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Commission permanente
du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre
Séance du mardi 15 juin 1976 (Dix heures quarante-cinq
minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration étudie les crédits du ministère du
Travail.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
MM. Bellemare (Johnson), Boudreault (Bourget), Burns (Maisonneuve), Charron
(Saint-Jacques), Déziel (Saint-François)...
M. Burns: Un instant, M. le Président. M. Lessard
(Saguenay) à la place de M. Charron. Il y a eu une motion en
Chambre.
Le Président (M. Séguin): II y a eu une motion.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas la motion
qui a été défaite?
M. Burns: Non, elle a été gagnée à
sept contre six et quelque 80 abstentions.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Burns: Celle-là où le président avait
voté.
M. Lachance: C'est le président qui avait voté
cette fois-là.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Donc, à la place
de M. Charron (SaintJacques), ce sera M. Lessard (Saguenay); MM. Déziel
(Saint-François), Harvey (Jonquière), Harvey (Dubuc), Lachance
(Mille-Iles), Malépart (Sainte-Marie), Pagé (Portneuf), Faucher
(Nicolet-Yamaska), Samson (Rouyn-Noranda), Vallières (Richmond),
Verreault (Shefford).
M. Roy: M. le Président, est-ce que mon nom est sur la
liste?
Le Président (M. Séguin): Votre nom n'est pas sur
la liste, M. le député; non. Vous pouvez quand même vous
exprimer, ce n'est qu'en cas de vote que vous n'avez pas le droit de vote. A ce
que je sache, il n'y a pas eu de motion en Chambre vous nommant à la
commission.
M. Roy: D'accord, on fera les corrections qui s'imposent.
Le Président (M. Séguin): A moins que vous voudriez
prendre la place de M. Samson. S'il est d'accord.
M. Roy: Vous pourrez quand même communiquer avec lui, c'est
vous qui êtes le président de la commission.
Commission du salaire minimum Motion de
l'Opposition
Le Président (M. Séguin): Je ne nomme pas les
membres.
A la fin de la journée de jeudi, il y avait une motion
présentée par le député de Maisonneuve, qui
demandait, grosso modo, de faire comparaître, à l'occasion de
l'étude des crédits, soit maintenant, les membres de la
Commission du salaire minimum.
Un débat s'était engagé, et nous étions
arrivés, en réalité, à l'heure de la fin de nos
discussions pour la semaine, parce qu'on n'a pas siégé le
vendredi. J'avais dit, à ce moment-là, que j'avais des doutes sur
la recevabilité de cette motion à l'occasion des
crédits.
Je n'ai aucun doute sur la recevabilité. La motion est donc
régulière, mais je voudrais quand même, pour les dossiers
et pour le journal des Débats, indiquer que si la motion est
régulière pour autant qu'elle est présentée et
qu'elle contient ce qu'il faut pour être une motion
régulière, elle renferme néanmoins une
irrégularité: c'est que nous nous écartons quelque peu de
la tradition de notre Parlement qui, à ma connaissance, dans le
passé, a toujours voulu que ces commissions, ces groupes
paragouvernementaux ou quasi judiciaires soient convoqués à
part.
Exemples: La convocation des membres de la Commission des accidents du
travail, la convocation de l'équipe de SOQUEM, la convocation, cette
semaine, de SOQUIP par les Richesses naturelles et, jeudi de cette semaine,
après-demain, le groupe de SOQUEM.
Ces invitations ont été faites par la commission avec
l'accord du ministre. A ce moment-ci, la motion diffère un peu de la
tradition en demandant qu'au moment de l'étude des crédits, cette
commission comparaisse. S'il n'y a pas de débat, à ce moment-ci,
sur la motion je la mets tout de suite aux voix. Comme le député
de Maisonneuve avait la parole, s'il veut garder son droit de parole dans
l'ordre, il doit donc reprendre la parole à ce moment-ci. Sinon, vous
aurez la parole à la fin de la liste et, dans votre cas, la liste n'est
pas longue. C'est une personne.
S'il n'y a pas de débat, je mets tout de suite la motion aux
voix.
M. Burns: M. le Président, c'est un fait que j'avais la
parole sur cette motion. Je n'ai pas l'intention de faire un long débat
là-dessus. Il m'apparaissait, à cause de quelques questions que
j'ai posées au ministre relativement, en particulier, à quelques
individus, à l'intérieur de la Commission du salaire minimum,
dont le vice-président, M.
Marcel Deschamps, qu'il y a un malaise. Ce n'est pas nouveau, dans mon
esprit, ce malaise. J'en ai déjà entendu parler. Cela a
même, à un moment donné transpiré dans les
journaux.
En tout cas, l'attitude du ministre antérieur, du
prédécesseur de l'actuel ministre du Travail, vis-à-vis de
la présidence, en particulier, de la Commission du salaire minimum, me
laissait entendre qu'il y avait tout au moins divergence de vues sur la
façon de diriger la Commission du salaire minimum.
Si tel est le cas, qui serait la meilleure personne pour venir nous
expliquer s'il y a malaise ou s'il n'y en a pas sinon la présidente
elle-même? Remarquez, d'ailleurs, que c'est avec beaucoup de
déférence que j'ai fait ma motion. Je n'ai pas demandé
qu'on convoque madame la présidente; j'ai demandé tout simplement
qu'elle soit invitée à venir nous rencontrer à l'occasion
de l'examen des crédits. En particulier, je reviens sur un fait qui
semble avoir été à l'origine du doute qui s'est
posé à votre esprit sur la recevabilité de la motion.
Même s'il est exact que la Commission du salaire minimum est
autofinandée, même s'il est exact qu'elle n'émarge pas au
budget financier du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, il n'en
demeure pas moins que c'est une des commissions qui est sous l'autorité
du ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre. C'est à ce titre que je
faisais la motion. Je crois que je ne reviendrai pas sur la
recevabilité. Vous avez...
Le Président (M. Séguin): ...reconnue comme
recevable, que c'était dans...
M. Burns: D'accord. Je n'ai pas d'autre chose à dire,
sinon que cela m'apparaît comme parfaitement logique. A partir du moment
où on se pose des questions sur ce que j'ai discuté jeudi
dernier, c'est-à-dire plus particulièrement de cette situation
avec M. Deschamps et également un autre fonctionnaire non, ce
n'est pas dans ce domaine concernant M. Deschamps, en particulier, et
également concernant l'avenir de la Commission du salaire minimum. Ce
n'est pas seulement relativement à des problèmes particuliers
comme ceux-là. Quant à l'avenir tel que la Commission du salaire
minimum l'envisage, la Commission du salaire minimum se prépare
peut-être à faire des modifications. Si oui, à quelle
adaptation s'apprête-t-on à faire face? Bien sûr que le
ministre peut nous donner partiellement des réponses relativement
à cela. Quand je dis partiellement, ce n'est pas par mauvaise
volonté que le ministre va le faire, c'est parce qu'il n'est pas
à temps plein à la Commission du salaire minimum. Ce n'est pas
lui qui dirige les rouages quotidiens de la Commission du salaire minimum.
C'est dans ce sens et sans plus d'argumentation qu'il m'apparaît logique
que ma proposition soit adoptée.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais ajouter quelque chose
à certains propos que vient de nous tenir le député de
Maisonneuve. Disons que je souscris entièrement aux propos qu'il vient
de tenir, mais il y a quand même quelques arguments additionnels que
j'aimerais apporter devant la commission. Etant donné que l'étude
des crédits constitue le moyen par excellence, chaque année, pour
permettre aux membres de l'Assemblée nationale, aux
députés membres des commissions de pouvoir faire un tour
d'horizon sur tout ce qui touche les ministères, en l'occurence, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Etant donné que la Commission du salaire minimum est sous
l'autorité du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, il
m'est apparu indispensable que la Commission du salaire minimum comparaisse au
moins une fois par année pour venir rendre compte de son mandat et
permettre aux députés des différents partis de pouvoir
savoir ce qui se passe dans la boîte.
Toutes sortes de choses ont été dites. Le
député de Maisonneuve en a fait allusion tout à l'heure.
Il y a eu toutes sortes de choses d'écrites aussi. Il y a le rapport
Castonguay, dans lequel on a proposé certaines transformations pour tout
ce qui a trait à l'administration de la Loi du salaire minimum à
la commission elle-même. La présidente de la Commission du salaire
minimum a fait des déclarations à l'effet qu'elle n'était
pas totalement opposée aux recommandations qui ont été
faites.
En somme, M. le Président, si on ne procède pas, lors de
l'étude des crédits, à ce tour d'horizon, afin de pouvoir
interroger les directeurs des organismes qui sont sous la juridiction, sous la
compétence des ministères intéressés, c'est assez
difficile, à moins de faire une autre motion à l'Assemblée
nationale et pouvoir la débattre le mercredi, avec toute la lourdeur de
la procédure administrative habituelle...
M. le Président, pour toutes ces raisons, j'appuie fortement la
demande du député de Maisonneuve. Et même si je n'ai pas
droit de vote, je tiens à vous signaler que si je pouvais voter à
cette commission, je voterais à deux mains pour que la Commission du
salaire minimum comparaisse devant la commission parlementaire.
M. Burns: De plus, il paraît que ça m'aiderait. M.
Roy: On pourrait doubler les votes. M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, parlant sur
la motion du député de Maisonneuve, je dirais tout d'abord que je
voterai contre, pour !es raisons suivantes. L'étude des crédits
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et des commissions
paragouvernementales ou offices qui peuvent dépendre du ministre en
Chambre... La présente commission qui fait l'étude des
crédits actuels n'est pas l'endroit approprié pour in-
terroger, même sur l'avenir de la commission ou encore sur
certaines lacunes de la loi actuelle, les membres de ces commissions.
J'entends, ces commissions.
J'ai une responsabilité, comme ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, devant les parlementaires, et ce n'est pas mon intention de les
empêcher de convoquer les membres de ces commissions par les voies
régulières, au contraire.
Nous l'avons fait dans le passé et je suis disposé, toutes
les fois qu'il y aura des demandes semblables, à les étudier avec
le leader parlementaire dans le cadre de la possibilité d'avoir le temps
requis pour pouvoir disposer des questions et obtenir les réponses dont
les parlementaires ont besoin de ces gens responsables des commissions
paragouvernementales.
Le député de Maisonneuve a dit qu'il avait posé des
questions, c'est vrai, concernant le vice-président M. Deschamps et, M.
le Président, je me souviens de lui avoir dit que M. Deschamps serait
remplacé comme vice-président à la Commission du salaire
minimum et qu'effectivement, depuis le 15 décembre dernier, il ne
s'était pas présenté à la Commission du salaire
minimum, se limitant à un travail que je lui avais confié.
J'avais même avancé la date du 15 septembre que le
député de Maisonneuve avait trouvé un peu
éloignée pour son remplacement, et c'est avec plaisir que je lui
ai dit que je le ferais beaucoup plus rapidement.
Quant à l'avenir de la commission, tout le monde sait qu'au
ministère, nous avons eu une somme considérable de travail
à faire pour évaluer certaines conditions minimales de travail
garanti que nous voulons introduire dans le cadre de la refonte de la Loi du
salaire minimum et nos discussions avec les membres de la commission actuelle
ne sont pas terminées. Nous en aurons au cours des prochaines semaines
avant de présenter un avant-projet de loi dans le cadre du processus
d'acceptation de toute loi par le comité permanent des ressources
humaines, le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, et, de
nouveau, le Conseil des ministres, avant de prendre le chemin du comité
de législation.
Ce n'est pas mon intention d'argumenter bien sûr, il serait
agréable de le faire mais je ne voudrais pas créer de
précédent toutes les fois que nous étudierons les
crédits du ministère. Le député de Beauce-Sud
disait que cela serait l'occasion de faire le tour de l'administration de ces
commissions. Depuis le début de l'étude des crédits de mon
ministère, j'ai hâte qu'on fasse le tour du ministère que
j'administre avec ces trois grandes missions et qu'on étudie les sommes
que nous demandons pour pouvoir les administrer au cours de la présente
année financière.
Si le député de Beauce-Sud veut poser des questions aux
membres de la Commission du salaire minimum, il sait fort bien comment faire,
parce que j'ai répondu dans l'affirmative à une motion qu'il
avait présentée en Chambre pour une commission qui s'appelait la
Commission des accidents du travail, et je n'aurai pas d'objection à ce
moment. Au contraire, je demanderai au leader parlementaire de faire en sorte
qu'on puisse, le plus rapidement possible, selon le temps disponible,
c'est-à-dire en termes de temps, de le faire.
M. Roy: Le ministre me permettrait-il une question sur ce
point?
M. Harvey (Jonquière): C'est pour cela, que,
personnellement je voterai contre, ne voulant pas créer le
précédent de faire toute autre chose, à l'étude des
crédits, que d'étudier les montants requis que nous demandons
pour l'administration des trois grandes missions que nous avons à
l'intérieur de notre ministère.
M. Roy: Est-ce que le ministre me permettrait une question sur ce
qu'il vient de dire.
M. Harvey (Jonquière): Certainement.
M. Roy: Combien est-ce que cela a pris de temps, à partir
du moment où la motion a été adoptée à
l'Assemblée nationale, pour convoquer la Commission des accidents du
travail, jusqu'au jour où elle fut convoquée effectivement?
Combien s'est-il écoulé de temps?
M. Harvey (Jonquière): Je ne répondrai pas pour les
autres. J'ai été assermenté ministre du Travail le 31
juillet et, dès la reprise des travaux parlementaires, ce fut dans les
semaines qui ont suivi la reprise des travaux parlementaires que nous avons
pris en considération la motion qui était déjà au
feuilleton depuis plusieurs mois.
M. Roy: Mais le ministre sait très bien que cela a pris un
an et demi.
M. Harvey (Jonquière): Oui. J'ai remarqué que la
motion était assez vieille.
M. Burns: Simplement, M. le Président, pour clore le
débat là-dessus, dans l'argumentation du ministre, si je peux
m'exprimer ainsi, ce qui me faisait accrocher, c'est que lorsque le ministre
dit: On va étudier une telle demande avec le leader du gouvernement
à une date qui fera l'affaire de tout le monde... Pardon?
M. Harvey (Jonquière): Pour autant qu'il y en a une.
M. Burns: II y en a une très précise.
M. Harvey (Jonquière): Non, en Chambre, je parle.
M. Burns: Vous voulez dire qu'il faudrait prendre tout un
mercredi pour vous convaincre de cela et débattre, pendant deux
mercredis d'affilée, le sujet de convoquer la direction de la Commission
du salaire minimum avant de discuter de cela avec le leader du
gouvernement.
M. Harvey (Jonquière): Si c'est le seul moyen, ce sera le
seul moyen. Dans le cadre de l'étude
des crédits, ce n'est certainement pas moi qui vais créer
le précédent d'amener les membres des commissions, alors qu'ils
ne sont même pas assujettis à l'étude des budgets que nous
avons devant nous.
M. Burns: Non. Sans vouloir créer de
précédent, cependant, je trouvais que c'était l'occasion
rêvée, au moment de l'examen des crédits, et surtout
connaissant les délais je suis prêt à admettre tout
de suite que l'actuel ministre n'est pas responsable de ces délais,
parce que cela s'est fait bien longtemps avant qu'il ne soit en poste
entre la motion adoptée, à la suite de la suggestion du
député de Beauce-Sud, et la date effective où la
Commission des accidents du travail est venue devant la commission du travail
et de la main-d'oeuvre. Je me disais, vu qu'on est ici encore pour quelques
heures, peut-être pour quelques jours, à l'étude des
crédits du Travail et de la Main-d'Oeuvre, que c'était l'occasion
rêvée d'inviter, de façon incidente, ces gens-là
à venir nous donner quelques réponses à certaines de nos
questions. Sur l'expérience de la Commission des accidents du travail
qu'on avait invités à la commission parlementaire, je me suis
dit: C'est ici qu'on devrait faire cela, tout en examinant les crédits
du travail.
M. Harvey (Jonquière): Je vais être très
franc avec le député de Maisonneuve. Il y avait des questions qui
peuvent être posées et, comme il le disait tout à l'heure,
je ne pourrais donner que des réponses partielles.
J'ai effectivement, comme il me l'a suggéré,
rencontré la présidente de la Commission du salaire minimum qui
était accompagnée d'un de ses commissaires et elle s'est
déclarée prête à répondre à
l'invitation à n'importe quel moment, sur demande. Mais je lui ai
signalé, et elle l'a fait également de même que son
commissaire, que c'est une commission qui s'autofinance et que, dans le cadre
de l'étude des budgets, du budget du ministère du Travail, elle
laissait le soin aux parlementaires de décider si oui ou non elle devait
venir.
Elle est disponible si la commission décidait qu'elle doit venir
ici. Mais, M. le Président, même si j'avais une motion en Chambre
qui daterait de quelques jours... Au moment où on se parle, c'est la
même chose pour la Commission des accidents du travail, il y a une
motion. Nous allons attendre à la deuxième partie de la session,
au début, avant de répondre à la motion, tout simplement
parce que nous sommes en discussion avec elle, à partir d'un
avant-projet de loi qui va toucher la santé et la sécurité
des travailleurs.
Je pense que ce n'est pas le moment, quand nous avons de part et d'autre
des consultations, des rencontres à faire, de venir devant une
commission parlementaire disserter sur une loi que nous n'aurons probablement
plus dans les mains dans quelques mois. En ce qui concerne la Commission du
salaire minimum, je pense qu'il n'y a pas de questions où on ne peut pas
vous donner de réponses, non pas partielles, mais des réponses
complètes sur l'application de la loi ou sur son contenu, dans le cadre
de la loi actuelle.
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent être entendus?
Alors, à main levée, que ceux qui sont pour la
motion...
M. Burns: Je vous demanderais, M. le Président, d'appeler
les noms, parce que...
Le Président (M. Séguin): Un vote
enregistré.
M. Burns: ...il y a tellement de changements aux commissions.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Lessard (Saguenay)? M.
Déziel (Saint-François)?
M. Déziel: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey (Dubuc)?
M. Harvey (Dubuc): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Lachance
(Mille-Iles)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)? M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher
(Nicolet-Yamaska)?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Vallières
(Richmond)? M. Verreault (Shefford)?
M. Verreault: Contre.
M. Roy: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Contre: 8.
M. Burns: Pour deux fois, d'ailleurs. Il a dit qu'il votait
à deux mains.
Le Président (M. Séguin): Pour: un; contre: huit.
La motion est rejetée. Le député de Maisonneuve. Pas sur
la motion.
M. Burns: Avant qu'on quitte... Non, pas sur la motion. Je suis
bon perdant, M. le Président. D'ailleurs, j'ai bien vu, après
l'allocution du ministre, que je n'avais pas beaucoup de chance de gagner ma
motion. Cela ne fait rien. C'est à force d'en perdre qu'on va en
gagner.
Simplement une dernière question, M. le ministre, relativement
à la Commission du salaire minimum, en ce qui me concerne. S'il y en a
d'autres qui ont des questions là-dessus...
J'étais, l'année dernière, renversé, lorsque
j'ai appris je crois que c'est à l'occasion de l'étude des
crédits avec votre prédécesseur que certains
fonctionnaires du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre
émargeaient au budget de la Commission du salaire minimum. Est-ce que
cette situation a été définitivement corrigée?
A l'époque, on m'avait promis qu'il ne restait qu'un
intérim à assurer, il y avait effectivement un transfert qui se
faisait sur les listes de paie, que le ministère prendrait
véritablement à ses charges les employés qui sont sous
l'autorité du ministère et non pas les soumettre au budget de la
Commission du salaire minimum.
M. le ministre, je fais simplement une précision, pour vous aider
à vous orienter quant à ma question. Je vous parlais des
crédits. Ce n'est pas à l'occasion de l'étude des
crédits du ministère, l'année dernière, c'est
lorsque nous avons rencontré le Vérificateur
général relativement aux rapports de 1973,1974, 1975. C'est une
remarque que le Vérificateur général a faite
lui-même à ce moment-là.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Maisonneuve parle d'individus particuliers qui travaillaient au...
M. Burns: D'individus.
M. Harvey (Jonquière): D'individus.
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Pour les individus, le processus a
été accéléré. Effectivement, pour le cas des
employés qui travaillaient chez nous, payés par la Commission du
salaire minimum c'est le cas de M. Côté, de M. Bisson-nette
il a été régularisé.
M. Burns: Ce sont des anciens commissaires, si je me rappelle
bien, à la Commission des relations de travail. Au moins un, en tout
cas. M. Côté, justement.
M. Harvey (Jonquière): On me dit que le seul cas
d'individu qui n'est pas réglé, c'est le cas de M. Bissonnette,
qui est en processus de transfert chez nous, à un poste identifié
disponible au ministère. Mais le processus est en marche.
M. Burns: Bon. Et c'est le seul qui reste?
M. Harvey (Jonquière): Au niveau des individus. *
M. Burns: Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous dites au
niveau des individus? Vous faites une distinction avec quoi?
M. Harvey (Jonquière): Je fais une distinction avec le
grand problème qu'il y a des employés du service de conciliation,
par exemple, pour qui, à l'occasion de la refonte de la loi, une
solution va être trouvée. Il y a des employés du service de
la conciliation, pour une somme de près de... Tous les
conciliateurs...
M. Burns: Voyez-vous, ce que je trouve particulièrement
inacceptable dans cette façon... Même le service de conciliation
qui ne relève pas techniquement de la Commission du salaire minimum,
mais qui relève du ministre ou du ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre... Ce que je trouve particulièrement inacceptable dans une
telle façon de faire, c'est qu'on se plaint, entre autres, qu'à
la Commission du salaire minimum il n'y ait pas suffisamment d'inspecteurs, en
tout cas, qu'il y ait une série de choses à refaire. C'est
peut-être à cause des budgets...
M. Harvey (Jonquière): C'est dans le...
M. Burns: ... qui sont grugés par d'autres services du
ministère, alors que, normalement, tout en s'autofinançant, la
Commission du salaire minimum pourrait peut-être avoir d'autres moyens et
de meilleurs moyens financiers si elle n'était pas
hypothéquée littéralement par des salaires qui ne
relèvent pas d'elle du tout. On pourrait peut-être, à ce
moment, affecter plus de personnel, entre autres, aux enquêtes.
M. Harvey (Jonquière): Mais le député de
Maisonneuve admettra avec moi que, dans le cadre de la Loi actuelle du salaire
minimum, l'article 12 est clair. C'est la commission qui prête son
service de conciliation au ministère du Travail. Dans le cadre de la
réforme...
M. Burns: Dans les faits ce n'est pas vrai.
M. Harvey (Jonquière): On le sait, mais dans le cadre de
la réforme administrative et globale que nous sommes en train
d'étudier, c'est à cette occasion seulement que nous
réussirons à régulariser une situation. J'admets avec le
député de Maisonneuve que, dans les faits, ce sont les
employés du ministère.
M. Burns: Est-ce que le ministre...
M. Harvey (Jonquière): C'est la loi actuelle qui fait en
sorte que tout le service de conciliation était prêté, en
vertu de l'article 12 de la Loi du salaire minimum.
M. Burns: Mais le ministre admet avec moi que ce n'est pas
normal.
M. Harvey (Jonquière): Ah oui! d'accord. M. Burns:
Bon.
M. Harvey (Jonquière): Je ne suis pas le seul à
l'admettre. Mon prédécesseur l'avait admis aussi...
M. Burns: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): ... en annonçant sa
réforme administrative et la refonte complète de la
commission.
M. Burns: Quand le ministre prévoit-il que cette
réforme administrative sera terminée?
M. Harvey (Jonquière): En 1976. M. Burns: Dans le
cours de l'année?
M. Harvey (Jonquière): Oui. Elle va être
annoncée et mise en place le plus rapidement possible après son
adoption par la Chambre.
M. Burns: Comme on ne s'attend pas du moins, je ne l'ai
pas vu au feuilleton encore qu'un tel projet de loi soit
étudié avant l'ajournement d'été, je présume
que cela n'ira pas avant la fin de l'année 1976.
M. Harvey (Jonquière): C'est dans la deuxième
partie. Ce n'est pas possible avant la deuxième partie de la session
actuelle.
M. Roy: Sur ce point, je n'ai pas de questions. J'aurais d'autres
questions d'ordre général cependant à poser au ministre du
Travail, avec votre permission, M. le Président. A moins que le
député de Maisonneuve n'ait autre chose.
M. Burns: Simplement une question là-dessus. Est-ce que le
ministre peut nous dire quelle est la somme globale, actuellement, soit par le
service de conciliation ou par l'individu, qui reste encore sur les listes de
paie de la commission, qui est payée par la commission?
M. Harvey (Jonquière): En ce qui concerne les individus,
on vous a dit qu'il n'en reste plus. Il y en a un qui est en processus de
transfert. C'est une question de jours. C'est zéro pour les individus.
C'est à peu près $3 millions dans le cadre du service de
conciliation.
M. Burns: C'est tout le service.
M. Harvey (Jonquière): ... et d'accréditation.
M. Burns: Puis-je me permettre de vous rappeler, M. le ministre,
sans d'ailleurs revenir sur la motion qui a été défaite
tantôt, que ce n'était pas exact de dire qu'il n'y a pas, à
l'intérieur de la
Commission du salaire minimum, des crédits qui sont actuellement
affectés au budget du ministère? C'est l'inverse qui arrive.
M. Harvey (Jonquière): C'est exact. On vient d'identifier
que leur partron, à ces gens, leur vrai patron c'est le
député de Maisonneuve qui l'a dit lui-même c'est
nous au ministère du Travail. C'est l'article 12 de la loi actuelle qui
fait qu'elle nous prête, théoriquement, les services et elle paie
pour ces services.
M. Burns: Mais ils ne relèvent pas de l'autorité de
la commission, dans les faits, c'est cela que je veux dire.
M. Harvey (Jonquière): Ils relèvent du
ministère.
M. Burns: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): C'est une raison de plus. Quand
même on amènerait ici les membres de la Commission du salaire
minimum pour répondre aux questions qui touchent le service
d'accréditation et de conciliation, on serait en mesure d'avoir ce que
le député de Maisonneuve affirmait tout à l'heure, des
réponses partielles et non complètes. On est en mesure de
répondre à toute question concernant le service de conciliation
et d'accréditation.
D'ailleurs, tous les organismes, le Conseil du patronat, la Chambre de
commerce, nous ont transmis des mémoires, au cours des deniers mois,
nous signalant le besoin de profiter de la réforme administrative et de
fonds concernant la Loi du salaire minimum pour corriger effectivement
l'article 12.
Des demandes d'amendement, en ce sens, ont été
formulés par plusieurs organismes, autant patronaux et même
c'est juste si on ne l'a pas eu que syndicaux. Non, on n'en a pas eu du
côté syndical, par exemple. Je n'irais pas l'affirmer...
M. Burns: II reste qu'on est en train d'adopter des
crédits qui, de toute façon, ne sont pas là. Ils
n'apparaissent nulle part à votre budget, ces $3 millions? Ils sont
là?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: C'est cela qui est bizarre. Ces $3 millions, ce n'est
pas vous qui les payez...
M. Harvey (Jonquière): Ils sont dans notre budget, mais
ils nous sont remis par la Commission du salaire minimum. Ils sont dans notre
budget à discuter, mais cette somme nous est remise en vertu de
l'article 12 de la Loi actuelle du salaire minimum.
M. Burns: En tout cas, je ne peux que répéter que
ce n'est pas normal, il n'y a aucune espèce de doute à ce
sujet.
M. Harvey (Jonquière): On l'avoue, et c'est dans le cadre
de la réforme administrative et de la refonte de la loi qu'on va
corriger cette situation.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
Les permis de travail
M. Roy: M. le Président, cela concerne les permis de
travail. J'aimerais demander au ministre du Travail s'il est en mesure de nous
dire où en sont rendus les pourparlers gouvernementaux ou encore
où en est rendu le ministre, relativement à cette décision
qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 1974. On se rappellera qu'en 1972,
il y avait eu et je m'excuse de reculer loin en arrière des
commissions parlementaires qui avaient siégé pendant une couple
de mois durant l'été. A l'issue de ces commissions
parlementaires, il y avait eu des modifications en ce qui avait trait à
l'arrêté en conseil concernant les permis de travail. Il y avait
eu même un nouvel arrêté en conseil qui avait
été adopté, je pense que c'est l'arrêté en
conseil 3297. Le ministre du Travail, à la suite de questions
répétées à l'Assemblée nationale, avait dit
qu'un nouveau règlement était en préparation et
qu'effectivement, la question du permis de travail, c'était une question
qui était temporaire. Il disait qu'elle devrait être
remplacée par de nouvelles dispositions dans la Loi de qualification
professionnelle, qui pouvaient garantir, une fois que la personne avait
reçu sa carte de compétence, que ces droits ne pouvaient pas lui
être enlevés du jour au lendemain par l'obligation de
détenir une autre carte émise en vertu d'autres critères.
J'aimerais quand même demander au ministre où on en est rendu
à ce niveau, si les permis de travail seront abolis au cours de
l'année ou s'ils seront maintenus, en somme, pour résumer, savoir
ce que le gouvernement a l'intention de faire.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président,
contrairement à ce qu'affirme le député de Beauce, le
contrôle quantitatif a été introduit dans le projet ou
l'avant-projet de règlement de placement et non en vertu de la loi,
telle que mentionnée, de la formation professionnelle ou de la
qualification professionnelle. Si le député de Beauce-Sud relit
attentivement la loi 47, à l'article 32, la responsabilité a
été confiée à l'Office de la construction du
Québec de contrôler le placement dans la construction à
compter du 1er juillet 1976. Lorsque j'ai répondu à des questions
en Chambre, j'ai dit, et je le répète aujourd'hui: L'article 32
est clair. L'office est responsable du placement des salariés de la
construction. Il doit, au plus tard, le 1er juillet 1976, adopter tout
règlement, nonobstant toute disposition législative ou
réglementaire contraire. Or, l'article 32 prévoyant à
l'égard des bureaux de placement privés existant le 25 juin 1975
toute mesure y compris leur réglementation, leur abolition ou leur
remplacement par un système que contrôle l'office; b)
prévoyant les critères d'embauche, le ministre peut verser
à l'office des subventions aux fins du présent article.
M. le Président, effectivement, l'Office de construction,
à partir d'une expertise commencée dès les premiers mois
de l'année 1976, a rendu public hier un avant-projet en même temps
qu'il m'a remis un avant-projet, suite à une première
consultation avec tous les intéressés dans le secteur de la
construction.
