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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et
de l'immigration
Etude des raisons motivant l'impossibilité de
parvenir
à une entente relativement
aux modifications à apporter au décret
concernant
l'industrie de la construction
Séance du mardi 27 avril 1976
(Seize heures quarante minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
J'aimerais annoncer que la commission va retarder le début de ses
travaux de quelques minutes pour attendre les représentants de
l'Opposition.
A l'ordre, messieurs! J'aimerais rappeler qu'aux commissions
parlementaires, les manifestations ne sont pas permises.
M. Samson: M. le Président, de telles manifestations, ils
peuvent en faire!
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs! La
commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration se
réunit aujourd'hui pour étudier les raisons qui empêchent
une entente concernant les modifications à apporter au décret de
l'industrie de la construction.
Si vous me le permettez, je vais lire le mandat de la commission dans
son texte intégral: "La commission parlementaire du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration se réunira mardi, le 27 avril 1976,
après la période des affaires courantes, soit vers 16 heures, au
salon rouge, aux fins d'entendre l'association d'employeurs, soit l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec, et l'association de
salariés représentative à un degré de plus de 50%,
soit le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction, quant aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir
à une entente relativement aux modifications à apporter au
décret concernant l'industrie de la construction".
Avant de céder la parole au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, j'aimerais, premièrement, mentionner deux changements
à la liste des membres réguliers de la commission: M.
Bédard (Montmorency) remplace M. Boudreault (Bourget); M.
Côté (Matane) remplace M. Pagé (Portneuf).
Il y aurait aussi lieu de nommer un rapporteur de la commission.
Pourrais-je suggérer M. Malé-part comme rapporteur de la
commission? Est-ce agréé par les membres?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Cornellier): Alors, M. Malé-part
(Sainte-Marie)...
M. Burns: D'accord. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Cornellier): Alors, je cède
maintenant la parole à l'honorable ministre du Travail.
Question de règlement
M. Burns: M. le Président, sur une question de
règlement. Je m'excuse auprès du ministre du Travail, de
l'interrompre, avant son exposé initial, mais, je pense qu'il y a quand
même quelque chose à clarifier quant à la convocation de
cette commission parlementaire.
J'ose prétendre, en toute humilité, d'ailleurs et sans
vouloir en imposer à la commission, que la commission, dans le cadre de
la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la construction et,
plus particulièrement, quant à son amendement qui a
été adopté le 24 décembre 1974, celui en vertu
duquel nous sommes appelés à siéger aujourd'hui, que cette
convocation, dis-je, est irrégulière. C'est-à-dire que la
commission parlementaire, convoquée aujourd'hui, siège sans aucun
droit en vertu de la loi. Je me réfère, M. le Président,
entre autres, à l'avis que vous avez lu, tout à l'heure, qui est
daté du 26 avril 1976, c'est-à-dire d'hier, dont j'ai reçu
copie, par voie de télégramme, personnellement hier. Je
m'attache, plus particulièrement, aux quatre dernières lignes et
demie, ou à peu près, de cet avis, lorsqu'on dit: Qu'aux fins
d'entendre l'association, l'employeur je pense qu'il n'y a pas de
problème de ce côté c'est-à-dire, les
entrepreneurs en construction du Québec et l'Association des
salariés, représentative à un degré de plus de
50%, là on continue soit le Conseil provincial...
Je pense bien qu'il n'y a pas de problème et ce n'est pas cela
qui est en discussion, que ce soit le Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction qui soit l'association représentative
au sens de la loi, c'est-à-dire, celle qui représente 50% et plus
des travailleurs. Ce point-là, j'espère que cela n'entrera pas
dans la discussion. Je n'ai pas du tout l'intention d'embarquer
là-dedans, parce qu'à mes yeux, c'est pas mal clair que c'est
cette association-là qui représente les 50% et plus.
Je me réfère, cependant, à la loi telle que
rédigée et, en particulier, à l'article 18, tel
qu'amendé le 24 décembre 1974, par le chapitre 38 de nos lois de
1974. Il y a un énoncé général, au début de
l'article 1 de cet amendement, qu'on retrouve à l'article 18 de la loi
telle que reformulée. Cet énoncé général
nous dit: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut aussi, sur la recommandation
du ministre, prolonger, abroger ou modifier le décret sans le
consentement des associations de salariés ou d'employeurs quand il est
d'avis que, dans l'intérêt public, cette solution est la seule qui
puisse rémédier à la situation existante. Il ne peut,
toutefois, modifier ainsi le décret sans que les associations
représentatives ne soient invitées à être entendues
devant la commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration, quant aux raisons motivant
l'impossibilité de parvenir à une entente relativement aux
modifications à apporter au décret.
Je n'ai pas l'intention d'entrer, à ce stade-ci, M. le
Président, dans le fond du sujet, je n'ai qu'à vous
référer au texte même de l'article 18. Je pense que
l'article 18 doit être lu au complet pour nous démontrer que les
parties comme quoi je ne veux pas revenir sur cet aspect les
parties syndicales qui, techniquement, ne sont pas représentatives au
sens de la loi, n'ont pas été invitées selon l'avis,
à moins que vous me disiez le contraire, qui nous a été
déposé. Je lis cet article 18 au complet. C'est là que
vous allez voir l'amendement du 24 décembre qui a été
ajouté à cet article 18. L'article 18 actuel se lit comme suit:
"Le lieutenant-gouverneur en conseil peut prolonger ou abroger le décret
avec le consentement de l'association d'employeurs et celui des associations de
salariés représentatives à un degré de plus de
50%."
Je vous prie, M. le Président, de remarquer les derniers mots de
cette phrase et vous allez voir que cela ne revient pas partout à tous
les paragraphes de l'article 18. Donc, je termine ce texte-là et je ne
le commenterai pas jusqu'à la fin. "Et celui des associations de
salariés représentatives à un degré de plus de
50%."
Deuxième alinéa: "II peut aussi, sur la recommandation du
ministre toujours le lieutenant-gouverneur en conseil modifier le
décret avec le consentement de l'association d'employeurs et celui des
associations de salariés représentatives à un degré
de plus de 50% et après publication d'un avis à cet effet dans la
Gazette officielle du Québec."
Troisième alinéa: "Les dispositions de l'article 17
s'appliquent au décret d'abrogation ou de modification, mais non au
décret de prolongation lequel entre en vigueur à compter de son
adoption, mais doit être publié sans délai dans la Gazette
officielle du Québec."
Je vous prie de porter attention aux deux autres alinéas ou
à l'alinéa qui vient.
Vous verrez la différence de désignation qu'on fait quant
aux associations de salariés. Je continue a citer le texte de l'article
18, quatrième alinéa: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
aussi, sur la recommandation du ministre, prolonger, abroger ou modifier le
décret sans le consentement de l'association d'employeurs ou des
associations de salariés je vous prie de remarquer qu'il n'est
pas question de 50% ou plus quand il est d'avis que, dans
l'intérêt public, cette solution est la seule qui puisse
remédier à la situation existante. Il ne peut toutefois modifier
ainsi le décret sans que ces associations ne soient invitées
à être entendues devant la commission parlementaire du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration, quant aux raisons motivant
l'imposibilité de parvenir à une entente relativement aux
conditions à apporter au décret."
Vous avez finalement un dernier alinéa qui, pour les fins de la
discussion, ne s'applique peut-être pas, mais je vais vous citer
intégralement l'article 18; "Toute décision adoptée en
vertu de l'ali- néa précédent est exécutoire pour
tous les employeurs et tous les salariés, à compter de la date
qui y est indiquée. Elle doit être publiée sans
délai dans la Gazette officielle du Québec."
Mon point de vue est que nous avons aujourd'hui une commission
parlementaire, personne ne saura le nier, qui siège en vertu des
dispositions de l'article 18. C'est à la suite, je présume, d'une
recommandation du ministre, du moins l'avis nous le laisse entendre, qui pense
qu'il ne pourra pas y avoir d'entente et qu'il devrait y avoir modification du
décret. Mais pour satisfaire à cette utilisation de l'article 18
sans le consentement des associations de salariés et d'employeurs, il
faut nécessairement qu'il y ait une commission parlementaire pour que
les parties concernées puissent venir nous dire quelles sont les raisons
qui motivent, comme le dit le texte, l'impossibilité de parvenir
à une entente.
Je prétends qu'on aurait dû inviter aussi les autres
associations de salariés qui représentent des travailleurs dans
le domaine de la construction, soit la CSN, la CSD et possiblement quelques
autres syndicats. En tout cas, je m'excuse auprès de ces syndicats, si
je les oublie, mais je pense qu'il y a un syndicat de Sept-lles qui a
été formé, en tout cas, qui n'est pas partie
représentative au décret, je l'admets. C'est pour cela que je ne
veux pas que cet aspect revienne.
Il n'y a aucune espèce de doute que c'est la FTQ qui est
représentative au décret, sauf que, de la façon que le
texte de l'article 18 est rédigé, on se rend compte que, dans les
premier et deuxième alinéas de l'article 18, on se
réfère à l'association représentative, à un
degré de plus de 50%. C'est le cas si on veut l'appeler par son
nom du Conseil provincial des métiers de la construction,
c'est-à-dire la FTQ Construction.
Si on passe à l'autre alinéa, on se rend compte que la
référence au 50% n'existe plus. Et c'est logique que cela se
fasse comme cela, parce que les conditions de travail qu'on s'apprête
à modifier, à abroger ou à changer tout simplement, selon
le texte de l'article, prolonger, abroger ou modifier le décret, cela va
viser aussi les autres syndicats dans le domaine, qui ne sont pas, au sens de
la loi, représentatifs. Cela va viser les travailleurs que ces syndicats
représentent. Il me semble que c'est tout à fait normal que,
lorsqu'on s'apprête à faire une prolongation, une abrogation ou
une modification du décret, sans le consentement de l'association
représentative c'est-à-dire du Conseil provincial des
métiers de la construction il me semble qu'à ce
moment-là, il faudrait tout au moins, non seulement inviter
l'Association représentative, mais inviter aussi les autres associations
qui représentent des travailleurs.
Dans ce sens-là, M. le Président, j'ai l'impression que
nous siégerons de façon irrégulière et je vous
soumets cette question de règlement ou cette question d'ordre ou de
règlement comme le dit notre règlement à
l'Assemblée nationale relativement à cette question.
Je pense qu'il aurait fallu inviter la CSD, la CSN et aussi
l'Association des travailleurs de la
construction de Sept-lles et, s'il y en a d'autres je ne sais pas
s'il y en a d'autres il me semble qu'on aurait dû les inviter pour
les entendre relativement à cette affaire.
Sur le plan de la forme, à ce stade-ci, il m'apparaît qu'il
est important de clarifier cette situation. Je trouve que nous n'avons pas
à siéger lorsque les parties concernées ne sont pas
invitées, au total, complètement, à venir nous dire les
raisons pour lesquelles, en ce qui les concerne, le décret n'a pas pu
être réglé.
Je n'entre pas dans le fond. Si vous jugez, M. le Président, que
la commission est régulièrement convoquée ce dont
je doute à ce moment-là, on discutera du fond, lorsqu'il
sera temps d'en discuter.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable ministre du
Travail sur cette question de règlement.
M. Harvey (Jonquière): Sur la question de la
recevabilité de la motion du député de Maisonneuve qui dit
qu'on siège illégalement, je dois lui dire que, depuis deux mois,
je me préoccupe de la question, advenant la nécessité de
convoquer une commission parlementaire, avant d'être en mesure de faire
quelque recommandation que ce soit au lieutenant-gouverneur en conseil, en
vertu de l'article 18 ou, tout simplement, de laisser filer les parties.
J'ai consulté le propre contentieux de mon ministère, le
contentieux également du comité de législation et, encore
hier, sur la réception du rapport du conciliateur, je posais la question
fondamentale, parce que certains syndicats m'avaient dit, s'il devait y avoir
une commission parlementaire, qu'ils tenaient à être entendus. La
conclusion unanime de toutes ces consultations a été que seules
les deux parties susceptibles de signer une convention collective
étaient, malgré certains alinéas de l'article 18, parce
qu'on doit regarder l'article 18 dans son ensemble...
Si le député de Maisonneuve, tout à l'heure, veut
aller sur le fond de la question je sais que c'est un gars qui a
oeuvré dans le domaine des relations patronales-ouvrières
je lui poserai des questions. Comme expert, il répondra à trois
ou quatre questions que j'ai posées à ceux qui, pour moi, se
faisaient les avocats du diable pour permettre à ceux qui ont eu droit
de voter, lors du vote d'allégeance, et qui sont encore des
syndiqués dans le domaine de la construction. Personnellement, j'aurais
aimé les entendre, mais c'est l'article 18 de la loi, dans son
interprétation légale, qui les empêche d'être
entendus devant la commission parlementaire, sur le rapport du conciliateur.
J'ai convoqué, M. le Président, la commission parlementaire
à la suite du rapport reçu hier matin du conciliateur, rapport
dans lequel celui-ci me disait que bien que le soussigné ait
bénéficié de toute la coopération
espérée de la part des personnes rencontrées jusqu'ici, il
serait illusoire de prévoir la conclusion...
M. Burns: Vous entrez dans le fond, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): Non. ... d'une convention
collective entre les parties pour vendredi. J'ai donc dit: II me faut...
M. Burns: C'est un autre argument cela. C'est au fond cela.
M. Harvey (Jonquière): Un instant! M. le Président,
je termine...
M. Burns: Moi, je me demande tout simplement si vous concevez que
des...
M. Harvey (Jonquière): Je sors du fond pour revenir sur
l'argumentation du député de Maisonneuve, M. le Président.
J'ai donc demandé s'il y avait, pour une dernière fois, une
possibilité d'entendre les parties en vertu de l'article 18. J'entendais
par parties la CSN, la CSD et le Syndicat des travailleurs de la construction
de Sept-lles.
On m'a carrément répondu que les parties étaient
l'Association de salariés représentant 50% et plus, et,
naturellement, la loi mentionne tout le temps une association unique des
entrepreneurs, parce qu'il n'y en a qu'une. Alors, c'est la raison...
M. Burns: ... salariés. Sur le plan des employeurs, il n'y
a pas de problème. M. le ministre, peu importe les avis légaux
que vous avez eus. Ici, il s'agit de la commission parlementaire qui, elle, est
pas mal au-dessus des avis légaux que vous pouvez avoir eus. Cette
commission parlementaire devrait prendre connaissance de la différence
d'utilisation de la référence aux associations de salariés
qu'on retrouve à l'alinéa 1 et à l'alinéa 2 de
l'article 18, lorsqu'on parle des associations de salariés
représentatives à un degré de plus de 50%. C'est la
même chose à l'alinéa 2, et à l'alinéa 4
lorsqu'on parle de prolonger, abroger ou modifier le décret, sans le
consentement de l'association d'employeurs ou des associations de
salariés. C'est exactement notre cas actuellement. C'est sans le
consentement, alors que dans les deux premiers alinéas de l'article 18,
on parle de prolonger, abroger ou modifier le décret avec le
consentement des associations concernées. Là, on a un cas
précis où c'est véritablement une exception à la
règle générale. Le texte de la loi n'a pas cru bon de
répéter l'expression "associations de salariés
représentatives à un degré de plus de 50%", lorsqu'on
parle de modifier, de prolonger et d'abroger le décret sans le
consentement. Ce sont les droits des travailleurs qu'on touche directement.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Maisonneuve me permettrait de lui...
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ...poser deux ou trois questions.
Premièrement, conformément à la Loi des relations du
travail dans l'industrie de la construction, Loi du Québec 1968,
chapitre 45 et amendements, qui a l'obligation de négocier pour la
conclusion d'une convention collective? Deux-
ièmement, qui peut signer une telle convention?
Troisièmement, qui, en exécution des alinéas 1 et 2 de
l'article 18, doit donner son consentement pour la prolongation, l'abrogation
ou la modification du décret par le lieutenant-gouverneur en
conseil?
M. Burns: Consentement.
M. Harvey (Jonquière): Qui, comme quatrième
question, en exécution du quatrième alinéa de l'article
18, doit être invité à être entendu devant la
commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration
quant aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une
entente relativement aux modifications, si ce ne sont pas les deux parties qui
sont là à la table?
M. Burns: Vous adressez-vous à moi comme expert?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Je vais vous répondre.
M. Harvey (Jonquière): J'aimerais cela vous entendre. J'ai
les réponses devant moi. Je veux voir si vous avez les mêmes que
moi.
M. Burns: C'est ce que j'essaie de vous prouver depuis le
début. Vous n'avez pas la même utilisation des mots
"l'association" ou "des associations de salariés représentatives
à un degré de plus de 50%" à l'article 18, alinéa
1) et alinéa 2), que vous avez à l'alinéa 4) et la
dernière question que vous m'avez posée est exactement mon point
de vue. Quand vous dites qui doit être invité...
M. Harvey (Jonquière): Répondez-moi aux trois
premières et vous aurez la réponse de la quatrième.
M. Burns: Non. Votre quatrième est celle-là qui est
importante. C'est bien de valeur. Il est bien sûr et je l'ai dit
au tout début qu'on ne conteste pas et il est loin dans mon esprit de
contester le caractère d'associations représentatives au sens de
la loi, du Conseil provincial des métiers de la construction. La
question n'est pas ça du tout, mais c'est à partir du moment
où vous décidez d'utiliser un pouvoir extraordinaire. Vous
l'admettrez, M. le ministre, c'est un pouvoir extraordinaire que vous utilisez,
que vous avez décidé d'utiliser.
A 24 heures d'avis, vous nous dites: On va se réunir et, pour
satisfaire aux dispositions de l'article 18, on va demander à
l'association vous interprétez l'association
représentative et je dis que le texte ne dit pas: l'association
représentative. Il dit tout simplement: Les associations de
salariés, ce qui est assez différent quand on a lu le premier
alinéa et le deuxième alinéa de l'article 18. A ce moment,
vous avez une seule obligation et je vous demande si vous avez respecté
cette obligation. "Il", c'est-à-dire le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur votre recommandation, M. le minis- tre... "Il ne peut toutefois
modifier ainsi le décret sans que ces associations..." Lesquelles?
Celles qui sont mentionnées dans la première phrase du
quatrième alinéa, c'est-à-dire les associations de
salariés, non pas des associations de salariés
représentatives à un degré de plus de 50% comme on le dit
dans le premier alinéa et dans le deuxième alinéa, mais il
ne peut toutefois ainsi modifier le décret sans que ces associations ne
soient invitées à être entendues devant la commission
parlementaire du travail.
M. Harvey (Jonquière): Et l'unique raison pour laquelle on
ne retrouve pas au quatrième alinéa les 50%, c'est parce qu'il
aurait pu arriver qu'il n'y ait pas d'associations représentatives des
salariés de plus de 50% et il fallait, à ce moment, dans le
quatrième alinéa et c'est la raison qu'on m'a
donnée permettre que les parties, s'il n'y avait pas eu
d'associations de salariés qui auraient eu 50% et plus, de se faire
entendre advenant la tenue d'une commission parlementaire.
M. Burns: Vous venez de me donner raison. M. Harvey
(Jonquière): M. le Président...
M. Burns: Vous venez exactement de me donner raison.
M. Harvey (Jonquière): Un instant. Je n'ai pas fini.
M. Burns: Envoyezl
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le but de
la tenue de cette commission parlementaire, cet après-midi, et
à 24 heures d'avis est uniquement parce qu'au début de la
semaine où se termine la date ultime pour le renouvellement d'une
convention collective dans le domaine de la construction...
J'aurai, dans quelques jours, à faire rapport à mes
collègues du cabinet et je voulais être en mesure, parce que j'ai
pas voulu et là, c'est le fond et je vais attendre avant de le
discuter...
M. Burns: Vous êtes rendu au fond.
M. Harvey (Jonquière): Je vais attendre avant de discuter
le fond, mais la raison fondamentale c'était qu'à la suite du
rapport du conciliateur, que les deux parties avec qui il travaille depuis sa
nomination me disant...
M. Burns: C'est le fond cela.
M. Harvey (Jonquière): ...je comprends, qu'il avait
bénéficié de toute la collaboration. Il était
illusoire de penser qu'on pouvait en venir à la conclusion d'une
convention collective pour le 30 avril.
Alors, j'ai dit: Les intéressés, on va les convoquer.
C'est à la suite d'un examen minutieux sur le plan juridique et sur le
plan de la législation et de
l'article 18 de la Loi des relations du travail dans la construction que
seule, l'association représentant 50% et plus des salariés a
été appelée avec l'Association des entrepreneurs à
venir nous expliquer pourquoi le conciliateur prétend qu'il serait
illusoire de prévoir la conclusion d'une convention collective. Par la
suite, les arguments qu'on me donnera me permettront de réfléchir
et de faire mes recommandations à mes collègues du cabinet pour
savoir si, oui ou non, il y a lieu de modifier le décret de la
construction ou de laisser aller les choses.
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas entrer dans un
débat juridique avec le ministre; de toute façon, il serait en
état d'infériorité à cet égard et
cela...
M. Harvey (Jonquière): Je ne suis pas avocat. M. Burns:
Je n'y tiens pas.
M. Harvey (Jonquière): C'est très simple. Je suis
capable de vous avoir en chiffres par exemple. Il est chanceux.
M. Burns: Je vais vous dire ceci. Non, mais... Ce que le ministre
dit, me donne parfaitement raison. Je ne sais pas si vous vous rappelez, M. le
ministre, mais, au début de votre dernière intervention, vous
m'avez dit que le 4e paragraphe de l'article 18 était là pour
tenir compte du fait où, possiblement, il n'y aurait aucune association
de salariés dans le domaine de la construction qui aurait le taux de 50%
et plus. Cela veut dire qu'à ce moment-là, vous inviteriez
à se faire entendre ou à nous exposer les raisons motivant le
fait qu'il n'y ait pas entente les associations qui n'ont pas 50% de
salariés. C'est exactement ce que vous m'avez dit tout à
l'heure.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais...
M. Burns: II y en a une actuellement, tant mieux...
M. Harvey (Jonquière): II y en a une...
M. Burns: Mais il y en a d'autres qui n'en ont pas et moi, je ne
sais pas, je ne veux pas précéder M. le Président, mais je
vous vois recevoir une communication. J'imagine qu'il y a des gens qui vous ont
manifesté, M. le Président, leur désir, à part le
Conseil provincial des métiers de la construction, d'être entendus
aujourd'hui. Il me semble que ce sont des choses dont on doit tenir compte,
surtout lorsque le texte de la législation leur en donne le droit. A mon
avis, à ce moment-là, on siège sans droit. Je vais plus
loin que cela, M. le Président, je le dis à l'endroit du
ministre, il est possible, à un moment donné je ne veux
pas vous donner de craintes inutiles que le geste que vous vous
apprêtez à poser, soit considéré comme tout à
fait illégal. C'est sûr que le Parlement est souverain. C'est
sûr que le Parlement a un certain nombre de pouvoirs.
M. Harvey (Jonquière): Mais, répondez donc...
M. Burns: Mais là vous avez... Non, mais moi, je vais vous
poser une question: Vous sentez-vous en totale sécurité, au point
de vue du règlement que vous vous apprêtez à faire
décréter par le lieutenant-gouverneur en conseil. Vous savez que
cela se conteste devant les tribunaux des règlements? Vous savez cela?
Bon, vous sentez-vous en totale sécurité en agissant de la
façon dont vous le faites? Par pure et simple mesquinerie, à mon
avis, vous allez dire: On ne veut pas les entendre, cela va être plus
court comme cela.
M. Harvey (Jonquière): Non, ce n'est pas...
M. Burns: Ecoutez, trouvez-moi une autre raison.
M. Veilleux: M. le Président...
M. Burns: Trouvez-moi une autre raison. C'est quoi l'autre
raison?
M. Veilleux: Je l'ai dit tout à l'heure.
M. Burns: Cela ne se tient pas juridiquement en vertu de la loi,
jamais de la vie.
Une Voix: Cela, c'est d'après vous.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, est-ce que
je peux parler?
Une Voix: II n'y en a qu'un qui...
M. Harvey (Jonquière): C'est loin d'être de la
mesquinerie.
M. Burns: Vous n'avez même pas lu la loi. Lisez donc la
loi, vous allez voir.
M. Harvey (Jonquière): On l'a lue. M. le Président,
le député de Maisonneuve devrait répondre à la
première question que je lui ai posée et me dire qui a
l'obligation de négocier pour la conclusion de la convention...
M. Burns: C'est la partie représentative de 50% et
plus.
M. Harvey (Jonquière): Et quand on regarde le ministre du
Travail, qui a la responsabilité, s'il veut se servir de l'article 18,
de faire une recommandation à ses collègues et de convoquer une
commission parlementaire...
M. Burns: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): Qu'est-ce qu'il doit convoquer
comme étant les parties intéressées...
M. Burns: Non, ce n'est pas cela le raisonnement, M. le
ministre...
M. Harvey (Jonquière): Celles qui ont la
responsabilité, bien, voyons...
M. Burns: Ce n'est pas cela le raisonnement. Comprenez donc que
le raisonnement est le suivant: Lorsque vous le faites avec consentement des
parties intéressées, vous le faites avec l'association
d'employeurs et l'association représentative du côté des
salariés qui représente les salariés à plus de 50%.
