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Commission permanente
des transports, des travaux publics
et de l'approvisionnement
Etude des crédits du ministère des
transports
Séance du jeudi 5 avril 1973
(Dix heures seize minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement):
La commission parlementaire des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement commence ce matin l'étude des crédits de
l'exercice 73/74.
Comme vous le constatez tous, la présentation du budget est faite
sous une forme différente cette année. Je présume que,
même s'il y a des changements, cela va être assez facile pour
chacun des membres de s'adapter à la nouvelle présentation. Selon
la coutume, il serait bon d'entendre un exposé du ministre des
Transports et de la Voirie sur ses grandes politiques de transport et de voirie
au Québec.
Je donne la parole au ministre
Remarques générales
M. PINARD: Je n'ai pas l'intention de faire des remarques
préliminaires très longues, sauf que je voudrais, à mon
tour, essayer de vous expliquer de façon un peu synthétique la
présentation des estimations budgétaires de cette année et
de quelle façon nous pouvons en entreprendre la discussion de
façon objective et efficace, de façon à bien renseigner
tous les membres de la commission.
Je voudrais dire, tout d'abord, qu'il y a eu fusion des
ministères de la Voirie et des Transports à la suite de
l'adoption du projet de loi 221 et que, depuis le 1er avril 1973, les deux
ministères, Voirie et Transports, ne seront connus que sous un seul
vocable, soit le ministère des Transports. La fusion est officielle
depuis le 1er avril 1973.
Les crédits bruts pour l'exercice financier 72/73 étaient
de $629,961,000 alors que cette année, les crédits bruts seront
de $638,491,200. C'est une variation en plus de 1.4 p.c.
Les crédits nets pour l'exercice financier 72/73 étaient
de $552,083,800 alors que, pour l'exercice financier 73/74, ils seront de
$564,576,200, c'est-à-dire une variation en plus de 2.3 p.c.
Les effectifs en 72/73 étaient de 10,386 fonctionnaires alors
qu'en 73/74 ils seront de 10,568, ce qui donne une variation en plus de 1.8
p.c. La répartition se fait comme suit: 4,504 fonctionnaires, 6,064
ouvriers.
Les crédits du ministère des Transports se
répartissent entre quatre secteurs. D'abord, les transports terrestres;
deuxièmement, les trans- ports maritime et aérien,
troisièmement, les services de soutien et, quatrièmement,
l'administration et les services de la mission éducative et
culturelle.
Disons un mot du secteur du transport terrestre. Le ministère y
assume la responsabilité de cinq programmes pour un montant brut de
$548,300,000 en 73/74, soit 85.9 p.c. des crédits totaux du
ministère. Le programme des services aux usagers, qui regroupe des
activités d'information et de contrôle, de délivrance et
d'émission de permis, connaîtra une augmentation de $1,510,800,
soit 12.3 p.c. par rapport à l'exercice financier 72/73. Cela est
dû à l'introduction d'activités nouvelles ou à une
expansion nécessitée par la nouvelle Loi des transports, la loi
23, par l'introduction d'un système de points de démérite,
par un contrôle accru des écoles de conduite, par l'aide et le
contrôle concernant le sport de la motoneige et par l'amélioration
du fonctionnement des bureaux régionaux d'immatriculation mis en place
et par la mise en place également de la Commission des transports.
Le programme de construction du réseau routier, le plus important
avec 60 p.c. du budget du ministère, verra son niveau d'activité
se stabiliser après les forts accroissements des deux exercices
précédents. Sur un budget brut total de $383,300,000, $144,
millions seront consacrés au parachèvement des travaux actuels.
Ce sont notamment l'autoroute Dufferin-Montmorency, dans la région de
Québec, le boulevard du Vallon, de la route 2-C à la voie
périphérique, également dans la région de
Québec, l'autoroute 40 de Pointe-du-Lac à Berthier et à
Trois-Rivières, la route transquébécoise de Richmond
à Bromptonville, dans les Cantons de l'Est, l'autoroute 50 dans le
territoire des municipalités de Saint-Jacques et de Joliette, et
l'autoroute Laval, celle que nous appelons communément la A-440.
La somme de $26 millions sera consacrée à la mise en
chantier de projets nouveaux dont, notamment, l'autoroute 410 pour le
contournement de la ville de Sherbrooke, l'autoroute 40 de Saint-Augustin
à Donnacona dans le comté de Portneuf, la route 15, section
Havre-Saint-Nicolas, la route de contournement d'East Angus dans les Cantons de
l'Est, l'autoroute 30 de Boucherville au boulevard Grande-Rivière,
l'autoroute 75, mieux connue sous le nom de boulevard Laurentien, le
raccordement de la rue Jean-Talon également dans la région de
Québec, la route d'accès dans l'axe est et ouest au nouvel
aéroport international de Montréal et les débuts de
construction de l'autoroute de la Beauce. J'aimerais également dire
qu'il y aura des travaux de parachèvement qui seront
exécutés sur la route 15 entre Moisie et Sheldrake.
D'autre part, $50 millions seront consacrés à la
construction de nouvelles routes régionales et locales. De plus, les
actions entreprises dans le cadre des ententes
fédérales-provinciales de l'Est du Québec, pour une somme
de
$22,800,000, des zones spéciales pour une somme de $24,600,000 et
de la commission de la capitale nationale pour une somme de $14 millions se
poursuivront au même rythme qu'en 72/73. Le programme: Conservation du
réseau routier continuera à connaître un fort volume
d'activités en particulier en ce qui concerne la conservation des
chaussées; $40,600,000 seront dépensés en 73/74 par
rapport à $39,600,000 qui étaient les prévisions de 72/73,
modifiées par mandat spécial.
Le secteur: Transports maritime et aérien. Le programme d'aide
aux transports maritime et aérien connaîtra une forte expansion,
c'est-à-dire que nous dépenserons $11,900,000 en 73/74 par
rapport à la somme de $8,700,000 dépensée en 72/73. Cette
expansion est attri-buable à deux facteurs, premièrement,
à cause de la construction du traversier brise-glace Destinée,
à la liaison Matane-Godbout, construction qui se fait au coût
total de $12 millions, dont $6 millions seront dépensés durant
l'exercice financier 73/74.
Cette construction est faite par les chantiers maritimes de Sorel.
Deuxièmement, la reconstruction des quais de la traverse de
Québec-Lévis, au coût total de $3 millions dont $1,900,000
seront dépensés durant l'exercice financier 73/74.
Un mot maintenant du secteur des services de soutien. Le programme de
transport aérien gouvernemental connaîtra une augmentation de 18.2
p.c. principalement pour les opérations de la flotte des avions CL-215
qui, vous le savez, sont utilisés surtout pour la lutte contre les
incendies en forêt mais aussi pour l'arrosage des forêts qui sont
affectées par des épidémies, soit la tordeuse des
bourgeons ou d'autres maladies que vous connaissez bien. D'autre part, en
73/74, le ministère des Transports assumera les responsabilités
dévolues au ministère de l'Education jusqu'à
présent en matière de transport scolaire. Comme il s'agira d'une
année transitoire, les règlements et procédures
afférents à l'aide au transport scolaire ne seront pas
modifiés. Aussi, les sommes prévues pour ce programme sont
identiques à celles dont le ministère de l'Education disposait
durant l'exercice financier 72/73. Voilà en résumé, M. le
Président, les remarques préliminaires que j'avais à faire
au moment de l'ouverture des travaux de la commission parlementaire
chargée d'étudier les crédits budgétaires du
ministère des Transports qui regroupe, encore une fois, je le dis, la
Voirie et les Transports.
Four aider les membres de la commission parlementaire à mieux
comprendre la formulation de la présentation budgétaire et pour
aussi favoriser leur travail en commission, j'aimerais à faire
distribuer un texte qui pourrait leur être utile à l'occasion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, je porte à l'attention de
la commission que M. Tremblay (Chicoutimi) remplace M. Lafontaine, de
Labelle.
M. PINARD: Le document que je fais distribuer en ce moment permettra aux
membres de la commission de comprendre la structure des programmes du
ministère des Transports pour l'exercice financier 73/74. Le tableau
regroupe les activités du ministère des Transports, la structure
des programmes, à part les grandes missions qu'il doit servir. Par
exemple, la mission économique est constituée par le domaine des
transports, par le secteur des transports terrestres et le programme no 1
concerne l'inventaire et la recherche.
Par la suite, nous aurons à étudier les
éléments de programmes, qui sont l'inventaire du réseau
routier, les recherches, les analyses du réseau routier: vous passez du
programme 1 au programme 2 et ainsi de suite. Vous avez dans ce tableau toutes
les activités du ministère des Transports avec les explications
sur les services qui doivent être donnés par le ministère,
compte tenu des programmes et des domaines ou des secteurs qui sont
touchés par ces activités.
Je ne sais pas si mes explications préliminaires sont suffisantes
pour permettre un bon départ dans la discussion du budget du
ministère des Transports, sinon j'aimerais le savoir
immédiatement pour peut-être préciser certaines autres
modalités que les membres de la commission voudraient connaître
avant que nous puissions entreprendre la discussion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre a l'intention de laisser faire une
revue générale de tous les sujets en ce qui concerne le
ministère ou si nous allons nous en tenir à une revue article par
article.
M. PINARD: II a été coutume, je pense, de permettre au
ministre de faire des remarques d'ordre général, que j'ai faites
de façon très courte ce matin, parce que la présentation
du budget nous amènera à détailler davantage des
explications qui pourront être données sur la mission
économique ou sur la nature des programmes qui seront
étudiés et discutés au fur et à mesure du
déroulement des travaux de la commission. Je n'aurais pas d'objection
personnellement à ce que des membres de la commission fassent des
remarques générales, pas trop longues cependant, sur ce qu'ils
croient nécessaire de dire au tout départ des travaux de la
commission. Comme ce fut le cas dans le passé, je n'ai pas d'objection,
il s'agit de s'entendre de façon que le travail soit quand même
efficace et objectif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, me prévalant du
règlement, j'utiliserai au départ mon droit de parole pour faire
un certain nombre d'observations générales concernant
l'activité du ministère des Transports, qui regroupe maintenant,
nous le savons, la Voirie et tous autres organismes ou agences connexes.
La présentation du budget constitue un emballage qui ne nous
empêchera pas pour autant, tout au contraire, d'aller, comme le disait
hier le député de Bonaventure, au fond des choses et de scruter
chacun des aspects de l'activité du ministère que dirige le
député de Drummond.
Dans cette présentation qui se veut un décalque des
programmes budgétaires américains, il y a danger que l'on
escamote certains problèmes et que les députés se sentent
gênés d'entrer dans le détail de l'examen des
crédits. Nous ne croyons pas, pour notre part, être
gênés par cette nouvelle présentation puisque nous l'avons
étudiée et que nous pourrons, toutes les fois que cela se
présentera, à divers postes et à divers articles,
interroger le ministre et ses collaborateurs sur l'utilisation qu'ils ont faite
des fonds publics de même que sur les projets d'utilisation, en ce qui
concerne l'exercice qui vient de commencer.
Au départ, M. le Président, je voudrais d'abord signaler
au ministre que si nous nous réjouissons de la naissance d'une loi qui a
été fort laborieuse, la loi 23, la Loi des transports, nous
n'avons pas à nous réjouir de la célérité de
la mise en application de cette loi, puisque, en effet, avant même que
l'on ait pu en voir les résultats, déjà les griefs
s'accumulent et les citoyens s'interrogent sur l'orientation que le ministre
entend donner à la politique des transports en fonction de la loi 23.
J'en veux simplement pour preuve le problème du transport écolier
ou du transport scolaire, le problème du transport en vrac qui,
évidemment, fait surgir dans l'esprit du ministre le spectre des
camionneurs artisans. Il y a également le problème du taxi qui
n'est pas réglé, loin de là. Nous avons d'ailleurs
siégé en commission parlementaire spéciale, à un
moment donné, pour essayer de régler ce problème mais les
choses étant ce qu'elles sont, il semble que le ministère ait
marqué le pas dans le domaine de l'application de la Loi des transports;
ce qui nous oblige à nous interroger sur la validité des
déclarations que le ministre a faites lorsqu'il nous disait en
commission parlementaire que cette loi visait à mettre de l'ordre dans
le domaine des transports. Nous étions d'accord avec le ministre pour
qu'on y mit de l'ordre, mais nous nous rendons compte que l'application de
cette loi n'est même pas encore commencée puisque la grande partie
de la réglementation n'existe pas encore, que la nouvelle commission
commence à peine ses travaux.
Je me demande même si tous les membres en sont nommés,
jusqu'à plus ample informé. Nous estimons qu'elle existe
virtuellement mais qu'elle n'a pas encore commencé à travailler
comme elle devait le faire. Je comprends qu'il y a accumulation de dossiers,
qu'il y a une nouvelle procédure, de nouveaux mécanismes à
roder, mais le problème reste entier. Il y a beaucoup
d'inquiétude du côté des transporteurs d'écoliers,
des chauffeurs de taxi, des transporteurs lourds, c'est-à-dire des gens
qui font du trans- port lourd et des transporteurs en vrac. J'aimerais, lorsque
le ministre voudra bien nous donner sa réplique, qu'il nous explique
exactement où l'on en est actuellement dans ce domaine de l'application
de la loi 23, au sujet de laquelle il devra nous expliquer on ne demande
pas le détail, on s'entend bien certains aspects de la
réglementation.
Lorsqu'on parle de transport, évidemment on parle de transport
terrestre, on parle de transport maritime, de transport aérien, et je
serais heureux d'entendre le ministre, tout à l'heure, confronter son
point de vue, en ce qui concerne le problème du transport terrestre,
avec celui du ministre de la Justice, en ce qui concerne cette nouvelle
politique des points de démérite. C'est une question qui reste
assez obscure dans l'esprit des citoyens et qui provoque beaucoup
d'inquiétude et au sujet de laquelle nous avons eu fort peu
d'explications. Disons en passant que cette mesure, pour nécessaire
qu'elle pouvait être, comporte quand même un caractère
coercitif et très tatillon qui ne laisse pas de provoquer beaucoup de
soucis chez les usagers de la route.
Le ministère a également émis une
réglementation concernant l'utilisation de la motoneige. Le ministre
nous l'avait annoncée. Il nous en avait donné les grandes lignes.
Nous avons vu par la suite ce qu'elle devait être. Il faudrait bien dire
au ministre ce qui résulte de cette réglementation.
