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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Tout le monde à leur place.
La commission élue permanente du travail, de la main-d'oeuvre et
de la sécurité du revenu a été convoquée
selon l'avis de la Chambre. La commission permanente du travail, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu siège
aujourd'hui, le mardi 9 juin, après les affaires courantes, pour
entendre certains groupes relativement au projet de loi no 3, Loi sur le fonds
minier.
Les membres de cette commission sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Dauphin (Marquette), M. Dean (Prévost),
Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Gratton (Gatineau), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Lavigne (Beauharnois), M. Marois (Marie-Victorin), M. Perron
(Duplessis), M. Vallières (Richmond).
Est-ce que vous avez un changement à faire?
M. Gratton: Oui, si vous voulez remplacer Mme Dougherty, M. le
Président, par M. Pierre Fortier, député d'Outremont.
Le Président (M. Laplante); ...Mme Dougherty
(Jacques-Cartier) remplacée par M. Fortier (Outremont).
Les intervenants sont: M. Chevrette (Joliette), M. Gauthier (Roberval),
M. Hains (Saint-Henri), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Leduc (Fabre), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Paquette (Rosemont), M. Polak (Sainte-Anne), M.
Rochefort (Gouin).
J'aimerais qu'il y ait un rapporteur, s'il vous plaît.
M. Lavigne (Beauharnois).
Je vais appeler les groupes et ceux qui seront ici m'indiqueront, de la
main, qu'ils sont arrivés.
L'Association des mines de métaux du Québec, le Conseil du
patronat du Québec, la Chambre de commerce du Québec,
l'Association des manufacturiers canadiens, la Centrale des syndicats
démocratiques, les Mines Noranda, la Fédération des
travailleurs du Québec, la Confédération des syndicats
nationaux.
Je vous donne l'ordre du jour, pour la journée.
L'Association des compagnies de fiducie, l'Association des compagnies
d'assurances de personnes Inc., et SOQUEM, à ce qu'on me dit, ne seront
pas ici, mais leur mémoire est déposé. J'appelle
maintenant l'Association des mines de métaux du Québec
Incorporée, à venir s'asseoir en avant, s'il vous plaît.
(10 h 15)
Messieurs, étant donné le nombre imposant de
mémoires qu'on a à entendre aujourd'hui, je vous demande, ainsi
qu'à tous les groupes qui sont ici, de faire une synthèse de vos
mémoires, parce que le nombre de mémoires est volumineux et on ne
pourra pas les lire au complet. Il serait bon qu'on puisse prendre trois quarts
d'heure pour chacun des groupes, pour que les membres de cette commission
puissent vous poser le nombre de questions voulues pertinentes au travail de la
commission.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, on sait que dans la majorité des cas, sinon dans
l'ensemble, les mémoires qui ont été
présentés ce matin n'ont pas été communiqués
aux membres de la commission. Donc, nous souscrivons à votre souhait
qu'on soit le plus court possible dans la présentation, mais il ne
faudrait quand même pas qu'on soit à ce point court que les
membres de la commission ne s'y retrouvent pas. Je vous inviterais, si vous
voulez bien, à demander au secrétariat des commissions de nous
fournir tout de suite les mémoires qu'ils ont déjà en main
parce qu'on nous en a remis un certain nombre ce matin, mais il nous en manque
encore près de la moitié. Cela nous permettrait de les scruter,
soit à l'heure du lunch ou au cours de nos travaux ce matin, de
façon à pouvoir aller ensuite beaucoup plus rapidement.
Le Président (M. Laplante): Merci, Monsieur...
M. Marois: Je suis parfaitement d'accord, M. le Président,
avec cette attitude de souplesse, en tenant compte du
temps qui est devant nous, pour qu'on puisse dialoguer au maximum,
compte tenu surtout de la nature du projet. Je pense que c'est important.
Le Président (M. Laplante): S'il y a des groupes dans la
salle qui ont des mémoires qui n'ont pas été
déposés au secrétariat, je vous prierais de les
déposer tout de suite pour qu'on puisse en faire faire des photocopies
pour les membres de la commission.
M. le ministre, pour les remarques préliminaires, s'il vous
plaît.
Remarques préliminaires M. Pierre
Marois
M. Marois: M. le Président, je vais essayer moi-même
de donner un peu le ton aux travaux de notre commission d'abord en m'imposant
moi-même une discipline dans le temps et au lieu de faire un
exposé, d'en faire une synthèse qui soit, je l'espère, la
plus rapide, la plus complète possible et qui, en même temps,
traduise le plus fidèlement possible l'état d'esprit avec lequel
nous, de la majorité parlementaire, nous abordons les travaux de cette
commission. Je voudrais, bien sûr, en mon nom, et je pense bien que je me
fais le porte-parole de l'ensemble des membres de cette commission, souhaiter
la bienvenue à tous et chacun des groupes qui ont bien voulu accepter
notre invitation à venir se faire entendre devant cette commission.
On me permettra de faire un très bref rappel historique qu'il me
semble important de remettre en perspective, avant d'aborder l'étude du
le projet de loi no 3, Loi sur le fonds minier. Il me semble important de
rappeler qu'en 1967 - il y a donc 14 ans - le Syndicat des métallos
avait présenté au gouvernement du Québec une
première requête visant l'instauration d'un fonds minier.
Spécifiquement, à l'époque, le syndicat demandait au
gouvernement la reconnaissance du principe de la participation
financière de l'industrie minière au reclassement des
travailleurs licenciés à la suite de la fermeture ou du
ralentissement des opérations d'une mine, et ce, pour quelque raison que
ce soit.
Depuis les dix dernières années, la solution au
problème des travailleurs licenciés de cette industrie, on le
sait, a consisté en des mesures de reclassement qui sont prévues
à la Loi sur la formation et la qualification professionnelles, le
fameux article 45, loi qui a été sanctionnée en juin 1969.
Durant cette période, il est important de le rappeler, des
comités de reclassement ont été constitués pour
quelque 3500 salariés affectés par des fermetures totales ou
partielles d'entreprises minières. Dans le secteur des métaux non
ferreux, ce sont 2800 salariés qui ont été affectés
par des fermetures d'entreprises minières. Ce sont des faits.
Il ressort cependant que, tout au long de ces années, depuis
1967, cette notion du fonds minier a évolué selon la conjoncture,
selon l'état des réflexions et selon l'état aussi de la
démarche des divers groupes, et particulièrement du Syndicat des
métallos pour trouver des solutions pertinentes aux problèmes qui
sont évoqués. En fait, en décembre 1977, donc, à
toutes fins utiles, dix ans plus tard, le syndicat présentait un
deuxième mémoire au gouvernement du Québec, et en
réponse aux demandes du syndicat, l'Association des mines de
métaux du Québec faisait connaître ses réactions
dans un mémoire remis au gouvernement en novembre 1978. Des rencontres
ont eu lieu entre les fonctionnaires du ministère de l'Énergie et
des Ressources, les dirigeants du Syndicat des métallos, qui ont permis
d'en arriver, en mai 1980, à redéfinir ou à cerner le
projet initial de fonds minier qui, encore une fois, datait de 1967.
Dans ses mémoires, depuis 1967, le syndicat a toujours
mentionné que la création d'un fonds minier n'avait pas pour but
d'empêcher les mines de fermer, ni de modifier les cycles et
l'évolution du marché des métaux, mais plutôt de
stabiliser le niveau de la main-d'oeuvre. Selon le syndicat, une meilleure
stabilisation de l'emploi peut être obtenue en y intéressant
financièrement les employeurs et le gouvernement. Les travailleurs
miniers seraient plus intéressés à entrer et à
demeurer dans l'industrie si, d'abord, on leur accordait une meilleure
protection économique en cas de chômage, si on leur donnait
l'assurance d'une occasion réelle d'acquérir une rente de
retraite et si on valorisait le statut de travailleur minier.
En résumé, le fonds minier n'a jamais signifié la
création d'une mesure unigue pour distribuer de l'argent aux quatre
vents, mais bien la mise sur pied d'un certain nombre de programmes qui
devraient globalement déboucher sur une plus grande stabilisation des
emplois dans le secteur minier.
En réponse à ces demandes, après analyse,
discussion des propositions et arguments contenus dans les mémoires des
uns et des autres, qui nous ont été présentés, nous
avons intégré l'ensemble de ces mesures dans le projet de loi no
3, Loi sur le fonds minier, qui propose, au fond, l'adoption d'avantages
sociaux qui seraient, croyons-nous, de nature à revaloriser la
carrière du travailleur minier québécois. Ces mesures
sont, je les rappelle, une aide à la mobilité géographique
des mineurs en chômage lorsqu'il existe des pénuries de mineurs,
deuxièmement, la continuation des avantages sociaux en cas de
licenciement ou
de mise à pied, c'est-à-dire l'extension durant les
périodes de chômage de la protection accordée par les
régimes d'assurance-vie et de maladie, ainsi que le maintien chez un
nouvel employeur minier des avantages acquis chez l'employeur
précédent en matière de vacances annuelles et,
troisièmement, l'amélioration du revenu de retraite de ceux qui
font carrière comme mineurs.
Ces mesures s'appliqueraient aux salariés, ainsi qu'à
leurs contremaîtres affectés aux travaux d'extraction et de
concentration des métaux non ferreux. Le nombre de ces salariés
est d'environ 4000 présentement.
Depuis le dépôt du projet de loi qui s'est fait, dans un
premier temps, avant la dernière élection, les études, je
le sais, se sont poursuivies de part et d'autre chez les divers groupes, les
réflexions aussi, tant et si bien qu'il semble - on le verra beaucoup
mieux tout au long des travaux de la présente commission parlementaire,
M. le Président - que cette notion de fonds minier a encore
évolué, s'est davantage précisée dans l'esprit des
uns et des autres. Les travaux de notre commission parlementaire aujourd'hui
prennent donc une importance qui, me semble-t-il, est extrêmement
grande.
Aussi - c'est là-dessus que je terminerais mes remargues
préliminaires - je sais pour avoir travaillé parfois sur certains
projets de loi en commission parlementaire, qu'il est possible pour des hommes
et des femmes politiques parfois de s'élever au-dessus de la
partisanerie politique surtout quand il s'agit de sujets aussi fondamentaux et
importants que ceux-là. On l'a déjà fait; je crois que
c'est possible et je me permets de nous inviter - et j'essaierai moi-même
d'en donner le meilleur exemple possible - à partager cet esprit, d'une
part. D'autre part, je tiens à dire, en terminant, que c'est avec
énormément d'ouverture d'esprit que j'aborde les travaux de cette
commission et que je compte écouter attentivement les remarques, les
commentaires, les suggestions, les recommandations et les ajustements, le cas
échéant, qui pourraient nous être proposés par l'une
ou l'autre des parties qui ont accepté de venir nous rencontrer
aujourd'hui. Encore une fois, ce sera avec beaucoup d'ouverture d'esprit.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques d'ouverture que je
voulais faire à ce moment-ci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. Juste
avant de donner la parole à M. le député de Gatineau, j'ai
omis deux changements qu'il y avait sur la commission. Comme membre, M. Perron
(Duplessis) est remplacé par M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) et, comme intervenant, M. Chevrette est
remplacé par M. Bordeleau (Abitibi-Est). La parole est à vous, M.
le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais dire que, dans
notre cas, il y aura peut-être, au cours de la séance
d'aujourd'hui, des changements à effectuer. J'imagine gu'on pourra les
faire en temps et lieu.
Le Président (Laplante): II n'y a pas de
problème.
M. Gratton: M. le Président, je vous remercie. Je remercie
également le ministre pour sa déclaration qui nous laisse
entrevoir la possibilité de travailler d'une façon tout à
fait ouverte, sans parrisanerie. Étant moi-même de nature non
partisane, c'est d'avance que j'assure le ministre de notre entière
collaboration dans l'étude de ce projet de loi très
important.
Le ministre a rappelé que c'est à la demande des
métallos, en 1967, que le gouvernement actuel vient maintenant nous
proposer un projet de loi sur le fonds minier. L'Opposition souscrit
entièrement à l'objectif d'assurer la mobilité des
travailleurs dans le secteur minier, de leur garantir certains avantages
sociaux dans le cas de fermeture ou de ralentissement des activités dans
une mine donnée. Cependant, le libellé, la rédaction du
projet de loi dans sa forme actuelle soulève énormément
d'interrogations. C'est pourquoi nous apprécions vivement le fait que le
gouvernement se soit rendu à notre demande et qu'il ait accepté
d'emblée, d'ailleurs à sa propre inititative, de tenir cette
commission parlementaire avant l'adoption du projet de loi en deuxième
lecture. Ceci nous permettra ce matin, en questionnant, en écoutant nos
invités, d'établir le bien-fondé non seulement des
diverses modalités du projet de loi, mais également,
peut-être bien, de certains principes qu'il contient. Tout en assurant ce
que les métallos réclament depuis 1967, on voit bien que le
projet de loi no 3, tel que libellé présentement, va beaucoup
plus loin. C'est d'ailleurs assez significatif que, dans la conclusion du
mémoire que nous présenteront les métallos ce matin, on
lise - et vous me permettrez de citer, M. le Président, la conclusion du
document dont nous entendrons les représentants tantôt: "En somme,
le Syndicat des métallos est heureux de constater que le concept du
fonds minier ait été accepté par le gouvernement. Le
syndicat est moins heureux du projet de loi lui-même, cependant, et
estime qu'il sera plus nuisible qu'utile, dans sa forme actuelle. À
moins que le gouvernement ne soit prêt à effectuer des changements
substantiels au projet, celui-ci devrait être tout simplement
retiré."
Je pense que ce bout de phrase indique
bien que le projet de loi no 3 ne répond sûrement pas aux
attentes de ceux qui ont été les premiers à le demander et
je suis sûr qu'en écoutant les autres intervenants, dont nos
premiers invités, on se rendra à l'évidence qu'il y a
plusieurs carences que nous devrons bonifier ou que nous devrons
éliminer du projet de loi.
Cela étant dit, M. le Président, j'insiste pour dire que
nous aussi, de l'Opposition, abordons cette étude de la façon la
plus ouverte possible, que nous n'entendons pas entretenir ici des
débats partisans qui pourraient venir enlever de l'importance aux
discussions que nous devons avoir.
Je termine, M. le Président, en remerciant tous ceux qui
viendront présenter leur mémoire aujourd'hui. On sait que les
délais normaux ont dû être écourtés. On sait
que dans le cas de l'Association des mines de métaux, on a même
dû s'absenter d'un congrès annuel pour venir faire la
présentation ici, devant la commission. Nous remercions tous ceux qui y
participeront et nous réitérons notre plus qrande ouverture
d'esprit possible pour faire en sorte que le projet de loi no 3, au moment
où il sera adopté, saura répondre aux attentes de tous les
intervenants dans le secteur.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Gatineau.
J'appelle maintenant l'Association des mines de métaux du
Québec. Si vous voulez bien présenter votre organisme et les
membres qui le représentent.
Association des mines de métaux du
Québec
M. Langlois (Gonzague): Avant de faire la présentation de
notre organisme, étant donné qu'on vient d'arriver de l'avion et
que la dernière copie du mémoire, je ne l'ai pas en main, j'ai
envoyé quelqu'un la chercher à mon bureau, je me demande si M.
Marois a reçu, hier après-midi, la dernière copie de ce
mémoire. J'avais donné des ordres pour qu'on en livre une
vingtaine de copies. (10 h 30)
Le Président (M. Laplante): Est-ce celle là qui
serait datée de Québec le 9 juin 1981?
M. Langlois: Cela a dû être livré.
M. Marois: Le 9 juin 1981.
M. Langlois: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): On l'a.
M. Marois: On l'a eue vers la fin de l'après-midi
hier.
M. Langlois: J'aimerais aussi faire une autre requête avant
de présenter nos invités. C'est qu'on a, comme M. le
député a dit tout à l'heure, laissé en plan notre
assemblée annuelle à Montebello pour venir comparaître en
commission parlementaire, et nous avons un groupe de Noranda avec nous qui est
sur le même avion et qui retourne cet après-midi. Est-ce que vous
permettriez qu'il passe tout de suite après nous pour qu'on puisse
retourner cet après-midi?
Le Président (M. Laplante):
Malheureusement, M. le président. C'est que je suis obligé
de suivre l'ordre. Le deuxième groupe serait le Conseil du patronat du
Québec qui a aussi exigences à cause de certaines
contraintes.
M. Langlois: M. le Président, je crois que le Conseil du
patronat pourra facilement s'entendre avec nous à ce sujet.
Le Président (M. Laplante): D'accord, allons-y
messieurs.
M. Langlois: Tout d'abord, j'aimerais présenter ceux qui
sont à la table avec moi. J'ai à ma droite M. Camille Marcoux,
qui est vice-président de Noranda; M. Guy Lacroix, qui est directeur des
relations de la compagnie. M. Claude Dion, de Noranda. A ma gauche, j'ai M.
Claude Garcia, qui a aqi comme actuaire pour la préparation du
mémoire; d'ailleurs l'annexe est de M. Garcia.
M. le Président, M. le ministre, depuis plusieurs années
les métallos ont entretenu, avec l'aide des médias, l'idée
de l'insécurité d'emploi pour le mineur, parce que les mines
doivent nécessairement fermer un jour. Je m'excuse, M. le
Président, c'est que j'ai été obligé de dicter les
derniers amendements à mon mémoire à Montebello hier.
Le Président (M. Laplante): J'espère que vous avez
un beau congrès.
M. Langlois: Je n'étais même pas passé par le
bureau avant.
Nous ne pouvons nier l'assertion des métallos que les mines
ferment un jour. C'est évident. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Nous ne pouvons non plus nier l'assertion que les mines devant fermer un jour,
il manque de sécurité d'emploi dans le secteur minier. Mais nous
pouvons aussi ajouter qu'aucun secteur d'activité industrielle,
économique ou de services, à l'exception du gouvernement
peut-être, ne peut assurer une absolue sécurité
d'emploi.
Pour s'en rendre compte, on n'a qu'à consulter les statistiques
sur le nombre des faillites par année au Québec et au Canada. On
s'aperçoit alors que le nombre d'emplois perdus à cause des
fermetures de mines est bien minime dans cet ensemble. Bien plus, à
l'intérieur du secteur minier lui-même, on choisit le
secteur des mines de métaux non ferreux.
Or, ce secteur est présentement prospère et il est
important de noter qu'il existe dans le Nord-Ouest québécois une
concentration de gîtes minéraux non ferreux, de sorte que dans
cette région il y a de nombreuses ouvertures de mines, surtout depuis
l'augmentation du prix de l'or ces dernières années. Les mineurs
d'expérience qui désirent travailler n'ont même pas
à sortir de la région pour se trouver un nouvel emploi et
présentement il y a pénurie de mineurs d'expérience dans
le Nord-Ouest.
Depuis nombre d'années, il nous semble vraiment que nos
gouvernements, soit fédéral ou provincial, aiment bien se servir
du secteur minier comme cobaye pour tester par des lois spéciales des
initiatives nouvelles. À tout le moins nous pouvons dire que nous sommes
très choyés par la sollicitude gouvernementale. On n'a
qu'à considérer toutes les lois fiscales qui s'appliquent
spécifiquement à ce secteur ainsi que les nombreuses lois
établissant des sociétés d'État dans le secteur des
ressources et plus particulièrement dans les mines. On peut citer
SOQUEM, SDBJ, SIDBEC, la Société nationale de l'amiante, etc.
Dans le domaine de la santé, nous avons eu droit à la
fameuse loi 52 sur l'indemnisation de l'amiantose et de la silicose, qui a
coûté aux entreprises quelques dizaines de millions de dollars
dont une bonne partie en pure perte, alors que la loi ne couvrait même
pas les usines d'amiante et les fonderies, là où les
problèmes de silicose et d'amiante sont les plus aiqus.
Et maintenant, le secteur des non ferreux est encore l'objet d'une autre
loi spéciale établissant un fonds minier. Cette
désignation du secteur des non ferreux nous amène à poser
une série de questions. Dans le secteur minier, par exemple, pourquoi
celui des non ferreux? Considère-t-on présentement, étant
donné sa relative prospérité, qu'il est le seul à
pouvoir défrayer un tel programme alors que le secteur du fer et de
l'amiante sont en mauvaise position économique? Et, parmi les non
ferreux, comment a-t-on fait le choix des substances mécaniques
auxquelles s'appliquera la loi no 3? Pourquoi, par exemple, l'ilménite,
alors qu'il n'y a qu'une seule exploitation d'ilménite au Québec
- fer et titane - que l'on associe généralement aux mines de
fer.
À l'intérieur même du secteur visé, pourquoi,
par exemple, le projet de loi no 3 couvre-t-il, en plus des travailleurs, les
contremaîtres, qui ne sont pas inclus dans la convention collective et
qui, en général, sont directement reliés aux cadres des
entreprises pour les avantages sociaux? Le secteur des mines de métaux
non ferreux est-il si mauvais citoyen corporatif que le gouvernement doit, en
quelque sorte, lui imposer une tutelle au niveau des bénéfices
sociaux accordés aux employés? Pourtant, si on examine les
régimes de retraite dans ces entreprises, on s'aperçoit que 80%
des entreprises possèdent des plans de pension qui couvrent 95% du total
des travailleurs concernés. Bien plus, pour 77% de tous les travailleurs
concernés, les employeurs défrayent 100% de la cotisation.
Pour nous, toutes ces questions, jusqu'à maintenant, sont
demeurées sans réponse. La seule explication valable que nous
ayons pu trouver, c'est que le véritable objectif du projet de loi n'est
pas prioritairement la solution des problèmes de sécurité
d'emploi causés par les fermetures de mines, mais plutôt une
expérience pilote pour un petit secteur environ 6500 travailleurs - M.
Marois disait tout à l'heure de 4000, mais nous avons calculé,
d'après les substances inscrites, que ça équivalait
à peu près à 6500 - au niveau de la prise en charqe par
l'État des fonds de pension supplémentaires des entreprises
visées, ce qui a directement peu à voir avec
l'établissement d'un fonds minier comme tel pour régler les
problèmes de fermetures de mines, tel que prôné depuis des
années. Cette expérience pilote pourrait bien être le
début d'une vaste offensive de la part du gouvernement pour rapatrier
à la Caisse de dépôt tous les régimes
supplémentaires de rentes de tous les secteurs industriels.
Il est évident qu'un tel système s'appliquant à
toute l'industrie québécoise, qui représente une masse
salariale de quelque près 25 000 000 000 $, ferait entrer dans la Caisse
de dépôt des fonds dépassant le milliard par
année.
Dans les mines concernées, une telle intervention directe et fort
coûteuse pour le gouvernement au niveau des avantages sociaux de leurs
employés est un précédent inacceptable qui restreint
considérablement la marge de manoeuvre des employeurs dans la gestion de
leurs entreprises et dans leurs négociations avec leurs
employés.
Autrement dit, on assiste, par ce projet de loi, à
l'étatisation des bénéfices sociaux des entreprises
privées, aussi bien au niveau du contrôle des fonds que de leur
administration. En effet, toute l'administration du régime
supplémentaire de retraite défrayé par les employeurs et
les employés, ainsi que les fonds patronaux nécessaires pour
assurer la continuité des bénéfices sociaux acquis dans un
emploi précédent, est confiée à la Commission
administrative du régime de retraite des employés
gouvernementaux. Le projet de loi confie aussi à cette commission le
soin d'établir les évaluations actuarielles sur lesguelles seront
basées les cotisations pour le régime de retraite et les
cotisations des
employeurs pour assurer la prolongation des bénéfices
sociaux.
Vous verrez dans le chapitre IV de l'annexe attachée à ce
mémoire, une analyse assez poussée préparée par
notre actuaire-conseil sur les conséquences que pourrait avoir, sur la
concentration du pouvoir économique du gouvernement, sur les
investissements privés et sur les coûts d'administration du
régime, le fait de rapatrier les fonds du nouveau régime de
retraite à la Caisse de dépôt et d'en confier
l'administration à une commission administrative gouvernementale.
Quant à la réglementation, c'est, évidemmnent, le
gouvernement qui s'en charge en y ajoutant, bien sûr, les infractions. Le
moins que l'on puisse dire, c'est que le présent projet de loi fait
très peu confiance à l'entreprise privée pour administrer
ses propres fonds.
Les informations que nous avions reçues de l'ancien ministre de
l'Énergie et des Ressources, M. Yves Bérubé, avant que le
dossier soit transféré au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre faisant mention qu'un régime de pension semblable à
celui proposé dans la loi no 3, sans rachat d'une
rétroactivité actuarielle, coûterait environ 8% de la masse
salariale. Je crois que M. Garcia, qui a fait une étude plus
approfondie, mentionne des chiffres moindres que ça: 5,6% ou 6,7%, je
crois, de la masse salariale.
La loi no 3 propose, selon l'article 27, un régime
supplémentaire de rentes qui garantit à 65 ans aux mineurs en
poste, à partir de la date du dépôt du projet de loi, un
minimum de 15% du salaire moyen admissible calculé à partir des
cinq années de service les mieux rémunérées et,
pour le mineur qui prend l'emploi après cette proclamation, le
régime garantit 15% à 65 ans, après cinq années de
participation au régime de retraite.
Après un examen approfondi de cet article, il n'est pas possible
d'interpréter autrement l'article 27. Ce qui porte à confusion,
c'est qu'on traite d'abord les cas des mineurs qui prennent un emploi
après la date du dépôt du projet de loi. Pour ces nouveaux
employés, il leur faut avoir participé au régime pendant
cinq années avant d'avoir droit à 65 ans au maximum de 15% du
salaire admissible. Cela ne s'applique donc qu'avec le dépôt du
projet de loi et ne peut être inclus dans l'évaluation actuarielle
du coût du système de retraite proposé. Ce n'est qu'au
dernier paragraphe de l'article 27 qu'on s'aperçoit que tous les
travailleurs en fonction à la date du dépôt du projet de
loi et non de sa proclamation, c'est-à-dire les 6500 travailleurs
couverts par la loi, ont droit à 65 ans au minimum de 15% du salaire
admissible sans qu'ils leur soit nécessaire d'avoir participé au
régime pendant cinq ans.
Cela signifie donc le rachat actuariel pour tous les mineurs
concernés des années de service antérieures pouvant varier
de 0 à 15 ans. Or, présentement, il y a environ 25% des mineurs
de ce groupe qui sont au-dessus de 50 ans, qui feront donc l'objet d'un rachat
actuariel. Selon le projet de loi, d'autres mesures viendront aussi augmenter
le coût du régime, telle la possibilité de prendre sa
retraite à 55 ans avec la pension de 15%, si le mineur est invalide et
s'il a 25 années de service, telle aussi la moitié de la pension
à la veuve après le décès du pensionné.
Vous me permettrez ici d'ouvrir une parenthèse car, en consultant
le chapitre 5 de l'annexe préparée par notre actuaire, vous
constaterez que le minimum de 15% accordé par la loi no 3 entre en
contradiction avec les normes de Revenu Canada Impôt et que, si la loi
est adoptée telle quelle, les travailleurs, aux fins de l'impôt,
ne seraient pas en mesure de déduire les cotisations versées au
fonds minier. Nous doutons également de l'attitude du ministère
du Revenu au sujet de la contribution de l'employeur. Il est possible qu'il
insiste pour que cette contribution soit ajoutée au revenu des
travailleurs qui participeront au régime. De plus, l'article 15 et
l'article 27 de la loi no 3 viennent même en contradiction avec les
articles 31 et 32 de la loi québécoise des régimes
supplémentaires de rentes, tel qu'expliqué dans la
deuxième partie du chapitre 5 de l'annexe.
La rapidité avec laquelle le gouvernement veut procéder
dans ce dossier nous a empêchés de faire une étude
actuarielle aussi complète que nous l'aurions voulu sur le coût
d'un tel régime de retraite en tenant compte du rachat des services
passés des mineurs. Les premiers renseiqnements de nos actuaires nous
indiquent toutefois qu'un tel régime de rentes pourrait totaliser
environ 10% de la masse salariale, du moins au cours des premières
années, soit 5% pour les travailleurs et 5% pour les employeurs. Pour
les employeurs, il faut ajouter aussi les cotisations affectées à
la continuation des avantages sociaux et à l'administration du fonds, ce
qui pourrait facilement équivaloir à 2% de jIus de la masse
salariale. (10 h 45)
La masse salariale des mines concernées par la loi no 3
étaient d'environ 150 000 000 $ en 1979, en tenant compte des
augmentations de salaire qui ont varié de 15% à 20% par
année au cours des deux denières années - la
dernière convention collective qui a été signée
à la mine Patino, le 1er avril 1981, accordait 28% pour la
première année - cette masse salariale atteindra presque 200 000
000 $ à la fin de 1981. C'est donc une somme totale de
24 000 000 $ que la nouvelle loi pourrait coûter, dont 10 000 000
$ à être défrayés par les travailleurs. On a des
raisons de sérieusement s'interroger sur la réaction des
travailleurs, lorsqu'ils seront vraiment au courant des déboursés
qu'ils auront à faire.
D'ailleurs, le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a sûrement ces chiffres en main,
puisqu'il serait inconvevable qu'il ait procédé à la
rédaction d'un tel projet de loi sans lui-même avoir
effectué une étude actuarielle sur les coûts du
régime de retraite proposé.
De plus, à cause de l'importance des régimes de retraite
privés existant dans la très grande majorité des mines
visées et où la plupart de ces régimes existent depuis
longtemps, le projet de loi no 3, par son article 27, oblige l'employeur
à défrayer à 50% le coût d'une
rétroactivité actuarielle qui, pour un bon nombre de
travailleurs, aurait déjà été achetée par le
biais des régimes de retraite privés.
Étant donné l'importance des cotisations des
employés pour un tel régime de retraite, le gouvernement serait
peut-être tenté de facturer toute la note à l'employeur.
Pourquoi pas? D'ailleurs, je suis sûr que les centrales syndicales ont
déjà fait des représentations à ce sujet. Il y a
cependant des limites que même le gouvernement ne peut dépasser.
Imposer aux entreprises d'un secteur particulier un coût additionnel de
l'ordre de 12%, c'est-à-dire 10% pour le régime de retraite et 2%
pour l'administration du fonds minier, de la masse salariale, en plus de ce
qu'elles défrayent présentement pour leur régime de
retraite privé, soit 4% additionnels, serait pousser un peu loin la
discrimination entre ce secteur et les autres secteurs industriels et les
travailleurs eux-mêmes seraient les premiers à en souffrir.
Car, le projet de loi no 3 ne sera, parmi plusieurs autres, qu'un des
facteurs d'augmentation des coûts imposés par le gouvernement aux
mines en particulier. La dernière réforme de la taxe municipale
et l'augmentation de la taxe d'affaires pénalisent
particulièrement les mines, parce qu'elles ont à assumer la
majeure partie des taxes de la communauté où elles sont
situées. Les cotisations à la CSST prennent déjà
l'équivalent de 12% de la masse salariale et nous savons qu'il existe
présentement au ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu un projet en gestation beaucoup plus
généreux pour la réparation des accidents et des maladies
industrielles. Le dernier budget du ministre des Finances portait à 3%
de la masse salariale les sommes exigées des employeurs pour les
services de santé en plus d'augmenter de 50% la taxe sur le capital.
S'il fallait y ajouter pour les employeurs, en plus des avantages sociaux
importants présentement accordés aux travailleurs, le coût
entier d'un généreux régime de retraite gouvernemental et
d'un fonds minier, on s'apercevra vite qu'à ce rythme, ce qu'on a
appelé le boom des mines d'or disparaîtrait aussi vite qu'il est
venu et que la situation économique présente des autres mines de
métaux de base se détériorera rapidement, étant
donné que les prix du cuivre et du zinc sont présentement
stagnants au niveau international.
Ce soi-disant boom était d'ailleurs basé sur le fait
qu'à un prix de 500 $ l'once et plus, il devenait rentable d'exploiter
des dépôts à basse teneur, titrant 0,1 d'once d'or à
la tonne, dépôts dont plusieurs avaient été
repérés depuis de nombreuses années, mais qui ne se sont
avérés économiquement rentables qu'avec l'augmentation du
prix de l'or.
Les augmentations de salaires généreuses des deux
dernières années, le coût des mesures sociales en place et
celles qui sont annoncées nous ramèneront très vite
à la période de stagnation qui existait dans ce secteur avant
l'augmentation du prix de l'or.
Les déclarations du nouveau ministre de l'Énergie et des
Ressources, dimanche dernier à notre assemblée annuelle, sur la
relance du secteur minier, et celles répétées du premier
ministre sur la relance de l'économie au cours des prochaines
années, ne visent sûrement pas un tel résultat.
Permettez-moi de souligner que, de plus, toute augmentation des
coûts de production dans les mines signifie toujours un certain
gaspillage des ressources minérales exploitées. En effet,
étant donné que les prix des métaux sont fixés au
niveau international, ils ne peuvent être influencés par les
facteurs inflationnistes dans les pays où ils sont extraits.
L'augmentation des coûts ne peut donc être
solutionnées que par l'augmentation de la teneur des minerais
exploités ce qui amène nécessairement la diminution des
réserves exploitables.
Dans aucun des articles du projet de loi no 3 on ne mentionne
l'existence de régimes supplémentaires de retraite dans les
entreprises et le projet n'indique aucune mesure pour leur intégration
au nouveau régime gouvernemental. Il serait alors permis de penser que
les rédacteurs du projet de loi s'imaginent qu'il n'existe aucun
régime de retraite privé dans les entreprises concernées;
pourtant, nous savons fort bien que ces faits sont connus étant
donné la facillité d'obtenir les informations
nécessaires.
Les informations que nous avons recueillies des mines elles-mêmes
nous indiquent qu'en 1980 80% des mines visées par la loi
possédaient des fonds de retraite privés. Par ailleurs, en 1979,
les déboursés totaux aux fins de régimes
supplémentaires
de retraite ont presque atteint 7 000 000 $, pour atteindre une masse
salariale de 150 000 000 $. C'est donc au-delà de 4,5% de la masse
salariale qu'on a versés pour les régimes de retraite
privés; de cette somme 16%, ont été versés par les
travailleurs et 84% par les employeurs. Notre relevé nous indique aussi
que dans 66% des mines couvertes par la loi no 3, la cotisation est
payée à 100% par l'employeur. Par ailleurs, le taux de
participation à des régimes de retraite dans les mines se compare
avantageusement à celui de l'ensemble des activités
économiques. Ce pourcentage est de 44% et, dans le secteur
minéral, de 67%.
La seule allusion indirecte aux régimes de retraite privés
existants dans les entreprises apparaît à l'article 67 de la loi
no 3, qui se lit comme suit: "La présente loi entrera en vigueur
à la date fixée par proclamation du gouvernement, à
l'exception des dispositions exclues par cette proclamation, lesquelles
entreront en vigueur à toute date ultérieure qui sera
fixée par proclamation du gouvernement."
Or, la date fixée par le gouvernement, selon le deuxième
paragraphe de l'article 67, pour le nouveau régime de retraite, ne peut
être postérieure à la date d'expiration de la convention
collective s'appliquant aux groupes de salariés dont l'employeur est
tenu, en vertu d'une convention collective au sens du Code du travail le liant,
de contribuer à un régime supplémentaire de rentes au sens
de la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes.
La seule manière pour nous d'interpréter un tel article
est de constater que la loi laisse à l'employeur l'odieux de
négocier avec ses employés des droits acquis, c'est-à-dire
les cotisations au niveau de leur régime de retraite, avant d'imposer
son propre régime.
Il aurait pourtant été facile de se servir de la loi no 3
pour régler d'autorité les problèmes d'intégration
des régimes privés de retraite au nouveau régime
imposé. Les rédacteurs du projet de loi semblent plutôt
désirer laisser l'employeur avec l'énorme problème qu'ils
ont eux-mêmes créé, soit négocier la disparition
d'ententes antérieures ou payer en double.
Notre actuaire conseil nous explique, par exemple, au chapitre VI de
l'annexe, le mécanisme passablement simple d'une politique de
désengagement qui aurait pu facilement être intégrée
au projet de loi no 3. II ajoute même les exemples du Royaume-Uni et du
Japon où ces régimes fonctionnent présentement.
Or, si le projet de loi est adopté tel quel, il est bien
sûr que les employeurs concernés feront tous les efforts voulus
pour ne pas payer en double et qu'ils feront disparaître, si possible,
leurs régimes de rentes privés. Ils ne réussiront
probablement pas. D'ailleurs, le fait que le projet de loi ignore sciemment
l'existence des régimes de retraite privés dans les entreprises
signifie nécessairement, selon nous, que le gouvernement
considère le régime de retraite imposé par la loi no 3
comme le seul valable.
Dans ce cas, bien des travailleurs seront défavorisés par
rapport à la situation présente puisqu'il existe dans plusieurs
mines des régimes de retraite équivalents, ou presque, à
celui proposé, mais à une différence près. Dans la
plupart des cas, les cotisations sont entièrement
défrayées par l'employeur. Le remplacement de ces régimes
de retraite non contributoires par un régime gouvernemental
contributoire, fixe et uniforme, ne soulèvera sûrement pas
l'enthousiasme des travailleurs.
Les employeurs miniers ne sont pas pour autant opposés à
toute amélioration des avantages sociaux de leurs employés et ils
l'ont prouvé à maintes reprises dans leurs négociations
collectives. À preuve, les mineurs reçoivent présentement
les salaires les plus élevés de tous les secteurs industriels,
excepté peut-être la construction, et les bénéfices
sociaux dont ils profitent, y compris les fonds de retraite, sont parmi les
plus élevés du Canada.
C'est pourquoi les employeurs concernés sont d'accord pour
établir, à l'intérieur du secteur visé, un
programme de transférabilité des fonds de retraite
déjà existants, fonds qui d'ailleurs, s'améliorent
d'année en année par le processus normal de la convention
collective.
À la fin de 1978, le groupe de consultants Pouliot,
Guérard et Associés faisait, pour le compte du ministère
de l'Énergie et des Ressources, une étude qui émettait
certaines hypothèses sur la transférabilité des fonds de
retraite dans les mines de métaux. Ce document a sûrement dû
être consulté par les rédacteurs du projet de loi. Vous
trouverez d'ailleurs, au chapitre VII de l'annexe, une formule de
transférabilité préparée par notre actuaire-conseil
qui pourrait s'appliquer dans un tel cas.
