continuer le dé-blayage. Cependant, je suis conscient
qu'il appartient aux parties de décider si elles veulent continuer cette
opération. Si tel est leur désir, je suis disponible. Evidemment,
une situation de grève pourrait influencer grandement la décision
des parties à cet égard. Roger Pilotte."
M. Burns: M. le Président, est-ce que c'est...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
Poursuite de la médiation
M. Burns: Merci, M. le Président. Est-ce que c'est
à ce stade-ci qu'on peut exprimer au nom de la commission le souhait que
le médiateur poursuive son travail? Si c'était le cas, je
proposerais... et je le fais. Je propose que la commission parlementaire
souhaite que le mandat de M. Roger Pi-lotte soit maintenu jusqu'au 25 septembre
1975, à 15 heures. Je pourrais ajouter, mais je suis prêt, pour le
moment, à suspendre cette partie de ma proposition, pour être
logique avec nous-mêmes, que la commission ajourne ses travaux à
cette date, soit le 25 septembre à 15 heures, pour recevoir le rapport
de M. Pilotte relativement à l'évolu-
tion des négociations. Je suis prêt, cependant, quant
à la deuxième partie de ma proposition, à la suspendre, si
vous trouvez utile de continuer à tenir en séance de la
commission parlementaire les parties intéressées. Je suis donc
prêt à suspendre cette partie de ma proposition. Par ailleurs, je
me demande ce n'est pas que je ne veuille pas entendre les parties, je
ne veux pas que cela soit interprété comme cela s'il ne
serait pas plus utile, voyant, d'une part, qu'il y a arrêt de travail,
voyant, d'autre part, qu'il y a très peu de progrès dans le
dossier, que nous demandions aux parties de retourner à la
médiation de M. Roger Pilotte.
C'est pour cela que la deuxième partie de ma proposition, je la
fais conditionnelle à l'opinion de la commission. Si la commission ne
veut pas ajourner ses travaux tout de suite jusqu'au 25 septembre, je suis
prêt à retenir cette partie, mais cependant, j'insiste sur la
proposition, la première partie de ma proposition, savoir que la
commission parlementaire souhaite que le mandat de M. Roger Pilotte soit
maintenu. Pourquoi l'utilisation du mot "souhaite"? C'est uniquement parce que,
comme je le disais la semaine dernière, c'est du pouvoir du ministre du
Travail de maintenir ce mandat. Je pense que tous les membres de la commission
devraient être en mesure d'espérer que le travail qui a
été commencé, même s'il y a arrêt de travail,
soit poursuivi via les bons services de M. Roger Pilotte.
Le Président (M. Séguin): M. le ministre, sur la
résolution.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Une minute! Sur la
résolution.
M. Harvey (Jonquière): Sur la motion du
député de Maisonneuve, je pense que lui-même a
indiqué qu'il était prêt à retarder la
deuxième partie. Je pense qu'il sera d'accord avec moi pour en retarder
la première partie également, puisque, comme il l'a si bien dit,
le but de la commission parlementaire, le premier but, c'était de
rapprocher les parties. Nous avons obtenu, à la fin de la journée
de vendredi, une collaboration confirmée dans le rapport
préliminaire du médiateur aujourd'hui en ramenant à la
table de négociations les deux parties qui ont collaboré, ont
travaillé dans un climat serein, tel qu'indiqué dans le rapport
du médiateur.
Au sixièmement ici, je pense qu'aujourd'hui à la
commission parlementaire, pour que les membres surtout aient des
réponses adéquates s'ils ont des questions à l'esprit, il
est essentiel qu'on entende les deux parties nous donner des commentaires sur
les cinq jours ou sur le travail effectué jusqu'à maintenant par
la voie d'une médiation spéciale. Il est bien sûr...
J'avais à l'esprit de demander moi-même à un de mes
collègues de renouveler le mandat du médiateur, mais cela viendra
un peu plus tard au cours de la séance cet après-midi. Comme le
député de Maisonneuve a introduit lui-même sa proposition,
sa résolution, je n'ai pas d'objection à ce qu'il revienne en
temps et lieu, parce que, pour mon bénéfice à moi, comme
ministre du Travail et certainement pour plusieurs de mes collègues,
nous n'avons pas entendu les principaux intéressés,
c'est-à-dire ceux qui ont consenti, vendredi, d'une part, la CTCUM,
à ne pas faire de lock-out, et également la partie syndicale qui,
en toute franchise, a dit qu'elle rencontrerait les syndicats
intéressés et qu'elle ferait tout son possible pour respecter le
voeu exprimé par le premier ministre.
M. Burns: Plutôt, au dire de M. Pepin, qu'elle examinerait
de très près la suggestion de la commission, et je pense qu'elle
l'a tellement examinée de près, qu'il n'y a pas eu de
grève la semaine dernière.
M. Harvey (Jonquière): II n'y en a pas eu à
l'exception d'il y a quelques minutes, mais disons, en tout cas... De toute
façon, il n'y en a pas eu. Ce que M. Pepin nous a dit, c'était la
vérité. Il s'est engagé à rencontrer les
intéressés et à en discuter avec eux. A ce moment, je
pense que le résultat obtenu jusqu'à maintenant, par la voie de
la médiation spéciale, est très positif jusqu'aux
dernières nouvelles qu'on a eues. Mais en dépit de cela, le
travail de la commission étant un travail de "fact finding", je vous
demande, M. le Président, de retarder la discussion sur la proposition
du député de Maisonneuve et de demander aux dirigeants de la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
d'être à notre disposition pour répondre aux questions des
membres de la commission, et de faire tout commentaire jugé
approprié.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: ... je vais être obligé de vous demander une
directive à ce moment-ci. Il y a une motion, actuellement, qui est
déposée devant la commission parlementaire. J'aimerais bien
savoir, moi, si, dans l'esprit des membres de la commission et dans l'esprit du
ministre surtout, parce que c'est lui qui vient de le dire, c'est une motion
qu'il vient de faire ou si c'est tout simplement un voeu qu'il vient
d'exprimer.Si c'est un voeu, c'est une chose...
M. Harvey (Jonquière): C'est un voeu.
M. Roy: ... si c'est une motion, c'est une autre chose.
M. Harvey (Jonquière): J'ai exprimé un voeu,
monsieur.
M. Roy: Bon! Le ministre a exprimé un voeu. Parfait!
Alors, nous sommes au niveau de la discussion de la motion.
M. le Président, la motion présentée par
l'honorable député de Maisonneuve, je pense, est une
motion qui est très à point et qui est très
à propos, pour la bonne raison que la commission parlementaire, ayant
siégé la semaine dernière, a permis aux deux parties de se
faire entendre et a débouché, on se le rappellera, sur la
nomination d'un médiateur spécial. Le député de
Maisonneuve et moi-même avions dit, à ce moment, qu'il n'y avait
pas besoin de commission parlementaire pour nommer un médiateur
spécial. Nous ne changeons pas d'opinion. En ce qui me concerne, je ne
change pas d'opinion sur ce point aujourd'hui.
M. Burns: Je ne change pas.
M. Roy: Nous ne changeons pas d'opinion.
Il y a eu de la bonne foi, je pense, de part et d'autre. Il semble qu'il
est encore possible qu'il y ait de la bonne foi de part et d'autre. Etant
donné ces faits, étant donné les circonstances,
étant donné que la commission parlementaire ne fait que
s'ajourner et non pas suspendre ses travaux de façon définitive,
je pense que ce serait à l'avantage de tout le monde, des deux parties
en particulier et de la population en général, que les gens
retournent à leur table de négociation et continuent avec le
médiateur spécial du gouvernement. J'ai exprimé des
réserves tout à l'heure. Je les exprime encore à ce
moment-ci. Il y a un danger de créer un précédent que la
commission parlementaire devienne, en quelque sorte, une deuxième table
de négociation. Le ministre lui-même était prêt
à me prêter des intentions tout à l'heure.
Il ne faudrait pas qu'il y en ait deux parce qu'il y a un vieux proverbe
qui dit que "trop de cuisiniers gâtent la sauce." Actuellement, il ne
faudrait pas attendre... Il y a également le deuxième danger en
commission parlementaire, c'est le danger de politiser la question.
Je pense que le rôle de la commission parlementaire, comme je le
vois, est de se limiter et de prendre des mesures en quelque sorte, mais de se
limiter pour que les négociations se poursuivent et qu'il y ait un
médiateur nommé par le gouvernement, un médiateur
responsable, capable de jouer un rôle positif dans ces
négociations. Une fois ce rôle joué par la commission
parlementaire, je me demande ce que l'on pourrait ajouter de plus, sinon
risquer de compromettre sérieusement les négociations à un
certain moment.
Je dis que le danger de politisation du débat est
extrêmement dangereux, surtout à la suite des paroles que le
premier ministre lui-même a prononcées tout à l'heure,
devant la commission parlementaire.
C'est la raison pour laquelle j'exprime ces réserves. Devant ces
faits, j'appuierai immédiatement la première partie de la motion
du député de Maisonneuve. Si lui-même est prêt
à attendre que la deuxième partie de la motion soit
adoptée plus tard, il en a le droit parce qu'il en est le proposeur. En
ce qui me concerne, je serais prêt à voter tout de suite sur les
deux parties de sa motion.
M. Bourassa: Sur le point que la commission peut politiser le
débat, je ne sais pas si le député pourrait se rendre
à Montréal demain pour voir le chaos dans lequel la ville va se
retrouver avec les centaines de milliers de personnes qui n'auront pas de
moyens de transport.
Je ne sais pas s'il est déjà allé à
Montréal...
M. Burns: C'est cela. Donnez un exemple concret.
M. Bourassa: Les hommes politiques sont là pour
représenter le peuple et pour prendre ses intérêts. Il me
semble. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais je ne sais pas si le
député était à Montréal au mois d'août
dernier. Cela ne fait pas un mois qu'il y a eu une grève de quinze jours
à Montréal. Je voudrais qu'il se rende à Montréal
une journée de grève des transports publics pour se rendre compte
de ce qui arrive à la population.
M. Roy: Le premier ministre me permet-il...
M. Bourassa: II verra notre responsabilité, non seulement
comme député de la région de Montréal, mais comme
chef de gouvernement ou membre du gouvernement.
M. Roy: Pourrais-je poser une question au premier ministre pour
lui demander si la commission parlementaire a le pouvoir d'exempter la
grève?
M. Bourassa: J'ai dit...
M. Roy: Si la commission parlementaire en a le pouvoir, c'est une
autre chose.
M. Bourassa: Je suis tout à fait d'accord avec le
député que nous ne pouvons pas empêcher la grève.
Elle est légale, mais comme chef de gouvernement, très
sensibilisé à cette question parce que je suis
député d'un comté de la région de Montréal
et qu'on en a eu une le mois dernier et une autre de sept semaines l'an
dernier, j'ai pensé prendre une initiative, je pense, qui est sans
précédent, soit celle de convoquer une commission parlementaire
de manière a substituer, comme moyen de pression à une
grève extrêmement ennuyeuse, la commission parlementaire comme
telle.
Les dirigeants syndicaux ont décidé de ne pas accepter la
commission parlementaire comme moyen de pression. Je ne peux qu'en être
extrêmement désappointé au nom de tous les travailleurs qui
en sont affectés et je trouve d'autant moins acceptable, surtout, la
façon dont ils l'ont déclenchée. C'est peut-être
habile de la déclencher à trois heures cet après-midi
étant donné que la commission siégeait à trois
heures, mais c'est extrêmement ennuyeux pour des centaines de milliers de
travailleurs qui en plein après-midi se retrouvent, sans moyen de
transport, pour retourner à leur travail.
Si les députés de la région de Montréal et
le premier ministre ne sont pas capables de commenter une telle situation,
qu'est-ce qu'on fait comme hommes politiques?
M. Burns: Puis-je poser une question au premier ministre?
M. Bourassa: Certainement.
M. Burns: Le premier ministre me permet-il de lui poser une
question? Il a qualifié le conflit, tout à l'heure, d'ennuyeux
pour les travailleurs, d'antisocial...
M. Bourassa:... envers les plus démunis.
M. Burns: Je ne me souviens plus d'un autre de ses
épithètes, mais il admet également que c'est fait en
conformité avec les dispositions de la loi. Est-ce qu'à ce
moment, le premier ministre est en mesure de dire que les lois du
Québec, actuellement, sont antisociales, ennuyeuses,
tracassiè-res? Si c'est le cas, je n'ai pas entendu dire de la part du
premier ministre qu'il avait l'intention de modifier les lois qui donnent,
légalement, la permission aux travailleurs de la CTCUM de
déclencher un arrêt de travail. C'est cela qu'on doit conclure,
que la loi, que le code du travail, actuellement, est antisocial, que le code
du travail est ennuyeux, que le code du travail permet l'utilisation
injustifiée du droit de grève? C'est cela qu'on doit
comprendre?
M. Bourassa: Le député fait des sophismes.
M. Burns: Non. Je prends simplement vos paroles et je regarde la
situation en sachant que les travailleurs de la CTCUM à Montréal
utilisent leur droit légal tel que prévu dans le code du
travail.
M. Bourassa: J'ai dit et dois-je répéter, si je
peux répondre, puisqu'il m'a posé une question, M. le
Président... J'ai dit tantôt que la grève était
légale. C'est un fait, mais j'ai dit qu'elle était
injustifiée. Ce n'est pas parce qu'une grève est légale
qu'elle est immédiatement justifiée. Il reste que la grève
se fait sur des demandes de salaire de 30% à 50%. Ce n'est pas le droit
de l'union qui est en cause pour avoir des effets aussi importants que
l'ensemble d'une population.
Ce sont des augmentations de salaire de 30% à 50%. Est-ce qu'on
doit ennuyer autant de gens et les prendre par suprise, comme cet
après-midi, pour des demandes comme celles-là?
M. Burns: Est-ce que c'est la commission qui va décider
cela?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs.
M. Roy: C'est cela la question. Est-ce que c'est la commission
qui peut décider cela?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): Non, mais c'est un commentaire d'un
membre de la commission.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
Malheureusement, messieurs...
M. Burns: C'est une rampe de lancement de publicité de la
part du premier ministre et il confond l'Assemblée nationale avec une
école de Pierrefonds.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: Oui, on va vous en parler de Pierrefonds.
M. Burns: Vous vous pensez dans une école de
Pierrefonds.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Messieurs,
j'ai permis une question, une réponse, une autre question et une autre
réponse, tout à fait en dehors de la motion.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Maintenant, revenons
à la motion...
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): ... tout simplement, et
la motion, première partie. D'après celui qui a
présenté la motion, elle pourrait être divisible. Alors, je
prends la première partie tout simplement où il s'exprime comme
ceci, en quelque sorte: ...
M. Burns: Que la commission souhaite.
Le Président (M. Séguin): ... que la commission
souhaite que le mandat de M. Roger Pilotte soit maintenu. C'est aussi simple
que cela, en autant que j'ai pu comprendre le sens de la motion.
M. Burns: Jusqu'au 25 septembre à 15 heures.
Le Président (M. Séguin): On peut ajouter la date
si vous le voulez.
M. Burns: Oui, c'est cela. Vu que c'est moi qui fais la motion,
j'aimerais mieux qu'on l'ajoute.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, est-ce que
je dois comprendre que le député de Maisonneuve refuse de
reporter l'étude de l'article jusqu'à ce qu'on ait entendu les
commissaires des deux parties intéressées, qu'il propose de
revenir avec sa résolution et à ce moment-là elle pourrait
être dans un temps, s'il le veut...
M. Burns: Sur le souhait de la commission. Sur l'ajournement, je
suis prêt à retarder à plus tard, mais sur le souhait de la
commission je...
M. Harvey (Jonquière): Très bien, on la discute et
on va en disposer, M. le Président.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie sur la motion.
M. Malépart: M. le Président, sur la motion du
député de Maisonneuve, à mon avis, je pense que c'est le
souhait de tout le monde. Tous les membres de la commission parlementaire
désirent que les deux parties puissent négocier, mais si on se
reporte à la commission parlementaire de la semaine dernière, on
avait entendu les deux parties. Je pense qu'il serait préférable,
sur cette décision, si le député de Maisonneuve le voulait
bien, qu'on puisse la débattre, en discuter et même l'adopter,
après avoir entendu les deux parties. Parce que telle qu'elle est
formulée, peut-être que les membres du syndicat nous diront que
c'est un autre négociateur que M. Pilotte qu'ils veulent et on leur aura
imposé un négociateur. C'est aussi peut-être un voeu pieux
à l'endroit des députés et peut-être que la partie
patronale dira: Cela ne sert à rien, les négociations ne sont pas
bien faites, on ne peut plus s'entendre. Je pense, pour ma part, qu'il serait
souhaitable qu'on entende les deux parties, et si les deux parties veulent
vraiment continuer à négocier, on décidera, parce que si
on essaie de leur imposer quelque chose, je ne pense pas qu'on atteigne les
objectifs que vise le député de Maisonneuve et tous les membres
de la commission.