C'est qu'elle a un petit côté assez farfelu qui fait que
l'on autorise des enfants de dix ans à conduire une motoneige dans des
conditions qui sont mal précisées. Le nombre d'accidents, sans
nécessairement s'être accru, s'est maintenu à un niveau
assez élevé, de sorte que nous aimerions bien rediscuter avec le
ministre de cette question de la réglementation de la motoneige.
M. le Président, tous les problèmes de transport comme
tels seront étudiés à mesure que nous verrons les
crédits, parce qu'il y a des affectations budgétaires pour le
transport maritime, aérien, etc. Il y a, entre autres, cette question de
traversiers. On y parle du traversier Matane-Godbout; on ne parle pas de la
traverse de l'Ile-aux-Coudres ni de celle de Tadoussac. On ne parle pas de
quelle façon seront financés ces services à la population.
On nous dit, par exemple, que le traversier Matane-Godbout sera construit aux
chantiers maritimes de Sorel. Nous n'y avons pas d'objection. Toutefois, nous
nous inquiétons de savoir si le ministère a prévu, pour
les chantiers de la Davy Shipbuilding, des contrats qui pourraient maintenir
l'activité de cette société à son rythme normal, en
tenant compte, d'autre part, des exigences de l'expansion de cette
société qui donne beaucoup de travail aux citoyens de la ville et
des environs de Québec.
M. le Président, il est aussi question du transport aérien
au sujet duquel nous devrons interroger le ministre sur l'utilisation des
appa-
reils et sur la façon dont il entend faire contribuer les grandes
sociétés forestières à l'arrosage des forêts,
etc. Il nous faudra revoir ce problème, en rediscuter avec le ministre
pour voir si ce sont les contribuables du Québec qui assument toute la
responsabilité ou s'il y a contribution des entreprises, etc., dans la
mesure où elles peuvent le faire et où il est nécessaire,,
de le leur demander. C'est un ensemble de questions qui viendront en leur temps
quand nous aurons à discuter des affectations budgétaires
spécifiques.
Mais la part du lion du budget de ce ministère va
évidemment à la voirie, ce qui nous apparaît quand
même assez normal, étant donné qu'il s'agit d'un
ministère qui s'occupe de l'infrastructure du Québec,
infrastructure par la construction de grandes routes, de voies d'accès,
de routes principales, de routes secondaires, rurales ou autres. Le ministre
nous a donné un certain nombre de projets concernant des autoroutes,
autoroute Dufferin, boulevard du Vallon, etc., tout ce que le ministre nous a
lu tout à l'heure, que je ne reprendrai pas. Il a parlé de $26
millions pour la mise en chantier de projets nouveaux dont l'autoroute 410
contournant Sherbrooke, l'autoroute 40 de Saint-Augustin à Donnacona, la
route 15, section Havre à Saint-Nicolas, le contournement d'East-Angus,
l'autoroute 30, Boucherville au boulevard Grande-Rivière, l'autoroute 75
du boulevard Lauren-tien, raccordement de la rue Jean-Talon, accès est
et ouest au nouvel aéroport international de Montréal et
l'autoroute de la Beauce.
Le ministre comprendra que je pourrais emprunter chacune de ces routes
pour me rendre à Chicoutimi, à condition qu'elles puissent me
conduire commodément au boulevard Talbot. J'aborde ici le
problème dans une optique de développement régional. C'est
que, lorsque le ministre parle des vocations économiques de son
gouvernement, de la politique de son gouvernement, il doit penser à ces
vocations économiques en termes de développement régional.
Or, voici que la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, en raison du projet
qui, souhaitons-le, se réalisera, de l'aménagement des
rivières de la baie James, que la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean se trouve maintenant située comme l'on
disait au collège, lorsque quelqu'un voulait avoir une nomination, on
disait qu'il se mettait dans les courants d'air notre région se
trouve maintenant dans le grand courant d'air de la baie James. Nous
espérons que la planification gouvernementale, en termes de
développement régional, va tenir compte de la situation
particulière du Saguenay-Lac-Saint-Jean, des régions
avoisinantes, notamment celle de la Côte-Nord. Il y a évidemment
la région beaucoup plus près du Nord-Ouest
québécois. Nous nous étonnons de ce que le
ministère de la Voirie ne songe pas à créer un grand axe
routier qui permettrait, eu égard à ce qui viendra dans le
domaine du développement de la baie James, de relier les régions
de La Tuque, Montréal, la région de la Mauricie, la
Côte-Nord, Charlevoix, Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la
région de Chibougamau et ensuite les territoires du Nord-Ouest par le
moyen de la construction d'une autoroute rapide qui s'appelle le boulevard
Talbot qui, je n'ai pas besoin de le dire au ministre, est actuellement,
simplement comme route de service, dans un état lamentable et qui, en
termes de perspective ou de prospective, ne constitue plus une voie
d'accès normale, eu égard au développement de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Nous aurons l'occasion d'en reparler avec le ministre et de lui demander
s'il a l'intention de construire une autoroute, de transformer le boulevard
Talbot en autoroute. Il y a deux priorités dans le cas du boulevard
Talbot et j'insiste, parce que je me place ici dans une perspective de
développement régional. Il y a deux priorités. Il y a.
d'abord une première priorité, celle de procéder à
la réfection de cette voie d'accès.
On a commencé, l'an dernier, à faire des voies
d'évitement. On appelle cela des voies...
M. PINARD: ... de dépassement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais il y a un autre mot que je voulais
vous signaler qui n'est pas exact.
M. PINARD: ... des voies lentes.
M. TR.EMBLAY (Chicoutimi): Alors, ce sont des voies de
dégagement. Je voudrais simplement corriger lu signalisation en passant.
On a commencé, l'an dernier, à construire à deux endroits,
en particulier où c'était dangereux, des voies de
dégagement. On se propose de poursuivre ce travail, ce qui est
nécessaire. Cela fait partie de la première priorité:
rendre le boulevard Talbot praticable, parce qu'il est devenu impraticable. Ce
n'est pas la faute de celui-ci ou de celui-là. C'est une route qui a
quand même de l'âge, qui a été très bien
construite à l'époque où elle a été
bâtie, selon les techniques de l'époque, selon les moyens
financiers dont on disposait. On avait adopté un tracé qui
était celui de la route panoramique et qui ne correspond plus aux
exigences actuelles du développement régional. Je sais que le
ministre n'acceptera pas que je lui dise que cette route a été
bien construite, parce qu'elle a été construite sous une autre
administration, mais elle a été quand même techniquement
bien construite de l'avis de tous ceux qui l'ont examinée mais qui,
aujourd'hui, avec d'autres critères, peuvent évidemment
déclarer qu'on aurait pu faire beaucoup mieux. C'est bien simple, on
avait les moyens qu'on avait et l'argent dont on disposait.
Donc, il y a une première priorité sur laquelle j'ai
insisté à maintes reprises. Il y a quelques semaines, un candidat
à la défaite dans le comté de Chicoutimi, candidat du
Parti
québécois, que j'ai déjà battu et qui va se
faire battre à la prochaine occasion, déclarait que je ne
considérais pas comme une priorité le développement du
boulevard Talbot.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II est donc voyant, c'est le professeur
Gazon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ma vue n'est pas assez forte pour que je voie
celui qui vient de parler. Alors, M. le Président, je disais qu'on
prétendait que j'avais déclaré que ce problème du
développement du boulevard Talbot n'était pas une
priorité. Le ministre m'est témoin, par les nombreuses lettres
que nous avons échangées, que j'ai insisté tant et tant de
fois sur d'abord la première priorité, celle de la
réfection du boulevard Talbot, qui s'impose de toute urgence et dans les
deux secteurs. Que ce soit le secteur Québec-Lac-Saint-Jean ou le
secteur Québec-Chicoutimi, les deux tronçons de la route sont
dans un état lamentable.
Donc, il y a cette première priorité.
Mais dans la correspondance que j'ai échangée avec le
ministre, j'insistais toujours sur cette première exigence en lui disant
qu'en même temps on devait s'occuper de procéder à dresser
des plans pour la construction de l'autoroute afin que l'on ait une grande voie
d'accès rapide entre Chicoutimi et Québec. Le ministre, fort
heureusement a répudié comme moi la thèse de ceux qui
préconisaient la construction d'une autoroute à péage; je
l'en remercie parce qu'il l'a répudiée. D'ailleurs à ce
moment-là on avait prêté au sous-ministre des propos qui
n'étaient pas tout à fait exacts. Alors c'était du
badinage et...
M. PINARD: Du marivaudage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le sous-ministre ne s'était pas
commis du tout. Il faut rendre cette justice au sous-ministre...
M. PINARD: C'était à l'occasion d'un cocktail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui avait été fort prudent.
J'étais présent et nous étions tous les deux de bonne
humeur, mais en pleine possession de nos moyens.
Le ministre ne s'étonnera donc pas que j'insiste sur cette
question de l'autoroute et j'aimerais que, tout à l'heure quand il
voudra bien répondre, il se commette, qu'il nous dise exactement quel
est l'échéancier de son ministère en ce qui concerne le
boulevard Talbot. Si je ne parle là que du boulevard Talbot, ce n'est
pas que je néglige les problèmes routiers des autres
régions; chaque région a ses problèmes. Par exemple,
Charlevoix a ses problèmes routiers, il y a la liaison avec le
Saguenay-Lac-Saint-Jean par Charlevoix qui est très importante, il y a
la liaison Charlevoix via Québec qui est très importante aussi.
Les routes ne sont pas toutes dans un bon état. Enfin, elles sont
carrossables. Je ne sais pas quelle est la masse de la circulation dans cette
région-là, mais chez nous, il est évident qu'en
dépit de toutes les études que l'on pourra produire, il semble
acquis que la masse de la circulation est assez lourde pour justifier la
construction d'une autoroute. Pour résumer, je replace le
problème dans l'optique du développement régional. Il y a,
à l'heure actuelle, un grand nombre d'organismes dont le CRD qui chez
nous font de la construction de voies d'accès, que ce soit sur la
Côte-Nord, que ce soit la route Sainte-Anne-Tadoussac, que ce soit la
route de La Tuque Roberbal, ou si l'on veut la route La Tuque, Roberval,
Montréal etc., tout le réseau de ce coin-là qui nous
relie. Les organismes, dont le CRD, font de cette construction d'une autoroute
un impératif catégorique pour le développement de la
région. Je ne pense pas que le ministre ait eu le temps de voir le
cahier que publiait, la semaine dernière, l'édition du
Saguenay-Lac-Saint-Jean du Soleil. L'on faisait une revue d'ensemble des
problèmes de développement économique en fonction,
d'ailleurs, de ce développement de la baie James et on insistait
notamment sur l'insuffisance actuelle du réseau routier.
Je ne ferai pas de procès au ministre, je ne lui prêterai
aucune sorte d'intention, je sais ce que c'est qu'une contrainte
budgétaire. Il y a des contraintes budgétaires, il y a des grands
travaux qui ont été entrepris dans l'ensemble du Québec
depuis nombre d'années, mais il y a quand même des régions
qui, si on ne s'en occupe pas, risquent d'être défavorisées
à un point tel qu'il se produise une migration de la population vers des
centres mieux outillés, mieux munis, mieux organisés au termes
d'infrastructure.
C'est le cas actuel de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cela
pose le problème de la gestion du ministère. Le ministère
est géré par un ministre; est-ce que cette gestion est une
gestion qui répond à ces normes ou à ces notions de
mission économique? Je ne pense pas que, jusqu'à présent,
le ministre actuel des Transports ait donné des preuves, enfin
éblouissantes, d'une gestion qui tienne compte de la mission
économique des régions du Québec. Le programme qu'il nous
propose dans le budget de cette année ne me paraît pas rejoindre
les préoccupations du ministre de l'Industrie et du Commerce, non plus
que celles qu'exposait l'autre jour le ministre des Finances dans le discours
du budget. Négliger une région pour "privilégier"
si je peux employer cet anglicisme une autre région, c'est,
à mon sens, ne pas tenir compte de ce qu'on appelle
l'intégrité du territoire et de la nécessité d'une
conjugaison harmonieuse des efforts administratifs du gouvernement en fonction
des besoins des citoyens par tout le territoire du Québec.
Certes, le ministre pourra me relire le texte du discours du ministre
des Finances. Cela ne me prouvera rien, tant et aussi longtemps que le
ministre responsable du Transport et de la Voirie ne nous exposera pas
les projets à court, à moyen et à long terme, de
débloquement du réseau routier dans chacune des régions.
Je ne ferai pas de reproche à la région, aux citoyens de
Québec, de Montréal, de s'approprier, en fait, une grande partie,
j'oserais dire la plus grande partie du budget du ministère de la
Voirie. Il y a évidemment là des concentrations de population
extrêmement importantes; on ne peut pas les oublier. Mais il y a le reste
du Québec, il y a la Gaspésie, par exemple, il y a les Cantons de
l'Est et les régions avoisinantes. On parle de construction d'une
autoroute en Beauce; cela s'impose depuis longtemps. Il y a la région de
chez nous, celle de Charlevoix, la Côte-Nord, le Nord-Ouest, la
région de la Gatineau, etc. Dans sa politique de gestion, il me semble
que le ministre a souvent procédé à la petite semaine,
selon des impulsions qui lui ont été inspirées par je ne
sais trop quel impératif je n'ose pas dire électoral
mais un impératif rentable politiquement.
Dans la présentation qu'a faite tout à l'heure le
ministre, il a parlé de la mission économique. Alors, le
programme de la mission gouvernementale et administrative, c'est le domaine de
la gestion. A ce chapitre de la gestion adminsitrati-ve centrale, services de
soutien, à ce chapitre de la mission gouvernementale et administrative,
nous allons devoir interroger le ministre, il le pense bien, sur le mode de
gestion, sur l'octroi et l'administration des contrats de voirie.
Le ministre n'est pas sans savoir comme dirait ma concierge
n'est pas sans ignorer qu'on en parle dans la gazette, de son administration.
Nous allons en parler ensemble très gentiment, en tenant ce débat
à un niveau qui se situe au-dessus des considérations strictement
partisanes.
Il est ensuite question d'une mission éducative et culturelle. Je
vous avoue que là, j'ai fait un petit bond, quand on parle de mission
éducative et culturelle. On parle de l'éducation, de
l'administration des services, bon. Alors, cela est très nouveau. Cela
existe depuis toujours, mais enfin, cette année, on a coiffé cela
d'un titre absolument éblouissant, misssion éducative et
culturelle. C'est à croire qu'on va ramener une certaine personne que je
ne nommerai pas au ministère des Transports parce qu'elle a
l'empattement réglementaire et qu'on va s'occuper de la mission
éducative et culturelle du ministère de la Voirie.
