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Commission permanente
du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre
Séance du jeudi 10 juin 1976 (Seize heures vingt-cinq
minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration,
première séance, étude des crédits du
ministère du Travail et de la main-d'oeuvre le 10 juin 1976. Les membres
de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont: MM. Bellemare
(Johnson), Picotte (Maskinongé), Burns (Maisonneuve), Charron
(Saint-Jacques).
M. Burns: II y a eu une modification, d'ailleurs, faite par la
Chambre: c'est M. Lessard à la place de M. Charron.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. M. Picotte:
On l'a battue, celle-là. M. Burns: Non.
M. Picotte: Non, c'est la fois où le président a
donné son vote prépondérant.
Le Président: MM. Déziel (Saint-François),
Harvey (Jonquière), Harvey (Dubuc), Lachance (Mille-Iles),
Malépart (Sainte-Marie), Pelletier (Kamouraska-Témiscouata),
Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda), Lecours (Frontenac),
Verreault (Shefford).
Est-ce qu'il y a quelqu'un de nommé comme rapporteur?
M. Picotte: M. Harvey (Dubuc).
Le Président: Le rapporteur, à moins qu'il y ait
objection sera M. Harvey (Dubuc).
M. Harvey (Dubuc): II faut que je prenne des notes, M. le
Président?
Le Président: Alors, sans autre commentaire, le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Exposé préliminaire du ministre
M. Harvey (Jonquière): M. le Président,
présenter pour la première fois le budget d'un ministère
autre que celui pour lequel on a l'habitude d'en soumettre chaque année
les détails aux distingués membres de la commission constitue un
exercice introspectif très motivant. Aussi, aimerais-je, M. le
Président, avant de passer à l'étude des chiffres qui vous
sont soumis, exposer tout d'abord certaines considérations, notamment
les grandes lignes des missions, préoccupations, objectifs et
contraintes qui ont guidé dans l'immédiat mon ministère
dans la préparation dudit budget.
Comme vous le savez, M. le Président, ce budget repose sur les
trois grandes missions du ministère qui, de par les lois qui
l'administrent, sont, d'une part, dans le domaine des relations de travail, de
viser à établir le cadre des relations entre employeurs ou
associations d'employeurs et les salariés ou associations
représentantes, de favoriser ces relations et d'étendre des
conditions de travail négociées par ententes collectives à
des groupes de travailleurs non soumis à ces conventions.
De plus, dans le domaine du marché du travail, donc de la
main-d'oeuvre et de l'emploi, le ministère vise, d'une part, à
favoriser l'adaptation des travailleurs au marché de l'emploi en
s'assu-rant de leurs qualifications professionnelles, en les aidant à
poursuivre leur formation professionnelle et en participant à des
opérations de placement ou de reclassement, et, d'autre part, à
avoir une meilleure connaissance du marché du travail.
Enfin, dans le domaine de la sécurité au travail et dans
les lieux publics, le ministère vise à la protection du public et
des travailleurs en s'assu-rant de la sécurité au travail et dans
les lieux publics, ainsi qu'en faisant l'inspection des installations
techniques.
Ces trois grandes missions ont donné naissance, dans le
passé, à cinq programmes budgétaires. Aujourd'hui, il y a
deux autres programmes budgétaires supplémentaires dont un
inédit, celui de la qualification professionnelle des entrepreneurs en
construction, l'autre étant celui du placement des étudiants et
des initiatives locales qui a été transféré cette
année du budget du Conseil exécutif à celui de mon
ministère. Or, comme on a pu s'en apercevoir, ces trois grandes missions
n'ont cessé de connaître, depuis leur création, une
évolution sans cesse croissante et même ont pris une nouvelle
dimension de par la volonté même de l'Assemblée nationale,
du gouvernement et des particularités que représentent le
marché et le monde du travail au Québec. Ceci à tel point
qu'on peut dire aujourd'hui que, de la période d'adaptation aux
évolutions rapides du monde du travail qu'a connue mon
prédécesseur, nous en sommes rendus à celle du
développement et de l'ajustement de l'appareil ministériel face
à demain. C'est pourquoi il importe, avant d'étudier les chiffres
en question, que soit exposé ce que j'entends par développement
et ajustement de l'appareil ministériel du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre.
A cet effet, disons, tout d'abord, que le budget qui vous est soumis
n'est, pour cette année, qu'un budget de transition entre la phase
future du développement justement et celle antérieure, dite de
l'adaptation. Par conséquent, nous serons en mesure, l'année
prochaine, de vous soumettre un budget qui sera passablement différent
de celui qui vous est présenté aujourd'hui et qui
reflétera de façon particulière le développement
que j'entends imprimer à ce ministère.
Parlons d'abord de la réorganisation du ministère. Je puis
d'ores et déjà avancer, dans cette perspective, qu'une
réorganisation en profondeur du ministère que je dirige est en
voie de prendre forme progressivement dès cette année, sans, pour
autant, que le budget qui vous est soumis en soit sensiblement modifié
pour l'année en cours. Cette réorganisation se traduira de
façon marquée dans le nouveau budget qui vous sera soumis
l'année prochaine. Donc, il s'agit bien d'un budget de transition pour
cette année.
Les grands principes sur lesquels se fonde le réagencement des
missions et services du ministère, qui vise à la fois à
assurer ce développement et à accroître l'efficacité
et l'utilité desdites missions et des services ministériels, sont
de plusieurs ordres.
Dans le cadre de ce que je viens d'exposer, il s'agit,
premièrement, de l'intégration plus effective et conjuguée
des services découlant des trois grandes missions
précédemment définies et ce, tant sur les plans
opérationnel, fonctionnel, consultatif qu'administratif. En effet, alors
que dans le passé ces trois missions étaient menées
opérationnellement et administrativement de façon autonome, le
plus souvent indépendamment les unes des autres, à l'avenir elles
le seront d'une manière entièrement interreliée,
associée et conjuguée, c'est-à-dire fonctionnellement
intégrée.
Ceci, M. le Président, aura pour avantages, entre autres, de
rendre de meilleurs services à toute la population active du monde du
travail, au public en général et aux autres organismes ou
personnes concernés; de favoriser une ouverture plus grande aux milieux
concernés du travail et au public en général;
également de contribuer à une compréhension harmonieuse
plus adéquate et à une approche intégrale plus
complète et satisfaisante en toute connaissance de cause dans
l'étude et la solution des problèmes et situations dont la
complexité est souvent insoluble, s'ils ne sont pas abordés de
façon globale et combinée, alors qu'une approche partielle ne
peut, le plus souvent, que conduire à des arrangements incomplets et
insatisfaisants pour l'une ou l'autre des parties impliquées, quand ce
n'est pas pour les deux à la fois, lorsque ces problèmes ou
situations n'ont pu être abordés d'une façon globale et
multidisciplinaire. Cela permettra d'accélérer et
d'améliorer le processus de solution et de décision en ce qui
concerne les démarches, litiges, projets, programmes et priorités
sur lesquels le ministère est appelé à se prononcer ou
à intervenir, ceci pouvant impliquer aussi bien les milieux et individus
du monde du travail, le public et le gouvernement et le faire ainsi en toute
équité et considérations appropriées.
Cela permettra d'accroître l'efficacité et la
qualité des services ministériels, de faire un meilleur usage des
compétences oeuvrant au sein du ministère ou pour lui et
d'accroître ainsi la motivation et l'épanouissement
professionnels; d'avoir une connaissance des plus complète et
quantitative des marchés au milieux du travail ou du secteur public, de
leurs particularités et exigences, ainsi que de leur interaction sur
toutes les facettes.
Deuxièmement, M. le Président, déconcentration
régionale et locale du ministère.
Cette déconcentration régionale et locale du
ministère, à l'échelle du Québec, et ce, dans le
cadre de l'intégration des grandes missions du ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre, tant sur les plans opérationnels,
administratifs, consultatifs que fonctionnels, est pour rapprocher davantage de
la clientèle et des milieux du travail, dans leur localité
même, les services unifiés du ministère.
Ceci, M. le Président, aura pour avantage, premièrement,
de rendre ces services encore plus utiles, plus accessibles et plus
immédiats aux personnes et milieux concernés, employeurs,
salariés, accidentés, étudiants, associations, etc., et
ce, de façon qu'ils en fassent un meilleur usage, en vue de
l'amélioration de leurs propres besoins et conditions de vie ou
aspirations; de mieux percevoir, de mieux anticiper les besoins et les
problèmes particuliers de tous et chacun, c'est-à-dire de la
population active du monde du travail, du marché du travail, des lieux
de travail et en avoir ainsi une perception aussi pratique et réaliste
que possible, afin de pouvoir les mieux aider encore dans leurs aspirations et
orientations futures et présentes; de mieux assurer la prévention
sécuritaire des travailleurs et des lieux publics, ainsi que des
installations techniques et réduire ainsi les pertes de revenus et les
contraintes nuisibles à l'épanouissement de citoyens pouvant
être autrement handicapés ou freinés dans leur plein
épanouissement physique, financier ainsi que la qualité
même de leur environnement et vie.
L'action que j'entends impulser à mon ministère ne se
limitera pas à cette seule réorganisation. Il existe, en effet,
d'autres aspects qui sont le sujet d'une vive préoccupation de ma part
et de celle de mes fonctionnaires et qui nécessiteront des mesures
appropriées. Je dois préciser, à cet effet, que nombre de
ces mesures n'impliqueront pas nécessairement cette année des
modifications au budget qui vous est soumis. Ainsi, sur le plan
législatif, comme le lieutenant-gouverneur l'a annoncé lors de la
session parlementaire, à l'occasion du discours inaugural, et comme je
l'ai annoncé à l'occasion de discours précédents,
j'entends présenter, très prochainement, des projets de
modifications ou de nouvelles lois qui, si elles n'affectent pas directement le
budget de cette année, affecteront néanmoins les activités
de mon ministère et se refléteront, éventuellement, sur le
budget de l'année prochaine.
Dans le domaine des relations de travail, ainsi, entre autres projets
dans ce domaine, il est de mon intention de proposer, premièrement, des
amendements au Code du travail, de façon à tenir compte des avis
du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, ainsi que de
l'expérience acquise depuis 1964.
Ces amendements viseraient en premier lieu à perfectionner et
préciser certains mécanismes existants afin d'en assurer le
meilleur fonctionnement possible comme, par exemple, la restructuration des
fonctions de commissaire-enquêteur en
commissaire du travail dirigé par un commissaire
général adjoint; la précision du pouvoir de
réglementation imparti au commissaire général du travail
afin de donner effet aux dispositions du code dans les matières de son
ressort ou du ressort des commissaires du travail ou des enquêteurs,
c'est-à-dire consolider et améliorer les dispositions relatives
au personnel chargé de l'application d'une grande partie des
dispositions du code. Ils auront aussi pour but de préciser divers
rouages et de dissiper certaines ambiguïtés, d'en améliorer
l'efficacité tant au niveau de la qualité de la rapidité
et du respect. Les dispositions de ce genre pourront toucher la simplification
de la procédure d'homologation des décisions relatives au quantum
d'une indemnité pour congédiement, suspension ou
déplacement pour activités syndicales; la mise à jour des
règles de procédures relatives à l'accréditation et
aux décisions des commissaires du travail; des précisions quant
au calcul des délais, l'inclusion de tout un ensemble de règles
relatives à l'arbitrage des griefs, l'imposition d'amendes plus
sévères en cas d'infractions. Ce sera donc en premier lieu une
mise à jour des mécanismes existants. En second lieu, pour
s'adapter aux changements socio-économiques intervenus depuis 1964, les
amendements projetés pourront tenir compte des possibilités
nouvelles de participation des travailleurs à la direction de certains
établissements afin de ne pas nier à ces travailleurs leur
qualité de salariés, ce qui pourra constituer une modernisation
de la notion d'unité de négociations dans le cas des
salariés membres de professions libérales. Nous envisageons
surtout des modifications majeures aux règles mêmes de la
négociation collective et du règlement des différends en
regard de l'expérience accumulée, de telle façon que la
conciliation pourrait devenir volontaire et ne constituerait plus une
étape obligatoire pour l'acquisition du droit de grève ou de
lock-out. Elle pourrait, par contre, intervenir à tout moment des
négociations. Cette disposition offrirait de meilleurs terrains
d'entente aux parties en redonnant à la conciliation sa substance
première, celle-ci n'étant plus un exercice auquel on devrait
obligatoirement se soumettre, indépendamment des intentions
réelles.
Un autre projet d'amendement, entre autres, proposera l'entrée
dans le Code du travail de dispositions relatives à l'usage du
français dans l'esprit de la Loi sur la langue officielle. Nous
instituerons également un régime de sécurité des
conditions de travail, ceci afin de contribuer au mieux-être individuel
et à une utilisation optimale de la main-d'oeuvre, que celle-ci fasse
partie ou non du monde organisé du travail.
Nous comptons proposer à cet effet aux parties
l'établissement de conditions générales de travail
garanti. Ce régime de sécurité des conditions de travail
veut constituer un support dynamique à la mise sur pied progressive
d'une véritable politique de main-d'oeuvre québécoise.
Pour cette raison, il convient de rappeler les caractéristiques de ce
nouveau régime de conditions de travail minimum que j'avais
déjà abordé lors d'un discours, le 4 novembre dernier.
D'une certaine manière, ce projet proposé consistera
à conférer aux salariés un ensemble de mesures de
protection minimale couvrant les principaux points suivants: le salaire minimum
mis à jour d'une façon progressive et adapté à la
conjoncture socio-économique; des congés hebdomadaires et
annuels; des jours fériés garantis; le droit au congé de
maternité; le droit prioritaire des accidentés du travail de
retour au travail; des préavis de mise en congé; des attestations
d'expérience professionnelle etc. Ce système s'appliquerait
à tout salarié du seul fait qu'il travaille pour un autre sans
égard aux autres conditions juridiques de cette relation de travail.
Pour les salariés soumis à une convention collective, ce
régime minimal garanti leur servirait alors de protection
supplétive en tout ou en partie. Dans ces cas, si la convention
collective traite d'une question précise, les modalités du
régime commun sur ce même point ne s'appliqueraient pas. De cette
façon, tout salarié sera protégé sans qu'il soit
porté atteinte à l'exercice de sa liberté syndicale. Les
modalités du régime garanti seraient mises à jour dans le
cadre d'un processus de consultation mis en branle une fois l'an. A cet effet,
il y aurait lieu de prévoir un centre de recherches approprié
où s'élaboreraient les études économiques, y
compris celles des conventions collectives signées au Québec, et
présenterait un dossier général d'information sur
l'évolution des conditions de travail: consultations entre le ministre
et le conseil consultatif qui devraient donner avis dans le cadre d'une
période précise sur un projet de modification;
présentation par le ministre au gouvernement et pour approbation dudit
projet de modifications.
Cependant, aucune disposition ayant des implications financières
directes ne pourrait être mise en vigueur sans un préavis de six
mois. Il est important, dans mon optique et celle du ministère et du
gouvernement auquel j'appartiens, que les salariés puissent
bénéficier d'une telle sécurité juridique et
économique et que celle-ci soit partagée par tous les employeurs
dans le respect des mêmes normes. Du même coup, on revalorisera
véritablement et progressivement le travail tout en permettant aux
entreprises de poursuivre sans soubresaut des opérations
concurrentielles.
Ce sont là des conditions indispensables pour s'efforcer de
maintenir une population active, dynamique et saine, stimuler les
salariés à demeurer à leur poste et à vouloir
améliorer leur qualification professionnelle plutôt qu'envisager
de devenir assisté social.
Dans le domaine de la prévention sécuritaire des
travailleurs et des lieux publics, c'est mon intention, M. le Président,
de proposer entre autres les mesures suivantes:
Une révision en profondeur de la législation et de la
réglementation relatives à la prévention des accidents du
travail et des maladies professionnelles en vue de conduire à l'adoption
d'une loi-cadre remplaçant la législation actuelle et qui
permettrait de mener une action unifiée dans le domaine de la
sécurité et de l'hygiène du travail.
En outre de prévoir l'adoption de normes
techniques adaptées au développement technologique des
divers secteurs, une telle loi-cadre aurait pour but de déterminer avec
précision les droits et obligations des parties en cause et de fournir
progressivement à mon ministère tous les outils
nécessaires à l'application des normes édictées
tant au niveau de l'analyse de la situation, de l'information des parties que
du contrôle du respect des normes.
La création d'un organisme chargé de coordonner la
recherche relative à la prévention des accidents du travail et
des maladies professionnelles. Cette coordination pourrait porter sur les
travaux de recherche suivants: -la recherche technique, c'est-à-dire
l'étude des propriétés et caractéristiques des
substances nocives ainsi que de celle des dispositifs de protection des
machines; -l'essai des dispositifs de protection personnelle et collective; -la
recherche des matériaux et des modèles les meilleurs pour assurer
la sécurité des travailleurs; -la recherche médicale,
c'est-à-dire l'étude des effets physiologiques et pathologiques
du milieu et des techniques utilisées, des particularités
constitutionnelles qui prédisposent un individu aux accidents et aux
maladies; - la recherche psychologique, c'est-à-dire l'étude des
particularités psychologiques qui prédisposent un individu aux
accidents; -la recherche statistique qui permet, à la suite
d'enquêtes adéquates d'accidents, d'établir l'interaction
des facteurs d accident, les catégories des travailleurs touchés,
les opérations au cours desquelles ils surviennent.
Cet organisme, M. le Président, aurait des pouvoirs
décisionnels lui permettant d'orienter les travaux de recherche sur les
causes des accidents du travail et des maladies industrielles de tout autre
organisme gouvernemental ou paragouvernemental. Il pourrait notamment
intensifier les enquêtes d'accidents du travail afin de mieux comprendre
le phénomène des accidents et, donc, de mieux identifier les
problèmes pour ensuite en dégager des éléments de
solution.
Par son action, il pourrait orienter la statistique d'accidents du
travail afin qu'elle puisse mieux servir les fins de prévention.
La formation d'un comité paritaire de sécurité et
d'hygiène d'entreprise sera encouragée et même rendue
obligatoire dans les établissements où il y a plus de dix
employés. A noter que ces comités de sécurité et
d'hygiène sont nécessaires et que dans les établissements
où ils fonctionnent adéquatement, il y a vraiment baisse du
nombre d'accidents. Ces comités pourraient se voir attribuer les
responsabilités suivantes: premièrement, recevoir les avis et les
rapports des inspecteurs; analyser les rapports d'enquêtes d'accidents et
les statistiques; analyser les risques; effectuer à l'occasion des
enquêtes et des inspections.
La formation des comités techniques paritaires sectoriels sera
également encouragée. Constitués des représentants
d'associations syndicales, ces comités pourraient oeuvrer au niveau de
cer- tains secteurs industriels spécifiques tels que, entre autres, la
construction, les mines, les exploitations forestières, et le reste. Si
ces comités répondaient aux critères établis par
règlement, ils pourraient recevoir des subventions qui pourraient
être proportionnelles à l'importance du secteur, soit le nombre de
travailleurs et d'employés concernés, et à l'ampleur de la
tâche qui leur est confiée. Ces comités devront notamment
être suffisamment représentatifs des employeurs et des
salariés du secteur industriel concerné; faire approuver leurs
statuts et règlements; s'occuper uniquement des problèmes
relatifs à la sécurité et à l'hygiène du
travail; participer à préciser les objectifs, à choisir
les moyens pour les atteindre et à évaluer les résultats
en vue de la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles; maintenir des communications constantes avec les
comités paritaires d'hygiène et de sécurité
d'entreprise et leur fournir une assistance technique au besoin; participer
à la mise en place des programmes d'entraînement et de formation
professionnelle; participer à l'élaboration des règlements
de sécurité et d'hygiène, ainsi qu'à la
préparation des codes de pratique ou de normes de sécurité
applicables au secteur industriel concerné.
Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre donnera toute
l'assistance voulue pour permettre la mise en place et le bon fonctionnement de
ces comités paritaires sectoriels.
M. le Président, je vois le député de Maisonneuve.
Ce serait bien facile pour moi, en deux secondes, de résumer le reste du
document. Mais j'aime mieux le faire d'une façon cohérente, pour
que le journal des Débats démontre bien pourquoi les projets de
loi ne sont pas déjà déposés et qu'on en comprenne
toute la complexité des objectifs visés.
M. Burns: Allez-y, c'est simplement parce que j'ai un document
qui remonte à sept mois et c'est exactement la même chose.
M. Harvey (Jonquière): Sept mois?
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Bien la vérité...
M. Burns: Votre conférence du 4 novembre devant le Conseil
du patronat.
Le Président: A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): Je ferai remarquer. M. le
Président, au député de Maisonneuve que la
vérité, en janvier 1975, quand on parle aujourd'hui, c'est
toujours la même chose, si on est au mois de mai ou au mois de juin.
M. Burns: D'accord.
Le Président: Je ne veux pas qu'on commence un
débat. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Harvey (Jonquière): Dans le domaine du
marché du travail, main-d'oeuvre et emploi, enfin pour ce qui est
du domaine du marché du travail, donc de la main-d'oeuvre, le
ministère entend non seulement poursuivre son rôle passé,
mais, plus encore, faire tout en son pouvoir pour en accroître la
portée et l'intensité et agir dans tous les secteurs du monde du
travail, qu'il soit organisé ou non. A ces fins, le ministère
anticipe être davantage impliqué et représenté
à tous les niveaux de la consultation, de la coordination et des actions
interministérielles ainsi que fédérales-provinciales;
établir de nouveaux services de liaison et d'assi-tance diverse pouvant
bénéficier aux parties concernées; raffermir ses liens
avec tous les milieux du marché du travail, et, à cet effet,
rejoindre une plus grande proportion de la population active ou se destinant au
marché du travail.
Pour ce qui est de l'épanouissement des connaissances et des
compétences individuelles ou de groupe, des mesures viseront d'abord
à rendre l'apprentissage plus accessible, profitable et
uniformisé par une action multiple, c'est-à-dire à
déterminer, de concert avec les partenaires impliqués, les
contenus et la durée de ces apprentissages, à les universaliser
si possible, à les rendre plus adaptés aux besoins et exigences
et plus à la portée de toutes les classes de la population
québécoise; à entreprendre de nouveaux programmes de
développement de la main-d'oeuvre et des cadres en vue de favoriser
davantage l'expansion des secteurs technologiques du Québec et de
contribuer ainsi à assurer plus de certitudes d'emploi ou d'avancement.
A cet effet, une nouvelle orientation et une nouvelle responsabilité
seront vraisemblablement confiées conjointement aux commissions de
formation professionnelle et au service de main-d'oeuvre de mon
ministère. Il sera attaché une attention particulière
à l'accroissement de la mobilité professionnelle par le
décloisonnement de certains métiers ou de professions connexes,
afin d'accroître la sécurité d'emploi ou de réduire
appréciablement les difficultés de réemploi.
Il sera fait en sorte également que les nouveaux arrivés
sur le marché du travail soient intégrés dans le monde du
travail et bien acceptés des milieux francophones concernés; que
l'amélioration des compétences et connaissances des employeurs et
travailleurs puisse concourir à l'accroissement des conditions
individuelles et de la productivité nationale; que soient
suscitées, sur le plan régional et local, des initiatives
partagées et une participation dynamique à la réalisation
des projets communs à chacun. Afin de favoriser les échanges et
la concertation entre toutes les parties concernées et mon
ministère et vice versa, dans quelque domaine que ce soit, par exemple,
l'apprentissage et la formation professionnelle, le reclassement,
l'enrichissement des tâches, l'emploi pour n'en citer que quelques-uns,
davantage de groupes ou de comités d'étude seront mis sur
pied.
Il sera, de plus, procédé progressivement, dans la mesure
du budget évidemment, au remaniement en profondeur, par le
décloisonnement, de tous nos réseaux opérationnels
à travers le
Québec de façon que toute personne quelle qu'elle soit,
immigrant, travailleur actif ou sans emploi, employeur artisan, étudiant
ou autre, puisse localement ou régionalement, dans n'importe quel des
centres de ces réseaux opérationnels, faire part de ses
problèmes ou aspirations et y trouver réponse et cela, sans avoir
à se déplacer indûment d'un centre à l'autre ou
d'une localité à l'autre. Les premiers centres seront mis en
place comme corollaires à la réorganisation entreprise. Par la
suite, d'autres du même genre remplaceront, combineront ou relieront
progressivement les autres centres existants pour ne former alors qu'un seul
réseau intégré, celui des travailleurs, des
étudiants et des employeurs québécois. Chacun des centres
de ce réseau, appelé Centre travail Québec, deviendra un
lieu d'information, d'inscription, de réclamation, de consultation,
d'assistance, de communications et de services combinés ou
intégrés ouvert à quiconque voudra s'en
prévaloir.
Des banques de données statistiques et techniques seront mises
à la disposition des milieux et personnes concernés ou
impliqués de façon à permettre une planification, une
coordination et un équilibre plus harmonieux au niveau régional
et provincial des besoins, exigences, priorités, programmes, plans et
actions des diverses parties impliquées, ainsi que des autres services
gouvernementaux concernés. De concert avec les autres ministères
québécois, nous voulons faire découvrir aux entreprises
qui prévoient s'établir au Québec les réservoirs
intéressants de main-d'oeuvre qui existent dans nos régions et
localités et vice versa.
Evidemment, ce ne sont pas là les seules préoccupations de
mon ministère. Il y en a bien d'autres avec, comme toile de fond, tout
le problème de la paix, du développement et de l'essor social,
industriel, économique et individuel au Québec,
c'est-à-dire, entre autres, les heures de travail perdues ou
assurées, le manque ou le plus à gagner qui en résulte
pour nos bons citoyens les plus concernés et leur famille, les pertes
d'emploi momentanées ou permanentes, les conditions et conflits de
travail, mais aussi, par contre, les aspects de création d'emploi
nouveaux, de recyclage, de mobilité des travailleurs, de
développement et l'épanouissement professionnel des travailleurs,
l'assurance de l'emploi, la sécurité et la qualité de la
vie au travail et dans les lieux publics, et j'en passe.
Il y a également le cas de nombre de nos concitoyens que le sort
a défavorisés et éloignés plus ou moins
temporairement du marché du travail, soit à cause de handicaps
physiques ou mentaux, ou de ralentissements économiques, ou bien de
changements technologiques ou de fermeture d'usines, ou encore parfois de
déchéance individuelle, mais pour lesquelles mon ministère
fait tout en son pouvoir pour fournir l'aide appropriée dans le cadre de
ses lois et de ses budgets.
Il y a aussi toujours, en plus, et en toile de fond, la
préparation et l'adaptation au marché et au monde du travail de
plusieurs centaines de milliers de jeunes travailleurs et étudiants
ainsi que
des femmes désireuses de revenir grossir les rangs de la
population active et assurer ou améliorer leur revenu familial. Il y a
enfin l'inflation, tout comme il y a interdépendance intra et
extraministérielle d'organismes gouvernementaux ou autres. Si, d'une
part, j'ai osé, M. le Président, usurper un peu du temps
précieux qui nous est alloué pour vous informer, vous et les
distingués membres de la commission, de l'orientation et des intentions
que j'entends imprimer à mon ministère en tant que nouveau
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, je dois dire que je ferai tout en
mon pouvoir pour que ces préoccupations deviennent les objectifs du
ministère dans l'immédiat.
Quand je dis je ferai tout en mon pouvoir, ce n'est pas une restriction
en soi, c'est un désir ardent de réalisation que j'exprime. Comme
vous le savez, entre ce qu'il est souhaitable de réaliser et ce qui est
réalisable, il y a parfois toute une marge, et cette marge dépend
le plus souvent de circonstances adversaires, inostensibles pour ne pas dire de
contrainte, celles-ci étant le plus souvent d'ordre
extra-ministériel.
Des mesures restrictives prises ou que s'apprêtent à
prendre les autorités fédérales en matière
d'assurance-chômage, de mobilité de main-d'oeuvre, d'initiatives
locales et le reste ont des répercussions inévitables sur les
activités du ministère, puisqu'elles ont pour effet d'augmenter
le volume des activités du ministère, sans que puissent
être accrus les effectifs et l'assistance financière, sinon la
qualité et la personnalisation des services.
Il reste cependant que l'approbation et la mise en place
détaillée de la réorganisation et du réagencement
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre constituent indirectement
une contrainte sous une quadruple forme, c'est-à-dire budgétaire,
opérationnelle, administrative et matérielle, bien que cela soit
devenu chose indispensable et même urgente dans le contexte
évolutif nous concernant de nos jours.
Bref tout ceci, M. le Président, pour souligner, pour faire
ressortir que le budget sur lequel nous allons nous pencher est beaucoup plus
un budget de transition qu'un budget d'intentions. En fait ce n'est ni plus ni
moins qu'un budget opérationnel transitoire, c'est-à-dire qu'il
va permettre au ministère de faciliter le passage de la phase
d'adaptation à la phase de développement, sans que ne soient
perturbés les systèmes en place ni les services qu en attendent
le public et la clientèle de notre ministère.
Ceci, M. le Président, termine le préambule que je devais
faire en tant que nouveau ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et cela en
toute bonne foi, pour les membres présents de la commission que je
remercie de leur bienveillante attention. Je voudrais aussi exprimer ma
reconnaissance dès le début, à tous les hauts
fonctionnaires ou personnel de cadre, aux professionnels, fonctionnaires et
autres de mon ministère qui m'ont apporté, depuis dix mois, une
précieuse collaboration et ont permis ainsi plus entièrement et
rapidement à celui qui vous parle de prendre charge de ses nouvelles
responsabilités et de donner un sens pratique et raisonné aux
fonctions motivantes que j'envisage, à l'avenir, pour le
ministère du Travail de la Main-d'Oeuvre du Québec au service de
la population entière et du monde du travail.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre.
Avant de donner la parole au député de Maisonneuve, je voudrais
faire part à la commission que tout à l'heure, en nommant les
membres de la commission, j'ai omis, si je me souviens bien, le nom de M.
Faucher (Nicolet-Yamaska) comme membre de la commission. Il était ici
présent et il me semble que j'ai négligé de le dire. Le
journal des Débats le dira, de toute façon.