Cela, c'est avec le consentement. Quand il n'y a pas de consentement, à
quelle place trouvez-vous que vous n'invitez pas les autres associations?
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve a assez d'expérience. Comment peut-il prétendre qu'en
entendant ceux qui ne sont pas à la table, ceux-ci peuvent nous donner
les raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une entente
relativement aux modifications apportées au décret, quand ils ne
sont pas à la table? Répondez donc à cela.
M. Burns: Bien, je vais vous répondre à cela. C'est
qu'à un moment donné, ces gens peuvent vous dire que... D'accord,
ils n'ont pas participé aux négociations, c'est bien
évident, c'est reconnu.
Mais, s'ils peuvent vous donner, en venant ici, quelques
éléments qui peuvent vous aider à en arriver à une
négociation, c'est possible qu'on ait prévu cela dans la loi et
c'est possible que ce soit pour cela. Je ne le sais pas. Ce n'est pas moi le
législateur. J'étais un élément du
législateur du temps, mais ce n'est pas moi le législateur. C'est
vous, et il faudrait peut-être demander à Jean Coumoyer, qui
était ministre du Travail, dans le temps, pourquoi il a changé
les termes utilisés dans l'alinéa 1 et l'alinéa 2 par
rapport à l'alinéa 4. Sauf que moi, je vous dis bien
carrément que, sur le plan juridique, je vois deux utilisations
différentes d'une expression. Et cela, à moins que le
législateur soit complètement fou, ce qui en principe n'est pas
vrai, même si des fois on pense cela, à moins qu'il soit
complètement fou, il n'a pas pris deux expressions différentes
dans l'alinéa 1 et l'alinéa 2 et dans l'alinéa 4, d'autre
part, sans vouloir donner un sens différent à ces deux
expressions. C'est seulement cela que je vous pose comme question.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Rouyn-Noranda sur la question de règlement.
M. Samson: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les différents arguments qui ont
été avancés autant par l'honorable député de
Maisonneuve que par le ministre du Travail. Bien sûr, M. le
Président, si j'étais là pour apprendre le droit ou
apprendre à jouer du règlement, j'aurais trouvé cet
échange très important et très intéressant, mais je
ne suis pas là aujourd'hui pour suivre des cours de droit. Je ne suis
pas là non plus pour suivre des cours de réglementation. Je suis
là parce que je m'intéresse au problème qui se pose dans
le domaine de la construction. C'est un domaine, M. le Président, qui
est important et il est connu de tous qu'il y a impasse présentement
dans les négociations. C'est connu du public, je n'ai pas eu besoin
d'avoir une convocation à la commission parlementaire pour savoir qu'il
n'y avait pas règlement.
Or, M. le Président, quand il n'y a pas règlement, quand
nous avons un article 18 qui nous dit que nous devons convoquer, si c'est
l'intention du ministre de faire certaines recommandations, les parties
concernées, je pense qu'on n'a pas besoin d'être avocat, on n'a
pas besoin d'avoir suivi des cours d'eau jusqu'à Halifax pour savoir que
les parties intéressées sont les parties qui font les
négociations. C'est mon point de vue.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant. J'aimerais rappeler à nos visiteurs qu'il n'est
pas permis, en commission parlementaire, de manifester, pour quelque raison que
ce soit, et j'inviterais nos distingués visiteurs à respecter ce
règlement. L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président. Je considère, en
l'occurrence, que, compte tenu des dispositions législatives, on n'a pas
encore besoin d'être avocat pour faire partie du corps des
législateurs. Je considère, M. le Président, que le gros
bon sens doit nous faire interpréter l'article 18 dans le sens que la
séance de la commission parlementaire que nous tenons aujourd'hui est
une séance légitime et légale. Je ne veux pas vous dire
par là que je suis absolument d'accord sur tout ce qui se fait, mais il
reste une chose, c'est que je voudrais qu'on donne au moins une chance aux
personnes qui sont là. Si. dans l'espace de 24 heures, il m'a
été possible de me rendre à cette commission
parlementaire; si, dans l'espace de 24 heures, il a été possible
à tous les membres de cette commission parlementaire de se rendre
à la commission parlementaire; si, dans l'espace de 24 heures, il a
été possible aux représentants de la partie patronale et
de la partie syndicale concernées dans les présentes
négociations d'être présents et ils sont là
très nombreux pour le prouver, M. le Président, je pense que
c'est au moins une preuve que, malgré les courts délais, il y a
eu possibilité de réunir ces gens-là. Ce qui
m'intéresse aujourd'hui, M. le Président, je vous le dis bien
honnêtement, c'est d'écouter ces gens-là. Je ne suis pas
plus intéressé qu'il faut à assister à un
débat de procédure qui durera tout l'après-midi entre des
membres de la commission parlementaire alors que nous avons devant nous des
invités qui ont des choses à nous dire, des choses sur lesquelles
on peut être d'accord ou pas, c'est notre droit, mais il reste que c'est
notre droit aussi de
les entendre et de les écouter. Je pense que c'est raisonnable de
les écouter.
Si, après cette période d'information, la commission
soupçonne qu'elle n'est pas suffisamment informée, je soumets
à votre attention, M. le Président, que nous avons aussi,
à cette commission parlementaire, des droits qui peuvent nous permettre
de s'informer davantage. Mais, de grâce, commençons donc par le
commencement. Commençons par écouter ceux qui sont là. Si
après les avoir écoutés objectivement, on ne se sent pas
suffisamment informé, on pourra demander à la commission de
prendre les moyens pour s'informer davantage.
Mais, il serait injuste, je crois, de tenter de bloquer la commission au
moins avant d'avoir entendu les gens qui sont là. C'est mon point de
vue, M. le Président, et je considère qu'on a raison de
siéger parce qu'on a raison d'écouter les gens qui sont
là.
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à écouter les gens qui sont là. Je veux dire que ce n'est
vraiment pas... encore une fois, le député de Rouyn-Noranda
n'aura pas compris mes propos, c'est son problème à lui, ce n'est
pas le mien. J'ajoute deux derniers arguments et je vais m'arrêter
là-dessus. Je n'ai pas l'intention de prendre le temps de la commission
là-dessus. Moi aussi, je respecte autant les personnes qui sont venues
se faire entendre ici, mais je veux que ça se fasse dans les cadres de
la loi. Bon!
Je vous signale, entre autres, M. le ministre, sans vouloir allonger le
débat juridique que, dans le premier alinéa et dans le
deuxième alinéa de l'article 18, vous avez une
référence à un singulier, quand on parle du consentement.
D'accord? Par exemple, on dit, quand on parle des associations, "le
consentement de l'association d'employeurs et celui on parle du
consentement des associations de salariés." Même formule
dans le deuxième alinéa, "l'association d'employeurs et celui des
associations." On arrive à une nouvelle formule, on l'a changée
de deux façons, on ne parle plus de 50% et plus, et, en plus de
ça, on ne parle plus de ce consentement au singulier. On dit: "Abroger
ou modifier le décret sans le consentement de l'association d'employeurs
ou on ne dit pas celui des associations de salariés."
C'est pas mal différent. Et on revient un peu plus bas et on reprend la
même formule. Ecoutez, quand on s'y réfère, on dit: "Sans
que ces associations ne soient invitées."
Qu'est-ce que vous voulez? Moi, en tout cas, je vous dis bien
honnêtement, pour vous éviter des problèmes, vous savez que
dans le passé, l'Opposition n'a pas eu tort tout le temps quand elle
vous a donné des conseils. Je sais fort bien que s'il y a un vote autour
de la table sur la question de procédure, je sais fort probablement de
quel côté le vote va avoir lieu. Je vous fais la suggestion, tout
au moins, de prendre la précaution, si ce n'est pas déjà
fait, de demander conseil au ministère de la Justice, au ministre de la
Justice qui est le conseiller juridique du gouvernement, soit dit en
passant.
J'ajoute un dernier élément. Vous me demandiez tout
à l'heure quel était l'intérêt des gens qui ne sont
pas à la table de négociations. Croyez-le ou non, si mes chiffres
sont exacts, la FTQ représenterait environ 110 000 travailleurs. Disons
108 000 ou 110 000, je pense ne pas me tromper en parlant de 111 000. On ne se
chicanera pas pour 1000. C'est dans ce bout-là, 110 000... pardon?
Une Voix: 111 116 pour être exact.
M. Burns: Bon, on me dit...
Une Voix: C'était avant-hier.
M. Burns: On me dit, du côté de la FTQ, 111 116. Je
n'étais pas loin avec environ 110 000. La CSN représenterait
à peu près 40 000 travailleurs. Je ne sais pas si... Pardon?
Une Voix: 40 573
M. Burns: 40 573. Bon. Encore une fois, je ne suis pas loin. La
CSD, si mes informations sont exactes, représenterait environ 7000.
Est-ce qu'on va me dire 7242? En tout cas, disons qu'on ne se trompe pas sur
les proportions. Cela veut dire que sur environ, grosso modo, les 155 000
travailleurs de la construction, actuellement, il y en a quand même
quelque 48 000 qui sont représentés par deux centrales qui n'ont
même pas un mot à dire. Pourtant, ces travailleurs vont avoir le
droit de grève au même titre que les autres à compter du
1er mai. C'est ça qu'on est en train de régler pour eux
aujourd'hui.
Si on prolonge le décret, si on le modifie, si on l'abroge, on
est en train de régler leurs problèmes à leur place et ils
n'auront pas un mot à dire dans cette affaire.
En tout cas, je vous signale ces deux phénomènes. J'aurai
fait mon devoir. Si vous décidez que ma question de règlement
n'est pas acceptable, sans prendre les précautions requises, je vous
mentionne qu'il me semble qu'il était de mon devoir de vous soulever ce
problème.
M. Harvey (Jonquière): Sur la question de
règlement, M. le Président, j'ai fait exactement ce que fait le
député de Maisonneuve, avec les juristes qui nous ont
donné l'interprétation avant la convocation des
intéressés. L'argument qu'ils nous ont donné pour nous
convaincre que les parties intéressées sur le rapport du
conciliateur et l'utilisation éventuelle et possible du ministre du
Travail, relativement à l'article 18, portait uniquement sur
l'impossibilité de conclure une convention collective. Sur le plan
légal, on m'a donné l'assurance qu'il n'y avait aucune erreur de
faite sur la convocation de la partie représentant plus de 50% des
salariés.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, je suis
prêt à rendre une décision. En vertu du mandat qui a
été confié à la commission et selon l'in-
terprétation que j'apporte n'étant pas
moi-même un juriste à l'article 18 dans son ensemble, je
considère que les parties qui doivent être entendues sont les
parties qui font partie de la table de négociation.
Cependant, la commission pourra décider, si elle le juge à
propos, au cours des travaux de cette commission, d'entendre d'autres parties;
nos règlements n'y voient aucune objection.
Cependant, dans l'interprétation que je donne, en vertu du mandat
dont j'ai donné lecture précédemment et en vertu de
l'interprétation globale que je donne à l'article 18, je dis que
la commission doit entendre les deux parties à la négociation,
soit l'Association des entrepreneurs en construction du Québec et
l'association de salariés, représentative à un
degré de plus de 50%, soit le Conseil provincial des métiers de
la construction.
M. Burns: M. le Président, si je comprends bien, vous
n'excluez pas la possibilité d'entendre d'autres parties que
l'Association des employeurs et le Conseil des métiers de la
construction?
Le Président (M. Cornellier): Exactement. Je l'ai
mentionné tantôt. Je ne l'exclus pas, parce que les
règlements qui régissent les travaux de la commission
prévoient que les membres de la commission peuvent, que la commission
elle-même peut décider, s'il y a lieu ou non, d'entendre d'autres
personnes lors de la tenue de séances de la commission.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, si j'ai
bien compris, vous donnez une fin de non-recevoir à la suggestion du
député de Maisonneuve?
Le Président (M. Cornellier): En effet.
M. Harvey (Jonquière): Cependant, si les membres de la
commission, après avoir entendu les parties intéressées
que vous avez décrites, jugent à propos d'entendre
d'autres...
M. Burns: II n'a pas parlé "d'après". Dans sa
décision, il n'a pas parlé "d'après".
Le Président (M. Cornellier): J'ai dit: Au cours des
travaux de la commission.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Cornellier): Ce sera aux membres de la
commission de décider.
M. Harvey (Jonquière): Si j'ai bien compris, vous donnez
une fin de non-recevoir à la suggestion du député de
Maisonneuve. Cependant, vous ajoutez: Les membres de la commission
parlementaire, s'ils le jugent à propos, après avoir entendu les
parties intéressées...
M. Burns: Ne lui mettez pas des paroles dans la bouche, il n'a
pas dit "après".
M. Harvey (Jonquière): Je le lui demande. Il y a un point
d'interrogation. Si j'ai bien compris...
M. Burns: Vous n'avez pas bien compris.
M. Harvey (Jonquière): Autrement, M. le Président,
j'en conclus que vous donnez une fin de recevoir à la suggestion du
député et non une fin de non-recevoir. J'avais entendu une fin de
non-recevoir de votre bouche.
M. Burns: Ce qu'il dit. .
Le Président (M. Cornellier): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Burns: Dites-le-nous, M. le Président. Mais moi, j'ai
compris que vous nous avez dit que la commission, si elle siège
légalement...
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous, M. le
Président...
M. Burns: Vous lui avez mis des paroles dans la bouche. Je vais
lui en mettre, moi aussi. D'accord?
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je vais répéter à peu près...
M. Burns: Non, pas d'à peu près.
Le Président (M. Cornellier): J'espère que ce sera
dans les mêmes mots. Je n'ai pas le texte.
M. Burns: Vous n'avez pas parlé "d'après", M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): Exactement. Laissez-moi donc
finir. Je vais me répéter dans les mêmes mots, ou
j'espère qu'ils seront les mêmes; j'ai dit qu'au cours des travaux
de la commission, si les membres jugent à propos d entendre d'autres
témoignages, elle aura le loisir de le faire en vertu de nos
règlements.
C'est une question d'interprétation. Si vous voulez que
"après" soit 'au cours" et "au cours" "après", vous
l'interprétez à votre façon et la commission jugera. La
commission est réunie pour probablement plusieurs heures et ce sont les
membres de la commission qui détermineront si, au cours des travaux de
cette commission, il y aura lieu d'entendre d'autres personnes que les deux
associations ou les représentants des deux associations
mentionnées au mandat qui a été confié a la
commission.
M. Veilleux: M. le Président, vous avez bien dit qu'en
vertu de l'article 18, il s'agissait de l'association qui représente
l'ensemble des...
M. Harvey (Jonquière): 50%.
M. Veilleux: ...l'Association des entrepreneurs
de la construction et le Conseil provincial des métiers de la
construction et, après cela, on verra si l'on doit recevoir ou
non...
M. Bédard (Montmorency): On n'est pas avocat, M. le
Président, et on a compris.
M. Veilleux: On a compris cela.
M. Harvey (Jonquière): Si on en a besoin, on vous entendra
après.
M. Veilleux: Pour savoir si on doit entendre les autres, on doit
d'abord entendre... J'ai l'impression, sans être avocat, que, si je veux
savoir si je dois entendre la CSN ou la CSD, je dois d'abord entendre le
Conseil provincial des métiers de la construction et je verrai
après.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, ce débat
est clos. Je donne !a parole au ministre du Travail.
Exposés généraux
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais
être très bref. Comme vous le savez, dès le début,
je n'ai pas voulu me mêler de la négociation et je n'ai pas
l'intention de suggérer, encore aujourd'hui, à mes
collègues du cabinet, de s'introduire dans les relations du travail dans
l'industrie de la construction. Dès le 20 janvier, lorsque nous avons
reçu, faute de l'absence d'une association unique d'entrepreneurs,
l'avis, qui a été envoyé aux six grandes associations avec
copie au ministère du Travail, que la partie syndicale était
prête à rencontrer l'Association des entrepreneurs pour s'asseoir
et négocier leur convention collective, c'est dans cet esprit que j'ai
vu aller les choses.
Dès le 14 février, l'Association unique des entrepreneurs
a été formée et, cinq jours après, les
négociations ont commencé. Moi, je ne vous affirmerai pas, M. le
Président, que les négociations sont dans une impasse. Je pense
que je mentirais. Il manque du temps aux parties intéressées pour
conclure une convention collective, mais comme nous sommes à quelques
jours... J'aurais eu le pouvoir, d'après la loi actuelle des relations
du travail dans la construction, de nommer immédiatement un
conciliateur, mais je ne l'ai pas fait, sciemment, parce qu'on ne pouvait pas
qualifier le climat des négociations de mauvais, bien au contraire.
J'ai attendu qu'une des parties demande la conciliation et, c'est moins
de sept jours après la réception de cette demande de conciliation
qu'un conciliateur de l'extérieur a été nommé en
entreprenant, du mieux qu'il le pouvait, sa conciliation. Les
rapports-étapes qu'il m'a faits ont amené celui d'hier matin dont
je veux vous donner lecture au complet. Par la suite, je vous donnerai
également la raison pour laquelle j'ai convoqué la commission
parlementaire. "Faisant suite au mandat qui me fut conféré, jeudi
le 22 avril, concernant l'affaire en rubrique, je vous soumets, par la
présente, un premier rapport intérimaire complet qui se lit comme
suit: "Le soussigné a d'abord rencontré les parties en
séance conjointe, à Montréal, jeudi soir, le 22 avril
1976, suivie d'une rencontre avec la partie patronale le même soir.
Vendredi le 23 avril, la partie syndicale fut rencontrée à
raison de trois séances, suivies de trois autres séances, samedi
le 24 avril 1976.
Aujourd'hui même, quatre séances sont prévues,
toujours avec la partie syndicale ainsi que cinq, demain, mardi le 27
avril.
Suite à ces rencontres, le soussigné se propose de
rencontrer la partie patronale à partir de jeudi le 29 avril.
Bien que le soussigné ait bénéficié de toute
la coopération espérée de la part des personnes
rencontrées à date, il serait illusoire de prévoir la
conclusion d'une convention collective entre les parties, pour vendredi le 30
avril.
A moins d'instructions au contraire, le soussigné procède,
avec sérénité et continuité, à poursuivre la
conciliation afin d'enjoindre les parties à convenir d'une convention
qui, sanctionnée, deviendra le renouvellement du décret relatif
à l'industrie de la construction.
Veuillez agréer l'expression de mes salutations
distinguées.
Pierre N. Dufresne, conciliateur mandaté."
M. le Président, je me suis dit, hier matin, en ayant ce
rapport... J'ai demandé d'abord à mon sous-ministre d'examiner
toutes les alternatives et toutes les alternatives, cela comprenait
l'utilisation de l'article 18. Cela va plus loin que cela. Cela comprenait une
consultation également avec la régie des mesures
anti-inflationnistes, parce que, s'il y a un amendement, une modification
apportée au décret, il faut que le gouvernement respecte ses
propres lois. Ce sont toutes les alternatives qui constituent la commande
reçue par mon sous-ministre dans la nuit de dimanche à lundi.
La convocation de la commission parlementaire, je le
répète, n'a uniquement pour but, suite au rapport du
conciliateur, que d'entendre le Conseil provincial des métiers de la
construction et l'Association des entrepreneurs en construction pour nous dire
quelles sont les raisons qui amènent le conciliateur à croire
qu'il serait illusoire de prévoir la conclusion d'une convention
collective pour vendredi. Parce que des alternatives à recommander
à mes collègues du cabinet, il y en a plusieurs. Vous tous qui
êtes ici, les membres de la commission parlementaire et ceux qui sont
convoqués, ceux qui sont ici comme observateurs, savez fort bien que
vendredi soir, à minuit, on a seulement à laisser aller les
choses et ce sera une loi spéciale. Personnellement, comme ministre du
Travail, je suis contre une loi spéciale. Mon attitude depuis le
début le prouve, m'étant mêlé de mes affaires et
ayant laissé les parties négocier elles-mêmes, n'ayant pas
nommé de conciliateur, chose que j'aurais pu faire dès le
début. Donc, impossibilité pour les parties en cause de conclure
une entente si on laisse les parties ou on prend un risque de fou.
Deuxième alternative, si on modifie à un an, minimum un
an, et à trois ans le décret, on remplace les parties
impliquées pour décrire des conditions de travail et des salaires
dans la construction. Vous savez ce que cela comporte. Il reste une
troisième alternative, à moins qu'on ne prouve le contraire du
rapport qui me donne une possibilité de faire une recommandation dans ce
sens au conseil des ministres, qui peut la refuser également, choisir
d'autres options, celles que j'ai décrites précédemment.
L'unique but de la commission parlementaire, c'est d'entendre les parties
intéressées. A moins que des collègues autour de cette
table n'aient des objections, j'aimerais entendre les parties sur les raisons
motivant l'impossibilité de conclure une convention collective d'ici
vendredi soir, minuit.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, moi aussi, je veux entendre les
gens, il n'y a aucune espèce de doute là-dessus, mais non sans
dire quand même un certain nombre de remarques préliminaires.
Premièrement, je pense que le ministre du Travail est parti un peu en
peur avec son affaire lorsqu'il nous parle de danger imminent et
immédiat je pense que c'est important qu'on le dise d'une
grève ou, encore une fois, de l'inverse, d'un lockout, à compter
du 1er mai. Il n'y a rien qui, jusqu'à maintenant, en tout cas, nous
motive à croire cela. Le droit de grève et le droit au lock-out
peut être acquis. Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il va
être exercé.
M. Harvey (Jonquière): Si effectivement... M. Burns:
Laissez-moi donc terminer. M. Harvey (Jonquière): Est-ce que
vous...
M. Burns: Voyons donc! Je ne vous ai pas interrompu, vous!
Laissez-moi terminer, d'accord?
M. Harvey (Jonquière): Je veux vous demander...
M. Burns: Après, vous direz toutes les "toileries" que
vous voudrez. Cela va faire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: Ecoutez, quand même, je ne vous interromps pas,
d'accord?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Maisonneuve.
M. Burns: Non, mais je sais comment on fonctionne. Si je ne me
trompe pas, il y a eu un vote dans la construction au début de novembre.
Le 24 janvier, où le ministre citait la date du 20 janvier, la
création de l'association unique était faite. On a
été obligé, et c'est un élément dont on
devra tenir compte dans la présente négociation, de voter une loi
spéciale pour adopter les statuts et les règlements de
l'association patronale une semaine avant Pâques. Chose qui devrait
c'est faux se faire en vertu...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Le
député de Maisonneuve. Continuez.
M. Burns: ... des dispositions de la loi, de la
réglementation qui s'ensuit. On était obligé de former ces
associations patronales le 1er octobre 1975. C'était la date à
laquelle les associations patronales devaient soumettre à l'approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil leurs statuts et règlements d'une
association, sous le nom de l'Association des entrepreneurs en construction.
Qu'est-ce qui est arrivé? On a adopté dans la semaine avant
Pâques, je le répète, même si le ministre dit qu'il
n'est pas d'accord, une loi légalisant cette association. Je ne
blâme pas l'Association des entrepreneurs. La situation était
tellement mal foutue qu'il a fallu passer par une loi spéciale, un bill
privé, s'il vous plaît!
Entre-temps, une première réunion a eu lieu, le 19
février, si mes informations sont exactes, relativement aux
représentants à la table de négociation; le 10 mars, le
dépôt de projet de convention par la partie syndicale; le 6 avril,
le début des négociations sur le fond; le 9 avril, rupture des
négociations et le 13 avril, finalement, une demande de
conciliation.
Et là, le ministre vient nous voir on est, je pense, sauf
erreur, le 27 avril, aujourd'hui quatorze jours plus tard, avec ce que
je trouve suprêmement injuste pour toutes les parties, la partie
patronale et la partie syndicale représentative à un degré
de 50% et plus... Je trouve absolument injuste que, sans qu'il n'y ait eu de
véritables négociations, on s'apprête et cela, je ne
le sais pas et personne autour de la table, je pense, sauf le ministre qui
pourrait peut-être nous donner ses intentions, éventuellement...
On ne sait pas s'il a l'intention d'abroger le décret, de le modifier,
de le prolonger ou quoi que ce soit, mais ce que je sais, cependant je
suis obligé de le constater au départ est qu'il n'y a pas
eu de véritables négociations et ces négociations n'ont
pas eu lieu, non pas à cause de retard des parties, semble-t-il, mais,
dans une grande partie, un retard causé par une lacune dans la
législation.
A moins qu'on me dise que j'ai complètement tort
là-dessus, cela m'apparaît un peu bizarre qu'on se retrouve,
aujourd'hui, le 27 avril, en train de décider, non pas de décider
parce que cela sera le lieutenant-gouverneur en conseil qui le décidera,
mais de prendre connaissance qu'éventuellement, et peut-être dans
les heures qui viennent, le lieutenant-gouverneur en conseil, soit le cabinet
des ministres, prolongera, modifiera ou abrogera le décret.
Je dois dire à la commission et aux membres qui sont
invités à venir témoigner devant nous l'étonnement
de l'Opposition officielle relative-
ment à cette décision hâtive, eu égard au
dossier qui, en apparence, n'est pas la faute des parties, mais est tout
simplement un phénomène de situation.