Je voudrais, M. le Président, avant de vous parler de
l'avant-projet que j'ai reçu, en même temps que ceux qui sont
consultés dans le domaine, hier, vous faire lecture de la lettre que
j'ai écrite le 28 janvier à M. Réal Mireault, le
président de l'Office de ta construction. Je lui disais: "M. le
Président, conformément à l'article 32 de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction, l'office doit, comme
vous le savez, au plus tard le 1er juillet 1976, adopter tout règlement
prévoyant entre autres des critères d'embauche. Etant
donné que le règlement relatif au contrôle quantitatif de
la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction et à la formation
d'un comité d'étude, arrêté en conseil 3297-72, vise
essentiellement le même but et qu'il y aurait avantage à ce que le
tout se retrouve au sein d'un seul et même règlement, je ne vois
pas pourquoi, au plus tard le 1er juillet 1976, ce règlement ne pourrait
pas être abrogé pour être, du même coup et au
même moment, remplacé par de semblables ou différentes
dispositions ou mécanismes qui feraient partie intégrante du
règlement relatif aux critères d'embauche. "Je fais
immédiatement le nécessaire pour que les officiers
concernés de mon ministère accélèrent le processus
actuel de modification et de mise à jour du règlement particulier
no 1 relatif à la formation et à la qualification professionnelle
de .la main-d'oeuvre et s'appliquant à l'industrie de la construction,
en tenant compte, bien sûr, de la teneur de la présente. "Vous
remerciant de l'attention que vous voudrez bien apporter à la
présente, je compte sur la collaboration habituelle de votre office pour
qu'ensemble, nous puissions réaliser, dans les délais
prévus, cette autre étape importante de renouveau dans laquelle
nous sommes déjà engagés et ce, à l'avantage et
pour le bien de tous les intéressés.
Le 11 février, je recevais, de la part du président de
l'Office de la construction, la lettre suivante: "M. le ministre, nous avons eu
plaisir à prendre connaissance de la lettre que vous nous adressiez
à la fin du mois dernier. Les remarques que vous y faisiez relativement
à l'application de l'article 32 de la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction et au règlement no 1, correspondent
précisément à nos objectifs. Aussi, souhaitons nous
vivement que des contacts soient établis au niveau de nos groupes de
travail respectifs. La tenue de telles rencontres aurait sûrement pour
effet de permettre une évolution rapide et coordonnée d'un
dossier primordial, tant pour votre aministère que pour notre organisme.
"Je crois que le sujet que vous soulevez relativement au règlement
relatif au contrôle quantitatif de la main-d'oeuvre et à la
formation d'un comité d'étude, arrêté en conseil
3297 de l'année 1972,
devrait être abordé prioritairement lors de ces rencontres,
compte tenu des échéances à rencontrer. "Sitôt que
vous nous aurez communiqué le nom des responsables de votre
ministère chargés de cette question, nous fixerons, en accord
avec eux, un calendrier de rencontres de travail. Nous tenons, par
conséquent, à vous assurer de notre collaboration constante et
empressée. "Nous vous prions d'agréer, M. le ministre,
l'expression de nos sentiments distingués. Le président,
Réal Mireault".
Donc, hier, à la suite de consultations et de la réception
de plusieurs mémoires, d'un nombre considérable de
mémoires et d'une expertise, un avant-projet a été rendu
public pour une deuxième consultation sur les documents
déposés, et, en même temps, je recevais une copie de cet
avant-projet. On me disait, dans la lettre de transmission, qui a
été reçue par le coordonnateur de la construction de mon
ministère, en mon nom, à Montréal, hier après-midi,
que je recevrais, ici, après la fin de leur consultation, le texte final
du règlement en vue de l'adoption par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
C'est le point et la responsabilité de l'office, comme je viens
de vous le décrire en vertu de l'article 32, de la loi 47 adopté
le 27 juin 1975.
M. Roy: Oui, je sais qu'il y a un article de la loi qui a
été adopté. Mais, M. le Président, il y a quand
même une chose au sujet de laquelle il faudrait faire des distinctions
bien nettes, parce qu'on ne pourra pas avoir de discussions pour être en
mesure de se comprendre là-dedans.
Il y a d'abord la qualification professionnelle. C'est une chose. Les
examens de qualification professionnelle sont faits par le ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre, qui émet un certificat de qualification
professionnelle, un certificat de compétence aux travailleurs de la
construction. C'est une chose.
Il y a les permis de travail, qui sont émis par l'Office de la
construction du Québec, et qui, à mon avis, n'ont rien à
voir avec le placement comme tel Je m'explique. Les permis de travail sont
émis par l'Office de la construction du Québec pour une
période d'une année. Il y a des permis temporaires qui sont
émis. Il y a des permis qui sont émis pour des périodes
plus limitées que d'autres. Or, je ne suis pas en mesure, actuellement,
de dire sur quel critère on se base pour émettre des permis de
telle et telle durée.
Il y a aussi le placement parce qu'il n'est pas question de placement
pour une personne qui n'a pas son permis de travail. Mais une personne qui a
son permis de travail peut aller dans les bureaux de placement. Il y a trois
bureaux de placement, actuellement.
Justement, j'ai reçu des plaintes en fin de semaine à ce
sujet. Il y a les bureaux de placement fédéraux dans tout le
Québec, auxquels encore beaucoup d'employeurs s'adressent parce que la
Loi de l'assurance-chômage est là. La personne qui ne donne pas
son nom au Centre de main-d'oeuvre du Canada, après deux ou trois mois,
et qui retire des prestations d'assurance-chômage, se voit compliquer la
situation par le fait qu'on l'accuse de ne pas avoir fait les démarches
nécessaires pour se trouver du travail. C'est un premier bureau de
placement.
Il y a un deuxième bureau de placement. Ce sont les Centres de
main-d'oeuvre du Québec qui fonctionnent je n'ose pas qualifier
le terme parce que je ne voudrais pas que ceux qui travaillent à
l'intérieur des bureaux de placement pensent que c'est un reproche
personnel que je leur adresse mais ces gens sont, actuellement,
complètement dépourvus d'outils, de moyens, de renseignements et
ne peuvent pas jouer leur rôle.
Et vous avez un troisième bureau de placement. Ce sont les
bureaux de placement des syndicats. Ici, il y a un article qui paraît
dans le Soleil, ce matin: "Maintien des bureaux syndicaux de placement", et je
cite c'est un article de Léonce Gaudreault "Les bureaux
syndicaux de placement dans l'industrie de la construction seront maintenus.
Allant à rencontre de l'une des principales recommandation de la
commission Cliche, l'Office de la construction du Québec (OCQ) a
plutôt décidé de maintenir la diversité actuelle des
bureaux d'embauche tout en les assujettissant à un code d'éthique
et à des critères de placement. "C'est principalement par le
biais de l'émission de licences à ces divers bureaux de placement
privés (syndicaux ou autres)..." On parle même qu'il n'y aura pas
que des bureaux de placement privés et des bureaux de placement
syndicaux. Il y aura d'autres sortes de bureaux de placement privés qui
pourront détenir une licence de l'Office de la construction du
Québec. "...entend corriger une situation que la commission
d'enquête Cliche avait qualifiée comme l'une des sources
premières des maux de la jungle de l'industrie de la construction."
On pourra aborder la question du placement tout à l'heure. On
pourra aborder la question de la qualification professionnelle.
La question que j'aborde, à ce moment-ci, est la question du
fameux permis de travail, permis de travail pour lequel on étudie la
possibilité de faire un nouveau règlement. On fait de la
consultation depuis 1972, depuis le mois de juin 1972, nous sommes en juin 1976
et le ministre nous annonce, ce matin, qu'on fait encore de la consultation et
qu'on va faire de nouvelles réglementations.
Pendant ce temps je dis bien au ministre, pendant ce temps
il y a des travailleurs qualifiés, détenteurs de certificat de
qualification professionnelle depuis dix ans, depuis quinze ans, depuis vingt
ans je veux dire, depuis un certain nombre d'années qui
auraient, actuellement, la possibilité de trouver du travail mais
à qui on refuse les permis de travail. Lorsqu'on communique avec
l'Office de la construction du Québec pour soumettre le cas de
travailleurs et, entre parenthèses, des employeurs qui sont venus
à mon bureau avec des travailleurs... Il a fallu
téléphoner à l'Office de la construction du Québec.
La réponse est systématique. Il y a trop de travailleurs dans
l'industrie de la construction. On a fait des vérifications et votre
prédécesseur a fait des vérifica-
fions, à partir du moment où on avait fourni l'information
qu'il y avait 19 travailleurs qualifiés qui attendaient sur la liste et
à qui on n'émettrait pas de permis de travail tant et aussi
longtemps que ces 19 travailleurs qualifiés ne se seraient pas
trouvé du travail. Le ministre s'est fait donner les noms, les
numéros de téléphone de chacun de ces travailleurs et il a
décidé de prendre contact avec chacun d'eux pour faire la
vérification. Il en a trouvé un qui attendait encore quelques
jours parce qu'il était sûr d'avoir du travail à un tel
endroit et qu'il voulait retourner retrouver son ancien employeur, ce qui veut
dire que, depuis trois semaines, dans cette région particulière,
il n'y avait aucun travailleur de l'industrie de la construction disponible,
alors que l'Office de la construction du Québec avait des statistiques,
selon lesquelles il y avait trop de travailleurs dans l'industrie de la
construction.
D'ailleurs cela a été démontré en 1972
durant les séances de la commission parlementaire, l'Office de la
construction du Québec n'a pas les données, n'a pas les moyens,
n'a pas les outils pour être en mesure de contrôler et de tenir
à jour les listes de travailleurs disponibles et pour une raison bien
simple. La première, c'est que lorsque le travailleur s'est
trouvé du travail ailleurs, il ne téléphone pas à
l'Office de la construction du Québec pour dire que son cas est
réglé.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais le député
devrait savoir il parle à travers son chapeau qu'on ne sait
pas si c'est le règlement...
M. Roy: Je n'ai Ras accusé le ministre, et que le ministre
ne commence pas ce matin à me dire que je parle à travers mon
chapeau.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais je voudrais vous rendre
service.
M. Roy: Je peux vous donner des exemples. Cela va brasser, je
vous le dis d'avance, si vous voulez jouer ce jeu-là ce matin. Ne
commencez pas.
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais vous rendre service, M.
le Président.
M. Roy: Alors, arrêtez de parler à travers votre
chapeau.
M. Harvey (Jonquière): Dans l'avant-projet d'hier, les
bureaux privés existant, au 25 juin, sont sous le contrôle et
assujettis à un code d'éthique, au risque de l'Office de la
construction, sur plainte prouvée, prenne lui-même le placement
à la place de ce bureau privé. C'est dans l'avant-projet. De
plus, je voudrais dire au député de Beauce-Sud que, dans
l'avant-projet que j'ai lu en diagonale ce matin, tout employeur dans la
construction a l'obligation de rapporter, dans les 24 heures, soit à 6
heures le lendemain de l'embauche ou de la mise à pied d'un travailleur
de la construction, cette transaction à l'Office de la construction du
Québec. C'est un autre mécanisme que ce qui existe. Je voudrais
lui dire également qu'en vertu de l'article 32 b), l'office avait le
devoir d'adopter tout règlement concernant le placement en y
prévoyant tes critères d'embauche. Pour l'office, il semble que
le critère primordial d'embauche, c'est la classification des
travailleurs de la construction. Donc, le certificat de classification, il n'y
en aura plus. Dans l'esprit de l'office, on nous dit: II n'y a plus de permis
de travail. Cependant...
M. Burns: M. le ministre, je m'excuse. Parlez-vous de l'article
32 b), paragraphe 1?
M. Harvey (Jonquière): De l'article 32, article 1,
sous-paragraphe b).
Alors, M. le Président, c'est à partir des bassins.
L'objectif primordial de l'Office de la construction, dans son règlement
concernant le placement, a été de donner la priorité aux
vrais travailleurs de la construction, dans son avant-projet, en y donnant une
priorité régionale à partir des bassins de travailleurs,
bassin A, bassin B, c'est son avant-projet. Quel sera le résultat de sa
dernière consultation? Ce n'est pas une étude qu'il fait. C'est
une dernière consultation avec les intéressés. La
première fois qu'il les a rencontrés, l'office a demandé
à ces messieurs intéressés par la construction,
entrepreneurs, syndicats ou autres, de présenter des mémoires. Il
les a reçus, analysés et, à partir d'une expertise, un
avant-projet a été pondu par l'office, et c'est sur cet
avant-projet qu'il y a une dernière consultation avant qu'on me le
remette. Quand on regarde le calendrier, aujourd'hui, on est au 15 juin, pour
l'adoption par le cabinet, c'est soit le 23 ou le 30 juin, si l'office veut
respecter la loi qui l'oblige de contrôler, à compter du 1er
juillet 1976, le placement dans la construction.
Je ne peux pas, au moment où on se parle... Bien sûr,
l'office a eu la délicatesse de me remettre, par un de mes
collaborateurs, un avant-projet, mais je l'aurai, on le dit très bien
dans la lettre de transmission, l'avant-projet officiel, dès la fin de
la consultation actuelle, promise d'ailleurs par l'OCQ à tous ceux qui
lui ont fait des représentations.
M. Roy: Je voudrais faire répéter le ministre pour
être sûr d'avoir bien compris. Il vient de me dire que tous les
employeurs de la construction seront tenus d'avertir l'Office de la
construction du Québec, chaque jour, de la mobilité de la
main-d'oeuvre.
M. Harvey (Jonquière): Dans I avant-projet, toute
transaction effectuée aujourd'hui, un jour, doit être
nécessairement rapportée, embauche ou mise à pied,
à 6 heures, le lendemain soir de cette transaction. De plus,
contrairement à ce qu'affirmait au début le député
de Beauce, dans cet avant-projet, la liberté d'embaucher du personnel
revient à l'entrepreneur qui a des services devant lui. Il peut
procéder par l'office, qui a les bassins officiels maintenus à
jour des travailleurs, à partir de toutes les régions, Centres de
main-d'oeuvre du Québec, bureaux existants au 25 juin 1975 ou ceux
qu'administrera, s'il ne respecte pas le code
d'éthique, l'OCQ, par le code d'éthique qui est
attaché à l'avant-projet, s'il demeure le même.
M. Roy: M. le Président, est-ce que le ministre croit cela
possible?
Je demande l'opinion du ministre à ce moment-ci, parce qu'il
m'apparaît quand même que le titulaire du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre a certaines responsabilités de voir
à ce que cela fonctionne dans une position normale.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous répondre
immédiatement.
M. Roy: Est-ce que vous croyez cela possible?
M. Harvey (Jonquière): Je me prononcerai sur le
règlement qu'ils me mettront entre les mains; parce qu'hier,
aujourd'hui, demain et après-demain, ces gens vont rencontrer tous ceux
qui oeuvrent dans la construction depuis des années, qui ont
présenté des mémoires. Or, je ne peux pas prévoir
quel genre d'arguments ou quel genre de modifications, ceux qui ont fait des
représentations pourront exiger de l'office de construction qui
pourrait, dans son texte final, me remettre un avant-projet différent de
celui que j'ai eu en même temps que les autres, hier.
Me prononcer sur un avant-projet, conscient que les consultations ont
lieu aujourd'hui et dans les jours qui viennent avec les principaux
intéressés, ce serait me prononcer pour rien. J'aimerais mieux
attendre d'avoir le texte final entre les mains, quitte à donner les
raisons pourquoi je recommanderai au lieutenant-gouverneur en conseil
l'adoption du règlement.
M. Roy: Est-ce que le règlement peut s'appliquer
également à ceux, par exemple, qui font de la construction
domiciliaire, construisent une résidence, engagent deux ou trois
travailleurs pour une période d'un mois, cinq semaines, six semaines?
Est-ce qu'ils seront tenus également d'aviser l'Office de la
construction du Québec?
M. Harvey (Jonquière): II y a plusieurs dispositions
spéciales à l'itérieur de cet avant-projet. J'ai vu, par
exemple, que la priorité régionale est accordée au bassin
B pour tous les travaux...
M. Roy: Qu'est-ce que c'est d'abord, le bassin A et le bassin
B?
M. Harvey (Jonquière): Le bassin A, ce sont les vrais
travailleurs de la construction, 1000 heures et plus, et 750 pour les
journaliers qui n'ont pas besoin de certificat de qualification.
M. Roy: 1000 heures et plus, vous voulez dire durant
l'année?
M. Harvey (Jonquière): 1000 heures durant... M. Roy:
Durant l'année précédente?
M. Harvey (Jonquière): Durant l'année
précédente. Je ne sais pas si c'est l'année civile ou
l'année de référence; je ne voudrais pas vous induire en
erreur.
Il y a également protection pour les travailleurs
âgés de 50 ans et plus, parce qu'ils sont beaucoup moins mobiles
que les autres travailleurs classifiés, qualifiés de 50 ans et
plus. Il y a également la possibilité, dans les régions,
pour les travaux de moins de $5 millions, d'utiliser les B, ceux qui ont moins
d'heures que ceux que je viens de vous identifier. Le bassin B est
utilisé avant d'aller au bassin A provincial. C'est un mécanisme
assez compliqué. L'office, au lieu de "peut", a l'obligation, dans
certains cas spéciaux qui se présentent de façon
régulière dans les régions, d'émettre des permis
spéciaux pour autant qu'ils répondent aux critères
mentionnés dans l'avant-projet.
De toute façon, pour discuter à fond de cet avant-projet,
comme je dis au député de Beauce-Sud, j'aimerais bien avoir le
texte final que j'aurai certainement avant la fin du mois. Je peux vous dire au
départ qu'en vertu de la loi qui a été adoptée par
la Législature, ce n'est pas mon intention de me faire blâmer par
ceux qui ont fait enquête sur les problèmes de la construction.
L'article 32 est l'application intégrale d'une recommandation de la
commission Cliche.
Vous avez mentionné, vous avez raison quand vous le dites, que
les commissaires, après une expertise, ont opté pour le maintien,
comme service donné par les centrales à leurs syndiqués,
d'un bureau de placement. C'est un service pour les travailleurs de leur
syndicat, que d'avoir à l'intérieur d'une centrale, un bureau de
placement. C'est à partir de l'expertise qu'ils ont eue, qu'ils ont
décidé de contrôler les bureaux privés existant au
25 juin 1975, d'introduire un code d'éthique avec des dispositions
rendant l'office roi et maître de ce bureau de placement et faire le
placement lui-même si on déroge aux règlements laissant
à l'entrepreneur le choix d'utiliser les services de contact avec un
travailleur de la construction pour autant que son nom est dans le
réservoir, disponibilité ou détails qu'il peut avoir sur
écran dans tous les bureaux de l'Office de la construction de toutes les
régions du Québec.
Et, deuxièmement, la possibilité plus flexible d'utiliser
le bassin B pour des travaux de $5 millions et moins dans les régions,
en considérant également que les travailleurs qualifiés de
50 ans et plus sont automatiquement dans le bassin A.
M. Roy: Je trouve cela bien beau, à la commission
parlementaire, ce matin. Aucun d'entre nous n'est impliqué directement;
nous ne sommes pas des travailleurs de la construction. Je trouve cela bien
beau dans des bureaux, je trouve cela bien beau sur papier.
Mais quand on arrive sur le terrain des vaches, comme on dit, sur le
plan pratique, le ministre ne m'a quand même pas répondu. Je pose
la question au ministre parce que je veux être en mesure de
répondre. Nous sommes obligés de répondre, à
un moment donné, comme députés d'un comté,
et cela s'adresse autant aux députés ministériels qu'aux
députés de l'Opposition.
Une personne, en vertu de ce nouveau règlement ou de cet
avant-projet... Encore un avant-projet. Je ne sais pas si c'est l'avant-dernier
ou le dernier, mais on parle encore d'un avant-projet...
M. Harvey (Jonquière): II y en a seulement un et on l'a
remis hier.
M. Roy: On l'a publié hier, mais le ministre...
M. Harvey (Jonquière): On ne l'a pas publié. On l'a
remis hier.
M. Roy: On l'a remis hier.
M. Harvey (Jonquière): A ceux qui ont
présenté des mémoires et à moi-même, à
cinq heures moins dix minutes, onze secondes.
M. Roy: Et le ministre m'accusait tantôt de parler à
travers mon chapeau, comme si j'avais été avec lui, hier, dans
son bureau, pour me faire remettre ces documents. M. le Président, je
n'ai pas tous les documents du ministère du Travail entre les mains.
Ce que je veux savoir et ce que je demande au ministre, ce n'est pas
compliqué. Le ministre me dit que tous les employeurs de la construction
seront tenus de faire un rapport quotidien c'est ce que le ministre m'a
dit à l'Office de la construction du Québec, pour que
l'Office de la construction du Québec soit en mesure de tenir un
registre journalier de la main-d'oeuvre disponible. Le ministre a dit cela tout
à l'heure.
Il y a différents types d'employeurs dans l'industrie de la
construction. Il y a des personnes qui décident de faire construire
elles-mêmes une maison. Ces gens vont au Centre de la main-d'oeuvre du
Québec, ils se font donner les formules nécessaires et
s'inscrivent comme employeurs-propriétaires pour pouvoir construire une
résidence unifamiliale.
Est-ce que ces gens-là seront également tenus de faire
parvenir à l'Office de la construction du Québec des
données journalières, quotidiennes, sur la mobilité de la
main-d'oeuvre?
M. Harvey (Jonquière): S'ils sont employeurs, oui.
M. Roy: Et s'ils ne le font pas, qu'est-ce qui va arriver?
M. Harvey (Jonquière): S'ils ne le font pas, il va y avoir
des pénalités, si l'avant-projet est retenu.
M. Roy: II va y avoir des pénalités.
M. Harvey (Jonquière): Je vais ajouter, pour le
bénéfice du député de Beauce-Sud, qu'on parle d'un
avant-projet. Il deviendra un projet; il devien- dra effectivement le
règlement de placement dans la construction le 1er juillet.
Je peux vous affirmer que, pendant les rencontres où nous avons
eu des échanges d'opinions, nous avons et ce n'est pas moi qui
l'ai fait, c'est mon sous-ministre, c'est M. Dupuis, qui a l'expérience
de plusieurs années de l'application de l'article 3297
signalé aux membres de l'Office de la construction toutes les
difficultés éprouvées, avant qu'ils fassent leur expertise
pour aboutir à un avant-projet qui est en consultation au moment
où on se parle.
Mais soyez assuré que c'est le meilleur règlement,
d'après l'Office de la construction qu'on va me présenter, et je
vais le recommander au lieutenant-gouverneur en conseil. Il deviendra
effectivement et le député de Beauce-Sud a probablement
raison en vigueur tel quel, c'est-à-dire le mécanisme des
bassins où on retrouve les ouvriers à partir des transactions
rapportées, le 1er février ou le 1er mars 1977. Entre-temps,
l'office prend le contrôle du placement à partir du 1er
juillet.
Bien sûr, cela va nécessiter, de leur part, un recensement
afin d'être capables de partir de données précises, pour
inclure, à la suite de transactions, des noms à partir de
métiers différents qu'exercent des travailleurs de la
construction.
M. Roy: Le ministre a parlé de pénalités.
Est-ce que le ministre peut nous dire quelles seront les
pénalités pour ces hors-la-loi qui ne feront pas leur rapport
chaque soir, quotidiennement, à l'Office de la construction du
Québec, relativement aux personnes qu'ils ont engagées dans la
journée, y compris le gars qui aura travaillé une heure et quart
pour réparer un escalier?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, il n'est
pas obligé de faire un rapport chaque soir.
M. Roy: Vous m'avez parlé d'un rapport quotidien.
M. Harvey (Jonquière): Quand il a une transaction. S'il
n'y a pas de transaction, l'office tient pour acquis que le monsieur en
question, l'employeur en question n'a pas effectué d'embauche ou de
licenciement.
M. Roy: C'est ce que je dis et je donne cela comme exemple. Une
personne qui va engager une personne de plus, pendant deux heures...
M. Harvey (Jonquière): Elle va la rapporter.
M. Roy: ...elle est obligée de la rapporter le soir...
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Roy: ...à l'Office de la construction du
Québec.
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Roy: Quel rôle vont jouer les Centres de main-d'oeuvre
du Québec à ce niveau?
M. Harvey (Jonquière): Les Centres de main-d'oeuvre du
Québec. Si un patron, un employeur a besoin et juge à propos de
leur demander du personnel dans la construction, ils vont vérifier leur
liste et lui fournir, s'ils sont capables de le faire, à partir de gens
enregistrés chez eux, des travailleurs dans la construction, mais
à la demande de celui qui embauche. C'est si le règlement,
l'avant-projet de règlement est adopté.
M. Roy: Est-ce que c'est un rapport qui va être
exigé par la poste ou un rapport qui va être exigé par
téléphone?
M. Harvey (Jonquière): Non, l'Office de la construction a
des bureaux régionaux, dans toutes les régions...
M. Roy: Quand vous parlez de bureaux régionaux, à
quel endroit? Avez-vous l'intention d'augmenter le nombre de bureaux de
l'Office de la construction du Québec?
M. Harvey (Jonquière): J'ai demandé au
président. Il n'a pas l'intention d'augmenter les bureaux. Il y en a
seize actuellement et il se dit entièrement satisfait du rendement de
ces bureaux régionaux.
M. Roy: Pour quelle raison... Il est entièrement
satisfait. Lui peut se déclarer satisfait. Mais est-ce qu'on a
consulté les gars, les travailleurs de la construction? Est-ce qu'on a
consulté les employeurs? Est-ce qu'on a consulté les gens des
régions? Que lui se déclare satisfait, je m'en contrebalance, M.
le Président. Lui, il a une fonction particulière.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, on a
confié...
M. Roy: Ce que je veux savoir, c'est de quelle façon, par
exemple... Je vais prendre une région particulière, la
région de la Chaudière. C'est une région où il y a
de la construction. Nous n'avons pas de bureau de l'Office de la construction.
Nous avons énormément de difficulté à avoir une
ligne téléphonique pour faire des appels à l'Office de la
construction du Québec. C'est pour voir si on songe à en
installer un dans la région, chez nous, un bureau de l'Office de la
construction du Québec, puisqu'on veut contrôler les
activités quotidiennes, journalières, horaires de chaque personne
qui travaille dans l'industrie de la construction.
M. Harvey (Jonquière): Justement, mon sous-ministre me
fait une suggestion qui est bonne. Les entrepreneurs de la construction sont
bien plus intéressés que le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: C'est une question d'appréciation personnelle.
C'est votre interprétation à vous.
M. Harvey (Jonquière): Non. ...à obtenir des
renseignements provenant de l'Office de la construction. S'il y a une loi ou un
règlement qui oblige les entrepreneurs à avoir un contact
régulier avec l'office, je pense, M. le Président, qu'il faudrait
être ridicule pour ne pas admettre qu'eux ont passablement plus besoin de
l'Office de la construction que le ministre du Travail ou que le
député de Beauce-Sud. Ce sont à eux à faire les
représentations. Ils vont être consultés demain ou
après-demain là-dessus.
Si l'Office de la construction qui a une parfaite autonomie pour
administrer son budget décide d'ouvrir un bureau, pensez-vous que c'est
moi qui vais m'opposer à cela? C'est aux entrepreneurs concernés,
qui ont besoin des services de l'office, à se plaindre au moment de la
consultation finale qui a lieu.
M. Roy: M. le Président, les entrepreneurs qui emploient
des gens, qui font $7 millions à $8 millions, $10 millions ou $12
millions de construction par année, ont des dispositions et ils ont des
lignes téléphoniques directes. Ce n'est pas à cela que je
veux m'attacher d'une façon particulière. Le ministre pensera ce
qu'il voudra, mais le député de Beauce-Sud est très
intéressé à cette question parce que je suis
intéressé à ce que, dans mon comté, les gens de
chez nous travaillent, que l'économie se développe...
M. Harvey (Jonquière): C'est la même chose.
M. Roy: ...et je suis intéressé... Je prends mon
comté à titre d'exemple, mais ce n'est pas le seul. Il y a
d'autres comtés, il y a d'autres régions dans la province. J'y
suis intéressé.
M. Harvey (Jonquière): Vous parlez des travailleurs. Vous
avez parlé des entrepreneurs.
M. Roy: Je parle des travailleurs et je parle des petits
entrepreneurs qui n'ont pas les moyens de se payer une ligne
téléphonique pour téléphoner à l'Office de
la construction du Québec et qui, assez souvent, font leur
comptabilité le soir, de 9 heures jusqu'à minuit, qui emploient
trois, quatre ou cinq personnes, qui construisent deux, trois ou quatre maisons
domiciliaires pendant un an, d'autres qui sont spécialisés dans
la réparation, d'autres qui se déclarent
entrepreneurs-propriétaires. Pourquoi? Non pas pour vendre des
propriétés et pas pour faire du commerce immobilier, mais pour se
construire une maison pour se loger eux-mêmes.
Ces gens, qui vont être tenus sous peine de sanction encore
des pénalités pour ces gens qui se verront encore, comme
bien d'autres je m'excuse, je n'ai pas encore terminé
à l'heure actuelle, traîner devant les tribunaux de la province de
Québec comme de vulgaires criminels au même rang que les autres,
au même rang que ceux qui ont fait les vols de banque, parce que
justement, ils n'ont pas satisfait à toutes ces exigences et à
toute cette réglementation qui va trop loin. On en est rendu à
vouloir contrôler je veux
attirer l'attention du ministre les activités quotidienne,
je dirais, horaires, de chaque travailleur de la construction dans le
Québec, en plus de contrôler les activités de chaque petit
entrepreneur de la construction.
Vous imaginez-vous quels sont les mécanismes que vous devrez
mettre en place, combien de personnel vous devrez engager au niveau du
gouvernement, combien d'ordinateurs, combien d'erreurs et combien de temps...
et quelles en seront les conséquences? Je demande tout simplement si on
veut saboter l'industrie de la construction et tout renverser, tout jeter par
terre, et placer les gens qui auront le malheur de toucher à un marteau
ou encore de faire une réparation à leur propriété
ou qui auront le malheur d'essayer de se donner une propriété,
d'être des hors-la-loi et d'être traités comme des
criminels.
M. le Président, j'ai visité, cette année, une
personne qui m'avait soumis la situation d'un père de famille de cinq
enfants, 32 ans; il avait été malade par-dessus le marché,
il sortait de l'hôpital, il n'avait même pas droit à
l'assurance-chômage, parce que c'est un petit employeur. Il avait trop
d'actifs pour avoir l'aide sociale, mais cela ne lui donnait pas d'argent. On
l'a amené et on lui a fait passer dix jours derrière les barreaux
de la prison du district judiciaire.