M. Burns: M. le Président, afin d'éviter qu'on
parte dans un débat qui, à mon avis, pourrait risquer de faire
perdre le temps à la commission, mais surtout... En ce qui nous
concerne, c'est moins grave, mais en ce qui concerne les parties, je trouve
cela très grave qu'elles perdent leur temps ici, qu'elles n'utilisent
pas le temps utile qui est mis à la disposition de la commission,
qu'elles perdent ce temps pour la négociation. En ce qui me concerne, je
suis prêt à suspendre l'examen de ma proposition et à la
remettre à un peu plus tard. Je n'ai aucune espèce d'objection et
cela me paraît quelque chose qui aidera à faire avancer les
travaux de la commission et je me rends à la suggestion du
député de Sainte-Marie.
Les négociations Partie patronale
Le Président (M. Séguin): Merci. M. Hanigan, s'il
vous plaît. Pourriez-vous venir à l'avant, à la table?
Comme l'a suggéré le ministre tout à l'heure et
d'autres membres de la commission, probablement, on souhaite entendre les deux
parties en cause, entendre leurs commentaires. Je n'accepterai pas, par
exemple, de débat sur des questions de détails ou des
débats qui pourraient être interprétés comme une
négociation. C'est dire que ce sont des commentaires plutôt
d'ordre général. J'inviterais les membres de la commission,
à la suite de vos propos, à se sentir tout à fait à
l'aise de vous poser des questions. Mes observations s'adressent aussi aux
membres de la commission, pour autant qu'il y aurait une restriction en ce qui
me concerne à l'intérieur de certaines questions qui pourraient
se poser possiblement. M. Hanigan, s'il vous plaît.
M. Hanigan: M. le Président, MM. les membres, tout comme
la semaine dernière, je n'ai pas l'intention de négocier autour
de cette table. Ce travail doit se faire et il s'est fait ailleurs
effectivement. La médiation a duré cinq jours, a apporté
certains résultats, mais, comme l'a signalé le médiateur,
l'écart entre les deux parties est encore très
considérable et surtout sur des clauses d'importance majeure.
Les clauses qui ont été paraphées jusqu'à
présent n'étaient pas, à notre sens, les plus litigieuses.
Je crois que, pour bien renseigner la commission, je demanderais la permission
au président de passer la parole à M. Jacques Guilbault qui est
notre chef négociateur et le directeur du service des relations
industrielles à la commission de transport et qui a participé
à toutes les rencontres.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Hanigan. M.
Guilbault.
M. Guilbault: Le nombre de clauses mentionnées par le
médiateur est sensiblement exact. Nous avions environ 69 demandes dans
des clauses générales. Ces clauses affectaient pratiquement
toutes les clauses de la convention collective. La question salariale n'a pas
été abordée par les deux parties et les articles qui
demeurent en litige, comme nous l'avons mentionné, sont d'importance
majeure pour la partie patronale et concernent tant le point de vue normatif
que le point de vue salarial.
De ces clauses qui ont été réglées, toutes
les demandes patronales, à l'exception d'une, ont été
refusées et le syndicat a maintenu le statu quo sur l'ensemble des
demandes. Nous avons retiré une demande patronale et nous avons offert
au syndicat, au chapitre des vacances, trois semaines après trois ans.
Si les membres de la commission veulent me poser des questions sur chacun des
articles, je serai à leur disposition pour répondre à
chacune des questions qu'ils veulent poser.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Guilbault.
Est-ce qu'il y a des questions?
M. Burns: Quelle demande a été retirée du
côté patronal, M. Guilbault?
M. Guilbault: Les congés de maladie payés
après deux jours.
M. Burns: Vous revenez à la situation actuelle. M.
Guilbault: Au statu quo.
M. Burns: Les onze retours au statu quo étaient, si je
suis en mesure de comprendre, des demandes syndicales qu'on mettait de
côté pour revenir au statu quo.
M. Guilbault: Exactement.
M. Burns: Les 18 autres retraits syndicaux étaient des
demandes qui n'apparaissaient pas dans la convention collective et pour
lesquelles, à toutes fins pratiques...
M. Guilbault: C'étaient toutes des demandes qui
n'apparaissaient pas dans la convention collective, je m'excuse.
M. Burns: ... on acceptait de revenir au statu quo,
c'est-à-dire qu'il n'y avait rien là-dessus.
M. Guilbault: Exactement.
M. Burns: C'est ça. D'accord. Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Séguin): Autres questions. Merci,
monsieur. Un instant, s'il vous plaît, le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Dans
l'énumération des 31 clauses dont on a fait état tout
à l'heure, est-ce que le débat s'est limité
spécifiquement à ces 31 clauses ou si vous avez abordé
d'autres questions que les 31 clauses dont on a fait état tout à
l'heure dans le rapport de M. Pi-lotte?
M. Guilbault: Le débat s'est limité aux 31
clauses.
M. Pagé: Vous n'avez pas touché aux clauses
salariales, etc.
M. Guilbault: Nous n'avons pas touché les clauses
salariales, ni les clauses particulières formulées par chacun des
trois syndicats.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: Les autres clauses qui sont en suspens
ont-elles été discutées ou si c'est le manque de
temps...
M. Guilbault: Je crois que c'est le manque de temps, comme les
clauses particulières, nous les avons attaquées hier
après-midi.
Il ne faut pas oublier que, là aussi, nous avons environ 115
demandes formulées par le syndicat, du côté de l'entretien
seulement.
Le syndicat, à ce que je sache en tout cas, n'a fait aucune
demande pour discuter des clauses salariales.
M. Malépart: Vous croyez qu'il serait favorable à
continuer la négociation et qu'un délai d'une semaine aiderait
davantage à débloquer les autres clauses qui sont en suspens?
M. Guilbault: A ce chapitre, vous comprendrez que je suis un
fonctionnaire, au même titre. J'attends les instructions de la
commission. La commission me donnera les instructions qui s'imposent.
M. Malépart: A qui doit-on poser la question, à
savoir si la commission...
M. Guilbault: A la commission.
M. Malépart: M. Hanigan peut répondre pour la CUM,
à savoir si vous êtes prêt à continuer les
négociations, si vous souhaitez continuer les négociations et si
vous entrevoyez qu'un délai d'une semaine mènerait à un
règlement.
M. Hanigan: Nos négociations retourneront à la
table de négociation si la demande en est faite. Ils auraient
probablement pu consacrer plus de temps si la partie syndicale avait pu
disposer d'un peu plus de temps.
A certains moments, ils semblaient avoir plus d'intérêt
ailleurs qu'à la table de négociation.
M. Malépart: Merci.
Le Président (M. Séguin): Autres questions? Le
député d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, effectivement, les
négociations qui ont été rompues hier...
M. Hanigan: C'est-à-dire qu'elles n'ont pas
été rompues. Le médiateur devant préparer son
rapport, les séances de négociation ont pris fin. Mais il n'y a
pas eu de rupture, à ce que je sache. Aucune des deux parties ne s'est
retirée de la table de négociation.
M. Tremblay: Et le droit de grève était
consacré depuis quand?
M. Hanigan: Depuis le 23 ou le 25 août.
M. Tremblay: Avez-vous eu un avis de la déclaration de
grève de cet après-midi?
M. Hanigan: On nous a envoyé des avis de grève
à la douzaine. On nous envoie des avis de grève pour à peu
près trois semaines à l'avance, un avis pour chaque jour. Ce
n'est pas un truc nouveau. On nous envoie des avis.
M. Burns: Cela remonte même à 1965.
M. Hanigan: A 1965, oui. Nous recevons des séries d'avis
de grève disant que le syndicat a l'intention de se mettre en
grève à compter de telle journée, nous en recevons pour
tous les jours. On les reçoit en série.
M. Burns: C'est à cause de l'article 99, M. Hanigan.
M. Tremblay: Est-ce que vous en aviez reçu un en
particulier pour le débrayage d'aujourd'hui?
M. Hanigan: Nous en avions eu un effectivement pour le
débrayage d'aujourd'hui. Nous n'étions pas informés,
cependant, que le débrayage aurait lieu à l'heure où il a
eu lieu. Nous n'avons pas pu prévoir les inconvénients de cet
arrêt, particulièrement les dizaines de milliers d'écoliers
dont nous ne pouvons assurer le transport.
M. Tremblay: Les négociations durent depuis combien de
mois?
M. Hanigan: La semaine dernière, nous avons indiqué
il faudrait que je me réfère à mes dossiers, si
vous me le permettez depuis le 12 mai. Depuis le 12 mai 1975, il y a eu
des négociations. La conciliation a été demandée le
23 juin et le...
M. le Président, je n'interromps pas M. Pepin lorsqu'il parle et
j'aimerais bien qu'il ait la même délicatesse envers celui qui a
la parole.
La conciliation a été demandée le 23 juin et,
depuis le 23 août, par conséquent, les parties ont droit soit
à des lock-out soit à la grève.
M. Tremblay: La convention était expirée depuis
quand?
M. Hanigan: Le 11 juillet. M. Tremblay: 1975? M.
Hanigan: 1975.
M. Tremblay: Vous n'aviez pas un processus de
prénégociation, par exemple, quatre ou cinq mois d'avance,
préparer le terrain doucement, pour qu'à la date du 15 juillet,
par exemple, les jeux soient pas mal faits de part et d'autre? Cela n'existe
pas dans les relations de travail entre la CTCUM et le front commun?
Il y a beaucoup de citoyens qui souhaiteraient fortement que les
négociations soient presque constantes entre la CTCUM et le syndicat
parce que les contrats se renouvellent très vite.
M. Hanigan: M. le Président, le député de
Labelle me donne justement raison et cela me permet...
M. Tremblay: Le député d'Iberville.
M. Hanigan: Le député d'Iberville me donne
justement raison.
Le 9 décembre 1974, nous avons envoyé une lettre au
président du syndicat, section garage et entretien; je dis bien le 9
décembre 1974. Dans cette lettre, nous avons invité le syndicat
à nous faire parvenir, le plus tôt possible, ses demandes pour le
renouvellement de la convention collective, parce que nous voulions en arriver
à une entente avec les parties syndicales le plus près possible
de la fin de la convention collective.
Nous avions indiqué dans cette lettre du 9 décembre que
nous voulions commencer les négociations dès le mois de mars.
Nous avons envoyé la même lettre à tous les syndicats.
M. Tremblay: Je vous interromps une seconde. Quand vous
écrivez au syndicat, en particulier au chef syndical je ne
connais pas son nom envoyez-vous toujours une copie au président
de la CSN?
M. Hanigan: Non, je ne pense pas.
M. Tremblay: Ne serait-il pas utile que vous vous fassiez aider
par le président de la CSN, à un moment donné, pour qu'il
influence les chefs syndicaux?
M. Hanigan: Oui.
M. Tremblay: Parce que les conflits sociaux se négocient
entre syndicats et employeurs.
M. Burns: Le pauvre diable qui s'appelle le président de
la CSN ou de toute centrale se fait mettre tous les péchés
d'Israël sur le dos. On dit toujours que c'est sa faute s'il y a un
conflit de travail quelque part. Pour une fois qu'il n'est pas
mêlé à cela...
M. Tremblay: M'avez-vous interrompu, M. le député,
ou si vous enchaînez dans ce que je dis?
M. Burns: J'enchaîne, j'enchaîne dans ce que vous
dites.
M. Tremblay: Vous vous permettez des choses que je ne me permets
pas quand vous parlez. Attendez donc votre tour, s'il vous plaît!
M. Burns: C'était tellement évident ce que vous
disiez.
NI. Tremblay: Vous avez tellement l'occasion de parler souvent
comme leader de l'Opposition officielle qu'au moins, quand un
député ministériel ose dire quelque chose,
laissez-le...
M. Burns: Rappelez-vous également les reproches qu'on fait
à M. Pepin, M. Laberge et M. Charbonneau aussi.
M. Tremblay: Je ne fais pas de reproche à M. Pepin, je
m'informe. Je me demande si, dans le cas particulier qui nous intéresse,
il n'aurait pas été valable pour les hautes autorités de
la CTCUM de tenir informé de ces démarches le président
lui-même de la CSN, qui, en fin ce compte, est le grand chef du syndicat,
comme vous tenez sans doute informés le maire de Montréal ou les
grands patrons de tout le complexe.
M. Hanigan: Non, M. le Président, ni le maire de
Montréal ni le ministre du Travail ne reçoivent ces avis.
M. Tremblay: II faut négocier, non pas comme chien et
chat, il faut négocier comme des citoyens conscients qui ont un
rôle social à jouer.
M. Hanigan: C'est juste.
M. Tremblay: Des tragédies comme il en arrive cet
après-midi, vous en êtes peut-être aussi responsables que
ceux qui ont débrayé. J'espère que vous saisissez ce que
je veux dire.
M. Hanigan: M. le Président, j'ai bien dit que le 9
décembre nous avions fait part de notre intention au syndicat de
commencer les négociations. "Le 15 avril je lis la lettre
le 9 décembre 1974 je vous faisais part que la commission était
désireuse que les négociations pour le renouvellement de la
prochaine convention collective débutent vers le début de mars
1975 afin de tenter d'en arriver à une entente pour la date de la
terminaison de la convention collective, soit le 11 juillet 1975. Nous n'avons
reçu aucune suite à cette lettre et la présente a pour but
de vous demander quand vous entendez commencer les prochaines
négociations." C'est bien le 15 avril, qui est un rappel de notre lettre
du 9 décembre.
Le 12 mai, on nous répond avec la lettre qui se lit comme suit:
"Les conventions collectives se terminent le 12 juillet. Nous vous informons de
notre intention de négocier en y apportant des modifications."
M. Tremblay: II s'est écoulé deux mois entre votre
première démarche auprès du syndicat et la journée
où...
M. Hanigan: II s'est écoulé cinq mois... M.
Tremblay: Cinq mois.
M. Hanigan: ... parce que la première démarche a
été faite le 9 décembre; la deuxième, le 15 avril
et, le 12 mai, on nous a transmis des demandes de modifications de clauses
générales. Les clauses particulières nous ont
été transmises par le syndicat, le 17 juin.
M. Tremblay: Entre décembre et avril, il n'y a eu aucun
contact verbal avec les syndicats pour insister, pour leur demander si...
M. Hanigan: Pas de ma part. M. Tremblay: Pas de votre
part.
M. Hanigan: Mais les négociations avec un autre syndicat
étaient déjà commencées, à qui nous avions
envoyé la même lettre.
Je pense que la commission a clairement manifesté son intention
et son désir d'en arriver à une entente le plus rapidement
possible.
M. Tremblay: Est-ce que vous croyez qu'il n'aurait pas
été sage d'intervenir personnellement auprès des gens et
de leur dire: Ecoutez, on vous a écrit, vous ne répondez pas.
C'est la cause sociale de Montréal. On veut éviter une
grève. On est prêt à coopérer. Donnez-nous vos
chiffres. Ce n'est pas fait, personnellement, je veux dire.
M. Hanigan: Non, je n'ai pas eu de communication. S'il y en a
eu...
M. Tremblay: Ma question était celle-ci: Est-ce que cela
aurait été sage de votre part de le faire?
M. Hanigan: Question d'opinion, M. le Président, vos
dirigeants...
M. Tremblay: En tenant compte qu'on a le bien de la
collectivité à l'esprit.
M. Hanigan: Les dirigeants de ce syndicat ont déjà
essayé de faire débrayer leurs membres pendant cette
période de temps pour d'autres raisons.
M. Tremblay: Alors, vous ne répondez pas à ma
question. Je veux savoir s'il eût été sage que,
personnellement, vous interveniez pour que s'accélèrent ces
négociations...
M. Hanigan: Je vais exprimer une opinion bien personnelle, je
pense que cela n'aurait rien changé.
M. Tremblay: Ah bon! Vous avez droit à votre opinion.
C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres questions? M. Hanigan et les personnes qui vous accompagnent, nous
vous remercions. M. Pepin, s'il vous plaît, lorsque vous serez
prêt.
M. Pepin (Marcel): C'est parce qu'on n'entend à peu
près rien avec le bruit.
Le Président (M. Séguin): Avec la machine.
Partie syndicale
M. Pepin (Marcel): Vous arrêtez le bruit dans la salle,
mais pas à l'extérieur, si je comprends bien. S'il y avait
moyen...
Le Président (M. Séguin): Je comprends, si on ferme
les fenêtres, on a chaud.
M. Pepin (Marcel): On enlèvera notre blouse. Je suis un
peu lourd maintenant et puis...
Le Président (M. Séguin): Ouvrez les fenêtres
de l'autre côté, je pense qu'il n'y a pas de voitures ou de
machines en avant, et il n'y a pas de fanfare.
M. Burns: Pour autant qu'il n'y a pas de fanfare.
Le Président (M. Séguin): Cela aurait
été plus simple d'arrêter la machine. M. Pepin.