Je vois une mission éducative au ministère de la Voirie,
question de cours de conduite, etc., enfin, tout ce qui s'y rattache. Il y a
aussi une mission éducative et culturelle, spécifiquement
culturelle, dans le choix du tracé des routes, le respect des sites et
le respect de l'environnement. Alors, j'imagine que le ministre voudra bien
parler plus longuement à partir des grandes données de
l'écologie, de l'urbanisme, etc., de la mission culturelle de la Voirie
parce que, si le ministre des Transports on le connaît
décide de sauter dans ce domaine, c'en est fini du ministère de
l'Education et des Transports. Il va tout bouffer. Alors, on ne fera qu'un
ministère !
M. le Président, nous allons donc...
M. PINARD: ... historique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous allons donc... Oui, il y a le respect des
monuments historiques.
M. PINARD: Cela intéressait beaucoup le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui, cela m'intéresse
toujours.
M. PINARD: II n'a rien fait pendant quatre ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y en a un beau à Drummondville.
Pardon, je me suis toujours occupé de ce manoir.
M. PINARD: Vous avez dépensé zéro sou.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecoutez, M. le Président. Le
problème n'est pas de savoir et je le dis une fois pour toutes, que le
ministre ne vienne pas embarrasser le débat le problème
n'est pas de savoir ce qu'un gouvernement a fait ou n'a pas fait. On va
régler cela une fois pour toutes. Le problème est de savoir ce
que le gouvernement actuel a fait avec l'argent que nous lui avons voté
et ce qu'il va faire avec celui que nous allons lui voter. Le reste, c'est du
passé. On peut très bien dire que le ministre qui a
précédé celui-ci était comme ci, était comme
cela, qu'il aurait dû faire ceci, qu'il aurait dû faire cela, que
le ministre des Affaires culturelles, de 1966 à 1970, aurait dû
faire ceci ou cela, très bien. Confessons tous nos torts, mais
occupons-nous du présent. C'est ce qui importe.
Notre approche du problème, en termes de budget de Transport,
Voirie et de tout ce qui s'y rattache, se situera dans la perspective des
missions dont a parlé le ministre. Mission économique, j'en ai
parlé assez longuement, mission gouvernementale et administrative,
mission éducative et culturelle.
Je pense que cela délimite très bien le cadre du
débat et nous avons un certain nombre de questions précises,
probablement un millier de questions à poser au ministre dans ce petit
livre modeste qui...
M. MAILLOUX: Qui fait l'honneur de ceux qui nous assistent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui est à l'honneur des personnes
qui nous assistent et qui collaborent ainsi à la bonne gestion des fonds
publics. Il y a des budgets qui sont votés par le gouvernement pour
assister l'Opposition
afin que l'Opposition soit en mesure de surveiller comme elle se doit
l'administration publique.
M. MAILLOUX: D'ailleurs, ce n'est pas un blâme que je fais au
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs, je connais très bien
l'excellent esprit du ministre de Charlevoix pour comprendre le sens de ses
propos. Je disais que nous aurons donc, grâce à ces documents que
nous avons recueillis comme cela, au hasard de nos recherches...
M. PINARD: Aux engagements financiers...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... aux engagements financiers et ainsi de
suite. Il nous manque évidemment la commission des comptes publics, qui
nous aurait renseignés davantage mais, à tout
événement, nous avons déjà au-delà d'un
millier de questions qui nous permettront d'interroger le ministre sur les
trois missions m'occupant, moi, plus particulièrement de la
mission culturelle, vous le pensez bien.
M. PINARD: Oui. Noblesse oblige.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, ce sont
là les quelques observations générales que je voulais
faire en indiquant au ministre que j'entends tenir ce débat à un
niveau très élevé et à examiner avec mes
collègues le problème d'une façon très
concrète, très pratique, sans rappeler tous les moments de
l'histoire, depuis le déluge, en m'en tenant aux années de
l'administration de celui qui est titulaire des Transports, de la Voirie et de
toute autre matière connexe. Je vous remercie, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de
l'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je suis très heureux moi aussi de donner une note
d'appréciation de mon parti, vis-à-vis des politiques du
ministère des Transports à l'occasion de l'étude des
crédits, qui lui sont confiés. Nous considérons, M. le
Président, que ce ministère des Transports est celui qui est de
près le plus logique et le mieux centr.é sur les principes que
doit respecter toute législation gouvernementale, le plus logique des
ministères.
D'après moi, c'est peut-être le ministère qui se
rapproche le plus des cadres qui lui étaient appropriés. Nous
reconnaissons comme fonction propre d'un gouvernement celle de
légiférer, c'est-à-dire présenter de bonnes lois et
les faire respecter. Nous ne reconnaissons pas à un gouvernement
démocratique le pouvoir ou le loisir de remplacer l'entreprise
privée, l'entreprise libre, à quelque niveau que ce soit, et
d'essayer de réaliser, ce qu'elle a fait, ce qu'elle réalise tous
les jours à des coûts beaucoup moindres et avec une
efficacité qui dépasse sans aucune comparaison toute entreprise
d'Etat.
Je crois, M. le ministre, que le ministère des Transports,
malgré qu'il serait le plus justifié, surtout dans le domaine
routier, d'exercer une action matérielle assez poussée, vu le
caractère extra-public de ce service, tend de plus en plus à
abandonner à l'entreprise les différentes tâches de
construction et d'entretien de routes.
Ce ministère qui a probablement une plus longue expérience
de l'inefficacité de l'entreprise d'Etat dans ce domaine, comprend plus
que d'autres ministères que son champ d'activités se situe
surtout dans la législation et ce, en ce qui concerne la voirie.
Pour ce qui est du transport, je crois, encore là, que le
gouvernement devrait demeurer dans les cadres qui lui sont appropriés et
ceci dans une proportion beaucoup plus respectueuse de son propre rôle,
dans ce domaine du transport. Je dis ici que le ministre est très
conscient de ce rôle du gouvernement, de son ministère et il est
passablement inquiet. Parce que je note ici justement un passage du message du
ministre dans la revue Transport routier du Québec, que
j'apprécie beaucoup d'ailleurs, mais qui me laisse penser qu'il est
inquiet dans sa façon d'apporter des nouvelles lois dans son
ministère.
Je cite ici un passage de son message: "Je suis conscient du danger
qu'il y aurait à substituer brutalement à ce régime
d'extrême libéralisme une structure technocratique où le
poids de l'Etat serait considéré comme une entrave à la
libre entreprise et au dynamisme qu'elle suppose." Et un peu plus loin vous
disiez: "Nous nous sommes rendu compte, encore récemment, combien de
réformes peuvent être difficiles à implanter dans le
secteur des transports où la présence de l'Etat a toujours
été pour le moins discrète." Je crois que peut-être
elle est moins discrète actuellement, parce qu'elle s'immisce
dangereusement à certains endroits, par exemple lorsqu'on parle de la
loi sur les taxis, le règlement no 6 que nous avons eu à la
commission parlementaire ces derniers temps et où on a beaucoup
insisté sur la création d'une centrale unique. Cela est
l'implantation gouvernementale peut-être trop poussée. Il faudrait
être prudent à ce niveau.
Il y a aussi le bill 88 sur l'expropriation. J'ai noté que le
gouvernement tend à aller peut-être trop loin dans ses
prérogatives.
Pour ce qui est du transport, je crois réellement que, pour le
Nord-Ouest, où je demeure, où on pratique des gros travaux
à la baie James tout le monde le sait, c'est l'entreprise du
siècle dont le gouvernement se targue beaucoup ces années-ci, le
domaine des gros problèmes on crée de bonnes routes au
nord pour recevoir des charges très lourdes. On sait que
l'équipement qui montera dans le nord sera très lourd et on
prépare des infra-structures pour recevoir de lourdes charges. Mais la
route du parc de La Vérendrye qui va nécessairement recevoir les
mêmes charges, parce que c'est un
matériel qui va directement à la baie James et qui devra
passer par le parc de La Vérendrye... Vous êtes probablement au
courant de l'état pitoyable de cette route actuellement. C'est
peut-être une route assez âgée maintenant, qui demandera
certainement reconstruction complète dans un avenir prochain, si nous
voulons réellement acheminer d'aussi lourdes charges dans le nord. Je
suis passé là la semaine dernière et c'est une route
défoncée, c'est une route balisée d'un bout à
l'autre de petits drapeaux rouges. Il y en a tout le long de la route; donc,
faites attention si vous...
M. PINARD : Est-ce que vous voulez les avoir verts?
M. AUDET: Je pense que ce ne serait pas mal pour autant que, si les
taxes ne suffisent pas pour la construire, vous utilisiez des prêts sans
intérêt.
Dans le domaine du service aérien, je crois que le
ministère des Transports a du matériel, des avions, surtout pour
protéger la forêt. Je crois, là encore, que l'entreprise
libre doit être regardée comme un élément valable,
parce que dans le domaine de la protection des forêts, depuis l'an
dernier, il y a des comités indépendants qui s'organisent
où l'entreprise libre, où les industriels forestiers participent
de leurs deniers pour faire vivre ces organismes.
Nous voyons déjà là une très bonne
efficacité dans le domaine de la forêt.
Je ne sais pas jusqu'où le gouvernement devra demeurer dans ce
domaine. Je crois qu'il est logique qu'il soit là avec des avions pour
protéger la forêt. Mais je crois aussi que nous devons être
prudents et laisser les organismes libres de légiférer dans ce
domaine.
M. le Président, c'étaient nos observations. Si nous
respectons ce principe qui veut que le gouvernement demeure dans le domaine de
la législation, nos lois se porteront mieux et la population aussi.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, mes observations ne
prendront pas beaucoup de temps. Je n'ai pas l'intention de faire tout
l'historique des ministères des Transports et de la Voirie qui sont
devenus un seul ministère. Le député de Chicoutimi l'a
fait, le député d'Abitibi-Ouest aussi. On a parlé de
certaines routes impraticables et ainsi de suite.
Pour ma part, je sais que, dernièrement, j'ai eu l'occasion de me
rendre à Chicoutimi. Je suis d'accord avec le député de
Chicoutimi lorsqu'il dit que la route est presque impraticable. C'est rendu que
les avions sont obligés de voler beaucoup plus haut pour éviter
les trous, tellement il y en a, ainsi que les bosses sur l'asphalte.
Il y a certaines routes, certains secteurs dans la province qui sont
négligés; d'autres sont plutôt favorisés. Nous avons
plusieurs questions à poser. Nous le ferons en cours de route lorsque
nous arriverons aux articles concernés. Cependant, avant de commencer,
il y aurait deux questions que je voudrais poser au ministre des
Transports.
Premièrement, je voudrais avoir quelques explications, savoir
où en est rendu le règlement no 6 sur le taxi. Je voudrais savoir
du ministre s'il a retiré ce projet de règlement no 6. Je
voudrais aussi lui mentionner, en même temps... Je ne sais pas s'il est
conscient qu'à présent que la loi 23 a enlevé la
juridiction du taxi aux municipalités et, en l'absence de
règlement provincial, le domaine du taxi n'est plus soumis à
aucune réglementation.
Nous avons l'occasion, comme d'autres députés
probablement, de rencontrer des gens de l'industrie du taxi qui nous demandent
ce que le ministre attend, ce qu'il veut faire du problème du taxi, du
règlement no 6. La commission parlementaire a siégé, a
été ajournée sine die et, depuis ce temps-là, on
n'en a pas entendu parler.
Les gens se demandent si on veut noyer le poisson, si on veut laisser la
situation comme telle ou si on veut convoquer de nouveau la commission
parlementaire pour étudier davantage le règlement no 6 et finir
par adopter une réglementation dans cette industrie. J'espère que
le ministre va pouvoir m'éclairer là-dessus parce que plusieurs
questions nous sont posées et nous aimerions pouvoir y répondre,
pas au nom du ministre, mais pouvoir dire ce que le ministre entend faire du
règlement no 6.
Deuxièmement, on sait que tous les contrats qui sont
accordés par le ministère de la Voirie, contrats de $150,000 et
plus, peuvent être accordés sans appel d'offres, par
arrêté en conseil. J'aimerais avoir du ministère des
Transports la liste de tous les entrepreneurs qui ont obtenu des contrats sans
soumissions pour le ministère de la Voirie. Cela pourrait nous
éclairer et nous diriger dans nos discussions.
On a refusé maintes et maintes fois de convoquer la commission
parlementaire des comptes publics. On aurait pu faire entendre des
témoins et laver, une fois pour toutes, les accusations de patronage
dans tous les ministères, principalement au ministère de la
Voirie. Si cette commission parlementaire avait été
convoquée, le ministère aurait pu prouver s'il est vrai qu'il ne
se fait pas de patronage au ministère de la Voirie. Et si c'est vrai,
c'est nous qui aurions eu l'air fou.
Mais si c'est vrai, par contre, qu'il y ait du patronage, Je ministre
aurait tout simplement à accepter ces critiques et à voir, dans
l'avenir, à ce qu'il y en ait moins.
Je répète ma demande. Je voudrais avoir la "listre"...
M. PINARD: ...la liste...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...la liste de tous les entrepreneurs qui
ont obtenu des contrats sans soumissions pour le ministère de la Voirie,
parce qu'avec un arrêté en conseil on peut accorder un contrat de
$150,000 et plus. Pour ma part, j'aimerais l'obtenir. Je ne sais pas si les
autres membres de la commission y tiennent, mais j'aimerais obtenir la liste de
tous ces entrepreneurs.
Ce sont là les quelques observations que j'avais à faire
au début pour ne pas retarder les travaux. Je suis prêt à
passer à l'étude des crédits catégorie par
catégorie et à poser les questions qui s'imposeront en cours de
route.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Shefford.
M. RUSSELL: Si vous me permettez, avant que le ministre prenne la
parole, j'ai quelques remarques.
D'abord, je remercie le ministre de l'excellent document qu'il nous a
fourni, étant donné que c'est la première année que
nous étudions les crédits du nouveau ministère des
Transports. Il nous a fourni un document qui nous démontre, comme dirait
le conseiller économique du PQ, M. Parizeau, un bagage de boites.
