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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et
de l'immigration
Etude des crédits du ministère de
l'Immigration
Séance du mercredi 19 mai 1976 (Dix heures douze minutes)
M. Bédard, Chicoutimi (président de la commission
permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Nous étudierons les crédits du ministère de
l'Immigration, à l'intérieur de la commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration. Les membres de la commission sont MM.
Belle-mare (Johnson), Boudreault (Bourget), Burns (Maisonneuve), Charron
(Saint-Jacques), Déziel (Saint-François); Mme Bacon (Bourassa)
remplace M. Harvey (Jonquière); MM. Harvey (Dubuc), La-chance
(Mille-Iles), Malépart (Sainte-Marie), Pagé (Portneuf),
Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda); M. Tremblay
(Iberville) remplace M. Veilleux (Saint-Jean), et le dernier membre de la
commission est M. Verreault (Shefford).
M. Burns: Maintenant, j'aurais une demande de substitution pour
la séance seulement; il s'agit de remplacer M. Charron par M.
Jacques-Yvan Morin, député de Sauvé, chef de l'Opposition.
Remarquez que techniquement ce n'est pas nécessaire, parce qu'il fait
partie en principe de toutes les commissions, mais le chef de l'Opposition m'a
indiqué qu'il aimerait venir se joindre à nous, à un
moment donné. C'est pourquoi je propose cette modification, mais ce
n'est même pas nécessaire.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Ce n'est
même pas nécessaire d'être membre de la commission pour
avoir le droit de parole. Maintenant, nous allons faire le changement; M.
Jacques-Yvan Morin remplace M. Charron (Saint-Jacques).
Je demanderais à la commission de procéder à la
nomination d'un rapporteur.
Une Voix: Le député des Mille-Iles.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Alors, la
commission est d'accord que M. Lachance (Mille-Iles) agisse comme
rapporteur?
M. Burns: Est-ce qu'il est qualifié? Oui. Il va faire un
bon rapport, oui?
M. Lachance: Un très bon rapport. M. Burns: Bon,
d'accord.
M. Boudreault: II a passé ses examens avec
succès.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Au dé-
but des travaux, nous allons entendre un exposé du ministre de
l'Immigration, de même que du leader de l'Opposition. Egalement, je crois
que les deux ont exprimé le désir qu'après les
exposés il y ait une discussion générale avant de
procéder à l'étude programme par programme. Les membres de
la commission sont d'accord?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi):
Accepté. Alors, le ministre de l'Immigration.
Exposé préliminaire du ministre Mme Lise
Bacon
Mme Bacon: M. le Président, je ne saurais laisser passer
l'occasion qui m'est offerte, en ce début de l'étude des
crédits 1976/77, du ministère de l'Immigration, pour vous dire
que j'éprouve beaucoup de satisfaction à l'idée de
m'entretenir avec vous de cette question importante qu'est l'immigration pour
l'avenir du Québec.
Mon collègue, Jean Bienvenue, s'était vu confier un lourd
mandat en 1972. N'eût été la confiance illimitée de
mon prédécesseur en l'apport de l'immigration pour le
Québec et n'eût été sa détermination de voir
ce Québec exercer pleinement ses pouvoirs en matière
d'immigration, je ne pourrais aujourd'hui vous témoigner de la
volonté ferme du gouvernement auquel j'appartiens d'occuper ce champ de
juridiction qui est sien. Cette volonté ferme du gouvernement,
volonté que j'assume pleinement, l'a conduit à proposer, dans le
dernier discours inaugural, un élargissement.du mandat pour assurer
l'avenir de la société québécoise. Si vous le
permettez, je reviendrai sur cette question plus tard.
Ma nomination comme ministre de l'Immigration étant encore
très récente, je veux tout d'abord vous assurer que j'entends,
à mon tour, vous proposer des politiques et des mesures qui permettront,
en matière d'immigration, d'assurer le développement de notre
société québécoise, tant sur le plan
économique que sur les plans social et culturel. Je sais que pour ce
faire je puis compter sur la collaboration soutenue de mes collègues et,
en particulier, des membres de cette commission ainsi que sur celle de tous les
fonctionnaires de mon ministère.
J'aimerais souligner ici la présence de M. Bernard Bonin, mon
sous-ministre qui assume l'intérim; M. Marcel Cloutier, sous-ministre
adjoint; de même que trois fonctionnaires de mon ministère, MM.
Pierre Veilleux, directeur à l'administration; Guy Fournier, directeur
du personnel et Paul-Emile Arsenault, chef par intérim des services
financiers.
Il me sera d'autant plus possible de proposer des politiques et des
mesures que je sais maintenant que nous disposons d'une bonne partie des
instruments essentiels pour ce faire et que certains autres instruments nous
seront accordés grâce, j'en suis assurée, à votre
collaboration dans les mois qui viennent.
Je veux maintenant faire un tour d'horizon sur
les progrès accomplis et vous indiquer où nous en sommes
à l'heure actuelle. L'an dernier, les membres de cette commission ont
posé une question fondamentale, à savoir le ministère de
l'Immigration a-t-il des pouvoirs et quels sont-ils?
Lorsque nous voulons apporter une réponse satisfaisante à
cette question, il nous faut indiquer, en premier lieu, que mon
ministère a cherché à affiner certains outils de la
connaissance. En Effet, au cours des dernières années, le
ministère de l'Immigration a amélioré son expertise en
connaissant mieux la clientèle immigrante, en oeuvrant avec les divers
groupes ethniques, en développant certains programmes
d'intégration à la majorité francophone du Québec
et en assurant une certaine présence à l'étranger
auprès des principaux bassins d'immigration vers le Québec et,
enfin, en se penchant sur certaines questions qui ont trait aux
caractéristiques de notre population, tant sur ie plan quantitatif que
qualitatif.
Ainsi, après sept années d'existence, tout le chemin
parcouru par mon ministère dans l'approfondissement de ses connaissances
et de son expérience, dans l'adéquation de sa structure aux
besoins et réalités de l'immigration québécoise me
confirme l'importance de l'immigration pour l'avenir du Québec.
Convaincu de cette nécessité, sachez que le gouvernement
occupera au maximum le champ de compétence qui lui est dévolu
à l'article 95 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Plusieurs manifestations incontestables de la volonté du
Québec en la matière sont connues du grand public. Qu'il me
suffise de mentionner la réponse du Québec au livre vert
fédéral, l'entente And ras-Bienvenue, deux documents
déjà en votre possession. J'ai cru bon vous transmettre un
document explicatif sur la signification et la portée de l'entente And
ras-Bienvenue, ainsi qu'un autre document qui fait le point sur la situation de
nos postes à l'étranger.
Finalement, suite à l'engagement formel du premier ministre et du
gouvernement, je déposerai prochainement des projets de loi susceptibles
de consolider le leadership du Québec en matière d'immigration.
J'ai aussi développé la conviction que l'intégration des
immigrants est la pierre angulaire de l'élaboration de nos politiques
d'immigration. Seule la concertation entre le gouvernement du Québec, la
population en général et chacun de nous permettra d'obtenir des
résultats probants au chapitre de l'intégration des
immigrants.
Nous voulons que ceux qui ont eu le priviliège d'immigrer chez
nous soient reconnus comme des citoyens à part entière. Le
Québec est, d'ailleurs, un des seuls Etats au monde offrant aux nouveaux
arrivés la quasi-totalité des mesures offertes à ses
autochtones, notamment dans les secteurs des affaires sociales et de
l'éducation.
L'approche sociologique du ministère de l'Immigration visant
à reconnaître les valeurs culturelles de nos nouveaux compatriotes
ne peut que concourir à notre enrichissement national. Je souhaite qu'au
Québec nous ayons un climat capable de promouvoir un dialogue
constructif et une meilleure compréhension entre les citoyens de toutes
les origines ethniques.
Toutefois, je suis consciente qu'il nous faut assurer les conditions
nécessaires à notre équilibre social et la qualité
de la vie au Québec et ce, autant pour les immigrants eux-mêmes
que pour la population actuelle du Québec. Pour ce faire, nous tiendrons
compte des besoins de la population québécoise, du marché
du travail et de la répartition géographique de la
population.
Un mot maintenant pour vous dire que tout comme vous j'entends consacrer
mes efforts à contrer le plus possible l'émigration d'une partie
de ressources humaines du Québec vers les autres provinces. D'ailleurs,
les dernières données disponibles sur cette question me
réconfortent car, comme le déclarait récemment le premier
ministre, le mouvement migratoire du Québec vers les autres provinces et
les Etats-Unis s'est atténué.
Je crois enfin qu'une collaboration soutenue devrait continuer à
être assurée entre le gouvernement provincial et le gouvernement
fédéral, mais de façon plus immédiate. Je crois en
une collaboration renouvelée entre tous les ministères et
organismes du Québec soucieux de faire progresser le dossier de
l'immigration auquel le gouvernement donne son entier appui.
Pour rentabiliser au maximum l'action du ministère de
l'Immigration, j'ai la conviction que son mandat devrait être
élargi. J'estime personnellement que le plein essor de ce
ministère pourra être atteint dans la mesure où il y aura
relation étroite entre les politiques en matière d'immigration,
de main-d'oeuvre et de population. Je demanderai, dans les prochains mois, un
mandat clair et sans équivoque de l'Assemblée nationale. En ce
sens, dans une première étape, j'entends déposer
prochainement trois projets de loi, la Loi du ministère de la population
et de l'immigration, la Loi sur l'immigration et la Loi sur le conseil de la
population et de l'immigration.
Cette présentation de projets de loi est la suite logique de
l'engagement formel du gouvernement tel qu'annoncé dans le dernier
discours inaugural. Au plan de l'organisation administrative du
ministère de l'Immigration, les changements apportés au mois
d'août dernier nous ont permis de nous doter d'une structure
organisationnelle à la mesure des défis que pose l'immigration et
même de ceux qui nous seront posés à la suite de l'adoption
des projets de loi que je viens de mentionner.
C'est donc sans heurts que mon équipe pourra poursuivre avec
efficacité le travail entrepris. C'était là, M. le
Président, le message que je voulais livrer aujourd'hui, l'occasion
m'étant offerte pour la première fois de faire un tour d'horizon
en matière d'immigration et de vous indiquer les voies vers lesquelles
nous nous dirigeons.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): L'honorable
leader de l'Opposition.
Remarques de M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, c'est également la
première occasion qui m'est offerte de souligner
la récente nomination du nouveau ministre de l'Immigration, que
je félicite pour cette nomination. Je l'avertis d'avance que, dans
beaucoup de mes interventions, j'aurai malheureusement à lui faire
porter le fardeau de certaines déclarations de son
prédécesseur. Ce n'est pas méchamment que je le ferai, ce
sera toujours dans le même esprit qui nous a animés lorsque nous
avons approché le ministère de l'Immigration, c'est-à-dire
dans un grand esprit de collaboration. Je tiens à vous dire, Mme le
ministre, comme je l'avais dit à votre prédécesseur, que
l'Opposition est particulièrement intéressée à ce
que le ministère de l'Immigration joue véritablement son
rôle, de sorte que vous bénéficierez, comme votre
prédécesseur, de notre appui le plus total. Cet appui
peut-être vous apparaîtra même, à certaines occasions,
encombrant parce qu'il tentera de vous pousser dans le dos et de vous faire
aller un peu plus loin que, normalement, ce gouvernement semble vouloir aller.
Il reste que le ministre précédent ne s'était pas plaint
de notre collaboration, bien au contraire, je pense.
Lors de l'étude des crédits, l'année
dernière, M. le Président, le ministre de l'Immigration du temps,
le député de Crémazie, rappelait que le ministère
de l'Immigration du Québec "a été créé en
décembre 1968, a démarré à la fin de 1969, m'a
été confié disait-il en février 1972
et fonctionne normalement depuis le printemps 1973, soit depuis seulement deux
années". Cette remarque, vous pouvez la trouver à la
séance du mardi 6 mai 1975, au journal des Débats, p. B-2698.
Ce premier énoncé du ministre était, à nos
yeux en tout cas, quelque chose qui était assez factuel, mais aussi une
admission qu'à toutes fins pratiques le ministère ne
fonctionnait, à cette époque, que depuis deux ans.
Cette jeunesse du ministère a très souvent
été invoquée pour justifier des interprétations
quasi contradictoires. D'une part, encore jeune, le ministère est
à se mettre sur pied, à démarrer, à se donner des
cadres, à trouver son assiette de roulement, à naviguer dans le
corridor étroit entre les moyens d'agir qu'il faut obtenir du Conseil du
trésor et la latitude qu'il faut arracher par concessions d'Ottawa.
Voilà pourquoi l'Opposition devrait être patiente, selon
les dires du ministre du temps, indulgente, pas méchante pour
l'adolescent qui prend son élan. D'autre part, au contraire, cette
jeunesse du ministère dit toutes les promesses d'avenir. C'est en elle,
justement, qu'il faut retrouver le pilier contre l'anglicisation, le bastion de
la culture québécoise francophone et tenez-vous bien
la meilleure garantie de la souveraineté culturelle du
Québec.
Depuis quelques années, donc, c'est dans ce ballottement entre
l'impuissance du nouveau-né et la glorification de la culture que
l'Opposition a dû s'écarquiller largement. A l'étude des
crédits pour 1974/75, nous avions choisi de poser un très grand
nombre de questions, les faisant porter sur les effectifs, les structures, les
moyens financiers et administratifs. En somme, nous avons cherché
à nous assurer que le ministère était en bonne voie de
réussir son démarrage définitif.
A l'étude des crédits pour 1975/76, soit l'année
dernière, nous avions choisi, au contraire, de nous arrêter
davantage sur la vocation du ministère: y fait-on, par exemple, vraiment
de l'immigration? Y a-t-on des pouvoirs de recrutement et de sélection?
Utilise-t-on des pouvoirs conférés au Québec par l'article
95 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique?
C'est donc dans cet esprit, qui veut aller, une fois pour toutes,
à l'essentiel, que nous avons proposé au ministre du temps qu'une
commission parlementaire siège en présence de témoins
experts, de façon que les parlementaires de tous les partis puissent
enfin avoir l'occasion d'une rencontre en profondeur sur la vocation même
du ministère. C'est à partir de ce point qu'il nous semblait
qu'il fallait très constructivement apporter la collaboration de
l'Opposition, comme je le mentionnais tout à l'heure au nouveau
ministre, pour assurer le succès de toutes les étapes
subséquentes.
Je pense pouvoir dire que la nature de notre proposition était
suffisamment claire, positive, constructive pour que le ministre responsable
souligne elle-même et qu'elle accepte formellement notre proposition.
Cette proposition de l'Opposition de même que l'accueil favorable
que le ministre lui a réservé nous paraissait d'autant plus
fructueux que la tenue de séances par la commission parlementaire se
situait dans le cadre général de grandes décisions
à prendre, en nécessitant donc une réflexion et une
aération maximales.
Ainsi le discours inaugural du 18 mars 1975 annonçait l'insertion
de l'immigration dans le cadre d'une politique et même d'un
ministère des ressources humaines. Le ministère lui-même
faisait miroiter l'oasis d'un livre blanc qui, dans le ton du ministre, avait
toutes les caractéristiques de la Somme théologique de
l'immigration. Et pendant que le ministre québécois nous parlait
mystérieusement de livre blanc et de livre brun, son homologue
fédéral en était au livre vert. En somme, quiconque
pouvait être le moindrement intéressé à
l'immigration, en 1975, n'avait aucune difficulté à entendre
partout les appels aux nouvelles définitions, au nouveau mandat, aux
nouveaux pouvoirs. C'est d'ailleurs l'Assemblée nationale
elle-même qui avait sonné l'ouverture de ces olympiques de
l'immigration, en décembre 1974, en confiant formellement au
ministère les pouvoirs sans réserve d'informer, de recruter et de
sélectionner.
Quoi de plus normal alors, de plus constructif que de voir le
gouvernement et l'Opposition s'entendre à merveille pour donner aux
parlementaires intéressés l'occasion de s'impliquer à fond
dans une démarche aussi vitale que celle de définir la politique
d'immigration au Québec.
Or, notre proposition acceptée par le ministre n'a eu aucune
suite. J'y reviendrai éventuellement dans mon intervention, un peu plus
tard. Tous, sans exception, comprendront, sans difficulté au-
cune, que cette nouvelle occasion, celle de l'étude des
crédits de 1976/77, s'ouvre forcément pour l'Opposition sur une
note de déception, d'illusions perdues et même de scepticisme
profond. Tous, sans exception, comprendront également que, par la faute
du gouvernement, nous en sommes aujourd'hui au même point qu'il y a un
an. Pourtant, avec ou sans prétention, je pense pouvoir affirmer que
l'Opposition n'a jamais eu d'autre attitude face au ministère que la
sympathie la plus vaste et l'appui le plus total.
Il n'y a personne ici qui ignore que les seuls vrais adversaires du
ministère de l'Immigration du Québec se trouvent les uns à
Ottawa, les autres au Conseil des ministres à Québec. Pourtant,
c'est de l'Opposition que le ministère a choisi d'abuser.
Nous revoilà donc cette année sérieusement
désillusionnés, mais plus déterminés que jamais,
comme je le mentionnais au ministre tout à l'heure, à vider la
question essentielle. C'est donc pourquoi nous entendons aborder l'étude
des crédits 1976/77 sous les angles suivants: Premièrement,
comment le ministre actuel explique-t-elle son refus d'appuyer ou d'associer
les parlementaires à une démarche essentielle pour que le
Québec exerce véritablement sa juridiction en matière
d'immigration? Comme je le disais tout à l'heure au ministre,
possiblement que dans ce cas elle supporte le poids d'une décision ou
d'un manque de décision qui relève beaucoup plus de son
prédécesseur, mais dans l'aspect parlementaire et continuel de ce
ministère, évidemment, elle doit en supporter le poids.
En second lieu, quelle est la portée réelle de l'entente
Bienvenue-Andras? Troisièmement, quelle est l'efficacité
réelle des bureaux et des agents du Québec à
l'étranger? Quatrièmement, comment le ministère est-il
équipé financièrement et administrativement pour se
décharger de ses tâches concrètes d'accueil et
d'établissement? Cinquièmement, quelle est la portée
réelle de ces mirages répétitifs quant à un
ministère des ressources humaines, un ministère de la
population-immigration, une grande consultation populaire, etc.?
Sixièmement, enfin, l'ancien ministre, connu par tous pour son style
biblique je me rappelle ses fameuses phrases "en vérité,
je vous le dis " et combien d'autres de ce même style tirait ses
inspirations du livre des Prophéties, mais ses réalisations
tenaient davantage de l'Apocalypse. L'actuel ministre, elle, a-t-elle seulement
le temps de s'occuper d'immigration au Québec? C'est une question que je
voudrai discuter avec le ministre.
Quant à la première partie, je suis prêt à
l'aborder tout de suite, à moins que le ministre veuille
répliquer à mes remarques d'ouverture immédiatement. C'est
à son choix.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être qu'on commence la
discussion immédiatement. Déjà, le député de
Maisonneuve m'avait offert sa collaboration, que je retrouve dans son
exposé. Je pense qu'on pourra arriver, à mesure que la discussion
évoluera, à apporter certaines rectifications ou, tout
simplement, donner ma propre manière de voir des problèmes,
compte tenu aussi des déclarations de mon prédécesseur et
de l'offre de collaboration du député de Maisonneuve.
Contrôle de l'immigration
M. Burns: D'accord. Relativement au premier point que j'ai
soulevé, et celui qui, possiblement, m'apparaît comme étant
une des raisons d'être vraiment, si je peux dire,
désappointé, c'est cette fameuse promesse que nous avions
obtenue, l'année dernière, du ministre du temps, d'avoir une
commission parlementaire.
Je pense que l'étude des crédits du ministère pour
l'année 1974/75, avait donné, comme je le disais tout à
l'heure, l'occasion à l'Opposition officielle de passer en revue, autant
"au peigne fin" que possible, un grand nombre d'activités
spécifiques du ministère et que l'étude des crédits
de 1975/76 nous avait incités à opter davantage pour un examen
global de la vocation générale du ministère.
C'était, on s'en souviendra, la grande époque des grandes
déclarations de grands principes: la loi 46, le livre vert, le livre
brun, le livre blanc, les mirages de discours inaugural, etc.
Nous étions donc dans la grande phase "technicolor", si je peux
dire, nourris des visions bibliques qu'affectionnait le ministre du temps. A
tout cela, l'Opposition officielle, appuyée d'ailleurs par le
député de Beauce-Sud, répondait par une question
fondamentale l'année dernière: Le Québec
maîtrise-t-il son immigration?"
Et le 6 mai 1975, l'Opposition a même convenu avec le ministre
d'un "marché ' important. Permettez-moi de me citer, je n'aime pas le
faire, mais j'y suis obligé. Etant la seule source, semble-t-il, par
rapport à ce problème, ou une des sources, je vais être
obligé de me citer, en même temps que le ministre et le
député de Beauce-Sud. D'ailleurs, on retrouvera cela au journal
des Débats aux pages B-2713 et suivantes. Alors je commence par me
citer, malheureusement: "M. Burns: Moi, en tout cas, monsieur le ministre, je
serais satisfait d'avoir participé à ces crédits, cette
année, si j'en sortais avec l'assurance d'un geste concret et je vais
vous le proposer, je ne sais pas si vous allez être en mesure de
l'accepter...
Je serais drôlement intéressé si,
véritablement, on sortait de cette commission avec l'assurance qu'il va
y avoir une consultation.'
Et, un peu plus loin dans ce même texte, je poursuivais en disant:
"M. Burns: Je me demande si, avant de faire une consultation sur un livre
blanc... il ne faudrait pas que vous, M. le ministre, convoquiez en commission
parlementaire un certain nombre de gens, par exemple, M. Bonin, M. Harvey, M.
Henripin ou d'autres personnes que les membres de l'Opposition pourraient vous
citer, vous indiquer, pour examiner la possibilité, simplement cela,
avant de se lancer plus loin, de rendre le ministère de l'Immigration
québécois plus efficace, tant au niveau de l'information, du
recrutement, de la sélection.
etc., par rapport aux problèmes qui sont constatés
justement dans le rapport Harvey-Henripin. "
Et M. Bienvenue répondait, de façon très laconique,
mais de façon très significative: "M. Bienvenue: D'accord."