Je voudrais aussi faire la remarque ou le commentaire suivant, afin
d'éviter des discussions plus tard. Au cours des remarques du ministre,
j'ai entendu certaines références à des projets de loi ou
des propos qu'il aurait à faire en Chambre. Tant que la Chambre n'a pas
été saisie d'un projet de loi, je ne permettra pas de discussion
ou de débat autour du fond de ce projet.
Ce n'est pas tellement restrictif...
M. Burns: Mais, M. le Président, on peut demander au
ministre, quand même, quelle est l'orientation de son
ministère.
Le Président (M. Séguin): Oui, absolument, ce n'est
pas dans ce sens. Je voulais dire qu'on ne devait pas discuter ici le fond du
problème de tel ou tel projet de loi que le ministre se propose de
présenter à la Chambre, basant mes commentaires, tout simplement,
sur l'autorité du Parlement à être le premier
informé des projets de loi du gouvernement.
M. Burns: C'est-à-dire, M. le Président, vous avez
probablement fort raison, que vous ne voulez pas qu'on discute du fond et du
mérite du projet de loi; je suis bien d'accord avec vous.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. Mais le
débat...
M. Burns: Ce sera très loin de mes préoccupations
également. On ne peut pas faire la discussion à deux places.
Le Président (M. Séguin): Et le
député sait fort bien ce que je veux dire. C'est que, lorsqu'on
discute les crédits, à un moment donné, on passe assez
facilement dans un sujet que je n'aimerais pas aborder tant que le Parlement
n'aura pas été prévenu de la chose.
M. Burns: Non, sauf que, M. le Président, tout de suite,
moi aussi, pour régler ce problème, pour éviter des
difficultés d'interprétation, je voudrais que vous acceptiez avec
moi et, je présume, avec le ministre du Travail...
Le Président (M. Séguin): Et les membres de la
commission.
M. Burns: ... et les membres de la commission que, lorsqu'on
parlera des grandes politiques du ministère, il faudra
nécessairement parler de ce qui éventuellement fera partie d'un
projet de loi. Je n'ai pas du tout l'intention d'en débattre le
mérite ici, sinon en discuter de façon très superficielle.
De toute façon, ces projets de...
Le Président (M. Séguin): J'ai parlé du fond
de tel ou tel projet de loi non encore déposé en Chambre. On n'a
pas de...
M. Burns: En tout cas, on y verra, M. le Président, au fur
et à mesure.
Le Président (M. Séguin): Je voulais
déjà, dès le début, prévenir la commission
de mon attitude vis-à-vis de ce problème qui pourrait exister.
Cela s'applique à n'importe quel membre, ainsi qu'au ministre, en ce qui
concerne mes remarques. Le député de Maisonneuve.
Commentaires de l'Opposition
M. Burns: M. le Président, l'ancien ministre du Travail,
que la 135ième recommandation du rapport Cliche a relégué
à un autre ministère, n'a jamais été friand de
l'idée d'expliciter la démarche de son ministère, de jeter
de la lumière clairement et sans détour sur les activités
de son ministère. Comparé par tous, y compris par lui-même,
à un pompier, le député de Robert-Baldwin nous informait
de son ministère comme on informe les lecteurs d'un journal d'un
incendie, avec cette différence que, dans le cas du ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre, l'incendie semble avoir survécu aux
pompiers.
Le nouveau ministre, le député de Jonquière, tout
à l'inverse et je l'en félicite immédiatement
a pris un départ dans un tout autre style. Le 4 novembre dernier,
en 1975, devant le Conseil du patronat du Québec, le nouveau titulaire
du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre a voulu clairement
établir ce qu'il a lui-même défini comme "non pas un
constat du passé, mais le point de départ de nouvelles politiques
du ministère en ce qui concerne ces trois grandes missions ". Le
ministre y a fait référence dans son allocution d'ouverture et je
vous les rappelle, sans qu'il ait lui-même pris le soin de les citer.
Cela va, je pense, vous indiquer un peu dans quelle ligne j'ai l'intention de
poser des questions au ministre.
Les trois grandes missions, selon le ministre, le 4 novembre 1975, sont,
d'une part, les relations de travail; deuxièmement, le marché du
travail et, troisièmement, la qualité de la vie au travail, en
matière d'hygiène et de prévention sécuritaire.
Par opporition, M. le Président, on est depuis longtemps rompu
à voir miroiter, d'année en année, les soi-disant
nouvelles politiques d'un ministère ou d'un autre, mais cette fois c'est
le ministre lui-même qui prend la précaution d'affirmer qu'il
s'agit bel et bien d'intentions que "je traduirai à court terme, ou du
moins à très moyen terme, en mesures législatives,
administratives ou autres".
Je parle de court terme et de moyen terme.
J'écoutais, tout à l'heure le ministre nous donner ce que
je peux considérer je ne le dis pas méchamment à
l'endroit du ministre une espèce de réchauffé de
cette allocution devant le Conseil du patronat. Tout ce que j'ai
remarqué, c'est que le ministre a eu, dans son allocution de
départ, une certaine précaution de changer certaines expressions,
quant à la date de la mise en application de certaines de ces mesures.
Entre autres, je lui cite la page 32 de son allocution devant le Conseil du
patronat où il nous parlait en termes beaucoup plus précis et
beaucoup plus à court terme de certaines réformes.
Je cite ce texte, à la page 32: "Puisque je n'ai plus rien
à vous cacher, autant vous dire que, pour mener à bien tous ces
plans et projets, une réorganisation et restructuration importante de
mon ministère est en voie de devenir effective dans les prochains
jours". Ce texte datait du 4 novembre 1975.
M. Harvey (Jonquière): Cela a commencé...
M. Burns: Vous avez eu, M. le ministre, la prudence de ne pas
mettre "dans les prochains jours" dans votre allocution. C'est pour cette
raison que je vous disais que c'est peut-être du réchauffé
de votre conférence devant le Conseil du patronat le 4 novembre dernier.
Quoi qu'il en soit, M. le ministre, je ne vous blâme pas de prendre des
engagements. Au contraire, là-dessus, je vais vous endosser. Prenez-en
des engagements, je suis d'accord, sauf qu'il ne faudra pas constamment, devant
l'Opposition, prendre de tels engagements d'année en année au fur
et à mesure du changement des ministres du Travail et nous dire: C'est
un autre ministre qui vous a promis cela. Des engagements aussi formels que
ceux-là et en aussi haut lieu, accompagnés d'un
échéancier aussi ferme, méritent sûrement que
l'Opposition félicite le ministre pour sa démarche.
C'est également le rôle de l'Opposition de chercher
à s'assurer que les démarches gouvernementales ne relèvent
pas éternellement de la science-fiction. C'est pour cette raison qu'il
nous apparaît particulièrement approprié de consacrer
l'étude des crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre, d'abord et avant tout, à l'occasion que nous voulons
fournir au ministre d'asseoir toute sa crédibilité sur toutes ces
réalisations, et je cite encore: "à court terme ou du moins
à très moyen terme". Il s'est passé plus de six mois
depuis l'énoncé de ces nouvelles politiques. On pourra
sûrement juger de l'opportunité d'adopter les crédits du
ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre sur le succès ou
l'échec concret qu'a connu le ministre à transformer des
promesses de novembre 1975 en réalisations d'aujourd'hui.
Quant à ces trois points, je mentionne simplement au ministre,
pour qu'il n'ait pas de doute sur ses collaborateurs immédiats, que
c'est tout à fait par hasard que, pour le plan que je m'étais
fixé quant à la critique que j'avais l'intention de faire au
niveau des crédits budgétaires du ministère du Travail et
de la Main-d'oeuvre, je suis parti de sa conférence du 4 novembre.
J'ai reconnu de très longs extraits de cette conférence
dans l'exposé du ministre et je ne voudrais pas qu'il pense que l'un ou
l'autre de ses collaborateurs immédiats m'a fourni d'avance le texte
qu'il nous a livré tout à l'heure.
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, je ne sais pas si le
député de Maisonneuve l'a reçue, mais je leur ai
envoyé une copie de mon exposé du 4 novembre, pour son
information.
M. Burns: De votre exposé de tout à l'heure?
M. Harvey (Jonquière): De mon exposé du 4
novembre.
M. Bums: Oui, je l'ai devant moi.
M. Harvey (Jonquière): Ah! vous l'avez reçue?
M. Burns: Oui. C'est parce que tout à l'heure, comme je
vous le disais, vous avez basé votre exposé de départ sur
cette conférence ou sur ses grandes lignes. Il y a même de
très longs extraits. Je ne vous en blâme pas, mais, en tout cas,
on y verra.
Reprenant ces trois grandes missions, M. le Président, j'aimerais
d'abord aborder l'aspect des conditions générales de travail. Au
chapitre de la première grande mission du ministère, on lit que
le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre entend prendre les
mesures utiles permettant d'assurer à tous les salariés un
ensemble de conditions de travail qui soit à la fois cohérent,
réaliste et adapté à la conjoncture sociale et
économique. On retrouve cela à la page 3 et à la page 4 du
texte en question.
Jusque-là il s'agit d'une déclaration d'intention qui
m'apparaît, en tout cas, beaucoup plus pieuse que concrète; on
verra avec le temps, mais le ministre s'empresse d'ajouter: "La conception de
ce nouveau rôle du ministère à l'égard de tous les
salariés du Québec repose sur quatre observations
préliminaires". On va les passer les unes après les autres. "La
première observation, la vétusté des dispositions du Code
civil à l'égard du statut juridique du salarié, telle que
l'a reconnue, il y a plus de quatre ans, l'Office de révision du Code
civil; sauf quelques dispositions élémentaires, des ordonnances
de la Commission du salaire minimum, il n'y a rien qui précise et
confère au salarié des garanties quant à son statut. Il
faut le reconnaître, le louage de choses est de mieux
protégé". Je le cite tel quel. En tout cas, si je l'avais
écrit, je ne l'aurais pas écrit comme cela. Le ministre pourra
peut-être nous dire que c'est une faute de frappe dans le texte que
j'avais.
A la suite de cela, c'est le ministre qui dit: "II y a quatre ans qu'on
attend pour s'attaquer à la vétusté des dispositions du
Code civil", Je commence dès maintenant mes questions. C'est la
méthode que je vous propose: partant de ce cadre qui semble être
la politique énoncée par le ministère, j'ai l'intention,
après l'une et l'autre de ces affirmations, de poser des questions au
ministre. Cela facilitera l'adoption des crédits, lorsqu'on ar- rivera
aux programmes les uns après les autres. J'imagine qu'on pourra les
adopter sans plus de difficulté. D'ailleurs, c'est un peu comme cela que
j'ai fonctionné avec bon nombre de ministres lors de l'examen des
crédits.
Dès ce moment, j'aimerais savoir où en sont les
modifications au Code civil qui sont proposées par le ministre.
M. Harvey (Jonquière): Comme le député de
Maisonneuve le sait, la responsabilité de modifier le Code civil
n'appartient pas au ministre du Travail. Cependant, les représentations
appropriées pour des modifications à être apportées
ont été faites et continueront d'être faites pour que, dans
la deuxième phase des amendements que nous avons l'intention d'apporter
au Code du travail, le tout soit soumis en même temps, afin de donner un
vrai statut aux travailleurs. D'ailleurs, le député de
Maisonneuve, qui est un spécialiste des relations de travail, devrait
admettre également que le travailleur est privé d'un statut
même à l'intérieur de son syndicat aujourd'hui. C'est
inquiétant. Le député devrait l'admettre. S'il ne l'admet
pas, c'est tout simplement parce qu'il est dans l'Opposition et qu'il ne veut
pas l'admettre.
M. Burns: Je ne l'admets pas dans le cas du syndicat, surtout
tant et aussi longtemps que vous ne m'aurez pas précisé ce que
vous voulez dire quand vous parlez du statut du travailleur.
M. Harvey (Jonquière): Les exemples seraient nombreux,
mais je pense que ce n'est pas l'occasion de le faire.
M. Burns: J'aimerais que vous me précisiez ce que vous
voulez dire par le statut du travailleur.
M. Harvey (Jonquière): Le député sait
très bien ce que je veux dire.
M. Burns: Non.
M. Harvey (Jonquière): Actuellement, le syndiqué,
le travailleur au Québec n'a pas de statut, contrairement à ce
qu'on retrouve dans le Code civil pour le louage de choses. C'est ce que j'ai
dit lors de ma conférence et c'est vrai.
M. Burns: Le louage de choses ou le louage d'ouvrage.
Qu'est-ce que vous voulez dire par le statut du travailleur? C'est ce
que je voudrais bien savoir.
M. Harvey (Jonquière): Ce que je veux dire! M. Burns:
Oui.
M. Harvey (Jonquière): Je veux dire un statut. Vous savez
ce que représente un statut pour les travailleurs.
M. Burns: Je ne le sais pas.
M. Harvey (Jonquière): Vous ne le savez pas!
M. Burns: Je ne le sais pas. Je veux savoir cela, M. le
Président.
M. Harvey (Jonquière): Attendez un peu. En peine de
spécialistes comme vous en relations de travail, je vais en consulter
un, un deuxième et un troisième, si vous le voulez, pour vous
donner une réponse...
M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): ... contentant un
spécialiste des relations de travail.
M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): Mon sous-ministre me dit qu'en fait
le Code civil aujourd'hui n'a aucune disposition pour prévoir le fait
qu'un travailleur loue ses services. C'est la réponse qu'il me donne
à votre question.
M. Burns: Bon.
M. Harvey (Jonquière): S'il veut ajouter quelque chose, je
vais lui permettre de le dire en mon nom, pour le journal des
Débats.
Ce qui arrive, c'est que vous savez très bien qu'il n'y a pas de
disposition du Code civil qui concerne la location de services. Ce que le
ministre a voulu dire dans son discours, c'est que ce n'est pas
nécessairement nous qui le faisons. Compte tenu du fait que le Code
civil n'a pas cette disposition, il faudrait peut-être dans un projet de
loi, qui s'en vient, prévoir des dispositions qui donneraient un certain
statut, aux travailleurs.
M. Burns: C'est quoi concrètement un statut de
travailleur? C'est ce que je veux savoir. Je ne veux pas vous "zigonner "
inutilement, mais, quand j'ai lu cela, je me suis dit: C'est quoi un statut de
travailleur? Je suis quand même, sans être un aussi grand
spécialiste que le ministre le dit, quelqu'un qui a été
dans le milieu syndical pendant au moins près d'une décade. Je
n'ai jamais vu les travailleurs se poser comme problème: C'est quoi, mon
statut de travailleur? Ce que j'ai remarqué comme avocat syndical, c'est
qu'à de très nombreuses reprises, le problème se posait de
savoir ce que le droit statutaire, qui est le Code du travail entre autres,
c'est-à-dire tous les éléments statutaires de notre
législation qui ne sont pas de la législation
régulière, comme le Code civil, faisait un certain nombre de
particularismes.
Vous avez même des décisions arbitrales. Je pense, entre
autres, au juge Victor Trépanier qui a déjà repris des
textes de Beaudry et Lacantinerie, qui sont des auteurs français en
cette matière sur le particularisme du droit du travail.
Ce droit statutaire, c'est bien sûr que, comme tel, il ne
reconnaît pas non plus de statut de travailleur. Il reconnaît des
statuts de syndicables. C'est bien sûr qu'il y a dans le Code civil des
éléments qui traitent du louage de services, du louage d'ouvrage.
Encore là, on ne se lancera pas là-dedans parce qu'on pourrait en
avoir pour des heures à discuter simplement de la jurisprudence sur le
louage des services et le louage d'ouvrage. Ce n'est pas du tout mon but. C'est
pour cela que j'écarte cela dès le départ.
Sauf que moi, quand je lis cela, connaissant cet arrière-plan, je
me demande simplement... Je n'essaie pas d'embêter inutilement le
ministre. Je veux comprendre le ministre lorsqu'il parle du statut du
travailleur, lorsqu'il parle de modifications aux législations en place
et lorsqu'il me dit également que le Code civil je suis d'accord
avec lui est insuffisant quant à une certaine
réglementation des droits du travailleur. Mais quand il nous dit qu'il
faut qu'il précise le statut du travailleur, je veux savoir ce qu'est,
d'abord, le statut du travailleur. Ma deuxième question, je vous le dis
tout de suite elle n'est pas piégée, la première
c'est: Dans quel sens voulez-vous modifier ce fameux statut? Alors, je
ne peux pas vous poser ma deuxième question à moins que vous ne
m'ayez dit ce qui est, d'après vous, le statut du travailleur.
M. Harvey (Jonquière): II n'y en a pas. M. Burns:
II n'y en a pas. Bien oui mais...
M. Harvey (Jonquière): II n'y en a pas de statut du
travailleur!
M. Burns: ... votre définition à vous. Vous nous
dites "sauf quelques dispositions élémentaires des ordonnances de
la Commission du salaire minimum, il n'y a rien qui précise et
confère aux salariés des garanties quant à son statut". Je
vous demande: C'est quoi, le statut du travailleur, Vous continuez: "II faut le
reconnaître, le louage de choses est de mieux protégé".
Probablement que vous vouliez dire, à ce moment-là, est en droit
d'être mieux protégé.
M. Harvey (Jonquière): En fait, ce qu'on veut dire, c'est
que lorsque vous avez un contrat de location, vous avez des dispositions qui
font que vous devez respecter le contrat de location. Si vous louez une chose,
si vous avez un contrat de trois semaines, moyennant un certain montant
d'argent, vous devez payer le montant d'argent qui est attaché au
contrat, ce que vous n'avez pas quand vous louez les services d'une
personne.
M. Burns: D'accord, M. le ministre, mais dans un cas...
Vous parlez au nom du ministre. C'est pour cela que je vais vous appeler
M. le ministre. D'accord? Ne soyez pas insulté, quand même! Vous
parlez au nom du ministre. Là-dessus, je pense que toutes les fois que
le sous-ministre interviendra, le journal des Débats a instructions
d'inscrire cela au nom du ministre.
Je répète on ne le répètera jamais
suffisamment souvent que même si le sous-ministre actuel est un de
mes anciens confrères de travail, je ne me sens pas la capacité
de l'engueuler comme fonctionnaire, mais je me sens la capacité
d'engueuler le ministre. D'accord? Alors, si le mi-
nistre prend sur lui les réponses de son sous-ministre, c'est
dans ce sens que je veux que ce soit appliqué au ministre. Je pense que
c'est un minimum d'éthique entre parlementaires et surtout
vis-à-vis des fonctionnaires qui font leur possible.
M. Harvey (Jonquière): S'il y a quelque chose que je
n'aime pas dans vos remarques, j'ajouterai quelque chose...
M. Burns: C'est cela. Vous m'engueulerez vous aussi!
M. Harvey (Jonquière): ... au "premier" ministre qui aura
parlé!
M. Burns: C'est cela, d'accord. Tout cela m'a fait perdre le fil!
Est-ce que c'est une technique que vous utilisez?
Des Voix: Ha! Ha!
M. Burns: Je parlais du statut du travailleur, mais lorsqu'on est
rendu à dire qu'une chose aussi fondamentale que le statut du
travailleur doit être changée, je pose la première
question: C'est quoi, le statut du travailleur. Mais actuellement, lorsqu'on
parle de contrat de louage, dans un cadre de relations de travail et sous la
juridiction qui concerne le ministre, on parle de relations collectives de
travail d'accord outre les lois particulières comme la
Commission du salaire minimum ou la Loi concernant les établissements
commerciaux et industriels, etc.
M. Harvey (Jonquière): Pour ceux qui sont
syndiqués.
M. Burns: Pour ceux qui sont syndiqués. Mais si on parle
de relations de travail, il y a quelque chose qui est couramment reconnu.
C'est que tout ce qui est relations de travail, lorsqu'il y a un
syndicat en place, le contrat de travail individuel est, à toutes fins
pratiques, mis de côté, en ce sens qu'il ne peut pas outrepasser
les dispositions collectives du travail. C'est cela que j'aimerais que vous
précisiez. Vous parlez d'amendement au Code civil et, d'une part, vous
dites: Ce n'est pas mon boulot à moi, c'est le ministre de la
Justice.
M. Harvey (Jonquière): C'est un fait.
M. Burns: C'est un fait, c'est sûr qu'un amendement au Code
civil cela va probablement être le ministre de la Justice qui va
l'apporter. Par contre, il est probable aussi que vous décidiez avec le
ministre de la Justice d'intégrer dans le Code du travail un certain
nombre de dispositions qui ne devraient plus apparaître dans le Code
civil.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas impossible.
M. Burns: C'est tout cela que je voudrais que vous
précisiez. Ecoutez, c'est dans le flou ce que vous nous dites là.
Moi, je suis moins crédule que le Conseil du patronat; alors je vous
pose des questions relativement à ce que vous avez dit au Conseil du
patronat.
M. Harvey (Jonquière): Mon sous-ministre vient de vous
donner, en mon nom, les explications qu'il avait et ce qu'on avait exactement
à l'esprit au moment où j'ai mentionné l'intention de mon
ministère ou des interventions que nous aurions à faire envers
celui qui est responsable du Code civil et de son application.
M. Burns: Vous parlez de garanties. On va le prendre de l'autre
bord; en tout cas, c'est une autre façon de vous poser la question,
peut-être que cela va aider le ministre à donner une
réponse plus précise. Quand vous parlez de garanties le
texte même, ce sont des garanties quant au statut du travailleur, quand
vous parlez de garanties et de statut quelle extension voulez-vous
donner au statut du travailleur et quelles garanties avez-vous l'intention de
lui accorder?
M. Harvey (Jonquière): Mon sous-ministre va vous donner
une réponse, je suis d'accord avec lui.
En fait ce qui arrive, c'est qu'il faut prendre ça dans le
contexte du projet de loi qu'on est en train de préparer. Evidemment,
quand on parle de relations...
M. Burns: Un instant, c'est un projet de loi que vous êtes
en train de préparer?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Donc ce ne sont pas des amendements au Code civil?
M. Harvey (Jonquière): Non, non, c'est pour cela qu'il
faut prendre cela dans son contexte. Il n'est pas question pour nous d'amender
le Code civil d'aucune façon.
M. Burns: On parle de la vétusté des dispositions
du Code civil.
M. Harvey (Jonquière): C'est une constatation.
M. Burns: D'accord. On se comprend mieux déjà.
M. Harvey (Jonquière): S'il y avait lieu, par les
amendements, par les modifications qu'on apporterait à la loi que va
vous mentionner M. Laporte, d'apporter des amendements au Code civil, le
responsable, à ce moment, les apporterait. On se comprend,
là?
M. Burns: D'accord. Déjà on parle un peu plus de la
même chose, d'accord.
M. Harvey (Jonquière): C'est évident que ce projet
de loi parle de la relation individuelle de tra-
vail par rapport à la relation collective de travail. Le Code du
travail spécifie les relations collectives. Il s'agirait peut-être
d'ajouter, au Code du travail, la deuxième partie qui, en fait, avait
été promise en 1964, lors de l'adoption du code actuel. Il s'agit
d'établir quelles sont les règles de la relation de travail
individuelle. Nous, ce qu'on vous dit, ce que le ministre a dit le 4 novembre,
c'est qu'on constate qu'il pourrait y avoir des dispositions, dans le Code
civil, qu'on ne voit pas. La seule loi, à l'heure actuelle, qui concerne
le contrat individuel de travail dans une certaine mesure, c'est la Loi du
salaire minimum.
M. Burns: En somme, ce que vous êtes en train de me dire,
c'est que vous avez l'intention d'ajouter au Code du travail. Effectivement, et
cela on l'a toujours dit, il n'est pas un Code du travail; on l'appelle comme
cela pour faciliter la référence. Vous avez, actuellement, dans
votre Code du travail du Québec un titre premier qui s'appelle Des
relations de travail. Puis il n'y a pas d'autre chose, il n'a pas de titre
deuxième dans ce Code du travail. C'est cela que vous voulez dire?
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Burns: Vous voulez dire qu'on a l'intention d'ajouter un titre
II, un titre III...
M. Harvey (Jonquière): On pourrait avoir un titre II qui
traiterait de la relation individuelle de travail. On pourrait aussi avoir un
projet de loi qui traiterait de la relation individuelle de travail qui ne
serait pas nécessairement la partie II du Code du travail. L'option
n'est pas encore prise là-dessus.
M. Burns: Pendant qu'on est sur ce phénomène de
code, je voudrais savoir, même si le ministre nous en a parlé dans
sa déclaration intro-ductive, où en sont rendues toutes ces
modifications.
Pour l'information du ministre, qui, à ce moment-là,
était au Revenu, qui s'occupait de choses beaucoup plus terre à
terre que des philosophies de relations syndicales, etc., ou de relations entre
employeurs et employés, je lui rappelle que, depuis six ans vous
êtes le troisième j'ai connu trois ministres du Travail
qui, les uns après les autres, nous ont fait des promesses de
modifications profondes au Code du travail, du moins à ce qu'il est
convenu d'appeler, actuellement, le Code du travail.
M. Pierre Laporte, comme M. Cournoyer m'ont tour à tour dit: Nous
nous apprêtons à faire des changements fondamentaux au Code du
travail. Entre autres, je me rappelle que même les deux ministres en
question m'avaient assuré qu'ils étaient disposés, dans un
cas, celui de M. Laporte, à regarder très favorablement et
même à forcer l'Assemblée nationale à se prononcer
sur le syndicalisme de cadre et, d'une façon peut-être un peu
moins précise, M. Cournoyer peut-être parce qu'il connaissait plus
cela et qu'il savait dans quoi il s'embarquait m'a dit: On examine
très sérieu- sement la possibilité d'introduire dans le
Code du travail le syndicalisme de cadre.
Il y a eu d'autres essais, il y a même eu des dépôts
de projets de loi amendant la technique de négociation. Le ministre a
fait référence, tout à l'heure, dans son exposé,
à la disparition de la conciliation comme technique obligatoire
enclenchant le processus vers la grève. De cela aussi, j'en entends
parler depuis six ans. J'ai entendu également parler de dispositions que
le gouvernement se réserverait éventuellement le droit d'utiliser
dans des cas de grèves où l'intérêt public, selon le
gouvernement, serait mis en jeu. On se souvient du fameux bill 89 qui a
provoqué une levée de boucliers de la part de tous les mouvements
syndicaux au Québec. On a également, plus récemment,
entendu parler de nouvelles techniques de négociation dans le domaine du
secteur public, sans que ce soit nécessairement le secteur de la
fonction publique, qui est régi par le Code du travail actuel.
C'est tout cela que je veux savoir. C'est quoi
l'échéancier? Où s'en va-t-on exactement? Est-ce qu'on
peut s'attendre à des propositions précises? Je ne pense pas
révéler de secret à qui que ce soit, surtout pas au
ministre, en tout cas, en lui disant là, ce n'est pas le
député de Maisonneuve qui parle, mais le leader de l'Opposition
que, comme leader de l'Opposition, je n'ai pas été
avisé, jusqu'à maintenant, que, dans la liste des
priorités du gouvernement jusqu'à la fin de la session ou
à l'ajournement d'été, il y avait un certain nombre de
préoccupations relativement aux amendements au Code du travail.
Amendements au Code du Travail
M. Harvey (Jonquière): En ce qui concerne le Code du
travail, la première phase que j'ai identifiée, que j'ai
indiquée dans mon propos d'ouverture de cette commission parlementaire,
montre qu'il est rendu au Conseil des ministres pour son acceptation, ayant
fait l'objet d'une large consultation, d'abord, au CCTM. La très grande
majorité des amendements apportés a fait l'objet d'une
consultation. Il a franchi également l'étape du comité
permanent des ressources humaines du Conseil des ministres. Il a
été accepté à cet endroit avec de très
légères modifications ou des modifications mineures qui
n'impliquent aucunement les objectifs qu'on vise, en termes de terminologie
française pour améliorer son contenu au sujet de la langue; aucun
argument de fond. Il est au stade de la décision du Conseil des
ministres pour déférence au comité de
législation.
Bien sûr, aujourd'hui, on est le 10 juin. Quant à
l'ajournement d'été, si l'Opposition était capable de me
dire... On sait qu'une session, c'est le gouvernement qui la commence...
M. Burns: C'est faux, ça.
M. Harvey (Jonquière): ... et c est l'Opposition qui la
termine.
M. Burns: C'est faux.
M. Harvey (Jonquière): Bien...
M. Burns: Ce n'est pas exact, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): ... je pense...
M. Burns: Si vous me dites qu'il y a un feuilleton et qu'il y a
cela au feuilleton, je vais vous dire: C'est vrai, ce que vous dites.
M. Harvey (Jonquière): Je ne voudrais pas...
M. Burns: Non, je ne veux pas commencer une grosse chicane avec
vous là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais par tradition dans les
Parlements, c'est le gouvernement qui l'ouvre et c'est l'Opposition qui finit
la session.
M. Burns: II ne faut pas laisser croire des choses inexactes au
monde et surtout aux fonctionnaires qui sont nos collaborateurs à
l'Assemblée nationale.
M. Harvey (Jonquière): Ils le savent mieux que nous.
M. Burns: II y a deux façons de terminer une session. On
peut dire à l'Opposition: Voici le menu législatif d'ici à
la fin de la session et ne pas bouger d'un iota là-dessus. A ce
moment-là, c'est vrai que l'Opposition va dire: Nous allons terminer la
session à telle date; c'est possible, cela.
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve...
M. Burns: Mon expérience des douze dernières fins
de session ou ajournements d'été, c'est que, dans la
dernière semaine ou dans l'avant-dernière semaine, il nous arrive
toujours un paquet de projets de loi qui sont absolument inattendus, mais que
chaque ministre concerné ou chaque député, s'il s'agit
d'un projet de loi privé, considère comme prioritaires. C'est ce
qui change tous les plans, c'est ce qui fait qu'on ne peut pas planifier une
fin de session.