Premièrement, il pourrait peut-être nous présenter les
fonctionnaires qui l'entourent et, deuxièmement, nous expliquer la
façon dont fonctionne le nouveau ministère. Il pourrait nous
donner les noms de ceux qui occupent les boîtes que nous avons devant
nous, en vue de nous situer afin que nous sachions de quelle façon
fonctionne le nouveau ministère des Transports. Je présume que
nous ne pourrons plus parler du patronage de la Voirie mais simplement du
patronage qui se fait dans le ministère des Transports. S'il y en a, le
ministre pourra nous exposer la façon dont il s'y prend pour le faire
afin de nous renseigner pour que nous puissions dire à nos gens à
qui s'adresser pour faire ce patronage, si patronage il y a.
M. le Président, je vois ici la nouvelle façon qu'on nous
soumet d'étudier les crédits. Je vois que ce système est
créé par le système connu sous le nom du PPBS. Le ministre
pourrait peut-être aussi, d'une façon très sommaire, nous
exposer l'enrichissement de ce nouveau système, nous dire de quelle
façon cela améliore le fonctionnement du ministère ou si
cela change le fonctionnement du ministère par rapport à celui
qui existait déjà.
Ce sont tous des points qui sont importants afin de nous aider à
nous situer pour éviter des questions inutiles dans beaucoup de
catégories.
Je pense que le ministre pourrait peut-être être plus
libéral, pour situer les députés, en nous expliquant les
interprétations que nous pourrons donner à
l'élément 1: Inventaire du réseau routier, et à
l'élément 2: Recherches et analyses sur le réseau routier.
Je crois que ces deux éléments sont liés de très
près et ne sont pas tellement différents. A
l'élément 1: Inventaire du réseau routier, je vois qu'il y
a un personnel énorme qui travaille là. A l'élément
2: Recherches et analyses sur le réseau routier, c'est la recherche de
quoi? Les deux éléments pourraient-ils être discutés
ensemble? Je pense que nous pourrions de cette façon éviter un
bagage de questions.
Ensuite, nous allons immédiatement au programme 2,
élément 1 : Information, contrôle et
sécurité. Le ministre pourrait peut-être nous dire, dans sa
réponse générale, s'il a l'intention de faire le
contrôle de la sécurité sur les routes lui-même ou de
laisser celle-ci sous l'égide et le contrôle de la
Sûreté du Québec, comme cela se fait actuellement ou s'il a
l'intention de changer cette situation.
A l'élément 2: Emission de permis de conduire et
immatriculation des véhicules, y a-t-il des changements au
système qui existait avec le nouveau ministère?
A l'élément 3: Délivrance de permis de transport,
le ministre pourrait-il, d'une façon très sommaire, nous situer
dans ce domaine? Autrement, il aura à répondre à un bagage
de questions souvent inutiles, des questions qui vont se
répéter.
Au programme 3: Construction du réseau routier, je vois qu'il y a
l'élément 1: Construction d'autoroutes; l'élément
2: Construction de routes principales; l'élément 3: Construction
de routes régionales; l'élément 4: Construction d'autres
routes. Nous pourrions peut-être, globalement, discuter ces questions.
Autrement, nous reviendrons toujours sur la même question parce que nous
aurons à déterminer à l'avance ce qu'est une autoroute,
une route principale, une route régionale. Dans notre esprit, on peut le
savoir. On peut s'imaginer ce que c'est, mais peut-être pas de la
même façon que les officiers du ministère
l'interprètent ou le ministre lui-même, suivant les normes qui ont
été établies au sein du ministère et ce qu'on
comprend par d'autres routes. Ce sont toutes des questions auxquelles le
ministre devrait d'une façon générale répondre.
Au programme 4, élément 1, on parle de conservation des
chaussées. A l'élément 2, on parle de conservation des
structures. A l'élément 3, on parle de conservation des
éléments de préservation et de confort.
Je pense qu'encore là, il devrait y avoir un
élément qu'on pourrait discuter d'une façon
générale, on pourrait le noter ici et cela éviterait de
revenir avec des questions presque inutiles. M. le Président,
l'exploitation des routes, l'hiver, est-ce qu'on va en discuter avec la
conservation de la chaussée ou est-ce qu'on va inclure un autre
élément qu'on appellerait détérioration de la
chaussée, ce qui se fait l'hiver par le temps? L'entretien, on pourra en
discuter en même temps globalement , dans cet élément. En
somme, je crois que si le ministre est d'accord, on pourrait peut-être
discuter globalement de l'élément 3 ou de
l'élément
4. A 3, ce serait globalement, à quatre, cela deviendrait de
nouveau un élément global, et on pourrait éviter la
répétition. Je pense que cela va réduire notre
étude. Pour le reste, je pense que si on procède par
élément, il n'y a pas d'autre remarque. Je laisse
immédiatement la chance au ministre de répondre au
député de Chicoutimi et aux autres députés qui ont
bien voulu donner leur opinion générale sur le fonctionnement du
nouveau ministère des Transports.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que le ministre
prenne la parole, j'aimerais lui poser une petite question très simple
qu'il pourra intégrer dans le cadre de sa réponse. Le 14 juin ou
le 15 juin, le ministre des Finances, M. Garneau, rencontrait les
sous-ministres du gouvernement du Québec en vue de préparer le
nouveau budget. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si les
priorités que l'on retrouve en ce qui concerne le ministère des
Transports ont été établies par le ministre des Finances
à partir de cette rencontre qui eut lieu le 14 juin et qui s'est
poursuivie? Est-ce que c'est le ministre des Finances qui a
déterminé les priorités et choisi en fait les grands
éléments que l'on retrouve dans le programme que nous a
exposé tout à l'heure le ministre?
M. PINARD: M. le Président, pour me permettre de répondre
avec plus d'objectivité, mais avec plus d'ordre également, je
vais répondre en enfilade, mais en commençant à ceux qui
ont parlé les derniers.
Tout de suite, je réponds au député de Chicoutimi
que, lorsqu'il y a eu rencontre du ministre des Finances et des sous-ministres
en titre des ministères au cours de juin 1972, cette rencontre
était une rencontre d'information pour permettre au ministre des
Finances de savoir quelle était la progammation des besoins des
ministères au plan budgétaire, quelle était
également la structure des programmes déjà
planifiés par ces ministères avec, également, des
renseignements qui pouvaient permettre au ministre des Finances de savoir
quelle pourrait être la masse budgétaire globale requise par les
ministères pour permettre à ces ministères d'oeuvrer dans
leur champ respectif d'acitivités de façon à
accroître la qualité des services à la population dans la
mesure des moyens financiers de la province.
Vous comprenez que la tâche du ministre des Finances est quand
même très lourde. C'est lui qui a la responsabilité
d'équilibrer les dépenses et les revenus. C'est lui qui doit
décider, compte tenu des besoins qui sont exprimés et des
programmes de priorité établis par le ministère, combien
d'argent il doit accorder à des ministères qui ont une vocation
économique par rapport à d'autres qui ont des vocations à
caractère plus administratif, compte tenu sur certaines priorités
par rapport à d'autres. C'est dans cet esprit que cette réunion a
été tenue pour permettre, précisément, d'en arriver
aussi à la préparation du programme budgétaire que nous
avons à discuter maintenant, ministère par ministère. Cela
devait permettre aussi au Conseil du trésor de préparer la
documentation selon la méthode PPBS, c'est-à-dire
budgétisation par programmes, de façon que le ministre des
Finances n'ait pas de mauvaise surprise à la fin de l'exercice financier
et qu'il ne puisse pas être en mesure de livrer la marchandise
demandée par les ministères, compte tenu évidemment de la
marche globale des revenus du gouvernement et compte tenu aussi de la
dépense qu'il faut couvrir au plan global.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je comprends bien le ministre, le ministre
des Finances vous a demandé d'établir vos priorités,
d'exposer vos besoins afin qu'il puisse vous donner cette enveloppe qui est
ensuite redistribuée sous forme de programmes que nous trouvons
actuellement dans le budget du ministère des Transports. Mais, c'est le
ministère des Transports qui a établi ces priorités, dont
certaines ont pu être écartées en raison du manque de
fonds; mais, c'est de l'initiative du ministre qu'est né le budget du
ministère de la Voirie et des Transports.
M. PINARD: Absolument. Je dois souligner aussi l'importance de la
décision du conseil de ministres en la matière. Le ministre des
Finances est arrivé, lors d'une séance du conseil des ministres,
avec un plan assez général, assez global des besoins
établis par les ministères. Je ne vous le cache pas, à ce
moment-là, toutes les demandes des ministères, si elles avaient
été acceptées, auraient signifié un budget qui
aurait peut-être été de $8 milliards plutôt que de
$5,200,000,000. Alors, il a fallu couper, compte tenu cependant, des
priorités qui devaient être conservées, par rapport
à d'autres qui pouvaient peut-être être mises en veilleuse
pour une période de temps pas trop longue.
C'est pourquoi, les ministères ont été
chargés de préparer des programmes d'action à court terme,
à moyen terme et à plus long terme. C'est le cas notamment du
ministère de la Voirie qui agit de cette façon depuis plusieurs
années, je pense, depuis les années 1960 à ma
connaissance. Alors, nous mettons dans le programme des dépenses
à court terme, ce que nous considérons, nous, au ministère
de la Voirie et des Transports maintenant, comme des projets vraiment
prioritaires par rapport à d'autres que nous pouvons mettre dans un
programme à moyen terme, par exemple. Comme d'autres projets, compte
tenu des prospectives dont parlait tantôt le député de
Chicoutimi, compte tenu des besoins qui nous apparaissent plus
éloignés dans le temps à satisfaire, compte tenu aussi de
la planification globale faite par le gouvernement dans son ensemble, compte
tenu des données qui nous sont fournies par l'Office de planification et
de développement économique du Québec, par le
ministère de l'Industrie
et du Commerce, par son comité des affaires économiques,
cela permet au ministère, dont la vocation est plus économique
que celle de certains autres, de situer dans le temps et dans les enveloppes
budgétaires dont on parlait tantôt, les programmes d'action qui
peuvent être réalisés à court terme, à moyen
terme et à long terme.
J'aimerais dire également un mot en réponse aux remarques
faites par le député de Shefford, tout à l'heure,
lorsqu'il a parlé du tableau qui apparaît à la fin du
document que j'ai fait distribuer aux membres de la commission.
Je voudrais tout de suite signaler qu'il ne s'agit pas là d'une
structure d'organisation du ministère comme tel. C'est plutôt un
organigramme qui est en quelque sorte une structure de programmes du
ministère des Transports, compte tenu des responsabilités qui
sont dévolues à des services à l'intérieur du
ministère. C'est une structure de programmes qui concerne la production
du ministère et non pas l'administration du ministère comme tel.
Alors, il faudra parler de l'organigramme administratif du ministère
pour savoir quels sont les services qui sont donnés par les
ministères des Transports et de la Voirie maintenant fusionnés,
quelles sont les personnes qui sont responsables comme titulaires des services
généraux du ministère et aussi, quelles sont les
sous-directions, les sous-bureaux, etc., qui se rattachent directement à
la boîte administrative dirigée par un sous-ministre adjoint.
Alors que dans l'organigramme supérieur vous avez le cabinet du
ministre, le cabinet du sous-ministre et ensuite, vous avez également
des responsabilités qui sont dévolues d'une part au ministre
d'Etat aux Transports, des responsabilités qui sont dévolues
à l'adjoint ou aux adjoints nommés au ministre.
Par la suite, vous avez les responsabilités qui sont
dévolues au sous-ministre titulaire du ministère et aux
sous-ministres adjoints qui ont chacun une responsabilité bien
définie et bien déterminée, comme le démontre
l'organigramme du ministère des Transports.
Dans la structure des programmes qui, comme je le répète,
est l'organigramme qui nous démontre la production du ministère,
vous avez la mission économique des transports, les transports
terrestres; vous avez d'un côté, l'inventaire et les recherches,
les services aux usagers dont la direction est confiée au sous-ministre
adjoint, M. Jacques Charland, avec des responsabilités plus
détaillées dans le domaine de l'inventaire du réseau
routier, de la recherche et l'analyse sur le réseau routier. Du
côté des services aux usagers, vous avez des services
d'information, de contrôle et de sécurité; vous avez le
service d'émission des permis de conduire et de l'immatriculation des
véhicules. Vous avez aussi un service de délivrance de permis de
transport.
Dans ce que nous appelons le programme de construction du réseau
routier et de conservation du réseau routier dont la
responsabilité incombe au sous-ministre René Blais, vous avez des
sous-services qui restent quand même dans le champ de la production. Vous
avez le domaine de la construction d'autoroutes, la construction de routes
principales, de routes régionales, la construction d'autres routes
à caractère moins important.
Au niveau de ce que nous appelons la conservation du réseau
routier, encore sous la direction du sous-ministre René Blais, vous avez
des services de production pour la conservation des chaussées, la
conservation des structures, c'est-à-dire des ponts, des viaducs. Vous
avez les politiques de conservation des éléments de
préservation et de confort, des systèmes de conservation des
éléments de contrôle et de sécurité. Vous
avez aussi toute la politique d'exploitation d'hiver, c'est-à-dire
l'entretien de nos routes pendant la saison froide et aussi le programme des
activités de soutien.
Du côté de l'administration, c'est-à-dire du
programme de gestion interne, dont la direction est confiée au
sous-ministre Benoît Deshaies, vous avez aussi des services de production
au plan administratif, il va sans dire, qui concernent la direction, les
soutiens administratifs, les soutiens techniques, l'aide aux
municipalités et le service qui est donné par le Bureau des
expropriations de Montréal. Vous avez en gros ce que nous appelons la
structure des programmes avec la mission économique sous forme de
production du ministère des Transports.
En résumé, vous avez une mission économique dont la
responsabilité incombe au sous-ministre adjoint, M. Jacques Charland,
qui s'occupe du domaine des transports maritime et aérien, conjointement
avec le sous-ministre, M. Gérald Montambeault et l'aide aux transports
maritime et aérien, encore une fois sous la responsabilité de M.
Jacques Charland, mais en conjonction avec les pouvoirs accordés au
sous-ministre Gérald Montambeault. La mission gouvernementale et
administrative est confiée au sous-ministre Jacques Charland, en ce qui
concerne les services de soutien, de transport aérien gouvernemental et
la mission éducative et culturelle dont nous parlions tantôt est
encore confiée au sous-ministre Jacques Charland pour ce qui concerne
les programmes d'éducation, pour l'administration et les services, pour
l'aide au transport scolaire.