Je répète ce que je disais au début. Il n'est pas
absolument nécessaire qu'il y ait lock-out ou grève à
partir du 1er mai. C'est une décision que les parties pourront prendre
et le ministre prendra ses responsabilités à ce moment.
On n'a même pas entendu les raisons motivant le bris des
négociations ou la difficulté qu'éprouvent les parties
dans les négociations que déjà le ministre nous parle de
possibilités de loi spéciale et qu'il veut éviter cela par
un décret, éventuellement, qui prolongerait ou modifierait ou
abrogerait...
Je dois vous dire carrément et ouvertement, M. le
Président, mon étonnement sur la façon de procéder
de la part du gouvernement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Rouyn-Noranda. Par la suite, le député de Montmorency.
M. Samson: M. le Président, bien sûr, je pense que
cela serait jouer à l'autruche que de dire que personne ne s'attendait
qu'un jour il y ait une commission parlementaire pour entendre les parties qui
sont intéressées dans le cas présent.
Nous savons, par la voie des media d'information, que, même si,
selon les paroles mêmes du ministre, il y a bonne volonté
manifeste de part et d'autre, un fait demeure. Dans quelques jours, il n'y aura
plus de convention collective ou de décret qui tienne lieu de convention
collective dans ce secteur.
Mon intention n'est ni de tenter de protéger ou de
prévilégier quelque association que ce soit, patronale ou
syndicale, ni de discriminer quelque association que ce soit, mais un fait
demeure: Nous avons, en présence, des parties qui, ayant manifestement
tenté de trouver une solution, n'ont pas jusqu'à ce jour
réussi à trouver cette solution.
Cependant, les travailleurs de la construction, qui vivent de leur
métier, ont droit, je pense, M. le Président, à ce que les
autorités concernées et quand je parle des
autorités concernées, cela veut dire aussi bien les
autorités syndicales, patronales que gouvernementales ils ont le
droit de s'attendre que les autorités concernées fassent
l'impossible pour leur conserver ce droit qu'ils ont de gagner leur vie
à partir de leur métier qui est un métier de la
construction, que cela soit l'un ou l'autre des métiers exercés
dans ce domaine. Mon point de vue, M. le Président, c'est que nous
devons donner la chance au coureur, nous devons donner la chance... En
l'occurrence, quand je dis au coureur, cela veut dire le travailleur qui serait
le premier pénalisé s'il n'y avait pas ou bien d'entente ou bien
de dispositions de prises pour arriver à une entente. Bien sûr,
cela peut peut-être paraître drôle à quelques-uns, M.
le Président, mais il reste que ce n'est sûrement pas drôle
pour le travailleur qui vit dans l'incertitude, présentement, qui ne
sait pas si, dans quelques jours, il y aura une convention collective pour
continuer à le protéger ou un décret prolongé ou je
ne sais quoi.
Je ne propose pas de solution, pour le moment. Je pense que cela serait
courir en avant des coups et peut-être passer la charrue en avant des
boeufs. Ce qu'il faut faire, pour le moment, c'est écouter ces
gens-là, et les écouter d'une façon attentive et
objective. Bien sûr, nous ne sommes pas sans savoir, peut-être,
même si cela ne se dit pas tellement, nous ne sommes pas sans savoir
qu'il y a une pression qui existe. Cette pression est en rapport presque direct
avec les Jeux olympiques. Il y a une question de date, une question de temps,
un facteur de temps qui est très important dans ce domaine. Par contre,
il y a aussi un facteur de temps qui est important pour ceux qui gagnent leur
vie à partir de leur métier. Ce facteur de temps, c'est le temps
qu'ils font pour lequel ils sont rémunérés.
M. le Président, bien sûr, je pense comme tout le monde de
bonne volonté. J'aurais espéré qu'une entente ait eu lieu
avant aujourd'hui. J'aurais espéré et j'espère encore
qu'une entente aura lieu avant vendredi, mais que des mécanismes soient
mis en place pour écouter ces gens-là et tenter avec eux de
trouver un moyen pour parvenir à une entente valable, je pense que c'est
la moindre des choses qu'un gouvernement puisse faire dans les circonstances.
M. le Président, je dirais la même chose si j'étais en face
d'un autre gouvernement. Pour moi, ce n'est pas une question de couleur
politique, c'est une question d'autorité élue, qui est existante,
et quelle que soit l'autorité élus existante, cette
autorité a des responsabilités et elle se doit de les
assumer.
Si, après avoir entendu les parties intéressées
et là, je fais référence, M. le Président,
à ce moment-ci, à l'Association des entrepreneurs en
construction, je fais référence à la partie syndicale qui
représente la majorité des travailleurs, ceux qui font partie
intégrante des négociations si, après les avoir
entendues, il m'apparaît ou il apparaît à d'autres qu'il y
aurait avantage aussi à connaître les points de vue aussi bien de
la CSN que de la CSD ou du Syndicat de la construction Côte-Nord de
Sept-lles, bien sûr, M. le Président, je ne serais pas
défavorable à ce que nous prenions un peu plus de temps et leur
donner une chance de nous dire ce qu'ils ont à nous dire, ces
gens-là.
On n'a jamais rien à perdre à écouter les personnes
concernées. A la suite de cela, nous verrons s'il y a lieu de faire des
recommandations, s'il y a lieu d'endosser les recommandations qui pourraient
être faites par les parties concernées ou encore par le
gouvernement. Mais, sous toute réserve de mes droits, à ce
moment-là, M. le Président, je suis absolument disposé
à écouter très attentivement nos invités.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, il est 5
h 46, on a perdu assez de temps. Je propose
que nous entendions le Conseil provincial des métiers de la
construction du Québec.
M. Veilleux: M. le Président, mon collègue de
Montmorency a volé mes paroles.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie,
messieurs. Si je dois suivre l'ordre tel qu'énoncé ici à
l'occasion du mandat, il s'agirait, en premier lieu, d'entendre l'Association
des entrepreneurs en construction.
M. Bédard (Montmorency): J'ai fait une suggestion, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): On a modifié cela.
Je n'y étais pas.
M. Bédard (Montmorency): Non. mais à la suggestion
d'un membre, M. le Président, je fais la suggestion d'entendre le
Conseil provincial des métiers de la construction. Qu'est-ce qui peut
nous empêcher de les entendre en premier et la partie patronale en
deuxième?
Le Président (M. Séguin): En ce qui me concerne, je
n'ai pas d'objection. Je suivais tout simplement l'ordre énoncé
dans le mandat.
Une Voix: Aucune objection.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que ces messieurs
seraient ici? Le représentant... Voulez-vous, s'il vous plaît,
donner votre nom, nous présenter les associés qui sont avec vous,
c'est-a-dire ceux qui, peut-être, auront à se prononcer et
commencer immédiatement lorsque vous serez prêt.
M. Dumoulin (Guy): M. le Président, est-ce que vous avez
l'intention de suivre l'ordre qui nous a été transmis sur
l'invitation par voie de télégramme? Je m'excuse. On a
mentionné le conseil provincial, mais à l'intérieur de
l'ordre, il est mentionné que l'association patronale. Nous sommes du
conseil provincial.
Le Président (M. Séguin): Le conseil
provincial.
M. Dumoulin: Tel que formulé, suite à la demande du
secrétaire des commissions, il est bien mentionné que c'est
l'association patronale qui est la première à faire sa
présentation au niveau de la commission parlementaire.
Le Président (M. Séguin): II y a dos membres de la
commission qui ont mentionné tout à l'heure qu'ils voulaient
modifier cette procédure.
M. Dumoulin: Ne voulant pas déroger à la
procédure, nous aimerions que l'association procède en
premier.
Le Président (M. Séguin): Je suis prêt. Ce
que je veux faire c'est surtout revenir au mandat de la commission, d'entendre
toutes les parties, en ce qui me concerne.
M. Burns: Est-ce que la partie patronale a objection à
présenter son dossier la première? Je ne pense pas.
M. L'Heureux (Réal): Oui. Etant donné que c'est la
partie syndicale...
Le Président (M. Séguin): Qui n'a pas objection
à commencer?
M. L'Heureux: Moi, j'ai objection.
Le Président (M. Séguin): Oui, mais qui n'a pas
objection à commencer?
M. L'Heureux: On m'a posé une question. Est-ce que je dois
répondre?
Le Président (M. Séguin): Oui, c'est d'accord. Vous
avez objection, c'est ce que j'ai compris.
M. L'Heureux: Je représente la partie patronale. Etant
donné la question qui est posée et la raison pour laquelle les
parties ne peuvent s'entendre pour le renouvellement d'une convention
collective pour le 31 avril, je soumets que la partie syndicale est celle qui a
demandé un conciliateur, est celle qui a rompu unilatéralement
les négociations le 7 avril; on aimerait connaître ses
raisons.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, c'est moi
qui ai fait la proposition. Dans mon optique, il n'y a pas plus de patrons que
de syndiqués. Le premier que j'ai pris en note, c'est le Conseil
provincial des métiers de la construction, c'est pour ça que j'en
ai fait la proposition. Il faut qu'il y en ait un qui parle le premier et
l'autre le deuxième. Qu'est-ce que vous voulez? On veut avancer et il
faut y aller. C'est simple.
M. Dumoulin: M. le Président, nous faisons aussi objection
à ce que le Conseil provincial soit le premier à présenter
ses commentaires. Je ne crois sérieusement pas que le Conseil provincial
ait fait la demande d'une commission parlementaire. Le Conseil provincial a
fait la demande d'un conciliateur pour agir dans la présente
négociation, mais n'a pas fait la demande d'une commission
parlementaire. Ici, je me réfère à la convocation que vous
nous avez soumise, c'est que l'Association des entrepreneurs en construction
est en premier lieu, l'association de salariés représentative
à un degré de 50%, en l'occurrence le Conseil provincial est en
deuxième lieu et on aimerait procéder selon la convocation qu'il
y a là, si possible.
M. Veilleux: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, je pense que ce n'est pas la
première fois, à titre de député, que j'assiste
à des commissions parlementaires où on a des parties qui ne
s'entendent pas devant nous. Selon la petite expérience que j'ai, quelle
que soit la partie qui commence, il y a toujours une possibilité pour
l'autre, si elle n'est pas satisfaite de la réponse donnée par
un, de compléter la réponse. Que je sache, ce n'est pas le
secrétaire des commissions qui doit donner l'ordre dans lequel doivent
se présenter les parties. Mon collègue de Montmorency a
proposé une partie, je l'ai appuyé, je crois que les membres ont
été d'accord, je verrais que le Conseil provincial commence, que
l'Association des entrepreneurs en construction continue. Il y a toujours
possibilité de réplique. On est ici et, pour autant que je suis
concerné, je ne suis pas ici pour décider pour les gens qui sont
là; que les gens nous éclairent de part et d'autre sur
l'état des négociations qui ont commencé le 19
février. Le décret se termine le 30 avril, nous sommes le 27
avril, j'ai hâte de les entendre, de part et d'autre. Nous avons
demandé que le Conseil provincial des métiers de la construction
du Québec se fasse entendre, qu'après ça, l'Association
des entrepreneurs en construction le fasse, que l'association revienne, je n'y
ai aucun inconvénient.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie, M. le
député. Voici, la commission...
M. Veilleux: M. le Président, la décision
était prise.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, sur la motion qui est devant
nous, je pense que c'est peut-être un peu difficile de trancher la
question d'autorité. Il y a peut-être des avantages ou des
désavantages pour l'une ou l'autre des parties, de présenter son
argumentation en premier ou en deuxième. Cependant, je me demande, M. le
Président, si on ne devrait pas faire connaître très
clairement aux parties concernées, étant donné et
c'est mon interprétation personnelle et je vous la soumets
respectueusement que cela pourrait peut-être prendre l'allure
d'une assemblée contradictoire dans ce genre de chose, habituellement,
on donne toujours la possibilité aux deux parties concernées de
présenter leur argumentation et de revenir, par la suite, en
réplique, si vous le voulez, pour nous démontrer
l'interprétation de l'une ou l'autre des parties, relativement à
ce qui a été dit.
Quant à nous, nous sommes là pour vous écouter et
pour connaître le maximum possible de ce que vous avez à nous
dire. Or, il est de cou- tume, M. le Président, à l'occasion de
commissions parlementaires de ce genre, d'établir une espèce
d'ordre de procédure au début.
Bien sûr, dans le télégramme que nous avons
reçu, on nous a signifié et cela ne m'apparaît pas
comme étant un agenda rigoureux aux fins d'entendre les
associations d'employeurs soit l'Association des entrepreneurs en construction
du Québec et l'association de salariés, représentative
à un degré de plus de 50%...
Mon interprétation de ce télégramme ne veut pas
dire que l'un doit passer avant l'autre ou que l'autre doit passer en dernier.
Cela ne voulait pas dire cela, pas de ce que j'ai compris dans le
télégramme qui m'a été envoyé.
Il revient, en l'occurence, à la commission de déterminer
le processus, de déterminer l'ordre de procédure. Si on
détermine que l'ordre de procédure fait que nous invitons une
association plutôt que l'autre en premier, je pense que ce serait un
minimum de "fairplay" que d'avertir immédiatement tout le monde que
chacun de ces organismes, soit patronal ou syndical, à la suite de la
présentation de ses informations, soit autorisé à revenir
une deuxième fois, en guise de réplique.
Je pense que cela rendrait davantage justice aux parties
concernées et que cela éclairerait davantage cette commission, si
le député de Montmorency acceptait d'ajouter, à sa
proposition, le fait que cette commission acceptera, des deux parties, un droit
de réplique. Ce serait beaucoup moins difficile à faire
accepter.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président... Le
Président (M. Cornellier): Voici, messieurs:
M. Bédard (Montmorency): ... je ne peux pas vous
éclairer davantage.
Le Président (M. Cornellier): Je veux vous faire une
suggestion. Je ne voudrais pas interrompre qui que ce soit. Avant de suspendre
les travaux jusqu'à 20 h 15, je voudrais inviter, ici à la table
immédiatement, les représentants, c'est-à-dire ceux qui se
font entendre pour un côté ou un autre, un groupe ou un autre. Je
demanderais au leader parlementaire de l'Opposition ainsi qu'au ministre
d'attendre ici. On va essayer immédiatement d'établir la
procédure qu'on suivra à 20 h 15.
Si on ne peut pas s'entendre dans les deux minutes, j'établirai
l'ordre, après le souper, et on commencera de cette façon,
c'est-à-dire à 20 h 15.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15)
(Suspension de la séance à 17 h 57)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
A 18 heures, lorsque nous avons suspendu nos travaux jusqu'à ce
moment, il y avait devant la commission une motion du député de
Saint-Jean. Je cède la parole au député de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, c'était mon
collègue de Montmorency qui avait fait la proposition que j'avais
appuyée, mais, compte tenu que mon collègue est absent pour le
début des travaux, je refais exactement la même proposition
d'avant l'heure du dîner, pour qu'on entende le Conseil provincial des
métiers de la construction du Québec, et compte tenu,
nécessairement, qu'après que l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec aura parlé, le Conseil provincial des
métiers de la construction du Québec aura un droit de
réplique comme il se doit. J'en fais la proposition.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, avant de continuer et de céder la parole à
un autre membre de la commission, je voudrais demander s'il y a des
modifications à apporter à la liste des membres de la commission
pour la séance de ce soir. J'avais ici MM. Bellemare (Johnson);
Bédard (Montmorency); Burns (Maisonneuve); Charron (Saint-Jacques);
Déziel (Saint-François); Harvey (Jonquière); Harvey
(Dubuc); Lachance (Milles-Iles); Malépart (Sainte-Marie);
Côté (Matane); Saint-Germain (Jacques-Cartier); Samson
(Rouyn-Noranda); Veilleux (Saint-Jean); Verreault (Shefford). Je vous remercie.
La parole est à la commission. Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je ne suis pas d'accord avec la
motion du député de Saint-Jean, telle que reformulée.
C'est effectivement la motion du député de Montmorency, mais
reformulée et reprise en charge par le député de
Saint-Jean. Dans les minutes qui ont suivi l'ajournement lors du souper, nous
avons rencontré le représentant de la partie patronale et le
représentant de la partie syndicale. J'ai pris note que M. Dumoulin, qui
représente la partie syndicale, nous a dit, et je pense que vous en
êtes témoin, M. le Président, ainsi que le ministre du
Travail, que la façon dont il avait compris l'avis de convocation lui
permettait de croire qu'il arrivait ici en réponse aux arguments de la
partie patronale, que, de ce fait, cela lui faisait changer son approche
à la commission.
Je trouve, M. le Président, que c'est un argument qui doit
être retenu, particulièrement à cause du fait qu'il ne
s'agit pas ici, comme disait M. L'Heureux, de venir plaider le dossier de
négociations dans le domaine de la construction.
Si nous regardons le mandat que nous avons, il s'agit d'un mandat pour
examiner les raisons qui motivent l'impossibilité de parvenir à
une entente relative aux modifications apportées au décret
concernant l'industrie de la construction.
Il ne s'agit pas de venir négocier avec la commission
parlementaire. Ce n'est pas dans notre mandat.
Nous n'avons pas la capacité même de vous dire: Faites donc
ceci, faites donc cela, ou d'agir même comme médiateurs à
l'endroit de l'une ou l'autre des deux parties impliquées dans le
conflit actuel.
Je serais porté à croire, surtout après la
rencontre que nous avons eue avec M. L'Heureux et M. Dumoulin, qu'on devrait
garder l'ordre, même si, évidemment, le secrétaire des
commissions, c'est bien sûr, n'avait pas à fixer l'ordre de
présentation. Mais, il est fort compréhensible que, du
côté syndical, on se soit attendu et qu'on se soit
préparé en conséquence à répondre à
la partie patronale. Dans ce sens, je ne serai pas d'accord sur la motion
proposée par le député de Saint-Jean.
Actuellement, je pense que la partie patronale pourrait très
facilement, commencer le débat, surtout quand on sait qu'il ne s'agit
pas là de présenter des demandes, qu'il ne s'agit pas de
défendre le point de vue patronal et que, par la suite, la partie
syndicale se battrait contre. C'est également reconnu par tout le monde
autour de la table, que quelle que soit la partie qui commence à exposer
son point de vue, il y aura par la suite droit de réplique.
Alors, il me semble que la partie patronale, à ce moment, se
sent, normalement et logiquement protégée par son droit de
réplique qu'elle aura éventuellement. Mais, je n'ai pas entendu,
du côté patronal, l'argument que j'ai eu du côté
syndical en présence du ministre et du président de la commission
à l'effet qu'on s'attendait que cela fonctionne d'une autre façon
et que l'approche était tout à fait différente à
cause de ce changement qui pouvait être fait par une motion telle que
celle mentionnée par le député de Saint-Jean.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres interlocuteurs? Je dois poser
la question. Que ceux qui sont en faveur de la motion veuillent bien
l'exprimer.
M. Burns: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Vote enregistré.
M. Roy: Est-ce qu'on voudrait lire la motion, s'il vous
plaît?
M. Veilleux: Cette motion, je ne l'ai pas écrite, j'ai
tout simplement dit que je veux qu'on entende en premier lieu le Conseil
provincial des métiers de la construction...
M. Burns: On voudrait en avoir une copie.
M. Veilleux: ...et qu'on entende ensuite l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec et qu'on donne droit de
réplique au Conseil provincial des métiers de la construction,
s'il le juge à propos.
M. Burns: On en voudrait une copie. M. Veilleux: C'est
cela.
M. Burns: Bien non, je veux dire... On nous demande cela souvent,
nous autres...
M. Veilleux: Si vous voulez, M. le Président, suspendre
les débats pour deux minutes, histoire que j'écrive le fameux
papier, je vais l'écrire et le remettre. C'est de l'enfantillage, mais
on va le faire quand même. D'ailleurs, depuis quatre heures que c'est
comme cela. Si vous voulez attendre deux minutes...
M. Burns: Peut-être que M. L'Heureux a quelque chose
à dire.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît, la commission suspend ses travaux.
Une Voix: II demande la parole.
Le Président (M. Séguin): Oui, mais il ne peut pas
entrer en débat sur la motion, c'est devant la commission à ce
moment-ci. Le vote est commencé. Est-ce que c'est en dehors du vote, M.
L'Heureux? C'est parce qu'il y a un vote qui se prend. Au moment du vote,
pendant le vote, je ne dois pas permettre d'intervenir. Le vote
enregistré est demandé.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que votre intervention, M.
L'Heureux, aurait pour effet d'empêcher un vote sur cette motion?
M. L'Heureux: Mon intervention, M. le ministre, est à
l'effet que bien que je ne partage pas...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Non, je ne
puis vous permettre d'intervenir.
M. Burns: M. le Président, moi, je consens à ce que
M. L'Heureux intervienne.
M. Harvey (Jonquière): Si vous consentez, alors...
M. Burns: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Séguin): Je suspends les travaux
de la commission.
M. Burns: S'il y a lieu, on devrait avoir un vote
après.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je suspends
les travaux de la commission à loisir.
M. Samson: Sur le point d'ordre, M. le Président, je pense
que nous n'avons pas besoin de suspendre les travaux de la commission. Tout
simplement, il y a eu un vote de demandé, on peut retirer cette demande
pour le moment et permettre à monsieur de parler. On redemandera le vote
après. S'il y a consentement, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, je ne veux d'aucune façon créer un
précédent. Tout ce que je demande, c'est que n'intervienne pas
dans la discussion une tierce personne au moment d'un vote.
M. Samson: Si on retire la demande du vote pour le moment...
M. Harvey (Jonquière): On a suspendu nos travaux à
loisir, on peut lui parler.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. C'est pour
cela que j'ai suspendu les travaux à loisir.
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez venir, M. L'Heureux,
c'est suspendu à loisir.
Le Président (M. Séguin): A ce moment-ci, d'accord,
vous pouvez parler, vous êtes en dehors de la commission.
(Suspension de la séance à 20 h 39)
Reprise de la séance à 20 h 42
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Le député de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, j'ai eu envie, au moment de
l'ajournement à six heures, de prendre deux minutes pour dire que
j'aurais aimé que vous me proposiez comme conciliateur entre les deux
parties pour savoir qui commencerait, mais je pense que le temps que j'ai pris
pour demander la suspension, pour écrire la teneur de la motion que je
voulais faire, a fait qu'une des deux parties a accepté de commencer en
premier. Alors, qu'on lui laisse la chance de commencer si elle le veut.
Simplement, M. le Président, je propose d'appeler l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec. Si on l'avait fait à 5 h
50, on aurait commencé tout de suite.
M. Burns: M. le Président, je pense que le journal des
Débats n'enregistrait pas, au moment où M. L'Heureux a
parlé. Je pense qu'en toute justice, on doit dire que, même si M.
l'Heureux n'est pas d'accord avec le fait qu'il doive, au nom de son groupe,
parler le premier, il accepte, pour fins de compromis c'est
peut-être un bon signe vis-à-vis d'une éventuelle
négociation ou d'un règlement éventuel de parler en
premier. Mais je dois dire, cependant, à M. L'Heureux, que, lorsque nous
avons reçu les arguments de M. Dumoulin, M. L'Heureux, malheureusement
il avait peut-être d'autres activités nous avait
quitté à ce moment-là et les ar-
guments, qui m'ont convaincu du côté de M. Dumoulin, ont
été donnés en présence du ministre du Travail, du
président de la commission et de moi-même en l'absence de M.
L'Heureux. Je ne veux pas repartir le débat, mais, si M. L'Heureux est
prêt à commencer immédiatement, j'endosse
complètement la suggestion du député de Saint-Jean, que M.
L'Heureux, au nom de son groupe ou quelqu'autre personne au nom de son
groupe...
M. Veilleux: Qu'on commence, M. le Président, on a
hâte d'entendre les parties qui sont ici.
M. Burns: D'accord, j'écoute.
M. Veilleux: Depuis 4 h 15 qu'on attend.
M. Samson: M. le Président, je fais appel au
règlement pour que cela fonctionne normalement. Si les propos de M.
L'Heureux n'ont pas été enregistrés, c'est qu'il est
d'accord à commencer le premier, à la condition d'avoir un droit
de réplique immédiatement après l'autre association.
M. Veilleux: C'est entendu.
M. Burns: II n'y a pas de problème.
M. Samson: Alors, on est d'accord sur cela. Je pense que
c'était bon qu'on le dise carrément.
Le Président (M. Séguin): Messieurs les membres de
la commission et messieurs les représentants, avant de passer la parole
à M. L'Heureux, je voudrais ajouter ceci. Il ne faudrait pas croire, ni
déduire, à la façon dont on a procédé ce
soir pour établir l'ordre de parole, qu'il s'agisse là d'un
précédent. Il s'agit tout simplement d'un malentendu entre deux
groupes et la commission. Nous avons voulu, par motion, par voie de vote ou de
main levée, par indication des membres, savoir quel était le
désir quant à l'ordre, puisqu'il y en avait deux.
Normalement, il reviendrait au président, avec le consentement de
la commission, d'établir l'ordre du jour au début de la
séance de la commission. Cela n'avait pas été fait ici.
Alors, je ne voudrais pas que ce que nous faisons ce soir soit reconnu comme
l'ordre des choses, mais plutôt comme un geste très
irrégulier.
M L'Heureux, s'il vous plaît.