Plus loin, je continuais: "M. Burns: C'est la suggestion que je vous
fais. Je la veux très positive, dans le sens de dire qu'on n'aura pas,
cette année, simplement examiné des crédits ensemble; que
le ministre ne se sera que forcé inutilement à nous
démontrer l'utilité de son ministère dont il n'est pas
absolument convaincu lui-même, j'en suis sûr...
Et un peu plus loin je continuais également: "M. Burns: Je serais
satisfait si on sortait de cette commission avec l'assurance, de la part du
ministre, qu'il va y avoir une réunion en dehors de l'examen des
crédits, simplement sur ce point de consulter des experts." Maintenant,
cela me fait plaisir de dire que je me citerai moins par la suite. C'est le
député de Beauce-Sud qui endossait carrément ma position,
disant textuellement ceci: "M. Roy: J'endosse la suggestion du
député de Maisonneuve, qui me plaît
énormément."
Plus loin il ajoutait ceci: "M. Roy: Je dis que la suggestion du
député de Maisonneuve doit être retenue et cela devrait se
faire le plus tôt possible, même avant l'ajournement pour les
vacances d'été. Je vais jusque-là, avant l'ajournement de
la session, pour les vacances d'été, on devrait avoir plus de
commissions parlementaires, une, deux ou trois séances si
nécessaire, pour que nous examinions cette question. A la suite de cela,
le gouvernement aura en main les données nécessaires pour
préparer une loi pour l'automne et pourra faire quelque chose en
1975."
Voici la réponse du ministre, que je cite in extenso, car je
pense que cela a extrêmement d'importance pour se remettre un peu dans
l'atmosphère de l'année dernière. Le ministre
répondait ceci: "Je reçois, M. le Président, avec
énormément de plaisir la démarche commune des deux membres
de l'Opposition, d'allégeance différente, mais qui jouent
parfaitement leur rôle. Le député de Maisonneuve a
tellement raison de dire, après ceux qui l'ont dit, ceux qu'il a
cités, que le Québec ne contrôlait pas son immigration." Un
peu plus loin, il ajoutait ceci: "Vous avez totalement raison. C'est avec
infiniment de plaisir je parle évidemment en mon nom, mais je me
chargerai j'insiste de convaincre ceux du gouvernement auquel
j'appartiens, je pense au premier ministre, au leader du gouvernement dont je
ne suis que le faible et pâle adjoint. Je vois d'un très bon
oeil", etc. Il continuait en disant qu'il voyait d'un très bon oeil
cette suggestion.
Un peu plus loin, il ajoute ceci: "J'ai toujours été
tenant de la théorie que les députés, les membres de
l'Assemblée nationale sont prioritaires, font partie d'une
assemblée souveraine; ils doivent être consultés les
premiers, c'est ma modeste opinion. Ensuite, il y aurait moyen de penser
à une étape ultérieure qui serait de l'ouvrir et de
consulter sur un plus vaste plan l'opinion publique, les organismes. Est-ce que
ça vous irait?" Je réponds: "Cela mirait". Le président
après quelques autres échanges, déclare: "Je dis donc que
le budget de l'Immigration est adopté". M. Roy ajoute: "Adopté
avec réserve". Le président: "Adopté avec réserve,
mais adopté quand même". M. Bienvenue dit ce n'est pas moi
"Avec les engagements que j'ai pris tout à l'heure". Et moi, je
dis, évidemment: "C'est cela".
Je vous ai cité, in extenso, ces extraits du journal des
Débats de l'année dernière, parce que je les trouve
particulièrement importants, dans le sens qu'il s'agit là d'une
promesse qui avait été faite formellement par le ministre, sans
aucune ambiguïté. C'était, à toutes fins pratiques,
la conclusion à laquelle nous en étions arrivés, à
la suite de l'examen des crédits du ministère, l'année
dernière.
Nous avions eu, donc, une promesse formelle de tenir une commission
parlementaire où des experts, tels ceux que je nommais, entre autres,
MM. Bonin, Harvey, Henripin et peut-être d'autres personnes que le
ministère aurait choisi d'inviter, pourraient venir se faire entendre
devant nous et peut-être nous donner quelques conseils, quelques
indications sur la façon d'agir pour rendre véritablement
efficace le ministère de l'immigration.
J'ajoute que le député de Beauce-Sud insistait encore plus
que moi, s'il y a quelque chose. Tout en m'appuyant, il disait qu'il fallait
que cela se fasse avant les vacances d'été. Le ministre nous a
donné cette assurance et je n'en ai plus entendu parler.
Alors, c'est le genre de question, peut-être moche, à poser
à l'actuel ministre qui n'a pas à supporter nécessairement
le poids de cette affaire, mais je voudrais bien qu'elle nous dise ce qui s'est
véritablement passé. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de commission
parlementaire? D'autre part, je voudrais connaître son opinion quant
à l'utilité d'une telle commission parlementaire. Est-ce qu'elle
est prête, elle, à prendre cet engagement qu'avait pris le
ministre antérieur?
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi):
L'honorable ministre de l'Immigration.
Mme Bacon: M. le Président, je m'en voudrais de
répondre pour mon prédécesseur en disant pourquoi il n'y a
pas eu de commission parlementaire entre l'adoption des crédits et ma
nomination, le 20 janvier dernier, au ministère de l'Immigration. Je
pense que le changement de ministre, évidemment, m'obligeait à
prendre connaissance, d'abord.
Je ne dois parler que pour moi-même, et le député de
Maisonneuve va le comprendre. Le changement de ministre m'amenait à
prendre connaissance des dossiers, à mon arrivée au
ministère, ce qui, quand même, doit prendre une assez bonne somme
d'heures de travail. Evidemment, j'ai mentionné, dans le court
préambule, la législation qui est mise de l'avant par le
ministère, ce qui amènera un échange de vues ou une
dis-
cussion au niveau d'une commission parlementaire et je n'ai rien
contre la tenue d'une telle commission parlementaire où nous
devrons explorer davantage certaines avenues.
Je pense que, l'an dernier, si ma mémoire est fidèle, il
s'agissait d'une commission parlementaire sur l'immigration. Je pense qu'avec
le dépôt des trois lois qui sera fait bientôt, le champ
d'action va être beaucoup plus vaste que seulement l'immigration. Quand
on considère que le ministère aura une nouvelle vocation qui
s'appellera le ministère de l'Immigration et de la Population, on se
donnera un cadre bien précis dans lequel nous pourrons évoluer.
Cet échange pourra avoir lieu et, pour ma part, je ne ferai pas de
grandes promesses, M. le Président, je n'ai pas l'intention d'en faire
aujourd'hui. La collaboration de l'Opposition étant acquise et celle de
mes collègues de la commission, je sais que nous pourrions avoir des
discussions fort intéressantes et y inviter, évidemment,
certaines personnalités québécoises qui peuvent nous aider
dans cette recherche. Nous l'avons fait pour présenter ces trois projets
de loi, mais nous pensons que dès qu'il sera possible de tenir la
commission parlementaire, nous pourrons continuer à explorer davantage
cette vocation du ministère de la population et de l'immigration, et
compte tenu du champ d'action que nous voulons explorer ou que nous voulons un
jour détenir. Cette connaissance des dossiers qui nous permet maintenant
d'échanger davantage, il est évident qu'il a fallu y mettre du
temps et connaître davantage ce qui se passait au ministère, mais
je ne peux pas répondre, évidemment, pour les engagements qui
avaient été pris par mon collègue et qui se sont
passés entre l'adoption des crédits et le mois de janvier. Je ne
peux répondre que pour moi-même.
M. Burns: Vous savez, madame le ministre, que je vais être
très mal pris l'année prochaine si, par malheur, on vous remplace
au courant de l'année. Je vais être placé à me
frapper à un autre ministre qui va dire: Je ne peux pas répondre
sur ce qui s'est passé antérieurement. Ce que madame Bacon a
fait...
Mme Bacon: Mais je n'ai pas pris d'engagement formel ni fait de
promesse.
M. Burns: Mais présentement vous êtes en train de
prendre un engagement sans vous en rendre compte; vous êtes en train de
nous dire que nous pourrons, sans aucun doute, avoir un échange
très intéressant et même avec des experts, lors de
l'étude des projets de loi que vous nous annoncez.
Mme Bacon: Des différents projets de loi.
M. Burns: Cela veut dire qu'à toutes fins pratiques vous
accepterez que lors...
Mme Bacon: C'est cela.
M. Burns: ...d'une commission parlementaire, on fasse venir des
experts, des gens qui peuvent nous guider relativement à ce sujet. Cela
en est un.
Mme Bacon: Vous avez bien compris.
M. Burns: Mais je veux être bien sûr que c'est un
engagement que vous prenez.
Mme Bacon: Oui, oui.
M. Burns: Pour que je n'aie pas besoin, lorsque le projet de loi
sera déposé, de faire une motion de retarder à six mois
l'adoption du projet de loi pour entendre...
Mme Bacon: Ce ne sera pas une apocalypse.
M. Burns: Non, ce ne sera pas une apocalypse. Cela ne sera
sûrement pas une prophétie non plus.
Mme Bacon: Non.
M. Burns: D'accord. En somme, ce serait probablement l'occasion.
Vous n'avez pas d'indication de raisons précises pour lesquelles votre
prédécesseur n'a pas convoqué... Je suis obligé de
revenir là-dessus parce que, comme l'engagement était tellement
formel et comme il y a une certaine continuité à
l'intérieur d'un ministère, comme je le mentionnais au tout
début, vous êtes la seule personne à qui je peux m'adresser
pour poser cette question. Je ne peux aller aux crédits de
l'éducation pour demander cela à l'ex-ministre de l'Immigration,
je serais très mal venu. Je suis convaincu, M. le Président, que
vous me rappelleriez à l'ordre, si je le faisais.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Exactement,
vous avez raison.
M. Burns: Mais vous n'avez pas d'indication sur la raison; est-ce
que c'était tout simplement parce qu'on pensait déposer,
éventuellement, le projet de loi sur le ministère de la
population et de l'immigration?
Mme Bacon: II faudrait se référer à
certaines déclarations de mon prédécesseur, entre autres
celle qu'il faisait en décembre, au moment où il croyait pouvoir
déposer ces projets de loi. Evidemment, il y a encore le délai
entre l'adoption des crédits et décembre. Le député
de Maisonneuve aurait raison de me dire: Qu'est-ce qui s'est passé entre
ces mois? Il y a eu quand même cette tournée qui a
été faite, si je me rappelle bien, à l'automne, avec les
membres de la commission parlementaire, dans les différents pays pour,
évidemment, étudier une partie de ce qui se fait, une partie
importante de ce service du ministère à l'étranger. Je
pense qu'il y a sûrement dû y avoir beaucoup d'échanges
entre les membres de la commission parlementaire qui accompagnaient le ministre
à ce moment-là.
M. Burns: J'ai l'intention de vous en parler d'ailleurs.
Mme Bacon: Aussi, je pense qu'il y avait différents
tenants de philosophies qui étaient aussi différentes que les
gens qui composaient la délégation.
M. Burns: Je vois que vous avez eu un rapport de très,
très proche.
Mme Bacon: J'ai dit que j'ai pris le temps de connaître mes
dossiers, M. le Président; je pense que cela a été fort
sage de ma part de me donner du temps avant d'arriver à cette commission
parlementaire et surtout avant le dépôt des trois lois, qui se
fera le plutôt possible.
M. Burns: D'accord, je vous rappellerai votre engagement lorsque
vous déposerez votre loi. Je pense bien que, s'il n'y a pas de
remaniement ministériel d'ici ce temps, on ne devrait pas avoir de
problème à obtenir notre commission parlementaire.
Quant au deuxième point que j'ai soulevé,
c'est-à-dire relativement à la portée réelle de
l'entente Bienvenue-Andras, j'aimerais à nouveau me
référer au journal des Débats du 6 mai 1975. A compter de
la page B-2709 où on peut lire, de la part du ministre de l'Immigration,
l'énoncé suivant: "Cette entente c'est-à-dire
l'entente Bienvenue-Andras va justement être ce jalon important,
cette étape, ce bond considérable en avant, comme je me plais
à l'appeler, qui va, je n'aime pas me servir de mathématiques
pour expliquer ma pensée, mais qui pourra représenter un
pourcentage combien accru du pourcentage de ce que pouvait donner l'entente
précédente Lang-Cloutier en termes de résultats concrets
pour le Québec".
Le ministre continue: "C'est dans cette entente que l'on retrouvera bien
concrétisés et figés les mots: recrutement,
sélection et information, qui sont à la base de la loi 46. C'est
dans et par cette entente approuvée par le fédéral que les
représentants du Québec à l'étranger pourront
participer de façon absolument conjointe, étant parfaitement
présents à toutes les candidatures de ceux qui se destinent au
Québec. Comme je disais dans mes remarques préliminaires,
l'officier du fédéral qui a, qu'on le veuille ou pas, dans
l'état actuel des choses, le mot final pour ce qui est de la
décision de permettre ou de refuser l'entrée, devra prendre en
considération l'opinion, le jugement de la partie
québécoise. Si on relit, pour un instant, l'ancienne entente...
on verra le progrès incroyable qui aura été fait depuis
l'époque en question".
Alors, l'entente Bienvenue-Andras a été effectivement
signée par le Québec et par le Canada le 17 octobre 1975. Le
ministre québécois du temps nous l'avait annoncée comme un
jalon, ce jalon important, cette étape, ce bond considérable en
avant, un progrès incroyable. A la même occasion, le ministre
avait dit, et je le cite à nouveau, il s'adressait à moi: "Vous
avez totalement raison. A force d'entendre dire: Si on pouvait savoir si le
Québec va se donner les outils pour contrôler son
immigration, les députés de l'Opposition me donnent une tentation
folle de sortir, laisser traîner devant eux, si je le pouvais, pendant
quelques instants, le papier que j'ai dans mes documents évidemment, il
se référait à l'entente Bienvenue-Andras. C'est ce projet
d'entente qui, je le dis il n'a pas dit "en vérité"
sans vouloir ne rien trahir, répondrait honnêtement ou alors
répondra à leurs attentes, mais hélas! les crédits
sont venus avant".
On constatera difficilement que ce grand "passage du Rubicon" de M.
Bienvenue devait au minimum répondre aux objectifs adoptés pour
le ministère de l'Immigration par l'Assemblée nationale dans la
loi 46, c'est-à-dire "informer, recruter, sélectionner ces
personnes, de rendre possible leur établissement au Québec et
d'assurer leur intégration harmonieuse au sein de la
société québécoise et plus particulièrement
de !a majorité francophone".
Ceci apparaissait comme un minimum vital non seulement à
l'Opposition officielle, qui a donné un appui enthousiaste à la
loi 46, mais aussi au gouvernement puisque, le 26 mai 1974, le premier ministre
menaçait d'établir un contingentement sur les immigrants
anglophones on peut retrouver un article qui résume, dans la
Presse du 1er novembre 1975, cet énoncé qui avait
été formulé le 26 mai 1974 par le premier ministre
et puisque le ministre de l'Immigration disait, à l'Assemblée
nationale, le 26 mars 1974, qu'à défaut d'un pouvoir de
véto du Québec, "on devrait sans doute se résigner
à légiférer sur un éventuel permis de travail au
Québec". On retrouve cela également dans le même article de
la Presse du 1er novembre 1975.
Or, quelle contribution positive, précise et concrète
l'entente Bienvenue-Andras apporte-t-elle à une véritable
politique d'immigration au Québec telle qu'établie "dans les
mots" par la loi 46?
C'est peut-être en se référant à un
communiqué qui a été émis par le ministre de
l'Immigration du temps qu'on en retrouvera le sens et qu'on pourra voir
jusqu'à quel point, dans le concret, dans la vie de tous les jours, en
matière d'immigration, on a réussi à donner un sens
à tout cela.
Dans ce communiqué, qui coïncidait avec la publication de
l'entente Bienvenue-Andras, on lit ceci: "Bien que la décision finale
relative à la sélection des immigrants continuera d'être
exercée par le gouvernement fédéral, a dit M. Bienvenue,
les agents d'immigration de la province de Québec en poste à
l'étranger pourraient désormais donner à leurs homologues
fédéraux leur avis...".
Je voudrais savoir de la part du ministre c'est ma question
si le fait de donner leur avis, pour les agents en poste à
l'étranger, c'est ce qui veut dire exercer sa juridiction, pour le
Québec. Est-ce ce que cela veut dire?
Mme Bacon: M. le Président, dans le livre des
crédits, j'ai remis cette entente Andras-Bienvenue et ce qu'il en est
quand on parle de communications, recrutement, sélection, mais je
pourrais
peut-être apporter aussi encore certaines précisions sur
cette entente.
Il y a des changements majeurs par rapport à l'entente
Lang-Cloutier. D'abord, il y a l'échange de renseignements qui est fait
entre les représentants du gouvernement fédéral et ceux du
Québec. Il y a des missions conjointes, il y a des visites
planifiées qui sont faites aussi avec les représentants des deux
paliers de gouvernement. L'agent du Québec voit toutes les candidatures
qui se destinent au Québec ou qui pourraient se destiner au
Québec. L'agent du fédéral doit prendre en
considération, aussi, l'avis du Québec et devra ensuite
communiquer sa décision à l'agent du Québec. L'agent
québécois peut faire du recrutement. Il se prononce aussi sur les
résidents temporaires et visas d'emploi temporaires. Ce sont, je pense,
des changements majeurs par rapport à ce qui existait auparavant dans
l'ancienne entente Lang-Cloutier.
Il y a aussi des modalités d'application. Il y a un comité
mixte fédéral-provincial qui a été formé et
qui discute à ces deux paliers les quelques difficultés
administratives qui pourraient résulter des travaux à envisager.
Il y a aussi un voyage d'un des sous-ministres adjoints, M. Cloutier, avec un
représentant du gouvernement fédéral qui a
été fait en novembre dernier pour exposer aux agents l'entente et
les conditions d'application.
On commence aussi maintenant des missions aux Etats-Unis, soit dans la
région de Boston et dans la région de New York. Presque tous nos
agents à l'étranger sont maintenant embauchés et seront
présents dans les postes que nous... Je pense qu'on avait
mentionné certains endroits, l'an dernier, à l'occasion de
l'étude des crédits. Dès que tout ce qui est des tests de
sécurité sera terminé, aux deux niveaux, soit au niveau
provincial et au niveau fédéral, ces agents seront en poste. Il y
en a plusieurs qui sont maintenant à Montréal, qui
reçoivent un entraînement bien défini et qui se destinent
à ces postes à l'étranger.
Quand on pense à ces changements majeurs, quand on pense aussi
aux modalités d'application de cette entente Andras-Bienvenue, cela a
été un pas en avant qui a été fait par le
ministère de l'Immigration et par le Québec pour avoir une
meilleure sélection, un meilleur recrutement, participer à cette
sélection et à ce recrutement, et établir une
communication constante entre le niveau fédéral et le niveau
provincial.
M. Burns: Le ministre croit-il vraiment que de la façon
qu'ils sont énoncés les objectifs de la loi 46, entre autres,
informer, recruter, sélectionner, sont véritablement
respectés par l'entente Andras-Bienvenue?
Mme Bacon: Ils sont respectés, M. le Président.
M. Burns: Si vous me permettez simplement un aparté, c'est
peut-être le moment de parler du fameux voyage qu'un certain nombre de
parlementaires ont fait. Je vois le député d'Iberville qui nous
accompagnait. Ce sont probablement les deux tendances auxquelles vous faisiez
référence, les siennes et les miennes, qui étaient assez
différentes à l'intérieur de la délégation.
En somme, pour replacer...
M. Tremblay: M. le Président, je m'excuse. M. le
député de Maisonneuve, vous voulez parler de quoi en parlant de
tendances?
M. Burns: Vous allez me comprendre...
M. Tremblay: II faut s'entendre, parce que c'est un voyage qui
fut fort agréable.
M. Burns: Qui fut très agréable.
M. Tremblay: Alors, les tendances quelles sont-elles?
M. Burns: Je dois dire, M. le ministre, que le
député d'Iberville et moi, on ne s'est pas chicané durant
ce voyage, même si on avait des tendances différentes.
M. Tremblay: Ah, vous voulez parler des tendances politiques!
M. Burns: Les tendances idéologiques. Mme Bacon:
Des philosophies différentes. M. Tremblay: Je crois qu'au
niveau de...
M. Burns: Cela n'a rien à faire avec les autres
orientations.
M. Tremblay: A i'échelle des tendances
précisément idéologiques du ministère de
l'Immigration, je pense que nous nous rejoignions passablement.
M. Burns: Sauf quand vous avez parlé, en Italie, du bill
22; je ne vous rejoignais pas du tout.
M. Tremblay: Qu'est-ce que vous voulez! Il ne faut toujours
pas...
M. Burns: De toute façon, pour ceux qui ne seraient pas au
courant, un certain nombre de parlementaires, dont le député
d'Iberville et moi-même, accompagnaient le ministre de l'Immigration, au
cours de l'automne dernier, dans un voyage où nous avons pu, de visu,
constater, sur les lieux, ce que faisaient nos agents d'immigration à
l'étranger, en particulier en France et en Italie. On devait aller au
Liban, mais, à cause de la situation qui existait là-bas, on a
cru préférable d'éviter le Liban. Pour ne pas causer
d'élections complémentaires au Québec plus qu'il n'en
faut, on n'est pas allé au Liban. On est allé en Angleterre
également.
Ce que j'ai constaté c'est ce pourquoi j'y fais
référence immédiatement dans cette tournée,
c'est qu'effectivement je suis obligé de l'admettre ouvertement
j'ai été agréablement surpris de voir ie bon boulot
que font nos agents d'immigration à l'étranger, du moins dans
ces
pays qu'on a pu visiter, en particulier à Rome, à Paris et
à Londres. Je reviendrai sur un autre aspect qui comporte pour moi un
certain nombre de points d'interrogation cependant. Mais, qu'ils soient
présents, qu'ils soient véritablement en communication directe
avec les agents d'immigration fédéraux, c'est un fait. On ne peut
pas le nier; on a vu le travail. On a vu le pourcentage d'immigrants qui se
destinent au Québec, qui passent entre leurs mains. Effectivement, ils
ont un certain pouvoir moral, une certaine autorité morale auprès
de l'agent d'immigration fédéral.