M. Pepin (Marcel): M. le Président, d'abord je voudrais
rappeler aux membres de la commission la résolution que vous avez
adoptée à l'unanimité la semaine dernière et dont
j'ai le texte ici. Je ne me permets pas d'en lire tous les attendus comme
le député l'a fait la semaine dernière, mais j'en
lis uniquement maintenant la conclusion. C'est là, disait le
député, l'objet de ma proposition. Je propose donc, appuyé
par, mais le secondeur a été éliminé en raison des
règlements de cette commission parlementaire, qu'un médiateur
spécial soit nommé et que, d'ici jeudi prochain, (aujourd'hui),
il s'emploie à rapprocher les parties pour alors faire rapport au
ministre du Travail de la situation de cette commission. D'ici là, et
c'est là le point essentiel pour moi, je propose que cette commission,
la vôtre, demande aux parties de s'abstenir de faire tout lock-out ou
toute grève susceptible de causer des torts irréparables aux
travailleurs montréalais.
Je vous rappelle aussi, et j'ai les notes de la dernière
commission, que le premier ministre, non pas pendant le débat où
vous discutiez cela, parce que vous ne l'avez pas permis, mais après le
débat, a longuement insisté pour que je fasse personnellement la
recommandation aux travailleurs de ne pas faire de grève avant, comme le
mentionnent les termes "adopté" et "de la résolution par votre
commission". Puis-je me permettre de dire maintenant que je n'étais pas
en mesure de faire cet engagement je ne l'ai pas fait non plus devant la
commission mais vous dire que je m'y suis employé. Il me semble
que votre commission m'avait demandé d'intervenir jusqu'à la
reprise des séances. La reprise des séances, vous l'aviez
fixée vous-mêmes, non pas moi, c'était 15 heures cet
après-midi.
Il me semble que là, on ne peut pas penser que ces
employés, qui exercent, comme l'a dit le premier ministre, comme l'a dit
le député de Maisonneuve, un droit légal, n'aient pas
accepté de faire des choses que votre commission parlementaire nous
avait demandé de faire. On l'a fait toute la semaine, avec
difficulté. Je voulais au moins dire cette chose au point de
départ.
Je voulais aussi relever ce qui a été dit par le premier
ministre et par M. Hanigan à la réunion de la commission
parlementaire de la semaine dernière. Je demande, à vous tous, de
bien vous placer dans un contexte de relations industrielles. Je sais bien
qu'on n'est pas tous dans le même contexte. Parfois, on dit des affaires
qui n'ont pas la même portée dans une situation que dans d'autres.
Mais quand on s'occupe de relations industrielles et qu'on entend la question
suivante... et je lis tout simplement ce que j'ai dans le journal des
Débats. Si ce n'est pas exact, sans doute que certains auront à
le corriger. "M. Bourassa": c'est donc lui qui parle. "La grève et le
lock-out s'appliquent, il s'agit de voir qui va déclencher le lock-out
ou qui va déclencher la grève." Première partie de la
question.
Deuxième partie. "M. Hanigan", c'est toujours M. Bourassa qui
parle, "est-ce que vous êtes prêt à offrir aux
employés qui veulent se mettre en grève, ce que vous avez offert
aux chauffeurs d'autobus il y a trois semaines, mutatis mutandis?"
On peut maintenant citer la réponse. "M. Hanigan: M. le premier
ministre, une convention collective, c'est global. C'est le fruit,
d'après moi, de gestes posés de part et d'autre; et finalement,
les deux parties qui sont à des pôles extrêmes se rejoignent
et la convention qui en ressort, incluant les clauses pécuniaires, est
le résultat d'une négociation où les deux parties changent
leur position pour finalement trouver un terrain d'entente. La commission,
à ce moment-ci, n'est certainement pas prête, vu l'état du
dossier ou l'état de projet de convention collective, de faire une offre
qui serait équivalente à celle qui a été faite aux
chauffeurs."
Je pourrais continuer la citation, mais pour les fins de mon propos, je
m'arrête là.
Dans le domaine des relations industrielles peut-être ai-je
une mauvaise perspective ou une mauvaise connaissance des choses
lorsqu'on demande: Est-ce que tu es prêt, au moins, à te rendre
à tel niveau? Cela a une signification. C'est que si ta réponse
est oui, tu bâtis sur cette assise. Peut-être qu'on peut avoir une
mauvaise perspective. Peut-être que ce n'est pas cela, non plus, que l'on
a voulu dire; mais je voulais au moins rappeler cette chose. Au moment
où on fait rapport ici, au moment où les négociations se
sont continuées, les pourparlers, depuis samedi soir jusqu'à hier
soir, 6 heures ou à peu près, on n'a nullement touché
à ces aspects de la question.
Je voudrais aussi, dans mon troisième point, dire et
répéter, même si le premier ministre m'a dit, la semaine
dernière, que je ne devais pas rappeler cette chose, que la demande de
conciliation a été faite par la commission de transport; et c'est
cela qui déclenche le mécanisme, pas autre chose. Peut-être
qu'on me dira: Ce sont des affaires pas importantes. Ce qui compte, c'est que
vous êtes en grève; et sur cela, on aura raison. Mais pourquoi
sommes-nous en grève?
Mon quatrième point: Est-ce que le contrat que nous sommes en
train de négocier, apparemment, n'a pas été
négocié avec un autre groupe, au moment où on se parle?
J'ai des renseignements selon lesquels la CTCUM a donné l'assurance
à un autre syndicat que nous n'aurions jamais plus ce que cet autre
syndicat a eu, et la semaine dernière, on vous a dit qu'il y aurait une
négociation de bonne foi, au cours de la semaine.
Si mes informations sont exactes et je pense qu'elles le sont
je me demande maintenant comment on peut soutenir que l'on
négocie avec nous alors qu'on a déjà négocié
avec d'autres, disant: On va leur imposer cela.
Voilà les premières remarques que... Je ne suis pas du
tout choqué. Je m'excuse si cela a l'air de ça.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que quelqu'un a
des questions à poser au président de la CSN?
M. Bourassa: M. Pepin...
Le Président (M. Séguin): M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Par rapport aux désavantages
que j'ai signalés, quels avantages voyez-vous au
déclenchement d'une grève surprise, pas surprenante en ce sens
qu'on en parlait depuis plusieurs jours comme étant une
possibilité, mais d'abord déclenchée d'une façon
surprenante cet après-midi, à tout le moins pour les travailleurs
qui vont vouloir retourner chez eux, et dans le contexte actuel? Il y a eu une
grève il y a un mois. Vous pouvez être assuré que la
population ne sera pas derrière le syndicat. Je pense que vous vous en
doutez. Le gouvernement représente la population. Quels avantages
voyez-vous au déclenchement d'une grève par rapport à la
pression d'une commission parlementaire?
L'an dernier, le gouvernement est intervenu, a pris carrément
position pour les syndiqués parce qu'il trouvait qu'ils avaient certains
points qui étaient justifiés. Mais c'est difficile, actuellement,
pour le gouvernement, de considérer ou de trouver justifiée
j'ai dit tantôt que cela me paraissait complètement
injustifié une grève immédiate alors que la
commission parlementaire siège de façon exceptionnelle pour
essayer de contribuer à régler le conflit.
M. Pepin (Marcel): Puis-je répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Séguin): Oui. Allez-y.
M. Pepin (Marcel): Evidemment, M. le premier ministre, mes
réponses ne sont pas de nature, nécessairement, à vous
donner satisfaction, mais je vais vous dire ce que je pense, et très
librement.
Vous savez, la semaine dernière, vous avez ouvert la commission
vous-même, après le président, et vous avez dit: La
grève de l'an passé, il n'y a personne qui y a gagné quoi
que ce soit. Après, vers la fin de l'après-midi, vers cinq heures
ou six heures je pourrais relever cela dans les notes vous avez
dit aux syndiqués: c'est vous qui y avez gagné. Vous vous
souvenez...
M. Bourassa: J'ai dit que le gouvernement avait pris position.
C'est un fait que les syndiqués, l'an dernier, ont perdu plus qu'ils
n'ont gagné en termes pécuniaires. Pour le règlement du
conflit, on a pris position pour les syndiqués, mais cela
n'empêche pas que ces derniers ont accepté un règlement
qui, en termes pécuniaires, constituait une perte nette pour eux. C'est
ainsi qu'on peut concilier les deux affirmations.
M. Pepin (Marcel): D'accord. Très bien. Alors, je vous
remercie. En gagnant, on se trouvait à perdre.
M. Bourassa: Non. Ce n'est pas ce que j'ai dit. On peut jouer sur
les mots.
M. Pepin (Marcel): Non. Je ne veux pas jouer sur les mots parce
que la situation est bien trop grave pour cela.
M. Bourassa: Je dis qu'il y a eu une perte nette pour les
travailleurs...
M. Pepin (Marcel): C'est cela que je pensais.
M. Bourassa: ... que le gouvernement avait pris position pour
régler le conflit au profit des travailleurs, mais que ce
règlement constituait une perte.
M. Pepin (Marcel): On ne joue pas sur les mots l'un et l'autre,
mais seulement nos conclusions peuvent être identiques l'un et l'autre
quand même. Au point de départ, vous nous dites: Les deux sont
perdants. A la fin, vous dites: On gagne quelque chose.
M. le premier ministre, quand vous dites: La grève surprise de
cet après-midi... est-ce que vous êtes bien sûr de ce que
vous me dites? Après la résolution qui a été
adoptée par la commission parlementaire, je peux vous dire que je rne
suis battu toute la semaine non pas parce que j'avais pris un engagement
devant vous, je n'en ai pas pris...
M. Bourassa: Oui.
M. Pepin (Marcel):... mais je me suis battu pour dire: Essayez.
Allez négocier. Maintenant, regardez le tableau des négociations
et je ne fais pas de grief au médiateur, à la partie
patronale, à la partie syndicale, je n'essaie pas de faire cela; on
n'est pas ici, je pense bien, pour démêler toutes ces affaires
regardez le tableau. Les choses sur lesquelles il y a accord, c'est
quand il y a eu un statu quo, donc la situation ante, ou quand on a
abandonné la demande, sauf sur un point où nous avons fait des
progrès quant au texte. Il y a un deuxième point, dont M.
Guilbault a parlé tantôt, et ce sont les vacances, mais qui n'est
pas dans les textes au meilleur de ma connaissance. Il y a un point où
la commission a eu raison sur nous.
Dans l'état actuel du dossier, quand vous apprenez que c'est
entendu par la CTCUM, qu'elle a fait la promesse à un autre syndicat
ai-je besoin de nommer l'autre syndicat que jamais les autres
auront plus, comment pouvez-vous réagir à cela?
On sait bien qu'à la commission parlementaire, ici, avec toute la
bonne foi que les membres peuvent avoir, le pouvoir d'imposer à M.
Hanigan, ou à M. Lambert ou à M. Hénault, n'existe pas, le
pouvoir imposer légalement, j'entends. Moralement, on peut avoir la
force.
Je ne pense pas qu'on ait abusé de quelque chose. On peut se
tromper. Vous dites que c'est antisocial. Vous le disiez la semaine
passée aussi. Vous nous l'avez demandé, on l'a retardée.
En tout cas, moi...
M. Bourassa: M. le Président, on ne peut pas dire... Allez
demander aux travailleurs à Montréal à ce moment-ci, qui
doivent être dans l'embouteillage et qui vont arriver chez eux à
huit heures au lieu de cinq heures... Ce n'est pas politiser le conflit, c'est
un fait. Il faut avoir vécu cela comme on l'a vécu, les
députés de Montréal et je suis convaincu le
député de Maisonneuve aussi...
M. Pepin (Marcel): Je suis Montréalais aussi, je sais
à quoi m'en tenir.
M. Bourassa: Pour eux, cela va être une surprise. On en
parlait dans l'air, mais ils l'ont su à trois heures et ce matin ils ne
savaient pas qu'il y aurait une grève à trois heures. Alors, ils
sont pris de court. Quant à ce que vous dites pour la CTCUM, vous parlez
de ouï-dire. Je pense qu'on va pouvoir confirmer avec elle si c'est
vrai.
M. Pepin (Marcel): C'est cela, qu'elle vienne dire le contraire
de ce que je mentionne.
M. Bourassa: Ses représentants vont être
appelés.
M. Pepin (Marcel): Assermentez-les.
M. Burns: Pendant que vous faisiez une conférence de
presse, nous écoutions les parties.
M. Harvey (Jonquière): Mais, M. le Président, cette
question vient d'être soulevée et c'est mon intention de faire
revenir la CTCUM.
M. Pepin (Marcel): Mais notez bien que, pendant qu'il
intervenait, je n'avais pas le droit de parler, ce que M. Hanigan, d'ailleurs,
m'a reproché.
M. Harvey (Jonquière): Mais je remarque, M. Pepin, que M.
Hanigan n'intervient pas actuellement, il vous parlait.
M. Pepin (Marcel): II fait bien à part cela, mais, s'il
veut intervenir là-dessus, j'en serais bien heureux.
M. Harvey (Jonquière): Donc, c'est un à un.
M. Pepin (Marcel): Qu'il intervienne, qu'il dise si ce n'est pas
vrai qu'on a donné l'assurance aux chauffeurs que les
préposés à l'entretien n'auraient pas plus que ce qu'on a
donné. Qu'il me le dise!
M. Harvey (Jonquière): Continuons, on le fera venir tout
à l'heure.
M. Pepin (Marcel): Allez-y.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: Je vais vous poser la même question que
j'ai posée tantôt à la partie patronale à savoir
s'il y a des clauses en suspens c'est à cause du manque de temps
si cela n'a pas été discuté si vous croyez que,
dans une semaine de délai de négociation, les membres du front
commun de la CSN seront prêts à retourner à la table de
négociation avec le même médiateur ou un autre et si cela
pourrait arriver à une solution du conflit.
M. Pepin (Marcel): Si le président me permet, je peux
répondre. M. le Président, est-ce que je peux répondre
immédiatement?
Le Président (M. Séguin): Allez.
M. Pepin (Marcel): Merci. Alors, vous savez que, dans le domaine
des négociations collectives, la seule façon de régler les
problèmes c'est par voie de pourparlers entre les parties. Bien
sûr qu'on peut imposer un règlement de force. Parfois cela
règle le problème, mais parfois aussi cela laisse trop de tares.
Je crois que, s'il y a continuation, parce qu'il n'y a pas eu arrêt, il
n'y a pas eu de suspension... Il y a eu une suspension en ce sens qu'il faut
bien arrêter pour venir ici, mais il n'y a pas eu rupture de pourparlers,
du moins à ma connaissance. Je n'étais pas à la table et,
à ce moment-là, je pense que... Je ne vous dis pas que cela va
prendre trois, quatre ou cinq jours, je n'en sais rien parce que c'est bien
difficile à avoir une boule de cristal là-dessus, mais je crois
que c'est une bonne affaire si les parties peuvent continuer à
négocier, mais librement, sans carcan.
M. Malépart: Est-ce que vous croyez que
présentement les représentants du front commun sont
intéressés à continuer la négociation?
M. Pepin (Marcel): Je ne vous dis pas: Je le crois. J'en suis
sûr.
M. Malépart: D'accord.
M. Boudreault: ... vous pouvez concilier... Vous faites mention
de négociations sans carcan, quand vous déclencherez une
grève. Imaginez-vous le carcan dans lequel vous allez
négocier?
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas un carcan...
M. Boudreault: C'est la population qui est prise dans le carcan
actuellement.
M. Pepin (Marcel): M. le député, ce n'est pas un
carcan de négociation à ce moment-là. C'est bien sûr
qu'il y a de la stratégie dans tout cela et vous en faites en masse,
à l'Assemblée nationale, vous en faites avec la loi 22, vous en
faites avec tout c'est bien normal d'ailleurs mais vous avez
adopté une résolution proposée par vous la semaine
dernière. J'ai tout fait pour la faire respecter. Maintenant, vous
viendriez me faire un grief? Pas à moi, en tout cas. Parce que je sais
que j'ai travaillé cette semaine pour faire respecter votre
résolution, me disant: C'est un député de Montréal
et tout cela, il connaît son affaire. Il nous dit que, jusqu'à la
commission parlementaire, il ne faut pas faire cela. J'ai demandé aux
gars de ne pas le faire. Ils ne l'ont pas fait. Ce n'est pas un carcan quand
j'exerce un droit légal.
M. Boudreault: Vous gardez la population en otage.
M. Pepin (Marcel): Sauf que vous voulez que les employés
soient pris en otages, M. le député. Je l'ai dit la semaine
passée et peut-être que je m'exprime mal, peut-être qu'on
n'a pas les mêmes visions des problèmes, mais je pense, M. le
député, que, si vous donnez 50% d'augmentation à un groupe
et, pour un autre groupe, vous dites: Lui, s'il fait cela, il va prendre la
population en otage, je vais lui donner 10%, je voudrais bien vous voir dans la
position d'un salarié pris dans une situation comme celle-là.
Je sais bien que vous êtes conscient des problèmes, mais je
vous demande de vous élever un peu de votre chaise et de regarder les
problèmes tels qu'ils sont. Je crois que c'est important. Je pense que,
dans le climat social du Québec, quand je dis des affaires comme
ça, peut-être que je suis le seul à les penser, mais je
puis vous dire que je les pense profondément.