Mais, quant à l'aide au transport scolaire, c'est M. Lois
Lachapelle, qui était autrefois le directeur-général du
transport scolaire au ministère de l'Education, qui est maintenant
passé au service du ministère des Transports et qui conserve
toutes ses responsabilités dans le domaine. M. Lois Lachapelle, sous la
direction du sous-ministre Jacques Charland, s'occupe de l'aide au transport
scolaire au niveau élémentaire et au niveau secondaire.
Voilà la différence entre ce que nous appelons, dans la
nouvelle formule de budgétisation par programme, la structure de
programme qui démontre la capacité de production du
ministè-
re par rapport à la structure proprement administrative qu'on
appelle communément l'organigramme administratif du ministère qui
démontre de quelle façon les responsabilités sont
confiées au ministre, au sous-ministre titulaire, aux sous-ministres
adjoints, aux directeurs régionaux et à différents
directeurs de services à l'intérieur du ministère.
Je n'ai pas d'objection à déposer l'organigramme du
ministère des Transports dans sa facture actuelle, mais avec la mise en
garde suivante: l'organigramme que j'ai entre mes mains en ce moment n'est pas
tout à fait l'organigramme que nous aurons d'ici quelques semaines
lorsque nous aurons détaché de l'organigramme actuel la partie de
travaux publics qui est maintenant sous la responsabilité du nouveau
titulaire, l'honorable ministre Maurice Tessier, dont le sous-ministre
titulaire est M. Roger Trudeau, assisté ici du sous-ministre Baril
autrefois au ministère des Transports. Ces derniers auront des
responsabilités dans différents secteurs de cette administration
du ministère des Travaux publics confiés à des directeurs
généraux et à des directeurs régionaux, avec la
mise en garde suivante qui me paraît essentielle: au niveau des services
qui doivent être donnés dans le territoire au niveau
régional et au niveau local, au niveau des comtés par exemple, la
structure restera celle qui a prévalu jusqu'ici, c'est-à-dire
alors qu'il y avait le regroupement des ministères des Travaux publics,
de la Voirie et des Transports, de façon que le personnel qui est
actuellement en place et qui donne de bons services à la population ne
sera pas déplacé, il restera dans des entités
déjà bien connues de la population et des députés,
et le travail se fera de façon efficace et méthodique avec le
personnel en place dans les régions qui regroupent à la fois le
personnel du ministère de la Voirie et des Transports et le personnel
des Travaux publics et, également, de la même façon au
niveau des comtés lorsqu'il y a des bureaux situés dans les
comtés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce propos, M. le Président, est-ce
que je pourrais poser une question au ministre? Le ministre vient de nous dire
que dans les comtés où il existe déjà des bureaux
de comté, des divisions de comté, rien ne sera changé.
M. PINARD: C'est exact, sauf dans les grandes régions de
Montréal et de Québec. Dans ces deux régions, il y aura
une structure administrative autonome qui ne sera pas nécessairement
celle que je viens d'expliquer et qui existe au niveau des régions et au
niveau des comtés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il n'est donc pas question,
contrairement à ce qu'on a affirmé dans ma région, que
vous vous apprêtiez à transporter la Voirie ailleurs que dans le
comté de Chicoutimi, parce que nous avons un bureau de voirie à
Chicoutimi, n'est-ce pas, un divisionnaire, des garages, etc? Est-ce qu'il est
question de transporter ce bureau ailleurs que dans le comté de
Chicoutimi?
M. PINARD: C'est-à-dire qu'il y aurait peut-être lieu de
réaménager les locaux actuellement situés en plein centre
de Chicoutimi pour les envoyer à un endroit qui serait situé en
bordure de l'autoroute périphérique afin de donner de meilleurs
services à la population.
Mais il y aura le même regroupement des services dont j'ai
parlé tantôt, à Chicoutimi. C'est tout simplement un
déplacement des services à l'intérieur du même
comté.
Alors, le sous-ministre qui est bien au courant de la situation pourrait
peut-être ajouter des remarques à ce que je viens de dire.
En fait, nous avions eu une demande des gens de la région et de
la division de Chicoutimi, afin d'acheter un terrain juste à
côté du terrain que nous possédons actuellement. Nous
sommes en plein centre-ville et au point de vue administratif, c'est malheureux
qu'un centre de voirie soit en plein centre-ville alors que tous les camions,
toutes les charrues doivent passer à travers la ville pour se diffuser
dans le territoire. Alors, nous pensons depuis un an, nous cherchons un terrain
actuellement à Chicoutimi même ou, peut-être,
Chicoutimi-Ouest ou sud. Nous sommes à la recherche d'un terrain et
dès que nous en aurons un, nous allons préparer des plans pour
reconstruire un nouveau centre de voirie, mais cela va demeurer à
Chicoutimi en ce qui touche la division. En ce qui touche la région
elle-même, évidemment, elle demeure à Chicoutimi.
M. RUSSELL: Est-ce que je peux poser une question au ministre?
Quand il a dit qu'il n'y aurait pas de changement dans des districts, je
présume qu'il se référait au personnel ou aux
responsabilités des Travaux publics et lorsque l'on parle... Est-ce que
le personnel va demeurer sous l'égide du ministère des Transports
ou est-ce qu'il sera transféré aux Travaux publics?
Interventions des fonctionnaires
M. PINARD: Pour une meilleure compréhension au journal des
Débats, il y a des réponses que je vais donner moi-même,
d'autres seront données par le sous-ministre titulaire, M. Claude
Rouleau, ou en d'autres occasions, par les sous-ministres adjoints ou par le
directeur du budget, M. Pierre Michaud. Alors, je ne sais pas comment... Est-ce
que les réponses seront toutes données en mon nom ou bien
si...
UNE VOIX: Oui, toujours.
M. PINARD: II y a un petit accroc qui se produit.
UNE VOIX: Plus maintenant. Maintenant, on met le nom de celui qui
parle.
M. PINARD: Alors, vous donnez le nom de celui qui répond au nom
du ministre?
M. RUSSELL: M. le Président, si c'est là la question, je
m'opposerais que les autres répondent à la place du ministre et
j'accepterai simplement la réponse d'un autre fonctionnaire à
condition qu'elle soit inscrite au nom du ministre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président,...
M. PINARD: II faudrait quand même s'entendre. L'année
dernière, si ma mémoire est fidèle, j'ai répondu
à toutes les questions générales qui m'ont
été posées et, lorsqu'il y avait des questions qui
exigeaient des explications plus détaillées et qui étaient
d'ailleurs d'allure technique, je confiais le soin de la réponse
à mes sous-ministres ou aux fonctionnaires responsables des services.
Mais je ne me rappelle pas si toutes les réponses données par des
fonctionnaires m'étaient attribuées.
DES VOIX: Oui.
M. PINARD: Bon. Alors, est-ce que cette année il y a un
changement dans la facture du journal des Débats en ce qui concerne les
réponses qui sont données par des sous-ministres?
UNE VOIX: Oui. On nous demande maintenant d'inscrire le nom de celui qui
parle pour la bonne compréhension du journal des Débats parce
que, à certains moments...
M. PINARD: Je peux faire une suggestion. Pour que la réponse
reste quand même donnée par le ministre, vous pourriez mettre le
nom du ministre et, entre parenthèses, le nom de la personne qui la
donne au nom du ministre. Alors, à ce moment-là, il y aurait
quand même réconciliation entre les objectifs poursuivis par les
uns et par les autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais ici...
M. PINARD: C'est évident que le ministre prendra la
responsabilité de la réponse donnée par ses
fonctionnaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais justement faire une observation
qui est très importante. Je comprends que pour les fins du journal des
Débats, afin que l'on identifie les voix, etc., il est nécessaire
de dire: C'est M. Untel ou M. Untel qui parle. Mais, en vertu du principe de la
responsabilité ministérielle, il faut tenir pour acquis
dès le départ que toute réponse donnée par un
fonctionnaire est, en fait, une réponse donnée par le ministre.
C'est le ministre qui rend les comptes, ce ne sont pas les fonctionnaires. Ils
ne sont pas responsables au sens de la loi.
M. PINARD: M. le Président, si on me le permet, lorsque la
question m'est posée directement à moi et que, par hasard, je ne
suis pas capable de donner la réponse aussi détaillée que
l'exige le député qui pose la question, je n'aurais pas
d'objection à dire moi-même: M. le fonctionnaire Untel va
répondre en mon nom. La réponse sera donc donnée par le
ministre mais moi-même j'aurai identifié le fonctionnaire qui
donnera les explications demandées par le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président...
M. PINARD: Alors, cela respectera le principe de la
responsabilité ministérielle devant la commission
parlementaire.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II y a un autre danger à cela. Il faut
faire bien attention. Le ministre est responsable, c'est lui qui rend les
comptes. Les fonctionnaires sont ses collaborateurs, ses assistants, ils ne
sont pas, au sens de la loi, responsables. Il peut arriver en cours de
discussions, que des fonctionnaires, donnant les explications, soient
interrogés longuement par des députés et que les
réponses qu'ils nous donnent nous obligent à les mettre en
cause.
Cela va à l'encontre de toute pratique de la politique d'analyse
budgétaire, parce que le ministre d'office doit répondre et,
d'autre part, le ministre ne peut pas laisser un député attaquer
un fonctionnaire, à moins qu'on ait des faits, des problèmes qui
nous obligent à mettre en cause directement un fonctionnaire. Cette
pratique est assez dangereuse.
M. PINARD: M. le Président, me permettriez-vous une suggestion
pour ne pas faire un débat dans l'absolu? Parce que je ne connais pas
les nouvelles règles de discussions établies soit par le
président de l'Assemblée nationale, soit par les
représentants des chefs de parti, qui se sont peut-être
rassemblés pour en faire la discussion et pour établir les
règles de procédure de la discussion en commission parlementaire
des crédits. Je suggérerais que nous laissions l'affaire en
suspens et que nous continuions à agir de la même façon que
nous l'avons fait dans le passé, depuis au moins les deux
dernières années, avec satisfaction, je pense. Il n'y a pas un
député qui peut se plaindre de discrimination ou de ne pas avoir
reçu une réponse à ses questions, dans la mesure du
possible. Je pense que le système a quand même fait ses preuves.
Je remarque que les réponses ont toujours été
données sous la responsabilité du ministre titulaire.
M. RUSSELL: Sans identifier le fonctionnaire.
M. PINARD: Mais je prenais toujours garde d'identifier le fonctionnaire
qui répondait à ma place. Je disais toujours: Si le
député le permet ou le président le permet, j'aimerais que
M. le fonctionnaire Untel réponde à ma place et que la
réponse me soit attribuée. J'ai toujours agi de cette
façon.
M. RUSSELL: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
que le ministre demande à un de ses fonctionnaires de répondre
à sa place ou de répondre pour lui, mais j'ai objection à
ce qu'il identifie le fonctionnaire et que le journal des Débats
l'identifie.
M. PINARD: Je n'ai pas d'objection.
M. RUSSELL: M. le Président, je pense que c'est un principe et le
fonctionnaire n'est pas un politicien. On n'a pas le droit, à mon sens,
de l'identifier au journal des Débats.
M. PINARD: Moi, en principe...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est juste une remarque. L'an passé,
lorsque le sous-ministre, M. Rouleau, nous donnait une réponse,
c'était enregistré au nom de M. Pinard, ministre de la Voirie ou
des Transports. Si, cette année, vous identifiez le fonctionnaire, la
réponse qui est enregistrée au journal des Débats l'est au
nom du fonctionnaire. On ne peut plus dire que c'est le ministre qui a fait
telle déclaration. Le ministre pourra dire: Je n'ai jamais dit cela,
c'est mon fonctionnaire ou sous-ministre qui l'a dit. C'est très
important que cela soit enregistré au nom du ministre responsable.
M. PINARD: Soyons justes les uns envers les autres.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'essaie de chercher un moyen de s'en
sortir.
M. PINARD: Prenons l'exemple de ce qui a pu se produire, l'année
dernière, en commission permanente des transports, des travaux publics
et de l'approvisionnement, lors de l'étude des crédits du
ministère des Transports. Dans le journal du 16 mai 1972, le
numéro 26, à la page B-1531, M. Russell, député de
Shefford, me pose des questions. Je réponds à la plupart des
questions qu'il me pose, sauf que, dans un cas, lorsqu'il veut savoir si la
Traverse de Lévis-Québec est totalement subventionnée,
qu'il demande des détails de la politique des subventions et qu'il veut
savoir où le problème qui est à l'étude en est
rendu. A mon nom, c'est inscrit dans le journal des Débats: "M. Pinard:
Je vais demander au président de la Société de la traverse
de Québec-Lévis, M. Vandry, de nous donner des renseignements
pertinents en la matière, de nous dire un mot aussi des rapports
techniques qui ont été commandés pour savoir quelles sont
les causes du mauvais fonctionne- ment des navires", etc. M. Vandry a
certainement répondu aux demandes de renseignements.
M. RUSSELL: Est-ce que M. Vandry est un fonctionnaire?
M. PINARD : Oui, il était un sous-ministre.
UNE VOIX: Est-ce que la réponse était enregistrée
à son nom?
M. PINARD: Elle a été enregistrée à mon nom.
Je n'ai aucune objection à ce que ça reste comme c'était
l'année dernière, sauf qu'on m'apprend, par l'entremise des
représentants du journal des Débats, que les règles ont
changé. C'est ce que je veux savoir et que j'ignore absolument, comme
tous les membres de la commission semblent aussi l'ignorer ce matin. Je veux
savoir quelles sont les directives qui ont été données
à ceux qui représentent le journal des Débats et qui
doivent enregistrer nos échanges d'informations.
M. RUSSELL: M. le Président, même d'après ce que
vient de nous dire le ministre, si j'avais su que le nom avait
été enregistré, je m'y serais opposé. On dit que le
ministre a demandé au président de la Traverse de Lévis de
répondre. Donc, si on m'avait informé que son nom était
resté au journal des Débats, je me serais opposé à
sa réponse. Il faut comprendre que ceci est une commission de la Chambre
et, en Chambre, un fonctionnaire ne répond à la place d'un
ministre ou au nom du ministère en aucun temps. On n'a pas le droit
d'identifier le fonctionnaire qui donne la réponse au ministre ou pour
le ministre.
Ce serait injuste pour le fonctionnaire et on doit conserver cette
discrétion aux réponses ou aux informations qui sont
données à un ministre responsable politiquement devant la
Chambre.