Tous nos agents d'immigration québécois à
l'étranger ont confirmé aux membres de la
délégation qu'effectivement ils étaient très
très écoutés par les autorités
fédérales, lorsque c'était clairement établi que
quelqu'un se destinait au fédéral. J'ai même pu constater,
en Italie, que la plupart des gens qui se destinaient au Québec
passaient d'abord entre les mains de notre agent d'immigration, avant daller
voir l'agent d'immigration fédéral. Et cela, je pense que je ne
peux pas m'en plaindre. Je faisais référence à cela parce
que je pense que l'entente Bienvenue-Andras n'a rien à faire avec cela.
C'est dans les faits que ces choses sont arrivées. L'entente
Bienvenue-Andras qui, à toutes fins pratiques, devait le consacrer,
consacrait un état de fait déjà existant. C'est
peut-être par le sens de la diplomatie de nos agents d'immigration
à l'étranger qu'effectivement cette situation de fait est
arrivée.
Je ne pense pas que l'entente Bienvenue-Andras soit venue changer quoi
que ce soit. C'est dans ce sens-là que je voulais y faire
référence tout de suite. Je ne sais pas si le ministre est en
mesure de me contredire là-dessus, mais c'est une lente progression qui
a amené, éventuellement, cette situation de fait.
Par exemple, un personnage dont je peux maintenant parler, je pense
qu'il n'est plus en poste, comme M. Marteau qui était en poste à
Rome je pense qu'il est rapatrié maintenant c'est par son
sens de la diplomatie qu'effectivement il a réussi à s'introduire
et à se placer les pieds à l'intérieur du service de
l'immigration du temps. Je ne pense pas que l'entente Bienvenue-Andras, pas
plus et encore moins que l'entente Lang-Cloutier, soit venue changer quoi que
ce soit à cela.
Mme Bacon: Je pense que cela consacre quand même, dans les
faits, que des pas en avant ont été faits depuis l'entente
Lang-Cloutier. On parle de collaboration; il est évident qu'il y a une
collaboration de tous les instants entre les membres du niveau
fédéral et nos représentants provinciaux à
l'étranger. Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier, tout de
même, c'est que nous sommes encore dans un pays qui s'appelle le Canada.
Cette collaboration très étroite entre les deux paliers de
gouvernement a fait que nous pouvons participer à ce recrutement,
à cette sélection, qu'il y a une communication constante entre
les deux paliers de gouvernement.
Théoriquement, il est vrai que les représentants du
fédéral peuvent refuser certains étrangers qui se
destinent au Québec, même si nous avons droit de regard sur cette
sélection, ce recrutement, et même si nous acceptions
d'intégrer ces immigrants à la communauté
québécoise. Mais tant et aussi longtemps que nous faisons partie
du Canada, le Québec n'étant pas encore souverain, il est
nécessaire de tenir compte...
M. Burns: C'est une juridiction concurrente, en vertu de
l'article 95 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Mme Bacon: Oui, mais je pense que nous avons exercé
entièrement et complètement le droit de regard que nous avions.
Cet objectif, en tout cas, de l'exercer entièrement a été
atteint par le ministère de I Immigration québécoise,
évidemment, avec la collaboration des deux paliers de gouvernement, des
représentants qui sont sur place dans différents pays, qui
travaillent en étroite collaboration.
M. Burns: D'accord, mais on parlait tout à l'heure de nos
agents d'immigration qui sont particulièrement placés dans des
endroits où vous avez des immigrants francophones ou tout au moins,
selon l'expression de votre prédécesseur, "francophonisables";
aussi bizarre que cela puisse paraître, je pense qu'en Angleterre on a
énormément d immigration "francophonisable". J'ai cru constater,
là-bas, qu'il y a beaucoup plus.. .Ce que je peux dire, c'est que les
Anglais de là-bas ne sont pas les Anglais d'ici, c'est-à-dire que
les Anglais de là-bas, les Britanniques, ont beaucoup plus de
facilité à apprendre le français; d'ailleurs, la plupart
le parlent. C'est cela, le problème, dans le fond. C'est pourquoi on a
des agents d'immigration à l'étranger, pour essayer d'augmenter,
je pense, en tout cas j'espère, l'immigration québécoise
francophone ou "francophonisable".
II reste que le pouvoir, si vous voulez, définitif reste entre
les mains d'Ottawa. Cela va pour ces endroits, mais qu'est-ce qui arrive quant
aux autres, quant à l'ensemble de l'immigration qui peut venir du
Pakistan, qui peut venir des Indes ou qui peut venir de Nouvelle-Zélande
ou d'Australie où nous n'avons pas en poste des agents d'immigration? A
ce moment-là, ce sont les menaces des contingentement, par exemple, de
la part du premier ministre, en 1974, ou encore le droit de veto que
réclamait votre prédécesseur, relativement à un
certain pourcentage d'anglophones ou de non-francophones ou de non
"francophonisables" ou "d'anglophonisables" qui viennent changer un certain
nombre de proportions. Qu'est-ce qu'il advient de ces propositions? Le permis
de travail, entre autres, qui était annoncé par M. Bienvenue
comme étant peut-être une mesure coercitive à l'endroit du
fédéral.
Est-ce qu'on y songe encore au ministère de l'Immigration? Dans
le fond c'est cela la question globale que je veux poser.
Mme Bacon: En fait, on peut revenir. Il est évident que le
poste de Paris, et je l'admets, fonc-
tionnait en dehors de l'entente Lang-Cloutier mais, pour les autres
postes, c'était tout à fait différent. Les gens
étaient à la merci en fait des décisions prises au niveau
fédéral. Maintenant c'est un droit pour nous et une
nécessité, de la part du fédéral, de collaborer
très étroitement avec les représentants du gouvernement
provincial.
Il y a des pays où le gouvernement provincial n'est pas
représenté même si on a beau augmenter sensiblement nos
représentants à l'étranger; par rapport à ce qui
existait il y a même un an, c'est déjà assez
considérable, on y reviendra probablement à l'étude des
crédits de ce service à l'étranger. Il y a des missions
itinérantes...
M. Burns: Ce n'est sûrement pas avec un budget de $10
millions que vous allez pouvoir augmenter grand-chose cette année.
Mme Bacon: On ne coupe rien des services qui sont donnés
par le ministère.
M. Burns: Vous voyez que ce que je vous disais au début
est vrai. Je vous aide auprès du Conseil des ministres, qui est un de
vos principaux ennemis dans votre ministère.
Mme Bacon: Cette primauté fédérale qui est
exercée peut-être dans les pays où nous sommes absents,
c'est le fait de cette absence qui évidemment lui donne cette
primauté. Nous avons l'intention, si c'est possible avec nos budgets, de
faire des missions itinérantes avec nos représentants, parce que
nous avons toujours une dizaine de représentants du service à
l'étranger qui sont en poste à Montréal et qui servent
à promouvoir ces missions à l'étranger. Nous voulons avoir
une présence dans le coin de Manille ou Hong Kong ou ces
coins-là, pour donner un exemple. Il sera possible d'y aller et de voir
à ce que nous ayons notre mot à dire dans la sélection et
le recrutement des immigrants pour le Québec.
Il y a d'autres régions, quand on pense aux francophones, ou
même aux "francophonisables", où il nous faudra accorder plus
d'attention et avoir aussi des missions itinérantes Seulement, nous
sommes déjà en poste à plusieurs endroits. Nous augmentons
le nombre de nos représentants. Evidemment, quand on dit qu'on a
quelqu'un à Rome, un autre à Milan ils ne font pas que Rome et
Milan, ils couvrent aussi plusieurs autres pays. On y reviendra tout à
l'heure dans les postes à l'étranger.
M. Burns: Mme le ministre, peut-être qu'un problème
pratique se pose. Il semble que le ministère de l'Immigration
c'est cela la question de fond du Québec n'ait aucun pouvoir
lorsque vous avez un problème pratique. Je peux vous en citer
quelques-uns qu'on a vécus depuis quelques années. Le
problème des Haïtiens, vous vous souvenez, où le ministre du
temps, votre prédécesseur encore une fois, à des question
posées en Chambre tant par l'Opposition officielle que par les autres
partis de l'opposition, se disait totalement in- capable d'intervenir, et
c'étaient pourtant des Hai-tiens qui étaient en résidence
au Québec.
Le problème des Colombiens; vous vous souvenez des fameux
Colombiens de Louiseville? Le général Quang; je peux vous citer
d'autres cas, les Kiamminsky; l'autre, comment est-ce qu'il s'appelait l'autre
général? Un autre général qui nous est tombé
sur les bras, un autre Vietnamien; en tout cas peu importe. Je vous cite cela
uniquement à titre d'exemple. Dans des situations concrètes,
où on veut exercer, sinon une juridiction, tout au moins une certaine
influence, on se fait dire régulièrement, de la part des
autorités du ministère de l'Immigration, que ce n'est pas nos
affaires, qu'on n'a rien à dire là-dedans. Alors comment
concilier cela avec une certaine juridiction qu'on semble vouloir exercer
à l'étranger? Mais le problème se pose même ici,
même à l'intérieur de nos frontières, même si
elles ne sont pas fermées avec le reste du Canada, du moins pour le
moment. J'espère qu'elles ne le seront jamais d'ailleurs, ce qui ne veut
pas dire qu'on ne sera jamais indépendants. Mais comment peut-on
concilier ces deux attitudes? Il y a cette volonté d'être
présent au niveau de la sélection des immigrants, puis, une fois
qu'ils sont rendus ici, on n'a plus aucun contrôle.
C'est cela en somme que je soulève. Quand il nous arrive des
situations concrètes comme celles que je viens de vous citer à
titre d'exemples, il apparaît qu'on n'a aucun mot à dire.
Mme Bacon: II est évident que les expulsions sont les
prérogatives du gouvernement fédéral. Il y a même un
tribunal spécial qui existe pour faire l'expulsion des non
désirables.
Nous faisons, au niveau des comités de travail, au niveau des
deux paliers de gouvernement, les représentations nécessaires et
il y a un échange continuel ou continu qui se fait par ces
différentes réunions de travail. Il y a aussi des rencontres au
niveau, évidemment, politique, au niveau des deux ministres, assez
régulièrement, qui nous permettent d'avoir cet échange et
de faire connaître le point de vue du gouvernement provincial.
Il y a eu amélioration, au cours des dernières
années. Je pense qu'on peut dire qu'on a marqué des points. Ces
différentes ententes qui ont été signées,
même si on prétend que cela existait, je pense que, quand
même, elles ont amené beaucoup d'amélioration dans les
relations entre nos représentants à l'étranger et aussi
entre les deux ministères, le ministère provincial et le
ministère fédéral.
Il est évident, compte tenu de la spécificité du
Québec et du nombre d'immigrants qui y entrent, qu'ils soient
francophones ou "francophonisables", que !e gouvernement du Québec
essaie autant que possible d'exercer pleinement le rôle du
ministère de l'Immigration, afin, par ces échanges, par ces
différentes discussions, par ces rencontres, par ces réunions de
travail, de mieux faire connaître au gouvernement fédéral
le point de vue du ministère de l'Immigration provincial, et, par des
droits acquis, par les ententes signées, de vé-
ritablement le mettre en application et avoir droit de regard sur les
immigrants qui entrent ou qui entreront au Québec.
M. Burns: Je reviens sur cette affaire, parce que je trouve cela
particulièrement important, même si cela ennuie peut-être le
ministre de me répondre si j'ai l'air de ne pas vouloir comprendre.
Je reviens au communiqué qui accompagnait la publication de
l'entente Andras-Bienvenue ou Bienvenue-Andras, et je cite un extrait. Il est
intéressant de voir comment le texte anglais et le texte français
sont différents. Dans le texte français, on lit ceci: "Ces
mesures permettront de donner à la province un rôle actif dans le
processus de sélection des immigrants".
Le texte anglais, fort probablement qu'il a été
préparé à Ottawa, dit: "These measures will permit an
active role for the province during the selection process".
La question que je pose au ministre, c'est: Est-ce que, dans son esprit
et comment cela peut-il affecter l'entente Bienvenue-Andras un
rôle actif dans un processus et un rôle actif durant un processus,
parce que c'est cela le texte anglais, c'est la même chose? J'aimerais
savoir comment le ministre comprend cela. J'aimerais savoir, également,
si le ministre a eu des difficultés ou encore si les fonctionnaires de
son ministère lui ont indiqué que son prédécesseur
avait eu des difficultés, ou encore si son prédécesseur
lui avait dit qu'il y avait des difficultés avec Ottawa, dans cette
interprétation qui peut être différente, selon qu'on lit le
texte anglais ou le texte français.
Mme Bacon: Si je m'en tiens au texte français, je pense
que c'est beaucoup plus véridique pour ce qui est de la situation qui
existe. La façon actuelle, c'est que nos agents à
l'étranger participent et au recrutement et à la sélection
des immigrants pour le Québec. En même temps, dans la
sélection il y a trois choses: il y a la sécurité, il y a
le côté médical et il y a les critères de
sélection, comme, par exemple, au cours des entrevues, les points qui
sont accordés. Nous intervenons sur les critères de
sélection, les entrevues; en ce qui concerne la sécurité
et le côté médical, le gouvernement fédéral
intervient. Mais, nous sommes là pour les critères de
sélection, faire les entrevues et rencontrer les étrangers qui
désirent venir s'installer au Québec.
Je pense que le troisième point est aussi très important
quand on pense à cette sélection. Evidemment, le
côté médical et la sécurité relèvent
du gouvernement fédéral et n'entravent pas du tout nos
possibilités de recrutement ou de sélection.
M. Burns: Par exemple, est-ce que cette collaboration et cette
part active ou, si vous voulez, ce rôle actif dans le processus de
sélection va jusqu'à, par exemple, permettre au ministère
de l'Immigration du Québec de convaincre le ministère
fédéral d'une révision du système de pointage,
entre autres. Comme le ministre le sait fort bien, lorsqu'un immigrant fait sa
demande pour entrer au Canada, il est soumis à un système de
pointage. On lui accorde un certain nombre de points selon une série de
critères, dont celui de la langue; on accorde, entre autres, plus de
points à quelqu'un qui parle l'anglais et le français qu'à
quelqu'un qui ne parle que le français. On accorde également
moins de points à quelqu'un qui ne parle que l'anglais. Il y a une
série d'autres critères. Entre autres, il y a les critères
de professions protégées ou sélectionnées. Je ne
connais pas le terme exact, mais il s'agit des professions où il y a un
certain manque de main-d'oeuvre au Québec. Nécessairement, vous
avez plus de points si vous êtes dans ces métiers ou ces
professions.
Mais cette collaboration provinciale-fédérale va-t-elle
jusqu'au point où vous auriez, selon vous, une certaine influence dans
la révision du mode de pointage en vue de la sélection des
immigrants? Lorsqu'on parle de sélection, on parle justement de l'aspect
technique qui se traduit par un pointage. Si l'immigrant rencontre je
pense que c'est 60, maintenant l'exigence minimale de 60 points, il lui
est en principe possible d'immigrer au Québec ou au Canada en
général.
Mme Bacon: II y a une révision de la loi
fédérale qui est en cours. D'ailleurs, je dois avoir une
rencontre avec mon homologue fédéral la semaine prochaine. Nous
serons consultés sur cette révision de la loi
fédérale. Nous travaillons, présentement, au niveau du
ministère, à l'élaboration des critères
différents, s'il y a lieu de le faire. Nous en discuterons, avec le
gouvernement fédéral au moment où aura lieu la
consultation sur la nouvelle loi ou la révision de cette loi.
Lorsqu'on parle de la langue, que ce soit le français ou
l'anglais, je pense que c'est un des points qui devraient être
soulevés à l'occasion de nos rencontres, mais nous avons
l'intention de faire des représentations auprès du gouvernement
fédéral à l'occasion de la révision de la Loi sur
l'immigration fédérale.
M. Burns: D'accord. Toujours sur cette fameuse entente
Lang-Cloutier, pardon Andras-Bienvenue...
Mme Bacon: D'autres prédécesseurs.
M. Burns: Vous allez voir que le lapsus s'explique, parce que je
veux faire une comparaison avec l'entente Lang-Cloutier. Je pense qu'on nous
avait dit à de nombreuses reprises, le premier ministre en tête et
surtout le ministre de l'Immigration:... Il me semble qu'il s'engageait
beaucoup parce qu'il savait fort bien que son ministère n'était
pas supporté par le Conseil des ministres, malheureusement. Cela lui
permettait de prendre beaucoup d'engagements et de dire ensuite: Je ne peux pas
les remplir.
Mme Bacon: Une affirmation gratuite.
M. Burns: Non, je pense qu'il était sincère; je ne
mets pas en doute sa sincérité lorsqu'il faisait ces
affirmations. Entre autres, il a affirmé, à de
nombreuses reprises, ici même en commission, qu'en matière
d'immigration, le Québec n'était pas une province comme les
autres. Alors, le communiqué qui accompagnait l'entente Andras-Bienvenue
disait que "le gouvernement fédéral était conscient de
l'intérêt particulier de chacune des provinces en matière
d'immigration".
Etait-ce là une reprise plus diplomatique, si vous voulez, de
l'article 11 de l'entente Lang-Cloutier vous voyez le lapsus qui
affirmait qu'"une présence québécoise au bureau
fédéral n'a pas pour objet et n'aura pour effet de placer le
Québec par rapport aux autres provinces dans une position
privilégiée en matière de recrutement et de
sélection des immigrants?
Cette conception a-t-elle déjà été
discutée avec votre homologue fédéral? C'est une des
tendances qui divisaient certains membres de la délégation,
c'est-à-dire la présence du Québec à
l'étranger comme une province différente des autres à
cause du problème francophone, entre autres, et du besoin plus grand au
Québec d'une immigration à caractère francophone ou
"franco-phonisable". Cela a-t-il déjà fait l'objet de
discussions?
Au fond, la question que je vous pose, est-ce que l'entente
Bienvenue-Andras n'est pas, à toutes fins pratiques, dans sa conception
idéologique, une répétition de l'idée qui se
trouvait à l'article 11 de l'entente Lang-Cloutier qui faisait du
Québec une province comme les autres?
Mme Bacon: M. le Président, je maintiens que l'entente And
ras-Bienvenue était un pas en avant, marquait un pas important dans le
recrutement et la sélection des immigrants destinés au
Québec. J'ai parlé tantôt de la spécificité
du Québec et je le maintiens; je pense que le Québec n'est pas
une province comme les autres, à cause justement de la majorité
francophone qui vit au Québec et à cause aussi du fait que nous
recherchons davantage l'immigration francophone ou "francophoni-sable". Cette
entente Andras-Bienvenue nous donnait ce droit au recrutement et à la
sélection. Evidemment, aussi, le Québec est la seule province
à avoir un ministère de l'Immigration, quand on pense que les
autres provinces n'ont pas de ministère de l'Immigration.
M. Lachance: M. le Président, si le député
de Maisonneuve me permet, je voudrais poser une question sur l'entente
Bienvenue-Andras.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le
député de Mille-Iles.
M. Lachance: C'est relatif à l'article 8 a) et b) de
l'entente Bienvenue-Andras. J'aimerais citer l'article 8 a): "Comme le Canada
doit entretenir de bonnes relations avec les autorités de tous les pays
où il compte des missions diplomatiques et consulaires, les parties
contractantes ne seront pas liées par la présente entente si le
pays d'accueil s'opposait aux dispositions qui y sont prévues". Ma
question est celle-ci: Est-ce qu'il y a eu des pays qui se sont opposés
à l'entente?
Mme Bacon: Non, M. le Président, pas pour le moment. Aucun
pays ne s'est opposé à cette entente.
M. Lachance: Une autre question aussi, à l'addenda, qui
concerne l'article 1, on mentionne: "Toutefois, le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de l'Immigration ne pourra divulguer à la province les
renseignements sur les requérants obtenus de source extérieure
à l'égard de questions d'ordre médical, délictueux
et sécuritaire". Est-ce que cela veut dire que le fédéral
peut garder secret le fait que certains immigrants ont un casier
judiciaire?
Mme Bacon: En fait, je pense avoir répondu tout à
l'heure à cette question. C'est que le gouvernement
fédéral garde encore ses prérogatives sur tout ce qui est
du domaine de la sécurité et tout ce qui est d'ordre
médical. Le gouvernement provincial a droit de regard sur le recrutement
et la sélection.
M. Lachance: Mais il peut garder des choses
secrètes...
Mme Bacon: Ce sont les prérogatives...
M. Lachance: ... s'il ne veut pas les divulguer.
Mme Bacon: ... du gouvernement fédéral.
M. Lachance: Même s'il y a un casier judiciaire...
Mme Bacon: Cela concerne le gouvernement fédéral et
non provincial.
M. Burns: En somme, je dois dire au ministre, et je le dis avec
toute l'estime que j'ai pour elle, qu'elle n'a pas réussi à me
convaincre jusqu'à maintenant et c'est ce dont je voudrais
m'assurer que dans l'esprit du gouvernement du Québec, l'entente
Bienvenue-Andras devrait vouloir dire que le Québec va exercer sa
juridiction, en fait une juridiction que lui reconnaît ce qui nous sert
actuellement de constitution canadienne.
Ce que je crains, et je le crains particulièrement par les
réponses du ministre, c'est qu'on ne veuille considérer l'entente
Bienvenue-Andras que comme une simple entente de collaboration entre deux
gouvernements, alors que le Québec a effectivement une juridiction
à exercer en matière d'immigration.
Mme Bacon: Le député de Maisonneuve n'a
sûrement pas saisi toutes mes réponses.
M. Burns: Bien, c'est cela, peut-être que j'ai... Mme
Bacon: Quand je dis...
M. Burns: ... je ne suis pas encore habitué au style du
ministre. Je vais peut-être m'habituer, je vais être obligé
de m'ajuster peut-être.
Mme Bacon: Quand je parle de prérogatives
au niveau fédéral et de prérogatives du provincial,
j'insiste pour mentionner que les prérogatives du gouvernement
provincial, en matière de recrutement et de sélection, sont des
prérogatives que nous exerçons présentement, selon cette
entente, et que nous continuerons d'exercer. Je n'ai pas l'intention de
lâcher sur ces prérogatives, comme ministre de l'Immigration. Au
contraire, je veux discuter davantage avec mon collègue Andras pour,
s'il y a des possibilités, élargir encore certaines
prérogatives du gouvernement provincial, compte tenu du fait que nous
sommes la seule province à avoir un ministère de l'Immigration et
compte tenu aussi de la spécificité du Québec.