Cela fait 27 ou 28 ans que je fais du syndicalisme, c'est
peut-être beaucoup trop long, je devrais partir, mais ce n'est pas mon
problème. Mon vrai problème, c'est de savoir comment les
questions sociales seront réglées au Québec et ce n'est
pas parce que, dans un cas, ils sont forts, on le leur donne, dans l'autre cas,
on ne le leur donne pas, parce qu'ils vont tenir la population en otage. Si on
agit comme ça, on se prépare, je vous l'ai dit, des lendemains
déplorables, à moins qu'on décide de niveler. On
enlève toute liberté. C'est possible, ça. Mais je pense
que ce n'est pas comme ça qu'on veut bâtir, ni le Parti
libéral, ni le Parti québécois, ni d'autres partis, la
liberté des hommes au Québec. Je ne pense pas, à moins que
vous me disiez le contraire.
M. Bourassa: M. le Président, quand le président de
la CSN parle du climat social, des grèves comme celle de cet
après-midi ont pour but de polariser encore les forces dans la
société québécoise. Ce n'est pas ça qui va
favoriser le climat social. Cela raidit les options en présence. Je l'ai
dit en fin de semaine, que le syndicalisme... En fin de compte, on est en
démocratie et c'est la majorité qui décide. Le
progrès du syndicalisme peut payer pour ça, alors que nous
considérons que le syndicalisme est absolument indispensable à un
progrès équilibré. Ce qui m'ennuie dans une grève
comme celle-là, c'est que la balance des inconvénients penche
tellement fortement d'un côté, quand on voit le nombre de
personnes, les millions d'heures qui sont perdues chaque jour, les centaines de
milliers de frustrations chez les travailleurs pour un enjeu de 30% à
50% d'augmentation pour un an.
Je ne dis pas si c'était le droit de l'union en cause. Qu'on
regarde ce qui est en jeu et qu'on regarde le déblocage qui s'est
opéré depuis cinq jours et on ne peut pas faire autrement que de
conclure au fait que la grève est injustifiée et que ce genre de
grève peut apparemment permettre à un groupe de travailleurs de
faire avancer ses causes. Mais c'est simplement apparemment. Je crois que les
grands perdants dans ce genre de grève, c'est le syndicalisme.
M. Pepin (Marcel): Est-ce que je peux dire un mot
là-dessus, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Oui. M. Pepin.
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, c'est bien sûr
qu'on peut faire des relations publiques et je pense qu'à ce
moment-là, vous en faites. Quand vous dites que c'est le syndicalisme
qui est perdant avec ça, peut-être avez-vous raison à court
terme. Peut-être à moyen terme. Je ne suis peut-être pas de
votre opinion là-dessus, mais je laisse un point d'interrogation.
Mais je pense que les parlementaires perdent plus que nous de ce
côté. Je m'associe au monde syndical, c'est une question
d'opinion. Vous êtes premier ministre, vous pouvez déclarer aux
gars, à la population en général: Ce sont eux, les
méchants, ce sont eux qui ont déclaré la grève.
Mais ce sont eux qui ont demandé la conciliation, par exemple. Vous ne
le dites pas, je suis convaincu que vous ne l'avez pas dit dans votre
conférence de presse tantôt, vous l'avez oublié. Si vous y
aviez pensé, vous l'auriez dit, mais vous l'avez oublié.
M. Bourassa: Je réponds aux questions qu'on me pose.
M. Pepin (Marcel): Uniquement parce qu'ils ne vous l'ont pas
posée.
M. Bourassa: Je n'ai pas fait de déclaration.
M. Pepin (Marcel): Si j'avais été journaliste, je
vous l'aurais posée.
M. Bourassa: Admettez avec moi...
M. Pepin (Marcel): Cela, c'est un peu marginal.
M. Bourassa: Je suis content de voir votre réalisme.
M. Pepin (Marcel): Le point fondamental, c'est quoi? Est-ce que
c'est correct qu'on offre 11%, 12% à certains qu'on règle avec
d'autres à 17%, 6%, 10%, qu'on règle avec les policiers, avec
Toronto, qu'on leur promette 10% au mois de janvier, que vous posiez la
question: Etes-vous prêt à leur offrir les chauffeurs? Jamais, au
cours de la semaine, il n'en est question. On pense bien que c'est un plancher
que vous offrez et il n'y a rien qui se passe. Et nous, on doit attendre tout
simplement que la commission parlementaire se réunisse, dise: Ecoutez
donc, allez, continuez. Quand les neiges viendront, on aura peut-être une
solution.
Vous savez, M. le premier ministre, le fait que des syndiqués
posent des gestes, il n'y a jamais une grève qui est populaire. Il n'y
en a aucune. Vous pouvez la politiser contre nous, vous l'avez fait dans le
front commun, même si, à mon avis, nous avions absolument raison,
je pense. Vous l'avez fait. On est allé là où vous savez
et ça ne me
fait aucune peine de le rappeler parce que je me suis reposé
pendant ce temps. Si, un jour, vous aviez l'occasion d'y aller, vous pourriez
vous aussi bénéficier de ce temps de repos, ce qui est
très important dans la vie d'un homme. Mais ce n'est pas ça qui
est très important.
Où est-ce qu'on conduit la société
québécoise à l'heure actuelle? Au plan des relations
fédérales-provinciales, c'est une affaire; au plan social,
qu'est-ce qu'on fait à l'heure actuelle? Est-ce qu'on peut faire
n'importe quoi, est-ce qu'on peut donner à un groupe telle affaire et
à un autre groupe ne pas le faire parce que ces gens ne sont pas assez
forts, parce qu'ils n'ont pas de fusil sur la fesse?
Je vous dis les choses telles que je les perçois. Il me semble
que ce soit vrai, cela, M. le premier ministre.
M. Bourassa: A ce qu'on a vu, les policiers ne semblaient pas
enthousiastes sur ce qui leur a été offert.
M. Pepin (Marcel): Parce qu'ils pensaient que leurs fusils
étaient encore plus pesants que cela.
M. Bourassa: Je pense que, de ce côté-là, il
ne faut pas comparer des pommes avec des oranges.
M. Pepin (Marcel): Non, mais je pense qu'il faut comparer les
choses comme elles se comparent. N'est-il pas vrai que la CUM a offert 10%
minimum, au 1er janvier prochain, aux policiers? Si les journaux nous
rapportent des choses qui ne sont pas vraies, je demanderais aux journalistes
de se rétracter.
M. Bourassa: C'est parce qu'il y a un taux d'inflation qui est
prévu dans la convention...
M. Pepin (Marcel): Et pour nous autres, il n'est pas
prévu?
M. Bourassa: C'est parce que la convention se termine le 31
décembre dans leur cas.
M. Pepin (Marcel): Nous autres, c'était le 11 juillet.
Cela va être 12% jusqu'au 11 juillet prochain.
M. Bourassa: Non. La convention à signer se termine le 31
décembre. Alors, c'est pourquoi...
M. Pepin (Marcel): Ils ont 15% à l'heure actuelle, vous
savez?
M. Bourassa: Oui.
M. Pepin (Marcel): Plus 10% au 1er janvier.
M. Bourassa: Parce que la convention se terminait le 31
décembre dernier. Ce sont des contrats d'un an. C'est la raison qui
explique les 10%. Je crois que le président le sait.
Pour ce qui a trait au conflit actuel, ce que vous dites, vous auriez pu
le dire sans ennuyer un demi-million de travailleurs cet après-midi.
M. Pepin (Marcel): Si je l'avais dit uniquement, qu'est-ce que
cela aurait donné, M. le premier ministre? Vous souvenez-vous que nous
sommes venus ici, en commission parlementaire, pendant le front commun,
à votre demande, suite à l'adoption de la loi 19? Vous vous en
souvenez comme moi. Moi, je suis venu vous dire à peu près des
choses analogues à ce que je vous dis, des choses mutatis mutandis,
comme vous le dites dans votre texte. Je comprends cela.
Mais qu'est-ce que cela a changé? Rien. Quand nous sommes
allés en prison et que là, il y a eu un peu de chahut au
Québec, vous avez changé une partie de votre ministère et
là, on a commencé à négocier.
Pourquoi ne se parle-t-on pas clairement? Je m'excuse si je suis trop
franc...
M. Bourassa: La question de la prison, M. le Président,
vous savez qu'il y avait eu une grève sauvage dans les hôpitaux,
qu'il y avait des risques d'épidémies et que les malades
servaient d'otages.
M. Pepin (Marcel): Je ne vous critique pas sur le fait de m'avoir
emprisonné; ce n'est pas là-dessus qu'est mon point. Avant mon
entrée en prison, il n'y avait rien qui bougeait, on avait tort sur
tout.
Quand nous sommes allés en prison, comme cela bougeait un peu au
Québec, nous en sommes venus à avoir un peu plus raison et,
finalement, au mois d'octobre 1972, les $100 par semaine, on les avait, alors
que c'était antisocial de les avoir avant.
M. le premier ministre, je pense que là-dessus, les faits sont
là; c'est un peu irréfutable, à mon avis. Peut-être
que je me trompe dans mon appréciation.
M. Bourassa: Je ne peux pas faire autrement, en terminant, que de
dire que vous vous trompez, parce qu'on a procédé
exceptionnellement, en convoquant une commission parlementaire, pour essayer
d'éviter une grève. Nous étions prêts, les douze
députés, à travailler jour et nuit, y compris le chef du
gouvernement, quelles que soient les autres occupations qu'il peut avoir, pour
éviter cette grève.
Mais là, vous nous arrivez avec une grève, cet
après-midi, comme moyen de pression additionnel. Mais je vous dis que ce
ne sera pas un moyen de pression additionnel, pour autant que le gouvernement
est concerné.
C'est pour cela que je dis qu'elle est inutile, elle est coûteuse
et elle est antisociale. On aurait pu régler cela exactement sans
grève et sans créer un mouvement contre le syndicalisme.
M. Pepin (Marcel): J'espère, M. le premier ministre, que
vous ne serez pas l'agent pour créer un mouvement contre le
syndicalisme; je pense bien qu'en social-démocratie...
M. Bourassa: Au contraire. C'est précisément parce
que je ne voulais pas être l'agent d'un tel mouvement que j'ai tout fait
pour essayer d'éviter la grève.
M. Pepin (Marcel): Je ne vois pas que vous ayez tout fait. Une
commission parlementaire la semaine dernière, une demande de moratoire
jusqu'à aujourd'hui qui a été respectée, M. le
premier ministre.
M. Bourassa: J'ai fait ce que je pouvais faire dans les
circonstances, puisque les parties avaient des droits.
M. Pepin (Marcel): Continuez à faire ce que vous pouvez
faire et on va continuer nous autres aussi.
M. Bourassa: Oui, bien...
M. Pepin (Marcel): Là-dessus, sur la question qui m'a
été posée au début...
M. Bourassa: Le gouvernement peut faire pas mal de choses.
M. Pepin (Marcel): J'en suis conscient. Il est fort.
Le Président (M. Séguin): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, M. Hanigan nous disait tout
à l'heure qu'en date de décembre 1974, il avait écrit au
syndicat pour lui proposer ses... afin de prévenir les
négociations qui arrivaient et ne pas en arriver à la situation
que l'on connaît aujourd'hui. Il dit qu'entre décembre 1974 et mai
1975 il n'a jamais eu de réponse à la lettre qu'il avait
envoyée au syndicat. Est-ce que c'est vrai?
M. Pepin (Marcel): M. le Président, je vais
répondre au député...
M. Tremblay: II semble que ce soit quelque chose qui n'est pas
normal.
M. Pepin (Marcel): Le président du syndicat, qui
était ici la semaine dernière, M. Jacques Beau-doin, qui a
reçu la lettre lorsque M. Hanigan a fait cette affirmation, m'a
rencontré à l'ajournement pour me dire: Je voudrais rectifier ce
point-là, parce que nous avons répondu à M. Hanigan dans
les jours qui ont suivi pour lui dire non pas le projet de convention, mais que
cela lui parviendrait plus tard, en avril ou en mars, je ne me souviens pas
exactement.
Je n'ai pas ici copie de la correspondance, mais je pense qu'il y aurait
moyen, si les membres de la commission veulent avoir copie de la réponse
de M. Beaudoin à la lettre du 9 décembre 1974, de la produire
à la commission. Malheureusement, je ne l'ai pas au moment où
vous me posez la question, mais je suis informé qu'il y a effectivement
eu réponse, M. le député.
M. Tremblay: Effectivement, les propositions syndicales sont
parvenues à la CTCUM en ma 1975, n'est-ce pas?
M. Pepin (Marcel): Pour une partie, le 12 mai et, pour une
deuxième partie le 17 juin, M. le député.
M. Tremblay: Croyez-vous qu'il y aurait eu lieu que cela puisse
se faire avant? On aurait peut-être gagné une couple de mois.
M. Pepin (Marcel): Cela aurait été mieux, mais
sachez, M. le député, que nous vivons dans une période
intense d'inflation et que les propositions que l'on peut faire pour le
renouvellement d'une convention collective peuvent être fort
différentes si vous les faites six ou huit mois à l'avance ,ue si
vous les faites un mois ou deux avant l'expiration de la convention.
Dans une conjoncture normale où l'inflation a un rythme de 1.5%,
2% ou 3%, vous pouvez vous permettre de faire des propositions plusieurs mois
à l'avance.
M. Tremblay: M. le Président, en raison même de la
nature du cas, vu que c'est un service public essentiel, n'y aurait-il pas eu
lieu, de votre part je l'ai dit à M. Hanigan et de sa part
également d'essayer de réchauffer davantage les relations entre
l'employeur et les employés pour finalement ne pas se retrouver ici deux
jours de suite, surtout avec une grève sur les bras?
M. Pepin (Marcel): Ma réponse est affirmative.
M. Tremblay: Je crois que la négociation est la base de
l'entente. J'ai l'impression que c'est un peu comme chien et chat.
M. Pepin (Marcel): On ne peut pas faire cela de Boston, c'est
bien clair.
M. Tremblay: Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais j'ai
l'impression que vous ne vous parlez pas très souvent. Croyez-vous qu'il
serait...
M. Pepin (Marcel): Non.
M. Tremblay: ... profitable que cela se fasse de façon un
peu plus directe, ces négociations, parce que vous avez un grand pouvoir
sur vos syndiqués, comme président? J'enchaîne avec une
question. Avez-vous effectivement fait quelque chose aujourd'hui ou hier ou
avant-hier pour prévenir ce mouvement de grève qui est parti cet
après-midi?
M. Pepin (Marcel): Ce que j'ai fait, j'ai rencontré le
médiateur, M. Roger Pilotte, avant-hier matin, je ne sais pas exactement
quel jour, mardi ou mercredi aujourd'hui, c'est jeudi je pense
que c'est mardi matin, pour parler avec lui de la négociation
collective. J'ai fait cependant beaucoup de choses pour respecter la
décision unanime de la commission parlementaire, tel que je l'ai dit
pré-
cédemment, et j'ai réussi. D'ailleurs, je suis assez
content de moi de ce côté.
M. Tremblay: Ma question n'est pas de savoir si vous avez
respecté ce que vous vous étiez engagé à faire en
regard de la commission parlementaire, je veux savoir si vous avez fait quelque
chose, directement ou indirectement, auprès de vos syndiqués pour
leur dire: Ecoutez, si vous sortez à trois heures, cet
après-midi, vous savez dans quel pétrin vous placez les
Montréalais.
M. Pepin (Marcel): Je n'ai rien fait de ce côté, M.
le député.
M. Tremblay: Croyez-vous vous que cela eût
été bon et constructif pour vous d'intervenir jusqu'au moins
à la fin des séances de cette commission?
M. Pepin (Marcel): Je ne pense pas. M. Tremblay:
Pourquoi?
M. Pepin (Marcel): Parce que je crois que, la commission
parlementaire s'étant réunie, nous ayant retournés en
médiation, il y a toujours une question de crédibilité qui
doit s'attacher aux avis que l'on donne. On nous a dit: Assoyez-vous pendant
six jours. On ne vous demande pas plus que six jours. Cela a été
répété par le premier ministre, je pense, quatre ou cinq
fois, lorsqu'il essayait de me faire compromettre. D'ailleurs, je le comprends.
Je n'en veux nullement à cette opération. Quand même, pour
six jours, vous ne pouvez pas... Je leur ai dit: Les six jours, au moins, vous
allez les respecter.
M. Tremblay: Cela ne vous est pas venu à l'idée,
pour le bien de la collectivité montréalaise, de dire à
vos collègues: on s'en va à Québec cet après-midi,
à trois heures, on va voir ce qu'ils ont à nous dire. Avant de
déclencher votre sortie, attendez qu'on revienne de Québec et
peut-être qu'on aura un moyen de régler la grève sans que
les Montréalais en souffrent. Il ne faut pas charrier, mais vous savez
qu'on en souffre.