M. Harvey (Jonquière): Pour avoir enfreint quelle loi?
M. Roy: Pour avoir fait une corvée pour réparer la
toiture de sa résidence dans le mois de mars, à part cela. C'est
un fait. J'ai essayé de communiquer avec le ministre du Travail, j'ai
même appelé personnellement le ministre du Travail à ce
sujet. Je prends un exemple. J'ai eu l'occasion d'aller vérifier
ailleurs. Qu'on fasse le tour des tribunaux de la province à l'heure
actuelle pour constater qu'il y a près du tiers des causes qui affectent
des gars de la construction. On les accuse. On veut protéger les
travailleurs de la construction, qu'on cesse de rire des gens. S'il s'agit de
jobs qu'on veut donner à de petits contrôleurs qui veulent
contrôler toutes les activités des autres, qu'on le dise. Si on
veut aider les travailleurs de la construction, qu'on arrête de les
pénaliser, qu'on arrête de les traiter comme des criminels.
Quand je vois des gens qui sont dans l'industrie de la construction
depuis dix, douze, quinze ans, des professionnels de la construction, qui se
retrouvent derrière les barreaux, écoutez, alors qu'ils n'ont
fait autre chose que de faire de la construction et de la faire d'une
façon honnête, je dis au ministre du Travail qu'il est temps qu'il
s'ouvre les yeux. Il est temps qu'il se laisse consulter ou se laisse
conseiller par quelqu'un qui a peut-être d'autres ambitions qu'on ne
connaît pas, et qui vise d'autres objectifs. L'industrie de la
construction dans la province...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement. Dans son propos, le député de Beauce pense
faire son fin, il attaque présentement les membres de l'Office de la
construction. Ces derniers ont comme objectif dans le document, l'avant-projet
de règlement rendu public, hier, à ceux qu'ils ont
consultés...
M. Roy: Selon mon opinion, c'est stupide.
M. Harvey (Jonquière): ... et qu'ils consultent de
nouveau, l'objectif visé par la commission Cliche dans une de ses
recommandations pour éviter que ce soit une jungle et de donner la
chance dans le rappel au travail du vrai travailleur de la construction. Quand
le député de Beauce décrit des infractions à
l'ancienne loi, aux anciens règlements de la CIC qui se sont poursuivis,
bien sûr, l'Office de la construction a été
créé et il a eu des mandats selon la loi et des mandats
spéciaux qu'on lui a demandés... Par exemple, quand on lui a
demandé d'être responsable ou de superviser le vote
d'allégeance au mois de novembre, je pense qu'on a donné tout un
contrat à l'office. Il a prouvé que sa structure, sa
présence dans les régions, le rendait capable de faire face
à des situations d'urgence. Cela a été la même chose
lorsqu'on a eu à convoquer les 16 000 à 20 000 entrepreneurs pour
former l'association unique et tenir la première assemblée
générale. Je pense que le député de Beauce-Sud est
injuste à l'endroit des gens qui n'ont personne à
protéger, qui ne recherchent rien d'autre que de faire adopter un
règlement pour le placement dans la construction, ayant comme objectif
de protéger les vrais travailleurs de la construction en prenant en
considération les problèmes qui se situent au niveau des
régions en dehors des grands centres comme Québec et
Montréal où il est prouvé que de 80% à 90% de la
construction est faite par 20% des entrepreneurs. Cependant, on voit avec quel
souci dans leur avant-projet, ils ont attaché une importance sur le
côté des régions.
Nous, au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, ce que le
député de Beauce-Sud dit ce matin, nous l'avons fait d'une
façon beaucoup plus cohérente, à partir des plaintes
reçues au bureau du coordonnateur de la construction, à partir
des verdicts ou des jugements rendus par le conseil qui a statué sur
certaines plaintes reçues et l'expertise de l'application de
l'arrêté en conseil 3297. On a fait nos représentations par
des voies régulières aux responsables, comme le veut la loi qui a
été sanctionnée par ce Parlement le 27 juin 1975 et
dévolue comme responsabilité à l'OCQ, et je n'ai pas
à mettre en doute, surtout sur un avant-projet de règlement, la
compétence et l'intérêt personnel des gens qui sont en
charge de l'office.
M. Roy: M. le Président, je le dis encore à
l'intention du ministre, je lui demande de s'ouvrir les yeux et de regarder la
situation réelle qui prévaut dans l'industrie de la construction,
et de regarder sur le plancher des vaches, comme j'ai dit tout à
l'heure. Parce que, dans les bureaux, c'est beau, tout ce qu'il vient de dire,
c'est beau en commis-
sion parlementaire, c'est beau sur papier, mais quand vous arrivez dans
l'application pratique et que vous en êtes rendus je le
répète, M. le Président à contrôler
chaque travailleur de la construction pour chaque heure de travail qu'il fait
dans tout le territoire de la province, je demande au ministre de s'ouvrir les
yeux et d'essayer d'imaginer un instant quels sont les mécanismes
malgré toute la bonne volonté des gens de l'Office de la
construction du Québec qu'il va falloir que le ministre mette sur
pied pour être en mesure d'appliquer cela. Je parle de l'application, et
je parle des conséquences et des difficultés qui
découleront de l'application de cette loi, parce que je suis convaincu,
M. le Président, qu'il n'y aura pas de... Sans qu'il y ait des
instructions données de désobéissance civile, il y en a
trop ailleurs, de la désobéissance civile, mais il va y avoir
énormément d'oublis, et que c'est un système qui,
tantôt, va faire en sorte de paralyser encore davantage et de placer les
travailleurs de la construction les vrais travailleurs de la
construction, M. le Président comme des hors-la-loi. C'est
ça que je veux faire comprendre au gouvernement et au ministre.
M. le Président, dans l'industrie de la construction, on savait
qu'il y avait quelque chose qui devait être fait, mais on parle de la
jungle, à l'heure actuelle, dans l'industrie de la construction...
M. Harvey (Jonquière): Que feriez-vous, par exemple?
M. Roy: M. le Président, d'abord, la première des
choses, le permis de travail, ça devrait être
éliminé.
M. Harvey (Jonquière): On nous dit qu'il est
éliminé.
M. Roy: C'est la première des choses. Cela devrait
être éliminé. Quand un type est un travailleur de la
construction et qu'il a un certificat de la qualification professionnelle, avec
quatorze ans d'expérience, c'est un vrai travailleur de la construction.
Ce gars est assez intelligent pour être en mesure de se trouver du
travail. Chez les entrepreneurs au Québec, à l'heure actuelle, il
faut faire des distinctions, il y a différents types d'entrepreneurs.
Quand on construit des édifices de 20, 30 et 40 étages ou quand
on construit des résidences dans des régions rurales et dans les
endroits ou se construisent deux ou trois résidences par année,
le problème est différent, entre celui de Montréal et
d'ailleurs. Quand on en vient à appliquer les mêmes
règlements dans ces mêmes endroits et qu'on place les gens
vis-à-vis des mêmes sanctions et vis-à-vis de la même
réglementation, je dis, M. le Président, au ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre qu'il fait fausse route, parce qu'à ce moment, on
a oublié la réalité, à savoir les disparités
régionales, les problèmes régionaux qui
prévalent.
M. Harvey (Jonquière): Je suis obligé, M. le
Président, de rectifier encore une fois et de dire que, dans
l'avant-projet je ne sais pas s'il sera définitif l'OCQ,
à partir de sa consultation et de son expertise, fait une
différence entre des travaux de $5 millions et plus, fait des
différences entre de grandes agglomérations urbaines,
Québec, Montréal et les régions, que l'OCQ ce n'est
pas à partir d'une loi, c'est à partir d'un règlement
adopté aura la responsabilité de l'application de la loi
et du contrôle dans le placement.
Quand le député dit: Le ministre devra inventer ou
créer des mécanismes, c'est l'OCQ qui a la responsabilité,
de par la loi 47, de contrôler le placement dans la construction, ce
n'est pas le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Le ministre a la
responsabilité de répondre à l'Assemblée nationale
de toute application du règlement régissant le contrôle du
placement. C'est toute une différence. Ensuite de ça, c'est bien
beau de parler du petit entrepreneur artisan, de l'ouvrier qui travaille depuis
quatorze ans dans la construction.
J'en connais un personnellement qui est un excellent
charpentier-menuisier et, depuis seize ans, il est membre du Parlement du
Canada. Je ne suis pas sûr qu'il rendrait service aux entrepreneurs dans
les grands chantiers ou même dans les petits chantiers s'il
décidait de recommencer à travailler demain matin. C'est un gars
dont cela faisait seize ans... Et il était bon quand il en faisait.
Alors, c'est toute la question que remet en discussion le
député de Beauce-Sud. A-t-on besoin d'une régie des
entreprises de construction quand nous avions 20 000 entrepreneurs dont 6000
sortaient ou entraient dans ce secteur? A-t-on besoin, pendant la
période qu'on appelle en anglais "peak", la période de pointe
dans la construction, chaque année... Durant la meilleure année
possible au Québec, on joue entre 105 000 et 115 000 travailleurs de la
construction, quand nous avons aujourd'hui, de par les votes
d'allégeance donnés, pour ceux qui n'avaient pas voté au
mois de novembre et qui se sont réinscrits, au-delà de 180 000
personnes intéressées à travailler dans la construction,
quand notre meilleure année se situe à peu près à
115 000.
Je pense que l'expertise qu'a faite l'Office de la construction du
Québec, à partir des hommes-ressources et des experts, pour
aboutir avec un avant-projet qui est actuellement en consultation, est
certainement un document que, comme ministre responsable, je n'ai pas le droit
de refuser lorsqu'on me le rendra officiel pour le faire approuver par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Si on me dit que, plusieurs mois après son application, on a des
problèmes à partir des bassins crées ou de la formule des
mécanismes ou des critères d'embauche préparés,
qu'on a de la difficulté et qu'on doit revenir pour modifier le
règlement, je dirai au député de Beauce-Sud, à ce
moment, que, si je refusais, après que cette tentative ait
été faite, devant des preuves qui me sont faites, de modifier le
règlement ou d'intervenir auprès de l'office pour les convoquer
ou pour les mettre au courant de ces lacunes, de ces injustices, il est bien
sûr que je ferais mal mon travail. Mais, au moment où je vous
parle, avec l'expertise
qui est celle du ministère, sur l'application du CT 3297... Parce
qu'il y a des gens qui se plaignent au ministère, ils pensent que c'est
le ministre qui décide des permis de travail. C'est nous autres.
L'application du CT 3297 est faite, actuellement, par l'OCQ et c'est à
partir de ces expériences que nous avons reçu cet avant-projet
comme les autres et, dès qu'il sera définitif, il recevra
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil pour son application en mars
de l'an prochain, tout en exerçant un contrôle immédiat
dans le placement à partir des bureaux existants, y compris les centres
de main-d'oeuvre.
M. Roy: Quand le ministre parle d'un règlement qui va
entrer en vigueur le 1er février 1977...
M. Harvey (Jonquière): Le 1er mars.
M. Roy: Le 1er mars. Vous avez dit le 1er mars ou le 1er
février, tout à l'heure. Vous êtes revenu au 1er
février.
M. Harvey (Jonquière): Le 1er février, c'est pour
le certificat de classification, pour être dans le réseau A,
B.
M. Roy: Au début de 1977 on ne fera pas de
débat sur le 1er février ou sur le 1er mars ...
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Roy: Le ministre a parlé de pénalités
tout à l'heure. Cela veut-il dire que les pénalités
encourues seront des pénalités encourues dès le 1er
juillet de cette année?
M. Harvey (Jonquière): Non. Si le règlement
concernant l'obligation pour l'employeur de rapporter les transactions entre en
vigueur le 1er mars 1977, il est bien sûr qu'entre-temps, c'est le CT
3297 qui s'appliquera jusqu'à l'entrée en vigueur du nouveau
règlement.
Cependant, l'office contrôlera le placement immédiatement,
à partir du 1er juillet, appliquant le CT 3297 jusqu'à ce qu'il
ait les outils et c'est, son recensement qui va l'amener à avoir, par la
voie de ses bureaux régionaux et ses terminus, de l'ordinateur central,
des bassins à jour des employés, des travailleurs de la
construction qui sont dans le A, dans le B ou les autres.
M. Roy: Quand le ministre dit que l'Office de la construction du
Québec cela m'amènerait à poser une question, parce
qu'il faut quand même songer aux méthodes que peut utiliser
l'Office de la construction du Québec pour essayer de contrôler le
placement immédiatement... Dois-je comprendre que ceci veut dire que le
permis de travail qui sera émis sera un permis de travail pour un
employeur désigné ou sera-t-il un permis de travail
général?
M. Harvey (Jonquière): Non. Le permis de travail est
attaché à une personne. Il n'est pas attaché à un
employeur. L'employeur a le...
M. Roy: Actuellement, oui. Là-dessus je suis d'accord. Je
connais toute l'histoire. Je la connais, mais, dans le nouveau
règlement...
M. Harvey (Jonquière): Mais, même dans le nouveau
règlement, dans l'avant-projet, parce qu'on va l'appeler comme cela,
c'est encore un avant-projet, l'employeur est parfaitement libre d'embaucher
son personnel à partir des possibilités qui sont les suivantes:
contacts individuels avec l'intéressé, vérification s'il
appartient... Il a une carte, et l'Office veut être en mesure de voir sur
sa carte, au lieu d'en avoir quatre ou cinq, n'avoir qu'une carte sur laquelle
on va voir si c'est un plombier, s'il est dans la bassin A ou dans le bassin B.
C'est à partir du contact personnel, s'il le veut, qu'il va faire son
embauche, ou en ayant recours à l'Office de la construction ou au bureau
privé de placement ou aux Centres de main-d'oeuvre du Québec.
C'est l'avant-projet. Je l'ai lu en vitesse, parce que je l'ai reçu
quelques minutes avant la tenue de la séance, mon responsable de la
construction a lui-même reçu ce document à ma place hier
soir vers 4 h 50.
M. Roy: Est-ce que le ministre serait d'accord pour remettre une
copie de cet avant-projet entre les mains des membres de la commission
parlementaire?
M. Harvey (Jonquière): Pas l'avant-projet, M. le
Président, et je vais être bien simple. C'est par
délicatesse et politesse. Probablement que l'Office m'a, en même
temps que ceux qu'il a consultés, remis un avant-projet... Je n'aurais
pas d'objection, cependant, dès que j'aurai reçu le projet
et on me le dit dans la lettre de transmission que je n'ai pas ici, que j'ai
à mon pied-à-terre, dans quelques jours, quand j'aurai
reçu le texte final et qu'il sera approuvé, parce que le
lieutenant-gouverneur doit approuver le projet, je vous dis que je n'ai pas
l'intention de le modifier, parce que l'expertise que ces gens-là ont
eue depuis plusieurs mois et les consultations, étant donné que
ce sont eux. dans la loi 47, qui sont responsables du contrôle, j'ai
l'intention de le recommander au cabinet. Bien sûr, si la session n'est
pas finie, c'est avec plaisir que je le rendrai public. De toute façon,
il va être rendu public par sa publication, dans la Gazette officielle.
Ce serait refuser de rendre service à des parlementaires que de dire: Je
ne le déposerai pas. L'avant-projet, au titre de la consultation, je
l'ai uniquement pour mon information. Je n'ai pas l'intention de travailler
dessus du tout. C'est à l'Office à mettre le point final à
son texte de réglementation concernant le placement.
M. Roy: C'est par délicatesse que vous l'avez reçu.
C'est ce que vous avez dit.
M. Harvey (Jonquière): Je suis le ministre
responsable.
M. Roy: On vous l'a remis par délicatesse et c'est par
délicatesse que vous allez le piloter au Conseil des ministres.
M. Harvey (Jonquière): Non. C'est comme ministre
responsable d'un organisme...
M. Roy: Mais, quand même, il fallait... Je pense que le
ministre...
M. Harvey (Jonquière): Un instant, M. le
Président!
M. Roy: ... utilise un vocabulaire qu'il ne devrait pas
utiliser.
M. Harvey (Jonquière): C'est conscient de mes
responsabilités que le Parlement dont vous faites partie, ayant
créé l'Office de la construction du Québec, ayant, par
l'article 32, donné des responsabilités précises à
ces gens, c'est comme ministre responsable de cet organisme devant le Parlement
que je ferai en sorte que le Conseil des ministres adopte, à moins qu'il
n'y ait des choses absolument aberrantes, ce dont je doute, le règlement
qui sera son premier règlement et sa grande tentative de réussir
l'objectif visé de donner aux vrais travailleurs de la construction la
chance de faire carrière là-dedans. Les modalités qui
pourront en sortir ou les critères d'embauche, c'est sûr que les
travailleurs eux-mêmes pourront, après plusieurs mois d'essai,
demander des modifications, parce qu'ils parlent également d'une
politique de main-d'oeuvre, de qualification et de formation. On nous dit
dedans que l'Office a l'intention de nous consulter davantage. Nous, comme
ministère, nous répondons là-dessus dans le cadre d'une
politique globale de main-d'oeuvre. Nous sommes intéressés avec
ceux qui auront probablement la responsabilité de l'application
sectorielle dans la construction, pour autant que cela ne veindra pas en
contradiction avec une politique globale de main-d'oeuvre au Québec,
nous sommes prêts à nous asseoir avec eux, car ils en font une
question très importante, primordiale.
M. Roy: J'aimerais demander de plus au ministre, concernant la
construction dans les milieux ruraux, si les agriculteurs sont soumis à
ces exigences de l'industrie de la construction, pour construire des granges,
étables ou construire des poulaillers, des porcheries, des garages, des
remises... Pardon?
M. Harvey (Jonquière): Des bâtiments de ferme.
M. Roy: Des bâtiments de ferme. Est-ce que les agriculteurs
y sont soumis, dans le cas de construction de maisons ou de réparations
à leur résidence?
M. Harvey (Jonquière): Aux exploitations agricoles, c'est
mentionné agricoles, mais ça ne couvre pas la résidence.
La résidence personnelle n'est pas une exploitation agricole.
M. Roy: Cela veut dire que les agriculteurs, dorénavant...
Parce que, jusqu'à maintenant, on avait interprété que les
résidences, tout ce qui regarde les constructions qui se font sur une
ferme, ne seraient pas soumis à la régie de la construction.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que l'office a
donné...
M. Roy: Pas la régie de la construction, je m'excuse, au
point de vue des qualifications...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que l'Office de la
construction...
M. Roy: ...les cartes de qualification professionnelle.
M. Harvey (Jonquière): ...a rendu une décision dans
ce sens? Si l'office a rendu une décision dans ce sens, c'est à
partir d'une interprétation donnée par son contentieux. Moi, je
n'aurais rien à ajouter, mais cela appartient à l'office,
à partir de son contentieux, puisque c'est sa loi; il a la
responsabilité de l'appliquer, de donner l'interprétation qu'il
doit donner au texte de loi ou les règlements régissant certains
articles de la loi.
M. Roy: Je n'ai jamais eu l'interprétation juridique
définitive à ce sujet. Selon les informations dont je dispose,
selon l'expérience des quatre dernières années, il semble,
je dis bien il semble, que la résidence des agriculteurs ne serait pas
couverte par l'Office de la construction qui est dans l'obligation de faire des
rapports et il y a la Loi de qualification professionnelle. Je ne veux pas
faire un rapport ici pour empêcher que ces gens se trouvent demain matin
avec d'autres problèmes.
M. Harvey (Jonquière): On me rapporte qu'il y a une
décision du commissaire à la construction, M. Evariste Bernier,
qui semble dire le contraire de ce que vous affirmez.
M. Roy: Cette décision daterait de quand? M. Harvey
(Jonquière): Trois ou quatre mois.
M. Roy: Ah bon, elle est récente. Parce que je sais que,
l'an dernier, c'est une chose qui a été complètement
exclue.
M. Harvey (Jonquière): Cela a été soumis au
commissaire de la construction...
M. Roy: Cela a été exclu. C'est la première
fois que j'ai l'information. J'aimerais attirer l'attention du ministre
à partir de ces données. Il y a de vrais travailleurs de la
construction dans toutes les régions du Québec, je parle
également de la région de Saint-Hyacinthe, comme des
régions de Nicolet, de Joliette ou d'ailleurs, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, un peu partout, qui font de la construction, qui sont
des petits entrepreneurs qui travaillent tantôt dans la construction
domiciliaire et
tantôt dans des bâtiments de ferme. Il arrive que,
justement, pendant l'année, au moment où ces gens travaillent
à la construction de bâtiments de ferme, leurs heures ne comptant
pas, ces gens se voient refuser le permis de travail après un certain
temps pour pouvoir continuer de travailler dans l'industrie de la construction.
Je parle de personnes qui travaillent dans l'industrie de la construction sur
une base annuelle.
Il en serait de même relativement à certains travaux au
niveau des municipalités du Québec qui je n'ai pas la loi
ni toute la réglementation devant moi seraient exclus des lois.
Je demanderais au ministre du Travail si on s'est penché sur ce
problème ou ces problèmes et de quelle façon on entend
corriger la situation pour ne pas pénaliser ces travailleurs, je dis
bien pénaliser, puisque le ministre parle énormément des
vrais travailleurs de la construction. Je parle également des vrais
travailleurs de la construction. Comment ne pas pénaliser ces
personnes?
M. Harvey (Jonquière): Ici, au champ d'application, on
voit les exclusions qu'il y a. On mentionne les exploitations agricoles, les
travaux d'entretien et de réparation du salarié permanent
embauché directement, des travaux de construction, de canalisation
d'eau, d'égout, de pavage, ainsi de suite, des travaux municipaux aux
travaux de construction reliés à l'exploitation qui sont
exécutés par des salariés d'entreprise d'exploitation
forestière.
M. le Président, bien sûr... On me dit que des dispositions
spéciales sont contenues dans l'avant-projet et on espère
qu'elles vont demeurer dans le projet final qui couvre les cas spéciaux.
Ces cas spéciaux pourraient comprendre, par exemple, un travailleur de
la construction qui décide d'aller travailler en Ontario ou dans une
autre province...
M. Roy: Pas seulement en Ontario, aux Etats-Unis.
M. Harvey (Jonquière): ... qui demeure... Attendez un peu,
c'est cela que je suis en train de vous expliquer.
M. Roy: D'accord.
M. Harvey (Jonquière): ...qui demeure dans le secteur de
la construction et revient quatre ou cinq ans après. L'office, au lieu
de "peut", "doit", sur preuve, et le fardeau de la preuve reposera sur
l'individu d'établir qu'il a été dans ce secteur...
Il peut y en avoir d'autres qui ont été malades. C'est
possible qu'un gars, pendant une année de référence,
l'année de référence ou l'année civile, soit
éprouvé par la maladie ou par un accident. Il y a encore d'autres
cas spécifiques mentionnés dans l'avant-projet de l'OCQ. L'office
a considéré les cas spéciaux.
Le Président (M. Pagé): L'honorable
député de Saint-François sur le même sujet.
M. Déziel: Question additionnelle, M. le ministre, en
apportant un exemple pratique. Qu'arrive-t-il à un agriculteur qui
décide de bâtir une résidence et qui, à
l'intérieur de cette construction, doit engager des sous-traitants,
comme un entrepreneur électricien, un plombier, un préposé
au chauffage, n'importe quoi, et à qui, au cours de la durée de
la construction, à cet entrepreneur qui s'est improvisé
entrepreneur, sans respecter ni la loi 32, ni la loi 47, survient un accident
de chantier?
Est-ce que, premièrement, le sous-traitant doit s'assurer si
l'entrepreneur en question a agi conformément aux lois 32 et 47?
Deuxièmement, est-ce que l'entrepreneur en question est directement
responsable?
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous répéter
la première partie de votre question?
M. Déziel: Un agriculteur s'improvise, à prime
abord, comme constructeur, sans se conformer...
M. Harvey (Jonquière): Un propriétaire.
M. Déziel: C'est cela. Sans se conformer ni à la
loi 32, ni à la loi 47 ...
M. Harvey (Jonquière): Cela lui prend, au départ,
la permission de la Régie des entreprises de construction, pour
être considéré comme entrepreneur propriétaire.
M. Déziel: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): Au départ.
M. Déziel: Oui. Mais s'il ne se conforme pas à la
loi 32?
M. Harvey (Jonquière): S'il ne se conforme pas à la
loi, c'est la Régie des entreprises de construction qui va le poursuivre
pour avoir effectué des travaux d'entrepreneur sans avoir
préalablement demandé une exemption comme entrepreneur
propriétaire.
M. Déziel: Et si un sous-traitant, par
l'intermédiaire d'un de ses employés, a un accident sur le
chantier, comme lors de la construction d'une grange, par exemple, qui est
responsable?
M. Harvey (Jonquière): C'est l'employeur. Ce serait
l'employeur, parce que celui qui est de bonne foi, un entrepreneur
électricien, un plombier ou qui est dans une spécialité
quelconque et qui se conforme à tout point de vue à la loi de la
Régie des entreprises de construction, et se conforme aux
règlements de l'Office de la construction, va, de bonne foi, faire des
travaux pour le compte d'un prétendu employeur, c'est l'employeur
lui-même qui a dérogé à la loi qui serait, dans le
cas précis signalé par le député de Sherbrooke,
pénalisé.
M. Déziel: Mais si l'employeur n'a pas les
fonds voulus ou les capacités voulues pour protéger cet
employé, qu'arrive-t-il? Est-ce qu'il y a, au niveau de l'OCQ, une loi
spéciale d'indemnisation qui répondrait...
M. Harvey (Jonquière): C'est pour cela que la Régie
des entreprises de construction oblige tous ceux qui se sont rapportés
comme entrepreneurs à l'OCQ à détenir une licence. La
Régie des entreprises de construction a de plus signifié à
tous ceux qui veulent avoir une exemption, pour des raisons spécifiques,
de s'adresser à elle pour l'obtenir. A ce moment-là, la
vérification que vous mentionnez, cette précaution, est
certainement prise par les dirigeants de la Régie des entreprises de
construction qui ne sont pas intéressés à ce qu'un
employeur qui, sous le couvert d'entrepreneur propriétaire, serait dans
une situation, mette quelques mois après des sous-traitants dans de
mauvais draps.
L'an dernier, par exemple, il y a eu 6000 nouveaux entrepreneurs qui
sont entrés dans le domaine de la construction au Québec et 4000
qui en sont sortis, soit un turnover de 50% sur une masse d'à peu
près 20 000. Sur 20 000 entrepreneurs en construction l'an dernier, 6000
nouveaux y sont entrés et 4000 en sont sortis, pour un turn-over de 50%
dans une entreprise qui comprend à peu près 20 000
entrepreneurs.
M. Burns: Est-ce différent des années
précédentes ou à peu près pareil?
M. Harvey (Jonquière): Cela a augmenté dans une
proportion de... On n'avait pas de références, pour les
années antérieures, autres que ce qui a été
mentionné à la commission Cliche, mais le président de la
Régie des entreprises de la construction me dit que, cette année,
beaucoup moins de demandes d'entrepreneurs nouveaux entrent à la
régie.
Il y aurait, à partir des lois adoptées
déjà, une amélioration considérable pour les
nouveaux entrés. Pour ceux qui vont sortir, naturellement, ce sont les
chiffres publiés à partir de statistiques de 1973,
comparés à ceux de 1975 qui vont nous donner la réponse
que se pose le député de Maisonneuve.
M. Roy: M. le Président, j'aurais une autre question,
relativement à ces fameux permis de travail. Il y a, chaque
année, au mois de juin, des jeunes qui sortent de nos écoles
polyvalentes, qui ont terminé leur cours, comme charpentiers-menuisiers,
comme peintres ou encore comme électriciens. J'aimerais demander au
ministre si on a prévu des dispositions particulières pour que
ces personnes puissent avoir, au terme de leurs études, un carnet
d'apprentissage et travailler dans l'industrie de la construction.
M. le Président, dans une école particulière, il y
a eu, l'an dernier, je pense, 20 ou 21 finissants... Anciennement, on appelait
cela les écoles d'arts et métiers. Aujourd'hui, c'est
intégré aux écoles polyvalentes. Je prends en particulier
l'option de menuisier, de charpentier-menuisier. Je dois dire que, l'an
dernier, pour les finissants du mois de juin 1975, il y en avait à peu
près trois, au mois de février de cette année qui avaient
réussi à obtenir un permis de travail et , de ce fait,
étaient placés dans l'impossibilité de travailler. Il y en
avait même six, de la promotion de 1974 qui, au mois de février de
cette année, n'avaient pas encore reçu le fameux permis de
travail, alors que la réglementation veut qu'on donne à ces
jeunes, au terme de leurs études, un crédit de 600 heures dans
leur carnet d'apprentissage.
J'aimerais demander au ministre, étant donné qu'on ne
semble pas avoir aucune indication et aucun contact entre le ministère
du Travail et te ministère de l'Education, si on a l'intention de
continuer longtemps d'orienter des jeunes vers des options qui, au terme de
leurs études, ne leur offrent aucun débouché et où
on leur refuse tout simplement de travailler.
M. Harvey (Jonquière): Je vais répondre en
commençant par la fin. Il est faux d'affirmer qu'il n'y a aucun contact
entre le ministère du Travail et celui de l'Education. Il y en a de
façon régulière, à la semaine longue.
M. Roy: Oui, mais les résultats démontrent qu'il
n'y en aurait pratiquement pas, parce qu'on laisse...
M. Harvey (Jonquière): C'est l'opinion du
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je me base sur les résultats. Quand même,
les résultats, c'est cela.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, c'est
l'opinion du député de Beauce-Sud, quant à son affirmation
de la non-consultation entre deux ministères impliqués,
concernant l'apprentissage et la formation des travailleurs.
En ce qui concerne l'avant-projet de règlement, je réponds
"oui", les apprentis, de façon automatique, rejoignent le bassin A, en
autant qu'ils ont suivi des cours appropriés. Cela corrige
l'avant-projet. Au niveau de l'avant-projet, il y a correction à la
lacune mentionnée par le député de Beauce-Sud.
Pour les étudiants, c'est la même chose. Les cas
spéciaux, dans l'avant-projet, couvrent les étudiants qui n'ont
pas terminé leur cours pour la période de vacances.
Le Président (M. Pagé): Le député de
Saint-François, sur le même sujet.
M. Déziel: M. le Président, je pense que j'aurais
voulu poser une question de cette nature au programme 4. Je pense que cela se
rattache normalement aux services de main-d'oeuvre, mais, dû au fait que
le député de Beauce-Sud a décidé d'ouvrir le sujet,
je vais emboîter le pas. Avec votre permission, M. le Président,
j'aimerais poser ma question, si vous n'en avez pas d'objection...