M. AUDET: M. le Président, de quelle façon ceux qui
s'occupent du journal des Débats peuvent-ils avoir permis ou
suggéré que le nom du fonctionnaire soit mentionné?
M. PINARD: M. le Président, il n'y a pas de problème. Je
suis d'accord pour continuer la même formule qui a prévalu depuis
1970 pour la discussion des crédits du budget en commission
parlementaire. Je m'aperçois que, dans le journal des Débats, il
n'y a pas de problème parce que c'est toujours le ministre qui est
responsable de la réponse donnée même si, en certaines
occasions, il m'est arrivé de dire que je posais une question, non pas
nécessairement à un fonctionnaire, parce que M. Vandry, qui est
sous-ministre, n'est pas fonctionnaire comme tel. Il est président de la
Société de la traverse de Lévis-Québec. C'est en sa
qualité de président de cette société qu'il a
donné la réponse en
mon nom mais non pas comme fonctionnaire.
C'est peut-être le seul cas d'exception. J'ai ici le journal des
Débats et je m'aperçois que, en aucun cas, ailleurs, le nom d'un
fonctionnaire n'a été mentionné comme étant celui
qui donnait la réponse. Cela est arrivé au ministre,
l'année dernière, lorsque nous avons commencé la
discussion de l'étude des crédits du ministère des
Transports, et c'est rapporté au journal des Débats du 16 mai
1972, le no 26, à la page B-1478. "M. Pinard: Comme je l'ai fait dans
tous les autres cas, je vais demander au sous-ministre, M. Baril, d'expliquer
pourquoi il y a des modifications dans les effectifs, s'il y a eu des postes
qui ont été laissés vacants ou s'ils ont effectivement
été occupés et pourquoi, s'il y a augmentation, nous
demandons des effectifs modifés".
J'ai continué à donner certaines explications et toutes
les explications qui ont été données par M. Baril l'ont
été en mon nom et c'est mon nom qui est inscrit comme
étant celui qui a été le répondant au journal des
Débats.
M. AUDET: II faudrait que ça se continue dans ce
sens-là.
M. PINARD: C'est ce que je dis. Je n'ai pas d'objection à ce que
ça continue de la même façon que par le passé. Sauf
qu'il y a eu une remarque qui a été faite par un
représentant du journal des Débats tantôt et qui m'a
beaucoup surpris à l'effet que la méthode avait changé. Je
l'ignore complètement. Continuons ce matin de la façon que nous
l'avons fait dans le passé et, s'il y a une clarification à
apporter, nous le ferons cet après-midi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il faudrait être
bien clair là-dessus. Il y a deux problèmes. Il y a les
directives qui ont été données au responsable du journal
des Débats. De qui émanent ces directives? Même si ces
directives émanaient, avec tout le respect que j'ai pour lui, du
président de la Chambre, le président de la Chambre ne peut quand
même pas d'autorité changer les règles de la Loi de
l'Exécutif.
Or, en vertu de la Loi de l'Exécutif, c'est le ministre qui
répond. D'autre part, et je vais référer à un cas
très précis. Alors que je faisais, avec mon collègue, le
député de Montcalm, l'étude du budget de la Fonction
publique en 1970, nous avons dû interroger le président de la
Commission de la fonction publique, lequel, un peu harassé par les
questions que nous lui posions, a fait à un moment donné une
déclaration d'ordre politique en disant à mon collègue: M.
Masse, vous avez fait votre petit "show" politique, vous êtes
content?
Il faut faire bien attention à cela parce que, dès lors
qu'un fonctionnaire parle, même s'il parle au nom du ministre, il
devient, au même titre que le ministre devant une commission, un
témoin. Or, il est très désagréable et
périlleux de devoir considérer un fonctionnaire qui est une
personne apolitique comme un témoin.
Il faut que le ministre fasse bien attention à tout cela et je
suis d'accord avec le ministre pour qu'on maintienne la procédure que
nous avons suivie l'an passé, quitte à revoir à l'heure du
déjeuner quelles ont été les directives qui ont
été émises et en vertu de quelle autorité. Si ces
directives émanent, soit de la direction du journal des Débats ou
du président de la Chambre, elles ne sont pas valides ici en commission
parlementaire.
M. PINARD: J'aimerais rappeler que le jeudi, 4 mai 1972 et cela
apparaît au journal des Débats, à la page B-921, il
semble que le problème ait été soulevé par le
député de Shefford et je cite les remarques de ce
député, M. Russell: "J'avais une simple remarque. Le ministre
mentionnait tantôt que M. Michaud M. Pierre Michaud du
ministère de la Voirie répondrait à certaines questions.
Nous n'avons aucune objection et même je pense que c'est recommandable.
Chaque fois qu'il répondra, ce sera au nom du ministre et il sera
enregistré comme si c'était le ministre qui parlait".
J'ai toujours convenu que c'était la façon dont on devait
faire la discussion des crédits en commission parlementaire. Je suis
surpris d'apprendre ce matin par les représentants du journal des
Débats que ces règles de discussion ont été
changées et qu'on voudrait attribuer certaines réponses au
fonctionnaire qui les donne plutôt que de les attribuer au ministre
responsable du ministère. Je suggère que nous continuions ce
matin comme ce fut le cas dans le passé et nous allons avoir une
rencontre avec le directeur du journal des Débats et avec le
président de la Chambre, fort probablement aussi, qui devrait être
informé de la situation qui prévaut ce matin et qui cause un peu
de conflit, pour voir de quelle façon nous allons nous arranger
maintenant pour avoir une discussion efficace et responsable en commission
parlementaire. Je pense que, dans le passé, cela n'a posé aucun
problème et j'ignore les motifs qui font que les règles qui ont
prévalu jusqu'ici sont maintenant changées et qu'on veuille
attribuer une réponse donnée par un fonctionnaire au
fonctionnaire lui-même plutôt que de l'attribuer au ministre
responsable du ministère.
Si vous voulez me le permettre, je lirai un document que j'ai en ma
possession.
M. le Président, comme c'est votre responsabilité
d'expliquer qu'il y a maintenant des nouvelles règles qui ont
été décidées par l'autorité
compétente en la matière, c'est-à-dire par le
président de l'Assemblée nationale qui a écrit une lettre
le 8 novembre 1972 à M. Benoît Massicotte, le directeur du journal
des Débats, et qui explique quelles seront dorénavant les
nouvelles procédures suivies en commission parlementaire dans le cas
où les fonctionnaires sont appelés par le ministre responsable
à
donner des explications en réponse aux questions posées
par les députés... M. le Président, je vous demande de
bien vouloir prendre les responsabilités qui vous incombent et de lire
le texte de la lettre du président Lavoie au directeur du journal des
Débats, M. Benoît Massicotte, quitte à avoir une discussion
avec le président de l'Assemblée nationale à la suite des
propos qui ont été tenus ce matin.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est le pouvoir de la commission de
suspendre les travaux. Je suspends les travaux de la commission pour cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
Reprise de la séance à 12 h 7
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je viens de consulter le président de
l'Assemblée nationale afin de savoir ce qui en est exactement de la
directive donnée en ce qui a trait à l'enregistrement des
débats. Je pense que je me dois de vous donner lecture d'une lettre que
le président de l'Assemblée nationale adressait au directeur du
journal des Débats, M. Benoît Massicotte, en date du 8 novembre
1972. Le texte est le suivant : C'est adressé à M. Massicotte.
"Monsieur, depuis la parution du journal des Débats, un usage a
été établi qu'un fonctionnaire peut, en commission
parlementaire, avec l'autorisation d'un ministre, prendre la parole lors de
l'étude d'un projet de loi, des crédits d'un ministère ou
à l'occasion de l'étude de toute autre matière, et que les
propos du fonctionnaire sont alors attribués, dans le journal des
Débats, au ministre concerné. "Des représentations me sont
faites à l'effet que cette pratique prête à confusion et
nuit à la bonne compréhension du journal des Débats. Je
reconnais cet état de choses et, dorénavant, lorsqu'un
fonctionnaire prendra la parole en commission, ses déclarations lui
seront attribuées personnellement, en indiquant son nom et sa fonction.
"Cette nouvelle façon de procéder ne pourra s'appliquer
qu'à deux conditions. Premièrement, que le ministre autorise un
fonctionnaire à prendre la parole. Deuxièmement, que ses
déclarations soient faites en présence du ministre pour permettre
à ce dernier de corriger, s'il y a lieu. "Ces conditions sont
imposées afin de respecter la règle de la responsabilité
ministérielle. "Auriez-vous l'obligeance de faire le nécessaire
dès maintenant? "Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes
sentiments les meilleurs."
Cette lettre a été adressée à M.
Massicotte.
Des copies conformes ont également été
adressées à tous les ministres et aux leaders parlementaires. Le
président de l'Assemblée nationale me dit qu'il en a
discuté avec les leaders des partis et de l'Opposition et que ce fut
accepté.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président. Il y a, dans la
lettre de M. le président Lavoie... Me permettriez-vous de
repérer le paragraphe qui va contre le principe de la
responsabilité ministérielle?
Alors, on dit ceci: "Des représentations me sont faites à
l'effet... et, dorénavant, lorsqu'un fonctionnaire prendra la parole en
commission, ses déclarations lui seront attribuées
personnellement, en indiquant son nom et sa fonction. Cette nouvelle
façon de procéder ne pourra s'appliquer qu'à deux
conditions... que le ministre autorise un fonctionnaire à prendre la
parole ce qui s'est toujours fait et que ses déclarations
soient faites en présence du ministre pour permettre à ce dernier
de corriger s'il y a lieu."
D'accord, un fonctionnaire peut donner une réponse. Le ministre
peut apporter un correctif. Mais on dit bien auparavant: "Lorsqu'un
fonctionnaire prendra la parole en commission, ses déclarations lui
seront attribuées personnellement." C'est là qu'il y a confusion.
Je sais ce que M. le président Lavoie a voulu dire. Il a voulu dire
qu'il serait consigné au journal des Débats que les paroles
prononcées par M. Rouleau, par exemple, sont portées au nom de M.
Rouleau. Mais ça prête à confusion. Si c'est
attribué personnellement, il parle donc ès qualités, en
son nom. Alors, il faudrait, au départ, et à chaque commission,
où nous étudierons des crédits, que le ministre fasse une
déclaration, en disant : Toute déclaration des fonctionnaires qui
ne sera pas contredite par le ministre représentera l'opinion,
l'expression de la volonté du gouvernement.
M. PINARD: C'était le sens de mon intervention ce matin, alors
c'est pourquoi je n'ai pas l'intention de changer la méthode
employée jusqu'ici.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'ai cru entendre en arrivant que vous
désiriez'suspendre la séance.
M. PINARD: IL est maintenant 12 h 10, et comme je dois prononcer une
conférence à 12 h 30, j'ai demandé la permission à
vous, M. le Président, et aux membres de la commission de me
libérer, si la chose vous paraît possible, à moins
que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va demander au ministre de la Justice de
vous libérer en même temps que les trois chefs à la
condition que vous nous invitiez.
M. RUSSELL: M. le Président, avant d'ajourner ou de suspendre les
débats, je voudrais
m'inscrire en faux contre le principe qu'un fonctionnaire puisse
répondre et qu'on enregistre son nom et sa fonction, ou qu'il soit
identifié. Je pense que ce principe est assez grave, à un point
tel que l'on devrait en discuter avec chacun des partis, et même, je
pense que le ministre devrait en parler à ses collègues et
examiner d'une façon très objective le fait de continuer à
suivre cette directive-là ou de demander au président de la
changer.
M. PINARD: M. le Président, il s'agirait de savoir si depuis deux
ans, alors que cette formule-là a été établie, elle
a vraiment causé préjudice aux fonctionnaires qui ont
répondu au nom du ministre et dont la réponse était
attribuée au ministre lui-même. Je ne pense pas avoir eu
connaissance d'aucune difficulté à ce niveau-là.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai donné, M. le Président, tout
à l'heure, un exemple très précis. Le président de
la Commission de la fonction publique, harcelé par des questions, a
perdu patience et nous a accusés, nous, les députés de
l'Opposition, de faire de la politique. A ce moment-là, j'ai dit : M. le
Président, je regrette, le commissaire de la fonction publique est
désormais un témoin et je l'ai interrogé comme un
témoin, dégageant la responsabilité du ministre.
M. PINARD: Evidemment, c'est un problème de contexte, un
problème de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): H faut tout prévoir.
M. PINARD: ... situation exceptionnelle, au cours d'échanges,
peut-être, acerbes. Mais selon notre expériece, celle que nous
avons vécue à la commission parlementaire qui est
présidée ce matin par le député de l'Islet, je
pense bien que nous n'avons qu'à nous féliciter de la
façon dont les débats ont été faits depuis deux
ans, et de la façon dont ils ont été enregistrés. A
mon point de vue, et probablement au point de vue de bien d'autres aussi, il ne
semble pas y avoir eu d'accrocs, ou de difficultés suivant la
méthode employée.
M. RUSSELL: II y a un principe. C'est une commission de la Chambre.
L'étiquette de la Chambre ne veut pas qu'un fonctionnaire réponde
directement, parce qu'au moment où il répond cela me permet,
à moi, de m'adresser directement à lui, non pas au ministre. Je
pense que ce principe est mauvais et qu'on doit en examiner les
conséquences avant d'accepter de continuer dans cette voie. Je n'ai
aucune objection qu'on fasse comme on a fait dans le passé, soit qu'on
discute et que les propos tenus à la demande du ministre par un
fonctionnaire soient attribués au ministre, mais que le fonctionnaire ne
soit pas identifié pour que M.
Untel, dans le comté, chez nous, puisse dire: C'est la
réponse du sous-ministre M. Rouleau, ou c'est la réponse du
directeur des finances M. Michaud, ou d'un autre fonctionnaire, mais non pas la
réponse du minsitre et que, lui, ait le blâme plutôt que le
ministre qui est l'homme responsable devant la Chambre.
Je pense qu'il doit accepter, sans identifier les fonctionnaires qui
répondent en son nom, qui lui fournissent l'information. La seule raison
pour laquelle on a accepté que le fonctionnaire réponde, est pour
accélérer les travaux et afin que la réponse soit
techniquement plus précise et plus rapide que si le fonctionnaire donne
la réponse au ministre et lui le ministre, ensuite, !a transmette. Si
cela n'avait pas été pour accélérer les travaux,
nous ne l'aurions jamais accepté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il me semble que c'est
facile au ministre de dire: Je demande à l'un de mes collaborateurs de
fournir des explications d'ordre technique, sans mentionner son nom.
