Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu est réunie pour étudier
programme par programme les crédits de 1981-1982.
Les membres de cette commission sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Dauphin (Marquette) remplacé par Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Dean (Prévost), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier) remplacée par M. Bélanger
(Mégantic-Compton); M. Gratton (Gatineau), Mme Harel (Maisonneuve), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Marois (Marie-Victorin), M. Perron (Duplessis), M.
Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Chevrette (Joliette), M. Gauthier (Roberval),
M. Hains (Saint-Henri) remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), M. Leduc (Fabre), M. Mailloux (Charlevoix)
remplacé par M. Assad (Papineau), M. Paguette (Rosemont), M. Polak
(Sainte-Anne), M. Rochefort (Gouin).
Le rapporteur de cette commission sera M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
Maintenant, pour commencer les travaux, M. le ministre, avez-vous des
commentaires généraux?
Remarques préliminaires M. Pierre
Marois
M. Marois: M. le Président, si on me permet quelques
remarques d'ouverture, d'introduction, vous me permettrez tout d'abord de vous
présenter très rapidement les membres de l'équipe qui
m'accompagnent, en plus des collègues qui sont ici. Je voudrais d'abord
vous présenter le sous-ministre du ministère du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, M. Fernand Boudreau,
qui est à ma droite; il y a également parmi nous le sous-ministre
adjoint à la main-d'oeuvre, M. Archambault, qui remplace le
sous-ministre adjoint aux relations du travail, M. Blain, en mission à
l'étranger; M. Désilets, directeur général des
relations du travail; il y a également le sous-ministre adjoint au
Centre de recherche et de statistiques sur le marché du travail, M.
Réjean Parent, qui est parmi nous; le sous-ministre adjoint à
l'administration, M.
Tremblay; le sous-ministre adjoint à l'inspection, M. Lapointe;
je tiens également à souligner la présence parmi nous de
Mme Douvry, gui dirige le bureau de la condition de la femme au travail; il y a
également, bien sûr, bon nombre de directeurs
qénéraux et de directeurs de service. Je voudrais
également, compte tenu des nouvelles responsabilités qui
incombent à notre ministère, souliqner la présence parmi
nous, gui va nous être sûrement très utile tout au long de
nos travaux, de M. Roy, directeur général de l'aide sociale; M.
Pierre Amyot, qui est le secrétaire du ministère. Bien sûr,
sont présents à nos travaux les divers
présidents-directeurs généraux de commissions, offices,
régies, sans compter un certain nombre de membres de mon cabinet. Ils
sont tous là pour nous fournir, en cours de route, les précisions
requises, les renseignements qui pourraient être pertinents pour apporter
le maximum d'éclairage et fournir les réponses les plus
complètes possible au cours de nos travaux.
Je voudrais m'en tenir, M. le Président, à un certain
nombre de remarques d'ordre général, mais gui me semblent
intéressantes pour indiguer la perspective, pas tellement et uniquement
la perspective sur la présente année financière gui
commence, mais également une perspective de mandat, de la façon
dont nous envisageons les choses, compte tenu du réaménagement et
de la réorganisation très profonde en cours à notre
ministère. On aura sans doute note'; dans le document des modifications
des crédits, un double changement: d'une part, du nom du
ministère et, d'autre part, du nombre de programmes, qui passent de huit
à treize dans les crédits. C'est certainement l'indication d'un
développement important qui, justement, coïncide avec le 50e
anniversaire du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Bien sûr, on connaît - je n'insisterai pas beaucoup,
même si ces services demeurent extrêmement importants - je crois,
les vocations de base du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. En
premier lieu, tout le bloc des relations du travail, est un domaine pas facile,
mais pourtant essentiel et extrêmement utile, domaine qui, dans notre
ministère, au cours des années et particulièrement durant
les deux ou trois dernières années, s'est largement
amplifié, développé par la venue et la mise au point
de nouveaux programmes, de nouveaux services offerts aux parties. Je
voudrais mentionner au passage, pour illustrer ma pensée, notamment mais
non exclusivement le service de médiation préventive.
Évidemment, encore une fois, non pas sur une période
uniquement d'un an, mais avec la volonté politique arrêtée
de mettre en marche durant cette année un certain nombre de changements,
mon adjoint parlementaire et moi avons commencé à envisager,
durant cette perspective d'un mandat, de débloquer un certain nombre de
dossiers qui nous paraissent mûrs, qui nous paraissent répondre
à des besoins pressants pour les citoyens et les citoyennes du
Québec. Il y a, notamment, tout le dossier et toute la question des
injonctions en matière de relations du travail. Le temps est venu. Il
nous semble que le dossier a mûri suffisamment pour maintenant pouvoir en
arriver à formuler des propositions très concrètes, pour
sortir toute cette question des injonctions, particulièrement de la Cour
supérieure, et replacer cela au niveau où vraiment cela devrait
se situer. On devrait être à même, dans des délais
raisonnables, de faire au conseil du travail et de la main-d'oeuvre des
propositions très précises pour le consulter avant de
présenter les projets de loi en conséquence.
Également, il nous apparaît que le moment est venu, et j'ai
eu l'occasion de l'évoquer à quelques reprises, de prendre les
mesures qui s'imposent pour lever les obstacles à la syndicalisation, ce
qui est un droit dans notre société, si on ne veut pas que cela
reste un droit de papier pour un trop grand nombre d'hommes et de femmes qui
sont au travail. Lever les obstacles à la syndicalisation, bien
sûr, d'abord par le biais d'un certain nombre de moyens administratifs
pour voir s'il n'y aurait pas moyen d'accélérer les choses dans
le processus du traitement des dossiers, des demandes d'accréditation,
mais, également, il nous semble que là aussi le moment est venu
de mettre au point une politique qui pourrait vraisemblablement prendre la
forme de ce qu'on appelle l'accréditation multipatronale. Dès que
le dossier sera au point, nous entendons le soumettre pour fins de consultation
aux parties concernées par le biais du conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, qui est un organisme qui, comme on le sait, depuis le
premier sommet socio-économique, est appelé à jouer un
rôle de plus en plus important, puisque c'est le lieu
privilégié de rencontres, d'échanges entre les parties sur
des hypothèses, des projets gui concernent des problèmes qui les
préoccupent au premier chef.
Bien sûr, il y aura la tenue à l'automne de la commission
parlementaire sur tout le dossier du secteur public et parapublic où
nous aurons à réfléchir ensemble, non seulement les
parlementaires, mais également l'ensemble de la société,
sur la question du droit de grève, mais aussi sur la question des
services essentiels et sur toute la question du processus de
négociation.
On connaît également la deuxième vocation
extrêmement importante du ministère qui est la vocation
inspection. Cette vocation, comme on le sait, a subi des changements importants
dans la foulée de l'adoption de la loi no 17, Loi sur la santé et
la sécurité du travail. Une partie des effectifs du
ministère qui concernait l'inspection en matière de relations du
travail, comme on le sait, est passée à la Commission
québécoise de la santé et sécurité du
travail. Je tiens à dire tout de suite que c'est notre intention
arrêtée de faire le maximum d'efforts, d'épauler la
commission pour mener à terme dans le concret l'application de la
réforme de la santé et de la sécurité du travail
pour faire en sorte que cette réforme pénètre
concrètement les milieux de travail. C'est notre intention aussi, les
travaux sont très avancés maintenant, de présenter
éventuellement à l'Assemblée nationale une réforme
complète, fondamentale, du régime actuel d'indemnisation des
accidentés du travail pour sortir de cette vieille philosophie qui
était basée sur une conception de perte d'intégrité
physique. On doit conjuguer cela avec le fait de tenir compte de l'aptitude ou
de l'inaptitude au retour au travail et carrément remplacer cela par un
régime basé sur une philosophie de remplacement de revenus, comme
c'est déjà le cas par exemple pour l'assurance automobile.
Il s'agit donc là de réformes extrêmement
importantes. Demeure bien sûr au ministère, puisgue bon nombre de
lois sont encore administrées au minstère... J'évoque au
passage la loi qui concerne les installations électriques, la
sécurité dans les édifices publics, le secteur de la
tuyauterie, etc. Compte tenu du passage à la Commission de santé
et sécurité du travail d'un certain nombre de
responsabilités, cela permet maintenant au ministère de
concentrer plus directement ses opérations d'inspection vraiment dans le
sens de la meilleure protection possible des citoyens en application des
politiques et des responsabilités qui nous incombent.
On connaît également au ministère tout le volet
extrêmement important qui s'est développé,
particulièrement ces dernières années, de la
main-d'oeuvre, ce qui implique toutes les questions de placement, de
qualification professionnelle - on pense en particulier à la
construction, mais il n'y a pas que la construction - de développement
sur une base expérimentale, mais extrêmement intéressante,
de mesures préventives face à des fermetures possibles ou aux
problèmes vécus dans des entreprises,
programme qui a été développé et qui
s'amplifie maintenant, et qui commence à donner des résultats
concrets extrêmement intéressants. Et bien sûr il y a aussi
le développement de toute une batterie de programmes de création
d'emplois. (11 h 45)
Abordant justement la question de la main-d'oeuvre sans m'étendre
plus longuement, c'est là que vient maintenant s'ajouter une
responsabilité extrêmement importante qui est celle de la
sécurité du revenu. On sait que le gouvernement a
décidé d'élargir le champ des responsabilités
dévolues à notre ministère. Et comme cette question est
fondamentale, il me semble qu'il y a lieu de rappeler d'abord les objectifs
d'une telle intégration à notre ministère des mesures de
sécurité du revenu, en particulier de l'aide sociale.
Une politique de sécurité du revenu, fondée, me
semble-t-il, sur le respect, le développement de l'individu dans la
société, doit viser à assurer cette sécurité
du revenu dans toute la mesure du possible grâce d'abord au revenu que
chacun peut retirer de son travail; la dignité et la fierté passe
par là aussi dans bon nombre de cas. Le premier objectif d'une telle
politique doit donc être de favoriser autant que possible l'accès
au marché du travail pour tous ceux et toutes celles qui sont en mesure
de travailler. Donc, l'accès au travail, mais également dans
cette foulée de faire en sorte de développer au maximum et
d'assurer la protection du revenu; et la protection du revenu passe
forcément par la protection de l'emploi.
Je ne veux pas revenir sur les discussions fort intéressantes,
très positives, que nous avons eues hier en commission parlementaire sur
toute la question du fonds minier, qui est une porte ouverte et qu'il faut
ouvrir complètement en ce qui nous concerne encore une fois dans cette
perspective d'un mandat de quatre ans sur une politique complète autant
que possible face à tout le problème des fermetures d'usine, des
mises à pied massives, des licenciements collectifs. Il nous semble que
le moment est venu. Tout cela ne peut pas non plus, quand on parle de la
protection du revenu, être dissocié des préoccupations qui
sont rattachées à tout le dossier des rentes; comme on le sait,
la Régie des rentes relève à partir de maintenant de notre
ministère.
Par ailleurs, pour ceux et celles que des raisons personnelles, outre la
conjoncture socio-économique, empêchent de s'intéqrer au
marché du travail, la société se doit d'accepter une
responsabilité de maintenir ce que j'appellerais un niveau minimum de
revenu qui soit compatible avec la diqnité humaine. Par souci de
cohérence avec l'objectif de base qui est de permettre au plus grand
nombre d'acquérir l'autonomie grâce à un travail
convenablement rémunéré, il faut que les resssources
financières et les autres ressources soient utilisées pour
soutenir ou maintenir le revenu, et aussi favoriser le plus possible le retour
sur le marché du travail de ceux et de celles qui sont en mesure de
travailler. Dans ce contexte, il ressort, me semble-t-il clairement qu'une
étroite coordination des politiques de main-d'oeuvre et d'emploi et des
politiques de maintien, de soutien et de protection du revenu est
nécessaire et devrait être grandement favorisée par
l'intégration graduelle de la Direction générale de l'aide
sociale avec la Direction générale de la main-d'oeuvre et de
l'emploi. Je présume que les membres de cette commission seront
peut-être intéressés à regarder les étapes de
cette intégration. Je réserve cela pour plus tard au cours de nos
travaux si tel était l'intérêt et le voeu des membres de
cette commission.
Je terminerai mes guelgues remarques d'introduction, M. le
Président, en disant que le mandat que nous avons devant nous - je parle
de la perspective d'un mandat de qouvernement et donc, d'un mandat de notre
ministère et forcément, en particulier, pour la présente
année financière ou budgétaire -impligue forcément
des responsabilités qui sont lourdes, mais des responsabilités
marquées, je crois, au coin d'un défi extrêmement emballant
et qu'on va chercher au maximum à relever. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais d'abord soulever
une question de procédure. Après consultation avec le ministre,
il semble que nous avons une entente pour que nous puissions procéder
à l'étude des crédits non pas nécessairement dans
l'ordre des programmes et des éléments de programmes du cahier
des crédits, mais bien à partir de sujets ponctuels quitte
à respecter l'engagement qui veut que nous ayons terminé
l'ensemble de l'étude des crédits au cours de cette
séance. Donc, dans cette perspective, je me limiterai, moi aussi,
à faire quelques remarques, d'ordre général, qui pourront
peut-être servir d'introduction quant au sujet que nous, de l'Opposition,
voudrons discuter avec le ministre au cours de la journée pour ensuite
aborder, dans un premier temps, la question de la sécurité du
revenu pour permettre à ma collèque, la députée de
L'Acadie de pouvoir s'excuser une fois gu'elle aura fait le tour du sujet avec
le ministre et ensuite cet après-midi, tel que convenu, interroqer tant
le ministre que le président de la Commission de la santé et
sécurité du travail aussi bien que le
président de l'OCQ.
Le Président (M. Laplante): C'est que, pour être
clair, on n'abordera pas programme par programme. Vous allez aller suivant les
sujets que vous voulez avoir vous, l'Opposition, et puis en dernier de tout, on
adoptera les programmes un à la suite de l'autre.
M. Marois: M. le Président, c'est pas tout à fait
exact dans la mesure où le bloc, sécurité du revenu
correspond à des programmes très précis. Ce sont les
programme 9 et suivants. Il y en a 13. Or, la sécurité du revenu
ce sont les programmes 9, 10, 11, 12 et peut-être aussi 13, je
présume - la Commission des affaires sociales, tout cela étant
relié puisqu'il y a des appels, comme on le sait, concernant notamment
ce bloc - donc 9 à 13. On commencerait par les programmes 9 à 13
d'une part, par la suite on abordera des coins de programmes en ce qui concerne
la Commission de la santé et de la sécurité du travail et
l'OCQ pour les budgets que l'Assemblée nationale a à voter. Par
la suite, on reviendrait dans l'ordre sur les programmes 1 et suivants qui
n'auraient pas été touchés et votés à ce
moment.
Je comprends qu'au fur et à mesure que nous aborderons les
guestions de sécurité du revenu nous procéderons à
l'adoption des crédits de chacun des programmes, comme cela se fait
à l'examen normal.
M. Gratton: À la condition gu'on ne se restreigne pas
à le faire très strictement dans l'ordre où cela
apparaît au programme.
Le Président (M. Laplante): En somme, vous demandez qu'une
discussion générale se fasse ouverte et tolérante. Je suis
d'accord avec cela. Au bout, cela nous mènera à l'adoption des
programmes, ce qui est le but visé de la commission.
M. Gratton: Je vous l'assure, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je suis d'accord.
M. Gratton: D'autant plus que nous n'avons aucune façon
d'empêcher qu'ils ne soient acceptés, même si nous le
souhaitions.
Ceci dit, j'aimerais faire quelques remarques très
générales, comme je l'ai dit, pour servir d'introduction aux
sujets que nous tenterons d'aborder avec les membres de la commission au cours
de cette séance.
Tout d'abord, je pense qu'il est peut-être utile de souligner
l'état du chômage au Québec au cours des quatre
dernières années. En faisant la comparaison de la moyenne du taux
de chômage des années 1973 à 1976 par rapport aux quatre
années 1977 à 1980, on s'aperçoit gu'effectivement, au
cours de la période de 1973 à 1976, le taux moyen de
chômage au Québec était de 7,6%, alors qu'entre 1977 et
1980, il se situait à 10,2%. Tant en nombre de chômeurs absolu
qu'en pourcentage, les chiffres sont très éloquents quant
à la performance du gouvernement du Parti québécois
à cet effet. Cela nous amènera sûrement à poser un
certain nombre de questions sur les programmes de création d'emploi,
notamment les programmes OSE et autres.
De plus, je pense qu'il serait intéressant d'examiner certains
chiffres concernant l'aide sociale, puisqu'on se rendra compte qu'en 1980-1981,
par exemple, le total des programmes de prestations s'élevait à
976 920 000 $ et que pas moins de 528 493 Québécois, si on inclut
les conjoints des récipiendaires de l'aide sociale, dépendaient
de l'aide sociale pour une bonne partie de leur revenu.
On voudra aborder également le sujet du chômage chez les
jeunes. En avril dernier, il y avait, au Québec, 118 000 chômeurs
de moins de 25 ans, soit un taux de chômage de 16,3%. De ce nombre, la
moitié était sans emploi depuis plus de quatorze semaines. Ces
chiffres ne sont pas complets, puisgu'en avril 1981, 128 000 autres jeunes
Québécois avaient déclaré qu'ils n'étaient
pas présentement à la recherche d'un emploi, puisqu'ayant
cherché en vain, ils avaient décidé de faire autre chose
ou d'attendre patiemment de meilleurs jours. À ce rythme, c'est toute
une génération qui s'effondre dans l'engrenage de la
misère, de la frustration et du désoeuvrement. Nous voudrons
sûrement interroger le ministre quant aux engaqements que le Parti
québécois a pris au cours de la campaqne électorale, et
plus spécifiquement quant à ce qu'on a appelé le
certificat d'emploi pour les gradués des écoles secondaires du
Québec.
On voudra également, faire état des conflits de travail au
Québec. On a noté deux tendances au cours des dernières
années, soit que les conflits dans les organismes d'État sont de
plus longue durée en termes de jours-hommes perdus, si on les compare
aux statistiques de l'année 1976, on note également que, dans le
secteur privé, il y a eu une augmentation très appréciable
des lock-out depuis 1976. On aura sûrement, si le temps le permet, des
questions à poser sur certains conflits qui perdurent dans le secteur
privé, plus spécifiquement le conflit des soudeurs par rapport
à Québec Pipeline, aussi bien que les difficultés
d'accréditation de l'Union des agents de la paix en institutions
pénales du Québec.
Quant à la santé et à la sécurité du
travail, mon collèque de Sainte-Anne aura un certain nombre de questions
à poser non seulement au ministre, mais également aux
représentants de la commission qui, nous dit-on, seront
présents cet après-midi. Il en sera de même pour mon
collègue de Mégantic-Compton par rapport à l'OCQ et
à la question spécifique du règlement de placement dans
l'industrie de la construction.
À propos du droit de grève dans le secteur public, on sait
que, depuis un bon bout de temps, le gouvernement promet la tenue d'une
commission parlementaire sur le sujet. Je dois dire en toute candeur que nous
apprécions la décision du ministre, même s'il s'agit,
encore là, d'un retard dans la tenue de cette commission. Nous
apprécions qu'il ait abandonné l'idée de faire commencer
les travaux au cours de cette mini session et de les continuer à la
période d'intersession, comme le gouvernement ou le leader parlementaire
l'avait préalablement indiqué. Il nous semble que le sujet est
d'une telle importance que la commission parlementaire ne doit pas servir de
faux-fuyant au gouvernement pour tenter de noyer le poisson en quelque sorte.
C'est avec plaisir que nous avons accueilli l'annonce par le ministre du
Travail que cette commission ne siégera qu'à la prochaine
session, c'est-à-dire à l'automne.
Toute la question des injonctions, nous y reviendrons sûrement, si
le temps le permet. Les négociations multipatronales, la politique de
main-d'oeuvre, le ministre en a parlé.
Si vous me permettiez, M. le Président, j'aimerais maintenant
demander à Mme la députée de L'Acadie, à moins que
le ministre ou d'autres membres n'aient des commentaires à faire,
d'aborder le sujet de la sécurité du travail.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole
à Mme la députée de L'Acadie, est-ce qu'il y a quelqu'un
d'autre qui veut faire des remarques générales? On commence tout
de suite les programmes après avoir donné la parole à Mme
la députée de L'Acadie.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je m'excuse, M. le Président, je serais
prêt à laisser ma place d'abord à madame la
députée pour revenir par la suite à des commentaires
généraux.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas d'objection, c'est
vous autres qui êtes maîtres des travaux.
Mme Lavoie-Roux: À moins que vous n'en ayez pour une
heure, je n'ai pas d'objection.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, je vais y aller - ce sera
très rapide - sur trois points principalement. D'une part, le ministre a
annoncé son intention de prendre des mesures pour
accélérer le processus d'accréditation et, de façon
plus générale, d'élargir la possibilité de
syndicalisation, soit par le biais de l'accréditation multipatronale ou
autrement.
Je veux seulement souligner que, de plus en plus, il y a de nombreux
problèmes au niveau des accréditations, que les délais
sont de plus en plus longs, contrairement au passé et, souvent, on
rencontre des groupes gui sont obligés d'attendre parfois même
jusgu'à un an avant d'avoir une décision sur leur
accréditation. Je comprends que ce n'est pas uniquement la
responsabilité du ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, puisque la nomination des juqes
relève d'un autre ninistère et n'est pas la préoccupation
du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, mais il me semble un peu illogigue que l'outil principal au niveau des
relations du travail, qui est le Tribunal du travail et toute la structure qui
précède l'intervention du Tribunal du travail, dépende,
quant à l'organisation et aux nominations, d'un autre ministère
gui peut avoir des préoccupations différentes ou qui peut ne pas
sentir la nécessité de donner les outils nécessaires
à un bon fonctionnement.
Je pense que, de plus en plus, il y a des interventions qui sont faites
pour demander une réorganisation de ce service, des additions au niveau
du Tribunal du travail pour que ce soit vraiment efficace, d'autant plus qu'on
se rend compte qu'à mesure que les lois s'ajoutent les unes aux autres,
on ajoute aussi au même moment des mandats au Tribunal du travail. Le
ministre, d'ailleurs, dans ses commentaires généraux, a fait
allusion au fait qu'on serait appelé à se prononcer enfin - quand
je dis enfin, c'est de soulagement - sur la question des injonctions. Il me
semble que, lorsqu'on se prononcera, sans présumer à l'avance des
orientations, j'ai bien l'impression que c'est un autre mandat qu'on ajoutera
probablement au Tribunal du travail. Je verrais la nécessité et
l'urgence d'augmenter le personnel du Tribunal du travail, d'augmenter aussi le
personnel au niveau des commissaires, puisque les décisions, c'est un
enchaînement. Si les commissaires ne sont pas suffisamment nombreux pour
rendre des décisions rapides, le délai d'appel au Tribunal du
travail est d'autant plus retardé.
Deuxième commentaire, M. le Président; cela concerne une
remarque faite par le député de Gatineau, lorsqu'il a
parlé de la commission qui doit siéger sur l'étude du
droit de grève. Je souhaiterais, lorsqu'on procédera à
l'étude ou au travail de cette commission, qu'on élarqisse
peut-être le mandat, si mandat il y a, de cette commission, parce que
j'ai toujours perçu que le problème majeur, ce n'était pas
de savoir,
oui ou non, si on doit maintenir le droit de grève, mais c'est de
faire la discussion en profondeur sur l'ensemble de ce qu'on doit appeler les
services essentiels. Cela couvre non pas seulement les périodes de
conflit, cela devrait s'étendre normalement, les services essentiels,
sur une période d'un an et cela devrait être permanent. Autrement
dit, si, parce qu'il y a un conflit, on pense qu'un service devient essentiel,
il me semble qu'à plus forte raison, dans les périodes où
il n'y a pas de conflit, on devrait aussi le considérer comme un service
essentiel. Autrement dit, quelque chose qui est vital à un moment
donné l'est tout le temps. C'est...
M. Marois: Si le député me le permet, comme je l'ai
évoqué, ce n'est pas seulement ce qu'il vient de mentionner avec
beaucoup de justesse, mais également l'ensemble du processus même
de la négociation, le mode...
M. Bisaillon: C'est cela. On remarquera aussi que, quand on parle
des services essentiels, on a tendance à en parler uniquement dans le
secteur hospitalier. Il y a eu des problèmes qu'on a vécus dans
les derniers mois qui nous amènent à penser qu'il y a
peut-être des choses aussi importantes et qui sont aussi essentielles
à la vie d'une population dont il faudrait parler.
Troisième commentaire, M. le Président, les suites d'un
conflit. L'étude des crédits, c'est le moment pour les
parlementaires de poser des questions au ministre sur ce qui vient, mais c'est
aussi le moment pour analyser avec certitude si ce qui nous est annoncé
va se réaliser et pour reqarder ce qui s'est passé et poser des
questions sur les choses qui devaient se réaliser pour voir si elles ne
pourraient pas se faire si elles ne l'ont pas été. Pendant des
conflits à la Commission de transport de la CUM, il avait
été annoncé qu'il y aurait une enquête faite par le
ministère du Travail sur les relations du travail à la CTCUM, de
même que sur l'ensemble de l'administration à la CTCUM, mais
particulièrement en ce qui a trait aux relations du travail, à
l'application des normes de santé et de sécurité et aussi
au règlement des griefs à cet endroit. J'aimerais savoir à
un moment donné, au cours de cette commission, si cette enquête a
été faite et, si elle n'a pas été faite, est-ce
gu'on entend y procéder dans les mois qui viennent? Un jour ou l'autre
on aura un autre conflit et là on se demandera comment il se fait que ce
conflit existe, alors qu'il me semble qu'on pourrait prendre dès
maintenant des mesures pour en éviter dans le futur.
Quatrième point sur lequel je voudrais attirer l'attention du
ministre, c'est la loi 45 qui a été votée à la
dernière Législature. On a eu un temps d'application de la loi
45, on a pu vérifier la valeur d'un certain nombre de propositions de la
loi 45, comme d'un certain nombre de difficultés dans son application,
et je pense en particulier à ce qu'il est convenu d'appeler les mesures
antiscab. Il me semble qu'on pourrait profiter des mois qui viennent pour
resserrer un peu les trous qu'on a pu remarquer à l'intérieur de
la loi 45 à la lumière de l'expérience vécue, des
difficultés rencontrées et pour donner satisfaction et
répondre vraiment aux objectifs qu'on avait quand on a voté la
loi 45.
Dernier commentaire, cela concerne les projets PAT, qu'il est convenu
d'appeler le programme d'aide au travail. Le ministre n'est pas surpris de m'en
entendre parler. On a mis sur pied ces programmes il y a quelques années
et avec les années cela a évolué, sauf qu'on se rend
compte aujourd'hui, qu'il y a deux types de problèmes. D'une part, les
programmes se sont ajoutés les uns aux autres et il me semble qu'ils
sont moins bien administrables maintenant qu'autrefois et que c'est rendu plus
bureaucratisé que cela l'était au tout début. Par
ailleurs, cela répond à des objectifs qui collent à la
réalité, aux besoins des gens en particulier dans les milieux
défavorisés où le pourcentage de personnes
dépendant de l'assistance sociale qui désirent être
intégrées au marché du travail est important. On semble
nous indiquer qu'il y aurait un ralentissement dans la mise en application de
ces projets PAT. Il me semble qu'il y aurait une étude à faire,
entre parlementaires d'abord, sur les choix à faire quant à
l'ensemble de ces programmes et, une fois qu'on aura fait des choix, il y
aurait des énergies et des montants d'argent à injecter dans ce
genre de programmes qui non seulement répondent à des attentes de
la population, mais nous permettent aussi de répondre à un autre
objectif, soit celui de réintégrer les gens sur le marché
du travail, de les recycler, de leur donner enfin une chance de pouvoir gagner
leur vie, tout en diminuant le coût des programmes d'aide sociale au
Québec.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Sainte-Marie. Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je suis heureuse
de voir que le ministre du Travail a aussi pris la responsabilité de
tout le dossier très complexe de la sécurité du revenu. Je
pense que le ministre qui était au développement social
auparavant est fort conscient qu'il existe des lacunes sérieuses dans
tout ce dossier de la sécurité du revenu.
Comme on n'a que jusqu'à 13 heures, j'aimerais continuer mes
remarques là-dessus. La seule que je voudrais faire c'est que, à
une époque où la conjoncture économique est difficile,
quelles qu'en soient les raisons, il y a souvent une tendance dans la
société - et je pense que ce n'est pas par mauvaise
volonté ou mauvaise intention car, en général, je pense
que les humains sont généreux - dans ces époques plus
difficiles, il y a une certaine insécurité qui transperce,
même chez les gens qui ont des revenus assurés. Tout cela,
finalement, se traduit par des gestes de compression à l'égard
des plus démunis qui, en d'autres occasions, ne se manifesteraient pas
de la même façon.
Je veux simplement dire que, même en dépit de cette
conjoncture difficile, cette préoccupation d'amener les plus
démunis de notre société à un niveau qui respecte
leur dignité et qui, surtout, assure aux enfants de ces familles des
moyens au moins un peu équivalents à ceux des familles avec des
revenus plus constants et plus importants, des chances un peu égales.
C'est la seule remarque préliminaire que je voulais faire.
Je voudrais peut-être poser une question d'ordre
général au ministre. Il avait accordé une entrevue
à la revue Carrefour de septembre 1980. Il ne l'a peut-être pas
lue après coup.
M. Marois: Je n'ai pas l'habitude de me complaire à relire
tout cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vous comprends. Je ne veux pas vous prendre
par surprise, mais il reste que je l'ai lue avec attention. Le ministre,
à ce moment-là, annonçait certains projets importants,
dont un projet de révision de l'ensemble du dossier de l'aide sociale,
"en même temps, disait-il, que nous poursuivons la préparation
d'une politique de revenu minimum garanti". Il avait d'ailleurs nuancé
cela, parce qu'il y a une certaine conception de ce qu'est cette politique de
revenu minimum garanti. Vous la voyez davantage dans une harmonisation de tous
les programmes plutôt que ce concept auquel tout le monde est
accroché qu'à un moment donné on va accorder tant à
tout le monde et c'est cela, le revenu minimum garanti. Je lui dis pour ne pas
qu'il perde de temps à revenir sur ces explications. Je voudrais lui
demander où il en est là-dessus.
Il avait également rendu publique - et j'ignore la date - une
ébauche de politique de revenu minimum garanti pour les personnes
âgées. Dans ce même article, qui est de septembre 1980,
où on l'interrogeait là-dessus, il n'avait pas voulu donner de
précision, mais il avait dit: Non, pas avant que le programme soit
définitivement accepté par le Conseil des ministres. Je peux dire
par ailleurs que nous sommes très avancés, il est raisonnable de
penser qu'au début de l'automne au plus tard, nous pourrons lancer ce
nouveau programme. Brièvement, le ministre pourrait nous dire où
ils en sont dans leurs réflexions sur ces deux points particuliers,
peut-être sur l'ensemble du dossier.
Réponse du ministre
M. Marois: Je ferais d'abord une remarque générale.
Entre l'idéal, le défi, je pense qu'il faut constamment se fixer
des échéances ou un échéancier serré si on
veut finir par aboutir. L'expérience m'a appris que les choses ne
viennent jamais au rythme de mon impatience personnelle, je veux dire de mon
impatience personnelle à la lumière des besoins et aussi, dans
certains cas, de l'état d'injustice d'un certain nombre de choses. Ceci
étant dit, je vais tenter de reprendre les points le plus succinctement
possible, mais quand même en donnant les éléments de
renseignements pertinents.
D'une part, j'y reviendrai ou je peux les prendre tout de suite, sur la
question des compressions. Je présume qu'on voudra aussi poser des
questions; aussi bien prendre le taureau par les cornes et en parler
clairement. C'est public et c'est connu depuis plusieurs années, la
question des compressions ou du ralentissement du rythme de croissance des
budgets, parce que, si on regarde, par exemple, le budget de l'aide sociale,
les crédits de l'an dernier venaient de défoncer pour la
première année 1 000 000 000 $, 1 000 080 000 $ effectivement;
cette année, le budget sera de 1 186 878 000 $; en d'autres termes, on
s'en va vers 1 200 000 000 $; c'est donc dire qu'il y a un rythme de croissance
quand même, mais qui implique, pour le maintenir à ce
niveau-là, un certains nombre de compressions.
Ces compressions sont notamment, non pas exclusivement mais notamment et
de façon importante, reliées à ce qui est
évoqué dans le rapport du Vérificateur
général. Si ma mémoire est bonne, je donne le chiffre de
mémoire sous réserve de me tromper, le Vérificateur
général évoque 75 000 000 $ ou 78 000 000 $ de sommes
d'argent en trop-payés à divers groupes ou divers types de
bénéficiaires de l'aide sociale. Il y a un double, je dirais un
triple ou même un quadruple problème qui se pose.
Je vais d'abord prendre ces points pour élargir par la suite,
parce qu'en même temps qu'on travaille sur des projets de réforme,
il faut aussi administrer le quotidien, et essayer de l'administrer de la
façon la plus correcte possible, compte tenu que ce sont quand
même des fonds publics et qu'il y a des comptes à rendre, et cela
est normal. Donc, l'ajustement entre ces compressions, dans le sens du
ralentissement du rythme de croissance, et cette question des
trop-payés,
c'est exact. Je pense que tout le monde sait que depuis maintenant
plusieurs années, s'accumulent des trop-payés de divers types et
pour toutes sortes de raisons; il faut bien faire attention quand on touche
à cette question-là. Il y a d'abord des erreurs administratives
qui se produisent, mais, dans la mesure où il s'agit d'erreurs
administratives inhérentes à la machine elle-même, je
partage entièrement l'opinion de mes prédécesseurs qui ont
assumé cette responsabilité. Je pense bien qu'on ne doit pas en
faire porter l'odieux du fardeau sur le dos des citoyens. Donc, il n'est pas
question de tenter de récupérer de tels types de
trop-payés. (12 h 15)
II y a d'autres types de trop-payés. Ce sont, soit des erreurs
commises en cours de route par les bénéficiaires au moment
où ils font leur demande, erreur d'évaluation de leurs besoins
essentiels de base, erreur d'évaluation de leurs revenus. Il y a
d'autres types d'erreurs qui sont des erreurs carrément du domaine de la
mauvaise foi où on fricote un peu sur les coins à la fois
l'évaluation aussi bien des besoins que des revenus et dans certains cas
de la fraude plus à la marge qu'on serait porté à croire.
Je ne veux surtout pas alimenter ces espèces de chasses aux
sorcières ou de mythes. Il y a dans la foulée des remarques
pertinentes, me semble-t-il, M. le Président, que Mme la
députée vient de faire dans le cadre de ces inquiétudes
parfois qui se répandent. C'est comme si l'image des assistés
sociaux c'était bon, cela y est, ils sont tous partis comme des matelots
en goguette puis ils font tous exprès pour passer à
côté, ils fricotent les règles. Ce n'est pas exact, c'est
à la marge. Mais on a beau être à la marge, quand on joue
sur des budgets de 1 000 000 000 $, ce sont des marges gui ne
représentent pas des détails en bout de ligne. Dans ces cas, la
décision...