Pour ma part, je vous dis tout desuite, je l'ai dit à qui voulait
l'entendre: Je suis de ceux qui croient qu'une session, cela doit être
planifié à dates fixes. Comme cela se fait, d'ailleurs, dans
d'autres Parlements, qu'on dise: Une session, cela commence en janvier,
à telle date, après le fête des Rois ou je ne sais pas
quoi, et cela se termine au plus tard le 24 juin ou le 23 juin; cela reprend le
lendemain de la Fête du travail et cela se termine l'avant-veille de
Noël. Cela est très facile et, là, il y a moyen de planifier
quelque chose. Actuellement, c'est cul par-dessus tête, on ne planifie
rien. Le leader du gouvernement et moi-même, imaginez-vous, on se fend en
quatorze, vous savez quoi, pour essayer de planifier.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Maisonneuve me permettrait, par exemple, de lui dire que, personnellement,
moi, j'aimerais être capable de planifier un travail qui m'indiquerait un
calendrier précis pour la législation? Mais, comme on vit dans un
régime démocratique et qu'une Opposition est capable, avec les
règles du jeu, et par la voie du règlement, de faire
siéger un Parlement, on a vu cela, entre Noël et le jour de l'An,
pour se contenter quand elle le veut, bien, les dates précises
empêcheraient...
M. Burns: Pas pour se contenter. Pour jouer le rôle
véritable de l'Opposition, c'est-à-dire mettre devant l'opinion
publique un certain nombre de choses, par exemple l'augmentation du salaires
des députés, l'augmentation du salaire des juges.
M. Harvey (Jonquière): Non, non, non. Je parle de
l'obligation que nous avions au même moment que cette loi...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais le
faire bien calmement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Non. il ne
s'agit pas de calme.
M. Harvey (Jonquière): Je veux parler de la loi 98 qui ne
vous impliquait pas...
Le Président (M. Séguin): Je voudrais vous
suggérer d'en parler rendu au programme 8. En attendant, est-ce qu'on
peut continuer?
M. Harvey (Jonquière): ...concernant l'Outaouais et le
Saguenay, vous savez ce que je veux dire, entre Noël et le jour de l'An.
Lui prétendait, à Chicoutimi, que c'était votre raison
pour revenir entre Noël et le jour de l'An, puis vous me parlez de
l'augmentation de salaire des députés, alors que tous vos
députés ont été les premiers à venir
chercher leur paie.
Le Président (M. Séguin): Je crains, messieurs,
qu'on ne s'en aille sur un autre débat tout à fait
étranger au Travail.
M. Harvey (Jonquière): Très bien, M. le
Président, on oublie cela.
M. Burns: Non, mais, quand des choses pareilles sont
abordées, je veux qu'on les vide.
Le Président (M. Séguin): Oui, oui, mais vous ne
pouvez pas les vider aux crédits du ministère du Travail. Au
programme 8, ce serait l'endroit pour le faire.
M. Burns: M. le Président, nous avons devant nous un
représentant du Conseil des ministres. Si je suis capable de le
convaincre de mon opinion et qu'il apporte au Conseil des ministres cette
opinion, tant mieux.
Le Président (M. Séguin): Oui, mais...
M. Burns: Cela c'est dans l'intérêt du
parlementarisme.
M. Harvey (Jonquière): Cela amène, M. le
Président, des arguments qui peuvent soulever un débat et je
donnais un exemple, justement, de nature à soulever un débat.
M. Burns: Ce n'est pas fini, on commence. M. Malépart:
J'invoque le règlement.
Le Président (M. Séguin): Une question de
règlement.
M. Malépart: Tantôt, on s'était entendu pour
procéder par questions, par étapes. Moi, j'avais une question
à poser concernant le statut du travailleur, puis là on est rendu
à d'autres articles, puis on est rendu à Noël.
M. Burns: On va y revenir. On va y revenir. Justement, j'y
revenais.
Le Président (M. Séguin): J'avais l'impression
qu'on était un peu dessus.
M. Harvey (Jonquière): Alors, je termine...
Le Président (M. Séguin): On parlait cependant du
statut de beaucoup d'autres personnes. C'est pour cela que je voulais revenir
au statut du travailleur.
M. Harvey (Jonquière): D'abord, je reviens à la
réponse que je donnais au député de Maisonneuve concernant
le Code du travail. Je suis persuadé que c'est mercredi prochain que
sera étudié le rapport du comité permanent des ressources
humaines qui a passé à travers l'avant-projet de loi, parce qu'il
faut l'appeler avant-projet tant qu'il n'a pas été
accepté. Il a été accepté en principe par le
Conseil des ministres, mais il doit revenir dans sa forme, pour être
ensuite acheminé au comité de législation. Je serais
l'homme le plus heureux si on pouvait le déposer avant d'ajourner nos
travaux de l'été.
Il y a également cette législation, d'après
l'échéancier qu'avaient préparé mes collaborateurs
au ministère, qui implique la loi-cadre pour la sécurité
du travailleur qui est une refonte complète de la Loi des accidents du
travail.
Vous vous souvenez que mon voeu est de la déposer avant qu'on
ajourne nos travaux d'été, pour être capable de faire des
séances de la commission parlementaire pour entendre les
intéressés.
M. Burns: Me dites-vous qu'elle sera déposée?
M. Harvey (Jonquière): On met là-dessus toutes nos
ressources humaines. Les difficultés qu'on rencontre quand on examine
une loi aussi complexe que la loi que je viens de citer nous font
réaliser que, dans l'établissement de nos
échéanciers...
M. Burns: Vous en aviez même déjà un
avant-projet, vous l'avez déposé par erreur l'an dernier.
M. Harvey (Jonquière): Comprenons-nous, vous aviez...
M. Burns: Vous pensiez déposer un autre projet de loi et
c'est celui-là que vous avez déposé.
M. Harvey (Jonquière): Vous aviez, à ce
moment-là, un projet d'amendement souhaité par la Commission des
accidents du travail actuelle qui a été expédié,
non pas par les voies régulières, à notre
ministère, mais directement au comité de législation,
parce que nous avions indiqué au comité de législation
qu'il y aurait un projet de loi concernant des amendements à la Loi des
accidents du travail et le Conseil des ministres, qui n'avait pas donné
son accord de principe, a dit: Vous avez, M. le ministre du Travail, une
refonte de la Loi des accidents du travail; si vous jugez à propos
d'accepter ces amendements, incluez-les dans votre projet de refonte.
J'étais parfaitement d'accord, de même que tous mes
collaborateurs.
Naturellement, cela a déçu la Commission des accidents du
travail, parce qu'elle voyait l'occasion de rendre cohérente dans un
mécanisme de calcul, sa loi générale vis-à-vis
d'une loi spéciale, qui était la loi 52, qu'elle avait le devoir
d'administrer. C'était l'unique raison de son grand désir de voir
adopter des amendements, à la fin de la dernière session, en
1975. Mais, nous lui avons fait comprendre que le Conseil des ministres avait
décidé autre chose et on a touché uniquement au montant,
au plafond.
M. Burns: Vos deux promesses que je viens d'entendre, je les
résume et vous me direz si j'ai tort de les comprendre comme cela. Vous
me dites qu'avant l'ajournement d'été, on aura le
dépôt d'une loi qui va être, à toutes fins pratiques,
une refonte de la Loi des accidents du travail. Et il y aura je ne suis
pas sûr si j'ai bien compris cela, mais je vous le suggère
également le dépôt d'un projet de loi amendant le Code du
travail. C'est bien ce que vous m'avez dit?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, je reprends. Pour le Code
du travail, la première phase des amendements au code, la réponse
est oui: dépôt avant l'ajournement d'été.
M. Burns: Mais pas pour adoption avant l'ajournement.
M. Harvey (Jonquière): Si on en avait le temps, je
n'aurais pas d'objection, mais on peut manquer de temps et le projet de loi
restera en plan jusqu'à l'automne. Parce qu'il n'est pas question de
convoquer des commissions parlementaires sur la première phase du Code
du travail, ayant
fait la consultation avec le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre où siègent patronat et syndicats, et, vous le savez
fort bien, également, le contenu de la première phase des
amendements au code étant presque entièrement des amendements qui
ont fait l'objet de consultations.
M. Burns: Est-ce que dans ces amendements, M. le ministre
cela pour faire plaisir au député qui parlait tout à
l'heure il y aura une référence au statut du travailleur?
Il n'y aura rien dans cela.
M. Harvey (Jonquière): Non, pas dans la première
phase.
M. Burns: Ce sera dans une autre phase.
M. Harvey (Jonquière): Dans la deuxième phase qu'on
amènera, tel que l'a mentionné le discours inaugural, en 1976.
Pour l'autre projet de loi, au moment où je vous parle, nous n'avons pas
encore terminé, mais nous devrions normalement terminer d'ici la fin de
semaine, au niveau du contentieux de notre ministère. Nous avons
à rencontrer de nouveau la Commission des accidents du travail qui avait
préparé un avant-projet. J'ai les étapes suivantes
à franchir: comité des ressources humaines, Conseil des
ministres, comité de législation, Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, également sur le texte final.
Alors, je ne veux pas prendre un engagement qui me ferait passer pour un
menteur. J'avais espéré le déposer. Si tout va bien c'est
possible, mais je n'en suis pas sûr.
M. Burns: Vous n'en êtes pas sûr.
M. Harvey (Jonquière): Pour la refonte de la CAT.
M. Burns: Oui, mais revenons...
M. Harvey (Jonquière): J'ajoute cependant que s'il
n'était pas déposé à la fin de la session, on se
priverait du temps disponible que nous aurions durant l'intersession pour
entendre les groupes. Il faudra nécessairement qu'il soit
déposé dès les premiers jours, à la reprise de la
session, pour nous permettre d'entendre les groupes intéressés,
si on veut qu'il vienne en application en 1977.
M. Burns: Si on revient aux amendements au Code du travail, je
comprends que vous ne preniez pas d'engagement quant à la Loi des
accidents du travail. Vous dites que cela dépendra des étapes,
etc. Quant aux amendements au Code du Travail, vous me dites que,
jusqu'à maintenant, ce que vous vous apprêtez à
déposer a été soumis au Conseil consultatif du Travail et
de la Main-d'oeuvre. Concernant la définition du statut du travailleur,
cela a-t-il été soumis au Conseil consultatif du Travail et de la
Main-d'Oeuvre?
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Dès ce moment-ci, êtes-vous en mesure de
nous donner une définition concrète de ce que vous envisagez de
mettre, quitte à le soumettre éventuellement au Conseil
consultatif du Travail et de la Main-d'oeuvre, dans le projet de loi qui
concernera le statut du travailleur.
M. Harvey (Jonquière): J'ai une idée, mais je ne
peux pas vous la donner immédiatement, ayant encore des consultations
à faire sur le sujet. Maintenant, je voudrais bien qu'on me comprenne.
Quand je parle de la refonte de la Loi des accidents du travail, c'est bien
plus que cela. Il s'agit, M. le Président, d'une loi-cadre pour la
santé et la sécurité du travailleur où le ministre
du Travail sera le maître d'oeuvre. C'est pour démontrer la
complexité et la raison pour laquelle nous n'avons pu, à partir
d'un calendrier, arriver à compléter un avant-projet de loi. Nous
avons rencontré, dans une loi-cadre, beaucoup plus de difficultés
que dans la refonte d'une loi qu'on appelle la Loi des accidents du travail. Il
s'agissait de dire au départ ce que dit souvent le député
de Maisonneuve: Gardons-nous la même philosophie? Lui, dit: Non. Il faut
partir d'une autre philosophie. Deuxièmement, à partir d'une loi
existante, la bâtir à partir de chapitres existants qui sont
réadaptés, et ainsi de suite. Ce n'est pas cela qu'on a fait,
c'est une loi-cadre pour la santé et la sécurité des
travailleurs. C'est beaucoup plus complexe et rend possible de
déterminer par voie de délégation des
responsabilités à des ministères et à des
organismes.
M. Burns: M. le Président, ce que le ministre me dit
actuellement, ce sont, à toutes fins pratiques, encore une fois, des
choses dont je suis absolument au courant, ayant pris connaissance de son
discours devant le Conseil du patronat. Je cite à nouveau ce que disait
le ministre le 4 novembre dernier: "Nous avons l'intention de proposer au
Conseil exécutif l'adoption d'une loi-cadre qui remplacerait la
législation actuelle et qui permettrait l'adoption d'une
réglementation unifiée relative à la
sécurité et à l'hygiène du travail." Vous ne
m'apprenez rien de nouveau à ce sujet. Là vous me donnez une
série de choses:" En plus des pouvoirs de réglementation, cette
législation devrait notamment déterminer les obligations, droits
et devoirs," etc.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais
inviter, pendant qu'il a mon discours c'est pour cela que je l'ai
envoyé chercher
M. Burns: Alors, c'est cela, votre discours d'aujourd'hui? Le
discours que j'ai est celui d'il y a sept mois.
M. Harvey (Jonquière): Vous n'avez pas le discours
d'aujourd'hui.
M. Burns: Non, je vous ai entendu tout à l'heure.
M. Harvey (Jonquière): Quand j'ai mentionné...
M. Burns: C'est le même de toute façon; il est tout
simplement réaménagé.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous montrer que ce n'est
pas le même, parce qu'aujourd'hui je suis assez réaliste et assez
franc pour vous dire qu'entre tout ce qu'il est souhaitable de réaliser
et ce qui est réalisable, il y a parfois toute une marge. Cette marge
dépend, le plus souvent, de circonstances adversaires, inostensibles,
pour ne pas dire de contraintes, celles-ci étant le plus souvent d'ordre
extraministériel.
M. Burns: Cela veut dire que, possiblement, on n'en entendra pas
parler encore pour les deux prochaines années.
M. Harvey (Jonquière): Non. Quand le député
de Maisonneuve dit cela, il affirme des choses... Par exemple, l'ex-ministre du
Travail, qui est maintenant ministre des Richesses naturelles, lorsqu'on s'est
assis avec lui pour lui demander sa collaboration concernant le domaine de
l'inspection du travail dans les mines, c'est sans hésiter un seul
instant qu'il nous a remis, en moins de dix minutes, une lettre nous confiant
le soin d'être le maître d'oeuvre de l'inspection dans le domaine
du travail. C'est un exemple que je peux vous donner où, en raison de
tout ce que peut comporter un ministère et de ses prétentions de
vouloir conserver certains pouvoirs, cela aurait pu prendre un an, mais cela a
pris une heure, dans ce cas.
M. Burns: C'est pourquoi je vous dis que le ministre est beaucoup
plus prudent aujourd'hui que le 4 novembre. Peut-être que c'était
l'enthousiasme du nouveau ministre qui disait: Enfin, j'ai un ministère
où je peux me faire un nom, au lieu d'être tout simplement le
"collecteux " officiel du gouvernement.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais vous admettrez avec moi
que je n'ai jamais prononcé le mot désormais.
M. Burns: Non, mais vous avez prononcé des choses aussi
précises que ce que je vous ai cité tout è l'heure.
"Puisque je n'ai plus rien à vous cacher, disiez-vous, autant vous dire
que, pour mener à bien tous ces plans et projets, une
réorganisation et une restructuration importante de mon ministère
est en voie de devenir effective dans les prochains jours!
M. Harvey (Jonquière): C'était au mois de
novembre.
M. Burns: Vous savez ce que cela veut dire la portée du
mot "effective ". Cela veut dire être en vigueur.
M. Harvey (Jonquière): Certainement. J'en ai une partie
qui est en vigueur.
M. Burns: Qu'est-ce qui est en vigueur jusqu'à
maintenant?
M. Harvey (Jonquière): II y a deux façons de faire
une restructuration dans un ministère.
M. Burns: Une restructuration et une réorganisation.
M. Harvey (Jonquière): II y a ine façon de faire
une réorganisation pour la réussir. Je ne reprends pas les mots.
Il y a deux façons de faire une restructuration. Il y en a une qui est
de l'imposer et l'autre qui est de la vendre, ce qui rend les gens bien
inquiets et suscite une productivité moindre pour une bonne
période mais une réorganisation, quand elle est faite non pas par
des consultants qui viennent penser à la place des gens qui sont
habitués de voir des problèmes et de sentir le besoin de
communiquer d'une direction à une autre, cela prend deux fois moins de
temps à la réussir et deux fois plus de temps à
l'appliquer totalement. Nous avons opté pour la deuxième formule
en informant, par la voie de mon sous-ministre, dans le bulletin du
ministère, nous avons opté pour la réorganisation, en
mettant sur pied immédiatement un comité de coordination. La
structure supérieure a été approuvée par le Conseil
du trésor et le Conseil des ministres.
M. Burns: Elle est effective?
M. Harvey (Jonquière): En pratique, on peut dire que oui,
mais, officiellement, avec tout ce que va comporter la nouvelle structure au
point de vue de l'opération, je suis obligé de vous dire: Non,
pas encore. Il nous reste à recruter...
M. Burns: si je m'en rapporte au 4 novembre, vous disiez dans les
prochains jours. Cela veut dire au plus dans l'année 1975, même en
vous donnant un jeu d'un mois et demi.
M. Harvey (Jonquière): Si le député de
Maisonneuve comprend cela comme cela, nous au ministère...
M. Burns: Je prends vos paroles, M. le ministre. Ce n'est pas moi
qui ai écrit ce texte. C'est vous.
M. Harvey (Jonquière): On a commencé quinze jours
après.
M. Burns: Quinze jours après et vous me dites que ce n'est
pas effectif actuellement.
M. Harvey (Jonquière): Totalement, non. Je ne
prévois pas avant...
M. Burns: Qu'est-ce qui est effectif actuellement dans tout
cela?
M. Harvey (Jonquière): Au niveau de la structure
supérieure, c'est fait. Dans l'autre, d'ici quelques mois.
M. Burns: Cela a donné quoi, dans le concret, au niveau
supérieur, ce qui a été fait jusqu'à maintenant?
Pourriez-vous nous décrire cela?
M. Harvey (Jonquière): J'aimerais mieux que mon
sous-ministre, qui a présidé ou qui a assisté à peu
près à toutes les réunions du comité de
coordination, vous donne exactement l'état des choses au moment
où on se parle. Egalement, lui qui est responsable de l'administration,
comme sous-ministre, il pourrait vous dire combien de temps il prévoit
avant d'appliquer sa nouvelle réorganisation effectivement dans toute le
ministère.
M. Burns: Je veux bien entendre le sous-ministre mais, à
la longue, je vais être obligé de l'appeler vraiment M. le
ministre, dans le vrai sens du mot.
M. Harvey (Jonquière): II reste une chose. Je peux vous
dire que ce que mon sous-ministre, à ce jour, a pu faire...
M. Burns: Vous n'êtes pas contre... M. Harvey
(Jonquière): Non, non.
M. Burns: C'est le seul gars qui connaisse quelque chose chez
vous.
M. Harvey (Jonquière): Le jour où je serais contre,
il ne serait pas longtemps sous-ministre ou moi ministre. Le premier ministre,
qui a l'autorité et le devoir de faire la nomination des deux
parce qu'il nomme le sous-ministre et le ministre si cela ne marchait
pas, il aurait à en remplacer un ou l'autre. Alors, jusqu'à
maintenant, je pense que mon sous-ministre a su se comporter en
sous-ministre.
Pour le bénéfice de la discussion, à la commission
parlementaire, c'est un règlement qui fait en sorte que ce qu'il va vous
dire, ce sont les paroles que je vous dirais. Il a assisté encore hier,
pendant tout la journée et toute la matinée, aux dernières
prises par le comité de coordination alors que celui qui vous parle
était occupé, au ministère, à d'autres fonctions
pour faire du travail qui me concerne et que je n'ai pas le droit de
déléguer comme autorité. Ce sont souvent des
décisions à caractère politique. Je demande donc au
sous-ministre de vous dire où il en est rendu. Il sort de la
dernière réunion du comité de coordination.
En fait, pour ce qui est effectif, il y a quand même le
comité de coordination générale qui n'existait pas, qui
regroupe les sous-ministres adjoints, le sous-ministre en titre et les experts
qui doivent décider des projets à être soumis à
l'autorité. Cela existe en fait.
Deuxièmement, la structure supérieure existe sauf qu'on a
une certaine difficulté il faut l'admettre à
recruter les sous-ministres adjoints qu'il faut ou les personnes qu'on
désigne comme sous-ministres adjoints dans cette nouvelle structure.
M. Burns: Quelle est la raison de cette difficulté de
recrutement? Le salaire?
M. Harvey (Jonquière): C'est peut-être une des
raisons.
M. Burns: Ou est-ce la compétence?
M. Harvey (Jonquière): Surtout la compétence qu'on
recherche.
M. Burns: Des personnes que vous croyez difficilement acceptables
dans ces postes à cause de leur compétence.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela. M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): Actuellement, il y a deux
sous-ministres adjoints qui exercent leurs fonctions, soit celui de
l'administration et celui qui dirigeait la section de l'inspection technique
qui, dorénavant, sera regroupée dans un secteur
d'opération déconcentré, M. Lapointe.
Nous aurons.
M. Malépart: M. le Président, sur le statut du
travailleur; je pense qu'on est rendu sur le statut des ministres et tout cela,
on réglera cela.
M. Burns: On va le laisser poser sa question. Envoyez donc! Posez
donc votre question. Vous voulez vous inscrire au journal des
Débats?
Le Président (M. Séguin): M. le
député, dans le moment...
M. Burns: Envoyez donc, inscrivez-vous au journal des
Débats. Cela fait longtemps qu'il n'a pas parlé. Il ne parle pas
souvent, on va lui donner une chance. On va l'écouter.
M. Malépart: M. le Président, est-ce que je peux
m'inscrire? Le petit boss syndicaliste va se calmer et après cela on va
pouvoir parler.
M. Burns: C'est cela.
M. Malépart: Concernant le statut de travailleur, est-ce
que vous prévoyez...
M. Burns: On ne fait pas de patronage dans le syndicalisme.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Malépart: C'est ce qu'il dit, mais ce n'est pas ce que
la commission Cliche a répété. On pourrait faire des
enquêtes sur le "shylocking" dans son comté.
M. Burns: On verra cela.
M. Malépart: Concernant le statut du travailleur, est-ce
que c'est là-dedans qu'on va retrouver de la protection pour les
syndiqués qui parfois ne veulent pas suivre les ordres de leur boss
syndicaliste? Il y en a certains qui ne veulent pas suivre les ordres, comme on
l'a vu dans le conflit des enseignants.
M. Burns: Les travailleurs du comté de Sainte-Marie vont
être heureux d'entendre cela.
M. Malépart: Est-ce qu'on va tenir compte d'une protection
pour ces syndiqués?
M. Burns: On va leur mettre un policier à chaque
travailleur.
M. Harvey (Jonquière): Ce ne sera pas...
M. Malépart: ...qu'ils soient privés de leurs
droits à l'intérieur du syndical...
M. Harvey (Jonquière): Ce ne serait pas dans ce qu'on a
qualifié de statut du travailleur. Dans l'explication et
l'échange de conversation qu'on vient d'avoir, je pense qu'on trouvait
la réponse. Ce ne serait pas dans cela.
M. Malépart: Au niveau de votre consultation, cela se fait
toujours entre la partie patronale, le Conseil du patronat...
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire que le
mécanisme de consultation que nous avons, c'est le Conseil consultatif
du travail et de la main-ci oeuvre où se retrouvent à la
même table les syndicats et le patronat. Le patronat dans le grand sens
du mot, pas dans le sens que vous pourriez le comprendre si on parlait du
Conseil du patronat. Ce sont des délégués venant du
côté patronal.
M. Malépart: Non, mais ce sont deux parties
opposées, deux parties qui veulent chacune défendre leurs points,
tout en disant que c'est pour le bien des autres en bas. Mais le plus grand
ignoré présentement dans tout ce qu'on vit au Québec dans
le domaine des relations de travail, c'est le syndiqué. Lui, il paie la
note, puis ce sont tous les autres qui décident pour lui.
M. Harvey (Jonquière): Le député comprendra
que c'est effectivement une décision que j'ai prise après avoir
consulté mes collaborateurs, de procéder en deux phases pour les
amendements au Code du travail. L'expérience vécue avec le code
actuel, à partir de 1964, et le besoin de clarifier des articles, et
même d'en modifier j'ai donné l'exemple du mécanisme
de la conciliation nous a fait opter, au lieu d'arriver avec une autre
refonte de ce qu'on appelle, comme le disait le député de
Maisonneuve, du Code du travail, pour deux phases: une phase qui sera
relativement rapide, si on pouvait l'amener avant la fin de la session,
quelques jours avant.
On pourrait effectivement la passer parce qu'elle obtient
l'unanimité dans la grande partie des amendements que j'apporte du
patronat et des syndicats à la suite de l'expérience vécue
depuis son existence.
Quant aux articles litigieux ou aux sujets assez litigieux qui
amèneraient probablement des prises de bec entre le député
de Sainte-Marie et le député de Maisonneuve sur le sujet, sur des
questions litigieuses...
M. Burns: Je prends juste des gens à ma taille.
M. Harvey (Jonquière): Juste à votre taille? Comme
cela, je commence à être fier de moi.
M. Malépart: II a raison, sa profession, c'est...
M. Harvey (Jonquière): On a opté pour tous les
articles qui seront l'objet d'un grand débat dans la deuxième
phase, qui sera tout de même au cours de l'année 1976 à
moins qu'on ait des contraintes que j'ai identifiées tout à
l'heure dans mon propos du début.
M. Malépart: Vous avez mentionné, concernant le
dépôt de la refonte de la Loi de la Commission des accidents du
travail, celle du salaire minimum. Est-ce qu'on aura cela?
M. Harvey (Jonquière): Oui, je sais que le
député comprend que ce sont deux choses absolument
différentes.
M. Malépart: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Le stade où en est rendue la
loi concernant les conditions minimales de travail garanti, le texte chez nous,
lavant-projet est terminé. Il sera soumis au comité des
ressources humaines au cours de la semaine prochaine. Nous siégeons
là une fois tous les quinze jours, maintenant, et il sera
déposé à l'automne.
M. Malépart: A l'automne. Il n'y aura pas...
M. Harvey (Jonquière): A l'automne.
M. Malépart: Merci. Je peux remettre la parole au
député de Maisonneuve, l'honorable avocat.
M. Burns: Merci à l'honorable député de
Sainte-Marie.
M. Malépart: Simple député.
M. Burns: Oui, moi aussi, je suis un simple député.
J'enchaîne uniquement sur l'affaire des... Est-ce que le
député de Frontenac a des problèmes? Pas de
problème?
M. Lecours: ... octobre avec la loi 52. M. Burns: D'accord.
M. Lachance: II n'est pas de l'opinion des avocats, lui.
M. Burns: Non, cela n'en a pas l'air. Revenant aux amendements au
Code du travail, j'ai deux questions à lui poser. Ce sera probablement
mes dernières avant six heures, selon la longueur des
réponses.
M. Harvey (Jonquière): II est déjà six
heures?
M. Burns: Bien oui, il est déjà six heures moins
quatre minutes.
M. Lachance: Cela passe vite.
M. Burns: Cela passe donc vite, en bonne compagnie, n'est-ce pas?
Chez vous, les enfants sont bien, oui? Bon, d'accord.
Je voudrais savoir si le ministre a pris une décision
relativement à un geste très récent qui a
été posé lors du dernier congrès du Parti
libéral qui a eu lieu, je pense, les 23, 24 avril dernier.
Dans une résolution, on a décidé d'abolir le Code
du travail, de le remplacer par ce que certains ont appelé une charte
des droits des travailleurs au sein de leur syndicat. Est-ce que le ministre a
déjà pris une décision quant à ce qu'il pourrait
faire relativement à cette résolution venant de l'instance, je
présume, démocratique de son parti?
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas encore reçu, par
les voies régulières, par le secrétariat
général du parti, le texte de...
M. Burns: Comment cela se fait-il que je l'ai moi
déjà?
M. Harvey (Jonquière): Bien vous vous l'avez? Bien vous
l'avez pris dans les journaux.
M. Burns: Bien oui.
M. Harvey (Jonquière): On travaille plus intelligemment
que cela nous, parce qu'il y a un comité...
M. Burns: Oui, vous n'avez pas pris de décision encore.
Cela ne vous a pas apparu sérieux si cela a paru dans le Devoir du 26
avril.
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais que le
député de Maisonneuve reste comme je le connais, il m'a l'air
d'être un homme avec les pieds à terre. Vous auriez pris une
décision tout de suite?
M. Burns: Non, je me serais prémuni, par exemple, contre
une telle décision. Je poserais toujours des questions.
M. Harvey (Jonquière): Qu'est-ce qui vous dit que les
exercices intellectuels requis de ma part et de tous ceux qui, souvent
cachés, connaissent cela deux fois comme vous et moi
réunis...
M. Burns: II y a une chose que j'aurais faite, je serais
allé au congrès, puis j'aurais essayé de l'empêcher
de passer.
M. Harvey (Jonquière): Ah! vous auriez fait cela?
M. Burns: Ah oui!
M. Harvey (Jonquière): Vous auriez fait cela?
M. Burns: Ah oui! c'est mon droit à l'intérieur
d'un parti démocratique.
M. Harvey (Jonquière): II a de drôles de fa-
çons. Vous avez blâmé au début de
l'après-midi mon collègue du cabinet, M. Cournoyer, qui a
été ministre du Travail, puis vous venez parler comme cela? Ce ne
serait pas drôle de vous voir ministre du Travail; vous seriez pompier
trois jours.
M. Burns: Bien non, moi j'essaierais...
M. Harvey (Jonquière): Vous auriez un grand talent.
M. Burns: ... d'utiliser ma compétence si j'en avais; ce
n'est peut-être pas votre cas, c'est peut-être cela votre
problème.
M. Harvey (Jonquière): Ce ne serait pas trop un expert
pour travailler pour vous.
M. Burns: Moi, j'essaierais d'utiliser ma compétence si
j'en avais.
M. Harvey (Jonquière): C'est quoi mon problème,
vous dites?
M. Burns: Je dis c'est peut-être votre problème.
Peut-être que vous n'avez pas la compétence d'aller
débattre d'une telle résolution à un congrès. C'est
peut-être cela le problème. Si ce n'est pas cela, bien
alors...
M. Harvey (Jonquière): Non, je suis convaincu... A la
façon...
M. Burns: ... à ce moment-là, vous allez comprendre
que vous auriez fait comme moi, vous seriez allé au congrès, vous
auriez dit: Cela n'a pas de bon sens cette affaire-là.