M. PINARD: Sans mentionner son nom, d'accord.
M. AUDET: Je me demande quel problème on a voulu cerner en
permettant la mention du nom du fonctionnaire. Qui a apporté cette
précision?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, étant donné qu'on
doit suspendre dans la minute, je vais faire part au président de
l'Assemblée nationale des remarques que j'entends ici, et s'il doit
modifier les directives qu'il a données, c'est sa prérogative. On
va laisser le président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Etant donné que ce n'est pas sa
prérogative, M. le Président, c'est celle de la commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II m'a dit qu'il a contacté les
leaders des partis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'avons pas été
informés.
M. PINARD: C'est un problème d'information interne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne vous dis pas que nous n'avons pas
été informés, mais je vous dis qu'officiellement nous
n'avons pas été informés et la Chambre n'a pas
été informée, ce qui est beaucoup plus grave.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, la commission suspend ses travaux
pour les reprendre après la période des questions cet
après-midi.
(Fin de la séance à 12h 16)
Reprise de la séance 16 h 7
LE PRESIDENT (M. Giasson): Lorsque nous avons suspendu la séance
pour le déjeuner, nous étions devant une certaine impasse. A la
période du déjeuner, j'ai eu l'occasion de rencontrer à
nouveau le président de l'Assemblée nationale. Ce dernier a
également contacté des représentants de partis autour de
la table et le consensus final qui résulte de tout cela, c'est que, pour
faire l'enregistrement au journal les Débats, le système va
demeurer celui que nous avons toujours connu dans le passé,
c'est-à-dire que, lorsqu'un fonctionnaire devra répondre, il
faudra qu'au journal les Débats ce soit toujours inscrit au nom du
ministre, c'est-à-dire que le nom du fonctionnaire n'apparaîtra
pas. S'il devait y avoir des changements à l'avenir, le journal des
Débats en sera avisé en temps opportun.
Messieurs, je retourne la parole au ministre des Transports.
M. PINARD: Pour rester fidèle à la directive qui nous a
été expliquée, j'avais donné des explications en
réponse aux questions du député de Shefford et j'avais
demandé à mon représentant de répondre de
façon plus précise à certains aspects de sa question. Mon
représentant avait commencé à donner sa réponse au
moment où l'incident technique est survenu ce matin. Je lui demanderais
de continuer à donner les explications nécessaires en suivant
bien les directives que nous a données tantôt le
président.
Lorsque les trois ministères, Voirie, Transports et Travaux
publics étaient ensemble, nous avions procédé avec les
Travaux publics à la régionalisation. Le ministère de la
Voirie étant implanté dans le territoire et étant assez
gros en volume et en action, c'était facile pour nous de transmettre
l'autorité aux organisateurs régionaux et aux divisionnaires. Le
ministère des Travaux publics, ayant moins de travaux dans l'ensemble du
territoire, n'était pas régionalisé. Alors, lorsque les
trois ministères étaient ensemble, il y avait un sous-ministre
adjoint à la construction et à l'entretien des routes qui
était M. René Blais et un sous-ministre adjoint aux Travaux
publics, qui était M. Roger Trudeau. Evidemment, les administrateurs
régionaux se rapportaient à deux patrons, un pour les Travaux
publics et un autre pour la Voirie. Avec les lois 221 et 222 créant les
ministères de l'Approvisionnement, des Travaux publics et des
Transports, nous allons garder quand même cette même entité,
c'est-à-dire que les administrateurs régionaux vont
représenter et les Travaux publics et la Voirie. Il y a une entente
entre les deux ministres et les deux sous-ministres à l'effet que cela
continue en ce sens pour une meilleure efficacité.
Il y aura exception, par exemple, de Québec et de Montréal
où, en fait, le ministère des Travaux publics est très
bien implanté. Nos services y sont déjà assez volumineux
pour avoir chacun leur direction générale. Alors, nous avons deux
administrateurs régionaux à Québec et deux à
Montréal; un qui relève du ministère des Travaux publics
et l'autre des Transports.
M. RUSSELL: Est-ce que je peux me permettre une question? Est-ce que les
fonctionnaires qui font le travail pour le ministère des Travaux publics
relèvent de la Voirie pour la paye ou s'ils relèvent du
ministère des Transports?
M. PINARD: Non, chez les fonctionnaires évidemment, l'âme
dirigeante, celui qu'on appelle l'administrateur régional, est le
représentant de la Voirie ou des Transports, mais il y a quelques
employés, un ou deux, soit des techniciens ou des commis, qui sont
payés par les Travaux publics; mais, pour avoir une bonne
administration, ils sont surveillés par le représentant du
ministère des Transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'inviterais le ministre à continuer
son exposé.
M. PINARD: Je pense avoir répondu aux questions du
député de Shefford, je l'espère, à sa satisfaction.
Alors, maintenant ...
LE PRESIDENT (M. Giasson): II y aurait peut-être, dans le document
de mission économique auquel le député de Shefford avait
fait une référence, aux programmes 3 et 4, sauf erreur...
M. PINARD: Vous avez raison, M. le Président. Je voudrais dire
tout de suite qu'il m'apparaît beaucoup plus facile de suivre le document
qui a été distribué ce matin pour avoir une discussion
ordonnée des chapitres budgétaires sur lesquels nous avons
engagé la discussion. Il y aura suffisamment de liberté de
manoeuvre pour permettre à un député d'en traiter de
façon générale et de façon détaillée
aussi, parce qu'il y a quand même des sous-articles qui pourront
permettre aux députés de poser des questions et des
sous-questions. Je pense que le document qui vous a été
distribué ce matin est fait de façon telle que la discussion se
fera de façon très bien structurée, très bien
ordonnée, et que vous avez là une occasion beaucoup plus facile
de poser les questions vraiment pertinentes, quitte à poser des
sous-questions dans les cas où vous pensez avoir raison d'exiger des
détails plus précis.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, nous discuterons les crédits
programme par programme?
M. PINARD: Programme par programme.
M. RUSSELL: ... et en discutant les éléments de ces
programmes.
M. PINARD: C'est cela.
Le problème du taxi
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le ministre a ouvert une porte,
c'est-à-dire qu'il nous a invités à poser des questions
d'ordre général. Je lui en avais posé quelques-unes ce
matin qui me paraissent être des questions urgentes et qui touchent au
problème du transport. La réglementation d'abord, transport
écolier, transport en vrac des camionneurs artisans, le problème
du taxi. Où en sommes-nous actuellement? Quel a été le
cheminement du ministère en ce qui concerne l'application de la loi 23,
qui cause certains problèmes dans des domaines que j'ai
évoqués tantôt et au sujet desquels je voudrais avoir des
explications du ministre en commençant disons, par exemple, par le
taxi.
M. PINARD : En ce qui concerne le règlement no 6 qui a
été discuté en commission parlementaire des transports au
cours du mois de janvier, je pense, ce règlement n'a pas
été adopté de façon finale. Il a été
retourné au comité de travail au niveau de l'équipe
juridique et de l'équipe technique pour qu'elles soient en mesure de le
modifier pas de façon fondamentale, mais relativement aux questions qui
ont été soulevées devant la commission parlementaire par
certains organismes représentatifs du monde et de l'industrie du taxi,
de façon à mieux coller à la réalité des
problèmes et pour apporter des solutions peut-être plus efficaces
aux inconvénients qui ont été expliqués devant la
commission.
J'ai reçu un rapport, au début de la semaine, à
l'effet que le comité travaillait de façon ardue à la mise
en place de tous les éléments du règlement no 6 qui sera
peut-être moins compliqué dans sa présentation qu'il ne
l'était, que les mécanismes d'application des différentes
sections du règlement seront peut-être facilités
également et qu'il y aura peut-être des secteurs plus prioritaires
que d'autres pour lesquels le règlement sera mis en vigueur. Tout ceci
de façon à permettre à l'industrie du taxi de se recycler
à l'intérieur ou à l'aide du règlement qui serait
éventuellement proposé et pour permettre aussi la formation
d'associations vraiment représentatives des membres, capables de bien
défendre les intérêts à la fois économiques
et sociaux des membres de cette industrie, que ce soient les artisans
chauffeurs de taxi, que ce soient les petits ou moyens propriétaires,
que ce soient des associations regroupant des chauffeurs de taxi ou que ce
soient, dans un autre cas, des associations de services, comme on l'a
expliqué devant la commission.
Je ne peux pas dire, aujourd'hui, quelle sera la forme finale du
règlement. Je veux entendre des représentants du monde de
l'industrie du taxi avant de le faire. Lorsque le temps sera venu ce
sera bientôt de les convoquer au comité de travail pour
avoir leur point de vue, cela me parait plus facile d'apporter de nouveau un
règlement devant la commission parlementaire pour en demander
l'adoption, compte tenu des interventions qui ont été faites.
Mais ce qui est surprenant c'est qu'à l'heure actuelle, on
n'entend pas beaucoup parler du monde du taxi. Alors qu'on avait
dramatisé de façon assez générale les malaises qui
existaient dans cette industrie du taxi, notamment dans la région de
Montréal, il semblerait qu'il s'est produit une accalmie assez
surprenante et qu'on pourrait peut-être être enclin à penser
qu'il y en a plusieurs qui préfèrent ne pas être
dérangés, même avec un règlement qui leur est apparu
un peu compliqué, mais qui était quand même fait pour leur
venir en aide et pour leur servir, en quelque sorte, d'outil de
libération de la condition d'asservissement et d'esclavage dont ils ont
parlé abondamment devant la commission.
Je dis que c'est assez surprenant de voir que, maintenant, c'est presque
le silence, sauf qu'il y a quelques personnes qui, de temps en temps, demandent
des nouvelles au ministre ou à ses fonctionnaires, pour savoir ce qui
arrivera du règlement no 6. Est-ce qu'il a purement et simplement
été mis aux oubliettes?
J'ai cru comprendre que, devant des intérêts
économiques et sociaux tellement irréconciliables, il y en a qui
ont préféré rester au statu quo plutôt que d'avoir
à se discipliner d'abord, à se regrouper dans des associations
vraiment représentatives de leur industrie, de leurs droits
économiques et sociaux, en tenant pour acquis puisqu'il l'ont
affirmé eux-mêmes que c'est un monde tellement
individualiste qu'ils préfèrent faire leurs propres lois, leurs
propres règlements, leurs propres conditions de vie et leurs propres
conditions de travail au plan économique et social plutôt que de
se faire imposer quoi que ce soit de la part du gouvernement, si bien
intentionné soit-il.
C'est ce qui m'embête énormément aujourd'hui, et je
le dis en toute franchise devant les membres de cette commission parlementaire
parce qu'il y en a plusieurs qui ont quand même collaboré aux
travaux de la commission parlementaire des transports, au moment de
l'étude du règlement no 6. Mais il reste quand même un fait
certain, c'est que le gouvernement a la responsabilité de revenir avec
un règlement no 6 modifié dans sa texture, dans ses objectifs au
besoin.
Mais, encore une fois, c'est une situation qui est bien difficile
à régler quand ceux qui sont les premiers
intéressés ne semblent plus du tout intéressés
à venir nous voir. Peut-être que c'est un défaut
d'information, peut-être que le système de chantage ou de menace
qui s'est fait jour, et qui a été facilement constaté par
les membres de la commission, fonctionne encore davantage en sourdine et
peut-être aussi d'une façon plus efficace. Je l'ignore.
Nous avons des enquêteurs qui travaillent en ce moment pour nous
dire exactement quelle
est la situation qui prévaut dans le milieu. Pour ma part, j'ai
rencontré le président du comité exécutif de la
ville de Montréal, M. Niding; j'ai rencontré en sa
présence le directeur général de la police de la
Communauté urbaine de Montréal, M. Daigneault; j'ai
rencontré, à la même occasion, le directeur du service
d'émission des permis de taxi à Montréal, M. Fontaine,
ainsi que M. Bergeron, qui est le directeur général du service
d'accueil aux touristes à Montréal. J'étais
accompagné de certains fonctionnaires et nous avons passé en
revue les problèmes du taxi au plan historique. Nous avons
étudié comment cette industrie a vu le jour, comment elle s'est
disciplinée, compte tenu des règlements mis en vigueur par le
gouvernement municipal de Montréal à l'époque et par
d'autres gouvernements municipaux dans la région de Montréal,
comment se faisait l'émission des permis. Nous avons également
étudié comment elle se fait en ce moment, quelles sont les
conditions d'appartenance à une association par rapport à une
autre, quel est le statut d'un propriétaire artisan par rapport à
celui qui est tout simplement un chauffeur au service d'une association de
propriétaires de taxi, quel est le statut de celui qui est tout
simplement un chauffeur payé, soit à commission, soit à la
semaine, par de plus petites associations de propriétaires, de
façon à pouvoir dégager les éléments de
solution d'un problème qui, on nous l'a répété, est
dramatique.
Il est évident que dans cette industrie, il y a un système
d'exploitation éhonté. La preuve en a été faite de
façon claire et précise devant la commission parlementaire. Mais
nous nous sommes aperçus également que ceux qui sont venus nous
faire mettre le doigt sur la plaie étaient probablement les principales
victimes de ce système d'exploitation; eux-mêmes, lorsque la
chance leur est fournie de devenir un peu plus forts au plan économique,
reconstituent en plus petit ce système d'exploitation au
détriment d'autres petits propriétaires de taxi ou chauffeurs de
taxi.
Ce sont les taxis qui s'exploitent les uns les autres sous des formes
différentes, compte tenu de leur force économique..C'est un
problème extrêmement complexe, parce que vous travaillez au niveau
des individus et pas nécessairement au niveau d'une association
professionnelle unique, vraiment représentative du monde du taxi. Vous
avez une variété de formules en vigueur au sein de ces
associations, qu'elles soient des associations de services pures et simples ou
qu'elles soient des associations de grands propriétaires de
véhicules taxis qui engagent tout simplement des chauffeurs de
façon rotative, comme cela nous a été expliqué,
pour conduire ces voitures avec une espèce de droit bien arbitraire de
dire: Demain, c'est Marcel Untel qui travaille avec ma voiture et après
demain, ce sera Pierre Untel qui travaille avec ma voiture...
M. BOURASSA: Je comprends qu'on s'intéresse au problème du
taxi, mais...