Les employeurs des mines concernées pourraient même
envisager que le gouvernement fixe des normes minimales pour
l'établissement de régimes de retraite transférables au
sein des entreprises opérant à l'intérieur du secteur
concerné, à la condition cependant que la répartition des
coûts de ces régimes soit négociée entre les parties
concernées et que la gestion de tels régimes soit laissée
à ceux qui paient la note, soit les employeurs et les travailleurs.
Une telle formule aurait le grand avantage d'intégrer facilement
tous les régimes de retraite privés qui existent dans les mines
concernées, car pour les entreprises qui possèdent des fonds
de
retraite, il ne s'agirait d'abord que d'équilibrer leurs fonds de
retraite avec la norme minimale. Un deuxième avantage, et
celui-là pour les travailleurs, serait de conserver la
possibilité d'améliorer leur régime de retraite par la
négociation collective au lieu de voir ce régime demeurer
uniforme, figé par la loi et nécessairement contributoire.
Présentement, pour le secteur visé par la loi, sur 20
opérations minières, 4 seulement n'ont pas de régime de
retraite et pour au moins l'une d'entre elles, l'établissement d'un plan
de retraite a été refusé par les travailleurs lors de la
dernière convention collective.
Quant au fonds minier lui-même, c'est-à-dire le fonds
établi par la loi afin de défrayer les avantages sociaux, telles
l'assurance-vie et l'assurance-maladie, acquis au cours d'un emploi
précédent, les employeurs sont d'accord pour le financer à
condition que les périodes déterminées ne soient pas
abusives et que ces mesures ne s'appliquent qu'aux travailleurs mis à
pied pour cause de fermeture de mines ou de diminution de la production.
D'autre part, l'imposition au nouvel employeur de l'ancienneté
pour les vacances, acquise chez un employeur précédent n'est pas
acceptable parce qu'elle intervient directement dans la convention collective
négociée et introduit dans les règles établies une
confusion qui augmentera les problèmes de communication entre les
employeurs et les travailleurs. Il est facile d'imaginer les problèmes
de communication que pourrait causer le fait de défrayer, par exemple, 5
semaines de vacances dès la première année au nouveau
travailleur, parce qu'il les a acquises au cours d'une longue période
dans un emploi précédent, alors que le travailleur ayant
déjà 10 ans d'ancienneté dans cette même entreprise
n'aurait droit qu'à trois semaines de vacances..
Proposer le transfert chez un nouvel employeur de la période de
vacances acquise dans un emploi précédent, c'est à tout le
moins très mal connaître le soin jaloux que prennent les
travailleurs de leur propre ancienneté au sein des entreprises, que ce
soit pour les promotions ou pour les vacances. De toute façon, la loi
des normes minimales de travail accorde déjà 2 semaines de
vacances au travailleur dans un nouvel emploi et nous ne croyons pas qu'une
telle mesure puisse affecter sérieusement les travailleurs qui, dans ces
cas, sortiront de périodes plus ou moins longues de chômage.
Parmi les conséquences directes d'une telle mesure, on
retrouvera, selon nous, la réticence des entreprises à donner de
l'emploi aux travailleurs mis à pied pour cause de fermeture, surtout
ceux qui auront acquis, avec les années, des périodes de vacances
prolongées. Une telle conséquence irait directement à
l'encontre des objectifs prônés par le projet de loi. Une telle
mesure pourrait plutôt favoriser la formation sur place de jeunes
travailleurs pour combler les besoins de main-d'oeuvre des entreprises
concernées.
Quant à la gestion d'un tel programme, chaque entreprise serait
évidemment responsable de son propre régime de retraite.
Cependant, nous pourrions facilement envisager la formation d'un comité
paritaire employeurs-employés, pour discuter avec le gouvernement
l'établissement d'ententes de transférabilité des fonds de
retraite à l'intérieur du secteur visé. Ce comité
paritaire pourrait aussi administrer le fonds minier lui-même grâce
auquel les bénéfices sociaux acquis chez un employeur
précédent seraient continués pour les employés mis
à pied pour cause de fermeture. Le grand avantage pour les employeurs et
les travailleurs de gérer eux-mêmes un tel programme serait
évidemment de garder le contrôle de leurs fonds et de les ajuster
à leur convenance. (11 heures)
Quant au comité consultatif établi par le chapitre 5 de la
loi, il est évident qu'il aura fort peu de pouvoir d'orientation, car
l'expérience des nombreux comités consultatifs formés par
le gouvernement depuis les quinze dernières années, à
commencer par le Conseil supérieur de l'Éducation, nous indique
que l'influence qu'ils ont sur les décisions gouvernementales est assez
mince.
En somme, le projet de loi no 3, au niveau du réqime de retraite
va beaucoup plus loin, selon nous, que ne le laissait entrevoir le
mémoire présenté par les métallos au ministre de
l'Énergie et des Ressources, en janvier 1978.
Permettez-moi de citer les paragraphes de l'avant dernier chapitre de ce
mémoire, qui traitent des bénéfices de retraite à
l'échelle de l'industrie minière. Je cite: "Un second objectif du
projet du fonds minier était et demeure aujourd'hui l'accumulation de
bénéfices de retraite quand un travailleur minier passe d'une
usine à l'autre. Cet objectif continue de nous apparaître
primordial, si on veut réconcilier les aspirations du travailleur minier
de protéger sa vieillesse de façon continue, avec les
opportunités souvent discontinues que peut offrir l'établissement
individuel d'un employeur minier. Les travailleurs miniers, leur famille,
parfois leurs employeurs visent de façon aiguë la contraduction
croissante entre la mobilité de leur travail d'une part, et d'autre part
l'immobilité des bénéfices de retraite que peut fournir un
employeur et une négociation individuelle. "En 1967, notre projet de
fonds minier retenait trois types de solutions à ce problème:
l'usage des contributions patronales
de 2% au fonds minier pour assurer une retraite aux travailleurs miniers
qui ne réussissent pas à bénéficier pleinement des
rentes de l'État; des contributions patronales dépassant le 2% et
servant à financer une caisse de retraite à l'échelle de
toute l'industrie minière au Québec; et enfin la
possibilité d'une véritable négociation, à la fois
privée et à l'échelle de toute l'industrie, sur la caisse
de retraite. "En renouvelant nos revendications nous estimons opportun de
conserver ces diverses alternatives de solutions au problème qui nous
préoccupe, soit le contraste d'une part entre le singulier de la
vieillesse du travailleur minier et son conjoint et, d'autre part le pluriel de
ses emplois, de ses chômages ou de ses incapacités dans
l'industrie minière. "En tout cas notre objectif nous semble très
clair: c'est l'unité, la continuité, l'accumulation et la
transférabilité des crédits de retraite du même
travailleur minier au service de l'industrie minière au
Québec".
Comme vous pouvez le constater, les métallos, en aucun cas, ne
recommandent un régime de retraite imposé par le gouvernement et
géré par lui. Ses recommandations vont très nettement du
côté de la transférabilité des fonds de retraite
à l'intérieur du secteur et de la négociation de ces
régimes de retraite avec les employeurs.
En somme, nous croyons que les recommandations des métallos dans
leur mémoire sont beaucoup plus près de nos propres
recommandations, soit la transférabilité des fonds de retraite
qui demeureraient toujours soumis à la négociation collective; ce
qui nous apparaît, pour les travailleurs eux-mêmes, beaucoup plus
intéressant que ce que propose le loi no 3, c'est-à-dire un
régime de retraite uniforme et fixe, imposé et géré
par le gouvernement et de plus nécessairement contributoire.
Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement est si pressé
d'adopter à la vapeur, au cours de cette mini-session, un projet de loi
de cette importance qui crée un énorme précédent au
niveau des régimes supplémentaires de rentes.
Nous regrettons amèrement d'avoir été soumis
à de si courts délais pour préparer notre réplique
et le fait que ces courts délais tombaient précisément au
milieu de l'organisation de notre assemblée annuelle que j'ai dû
aujourd'hui, avec certains collègues, quitter pour venir
présenter mon mémoire devant la commission parlementaire.
Malgré tous ces inconvénients et, on peut bien le dire ici,
grâce à la flexibilité et aux ressources qui sont encore
présentes dans l'entreprise privée, nous croyons avoir
réussi à exprimer l'essentiel de notre point de vue sur cet
important sujet.
Nous croyons sincèrement que nos recommandations sont valables
même pour la partie syndicale et que le gouvernement devrait prendre le
temps nécessaire pour les étudier ainsi que les autres qui vous
seront soumises au cours de cette commission.
La présente version du projet de loi no 3 démontre
clairement, et le présent mémoire le fait ressortir, qu'il est
loin de couvrir tous les aspects du problème auquel on veut s'attaquer
et qu'il y aurait énormément d'avantage à prendre le temps
nécessaire pour en arriver à une législation beaucoup plus
adéquate.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Pierre Marois (réplique)
M. Marois: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
l'Association des mines de métaux du Québec pour leur
mémoire ce qui ...Vous avez dû prendre des moyens assez
spéciaux pour être présents ce matin parmi nous. Sachez
qu'on l'apprécie. On va bien sûr prendre attentivement
connaissance, faire une lecture très attentive de l'ensemble des
documents que vous avez déposés à la commission, cela va
de soi. Peut-être que M. Langlois pourrait prendre note. Je voudrais
formuler un certain nombre de commentaires et de questions peut-être,
débouler ma liste. M. Langlois pourrait réagir par la suite.
Pour m'en tenir à ce que j'ai indiqué lors de l'ouverture
de nos travaux, je vais passer très rapidement sur les premières
pages du mémoire et sur certains commentaires, quitte à les
regarder à nouveau très attentivement cependant.
À la page 3 de votre mémoire, vous dites: les non-ferreux,
comment on a fait le choix des substances métalliques auxquelles
s'appliguerait la loi no 3, pourquoi l'ilménite, par exemple, alors
qu'il n'y a qu'une seule entreprise?
La question que je vous poserais c'est: Si c'est vraiment un
métal non-ferreux, pourquoi pas? Vous dites dans le même
paragraphe, à l'intérieur même du secteur visé:
Pourguoi le projet de loi couvre, en plus des travailleurs, les
contremaîtres qui ne sont pas inclus dans la convention collective? Je
vous retourne la question: Pourquoi pas? Est-ce que vous voulez que la
perspective du fonds minier soit uniquement et essentiellement accrochée
à une perspective de convention collective? Si tel était le cas,
l'interrogation très profonde, je vous dirai très franchement,
que me soulève votre mémoire - je vais continuer à
réfléchir là-dessus après la commission
parlementaire parce que c'est une question qui se pose fondamentalement - vous
me direz si
vraiment je traduis très mal l'économie
générale, l'esprit de votre mémoire, tout au long de votre
mémoire, je me demande s'il n'y a pas, en filigrane et parfois de
façon presque explicite, comme une espèce de plaidoyer à
la fois pour qu'on débouche aussi bien sur une forme quelconque
d'accréditation multipatronale et de négociations sectorielles
et, en même temps, qu'on débouche sur une politique globale face
à ce qu'on appelle les fermetures et les licenciements collectifs. Je ne
vous cacherai pas que je me pose très sérieusement la question et
je vous la pose en même temps.
Deuxièmement, c'est sensiblement la même remarque que
m'inspire, en particulier au passage, le bas de la page 4 de votre
mémoire où vous parlez de l'expérience pilote, où
vous expliquez que votre secteur, pour reprendre votre expression, a
été particulièrement choyé par le gouvernement, ou
les gouvernements peu importe. Ça m'inspire sensiblement le même
genre de réflexion. Ou alors on admet que le secteur des métaux
non-ferreux, quitte à ce qu'éventuellement il y ait des
extensions possibles pour les autres secteurs, c'est le cas de le dire, du
secteur minier. La durée de vie n'est pas la même pour les mines
dans le secteur de métaux non-ferreux qu'elle l'est dans le secteur
ferreux, etc. Je pense qu'il y a beaucoup de raisons qui militaient en faveur
du projet. Mais, si on veut ouvrir une perspective aussi large que
celle-là, je n'ai pas d'objection à la regarder plus que
sérieusement. De toute façon, je me permets de rappeler que le
premier ministre et le gouvernement - c'était d'ailleurs presque textuel
dans le message inaugural qui a précédé l'élection,
le message inaugural au cours de la session où le présent projet
de loi avait été présenté sous un autre
numéro mais exactement le même texte - je crois que le cite
textuellement, avait dit: Fonds minier, première étape ou porte
ouverte -je crois que c'était l'expression - sur une politique globale
face aux fermetures et aux licenciements collectifs.
La question est là, elle se pose et je pense qu'elle est
pertinente, mais je vous la pose également. Je voudrais tout de suite
vous indiquer, pour éviter qu'il y ait des ambiguïtés
là-dessus, à la page 12 de votre mémoire - je ne veux pas
ouvrir un débat, je vous le signale au passage - vous mentionnez: "Nous
savons qu'il existe présentement, au ministère du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, un projet en gestation
beaucoup plus généreux pour la réparation des accidents et
des maladies industrielles." C'est un secret de polichinelle, ça fait 18
fois que je dis publiquement que, oui, effectivement, on est en train de
préparer une réforme fondamentale du régime actuel
d'indemnisation des accidentés du travail qui serait basée, non
pas sur une philosophie de calcul de perte d'intégrité physique
avec cette notion d'aptitude ou d'inaptitude de retour au travail, mais
basée, comme l'est le régime d'assurance automobile, sur une
philosophie de remplacement de revenu. Les travaux avancent très
rapidement, le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, si ma
mémoire est bonne, a déjà été
consulté sur une première version, sur un premier projet ou un
avant-projet de loi.
J'ai reçu ses commentaires, on travaille là-dessus
présentement. Je peux vous confirmer ça, c'est tout à fait
exact.
Une question plus précise concernant votre mémoire. Vous
nous dites que vous êtes d'accord - je pense que c'est à peu
près l'expression qu'il faut utiliser pour traduire fidèlement ce
que vous nous indiquez dans votre mémoire - avec une certaine forme de
transférabilité en ce qui concerne les régimes de
retraite. Je vais y revenir. Vous revenez, à plusieurs reprises, tout au
long de votre mémoire, sur les régimes existant dans les mines.
Forcément, ils varient d'une mine à l'autre. Vous semblez
considérer - c'est ce que vous dites dans votre mémoire - que ces
régimes actuels assurent une bonne protection aux mineurs. Si c'est
votre opinion, j'apprécierais, pour le bénéfice des
membres de la commission et pour mon bénéfice pesonnel, que vous
puissiez nous illustrer, concrètement, cette affirmation.
Je comprends aussi, c'est très clair dans votre mémoire,
qu'advenant l'adoption d'un projet de loi comme le projet de loi no 3,
l'intention des employeurs miniers serait de faire disparaître les
régimes existants à partir du moment où le nouveau
régime entre en vigueur. Je pense que c'est dit à peu près
textuellement dans votre mémoire. Il y a donc cette question sur les
régimes actuels, votre évaluation illustrée,
concrète.
Je reviens à ce que je disais. Vous êtes d'accord pour une
certaine forme de transférabilité, mais si, comme vous semblez le
suggérer, le gouvernement établissait seulement, je pense que
c'est l'expression que vous utilisez, ce que vous appelez des normes minimales
ou des balises, dans le régime de retraite, pour assurer la
transférabilité et s'il laissait à la libre
négociation collective la détermination des montants de rente,
quelle garantie les mineurs, leurs familles, la société
québécoise en général, auraient-ils qu'en fin de
compte, il serait possible d'atteindre ce qui me semble être un minimum
de 1% calculé sur les cinq dernières années, un minimum,
comme plancher, pour une retraite adéquate? C'est ma deuxième
question.
Voici ma dernière question, sous réserve d'y revenir, sans
abuser du temps, M. le Président, selon la nature des réponses.
Vous vous opposez, dans votre mémoire, à la
transférabilité des vacances. Pourriez-vous
nous expliquer quels sont, d'après vous, concrètement, les
inconvénients que vous y voyez? Voilà, pour l'instant mes
commentaires questions, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Langlois. (11 h 15)
M. Langlois: Votre première question, M. le ministre,
porte sur les normes minimales, si j'ai bien compris, l'ilménite; le
choix des substances qui a été fait de façon très
aléatoire, j'ai mentionné l'ilménite. On considère
la mine de fer et titane tout simplement comme une mine de fer, elle existe
depuis 1949. Elle va exister encore peut-être pendant cinquante ans.
Donc, on ne peut pas appeler cela une mine de non-ferreux ordinaire. On l'a
toujours associée aux mines de fer.
Il y a des choses que je n'ai pas mentionnées là-dedans,
c'est qu'au niveau des substances, on ne le mentionne pas, mais on a des mines
de silice dans la province de Québec et on va avoir des mines de sodium,
on va avoir des mines de magnésie qui sont des mines souterraines,
exactement le même genre de mines qu'on a dans le nord-ouest et qui ne
sont pas couvertes. Autrement dit, ce qu'on vous...
M. Marois: Est-ce que vous êtes en train de nous
suggérer d'ajouter cela à la liste?
M. Langlois: M. le ministre, sur les premières
représentations qu'on a faites, on serait beaucoup plus d'accord avec un
projet de loi créant un fonds minier, un fonds industriel si cela
s'appliquait à toute l'entreprise, mais pourquoi prendre un petit
secteur? Vous nous retournez la question. On ne connaît pas la
réponse, M. le ministre. On ne sait pas pourquoi vous prenez un petit
secteur à l'intérieur du secteur minier. On ne peut pas vous
répondre à cela, parce qu'on ne le sait pas. Vous êtes le
législateur, vous devez le savoir beaucoup plus que nous. On l'a
toujours dit dans nos premiers mémoires, on serait beaucoup plus
d'accord pour discuter l'établissement d'un fonds industriel, d'avoir
une loi pour établir un fonds industriel "at large". Pourquoi
sélectionner un petit secteur dans les mines où il y a des
fermetures de mines? Je suis absolument d'accord avec vous. Il y a beaucoup de
fermetures dans l'industrie de la construction aussi. Il y a
énormément de faillites. Si on regarde tout cela, cela revient
exactement au même.
M. Marois: M. Langlois, je veux être sûr de bien
comprendre votre intervention. Est-ce que vous nous dites que vous seriez
beaucoup plus d'accord avec l'idée d'un fonds industriel au sens large?
Est-ce que vous parlez de l'ensemble du secteur minier ou si vous parlez de ce
qu'on appelle l'ensemble du problème des fermetures et des licenciements
collectifs?
M. Langlois: Exactement. M. Marois: De l'ensemble? M.
Langlois: De l'ensemble.
M. Marois: Indépendamment que ce soit minier ou pas?
M. Langlois: Indépendamment que ce soit minier ou pas.
Dans un cas comme cela, je suis sûr que le projet de loi qui serait
adopté, on le scruterait beaucoup mieux qu'on va le faire pour un petit
secteur à l'intérieur du secteur minier. Le
précédent qu'on va créer avec le projet de loi no 3 va
être le même. C'est un précédent qu'on crée et
on va l'étendre à d'autres. On sait très bien qu'on va
l'étendre à d'autres secteurs. C'est très important
d'avoir un projet de loi aussi adéquat que possible, si on s'embarque
dans une loi dans ce sens.
Comme je vous dis, on a l'habitude de prendre le secteur minier et de
faire des expériences pilotes dans le secteur minier. On l'a vu avec la
loi 52. C'est le plus bel exemple qu'on ne pouvait pas avoir. Cela n'a pas
été adopté sous votre gouvernement.
Les contremaîtres ne font pas partie de la convention collective.
Ils ne font souvent pas partie aussi du même régime de retraite
que les travailleurs. Donc, cela cause des problèmes additionnels. J'ai
des gens à côté de moi qui pourront peut-être
répondre à ces questions.
M. Marcoux (Camille): J'aurais peut-être une suggestion
à faire, M. le ministre. Notre mémoire des mines Noranda est en
quelque sorte un complément au mémoire de l'association. Si on
faisait immédiatement la lecture du mémoire, peut-être que
les débats seraient moins longs.
M. Marois: Je ne veux pas perturber le déroulement
convenu. Si M. Langlois préfère pour l'instant retenir les deux
questions qui me paraissent être les deux clés sur le projet comme
tel, indépendamment des commentaires généraux qui viennent
d'être formulés, qui sont quand même intéressants
-ils nous apportent un éclairage important -je n'aurais aucune
espèce d'objection à ce que mes deux questions soient suspendues
jusqu'à ce que vous puissiez intervenir. Je ne voudrais pas
empêcher les autres membres de la commission qui ont peut-être des
questions à poser à M. Langlois à ce moment-ci de le
faire, quitte à y revenir. Vous pouvez garder en suspens mes deux
questions et on y reviendra tout à l'heure.
M. Langlois: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
ce stade-ci, je dois demander aux représentants de l'Opposition s'ils
sont d'accord pour que les Mines Noranda Ltée nous livre leur
mémoire.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'on devrait
peut-être en terminer avec M. Langlois, compte tenu de l'ordre du jour
chargé qu'on a pour la séance d'aujourd'hui, quitte à
essayer de terminer avant la suspension du dîner avec les Mines Noranda
Ltée, immédiatement après.
M. Marcoux (Camille): Le seul point que j'apporterais, c'est
qu'il y a peut-être des parties dans le mémoire qui
répondent un peu aux questions de M. le ministre.
Une voix: Cela va.
M. Marcoux (Camille): C'est à peu près un
complément de ce qui vient d'être présenté.
M. Marois: En ce qui concerne mes questions ou mes parties de
questions qui pourraient trouver réponse dans votre mémoire ou
votre présentation, on peut les laisser en suspens pour l'instant, il
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Marois: La transférabilité des vacances,
gardez-vous cette question en suspens aussi?
M. Langlois: Oui, on va garder la question en suspens...
M. Marois: D'accord.
M. Langlois: ... la transférabilité des vacances,
mais je pense que le mémoire des Mines Noranda en traite aussi.
M. Marois: Parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, au nom de l'Opposition
officielle, merci aux représentants de l'Association des mines de
métaux pour leur présentation. Compte tenu des difficultés
et des contraintes, je puis assurer M. Langlois qu'effectivement vous avez en
tout cas éclairé la lanterne des membres de l'Opposition, dans la
mesure où nous nous sentons beaucoup mieux équipés
maintenant pour faire une critique constructive du projet de loi no 3, plus
particulièrement en ce qui touche l'étatisation des
régimes de retraite.
Il y a un élément - la question s'adresse bien plus au
ministre qu'à M. Langlois - traité dans le mémoire de
l'association, à la page 9, où vous faites
référence aux études actuarielles sur les coûts du
régime de retraite proposé dans le projet de loi no 3.
J'aimerais, si le ministre me le permet, simplement lui poser la question,
à savoir si ces études seront déposées pour
étude par les membres de la commission à un moment qui
permettrait d'en faire l'évaluation avant qu'on vote la deuxième
lecture ou qu'on procède aux différentes étapes de
l'étude du projet de loi.
M. Marois: Je n'aurais pas d'objection à regarder cela,
mais je voudrais vérifier au préalable. Si ma mémoire est
bonne, l'étude qui avait été commandée l'a
été par le ministère de l'Énergie et des
Ressources. Il faut dire que, comme cela a été
évoqué, dans un premier temps, le déblayage a
été fait par le ministère de l'Énergie et des
Ressources et, ensuite, les équipes ont travaillé conjointement,
c'est-à-dire les deux ministères, le ministère du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et celui que
j'évoquais. Je vais vérifier s'il n'y a pas de problème de
ce côté, mais je n'aurais pas d'objection, d'autant plus que, pour
l'essentiel, je me rends compte qu'avec l'étude qui nous est
apportée ce matin, les coûts se recoupent. On parle de 9,5% de la
masse salariale dans une étude qui nous est remise ce matin alors que
nos études oscillent autour de 8,59%. Les écarts sont minimes et
je vais prendre les mesures en conséquence, vérifier
auprès de mon collègue.
M. Gratton: Dans le même ordre d'idées, j'aimerais
poser une question à M. Langlois. Vous faites allusion à des
études que vous n'avez pas eu le temps de compléter, compte tenu
des délais plutôt restreints dont vous avez disposé.
À quel moment l'association serait-elle en mesure de faire rapport, tout
au moins aux membres de cette commission, du résultat de ces
études présentement en cours, si je ne m'abuse, auprès des
membres de votre association?
M. Langlois: Je pense que je pourrais laisser la parole à
M. Garcia sur ce sujet. L'étude actuarielle a été faite
avec les matériaux qu'on avait. On n'a pas eu le temps de recueillir
toutes les informations de la part des mines. Cela prend un certain temps et on
a été averti très tard. En fait, cette étude a
été commencée il y a moins de trois semaines, je pense. La
première chose qu'on fait, c'est de faire circuler un questionnaire pour
avoir les informations de toutes les mines concernées. L'étude
était
commencée et entraient encore des informations. Quand je dis que
l'étude n'est pas aussi complète qu'on aimerait l'avoir, c'est
qu'on aurait voulu faire une étude absolument complète, mais on
n'a pas eu le temps de la faire, à cause de la date de la commission
parlementaire. Pour faire cela, il faudrait tout reprendre. Je pense que les
gens sont d'accord, il faudrait tout reprendre, refaire la même affaire
avec toutes les informations des mines concernées. On pourrait avoir une
étude beaucoup plus complète.
M. Gratton: Mais, si vous deviez procéder à une
telle étude, à quel moment pourrions-nous en connaître les
conclusions?
M. Langlois: Je ne sais pas. Notre association a des fonds
limités, quoi qu'on en pense, et ce sont des études qui
coûtent très cher. Il faudrait que le conseil d'administration
évalue si vraiment cela en vaut la peine pour la différence qu'il
pourrait y avoir. Présentement, c'est une espèce d'estimation,
mais une estimation qui est assez près de la vérité. Dans
un cas comme celui-là, peut-être que le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre pourrait nous aider de ses fonds pour terminer
l'étude.
M. Gratton: Je pense que le ministre n'écoutait pas la
dernière partie de votre intervention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'étai le président qui dérangeait le ministre. Je
m'excuse. Jean Roy.
M. Gratton: M. Langlois faisait allusion à la
possibilité que le ministère accorde une aide financière
à l'association pour terminer les études dont on parle. Le
sourire du ministre en dit long sur ses intentions.
Si j'ai bien compris le sens de votre mémoire, en
définitive, votre association ne s'oppose pas à la
création d'un fonds minier comme tel. Il y a deux éléments
auxquels vous semblez vous opposer de façon radicale; d'abord, il y a
l'étatisation des fonds de retraite et on vous comprend. D'ailleurs, je
suis sûr que certains syndicats viendront abonder dans le même
sens, peut-être pas pour les mêmes raisons que vous évoquez,
mais viendront partager votre point de vue sur l'opportunité de
l'inclure dans le projet de loi no 3. Il y a aussi la
transférabilité de la "seniorité" des vacances que Mines
Noranda reprendra peut-être plus en détail dans sa
présentation. Est-ce qu'il y a d'autres éléments du projet
de loi no 3 auxquels l'association apporte une objection aussi
catégorique?
M. Langlois: L'étatisation des fonds de retraite et
l'administration aussi par le gouvernement de ces fonds et, en plus, les
vacances; je crois que ce sont les trois points majeurs auxquels on s'oppose
dans le projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avec la
permission des membres de la commission, on m'informe que les mémoires
de l'Association des mines de métaux du Québec Inc., de Mines
Noranda Limitée et du Conseil du patronat du Québec sont des
mémoires qui, dans un sens, se rejoignent. Pour
l'accélération de nos travaux et pour la bonne
compréhension du problème, il serait apportun à ce
stade-ci, avec le consentement, évidemment, des membres de la
commission, que le Conseil du patronat vienne se joindre aux deux organismes
qui sont ici à la table actuellement, que les deux autres, Mines Noranda
Limitée et la CPQ, puissent lire leurs mémoires - on me dit
qu'ils sont très courts - et, par la suite, un échange pourrait
intervenir entre les membres de la commission. On me dit également que
certaines personnes doivent prendre l'avion quelques minutes après 13
heures. Alors, c'est une suggestion que je fais dans le but d'accommoder nos
invités et pour une meilleure compréhension, semble-t-il, du
problème.
M. Langlois: On est d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous êtes d'accord?
M. Gratton: Si les invités n'ont pas d'objection, nous
n'en aurons pas, non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
je vous suggère là vient de nos invités eux-mêmes.
M. Dufour, vous pouvez vous approcher. Mines Noranda Limitée, vous
pourriez lire votre mémoire, le résumer s'il est trop long; par
la suite, le Conseil du patronat. Alors, vous pouvez y aller, monsieur.
M. Marcoux (Camille): On permettra à M. Garcia
d'intervenir, parce qu'il voulait compléter.
M. Garcia (Claude): C'était pour répondre un peu
à l'interrogation du ministre concernant la
transférabilité. Je pense que, dans le mémoire des mines,
on ne parle pas d'une certaine forme de transférabilité; on parle
de transférabilité, si j'ai bien lu le mémoire.
Maintenant, on parlait des études. On connaît les
délais qu'il y avait. Le plan de travail est toujours
élaboré en fonction des délais qui existent.
L'idéal aurait été, pour répondre à la
question de M. Marois concernant la suffisance des prestations de
retraite des régimes, de faire une étude entreprise par
entreprise et les délais ne nous ont pas permis même d'envisager
une telle étude. Il y a 16 régimes à évaluer et ce
n'était pas possible. Ce que nous avons fait, par ailleurs, c'est que
nous avons comparé quelle était la part des employeurs du secteur
minier en termes de masse salariale par rapport à l'ensemble des
entreprises du secteur privé au Canada. On constate - et cela est dans
le chapitre II de l'annexe - que, dans le secteur minier au Québec, les
employeurs consacrent une part plus importante de leur masse salariale aux
avantages de retraite, que la moyenne des entreprises au Canada. (11 h 30)
Évidemment, c'est peut-être dû en partie au fait
qu'il y a un peu plus de régimes dans ce secteur, mais on consacre
déjà une part plus importante de la masse salariale. C'est 4% par
rapport à 3,2%, si ma mémoire est bonne.
À ce niveau-là, les employeurs miniers consacrent
déjà plus d'argent. Quant à savoir si les prestations de
retraite seront suffisantes, il faudrait regarder chacun des régimes. Il
est possible que certains régimes soient plus généreux que
d'autres. Nous n'avons pas d'information sur chacun des régimes et nous
ne sommes pas en mesure de faire une telle analyse. C'est certain qu'un
régime de retraite... on voit tout de suite que le régime que
propose le gouvernement coûte beaucoup plus cher, donc,
évidemment, va donner des prestations de retraite plus
élevées que ceux qui existent à l'heure actuelle. Si on
consacre 9,5% de la masse salariale à un régime de retraite, bien
sûr qu'on va avoir de meilleures prestations que si on consacre 4%. De ce
point de vue, il est certain que le régime proposé dans le projet
de loi va offrir des prestations de retraite plus élevées, mais
si ce régime devait remplacer le régime existant dans les
entreprises, le coût pour les entreprises serait à peu près
le même. Ce sont les travailleurs qui auraient à assumer la
différence.
Maintenant, il y a un autre élément qui existe. Dans la
plupart des cas, les régimes de retraite font l'objet de
négociation. Je pense que là-dessus on a de l'information. Il y a
sept entreprises qui ont répondu au petit questionnaire, qui ont
répondu à temps au questionnaire qu'on leur a envoyé pour
nous permettre de l'utiliser dans notre travail.
Sur sept entreprises où les mineurs sont syndiqués, il y a
cinq conventions collectives qui traitent du régime de retraite, donc,
où le régime de retraite fait partie de la négociation. On
peut présumer que cela a été négocié et que,
pour toutes sortes de raisons, les travailleurs ont
préféré avoir du salaire plutôt que des
bénéfices de retraite. Cela s'explique peut-être par
l'âge moyen des groupes. Il faudrait voir quelles sont les raisons, parce
que dans certains autres secteurs, on le sait, les syndicats vont demander des
prestations de retraite plus appropriés. Ils vont mettre l'emphase sur
les prestations de retraite plutôt que sur le salaire immédiat.
C'est une question de négociation.
Comme je l'ai dit, nous n'avons pas fait d'étude
particulière pour chacune des entreprises à ce niveau-là.
On n'est pas capable de répondre de façon précise à
la question que vous avez posée.
M. Marois: Je m'excuse. Je ne veux pas abuser du temps. On verra
quelle sorte de réponse les autres groupes apporteront. J'allègue
que c'est intéressant, cela explique la méthode, etc., mais cela
ne répond pas à la question que je posais.
Bien sûr, il existe des réqimes de retraite. Si vous
estimez que ces régimes de retraite sont valables, et on sait qu'ils
varient d'une mine à l'autre, ou d'une entreprise, ou d'un employeur
à l'autre, on sait fort bien qu'il y a la négociation... Mais si
vous me parlez d'une négociation industrielle, c'est la remarque de fond
que je faisais tout à l'heure, c'est autre chose. Je vous avoue que vous
êtes en train d'alimenter sérieusement ma réflexion dans ce
sens-là, parce que ma question était précisément la
suivante, mais on va la tenir en suspens: Est-ce que vous ne considérez
pas, comme moi, que 1% serait le minimum d'un plancher raisonnable pour
commencer à atteindre une retraite qui soit adéquate? Et si on ne
donne dans le projet que des balises générales, sans entrer dans
les détails, notamment le 1%, par exemple, quelles garanties auront les
travailleurs miniers? Vous me dites: Par la négociation. Bien sûr,
mais il y a aussi les petites mines.
Alors, est-ce qu'on ne va pas perpétuer une situation très
flottante, où les uns et les autres pourront avoir des protections
variant énormément? Dans certains coins, il n'y aurait à
peu près pas de protection, et dans d'autres cas, pas du tout, ce qui
est la situtaion.
C'est pour cela que je posais ma question. Vous avez sûrement
regardé les régimes de retraite. Vous nous dites qu'ils sont
valables. Boni J'apprécierais, et je pense qu'il serait
intéressant pour nous de savoir concrètement de quelle
façon vous l'illustrez, mais je maintiens ma question en suspens pour
l'instant, pour permettre aux autres groupes d'intervenir.
M. Vallières: Avec votre consentement, j'aimerais adresser
une question très importante à l'Association des mines et
métaux du Québec, avant qu'on passe à l'audition des
autres mémoires. Peut-être que le ministre pourra
compléter, parce que la
question pourrait s'adresser tout aussi bien à lui qu'à
l'Association des mines et métaux du Québec.
Est-ce que, selon vos études, et en particulier l'étude
actuarielle que vous avez complétée, on pourrait conclure que le
projet de loi actuel pourrait éventuellement affecter la
rentabilité de certaines mines? Et est-ce que cela peut, dans une
certaine mesure, affecter le développement d'autres mines au
Québec et l'ouverture possible de mines qui pourraient être mises
en cause à la suite d'un pareil projet de loi? Vous mentionnez dans
votre mémoire que vous allez finalement vous tourner, d'une certaine
façon, pour financer ce projet de loi, vers l'exploitation de ressources
à plus forte teneur en minerai, ce qui indéniablement conduit
à du gaspillaqe de minerai, qu'on le veuille ou non. Je trouve que c'est
une dimension très importante dont on doit tenir compte dans ce projet
de loi. Si ce projet de loi devait conduire, par exemple, soit à la non
ouverture de certaines nouvelles mines ou encore à du gaspillaqe de
ressources, je pense qu'il serait important que la population en
général soit au courant.
M. Langlois: Ecoutez, je pourrais vous répondre tout de
suite, que c'est entendu que le projet de loi comme tel, seulement,
celui-là, ne pourrait peut-être pas affecter
énormément la rentabilité des mines, mais c'est
l'accumulation des coûts qui affecte la rentabilité des mines, et
je pense que je l'ai dit dans mon mémoire assez clairement.
L'augmentation des coûts dans le secteur minier ne se fait pas de la
même manière que dans la construction, par exemple, où, si
une maison coûte plus cher, on la vend plus cher. Au niveau des mines on
ne peut pas régler le prix des métaux qu'on vend sur le
marché international. C'est l'offre et la demande internationale qui
règlent le prix des métaux, le prix du zinc, du cuivre ou de
l'or. Le prix est fixé au niveau international; on est obligé de
l'accepter. Quand nos coûts augmentent, évidemment, la seule
possibilité qu'on a de jouer à l'intérieur de ce contexte,
c'est de varier notre teneur de minerai pour avoir une entreprise qui est
profitable ou une entreprise rentable. C'est pour cela que j'ai apporté
l'exemple de l'or; l'or à 500 $ l'once a changé
complètement le contexte des mines d'or. Les dépôts qui
n'étaient pas rentables auparavant sont devenus rentables. Maintenant,
si on continue à augmenter les coûts, les coûts sociaux, les
salaires et tout cela, si on continue à augmenter les coûts, ce
qui va arriver c'est qu'au lieu de miner, comme je le disais à un
dizième d'once d'or à la tonne, on va être obligé de
miner à un dixième et demi ou à deux dixième et
là on fait un certain gaspillage des ressources. On est obligé de
rétrécir nos réserves pour pouvoir miner ce qu'il y a de
meilleur afin d'avoir une entreprise qui continue d'être rentable. C'est
tout simplement cela. On ne peut pas jouer avec les prix - on ne dit pas que
les prix ne jouent pas, ils jouent - mais dans le contexte international, il
n'y a rien qu'on peut faire au niveau du marché de l'or, par exemple, ou
au niveau du marché du cuivre, au niveau du marché du zinc. Tout
ce qu'on peut faire c'est d'accepter ces prix, les prix de vente avec les
coûts qu'on a, et, quand nos coûts augmentent le seul moyen de
jouer, c'est d'augmenter la teneur de notre minerai; quant on est plus capable,
on ferme la mine, c'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mines
Noranda Limitée. M. Lacroix, je pense. M. Marcoux.