Même si M. Andras s'est déjà prononcé en
faveur d'une immigration francophone, il est nécessaire que le
Québec use de toutes les prérogatives possibles pour maintenir
cette immigration vers le Québec, maintenir aussi ses
prérogatives en matière de recrutement et de sélection et
donner son avis dans la sélection des immigrants. Et même quand je
mentionnais tantôt les missions itinérantes, c'est parce que nous
voulons vraiment exercer ces prérogatives du Québec.
Je ne sais pas si j'ai été plus claire pour le
député de Maisonneuve.
M. Burns: Oui, oui. Je veux simplement m'assurer que le ministre
n'a pas l'intention...
Mme Bacon: Non.
M. Burns: ... de diluer, de perdre un peu de l'enthousiasme qui
nous apparaissait assez présent chez le ministre
précédent. C'était peut-être parce que
c'était son seul ministère, lui.
Mme Bacon: Je pense que tout est dans le style, M. le
Président.
M. Burns: Evidemment, vous n'avez pas le style biblique! Je
l'admets.
Mme Bacon: Je n'ai pas le style biblique, je n'ai pas l'habitude
de faire de grandes déclarations sur la place publique mais plutôt
de travailler à des dossiers de la façon la plus sobre possible
et de les faire avancer. Je pense avoir réussi dans les trois projets de
loi qui seront déposés en Chambre. Je l'ai fait sans tambour ni
trompette. Au contraire, à la lumière des dossiers du
ministère, j'essaie de travailler de la façon la plus
réaliste possible, avec les instruments que nous avons mais aussi en
tentant d'aller de l'avant dans tous les dossiers qui nous concernent.
M. Burns: Avant de quitter l'entente Bienvenue-Andras, j'ai
remarqué l'article 5 sans doute que le ministre en a pris
connaissance qui se lit comme suit: "Afin d'assurer le respect des lois
locales et d'éviter de froisser les autorités des pays sources,
la province consultera le Canada avant de s'engager à recruter à
l'étranger."
Personnellement, je trouvais cela aberrant que des ministres
québécois, d'un gouvernement qué- bécois, aient
accepté de signer une telle entente. Particulièrement, je
m'attache aux mots: "Afin d'assurer le respect des lois locales et
d'éviter de froisser les autorités des pays sources." Qu'on soit
obligé de se mettre à genoux devant le Canada avant d'essayer
d'aller ouvrir un bureau à Haïti... C'est peut-être pour
cela, d'ailleurs, qu'il n'est pas encore ouvert et qu'il nous est
annoncé depuis deux ans ou à peu près. On déclare
et on dit, à tout le monde, qu'on a une vocation en matière
d'immigration, qu'on a une juridiction qui nous est propre conjointe,
d'accord, je l'admets mais une juridiction, en matière
d'immigration. Surtout qu'on a un intérêt particulier. Est-ce que
le ministre n'est pas prêt à nous assurer qu'elle va tenter de
faire enlever cela de l'entente lorsqu'elle sera renouvelée?
M. Bacon: I! y a, en fait, une question de droit international
mais aussi une question de diplomatie. Je pense que nos prérogatives ne
nous empêchent pas de garder une certaine diplomatie face au gouvernement
fédéral et face aussi aux pays sources d'immigration pour le
Québec. Cela n'enlève rien de nos prérogatives et je pense
que cela fait partie, aussi, de discussions normales dans un pays comme le
nôtre, parce que c'est encore le Québec dans un Canada, je dois le
rappeler au député de Maisonneuve. Nous devons, je pense, faire
montre de diplomatie au moment où des décisions sont prises au
niveau du ministère.
Mais je ne sache pas, en tout cas depuis mon arrivée au
ministère, qu'on nous ait refusé l'ouverture de bureaux dans les
pays qui avaient été jugés utiles comme source
d'immigration par le ministère provincial.
M. Burns: Mais ne pensez-vous pas qu'à un moment
donné c'est froissant pour nous, du Québec, même si
j'admets avec le ministre qu'on est encore dans le Canada? D'ailleurs, il y a
un ministère fédéral du Revenu qui se charge de me
rappeler qu'on est encore dans le Canada, qui me le rappelle annuellement. Je
pense que tout en admettant cette situation de fait, il y a quelque chose de
froissant pour le Québec, qui veut exercer une juridiction, d'avoir un
texte que le plus minable des locataires ne signerait pas avec son
propriétaire. C'est aussi simple que cela.
Mme Bacon: En fait, cette entente a été
signée pour une période de trois ans, mais avec une
révision annuelle. C'est dire qu'il y a sûrement certains points
de l'entente qui peuvent être révisés chaque
année.
M. Burns: Est-ce qu'entre autres celui-là, dans l'esprit
du ministre, ne pourrait pas faire l'objet...
Mme Bacon: C'est un de ceux qui pourraient faire l'objet de
révision.
M. Burns: ... tout au moins dans sa phraséologie et...
Mme Bacon: Cela et d'autres.
M. Burns: ... dans sa façon, en tout cas, parce que cela
met le Québec, à mon avis, dans un état de sujétion
qui n'est absolument pas compatible avec, entre autres, l'article 95 de l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique.
Mme Bacon: Non, le numéro 5 et d'autres points bien
précis peuvent être...
M. Burns: J'ai deux dernières questions, si le ministre
veut être patient, sur l'entente Bienvenue-Andras. Je vais me limiter
à ces deux dernières questions.
L'article 6 d) de l'entente Bienvenue-Andras se lit comme suit: "II est
bien convenu que la décision relative à toute demande d'admission
doit nécessairement être prise en fonction de la loi, du
règlement du Canada et des critères d'immigration établis
par le Canada ".
Dans l'actuel état des choses, l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique et j'y reviens, je trouve cela particulièrement
essentiel à l'article 95, fait de l'immigration un pouvoir
fédéral-provincial conjoint, en même temps qu'il
spécifie: "Une loi de la Législature d'une province concernant
l'agriculture et l'immigration n'y aurait d'effet qu'aussi longtemps et autant
qu'elle ne sera pas incompatible avec une loi du Parlement du Canada."
Ce que j'aimerais savoir de la part du ministre c'est ceci: Dans les
faits le Québec n'a jamais, jusqu'ici, recouru, en matière
d'immigration, à tout le pouvoir qui lui est réservé par
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique que je viens de vous citer et
dont la seule limite est l'incompatibilité avec une loi
fédérale. Or, par l'article 6d) de l'entente que je viens de
citer, le Québec se subordonne volontairement à un pouvoir
fédéral, aux lois fédérales, aux
réglementations fédérales en matière d'immigration.
Comment le ministre peut-il nous expliquer non seulement que le Québec
ne cherche pas véritablement à exercer le pouvoir qui lui est
dévolu par l'article 95, mais, plus que cela, qu'il est conscient
officiellement par entente qu'il accepte de diminuer ce pouvoir? Dans le fond,
c'est cela. Vous savez que l'entente Bienvenue-Andras qui nous était
annoncée avec tambours et trompettes, cette fois, je pense,
n'était pas quelque chose et cela est un autre exemple
dont on avait à se vanter. Peut-être que ce sont certains aspects
de l'entente Bienvenue-Andras, comme le ministre le disait tout à
l'heure, en matière de recrutement puis de collaboration des agents
fédéraux d'immigration et provinciaux; peut-être que cela
concrétisait et venait mettre sur papier une entente qui existait, en
tout cas nous donnait une assurance que cela continuerait. Mais quand vous
retrouvez des textes de cette nature, est-ce que, dans le fond c'est
cela la question de base on ne recule pas par rapport à nos
droits, en vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique?
Mme Bacon: Non, quand on regarde l'article 6d), je l'ai
mentionné tantôt et je dois le redire, nous aurons une
consultation au niveau des deux ministères, compte tenu de la
révision de la Loi de l'immigration du fédéral. Nous
travaillons aussi à l'élaboration de critères provinciaux.
L'idéal c'est que l'élaboration des lois et des règlements
se fasse conjointement entre les deux ministères, soit le
ministère provincial et le ministère fédéral. Je
pense que nous partageons réellement cette juridiction avec ces
ententes. Cela prendrait, à ce moment, son plein sens, si
l'élaboration des lois et des règlements se faisait conjointement
entre les deux ministères. Evidemment, il y aurait des modalités
à établir. Tout cela fait partie de discussions qui sont en cours
entre les deux gouvernements et des rencontres que nous aurons dans les
semaines qui viennent.
M. Burns: Puisque vous allez faire des rencontres, je vous
signale un autre article que je considère particulièrement
rabaissant pour le Québec, c'est l'article 8 je le laisse
à votre considération, encore une fois qui nous dit ceci:
a) Comme le Canada doit entretenir de bonnes relations avec les
autorités de tous les pays où il compte des missions
diplomatiques ou consulaires, les parties contractantes
c'est-à-dire le Canada et le Québec ne seront pas
liées par la présente entente si le pays d'accueil s'opposait aux
dispositions qui y sont prévues. "b) II appartiendra au ministère
des Affaires extérieures du Canada d'établir s'il existe quelque
objection à la mise en oeuvre de l'entente de la part des pays d'accueil
et de conseiller les parties contractantes en conséquence. La province
sera informée de la teneur de toute objection à cet
égard."
C'est encore, à mon avis, un autre texte de l'entente
Bienvenue-Andras qui nous place dans une position, tant psychologiquement que
de facto, qui n'a aucune commune mesure avec les droits que nous avons en vertu
de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Je trouve cela regrettable.
Remarquez que je suis bien heureux d'avoir comme vis-à-vis, cette
année, l'actuel ministre de l'Immigration, mais je regrette que l'ancien
ministre de l'Immigration ne soit pas ici cette année pour venir
répondre de textes comme ceux-là qui, à mon avis, sont
avilissants pour le Québec et qui sont nettement rétrogrades par
rapport à des positions qu'il pourrait prendre en vertu de la loi.
Je signale au ministre cet autre texte. Je lui signale que l'ensemble de
l'entente Bienvenue-Andras n'est pas bien réjouissante pour
prenons un mot autour duquel tout le monde pourra se rallier l'autonomie
du Québec en cette matière. Ce n'est pas une autonomie
complète, mais tout au moins un pouvoir conjoint avec le
fédéral. Ce n'est pas particulièrement réjouissant,
cette entente Bienvenue-Andras. Tout en applaudissant la venue du nouveau
ministre de l'Immigration, qui est mon vis-à-vis cette année, je
regrette que l'ancien ministre ne soit pas ici pour venir recevoir nos
critiques là-dessus. Je signale, entre autres, ce texte-là. Je
pense que l'ensemble de l'entente Bienvenue-Andras est teintée de ce
type de positions ou d'articles qui sont rétrogrades par rapport
à nos positions. En tout cas, je le signale au ministre.
Quant à l'entente Bienvenue-Andras, c'est terminé à
moins que quelqu'un d'autre n'ait quelque chose à dire.
Mme Bacon: Ce que je puis ajouter, c'est que, comme je le disais
tout à l'heure, même si c'est une entente conclue pour une
période de trois ans, les modalités d'application sont sujettes
à révision annuellement. C'est ce que j'ai l'intention de
faire.
Postes à l'étranger
M. Burns: D'accord. Quant aux postes à l'étranger,
on y a touché un peu. Je vois, dans le document que le ministre nous a
remis, qu'il y a un certain nombre de postes qui seront augmentés. Je
cite directement: Les effectifs à Paris, qui couvrent la plupart des
pays de l'Europe du Nord, devraient passer, dans les prochains mois, de quatre
à sept; à Londres, de un à trois; à Rome, pour
l'Italie...
Mme Bacon: Juste une correction.
M. Burns: Actuellement, si je ne me trompe pas, il y en a un seul
à Rome.
Mme Bacon: Pour Rome, il y ajuste une correction. On dit que le
nombre passera à trois conseillers au lieu de un; ce sera deux à
Rome et un à Milan.
M. Burns: Bravo! C'est, d'ailleurs, une suggestion que je voulais
vous faire.
Mme Bacon: C'est rare!
M. Burns: C'est rare qu'un ministre précède
l'Opposition!
Mme Bacon: Pour une fois qu'un ministre devance l'Opposition!
M. Burns: C'est un ministre qui nous joue des tours.
Mme Bacon: Je vous l'ai dit que je travaillais dans l'ombre.
M. Burns: D'ailleurs,c'est une des constatations que nous avons
faites au cours de cette tournée. Je signale au ministre que le type
d'immigrants qui s'adressent au bureau de la délégation du
Québec à Milan constituent une immigration qui est très
intéressante pour le Québec, c'est-à-dire qu'elle
est...
Mme Bacon: Elle est différente.
M. Burns: ... différente de celle qui s'adresse à
notre bureau, à Rome. Là, on a affaire, disons dans une
proportion plus importante, à ce type d'immigrants qui peuvent venir
investir véritablement au Québec. Vous avez très souvent,
je pense, des demandes d'immigrants et peut-être qu'après les
prochaines élections en Italie, votre bureau de Milan va être plus
occupé qu'il ne l'est. Il va peut-être même être
surchargé; cela dépendra du résultat. J'avais cru
constater une certaine inquiétude, de la part des industriels en Italie,
face à la montée du Parti communiste; on peut se le dire
ouvertement. Je pense qu'il est très important qu'on ait quelqu'un
à Milan.
Evidemment, le délégué du Québec qui a son
bureau à Milan peut peut-être essayer de remplacer l'agent
d'immigration qui passe la majeure partie de son temps, je pense, à
Rome, mais ce n'est pas sa fonction comme telle, même si c'est un autre
employé du Québec. Je pense qu'il a une vocation qui est beaucoup
plus vaste que cela et beaucoup plus large que le problème de
l'immigration. Même là, je pense que c'est une très bonne
amélioration que le ministère fera.
Maintenant, je vois que ces postes sont augmentés comme je le
disais, de quatre à sept à Paris, de un à trois à
Londres, de un à trois à Rome, c'est-à-dire Rome et Milan,
de deux à Beyrouth. On nous signale également qu'il y aura deux
conseillers à Port-au-Prince, qu'il y en aura trois à Buenos
Aires et deux à Lisbonne. Si je me rappelle bien, on nous avait
annoncé, entre autres, l'ouverture du bureau de Port-au-Prince, du
bureau de Buenos Aires, et le bureau de Lisbonne, on nous l'avait
annoncé l'année dernière.
Ce que je crains, c'est qu'avec le type de budget que vous avez, si on
parle strictement en chiffres, avec le type de budget que vous avez,
c'est-à-dire une réduction de $12 099 300 pour l'année
1975/76 à $10 576 300, je me demande si, l'année prochaine, vous
ne serez pas obligée de me dire: Je n'avais pas le budget
nécessaire pour mettre en poste ces gens, pour augmenter ces
postes-là. Est-ce que le ministre a attaché une certaine
considération à ce problème?
Mme Bacon: II y a eu un dégel de postes que j'ai
réussi à obtenir en février et nous pouvons dire qu'en ce
moment il y a des agents en poste à l'étranger, ceux que vous
avez dû rencontrer au cours de vos voyages. Il y a aussi des agents qui
sont à l'administration centrale, d'autres en cours de formation
à Montréal à l'administration centrale et en cours
d'affectation. Alors, je pense que c'est l'ensemble de ces postes, quand on
veut augmenter les postes à l'étranger, soit à Paris,
Londres, Rome, Beyrouth, Port-au-Prince, Buenos Aires, Lisbonne ou Madrid. Ces
agents sont déjà recrutés, et lorsque les
procédures de sécurité parce que cela prend un
délai qui est assez considérable seront terminées,
nos agents quitteront immédiatement.
M. Burns: II va falloir obtenir l'autorisation du gouvernement
fédéral avant de les nommer pour vrai, ou quoi?
Mme Bacon: Ils sont déjà nommés, les
nominations sont faites, les affectations acceptées, mais ils devront
être en poste au moment où ils satisferont la
sécurité au niveau fédéral.
M. Burns: Mais par exemple, ceux qui ne sont pas encore en
poste?
Mme Bacon: Ceux qui sont embauchés. Ceux qui sont
mentionnés.
M. Burns: Tous ceux qui sont mentionnés là sont
embauchés actuellement?
Mme Bacon: Oui.
M. Burns: Ah bon. Est-ce que, par exemple, les gens de
Port-au-Prince, Buenos Aires, Lisbone sont également
embauchés?
Mme Bacon: Nous avons des gens pour tous ces postes. Disons que
l'effectif était de sept, le 31 mars 1975, et le 10 mai 1976 il est de
32.
M. Burns: Maintenant quant aux postes de Buenos Aires.
Mme Bacon: Vous avez le tableau. Je pourrais peut-être vous
demander de consulter le tableau, vous avez le nom de chacun. Il y a des gens,
sûrement, que le député de Maisonneuve va reconnaître
dans les agents à l'étranger.
M. Burns: J'en connais un en particulier.
Mme Bacon: Alors, il y en a qui sont en cours de formation, comme
vous voyez, d'autres qui sont en cours d'affectation.
M. Burns: Je peux vous dire que mon bureau perd un très
bon employé, mais le ministère de l'Immigration en gagne aussi un
très bon.
Je voulais tout simplement mentionner ceci, quant à ceux de
Port-au-Prince, Buenos Aires et Lisbonne, est-ce qu'ils vont être
logés à l'ambassade du Canada ou bien s'ils vont fonctionner de
façon autonome?
Evidemment, à des endroits comme l'Italie, où nous avons
une délégation, à Paris, à Londres, on peut les
faire travailler à l'intérieur de la délégation
générale ou de la délégation du Québec, mais
aux endroits où il n'y en a pas, est-ce qu'ils vont être
placés sous l'aide de l'ambassade du Canada?
Mme Bacon: Pour Buenos Aires, Lisbonne, c'est l'ambassade, ils
seront à l'ambassade. A Port-au-Prince, ils seront en dehors de...
M. Burns: Dans un bureau autonome? Mme Bacon: Oui, dans un
bureau autonome.
M. Burns: Vous nous mentionnez que le nombre de ces postes sera
vraiment augmenté, en fait, il l'est par l'embauchage
déjà, mais les gens ne sont pas en poste.
Mme Bacon: Ils le sont déjà.
M. Burns: Vous parlez de quelques mois, cela veut dire combien de
temps, à peu près? De quel ordre de grandeur cela peut...
Mme Bacon: Cela peut vouloir dire deux mois, cela peut vouloir
dire trois mois. Je pense que pour être...
M. Burns: Un maximum de trois mois?
Mme Bacon: Oui. Aussi, il faut compter le nombre de semaines
où ils sont en période de formation à Montréal. En
fait, ce qui arrive c'est que nous embauchons les gens; ils sont en formation
à Montréal, en attendant d'avoir le feu vert évidemment
pour la sécurité.
M. Burns: Dans l'immédiat, en somme, vous projetez
d'ouvrir de nouveaux postes, en tout cas, dans trois pays.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Burns: Est-ce que le ministère envisage, à plus
long terme, d'ouvrir des postes ailleurs, dans d'autres pays? Est-ce quelque
chose qui est à l'étude actuellement? Où est-ce que cela
en est?
Mme Bacon: Oui et je pense qu'on ne peut pas se contenter que de
ces postes-là. J'ai parlé tantôt des missions
itinérantes qui seront faites par un groupe de représentants du
ministère. Je pense que ces missions pourront nous aider à
déterminer à quel endroit il y a un avantage, une immigration qui
soit francophone ou "francophoni-sable " ou qui pourrait être
destinée très facilement au Québec.
Alors, nous comptons beaucoup sur le résultat de ces missions
itinérantes. J'ai mentionné tantôt des missions comme, par
exemple, la région de Boston, la région de New York, où il
y a des Franco-Américains qui sont prêts à revenir au
Québec et qui sont encore des francophones. Les deux premières
rencontres se sont avérées très intéressantes et
une autre mission partira bientôt encore pour cette région.
Alors, ce sont des endroits quand on pense à l'Asie aussi
où on peut faire un recrutement fort valable pour le
Québec. Par ces missions itinérantes, nous pourrons
déterminer les endroits où nous pourrions ouvrir des bureaux
d'immigration pour le Québec.
M. Burns: Au moment où on se parle, vous n'avez pas de
projet précis, même à long terme?
Mme Bacon: Non, les trois sont ceux qui avaient
déjà été annoncés, mais qui seront
ouverts.
M. Burns: D'accord. Alors, cela couvre, M. le Président,
le point que j'avais annoncé relativement à l'efficacité.
Avant de laisser ce sujet, je pense qu'on peut résumer. Je ne sais pas
si le député d'Iberville partage mes vues là-dessus, mais
cela ferait au moins un point d'unanimité entre lui et moi, on peut dire
que l'efficacité de nos bureaux à l'étranger reposait,
dans le fond, sur la force de bras des individus qui y étaient. Je suis
particulièrement heureux de voir qu'on va leur adjoindre un personnel
additionnel. Je pense, par
exemple, à M. Castonguay en Angleterre, se retrouver tout seul
avec un boulot comme celui-là...
M. Tremblay: ...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le
député d'Iberville a demandé la parole.
M. Tremblay: M. le Président, j'allais tout à
l'heure dire que le député de Maisonneuve, dans son verbiage fort
intéressant d'ailleurs, m'a enlevé beaucoup de paroles de la
bouche. Moi aussi, j'aurais aimé exprimer cette joie et cette
satisfaction bien personnelles de Québécois quand j'ai vu
à l'oeuvre nos représentants dévoués, je dirais
même courageux, affronter cette vie quotidienne difficile d'un agent
d'immigration dans un pays, par exemple, comme l'Italie ou l'Angleterre,
peut-être un peu moins la France... c'est encore drôle.
Cela m'a réellement convaincu de la nécessité, pour
le gouvernement du Québec, de continuer à promouvoir davantage,
par l'entremise de son ministère de l'Immigration, cette fameuse
relève francophone chez nous. L'histoire récente nous raconte
bien, avec chiffres à l'appui, que nous ne pouvons plus compter,
apparemment, sur nos propres moyens de régénérescence,
pourrait-on dire.
Cela nous amène à inviter à vivre avec nous des
personnes émanant de pays francophones, peut-être, mais des
personnes "francophonisables", à toutes fins utiles. C'est ce choix
sélectif que nos représentants de l'immigration, en Europe en
particulier, s'efforcent de faire. J'ai vu moi-même, comme le disait le
député de Maisonneuve, ces gens oeuvrer avec un dévouement
fort remarquable et je pense bien qu'avec les effectifs nouveaux qui vont
arriver à leur rescousse, nous pourrons certainement, au Québec,
apporter le concours très précieux de ceux qui seront
appelés à vivre avec nous et surtout partager avec nous les
efforts pour faire de ce Québec une province plus forte en apportant
leur concours dans tous les domaines inhérents à cette
société québécoise que nous voulons
améliorer et voir constamment sur la route du progrès.