M. Lacroix: Si vous me permettez, M. le Président, je
voudrais demander à M. L'Heureux...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lacroix: ... d'être très prudent, parce que ceux
qui vont suivre vont, avec toute l'honnêteté qu'on leur
reconnaît, lui répondre de façon très objective.
J'aimerais qu'il garde ses meilleurs arguments pour sa défense.
Le Président (M. Séguin): M. L'Heureux.
Une Voix: M. le Président, est-ce qu'on peut
considérer ça comme un parti pris?
Le Président (M. Séguin): C'est que je n'ai rien
compris de ce qui s'est dit...
M. Lacroix: C'est exactement ce que vous nous faites toujours;
vous voulez détruire le gouvernement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une Voix: On peut peut-être se parler longtemps.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Je pense que vous pouvez considérer ça
comme du parti pris, vraiment.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M.
Veilleux: On commençait.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! Un peu de calme.
M. Burns: J'ai entendu le député des
Iles-de-la-Madeleine dire: C'est fait, mais c'est très grave ce que vous
venez de dire là. Parce que vous venez de biaiser carrément la
commission...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... et je sais fort bien comment la commission va
s'enligner maintenant. A moins que vous ne soyez pas...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... le whip du Parti libéral, à moins que
vous n'ayez aucune influence sur le caucus du Parti libéral.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lacroix: Je vous dirai que je suis plus important dans le
Parti libéral que vous pouvez l'être dans le Parti
québécois...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lacroix: ... je n'ai aucune idée communiste, ni
communisante...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre.
M. Lacroix: ... je suis pour l'entreprise privée, je suis
aussi pour... Je suis l'un de ceux qui ont défendu les syndicats et les
syndiqués qui le seront à l'avenir. Ce ne sont pas...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! La commission
suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 20 h 48)
Reprise de la séance à 20 h 53
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Voulez-vous prendre vos sièges, s'il vous plaît? M.
L'Heureux.
Association des entrepreneurs en construction
M. L'Heureux (Réal): M. le Président, MM. les
honorables députés, mesdames et messieurs. Au nom du conseil
d'administration des entrepreneurs en construction du Québec, je
désire apporter les commentaires suivants à la question
posée par le président et qui fait l'objet de la présente
session.
Est-ce que les parties peuvent s'entendre sur un projet de convention
collective avant le 30 avril? Et sinon, pour quelles raisons?
Je crois qu'en répondant à la seconde partie de la
question, la commission aura une réponse complète. Pour le
bénéfice de la commission, nous ferons une brève analyse
chronologique du déroulement des pourparlers à ce jour dans les
présentes négociations. En vertu de l'arrêté en
conseil 145-76, publié dans la Gazette officielle du Québec le 28
janvier 1976, le premier conseil d'administration de l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec fut élu le 14
février 1976, soit dix semaines avant l'expiration du décret
actuel.
Il est à remarquer ici et cela a déjà
été remarqué que le bill 47 permettait
d'élire ce conseil dès octobre 1975. Afin de rattraper ce retard,
le conseil décida de brûler les étapes. Le jour du scrutin,
il obtint, malgré les objections de l'Office de la construction du
Québec, le procès verbal d'élection afin de
procéder tel que le voulaient ses statuts et règlements à
l'élection de ses officiers.
Le 16 février, soit deux jours plus tard, il convoquait la partie
syndicale à une première rencontre pour le 19 février,
afin de recevoir l'ensemble de ses demandes. Il est à remarquer ici que
les douze administrateurs élus se lançaient dans cette aventure
sans statut corporatif, sans fonds, sans secrétariat et sans
personnel.
Le 19 février, la partie syndicale remettait, comme demande, un
texte de trois pages sur une forme de négociation par métier. La
partie patronale fit valoir alors qu'une telle structure n'était pas
acceptable, qu'une structure par tables de secteur, subordonnées
à une table centrale, conformément à la recommandation 73
du rapport Cliche, conviendrait mieux à notre association, mais que nous
étions prêts à recevoir et à explorer leurs demandes
particulières de métiers à une table auxiliaire, afin
d'accélérer les travaux à la table centrale.
A la demande de la partie syndicale, un texte patronal fut remis sur le
champ relativement à notre offre et la partie syndicale demanda un
ajournement pour consulter ses affiliés sans nous remettre ses
demandes.
Cette consultation sur un texte de cinq paragraphes dura trois semaines
et ce n'est que le 10 mars, soit a sept semaines de l'expiration du
décret, que la partie syndicale nous convoquait.
Après une discussion d'environ deux heures, un accord intervint
et le texte suivant fut signé par les deux parties. "Montréal, le
10 mars 1976.
Le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction (FTQ)...
M. Burns: M. L'Heureux, pouvez-vous déposer ce document,
s'il vous plaît?
M. L'Heureux: Oui, je vais le lire avant. Je n'en ai seulement
qu'une copie.
M. Burns: Oui, d'accord, mais, éventuellement, on pourra
en avoir des copies.
M. L'Heureux: Parfait. Je recommence: "Le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction (FTQ) et l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec conviennent que, pour la
négociation du renouvellement du présent décret, la
structure utilisée sera la suivante:
Premièrement, une table centrale où le comité de la
négociation dûment mandaté par chacune des parties a la
pleine et entière responsabilité de la négociation et de
la ratification des clauses à être soumises à ses membres
ou affiliés.
Deuxièmement, une table parallèle pour les clauses
particulières. Les clauses discutées à cette table seront
limitées à celles fournies dans le document de la partie
syndicale en date d'aujourd'hui, en plus de la liste à venir concernant
les calorifugeurs ainsi qu'à celles qui seront soumises par la partie
patronale. Toute clause qui ne sera pas jugée particulière par
les deux parties à cette table auxiliaire sera
référée à la table centrale.
Troisièmement, le comité de la négociation de la
table centrale de chacune des deux parties sera le seul et unique juge des
membres qu'il déléguera à cette table parallèle et
de leur mandat." Je pense que je vais recommencer cette phrase. Elle est
très importante dans le contexte qui va suivre. "Le comité de la
négociation de la table centrale de chacune des deux parties sera le
seul et unique juge des membres qu'il déléguera à cette
table parallèle et de leur mandat. Toute clause qui fera l'objet d'un
consensus à cette table sera soumise à la table centrale,
conformément aux dispositions de l'article no 1, c'est-à-dire de
l'article où on détermine que la table centrale est le seul
agent-négociateur et toute clause sur laquelle aucun consensus n'aura
été obtenu sera de même référée
à la table centrale au moment où les positions demeureront fermes
des deux côtés."
Sans vouloir interpréter le texte pour les membres de la
commission, ce que cela veut dire, c'est qu'il y a une table centrale qui est
responsable de la négociation de la ratification des clauses, qu'il y a
une table auxiliaire qui est responsable d'explorer des clauses
particulières de métiers. Les deux parties doivent s'entendre
pour qu'une
clause soit particulière, c'est-à-dire pour qu'elle soit
discutée et explorée à la table particulière. Au
moment où il y a un consensus sur une clause particulière
après une discussion, elle est référée à la
table centrale où une certaine uniformisation doit être faite,
pour ratification et, éventuellement, être incluse.
S'il n'y a pas de consensus, c'est-à-dire au moment où les
deux parties demeurent fermes, à ce moment, il est entendu que cette
clause aussi est référée à la table centrale, afin
de ne pas bloquer les négociations. "Quatrièmement, les clauses
soumises par chacune des parties comme particulières seront
discutées à la table parallèle, simultanément, par
tous les intéressés, c'est-à-dire par tous les locaux qui
auront indiqué cette ou ces clauses dans le document mentionné
précédemment. Afin de faciliter cette procédure, un ordre
du jour sera préparé au préalable par les membres de ce
comité.
Cinquièmement, le président de chacune des deux parties ou
des personnes spécifiquement désignées par lui par
écrit pourra accepter et parapher une clause ou texte final pour
être soumis à l'approbation des membres ou des affiliés
qu'elle représente. Ce texte a été signé par M.
Dumoulin et par M. L'Heureux."
Ce n'est qu'à ce moment, c'est-à-dire la journée du
10 mars, que la partie syndicale accepta de déposer une partie de ses
demandes sur les clauses générales, mais ni les demandes
particulières de métiers, ni les clauses salariales ne furent
déposées. Après une brève rencontre d'information
tenue le 24 mars, les négociations débutèrent le 31 mars
à la table centrale et le dépôt des demandes
particulières par métiers le 1er avril à la table
auxiliaire. Les 6 et 7 avril, le dépôt des demandes
particulières à la table auxiliaire se poursuivit selon le
calendrier fourni par la partie syndicale. Le 7 avril, les négociations
devaient reprendre à la table centrale, mais la partie patronale fut
informée, à l'heure où nous étions censés
nous rencontrer, que le comité de négociation de la partie
syndicale se réunissait avec l'exécutif du conseil provincial des
métiers et, effectivement, à 14 heures, la partie syndicale nous
informait que, dans l'intérêt des "négociations", celles-ci
étaient suspendues indéfiniment, aussi bien à la table
centrale qu'à la table particulière. Ceci était d'autant
plus regrettable que le dépôt de l'ensemble des demandes
particulières aurait permis à notre comité d'utiliser la
semaine de Pâques pour les étudier et les regrouper, et
déclencher le mécanisme de consultation à
l'intérieur de notre association.
J'ouvre une parenthèse ici. Cela constitue la première
étape des négociations que nous avons connues. En fait, cela a
été la seule étape des négociations. A ce moment,
je dois avouer que l'atmosphère était très optimiste
à la table. Je pense que cela est partagé des deux bords; du
moins, ce qu'on lisait dans les journaux reflétait notre position et
semblait être partagé par la partie syndicale. Malheureusement,
cette journée, cette atmosphère a changé. A ce moment, nos
informations et ce que nous voyions à ce moment dans l'hôtel
où nous étions indiquaient qu'une contestation était
intervenue au sein du conseil provincial des métiers où certains
locaux, les locaux mécaniques, remettaient en question le texte qui
était intervenu et, à toutes fins pratiques, éliminaient
la négociation à la table auxiliaire. C'est à partir de ce
moment que commence la deuxième étape.
Le 12 avril, nous étions convoqués pour prendre
connaissance d'une proposition, laquelle, à toutes fins pratiques,
annulait l'entente du 10 mars. Cette entente je l'ai ici, je peux la
déposer; je ne la lirai pas parce qu'elle est assez longue, mais je vais
la commenter nous était soumise par le biais de la FIOE, mieux
connue sous le nom de la Fraternité interprovinciale des ouvriers en
électricité. Encore là, pour l'information de la
commission parlementaire, ce local avait premièrement tenté de se
faire reconnaître au niveau du ministère du Travail comme partie
négociatrice. Apparemment, cela avait été refusé.
Sa deuxième démarche fut une tentative de négocier
directement avec la Corporation des maîtres électriciens. Ceci
aussi a été refusé. La troisième tentative a
été un télégramme envoyé à notre
association et au conseil provincial des métiers, dont nous avons eu
copie le 29 mars, nous demandant d'entamer des négociations directement
avec ce local. Ceci aussi a été refusé. A ce moment, nous
nous sommes référés au texte de loi qui voulait qu'on
entame avec la partie représentative une négociation pour tous
les métiers, provincialement. La tentative suivante fut celle-là,
c'est-à-dire qu'il a réussi, pour autant qu'on est
concerné et la partie syndicale va donner ses impressions, à
bloquer un local, à bloquer la négociation. Le texte qu'on nous a
proposé... Je vais vous le résumer, mais encore là, je
peux le commenter plus en détail si c'est le voeu de la commission.
Premièrement le texte, c'était un protocole intervenu
entre les deux parties représentatives, c'est-à-dire le Conseil
provincial des métiers et notre association, à laquelle je me
référerai comme à l'AECQ pour le reste de nos
discussions.
Le protocole d'entente voulait que chacune des parties
délègue dans le cas du Conseil provincial des métiers
à la fraternité et, dans notre cas, à des entrepreneurs
électriciens membres de la corporation toute la responsabilité de
la négociation en ce qui concernait la fraternité
interprovinciale des clauses qui étaient dans le protocole
d'entente et qu'on appelait des clauses particulières.
Non seulement voulait-on dans ce protocole qu'on délègue
ceci au moment de la négociation, mais que la convention signée
entre les deux parties forme une annexe au décret, c'est-à-dire
qu'elle soit rattachée au décret, que l'acceptation ou le refus
de cette convention se fasse uniquement au niveau du métier des
électriciens et des employeurs impliqués au niveau des
électriciens aussi bien pour l'acceptation que pour le
déclenchement d'une grève ou d'un lock-out.
Parmi les clauses particulières, il y avait toutes les clauses
qui se rapportent au contrôle de la main-d'oeuvre. Alors, dans un
métier où les bu-
reaux syndicaux de placement fonctionnent à 100%, où les
contremaîtres et les délégués de chantier sont
maîtres, on voulait aussi contrôler ce qui se rattache à la
main-d'oeuvre.
On demandait aussi que les parties reconnues selon la loi permettent que
cette négociation soit sur une base permanente, c'est-à-dire que
le comité qui négocierait, délégué par les
deux parties, serait aussi délégué pour négocier
continuellement pendant la durée du décret et pourrait, sur une
base mensuelle, réviser la convention collective et
éventuellement le décret qui est une loi, au fur et à
mesure qu'elles s'entendraient.
On avait aussi certaines conditions qu'on appelait spéciales pour
les chantiers éloignés. On sait que tout le monde vit sur les
mêmes chantiers.
En résumé, non seulement la Fraternité
interprovinciale des ouvriers en électricité ne reconnaissait pas
le Conseil provincial des métiers comme partie représentative,
comme le veut le bill 47, mais elle ne reconnaissait pas l'AECQ comme agent
patronal et cela contrairement à une demande du même local faite
le 29 mars, que je vous ai mentionnée précédemment,
où il nous offrait d'entamer directement des négociations avec
nous, demande que nous avons refusée.
J'ai déjà mentionné que la fraternité
voulait négocier directement avec les employeurs
électriciens.
Encore là, je désire ouvrir une parenthèse ici,
pour peut-être vous rafraîchir encore la mémoire sur
certaines constatations de la commission Cliche.
Il faut s'imaginer le genre de négociation qu'on a au moment
où l'AECQ délègue son mandat à une minorité
d'entrepreneurs qui ont déjà, par le biais de la corporation,
cédé leur mandat à l'AECQ, qu'on les force à
reprendre le mandat et à négocier directement avec un local aussi
puissant que la fraternité provinciale des électriciens les
conditions qu'ils appellent particulières, mais qui sont en
réalité des conditions aussi générales que la
sécurité du revenu, l'administration des bénéfices
marginaux, le contrôle de la main-d'oeuvre.
Alors, vous pouvez vous imaginer qu'au moment où l'AECQ
déciderait de faire cela, cela serait naturellement emboîté
par d'autres métiers mécaniques, comme le local 144, le local des
ascenseurs et certains autres locaux.
Alors, s'il y a des questions là-dessus, je pourrais
peut-être développer ce point plus à fond.
On prétendait aussi, à ce moment-là, qu'ils ne
pouvaient pas négocier, c'est-à-dire que la fraternité ne
pouvait pas négocier avec nous, parce que nous étions des
personnes interposées. Encore là, j'aimerais souligner un point
ici. Les personnes, d'après eux, qui devaient se rencontrer, ce sont les
employeurs et les travailleurs. Nous sommes des employeurs et ils nous
considèrent comme des personnes interposées. Eux, les agents
d'affaires, se considèrent comme des travailleurs. Je ne sais pas si
j'ai besoin d'aller plus à fond. C'est devant le refus de la partie
patronale d'accepter ce texte que la partie syndicale demanda un conciliateur
le 13 avril, demande à laquelle nous nous op- posions, le 14 avril, dans
les termes suivants. C'est une lettre du 14 avril, adressée à
l'honorable Gérald Harvey. "Monsieur le Ministre,
L'Association des entrepreneurs en construction du Québec a
été mise au courant de l'intention du Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction de vous adresser une
demande en vue de la nomination d'un conciliateur dans la négociation
actuellement en cours dans la construction. "Ce geste assez surprenant de la
FTQ Construction démontre bien son intention de ne pas faire une
véritable négociation en vue du renouvellement du décret.
Nous ne pouvons interpréter autrement ce geste de la FTQ Construction,
surtout qu'elle a déjà suspendu unilatéralement la
négociation le 7 avril dernier. Comment voulez-vous, M. le Ministre,
qu'un conciliateur intervienne efficacement dans ce dossier alors que la partie
syndicale n'a pas encore déposé toutes ses demandes. "La FTQ
Construction, ne veut plus, après y avoir consenti, négocier
conformément à la Loi des relations du travail dans l'industrie
de la construction. Elle cherche par tous les moyens à se faire
remplacer par le gouvernement du Québec dans un dossier qui semble lui
échapper. Nous croyons, au contraire, M. le Ministre, que les
problèmes de la construction doivent être réglés par
les parties en présence et que la FTQ Construction devrait d'abord
s'asseoir et négocier avant d'appeler au secours. "En
conséquence, M. le Ministre, nous vous demandons instamment de surseoir
à toute nomination de conciliateur, tant et aussi longtemps que la FTQ
Construction n'ait pas négocié pendant toute la période
prévue à la loi, période préalable à toute
demande de conciliation. "Veuillez agréer, M. le Ministre, l'expression
de nos sentiments les meilleurs".
Le conciliateur, effectivement, a été nommé le 22
avril, il a rencontré la partie patronale, le même jour durant une
heure et travaille depuis ce temps avec la partie syndicale, ce qui
était prévisible, car il ne s'agit pas de concilier les deux
parties représentatives, mais les différents locaux de la FTQ,
avec le Conseil provincial des métiers.
Je crois ici que les questions que nous avons à nous poser sont
les suivantes: Premièrement, quels motifs peuvent inciter un ou des
locaux à braver la loi 47 et tenter d'imposer sa ou leur loi à
toute une industrie? Deuxièmement, comment ce ou ces locaux
présentement sous tutelle peuvent-ils être ou se croire assez
puissants pour bloquer des négociations pourtant amorcées sur une
note d'optimisme, en faisant accepter leur structure au Conseil provincial des
métiers? Troisièmement comment la partie syndicale
représentative peut-elle prétendre qu'elle négocie de
bonne foi, qu'une entente aurait peut-être été possible,
quand elle ne respecte même pas les ententes intervenues, qu'elle a
refusé systématiquement de remettre ses demandes salariales et
qu'elle ne peut discipliner ses affiliés?
Je crois que toutes ces questions trouvent
leur réponse dans la complaisance aussi bien des
législateurs que de la partie patronale, face aux faux problèmes
montés en épingle dans le passé, comme c'est le cas
présentement, où, invariablement et dans chaque cas,
législateurs et patrons ont acheté une paix relative à
court terme en cédant les droits de gérance et en sacrifiant la
liberté des travailleurs, concrétisant ainsi un monopole si bien
reconnu et décrit par la commission Cliche. Ce monopole, lequel n'est
pas aux mains des travailleurs mais de certains locaux, détruit
rapidement une industrie qui est devenue un agent négatif dans le
développement économique et industriel de notre province.
La commission Cliche nous offre les commentaires suivants relativement
aux structures et à la démocratie patronale: "La commission
constate en effet que les associations patronales ont cédé
à toutes les pressions exercées par la FTQ et qu'elles ont
toujours été divisées devant le ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre qui a réagi en leur imposant
continuellement des conditions de travail arbitraires puisqu'il était
dans l'impossibilité de s'appuyer sur l'accord des patrons. Les
associations patronales ont accepté des conditions de travail
fixées par le décret qui se sont révélées
inapplicables. Le chapitre qui concerne les délégués de
chantiers illustre très bien cette situation.
Les associations patronales faibles et divisées à la CIC
c'est devenu maintenant l'Office de la construction en ont
complètement abandonné la maîtrise à la FTQ. Elles
ont aussi laissé à la FTQ la fonction du placement sans
réfléchir qu'à la longue cet usage jouerait contre leurs
propres intérêts et ceux des travailleurs mêmes. Elles ont
toléré que les surveillants des chantiers soient membres des
mêmes syndicats que les employés et ainsi soient
subordonnés à la dictature de certains chefs syndicaux au
détriment de leur droit de gérance. La commission cite: Nous
traitons de cette situation plus en détail au chapitre du
contremaître. Dans d'autres circonstances, les employeurs, à cause
de la faiblesse de leur association ou de leur individualisme, ont
préféré acheter la paix à tout prix au lieu de
résister à la violence et à la menace dont ils
étaient victimes tout autant que leurs employés." Je termine ici
la citation de la commission Cliche.
La partie patronale endosse, c'est-à-dire l'AECQ, ces
constatations et a bien l'intention de rapatrier ses droits de gérance
essentiels au contrôle de ses opérations. Ces droits incluent la
disparition du contremaître dans sa forme actuelle, un système de
délégués de chantiers conformément aux dispositions
du bill 30 et la disparition des bureaux privés de placement. Les
membres du conseil d'administration de l'AECQ sont prêts à relever
le défi. Nous croyons que le comportement de ce conseil depuis sa
formation illustre de son orientation et ceci malgré les pressions et
traitements de faveur qui se sont manifestés jusqu'à maintenant
sur certains de ses membres. La collaboration et les efforts de chaque membre
du conseil et le support inconditionnel des six associations existantes
témoignent de l'unité au sein de la partie patronale. Je vous
ferai remarquer entre autres qu'il y a ici ce soir une commission
parlementaire, que les six associations patronales existantes sont au courant
et qu'il n'y a aucun représentant officiel de ces six associations. Je
crois que cela témoigne de la confiance qu'ils ont dans l'association
qu'ils ont élue. Tous ces efforts de la partie patronale seront
cependant inutiles à moins que le législateur ne prenne aussi sa
part des responsabilités et, à ce sujet, nous attendons du
législateur qu'il fasse appliquer les lois établies et ne les
changent pas comme dans le passé pour rendre légales les ententes
illégales.
Nous attendons du législateur que, comme client et comme
législateur, il suive les règles du jeu qu'il a établies
lui-même, car comme le citait la commission Cliche, il est inutile de
demander à un citoyen sans défense de résister au chantage
et aux menaces si l'Etat, face à de semblables tactiques, ne donne pas
lui-même l'exemple d'une grande fermeté inspirée par la
conviction profonde que le respect de la loi est le plus sûr moyen
d'assurer la liberté à tous, à tous ceux qui veulent vivre
en paix dans un régime démocratique.
Nous attendons du législateur qu'ayant satisfait à nos
deux premières attentes, c'est-à-dire faire respecter les lois et
respecter lui-même ces lois et ces règles du jeu, que non
seulement il s'abstienne d'intervenir dans les négociations entre les
parties, mais qu'il le fasse savoir d'une façon nette et claire aux
parties.
Enfin, et finalement, nous attendons du législateur une plus
grande prudence afin que des aventures comme celle des Olympiques où une
industrie est hypothéquée à court et à long terme
au profit d'un seul projet ne se reproduisent plus. Alors, ceci complète
nos commentaires.
Le Président (M. Séguin): Merci beaucoup. Est-ce
qu'il y a des questions à poser à M. L'Heureux?
M. Veilleux: Je suggérerais, M. le Président,
qu'avant qu'on pose les questions, on entende la partie syndicale; on verra
après. Je fais la suggestion qu'on entende immédiatement la
partie syndicale.
Le Président (M. Séguin): M. Dumoulin, s'il vous
plaît.
Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction
M. Dumoulin: Guy Dumoulin, conseil provincial. M. le
Président, MM. les députés. D'abord, pour débuter,
nous sommes ici à la suite de la convocation que nous avons reçue
de votre secrétaire de la commission nous convoquant à une
commission parlementaire en formulant des extraits de la loi relativement
à la convocation.
En plus, j'aimerais que chaque affilié du conseil reçoive
une invitation individuelle à se présenter à cette
commission étant donné que ce
sont des associations de salariés au sens de la loi, du dernier
alinéa de l'article 18. De plus, j'aimerais vous rappeler que, selon
l'article 33 c), ce sont eux qui ont à voter sur l'acceptation ou le
refus de ladite convention collective.
Commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration, Hôtel du Gouvernement, Québec. Audition devant la
commission parlementaire, mardi le 27 avril.
Messieurs, le Conseil provincial du Québec des métiers de
la construction a reçu de M. Jacques Pouliot, secrétaire des
commissions, une invitation pour nous faire entendre devant la commission
parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration cette
après-midi, ce 27 avril. Nous vous demandons, MM. les
députés, de nous entendre sur les deux sujets suivants qui sont:
Premièrement, qu'il n'est pas de l'intérêt public de
modifier le décret et de le prolonger sans le consentement des parties
aux négociations; deuxièmement, qu'il y a tout lieu de croire que
les parties pourront parvenir à une entente relative aux modifications
apportées au décret concernant l'industrie de la
construction.