M. Pepin (Marcel): M. le député, je dois rappeler
quel est le pouvoir de cette commission parlementaire, tel que cela a
été exprimé la semaine dernière. Vous étiez
en voyage. On m'a dit que la commission parlementaire n'avait pas le
pouvoir...
M. Tremblay: Un voyage d'affaires.
M. Pepin (Marcel): Je ne voulais faire aucune insinuation
au...
M. Tremblay: Je ne suis pas encore allé en Floride.
M. Pepin (Marcel): J'y suis allé.
M. Tremblay: Je sais que vous avez les moyens d'y aller, mais pas
moi.
M. Pepin (Marcel): Vous devriez y aller vous aussi; cela vous
ferait du bien.
M. Tremblay: On continue.
M. Pepin (Marcel): Même si, cet après-midi, le
médiateur avait fait une proposition, par l'entremise du ministre du
Travail, une recommandation aux parties sur certaines choses, la commission
parlementaire ici n'a pas ce pouvoir.
Je pense que, dans les circonstances et vu la tenue de la commission
parlementaire de la semaine dernière, les travailleurs ont
accepté la recommandation que je leur ai faite, parce que je n'avais pas
dit au premier ministre que je ferais la recommandation.
J'avais dit que j'examinerais sa proposition et la proposition du
député de Bourget de très près. Je l'ai
répété plusieurs fois. Je l'ai examinée. Je leur ai
fait la recommandation, mais cette recommandation tombait à 15 heures
cet après-midi, je pense que c'est évident. C'est
vous-mêmes qui avez écrit les termes de la résolution, ce
n'est pas moi. C'est vous autres.
M. Tremblay: Est-ce qu'elle tombait effectivement, dans votre
esprit, avec l'épée de Damoclès de la grève?
M. Pepin (Marcel): Vous savez, quand vous êtes en
négociation...
M. Tremblay: Cela faisait partie de votre stratégie sans
doute...
M. Pepin (Marcel): II y a de la stratégie, bien
sûr...
M. Tremblay: ... de ne pas laisser seulement au premier ministre
la crédibilité du moyen de pression de la commission
parlementaire.
M. Pepin (Marcel): La commission...
M. Tremblay: II fallait ajouter le moyen de la
grève...
M. Pepin (Marcel): Je pense, M. le député... M.
Tremblay:... au détriment des Montréalais.
M. Pepin (Marcel): Pas au détriment des
Montréalais.
M. Tremblay: Je vous ai bien compris, ne parlons plus.
M. Pepin (Marcel): Si vous ne voulez pas que je parle, je vais
parler encore quand même.
M. Tremblay: Non, je connais votre réponse.
M. Pepin (Marcel): Je sais, je comprends que vous ne voulez plus
que je parle. Quand on dit une bêtise, on dit à l'autre:
Tais-toi.
M. Tremblay: Non, j'ai tout compris.
M. Pepin (Marcel): Pour moi, ce n'est pas au détriment des
Montréalais ce qu'on fait là.
M. Tremblay: Ecoutez.
M. Pepin (Marcel): Cela peut être aussi à l'avantage
des Montréalais, parce que s'il y a un gain qui se fait avec le conflit
je dis bien "si" il y a des centaines de milliers de personnes
qui peuvent en bénéficier aussi. Ne pas oublier, M. le
député, que les relations industrielles ne se passent pas dans un
vase clos, que cela a des répercussions ailleurs aussi. Je pense que
vous avez déjà été travailleur. Vous savez comme
moi que, quand on négocie un contrat, cela ne se limite pas uniquement
à l'endroit où on le négocie. Cela a des
répercussions ailleurs. Je serais surpris de voir si les
députés ici ne partageaient pas cet avis. Ce n'est pas uniquement
dans un endroit qu'on gagne. Il y a des fois où c'est ailleurs
aussi.
M. Tremblay: Non, mais vous êtes prêt sans doute
à dire que si vous aviez fait l'effort, pour que cette grève
n'existe pas cet après-midi, d'attendre pour venir discuter ce dont on
parle justement dans le moment, cela aurait été un peu plus
cons-tructif pour la société montréalaise. Je ne parle pas
des...
M. Pepin (Marcel): Je suis prêt à dire que vous vous
posez la question.
M. Tremblay: Je ne parle pas des droits des grévistes, je
suis convaincu qu'ils sont dans leur droit et je le leur accorde.
M. Pepin (Marcel): Et que leurs demandes sont
justifiées?
M. Tremblay: Je peux même faire... Disons que...
M. Pepin (Marcel): Très bien. La réponse est
affirmative.
M. Tremblay: Non, je ne les ai pas étudiées, les
demandes.
M. Boudreault: Vous êtes en négociation quand
même.
M. Pepin (Marcel): S'il veut me faire négocier, je vais
négocier moi aussi.
M. Tremblay: Ma dernière question, je ne veux pas
accaparer trop de temps, est-ce que vous vous proposez aujourd'hui même
de faire un pas pour que les transports en commun reviennent demain matin
à la normale?
M. Pepin (Marcel): J'espère, en tout cas, que la
commission ici sera bien d'accord pour que la médiation reprenne
dès ce soir.
M. Tremblay: Si la médiation reprend ce soir, est-ce que
vous pouvez vous engager à demander à vos gens de retourner?
M. Pepin (Marcel): S'il y avait un accord, oui.
M. Tremblay: Croyez-vous qu'à la fin de cette commission
parlementaire avec le premier ministre qui est ici, on pourrait en venir
à cette solution?
M. Pepin (Marcel): Je ne sais pas. On verra ce que le ministre a
à dire là-dessus. Je ne sais rien. Je ne peux pas deviner les
intentions du ministre.
M. Bourassa: Vous avez accepté une résolution
unanime, mais je pourrai prendre la parole tantôt. Est-ce que vous en
accepteriez d'autres, des résolutions unanimes?
M. Pepin (Marcel): On verra. Cela dépend desquelles, M. le
premier ministre.
M. Bourassa: Disons que, s'il y avait une résolution
unanime, je pense bien que le député de Maisonneuve ne serait pas
contre...
M. Burns: Si elle était unanime, comme je suis membre de
la commission, il y a des grosses chances que je sois pour.
M. Bourassa: Oui, d'accord. Je présume de sa bonne foi et
de son bon sens, on verra si c'est le cas. Si on demande, par exemple, que les
ouvriers reprennent la médiation ce soir et qu'au nom des travailleurs
de Montréal, ils retournent au travail demain matin?
M. Pepin (Marcel): On vous écoutera là-dessus, M.
le premier ministre.
M. Bourassa: Est-ce que, d'après vous, ce serait un geste
utile de la présenter?
M. Pepin (Marcel): Je ne sais pas, on verra. M. Bourassa:
D'accord.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous
terminé...
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, je sais bien
l'opération que vous essayez de faire. Je pense que le problème
va se régler par négociation. Essayons de recommencer. Cela peut
se faire, ces choses. On a déjà vécu des conflits
ensemble. Cela s'est fait par négociation. Quand vous me dites que la
commission parlementaire, pour vous, c'est aussi important, comme moyen, que la
grève, c'est votre avis, c'est peut-être une autre façon de
voir, mais on n'en a pas encore eu la démonstration. Est-ce que vous
pouvez me croire là-dessus?
M. Bourassa: Cela avait bloqué durant trois mois. Combien
de temps les négociations ont-
elles bloqué par rapport au déblocage depuis trois
jours?
M. Pepin (Marcel): Regardons ce qui a été
adopté. Voulez-vous, on ne sera pas...
M. Bourassa: Non, mais je veux dire, il y a 27 clauses qui ont
été...
M. Pepin (Marcel): Voulez-vous, on ne fera pas d'enfantillage, M.
le premier ministre, ensemble?
M. Bourassa: 31, 20%, je veux dire, quand même...
M. Pepin (Marcel): D'accord.
M. Burns: Cela n'est pas comme cela qu'on juge cela.
M. Pepin ( Marcel): Est-ce que je peux me corriger
là-dessus, parce que je pense que cela mérite...
M. Bourassa: Cela dépend des deux parties, je pense bien.
De ce côté...
M. Pepin (Marcel): Quand vous voyez, M. le premier ministre,
qu'il y a 152 clauses en suspens, vous avez eu le rapport tantôt, ce sont
31 clauses qui ont été initialées. Quand vous voyez qu'il
y a 18 statu quo, qu'il y a 11 retraits des demandes syndicales, qu'il y a une
concession patronale, une concession syndicale, quand M. Hanigan, qui a
témoigné, lorsque vous étiez en conférence de
presse, vous a dit qu'il n'y avait aucune clause majeure de
réglée, ne venez pas me dire maintenant: II y a 20% des clauses
de réglées. On s'amusera de tout le monde.
Quand j'étais étudiant à Laval, ici, en relations
industrielles, on nous enseignait que, quand les journaux nous apprennent qu'il
y a 95% de la convention de réglée, c'est bien gentil, mais
voyons si les salaires sont réglés. S'ils ne sont pas
réglés, on aura beau dire 95%, mais on s'amuse de la galerie. Ce
n'est pas cela que le premier ministre a l'intention de faire, quand
même, pas à ma connaissance.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vous avez mentionné
antérieurement, dans une de vos déclarations, qu'on ne pouvait
pas arriver à négocier un contrat ou établir une certaine
justice et compréhension dans les relations de travail si on donnait
toujours priorité et les avantages à ceux qui ont les moyens de
faire des pressions, et ceux qui sont moins bien placés pour faire des
pressions souffrent.
M. Pepin (Marcel): Oui.
M. Saint-Germain): Vous admettez que...
M. Pepin (Marcel): On maintient cela.
M. Saint-Germain: Mais n'est-ce pas là, enfin, la
façon régulière, si vous voulez, dans le syndicalisme, de
procéder... La pression qu'un syndicat peut faire, n'est-ce pas
là son arme principale?
M. Pepin (Marcel): Vous me demandez mon avis, à moi?
M. Saint-Germain: Oui.
M. Pepin (Marcel): Une négociation, dans le système
actuel, c'est toujours un rapport de forces. On a essayé de l'expliquer,
la dernière fois, à la commission parlementaire, tel que je le
vois. Je peux peut-être avoir tort, mais si j'ai tort, je pense que je ne
suis pas le seul à avoir tort dans la société. C'est un
rapport de forces, M. le député.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas vous contredire.
M. Pepin (Marcel): Non, vous pouvez le faire.
M. Saint-Germain: Je suis absolument du même avis,
d'ailleurs, que c'est un rapport de forces. Je pense bien, d'ailleurs, qu'on
peut le constater, parce que les employés qui travaillent dans certains
services, par exemple, surtout au niveau des corps publics,
municipalités, même gouvernement, travailleurs de la construction
qui ont eu des moyens de pression terribles, sont à peu près les
mieux payés parmi les travailleurs du Québec. Tandis que vous
avez une multitude d'autres travailleurs qui travaillent dans la petite
industrie, qui ont des salaires de famine actuellement, qui souffrent de cette
situation. Qu'est-ce qui arrive? Les conflits les plus graves, les plus
profonds, sont habituellement toujours faits par ceux qui sont
déjà privilégiés dans la classe des travailleurs.
On en a encore un bel exemple aujourd'hui. On déclenche la grève
au niveau d'un service public tel que le transport à Montréal.
C'est un moyen de pression terrible. C'est catastrophique. Cela coûte des
millions par jour, un professionnel du syndicalisme, comme les
députés ou comme ceux qui nous écoutent, parce que nous,
nous avons des voitures et nous rentrerons ce soir, grève ou non, nous
n'en souffrons pas personnellement. Ce sont les plus petits, les plus
démunis qui en souffrent. Considérant surtout que c'est un
service public, vous ne faites pas la grève vis-à-vis d'un
capitalisme véreux, ambitieux, qui veut écraser le travailleur
aux dépens d'un profit exagéré. Vous faites la
grève devant un service public, devant un service qui est payé de
la taxe commune, du pauvre comme du riche; vous prenez comme otage, toujours le
plus démuni. Quelles que soient les augmentations de salaires, ou
augmentations de coût qui seront le résultat de la grève,
ou que ce soit une augmentation de dépenses ou d'argent gaspillé
par la grève elle-même, mais c'est toute la société
qui paie. C est tout le monde.
Avec la longue expérience que vous avez dans le Québec
comme chef syndical, admettez-vous, même si cette grève est
légale, qu'il n'y a pas tout de même là un moyen barbare,
un peu inhumain d'arriver à ses fins? Est-ce qu'il n'y aurait pas, dans
notre société moderne, un moyen plus juste et plus
élégant, si vous voulez, pour arriver à donner justice aux
travailleurs? Je ne suis pas un spécialiste, mais d'après mes
propres observations, ce droit de grève qu'on a donné
antérieurement dans l'industrie privée, sans aucune modification,
on a simplement transporté ce droit de grève au niveau des gens
qui sont au service du public. On se pose de sérieuses questions, comme
la société, d'ailleurs, se pose de sérieuses questions. On
devrait trouver, il me semble, un moyen plus élégant, comme je le
disais; peut-être pourriez-vous, avec votre longue expérience,
nous donner une solution?
M. Pepin (Marcel): Je ne suis pas sûr, M. le
Président, que c'était là une question. Je pense que
c'était là plutôt un exposé d'un principe que le
député fait, un principe auquel il adhère, et il a le
droit de le faire.
Mais, cependant, dans les commentaires que je ferai très
très brièvement, quand vous me parlez de ceux qui sont les plus
mal pris dans la société, ne venez pas me parler de cela à
moi. S'il y a quelqu'un qui a livré des combats au Québec pour
que ceux qui sont les plus mal pris dans la société, les plus mal
payés, entre autres, aient vraiment un autre statut, je crois que j'ai
fait ce que j'ai pu faire jusqu'à maintenant. Pas assez, j'en
conviens.
Je ne suis pas ici pour me vanter ou pour me détériorer,
ce n'est pas du tout cela l'objet de mon propos. Mais quand, par exemple, vous
maintenez encore le salaire minimum à $2.60 l'heure, ce n'est pas moi
qui le maintiens là. Je demande qu'il soit plus élevé.
Vous, qu'est-ce que vous faites comme député? Je pourrais au
moins vous retourner cela.
M. Bourassa: ... si on me permet.
M. Burns: A l'ordre! Donnez-lui la chance de répondre.
M. Pepin (Marcel): II a fait une charge contre moi.
M. Burns: A l'ordre! J'invoque le règlement.
M. Bourassa: Le salaire minimum a augmenté de 79%.
M. Burns: J'invoque le règlement. J'invoque le
règlement.
M. Bourassa: De 79%.
M. Burns: Y a-t-il moyen de le rappeler à l'ordre,
même s'il est premier ministre?
Le Président (M. Séguin): Ah! Ecoutez.
M. Burns: Laissez donc terminer M. Pepin. Il aura tout le temps
après.
Le Président (M. Séguin): Je vais dire comme dirait
M. Pepin: Ne le dites pas à moi.
M. Burns: Je vous le demande.
Le Président (M. Séguin): Je rappelle souvent
à l'ordre.
M. Burns: Bien, je vous le demande.
Le Président (M. Séguin): M. Pepin, continuez s'il
vous plaît.
M. Pepin (Marcel): Tout ce que je voulais mentionner est que, si
le salaire minimum a augmenté de 79% depuis que le Parti libéral
est au pouvoir, je considère que ce n'est pas encore assez. Lorsqu'on me
parle des pauvres, de ceux qui sont mal pris dans la société, je
vous l'ai rappelé tantôt, les $100 par semaine pour lesquels on
livrait bataille, je ne pense pas que je vous ai vu sur les tribunes...
M. Saint-Germain: Excusez-moi. Il est vrai que j'ai fait un long
commentaire.
M. Pepin (Marcel): C'est vrai à part cela et, si je n'ai
pas le droit de vous répondre, pourquoi avez-vous fait ce commentaire
à moi?
M. Saint-Germain: Vous déviez. Si vous voulez parler du
salaire minimum, je pense que c'est une autre affaire. Vous n'avez pas fait la
grève, on n'est pas en grève à Montréal pour le
salaire minimum. Combien les gars gagnent-ils actuellement? Ce ne sont pas les
plus déshérités qui sont en grève.
M. Pepin (Marcel): Cela vous embarrasse parce que je commence
à répondre à votre question.
M. Saint-Germain: Comme députés, nous sommes bien
sensibilisés au fait que les unions n'ont pas pu et elles ne peuvent pas
aujourd'hui protéger le petit travailleur dans la petite industrie. On
sait tout cela. La population sait cela.
M. Pepin (Marcel): Le savez-vous combien...
M. Saint-Germain: Oui, moi aussi, je le sais. Je l'ai appris
très durement. Cela fait longtemps que je sais cela. On parle des gars,
les privilégiés de la société au point de vue des
salaires qui font des pressions. C'est le sujet.
Le Président (M. Séguin): A I'ordre! Je demanderais
qu'on change de sujet puisque ce moment-ci on est en train de débattre
et de discuter...
M. Burns: De politiser le conflit comme on disait tout à
l'heure.
Le Président (M. Séguin): A Tordre! M. Burns:
On le savait cela.