M. Harvey (Jonquière): Je vois évoluer les six et
souvent vous à travers les six. Je les vois évoluer sur des
sujets souvent plus complexes que le droit ouvrier et où cela demande
d'avoir les pieds à terre. L'exemple que vous donnez, ici dans ce
Parlement, c'est de vouloir immédiatement prendre des positions sans
avoir tous les éléments qu'on doit étudier avant de se
fixer définitivement une idée ou des objectifs de correction.
M. Burns: Je vous dis tout de suite que, dans le cas où
mon parti présenterait une résolution qui a des implications
très larges et très importantes sur le plan financier, je ne me
sentirais pas de compétence particulière, de sorte que je
laisserais...
M. Harvey (Jonquière): Sur le plan constitutionnel, dans
le vôtre, cela ne vous achale pas...
M. Burns: Est-ce que vous pouvez me laisser finir? Moi, je vous
laisse finir.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: Je vous laisse finir.
M. Malépart: M. le Président, il est six
heures.
M. Burns: II est six heures, nous y reviendrons. Nous reviendrons
à la compétence du ministre.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
A l'ordre, s'il vous plaît! Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Oui, M. le Président...
Le Président: On allait décoller, mais on a
pensé de vous attendre.
M. Burns: Vous avez été très gentils, M. le
Président, de faire cela.
Le Président: Etant donné que vous aviez la
parole.
M. Burns: Oui, vous avec été d'une
gentillesse...
Le Président: Non, pas de largesse.
M. Burns: ...absolument extraordinaire. J'étais, lorsque
nous avons suspendu les travaux de la commission vers les 18 heures, à
demander au ministre ce qu'il pensait de la décision du dernier
congrès du Parti libéral qui a pour effet "d'abolir le Code du
travail et de le remplacer par ce que certains ont appelé une charte des
droits des travailleurs su sein de leur syndicat." Extrait du Devoir du 26
avril 1976. Je dois dire tout de suite, M. le Président, que je
n'étais pas à ce congrès, peut-être le ministre n'y
était-il pas non plus.
M. Harvey (Jonquière): J'y étais.
M. Burns: S'il y était, on ne reprendra pas la discussion
qu'on a eue à l'heure du souper, je pense que, comme ministre du Travail
dans un gouvernement dont le parti est libéral, il est
particulièrement important qu'on sache ce que le ministre pense de cela.
C'est dans ce sens que je posais la question. I! n'y a pas de mauvaise
intention de ma part. Je veux simplement savoir ce que vous en pensez. Ce type
de résolution figure-t-il dans vos préoccupations ou non?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le ministre
du Travail et député de Jonquière était à ce
congrès; il était présent à l'atelier et
également dans les autres ateliers et la même attitude a
été adoptée. Une très grande partie des
résolutions n'a pas pu être discutée faute de temps, et
l'ensemble des résolutions adoptées a été
déféré à la commission politique pour analyse et
transmission aux autorités concernées. Alors, je l'ai dit tout
à l'heure, tout se déroule dans l'ordre, et au moment où
je vous parle, je n'ai pas encore reçu, de la part de la commission
politique qui est chargée de nous les transmettre, les voeux ou les
résolutions du congrès retenus par cette dernière.
Bien sûr, je n'ai pas commencé à travailler à
l'élaboration de programmes ou de pensées, de
mise en application de certaines résolutions ou voeux qui seront
approuvés par la commission politique à partir de nos
congrès. Cependant, j'avais l'occasion, à l'heure du souper, de
rencontrer une compétence québécoise dans le domaine des
relations et des ressources humaines qui me disait avoir l'intention de
siéger de façon intensive d'ici les prochaines semaines pour
être capable de transmettre à chacun des titulaires des
ministères les voeux retenus par la commission politique exprimés
au congrès du parti. A ce moment, si j'ai des annonces à faire,
je les ferai en temps et lieu.
M. Burns: Vous n'avez pas d'opinion jusqu'à maintenant sur
cette résolution?
M. Harvey (Jonquière): J'en ai et ce n'est pas l'endroit
pour les donner.
M. Burns: C'est où l'endroit? C'est à quelle place
l'endroit?
M. Harvey (Jonquière): Des voeux exprimés par des
libéraux, l'endroit c'est avec des libéraux.
M. Burns: Non, vous ne me comprenez pas. Vous êtes le
ministre du Travail en titre de ce ministère. J'ai une place
privilégiée pour vous poser des questions qui s'appelle la
commission du travail et de la main-d'oeuvre. D'accord! On s'entend
là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): J'ai l'endroit
privilégié pour vous donner ma réponse. Je réponds
que l'étude des crédits du ministère du Travail n'est pas
l'endroit pour donner une opinion sur des voeux ou des résolutions
exprimés par un congrès politique d'un parti.
M. Burns: M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Comme ce serait
déplacé de ma part que de tenter de vous demander de me donner
une opinion sur des résolutions exprimées par votre...
M. Burns: Je ne suis ministre, c'est la différence entre
vous et moi. Vous imaginez-vous?
M. Harvey (Jonquière): Oui, je le sais.
M. Burns: Je ne suis pas ministre. Je vous demande simplement...
Il dit que je ne serai jamais ministre, il a le droit de rêver, c'est son
problème. C'est leur problème que je ne serai jamais un ministre.
Ce n'est pas mon problème.
Je vous pose cette question comme je vous la poserais si c'était
le président de la Chambre de commerce de Montréal qui avait dit
cela. Vous avez une opinion qui est rendue publique, qui est connue et je vous
cite le Devoir du 26 avril. Je vous demande simplement, vis-à-vis d une
position comme celle-là, ce que vous en pensez. C'est cela que je dis
quand je parle de la place privilégiée pour poser des questions
au niveau des cré- dits. Vous savez, vous ne me ferez pas courir
après la queue du chat trop longtemps, cela n'a pas de sens. En Chambre,
je respecte beaucoup l'attitude du président de l'Assemblée
nationale, qui nous dit: Ce n'est pas la place pour faire un
contre-interrogatoire.
Par contre, sans faire un contre-interrogatoire ici, c'est sans doute la
place où on doit, en principe, poser de façon détendue,
avec la latitude que le président de la commission nous donne, des
questions sur les grandes politiques du ministères.
Là, vous avez une question qui risque d'être
soulevée et de poser des problèmes d'orientation du
ministère vis-à-vis de sa façon d'envisager le Code du
travail Je prends simplement une opinion qui, en l'occurrence, se trouve
être l'opinion du parti politique dont fait partie le ministre. Cela
aurait pu être une opinion venant du conseil national du Parti
québécois, ou encore du conseil national de l'Union Nationale, ou
encore du Parti national populaire ou de tout autre organisme, ou encore de la
Chambre de commerce, ou encore de la Fédération des jeunes
chambres, ou encore du Conseil central du Québec.
Je vous dis que, publiquement, j'ai appris à moins que
vous ne me disiez que c'est faux mais, apparemment, vous étiez là
qu'il y avait un certain nombre de positions qui avait été
prises, dont l'une en particulier, en matière de relations de travail,
visait à abolir le Code du travail et à faire une charte des
droits des travailleurs syndiqués. Je vous demande votre position
là-dessus.
Si vous me dites que ce n'est pas la place, au niveau des
crédits, de discuter de cela, je vous demande, M. le Président,
à quelle place je vais en discuter.
M. Harvey (Jonquière): On ne discutera pas sur la place.
Ce serait la place si je voulais vous donner une réponse, mais en homme
réaliste, je sais qu'à I occasion d'un congrès, quelle que
soit la formation politique, il y a des ateliers qui adoptent des
résolutions. Parmi ces résolutions, il y en a qui deviennent
effectivement partie intégrante de législations. Il y en a
d'autres, malgré le voeu de la majorité...
M. Burns: C'est plus qu'un voeu, c est une résolution.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, un instant.
M. Burns: C'est une résolution.
M. Harvey (Jonquière): Vous avez parlé et je vous
ai laissé parler. Voulez-vous avoir la politesse...
M. Burns: Mais ne dites pas des choses fausses, d'accord? Ce
n'est pas un voeu, c'est une résolution de votre congrès.
D'accord?
M. Harvey (Jonquière): Laissez-moi...
M. Burns: Partons sur une bonne base et disons les choses...
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez parler tout seul,
parlez donc tout seul!
M. Burns: Allez-y mais arrêtez de dire des menteries!
M. Harvey (Jonquière): Parlez donc tout seul si vous
voulez parler tout seul.
M. Burns: Ne dites pas des choses fausses. M. Harvey
(Jonquière): C'est simple, cela.
M. Burns: Oui, c'est simple. C'est ce que je vous demande.
M. Harvey (Jonquière): C'est très facile à
comprendre.
M. Burns.: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez jouer au finfin,
vous allez avoir justement un partenaire pour jouer au finfin. Je suis capable
de jouer au sourd-muet. Mais je pense que la discussion des
crédits...
M. Burns: Vous avec déjà commencé. M. Harvey
(Jonquière): ... non, non... Une Voix: C'est connu d'ailleurs!
M. Harvey (Jonquière): ... c'est l'occasion d'avoir des
réponses à des questions que vous posez. Sur celle-là, je
vous dis que, faute de temps, tous les ateliers de travail du congrès,
moins un, ont référé le reste des résolutions
à la commission politique pour rapport sur chacun des ateliers qui ont
été tenus, avec également l'ordre de les
référer aux autorités compétentes.
Je vous dis qu'à tous les congrès qu'il a pu y avoir dans
la formation politique à laquelle j'appartiens il y a des
résolutions et des voeux exprimés qui n'ont jamais
été intégrés aux lois.
M. Burns: Cela veut dire que cela n'a aucun sens, ce qui se passe
là.
M. Harvey (Jonquière): Lorsque j'aurai le rapport de
l'atelier qui a touché les relations de travail... J'ai à
l'esprit également l'intervention de l'ex-ministre fédéral
de l'Expansion économique régionale, Jean Marchand...
M. Burns: Sur le droit de grève.
M. Harvey (Jonquière): ... qui s'y connaît
également en relations patronales-ouvrières.
M. Burns: On pourrait en parler de lui aussi. M. Harvey
(Jonquière): II a oeuvré là-dedans plus longtemps que vous
et moi. Il a donné un opinion sur un autre sujet.
M. Burns: Je pourrai vous parler de cela aussi.
M. Harvey (Jonquière): Quand j'aurai, de la part des
experts qui font partie de la commission politique, la déférence
qu'ils me feront sur les sujets qui les préoccupent, les
résolutions, de même que les voeux exprimés par la
commission politique, s'il y a lieu, pour moi, de faire des
déclarations, j'en ferai. Entre-temps, ce serait
prématuré, parce que j'ai dit cet après-midi, et je le
répète, que j'ai choisi, moi, comme responsable du
ministère du Travail, d'amender le Code du travail en deux
étapes. La première étape, une étape plus facile,
plus réaliste se fera à partir de l'expérience de dix ans
d'existence du recueil des lois du travail ceci pour ne pas insulter le
député de Maisonneuve, en l'appelant le "code", tel que c'est
indiqué ...
M. Burns: Non, mais vous savez ce que c'est qu'un code, quand
même.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: Un code, ce n'est pas un titre.
M. Harvey (Jonquière): ... à partir d'amendements
souhaités en très grande majorité par les deux parties. La
deuxième phase couvrira des sujets plus brûlants, des sujets qui
feront l'objet d'une discussion que je ferais moi-même si j'étais
député de l'Opposition comme le député de
Maisonneuve. Ce sera le moment, de demander au ministre du Travail ce qu'il
pense de telle affaire ou de telle affaire.
M. Burns: Le moment de poser des questions au ministre du Travail
sur les politiques qu'il envisage, c'est aujourd'hui, c'est hic et nunc
c'est du latin, M. le ministre, au cas où vous ne le sauriez pas
ici et maintenant. C'est cela que cela veut dire. D'accord?
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous répondre...
M. Burns: Non, non...
M. Harvey (Jonquière): Cela ne m'est pas arrivé au
souper, mais il y a aussi en latin in vino varitas et, dans mon cas...
M. Burns: Ce n'est pas votre problème.
M. Harvey (Jonquière): ... c'est "in buvos de los
veritas".
M. Burns: C'est cela, puis la santé par l'eau et joyeuses
Pâques à vous aussi. D'accord? Moi, je vais vous poser une
question, par exemple, maintenant. D'accord? Vous voulez faire votre "smat", je
vais faire mon "smat " moi aussi, d'accord?
M. Harvey (Jonquière): Je ne fais pas mon "smat".
M. Burns: Non, non.
M. Harvey (Jonquière): Vous n'avez pas besoin de me parler
en latin.
M. Burns: On va faire nos "smats".
M. Harvey (Jonquière): Vous n'avez pas besoin de me parler
en latin.
M. Burns: Voulez-vous, on va faire nos "smats" ensemble?
M. Harvey (Jonquière): C'est vous qui avez
commencé.
Le Président (M. Séquin): A l'ordre!
M. Burns: SMAT. Correct?
Le Président (M. Séquin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: On va le faire ensemble.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Burns: J'ai décidé que je faisais mon "smat"
parce que le ministre fait son "smat".
Le Président (M. Séguin): C'est cela. Alors, nous
avons deux "smats ", à ce moment-ci, et je dois intervenir...
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): ... pour vous dire que
nous allons considérer ce sujet comme clos.
M. Burns: Non, M. le Président, vous ne
considéreriez pas cela clos. Non!
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Burns: Non, M. le Président, ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Séguin): Bien, je vous dis que
c'est cela.
M. Burns: Non, M. le Président, vous ne ferez pas
cela.
Le Président (M. Séguin): Je vous dis que c'est
cela.
M. Burns: Moi, je vous dis que vous ne ferez pas cela.
Le Président (M. Séguin): Je ne resterai
certainement pas ici à m'obstiner; vous pouvez en être sûr.
S'il y a eu une tolérance, M. le député, depuis le
début...
M. Burns: Vous voulez embarquer dans le club des "smats", M. le
Président? Embarquez si vous voulez.
Le Président (M. Séguin): Oui, Lowney's fait cela
et appelle cela Smarties! Je ne veux pas être là-dedans. Tout
à l'heure, le député a posé sa question à
deux ou trois reprises.
M. Burns: Oui, je vais la reposer différemment, à
part cela.
Le Président (M. Séguin): Vous l'avez
déjà posée de différentes façons.
M. Burns: C'est épouvantable!
Le Président (M. Séguin): Le ministre vous a
répondu tout simplement...
M. Burns: Cela n'a pas de maudit bon sens.
Le Président (M. Séguin): ... qu'il n'avait pas
à répondre à cette question étant donné que
ce que vous lui demandez était d'abord une opinion; deuxièmement,
c'était une opinion sur une résolution, sur laquelle
résolution aucune décision n'avait été prise parce
qu'elle n'avait pas été déférée à
telle ou telle commission. Je considère cela au moins comme une
réponse, même si elle ne satisfait pas le député de
Maisonneuve; c'est la seule réponse que le ministre peut donner à
ce moment-ci.
M. Burns: M. le Président... Le Président (M.
Séguin): Oui.
M. Burns: ... bien calmement, bien gentiment...
Le Président (M. Séguin): Etes-vous encore "smat",
là?
M. Burns: Toujours aussi "smat" que vous, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Burns: Je veux tout simplement demander au ministre...
M. Lachance: II fait son gros méchant.
M. Burns: Arrêtez de copier, vous, le député
de Mille-Iles, trouvez des solutions qui vous appartiennent à vous.
M. Lachance: ... celles qu'on peut.
M. Burns: Vous copiez. Bien, voyons donc! Bien oui, gros
méchant. Gros tout, tout, tout, tout, tout.
Le Président (M. Séguin): Ecoutez, je n'y
reviendrai plus...
M. Burns: M. le Président, s'il veut copier, au moins
qu'il essaie de trouver des...
Une Voix: Des tout, tout, tout.
Le Président (M. Séguin): ... des "smarties" d'un
bord puis de l'autre...
M. Burns: Je vous dis simplement ceci, je pose au ministre la
question suivante, bien simple.
Une Voix: II n'en aura pas de réponse.
M. Burns: Si, aujourd'hui, comme député de
l'Opposition, je vous proposais d'abolir le Code du travail et de le remplacer
par une charte des droits des travailleurs au sein de leur syndicat, que me
répondriez-vous là-dessus au point de vue de la politique du
ministère?
J'oublie que cela a pu être adopté quelque part cette
affaire-là.
Je vous demande à vous, comme ministre responsable des relations
de travail au Québec: Que me répondriez-vous si je vous posais
cette question-là? Et je vous la pose.
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve est très habile. Si je posais la question! Je vais la
prendre à son jeu, le député de Maisonneuve, demain. De
façon officielle, comme député de Maisonneuve,
assayez-vous en Chambre, vous allez l'avoir ma réponse.
M. Burns: Ce n'est pas...
M. Harvey (Jonquière): Je vous prends à votre jeu,
faites-le donc, comme député. Connaissant comme vous l'êtes
des lois du travail au Québec, prenez-le donc, le risque, de le faire,
vous. Si le député de Maisonneuve demandait, je ne réponds
pas aux questions hypothétiques, ni en comité, ni en commission,
ni en Chambre.
M. Burns: Je prends le risque, M. le Président, je demande
au ministre, aujourd'hui, pas en Chambre demain, parce qu'il me semble qu'aux
crédits c'est la place pour le demander: Quelle est l'orientation
politique du ministère? Je demande au ministre: Que pense-t-il d'une
suggestion qui a cours, actuellement, à l'effet d'abolir le Code du
travail et de le remplacer par une charte des droits des travailleurs au sein
de leur syndicat?
M. Harvey (Jonquière): Au député de
Maisonneuve, je dis que je n'ai pas de réponse à lui donner sur
une question aussi hypothétique et venant uniquement pour embarrasser au
moment des crédits. Lorsque les intéressés qui ont
adopté une telle résolution me l'auront
déférée par les voies régulières, à
ce moment-là eux auront une réponse, et si le
député de Maisonneuve... Cela a beau être effrayant dans
votre esprit, moi cela demeure...
M. Burns: C'est effrayant, vous nous montrez votre
incompétence la plus flagrante. Vous vous promenez pas de culotte devant
tout le monde.
M. Harvey (Jonquière): Démontrer aux yeux du
député de Maisonneuve et de l'Opposition ce que le Québec
a comme Opposition officielle, c'est prouver à la majorité des
citoyens sa compétence, il ne faut pas qu'il oublie cela non plus.
M. Roy: M. le Président...
M. Burns: Je m'excuse auprès du député de
Beauce-Sud. Il n'y a pas moyen que vous me donniez une réponse sur une
politique. Est-ce que c'est cela qu'on est venu faire ici? On parle des
politiques du ministère du Travail, est-ce que c'est bien cela? A moins
que je me trompe, M. le Président, il me semble que c'est ce qu'on est
venu faire ici.
Est-ce que c'est cela, M. le ministre?
M. Harvey (Jonquière): Bien oui, c'est cela.
M. Burns: Bon. Est-ce que, dans les politiques du
ministère, une approche, du style de celle que je vous ai décrite
tout à l'heure, figure comme faisant partie d'un certain nombre de
dispositions qui sont envisagées par le ministère du Travail?
C'est cela la question.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous en donner une
réponse. Pour l'année financière dont nous étudions
les crédits présentement, j'ai annoncé les modifications
du Code du travail en deux phases.
Dans la première partie, celles que j'ai
énumérées cet après-midi, lors de la discussion
avec le député de Maisonneuve. Dans la deuxième partie,
même si je voudrais, je n'aurais pas...
M. Burns: Si je voulais.
M. Harvey (Jonquière): Si je voudrais.
M. Burns: Si je voulais.
M. Harvey: Si je voulais, pour vous faire plaisir, je vais...
M. Burns: Cela va sauver du travail au Journal des
débats.
M. Harvey (Jonquière): II y a des fois que j'ai
regardé vos interventions, il a du travail pas mal avec vous, même
si vous avez un cours classique.
M. Burns: Je vous aide et j'aide le journal des Débats
aussi.
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez jouer à ce
petit jeu, vous allez voir que vous aurez un bon compagnon.
M. Burns: Si vous voulez le jeu de ne pas répondre
à des questions, c'est ce à quoi on va jouer.
M. Harvey (Jonquière): Durant l'année
financière 1976/77, en ce qui concerne le Code du travail, j'ai
annoncé, cet après-midi, ce que j'avais l'intention de faire.
Pour répondre de façon précise, il n'est pas question,
dans la deuxième phase, de mettre à exécution la
résolution ou le voeu du congrès pour l'année 1976/77.
M. Burns: Pourquoi n'avez-vous pas fait cela en premier lieu?
M. Harvey (Jonquière): Pour voir jusqu'à quel point
vous pouvez être méchant, quand vous voulez l'être.
M. Burns: Bien non, c'est juste pour savoir jusqu'à quel
point vous êtes capable de répondre à une question. Vous
voyez, vous êtes capable de répondre à une question.
M. Harvey (Jonquière): Alors, est-ce qu'on pourrait
demander, M. le Président, au député de Maisonneuve de
retirer ses paroles?
M. Burns: Lesquelles?
M. Harvey (Jonquière): Que vous trouvez tout le monde
incompétent, sauf vous.
M. Burns: Je n'ai jamais dit cela. J'ai dit que, heureusement,
vous étiez entouré de gens compétents, parce que,
autrement, on aurait de très sérieuses inquiétudes. Quand
j'ai parlé d'incompétence, cela s'adressait directement au
ministre et non pas aux fonctionnaires qui l'entourent. Parce que je sais, les
connaissant, qu'ils sont compétents.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invite le
député de Maisonneuve à relire ce qu'il a dit cet
après-midi et il s'apercevra qu'il a dit absolument le contraire...
M. Burns: Pas du tout.
M. Harvey (Jonquière): ... concernant les
difficultés de recrutement qu'on a.
M. Burns: Oui, j'en ai parlé en toute bonne foi. J'ai
demandé si c'était une question de salaire qui vous
empêchait de recruter des adjoints; vous m'avez dit non. Alors, j'ai dit:
C'est une question de compétence. Mais, ceux qui sont là
actuellement, j'en profite pour... En tout cas, vous l'avez fait au
début, je peux peut-être le dire tout de suite, à cette
occasion. Je connais personnellement M. Gilles Laporte, votre sous-ministre. Je
sais qu'il s'agit là d'une personne compétente, et ce n'est pas
la première fois que je le dis.
Si c'est cela que vous voulez me faire dire, je vais le dire. Et tout
l'entourage actuel, je dirais la majorité de l'entourage actuel de M.
Laporte est composé de personnes compétentes. Ce n'est pas cela
le problème. Si vous voulez que je vous dise, vous, que je vous
considère comme un incompé- tent, je le répète. Je
dis: Oui, c'est vrai. D'accord? Heureusement que ce monde-là est autour
de vous! Heureusement qu'ils sont là!
M. Harvey (Jonquière): II y a un proverbe, M. le
Président, qui dit: II est beaucoup mieux d'avoir dans les mains un fou
qui le sait qu'un fou qui se croit.
M. Burns: Bon, d'accord. Vous avez le droit de me dire toutes les
bêtises que vous voulez. Moi, j'ai le droit de dire ce que je pense de
vous.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Harvey (Jonquière): Je fais comme Frontenac, je vous
réponds par la bouche de mes canons.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. Burns:
Voyez-vous, vous avez là...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: M. le Président, je signale... Le
Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: M. le Président, permettez-moi de dire cela.
Le Président: Non, mais j'aimerais vous demander un peu de
collaboration.
M. Burns: Mais oui, je suis prêt à collaborer moi
aussi, mais écoutez, on a passé exactement 20 minutes...
M. Harvey (Jonquière): On a attendu 15 minutes
après vous.
M. Burns: Oui, c'est vrai.
M. Harvey (Jonquière): Mais mardi matin, nous n'attendrons
pas quinze minutes après vous, tenez-vous-le pour dit.
M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): Si nous avons le quorum.
M. Burns: D'accord, si nous avons quorum...
M. Harvey (Jonquière): Ecce Homo, ici est mort un
Jésuite,levons la queue et passons vite, et adoptons les articles.
M. Burns: Bon, correct, le député de
Jonquière vient de perdre les pédales, il en a le droit.
M. Harvey (Jonquière): Non, non, non.
M. Bums: Passons, ce n'est pas la première fois ni la
dernière.
M. Harvey (Jonquière): Période "relax".
M. Burns: Ce n'est pas la première ni la dernière
fois qu'il va perdre les pédales d'ici la fin des crédits, je
peux vous le dire.
M. Roy: Je me demande, M. le Président, si nous pouvons
discuter de façon sérieuse, à la façon dont le
ministre répond aux questions...
M. Harvey (Jonquière): Posez-en des questions.
M. Roy: M. le Président, le député de
Maisonneuve a posé une question tout à l'heure et cela a pris
exactement 20 minutes avant d'avoir une réponse qu'on aurait pu avoir
dans 30 secondes. Nous avons dix heures, M. le Président, pour
étudier les crédits. Le ministère du Travail est un gros
ministère, c'est un ministère pour lequel il y a
énornément de discussions et de travaux à faire.
J'écoute le ministre depuis les 25 minutes que je suis ici et je
ne suis pas tellement enthousiasmé de prendre part à
l'étude de ses crédits.
M. Harvey (Jonquière): Posez-les vos questions.
M. Roy: Quand je poserai les questions, préparez-vous
à y répondre. Ce que je voulais dire, M. le Président,
c'est qu'on est en train de faire perdre le temps de la commission. L'attitude
que le ministre prend de ne pas vouloir répondre...
M. Harvey (Jonquière): Où étiez-vous cet
après-midi vous?
M. Roy: M. le Président, j'étais ailleurs cet
après-midi.
M. Harvey (Jonquière): Nous avons travaillé tout
l'après-midi.
M. Roy: Vous avez travaillé, j'ai aussi travaillé
et je peux dire au ministre que j'ai commencé à travailler
peut-être avant lui ce matin, mais ce n'est pas là l'objet de la
commission, ce n'est pas là le but, et je n'ai pas l'intention de faire
des bilans de travail personnels. Ce n'est pas cela. Nous sommes ici pour
étudier les crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre...
M. Harvey (Jonquière): Vous affirmez que nous avons perdu
notre temps alors que...
M. Roy: Non, depuis que nous sommes arrivés ici ce soir,
je n'ai pas parlé de cet après-midi, je parle de ce soir.
M. Harvey (Jonquière): L'après-midi a
été très fructueux jusqu'à dix-huit heures. Le
député de Maisonneuve peut vous le dire, cela a très bien
été.
M. Burns: Mais de toute façon le député de
Beauce-Sud n'avait pas à venir cet après-midi, il n'avait
qu'à lire votre discours du 4 novembre, vous avez dit la même
chose cet après-midi. Vous n'avez rien perdu cher collègue.
M. Harvey (Jonquière): Au Conseil du patronat à
Montréal, mais il est plus étoffé, il est plus
précis.
M. Burns: Oui, il y a, entre autres, des "deadlines ".
M. Harvey (Jonquière): Vous venez de perdre le droit de
parole?
M. Burns: Non, je pense que ce n'est pas vous qui présidez
la commission.
M. Harvey (Jonquière): Mais je lui signale.
M. Burns: Mais je suis prêt à remettre la parole au
député de Beauce-Sud quand il voudra, il n'y a aucune
espèce de problème, si le président le permet.
M. Harvey (Jonquière): Nous pouvons vous permettre un
petit caprice en Chambre, vous le disiez tout à l'heure.
M. Burns: Non, non, mais ce que le député de
Beauce-Sud vous dit, par exemple, cela a bien du bon sens; c'est qu'au lieu de
tenter de passé à côté des questions, pourquoi ne
nous auriez-vous pas répondu à la première question que je
vous ai posée, même avant l'heure du dîner? Pourquoi
n'avez-vous pas dit tout simplement: Non, je n'ai pas l'intention de mettre
telle résolution en application? C'est tout, seulement cela, et tout
aurait été réglé.
M. Harvey (Jonquière): En 1976/77.
M. Burns: A ce moment, nous vous poserons des questions.
Grèves et lock-out
M. Roy: Je ne veux pas reprendre les débats qui ont eu
lieu cet après-midi, le ministre n'a pas manqué l'occasion de
dire que je n'étais pas à la commission. Quand il y a trois
commissions qui siègent, on ne peut pas être à trois
commissions à la fois, c'est absolument impossible.
La question que j'ai posée au ministre et on me dira si on
a touché à cette question cet après-midi c'est au
sujet des amendements au Code du travail. Je ne sais pas s'il a donné la
nature des amendements qu'il entend apporté au Code du travail...
M. Burns: Certain.
M. Roy: ... mais j'aimerais quand même attirer son
attention sur le fait que le Québec connaît le
championnat des grèves et des lock-out. J'ai ici les statistiques
de 1974 parce que ce sont les dernières qu'on peut se procurer: il y a
eu au Québec 388 grèves alors qu'en Ontario il y en a eu 339.
Québec avait le championnat canadien alors que le Canada se situait au
troisième rang en tant qu'entité internationale, ce qui nous fait
dire que le Québec avait un championnat international, mais qui n'avait
rien de réjouissant pour notre économie.
Actuellement, il y a des grèves un peu partout au Québec.
Il y en a dans la région du ministre, des grèves qui font mal. Il
y a des lock-out qui font mal également. Il y en a dans ma région
et il y en a dans d'autres régions du Québec. J'aimerais savoir
s'il y a des éléments nouveaux qui ont été
apportés cet après-midi. Ou encore, le ministre voudrait-il me
faire un bref résumé pour me permettre de suivre les
travaux de la commission parlementaire des amendements discutés
cet après-midi qui seront apportés au cours de l'année?
J'aimerais savoir si à cette première étape d'amendements
au Code du travail il y a un calendrier de prévu? Le calendrier a-t-il
été annoncé cet après-midi? M. le Président,
j'aurais besoin de ces renseignements. Je les demande en toute
sincérité. J'aurais besoin de ces renseignements pour pouvoir
participer aux discussions qui ont lieu autour de cette table.