En plus, il y a le fait des trop-payés qui s'accumulaient et
continuaient dans certains cas de s'accumuler pour d'autres raisons parce que
divers organismes payeurs ne se parlaient pas et d'autres encore ne se parlent
pas. Des montants qui étaient versés autrefois par
l'assurance-chômage, par exemple, sans que l'aide sociale le sache, de
telle sorte que des gens ont reçu une avance sous forme d'un prêt
et quand on tente d'aller la chercher par la suite c'est beaucoup plus
difficile. On comprend facilement pourquoi, de sorte que c'est beaucoup plus
simple d'établir un mécanisme de cession ou de compensation qui
se fait au point de départ pour régulariser les situations et
éviter, en d'autres termes, de créer de nouveaux
trop-payés. C'est vrai pour la Régie des rentes, comme c'est vrai
dans le cas des prestations d'accident du travail, comme c'est vrai pour des
prestations versées en vertu de la Loi de l'assurance automobile.
D'ailleurs, le projet de loi no 11, dans les compressions permet de
procéder justement à un certain nombre d'ajustements de ce
côté pour éviter à l'avenir la création de
ces nouveaux trop-payés. C'est le cas des conjoints qui ont droit
à une pension alimentaire et qui ne l'obtiennent pas pour toutes sortes
de raisons, et le projet de loi prévoit qu'il peut y avoir, à
partir du moment où il y a le nouveau mécanisme de perception des
pensions alimentaires, cession et même subrogation pour faire en sorte
que les gens qui ont un droit reconnu par nos lois, comme conjoints, puissent
obtenir leur pension alimentaire et que ce ne soit pas assumé
artificiellement par un programme qui n'est pas là d'abord pour cela.
Également -et c'est en marche, l'examen de cela, la façon
concrète d'y arriver - je pense aussi à cette notion des
séparés de fait. Que ce soit par des modifications
législatives qu'il faudrait faire ou par une interprétation de
l'article 827 du Code de procédure civile, l'obligation alimentaire
existe en vertu de notre droit. Est-ce qu'il y a lieu d'ajuster le Code de
procédure civile, le Code de la famille? Pour l'instant, je suis
incapable de répondre de façon précise. En Ontario, par
exemple, les séparés de fait ont le droit que cette obligation
alimentaire soit pleinement remplie et en conséquence le droit à
une pension alimentaire. À ce moment, si on ajoute à cela les
mécanismes de cession et de subrogation, cela évite d'accumuler
des trop-payés sans compter qu'il faudra, à partir du 1er
septembre prochain pour les nouveaux trop-payés, prévoir les
mécanismes de récupération avec des modalités qui
soient ajustées à la réalité, qui soient de dix
dollars par mois dans certains cas, ou de vingt-cinq dollars par mois dans
d'autres cas pour éviter que s'amplifie et se développe ce
phénomène des trop-payés d'une part.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez oublié ma question.
M. Marois: Excusez, non, je parlais des compressions
reliées...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Marois: ...au phénomène des trop-payés
évoqué par le Vérificateur général. Je
voulais profiter de l'occasion pour indiquer de façon très
précise et concrète, le plus précisément possible,
le plus concrètement possible, qu'il est hors de question, dans mon
esprit, que cette réduction du rythme de croissance se fasse sur le dos
de ceux qui sont les plus démunis, de ceux pour qui l'aide sociale a
été conçue au point de départ. Il ne faut pas
oublier, non plus, que les clientèles - là, je rejoins un autre
des
volets de la question de Mme la députée -de l'aide sociale
ont évolué considérablement durant les dernières
années, à vrai dire depuis une dizaine d'années, pour
diverses raisons. D'une part, parce qu'à partir d'un certain moment, le
fédéral a ajusté à la hausse les suppléments
de revenu garanti pour la vieillesse, de telle sorte qu'un bon nombre de
personnes se sont trouvées à sortir de l'aide sociale.
Par la suite, est arrivé ce phénomène... Je ne veux
pas soulever un débat; c'est purement de fait. Vous savez, dans
l'ensemble des paiements de transfert, il y en a qui sont sous la juridiction
du Québec, d'autres qui sont de juridiction fédérale,
à même les mêmes sources de revenus, finalement,
alimentées par les mêmes gens. Il y a le programme
d'assurance-chômage, notamment. Quand, en 1978, si ma mémoire est
bonne, le fédéral a décidé - je regrette, mais
c'est un fait - de façon unilatérale de modifier son programme en
allongeant les périodes pour devenir admissible à
l'assurance-chômage, en réduisant le montant des prestations, cela
a eu un effet direct quelques mois après, sur l'aide sociale, cela a eu
une répercussion sur un certain nombre d'années.
Cela commence à se calmer. On a absorbé, en d'autres
termes, à l'aide sociale toute une clientèle de gens qui sont
aptes au travail et qui devraient, selon le bon sens, être
considérés comme des chômeurs au sens strict de ce mot et
non pas comme des assistés sociaux, en particulier des jeunes aptes au
travail. Mais ils ne peuvent plus se qualifier à
l'assurance-chômage. Alors, ils nous arrivent chez nous. L'impact de ces
mesures sur le budqet de l'aide sociale, selon les évaluations qu'on a
faites, nous a coûté une première année, environ 16
000 000 $ à 17 000 000 $, une deuxième année, 31 000 000 $
et, cette année, ca nous coûte 60 000 000 $.
Ce qui me renverse, c'est qu'on croit savoir - je ne peux pas avoir plus
de précisions que ça pour l'instant; on va essayer de rester en
communication la plus étroite possible avec mon homologue
fédéral - que le fédéral s'apprête à
faire la même chose incessamment, à procéder à
nouveau à des ajustements, à des modifications substantielles de
l'assurance-chômage. Alors, on va encore écoper d'un montant de je
ne sais pas combien: 60 000 000 $, 70 000 000 $, 80 000 000 $. Il n'y a pas que
les montants, il y a les humains. C'est là que se situe ma
réponse très précise à l'autre volet de votre
question: Où en êtes-vous rendu sur ce projet et cette
étude d'une révision de l'aide sociale?
Je devrais avoir en main incessamment, d'ici à la fin du mois de
juin, je crois, un rapport final du comité d'étude qui a
été mis sur pied. C'est un comité d'étude
interministériel réunissant une équipe de fonctionnaires
venant de plusieurs ministères, Travail et Main-d'Oeuvre, des gens qui
étaient à l'aide sociale et, qui sont maintenant chez nous, des
gens des Finances, du Conseil du trésor. Plusieurs personnes ont
été mises à contribution pour travailler
là-dessus.
Donc, je ne peux pas, pour l'instant, présumer ou préjuger
des conclusions. Il y a une chose gui me frappe; je pense qu'elle doit frapper
n'importe qui qui regarde ca. C'est rendu, peu importe la façon
d'évaluer les morceaux, qu'entre 45% et 50% de la clientèle de
l'aide sociale sont des gens aptes au travail. En particulier, la
clientèle des jeunes a augmenté beaucoup. Ces gens veulent
travailler, bien plus souvent qu'on ne le pense; on le sait, chacun d'entre
nous, les députés. Dans nos bureaux de comté, le lundi,
quand on est là, des gens viennent nous voir, qui
bénéficient de l'aide sociale et qui disent: Je veux travailler.
Il y a, bien plus souvent qu'on ne le pense malgré les
préjugés, cette volonté, chez un pourcentage
extrêmement élevé de gens qui reçoivent de l'aide
sociale, de travailler et ils ne se considèrent pas comme des
assistés sociaux. Notre programme d'aide sociale est devenu en
même temps une espèce de double programme, à la fois d'aide
sociale dans le sens strict du mot, c'est-à-dire cette espèce de
recours ultime d'un revenu minimal gui doit garantir le minimum décent,
et dans certains cas ce n'est pas suffisant; d'autre part, c'est devenu, aussi,
pour pas loin d'une moitié, une espèce de programme d'assistance
chômage guébécois. Cela ne peut pas continuer comme cela,
me semble-t-il. C'est là qu'il est important de faire la jonction. C'est
cette perspective que j'évoquais déjà dans l'entrevue
à laquelle vous faisiez allusion. Je suis revenu là-dessus
à un certain nombre de reprises, la nécessité d'arrimer de
façon très étroite, la plus étroite possible, nos
programmes de création d'emplois avec nos programmes de
sécurité du revenu. C'est dans cette perspective que se situe
dans mon esprit la révision fondamentale de l'aide sociale. Le temps est
peut-être venu de scinder les deux et de considérer de
façon différente les deux, parce que les besoins ne sont pas les
mêmes. Je parle de ceux et celles qui sont aptes et qui veulent
travailler, et de ceux qui ne le sont pas et qu'il faut traiter en
société responsable. Je m'excuse d'avoir été aussi
long, mais j'ai essayé de répondre le mieux possible aux
questions.
Discussion générale
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, le ministre en est aux
études. Nous espérons qu'avec la transparence du gouvernement
elle sera rendue publique. C'est quand même une
étude complexe. Il ne doit pas s'agir uniquement d'une
espèce de document interne. Ce serait intéressant qu'on puisse
l'avoir.
Je voudrais juste relever deux remarques que le ministre a faites. Il a
dit: La première année, cela nous a coûté 40 000 000
$ et cette année 60 000 000 $. Je pense que cela ne modifie pas le fait
que le fédéral a modifié les règlements de
l'assurance-chômage de telle sorte que le délai est plus grand
avant d'être admissible à l'assurance-chômage. Je voudrais
quand même faire remarquer que sur ces 60 000 000 $ que le gouvernement
du Québec paie en aide sociale, il y en a la moitié qui est
remboursée par le gouvernement fédéral, ce qui n'est pas
un cadeau, ce sont les arrangements qui sont faits. Je veux quand même
dire que c'est vrai que cela coûte à la société 60
000 000 $, mais, du point de vue du budget du gouvernement provincial, cela
coûte la moitié.
Le deuxième point, ou c'est moi qui me trompe, ou c'est le
ministre qui s'est mal exprimé quand il a dit... il n'a pas donné
de chiffres, mais si on regarde les chiffres qui sont sortis la semaine
dernière, il y aurait 118 000 chômeurs de 18 à 25 ans. Ce
sont ceux qui bénéficient de l'assurance-chômage. On double
si on fait d'autres examens. Ce nombre, 246 000, comprend ceux qui ne
bénéficient plus de l'assurance-chômage, mais qui
normalement devraient être aptes au travail. Le ministre dit: Les jeunes
ne peuvent être admissibles à l'assurance-chômage. Les
jeunes peuvent toujours être admissibles à
l'assurance-chômage, compte tenu du délai prévu, dans la
mesure où ils ont du travail. Dans le mesure où le Québec
- que ce soit le Québec ou l'ensemble du Canada - n'est pas capable de
fournir de travail aux jeunes, il faut peut-être que le gouvernement du
Québec examine la guestion. Je sais qu'il a pris dans le passé
des mesures, que ce soit PIGE ou que ce soit PAT, qui n'ont pas donné
les résultats efficaces qu'on le prévoyait. Je vais laisser mon
collègue de l'Outaouais reprendre cela après mon départ,
parce qu'on pourrait entrer dans autre chose.
Quand le ministre dit: Les jeunes ne peuvent être admissibles
à l'assurance-chômage, il y a aussi une raison. Comme il l'a dit
tout à l'heure, mis à part le délai qui est
allongé, s'ils n'entrent pas sur le marché du travail, c'est
évident qu'ils ne peuvent pas être admissibles à
l'assurance-chômage, à moins qu'on modifie totalement la
conception de l'assurance-chômage et que, dès que quelqu'un est
apte au travail, il ne soit pas candidat à l'aide sociale, il soit
candidat à l'assurance-chômage. Dans le moment,
l'assurance-chômage est une assurance qui est versée quand les
gens qui sont au travail se retrouvent sans emploi, parce que, pour une foule
de raisons, l'usine ferme, peu importent les raisons.
Je voulais quand même dire que le gouvernement actuel a une
responsabilité énorme pour trouver de l'emploi à ces
jeunes. Je ne veux pas m'étendre là-dessus, je voudrais
immédiatement passer aux programmes. (12 h 30)
Allocations familiales
Aux allocations familiales - je suis mêlée, c'est le
programme 9, je pense...
M. Marois: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ... on ne note une augmentation gue de 4,5%. Je
voudrais demander au ministre, compte tenu du fait que les allocations
familiales doivent subir une indexation automatique - c'est prévu dans
la loi - et que, selon l'inflation, ce qu'on peut imaginer peut être de
l'ordre de 10% et qu'on y voit une augmentation de 4,5%, s'il y a vraiment une
diminution du nombre d'enfants qui justifie ce changement.
M. Marois: C'est à la fois la conjugaison, quant au
calcul, du double phénomène que vous évoquez, a la fois ce
phénomène des réductions - en particulier, pensez au
nombre de ménages; quand on arrive au quatrième enfant ou au
troisième, ce pourcentage tend à décroître avec les
années - et de l'indexation.
Mme Lavoie-Roux: Peut-on nous donner la variation du nombre
d'enfants?
M. Marois: ...la réduction du pourcentage des enfants de
troisième et quatrième rangs.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, dans l'ensemble, est-ce que le nombre
d'enfants admissibles diminue?
M. Marois: Également.
Mme Lavoie-Roux: Également. D'après vous, les 4,5%,
sur les prévisions sont justes quant à l'indexation qui devra
survenir le 1er janvier?
M. Marois: Quant à nous, oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Si on passe à l'aide
sociale...
M. Marois: Mme la députée me permettrait-elle
simplement un commentaire sur la remarque additionnelle qu'elle a faite, M. le
Président, concernant l'assurance-chômage?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: Je pense qu'il faut qu'on se comprenne bien. Je ne
veux pas encore une fois soulever de chicanes artificielles. J'ai d'autres
choses à faire et tout le monde aussi, mais il ne faut pas passer
à côté des problèmes réels. Il y a deux types
de problèmes auxquels font face les jeunes. Bien sûr, il y a les
jeunes qui travaillent. On a beau dire: Cela coûte au Québec 0,50
$ le dollar chaque fois qu'un jeune de plus nous arrive, bien sûr, mais
si, comme c'est déjà, semble-t-il, ses intentions
arrêtées, le gouvernement fédéral veut
procéder à nouveau de façon unilatérale, sans
consultation, ce n'est pas acceptable. Je sais que mes collègues des
autres provinces partagent fondamentalement cette opinion. Nous avons
demandé à nouveau au fédéral de ne jamais
procéder de cette façon sans qu'on puisse s'asseoir ensemble pour
discuter de tout cela, pour qu'au moins on arrime nos morceaux. Sinon, on a
beau s'arracher le coeur pour essayer d'ajuster des programmes, ouvrir des
perspectives de changement, préparer des réformes, mais si,
chaque fois, ces espèces de cheminements et de planifications qu'on se
fait pour essayer de répondre aux besoins réels des citoyens,
selon les provinces où on se trouve, sont défaites, parce que
quelqu'un décide unilatéralement, ce n'est pas sans avoir de
conséquences.
Deuxièmement, quant aux jeunes, qui est l'autre volet - vous avez
parfaitement raison de le soulever - qui n'ont pas de travail... En passant,
les programmes qui ont été mis sur pied sur une base
expérimentale, on y reviendra cet après-midi. Je comprends qu'on
ne veuille pas prendre le temps de la commission pour l'instant, mais je vous
donnerai des chiffres qui vont montrer que ces programmes donnent des
résultats passablement remarquables. Peut-être qu'en mettant un
peu plus d'imagination au pouvoir, on pourrait ouvrir des perspectives
intéressantes non pas exclusivement mais notamment autour de
l'engagement que nous avons pris durant la campagne électorale de
développer le bon d'emploi pour les étudiants, parce qu'on sait
que le problème de recherche du travail est particulièrement
douloureux pour les jeunes, en particulier les jeunes qui sortent du secondaire
sans aller plus loin ou ceux et celles surtout qui n'ont même pas
terminé le secondaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question très
rapide. Avez-vous aussi la gestion ou l'administration des allocations
familiales - j'imagine - pour les enfants handicapés?
M. Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement noter au passage que vous
savez fort bien que la réqlementation devrait être revue. Je
l'avais soulevé à l'étude des crédits l'an dernier
et, un an plus tard, il n'y a encore rien qui s'est produit. Très
rapidement, le résultat, c'est que, d'une part, on a une politique
d'intégration des enfants ou de normalisation des enfants et, d'autre
part, s'ils ne requièrent pas des services très spéciaux
au plan éducatif en dehors du cours normal des classes
réqulières, ils s'en trouvent exclus. Je pense qu'il y a deux
principes là qui se contredisent et je veux rappeler au ministre qu'il
serait important qu'on réexamine cette réglementation pour
vraiment rejoindre les objectifs qu'on voulait rejoindre.
M. Marois: Je me permets de répondre tout de suite de
façon précise. Le mémoire est déjà
signé, le mémoire qui doit être acheminé au Conseil
du trésor et au Conseil des ministres.
Mme Lavoie-Roux: Sur l'aide sociale, on voit une augmentation de
6,2%. Je sais que le ministre a parlé - d'ailleurs le ministre des
Finances en avait parlé dès le budget 1980-1981 - d'une
récupération des sommes perçues en trop pour des raisons
frauduleuses ou autres et avait également parlé de
récupération suite à l'application de la loi sur les
pensions alimentaires. Compte tenu de ces deux facteurs, mais compte tenu d'une
indexation qui normalement, elle, n'est pas automatique quant à
l'inflation mais qui devrait survenir et de l'augmentation de 6% du nombre de
bénéficiaires de l'aide sociale qu'avait prévue le
ministre des Finances dans son discours, est-ce que le montant de 1 186 000 000
$ apparaît suffisant au ministre?
M. Marois: Oui, normalement, selon les calculs, compte tenu de
l'ensemble des facteurs et d'un certain nombre d'impondérables. Je ne
veux pas revenir à nouveau sur ce que j'ai évoqué tout
à l'heure concernant l'assurance-chômage. Il y a toujours des
impondérables en cours de route et c'est pour cela que cela demeure un
budget ouvert.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voulais demander au
ministre très brièvement s'il a l'intention d'apporter certaines
modifications aux règles établies pour les besoins
spéciaux des personnes qui sont bénéficiaires de l'aide
sociale, en particulier celles avec enfants. Deuxième question, on sait
que dans le passé le dossier du gouvernement quant à l'indexation
des prestations d'aide sociale, et du gouvernement actuel... Si on compare
à l'administration libérale qui avait
précédé, son dossier est certainement moins bon et,
quant au seuil de pauvreté des familles, eu égard au seuil
de pauvreté, l'écart s'est élargi. Je voudrais savoir
quelles sont les intentions du ministre à cet égard; est-ce qu'il
veut vraiment corriger et ramener les gens un peu plus près du seuil de
la pauvreté?
M. Marois: En ce qui concerne l'évaluation ou la
réévaluation des besoins spéciaux, le cas
échéant des corrections, cela fait partie de l'examen d'ensemble
de l'actuel programme d'aide sociale. Donc, je vais faire l'impossible pour
formuler des recommandations au Conseil des ministres à l'automne au
moment où arrivent en même temps la revue des programmes, donc la
préparation des budgets; c'est à peu près
l'échéancier gue je me donne.
En ce gui concerne la question de l'indexation, je me permets de
rappeler ceci à titre d'indication, et on verra que cela a varié.
Je me méfierais d'une affirmation aussi absolue...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait comparer nos chiffres, cela me
ferait plaisir.
M. Marois: ...et sans nuance concernant l'indexation. Je pourrais
vous fournir les données qu'on a. Si on part de 1970, qui était
l'entrée en vigueur de la nouvelle loi de l'aide sociale,
forcément, cette année-là, il n'y a pas eu d'indexation.
En janvier 1971, pas d'indexation. En janvier 1972, 2%.
Mme Lavoie-Roux: Moi, j'ai 7,8%, si on tient compte des
prestations moyennes gui englobent les besoins ordinaires et spéciaux.
Écoutez, on pourrait prendre une heure à examiner cela. Je serais
heureuse de vous...
M. Marois: Ce que je veux dire, peu importent les chiffres, c'est
que cela a varié, que ce soit 7,5% ou 2% et on pourra comparer nos
chiffres...
Mme Lavoie-Roux: II faut tenir compte de l'inflation, aussi.
M. Marois: D'accord. Selon mes chiffres, pour l'instant, mais
sous réserve de vérifier et de fournir le détail à
la députée, avec plaisir, en 1973, c'est 3%. En 1974, il n'y a
pas eu d'indexation comme telle. En 1975, c'est 10,4%. En 1976, 11,2%. En 1977,
8,2%. En 1978, 7,5%. En janvier 1979, cela a varié entre 3,2% et 9%
selon la composition des ménages. En janvier 1980, 9% et, en 1981, 9,9%.
On voit que, quels que soient les régimes, cela a varié.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, j'apprécierais de le savoir,
parce que nous avons fait des calculs à partir de chiffres officiels et
on arrive à une indexation, sous les années du gouvernement du
Parti québécois - nous calculons à partir de 1977
jusqu'à 1981 - à une indexation inférieure à la
hausse du coût de la vie pour les besoins spéciaux et
généraux, si vous faites le calcul des prestations moyennes,
alors qu'on arrivait, nous, à une indexation supérieure, en
fonction de l'inflation.
J'aimerais avoir les chiffres, parce que je pense que c'est important de
rétablir cela aux yeux du public. Nous, on l'a fait de bonne foi et nul
doute que vous le faites de bonne foi. Mais, je l'ai même affirmé
en Chambre à quelques reprises, cela m'étonne que personne n'ait
bondi de son siège pour réfuter les chiffres que
j'avançais.
M. Marois: On prend note. On va sortir les chiffres qu'on a chez
nous pour vous les fournir avec plaisir. Si vous avez raison, il n'y a pas de
raison pour qu'on ne dise pas que, quand vous avez raison, vous avez
raison.
Mme Lavoie-Roux: Vous pareillement.
M. Marois: Quand vous avez tort, vous avez tort.
Mme Lavoie-Roux: C'est le public qui a droit à une
information exacte.
M. le Président, sur l'assistance-maladie, on note
également une diminution, en chiffres absolus, de 2,9% des prestations
de médicaments et d'appareils médicaux, alors qu'il y a toujours
cette prévision d'une augmentation de 6% du chiffre des
bénéficiaires, selon le discours du ministre des Finances.
Je voudrais qu'on me donne quelques explications là-dessus.
M. Marois: Je m'excuse, juste pour me situer. La
députée comprendra que je n'ai pas eu le temps de traverser en
détail tous les volets de chacune des dimensions de l'ensemble de la
sécurité du revenu.
Vous faites allusion, bien sûr, au programme 11.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: Et vous êtes en train de regarder les chiffres
de 1980-1981, comparativement à ceux de 1981-1982. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: Pour 1980-1981, globalement, sur l'assistance-maladie,
le budget était de 68 842 800 $. Il apparaît ici, pour 1981-1982,
que nous avons à voter 58 076 666,67 $. C'est de là que vous
faites vos calculs d'écart, si je comprends bien.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: Cependant, c'est une méthode inexacte. Je me
permets de vous le souligner, pour une raison qui est la suivante, c'est que le
budget réel, pour 1981-1982, n'est pas celui qui apparaît
là. Celui qui apparaît là, c'est pour dix mois sur douze.
Il faut ajouter les deux mois sur douze qui sont encore dans les crédits
du ministère des Affaires sociales...
Mme Lavoie-Roux: Et qui sont de 11 000 000 $.
M. Marois: ...ce qui fait globalement 69 692 000 $ par rapport
à 68 842 800 $.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, je...
M. Marois: Donc, il y a une légère progression,
c'est le premier élément de réponse.
Deuxièmement...
Mme Lavoie-Roux: Excusez, M. le ministre. Quand vous regardez les
crédits...
M. Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait ajouter 11 000 000 $ si on veut
faire une comparaison et on arrive à 69 000 000 $.
M. Marois: Si vous prenez la page 23-1 A des crédits
révisés, vous allez voir d'ailleurs que la remarque que je viens
de faire s'applique...
Mme Lavoie-Roux: Mais vous avez une augmentation de 1,2% de toute
façon, avec une augmentation de bénéficiaires de 6%. (12 h
45)
M. Marois: Oui, seulement, il faut aussi tenir compte de certains
autres facteurs qui jouent. Il y a, d'une part, ce que je viens
d'évoquer, et ce que je viens d'évoquer, d'ailleurs, vaut comme
remarque aussi bien pour les budgets soutien de revenu, aide sociale,
l'ensemble des budgets de la sécurité du revenu. Il y en a deux
douzièmes qui se retrouve dans le budget du ministère des
Affaires sociales, de la même façon qu'on verra, en fin de
journée, que, pour la Régie des entreprises de construction, nous
ne votons ici que les deux douzièmes du budqet parce que c'est
passé au ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur.
L'autre facteur, c'est la baisse de l'âge de la clientèle,
ce qui fait qu'il y a moins de consommation de médicaments qui est
anticipée. Encore là, c'est forcément aussi un des
budgets; on essaie toujours, au point de départ, et c'est fait à
la fois par le ministère concerné et par le Conseil du
trésor, de faire les évaluations les plus serrées
possible, mais cela demeure toujours des budgets ouverts; forcément, si
quelqu'un arrive à la fin et que sa demande est justifiée, si
elle est conforme aux règlements, aux normes, elle n'est pas
refusée. Voilà les raisons qui expliquent une très
légère progression.
Il y a une chose que je dois dire aussi, mon sous-ministre attire mon
attention là-dessus; il y a une autre chose qui va intervenir comme
facteur et qui va jouer en cours de route. Vous savez que les
bénéficiaires de l'aide sociale reçoivent
présentement ce qu'on appelle le carnet de médicaments qui leur
est remis pour une période de trois mois. On va corriqer cela; le carnet
de médicaments sera envoyé automatiquement chaque mois et sera
valide pour le mois. Pourquoi cela? Pour une raison bien simple. C'est
qu'à partir du moment où des gens sortent de l'aide sociale,
imaqinez, à la fin du premier mois, pendant deux mois, vous avez des
gens gui conservent le carnet de médicaments. Alors, cela entraîne
des coûts. Je ne vois pas pourquoi il y a quelque chose
d'inéquitable par rapport aux autres citoyens. Donc, le carnet sera
envoyé automatiquement chaque mois à chaque
bénéficiaire. Or, cela joue pour quelques millions de dollars, en
fin de compte.
Mme Lavoie-Roux: Espérons, on le souhaite bien, sinon on
va se retrouver avec des crédits supplémentaires assez importants
à voter.
Le programme suivant touche la direction et la gestion de l'office de la
sécurité du revenu des Cris, chasseurs et piégeurs cris.
On note également une diminution et j'aimerais qu'on nous en indique la
raison puisque, selon les informations que nous avons eues de l'office
même des chasseurs et piégeurs cris - c'est un bon exercice de
diction - le nombre des bénéficiaires est toujours à peu
près constant et se situe entre 850 et 875; alors, j'aimerais que l'on
m'explique la baisse.
M. Marois: D'une part, pour avoir vraiment les chiffres pour
qu'on puisse comparer, si on tient compte des deux douzièmes qui
demeurent encore dans le budget du ministère des Affaires sociales, il
faudrait comparer 6 547 380,81 $ à la fin de l'année avec 6 366
400 $. Donc, il y a une baisse qui n'est pas de l'ordre 200 000 $. On me dit
que ce programme est principalement basé sur le nombre d'heures
travaillées ou consacrées à la chasse ou à la
pêche et on constate un phénomène de baisse de ce
côté. C'est essentiellement la raison.
Commission des affaires sociales
M. Lavoie-Roux: D'accord. Si on passe à direction et
gestion de la Commission
des affaires sociales, le président de la Commision des affaires
sociales n'est pas ici. Vous ne l'avez pas invité, ce sera pour l'an
prochain.
M. Marois: II est ici. M. Poirier est parmi nous.
Mme Lavoie-Roux: Bonjour. J'étais pour dire: Vous le
saluerez de ma part.
M. Marois: C'est déjà fait.
Mme Lavoie-Roux: II y a une seule guestion que peut-être
j'aimerais lui poser. Evidemment, il y a eu une augmentation de son budget.
Une voix: Et il était content.
M. Marois: 2 346 200 $ en 1980-1981 comparativement à 3
161 200 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Comme je change de cahier - d'habitude, je
fais le pourcentage - cette fois-ci, je ne l'ai pas. C'est évident qu'il
y a une augmentation. Mais il y a quand même une partie de cette
augmentation, qui doit être de l'ordre de 13% ou 14%, qui peut aller
à l'indexation des salaires. C'est cette question que je veux poser.
Quelle est la proportion qui va à l'indexation des salaires? La
deuxième: Compte tenu des responsabilités supplémentaires
importantes qui vous échoient chaque année - je pense que tout
dernièrement, si je ne m'abuse, il y en a encore d'autres qui arrivent
sur votre pupitre est-ce que ces augmentations vous semblent suffisantes pour
répondre aux demandes qui vous sont adressées et suffisantes
surtout pour, dans certains cas, réduire les délais qui souvent
sont importants dans certains dossiers pour les citoyens qui font appel
à la Commission des affaires sociales?
M. Marois: Pour répondre à votre première
question, principalement, les augmentations du budqet sont dues à
l'augmentation du nombre de membres et du nombre d'assesseurs pour faire face,
en particulier, à l'augmentation des appels à la division des
accidents du travail. Tout le reste en découle. Je pense aux frais de
déplacement, etc. Je n'ai pas, malheureusement, la proportion qui est
due simplement à l'augmentation des traitements ou aux ajustements.
L'augmentation principale du budget est due à l'augmentation des
membres; quatre nouveaux membres à plein temps, six assesseurs
médecins qui vont être à plein temps, plus,
évidemment, le personnel de bureau qui s'ajoute à cela. Cela est
pour répondre à votre première question.
Quant à la deuxième question, je pense que oui, cela va
être suffisant pour répondre à l'ensemble des appels. Si
nous avons un retard, il subsiste seulement dans les accidents du travail. Et
avec l'arrivée de cinq médecins à plein temps, au lieu de
constituer un quorum d'audition par semaine, nous allons pouvoir constituer six
quorums d'audition par semaine. Alors, on a l'impression que d'ici une
année on sera en mesure de reprendre le retard.
Mme Lavoie-Roux: C'était la seule question. Je voudrais
quand même en profiter - l'an dernier, je l'avais fait par personne
interposée, je pense que c'était la vice-présidente qui
était venue - pour féliciter la Commission des affaires sociales
du travail qu'elle accomplit. Le gouvernement actuel aime toujours mettre en
évidence ses bons coups, mais je pense que l'administration
libérale antérieure avait fait un bon coup en créant la
Commission des affaires sociales. Je pense que ça répond aux
besoins, puisque même le gouvernement actuel s'en sert de plus en plus,
mais ce qu'il est surtout important de souligner, pour ne pas en faire une
affaire partisane, c'est le travail qui se fait et la satisfaction
exprimée par les citoyens à l'égard des services que la
Commission des affaires sociales rend.
M. le Président, je ne vous laisse pas de chance de
réagir, parce que le temps court, j'ai un rendez-vous à 13 heures
et je ne peux pas revenir cet après-midi. Touchant le Régime de
rentes...
M. Marois: La coopération est qrande.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je vous dirai quand même que mes
questions sont brèves, il y en a plusieurs, mais elles sont
brèves.
M. Marois: J'espère que le fédéral ne
déclarera pas cette commission anticonstitutionnellle.
Mme Lavoie-Roux: On ne mêlera pas les choses.
M. Marois: Histoire de détendre le climat.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse de faire ce
retour en arrière, c'est parce que c'était resté ici. Le
bulletin de la Commission des droits et libertés de la personne du
Québec de mai-juin 1980 soulevait le problème de la facturation
et des coupures de services et, évidemment, touchait aux
problèmes de paiement que connaissent certains consommateurs. Il s'agit
de la facturation de l'électricité, du gaz, du
téléphone qui doit être effectuée
régulièrement. J'aimerais simplement y référer le
ministre, s'il n'en a pas pris connaissance: c'est le bulletin de mai-juin
1980, où on fait état du fait que des services essentiels
sont interrompus, que ce soit du côté de
l'électricité et qu'on suggère même une
législation - il faudrait que je le relise au complet - pour
protéger ces consommateurs et leur assurer des services essentiels. On
conclut en disant que la Loi sur l'aide sociale qui prévoit des besoins
ordinaires et des besoins spéciaux, pourrait servir de cadre
législatif à cette aide financière.
Enfin, c'est tout ce vieux problème des coupures de services
essentiels et, ordinairement, cela s'applique aux bénéficiaires
de l'aide sociale dans la majorité des cas.
M. Marois: M. le Président, je suis très au fait,
ce n'est pas un problème nouveau, mais hélas...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: ...jamais personne n'y a apporté une solution.
Je ne suis pas certain, c'est une réaction purement spontanée,
sous réserve de l'examiner beaucoup plus en profondeur... Le
problème est réel. Dans certains cas, cela n'a aucun maudit bon
sens qu'on procède à des coupures; bang, on coupe, que ce soit
l'électricité, le gaz ou n'importe quoi, à des gens, parce
qu'on retarde de payer un compte. II me semble qu'il faut éviter les
pistes qui feraient, encore une fois, porter sur les fonds publics de
façon artificielle une responsabilité qui ne devrait pas,
à mon avis, être loqée là. C'est une réaction
à première vue. En d'autres termes, je ne crois pas qu'on devrait
prévoir plus à l'aide sociale pour répondre à cela.
Il faut prendre le taureau par les cornes et chercher à corriger le
problème à sa racine même. Il devrait être simplement
interdit de faire ce genre de choses, d'une part. D'ailleurs, il y a
déjà eu des jugements qui ont été rendus, en
particulier, en ce qui concerne le gaz. Je me souviens de cas très
précis où ordre a été donné de rebrancher.
Il faudrait plutôt, à ce moment, qu'il soit possible de convenir
de façon civilisée et correcte, entre un
bénéficiaire, un citoyen et une régie de ce genre, d'une
entente qui aurait du sens quant aux modalités de paiement. Cela se fait
dans certains cas entre des citoyens qui ne sont pas à l'aide sociale.
Je ne vois pas pourquoi on traiterait ces gens de cette façon. Je ne
vois vraiment pas pourquoi, mais le problème est réel. Je compte
en parler avec mon collègue qui est notamment responsable de la
protection du consommateur. C'est un dossier qui est souvent venu par ce biais
aussi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais que le ministre
aime faire des arrimages.
M. Marois: Oui, mais j'ai assez arrimé.
Mme Lavoie-Roux: Je lui suggérerais aussi... Sans vouloir
ici blâmer Hydro-Québec parce gu'elle aussi a ses contraintes, il
y a un arrimage à faire avec Hydro-Québec. L'an dernier - j'y
avais assisté - à l'Université Laval les étudiants
en droit avaient examiné ce problème. On avait entendu d'une part
le plaidoyer des étudiants en droit de l'Université Laval;
d'autre part, HydroQuébec était venue faire valoir son point de
vue. Je le soulève pour que peut-être un jour on tente de le
résoudre.
M. Marois: J'ajoute ceci. On me rappelle qu'on a
présentement une entente avec Hydro-Québec - je parle de l'aide
sociale - pour qu'on soit prévenu dans le cas de
bénéficiaires de l'aide sociale. À mon avis, cela ne
corrige pas le problème à la source.