M. Déziel: Le programme 1 est adopté.
Mme Bacon: Seulement une remarque pour terminer, M. le
Président. Je veux seulement ajouter qu'il est évident qu'avec
quatre bureaux, nous pouvions rencontrer environ 50% des candidats qui se
destinaient au Québec. Lorsque tous nos bureaux seront ouverts nous
pourrons rejoindre environ 90% des candidats qui se destinent au Québec.
Les agents ont contribué à recruter des candidats fort
intéressants pour le Québec en effectuant des missions dans le
territoire couvert par l'entente. Ils ont contribué au recrutement de
main-d'oeuvre à l'étranger pour le compte des employeurs
québécois; ils ont aussi contribué à recruter les
immigrants investisseurs. Il y a plusieurs dizaines de millions de dollars qui
ont été investis depuis quelques années au Québec,
grâce au travail de nos représentants à l'étranger,
parce qu'on appelle les immigrants investisseurs. Nous devons souligner qu'avec
les quatre bureaux actuels, nous faisons un travail considérable, mais
je pense qu'avec l'ouverture de prochains bureaux, nous pourrons avoir, encore
une fois, des immigrants fort intéressants pour le Québec.
M. Burns: Le ministre vient de mentionner le recrutement de
main-d'oeuvre à l'étranger, via nos services. Etait-ce dans ce
qu'on appelle des professions désignées en vertu du
fédéral? Le ministre a-t-il des informations sur le type de
main-d'oeuvre qu'on a recruté?
Mme Bacon: Forcément, cela fait suite aux ententes qui ont
été signées. Maintenant, il est évident qu'on doit
faire davantage, compte tenu des besoins qu'on a au Québec, des
différents secteurs de main-d'oeuvre qui ne sont pas couverts ici par la
main-d'oeuvre québécoise et...
M. Burns: En particulier dans ces cas, le ministre peut-il nous
dire, sinon en détail du moins globalement, quel type de main-d'oeuvre
on recrutait?
Mme Bacon: Je pense par exemple, à l'hôtellerie,
où il y a eu du recrutement qui a été fait par nos agents
à l'étranger; c'est un domaine où nous commençons
à peine à produire des gens qui sortent de notre école
d'hôtellerie. Il a donc fallu faire appel à une main-d'oeuvre
étrangère pour combler les postes ouverts ici au
Québec.
M. Burns: La raison pour laquelle je vous demandais cela, c'est
que dans cette tournée à laquelle on a fait
référence à quelques reprises, j'ai été
étonné d'apprendre qu'à cette époque si je
comprends bien, les professions désignées changent de trois mois
en trois mois et je me souviens que le député de
Rouyn-Noranda poussait les hauts cris quand il a appris cela lui aussi, une des
professions réservées était la profession
d'infirmière, et Dieu sait qu'il y a même de nos étudiantes
en nursing qui ont de la difficulté à se placer au Québec.
Alors, cela nous apparaissait assez bizarre. C'est la raison pour laquelle je
me demandais si...
Mme Bacon: Mais nous avons aussi les mécaniciens et les
ouvriers spécialisés de toute sorte; ce sont des postes qui
peuvent être comblés...
M. Burns: D'accord. Une dernière question avant qu'on
suspende, parce que si je comprends bien, nous allons suspendre à midi
et je ne voudrais pas, madame le ministre, avec votre permission, me lancer
dans ma quatrième partie que j'intitulais tout à l'heure Les
moyens financiers et administratifs du ministère, parce que j'aimerais
autant la commencer et la finir en bloc.
Participation fédérale
M. Burns: Avant qu'on aborde ce sujet, le ministre peut-il nous
dire quelle est, dans le budget
de $10 576 300, la proportion qui vient de la subvention
fédérale? Si vous vous référez aux crédits
des années antérieures, cette subvention était
montrée de façon autonome, alors qu'elle ne l'est pas cette
année.
Mme Bacon: Cela se chiffre par environ $6,4 millions ou $6,7
millions.
M. Burns: $6,4 millions?
Mme Bacon: Je vais avoir le chiffre exact.
M. Burns: Est-ce qu'il y a moyen de l'avoir, le chiffre?
Mme Bacon: Oui. Je pense, par exemple, à ... M. Burns:
Simplement.
Mme Bacon: $6,7 millions, quelque chose comme cela.
M. Burns: $6,7 millions? Ce serait encore...
Mme Bacon: Je vais avoir le chiffre exact. C'est $6 534 000.
M. Burns: $6 534 000. L'année dernière, Mme le
ministre, il était de $5 325 000, ce chiffre-là et,
l'année précédente, il était de $5 125 900. C'est
à la veille d'être un ministère fédéral, vous
savez, votre ministère. Je ne le dis pas pour porter atteinte au boulot
que vous essayez de faire; au contraire, c'est pour vous aider que je vous le
mentionne. Je trouve que c'est absolument aberrant.
Mme Bacon: Je l'avais d'ailleurs dit au départ: M faut
aller trop loin pour aller plus loin.
M. Burns: II faut pousser dans le dos du ministre pour l'aider,
tout simplement, à faire de son ministère un véritable
ministère. C'est notre but. Mais je vous signale cela parce que,
simplement, sans entrer dans le détail, alors que l'année
dernière le budget total de votre ministère était de $12
099 300, la subvention fédérale était de $5 millions,
c'est-à-dire moins de 50%, à peu près 50%. En 1974, elle
était de 64%, la subvention fédérale. Là, je n'ai
pas fait le calcul de la proportion par rapport au budget global, mais cela va
péter quelque chose comme 75%. C'est pour cela que je vous dis je
ne le dis pas de façon péjorative ou méchante, ou quoi que
ce soit que c'est à la veille d'être un ministère
fédéral.
Mme Bacon: Mon calcul me donnait 33% pour le provincial.
M. Burns: Donc, on n'est pas loin.
M. Lachance: 67%.
M. Burns: 67%. En tout cas, je ne suis pas fort en chiffres.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Alors, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 35
M. Bédard, Chicoutimi (président de la commission
permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
continue l'étude des crédits du ministère de
l'immigration.
L'honorable ministre.
Mme Bacon: Au départ, j'aimerais peut-être corriger
certains chiffres qui ont été donnés ce matin quand on
parlait de la participation du fédéral. On a mentionné $6
534 000 et il faudrait corriger pour $5 800 000. Je pense qu'on a aussi
distribué aux membres de cette commission la répartition des
travailleurs immigrants admis au Québec en 1975 par emplois
projetés. Cela nous donne peut-être une idée un peu plus
juste de cette répartition des travailleurs.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Est-ce que
tous les membres de la commission ont reçu cette information?
Mme Bacon: Est-ce que tous les membres ont...
M. Burns: Oui, M. le Président. Simplement, madame le
ministre on n'en a rien qu'une, on n'est pas pour la maganer
j'aimerais vous poser une question anodine, à savoir d'où vient
ce changement de quelque $700 000. Est-ce que c'était tout simplement un
chiffre qui était inexact ou s'il y a une affectation qui était
mise de côté ou qui était considérée comme
fédérale, alors qu'elle ne l'était pas?
Mme Bacon: C'est le taux de jours-élève qui avait
été projeté et qui a été modifié.
Alors, les montants ne sont pas les mêmes, ceux qui sont reçus.
C'était 1485 et c'est modifié à 1230.
Direction et gestion interne
M. Burns: En somme, c'est une subvention que vous n'avez pas
encore mais qui, selon les normes qui existent actuellement, va vous être
versée et que vous considérez comme déjà dans la
caisse, selon un taux de jours-élève.
M. le Président, j'avais soumis comme quatrième question:
Comment le ministère est-il équipé financièrement
et administrativement pour se décharger de ces tâches
concrètes d'accueil et d'établissement? Cela m'inspire de vous
dire que, si parler de la vocation du ministère de l'Immigration du
Québec finit souvent par être l'art de jouer à l'inflation
verbale et à la glorification de la vertu, il n'en est pas de même
et d'aucune façon quand on parle des moyens financiers et administratifs
mis au service d'un si noble idéal.
Je comprends que le ministre actuel va mettre de côté
du moins, c'est ce que j'ai semblé comprendre ce matin
l'inflation verbale pour essayer d'arriver à des résultats
concrets au ni- veau de ce ministère. Si tel est le cas on ne le
dira pas assez souvent je répète au ministre qu'il aura
l'appui entier, total et même insistant de l'Opposition.
Dire que le gouvernement a fait, du ministère de l'Immigration du
Québec, l'enfant pauvre de la famille constitue, à mon avis, une
vérité bêtement élémentaire. Le
ministère a le douteux privilège d'offrir un symbole clair de
l'ensemble de l'action de ce gouvernement qui met son argent là
où sont ses intérêts et sa phraséologie soufflante
là où il voudrait que les électeurs croient que sont ses
intérêts. Ainsi, en façade, les proclamations de
souveraineté culturelle, mais, en pratique, pour l'appuyer
concrètement, un budget réel inférieur à celui de
la Régie de la langue française.
On pourrait croire qu'au moins, au plan financier, les responsables du
ministère manifesteraient de la cohérence, mais, au contraire, et
je pense que c'est bon de le citer. Le 9 avril 1974, le ministre disait
c'était évidemment M. Bienvenue, à l'époque
"Si le Québec veut une véritable politique d'immigration qui
réponde à la triple exigence que je viens de décrire, il
lui faudra se décider à donner à mon ministère les
moyens suffisants". C'était assez clair comme énoncé, de
la part du ministre.
Et le ministre de continuer:"!! me faudrait également une dizaine
de millions supplémentaires. Je vous fais donc part, dès
maintenant, de mon intention de demander un budget supplémentaire". Je
vous réfère au journal des Débats, à la page
B-696.
C'est bien le "fun " quand c'est enregistré, ces
choses-là, parce que deux ans après, on peut les relire et on
dit: Ecoutez donc, qu'est-ce qui s'est passé depuis ce
temps-là?
Le 22 mai 1974, le ministre disait je vous dis, madame le
ministre, que vous prenez toute une succession "Le premier ministre a vu
d'un très bon oeil une demande que je lui ai faite des crédits
supplémentaires". Page B-2262 du journal des Débats.
Pour 1975/76, le ministre recevait $10,6 millions, en regard de $8,1
millions pour 1974/75. C'est sérieusement loin, à notre avis,
d'un quinzaine de millions supplémentaires et pourtant le ministre a
trouvé le moyen de dire: "Nous avons obtenu exactement ce que nous
avions demandé et nous sommes entièrement satisfaits". Le Devoir,
le 27 mars 1975.
Si le masochisme est de rigueur au ministère
j'espère que non il faudra croire que le nouveau ministre se
trouve au comble de la joie, puisque voilà, pour 1976/77, les
crédits demandés sont de $10 576 300, soit une diminution de $1
530 000 par rapport à ceux de l'année
précédente.
Ma question vis-à-vis de cela, évidemment, apparaît
comme tout à fait évidente. Est-ce que le ministre actuel est
disposé à prendre à son compte les propos de son
prédécesseur de l'année précédente? Nous
avons obtenu exactement ce que nous avions demandé et nous sommes
entièrement satisfaits."
Quels sont les besoins financiers réels du mi-
nistère? Ces besoins ont-ils été transmis au
Conseil du trésor? Le ministre a-t-il l'intention de se contenter de la
situation actuelle? Je pense que ce sont les questions de fond. C'est
là-dessus que le ministre peut peut-être ou ne peut
peut-être pas avoir notre appui vis-à-vis d'un débat
beaucoup plus fondamental, c'est-à-dire de décider une fois pour
toutes si le ministère de l'Immigration au Québec existe ou
n'existe pas?
Je conçois que le ministre actuel a d'autres
préoccupations, mais je voudrais quand même je lui dis au
nom de l'Opposition que le ministère de l'Immigration soit
également une très grande préoccupation à ses yeux.
C'est dans ce sens que je pose cette question.
Mme Bacon: Je voudrais rassurer immédiatement, M. le
Président, le député de Maisonneuve. Il est
évident, quand on accepte les responsabilités d'un
ministère, qu'on accepte d'en être préoccupé au
point d'y passer le plus de temps possible, dans les heures qui nous sont
données durant une semaine et d'essayer aussi de faire davantage pour
faire avancer certains dossiers.
A la première question, je continuerai dans une
sobriété qui, j'espère, me caractérisera. C'est
"non". Je ne peux pas faire miennes les paroles de mon
prédécesseur. Quels sont les besoins financiers réels du
ministère? Tout dépend ce que l'on veut en faire. On peut
peut-être prendre un exemple. Si l'on désire étendre les
cours de français non seulement aux immigrants qui se destinent au
marché du travail, mais aux autres, il y a un problème qui me
tient à coeur. Ce sont les femmes de ces immigrants qui sont sur le
marché du travail. Il est clair qu'il faudrait davantage d'argent.
Il y a un autre exemple. Si l'on veut être présent, dans la
plupart des pays étrangers, il faudrait plus d'argent et davantage de
crédits. Il n'est donc pas possible de dire quels sont les besoins
financiers réels du ministère. Il est évident qu'avec ses
services actuels, tels qu'ils sont constitués, le ministère peut
fonctionner assez bien, mais, évidemment, dans une période
d'austérité budgétaire actuelle, il faut tenir compte que
le ministère doit faire sa part comme d'autres ministères, mais
ces besoins se font sentir et il faudrait toujours faire davantage, compte tenu
de possibilités ou de besoins connus comme ceux que je viens de
mentionner, les exemples que je viens de donner.
Est-ce que ces besoins ont été transmis au Conseil du
trésor? Il est évident que les besoins qui me paraissaient
prioritaires, au cours des mois qui viennent de passer, par exemple, le
dégel des onze postes à la direction des services a
l'étranger, de sept postes à l'emploi, cela a été
des priorités auxquelles j'ai accordé le plus d'attention
possible.
Il y a aussi une accélération du recrutement à la
recherche, parce qu'il est évident que ce sont des postes importants au
niveau d'un ministère comme le nôtre. Ceia me paraissait, en tout
cas, indispensable, si on veut, que l'entente Andras-
Bienvenue, qui avait été signée, quoi qu'en pense
le député de Maisonneuve, porte des fruits. Si on veut faire
davantage...
M. Burns: Je ne dis pas qu'elle ne porte pas de fruits, mais je
dis qu'elle est humiliante à certains égards...
Mme Bacon: D'accord, mais si on veut l'améliorer
davantage...
M. Burns: ... et à plusieurs...
Mme Bacon: ... je pense qu'on devait faire du recrutement
à la recherche et faire en sorte d'en arriver à des propositions
concrètes au niveau des négociations entre les deux paliers de
gouvernement. Je n'ai pas l'intention de me contenter de la situation actuelle,
parce que, présentement, il y a des projets de loi dont j'ai
parlé ce matin, les trois projets de loi que j'ai mentionnés. Il
est évident que ces projets de loi demanderont que nous allions chercher
dans les fonds consolidés de la province les fonds nécessaires
pour faire avancer ces politiques que nous mettrons de l'avant, à
l'occasion de l'adoption de ces projets de loi, par exemple, quand on pense au
conseil consultatif, si on veut que cet organisme soit important, si on veut
qu'il soit vraiment le miroir de ce que la population pense du
ministère. Je pense en effet que les ministères ne doivent pas
avoir peur de se mirer de temps à autre, même si l'image qui est
reflétée, n'est pas toujours celle qu'on voudrait voir se
refléter. Je pense qu'il est nécessaire d'avoir un conseil
consultatif qui fonctionne bien, qui soit capable de nous faire des
recommandations valables, qui soit à l'écoute d'une population et
représentatif aussi de cette population et qui apporte au
ministère des suggestions et des recommandations qu'il nous est permis
de suivre par la suite.
Pour cela, il faut développer les fonds nécessaires, ce
qui sera fait à l'adoption des trois projets de loi que nous
soumettrons.
M. Burns: Si je comprends bien, il n'est pas question, dans votre
esprit, au stade où on se parle, de procéder par voie de budget
supplémentaire, éventuellement, pour combler des choses qui
n'apparaissent pas au budget général; mais ce serait beaucoup
plus à l'occasion de l'adoption de la loi ou des trois lois que vous
aurez à réviser la situation, parce que...
Mme Bacon: A l'adoption des trois lois, je mentionnais les fonds
consolidés, mais il est évident que si nous voyons qu'il est
nécessaire d'obtenir des crédits supplémentaires, nous
irons les chercher ou nous ferons les pressions nécessaires pour aller
chercher certains crédits supplémentaires pour continuer à
donner exactement le même service que nous donnons dans le moment.
Evidemment, il faut réduire un peu l'expansion de certains services,
mais nous n'avons pas cessé de donner les services qui étaient
déjà offerts par le ministère de l'Immigration.
M. Burns: Quels services, entre autres? Lorsque vous dites qu'il
faut retenir je ne sais pas si c'est l'expression que vous avez
utilisée ou ne pas envisager l'expansion de certains services,
est-ce qu'il y a certains services, en particulier, que vous visez à ce
moment?
Mme Bacon: Je peux peut-être en nommer. Le programme OVAL,
par exemple, le programme VIVAQ, qui fait que cette intégration, soit
des enfants ou des adultes dans la société francophone, cet
heureux mélange que nous tentons de faire avec le plus d'harmonie
possible, sont autant de programmes fort valables qui ont amené de
très bons résultats. Si nous n'avions pas à
connaître cette période d'austérité, il nous serait
peut-être possible de faire davantage. Mais ce sont des
préoccupations que nous gardons à l'esprit, et dès qu'il
nous sera possible de le faire, nous pourrons augmenter ces programmes. Ce sont
deux exemples que je donne.
M. Burns: Les trois principales catégories où il y
a des réductions, et dans deux cas, de façon absolument
incroyable, ce sont les traitements et les services. Vous avez les autres... Je
m'excuse. Il y en a deux où vous avez une diminution très
sensible, c'est-à-dire la catégorie 1: Les traitements, et la
catégorie 4: Les services, où, respectivement, vous avez une
diminution de $1 070 000, dans le premier cas, et de $1 370 300, dans le
deuxième cas.
Mme Bacon: La diminution des traitements de $1070 000 s'explique
essentiellement par la compression budgétaire équivalente
à 50% des sommes qui étaient prévues pour les postes
vacants. C'est le montant qui était prévu pour les postes
vacants.
M. Burns: C'est-à-dire que... Mme Bacon: Et
quant...
M. Burns: ... les autres postes vacants, ceux qui n'ont pas
été comblés, au moment où on se parle ne seront pas
comblés.
Mme Bacon: Non.
M. Burns: C'est ce que ça veut dire.
Mme Bacon: Et quant aux services, la diminution de $1 370 300
s'explique principalement par la prise en charge des nouveaux COFI sous la
juridiction directe du ministère. Les montants qui étaient
auparavant budgétisés sont maintenant répartis entre les
autres catégories budgétaires dont les plus importantes sont les
traitements, par exemple, les fournitures. Il y a des COFI qui sont
passés directement sous la juridiction...
M. Burns: Vous diminuez au niveau des traitements. C'est fort peu
probable que vous avez fait des ajoutés à ce niveau.
Mme Bacon: Vous les trouverez sous les traitements, aux
catégories 1 et 2 ou dans les catégories 7 et 8.
M. Burns: 7 et 8?
Mme Bacon: Oui. Dans les traitements 1 et 2 et 7 et 8. Le montant
des services diminue à la catégorie 4. Il y a une
répartition.
M, Burns: Oui.
Mme Bacon: II y a, évidemment, les fournitures,
l'équipement, les manuels, etc.
M. Burns: Au niveau de ce qu'on appelle les autres
rémunérations, il y a, par contre, une augmentation de $274 200
à $673 400, c'est-à-dire une augmentation de $399 200.
Proportionnellement, c'est une des plus grosses augmentations, à part
celles des fournitures et des autres dépenses, sur laquelle je vous
demanderai... quoique le chiffre est de moindre importance par rapport au
budget global, en quoi consiste ces autres rémunérations et
surtout comment s'explique l'augmentation de ces autres
rémunérations?
Mme Bacon: Cela s'explique par le fait que le ministère de
l'Immigration a obtenu, au cours de l'exercice financier 1975/76,
l'autorisation d'embaucher 41 hommes-année additionnels, au chapitre des
employés à temps partiel. Nous avons eu l'autorisation du Conseil
du trésor en décembre 1975. Cette autorisation visait,
principalement, à permettre au ministère d'engager des
occasionnels dans les COFI pour permettre au ministère de remplacer les
occasionnels qui étaient malades.
M. Burns: Au niveau de l'enseignement ou au niveau du
soutien?
Mme Bacon: Pour remplacer les professeurs malades ou en
vacances.
M. Burns: Soit dit en passant je m'excuse de cette
question peut-être stupide, mais, vu que je ne suis pas au COFI
les employés de soutien sont-ils couverts par ce budget? Oui, aussi!
Mme Bacon: Ce montant servait à défrayer le
coût des professeurs seulement et...
M. Burns: Mais, dans l'ensemble, le ministère assure les
employés de soutien.
Mme Bacon: Oui. A cette somme, on ajoutait aussi des
crédits supplémentaires de... Disons que le montant initial
prévu était de $45 000 pour les professeurs, pour remplacer les
professeurs malades ou les professeurs qui étaient absents, et il y a eu
des crédits supplémentaires de $229 200 pour le projet
spécifique des Vietnamiens. C'est ce qui fait que le montant est de $399
200. Quant à l'année budgétaire 1976/77, il fallait, par
conséquent, prévoir des traitements suffisants pour
l'embauche
de 48 hommes-année au chapitre des employés à temps
partiel. C'est tout cela que vous retrouvez dans les autres
rémunérations.
M. Burns: Pour les autres augmentations qui nous apparaissent
assez importantes, telles que les fournitures, je pense que le ministre, tout
à l'heure, nous a laissé entendre qu'il y avait une partie des
services qui se retrouvait là. J'aimerais tout simplement que le
ministre nous donne des détails sur les autres dépenses qui
passent de $23 600 à $82 600, soit une augmentation totale de $59 000.
Par rapport au budget global, ce n'est peut-être pas un montant
très important, mais est-ce qu'on peut savoir quelle est la cause de ce
pourcentage de 250% du budget de l'année passées?