Mines Noranda Ltée
M. Marcoux (Camille); M. le Président, messieurs les
députés. Le gouvernement du Québec, par la voix de son
ministre du Travail, a soumis à l'Assemblée nationale un projet
de loi visant l'établissement d'un fonds minier pour le secteur des
mines et métaux non-ferreux. La compagnie Mines Noranda Limitée,
étant le principal employeur de ce secteur, estime essentiel de faire
connaître sa position face au projet et de participer aux discussions sur
ce sujet. Le projet de loi no 3 tel que déposé nous crée
des inquiétudes profondes et des préjudices considérables.
Nous sommes conscients des difficultés qui affectent notre industrie,
particulièrement en cas de fermeture, mais nous sommes convaincus qu'il
est possible et souhaitable de trouver des solutions acceptables par la
discussion et par la négociation sans être obligé d'avoir
recours à des lois et des règlements.
Avant de vous faire part de notre opposition à ce projet de loi,
nous aimerions vous dire que nous reconnaissons et avons toujours reconnu nos
responsabilités à l'égard de nos employés lors de
licenciement pour des raisons d'ordre technologique ou économique. Notre
expérience antérieure avec des fermetures démontre que
nous n'avons pas hésité à prendre nos
responsabilités. Premièrement, nous avons toujours essayé
de donner à nos employés un avis de fermeture suffisamment long
pour leur permettre de minimiser l'impact du licenciement. Dans le cas de la
fermeture de la mine Home, le premier avis de fermeture a été
donné le 21 juin 1971 tandis que la mine n'a fermé qu'en 1976.
Dans le cas de Quémont, les employés ont été
avisés en mars 1967 que le minerai serait épuisé, selon
nos estimations, durant l'année 1971 et la fermeture n'a eu lieu qu'en
1972. Dans le cas de Normétal, nous avons écrit aux
employés en novembre 1971 pour leur dire
que nous fermerions probablement à un moment quelconque de 1973.
La fermeture n'a eu lieu que le 30 avril 1975. Nous n'avions aucune obligation
légale de donner des avis aussi longs et nous l'avons fait sachant que
la nouvelle aurait un impact négatif sur la productivité pour le
reste des opérations.
Deuxièmement, nous avons toujours essayé
d'intégrer, dans la mesure du possible, les employés
affectés par des fermetures au sein de nos exploitations au
Québec ou ailleurs.
Troisièmement, nous avons collaboré étroitement
avec les comités de reclassement qui ont donné, à notre
avis, des résultats satisfaitsants. Dans le cas de la mine Home, sur 432
cas de mises à pied, 142 ont été rappelés par
Noranda tandis 176 autres ont trouvé un nouvel emploi et 25 personnes
sont demeurées sans emploi. Les chiffres combinés pour la
fermeture à Quémont, Joutel et Normétal indiquent que sur
647 licenciements, 457 ont trouvé un nouvel emploi. C'est dire qu'au
cours des quelque quinze dernières années, sur un total de 1079
licenciements, seulement 10% des individus affectés n'ont pas
été replacés.
Il est à noter que certains employés ont refusé
l'assistance du comité de reclassement. Dans tous les cas les
employés affectés ont reçu une compensation
adéquate, y compris une indemnité de licenciement basée
sur leurs années de service et leur âge, telle que
négociée avec leurs représentants syndicaux.
Généralement, ces compensations ont été
supérieures à celles accordées dans d'autres cas de
fermeture. Les indemnités payées dans les cas
susmentionnés ont totalisé plus de 958 000 $.
Nous comprenons donc mal pourquoi le projet de loi ne vise qu'un secteur
d'une industrie, c'est-à-dire les mines de métaux non-ferreux.
Nous concédons que la nature même d'une mine mène, à
plus ou moins long terme, à l'épuisement. Ce
phénomène n'est cependant pas unique aux mines de métaux
non-ferreux. C'est également vrai pour les mines de fer et les mines
d'amiante. Même si les réserves connues dans ces deux derniers
secteurs leur accordent une expectative de longévité
considérable, cela n'a pas empêché des mises à pied
nombreuses et, dans certains cas, permanentes ces derniers temps.
Mais le projet de loi va beaucoup plus loin que l'épuisement. Il
touche tous les licenciements d'ordre technologique ou économique. De
tels licenciements constituent un risque et une réalité auxquels
font face toutes les entreprises dans toutes les industries. Dans ce sens, le
tableau ci-joint démontre qu'il y a plus de travailleurs au
Québec qui ont perdu leur emploi dans une année suite à un
licenciement collectif qu'il y a de travailleurs miniers visés par le
projet de loi. Le secteur manufacturier a enregistré le plus grand
nombre de licenciements, soit 18 342, ou 83,7% de tous les licenciements
collectifs.
En comparaison, dans tout le secteur primaire, il n'y a eu que 319
licenciements durant la même période. Nous nous interrogeons
à savoir pourquoi il nous apparaît que le gouvernement s'en prend
à une entreprise telle que Noranda qui existe et prospère au
Québec depuis plus de 50 ans, s'est acquittée de ses
responsabilités sociales et compte dans ses rangs plusieurs
employés miniers de plus de 25, 30 et même 40 ans de service. Je
puis même ajouter qu'on a fêté dernièrement un
employé qui avait 50 ans de service.
Dans le contexte d'instabilité économique dans lequel la
société québécoise et d'autres
sociétés évoluent et qui est caractérisé par
un taux d'inflation galopant, des taux d'intérêt
imprévisibles, des doutes sur la solvabilité financière
d'entreprises autrefois solides...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, étant
donné la contrainte de temps qu'on a actuellement parce qu'il faut finir
pour midi, sans ça, vous seriez obligé de revenir cet
après-midi et vous avez parlé d'avion, tout à l'heure,
pour retourner, si vous étiez capable de récapituler votre
mémoire, pendant cinq minutes à peu près, je pense que
ça aiderait tout le monde. J'ai consulté les autres
députés et ils sont tous pris par des activités
spéciales pour midi. Êtes-vous capable de synthétiser votre
mémoire? C'est vous qui l'avez écrit, je crois.
M. Marcoux (Camille): En partie, mais on en a discuté.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, en
guise de coopération.
M. Marcoux (Camille): C'est assez difficile de le
résumer.
M. Langlois: M. le Président, je m'excuse, mais on a pris
la peine de partir de Montebello pour venir présenter des
mémoires, on ne peut pas arriver et présenter des mémoires
écourtés comme ça. Même si on a un avion à
prendre, notre avion repart à 16 h 30 cet après-midi. On
était préparés pour avoir au moins une journée de
commission parlementaire et on devrait au moins être entendus. (11 h
45)
M. Marcoux (Camille): On a laissé ce matin, à
Montebello, une séance plénière qui était
très importante, qui parlait de la prévention des accidents et
des maladies industrielles dans les mines québécoises. Il y avait
des représentants de la CSST qui présentaient des
conférences, des
représentants qui venaient des États-Unis, du NYOSH, du
National Safety Council et on tenait à y assister aujourd'hui. On
considère que c'est très important, la prévention des
accidents dans l'industrie minière. On a été
obligés de venir ici, mais si on ne peut pas parler...
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas que vous le
preniez comme ça, c'est en guise de coopération que je vous
demande si vous êtes capable de le synthétiser. Si vous
n'êtes pas capable, continuez à le lire, monsieur. Je pensais
avoir été assez clair.
M. Marcoux (Camille): C'est très difficile, on a
déjà simplifié tout ce qu'on pouvait, on a essayé
de le faire le plus court possible.
Le Président (M. Laplante): D'accord, continuez.
M. Marcoux (Camille): Si on enlève des parties, je crois
qu'on va enlever tout le sens à l'affaire.
Donc, dans le contexte d'instabilité économique dans
lequel la société québécoise et d'autres
sociétés évoluent et qui est caractérisé par
un taux d'inflation galopant, des taux d'intérêt
imprévisibles, des doutes sur la solvabilité financière
d'entreprises autrefois solides, des déficits gouvernementaux
inquiétants, des déficits actuariels des régimes de rente
étatiques et un vieillissement général de la population,
il nous apparaît essentiel, avant de légiférer de nouveaux
avantages sociaux tels que ceux proposés, de connaître exactement
le coût de ceux-ci.
Le projet de loi a pour objet - nous citons le législateur -
"d'accorder aux mineurs du secteur des mines de métaux non-ferreux le
droit à certains avantages sociaux qui sont de nature à valoriser
la carrière du travailleur minier québécois". Doit-on en
conclure que le gouvernement estime que la carrière du travailleur
minier n'a pas suffisamment de valeur?
Or, la valeur économique de l'emploi chez Noranda se compare
très favorablement avec n'importe quel autre travailleur au
Québec. Le tableau ci-joint établit le salaire moyen du
travailleur minier à 446,80 $ par semaine, c'est-à-dire 98% de
plus que le secteur des services, 82,2% de plus que les employés de
commerce, 47,4% de plus que le secteur finances, assurance et immobilier et
41,3% de plus que le secteur manufacturier. Seuls les salaires de la
construction dépassent les emplois miniers et nous connaissons bien la
nature saisonnière de cette industrie.
De plus, la valeur des fonds de retraite des employés à
l'heure est le résultat de négociations entre nos employés
et leurs représentants syndicaux. À plusieurs reprises, nous
avons dû réduire la portion de nos offres patronales qui touchait
les avantages sociaux en faveur d'augmentations de salaire. Nous avons toujours
tenté de mettre plus d'insistance dans nos négociations sur la
nécessité pour nos employés de tenir compte de leur
retraite éventuelle.
Il appert que nos recommandations ont reçu peu d'attention.
Jusqu'à ce jour, nos employés, par l'entremise de leurs
représentants syndicaux, ont toujours attaché plus d'importance
dans nos négociations collectives sur les augmentations de salaire
plutôt que sur le régime de retraite. Néanmoins, nous
insistons sur le fait qu'à l'intérieur du présent
système de négociations, il est possible et il a toujours
été possible pour les employés de chercher à
obtenir davantage pour le régime de retraite. Il faut cependant
réaliser que la tarte n'est pas plus grosse que l'ensemble de ses
morceaux. Si, de plus, c'était l'intention du gouvernement d'ajouter
arbitrairement à la valeur du travailleur minier, nous deviendrions
extrêmement inquiets. Cela indiquerait que le gouvernement veut
s'ingérer encore plus loin dans les affaires financières de
l'entreprise.
Nous devons faire face à une concurrence internationale en ce qui
concerne le prix de nos métaux. L'industrie étant de nature
cyclique, nous nous devons de maintenir un strict contrôle sur nos
dépenses. Nous trouvons inacceptable que le gouvernement ajoute à
notre coût d'exploitation sans en connaître la pleine
portée.
Les régimes supplémentaires tels que le propose le projet
de loi no 3 ne devraient jamais être considérés sans
être fondés sur des études actuarielles sérieuses
qui établiraient le plus exactement possible les coûts, autant
pour le gouvernement que pour les employeurs et les employés.
Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons rien vu du genre. Notre
interprétation du projet de loi nous indique qu'au moment où la
loi entrerait en vigueur, le salarié aurait droit à une rente
représentant au moins 15% de son salaire admissible moyen au moment
où il cesse d'occuper un emploi visé dans la présente loi,
dès qu'il a atteint 65 ans ou qu'il a droit à une pension en
vertu de l'article 13.
Une étude préliminaire démontre qu'en accordant
à nos propres employés tous les avantages du projet de loi, il
nous en coûterait beaucoup plus sur le plan de la
rémunération. Ces coûts additionnels s'ajouteraient aux
coûts déjà élevés assumés par les
employeurs. Cela diminuerait la position concurrentielle des mines de
métaux en réduisant leur rentabilité. Nous y voyons aussi
de nouveaux projets qui risqueraient d'être compromis, étant
donné le coût de
mise en chantier qui deviendrait plus élevé.
Il est possible aussi que la durée de certaines exploitations
soit écourtée. Nous croyons qu'il est préférable
d'offrir un emploi pendant une période quelconque plutôt que de ne
pas en offrir du tout. Comme nous l'avons déjà mentionné,
plusieurs de nos employés comptent de nombreuses années de
service avec nous sans pour autant les avoir toutes complétées
à la même propriété. Cela n'aurait pas
été possible si Noranda n'avait pas adopté des politiques
ayant pour but de faciliter la mobilité de ses employés en cas de
fermeture ou de licenciement. Nous sommes fiers de notre réputation
d'employeurs et nos employés nous le rendent, comme en témoignent
leur loyauté et notre taux de rétention.
Nous avons plus de 350 employés actifs qui ont plus de 25 ans de
service dans les trois principales propriétés visées par
le projet de loi, ce qui représente environ 10% de nos employés.
Il a souvent été fait mention des difficultés à
attirer de nouveaux employés, particulièrement chez les jeunes.
Nous avons tout de même 43% de nos employés qui ont 30 ans et
moins. Même s'il est vrai que le marché des ressources humaines
est très concurrent, nous ne croyons pas que c'est en ajoutant des
avantages sociaux que la situation serait changée. Le problème
est ailleurs et les solutions devraient porter ailleurs.
La nature du travail et les endroits éloignés diminuent la
popularité du travail minier. L'incidence de la jeune
génération vers des niveaux de scolarité plus
élevés diminue la disponibilité de la main-d'oeuvre pour
les emplois miniers traditionnels.
Finalement, l'avancement de la femme sur le marché du travail et
le phénomène des carrières parallèles sont deux
autres facteurs importants dans ce problème. Le fait que près de
50% des emplois rémunérés au Canada soient occupés
par des femmes en 1981 indique qu'un très grand nombre de conjoints
d'employés miniers désirent travailler et font face à un
marché très limité dans les endroits
éloignés où sont exploitées nos mines.
Conséquemment, une très forte pression s'exerce pour que le jeune
travailleur cherche un emploi dans un centre où les conjoints peuvent
travailler.
Le domaine des métaux est un domaine cyclique et, malgré
les dégringolades qu'ont subies les prix des métaux dans les
années difficiles, nous sommes demeurés un employeur stable et
responsable. Nous avons souvent continué d'opérer des
propriétés à perte pendant des périodes difficiles
par sens de responsabilité envers nos employés et leur
communauté. Ceci n'aurait pas été possible sans une saine
gestion. Nous ne sommes pas à l'abri des épuisements et des
fermetures mais comme en témoigne notre longévité au
Québec, nous nous efforçons de tenir compte du facteur humain
dans l'évaluation de nos projets afin d'éviter le plus possible
des conséquences désagréables pour nos employés et
leur famille.
En plus des coûts additionnels, les effets du projet de loi, s'il
était promulgé tel que présenté, nous placeraient
dans une situation injustement difficile à la veille de la
négociation de plusieurs de nos conventions collectives. D'une part, les
employés visés auront acquis des avantages additionnels en dehors
du processus de négociation et nous serions très surpris qu'ils
demandent moins d'augmentations salariales pour compenser le coût
additionnel du régime de retraite prévu dans la loi. D'autre
part, pourquoi les salariés qui ne sont pas visés par la loi,
mais qui font partie de la même convention collective accepteraient-ils
de ne pas avoir des avantages équivalents?
Les Métallurgistes unis d'Amérique, dans leurs
représentations au gouvernement sur le sujet, avaient parlé de
"revaloriser le statut de la carrière du mineur québécois
en stabilisant le revenu et l'emploi des travailleurs miniers" et en permettant
"l'accumulation des bénéfices de retraite quand un travailleur
passe d'une usine à l'autre".
Il nous apparaît que le gouvernement a non seulement
accordé au syndicat toutes ses revendications, mais qu'il va encore plus
loin que ce que le syndicat avait demandé. Ce projet de loi nous impose
de nouvelles règles qui bouleverseront l'équilibre actuel dans le
système des relations industrielles sans regard pour ce qui existe
actuellement dans l'industrie. Nous aurions souhaité, par exemple, que
le gouvernement prenne en considération que nos conventions collectives
contiennent déjà des clauses engageant la responsabilité
de l'employeur en cas de changements technologiques.
Plusieurs ont fait état de la nécessité d'apporter
des modifications aux règles concernant les relations industrielles au
Québec. Si c'était là une tentative d'une telle
réforme de la part du gouvernement et du ministre du Travail, nous nous
serions au moins attendus, du présent gouvernement, qu'il expose
clairement ses intentions et qu'il invite tous les intervenants à faire
valoir leurs revendications le plus démocratiquement possible. De tels
changements ne concerneraient pas uniquement Mines Noranda Limitée, et
les autres membres du secteur des mines et métaux non-ferreux, mais
également, toutes les autres compagnies minières, voir tous les
autres employeurs, syndicats, et employés.
La transférabilité des droits acquis en vertu d'un
régime de retraite fait l'objet de nombreuses discussions. Plusieurs
formules ont déjà été suggérées de
part et d'autre. Toutes ces différentes propositions indiquent bien la
complexité de la question et peu
d'entre elles offrent des alternatives satisfaisantes à tous les
intervenants. En attendant, rien n'empêche les syndicats de revendiquer,
par la négociation dans chacune de leur convention collective, des
clauses favorables à une plus grande flexibilité dans ce domaine
et, de la part du gouvernement, des changements à la législation,
de sorte que la transférabilité soit facilitée, non
seulement pour les mines de métaux non-ferreux, mais pour tous les
secteurs d'activité. Cela ne devrait pas se faire, cependant, sans des
études additionnelles sur le sujet.
Finalement, le projet de loi tel que présenté
soulève un nombre considérable de questions qui, sans être
insurmontables, méritent, à notre avis, d'être
considérées davantage avant d'être
légiférées. Par exemple: salarié. Dans la
définition du mot salarié, on y inclut les contremaîtres
qui font actuellement partie des cadres et qui ne sont pas couverts par une
convention collective. En même temps, on y exclut d'autres
employés qui, eux, sont touchés par les mêmes conventions
collectives que les employés visés par le projet de loi. Cette
constatation nous indique que les dispositions du projet de loi créeront
de sérieux problèmes pour l'entreprise en ce qui a trait au
maintien de l'équité interne des employés qui ne sont pas
visés par le projet. En plus des coûts additionnels, du
chambardement de l'équilibre entre les différentes unités
syndicales, nous y voyons une autre couche de rapports et de procédures
administratives.
La durée et le choix des vacances sont présentement
régis par les conventions collectives. Le gouvernement imagine-t-il les
remous que causerait l'embauche d'employés qui, en arrivant, seraient
mieux traités sur le plan des vacances que d'autres qui sont
déjà en place depuis nombre d'années? Malgré toutes
les bonnes intentions du gouvernement, nous voyons la possibilité d'une
conséquence négative pour les employés qui auraient acquis
plusieurs semaines de vacances. Ils pourraient possiblement se voir refuser des
emplois en faveur d'autres employés qui n'auraient pas acquis les
mêmes avantages.
À l'heure actuelle, nous avons deux régimes de retraite:
un pour les employés opérationnels et un pour les cadres.
À la suite de la loi, cinq régimes pourraient être en
vigueur: un pour les salariés visés par le projet de loi, deux
pour les contremaîtres, c'est-à-dire celui constitué par le
projet de loi plus un programme interne complémentaire, un pour les
salariés et un pour les autres cadres. Un plus grand nombre de
régimes créerait de grandes difficultés au moment
où des employés qui seraient mutés d'une section à
l'autre de la même exploitation ou, encore, d'une propriété
à l'autre. Nous nous interrogeons également sur les dispositions
que proposerait le gouvernement pour intégrer les différents
régimes existants.
Au chapitre des assurances, le projet de loi indique que les avantages
en vertu d'un régime collectif d'assurance-vie et d'assurance-maladie
seront maintenus entre le moment où le salarié cesse de
bénéficier de ses avantages et 1. l'expiration d'une
période de 52 semaines; 2. sa date d'entrée en fonction chez un
nouvel employeur à une mine ou ailleurs où il n'y a pas de
régime collectif d'assurance-vie ni d'assurance-maladie; 3. la date
où il bénéficie d'un régime collectif
d'assurance-vie ou d'assurance-maladie chez un nouvel employeur à une
mine ou ailleurs; si un seul de ces régimes existe, seuls les avantages
du régime antérieur correspondant sont maintenus après la
date d'entrée en fonction du salarié.
Premièrement, il nous apparaît important de définir
davantage le sens qu'on donne au terme assurance-maladie. Est-ce qu'on se
limite à des frais médicaux ou si on y inclut frais dentaires et
assurance-salaire?
Deuxièmement, aux alinéas 2 et 3 de l'article 7, nous
aimerions connaître les motifs pour lesquels on fait une distinction
entre le nouvel employeur qui offre des avantages sociaux et celui qui n'en
offre pas.
Rétroactivité. L'article 27 prévoit une rente d'au
moins 15% du salaire admissible moyen pour le salarié en fonction le
jour du dépôt de la loi, s'il a 65 ans au moment où il
cesse d'occuper un emploi visé dans la présente loi ou s'il a
droit à une pension en vertu de l'article 13.
Il n'est pas stipulé, dans le projet de loi, comment et par qui
sera constitué le fonds pour financer cette
rétroactivité.
Cette liste de questions et clarifications n'est pas
nécessairement exhaustive, elle veut tout simplement indiquer au
gouvernement la nature prématurée du projet de loi. (12
heures)
En conclusion, nous croyons que le projet de loi sur le fonds minier
vise injustement les mines de métaux non-ferreux et, en particulier, des
employeurs responsables telle la compagnie Mines Noranda Limitée.
Nous croyons que le fonds minier comporte des conséquences
économiques beaucoup trop importantes pour que le gouvernement progresse
aussi rapidement avec son adoption. Dans une ère d'instabilité
économique où s'impose l'austérité, nous comprenons
mal la volonté du gouvernement de vouloir imposer aux travailleurs et
aux employeurs des engagements économiques additionnels sans en
connaître toute l'ampleur. Un fonds de retraite inédaquatement
financé pourrait nécessiter des contributions futures beaucoup
plus
élevées.
Le fonds minier engendrera des problèmes de relations
industrielles sans précédent, en particulier au moment où
les régimes de retraite seront remplacés par le plan de retraite
imposé par la loi no 3. Le fonds minier propose des solutions
démesurées relativement au problème qu'il cherche à
résoudre. Il serait, à notre avis, beaucoup plus approprié
de voir à ce qu'il existe des normes minimales pour les employeurs
miniers à l'occasion de fermetures causées par
l'épuisement et que les compagnies qui accordent des conditions plus
avantageuses puissent continuer de fonctionner sans intervention
additionnelle.
Au cours des dernières années, les négociations
collectives ont apporté aux conditions de travail des
améliorations majeures lesquelles auraient pu être de la nature de
celles visées par le projet de loi. Nous pensons que ce processus est
celui désiré par le gouvernement et toutes les parties
concernées.
Finalement, nous aimerions laisser le ministre avec la question
suivante: Pourquoi précipiter une loi qui soulève autant
d'interrogations sur la plan économique, qui comporte autant de
conséquences sur le système des relations de travail et qui, de
toute façon, ne vise qu'un nombre relativement petit des travailleurs
sujet à des licenciements pour des raisons technologiques ou
économiques, lorsque le gouvernement s'apprête à
s'interroger sur l'ensemble des lois qui régissent la
sécurité de revenu et de retraite?
Le Président ( M. Laplante): Merci, monsieur. Oui.
M. Marois: M. le Président, je voudrais simplement,
d'abord, très rapidement remercier les Mines Noranda Ltée de leur
mémoire. Je voudrais dire tout de suite que j'ai pris en note et on va
regarder très attentivement les commentaires particuliers qui
apparaissent aux pages 11 et suivantes du mémoire pour scruter à
la loupe les commentaires qui y sont faits sur des points bien
spécifiques. Je voudrais dire une chose pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté. Vous dites "précipité", cela fait deux
ou trois fois ou quatre fois depuis le début de la matinée. J'ai
bien dit, au début de la commission parlementaire, que c'est avec
beaucoup d'ouverture d'esprit et ce que cela impliquera... On verra quelles
sortes de conclusions ressortent, étant donné qu'il en ressort,
des conclusions précises, concluantes, convergentes ou divergentes
à la fin et on prendra nos responsabilités en
conséquence.
Vous savez, il n'y a pas de précipitation quand des gens font une
demande qui date de 1967 et qu'il attendent cela. Il s'agit de voir si la
formule est bonne, si elle est au point ou ne l'est pas et s'il y a encore du
travail à faire, s'il faut retourner le projet sur la planche à
dessin ou pas. Enfin, on va l'évaluer à la lumière de
l'ensemble des commentaires, des remarques, des suggestions de chacun des
groupes qui se présentent ici aujourd'hui. Je ne voudrais pas qu'on
parte avec cette idée qu'on est en train de précipiter des choses
qui traînent dans le paysage d'une façon assez précise
depuis plus de dix ans au Québec.
Ceci étant dit, je ne voudrais pas abuser, puisqu'on a convenu
qu'on accordait immédiatement le droit de parole au Conseil du patronat
du Québec pour qu'il lui soit possible de présenter
immédiatement son mémoire pour que, par la suite, on puisse
revenir sur un certain nombre de questions, notamment un certain nombre de
questions qui sont restées en suspens tout à l'heure.
Le Président (M. Laplante: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je veux simplement enchaîner avec ce que vient
de dire le ministre. Ce que j'ai compris des déclarations du ministre
aujourd'hui, c'est effectivement qu'on n'a pas nécessairement une
échéance du 19 juin, date à laquelle la session doit se
terminer, pour en arriver à compléter l'étude du projet de
loi. En tout cas, c'est de cette perspective que je pars et c'est dans ce
sens-là que je demandais tantôt, à savoir quelle serait la
nature des études - on la connaît déjà - et quelles
seraient les échéances ou la durée de temps
nécessaire pour en venir à pouvoir répondre aux nombreuses
questions que nos invités aussi bien que nous-mêmes, les membres
de la commission, dans certains cas, avons. Alors, je tiens pour acquis que le
ministre n'a pas fermé la porte à ça et c'est dans cette
perspective que nous continuerons nos questions.
M. Marois: M. le Président, s'il ressortait à la
fin de nos travaux qu'un tel consensus, ou quelques questions en suspens, qu'il
apparaît simple de résoudre et que ça peut se faire dans le
délai qui nous reste pour les fins de nos travaux parlementaires,
là on maintiendrait notre volonté de démarrage, d'aboutir
à un meilleur délai possible. Si ça ne paraît pas
comme ça, je ne suis pas buté sur ça. Il s'agit d'un sujet
important et ça vaut la peine de le faire convenablement et de
façon à répondre véritablement, à trouver de
bonnes solutions adéquates aux problèmes réels qui sont
soulevés.
M. Gratton: Pourriez-vous répéter ce que vous venez
de dire?
Une voix: J'aimerais dire que dans
notre cas, on aimerait beaucoup mieux que le projet de loi soit
reporté à la prochaine session.
M. Marois: J'ai cru comprendre ça.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, j'appelle le
Conseil du patronat du Québec. Si vous voulez identifier votre organisme
ainsi que les personnes qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
M. Dufour (Ghislain); M. le Président, est-ce que je puis
vous demander à ce stade, à quelle heure vous entendez
ajourner?
Le Président (M. Laplante): Vers midi vingt-cinq ou midi
et demi.
M. Dufour: Et reprendre à quelle heure?
Le Président (M. Laplante): On reprend après la
période des questions.
M. Dufour: Ça veut dire 16 heures ça. Le
Président (M. Laplante): C'est ça. M. Marois: Vers 15
heures...
Le Président (M. Laplante): Vers 15 h 15.
M. Marois: Ça dépend du nombre de questions.
Conseil du patronat du Québec
M. Dufour: Est-ce une grosse journée?
Bon alors, on va y aller. Nous, notre message est relativement bref, M.
le Président, c'est une dizaine de minutes. Vous avez déjà
reçu le mémoire. Je suis accompagné d'Yvan Pouliot,
actuaire du bureau de Pouliot, Guérard et associés, et du groupe
Sobéco Inc.
Bien sûr, nous avons pris nous aussi connaissance du...
Le Président (M. Laplante): À cause du journal des
Débats, M. Dufour, identifiez votre organisme et la personne qui vous
accompagne.
M. Dufour: C'est ce que je viens de faire, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, c'est parce que
la voix ne s'est pas rendue ici.
M. Dufour: Nous avons pris connaissance du projet de loi 3,
portant création du régime de retraite uniforme pour les mineurs
du secteur des mines et métaux et d'un fonds minier en vue de financer
certains bénéfices sociaux prévus par la loi. Étant
donné la philosophie qui l'anime, et les principes
socio-économiques sous-jacents à ces dispositions, ce projet de
loi, bien sûr, retient vivement notre attention.
L'instabilité qui caractérise l'activité des mines
de métaux non-ferreux, liée dans une large mesure aux variations
conjoncturelles des prix sur les marchés mondiaux, pose effectivement
des problèmes, tant aux employeurs qu'aux mineurs. Que le gouvernement
tente d'y apporter des solutions, nous nous en réjouissons. Les
objectifs visés nous paraissent valables, qu'il s'agisse, par exemple,
de faciliter la mobilité des travailleurs, et c'est probablement un
point sur lequel il n'y aura pas tellement de débats, d'accroître
leur sécurité, d'augmenter leur productivité, et bien
sûr, renforcer ainsi l'industrie minière.
Nous n'avons pas l'intention, dans ce bref mémoire, de discuter
des différentes positions de la loi. L'Association des mines de
métaux a commencé à le faire ce matin, en collaboration
avec un employeur qui vivrait des problèmes très réels,
Mines Noranda. Nous nous interrogeons cependant sur les modalités
d'application de deux d'entre elles, notamment celle qui impose au nouvel
employeur la "seniorité" - je m'excuse de l'anglicisme - des vacances
qui sont acquises précédemment. Comme le font l'Association des
mines de métaux et Mines Noranda, nous nous opposons à cette
disposition du projet de loi.
Le ministre a demandé, tantôt, de lui donner le pourquoi,
en termes de profil, et la réponse n'a pas pu être donnée.
Nous donnons une partie de la réponse ici, dans le texte, quand on dit:
l'État employeur n'a qu'à imaginer les embêtements qui
seraient siens s'il était lui-même lié par une telle
disposition et il ne saurait donner suite à cette stipulation du projet
de loi. Il n'a qu'à s'imaginer dans cette situation, dans le secteur
privé, bien sûr, parce que déjà dans le secteur
public, vous avez, au niveau hospitalier, par exemple, cette possibilité
de transfert. Au niveau de l'enseignement, vous l'avez déjà. Mais
là, vous avez un employeur unigue, alors, imaginez les travailleurs de
GM qui transfèrent chez United Aircraft, et je prends M. Dean à
témoin du genre de problèmes qui pourraient être
créés, ou vice versa.
En s'imaginant l'État employeur, je pense qu'on a, en partie, une
réponse à cette préoccupation. Mais ce qui nous
inquiète sérieusement et qui nous paraît inacceptable,
c'est la méthode à laquelle recourt le gouvernement pour
atteindre ces objectifs. Nous nous opposons à la gestion proposée
d'un fonds privé par un organisme public. Pour nous, il y a là un
principe important qui est en jeu. La formule que vous proposez
représente en effet, quant à nous, l'étatisation
d'un service essentiel du secteur privé.
De fait, le gouvernement dépossède purement et simplement
les sociétés minières d'un droit fondamental de gestion,
celui de la gestion des fonds de retraite. Il s'agit, quant à nous,
d'une ingérence abusive dans la vie des entreprises. C'est une
nationalisation déguisée à nos yeux - c'est le point qu'on
veut faire ressortir, M. le ministre - qui crée un
précédent dangereux pour d'autres secteurs possibles. Nous
espérons que cette inquiétude qui est nôtre, l'effet
d'entraînement de cette décision aujourd'hui sur le secteur minier
et sur d'autres secteurs, n'est pas fondée. Vous conviendrez que le
projet de loi ne témoigne pas d'une grande confiance dans le dynamisme
de l'entreprise privée, tout au moins dans ce domaine.
Ces considérations ne semblent pas d'ailleurs avoir
échappé à votre ministère, puisque le projet de loi
stipule la formation d'un comité consultatif de huit membres dont
"quatre sont choisis à partir des listes fournies par les associations
les plus représentatives des salariés des mines et quatre sont
choisis à partir des listes fournies par les associations les plus
représentatives des employeurs des mines." Il convient, cependant, de
souligner que ce comité n'est habilité qu'à donner des
avis et à faire des recommandations au ministre ou au ministère.
C'est celui-ci qui décide en définitive de toutes les questions
relatives au fonds, contrairement à ce qui s'est passé dans
l'institution du fonds de pension "étatisé" de la construction au
début des années 1970. Par conséquent, le comité
consultatiaf ne constitue qu'un palliatif et l'ingérence de
l'État reste entière.
En étatisant les fonds de retraite, le gouvernement
transfère une nouvelle part des épargnes des
Québécois dans une institution financière publique et
centralisée, la Caisse de dépôt et de placement, qui
administre déjà une grande partie de l'épargne personnelle
des Québécois. Or, il nous paraît nécessaire pour la
vie économique de disposer d'une grande diversité d'institutions
financières. En outre, le gouvernement ne peut continuer à
canaliser l'épargne personnelle dans une seule institution sans que la
conséquence à long terme soit une sorte d'asphyxie ou de
sclérose de la vie économique.
Il resterait enfin à évaluer le coût du projet de
loi qui, compte tenu du rachat d'une rétroactivité actuarielle,
pourrait être de l'ordre de - personne n'a de vrais chiffres
là-dessus, on n'a pas vu ceux du côté gouvernemental; on
parle ce matin dans le mémoire des mines de métaux, de 12% -12%
à 15% au cours des premières années, selon certaines
dispositions. À ce coût fort élevé, qui alourdira
les charges des entreprises, comme on l'a démontré ce matin,
viendrait s'ajouter celui de l'administration à cause des articles 49
à 53, et ceci au moment même où il est admis qu'il faudrait
déréglementer. Il y a une espèce de consensus qui se fait
dans la société québécoise qu'il faut
déréglementer. Il faut aussi réduire le fardeau
imposé au secteur privé par les interventions
gouvernementales.
M. le Président, quelle est notre recommandation? Nous favorisons
l'adoption d'un régime de retraite et l'assurance transférable
établie par des ententes entre les parties patronales et syndicales. Un
tel régime limiterait les contraintes imposées par le
gouvernement et il laisserait la gestion des fonds dans les mains des
entreprises. C'est l'une des formules que recommandait d'ailleurs une firme
d'actuaires-conseils dans l'étude soumise au ministère des
Richesses naturelles le 9 décembre 1978 et à laquelle on a fait
allusion ce matin. Les régimes peuvent demeurer distincts dans le cadre
des normes fixées par le gouvernement. L'auteur précisait alors
que "deux ou plusieurs employeurs, idéalement tous les employeurs du
secteur, adhèrent à une entente de transfert applicable aux cas
de fermetures totales ou partielles. Une fois généralisée,
l'adhésion à l'entente pourrait être rendue obligatoire
pour toute entreprise présente ou future dans le secteur."
L'étude souligne de plus que "vu le nombre limité d'entreprises
dans le secteur et la faible fréquence des fermetures, cette approche
semble éminemment réalisable. Elle peut de plus l'être
graduellement et elle est adaptable en raison de sa flexibilité à
une variété de circonstances. En particulier, elle ne requiert
pas l'uniformisation immédiate des régimes même si elle
entraîne à la longue leur convergence."
Des régimes de retraite privés existent déjà
dans les entreprises minières et il est évident qu'un
régime multi-employeurs pourrait être mis en vigueur sans
l'intervention du gouvernement et surtout sans être administré par
une commission gouvernementale qui n'est pas nécessaire, comme le
démontrait le rapport de 1978, à la réalisation des
objectifs recherchés. D'ailleurs, la Loi des régimes
supplémentaires de rentes prévoit, quant à nous,
déjà tous les mécanismes nécessaires, les
mécanismes de surveillance, les mécanismes de contrôle, les
mécanismes de tutelle et, si ce n'est pas suffisant, il s'agirait
peut-être encore là d'amender la Loi des régimes
supplémentaires de rentes.
Il est possible également de prévoir la
transférabilité d'un minimum donné de prestations sans
fusionner nécessairement tous les régimes. À cet
égard, il est
intéressant de mentionner que la Loi sur les cités et
villes - on pourrait donner d'autres exemples, mais on va seulement donner
celui de la Loi sur les cités et villes - dit ceci: "les fonds
accumulés dans un fonds de pension de retraite établi et maintenu
par une municipalité et accumulés au crédit d'un
fonctionnaire ou employé qui passe à l'emploi d'une autre
municipalité ayant établi un tel fonds sont transférables,
à la demande de ce fonctionnaire ou employé, aux conditions
fixées par la Régie des rentes du Québec. Les
bénéfices sociaux accumulés au crédit de ce
fonctionnaire ou employé sont aussi transférables à la
seule demande de ce dernier." Ces avantages sociaux comprennent "ceux qui sont
accumulés dans une caisse, un plan ou un fonds administré par
l'employeur, par l'employeur et les employés ou par un tiers pour le
compte de fonctionnaires et employés municipaux". (12 h 15)
Nous croyons, M. le Président, que le même genre de
disposition pourrait être utilisé dans le cas des mines avec
stipulation d'un minimum à transférer conformément aux
objectifs.
Je termine en disant que les objectifs poursuivis par le gouvernement
pourraient donc être atteints avec une intervention gouvernementale, qui
n'a pas nécessairement été demandée par les
principaux syndicats concernés et, notamment, celui des
métallos.