L'intérêt public n'est pas compromis. Le
comité exécutif du Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction a tenu une assemblée
spéciale, le lundi 26 avril à 17 heures, où il fut
résolu à l'unanimité de recommander à tous ses
affiliés de ne pas faire la grève sur tous les chantiers
olympiques avant la tenue des Jeux olympiques. Le mardi 27 avril à 13
heures, l'assemblée extraordinaire du bureau des agents d'affaires
adoptait, à l'unanimité, une résolution stipulant qu'il
n'y aura pas de grève sur tous les chantiers olympiques avant la tenue
des Jeux olympiques. Chaque affilié a, de plus, signé un document
à cet effet et par lequel il s'engage, pour et au nom de son
association, à ne pas faire la grève. Vous trouverez donc,
ci-attachée, une copie de cet engagement dûment signé et
que nous produisons pour faire valoir comme s'il était ci-après
récité au long.
Le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction est d'avis qu'il n'est pas dans l'intérêt public de
modifier le décret sans le consentement des parties aux
négociations, et ce, du fait que les travailleurs de la construction du
Québec compléteront à temps toutes les installations
olympiques.
Les parties négocient et elles parviendront à une
entente. Les négociations ont débuté le 19
février, elles se sont poursuivies les 10, 24 et 31 mars, 1er et 7
avril; le lundi 12 avril 1976 eut lieu la dernière rencontre avant la
conciliation. Suite à une demande du Conseil provincial du Québec
des métiers de la construction, le ministre Gérald Harvey,
nommait M. Pierre Dufresne, ingénieur, pour agir comme conciliateur. M.
Dufresne a rencontré les parties. En particulier, a-t-il recueilli de
toutes les unions affiliées au Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction, leurs demandes particulières. Il doit
maintenant rencontrer les porte-parole de la partie patronale pour leur
soumettre ces demandes particulières et discuter avec eux de leurs
contre-propositions patro- nales, lesquelles seront soumises à la partie
syndicale avant la fin de la semaine.
L'Association des entrepreneurs en construction du Québec devra
soumettre les demandes particulières des unions aux employeurs
intéressés et soumettre leurs réactions aux unions
intéressées avant la fin de la semaine.
Le problème. Les négociations ont été
marquées au début, par l'impossibilité, pour les
véritables parties intéressées aux problèmes
propres de chaque métier ou emploi, de pouvoir s'entendre seuls avec
leurs employeurs sur certaines clauses particulières du décret
concernant leurs besoins ou demandes particulières.
Le rappel historique. II ne fait aucun doute maintenant que la
négociation sectorielle dans l'industrie de la construction constituait
un risque et l'expérience des huit dernières années a
démontré qu'il était nécessaire de revenir à
une approche plus logique et rationnelle.
Le bill 290 a apporté des problèmes nouveaux et il s'agit
maintenant de l'adapter aux véritables exigences du milieu. Cette
négociation, dans sa forme actuelle, saura répondre aux
véritables exigences du milieu.
La solution. C'est pourquoi il y a lieu de centraliser une bonne
partie des négociations à la table unique, mais il faut les
restreindre à des matières susceptibles d'être
appliquées uniformément dans toute la province.
A ce niveau, les négociations se poursuivront entre les parties
représentatives réunies par la loi et ce, pour l'ensemble de
l'industrie de la construction.
Les tables séparées. Par ailleurs, il doit y avoir
des négociations à des tables séparées pour toute
matière particulière à un métier, ou à un
groupe de métier, ou à un secteur donné, d.ans l'industrie
de la construction. Les intéressés eux-mêmes ont
accédé à ces tables particulières. L'entente
à la table unique ajoutée à celle produite aux tables
particulières des métiers seront ensuite réunies pour
constituer l'entente globale, laquelle sera formée de l'entente
principale et d'annexes de métiers ou de secteurs.
C'est pourquoi chaque union siège seule devant le conciliateur et
demande de négocier avec les employeurs concernés. A cet effet,
nous vous rappelons les dispositions des deux derniers alinéas de
l'article 8 de la loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction qui prévoient: "Toutefois, une condition de travail qui
n'est applicable qu'à un secteur de l'industrie de la construction doit,
pour être négociée, avoir été acceptée
par les employeurs de ce secteur.
De même, une condition de travail qui n'affecte que les membres
d'une des associations représentatives doit, pour être
négociée, avoir été acceptée par
l'association intéressée."
De nombreux motifs militent en faveur d'une négociation à
des tables séparées, concernant des clauses particulières
à un métier, à un groupe de métiers ou à un
secteur.
Premièrement, on doit considérer attentivement la
volonté des travailleurs de faire partie d'un
groupe particulier de travailleurs ayant des intérêts
communs et, d'autre part, celle des entrepreneurs de se grouper en une
association non reconnue comme représentative, mais qui ont des
intérêts communs.
Deuxièmement, il y a lieu de considérer aussi l'histoire
des négociations, des ententes collectives dans l'industrie de la
construction, pour vite découvrir une longue tradition de
négociations et de conclusions de conventions collectives au niveau des
métiers.
Troisièmement, il y a lieu de considérer aussi
l'évolution réelle des entreprises depuis 1968 pour
découvrir que les entreprises sont demeurées, en grande
majorité, bien spécialisées, qu'il y a absence de
polyvalence, tant du côté des employés que des employeurs,
et qu'effectivement, et ce, nonobstant le bill 290, l'industrie n'a pas
changé.
Quatrièmement, il y a lieu de considérer également
que la paix industrielle ne doit pas être troublée par la
multiplicité des groupes et des associations à une table de
négociation, notamment en vue de négocier des clauses
particulières à un métier ou à un groupe de
métiers, ce qui n'a eu, en somme, que l'effet de créer un
perpétuel conflit entre les travailleurs eux-mêmes, leur
association et les employeurs, ce qui a rendu la négociation
pratiquement impossible.
Par conséquent, le simple bon sens ainsi que toute la
jurisprudence dans le domaine du travail exigent que tous les salariés
qui ont des intérêts communs ne forment qu'un même groupe.
Les intérêts communs de nos travailleurs de métiers sont
facilement décelables.
Similitude de métiers et de qualifications,
transférabilité et promotion de salariés à
l'intérieur du métier seulement, interdépendance et
interchangeabilité dans les fonctions, nécessité d'une
similitude de conditions de travail dans un métier, non quant aux autres
métiers, mais en regard de certaines conditions particulières du
métier, la très grande spécialisation des employeurs dans
l'industrie de la construction.
Cette volonté des affiliés du Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction de négocier seuls
leurs particularités est fondée sur des critères
objectifs, une conséquence dans les attitudes et une relation
correspondant à des pratiques existantes et à des pratiques qu'il
serait légitime et valable de perpétuer. La même
volonté et les mêmes attitudes existent chez les entrepreneurs.
C'est pourquoi il a été tout à fait logique et naturel de
donner une voix au chapitre aux unions affiliées au Conseil provincial
du Québec des métiers de la construction, dans la
négociation des clauses particulières à l'exercice de leur
métier et de leurs activités.
C'est d'ailleurs pourquoi le conciliateur nommé par le ministre a
reconnu que ce sont les premiers intéressés, à savoir les
négociateurs représentant les différents affiliés,
qui devaient avoir la tâche d'identifier les matières qui seraient
retenues aux tables séparées et celles qui seraient
abordées aux tables uniques.
M. Dufresne s'est engagé dans cette voie.
C'est la raison pour laquelle nous sommes convaincus que nous pourrons
nous entendre avec l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, leurs représentants et mandataires et avec les employeurs
de tous les secteurs, de tout métier ou de tout emploi concerné
sur une convention collective de travail pour tous les métiers et
emplois de l'industrie de la construction au Québec et, ce, dans un
avenir extrêmement rapproché.
Nous avons délibérément refusé d'insister
sur le fait que l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec n'a pas négociée avec diligence avec les
représentants du Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction. Nous nous contentons de souligner qu'elle n'a jamais
été prête à négocier plus de trois jours par
semaine, à raison de six heures par jour, ni à répondre
à plusieurs de nos demandes avant la mi-mai 1976.
La venue d'un conciliateur et l'approche de l'expiration du
décret nous laissent croire que les employeurs négocieront ces
jours-ci, pour vrai. Nous vous remercions, messieurs les députés,
de nous avoir entendus et nous vous demandons de partager avec nous notre
conviction ferme que les installations olympiques seront faites par les
travailleurs de la construction, à l'honneur du Québec et du
Canada et que les négociations en vue du renouvellement du décret
conduiront à une entente globale dans un avenir rapproché.
Ce que nous voulons, messieurs les députés, c'est une
solution négociée, non pas un décret imposé qui ne
remplirait pas les besoins des parties intéressées et ne leur
permettrait pas de négocier des conditions qui leur conviennent tout en
ne leur permettant pas de faire la négociation par métier pour
toutes leurs particularités.
Voici notre document. J'aurais quelques remarques à faire ou, si
vous aimez mieux, posez les questions.
Le Président (M. Cornellier): Procédez, si vous
voulez.
M. Dumoulin: Concernant le Conseil provincial et sa demande de
négociation, qui a été formulée le 20 janvier 1976,
qui nous donnait le droit de débuter les négociations au
début de février 1976, sachant très bien que l'association
patronale n'était pas formée, nous avons fait parvenir une copie
à toutes les associations existantes du temps et au ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. C'était forcément dans le but de
se rencontrer dans les plus brefs délais pour essayer d'en venir
à une entente négociée dans l'industrie de la
construction.
Nous avons été obligés d'attendre qu'à un
moment donné, le gouvernement légifère pour former
l'association patronale unique que nous avons aujourd'hui.
Cette association patronale que nous avons rencontrée à
différentes dates que nous avons mentionnées tantôt, a
déposé un document de structures de négociations.
D'ailleurs, ce n'est pas
un qui a été déposé, cela a
été trois, et même quatre. Ces documents ont pris beaucoup
d'importance dans le niveau de la négociation. Suite à des
discussions, suite à des échanges d'idées, nous en sommes
venus à une forme d'entente, une entente qui avait un esprit, mais dont
les écrits n'étaient peut-être pas les mêmes. Aussi
véridique que cela peut être, ce que je vous mentionne, c'est que
même à l'intérieur de cette entente qui est écrite,
certains changements ont été conclus entre les deux parties
durant le cours des rencontres que nous avions.
A chacune des rencontres que nous avons eues, suite à cette
entente, a été discutée définitivement la
clarification de l'entente, parce qu'au niveau de la construction, même
si nous avons entendu dire cet après-midi qu'il y a un problème,
que tout le monde connaît le problème et que c'est quelque chose
de très volumineux, c'est vrai que c'est quelque chose de volumineux.
C'est vrai qu'il y a un problème. Il y a une autre chose qui est vraie
aussi dans l'industrie de la construction, c'est que cela fait assez longtemps
qu'on n'a pas donné la chance aux parties impliquées, entre
autres, les affiliés du conseil qui sont les métiers, de se
prononcer, de se présenter et de venir revendiquer leurs droits et
d'expliquer au législateur, au gouvernement ou à qui que ce soit,
quels sont les véritables problèmes dans l'industrie de la
construction, concernant leur métier; parce que la construction, il y a
une chose qui est certaine, c'est que ce sont les gens du milieu, travaillant
dans le métier, avec des employeurs du métier, qui peuvent
résoudre leur problème, à mon sens. C'est vrai qu'il y a
des clauses de base générale. C'est vrai qu'il y a des clauses de
base particulière.
On a mentionné tantôt qu'il y a eu une entente
présentée par la FIPO à une de nos dernières
rencontres avec l'association patronale avant la demande de la conciliation. La
demande qui a été présentée, c'est-à-dire
l'entente qui a été présentée, était une
entente présentée au nom du conseil provincial du Québec
des métiers de la construction, et non une entente de la FIPO.
C'était une entente pour clarifier la fameuse entente que nous avions
eue, étant donné que nous avions des difficultés
d'interprétation. D'ailleurs, on peut voir l'exemple aujourd'hui ce qui
est de l'interprétation. On a passé deux heures à en faire
avant de débuter, strictement pour savoir qui commence. C'est la raison
pour laquelle un document a été représenté, parce
qu'on avait de la difficulté. Et même à toutes les
rencontres que nous avons eues, que ce soit le 5, le 6 ou le 7, il a toujours
été mentionné au début que les ententes intervenues
aux tables particulières de métiers, devraient être
ratifiées à la table centrale. Ce n'est peut-être pas par
écrit blanc et noir, mais en principe, c'était en somme
accepté. C'est cela qui a fait que la négociation, suite à
ce dépôt de ce document, en direct, a été rompue. La
conciliation a été demandée.
Une des raisons majeures, c'est que les tables auxiliaires
particulières de métiers, sachant que le décret de
l'industrie de la construction se termine le 30 mai, le 1er avril, les
dépôts ont été formulés selon l'entente que
nous avions. Nous avons reçu comme réponse qu'on vous
reconvoquera je parle toujours au niveau des tables particulières
pour une réponse dans le courant du mois de mai. A mon sens, le
courant du mois de mai, ce n'est certainement pas avant le 1er mai, c'est
après le 1er mai. Donc, nous avons cru qu'il y avait vraiment un manque
de bonne foi dans les négociations à ce niveau. Tel que
mentionné dans notre document, une négociation aussi volumineuse
que celle-là et aussi complexe que celle-là, est très
difficile à faire au niveau de trois journées par semaine et
à six heures par jour.
Nous avons dit à l'association, du début de la rencontre
que nous avons eue avec eux autres au tout début, aller à la
dernière, que nous étions toujours disponibles sept jours par
semaine, 24 heures par jour. Quand je dis 24 heures, on peut se regarder et
dire: On charrie. C'est fort possible qu'on charrie, mais tout de même,
appelez cela comme vous voudrez, on était toujours prêt, on avait
juste à nous convoquer et nous étions prêts à y
aller. Nous cherchons une solution.
Nous croyons qu'il est encore temps de trouver des solutions et nous
croyons être capables de trouver des solutions.
Lorsqu'on mentionne qu'il y a certaines particularités telles que
la formation et le recyclage qui forment une des clauses
générales et non des clauses particulières, c'est vrai
qu'on a besoin de se rencontrer par métier. Je suis obligé de
l'admettre, parce qu'il est impensable qu'on vienne me dire que la formation va
se faire au niveau général dans l'industrie de la construction.
Le besoin d'un métier n'est pas le besoin de l'autre métier.
Aussi véridique que cela puisse être, il faut regarder le
règlement no 1 pour s'apercevoir qu'à un certain moment, le ratio
est différent d'un métier à l'autre. Donc, si le ratio est
différent d'un métier à l'autre, vous avez l'exemple, que
ce sont en définitive des choses particulières.
Le recyclage est encore une chose prioritaire, une chose
extrêmement particulière, parce que vous recyclez des gens
à un certain moment lors-qu'arrivent des nouveaux matériaux dans
l'industrie de la construction au lieu de faire des chômeurs des gens qui
sont là, de former d'autres personnes et de noyer l'industrie de la
construction comme cela existe dans le moment, spécialement lorsqu'on a
entendu les chiffres cités tantôt.
D'ici une couple de semaines, il va y avoir plus de gens qui auront
voté dans l'industrie de la construction qu'il y en avait d'admissibles
au début. Cela fait longtemps que je l'ai mentionné, et ce sont
les raisons, en somme, pour lesquelles les métiers devraient discuter
avec leurs gens pour en arriver à des solutions rentables.
Pour ceux qui se rappellent les fameux centres d'apprentissage qui
existaient dans l'industrie de la construction, les employeurs, les unions,
c'est la chose sur laquelle nous avons toujours été unanimes,
à moins qu'aujourd'hui, nous ne le soyons plus, mais je pense que nous
avons tou-
jours été unanimes à ce niveau sur le fait que
l'apprentissage devait appartenir aux parties et former le besoin de la
main-d'oeuvre du métier impliqué et non noyer le métier
dans l'industrie; or, ce sont des choses, comme je vous le dis, qui sont
particulières et très particulières à mon sens.
En plus, lorsqu'on parle des demandes, des dépôts qui ont
été faits par le Conseil provincial, dans notre entente, il est
fait mention aussi que des dépôts soient faits aux tables
particulières; on déposait les clauses particulières et,
en plus, les employeurs se réservaient le droit de nous déposer
les leurs. Lorsque nous nous sommes rencontrés la dernière fois
en négociation directe, nous n'avions eu aucune page ou aucun paragraphe
des clauses particulières des employeurs. C'était cela aussi le
12 du mois.
Ce que nous demandons, en somme, est de laisser les parties
négocier leurs conditions de travail dans une industrie avec les
personnes qui peuvent négocier.
Prolonger un décret ou légiférer pour donner une
augmentation, en somme, aux ouvriers de la construction, sans
négociation, nous croyons que, en définitive, ce n'est pas la
chose à faire.
On est prêt, on vous l'a mentionné, on l'a écrit.
Les installations olympiques ont été mentionnées cet
après-midi par un député à la table ici... Tout le
monde, au Conseil provincial a décidé unanimement et je
parle du Conseil provincial, pour ne pas me répéter, mais
unanimement qu'il n'y aurait pas de grève d'ici la tenue des Jeux
olympiques, en l'occurrence le 17 juillet.
C'est tout pour l'instant, messieurs.
M. Veilleux: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Une question à M. Dumoulin?
M. Veilleux: Oui.
Le Président (M. Séguin): Allez-y.
M. Veilleux: Le député de Maisonneuve a
demandé à M. L'Heureux de déposer un document, tout
à l'heure. On ne l'a pas eu. M. Dumoulin a dit qu'il était
prêt à déposer les signatures des affiliés au
Conseil provincial relativement aux installations olympiques.
Y aurait-il possibilité d'avoir une copie de tout cela avant
qu'on aille plus loin? Pendant ce temps, M. L'Heureux pourra peut-être
faire la contrepartie. Mais nous aimerions avoir ces documents. M. Dumoulin, y
a-t-il possibilité?
M. Dumoulin: Je vous ai dit que le conseil provincial avait pris
une position qui a été signée par tous les
affiliés, mais le conseil provincial est composé des
gérants d'affaires de toutes les organisations du Conseil provincial qui
regroupe 11 ou 12 personnes et ce sont toutes les personnes qui ont
signé, les officiers du Conseil provincial à cet effet-là,
lorsqu'on parle des affiliés. Mais on a le document.
M. Veilleux: Y aurait-il possibilité d'en avoir une
copie?
M. Dumoulin: On va vous transmettre les copies de ce qu'on vient
de vous lire, avec les documents, au même moment, lorsque les parties
patronales auront transmis le leur.
M. Veilleux: M. L'Heureux, il y a possibilité de
déposer votre document?
M. L'Heureux: Ecoutez, je ne voudrais pas vous donner le mien,
mais je vais en avoir un exemplaire.
M. Veilleux: Donnez cela au secrétaire des commissions,
pour qu'il en fasse des photocopies.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, pendant que ces documents nous
seront distribués, en toute justice pour M. L'Heureux, avant qu'il
utilise son droit de réplique, j'aimerais, selon les indications qui
nous ont été données à la commission depuis cet
après-midi, faire la proposition suivante: Que la Centrale des syndicats
démocratiques et que la Confédération des syndicats
nationaux, lesquelles ont toutes deux demandé à être
entendues relativement à ce problème, puissent être
entendues à ce moment-ci et, possiblement, je n'ai pas vu de
représentants du Syndicat des travailleurs de la construction de
Sept-lles, en tout cas, s'ils sont ici, je propose également qu'ils
puissent être entendus avant que M. L'Heureux nous fasse sa
réplique. C'est la proposition que je fais, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): M. le
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, j'ai demandé le
dépôt de certains documents parce qu'avant d'aller plus loin, moi,
je sens le besoin de poser certaines questions et à l'AECQ et au Conseil
provincial des métiers de la construction. M. le Président, je
voudrais qu'on termine le dossier avec le mandat tel que stipulé dans la
convocation avec les deux parties en cause. Après cela, moi, je n'aurai
aucune objection, lorsque nous en aurons terminé avec les deux groupes
reconnus par la loi, dans cette chose-là, avant d'aller plus loin. Moi,
c'est ma position, M. L'Heureux, je crois, a droit aussi à sa
réplique, tel qu'on l'a stipulé tout à l'heure.
Le Président (M. Séguin): Y a-t-il d'autres
questions à ce moment-ci, de la part des membres de la commission? Il y
a une proposition qui a été faite par le député de
Maisonneuve. Etant donné que nous sommes aussi ici en face d'un mandat
et que le mandat est bien explicite, bien clair, il s'agit d'entendre deux
organisations dont l'une est patronale, l'autre est syndicale, et c'est ce que
nous sommes en train de faire à ce moment-ci, je ne
voudrais pas, je pense, pour le mieux-être de la commission, la
meilleure compréhension de la commission, faire intervenir d'autres
parties en ce moment. Je suggérerais donc que la proposition du
député de Maisonneuve soit considérée
immédiatement après que nous en aurons terminé avec ce
qu'on peut appeler le mandat même de la commission.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Une fois que nous aurons
terminé notre mandat, la commission est maîtresse certainement de
ses travaux; elle pourra alors entendre à loisir... Maintenant, je dois
dire, comme j'ai dit dans le passé, M. le député de
Maisonneuve, qu'il est fort dangereux, en acceptant ou en entendant d'autres
groupements que ceux qui sont spécifiés ou ceux que nous avons
convenu d'entendre, qu'il y a toujours cette possibilité d'être
injuste envers un groupe qui, pour une raison ou une autre n'a pas
été convoqué et n'est pas ici. Vous avez mentionné
deux ou trois groupes. Je pense que vous avez parlé du groupe de
Sept-lles. Si les personnes représentant ces groupes voulaient
s'exprimer, par la suite, c'est-à-dire, une fois que nous aurons
terminé notre mandat ici, alors, la commission décidera de
cela.
M. Burns: M. le Président, si j'ai fait cette proposition,
c'est que je vois M. Dalpé, qui est le président de la Centrale
des syndicats démocratiques. Il n'est sans doute pas ici simplement pour
nous regarder faire notre baratin et quoi que ce soit. Je vois aussi M.
Bourdon, qui est représentant des syndicats de la CSN. Je ne sais pas
s'il y a des représentants du syndicat de Sept-lles. En tout cas, M. le
Président, j'en ai eu connaissance, cet après-midi, vous avez eu
une communication de ces gens-là, qui voulaient être entendus.
Moi, plutôt que de lancer la discussion là-dessus, j'aime autant
avoir le portrait global. Si vous voulez plutôt qu'on y revienne par
après, je vous avoue qu'il y a des choses qu'on devra peut-être
réexaminer par la suite.
Je ne sais pas ce que les deux ou trois autres associations de
salariés ont à nous dire, mais j'aimerais bien avoir une vue
globale avant de faire au ministre une recommandation au niveau de la
commission.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, sans
reprendre le débat de cet après-midi, avant la réunion de
ce soir, j'ai fait part à M. Bourdon de la CSN et à M.
Dalpé, qui est dans l'assistance, qu'il était possible, la
commission étant maîtresse et souveraine de ses travaux,
qu'après le mandat terminé, d'avoir entendu les
intéressés, qu'un voeu unanime soit exprimé pour les
entendre et j'avais lieu de croire que cela se déroulerait ainsi, qu'il
y avait donc lieu de ne pas renvoyer les gens qu'on avait fait venir ici ce
soir. C'est après qu'on m'eut assuré ici que la chose
était possible mais après avoir entendu, dans leur premier
exposé, les deux parties intéressées dans le mandat de la
commission, leur réplique, le président de la commission,
à ce moment-là, pourra déclarer le mandat terminé.
C'est à ce moment-là qu'un des membres de la commission va
exprimer, et chacun des membres, le désir d'entendre des explications
supplémentaires concernant le problème de la construction.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse auprès du
ministre du Travail, mais ce n'est pas ce que le député de
Saint-Hyacinthe, qui présidait cet après-midi, à ce
moment-là, a dit.
M. Harvey (Jonquière): II a donné une fin de non
recevoir à votre suggestion.
M. Burns: Oui, il a fait cela, mais, tout en faisant cela, il a
dit et n'a pas utilisé les termes que le ministre du Travail vient
d'utiliser, c'est-à-dire qu'après que le mandat aura
été épuisé. Il a dit: Lorsque la commission en
décidera, on pourra entendre... Oui, c'est cela. C'est bien
différent cela.
M. Harvey (Jonquière): Mais à la demande des
autres...
M. Burns: Mais je vous dis que...
M. Harvey (Jonquière):... au nom des autres...
M. Burns: Laissez moi donc finir. Vous avez une mauvaise
habitude. Il va falloir vous corriger de cela, M. le ministre.
Une Voix: On l'a appris de l'Opposition.
M. Burns: Non. Je ne l'arrête pas quand il parle.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais vous arrêtez mes
collègues.
M. Burns: Non. Je n'arrête personne. J'essaie de me faire
comprendre, c'est tout.
M. Veilleux: On vous écoute.
M. Burns: J'ai très bien compris le député
de Saint-Hyacinthe cet après-midi, M. le Président, qui tenait
votre place à ce moment-là, et qui a rendu une décision
qui n'a rien à faire avec l'a posteriori que le ministre du Travail
semble vouloir nous vendre comme idée. Je veux tout simplement qu'avant
qu'on en arrive à discuter du fond du problème, on ait un
portrait complet et ce n'est pas incompatible avec la décision du
député de Saint-Hyacinthe qui alors présidait la
commission. La décision du député de Saint-Hyacinthe, si
je l'ai bien comprise, veut que ma question de règlement ou mon point de
règlement que je soulevais devait être mis de côté.