M. le Président, est-ce que je comprends que les programmes 9,
10, 11, 12, 13 sont...
Mme Lavoie-Roux: II me reste une question.
M. Marois: Je m'excuse. Discrimination
Mme Lavoie-Roux: II me reste deux questions, dont une sur le
régime des rentes. Le ministre est sans doute au courant. Je reviens
avec le fameux rapport Boutin sur la discrimination dans les avantages sociaux.
Tout récemment, la Commission des droits de la personne est intervenue -
je n'ai pas la date devant moi... On sait que la Charte des droits et
libertés de la personne interdit toute discrimination basée sur
le sexe à l'endroit des femmes.
Par contre, l'article 97, qui était censé être un
article transitoire, je pense, ou on le considérait comme tel, permet
une discrimination à l'endroit des femmes et même eu égard
à l'âge aussi touchant les avantages sociaux dans tous les
régimes de rentes. Le ministre peut-il nous dire... Je dois vous dire
que cela fait au moins la cinquième fois... Vous avez eu ce rapport
entre les mains dès l'automne 1976. Je comprends que vous en ayez pris
connaissance en 1977. C'est depuis ce temps-là que je reviens avec la
question. Maintenant, c'est la Commission des droits de la personne.
Peut-être aura-t-elle plus de poids que l'Opposition officielle. Je
soulève le problème.
En terminant, j'aimerais aussi qu'on me donne ou qu'on me dépose
une liste du personnel féminin à l'intérieur du
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, à partir des cadres
supérieurs, parce que cela me semble ici, comme dans tous les
autres ministères, que la gent masculine est fortement
représentée. Je sais que j'ai vu quelque part qu'à un
moment donné il y a eu un cadre de nommé cet été.
Je ne sais pas où, dans une région... Mais sérieusement,
à tous les niveaux, cadres supérieurs, professionnels, cadres
intermédiaires, j'aimerais savoir quel est le pourcentage de la
représentation fémine à l'intérieur du
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Marois: Avec plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Mon autre question est encore...
M. Marois: Quant à l'autre question concernant les rentes,
on a amorcé, depuis quelque temps, l'examen de cette question avec le
ministère de la Justice, parce que forcément il est
impliqué. Je ne peux pas qarantir que je vais régler tous les
problèmes en même temps, mais je voudrais simplement dire à
ce moment-ci que non seulement je suis conscient de ce fait mais aussi de la
nécessité d'aboutir. Je ne peux pas dire dans quel délai,
au moment où on se parle, mais c'est en marche et on va essayer
d'aboutir incessamment.
Mme Lavoie-Roux: Je vais réinstaller vis-à-vis mon
micro. Je voudrais bien que... (13 heures)
M. Marois: Votre rendez-vous est bien à 13 heures?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais, sauf que je dois dire que c'est
à peu près la même réponse - je pense que le
ministre ne pourra pas nier cela - quand on en discute avec le ministre de la
Justice, qu'on me répète depuis, sans aucune exagération,
au moins trois ans.
M. Marois: Je ne voudrais pas être méchant, injuste
et pas correct, mais je comprends votre insistance, et c'est une insistance
fondée, Mme la députée. Seulement, l'injonction en
matière de relations du travail, la réforme du régime
d'indemnisation, la réforme de l'aide sociale, la réforme du Code
du travail pour lever les obstacles à la syndicalisation, le
réexamen de l'ensemble de toute la question des rentes, la question des
fermetures d'usines, des licenciements collectifs, toutes les séries de
choses que j'ai évoquées sur lesquelles on travaille
présentement, cela aussi ça fait pas loin de dix ans que, dans
certains cas, on les demande. Je veux bien tout prendre en même temps et
essayer de régler tous les problèmes ce matin, mais je suis
obligé de dire que c'est impossible, avec la meilleure volonté du
monde. Cependant, vous pouvez être assurée d'une chose; c'est que
je ferai l'impossible pour que, sur les dossiers majeurs - et c'est ce que j'ai
voulu faire comprendre de la façon la plus claire possible en
l'illustrant par mes remarques d'introduction, dans une perspective d'un mandat
de quatre ans - sur les problèmes essentiels soulevés - on ne
peut jamais dire qu'il y a des solutions finales et définitives sur des
problèmes qui touchent les humains -on avance dans le sens des solutions
qui sont évoquées.
Mme Lavoîe-Roux: Peut-être pour avoir le dernier
mot...
M. Marois: Je comprends que Mme la députée va nous
dire que les crédits concernant les programmes 9, 10, 11, 12, 13 sont
adoptés.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont déjà été
adoptés, de toute façon. Non, ils ont été
adoptés hier.
M. Marois: Non, ce qui a été adopté hier, au
ministère, ce sont les deux douzièmes.
Mme Lavoie-Roux: Or, ce sont les douzièmes. D'accord. Non,
pour avoir le dernier mot...
M. Marois: Vous comprenez que ces dix douzièmes sont
nécessaires.
Mme Lavoie-Roux: Pour avoir le dernier mot, M. le
Président, je reconnais que le ministre du Travail a une tâche
énorme à accomplir, mais ce que je dirai c'est que si le ministre
des Affaires sociales s'en était occupé dans le temps il n'aurait
pas récupéré cette tâche supplémentaire.
M. Marois: II y a plusieurs gouvernement qui se sont
succédé.
Le Président (M. Laplante): On va considérer qu'il
n'est pas tout à fait 1 heure. Le programme 9 avec ses
éléments... Je voudrais, par exemple, faire savoir aux membres de
la commision que les proqrammes, s'ils sont adoptés, le sont sous
réserve que vous pourrez y revenir cet après-midi avec des
questions à l'intérieur de ces programmes parce qu'il y a d'autre
députés qui ont exprimé le désir de poser des
questions.
M. Gratton: Si vous permettez, M. le Président, quant
à nous on pourrait adopter en principe, à condition qu'on
n'exclue pas la possibilité de poser une ou deux questions si des
membres de la commission qui n'étaient pas ici ce matin voulaient en
soulever et que le temps le permettait.
M. Perron: Évidemment, si par exemple j'avais l'intention,
moi-même, lorsque je vous demanderai la parole, d'intervenir au niveau
des commentaires généraux et non pas sur les programmes en
question...
Le Président (M. Laplante): Oui, oui, vous allez avoir le
droit.
M. Perron: Parce que ce que je veux mentionner à
l'intérieur des conmmentaires généraux, cela ne touche pas
les programmes qu'on vient de discuter.
Le Président (M. Laplante): D'accord, pas de
problème. Programme 9 avec éléments, adopté.
Programme 10 avec éléments, adopté. Programme 11 avec
éléments, adopté. Programme 12 avec
éléments, adopté. Programme 13 avec
éléments, adopté.
Travaux suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 04)
(Reprise de la séance à quinze heures neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Lorsque nous avons suspendu nos travaux à 13 heures, la parole
était au député de Duplessis. M. le député
de
Duplessis, si vous voulez commencer la séance.
Remarques générales (suite) M. Denis
Perron
M. Perron: Merci, M. le Président, je voudrais tout
d'abord remercier le ministre de son exposé de ce matin. Il a
démontré une ouverture d'esprit en rapport avec plusieurs
problèmes que le monde du travail vit au Québec actuellement,
ainsi que le monde en général dans tout le Québec.
Il y a sept points que je voudrais soulever, dans mes commentaires
généraux et - puisque vous l'avez mentionné ce matin -en
rapport avec les mises à pied massives et les fermetures d'usines et
considérant le fait, comme vous le savez, que dans le comté de
Duplessis, spécialement à Schefferville, Sept-Îles et
Port-Cartier, on est en train de vivre l'expérience de mises à
pied massives en rapport avec l'IOC et aussi les fermetures d'usines, soit en
partie ou en tout. Le plus bel exemple qu'on a d'une fermeture
décidée par une multinationale c'est la fermeture de ITT à
Port-Cartier, soit Rayonier Québec. Le gouvernement du Québec
ainsi que les autres gouvernements, soit municipaux, scolaires ou quoi que ce
soit, ont réussi, après beaucoup de tergiversations de la part de
la compagnie, à obtenir qu'on aille beaucoup plus vite dans le dossier,
quant au comité de reclassement. Je pense que c'est là le
problème de fond que nous avons, puisque aucune loi n'existe au
Québec afin que les compagnies, que ce soit des multinationales ou des
grandes compagnies prennent leurs responsabilités sociales tout comme le
gouvernement du Québec et même celui du fédéral,
lorsque se présentent des cas typiques de fermetures d'usines. On doit y
reqarder de très près, d'ici la prochaine année, pour en
arriver à avoir une loi-cadre qui pourrait impliquer des obligations de
la part du gouvernement ainsi que de la part des compagnies et aussi de la part
des travailleurs, en rapport avec les fermetures d'usines et les mises à
pied massives.
Quant au programme de la création d'emplois, j'aurai quelques
questions à poser quand le PECEC viendra, au niveau des crédits,
puisque, dans le comté de Duplessis, avec la récession
économique qui touche énormément de travailleurs au niveau
tertiaire, il y a beaucoup de projets qui sont actuellement en marche. À
cause de certains problèmes quant à l'obtention de budgets, c'est
certain que je vais en venir à faire une demande concrète au
ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu ainsi qu'au ministre des Finances afin d'ajouter les fonds
nécessaires pour que tous les PECEC en particulier puissent passer dans
les plus brefs délais pour contrer cette récession
économique.
Une chose est remarquable. Dans plusieurs dossiers, le PECEC que nous
avons actuellement en marche, cela crée des emplois et, dans un cas,
c'est une soixantaine d'emplois qui apportent une certaine diversification au
niveau local et au niveau régional, ce que nous n'avons pas
actuellement, puisqu'on a toujours fonctionné dans l'axe de
Sept-Îles et Port-Cartier ainsi que dans les villes de Gagnon, Fermont et
Schefferville, en se fiant sur les compagnies minières, ce qui ne
règle pas notre problème. Je suis parfaitement d'accord avec mon
collègue de Sainte-Marie lorsqu'il parle de PAT, de PUE, ainsi que de
tous les programmes de création d'emplois. En fait, le proqramme OSE,
qui a été créé, si ma mémoire est
fidèle, le 21 octobre 1977, a contribué à un apport
économique assez appréciable dans notre région, puisque
c'est un programme qui est tout de même très souple.
J'ai autant que le député de Sainte-Marie une certaine
crainte d'une administration de plus en plus bureaucratique; je crains qu'au
lieu de prendre un mois ou deux mois à régler un dossier, que ce
soit PAT, PIJE ou PECEC, on en arrive à un moment donné à
se ramasser comme dans certains organismes gouvernementaux à prendre six
mois et un an à régler un dossier de création d'emplois
comportant quatre ou
cinq emplois. C'est une chose à laquelle il faut faire bien
attention. Je pense que la façon dont on était parti en octobre
1977, ces proqrammes étaient très souples et il fallait qu'ils
demeurent souples pour les années à venir.
Le député de Gatineau a mentionné ce matin le
règlement de placement et vous pouvez être assuré que
j'entends en discuter à un certain moment, mais probablement pas dans le
sens de l'Opposition. Bien entendu, M. le ministre, vous êtes très
bien informé que celui qui vous parle fait une demande depuis deux ans
environ, à l'effet d'amender l'article 12.12 en ce qui concerne les
entrepreneurs qui viennent dans la région et qui amènent leurs
employés supposément permanents, ce qui crée
énormément de problèmes à nos travailleurs de la
construction chez nous. Le plus bel exemple que je peux vous donner est celui
de Hervé Pomerleau et fils, cette entreprise a eu un contrat dans mon
comté, à peu près 125 emplois, pour la construction de 96
logements. Elle est arrivée là avec à peu près 95%
de sa main-d'oeuvre. Au niveau local, qu'est-ce qu'on fait? (15 h 15)
Cela crée des litiges au niveau local, les travailleurs de la
construction ne sont pas contents et ont raison de ne pas l'être. Je dois
moi-même me rendre sur des chantiers auprès des travailleurs pour
négocier le fait que les entrepreneurs de la construction du
comté et des alentours où le projet se trouve, puissent obtenir
gain de cause auprès de l'entrepreneur. Je peux vous dire que ce n'est
pas toujours rose, lorsqu'on fait face à certains entrepreneurs.
Oui, dans plusieurs cas, des libéraux.
Quant aux injonctions du Tribunal du travail, M. le Président, je
pense que là aussi, vous avez exprimé une ouverture d'esprit ce
matin. Lorsqu'on se rapporte, par exemple, au dossier de la Commonwealth
Plywood, on peut se rappeler qu'il y a eu injonction sur injonction et le
gouvernement n'avait pas les mécanismes nécessaires, au niveau de
la législation, pour pouvoir intervenir. Le Tribunal du travail serait,
à mon sens en tous les cas, un des organismes les plus valables pour le
monde du travail, en rapport avec les injonctions.
Le député de Sainte-Marie a mentionné qu'il y
aurait une possibilité d'apporter une attention spéciale à
la loi 45. Là aussi, puisqu'on vit son application depuis environ trois
ans, si ma mémoire est bonne, il faudrait faire certaines corrections
quant à l'article 97. Je ne sais pas si c'est toujours le même
article, dans le nouveau code je pense que c'est l'article 111 ou quelque chose
comme ça.
Il faudrait, à mon sens, regarder ca de très près
pour corriger certaines situations. Là-dessus, je voudrais vous donner
un exemple précis qui se rapporte à Schefferville. Avant une
période prévue pour une grève, même si les
travailleurs ou les travailleuses n'ont pas encore pris leur décision de
faire la grève, on fait entrer un paquet de cadres pour se rendre sur
place et attendre les événements. À ce moment-là,
lorsque la grève arrive, les travailleurs n'ont plus de moyen de
pression, surtout face à une multinationale puisque les cadres
travaillent à l'intérieur à peinturer, à faire de
la mécanique, de l'électricité, ce qu'on appelle, dans le
jargon, le "stripping". À ce moment-là, quels sont les moyens de
pression que donne une grève, si on n'amende pas la loi 45, en
particulier l'article que je mentionnais?
Je voudrais terminer, M. le Président, en demandant une
information au ministre, quant à l'assurance-chômage en rapport
avec l'aide sociale et le programme OSE. Je me rapporte à une guestion
posée par le chef du Nouveau parti démocratigue, à Ottawa,
au ministre du Travail du fédéral, si ma mémoire est
bonne, à savoir quel était le programme en discussion au
gouvernement fédéral. Selon des informations que j'ai
reçues la semaine dernière, il appert que les timbres que les
travailleurs ou les travailleuses obtiendraient, soit les semaines... Si, par
exemple, un travailleur ou une travailleuse obtient 23 timbres en 23 semaines,
pour un minimum de 20 heures, la période pour laquelle ces personnes
recevraient des prestations, ne corresponderait qu'au nombre de semaines pour
lesquelles elles ont obtenu des timbres. Cela peut être très
dangereux. Il y a aussi la mobilité de la main-d'oeuvre qui pourrait
être touchée. C'est un autre exemple frappant et je ne pense pas
que le fédéral ait consulté le ministre du Travail. Il se
pourrait que dans cette modification à la Loi de
l'assurance-chômage, on ne permette plus à un travailleur ou
à une travailleuse la mobilité pour permettre d'avoir des
prestations. Par exemple, un travailleur de la construction qui travaille trois
semaines, obtient trois semaines de timbres pour un entrepreneur; s'il change
d'entrepreneur, il ne serait plus considéré admissible. Cela
pourrait être aussi dangereux.
Je termine là-dessus. C'est sûr et certain que
l'application de telles réglementations au niveau de
l'assurance-chômage créeraient énormément de
problèmes au gouvernement du Québec, et surtout concernant le
programme OSE. Merci, M. le Président.
M. Marois: M. le Président, très rapidement pour
répondre à la question qui m'est posée. Effectivement, je
peux dire que je tiens de source - on dit généralement bien
informée - extrêmement sûre qu'en ce qui concerne le premier
élément que le député a
évoqué, c'est-à-dire que le ministre
fédéral du Travail a en main un rapport d'un groupe de travail
qui propose effectivement le premier bloc concret d'éléments
mentionné par le député, c'est-à-dire qu'une
personne qui aurait travaillé vingt semaines, au lieu d'avoir droit
à une année d'assurance-chômage, aurait droit à
vingt semaines. Si cette proposition devait être retenue - on sait de
source sûre que le fédéral s'apprête à bouger
dans le courant de l'été, cela va avoir les conséquences,
que j'ai même évoquées ce matin, sur l'aide sociale. Cela a
forcément des conséquences sur le reste aussi, sur l'ensemble de
nos programmes.
On essaie de planifier les morceaux. Quand tu viens de nettoyer ton
entrée de garage, et qu'arrive le nettoyage du printemps du voisin et
que celui-ci se tape dans les mains et dit: Regarde comme mon entrée de
cour est propre, tu n'es pas tellement avancé. J'ai fait parvenir un
télex à mon collègue fédéral, M. Axworthy,
le priant instamment - d'ailleurs, j'ai avisé tous mes collègues
provinciaux de cette situation - de ne pas bouger là-dessus avant, qu'au
préalable, les provinces et le fédéral, on ait pu
s'asseoir ensemble pour examiner tout cela, parce que, effectivement, cela a
des conséquences qui pourraient être extrêmement
sérieuses. J'ai évoqué ce matin les résultats en
termes - pas seulement en termes financiers - de coût, de
retombées de gestes comme ceux-là, mais ce sont aussi des
coûts humains. Cela a forcément des conséquences sur les
politiques de création d'emplois. Vous dites l'Opération
solidarité économique, bien sûr, mais pas seulement
celle-là, sur l'ensemble des politiques. Je voudrais dire aussi tout de
suite - je ne l'ai pas évoqué ce matin, je ne crois pas - ce que
plusieurs députés ont mentionné à propos des
mesures antibriseurs de grève ainsi que de l'arbitrage d'une
première convention collective, c'est-à-dire essentiellement, les
éléments-clés de ce qu'on a appelé la loi 45. J'ai
demandé aux fonctionnaires du ministère, à la direction
des relations du travail, de procéder, dans les plus brefs
délais, à une évaluation de cette période
d'expérimentation, puisqu'il y a là-dedans, en ce qui concerne
les mesures antibriseurs de grève, une première
nord-américaine, il n'y a pas de précédent, de sorte que
le moment est venu de faire le point. À la lumière de cette
évaluation que je devrais normalement avoir en main d'ici la mi-juillet
au plus tard, il me paraîtrait opportun, comme cela m'a été
également demandé, qu'on puisse s'asseoir, évaluer cela,
non seulement au niveau de l'administration des ministères, mais entre
parlementaires pour faire le point, et le cas échéant,
procéder aux ajustements qui pourraient s'imposer pour atteindre les
objectifs que cherchaient à atteindre, notamment ces deux mesures.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. Gratton: Tel que convenu ce matin, nous aimerions maintenant,
du côté de l'Opposition, traiter du domaine de la santé, de
la sécurité du travail. À ce titre, le
député de Sainte-Anne aurait des questions à adresser tant
au ministre qu'aux représentants de la commission.
M. Marois: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait,
peut-être pour le bénéfice des nouveaux
députés, de présenter M. Gilles Néron qui est ici,
qui est le vice-président à l'inspection de la Commission de
santé et sécurité du travail. M. Bernier doit venir nous
rejoindre, s'il n'est pas déjà arrivé, il est
vice-président à l'indemnisation et à la
réadaptation. Je comprends, tel que convenu, qu'on aborde le programme
7.
M. Polak: Est-ce que le président est ici?
M. Marois: Non, le président n'est pas ici. Il y a aussi
des réunions de travail qui se poursuivent. J'ai demandé aux
vice-présidents de la commission, qui sont concernés directement
par le bloc des crédits qu'on a à voter, d'être
présents parmi nous pour répondre, nous donner un coup de main et
pour vous fournir le maximum de renseignements et de précisions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Peut-être que vous
ne le saviez pas, mais l'Opposition m'a nommé responsable pour ce qu'on
appelle la loi 17 et la Loi des accidents du travail. J'aurais voulu poser une
question, surtout au président de la CSST, mais vu qu'il n'est pas ici,
je n'ai aucune objection à poser la même question au
vice-président et peut-être de temps en temps au ministre, quoique
j'ai noté que le ministre était très habile: on lui pose
une question, on reçoit une réponse très
élaborée. Cela ne veut pas dire que les fonctionnaires
répondent moins longuement que vous, mais tout de même, on est ici
pour s'informer le plus possible. Donc, je vais vous aviser à qui je
vais poser une question, mais je pense surtout aux fonctionnaires parce qu'on
va entrer dans un domaine assez...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, pour le bon déroulement de la commission, juste un
moment...
M. Marois: M. le Président... M. Polak: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... vu que vous êtes
tout nouveau, c'est que toutes les questions s'adressent au président et
non pas au ministre. D'accord?
M. Polak: Évidemment, au président, pour ensuite
nous faire répondre... Vous n'êtes pas toujours capable de
répondre, j'imagine.
Le Président (M. Laplante): II y a toujours un type que je
trouve qui puisse répondre en mon nom.
M. Polak: M. le Président, j'aurai l'honneur de vous poser
toutes les questions, et ensuite, vous déciderez qui fournira la
réponse. Pas de problème avec moi.
Le Président (M. Laplante): Cela me fera plaisir,
monsieur. M. le ministre.
M. Marois: Je vais d'abord écouter les questions.
M. Polak: Vous commencez déjà, M. le ministre, je
n'ai même pas encore commencé à parler.
M. Marois: Soyez assuré, M. le député, que
nous sommes à votre entière disposition, comme je l'ai dit ce
matin. C'est avec beaucoup d'ouverture d'esprit, on est là pour vous
fournir tous les renseignements que vous jugez pertinents. Cela va me faire
plaisir de le faire. Mettre à contribution, le cas
échéant, les équipes qui sont là, les membres qui
sont là, c'est avec plaisir.
M. Polak: Merci. J'ai bien noté cela, M. le
député de Sainte-Marie. Cela va bien jusqu'à maintenant.
Avant d'arriver aux questions, je vois qu'il y a tout de même de nouveaux
députés de part et d'autre qui sont ici, et peut-être,
après les questions d'aujourd'hui, le débat entre nous, il y a
des gens qui seront intéressés à savoir de quoi on a
parlé, et vu qu'il y a tellement de jargon parlementaire, professionnel,
etc., j'ai cru bon de donner peut-être un petit sommaire du terrain dans
lequel je voudrais poser des questions pour qu'on sache d'avance dans quelle
direction on va.
Je voudrais parler aujourd'hui du problème de l'article 38.4 de
la Loi sur les accidents du travail et le règlement sur
l'incapacité temporaire et l'incapacité permanente. Pour situer
le problème évidemment, je ne m'adresse pas au président
qui connaît cela déjà et le ministre aussi, mais surtout
aux nouveaux et à ceux qui ne connaissent pas cela au point de vue
technique - il faut savoir que l'article 38.4 de la Loi sur les accidents du
travail se lit comme suit: "La diminution de capacité de travail est
évaluée autant que possible d'après la nature de la
lésion, mais en tenant compte aussi de l'aptitude du travailleur
à reprendre le travail au cours duquel il a été
blessé ou à s'habituer à quelque autre occupation
appropriée."
Il faut d'abord que j'explique, pour ceux qui ne le savent pas, que le
mécanisme d'appel en vertu de la loi est comme suit: II y a d'abord dans
un cas d'accident une décision de la part de la Commission sur la
santé et la sécurité du travail, ce qu'on appelle en
termes ordinaires le CSST. Ensuite, l'accidenté en appelle à un
bureau de révision en vertu de l'article 171 de la Loi du CSST.
Après cela, il y a un appel final à la Commission des affaires
sociales en vertu de l'article 65 de la Loi des accidents du travail.
Jusqu'à récemment, la commission a toujours évalué
les indemnités sur l'importance du handicap physique. La commission,
jusqu'à maintenant, a refusé de tenir compte des autres
éléments de l'article 38, c'est-à-dire la
difficulté de reprendre le même travail ou de trouver un autre
travail à la suite d'un accident. Des experts qui sont ici doivent
savoir que le 26 mai 1980, dans la cause de Michel Valade, un jugement a
été rendu par le juge Poitras, de la Cour supérieure,
lequel jugement a d'ailleurs été confirmé en appel. (15 h
30)
Dans cette cause, le bureau de révision prétendait qu'il
n'avait pas reçu par délégation le mandat d'évaluer
le manque à gagner ou la difficulté à reprendre le
travail. La cour a décidé, et cela a été
confirmé en appel, que le texte de l'article 38.4 était clair et
a constaté que le bureau de révision avait refusé
d'exercer sa pleine juridiction. La cour est arrivée à la
conclusion qu'il y avait défaut ou excès de juridiction de la
part du bureau de révision et un bref d'évocation a
été émis. En d'autres termes, la cour a dit: Le texte de
l'article 38.4 est assez clair et je ne comprends pas pourquoi le bureau de
révision refuse d'appliquer cela, j'irai donc plaider la cause devant la
Cour supérieure, pour qu'elle décide selon le contenu de
l'article 38.4.
Il est aussi intéressant de savoir que, depuis le 1er avril 1980,
la commission applique les principes contenus dans ce qu'on appelle
règlement sur l'incapacité temporaire et l'incapacité
permanente. Il y en a qui disent que ce règlement, de la part de la
commission, semble être un moyen sophistiqué de respecter la
lettre de la loi sans pour autant augmenter de façon notable l'aide
matérielle aux accidentés qui demeurent mutilés. Il y en a
aussi qui disent que le règlement a été conçu pour
frustrer
les accidentés des immunités auxquelles la loi semble leur
donner droit. Surtout après le jugement du juge Poitras, il est clair
que les accidentés auront des droits beaucoup moins limités
qu'avant son jugement en vertu de l'article 38.4.
Je n'ai pas besoin d'entrer dans les détails en disant que le
règlement a été adopté unanimement et que le
représentant de la FTQ, M. Laberge, l'a appuyé. Mais il semble
aussi, que depuis ce jugement-là, il y a maintenant 30 000 - c'est quand
même un nombre assez important - accidentés du travail qui ont
maintenant le droit de réclamer la révision de leur cas, parce
qu'ils ont été privés des bénéfices auxquels
ils avaient droit. Je n'ai pas besoin d'entrer dans les détails du
nouveau règlement qui constitue tout de même un facteur pour
déterminer l'évaluation de l'inaptitude à reprendre le
travail. Je l'ai lu en détail, je ne suis pas mathématicien, mais
je peux vous dire qu'il faut presque être un professeur de
mathématique pour être à même de comprendre les
principes de base de ce règlement.
Il est aussi important de savoir que la commission - le président
était ici ce matin - qui est l'instance d'appel finale, a
appliqué systématiquement l'article 38.4. C'est quand même
un point très important. La commission n'a fait aucune difficulté
pour appliquer intégralement le texte de l'article 38.4, ce qui donne,
comme résultat, une différence énorme dans le pourcentage
qui est accordé aux accidentés.
Il faut que je vous dise, M. le Président, que quand j'ai eu ces
dossiers, après avoir lu le texte de la loi et le règlement, j'ai
eu une discussion avec M. Rosaire Guay - d'ailleurs, il est ici sur le premier
banc - qui est le président du Mouvement d'aide aux accidentés du
travail de Québec, qui compte presque 2500 membres. C'est tout de
même un groupement très fort parmi les accidentés dans la
région 03. Et j'ai rencontré aussi, la semaine dernière,
Mme Luce O'Reilly, qui est la présidente de l'Organisation Iaurentienne
des accidentés du travail, qui compte près de 300 membres. Je
n'ai rien à cacher, je ne veux prendre personne par surprise, mais je
veux vous dire les points qui ont été soulevés.
D'abord, la grande différence entre le pourcentage accordé
par la commission et le bureau de révision, d'un côté, et
d'autre part, l'organisme d'appel final. Il y a des cas où le
pourcentage accordé de 18% a été augmenté à
100%. Il y a même des cas où un pourcentage de 5% est
augmenté à 100% avec un effet rétroactif de 5 ans. Quand
on pense que c'est le même gouvernement qui, par deux corps
administratifs différents, arrive à des conclusions qui sont
vraiment, pas seulement loin, mais vraiment d'une différence qui
s'explique mal, il y a des questions à poser.
Il faut que je mentionne également que les représentants
de ces deux groupements m'ont fait aussi mention de certaines critiques sur le
rôle des médecins de la CSST. Je comprends bien que ce sont des
professionnels qui font leur possible. Mais tout de même, il y a toujours
un problème qui se pose, sur le fait que le médecin est
engagé et payé par le CSST. On peut faire la constatation que la
partie devient juge, parce que c'est lui qui devient l'évaluateur dans
le dossier. Il y a tout de même des questions à poser. Est-ce
qu'il ne faudrait pas avoir un spécialiste indépendant qui
vérifierait le travail fait par le médecin traitant? Je
réalise très bien que cela va être compliqué encore
plus. Mais quand on pense au cas de l'individu accidenté, il faut tout
de même prendre toutes les précautions possibles afin de s'assurer
qu'il va recevoir le pourcentage auquel il a droit.
Ayant fait cette petite introduction, pour bien situer les nouveaux
parmi nous - je suis nouveau également - je peux procéder tout de
suite à quelques questions et dépendant des réponses, on
pourra continuer le débat là-dessus.
J'avais préparé ma question pour le président de la
CSST qui n'est pas ici. Si le vice-président veut me répondre, je
n'ai aucune préférence quant à la personne qui va
répondre.
Je voudrais savoir du vice-président ou des fonctionnaires
responsables de ce dossier, depuis le jugement du juge Poitras de la Cour
supérieure qui a été confirmé en appel - comme je
l'ai dit - quelle est l'intention de la commission relativement aux cas des 30
000 accidentés - c'est peut-être un peu plus ou un peu moins - qui
ont le droit de réclamer la révision de leur dossier parce qu'ils
étaient privés de leurs droits? En d'autres termes, est-ce qu'on
force tous ces gens à se prévaloir de l'appel à la
commission sociale ou si le gouvernement dit: Nous ne sommes pas là pour
fruster le droit des accidentés. On a maintenant des jugements. La loi
est claire, il faut l'appliquer. Et même si le ministre a expliqué
ce matin qu'il était en train de considérer un changement pour
l'avenir, je veux être pratique et je veux savoir aujourd'hui - on ne va
pas parler de l'avenir - ce qu'on va faire pour ces cas-là. Est-ce qu'on
va prendre l'initiative directe de réviser ces cas-là, d'appeler
ces gens, pour leur dire qu'on va rouvrir leurs dossiers, en vertu de
jugements, de sorte qu'ils vont recevoir ce à quoi ils ont droit? Ou
est-ce que ces gens seront obligés de venir avec leur propre
médecin expert, témoigner, presque comme dans une cause devant la
cour, pour établir leurs dossiers proprement? C'est la première
question. Sans doute,
depuis le jugement du juge Poitras, cela a dû être
discuté parmi les autres fonctionnaires de la commission. J'aimerais
savoir quel est leur point de vue sur ce problème.
M. Marois: M. le Président, j'accepte avec plaisir de
répondre à la guestion du député et je voudrais
simplement rappeler que les crédits que nous avons à voter au
programme 7 sont les crédits gui concernent l'inspection comme telle.
Mais cela me fait plaisir quand même de répondre à la
question du député.
Premièrement, je pense que le député a bien
rappelé l'article 38.4, a bien rappelé un certain nombre des
problèmes qui se sont posés en cours de route, dans l'application
et l'interprétation de l'article 38.4. Est intervenu en cours de route
un projet de règlement qui a été prépublié.
Je me permets d'insister là-dessus parce que c'est un
élément qui n'est pas un détail. C'est un
élément important. Un règlement gui est
prépublié l'est pour fins de consultation pour recevoir les
opinions des gens, pour gu'on puisse se faire une opinion finale et, le cas
échéant, décider de l'ajuster, de l'amender, de l'adopter
ou de ne pas le retenir.
Et je tiens à dire que dans le délai normal des 30 jours,
à la suite de la prépublication du règlement concernant
l'article 38.4 - je parle du règlement qui nous a été
proposé par le conseil d'administration de la commission effectivement,
j'ai eu moi-même l'occasion de rencontrer un certain nombre de groupes,
de représentants de groupes d'accidentés du travail, j'ai eu
l'occasion d'en rediscuter avec les membres de la commission. Ma
décision en tant que ministre responsable de ce dossier, c'est de ne pas
recommander au Conseil des ministres la publication finale du règlement.
En d'autres termes, de laisser la loi, les mécanismes normaux, les
recours normaux jouer pleinement selon leur économie
générale. En d'autres termes, vous évoquez 30 000 cas. Il
faut bien voir de quoi il s'agit. Certains de ces dossiers sont à
l'examen de première instance, d'autres sont à l'étape du
bureau de révision, d'autres sont à l'étape de la
Commission des affaires sociales, et je ne vois pas pourquoi on viendrait
intervenir là-dedans pour bloquer les mécanismes normaux d'une
façon ou d'une autre, ou se prendre pour le bureau de révision,
ou se prendre pour la Commission des affaires sociales. En d'autres termes, que
les gens puissent exercer normalement leur recours.
Il est important aussi de souligner ceci. C'est exact qu'en appel de
décisions rendues, soit par des fonctionnaires en première
instance ou par des bureaux de révision, il y a eu c'est le cas de le
dire des révisions de décisions parfois à la hausse, pas
dans tous les cas, mais c'est exact dans un certain nombre de cas. Les
barèmes, les normes sur lesquels se basait la Commission des affaires
sociales ne sont pas les mêmes que ceux qu'utilisaient la commission ou
encore, à l'occasion, les bureaux de révision.
Tant et si bien que c'est là qu'intervient cette décision
en ce qui me concerne de ne pas bloquer les mécanismes normaux, de ne
pas faire adopter, et en accord d'ailleurs avec le conseil d'administration de
la commission, le règlement 38.4, qui a été
prépublié et de procéder plutôt, comme on nous l'a
demandé - il y a plusieurs groupes qui nous l'ont demandé, cela
m'a été réitéré à nouveau lors des
consultations avec, notamment, des représentants d'accidentés du
travail - à une réforme, et je dois dire que déjà
un premier, un avant-projet de loi, si l'on veut, m'a été remis.
J'ai eu l'occasion de le faire parvenir au conseil consultatif du Travail et de
la Main-d'Oeuvre qui m'a fait part de ses premières réactions.
J'ai maintenant en main un deuxième avant-projet de loi qui viendrait
modifier de façon passablement fondamentale le régime actuel
d'indemnisation des accidentés du travail en ce sens que cela changerait
la philosophie même de base, on le sait, comme vous l'avez
évogué, que le régime actuel est basé sur la
compensation de la perte d'intégrité physigue, et en tenant
compte du degré d'aptitude et d'inaptitude à retourner au
travail.
Le nouveau projet serait basé, comme je l'avais écrit
d'ailleurs dans le livre blanc sur la santé et sécurité du
travail; le nouveau régime serait basé plutôt sur une
philosophie de remplacement du revenu, comme l'est, par exemple, le
régime d'assurance-automobile. J'espère pouvoir le soumettre au
Conseil des ministres pour que cela puisse faire partie d'un des blocs de
législation importante qui pourrait venir à la session
d'automne.