Le Président (M. Séguin): Je dis tout
simplement...
M. Bourassa: Point de règlement. Comme le dit le
député de Beauce-Sud, je pense que c'est le but de la commission
de discuter des problèmes sérieux comme ceux-là.
Monsieur...
M. Roy: ... mais à la condition qu'on maintienne le
but.
M. Bourassa: Le président de la CSN parle du salaire
minimum. Je dis que nous l'avons depuis trois ans, depuis mai 1971
presque quatre ans ou un peu plus de quatre ans augmenté de 79%
alors qu'on nous proposait de l'augmenter selon le coût de la vie, qui a
augmenté de 30%. Donc, il a augmenté deux fois plus que le
coût de la vie.
Je pense que là-dessus on ne peut faire de reproche au
gouvernement, mais je pense qu'on peut discuter cet après-midi, alors
qu'au moment où on se parle, il y a des centaines de milliers de
travailleurs, d'étudiants et d'écoliers qui sont très
sérieusement ennuyés et peut-être d'une façon plus
sérieuse même dans certains cas. Je pense qu'on peut discuter
parce que c'est une question urgente, on peut en discuter et demander à
ceux qui ont déclenché la grève des explications sur leur
geste.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Quel était le
point de règlement?
M. Bourassa: C'était pour justifier le débat qu'on
fait. Je comprends que le Parti québécois ne veut pas en parler.
Il est encore coincé.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant.
M. Roy: Pourquoi faites-vous de la politique?
Le Président (M. Séguin): Un instant!
M. Roy: Pourquoi cherchez-vous seulement à faire de la
politique aujourd'hui?
M. Bourassa: Je ne fais pas de la politique. Je parle au nom des
travailleurs de Montréal.
M. Roy: On n'a pas encore accusé le Parti libéral
de ce côté-ci de la table!
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Me donnez-vous le droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député. J'ai tout simplement demandé
que nous ne continuions pas dans la même veine de discussion. C'est tout
ce que j'ai demandé. J'ai écouté, paisiblement, et j'ai
constaté que nous nous éloignions considérablement du
sujet et du problème qui est devant nous. Je pense qu'il y a d'autres
forums où on discutera des différentes théories et des
différentes thèses.
Alors, je demanderais au député de Jacques-Cartier, qui
avait la parole, de peut-être raccourcir ses commentaires quelque peu ou
encore, s'il y avait...
M. Burns: ... avait la parole.
Le Président (M. Séguin): Je parlais comme membre
de la commission parce que vous m'aviez demandé la parole.
C'était pour vous indiquer que c'était le député de
Jacques-Cartier. Alors, si vous deviez répondre, M. Pepin, continuez,
mais je demande encore qu'on ne s'embarque pas trop dans ces grandes
théories du salaire minimum et surtout qu'on en reste à la
pertinence du débat.
M. Pepin (Marcel): M. le Président, quant à moi, je
suis prêt à en rester aux parties qui nous intéressent
directement. Vous comprendrez que, quand on fait un grand laïus avant, je
suis tenté de répondre et je me dis que je suis un peu
frustré si je n'ai pas cette occasion, mais de toute façon, les
choses étant dites, le député comprendra fort bien cette
chose. Quant au moyen qu'est la grève parce que c'était la
question que vous m'avez posée: Est-ce qu'il y a un substitut? je
vous parle pas de l'exercice du droit de grève, mais il s'agit de savoir
s'il y a un substitut au droit de grève, je ne suis pas un grand expert,
loin de là, mais lisez tous les auteurs là-dessus et je pense que
personne ne va vous trouver un substitut efficace au droit de grève.
Est-ce que vous me permettez, sur le sujet parce que c'est
vraiment la question qui est posée de vous renvoyer à des
statistiques qui ont été publiées par l'Organisation
internationale du travail sur le nombre de grèves en Australie et au
Canada, je pense que c'est pour l'année 1972, peut-être 1973, mais
je pense que c'est 1972, je n'ai pas le document avec moi? Sachant qu'en
Australie le droit de grève n'existe pas légalement, sachant
cela, en Australie il y a eu plus de grèves, avec une population
à peu près identique, qu'il y en a eu au Canada avec un droit de
grève existant. Je crois que le moyen pour éliminer le droit de
grève, dans la société capitaliste, j'entends, cela
n'existe pas. Consultez à peu près tout le monde. Il peut y avoir
des formules pour éviter que cela arrive trop souvent. Comme le
député d'Iberville le suggérait, il peut y avoir des
négociations six ou huit mois à l'avance.
Une Voix: Constantes.
M. Pepin (Marcel): Constantes, M. le député, il
faudrait faire un autre débat parce que, quand on parle de
négociations constantes, il faudrait savoir si la convention collective
qui serait signée serait une convention collective. De toute
façon, il faudrait faire un autre débat. Ce que je peux dire,
c'est qu'il y a peut-être des moyens pour rapprocher les parties.
Il y a eu, à l'occasion, des comités qui ont été
formés pour que les parties puissent s'expliquer à certains
moments dans certaines industries que je connais où j'ai
été personnellement mêlé, et cela aide pour
régler des problèmes. Mais quand au droit de grève comme
tel, je ne connais pas de moyen, de panacée pour remplacer le droit de
grève.
Encore une fois, je ne vous ai pas parlé de l'exercice, mais j'ai
bien parlé du droit de grève, et je vous réfère aux
statistiques australiennes versus canadiennes. Si cela vous intéresse,
je vous enverrai la documentation, vous pourrez en prendre connaissance. Vous
verrez à ce moment une chose qui m'a bien frappé dans l'analyse
des statistiques. C'est qu'en Australie les grèves sont plus nombreuses
qu'ici mais durent moins longtemps. Je ne sais pas si cela vous permet de
conclure. Ce serait peut-être un peu hâtif, mais ce qu'on peut se
dire c'est que, quand la grève est illégale, elle dure moins
longtemps que lorsqu'elle est légale parce que la partie patronale se
prépare davantage. On peut faire cette relation. Je ne vous dis pas que
c'est exact, mais quant au droit de grève lui-même, le juge
Freedman, dans un rapport qu'il a fait à la demande du gouvernement
fédéral sur la question des chemins de fer, a écrit en
toutes lettres et c'est un rapport, le rapport Freedman vous
pouvez décider que le droit de grève n'existe pas dans les
services publics il me semble que ce sont à peu près ses
mots tout ce que vous allez faire, c'est que vous n'empêcherez pas
les grèves, vous allez les rendre illégales. C'est un juge qui
dit cela et généralement un juge est bien respecté dans la
société ici. C'est lui qui écrit cela. C'est ma
réponse, messieurs.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, pour moi cela va être
très bref. Je veux simplement exprimer mon étonnement de voir le
premier ministre en fête et plusieurs membres de la commission nous
parler du petit travailleur à Montréal qui, ce soir et
peut-être dans les jours qui vont suivre, va souffrir...
M. Bourassa: C'est vrai.
M. Burns: ... directement. Mon étonnement le plus grand,
c'est que je n'ai pas entendu ces mêmes personnes, le premier ministre en
tête, nous parler d'autres éléments qui font souffrir le
petit travailleur, actuellement, comme l'inflation
généralisée, la hausse des coûts, les prix
alimentaires...
M. Bourassa: A l'ordre!
M. Burns: ... les coûts exorbitants de l'essence...
M. Bourassa: La différence est que l'inflation est
mondiale.
M. Burns: ... l'insécurité d'emploi, l'habitation
déficiente et l'absence de garderies, ce sont des choses qui visent le
petit travailleur.
M. Bourassa: On en a parlé souvent.
M. Burns: Oui, j'ai entendu le premier ministre parler de
l'inflation généralisée et c'est drôle qu'il n'ait
jamais pleuré sur le dos du petit travailleur à ces
moments-là.
M. Bourassa: Qu'est-ce qu'on a fait avec le budget?
M. Burns: II n'a tellement pas pleuré sur le petit
travailleur à ce moment qu'il disait: Ce sont des causes
internationales, et il ne pleurait pas sur le cas du petit travailleur alors.
Il ne pleurait pas quand on a proposé, nous de l'Opposition officielle,
d'indexer le salaire minimum à la hausse du coût de la vie, on n'a
pas entendu ça. Il n'a tellement pas fait ça qu'ils ont
réussi à rendre absolument inutile la proposition que nous avons
faite. Je veux dire: Plaçons les choses dans leur contexte. Je ne
voulais pas politiser la commission, mais si on veut le faire, on pourra parler
de tous ces autres sujets. On pourra parler de la pollution, cela affecte aussi
les petits travailleurs. Ce sont eux qui demeurent dans des endroits
pollués, les gens de l'est de Montréal. Le député
de Bourget, le député de Sainte-Marie et moi-même savons
qu'on est particulièrement touchés par ça. Lorsqu'on
soulevait les problèmes que causait l'autoroute Est-Ouest, qui s'en
vient en milieu résidentiel dans l'est de Montréal, il n'y a
personne qui s'est ému de ça, il n'y a personne qui a
pensé au petit travailleur.
Evidemment, l'autoroute Est-Ouest ne passe pas dans la ville de
Mont-Royal. Evidemment, ça change bien des choses.
M. Bourassa: Si je peux répondre au député
de Maisonneuve, M. le Président, j'ai parlé de tous ces sujets.
S'il écoutait mes émissions de fin de semaine, il en entendrait
parler très fréquemment.
M. Roy: Le premier ministre fait des émissions en fin de
semaine?
M. Bourassa: Vous parlerez après, si vous voulez.
Pour ce qui a trait à la question de l'action gouvernementale
contre l'inflation, je dois encore une fois dire au député de
Maisonneuve qu'il ne se souvient pas du budget que le gouvernement a
présenté. Le budget qu'a présenté le gouvernement
donnait au petit travailleur de $6,000 21 fois plus que ce que proposait le
Parti québécois dans son budget de l'an II, avec le succès
qu'on connaît. Il a porté contre moi des accusations...
c'était $13 contre...
M. Burnd: A ce que je sache, l'an II n'est pas encore prêt.
C'était l'an I, d'ailleurs, pour l'an II, ça s'en vient.
M. Bourassa: Oui, ça s'en vient, vous reculez pas mal.
M. Roy: M. le Président, j'invoque le règlement et
j'en ai le droit.
M. Bourassa: M. le Président, je réponds au
député de Maisonneuve.
M. Roy: J'invoque le règlement et cela a
préséance. Sur le point de règlement, j'aimerais rappeler
au premier ministre certains articles de notre règlement, à
savoir que, lorsqu'une commission parlementaire est convoquée pour un
objet précis, on doit discuter l'objet précis. L'avis que les
membres de la commission ont reçu se lit comme suit: "Avis est, par la
présente, donné que la commission du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration se réunira au salon rouge de l'Assemblée
nationale, le jeudi 18 septembre 1975 à 15 heures, aux fins d'examiner
la situation du transport en commun sur le territoire desservi par la CTCUM et
d'entendre les principales parties intéressées".
Si on veut faire un débat sur toutes les politiques de la
province, M. le Président, on en a pour la journée.
M. Bourassa: Vous n'avez pas dit ça quand votre
allié, le député de Maisonneuve, a parlé du budget,
de l'inflation et...
M. Roy: Vous avez été le premier à faire de
ce débat le débat qui a lieu actuellement.
M. Bourassa: Calmez-vous donc.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Bourassa: Quand c'est le député de Maisonneuve,
ça va.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Burns:
Gros jaloux, va!
M. Bourassa: M. le Président, si je peux compléter,
s'il vous plaît, ma réponse...
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
questions...
M. Bourassa:... si on me permet, parce que je ne vois pas
pourquoi le député de Maisonneuve va faire toutes sortes
d'accusations et qu'on ne pourrait pas y répondre.
M. Burns: J'ai essayé de répondre à votre
attitude depuis le début de cette commission parlementaire que je ne
souhaitais pas. C'est vous qui l'avez partie comme ça.
M. Bourassa: Votez donc pour nos résolutions pour mettre
fin à la grève.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Merci, M. Pepin. M. Hanigan, voulez-vous revenir?
Le Président (M. Séguin): M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): M. Hanigan, M. Pepin vient
d'affirmer à la commission qu'on lui avait rapporté que les
négociateurs du côté patronal avaient affirmé que
jamais ils ne consentiraient à accorder au front commun syndical autant
et même plus que ce qui avait été accordé aux
chauffeurs et même plus...
M. Burns: II a dit qu'il n'offrirait pas plus.
M. Harvey (Jonquière): D'accord, mais autant, je
répète autant, parce que, dans mon esprit, quand le premier
ministre vous a posé la question, si vous étiez prêt
à en donner autant au front commun syndical que vous en aviez
accordé aux chauffeurs et opérateurs de métro, je
connaissais la réponse et je lui ai donné personnellement la
réponse que vous avez rendue publique, conscient que le premier ministre
n'essayait pas de négocier, mais essayait d'obtenir, pour le
bénéfice des membres de cette assemblée, que vous ayez des
doutes dans l'esprit, quant à consentir autant et même plus au
front commun que ce que vous avez accordé aux chauffeurs et aux
opérateurs de métro.
Ceci dit, je voudrais savoir si c'est vrai que cette allusion a
été faite au cours des séances de médiation.
M. Hanigan: M. le Président, ce n'est pas la seule fausse
affirmation qu'a faite M. Pepin pendant son intervention tantôt. Je
voudrais avoir le droit d'en rectifier une également.
La commission de transport n'a pris aucun engagement vis-à-vis
d'un ou d'autres syndicats, dans le sens qui a été mis de l'avant
tout à l'heure par M. Pepin.
Il y a également une autre correction que je voudrais apporter,
c'est en réponse aux questions du député d'Iberville. M.
Pepin a dit que je m'étais rectifié lors d'une intermission.
C'est faux. Les documents que nous avons déposés la semaine
dernière indiquent bien que le 9 décembre, nous avons
invité les employés de service et d'entretien à produire
des demandes. Nous n'avons reçu aucune réponse. Le 15 avril, nous
avons envoyé une nouvelle lettre et, le 17 avril c'est
peut-être ce que j'avais omis tout à l'heure, mais je l'avais dit
la semaine dernière M. Beaudoin, lors d'un appel
téléphonique, a indiqué que le document serait
déposé vers la fin d'avril. Nous l'avons reçu le 12 mai.
Je tiens à ce que ce soit bien noté, que je n'ai rien
retiré de ce que j'ai avancé la semaine dernière lors de
conversations avec M. Pepin.
Maintenant, on a parlé tantôt de demande de conciliation,
que c'était la commission de transport qui avait demandé la
conciliation; c'est vrai. C'était devant l'impasse vers laquelle nous
nous dirigions, il était évident que les négociations
directes ne menaient nulle part. Nous avons donc demandé au ministre du
Travail de nommer un
conciliateur, ce qui semble avoir ennuyé le syndicat dans sa
stratégie.
Le Président (M. Séguin): M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): J'aurais une deuxième
question à vous poser. Est-ce que vous pourriez, toujours pour le
bénéfice des membres de la commission parce que
quelques-uns se sont informés à moi nous dire s'il y a une
raison particulière pour laquelle la convention collective avec les
chauffeurs et les opérateurs de métro n'ait pas encore
été signée?
M. Guilbault: Nous sommes à la rédiger
actuellement. Vous comprendrez...
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas de raison principale?
C'est votre occupation à l'autre table qui vous en a
empêché.
M. Guilbault: Justement. Depuis quinze jours, nous sommes
continuellement en négociation avec l'autre...
M. Harvey (Jonquière): Je vous remercie.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Burns: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. Hanigan, je viens de vous entendre dire qu'il n'y
avait pas d'entente avec quelque autre syndicat relativement à ce qui
devrait être offert ou non offert au front commun syndical actuellement
en négociation avec vous.
Est-ce qu'on est en droit, nous, à ce moment-là, de
comprendre de votre réponse qu'il n'y a aucun blocage psychologique,
financier, administratif ou autre dans la présente négociation,
quant au fait que l'offre de la commission de transport soit moindre, autant ou
plus au front commun syndical?
M. Hanigan: M. le Président, chaque convention collective
doit être négociée à son mérite. Ce n'est pas
parce qu'il y a une convention collective ou une entente qui est intervenue
avec les chauffeurs que l'on doit modifier notre attitude dans la
négociation actuelle.
M. Burns: Alors, votre attitude est complètement
libérée, si je peux dire, dans la présente
négociation?
M. Hanigan: C'est exact.
M. Burns: Peu importe le contrat qui a été
négocié, ou les contrats qui ont été
négociés ailleurs?
M. Hanigan: Nous avons l'obligation de traiter justement nos
employés et également de bien administrer les fonds publics.
M. Burns: D'accord. Deuxième question, M. Hanigan.
Simplement sur la situation de fait actuellement à Montréal. On
apprend qu'un arrêt de travail serait commencé chez les
employés d'entretien, de bureau et chez les caissiers, depuis trois
heures, si je ne me trompe.