D'accord, je me plie à sa décision, mais il a laissé la
porte ouverte en disant: Si
la commission, éventuellement, veut entendre d'autres personnes,
mais pas après, et pas nécessairement... Il n'a pas à
imposer d'ordre à qui que ce soit. J'ai nettement l'impression qu'on
aurait même pu, dès la décision du président,
proposer que les gens de la CSD, les gens de la CSN et les gens de Sept-lles
soient entendus.
M. Harvey (Jonquière): A la condition que la commission
soit d'accord et je suis convaincu que les membres de la commission nous
avons beau les consulter ne sont pas d'accord pour entendre les parties
qu'on vient de citer immédiatement. Le président est libre de
consulter les membres de la commission. Ils seront prêts à les
entendre quand nous aurons terminé les travaux. C'est à la
demande des intéressés que la consultation a été
faite.
M. Burns: En somme, le ministre du Travail vient de nous dire
tout simplement que ce n'est pas maintenant qu'il veut les entendre, c'est plus
tard. C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire que ce sont les
membres de la commission, parce que c'est à la demande des
intéressés que je les ai consultés...
M. Burns: On sait à peu près comment les membres de
la commission, à part des députés de Beauce-Sud,
Rouyn-Noranda et de Maisonneuve... Je pense bien qu'ils n'ont pas d'ordre
à recevoir du ministre du Travail. A part de ces trois-là, j'ai
l'impression...
M. Harvey (Jonquière): Un instant. La suggestion du
député de Rouyn-Noranda est dans ce sens-là, de les
entendre après.
M. Burns:... qu'il n'y a pas grand-chose à faire de ce
côté-là.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs.
Nous retournons encore dans le précipice de la discussion et du grand
débat autour de rien. Le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, cela me flatte un peu qu'on me
cite comme cela, qu'on me prête de bonnes intentions, mais un fait
demeure, c'est que j'aime bien expliquer moi-même ce que je pense.
Nous avons, au début de la séance de ce soir et
c'est une question de principe et d'équité suite au
problème que nous avions, à savoir lequel de la partie syndicale
ou de la partie patronale nous devions entendre en premier. Nous avons eu, de
la part de M. L'Heureux, l'offre qu'il était prêt à
commencer en premier, à la condition que nous lui laissions, suite aux
commentaires de M. Dumoulin, le droit de réplique immédiatement
avant d'entendre d'autres groupes.
J'ai saisi, de cette façon, la demande et l'acceptation faite par
M. L'Heureux et j'ai même demandé qu'on le répète
pour m'assurer que j'avais bien compris. Je pense que si nous relisons le
journal des Débats, nous verrons que l'unanimité de la commission
s'est faite là-dessus. Nous avons accordé à M. L'Heureux
le droit de parole en premier et nous avons aussi accédé à
sa demande de droit de réplique immédiatement après, avant
que d'autres groupes puissent se faire entendre.
M. le Président, je pense qu'il y a là une question de
principe. Quand on accepte des choses, il faut les respecter. J'ai
accepté, comme tout le monde, cette procédure et je crois qu'il
est dans l'ordre que nous lui permettions maintenant, à moins que M.
L'Heureux le désire autrement, de se faire entendre immédiatement
comme il serait dans l'ordre que M. Dumoulin, s'il veut aussi exercer son droit
de réplique après M. L'Heureux, le fasse. Suite à quoi, je
réitère encore que je suis entièrement disposé
à entendre les autres groupes qui sont ici présents et qui ont
manifesté le désir de se faire entendre. C'est ça que nous
avions décidé unanimement. Je m'en tiens à ce qui a
été décidé unanimement.
M. Burns: M. le Président, si cela peut faciliter les
travaux de la commission, je retire ma proposition. On va écouter et on
reviendra plus tard.
M. Veilleux: M. le Président, à moins...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît. Je venais de céder la parole à M. L'Heureux.
M. L'Heureux: M. le Président, j'aurais quelques
commentaires à faire suite aux propos de M. Dumoulin. Je crois qu'une
bonne partie de notre présentation avait d'ailleurs frappé le
point sensible. On comprend que, comme on l'a fait dans nos commentaires, le
blocage se fait au niveau de la structure de négociation. C'est ce que
nous avions maintenu avant de connaître la position de la FTQ, du Conseil
provincial des métiers, maintenant, c'est ce qui est arrivé. On a
mentionné, durant l'intervention, l'article 8. On a, par un jeu de
charriage, transformé ce qu'on appelle secteur avec métiers.
L'article 8, je vais le relire et je vais aussi lire la recommandation Cliche
d'où provient l'article 8. Je pense que c'est assez explicatif. Les
raisons de ceci sont très bien expliquées dans l'article 8, mais
je vais y revenir aussi. "L'Association d'employeurs, l'AECQ, est l'unique
agent patronal pour les fins de la négociation de la conclusion d'une
convention collective en vertu de la présente loi. Toutefois, une
condition de travail qui n'est applicable qu'à un secteur de l'industrie
de la construction doit, pour être négocié, avoir
été accepté par les employeurs de ce secteur."
Je vais lire la recommandation de la commission Cliche, recommandation
73, "Que les parties puissent former des tables de négociations
spécialisées qu'elles désirent. Elles doivent être
constituées par secteur de la construction et on les identifie par
secteurs industriel, commercial, institutionnel, habitation, voirie, travaux
publics c'est bien indiqué et non par métier." En
plus de ça.
on continue pour les chantiers isolés. Je pense bien que dans
notre esprit, c'est assez clair. L'idée de ça, encore là,
vous avez vu le jeu de la tendance. Ce qu'on appelle conditions
particulières, ce sont des conditions aussi particulières que la
sécurité d'emploi, sécurité de revenu, permis de
travail, le ratio qui n'est même pas négociable. Vous pouvez vous
imaginer que, tout à l'heure, quand on a parlé du danger du
contrôle de la main-d'oeuvre, laissé à deux parties, je
peux comprendre les hésitations du législateur en n'offrant pas
ça justement dans le jeu de la négociation.
C'est que le ratio, je pense que ce serait important de l'expliquer ici,
le ratio veut dire le nombre d'apprentis à qui on donne des permis
d'apprentissage, par rapport aux compagnons, c'est-à-dire par rapport
aux ouvriers spécialisés.
Vous pouvez vous imaginer que plus on baisse ce ratio, plus on exerce la
vis sur le contrôle de la main-d'oeuvre. Je tenais simplement à
faire ce commentaire en passant.
On a dit aussi que les employeurs n'avaient pas fait diligence.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve sur les commentaires...
M. Burns: Est-ce que vous me permettez, M. L'Heureux, simplement
de vous rappeler ici... Parce que cela enchaîne avec ce que vous venez de
dire. A moins que je vous aie mal compris, vous nous avez dit, dans votre
déclaration, que vous suggériez que le gouvernement n'intervienne
pas dans les négociations.
M. L'Heureux: C'est cela.
NI. Burns: J'ai entendu M. Dumoulin dire à peu près
la même chose, dans une autre forme. M. Dumoulin nous disait qu'il
fallait envisager une solution négociée. Je pense ne pas me
tromper en interprétant M. Dumoulin là-dessus.
D'autre part, depuis quelques minutes, vous semblez nous dire qu'il y a
un vice fondamental dans la façon de vous rencontrer, les deux
organismes en question. C'est une question véritablement globale; vous
pouvez passer encore deux heures à nous jaser de cela, en réponse
à ma question. Mais est-ce que vous pensez que, dans la situation
actuelle, il est possible d'en arriver, comme M. Dumoulin le qualifie, à
une solution négociée, ou encore à une absence
d'intervention de l'Etat, selon l'expression que vous utilisez? J'ai
l'impression que vous dites tous les deux la même chose, d'une
façon différente, à moins que vous, vous nous disiez que
c'est la situation syndicale actuelle qui ne vous est pas acceptable, auquel
cas, cela prend nécessairement une intervention gouvernementale, si vous
voulez la changer en pleine période de négociation.
J'aimerais cela que vous explicitiez cet aspect, parce que vous touchiez
justement ce point-là au moment où je...
M. L'Heureux: ...touché à cela et aussi, au su- jet
des deux heures, jusqu'ici, je ne pense pas que ce soit nous qui avons
parlé le plus.
J'aimerais simplement faire remarquer...
M. Burns: M. L'Heureux, je ne suis pas ici pour vous engueuler.
Bon. Nous ne sommes pas là pour faire les fins-fins, ni vous, ni moi. Ce
n'était pas méchant, ce que j'ai dit. J'ai dit tout simplement
que vous avez du "stock" pour parler pendant deux heures là-dessus.
Vous êtes peut-être impatient, M. L'Heureux, mais il y a
peut-être aussi un tas de gens qui sont impatients au Québec
actuellement et, entre autres, un paquet de travailleurs qui sont
impatients.
Il ne faudrait quand même pas charrier, ni de votre
côté, ni de mon côté. D'accord? On va bien s'entendre
à partir de ce moment-là.
M. L'Heureux: M. le Président, j'aurais aimé
terminer mes remarques. Je croyais que l'honorable député de
Maisonneuve me posait une question relativement à la position que je
venais de prendre.
Nous avons mentionné, il est vrai, que nous ne voulons pas
d'intervention gouvernementale dans les négociations. Nous avons aussi
mentionné que nous attendons du législateur qu'il fasse appliquer
les lois qui existent. Or, une des facettes de la loi qui existe, c'est
justement sur l'apprentissage, sur le ratio, sur ces choses-là. Alors,
il faut l'inscrire dans le contexte des remarques que nous avons faites.
M. l'honorable député de Maisonneuve a aussi dit qu'on
rejoignait la position...
M. Burns: Ne vous forcez pas pour me traiter d'honorable, vous
savez.
M. L'Heureux: Non, non.
M. Burns: Ne vous forcez pas.
M. L'Heureux: Cela me vient naturellement.
M. Burns: Oui, oui.
M. Harvey (Jonquière): L'honorable
député.
M. L'Heureux: II dit que notre position au sujet du rôle du
gouvernement rejoignait celle de M. Dumoulin. Encore là, une des
remarques que j'allais faire, c'est que la position de M. Dumoulin est assez
paradoxale.
D'un côté, il dit: Nous souhaitons négocier avec les
parties, nous souhaitons une négociation où le gouvernement
n'intervient pas. Et d'un autre côté, après avoir
négocié deux jours, il demande au gouvernement d'intervenir par
le biais d'un conciliateur. Cela m'apparaît paradoxal et
contradictoire.
D'un côté, il dit: On veut que les parties soient en
présence, soient capables de parler. Il identifie même les
parties. De son côté, les travailleurs, ce sont les agents
d'affaires et, de notre côté, les em-
ployeurs, ce sont ceux qui sont directement avec les travailleurs ou les
agents d'affaires.
Alors, il veut les rencontrer face à face et, d'un autre
côté, en demandant un conciliateur, il négocie par une
double personne interposée.
C'est-à-dire que non seulement il ne rencontre pas ces gens au
niveau des locaux, mais il ne rencontre pas l'AECQ, c'est le conciliateur qui
nous rencontre.
Il y a des choses assez paradoxales. On nous parle de clauses
particulières, parce que tout le débat tourne ici sur des clauses
particulières, mais, avant cela, j'ai un point que j'avais
commencé tout à l'heure et que je voudrais terminer.
On nous a accusés de ne pas faire diligence, de ne pas avoir
procédé assez vite, de vouloir négocier trois jours par
semaine, pendant que la partie syndicale est prête à
négocier sept jours, 24 heures par jour.
Encore là, au cours de mes remarques, j'ai mentionné que
le 16, deux jours après avoir été élus, nous avons
convoqué la partie syndicale. On lui a demandé l'ensemble de ses
demandes pour pouvoir commencer à travailler. C'est bien beau de
travailler sept jours par semaine quant on a déjà ses textes,
mais quand on a à donner une réponse, il faut toujours
préparer les textes pour pouvoir être en mesure de négocier
trois jours.
Le 19 février, on nous a donné un texte de trois pages qui
n'était même pas adressé à l'AECQ; il était
adressé aux six anciennes associations. On l'a accepté quand
même, de la même façon qu'on a accepté de parler les
premiers ici.
A ce moment, nous avons soumis une contrepartie de cinq paragraphes. La
partie syndicale a pris trois semaines pour vérifier un mandat. Encore
là, vous êtes un expert en relations du travail. Vous avez devant
vous un syndicat qui déclare que les patrons ne sont pas
organisés, qu'à ce moment cela retarde la négociation et
que lui, il est prêt à négocier depuis le 20 janvier, du
moins c'est ce que dit le texte qui était daté du 20 janvier.
A ce moment, il se présente devant vous. Vous lui
présentez un texte. Il part pour trois semaines pour vérifier le
mandat, son mandat.
On se rend compte, au bout de trois semaines, qu'on nous remet à
peu près 20% des demandes sur une brique de peut-être 150 pages,
mais cela ne contenait à peu près que 20% de l'ensemble des
demandes. Il n'y avait aucune demande particulière. Il n'y avait aucune
demande salariale. Les clauses normatives n'étaient pas
complètes.
Néanmoins, encore là, pour ceux qui connaissent les
négociations, vous savez qu'il est difficile de commencer à
négocier une partie sans savoir ce qui va vous être
demandé. Une négociation, cela implique donner et recevoir. Quand
vous ne connaissez pas l'ensemble des demandes, il est difficile de
négocier sans savoir ce qui va vous arriver morceau par morceau.
Néanmoins, encore là, on a accepté de recevoir les
20% des demandes, de préparer une contre-proposition et, en même
temps, on s'est mis d'accord avec la partie syndicale, en même temps
qu'on a signé le texte qui, apparemment, est tellement ambigu que cela a
pris un deuxième texte un mois après pour le comprendre, bien
qu'on procédait selon ce texte. Il y avait même des ordres du jour
qui nous étaient fournis par la partie syndicale sur ce texte. Elle ne
les comprenait pas, mais elle comprenait comment préparer les ordres du
jour pour savoir les particularités de métiers.
Ce que j'allais dire, même un mois après cela... J'ai perdu
le fil de mon idée. Néanmoins, on en était sur le point
qu'on ne s'est pas dépêché. On s'était entendu,
à ce moment, pour négocier trois jours par semaine pour pouvoir
préparer les textes les quatre autres jours.
Trois semaines après cela, on s'est présenté devant
les syndicats avec des contre-propositions. Il faut se replacer. Le 19
février, on s'est rencontré pour la première fois; le 10
mars, les syndicats partent pour consulter sur leur mandat et, le 24 ou le 25
avril, on se rencontre pour une séance d'information. Le 29 avril,
débutent les négociations.
Encore là, on s'était entendu sur les trois jours. C'est
quelque chose maintenant qui nous arrive. C'est vrai que la partie syndicale
nous avait dit qu'elle était disponible sept jours par semaine, mais on
peut parler de sept jours par semaine, 24 heures par jour, quand on est
sûr que l'autre partie n'est pas capable, parce qu'elle n'a pas les
textes.
Quand on dit que nous n'avons pas fait diligence, nous
répliquons: Comment voulez-vous négocier trois jours par semaine?
Comment voulez-vous en arriver à un décret, trois jours par
semaine?
Je vous ferais remarquer que si on avait commencé au
début, trois jours par semaine auraient représenté
à peu près 24 jours de négociations ou peut-être 21
jours. C'était sept semaines avant. C'est-à-dire, non,
c'était 27 jours, c'était neuf semaines avant. Si on avait
débuté à ce moment, si on avait eu les véritables
demandes, on se serait présenté trois semaines après avec
notre réponse.
A ce moment, il nous serait resté 18 jours de véritables
négociations. Mais, comme c'est là, on n'a pas eu de
négociations. On a ajourné le 7 avril.
M. Burns: Est-ce que vous aviez ces pouvoirs comme association,
durant ces 24 semaines?
M. L'Heureux: Oui.
M. Burns: Vous aviez les pouvoirs?
M. L'Heureux: C'est-à-dire qu'on était...
M. Burns: Comment se fait-il qu'on ait été
obligé d'adopter une loi spéciale, il y a à peu
près trois semaines?
M. L'Heureux: C'était pour confirmer les pouvoirs qu'on
avait. Je ne suis pas avocat.
M. Burns: Ah bon!
M. L'Heureux: C'était pour confirmer, dans un
statut, les pouvoirs qu'on avait, parce que, nous, comme les douze
administrateurs, comme je l'ai mentionné ici, on s'était
lancé là-dedans sans droit corporatif, sans statut corporatif,
sans personnel, sans fonds...
M. Burns: Sans capacité même de vous financer.
M. L'Heureux: Sans capacité de nous financer
nous-mêmes aussi.
M. Burns: C'est cela qu'on nous a dit, en tout cas, quand on a
adopté cette loi-là.
M. L'Heureux: C'est cela. On a procédé deux mois
sans finance, justement pour accélérer et pour qu'on ne nous
accuse pas de manquer de diligence. On a procédé à tout
cela en sachant que nous, les douze administrateurs, personnellement, on
pouvait être rendu responsable des décisions qu'on prenait pour le
bien d'une association.
M. Burns: Cela n'a pas été un empêchement aux
négociations?
M. L'Heureux: Non, on a procédé. Le 7 avril,
à ce moment, la négociation a été rompue. Encore
là, on n'a pas choisi de la rompre. Elle a été rompue.
Maintenant, on nous dit que le conciliateur cette semaine va nous rencontrer.
On insiste là-dedans qu'il faut qu'on fasse une consultation. On a
mentionné la date du 1er mai comme étant ce qui a fait rompre les
négociations le 7 avril, parce que le responsable de la table auxiliaire
avait mentionné, à ce moment: On vous verra au début de
mai. Encore là, il faut se remettre dans le contexte de l'article 8, qui
dit: Toutefois, une condition de travail, qui n'est acceptable que dans le
secteur de l'industrie de la construction, doit, pour être
négociée, avoir été acceptée par les
employeurs de ce secteur. Justement, pour rencontrer cette condition, il
fallait partir consulter nos secteurs. C'est la raison pour laquelle on avait
demandé de recevoir toutes les clauses particulières pendant la
semaine qui précédait Pâques, parce qu'à ce moment,
on s'était aussi entendu, M. Dumoulin et moi, pour un ajournement d'une
semaine durant la période de Pâques. Cela nous aurait permis
justement de déclencher cela. Ce sont les remarques que j'ai faites.
Quand on dit qu'on a manqué de diligence, je pense qu'on charrie. A ce
moment, M. Dumoulin nous a dit que le conciliateur a rencontré chacun
des métiers, que là, on va nous donner les clauses
particulières, cette semaine, jeudi matin, c'est à ce moment que
le conciliateur nous a fixé un horaire, et que, d'ici à la fin de
semaine, on va être capable de lui remettre des réponses sur
l'ensemble des demandes particulières. Encore là, comment
peut-on, à partir de jeudi, recevoir les demandes particulières,
en faire un certain ménage, distinguer ce qui est à un secteur,
aller consulter ce secteur démocratiquement et revenir à la table
pour vendredi, parce que c'est la tin de la semaine. Encore là, je
n'aimerais pas qu'il y ait du charriage. J'aimerais qu'on appelle les choses
comme elles sont.
On a aussi mentionné qu'il y avait une liste de signatures qui
garantirait au gouvernement le fait qu'il n'y aurait pas de droit de
grève aux Olympiques. Encore là, je me dis qu'à
l'intérieur de la loi telle qu'on la connaît et je ne suis
pas un juriste dans le cas d'une grève ou d'un lock-out, d'un
déclenchement, à ce moment, il faudra consulter les membres
à la base. On nous a dit ici que les affiliés ne sont pas des
membres à la base, mais des agents d'affaires qui sont prêts, eux,
à garantir qu'il n'y aurait pas de grève sur les chantiers
olympiques. Les autres, ce n'est pas la considération dans le moment. On
sait la considération principale ici, ce sont les Olympiques. Encore
là, je me demande quelle consistance, le fait que des agents d'affaires
peuvent garantir un nom de leurs membres... Peut-être qu'ils ont tenu des
élections en bonne et due forme, je n'en doute pas, mais comment ont-ils
pu consulter les gens et leur dire: Ecoutez, vous autres, les travailleurs, on
vous garantit que vous ne serez pas en grève, on vous demande le vote
là-dessus. Vous autres, travailleurs, à ce moment, cela va
être laissé en suspens? Encore là, je vous laisse le soin
d'apprécier leur processus démocratique qui a pu intervenir.
On nous a dit aussi qu'il y avait et c'est le point que je
voulais démontrer tout à l'heure qu'il était
très important que la négociation se fasse par métier,
parce qu'il y a des clauses qui ne peuvent être réglées que
par métier, c'est-à-dire qu'un métier avec les employeuis
de ce métier, même si ces métiers se regroupent dans un
secteur comme le secteur industriel ou un secteur de la voirie où
plusieurs métiers cohabitent sur un même chantier. Ils doivent
commencer nécessairement aux mêmes heures, doivent finir aux
mêmes heures, doivent avoir des conditions de chantier
équivalentes au point de vue des périodes de repos et tout cela.
Nous avons reçu des demandes particulières, parce qu'au moment
où la table a été interrompue on avait dix locaux qui nous
avaient présenté des demandes particulières. Nous avons
des demandes particulières relativement à des
délégués d'employeurs. Nous avons des demandes
particulières relativement à des heures de travail. Certains
locaux demandent 32 heures de travail, d'autres locaux, 37 heures, d'autres
locaux, 40 heures. Encore là, ce sont des locaux, on appelle cela des
conditions particulières.
Le texte qui nous a été soumis j'essaie de mettre
la main dessus... Parmi les demandes particulières qui nous ont
été soumises dans le texte, la partie de la fraternité,
nous avons des demandes aussi particulières que la
sécurité d'emploi, que la sécurité du revenu, que
des avantages sociaux, que des modifications au régime actuel, que la
négociation au régime actuel, que l'administration dans le cadre
de la loi des régimes en vigueur. Ce sont ces clauses
particulières.
Alors, vous pouvez vous imaginer qu'avec les problèmes qu'on a
présentement à administrer les régimes en vigueur,
à ce moment, il y aurait des
régimes administrés par 22 locaux, et, naturellement, avec
la partie patronale qu'ils voudraient avoir devant eux, qui seraient
administrés en annexe et puis vous auriez cela pour les
différents locaux.
En supposant qu'à un certain moment un autre syndicat qui, lui,
n'est pas structuré par locaux, mais par région, ou qui est
structuré provinciale-ment, intervienne, à ce moment, va-t-on
recommencer avec des annexes par région, avec onze annexes pour 22
métiers par région?
Je croyais que c'était justement là, en 1969,
l'idée de la parité salariale et d'uniformiser dans toute la
province un décret multimétier provincialement et maintenant que
le gâteau... C'est-à-dire qu'en contrepartie, on obtenait un
monopole syndical, c'est-à-dire une accréditation de "closed
shop" où il n'y avait plus de recrutement à faire, mais la loi
consacrait, ni plus ni moins, et ce qui a suivi, que les syndiqués
devaient faire partie des associations nommées à ce moment et
cela a été entériné l'année suivante. En
tout cas, vous appellerez cela comme vous voudrez. Cela consacrait...
M. Burns: II faut appeler cela par son nom. Qu'est-ce que vous
voulez? Ce n'est pas un "closed shop" cette affaire.
M. L'Heureux: C'est quoi?
M. Burns: C'est un syndicat représentatif à un
degré de 50% et plus. C'est cela. Ce n'est pas cela un "closed
shop".
M. L'Heureux: Ce que je voulais dire, M. le député
de Maisonneuve, c'est qu'à ce moment, on forçait tous les
travailleurs, qu'ils le veuillent ou non, à se syndiquer.
M. Burns: A être syndiqués. C'est cela. M.
Dumoulin: ... les employeurs...
M. Burns: C'est cela. Avec une association qui est reconnue dans
le domaine.
M. L'Heureux: C'est cela.
M. Burns: Ce n'est pas un "closed shop". Un "closed shop", c'est
que tout le monde devrait être membre de la FTQ. C'est ce que cela
voudrait dire.
M. L'Heureux: A ce moment, on avait justement, en contrepartie,
pour ce pôle de travailleurs qui sont de 140 000 maintenant; je ne
sais pas combien ils pouvaient être à ce moment, peut-être
de 30 000 ou de 35 000 pour essayer d'uniformiser les conditions,
essayer d'avoir un décret qui serait pour toute la province, pour tous
les métiers et qui regrouperait tous les gens qui se retrouvent à
l'intérieur des chantiers, par rapport à une négociation
qui pourrait se faire par métier comme cela se fait dans certaines
provinces, mais il y a aussi d'autres provinces qui font, ce qu'on appelle les
CLRA, semblables à l'AECQ et cela fonctionne très bien.
Au moment où, maintenant, on a obtenu les 140 000 travailleurs,
on veut retourner et avoir des problèmes qu'on avait auparavant. Nous ne
sommes pas d'accord. Pour une fois qu'une association patronale est
unifiée, pour une fois que les reproches qu'on lui a faits à
l'intérieur de la commission Cliche et pendant plusieurs commissions
parlementaires où on ne pouvait pas s'entendre, on veut justement
revenir, la décentraliser, lui enlever ses moyens.