Le Président (M. Pagé): Allez-y.
M. Déziel: ... soit au leader de l'Opposition ou au
député de Beauce-Sud...
Le Président (M. Pagé): Je pensais que vous aviez
une question.
M. Déziel: ... avec leur consentement,
évidemment.
M. Burns: M. le député, je ne sais pas si vous
étiez là lorsqu'on a commencé les travaux, mais, d'accord
avec le ministre et le président de la commission, on a pensé
traiter des problèmes globalement plutôt que de les insérer
dans des programmes particuliers, quitte après cela à regarder la
technique de chacun des programmes très rapidement.
M. Roy: Je le faisais en vertu du permis de travail et non pas
tellement au niveau de la qualification professionnelle. Ce sur quoi je me suis
basé, c'est sur le fait qu'ils avaient justement droit à un
crédit de 600 heures, ces étudiants, dans leur carnet
d'apprentissage, si on allait leur remettre un permis de travail automatique au
sortir de leurs études. C'est au niveau du permis de travail que j'ai
posé la question, beaucoup plus qu'au niveau de la qualification
professionnelle comme telle.
M. Harvey (Jonquière): Dans son avant-projet, il n'est
plus question de permis de travail. Effectivement, on pourrait émettre
à tous les citoyens du Québec un permis de travail qui serait
absolument inutile, parce que c'est un certificat de classification qui va
amener le travailleur, l'apprenti, le travailleur âgé de 50 ans,
dans le bassin A. C'est une exception au départ.
M. Roy: Le ministre vient de me dire que le permis de travail,
avec l'avant-projet, est éliminé, à toutes fins
pratiques?
M. Harvey (Jonquière): II est éliminé. C'est
un certificat de classification à partir de la période de
référence qui amène le vrai travailleur de la construction
dans le bassin A, dans le bassin B ou un nouveau qui veut entrer dans les
autres, le bassin C, celui des permis spéciaux.
M. Roy: En somme, le ministre vient de me dire que le permis de
travail vient d'être...
M. Déziel: Aboli. M. Roy: ...aboli.
M. Harvey (Jonquière): Cela commence à partir de
l'entrée en vigueur du nouveau règlement. Entre-temps, c'est
l'article 3297 qu'on a connu, qu'on connaît, qui prévaut jusqu'au
mois de mars 1977.
M. Roy: Le permis de travail, si j'ai bien compris, pour
résumer, je ne reviendrai pas là-dessus, serait aboli au moment
où ce règlement deviendrait appliqué de façon
intégrale.
M. Harvey (Jonquière): II est aboli dès qu'il est
introduit. Il y en a 6000 dans la province de Québec. Pour aller dans la
construction, il faut que tu aies un certificat de classification qui
t'amène quelque part, dans le bassin A ou dans le bassin B. Alors, avec
le permis de travail, vous avez le droit d'y aller, mais est-ce que vous allez
travailler? C'est la question. Est-ce que, détenant tous un permis, s'il
n'y en a plus, on en émet un, on peut aller travailler? C'est l'objectif
visé d'avoir le vrai travailleur de la construction au travail, avec les
précautions que prend l'avant-projet. Qu'il demeure intact ou non, qu'il
soit modifié, je ne sais pas. C'est, à partir de ce que je vous
ai expliqué, une expertise que fait l'OCQ. Il arrive avec son
avant-projet. Son projet définitif, quand je l'aurai, je pourrai
l'expliciter davantage, mais c'est celui que j'ai vu ce matin, en vitesse et en
diagonale, avec ce qui existait dans l'article 3297.
Le Président (M. Pagé): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Une question incidente, tout simplement. Est-ce que
j'ai bien compris le ministre tout à l'heure? Il dit qu'il n'a pas
l'intention de se pencher sur les mesures qui apparaissent dans l'avant-projet
et de faire une recommandation quelconque à ceux qui vont fabriquer le
projet final? Est-ce que j'ai bien compris que le ministre, là-dessus,
n'a pas l'intention...
M. Harvey (Jonquière): C'est évident que le projet
qui va être adopté par le lieutenant-gouverneur en conseil est le
projet de l'OCQ, mais, bien sûr, comme c'était normal, et vous
l'avez vu par l'invitation que j'avais faite au président de l'office,
il y a eu des rencontres avec ceux qui, depuis quelques années, ont eu
à appliquer en collaboration, depuis que l'office existe aussi,
l'article 3297. C'est le règlement de l'OCQ et non le nôtre.
Le Président (M. Pagé): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: Au niveau des qualifications professionnelles,
et là, j'adresse ma question à l'Opposition, avec son bon
consentement, comme elle l'a souligné, cela fait trois ans que je fais
de multiples revendications...
Le Président (M. Pagé): A qui?
M. Déziel: A l'Opposition tel qu'elle m'a dit qu'elle
acceptait de recevoir la réponse. J'aimerais avoir sa version
là-dessus tout de même.
Cela fait trois ans que je fais des représentations ici pour
demander quand on va réinstaller nos centres d'apprentissage avec la
même formule qui existait dans le bon vieux temps pour essayer
d'intégrer cela à l'intérieur de la nouvelle politique
du ministère du Travail. Avec l'avant-propos qu'on a
mentionné, je pense qu'il va falloir en revenir aux mesures qualitatives
et quantitatives surtout à l'égard des réservoirs
régionaux de main-d'oeuvre. A mon sens, la formule qui existe
avec les centres de formation professionnelle, que ce soit au niveau
collégial, secondaire ou quoi que ce soit, ne respecte pas les normes et
critères qu'on devrait posséder pour faire face aux besoins
régionaux. Je pense que, dans toutes nos régions, si on se base
sur le fait qu'aujourd'hui, il y a une baisse de la productivité ou quoi
que ce soit, c'est peut-être un des facteurs qui milite pour cela. Je
crois, à mon sens, que...
M. Burns: Pour répondre au député de
Saint-François, on étudie la question actuellement.
M. Déziel: Vous étudiez la question
présentement, mais j'aurais aimé avoir votre version...
M. Burns: Ce n'est pas la même réponse que le
ministre que je vous donne.
M. Déziel: Oui, mais quelle serait votre version?
M. Burns: On étudie cela. C'est cela que je vous ai dit.
Qu'en pense le député de Beauce-Sud?
M. Roy: On étudie. On a fait des recommandations qui sont
passablement dans le sens de celles du député de
Saint-François à l'heure actuelle. Cela fait passablement
longtemps que je parle de ces choses ici, devant l'Assemblée nationale.
Je dis actuellement qu'on a énormément de difficulté dans
nos régions, et on est obligé de dire du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre actuellement que ce n'est pas un
ministère qui nous aide à trouver des gars et à
créer du travail. Il contribue à créer des chômeurs.
Oui.
M. Harvey (Jonquière): Un exemple...
M. Roy: Je comprends que ce n'est pas exactement dans ce sens,
mais admettons que si je vais plus loin que le député de
Saint-François...
M. Harvey (Jonquière): Donnez-moi un exemple.
M. Roy: Un exemple? Il y a bien des gars qui sont en
chômage à l'heure actuelle, parce qu'ils n'ont pu avoir leur
permis de travail.
M. Harvey (Jonquière): Oui, bien...
M. Roy: Je peux en faire une liste assez longue au ministre.
M. Harvey (Jonquière): Non, M. le Président...
M. Roy: Des gars qui auraient du travail demain matin.
M. Harvey (Jonquière): ... ce qu'on a devant nous vient
d'un vote où les vrais travailleurs de la construction se...
M. Roy: Ce sont de vrais travailleurs. M. Harvey
(Jonquière): Un instant! Le Président (M. Pagé):
A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): ... se sont prononcés, au
mois de novembre dernier, et où vous avez eu à peu près 80
000 travailleurs de la construction, des vrais, qui sont allés voter. Au
moment où on se parle, il y a 180 000 personnes qui veulent travailler
dans la construction, et on a établi, à partir d'une expertise,
que la meilleure année, cela a été 115 000 travailleurs.
Il y en a toujours 65 000 qui ne permettent pas aux autres d'avoir un revenu
moyen pas trop élevé, malgré les salaires qui se paient
dans la construction. Est-ce que le député de Beauce-Sud est
intéressé de savoir que le salaire moyen a été de
$7400 ou $7500 en 1974 dans la construction, malgré les salaires qui se
paient?
Est-ce que c'est un moyen de combattre le chômage? Oui, quand
l'OCQ veut que les vrais travailleurs de la construction aient une
préférence au rappel, quand la reprise se fait dans la
construction, afin d'éliminer ou de décourager ceux qui
s'aventurent dans ce secteur uniquement pour faire plaisir au
député de Beauce-Sud de devenir un travailleur 30 jours, mais un
chômeur le reste du temps.
M. Roy: M. le Président, j'invoque le règlement!
Quand même, il n'y a personne...
Le Président (M. Pagé): Le député de
Beauce-Sud sur une question de règlement.
M. Roy: ... qui est allé dans l'industrie de la
construction pour faire plaisir au député de Beauce-Sud.
Le ministre, ce matin, je ne sais pas où il a mis le pied hier,
ou en fin de semaine, mais quand même, ce n'est pas une façon
sérieuse d'aborder un débat et d'aborder un sujet.
Ce dont j'ai parlé...
M. Harvey (Jonquière): Me permettez-vous une question?
M. Roy: J'ai dit que j'invoquais le règlement?
M. Harvey (Jonquière): Me permettez-vous une question?
M. Roy: J'invoque le règlement. Question,
après!
M. Harvey (Jonquière): D'accord!
M. Roy: Je veux dire à l'intention du ministre que je me
suis basé, ce matin... Je n'ai pas parlé de ceux qui vont dans
l'industrie de la construction pendant une semaine, pendant un mois. J'ai
répété maintes et maintes fois, et je ne comprends
pas pourquoi le ministre n'a pas compris. Il n'a peut-être pas voulu
comprendre. J'ai parlé des vrais travailleurs de la construction, et je
dis qu'actuellement, il y a des gens qui sont obligés de retarder leur
construction. Il y a des gens qui ne peuvent pas exécuter certains
travaux à cause de ces exigences qui forcent d'autres personnes à
chômer. On a des situations comme celles-là. J'ai plusieurs
exemples. Il n'est pas question de faire plaisir ou non au député
de Beauce-Sud. Le député de Beauce-Sud s'occupe de son
comté et fait tout ce qu'il peut pour tâcher que ça
fonctionne dans son comté, non seulement dans son comté, mais
ailleurs également au Québec.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, qu'est-ce
que c'est, un vrai travailleur de la construction? C'est à partir de
cette expertise que l'OCQ va présenter un règlement comme le veut
la loi avant le 1er juillet.
Je calcule que, comme ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, mon
ministère n'est pas responsable lorsque, par exemple, dans un autre
secteur de la construction, l'Alcan refuse d'embaucher un homme qui se
présente pour offrir ses services quand ses cadres sont pleins. Je ne
crée pas de chômage au ministère et, dans la construction,
ce doit être la même chose. Lorsqu'il y a 180 000 personnes qui
veulent se disputer 115 000 emplois, je ne suis pas responsable, comme ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, ni l'Office de la construction du
Québec, ni la Régie des entreprises de construction, des 65 000
personnes de trop pour aller occuper les postes qui se trouvent dans la
construction.
Le Président (M. Pagé): Le député de
Mille-Iles.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'attire
votre attention sur le fait que le député de Maisonneuve a
demandé qu'on ajourne la séance à 12 h 30, afin de pouvoir
comme il arrive dans son propre parti et souvent dans le nôtre
tenir une réunion des parlementaires de son parti, à moins
que des membres de la commission ne s'y opposent. Quant à moi, je n'ai
aucune espèce d'objection.
M. Lachance: On le reprendra cet après-midi.
Le Président (M. Pagé): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 35)
Reprise de la séance à 20 h 17
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration continue l'étude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je crois que, lorsque la commission a
été suspendue, la parole était au député de
Beauce-Sud. L'honorable député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, quelques dernières
questions sur le projet de règlement que le ministre nous a fait
connaître ce matin, à propos duquel j'ai posé des questions
ce matin, particulièrement en ce qui a trait aux permis de travail. Le
ministre nous a annoncé ce matin que ce projet de règlement avait
pour but de faire en sorte que, parmi une de ces obligations, les entrepreneurs
de la construction devraient faire un rapport quotidien des mouvements de
main-d'oeuvre dans chacune des entreprises de construction du Québec
à l'office de la construction.
Une courte observation. Je me suis permis de faire quelques
consultations ce midi, cet après-midi et même ce soir,
auprès de certaines personnes pour demander leur opinion en
répétant textuellement les paroles du ministre et on a
refusé de me croire, tout simplement, en me demandant si j'étais
sérieux, si je n'étais pas tombé sur la tête. Non,
je prends la peine de le dire, M. le Président, parce que j'aimerais que
le ministre se rende compte d'une chose.
Il va avoir énormément de problèmes et de
difficultés dans son application.
M. Harvey (Jonquière): L'office.
M. Roy: L'office de la construction va avoir
énormément de difficultés, puisque le ministre sait,
aujourd'hui, qu'il va y avoir énormément de difficultés
dans son application, comme ministre du Travail du Québec. J'aimerais
savoir s'il y a des raisons particulières pour lesquelles il a dit ce
matin qu'il ne réviserait pas ce document, qu'il le présenterait
au Conseil des ministres tel quel et qu'il ne proposerait aucune modification.
Cela m'apparaît fondamental parce que c'est quand même le ministre
du Travail qui est le représentant des élus du peuple, qui est
membre du cabinet, qui est membre du Conseil des ministres et qui est ministre
titulaire.
Le gouvernement a des comptes à rendre à la population,
alors que les personnes... Je ne veux pas accuser les personnes de l'office de
la construction, mais ce sont quand même des mandataires, des personnes
qui ont été mandatées pour mettre en application un
règlement qui a été adopté en vertu d'une loi et
qui est un prolongement de la loi comme telle.
M. Harvey (Jonquière): La réponse, M. le
Président, est très simple. Si, au moment de l'adoption de la loi
47, le législateur avait décidé qu'à
compter de l'adoption de la loi ou qu'à compter du 1er juillet
1976, le ministre du Travail était responsable du placement dans la
construction, c'est avec plaisir que je vous dirais quelles sont mes
intentions.
Mais je vous ai dit que j'avais reçu, comme ceux qui sont
consultés, un avant-projet et cet avant-projet daté du 14 juin,
hier, me dit ceci, et écoutons bien, adressé au ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, Gérald Harvey, 255 boulevard
Crémazie, Montréal: "Les modifications apportées en juin
1975 à la Loi des relations du travail dans l'industrie de la
construction apportaient de nombreux mandats à l'office qui était
créé par la même occasion. Parmi ces mandats, l'office se
devait de vous présenter un règlement relatif au placement des
salariés de la construction.
Dès le début de l'année en cours, l'office examina
la question et en vint à la conclusion que le règlement sur le
placement devait s'accompagner de toute une série de mesures
complémentaires. Le projet prit forme et les grandes lignes en furent
tirées. Au début de février, nous informions les parties
représentatives de cette prise de position de l'Office et nous les
invitions à nous soumettre leurs propositions en ce sens. Depuis, les
mois ont passé et nous avons reçu les rapports des associations
intéressées. Nous avons entendu leurs représentants.
Ces consultations et le travail inlassable du groupe mis sur pied par
l'office nous permettent aujourd'hui de vous présenter les vues de l'OCQ
quant à une politique des services de main-d'oeuvre de l'industrie de la
construction. Cette politique répond quant à nous, au but que
s'était fixé l'office. Par ailleurs, elle contient les
éléments fondamentaux du règlement sur le placement qui
doit en émaner.
L'office vous présente donc officiellement une ébauche de
politique des services de main-d'oeuvre qu'il doit adapter à l'industrie
de la construction, de même que le projet de règlement sur le
placement qu'il transmet aujourd'hui même aux parties pour consultation.
Cette étape franchie, nous vous transmettrons un projet pour adoption
conformément à la loi. Nous réalisons que cet
énoncé de politique suscite un certain nombre de discussions.
Soyez assuré de notre disponibilité pour une rencontre à
votre convenance. Veuillez agréer, M. le ministre, l'expression de mes
sentiments distinqués. Des copies aux parties patronale et
syndicale.
Pour ne pas se tromper, parce que je l'ai dit ce matin et je l'ai dit
publiquement, une politique de service de main-d'oeuvre dans la construction
doit nécessairement, à mon sens, s'intégrer dans une
politique globale dont nous sommes à l'origine.
J'ai, dès ce matin, transmis par messager au président de
l'office la lettre suivante: "J'ai bien reçu la vôtre du 14 juin
1976, à laquelle était annexé un avant-projet relatif au
placement des salariés de la construction, de même qu'un document
renfermant les vues de votre office sur une politique des services de
main-d'oeuvre dans ladite industrie. Je note que ce projet en matière de
pla- cement fait déjà l'objet de consultations des parties
intéressées et que celui qui doit être adopté
conformément à la loi me parviendra sous peu. Quant à
l'ébauche de politique des services de main-d'oeuvre qui doit
nécessairement s'intégrer à une politique globale dont
nous sommes à l'origine, je ferai en sorte que les officiers
concernés de mon ministère procèdent à son
étude de façon à ce que, en temps opportun, des rencontres
conjointes puissent être tenues à ce sujet. Bien à vous,
Gérald Harvey."
M. le Président, ce n'est pas au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre que revient, d'après la loi 47, adoptée par la
Législature du Québec et sanctionnée le 27 juin 1975, le
contrôle du placement dans la construction. C'est à l'OCQ, et
c'est dans le respect de la loi adoptée par les parlementaires que l'OCQ
est en train de me présenter un texte final pour contrôler le
placement dans la construction à partir du 1er juillet. Je voudrais, M.
le Président, profiter de ma réponse au député de
Beauce-Sud pour lui dire que je vois ici, dans l'avant-projet, l'obligation
pour les employeurs; c'est à compter du 1er janvier 1977. On avait
parlé dans une rencontre antérieure, du 1er mars, mais je vois
ici qu'à compter du 1er janvier 1977, tout employeur doit aviser
l'office de toute nouvelle embauche d'un salarié, au plus tard, 18
heures, la journée qui suit l'embauche. Aux fins des présentes,
les samedis, dimanches et jours fériés chômés
prévus au décret et congés annuels obligatoires durant la
période d'hiver prévue au décret, ne sont pas compris dans
ces délais. Cet avis doit être donné suivant la forme et
aux conditions prévues par l'office. Egalement la même chose pour
les mises à pied, les licenciements ou tout départ ou retrait
d'un salarié à son emploi dans l'industrie de la
construction.
Je rectifie. C'est au 1er janvier 1976, et le règlement... A
partir du 1er mars l'office sera en mesure de fournir les bassins aux
employeurs, qui en feront la demande. Aucune correction.
M. Roy: J'aimerais cependant dire ceci au ministre, parce que le
ministre dit qu'il ne lui appartient pas de décider quoi que ce soit
à ce niveau, au niveau du placement de la main-d'oeuvre, étant
donné que ce pouvoir a été conféré à
l'office, en vertu d'une des dispositions de la loi. Bon! On peut bien
comprendre cela. Mais il y a différentes formes de contrôle, M. le
Président, et il y a plusieurs façons d'interpréter une
loi. D'ailleurs, le juriste qui est à ma droite a certainement
suffisamment d'expérience pour dire qu'il y a différentes
façons d'interpréter une loi. La preuve qu'il y a des
interprétations différentes, c'est qu'il y a des tribunaux pour
trancher la question. Je ne suis pas avocat, M. le Président. Je pense
que tout le monde sait cela.
Dans la forme de contrôle, et c'est justement le point sur lequel
je voulais attirer l'attention du ministre parce que je pense que, comme
ministre responsable, d'abord, comme membre du cabinet et membre du
gouvernement, il y a quand même des points sur lesquels on peut demander
ou cer-
tains organismes paragouvernementaux peuvent demander certains pouvoirs
au niveau de la réglementation ou proposer certaines formules.
Mais il y a quand même une soupape de sécurité dont
le législateur dispose et c'est justement l'adoption par le
lieutenant-gouverneur en conseil du fameux règlement. Cela suppose que
justement il faut que cela passe par ce canal pour être adopté et
pour faire partie de la loi, c'est-à-dire pour avoir la même
portée et comporter les mêmes obligations que la loi
elle-même.
C'est à ce niveau que j'ai posé des questions parce qu'il
m'apparaît et je ne veux pas y revenir, ni faire un débat,
ni faire un filibuster là-dessus qu'une des exigences de l'office
de la construction, qui a succédé à la Commission de
l'industrie de la construction, est une exigence qui sera extrêmement
difficile d'application. Je ne vois pas comment on pourra appliquer cela dans
toutes les régions du Québec à cause du personnel que cela
prendra et du système qu'on devra ériger sur place et du
système de vérification concernant par exemple les employeurs qui
refuseront ou qui refuseraient ou qui oublieraient de satisfaire à cette
exigence de rapporter dans les dix-huit heures tous les mouvements de
main-d'oeuvre qu'il y a dans une entreprise de construction, quand on sait
très bien que, dans le cas d'une construction domiciliaire, peu importe
que cela soit dans un environnement urbain, dans un centre semi-urbain ou
semi-rural ou dans un centre rural, il y a une mobilité de la
main-d'oeuvre qui est extrêmement grande, surtout si l'employeur a
effectivement deux habitations à construire.
On sait dans l'industrie de la construction jusqu'à quel point ce
n'est pas facile. Le ministre disait justement que les employeurs qui ne
satisferaient pas à une de ces exigences de la loi devraient encourir
des pénalités et, dans cet avant-projet de loi, il est
sûrement question de pénalités.
J'aimerais que le ministre nous dise à ce moment-ci s'il a
été informé des pénalités et s'il est en
mesure d'informer les membres de la commission parlementaire des
pénalités que les employeurs que ce soient des employeurs,
des coentrepreneurs ou des entrepreneurs propriétaires devront
encourir s'ils refusent de satisfaire aux exigences du nouveau
règlement.
M. Harvey (Jonquière): Pour un employeur qui ne se
conformerait pas au règlement toujours dans l'avant-projet, qui n'est
pas final, comme vous avez bien pu voir par la correspondance que je viens de
vous lire, la pénalité est de se voir enlever le droit
contrairement à ce qu'on a pu entendre. J'ai entendu de mes propres
oreilles au canal 4, à la télévision, que les bureaux
étaient maintenus et aussi le contrôle du placement.
Les bureaux sont maintenus, le contrôle du placement est fait par
l'office de la construction. Alors, ce n'est pas le maintien du contrôle
du placement dans la construction par les bureaux syndicaux, au contraire,
c'est la reconnaissance des bureaux qui existaient au 25 juin 1975 et le
contrôle à partir du 1er juillet avec le respect du code
d'éthique sans quoi l'office prend le placement pour le bureau qui
perdra son permis.
Deuxièmement, pour répondre à la question
précise du député de Beauce-Sud, l'employeur qui serait
pris en défaut, pourrait se voir pénalisé par l'office et
n'avoir aucun droit à du placement, l'office faisant pour lui le
placement pour la main-d'oeuvre dont il aurait besoin à l'avenir. C'est
la réponse qu'on m'a donné à une question que j'ai
posée au commissaire.
M. Roy: En somme, cela voudrait dire que l'employeur qui
refuserait de faire ses rapports tel que le veut le règlement, l'office
se dégagerait de toute responsabilité.
M. Harvey (Charlesbourg): L'office au contraire dirait: Monsieur,
vous n'avez plus le droit d'embaucher votre main-d'oeuvre, c'est nous qui vous
envoyons la main-d'oeuvre dont vous avez besoin.
M. Roy: Ce serait la pénalité.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Roy: C'est cela même dans le cas d'un petit constructeur
propriétaire?
M. Harvey (Jonquière): Dans le cas de n'importe quel
employeur qui négligerait à partir du 1er janvier 1977, d'aviser
l'office de toute nouvelle embauche d'un salarié au plus tard 18 heures
la journée qui suit l'embauche, avec les différences que j'ai
faites pour les jours fériés. Egalement, tout employeur qui
négligerait d'aviser l'office de toute mise à pied, licenciement,
départ ou retour dans l'industrie de la construction pour que l'office
puisse être capable de maintenir des listes connues de
disponibilités de ces bassins A), B) et autres. C'est le projet que j'ai
devant moi.
M. Roy: Et vous êtes d'accord sur cela?
M. Harvey (Jonquière): Pardon? M. Roy: Vous
êtes d'accord sur cela.
M. Harvey (Jonquière): Je vous ai dit, ce matin, que je
n'avais pas à me prononcer sur un avant-projet, je me prononcerai sur le
projet quand il sera définitif, adopté par le
lieutenant-gouverneur en conseil. J'ai dit, ce matin, que je n'avais aucune
espèce d'objection, dès qu'il sera adopté, à vous
le remettre, parce que vous aurez certainement, comme parlementaires, une
série de questions de la part des intéressés qui
s'adresseront à vous dans vos comtés. J'espère que cela va
être fait avant l'ajournement, espérant voter
l'arrêté le 23 ou au plus tard le 30 juin.
M. Roy: Pour qu'il entre en vigueur.
M. Harvey (Jonquière): Le 1er juillet.
M. Roy: Mais je ne comprends pas le ministre.
II nous parle d'un avant-projet de règlement qui va être
accepté par arrêté en conseil avant le 24 juin et qui va
entrer en vigueur le 1er juillet. Ce n'est plus un avant-projet, M. le
Président, c'est un règlement qui va entrer en vigueur.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas moi qui dis ça,
c'est l'office, dans son communiqué, hier soir, qui me dit qu'il est au
stade de sa consultation finale des employeurs et des centrales syndicales. Au
moment où on se parle, il a des consultations sur lavant-projet,
probablement le projet final. Mais je dois le considérer comme un
avant-projet parce qu'on me dit: On vous enverra le texte final dès que
notre consultation sera terminée.
M. Roy: La consultation sera terminée quand?
M. Harvey (Jonquière): Si elle est terminée
vendredi, qu'on me l'envoie vendredi, je l'aurai vendredi.
M. Roy: Mais il demeure un fait...
M. Harvey (Jonquière): Un instant. Et c'est pour ça
que je dis au député de Beauce: Si la consultation n'est pas
terminée d'ici la fin de semaine... Pour faire adopter un
arrêté en conseil mercredi prochain, il faut que je l'envoie
vendredi de cette semaine au Conseil exécutif pour qu'il soit
examiné par le Comité des règlements et par les
conseillers juridiques avant d'être sur la liste des arrêtés
en conseil susceptibles d'être adoptés mercredi. Si c'est lundi
prochain, ça veut dire le mercredi suivant, le 30 juin. Quand je regarde
la loi à l'article 32h 2, "tout règlement adopté par
l'office en vertu des articles 32, 32a, 32b est soumis à l'approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil. ' C'est exactement la loi que suit
l'office, naturellement. Il aurait aimé être capable de terminer
son texte ou son avant-projet avant aujourd'hui, mais il a admis qu'il avait
très peu de temps pour terminer ses consultations.
M. Roy: A partir du 1er juillet, ce ne sera pas un avant-projet
de règlement, ce ne sera pas un projet de règlement non plus,
ça va être un règlement puisqu'il va être
adopté par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Harvey (Jonquière): II y en a une partie qui va
s'appliquer immédiatement pour le contrôle; en ce qui concerne ce
dont on vient de discuter, ce qui entre en vigueur le 1er janvier, le 1er
février, le 1er mars, l'office, dans son étude, dans son
expertise, a eu la preuve qu'il avait besoin de plusieurs mois pour être
capable de faire le recensement requis, la programmation requise, pour
expérimenter ses programmes, pour être sûr de rendre
disponible aux employeurs, dans chacune des régions économiques
du Québec, les réservoirs identifiant par métier les
travailleurs de la construction et également avec le certificat de
classification, pour être en mesure d'éliminer des cartes et
d'obtenir si possible l'office prétend être ca- pable de le
faire que le travailleur de la construction ait dans son portefeuille
une carte identifiant le bassin auquel il appartient, soit pour la
dernière année de référence, ou la dernière
année civile.
M. Roy: Est-ce qu'il s'agirait d'une nouvelle carte?
M. Harvey (Jonquière): Ce serait une nouvelle carte, parce
qu'actuellement je pense que, dans certains cas, on en a quatre.
M. Roy: Cinq.
M. Harvey (Jonquière): Peut-être cinq.
M. Roy: Et là, cela va en prendre une sixième.
M. Harvey (Jonquière): Une. Une à la place de
toutes celles-là.
M. Roy: Une sûre.
M. Harvey (Jonquière): On va dire: Les autres,
déchirez-les, elles ne sont plus bonnes.
M. Roy: Alors, une carte remplacerait toutes les autres?
M. Harvey (Jonquière): Quand vous recevez votre permis de
conduire, le vieux, vous le jetez?
M. Roy: On jette une carte et on en fait une autre.
M. Harvey (Jonquière): En émettant celle-là,
on va dire: Les vieilles, jetez-les.
M. Roy: Alors, il y aurait une carte qui remplacerait toutes les
autres cartes qu'il y a à l'heure actuelle?
M. Harvey (Jonquière): C'est pour cela qu'on nous dit
qu'on ne pouvait pas mettre ce règlement en vigueur le 1er juillet,
dû à l'expertise qui prouve qu'on a besoin des mois requis,
mentionnés dans lavant-projet, pour être capable d'avoir un
programme sûr, pour ne pas commettre de bévues.
Vous savez, lorsqu'on crée un programme sur informatique, il y en
a qui oublient cela, mais c'est prudent, lorsqu'on a un système manuel
et qu'on éprouve notre système, avant de dire qu'il est bon. Pour
ceux qui ne le font pas, ils sont parfois obligés de recommencer
l'opération. Cela a été le cas pour des organismes non
gouvernementaux qui se sont aventurés dans des programmes, dans la
mécanisation des opérations, des programmes traités par
voie d'ordinateur.
Mais quand le temps requis pour éprouver les programmes est bien
utilisé, il est sûr qu'on fait, dans l'espace de quelques
secondes, ce qui se fait manuellement dans plusieurs jours.
M. Roy: J'aurais une dernière question, M. le
Président, c'est-à-dire un dernier sujet à toucher,
sur ce nouveau règlement.
Est-ce qu'il y a d'autres endroits au pays où des
règlements semblables existent?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que non.
M. Roy: Est-ce qu'il y a d'autres endroits dans le monde
où il y a des règlements semblables qui existent?