C'est dans ce cadre, pour ne pas y aller à la pièce, parce
qu'il y a certains problèmes qui ne sont pas simples et pas faciles; une
des demandes, et c'est là que s'insère aussi le problème
que vous avez évoqué, je ne peux pas dire que le problème
n'est pas réel, celui des médecins. Bon nombre de gens nous
disent: Pourquoi vous ne prenez pas simplement le certificat du médecin
de mon choix? Dans bon nombre de cas - remarquez que je raisonne tout haut
plutôt que de prendre une décision finale de mon côté
parce que je veux encore en discuter - dans bon nombre de cas, cela pourrait se
faire bien simplement; dans certains cas, c'est plus difficile; en particulier
dans le domaine des maladies professionnelles, c'est beaucoup plus difficile.
Alors, quelle est la formule qui soit en même temps la plus juste, qui ne
prête pas le flanc à des certificats de complaisance; je ne dis
pas que cela se présente en grande
quantité, je dis que cela se présente dans certains cas,
il ne faut pas se cacher les problèmes, ils sont réels. Alors,
quelle est la formule qui pourrait être à la fois juste, à
la fois correcte, à la fois équitable, et à la fois
rapide? Je pense que dans ce contexte, on pourrait faire un travail
extrêmement valable ici, à l'Assemblée nationale, en
apportant des corrections fondamentales à tout cela. Mais d'ici
là, donc pas de publication finale du rèqlement, et j'entends
bien laisser fonctionner les mécanismes normaux pour que les gens
puissent faire valoir pleinement leurs droits. (15 h 45)
M. Polak: Je veux revenir sur une réponse que le ministre
vient de donner. C'est qu'il a dit tout à l'heure, qu'il serait
préférable que ces gens-là, les accidentés,
accèdent au recours normal. Mais on sait qu'un jugement est rendu,
confirmé en appel, que tout de même il donne une ligne de
conduite. Pour moi le jugement était très clair; je fus surpris,
quand j'ai vu le jugement, de constater qu'on n'avait jamais appliqué le
texte de la loi; l'article 38.4 est là. Si on veut changer le texte de
la loi, changez la loi et dites: On ne veut plus le faire. Tout le monde semble
être d'accord qu'il faut prendre en considération ces autres
facteurs.
Pourquoi fausser tous ces gens-là? Je parle de 30 000, cela peut
être plus ou moins, je n'ai pas les chiffres exacts. J'imagine que la
commission doit avoir des chiffres plus exacts là-dessus. Pourquoi
forcer ces gens à exercer un recours normal quand on sait que le
barème qui était appliqué, auparavant, dans leur cas ne
s'applique plus ou que la cour a dit: On n'a pas le droit de l'appliquer, il
faut aller plus loin. Pourquoi ne pas dire, en prenant l'initiative: Vous
êtes des citoyens, vous êtes accidentés on a fait cette loi
pour vous assister le plus possible. Pourquoi les forcer à prendre tous
ces moyens qui sont tout de même peu légaux avec les
médecins, les avocats, les experts, etc.? De notre propre chef,
étant un bon gouvernement, on va réviser vos cas directement et
on va régler rétroactivement ces problèmes, parce qu'il y
a tout de même un très grand nombre d'accidentés qui sont
forcés de prendre ce que le ministre appelle le cours normal.
Ensuite, il y a une autre affaire, ce n'est pas tout le monde qui est
organisé comme M. Guay, que j'ai rencontré, qui a tout de
même un groupement de 2500 à 3000 membres. Il y a des
accidentés qui ne sont pas tellement au courant de leurs droits, ils ne
savent pas quoi en faire; ils ne savent pas tout le déroulement du
système administratif, le mécanisme. On ne donne pas de
bénéfice, d'extra, de gratification à l'accidenté,
on applique simplement la jurisprudence qui a été établie
et on dit: On va réviser ce cas-là directement de notre propre
chef, surtout que la commission, maintenant, applique de nouveaux standards.
Même le ministre vient de dire qu'à l'avenir on va changer la
vieille méthode, parce que je ne suis pas d'accord. Il faut prendre en
considération tous ces autres facteurs. Pourquoi forcer ces gens
à exercer le recours normal? Est-ce qu'on veut éviter à
quelques-uns de les prendre parce qu'on paie moins ou est-ce qu'on est
là pour protéger ce groupe assez important de contribuables
accidentés?
M. Marois: Je reprendrai seulement deux éléments.
D'une part, M. le député l'avait bien résumé au
point de départ, la cause valable, le juge s'est prononcé non pas
sur les barèmes dans le jugement valable, vous l'avez très bien
résumé vous-même, mais il s'est prononcé sur le fait
que le bureau de révision avait en un certain sens -et c'est une
façon de parler - excédé sa juridiction parce qu'ils ne
sont pas allés assez loin. En d'autres termes, on n'avait pas tenu
compte des deux éléments prévus dans la loi,
c'est-à-dire la perte d'intégrité physigue et, la
deuxième dimension, l'aptitude ou l'inaptitude à retourner au
travail. La cour ne s'est pas prononcée sur les barèmes comme
tels. Elle a dit: Vous devez tenir compte d'une dimension importante, mais vous
n'avez pas tenu compte du jugement du juge.
Deuxièmement, le problème avec cette loi, qui date quand
même, on le voit bien dans le concret, c'est la philosophie même de
la loi, qui suppose forcément qu'on ait des barèmes ou des
normes; alors, les discussions portent sur les barèmes ou les normes.
Est-ce qu'on prend le barème McBride et les normes McBride ou est-ce
qu'on prend un autre type de barème? Selon que vous appliquez tel type
de norme et de barème, cela donne des résultats qui sont
différents, ce qui crée à la fin des situations qui sont
injustes. Alors suite à toutes les études qui ont
été faites sur le fameux article 38.4, non pas juste les
études, suite au constat concret des gens qui vivent ces
problèmes, il m'apparaît évident que nous devons prendre
nos responsabilités et modifier l'économie même et la
philosophie même de la loi pour aller vers une philosophie de
remplacement de revenu drôlement plus juste, me semble-t-il, qui pourrait
peut-être nous permettre aussi d'être beaucoup plus efficaces, de
traiter plus équitablement les cas d'une façon plus rapide.
Maintenant, vous me dites, et j'espère que ce n'est pas ce que vous me
dites, vous ne me demandez tout de même pas de me substituer, en d'autres
termes d'agir complètement à côté de la loi
actuelle; elle est là. Je dis bien: Vous avez raison; je partage
profondément cette
préoccupation, il faut la changer, il faut la refaire. Mais vous
ne me demandez tout de même pas, j'en suis sûr, de passer à
côté de la loi, d'aqir de façon complètement
illégale et de dire: Voici un jugement qui a été rendu
dans un cas... Je comprends que c'est du jargon juridique ce que je dis; je
comprends que c'est difficile pour les citoyens de comprendre cela et je
comprends qu'il y ait aussi une accumulation d'une certaine frustration face
à une situation comme celle-là, mais on ne peut pas, à
partir du jugement d'un juge sur un cas donné dire: Voici maintenant la
philosophie nouvelle et générale. D'autant plus qu'encore une
fois, comme vous l'avez dit vous-même, M. le député, le
juge ne s'est pas prononcé sur le barème, il s'est
prononcé sur le fait que le bureau de révision n'avait pas tenu
compte des éléments prévus dans l'actuelle loi ou
l'ancienne loi de la Commission des accidents du travail avec laquelle on vit
encore.
En d'autres termes, je ne peux certainement pas, comme ministre, dire:
je m'improvise, moi-même, à partir de maintenant le juge et je
vais vous régler 10 000, 15 000 ou 30 000 cas. Même si la
commission pouvait le faire, elle le ferait en totale illégalité
puisqu'il s'agit d'un juqement rendu dans un cas individuel et, que je sache,
il n'y a pas présentement de recours collectif d'introduit devant les
tribunaux sur ce point. En d'autres termes, je suis certain que vous ne me
demandez pas de faire une chose qui serait inacceptable. Je ne le pense pas. Je
ne sais pas où cela mènerait, mais je sais que cela
mènerait quelque part et vite.
Quant au fond, quant à l'état réel du
problème et quant à la nécessité de bouger vite, je
suis entièrement d'accord avec vous. Pour faire en sorte qu'entre le
laps de temps qu'il nous resterait maintenant pour arriver à une
réforme en profondeur et la situation actuelle, pour que les gens ne
soient pas lésés dans les droits qu'ils ont en vertu de la loi
actuelle - bien que je ne partage pas la philosophie de cette loi, à
cause de ce qu'elle suppose - je dis: II n'y aura pas de publication d'un
article 38.4 et laissons les mécanismes normaux jouer pour que les gens
puissent faire valoir pleinement leurs droits.
Il y en a qui les font valoir leurs droits. Si le juge Poirier est
encore parmi nous, il peut nous le dire. D'ailleurs, ce matin, il a
évoqué le nombre de cas qui sont rendus sur ces questions
jusqu'à la Commission des affaires sociales. Elle a rendu jusqu'ici
beaucoup de décisions, et elle continue à en rendre encore
énormément. C'est donc que des gens exercent ces recours et
obtiennent justice dans le cadre d'une loi dont la philosophie ne
m'apparaît plus correspondre du tout aux réalités, aux
besoins d'aujourd'hui.
M. Polak: J'ai une autre question à poser au ministre
justement à la suite de la réponse qu'il vient de donner. Nous
sommes tous d'accord pour dire: on cherche la justice humaine. Je suis d'accord
avec vous quand vous dites: Ce n'est tout de même pas à nous, a
moi comme ministre ou même à la commission de prendre l'initiative
de réviser le cas, parce qu'un mécanisme est prévu dans la
loi et il faut le suivre. Mais pourquoi le ministre ne pourrait-il pas agir
comme conseiller? Prenons, par exemple, les cas d'automobiles. J'ai
acheté une automobile Ford. Je recois une lettre de la compagnie Ford
qui me dit: Voici, M. Polak, il y a un problème avec les freins. S'il
vous plaît, allez les faire vérifier chez votre concessionnaire
où vous avez acheté l'automobile. Allez faire vérifier si
votre modèle est défectueux ou non. On m'avise.
Je suis d'accord avec vous que vous ne vouliez pas intervenir
directement, parce que la loi ne vous le permet pas. Mais pourquoi ne
pourriez-vous pas aviser la commission directement de tous ces gens - je parle
de 30 000 personnes; comme je le disais tout à l'heure, cela peut
être un peu moins ou un peu plus - de la décision qui a
été prise dans le jugement, la jurisprudence établie. On
pourrait simplement poster une lettre à ces gens pour dire: Voici, votre
cas a été décidé il y a deux ou trois ans. Un
jugement de date récente est maintenant rendu gui vraiment nous force a
appliquer l'article 38.4 d'une manière différente que dans le
passé. Monsieur, voulez-vous vous prévaloir des mécanismes
de la loi. Allez tout de suite à votre bureau de révision si vous
pensez être qualifié, au lieu d'aller voir des gens comme M. Guay
qui doit organiser un regroupement de travailleur. La, vous faites quelque
chose de positif. Vous informez ces qens en leur disant: Voici ce qui est
arrivé on va être honnête avec vous on ne veut pas vous
priver de vos droits; on vous donne l'occasion, si vous le voulez, de vous
prévaloir du mécanisme, parce que le jugement a dit telle et
telle chose. Cela prend seulement une petite lettre qui explique la situation.
Je peux vous assurer que 80% de ces gens vont se prévaloir de ce droit.
Parmi eux, il y en a peut-être 50%, maintenant, qui ne sont pas au
courant du tout.
M. Marois: II y a, M. le Président, une piste
intéressante dans ce que dit le député. Je voudrais lui
rappeler ceci qui va exactement dans le sens de ce qu'il évoque. Si ma
mémoire est bonne, c'est en décembre que l'Assemblée
nationale a adopté un amendement à la Loi de la Commission des
affaires sociales, pour faire un certain nombre de choses, notamment, ne plus
limiter, par la loi, le nombre de "juges" -entre guillemets, j'utiliserais
cette expression
pour que, compte tenu des besoins, il soit possible d'ajouter ce qui a
été fait - et d'autre part surtout, pour donner ce qui a
été donné d'ailleurs à la Commission des affaires
sociales, un pouvoir d'émettre une ordonnance - ce qu'elle a fait dans
les cas -et on pensait justement au moment où on l'a fait, aux cas qui
allaient en appel à la Commission des accidents du travail, mais pas
seulement pour ces cas, car la commission traite d'un bon nombre d'autres
dossiers, par exemple, de l'aide sociale, des rentes aussi - en d'autres
termes, de lui donner un pouvoir général pour que, après
l'examen d'un certain nombre de dossiers, lorsqu'il lui apparaît que des
barèmes, des méthodes, etc., devraient être
réexaminés, réévalués, au lieu de laisser
traîner le cas jusqu'en appel à la Commission des affaires
sociales, elle ait le pouvoir; effectivement ce pouvoir lui a été
donné et elle l'a exercé jusqu'à maintenant.
Elle a effectivement émis une ordonnance concernant tous les cas
qui étaient en appel devant elle, mais c'est une ordonnance qui n'est
pas contraignante, qui avise les gens que la Commission des affaires sociales
est entrée en contact avec la Commission sur la santé et la
sécurité du travail pour s'assurer que les bureaux de
révision étaient prêts à reconsidérer tous et
chacun des cas. Compte tenu de la rapidité et de la
célérité avec laquelle elle a été
menée, je crois qu'il commence à y avoir des résultats
drôlement intéressants; cela concernait plusieurs milliers de cas,
je n'ai pas les chiffres en tête, mais ces gens ont été
avisés.
Encore une fois, ce n'était pas sur une base contraignante; elle
laissait les mécanismes normaux jouer selon la philosophie de cette loi,
et ouvrait quand même une porte qui permettrait d'accélérer
les choses. Je sais que la commission a pris les mesures, sur une base
d'entente, connaissant les dossiers, pour avoir les noms et faire en sorte que
les divers bureaux de révision à travers le Québec
puissent être avisés, du moment où la personne disait: J'ai
reçu l'avis de la Commission des affaires sociales, j'ai fait mon choix,
je veux rester à la Commission des affaires sociales ou je
décide, sans perdre mon recours à la Commission des affaires
sociales - cependant, c'était bien important - d'aller au bureau de
révision pour voir comment ils vont traiter mon cas et voir comment ils
vont le réévaluer.
Donc on a utilisé, par le biais des mécanismes normaux, la
piste qu'évoque le député.
M. Polak: Le ministre vient de dire qu'on a avisé des
gens; vous avez parlé de plusieurs milliers. Mais pourquoi pas
systématiquement? Ce n'est pas plus de travail de reqarder les vieux
dossiers qui existaient avant le jugement et qui ont été
réglés selon les vieilles normes. Pourquoi pas, d'une
manière systématique, comme dans le cas de la compagnie Ford, par
exemple: aviser toutes ces personnes de cette situation, pas juste plusieurs
milliers, mais tout le monde qui se trouve là-dedans. Ce n'est pas plus
compliqué de trouver les dossiers et de les aviser, dans une lettre
d'une page, sous la signature du président de la CSST ou même de
celle du ministre, que selon le cas vous avez le droit de vous
prévaloir.
On veut promouvoir la protection du consommateur, mais même
l'accidenté est un consommateur de la Loi sur les accidents du travail.
Je crois qu'il serait possible d'aller un peu plus loin que les quelques
milliers de dossiers et de prendre tous ces cas pour rectifier l'injustice qui
a été commise, je ne dis pas expressément, mais en tout
cas le tribunal en décidera selon le cas parce que tout de même on
ne veut pas frustrer les autres. Entre 30 000 et plusieurs milliers, il y en a
quand même un grand nombre qui ne sont pas au courant. Ce n'est pas
compliqué de le faire et, là, on peut dire qu'on applique la
justice humaine.
M. Marois: M. le Président, je prends note des
commentaires additionnels du député et je voudrais dire - on me
le rappelle, je l'avais oublié - qu'également la commission a
elle-même procédé à un réexamen d'un certain
nombre de cas. Je pourrai avoir les chiffres et les faire parvenir au
député. Vous savez, en dessous d'un pourcentage X, il est
possible de verser directement un montant de capital, tel que c'est
prévu, non seulement par l'économie, mais le texte même de
la loi et des règlements et ça aussi c'est en marche. Je pourrai
avoir des données plus précises et les faire parvenir au
député. (16 heures)
II reste néanmoins - je pense qu'il faut être très
franc - que malgré toutes les pistes qu'on pourrait inventorier, je suis
bien prêt à regarder ce qu'il serait possible de faire de plus que
ce qui a pu être fait jusqu'à maintenant. Mon approche
là-dessus est bien simple, ce n'est jamais suffisant ce qu'on fait,
quand il risque d'y avoir des injustices. Seulement il y a des contraintes qui
sont inhérentes à la loi elle-même.
Je demande en général qu'on mette le maximum
d'imaqination, qu'on donne la chance au bénéficiaire, et le
reste, qu'on enlève autant que possible les entraves mais, encore une
fois, tant qu'on n'aura pas changé la philosophie même de la loi,
parce que cette philosophie suppose qu'on tombe forcément dans des
barèmes, dans des normes, on pourra se chicaner, expert pardessus
expert, et effectivement, il y en a de divers types, bien qu'à l'examen
on me dise
- j'avoue honnêtement que je n'ai pas eu le temps de fouiller
ça de façon très systématique, dans les derniers
milles, j'ai commencé à me préoccuper davantage de la
perspective de la réforme pour tenter de l'accélérer au
maximum pour qu'elle vienne le plus vite possible - que dans l'ensemble, encore
là, sous réserve d'une vérification en profondeur, les
barèmes actuels, au Québec, sont vraisemblablement parmi les plus
généreux de l'ensemble des barèmes existants dans les
diverses provinces canadiennes et sans commune mesure avec ce qui se passe aux
États-Unis.
Cela étant dit, ce n'est pas une raison pour ne pas aller au fond
du problème, de tenter d'y apporter une solution, avec des
éléments de solution, à court terme. Je dois dire qu'en
toute honnêteté, parce que je sais qu'il y a un côté
frustrant quand il y a des injustices, que je suis très satisfait,
jusqu'à maitenant, à la fois de la façon, de la
compétence, et du sens de justice qu'ont apportés les officiers
supérieurs de la Commission sur la santé et la
sécurité du travail et les membres de la Commission des affaires
sociales et également les gens des bureaux de révision. Des
mécanismes ont été mis au point pour
accélérer le traitement des dossiers, effectivement, cela s'est
accéléré de façon considérable depuis, en
particulier, un an et demi ou deux ans.
Mais cela n'est jamais suffisant, il faut faire davantage. Je prends
bonne note des commentaires du député, M. le
Président.
M. Polak: Maintenant, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer, M. le
député, que cela fait près de 45 minutes que vous avez le
droit de parole - ordinairement, c'est 20 minutes -mais on compte le temps de
réponse du ministre, peut-être que d'autres opinants aimeraient
parler...
M. Polak: On est rendu à quel...
Le Président (M. Laplante): Vous êtes rendu que je
suis obligé de vous enlever votre droit de parole pour un temps et vous
reviendrez si vous voulez, mais le programme 7 n'a même pas
été entamé encore.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: II me semble que je n'avais pas demandé la
parole.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que depuis le début de nos travaux, on a démontré
qu'il n'était pas dans notre intention d'abuser du temps de la
commission. On pense qu'on assiste à une discussion qui est quand
même assez intéressante et qui est de nature à informer la
population. Je ne vois pas comment le président de la commission,
d'autorité, décide d'accorder la parole à quelqu'un qui ne
l'a pas demandée, qui ne la veut pas, en l'occurrence, le
député de Sainte-Marie, simplement parce que ça fait 45
minutes qu'on discute de la question de la santé et de la
sécurité du travail. On pourrait en discuter pendant 6 heures de
ça et personne ne s'en porterait plus mal, M. le Président. Si
les membres de la commission... je pense que c'est aux membres de la commission
d'en décider et non pas à vous à titre de
président, et je vous inviterais à laisser le
député de Sainte-Anne continuer sa série de questions. Je
suis sûr qu'au bout de la ligne, on aura épargné du temps
plutôt que la méthode que vous semblez vouloir employer.
M. Marois: M. le Président, si on me permet un bref
commentaire là-dessus, je pense que depuis ce matin, on a
travaillé dans un climat de grande ouverture d'esprit, en tenant compte,
bien sûr, de la nécessité du simple fait qu'il y a quand
même plusieurs personnes autour de la table, que chacun puisse aussi
avoir une chance de poser des questions qui lui paraissent pertinentes. Dans ce
contexte, je n'ai aucune espèce d'objection à ce que, compte tenu
des échéanciers qu'on s'est donnés, on puisse poursuivre
les travaux, au meilleur rythme et avec le plus d'ouverture possible pour
essayer de donner les meilleurs renseignements à chacun.
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais peut-être
seulement expliquer au député de Gatineau que si le
président est intervenu, c'est peut-être un peu à cause des
réactions que j'avais eues, parce que même si on est toujours
assez ouvert en termes de fonctionnement sur l'étude des crédits,
on a aussi, dans le passé, pris l'habitude d'essayer de se limiter
à 20 minutes. On laissait la parole aux autres ou à un autre
député et on revenait par la suite sur le même sujet. C'est
parce que j'ai réagi là-dessus que le président,
probablement, est intervenu.
Si j'ai réagi, ce n'est pas nécessairement parce que je
voulais prendre la parole sur ce sujet.
M. Gratton: D'ailleurs j'en conviens. Moi-même j'ai
observé le président qui a demandé à chacun des
députés ministériels s'il voulait intervenir. On a
l'impression qu'il s'impatiente des questions que pose le député
de Sainte-Anne. C'est l'invitation que je lui fais d'être patient, calme
et serein. Tout va bien aller. On adoptera tous les crédits en temps et
lieu opportuns.
Le Président (M. Laplante): Je ne relèverai pas vos
soupçons, M. le député de Gatineau. Votre voisin de gauche
a justement demandé la parole également. Je voudrais être
juste pour tous les membres de cette commission. Je pense gue vous ne devriez
pas avoir de reproche à me faire en ce sens. J'applique seulement
l'article 160 du règlement qui parle de 20 minutes.
Le président se doit d'être ouvert également. Il
doit tenir compte des réponses du ministre. J'ai calculé gue les
réponses étaient presque aussi longues gue l'exposé du
député de Sainte-Anne. Je n'ai pas objection à ce qu'il
continue. Mais si les autres opinants refusent leur droit de parole, je peux
lui redonner la parole tout de suite.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, avec votre
permission, je vais lui redonner la parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, guand vous comptez les minutes,
j'espère gue vous déduisez les minutes utilisées par le
ministre dans ses réponses. Je ne sais pas comment c'est calculé,
mais je pose une question de cinq minutes et il répond pendant dix
minutes. Je n'ai rien contre cela, je suis en faveur à bras ouverts. On
n'a pas de chicane personnelle du tout.
Le Président (M. Laplante): Plus que cela, M. le
député de Sainte-Anne, votre première intervention a
été de douze minutes sans interruption. Si vous voulez aller plus
loin, je l'ai noté ici.
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président. J'ai
expliqué qu'avant de poser des questions, je voulais situer le
problème où j'allais poser des questions.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait suggérer au
député de Sainte-Anne de prendre la parole et de continuer?
M. Polak: Oui, tout de suite, si on me donne les minutes. On va
faire la discussion de l'un et de l'autre.
Merci beaucoup M. le Président, de m'accorder encore la parole.
Je veux revenir sur le règlement qui a été publié
tout récemment. L'article 125 de la Loi sur les accidents du travail
stipule que le règlement soit publié dans la Gazette officielle
du Québec avec un avis de 30 jours et qu'il entre en vigueur avec la
publication d'un avis d'approbation par le lieutenant-gouverneur.
Quoique la commission ait adopté la résolution du 19 juin
1980 - c'est la date de la résolution - l'avis de règlement a
été reproduit dans la Gazette officielle le 8 avril 1981. C'est
la date toute récente, presque un an après. Il semble que la
commission appligue déjà le règlement depuis le 1er avril
1980. Et pour dire cela, je me base sur l'article qui a été
écrit par M. Bernier, je crois. Je tiens cela de son texte.
Pourriez-vous m'expliquer, M. le Président, quelle est la raison
pour laquelle, quand la loi stipule clairement qu'avant d'appliquer un
règlement, il faut suivre tout de même le processus de l'avis de
30 jours, de sorte que les parties intéressées peuvent soumettre
leur opinion, on a publié l'avis le 8 avril 1981, il y a à peine
un mois ou deux, mais on l'applique déjà, en pratique, depuis le
1er avril 1980, presque un an avant? De quelle manière a-t-on agi pour
faire cela?
M. Marois: M. le Président, je ne veux pas reprendre tout
ce gue j'ai expliqué au député. Je serai bref. La
commission, à la suite des décisions de la Commission des
affaires sociales, a fait en sorte de procéder à une
révision de ses barèmes, de ses normes d'interprétation ou
d'application du texte même de l'article 38.4, donc de tenir compte de
l'aptitude ou de l'inaptitude au travail. Elle a le droit de le faire. C'est
non seulement son privilège, c'est son obligation. C'est d'ailleurs ce
que le jugement Valade lui dit. Vous me l'avez rappelé tantôt,
avec raison.
C'est ce qu'elle fait. Et quelqu'un qui se sentirait lésé
exerce ses recours. Et déjà des gens exercent des recours, font
valoir leurs droits. Et c'est normal.
Quant à la question finale, ma réponse est: II n'y en aura
pas.
M. Polak: Mais tout de même, j'ai la Gazette officielle du
8 avril 1981 devant moi. L'avis est là. Concernant le règlement,
je l'ai devant moi. Projet de règlement, Gazette officielle du
Québec du 8 avril 1981. Cela a été publié.
M. Marois: Bien sûr.
M. Polak: L'avis de 30 jours, qu'est-ce que cela veut dire?
M. Marois: C'est normal. C'est la loi qui nous dit qu'avant gu'un
règlement entre en vigueur, il doit être prépublié,
afin gue les gens puissent en prendre connaissance, nous donnent leur avis.
C'est ce qui a été fait. Il y eu une republication, j'ai entendu
les commentaires des uns et des autres et j'ai décidé qu'il n'y
aurait pas de publication finale, mais qu'on va plutôt aller dans la
piste d'une réforme fondamentale.
M. Polak: Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il y un texte de
la loi qui est clair.
L'article 125 donne le processus. Vous parliez tout à l'heure du
mécanisme à suivre, selon la loi, pour les appels, par exemple.
Je suis tout a fait d'accord. La même loi dit dans l'article 125, qu'un
tel règlement n'entre en vigueur qu'après avoir suivi un certain
mécanisme. Mais pourquoi publier ce règlement qui est basé
sur huit barèmes, et ensuite dire qu'on ne l'applique pas? En pratique,
on vit avec cela depuis le 1er avril 1980. C'est donc aller contre le texte
explicite de la loi même.
M. Marois: Dans ce cas là, si la réponse n'est pas
satisfaisante, j'espère que celle-ci le sera parce qu'elle est purement
factuelle, elle peut être vérifiée.
La commission n'applique pas un règlement qui a été
prépublié et qui ne sera jamais publié aussi longtemps que
je serai ministre responsable de ce dossier. Pas du tout. Ce qu'elle applique,
forcément, c'est la perte d'intégrité physique; l'aptitude
et l'inaptitude au travail. Il faut des barèmes et des normes donc, elle
applique des barèmes et des normes, qui ne sont peut-être pas les
meilleurs au monde et dans lesquels il y a peut-être des failles, je n'en
disconviens pas. Je ne vais pas commencer à aller passer au crible les
politiques, les directives qu'elle donne quant à ces barèmes et
ces normes. En conséquence, si quelqu'un se sent lésé, il
y a un recours normal. Mais affirmer que la commission applique un
règlement qui ne sera pas publié, c'est ma responsabilité
comme ministre de voir à ce que cela ne se fasse pas. Et ce n'est pas la
situation actuelle.
Le Président (Laplante): Le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Étant
principalement préoccupé par le dossier jeunesse, j'aimerais
demander au ministre, concernant le programme PIJE, s'il pourrait nous
expliquer de quelle façon...
M. Marois: M. le Président, je voudrais savoir où
on s'en va. Je n'ai pas d'objection, je ne veux pas empêcher le
député d'intervenir à ce moment-ci. On avait convenu qu'on
passerait à travers le programme 7, la Commission de la santé et
de la sécurité du travail. S'il y a encore des questions
là-dessus, je suis prêt à les prendre tout de suite parce
que cela permettrait de libérer un certain nombre de personnes. Par la
suite, on avait dit: L'Office de la construction du Québec.
Après, on pourrait reprendre les divers autres programmes, notamment le
programme 4 où cela se situerait parfaitement bien. Je n'ai aucune
espèce d'objection à répondre.
M. Dauphin: Aucune objection.
M. Polak: Vraiment, M. le Président, je n'avais pas
terminé.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Toujours en vertu du programme 7, je vois que
les crédits passent de 3 000 000 $ à 13 450 000 $. J'aimerais que
le ministre nous explique pourquoi.
M. Marois: La réponse est très simple. La loi 17 a
été adoptée en décembre 1980 donc, il a
été prévu, et c'est la loi qui le prévoit
d'ailleurs, il y a des articles spécifiques très précis en
ce sens, que le gouvernement assume des frais de démarrage et
d'implantation. Pour la première année, ce sont les 3 000 000 $
qui apparaissaient en 1980-1981.
La loi prévoit, également, et c'est le sens du programme
7, d'ailleurs, que le gouvernement assume les frais et les coûts
d'inspection qui, comme on le sait, sont maintenant - autrefois ils
étaient un peu partout dans le paysage - regroupés à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail. C'est
donc le budget qui passe de 3 000 000 $ à 13 400 000 $ sur une
année complète de fonctionnement.
M. Bélanger: Merci, M. le Président,
maintenant...
M. Marois: En d'autres termes, je m'excuse, peut-être que
cela peut intéresser le député de le savoir, c'est, en
bonne partie, un déplacement d'un certain nombre de crédits qui,
autrefois, se trouvaient au service d'inspection du ministère du
Travail, au service de l'environnement, au service d'inspection des richesses
naturelles, des ressources et énergie dans le secteur minier, qui se
trouvent regroupés.
M. Bélanger: Une autre chose que je remarque, normalement,
on voit le nombre de permanents, le nombre d'employés occasionnels. Au
programme 7, on ne voit pas ce nombre d'employés, et j'aimerais, en
même temps, connaître le nom du président de cette
commission. (16 h 15)
M. Marois: Le nom du président-directeur
général de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, c'est M. le juge Robert Sauvé. Il y a
quatre vice-présidents: M. Gilles Néron, qui est ici,
vice-président à l'inspection, M. Bernier qui est aussi parmi
nous, vice-président à l'indemnisation et à la
réadaptation, il y a M. Massé, qui est le vice-président
à l'administration, et M. Jean-Louis Bertrand le vice-président
à la prévention.
Quant au nombre de postes autorisés c'est 332, pour les fins du
programme 7.
M. Bélanger: Est-ce qu'il y a une raison spécifique
pourquoi ils n'apparaissent pas ou si c'est tout simplement une omission, un
oubli, on les retrouve ailleurs dans la fonction publique?
M. Marois: La raison en est qu'il s'agit d'un programme de
transfert. C'est un programme de subvention que le gouvernement verse, comme la
loi le lui dit: Vous devez payer tel montant correspondant à tant de
postes. Alors, il y a toujours des discussions dans ce genre de situation.
D'abord, on détermine le nombre de postes autorisés, 332, et en
découle forcément un budget. Ce budget-là est une
subvention qui est transférée à la commission.
M. Bélanger: Est-ce qu'il est possible aussi, M. le
Président, de savoir le nombre de contractuels qu'il y a, depuis
l'adoption de cette nouvelle loi?
M. Marois: Il y en a présentement dix-huit, pour les fins
d'inspection en construction.
M. Bélanger: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Madame la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Moi, c'est sur le programme d'allocations de
maternité.
M. Marois: Si c'est sur un autre programme, M. le
Président, est-ce que je comprends que les crédits du programme
7...
Le Président (M. Laplante): II y a encore un
député qui demande la parole, M. le député de
Beauce-Sud.
Mme Harel: Je voulais seulement vous dire que j'avais
l'impression que si je n'en parlais pas, personne ne parlerait de ce
programme.
M. Marois: C'est au programme 5, on y reviendra.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, M. le Président, j'ai été
heureux d'entendre le ministre dire qu'il n'était pas satisfait de la
philosophie de cette loi d'indemnisation. J'ai déjà porté
à son attention un cas précis qui démontre une grave
injustice pour les justiciables qui se servent de cette loi, qui ont subi des
préjudices à l'occasion d'un accident du travail. Je voudrais
parler exactement du cas d'un individu qui travaillait une journée par
semaine dans un encan d'animaux. Il s'est fait blesser. Après qu'il eut
été blessé, il fut indemnisé, mais la commission,
au bout de plusieurs mois, s'est rendu compte que le type travaillait une
journée par semaine, donc lui a réclamé un remboursement.
On a dit: Vous êtes indemnisé en fonction du salaire que vous
gagnez, vu qu'au lieu de travailler cinq jours vous travaillez une
journée, votre indemnité est basée là-dessus. Alors
vous comprenez que, si l'individu travaille à temps partiel, on
l'indemnise à temps partiel, mais son préjudice, son handicap, il
le subit à plein temps. Donc, j'ai été heureux de vous
entendre dire, M. le ministre, que vous désiriez des modifications
à cette loi. Vous considérez comme moi, sans doute, que les
travailleurs à temps partiel n'ont pratiquement pas de protection.
Quelqu'un qui a certains biens, qui est blessé dans un accident
semblable, la commission ne l'indemnise pratiquement pas, donc il n'a
qu'à manger les biens qu'il a, et après, à s'en aller au
bien-être social.
M. Marois: Je ne m'étendrai pas longuement, parce que
c'est une des façons de bien illustrer pourquoi, je crois, il faut
fonder une réforme sur une philosophie de remplacement de revenu. Je
regrette que cela n'ait pas été fait depuis dix ans. Une autre
dossier qui traîne depuis dix ans, quinze ans; je ne peux pas tout faire
en même temps.
M. Mathieu: Avez-vous une idée de
l'échéancier?
M. Marois: Dans ma tête - évidemment, je ne suis pas
le seul à prendre les décisions - je vais pousser, c'est le cas
de le dire, je vais pousser en maudit. J'ai déjà indiqué
que je suis rendu au deuxième avant-projet de loi, et dans mon esprit,
je vais faire l'impossible pour que ce soit dans la programmation de nos
travaux à l'Assemblée nationale à l'automne.
M. Mathieu: Brièvement. Une autre anomalie. Souvent,
lorsqu'une personne subit un accident du travail, elle va à un
hôpital; un médecin spécialiste s'occupe de cette personne,
et quand la commission fixe les indemnités, l'individu fait appel devant
le bureau de révision. Il arrive devant le bureau de révision, il
se fie que son médecin qui l'a traité à l'hôpital,
son médecin spécialiste, va être là pour prendre sa
part, et quelle n'est pas sa surprise de voir le médecin
spécialiste agir comme médecin de la commission contre les
intérêts de l'accidenté. C'est une anomalie, ce n'est pas
une fraude, mais c'est réellement...