Donc, intervention gouvernementale beaucoup moindre et qui, surtout pour
nous, ne créerait pas un précédent dangereux, parce qu'il
faut le dire, il ne ferme pas seulement des mines, il ferme des entreprises
dans le meuble, dans la chaussure, dans le textile, il en ferme dans tous les
secteurs et que si cette "étatisation - nationalisation" partielle se
faisait ici on peut s'interroger à savoir ce qui arriverait dans
d'autres secteurs, demain. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci M. Dufour. M. le
ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais remercier le
Conseil du patronat du Québec pour son mémoire, court,
synthétique, mais qui fait ressortir les points que vous vouliez mettre
en relief et qui vous apparaissent les plus importants. Je maintiens toujours
en suspens mes deux questions. J'ai pris bonne note des deux
préoccupations de fond qui sont mentionnées dans le
mémoire du Conseil du patronat au tout début. Il y a deux choses
sur lesquelles, en particulier, je voudrais m'adresser directement au Conseil
du patronat et après je voudrais revenir sur la clause vacance et aussi
sur cette idée d'une balise ou d'une norme minimale de régime de
retraire et revenir à ma question: oui ou non, est-ce que vous
considérez que 1% correspond à un minimum pour obtenir un
commencement de retraite qui ressemble un peu à un commencement de
dignité quand quelqu'un a passé l'essentiel ou une partie
substantielle de sa vie dans le secteur des mines et de métaux
non-ferreux?
Mais indépendamment de cela, vous faites état dans votre
mémoire du Conseil du patronat de ce que vous appelez la concentration -
je pense à l'expression que vous utilisez ou du moins quelque chose
d'équivalent - accrue de fonds entre les mains de l'État, Caisse
de dépôt et de placement, mais est-ce que c'est plus dangereux -
si c'était cette solution qui était retenue - est-ce que c'est
plus dangereux en soi que la concentration de l'argent de la plupart des
régimes de retraite privés entre les mains de seulement quelques
grosses sociétés de fiducie avec un conseil d'administration qui
regroupe souvent le même monde?
Deuxièmement, je suis content qu'en fin de commentaires vous ayez
mis, M. Dufour, entre guillemets étatisation et nationalisation. Les
guillemets n'apparaissaient pas au mémoire, vous en conviendrez avec
moi, mais enfin on comprend bien votre point de vue quand même, histoire
de détendre le climat et de s'assurer que l'on se comprend bien. Il ne
faut pas abuser des mots non plus, "étatisation" et "nationalisation",
entre guillemets ou pas.
À la page 5, et là je vous avoue que j'ai de la
difficulté à vous suivre ou je saisis mal votre exemple, j'ai de
la difficulté avec votre comparaison avec les cités et villes,
les municipalités. Pour ce qui est des cités et villes, des
municipalités, jusqu'à nouvel ordre, on n'a pas
particulièrement un gros problème de fermeture et de licenciement
collectif de ce côté-là, à moins que cela se
produise dans les opérations de fusion, d'intégration. Mais, en
d'autres termes, je ne pense pas que ce soit une base de comparaison. Je pense
que vous l'admettrez avec moi et que ce n'est pas ce que vous voulez faire
ressortir en donnant cet exemple.
Je pense que c'est important quand même, pour éviter toute
ambiguïté, de se dire clairement les choses. Une
municipalité, ce n'est pas une mine, avec des problèmes bien
différents, des problèmes inhérents en particulier au
secteur des mines de métaux non-ferreux.
Deuxièmement, vous savez comme moi que, dans le cas des
municipalités, bien sûr, il y a une forme de
transférabilité, mais avec des clauses bien particulières.
Si, par exemple, je passe d'une municipalité à une autre, que je
suis transféré, que je passe d'un régime qui va de .1,5%
à 2%, je continue, et je profite de l'acquis. Mais si je passe d'une
municipalité où j'ai 2% à un endroit où j'ai 1/4 de
1%, je peux prendre
mes fonds et les retirer complètement, c'est l'opting out. En
d'autres termes, la comparaison ne me semble pas répondre à une
des questions de fond qui se posent.
C'étaient mes deux questions commentaires. Mais, me permettant
d'enchaîner à nouveau mes deux questions qui sont comme une
obsession depuis le début, aux vacances, est-ce à dire - parce
que c'est revenu dans le mémoire des mines Noranda, vous l'aviez
indiqué - est-ce que vous êtes en train de me dire - je pense que
ce serait bien important pour notre éclairage - que, si on devait
maintenir dans un projet de loi comme celui-là la clause de
transférabilité des vacances, un mineur qui a accumulé
cinq semaines de vacances et un autre mineur qui a accumulé deux
semaines de vacances - norme minimale systématiquement, le
résultat net de cela, serait que l'employeur dirait: Les cinq semaines,
les quatre semaines, les trois semaines, vous repasserez. Nous prenons les deux
semaines. Auquel cas, ce qui va arriver, et cela va se produire avant la fin de
la journée ici, en cette commission parlementaire, on va nous dire: On
demande l'équivalent d'une pleine protection avec une forme
d'ancienneté d'industrie.
En d'autres termes, transposez-nous "analogiquement" avec tout ce que
cela peut impliquer, et je ne suis pas sûr que je vois encore très
bien toute la gymnastique juridique et aussi ce que cela implique. Une forme
d'ancienneté d'industrie, c'est quelque chose d'analogue, je dis bien
à ce qui se passe dans le secteur de la construction, mais voyez
où cela mène. C'est pour cela que cette question n'est pas un
détail; je pense que c'est une question extrêmement importante
sans compter, ma base de 1% qu'elle garantit, si c'est purement
négocié avec un cadre minimal qui ne fixe rien de précis,
quelle garantie... si vous estimez que le 1% serait un minimum en dessous
duquel cela permet difficilement d'avoir un commencement de retraite qui
ressemble à la dignité; si c'est ce que vous pensez, j'aimerais
vous entendre là-dessus, peut-être que ce n'est pas votre
opinion.
Comment pensez-vous y arriver purement par la négociation dans la
perspective où il n'y a pas, que je sache, de négociation
sectorielle présentement dans ce secteur? Est-ce que l'on ne revient pas
au début? Si cela avait été possible de la régler,
il y a une question qui me revient constamment quand on parle de
précipitation - la précipitation n'est pas tellement là
dans les gestes qu'on est en train de poser ensemble - comment se fait-il que
cela ne soit pas fait depuis quatorze ans? La demande des métallos n'est
pas nouvelle, elle vient de 1967. Peut-être y a-t-il d'autres
problèmes que nous n'avons pas vus.
Le Président (M. Laplante): Qui répond des deux
groupes?
M. Dufour: Si vous me le permettez, avant de parler de vacances
et du 1%, on a des actuaires pour évaluer le 1%, j'aimerais revenir aux
commentaires de M. Marois sur notre texte. C'est bien sûr que l'exemple
des cités et villes n'est rapporté que comme exemple. Il est
évident que les villes, à moins que vous ne fassiez
dorénavant de grandes fusions, il n'en disparaîtra pas beaucoup.
C'est l'exemple qui indique que le principe de la transférabilité
est assez facile à régler, tout au moins, dans un cas
précis comme celui-là, comme vous l'avez fait dans les
hôpitaux. Quand vous avez des ententes d'ailleurs entre le qouvernement
fédéral et provincial, ce principe de la
transférabilité est possible. Cela n'a rien à voir avec un
secteur qui ferme ou qui ne ferme pas.
Sur la question de la nationalisation, étatisation, M. le
ministre, vous vous rappellerez notre débat sur la loi 17 où on
avait convenu qu'on n'aborderait plus jamais...
M. Marois: C'est pour cela que je disais que c'était pour
détendre le climat pas pour ouvrir un débat.
M. Dufour: ... ces termes, sauf entre guillemets, je pensais que
cela jouait dans les deux sens, vous ne l'avez pas fait. C'est de la
façon dont on en arrive à qualifier un transfert du privé
versus le public sans que l'on se chicane trop sur les termes. Cela
m'amène à la Caisse de dépôt et placement. Il ne
faudrait pas prendre à notre commentaire une critique de la gestion de
la Caisse de dépôt et placement. On a toujours dit que c'est une
des institutions qu'on s'est données comme Québécois et
qui, vraiment, donne un rendement excellent. On n'a jamais critiqué la
gestion de la Caisse de dépôt et placement, sauf que ça
devient très qros et ça va devenir pas mal plus gros avec votre
amendement éventuel au programme des rentes, parce qu'on sait
très bien que les cotisations actuelles sont insuffisantes. Alors,
ça va devenir encore plus gros, accolé au fait que, de plus en
plus - et il faut se le dire aussi - la Caisse de dépôt n'est pas
purement une obligation municipale, elle achète des actions dans
l'entreprise. Vous le savez, chez Domtar et ailleurs. Est-ce qu'on va passer
par la Caisse de dépôt maintenant pour acheter les entreprises
privées, parce que ce problème-là aussi est posé
quand on parle de la Caisse de dépôt de façon globale pour,
ce qu'on appelle nous, drainer l'épargne guébécoise. C'est
finalement tout ce qui est posé comme problème. D'ailleurs, vous
ferez un jour aussi le débat sur la Caisse de dépôt.
Quand on parle des transferts des
réqimes de rentes du secteur privé vers la Caisse de
dépôt, c'est notre crainte que, si vous le faites dans le secteur
minier aujourd'hui - c'est quoi, 20 000 000 $? Ne nous battons pas sur le
nombre de millions mais, en tout cas, si demain vous le faites dans d'autres
secteurs, c'est là notre crainte. On suit très honnêtement
les lois du Québec, les institutions financières autres que la
Caisse de dépôt sont aussi bien gérées. On n'a
qu'à regarder simplement les états financiers, en termes de
rendement, de la Caisse de dépôt et placement. Votre miniallusion
aux autres institutions financières, c'est difficile de la prendre parce
que, finalement, que ce soit administré par les institutions
financières ou le secteur privé ou la Caisse de
dépôt, je pense que ce n'est pas ça qui est en cause
actuellement. C'est cette centralisation de l'épargne qui est mise en
cause. Pour les vacances, je pourrais en reparler, mais je pense que Noranda
vit des exemples concrets de problèmes de vacances.
M. Langlois: Sur la question de vacances, j'aurais une question,
d'abord, à poser à M. le ministre. Pourquoi insiste-t-il
tellement pour transporter l'ancienneté de vacances chez un autre
employeur? On sait que les travailleurs sont jaloux de l'ancienneté et
on aimerait bien qu'on puisse aussi transporter l'ancienneté de
l'expérience. Le travailleur qui va d'une entreprise à l'autre
commence au pied de l'échelle, au niveau de son ancienneté,
même s'il a vingt ans d'expérience comme mineur dans une autre
entreprise. Il ne peut plus être au même niveau que les meilleurs
mineurs dans la nouvelle entreprise. Alors, pourquoi transporter ses vacances
et ne pas transporter son expérience? On pourrait bien le dire en
même temps.
M. Marois: Je pense bien qu'il ne faudrait pas non plus jouer sur
les mots. Est-ce que vous ne considérez pas qu'un mineur qui a
accumulé X années d'ancienneté lui donnant droit à
X semaines de vacances... Je présume que l'employeur devait être
un peu, beaucoup, passionnément satisfait de sa qualité de
travail. En d'autres termes, est-ce que vous ne pensez pas, ce n'est pas
absolu, qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait une certaine adéquation
automatique entre l'ancienneté de vacances et l'ancienneté
d'expérience? Alors, je vous retourne la question à nouveau:
Pourquoi voulez-vous priver quelqu'un qui a accumulé cette
ancienneté d'expérience et qui, par voie de conséquence,
dans le concret, se concrétise par tant d'années de service,
pourquoi le priverait-on, ce qui est la situation actuelle, de cette
ancienneté accumulée, d'un certain nombre d'avantages sociaux,
notamment les vacances? Pourquoi faudrait-il qu'il recommence à partir
du bas de l'échelle?
C'est ce que demandaient, vous le savez comme moi d'ailleurs, dans les
mémoires de 1977, autour de cette période, les mineurs
représentés notamment par les métallos.
C'est pour ça que je me demande pourquoi vous ne répondez
pas à cette question précise. Je m'excuse d'insister, je ne veux
vraiment pas abuser du temps de la commission, mais il me semble que ce serait
un éclairage important. Est-ce que je dois comprendre, si on en vient au
fait que, si une mesure comme celle-là était maintenue dans un
projet de loi de ce genre, ça signifierait, d'après vous, que les
employeurs miniers qui emploient des mineurs, dans une mine donnée,
voyant arriver des mineurs, écarteraient systématiquement celui
qui aurait tant de semaines d'ancienneté supérieures à
d'autres qui en auraient moins? Si votre réponse est oui, là,
je... Sur la base des faits, de ce que vous voyez, le plus franchement
possible, je pense qu'on est là, encore une fois, je l'ai dit, j'aborde
ça avec beaucoup d'ouverture d'esprit; si ça pose des
problèmes sérieux, profonds, on va regarder ça au
mérite et on va pousser. (12 h 30)
Je n'ai jamais prétendu que tout était parfait chaque fois
qu'on déposait un projet de loi. Mais j'essaie de cerner, de bien
comprendre votre préoccupation autour de cette question. S'il y a une
résistance, parce que cela est systématique dans les trois
mémoires qu'on a eus depuis ce matin; là, il y a une objection
formelle sur ce point-là, il doit y avoir... Vous évoquez un
certain nombre de raisons. Je ne vous cacherai pas, très franchement,
que les raisons ne me satisfont pas. Je ne sortirai pas d'ici, si c'est
ça, les réponses que j'ai, en me disant: J'ai compris leur point
de vue. Je serai d'accord ou pas d'accord. Mais je ne peux pas
honnêtement me dire, à ce moment-ci, que je vais sortir de la
commission parlementaire en disant: J'ai compris votre point de vue.
M. Marcoux (Camille): La question des salaires fait partie des
négociations collectives. Dans certains cas, cela fait partie de la
masse salariale qui est donnée à une convention collective. Le
nombre de semaines de vacances peut varier d'un endroit à l'autre. Cela
peut tenir compte, à ce moment, de l'éloignement des
employés. Une personne qui est éloignée, cela lui prend
quelques jours pour sortir de l'endroit et quelques jours pour y revenir. Les
compagnies vont donner cinq semaines de vacances après un nombre
d'années beaucoup plus restreintes que d'autres compagnies. Ce n'est pas
nécessairement basé sur le nombre d'années dans
l'industrie.
Dans une autre question, vous parliez d'un pourcentage. Je pense que le
problème
n'est pas tellement ta somme de la pension, à ce moment-ci, c'est
plutôt la transférabilité de ce qui est acquis par les
employés. Dans l'industrie minière, il faut réaliser aussi
qu'il y a différents postes, différents métiers,
quelques-uns sont plus durs que d'autres, beaucoup plus
rémunérateurs que d'autres. Un mineur qui a une constitution
assez forte, qui veut faire du surtemps, va considérer le fait de faire
un travail un peu plus dur, mais qui est beaucoup plus
rémunérateur pour une dizaine d'années; et après
cela, il va dire que sa famille est élevée, il nous demande un
travail moins dur, un travail uniquement de jour au lieu de travailler sur les
quarts de travail. À ce moment, son surtemps diminue
nécessairement. C'est difficile d'attacher un pourcentage aux cinq
meilleures années. D'ailleurs, la plupart des contrats
négociés avec les métallos ne tiennent pas compte du
salaire de l'employé, ils tiennent compte des années de service,
et il y a un certain montant d'argent par mois, par année de service qui
augmente à chaque signature de contrat.
M. Langlois: Au niveau des vacances, je pourrais poser un cas
hypothétique. Admettons que le régime s'étend aux mines de
fer, on sait que les gens de Schefferville - je n'ai pas les chiffres exacts -
au bout d'un certain nombre d'années, ont droit à plusieurs mois
de vacances. Est-ce que ces vacances seraient transférables dans une
mine d'or de l'Abitibi? Par exemple, au bout de cinq ans, le travailleur a
droit à ses cinq ou six mois de vacances, ce qui ne serait pas
acceptable dans les mines d'or. Certains transferts comme cela seraient
extrêmement onéreux, les mines de fer peuvent les payer mais les
autres mines ne le peuvent pas. Il y a cela aussi, en plus des problèmes
que cela va causer à l'intérieur de la convention collective.
M. Dufour: M. le ministre, prenons le cadre d'un employeur
unique, ce qui est le cas des hôpitaux, où quelqu'un peut
être transféré et peut amener son ancienneté, la
même chose pour une professeur. Vous dites: II faudrait que je sois
satisfait qu'il n'y ait pas de problème. Je pense que ce n'est pas
possible, parce que c'est une question de philosophie des relations de travail,
d'attachement d'un certain groupe de travailleurs à leur propre
boîte qui voient arriver des gars de l'extérieur.
Évidemment ici, il y a peut-être un dénominateur commun,
parce que ce sont des mineurs, mais, de façon générale, en
termes de principe, les gars d'une boîte n'accepteraient pas de voir
arriver avec leurs cinq semaines de vacances des gens de l'extérieur
qu'ils ne connaissent pas. C'est un problème de relations industrielles
en dehors du problème de coûts, parce qu'évidemment le
problème de coûts est là, mais c'est un problème
d'acceptation, c'est un problème de relations humaines à
l'intérieur de l'entreprise.
M. Marois: Je m'excuse, ce sera ma dernière
remarque-question. Honnêtement, je ne sais pas la réponse. En tout
cas, j'imagine que vous faites de votre mieux pour me la donner, mais prenons
seulement la comparaison avec les mines de fer. Admettons que le projet est
adopté demain matin. On applique ce règlement des vacances des
employés de mines de fer à ceux des autres secteurs miniers. On
sera très précis sur le projet de loi. Vous savez fort bien comme
moi que ce n'est pas la mine machin X qui va recevoir le travailleur Z qui a
tant de semaines de vacances d'accumulées, qui va écoper de tous
les coûts, puisque les coûts sont assumés par un fonds
à l'échelle du Québec. De toute façon, on ne parle
même pas du fer, on parle de ce secteur. Quant au volet de la
perturbation à l'intérieur même de la mine, chez les
travailleurs - d'ailleurs, on va les entendre cet après-midi - j'imagine
que les métallos, avant de faire une demande comme celle-là, ont
eux-mêmes pris le pouls de leur troupe, ont évalué et
considéré tout cela pour formuler le projet qu'ils nous ont
présenté, on va certainement se poser des questions
là-dessus en cours de route.
M. Langlois: La question de coûts est importante, mais il y
a aussi beaucoup d'autres questions. Imaginez, par exemple, une mine d'or
d'Abitibi où un bonhomme qui arrive pour y travailler a droit à
un an de vacances. C'est vraiment après cinq ans, dix ans, ce n'est pas
pensable, et cela existe dans les mines de la Côte-Nord, les gens qui
travaillent à Schefferville.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Papineau.
M. Langlois: Je voudrais répondre rapidement au niveau des
normes minimales. Présentement, on n'est pas prêt à engager
l'association des mines au niveau de régler et dire que 1% et 1,5% c'est
bon. Il y a plusieurs sortes de normes minimales, M. Marcoux en a
expliqué une tout à l'heure, cela peut être un montant
d'argent par année de service mais si le gouvernement accepte le
principe, on serait très heureux d'aller faire des
représentations à cet égard.
Le Président (M. Laplante); M. le député de
Gatineau.
Une voix: M. le Président, le député de
Richmond posera une question.
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Richmond, d'accord.
M. Vallières: Ma question peut s'adresser à un des
trois intervenants et peut-être que le ministre pourra par la suite
compléter puisque la question s'adresse également à lui.
La loi vise finalement à revaloriser le travailleur minier. J'aimerais
savoir en quoi la "nationalisation" des fonds de retraite privés dans ce
secteur va donner des avantaqes supplémentaires aux travailleurs. Je
pose la question pour être éclairé la-dessus. Est-ce que
vraiment le fait que l'État s'empare de ce secteur, de ces fonds, va
permettre aux travailleurs soit d'avoir une meilleure gestion ou d'avoir des
avantages qu'ils n'ont pas actuellement compte tenu de ce que veut atteindre la
loi en tant qu'objectif?
M. Langlois: Vous me posez la question? Allez-y.
M. Pouliot (Yvan): M. le Président, on doit faire une
distinction entre les normes minimales et la façon de les obtenir. On
pourrait avoir des normes minimales tout en laissant le soin au secteur
privé de les respecter, un peu comme lorsqu'on a établi la Loi
des régimes supplémentaires de rentes, on a imposé au
régime de retraite des normes minimales, on a mis sur pied un
système pour s'assurer que ces normes étaient satisfaites, mais
on a laissé le soin au secteur privé de les assumer. Je ne vois
pas vraiment le lien entre un régime public et ce que l'on vise comme
norme minimale.
D'ailleurs, si vous permettez, au sujet du 1% dont parlait M. le
ministre, on pourrait discuter longtemps à savoir si le 1% est
adéquat ou non compte tenu de la pension qui provient de la Régie
des rentes ou de la pension de vieillesse, mais même si on admettait que
le 1% est le minimum adéquat ici, il faut quand même regarder
l'autre côté de la médaille, qu'est-ce que cela
coûte? Est-ce qu'on a les moyens de se le payer?
Il y a bien des choses dans la vie qu'on considère comme
étant un minimum adéquat, mais qu'on ne se paie pas parce qu'on
n'a pas les moyens. Mais en plus, si c'est un minimum adéquat, pourquoi
ne serait-ce pas le même minimum dans tous les autres secteurs ou pour
tous les autres travailleurs?
Je pense que c'est un problème très sérieux. Comme
je le mentionnais tantôt, même si on admettait que c'est un
minimum, je ne pense pas que ce soit nécessaire d'avoir un régime
géré par la CARR pour atteindre ce minimum. On pourrait dire:
C'est le minimum, les régimes doivent le prévoir et c'est tout.
Comme on dit: C'est le minimum de donner une pension acquise après 45
ans d'âge et 10 ans de service dans la Loi des régimes
supplémentaires de rentes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Prévost, une courte question.
M. Dean: Vous avez dit tantôt que les régimes de
retraite dans le secteur minier se négocient en termes de dollars par
année de service. On n'a pas ces données. Pourriez-vous nous dire
combien de dollars par année de service dans la meilleure convention
collective dans les mines et combien de dollars dans la pire convention
collective, à l'exception des quatre qui n'ont rien du tout?
M. Lacroix (Guy): Si vous permettez que je réponde
à la question, au nom de Mines Noranda, je peux dire tout simplement
comme préambule, que le temps qui nous a été alloué
pour se préparer et apporter des exemples précis est quand
même extrêmement limité. J'ai avec moi une copie d'une
convention collective typique, qui accorde par exemple une rente de 11 $ par
mois pour chaque année d'emploi rémunérée,
après le 1er janvier 1981, et d'autres montants pour des années
antérieures qui, dans le passé, ont été
augmentés avec chaque nouveau contrat.
Il y a également une rente additionnelle qui est accordée
selon les années de service, qui peut varier entre 100 $ et 170 $ et qui
s'ajoute à ce qui a déjà été
mentionné, pour les années continues de service, je dis bien.
M. Dean: Cela veut dire 11 $ par mois, par année?
M. Lacroix: 11 $ par mois par année de service.
M. Dean: Plus?
M. Lacroix: Plus la rente mentionnée, qui varie selon les
années de service, entre 100 $ et 170 $ par mois selon l'échelle
voulue, la fourchette voulue, de 10 années de service à 30
années de service.
M. Dean: Et est-ce que c'est le meilleur régime de
retraite dans l'industrie des mines?
M. Lacroix: Non. C'est un exemple qu'on vous donne, comme je vous
dis.
M. Langlois: C'est plus élevé que cela, mais sur la
même base.
M. Payne: Est-ce que ce serait peut-être la moyenne? Est-ce
que ce serait peut-être un chiffre moyen, une moyenne pour l'industrie,
11 $?
M. Lacroix: À notre avis, il serait difficile de
répondre à cette question. Comme je l'ai dit tantôt, on a
eu très peu de temps pour faire ce genre de
comparaison. On est familier avec ce qui existe au sein de notre propre
entreprise, mais en ce qui a trait aux comparaisons entre les autres compagnies
et les autres industries le temps ne le permettait pas. Le point qu'on a fait
ressortir dans notre mémoire, c'est qu'il n'en demeure pas moins que
l'obtention des différents avantaqes sur le plan de la
rémunération, sur le plan des salaires, sur le plan des avantaqes
sociaux, ce sont des choses néqociées aux tables de
négociation.
Je voudrais peut-être revenir à notre mémoire dans
lequel on a mentionné, on a attaché un tableau qui
démontrait le progrès que les travailleurs miniers ont fait de
1970 à 1980, alors que, par exemple, en 1970, on avait un écart
de 22% supérieur au domaine manufacturier. En 1980, l'écart du
salaire du travailleur minier avec celui du secteur manufacturier est
maintenant de 41,3%. Cette période de dix ans démontre que le
salaire du travailleur minier a progressé le plus rapidement de tous les
secteurs et on pourrait soulever la question à savoir pourquoi le
gouvernement désire changer le contexte ou la façon dont la
rémunération est structurée.
Chez Noranda, cela n'a pas été clairement une
priorité des employés, du moins à la table de
négociation, puisque leurs salaires ont progressé d'une
façon beaucoup plus rapide que dans les autres secteurs
d'activité, d'une façon beaucoup plus rapide aussi que la hausse
des prix, comme le démontre le tableau. C'est donc dire qu'il y a eu une
augmentation dans le pouvoir d'achat qui aurait pu être transposée
sur les régimes de retraite si les employés, par l'entremise de
leurs représentants syndicaux, l'avaient voulu. (12 h 45)
D'une façon plus large, j'aimerais répondre à une
des questions que le ministre avait posée à savoir: Quel est le
minimum acceptable? 1%, 1 1/2% ou 3%? J'aimerais dire, pour appuyer le point
qui a été mentionné tantôt, que l'idéal, ce
serait d'avoir un fonds de retraite permettant à tous les travailleurs
de vivre avec un minimum de confort au moment de leur retraite. À notre
avis, la question n'est pas de déterminer qu'est-ce qui constitue un
fonds de retraite minimal. La question, c'est qu'il y a des travailleurs qui
perdent leur emploi et c'est au moment où ils perdent leur emploi qu'ils
perdent leurs avantages. Comme nous l'avons déjà
mentionné, cette question ne regarde pas uniquement les mines de
métaux non-ferreux, mais ça regarde tout le monde. Il y a des
travailleurs qui perdent leur emploi dans tous les secteurs d'activité.
À cet effet, nous nous interrogeons à savoir si notre
économie peut se permettre d'accorder un régime de retraite
garanti sans risquer de provoquer plus de licenciements. C'est dans ce
sens-là qu'on a insisté sur les mots "précipiter le projet
de loi" parce que, de notre côté, on aimerait avoir plus de temps
pour savoir exactement en quoi le projet a un impact sur nos coûts. La
question a été soulevée à savoir si c'est un projet
qui devrait regarder l'ensemble des industries. Peut-être. Je pense qu'on
ne serait pas contre l'idée qu'un travailleur qui perd son emploi puisse
avoir éventuellement droit à une retraite confortable. Je pense
que la question doit se poser à l'ensemble de l'économie,
à savoir si on peut se permettre d'accorder des régimes de
pension à tout le monde avec un minimum de confort sans provoquer, comme
je le disais, plus de licenciements.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, dernière question.
M. Gratton: M. Garcia voudrait ajouter quelque chose, M. le
Président.
M. Garcia: Je voulais juste ajouter quelque chose sur la question
de la norme minimale dont le ministre a parlé. À l'heure
actuelle, la proportion de la masse salariale qui va en régimes de
retraite dans le secteur qui nous concerne aujourd'hui est d'environ 4,5%, dont
la très grande partie vient des employeurs et une partie moins
importante des salariés. Si on parle d'une norme minimale et qu'on
l'exprime en pourcentage du salaire, c'est-à-dire sous forme d'une
prestation minimale, il est certain qu'avant de répondre à une
question comme ça les employeurs voudraient savoir si une contribution
minimale va aussi être envisagée de la part des salariés.
Je pense qu'on pourrait l'exprimer de cette façon-là ou encore on
pourrait aussi demander: Est-ce que les employeurs sont prêts à
consacrer X% de leur masse salariale à un régime de retraite?
Suivant la proportion de l'arqent qui va venir des salariés, il est
certain qu'on peut se payer des avantages de retraite beaucoup plus
élevés si les salariés payent autant que l'employeur que
si l'employeur paie toute la note, c'est-à-dire à partir d'un
coût X pour l'employeur. Si l'employeur est obligé de cotiser 5%
de la masse et que les salariés sont obligés de cotiser 5%,
ça fait 10% et, à ce moment-là, on peut offrir des
bénéfices de retraite beaucoup plus avantageux. Mais si on
demande: Est-ce qu'une prestation de 1% sur le salaire final, c'est quelque
chose d'acceptable, bien ça dépend de qui va payer. Est-ce
l'employeur seulement qui paie ou si c'est payé 50-50 comme dans le
projet de loi? Je pense qu'avant de répondre à la question il
faudrait peut-être la préciser davantage, savoir qui paie, si
c'est seulement l'employeur ou si les deux parties vont payer comme
proposé dans le projet de loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je regrette vivement que des
circonstances dont nos invités ne sont pas responsables nous
empêchent de poser toutes les questions qu'on voulait, entre autres sur
la concentration des fonds de retraite au niveau de la Caisse de
dépôt. C'est peut-être partie remise. La seule question que
j'aurais, à ce moment-ci, à poser à l'ensemble de nos
invités, c'est à savoir quelle consultation il peut y avoir eu
dans le passé, non seulement sur le contenu du projet de loi no 3 tel
qu'il existe présentement, mais sur les considérations qui ont
amené le qouvernement à le déposer tel que
rédigé.
Est-ce qu'il y a eu consultation, au cours des derniers mois, des
dernières années, ou si cette commission parlementaire est,
à toutes fins utiles, la première occasion qu'ont l'association,
Mines Noranda et le Conseil du patronat de s'exprimer sur le sujet?
M. Langlois: II n'y a sûrement pas eu de consultation
depuis plusieurs mois, de toute façon. Il y a eu des consultations avec
l'entreprise quand le dossier était sous la responsabilité du
ministre de l'Énergie et des Ressources, M. Bérubé. C'est
là que l'étude Guérard et Associés a
été réalisée, on en a discuté avec eux. Les
consultations qu'on a eues avec le ministre de I'Énerqie et des
Ressources, dans ce temps-là, étaient vraiment que... On ne
s'attendait pas du tout à avoir un projet de loi comme le projet de loi
no 3, présentement. C'était quelque chose d'autre, c'était
d'abord la transférabilité des plans de retraite qui était
en jeu, premièrement.
Il n'était pas question, dans ce temps-là,
d'établir un régime de rentes gouvernementales, du moins, pas
à notre connaissance, surtout pas de rétroactivité,
c'est-à-dire les 15% au minimum, ce qui est une somme de
rétroactivité. On a été surpris par le projet de
loi no 25 d'abord, et par le projet de loi no 3, avec l'imposition du
régime de rentes, tel qu'il est dans le moment, et les vacances.
M. Gratton: Est-ce que les vacances n'avaient pas fait l'objet de
discussions?
M. Langlois: Non. Le sujet des vacances n'a jamais
été abordé avant.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, messieurs des trois
groupes, je vous remercie de votre coopération et les travaux sont
ajournés sine die, ce qui veut dire après la période des
questions, ce qui sera vers 15 h ou 15 h 15; nous reviendrons dans la
même salle.
(Fin de la séance à 12 h 50)
(Reprise de la séance à 15 h 28)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Messieurs, si vous voulez vous identifier et identifier votre groupe,
s'il vous plaît.
Syndicat national de l'amiante à
Asbestos
M. Simoneau (Jean-Claude): Bonjour. Mon nom est Jean-Claude
Simoneau, du Syndicat national de l'amiante à Asbestos. M. le ministre,
MM. les membres de la commission, je voudrais, si la chose est possible, avoir
le nom de toutes les personnes qui siègent à la commission pour
nous permettre de vous faire parvenir un document d'ici vendredi. Vous
comprendrez certainement que la semaine dernière tous les membres du
comité exécutif de la CSD étaient en congrès ici
à Québec. Nous avons reçu le message qu'il vous
était possible de nous entendre vendredi après-midi. Donc, il
nous a été impossible de préparer quoi que ce soit pour
qu'il vous soit présenté aujourd'hui mais, avec les noms des
personnes qui siègent à la commission, on pourrait vous faire
parvenir, à tous les membres, un document d'ici vendredi cette
semaine.
Le Président (M. Laplante): D'accord, monsieur. Vous ferez
parvenir votre document au secrétariat de la commission; celui-ci fera
parvenir à chacun des députés les documents que vous aurez
à produire. Je vous ai fait parvenir une liste tout à
l'heure?
M. Simoneau: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez l'envoyer
à chaque député, prenez cette liste, mais il faudra que
vous fassiez parvenir des copies au secrétariat de la commission.
M. Simoneau: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie.
M. Simoneau: Merci beaucoup.
M. Vallières: M. le Président, est-ce qu'on ne
pourrait pas quand même adresser quelques questions à ce
représentant afin qu'on puisse connaître son point de vue, tout au
moins général, sur le projet?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous dire ce qui se
passe. Monsieur n'a pas encore l'autorisation, à cause du mémoire
qui n'est pas écrit. Ils viennent d'avoir de nouvelles élections
à la présidence. Le
président n'est pas ici. Une consultation se déroule
actuellement. C'est pourquoi on a reçu monsieur l'espace d'une minute
pour que ce soit inscrit au journal des Débats. Merci, monsieur.
M. Simoneau: Est-ce que je pourrais à ajouter à
cela...
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant la
Chambre de commerce du Québec. Monsieur, si vous voulez identifier votre
organisme, vous identifier et les personnes qui vous accompagnent, s'il vous
plaît!
Chambre de commerce du Québec
M. Tremblay (Pierre): M. le Président, mon nom est Pierre
Tremblay. Je suis président de la Chambre de commerce de la province de
Québec. M'accompagnent cet après-midi - il me manque deux mes
deux vice-présidents qui sont en route, mais qui vont peut-être
nous arriver pendant la réunion, je vous les présenterai à
ce moment - à mon côté, M. Jean-Paul Létourneau,
vice-président exécutif de notre chambre; M. Pierre Morin,
directeur général de notre service des affaires publiques; M.
John Mooney, avocat, directeur de la législation de notre permanence.
(15 h 30)
Je vous demanderais, M. le Président, s'il est possible, de
consigner notre mémoire au procès-verbal de la commission pour
nous dispenser d'en faire la lecture complète. J'aimerais guand
même attirer l'attention sur un ou deux passages. Pour les dossiers de
votre groupe, il serait peut-être bon de souligner que la Chambre de
commerce de la province est une fédération qui regroupe plus de
200 chambres locales ainsi gu'environ 2650 membres corporatifs.
Le Président (M. Laplante): Avant d'aller plus loin, il y
a une directive actuellement gui impligue le journal des Débats sur les
mémoires à transcrire sans être lus. Cela ne nous est plus
accordé à cause des restrictions budgétaires. Certains
mémoires sont très volumineux et cela entraîne des
coûts assez astronomiques, à la fin de l'année. Votre
mémoire est très court, vous pourriez le lire, si vous voulez
qu'il soit transcrit au journal des Débats.
M. Tremblay: Un petit moment!
M. Gratton: Nos invités préfèrent
résumer leur mémoire, gui ne contient que six pages. Je ne vois
pas pourguoi on leur en imposerait la lecture, qui sera fastidieuse pour tout
le monde. On pourrait tout simplement l'inclure au journal des Débats.
Il ne s'agit pas d'une dépense énorme à ce moment-ci. Je
pense gue la commission est quand même maîtresse de ses travaux
à ce point qu'elle peut demander qu'on fasse la reproduction du
mémoire.
Le Président (M. Laplante): La raison qu'on nous donne,
messieurs les membres de la commission, c'est qu'il y a une copie qui s'en va
à la bibliothèque et une copie au secrétariat aussi et qui
est disponible à tous ceux qui peuvent en demander. C'est la raison.
M. Tremblay (Pierre): Cela ne sera pas long, on va pouvoir faire
une couple de coupures pour le réduire de moitié et tomber dans
le juste milieu.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Tremblay (Pierre): J'en profite pour vous présenter un
nouveau collègue. M. Jean-Paul Lambert, est vice-président
à l'administration gouvernementale au sein de notre chambre. M. Lambert
est également président de Yamaska Auto. Je souligne qu'il est
également président de la Corporation des concessionnaires
d'automobiles de la province et qu'il est originaire de Saint-Hyacinthe.
M. le Président, tel que souligné ici, dans notre
introduction, nous répétons ce qu'est la chambre. Je ne pense pas
qu'il soit nécessaire d'insister davantage. La section II couvre les
difficultés dans le secteur minier et j'attire simplement votre
attention sur le fait qu'elle se reporte à l'étude
commandée en 1978, gui devait porter sur un régime de retraite
dans le secteur des mines de métaux. Nous attirons également
l'attention sur l'innovation que constitue l'initiative de cette aide à
la mobilité de la main-d'oeuvre. La section III porte sur
l'opportunité de l'imposition d'un régime de retraite
supplémentaire obligatoire. Je crois gue nous sommes
particulièrement intéressés à faire connaître
notre point de vue là-dessus.
Dans la section III, nous attirons l'attention de la commission sur
ceci: "Si le gouvernement juge que, dans l'intérêt public, il doit
imposer dans ce secteur des normes de régime supplémentaire de
retraite, nous ne considérons pas cette intrusion d'un bon oeil, mais
nous sommes prêts à l'accepter comme un moindre mal.
À la page suivante, au plan 4 de notre mémoire, nous
disons: Le plan proposé est un pas de plus vers l'étatisation des
régimes de rentes. Le rôle de l'État dans le domaine des
rentes supplémentaires est d'assurer la solvabilité et le bon
fonctionnement des régimes de retraite par une loi d'application
générale, telle la loi actuelle sur les régimes de
retraite supplémentaires. L'État ne devrait sous aucun
prétexte accaparer l'administration de ces régimes.
"La loi proposée prévoit que ce régime sera
administré par la Commission administrative du régime de retraite
et que les fonds seront déposés à la Caisse de
dépôt et placement. Les employeurs et les employés qui
devront financer ce réqime n'auront aucun droit de parole quant à
l'utilisation de leurs fonds. Voilà une situation qui nous
apparaît fort injuste pour les deux parties concernées.