M. Harvey (Jonquière): Pour vous faciliter la tâche
quand vous allez travailler avec des statistiques du député de
Beauce-Sud, je vous recommanderais de prendre les statistiques de jours-homme
perdus pour être capable de bien évaluer le championnat que vous
venez de déterminer. En même temps, je vous inviterais à
regarder les statistiques de la Colombie-Britannique au niveau des jours-homme
perdus. Quand on parle de championnat, il faudrait tenir compte de cela. C'est
très important. C'est comme un joueur de hockey qui a 88 assistances et
7 buts. Il a 95 points au total. Les jours-homme perdus dans une statistique
décernant un championnat, vous êtes mieux de considérer
cela.
M. Roy: M. le Président, sur le point des jours-homme
perdus, j'ai les statistiques. Ce n'est pas de cela que j'ai parlé; j'ai
parlé du nombre de conflits qui ont affecté autant d'entreprises,
qui ont affecté autant de syndicats et autant de travailleurs.
M. Harvey (Jonquière): Encore là, c'est relatif si
vous me demandez...
M. Roy: Ce n'est pas relatif. Quand il y a 388 conflits de
travail, c'est parce qu'il y a quelque chose quelque part qui ne fonctionne
pas. Il y a des grèves dans d'autres régions qui concernent des
entreprises dans lesquelles il peut y avoir un plus grand nombre de
travailleurs. Il y a des grèves qui peuvent durer plus longtemps pour
des circonstances qu'on ne peut pas discuter sans avoir le dossier de chaque
cas particulier. Je me suis limité et cela a été
intentionnel. Que le ministre ne contourne pas ma question. J'ai parlé
du nombre de conflits qu'il y a eus au Québec en 1974, comparativement
au nombre de conflits qui ont eu lieu ailleurs. J'ai aussi dit qu'actuellement,
dans le Québec, il y a des grèves à peu près dans
toutes les régions de la province. Considérant ces faits, j'ai
demandé au ministre de me donner un résumé des amendements
qu'il entend apporter au Code du travail qui ont été
annoncés cet après-midi. Je ne veux pas reprendre la discussion,
mais j'aimerais quand même en être informé. Dans un
deuxième temps, quel est le calendrier prévu pour apporter ces
modifications, de façon que cela se décide à
l'Assemblée nationale? J'aimerais savoir, de plus, si cela va être
une loi qui va nous arriver à la dernière minute pour qu'on vote
les deux lectures la même journée, pour faire en sorte d'ajourner
les travaux de l'Assemblée nationale alors que la motion guillotine
existera puisqu'elle était inscrite au feuilleton ce matin. C'est ce que
je veux savoir.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous répondre.
Premièrement, je vais remettre, pour le bénéfice du
député de Beauce-Sud, qui n'était pas ici, une copie du
discours que j'ai prononcé, du propos que j'ai tenu au début de
la commission parlementaire cet après-midi. En ce qui concerne le Code
du travail, le député de Beauce-Sud va réaliser que j'ai
donné également, après mon propos, à une question
du député de Maisonneuve, le calendrier envisagé,
c'est-à-dire la première étape des amendements au code. Il
est amendé en deux étapes.
La première étape est de façon à corriger
après une expérience de dix ans de l'usage du Code actuel
du travail, qu'on appelle code plusieurs des articles avec
l'unanimité, pour la majorité de ces articles, de nos
consultants. Les consultants sont toujours les membres du Conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre. Au moment où je vous parle
I'avant-projet de loi a franchi toutes les étapes; il est rendu au
Conseil des ministres. Il a déjà le principe adopté pour
les deux étapes. La première place de l'avant-projet a franchi
toutes ces étapes. Il reste au Conseil des ministres à l'adopter
et à le déférer au comité de législation et
à la Chambre. Je suis persuadé que la première phase,
contenant des articles mettant en valeur ou permettant de mieux utiliser le
code actuel, n'est pas de nature à soulever des débats. Je serais
heureux si on pouvait l'adopter avant la fin de la présente session.
C'est ce que j'ai dit au député: Avant l'ajournement
d'été.
Quant à la deuxième partie c'est volontaire, c'est
un choix que j'ai fait elle comprendra des modifications profondes au
Code du travail. Cette deuxième étape a été
annoncée dans le discours inaugural pour l'année 1976. Vous aurez
certainement ce projet de loi dès la reprise de la session, à
l'automne. C'était impossible de faire autrement en voulant
procéder en deux étapes.
J'ai préféré le faire en deux étapes pour la
simple raison que si j'avais présenté, même au
dé-
but ou au milieu du mois de mai, un Code du travail amendé avec
des articles qui demanderaient une longue discussion et qui, d'après les
oppositions, à ce moment-là, aurait pu nous amener à faire
siéger des commissions parlementaires, cela aurait été de
nature à priver les techniciens, ceux qui se servent constamment du
Code, d'une amélioration considérable au code actuel dans les
prochains mois.
J'espère avoir bien répondu au député de
Beauce-Sud. S'il n'est pas satisfait, je peux expliciter davantage.
M. Roy: Le ministre dit que le projet de loi, actuellement, n'est
pas complété puisqu'il est au comité de
législation.
M. Harvey (Jonquière): II est complété, mais
j'ai besoin, avant, qu'il soit déféré au comité de
législation. Les étapes qu'il a franchies sont celles-ci:
d'abord, un avant-projet a été soumis au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, retour à mon ministère,
acceptation, déférence au comité des ressources humaines,
un comité permanent du cabinet, retour au ministère,
retransmission au CCTM, le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, retour au comité permanent des ressources humaines, le
rapport au cabinet, qui est entré depuis mercredi, hier. Mercredi
prochain, normalement je ne vois pas de difficulté parce qu'au
comité des ressources humaines on a apporté des corrections pour
améliorer le français dans le projet de loi, la terminologie
française, sur le fond, il n'y a eu aucun changement. il sera
déféré au comité de législation qui, comme
on le sait, siège très souvent à l'approche de
l'ajournement d'été.
Si on juge qu'on n'a pas le temps, comme le député de
Beauce-Sud, de faire une étude approfondie des articles que nous
demandons d'amender pour rendre le code plus pratique, on l'adoptera
immédiatement en revenant.
M. Roy: Ce qui veut dire que ce n'est pas sûr que cela
puisse être adopté avant l'ajournement d'été.
M. Harvey (Jonquière): A moins que je ne me trompe, les
articles, à part ce que j'ai énuméré...
Actuellement, le mécanisme qui permet de déclencher la
grève ou le lock-out est la demande de conciliation par une des parties.
Dans un des amendements proposés, cette conciliation ne serait plus le
mécanisme qui permettrait la grève ou le lock-out. Cette
conciliation pourrait avoir lieu à n'importe quel moment pendant la
durée d'une convention collective.
Est-ce que cela va amener un débat? Je ne le pense pas. C'est
sûr que cela va amener un débat sur le fond de la question, mais
est-ce qu'il va être long? Est-ce qu'il va s'éterniser? J'ai
l'impression, par les propos qu'a tenus le député de Maisonneuve
cet après-midi, que cela dépend du texte de loi et des
explications que le ministre va fournir à ce moment-là. Je ne
suis pas capable d'évaluer le temps que cela peut prendre pour faire
adopter le projet de loi.
M. Roy: Cela peut dépendre également du temps que
nous aurons à partir du moment où le projet de loi sera
déposé par rapport au moment où le gouvernement voudra le
faire adopter. C'est entendu que, si on dépose le projet de loi en
première lecture le mardi et qu'on demande la deuxième lecture
tout de suite le mercredi, à défaut d'explications et
d'informations, à défaut d'avoir fait les vérifications
qui s'imposent et les recherches, cela peut justement amener les membres de
l'Assemblée nationale, les députés qui participeront
à l'étude de ce projet de loi à poser plus de questions au
ministre.
C'est pour cela que je demande au ministre si on pourra en prendre
connaissance de façon à nous permettre de l'examiner et
d'examiner la portée des amendements que le projet de loi comportera
pour que nous puissions éliminer le plus possible les pertes de temps.
On est bien d'accord là-dessus.
Je dis au ministre, là-dessus, qu'il peut avoir notre
collaboration, pour autant qu'on nous accordera un certain laps de temps pour
examiner le projet de loi.
M. Harvey (Jonquière): C'est ce qui m'a fait faire mon
choix entre deux phases, justement, pour éliminer, dans la
première phase, la tentation qu'on avait de vouloir amender le code,
parfois sans assez de réflexion sur la portée et les
conséquences que peut avoir un amendement majeur. Les amendements
susceptibles de provoquer de longues discussions ne sont pas dans la
première phase d'amendements au code.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que le
député de Beauce-Sud a terminé?
M. Roy: Oui, j'ai terminé sur ce point, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désirent s'exprimer?
Le député de Maisonneuve. Le député de
Maisonneuve a la parole.
Période de silence avant un vote de
grève
M. Burns: Oui, M. le Président. Il y a une autre question
à caractère tout à fait général que
j'adresse au ministre. J'espère qu'il sera aussi compréhensif
qu'après le débat de vingt minutes qu'on a eu pour obtenir une
réponse. C'est également une question de politique du
ministère. Encore une fois, ce fameux congrès même
s'il n'aime pas que je lui en parle, on est obligé d'en parler, ce sont
des choses publiques des 23, 24 et 25 avril a, par un vote
prépondérant du président de la réunion,
repoussé un amendement imposant un silence de 48 heures aux
syndicats
avant un vote de grève. Egalement, je réfère le
ministre non pas au procès-verbal, parce qu'il ne l'a sans doute pas,
mais à un article qui a paru dans le Devoir du 26 avril 1976. Est-ce que
le ministre a eu l'occasion de se pencher sur cette approche? Je ne vous dis
pas à ce moment que cela vous est imposé par votre parti; c'est
une question qui est venue sur le plancher du congrès, qui a
été défaite d'ailleurs. Cette question a été
défaite par le vote prépondérant du président. Cela
pose le problème de savoir si on va limiter une certaine
démocratie syndicale par des méthodes extérieures, des
méthodes législatives, par des méthodes
réglementaires, etc. En somme, est-ce que le ministre est favorable
à ce qu'éventuellement, dans les amendements au Code du travail,
on se retrouve avec une période de silence de 48 heures avant un vote de
grève, c'est-à-dire une période durant laquelle, de
quelque partie qu'on soit, tant du côté syndical, on ne puisse
soulever le problème qui fera l'objet d'un vote de grève?
M. Harvey (Jonquière): Pour répondre avec les
mêmes termes utilisés par le député de Maisonneuve,
je ne peux pas dire si je suis favorable ou non favorable, n'ayant pas eu
l'occasion de me pencher sur la question et d'y réfléchir.
M. Burns: Mais c'est public cela, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): Je comprends que c'est public, mais
il y a bien des choses que je n'ai pas eu le temps de faire; je n'ai pas eu le
temps de me pencher, comme vous avez dit si bien, sur cette question
très importante.
M. Burns: Vous n'avez pas d'opinion là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire que le
congrès, comme vous l'avez dit, a rejeté une résolution,
mais sur cette question qui est une question importante, je n'ai pas eu le
temps de me pencher.
M. Burns: Donc vous n'avez pas d'opinion là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas d'opinion.
M. Burns: Est-ce que vous êtes pour qu'une telle mesure,
qui a quand même failli être adoptée par le congrès
du Parti libéral, soit soumise au Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre pour étude, pour examen?
M. Harvey (Jonquière): Dès que j'aurai eu le temps
de me pencher sur la question, c'est à ce moment que je jugerai si, oui
ou non, je soumets la question au CCTM.
M. Burns: Qu'est-ce que vous avez fait depuis le mois
d'avril?
M. Harvey (Jonquière): Bien des choses.
M. Roy: Comme par exemple?
M. Burns: Cela ne vous a pas effleuré l'esprit à un
moment donné que les mesures qui provenaient de votre propre parti
depuis la fin d'avril, c'est-à-dire depuis bientôt un mois et
demi, devaient nécessairement faire l'objet de discussions quelque
part?
M. Harvey (Jonquière): Si le député de
Maisonneuve m'avait écouté tout à l'heure...
M. Burns: Je vous ai écouté, au contraire...
M. Harvey (Jonquière): II m'accuse souvent de ne pas
l'écouter.
M. Burns: Je ne fais que cela depuis cet après-midi.
M. Harvey (Jonquière): II aurait très bien compris
que la commission politique qui a donné le mandat à chacun de ces
ateliers de présenter une résolution adoptée en bonne et
due forme a l'obligation de terminer l'étude des résolutions qui
n'ont pas été étudiées, faute de temps, de
même que de revoir celles qui ont été adoptées ou
rejetées pour faire rapport aux personnes intéressées.
Au moment où on se parle, l'étude de cela n'est pas
terminée. J'avais l'occasion, justement au lunch, de rencontrer l'un des
membres de cette commission.
M. Burns: Sans vouloir utiliser des clichés, est-ce qu'un
des éléments qui font partie de l'acte de gouverner, ce n'est pas
aussi de prévoir?
M. Harvey (Jonquière): Bien oui.
M. Burns: N'est-ce pas normal, comme député de
l'Opposition, que je vous pose des questions sur vos intentions, sur votre
politique à l'endroit d'un certain nombre de dispositions qui sont
maintenant devenues publiques?
M. Harvey (Jonquière): Bien sûr, je suis d'accord
avec le député de Maisonneuve. Il m'arrive très
fréquemment de demander, même en dehors de ceux qui collaborent
avec moi au ministère, parce qu'ils sont des hauts fonctionnaires ou du
personnel de direction, à des personnes considérées comme
des experts dans certains domaines et qui sont à l'extérieur du
gouvernement, de regarder une question pour moi et de me faire rapport.
Si le député de Maisonneuve me demandait si j'ai
demandé à quelqu'un de l'extérieur d'examiner
attentivement un sujet aussi crucial et aussi brûlant que celui qu'il
vient d'identifier, je lui répondrais oui.
M. Burns: Bon, vous avez demandé...
M. Harvey (Jonquière): La personne, souvent, qui nous fait
un travail comme celui-là de recherche ou d'examen n'aime pas entendre
citer son
nom publiquement. Même si le député de Maisonneuve
me le demandait je lui répondrais non, c'est bien dommage. J'ai
été ministre du Revenu et je suis habitué à ne pas
dire des choses qu'une loi m'empêche de dire. Même quand une loi ne
m'empêche pas de dire une chose, je suis capable de conserver un secret
ou de ne pas identifier des personnes qui ne veulent pas l'être.
M. Burns: C'est quoi qui est secret, là-dedans?
M. Harvey (Jonquière): Le nom de la personne.
M. Burns: Les experts auxquels vous recourez?
M. Harvey (Jonquière): Si, pour mon
bénéfice...
M. Burns: Là, vous avez soumis cette question à
quelqu'un de l'extérieur du gouvernement; c'est ce que vous me
dites?
M. Harvey (Jonquière): Oui, j'ai demandé à
quelqu'un de l'examiner à ma place.
M. Burns: Et cela va paraître quelque part aux comptes
publics, aux engagements financiers.
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Non?
M. Harvey (Jonquière): Non, absolument pas. C'est à
titre purement gratuit.
M. Burns: II y a quelqu'un qui fait cela "gratis".
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): II y en a encore, des
apôtres!
M. Burns: Ah bon! Il y en a encore, bien oui. Je pense qu'il y en
a. Je vous crois sur parole, là-dessus. Mais vous n'êtes pas
capable de me dire à qui vous vous êtes adressé
relativement à cela?
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est purement personnel.
M. Burns: Est-ce qu'il s'agit de quelqu'un qui est
spécialisé dans ce domaine, la personne à qui vous vous
êtes adressé?
M. Harvey (Jonquière): Certainement!
M. Burns: Certainement. Et cette personne va vous faire rapport
quand?
M. Harvey (Jonquière): Quand je vais le lui demander. Je
vais lui demander prochainement, s'il a eu le temps. Cela se peut qu'il n'ait
pas eu le temps.
M. Burns: Vous avez fait cela quand? A l'heure du souper?
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Non. Quand lui avez-vous confié ce mandat?
M. Harvey (Jonquière): Quand j'en ai eu le goût.
M. Burns: Quand avez-vous eu le goût de cela?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, on n'est
pas à confesse, ici.
Le Président (M. Séguin): C'est assez près
d'un contre-interrogatoire.
M. Burns: Ecoutez, M. le Président, il y a deux
façons de faire des crédits.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Tous les
membres de la commission sont au courant du règlement qui dit que le
président ne doit, d'aucune façon, intervenir dans un
débat. Toutefois, il y a certaines limites dans lesquelles on doit
travailler. Tout ce que je peux faire à ce moment-ci, de deux choses
l'une, ou suspendre le débat ou suspendre la séance.
M. Burns: Moi, je vous suggérerais de suspendre le
débat.
M. Harvey (Jonquière): Non, pourquoi? Le
Président (M. Séguin): Ou encore... M. Burns: Ecoutez!
De deux choses l'une! Le Président (M. Séguin): ... de
demander... M. Burns: Qu'est-ce que je viens faire ici, moi?
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! A l'ordre! Sinon suspendre le débat ou les activités
de la commission à ce moment-ci ou, deuxièmement, demander la
collaboration totale des deux côtés de la table, collaboration et
dans les questions et dans les réponses. Je n'en dirai pas davantage de
crainte d'enfreindre moi-même le règlement en me mêlant au
débat.
M. Burns: Sur votre question de règlement, je veux vous
dire ceci. Ce n'est pas la première fois que je fais des crédits;
je suis convaincu que le ministre non plus, ce n'est pas la première
fois qu'il fait des crédits. Cette année, entre autres, j'ai eu
des occasions beaucoup plus difficiles que celle-ci. On parle de grandes
politiques; on ne parle pas de conflits actuels. Je ne mets pas le
doigt dans une plaie béante quand je pose des questions au
ministre du Travail.
J'ai eu l'occasion de parler au ministre de l'Immigration à
l'occasion et même à quelques jours des négociations avec
son homologue fédéral. Mme Lise Bacon, avec une très
grande collaboration, a répondu à mes questions et cela a bien
été, cela a très bien été.
Je pense que je n'ai pas la réputation d'être le plus gros
casse-pieds possible au niveau des crédits d'un ministère. On a
eu l'occasion de toucher à un dossier encore plus délicat que
celui du travail qui s'appelle celui de la fonction publique qui s'est
réglé à l'intérieur de dix heures.
Je pense que je n'ai pas abusé de mon droit, M. le
Président, comme membre de l'Opposition, sauf que, dans l'un et l'autre
cas, c'est-à-dire dans le cas de Mme Bacon et dans le cas de M. Oswald
Parent, même si je ne suis pas en amour avec ni l'un ni l'autre, je pense
que je suis obligé de leur rendre justice, c'est qu'ils ont au moins
tenté de répondre honnêtement à mes questions. C'est
uniquement ce que je demande au ministre du Travail. Autrement, je vais me
demander ce que je viens faire ici, si je me fais dire: Je vais vous dire
peut-être que oui, peut-être que non, des fois peut-être, des
fois peut-être que non. Franchement, j'ai bien d'autres choses à
faire que de me faire dire cela par le ministre. L'opinion publique jugera
à ce moment-là quel genre de ministre du Travail on a
actuellement.
Moi, je vous demande simplement et je vous fais un dernier appel,
très simple puis sans aucune animosité, puis sans
méchanceté de ma part, je vous demande simplement de me dire oui,
non ou bien je ne le sais pas, à des questions que je vous pose. Moi, je
vous pose des questions sur les grandes politiques de votre
ministère.
M. Harvey (Jonquière): Oui, non ou bien je ne le sais
pas.
M. Burns: Bien évidemment je vais vous demander souvent
des explications à votre oui puis à votre non, puis à
votre je ne le sais pas. Mais au moins, branchez-moi quelque part. Vous me
dites: Je ne peux pas vous répondre à cela, parce que ce matin
c'est la façon dont j'ai décidé que je répondrais
à vos questions. Ce n'est pas comme cela. Ou bien dites-moi tout
simplement que vous ne le savez pas. Si vous ne savez pas, à la longue,
on va les accumuler les je-ne-le-sais-pas.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, parlant sur
le point de règlement, il est bien sûr que les réponses aux
questions, qu'on le veuille ou non, le député de Maisonneuve,
malgré tout le respect que je lui dois, est obligé de prendre les
réponses que je lui donne. J'ai répondu oui que j'ai
demandé à quelqu'un de l'extérieur de mon ministère
d'examiner cette question-là. Il a souligné un point qui a
été rejeté. S'il y avait un député
libéral ici, à cette table, qui faisait l'exercice que le
député de Maisonneuve fait depuis le début de la
soirée, partant du plus petit de la plus petite ré- gion
administrative, puis d'un congrès régionale, les
résolutions adoptées par un autre parti politique qui serait le
parti du député de Maisonneuve, je lui donnerais à ce
député libéral-là exactement les mêmes
réponses. Je ne pense pas, M. le Président, que ce soit de nature
à faire avancer le dossier des relations patronales-ouvrières au
Québec que de partir des résolutions adoptées à un
atelier, où les gens n'ont même pas eu le temps de
compléter le travail, des résolutions en provenance des
régions, pour discuter des crédits, des sommes d'argent dont nous
avons besoin pour les trois grandes missions qu'a à accomplir, au cours
de l'année financière 1976/77, le ministère du
Travail.
Si le député de Maisonneuve veut continuer dans ce sens,
qu'il le fasse, qu'est-ce que vous voulez, M. le Président, les
règlements sont là. Je donnerai des réponses que, comme
responsable du dossier du ministère du Travail et tout ce que cela
implique, des réponses que je jugerai, moi, comme titulaire du
ministère, les plus convenables à donner au député
de Maisonneuve, selon la valeur des questions et la pertinence qu'elles ont
avec le budget que je demande de voter pour me permettre d'accomplir le travail
et les objectifs visés par les trois grandes missions décrites
dans le livre des crédits de mon ministère.
M. Burns: C'est justement cela, M. le Président, le
problème. Moi je suis en train d'examiner les trois grandes missions.
C'est ce que je fais et rien d'autre. Je n'ai pas demandé des choses
personnelles et individuelles au ministre, et Dieu m'en garde. Le jour
où je ferai cela, il sera temps de m'indiquer la porte puis de me dire
que je manque complètement à mon devoir. Je n'ai rien à
faire avec les pensées personnelles du ministre. Ce que je veux savoir,
c'est justement les positions politiques de son ministère via ces trois
grandes missions et je ne les tire pas du ciel ces missions
exprimées par lui-même dans un document qu'il nous a refait cet
après-midi sous une autre forme, mais qu'on retrouve effectivement dans
sa conférence au Conseil du patronat, le 4 novembre 1975.
Je les répète, au cas où le ministre aurait
complètement, à cause de l'énervement, perdu l'orientation
du débat. Je le cite: Le point de départ des nouvelles politiques
du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, en ce qui concerne ces
trois grandes missions, est le suivant: Les relations de travail; le
marché du travail; la qualité de la vie au travail en
matière d'hygiène et de prévention sécuritaire.
J'ai l'intention, je vous le dis tout de suite, d'utiliser tout le temps
qui me sera accordé, au cours de l'examen des crédits, pour
poser, de façon extensive au ministre du Travail, toutes les questions
relatives à ces trois missions qui sont, à toutes fins utiles,
les trois missions du ministère. Je me base, entre autres, sur
l'élaboration qu'il a faite de ces missions, lors de sa
conférence du 4 novembre.
Si je ne peux pas lui demander de prévoir un
certain nombre de choses, entre autres ce qu'il va faire le jour
où tel organisme de pression ou tel autre va décider qu'on est
obligé de donner un avis de 48 heures, ou mettre une période de
silence de 48 heures avant qu'une grève soit
décrétée, ou encore qu'on mette de côté le
Code du travail, vraiment je ne le sais pas.
Le ministre a-t-il des suggestions à me faire sur la façon
d'étudier les crédits du ministère du Travail, s'il n'est
pas d'accord sur la façon dont...
M. Harvey (Jonquière): Même si un organisme, dans la
province, avec 120 000 ou 125 000 membres, demandait un amendement ou
exprimait, par voie d'une résolution dans un congrès, le
désir d'avoir un amendement à la loi, où le
député ira-t-il chercher même par la tradition
l'obligation pour un ministre, à l'occasion de l'étude de
ses crédits, de se prononcer de façon catégorique sur la
résolution exprimée par un atelier de ce congrès?
M. Burns: Ne suis-je pas en droit...
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve utilise c'est son droit de le faire mais
n'élabore pas les trois grandes missions du ministère. J'aimerais
beaucoup mieux que le député de Maisonneuve s'applique
plutôt à poser des questions pertinentes, comme le
député de Beauce-Sud le faisait, sur des problèmes que
nous vivons aujourd'hui et qu'on pourrait régler en amendant, dans la
deuxième phase, ou dans la première phase du Code du travail, des
articles du code que nous avons. Cela serait susceptible d'améliorer le
climat des relations patronales-ouvrières au Québec. J'aimerais
beaucoup mieux l'entendre poser des questions pertinentes à cela que de
le voir éplucher les résolutions adoptées ou
rejetées au dixneuvième congrès de la
Fédération libérale du Québec.
M. Burns: Soit dit en passant, ce n'était pas un
congrès régional.
M. Harvey (Jonquière): Parce que je pourrais demander au
député de Sainte-Marie d'éplucher, une à une, les
résolutions adoptées par les congrès régionaux du
parti dont il est membre et le député de Maisonneuve serait le
premier à demander au président de cette Assemblée de le
rappeler à l'ordre.
M. Burns: Etiez-vous à l'atelier du travail à ce
congrès?
M. Harvey (Jonquière): J'y ai été
fréquemment et je ne suis pas intervenu une seule fois, laissant les
militants libéraux libres, ne les influençant pas. Je me suis
toujours conduit de cette façon dans le Parti libéral, quand j'ai
été impliqué. J'aime mieux partir si une résolution
qui est adoptée...
M. Burns: On ne vous a pas demandé votre opinion sur un
certain nombre de choses?
M. Harvey (Jonquière): Un instant. Une résolution
peut-être adoptée à la suite d'un voeu exprimé par
un groupe de militants dans un congrès, en atelier. Cela peut amener
celui qui vous parle, comme responsable, à les rencontrer parce
qu'on se rencontre souvent dans le Parti libéral et à leur
faire réaliser, après une étude sérieuse de ce
qu'ils demandent dans une résolution, comme des gens intelligents que
cette résolution fait partie du petit pourcentage des résolutions
adoptées par des congrès qui ne sont jamais devenues des articles
dans une loi ou dans les statuts du Québec.
M. Burns: Est-ce à dire, M. le ministre, que M. Hardy
avait tort d'intervenir sur des questions de communications, et M. Garneau
avait tort d'intervenir sur des questions de finance?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas ce que j'ai dit...
M. Burns: ... et M. L'Allier avait tort d'intervenir sur des
questions d'affaires culturelles...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'ai dit
que celui...
M. Burns: ... et M. Goldbloom avait tort d'intervenir sur des
questions d'affaires municipales.
M. Harvey (Jonquière): J'ai dit que celui qui vous
parle...
M. Burns: C'est cela que vous êtes en train de me dire?
M. Harvey (Jonquière): Non, M. le Président, j'ai
dit que celui qui vous parle...
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ... a pris l'habitude, depuis qu'il
est responsable au Revenu...
M. Burns: Vous n'êtes pas au Revenu, vous êtes au
Travail, là.
M. Harvey (Jonquière): Laissez-moi finir, vous êtes
donc bien polisson. M. le Président, voulez-vous rappeler le
député de Maisonneuve à l'ordre? Je dis que depuis que je
suis responsable d'un ministère, à titre de ministre que cela ait
été au Revenu ou que ce soit au Travail maintenant mon
attitude personnelle dans un congrès politique, dans un atelier, c'est
d'écouter attentivement les discussions pour être en mesure, par
la suite, d'analyser la résolution à adopter en majorité
par les militants. Le député de Maisonneuve admettra avec moi
qu'au moment où s'est tenu le congrès du Parti libéral du
Québec ou au moment où on se parle, qu'on soit dans une
municipalité ou dans une région aussi syndiquée que la
mienne, qu'on fasse un congrès actuellement et qu'on en fasse un
après six mois de calme, souvent les résolutions changent
d'allure et de contenu. Le député de Maisonneuve admettra cela
avec moi.
M. Roy: Je voudrais être bien sûr d'avoir compris le
ministre. Je l'écoute depuis un bout de temps. Le ministre vient de nous
dire qu'il n'intervient pas, qu'il ne se compromet pas lorsque le
congrès libéral a lieu. En somme, le ministre ne prend pas
position c'est ce qu'il vient de nous dire au congrès
libéral?
M. Harvey (Jonquière): Je dis que lorsque c'est une
résolution qui touche le ministère que je dirige,
personnellement, j'aime autant cela. Je pourrais très bien exprimer un
point de vue et faire en sorte que la majorité des gens, à la
suite des explications que je donnerais... Je désire revenir dans un
deuxième temps, si l'étude approfondie de la résolution
adoptée n'est pas applicable pour le bien commun ou pour la
collectivité québécoise. C'est pour moi une façon
d'agir. Je ne condamne pas celui qui est prêt à intervenir sur une
question; qu'il le fasse, c'est une question purement de tactique,
considérant que les membres de mon parti sont assez adultes pour
accepter ma façon de voir les choses depuis que je suis responsable d'un
ministère.
Si le député de Beauce-Sud et je suis bien
placé pour en parler, surtout à lui qui a changé de parti
politique quatre fois en moins d'un an
M. Roy: Pardon, M. le Président, voulez-vous me donner des
explications?
M. Harvey (Jonquière): Quatre fois de parti politique en
un an.
M. Roy: Quatre fois?
M. Harvey (Jonquière): Je ne change pas d'opinion aussi
souvent que cela. J'aime mieux mettre en pratique la qualité
fondamentale d'un ex-cheminot: avant de traverser une voie ferrée,
arrêter, regarder et passer.
M. Roy: Oui, parce qu'il faut avoir les mains libres pour changer
de parti. M. le Président, je viens de constater une chose. Ce que le
ministre vient de dire qu'il a mis en application au congrès
libéral, c'est ce que je voulais lui faire expliquer, c'est la
même attitude qu'il prend en commission parlementaire. Il ne
répond pas.