M. Marois: Je dois vous dire, ça peut être important
pour l'information de tous, que maintenant, depuis un certain temps, depuis
qu'on est passé de la CAT à la
Commission de la santé et de la sécurité, la
commission accepte le rapport du médecin spécialiste, dans bon
nombre de cas; un bien plus grand nombre de cas que par le passé. Il
reste quand même qu'il y a encore un certain nombre de problèmes
du côté des médecins, comme je l'ai évoqué
tout à l'heure. Je ne veux pas revenir là-dessus, je pense qu'il
faut réévaluer ça dans la perspective de la
réforme.
M. Mathieu: Mais dans une optique de protection du consommateur,
le médecin qui traite un individu et qui sait qu'il aura à agir
pour la CSST en révision, devrait être assez honnête pour le
dire à l'individu: ne te fie pas à moi quand on va aller au
bureau de révision.
M. Marois: Bien sûr, comme je le dis, la commission accepte
son rapport, mais il y a un minimum, il me semble, dans la façon de
fonctionner des professionnels, franchement.
M. Mathieu: C'est ce qui peut manquer quelquefois et qui cause
des injustices.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
à la réponse donnée tout à l'heure par le ministre
sur le règlement. J'ai ici devant moi l'article écrit par M.
Bernier. Il est ici, je ne sais pas où, je ne l'ai pas vu, M. Lionel
Bernier...
M. Marois: Juste ici à côté de moi.
M. Polak: Ah bon, c'est M. Bernier, parfait. Donc, j'ai
noté ce qu'il a écrit le 12 décembre 1980, dans le Devoir:
"Dès le 1er avril dernier - le 1er avril 1980 - grâce aux pouvoirs
exclusifs dont elle jouit d'adopter des politiques et des programmes en vue de
réparer les conséquences de lésions professionnelles,
l'actuelle commission a décidé d'appliquer son nouveau programme
sans en attendre la sanction réglementaire." Donc, cela expliguerait
bien, à ce moment-là, que la commission avait
décidé d'appliquer le nouveau règlement, quoiqu'il
n'était pas en vigueur. Il semble y avoir une contradiction entre ce que
vous avez dit tout à l'heure et ce que M. Bernier avait écrit le
19 décembre 1980.
Parce que je ne comprends pas, comment est-ce qu'on peut appliquer un
règlement qui n'est pas en vigueur officiellement? On a pris certains
barèmes; peut-être que les barèmes ne sont pas bons,
peut-être y a-t-il des modifications à faire là-dedans?
Donc, comment expliquer ça? Il y a une contradiction entre ce que vous
venez de dire et ce que M. Bernier a écrit en décembre 1980.
M. Marois: M. le Président, je ne veux pas tout reprendre,
il se peut que mes réponses laissent le député sur son
appétit, le processus de prépublication et de publication d'un
règlement, forcément, le mot le dit, c'est pour publiciser des
choses et y accrocher aussi le sceau décisionnel du gouvernement du
Québec quand c'est de son pouvoir de le faire.
Le règlement a été prépublié, ne sera
jamais publié; deuxièmement, c'est exact, il faut bien que la
commission se donne des barèmes et des normes, sinon, comment, selon la
vieille philosophie de cette vieille patente mal faite qu'il faut refaire,
va-t-on, concrètement, l'appliquer? Elle a donc, l'obligation de s'en
donner. Dès le mois d'avril, la commission, s'est mise à
appliquer, dans ses barèmes et dans ses normes et a introduit, de
façon plus claire et plus nette, ce que le tribunal disait: vous devez
tenir compte de la notion d'aptitude ou d'inaptitude au travail, dans
l'évaluation. Bien sûr, et ça, c'est normal.
M. Polak: Je vais parler de la Loi de la santé et de la
sécurité du travail, la loi 17. Est-ce qu'il y a des statistiques
au ministère sur la réduction des causes d'accidents du travail
après la mise en vigueur de la loi? Je viens de lire un article, il y a
quelques jours sur le manque alarmant de sécurité dans les
chantiers de construction. Est-ce que c'est vrai ou est-ce que ça va
beaucoup mieux qu'avant?
M. Marois: Je pense que sur les statistiques, il y a le rapport
annuel de la commission qui est publié et chaque fois, il est largement
commenté. Vous pourrez voir que quant au nombre... mais il faut
être franc, je ne crois pas que ce soient des retombées
immédiates comme par miracle, d'une réforme comme celle de la loi
17.
Dans toutes les sociétés, tous les pays au monde où
une réforme de cette ampleur, de cette importance a été
faite, qui cherche à éliminer à la source les causes
même d'accidents et de maladie, on peut évaluer les
retombées réelles - les chiffres, les données statistiques
peuvent nous aider - sur une période de quatre à cinq ans. C'est
ce qui est arrivé en Allemagne, c'est ce qui est arrivé en
Suède, c'est ce qui est arrivé en Saskatchewan. Cependant, il
semble que le nombre de cas graves ait une tendance à diminuer et que
par ailleurs, le nombre de cas plus légers ait augmenté.
Seulement, il faut se méfier de ces chiffres parce que tous les
débats autour de la loi 17, plus des procédures beaucoup plus
serrées, appliquées par la commission - d'après ce que
j'ai pu voir depuis que j'en suis le ministre responsable - ont eu un effet
d'entraînement, notamment sur les attitudes de certaines
entreprises. Des entreprises - je l'ai déjà dit, redit et
crié sur les toits, je vais le dire comme je le pense et comme je l'ai
dit - "gamiquaient" des régimes complets, parallèles, à
côté de la Loi des accidents du travail, cachaient
carrément des accidents. À partir du moment où on a
commencé à procéder à des opérations de
perquisitions, qu'on en a mené des perquisitions - cela a fait un
esclandre, parce que je me rappelle, dans un cas, je vais le rappeler, comme
c'est public, les officiers ont même été accompagnés
par la Sûreté du Québec pour saisir les documents,
procéder aux enquêtes - pour démanteler ce genre
d'activités, à la fois les débats autour de la loi 17 et
une politique de contrôle beaucoup plus serrée dans les
comportements de certaines entreprises - et pas des petites, des grosses
entreprises - ont eu pour effet d'amener un bien plus grand nombre de
déclarations de cas qui étaient cachés. C'est pour cela
que j'ai toujours dit que nos chiffres étaient sur la base des accidents
connus et déclarés. Cela peut jouer dans les statistiques. Selon
quelle ampleur et quel ordre de grandeur, honnêtement, je pense bien que
personne ne serait capable de le dire.
En ce qui concerne la construction, effectivement, il y eu une
période de flottement des opérations d'intégration qui est
la perspective de la loi 17 - là, on est vraiment dans le programme 7 -
pour intégrer des activités d'inspection qui venaient du
ministère du Travail, qui venaient de l'environnement, qui venaient des
mines et qui venaient de l'OCQ pour la construction. Ce n'est pas facile, cela
ne se fait pas si simplement que cela. Cela a été fait et
mené pour les ministères. Dès le 1er janvier dernier, la
commission a pris charge de l'inspection. Comme les 46 inspecteurs de l'Office
de la construction du Québec qui s'occupaient de la
sécurité sur les chantiers de construction étaient
à l'office jusqu'à nouvel ordre et qu'on cherchait par des
arrangements administratifs - quand on n'a pas besoin de recourir à des
lois, tant mieux - à faire en sorte qu'ils puissent être
intégrés à la commission - c'est cela le but de
l'opération: qu'on arrête de faire en sorte qu'un inspecteur du
travail qui arrive sur les lieux sorte de là et que c'est le gars de
l'environnement qui arrivait et rencontrait le gars de la construction.
C'était la pagaille. Ce n'est pas comme cela qu'on fait, de façon
sérieuse, une inspection en matière de sécurité, en
particulier sur les chantiers de construction, cela va ailleurs aussi. Comme
ces gens étaient rattachés à l'Office de construction du
Québec, forcément ils ne faisaient pas partie de la fonction
publique. Ne faisant pas partie de la fonction publique, ne pouvaient pas
exercer tous et chacun des pouvoirs nouveaux accordés aux inspecteurs en
vertu de la loi 17. La loi 17 est formelle. Vous devez être dans la
fonction publique pour y arriver. C'est l'article 177 qui donne... Oui, je veux
bien raccourcir, M. le Président, mais on me pose des questions qui sont
tellement larges, j'essaie d'y répondre le plus honnêtement et le
plus complètement possible. Je vais faire l'impossible pour raccourcir,
bien sûr.
Comme cela n'a pas été possible d'y arriver par des
arrangements administratifs et que cela commençait à poser des
problèmes, d'où les articles que vous évoquez, et
qu'effectivement, puisque les inspecteurs n'avaient pas les pleins pouvoirs sur
les chantiers, ils n'avaient que les pouvoirs de formuler des recommandations,
alors qu'on sait qu'en vertu de la loi 17, l'inspecteur peut, le cas
échéant, faire cesser des opérations et le reste,
intervenir en appel dans le cas d'exercice de droit et de refus, rendre des
décisions, nous venons de procéder, dans le cadre du projet de
loi 11 qui a été examiné en commission parlementaire et
qui sera adopté incessamment en troisième lecture, possiblement
vendredi, à l'intégration dans la fonction publique des 46
inspecteurs en sécurité-construction, plus les 18 ou 20
contractuels en sécurité-construction qui eux non plus ne paient
pas à la fonction publique et sont rattachés à la
Commission de la santé et de la sécurité au travail. (16 h
30)
M. Polak: M. le Président, puis-je me premettre une autre
question encore?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Polak: M. le ministre, selon l'article 140 de la loi 17, le
conseil d'administration est composé de quinze membres, moitié
employeurs, moitié employés ou travailleurs. Dois-je comprendre -
corrigez-moi si je fais erreur - que parmi les représentans syndicaux,
il y n'y a pas un représentant de la CSD?
M. Marois: C'est exact.
M. Polak: J'ai tout de même pu comprendre que la CSD est un
organisme syndical très représentatif, surtout dans les secteurs
des textiles et de la chaussure. Tout le monde sait que, dans ces secteurs, il
y a souvent des cas d'accidents assez sérieux.
D'autre part, dois-je comprendre qu'il y a des représentants de
la CEQ et que, parmi les enseignants, heureusement, il y a beaucoup moins de
ces accidents. Y a-t-il une raison spéciale? Ne serait-ce pas plus
normal de dire: II faut avoir un représentant de la CSD là-dedans
pour vraiment représenter ce secteur des travailleurs qui sont tout de
même en très grand nombre.
M. Marois: C'est exact, il y a un représentant de la CEQ,
c'est le président de la CEQ, M. Gaulin, qui siège au conseil
d'administration. C'est exact, il n'y a pas de représentant de la CSD.
C'est exact que la CSD représente des travailleurs dans des secteurs
où il y a des taux d'accidents plus ou moins importants, selon les
secteurs où ils sont. C'est exact aussi que, dans le secteur de
l'enseiqnement, il faut faire attention. Rappelez-vous en particulier le
secteur de l'enseignement professionnel où il y a un taux anormal
d'accidents. On avait regardé cela très attentivement en
commission parlementaire. Bon Dieu, on est en train de former des jeunes qui,
demain, seront des travailleurs. Ce n'est pas le genre de décision
facile à prendre, je ne vous le cacherai pas, c'est 7-7. Je suis bien
prêt à regarder cela à nouveau quand les mandats arriveront
à terme. Pour l'instant, tout ce que je peux vous dire, c'est que l'un
et l'autre étaient défendables, me semble-t-il. On a tenu compte
de plusieurs facteurs. Je viens d'en énumérer un certain nombre.
Ce n'est pas une décision facile à prendre, mais dans l'un et
l'autre cas, cela pouvait très bien se justifier. Il faut tenir compte
du nombre des membres, etc.
M. Polak: J'aimerais tout de même -vous dites qu'on va le
considérer dans l'avenir - que vous preniez cela vraiment en
sérieuse considération, parce que je crois que c'est un syndicat
assez connu, qui s'occupe bien de ses membres. Je crois qu'on devrait surtout
en nommer un qui travaille qui pourra être représenté, si
la formule était trouvée.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Prévost.
M. Dean: C'était simplement pour avoir un
complément d'information sur la question posée tantôt par
le député de Sainte-Anne. On n'a pas de chiffres
là-dessus, mais des sources syndicales me disent qu'à la suite
d'une réforme profonde de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, il se peut que les statistiques d'accidents
augmentent dans un premier temps, justement pour la raison que le ministre a
évoquée. Des accidents qui, avant, étaient cachés,
maintenant à cause d'une loi plus forte, des possibilités
d'intervention plus fortes, sont rapportés et sont
déclarés comme tels. Cette expérience a été
vécue dans d'autres provinces et en d'autres pays à la suite de
l'adoption de telles lois. M. Néron m'a donné aussi un chiffre
qui n'est peut-être pas trop significatif, mais les décès
étaient, en 1979, 74; en 1980, 54; en 1981, 51. Pour les quatre premiers
mois des trois années qui se suivent, on constate une baisse du nombre
d'accidents mortels, pour la même période l'année
dernière et l'année antérieure, même dans la
construction. Ce ne sont pas des chiffres qui prouvent grand-chose, ils ne sont
pas très scientifiques, mais ils reflètent peut-être
quelque chose.
M. Marois: M. le Président, je m'excuse, j'ai induit en
erreur un député sur une question qui m'a été
posée et je voudrais me corriger tout de suite. Concernant la mise en
application de nouvelles mesures à l'inspection, j'ai dit:
Décembre 1981. La loi a été adoptée en
décembre 1979, les articles ont été promulgués au
cours de 1980 et, pour l'inspection, précisément en
décembre 1980; pour l'entrée en vigueur, c'est le 1er janvier
1981 lorsque la commission a pris charge de l'inspection.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je ne suis pas dans le "know-how", comme on dit, j'ai
entendu des rumeurs; est-ce qu'il y a possibilité d'amender la loi en
faisant disparaître la fonction actuelle du bureau de révision par
une simple décision administrative? Est-ce que c'est vrai qu'on
étudie cela actuellement? Si oui, est-ce qu'on va soumettre
l'étude aux différents organismes afin d'obtenir leur opinion
là-dessus avant de soumettre de tels amendements?
M. Marois: II y a diverses hypothèses qui sont
examinées dans le cadre des avant-projets de loi que j'ai
évoqués concernant une réforme en profondeur du
régime actuel de compensation des lésions professionnelles.
Notamment, celle-là a été examinée parmi d'autres.
Il n'y a rien de définitif, puisque je n'ai donné mon feu vert
à aucun projet. Dans une réforme aussi importante que
celle-là, il y a, me semble-t-il, des étapes normales de
consultation. La première, c'est de passer par le conseil qui est
là et cela nous a été demandé beaucoup de fois, et
avec beaucoup de justesse. Il faut le revaloriser, lui permettre de jouer
pleinement son rôle; quand on le lui permet, il le joue vraiment de
façon intéressante. Il doit passer d'abord par le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, qui est un lieu
privilégié d'échanges, de discussions et de consultations.
Il est vraiment important d'avoir cet éclairage. La deuxième
étape, dans ce genre de projet, lorsqu'il est approuvé au Conseil
des ministres, c'est me semble-t-il, après un dépôt en
première lecture, de convoquer une commission parlementaire pour
entendre tous les intéressés, quelque groupe que ce soit pour
leur permettre de faire valoir pleinement leur point de vue et, par la suite,
de procéder à la deuxième lecture et aux autres
étapes. C'est bien ce que j'entends faire, à moins de
choses imprévisibles.
M. Polak: Je n'ai que deux ou trois courtes questions.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Polak: Je voudrais parler de ce qu'on pourrait appeler des
articles de "housekeepinq". On parle des sous des contribuables, et la question
que je veux poser n'est pas basée sur des connaissances personnelles du
dossier. Nous vivons dans un temps d'austérité. Peut-être
ce sera une réponse très simple, peut-être uen peu plus
compliquée. J'ai cru comprendre dernièrement que le
président de la CSST et le vice-président ont fait un voyage en
Italie. Je ne sais pas quel était le but de ce voyaqe. Pourriez-vous me
dire si ce voyage a eu lieu, dans quel but, ce que cela a coûté
aux contribuables en général?
M. Marois: Premièrement, c'est exact qu'il y a eu un tel
voyage et son but était la signature d'une entente de coopération
entre le Québec et l'Italie. Nous avons des ententes avec diverses pays
qui nous permettent de faire en sorte que, lorsque les citoyens de ces pays
viennent chez nous et, à l'opposé, lorsque des
Québécois vont chez eux, nos divers régimes de
compensation en cas d'accident puissent s'appliquer. Quant aux coûts pour
les contribuables, ce ne sont pas des coûts. Vous savez que le budget de
la Commission de la santé et de la sécurité provient de
cotisations des employeurs. Maintenant, c'est un élément clef de
la réforme introduite par la loi 17, les représentants des
employeurs siègent au conseil d'administration avec un pouvoir
décisionnel avec les représentants des travailleurs. C'est
là que les budgets de la commission, se décident, que les taux de
cotisation sont adoptés, votés par un conseil d'administration,
qui a les pleins pouvoirs pour agir en ce sens-là. Et c'est le
même conseil d'administration qui autorise des dépenses
inhérentes à des voyages comme ceux-là. Quant au
détail des dépenses, honnêtement, je ne l'ai pas. Mais je
suis certain que cela a été scruté à la loupe par
ceux qui sont les payeurs, c'est-à-dire les employeurs, leurs
représentants qui siègent au conseil d'administration.
Mais je vois une excellente perspective. Je pense que c'est excellent
d'ouvrir ces perspective de signature d'ententes, d'accords bilatéraux
avec d'autres pays. Cela se développe de plus en plus.
M. Polak: Pour raccourcir le débat, pourriez-vous nous
dire combien de personnes y sont allées, pour combien de temps, et quel
était le coût? Il y a tout de même beaucoup d'employeurs qui
paient la contribution qui ne sont pas représentés et qui
aimeraient le savoir.
Je voudrais savoir, à titre de renseignement, si ces chiffres
peuvent être disponibles. On n'a pas besoin de prendre beaucoup plus de
temps pour cela maintenant. J'aimerais jeter un coup d'oeil là-dessus
tout de même.
M. Marois: M. le Président, là se pose cependant
une question de principe, avant de prendre une décision et un
engagement. Il y a deux personnes qui sont allées, le président
et le vice-président, M. Bernier. La commission, de par la loi, est une
commission autonome. Rien sûr, il y a un ministre qui en répond,
il y a des crédits qui sont des budgets de subventions et c'est le
gouvernement qui décide. C'est le gouvernement qui décide de la
publication ultime ou pas d'un certain nombre de règlements
prévus par la loi. Mais c'est la commission elle-même qui est
maître de son budget, à partir des cotisations des entreprises.
C'est elle-même qui détermine les taux de cotisation et les
dépenses.
Avant de créer un précédent comme celui-là,
je voudrais d'abord vérifier, et je vais le faire. Je prends acte de la
demande du député, je vais vérifier avec les officiers de
la commission, leur demander quelle est la politique du conseil
d'administration. C'est quand même, encore une fois, une commission
autonome en vertu de la loi. Je vais leur demander quelle est leur politique
et, par voie de conséquence, j'aviserai avec plaisir le
député, je lui ferai parvenir ce qui me reviendra de la
commission.
M. Polak: Dans le même ordre d'idées, je ne sais pas
si mes chiffres sont corrects, mais je dois comprendre qu'il y a un autre
voyage qui a eu lieu tout dernièrement dans le Yukon?
M. Marois: Oui, effectivement. C'était la rencontre des
commissions des accidents du travail à travers tout le Canada, des
diverses provinces et du gouvernement fédéral.
M. Polak: On s'est rencontré au Yukon.
M. Marois: Si vous étiez là, vous voyagez vous
aussi.
M. Polak: Je n'ai rien contre cela, il y a beaucoup de glace, il
y a beaucoup d'accidents aussi.
M. Marois: C'est une réunion, une rencontre presque
statutaire, il y en a une chaque année. Si ma mémoire est bonne,
l'an dernier, c'était ici au Québec. Je suis allé
moi-même les rencontrer. Il y en a une
chaque année. L'an prochain, c'est à Toronto.
M. Polak: Comme dans ma question précédente,
j'aimerais savoir si vous croyez pouvoir déposer ces chiffres.
Autrement, il faudra que je les obtienne ailleurs.
J'aimerais savoir combien de personnes sont allées là,
pour combien de temps, quel était le montant total des dépenses?
Est-ce qu'il y a des femmes qui sont allées et si elles ont payé
leur voyage? Des petits détails qui peuvent nous renseigner un peu
plus.
M. Marois: Des détails croustillants.
M. Polak: Non. M. le ministre, excusez-moi. Je ne trouve pas cela
offusquant du tout.
M. Marois: Croustillants, j'ai dit.
M. Polak: Par la suite, je peux donner mes commentaires
là-dessus.
M. Marois: Excusez-moi, je n'ai rien dit.
M. Polak: Non. Je vous remercie d'avoir retiré cette
remarque.
J'aimerais bien, lorsque vous étudierez la première
question pour le voyage en Italie, que vous étudiiez en même temps
celui du Yukon.
M. Marois: J'en prends bonne note.
M. Polak: Et la toute dernière question - j'ai
terminé exactement à 15 h 45 - est-ce que la commission est en
train...
M. Marois: Est-ce que vous faites toujours le même genre de
lecture des horloges, habituellement? Vous êtes à l'heure normale.
Vous êtes resté à l'heure normale.
M. Polak: M. le Président est très strict, M. le
ministre. C'est lui qui est le chef du débat. Je veux finir suivant les
instructions que j'ai reçues, après tout.
Pourriez-vous me dire, M. le ministre, si la commission est en train de
considérer ou a décidé d'acheter une machine IBM pour le
ministère?
M. Marois: Si la commission est en train d'acheter une machine
IBM pour le ministère?
M. Polak: Si la CSST est en train d'acheter ou a
décidé d'acheter une machine IBM d'une assez grande valeur?
M. Marois: Pour le ministère? M. Polak: Non.
M. Marois: C'est ce que vous avez dit. M. Polak: Non, la
CSST.
M. Marois: Je vais vérifier. Je prends acte de votre
question. Je vais vérifier. Je ne le sais pas.
M. Polak: Vous devriez savoir cela.
M. Marois: Non, franchement. Bon, très bien. Je devrais
normalement savoir cela. Je ne le sais pas, s'il y a eu un "dactylo"
acheté, d'une grande valeur ou pas.
M. Polak: Non, ce n'est pas une "dactylo", non. Je parle d'une
machine. Je vous dis que je ne connais pas toute l'affaire là-dedans,
mais, tout de même, on a mentionné une machine d'un million de
dollars, je ne sais pas du tout. Si c'était une machine de 1000 $, je
n'aurais pas posé la question. C'est vrai, le vice-président est
là, vous pouvez peut-être lui transférer la question.
M. Marois: M. le Président, je vais prendre avis de la
question, je vais vérifier. Il y a là une question de principe.
La loi est là, elle dit que la commission est une commission autonome,
elle a son conseil d'administration, il ne peut pas être plus ouvert que
celui-là, ce qui n'était pas le cas par le passé. Les
représentants des employeurs sont choisis par eux, ils présentent
une liste, ils choisissent à travers ces noms-là pour nommer
leurs porte-parole. La même chose du côté des travailleurs,
ils administrent leur budget, et ce budget, je n'en réponds pas à
l'Assemblée nationale. J'assume la responsabilité de
répondre à l'Assemblée nationale des crédits qui
sont votés par l'Assemblée nationale et qui font partie du budget
du gouvernement, de ce qui est mentionné, par exemple, au programme
7.
Je vais prendre avis de cette question, je poserai la question dans la
foulée des deux autres questions, à la commission, pour voir
quelle est sa politique et j'aviserai le député.
M. Polak: Tout de même, ça relève de votre
ministère. On est donc dans une drôle de situation. Vous prenez la
responsabilité de répondre à toutes les questions,
jusqu'à maintenant, je suis bien d'accord avec ça, mais tout
à l'heure, on a parlé de la régie interne de la CSST,
à tout point de vue, là, on tombe, sur le plan interne, au point
de vue financier, et soudainement, il fait appel à un principe : Je ne
peux pas répondre. Moi, ça ne m'intéresse pas de savoir
d'où provient la réponse, mais je veux l'avoir. Si vous
n'êtes pas capable de me le dire, dites-le moi, je vais trouver d'autres
méthodes
pour l'avoir. Je n'accuse personne, ça peut être des
affaires bien correctes, mais j'aimerais bien avoir la réponse, pour
l'étudier un peu plus en détail, c'est tout ce que je
demande.
M. Marois: Très bien, M. le Président. M. Polak:
Merci.
M. Gratton: Vous pouvez constater que le député de
Sainte-Anne a pas mal plus de ressources que de se fier à une question
au feuilleton pour avoir des informations.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je dois conclure
que le programme 7 est adopté?
M. Gratton: Quant à nous, oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Quel programme
voulez-vous entamer?
M. Dean: ...ici on parle à d'autres personnes, il faut
répondre à des questions.
Une voix: Voulez-vous répéter?
M. Marois: Je voudrais remercier les représentants de la
commission qui étaient parmi nous, M. le Président. Je comprends
que l'Opposition désirerait poser un certain nombre de questions
relatives à l'Office de la construction du Québec, aux
règlements de placement, et le reste, c'est donc, en partie, les
programmes 4 et 6. M. Gagnon, le président de l'Office de la
construction, est avec nous.
Le Président (M. Laplante): Les programmes 4 et 6.
M. Marois: C'est une partie du programme 4, le placement, et une
partie du programme 6, l'inspection.
Là-dessus, je dois dire que c'est là aussi un budget de
transfert, une subvention de 7 600 000 $ à l'Office de la construction
du Québec pour lui permettre d'assumer ses responsabilités
à la fois dans le domaine du placement et dans le domaine de
l'inspection.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
Services de main-d'oeuvre
M. Bélanger: M. le Président, je dois d'abord vous
informer que j'ai été chargé, par l'Opposition de
m'occuper en particulier de la classification, du dossier de placement dans le
domaine de la construction. Je n'ai pas ici à faire de plaidoirie sur ce
programme, vous savez qu'on l'a toujours combattu et mon intention est
assurément de le combattre encore davantage. Ce n'est certes pas avec le
départ du député de Portneuf, M. Pagé, qui occupe
présentement d'autres fonctions, que la bataille est terminée. Au
contraire, j'ai l'intention, dès bientôt, de mener une lutte
à mort, non pas en mon nom personnel, non pas non plus au nom du Parti
libéral du Québec, non pas non plus au nom des associations
patronales et non pas non plus contre les centrales syndicales, mais au nom des
travailleurs du Québec, qui, à mon avis, ont un droit, qui est
fondamental, de travailler dans la profession qu'ils choisissent.
Je verrais très mal un avocat, un médecin, un dentiste,
qui aurait le malheur ou le bonheur de prendre deux ans de vacances au
Pérou, revenir au Québec et ne plus avoir le droit d'exercer sa
profession. C'est dans ce sens que j'ai l'intention de mener une lutte
très ferme, une lutte - je l'ai dit et je le répète - sans
merci. Elle durera quatre ans, elle durera huit ans, elle durera dix ans, mais
je vais tenter de faire entendre raison au gouvernement. Je n'en ai pas contre
l'OCQ, ce sont des exécutants qui reçoivent des ordres du
gouvernement. Ce n'était pas non plus le but de la fondation de l'OCQ
qui en avait d'autres.
J'aimerais savoir, M. le ministre, on va en arriver aux questions - on
n'a pas l'intention, comme je l'ai dit tout à l'heure, de discuter
longtemps sur cela, vous connaissez maintenant mes couleurs, vous connaissez
maintenant nos couleurs - si le gouvernement - M. le ministre, vous pouvez
peut-être me répondre - a l'intention de faire des modifications
à ce règlement dans un avenir prochain.
M. Marois: M. le Président, les couleurs du
député ont le mérite d'être brillantes, vives,
à l'avenant de la couleur du parti qu'il représente. Cela a le
mérite d'être très clair et très frais. Je
l'apprécie. En conséquence, je vais aussi vous dire quelles sont
les miennes, mes couleurs, de façon aussi claire, aussi précise
et aussi nette. Je voudrais rappeler, d'une part, que le premier
règlement est entré en vigueur en septembre 1977 et contenait les
trois éléments clés qui en sont l'économie
fondamentale et la philosophie fondamentale. Premièrement, la
reconnaissance des véritables travailleurs de la construction;
deuxièmement, la préférence d'embauche régionale;
troisièmement, la mise en place d'un nouveau système de
placement.
Ce règlement a donné jusqu'à maintenant les
résultats suivants: l'industrie de la construction, on le sait, a connu
depuis un certain nombre d'années une diminution marquée de son
activité avec une tendance, Dieu merci, à la reprise depuis un
certain temps, en particulier dans la région de Montréal. C'est
plus que bienvenu pour tout
le monde. Là-dessus, on ne se chicanera pas. Malgré cette
mauvaise conjoncture, grâce au règlement en question, les
salariés qui ont été actifs dans la construction ont pu
bénéficier des effets positifs dans le sens suivant: D'une part,
la moyenne d'heures travaillées par les salariés a
augmenté. Forcément, cela se répercute - parlez-en aux
travailleurs concernés - sur le revenu de ces salariés qui a
augmenté. En effet, le salaire annuel moyen s'est accru de près
de 12%, de 1978 à 1979, et encore plus en 1980. Deuxième effet
positif, cela a été de favoriser les salariés de plus de
50 ans; il faut penser aussi à ce monde.
Les salariés, les vrais travailleurs de la construction sont
passés de 14% de l'ensemble des travailleurs de la construction en 1977
à près de 18% en 1979. De même, troisième
élément, l'évolution du contenu local ou régional
de l'emploi témoigne que la priorité est de plus en plus
accordée aux salariés qui sont domiciliés dans la
région où s'effectuent les travaux, même s'il y a encore un
certain nombre d'accrochages, tel que l'a évoqué tout à
l'heure le député de Duplessis.
La proposition du Parti libéral qui vient d'être
réitérée, "qui serait de combattre le règlement,
à toutes fins pratiques, de viser à le faire disparaître
ultimement, à déréglementer le secteur de la construction
-c'est comme cela que c'est formulé dans le programme du Parti
libéral - le placement de la main-d'oeuvre, tout en favorisant le
respect des priorités régionales." Je cite au texte. Une telle
recommandation, à mon avis, serait source de confusion dans l'industrie.
Si on désire favoriser le respect des priorités
régionales, cela nécessite obligatoirement un mécanisme de
contrôle quelconque, donc un règlement à cet effet. Si le
règlement relatif au placement des salariés était aboli et
qu'aucun autre mécanisme de contrôle n'était
envisagé, on pourrait considérer qu'il s'agit là de la fin
des préoccupations face à la sécurité du revenu des
salariés de l'industrie et la fin de l'objectif de priorité aux
vrais travailleurs de la construction.
En plus de cela, l'abolition des contrôles quant aux
activités des bureaux de placement syndicaux pourrait conduire au retour
de certaines pratiques - je vais le dire comme je le pense - d'intimidation et
de violence semblables à ce que l'industrie a connu avant 1975.
Finalement, on pourrait aussi assister à une diminution au
chapitre de la qualité et de la productivité de la main-d'oeuvre
en raison du plus grand climat d'insécurité dans lequel
forcément cette industrie se trouverait plongée. À mon
avis, cela mènerait carrément à un désordre social
dans le secteur de l'industrie de la construction, désordre qu'on a
déjà connu avant la commission Cliche.
En d'autres termes, traduisant maintenant concrètement cette
approche, cette analyse que nous faisons, pour répondre très
précisément à la question qui est posée par le
député, il n'est pas de mon intention, il n'est pas de
l'intention du présent gouvernement de modifier l'économie
générale, la philosophie fondamentale de ces trois articulations
clés que j'ai évoquées du règlement de placement de
la construction, pas du tout.
Cela dit, cependant, il nous semble qu'il serait possible d'en rendre,
après évaluation, dans certains coins, dans certains cas
l'application plus humaine pour tenir compte d'un certain nombre de
réalités. Je vais donner un exemple pour mieux illustrer ma
pensée. Pourquoi, pour un travailleur âgé de la
construction, qui a passé une bonne partie de sa vie, pour ne pas dire
l'essentiel, n'y aurait-il pas moyen, par un mécanisme, en modifiant, en
ajustant le règlement, de trouver une formule qui permette de lui
donner, appelons cela sa carte d'or de travail, peu importe, en disant: La
voilà ta carte et on te fiche la paix, pour le reste de tes jours, tu
l'as. Il y a peut-être un certain nombre d'ajustements de ce type
à faire.
L'OCQ, à notre demande, a commencé à regarder cela,
après qu'il y a eu d'ailleurs, en janvier, si ma mémoire est
bonne, un groupe de travail de la majorité parlementaire qui m'a remis
un rapport en ce sens. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec M. Gagnon et les
officiers de l'OCQ pour préparer un certain nombre d'hypothèses,
d'ajustements de ce type qui ne défont ni les objectifs ni les
articulations clés du règlement.
Un document de travail a été préparé. Il est
à l'état de discussions informelles avec les parties
concernées, parce que vous savez que ce genre de modification doit
passer par ce qu'on appelle le comité mixte de la construction pour
ensuite revenir à une recommandation de l'office et à une
décision du gouvernement. Les travaux en sont rendus là dans la
perspective que je viens d'évoquer.
Je m'excuse d'avoir pris quelques minutes, M. le Président, mais
c'était pour répondre de façon aussi nette, claire et
franche que venait de le faire le député. J'apprécie ce
genre d'approche qui est celle du député d'être très
nette, claire et franche.
M. Bélanger: On aura sûrement l'occasion de vous en
faire d'autres, M. le Président. Le ministre vient de nous faire un
exposé magnifique sur des statistiques, c'est sensationnel, mais il
reste qu'il y a l'individu dans cela. Comme député, j'ai
déjà déclaré, et je peux le déclarer
à nouveau, que 20% à 25% de mon travail de bureau de
comté,
c'est effectivement de tenter de trouver des solutions humaines à
cette fameuse classification dans la construction. Il faut s'entendre, on ne
parle pas de la qualification, on parle de la classification. Il n'est pas
question d'ouvrir le marché, comme c'est le cas en Colombie britannique,
à tout le monde qui veut travailler à la construction, mais je ne
trouve pas normal non plus qu'au Québec on puisse, par exemple, faire de
la prison pour avoir exercé un droit fondamental, celui d'aller
travailler. Je ne trouve pas non plus normal qu'on affecte un crédit de
tout près de 5 000 000 $ à ce sujet pour empêcher les
Québécois d'aller travailler. Je vois mal le travailleur dans le
domaine du textile et je vois mal aussi le travailleur qui a une carte de
compétence en sa possession devoir travailler temporairement à
faire du taxi et qu'à même son impôt on subvention l'OCQ et
qu'on dise: Avec cela, vous allez vous arranger pour ne pas qu'il ait le droit
de retourner travailler. C'est un peu cela qu'on fait. Je dramatise
peut-être un peu, mais c'est à peu près cela qui nous
arrive. (17 heures)
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il n'est pas question de
laisser le libre choix à n'importe qui, à tout le monde de
revenir dans le domaine de la construction, mais on pourrait - je vais vous
citer un exemple, M. le Président - émettre une carte permanente
à quiconque a travaillé 500 heures dans un métier de la
construction et qui est déjà détenteur d'une carte de
compétence. Il faudrait également abolir toutes les
régions au Québec. Vous voulez un Québec libre, laissons
donc les travailleurs libres à l'intérieur du Québec. Le
député de Duplessis nous a raconté que l'employeur
transportait son personnel à 75% ou 95%...