Mme Bacon: En fait, les $59 000 d'augmentation ont
été rendus nécessaires pour assurer le perfectionnement du
personnel enseignant au tarif de la convention collective qui régit ce
personnel et l'application de la nouvelle politique...
M. Burns: Excusez-moi, madame, je n'ai pas compris.
Mme Bacon: Le perfectionnement du personnel au tarif de la
convention collective et un deuxième point, c'est l'application de la
nouvelle politique: Cadre de développement planifié des
ressources humaines qui est effectuée à partir du 1er avril
1976.
M. Burns: C'est-à-dire que vous auriez des gens qui sont
déjà au ministère et que vous introduisez dans un plan de
perfectionnement et ce sont les coûts que cela représente.
Mme Bacon: Ce sont les coûts.
M. Burns: Combien de personnes sont visées par ce
programme? Le savez-vous?
Mme Bacon: Environ 200 personnes.
M. Burns: C'est 200 personnes. D'accord. Toujours relativement
aux moyens financiers et administratifs, je ne peux que vous
référer aux mots explicatifs qui accompagnent le cahier des
crédits. Ils nous apprennent que la diminution des crédits de $1
523 000 cette année est faite en raison surtout de la terminaison au
début de l'exercice 1976/77 du programme spécial d'assistance aux
immigrants vietnamiens. En ce qui me concerne, je n'ai jamais entendu parler de
ce programme spécial d'assistance aux immigrants. Peut-être que
j'écoutais et que je regardais ailleurs lorsqu'on nous en a
parlé, mais je ne l'ai vu nulle part, ni à l'Assemblée
nationale, ni dans les journaux. Personnellement, cela me surprend un peu,
lorsqu'il s'agit surtout d'une somme de l'ordre de $1,5 million, ce qui
représente à toutes fins pratiques 15% du budget du
ministère. Nous sommes encore bien davantage surpris aujourd'hui quand
nous reprenons certains propos du ministre du temps.
En effet, le Soleil du 8 avril 1975 rapporte, à la page A-18 les
propos suivants: "Le ministre de l'Immigration du Québec, M. Jean
Bienvenue, entretient des doutes sur la moralité de l'opération
visant à transporter en Amérique, aux Etats-Unis, au Canada ou au
Québec, des millions d'orphelins sudvietnamiens. C'est ce que nous a
déclaré hier après-midi l'attaché de presse du
ministre, M. Claude Péloquin un autre qu'on ne peut pas engueuler
parce qu'il n'est pas ici aujourd'hui, mais on ne l'engueulerait pas
ajoutant que le ministère provincial de l'immigration
préférait assurément ne pas être mêlé
à cette affaire. "Nous n'avons pas eu de contact avec le
fédéral. On n'est pas dans la partie, nous n'avons pas
été consultés, on ne sait pas combien d'orphelins
aboutiront dans la province de Québec. On ne sait pas combien de parents
québécois se sont portés volontaires à l'adoption,
le fédéral n'a pas requis notre opinion, je n'ai aucune
espèce d'idée je présume que c'est toujours M.
Péloquin qui parle sur le sort qui est réservé
à ces enfants à leur arrivée au pays. Le ministère
de l'Immigration n'a pas été consulté durant cette
opération et le ministre Bienvenue se demande encore pourquoi le
ministère des Affaires sociales, lui, a été
considéré comme le seul interlocuteur valable par le gouvernement
fédéral pendant que le ministère des Affaires sociales et
le ministère fédéral de l'Immigration
s'échangeaient des télex, le ministre provincial de
l'Immigration, M. Jean Bienvenue, tenu incomunicado par le gouvernement
fédéral, se posait des interrogations sérieuses sur les
avantages à long terme d'une semblable opération". C'est la fin
de la citation rapportée du journal Le Soleil.
Voilà qu'en mars 1976 on apprend que vient de se terminer un
programme d'assistance spéciale aux Vietnamiens au coût de $1,5
million, soit environ 15% du budget du ministère. J'aimerais savoir du
ministre quel était ce programme spécial qui l'a mis en branle,
qui en était responsable au cours de son application, quel était
le rôle réel du ministère des Affaires sociales dans ce
programme, combien de Vietnamiens ont été admis suite à
une autorisation réelle du ministère de l'Immigration du
Québec.
Parmi ces Vietnamiens, il y avait, je dois le mentionner, le
général Dang Van Quang, soupçonné de traffic
international de stupéfiants, considéré par le ministre
Andras comme une personne indésirable, mais néanmoins admise au
Québec grâce à un permis ministériel
fédéral. Ce personnage a été admis au Québec
en mai 1975 et s'y trouve encore, selon nos informations.
J'ai d'autres questions. Voulez-vous que je vous les pose toutes d'un
coup? Etant donné que j'ai déjà remis le texte de mes
questions au ministre, peut-être que je peux passer à travers
toutes les autres questions.
Le ministère a-t-il procédé au recrutement de M.
Quang? Le ministère a-t-il décidé de l'expulser? Est-on
intervenu auprès du ministre Andras relativement au problème de
M. Quang? Le ministère possède-t-il au moins le dossier de M.
Quang? Le permis ministériel de M. Quang lui a été
retiré en
juillet 1975 et un ordre fédéral de déportation a
été émis contre lui, à la même date. Le
ministère a-t-il au moins prié le gouvernement
fédéral de respecter ses propres décisions? Et finalement,
qu'entend faire le ministre actuel face à ce candidat
indésirable, face au danger de son séjour prolongé au
Québec, qui risque de nuire aux bonnes relations de notre pays avec la
république du Sud-Vietnam?
Vous savez que, dans l'entente Bienvenue-Andras, on a dit qu'il ne
fallait pas choquer, il ne fallait pas énerver le monde, relativement
aux ententes qu'on pouvait avoir avec d'autres pays, nous autres, les petits
gars et les petites filles du Québec. Ce sont peut-être des choses
qui méritent d'être examinées actuellement et ce sont des
positions contradictoires.
Le ministre a le texte de mes questions, je lui ai remis...
Mme Bacon: Je vais tenter d'apporter le plus de réponses
possible à ces nombreuses questions.
M. Burns: Je vous suis.
Mme Bacon: D'abord, disons que ce programme destiné aux
Vietnamiens a été préparé après la
défense des crédits. Quand on considère la somme de $1 523
000, on pourrait retrouver un montant d'environ $913 200 qui était
nettement destiné aux Vietnamiens et un autre montant de $535 600 pour
la convention collective.
Il s'agit d'un programme d'enseignement du français, des
principaux éléments de la vie québécoise, d'une
durée de 30 semaines. Il ne s'agissait pas du tout d'accueil aux
orphelins. Ce programme était destiné nettement aux adultes. Le
ministère de l'Immigration du Québec était responsable de
l'application de ce programme spécial, de la même façon
qu'il est responsable du programme des COFI.
Le ministère des Affaires sociales n'était pas partenaire
dans ce programme puisqu'il s'agissait surtout d'enseignement du
français. Cela n'avait rien à voir avec le ministère des
Affaires sociales.
Environ 5000 Vietnamiens ont été admis au Québec et
ce mouvement de réfugiés s'est fait avant la signature de
l'entente And ras-Bienvenue.
M. Burns: C'est effrayant comme certaines choses coïncident.
Il y a du monde qui passe entre deux portes là-dedans, c'est
incroyable.
Mme Bacon: Si vous me permettez de continuer, M. le
Président...
M. Burns: Mais oui. Je m'excuse, madame le ministre.
Mme Bacon: Le Québec a accompagné le
fédéral à l'île de Guam et au camp de Pendleton en
Californie pendant une certaine partie de l'opération. Les agents du
Québec n'ont donc pas rencontré tous les candidats qui
désiraient alors s'établir au Québec. C'est ainsi que le
Québec n'a pas eu connaissance de la demande d'immigration du
général Quang qui émanait d'un autre endroit que Pendleton
ou l'île de Guam et les agents québécois n'étaient
pas présents à cet endroit. Il n'appartient donc pas au
Québec d'expulser le général, mais au gouvernement
fédéral.
Mon ministère a fait savoir au ministre Andras qu'il
désirait que cette question soit réglée dans les meilleurs
délais possibles et il est évident que je me propose
moi-même, à ma prochaine rencontre avec le ministre Andras, de
discuter de toute cette question ou de tout ce problème.
M. Burns: Vous êtes intervenue relativement à M.
Dang Van Quang?
Mme Bacon: Je le fais la semaine prochaine.
M. Burns: Vous le faites?
Mme Bacon: Oui.
M. Burns: Cela n'a pas été fait encore?
Mme Bacon: Par moi, non. Je pense que cela répond à
pas mal toutes les questions.
M. Burns: A pas mal toutes les questions. C'est-à-dire
que, dans votre dernière réponse, vous répondez à
quatre questions. Evidemment, il s'agit de quatre questions relativement au
général Quang.
Mme Bacon: Ce sujet est à l'ordre du jour de la rencontre
prévue pour le 25 mai.
M. Burns: Vous n'aurez pas d'objection, même si les
crédits du ministère sont terminés à ce
moment-là, parce qu'on ne continuera pas à siéger encore
pendant les deux prochaines semaines à l'études des
crédits du ministère de l'Immigration, à moins qu'il
n'arrive quelque chose de bien spécial qui nous empêche de
terminer. Vous n'aurez pas d'objection, à ce moment, à
répondre à une question en Chambre, par la suite de votre
rencontre avec votre homologue fédéral.
Mme Bacon: Non, je donnerai la réponse à ce
moment.
M. Burns: D'accord. Toujours dans ce domaine, j'aurais une
question relativement à la main-d'oeuvre, M. le Président. Il est
sûr qu'un des problèmes majeurs des immigrants arrivant au
Québec est celui de se procurer un emploi. Je sais qu'il y a un service
d'accueil aux immigrants. Je sais que ce service semble être en train de
se roder, de façon très sérieuse. Je sais, en tout cas,
que l'ancien ministre probablement que l'actuel ministre va poursuivre
sa politique là-dessus considérait ce service d'accueil
aux immigrants, une fois arrivés au Québec, comme très
important.
Ce que je voudrais savoir, de façon beaucoup plus
spécifique, c'est comment le ministère est-il
équipé pour fournir, pour répondre à ces
demandes, concernant la main-d'oeuvre des immigrants? Combien d'employés
du ministère sont affectés à cette fonction? Combien
d'immigrants s'adressent, chaque semaine, en moyenne, au ministère,
à cause de problèmes de main-d'oeuvre? A-t-on des chiffres
comparatifs du nombre d'immigrants qui s'adressent au centre de placement des
immigrants du gouvernement fédéral, rue Atwater, à
Montréal, par rapport à ceux qui s'adressent à votre
service, rue McGill, à Montréal? Le ministère
possède-t-il le tableau des besoins de main-d'oeuvre du Québec?
C'est très important, je pense. Cela peut passer pour une question
anodine, au cours de l'examen de ce problème de la main-d'oeuvre
immigrante, mais j'ai toujours pensé qu'une des aberrations les plus
fondamentales au Québec, c'était qu'on ne savait pas, à
moins que le ministre me dise qu'on les a déjà, quels
étaient les besoins de la main-d'oeuvre, eu égard à la
nouvelle main-d'oeuvre qui arrive sur le marché, venant de nos
écoles québécoises, de nos CEGEP québécois,
etc., de nos besoins par rapport à l'expansion des entreprises, etc.
Cela pourrait être une discussion très longue, quitte à ce
que j'y revienne en question supplémentaire.
J'insiste sur cette question, parce que je la trouve
particulièrement importante. Finalement, sur ce point de la
main-d'oeuvre, le ministère a-t-il un plan de collaboration avec le
ministère québécois du Travail et de la Main-d'oeuvre?
Mme Bacon: M. le Président, le service de l'emploi compte
26 postes au ministère de l'Immigration du Québec. La fonction de
ce service, est une fonction permanente de placer les immigrants. Si l'on
considère qu'il en a placé environ 1595, l'an dernier, ce n'est
pas négligeable, je pense, comparativement au nombre d'immigrants qui
entrent ici au Québec, car, souvent, les immigrants nous arrivent,
après n'avoir rien trouvé, soit au CMC ou, au niveau
québécois, aux Centres de main-d'oeuvre du Québec. Il y a
une prospection intense du marché du travail qui nous permet d'obtenir
ce résultat, d'avoir obtenu 1595 emplois, l'an dernier.
M. Burns: Je m'excuse, madame. Est-ce qu'on vous... C'est une
question que je me suis toujours posée, qui relève de cette
première... Est-ce que, au ministère de l'Immigration, vous avez
souvent des demandes venant d'employeurs québécois? Est-ce qu'on
vous indique les besoins qu'on a, mis a part le fait... Je vous demande de ne
pas considérer ou de mettre de côté les cas de professions
j'oublie le terme encore, l'épithète
désignées qui, déjà, évidemment, sont
à votre connaissance, sont inscrites de trois mois à trois mois
dans votre système.
Je vous parle d'autres emplois. Par exemple, un emploi de journalier,
actuellement je pense que ce n'est pas nécessairement quelque chose
où il y a un sous-emploi incroyable. C'est un des endroits où,
effectivement, il y a toujours des gens qui sont capables de remplir ce poste.
Mais, dans des cas comme ceux-là ou des cas qui ne sont pas des emplois
désignés, est-ce que vous avez des approches qui sont faites par
des employeurs québécois, pour vous dire, si jamais il y a des
immigrants, nous autres, on est prêt à les recevoir, parce que,
dans tel ou tel domaine, outre les emplois désignés, nous sommes
prêts à en embaucher?
Mme Bacon: Oui, il arrive que les employeurs
québécois font la demande directement au ministère de
l'Immigration du Québec. Nous tentons de créer, avec les
employeurs, les liens les plus étroits possibles, pour trouver les
immigrants qui seraient susceptibles d'assumer ces emplois ou de combler ces
postes et, en même temps, pour trouver aussi de l'emploi aux immigrants
qui viennent en demander à notre service.
Il y a aussi certaines demandes qui sont dirigées vers notre
service à l'étranger où nous pouvons, dans le recrutement
que nous faisons ou dans les différents postes à
l'étranger, faire davantage pour aider ces employeurs. Tout cela doit
être créé par un lien très étroit entre notre
service de l'emploi, les employeurs et, évidemment, les immigrants qui
arrivent ici au Québec. Quant au nombre des immigrants qui s'adressent
à notre ministère chaque semaine, je pense qu'on pourrait donner
un chiffre global, c'est de l'ordre de 335 par mois. On n'a pas de chiffre
comparatif du nombre d'immigrants qui s'adressent au niveau
fédéral et de ceux qui s'adressent au niveau provincial. Il est
évident que le ministère tente de tracer des statistiques du
mieux qu'il peut et en tenant compte des travaux du fédéral.
Evidemment, il y a une série de statistiques sur les postes vacants, il
y a les travaux du Conseil économique, du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de l'Immigration, il y a également les travaux du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, qui ont des services
semblables. En plus, il y a deux personnes...
M. Burns: Je ne veux pas vous contredire, Mme le ministre, mais
êtes-vous bien certaine qu'au ministère du Travail, on a...
Mme Bacon: C'est différent, puisque les immigrants
viennent souvent nous revoir...
M. Burns: Pardon?
Mme Bacon: Je l'ai mentionné tantôt, ceux qui n'ont
pas d'emploi, qui ont tenté d'avoir un emploi au niveau
fédéral et au niveau provincial de la main-d'oeuvre, viennent
chez nous pour trouver des emplois. Alors, c'est...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le
député de Saint-François.
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président...
M. Déziel: Sur la même question.
M. Burns: ... si le député de
Saint-François
veut me permettre tout simplement, il n'y a pas de problème pour
qu'il embarque dans cette situation, seulement un point précis...
Mme Bacon: Quant au tableau des besoins, je pense qu'il est assez
difficile de l'établir on essaie autant que possible d'être
fidèle à la situation, mais je pense que...
M. Burns: Oui, mais est-ce que le ministre ne croit pas que c'est
une chose essentielle actuellement pour des ministères clés en
matière d'embauche tels que le ministère de l'Immigration et le
ministère pour l'aspect de la main-d'oeuvre, en tout cas
du Travail et de la Main-d Oeuvre?
Mme Bacon: Oui.
M. Burns: Est-ce que le ministre doit faire des
représentations ou a fait des représentations relativement
à cela, pour ces statistiques? J'ose affirmer, Mme le ministre, et
j'aimerais que vous me contredisiez là-dessus, qu'actuellement au
Québec, on a des statisques tout à fait imparfaites qui nous
viennent de Statistique Canada, relativement à l'emploi, qui ne tiennent
pas compte des besoins de main-d'oeuvre, qui ne tiennent pas compte, entre
autres, des gens ou, si vous voulez, du flot de personnes qui arrivent sur le
marché de la main-d'oeuvre, je pense, entre autres, aux
étudiants? Je pense il y en a de plus en plus aux "drop
outs", au niveau scolaire qui, avant terme, arrivent sur le marché du
travail. Je pense aux gens qui perdent des emplois à cause de la
fermeture d'entreprises, etc. Vous avez possiblement un certain nombre
d'entreprises dont on nous annonce régulièrement qu'elles vont
fermer. Je pense également aux besoins qui sont créés dans
une entreprise en voie d'expansion, etc. Pour tout cela, il n'y a pas, en
somme, de véritable inventaire de la main-d'oeuvre au Québec. Je
trouve qu'entre autres, le ministère de l'Education, le ministère
de l'Immigration, le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre sont
trois ministères particulièrement intéressés
à cela. C'est évident que si on laisse à chacun le soin de
le faire, ce ne sera jamais fait, parce que cela ne sera et chaque
ministère va être découragé de le faire
jamais complet. Cela veut dire qu'il a besoin, appelons-le ainsi, d'un
comité interministériel à ce niveau ou, en tout cas, d'un
système de collaboration avec ces trois ministères de
façon latérale pour en arriver à cela. Je considère
que c'est absolument essentiel.
Je ne sais pas si le ministre partage mes vues là-dessus ou
non.
Mme Bacon: Je suis tout à fait d'accord avec le
député de Maisonneuve. Il est évident qu'on n'a pas de
statistiques bien précises. C'est un peu pour cela que je mentionnais
tout à l'heure la priorité que j'accordais à notre
direction, à notre service de recherche. Nous avons deux personnes de la
direction de la recherche qui sont présentement au travail sur tout ce
problème. Il est évident que quand on commpare cela aux 300
personnes au niveau fédéral, c'est bien minime. Tout de
même, je pense que cela peut faire avancer ce dossier. C'est quand
même une étape que nous tenterons de franchir, à savoir que
certaines statistiques qui nous sont fournies par d'autres milieux ou à
d'autres niveaux pourront être explorées davantage par notre
service de recherche, mais nous devons nous-mêmes nous pencher sur ce
problème.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le
député de Saint-François, qui nous a indiqué que
c'était une question sur le même sujet, puis le
député de Mille-Iles.
M. Déziel: C'est ça.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): L'honorable
député de Saint-François.
M. Déziel: Mme le ministre, concernant la
répartition des travailleurs, on retrouve un point, à savoir
qu'il y a environ 598 travailleurs dans le domaine du bâtiment. J'ai
déjà eu à orienter quelques immigrants qui sont venus me
rencontrer à mon bureau, et on sait que même si ces immigrants
sont entrepreneurs ou sont spécialistes à l'intérieur de
leurs fonctions dans le pays où ils vivaient auparavant, lorsqu'ils sont
rendus au Québec, ils sont obligés de se recycler au niveau des
qualifications. Le problème majeur est l'émission d'un permis de
travail. Y a-t-il eu, Mme le ministre, une rencontre ou une
représentation qui aurait pu être faite au ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre, de façon à faciliter la
tâche de la possibilité, je dirais, de recevoir un permis de
travail pour ces immigrants qui arrivent au pays et qui sont sans le sou et
réellement pris au dépourvu? Y aurait-il possibilité
d'avoir une réponse à cette question?
Mme Bacon: Le ministère de l'Immigration tente de
coordonner ses travaux avec le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Quant à d'autres professions, nous avons aussi des
rencontres avec l'Office des professions, en vue des cours de recyclage, par
exemple, dans certaines professions.
M. Déziel: Parce que ces gens, Mme le ministre, sont
prêts à se recyler, comprenez-vous, mais le problème, c'est
qu'ils ne peuvent pas obtenir leur permis de travail de l'Office de la
construction.
Mme Bacon: Dès leur arrivée.
M. Déziel: Dès leur arrivée, et le Centre de
main-d'oeuvre ne peut pas se permettre de les placer dans le domaine de la
construction, parce que le permis de travail n'est pas émis. C'est un
gros problème.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Les propos
seront enregistrés au nom du ministre.
Mme Bacon: II y a aussi une distinction à éta-
blir entre les immigrants indépendants et les parrainés ou
les nommément désignés. Si vous êtes un
indépendant depuis octobre 1974, vous n'entrez pas si vous n'êtes
pas déjà dans ce qu'on appelle une profession
désignée. Il y en a une liste comme on en discutait ce matin, par
exemple, qui est révisée à intervalle régulier.
Les cas auxquels vous faites allusion sont vraisemblablement des
parrainés ou des nommément désignés,
c'est-à-dire des gens qui sont venus sans une promesse d'emploi ferme,
et à ce moment, ils ont évidemment un peu plus de
difficulté à se caser dans le milieu du travail.
M. Déziel: Oui, mais dans certains cas, comme un
spécialiste en réfrigération, lorsqu'on l'a
embauché là-bas, lui faisant miroiter le fait qu'il aurait un
emploi et n'aurait aucune difficulté, il arrive ici et est tout
décontenancé de voir qu'il n'y a aucune possibilité
d'avoir accès à sa profession, parce qu'il n'a pas de permis de
travail en conséquence.
Mme Bacon: Est-ce qu'il est arrivé avant octobre 1974?
Est-ce que vous êtes...
M. Déziel: II est arrivé l'an passé, en
1975.
Mme Bacon: S'il est arrivé l'an dernier, normalement, il
ne devait venir qu'à la condition d'avoir une promesse d'emploi
ferme.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): L honorable
député de Mille-Iles.
M. Lachance: Justement, Mme le ministre, je veux en revenir
à une question qui a été posée par le
député de Maisonneuve, et je pense qu'il n'a pas bien
établi l'esprit. C'est entre le ministère de l'Immigration
c'est suite au discours inaugural et le ministère du Travail et
de la Main-d'oeuvre, y a-t-il un mécanisme de coordination
d'établi entre les deux ministères, concernant la main-d'oeuvre?