M. Harvey (Jonquière): C'est une question d'opinion.
M. Roy: Ce n'est pas une question d'opinion, c'est une question
de fait.
M. Harvey (Jonquière): Nous allons faire le tour de la
table, à savoir si c'est une question d'opinion.
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas de querelle
à maintenir avec le ministre du Travail s'il me dit sa position dans un
congrès de son parti, même si c'est le 19e congrès du Parti
libéral du Québec, et je ne le critiquerai pas là-dessus.
Ce n'est pas en tant que tel que je lui pose ces questions. Il a le droit de
poser les gestes qu'il voudra ou de s'abstenir de poser des gestes au 19e
congrès du Parti libéral. Il a le droit de ne pas poser les
mêmes gestes responsables, à mon avis, que des personnes comme M.
Victor Goldbloom, M. L'Allier, M. Hardy ou M. Garneau. Il en a parfaitement le
droit et ce n'est pas là-dessus que je le critique. Sauf qu'ici nous ne
sommes pas au congrès du Parti libéral. Nous sommes à la
commission parlementaire du Travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration et
on vous pose des questions sur vos politiques ministérielles. Il me
semble qu'il y a quelque chose de changé depuis très
récemment, c'est-à-dire depuis ce matin; parce que ce matin je
posais le même type de questions au Solliciteur général
qui, lui, s'est mouillé pas mal plus que vous sur un tas de choses.
D'accord?
Bien souvent, sans doute, les questions que je lui posais ne devaient
pas nécessairement lui faire plaisir. En tout cas, il ne les a pas
plantées. Il ne m'a pas demandé de lui poser ces questions. Ce
n'est pas cela la question. Je dis que c'est notre devoir de le faire comme
membres de l'Opposition, le député de Beauce-Sud et moi;
même les députés ministériels sont tout à
fait en droit, même s'ils ne sont pas membres de l'Opposition, de poser
des questions précises sur les grandes politiques du ministère.
L'incidence d'un congrès a sûrement une importance, parce que moi,
comme député de l'Opposition et, je présume, le
député de Beauce-Sud aussi, on se dit: C'est peut-être
quelque chose qui éventuellement fera partie du programme
législatif du Parti libéral. Si c'est le cas, je voudrais savoir,
ce soir, exactement dans quel sens cela va se diriger ou pas. Quand je disais
tout à l'heure qu'il y a aussi dans le fait de gouverner un
élément de prévision, je pense que personne ne va me poser
des problèmes relativement à cela. Je demande donc au ministre
actuel du Travail ce qu'il pense relativement à un certain nombre de
choses et, entre autres, sur ces deux points.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président...
M. Burns: Je vais lui en poser d'autres qui n'ont rien à
faire avec le congrès du Parti libéral, mais ces deux, tout
à fait par hasard, proviennent du Parti libéral.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je voudrais
également attirer l'attention du député de Beauce-Sud et
du député de Maisonneuve sur un point qui est fondamental,
à mon sens. Lorsqu'il y a un congrès et que vous voyez deux
attitudes différentes de la part de titulaires de ministères
différents, si, sur une question qu'on vient tout juste d'étudier
au ministère, on a le coût d'une telle mesure, comme ce fut le cas
lors d'une intervention faite par mon collègue, M. Garneau, sur une
mesure à incidence fiscale, il a immédiatement permis aux membres
de l'atelier de faire la différence entre l'adopter ou la rejeter. Dans
un cas comme
celui de la question que posait le député de Maisonneuve
résolution qui a été rejetée quel
était le spécialiste qui, sans un examen approfondi et une
étude appropriée de la question pouvait évaluer non
pas en piastre et cents, parce que cela aurait été $0.00,
c'était facile à répondre; pas un sous de plus, pas un
sous de moins d'évaluer en termes de climat social quel
était...
M. Burns: Le spécialiste à Jean Marchand.
M. Harvey (Jonquière): Vous, vous dites le
spécialiste de Jean Marchand...
M. Burns: Du moins, d'après ce que j'ai vu dans les
journaux.
M. Harvey (Jonquière): Jean Marchand a émis une
opinion à la suite d'un propos que j'ai entendu. Il y a même des
journalistes que je vois ici ce soir et qui m'ont demandé: Pourquoi
n'intervenez-vous pas? Parce que j'ai considéré que même si
j'avais été au ministère depuis plusieurs années,
il était impossible, dans l'espace de quelques minutes, d'évaluer
la portée sociale et l'implication au niveau de la vie des syndicats
d'une résolution qui aurait été adoptée ou
même rejetée dans ce sens. C'est pour cela que je dis au
député de Maisonneuve, très honnêtement, que j'ai
demandé à quelqu'un qui a vécu, pendant des années,
l'expérience de la vie syndicale, de regarder la question et de me faire
rapport. C'est avec plaisir qu'il le fait à titre purement gratuit. Je
recevrai des instances du parti, des commentaires sur l'atelier qui a
traité des relations de travail. Les membres de la commission politique
sur cette question m'ont assuré que je recevrais cela d'ici quelques
semaines. J'espère avoir cela en même temps, mais cela me
préoccupe, c'est bien sûr.
M. Burns: Vous n'êtes pas en mesure actuellement...
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez que je vous
réponde, en 1976-1977, je ne crois pas être capable d'amender le
code dans ce sens, en fonction des crédits que nous étudions.
M. Burns: Je me fais dire, depuis 1970, toutes les années,
sur le plan de la projection de la législation, un certain nombre de
choses que je suis obligé de ramener quelques années plus tard ou
un an plus tard et dire: Vous m'avez dit cela l'année passée.
Chaque fois, je me fais dire: Oui, mais c'était l'année
passée. Cette année, on a repensé à cela, etc.
En tout cas, moi, cela m'apparaît parfaitement acceptable de poser
ce type de questions au ministre, surtout quand on est rendu à envisager
des politiques importantes au point de vue des relations de travail de la part
du ministère. Il me semble que la personne à qui je dois
m'adresser, c'est le ministre.
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, j'ai dit cet
après-midi que la deuxième phase du Code du travail portera sur
des points beaucoup plus litigieux qui feront l'objet, j'en suis sûr,
d'un débat très long à l'Assemblée nationale. A
travers ces points, c'est sûr que toutes les questions qu'on peut
s'imaginer, c'est cela qu'on examine de façon plus sérieuse et
plus attentive dans un deuxième temps pour être capable d'apporter
un projet de loi qui serait vraiment de nature à corriger certaines
lacunes que nous connaissons actuellement dans les lois du travail au
Québec.
Loi du salaire minimum
M. Burns: Toujours en me référant à
l'argumentation du ministre cet après-midi et au texte qu'il a
livré au Conseil du patronat, le 4 novembre, je note qu'il disait, le 4
novembre et cet après-midi, que "le nouveau rôle du
ministère n'oubliez pas qu'on parle du nouveau rôle du
ministère et ce n'est pas moi qui en parle à
l'égard de tous les salariés du Québec reposait sur quatre
observations préliminaires." La première, c'était la
vétusté je vous l'ai citée cet après-midi
des dispositions du Code civil. Vous disiez également qu'il n'y a
rien qui précise et confère au salarié des garanties quant
à son statut. On pourra juger du type de réponses que le ministre
nous a données relativement à cette première observation
préliminaire.
La deuxième était la suivante je cite directement au
texte ce que disait le ministre le 4 novembre, qui est, à toutes fins
pratiques, reproduit dans sa déclaration de cet après-midi
"La nécessité de donner un souffle nouveau et positif à la
Loi du salaire minimum de façon qu'elle puisse protéger
efficacement tous les salariés, d'une part, et, d'autre part, que tout
chef d'entreprise puisse connaître d'une façon claire et
précise l'ensemble de ses obligations principales à
l'égard des salariés. Les salariés et les employeurs
doivent connaître la procédure suivie pour établir
progressivement les conditions générales de travail applicables
à tous".
Là-dessus, M. le Président, je vais référer
le ministre au rapport Mineau, Allard et Associés, qui a
été remis, je pense, au ministère du Travail en
décembre 1974, et également au rapport Caston-guay qui, lui, a
été remis en mars 1975, sauf erreur.
Le 4 décembre, d'autre part, M. le Président, le journal
Le Soleil, sous la signature de Gilbert Athot, nous rappelait que "les
fonctionnaires du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre ne sont
même pas à la veille de terminer la préparation de ce
dossier sur le plan technique."
M. Harvey (Jonquière): Quelle date?
M. Burns: C'est un article du 4 décembre 1975. "Le Conseil
des ministres n'a évidemment pas, continuait le journal, en
conséquence, entrepris de scruter ce dossier sur le plan politique."
Est-ce que je suis en mesure de croire que
cette affirmation est encore vraie aujourd'hui? Suite au rapport Mineau,
suite au rapport Caston-guay et suite à cet article de M. Gilbert Athot
dans le Soleil du 4 décembre, est-ce que je suis encore en mesure de
dire que cette deuxième partie, c'est-à-dire la
nécessité de donner un souffle nouveau et positif à la Loi
du salaire minimum, n'est pas encore en marche? Est-ce qu'on est en mesure de
nous montrer jusqu'à quel point il peut y avoir un cheminement
précis vers une législation, vers ce fameux nouveau souffle et
vers, surtout, la nécessité de ce nouveau souffle?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, au moment où M.
Athot a écrit son article, il a déduit cela parce que nous avions
besoin d'une étude de l'ensemble des conventions collectives qui sont
déposées chez nous.
Nous avions l'obligation de donner un travail précis, je pense,
à l'Université de Montréal. Alors cette étude, au
moment où M. Athot est venu prendre des informations chez nous,
n'était pas commencée; cependant, il y avait beaucoup de travail
fait sur lavant-projet. L'avant-projet, je l'ai dit cet après-midi, est
maintenant terminé ou se terminera demain, le dernier examen, pour
être acheminé dans le processus normal: comité permanent
des ressources humaines du cabinet, par la suite retour...
Mon sous-ministre m'indique que, dans le processus, on l'envoie pour
consultation au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre avant de
l'acheminer au comité des ressources humaines. C'est donc dire que nous
devrions normalement, au cours des prochaines semaines, l'expédier pour
avis au CCTM. Ce n'est que par la suite qu'il sera acheminé au
comité permanent des ressources humaines et par la suite au cabinet,
sinon amendé. S'il y avait des amendements majeurs, il y aura une
deuxième consultation sur le texte qui serait accepté par le
cabinet.
M. Burns: Est-ce qu'on a décidé de faire de la
Commission du salaire minimum un organisme autonome ou est-ce qu'on a
décidé d'en intégrer les cadres à
l'intérieur du ministère du Travail?
M. Harvey (Jonquière): La Commission du salaire minimum ne
serait pas abolie dans l'avant-projet de loi que j'ai présentement.
M. Burns: Elle ne serait pas abolie.
M. Harvey (Jonquière): Elle ne serait pas abolie. Cela ne
veut pas dire cependant qu'elle ne serait pas modifiée, si on parle de
la commission actuelle.
M. Burns: Est-ce qu'elle vivrait cette commission...
M. Harvey (Jonquière): Et dans son rôle et dans sa
composition.
M. Burns: Est-ce qu'elle vivrait comme orga- nisme autonome
alors? Je vous pose l'autre volet de la question. Il y a une alternative
là-dedans.
M. Harvey (Jonquière): J'ai...
M. Burns: Le rapport Mineau recommandait qu'elle soit tout
simplement abrogée...
M. Harvey (Jonquière): Je vais répondre, je vais
compléter ma réponse et le député va me comprendre.
Dans l'avant-projet, il y aura trois choix et le cabinet décidera du
choix qu'il doit retenir, comprenant également les avantages et les
inconvénients.
M. Burns: Quelles sont ces trois options, M. le ministre?
M. Harvey (Jonquière): Au moment où je vous parle
je ne suis pas en mesure de vous donner les avantages et les
inconvénients des trois choix, ni même les identifier.
L'interlocuteur décrit dans la loi, le Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, et les collègues du Conseil des ministres n'ayant
pas encore pris connaissance du document qu'on me remettra d'ici quelques
jours, document que j'ai vu en cours de route, je ne suis pas en mesure
d'identifier les choix et de les décrire.
M. Burns: Je ne vous demande pas de me dire votre solution, vous
dites que vous avez trois options. A ce moment, je tiens pour acquis que vous
avez trois options. Donc, vous n'êtes pas, vous, nécessairement
prêt à dire publiquement que l'une de ces trois options vous
paraît comme préférable. Cependant...
M. Harvey (Jonquière): Au fait cela pourrait être le
statu quo.
M. Burns: Non, laissez-moi terminer. C'est cela. Je me pense en
capacité de vous demander quelles sont ces trois options, sans que vous
me disiez laquelle vous préférez actuellement.
M. Harvey (Jonquière): Cela pourrait être le statu
quo, la conserver et la changer, dans sa composition et dans le rôle
qu'elle doit jouer, et, troisièmement, l'intégration. Les trois
choix ne peuvent pas être autre chose.
M. Burns: Jusqu'à maintenant, en ce qui vous concerne,
vous n'êtes pas vous-même branché sur l'une de ces trois
options, si je comprends bien.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: C'est cela, vous n'êtes pas branché. On a
lu...
M. Harvey (Jonquière): C'est simple parce que c'est une
décision d'ordre purement politique, elle sera prise comme
décision politique.
M. Burns: Dans quel sens est-ce une décision
politique?
M. Harvey (Jonquière): De choisir une des trois
formules.
M. Burns: Non, je veux dire: Dans quel sens est-ce une
décision politique?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, l'obligation que j'ai de
faire approuver tout amendement à une loi quelconque, de par le
système que nous vivons présentement, le genre de gouvernement
que nous avons. Je ne suis pas capable d'amender une loi sans aller chercher un
accord de principe.
M. Burns: Le genre de gouvernement que nous avons, je comprends
ce que vous voulez dire par cela.
M. Harvey (Jonquière): Le genre de gouvernement que nous
avons à travers le Canada, dans le système de démocratie
que nous vivons.
M. Burns: Vous ne parlez pas du genre de gouvernement qu'on a au
Québec?
M. Harvey (Jonquière): II y a l'exécutif et il y a
un palier législatif. Avant d'amender des lois, cela prend un accord de
principe. Vous avez eu, dans le discours inaugural, cette confirmation de la
volonté Politique, avec un grand P, de modifier la loi comme, moi, j'ai
l'obligation, comme ministre, de demander à ceux qui ont le pouvoir
exécutif un grand P pour Politique de donner leur accord
sur des solutions de rechange ou sur les grandes lignes de lavant-projet que
nous avons à l'esprit. C'est pour cela que je vous dis que c'est
là que va se prendre cette décision.
M. Burns: Vous ne référiez pas au parti au pouvoir
quand vous disiez: Le genre de gouvernement qu'on a?
M. Harvey (Jonquière): Je me référais
à l'exécutif du gouvernement du Québec, au Conseil des
ministres.
M. Burns: Bon, d'accord. Mais ce peut-être aussi le genre
de gouvernement qu'on a dans le sens que je l'entends.
M. Harvey (Jonquière): C'est une question d'opinion,
encore. Comme le genre d'Opposition qu'on a. cela devient une question
d'opinion. C'est la mienne.
M. Burns: On est rendu combien? On est trop nombreux?
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est relatif. M. Burns:
On est trop efficace ou quoi?
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai jamais été
impressionné par le quantitatif. Le qualitatif m'impressionne bien
plus.
M. Burns: D'accord. Je prends acte de votre admission sur notre
qualité.
M. Harvey (Jonquière): Je suis...
M. Burns: Je me rappelle, d'autre part, toujours relativement
à la Commission du salaire minimum, que le ministre qui vous a
précédé au portefeuille du Travail et de la Main-d'Oeuvre
avait toujours eu, semble-t-il en tout cas, de très mauvaises relations,
dans le sens large du mot, avec la présidente de la Commission du
salaire minimum, Mme le juge Claire Kirkland-Casgrain.
J'aimerais que vous me disiez si vous, comme ministre, vous ressentez
les mêmes problèmes à l'égard de la direction de la
Commission du salaire minimum.
Vous n'avez qu'à relire le journal des Débats de
l'année dernière pour voir jusqu'à quel point les
relations étaient tendues entre la présidente de la commission,
Mme le juge Kirkland-Casgrain, et l'ex-ministre du Travail, M. Jean Cournoyer.
Est-ce que le même type de problème se pose? Est-ce que
c'était une question de personnalité, une question d'orientation
ou si c'était, encore, une question de personnes en place à la
Commission du salaire minimum, imposées peut-être par l'ancien
ministre, et que cela n'aurait strictement rien à faire avec vous?
M. Harvey (Jonquière): Mon expérience de dix mois,
à ce jour, ne m'a pas permis de détecter des réticences
à vouloir collaborer. Naturellement, je n'ai pas perdu un seul instant
à faire des post mortem versus la Commission du salaire minimum, la
Commission des accidents du travail, les organismes qui ont à collaborer
ou dont je suis responsable devant la Chambre.
Je n'ai pas eu le temps de faire cela. D'ailleurs, j'en aurais eu le
temps que je ne l'aurais pas fait. Je ne suis pas le genre de gars qui aime
regarder en arrière, j'ai peur qu'il m'arrive ce qui est arrivé
à la femme de Loth. Je regarde en avant, et à moins qu'on me
triche, à moins qu'on me trompe ou qu'on manque de loyauté, j'ai
confiance aux gens avec qui j'ai l'occasion de travailler. Je dois dire, en
toute honnêteté, qu'à toutes les fois où j'ai eu
besoin de la collaboration de la Commission du salaire minimum, y compris un
nouveau venu qui a com blé un poste vacant, Me Jean Richard, ce n'est
que de la collaboration que j'ai reçue à ce jour.
Nous aurons à nous asseoir de nouveau ensemble très
prochainement pour discuter certainement des décisions du gouvernement
la touchant de façon particulière alors que nous aurons à
légiférer sur le salaire minimum en introduisant, comme je l'ai
dit, les conditions minimales de travail garanti. C'est non seulement une
réforme administrative, mais c'est une réforme très
technique également.
Il faut comprendre que la préparation d'un projet de loi
semblable demandait un nombre considérable d'heures de travail non
seulement de la part des spécialistes, mais de vrais techniciens
également.
M. Roy: Sur le salaire minimum, M. le Président, on parle
de réforme de la loi, mais il y a également une loi actuellement
qui ne semble pas ap-
pliquée ou pas tellement appliquée. En effet, des
enquêtes récentes ont quand même démontré
qu'il y avait des dizaine de milliers et je pense que c'est plus de 100 000
travailleurs au Québec qui n'avaient pas le salaire minimum.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président... M.
Roy: Non, non.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, M. le Président,
j'invoque le règlement.
M. Roy: M. le Président, le ministre s'énerve
encore. Il ne nous donne même pas une chance de poser nos questions.
M. Harvey (Jonquière): J'invoque le
règlement...
Le Président (M. Séguin): Un point de
règlement.
M. Harvey (Jonquière): Sur la législation qui
concerne le salaire minimum, je n'ai aucune objection à répondre
à toutes les questions. Sur l'application de la loi, je ne demande aucun
sou ici au budget, dans mon ministère; c'est un organisme
complètement autonome. Alors, M. le Président je vous invite
à demander au député de Beauce-Sud de poser n'importe
quelle question se rattachant à des amendements possibles à la
Loi de la Commission du salaire minimum, à la Loi du salaire minimum, au
tempo des augmentations dont peuvent avoir besoin ou que devraient avoir les
bénéficiaires, mais quant à la vérification ou
à l'administration de la commission, je dis au député que
je ne demande aucun sou dans les crédits du ministère permettant
une discussion. Vous le ferez...
M. Roy: M. le Président...
M. Burns: Bien, voyons donc!
M. Roy: M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Vous ferez une motion en
Chambre.
M. Roy: ...je ne sais pas où le ministre a pilé ce
soir ou ce qu'il a mangé pour le souper!
M. Burns: De qui relève cet organisme?
M. Roy: M. le Président, j'aimerais, quand même,
demander au ministre si la Commission du salaire minimum doit lui rendre compte
de son administration et de son mandat. Est-ce que c'est le ministre qui est
responsable devant l'Assemblée nationale de la Commission du salaire
minimum? Or, si c'est le ministre du Travail qui est le responsable de
l'administration et de la gestion du salaire minimum, j'aimerais demander au
ministre quel article du règlement dit que, lors de l'étude des
crédits, on doit se limiter à poser des questions uniquement en
ce qui a trait à la législation qui concerne cet organisme et non
à son administration comme telle et ce même si vous ne demandez
pas un sou de crédit, parce que la commission est autonome et
s'administre elle-même.
Je sais tout cela que la Commission du salaire minimum s'administre
elle-même. M. le Président, il y a quand même eu des
chiffres qui ont paru dans les journaux je n'ai pas l'article ici,
à ce moment-ci à l'effet qu'il y aurait plus de 100 000
travailleurs au Québec, actuellement, qui sont régis tous
les travailleurs le sont par la Loi du salaire minimum, qui ne
reçoivent pas le salaire minimum et qui ne sont pas compris dans les
exclusions qu'il y a dans la loi, à cause des décrets
particuliers qui peuvent exister ailleurs.
Alors, je demande au ministre s'il s'est penché sur cette
question, s'il a examiné cette question, étant donné que
c'est une chose qui a été sur la place publique. Nous aurions pu
lui poser des questions sur cela à l'Assemblée nationale, mais,
à cause des limites et de contingences, nous n'avons pas pu lui en
poser. Je me suis dit: Etant donné que la commission du travail et de la
main-d'oeuvre va être convoquée incessamment pour l'étude
des crédits du ministère, nous allons attendre là pour
poser la question, parce que même le président de
l'Assemblée nationale aurait pu me rappeler à l'ordre si j'avais
posé cette question, puis dire: Etant donné que vous allez avoir
l'étude des crédits, posez donc la question au ministre.
Alors, ce soir, j'ai le ministre devant moi, je pose la question au
ministre. C'est la façon que nous avons, les députés,
d'interroger le ministre et le ministre est obligé de répondre.
Non seulement il peut, mais il doit rendre compte de l'administration et
fournir les explications concernant les travailleurs qui sont régis par
des organismes qui sont sous sa direction. Alors, il s'agit de 250 000
Québécois.
M. Burns: Selon la Presse du 24 mars 1976, il y a un article qui
dit que la loi n'a pas de dents et que 250 000 Québécois n'ont
pas le salaire minimum. On a droit de vous poser des questions.
M. Harvey (Jonquière): 250 000! M. Roy: La loi n'a
pas de dents.
M. Burns: C'est cela qu'on vous pose comme question. C'est une
question politique.
M. Harvey (Jonquière): Le gars qui a écrit
cela...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s il vous
plaît!
M. Harvey (Jonquière): ...cite un chiffre Ecoutez, quand
on l'augmente, le salaire minimum, les blocs affectés par le...
M. Burns: $2.80 à ce moment-là. A $2.80.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, je n'ai pas fini de
parler...
M. Burns: Non, je ne veux pas vous mêler.
M. Harvey (Jonquière): Devinez donc ce que j'allais vous
répondre.
M. Burns: Non, non, c'était $2.80. C'est pour vous aider
que je vous dis cela.
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas besoin de votre
aide.
M. Burns: $2.80 l'heure, à ce moment-là.
M. Harvey (Jonquière): Suivant taux du salaire minimum,
les populations varient au fur et à mesure qu'on l'augmente.
Je n'ai pas ici le tableau, mais il peut être, à un certain
moment donné, selon le taux, de 150 000 et le porter jusqu'à 300
000, selon le taux qui serait donné au salaire minimum.
Comment un journaliste sérieux peut-il sortir un chiffre de 250
000 ou de 100 000? On ne répond même pas à cela, ni la
commission, parce que ce n'est pas possible de sortir un chiffre comme
celui-là ou de faire une vérification pour apporter une
conclusion semblable. Alors, on le lit et on fait un "clipping" avec, ce que
vous avez fait.
M. Roy: II semble, M. le Président, et je cite une partie
de l'article: "que, dans les dossiers qui sont devant la Cour provinciale, des
noms de restaurants bien connus sont cités dans la liste de ceux qui ont
été condamnés et de ceux contre qui des plaintes ont
été logées. Cette liste est d'ailleurs la seule disponible
actuellement, la présidente de la Commission du salaire minimum, Mme
Claire Kirkland-Casgrain, jugeant préférable de ne pas rendre
publique la liste de ceux qui ont accepté de rembourser leurs
employés, à la suite d'une enquête des fonctionnaires". Il
semblerait que les 250 000 Québécois, c'est à la suite
d'une enquête des fonctionnaires...
M. Harvey (Jonquière): Donc, ceux qui, à la suite
d'une vérification, ont décidé de payer, sans poursuite,
vous devez les soustraire. Alors, le journaliste se plaint de ne pas avoir la
liste de ceux qui, à la suite d'une inspection, auraient payé les
dus à ceux qui sont assujettis. La loi a été
appliquée, ils ont eu le salaire minimum. Alors, il faut que vous les
soustrayiez.
M. Roy: J'aimerais demander au ministre si la Commission du
salaire minimum procède uniquement quand il y a des plaintes? Je pense
que le fond du problème est là, M. le Président, on attend
sans doute les plaintes et on ne procède pas autrement.
M. Harvey (Jonquière): Au niveau de l'inspection et de la
catégorie de gens requis pour faire une inspection, à la
Commission du salaire mini- mum, la commission a éprouvé des
difficultés. Et cela, j'en suis sûr, parce que la Commission de la
fonction publique m'a demandé, depuis que je suis titulaire du
ministère, de mettre fin à l'emploi d'inspecteurs qui en
étaient à leur troisième nomination comme employés
occasionnels. Ils ont ouvert, à trois reprises, des concours; il y a eu
des difficultés de recrutement. La situation s'est
améliorée un peu, au cours des six derniers mois, mais il reste
un fait, il y a place pour de l'amélioration. Même si nous avons
un système d'inspection, qu'on soit au ministère du Revenu ou
qu'on soit à la Commission du salaire minimum ou à la Commission
des accidents du travail, c'est à partir d'une vérification
interne, détectant des cas possibles de non-conformité à
la loi qu'on peut faire de la vérification sur place. Jamais au grand
jamais un organisme gouvernemental ne sera capable de couvrir, à moins
qu'on revienne à l'ancienne formule qui faisait, dans le domaine, par
exemple, du revenu, qu'un mandataire de taxe de vente était
visité une fois tous les dix ou douze ans. Cela n'avait pas de bon sens.
Ce genre de vérification, par les pouvoirs publics, a été
rejeté parce qu'il n'avait pas de sens.
A la commission du salaire minimum, eux aussi ont, par du recrutement,
essayé d'augmenter le nombre; par des cours, d'augmenter la
qualité des agents-vérificateurs, pour être capables,
à partir d'une vérification interne, de faire des
vérifications qui apportent une application plus rigoureuse.
Naturellement, la présidente et ses commissaires m'ont signalé,
à plusieurs reprises, que les amendes devraient être
augmentées, parce que les amendes, dans la loi actuelle, ne sont pas
assez élevées pour ceux qui ne respectent pas la loi.
M. Roy: Alors, qu'entend faire le ministre, suite aux
recommandations qui ont été faites par la présidente de la
Commission des accidents du travail?
M. Harvey (Jonquière): Leur donner suite, dans le projet
de loi que vous aurez en main, dès que je serai capable de le faire.
M. Roy: En somme, M. le Président, le ministre ne nie pas
le nombre de 250 000 qui n'ont pas le salaire minimum, même...
M. Harvey (Jonquière): Je m'excuse, M. le
Président, je dis que ce nombre, c'est de la foutaise en tant que
nombre.
M. Roy: M. le Président, je repose ma question au
ministre, parce qu'il ne me laisse même pas le temps de poser les
questions.
M. Harvey (Jonquière): Vous dites que je ne nie pas le
nombre; je le nie...
M. Roy: J'ai dit, M. le Président, le ministre ne nie pas
le nombre, même si on inclut les personnes qui avaient finalement
remboursé, après qu'il
y a eu des rapports de faits, qui ont consenti à rembourser la
différence qui n'avait pas été payée, pour que le
salaire minimum soit respecté.
M. Harvey (Jonquière): Au moment où on se parle,
à $2.87 l'heure, cela ne va pas à 250 000; je pense que le nombre
précis est 247 500 assujettis. Il ne peut pas y en avoir 250 000 ou 100
000 qui ne l'ont pas, voyons donc!
M. Burns: Combien y en a-t-il? Disons que le nombre n'est pas
exact.
M. Harvey (Jonquière): A $2.87 l'heure, le nombre total
d'assujettis serait, d'après les calculs précis faits par les
fonctionnaires, autour de 247 000.
M. Burns: Par rapport à cet article, il y en aurait
combien qui n'ont pas le salaire minimum? Je vous demande cela en tant que
ministre du Travail, d'après ce que vous en savez.
M. Harvey (Jonquière): D'après les rapports que
nous avons en provenance de la Commission du salaire minimum, il y a tous ceux
qui ne se sont pas conformés à la loi à la suite d'une
inspection, soit par vérification interne, soit par vérification
sur place. Ils n'ont pas dans les délais requis, après avis,
payé les montants devant être remis aux assujettis. Vous avez ceux
qui se sont laissé poursuivre. L'article se base sur des renseignements
pris à partir de poursuites intentées par la Commission du
salaire minimum. C'est de l'extrapolation que vous voyez dans l'article.
M. Burns: L'article commence comme ceci, M. le Président:
Une loi du salaire minimum qui n'a pas de dents, une méthode de
surveillance des employeurs à peu près inexistante et la crainte
du petit employé de porter plainte contre son employeur qui refuse de
lui payer ce qui est pourtant prévu par la loi. On peut affirmer que
c'est environ 250 000 travailleurs au Québec qui reçoivent moins
à l'époque, c'était $2.80 que le taux horaire de
$2.80 l'heure.