M. Perron: À 95%.
M. Marois: II n'y a jamais eu d'équations automatiques
entre la liberté et l'anarchie totale, que je sache.
M. Bélanger: Ce n'est pas l'anarchie pour un
Québécois que d'avoir le droit de travailler en Gaspésie
et de se retrouver trois semaines après en Abitibi, ce n'est pas
l'anarchie. Je vais finir, M. le Président, si vous me le permettez. Il
faudrait aussi avoir une classification automatique pour un finissant de
l'école des métiers, mais là le ministre, à
même l'argent des contribuables, forme certains corps de métiers
dans le domaine de la construction et, après que les études sont
terminées, on lui dit: Parfait, tu as un beau diplôme, mais on ne
veut pas te voir.
Dans mon comté de Mégantic-Compton, qui est un
comté semi-rural, semi-urbain, j'ai de nombreux problèmes
à cet effet. Un jeune homme de 21 ans est venu me voir à mon
bureau et m'a dit: Je viens de terminer mon cours à l'école
secondaire Montignac, je suis prêt à aller sur le marché du
travail, mais il me manque ma classification. Alors, j'ai dû suivre tous
les mécanismes qu'on connaît pour savoir où il était
situé dans la banque, pour savoir s'il avait une chance de travailler,
de gagner sa vie. On m'a dit que j'étais dans la région de
Québec, la sous-région de la Beauce, etc., et qu'il y avait 83
apprentis menuisiers en banque, dans la réserve, dans le fond. On sait
aussi que pour engager un apprenti menuisier, cela prend cinq menuisiers qui
détiennent des cartes de compétence. J'ai dit à ce jeune
homme qu'il aurait probablement sa pension de vieillesse avant de pouvoir
essayer sa "Skillsaw" sur le chantier.
Il m'a fait une autre demande, cela sort un peu du sujet, mais je vais
quand même vous démontrer un problème humain. Voici sa
deuxième demande. Il m'a dit: L'oncle de mon épouse veut nous
donner un terrain situé sur sa ferme pour qu'on se construise une
maison. J'ai dû encore une fois communiquer avec l'Office de la
protection du territoire agricole pour finalement dire à ce jeune homme:
Tu n'as pas le droit de te bâtir et tu n'as pas le droit de travailler.
Alors, il m'a donné comme réponse: Je vais partir pour l'Alberta
ou la Colombie britannique là où on a encore le droit de
vivre.
C'est un problème humain, M. le ministre, il faut le
reconnaître. Vous avez parlé d'anarchie, je pense que vous aussi
vous avez charrié un peu. Ce n'est pas de l'anarchie que de laisser
à un travailleur au Québec le privilège d'aller travailler
à Montréal, à Trois-Rivières ou en Gaspésie,
parce gu'on sait que l'employeur, l'entrepreneur, le constructeur qui doit
déplacer son personnel, cela lui coûte des frais
supplémentaires de 160 $ par semaine pour chaque employé. Il ne
le fera pas, il va engager des gens sur place à condition qu'ils soient
bons, et s'ils ne sont pas bons, même s'ils sont détenteurs d'une
carte dans leurs poches, il aura le droit de les mettre à pied; c'est le
droit strict d'un employeur.
M. Gratton: Est-ce qu'on me permettrait d'enchaîner
très brièvement? Je pense bien que personne de ce
côté-ci de la table ne conteste la validité des objectifs
que poursuit le règlement de placement de limiter le champ aux vrais
travailleurs de la construction, d'assurer dans la mesure où c'est
possible, quoique personnellement je commence à me demander si c'est
réellement possible, le contingentement au niveau des régions. Je
me demande si le problème de fond n'est pas le critère qu'on a
retenu pour la classification des travailleurs, un critère qui est tout
à fait artificiel, celui
des heures travaillées. On pourrait donner une liste d'exemples
longue comme le bras de situations où un vrai travailleur de la
construction, un bonhomme qui peut avoir sa carte de compétence depuis
dix, quinze ou vingt ans - on en a des cas chacun d'entre nous dans nos bureaux
de comté - pour des raisons toutes aussi différentes que
variées ne remplit pas les critères du règlement.
C'est tellement vrai que, depuis le 1er juillet 1978, le gouvernement et
l'OCQ ont cru nécessaire et valable d'amender, d'assouplir le
règlement au moins quatre fois, si ce n'est cinq, et on parle
déjà de continuer de l'assouplir.
J'ai nettement l'impression que tant et aussi longtemps qu'on va retenir
le critère des heures travaillées, critère, je le
répète, complètement artificiel, on va être
exposé à devoir le modifier, l'assouplir d'année en
année. Le ministre a évoqué la possibilité
d'émettre la carte automatiquement à ceux qui auraient un certain
nombre d'années dans le domaine. Cela ne réglera pas le cas du
jeune travailleur qui, très souvent, est issu d'une école
reconnue, comme électricien ou comme ouvrier dans un autre métier
de la construction et qui, à cause des contingentements, ne pourra
jamais exercer sa profession.
Qu'est-ce qu'on répond à ces gens-là, surtout
à ceux qui nous disent: J'ai déjà un emploi? Il y a
quelqu'un qui est prêt à m'engager, mais je dois me limiter - et
il est encore chanceux quand il est admissible aux prestations de
l'assurance-chômage; très souvent, c'est l'aide sociale qui est
son seul recours. Très souvent, il est assis là à regarder
des gens qui proviennent, dans le cas de mon comté, par exemple, de
Maniwaki. Avec des cartes de compétence, depuis quinze ans ils sont
assis là à regarder les gars de Hull venir travailler parce
qu'ils ont leur classification A.
Au point de vue du contingentement au niveau régional, on vient
de passer à côté complètement de l'objectif
visé. Si on pense que dans une région donnée, que ce soit
les régions administratives du Québec, on doive contingenter,
pourquoi ne pas dire: On doit également contingenter au niveau d'une
municipalité ou au niveau d'une sous-région?
La solution, j'admets qu'elle n'est pas facile. Je répète
ce que le député de Mégantic-Compton a dit: II n'est pas
question pour nous de parler d'ouvrir complètement l'industrie de la
construction. Mais à tous ces problèmes - ce n'est pas seulement
nous, les députés de l'Opposition, qui en entendons parler, ce
sont également les députés ministériels -
d'individus qui sont poignés dans le système à partir d'un
critère aussi artificiel, il me semble qu'il doit y avoir d'autres
solutions. J'inviterais le ministre à se pencher sur ce qu'elles
pourraient être.
M. Marois: M. le Président, comme il s'agit là d'un
budget de 7 800 000 $ - c'est un budget de transfert administré par
l'office, il s'agit carrément d'un budget qui relève de notre
responsabilité - il serait peut-être intéressant pour les
membres de la commission d'entendre celui qui est pris dans le champ tous les
jours, le président de l'Office de la construction, nous donner son
point de vue de l'évaluation de la pratique des choses à partir
du fameux critère qu'évoquait le député de
Gatineau. Si la commission est d'accord, je demanderai à M. Gagnon, le
président, de commenter le critère des heures à partir de
l'évaluation de la pratique.
En ce qui concerne le critère qui a été choisi pour
déterminer si une personne avait droit ou non à un certificat de
classification, le seul critère qui était disponible et qui
était contrôlable, c'était le critère des heures. On
a eu beau essayer d'en trouver d'autres, il n'en existe pas d'autres. À
l'office, on reçoit tous les mois des rapports mensuels des
entrepreneurs qui nous font état de tout ce que les ouvriers ont fait
durant le mois, des heures qu'ils ont travaillées, des revenus qu'ils
ont gagnés. Il fallait partir de ces données pour établir
un critère. Le critère du revenu n'est pas un critère
qu'on pouvait retenir parce que cela peut varier tellement, alors que les
heures, c'est un critère objectif. C'est un critère qui peut
s'appliquer à tout le monde.
Il y avait un autre critère possible au tout début.
C'était tout simplement de dire à celui qui a une carte de
compétence donnée par le ministère du Travail, une carte
de qualification: Tu vas avoir une carte de classification si tu as une carte
de compétence, mais cela aurait donné des résultats assez
aberrants. Il suffit de se rappeler, par exemple, que chaque année les
écoles secondaires au Québec ou les autres institutions
spécialisées forment un nombre assez élevé de
personnes qui sont susceptibles de travailler dans l'industrie de la
construction. Prenons l'exemple des électriciens. On sait qu'au moment
où on se parle il y a peut-être 1000 électriciens en
chômage au Québec. Et on sait que probablement, avec la fin des
classes, il va y avoir 400 ou 500 nouvelles personnes qui vont sortir des
écoles et qui seront susceptibles de passer un examen de qualification
pour devenir électriciens.
Il faut se poser la question: Si on donne automatiquement une carte
à ces gens-là, qu'est-ce qui va arriver aux 1000 autres qui sont
en chômage? C'est le problème fondamental du règlement. Qui
est-ce qu'on favorise en premier? Celui qui est déjà là,
qui fait son métier, qui gagne sa vie dans cette industrie, ou bien le
nouveau qui arrive? Je pense que, pour ce qui est des hommes de métier,
la solution réside plutôt
au niveau du contrôle du nombre qu'on va former. S'il n'y a pas
besoin d'en former des électriciens, peut-être qu'on ne devrait
pas en former. Évidemment, comme il s'en forme quand même, on
n'est pas pour leur donner la place des vrais gars qui sont là.
Alors, c'est le problème fondamental. En ce qui concerne les
critères, je n'en connais pas d'autre que les heures. Si vous avez des
suggestions, j'aimerais bien les entendre, mais je n'en ai jamais vu d'autre.
Il ne faut pas oublier une chose. Le critère des heures, on l'a assoupli
considérablement depuis que le règlement existe. On exigeait au
début 1000 heures par année pour qu'un gars ait sa
classification. Aujourd'hui, c'est 1000 heures sur deux ans. On avait eu
beaucoup de représentations à la fois de la partie syndicale et
de la partie patronale qui nous disaient que 1000 heures, c'était trop
sévère. Après avoir fait un certain nombre
d'études, on a réalisé que cela était
peut-être vrai. On a mis cela à 1000 heures sur deux ans au lieu
de 1000 heures par année. Je vous avoue que, maintenant, on a beaucoup
moins de critiques. Les gens disent que c'est plus raisonnable. Or, je pense
qu'on peut difficilement aller en bas de cela. C'est 500 heures par
année. Quand on y pense, c'est trois mois de travail.
M. Gratton: M. Gagnon, si vous le permettez, très
brièvement M. le Président. On a parlé de Montréal
tantôt. On a dit: Le résultat est quand même assez
intéressant à Montréal. J'en conviens, il se passe des
choses à Montréal, il se fait de la construction, mais quand vous
êtes poiqnés en haut de Gatineau, entre autres endroits et qu'il
ne se fait pas 100 000 $ de construction - j'exagère un peu - qu'il ne
se fait pas 10 000 000 $ de construction dans une région donnée,
vous avez une banque de personnes qualifiées qui ont leur carte de
compétence de menuisier, de journalier, d'électricien. Ces gens
là font quoi? Ils sont obligés d'aller gagner leur vie ailleurs.
Ils vont aller travailler dans les chantiers - ceux qui en ont le courage - ou
ils vont aller ailleurs et, automatiquement, ils s'exposent à perdre
leur classification, si jamais ils l'ont déjà eue. C'est cela qui
est arrivé. Avec l'entrée en vigueur du règlement, du
même coup on s'est trouvé à éliminer un grand nombre
de travailleurs de la construction, des vrais travailleurs de la construction,
qui, à cause du critère des 1000 heures par année qui
existait à ce moment-là, ne remplissaient pas ... Là, on a
le cercle vicieux, on ne peut pas avoir sa carte de classification parce qu'on
n'a pas travaillé suffisamment d'heures et on ne peut pas travailler
suffisamment d'heures parce qu'on n'a pas sa carte de classification. Alors, le
bonhomme, il fait quoi? Du jour au lendemain, le menuisier qui était
qualifié depuis quinze ans, on est obligé de lui dire: Tu n'es
plus menuisier, tu es chauffeur de taxi ou bien souvent tu es chômeur ou
assisté social. Vous me dites qu'il n'y a pas d'autre critère.
C'est malheureux qu'on n'en trouve pas d'autre. À ce moment-là,
il ne devrait pas y avoir de règlement. C'est la conclusion à
laquelle j'en viens parce que ce bonhomme a le droit de travailler comme
n'importe quel autre.
M. Marois: C'est là que je trouve que c'est
extrêmement dangereux, de mon point de vue, en tout cas, de sauter de
cette espèce d'analyse à une conclusion comme celle-là:
Bon, alors, la solution, "scrapons" le règlement. Je crois très
profondément qu'on reviendrait à l'état que j'ai
évoqué tout à l'heure dans mes premières
remarques.
Indépendamment des coins où il y aurait peut-être
moyen de rendre les choses plus humaines sous certains angles - mais il ne
pourrait pas y en avoir 42, je ne le crois pas - les deux autres pôles,
et qui doivent aller de pair, me semble-t-il, c'est à la fois, d'une
part, ce que M. Gagnon a évoqué... Est-ce que là c'est
possible? J'avoue honnêtement que je n'ai pas eu le temps de discuter cet
aspect de la question avec mon collègue de l'Éducation ou avec
mes collègues pour essayer de voir quelles seraient les
possibilités sur tout le cadre de la formation, d'une part. D'autre
part, il faudrait faire tout ce qui est possible pour accélérer
le développement d'un certain nombre de projets, en d'autres termes,
favoriser la relance de la construction au Québec. Oui, mais il faut
aussi jouer sur tous les pôles puisque c'est la clef. Sinon, on dit: On
va jeter l'eau et le bébé avec. J'avoue que j'ai plus que de la
difficulté, je ne suis pas d'accord pour acheter une piste comme
celle-là. (17 h 15)
Remarquez, par exemple, que ce n'est pas la trouvaille du siècle
et qu'il y a moyen de faire encore mieux que cela. Je ne reviendrai pas sur le
programme favorisant l'accès à la propriété qui
sera en discussion, mais, bon an, mal an, le gouvernement du Québec,
durant les trois dernières années de notre mandat - je m'en
souviens très bien parce que je siégeais au comité de
coordination de l'opération solidarité économique qui
comprenait une dimension qu'on a constamment oubliée - faisait pour 1
000 000 000 $ d'immobilisations, de construction d'hôpitaux,
d'écoles etc. Passé un certain cap, on ne construira plus
d'hôpitaux quand les besoins seront desservis et, à partir du
moment où il y a une baisse de la natalité et où, les
besoins sont moindres, on n'est pas pour le faire exprès pour construire
des écoles. II y avait des besoins de centres d'accueil, on a mis un
accent important là-dessus. Il y a des besoins extrêmement
importants maintenant - donc,
il y aura un déplacement des immobilisations gouvernementales
vers cela - pour toute la question de l'épuration des eaux, etc. Bon an,
mal an, c'était 1 000 000 000 $. On s'est dit: Est-ce qu'il y a moyen
d'accélérer le rythme de ces immobilisations? On va se fixer
comme objectif - ce qui n'était pas facile à atteindre, parce que
faire bouger une machine administrative, ce n'est pas toujours facile - tout en
respectant les règles pour y arriver convenablement, de faire trois ans
en deux, 3 000 000 000 $ en deux ans. Effectivement, on a presque atteint
l'objectif. Les deux dernières années du mandat, cela a
été - je donne le chiffre sous réserve; il se peut que je
me trompe de quelques centaines de millions, mais il me semble, si ma
mémoire est bonne, que c'était cela - 2 700 000 000 $ ou 2 800
000 000 $.
On a aidé à accélérer, mais il faut aussi
que le secteur privé fasse son bout. On constate une certaine relance
dans certaines régions, en particulier à Montréal, Dieu
merci. Il y a eu une reprise importante des investissements manufacturiers
à l'échelle du Québec, plus importante que ce qu'on avait
vu depuis de nombreuses années; certains économistes et analystes
disent même depuis 30 ans. Donc, ce n'est pas un détail. Tout ce
qui peut aider sur le plan de la relance des immobilisations - je pense que
c'est un élément important - on doit pousser dessus.
En plus, il faut considérer sérieusement l'autre aspect du
problème qui est celui qu'a évoqué M. Gagnon: Est-ce que,
oui ou non, il est possible d'en arriver à des formes de -entre
guillemets, parce que c'est toujours délicat, ce genre
d'opération dans le secteur de l'éducation - "contingentement"
pour, là aussi, contrôler et dire aux jeunes: Faites attention si
vous vous tirez par là? Il me semble qu'il y a des moyens.
Analogiquement, le problème se pose dans certains ordres professionnels,
il y a eu des formes de contingentement un peu, beaucoup, passionnément,
volontaires ou pas, peu importe. Il me semble qu'il y a là des pistes
sous trois angles, mais en jonction les uns par rapport aux autres. C'est pour
cela que, quand on regarde le règlement de placement de la construction,
il faut le regarder en soi, bien sûr, faire cet exercice, mais je pense
qu'il faut aussi ne jamais perdre de vue les autres dimensions, le pôle
d'entrée et ce qui fait que des gens travaillent ou ne travaillent pas,
c'est-à-dire la construction comme telle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je n'ai pas à
vous dire que je suis contre le fait d'abolir le règlement de placement,
comme le propose l'Opposition à l'Assemblée nationale. Je suis,
cependant, pour le fait d'apporter certains amendements, non pas substantiels,
mais légers pour apporter certains correctifs.
Je voudrais, pour le bénéfice de l'Opposition, faire une
courte rétrospective sur ce qui se passait antérieurement au 30
septembre 1977, soit la journée de la parution dans la Gazette
officielle du Québec du règlement de placement, le
règlement no 5. Je voudrais que vous vous rappeliez qu'avant le
règlement lui-même il y avait au-dessus de 250 000 travailleurs
inscrits dans la construction. Dans ces travailleurs, il y en avait en
pantoufles, d'autres qui étaient assis et d'autres qui travaillaient.
À l'application du règlement, il y avait 117 000 inscrits avec
des permis d'enregistrement et, au moment où on se parle, il y a environ
70 000 travailleurs de la construction qui travaillent. Alors, si on fait la
différence entre 117 000 et 70 000, cela donne un montant, si je compte
bien, de 47 000 qui ne travaillent pas actuellement.
Il serait peut-être bon que vous retourniez à la commission
Cliche et que vous retourniez à ce qui se passait dans ce
temps-là, dans le comté de Duplessis, dans le domaine de la
construction sur les chantiers: Les chicanes intersyndicales. Je ne nommerai
pas les syndicats. Rappelez-vous Mont-Wright, ce qui s'y est passé.
Rappelez-vous ce qui s'est passé aux Trois Milles à
Sept-Îles en mai 1972; rappelez-vous ce qui s'est passé sur le
chantier de SIDBEC-Normines à Port-Cartier, où il y avait des
batailles entre des gars de la construction qui étaient qualifiés
et d'autres qui n'étaient pas qualifiés, mais qui avaient,
à ce moment-là - je le rappelle aux membres de l'Opposition -
obtenu, dans plusieurs cas, des cartes de compétence et des permis dans
la construction en dessous de la table, dans les tavernes, dans les brasseries,
dans des centres commerciaux et même dans des bureaux de
député. Rappelez-vous l'ancien député de Saguenay,
je ne nommerai pas son nom, mais rappelez-vous-le.
M. Mathieu: Cela marche encore.
M. Perron: Cela marche encore, mais amenez-moi des cas, vous
n'êtes pas capable de les mettre sur la table.
M. Mathieu: Mettez donc les vôtres sur la table.
M. Perron: M. le Président, je vais donner un exemple
précis de la nécessité de contingenter. On parle, par
exemple, des artisans en vrac. Qu'arriverait-il si un artisan en vrac obtenait
un permis pour aller pêcher lorsque le vrac va mal? Qu'arriverait-il si
on enlevait le permis d'un pêcheur professionnel ou si on en
émettait d'autres à des
camionneurs artisans en vrac? C'est la même maudite affaire dans
le domaine de la construction. Il faut, à un certain moment, lorsqu'on a
du travail, ouvrir la machine, mais, lorsqu'il y en a moins, il faut fermer la
machine. D'ailleurs, c'est pourquoi le fédéral, le gouvernement
que vous connaissez très bien, contingente les permis qui sont
émis dans le domaine du poisson de fond, dans le domaine du hareng, dans
le domaine des cages à bourgots, tout ce que vous voudrez; on
contingente ça.
Là, je reviens à la question de préférence
d'embauche régionale.
Personnellement, lorsqu'on reqarde l'article 12.12 - je l'ai
mentionné ce matin - je pense qu'il y a lieu... Ouvrir ça
à l'échelle du Québec, je suis d'accord avec l'autonomie
du Québec, mais je suis d'accord aussi avec une certaine autonomie
régionale et une certaine décentralisation.
Lorsqu'on regarde les gros contrats où il y a des demandes de
soumissions, les entrepreneurs de Montréal et de Québec,
normalement, sont à peu près les seuls gui peuvent soumissionner
à cause de leur capacité financière, pour des contrats en
région. Si on n'amende pas l'article 12.12, comme je le mentionnais ce
matin, et qu'il y en a un qui arrive dans le comté de Duplessis, et
amène tout son groupe de la Beauce, je n'ai rien contre la Beauce,
remarquez bien, mais, quand mes gars ne travaillent pas chez nous, je ne suis
pas content et eux non plus. C'est pour ça que je demande au ministre -
il me répondra tout à l'heure - s'il n'y aurait pas une
possibilité d'établir, par exemple, un pourcentage dans le cas de
l'article 12.12, au lieu de parler d'employés de la construction
permanents, ou encore de changer l'article 12.12, de l'amender en disant que
l'entrepreneur qui obtient, en région, un contrat par soumissions,
puisse amener ses hommes clés, ses contremaîtres, par exemple, ou
ses autres personnes qui touchent directement à l'administration, mais
non pas les gens de la construction.
Je dois rendre hommage à une compagnie qui s'appelle Rocois et
qui est actuellement en train de construire l'hôpital de Sept-Îles;
à la suite des négociations que j'ai moi-même eues pour
passer à côté de l'article 12.12, elle emploie des
travailleurs de la construction de chez nous. Elle ne les a pas amenés
de l'île d'Orléans, elle ne les a pas amenés de
Québec, elle ne les a pas amenés de Montréal; elle a
amené seulement ses hommes clés et j'ai négocié
ça moi-même. Si elle avait voulu, elle aurait pris tout son monde
à l'extérieur de la région, parce qu'elle a aussi des
permanents.
Quant au comité mixte, M. le Président, je voudrais savoir
du ministre quel est le nom des membres de ce comité. D'autre part, on a
parlé des apprentis concernant les permis d'enregistrement dans la
construction. Si ma mémoire est bonne, dans le règlement actuel,
on dit que, si la banque régionale est vide, dans un métier
concerné, et qu'un apprenti se trouve un emploi à un minimum de
150 heures, il peut effectivement obtenir son permis d'enregistrement dans la
construction.
Ici, je pense qu'on pourrait peut-être apporter une certaine
souplesse. Par exemple, je vais citer le cas d'un petit entrepreneur dont le
garçon vient de sortir de l'école; il deviendrait apprenti s'il
avait son permis. Il a la compétence, son père voudrait
l'engager, mais il ne peut pas parce qu'il n'a pas rie permis il ne peut pas le
lui émettre; donc, il est obligé de sortir, si ma mémoire
est bonne, à moins que cela n'ait été changé
dernièrement.
Quand je parle de souplesse, je prends l'exemple d'un apprenti sortant
de l'école qui obtiendrait une garantie d'un entrepreneur en
région gu'on lui émette un permis temporaire et, par la suite,
lorsqu'il aura fait ses 150 heures, qu'on lui émette son permis
permanent. Comme le disait le ministre tout à l'heure, il y a
sûrement une réorientation à faire au niveau de notre
système d'éducation, surtout dans le domaine secondaire, III et
IV, professionnel ou encore au collégial.
Je voudrais souligner ce fait au député de Gatineau.
Lorsqu'il a dit qu'il n'y avait aucun mécanisme, si ma mémoire
est bonne, en rapport avec une personne qui avait déjà des heures
de faites, je lui rappellerais que si un ancien travailleur de la construction,
qui a un certain nombre d'heures dans la construction antérieurement
même à l'application du règlement, fait sa demande à
l'OCQ, automatiquement, on va lui refuser. Cependant, il ne faut pas oublier
qu'il y a un mécanisme d'appel. Le commissaire au placement rend une
décision qui, dans certains cas, est valable pour le travailleur et,
dans d'autres cas, c'est négatif. Il ne faut pas l'oublier, il y a un
mécanisme d'appel à l'intérieur.
Je voudrais terminer en demandant au ministre de répondre aux
deux guestions gue j'ai posées et en appuyant fortement le
règlement de placement qu'on a actuellement. Je vous dis une chose,
quand on a vécu ce qui a été vécu sur la
Côte-Nord, spécialement à Sept-Îles, à
Port-Cartier et à Mont-Wright, si vous y aviez vécu, les gens de
l'Opposition, vous seriez peut-être enclins à dire qu'il y a des
améliorations à apporter au règlement de placement, mais
non pas en recommander l'abolition.
M. Gratton: M. le Président, si le règlement de
placement est valable pour la région de Duplessis, tant mieux, mais je
vous dis qu'il ne l'est pas pour la région de
l'Outaouais. C'est aussi simple que cela. M. Perron: Oui?
M. Gratton: On va continuer à le subir, comme on subit
tous les règlements.
M. Perron: M. le Président, je voudrais dire au
député de Gatineau qu'il n'y a pas seulement le comté de
Gatineau; il a 41 autres collègues à l'Assemblée nationale
du Québec qui ne sont probablement pas tous d'accord avec lui.
M. Gratton: Au contraire, ils le sont.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis.
M. Bisaillon: M. le Président, vous vouliez qu'il parle,
il parle maintenant!
M. Gratton: II a fini.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: C'est au programme 4, mais pas sur la question de
placement. Comme il y a d'autres...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous des réponses
là-dessus, M. le ministre?
M. Marois: Je vais donner les réponses aux deux
premières questions du député de Duplessis et je vais
laisser M. Gagnon fournir la réponse a la troisième. Sur
l'article 12.12, j'ai demandé à l'office de regarder cette
question. Il n'y a pas de décision de prise pour l'instant. J'ai
expliqué où on en était rendu dans les étapes
d'examen du règlement. Cependant, je voudrais attirer l'attention du
député de Duplessis sur les chiffres suivants qui me sont
rapportés. Il y aurait, selon le relevé fait, 45 000 personnes
qui pouvaient se servir de l'article 12.12 et, dans les faits, 7000 s'en sont
prévalues sur 45 000 qui y avaient droit. En d'autres termes, l'effet
n'a pas été jusqu'à 45 000, il est beaucoup moindre que
l'effet premier prévu.
M. Perron: Cela dépend de l'entrepreneur.
M. Marois: Néanmoins, on peut regarder cela. Par ailleurs,
il faut faire bien attention, le moindrement qu'on touche -c'est comme un jeu
de blocs, en un certain sens, le règlement de placement - à un
angle, il faut bien être sûr que ce n'est pas l'effet de domino sur
l'ensemble du règlement. C'est bien important, si on ne veut pas
défaire l'économie générale du règlement. Je
ne reviendrai pas sur l'ensemble des effets, mais j'ai demandé à
l'office de considérer cette guestion.
Sur les noms des membres, il y en a 12, mais il y a 4 noms qui
m'échappent et j'en ai 8. Ce sont 4 entrepreneurs qui viennent
d'arriver, il y a peu de temps. Je pourrai trouver les noms et les fournir au
député. MM Casey, Pouliot, Boucher, Carré, Fecteau,
Poulin, Dion, Langlois. Il m'en manque quatre qui sont les quatre nouveaux.
Quant à la dernière question, je vais laisser M. Gagnon fournir
la réponse.
Il y a une question sur les fils d'entrepreneurs qui veulent
succéder à leur père. Si je comprends bien, c'est cela la
question. (17 h 30)
M. Perron: Non pas succéder, mais travailler dans
l'entreprise de leur père.
M. Marois: Cela existe déjà dans le
règlement; il y a déjà un article gui prévoit qu'un
fils d'entrepreneur peut se voir délivrer un certificat de
classification. Plusieurs représentations ont été faites a
l'office dans le sens qu'il y avait des entrepreneurs qui avaient plusieurs
enfants. On nous a demandé d'élargir cet article pour permettre
que plus d'un fils puisse bénéficier de cet article. C'est une de
nos suggestions dans la consultation qu'on est en train de faire actuellement
avec les parties. On n'a pas pris la décision, à savoir si on va
mettre cet amendement en vigueur, mais c'est une des choses qu'on veut faire.
À ce moment-là, on permettrait que plus d'un fils d'entrepreneur
puisse avoir la carte, mais il y aurait quand même certaines conditions.
On ne peut pas permettre à quelqu'un qui a dix ou douze enfants
d'entrer, parce que cela pourrait se multiplier. On veut élargir cet
article.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je voudrais faire
certaines observations. Je conçois que le règlement soit
légal, sous réserve d'un test dont je parlerai tantôt, mais
je crois qu'il est immoral et illégitime. Je vais prendre des mots que
le gens du Parti québécois connaissent, parce qu'on entend dire
cela souvent. Le premier ministre en a encore parlé l'autre fois. Il
fait une démarche pour aller devant la Cour suprême et il dit: Le
résultat va être légal, mais immoral et illégitime.
Ce règlement, c'est la même chose. C'est une vraie honte. Si, vous
autres, vous n'en avez pas honte, franchement, je ne sais pas où vous
prenez votre courage ou votre masque.
Premièrement, c'est un règlement qui va à
l'encontre de la loi sur les droits et libertés. Il y a un article dans
la loi sur les droits et libertés gui dit: II n'y aura pas de
discrimination dans l'emploi. Je cherche un
de mes commettants qui aurait le courage et les moyens financiers de
contester ce fameux règlement devant les tribunaux en rapport avec
l'application de la loi sur les droits et libertés.
Deuxièmement, on parle du critère des heures et on dit
qu'on ne pouvait pas en trouver d'autres, mais toutes les autres
sociétés en Amérique du Nord ont un autre critère.
Avant l'arrivée du Parti québécois au pouvoir, on avait
d'autres critères. Le critère, c'était la qualité
de la main-d'oeuvre, la qualité du travailleur lui-même.
C'était le critère. On dit qu'on vise trois objectifs: embaucher
les véritables travailleurs. Qu'est-ce que c'est, un véritable
travailleur? Êtes-vous sûrs que si un gars a une carte de
classification de l'OCQ, cela détermine que c'est un véritable
travailleur? Je n'en suis pas sûr du tout, du tout. Ensuite, il y a
l'embauche régionale. Êtes-vous sûrs que votre
règlement favorise l'embauche régionale? Vient ensuite le
placement. Vous avez des centres de main-d'oeuvre du Québec qui sont
constitués et financés pour s'occuper du placement. Pourquoi ne
seraient-ils pas aptes à s'occuper du placement dans la construction?
Pourquoi faut-il aller à l'OCQ? L'OCQ n'a pas été mis sur
pied au début pour s'occuper de cela, le règlement n'existait pas
au tout début. On parle de la productivité. Avez-vous des
chiffres? Est-ce que, depuis l'application du règlement de l'OCQ, la
productivité a augmenté? Est-ce que la qualité a
augmenté? Ce n'est pas ce que je me fais dire. On me dit que la
productivité a dû baisser de 25% à 30% depuis l'application
de ce règlement. On dit: Oui, mais il faut aider les vrais travailleurs.
C'est quoi un vrai et un faux? Disons que j'ai un gâteau. C'est sûr
que si on est dix pour le manger, le morceau sera plus gros que si on est
quarante. Seulement, si je laisse la qualité de l'employé
lui-même prédominer, la sécurité du type sera
assurée par l'excellence et la qualité de son travail.
Il y a sûrement un secteur très actif à l'OCQ. J'ai
posé une question à l'Assemblée nationale. Cela m'a pris
deux sessions pour avoir une partie, un élément de
réponse. L'année passée, il y a eu 8000 poursuites faites
contre des travailleurs par l'OCQ, plus de 7980. Franchement, vous avez l'air
de vous réjouir. En avez-vous, vous autres, dans vos comtés,
messieurs du gouvernement, des électeurs qui vont vous voir et qui sont
poursuivis par l'OCQ?
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît.
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Joliette, la commission va très bien depuis ce matin. Je ne pourrai pas
tolérer d'intervention sans que vous pointiez du doiqt pour avoir la
parole.
M. Chevrette: Saviez-vous que je répondais au
député de... je ne sais quel comté?
Le Président (M. Laplante): Non, vous n'avez aucune
réponse à donner. Continuez dans la paix, M. le
député de Beauce-Sud, s'il vous plaît.
M. Chenette: Sur les deux côtés, M. le
Président. Pointez votre doigt sur les deux bords.
M. Mathieu: M. le Président, vous avez sans doute
remarqué que je n'ai interrompu personne qui s'est exprimé ici au
cours de toute la journée.
Le Président (M. Laplante): Je vous prie de continuer, M.
le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci. Et je vous dis que je fais mon intervention
sans animosité contre personne. Je ne veux pas m'attaquer à des
personnes. Je m'attaque à un régime, à un régime
gui n'a pas de sapré bon sens. Je ne sais pas si vous êtes
satisfaits, MM. les députés du parti au pouvoir, quand un jeune
vient vous trouver et vous dit: J'ai eu une contravention par la poste. Il faut
que je comparaisse en cour. Je lui demande: Quel crime as-tu fait? Il dit: J'ai
travaillé. Je réponds: Va-t'en devant les tribunaux, fais-toi
condamner. Il me dit: Je n'ai pas d'argent pour payer l'amende. Je lui
réponds: Tu feras de la prison. Je crois qu'une des causes
d'incarcération dans les milieux ruraux, une des premières, c'est
justement l'infraction aux lois de l'OCQ. Quand je vous dis que c'est une loi
immorale et illégitime, je pense que la personne qui veut faire vivre sa
famille et qui va passer un peu à côté, je me demande
jusqu'à quel point elle est blâmable, sans faire appel au
non-respect des lois.