C'est un peu ça, je pense, l'esprit de la question du
député de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a un mécanisme
d'établi entre les deux?
Mme Bacon:... si le député de Mille-Iles me le
permet, nous avons une série de questions. Je pense que le
député de Maisonneuve a sûrement en tête... Il nous a
mentionné tantôt qu'il poserait des questions concernant la
main-d'oeuvre. On pourra peut-être y revenir au moment où
j'apporterai des...
M. Lachance: C'est relatif à une question qu'il vient
justement de poser. L'esprit de la question qu'il a posée, ça
revient à ça.
M. Burns: Je pense que le député de Mille-Iles vous
demande l'aspect collaboration entre les deux ministères...
Mme Bacon: Entre les deux ministères.
M. Lachance: Entre les deux ministères, s'il y a un
mécanisme.
M. Burns: ... alors que moi, je vous demandais s'il y a un
inventaire total de...
M. Lachance: Un mécanisme de coordination entre les deux
concernant la main-d'oeuvre.
M. Burns: Je pense que ça se rejoint comme question.
Mme Bacon: ... un comité de travail.
M. Lachance: C'est l'esprit de la question.
Mme Bacon: II y a un comité de travail au niveau des deux
ministères sur les professions désignées. Les gens
siègent assez régulièrement à ce comité de
travail pour discuter de ces problèmes.
M. Lachance: Le livre brun? Est-ce que c'était cela?
Mme Bacon: Non.
M. Lachance: Je sais qu'on a parlé, à un certain
moment...
Mme Bacon: C'est un comité de travail qui a
été formé, un comité interministériel qui a
été formé.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Sur les travailleurs qui ont trouvé de
l'emploi en 1975, avez-vous un dossier sur ces gens? Suivez-vous leur
évolution? Savez-vous, par exemple, s'ils sont encore dans la province,
actuellement, et s'ils travaillent encore?
Mme Bacon: J'ai les renseignements au ministère, mais je
ne les ai pas ici. Je ne peux vous les donner.
M. Saint-Germain: Non, mais dans vos dossiers, tout de
même...
Mme Bacon: Oui.
M. Saint-Germain: ... pouvez-vous dire qu'il y a un pourcentage
de tant de travailleurs qui vont quitter la province après un an, deux
ans, trois ans? Ceux qui y demeurent constamment ou longuement?
Mme Bacon: II y a possibilité d'un "suivi", mais ici
même, je n'ai pas...
M. Saint-Germain: Mais au ministère, vous l'avez tout de
même?
Mme Bacon: Oui.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Burns: M. le ministre, je trouve que c'est une très
bonne question...
Mme Bacon: Oui.
M. Burns: ... soit dit en passant, mais pour l'ensemble
également des immigrants.
Mme Bacon: Oui.
M. Burns: J'avais suggéré, dans des conversations
privées avec votre prédécesseur, le ministre de
l'Immigration du temps, de voir à trouver un mécanisme de
collaboration avec le gouvernement fédéral pendant qu'on y est et
tant et aussi longtemps qu'on en sera, et de voir exactement, au niveau de
l'acquisition de la citoyenneté, parce que c'est l'autre gouvernement
qui a les statistiques relativement à cela, et d'essayer de faire un
parallèle par rapport aux services que nous donnons par le
ministère de l'Immigration du Québec, soit au niveau de
l'accueil, au niveau même... Remarquez que cela peut peut-être
demander, au départ, un travail énorme, mais je me demande si
cela ne serait pas très utile justement, dans le sens que le
député de Jacques-Cartier mentionne pour en arriver
à savoir exactement ce qui arrive aux immigrants qui passent entre les
mains du ministère de l'Immigration du Québec et qui,
éventuellement, peut-être, se retrouvent à Vancouver
après deux ans.
Comme vous le savez, dans le système de pointage auquel je
faisais référence ce matin, les endroits choisis par l'immigrant
sont un élément de pointage aussi, c'est-à-dire que, si
quelqu'un décide de s'en aller à Toronto, actuellement, cela
donne plus de points que de s'en aller à Sainte-Tite-des-Caps et, si un
immigrant italien décide de s'en aller à Saint-Tite-des-Caps,
là-dessus, il aura zéro au point de vue du pointage alors que,
s'il s'en va à Toronto, il a de fortes chances d'avoir cinq points, ce
qui va l'aider à acquérir...
Alors, quelqu'un qui a le moindrement de connaissances dans ce domaine
se rendra compte que c'est mieux de dire qu'on s'en va à Toronto que de
s'en aller à Saint-Tite-des-Caps et cela vaudrait la peine par... Et
l'inverse est vrai. Quelqu'un peut peut-être dire qu'il s'en va à
Loui-seville pour travailler dans les usines de textile, ce qui lui donne plus
de points que de dire qu'il s'en va à Montmagny et ce sont des
choses...
Si on avait un système de statistiques relativement à
cela, tant au point de vue de la main-d'oeuvre qu'au point de vue de
l'immigrant une fois arrivé et une fois canadianisé par le
système de nationalisation ou de... Comment appelle-t-on cela?
M. Lachance: Suite... est-ce qu'on les suit? C'est cela?
M. Burns: Oui, c'est cela.
Mme Bacon: II y a quand même chez les immigrants une
mobilité dans la main-d'oeuvre et souvent un immigrant qui arrive au
Québec peut déménager très facilement dans une
autre province et, à ce moment, c'est presque impossible pour nous de
pouvoir le suivre, à moins qu'il ne revienne au ministère de
l'Immigration et...
M. Burns: Au moment où il obtient sa citoyenneté
canadienne, cela serait une espèce il me semble, en tout
cas...
Mme Bacon: Pour faire une comparaison avec l'arrivée.
M. Burns: ...que c'est l'endroit le plus facile pour faire un
test pilote. Je veux dire: II y a tel monsieur qui est entré il y a cinq
ans ou il y a six ans ou il y a sept ans, peu importe s'il attend plus de temps
que ces cinq ans requis, tel monsieur ou telle madame est arrivée ici
et, maintenant, on sait qu'elle est rendue à tel endroit.
Il y a moyen d'essayer de suivre si l'immigrant qui est arrivé
à Montréal pour s'installer à Sorel, à un certain
moment, est encore à Sorel ou si cette personne n'est pas rendue
à Baie-Comeau, actuellement.
Ce sont des choses tout à fait vérifiables, si vous aviez
une espèce de collaboration au niveau de la citoyenneté au
fédéral.
Mme Bacon: Cela rejoint aussi une préoccupation du
ministère, parce que non seulement on a, comme préoccupation,
l'immigration, mais l'émigration aussi, qui vaut autant pour les
Québécois d'origine, que les immigrants.
M. Burns: C'est cela, oui.
Mme Bacon: Je pense qu'à ce moment-là c'est une des
préoccupations du ministère. Il faudrait peut-être
prévoir certains mécanismes. La suggestion du
député de Maisonneuve est fort valable et on pourrait
prévoir certains mécanismes, établir des comparaisons,
peut-être, entre le métier ou la profession qui est exercée
à l'arrivée, après cinq ans où normalement, au
moment de l'obtention de la citoyenneté.
M. Burns: Remarquez que, si vous voulez faire un bon boulot dans
ce domaine, il va falloir convaincre vos collègues du Conseil des
ministres de vous donner des crédits un peu plus respectables que ceux
qu'ils vous accordent actuellement.
M. Bacon: J'ai d'ailleurs répondu que je n'étais
pas satisfaite...
M. Burns: Passons, cela fait assez de fois que je le dis, vous
allez penser que je commence à radoter.
Je vous ai posé un certain nombre de questions relativement
à la main-d'oeuvre tout à l'heure. Je pourrais peut-être
vous poser, mais de façon plus concise, toutes les mêmes questions
relativement au service de l'habitation. D'abord, est-ce que ce sont les
mêmes personnes qui s'occupent du placement des immigrants que ceux qui
s'occupent du logement des immigrants? Si oui, à ce moment-là,
les réponses que vous m'avez fai-
tes, quant à l'élément précédent,
pourraient valoir, j'imagine, pour le placement au niveau du logement des
immigrants.
Mme Bacon: Ce n'est pas le même service qui traite des
problèmes d'habitation. Nous avons un fonds assez minime de
dépannage et c'est le secrétariat du ministère, qui traite
de ce que nous appelons les cas spéciaux, qui fournit souvent une
assistance aux immigrants qui ont des problèmes de logement. Notre
action s'arrête à peu près à ce dépannage que
nous offrons par le service du secrétariat. Nous ne sommes pas
très actifs au niveau de ce que l'on pourrait appeler la formulation
d'une politique de l'habitation. Je ne pense pas que ce soit à nous de
le faire. Ce que nous tentons de faire, c'est justement de dépanner les
immigrants par ce fonds spécial ou de traiter un à un les cas
spéciaux qui nous sont référés au ministère.
C'est la seule action que nous entreprenons concernant l'habitation.
M. Burns: Vous avez combien de personnes affectées
directement à cela? Il n'y en a pas directement...
Mme Bacon: Au secrétariat il y a quatre personnes.
M. Burns: Est-ce que la demande est très forte
là-dessus? Est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y a des immigrants qui
sont l'objet d'une rebuffade de la part du ministère de l'Immigration du
Québec? C'est absolument incroyable je vous mentionne cela en
passant le nombre d'immigrants qui, très souvent, de façon
surprenante, considèrent le ministère de l'Immigration du
Québec comme étant le ministère auquel ils doivent, en
priorité, s'adresser. La frustration qu'ils subissent est absolument
incroyable. Ce matin, je me disais très heureux de l'annonce que le
ministre faisait du nouveau poste créé à Milan. Un grand
nombre d'immigrants italiens à Montréal, qui sont arrivés,
mais qui ont encore des parents dans la région de Milan et au nord, nous
ont dit: Ce n'est pas possible de ne pas avoir un officier en poste à
Milan... Je sais que le chef de l'Opposition a reçu
énormément de représentations là-dessus. J'en ai
reçu personnellement, également. Je pense que le
député de Saint-Jacques et le député de Lafontaine
devraient, en principe, en avoir. Je ne peux pas vous dire qu'ils en ont
reçu, mais ils devraient, en principe, en avoir reçu, parce que
cela semble tellement généralisé dans Montréal, ce
phénomène. Vous avez l'Italien qui maintenant est en voie
d'acquérir sa citoyenneté canadienne à Montréal et
qui sait qu'il a des parents qui veulent s'adresser à notre bureau
à Milan, pour eux, c'est la façon d'entrer au Québec. Ils
s'en viennent au Québec, ils veulent s'adresser au ministère de
l'Immigration du Québec. C'est particulièrement important qu'on
se rende compte de ce phénomène. Si on reconnaît le
phénomène, cela veut dire qu'il faut absolument faire autre chose
que ce qu'on fait actuellement et dire: Malheureusement, on a seule- ment un ou
deux postes de gens qui s'occupent, entre autres, de placer les gens au point
de vue de logement, etc.
Pour placer les gens au point de vue de la main-d'oeuvre, on a 26 postes
apparamment. Tant mieux s'il peut y en avoir plus. Je voudrais que le ministre
soit très conscient de cela.
Mme Bacon: En plus du service de secrétariat du
ministère, il y a aussi le service d'accueil aux immigrants. Il y a un
service d'hôtesses à Mirabel qui accueillent les immigrants et qui
répondent souvent en partie aux besoins immédiats d'un immigrant
qui arrive. Il y a le ministère des Affaires sociales aussi, qui donne
le service d'accueil aux voyageurs immigrants, ce qu'on appelle le SAVI. C'est
un service qui ressemble un peu à ce service qu'on pourrait offrir. Nous
avons en plus du secrétariat, les hôtesses qui sont à
Mirabel et qui répondent en grande partie aux besoins immédiats
dès l'arrivée d'un immigrant.
M. Burns: Elles font quoi, comme accueil?
Mme Bacon: C'est un peu aussi ce dépannage de
l'immigrant.
M. Burns: L'hôtesse à Mirabel ne trouvera pas un
logement pour l'immigrant ou l'immigrante qui descend de l'avion.
Mme Bacon: L'hôtesse travaille en étroite
collaboration avec le secrétariat du ministère.
M. Burns: Si on passait toujours dans ce domaine, mais sur un
autre sujet, Mme le ministre, à moins que quelqu'un d'autre ait une
question là-dessus.
Par votre document qui nous a été déposé ce
matin, vous avez répondu à un certain nombre de mes questions. Je
vais éviter de vous les poser; vous m'avez précédé
là-dessus. Cependant, relativement aux subventions, j'aimerais savoir si
le Centre d information et de recherches pour immigrants, c'est-à-dire
le CIRI, a fait des demandes auprès du ministère et quelles
réponses ont été données à ces demandes. Je
n'ai pas à expliquer longtemps, mais je suis convaincu que le ministre
sait, que par le biais d'un projet PIL, un projet d'initiatives locales, des
gens du CIRI, en collaboration avec des experts ont appliqué un
questionnaire à 3000 immigrants de treize groupes ethniques
différents. Le fédéral avait attribué $48 000 pour
faire effectuer cette recherce. Nous avons une copie du questionnaire de 27
pays et nous avons la très forte impression que ces 3000 questionnaires
remplis contiennent une quantité, une qualité surtout,
extraordinaire de renseignements qui pourraient très largement
contribuer à orienter la politique de l'immigration du Québec.
C'est dans ce sens que je pense que le ministère devrait collaborer au
travail du CIRI.
Simplement pour vous le mentionner rapidement, des groupes qui sont
actuellement à étudier via ce questionnaire, sont des groupes
syrien, li-
banais, espagnol, arabe, hispano-américain, italien, portugais,
haïtien, arménien, grec, plus les groupes québécois
francophone et anglophone, puis canadien, en tant que groupes
témoins.
Cette masse de données n'a pas été compilée
faute de moyens financiers. C'est cela le problème particulier en ce
moment. C'est une espèce de banque d'information. Je voudrais savoir,
relativement au CIRI, si des demandes d'aides ont été faites
à votre ministère. Quelle a été la réponse
du ministère? En somme, comment envisagez-vous utiliser cette banque qui
est à votre disposition?
Mme Bacon: Le CIRI a fait, comme bien d'autres organismes, une
demande de subvention au ministère. Nous étudions
présentement cette demande. Evidemment, nous tenterons de donner une
réponse le plus tôt possible à cette demande. Dans les
prochains jours, nous étudierons, à leur mérite, les
demandes de subventions qui sont nombreuses, comparativement au montant que
nous pouvons donner en subventions.
On pourrait donner des chiffres.
Aujourd'hui on a des demandes de subventions pour $800 000 et nous avons
un budget de $300 000 que nous pouvons accorder en subventions aux
différents organismes qui font appel au ministère.
C'est dire qu'il est évident que le CIRI sera
considéré, comme d'autres organismes, et la valeur des travaux du
CIRI sera aussi prise en considération au moment où nous
accorderons les subventions.
M. Burns: Est-ce que le ministre a pris connaissance du
questionnaire ou peut-être que ses fonctionnaires ont pris connaissance
du questionnaire du CIRI?
Mme Bacon: Oui, cela a été analysé par les
fonctionnaires du ministère.
M. Burns: Est-ce que le ministre considère que la banque
de données qui peut sortir de cela puisse être d'une certaine
utilité pour le ministère?
Mme Bacon: Fort impressionnante et surtout très utile.
M. Burns: Alors, cela veut dire que la demande sera très
sérieusement considérée. Est-ce que le ministre peut me
donner une vague indication de la date à laquelle elle sera prête
à nous donner une réponse relativement à cette demande de
subvention?
Mme Bacon: D'ici deux semaines.
M. Burns: D'ici deux semaines. Alors, d'ici deux semaines, je
pense que le ministre...
Mme Bacon: II y aura peut-être une question en Chambre?
M. Burns: II y aura peut-être une question en
Chambre. C'est que, dans mon entourage, on me soufflait: Est-ce qu'on
peut l'annoncer tout de suite?
Mme Bacon: Non. J'annonce rarement une subvention avant qu'elle
soit accordée.
M. Burns: II y a tellement de mauvaises habitudes qui ont
été prises par les députés libéraux, dont
celle d'annoncer...
M. Lachance: Les séparatistes aussi.
M. Burns: Qu'est-ce qu'ils ont donc? Mon Dieu, ils sont bien
nerveux. C'est une mauvaise habitude, il n'y a rien d'illégal dans cela.
Mais il y a une mauvaise habitude qui a été prise par les
députés libéraux d'annoncer des subventions statutaires
dans leur comté, comme si c'était eux qui les payaient de leur
poche.
M. Lachance: Vous le faites vous aussi.
M. Burns: Pour une fois que je pourrais dire publiquement que je
ne paie pas de ma poche une certaine subvention, mais qu'on a réussi
je ne le dis pas méchamment à réveiller le
ministre relativement à un certain problème, cela me ferait
plaisir de pouvoir le dire.
Mme Bacon: Pas réveiller, mais sensibiliser. Je pense
même que le ministre était déjà sensibilisé
au problème...
M. Burns: Donc, je ne l'ai pas sensibilisé, mais je l'ai
peut-être réveillé.
Mme Bacon: Non, j'étais déjà
sensibilisée au problème, je l'ai dit tantôt. Quand on
considère le montant de $800 000 dans l'ensemble des subventions qui
nous sont demandées et le montant de $300 000 que nous pouvons offrir,
le député de Maisonneuve comprendra qu'on doive quand même
étudier chacune des demandes de subvention avec beaucoup de
sérieux et apporter le plus de justice possible dans la distribution des
subventions.
M. Burns: Vous voyez quand même cette demande d'un
très bon oeil, eu égard au travail sérieux que ce groupe
fait, sans vous...
Mme Bacon: Je pourrais même dire que si jamais nous
entrions en possession des résultats de l'enquête, on pourrait en
faire parvenir une copie au député de Maisonneuve.
M. Burns: Je l'apprécierais beaucoup. Mais, avant cela, il
faut qu'un certain autre travail soit fait entre les deux et ils ont besoin
d'assistance pour y arriver.
En tout cas, je tiens pour acquis... Dernier point, madame le ministre.
Je vais essayer d'être bref. Je pourrais vous citer de longs extraits,
mais je vais quand même m'en payer une couple. Je
pourrais vous citer de fort longs extraits de ce que votre
prédécesseur a dit relativement au ministère de la
population et de l'immigration.
Simplement dans le but de situer le problème et surtout du fait
que, ce matin, vous nous avez dit que, d'ici quelques mois, nous aurions
à prendre connaissance d'un projet de loi dans ce sens-là,
j'aimerais tout simplement vous référer à un extrait du
discours inaugural du 18 mars 1975. Cela fait un an de cela, mais il y a
tellement de choses qui ont été dites dans ce discours et qui ont
été redites dans le discours de cette année, certaines ont
été diluées dans le discours de cette année,
certaines autres n'ont même pas été
répétées dans le discours de cette année, que
j'essaie de nous situer par rapport à ce futur ministère de la
population et de l'immigration.
Dans le discours du 18 mars 1975, on lisait ceci: "L'immigration est un
problème qui dépasse le strict champ culturel. Elle s'inscrit, en
fait, au coeur de la politique démographique d'une
société. Une intense recherche débouchera sur la
publication d'un livre blanc sur les ressources humaines." Remarquez que je ne
l'ai pas vu encore. Cela fait un an de cela et je n'ai pas vu encore le livre
blanc, concernant les ressources humaines.
Peut-être que le ministre a quelque chose de spécial
à nous annoncer, relativement à cela. Il va peut-être me
dire: Le député de Maisonneuve fait de la démagogie, cela
n'a pas de bon sens. Je vais déposer mon livre blanc la semaine
prochaine.
Si c'est le cas, je vais prendre ma pilule et je vais l'accepter. "Ce
livre blanc continuait le discours inaugural servira de base
à une large consultation populaire, dans le cadre d'une commission
parlementaire de cette Assemblée." On en a parlé ce matin. Je n'y
reviens pas. Le ministre qui précédait l'actuel ministre a fait
des promesses bibliques et des prophéties que nous avons décrites
ce matin. On a réglé le problème entre nous. Le discours
continuait ainsi: "Vous serez ainsi appelés à élargir le
mandat du ministère de l'Immigration, le situant dans le cadre plus
vaste des ressources humaines qui relie étroitement les problèmes
de population, de main-d'oeuvre et d'immigration."
Dans le discours inaugural, cette année, c'est également
un des rares cas où on revenait à la charge. Cela veut dire que
ce doit être sérieux. J'espère qu'on ne reviendra pas
l'année prochaine, en 1977, avec un autre énoncé
semblable. Mais, cette année, on disait, le 16 mars 1976:
"L'évolution démographique du Québec, tout autant que les
problèmes d'adaptation de l'individu et de la famille aux changements
technologiques, soulève le problème fondamental des ressources
humaines de la collectivité. Le gouvernement se propose de
reconnaître cette nouvelle dimension de la réalité
politique en nous présentant un projet de loi qui élargira
remarquez que la phraséologie est tout à fait semblable; je me
demande même si on ne l'a pas copiée; cela me fait de la peine que
M. Jean-Claude Rivest, qui assistait à nos débats, tout à
l'heure, ne soit pas ici pour nous écouter, parce que j'ai l'impression
qu'il a son mot à dire dans la rédaction de ces textes le
mandat du ministère de l'Immigration pour en faire un ministère
de la population et de l'immigration. Le gouvernement compte également
pour continuer le discours organiser sur une base plus
fonctionnelle les instruments de compilation, de recherche et d'analyse des
données démographiques."
Je cesse là mes citations. Je demande simplement au ministre, vu
l'annonce qu'elle nous a faite ce matin que, d'ici environ deux ou trois mois,
nous aurions le dépôt de trois projets de loi, dont l'un
concernant ce sujet, si le ministre peut nous dire, dès maintenant, sans
révéler des secrets de cabinet, bien évidemment je
n'ai pas l'intention de lui faire manquer à son serment d'office
s'il y a possibilité, à ce stade-ci, de nous donner les grandes
lignes d'une telle loi? Entre autres, et plus particulièrement, quels
domaines seraient visés par cette espèce de ministère qui,
je présume, serait un ministère qui chapeauterait d'autres
juridictions existantes, actuellement, au Québec, dont l'immigration,
et, possiblement, certains éléments, si je le comprends bien, du
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre cela pourrait
répondre à une question que je vous ai posée tout à
l'heure et certains éléments du ministère des
Affaires sociales? Ceci répondrait également à d'autres
questions que je vous ai posées tout à l'heure.