Qu'est-ce que cela veut dire au point de vue de la continuation du
service? Au moment où on se parle, à 17 h 25, est-ce que les
autobus, le métro roulent encore à Montréal?
M. Hanigan: La grève a été
déclenchée à trois heures par le syndicat de l'entretien.
Quant aux deux autres, je n'ai pas les informations précises. Dès
3 heures 15, le métro a cessé de fonctionner, car nous croyons
qu'il ne serait pas sécuritaire de maintenir le métro en
activité. Dès 3 heures 15, le fonctionnement du métro a
cessé.
M. Burns: Excusez-moi, M. Hanigan. Pour le métro,
pourriez-vous préciser quelle est la raison pour laquelle vous le
retirez du service immédiatement, dès qu'il n'y a plus
d'employés d'entretien?
M. Hanigan: II y a des électriciens et d'autres hommes de
métier qui sont absolument indispensables pour la bonne marche du
métro.
M. Burns: Le système de pompage y est-il pour quelque
chose aussi...
M. Hanigan: En partie.
M. Burns: ... en ce qui concerne l'inflation d'eau possible?
M. Hanigan: En partie. Quant à la situation qui existe
présentement, les autobus qui étaient sur la route, qui
étaient sortis des garages avant de déclenchement de la
grève, sont, pour la plupart, encore en marche, mais ils sont
présentement sous le coup d'un rappel aux garages pour sept heures, ce
soir.
Nous avons, avec difficulté, réussi à sortir un
certain nombre d'autobus pour l'heure de pointe. Nous avons pu convaincre
certains dirigeants de piquets de grève de laisser sortir un certain
nombre d'autobus pour pouvoir ramener chez eux un grand nombre
d'écoliers qui sont transportés régulièrement. Ce
sont des autobus nolisés par la commission des écoles pour faire
le transport des écoliers. Nous réussissons à pouvoir
ramener chez eux une bonne partie de ces écoliers, mais pas tous.
Nous n'avons pas, sauf pour les autobus nolisés pour le transport
d'écoliers, pu sortir ce soir ou cet après-midi le nombre
d'autobus prévu pour assurer tout le service à l'heure de pointe.
Mais les autobus qui étaient déjà sur la route continuent
le service jusqu'à sept heures, ce soir.
M. Burns: On peut dire, M. Hanigan, si quelqu'un a jamais
déclaré cela, que c'était de la pure et simple
démagogie de dire que les écoliers et les travailleurs restaient
pris au coin des rues, cet après-midi.
M. Hanigan: A l'heure de pointe du soir, nous avons 1,600 autobus
dont nous avons besoin, en plus de 345 wagons de métro en marche. Il est
fort probable qu'à l'heure de pointe, ce soir, il n'y ait eu que 500
autobus en marche. On peut un peu s'imaginer ce qui...
M. Burns: Je ne vous demande pas de qualifier de
démagogiques certaines déclarations; vous n'êtes pas en
mesure, vous-même, vous qui vous y connaissez probablement plus que
n'importe qui ici, de dire quelle est la situation. J'entendais le ministre du
Travail qui me soufflait à l'oreille, pendant que vous me
répondiez, qu'on va le savoir ce soir, que les personnes qui ont fait
ces déclarations risquent fort bien de les avoir faites sur un ton
très démagogique.
M. Harvey (Jonquière): Non, ce n'est pas ce que j'ai
dit.
M. Burns: C'est ce que je dis.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement. Quand vous dites que le ministre vous a soufflé
à l'oreille... J'ai dit: On va savoir... Je répète ce que
je vous ai soufflé à l'oreille, non seulement pour le
bénéfice des membres de cette Chambre, mais de tous les gens ici,
y compris la presse...
M. Burns: Je voulais que vous le souffliez dans le micro.
M. Harvey (Jonquière): Je vous ai dit qu'on
connaîtra exactement, ce soir, tard, quels auront été les
résultats désastreux survenus à cause d'un arrêt de
travail, cet après-midi à trois heures.
M. Burns: Le premier ministre ne le savait pas plus que moi, pas
plus que M. Hanigan et vous.
M. Harvey (Jonquière): II connaît passablement plus
Montréal que moi.
M. Burns: Mon Dieu! C'est bien cela.
Une dernière question, M. Hanigan. On a porté à ma
connaissance une déclaration qu'on vous impute, je ne sais pas si elle
est exacte, mais en tout cas, je vous offre l'occasion de la commenter ou de la
renier, si elle n'est pas exacte, à l'effet que dans le courant de la
semaine, pendant cette espèce de moratoire, sans qu'il ne soit purement
officiel, mais de par l'engagement presque clair de votre part, presque absolu
de la part de M. Pepin, lorsqu'il disait: On va la regarder de très
près. Je pense que tout le monde en commission comprenait et savait lire
entre les lignes, savoir que M. Pepin, à ce moment, déploierait
les efforts pour qu'il n'y ait pas de grève avant aujourd'hui... On vous
impute une certaine déclaration à l'effet que, si les syndicats
ne veulent pas se rendre à une certaine forme de négociation qui
serait celle que vous auriez décidée, il serait aussi bien de
faire la grève tout de suite plutôt que d'attendre à la
date d'aujourd'hui. Est-ce exact? Je vous pose la question.
M. Hanigan: Je n'ai pas vu cette déclaration ayant
été en dehors du pays pour deux jours; mais si elle a
été écrite, elle est fausse. Je n'ai pas, en aucun moment,
fait de telles affirmations.
M. Burns: Vous me dites que cela n'a pas été fait.
En tout cas, apparemment... je n'ai pas le document ici. Mais les journaux de
cette semaine le laissaient entendre. C'est peut-être une
interprétation aussi de...
M. Hanigan: Cela n'a pas été fait, je donne ma
parole.
M. Burns: Bon. Dernière question, M. Hanigan. Est-ce que,
dans le passé, il n'y a pas eu une grève des employés
d'entretien, en particulier? Je ne sais pas si cela concernait les caissiers et
les employés de bureau en même temps. En tout cas, il semble que
ce sont plutôt les gens d'entretien qui, par leur retrait, visent le
service du transport, alors qu'évidemment, il peut peut-être y
avoir d'autres embêtements je suis convaincu par le retrait
des deux autres groupes, mais je pense que vous citiez les électriciens,
le système de pompage dans le métro, etc... Est-ce qu'il n'y a
pas eu d'autres cas, dans le passé, où il y a eu grève
dans le domaine de l'entretien et où les autobus ont continué
à rouler?
M. Hanigan: Oui, c'est exact. Il y a eu grève l'an
dernier. Nous avons maintenu un service partiel durant la majeure partie de cet
arrêt de travail. La situation était différente. D'abord,
l'arrêt de travail, ou la grève, a commencé au mois
d'août. A ce temps de l'année, même à l'heure de
pointe, nous employons 1300 autobus, alors que, dès qu'arrive la
cédule d'automne, au lendemain de la fête du travail, nous devons
avoir en service 1800 autobus. Sans entretien, il y a un certain nombre
d'autobus chaque jour qui tombent ou qui ont besoin de réparations.
Lorsque l'arrêt de travail est survenu au mois d'août l'an dernier,
nous avions une réserve de quelque 500 autobus dans laquelle nous
pouvions puiser pour remplacer les autobus qui étaient
défectueux. De plus, il n'y avait pas grève, à ce moment,
des caissiers et des employés de bureau. Il y a des fonctions qui ont
été effectuées à ce moment par des
contremaîtres et des employés-cadres pour maintenir le plus grand
nombre d'autobus possible en service; ce qui n'est pas le cas cette
année.
Cette année, les employés de bureau étant en
grève et les caissiers également, le réseau de transport
étant un réseau complet, il n'est absolument pas possible,
même si nous le désirerions, de pouvoir maintenir le service
complet. Je ne vais citer qu'un seul exemple, ou deux, peut-être. Les
cais-
siers sont ceux qui sont chargés de la distribution des
"tickets". Alors, sans caissiers, la distribution ou la vente des "tickets"
doit cesser. Les caissiers sont également ceux qui sont chargés
de tirer les boîtes. Ce qu'on appelle tirer les boîtes, c'est
enlever la boîte de perception de l'autobus et la remiser pour que,
ensuite, elle soit dirigée vers la trésorerie. Sans les
caissiers, il n'y a pas le personnel nécessaire pour tirer les
boîtes. Sans les employés de bureau, nous ne pouvons pas faire les
feuilles de temps, nous ne pouvons pas préparer la paie. Egalement, les
employés de bureau qui travaillent à la trésorerie sont
ceux qui sont chargés de vider les boîtes de perception et voir
à ce qu'elles retournent dans les divisions pour qu'elles soient de
nouveau mises en place le jour suivant.
Comme cette opération ne peut se faire sans les employés
de bureau, au bout de 24 heures il n'y aurait plus de boîtes de
perception de disponibles.
M. Burns: Merci, M. Hanigan.
M. Roy: Ce que j'aimerais savoir, à ce moment-ci, si on me
permet une question M. le Président...
Le Président (M. Séguin): ... en plus de cela, le
député de Jacques-Cartier.
M. Roy: ... vous avez parlé d'une réserve de 500
autobus que vous aviez l'an dernier, si j'ai bien compris. Cette année,
cette réserve s'évalue à combien d'autobus?
M. Hanigan: A zéro, parce qu'au cours de la période
d'été, comme il n'y a pas d'écoliers, c'est la
période des vacances, aux heures de pointe, nous utilisons 1,300
autobus. Mais dès qu'arrive l'horaire d'automne et d'hiver, nous
utilisons, à l'heure de pointe du matin particulièrement, la
flotte au complet. Il n'y a pas de réserve à ce moment.
M. Roy: Cela veut dire qu'aujourd'hui, pour revenir à la
deuxième question, vous aviez, à peu près, à partir
de 3 heures, 3 h 30, cet après-midi, 500 autobus sur le réseau,
alors que vous avez 1,800 autobus. Les 1,300 autobus qui n'ont pas
fonctionné, est-ce parce qu'ils étaient remisés dans les
garages et que les piquets de grève les ont empêchés de
sortir, ou s'il y avait des autobus qui auraient pu circuler cet
après-midi, et que la seule raison pour laquelle ils ne l'ont pas fait,
c'est à cause des difficultés que vous avez au niveau de la vente
des billets et de la récupération des billets ou de la monnaie
dans les boîtes?
M. Hanigan: Tout d'abord, M. le Président, il est sorti,
comme je l'ai dit tantôt, un certain nombre d'autobus. Je n'ai pas le
nombre exact, mais on a laissé sortir un certain nombre d'autobus pour
le transport écolier, cet après-midi. Il y avait probablement
dans les rues un peu plus de 500 autobus.
On nous a rapporté effectivement que, dans trois garages, entre
autres, on peut toujours appeler cela sabotage il y a des
dégâts qui ont été causés à des
véhicules. Il y a eu de l'intimidation qui nous a été
rapportée contre les chauffeurs et contre, particulièrement, les
contremaîtres qui, l'an dernier, avaient fait, à notre demande, du
travail qui est normalement fait par les hommes de l'entretien. Ils ont
été et ils sont, effectivement, encore cet après-midi, de
la part de certaines personnes, victimes de menaces et d'intimidation. Nous
croyons que dans de telles circonstances, il ne serait pas souhaitable de ne
pas prévenir un affrontement entre divers groupes de travailleurs, ce
que nous craignons.
M. Roy: Quand vous dites qu'il y a eu des affrontements cet
après-midi dans différents garages...
M. Hanigan: II y a eu du vandalisme... M. Roy: Cet
après-midi? M. Hanigan: Cet après-midi. M. Roy:
Depuis 3 heures?
M. Hanigan: Depuis 3 heures.
M. Roy: Et vous étiez, comme nous, ici, à la
commission parlementaire. Vous avez reçu un rapport verbal, un rapport
écrit de cela?
M. Hanigan: J'ai eu deux conversations
téléphoniques avec le directeur du transport depuis mon
arrivée à Québec.
M. Roy: Merci!
Le Président (M. Séguin): Le député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II y a un moyen très simple de
résoudre la grève. Ce serait simplement de donner aux syndicats
ce qu'ils veulent bien avoir. Si vous vous rendiez aux demandes des syndicats,
quelles sommes en plus cela coûterait-il à la commission? Vous
avez fait les calculs, je suppose?
M. Hanigan: Oui. Nous avons déposé ce document la
semaine dernière.
M. Saint-Germain: Je regrette...
M. Hanigan: Nous avions évalué, à ce moment,
les clauses qu'il était possible d'évaluer, et cela
représentait un coût à la commission de $17 millions pour
une période d'un an seulement.
M. Saint-Germain: C'est sur un...
M. Hanigan: Je pense que le député de
Jacques-Cartier n'était pas présent. Nous pourrions
peut-être...
M. Saint-Germain: Non, je n'y étais pas.
M. Hanigan: ... si nous avons une copie additionnelle du
document, lui en présenter une copie.
M. Saint-Germain: Merci!
Le Président (M. Séguin): Merci! Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai plus d'autres questions
à M. Hanigan.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Hanigan. M.
Burns: M. le Président...
Motion demandant la poursuite de la
médiation
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, on pourrait
revenir à la motion qu'on avait suspendue, la motion du
député de Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: D'accord! Cette motion... Merci au ministre du
Travail.
A ce moment-ci, à moins que le ministre du Travail ou les autres
membres de la commission m'indiquent que la deuxième partie serait
inopportune, je pense qu'elle n'a pas à être mise de
côté, puisque là-bas tout à l'heure, lorsque j'ai
fait cette motion, je ne voulais pas qu'elle apparaisse je veux
simplement m'expliquer là-dessus comme un blocage des travaux de
la commission.
Maintenant, si la commission cesse ses travaux, évidemment, il y
aura une logique normale qui devra s'insérer entre la première
partie et la deuxième partie de ma résolution, à savoir le
souhait de continuation du mandat de M. Pilotte, d'une part, et d'autre part,
une date où on pourra véritablement prendre connaissance du
travail effectué par le médiateur et par les parties, de sorte
que je formule au complet ma proposition qui est la suivante: Je propose que la
commission parlementaire souhaite que le mandat de M. Roger Pi-lotte soit
maintenu jusqu'au 25 septembre 1975 à quinze heures et ajourne ses
travaux à cette date pour recevoir le rapport de M. Pilotte relativement
à l'évolution des négociations.
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve est au courant qu'un des membres de cette Chambre... et
probablement qu'on entendra les autres sur la même question, pour la
deuxième partie. La date du 25 est une date, dans notre esprit,
très éloignée et, en raison de ce qui s'est produit cet
après-midi, ce qui se produit présentement, je pense que la date
du 25 ne conviendrait pas à la majorité des membres. Je pense que
le député de Portneuf aura à parler là-dessus pour
une modification quant à la date et je ne sais pas si c'est le
même texte qu'il avait, mais il se proposait d'apporter un amendement
à la proposition du député de Maisonneuve.
J'aimerais mieux demander au député de Portneuf s'il a la
même phraséologie que votre proposition et que, si c'est
uniquement le 23 au lieu du 25, peut-être que le député de
Maisonneuve consentirait à modifier la date. Mais j'aimerais mieux
entendre le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Effectivement, je
voudrais demander la parole à...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît. Je ne peux pas recevoir, à ce moment-ci, une nouvelle
motion. Je peux recevoir...
M. Pagé: ... un amendement.
Le Président (M. Séguin): ... un amendement.
Oui.
M. Pagé: Je peux prendre la parole... Le Président
(M. Séguin): C'est cela.
M. Pagé: ... sur la motion telle que formulée par
le député de Maisonneuve et telle que j'entendais la prendre
à la suite de la proposition qu'il a faite avant qu'on écoute les
parties tout à l'heure.
Je conviens que la première partie de la proposition
formulée par le député de Maisonneuve est tout à
fait louable, qu'il y ait un voeu de formulé de la part de la commission
pour que les deux parties puissent retourner en médiation dans les plus
brefs délais.
Cependant, compte tenu du rapport qui a été
déposé cet après-midi par le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, sous la signature d'un document qui lui a été
fourni par M. Roger Pilotte, médiateur nommé à la suite de
la séance de cette commission vendredi dernier, considérant,
dis-je bien, qu'à l'intérieur de ce rapport, M. Pilotte indique
que les négociations se sont poursuivies dans un climat de bonne foi et
de sérénité, sérénité qui a
été démontrée par les parties et que, même,
si j'ai bien compris, à l'intérieur du document fourni par M.
Pilotte, il y avait un commentaire selon lequel la médiation et les
négociations allaient bon train et que peut-être que, s'il y avait
eu un délai plus long, les parties auraient pu cerner plus de
problèmes que ceux qu'elles avaient cernés à trois heures
cet après-midi.
Je conviens avec beaucoup de membres de cette commission et la
totalité des membres de cette commission que cet arrêt de travail
est un arrêt de travail légal effectivement, l'arrêt
de travail est légal mais combien dommageable pour les milliers
d'usagers, pour les étudiants, les Montréalais en
général et aussi les travailleurs eux-mêmes qui sont dans
le conflit, car c'est un arrêt de travail.