Alors, les patrons ne sont pas d'accord. On dit que les
intéressés ont accepté. M. Dumoulin a mentionné
cela. J'espère qu'il parlait des intéressés,
c'est-à-dire des travailleurs parce que je pense que nous devons parler
pour les employeurs. Alors, au moment où il dit que les
intéressés ont accepté, c'est faux. Les
intéressés n'ont pas accepté. Les corporations qui ont
été à la base, étaient deux des quatre parties qui
ont accepté d'emblée les structures actuelles de l'AECQ. Alors,
à ce moment, qu'on ne nous dise pas qu'on a consulté les
employeurs. La corporation qui les regroupe était celle qui a
accepté et qui nous donne les coudées franches maintenant.
Ce que nous voulons... On n'enlève pas le droit à la FTQ
Construction, c'est-à-dire au Conseil provincial des métiers de
mandater les gens qu'elle veut pour négocier et le mandat qu'elle doit
leur donner.
On ne leur reconnaît pas par le même jeu le droit de nous
dire qui devrait être à la table. C'est à nous d'effectuer
la consultation que nous jugeons nécessaire. Nos commettants,
c'est-à-dire nos membres vont nous juger selon la consultation qu'on
aura faite. A ce moment, ils nous remplaceront ou ils refuseront la convention
collective s'ils ont été mal consultés, mais on ne
reconnaît pas à une autre partie la possibilité de nous
dire qui on devrait mettre devant eux.
Cela complète mes remarques.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie M.
L'Heureux. M. Dumoulin, avez-vous des commentaires?
M. Dumoulin: En guise de réplique. On mentionne à
un moment donné quelle sorte de consultation au niveau du Conseil
provincial on a pu faire pour en venir à vous présenter un
document vous disant que les Jeux olympiques seront un endroit où il n'y
aura pas de grève d'ici la tenue des jeux. Je peux vous mentionner que
les affiliés du conseil ont dûment consulté leurs membres.
D'ailleurs, une des dernières assemblées qui a pu être
tenue l'a été hier pour ratifier la position du Conseil
provincial qui avait été prise hier après-midi. S'il faut
qu'on commence à parler d'heure, on va parler d'heure peut-être...
L'assemblée de l'exécutif du Conseil provincial qui a
été tenue a fini vers sept heures. Vous avez une assemblée
d'au-delà de 2000 membres d'un syndicat local qui a été
tenue hier soir, c'est une dernière tenue sur les Jeux olympiques.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on regarde cette situation. Nos
assemblées syndicales ne sont pas des assemblées publiques. On
peut consulter nos gens, mais on n'est pas obligé de le dire à
tout le monde. C'est ce que nous avons fait. Tous les locaux, en somme, ont
consulté leurs gens. Ce n'est pas vrai que les agents d'affaires ici
viennent vous dire personnellement qu'il n'y aura pas de grève aux Jeux
olympiques. Ce sont les membres qui l'ont décidé. Ceci pour vous
mentionner que la dernière assemblée a eu lieu hier soir. De
plus, aussi vrai que je l'ai mentionné, tantôt, dans le document,
l'article 33c de la loi, parce que là nous parlons des
particularités de métiers, mentionne très bien que c'est
l'union qui convoque ses membres. Ce sont les membres qui décident de
leur condition. Les membres, ils appartiennent à l'union, c'est
l'affiliée, ils vont décider de leurs conditions de travail, de
l'acceptation ou du rejet de la convention collective ou de la
négociation.
Je crois qu'il est tout à fait logique que pour un métier
d'au-delà de 10 000 ou 12 000 membres, qui ont fait des revendications
au niveau de leur métier, et qui décident de les accepter, cela
soit accepté; parce que si on se réfère à l'article
33c que je vous mentionne, ce sont quand même les membres qui vont
décider de leur affaire. C'est de là que vient le fait des
particularités. Ces particularités n'ont pas été
créées par des agents d'affaires, comme il y en a qui peuvent le
penser. C'est demandé. Cela a été formulé. Cela
fait depuis 1968, au mois de décembre, pour ceux de vous autres qui
étaient ici, lors de l'adoption du bill 290. Il a toujours
été demandé que les impliqués puissent discuter de
leurs problèmes. Cela est tellement vrai que, dans la loi qui est
là, il est mentionné que les membres devront décider de
leurs conditions, du refus ou de l'acceptation des fameuses conditions qui
seront négociées. Voici une raison majeure. Quant à
savoir, si, à un moment donné, une prime, c'est une
particularité ou autre chose, c'est une autre paire de manches. Mais
là, c'est pour en arriver avec un rapport à l'assemblée
générale de vos membres qui vous ont formulé des demandes
et vous leur faites un rapport en leur disant: Nous avons cela d'obtenu et cela
de refusé et cela... Et eux décident. Je pense que si on veut
parler de démocratie, cela en est pas mal. Des assemblées, je
peux vous dire une chose, il s'en tient dans notre milieu bien plus qu'à
bien d'autres endroits. Nous avons 250 agents d'affaires qui font des
assemblées, comptez cela dans un mois combien il y en a. Il y en a
toujours des assemblées, comme il y en a ce soir.
Lorsqu'on mentionne qu'on veut négocier nos conditions de
travail, on veut que cela soit une négociation et non que ce soit
légiféré. C'est tellement vrai qu'encore aujourd'hui, nous
sommes avec un conciliateur et certains métiers pour faire leur
dépôt. Nous sommes ici, nous, mais eux sont là-bas. Cela se
continue. Plus on parle ici, plus on perd du temps pour se rencontrer, parce
qu'on est prêt à partir de là, mais qu'on essaie de
négocier et qu'on négocie, comme on a dit, 24 heures par jour, on
l'a toujours mentionné. Il a été mentionné qu'on
avait accepté trois jours par semaine. Ce n'est pas compliqué, on
nous a dit que c'est trois jours par semaine. On en a demandé cinq. On
en a demandé six, ils ont dit: C'est trois. On a pris trois, il nous
restait cela, c'était mieux qu'un, c'était deux de plus. On a
donc pris ces trois jours-là.
On mentionne à un moment donné que nous n'avons pas eu
tous les documents. Il y a un document de 145 pages qui a été
déposé, donc une multitude de clauses normatives et, depuis le 10
mars, je pense que là-dessus, ç'aurait été tout
à fait logique d'avoir des réponses.
Des clauses normatives, à savoir comment va être la
procédure de griefs, si on a une difficulté sur les
délais, deux jours au lieu de trois jours ou cinq jours d'arbitrage, il
me semble qu'on aurait pu négocier celles-là. On aurait pu
négocier la reconnaissance de ces choses-là dans la loi. Tous ces
arguments, en somme, c'est que nous n'avons pas eu de réponse à
l'ensemble des clauses normatives. Donc, nous sommes rendus, pour
accélérer la négociation, pour en venir à une
entente, pour que, définitivement, s'il y a lieu, le premier mai,
même si c'est vendredi, on s'assoit et on commence à
négocier. Parce que j'imagine que, depuis le temps qu'ils ont ces
documents, même qu'ils ont des documents de beaucoup de métiers,
entre autres... Parce qu'on vous a mentionné que la négociation,
lorsqu'elle a été rompue, c'est que, suite à des
réponses, on va vous rencontrer dans le mois de mai. On vous rencontre
là, mais imaginez-vous, avant qu'on s'entende, on va être rendu
assez loin. Alors, c'est suite à cela.
Ce qu'on cherche à faire, c'est d'accélérer
à un rythme de 24 heures, comme on dit, s'il y a lieu, et de
négocier. Depuis le dépôt de ces documents, les employeurs
sont censés nous fournir eux aussi certaines particularités ou je
ne sais pas quoi, je pense qu'il doit y avoir certainement la
possibilité de régler une grosse partie du document, si ce n'est
pas 80% à 90% du document. Là, on ne parle pas de cents et de
piastres. On parle d'un document fonctionnel avec lequel on sera capable de
vivre et non d'une affaire qu'on va être obligé
d'interpréter, où on va être obligé de changer des
paragraphes partout et de sauter d'une clause à l'autre. C'est pour cela
qu'on croit qu'il est bien plus logique d'avoir un document
général, d'avoir des annexes de métiers. Si un
métier s'appelle le métier de chaudronnier, le métier de
finisseur de ciment ou quoi que ce soit, il pourra dire: Mes conditions
spéciales sont en arrière, c'est cela et c'est fini. Mais
là, vous vous référez à un, à l'exception
d'un, cela ne s'applique pas à l'autre, saute à l'un, saute
à l'autre. C'est aussi avantageux pour l'employeur que cela peut
l'être pour les travailleurs pour savoir où ils vont. Parce que
l'employeur, cela lui est arrivé quelquefois de payer des conditions qui
s'appliquaient à un autre métier, parce que le décret est
assez épais. Des fois, le gars le regarde et il saute des paragraphes,
mais il en oublie un. C'est justement celui qu'il a oublié qui lui
coûte $0.30 de l'heure. Il y a toutes ces choses qu'on essaie de
régulariser. On essaie de mettre la chose fonctionnelle. On essaie,
à un moment donné, que, lorsqu'il y aura un problème,
d'avoir les intéressés pour le résoudre. Il me sem-
ble que ce n'est pas grand-chose à demander. Les
intéressés sont les impliqués. Vous avez l'employeur qui
engage des employés qui, à un moment donné, sont à
travailler sur des chantiers de construction. Donc, ils vivent journellement
les problèmes, de jour en jour, et ce sont eux qui sont en mesure de les
résoudre. C'est aussi vrai ce qu'on vous dit là; c'est qu'on
essaie de rendre légal ce qui peut peut-être être
illégal aujourd'hui, parce qu'il y a des conditions qui se paient aussi.
Il y a un décret, mais le décret, c'est le minimum. Il ne faut
pas se leurrer là-dessus, c'est le minimum. Donc, ce qu'on essaie de
faire, c'est de donner la chance aux impliqués de pouvoir
négocier et non pas, parce qu'un métier a sûrement une
particularité à négocier à l'intérieur de
son métier, qu'il soit brimé dans ses droits, parce que, s'il la
négocie à l'intérieur de toute la table centrale, la
condition va se généraliser; donc, il ne pourra pas
l'obtenir.
Lorsqu'on dit: Les employeurs, les vrais employeurs, les
intéressés, je vais vous mentionner un métier, les
chaudronniers entre autres. C'est un métier qui a un nombre X
d'employeurs, de 20 à 25 employeurs, qui ont rencontré l'union,
qui ont discuté, qui sont même allés aussi loin que
s'entendre. Cela se peut-il? Je pense qu'ils sont allés aussi loin que
s'entendre. Mais parce que ces gens-là s'entendent, une table centrale
va dire: Non. Nous n'acceptons pas cette affaire-là. Ils ne peuvent pas
s'entendre. Ce n'est pas possible. On a vécu cette expérience
à un moment donné. Vous devez vous rappeler cela. Je vais le
mentionner. A un moment donné, le droit de veto, au niveau des
associations, on s'est réveillé avec les grands travaux et les
routes qui s'opposaient à une condition de travail des gars de
l'élévateur. Je n'ai pas vu beaucoup d'élévateurs
dans les routes, mais en tout cas. Ils s'étaient opposés à
cela. Je pense, que peut-être, cela les maganait. Ce sont tous ces
problèmes que nous essayons d'éliminer. On demande: Laissez-nous
négocier. Vous avez, à un moment donné, quelque chose, les
Jeux olympiques. On vient d'en parler des Jeux olympiques. On veut
négocier, on veut garder nos droits.
On veut que le droit d'un individu, dans la province de Québec
comme ailleurs, soit conservé. Ce n'est pas compliqué, t'asseoir
et pouvoir négocier. Pouvoir négocier, cela ne veut pas dire que
tu es obligé de t'entendre le 1er mai. Cela veut dire strictement une
chose, donnez-nous la chance de rencontrer nos gens, de négocier et de
se servir de nos droits comme partout ailleurs. C'est ça qu'on demande.
On croit que si on passe à travers une chose semblable, c'est que
lorsqu'on l'aura négociée, on sera en mesure de vivre avec. En
plus, dans une négociation, si c'était si parfait que cela, il
n'y en aurait pas à tous les ans, deux ans ou trois ans. Ce serait fait
pour tout le temps.
Lorsqu'un métier concerné aura négocié ses
particularités, il y aura quelques problèmes au niveau de ces
particularités, il sera quand même en mesure de dire à ses
membres, lors de l'assemblée d'acceptation: Des négociations, tu
as voté pour, mon bonhomme, attends donc au prochain coup, on
renégociera. Tandis qu'aujourd'hui, ce n'est pas ce qui se produit.
C'est tout ça qui est basé sur la fameuse négociation et
je pense qu'il y a une chose sur laquelle on semble être d'accord, comme
vous l'avez mentionné, c'est qu'on veut négocier.
Alors, on dit au gouvernement, je ne sais pas ce que vous avez à
dire, excusez l'expression, mais mêlez-vous donc de vos affaires et
laissez-nous négocier. On vous donne une raison de vous mêler de
vos affaires, on dit: Les Jeux olympiques vont se faire. Mais, laissez-nous
donc négocier. Je m'excuse pour cette expression, mais en langage des
gars de la construction, ce n'est pas gros. Je fais pas mal attention. Tout
ça pour dire que je crois que lorsqu'on a fait le dépôt de
nos particularités avec les arguments formulés, d'accord, c'est
au niveau d'un conciliateur et la partie patronale n'aime pas qu'il y ait un
conciliateur. Nous, on vous le mentionne, on voulait accélérer,
on veut que ça marche, on veut que ça fonctionne. On veut se
rendre à la fin de ce document. On a des arguments qui ont
été donnés au conciliateur.
Il a posé des questions. Je peux vous dire qu'à un moment
donné il a été drôlement surpris. Moi-même,
j'ai participé peut-être à six ou sept de ces tables la
semaine passée, on a veillé assez tard, j'ai appris des choses.
Même si je suis un gars de la construction, je ne suis pas le gars qui
connaît tous les métiers. On ne peut pas connaître tous les
métiers, parce que dans chaque métier, il y a des
problèmes différents.
De plus, une chose qu'on cherche à faire, c'est de
négocier des plans de formation privée. Je ne sais pas ce qu'ils
peuvent avoir contre ça. Un métier va diriger sa formation
à un moment donné. Est-ce que vous êtes conscient, dans le
moment, comment sont formés les gars de la construction? Il se donne des
cartes au camion, par rapport que c'est intégré dans une grosse
affaire qui est une carte universelle. Là, on a un règlement qui
est censé être voté, je ne sais pas, mais en tout cas. Ce
qu'on veut, c'est de construire et de bâtir des vrais gars de la
construction. Quand le gars va travailler, il s'en va là avec un peu de
pratique, il n'a pas seulement de la théorie dans le fond de sa poche,
c'est ce qui se produisait dans le passé. Vous aviez des employeurs qui
vous téléphonaient pour vous demander si vous aviez des
élèves qui étaient pour finir leur cours prochainement
pour pouvoir s'en servir sur les chantiers de construction. C'est au niveau des
métiers que je vous dis ça. Ce n'est pas une question de
décentraliser ce qui est centralisé, ça reste
centralisé, mais, par contre, donnez à César ce qui
appartient à César, c'est ça qu'on demande.
En somme, lorsqu'on peut avoir mentionné qu'il y a eu un
délai de deux ou trois semaines sur un document, un délai sur un
document de structure, c'est ça qui fait qu'aujourd'hui on est encore en
train de parler de ça. C'est parce que c'est tellement ciair ce que les
membres nous ont demandé, c'est ce qu'on demande, c'est clair comme
ça. Les gars veulent pouvoir discuter, accepter ou refuser leurs
conditions de travail. Je pense que ce n'est pas trop demander dans la province
de Québec d'avoir le droit de faire ça. Une négociation,
avec toutes les règles du jeu, par contre, pas avec
des règles du jeu avec lesquelles, à toutes les cinq
minutes, on puisse légiférer les conditions. Je suis
persuadé que ce n'est pas plus rentable du côté de
l'employeur que ça ne l'est de notre côté.
Je pense que la plus mauvaise convention négociée entre
les parties est bien meilleure que n'importe quelle loi que vous allez voter
pour nous donner des conditions de travail. Merci, messieurs.
Interrogatoire des témoins
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Dumoulin. Je
n'ai pas voulu vous interrompre, mais pendant que vous parliez, il y a trois ou
quatre membres de la commission qui auraient voulu vous poser des questions sur
ce que vous aviez dit, non pas sur des observations générales,
mais sur certaines parties de vos commentaires.
Je commence par le député de Saint-Jean, pour passer au
député de Montmorency, au député de Jacques-Cartier
et enfin au député de Saint-François.
M. Veilleux: M. le Président, il y a une chose que j'ai
retenue des deux interventions, et du Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction et de l'Association des entrepreneurs du
Québec, c'est qu'il n'est pas d'intérêt public de modifier
le décret et de le prolonger sans le consentement des parties aux
négociations.
Je regarde. Cela veut dire que, dans votre esprit, si je vous comprends
bien, le 30 avril 1976, il y a une possibilité d'entente. Quand vous me
dites cela, cela veut dire qu'il y a une possibilité d'entente dans mon
esprit.
D'autre part, je vois que, le 22 avril, il y a eu la nomination du
conciliateur, M. Dufresne. M. Du-fresne, le 23 avril tient trois
réunions avec la partie syndicale. Le 24 avril, trois autres
réunions avec la partie syndicale. Le 26 avril, quatre rencontres. Cela
fait dix réunions en date d'hier. Aujourd'hui, il est censé y en
avoir eu cinq, encore avec la partie syndicale, ce qui fait en tout quinze
rencontres pour connaître, j'ai l'impression, de la part du conciliateur,
la situation exacte quant aux demandes du Conseil provincial du Québec
des métiers de la construction.
Il se donne une journée pour ramasser tout cela et rencontrer, le
29, la partie patronale, qui est l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec qui, elle, je m'imagine, doit, comme M. Dumoulin
l'a dit tout à l'heure, fonctionner par consultations. Je m'imagine que,
lorsque le conciliateur va rencontrer la partie patronale, elle va
procéder de la même manière de son côté.
Tout cela, parce qu'une conciliation a été demandée
le 13 avril 1976. Le 13 avril, le fait de demander une conciliation amenait
justement la présence du conciliateur et ce travail du conciliateur. Si
on regarde le nombre de rencontres que la partie syndicale et le conciliateur
ont eues ensemble, on remarque qu'il y a eu un net souci de la part de ces
gens-là de faire valoir leurs intérêts et leurs demandes au
conciliateur.
Maintenant, il faut donner la même chance à l'autre partie.
Or, la date limite, c'est le 30 avril 1976. C'est à trois jours d'ici.
Je pose ma question aux deux représentants. Je vais demander à M.
Dumoulin de commencer à me répondre, étant donné
que M. L'Heureux a commencé à parler le premier tout à
l'heure. Je vais laisser à M. Dumoulin le soin de me
répondre.
Comment pouvez-vous concilier tout cela pour que cela se termine le 30
avril? Si cela ne se termine pas le 30 avril, je crois qu'il n'y a plus de
décret, le 30 avril à minuit. Le lendemain, le samedi 1er mai,
lorsqu'il n'y a plus de décret, il n'y a plus de conditions de travail.
Il n'y a plus rien qui existe. Absolument rien n'existe, ni aux jeux
olympiques, ni dans les autres chantiers au Québec.
Comment pouvez-vous concilier tout cela, M. Dumoulin? Par la suite, je
voudrais que M. L'Heureux me réponde.
M. Dumoulin: Au départ, je me pose une question sur votre
question. Y a-t-il une loi qui oblige à avoir une entente au 1er mai?
C'en est une que je me pose. Lorsque vous parlez d'entente au 1er mai, lorsque
vous dites qu'il n'y aurait plus de conditions, disons que la loi
prévoit que les conditions d'avantages sociaux sont maintenues et qu'il
y a quelques autres conditions qui sont maintenues.
Rien n'empêche, le 1er mai, d'avoir des conditions
supérieures aux conditions existantes. Ce n'est pas parce qu'on est en
train de négocier qu'on ne peut pas avoir des conditions
supérieures. C'est bien sûr. Il doit y avoir moyen, à un
moment donné, de s'entendre pour qu'il y ait des conditions
supérieures.
Je vais vous poser une question à mon tour. Lorsqu'il arrive des
conflits dans la province de Québec, est-ce que, chaque fois qu'une
convention devient échue, vous convoquez une commission parlementaire
pour donner des augmentations de salaires?
C'est ce qui se produit dans le moment dans l'industrie de la
construction.
M. Veilleux: Je vais répéter ma question, M.
Dumoulin. Je pense que vous l'avez mal comprise.
Il y a plusieurs entrepreneurs, vous l'avez mentionné, il y a
plusieurs corps de métiers, plusieurs centrales syndicales, plusieurs
associations syndicales qui sont impliqués dans la construction au
Québec.
Si l'entente n'est pas signée entre les deux parties, le 1er mai,
à minuit et une minute, le 1er mai, en théorie, il n'existe plus
de décret et on doit s'en aller à la Loi des relations du travail
dans l'industrie de la construction, à l'article 18.
M. Harvey (Jonquière): Contrairement au code qui est de
soixante jours après la demande.
M. Veilleux: Personnellement, M. Dumoulin et M. L'Heureux,
j'aimerais cela qu'il y en ait une et j'espère qu'il y aura une
convention collective dûment signée dans la construction. C'est le
temps. Que tous les gens qui sont impliqués dans une convention
collective comme celle-là prennent
leurs responsabilités pour en arriver à une
véritable entente dûment signée et tout le monde va
être plus heureux après.
C'est comme un procès. Une entente en dehors de la cour, cela
vaut le meilleur des procès. Une convention collective dûment
signée, cela vaut le meilleur décret unilatéral de la part
du gouvernement. On est tous du même avis sur cela. Mais, qu'est-ce qui
arrive le matin du 30 avril, compte tenu que la conciliation a
été demandée, compte tenu que le conciliateur et vous, la
partie syndicale, vous avez fait un immense travail depuis le 23 avril?
Là, il doit se tourner de bord et rencontrer les autres, parce que la
conciliation, c'est rencontrer un côté et, après cela,
rencontrer l'autre côté. Il se prépare à rencontrer
l'autre bord. Il se prépare à rencontrer l'autre bord, le 29
avril. Le 30, à minuit, c'est terminé. Qu'est-ce qui se
produit?
Vous m'avez dit tout à l'heure, sur les chantiers olympiques, ce
qui se produirait, mais qu'est-ce qui va se produire en réalité,
le matin du 1er mai, si ce n'est pas signé?
M. Dumoulin: Ce que j'essaie de vous mentionner, c'est que, d'ici
au 1er mai il y a peut-être deux ou trois jours vous parlez
d'une entente globale totale. On parle de régler le décret dans
son entier, de la manière que vous parlez. Cela peut être un peu
difficile. Même si on fait 24 heures par jour, il peut peut-être
manquer un paragraphe ou deux. C'est fort possible.
Mais, de là à dire qu'il n'y aura pas d'entente le 1er
mai, vous n'êtes pas plus en mesure de le dire que moi.
Premièrement, il faudrait qu'on en parle, les parties impliquées.
Là, vous mentionnez qu'aux Jeux olympiques, il n'y aura pas de
grève; je pense que c'est assez significatif. Donnez-nous les droits
qu'on a le droit d'avoir comme citoyens québécois. On est des
travailleurs de la construction. On n'est pas de parfaits imbéciles. De
deux choses l'une. Si on n'est pas satisfait, il semblerait qu'on aurait un
droit de grève. Il semblerait... A moins que vous vouliez me dire que
cette affaire n'existe plus.
M y a une multitude de positions, mais c'est la négociation qui
compte au début. Votre crainte, les Jeux olympiques, il n'y a pas de
crainte. On vous le mentionne.
Mais, comme je viens de vous le mentionner, je ne peux pas vous dire
plus que de ne pas être en mesure de vous dire qu'il n'y en aura pas et
de ne pas être en mesure de vous dire qu'il va y en avoir, mais, par
contre, on va tout faire pour trouver des solutions. Par contre, aussi, on veut
être capable de jouer les règles du jeu, mais honnêtement.
Cela fait qu'il faut être en mesure de jouer les règles du
jeu.
Maintenant, de la manière dont vous me parlez, si je comprends
bien, c'est d'éliminer nos droits comme individus, comme citoyens du
Québec; en somme, éliminer la grève.
On l'élimine sur les chantiers olympiques, à un moment
donné, cela fait plaisir à la population. On croit que c'est un
geste qui a lieu d'être posé. On est entièrement d'accord
sur cela, à part cela.
On pense qu'on n'est pas plus sans-dessein que n'importe qui dans le
monde. On ne se fera pas passer pour une "gang" de fous au Québec.
Là-dessus, on est d'accord. On est d'accord, on vous le dit. Il n'y a
pas de problème là, mais, à partir de là, les
règles du jeu, pourquoi les changer? Laissez-les donc comme cela.