Il ne faudrait surtout pas oublier qu'un réqime de retraite n'est
pas immuable dans le temps. Le projet de loi prévoit au chapitre V la
formation d'un comité consultatif. La conséquence de cette
situation sera qu'en définitive le ministre décidera des
modifications qui interviendront et des coûts additionnels qu'auront
à absorber les parties.
Nous ne comprenons pas les raisons qui ont motivé le
législateur à confier à l'État l'administration de
ce fonds. L'adoption d'une telle formule se fera au détriment des
parties concernées. Selon le Quinzième rapport de qestion, 1980,
de la Caisse de dépôt et placement du Québec - tableau no
30 - le taux de rendement moyen sur les cinq dernières années du
fonds du régime de retraite des employés du gouvernement est de
7,36%. Il aurait été préférable de laisser aux
parties la liberté de se prévaloir des taux plus avantageux
qu'offre présentement, et qu'offrait alors, le marché
privé. Ainsi, selon l'Étude des fonds communs pour caisse de
retraite - volume 8, no 2 - de la firme Pouliot, Guérard &
Associés, en date du 31 mars 1981, le taux de rendement
matérialisé moyen pour les fonds hypothécaires et
immobiliers sur les derniers cinq ans est de 12,75%, tandis que le taux de
rendement matérialisé moyen pour les fonds mixtes sur les
derniers cinq ans est de 13,42%. Ce sont là des exemples d'une gamme de
placements beaucoup plus avantageux, dont les parties pourraient se
prévaloir si l'administration de ce fonds était confiée au
secteur privé. Ceci demeure vrai même si ces rendements ne
comptent pas les frais d'administration qui sont, de toute façon, en
général inférieurs à 1%.
Il faut aussi ajouter que l'éventail des choix de la CARR est
encore plus limité du fait que le ministre des Finances peut
unilatéralement décider de se prévaloir de son droit de
puiser à même la Caisse de dépôt et placement les
deniers dont il aurait besoin pour l'administration publique. M. Parizeau a
d'ailleurs laissé entendre, dans le dernier discours sur le budget,
qu'il ira chercher cette année 45% des fonds dont la Caisse de
dépôt disposera pour financer les emprunts du qouvernement.
Discours sur le budqet, paqe 35.
Le dépôt de ces sommes à la Caisse de
dépôt augmente aussi l'emprise déjà trop qrande du
gouvernement sur l'économie du
Québec.
En prenant toutes les responsabilités en ce domaine, le
gouvernement nous inquiète, M. le Président, parce que son
expérience et son propre comportement comme employeur nous ont
amenés dans une situation difficile. En effet, les déficits
actuariels des fonds de retraite des employés des secteurs publics et
parapublics s'élèvent maintenant à plus de 10 000 000 000
$ et ne cessent de croître. C'est une situation désastreuse. Et
maintenant on veut entraîner de force le secteur privé sur cette
même voie. Ceci nous paraît extrêmement danqereux.
J'attire votre attention également sur la section V de notre
mémoire, où nous disons que le réqime proposé est
beaucoup trop dispendieux. Nous considérons qu'un fardeau
supplémentaire pouvant atteindre 4,66% de la masse salariale est
beaucoup trop lourd.
Un autre point que j'aimerais souligner, c'est que le coût
élevé de ce réqime est dû en partie à son
effet rétroactif. Une telle rétroactivité nous
apparaît exceptionnelle. Je devrais peut-être donner lecture d'une
partie de ce point étant donné que c'est très
spécifique. Nous croyons, comme je le disais il y a un instant, que la
rétroactivité est exceptionnelle. Selon le troisième
alinéa de l'article 27, le mineur qui justifiait d'un an de service,
lors du dépôt de ce projet de loi, se verra accorder
automatiquement quatorze années de participation au régime. Nous
voulons aussi souliqner que cette rétroactivité impose une double
facture à l'employeur puisqu'elle va s'appliquer aux mineurs dont les
années de services ont déjà été
créditées auparavant par un réqime □rivé. Le
réqime public venant s'ajouter, il y aurait donc double contribution. Si
l'on ajoute la rente minimale de 15% accordée aux mineurs qui justifient
de cinq ans de participation au régime, la base très
généreuse du réqime, les cing meilleures années, et
la rente d'invalidité de l'article 13, les employeurs devront faire face
à un déficit actuariel difficile à surmonter. Si ce
réqime s'avère coûteux pour l'employeur, il devient
exorbitant si l'on tient compte du fait qu'il devra s'ajouter aux
régimes privés auxquels l'employeur contribue déjà.
Il serait irréaliste de croire que les employés accepteront que
l'employeur mette fin à des régimes qui sont souvent plus
qénéreux que le régime étatisé. Le rapport
Guérard indigue en effet qu'en 1978, les contributions des employeurs
aux régimes privés s'élevait à 2,25% des salaires,
et celles des employés à 0,58% des salaires. Les régimes
privés actuels coûtent donc très peu aux salariés et
ils livreront certainement une véritable guerre de négociation
pour conserver ces avantages.
Dans le paragraphe 6, nous croyons que certains éléments
du régime proposé vont à
l'encontre des intérêts des mineurs en indiquant que comme
le fonds de retraite sera alimenté par les employeurs et les
employés à parts égales, le coût énorme de la
rétroactivité du régime devra donc aussi être
défrayé par les mineurs qui contribueront dorénavant
à ce régime. Les mineurs sont-ils vraiment prêts à
assumer un tel fardeau financier? La rigidité de ce système fera
aussi perdre aux parties la liberté de négocier des
bénéfices plus avantageux que le régime imposé par
l'État: le maintien des avantages d'assurance-vie, l'assurance- maladie,
et là encore, la Chambre croit gue ces avantages doivent demeurer des
éléments de négociation entre les parties
concernées. Il faudra aussi souligner que l'assurance-vie payée
par l'employeur, par le biais du fonds minier, constitue un avantage imposable
aux fins des lois fiscales.
Conclusion: La chambre s'oppose donc au principe de l'étatisation
des fonds, d'un régime de retraite supplémentaire obligatoire
ainsi gu'à son administration par l'État.
Nous avons apprécié, M. le Président, l'occasion
qu'on nous a fournie de vous transmettre nos recommandations, avis et
commentaires sur ces questions très importantes, non seulement pour le
secteur minier mais pour toutes les entreprises du Québec.
En terminant, je voudrais vous présenter un autre membre de notre
délégation en la personne de M. Louis Boudreault,
vice-président des ressources humaines, président du
comité de francisation chez Rothman's ici à Québec. Je
salue M. Boudreault. Cela termine nos remarques générales sur la
présentation de notre mémoire.
Le Président (M. Laplante): II a été bien
préparé, M. Tremblay, je vous remercie beaucoup.
M. Marois: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
la Chambre de commerce de la province de Québec de son mémoire.
Vous attirez notre attention sur un certain nombre de points sur lesquels on a
pu échanger ce matin, des avis, avec d'autres représentants du
monde patronal. Je ne reviendrai pas là-dessus. Bien sûr, on
regardera très attentivement chacun des allégués, des
arguments, des suggestions gue vous formulez dans votre mémoire.
Cependant, je note gue, à la page 7, vous divergez d'opinion avec
d'autres groupes d'employeurs qui se sont présentés devant nous
ce matin. J'ai compris gue, avec certaines interrogations - est-ce que oui ou
non on couvrait les frais dentaires - ce matin, il ne semblait pas y avoir
d'objection à ce qu'il y ait maintien des avantages de l'assurance-vie,
de l'assurance-maladie. Je comprends que votre position c'est de dire:
Non, ça ne devrait pas être inclus dans un projet de loi
par le biais du fonds minier, mais ça devrait demeurer des
éléments de néqociation entre les parties. (15 h 45)
Tant et si hien que c'est en train de se rétrécir comme
une peau de chagrin. On verra tantôt comment les choses se
présenteront à la fin de la journée. Puis, vous
évoquez aussi, à la page 7, certains éléments du
réqime gui iraient à l'encontre des intérêts des
mineurs. Je suis sûr qu'on aura l'occasion tantôt d'en causer avec
les représentants des mineurs pour voir s'ils partagent votre point de
vue ou s'ils ont un autre point de vue.
La guestion gue je voudrais vous poser est la suivante. Vous reliez un
certain nombre d'éléments tout au long de votre mémoire.
Vous revenez et utilisez d'ailleurs cette expression d'étatisation des
régimes privés. Vous la rattachez à une discussion et
à une ouverture possible qui a été évoquée
dans une étude actuarielle: établir simplement la
transférabilité, encore là, sans nous donner des
indications très précises. C'est une chose que de convenir de ca,
on peut convenir d'une autre chose; enfin, chacun peut faire ses
évaluations, que la CARR et la Caisse de dépôt administrent
un régime de retraite. C'est aussi une autre chose gue d'établir
la transférabilité, mais il faut bien voir le problème
qu'on essaie de cerner, auquel le projet de loi cherche à apporter une
solution. Ce n'est pas uniquement de savoir si ca doit être
administré ou non par un régime public ou privé, si
ça doit impliguer ou non la transférabilité. La question
ultime, en fin de compte, est de savoir si, oui ou non, il est possible, et, si
oui, de quelle façon. Il y a une hypothèse, qui est dans le
projet de loi no 3, soit d'établir un régime de base qui
constitue quelque chose qui nous semblerait être un minimum. On a
évoqué 1% dans nos discussions ce matin, un minimum de base qui
puisse commencer à constituer quelque chose qui ressemble à une
retraite, qui a un peu de sens.
Bien sûr, quelqu'un dit: il faut voir la portée des
coûts, faire les évaluations les plus serrées possible. Je
n'en disconviens pas. Ces études sont déjà largement
évoquées depuis ce matin et je n'ai pas entendu, depuis ce matin,
une opinion tendant à nous indiquer que 1% de base serait quelque chose
d'excessif. J'aimerais bien entendre votre opinion sur cette question.
M. Tremblay (Pierre): Je vais demander à un
collègue de répondre à la question précise du
ministre concernant le 1%. Je voudrais quand même faire aussi un
commentaire général. C'est le principe du maintien de
l'administration du fonds par les parties, employeurs et employés; cela
nous
apparaît une chose qui devrait être maintenu, quel que soit
le taux...
M. Marois: Qui devrait, pardon?
M. Tremblay (Pierre): ...qui devrait être maintenu, au lieu
de confier l'administration totale et complète à l'État
par le biais de la Caisse de dépôt ou tout autre orqanisme, mais
où patrons et employés ne seraient plus que membres d'un
comité consultatif. Cela ne nous apparaît pas suffisant. Quant
à la question concernant le 1%, je vais demander à M. Morin de
faire un commentaire là-dessus.
M. Morin (Pierre): M. le Président, l'étude de la
firme Pouliot & Guérard indiquait que le 1% était un
régime particulièrement qénéreux, que
c'était dans les meilleurs qui se trouvent actuellement. On commence
déjà avec ce qu'il y a de mieux. Je voudrais revenir aussi
à une question préalable du ministre avant d'en arriver à
1%. Il a parlé de transférabilité et il a parlé
d'un régime qui règle tout. Dans l'étude de 1978 de
Pouliot & Guérard, il y avait un certain nombre d'options qui
étaient proposées. La première étant la
transférabilité, et les actuaires ont les moyens
évidemment de développer les mécanismes. Ils
suggéraient déjà des mécanismes de
transférabilité des régimes, en présumant qu'il y
en ait un assez grand nombre. Ils avaient d'autres hypothèses aussi,
dont la plus contraignante était l'établissement d'un
régime que l'on pourrait appeler obliqatoire d'une caisse commune qui
était entrevue à ce moment comme étant administrée
par le secteur privé, c'est-à-dire par les parties en cause. Dans
ce choix d'options, le qouvernement a choisi le plus contraignant et, en plus,
a enlevé l'administration pour la confier à la CARR et les
dépôts à la Caisse de dépôt. C'est
particulièrement contre cela que nous en avons.
Il y avait déjà un choix d'options disponibles qui sont
citées, dont deux sont retenues dans le mémoire.
L'hypothèse la plus favorable... On peut citer l'étude même
du rapport de 1978: "L'hypothèse la plus directement favorable à
l'objectif poursuivi est celle qui prévoit un mécanisme
spécifique en cas de fermeture seulement. Un tel mécanisme se
trouve à conférer à l'employé un avantage
conditionnel à sa permanence dans le secteur tout en permettant à
l'employeur de s'attacher jusqu'à un certain point la main-d'oeuvre
qualifiée dont il a besoin." J'arrête là la citation, on
peut la retrouver à la page 2 du mémoire. L'hypothèse la
plus contraignante étant la transférabilité
multi-employeurs intersectorielle, le rapport dit: "Dans sa forme plus
classique, ce système est le plus contraignant. Le fait que le
régime est sectoriel ne produit pas en soi d'avantages additionnels
au-delà de la pleine dévolution lors du transfert et du fait que
l'employé est empêché de réclamer des prestations de
départ lors du transfert. Le coût additionnel de la superstructure
relativement complexe que représenterait le régime - ce n'est pas
nous, ce sont les actuaires Pouliot & Guérard qui l'affirment -
multisectoriel doit donc être mis en regard des résultats que l'on
escompte probables à partir d'une connaissance des possibilités
financières du secteur. Aussi, avant de poursuivre le
développement de ce modèle, nous avons cru utile de vous
permettre d'examiner des alternatives plus simples qui peuvent également
constituer une étape intermédiaire." Il y avait deux
étapes plus simples, dont une que j'ai consiqnée devant cette
commission tout à l'heure.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais dire que nous
rejoiqnons la chambre de commerce dans son objection à voir le
gouvernement, par l'entremise de la commission aussi bien que par l'entremise
de la Caisse de dépôt, assumer la responsabilité de
l'administration des fonds de retraite qui sont essentiellement de nature
privée. Le ministre, ce matin, a posé la question à
l'Association des mines de métaux, qui préférait
plutôt parler de la transférabilité des régimes de
retraite, tout en acceptant le principe de la fixation de normes minimales qui
pourraient réqir l'ensemble des entreprises dans le secteur.
Il faisait par contre allusion à la difficulté, sinon
à l'impossibilité d'obliger toutes les entreprises à se
conformer à ces normes minimales. Avez-vous songé quelles
pourraient être les dispositions qui amèneraient le gouvernement
à pouvoir formuler un plan semblable?
M. Tremblay (Pierre): M. le Président, sur la question,
nous avons eu des contacts avec l'Association des mines de métaux. Nous
étions d'ailleurs dimanche à l'ouverture de son congrès.
Je vais demander à M. Létourneau de faire une remarque
générale sur les points de vue des deux associations.
M. Létourneau (Jean-Paul): M. le Président, pour
d'abord répondre à la question du député, nous
accepterions que le gouvernement fixe les modalités d'un régime,
quitte à laisser administrer ce régime par les parties
intéressées d'abord et, subséguemment, la gestion en
serait confiée à des organismes du secteur privé. Ceci est
possible.
M. le ministre a dit tantôt que des représentants de
l'Association des mines de métaux semblaient accepter certaines
dispositions proposées par le projet de loi. Je
tiens à signaler qu'à titre de Chambre de commerce du
Québec, étant donné que nous représentons beaucoup
d'autres secteurs d'activité, notre intérêt devant cette
commission est surtout de nous assurer que le précédent qu'on est
en train de créer avec cette question d'un fonds sectoriel dans le
domaine minier, s'il doit être créé, nous devons
considérer l'impact qu'il pourrait avoir sur d'autres secteurs
d'activité, si on décidait de l'implanter ailleurs. Nous parlons
pour des gens qui ne sont pas touchés présentement, mais qui
pourraient être touchés, compte tenu du précédent
qu'on crée dans le domaine du secteur minier présentement, ou
qu'on désire créer.
M. Gratton: M. Létourneau, quand vous dites: Le fonds
minier, s'il devait être créé, est-ce que je ne dois pas
conclure du contenu de votre mémoire que la Chambre de commerce du
Québec souhaite qu'on crée un fonds minier?
M. Létourneau: C'est-à-dire, M. le
Président, que nous nous opposons seulement à certaines
modalités du projet de loi, non pas à l'ensemble du projet de
loi. Nos restrictions sont bien identifiées dans notre mémoire.
Elles s'en tiennent surtout à ce que l'administration de ce fonds soit
confiée à la Commission administrative des régimes de
rentes du gouvernement, que les résidus des contributions, après
qu'on a payé les bénéfices, soient versés à
la Caisse de dépôt et placement du Québec et que, lorsqu'on
devra discuter des amendements de ce projet, cela se fera à travers une
commission consultative où les intéressés pourront
être représentés, mais selon une décision
ministérielle. Ce sont les points auxquels nous nous opposons, M. le
Président.
M. Gratton: Oui. Je pense que vous exprimez aussi des
réserves quant au maintien des avantages d'assurance-vie et
d'assurance-maladie?
M. Létourneau: D'accord, parce que nous considérons
que ce sont des questions complément différentes, non pas parce
que nous disons que ces avantages ne doivent pas exister, mais nous croyons
qu'ils ne doivent pas exister dans ce cadre-là.
M. Gratton: Dois-je conclure quant à la
transférabilité des vacances, par exemple, que vous n'y voyez
aucun inconvénient tant pour le secteur minier que pour tout autre
secteur que vous représentez à titre de Chambre de commerce?
M. Létourneau: M. le Président, nous y voyons des
inconvénients, mais nous n'avons pas eu le temps d'évaluer ces
inconvénients pour d'autres secteurs que celui des mines.
Nous savons que les qens du secteur minier ont également
certaines réserves sur ce côté-là, mais
malheureusement le laps de temps qui nous a été accordé
pour examiner cette affaire ne nous a pas permis de consulter tous les secteurs
intéressés pour vérifier et évaluer exactement les
conséquences de cette notion de transférabilité.
M. Gratton: Mais selon vous, dans le secteur minier, cela ne pose
aucun problème insurmontable?
M. Létourneau: Nous nous en référons au
témoiqnaqne des intéressés qui sont venus devant cette
commission ce matin. À ce moment-ci, nous préférons les
laisser parler pour eux-mêmes. Ils sont membres de notre organisation,
mais puisqu'ils ont déjà témoiqné, nous devons nous
en tenir à leur témoignage.
M. Morin (Pierre): M. le Président, un complément
à la réponse du député. On parle de
transférabilité et on se pose peut-être la question
à savoir comment cela se fait. La transférabilité - je ne
voudrais pas poser en expert - existe actuellement entre les régimes de
rentes privés, les régimes de rentes supplémentaires.
Qu'un employé de la fonction publique fédérale soit
transféré au Québec, il amène avec lui son
régime de rentes supplémentaires, l'inverse, qui se produit moins
souvent, est vrai aussi; qu'un employé de la ville de Montréal
vienne travailler pour la fonction publique du Québec... et cela se fait
même entre entreprises, pour autant qu'il y ait deux régimes
compatibles d'une certaine façon, mais cela se fait avec pleine
dévolution, c'est-à-dire la part de l'employé, la part de
l'employeur qui est transférée dans le nouveau régime. Il
n'y a rien de sorcier comme tel pour autant qu'il existe un régime
où on transfère. (16 heures)
Un des problèmes qui avaient été soulevés
comme étant fondamentaux, c'est le cas à la fois des fermetures
et des transferts. Dans le cas des fermetures, très souvent, il y avait
pleine d'évolution. Quelqu'un s'en allait ailleurs, mais il n'y avait
pas le transfert, autrement dit ce qui était accumulé devenait
une rente payable a l'âge de 65 ans et cela ne comptait comme nombre
d'années pour la rente. C'est un problème qui est
déjà, à toutes fins utiles, réglé dans les
transferts entre régimes supplémentaires privés, il n'y a
pas un problème insurmontable de ce côté-là. La
question qui se pose: Est-ce qu'on veut l'étendre? Chacun continue
à gérer son régime de rentes de l'entreprise de la
façon dont il a été convenu, dans certains cas c'est
moitié moitié, et dans d'autres cas, il
y a une des parties qui assume une plus grande part que l'autre,
généralement l'employeur assume une plus grande partie des
coûts.
M. Vallières: Dans votre mémoire à la page
6, vous mentionnez: "Si le régime s'avère coûteux pour
l'employeur, il devient exorbitant si on tient compte du fait qu'il devra
s'ajouter au régime privé auquel l'employeur contribue
déjà."
Est-ce que cela siqnifie que vous éliminez la possibilité
qu'il y ait des ententes syndicales-patronales, sur le transfert des fonds
déjà existant dans le fonds prévu par le gouvernement?
M. Létourneau: M. le Président, on n'élimine
pas cette possibilité, mais il n'y a rien dans la loi qui nous dit
comment cela va se passer, comment cela va se produire. Connaissant la
façon dont les néqociations se passent habituellement, il est
assez rare que les représentants des travailleurs acceptent de ne pas
conserver des acquis. Il y a des endroits où, par exemple, la prime est
payée entièrement par l'employeur. Qu'est-ce qui arrivera dans la
situation de transfert où, pour bénéficier d'un
régime peut-être un peu plus qénéreux,
l'employé devra verser une contribution infiniment plus grande que celle
qu'il versait auparavant, puisqu'il n'en versait pas? Cela va se
refléter sans doute sur ce qu'on appelle la négociation - excusez
l'expression - du "take home pay" et cela va s'ajouter au reste. Ce sera cela
plus l'inflation, plus l'enrichissement, plus, plus, plus.
Cela risque très fort d'être très coûteux,
onéreux et exorbitant.
M. Vallières: J'espère que, tout à l'heure,
on aura la réponse de la part du syndicat sur la question que j'ai
posée et qui relève beaucoup plus d'eux maintenant que de vous,
je pense. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Prévost.
M. Dean: Vous avez dit que vous accepteriez que le gouvernement
fixe des normes minimales. Est-ce que vous accepteriez le 1% comme norme
minimale? Est-ce que votre organisme accepterait cela?
M. Létourneau: Comme nous l'avons déjà dit,
M. le Président, les experts qui ont examiné la question ont
déjà indiqué que, parmi les régimes existants,
c'est déjà 1% parmi les plus généreux. Et le
gouvernement, en partant, dit: C'est un plancher, c'est un minimum.
Là, il faut voir que ce n'est pas tout le monde qui a un
régime. Pour ceux qui n'en ont pas, c'est un grand saut dès le
départ. Pour ceux qui n'en ont pas ou qui en ont, non seulement dans le
secteur minier, mais ailleurs, cela indique un peu les conditions qui pourront,
par voie d'osmose, être transférées dans d'autres secteurs.
C'est un peu la même chose lorsqu'on dit: Le salaire minimum, c'est tant.
Cela influence toute la structure des salaires.
Si on fait des conditions minimales dans un secteur d'activité,
cela risque d'être transféré éventuellement dans
tous les autres, dans les négociations qui vont venir. Ce 1%
étant déjà une situation très
qénéreuse, je pense que nous devons nous opposer à ce que
le minimum soit aussi élevé.
M. Morin (Pierre): M. le Président, me permettriez-vous
une intervention? Quand on parle du 1%, il faut faire bien attention. C'est 1%
pour les cinq meilleures années. Les deux sont liés ensemble. La
norme, dans le secteur, encore là, selon l'étude Pouliot,
Guérard & Associés, c'est 1% du salaire de carrière.
Cela chanqe tout.
Autrement dit, vous pouvez bien dire, la norme minimale est 1%, mais
c'est 1% de quoi? Est-ce que c'est 1% des cinq meilleures années, ou si
c'est 1% du salaire de carrière? C'est très différent.
M. Tremblay (Pierre): Surtout en période d'inflation.
M. Létourneau: Ma réponse, évidemment,
impliquait la condition faite dans le projet de loi, qui dit 1% des cinq
meilleures années. Évidemment, il faut qu'on se comprenne.
M. Dean: Mais est-ce que le rendement en dollars ne se
comparerait pas à ce qui existe peut-être chez des mineurs de la
Côte-Nord ou chez d'autres industries de pointe en termes de
régime de retraite, au point de vue de dollars par mois de retraite?
M. Tremblay (Pierre): On ne dit pas le contraire. On dit que
c'est un pallier très haut pour débuter, pour l'imposer à
tout le monde.
M. Létourneau: C'est comme si on décidait que le
salaire minimum devrait être le salaire moyen ou le salaire industriel;
même c'est plus que cela parce qu'on prend parmi les choses les plus
généreuses, puis on en a fait un minimum.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Dean: Une dernière question. Quand une mine a un
déficit actuariel, qui va payer, disons dans votre contexte de
régime qui serait qéré ou administré par
l'industrie
même, s'il y avait une mine ou des mines dans le secteur
industriel qui avait un déficit actuariel qui va payer la note?
M. Létourneau: S'il y a un déficit actuariel, je
pense bien qu'il va être financé de la même façon que
les contributions sont financées, par les contributions de ceux qui
contribuent au régime. Je pense que c'est normal, mais dans le contexte
actuel, si on part un réqime avec un déficit actuariel important
avec les taux d'inflation et les taux d'intérêt que nous
connaissons, on ne sait pas où l'on s'en va. C'est danqereux, parce que
cela enfle très rapidement. On sait, par exemple, que le déficit
actuariel des fonds de pension des régimes publics actuellement, on l'a
dit dans notre mémoire, est de l'ordre de 10 000 000 000 $ il grandit de
1 000 000 000 $ par année, c'est fantastique. On ne veut pas que les
régimes privés soient engagés dans le même type de
cercle vicieux.
M. Tremblay (Pierre): D'ailleurs je serais tenté de dire
que si la gestion n'est pas assumée par l'État, si l'État
a imposé les taux et que tantôt on se réveille avec un
déficit actuariel et les bénéfices, je serais tenté
de dire en premier lieu sans être actuaire que l'État ramasse
cette facture là aussi. S'il en a fixé les taux et les
bénéfices, puis qu'il y a un déficit à la fin,
qu'il ramasse cela aussi. Seulement, c'est un commentaire personnel. Nous
aimerions et nous préférons de beaucoup que les parties, les
employeurs et les employés maintiennent leur droit de gestion, et, c'est
tout le principe de nos négociations collectives, de nos rencontres. Je
suis bien heureux de faire nos commentaires. Je sais qu'il y a un secteur
syndical qui nous suit dans quelques instants; évidemment, je ne connais
pas leur position à ce moment-ci, mais cela nous apparaît beaucoup
plus juste.
M. Morin (Pierre): M. le Président, dans le projet de loi
il y a une disposition, je ne me souviens pas de l'article, qui confère
à la veuve de quelqu'un qui reçoit déjà sa rente,
sa pension de retraite, 50% des bénéfices. Il faudrait vous
signaler que les gens de la Sûreté du Québec viennent
d'obtenir la même chose en négociation tout récemment, la
semaine dernière. C'est une des conditions obtenues dans leur
régime supplémentaire de rentes payé par l'État.
Cela pose une question fondamentale. Comme vous pouvez le voir,
déjà on est prêt à le donner, au niveau des mineurs
et puis les gens du secteur public, qui ont parmi les régimes les plus
généreux, viennent de le négocier, viennent de l'obtenir.
Ici on en fait une condition minimale dans le projet de loi 3. Or, il y a une
autre question qui se pose à cela. Qu'on ait négocié
à la SQ, parfait; on verra les conséquences
éventuellement, mais il faut se poser une question sur le fond. C'est
qu'un régime de rentes, c'est un réqime de rentes, normalement ce
n'est pas de l'assurance-vie. Vous prévoyez ailleurs des
bénéfices comme l'assurance. Au fur et à mesure qu'on
ajoute des choses comme celles-là, il faut voir le coût que cela
implique; parce qu'on augmente, on fait un ballon des bénéfices,
mais à un moment donné il faut les payer. Donc, il faut qu'il y
ait les études actuarielles, et, les primes pour les payer. C'est
là que se posent véritablement les problèmes.
M. Marois: M. le Président, je m'excuse. Juste une
remarque en passant; enfin, on pourra vérifier ça chacun de son
côté, mais, si ma mémoire est bonne, ce que les policiers
viennent d'obtenir ce n'est pas tout à fait que vous avez dit. La veuve
avait déjà les 50%. Ce qu'ils viennent d'obtenir, ce n'est pas
ca. C'est une addition à la clause qui fait que la veuve qui se remarie,
qui perdait le bénéfice des 50%, va maintenant les conserver. La
nuance est de taille, dans le temps et dans l'évolution d'un
réqime. Non, c'est une question d'être précis.
Deuxièmement, dans l'application du projet tel qu'il est, sur la
base d'un salaire de 18 000 $ annuellement - c'est un exemple - avec la rente
minimale de 15%, un salarié de 65 ans qui part aussitôt la loi
sanctionnée aura droit à 3000 $ annuellement, plus la
sécurité de vieillesse.
M. Morin (Pierre): Plus la Régie des rentes.
M. Marois: C'est ca. Cela vous paraît le régime
supergénéreux?
C'est ça, les 18 000 $, si ma mémoire est bonne, je
m'excuse, c'est à peu près la moyenne des cinq dernières
années, sous réserve de me tromper de quelques centaines de
dollars.
M. Létourneau: Quand on prend ce genre de choses par ce
bout, comme M. le ministre le prend, c'est-à-dire le
bénéfice à l'intéressé personnellement, ca
n'a pas l'air, peut-être immédiatement, de beaucoup. C'est un peu
comme l'indexation de l'impôt. Cela ne donne pas beaucoup à
chacun, l'indexation, mais je vous jure que ça fait tout un trou dans le
budget de l'État quand on se met à l'indexer au coût de la
vie. C'est pour ca d'ailleurs que c'est si difficile de le faire. Ce n'est pas
parce que ça fait des sommes considérables pour chacun; c'est que
la masse de tout ça finit par faire des sommes très importantes
au niveau du fonds collectif. C'est là que le bât blesse.
M. Tremblay (Pierre): M. le ministre,
juste une remarque. Cela ne fait pas beaucoup, les trois mille quelques
centaines de dollars que vous mentionniez, mais c'est certainement
énorme par rapport aux contributions de cet individu-là. Si vous
me dites qu'il n'a contribué que trois ans ou quatre ans ou un an,
imaqinez-vous ce qu'il retire, s'il doit vivre jusqu'à 85 ans, pour un
an de contributions. C'est certainement énorme.
Alors, ce n'est pas suffisant, mais le système n'est pas
basé sur un an de contributions. C'est un exemple qui joue d'un
côté ou de l'autre.
M. Gratton: On prétend que les députés ont
un plan de retraite extraordinairement généreux, mais il y a
quand même une condition, c'est qu'un député doit avoir
été député pendant au moins cinq ans et avoir subi
deux fois l'élection. C'est une condition qui n'existe pas dans le
projet de loi no 3. Il y a une contribution de 10% du salaire brut
également. Je ne vois pas pourquoi je parle de ça!
M. Létourneau: Vous avez eu le temps d'en trouver un qui
est plus généreux que celui des députés.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, messieurs, les membres
de la commission vous remercient de votre mémoire.
M. Létourneau: M. le Président, si vous me
permettez une question à M. le ministre, s'il vous plaît. Dimanche
dernier, nous participions à l'assemblée annuelle de
l'Association des mines de métaux du Québec. À cette
occasion, le ministre des Richesses naturelles et de l'Énergie faisait
une déclaration concernant le fonds minier et indiquait à son
auditoire que, s'il n'y avait pas consensus à la commission sur la
façon d'implanter le fonds minier, le gouvernement n'était pas
absolument décidé de faire adopter ce projet de loi avant la fin
de la présente session.
Est-ce que nous pourrions savoir de M. le ministre - sans doute que le
ministre des Richesses naturelles en avait déjà
préalablement parlé à M. le ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu - nous aimerions savoir
si c'est bien l'intention du ministre du Revenu, étant donné les
variantes très fortes qui existent jusqu'ici par rapport au projet de
loi et le fait qu'en tout cas, en autant que nous sommes concernés, on
n'est certainement pas d'accord avec certaines des propositions, nous l'avons
indiqué clairement, est-ce l'intention du ministre de donner un peu plus
de temps au débat, de nous donner le temps d'approfondir un peu
certaines des questions que nous n'avons pas examinées, autant que nous
aurions voulu le faire, de telle sorte qu'on puisse faire de nouvelles
représentations au cours de l'été.
Le Président (M. Laplante): Vous feriez un bon
député de l'Opposition, le préambule est long avant la
question.
M. Létourneau: Merci du compliment, M. le
Président.
M. Marois: J'ai vu que vous n'étiez pas présent, M.
Létourneau, au début de nos travaux et pour une bonne partie des
travaux de ce matin. J'ai eu l'occasion de répondre à cette
question. Je ne sais pas quelle est la teneur exacte des propos de mon
collègue lors du congrès, je ne veux pas commenter ses propos. Ce
que j'ai dit ce matin, et je le maintiens, tout au long de nos travaux,
j'aborde cela avec une très grande ouverture d'esprit; j'ai d'ailleurs
relevé l'expression mentionnée dans un mémoire, je crois,
où on disait, précipité. Quand cela fait quatorze ans, ce
n'est pas particulièrement précipité et s'il ressortait,
de la commission parlementaire, on verra, je ne peux pas préjuger, d'ici
la fin de nos travaux. On verra à l'analyse des mémoires, des
discussions qu'on va avoir d'ici la fin de la journée... S'il ressortait
qu'il y a un certain nombre de décisions à prendre, d'ajustements
dans un sens ou dans l'autre et que cela peut se faire, car la contrainte
première, je n'y peux rien, c'est celle du temps qui est devant nous,
d'ici la fin des travaux de la présente session; c'est extrêmement
serré et chargé. Donc, s'il y a un certain nombre de points, et
qu'il y a moyen d'attacher les fils pour qu'on puisse prendre les
décisions en conséquence, c'est notre intention de
procéder.
S'il ressortait, au contraire, alors qu'il semblait se dégager,
autour d'une notion d'un fonds minier, un certain consensus avec des
diverqences, alors c'est notre responsabilité en conséquence,
comme gouvernement, dans ces cas-là, de trancher. Si c'était
cela, on prendrait nos responsabilités. Si la notion du fonds a
tendance, d'un côté, partant d'un point que je fixerais là,
à se rétrécir comme une peau de chagrin et de l'autre
côté, à s'élargir comme je ne sais pas quoi,
à ce moment, il n'est pas impossible qu'on soit obligé de
retourner les choses sur une planche à dessin.
Mais enfin, on verra rendu à la fin de nos travaux, je ne veux
pas préjuger d'ici la fin, mais encore une fois, c'est avec beaucoup
d'ouverture d'esprit qu'on participe à ces présents travaux.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que je pourrais dire, à l'intention de
M. Létourneau que même s'il
n'est pas là ou même si la Chambre de commerce n'est pas
présente, ce soir à la fin de nos travaux, je serai là
pour reformuler la question à l'intention du ministre, si nous le
jugeons à propos.
M. Tremblay (Pierre): M. le Président, juste une remarque
générale, si vous me le permettez. Je voudrais mentionner que nos
organismes sont toujours désireux de maintenir un dialogue le plus
étroit possible avec votre commission et toutes les commissions. Comme
le faisait remarquer tout à l'heure un représentant d'une
centrale syndicale, juste avant nous, et comme vous le savez, ce matin, les
gens de l'Association des mines qui sont en plein congrès annuel et qui
ont dû se trouver un avion pour venir de façon urgente, nous
voudrions que vous transmettiez au secrétariat ou je ne sais à
quelles autorités compétentes, le fait que, pour que nous
puissions faire les collaborations les plus valables, il nous faut des
délais minimaux.
Vous savez, nous devons nous prononcer dans diverses commissions, et les
domaines sont très variés. Nous avons beau faire fonctionner
notre permanence à pleine vapeur et faire appel à tout le
bénévolat de nos membres, il n'est pas facile de suivre le
rythme. Nous vous demandons, si possible, de tenir compte de délais
suffisants, chaque fois que la chose est possible.
Le Président (M. Laplante): Je prends bonne note de vos
remarques, M. le Président, mais sachez qu'ordinairement, dans les
coutumes de l'Assemblée nationale, dans les règlements de
l'Assemblée nationale, il y a un laps de temps de convocation pour
l'audition de mémoires. Cette fois-ci, cela s'est fait de façon
anormale, dans le sens que la loi a été déposée et
certaines associations concernées par les mines ont exprimé le
désir d'être entendues. C'est pourquoi la commission a
siégé plus hâtivement sans que les gens en soient tous
avertis dans le laps de temps normal, mais c'est exceptionnel. Tout de
même, je retiens votre recommandation et il nous fait plaisir de la
recevoir. Je vous remercie aussi de la présentation de votre
mémoire.
Un dernier mot, M. le député de Gatineau?
M. Gratton: Simplement pour dire aux dirigeants de la Chambre de
commerce que n'eût été de l'intervention de l'Opposition,
la commission de ce matin n'aurait pas porté sur le principe du projet
de loi puisque la suggestion originale était de tenir la commission
après l'adoption en deuxième lecture. Donc, simplement pour
souligner qu'une Opposition, cela peut servir à quelque chose, à
l'occasion.
Le Président (M. Laplante): Merci. Maintenant, j'appelle
l'Association des manufacturiers canadiens. Est-ce qu'ils sont ici dans la
salle? C'est qu'on n'a pas reçu de copie de mémoire. Elles ont
exprimé le désir de se faire entendre. Les représentants
ne sont pas dans la salle. Maintenant, j'appelle la Fédération
des travailleurs du Québec.
M. Gratton: M. le Président, avant, est-ce qu'on peut
s'enquérir auprès du secrétariat des commissions?
Le Président (M. Laplante): Je l'ai fait, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Pouvez-vous nous informer, s'il vous plaît?
Le Président (M. Laplante):
L'information que j'ai eue c'est qu'eux n'ont eu d'appel de personne. On
les a cherchés dans les couloirs et dans la salle et aucune
réponse n'a été donnée.
M. Gratton: J'aimerais indiquer, pour que ce soit bien clair, que
c'était l'initiative de l'Opposition. Nous avions des raisons de croire
que l'Association des manufacturiers canadiens aurait des choses à dire
à la commission. C'est en fonction de cela que nous avions
demandé au leader du gouvernement de les inviter. Je dois supposer que,
si l'Association n'est pas présente, ils n'ont rien à nous
dire.