Pour tous ces motifs, et aussi vu l'urgence de la situation qui
prévaut actuellement, je crois qu'il serait peut-être plus
opportun et c'est le sens de l'amendement que je tiens à formuler
à cette commission que le rapport de médiation
présenté par M. Roger Pilotte soit présenté
à cette commission mardi prochain, le 23 septembre, et
que ce rapport soit un rapport final. Pour ces motifs, M. le
Président, je me permets de donner une nouvelle formulation à la
proposition présentée et mise sur la table pour étude par
la commission par le député de Maisonneuve et je la verrais dans
les termes suivants: Je propose donc que le médiateur, M. Roger Pilotte,
convoque les parties patronale et syndicale et que la médiation continue
immédiatement après l'ajournement de cette commission au mardi 23
septembre 1975 à 15 heures, où le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre devra faire connaître aux membres de cette commission le
rapport final du médiateur. C'est le sens de l'amendement que je formule
à la proposition...
M. Burns: Je n'ai pas compris que c'était un amendement,
j'ai compris que c'était une autre motion que vous faisiez. Il y a
moyen...
M. Pagé: Dans votre première partie, quitte
à ce que...
M. Burns: Si je comprends bien, la première partie de ma
motion ne vous déplaît pas, sinon la date du 25 qui, dans votre
esprit, devrait être changée pour 23.
M. Pagé: C'est cela, et que le rapport devrait être
un rapport final.
M. Burns: D'accord, je n'ai pas d'objection à cela.
J'avais pensé à une semaine, étant donné que, si je
ne me trompe pas, c'est bien six jours de médiation depuis vendredi
dernier, ou samedi matin dernier, à aller jusqu'à hier soir. Cela
donne moins de six jours. Durant cette période, on a réussi
à régler 31 des 152 clauses qui restaient en suspens. Ce
n'était pas exagéré de penser à laisser au
médiateur une autre semaine. Si on pense que tout peut être
réglé d'ici le 23 et que cela a des chances d'être
réglé d'ici le 23, tant mieux. Je n'ai pas d'objection. C'est une
question de modalité.
M. Pagé: Si le député de Maisonneuve me
permet, peut-être que j'aurais dû poser la question tout à
l'heure, au cours de la partie de la séance où il nous
était permis d'adresser des questions tant à la partie syndicale
qu'à la partie patronale, mais je crois que, si mes informations sont
fondées, je dis bien si mes informations sont fondées, parce que
je ne l'ai pas demandé publiquement, le temps où il y aurait
vraiment eu de la négociation depuis une semaine, en termes d'heures et
de minutes, aurait été assez bref, même si cela a
duré six jours, mes informations sont fondées. Compte tenu de
l'urgence de la situation, compte tenu des différents motifs qu'on
invoque au soutien du dépôt de l'amendement, je crois que les
parties peuvent commencer à négocier immédiatement et
peuvent faire un genre de ronde intensive.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, en ce
qui me concerne. Je ne ferai pas un long débat là-dessus. Je n'ai
pas d'objection à être en faveur de la motion d'amendement du
député de Portneuf, même à l'incorporer dans ma
proposition.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que les deux
parties ou mieux les deux députés qui ont parlé sur
la motion, soit le proposeur et le député de Portneuf qui propose
un amendement pourraient s'entendre dans une couple de minutes sur le
contenu juste et exact de la motion et elle sera présentée par le
député de Maisonneuve.
M. Pagé: Je ne sais pas si j'ai bien compris. J'ai cru
comprendre que le député de Maisonneuve acceptait le texte tel
que présenté dans mon amendement?
M. Burns: Non, parce que le vôtre ne respecte pas le sens
qui est donné à la médiation, je pense. La commission n'a
pas d'ordre à donner aux parties. Heureusement, les deux parties nous
ont dit, à la suite de questions de membres de la commission, qu'elles
étaient prêtes à reprendre une médiation avec M.
Pilotte. Je pense que ça revient au ministre du Travail, c'est une
indication qu'on lui donne, en émettant ce voeu. C'est pour ça
que ma motion dit: Souhaite que la médiation. J'imagine que le ministre
du Travail va se plier au voeu de la commission, mais il aura toujours,
techniquement, le droit de ne pas s'y plier.
M. Pagé: D'accord. Là-dessus, j'abonde dans le
même sens que vous. On peut donner suite à...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce qu'en suspendant les travaux
pour deux ou trois minutes, il n'y aurait pas moyen de s'entendre, le
député de Portneuf et le député de Maisonneuve?
C'est bien sûr que la commission va formuler un souhait dans la
résolution qui, j'espère, va être adoptée à
l'unanimité ici, cet après-midi. Parce que la commission n'a pas
à donner d'ordre aux parties, mais à formuler un voeu, tout en
ayant formulé un qui a été respecté vendredi
dernier, pour ramener les parties à la table. Est-ce qu'on pourrait
suspendre les travaux pour quelques minutes?
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Le député
d'Iberville a exprimé le désir de parler.
M. Tremblay: M. le Président, est-ce qu'il est opportun
d'apporter un autre amendement à la proposition? Après?
Le Président (M. Séguin): Comme c'est là,
j'ai une motion, j'ai un amendement, il semble y avoir accord entre les deux
pour regrouper ces deux motions...
M. Harvey (Jonquière): II pourra y avoir d'autres
propositions.
Le Président (M. Séguin): ... et nous verrons si
les motions qu'ils nous présenteront seront ac-
ceptables par la commission. Si elles vous sont acceptables, il n'y a
pas nécessité d'amendement. Si elles sont encore à
amender, vous apporterez votre amendement.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, est-ce que
je pourrais faire remarquer au député d'Iberville qu'il lui sera
toujours loisible de présenter n'importe quel voeu formulé par la
commission par la suite qui ne contient pas la phraséologie de la
première motion. On peut revenir avec un deuxième voeu, un
troisième voeu, je n'ai pas d'objection à ça.
M. Tremblay: D'accord.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux à loisir, pour quelques minutes seulement.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
Reprise de la séance à 18 heures
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Avec cette composition
conjointe, je me demande qui a la parole.
M. Burns: C'est quand même ma proposition, M. le
Président.
M. Pagé: C'est mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): C'est votre motion, le
député de Maisonneuve.
M. Harvey (Charlesbourg): Parlez-vous, les gars.
M. Burns: M. le Président, je pense que le
député de Portneuf et moi, nous nous sommes entendus sur un texte
qui incorpore son amendement. Le texte se lirait comme suit: "Je propose que la
commission parlementaire souhaite que le mandat de M. Roger Pilotte comme
médiateur soit maintenu, que la médiation entre les parties
reprenne immédiatement et que la commission parlementaire ajourne ses
travaux au 23 septembre 1975, à quinze heures, pour recevoir du ministre
du Travail et de la Main-d'oeuvre le rapport final du médiateur".
C'est, je pense, le texte sur lequel on s'est entendu.
M. Pagé: Effectivement, M. le Président. Suite
à l'amendement formulé et à la rencontre pour la nouvelle
formulation de la proposition telle que lue et citée par le
député de Maisonneuve, c'est effectivement le texte que,
conjointement, nous décidons de formuler et de présenter à
cette assemblée pour délibération.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que la commission
est prête à se prononcer?
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Sur la motion d'amendement proposée par
l'honorable député de Portneuf...
Le Président (M. Séguin): II n'y a qu'une seule
motion dans le moment...
M. Roy: Je comprends, mais je m'étais prononcé au
début de l'après-midi...
Le Président (M. Séguin): Ah! bon. D'accord.
M. Roy: ... sur la motion originale du député de
Maisonneuve. Je vais être très bref, M. le Président, je
n'ai pas l'intention d'abuser de mon droit de parole.
Je dois dire quand même que je m'interroge sur le fait qu'on
avance de deux jours le rapport du médiateur. D'un côté, on
a dit qu'il semblait y avoir on a semblé vouloir l'admettre un
peu des deux côtés, après avoir entendu les parties
il y aurait un minimum de bonne foi et qu'au cours de la dernière
semaine, il y a quand même un certain nombre de clauses... Je ne veux pas
revenir sur les commentaires qui ont été faits de part et
d'autre, mais il semblerait que cela pourrait aboutir éventuellement
à une négociation.
Cela veut dire que, si la motion du député de Portneuf est
adoptée, il reste quatre jours, en incluant dimanche. Ce qui me fait
poser davantage une question sur la motion du député de Portneuf,
c'est qu'il parle de rapport final. Après le rapport final, ce sera
quoi? Je me demande quel est le but réel visé par le
gouvernement. Je me demande si le but réel je me pose la
question; j'aurai probablement une réponse ne serait pas qu'on
vise une session spéciale avec une loi spéciale à court
terme. Je me pose la question, M. le Président, parce qu'il me semble
qu'il y a une stratégie qui est assez bien orchestrée de la part
des autorités gouvernementales à ce sujet. C'est tout ce que j'ai
à dire.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai quand même le
droit à un commentaire, suite aux commentaires formulés par le
député de Beauce-Sud. Je ne sais pas s'il était ici
tantôt, lorsque j'ai donné le préambule à la
proposition.
M. Harvey (Charlesbourg): Son corps était ici.
M. Pagé: Comme je l'ai souligné tout à
l'heure, c'est le cas qu'il y a eu une négociation, des séances
de médiation entre les deux parties. J'ai bien dit que, pendant ces six
jours, je présumais, si mes informations étaient fondées,
parce qu'on a omis de le demander aux deux parties lorsqu'elles ont bien voulu
se prêter à répondre à nos questions tout à
l'heure, que la période de temps, où il y aurait eu des
séances de négociation, des rencontres entre les parties avec
notre médiateur nommé vendredi dernier, se serait limitée
à environ cinq heures pendant les six derniers jours.
Compte tenu de l'urgence de la situation telle qu'elle a
été exposée par, je crois, l'ensemble des membres de la
commission, cet après-midi tout le monde était unanime
là-dessus je demandais à la commission de recevoir cet
amendement dans le but d'accélérer le processus de
médiation.
Pour ce qui est de la dernière partie soulevée par le
député de Beauce-Sud, lorsque celui-ci a abordé... Je
constate et je pense que tout le monde sera à même de le
constater, à la lecture du journal des Débats que le
député de Beauce-Sud est le premier à parler de loi
spéciale. Si le député de Beauce-Sud je vous prie
de me laisser parler, je vous en prie; je vous ai écouté
tantôt croit qu'en parlant de loi spéciale cela peut
accélérer le débat, c'est son affaire, mais, chez nous, on
n'en parle pas.
M. Roy: M. le Président, je veux quand même
rectifier. J'ai dit que je me posais une question sur le but réel
visé par le gouvernement. Je n'ai pas à revenir
là-dessus.
M. Pagé: Vous avez le droit de vous poser toutes les
questions que vous jugez opportunes, mais je ne m'explique pas comment le
député de Beauce-Sud peut apporter des questions de loi
spéciale. Je ne sais pas s'il veut faire peur aux parties ou quoi que ce
soit. Je pense que ce n'est pas le sujet du débat actuel. Le sujet,
c'est la proposition telle que formulée. Vous avez fait vos
commentaires. Dites si vous êtes pour ou si vous êtes contre.
M. Roy: Je vous connais.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je
comprends le député de Beauce-Sud de se poser des questions. Il
s'en pose sur d'autres sujets depuis très longtemps. D'ailleurs, le
député de Maisonneuve a très bien indiqué je
l'avais fait également à plusieurs reprises que, vendredi
dernier, la commission s'est ajournée à aujourd'hui en exprimant
un voeu.
J'ai lu le rapport Pilotte et je pense que, si le rapport Pilotte avait
contenu des faussetés, il y avait assez de grands garçons de
l'autre côté de la barre pour être capables de nier ou de
demander des modifications au rapport Pilotte. La résolution du
député de Maisonneuve est à l'effet de permettre à
la commission d'exprimer un autre voeu, unanime ou avec votre dissidence, pour
obtenir des résultats et surtout un rapport qui sera final, quitte
mardi, si on a un rapport du médiateur, à exprimer d'autres
voeux. C'est le rôle d'une commission parlementaire et c'est comme cela
que je le conçois; le député de Maisonneuve
également. Si le député de Beauce conçoit mal le
rôle d'une commission parlementaire, fait des déductions sur les
intentions du gouvernement, à lui de continuer de se poser des
questions.
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): Le vote. Ceux qui sont en
faveur de la motion. Il y a une motion, en réalité, et retrait,
si je comprends bien, de la motion originale du député de
Maisonneuve, ainsi que de l'amendement proposé par le
député de Portneuf. Ils ont consenti à rédiger
ensemble une nouvelle motion. Donc, c'est sur la motion. Pour ou contre la
motion. M. Bellemare (Johnson)? M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget)?
M. Boudreault: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Léger
(Lafontaine)? M. Mercier (Bellechasse)?
M. Mercier: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Carpentier
(Laviolette)?
M. Carpentier: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Tremblay
(Iberville)?
M. Tremblay: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Abstention.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa (Mercier)? La
motion est adoptée. Si la commission...
M. Burns: M. le Président, c'est une motion
d'ajournement.
M. Pagé: Non, c'est un souhait. Relisez le texte de la
proposition et c'est un souhait.
M. Burns: C'est une motion d'ajournement. M. Pagé:
Non, c'est une proposition...
M. Burns: Au début, c'était un souhait, mais le
reste, c'est une motion d'ajournement.
M. Pagé: C'est un souhait. Parce que je savais... Ecoutez!
M. le Président, je savais pertinemment que, même formulé
avant le dépôt...
M. Burns: "et que la commission ajourne ses travaux".
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement. Si le député de Maisonneuve veut
écouter, il pourra prendre la parole tout de suite après.
M. Burns: On n'a plus de droit de siéger. Nous avons
nous-mêmes ajourné nos travaux à la semaine prochaine.
M. Pagé: M. le Président, si vous voulez relire le
texte exact de la proposition. Il est bien dit que la commission souhaite que,
exprime le voeu que, et qu'elle s'ajourne dans le même sens.
M. Burns: "Que la commission ajourne ses travaux". C'est quoi,
sinon une motion d'ajournement? Ce n'est pas ce qu'on fait ici.
M. Pagé: Prenez le premier mot de la phraséologie
initiale et lisez toute la proposition.
M. Burns: On fait deux souhaits dans cette motion, et il y a une
motion d'ajournement. C'est ça.
M. Pagé: "La commission parlementaire souhaite que..."
M. Burns: II y a deux souhaits.
M. Pagé: ... "et que..." "Souhaite que",
premièrement le mandat, "et que la commission..." "La commission
parlementaire souhaite que le mandat soit renouvelé, etc...
M. Burns: "Et qu'elle ajourne ses travaux. "
M. Pagé: ... et la commission souhaite, à nouveau,
que la commission ajourne ses travaux à mardi.
M. Burns: Bien, moi, je comprends cela comme une motion
d'ajournement, parce...
M. Pagé: On pourrait faire de l'interprétation
juridique tout l'après-midi.
M. Burns: ... qu'on n'est pas une commission parlementaire qui
exprime son souhait d'ajourner, ses travaux parce qu'elle a le pouvoir de le
faire. Mais pour les autres affaires, on n'a pas le pouvoir de le faire. On n'a
pas le pouvoir de dire au ministre: Vous allez nommer M. Pilotte comme
médiateur. C'est pour cela que cette partie est un voeu, mais la partie
qui n'est pas un voeu, c'est la partie qui relève de nos pouvoirs,
c'est-à-dire d'ajourner nos travaux. Sans cela, que veux-tu, on va
rester ici encore pendant trois semaines jusqu'à ce qu'on trouve qui a
le pouvoir d'arrêter, de souhaiter qu'on s'en aille.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, sur la
motion d'ajournement, vous vous souvenez que, pour éviter de perdre du
temps, parce que moi, je n'ai aucune objection à ce qu'on siège
de nouveau ce soir, pour économiser du temps, le député
d'Iberville a indiqué son intention d'apporter une modification. Je
regardais précisément le député de Maisonneuve. Il
voulait être l'auteur, il avait été l'auteur d'une
proposition à la commission, il avait consenti à la retarder. Le
fruit d'une rencontre de deux minutes fut de fondre deux résolutions en
une. Or, j'ai indiqué au député d'Iberville et aux autres
membres qu'ils pourraient très bien, par la suite, faire en sorte que la
commission exprime un ou d'autres voeux.
M. Burns: J'invoque le règlement. C'est une motion
d'ajournement.
M. Harvey (Jonquière): ... sur la motion d'ajournement, la
deuxième partie...
Le Président (M. Séguin): Je viens de relire pour
la deuxième fois, après l'avoir entendue, la motion qui a
été adoptée par la commission. Je juge, à ce
moment-ci c'est une mauvaise expression, peut-être que
cette motion contient une motion d'ajournement en ces termes très
clairs: Que la commission ajourne ses travaux au... Donc, c'est une motion
d'ajournement.
M. Burns: C'est ça.
(Fin de la séance à 18 h 12)