Qu'est-ce qu'on va faire avec nos jeunes? Tantôt, on nous a dit:
II y en a trop, les écoles en forment trop. S'il y avait une
coordination entre les ministères, s'il y en a trop et qu'ils sont pour
chômer avec leurs diplômes, peut-être qu'il y aurait moyen de
contingenter à l'école même. Mais les jeunes qui sont aux
prises avec le problème, les jeunes qui sortent de l'école, qui
ont de l'idéal, qui ont de l'ambition, qui ont le droit, d'après
votre Charte des droits et libertés, de choisir leur métier, une
fois qu'ils l'ont choisi, de vivre de leur travail, parce que le travail est un
élément d'indépendance pour l'individu, un
élément de dignité, qu'est-ce qu'on dit à ces
jeunes? On leur met l'éteiqnoir sur la tête. Vos employés,
à l'OCQ, ont la condescendance de dire à notre jeunesse: Va-t'en
à l'aide sociale. C'est valorisant, cela, M. le Président! C'est
valorisant, guand on a de
l'idéal et de l'ambition, qu'on veut qagner sa vie, se faire
dire: Va-t'en au bien-être. Ce sont les employés de l'OCQ, dans
leurs bureaux, qui disaient à notre jeunesse: Va-t'en au
bien-être.
Est-ce qu'il y a quelque chose de plus répugnant, de plus
révoltant que de dire cela à un jeune? Qu'est-ce qu'ils ont, nos
jeunes, comme solution, comme choix, comme expectative, avec ce bon
gouvernement, qui adopte de bons rèqlements et qu'on vient de reporter
au pouvoir avec 80 députés? Qu'est-ce qui leur reste? Il leur
reste trois options: suivre les conseils et s'en aller au bien-être; ou
encore s'en aller en Alberta, s'exiler; ou encore travailler à
l'encontre du rèqlement. Si on se fait pincer, on paie l'amende ou on va
en prison.
Je trouve que c'est inacceptable pour une société. Je dois
constater que le PQ exploite les jeunes. On passait avant pour un peuple de
porteurs d'eau et de scieurs de bois. Avec vous autres, messieurs, on est en
train de devenir un peuple de signataires de pétitions et de porteurs de
pancartes. C'est cela que vous faites de notre jeunesse. Et je crois que notre
jeunesse vaut mieux que cela. Notre jeunesse, on ne doit pas la restreindre. On
ne doit pas lui mettre l'éteignoir sur la tête. On ne doit pas
restreindre ses aspirations, son idéal, son talent. On doit la
favoriser. Et vous faites exactement la démarche contraire.
Je crois que le fameux rèqlement qui a causé plus... Cela
vous fatigue n'est-ce pas? Vous demandez si j'ai terminé. Cela vous
fatique, n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Une voix:
Vous n'avez plus rien à dire? M. Mathieu: Oui, j'en ai
encore.
Le Président (M. Laplante): Non, non. Une minute. À
l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît! Je tiens à vous faire
remarquer qu'il a droit à vingt minutes et qu'il a encore huit minutes
comme cela. D'accord?
M. Mathieu: Oui, j'en ai encore à dire. Je ne le prendrai
pas. Tout à l'heure, quand le député de Duplessis parlait
de continqenter les poissons et qu'il mêlait cela avec le contingentement
des ouvriers, je ne l'ai pas interrompu. Vous ne l'avez pas entendu? Moi, je
l'ai entendu.
M. Perron: Contingenter les pêcheurs, non pas les
poissons.
M. Mathieu: II parlait des poissons à un moment. Vous
essaierez de contingenter les poissons, si vous êtes capables. Il est
peut-être mêlé un peu; en tout cas. M. le Président,
je conclus en faisant un appel vibrant au ministre. Je sais que le ministre a
un sens social très développé, c'est connu. Je lance un
appel au nom de notre jeunesse qui mérite mieux que l'exil, l'aide
sociale ou le travail clandestin. Si vous trouvez une façon de
l'aménager pour que votre rèqlement devienne légitime et
moral, je vais applaudir avec toute la force dont je suis capable. Si vous n'en
trouvez pas le moyen, au lieu de perpétuer l'injustice, vous devriez
à ce moment avoir le couraqe de l'abolir, même si cela fait mal
à certains petits amis. C'est mieux de faire mal à certains
petits amis que de faire mal à toute la jeunesse du Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je pense qu'on a
travaillé dans un climat de sérénité, de calme,
d'ouverture. Je pense qu'on a eu des échanges jusqu'à maintenant
extrêmement intéressants, pendant de lonques périodes de
nos travaux. Il est arrivé certaines périodes où, c'est
normal, les uns et les autres ont besoin de détente. Je voudrais
simplement dire que je comprends que quelqu'un veuille parfois avoir le coeur
en bandoulière et s'épancher, cela me paraît
légitime. Parfois, c'est nécessaire pour les uns et les autres,
chacun est comme il est. Cependant, quand même, je suis prêt
à en prendre et à en laisser passer beaucoup. Je pense que j'ai
eu une attitude d'ouverture et je tiens à dire aussi que cela a
été l'attitude de la majorité des cbllèques qui
sont autour de cette table, des deux côtés, à quelques
rares exceptions près en cours de route.
Mais, tout de même, je me dois, je suis obliqé, simplement
par respect le plus élémentaire de ce qui a été
fait par le président de l'OCQ, M. Gagnon, de relever au moins deux
choses. La première concerne les demandes que le député de
Beauce-Sud avait faites dans une question qu'il avait inscrite au feuilleton -
c'était d'ailleurs un roman-feuilleton comme question - le nombre
d'infractions, de plaintes, la liste des employeurs, des plaignants, le nombre
de condamnations, et le reste. Je me souviens très bien de cette
question-là. Le député admettra, pour être correct
entre nous - je vais lui passer quand même le reste - que,
premièrement, on a déposé une réponse, des contacts
ont été établis pour savoir si la réponse l'avait
satisfait ou pas. Par la suite, des échanges téléphoniques
ont eu lieu - le député l'admettra, en présence de M.
Gagnon - entre M. Gagnon et le député lui-même. Une brigue
d'informations, de dossiers informatigues ont été retransmis par
M. Gagnon au député. On lui a demandé s'il y avait autre
chose que le député voulait avoir. Faudrait être correct,
je pense qu'on a fait tout ce qui était humainement possible
pour donner satisfaction aux demandes de renseignements du
député. Je pense qu'il faudrait être correct à
l'égard de M. Gagnon. Si le député veut encore plus de
renseignements, pas d'objection à considérer toute demande
valable venant de quelque député que ce soit. Je pense qu'il
faudrait être correct sur ce plan.
Deuxièmement, le député admettra que ce n'est pas
la limitation de la liberté des gens que des formes diverses de
contingentement dans la société ou, alors, j'espère que le
député fait un plaidoyer aussi vibrant à son propre ordre
professionnel auquel il appartient, que je sache, qui est un des ordres
contingentés, un peu, beaucoup, passionnément selon les
périodes et, que je sache, je n'ai pas entendu le député
faire un plat devant la Chambre des notaires sur ce plan.
Je pense donc, en d'autres termes, qu'il y a une certaine
relativité dans les choses et qu'il n'y a jamais rien de parfait bien
qu'il y ait place à amélioration. Cela, je n'en disconviens pas
et toutes les propositions raisonnables, toutes les suggestions raisonnables, -
raisonnables, je dis bien - je suis ouvert pour les regarder, pour les
considérer à leur juste mesure. (17 h 45)
Je voudrais simplement conclure là-dessus en rappelant une chose
sur le règlement de placement. Il y a eu la commission Cliche. Que je
sache, ce n'est pas nous qui l'avons créée, mais nous avons
cependant donné suite aux recommandations de la commission Cliche. Le
règlement de placement dans la construction, je me permets de rappeler
que c'était la recommandation clé de la commission Cliche. Je me
permettrai de rappeler pourquoi la commission Cliche en faisait la clé
de ses recommandations. C'est parce qu'elle nous rappelait qu'à
l'analyse des faits - et on se souviendra tous très bien des
événements de l'époque - que ce qui était le coeur
- il y avait toute une série d'explications - d'une situation non
seulement de désordre social, mais de violence au-delà de toutes
les explications, c'était l'insécurité d'emploi à
cause de cet état. Les chiffres étaient évidents à
l'époque: environ 200 000 par rapport à une possibilité de
l'ordre de 50 000 à 60 000. La situation - je ne dis pas qu'elle est
parfaite, ce n'est pas vrai, jamais je n'affirmerais une chose comme
celle-là - s'est considérablement améliorée, Dieu
merci. Il y a encore des accrochages parfois. Il y a encore, j'en suis certain,
des gens qui subissent des injustices. Je suis prêt à
considérer cela sur cette base.
On dit quand même qu'aujourd'hui, sur une possibilité de
110 000, 115 000 personnes, il y en a environ 70 000 qui ont pu se trouver une
place pour gagner plus honorablement leur vie. Regardez aussi dans vos analyses
les courbes d'évolution et d'augmentation des revenus de ces gens. Pour
le père de famille aussi, c'est important. Les droits des uns sont
équilibrés par les droits des autres. Il n'y a pas d'absolu
là-dedans, mais il y a des perspectives et c'est dans ce sens qu'on
travaille.
Encore une fois, toute sug gestion valable, je serai prêt à
la considérer en tout temps, mais pas en pensant que je peux apporter
toutes les solutions le lendemain matin. Deuxièmement, toute demande de
renseignements, n'importe quand, mais quand les renseignements sont fournis, je
voudrais quand même qu'on soit correct et qu'on le reconnaisse à
l'égard de ceux qui les fournissent. Ce n'est pas facile de diriger et
de présider aujourd'hui des offices, des commissions, des régies,
d'être des cadres supérieurs dans des ministères. Je pense
que, règle générale, les gens font tout ce gui est
humainement possible pour administrer le mieux possible dans le sens des
objectifs des lois et des règlements. C'est rare gu'on le fait, mais
à l'occasion, bon Dieu, cela vaudrait la peine de leur en rendre le
témoignage! Moi, je tiens à le faire.
M. Mathieu: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Le ministre m'impute des motifs.
M. Marois: Non.
M. Mathieu: II dit que j'aurais déclaré que
j'étais satisfait des réponses. Je voudrais faire la mise au
point suivante. C'est que la réponse que j'ai reçue, je comprends
qu'elle était élaborée, mais le document, je n'ai pas pu
en prendre connaissance, parce qu'il a été déposé
en une copie et il est allé au secrétariat de l'Assemblée
nationale.
Deuxièmement...
Une voix: M. le Président...
M. Mathieu: "Coudon", est-ce que je peux faire ma question de
règlement?
M. Bisaillon: Vous ne pouvez pas dire n'importe quelle connerie
parce que vous faites une question de règlement, bout de maudit! Allez
le chercher, il y a une procédure, cela fait deux ans que vous
êtes ici.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: II va falloir fermer les portes pour vrai,
là.
M. Mathieu: Cela va revenir comme avant la commission Cliche.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je n'ai pas finil C'est que c'était une
réponse qui était partielle. On m'avait informé de sa
teneur au téléphone, on m'a dit que c'était pratiquement
impossible. J'aurais aimé savoir par district judiciaire le nombre de
plaintes. On m'a dit: On ne peut pas vous le fournir, on peut vous le fournir
pour l'ensemble de la province. J'ai dit: D'accord, je vais l'accepter sur
cette base. Et ensuite, pour ce qui est des occasionnels...
Le Président (M. Laplante): Une minute, là. Il ne
faudrait pas aller trop loin. Je veux bien être très large, mais
c'est plus qu'une question de règlement que vous avez là.
M. Mathieu: Je ne peux pas accepter qu'il dise que j'étais
satisfait de la réponse.
Le Président (M. Laplante): Écoutez, d'accord, on
va dire que vous n'êtes pas satisfait de la réponse. Je vous
suggère de répéter une autre question au feuilleton de la
Chambre, si vous voulez, pour les documents que vous n'auriez pas
reçus.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. J'aurais envie
de faire un peu d'humour pour déqager un peu l'atmosphère. Le
ministre a dit qu'avec le règlement de placement il a mis fin à
une insécurité dans le domaine de la construction. Je suis
totalement d'accord avec lui; c'est que là il a créé une
sécurité de ne plus jamais avoir d'emploi pour nos gens. Ce n'est
pas méchant, M. le ministre.
M. Marois: Étant donné l'heure, je vais la laisser
passer. Je vous en laisse passer une.
M. Bélanger: Je voudrais dire au député de
Duplessis qu'en 1977, effectivement, j'étais dans le domaine de la
construction. Donc, on n'a absolument rien à m'apprendre sur
l'atmosphère qui régnait à ce moment-là. À
compter de 1969 à 1979, j'ai été dans le domaine de la
construction. J'ai bâti une ville entière, j'ai déjà
enqaqé des employés et, contrairement à ce que plusieurs
prétendent, je n'ai pas engagé de pompiers et de policiers, j'ai
engagé de vrais travailleurs de la construction.
Il reste une chose: nous sommes devant un problème majeur qui
demande plus que des statistiques et des chiffres. Nous avons là, je
crois, un problème humain. Lorsque j'ai dit que j'étais
prêt à livrer la lutte quatre ans, cinq ans, six ans, huit ans,
c'est vrai, mais ça ne sera pas une luttre destructive, ce sera une
lutte constructive, je l'espère. Dès que j'aurai des suggestions
à faire, je les ferai au ministre responsable. Je les ferai en toute
connaissance de cause parce que j'ai quand même une vaste
expérience dans le domaine de la construction. Je l'ai dit et je le
répète: Je ne le ferai pas en mon nom personnel, je ne le ferai
pas au nom du Parti libéral; je le ferai au nom des travailleurs du
Québec qui, selon moi, ont un droit fondamental, celui de qaqner leur
vie là où ça les tente.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Maisonneuve.
Est-ce fini pour l'OCQ?
Mme Harel: C'était sur l'OCQ.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: II est déjà 17 h 50 et j'aurais
souhaité pouvoir intervenir. Je voudrais le faire très
rapidement. Je ne connais pas directement le secteur de la construction, je le
connais par personne interposée, je suis mariée à Michel
Bourdon qui a été président d'une fédération
du bâtiment et du bois à la CSN et avec lui j'ai suivi le
procès à Sept-Îles à la suite de la mort de sept
travailleurs qui n'étaient pas, pour la plupart, des travailleurs de la
construction, justement. Mais j'ai rarement entendu des propos aussi
rétrogrades que ceux que j'ai entendus de la bouche du
député de Beauce-Sud, notamment, quand il a dit: II faut s'en
tenir à la qualité de l'employé lui-même, il faut
laisser jouer la qualité de l'employé lui-même.
J'ai été à même de voir ce que cela avait
donné dans l'industrie de la construction. Cela a donné la
jungle, littéralement, c'est-à-dire que les vieux étaient
mis de côté. Cela veut dire que beaucoup de travailleurs
étaient obligés de travailler dans des conditions qui
n'étaient pas acceptables parce que c'était la seule façon
pour eux d'assurer leur gagne-pain. Cela a donné lieu à beaucoup
plus d'accidents qu'il aurait dû normalement y en avoir. Il ne devrait
pas y en avoir, mais le simple fait de devoir travailler dans des conditions
qui n'étaient pas acceptables, cela a accéléré
souvent les risques et cela a parfois causé des accidents mortels. Je
voudrais simplement dire que c'est une question de dignité pour
l'ensemble des travailleurs, qu'ils soient à General Motors ou ailleurs,
où qu'ils soient, d'assurer une forme d'ancienneté qui leur
permette de gagner honorablement leur vie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Prévost.
M. Dean: J'entends des choses ici cet après-midi et je
n'en crois pas mes oreilles. Je pense qu'on déplace, dans une charge de
cavalerie contre le règlement de la construction, le problème des
emplois dans une industrie parmi bien d'autres. On déplace
complètement le problème. Tant et aussi longtemps, au
Québec et ailleurs, qu'on aura plus de travailleurs qu'on a d'emplois,
on va avoir des problèmes de frustrations. Oui, le droit au travail est
un besoin et un droit fondamental et humain, mais vous avez charrié tout
l'après-midi, messieurs de l'Opposition.
Prenons la situation de General Motors à
Sainte-Thérèse où il y a 3000 emplois. Vous êtes en
train de nous dire qu'il faudrait mettre des portes tournantes dans l'usine.
N'importe qui, Pierre, Jean, Jacques ou Jacqueline arrive, entre là,
fait une couple d'heures et s'en va. Vos grands amis du patronat seraient les
premiers à "freaker" et vous le savez. S'il y a 3000 emplois, il est
logique et normal qu'il y ait 3000 employés pour faire le travail. Si on
a 3000 chômeurs, qu'on bâtisse une autre usine, qu'on crée
d'autres emplois. C'est la solution du problème du droit humain au
travail, il me semble.
Si le député de Mégantic-Compton était
entrepreneur et qu'il n'a jamais embauché des "moonlighters" dans la
construction, chapeau! Malheureusement, il y a bien d'autres emploveurs qui le
faisaient. Avant le règlement de placement, l'industrie de la
contruction était une passoire, tout le monde y allait, y compris des
pompiers, des policiers, des livreurs de O'Keefe, des étudiants, du
monde temporairement en chômage. Il est vrai, messieurs, qu'on est tous
un peu menuisiers, c'est l'époque du bricolage, mais cela ne nous donne
pas nécessairement le droit de priver un travailleur professionnel de la
construction de sa possibilité de travailler 52 semaines par
année.
Justement, les questions de contraintes, de restrictions, de
contingentements, qu'y a-t-il de plus contingenté que la profession
d'avocat, de médecin? Est-ce que n'importe quel enfant peut entrer dans
une école de médecine dans les universités, actuellement?
Bien sûr que non. Quel est le syndicat le plus fort dans l'histoire du
monde? C'est le Barreau et le Collège des médecins. Alors, tant
et aussi longtemps qu'il y aura trop de monde pour le nombre d'emplois qui
existent, il y aura des problèmes humains. La solution, comme je l'ai
dit tantôt, c'est de créer des emplois pour mettre tout le monde
au travail, mais ce n'est pas de partager la pauvreté.
Le Président (M. Laplante): Avant de suspendre nos
travaux, je voudrais avoir le consentement des membres pour revenir
après le vote et continuer jusqu'à 19 heures. D'accord.
Suspension des travaux jusqu'après le vote.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise de la séance à dix-huit heures seize minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Que chacun prenne sa place. Reprise de la séance. Pour
compléter les proqrammes 4 et 6. Mme la députée de
Maisonneuve, vous aviez une question touchant les allocations de
maternité?
M. Bisaillon: C'est au programme 5.
Le Président (M. Laplante): Au programme 5. On va adopter
4? Adopté? Ah, non? C'était 5, à ce qu'elle a dit?
M. Dauphin: J'en ai une sur le programme 4, M. le
Président.
Mme Harel: Les deux.
Une voix: II y a un autre élément.
Le Président (M. Laplante): Au programme 5.
Allocations de maternité
Mme Harel: C'est sur les allocations de maternité. Je suis
certaine que mes collègues de l'Opposition s'intéressent autant
que moi à ce dossier.
Dans le rapport annuel du ministère, à la paqe 21, on lit
qu'il y a un bureau de la condition de la femme au travail au ministère
et, parmi ses mandats, ce bureau doit voir à ce que
l'égalité de la femme devant le travail devienne une
préoccupation constante dans l'élaboration et la mise en oeuvre
de toute politique et de tout programme du ministère.
Sur cette question de l'allocation de maternité, j'aimerais
demander au ministre combien il y a eu de plaintes de congédiement
portées pour motif d'une qrossesse depuis l'application du
règlement qui garantit le retour à l'emploi.
M. Marois: Si Mme la députée a d'autres questions,
je prends note des questions.
Mme Harel: Très bien.
M. Marois: J'avoue que je n'ai pas la réponse en main et
les fonctionnaires sont en train de regarder. Si on l'a à notre
disposition, et on va vous la fournir.
Mme Harel: Très bien. Cela, c'est pour les plaintes de
congédiement pour motif de grossesse.
Deuxièmement, il y a eu juqement de la Cour supérieure
à la suite d'un dossier soumis par la Commission des droits de la
personne dans un cas de congédiement d'une femme enceinte pour le motif
qu'elle était enceinte. Le jugement de la Cour supérieure portait
sur le fait que ce n'était pas de la discrimination au motif du sexe
interdite par l'article 10 de la Charte des droits et libertés puisque
cela n'est pas contre les femmes en général mais contre seulement
les femmes enceintes. Est-ce qu'il y a eu des développements à la
suite de ce juqement de la Cour supérieure dans l'application du
rèqlement qui garantit un retour à l'emploi? Je poursuis?
M. Marois: Oui.
Mme Harel: On me dit que 70% des femmes de moins de 30 ans sont
sur le marché de l'emploi rémunéré. Elles sont donc
les plus susceptibles de devenir enceintes éventuellement ou d'avoir des
enfants. Actuellement, les critères qu'on applique pour
l'admissibilité à l'allocation de maternité sont-ils
toujours les critères restrictifs et limitatifs de
l'admissibilité à t'assurance-chômage?
M. Marois: A ce sujet, je peux tout de suite donner la
réponse, c'est oui. On a commencé à étudier non
seulement cette dimension du problème, mais, en plus, peut-être
plus globalement et plus fondamentalement, le simple fait du lien entre cela et
l'assurance-chômaqe et aussi la possibilité, à la
lumière de cela, d'ouvrir des néqociations sur une base plus
large avec le fédéral pour peut-être viser une perspective
où on pourrait se donner notre propre programme beaucoup plus complet
à nous. Forcément, cela suppose des ententes avec le
fédéral. Au point de départ, la réponse est
oui.
Mme Harel: Donc, ce sont toujours ces critères qui exigent
que la personne devienne enceinte au moment de l'emploi. Est-ce que je me
trompe en pensant que l'assurance-chômage, avec ses dispositions
nouvelles, récentes, oblige, en fait, toute personne qui y est
admissible et qui a un revenu supérieur annuel à un certain
montant à rembourser les prestations qu'elle a reçues?
M. Marois: C'est toujours cela. On me dit que oui.
Mme Harel: À partir de tel montant, une personne doit
rembourser les prestations.
Cela veut donc dire qu'on n'a pas de véritable congé de
maternité. Cela veut dire que, quand une travailleuse peut atteindre un
certain niveau de revenu à son emploi et qu'elle bénéficie
de ce qu'on appelle un congé de maternité, son revenu peut
l'amener à devoir rembourser les prestations qu'elle a
reçues.
M. Marais: On en est très conscients. Je pense que Mme la
députée a parfaitement raison, M. le Président. Ce n'est
pas en soi accroché surtout à l'assurance-chômage comme
telle un congé de maternité. Au fond, on comble un délai
de carence. Ce n'est que cela pour l'instant. On est parfaitement conscients de
cette situation, de certaines injustices que cela peut entraîner et, par
voie de conséquence, cela ne fait que renchérir sur ce que
j'évoquais, la nécessité de ce qu'on a commencé
à faire. Mais les solutions au problème ne sont pas
nécessairement simples. On doit évaluer cela et, le cas
échéant, le regarder peut-être sur une base un peu plus
large que l'approche traditionnelle, mais je ne peux pas, pour l'instant,
être plus précis, plus concret que cela. Je sais que des
équipes autour de Mme Douvry qui dirige le bureau en question
travaillent présentement sur ce dossier.
Mme Harel: II y a deux aspects principaux. Les employeurs
viennent de voir doubler leurs cotisations à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Cela m'amène à faire un
lien avec le fardeau que porte actuellement l'ensemble des travailleurs et des
travailleuses sur le marché de l'emploi de se négocier,
entreprise par entreprise, un véritable congé de maternité
avec les risques de conflits de travail qui peuvent en découler et aussi
les risques de discrimination à l'embauche. À la suite, par
exemple, de l'obtention d'un conqé de maternité dans une
convention de travail, il est évident que cela peut inciter un employeur
à discriminer au moment de l'embauche les candidates féminines,
les candidatures féminines. Cela m'amène à demander: Quand
allons-nous pouvoir compter sur une véritable caisse de congés de
maternité cotisés pour l'ensemble des travailleurs par
l'employeur, comme c'est le cas pour la Régie de l'assurance-maladie du
Québec''
M. Marois: Pour être plus précis que, la
réponse que j'ai donnée jusqu'à maintenant, quand j'ai dit
qu'on était en train d'évaluer cela, qu'il y avait des
équipes au travail, je puis vous dire ceci pour l'instant. Ce que nous
sommes en train d'examiner - c'est la commande que j'ai placée - c'est
ceci: D'envisager la possibilité de regrouper 1) l'allocation de
maternité; 2) l'assurance-
chômage-maternité, les 17 semaines - c'est là qu'on
voit ce que cela implique comme négociations avec le
fédéral, parce que cela pourrait impliquer que le Québec
récupère ce qu'il faut avec les ressources qu'il faut - et 3) le
congé de maternité comme tel. Partant de ces trois
éléments, je pense qu'on commence peut-être à ouvrir
la perspective de ce que vous évoquez.
Mme Harel: C'est un "peut-être" dans un avenir
rapproché?
M. Marois: Peut-être dans le sens suivant. Comme les
études ne sont pas terminées, je ne peux pas dire: Je crois que
c'est vraiment cela, d'une part, D'autre part, c'est un "peut-être" quant
aux délais également sur l'échéancier de travail.
Normalement, quant à l'échéancier de travail, on me dit
que je devrais avoir cela en main à l'automne. On essaie vraiment -je
pense que les députés l'auront noté - de faire attention
aussi aux engagements qu'on prend, parce qu'il y a beaucoup d'équipes
qui ont été mises au travail au ministère, depuis le mois
de novembre, sur toute une série de dossiers qui m'apparaissent
extrêmement importants; j'en ai évoqué plusieurs lors de
l'ouverture de nos travaux. Notamment, là-dessus, je veux être
certain qu'on soit capable de livrer de façon pratique, concrète,
pas tout en même temps, parce que ce n'est pas possible. Il faudra se
faire des échéanciers et établir des priorités. Je
pense qu'il serait plus qu'intéressant - c'a déjà
été évoqué - qu'on puisse, avec certains membres de
cette commission, en causer quand viendra la fin de l'été et le
début de l'automne, au moment où s'établissent les
priorités législatives et budgétaires.
Quant à la question concernant le jugement, on me dit que c'est
un jugement non pas de la Cour supérieure, mais de la Cour provinciale.
C'est la Commission des droits de la personne, en vertu de la loi, qui pourrait
aller en appel et, d'après ce qu'on en sait, elle ira effectivement en
appel.
Mme Harel: Et les plaintes de congédiement pour motif de
grossesse au ministère sont de quel ordre?
M. Marois: Sur 325 plaintes, plus ou moins - c'est vraiment un
ordre de grandeur; on pourra fouiller et donner ça de façon
beaucoup plus précise - il y en a 200 exactement qui concernent ce que
vous évoquez.
Mme Harel: Les jugements de retour à l'emploi, vous les
connaissez?
M. Marois: On prend note de la demande et on va faire le
nécessaire pour vous fournir le renseignement; on ne l'a pas à
portée de la main.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marquette.
Chômage des jeunes
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Mes questions
concernent le chômaqe chez les jeunes. Je pense que vous conviendrez
tous, de chaque côté de cette table, qu'il s'agit d'un
problème très sérieux et même dramatique. Des deux
côtés de la Chambre, dans le salon bleu, lors des interventions en
réplique au discours inauqural, on l'a maintes fois mentionné;
alors, il faut trouver des solutions.
Concernant le programme PUE, le programme d'intégration des
jeunes à l'emploi, le budget qui avait été alloué
audit programme pour 1979-1980 était de 20 000 000 $ et, d'avril
à août de la même année, un autre budqet de 29 500
000 $ a été alloué audit proqramme. À la suite
d'une étude que j'ai faite dans les répertoires du programme OSE
hier soir, j'ai constaté qu'il reste 29 101 000 $ qui n'auraient pas
été dépensés. J'aimerais avoir des
éclaircissements soit du ministre ou de ses sous-ministres. Est-ce qu'on
a manqué de chômage chez les jeunes ou si ces montants ont
été alloués à un autre proqramme?
M. Marois: Malheureusement, non. Je peux vous dire tout de suite,
qu'on n'a pas manqué de chômeurs. Il y a un certain nombre de
modifications qui sont intervenues en cours de route sur l'ensemble des
programmes d'emploi et je vais essayer de répondre de la façon la
plus précise possible au député. Je sais que d'autres
députés aussi ont des questions, des remarques, des commentaires
à faire sur les programmes de création d'emplois.
Le budqet de démarrage pour les crédits de 1981-1982 qu'on
retrouve dans le livre des crédits pour cette année, c'est une
masse de 53 000 000 $ pour l'ensemble des programmes d'aide au travail, PAT;
d'intégration des jeunes à l'emploi, PIJE; de retour au travail
des assistés sociaux, PRET, et du programme expérimental de
création d'emplois communautaires, PECEC, comme on dit
familièrement; le placement étudiant, ce qu'on appelle, d'un
jarqon innommable, le service d'extension à je ne sais pas quoi, et qui
veut dire des subventions à des groupes socio-communautaires du milieu,
comme Stratégie communautaire, par exemple, de Drummondville, qui aide
à placer des bénéficiaires. Pour l'ensemble des
programmes, 53 000 000 $ cette année, c'est la base
budqétaire.
L'an dernier, la base budqétaire, au point de départ,
était de 43 460 000 $. Il y a donc, si on tient compte de l'inflation,
une
légère hausse, c'est sensiblement la même base de
départ que l'an dernier. C'est ce qui explique les écarts dans
les budgets. En cours d'année, parce que le programme PRET a
été créé, il y a eu des mandats spéciaux. Le
budget supplémentaire de 45 000 000 $ s'est ajouté au budget de
base de l'an dernier de 43 460 000 $, ce qui fait qu'on a eu un budget sur
l'ensemble des programmes d'emploi de près de 90 000 000 $, plus
exactement de 88 460 000 $. On part avec une base budgétaire cette
année de 53 000 000 $. (18 h 30)
Certains programmes ont forcément roulé durant toute
l'année. D'autres ont été créés en cours
d'année, c'est le cas du programme de retour au travail des
assistés sociaux, PRET. Peu importe qu'ils aient roulé toute
l'année ou qu'ils aient été créés en cours
d'année, sur tous les programmes à l'exception du placement
étudiant - parce que, comme on dit en bon français, le placement
étudiant, c'est un "one shot deal"; ça se fait durant la
période où il faut le faire quand arrive la période
d'été - il y a forcément eu des sommes d'argent en cours
d'année. On dit: On accepte tel projet, on débourse une partie
des montants et, forcément, il y a une partie des sommes engagées
qui sont reportées, payées plus tard; le programme d'emploi
communautaire, par exemple. Les paiements sont échelonnés, un
certain nombre de paiements; ça peut être deux, trois ou quatre,
ça varie. C'est la même chose pour l'ensemble des divers
programmes, de sorte que, sur la masse budgétaire de cette année,
la masse de base de 53 000 000 $ qu'on retrouve au point de départ, vous
avez des montants de l'an dernier, des engagements de l'an dernier qui sont
reconduits cette année de l'ordre de 23 918 369 $ exactement.
Sur le programme PIJE, le programme d'intégration des jeunes
à l'emploi, vous avez donc un montant reconduit d'engagements, qui peut
expliquer l'essentiel de ce qu'évoque le député, de 7 283
061 $, qui se retrouve forcément dans les crédits de cette
année parce que ça va être payé cette année
sur des engagements de l'an dernier. Je peux vous donner d'autres chiffres;
concernant le programme PRET, c'est 5 000 000 $.
M. Dauphin: Autrement dit, M. le ministre, si vous le permettez,
ces montants n'ont pas été dépensés l'an
passé; c'est ça?
M. Marois: Non. Enqagés l'an passé, payés
cette année, de telle sorte que... Je dois aussi ajouter, pour que
l'information soit vraiment complète, que, comme il y a eu des
programmes qui ont démarré, de nouveaux programmes en cours de
route, PRET par exemple, il y a eu ce qu'on appelle des crédits
périmés de 14 000 000 $ au total.
M. Dauphin: Pour tous les programmes.
M. Marois: Pour tous les programmes. Tant et si bien que, cette
année, j'ai demandé d'obtenir deux modifications qui
m'apparaissent importantes par rapport à la façon de fonctionner
de l'an dernier. Au lieu que soient précisés dans le budget tel
montant pour tel programme, tel montant pour tel programme, etc., j'ai
demandé qu'on affecte plutôt une masse d'argent, les 53 000 000 $
dont je parle, et que le ministre ait le pouvoir - et ça m'a
été accordé par le Conseil du trésor - de
décider de l'affectation de tel ou tel montant, ou somme d'argent,
à tel ou tel programme. J'ai demandé en plus de pouvoir
transférer en cours d'année, selon l'évolution des
programmes - il y en a qui fonctionnent bien, il y en a qui fonctionnent moins
bien, il peut y avoir des ajustements qui s'imposent en cours de route parce
qu'on découvre qu'il y a place à l'amélioration sur tel et
tel programme - X millions de tel programme à tel autre programme qui
fonctionne mieux, qui répond bien à des besoins de l'heure. On
m'a accordé une marge de manoeuvre de 10% du montant que j'ai
décidé d'affecter à chacun des programmes que je peux, sur
ma propre décision comme ministre, transférer d'un programme
à l'autre. Pour le reste, je dois demander l'autorisation au Conseil du
trésor.
Ce sont donc deux modifications quand même importantes par rapport
au mode de fonctionnement traditionnel et qui, semble-t-il, donnent aussi une
marge de souplesse plus grande pour pouvoir s'ajuster plus rapidement. Je ne
vous cacherai pas que j'aurais accepté volontiers qu'on accepte
d'emblée ma demande initiale qui était une marge complète
de transférabilité d'un programme à l'autre. En tout cas,
il y a déjà là un point de départ de 10% qui est
quand même un élément nouveau. Donc, la masse est nouvelle,
ainsi que la possibilité de transférer.
M. Dauphin: J'aurais une dernière question. On parle du
chômage chez les jeunes; par exemple, le programme PIJE s'adresse aux
personnes entre 18 et 29 ans. Durant la campagne électorale, on nous a
parlé de bons d'emploi qui s'adresseraient aux 18 à 25 ans. Selon
les statistiques que j'ai vérifiées moi-même, il y a
plusieurs jeunes qui laissent au secondaire III ou IV et qui ont quinze ou
seize ans. Naturellement, ils sont obligés de faire une période
de chômage avant de pouvoir bénéficier de différents
programmes. Je ne sais pas si vous avez des données ou des statistiques
là-dessus, alors qu'aucun programme ne s'adresse à cette
catégorie de jeunes.
M. Marois: Oui, les seules choses que je vois, c'est le placement
étudiant, premièrement, et ce n'est pas négligeable
à cet âge en particulier. Deuxièmement, il y a aussi - le
nom m'échappe - le programme de préparation ou de formation et
d'expérience professionnelles. C'est un proqramme conjoint
fédéral-provincial. Pour le reste, le programme
d'intégration des jeunes à l'emploi, c'est un programme gui
couvre les jeunes de 18 à 29 ans, à l'exception du volet 3 qui
couvre les jeunes de 18 à 24 ans.
M. Dauphin: Ce que j'ai vérifié montre qu'il y a
peut-être 50% ou 60% des jeunes en chômage qui n'ont pas
terminé leur secondaire V et qui, de fait, n'ont pas 18 ans, finalement.
C'est une catégorie non négligeable de jeunes qui n'ont aucun
programme.
M. Marois: On ne peut pas dire aucun programme, je reviens
là-dessus, parce que c'est une clé: le placement étudiant.