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas de doute qu'un article
comme celui-là contient de grandes vérités. Vous avez de
grandes vérités dans l'article qui nécessitent des
amendements à la Loi du salaire minimum, ce que j'ai annoncé le 4
novembre dernier. C'est ce qui faisait dire à M. Athot le 4
décembre, comme vous mentionniez tout à l'heure c'est le 4
décembre ...
M. Burns: Oui, je pense que oui.
M. Harvey (Jonquière): ... qu'il n'y avait pas grand-chose
de fait pour amender la fameuse loi qui a été annoncée le
4 novembre. Mais cela demandait un travail considérable à partir
des lacunes qui pouvaient soit avoir été détectées
par le ministre responsable, mon prédécesseur, moi-même,
ceux qui ont étudié à fond le problème du salaire
minimum au Québec, le groupe Caston-guay. Ne nous trompons pas, il y a
des gens de l'intérieur qui ont travaillé dans le groupe
Caston-guay; on l'a appelé le groupe Castonguay comme ce fut le cas pour
le groupe Riverin à la Commission des accidents du travail...
M. Burns: Et comme c'est le cas pour le groupe Mineau.
M. Harvey (Jonquière): II reste un fait, c'est pour
corriger certaines lacunes qu'on veut apporter un amendement, une refonte
complète introduisant les conditions minimales de travail garanties. On
profite de l'occasion pour amender la Loi du salaire minimum.
M. Roy: Quand vous avez parlé de 247 000 personnes tout
à l'heure, sont-ce 247 000 personnes à temps plein, qui
travaillent à longueur de semaine?
M. Harvey (Jonquière): Non, ce sont des assujettis. Ils
n'ont pas le droit de payer moins que cela pour les postes qu'ils occupent,
selon les ordonnances. Si nous sommes dans le commerce de l'alimentation, c'est
l'ordonnance 14; si nous sommes dans les travaux publics, c'est l'ordonnance
13; si nous sommes dans les scieries, dans les opérations
forestières, c'est l'ordonnance 9 et, si nous sommes dans l'ordonnance
générale, le reste, le gros groupe, c'est l'ordonnance 4.
J'ai également annoncé, en portant le salaire minimum
à $2.87, que les opérations forestières, les scieries et
les travaux publics rejoignaient immédiatement le taux de l'ordonnance
4; il n'y a plus d'ordonnance particulière. J'ai donné les
raisons.
Quant à l'alimentation, progressivement ils vont également
rejoindre l'ordonnance 4. Il en reste encore quelques-uns dans des
régions comme celle du député de Beauce-Sud. S'il fallait
le faire dans un temps, il y aurait probablement plusieurs appels
téléphoniques. Alors, c'est progressivement et d'une façon
assez accélérée, comme ce fut le cas au cours des
dernières années, que dans ce secteur il n'y aura qu'une seule
ordonnance, l'ordonnance 4.
M. Roy: Quand vous parlez de plusieurs appels
téléphoniques je m'excuse auprès du
député provenant de la Beauce, qu'est-ce que le ministre
veut-dire au juste?
M. Harvey (Jonquière): Ce que je veux dire, c'est que,
lorsqu'on passe une loi à l'Assemblée nationale et qu'elle
corrige certaines lacunes dans un domaine spécifique j'ai
à l'esprit la construction, par exemple, sa compréhension de
l'artisan, qu'on discutera certainement, et cela me fera plaisir d'en discuter
s'il fallait vous suivre là-dessus, il faudrait abolir la
Régie des entreprises de construction et l'Office de construction du
Québec.
M. Roy: On n'a jamais parlé de cela.
M. Harvey (Jonquière): Vous m'en avez parlé
souvent.
M. Roy: Je n'ai jamais parlé de cela, M. le
Président. Le ministre charrie encore, comme à l'habitude.
Le ministre a parlé des appels téléphoniques de la
Beauce, tantôt, on ne parle pas de la Régie de la construction. On
va en parler, d'ailleurs, le président compétent de la
Régie de la constrcons-truction est ici ce soir, et il y en a d'autres
aussi qui seraient en mesure de nous répondre. Je parlais du salaire
minimum, je ne parlais pas de la qualification professionnelle, de la
qualification de l'entrepreneur, je parlais du salaire minimun. Le ministre a
parlé des appels téléphoniques qui pouvaient venir de la
Beauce et je voudrais que le ministre me donne des explications.
M. Harvey (Jonquière): Je m'explique. C'est parce que le
député de la Beauce, quand il fait une intervention en Chambre,
il se fâche bien noir et là il nous dit qu'il a eu de nombreux
appels téléphoniques. Je faisais allusion au député
de la Beauce et non à la population. Je ne reçois pas d'appels
téléphoniques plus souvent en provenance des citoyens de la
Beauce qu'en provenance des citoyens de mon comté. J'en reçois
moins qu'en provenance des citoyens de mon comté parce que je suis leur
député.
M. Roy: En somme, c'est le député qui vous tient en
fonction.
M. Harvey (Jonquière): Je remarque peut-être plus le
député de la Beauce en Chambre que les autres, parce qu'il se
lève fâché.
M. Burns: Le député de Beauce-Sud.
M. Harvey (Jonquière): Je pensais à votre
collègue qui est de mon côté.
M. Roy: Je ne suis jamais fâché.
M. Harvey (Jonquière): Votre collègue
libéral.
M. Roy: Le ministre est en train de me prêter des
intentions.
M. Malepart: M. le ministre, ne le faites pas changer pour une
cinquième fois en moins de deux ans.
M. Harvey (Jonquière): Cinq fois dans deux ans, c'est
trop.
M. Malepart: M. le ministre... M. Roy: Le ministre charrie...
M. Malepart: Question de règlement. Est-ce qu'il va
falloir envoyer nos questions par écrit?
M. Roy: Oui, je vous le suggère.
M. Burns: Non, mais...
M. Roy: Cela va prendre six mois pour avoir les
réponses.
M. Burns: ... quand un député est en train de poser
des questions.
M. Malepart: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! La parole est
au député de Sainte-Marie.
M. Malepart: Je pense que les gens de l'ADDS et les
bénéficiaires de l'aide sociale avaient raison de ne pas vouloir
assister à des commissions parlementaires, parce que c'est une perte de
temps.
Je voudrais poser des questions. Je ne veux pas dire que les questions
des autres ne sont pas sérieuses, mais les préoccupations dans un
comté sont différentes de celles d'un autre comté. Je
pense qu'on a été élu par la population et on est
représentant pour exprimer l'opinion de celle-ci. Présentement
c'est un monologue entre le ministre et les députés de
l'Opposition. Je pense qu'on est aussi bien de faire le même geste que
des gens de l'aide sociale, boycotter les commissions parlementaires, si on ne
peut pas s'exprimer.
M. Veilleux: Je suis persuadé que le ministre a hâte
de parler aux députés libéraux.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement. Vous avez, je pense, depuis toujours, reconnu le fait que
lorsqu'un député avait une série de questions à
poser sur un sujet, on lui laissait épuiser sa liste de questions et,
par la suite, on donnait la parole à un autre député. Cela
a toujours été comme cela, que voulez-vous. C'est peut-être
la mauvaise partie du rôle d'un député ministériel
d'être ministériel "back-bencher ", mais que voulez-vous, c'est
cela.
Une Voix: A quel moment pourra-t-on poser nos questions?
M. Malepart: M. le Président, j'aime autant être
ministériel "back-bencher" que d'être dans un parti d'Opposition
dirigé par l'extérieur.
M. Burns: Cela a toujours été reconnu, c'est la
façon de faire. Quand le député de Beauce-Sud aura
terminé ses questions, je ne vois pas pourquoi le député
de Sainte-Marie n'aurait pas l'occasion de poser les siennes. Faut-il
absolument qu'il les pose avant 10 h 10, ses questions, ou bien s'il peut
attendre à 10 h 20?
M. Malepart: Non, mais je sais que vous allez faire comme
tantôt, vous allez changer de programme.
M. Burns: Non, on n'a pas touché à un programme
encore.
M. Harvey (Jonquière): On discute de façon
générale.
M. Burns: On discute de façon générale
actuellement.
M. Malépart: Si le député de Beauce-Sud me
permet, à l'intérieur de ses questions...
M. Roy: Oui, oui, que le député de Sainte-Marie
soit bien à son aise.
M. Malépart: Je vous remercie beaucoup. M. Roy: Je suis
démocrate.
Le Président (M. Séguin): En réponse
à votre point de règlement, le député de
Maisonneuve a, partiellement, donné la réponse que j'aurais
donnée. Le règlement est très clair, en commission, il y a
une distinction à faire lorsqu'il s'agit d'une commission qui
siège pour étudier des crédits ou une commission qui
siège pour entendre des gens qui viennent témoigner.
Le décorum est un peu différent, ainsi que la façon
de procéder. Le règlement est appliqué peut-être un
peu plus rigidement.
Ici, il a été coutume qu'en commission, c'était
plutôt un genre de dialogue entre les députés, tant de
l'Opposition que ministériels, et le ministre et ses adjoints donnaient
des explications et répondaient aux questions posées par les
membres de la commission.
Je pense qu'à certains moments, on va plus loin. Selon certaines
parties du règlement, il faut peut-être se contenir un peu et
garder un peu de sérieux, mais tout de même, il y a une largesse
plus grande d'accordée ordinairement à l'étude des
crédits parce que c'est une des rares occasions que les
députés ont de poser des questions directement au ministre sur
des affaires touchant son ministère.
Il y a eu le point de règlement précédent sur
lequel je voudrais dire un mot. C'est le point soulevé à
l'occasion des questions posées sur la Commission du salaire minimum.
Jusqu'ici, la pratique a été je pense que plusieurs, sinon
tous, ici, sont au courant de ce fait que le ministre peut difficilement
être tenu de donner une réponse très précise sur une
commission, une régie ou une activité paragouvernementale ou
quasi judiciaire, ce que nous reconnaissons être le cas pour la
Commission du salaire minimum. Toutefois, les ministres, la plupart du temps,
ont consenti à faire comparaître devant la commission, à un
autre moment, des représentants ou des membres de ces régies
à qui les questions peuvent être posées directement.
C'était peut-être l'explication qu'il aurait fallu donner
tout à l'heure sur l'autre point de règlement. Pour le moment,
avec la permission du député de Beauce-Sud, je cède la
parole au député de Sainte-Marie.
M. Burns: Et au député de Maisonneuve, M. le
Président. Je n'ai pas d'objection. De toute façon, le
député de Sainte-Marie, je le comprends. Il est pressé de
poser ses questions parce qu'après les prochaines élections, il
va falloir qu'il écrive à son député pour les
poser!
Le Président (M. Séguin): Si vous voulez, on ne
discutera pas des prochaines élections ce soir. On va s'en tenir...
M. Veilleux: ... Bisaillon? Il va avoir de l'ouvrage pour le
battre.
M. Malépart: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): S'il y a
consentement.
M. Malépart: ... le député de Maisonneuve,
je l'ai aidé à renforcer sa position à l'intérieur
du Parti québécois.
Le Président (M. Séguin): II ne faudrait pas
recommencer à pécher tout de suite après l'absolution.
M. Malépart: Je comprends très bien sa frustration
que René Lévesque l'ait repoussé du revers de la main.
M. Veilleux: II devrait vous remercier.
M. Malépart: René Lévesque a peut-être
des bonnes questions mais...
M. Veilleux: II devrait vous remercier.
M. Malépart: ... revenons au salaire minimum, ce qui est
plus important pour les citoyens de mon comté. Est-ce que vous avez des
statistiques concernant le nombre de gens qui ont le salaire minimum et quelle
est la proportion de gens pour qui c'est le salaire régulier à
temps plein? Je m'explique. Au niveau du salaire minimum, cela tient compte des
gens qui travaillent en fin de semaine et tout cela. Est-ce que vous avez fait
une recherche pour réussir à hausser le salaire minimum pour
celui dont c'est le gagne-pain, dont c'est la vie, afin qu'il soit
différent de celui pour qui c'est un deuxième emploi ou un emploi
occasionnel?
M. Harvey (Jonquière): On pourrait vous le donner en
pourcentage, selon le taux qui est payé. Là, on sait que c'est
$2.87. On pourrait vous le donner en pourcentage.
M. Malépart: C'est possible d'avoir les proportions? Il y
a des statistiques sur cela?
M. Harvey (Jonquière): Uniquement avec cela.
M. Malépart: Merci. Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, c'étaient des chiffres que
je voulais obtenir. Le ministre a parlé de différentes
ordonnances. Evidemment, il y a des gens qui sont régis par
différentes ordonnances: les travailleurs du bois, les travailleurs de
la chaussure et d'autres domaines. Quand on parle de 247 000 travailleurs,
est-ce qu'on parle seulement de ceux qui sont soumis à la Loi du salaire
minimum selon le décret général ou si on parle de ceux qui
sont régis par les autres décrets?
M. Harvey (Jonquière): Dans la chaussure, c'est un
décret. Le salaire minimum, cela comprend les personnes qui ne sont pas
assujetties à des conventions collectives ou à des
décrets, à l'extension juridique de décrets de conventions
collectives.
M. Roy: M. le Président, j'ai employé le mot
décret, mais c'est le mot ordonnance que j'aurais dû employer.
M. Harvey (Jonquière): Les ordonnances que j'ai
identifiées tout à l'heure couvrent des secteurs.
A l'occasion du rattrapage qui a été fait au cours des
dernières années au salaire minimum, en plus d'un certain
pourcentage d'augmentation qui était ajouté, la commission avait
reçu instruction de mon prédécesseur de voir à
éliminer les ordonnances particulières. Traditionnellement, par
exemple, dans les travaux publics, cela payait plus que le salaire minimum.
Mais, en raison du rattrapage et des augmentations, cela payait moins au moment
où on avait à augmenter le salaire minimum. Donc, on leur a
demandé d'avoir la parité avec l'ordonnance no 4. Cela a
été le cas pour les scieries, pour les opérations
forestières. Mais comprenons-nous bien, si on parle de ceux qui gagnent
leur vie à l'intérieur des opérations forestières
des grandes compagnies, je vous dis que je n'en connais pas moi, je n'en ai
même pas une à mon esprit qui paie le salaire minimum; autrement,
elles n'auraient pas de monde. Ils ont des conventions collectives.
M. Roy: Je suis d'accord, mais 247 000...
M. Burns: Dans les compagnies forestières, c'est vrai,
mais dans les compagnies d'alimentation, par exemple, dans les fabriques
je n'en nommerai pas pour les mises en pots, entre autres, d'olives, de
cerises et de tout ce que vous voudrez, vous avez des gens qui sont au salaire
minimum et même, dans certains cas, qui sont syndiqués. Le
ministre va l'admettre, cela.
M. Harvey (Jonquière): C'est un fait.
M. Roy: Moi, j'ai posé une question au ministre sur le
salaire minimum. Je vais terminer, parce que j'ai simplement deux questions.
Les 247 000 quand même, cela nous intéresse d'avoir les
chiffres est-ce que ça comprend également les gens qui
sont régis par les autres or- donnances ou si ce sont seulement les gens
qui sont régis par la loi?
M. Harvey (Jonquière): L'ensemble.
M. Roy: C'est l'ensemble des personnes.
M. Harvey (Jonquière): L'ensemble des assujettis à
la Loi du salaire minimum. Cela peut comprendre en pourcentage disons 8% ou 10%
c'est hypothétique, c'est une projection que je vous fais
concernant telle ordonnance, 5% ou 6% une autre et le reste l'ordonnance no 4.
L'ordonnance générale est l'ordonnance no 4.
M. Roy: D'accord. Et cela comprend également les
occasionnels qui travaillent en fin de semaine, comme le disait le
député de Sainte-Marie?
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Roy: Dernière question. Le ministre a annoncé
que le salaire minimum serait porté à $2.87 le 1er juillet;
est-ce que c'est définitif? Est-ce que c'est une rumeur? Le ministre
semble mettre en doute tout ce qui est écrit dans les journaux. Alors,
comme j'ai vu cela dans le journal aussi, j'aimerais bien que le ministre le
dise.
M. Harvey (Jonquière): Je l'ai annoncé
officiellement.
M. Roy: Vous l'avez annoncé officiellement, c'est
réel, le 1er juillet. D'accord.
M. Harvey (Jonquière): Je l'ai annoncé
officiellement, le 14 novembre dernier exactement.
M. Roy: Vous aviez parlé du mois de mai, à ce
moment.
M. Harvey (Jonquière): Le 14 novembre dernier, le salaire
minimum avait été augmenté de $2.60 à $2.80. A ce
moment également, j'avais dit dans ma déclaration que le Conseil
des ministres avait accepté une des recommandations du groupe
Castonguay, d'avoir des augmentations à des intervalles
réguliers, aux six mois. Nous avons donné suite à ce voeu,
à cette décision du Conseil des ministres, cette fois-ci, en
conservant le pouvoir d'achat sur l'indice des prix au Canada. En novembre,
nous étions à mi-chemin entre l'indice des prix de la
région de Montréal et ceux de l'ensemble du Canada;
c'était à ce moment $2.78 pour la région de
Montréal et $2.82 pour l'ensemble du Canada. Le salaire minimum a
été établi à $2.80. Cette année, pour
conserver le pouvoir d'achat sur l'ensemble des prix au Canada, c'est $2.87. Si
nous avions suivi l'indice des prix à Montréal, il aurait
été de $2.83. Si nous avions fait le même exercice qu'en
novembre, il aurait été de $2.85, mais nous avons
recherché le maintien du pouvoir d'achat sur l'indice des prix au
Canada, ce qui semblait plus juste pour cette classe de gens, et ce sera
$2.87.
M. Lachance: Quel contrôle la Commission du salaire minimum
a-t-elle sur les salariés domestiques, les salariés travaillant
à domicile et les salariés agricoles?
M. Harvey (Jonquière): Ils sont exclus.
M. Lachance: Ils sont exclus. Tous ceux-là?
M. Burns: Simplement pour faire le tour, en dernier lieu,
relativement aux amendements à la loi...
Le Président (M. Séguin): Sans vouloir vous
interrompre, est-ce qu'il y a d'autres députés qui auraient des
questions à poser sur la question du salaire minimum?
M. Burns: On est toujours sur le salaire minimum.
Le Président (M. Séguin): Vous êtes encore
là-dessus?
M. Burns: Toujours.
Le Président (M. Séguin): Je m'excuse, allez-
y-
M. Burns: Non, non.
Le Président (M. Séguin): C'est parce que le sujet
avait été abordé par le député de Beauce-Sud
et à la suite continué par les députés de
Sainte-Marie et de Mille-Iles. Là, vous revenez là-dessus.
D'accord.
M. Burns: J'ai senti, à un moment donné, que je
prenais beaucoup de temps de la commission là-dessus; c'est pour cela
que j'ai laissé passer le député de Beauce-Sud et le
député de Sainte-Marie, les deux députés.
Le Président (M. Séguin): J'ai plutôt
accordé la parole au député de Beauce-Sud.
M. Burns: Oui, mais...
Le Président (M. Séguin): Allez-y, vous avez la
parole.
M. Burns: Je ne voulais pas insister. Je ne veux pas prendre tout
le temps de la commission. Je vous remercie.
J'allais tout simplement poser au ministre la question relativement aux
amendements éventuels à la Loi du salaire minimum et lui rappeler
ce que tout le monde sait déjà, d'ailleurs, entre autres un
certain nombre de problèmes. Il y a le fait qu'on n'agisse actuellement
que sur plainte écrite de la part d'un salarié; le fait que la
prescription est acquise concernant le défaut de payer le salaire
minimum au bout de six mois; le fait que les pénalités aux
employeurs sont très minimes; que beaucoup d'employeurs continuent de
retenir une pro- portion des pourboires qui sont payés aux
employés alors que, normalement, ceux-ci ont le droit de recevoir le
salaire minimum, etc. On pourrait mentionner d'autres problèmes, mais
c'est peut-être les plus évidents.
Est-ce que, dans les amendements que le ministre envisage, il y a des
correctifs de prévus quant à ces quatre types de
problèmes? Je mentionne la prescription, la plainte écrite, la
rétention d'une partie des pourboires lorsqu'il s'agit d'employés
qui sont payés partiellement par du salaire et partiellement par des
pourboires, et cela devient absolument ridicule les amendes,
lorsque l'employeur ne se conforme pas, qui sont ridiculement basses. Est-ce
que cela fait partie...
M. Harvey (Jonquière): En réponse aux questions que
pose le député de Maisonneuve, je réponds oui, la
réforme administrative et de fond à la loi de la Commission du
salaire minimum est de nature à apporter les correctifs aux failles qui
pouvaient exister dans l'ancienne loi.
Concernant les employés à pourboire, également.
Justement, avant la dernière augmentation, le salaire minimum pour les
employés à pourboire se situait toujours $0.30 en bas du
salarié ordinaire. Généralement, ils recevaient 81% du
salaire minimum identifié comme tel. A la dernière augmentation
de $2.60 à $2.80, ce pourcentage avait augmenté à 89%. On
peut voir jusqu'à quel point cela a des implications. Un comité
d'étude a été formé; son rapport n'étant pas
terminé, c'est pour cela qu'il y a eu gel à $2.50 pour les
employés à pourboire. C'est sûr que les amendements
projetés... La refonte de la loi est de nature à corriger les
inquiétudes soulignées par les questions du député
de Maisonneuve.
M. Burns: Sur le plan de l'applicabilité et de l'exercice
de ces droits, en particulier pour les employés à pourboire,
est-ce que le ministre est conscient qu'il y a, dans de nombreux endroits, des
personnes qui sont tout simplement forcées de payer pour travailler? Le
ministre est-il au courant de ce phénomène, en particulier dans
les secteurs de l'hôtellerie, où cela se présente
régulièrement? Elles doivent payer ou ne sont pas payées
du tout et ne fonctionnent qu'à pourboire.
M. Harvey (Jonquière): On l'a constaté par les
employés de la Commission du salaire minimum, le service d'inspection,
par les plaintes reçues dans ce sens, également l'opinion
émise par des gens qui veulent réellement et qui ont des
employés à pourboire avoir une politique cohérente
dans ce domaine. Le comité formé en vue d'étudier tous les
problèmes relatifs aux assujettis à pourboire est conscient de
tous les problèmes qui vient d'identifier le député de
Maisonneuve. C'est à partir de cela que le texte final de la loi,
apportant des correctifs, sera fait.
M. Burns: Parce que toute loi, vous savez, M. le ministre, n'a de
valeur que dans la mesure où elle peut être mise en application.
Concernant jus-
tement ce problème des pourboires, est-ce que vous envisagez de
façon précise des méthodes pour voir à sa mise en
application, parce que vous pouvez dire qu'il est illégal de faire cela.
D'ailleurs, la loi actuelle le dit. Il ne s'agit pas d'avoir fait quatre ans de
cours de droit pour se rendre compte que c'est absolument illégal une
mesure comme celle-là, lorsque moi, si je suis employeur dans un bar, ou
dans un hôtel ou dans une auberge, je dis à l'employé:
D'accord, sauf que tu vas signer à toutes les semaines que tu
reçois le salaire minimum, mais tu ne le recevras pas, tu vas être
payé à même tes pourboires, c'est tout. Puis même,
dans certains cas, tu vas me donner un pourcentage de tes pourboires.
Pas besoin d'être avocat pour savoir'que cela est absolument
illégal, mais au point de vue de la mise en application de la
disposition qui protégerait contre une telle situation, est-ce que vous
envisagez des mesures concrètes? Par exemple, est-ce que vous envisagez
une augmentation du service d'inspection de la Commission du salaire minimum?
Est-ce que vous envisagez, entre autres et cela est peut-être
partiellement administratif comme partiellement éventuellement
relié à une disposition législative que
l'augmentation du service d'inspection de la Commission du salaire minimum, en
plus du fait qu'il y ait des inspections proprio motu par la Commission du
salaire minimum plutôt que sur plainte écrite, tout simplement,
est-ce que vous envisagez cela comme des méthodes devant augmenter
l'efficacité d'une telle loi?
M. Harvey (Jonquière): Une chose qui est sûre, c'est
que oui, l'efficacité de l'application de la loi doit être
améliorée en augmentant d'abord les amendes et en faisant un peu
ce qui s'est fait dans d'autres secteurs qui n'étaient pas le secteur du
salaire minimum, mais qui concernaient tout de même l'application de lois
qu'on peut qualifier de fiscales. J'ai à l'esprit, par exemple, le
rôle que joue le ministère du Revenu via le ministère des
Finances qui est le ministère responsable de la politique fiscale du
gouvernement québécois, le ministère du Revenu ayant comme
mandat l'application des lois fiscales de la province.
Le ministère du Revenu a dû constamment améliorer
ses méthodes de vérification, ses méthodes de perception,
et vous avez vu avec combien de facilité le ministère du Revenu a
pu introduire des dents dans ses lois, pour être capable de bien les
appliquer. Je comprends que cela n'est pas populaire, je comprends le
député de...
M. Burns: Il a aussi le phénomène que... Non, non
ce n'est pas cela.
M. Harvey (Jonquière): ... Maisonneuve. Il reste que
si...
M. Burns: Je suis un aussi honnête citoyen que n'importe
qui. Je sais fort bien que si je ne paye pas mes taxes et que tout le monde
fait de même ce gouvernement, quel qu'il soit, je parle de l'Etat du
Québec à ce moment-là, ne pourra pas rendre les services
normaux à la population.
M. Harvey (Jonquière): II y a les méthodes
aussi.
M. Burns: Sauf que lorsque vous faites le parallèle avec
le ministère du Revenu, j'ai l'impression...
M. Harvey (Jonquière): Ils ont une loi.
M. Burns: ...que vous devriez nous dire qu'il y a depuis quelque
temps une collaboration assez grande entre les ministères du Revenu au
fédéral et au provincial.
M. Harvey (Jonquière): Oui, d'accord.
M. Burns: Là-dessus, on ne partira pas de débat...
la commission il y a aussi cela.
M. Harvey (Jonquière): Non, non, mais il y a certainement
moyen, et je réponds oui, que la loi prévoie la réforme
administrative requise pour être capable d'avoir une application
adéquate.
M. Burns: Mais précisément, est-ce que cela veut
dire en termes d'augmentation des pouvoirs des inspecteurs, du nombre
d'inspecteurs?
M. Harvey (Jonquière): Certainement l'augmentation des
effectifs et surtout, également, la qualité des inspecteurs.
M. Burns: Et aussi en termes...
M. Harvey (Jonquière): En termes de volume aussi.
M. Burns: En termes aussi d'enquêtes par voie
d'échantillonnage, ce qu'on appelle vulgairement le "spot check "...
M. Harvey (Jonquière): On appelle cela
vérification... C'est cela. Le secret, pour une vérification
adéquate, est un excellent système de vérification interne
qui identifie les secteurs où il y a des délinquances possibles.
Tout système de vérification ne s'améliore qu'à
cette condition vérification externe, j'entends sur place, dans
les livres et prépare une excellente vérification interne
qui nous évite d'avoir une très large couverture, mais qui
identifie des secteurs où vraiment, quand tu y vas, tu pénalises
et tu rends justice à ceux qui ont droit à des
bénéfices de par une loi.
Aujourd'hui, alors que la mécanisation des opérations est
de plus en plus facile, il y a moyen, par l'établissement d'un
système de vérification interne, d'améliorer d'autant
l'application de la loi sur le champ, avec un pourcentage de couverture qui,
parfois peut faire peur, quand on dit: Seulement cela de couvert! Mais c'est
tellement bien identifié qu'effectivement vous avez une meilleure
application d'une loi, telle la Loi du salaire minimum.
M. Burns: Le ministre peut-il, de façon précise,
nous dire qu'il envisage d'augmenter les amendes à être
imposées aux employeurs qui ne respectent pas le salaire minimum?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: De façon substantielle?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Est-il exact, comme l'affirmait le Soleil du 17 mai
1976, que 40% des entreprises trouvées coupables sont des
récidivistes en matière de salaire minimum?
M. Harvey (Jonquière): J'ai vu l'article, je l'ai mis de
côté pour une rencontre que j'ai eue, effectivement, avec les
membres de la Commission du salaire minimum. Je ne peux pas apporter de
réponse à cet article, parce que je n'ai pas eu l'occasion d'en
discuter avec eux.
M. Burns: Est-ce que, d'ici à la fin des travaux, le
ministre peut, comme beaucoup de ministres le font, vérifier cette
information et nous donner une réponse?
M. Harvey (Jonquière): Je peux vérifier et, mardi
matin, je vous donnerai l'opinion de la commission sur l'article.
M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): Sur le pourcentage
mentionné.
M. Burns: C'est sur le pourcentage surtout que je veux avoir une
réponse.
M. Harvey (Jonquière): Que 40% seraient des
délinquants.
M. Burns: C'est cela, des récidivistes.
M. Harvey (Jonquière): C'est un article de quel
journal?
M. Burns: C'est le Soleil du 17 mai 1976. C'est une nouvelle de
la Presse canadienne; je ne pourrais pas vous dire à quelle page elle
apparaît parce que j'ai simplement un "clipping" devant moi. En tout cas,
l'affirmation que je trouve particulièrement troublante, c'est celle qui
dit: je vous lis tout le paragraphe pour ne pas le tronquer "Avec
le système actuel, soutien au bas de l'échelle, la Commission du
salaire minimum n'ose pas imposer d'amendes parce que le montant obtenu ne
couvrirait même pas les frais encourus pour le percevoir". C'est pour
cela que je reliais cela avec le montant des amendes. L article continue: C'est
aussi pourquoi 40% des entreprises trouvées coupables sont des
récidivistes ".
Alors, je vous demanderais simplement de vérifier si, à
votre connaissance c est exact.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vérifier et je vous
donnerai la réponse mardi matin. En plus, si la réponse
était vraie, le meilleur correctif à apporter quand on a 40% de
récidivistes, c'est de les faire payer une fois pour qu'ils s'en
souviennent et qu'ils oublient de récidiver. Alors, le correctif, si
c'était vrai, serait apporté par des amendes beaucoup plus
fortes.
M. Burns: Je vous signale aussi...
M. Harvey (Jonquière): Je vais vérifier et je le
dirai au député mardi.