M. Marois: À la suite à la suggestion de
l'Opposition à ce sujet, des membres de mon cabinet sont entrés
en contact avec l'Association des manufacturiers canadiens qui nous ont dit
qu'effectivement c'était leur intention de venir. Depuis, nous n'avons
pas eu de nouvelle.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, M. le
président, si vous voulez vous identifier, identifier votre organisme et
les personnes qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
Fédératon des travailleurs du
Québec
M. Gérin-Lajoie (Jean): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les députés, particulièrement les
trois députés des régions minières que nous sommes
contents de voir ici. Je suis Jean Gérin-Lajoie, le directeur
québécois du Syndicat des métallos. J'ai à ma
gauche Antonio Bruneau, le coordonnateur régional des Métallos
pour le Nord-Ouest québécois et j'ai à ma droite
Émile Vallée, un économiste du Syndicat des
métallos. Les deux ont contribué, de façon très
intime, aux consultations assez suivies, peut-être pendant
quelques années mais certainement durant les derniers mois et les
dernières semaines sur le projet de fonds minier. Nous sommes
également accompagnés d'une bonne vingtaine de militants et de
dirigeants syndicaux du secteur minier particulièrement du Nord-Ouest et
de la Gaspésie. Nous vous remercions de nous recevoir ici et nous allons
tenter de lire. Je propose de lire d'une traite notre mémoire pour
ensuite, bien sûr, être à votre disposition pour toutes les
questions que vous voudriez nous poser.
C'est avec plaisir que nous comparaissons devant vous pour discuter d'un
projet de fonds minier. Il y a plusieurs années que nous attendions
cette occasion, quinze années pour être exact, parce que c'est en
1967 que le syndicat avait présenté son premier mémoire
sur le fonds minier au gouvernement de ce temps là.
Nous soulignons l'instabilité de l'emploi dans l'industrie
minière, l'urgence pour le gouvernement d'intervenir afin de pallier
dans la mesure du possible le manque de stabilité par la création
d'un fonds minier. Nous avons répété ce message à
bon nombre de reprises et nous sommes particulièrement fiers,
après que les gouvernements précédents eurent
refusé de nous entendre même si nos prédictions de
l'époque sur l'avenir économique du mineur
québécois se sont avérées de plus en plus exactes,
de constater que le gouvernement actuel ait jugé bon de procéder
à la mise en oeuvre d'un fonds minier.
Le Syndicat des métallos, nous sommes le principal porte-parole
syndical des travailleurs miniers au Québec. Nous représentons la
totalité des travailleurs des mines de fer et des usines de bouletage,
la majorité des mines et fonderies de métaux non ferreux, un bon
nombre des travailleurs des mines d'amiante.
Depuis 1967, l'objectif central n'a pas changé et consiste en la
revalorisation du statut et de la carrière du travailleur minier
québécois, la stabilisation de l'emploi dans le secteur et un
engagement collectif de l'industrie minière par des contributions
financières patronales à la création d'un fonds
minier.
Certains ont dit que, depuis 1967, les mesures gouvernementales en
matière sociale et de main-d'oeuvre, les conditions salariales et de
travail dans l'industrie ont évolué au point où les
revendications de 1967 n'auraient plus leur raison d'être. Les
améliorations législatives en matière de
sécurité et santé au travail et certains palliatifs au
fardeau du chômage ont été cités en exemple.
Nous reconnaissons ces changements et nous estimons avoir répondu
à cette critique lors de la présentation de notre mémoire
en mai 1980 au gouvernement: Qu'il s'agisse de fermetures de mines et de leurs
effets néfastes sur les travailleurs et leurs communautés,
souvent isolées, de l'impuissance des comités de reclassement, de
l'abandon du secteur par des mineurs, de pénurie périodique de
mineurs qui va s'amplifier au cours des prochaines années, dès
qu'il y aura une reprise de l'emploi, du perpétuel départ au bas
de l'échelle de bénéfices pour le mineur qui change de
mine pour cause de fermeture et des autres malaises qui entourent le travail
dans les mines; ce sont autant de raisons qui, bien que leur importance
relative peut varier d'une année à l'autre ou d'une région
à l'autre, n'en demeurent pas moins constantes quant à leur
existence même et qui se doivent d'être corrigées ou tout au
moins atténuées dans la mesure du possible. "Le Syndicat des
métallos estime donc que le concept du fonds minier est aussi valable en
1980 qu'il l'était en 1967 et qu'il peut apporter des
éléments de solutions efficaces aux problèmes du secteur.
Cependant, la formulation de ce concept doit être précisée
et adaptée pour mieux correspondre aux contextes socio-économique
et financier d'aujourd'hui."
Nous reprenons aujourd'hui ces commentaires ici. Nous avons tenu
à plusieurs reprises des sessions d'étude, des discussions, des
assemblées avec les dirigeants et les militants des syndicats locaux
touchés par le projet de loi qui ont consulté leurs membres.
Lors de ces session, il s'est dégagé des critigues
mineures et majeures gui, prises dans leur ensemble et malgré les bons
côtés du projet et la bonne volonté éclatante,
à l'estime de ceux qui l'ont préparé, nous forcent
à conclure que le projet est inacceptable pour nos membres dans sa
formulation actuelle. Pour tenter de clarifier le plus possible notre position,
ce que nous estimons être notre responsabilité, le Syndicat des
métallos estime que, si le gouvernement n'entend pas apporter des
changements substantiels au projet actuel, il devrait le retirer.
À notre avis, le projet, s'il était adopté tel quel
par l'Assemblée nationale, aurait un effet contraire aux objectifs qu'il
poursuit en ce sens que les mineurs se sentiraient
pénénalisés plutôt qu'avantagés et,
possiblement, la stabilité de l'emploi diminuée plutôt
qu'accrue.
Nous voulons expliquer plus en détail ces critiques et notre
réticence à la formulation du projet actuel.
L'article 2 exclut certaines catégories de travailleurs miniers,
notamment ceux d'un entrepreneur effectuant temporairement des travaux à
la mine. Nous sommes sûrs que les rédacteurs du projet n'ont pas
voulu encourager les employeurs miniers à se soustaire à leurs
obligations du fonds minier. Pourtant, c'est ce gui risque d'arriver, si
l'expression "temporairement" n'est pas explicitée. Certains
entrepreneurs effectuent du travai soi-disant temporaire qui dure depuis des
années et les employeurs seraient tentés d'utiliser des
entrepreneurs au lieu de leurs propres travailleurs afin d'éviter les
dépenses du fonds miniers. Nous suggérons que l'exclusion ne soit
valide que jusqu'au début de la production, après quoi les
salariés des entrepreneurs seraient inclus.
Cette objection d'ailleurs se retrouve ici dans le secteur minier dans
toute tentative de stabilisation de l'emploi même dans le secteur
industriel. Le contournement des dispositions législatives par
l'embauche d'entrepreneurs est une menace permanente pour les travailleurs
réguliers des entreprises.
Les travailleurs des mines dans leur ensemble sont tous touchés
par les aléas de l'industrie et les exclusions du fonds minier devraient
se limiter au minimum. Ainsi, les gardiens, qui sont souvent des anciens
mineurs et, à certaines mines, .des syndiqués, devraient
être couverts. De même les arpenteurs-géomètres et
les aides aux géologues et aux ingénieurs devraient être
également couverts, s'ils ne font pas partie d'une corporation
professionnelle. Certains d'entre eux sont des anciens mineurs et des
syndiqués. Finalement, les employés de bureau ou de laboratoire
ont souvent du travail spécialisé relié à
l'industrie des mines et sont parfois des syndiqués; eux aussi devraient
être couverts. (16 h 30)
L'annexe des substances couvertes devrait inclure le colombium de
façon à englober la mine Niobec; la silice pour les mines
d'Indusmin, à Saint-Canut et à Saint-Donat.
L'aide à la mobilité de la main-d'oeuvre devrait
prévoir une aide à la perte de valeur de la
propriété, car là où la mine est le seul employeur,
la fermeture réduit parfois à presque rien la valeur des
propriétés et le travailleur qui déménage doit
faire face à des paiments beaucoup plus élevés là
où il déménage. Une aide à la
propriété faciliterait grandement la mobilité.
Le mineur qui se retire devrait pouvoir compter sur une protection
d'assurance sur la vie et de frais médicaux après sa retraite.
Cette pratique existe dans un nombre grandissant de conventions collectives
dans la métallurgie et l'industrie lourde.
Le maintien de durée de vacances basée sur le service au
sein de l'industrie lors d'un changement d'emploi à la suite d'un
licenciement prévoit une limite de 25 jours. La limite devrait
être enlevée pour refléter la tendance vers de plus longues
vacances.
Nous avons toujours estimé qu'un régime de prestations
supplémentaires de chômage apporterait non seulement une plus
grande protection de revenu de chômage mais qu'il contribuerait à
encourager les travailleurs en mises à pied à demeurer
disponibles pour l'industrie minière. Nos vues à ce sujet n'ont
pas changé, mais, dans l'intérêt de faire avancer le
dossier, nous renvoyons cette revendication à une étape future du
fonds minier.
C'est le régime de rentes qui constitue de loin la partie du
projet qui soulève l'opposition la plus vive de nos membres. Non pas que
nous soyons opposés, loin de là, au concept d'un régime
pleinement transférable au sein de l'industrie: au contraire, pour
plusieurs le régime de rentes représente l'aspect le plus
intéressant et le plus attrayant d'un fonds minier. Il ne faudrait pas
oublier après tout que, dans plusieurs mines, les travailleurs ne sont
présentement couverts par aucun régime supplémentaire.
Quant au réqime proposé dans le projet de loi actuel, il
n'est tout simplement pas adéquat et le niveau de contributions requises
du travailleur est beaucoup trop élevé.
La proposition actuelle prévoit une formule de rente égale
à 1% des gains moyens des 5 meilleures années pour chaque
année de service. Ce niveau de rentes, qui est déjà loin
d'être trop élevé comparé à d'autres
régimes tels ceux de la fonction publique, n'est pas indexé et
donc encore moins attrayant. Nous reconnaissons que le régime doit
à ce moment-ci tenir compte de certaines autres priorités tels le
service passé et la retraite volontaire. Aussi, dans
l'intérêt de faire progresser le dossier, nous proposons que la
formule de 1% soit retenue et que la rente soit pleinement indexée.
Les travailleurs miniers estiment avec raison qu'ils doivent avoir le
loisir, sur une base volontaire, de se retirer avec une pleine rente
après un certain nombre d'années dans l'industrie. Le travail de
mineur est dur pour la santé et nos gens devraient pouvoir en sortir et
jouir d'une retraite avant d'être trop brisés physiquement. Une
telle possibilité existe déjà sous différentes
formes dans la fonction publique, pour les policiers, les pompiers et les
membres des forces armées. Elle existe également dans des
secteurs plus connexes tels les mines de fer de la Côte-Nord, les
travailleurs de l'acier et l'industrie des contenants, nous estimons que le
travailleur couvert par le fonds minier devrait pouvoir se retirer après
25 ans de service dans l'industrie. De plus, cette clause devrait
prévoir une formule de reconnaissance, pour les fins du calcul de la
rente, des états de service avant l'entrée en vigueur du
régime.
Le projet de loi prévoit une rente d'invalidité accessible
après 25 ans de service et 55 ans d'âge et réduite des
prestations de la CSST et de la Régie de l'assurance automobile. Les
critères d'admissibilité devraient être ramenés
à 10
ans de service sans égard à l'âge et ne comprendre
aucune réduction de rente.
La pension devrait être payable le 1er du mois qui suit le mois
où l'employé cesse de travailler.
Le temps de service non travaillé pour cause de maladie ou
accident ainsi que pour activité syndicale devrait être
crédité tout comme s'il était travaillé.
Le projet de loi prévoit que le financement du régime des
rentes sera partagé également entre les employeurs et les
travailleurs. Nous estimons aujourd'hui que cette proposition est inacceptable
parce qu'elle impose un coût trop onéreux aux travailleurs pour
une responsabilité qui incombe surtout à l'employeur: celle de
voir à ce que ses anciens employés puissent jouir d'un revenu de
retraite décent en reconnaissance de leurs états de service.
Le syndicat reconnaît volontiers que nous avions nous-mêmes
proposé un tel partage des coûts dans notre mémoire de
1980, à la suite de discussions avec des fonctionnaires du
ministère de l'Énerqie et des Ressources. De 1967 à 1980
cependant, le syndicat avait demandé que le régime soit
financé exclusivement à même les contributions
patronales.
La majorité des membres des métallos, au Québec et
ailleurs, sont couverts par des régimes non contributoires. Cette
tradition s'inscrit dans la politique de notre syndicat, et d'autres syndicats,
en matière de rentes et elle est encore plus ancrée dans le
secteur minier que dans d'autres secteurs. Que ce soit dans le fer, l'amiante
ou le non-ferreux, la grande majorité de nos membres couverts pas des
régimes de retraite le sont par des régimes entièrement
financés par l'employeur.
Les membres du Syndicat des métallos veulent un fonds minier. Ils
veulent un fonds minier avec un régime de rentes transférable
d'un employeur minier à l'autre pour combattre la nature temporaire de
leur emploi, mais ils s'opposent avec raison à payer des contributions
substantielles pour le régime contenu dans le projet de loi avec toutes
ses faiblesses. Quand on compare le régime proposé avec d'autres
régimes du secteur minier, on s'aperçoit, même en tenant
compte des différences entre les régimes, que les
bénéfices directs de ces régimes sont tout aussi
avantageux sous plusieurs aspects que le régime proposé, pour
l'individu visé, tout en étant non contributoires,
c'est-à-dire entièrement financés par l'employeur.
Ceci nous amène à conclure que les avantages du
régime proposé ne valent tout simplement pas le prix qu'il exige
de nos membres.
Enfin, sur la question du coût du régime, nous ne voulons
pas mettre en doute la compétence des actuaires de la commission, mais
il nous semblerait approprié que le projet de loi prévoie une
divulgation des études actuarielles du régime aux parties
impliquées et aussi que les actuaires du syndicat soient
consultés avant la détermination des niveaux de contribution.
Les procédures d'appel de décisions de la commission
administrant les régimes devraient être simples,
expéditives et permettre au travailleur de se faire représenter
par la personne de son choix, ce qui inclut le représentant syndical,
sans exiger la présence d'un avocat. Nous suggérons que
l'épuisement des recours auprès de la commission soit suivi d'une
procédure d'arbitrage exécutoire avec arbitre unigue.
Le projet prévoit le remboursement des dépenses des
membres du comité consultatif. La possibilité de remplacer le
salaire perdu, surtout dans le cas des membres syndicaux du comité,
devrait être considérée.
L'article 67 pose un dilemme sérieux. Si le régime de
rentes entre en vigueur en même temps que le reste de la loi, les
unités alors couvertes par un régime privé de rentes et
dont la convention collective est alors en vigueur risquent d'être
placées dans une position défavorable quant aux discussions sur
les ajustements à faire à leur régime privé.
D'autre part, si le régime de rentes au fonds minier n'entre en vigueur
qu'à l'expiration des conventions, les travailleurs qui prendont leur
retraite avant l'expiration de leur convention seront perdants. Nous proposons
que le projet adopte l'approche utilisée lors de l'introduction de
l'assurance-maladie en 1970 et l'élimination des primes des
employés à l'assurance-maladie en 1979. Cette approche permettait
l'introduction immédiate de la couverture et obligeait les employeurs
à négocier l'intégration du nouveau régime avec les
travailleurs et à remettre à ces derniers, sous forme d'argent ou
de bénéfices, les épargnes réalisées par les
employeurs.
La mine Louvem a fermé ses portes en avril. La mine Barnat
s'apprête à faire de même et la compagnie Lac Dufault entend
procéder bientôt à des mises à pied. Nous croyons
malheureux que les travailleurs affectés ne puissent être
protégés par le fonds minier parce que leur licenciement
précède le fonds minier de quelques semaines avant la date
proposée. Nous proposons que les travailleurs licenciés depuis le
début de 1981 soient couverts.
La valorisation du statut du mineur est une question que nous avons
soulevée avec vigueur à l'occasion de chaque mémoire et de
chaque discussion sur le fonds minier, et pour cause. À quoi sert-il en
effet à un mineur de pouvoir transférer ses droits acquis de
vacances et de retraite s'il ne peut trouver un nouvel emploi?
Le projet de loi, s'il est adopté tel quel, aura pour effet
d'encourager les employeurs à préférer embaucher un jeune
travailleur, avec peu ou pas d'expérience, à un mineur
expérimenté et plus âgé pour la simple raison qu'il
en coûtera moins cher à lui-même et aux autres employeurs en
cotisations pour les régimes de vacances protégées et de
retraite. (16 h 40)
II est essentiel à notre avis pour le projet de loi de
prévoir une procédure de préférence d'emploi aux
travailleurs miniers expérimentés en disponibilité.
L'établissement d'une carte de compétence et d'un registre
central des travailleurs en disponibilité nous apparaît à
ce moment-ci comme étant la meilleure méthode d'assurer cette
préférence d'emploi.
Bien sûr, nous ne prétendons pas avoir toutes les
réponses concernant l'application d'une carte de compétence dans
l'industrie minière. Il serait, de plus, illusoire de croire qu'un tel
système peut être mis sur pied en quelques jours ou quelques
semaines. Il s'agit d'un travail qui va exiger la réflexion d'experts
gouvernementaux, syndicaux et patronaux qui peut prendre des mois si on peut se
fier à l'expérience du secteur de la construction ou encore
l'expérience de l'industrie minière en Ontario et au
Manitoba.
Aussi nous proposons que le projet de loi incorpore les principes
directeurs de la préférence d'emploi pour les travailleurs
miniers ainsi que la prévision de règlements pour gouverner
l'application de ces principes directeurs.
Nous craignons que si le fonds minier ne prévoit pas de
préférence d'emploi aux travailleurs miniers dans le secteur, les
politiques patronales d'embauche, dont nous avons entendu des échos ce
matin, transforment ce projet de promotion du statut du mineur en projet de
démotion du statut du mineur, un état de choses
intolérable pour nous en tant que syndicat représentant ces
travailleurs.
En somme, le Syndicat des métallos est heureux de constater que
le concept du fonds minier ait été accepté par le
gouvernement. Le syndicat est moins heureux du projet de loi lui-même
cependant, et estime gu'il sera plus nuisible qu'utile sous sa forme actuelle.
À moins que le gouvernement ne soit prêt à effectuer des
changements substantiels au projet, celui-ci devrait être tout simplement
retiré pour le moment.
Par changements substantiels - le mémoire l'indique - nous
entendons, en résumé, l'extension de la couverture à
l'ensemble des travailleurs miniers du non ferreux, une refonte majeure du
régime de rentes par l'indexation, la possibilité de retraite
après 25 ans de service dans l'industrie, une nouvelle formule de
financement, et, également l'introduction d'un mécanisme de
promotion de statut du mineur accordant une préférence d'emploi
aux travailleurs miniers en disponibilité.
Et pour terminer, le Syndicat des métallos souhaite vivement que
ces changements puissent être apportés afin que les mineurs aient
enfin un vrai fonds minier après avoir attendu si longtemps. Nous vous
remercions de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Laplante): Merci M. le président.
M. le ministre. (16 h 45)
M. Marois: M. le président, je voudrais d'abord remercier
le Syndicat des métallos de son mémoire. Il y a beaucoup de
choses dans le mémoire qui vient de nous être
présenté. Je ne vais pas reprendre chacun des
éléments. Je ne voudrais pas abuser du temps mis à la
disposition de chacun des membres de cette commission; je suis certain que
plusieurs de mes collègues ont des questions à poser.
Il y a un certain nombre de remarques, d'ailleurs vous l'avez dit en
introduction, de suggestions ou d'ajustements que vous considérez plus
mineurs puis d'autres éléments qui sont plus majeurs et qui
peuvent impliquer des études, des évaluations forcément
serrées avec le temps que cela prend pour y arriver. Je passe
très rapidement. Je ne dis pas que cela est sans intérêt au
contraire. Sur vos premières remarques précises, les points 1, 2,
3, je serais porté spontanément à dire: on ne peut pas
dire qu'il n'y a rien là. Vous mettez le doigt sur un certain nombre de
choses qu'il est certainement possible de regarder.
En ce qui concerne le point 4, l'aide à la mobilité de la
main-d'oeuvre qui devrait prévoir une aide à la perte de la
valeur de la propriété, dans les cas de vente, c'est une demande
qui était d'ailleurs à nouveau comprise dans votre mémoire
de mai 1980, si ma mémoire est bonne.
Je vous soumets rapidement les questions qu'on s'est posées
devant cette demande. J'aimerais avoir vos réactions face à ces
questions. Un programme d'indemnisation pour les pertes de capital, parce que
finalement c'est cela, sur la vente d'une propriété; comment
pourrait-on en arriver à estimer même de façon très
approximative le coût éventuel d'un tel programme?
Forcément, quand le gouvernement met sur pied des programmes nouveaux,
je pense que c'est une exigence normale de tout le monde d'essayer d'en arriver
aux évaluations qui soient les plus serrées possible. (16 h
45)
Étant donné, d'autre part, les sommes d'argent qui sont en
jeu au niveau des individus qui sont concernés, l'administration et le
contrôle des coûts d'un tel programme,
est-ce que ça ne pourrait pas se révéler
extrêmement ardu ou difficile? À partir du moment où le
gouvernement rembourserait les pertes de capital sur la vente d'une maison dans
une localité, ça ne pourrait pas faire autrement. Ou est-ce que
ça ne pourrait pas faire autrement que d'influencer de façon
significative le marché immobilier dans un sens qui accroîtrait
encore plus le coût du programme et possiblement - enfin ce sont des
hypothèses qu'il faut regarder sérieusement - mener, dans
certains cas, à des abus dont le trésor public devrait faire les
frais? Je ne vous cacherai pas qu'on s'est posé sérieusement ce
qenre d'interrogation et les réponses qu'on a obtenues à ce jour
ne nous sont pas apparues suffisamment convaincantes, précises, bien
arrimées pour nous amener à dire oui. Ce n'est pas l'idée
en soi, l'idée en elle-même, je pense, à première
vue, comme dirait l'autre, c'est un peu le gros bon sens, sauf qu'au fur et
à mesure qu'on fouille une hypothèse comme celle-là, on
voit surgir un certain nombre de problèmes qui, je pense, ne sont pas
des problèmes mineurs.
Je vous les soumets au passage. Je présume que vous
réagirez tout à l'heure. Je vais essayer d'être le plus
bref possible. J'aimerais vous entendre développer davantage, vous
l'évoquez au point 6 et vous revenez... Concernant cette question des
pertes de capital, qu'est-ce qui arriverait aux autres propriétaires de
maisons dans la même municipalité, qui forcément sont aussi
affectés, si, par exemple, vous avez la fermeture d'une mine dans une
localité qui affecte de façon substantielle le parc immobilier?
Et vous avez cette forme de compensation de perte de capital. Il est
évident que ça va jouer d'une façon ou d'une autre sur
l'ensemble des valeurs du parc immobilier. Qu'est-ce qui arrive des autres
citoyens, travailleurs dans certains cas, syndiqués peut-être dans
certains cas aussi? Ils devraient peut-être l'être dans certains
cas, mais qu'est-ce qui va leur arriver à eux, dans leur cas? On sait
très bien les effets que ça peut entraîner, par exemple,
sur certains commerces dans une municipalité. Il faut mentionner ce
point-là.
Sur la question des vacances, vous l'évoquez au point 6. Je
comprends que vous y revenez et rattachez ça à l'ensemble de a
question que vous évoquez de façon plus détaillée
aux pages 9 et suivantes autour de la question du statut du mineur. Comment
réagissez-vous aux commentaires qu'on a entendus depuis ce matin sur
cette question de transférabilité des vacances?
En ce qui a trait au régime de rentes, vous demandez l'indexation
des rentes et vous demandez que ce soit pleinement indexé. Est-ce que,
selon vous, selon les évaluations que vous pouvez en faire, une pleine
indexation ne pourrait pas à elle seule accroître le coût
total du régime de retraite de l'ordre de 40% à 50%,
c'est-à-dire une hausse ii correspondrait à environ 4% de la
masse salariale admissible, la masse salariale admissible étant la masse
salariale de base et ne comprenant pas le temps supplémentaire, etc? Si
on fait l'hypothèse d'un taux annuel d'inflation, et remarquez qu'on
peut difficilement aller en dessous de ça, de 6% à 7% en moyenne
dans l'avenir, c'est ça que ça pourrait donner.
Si on parle plutôt d'indexation partielle, par exemple
l'indexation des rentes d'un pourcentage égal à la
différence entre le taux d'inflation et 3%, ça pourrait faire
augmenter vraisemblablement le coût du régime de 20% à 30%,
c'est-à-dire une hausse gui se traduirait par une augmentation de 2% de
la masse salariale admissible. Évidemment, le coût effectif serait
encore plus élevé si le taux d'inflation était
forcément plus élevé que ce que je viens d'évoquer.
Là, je ne tiens pas compte, dans le calcul, d'impact sur les coûts
d'un certain nombre de demandes que vous formulez concernant le régime
de rente.
Sur des points que vous considérez majeurs, que vous
résumez d'ailleurs à la fin de votre mémoire, notamment la
possibilité de retraite après 25 ans de service dans l'industrie,
nouvelles demandes de financement, et le reste, il y a cette question
additionnelle. Vous l'évoquez vous-mêmes dans votre mémoire
au bas de la page 6, le point 13. Vous revenez, au fond, à votre
position qui a été la position de base, à moins que je ne
me trompe, entre les années 1967 et 1980 et vous aviez vous-mêmes
évoqué cette possibilité que le régime soit
contributoire sur une base égale 50-50. Dans votre mémoire de mai
1980, vous revenez à votre position antérieure.
La question que je voudrais vous poser, à moins que cela m'ait
échappé parce qu'on en a peut-être fait une lecture rapide,
on va le fouiller très attentivement, votre demande sur ce
point-là, c'est que 100% soit assumé par l'employeur? Est-ce que
vous considérez qu'il devrait y avoir une forme de contribution des
travailleurs concernés, ou pas du tout? J'aimerais connaître votre
position de la façon la plus précise possible, si c'est
arrêté sur cette question.
Je ne m'étendrai pas longuement, vous l'évoguez
déjà, autour de la guestion du statut du mineur, de la
revalorisation du statut du mineur. Il y a, bien sûr, d'une part, un
certain nombre d'avantages sociaux de divers types qui sont susceptibles, je
l'espère, de contribuer à revaloriser le statut du mineur.
Également, vous ajoutez à ça les éléments
qui apparaissent aux pages 9 et 10, prévoir une procédure
d'emploi, l'établissement d'une carte de compétence, d'un
registre central des travailleurs en disponibilité. C'est presque,
analogiquement,
vous me direz si je me trompe, nous demander de faire une espèce
de, c'est pour ça que je dis presque analogiquement une espèce
de, parce que ça implique quand même des nuances importantes, de
rèqlement de placement de la construction.
La question fondamentale que je me pose, à ce moment-ci, j'avoue
que je vais bien la regarder et je comprends pourquoi vous insistez. Mais
est-ce que finalement, c'est la piste pour y arriver? Il est vrai que le fonds
minier, vous avez été des pionniers dans le domaine sur le plan
de la formulation d'un projet que vous avez vous-mêmes raffiné. La
conjoncture a évolué, les réflexions aussi ont
évolué, autour d'un projet précis. Vous nous formulez des
recommandations très précises etc. Encore une fois, on aborde
ça avec beaucoup d'ouverture d'esprit - la question que je me pose,
est-ce qu'on va aller comme ça par secteur, on est dans le secteur
minier pour les non ferreux, éventuellement, j'imagine -d'ailleurs,
c'était déjà évoqué dans le mémoire
de mai 1980. Je ne vous cacherai pas que je l'ai évoqué
moi-même, publiquement aussi - que sera raisonnablement envisagée
la possibilité, éventuellement, de donner une extension à
l'ensemble du secteur minier. Le premier ministre avait dit lui-même dans
son discours inaugural, fonds minier, porte ouverte sur une politique plus
globale face aux fermetures d'usines et aux licenciements collectifs.
La question que je me pose, est-ce que c'est par le biais d'une
espèce de règlement de placement de la construction, analogue en
tout cas, avec les problèmes inhérents à ce genre de
formule? Vous évoquez l'expérience ontarienne ou manitobaine.
J'avoue honnêtement que je ne connais pas à fond
l'expérience du côté de ces deux provinces. Nous allons
certainement vérifier de très près cependant pour voir
comment les choses se passent en pratigue, et ce gui a pu se passer aussi
à l'extérieur. Peut-être avez-vous la réponse,
peut-être pas, ces provinces ont-elles des choses accrochées
à ce genre de projet qui tourne autour de la notion de compétence
ou de qualification professionnelle. Peu importe comment on qualifie les
choses, les mineurs ont-ils des choses très précises dans le
domaine de la qualification professionnelle?
Ultimement, cela m'amène à me poser une question: ne
faudrait-il pas sérieusement envisager la possibilité de franchir
plus rapidement l'étape d'une politique globale, face à
l'ensemble du problème des fermetures et des licenciements collectifs?
En sachant bien que tout ne pourra pas se faire en deux jours, c'est sûr,
parce qu'il s'agit quand même de morceaux qui ne sont pas des
détails, et de lever les obstacles à la syndicalisation, d'ouvrir
une formule d'accréditation multipatronale qui permette la
négociation sectorielle? Point d'interrogation.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez des
réponses, M. le président?
M. Gérin-Lajoie: Je vois que les députés
ministériels ont autant de talent que les députés de
l'Opposition pour faire de longs préambules à leurs questions,
mais je ne trouve pas que vous feriez un bon député de
l'Opposition. Vous êtes très bien là où vous
êtes.
M. Marois: Prenez bonne note, l'Opposition. Là on
m'applaudit pas.
M. Gérin-Lajoie: Je vais essayer de les prendre dans
l'ordre et de ne pas prolonger les réponses, guitte à ce qu'elles
soient trop brèves à votre goût.
Sur l'estimation du coût, je dirais peut-être trois choses.
Je crois que, en effet, il s'agit d'un coût gui est très variable
d'une communauté minière à l'autre. La place d'une mine
dans une communauté isolée peut varier d'une communauté
à l'autre selon l'importance de l'histoire, de l'ancienneté, puis
du développement subséquent de l'endroit précis où
on a fait la mine et de la solution trouvée du problème du
logement. On ne prétend pas qu'il y aurait des évaluations
faciles et uniformes. Mais nous souliqnons deux choses. C'est une situation
fort curieuse que dans l'évolution de la société on a
voulu et on a réussi à s'affranchir de ce qu'on appelait les
"company towns" des années anciennes, où l'employeur menait tout
à la baguette et régissait toute la vie d'un travailleur. Il
était même propriétaire de la ville. Et pour des raisons de
démocratie, on a abandonné cette formule. Mais, on a aussi fait
un boni terrible aux compagnies en faisant cela, c'est que les compagnies
fournissaient le logement à peu près gratuitement comme dans un
camp de bûcherons. Et pour les mêmes raisons, encore aujourd'hui,
mais de façon provisoire, avec l'amélioration des moyens de
transport, les employeurs fournissent le logement dans un camp de travailleurs
forestiers. Avec le développement de la démocratie dans les
petites villes minières on a également donné un boni
terrible aux compagnies minières parce que maintenant, c'est le
travailleur minier qui est pris avec le fardeau de l'acquisition de la maison
et la perte sèche du capital qu'il a investi là-dedans. Il y a
quand même des compagnies qui ont trouvé des formules, pas
parfaites à notre goût, mais en dehors du secteur des
métaux non ferreux, dans une ville comme Schefferville ou d'autres sur
la Côte-Nord, et avec des défauts que nous sommes les premiers
à souligner, des compagnies,
construisent des maisons, les louent ou les vendent et fournissent des
garanties de rachat même si elles ne sont pas parfaites. (17 heures)
II nous semble terriblement frustrant en tout cas que, quand on tente
d'échapper à une formule exclusivement et totalement autoritaire
et patronale pour résoudre le problème du logement, on tombe
devant rien du tout. Nous essayons de combler ce pont et, dans cette
réponse-ci comme dans les autres, nous ne sommes ni des techniciens de
l'immobilier, ni dogmatiques vis-à-vis d'une solution
particulière ou d'une autre, mais nous sommes terriblement
frustrés qu'il n'y ait pas un moyen de combiner les avantages de la
démocratisation de la vie collective dans les régions
minières isolées et nous voulons que le prix à payer pour
cela ne soit pas à même une perte sèche pour le travailleur
qui amène sa famille pendant quelques années.
Sur la question des vacances, à la page 5, quant à nous,
nous sommes catégoriques que la présence de jours de vacances
différents pour un travailleur ou pour un autre ne crée pas de
problèmes avec lesquels nous ne sommes pas familiers. On n'est pas pour
se lever sur un piédestal et dire, pontifier que la classe
ouvrière ne connaît pas la jalousie. Mais, si on regarde un peu
l'expérience dans laquelle vivent des travailleurs, que ce soit pour des
raisons d'âge ou d'origine, dans un bon nombre d'usines, un peu partout,
dans les régimes qu'on connaît en Amérique du Nord,
à tout le moins, il y a des travailleurs qui travaillent côte
à côte et qui ont des jours de vacances qui varient selon
l'individu. Ce phénomène concret de savoir que le voisin a plus
ou moins de vacances n'est pas un problème humain massif qui
empêche des gars de travailler ensemble. Bien sûr, toutes sortes de
raisons sont à l'origine de ces différences de vacances et on
peut dire: Selon la proximité de la raison et de la base de calcul,
c'est plus ou moins acceptable. Je vous dirai qu'il y a plusieurs employeurs
qui, pour vouloir conserver une main-d'oeuvre et en réponse à des
pressions syndicales... Il y a des travailleurs issus de plusieurs industries
nord-américaines, d'usines différentes, parfois de réqions
fort éloignées les unes des autres, qui se retrouvent
éventuellement à l'intérieur d'une autre usine et qui,
à cause de l'origine de leur lieu de travail, ont des droits de vacances
différents.
Quant à nous, le fait d'appartenir à l'industrie
minière ne donne pas comme explication une personnalisation, des jours
de vacances différents; cela ne crée pas de problèmes
particuliers et nous ne croyons pas que ce phénomène existe danb
l'industrie actuellement, quand ce n'est pas tout le monde qui a le même
nombre de jours de vacances. Bien sûr, on peut dire: En Europe, il y a
des législations et tout le monde a le même nombre de jours de
vacances. En Amérique du Nord, ce n'est pas le système et
personne ne semble s'en plaindre de façon particulière. II semble
y avoir une tradition sociale qui s'est établie ici selon laquelle, avec
l'âge, on a droit à des jours de travail réduits, le nombre
de jours de travail étant calculé sur la base annuelle, et le
loisir doit augmenter avec l'âge. Cela ne semble pas avoir
créé de problèmes spéciaux et je ne vois pas que
cela pourrait en créer dans l'industrie minière. À notre
sens, ce n'est pas vrai, leur prédiction qu'il va y avoir des
problèmes terribles.
Bien sûr, ils ont fait à peu près le chantage de
l'embauche, la menace de l'embauche et ce n'est pas invraisemblable, ce
chantage, d'où les propositions sur la question de la priorité
dans l'embauche.
Le coût de l'indexation, je pense que les chiffres que vous
mentionnez ne nous semblent pas irréalistes à l'oeil. Nous
n'avons pas de raison de contester les chiffres que vous avez mentionnés
et, bien sûr, le coût devient de plus en plus élevé
selon le caractère de perfection de l'indexation.
Nous nous trouvons dans une situation de retard terrible du fonds
minier, de retard de l'industrie minière dans les métaux non
ferreux à assurer la protection de la vieillesse à un rythme
terriblement inférieur à celui des autres industries, même
d'autres industries minières, l'amiante ou le minerai de fer
étant les exemples les plus proches de nous. Ce ne sont pas des
travailleurs différents et ce n'est pas parce que les gens ont
négligé leurs responsabilités et leur force de
négociation dans le secteur minier.
D'un côté, nous pouvons dire qu'il y a eu une progression
rapide - les employeurs ont même dit une progression plus rapide que dans
d'autres secteurs - sur le plan de la négociation des hausses de
salaires. Ce qui est désolant, alors qu'on prévoyait être,
il y a douze ans, treize ans, au début de l'insertion des clauses de
fonds de retraite et de caisse de retraite - et on était à pied
d'oeuvre à ce moment-là - c'est que le problème s'est
compliqué quand on parle des régimes privés, d'un
régime collectif et de l'intégration de l'un et de l'autre.
Des complications peuvent s'ensuivre et, bien sûr, nous payons
pour l'inaction et l'incurie des treize dernières années et le
décalage terrible des travailleurs miniers des métaux non ferreux
par rapport aux autres travailleurs miniers et par rapport aux travailleurs de
l'industrie lourde, de façon générale. Quant à
nous, particulièrement au rythme actuel de l'inflation, le
problème va s'aggraver au fur et à mesure qu'on retarde la
solution.
En page 6, au point 13, vous parlez de la question du financement et
vous soulignez que nous revenons à notre position
antérieure. Vous dites: Est-ce que cela veut dire 100% de la
contribution? Pour répondre de la façon la plus
catégorique possible, oui, nous revenons à notre position
antérieure regardant soigneusement ce qui s'est fait dans les
négociations de caisses de retraite par l'employeur individuel et non
par l'établissement individuel. Un grand nombre de compagnies
nord-américaines ont des caisses de retraite qui s'appliquent à
des dizaines ou à des centaines d'établissements
différents mais, bien sûr, à l'intérieur de la
même entreprise corporative où il y a cette prédominance
des caisses de retraite financées en totalité par l'employeur.
C'est sa contribution au problème du vieillissement, le revenu pendant
la retraite du travailleur individuel.