M. Harvey (Jonquière): Je ne suis pas sorti beaucoup; mais
je vais m'informer et je vais vous le dire. On me répond qu'on n'est pas
au courant.
M. Roy: Non, il n'y en a pas.
M. Burns: Je propose une commission parlementaire
itinérante.
M. Roy: Même pas en Russie. M. Harvey
(Jonquière): Pardon?
M. Roy: Même pas en Russie. Les Russes sont plus
intelligents que cela.
M. Harvey (Jonquière): Vous parlez d'un système,
dans la construction, que je ne connais pas. Mais je sais que les citoyens du
Québec qui vont faire un tour en Russie, lorsqu'ils sont de retour ici,
se trouvent pas mal libres. Ils se sentent moins suivis.
M. Harvey (Dubuc): II n'y a qu'une carte là-bas.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Portneuf.
M. Roy: Cela, c'est temporaire.
M. Page: Ce matin, j'aurais voulu poser la question, mais j'avais
à occuper votre auguste fauteuil; je n'ai pas pu la poser. M. le
ministre, quel est le critère qui est prévu dans l'avant-projet
pour déterminer un vrai travailleur de la construction? C'est bien 1000
heures?
M. Harvey (Jonquière): Le critère? Un instant.
M. Pagé: Dans les régions comme la région de
Québec ici, par exemple?
M. Harvey (Jonquière): "Le certificat annuel. L'office
délivre automatiquement un certificat le bassin à
tout salarié titulaire d'un certificat valide lors du renouvellement
annuel, à celui qui a travaillé 1000 heures ou plus dans
l'industrie de la construction, au cours de la période de
référence, ou qui a travaillé au moins 1500 heures dans
l'industrie de la construction au cours des deux dernières
périodes de référence, dont au moins 500 au cours de la
dernière période de référence. "L'office
délivre automatiquement un certifi- cat annuel au salarié
titulaire d'un certificat valide lors du renouvellement annuel ayant atteint
l'âge de cinquante ans et plus au 31 décembre de l'année
précédant la date du renouvellement des certificats et qui ne
rencontre pas les exigences du paragraphe 3.01, si ledit salarié a
travaillé dans l'industrie de la construction au cours des cinq
dernières années civiles précédant la date du
renouvellement et a effectué au moins 2500 heures dans l'industrie de la
construction durant ces cinq années civiles. "L'office délivre
automatiquement un certificat annuel B à tout salarié titulaire
d'un certificat valide lors du renouvellement annuel et qui a travaillé
500 heures et plus, mais moins de 1000 heures, dans l'industrie de la
construction au cours de la période de référence.
Certificat C. L'office doit délivrer sur demande doit et
non peut un certificat annuel C au salarié titulaire, durant la
période de référence, d'un certificat annuel A ou B et qui
a travaillé moins de 500 heures dans l'industrie de la construction au
cours de ladite période de référence, mais qui travaille
dans l'industrie de la construction au Québec au moment du
renouvellement des certificats. Il incombe au salarié de prouver
à l'office qu'il travaille dans l'industrie de la construction à
la date du renouvellement. "L'office doit délivrer sur demande un
certificat annuel C à tout salarié qui a travaillé moins
de 500 heures dans l'industrie de la construction au cours de la période
de référence et qui ne travaille pas dans l'industrie de la
construction au moment du renouvellement des certificats. "Tout nouveau
salarié qui désire oeuvrer dans l'industrie de la construction,
le tout aux conditions suivantes: 1) que le salarié ait obtenu
préalablement une garantie d'emploi d'un employeur enregistré
à l'office et, 2) qu'il n'y ait pas de salarié disponible
titulaire d'un certificat annuel A pour le métier ou l'emploi relatif
à la garantie d'emploi que le salarié a obtenue suivant le
paragraphe précédent ou titulaire d'un certificat annuel B dans
la région et pour le métier ou l'emploi relatif à la
garantie d'emploi que le salarié a obtenue suivant le paragraphe
précédent. "Tout certificat annuel C est valide jusqu'à la
date du renouvellement du certificat annuel. A cette date, le certificat sera
renouvelé si le salarié travaille dans l'industrie de la
construction. La preuve de l'emploi incombe au salarié."
Il y a également les certificats spéciaux dont j'ai
parlé ce matin.
M. Pagé: C'est assez exhaustif comme réponse, M. le
ministre. Si vous permettez, le gars qui travaille 700 heures par année,
peut-être 800 heures par année, en construction le gars qui a une
demande qui peut faire l'objet d'environ 800 heures, le gars qui se satisfait
de 800 heures par année, pendant cinq ou six mois par année,
est-ce que ce bonhomme, dans Portneuf, par exemple, ou dans d'autres
régions du Québec, pourra conserver ses droits au travail comme
c'était le cas sous l'ancien règlement? J'ai quand même
trouvé que votre réponse était assez exhaustive.
M. Harvey (Jonquière): C'est le texte du règlement
que j'ai devant moi. D'après le projet de règlement, s'il n'a pas
50 ans, il devra avoir 1000 heures pour être dans le bassin A.
M. Pagé: La période de
référence...
M. Harvey (Jonquière): Excepté un journalier, il
n'en a pas besoin; quant au métier non qualifié, il n'en a pas
besoin, c'est 700.
M. Déziel: Une question additionnelle, M. le ministre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-François.
M. Déziel: Pour enchaîner dans le même ordre
d'idée que mon collègue de Portneuf, est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de régionaliser les heures relativement au bassin A, selon des
travaux sectoriels effectués dans différentes régions? Je
pense, entre autres, que c'est peut-être plus facile d'obtenir 1000
heures dans la région de Montréal ou de Québec que
d'obtenir 1000 heures dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la région de
Thet-ford ou ailleurs. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'essayer d'apporter un
barème d'heures qui serait régionalisé pour le bassin
A?
M. Harvey (Jonquière): Un instant, je vais regarder pour
la priorité régionale. On l'a vérifiée. Pour
répondre au député de Saint-François, on dit ici
les conditions... la priorité régionale qu'il n'y ait pas de
salarié disponible titulaire d'un certificat A pour le métier ou
l'emploi relatif à la garantie d'emploi que le salarié a obtenu
suivant le paragraphe précédent, ou titulaire d'un certificat
annuel B dans la région et pour le métier ou l'emploi relatif
à la garantie d'emploi que le salarié a obtenu suivant le
paragraphe précédent.
Je réfère ici à la section 3 pour l'embauche et le
placement. On dit ici: L'embauche et le placement des salariés de
l'industrie de la construction doivent se faire à compter du 1er
février 1977, en tenant compte de la qualification et de la
spécialité, s'il y en a, exigées pour remplir l'emploi
disponible, et selon une préférence d'emploi en tenant compte des
critères suivants:
A) Pour les travaux de construction comportant une dépense de $5
millions et plus effectuées dans les régions de Montréal
et de Québec. a)Priorité est d'abord accordée aux
salariés titulaires du certificat annuel A ou d'un certificat
spécial, délivré en vertu de l'article 310 du
présent règlement, et dont l'adresse de domicile indiqué
audit certificat démontre qu'ils demeurent dans la région
où les travaux relatifs à l'emploi offert sont
exécutés. b) Dans le cas où aucun salarié
répondant aux exigences énoncées au paragraphe a) ci-haut
n'est disponible, priorité est alors accordée à tout autre
salarié titulaire d'un certificat annuel A.
En un mot, lorsque la priorité s'applique dans les régions
pour des travaux de $5 millions et plus, l'entrepreneur peut employer des B si
le réservoir du A régional est vide, avant de passer au bassin A
provincial. C'est la priorité régionale qui est donnée
dans le projet de règlement.
M. Pagé: Est-ce qu'il peut épuiser jusqu'au bassin
C?
M. Harvey (Jonquière): Non, pas le bassin C. On me dit
qu'à part des travaux de $5 millions et plus, priorité est
donnée aux trois genres de bassins, A, B et C, dans les régions
avant de se référer au bassin A provincial, à l'exception
de Québec et de Montréal.
M. Pagé: Les régions sont les régions
administratives, M. le ministre, ou si ce sont les seize régions...
M. Harvey (Jonquière): Ce sont les régions
déterminées par l'office de la construction. On en a seize au
Québec. Je pense que, dans le cas de la région administrative de
Québec, la région est actuellement divisée par
sous-régions, le secteur de Charleboix, le secteur de la Beauce. Vous
êtes divisés en sous-régions comme votre appartenance au
Conseil régional de développement. De mémoire, je sais que
Québec est divisé en sous-régions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: J'ai terminé sur ce sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'autres questions sur le
sujet?
Sécurité sur les chantiers de
construction
M. Burns: D'accord! M. le Président, je reviens à
la bulle du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre cela fait
très papal quand on parle de la bulle du 4 novembre dernier, et
je reviens à la structure du discours en question, en particulier dans
le domaine d'une des trois missions: Les relations du travail. Il y avait un
certain nombre de priorités, et j'en étais rendu, la
dernière fois, à la troisième priorité,
c'est-à-dire le besoin de garantir non seulement, au dire même du
ministre, un salaire minimum, mais aussi des conditions générales
de travail qui respectent la personne du salarié et qui lui procurent la
sécurité au travail et la sécurité du travail.
Puisqu'on a parlé, depuis ce matin, de relations du travail dans
le domaine de la construction, j'aimerais, si le ministre est capable de le
faire, qu'il nous dise ce que l'Office de la construction a en particulier fait
relativement à l'article 32 a) de la Loi des relations du travail dans
l'industrie de la construction, c'est-à-dire, et je le cite: "L'office
est chargé de la mise en application de toute disposition
législative ou réglementaire
concernant la sécurité des salariés de la
construction."
Je reviendrai d'ailleurs, un peu plus loin, précisément au
cas de la Commission des accidents du travail, mais, dans le domaine de la
construction, qu'a-t-on réussi à mettre sous la dent de l'Office
de la construction pour qu'il puisse s'occuper de la mise en application des
dispositions législatives ou réglementaires relatives à la
sécurité des travailleurs de la construction?
Je pense que c'est un peu cela que le ministre nous annonçait
dans son discours.
M. Harvey (Jonquière): Comme vous le savez, dans la
loi-cadre sur la sécurité et la santé du travailleur, on a
l'intention, dans cette loi, d'avoir également la loi régissant
la Commission des accidents du travail.
Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre serait le
maître d'oeuvre qui, par délégation spécifique,
chargerait certains ministères ou certains organismes de l'application
d'une partie de cette loi-cadre de la santé et de la
sécurité du travailleur et l'article 32a) dit: "...l'Office est
chargé de la mise en application de toute disposition législative
ou réglementaire concernant la sécurité des
salariés de la construction". Cela serait par délégation
de pouvoirs d'une partie touchant la construction de cette loi-cadre de la
santé et de la sécurité du travailleur, actuellement en
discussion chez nous.
M. Burns: Depuis la création de l'Office de la
construction, c'est-à-dire depuis le bill 47, sauf erreur, le ministre
a-t-il, de façon réglementaire, mis entre les mains de l'Office
de la construction un certain nombre de dispositions pour que cet office voie
à sa mise en application? Je sais bien qu'il n'y a pas de disposition
législative nouvelle...
M. Harvey (Jonquière): II y a eu, depuis le début
de l'office, des inspections qui ont été faites de façon
régulière par ses inspecteurs en sécurité et, en
même temps, le service de l'inspection de notre ministère a fait
également de l'inspection. C'est dans le cadre du travail
effectué par le comité interministériel qui était
présidé par M. Guy Lapointe qu'est venue la décision de
faire une loi-cadre en récupérant de certains ministères
les services d'inspection pour être capable de déléguer
à nouveau par la suite et d'avoir une meilleure coordination pour
éviter que les ministères se succèdent dans un même
chantier ou dans une même usine, pour éviter un chevauchement
d'inspection et favoriser une meilleure coordination pour le respect des
règles de sécurité.
Pour répondre précisément, depuis le début,
il y a eu, dans certains cas, chevauchement et, lorsque l'office recevait des
plaintes, en dehors de son inspection régulière, du travail
régulier de ses inspecteurs, il répondait, par des visites et des
rapports.
M. Burns: J'y reviendrai, si vous le voulez bien, M. le ministre
lorsqu'on parlera plus spécifiquement des accidents de travail. Je
voulais avoir votre point de vue à ce stade-ci.
Autre affirmation du ministre dans son discours du 4 novembre. Ne vous
inquiétez pas, M. le ministre. J'ai l'intention de vous le rappeler
régulièrement d'ici à la fin des remarques
générales et cela m'apparaît comme une façon
très claire de faire un survol de votre façon...
M. Harvey (Jonquière): Vous vous référez
à celui que j'ai prononcé au début...
M. Burns: Le voulez-vous? Je l'ai. M. Harvey (Jonquière):
Non.
M. Burns: J'ai celui du 4 novembre aussi, parce qu'il y a des
modifications dans cela.
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que celui du
début de juin, celui qui date de quelques jours... Quand on regarde
celui du 4 novembre, on voit avec quelle mémoire et quelle
cohérence le ministre se souvient d'avoir prononcé...
M. Burns: On voit qu'il y a des délais qui sont
changés très sérieusement.
M. Harvey (Jonquière): Mais je dis pourquoi. M. Burns:
Oui.
M. Harvey (Jonquière): Je dis pourquoi et je ne suis pas
gêné de le dire parce que, lorsqu'on fait face, qu'on soit
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre ou ministre responsable de n'importe
quelle administration gouvernementale, on s'aperçoit qu'il y a souvent
des contraintes extraministérielles ou interministérielles qui
nous empêchent de réaliser des objectifs aussi rapidement qu'on le
voudrait.
Et quand on regarde cela comme il faut, il y a des fois que c'est chez
nous, faute des fois de ressources ou d'imprévus dans un
ministère aussi polyvalent, aussi technique que le nôtre qu'on a
de la difficulté à rencontrer nos échéanciers.
M. Burns: M. le ministre, vous n'avez pas été
nommé il y a quelques semaines, cela fait quand même plusieurs
mois.
M. Harvey (Jonquière): Ça fait dix mois.
M. Burns: Donc, je me sens tout à fait justifié de
vous rappeler vos affirmations du mois de novembre dernier alors que vous
étiez un néophyte du milieu des relations du travail; vous
l'êtes peut-être encore d'ailleurs, je ne le sais pas, en tout cas
on verra cela au fur et à mesure de l'examen de vos crédits, mais
autour de vous, vous avez des gens qui ne sont pas des néophytes, qui
peuvent vous conseiller et qui peuvent vous donner...
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas fini d'en avoir. Il va
y en avoir d'autres et vous allez voir qu'ils vont avoir du panache.
Conditions de travail
M. Burns: ... de bonnes suggestions. On verra cela.
Une autre de vos affirmations, M. le ministre, que j'aimerais que vous
expliquiez. Car je n'ai pas de question précise, c'est tout simplement
que je ne comprends pas tout à fait ce que vous vouliez dire. Vous nous
dites que la mise à jour continue de conditions générales
de travail en liaison avec l'action de rajeunissement des entreprises relevant
directement ou indirectement du ministère de l'Industrie et du Commerce
et en prenant comme seuil le régime de sécurité sociale...
Vous nous dites que c'est une de vos préliminaires à une
véritable politique de relations du travail. Cela ne m'apparaît
pas tellement clair comme affirmation.
J'aimerais bien que vous me disiez ce que vous entendez par là,
ce que vous envisagez, entre autres, comme mesures concrètes, en vue de
ce rajeunissement des entreprises relevant directement ou indirectement du
ministère de l'Industrie et du Commerce et en prenant comme seuil le
régime de sécurité sociale.
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que le
législateur n'a jamais voulu, j'en suis sûr, ni les ministres du
Travail qui se sont succédés et qui ont été
responsables de la loi et de la Commission du salaire minimum, que cette loi
soit basée uniquement sur l'aide sociale, à la remorque de l'aide
sociale. Lorsqu'on parle d'une mise à jour continue des conditions
générales de travail en liaison avec l'action de rajeunissement
des entreprises relevant directement ou indirectement du ministère de
l'Industrie et du Commerce, on a à l'esprit des genres d'entreprises qui
ont encore le salaire minimum et on ne voudrait pas qu'il soit basé
uniquement à la remorque de l'aide sociale. Alors, c'est le terme qu'on
a employé.
M. Burns: Dans le texte que je vous ai cité, vous faites
référence, à toutes fins pratiques, encore une fois, au
salaire minimum.
M. Harvey (Jonquière): Comme seuil.
M. Burns: Comme seuil. Mais est-ce que le seuil que vous semblez
mettre en doute, c'est le seuil du régime de sécurité
sociale?
M. Harvey (Jonquière): On ne met rien en doute.
M. Burns: Non, mais comme... C'est cela que je veux essayer de
préciser avec vous, M. le ministre. Est-ce qu'on parle, dans cette
partie de votre exposé, de revenu minimum ou de salaire minimum en
relation avec les barèmes de sécurité sociale?
M. Harvey (Jonquière): Au moment où j'ai
prononcé ce discours j'ai devant moi le texte si vous
voulez...
M. Burns: C'est à la page 5.
M. Harvey (Jonquière): C'est au début de la page 5,
mais on va prendre le contexte. La nécessité de donner un souffle
nouveau et positif à la Loi du salaire minimum de façon qu'elle
puisse protéger efficacement tous les salariés d'une part et,
d'autre part, que tout chef d'entreprise puisse connaître, d'une
façon claire et précise, l'ensemble de ses obligations
principales à l'égard de ses salariés et les
salariés et les employeurs doivent connaître la procédure
suivie pour établir progressivement les conditions
générales de travail applicables à tous.
Je parlais de conditions générales de travail applicables
à tous, le besoin de garantir non seulement un salaire minimum, mais
aussi des conditions générales de travail qui respectent la
personne du salarié et qui lui procurent et la sécurité au
travail et la sécurité du travail, la mise à jour continue
de conditions générales de travail en liaison avec l'action de
rajeunissement des entreprises relevant directement ou indirectement du
ministère de l'Industrie et du Commerce et en prenant comme seuil le
régime de sécurité sociale. La référence au
régime de sécurité...
M. Burns: Je voudrais que vous m'expliquiez, parce qu'il y a
toute une philosophie derrière ça. C'est une philosophie qui va
nécessairement imprégner les diverses positions qui seront prises
peut-être dans les mois ou les années à venir relativement
à la fixation du salaire minimum, si je vous comprends bien. C'est dans
ce sens que je vous dis que j'aimerais que vous m'expliquiez, entre autres, ce
paragraphe, quelle est la base idéologique qui vous fait dire que la
mise à jour continue de ces conditions de travail se fera par un
rajeunissement, d'une part, des entreprises relevant directement ou
indirectement du ministère de l'Industrie et du Commerce et en prenant
comme seuil le régime de sécurité sociale.
Est-ce que vous voulez dire, entre autres, justement quant à la
dernière partie, que le salaire minimum devra, à l'avenir,
être fixé au seuil de ce qu'on considère être les
barèmes de sécurité sociale? Est-ce que c'est ça
que vous voulez dire? Parce qu'il y a deux thèses qui s'affrontent
là-dessus. Il y en a qui disent: II ne faut pas que le salaire minimum
soit trop près de la sécurité sociale, parce que les gens
vont se forcer pour être des bénéficiaires de l'aide
sociale, il y a cette thèse. Il y en a une autre qui dit: II ne faut pas
non plus que le salaire s'éloigne trop.
M. Harvey (Jonquière): La mention est dans le but de
conserver toujours, et dans le taux du salaire minimum et dans les conditions
générales de travail garanti qui y seront introduites, de garder,
dis-je, cette philosophie de l'incitation au travail et non uniquement coller
ou encore à la remorque de l'aide sociale ou de la
sécurité sociale.
M. Burns: Mais quand vous dites, "en prenant comme seuil le
régime de sécurité sociale, est-ce que ça ne veut
pas dire de toute façon que le salaire minimum sera toujours très
très proche des barèmes de sécurité sociale? Un peu
comme votre prédécesseur le défendait d'ailleurs?
M. Harvey (Jonquière): Cela ne veut pas
nécessairement dire cela, parce que c'est une des recommandations du
rapport Castonguay d'avoir à l'esprit, comme seuil, le régime de
sécurité sociale pour éviter de le garder à la
remorque de l'aide sociale ou de la sécurité sociale mais bien y
donner cette incitation, cette philosophie d'incitation au travail.
M. Burns: Ce qui veut dire que, dans le fond, votre affirmation
est que le salaire minimum ne doit pas être plus bas que les
barèmes de bien-être social.
M. Harvey (Jonquière): Bien sûr. M. Burns:
Pour ça, on se comprend. M. Harvey (Jonquière): Bien
sûr.
M. Burns: Est-ce que, quand vous parlez du seuil, prenant comme
seuil le régime de sécurité sociale, ça veut dire
en haut nécessairement, selon votre affirmation?
M. Harvey (Jonquière): C'est cela que ça veut
dire.
M. Burns: Cela veut dire en haut comment?
M. Harvey (Jonquière): Cela dépend de tout ce qu'on
va retrouver... cela dépend du mécanisme qu'on va mettre en
marche pour pouvoir le faire bouger automatiquement, et également du
nombre de conditions générales de travail garanti qui vont
être introduites, conditions à incidence, certainement, lorsqu'on
peut les qualifier, ou à caractère pécuniaire.
Il y a plusieurs choix. Il y a celui que nous donnons
présentement, et je l'expliquais dans ce qui a déterminé
la dernière augmentation qui nous séparait d'une
avant-dernière qui avait été au mois de novembre et
où on avait choisi la conservation du pouvoir d'achat entre la
région de Montréal et l'indice des prix au Canada.
En novembre, c'était $2.82 pour le Canada, $2.78 pour
Montréal et le salaire minimum avait été établi
à $2.80.
Il y a quelques jours, lorsqu'on a annoncé une augmentation de
$0.07, à $2.87, nous avons suivi le maintien du pouvoir d'achat des
assujettis, en fonction de l'indice des prix à la consommation au
Canada, parce que Montréal aurait donné $2.83 au lieu de $2.87,
statistiques à l'appui.
Maintenant, il y a d'autres formules. Est-ce que ce sera et c'est
ce que nous sommes en train de compléter dans le projet de loi,
l'ensemble des augmentations obtenues par les conventions collectives? Il y a
plusieurs alternatives et je ne suis pas en mesure de me prononcer alors qu'on
n'a pas complété, d'abord, le genre de mécanisme que nous
retiendrons et, également, quels seront les critères qui nous
amèneront à déterminer le besoin de garantir un salaire
minimum convenable et, en même temps, des conditions
générales de travail qui respectent le salarié et, en
même temps, ce qui se passe dans l'industrie, soit au Québec, soit
au Canada.
M. Burns: Quand vous parlez de conditions générales
de travail, est-ce que vous êtes en mesure de préciser ce dont il
s'agit dans votre esprit ou si vous n'avez pas, comme telles, de
précisions actuellement?
M. Harvey (Jonquière): J'en ai donné quelques
exemples. On pourra en déterminer d'autres au fur et à mesure des
années qui viendront, par l'analyse des conventions collectives
déposées chez nous.
Dans mon discours, à l'ouverture de l'étude des
crédits, d'une certaine manière, ce projet proposé
consistera à conférer aux salariés un ensemble de mesures
de protection minimale couvrant les principaux points suivants:
Un salaire minimum mis à jour d'une façon progressive et
adapté à la conjoncture socio-économique.
Des congés hebdomadaires et annuels, des jours
fériés et garantis.
Le droit au congé de maternité.
Le droit en priorité des accidentés du travail, de retour
au travail.
Les préavis de mise en congé.
Les attestations d'expérience professionnelle.
Il est bien sûr qu'à l'analyse des conventions collectives
déposées au ministère, chaque année, on pourra,
avec le mécanisme introduit, déterminer de nouvelles conditions
générales de travail à être introduites de nouveau,
réintroduites, dans cette loi du salaire minimum.
M. Burns: Une chose que je n'ai pas entendu
énumérer dans ce que vous venez de dire, est-ce qu'entre autres
choses, vous envisagez le droit à une forme je vous dis à
une forme de grief pour les employés non syndiqués, lors
d'un congédiement?
Ou encore, je pourrais vous demander: Est-ce que vous envisagez...
M. Harvey (Jonquière): Actuellement, cette question fait
l'objet d'une étude. On s'interroge présentement. La
décision n'est pas arrêtée.
M. Burns: Est-ce qu'on s'interroge également sur la
reconnaissance légale du droit à l'ancienneté? Encore une
fois, peu importe qu'il y ait syn-dicalisation ou non dans le milieu.
M. Harvey (Jonquière): La réponse est non, pas dans
les conditions minimales...
M. Burns: Cela ne figure pas dans ces
problèmes-là?
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Est-ce qu'il y en a d'autres que vous n'avez pas
mentionnés dans votre énumération, qui figurent dans votre
législation actuelle?
M. Harvey (Jonquière): Pour le moment, je ne pense pas
qu'il y en ait d'autres. Un instant, je vais m'informer. Je ne pense pas qu'il
y en ait d'autres. Non, il n'y en a pas d'autres pour le moment.
M. Burns: Alors, quatre observations parce que, dans la
première mission, on parlait des quatre observations
préliminaires semblent être, à toutes fins pratiques,
une ouverture très sérieuse que le ministre donnait à ce
qu'il appelle, dans son texte du 4 novembre, un nouveau contrat social. Je cite
tout simplement: "Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre se
propose de mettre sur pied, au cours de la prochaine annéeje vous
rappelle que c'était au mois de novembre les instruments
nécessaires à l'instauration d'un nouveau régime de
travail. Ce nouveau contrat social reposerait sur les coordonnées
générales suivantes." J'y reviendrai par la suite.
Est-ce que le projet de loi que le ministre nous propose de nous
apporter à l'automne va faire de lui un nouveau Jean-Jacques Rousseau ou
quelque chose comme cela?
M. Harvey (Jonquière): Non. je n'ai jamais eu la
prétention de vouloir devenir un nouveau...
M. Burns: Quand on parle d'un nouveau contrat social,
évidemment, tout de suite, je suis porté à penser à
Jean-Jacques Rousseau.
M. Harvey (Jonquière): Quand on regarde, actuellement, sur
le continent nord-américain, puisque nous sommes toujours des
Nord-Américains, les législations...
M. Burns: II n'y a pas grand-chance que cela change non plus, peu
importe le régime politique.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais quand on regarde les lois
concernant le salaire minimum, si on introduit les conditions minimales
garanties dont j'ai donné teneur il y a quelques instants et le 4
novembre à Montréal et à l'occasion du début de
l'étude de mes crédits, je pense qu'à ce moment, on peut
qualifier cela c'est peut-être un grand terme d'un nouveau
contrat social, parce que c'est toujours par rapport à l'instauration
d'un nouveau régime de travail.
Je pense que le député de Maisonneuve sera d'accord avec
moi qu'à ce moment, il y a des journalistes, des chroniqueurs qui sont
spécialistes des problèmes des relations du travail dans le
Québec qui ont tenu pour acquis, lors de mon allocution du 4 novembre,
une espèce de compétiton avec les centrales syndicales, alors que
j'ai clairement indiqué, au début de mes propos, que les
conditions qui seront régies par la voie des conventions collectives...
Naturellement, la loi va avoir effet seulement lorsqu'une convention collective
ne mentionnera pas ces conditions de travail minimales et garanties.
M. Burns: Est-ce que cela a des chances de s'appliquer d'ici la
fin de cette année-ci, c'est-à- dire dans les six mois ou
à peu près qui restent pour la terminer?
M. Harvey (Jonquière): On va certainement, pour le
début de la deuxième partie de la session, être en mesure
d'étudier la loi, en priorité, afin qu'elle soit appliquée
dès qu'elle sera sanctionnée.
M. Burns: Vous me garantissez alors que ces conditions
générales de travail minimales vont être discutées
par l'intermédiaire des projets de loi appropriés d'ici la fin de
décembre 1976.
M. Harvey (Jonquière): D'ici la fin de décembre.
Quant à son application, tout dépendra du mécanisme dans
lequel... J'ai toujours dit que le temps requis pour pouvoir planifier, du
côté des employeurs, le coût et également le rythme
et le mécanisme qui vont faire bouger le taux du salaire minimum soient
rendus publics dans une période de temps raisonnable pour ceux qui
seront appelés à payer également la note du salaire
minimum et également les nouvelles conditions minimales garanties qui
sont quantifiables, donc identifiables à de l'argent.
M. Burns: II y aura sûrement un projet de loi à
caractère global...
M. Harvey (Jonquière): D'ici la fin de l'année
1976.
M. Burns: ... d'ici la fin de l'année 1976 qui sera non
seulement déposé, mais discuté à l'Assemblée
nationale.
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Quitte à ce que certaines mesures puissent
être remises dans leur application par la suite.
M. Harvey (Jonquière): Oui. D'ailleurs, le premier
ministre nous a demandé, si on avait le moindre doute d'être dans
l'impossibilité de légiférer durant la session 1976
il ne parlait pas de la première ou de la deuxième partie
de le lui dire, afin que cette législation ne soit pas identifiée
dans le discours inaugural. Elle l'a été.
M. Burns: Bon, pour préciser ou tenter de préciser
cela, le ministre, je citais son texte tout à l'heure, nous disait que
ce nouveau contrat social je prends sa parole là-dessus et je
l'inscris immédiatement à côté de Jean-Jacques
Rousseau et des autres reposerait sur les coordonnées
générales suivantes: La première de ces coordonnées
était la population visée par le nouveau régime. Le
ministre disait: Tous les salariés oeuvrant à ce titre au
Québec doivent bénéficier des conditions
générales de travail garanti. Chaque fois qu'une personne est de
fait placée dans une relation de travail, c'est-à-dire qu'elle
travaille pour le compte d'autrui, moyennant salaire, elle aurait le
statut de salarié ou de salarié assimilé, et alors,
le nouveau régime de travail s'appliquerait. Il n'y aurait pas
d'exception générale basée sur le secteur
d'activité, sur la nature de l'entreprise, sur la nature du travail ou
sur les conditions personnelles des travailleurs. J'aimerais que le ministre
élabore sur les mesures qu'il entend mettre de l'avant en vue de
réaliser cette promesse ou encore de garantir vraiment les conditions de
travail promises. Dans ce texte qui est très dense, soit dit en passant,
je félicite le ministre, si c'est lui qui l'a écrit, ou encore je
félicite celui qui l'a écrit, si ce n'est pas le ministre, je
pense qu'il y a, comme on dit, beaucoup de stock, si vous me passez
l'expression, et j'aimerais savoir ce que le ministre envisage comme mesures
concrètes.