Je ne sais pas si je vous forcerais à manquer à votre
serment de discrétion à l'endroit des discussions au cabinet,
personnellement, je ne le crois pas, si vous nous donniez simplement les
grandes lignes et les grandes orientations de cette loi.
Mme Bacon: M. le Président, je m'en voudrais de
dévoiler à la commission parlementaire, malgré tout le
respect que j'ai pour la commission parlementaire, les grandes lignes du projet
de loi que je déposerai à l'Assemblée nationale dans les
semaines qui viendront, avant la fin de cette présente session.
M. Burns: A moins que le premier ministre mette fin à la
session rapidement.
Mme Bacon: Ce serait une décision du premier ministre et
non la mienne. J'ai mentionné ce matin que nous déposerions trois
projets de loi, soit une loi sur le ministère de la Population et
l'Immigration, une loi sur le ministère de l'Immigration et une autre
loi créant un conseil consultatif de la population et de l'immigration.
C'est évident que cela touchera à cet aspect démographique
qui est important pour le ministère de l'Immigration et établira
des structures bien précises quant aux responsabilités et aux
pouvoirs du ministre de l'Immigration et à ses devoirs aussi. Alors, je
pense qu'il est assez difficile pour moi de dévoiler entièrement
ou même en partie, mais le député de Maisonneuve le
comprendra,...
M. Burns: J'ai moi-même fait la réserve en vous
posant la question.
Mme Bacon: Tout ce que je peux donner, ce sont les titres de ces
projets de loi.
M. Burns: Est-ce que le ministre, sans dévoiler de secret
du cabinet, peut me dire si, effectivement, des juridictions de d'autres
ministères, comme le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
ou encore des Affaires sociales, pourraient être
transférées à ce futur ministère de la Population
et de l'Immigration?
Mme Bacon: En dehors de ces trois projets de loi, nous
travaillons présentement et j'essaie de peser mes mots, parce que
je ne veux quand même pas dévoiler tous les secrets sur
différents problèmes. Nous tentons d'y trouver des solutions par
de nouveaux projets de loi qui pourraient être déposés
à l'automne, qui touchent, évidemment, le ministère des
Affaires sociales, qui peuvent toucher le ministère de la Justice ou
d'autres ministères. Cela ne fera pas partie des trois projets de loi
que je viens de mentionner, mais cela fera l'objet d'une rédaction
d'autres projets de loi. Nous sommes présentement à travailler,
nous nous penchons sur ces différents projets de loi qui s'ajouteront
aux trois lois que j'ai mentionnées ce matin dans mon exposé, qui
sont des lois qui amènent des structures. Je pense qu'il faut meubler un
peu les structures aussi avec les lois que nous pourrons déposer
à l'automne. On s'est fixé certains délais qui
compléteront...
M. Burns: Est-ce que je dois comprendre que cette loi du
ministère de la Population, entre autres, ne sera pas
nécessairement une loi-cadre dans le sens qu'elle pourra englober
beaucoup plus de terrain qu'on ne l'envisage actuellement. Si le ministre me
dit qu'à l'automne, il prévoit qu'il y aura des amendements
à d'autres lois qui peuvent concerner d'autres ministères,
à ce moment, je suis obligé de dire au ministre que ce n'est cas
ma compréhension d'une loi-cadre.
Mme Bacon: C'est un peu une loi d'organisation parce qu'il faut
quand même mettre des structures en place sans souffrir de structurite.
Ces trois premières lois que nous déposons, sont des lois qui
nous permettent une organisation possible avec des structures que nous mettrons
en place à l'aide de ces lois.
M. Burns: Vous savez que vous me faites bien peur, Mme le
ministre, quand vous me dites...
Mme Bacon: ... de la Loi de l'immigration, qui est tout
autre.
M. Burns: ... une loi pour mettre en place des structures. Moi,
je me rappelle le bill 88, la Loi de l'expropriation, qui est adoptée
depuis deux ans, sinon plus. Le président de la commission, qui est
beaucoup plus familier avec ce domaine, pourrait vous donner probablement la
date exacte, mais la Loi de l'expropriation, en tout cas, est adoptée
depuis au moins deux ans, et il y a encore une partie de la Loi de
l'expropriation qui n'est pas en vigueur.
Mme Bacon: Je fais une réserve sur la loi sur
l'immigration, qui est...
M. Burns: Je vous donne un autre cas, beaucoup plus
récent, le bill 50, la Loi sur les droits de la personne, qu'on appelle
communément le bill des droits de l'homme au Québec, qui vise
également la femme, Mme le ministre, heureusement, mais où vous
avez purement une structure en place, c'est-à-dire que vous avez...
Mme Bacon: C'est assez aberrant, en fait, d'avoir à
cacher...
M. Burns: ... et ces lois ne...
Mme Bacon: ... le contenu de ces lois. Je pense que, pour moi,
c'est assez difficile de répondre...
M. Burns: Non, je ne veux pas... Mme Bacon: ... de
façon...
M. Burns: ... et je m'en voudrais vraiment de tenter de vous
faire sortir des secrets de cabinet et vraiment, je le dis en toute
sincérité. Ce que je voulais savoir, c'est l'espèce de
grande orientation que pourraient avoir ces projets de lois. Ce que je voulais
savoir, entre autres, c'est si on est en droit de s'attendre à la
permanence du ministère de l'Immigration comme il est là, ou
encore à son inclusion dans ce ministère, à toutes fins
pratiques, à la création d'un superministère. Parce que ce
ne serait pas créer un superministère, entre vous et moi, que de
prendre le ministère de l'Immigration, d'en changer le titre et de
l'appeler le ministère de la Population et de l'Immigration. Cela, ce
n'est pas créer un superministère. C'est la question, dans le
fond, que je vous pose. Est-ce que c'est un superministère? Si on
crée un superministère, c'est qu'on va chercher des juridictions
qui existent ailleurs actuellement, qui sont dans d'autres juridictions
ministérielles.
Mme Bacon: Même si nous allions chercher d'autres
juridictions, je conteste l'emploi du mot "superministère" par le
député de Maisonneuve, parce qu'il n'est pas dans mon intention
de créer un superministère, mais bien de se donner des structures
et aussi de se donner des possibilités dans nos droits et nos pouvoirs
de faire un meilleur travail, de canaliser vers le ministère de la
Population et de l'Immigration certaines préoccupations qui font l'objet
de travaux au niveau d'autres ministères. Je pense que notre
ministère est l'endroit idéal pour canaliser ces
préoccupations et y faire les travaux nécessaires, afin de
trouver des solutions. C'est un peu ce que je tente d'expliquer sans
dévoiler le contenu des lois ou la possibilité d'y ajouter
d'autres juridictions qui sont détenues par d'autres
ministères...
M. Burns: Je vous pose la question différemment, et
peut-être de façon beaucoup moins impliquante, si vous me passez
l'expression. En dehors de l'Immigration, quelles seraient les
préoccupations de cet éventuel ministère?
Mme Bacon: Le titre l'indique: Le ministère de la
Population et de l'Immigration.
M. Burns: La population vous intéresserait, mais, en
principe, ça intéresse tous les ministères.
Mme Bacon: Oui. Il y a les objectifs démographiques qui
font partie de ma préoccupation pour le moment et qui nous
amènent à présenter certains projets de lois au Conseil
des ministres, parce que ce sont des objectifs qui sont très importants
et pour l'Immigration et pour le gouvernement en général.
Comme je le disais tout à l'heure, il faut canaliser ces travaux
vers un ministère afin de trouver les meilleures solutions possibles et
non pas que cela soit réparti dans différents ministères,
parce que lorsqu'on arrive avec des objectifs démographiques, il nous
est permis, à ce moment, de récupérer certaines
juridictions qui appartiennent à d'autres ministères.
M. Burns: Si je comprends bien, le ministère de I
Immigration serait intégré à ce futur ministère,
comme tel, comme partie vraiment intégrante de ce ministère,
c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas le ministère de la Population
et un autre ministère qui s'appellerait le ministère de
l'Immigration.
Mme Bacon: Non. Nous ajoutons au ministère de
l'Immigration tout ce secteur de population. Nous ajoutons des juridictions au
ministère de l'immigration, mais nous ne transposons pas l'immigration
à d'autres ministères.
M. Burns: Le phénomène budgétaire vous
préoccupe-t-il également par rapport à cette
éventuelle expansion? On peut l'appeller ainsi. Il y a deux
façons de le voir: Ou bien le ministère de l'Immigration se fait
hara-kiri et devient partie intégrante du futur ministère, ou
bien encore le futur ministère de la Population est, à toutes
fins pratiques, le ministère de l'Immigration élargi.
Vous êtes-vous préoccupé jusqu'à maintenant
du problème budgétaire que cela comportera éventuellement?
J'espère que vous ne vous satisferez pas, dans ce cas, si vous
êtes le ministre titulaire, de ces $10 millions et quelque cent milles
dollars qu'on jette au ministère de l'Immigration? Ces os qu'on jette au
ministère pour le tenir tranquille.
Mme Bacon: J'ai déjà dit qu'avec l'adoption des
trois lois que j'ai mentionnées ce matin, il nous serait possible
d'aller chercher dans les fonds consolidés de la province le budget
nécessaire pour continuer de fonctionner avec ce ministère de la
Population et de l'Immigration; s'il s'avère nécessaire de
demander des crédits addi- tionnels, nous le ferons. C'est ce que je
disais d'ailleurs ce matin et cet après-midi.
M. Burns: Dernière question, Mme le ministre. Ce matin,
vous nous avez parlé, dans le cadre de la première question que
je vous avais posée, des séances de la commission parlementaire.
J'aimerais simplement vous faire préciser une chose. Je tiens pour
acquis que vous n'avez pas changé d'idée depuis ce matin et que
vous ne changerez pas d'idée dans les semaines à venir.
Relativement aux séances de la commission parlementaire, lors du
dépôt de ces projets de loi, voulez-vous tenir des commissions
parlementaires uniquement pour les parlementaires ou envisagez-vous la
possibilité d'une consultation populaire extérieure à
l'Assemblée nationale dans ces cas?
Mme Bacon: Au niveau de la commission parlementaire,
j'envisageais des séances avec les membres de la commission
parlementaire et des invités. On avait mentionné...
M. Burns: Des experts et non pas...
Mme Bacon: Des experts...
M. Burns: ... comme on l'avait demandé l'année
dernière, mais pas nécessairement une consultation des groupes de
l'extérieur.
Mme Bacon: Non. Cela répond d'ailleurs à la demande
du député de Maisonneuve de faire venir des experts devant la
commission parlementaire pour qu'il y ait cet échange.
M. Burns: Oui, mais cela a pris un an. Depuis ce temps-là,
j'ai eu le temps de réfléchir et j'ai le droit d'augmenter mes
demandes.
Mme Bacon: Mais je pense qu'on ne fait pas de commission
parlementaire...
M. Burns: L'inflation s'applique même à cela.
M. Bacon: Je verrais mal faire des auditions de mémoires
sur des lois qui constituent... disons une législation sur des
structures. Je pense qu'on pourrait attendre une autre occasion pour faire des
auditions de mémoires, rencontrer la population en général
sur d'autres sujets qui pourraient être plus utiles à la
commission parlementaire que tout simplement sur un élément comme
les structures. Je pense qu'il serait fort utile aussi pour les membres de la
commission parlementaire de dialoguer ou d'établir la communication avec
des experts qui pourraient nous apporter plus de lumière sur ce que nous
pourrions faire ou sur leur perception du ministère.
M. Burns: Si je comprends bien, vous ne fermez pas la porte non
plus à des organismes qui désireraient se faire entendre
relativement à cette loi.
Mme Bacon: Non. Je suis tout à fait d'accord.
M. Burns: Sans faire nécessairement un grand charabia qui
durerait deux, trois mois ou six mois.
Mme Bacon: Non. Tout ce qui peut apporter plus de lumière
sur...
M. Burns: Vous êtes ouverte à une formule de
consultation.
Mme Bacon: Oui.
M. Burns: Une dernière question, madame, avant de vous
remercier pour la façon dont... Pardon.
M. Lachance: Vous aviez dit que c'était la
dernière
M. Deziel: Cela fait trois fois qu'il dit cela. M. Burns:
Moi, c'est toujours la dernière.
M. Lachance: C'est parce qu'on aurait voulu en poser nous
aussi.
M. Burns: C'est parce que je m'aperçois qu'on n'est pas
encore rendu à six heures, et il nous faut gagner notre salaire comme il
faut jusqu'à six heures. Il n'y a pas de problème, surtout que
cette question, à mon avis, est assez importante et n'est en rien
personnelle. Je ne voudrais pas que vous preniez cette question comme
personnelle. Vous détenez actuellement deux ministères en titre,
le ministère des Consommateurs, Compagnies et Corporations...
Coopératives, c'est vrai, vous avez interchangé, Consommateurs
Coopératives et Institutions financières, c'est cela? Et
également le ministère de l'Immigration. Est-ce que vous croyez
véritablement. je le dis de façon très
constructive, et non pas méchante que vous avez le temps de
consacrer au ministère de l'Immigration tout le temps que l'on doit
normalement consacrer à un ministère comme celui-là? Je ne
vous poserais pas la question si j'allais vous voir la semaine prochaine,
probablement à l'étude de vos crédits au ministère
des Consommateurs. A ce moment-là, vos crédits vont être
pas mal plus élevés. Je n'ai pas le montant en mémoire,
mais cela dépasse $10 millions, je pense bien, à l'autre
ministère.
Naturellement, sans qu'on vous y force, vous allez possiblement
être portée à accorder beaucoup plus d'importance à
l'autre ministère qu'à celui-ci. Avez-vous, vous-même
même si c'est une question qui vous apparaît comme
personnelle, mais je m'adresse à vous en tant que personne
détenant une fonction publique dans le sens le plus élevé
du mot accordé à cette question certaines
réflexions? Si je me la pose, c'est parce que j'ai vu, dans le
passé, des ministres détenir deux ministères et qui,
automatiquement, accordaient à peu près toute l'importance
à l'un des deux ministères. Vous êtes humaine comme on
l'est tous. Vous n'êtes pas capable de vous diviser en plusieurs
morceaux. Vous allez être obligée de concentrer vos efforts
à un certain endroit.
Je ne veux pas vous perdre comme ministre de l'Immigration, ce n'est pas
cela que je vous suggère, mais est-ce qu'à ce moment il a
été question que vous ne fassiez que passer au ministère
de l'Immigration. Si tel est le cas, j'aimerais le savoir. Même si je
faisais des allusions à cela ce matin, ce n'était pas quelque
chose que je souhaitais. Je dois vous dire tout de suite que j'ai bien
apprécié le genre de réponses franches que vous nous avez
données tout au long de l'étude des crédits. Je ne serais
qu'heureux que vous continuiez à détenir ce poste jusqu'à
ce que quelqu'un de notre parti occupe le poste, et qu'à ce moment, cela
devienne un vrai ministère.
Remarquez que ce n'est pas de votre faute si cela n'en est pas un. Je
vous pose très sérieusement la question et, encore une fois, je
vous le dis, ce n'est pas méchamment que ces choses-là sont
dites. C'est uniquement sur une base pratique de voir à ce que ce
ministère, qui à mon avis, est considéré comme
pratiquement un ministère secondaire par le cabinet des ministres et par
ce gouvernement... Cela est une chose que je regrette, soit dit en passant,
parce... Je dois entre parenthèses, rendre hommage à tous les
fonctionnaires de votre ministère, en tout cas, à tous ceux que
j'ai rencontrés, qui se sont fait une affaire personnelle de voir
à ce que ce ministère devienne quelque chose d'important.
Je pense que cela serait démobilisant, dévalorisant de
façon incroyable pour eux, si, en plus du fait qu'on se retrouve avec un
budget qui est tout à fait secondaire, même négligeable, eu
égard à la partie que le gouvernement du Québec y met, si,
en plus de cela, le ministre considérait que c'est son emploi à
temps partiel. C'est dans ce sens que je posais la question.
Mme Bacon: M. le Président, je dois protester avec
véhémence devant certaines affirmations gratuites que vient de
faire le député de Maisonneuve. Je serais presque tentée
de dire que ses fonctions de leader parlementaire et ses fonctions de
député de Maisonneuve sont un cumul de fonctions pour lui aussi.
Mais on ne peut mesurer ces fonctions avec...
M. Burns: J'en ai encore une de moins que vous.
Mme Bacon: ... les fonctions de deux ministères. Il est
évident que le ministère de l'Immigration requiert un ministre
à temps plein. Je serais malhonnête si je disais qu'un ministre
qui doit cumuler les deux fonctions devrait le faire pour le temps que durera
son mandat.
J'ai accepté ce ministère parce que c'est un défi
à relever. Je pense, comme je l'ai dit au cours de l'étude de ces
crédits, qu'il était normal que je fasse le moins de
déclarations possible, mais que j'étudie bien les dossiers et que
je tente, d'une façon réaliste, de faire avancer certains
dossiers.
Je pense y avoir réussi par le dépôt des trois lois
que j'ai fait au Conseil des ministres et de deux autres qui seront
déposées d'ici l'automne.
C'est peut-être un travail qui n'est pas sur la place publique,
qui ne démontre pas le nombre d'heures passées au niveau du
ministère de l'Immigration, mais je ne pense pas avoir failli à
la tâche et du ministère de l'Immigration et du ministère
des Consommateurs, où nous avons aussi déposé une loi
importante qui avait été préparée au cours des
derniers mois.
M. Burns: J'espère que vous avez bien compris le sens de
ma question. Ce n'était pas une attaque personnelle à votre
endroit.
Mme Bacon: Non, mais je pense qu'il est normal que le
ministère de l'Immigration, qui deviendra le ministère de la
Population et de l'Immigration, ait un titulaire à temps plein. Il est
évident que c'est dans les prérogatives du premier ministre de
faire des nominations. Je me verrais mal nommer un remplaçant.
Dès que le premier ministre jugera à propos de faire des
changements, il aura sûrement à le considérer. Je serai la
première à lui rappeler de considérer de nommer un
ministre à temps plein au ministère de l'Immigration, ce qui est
nécessaire.
M. Burns: C'est ce que je vouiais entendre, madame.
Mme Bacon: C'est un ministère d'importance, pour moi Si je
n'y avais pas cru, je n'y aurais pas passé le nombre d'heures. On dit
qu'on est une seule personne avec deux ministères. Il est évident
que certaines heures qu'on aimerait passer ailleurs, nous les passons au
travail, afin de donner le plus grand nombre d'heures possible au niveau des
deux ministères et d'accorder le plus d'attention possible aux dossiers
qui méritent notre considération, tant au point de vue du
ministère de l'Immigration que du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
M. Burns: C'est ce que je voulais vous entendre dire. Il ne me
reste, M. le Président, qu'à vous remercier, d'avoir
présidé, de façon aussi impartiale. J'avais peur, je vous
avoue, M. le Président, au début. J'ai dit: J'ai l'impression
qu'il va me couper la parole à tout bout de champ, me rappelant certains
caucus.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Oui
Disons que la situation est différente dans les caucus.
M. Burns: II ne me reste qu'à vous remercier et à
remercier également le ministre pour sa collaboration ainsi que les
fonctionnaires qui l'entourent. Je pense, particulièrement, pour le
silence des députés libéraux...
M. Lachance: ... à poser des questions, à cette
heure...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Qui termine
l'étude des crédits du ministère de l'Immigration, s'il
vous plaît?
M. Burns: On peut continuer, je n'y ai pas d'objection.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Ceci
termine...
M. Burns: D'autre part, je ne veux brimer personne. Moi, j'ai
terminé mes questions à l'endroit du ministre. S'il y a des
députés ministériels qui veulent continuer les travaux, je
suis bien prêt à revenir, dès demain matin, si le ministre
est prêt, pour continuer à entendre les...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): A moins
que...
M. Burns: ... réclamations que les députés
ministériels pourraient avoir à l'endroit du ministère de
l'Immigration.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): A moins que
d'autres députés aient l'intention, comme il est 18 heures, de
poser des questions, est-ce que tous les membres de la commission sont
d'accord...
M. Lachance: J'ai dit que c'était adopté. Il est
passé 18 heures.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Est-ce que
tous les membres de la commission sont d'accord pour terminer, pour que ceci
constitue la fin des travaux, concernant l'étude des crédits du
ministère de l'Immigration, sans que quiconque n'ait été
lésé dans ses droits de quelque manière que ce soit?
M. Déziel: On va poser des questions directement au
ministre à la prochaine occasion.
Mme Bacon: Si je comprends bien, nos crédits sont
adoptés?
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Je tiens
à remercier Mme le ministre, les différents membres de la
commission pour leur travail, également, mesdemoiselles et messieurs les
fonctionnaires, de leur présence et de leur contribution. Je pense que
les discussions ont été constructives. parce que ces discussions
ont été faites dans un climat agréable. Peut-être
doit-on tirer la conclusion que la présence d'une femme, Mme le
ministre, contribue à diminuer l'agressivité au niveau de
l'étude des crédits.
M. Burns: C'est un baume pour moi. M. le Président.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): J ai
déjà connu le leader de l'Opposition plus agressif. Pour ma part,
cela m'a fait plaisir de présider.
M. Burns: Quand le ministre répond aux questions, je ne
vois pas pourquoi on se choquerait.
Mme Bacon: J'aimerais remercier le député
de Maisonneuve et faire mention que ses questions étaient fort
pertinentes et ses recherches fort bien préparées. Je pense bien
que cela amène les discussions qu'on a eues aujourd'hui. Mes
collègues libéraux auront sûrement l'occasion de poser
certaines questions à d'autres niveaux. Je les remercie aussi de leur
collaboration.
Nous pourrons, au cours de la prochaine commission parlementaire,
lorsque nos projets de loi seront déposés, continuer les
discussions et ils pourront, à ce moment, se faire entendre.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Pour ma
part...
M. Boudreault: Le député de Chicoutimi vou- lait
tellement présider cette commission... avec le sexe faible!
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Pour ma
part...
Mme Bacon: Considérez-moi comme un collègue.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): J'ai des
tendances très normales. Pour ma part, je n'ai pas eu l'occasion de
mettre à l'épreuve mes modestes connaissances de la
procédure. Je remercie tous les membres de la commission.
(Fin de la séance à 18 h 8)