Donc, notre objectif et notre vision de ce que doit être une
caisse de retraite, c'est que ce soit une caisse de retraite qui fait partie
des coûts de production, une caisse de retraite défrayée
par l'employeur. Cependant, nous ne sommes pas prêts à aller
jusqu'à dire que devant un fonds minier et une caisse de retraite du
secteur des métaux non ferreux, les 100%, c'est un obstacle total et
infranchissable. Devant l'ampleur de certaines de nos revendications sur
lesquelles nous sommes revenus aujourd'hui, nous n'excluons pas une
contribution du travailleur, mais nous n'excluons pas que, devant l'ampleur du
retard et du rattrapage à faire, il puisse y avoir une contribution que
je qualifierais de minimale du travailleur et qu'il y soit associé. Mais
nous ne considérons pas que cela puisse être une partie importante
du coût global de la retraite. Donc, nous n'excluons pas la moindre
contribution, mais nous ne trouvons pas qu'elle doive être d'un montant
important.
Sur la question du statut du mineur, où vous dites que c'est
presque un règlement de placement, vous n'avez pas tort de faire le
parallèle, sauf que je croirais que la réglementation n'a pas du
tout besoin d'être aussi détaillée, en ce sens que le temps
pendant lequel un travailleur minier travaille dans une entreprise est
généralement beaucoup plus prolongé que les quelques
semaines qu'un travailleur de la construction peut passer sur la construction
d'un édifice à bureaux, d'un supermarché ou de douze
maisons dans un projet de développement. Cela nous semble quelque chose
de plus léger et de plus souple, mais qui reflète une certaine
protection dont a besoin le travailleur.
Dans les autres provinces, il y a sans aucun doute un certificat de
compétence qui est donné par une autorité
appropriée. En Ontario et au Manitoba, il n'y a pas une procédure
de placement, mais il y a une espèce d'accréditation du mineur
qui protège son réembauchage dans les autres mines, mais qui ne
s'accompagne pas d'une réglementation du placement lui-même,
à ma connaissance.
Est-ce qu'on doit y aller par secteurs?Est-ce que cela
annonce une politique globale? Vous avez même fait allusion à une
accréditation multipatronale. Nous serions certainement fort mal-venus
de ne pas nous réjouir du fait qu'on ouvre des horizons sur une
revendication comme l'accréditation multipatronale qui a
été pilotée par la FTO, y incluant notre syndicat, depuis
des années, et une politique globale sur le problème du
chômage et des fermetures d'usines dont nous sommes les premiers à
reconnaître qu'il ne sévit pas uniquement dans le secteur minier,
mais également dans d'autres secteurs pour d'autres raisons. D'où
notre proposition d'un fonds minier pour réagir au besoin
spécifique du secteur minier, au besoin fort spécifique, dans le
domaine de la retraite en particulier.
Pour illustrer ce besoin spécifique, je pense à certains
passages des mémoires de ce matin, qui illustrent bien certains des
problèmes pour lesquels la force de négociation des travailleurs
qui, tout en étant préoccupés de leur vieillesse, ne
débouche pas sur une caisse de retraite. Dans certains exemples
donnés dans des mémoires de ce matin, on annonce une fermeture,
en 1971, et elle se produit en 1976. À l'heure actuelle, disons la mine
Lamaque à Val-d'Or, pour prendre un exemple. Il y en a d'autres. Depuis
que j'entends parler de la mine Lamaque à Val-d'Or, elle est à la
veille de fermer. Et elle dure encore en 1981 et on est toujours sur le bord de
la fermeture.
Le travailleur minier se voit pris dans une situation où, devant
l'absence totale de caisse de retraite dans le passé, on lui offre de
divertir une partie de l'offre pécuniaire globale de l'employeur dans
une caisse de retraite qui donne des bénéfices minimes et qu'il
risque fort de ne pas toucher, parce qu'il aura soit quitté, ou que la
mine aura fermé, ou les deux. Cela stérilise totalement l'effort
normal de négociation qui se fait dans d'autres secteurs miniers et qui
se fait dans l'industrie et cela mène à l'impasse que nous
connaissons dans le domaine de la caisse de retraite. (17 h 15)
Sans aucun doute, dans le domaine de la main-d'oeuvre, du placement, de
la sécurité de l'emploi, cela serait souhaitable de
procéder par secteurs dans toute la mesure du possible. Dans le
mémoire précédant celui de 1980, je pense que nous
souliqnons, avec importance, que nous souffrons ici terriblement, puis nous
touchons du doigt, des inconvénients du morcellement de la juridiction
entre le fédéral et le provincial sur la question de la
main-d'oeuvre. Les problèmes de la stabilité de l'emploi aussi
bien que ceux du syndicalisme,
par exemple, ont été résolus de façon
beaucoup plus légère, moins contraignantes et avec beaucoup moins
d'interventions de l'État que ne s'en plaignent les employeurs et la
Chambre de commerce ici en Suède, avec des caisses
d'assurance-chômage sectorielles, administrées par les
syndicats.
À partir du moment où une société, gui ne
veut pas tout confier à l'État, est prête à confier
à des syndicats, par secteurs, l'administration d'une caisse
d'assurance-chômage, il y a moins besoin de parler d'accréditation
sectorielle et, à ce moment-là, les employeurs, parce que c'est
financé par des contributions exclusivement patronales, sont
associés au réembauchage des travailleurs dans leur propre
secteur. C'est ainsi que, par exemple dans la construction, ils ont fait des
réalisations terribles pour éliminer le chômage saisonnier,
sans avoir besoin particulièrement de règlements étatigues
de placement parce gu'on a fait beaucoup plus confiance à des
initiatives privées, mais incluant là-dedans le syndicalisme et
pas uniguement les entreprises. Cela n'est pas nécessairement disponible
ici. Je pense bien qu'il y a une chose à laguelle les employeurs
s'opposeraient encore plus que de confier guelque chose à l'État,
c'est de le confier à un syndicat.
Deuxièmement, la paralysie actuelle de la répartition des
pouvoirs fédéraux-provinciaux en matière de main-d'oeuvre
et en matière d'assurance-chômage, en particulier,
stérilise cette avenue-là.
Je ne veux pas refermer la trappe d'air que vous venez d'ouvrir, mais ce
gue je dis, c'est qu'il semble quand même y avoir des contraintes pour
déboucher dans une direction comme celle-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, si le ministre ferait un bon
député de l'Opposition, M. Gérin-Lajoie serait
peut-être un excellent ministre par la nature des réponses gu'il
nous fournit cet après-midi. La chose qui me frappe dans votre
mémoire, M. Gérin-Lajoie, c'est...
M. Gérin-Lajoie: Voulez-vous dire que je n'ai
répondu à rien du tout?
M. Gratton: Non, au contraire.
M. Marois: Une question de privilège.
M. Gratton: Au contraire, j'ai trouvé que, lorsque cela
faisait votre affaire, vous avez donné des réponses très
précises et à d'autres moments, vous avez patiné comme
certains ministres ont l'habitude de le faire, ce qui est tout à fait
normal dans les circonstances.
Ce qui me frappe dans votre mémoire M. Gérin-Lajoie, c'est
d'abord le fait que c'est vous, les métallos, qui avez été
les principaux revendicateurs d'un fonds minier depuis 1967 et qu'au moment
où le gouvernement se rend à cette demande vous faites
l'étude du projet de loi et vous venez dire au gouvernement à
toutes fins utiles, que son intention ne répond pas à vos
revendications.
M. Gérin-Lajoie: Le texte du projet de loi... nous ne
mettons en cause ni les intentions ni les objectifs, mais uniquement les
modalités.
M. Gratton: J'en conviens, mais j'allais dire... que vos
objections aux modalités -inutile d'aller dans chacun des détails
- vous font conclure - c'est d'ailleurs à la page 10 de votre
mémoire qu'on lit ceci - que le projet de loi no 3 serait plus nuisible
qu'utile dans sa forme actuelle. Vous allez même jusqu'à
suggérer gu'à moins d'amendements majeurs qui iraient dans le
sens que vous proposez, le gouvernement devrait le retirer.
Donc, le moins qu'on puisse dire, c'est que le projet de loi no 3 dans
sa forme actuelle ne répond pas à vos attentes. Or, on a entendu
ce matin des représentants des employeurs, de l'entreprise qui sont
venus nous dire la même chose, mais, forcément, pour des raisons
diamétralement opposées à celles que vous invoguez. Le
moins qu'on puisse dire, c'est que je n'envie pas le ministre de devoir tenter
de concilier des points de vue aussi diamétralement opposés dans
un projet de loi qu'on voudrait, tous et chacun, adopter le plus tôt
possible. J'y reviendrai tantôt.
Plus particulièrement sur la question des fonds de retraite, vous
dites que les avantages du régime proposé dans le projet de loi
ne valent tout simplement pas le prix qu'il exige de ses membres. Là,
vous rejoignez les allégations qu'ont faites les représentants
patronaux ce matin. Vous avez sans doute pris connaissance de la recommandation
de l'Association des mines de métaux visant à faire en sorte de
changer ce gue propose le projet de loi no 3 pour les fonds de retraite et de
le remplacer par un système où le gouvernement édicterait
des normes minimales et trouverait un mécanisme qui permettrait la
transférabilité complète des fonds de retraite. En
supposant qu'il serait possible de vous satisfaire quant à ces normes
minimales, est-ce que vous entrevoyez la possibilité que cela puisse
être une solution au problème actuel?
M. Gérin-Lajoie: Là-dessus, notre objectif est sans
aucun doute la transférabilité des bénéfices de
retraité, la portabilité des droits de retraite. Est-ce que
cela peut être accompli par la transférabilité
comptable entre régimes distincts? Nous ne voulons pas être
dogmatiques là-dessus. Sur le plan des solutions, nous essayons de ne
pas être dogmatiques. S'il y a moyen de résoudre chacune des
objections ou des difficultés par un mécanisme de "plum pudding"
de régime privé, nous n'y avons pas d'objection, mais nous
allons, dans une discussion comme celle-là, s'il s'en présente
une, être très vigilants pour que les objectifs de
bénéfices valables et portatifs soient véritablement
assumés par le mécanisme proposé. II est possible que,
dans une discussion, il y ait des solutions où des combinaisons des deux
éléments puissent être mariées dans un régime
qui répond aux objectifs que nous visons.
Quant à nous, nous préférons faire porter notre
commentaire et notre réponse sur l'objectif plutôt que sur le
moyen et nous n'avons donc pas nécessairement d'objection
catégorique et de fin de non-recevoir totale à ce qu'a dit
l'Association des mines de métaux sur le moyen. Nous restons un peu
sceptiques, quant à nous, qu'il soit capable de résoudre tous les
problèmes à être résolus, mais, si on nous propose
de tenter l'exercice, nous le tenterons.
M. Gratton: En d'autres mots, vous n'êtes pas coulés
dans le ciment quant à la nécessité pour le gouvernement
de procéder à ce qu'on a appelé "l'étatisation" des
fonds de retraite. La question que je me pose c'est si, en principe les
métallos ne préfèrent pas pouvoir négocier - en
supposant qu'il y aurait une base de négociation plus stable, plus
concrète que ce qui existe présentement, parce qu'il n'existe
rien sauf la bonne volonté ou le "give and take" de la
négociation normale, mais supposons qu'en principe, ces critères
de base ou ces normes minimales existeraient - les avantages et surtout le
paiement des cotisations d'entreprise à entreprise plutôt que de
les voir imposées par le qouvernement et surtout de voir échapper
au syndicat autant qu'à la partie patronale la gestion et
l'administration des fonds?
M. Gérin-Lajoie: Je vais vous dire que la gestion et
l'administration, on ne nous a pas beaucoup invités à les faire.
Nous n'avons rien à perdre, parce que nous n'avons rien au point de vue
de l'administration. Là-dessus, ce sont vraiment les employeurs qui
parlent pour eux-mêmes tout seuls, parce qu'ils n'ont jamais voulu nous
associer d'aucune façon à cette administration.
M. Gratton: Cela pourrait faire partie des procédures ou
des mécanismes que le projet de loi ou la réglementation
prévoirait.
M. Gérin-Lajoie: Effectivement, dans nos propositions
initiales, parmi les solutions possibles, nous envisagions la
possibilité d'un comité paritaire ou tripartite où les
travailleurs seraient représentés, sans aucun doute. De
façon générale, vous n'avez pas tort de souliqner que nous
préférons la négociation libre à l'imposition par
l'État et, quand nous souhaitons une intervention de l'État,
c'est dans la mesure où elle est nécessaire pour débloquer
la stérilité actuelle des négociations vis-à-vis du
problème de la caisse de retraite dans le secteur minier des
métaux non ferreux.
M. Gratton: Je retiens tout au moins que les métallos
n'ont pas de point de vue dogmatique quant à la nécessité
du qouvernement d'aller plus ou moins loin à condition que vous obteniez
les résultats que vous escomptez.
M. Gérin-Lajoie: Si jamais nous en arrivions à une
conclusion de nécessité, ce serait à la fin d'une
discussion, mais pas au début.
M. Gratton: D'accord. Cela m'amène à poser ma
dernière question avant que le député de Richmond
intervienne. Quand vous parlez, on a l'impression, en vous faisant face, qu'il
est difficile pour vous de vous départir de votre manteau de très
habile négociateur et des habitudes qu'on peut prendre en tant que tel,
c'est-à-dire d'aller jusqu'au bout de ses réclamations.
M. Gérin-Lajoie: Vous avez quelque chose à nous
offrir?
M. Gratton: Ce que j'aimerais vous soutirer, en fait, c'est une
explication, une précision. Vous parlez de la possibilité ou de
votre désir de voir le gouvernement retirer tout simplement son projet
de loi, à moins qu'il ne satisfasse par des amendements, sinon à
l'ensemble, à une bonne partie de vos revendications. Est-ce que je peux
interpréter ça comme voulant dire que vous seriez disposé
à voir le gouvernement suspendre l'adoption, dans toutes ses
étapes, de ce projet de loi avant le 19 juin? Parce qu'il faut quand
même reconnaître que c'est la situation. On a une session qui doit
être prorogée, c'est-à-dire se terminer le 19 juin, selon
les règlements de l'Assemblée nationale et reprendre à
quelque moment en septembre ou octobre.
Avec la nécessité, il y a toujours des
possibilités, pour l'Opposition et le gouvernement, de s'entendre sur la
possibilité de reprendre le projet de loi au stade où on
l'abandonne, à la fin de la session. Cela s'est vu ailleurs. Mais la
question que je pose, c'est à savoir si les métallos seraient
disposés à ce que le gouvernement procède de cette
façon, pour utiliser l'été à faire les
négociations, surtout en arriver à des chiffres
précis quant aux coûts.
Des qens, ce matin, sont venus nous dire que les coûts du projet
de loi, tel qu'il est rédigé, sont astronomiques et de nature
à influer sur le comportement de tout le secteur minier et même
sur le gaspillaqe des ressources minières. On ne peut pas prendre
ça à la légère et dire que c'est du verbiage, pas
plus qu'on ne peut prendre vos revendications comme étant simplement des
positions de négociation. Ce que je voudrais savoir, c'est si les
métallos seraient prêts à envisager cette
possibilité d'une négociation intensive avec le ministère,
bien sûr avec les autres intervenants, au cours de l'été
plutôt que de risquer tout simplement qu'on adopte le projet de loi? Je
vous le dis en passant, et vous le savez déjà, ce n'est pas parce
que l'Opposition officielle adopterait une attitude quelconque à ce
moment-ci de nos travaux qu'on pourrait avoir un très grand impact sur
le résultat final quant à l'adoption ou non du projet de loi
avant le 19 juin. Je pense avoir tourné suffisamment autour du pot pour
que vous saisissiez le sens de ma question.
M. Gérin-Lajoie: Écoutez, votre question me
suggère cinq choses que je tenterais de dire le plus rapidement
possible. D'abord, le caractère assez catégorique de notre
position là-dessus, c'est que, chez les métallos, chez les
mineurs, chez les travailleurs de l'industrie lourde de façon
générale, nous avons tendance à user d'un langage assez
carré et assez précis, assez catégorique; on aime aborder
les choses le plus clairement et le plus franchement possible. (17 h 30)
Dans ce cas, les militants et les diriqeants du secteur minier, nous
avons estimé que nous devions répondre clairement et
carrément à cette position. Vous avez vous-même
souligné son aspect assez catégorique, étant donné
particulièrement notre responsabilité dans le
développement et le pistonnage de ce projet et, qu'à ce moment
nous incombait également la responsabilité de prendre une
position assez carrée sur la perspective de son adoption dans son
état actuel ou à peu près actuel.
Maintenant, quand vous soulignez l'échéance du 19 juin,
les forts courts délais, ce que j'aimerais dire, c'est que vous nous
entraînez sur un terrain où nous sommes des profanes. La date du
19 juin, qui est la fin de la session, c'est quelque chose que j'apprends ce
matin. Nous ne vivons pas dans la cuisine législative, comme vous le
faites quotidiennement.
M. Gratton: Ne vous en plaignez pas!
M. Gérin-Lajoie: Si on me donnait la chance pour quelgues
jours! Nous ne plaidons pas compétence sur les détails du
commentaire que vous sollicitez, mais il reste que, si des gens gui connaissent
cela, à l'Assemblée nationale, disent que, dans un délai
utile, dans les jours qui s'en viennent, nous ne pouvons que modifier des
détails, mais pas les éléments de fond dont nous avons
parlé, alors ce que nous disons, c'est: Prenez le temps requis pour
modifier le projet plutôt que d'adopter, en vitesse, quelque chose qui
est à peu près le projet sous sa forme actuelle, sans nous
prononcer sur les dates précises, ce qui dépasserait un peu le
niveau de notre compétence. S'il s'avérait qu'à la suite
de décisions telles que celles-là le gouvernement nous conviait,
pendant l'été, à examiner le problème avec
lui-même ou avec les employeurs, nous serions certainement disponibles et
désireux de participer à une étude et à une
discussion des points sur lesquels nous faisons porter nos revendications.
M. Gratton: En d'autres mots, M. Gérin-Lajoie,
après avoir attendu 15 ans, et non seulement attendu, mais
réclamé de diverses façons depuis 15 ans, vous
n'êtes pas réfractaire à ce qu'on prenne une autre
période de 15 semaines probablement pour en arriver à
tâcher de satisfaire non seulement les métallos, mais tous les
intervenants dans le secteur?
M. Gérin-Lajoie: Surtout qu'on ne le refera pas tous les
six mois, il faudrait bien le faire comme il le faut la première
fois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscaminque.
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-
Témiscamîngue): M. le Président, j'ai une
question qui s'adresse à M. Gérin-Lajoie concernant plus
particulièrement le statut de mineur et, bien sûr, le jeune
travailleur. On sait que la jeunesse dans notre société et plus
particulièrement celle de l'Abitibi-Témiscamingue est
confrontée constamment avec le fameux principe du "pas
d'expérience, pas d'emploi". Est-ce que le phénomène que
vous venez d'élaborer concernant le statut de mineur ne viendrait pas
entretenir le fameux principe, que je qualifie un peu de cercle vicieux, de
"pas d'expérience, pas d'emploi, pas d'emploi, pas d'expérience"
et viendrait, en fin de compte, bloquer le jeune travailleur, le jeune qui veut
se lancer dans le domaine du travail minier, à cause d'une telle carte
de compétence qui, nous le savons, au niveau de la construction, nous
crée bien des problèmes au niveau des jeunes.
M. Gérin-Lajoie: Je vais vous dire, à ce sujet, que
le fiancé de ma fille vient juste d'avoir une carte d'apprenti
électricien, après
avoir attendu pendant un an et demi. Il est encore jeune, il a à
peine atteint ses vingt ans. Avant d'avoir sa carte d'apprenti
électricien, il était terriblement impatient. Maintenant qu'il
l'a, il a le sentiment d'oeuvrer dans une industrie qui ne sera pas constamment
criblée de chômage. Je ne crois pas qu'il y ait une opposition
nécessaire entre vieux et jeunes au sujet de la stabilité
d'emploi.
Quant à nous, particulièrement au sujet du problème
des jeunes, nous sommes prêts à nous engager à travailler
très fort à l'élaboration d'un régime comme
celui-là pour qu'il n'y ait pas de discrimination contre les jeunes et
que l'effet net ne soit pas de les exclure ou de les faire attendre
indéfiniment à la porte. Il y a deux aspects qui nous frappent,
selon notre expérience, c'est l'absence à peu près totale
de la moindre possibilité de formation pour un jeune dans l'industrie
minière. C'est-à-dire que le gars qui n'est jamais descendu en
dessous de la terre doit de débrouiller seul pour apprendre cela et cela
crée un barrage certain, parce que, bien sûr, le milieu physique,
les exigences de sécurité, le développement de la
compétence dans le travail souterrain exigent plus de transition et plus
de formation que pour bien d'autres métiers. La longueur et la
difficulté de l'apprentissage créent un obstacle,
présentement, que nous souhaiterions voir levé dans l'industrie,
précisément pour attirer plus de jeunes. Cela a toujours
été une priorité dans les revendications du Syndicat des
métallos que, pour des raisons de sécurité et pour attirer
les jeunes, nous croyons qu'il doit y avoir des occasions de formation beaucoup
plus importantes que ce qui existe présentement.
Mais, en second lieu, les employeurs ont souligné, de
façon peut-être une peu gauche - ce n'est pas comme cela qu'on le
ferait nous autres mêmes - que, selon eux, le développement de la
scolarité a chassé les jeunes de l'industrie minière.
Quant à nous, ce n'est pas la scolarité elle-même qui a
chassé les jeunes de l'industrie minière, mais peut-être
que la scolarité a contribué à élargir un peu
l'horizon d'un jeune. Il ne va pas là seulement pour se faire une
piastre pendant quelques années ou, du moins, quelques mois, mais il y
va quelques années, le temps de se bâtir une carrière. Il
commence à penser à son avenir. Beaucoup des jeunes, on s'en
aperçoit, semblent se préoccuper de l'avenir et de l'ensemble de
leur carrière. Ils reqardent un peu plus que le bout de leur nez et
c'est parfait comme cela. Or, plus loin que le bout de son nez, dans
l'industrie minière, il n'y a souvent rien du tout. La
possibilité de se créer une carrière dans l'industrie
minière attirerait plus de jeunes dans l'industrie; cela
éviterait en particulier que, chaque fois qu'il y a une reprise du prix
des métaux, les employeurs ne courent à Ottawa pour demander
à grands cris de relâcher les politiques d'immigration afin de
pouvoir laisser entrer des travailleurs qui iraient dans des réqions
minières où personne d'autre ne veut aller, y compris
particulièrement les jeunes.
Quant à nous, au lieu de se précipiter
périodiquement vers l'immigration pour combler le caractère
insatisfaisant des conditions de travail, mieux vaudrait les améliorer.
Ceux qui vont rentrer, ce seront des jeunes. Quant à nous, c'est dans
cette perspective que nous envisageons un secteur comme celui du statut du
mineur.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Merci, M. le Président. Les
employeurs, ce matin, faisaient état de ce qu'ils voyaient comme
étant un danger et j'aimerais connaître le point de vue des
métallos là-dessus. C'est relativement aux régimes de
retraite qui sont déjà en viqueur en vertu de certaines de vos
conventions collectives. Les employeurs semblaient tenir pour acquis, ce matin,
qu'ils devraient payer en double. Pourriez-vous nous éclairer
là-dessus, à savoir si, véritablement, il est exclu dans
votre pensée que les montants engagés dans ces fonds de pension
privés ne pourraient pas servir en partie au financement du programme
annoncé dans le projet de loi? J'aurai par la suite une autre question,
M. le Président.
M. Gérin-Lajoie: Cela ne nous semble pas exclu, d'une
part. Deuxièmement, les pourcentaqes donnés par les employeurs ne
nous semblent pas la catastrophe qui annonce la fin du monde, quand ils parlent
de 2%, ou de 4%, ou de choses comme cela. Nous vivons présentement dans
une situation où -les employeurs le soulignent eux- mêmes, il y a
des hausses de salaires qui dépassent d'assez loin le 10% et, dans
certains cas récents, qui dépassent les 20%, et à cela les
employeurs sont habitués, ils le font sans fermer leurs portes. Mais,
lorsqu'il s'agit d'un montant de 2%, 3%, 4% additionnel dans la caisse de
retraite, cela leur semble la fin des temps. Nous, il nous semble que les
chiffres dont ils nous parlent ne sont pas particulièrement effarants
compte tenu du taux d'inflation actuel.
M. Vallières: J'aimerais que vous m'indiquiez, si c'est
possible... Je sais que vous y avez fait allusion dans votre mémoire; je
prenais connaissance dernièrement de celui que vous avez
présenté en décembre 1977, page 7, où vous
écriviez: "Nous n'hésitons pas à affirmer que la
stabilisation de l'emploi jouit dans l'esprit des travailleurs d'une
priorité plus grande
que le montant des prestations." Est-ce que cette priorité que
vous aviez identifiée demeure et dans quelle mesure est-ce que le projet
de loi actuel rejoint ou ne rejoint pas cette priorité?
M. Gérin-Lajoie: Selon nous, il ne rejoint pas cette
priorité.
M. Vallières: C'est donc toujours la priorité.
M. Gérin-Lajoie: Toujours.
M. Vallières: Une dernière question. Dans le
mémoire actuel, il nous est dit que le syndicat reconnaît qu'il
avait lui-même proposé un mode de partage des coûts dans son
mémoire de 1980 qu'on retrouve dans le projet de loi actuel, soit 1%
à 50-50. Est-ce que vous pouvez nous indiquer sur la base de quelles
nouvelles données vous auriez changé votre point de vue sur cette
question particulière qui semblait faire l'objet de grandes
préoccupations, ce matin, de l'autre partie en jeu, soit les
employeurs?
M. Gérin-Lajoie: Un examen plus détaillé des
coûts en présence et une prise de conscience accrue que le
principe généralement acquis du financement total par les
employeurs devrait constituer la règle peut-être pas absolue mais
la rèqle de base pour le financement du nouveau régime.
M. Vallières: Donc, pour vous, ce ne serait pas un
problème majeur, comme on semblait le maintenir ce matin et l'indiguer
lors de la présentation des autres mémoires. Finalement, on se
rend compte que vous semblez diamétralement opposé dans biens des
domaines. Je ne sais pas si c'est la pratigue syndicale et patronale qui fait
en sorte que vous posez des exigences de part et d'autre qui sont très
opposées. Un peu comme le député de Gatineau, je me
demande comment le ministre va réussir à attacher les ficelles
tantôt.
M. Marois: Quelquefois ce sont des ficelles, quelquefois ce sont
des câbles.
M. Vallières: Dans le domaine du fer et de l'amiante, ici
on s'adresse aux mines de métaux non ferreux, et j'ai bien aimé
la question du ministre à savoir si on ne devrait pas plutôt
privilégier une approche plus qlobale, compte tenu que ce sont les
mineurs dans presque toutes les mines qui peuvent un jour ou l'autre se
ramasser avec des problèmes majeurs: dans l'amiante il y a des
problèmes actuellement, dans le fer également. Est-ce qu'on ne
devrait pas aller vers une formule beaucoup plus globale qui viserait à
régler tout le problème des mises à pied dans le secteur
minier à travers tout le Québec? Évidemment cela
demanderait des délais. Si vous dites oui à cela, le ministre va
s'attendre que d'autres délais soient encourus pour régler le
problème d'une façon plus globale. Mais,
précisément, est-ce gue vous accepteriez gue, pendant un certain
temps - je ne sais pas de quel ordre -l'adoption du projet de loi soit remise
à un peu plus tard pour qu'on puisse envisager de façon plus
globale la solution aux problèmes du secteur minier à travers
tout le Québec?
M. Gérin-Lajoie: On n'exclut pas en principe l'extension
du projet aux autres secteurs de l'industrie comme l'amiante ou les mines de
fer, mais nous croyons qu'à l'heure actuelle nous soulevons
déjà des revendications de taille qui nous ont amenés
à prendre la position gue nous prenons aujourd'hui. Il nous semble, en
tout cas, qu'il serait imprudent de notre part de revenir sur une
détermination que nous avions acquise, sur une décision prise
précédemment. Nous avons consulté les travailleurs qui
sont membres du Syndicat des métallos, dans le fer et dans l'amiante,
et, compte tenu des problèmes particuliers des métaux non
ferreux, tout le monde est tombé d'accord pour tenter
véritablement de piloter un projet de fonds minier s'adressant
particulièrement aux problèmes des gars des métaux non
ferreux qui sont véritablement particuliers à cause de la courte
durée des gisements de métaux non ferreux dans la plupart des
cas.
Je crois gue, à l'heure actuelle, à revenir sur cette
décision, nous ne ferions gue compliquer le problème au point
où, au lieu de parler de quelques semaines additionnelles pour bonifier
le projet de loi, il s'agirait de nombreux mois et il y aurait un tas d'autres
gens qui devraient être impliqués. Une approche plus globale
risquerait donc d'équivaloir à noyer le poisson.
Or, nous tenons particulièrement au fonds minier. C'est pour cela
que nous ne souhaitons pas terriblement élargir et globaliser le
débat à ce moment-ci, de peur de le diluer. (17 h 45)
Le Président (M. Laplante): Sur ce, M.
Gérin-Lajoie, on s'excuse de vous avoir gardé un peu plus
longtemps que les autres, à cause de l'ampleur de votre mémoire.
Les membres de cette commission vous remercient de la collaboration que vous
avez bien voulu apporter.
M. Gérin-Lajoie: Nous vous remercions, M. le
Président, du temps que vous nous avez accordé.
M. Bordeleau: M. le Président... Le Président
(M. Laplante): Oui.
M. Bordeleau: ... j'aimerais que vous me répondiez
immédiatement. Je m'étais inscrit aux questions et j'aimerais
bien pouvoir discuter un peu avec ces gens.
Le Président (M. Laplante): Moi, ce qu'on m'a
demandé tout à l'heure - cela fait une heure et demie qu'on est
avec eux autres - c'est de faire passer la CSN, qui demande à être
entendue avant 18 heures elle aussi, tel que convenu. Je m'excuse, mais si vous
voulez continuer, la commission est maîtresse de ses travaux, je n'ai
aucune objection à continuer, si c'est la volonté de la
commission.
M. Bordeleau: Je ne vous prendrai pas beaucoup de temps, M. le
Président. Quelques minutes.
Le Président (M. Laplante): Allez!
M. Bordeleau: Les gens de l'Opposition sont d'accord?
M. Gratton: Je vais me faire l'avocat du député
d'Abitibi-Est, s'il le veut, pour lui accorder son droit de parole.
M. Bordeleau: Je veux simplement dire en deux mots que cela me
fait plaisir de voir que des groupes se présentent devant nous
aujourd'hui pour étudier un projet de loi sur le fonds minier qui, je
sais, vous tient beaucoup à coeur et qui me tient à coeur
également pour y avoir participé. Je trouve intéressant
que vous arriviez avec des propositions précises, ce qu'on n'a pas
toujours eu, ce matin en tout cas, dans d'autres mémoires. Cela prouve
essentiellement que vous l'avez étudié, que vous avez
consulté vos membres. On s'aperçoit qu'il y a certaines demandes
de votre part qui peuvent exiger un peu de réflexion de la part du
ministre et du groupe de parlementaires qui doivent les regarder de
près. Quant à moi, je pensais que le projet de loi no 3,
anciennement le projet de loi 25, répondait plus à l'attente des
métallos et des travailleurs miniers en général, parce que
l'objectif principal, c'est toujours de favoriser et de revaloriser la
carrière des mineurs. S'il faut prendre un peu plus de temps pour le
réévaluer, je pense qu'il faut le faire, parce qu'on ne peut pas
se permettre de se tromper; comme vous l'avez dit vous-même tantôt,
on n'en fera pas un à tous les six mois.
M. Gérin-Lajoie: Merci, M. le député, de
l'intérêt que vous portez au projet du fonds miniers; c'est
à cause de cet intérêt chez vous, chez d'autres, que nous
nous sentions une certaine responsabilité de prendre des positions aussi
claires et limpides que possible.
M. Bordeleau: Alors, je vous remercie. On reprendra la discussion
plus tard, s'il y a lieu.
M. Perron: M. Gérin-Lajoie, j'aurais une question, en
principe, à vous poser et cela se rapporte à la page 9 de votre
mémoire, lorsque vous parlez de carte de compétence, registre
central, des travailleurs en disponibilité. Ici, on parle des
métaux non ferreux. Éventuellement, je présume qu'à
l'intérieur d'un autre projet de loi qui s'en viendrait, on parlerait
des métaux ferreux; je l'espère, compte tenu de la situation sur
la Côte-Nord dans le domaine du fer, par exemple. De quelle façon
voyez-vous l'application? Est-ce que vous la voyez sur une base
régionale ou sur une base nationale, comme à l'échelle du
Québec, pour les travailleurs miniers? En fait, ce que je veux dire,
c'est: Préféreriez-vous un registre national où on
pourrait aller piger à l'intérieur ou encore un registre
régionalisé, comme c'est le cas du règlement de placement,
le règlement no 5? Il faut s'entendre, le règlement no 5 est
régionalisé, mais l'article 1212 lui enlève beaucoup de
capacité réqionale.
M. Gérin-Lajoie: Pour répondre le plus
brièvement possible, bien sûr, dans un premier temps, nous
estimons qu'il est nécessaire de nous occuper du problème des
métaux non ferreux qui diffère de celui de l'amiante, dans le
sens que, quand la demande de l'amiante baisse en Europe et en Amérique
du Nord, il n'y a pas un transfert d'employés de l'amiante d'une mine
à l'autre; la même chose se produit dans le minerai de fer, quand
Iron Ore coupe un peu ses opérations, c'est rare que QCM engage des
surplus. Alors que, dans le secteur des métaux non ferreux, c'est
l'étroitesse géologique des métaux non ferreux dans le
sous-sol québécois qui fait cette instabilité. Quant
à l'ingrédient régional et professionnel, nous estimons
que c'est un sujet qu'on veut aborder avec ce que le ministre appelle une
grande ouverture d'esprit; nous estimons qu'il serait, quant à nous,
regrettable d'entamer un débat comme cela en disant: On a
déjà trouvé la solution avant même d'avoir
commencé à en parler. On pense gu'il doit y avoir des personnes
assises ensemble pour examiner le pour et le contre, les ingrédients
d'un régime qui probablement inclurait divers ingrédients comme
ceux que vous nous suggérez.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le président.
J'appelle maintenant la Confédération des syndicats nationaux. Si
vous voulez vous identifier, identifier votre association et les personnes qui
sont avec vous, s'il vous plaît.
M. Gagnon (Sylvio): Sylvio Gagnon, secrétaire
général de la Confédération des syndicats
nationaux. À ma gauche, Oliva Lemay, président du Syndicat des
travailleurs de l'Asbestos Corporation; à ma droite, Pierre Dupont,
président de la Fédération des syndicats des mines, de la
métallurqie et des produits chimigues, affiliée à la CSN.
À mon extrême droite, Kémal Wassaf, gui est conseiller
syndical à la CSN.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ... sur une guestion non pas de règlement,
mais peut-être de fonctionnement, par mesure d'exception et compte tenu
qu'il nous reste trois groupes à rencontrer, outre la CSN, l'Association
des compagnies d'assurances de personnes et l'Association des compagnies de
fiducie, il me semblerait important gu'on limite un peu plus nos interventions
pour permettre à ces trois organismes de déposer leur
mémoire, c'est-à-dire que leur mémoire soit
consigné au journal des Débats.
Comme, M. le Président, vous nous avez déjà
indigué gu'une directive vous empêchait, en tant gue
président, de procéder de cette façon, je fais cette
motion pour gue les groupes gue je viens de nommer voient leur mémoire
consigné, au journal des Débats. Ainsi, ça permettra aux
intervenants de ces trois groupes de nous faire seulement une
présentation plus succinte et ça va laisser, par la suite, aux
membres de la commission la possibilité de les consulter de nouveau sur
les aspects gui pourraient les intéresser davantage.
Le Président (M. Laplante): J'accepterai votre motion, M.
le député de Sainte-Marie. C'est une circonstance tout à
fait exceptionnelle qui ne doit pas devenir coutume aux commissions.
M. Bisaillon: C'est bien de cette façon-là, M. le
Président, que c'était conçu.
Le Président (M. Laplante): Merci. Accepté.
M. Gratton: M. le Président, sur la motion du
député de Sainte-Marie, nous n'avons pas d'objection de principe
à condition, bien entendu, que les trois groupes en guestion y
consentent. Le député de Sainte-Marie a fait allusion à la
possibilité pour les membres de la commission de consulter plus tard,
une fois gu'ils auront étudié le mémoire qui,
d'après la motion, serait versé au journal des Débats.
Est-ce que, lui, ou le ministre, entend préciser de quelle façon
cette consultation pourrait avoir lieu? Est-ce que ce sera par le biais d'une
nouvelle commission parlementaire ou strictement par le contact personnel que
les membres pourront vouloir faire auprès des associations?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, si la perspective est de
suivre le travail d'étude, de réflexion à la suite des
diverses propositions, des divers arguments gui nous ont été
soumis tout le long de la journée, une chose gui me paraîtrait
absolument fondamentale - ça ressort de l'ensemble, jusqu'à
maintenant, des témoignages gu'on a entendus - serait, en ce gui me
concerne, avant de mettre au point, des amendements, des ajustements, peu
importe la forme gue ça pourrait prendre, que les parties
concernées soient impliguées, donc consultées et qu'en
conséguence des rencontres soient organisées, ce qui ne
préjuge en rien de ce gui pourrait arriver par la suite, au moment de la
reprise éventuelle de nos travaux à l'Assemblée nationale,
quelque part à l'automne.
M. Gratton: Je comprends fort bien ce que nous dit le ministre,
j'apprécierais qu'il soit un peu plus précis. Je pense deviner
que le projet de loi no 3, tel qu'il existe ou tel qu'il pourrait être
amendé, ne sera pas adopté avant l'ajournement du 19 juin et, si
le ministre me confirmait ça, on adopterait volontiers tout de suite la
motion.
M. Marois: Je dirais gu'à ce moment-ci de nos travaux -
j'attendais la fin de l'ensemble des interventions - j'ai de forts doutes gue
le projet puisse être adopté d'ici le 19 juin...