M. Harvey (Jonquière): Je m'aperçois que le
député de Maisonneuve est prudent. Vous avez d'excellents
recherchistes et vous n'oubliez pas qu'en félicitant mes collaborateurs,
vous félicitez les vôtres qui...
M. Burns: C'est évident.
M. Harvey (Jonquière): ... servent si bien vos partenaires
et vous-même à l'occasion.
M. Burns: C'est bien évident. On est aussi humble que
cela, M. le ministre. On est capable de reconnaître qu'on a besoin
d'aide, si petit ou si grand soit-on, peu importe.
M. Harvey (Jonquière): Dans mon allocution du 4 novembre,
ce que vient de citer le député de Maisonneuve était en
relation directe avec les recommandations, la proposition 150 du rapport
Castonguay. On me dit que la recommandation du comité Castonguay est
encore beaucoup plus restrictive que ce dont j'ai parlé le 4 novembre et
également lors du début de l'étude de mes crédits.
A notre article 150, comme projet, on avait "Des salariés et des
employeurs peuvent, en raison des conditions spéciales ou
particulières d'exercice de leur activité professionnelle,
être soustraits en tout ou en partie pour un temps
déterminé et aux conditions énoncées de
l'application des conditions générales de travail. Ces
dispositions d'exception sont arrêtées par règlement".
Naturellement, on avait à l'esprit certaines catégories, comme
les domestiques de maison, certains secteurs. C'est dans le cadre de ce que
j'ai mentionné, par secteur, que se fait actuellement l'étude
pour être en mesure de couvrir le plus grand nombre possible et avoir le
moins d'exceptions générales basées sur les secteurs
d'activité.
M. Burns: Vous allez plus loin que cela dans votre texte. C'est
pour cela que je vous dis que, maintenant, vous nous diluez votre
pensée. Je ne voudrais pas, M. le ministre, qu'avec l'enthousiasme d'un
nouveau ministre du Travail devant le Conseil du patronat le 4 novembre 1975,
vous veniez nous dire maintenant que le plus de syndiqués possible...
alors vous nous disiez: Tous les salariés oeuvrant à ce titre au
Québec... Cela vise tout le monde.
Je voudrais savoir justement quelles mesures concrètes vous
entendez préconiser pour que, d'une part, ces mesures soient mises en
application pour la population visée au grand complet par ce nouveau
régime, et, d'autre part, comment, pratiquement, vous allez le faire, y
compris pour les domestiques, les commis d'épicerie, etc.
Remarquez que je ne m'oppose pas à ce louable objectif, mais je
veux savoir, dans le concret, ce que vous envisagez actuellement comme
méthode, comme mesures précises en vue d'en arriver à
cette promesse d'un nouveau contrat social.
M. Harvey (Jonquière): On dit: Cela devrait s'appliquer
à tout le monde, mais s'il y a des secteurs où cela ne devrait
pas s'appliquer, les secteurs qu'on peut identifier immédiatement sont
les salariés à titre de travailleurs agricoles, de travailleurs
à domicile, de domestiques de maison, de travailleurs pour un contrat de
service, d'artisans, de chauffeurs de camion ou de voiture taxi, de
représentants de commerce, de vendeurs à commission et, enfin,
les salariés recevant les pourboires, les jeunes également et
d'autres cas semblables.
On dit que ça devra être déterminé par
règlement. Mais, au départ, on n'est pas arrêté sur
les secteurs, mais il y en a d'identifiés où c'est vraiment
impossible de dire: Les nouvelles conditions s'appliquent de façon
générale à tout le monde.
M. Burns: Oui, mais déjà, vous avez une
catégorie ou même plusieurs catégories d'exceptions. C'est
donc dire que ce n'était pas exact quand vous disiez que tous les
salariés oeuvrant à ce titre au Québec doivent
bénéficier des conditions générales de travail
garanti. Chaque fois qu'une personne est, de fait, placée dans une
relation de travail, c'est-à-dire qu'elle travaille pour le compte
d'autrui, moyennant salaire, c'est-à-dire que vous avez la relation de
subordination avec le lien pécuniaire qui est causé par le
salaire.
M. Harvey (Jonquière): Notre raisonnement est le suivant.
C'est celui que j'avais à l'esprit, que j'ai toujours eu à
l'esprit et que j'ai encore à l'esprit: ça devrait s'appliquer
à tout le monde, mais s'il devait y avoir règlement d'exemption,
on ne devrait pas déborder ce qu'on identifie comme secteur où il
y aurait exemption.
M. Burns: Oui, mais déjà, vous les
déterminez, les secteurs où il y a exemption. Vous m'avez
parlé des domestiques...
M. Harvey (Jonquière): Où il pourrait y avoir
exemption.
M. Burns: Mais déjà, c'est un secteur qui, tant par
l'accréditation dans le passé pour les travailleurs agricoles
c'est changé depuis quelques années mais, en tout
cas, de mémoire d'homme, depuis qu'il y a une Loi des relations du
travail au
Québec et, par la suite, le Code du travail, il y a toujours eu
un phénomène exceptionnel pour les travailleurs agricoles.
J'ai même vu, dans le passé, des hôpitaux, je pense
que le sous-ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre actuel a pu le constater
lorsqu'il exerçait d'autres fonctions, qui se pourfendaient du fait que
leurs travailleurs, qui étaient des employés réguliers de
l'hôpital... je peux même nommer l'hôpital, il s'agit de
l'hôpital Sacré-Coeur, à Montréal. Cet hôpital
a tenté de nous vendre l'idée, devant la Commission des relations
de travail du temps, qu'il y avait certains de leurs employés qui
étaient des travailleurs agricoles, parce qu'ils s'occupaient des
pelouses et des jardins à l'arrière de l'hôpital.
Ecoutez! On en a fini de cette distinction de travailleurs agricoles. Je
me rappelle des... En tout cas, je ne veux pas nommer trop de parties qui ont
été mêlées à ça, mais je me rappelle
que ces exceptions donnaient ouverture à des abus qui sont, disons-le
carrément, antisyndicaux, qui visaient à restreindre la
portée de l'unité syndicale.
Là, on ne parle plus d'unité syndicale. On parle de
conditions minimales garanties. On parle d'élargissements à
l'ensemble des travailleurs québécois qui sont des
salariés. Bon!
Est-ce que le ministre veut dire des salariés au sens du Code du
travail actuel? Si oui, ce qu'il a annoncé, à la page 6 de son
discours du 4 novembre, ne veut plus rien dire, parce qu'il ne fait que
confirmer, à toutes fins pratiques...
M. Harvey (Jonquière): Je m'excuse, M. le
Président, à la page 4 de "Travail Québec " où mon
discours est reproduit...
M. Burns: Moi, je n'ai pas le... Je ne sais pas
directement...
M. Harvey (Jonquière): Suivez votre texte. Vous allez voir
que c'est le même.
M. Burns: Bien oui.
M. Harvey (Jonquière): La population visée par ce
nouveau régime; tous les salariés oeuvrant à ce titre au
Québec doivent bénéficier des conditions
générales de travail garanti. Chaque fois qu'une personne...
M. Burns: Je viens de citer, exactement, ce texte. C'est ce que
je viens de vous citer.
M. Harvey (Jonquière): ... est placée dans une
relation de travail, c'est-à-dire qu'elle travaille pour le compte
d'autrui, moyennant salaire, elle a le statut de salarié ou de
salarié assimilé et alors le nouveau régime
s'appliquerait. Il n'y aurait pas d'exemptions générales
basées sur le secteur d'activités. Il n'y aurait pas d'exemptions
générales sur la nature de l'entreprise.
M. Burns: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): II n'y aurait pas d'exemptions
générales sur la nature du travail ou d'exemptions
générales sur les conditions personnelles des travailleurs. Donc,
je n'ai rien à retirer de ce que j'ai dit. J'ai dit: Règle
générale, c'est à tout le monde. S'il y a règlement
d'exception, il n'y a pas d'autres champs d'activités que ceux qui sont
dans notre esprit après les études appropriées
possibles.
J'ai donné un exemple où il a été possible
lors de la dernière augmentation du salaire minimum, d'obliger ceux qui
étaient les employeurs vis-à-vis des assujettis à
rejoindre l'ordonnance générale, l'ordonnance no 4. Cela a
été le cas des opérations forestières et des
travaux publics où, historiquement, les travaux publics étaient
en haut, mais en raison du rattrapage, ils étaient en bas
maintenant.
Dans le domaine de l'ordonnance no 14, après un étude
appropriée, ce n'est que progressivement qu'on peut le faire, que la
commission peut le faire, en raison de la décision prise parce qu'en
raison de ce qui s'est passé et de l'étude, que nous avons devant
nous, il y aurait de nombreux problèmes dans certaines régions,
le taux variant entre $0.50 et $0.60 au moment où on se parle, mais de
façon progressive, ils vont rejoindre l'ordonnance no 4.
Pour avoir une idée précise de ces secteurs, il faut
terminer nos études qui sont actuellement en cours et en train de se
terminer.
M. Burns: Quand vous nous laissez entendre déjà
qu'il y aurait une possibilité d'exclure les travailleurs agricoles,
n'est-ce pas là une exception générale basée sur le
secteur d'activités lorsque possiblement, vous nous dites qu'il pourrait
y avoir une exception concernant les chauffeurs de taxi? N'est-ce pas là
une exception qui est basée sur la nature de l'entreprise?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas cela que j'ai dit.
J'ai dit... des salariés des employeurs peuvent en raison de conditions
spéciales ou particulières... Il faut qu'il y ait des raisons ou
des conditions spéciales et particulières, et non
générales.
M. Burns: Si je vous je m'excuse de l'expression
talonne sur cette affirmation de votre part, c'est parce que je suis tellement
d'accord sur cela. Croyez-le ou non, mais ce que je crains est que, maintenant,
vous commenciez, pour des raisons que je n'ai pas à discuter ici, ni
quoi que ce soit, surtout que je ne ferais que de l'interprétation,
à subir des pressions pour faire des exclusions et, dans toutes les lois
à caractère social dans le passé, on a vu le gouvernement
dont vous faites partie... Je vous mets en garde contre votre gouvernement.
Chaque fois qu'on a eu des mesures à caractère social, on
est arrivé avec des grands projets qui, lors de leur annonce, faisaient
l'objet d'une acceptation d'emblée de la part de l'Opposition et
je pense de toutes les Oppositions mais, à un certain moment,
quand on en
venait à coucher sur papier le texte législatif, on se
retrouvait avec des choses absolument bizarres.
Je n'ai qu'à vous citer comme exemple les efforts je l'ai
dit, je n'ai donc pas de crainte à le répéter même
si, maintenant, il n'est plus ministre et qu'il n'est plus membre du Parti
libéral que le député d'Outremont a faits pour
maintenir un certain nombre de conditions dans sa Loi d'aide juridique ou
encore dans la Loi des petites créances, mais j'ai vu le
député d'Outremont, cependant, être obligé de
reculer carrément et clairement en matière de régie des
loyers lorsqu'il a exclu les nouveaux logements bâtis depuis moins de
cinq ans et en état d'habitabilité depuis moins de cinq ans. J'ai
vu cela, moi.
Imaginez-vous que je suis méfiant quand je vois un ministre,
surtout un nouveau ministre, tout feu tout flamme qui dit: Ça y est.
L'autre a manqué son coup. Moi, je vais faire une belle "job"
là-dedans. Moi, je vais faire quelque chose de bien et là, on
réunit tout notre "brain trust" autour de nous et on sort des textes du
style de celui-là, que déjà, au niveau des crédits,
on se met à diluer en disant: II y a des secteurs d'activités
peut-être... Peut -être... On ne le souhaite pas, mais
peut-être qu'on va exclure.
Imaginez-vous, si vous me le dites au niveau des crédits, si,
à un moment donné, la loi ou la législation globale va
être présentée et si, à un moment donné, vous
ne serez pas l'objet d'un lobby extraordinaire, entre autres des producteurs
agricoles., entre autres... de tout ce que vous voudrez.
M. Harvey (Jonquière): Mais le député de
Maisonneuve admettra avec moi que quand on veut légiférer et
qu'on ne prend pas la précaution de bien bâtir le dossier sur les
coûts possibles ou, ce qui peut arriver, les avantages et les
inconvénients, pour être capable de les faire évaluer par
ceux qui doivent donner un accord, à ce moment-là, on n'a pas un
dossier complet.
M. Burns: C'est-à-dire que vous n'aviez pas un dossier
complet quand vous avez prononcé cette conférence devant le
Conseil du patronat?
M. Harvey (Jonquière): Non, parce que j'ai clairement dit
que, dans quelques semaines, commencerait l'étude de l'ensemble des
conventions collectives déposées au ministère, et
l'équipe s'est mise au travail et n'a pas perdu une seule minute dans
l'échéancier. Nous sommes à peu près à
quelques semaines près de l'échéancier qu'on
s'était tracé pour ce projet de loi. Ce que je veux dire, c'est
ceci. Prenez le salaire minimum. J'ai certains de mes collègues
députés et même ministres du cabinet qui sont
portés, lorsqu'on prend le taux de $2.87, à demander si on est
encore les plus hauts? Mais ce n'est pas ainsi que se compare un taux de
salaire minimum avec les autres provinces, parce qu'on n'a pas les mêmes
bassins de population assujettis au salaire minimum. On n'a pas la même
structure au Québec chez ceux qui y sont assujettis. Alors, quand vous
avez un excellent dossier et que vous êtes en mesure de prouver que ces
conditions minimales de travail vont faire en sorte de redonner une motivation
au travailleur qui y est assujetti, cela n'empêchera pas également
ce groupe, s'il le veut, d'accéder à une syndicalisation normale,
puisqu'il ne l'a pas été au cours des dernières
années, pour toutes sortes de motifs...
M. Burns: Attention, M. le ministre. Ne nous mêlons
pas.
M. Harvey (Jonquière): Non, je ne veux blâmer
personne.
M. Burns: Non, mais il ne faudrait pas se fourvoyer non plus. Je
n'ai pas compris que votre texte voulait dire que vous parliez de
syndicalisation dans tout le Québec. Vous parliez de conditions
minimales de travail pour justement la catégorie de personnes, soit dit
en passant, qui se situe autour de 71% actuellement au Québec, que ne
représente pas un organisme syndical, une association syndicale.
M. Harvey (Jonquière): C'est moins que cela, c'est autour
de 60%, C'est 42%...
M. Burns: Pardon?
M. Harvey (Jonquière): C'est autour de 60% des
travailleurs qui ne sont pas syndiqués. C'est 38...
M. Burns: Combien?
M. Harvey (Jonquière): On me dit 38% de syndiqués.
Alors, c'est 62% qui ne le sont pas.
M. Burns: C'est nouveau.
M. Harvey (Jonquière): Non, ce n'est pas nouveau.
M. Burns: C'est très nouveau.
M. Harvey (Jonquière): Non, ce n'est pas nouveau, c'est
officiel.
M. Burns: Ah oui! Au Québec?
M. Harvey (Jonquière): Oui, au Québec.
M. Burns: Depuis quand cela?
M. Harvey (Jonquière): 38%. C'était l'an
dernier.
M. Burns: C'était cela l'année dernière.
C'est bien bizarre. Je n'ai pas cette impression. Est-ce que vous pouvez nous
donner la base des chiffres sur lesquels vous vous appuyez pour cela?
M. Harvey (Jonquière): On vous les fournira. C'est 38% de
syndiqués, contre 62%... Il y a une balance de 62%.
M. Burns: Comment en êtes-vous arrivés à ces
chiffres, par quelles statistiques?
M. Harvey (Jonquière): A partir des statistiques fournies
par notre service d'accréditation et en soustrayant le nombre de
travailleurs disponibles au Québec.
M. Burns: Et, là-dedans, vous avez inclus, fort
naturellement, l'usine ABCD Inc., qui obtient une incorporation et vous avez 60
travailleurs dans l'usine et 22 personnes qui sont des cadres exclus de
l'unité de négociation ou encore des employés de bureau,
et vous comptez...
M. Harvey (Jonquière): Tous ceux qui sont assujettis
à la loi.
M. Burns: Laissez-moi terminer ma question, vous allez pouvoir
mieux me répondre. Je vous donne un exemple. Est-ce que vous voulez dire
que lorsque vous faites vos statistiques, vous prenez l'usine ABCD Inc, comme
je le disais tout à l'heure, et que vous dites: C'est une unité
syndicale ou une entreprise qui regroupe 100 personnes, il y a 25 cadres, 75
personnes régies par l'unité de négociation; vous dites
donc: 100 personnes régies par un syndicat ou syndiquées. C'est
comme cela que vous arrivez à vos conclusions? C'est très facile
d'en arriver à cette... Parce qu'on demande toujours, vous le savez, au
moment de la demande d'accréditation, quel est le nombre
d'employés, et c'est au cours du processus d'accréditation qu'on
se trouve à exclure la secrétaire du directeur du personnel plus
les cadres, plus je-ne-sais-qui de sorte que vous vous retrouvez avec 25
personnes qui ne sont pas syndiquées.
Je vous parle de personnes non syndiquées actuellement au
Québec, je vous parle...
M. Harvey (Jonquière): 62.
M. Burns: ... de gens qui n'ont pas la possibilité
d'être représentés par une association syndicale. Vous
maintenez qu'il s'agit là de 62%...
M. Harvey (Jonquière): Je vous fournirai les chiffres, 62,
38.
M. Burns: 62, 38 personnes.
M. Harvey (Jonquière): 62%.
M. Burns: Pour cent, c'est-à-dire.
M. Harvey (Jonquière): 38% syndiqués. Et 62%
comprendraient les cadres dont vous dites qu'ils ne sont pas
syndiqués.
M. Burns: Cela comprendrait les cadres.
M. Harvey (Jonquière): C'est à vérifier, on
vous fournira...
M. Burns: Cela comprendrait les personnes exclues des
unités syndicales. D'accord. J'aimerais bien que vous me donniez ces
chiffres et que vous les appuyiez par des recherches que vous avez faites
à cet effet.
M. Harvey (Jonquière): On vous les fournira.
M. Burns: D'accord, parce que là, ce serait vraiment
quelque chose de nouveau. Cela me permettra de vous parler avec davantage de
conviction du projet de loi que j'ai présenté à
l'Assemblée nationale et contre lequel vous avez voté
relativement à la formule Rand qui devrait être appliquée
à l'ensemble des travailleurs. Cela me permettra également de
vous parler avec davantage de conviction...
M. Harvey (Jonquière): Au moment où vous l'avez
présenté, je n'étais pas là. C'est une des rares
journées où j'ai manqué en Chambre, j'étais
à Montréal.
M. Burns: Est-ce quevous avez l'intention de voter pour
maintenant que vous êtes là?
M. Harvey (Jonquière): Vous avez passé la
première lecture?
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Attendons, on verra.
M. Burns: Bon. J'avais bien raison cet après-midi quand je
répondais au député de Saint-François qu'on va
étudier, c'est une réponse de ministre, ça.
M. Harvey (Jonquière): Je copie le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Je ne copie pas, je faisais...
M. Harvey (Jonquière): Vous avez eu une question du
député de Saint-François et vous avez parti un
comité d'études.
M. Burns: Ah oui, j'ai dit que j'étudierais.
M. Harvey (Jonquière): Cela ne serait pas drôle d'en
avoir...
M. Burns: J'étudierais, j'étudierais. Sauf que ce
n'est pas moi qui exerce la responsabilité ministérielle,
malheureusement pour l'ensemble des Québécois.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que c'est la vraie formule
Rand, celle que Rand avait pondue, le juge Rand, que vous avez à
l'esprit, ou si c'est...
M. Burns: C'est la formule Rand qui est en cours
actuellement.
M. Harvey (Jonquière): Depuis quelques années.
M. Burns: ... qui s'applique actuellement dans les conventions de
travail.
M. Harvey (Jonquière): Qu'on appelle Rand.
M. Burns: Qui a pris le nom de Rand et qui, tecnniquement,
s'appelle Rand; cela pourrait s'appeler la formule Harvey et cela serait
pareil. Je veux dire sauf que...
M. Harvey (Jonquière): II y a une différence que
vous admettrez avec moi...
M. Burns: Sûrement.
M. Harvey (Jonquière): ... avec celle que
préconisait Rand...
M. Burns: On n'est pas pour remonter à 1946, à
l'époque où, dans la majeure partie des cas où ce type de
problème était discuté, on n'avait pas les méthodes
précises d'accréditation que nous avons actuellement, on n'avait
pas la réglementation du droit de grève en période de
convention collective de façon aussi généralisée
qu'on l'a actuellement; il y a une série de facteurs. Le ministre ne me
demandera pas de lui faire un cours d'histoire; je suis convaincu que, depuis
qu'il est ministre du Travail, il a appris quel était le contexte de la
formule Rand du temps; c'était à cause des grèves
répétées qui arrivaient à la compagnie Ford, entre
autres, mais il y avait d'autres endroits où il s'en faisait. A ce
moment-là, les griefs se réglaient comme ça, par un
arrêt de travail. Il y a encore des endroits au Québec, croyez-le
ou non, où ça se règle encore comme ça.
En tout cas, on en fait état moins publiquement, mais ça
se passe encore comme ça à certains endroits. En tout cas, tout
ça, M. le ministre, pour vous demander... Je ne veux pas empêcher
mes autres collègues de poser des questions. Selon le programme que je
m'étais fixé, je suis bien prêt à suspendre si le
député de Beauce-Sud a des questions.
M. Roy: Non, j'ai eu des questions un bout de temps, le
député de Maisonneuve s'est reposé; c'est mon tour.
M. Burns: Au fait, M. le ministre, est-ce que vous avez
l'intention arrêtée de siéger jusqu'à ce que la
commission décide d'ajourner ses travaux?
M. Harvey (Jonquière): Jusqu'à 11 heures, au cas
où vous décideriez de prendre le gros cahier des crédits
où on demande $52 millions pour nos trois missions.
M. Burns: On y viendra à ça.
M. Harvey: Cela pourrait bien aller.
M. Burns: On y viendra. De toute façon, jusqu'à
maintenant, vous n'avez pas de problème.
M. Harvey (Jonquière): Non, non.
M. Burns: Cela se vote...
M. Harvey (Jonquière): A part cela, ça va bien.
M. Burns: ... par quart, etc. Il y a une deuxième loi des
subsides qui s'en vient, vous le savez, qui va vous donner un deuxième
quart de vos crédits. Il n'y a pas d'inquiétude, le
ministère du Travail va pouvoir continuer de fonctionner pendant encore
trois mois.
En somme, en résumé, sur cet élargissement des
conditions générales de travail qui, d'une part, semble inclure
un certain nombre de choses qu'on retrouve dans des conventions collectives,
mais n'inclut pas, par exemple, le facteur ancienneté, vous seriez en
mesure de nous présenter un projet de loi qui sera discuté, je
dis bien discuté, au cours de la session d'automne?
M. Harvey (Jonquière): Et adopté au cours de la
session en cours.
M. Burns: La seule restriction que vous y posez, si j'ai bien
compris, c'est qu'il y a peut-être des mesures qui devront être
retardées quant à leur application?
M. Harvey (Jonquière): Dans leur application, à des
dates déterminées dans le projet de loi.
M. Burns: Où en est rendu le phénomène
consultation là-dessus? Vous avez répondu à une de mes
questions tout à l'heure, en disant que le processus de consultation
était en marché, était même en marche quelques jours
après la livraison de votre discours, le 4 novembre 1975.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous donner
l'échéancier précis.
Dans le cheminement critique... Si le député de
Maisonneuve veut m'écouter, je vais lui donner le cheminement critique
du projet.
M. Burns: Nous sommes en train de nous consulter, le
député de Beauce-Sud et moi-même.
M. Roy: C'est un caucus. M. Burns: C'est un caucus.
M. Harvey (Jonquière): Très bien. Je vais vous
donner le cheminement critique du projet de loi du 20 mai au 1er juillet.
Analyse critique et étude des implications économiques et
administratives du projet par un groupe de travail du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre.
A cette fin, il y aurait lieu d'entreprendre la démarche
suivante: Constitution du groupe de travail. C'est fait. Rencontre avec le
sous-ministre pour préciser les grandes lignes...
M. Burns: Lesquels composent le groupe de travail?
M. Harvey (Jonquière): Ce sont des fonctionnaires de mon
ministère.
M. Burns: De votre ministère.
M. Harvey (Jonquière): II y a, dans ce groupe de travail,
un expert de l'extérieur, M. Rodrigue Blouin, de l'Université
Laval.
M. Burns: II n'y a personne d'autres ministères?
M. Harvey (Jonquière): Non, pas au niveau du groupe
formé par le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Burns: Par exemple, du ministère de l'Industrie et du
Commerce, il n'y a personne?
M. Harvey (Jonquière): Non, mais on va le voir dans
quelques minutes.
Etude personnelle et collective du projet par les membres du groupe de
travail. Séances d'analyse du projet avec le sous-ministre. Prise de
position quant aux travaux à effectuer au cours de l'été.
Nouvelle rédaction du projet. Présentation du projet au
comité de coordination du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Présentation au comité des ressources humaines, afin
d'être en mesure d'entreprendre, entre le 15 juillet et le 15 septembre,
la consultation. Présentation du projet ou de l'avant-projet
parce que, tant qu'il n'a pas reçu l'accord du cabinet, c'est un
avant-projet au CCTM. Distribution du projet pour analyse et
commentaires auprès d'autres ministères. Analyse de l'information
obtenue des différents organismes consultés.
Du 15 septembre au 1er novembre, réception des rapports
d'étude demandés par le groupe du travail. Analyse des avis.
Rédaction de l'avant-projet de loi et dépôt, selon la
procédure habituelle. Comité interministériel,
c'est-à-dire comité des ressources humaines, comité de
législation, CCTM de nouveau, pour le dépôt.
Et, dépôt du projet de loi vers le 1er novembre.
Voilà le cheminement critique. C'est donc dire que le projet de loi
étant déposé le 1er novembre, on peut très bien
entreprendre son étude dès la reprise des travaux parlementaires
qui s'ouvrent généralement vers la fin du mois d'octobre.
M. Burns: On va surveiller cela de près.
J'ai tout simplement ramassé quelques chiffres pendant que vous
donniez votre réponse, tout en vous écoutant, relativement au
taux de syndica-lisation. Je les soumets au ministre, si cela peut l'aider,
relativement à d'autres pays.
Dans l'Europe des Neuf, en particulier, les taux de syndicalisation au
Danemark, de 70% à 75%; en Belgique, de 70%; au Luxembourg, de 52%; en
Italie, de 50% à 55%; au Royaume-Uni, de 49%; en Irlande, de 49%; aux
Pays-Bas, de 42%; en Allemagne, de 39%. Qui se situerait en bas de nous? Ce
serait la France, justement, avec 22%.
M. Harvey (Jonquière): On serait au niveau de
l'Allemagne.
M. Burns: Si c'est...
M. Harvey (Jonquière): Le chiffre de 38% que je vous ai
donné est bon.
M. Burns: En tout cas, les statistiques que je vous cite me
proviennent de la Gazette du travail du ministère du Travail du Canada
du mois d'août 1975. Je vous le signale en tout cas. Cela peut vous aider
dans vos recherches. On reviendra à ce phénomène.
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr, mais vous savez
qu'en Suède, par exemple, il y a un principe établi. Quel est le
taux en Suède?
M. Burns: Je n'ai pas les chiffres de la Suède
là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): Vous ne les avez pas.
M. Burns: J'ai les chiffres du Danemark, qui est peut-être
le pays le plus rapproché, qui sont de 70% à 75%. Probablement
qu'en Suède, c'est plus élevé encore.
M. Harvey (Jonquière): J'aimerais cela les
connaître.
M. Burns: J'oserais croire que c'est plus élevé en
Suède, à cause de tout le contexte politique qui...
M. Harvey (Jonquière): Dans la procédure
utilisée pour le renouvellement des conventions collectives en
Suède, vous savez, il y a une période d'engueulade où on
dit: Ce n'est pas vrai, c'est vrai. Il y a le dépôt de tout ce qui
est industrie exportatrice, qui est vouée à l'exportation, il y a
un dépôt de documents officiels par les employeurs où
pendant une période de quinze jours, trois semaines, on travaille
exclusivement sur la véracité des informations fournies.
Après que ce déblayage est fait, on voit avec quel
résultat; plutôt que de fermer une entreprise, on considère
également la possibilité d'aller plus loin dans le domaine
salarial. Ces gens sont rendus là, mais c'est vrai que le genre de
syndicalisme...
M. Burns: II y a aussi, M. le ministre...
M. Harvey (Jonquière): ...et de relations de travail qui
ont évolué constamment dans ce pays sont difficilement
comparables aux nôtres.
M. Burns: Je suis d'accord qu'ils sont beaucoup plus
avancés avec...
M. Harvey (Jonquière): C'est probablement une des
raisons...
M. Burns: ...un véritable gouvernement
social-démocrate, depuis 1926...
M. Harvey (Jonquière): C'est aussi une des raisons du taux
élevé de syndicalisation.
M. Burns: C'est bien différent d'ici, avec un
parti au pouvoir depuis 1970 qui se prétend
social-démocrate, même si le premier ministre a de la
difficulté à ne pas sourire quand il dit cela. Mais il y a aussi,
vous allez l'admettre, même si on n'examine pas les crédits de la
Suède ce soir, qu'il y a également une planification sur une base
quinquennale qui se fait avec des réunions triparti-tes patronale,
syndicale et gouvernementale qui fixent un certain nombre de priorités
au sein du budget, chose qui n'existe sûrement pas au Québec. On
n'a qu'à voir le développement du conflit...
M. Harvey (Jonquière): Des comparaisons!
M. Burns: ...dans le secteur public et parapublic pour se rendre
compte que les parties se retrouvent peut-être, à un moment
donné. Tout le monde souhaite qu'elles se retrouvent.
M. Déziel: C'est pas pareil. M. Burns: Pardon?
M. Déziel: Les jours-grève, c'est le nombre de
jours-grève annuels.
M. Burns: Les jours-grève sont sûrement moins
élevés en Suède. Il n'y a pas de doute.
M. Harvey (Jonquière): Pour revenir à ce qu'on me
demandait, quitte à vérifier demain, mon sous-ministre me donne
une information concernant la population active, ici, sur les effectifs
syndicaux et le taux de syndicalisation pour 1974. En ce qui concerne la
population active, c'est 37,3%. Mais, c'est à vérifier demain,
pour vous le donner de façon certifiée, 37,3%...
M. Burns: En tout cas, ce serait une sérieuse
amélioration sur les années précédentes, parce que,
selon les années...