Pourquoi je dis ça? C'est que là c'est exact que, quand on
regarde les groupes de finissants, on s'aperçoit que le taux de
chômage de ceux qui sortent de l'université est en dessous de la
moyenne québécoise de chômage. Cela augmente
légèrement au niveau de finissants de cégeps, mais c'est
sensiblement l'équivalent de la moyenne québécoise.
Là où il y a des problèmes réels - je me
souviens qu'on avait eu un débat sur une motion du député
de Notre-Dame-de-Grâce là-dessus, à l'Assemblée
nationale - où les problèmes s'amplifient de façon
importante, c'est chez les jeunes qui quittent et cherchent à entrer sur
le marché du travail après le secondaire ou encore à plus
forte raison, chez ceux qui ne font même pas leur secondaire. En d'autres
termes, il est extrêmement important qu'il y ait des formes d'incitation
et qu'on crée les meilleures conditions possible pour que les jeunes
puissent aller se chercher une formation minimale de base avant de se lancer
sur le marché du travail. Il faut donc faire attention, lorsqu'on
développe les programmes de création d'emplois, pour que
ça ne devienne pas une forme de désincitation à aller
chercher un bagage de compétence qui donnerait une meilleure chance dans
un marché du travail. Il ne faut donc pas que ce soit une incitation
à quitter l'école. Je pense que c'est extrêmement
important.
M. Dauphin: Ce sont souvent des circonstances
incontrôlables qui font que...
M. Marois: Non, je comprends, mais je dis comme perspective.
Par ailleurs, là où il faut faire un gros effort, c'est du
côté des jeunes qui quittent, hélas, après le
secondaire. Là aussi il y a un bloc important. Il y a eu, pas des
chiffres, mais une espèce d'évaluation à l'emporte
pièce qui a été faite sur les performances
concrètes des divers programmes d'emplois. Le proqramme
d'intégration des jeunes à l'emploi, l'an dernier, a permis de
placer 6221 participants. Le programme d'aide au travail, 2830. Le programme de
retour au travail des assistés sociaux, qui a démarré en
cours d'année, 2180. Le programme d'emplois communautaires, 3413 emplois
permanents créés. C'est-à-dire en tout 14 644, avec la
masse budgétaire que j'ai évoquée de 88 00n 000 $ ou 90
000 000 $. Faites un calcul et on s'aperçoit, en bout de ligne, qu ce
sont des programmes qui coûtent finalement très peu cher, mais qui
sont extrêmement rentables dans tous les sens du mot, aussi bien sur le
plan économique que sur le plan social, etc.
M. Dauphin: Une dernière question, brièvement,
concernant les engagements électoraux pris par votre parti. Étant
donné que l'année scolaire est maintenant terminée, est-ce
que vous avez une idée, en tant que ministre du Travail du moment
où ces fameux bonbons seront applicables ou susceptibles d'être
appliqué?
M. Marois: M. le député peut faire son
évaluation et considérer que ce sont des bonbons
électoraux. Je pense que, pour les jeunes qui se cherchent de l'emploi
en sortant des études, l'idée du bon d'emploi pour les jeunes,
d'après le résultat de l'élection, cela n'a pas
été considéré comme un bonbon, d'une part, sans
compter l'idée additionnelle des chantiers-jeunesse. C'est quelque chose
qui correspond à ce que j'appellerais "les nouvelles formes de culture
chez les jeunes", qui permet de les mettre à contribution dans des
projets intéressants, valables, et qui laissent des traces durables pour
la société. Je ne crois pas que ce soient des bonbons, d'autant
plus que les gens savent aussi que, quand on prend des engagements, on fait le
maximum d'efforts pour livrer la marchandise.
Quant à l'ensemble des engagements qu'on a pris, le
député comprendra que ce n'est pas aujourd'hui que je vais
commencer à tracer un échéancier de réalisation de
tous et chacun de ces engagements. Il y en a déjà un qui est en
marche, c'est le programme d'accès à la propriété.
On n'a jamais dit qu'on allait réaliser tous nos engagements en une
année ou en six mois. Quant à nous, le débat n'est pas
fini; donc, je ne peux pas répondre de façon précise,
certainement pas de façon satisfaisante à la question du
député. C'est au moment où on examine, vers la fin de
l'été, le début de l'automne, les priorités
législatives et budgétaires du gouvernement pour la nouvelle
année, c'est à partir de l'automne, qu'on décide de
l'ordre de priorités de traitement de l'un ou l'autre des engagements
qu'on a pris pour voir comment on peut, sur le calendrier d'un mandat de
gouvernement, quatre ans, les réaliser. Il est certain que cela me
paraît être un des éléments répondant au
problème.
Je sais aussi que, la semaine prochaine, une délégation de
la JOC, la Jeunesse ouvrière catholique, doit venir ici à
Québec, au Parlement. Elle a demandé à me rencontrer pour
me remettre les résultats d'une enquête qu'elle a menée et
qui débouche, semble-t-il, d'après ce qu'on m'a indiqué,
sur un certain nombre de recommandations. Rien sûr, je présume, je
n'ai pas vu le contenu, que cela touche cette question de l'emploi. S'il y a
là des recommandations valables et intéressantes, je ne vois pas
pourquoi on ne les prendrait pas en considération. Je ne peux pas
être plus précis pour le moment, je m'en excuse.
M. Dauphin: C'est parce que le premier ministre y avait fait
illusion lors du discours inaugural.
M. Marois: Au bon d'emploi étudiant? Je ne crois pas;
c'était au problème du chômage des jeunes, bien
sûr.
M. Dauphin: C'est-à-dire que c'était le
problème de chômage, il a dit qu'il fallait y remédier
très rapidement.
M. Gratton: M. le Président, à cet effet, on me
permettra peut-être deux phrases. Effectivement, on a fait allusion ce
matin à plus d'une reprise à la situation alarmante qui
règne présentement guant au chômage chez les jeunes de 18
ans à 25 ans. On a parlé de 118 000 chômeurs dont la
moitié sont en chômage depuis au moins quatorze semaines, et du
nombre aussi considérable, sinon plus, de ceux qui ne sont plus
prestataires de l'assurance-chômage, mais gui sont effectivement en
chômage.
Je voudrais dire au ministre que, dans la mesure où tous
reconnaissent cette urgence, il pourra compter sur la collaboration de
l'Opposition pour faire en sorte que toute mesure que le gouvernement jugera
susceptible d'améliorer la situation reçoive un accueil favorable
de la part de l'Opposition officielle. Ceci étant dit, je le mettrai en
garde guant à ce gue l'on connaît du programme de bons d'emploi
dont on a parlé en campagne électorale. J'y ai fait allusion,
d'ailleurs, dans mon intervention sur le discours inaugural. Je crains fort,
à moins qu'on n'en change les modalités gu'on a annoncées,
que l'effet recherché de créer des emplois pour les jeunes ne
soit pas complètement atteint dans la forme qu'on connaît du
programme.
(18 h 45)
Ce serait, à tout le moins, un encouragement au chômage gue
de fournir une prime de 3000 $ à un employeur à la condition
d'employer quelgu'un qui bénéficie de l'assistance sociale depuis
six mois. Surtout, on lui créerait l'obligation de ne l'engager que pour
une période de douze mois, après laquelle l'employeur serait
susceptible de dire tout simplement: Bonjour, on va en engager un autre qui
arrive avec son bon de 3000 $.
Cela étant dit, M. le Président, on n'est quand même
pas pour faire un débat sur un projet de loi que le ministre refuse de
nous livrer, à juste titre, et il n'est pas prêt à
s'engager à nous donner une date guant à son dépôt.
Mais on lui dit: Le plus tôt le gouvernement choisira d'agir dans ce
domaine, il pourra compter sur la collaboration de l'Opposition.
M. Marois: Je voudrais seulement, si on me le permet, ajouter un
commentaire. Chacun peut faire ses évaluations sur le projet gui est
là, qui est en l'engagement du bon d'emploi, mais il y a guelqu'un qui
l'a trouvé suffisamment intéressant, qui s'appelle le
fédéral, et qui vient d'annoncer, pour ceux qui suivent ça
un peu, un proqramme qui est une copie conforme, qui a décidé de
l'appliquer pour les 45 ans et plus. C'est la subvention...
M. Gratton: C'est peut-être une raison de plus pour vous
méfier.
M. Marois: Non, quand les choses sont bonnes, elles sont bonnes,
sauf que, quand on continue à se marcher sur les pieds comme ça,
ça donne des résultats qui sont de la cacophonie. Mais c'est
l'idée d'une subvention de salaire transférable; c'est
essentiellement une notion de bon d'emploi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauharnois.
Cours de spécialisation pour les
adultes
M. Lavigne: Brièvement, M. le Président, je
voudrais poser une question au ministre qui est un peu embarrassante
particulièrement dans mon milieu et j'imagine gue, si j'ai le
problème dans le comté de Beauharnois ou dans la région
immédiate du comté de Beauharnois, il y a d'autres régions
du Québec qui doivent vivre aussi un peu le même
problème.
On constate, quand il s'agit des individus, qu'il y a des travailleurs
qui manquent d'une certaine qualification. Lors d'un colloque organisé
il y a deux ans et qui s'est répété cette année,
par la Chambre de commerce de Valleyfield, plusieurs industriels
ont été invités à se poser des questions et
à réfléchir sur l'embauche et la spécialisation des
employés. On se rend compte que le taux de chômage est
relativement élevé dans la région et qu'il y a, par
contre, des emplois disponibles. Le problème est le suivant, c'est que,
parmi les chômeurs qui vont au centre de main-d'oeuvre pour demander des
emplois, on a des demandes d'emploi qu'on ne peut remplir à cause de la
non-spécialisation.
Ceci dit, il y a même des compagnies qui sont prêtes
à défrayer une partie des cours de spécialisation qu'on
pourrait donner aux adultes, entre autres, en collaboration avec la commission
scolaire des Moissons, à la polyvalente de Beauharnois. On serait
prêt à donner un cours de spécialisation comme
mécanicien d'entretien. La compagnie libérerait dix de ses
employés pendant une année, à temps plein. Elle
continuerait à leur payer des salaires et elle enverrait ces
qens-là se spécialiser comme mécaniciens d'entretien. Ce
qu'on répond à la commission scolaire, c'est que
l'équipement requis pour dispenser ces cours n'est pas suffisant
à la polyvalente. D'après l'étude qu'elle a faite, il lui
manquerait environ 100 000 $ d'équipement pour pouvoir dispenser ces
cours.
Là, je ne sais pas si on chevauche entre le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre et le ministère de l'Éducation en
ce qui a trait au budget d'immobilisation pour équiper ces commissions
scolaires d'un équipement nécessaire à la dispensation des
cours et permettre à ces employés de se spécialiser.
Je sais qu'il y a eu aussi une étude faite par le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre fédéral qui
justifie qu'on donne ces cours parce que la demande est très forte dans
la région. On a aussi un autre rapport qui nous a été
fourni selon lequel seulement cinq polyvalentes à travers le
Québec étaient dotées de l'équipement
nécessaire pour dispenser ces cours et la plus près de chez nous
serait celle de Sorel. Vous comprendrez, M. le Président, que, pour des
employés de Valleyfield ou de la région de Valleyfield qui
auraient à se déplacer pour suivre des cours de
spécialisation à Sorel, cela entraînerait des coûts
de transport, de pension, qui risqueraient de décourager un peu tout le
monde.
J'ai actuellement le problème en main, je vous le soumets, j'en
ai d'ailleurs parlé au ministre de l'Fducation et j'aimerais qu'on
puisse ensemble arriver à trouver une solution qui permettrait aux
travailleurs de la région chez nous de suivre des cours, de se
spécialiser pour, finalement, être plus efficaces sur le
marché du travail et, pour d'autres qui ne sont pas encore sur le
marché du travail, d'y accéder à cause de cette
spécialisation.
En même temps, pour terminer, le cours serait d'autant plus
important et nécessaire que ce cours de mécanicien d'entretien
est exactement le même que pourraient suivre les aqriculteurs de la
réqion pour l'entretien de leur machinerie, leurs tracteurs, leurs
machines aqricoles. Il y a un grand besoin de ce côté, dans le
monde agricole. Je vous pose cette question pour savoir comment je pourrais me
sortir du problème que j'ai dans ma région, et qui doit
être sans doute le problème d'autres députés dans
d'autres régions.
M. Marois: Oui, je suis content que cette question vienne, parce
qu'elle va me permettre d'expliquer un certain nombre de choses, qui ne sont
pas des détails, mais qui sont capitales quand on pense à une
perspective de main-d'oeuvre, à ouvrir une perspective - entre
quillemets, parce que l'expression est toujours prétentieuse - de "plein
emploi". Quand je dis arrimer les morceaux, c'est la sécurité du
revenu, la politique de main-d'oeuvre et d'emploi. Il y a présentement
ce qui s'appelle le programme de formation de la main-d'oeuvre du Canada. C'est
une entente fédérale-provinciale. Dans le cadre de cette entente
- je coupe les angles carrés, sans faire les nuances qu'il faudrait
faire, mais quand même, en respectant fondamentalement le fond de
l'entente - nous, le Québec, on a le bloc de la formation en
institution, comme on dit dans le jarqon, dans les écoles, le
fédéral se gardant le bout de la formation en entreprise. Vous
voyez ce que cela donne comme résultat. C'est extraordinaire. Prenons le
cas que vous évoquez. Effectivement, par des pirouettes, actuellement,
on pourrait faire une chose: une commission scolaire, une école qui
aurait besoin d'un équipement, à la condition que cela entre dans
les budgets de planification - cela veut dire sur une période de douze
mois, que la demande entre à temps pour l'équipement - on
pourrait, le sachant, financer l'équipement. On peut le faire
actuellement, mais avec ce que cela implique de contraintes: prévoir que
la demande entre à temps, la planification de douze mois pour fournir
l'équipement. Mais, quand même, on pourrait arriver à le
faire, on pourrait de facto le faire.
Savez-vous le montant d'arqent impliqué dans cet accord
fédéral-provincial? 225 000 000 $. L'an dernier, l'accord est
venu à terme. Nous nous sommes concertés, les ministres
responsables de l'application de cet accord dans nos provinces respectives,
pour dire: Nous demandons la reconduction de l'entente pour une période
d'un an, telle quelle. Effectivement, présentement, l'entente est
reconduite. L'accord se termine le 1er avril prochain. On s'est donné,
les provinces, cette année-là pour préparer, chacune de
notre côté, nos évaluations, nos
projets et surtout pour nous doter, de part et d'autre, d'une politique
de main-d'oeuvre et d'emploi, parce qu'il y a des choses que le bon sens
élémentaire nous indique qu'il serait possible de faire. Au lieu
de faire la pirouette que je viens d'expliquer et de scinder ces notions entre
la formation en institution, la formation en usine, le fédéral
gardant un bout, le provincial ayant l'autre bout dans l'application de
l'accord, et d'être poignes pour faire des pirouettes, compte tenu des
planifications, pour aboutir à l'équipement douze mois plus tard,
il y a des choses aussi simples qu'une entente qui pourrait intervenir, par
exemple, entre une école qui a besoin d'un équipement et une
usine qui est à côté qui a justement l'équipement en
question. Cela suppose peut-être que dans la révision de l'accord
- on est en train de se préparer très sérieusement, les
provinces, et on doit se revoir là-dessus - il ne faut pas exclure cette
possibilité que les provinces demandent carrément ce qu'on dit
traditionnellement dans le jargon constitutionnel l'"opting-out". On reprend
notre butin, nos ressources financières.
C'est pour cela que, présentement, on a mis en marche et en place
toutes les équipes, depuis la signature du renouvellement, pour
préparer et mettre au point non seulement les grandes lignes, mais les
lignes les plus concrètes possible en termes de possibilités de
projets, avec la souplesse qu'il faudrait pour être capables de
renégocier, en ouvrant la perspective que je viens d'évoquer.
Néanmoins, par des pirouettes que je viens d'expliquer, qui sont
parfaitement légales et conformes à l'entente
fédérale-provinciale, il y a moyen d'arriver à ce genre de
résultat que j'expliquais pour l'institution. Mais il me semble qu'il y
aurait moyen de faire mieux et plus que cela avec les ressources qui sont
là. C'est cela, notre problème.
M. Lavigne: Pour terminer, une deuxième question bien
pratique. Le ministre pourrait-il me rassurer quant aux démarches qu'il
entend entreprendre avec le fédéral et le milieu des industries?
En fait, je n'ai pas, ici à la commission parlementaire sur les
crédits du ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, à réqler des cas de
comté, mais je soutiens que c'est un cas "at large" qui doit être
connu dans toutes les régions du Québec. Sans donner de date
précise, pourrait-on savoir, à peu près dans combien de
temps on pourrait penser pouvoir avoir une politique de spécialisation
comme cela dans nos régions?
M. Marois: J'ai fait le même qenre de réponse tout
à l'heure sur une autre question qui m'a été posée.
Il y a tellement de groupes de travail en marche, avec des
échéanciers pour nous fournir des matériaux... Des fois,
il faut retourner cela sur la planche à dessin, parce que cela ne
paraît pas satisfaisant en bout de ligne, etc. Chose certaine, tenez
compte de la date, que j'ai évoquée, de l'échéance
de l'entente renouvelée fédérale-provinciale, de la
nécessité pour nous de l'avoir en main, cette politique, pour
être équipés, pour être capables de
renégocier, à partir d'une base sérieuse, d'un projet en
main évalué dont les fils seraient attachés et gui
pourrait devenir... À partir du moment où tu dis: On voudrait
reprendre cela, il faut qu'en bout de ligne aussi les citoyens ne soient pas
pénalisés: en d'autres termes, il faut que tu aies eu un
comportement suffisamment responsable pour attacher tes fils, que tu aies en
main des programmes, des projets qui soient au point, dont tu es à peu
près sûr et qui puissent démarrer à partir du moment
où tu prends la relève. C'est à travers cette
période-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Marois: Je m'excuse, je voudrais ajouter une chose qui
pourrait aussi nous être fort utile. Le député de
Beauharnois souligne un cas. Ceux qui en auraient, cela pourrait être
extrêmement intéressant pour nous de les connaître. Il peut
arriver qu'il y en ait qui nous échappent en cours de route. Dans
certains cas, on peut peut-être donner un coup de main pour contribuer
à apporter une solution, mais, deuxièmement, on pourrait aussi
accumuler ce que j'appelle l'expertise qui part du terrain et de la
réalité. Cela étoffe un dossier aussi. Cela s'adresse
vraiment à tous les parlementaires autour de cette table.
M. Lavigne: Je m'engage à donner au ministre toutes les
données que je possède sur ce dossier en particulier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
Programmes de création d'emplois PAT et
PRET
M. Bisaillon: J'ai trois questions, M. le Président, et,
par la suite, une courte intervention. J'aurai une motion, pour terminer,
à présenter aux membres de la commission.
Mes questions concernent les programmes de création d'emplois.
Quels sont les critères qui s'appliquent aux projets PRET, les
critères de sélection, les critères d'application du
programme, la procédure à suivre et les sommes affectées
l'an dernier et prévisibles cette année pour les
programmes PRET? Même question pour les programmes PAT. À
la suite des programmes PAT, qu'est-ce qui a amené la création du
PRET? Autrement dit, ces deux programmes visent la même clientèle,
c'est-à-dire les personnes sur l'assistance sociale. Qu'est-ce qui a
justifié la mise sur pied du PRET, alors qu'on avait déjà
les PAT? Dernièrement, à la suite des explications que le
ministre nous a données tantôt en réponse aux questions du
député de Marquette, on se rend compte qu'il y a une limitation
quant aux transferts possibles, mais il y a aussi, à toutes fins
pratiques, cette année, pour les crédits qu'on vote
déjà quasi 50% des crédits votés qui sont
engagés à partir de projets présentés avant
l'exercice financier qu'on entreprend. Une fois que j'aurai mes réponses
à ces trois questions, M. le Président, j'aurai une courte
intervention et, par la suite, une motion. (19 heures)
M. Marois: La différence fondamentale et la
complémentarité entre le programme d'aide au travail, PAT, et le
programme de retour au travail, c'est celle-ci. Le programme d'aide au travail,
c'est un programme qui ouvre, dans un premier temps, de l'emploi temporaire,
alors que le programme de retour au travail, c'est un programme qui ouvre de
l'emploi permanent et qui s'adresse, dans le cas de PRET, aux plus de trente
ans, tandis que le programme d'aide au travail est plus largement ouvert.
Pourquoi? L'expérience montre qu'il faut absolument conserver les deux
volets. Pourquoi? Vous avez, par exemple, des assistés sociaux qui
veulent retourner au travail, mais pendant X mois, dans certains cas,
même plus longtemps que cela, on a simplement perdu - et il ne faut pas
les blâmer pour autant; je pense que c'est un état de pure
réalité humaine - la simple habitude de se lever à telle
heure et d'arriver au travail à telle heure, de sortir à telle
heure, dans un encadrement donné de travail. Dans certains cas le
programme d'aide au travail n'existait pas, des gens ne pourraient jamais
retourner au travail.
Et on s'est aperçu aussi qu'en fin de compte, lorsque les gens
sortent du programme d'aide au travail, il y a un taux de rétention de
façon permanente, dans d'autres emplois, remarquablement
élevé. Je ne veux pas induire les membres de la commission en
erreur, mais, si ma mémoire est bonne, cela allait autour de l'ordre de
20%. Ce n'est pas négligeable. Et même, dans certains cas, on y a
vu des gens de 40 à 45 ans.
Quant aux critères, je pourrais faire parvenir le détail
des critères de chacun des programmes et même - parce que je vois
un peu sa perspective - je pourrais faire parvenir au député les
critères de l'an dernier, les critères de cette année,
fournir la documentation la plus complète possible.
Quant aux sommes, effectivement, sur une masse de 53 000 000 $, il n'y
en a pas tout à fait 4 000 000 $ qui vont aux coûts de
fonctionnement. Ce n'est quand même pas élevé, il en reste
49 166 000 $. Il y a 23 918 000 $ qui sont des montants reconduits de l'an
dernier sur les budgets de cette année. Et, au 30 avril, il y avait
déjà 3 275 000 $ engagés sur des nouveaux projets, ce qui
laissait un solde disponible de 22 222 000 $. Pour l'un ou l'autre proqramme
ensemble, il y avait des demandes d'entrées de plus de 35 000 000 $.
M. Bisaillon: Cela ne nous donne pas, pour chaque programme, l'an
dernier, combien d'argent a été dépensé, qu'est-ce
qui était prévu cette année pour le programme PAT et,
à l'intérieur de ces sommes, qu'est-ce qu'il y a
déjà d'engagé, en fonction de programmes
déjà acceptés l'an dernier. Et la même chose pour le
programme PRET.
M. Marois: PAT et PRET? M. Bisaillon: Oui.
M. Marois: Je vais prendre le programme PRET. En 1980-1981, l'an
dernier, il y avait 15 000 000 $, globalement, à la fin de
l'année. Quand on a tout compté, les transferts, les mandats
spéciaux, les budgets supplémentaires, il y avait 15 000 000
$.
Dans PAT, il y a, pour cette année, pour 1981-1982, un budget
autorisé, au point de départ, de 8 000 000 $. Évidemment,
on compare des pommes avec des oranges. C'est pour cela que, lorsque je vous
parle de 15 000 000 $, il y a des montants qui se sont ajoutés en cours
d'année. La base de départ, malheureusement, je ne l'ai pas. On a
commencé avec 10 000 000 $. Cela a été porté
à 15 000 000 $, comparativement à une base de départ de 8
000 000 $.
M. Bisaillon: Cette année?
M. Marois: Oui. PRET, cela n'existait pas au point de
départ. Quand le programme a démarré, on a mis 16 000 000
$. Et cette année, au point de départ, 8 000 000 $. J'arrondis, 7
854 000 $.
M. Bisaillon: Mais, sur les 8 000 000 $ de départ du
programme PAT pour cette année, combien y en a-t-il déjà
d'engagés, en fonction de projets acceptés, au moment du
début de l'exercice financier?
M. Marois: 1 486 772 $.
M. Bisaillon: Donc, il reste à peu près 6 000 000
$.
M. Marois: Le solde disponible, au 29 mai, pour le programme
d'aide au travail, 2 607 000 $, parce qu'il y a eu, depuis, 3 905 818,60 $ de
projets approuvés, ce qui laisse un solde disponible, au 29 mai, de 2
607 000 $ et on a présentement pour 7 568 000 $ de demandes.
M. Bisaillon: M. le Président, je sais qu'on avait convenu
de terminer à 7 heures. Je ne veux pas allonqer indûment les
travaux de la commission. Par ailleurs, j'ai attendu depuis le début des
travaux de la commission pour arriver à cet élément de
programme, parce que c'est là-dessus que je veux souliqner aux membres
de la commission qu'il y a des difficultés que l'on rencontre
actuellement. Il me semble que ce serait un peu notre travail de tenter de
réqler ces difficultés rapidement ou, au moins, d'émettre
des voeux qui nous amèneraient à un règlement de la
situation.
Je voudrais, d'abord, dire au ministre qu'il y a une diminution claire
et évidente des projets PAT depuis surtout l'introduction des programmes
PRET. Moi, je voudrais émettre le souhait qu'au niveau du
ministère, au niveau du ministre surtout, on puisse, entre
parlementaires et avec l'assistance des fonctionnaires affectés à
ces programmes, faire une discussion sur l'ensemble des programmes plus tard,
dans le cadre d'une analyse de ce qui se passe dans le milieu. Souvent, ce
qu'on remarque, c'est qu'il y a une évolution dans l'encadrement de
chacun des programmes, qui est normale et qui se fait d'année en
année à la suite des analyses des programmes ou des projets
vécus dans le quotidien, mais qui défavorise jusqu'à un
certain point un certain nombre de régions.
Je voudrais indiquer au ministre que, dans le cadre des proqrammes PAT,
le critère qui voulait que le projet devait, de par sa
présentation, réaliser quelque chose dans le milieu, laisser
quelque chose dans le milieu une fois le projet terminé,
défavorise jusqu'à un certain point une région comme
Montréal où, pourtant, le taux d'assistés sociaux, si on
parle du bas de ville de Montréal, est relativement élevé
pour ne pas dire le plus élevé, de toutes les régions du
Québec.
Il me semble que là on était défavorisé.
J'ai vu comme vous autres probablement, dans plusieurs coins de la
Gaspésie, des beaux endroits de verdure avec des fontaines, des bancs,
des aménagements de loisir qui provenaient du travail d'un certain
nombre de citoyens à la suite d'une subvention du programme PAT. Mais
dans Montréal, qu'est-ce que vous voulez, ce n'est pas possible, parce
qu'il semble qu'on ait une administration municipale qui ne laisse pas le soin
à des organismes populaires ou à des groupes communautaires de
réaliser un certain nombre de choses comme celles-là.
Donc, le seul critère qui était utilisé nous
défavorisait quant à l'ensemble des projets qu'on pouvait
présenter. Si des discussions pouvaient se continuer, cela nous permet
quand même d'adopter les crédits, mais je voulais souligner en
passant que c'est un souhait qui devrait répondre aux besoins de
l'ensemble des députés des régions.
Deuxièmement, ces programmes...
M. Marois: Tout de suite, M. le Président, je pourrais
dire au député, comme il connaît ma façon de
procéder, que j'accepte volontiers de pouvoir ouvrir une discussion sur
l'ensemble de ces programmes lors d'une ou de plusieurs rencontres, s'il le
faut, bien organisées avec les personnes-ressources qu'il faut sur
place.
M. Bisaillon: M. le Président, compte tenu de la
réaction du ministre, je vais me permettre de faire deux autres souhaits
immédiatement. Le deuxième souhait, c'est que les programmes
puissent être adaptés aux réqions, parce que les besoins
régionaux varient d'une région à l'autre. Il faudrait
peut-être que l'application de ces programmes aussi soit adaptée
aux régions. Troisièmement, il faudrait que la structure
d'application ou de fonctionnement de ces programmes soit davantage
décentralisée maintenant, comme elle l'était au
début, et que le fonctionnement soit peut-être plus
localisé qu'il ne l'était avant. Peut-être que je me trompe
quant à l'évaluation que je fais du fonctionnement des programmes
aujourd'hui, mais, pour avoir vécu tout au lonq des années,
depuis l'existence de ces projets, c'est-à-dire trois ans, chacune des
étapes de ces projets, il me semble qu'on aurait avantage à
essayer de revenir à un fonctionnement plus localisé, ce gui
permettrait des relations plus directes et plus humaines - c'est un objectif du
gouvernement - entre les fonctionnaires affectés à ces programmes
et les citoyens qui les vivent dans le milieu.
Je voudrais aussi terminer...
M. Marois: Cela me paraît, M. le Président, deux
hypothèses drôlement intéressantes qu'il y aurait lieu de
fouiller ensemble à l'occasion, justement, des rencontres
évoquées.
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais terminer par
deux motions. Le ministre, tantôt, dans une réponse à une
question du député de Marquette, soulevait le fait que le montant
global gui était affecté aux programmes de création
d'emplois pouvait être transférable d'un programme à
l'autre selon l'analyse qu'on faisait du rendement de chacun des types de
projets à être mis sur pied, mais qu'il y avait une limite de 10%.
Je voudrais juste souliqner
que, si cette limite continue d'exister, ça empêche, dans
le fond, toute discussion véritable qu'on pourrait avoir sur l'analyse
de ces projets, leur rendement dans le milieu.
Motion pour que les sommes affectées
à l'emploi soient transférables
d'un
programme à l'autre
En conséquence, je voudrais proposer la motion suivante, M. le
Président: Que les membres de la commission recommandent que les sommes
totales affectées aux différents programmes favorisant l'emploi
soient transférables d'un programme à l'autre, en
privilégiant cependant les projets s'adressant aux
bénéficiaires de l'aide sociale et aux jeunes de 18 à 29
ans.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie, je crois que votre motion devra rester un voeu que vous aurez
exprimé parce qu'une commission parlementaire sur l'étude des
crédits n'a pas le pouvoir de recevoir de telles motions. Vous
êtes là pour étudier les crédits et faire vos
remarques sur les programmes, élément par élément
ou programme par programme. C'est à regret que je suis obligé de
juger irrecevable votre motion.
M. Bisaillon: M. le Président, sur une question de
règlement, je vais vous indiquer tout de suite que vous ne devez pas me
placer dans une position où, je devrai voter contre les programmes parce
que je ne peux pas et que les membres de la commission ne peuvent pas exprimer
un voeu. Dans le fond, ce que vous me dites, c'est que je vais être
obligé de voter contre le programme puisqu'il contient ça
essentiellement.
Deuxièmement, M. le Président, je maintiens que toute
commission parlementaire a la possibilité d'exprimer des souhaits et
c'est la forme que prenait ma résolution. On endosse quand même
les crédits, on adopte les crédits, mais on "recommande que", ce
qui indique une volonté des membres de la commission parlementaire qui
se sont prononcés et qui se sont penchés sur les crédits.
Sans ça, M. le Président, je vous souligne que ça devient
un exercice tout à fait inutile puisque tout ce qu'on aurait à
faire ici, ce serait de tuer le temps jusqu'au moment où on arrive
à l'échéance fatale de l'adoption des crédits.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le
député de Sainte-Marie, je n'aurais même pas dû vous
laisser discuter de la décision que je viens de prendre. Mais,
malheureusement, je suis obligé de prendre cette décision. Vous
pouvez exprimer le voeu que tel organisme puisse être reçu,
d'accord pour ces choses. Mais tout ce qui touche à un budget proprement
dit, ce sont des motions non recevables. Comme je vous le dits, votre voeu est
enregistré, il est compris d'à peu près tout le monde. Je
ne discuterai pas plus longtemps la recevabilité de la motion; elle
n'est pas reçue.
M. Bisaillon: M. le Président, étant donné
que tantôt j'avais exprimé des souhaits au ministre, qu'on m'a
laissé continuer à exprimer des souhaits et que vous venez de
parler d'une proposition que je voulais faire comme étant un souhait
additionnel, est-ce que je pourrais me permettre d'en formuler un dernier?
Étant donné que vous ne l'accepterez pas comme une motion de la
commission, au moins il sera enreqistré au journal des Débats et
on saura pourquoi, malheureusement, dans les circonstances, M. le
Président, je serai obligé de voter contre l'adoption de ce
programme. On adoptera ce programme sur division.
Mais l'autre voeu, M. le Président, c'aurait été
que les membres de cette commission souhaitent vivement que le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre fasse des représentations aux fins de
hausser les sommes globales affectées à l'élément 5
du programme 4 de 22 000 000 $. Autrement dit, qu'on revienne à la
situation qui existait l'an dernier et qu'on ait au moins, pour ces programmes,
les crédits qui sont nécessaires à l'emploi. Tout le monde
peut parler de chômage mais, de l'autre côté, si on
n'exprime pas le voeu que les sommes d'argent affectées à la
création d'emplois soient augmentées, on n'a rien à faire
ici.
Le Président (M. Laplante): Vos souhaits sont
enregistrés, M. le député de Sainte-Marie.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut les appuyer?
M. Bisaillon: Est-ce que d'autres membres de la commission
pourraient les seconder, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Ils peuvent les seconder s'ils
le veulent, en prenant la parole pour l'exprimer.
Mme Harel: M. le Président, avant de blâmer des gens
d'être à la charge de l'État, il faut donner à tous
les gens aptes au travail une chance égale de gagner leur vie et
ça, ça suppose une généralisation très
rapide des programmes d'intégration à l'emploi et des
crédits conséguents.
Le Président (M. Laplante): Merci. On a
étudié le programme 5. Est-il adopté?
M. Marois: M. le Président, est-ce gu'on peut les passer
dans l'ordre?
(19 h 15)
Le Président (M. Laplante): Oui, je vais voir aux trois
qui sont en marche. Programme 4, adopté; programme 6, adopté. Il
nous reste le programme 1, adopté. Le programme 2 est adopté avec
tous ses éléments. Le programme 3 est adopté. Le programme
4 a été adopté sur division tout à l'heure. Le 5
est adopté. Le 6 est adopté. Les programmes 8, 9, 10, 11, 12 et
13 ont été adoptés ce matin, ce qui termine les travaux de
la commission du travail, et de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu.
M. Marois: M. le Président, je voudrais remercier
très sincèrement les membres de cette commission. Je pense que
les débats ont été positifs, intéressants. Il y a
des suggestions valables gui sont sorties de cette commission dans la mesure du
possible, je vais en tenir compte. Je veux aussi remercier tous les membres de
l'éguipe gui ont été ici toute la journée pour nous
aider à apporter l'éclairage et les renseignements pertinents
pour favoriser nos travaux.
M. Gratton: M. le Président, vous me permettez de
remercier le ministre, ses fonctionnaires et collaborateurs pour le climat dans
lequel on a étudié les crédits. Je remercie l'ensemble des
membres de la commission et plus particulièrement les
députés de L'Acadie, Sainte-Anne, Mégantic-Compton et
Marquette, qui se sont chargés de soulever à la commission des
discussions, qui, j'en suis certain, le ministre en conviendra, ont
été des plus positives et des plus fructueuses.
Le Président (M. Laplante): Je prierais le rapporteur de
faire rapport à l'Assemblée nationale que les crédits du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu ont
été adoptés. Les travaux sont ajournés sine
die.
(Fin de la séance à 19 h 17)