M. Burns: ... qu'il y a beaucoup d'employeurs je le dis
par expérience personnelle qui s'en balancent de la Commission du
salaire minimum, parce qu'ils disent: Ils n'ont pas le personnel requis pour
véritablement faire de la vérification. Je ne parle pas du tout
de la compétence des inspecteurs, ni de quoi que ce soit, mais je pense
que je peux parler quand même de leur quantité, du nombre
d'inspecteurs pour être véritablement efficace. En tout cas, je
l'ai vécu à de nombreuses reprises. Souvent, on est obligé
d'insister et d'insister, même d'aller en très haut lieu
quand je dis on, cela exclut la personne qui parle, mais c'est ce que je vois
autour de moi pour voir à ce que quelque chose bouge au niveau de
la Commission du salaire minimum.
Là-dessus j'aimerais bien que le ministre nous donne une
réponse, peut-être mardi, à moins qu'on ne se rencontre
demain matin, je ne le sais pas. Est-ce qu'on se rencontre demain?
M. Harvey (Jonquière): Mardi matin.
M. Burns: Bon. Alors, mardi matin, si c'est possible, sinon au
cours des travaux.
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que le
député de Maisonneuve ne pourrait pas, demain matin... Le sujet
en Chambre, je pense, l'intéresse!
M. Burns: Je ne suis pas au courant. M. Roy: Quel sujet?
M. Burns: Ah oui! C'est la motion de fin de session demain.
M. Harvey (Jonquière): Le leader parlementaire m'a
demandé si j'avais objection et c'est avec plaisir que j'ai dit. Ce
soir, on ajournera nos travaux à dix heures trente mardi matin. Je vous
donnerai une réponse à ce moment-là.
Le Président (M. Séguin): C'est-à-dire,
messieurs, nous allons ajourner ce soir sine die et demain, le leader
parlementaire...
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: C est à onze heures, je pense.
Le Président (M. Séguin): ... donnera l'ordre du
jour pour mardi.
M. Burns: Oui. Dernière chose relativement à la
Commission du salaire minimum. Je vous le dis d'avance, peut-être est-ce
un peu délicat, mais c'est le genre de questions qu'on pose normalement
aux crédits lorsqu'une information comme celle que j'ai obtenue est
soulevée. Selon cette information, il semblerait et là je
suis obligé malheureusement de nommer les personnes que M. Marcel
Deschamps, vice-président de la Commission du salaire minimum, et M.
Oscar Barmar, secrétaire exécutif, ont été
avisés de rester chez eux à cause de mésententes avec la
présidente.
Depuis la mi-décembre, toujours selon les informations que j'ai,
ils ne se rendent pas au travail et ils reçoivent leur plein salaire;
c'est ce qu'on appelle une jolie tablette. Je voudrais savoir de la part du
ministre si c'est exact.
M. Harvey (Jonquière): Dans le cas de M. Marcel Deschamps,
ce n'est pas une décision, ce n'est pas à la demande de la
présidente ou de quelque commissaire que ce soit que ce dernier ne s'est
pas présenté au travail le 15 décembre. C'est à la
demande du ministre, il m'a préparé...
M. Burns: Le ministre actuel?
M. Harvey (Jonquière): A la demande du ministre actuel. Il
m'a préparé un travail dont j'avais besoin sur
l'expérience qu'il a eue à la Commission du salaire minimum
depuis qu'il est là. Actuellement, au moment où je vous parle,
loin d'être sur la tablette, M. Deschamps fait partie de la
délégation pilotée ou dirigée par le sous-ministre
adjoint, M. Guy Lapointe, au Congrès international du travail à
Genève.
M. Burns: Au moment où on se parle, mais...
M. Harvey (Jonquière): Au moment où on se
parle.
M. Burns: ...depuis la mi-décembre.
M. Harvey (Jonquière): Et entre-temps, j'ai l'intention
d'utiliser M. Deschamps ailleurs qu'à la Commission du salaire minimum.
C'est une décision que j'ai prise.
M. Burns: Cela veut dire qu'à toutes fins pratiques il
n'agit plus comme vice-président de la Commission du salaire minimum,
c'est ce que je dois comprendre?
M. Harvey (Jonquière): II est encore vice-président
de la Commission du salaire minimum.
M. Burns: En titre, mais non en fait.
M. Harvey (Jonquière): En titre, il a continué de
travailler sur un dossier ad hoc, sur un dossier que je lui ai confié.
Et dès son retour, je ferai l'annonce appropriée si M. Deschamps
se voit confier d'autres fonctions.
M. Burns: Mais il n'est pas parti au congrès depuis la
mi-décembre?
M. Harvey (Jonquière): Non, je dis au moment où on
se parle. Alors il n'est pas sur la tablette.
M. Burns: Est-ce exact que, depuis la mi-décembre, il a
reçu instructions de ne pas se montrer à la Commission du salaire
minimum?
M. Harvey (Jonquière): Non, non. Je lui ai confié
un travail spécial...
M. Burns: A compter de la mi-décembre?
M. Harvey (Jonquière): A peu près vers cette date,
oui.
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Je ne pourrais pas dire si c'est le
15 décembre, mais c'est à peu près cette date.
M. Burns: A votre connaissance, est-il allé au bureau?
A-t-il agi comme vice-président de la Commission du salaire minimum
depuis le mois de décembre?
M. Harvey (Jonquière): Non, non, il n'a pas agi comme
vice-président depuis le mois de décembre.
M. Burns: Donc, vous envisagez de le remplacer comme
vice-président?
M. Harvey (Jonquière): Oui. M. Burns: Bon.
M. Roy: Maintenant, le fait de ne pas se rendre à la
Commission des accidents du travail, est-ce un ordre qu'il a reçu?
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est le ministre responsable
de la Commission du salaire minimum qui a confié à M. Deschamps
un travail spécial. D'ailleurs, M. Deschamps s'est rapporté
à plusieurs reprises à celui qui vous parle, et celui qui vous
parle vous dit que M. Deschamps n'a pas agi comme vice-président,
effectivement, de la Commission du salaire minimum depuis la
mi-décembre.
Quand à M. Oscar Barma, la présidente de la Commission du
salaire minimum avait demandé à la Commission de la fonction
publique de réviser le statut ou la classification de M. Barma...
M. Burns: II était commissaire.
M. Harvey (Jonquière): Non, non, M. Barma n'était
pas commissaire.
M. Roy: Secrétaire exécutif.
M. Harvey (Jonquière): II portait le titre de
secrétaire exécutif non reclassifié par la fonction
publique. M. Barma a manifesté lui-même, au cours des mois
d'octobre ou de novembre, le désir d'être muté dans un
autre secteur de l'activité gouvernementale. Effectivement, M. Barma
devait être muté à la Commission des accidents du travail.
La Commission de la fonction publique n'ayant pas rendu, avant il y a quelques
semaines, le verdict sur sa classification, ce dernier et les membres de la
commission disaient: Nous ne pourrons pas demander sa reclassification. Alors,
il attendait sa reclassification avant d'être muté à la
CAT, dans un des secteurs de l'administration à la Commission des
accidents du travail...
M. Roy: Dans le cas des deux, là...
M. Harvey (Jonquière): Et c'est sur les ordres de la
présidente de la Commission du salaire minimum, qui, à mon sens,
est l'équivalent, dans l'administration de la Commission du salaire
minimum, d'un sous-ministre en titre dans un ministère. Elle avait
parfaitement le droit de changer son secrétaire exécutif, tout
comme un ministre peut changer son secrétaire exécutif ou un
sous-ministre, changer son secrétaire exécutif en le mutant
à d'autres fonctions à l'intérieur de son
ministère, si vous aimez mieux la comparaison. J'ai actuellement un
ministère et l'ancien secrétaire général du
ministère, probablement pour sa valeur exceptionnelle, avait
été muté à la CAT par un ancien président de
la CAT, le député de Johnson. Il y a un autre ancien
secrétaire général du ministère du Travail qu'on
retrouve aujourd'hui à d'autres fonctions, il est rattaché, je
pense, au bureau du sous-ministre. Il y en a un autre je ne le nommerai
pas pour rien qui est rattaché au bureau du sous-ministre
à d'autres fonctions administratives, où il fait très bien
son travail.
M. Burns: En somme, est-ce qu'on est en mesure de conclure que
c'est à la suite de mésentente avec la Commission du salaire
minimum que ces personnes sont devenues persona non grata à
l'intérieur de cette fameuse commission?
M. Harvey (Jonquière): Comme je l'ai dit au
député de Maisonneuve, je n'ai pas voulu faire de post mortem.
J'entendais l'autre soir, à la télévision, la
présidente de la Commission du salaire minimum qui disait
elle-même qu'elle était heureuse de travailler avec
l'équipe avec laquelle elle travaille. Elle a pris une décision
elle-même dans le cas de son secrétaire exécutif, M. Barma.
Je ne l'ai pas questionnée sur le geste qu'elle a posé' comme
elle ne m'a posé aucune question sur ce que j'ai demandé à
M. Deschamps. M. Deschamps, à la demande de mon
prédécesseur, avait travaillé pendant plusieurs
années à la Commission du salaire minimum, avait travaillé
également au cabinet du ministre comme chef du cabinet du ministre,
comme un fidèle soldat. Quand je lui ai demandé de me faire une
étude particulière, un rapport particulier, il a accepté
comme il a également accepté, à la demande du
sous-ministre parce que je l'avais rattaché au bureau du
sous-ministre ce qu'il fait présentement. Dès son retour
ou quelques jours après son retour, nous serons fixés de
façon définitive quant à l'utilisation des services de M.
Deschamps.
M. Burns: C'est-à-dire, effectivement, il va être
remplacé comme vice-président.
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Déjà, sans que vous me nommiez la
personne, votre choix s'est-il arrêté sur une personne?
M. Harvey (Jonquière): C'est fait.
M. Burns: Cela veut dire qu'on peut s'attendre à la
nomination du nouveau vice-président à peu près vers
quelle date?
M. Harvey (Jonquière): Je vais aller au Conseil des
ministres d'abord. Pour être capable de le remplacer, cela prend l'accord
du cabinet. Je m'attends que la pièce de législation que je
m'apprête à présenter à mes collègues du
cabinet comprendra également les décisions appropriées
quant à la composition de la commission et quant à son nouveau
rôle, s'il y a lieu, selon l'option qu'on choisira. C'est à ce
moment précis, s'il y a lieu de nommer quelqu'un, comme je le ferais si
je le nommais aujourd'hui, que je l'identifierai.
M. Burns: Est-ce que vous pouvez nous donner une date
approximative quant à la nomination? Je ne vous demande pas de nous le
nommer publiquement, mais...
M. Harvey (Jonquière): Tout dépend de la date
où je vais aller au cabinet avec mon projet de loi. Un instant.
Le vice-président sera sûrement nommé d'ici le 15
septembre.
M. Burns: Pas avant cela?
M. Harvey (Jonquière): II sera sûrement
nommé. On a regardé l'échéancier pour aller au
cabinet avec le projet de loi.
M. Burns: Oui. C'est parce que c'est un poste, à mon avis,
très important. C'est le soutien non seulement moral, mais efficace de
la commission.
M. Harvey (Jonquière): Actuellement, il y a un des
commissaires qui se voit déléguer par la présidente
certaines attributions et agit par...
M. Burns: Mais ne trouvez-vous pas que c'est une situation
bâtarde et qu'à ce titre, ce n'est pas normal...
M. Harvey (Jonquière): II y aurait injustice dans un cas
précis, si on demandait à une personne d'agir sans
rémunération additionnelle à ce poste avec des
responsabilités additionnelles. Mais, comme vous le savez, la seule
nomination qui a été faite pour remplacer le commissaire qui
avait dû démissionner a été la nomination de Me Jean
Richard, un ancien secrétaire général adjoint du Conseil
exécutif. Au niveau de la rémunération, il n'a pas vu
diminuer son salaire en s'en allant à la Commission du salaire
minimum.
Alors, sur le plan de la rémunération, il n'y a pas
d'injustice. Sur le plan du titre, à ce moment-là, je dis
oui.
M. Burns: Je pense beaucoup plus loin que cela, M. le ministre.
Si Mme la présidente doit s'absenter c'est parfaitement normal,
on ne peut pas la blâmer, elle a droit à des vacances comme tout
le monde qui est-ce qui préside la Commission du salaire
minimum?
M. Harvey (Jonquière): Cela cause des
inconvénients, c'est sûr.
M. Burns: Je présume que Mme Kirkland-Casgrain va prendre
des vacances cet été. En tout cas, je le lui souhaite bien.
M. Harvey (Jonquière): Elle a formulé la même
demande que vous. Elle a bien hâte d'avoir une nomination de
vice-président. Mais je ne peux pas asseoir deux personnes sur le
même siège, présentement, et il était
impératif pour moi d'attendre de savoir exactement si j'avais à
nommer un vice-président. Je devrai le faire, ai-je dit, le 15
septembre, si j'attendais cela. Je peux le faire avant. Je le ferai
certainement avant le 15 septembre.
M. Roy: On pou-rait demander: pour quelle raison attendre
à cette date, quand même. Si votre choix est arrêté
sur le nom d'une personne, pourquoi ne pas...
M. Harvey (Jonquière): J'ai quelqu'un à l'esprit et
je ne me lie pas par une date. Dire que je vais faire cela à telle
heure, c'est bien de valeur, mais ma mère ne m'a jamais fait faire cela
et il n'y a pas un député qui va me faire faire cela, ni un
ministre, ni un premier ministre. Je vais le faire aussitôt que je vais
être capable.
M. Roy: On ne vous a pas demandé à quelle minute ni
à quelle seconde vous alliez le faire. On vous a demandé à
quelle date. C'est différent.
M. Burns: C'est une question d'efficacité, à part
cela, qui nous fait vous poser cette question.
M. Harvey (Jonquière): Non. Je ne pense pas qu'on ait eu
à souffrir... Peut-être que la présidente, par exemple, a
dû écourter des vacances qu'elle projetait, à une occasion
certainement. D'ailleurs, elle sait comment s'y prendre. J'ai eu l'occasion de
lui parler, ce matin. Elle m'a de- mandé quelque chose qui concernait
ses commissaires et, également, elle m'a posé la même
question. Mais elle ne m'a pas dit: Vers quelle date? Vous attendez-vous de
faire cela bien vite? Mais cela ressemble à cela.
Ma réponse, c'est oui, je vais le faire le plus rapidement
possible. Mais, actuellement, je ne peux pas asseoir deux gars sur le
même siège.
Il me fallait trouver, en collaboration avec d'autres personnes, un
poste où on peut vraiment utiliser les services de M. Deschamps
adéquatement pour ne pas avoir à tabletter un homme qui occupait
un poste comme celui qu'il a occupé à la Commission du salaire
minimum.
M. Burns: M. Deschamps...
M. Harvey (Jonquière): C'est pour cela que ça prend
un peu plus de temps, parfois que de simplement mettre un gars sur la tablette
sans lui trouver rien. Cela est facile, puis les décisions sont rapides,
mais on ne rend pas toujours service aux citoyens québécois quand
on fait cela. Quand on fait l'autre exercice de voir à utiliser, comme
on doit le faire, une personne-ressource parce qu'il y a des conflits ou
incompatibilité entre personnes, cela demande un peu plus de recherches.
Puis, j'ai à l'esprit un fonctionnaire dont le nom est
déjà sorti en Chambre. Personne ne voulait l'avoir parce qu'il y
a eu un débat politique en Chambre où on a identifié ce
fonctionnaire. Mon deuxième voisin, ici, un homme qui lançait un
nouvel organisme, responsable comme président de cet organisme, l'a
pris, l'a interviewé et l'a utilisé. Il est enchanté de
ses services, devant la productivité de cet homme qu'effectivement on a
détabletté parce qu'il était malheureux. Alors, le
processus que j'ai utilisé dans le cas de M. Barma a été
un processus de mutation dans un endroit qui lui plaisait et qui faisait qu'il
était persona grata en arrivant. Dans le cas de M. Deschamps, le
problème était un peu plus difficile, mais je vous dis que j'ai
préféré, plutôt que d'agir rapidement, lui confier
un travail dont j'avais besoin, en raison de l'expérience qu'il avait
eue au cours de sa carrière comme fonctionnaire et de son passage
à la commission du salaire minimum. Dès son retour ou quelques
semaines après son retour, il sera définitivement fixé et,
à ce moment, j'annoncerai officiellement le nouveau
vice-président de la Commission du salaire minimum.
M. Burns: Son retour est prévu pour quand?
M. Harvey (Jonquière): Le congrès international a
lieu du 3 au 23 juin.
M. Burns: Mais il n'est pas parti depuis la mi-décembre
pour préparer le congrès?
M. Harvey (Jonquière): Non, non. Il est parti en
même temps que les autres, dimanche soir dernier.
M. Burns: Autre question relativement à la Commission du
salaire minimum. Il semble que les
relations du ministre actuel avec la direction de la Commission du
salaire minimum soient meilleures que celles qui étaient entretenues
entre l'ancien ministre et la direction de la Commission du salaire minimum.
Est-ce que, pour notre prochaine séance de mardi, puisqu'on est à
la veille, je pense, de terminer nos travaux ce soir, le ministre serait
d'accord à inviter des représentants de la Commission du salaire
minimum, la direction de la Commission du salaire minimum et, en particulier,
peut-être la présidente de la Commission du salaire minimum, pour
répondre à des questions peut-être plus précises qui
peuvent concerner les députés autour de la table relativement
à la commission elle-même, un peu comme on l'a fait, d'ailleurs,
pour la Commission des accidents du travail sur une motion qui avait,
d'ailleurs, été adoptée en Chambre à la suite de la
proposition qui avait été faite par le député de
Beauce-Sud?
M. Harvey (Jonquière): Je ne connais pas, M. le
Président, l'agenda de la présidente de la Commission du salaire
minimum, mais je lui demanderai si elle est capable d'être ici. Si elle
n'est pas capable, je pourrais très bien demander à
l'administrateur provincial, qui est M. Carrière, d'être
présent pour répondre aux questions qui pourraient être
soulevées.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection du tout et je voudrais que vous
compreniez ma réponse.
M. Harvey (Jonquière): Je m'explique. Quand nous
demandons, par la voie d'une commission parlementaire, d'entendre, par exemple,
une régie gouvernementale ou un organisme paragouvernemental,
généralement le président ou la présidente, c'est
le cas de la Commission du salaire minimum avec ses commissaires, viennent
répondre à des questions précises sur l'organisme qui les
concerne.
Je me demande, à l'occasion de l'étude des crédits
où nous ne demandons pas un seul cent à l'intérieur du
budget pour administrer la Commission du salaire minimum, si c'est vraiment
l'occasion d'entendre les membres de la Commission du salaire minimum. Si c'est
le désir des membres de la commission, je me demande quand va-t-on avoir
le temps, dans la limite des heures que nous permet le règlement,
d'étudier à fond les sommes requises pour administrer les trois
grandes missions du ministère.
M. Burns: Je vais juste m'expliquer là-dessus. D'abord, je
veux ne pas être mal compris. Vous avez avancé le nom de M. Emile
Carrière et cela n'a strictement rien à faire avec la confiance
que je puisse avoir à l'endroit de M. Carrière. Quant à
moi, elle est totale. Je l'ai connu dans d'autres fonctions, lorsqu'il
était...
M. Harvey (Jonquière): Non, mais j'ai...
M. Burns: J'ai énormément de respect pour M.
Carrière.
M. Harvey (Jonquière): ... à l'esprit le genre de
questions que vous m'avez posées tout à l'heure.
Motion pour entendre la présidente de la
Commission du salaire minimum
M. Burns: Laissez-moi vous répondre. Vous me
suggérez que possiblement, au lieu de la présidente, vous
inviteriez M. Carrière, que j'ai connu dans d'autres fonctions dont il
s'est bien acquitté à mon avis. Je n'étais pas son
supérieur, loin de là. J'étais quelqu'un qui était
en mesure de voir comment il s'acquittait de ses fonctions et il le faisait
très bien. Je suis tout aussi convaincu qu'il s'acquitte
également très bien de ses fonctions comme administrateur. Mais
c'est arrivé, dans le passé, qu'on a demandé la
présence de personnes de la direction de la Commission du salaire
minimum et M. Carrière a été délégué
par la présidente, à ce moment-là, alors que la direction
du ministère était confiée à une autre
personne.
Je pense que c'est, d'une part, injuste pour M. Carrière, et
c'est injuste aussi pour les membres de la commission, de demander à
l'administrateur de la commission de venir répondre au nom de la
direction de la commission. C'est dans ce sens que je voudrais que la
présidente vienne répondre à nos questions, si elle est
disponible; en tout cas, à un moment où elle sera disponible.
J'en ferais, personnellement, motion.
Je demanderais que la Commission du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration invite, non pas ordonne, mais invite la présidente de la
Commission du salaire minimum à venir nous rencontrer pour discuter des
problèmes qui peuvent concerner sa commission et plus
particulièrement pour nous donner son point de vue relativement aux
aspects administratifs et aux aspects de réforme législative de
la Loi du salaire minimum.
Je n'aurais pas, M. le Président, osé faire une telle
proposition, sous l'ancien ministre, qui de façon très
évidente avait des relations fort tendues avec la présidente de
la Commission du salaire minimum. Il m'apparaît, en tout cas après
la série de questions que j'ai posées à l'actuel ministre,
que ce n'est pas le cas, c'est-à-dire que vous vous entendez très
bien, vous vous êtes même parlé au téléphone
ce matin. Alors, je ne me sens pas du tout coupable de vous faire une
proposition comme celle-là.
Je fais effectivement, M. le Président, cette motion parce que,
malgré toutes les réponses et malgré toute la bonne
volonté que le ministre actuel pourra déployer à me donner
des réponses les plus exactes possible relativement à la
Commission du salaire minimum, je n'en demeurerai pas moins avec un certain
point d'interrogation, dans mon esprit, relativement à l'aspect
administratif et à l'aspect vécu tous les jours par les gens de
la Commission du salaire minimum. Qui d'autre peut venir nous donner le point
de vue le plus précis, à cet effet, que quelqu'un qui de jour en
jour, d'heure en heure vit ces problèmes, c'est-à-dire la
présidente de la commission?
Je fais cette proposition, M. le Président.
M. Harvey (Jonquière): Parlant sur la motion, vous avez
ici, ce soir, le président d'un organisme dont on retrouve dans le
budget des sommes requises pour être capable de s'acquitter de ses
fonctions. Vous n'avez pas ici ce soir et je n'ai pas l'intention,
même si on me le demandait, de le faire venir le président
de l'Office de la construction, M. Mireau. Il ne viendra pas à
l'étude des crédits du ministère, l'Office n'étant
pas impliqué dans le budget que nous avons à discuter.
Parlant sur la motion, je dis au député que je vais voter
contre personnellement. Je n'aurais pas d'objection, sur une motion
régulière, à entendre la Commission du salaire minimum.
J'y répondrais de façon affirmative, et cela dépendrait
également des choses que nous avons à discuter avec elle sur de
la législation à venir. Mais je pense que la motion du
député de Maisonneuve est très habile. C'est certainement
un moyen de passer des heures agréables, mais cela ne concerne
aucunement les crédits que je demande. Je répondrais, dans les
formes régulières, d'une façon affirmative comme ce fut le
cas pour les membres de la CAT.
Je n'ai pas l'intention de demander, à l'Office de la
construction, ni à la Commission des accidents du travail, ni à
la Commission du salaire minimum de venir ici séjourner pendant
l'étude des crédits où je ne demande absolument aucune
somme d'argent, dans les crédits que je demande aux membres de cette
commission de nous accorder, pour remplir les trois grandes missions du
ministère.
M. Roy: M. le Président, sur la motion du
député de Maisonneuve...
Le Président (M. Ségh-uin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: ... j'appuierai cette motion pour une autre raison, en
plus de celle qu'a donnée le député de Maisonneuve et
à laquelle je souscris. Je pense qu'il serait tout à fait normal
qu'au moins une fois par année les présidents des
différentes commissions ou régies gouvernementales se
présentent devant une commission parlementaire pour venir rendre compte
de leur mandat aux députés, aux élus du peuple.
Je pense que c'est l'occasion idéale, pour éviter toute
perte de temps, parce que Dieu sait si nous avons eu des pertes de temps pour
discuter de l'éventualité de convoquer la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, pour faire comparaître
la Commission des accidents du travail. Nous en avons discuté pendant un
an et demi...
M. Harvey (Jonquière): II y a eu une motion en
Chambre...
M. Roy: Oui, il y a eu une motion en Chambre...
M. Harvey (Jonquière): Elle a été
adoptée.
M. Roy: ... elle a été discutée, elle a
été adoptée et il a fallu revenir à une
deuxième session.
M. Harvey (Jonquière): II y en a une nouvelle!
M. Roy: II y en a une nouvelle, mais je parle pour les
séances qui ont eu lieu. Il y en a une nouvelle, je n'ai pas
d'objection. Au contraire, j'y souscris. Parce que je dis que les
sociétés gouvernementales ou paragouvernementales devraient
comparaître au moins une fois par année devant la commission
parlementaire.
M. Harvey (Jonquière): Je suis d'accord...
M. Roy: Etant donné que dans le cas du ministère de
l'Agriculture, il est vrai qu'on demande des crédits, je comprends
l'argument du ministre. La Régie des marchés agricoles
comparaît; l'Office du crédit agricole comparaît.
M. Harvey (Jonquière): Pendant les crédits?
M. Roy: Oui, pendant les crédits. J'ai assisté
à l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture
qui s'est déroulée pendant 20 heures et quelques minutes, pendant
plus de 20 heures cette année, et on a fait le tour de tous les
organismes qui relèvent du ministère de l'Agriculture. J'ai
trouvé que c'était une excellente chose et je pense qu'il n'est
que normal...
M. Harvey (Jonquière): Mon collègue de
l'Agriculture a décidé cela. Moi, je vous dis que je suis
prêt à répondre de façon affirmative à la
convocation de tout organisme dont je suis responsable, devant
l'Assemblée nationale, mais à l'occasion de l'étude de mes
crédits, l'Office de la construction, la Commission des accidents du
travail, la Commission du salaire minimum ne viendront pas ici, parce que je
considère que je ne demande, à ce moment-ci, aucun denier public
pour accomplir le travail des trois missions qui sont identifiées dans
le livre des crédits que j'ai devant moi. Cependant...
M. Burns: Vous êtes respondable de ces commissions.
M. Harvey (Jonquière): J'avoue que j'en suis responsable
devant le Parlement, mais je dis que l'étude des crédits n'est
pas, à mon sens, le moment de convoquer les membres de la
commission.
M. Lachance: M. le Président, il est onze heures.
Le Président (M. Séguin): J'hésite sur la
recevabilité de la motion.
M. Burns: Ah, M. le Président!
Le Président (M. Séguin): Non, un instant, s'il
vous plaît!
M. Burns: C'est une motion incidente, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Non, non. Je comprends.
C'est une motion incidente, mais je regarde aussi le fait que nous sommes ici
pour étudier les crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Tout à l'heure, lorsqu'il y avait discussion, je
repassais chaque section bien attentivement pour voir si à quelque
endroit que ce soit...
M. Burns: Mais, M. le Président, je vous demande
simplement ceci. Je vous demande de ne pas rendre votre décision ce
soir, il est déjà vingt-trois heures.
Le Président (M. Séguin): Non, je n'en ai pas
l'intention de le faire. Ce sera à dix heures et demie ou à la
reprise...
M. Burns: A dix heures et demie mardi ou demain, si jamais on
nous fait siéger, mais je ne le pense pas, d'après ce que le
ministre du Travail nous a dit.
Le Président (M. Séguin): Nous ne siégerons
pas demain.
M. Burns: Je vous demande de prendre en
délibéré cette décision.
Le Président (M. Séguin): C'est ce que j'allais
vous dire.
M. Burns: Je n'ai pas de mémoire le texte, mais je vous
référerai à la disposition de notre règlement qui
dit que toute commission parlementaire, si elle le décide,
c'est-à-dire si nos collègues ensemble...
Le Président (M. Séguin): ... peut recommander
que...
M. Burns: ... demandaient la convocation d'une personne...
D'ailleurs, je n'ai pas été tellement méchant; j'ai
parlé d'invitation dans ma motion.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Burns: Si on le décidait collectivement, je pense que
madame Claire Kirkland-Casgrain pourrait être invitée à
venir nous parler et à répondre à un certain nombre de
questions.
Le Président (M. Séguin): J'aimerais
considérer le fait qu'il s'agit d'une demande relative à la
responsabilité du ministre du Travail, puisqu'il est responsable de
cette commission en Chambre. Mais, en ce qui concerne la raison d'être de
la commission, elle est bien spécifique, c'est d'étudier les
crédits. Je me demande s'il y a un lien ou non pour le moment. C'est
pour cela que je vous fais remarquer...
M. Burns: Si de façon incidente...
Le Président (M. Séguin): II est vingt-trois
heures.
M. Burns: M. le Président, je vous laisse avec cela. Si,
de façon incidente, la commission décidait collectivement que
cela nous est utile... Je suis prêt à retirer ma proposition mardi
si jamais le ministre me dit qu'il va déployer tous les efforts voulus
pour que la direction de la Commission du salaire minimum soit ici à un
moment ou à un autre avant qu'on termine l'examen de ces
crédits.
M. Roy: J'aimerais quand même ajouter. M. le
Président, seulement une phrase pour dire qu'il n'y a pas de
crédits directs qui sont demandés pour la Commission du salaire
minimum, mais il y a des crédits qui sont demandés pour la
direction générale du ministère. La Commission des
accidents de travail, par voie indirecte...
Le Président (M. Séguin): C'est sur la question
d'incidence. C'est justement ce qui me fait un peu hésiter sur la
recevabilité.
M. Roy: La question d'incidence.
M. Burns: Ah! vous la prenez en délibéré.
Le Président (M. Séguin): Oui, oui
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Oui. La commission
ajourne ses travaux sine die. Si vous voulez, messieurs les membres de la
commission... Si le programme devait se poursuivre tel que prévu,
même en ajournant sine die, demain nous devrions avoir des instructions
pour la reprise de cette commission à 10 h 30 mardi.
M. Burns: De toute façon, c'est la Chambre qui va nous
donner ces instructions.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
(Fin de la séance à 23 h 5)