M. Harvey (Jonquière): II y a des...
M. Burns: ...cela s'est toujours situé, à ma
connaissance, aux environs de 29% à 30% de la main-d'oeuvre active.
M. Harvey (Jonquière): Cela varie d'une région
à l'autre. Prenez le comté que je représente. Je serais
très surpris si le taux de syndicalisation était inférieur
à 80% à Jonquière, Kénogami, Ar-vida autrefois ce
qui est maintenant la ville de Jonquière.
M. Burns: Je ne vous appuierai pas sur les 80%, mais je vais
admettre quand même que c'est un très fort taux de
syndicalisation.
M. Harvey (Jonquière): C'est peut-être
supérieur à cela au moment où on se parle.
M. Burns: Oui, comme le comté de Maisonneuve qui est
syndicalisé fort probablement aux environs de 60%. Il y a des secteurs,
au Québec qui le sont. Mais, par contre, prenez tout le Vieux
Montréal, prenez tout le Vieux Québec...
M. Harvey (Jonquière): En Gaspésie, il y en a
beaucoup moins.
M. Burns: ...et prenez la Gaspésie, je serais très
surpris que cela dépasse 5%.
M. Harvey (Jonquière): Bien sûr. Alors, on
vérifiera et on vous donnera cela demain de façon...
M. Burns: Toujours dans les coordonnées que le ministre
mentionnait, à moins qu'il n'y ait un collègue qui ait une
question à soulever à ce stade...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: J'en aurais une, mais ce sera sur un autre sujet
complètement, ce sera sur les relations du travail. Alors, je vais vous
laisser compléter. Avant d'ajourner, j'aimerais bien avoir quelques
minutes au chapitre des relations du travail.
M. Burns: Pour le bénéfice du député
de Portneuf, j'ai suggéré au ministre de prendre comme corps de
discussion pour les questions à caractère général,
dans le fond, le corps de son discours du 4 novembre 1975 qui était,
à mon avis, l'énoncé de politique de la part du
ministère, quitte après cela, à prendre les programmes les
uns après les autres. D'accord?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Je reviens, toujours dans les conditions de travail,
à cette deuxième coordonnée que le ministre
suggérait. Je cite encore le discours du ministre. "Cette enveloppe
générale de protection porterait, notamment, sur les points
suivants: Rémunération: On pourrait la calculer en prenant comme
base, la moyenne des salaires établie par l'ensemble des conventions
collectives applicables dans tous les secteurs privés du Québec.
Deuxièmement, surtemps:.Fonder sur le principe que tout travail
effectué hebdomadairement après un certain nombre d'heures serait
rémunéré aux taux minima majorés de la
moitié." Comme ces mesures, selon le ministre, doivent prendre effet au
cours de cette année et le ministre vient de nous le confirmer
j'aimerais savoir de façon beaucoup plus précise quelle
est cette rémunération qui est envisagée d'abord.
M. Harvey (Jonquière): C'est un exemple que je donnais,
que la rémunération, on pourrait la calculer en prenant comme
base l'exemple que je donnais. Le deuxième exemple, pour le surtemps,
est beaucoup plus réaliste, on disait, que tout travail effectué
de façon hebdomadaire, après un certain nombre d'heures, devrait
normalement être
rémunéré aux taux minimaux majorés de
moitié, temps et demi. Il y a certainement d'autres possibilités,
mais c'est un exemple que je donnais, parce que nous avons, au
ministère, la documentation et les pièces voulues pour être
capable de faire une analyse. C'est l'ensemble des conventions collectives
déposées et applicables dans le secteur privé du
Québec. Je ne connais pas beaucoup de conventions qui ne sont pas
déposées chez nous.
M. Burns: De toute façon, pour être en vigueur,
selon le Code du travail, il faut qu'elle soit déposée.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Burns: Elles le sont vis-à-vis des tiers à
compter de son dépôt. Vous n'avez pas actuellement d'indication
que vous pouvez nous donner relativement à ce taux de
rémunération, si je comprends bien. Est-ce que le taux actuel,
entre autres, le taux minimum de $2.87, est tout simplement une fixation
temporaire et purement empirique, dans le sens que cela n'a pas
été l'objet d'une étude précise comme telle ou bien
si véritablement c'est dans la progression que vous visez
éventuellement à vouloir atteindre par cette affirmation, entre
autres?
M. Harvey (Jonquière): Le député a raison.
Cela a été une progression. D'abord, il y a eu, au cours des
dernières années, du rattrapage en plus de l'augmentation qui
était basée sur la conservation du pouvoir d'achat, plus une
récupération pour les années où il n'avait pas
bougé. L'avant-dernière augmentation, la feinte de la
récupération était atteinte, la récupération
était atteinte. Alors, nous avons été entre le milieu, pas
tout à fait entre Montréal, l'indice des prix à
Montréal, la conservation du pouvoir d'achat sur l'indice des prix
à Montréal et l'indice des prix au Canada, dans le milieu, parce
qu'au Canada, cela avantageait l'assujetti, parce que c'était $2.82 et
$2.78 pour Montréal. Là, nous avons monté la marche qui
nous a fait atteindre le niveau de l'indice des prix au Canada. Lorsque j'ai
donné cet exemple, c'est bien sûr que ce serait un autre niveau
supérieur. C'est un exemple que je donnais en parlant de la
rémunération calculée sur la base moyenne des
salariés établie par l'ensemble des conventions collectives
applicables dans tous les secteurs privés du Québec. C'est dans
ce sens que cela a été...
M. Burns: Quant au deuxième aspect de cette affirmation,
le certain nombre d'heures après lequel...
M. Harvey (Jonquière): Si on l'avait suivi, pour
être plus précis, lors de la dernière augmentation, cela
aurait été $2.94 au lieu de $2.87; si on avait pris l'exemple que
je viens de signaler dans mon discours du 4 et du début de
l'étude des crédits, cela aurait été $2.94 au lieu
de $2.87, selon l'étude du salaire minimum sur cette base.
M. Burns: Si vous aviez accepté notre propo- sition
l'année dernière de porter cela à $3.00 qui amène
à peine le travailleur qui travaille 40 heures...
M. Harvey (Jonquière): On est en train...
M. Burns: ... à ce qu'un certain comité
sénatorial fédéral considère comme le seuil de la
pauvreté, si vous l'aviez accepté, et si vous aviez
accepté de l'indexer, il serait actuellement aux alentours de $3.75.
M. Harvey (Jonquière): J'ai siégé là
où le député de Maisonneuve siège. De ce
côté-là, il n'y a pas de problème à
suggérer des choses; mais quand on arrive pour les examiner et faire les
études appropriées, je suis content que mes collègues du
cabinet aient consenti à continuer la marche qui nous amène
à une législation qui apportera certainement aux assujettis, des
avantages nouveaux, de même qu'un mécanisme qui va leur donner
justice, et, en même temps, aux employeurs qui vont être
obligés de les payer, des mécanismes qui vont identifier les
détails pour être capables de mieux planifier à partir d'un
coût de main-d'oeuvre, ayant du personnel assujetti à cette Loi du
salaire minimum et des conditions minimales garanties.
M. Burns: Est-ce que vous pouvez me dire sans rire que,
malgré les augmentations récentes et, peu importe le rattrapage
auquel vous pouvez vous raccrocher, le taux du salaire minimum garde au
travailleur qui y est accroché, à cause de son type d'emploi,
garde son pouvoir d'achat?
M. Harvey (Jonquière): Oui, autrement...
M. Burns: Vous pensez que oui?
M. Harvey (Jonquière): ... ce serait...
M. Burns: Sérieusement, vous pensez ça? M.
Harvey (Jonquière): ... nier...
M. Burns: Les $0.07 que vous avez accordés
récemment...
M. Harvey (Jonquière): Ce serait, de ma part...
M. Burns: ... remboursement au travailleur son pouvoir d'achat
perdu?
M. Harvey (Jonquière): Entre le 1er novembre, date
où il a eu $0.20, du 1er novembre 1975 au 1er juillet, date de la
nouvelle augmentation, les $0.07 couvrent l'augmentation. L'employé
conserve son pouvoir d'achat non seulement dans le milieu entre la
région de Montréal et l'indice des prix au Canada, mais
totalement selon l'indice des prix au Canada. Prétendre le contraire
serait dire et affirmer devant cette commission parlementaire que les
statistiques que nous fournissent le gouvernement fédéral et le
Bureau de la statistique du Québec sont erronées. Je n'ai pas le
droit de mettre en doute le Bureau fédéral de la statistique, sur
lequel repose la majorité des grandes études éco-
nomiques, la majorité des études qui se tiennent quand on
veut identifier une source de renseignement.
M. Burns: Et durant cette période, selon vos chiffres,
l'augmentation du coût de la vie a varié de quelle façon,
en pourcentage?
M. Harvey (Jonquière): L'étude complète de
tout ce que mentionne le député de Maisonneuve apportait un taux
de $2.87 et nous l'avons adopté.
M. Burns: Oui, mais c'est justement. C'est seulement pour
vérifier votre affirmation.
M. Harvey (Jonquière): 2,3% ou 2,4%, le taux
d'augmentation.
M. Burns: Entre novembre 1975 et mai 1976.
M. Harvey (Jonquière): 2,3%.
M. Burns: 2,3%.
M. Harvey (Jonquière): C'est ce que ça donne,
à $2.80, 2,3%. D'ailleurs, la Commission du salaire minimum, oubliant
que la décision que j'avais prise au mois de novembre, approuvée
par mes collègues, établissait le tempo aux six mois... Nous
avions retenu une des recommandations du groupe Castonguay voulant que, tous
les six mois, on ajuste le salaire minimum, de façon plus
régulière, avait à l'esprit une recommandation pour le
mois de septembre. Lorsque j'ai prévenu la présidente, elle m'a
dit: On voulait attendre au mois de septembre, parce que cela aurait
donné à peu près $0.10.
Mais prenant connaissance de la décision qui a été
prise en novembre de garder un rythme, le rythme des six mois, elle a
d'emblée recommandé de suivre l'indice des prix au Canada, le
maintien du pouvoir d'achat en fonction de l'indice des prix au Canada et qui
donnait 2,3%, soit $0.07 ou $2.87.
M. Burns: On pourra peut-être revenir là-dessus, M.
le ministre. Sur le deuxième aspect, c'est-à-dire le surtemps
qui, selon vous, devrait être fondé sur le principe que tout
travail effectué hebdomadairement, après un certain nombre
d'heures, serait rémunéré au taux minimum majoré de
moitié, vous êtes-vous arrêté sur un certain nombre
d'heures qui devrait être utilisé comme critère pour,
à toutes fins pratiques, l'utilisation de la règle du
surtemps?
M. Harvey (Jonquière): Dans la loi actuelle, c'est 45
heures, mais un instant... Actuellement, les études portent entre 40
heures et 45 heures, la loi actuelle étant de 45 heures. On me dit qu'il
y a plusieurs provinces canadiennes qui sont à 44 heures
présentement et les études ne sont pas encore terminées
pour choisir entre 40 heures et 45 heures. On me dit que plusieurs provinces du
Canada ont comme base 44 heures présentement.
M. Burns: Et vous, quel nombre d'heures projetez-vous? Quel est
ce certain nombre d'heures?
M. Harvey (Jonquière): Entre 40 heures et 45 heures. On
est en train de faire les études.
M. Burns: Bon. C'est dans ce bout-là. Ce n'est pas plus
précis que cela.
M. Harvey (Jonquière): Pas pour le moment. Les
études ne sont pas terminées.
M. Burns: Cela va être prêt pour l'automne? M.
Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Vous m'en faites des promesses, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): Oui. Je sais. M. Burns: On
va relire cela, nous autres.
M. Harvey (Jonquière): Soyez assuré qu'il y en a
d'autres qui m'en ont fait. Alors, je vais faire en sorte que de la part de
ceux qui m'en ont fait, tout soit prêt. Je vais leur dire: Souvenez-vous
du député de Maisonneuve! Non pas à la troisième
séance, mais, à la première séance. Il
n'était pas de bonne humeur. Il est redevenu de bonne humeur. Je lui ai
fait des promesses. Si vous ne voulez pas qu'il soit de mauvaise humeur,
faites-moi remplir mes promesses. Alors, vous allez m'aider...
M. Burns: II y a des jours où on est de bonne humeur et
d'autres jours où on n'est pas de bonne humeur.
M. Harvey (Jonquière): Cela arrive.
M. Burns: Remarquez que cela ne veut pas dire que je suis de
bonne humeur aujourd'hui!
M. Harvey (Jonquière): C'est peut-être
réciproque.
M. Burns: Avec cette chaleur, je vous avoue que je ne suis pas de
meilleure humeur qu'il faut pour siéger ce soir.
M. Harvey (Jonquière): On se comprend mieux.
M. Burns: On examine les choses et on essaie de savoir un certain
nombre de choses. D'ailleurs, je peux aussi dire que le ministre a
changé d'attitude depuis la première séance. C'est
peut-être pour cela que le député de Maisonneuve n'est pas
de mauvaise humeur aujourd'hui malgré la chaleur et tout cela.
M. Harvey (Jonquière): C'est possible. J'étais trop
fringant. Je n'avais pas assez travaillé la veille. Hier soir, j'ai
travaillé tard et cela me rend moins agressif.
M. Burns: Cela aide beaucoup. Autre condition de travail que je
trouvais intéressante et que vous énonciez dans ce même
discours relativement au départ du salarié, vous disiez que tout
salarié ayant au moins l'équivalent de trois mois de service chez
un employeur pourrait bénéficier d'un droit à un
préavis de mise à pied ou de résiliation d'engagement de
deux semaines ou de son équivalent. A cette occasion, l'employeur
devrait lui donner également une attestation de l'expérience
acquise à son entreprise.
Est-ce que cela aussi devra faire partie des conditions minimales que
vous allez nous présenter à l'automne?
M. Harvey (Jonquière): Oui. Tous ceux qui s'y connaissent
et qui ont oeuvré au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
et qui sont reliés de près ou de loin à la loi en voie de
préparation, soit au groupe d'étude, sont d'avis que cette
disposition devrait être incluse dans les conditions minimales de travail
garanti?
M. Burns: Dans le minimum, et cela serait vraiment un minimum de
deux semaines.
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve admettra avec moi que c'est une condition qui ne coûte pas
très cher à un patron et un patron qui a l'intention de faire une
mise à pied ou de résilier un engagement, s'il n'a pas une
planification dans son établissement qui est programmée pour une
couple de semaines, n'a pas un établissement très solide.
M. Burns: C'est ce que j'ai toujours prétendu à
propos des changements technologiques.
M. Harvey (Jonquière): Je pense que c'est une des
dispositions qu'on devrait normalement retrouver dans les conditions de travail
minimales garanti.
M. Burns: Je vous répète que j'ai toujours
pensé la même chose relativement aux changements technologiques
lorsque je vois des syndicats obligés de faire des grèves, de se
battre, de soulever un conflit pour que, dans les cas de changements
technologiques, le syndicat soit avisé au moins trois mois à
l'avance ou, dans certains cas, six mois à l'avance et que l'employeur
tienne mordicus à ne pas faire cela, je vous avoue que je
m'inquiète très sérieusement de la planification qui
puisse exister dans cette entreprise, parce que, des changements
technologiques, cela ne se fait pas du jour au lendemain, comme vous le
savez.
M. Harvey (Jonquière): II y a une autre chose aussi qui
est très importante et qui peut paraître mineure, c'est
l'obligation aussi de donner une attestation de l'expérience acquise
pour l'employeur. Souvent une personne change de ville, ayant la
responsabilité ou le fardeau de la preuve qu'elle a travaillé
dans un restaurant, par exemple, préalablement. L'expérience au
ministère du Travail a été que plusieurs personnes ont de
la difficulté à avoir des attestations de l'expérience
acquise au niveau de certaines entreprises ou de certains commerces. Or,
l'obligation de lui donner une attestation rend encore plus facile la
possibilité de se trouver un emploi pour une personne qui a acquis une
certaine expérience, si elle a été au moins trois mois
dans une industrie quelconque ou un commerce quelconque.
M. Burns: Je suis d'accord que cela faciliterait les choses
à plusieurs endroits où un travailleur a de la difficulté
à obtenir cette attestation d'expérience acquise. Autre condition
générale de travail que vous suggériez... Oui, je
m'excuse.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Portneuf...
M. Burns: Allez-y, je vais me reposer la voix.
M. Pagé: Sur le même sujet, est-ce que vous avez
songé aux pénalités ou indemnités qui pourraient
être rattachées ou prévues au délai de trois mois
dans le cas où une entreprise ne la donnera pas? En quoi est-ce que ce
sera différent de ce qui s'applique aujourd'hui?
M. Harvey (Jonquière): On va certainement avoir un
chapitre de pénalités. Nous en avons parlé tout à
l'heure, dans le cadre de l'application de la loi et c'est dans le cadre de ce
chapitre des pénalités que nous aurons certainement une clause
pour le non-respect de certains articles de la loi. On a l'intention
d'être assez sévère dans le cas des
pénalités.
M. Pagé: Strictement des pénalités ou si
cela va jusqu'à des indemnités aux travailleurs?
M. Harvey (Jonquière): Le chapitre n'est pas encore... On
n'est pas encore rendu là et c'est à partir d'expériences
de l'application... Le groupe de travail a à l'esprit qu'un
préavis non donné obligerait le paiement.
M. Pagé: Le paiement du salaire.
M. Harvey (Jonquière): Oui, c'est ce que le groupe de
travail a à l'esprit. Est-ce qu'il sera retenu en définitive de
façon aussi draconienne? C'est une autre affaire.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: Alors, M. le Président, il y a une autre
condition générale de travail qui semblait préoccuper le
ministre et je me réfère encore une fois à son
énoncé, à sa bulle papale... Pardon?
M. Harvey (Jonquière): A son contrat social.
Congé de maternité
M. Burns: Son contrat social proposé. Il touche au
congé de maternité, c'est-à-dire, selon le ministre, le
droit à un congé de maternité qui serait
expressément arrêté et les modalités d'exercices en
seraient établies aux règlements annuels de façon à
les adapter à la conjoncture. Il citait comme exemple la loi sur
l'assurance-chômage, les mesures de sécurité sociale et
l'expérience pratique. J'aimerais d'abord que le ministre précise
un peu sa pensée sur le congé de maternité. Est-ce qu'il
s'agit d'un congé sans solde, purement et simplement, ou bien s'il
s'agit d'un congé payé?
M. Harvey (Jonquière): Pour le moment, c'est un
congé sans solde, garantie d'emploi au retour, congé sans
solde.
M. Burns: II s'agit d'un congé sans solde pour des
périodes précises? Quelles périodes?
M. Harvey (Jonquière): Le groupe d'étude est parti
d'une proposition présentée par le Conseil du statut de la femme.
On a reçu l'approbation du Conseil du patronat...
M. Burns: Le Conseil du statut de la femme proposait que,
progressivement, les congés de maternité deviennent des
congés payés par l'employeur. Je vous signale, soit dit en
passant, que le premier ministre lui-même je n'ai pas le texte
sous les yeux, mais on en a discuté largement, lors de l'examen des
crédits de la Fonction publique avait endossé comme
très recevable cette suggestion du Conseil du statut de la femme.
Je vais plus loin que cela, l'actuel ministre des Consommateurs, Mme
Lise Bacon avait carrément et clairement proposé ce dont
je la félicite encore pour une nième fois que le
gouvernement donne l'exemple dans ce domaine et commence à instaurer,
dans ses relations avec les employés de l'Etat, le régime du
congé de maternité payé. Apparemment, il n'en est pas
question. J'ai posé de longues questions au ministre de la Fonction
publique à ce sujet et il m'a dit: Ils ont signé et c'est tout,
c'est réglé.
M. Harvey (Jonquière): Quand je parle du congé de
maternité sans solde, on a eu une rencontre avec le Conseil du statut de
la femme, proposition approuvée par le Conseil du patronat
également, de sa suggestion, pour l'intégrer comme condition
minimale parce qu'il nous a prouvé, dans son mémoire, que des
difficultés étaient rencontrées parce que ce n'est pas le
gouvernement qui est impliqué, ce sont les conditions minimales. Alors
que certaines personnes qui avaient des grossesses avaient des
difficultés, perdaient tout simplement leur emploi à cause de
ça.
M. Burns: J'admets avec vous qu'il s'agit là d'un
problème minimum actuellement dans la so- ciété, en ce
sens que les travailleuses, qui ne sont pas régies par une convention
collective, je dirais, dans 90% des cas, sinon plus, perdent leur emploi, leurs
droits acquis lorsqu'elles doivent quitter leur emploi à cause d'une
grossesse. Il n'y a aucune espèce de doute là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): Ce serait mieux...
M. Burns: Sauf que je ne pouvais pas m'empêcher de vous
rappeler que l'Etat n'a véritablement pas joué son rôle et
vous êtes membre de l'exécutif, alors...
M. Harvey (Jonquière): Vous l'avez dit à M.
Parent?
M. Burns: Si je peux le dire à tous les ministres que je
vais rencontrer, je vais le dire à tous les ministres que j'aurai
l'occasion de rencontrer.
M. Harvey (Jonquière): Donc, vous n'avez pas...
M. Burns: Je vous le dis, je trouve que l'Etat a manqué le
bateau sérieusement, a manqué l'occasion d'emprégner un
mouvement dans la société et c'est un rôle, à mon
avis, à caractère social que l'Etat du Québec devait jouer
à ce moment-là comme employeur avec ses propres employés.
Ce n'est pas une question de "bargaining", de négociation au sens propre
du mot si vous voulez.
M. Harvey (Jonquière): Vous êtes d'avis qu'on doit
régler le congé de maternité avant le congé de
paternité.
M. Burns: Sûrement, sûrement, je pense que c'est
beaucoup plus grave et surtout...
M. Harvey (Jonquière): C'est moins souffrant.
M. Burns: Ce n'est pas une question, je n'ai pas l'intention de
tourner ça à la blague, bien au contraire.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais j'ai vu ça, une
demande de congé de paternité...
M. Burns: J'ai vu, entre autres, M. le ministre, je vous en
informe si jamais vous ne le savez pas...
M. Harvey (Jonquière): Non, mais c'est parce que...
M. Burns: ... j'ai vu des femmes qui travaillent dans des
hôpitaux, dans des laboratoires de rayons-X, où tout le monde sait
que c'est archi-dangereux pour une femme enceinte et, en particulier, pour son
foetus ou pour l'enfant qu'elle porte, d'être exposée à des
rayons-X. Il y a des femmes qui, justement parce qu'elles sont chefs de famille
et il y en a, Dieu sait qu'il y en a au Québec, vous n'avez
qu'à demander à votre collègue le ministre d'Etat aux
Affaires sociales, il va
vous dire jusqu'à quel point il y a de femmes chefs de famille et
il y a aussi des femmes seules qui décident d'avoir des enfants, c'est
leur droit... On n'est plus en 1942 et on n'est pas dans les années
noires où on disait: Oh, horreur, une femme qui n'est pas mariée
a décidé d'avoir un enfant.
M. Harvey (Jonquière): Les femmes ont toujours eu le droit
d'en avoir, depuis que le monde est monde.
M. Burns: Ouais.
M. Harvey (Jonquière): Mais c'est moins pire de les avoir
aujourd'hui dans certains cas qu'autrefois.
M. Burns: C'est sûr. Les conditions sociales ont
changé, l'ouverture d'esprit est là, je pense, actuellement. Les
conditions de travail doivent respecter ça, vous, comme ministre du
Travail, votre collègue, comme ministre de la Fonction publique en
particulier et vous deux, qui êtes, en principe, peut-être les plus
au fait ou ceux qui devraient être, en tout cas, les plus au fait des
questions de relations de travail. Je pense que c'est sur vos épaules
que repose un certain avancement de la philosophie concernant le congé
de maternité. Si cela ne commence pas chez les employés de
l'Etat, évidemment, on n'est pas pour aller demander ça, je parle
en tant que gouvernement ou en tant que Parlement, on va être un peu
gêné d'aller demander que les congés de maternité
payés soient, selon une formule ou l'autre ça reste
à discuter...
M. Harvey (Jonquière): Je vous ai clairement dit qu'il est
question d'un congé sans solde, dans la loi qui nous inquiète
pour le moment.
M. Burns: Vous venez de le dire, parce que, dans votre texte, je
n'avais pas saisi que c'était clairement un congé sans solde.
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr qu'il y a
évolution...
M. Burns: Vous venez de me dire qu'il s'agit d'un congé
sans solde.
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr qu'il y a
évolution, et de l'autre côté également. Je suis
bien placé pour vous en parler, nous étions 18 enfants chez nous
et mon père passait pour un gars normal. Aujourd'hui, un gars qui a 18
enfants, on se demande s'il est malade. Ils sont rares.
M. Burns: Ou s'il reçoit beaucoup de visite chez lui.
M. Harvey (Jonquière): Cela a évolué des
deux côtés, je suis d'accord avec le député de
Maisonneuve.
M. Burns: D'accord. Ce que je veux tout sim- plement, M. le
ministre, c'est que vous me disiez que vous êtes conscient que les
premiers pas dans ce sens seront faits je parle du congé de
maternité payé encore une fois, la méthode de
rémunération, la forme de rémunération, le
pourcentage de rémunération, j'imagine que c'est une question qui
est discutable. Il y a aussi la durée; il y a toute une série de
facteurs.
Mais je vous parle du principe du congé de maternité.
M. Harvey (Jonquière): Je pense que l'objectif visé
par le Conseil du statut de la femme et les organismes qui travaillent pour la
reconnaissance du congé de maternité savent là où
ils se dirigent. Le grand objectif est sûrement ce que je viens
d'indiquer au député de Maisonneuve. Des choses comme cela, il
est généralement impossible de les acquérir dans un temps,
en raison des implications que cela apporte et des coûts
également.
Mais je suis d'accord que les objectifs visés autant par le
Conseil du statut de la femme que par tous ceux qui acceptent de voir
évoluer notre société et de plus en plus le danger que
courent certaines personnes qui ont besoin de congés de maternité
et qui exercent des fonctions telles que décrites par le
député de Maisonneuve, à caractère dangereux pour
des femmes enceintes, ces cas-là seront de plus en plus nombreux, et il
faut qu'on pose des gestes. Le geste, dans la loi garantissant des conditions
minimales de travail, s'inscrit dans ces sens-là, avec au début,
comme conditions minimales, un congé sans solde. Cela nous
amènera à poursuivre davantage l'objectif dans d'autres
secteurs.
M. Burns: Cela ne règle pas le problème que je vous
mentionnais tout à l'heure, dans certains endroits où il est
dangereux pour une femme enceinte de travailler, où elle a tendance
et on peut la comprendre, même si, de façon
angélique, on doit dire: Ecoutez, ma chère dame, ma chère
demoiselle, il ne faut pas cacher votre état, vous savez que la vie de
votre enfant est mise en danger, parce que vous travaillez dans un endroit
dangereux, il reste quand même que cette personne pense au
phénomène "bread and butter", c'est-à-dire à
continuer à recevoir de l'argent pendant une période où
elle ne fait que fonctionner normalement comme une femme.
M. Harvey (Jonquière): Vous savez qu'actuellement, la Loi
de l'assurance-chômage s'applique pour 15 semaines, dans le cas des
dames?
M. Burns: Oui. Mais vous savez également que, dans les
hôpitaux, dans les secteurs techniques, dans les secteurs de laboratoire,
dès que sa condition de grossesse est connue, c'est bien de valeur, une
femme est obligée de quitter le travail. Et cela, dans le but de
protéger et la mère et l'enfant. C'est plus que quinze semaines.
C'est dès que la condition de grossesse est connue.
Est-ce que le ministre avait une autre remarque là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): Non. Mon sous-ministre m'expliquait
honnêtement que, dans l'étude qui se fait à ce chapitre,
à cet article, on a à l'esprit ce que vient de mentionner le
député de Maisonneuve, pour qu'un employeur puisse, s'il y a
vraiment danger, dans le genre de travail qu'une femme fait, dans la loi qui
nous intéresse, appliquer une période de 17 semaines, soit les
deux semaines d'attente et les quinze semaines de prestation. On a à
l'esprit le chiffre de 17 semaines.
M. Burns: Ce qui donne quatre mois avant l'accouchement, à
peu près.
M. Harvey (Jonquière): Quatre mois et un tiers, c'est
cela, quatre mois.
M. Burns: Oe toute façon, je vais vous faire faire une
autre promesse. C'est également une mesure, même au niveau du
congé sans solde, que vous avez l'intention d'inscrire dans la
législation que vous allez nous présenter à l'automne.
M. Harvey (Jonquière): Je serais bien gêné si
je ne l'avais pas.
M. Burns: Ce qui veut dire que vous seriez bien gêné
si je vous rappelais que cela fait partie des conditions minimales que vous
nous promettez aujourd'hui pour l'automne.
M. Harvey (Jonquière): Sans solde...
M. Burns: Sans solde. Enfin, M. le ministre, toujours
relativement aux conditions générales de travail, vous nous avez
assurés que les règles générales de ce nouveau
régime de travail seraient établies au cours de la prochainne
année, ce que vous avez à quelques reprises endossé
vous venez de le faire concernant le congé de maternité et
que, par la suite, des règlements d'application et d'adaptation seraient
édictés une fois l'an.
Le texte du ministre, d'autre part, je dois le dire, n'est pas clair,
à savoir si ce sont ces règles qui constituent ce qu'il appelle
"les conditions générales de travail garanties, issues d'une
étude générale de contenu des conventions collectives
préparées une fois l'an par un comité multidisciplinaire,
suite à un processus de consultation par la voie du Conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre pour cette fin, assoupli et élargi,
selon les termes mêmes utilisés par le ministre".
J'aimerais que le ministre nous clarifie le processus de
révision, d'année en année. Est-ce que les règles
générales sont semblables aux conditions générales,
dans le texte que je viens de vous citer. On retrouve ce passage je n'ai
pas la même version que vous, peut-être que j'ai la même
version aux pages 8 et 9 du discours qui nous a été remis,
lorsque vous l'avez prononcé. J'aimerais savoir si les règles
générales sont semblables, dans l'esprit du ministre, aux
conditions générales, si ce sont des règles
spécifiques gouvernant ces conditions, ou quoi que ce soit.
M. Haravey (Jonquière): II faut établir des
règles pour être capable, chaque année, de mettre à
jour ces mêmes conditions de travail et en ajouter d'autres, s'il y a
lieu, et, en même temps, de suivre le processus de consultation. Le
rapport servira de base pour préparer le projet de règlement, le
travail annuel soumis pour consultation au conseil consultatif.