Au 1er mai, si on s'entend sur un montant d'argent, sur quoi que ce
soit, même si ce n'est pas un montant d'argent, qu'on dise que c'est une
rétroactivité... D'ailleurs, cela existe dans la construction, la
rétroactivité. Si on s'entend sur quelque chose, qu'on
procède. D'accord, c'est dans deux jours ou dans trois jours. Je suis
entièrement d'accord avec vous, mais je peux vous dire une chose. Il y a
la fin de semaine. Disons que cela fait quatre ou cinq jours. Mais, à
l'intérieur de tout cela, nous autres, on veut travailler,
négocier et trouver une entente, s'il y a lieu. Que ce soit avec
n'importe qui, le conciliateur ou... On veut trouver une entente. Que ce soit
une entente partielle ou finale, je pense que cela importe un peu. Le
gouvernement a... S'il y a une entente et si cela satisfait le monde et qu'on
continue, tant mieux!
S'il n'y a pas d'entente, ne nous ôtez pas nos affaires. Ce que
j'ai à vous dire là-dessus, je ne peux pas vous dire qu'il va y
en avoir une et je ne peux pas vous dire non plus qu'il n'y en aura pas. Je
pense que le fait de légiférer et de mettre un montant ne
résout rien, là non plus. C'est pour cela qu'on...
M. Veilleux: En tant que député, d'accord, les
Olympiques, c'est une préoccupation, c'est sûr, exactement comme
vous, exactement comme les entrepreneurs et tous les Québécois,
les Canadiens. Moi aussi, cela va un peu plus loin que cela. C'est l'ensemble
de la construction au Québec que je regarde. Je ne doute pas de votre
bonne foi, M. Dumoulin, pour faire l'impossible d'en arrivera une conclusion
pour le 1er mai ce serait l'idéal du moins les clauses les
plus importantes qui pourraient permettre de continuer les négociations
en bonne et due forme sans s'engueuler et se regarder avec des gros poings et
des gros yeux. Cela, je n'en doute pas. Nous, en tant que
députés, moi, en tout cas, en tant que député, il
faut que je m'interroge au moins trois jours avant. Le 1er mai, qu'est-ce qui
m'arrive si cela ne marche pas? Je pose la même question à M.
L'Heureux, à moins que vous n'ayez autre chose à ajouter.
M. Dumoulin: Oui, parce que c'est la question que vous posez que
je ne comprends pas. Pourquoi le 1er mai, si on ne s'entend pas, qu'est-ce
qu'il y a?
M. Veilleux: Le décret se termine le 30 avril. M.
Dumoulin: Et après? Il est fini le décret.
M. Veilleux: C'est à cause de l'article 18, le
quatrième paragraphe de la Loi des relations du travail dans la
construction.
M. Dumoulin: Qu'est-ce qu'il a l'article 18?
M. Veilleux: II faut que je m'interroge.
M. Dumoulin: L'article 18 dit quoi? Croyez-vous qu'on va
être obligé de faire la grève au 1er mai? Il me semble que
ce serait peut-être bon de se le demander.
M. Veilleux: Non, il faut...
M. Dumoulin: L'article 18 dit, à un moment donné:
Si la population est en danger, en tout cas, etc. Est-ce qu'il y a quelqu'un en
danger? Il n'y a personne en danger, d'après moi.
M. Veilleux: Peut-être pas le 27 avril, mais on ne sait
pas, nous aussi, ce qu'il va arriver.
M. Dumoulin: On vous dit que les Jeux olympiques, le monde va
travailler pour les faire.
M. Veilleux: Dans la Loi des relations du travail dans
l'industrie de la construction, contrairement au Code du travail en
général, en vertu duquel un droit de grève s'acquiert 60
jours après la fin d'une convention collective, là-dedans, la
demande de la conciliation, c'est différent.
M. Dumoulin: Oui.
M. Veilleux: Comme député, en tout cas, je
m'interroge.
M. Dumoulin: M. le député, du comté que je
ne connais pas...
M. Veilleux: Saint-Jean. M. Dumoulin: Saint-Jean.
M.Veilleux: On va venir à se connaître la prochaine
fois.
M. Dumoulin: Ce n'est pas loin de chez nous, cela. Quand vous
dites, à un moment donné, que le droit de grève est acquis
par le Code du travail, 60 jours après, 90 jours quand il est une
nouvelle accréditation, quelle différence y a-t-il entre 60 jours
où il est acquis ou bien donc à la fin? Dites-moi la
différence qu'il y a entre les deux? Il n'y a pas d'espèce de
différence, là. C'est une différence de quoi, cela? Nous
autres, on va reculer les 60 jours. On va dire: Voilà 60 jours, on
présuppose qu'on aura un conciliateur, ou qui que ce soit, et que le
droit de grève, c'est le 1er mai. Il n'y a aucune espèce de
différence, que ce soit le 1er mai ou 60 jours après.
M. Veilleux: M. Dumoulin, dans le cas de la construction, dans ce
qui se présente présentement, c'est que le conciliateur est en
fonction depuis le 23 avril au matin. Il a sept jours dans les circonstances
actuelles de la construction, c'est sept jours, comparativement, dans un autre
secteur, où cela peut être 30 jours ou 60 jours. Là, il y a
sept jours. Dans les sept jours, c'est pour cela que je pose la question. Il y
a eu une, deux, trois, quatre journées pour consacrer quatre
journées à rencontrer la partie syndicale, et vous avez
accepté de discuter avec elle, etc. Il en reste trois pour finir
à la fin, le 30 avril, parce que moi, dans mon esprit, la date limite,
c'est le 30 avril. Cela ne veut pas dire qu'il va se produire bien des choses
après le 30 avril, mais, dans mon esprit, c'est le 30 avril. Il lui
reste deux jours pour rencontrer l'autre. Est-ce que dans deux jours, compte
tenu des rencontres que vous avez eues avec eux, pendant ces quatre jours,
croyez-vous qu'ils peuvent faire le même travail chez les entrepreneurs
en deux jours quand ils en ont pris quatre à le faire chez vous?
M. Dumoulin: Ce que je vois, c'est qu'on a fait un
dépôt de documents le 10 mars. Aujourd'hui, nous sommes le 27
avril. Dans ce document qui a été déposé le 10
mars, je crois je ne pense pas me tromper que la partie patronale
y a travaillé. Elle a peut-être une réponse à nous
formuler à 90% dans le document. Je ne dis pas qu'elle va l'accepter en
entier. Elle doit avoir une réponse à nous formuler. A un certain
moment, lorsqu'on arrivera à cela et qu'on verra tout cela, qu'est-ce
qui vous dit qu'on n'aura pas résolu 70% de ce document? On vit avec des
suppositions. C'est justement les suppositions avec lesquelles nous vivons,
nous aimerions être en mesure de les vivre, véridiquement par
exemple. C'est ce que nous demandons, de les vivre véridiquement,
mais...
Depuis le temps qu'elle a le document, elle a, en définitive, des
réponses à nous donner parce que c'est vrai qu'on va commencer
à dire qu'elle n'est pas sérieuse, mais je ne pense pas. A ce
niveau, je pense...
M. Veilleux: Vous êtes en train de le dire ce soir.
M. Dumoulin: Je veux dire qu'elle n'est pas sérieuse si
elle arrive et qu'elle nous dise: On n'a rien regardé. Je suis bien
persuadé qu'elle a regardé quelque chose dans ce document.
Donc, d'ici deux jours ou trois jours, il y a la fin de semaine aussi,
d'ici ce temps, elle sera en mesure, j'imagine, de nous présenter leurs
contre-propositions sur les documents que nous avons présentés,
et nous serons en mesure de voir où nous sommes rendus. Avec la
réponse et où nous serons rendus, qui dit qu'au 1er mai nous ne
continuerons pas, suite au rapport que nous ferons à nos
assemblées... On continue à fonctionner parce que cela se
déroule et qu'on est rendu à tel point et qu'on résout un
problème. Si c'est le problème du 1er mai, on le
résoudra.
M. Veilleux: Vous m'avez donné une réponse. M.
L'Heureux peut-il m'en donner une?
M. L'Heureux: Vous m'avez posé une question directe. Je
vais y répondre. La partie syndicale nous dit qu'il n'y a rien qui dit
qu'on n'aura pas une entente. Maintenant, il faut considérer que le
texte qu'on nous a fourni le 10 mars... On en a une bonne partie de
prête, soit des contre-
propositions. Naturellement, il y a une bonne marge entre ce qui a
été demandé et ce qu'on offre. On n'a jamais pu les
fournir parce qu'au moment où on les a rencontrés, ils ont
suspendu...
On a accéléré par la voie d'un conciliateur et on
lui a donné les choses que nous demandions et qu'on ne pouvait pas nous
donner. Alors, il y a peut-être eu une certaine
accélération. Cela reste à prouver. Nous n'avons pas
rencontré le conciliateur.
Dans le moment, un aspect très important, dans n'importe quelle
négociation collective qui implique 140 000 gars dans une industrie
dépensant $4 milliards par année, ce sont les demandes
salariales. Nous ne les avons pas. Nous n'avons pas les demandes salariales.
Dans le texte qu'on nous a fourni, il y a beaucoup de demandes à
incidence monétaire qui, naturellement, doivent être
regardées à l'intérieur de la masse salariale. Ce qu'on ne
nous demande pas en salaire, si on nous le demande en prime, il faut toujours
bien connaître les salaires avant de savoir ce que nous allons donner en
prime. Ce qu'on nous demande en frais de transport et en indemnité de
présence, il faut toujours bien savoir ce qu'on nous demande en salaire
avant. Est-ce du salaire déguisé qu'on veut là pour
contourner la loi anti-inflation? Est-ce autre chose? Nous ne le savons pas.
Nous n'avons pas eu les demandes salariales.
Alors, même si j'essayais de vous dire qu'il y a une
possibilité d'entente pour le 1er mai, je ne serais pas capable et je ne
serais pas honnête et cela serait vous induire en erreur.
Dans le moment, on nous dit qu'on a remis les séances
j'imagine que ce sont des séances au niveau des différents
métiers on nous dit qu'on leur a remis les différents
documents, qu'on leur a expliqué.
Pour nous, non seulement il faut les recevoir, il faut
premièrement les comprendre et deuxièmement aller consulter les
différents secteurs. On nous dit que, le 7 mai, on a trouvé cela
surprenant qu'on revienne au début de mai, parce que la date qui avait
été mentionnée, c'était le début de mai.
Cela nous donnait trois semaines. Ecoutez, il ne faut pas se leurrer. Si on
veut faire une consultation réellement à la base, même pour
l'acceptation d'une convention collective, si on en venait à
l'acceptation d'une convention collective, il faut toujours bien consulter nos
membres, avant de proposer cette convention collective, il ne faut pas
charrier. Maintenant, on offre à ce moment-là au gouvernement la
possibilité de sauver les Jeux olympiques, du moins, c'est comme cela
que je comprends l'offre. On dit: Etant donné que c'est le souci
premier, les Jeux olympiques, si on dit au gouvernement: On va sauver vos Jeux
olympiques, à ce moment-là, il n'y a plus rien qui compte. Tout
le monde s'en va chez soi. A ce moment-là, on se retrouve le 30 mai,
sans entente, sans décret, sans conditions qui nous régissent. On
dit: II n'y a rien qui empêche que le contrat soit supérieur, il
n'y a rien qui empêche qu'il soit inférieur, non plus.
Mais le danger, et c'est cela qu'on a connu il y a quelques
années, c'est qu'il se signe justement des mini-ententes. Ce sont des
ententes dont on a peur, qui sont illégales, et qui nous reviennent
à la table, à nous, les négociateurs, qui ont
été signées certaines fois sous pression, la plupart du
temps sous pression, par certains... Il ne faut pas se leurrer, même
à l'intérieur de notre groupe, ce n'est pas tout le monde qui...
Il y a certains entrepreneurs qui cèdent plus facilement. On a
simplement à regarder les rapports de la commission Cliche pour savoir
que c'est normalement avec eux que les troubles commencent. Parce qu'eux
cèdent et, se ramassent normalement, à la table. On dit: Ecoutez,
vous, vous les refusez et on a un de vos entrepreneurs qui les accepte, tout le
monde devrait donc les accepter.
J'offre simplement ces commentaires à la commission
parlementaire. Si c'est une grève à la grandeur de la province,
c'est quelque chose à quoi il faut s'attendre. Si, à ce moment,
on offre un "deal", ni plus ni moins, et c'est comme cela que je comprends,
c'est justement cela qui rejoint notre position, quand on demandait au
législateur de ne pas se soustraire comme client aux lois qu'il fait
lui-même, de ne pas s'hypothéquer une industrie à long
terme pour un projet à court terme. Je pense que cela rejoint notre
pensée. Ce sont les commentaires que j'avais à faire.
M. Veilleux: J'ai une dernière question à vous
poser, M. L'Heureux. Je l'ai posée à M. Dumoulin et je vous la
pose: Vous, le 1er mai, en tant qu'entrepreneur, mettons que les
employés de la construction sont encore sur les chantiers de travail, au
moins aux Jeux olympiques, parce que M. Dumoulin nous a dit qu'aux Jeux
olympiques, quand il n'y a plus de décret, il n'y a plus rien, en tant
qu'entrepreneur, qu'est-ce que vous êtes prêt à donner comme
conditions de travail à ces gens-là, en attendant que cela soit
dûment signé entre les parties?
M. L'Heureux: Comme entrepreneur ou comme négociateur?
Comme entrepreneur sur mon chantier?
M. Veilleux: Vos entrepreneurs, que sont-ils prêts à
donner, si vous voulez, sur les chantiers de construction où ils vont
travailler?
M. L'Heureux: Ecoutez, nos entrepreneurs, pour savoir ce qu'ils
sont prêts à donner, dans un cas où il n'y aurait pas de
décret, il faudrait certainement que je les consulte pour me prononcer
pour eux. Je ne voudrais pas justement faire le jeu...
M. Veilleux: Est-ce que vous continueriez au moins à
suivre le décret existant?
M. L'Heureux: Encore là, vous me demandez... Moi, je peux
vous dire ce que je ferais sur mes chantiers, mais ce que les entrepreneurs,
surtout ceux qui sont soumis à certaines pressions où le
contrôle de la main-d'oeuvre est plus sévère, ce qu'eux
vont faire, c'est peut-être une paire de manches différentes. Je
ne pourrais pas me prononcer pour eux. Je sais ce qui est déjà
arrivé. C'est qu'à ce moment-là il s'est signé des
miniententes.
A ce moment-là on réglait, ni plus ni moins... Ce
n'étaient pas des conditions salariales qu'on trouvait dans les
mini-ententes, c'étaient des conditions particulières à
des clauses comme le délégué de chantiers et la
sécurité d'emploi et des choses comme celles-là, les
choses qui sont normalement, ce qu'on appelle nous, non des clauses de
syndiqués, niais des clauses de syndicats. Je ne sais pas si c'est
l'idée de la partie syndicale. C'est déjà arrivé.
Je veux simplement exposer cette facette du problème à la
commission et je pense que quand on règle le problème de
l'industrie de la construction c'est ce qu'on disait ici il ne
faut pas, encore là, acheter une paix à court terme. Je pense que
s'il doit y avoir un règlement, il faudrait que ce soit un
règlement global. Je laisse la décision aux membres de la
commission parlementaire. Vous m'avez posé une question à savoir
s'il y avait possibilité d'entente pour le 1er mai, je vous
répond: Non, ni pour le 1er mai, ni probablement pour le 7 mai. Cela
fait depuis le 1er avril qu'on ne s'est pas rencontré pour discuter des
textes. On s'est rencontré une fois le 12 avril pour discuter de la
structure de la FIPO. Depuis ce temps-là, on nous dit: On a dû
faire quelque chose. C'est vrai que du 10 mars au 1er avril on avait fait
quelque chose et que du 10 mars à aujourd'hui, on a fait encore plus. On
est prêt à répondre sur à peu près toutes les
clauses qui étaient dans la demande originale. Mais, parce qu'on est
prêt à répondre, cela ne veut pas dire qu'on est d'accord
avec les clauses qu'ils nous ont proposées.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Veilleux: Je pense que M. Dumoulin avait quelque chose
à ajouter.
Le Président (M. Séguin): Oui, allez-y, M.
Dumoulin.
M. Dumoulin: J'aurais une réponse à formuler au
député de Saint-Jean. On peut vous dire qu'advenant qu'il y ait
un accord d'intervenu pour le 1er mai, un accord de principe, qu'il soit total
ou partiel, on est d'accord que si on en vient à une entente d'attendre
que la partie patronale fasse sa consultation que la loi ou son
règlement lui requiert de faire. Encore là, je pense qu'il y a ce
pas-là qu'on peut faire. Si jamais on arrive et on dit cela, on s'entend
là-dessus, là ils iront consulter leurs gens avec cela. Nous
sommes d'accord pour attendre après.
M. Veilleux: D'accord.
Le Président (M. Séguin): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Si vous permettez. M. Dumoulin vient justement de
prendre la position qu'on lui reprochait tout à l'heure au moment
où on disait que les agents d'affaires avaient décidé
d'une position. Là, il vient de dire: On est d'accord pour attendre.
Encore là, je vous soumets respectueusement que c'est une
décision qui doit être prise à la base. Est-ce qu'il veut
dire qu'à ce moment-là il se charge de vendre cela à la
base ou est-ce qu'il veut dire que quelle que soit la décision de la
base, il est d'accord, donc que la base est d'accord? Quelle garantie est-ce
que cela nous offre?
M. Dumoulin: Là-dessus, ce qu'on peut répondre, ce
qu'on vous mentionne, c'est qu'on n'arrive pas ici les poches vides. On a quand
même un genre de mandat, nous autres. Si on dit qu'on est d'accord sur un
accord de principe, c'est bien sûr que l'accord de principe sur lequel on
s'entendra reflétera la demande de nos membres. Donc, nous allons aller
la leur transmettre. Mais c'est bien sûr qu'indépendamment de ce
qu'on signe, de ce qui est intervenu entre les parties, en tout temps, il va
falloir aller voir nos membres. Que ce soit $100 d'augmentation de l'heure ou
que ce soit n'importe quoi, il va falloir aller les voir. C'est sûr et
certain qu'on a parlé à nos membres, ils nous ont mandatés
et, quand je parle d'un accord de principe, vous devez savoir ce que c'est,
c'est un accord vers lequel on nous a dirigés. Tu sais ce que je veux
dire. Il ne faut pas charrier non plus. Je ne pense pas que ce soit moi qui
vais décider pour tout le monde dans la province de Québec. Ce
sont eux qui vont décider de leurs affaires, ce sont les membres qui
vont décider, croyez-moi.
M. Veilleux: J'ai compris ce que vous avez voulu dire.
M. Dumoulin: Je sais une chose. Si vous légiférez
comme ça, je ne pense pas que vous allez consulter la population
entière avant. Je n'ai pas cette idée.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency. J'attire votre attention sur le fait qu'il reste encore trois
minutes avant l'ajournement.
M. Bédard (Montmorency): Etant donné... M.
Dumoulin: On n'est pas "claire" déjà.
M. Bédard (Montmorency): ... M. le Président, que
je pose des questions tellement claires et succinctes! J'en ai quatre à
poser et elles ne seront pas longues. Les questions seront courtes et les
réponses aussi.
Pour que ce soit clair dans mon esprit et dans l'esprit des membres de
la commission, M. Du-moulin, est-ce que toutes vos demandes sont prêtes
pour une négociation globale, c'est-à-dire les clauses normatives
et salariales?
M. Dumoulin: Vous avez des clauses normatives qui ont
été déposées au niveau de l'association patronale,
au niveau du conciliateur et cela se dépose. Vous dire qu'elles sont
toutes prêtes et déposées, je serais un menteur, parce
qu'il y a encore des rencontres et il y en a peut-être d'autres à
avoir demain. Mais tout se dépose.
M. Bédard (Montmorency): Ma deuxième question
était: Toutes ces demandes sont-elles déposées en ce 27
avril, soit trois jours? Parce que je vous ai demandé si elles
étaient prêtes dans la première. Est-ce qu'elles sont
toutes déposées, tant normatives que salariales? Parce que j'ai
eu un "rebound ' du côté patronal selon lequel on n'avait pas
encore entendu parler de salaire. Est-ce que c'est vrai? Par ma deuxième
question, j'accroche votre façon...
M. Dumoulin: Je suis obligé d'admettre qu'il n'est pas
vrai qu'il n'a pas entendu parler de salaire, parce qu'il y a certains
métiers qui ont déposé des conditions salariales, mais,
jusqu'à maintenant, ce n'est pas vrai que tous les métiers ont
déposé leurs conditions salariales.
M. Bédard (Montmorency): Donc, toutes les conditions, tant
normatives que salariales, ne sont pas toutes déposées en ce jour
du 27 avril?
M. Dumoulin: Non.
M. Bédard (Montmorency): D'accord.
M. Dumoulin: Ils n'ont pas fini de se rencontrer.
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai pas besoin des
réponses, je le sais pourquoi. A ce jour, êtes-vous convaincu que
le gouvernement ne doit pas intervenir?
M. Dumoulin: Certainement convaincu qu'il ne doit pas
intervenir.
M. Bédard (Montmorency): D'accord. Quatrième
question. C'est inscrit au journal des Débats...
M. Dumoulin: Ah! bon.
M. Bédard (Montmorency): Pourriez-vous garantir au
gouvernement la même chose que vous avez faite concernant les Jeux
olympiques, c'est-à-dire au niveau de la province, au 31 juillet 1976?
Je vous pose cette question, à la suite d'une réponse que vous
avez donnée tout à l'heure, des paroles que vous avez dites, qui
m'ont frappé, selon lesquelles vous êtes beaucoup
intéressé à travailler et à négocier.
M. Dumoulin: La réponse que je peux donner à votre
question, c'est qu'on vous l'a lue aujourd'hui. Je vais vous lire l'engagement
de non-grève qui s'applique aux chantiers olympiques, à la suite
d'une décision des membres et affiliés du conseil.
M. Bédard (Montmorency): Je l'ai lu, M. Dumoulin, et je
vous en félicite.
M. Dumoulin: Vous ne l'avez pas lu parce que je ne vous l'ai
même pas lu encore.
M. Bédard (Montmorency): Moi, je l'ai lu.
M. Dumoulin: C'est l'engagement de non-grève qui est
intervenu au... Ce que je vous ai lu, c'est le document... Le document
signé est ici.
M. Bédard (Montmorency): Vous vous référez,
dans votre...
M. Dumoulin: Oui, on réfère à
celui-là.
M. Bédard (Montmorency): ... dossier que vous avez
donné, à ce document-là, et vous dites que tout le monde
s'est engagé à ne pas faire la grève. C'est pour cela que
je dis que je l'ai lu.
M. Dumoulin: Oui, oui.
M. Bédard (Montmorency): D'accord? Bon. Mais, si je vous
posais cette question, c'est parce que vous avez dit que vous êtes
intéressé à travailler, de même que vos
syndiqués. Vous êtes intéressés à
négocier, contrairement à tout autre secteur, lorsqu'ils ont 60
jours pour renégocier, lorsqu'ils sont soumis au Code du travail, c'est
pour cela que je vous posais cette question.
Je vous suggère le 31 juillet. Est-ce que vous auriez une autre
date à suggérer? Pour tenir compte de l'ouvrage du
négociateur, vous avez parlé tout à l'heure de quelques
jours, mais, étant donné votre bonne intention et je le
soumets aux membres de cette commission, parce que vous l'avez dit tantôt
en toutes lettres vous êtes intéressé à
travailler et à négocier.
Au lieu de la date du 31 juillet, est-ce que vous en auriez une autre
à suggérer, pour garantir aux membres du Parlement qu'il n'y
aurait pas de grève dans les prochains jours ou les prochaines
semaines?
M. Dumoulin: M. le député, nous sommes certainement
intéressés à travailler, comme vous le mentionnez, autant
que vous pouvez être intéressé à travailler. Je vais
vous dire une chose: On peut travailler tant et aussi longtemps qu'on aura nos
outils pour travailler. Ne nous les enlevez pas.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais vous comprenez...
M. Dumoulin: J'espère que vous me comprenez?
M. Bédard (Montmorency): Je vous comprends. Mais, dans mon
optique, faire une grève, pour les syndiqués, cela ne
règle rien. En plus de perdre leus outils, ils perdent leur salaire.
M. Dumoulin: Nous ne faisons pas de grève. Ce sont eux,
à un moment donné, qui décident de faire la
grève.
M. Bédard (Montmorency): Mais, ce sont eux qui l'ont
demandé. C'est pour ceux qui posent la question. Vous le savez. J'aime
les choses claires,
non pas longues, mais claires. Je veux savoir de quoi on parle.
M. Dumoulin: Je ne veux pas me répéter. Je vous ai
bien mentionné qu'on a un document qu'on vous a présenté
concernant les installations olympiques dans tous les chantiers que cela
concerne, le centre Robillard, un peu partout, ce que cela concerne. Je vous
dis clairement aussi que cela se limite là.
M. Bédard (Montmorency): D'accord.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain matin, 10 h 30, et nous continuerons
l'interrogatoire commencé ce soir avec M. l'Heureux et M. Dumoulin.
Bonsoir, messieurs.
(Fin de la séance à 22 h 2)