M. Gratton: Le contraire m'aurait vraiment surpris.
M. Marois: ... si on veut tenir compte des arguments, de tout ce
gui a été évoqué devant nous.
M. Vallières: M. le Président, j'aimerais savoir
à ce moment-ci si on a eu un mémoire de SOQUEM?
Le Président (M. Laplante): Non, on n'a pas eu de
mémoire de SOQUEM.
M. Marois: On n'en a pas reçu.
Le Président (M. Laplante): S'il nous parvenait, les
copies seront acheminées à vos bureaux.
M. Gratton: La motion est adoptée, quant à
nous.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Monsieur.
Confédération des syndicats
nationaux
M. Gagnon (Sylvio): Je vais être très bref et je
vais vous démontrer que les gens du mouvement syndical peuvent
être plus disciplinés que les patrons de ce matin. D'abord, je
voudrais vous rappeler que la Confédération des syndicats
nationaux, depuis au moins quelques années déjà,
revendique une caisse de stabilisation de l'emploi qui, pour elle, doit couvrir
l'ensemble des problèmes de tous les secteurs, que ce soit les mines ou
les autres. La présentation du projet de loi actuel sur les mines ne
nous satisfait pas nécessairement, sauf que, pour nous, c'était
déjà un pas en avant dans un secteur que nous n'avions pas
l'intention de refuser. Si on peut avancer dans un secteur pour
déboucher à un moment donné sur l'ensemble du
problème des fermetures d'usine dans tous les secteurs au Québec,
on en serait très heureux.
Il y a cependant plusieurs remarques qui ont été faites
cet après-midi, notamment par les métallos avec lesquels nous
sommes parfaitement d'accord, sur le fait que le projet de loi ne va vraiment
pas assez loin. En lisant notre mémoire, lorsque vous prendrez
connaissance de notre mémoire en entier, vous pourrez aussi voir que
nous n'avions pas pris comme position officielle de demander le retrait du
projet de loi actuel. On s'est dit: Ils vont dire: voilà encore la CSN
qui grimpe dans les rideaux, mais maintenant que les métallos ont pris
un côté du rideau, on est prêt à monter dans
l'autre.
Il y a certains aspects qui n'ont pas été touchés
suffisamment, à notre avis. Ce sont les relations qu'il peut y avoir
entre les problèmes de la santé des travailleurs, leurs besoins
de retraite, leurs besoins de vacances et, ce qui a trait en même temps
au statut du mineur et à une espèce de préférence
d'emploi, parce qu'on a des documents, qui ne sont pas dans notre
mémoire, mais qui indiquent, par exemple, que Mines Noranda refuse
l'emploi à des gens qui sont atteints de surdité. Pour ceux qui
connaissent un peu le secteur des mines, ils savent très bien qu'un
mineur d'expérience, un mineur qui a beaucoup d'années de service
dans les mines, généralement, il a des problèmes de
surdité. Or, pour des raisons comme celles-là, nous pensons qu'il
est primordial que les mineurs à l'emploi lorsqu'une mine ferme, aient
une préférence d'emploi. (18 heures)
Je voudrais parler très brièvement du fait que pour nous,
à la CSN, on aurait préféré fortement que le projet
de loi touche à l'ensemble du secteur des mines, y compris le fer et
l'amiante, parce qu'on pense qu'il y a des difficultés qui se
présentent aussi dans ces secteurs et qu'il faudrait les corriger. Pour
nous, l'ensemble du problème des mineurs doit être vu dans un
esprit de respect de ces travailleurs qui sont les principaux producteurs de
notre richesse collective. Je pense que la société
québécoise doit leur accorder non pas des privilèges, mais
des droits en fonction de ce respect profond des travailleurs comme de
l'ensemble des travailleurs. S'il y en a parmi mes camarades qui ont quelque
chose à ajouter à ce sujet, pour moi, c'est terminé.
Le Président (M. Laplante): Je voudrais avoir la
permission des membres de la commission de dépasser 18 heures.
Des voix: Accordé.
Le Président (M. Laplante): Merci.
Une voix: Cela veut dire qu'on continue...
Le Président (M. Laplante): ... jusqu'à 18 h 15
pour les trois groupes.
M. Bordeleau: Ah bon!
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais remercier les
membres de la CSN qui sont devant nous non seulement de leur
coopération, mais de leur mémoire. J'en ai fait une lecture
rapide. Au cours de la journée, on va regarder, de façon beaucoup
plus attentive, chacune de vos propositions, de vos suggestions. J'aurais deux
questions, parce que deux choses que vous venez d'évoquer me frappent et
peut-être qu'on n'a pas abordé la question de cette façon
jusqu'ici.
M. Gagnon, à une de vos dernières remarques, vous avez
dit: Quant à nous, à la CSN - je pense que je vous cite à
peu près textuellement - on aurait préféré que cela
couvre l'ensemble du secteur minier. Est-ce purement une
préférence de votre côté? En d'autres termes, est-ce
que votre position, votre perception, votre analyse de la situation vous
amènerait à conclure que la mise sur pied d'un fonds minier
devrait couvrir l'ensemble du secteur minier ou alors est-ce que vous pensez
que ce serait préférable d'y arriver, mais que, pour un certain
nombre de raisons, les durées de vie, par exemple, de tel type de
secteur minier par rapport à tel autre, étant différentes
pour telle ou telle autre raison, il faut y aller forcément par
étapes quitte à voir quelles sont les modalités
d'extension? Est-ce
qu'on doit déjà prévoir ces modalités au
point de départ, au moment où on compléterait un produit
ou un projet qui correspondrait à vos demandes? C'est ma première
question.
Deuxièmement, vous reveniez sur cette question qui a
été évoquée par le Syndicat des métallos sur
la préférence d'embauche. Vous l'avez accrochée à
une notion aussi additionnelle, celle de la santé des travailleurs. Je
pense que vous avez donné une illustration très concrète
de cela. Dans votre esprit, cette préférence d'embauche, comment
pensez-vous qu'elle peut se traduire, par quel mécanismes concrets? Par
exemple, les hypothèses qui nous ont été soumises,
évoquées tout à l'heure, même si cela reste
relativement général, les cartes de compétence, etc., par
les métallos sont-elles des formules qui vous paraissent valables?Est-ce que ce sont des pistes qui vous paraissent valables ou, est-ce
qu'à votre avis il faudrait aborder ce problème carrément
par d'autres biais ou d'autres pistes?
M. Gagnon (Sylvio): Tout d'abord, je vais commencer par la
dernière question. Les pistes qui ont été
élaborées par les métallos sont des pistes
intéressantes. Je devrais peut-être dire en préambule
à ma réponse, que nous avons, nous aussi, été pris
un peu de court et que nous n'avons pas fouillé très
profondément tout le problème pour arriver ici et vous proposer
un fonctionnement précis sur la préférence d'embauche. On
pourra le faire dans l'avenir. Mais, pour faire une réponse courte, les
pistes qui étaient élaborées par les métallos
semblent des pistes intéressantes au niveau de la
préférence d'emploi pour les mineurs victimes d'une fermeture ou
de mises à pied partielles, parce que, parfois, il y a des mines qui
ferment partiellement. Or, à ce niveau, notre objectif, c'est de
protéqer les mineurs qui ont déjà de l'ancienneté,
qui ont déjà un certain nombre d'années
d'expérience dans les mines. Pour les solutions, on pourra toujours
élaborer là-dessus et trouver le meilleur moyen de
protéger ces qens qui, à notre avis, méritent un
très grand respect.
Première question. Pour être très clair, nous sommes
d'avis que le projet de loi devrait couvrir l'ensemble du secteur des mines.
Nous, on conçoit le fonds minier comme une première étape
pour l'appliquer à l'ensemble des autres secteurs industriels du
Québec; donc on ne voudrait pas faire un demi pas mais faire un pas,
parce que nos propositions depuis quelques années, c'est de monter
l'escalier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: D'abord, je voudrais que le syndicat nous
informe sur un point de vue auquel je pense ils n'ont pas fait allusion dans
leur mémoire soit sur ce qu'ils pensent de la proposition du projet de
loi qui vise à ce que l'administration du fonds minier comme tel, qui
serait créé et souscrit par employés et employeurs, soit
finalement la responsabilité de l'État. Est-ce que vous ne
préféreriez pas avoir la responsabilité de qérer en
copartie avec l'employeur, ce qui vous donnerait un droit de gérance sur
ces fonds, droit que vous n'avez pas actuellement? Est-ce qu'on ne devrait pas
à l'intérieur d'une loi vous donner ce droit qui n'existe pas
présentement et que l'employeur semble prêt à accepter,
d'après les mémoires qui ont été
déposés ce matin?
M. Gagnon (Sylvio): Je vais vous répondre très
franchement. Si on offrait au syndicat de gérer le fonds, on
accepterait. Si on offrait une quelconque façon coopérative de
qérer la caisse de retraite ce qui existe à certains
endroits où des syndicats gèrent eux-mêmes leur propre
caisse de retraite !à aussi on accepterait. Mais si on doit
laisser la gérance du fonds à l'entreprise privée
directement ou par une quelconque formule de participation des syndicats et des
patrons, on préfère que le fonds soit géré
directement par l'État de même que les fonds de retraite.
D'ailleurs, c'est une de nos revendications, la nationalisation des
épargnes collectives, et là-dessus, je pense que la CSN est
très claire; on préfère dans ces circonstances que ce soit
géré par l'État.
M. Vallières: Dans le mémoire, vous faites
état au niveau du régime de retraite d'un point de vue qui est
intéressant et peut-être nouveau par rapport aux autres
mémoires. Vous parlez d'une disposition qui devrait s'appliquer sur une
base facultative à 60 ans et non pas à 65 ans. Est-ce que,
d'après les données que vous avez, vous êtes assuré
finalement que l'âge de la retraite dans le secteur minier, les gens s'en
prévalent plus tôt que dans d'autres secteurs d'activités
économiques au Québec; parce qu'on sait qu'il y a un projet de
loi en plan qui vise le contraire, soit à prolonger, à la rendre
facultative à 65 ans?
M. Gagnon (Sylvio): Ce que l'on sait par une enquête qui a
été faite, et c'est écrit dans le mémoire, c'est
que, moins de 50% des travailleurs qui ont plus de 25 ans d'ancienneté
se rendent à leur retraite, excluant les cadres, parce que, dans
l'étude, on s'est aperçu que généralement les
cadres quittaient le Québec au moment de leur retraite. Donc, on se rend
compte qu'à cause des conditions de travail dans les mines, de
l'état de santé des travailleurs - c'est pour cela qu'au
début je parlais de la relation de l'état de santé des
travailleurs et leurs
conditions de travail relativement à leur retraite - il est
important de changer cette situation, parce qu'à 65 ans, il n'y a pas
beaucoup de travailleurs des mines qui jouissent d'une véritable
retraite. Si on pouvait abaisser l'âge de la retraite et avoir une
formule facultative et une formule de retrait plus tôt, ce serait
très intéressant pour les mineurs. Rendu à 50 ans, un
mineur qui a passé sa vie dans les mines commence à avoir une
santé usée et il a besoin de repos.
M. Vallières: J'espère que le ministre aura une
oreille très attentive à cette proposition.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, M.
Gagnon, les membres de cette commission vous remercient doublement de
votre coopération.
M. Le May: Un dernier mot très rapidement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Le May: J'espère qu'on va avoir l'occasion de
rediscuter avec le ministre, en commission parlementaire ou je ne sais pas
à quel endroit, sur les fonds de retraite. C'est vrai, ce que disait le
ministre tout à l'heure, à savoir qu'on demandait une pleine
indexation par rapport au coût. Mais, inversement, c'est aussi vrai que
le travailleur perd autant, sur la valeur de sa pension, lorsqu'elle n'est pas
indexée en chemin. On ne voudrait pas voir se répéter les
erreurs de la loi 52 pour ceux qui ont à prendre leur retraite à
65 ans. Je pense qu'il y a du travail qui doit être fait et on devra en
discuter à nouveau. Les pensions, telles qu'elles sont, quand on les
voit dans la loi 52, on le sait quand le gars est sorti, parce que, quand on
touche aux accidentés, aux maladies industrielles, on ne semble pas en
tenir compte, car il sort avant le temps de sa retraite par rapport à
toutes sortes de problèmes.
Ce sont les raisons pour lesquelles j'aimerais qu'on puisse se revoir
pour en parler avant que ce soit adopté, parce qu'il y a des
problèmes qui ont été causés à cause de la
loi 52. Il ne faudrait pas que cela soit répété.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Vallières: Cela va durer trente secondes. J'aimerais
que vous précisiez. Vous ne voulez pas dire par là que la loi 52
n'a pas été une bonne loi pour les travailleurs de l'amiante,
j'espère?
M. Le May: Je ne dis pas qu'elle a été mauvaise.
Mais je dis que, lorsqu'un travailleur sort et qu'il lui reste encore dix ans
de service, il perd ses dix ans de service lorsqu'il arrive à
l'âge de la retraite à 65 ans, parce que, à 65 ans, il
prend sa retraite, mais moins les dix ans pour lesquels il aurait
contribué s'il était resté à l'usine. C'est une
perte énorme dans sa capacité, dans sa vie de travail. C'est une
perte énorme du fait que ces dix ans ne sont pas compensés. C'est
ce point qu'on voudrait éclaircir.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Marois: Je m'excuse, en trente secondes, je vous inviterais
aussi à ne pas perdre cela de vue, dans le cadre des discussions qui ont
déjà été amorcées au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre et qui vont se poursuivre sur le projet de
réforme de l'ensemble du régime d'indemnisation des
accidentés du travail. J'en ai pris bonne note.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant
l'Association des compagnies de fiducie, section Québec.
Messieurs, les mêmes droits vous sont accordés par la
motion que l'on vient de passer au sujet de l'inscription au journal des
Débats. Je vous prierais de vous présenter, de même que
ceux qui vous accompagnent, et le groupe que vous représentez.
Association des compagnies de fiducie (section
Québec)
M. Besner (Gilles): Mon nom est Gilles Besner. Je suis depuis ce
matin président de l'Association des compagnies de fiducie, section
Québec. Je suis également vice-président au Trust
Général du Canada. Mon collèque de gauche est Me Jacques
Dionne, vice-président au Trust Royal. Mes deux collègues sont,
à ma droite, le premier, Me Claude Tellier, avocat, et Me Fric Boulva,
avocat, conseiller juridique de l'association et associé de Desjardins
et Ducharme à Montréal.
Selon votre désir, nous serons très brefs M. le
Président, cher ministre, MM. les députés, trois
remarques. La première, si vous voulez, est dans une perspective
d'association d'employeurs au Québec, nous appuyons votre objectif
d'humaniser et de sécuriser la carrière du mineur. Ma
deuxième remarque est peut-être moins favorable en ce qui reqarde
la prise en main par l'État tant de l'administration d'un régime
supplémentaire de rentes - dans le cas présent, c'est un fonds
minier - qu'également dans !e gestion des fonds d'un régime
supplémentaire de rentes. Évidemment, nous serions très
favorables, par
contre, à ce que des conditions minimales soient
élaborées pour de tels régimes. (18 h 15)
Mon troisième volet et deux remarques très succinctes sur
notre expérience comme fiduciaires dans la gestion de fonds. La
première se veut des félicitations pour que vous poursuiviez les
études et spécialement les analyses actuarielles pour avoir tous
une meilleure idée des conséquences financières de ce
fonds. Ma deuxième remarque, c'est pour vous dire à quel point il
est agréable de gérer des fonds lorsque nous sommes en relation
avec des syndiqués et qu'il est fort plaisant de voir leur
intérêt à qérer, à collaborer avec un
gestionnaire qu'ils ont mandaté pour la gestion de placement. Je crois
qu'il est très heureux qu'ils puissent avoir la possibilité
d'annuler un mandat et de trouver un meilleur gestionnaire pour un rendement
optimal de leur fonds. Pour le reste des commentaires, j'aimerais passer la
parole à Me Claude Tellier.
M. Tellier (Claude) : Messieurs, on nous demande d'être
efficace, j'essaierai donc d'être télégraphique et de vous
dire ce qu'on n'a pas dit dans le mémoire, surtout à la
lumière des réflexions qu'on a pu faire à la suite des
différentes interventions qui se sont déroulées depuis ce
matin.
Les problèmes ont été identifiés et il
semble bien que la première préoccupation, c'est le
problème de la transférabilité des fonds de retraite
à l'occasion d'un changement d'emploi. Il y a d'autres problèmes,
bien sûr, qui ont été traités.
Le projet de loi qui vous est proposé nous enferme dans un
dilemme, à mon avis. Ou bien il s'agit de régler le
problème particulier de cette industrie minière des métaux
non ferreux qui concerne quand même un nombre assez restreint
d'employés, 4000 à 6000, nous a-t-on dit, les chiffres peuvent
varier. Ou encore, c'est suggéré par plusieurs questions, la
présente loi est un jalon qui va déboucher sur une
généralisation du problème. Or, s'il s'agit simplement de
régler les problèmes de ce groupe en particulier, je crois que
l'intervention législative qui est à l'étude est massive
et démesurée par rapport aux problèmes qu'on veut
régler. Et la législation soulève autant de
problèmes qu'elle semble vouloir en régler. De façon
générale, on parle d'étatisation, et l'étatisation
ce n'est pas simplement une espèce de chasse à la
sorcière cela sous-entend bien des choses.
Voici, entre autres, les inconvénients qu'on peut
découvrir dans cette loi. D'abord, on supprime la négociation
quant au contenu des différents régimes de retraite qui existent
présentement et qui ont été élaborés non pas
dans un contexte isolé, mais dans un contexte de relation entre le
régime de retraite et les autres conditions de travail.
Deuxièmement, on supprime la participation à la gestion
des fonds de retraite. II est possible que, dans l'industrie minière, il
n'y ait pas de participation, mais la participation des syndiqués
à des fonds de retraite, ce sont des choses qui existent. Il s'agit
simplement que les parties y consentent. Si c'était
transféré à la gestion gouvernementale, et les employeurs
et les employés se verraient privés de cette participation
à la gestion.
On y voit également des dispositions rétroactives qui ne
sont pas quantifiées et qui peuvent paraître inquiétantes.
C'est une bonne chose que l'on tente de faire du rattrapage et d'accorder
à des salariés qui n'ont pas du tout une protection, de voir ce
qui peut être fait pour pallier cette carence des dernières
années. Il reste quand même qu'on garantit un minimum à des
personnes qui n'ont contribué en aucune façon et on ne
prévoit la création d'aucun fonds pour essayer d'amortir cette
opération, si bien que ceux qui paieront la note, ce seront ceux qui y
participeront, dans l'avenir et qui devront non seulement assumer ou absorber
la rétroactivité qu'on accorde, mais assurer leur propre
avenir.
Il y a également une disposition rétroactive
cachée, en ce sens qu'il semble bien, par ce qui n'est pas dit dans la
loi et par le sens des interventions que l'on a entendues aujourd'hui, que les
fonds de retraite qui existent présentement et qui ont été
préparés au cours des ans ne seront pas réutilisés
d'une façon quelconque et conservés par les
bénéficiaires. À ce moment-là, ça alourdit
la disposition rétroactive puisque le gagné, l'acquis ne semble
pas devoir être utilisé pour la construction dans l'avenir. On a
même entendu, à un moment donné, quelqu'un dire qu'il est
possible qu'on demande que ces fonds soient immédiatement remis aux
bénéficiaires. On peut peut-être se leurrer sur la
possibilité de cette liquidation, si l'on pense aux incidences fiscales
qui en découleront, et les bénéficiaires ne toucheront
à peu près rien. On annulera du même coup le travail des
dernières années.
Si, par hypothèse, on tient pour acquis que la loi qui est devant
vous est un premier jalon vers l'avenir et que l'on projette que le fonds
minier est, par extension, appelé à devenir le fonds de gestion
des différents fonds de retraite au fur et à mesure qu'ils seront
étendus à d'autres secteurs, on se rend compte que l'on veut
transférer éventuellement la gestion de sommes
considérables à la Caisse de dépôt. Si l'on
s'arrête un moment aux chiffres qui nous ont été
cités cet après-midi, par exemple, quant au déficit
actuariel des employés des secteurs public et parapublic et qu'on
regarde également les différences de taux de rendement entre les
fonds privés et les fonds
de la Caisse de dépôt, on peut se demander si, simplement
sur une base pratique, il serait sage de concentrer tous les fonds
d'épargne-retraite de tous les Québécois ou d'un grand
secteur industriel dans une seule place, alors qu'à l'heure actuelle des
fonds de retraite sont gérés par un grand nombre d'institutions
financières.
Il y a, bien sûr, les compagnies de fiducie que nous
représentons, mais il y en a d'autres. Il y a les compagnies d'assurance
sur la vie et on m'informe que la loi fédérale sur les banques
vient d'être amendée pour permettre également aux banques
de gérer des fonds de retraite. Je pense que la décentralisation
dans ce domaine est une garantie beaucoup plus valable qu'une centralisation
parce que si, dans cinq, dix ou vingt ans, il y avait, pour une raison ou pour
une autre, un manque de gestion, c'est toute l'économie de la province
qui serait perturbée tandis que si un seulement des cent ou deux cents
intervenants du régime privé faisait défaut, ce n'est
qu'une infime partie du secteur des fonds de retraite de la province qui serait
mise en cause.
Comme conclusion d'ensemble, un grand nombre de problèmes ont
été soulevés, cela soulève des problèmes de
législation fondamentale et il semble que cela doive faire l'objet de
nouvelles études. On a parlé de comités paritaires, on a
parlé de toutes sortes d'institutions qui existent, mais il semble que
les études auraient tout avantage à être poursuivies et que
ce serait pour le moins prématuré de démolir toute une
infrastructure qui existe présentement. On a donné quand
même des chiffres fort impressionnants ce matin, lorsqu'on a donné
le nombre de salariés qui sont présentement
bénéficiaires de fonds de retraite. Or, avant de démolir
ce qui existe, je pense que les études devraient être poursuivies
de façon que les institutions qui devraient être retenues soient
mieux intégrées aux autres institutions qui existent
présentement dans nos lois. Voilà, en quelques mots, les
réflexions que nous suggère ce projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Marois: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
la section du Québec de l'Association des compagnies de fiducie du
Canada de son mémoire. Je n'ai pas de questions particulières. Je
pense que le mémoire et les commentaires qui nous ont été
formulés parlent par eux mêmes, font pleinement valoir la
position, les points de vue de votre organisme. Je me permettrais simplement de
rappeler qu'il est vrai qu'il y a toute la question de la
transférabilité qui est en cause, mais il y a également la
nécessité de trouver une formule qui permette d'assurer un
régime de base donnant un minimum de retraite et correspondant à
quelque chose de décent, compte tenu des possibilités actuelles
de la société et des divers secteurs de les financer. La
transférabilité est une chose, mais elle ne règle pas
nécessairement ce régime de base, parce que, si on a des
régimes fractionnés qui présentent des
incompatibilités chroniques, on voit bien qu'on n'arrive pas aux
résultats escomptés. Cela nous laisse un peu sur notre
appétit, parce que depuis quand même 14 ou 15 ans, le
problème est soulevé par les représentants des
travailleurs, et je conserve mon étonnement qu'on n'ait pas pu en
arriver à trouver les formules qui s'imposent et que finalement ce soit
le gouvernement qui soit appelé, par la force des choses, à
intervenir. Mais je prends bonne note des commentaires qui nous ont
été formulés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gatineau.
M. Besner: M. le Président, je m'excuse, mais j'aimerais
dire que nous n'avons appris que jeudi la tenue de la commission parlementaire,
donc, notre mémoire n'a peut-être pas beaucoup de pages de
suggestions mais on est heureux de pouvoir continuer à collaborer avec
vous sur des suggestions. Je ne suis pas sûr si vous aviez une question
précise à nous adresser.
M. Marois: Non, je formulais simplement un commentaire
général à la suite a d'une première prise de
connaissance de votre mémoire, et à la suite de vos
commentaires.
M. Besner: Ce que vous dites, c'est, en fait,
reflété dans le premier commentaire global que je faisais
où, enfin, nous sommes très réceptifs à ce que des
conditions minimales puissent être exprimées dans le contexte
d'une législation. Je ne sais pas si Me Dionne aimerait ajouter quelques
commentaires à ce sujet.
M. Dionne (Jacques): Soit dans la Loi sur le régime des
rentes du Québec ou dans la Loi sur le salaire minimum, il y a
peut-être des possibilités, à l'intérieur de la loi
ou de la réglementation, d'établir des règles minimales
qui s'appliqueraient à ce genre de caisse de retraite ou à
d'autres caisses de retraite.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le ministre se disait surpris
qu'on n'ait pas encore, dans le secteur, trouvé la solution à ce
problème
des caisses de retraite. Il faudra qu'il convienne que le gouvernement
n'a pas trouvé cette solution magique non plus, si on en croit les
réactions que le projet de loi no 3 a suscitées et qu'on a
entendues cet après-midi.
La seule chose que je voudrais ajouter, tout en remerciant nos
invités du moment, c'est de les inviter justement à nous faire
parvenir des commentaires plus étoffés que le temps vous
permettra maintenant de préparer. Je pense que vous avez fait un
excellent résumé de plusieurs des interventions qu'on a entendues
cet après-midi. Quant à nous, de l'Opposition, et je suis
sûr que cela s'applique éqalement à l'ensemble des membres
de la commission, nous souhaiterions que vous preniez l'initiative de faire
parvenir vos commentaires, sinon à la commission, tout au moins au
ministre, sans attendre d'autres invitations parce qu'on risquerait de vous
placer encore dans une situation analogue à celle d'aujourd'hui,
où vous n'auriez pas nécessairement le temps de les
préparer. En vous remerciant, je vous invite à ne pas perdre
votre rôle de vue au cours des prochaines semaines.
M. Besner: Deux points pratiques, si vous me permettez, avant de
vous remercier bien sincèrement. D'une part, de combien de temps
dispose-t-on pour préparer des commentaires? Et d'autre part, je ne sais
pas à qui je devrais faire la remarque suivante, c'est que l'Association
des compagnies de fiducie, au Québec, n'est certainement pas dans le
bottin téléphonique, et c'est peut-être pour cela qu'on ne
nous a pas trouvé, mais soyez assurés que, si vous m'adressez le
courrier, je pourrai...
Le Président (M. Laplante): Pour répondre à
votre question, monsieur, vu que ce sera en dehors de la commission
parlementaire, je vous prierais d'en envoyer une copie directement au ministre
et une copie à un représentant de l'Opposition, puisqu'ils ont
des membres qui siègent à la commission..
M. Besner: De combien de temps dispose-t-on?
Le Président (M. Laplante): Le plus tôt possible
M. Besner: À peu près?
Le Président (M. Laplante): Dans les meilleurs
délais.
M. Besner: Un mois? (18 h 30)
Le Président (M. Laplante): Oui. Sur ce, nous vous
remercions de votre collaboration.
J'appelle maintenant l'Association des compagnies d'assurances de
personnes Inc.
Messieurs, les mêmes privilèges vous sont accordés
qu'aux autres groupes qui viennent de passer. Veuillez vous identifier et
identifier votre corporation et les personnes qui vous accompagnent, s'il vous
plaît!
Association des compagnies d'assurances de personnes
Inc.
M. Massicotte (René): Je vous remercie, M. le
Président. Je m'appelle René Massicotte. Je suis le directeur
qénéral de l'Assurance-vie Desjardins. Je suis membre du bureau
de direction de l'Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes que je représente ici aujourd'hui. Pour les besoins de la
cause, je suis accompagné de trois permanents de l'association, M. Serge
Miron, qui est ici à ma gauche, gui est l'actuaire de l'association, M.
Jean-Pierre Bernier, qui est ici à ma droite immédiate, qui est
notre conseiller juridique, et M. Marcel Knecht, qui est le directeur des
relations publiques, tous du bureau à Montréal.
Nous n'avons pas eu non plus beaucoup de temps pour préparer une
intervention. Je veux vous faire quelques commentaires. Vous avez sans doute
reçu notre mémoire, que nous avons déposé hier
soir. Si vous me permettez quelques commentaires, je vous laisserai ensuite le
soin d'étudier notre mémoire. D'abord, peut-être que vous
connaissez un peu notre association, qui reqroupe la presque totalité
des assureurs-vie et maladie du Canada et du Québec, c'est-à-dire
environ 125 compagnies, dont environ 20 ou 25 qui ont leur siège au
Québec.
Vous comprendrez que nous ne pouvons pas nous prononcer sur le fond du
projet de loi no 3. Qu'il soit nécessaire d'intervenir au niveau
qouvernemental pour résoudre des problèmes de stabilité
d'emploi ou d'avantages sociaux dans ce secteur particulier, c'est à
vous d'en juger, ce n'est pas à nous. Nous vous laissons, ainsi qu'aux
intéressés, le soin de faire valoir les points de vue voulus
là-dessus. Nous n'avons pas l'intention de vous surprendre, non plus, en
vous disant que nous croyons qu'il y aurait d'autres moyens que la prise en
charge par des organismes gouvernementaux du régime de rentes des
travailleurs de ce secteur particulier. Cela nous paraît un
précédent inquiétant. Il existe, nous semble-t-il,
suffisamment d'organismes privés qui sont capables de gérer les
fonds de ces régimes pour que la Caisse de dépôt soit
laissée en dehors de cela. De même, il y a aussi des
possibilités qui sont données par la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes pour que les intervenants eux-mêmes
gèrent leurs régimes supplémentaires de rentes et
qu'encore une fois il ne soit pas utile de
faire intervenir la Commission administrative du régime de
retraite.
J'entendais ce matin M. le ministre qui parlait de la
nécessité de donner des garanties aux travailleurs. C'est
précisément le rôle des assureurs de fournir des garanties.
C'est ce que nous faisons depuis longtemps, je voulais vous le rappeler. Avec
les lois des régimes supplémentaires de rentes, encore une fois,
et le sérieux des organismes financiers, je crois tout de même
qu'il y a moyen pour les travailleurs d'obtenir des garanties voulues.
Je vais en arriver à notre mémoire pour conclure
là-dessus. Le mémoire que nous avons remis ne traite pas
directement -vous allez le constater - des problèmes qui sont
soulevés dans la loi no 3 ou auxquels on retrouve des solutions dans la
loi no 3. Nous avons voulu apporter une contribution plus positive qu'une
simple critique. Dans ce mémoire, vous trouverez quelque chose qu'on
avait écrit avant même l'introduction de la loi et qui traite de
notre position quant aux régimes supplémentaires de rentes en
général. Vous cherchez les solutions pour trouver des normes de
base, par exemple, pour les régimes de rentes, il y en a dans ce
mémoire. L'association préconise des régimes de rentes
minimaux obligatoires pour tous les travailleurs selon certaines formules. Dans
le mémoire, vous allez voir qu'on vous donne des critères pour
définir des objectifs de revenus et de retraite, par exemple, des
niveaux de prestations, des niveaux de coûts et de taux de cotisation
souhaitables quant à nous, des moyens de protection contre l'inflation,
des formules d'acquisition et de transférabilité, et des formules
de prestations aux survivants, ainsi, évidemment, que le moyen de
traiter la rétroactivité. Depuis quelque temps, notre association
a mis au point ce genre de formules de rentes qu'elle préconise
maintenant et qu'elle entend faire valoir le plus possible aussi souvent que
cela lui sera donné de le faire. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais remercier
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes de son
mémoire et d'avoir bien voulu venir me rencontrer. Je pense que,
là aussi, on a un mémoire qui est très
étoffé et qui contient même une proposition de votre
association sur chacun des volets, chacune des questions qui sont à la
fois inhérentes à l'une ou l'autre des hypothèses qu'il
est possible d'envisager en ce qui concerne la dimension régime de
retraite accrochée à un fonds minier, mais également -
vous l'avez évoqué - à l'ensemble de la question des
régimes supplémentaires de retraite. Je ne veux donc pas
commenter plus avant. Il y a là toute une série de données
qui, je pense bien, peuvent être plus que fort utiles. Soyez
assurés qu'on va regarder de très près les suggestions
faites, surtout au moment où il paraît évident qu'il va
falloir poursuivre le travail amorcé non seulement sur le fonds minier,
mais également commencer à reqarder sérieusement
l'ensemble des questions des régimes supplémentaires de retraite.
Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais demander à
nos invités d'excuser l'absence de notre collègue, la
députée de Chomedey, Mme Lise Bacon, gui connaît bien votre
association et à qui, d'ailleurs, nous avions confié le soin de
faire l'étude de votre mémoire, ce qu'elle a sans doute fait tout
au cours de l'après-midi dans la perspective où vous auriez
présenté le mémoire ce soir. Je l'aviserai donc de ne pas
se rendre au salon rouge ce soir et je lui transmettrai vos salutations, comme
je fais de même pour elle à votre égard.
J'inviterais, comme je l'ai fait dans le cas de nos invités
précédents, votre association à nous communiquer toute
autre recommandation, suggestion ou de nous communiquer les fruits de votre
réflexion non seulement sur la question du fonds minier, mais sur
l'ensemble du problème de la transférabilité des
réqimes de retraite, etc. L'Opposition s'y intéresse tout aussi
vivement que le ministre. D'ailleurs, c'est probablement avec la collaboration
de l'Opposition que le gouvernement pourra éventuellement en venir
à adopter un projet de loi sur le fonds miniers qui saura, dans la
mesure où c'est possible, répondre au plus grand nombre
d'attentes dans le secteur. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député.
M. Massicotte: Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député, et je vous remercie sincèrement de votre
participation.
M. Massicotte: Merci, M. le Président. Nous vous assurons
de notre collaboration.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avant de
terminer.
M. Marois: M. le Président, si on me permet un tout petit
mot de clôture très rapide, étant donné l'heure, je
voudrais d'abord, bien sûr, remercier, au nom, je pense bien, de tous les
membres de la commission, tous les groupes qui sont venus
nous rencontrer aujourd'hui.
J'avais invité, me donnant moi-même ce mot d'ordre au point
de départ, ce matin, chacun des membres de cette commission à
s'élever au-dessus d'une partisanerie de base en disant que cela
arrivait parfois, surtout quand il s'agit de sujets aussi importants que
ceux-là et je pense qu'on a fait, encore aujourd'hui, l'ensemble des
parlementaires autour de cette table, une preuve éclatante que c'est
possible à condition qu'on s'en donne la peine. Je tiens à
remercier tous et chacun des membres de cette commission non seulement pour
leur coopération, mais pour leur apport très positif tout au long
de nos travaux.
On aura bien vu - je coupe les anqles carrés - tout au lonq de
cette journée, à la lumière des divers témoiqnaqes
entendus, à quel point à la fois la notion ou même les
notions, les conceptions, les modalités aussi, ou la conception qu'on se
fait des modalités du fonds minier ou d'un fonds minier ont
évolué avec les années et même encore durant les
derniers mois, les dernières semaines ou les derniers jours, les uns
nous proposant de ramener tout cela à l'équivalent de
l'épaisseur d'une peau de chagrin, d'autres nous proposant d'y aller
plus avant, de foncer beaucoup plus loin. Il n'en reste pas moins que tout cela
suppose, à la lumière des recommandations qui nous ont
été faites, je pense bien, que des études soient
poursuivies au meilleur rythme possible, mais quand même
sérieusement pour être à même d'évaluer les
coûts ou les retombées de l'une et l'autre des propositions qui
nous ont été formulées tout au long de cette
journée. Je pense bien que, s'il y a un consensus qui se
dégageait à travers cette divergence de points de vue qui s'est
étalée devant nous, c'était justement le consensus sur
cette donnée de base que, quant à le faire, au point où on
en est, il n'était pas question de ne précipiter quoi que ce
soit. Mais, encore une fois, quand des gens attendent depuis quatorze ou quinze
ans, il vient un moment où il faut aussi aboutir. Seulement, au point
où on en est, je pense que cela vaut le coup de faire le maximum
d'efforts pour mener cela à terme de façon valable et
satisfaisante.
Aussi, il en ressort l'opportunité de suspendre le
déroulement des travaux de la Chambre sur le projet de loi no 3, quitte
à envisaqer la possiblité de le reprendre - mon collègue
de Gatineau l'a déjà évoqué - à
l'étape où il est présentement, au moment de la reprise de
nos travaux à l'automne, en septembre ou en octobre, peu importe, avec
les amendements pertinents, le cas échéant. Tout cela est sous
réserve non seulement des études qu'il faut faire pour y arriver,
mais également - et c'est l'engagement que je prendrais - des rencontres
et des discussions en cours de route avec les parties concernées au
premier chef, notamment, les groupes qui se sont présentés devant
nous aujourd'hui. Voilà. Merci infiniment aux membres de cette
commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je m'associe au ministre pour remercier tous ceux qui
sont venus éclairer les membres de la commission au cours de la
journée. J'accepte volontiers, d'ailleurs avec empressement, la
conclusion que tire le ministre, à savoir qu'on suspende l'étude
du projet de loi no 3 jusqu'à ce que les consultations et les
études nécessaires soient complétées. Je souligne
que c'est avec fierté que nous sentons, nous de l'Opposition, que nous
avons contribué à bonifier la loi éventuelle en
réclamant d'abord la tenue de cette commission parlementaire et en se
faisant les initiateurs de certaines invitations à certains des groupes
qui sont venus aujourd'hui nous livrer un messaqe fort intéressant.
Je dirai au ministre que nous reconnaissons, comme l'a dit le
député de Richmond, le dilemme dans lequel il se trouve; nous
souscrivons entièrement à l'idée de fond d'un fonds minier
et, dans la mesure où le ministre jugera bon d'associer l'Opposition
à sa démarche - et je n'entends pas par là qu'on s'attende
que l'Opposition soit invitée à toutes les réunions de
travail qui pourront avoir lieu au cours des prochaines semaines, des mois - il
pourra compter sur une collaboration des plus entières pour en venir
à adopter une loi sur le fonds minier.
Le Président (M. Laplante): Je prierais le rapporteur de
faire rapport à l'Assemblée nationale sur la réception des
mémoires. Les travaux sont donc ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 43)