M. Burns: C'est dans...
M. Harvey (Jonquière): C'est pour être capable, en
un mot, d'établir des règles, au départ, qui nous
permettent une mise à jour, à partir de l'étude des
conventions collectives déposées au cours de l'année.
M. Burns: II y a les conditions générales de
travail qui sont, entre autres...
M. Harvey (Jonquière): Pour être introduites, s'il y
a lieu, à partir de l'analyse faite des conventions collectives
déposées au cours de l'année précédente.
M. Burns: Je répète ma question, M. le ministre. Il
y a des conditions générales de travail qui pourront être,
entre autres, celles au sujet desquelles on a discuté tout à
l'heure et, une fois ces conditions générales de travail
établies, qualifiées de conditions minimales de travail,
là, il y aura des règles générales pour la
révision de ces conditions d'année en année, une fois
l'an. C'est cela?
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Burns: C'est bien cela. On ne confondra pas. Les règles
générales n'ont rien à faire avec les conditions
générales de travail. Dans le processus d'adoption que vous avez
décrit tout à l'heure, quelle part jusqu'à maintemant,
s'il en a pris, réservez-vous au Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre?
M. Harvey (Jonquière): De nous donner un avis sur le
contenu.
M. Burns: Est-ce que, jusqu'à maintenant, cela a
été fait? Est-ce que vous avez déjà soumis...
M. Harvey (Jonquière): Sur le projet de loi, nous ne
sommes pas encore rendus là.
M. Burns: Vous ne l'êtes pas encore.
M. Harvey (Jonquière): Je vais le faire, d'ici quelques
jours, dans le cadre de la Loi de la sécurité et de la
santé des travailleurs. Pour les bureaux de placement privé, nous
l'avons fait sur la première phase du Code du travail. En ce qui
concerne le projet de loi que nous discutons présentement, on n'est pas
rendu là.
M. Burns: Mais, éventuellement, cela va être
soumis?
M. Harvey (Jonquière): Dans le cheminement critique que
j'ai donné tout à l'heure, ce serait entre le 15 juillet et le 15
septembre, pour le projet initial.
Rôle du conseil consultatif
M. Burns: Avant l'automne, on sera en mesure d'avoir, ou, en tout
cas, vous seriez en mesure d'avoir une opinion du conseil consultatif...
M. Harvey (Jonquière): Je devrais l'avoir normalement.
M. Burns: ... que vous pourriez rendre publique si cela vous le
dit, à ce moment, je présume. Cela vous le dit, de la rendre
publique, éventuellement?
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire que le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre n'aime pas beaucoup, à un
moment donné, qu'on se serve de lui pour faire notre affaire. Ces gens
m'ont bien dit cela quand je les ai rencontrés, au cours des deux
premières rencontres que j'ai eues avec eux.
M. Burns: Vous avez tiré des leçons de la
méthode de fonctionnement de votre prédécesseur.
M. Harvey (Jonquière): Non, pas nécessairement. On
m'a passé le message que, sur certains points, ils aiment bien
travailler, donner une consultation, une opinion à la suite du processus
de consultation que nous avons avec eux. Ils n'aiment pas, et je comprends la
position de certains membres du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, pour des questions de régie interne, ne pas être
accusés d'avoir appuyé cela. En ayant cette réserve que je
comprends très bien, il reste que, dans mon esprit, c'est une
consultation que je considère au plus haut point. Ce n'est pas
l'obligation de suivre à la lettre, dans certains cas, si je crois la
nécessité de laisser de côté une opinion
émise.
M. Burns: Voulez-vous me dire par là que vous avez
objection à rendre publiques les opinions du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, en particulier en matière de
législation?
M. Harvey (Jonquière): Quand c'est dans
l'intérêt public de le faire, on ne voit pas d'objection.
Jusqu'à maintenant, le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre ne nous a jamais empêchés de le faire.
M. Burns: Je ne pense pas qu'il ait le pouvoir de vous
empêcher de le faire. Je pense que c'est une... D'ailleurs, le vrai sens
d'un conseil consultatif, c'est justement de se voir soumettre un certain
nombre de conditions possiblement législatives, possiblement
réglementaires ou encore d'orientation...
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, ces gens ont hâte
d'avoir le texte pour consultation. Mon sous-ministre me signale que, dans la
première phase des amendements au Code du travail, j'ai souligné,
dans mon mémoire au Conseil des ministres, au comité permanent
des ressources humaines que le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre avait été consulté et que la majorité
des amendements proposés avait reçu l'approbation et des patrons
et des syndicats représentés au CCTM.
M. Burns: Un dernier point là-dessus. Puisqu'on en parle
du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, je pense bien qu'il
est normal qu'on le conçoive comme un conseil qui conseille le
gouvernement ou le ministre en particulier, mais je pense, et c'est
peut-être là où je suis d accord avec les membres du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, que cela ne doit pas
être utilisé uniquement à des fins précises,
seulement quand cela fait l'affaire du ministre.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: II y a aussi l'Opposition qui se doit d'être
conseillée dans ces affaires, de sorte que c'est un peu pour cela que je
vous disais: Est-ce que vous avez l'intention de rendre, sinon publique, du
moins semi-publique de toute façon, dès que cela arrive
à l'ensemble des parlementaires, cela devient public...
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas d'objection.
D'ailleurs, si le député de Maisonneuve accepte cela comme
réponse, lors de la prochaine rencontre que j'aurai, moi ou mon
sous-ministre... D'ailleurs, à toutes les réunions, le
ministère est représenté. Mon sous-ministre se fait un
devoir, lorsque l'un ou l'autre va aux séances du CCTM... Que ce soit
lui ou moi à la prochaine séance, on mentionnera que vous nous
avez fait la demande de ne pas hésiter à rendre publique une
consultation, soit d'un règlement ou d'une loi, d'un projet de loi. la
position...
M. Burns: Ou encore certains conseils qui peuvent vous être
donnés sur l'orientation du ministère.
M. Harvey (Jonquière): D'accord. On lui fera part du
désir de l'Opposition officielle.
M. Burns: Oui, parce qu'il s'agit là quand même d'un
conseil consultatif qui...
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, j'ai clairement
défini...
M. Burns: ... est un organisme d'Etat. Il n'y a pas de doute que
le premier bénéficiaire de ces conseils doit être le
ministre. Je ne conteste pas cela du tout. Si l'Opposition également...
Et quand je parle de l'Opposition, je ne parle pas simplement de l'Opposition
officielle, je parle des autres membres de l'Opposition, des
députés indépen-
dants qui sont peut-être moins indépendants, qui sont en
train de redevenir libéraux...
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve a raison, parce que le CCTM, si on est pour le consulter uniquement
quand ça fait notre affaire, on est aussi bien de l'abolir, ou, si on le
consulte et on n'est jamais capable de dire, d'autre part, qu'on l'a
consulté, quelle a été sa prise de position, ce n'est plus
un conseil consultatif. Si on est obligé, par ailleurs, en
troisième alternative, de suivre exactement tout ce qu'on nous dit,
c'est un conseil exécutif. Ce n'est plus un conseil consultatif.
Alors, dès le départ, j'ai clairement indiqué mon
esprit de collaboration et l'attention que j'apporterai à ce qui pourra
arriver comme recommandation en provenance du Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre. D'ailleurs, nous l'avons fait. Le conseil a attiré
notre attention justement sur un des points qui avaient été
oubliés dans la préparation du changement des honoraires
d'arbitres. On a eu, de la part du CCTM, de M. Morin, une opinion concernant un
article qui aurait pu coûter aux parties contractantes des sommes
additionnelles, et nous l'avons corrigé. L'avis qui nous était
donné, justement, par le conseil consultatif à l'examen de l'avis
qu'il nous donnait, nous a amenés à apporter une correction.
M. Burns: M. le ministre, si je vous pose la question, c'est
parce que je me rappelle le projet de loi no 24, session 1975, dans lequel on
projetait une immense réforme du Code du travail...
M. Harvey (Jonquière): Quand je vois l'article...
M. Burns: Laissez-moi terminer. M. Harvey (Jonquière):
D'accord!
M. Burns: ... peut-être même un débordement
sur d'autres aspects de la législation du travail. Nous n'avons su que
très tard et après le dépôt du projet de loi,
quelleétait l'opinion du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre. En particulier, c'est au moment où nous avons connu cette
opinion que nous nous sommes rendu compte que l'une des pierres d'achoppement
de cette réforme du projet de loi no 24 de l'année
dernière, était le fameux article 99 concernant la
possibilité d'intervention du lieutenant-gouverneur en cas de
grève en cours ou de grève appréhendée dans le
domaine des services publics, l'utilisation de l'injonction, etc., etc. Je
pense qu'il aurait été à l'avantage de l'ensemble des
parlementaires, et, soit dit en passant, quand je parle des
députés de l'Opposition, il ne s'agit pas seulement des
députés de l'Opposition, parce que je suis obligé de le
reconnaître, je pense bien que mes collègues du parti
ministériel vont le reconnaître aussi: Ils ne sont pas, eux non
plus, mis au fait, en règle générale du moins, des
opinions du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Ceux pour
qui c'est particulièrement d'intérêt primordial, les rela-
tions du travail et tout ce que ça concerne au point de vue
législations et réglementations, il me semble qu'ils auraient
intérêt, comme nous de l'Opposition, à connaître
d'avance, avant que le ministre nous mette devant le fait accompli d'une
législation rédigée, soumise à l'Assemblée
nationale, d'un certain nombre de positions. En tout cas, je fais cette
constatation de façon constructive.
M. Harvey (Jonquière): Vous avez tout de même trois
législations qui ont été identifiées au cours de
l'étude des crédits. La première, première phase
des amendements au code. Il y a eu consultation du CCTM. Concernant la Loi des
conditions minimales de travail garanties, je vous ai donné le
cheminement critique. Il y aura une consultation. Au moment où on se
parle, étant, soit par courrier... Une consultation demandée sur
la Loi de la santé et de la sécurité du travailleur.
Je regarde l'article 2, de la Loi du Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre. Il est très précis: Le conseil doit donner
son avis au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre sur toute question que
celui-ci lui soumet relativement aux sujets qui relèvent de la
compétence du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Il peut, sous
réserve de l'article 16, entreprendre l'étude de toute question
qui relève du domaine du travail et de la main-d'oeuvre et faire
effectuer des études et recherches qu'il juge utiles ou
nécessaires pour la poursuite de ces fins.
Il est bien sûr qu'il peut fort bien arriver que sur certaines
questions, je n'aie pas besoin d'avis, mais sur des sujets qui peuvent
éclairer les membres de l'Assemblée nationale, qui peuvent
éclairer le monde du travail en général, vous voyez, par
les pièces de législation qui s'en viennent, qu'il y a eu et
qu'il y aura, d'ici quelques mois, consultation sur ces pièces de
législation.
M. Burns: D'accord. Cela me satisfait comme réponse, pour
autant que je sente une ouverture de la part du ministre à nous tenir au
courant de ces avis et non pas à nous mettre devant le fait accompli
d'une pièce de législation rédigée tantôt au
comité de législation, tantôt au Conseil des ministres,
etc., mais également en cours de législation, c'est-à-dire
même avant que la pièce de législation ne soit
déposée.
Je suis satisfait d'une certaine ouverture d'esprit de la part du
ministre. Si je l'interprète bien, c'est ainsi que je dois le "qualifier
".
M. Harvey (Jonquière): Et lors de l'envoi d'une mission
gouvernementale que je voulais diriger, mais, faute de temps, je n'ai pas pu le
faire, mon sous-ministre l'a dirigée, cette délégation,
à Paris, immédiatement après la visite de mon homologue
français, M. Durafour. Le président du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre a été une des personnes-ressources
qui ont accompagné mon sous-ministre concernant la Loi de la
santé et de la sécurité des travailleurs et sur ce projet
de loi également de conditions mini-
males de travail garanti, parce qu'en France, lors du séjour de
mon homologue, M. Durafour, c'est avec beaucoup de verbe qu'il m'a parlé
du mécanisme qui faisait le clignotant qui allumait à
l'intérieur du mécanisme et qui disait: II bouge, il va bouger,
le salaire minimum. Et cela m'a fait poser la question sur la fin: Quel est le
salaire minimum en France? Il m'a dit 720 frans. Quand j'ai divisé par
quatre, cela faisait autour de $1.90. J'ai trouvé le mien pas mal au
Québec à $2.87 parce que, lorsqu'on est à Paris, j'ai
l'impression que les $10 fondent aussi vite qu'au Québec.
M. Burns: II ne faut pas juger non plus le coût de la vie
en France par le coût de la vie à Paris.
M. Harvey (Jonquière): Oui. D'accord.
M. Burns: Et je pense que les conditions générales
de travail au point de vue du salaire et le coût de la vie, en
général, en France, ne se comparent pas.
M. Harvey (Jonquière): Mes gars sont allés voir
plus que le clignotant.
Advanced Management Research
M. Burns: Vous êtes allé voir le clignotant. Bon!
Alors, on va vous surveiller là-dessus de très près. On va
voir comment vous réalisez les promesses que vous nous faites ce soir
et, je vous le dis à l'avance, nous avons la mémoire longue et si
nous n'avons pas toujours la mémoire longue, il y a quand même le
journal des Débats qui a la mémoire longue et, là-dessus,
je pense qu'on devra vous rappeler un certain nombre de choses.
Passons au dernier aspect que j'aimerais aborder avec vous, M. le
Président, sans brimer le droit des autres membres de la commission
relativement à la première mission, comme vous le dites de votre
ministère.
J'ai tout à fait par hasard, parce que je suis convaincu que cela
ne m'était pas adressé, mis la main sur un document qui n'est pas
secret, qui est public et qui ne vient pas de votre ministère, je vous
le dis tout de suite pour ne pas que vous preniez les nerfs là-dessus,
qui vient d'un organisme qui s'appelle "Advanced Management Research". J'en ai
une photocopie ici, cela s'appelle "Strategies for Preserving Non-Union
Status". Je m'excuse. Je n'ai pas fait de traduction du document, qui a
été adressé à un certain nombre de personnes
intéressées au domaine des relations du travail, mais il s'agit
d'une compagnie, du moins si on regarde le curriculum de cette compagnie, qui
est américaine, qui a son siège social à 1370 Avenue of
the Americas, New York, N.Y., Zip Code, comme disent nos voisins du Sud, 10019,
et dont le numéro de téléphone est 765-6400, si cela vous
intéresse, M. le ministre, à New York.
J'ai été absolument étonné de voir ce
groupe, "Advanced Management Research" venir faire au Québec, en plein
Montréal, une session d'étude qui, selon le dépliant que
j'ai sous les yeux, s'est tenu et, à ma connaissance, cela a eu lieu,
les 26 et 27 mai dernier à Montréal à l'hôtel
Reine-Elizabeth. Ce qui m'avait frappé particulièrement...
D'abord, le titre m'avait fait sursauter, et le montage du titre
d'ailleurs est assez significatif, car le "Non-Union" est complètement
brisé en morceaux.
En tout cas, vous allez voir qu'on veut plus que démontrer cela
de façon visuelle: "strategies for preserving non-unions status." Les
premiers mots et vous me permettrez de les citer en anglais, je m'en excuse
encore une fois, je n'ai pas fait de traduction et de toute façon, je ne
vois pas pourquoi j'en ferais une si le document circulait comme tel... Je vais
vous donner la version originale.
A ce colloque de deux jours, on établissait le "scope and
objective", c'est-à-dire les objectifs et les points de vue à
être discutés, comme étant les suivants. Dans les premiers
paragraphes on lit ceci. Je m'excuse de vous le citer, mais je vais vous situer
tel quel dans la situation: "Every non-union company knows the importance of
preserving the right to manage its business but are you cela s'adresse
à des gens qui dirigent des compagnies aware of the best ways to
maintain non-union status and protect yourself from outside interference
et cela continue It is today's tight inflationary climate, the name of
the game boils down to this. For you more effort for elusive profits for the
money, tight unions, new opportunities for unionisation due to great financial
pressures on workers, etc... C'est dans ce style-là tout au long.
Ce qui m'a particulièrement frappé également, c'est
qu'en lisant, est-ce que je dois dire le curriculum vitae, en tout cas les
titres officiels de cette compagnie, les hauts faits d'armes de cette
compagnie...
M. Harvey (Jonquière): Je m'informais à mon
sous-ministre s'il y avait eu beaucoup de monde. Il dit: Ces gens n'ont pas eu
beaucoup de monde.
M. Burns: J'espère.
M. Harvey (Jonquière): Ils chargeaient $35 comme droit
d'entrée et ils n'ont pas eu beaucoup de monde.
M. Burns: Je ne sais pas. Je pense que c'était même
$40.
M. Harvey (Jonquière): II y en a un qui m'a envoyé
un document, il y a à peu près deux ou trois mois, c'était
un Québécois. Le meilleur moyen de ne pas avoir de syndicat,
disait-il, c'était de payer les ouvriers et de leur donner des
conditions deux fois plus avantageuses que celles des syndicats. Je l'ai
laissé faire.
M. Burns: Cela, au moins, ce n'est pas...
M. Harvey (Jonquière): J'ai pensé qu'il
était malade et je n'ai pas répondu.
M. Burns: Ce n'est pas nécessairement comme tel de
l'antisyndicalisme érigé en système. En tout cas, on peut
se poser des questions sur les intentions derrière une telle
affirmation, c'est une autre affaire.
Ce qui m'a frappé, M. le ministre, si vous me permettez de
terminer là-dessus on peut lire que les hauts faits d'armes de cette
Advanced Management Research se décrivent eux mêmes. On voit ceci:
About Advanced Management Research. AMR is a leader in the field of executive
education in management development. We have been retained by leading companies
to develop and present executive meetings and in-company training courses on a
variety of subjects and have hosted thousands of executives from business and
government agencies at our public meetings. Client firms include: Bank of
Montreal, Government of Canada and all Provinces, Imperial Oil Limited, Shell
Canada, Dupont of Canada, Bell Canada, Domtar Limited, MacMillan Bloedel
Limited.
La phrase qui m'a fait sursauter, c'est qu'il semble que même les
gouvernements de toutes les provinces ont eu recours à Advanced
Management Research. Est-ce que c'est exact dans le cas du gouvernement du
Québec?
M. Harvey (Jonquière): Dans le cas du ministère du
Travail, on peut répondre immédiatement: Non.
M. Burns: Est-ce que vous êtes en mesure de me dire vous
n'êtes peut-être pas capable de me le dire ce soir, mais vous
êtes peut-être capable de me le dire éventuellement,
qu'aucun ministère du gouvernement du Québec n'a fait affaire
comme tel comme consultant avec Advanced Management Research.
M. Harvey (Jonquière): Je pense que le
député de Maisonneuve admettra avec moi que, pour autant que le
ministère qu'on dirige est concerné, la réponse est
affirmative, c'est non.
M. Burns: C'est clair, je prends la parole du ministre.
M. Harvey (Jonquière): Pour les autres ministères,
je pense que le meilleur moyen de le savoir, à moins qu'on entreprenne
une correspondance avec cette association, ce dont je doute, la réponse
devrait être négative, ce serait par une question au feuilleton.
Rapidement, le leader, avec son processus, nous oblige à donner des
réponses rapides pour avoir une réponse collective. Pour autant
que mon ministère est concerné, c'est non.
M. Burns: Mais il n'y a pas moyen, au cours d'une prochaine
séance, que le ministre m'obtienne cette information? Je sais bien qu'il
ne répond pas comme tel au nom du Conseil exécutif, mais, comme
il est le ministre du Travail, comme il sait fort bien qu'on a des dispositions
dans le code du Travail qui, non seulement sont censées protéger
contre de telles intrusions contre la syndicali- sation, mais qui nous
protègent en faveur de la syndicalisation, il me semble que ça
devrait être le rôle du ministre du Travail de me donner une
réponse là-dessus quant au gouvernement du Québec.
M. Harvey (Jonquière): La meilleure façon, ce
serait une question au feuilleton et je m'engage à demander au leader
parlementaire d'utiliser le processus qu'il a utilisé à
l'occasion, assez récemment, pour avoir une réponse impliquant
tous les ministères, pour donner un délai et avoir une
réponse rapide. Autrement, mon sous-ministre va être en contact
avec les autres sous-ministres. Avant d'avoir la réponse, ça va
être deux fois plus lent que de l'obtenir par la voie d'une question au
feuilleton.
M. Burns: Vous comprenez le sens de ma question, c'est parce
que...
M. Harvey (Jonquière): Oui, je comprends très
bien.
M. Burns: ... cette firme s'annonce comme ayant été
utilisée par les gouvernements du Canada et de toutes les provinces.
C'est dans ce sens que je vous pose cette question, je prends la parole du
ministre que son ministère n'y a pas eu recours.
M. Harvey (Jonquière): Cette entreprise fait
peut-être d'autres études que celle que vous venez
d'identifier.
M. Burns: Non, sauf qu'en lisant ce texte, je me suis rendu
compte que la philosophie qui la sous-tendait était une philosophie
antisyndicale, carrément et simplement. On voulait purement et
simplement dire à des patrons québécois comment ils
peuvent se débarrasser des unions ou ne pas les avoir sur les bras et
avoir, comme le dit le premier paragraphe: "the importance of preserving the
right to manage his business, but are you aware of the best ways to maintain
non-union status and protect yourself from outside interference? C'est
très clair, cela veut dire, comment tu fais, bonhomme, pour casser une
union qui veut venir s'installer chez toi. Cela n'a rien à faire avec
les décisions patronales, autrement, c'est de l'intrusion patronale dans
la formation d'un syndicat même si on sait que ça existe encore et
malgré que ce soit banni par le Code du travail.
M. Harvey (Jonquière): Je peux vous assurer qu'on n'a
jamais eu recours aux services de cette entreprise, qu'on n'aura pas recours
à ses services tant que mon sous-ministre et moi on sera là.
M. Burns: D'accord, concernant le ministère du Travail, le
ministre me suggère une façon de faire.
M. Harvey (Jonquière): Je pense que c'est la façon
la plus rapide.
M. Burns: Peut-être que je l'utiliserai, je ne le sais pas,
parce que la session, comme vous le savez, risque de se terminer d'ici quelques
semaines et ce serait inutile pour moi de poser une question. Je verrai avec le
leader du gouvernement quelle est la meilleure méthode pour en arriver
à une réponse rapide relativement à ça.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: D'autre part, une autre question que j'avais à
vous poser. Deux des personnes qui étaient invitées à
parler à ce colloque appelons-le le colloque pour les fins de la
conversation sont deux avocats montréalais; l'un s'appelle Me
Raymond Barakett, qui est bien connu dans le domaine des relations du travail,
et l'autre s'appelle Me Jacques Lévesque. Ils sont tous deux
associés dans la firme Monette, Clerk, Michaud, Barakett et
Lévesque. On donne leur curriculum vitae que je n'ai pas à
répéter ici. De toute façon, je pense que, sauf erreur, le
curriculum ne leur nuit pas plus qu'il faut. On dit tout simplement ce qu'ils
ont fait dans la vie.
Je connais personnellement ces deux avocats pour avoir eu affaire
à eux comme avocat syndical; eux, comme avocats patronaux. Ce que
j'aimerais savoir, cependant, c'est si le ministère du Travail, d'une
façon ou d'une autre, emploie l'un ou l'autre de ces deux avocats.
Ou encore, est-ce que, dans les présentes négociations qui
ont lieu avec les représentants de la fonction parapublique, l'un ou
l'autre de ces deux avocats, ou les deux, sont utilisés comme
représentants du gouvernement?
M. Harvey (Jonquière): Comme représentants du
gouvernement dans l'actuelle ronde de négociation, je ne le sais pas.
Mais pour le ministère du Travail, non. Mon collègue de la
Fonction publique pourrait certainement répondre à cette
question.
M. Burns: Le malheur, c'est que les crédits de la Fonction
publique sont maintenant adoptés et j'ai eu connaissance de cela
après l'étude des crédits de la Fonction publique.
M. Harvey (Jonquière): Je suis convaincu... Je puis
m'informer à...
M. Burns: Peut-être lors d'une prochaine séance. Il
ne s'agit pas là d'une consultation générale, mais
à...
M. Harvey (Jonquière): Je vais m'informer à mon
collègue, M. Parent, s'ils font partie... Au ministère...
M. Burns: Au niveau du ministère, ils ne sont jamais
appelés en consultation ou quoi que ce soit? Bon. Quant à ce
deuxième point, j'attendrai la réponse du ministre. Je suis
satisfait qu'actuellement, le ministre me dise que son ministère n'a pas
affaire avec cette AMR que je n'ose qualifier, et qui vient surtout des
Etats-Unis, qui vient tenter d'apprendre à certains patrons
québécois qui, comme on le sait, très souvent, sont
beaucoup plus ouverts que certains patrons de provenance extérieure au
Québec, beaucoup plus ouverts à la syndicalisation. C'est dans
cette préoccupation de la légitimité et de la protection
du droit d'union...
M. Harvey (Jonquière): Montréal, c'est une grande
ville, il vient des moyens numéros.
M. Burns: II vient toutes sortes d'affaires de
Montréal.
M. Harvey (Jonquière): On n'est pas obligé de tout
acheter, vous savez.
M. Burns: Non, c'est bien sûr.
M. Harvey (Jonquière): C'est comme si on vient à
Jonquière avec un kangourou au Palais des sports, il y a beaucoup de
gens qui vont aller le voir, mais il n'y a personne qui va l'acheter.
M. Burns: On ne sait jamais.
M. Harvey (Jonquière): Chartrand est venu et ils ne l'ont
pas acheté.
M. Burns: En ce qui me concerne, M. le ministre, cela termine la
première partie, selon le plan que je vous avais proposé, de
l'examen de vos crédits, la première partie concernant les
relations du travail. Je reviendrai à des questions de détail,
cependant, je vous en avertis, M. le Président, lorsqu'on examinera les
programmes appropriés, c'est-à-dire des questions de
détail au point de vue des chiffres, au point de vue de l'orientation,
etc. Je parlais beaucoup plus au niveau idéologique.
Je vous suggère, si cela correspond à vos vues,
étant donné qu'il est bientôt onze heures moins cinq, avant
d'entreprendre la deuxième partie qui est la deuxième mission de
votre ministère, celle que vous décrivez comme la
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles,
lorsque vous parlez plus précisément au niveau du marché
du travail... C'est plutôt l'aspect de la prévention que je
voudrais discuter avec vous. Je vous suggère qu'au lieu de commencer
brièvement, pour cinq minutes, à peu près...
M. Pagé: D'ailleurs...
M. Burns: Le député de Portneuf s'était
réservé une question avant l'ajournement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Portneuf.
Conflit à l'Hydro-Québec
M. Pagé: M. le Président, ma question concerne un
problème particulier, qui a été soulevé en Chambre,
cet après-midi. Malheureusement, parce que j'étais au
téléphone, je n'ai pu
prendre qu'une partie de la réponse du ministre. Ma question est
bien spécifique. Elle concerne le conflit qui intéresse
actuellement les employés de l'Hydro-Québec avec la
société d'Etat.
En fin de semaine, M. le Président, vous savez, à titre de
représentant de la région de Québec, les ennuis, qu'ont
connus tout près de 7000 contribuables ici dans la région et
particulièrement, chez nous, dans Portneuf où, en raison du
harcèlement des employés de l'Hydro-Québec,
l'électricité n'a pas été rétablie pendant
tout près de 76 heures; ce qui fait que de nombreux contribuables, des
commerçants, ont perdu des valeurs assez appréciables qui, selon
moi, n'étaient pas en droit ou n'avaient pas d'affaire à perdre,
dans les circonstances.
Sans prendre une position particulière à l'égard du
conflit, je pense que ce geste représentait un manque de
responsabilités de la part du syndicat, c'est définitif, mais la
partie patronale, je pense, a une responsabilité. Dans ce cas
particulier, l'Hydro-Québec a obtenu le droit d'agir comme maître
d'oeuvre et d'administrer, d'exploiter le réseau
d'électricité au Québec, mais il y a aussi l'obligation de
fournir de l'électricité aux contribuables. Le syndicat, de son
côté, a peut-être un droit à la grève,
quoiqu'il ne l'avait pas déclenchée. C'était strictement
du harcèlement.
Dans les circonstances, j'aimerais savoir la situation a
peut-être évolué depuis cet après-midi ce
qu'il en est, au moment où on se parle, le 15 juin, à 23 heures
du conflit entre l'Hydro-Québec, où en sont rendues les
négociations, qu'est-ce qui a été fait par le
ministère du Travail jusqu'ici, à ce chapitre, et s'il y a des
actes concrets ou particuliers que le ministère ou le ministre du
Travail entend poser. J'aimerais connaître ces points et, dans quel
délai, si possible.
M. Harvey (Jonquière): Comme je l'avais promis d'ailleurs
au député de Portneuf qui a été l'un des premiers
à me signaler ce qui s'est passé, en fin de semaine, dans la
région de Québec et, spécialement, dans la région
identifiée comme la région Montmorency, cela s'est produit
ailleurs également. Le député de Johnson me le signalait
cet après-midi. J'avais une question également du
député de Rouyn-Noranda. J'ai chargé mon sous-ministre,
dès hier, de convoquer personnel- lement le directeur de la conciliation
et le conciliateur qui ont agi au dossier dans le conflit opposant les
employés de l'Hydro-Québec et l'Hydro-Québec.
A la suite de l'examen de la situation cet après-midi, et sur la
recommandation de mon sous-ministre, j'ai décidé que nous
nommerions d'ici quelques jours un médiateur dans le cas du conflit de
l'Hydro-Québec.
M. Burns: Vous le désignerez?
M. Harvey (Jonquière): Je donnerai le nom du
médiateur, si on siège demain matin, je vous dirai le nom du
médiateur dans le cas du conflit, parce qu'on doit siéger
à 10 heures demain matin, ou encore je le ferai au plus tard, à
l'ouverture de la session demain après-midi. Je pourrai certainement
dès demain matin le faire, parce que nous devons avoir une consultation
dans quelques minutes pour avoir plus de détails sur ce qui a
été examiné cet après-midi, mais la décision
de nommer un médiateur est prise au moment où je vous parle.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, la...
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président. Un
médiateur en dehors des cadres du ministère ou à
l'intérieur?
M. Harvey (Jonquière): Non, ce serait un médiateur
à l'intérieur des cadres du ministère.
M. Burns: Pas le conciliateur qui était affecté au
dossier jusqu'à maintenant, mais...
M. Harvey (Jonquière): Dans le cadre de nos
ressources.
M. Burns: ...quelqu'un qui pourrait être dans le
ministère. D'accord!
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne
ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 57)