M. PINARD: ... sans donner plus de sécurité d'emploi. Cela
nous a été expliqué parce qu'on a dit que, pour un
véhicule-taxi, il y avait une possibilité d'avoir en moyenne
quatre ou cinq chauffeurs. Alors, cela pose le problème de
l'émission des permis de chauffeur, émis par la ville de
Montréal, ce qu'on appelle le "pocket number". Je crois qu'il y a
près de 14,000 "pocket numbers" émis par le service des taxis de
la ville de Montréal alors que le nombre des permis de taxi est de
près de 4,900 à 5,000 au maximum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait
il nous donne des explications qui sont intéressantes de lui
poser deux questions? Il nous dit qu'il ne semble pas, à l'heure
actuelle, que les plaintes que nous avions entendues aient été
répétées, du moins de façon aussi dramatique
qu'elles l'avaient été auparavant. Il nous explique d'autre part
qu'on semble vouloir récréer d'une autre façon le
problème qui existait déjà et qui a donné lieu
à cette exploitation que tout le monde a dénoncée en
commission parlementaire. Est-ce l'intention du ministre de promulguer une
réglementation modifiée du règlement no 6
conformément à la loi 23 et conformément au desiderata de
ceux qui sont venus s'exprimer devant la commission parlementaire des
transports? Est-ce que, d'autre part, le ministre a semblé l'indiquer
tout à l'heure, celui-ci a l'intention de convoquer, lorsque cette
réglementation sera mise à jour, la commission parlementaire afin
que nous entendions à nouveau, si cela est nécessaire, les
parties qui se diraient satisfaites et est-ce que le ministre a l'intention,
dans sa réglementation, de faire une distinction entre l'industrie du
taxi des grandes agglomérations comme Québec et Montréal,
par exemple, et l'industrie du taxi dans des villes de moindre importance dont
on nous a dit que cette industrie ne présentait pas de
problème?
De tous les propos que vient de tenir le ministre, et que j'ai
écoutés avec beaucoup d'attention, il me semble que je suis
porté à tirer la conclusion que le ministre est très
embarrassé.
On lui a représenté que ça n'allait pas pour telle
et telle raison. Par ailleurs, on semble vouloir reconstituer des situations
qui ont engendré les malaises dont nous parlions. Quelle va être
l'attitude précise du gouvernement en ce qui concerne la
responsabilité des municipalités en termes d'émission de
permis de taxis? Quelle va être l'attitude du gouvernement en termes de
nombre de permis émissibles par tête de population? Est-ce que,
d'autre part, la réglementation que le ministre va nous soumettre
bientôt va régler ce problème, dont on nous dit qu'il est
toujours pendant, de Murray Hill à
Montréal? J'aimerais que le ministre nous renseigne
là-dessus parce que ce ne sont pas des questions qui entrent dans le
cadre de l'examen budgétaire proprement dit, mais qui sont des
observations générales sur la mise en application d'une loi. Je
suis, comme le ministre, à l'écoute, mais, en ce qui concerne le
taxi, je n'ai pas entendu grand-chose depuis le temps où nous avons
siégé, à la fin de janvier. Alors, où en
sommes-nous actuellement en ce qui concerne le gouvernement?
M. PINARD: Je n'ai pas à répéter ce que j'ai dit
tantôt sur l'étude de modifications à apporter au
règlement no 6 tel que nous l'avons proposé en commission
parlementaire. Actuellement, les règlements municipaux, relativement
à l'émission des permis de taxis dans les municipalités,
restent en vigueur jusqu'au 31 octobre 1973, alors que ce sera la Commission
des transports du Québec qui aura à décider de
l'émission des permis de taxis, du nombre qui devra prévaloir
dans certaines municipalités, compte tenu des besoins de la population
et compte tenu aussi du découpage qui sera prévu par le
règlement du taxi. Sauf qu'à l'heure actuelle, tant et aussi
longtemps que le règlement n'aura pas été approuvé,
tant et aussi longtemps que la Commission des transports, d'ici le 31 octobre
1973, n'aura pas entendu de requête à cet effet, il y a gel du
nombre des permis dans toutes les municipalités du Québec, y
compris à Montréal. Cela nous permet de faire nos enquêtes,
de dénombrer les permis de taxis dans les grandes agglomérations,
notamment à Montréal et à Québec, à
Trois-Rivières, à Sherbrooke et ailleurs dans la province. Cela
nous permet aussi de voir où vraiment se situent les besoins de
réforme. C'est ce qui m'amène à dire immédiatement
que nous appliquerons le règlement du taxi par phases successives.
Je pense qu'il est logique de croire et qu'il est nécessaire de
l'annoncer presque tout de suite qu'il faudra en toute priorité
appliquer le règlement du taxi dans la région
métropolitaine de Montréal d'abord; ensuite, dans la
région métropolitaine de Québec et peut-être, selon
que la nécessité nous en aura été
démontrée, dans d'autres territoires municipaux de la
province.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il s'agira, M. le ministre, de la
même réglementation ou d'une réglementation modifiée
ou mutatis mutandis la même, compte tenu des problèmes
particuliers à chaque région?
M. PINARD: Si vous vous souvenez des représentations faites par
le président de l'Association du taxi Lasalle, M. Brunet, il ne s'est
pas montré farouchement opposé au règlement
lui-même, sauf qu'il a dit qu'il n'était pas tellement en faveur
de l'agglomération unique et qu'il n'était pas non plus en faveur
du système que nous avions proposé d'avoir deux sortes
d'associations, une à caractère professionnel pour donner un
caractère représentatif devant la Commission des transports,
l'autre sous forme d'association de services pour donner des avantages
économiques et sociaux aux membres de l'association. Il est revenu un
peu sur ses positions et d'ailleurs, il avait dit aux membres de la commission
à l'époque qu'il avait l'intention de déposer un
contre-projet de règlement au ministre des Transports et aux membres de
son équipe; ce qu'il a fait.
Nous sommes à étudier le contenu de son contre-projet qui
m'a paru être un document très valable parce qu'il a fait une
démonstration quand même indubitable du bon esprit de M. Brunet,
de son ouverture d'esprit, de sa franchise et de sa volonté bien
arrêtée de mettre de l'ordre dans cette industrie qu'il a
lui-même qualifiée d'anarchique et de mal structurée et
parfois aussi d'industrie qui se rendait coupable d'exploitation des petits
propriétaires et surtout des chauffeurs.
De ce côté-là, je pense que le travail qu'il nous a
apporté est très valable. Je voudrais revoir M. Brunet au moins
â une autre occasion pour discuter de la portée du projet du
nouveau règlement et voir s'il coincide encore avec les objectifs qu'il
a expliqués devant la commission parlementaire. Nous n'avons plus
entendu parler de l'Association Diamond qui avait quand même
présenté un mémoire très étoffé, que
je n'ai pas retenu de façon particulière cependant je l'ai
dit en toute franchise parce que je n'ai jamais cru que l'association
Diamond ne faisait que 2 p.c. de profit. C'était évident que, si
elle ne faisait que 2 p.c. de profit, elle serait mieux de fermer ses portes ou
de vendre ses intérêts à des concurrents.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Moi non plus, je ne les avais pas crus.
M. PINARD: C'est pour cela que je leur avais demandé de nous
produire des bilans vérifiés de façon que nous sachions
bien la vérité. Comme ces choses n'ont pas encore
été faites, je n'attache pas tellement d'importance, pour ma
part, à la présentation du mémoire de l'Association
Diamond, même s'il se retrouve parmi cette association des personnes
valables, honnêtes, qui seraient en mesure de nous aider à
élaborer et à présenter un règlement du taxi qui se
tiendrait et qui serait vraiment bénéfique pour ceux qui en
vivent.
Enfin, j'ai mes réserves là-dessus, mais je pense qu'en
dépit de tout ce que nous avons entendu, il reste quand même
possible d'avoir des conversations avec ce que j'appellerais des
éléments valables au sein de cette association, qui sont en
mesure de nous dire franchement ce qu'ils en pensent.
Quant aux autres associations qui sont venues devant la commission, ici,
on n'en a pas tellement entendu parler sauf de la part de l'association qui
était dirigée par un M. Prono-
vost. Ce dernier est resté vigilant à la matière,
il est resté bien au fait de la situation et il nous fait
connaître son point de vue personnel et le point de vue de ceux qu'il
représente, de façon, disons un peu trop indirecte. Alors, je lui
en ai fait le reproche, bien amicalement l'autre jour, au hasard d'une
rencontre et je lui ai demandé pourquoi il ne prenait pas la
responsabilité de présenter un mémoire au ministre ou
à son équipe de travail et, s'il se voyait dans
l'impossibilité de préparer un mémoire, ce qui est parfois
techniquement difficile à réaliser, pourquoi ne viendrait-il pas
devant le comité pour nous dire franchement ses objectifs, son opinion,
de quelle façon il entend apporter des solutions valables au
problème. Il m'a répondu qu'il serait très heureux de le
faire. J'ai donc demandé aux responsables de l'équipe de travail
de bien vouloir le convoquer à des séances ultérieures du
comité.
Il y a quand même un autre personnage qui travaille très
fort, c'est M. Milot qui a été, dès le début,
activement mêlé à la réforme du taxi, qui continue
à pénétrer dans le milieu assez facilement, malgré
les menaces dont il a été victime, menaces très
sérieuses, à tel point que nous avons dû lui prodiguer la
protection de la police au moment des auditions de la commission parlementaire
et par la suite. Les choses se sont calmées depuis et je pense que les
irréductibles du monde du taxi qui voulaient absolument que tout soit
foutu en l'air et que le feu prenne quelque part se sont calmés et
sentent que, quand même, le gouvernement a des responsabilités en
la matière et que le ministère de la Justice aussi est là
pour mettre la paix là où il faut avoir la paix.
Nous avons nommé des enquêteurs qui se promènent
actuellement dans la province, mais plus particulièrement dans la
région de Montréal pour interroger ceux qui sont venus
témoigner devant la commission et qui se sentent plus libres de parler
hors de l'enceinte de la commission parlementaire, alors qu'il n'y a plus la
présence de ceux qui voulaient les empêcher de parler ou qui les
menaçaient s'ils dévoilaient telle ou telle chose, cela nous
permet de connaître un peu plus en détail, de façon plus
profonde, le fonctionnement de toute cette industrie du taxi.
Nous avons beaucoup de rapports actuellement qui ont été
soumis au comité mais le travail n'est pas terminé parce que
c'est une tâche difficile.
Ce ne sont pas des gens faciles à rejoindre, parce qu'ils n'ont
pas des heures de travail régulières. Il y en a qui, à
tort ou à raison, se sentent encore menaces pour différents
motifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le cas de Murray Hill.
M. PINARD: Oui, dans le cas de Murray Hill, c'est un problème
bien différent. Même en commission parlementaire, le cas de Murray
Hill a été à peine ébauché, si vous vous en
souvenez bien, parce que c'est un problème tout à fait
différent de celui qu'on voulait bien nous expliquer à la
commission parlementaire. Le problème de Murray Hill, nous essayons de
le régler en rencontrant évidemment les représentants de
cette association, en recontrant ceux qui sont responsables du service de taxi
à l'aéroport de Dorval, alors que c'est le gouvernement
fédéral qui, au tout début, a eu la responsabilité
d'édicter les règles concernant les services de taxi à
donner à la clientèle qui vient ou qui part de l'aéroport.
Le Québec serait prêt à prendre cette
responsabilité, mais à certaines conditions évidemment que
nos fonctionnaires expliqueront, compte tenu aussi du contenu du
règlement no 6. Les discussions se font dans un esprit de collaboration
surprenant. Il y a une très bonne collaboration qui nous est
apportée par les représentants du gouvernement
fédéral qui, jusqu'ici, ont eu à manoeuvrer et à
contrôler le fonctionnement des services de taxi à
l'aéroport de Dorval.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, M. le ministre, ces discussions
concernant Murray Hill vont jusqu'à examiner la situation qui se
produira quand on utilisera l'aéroport de Sainte-Scholastique?
M. PINARD: Je pense bien, il est évident, qu'il faut faire de la
prospective, si le mot est exact, pour imaginer immédiatement quelle est
la situation qui pourra se produire lorsque l'ouverture du nouvel
aéroport Mirabel sera faite. C'est évident qu'il faudra donner un
bon service de taxi à la clientèle. J'imagine que les mêmes
règles qui sont en vigueur à l'aéroport de Dorval
pourraient, par voie d'extension, être mises en application à
l'autre zone aéroportuaire, compte tenu évidemment de la
situation qui prévaudra à ce moment. Il faudra peut-être
adapter le règlement ou l'application d'une partie du règlement
du taxi à la situation qui nous sera faite dans les années 1975
et 1976. Je pense qu'il n'y a pas tellement de difficultés
là-dessus, sauf qu'il ne faudrait pas revenir à un système
de rivalité entre différentes associations qui voudraient donner
le service en exclusivité à l'aéroport de Dorval et le
donner aussi en exclusivité à l'aéroport de Mirabel. Il
faudra, en cours de route, éviter des chicanes inutiles et
stériles et faire en sorte que nous ayons le meilleur système de
taxi possible, mais dans un esprit de bonne collaboration et d'entente entre
ceux qui voudront vivre du taxi, de façon décente, de
façon rentable et de façon ordonnée.
C'est tout ce que je crois devoir dire aujourd'hui là-dessus,
quitte à revenir un peu plus tard pour vous donner plus de
précisions sur le sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre...
M. AUDET: ... tous les sujets...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. C'est
toujours sur cette question de Sainte-Scholastique. Je comprends qu'il y a
actuellement des discussions pour régler ce problème de
l'exclusivité que détenait Murray Hill, mais est-ce que le
ministre peut nous dire et prendre l'engagement de faire disparaître
cette exclusivité, si tant est qu'il y a exclusivité, et qu'elle
pourrait se recréer, renaître au moment où on utilisera le
nouvel aéroport?
M. PINARD: Actuellement, il n'y a plus d'exclusivité en faveur de
Murray Hill à l'aéroport de Montréal.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien précisé.
M. PINARD: Le système est complètement changé. Je
l'ai expérimenté moi-même. Je dois cependant dire, en toute
franchise, que les voitures des chauffeurs artisans, des propriétaires
artisans ou celles qui appartiennent à des associations ne sont pas
toujours aussi propres que celles de Murray Hill. Mais je pense que, dans
l'ensemble, ça me paraît être une question de détail
face à l'immense problème de la rentabilité et des
conditions de travail qui étaient faites à l'époque
à ceux qui voulaient vivre du taxi, soit à titre d'artisan, soit
à titre de petit ou de moyen propriétaire, face à l'empire
si on me permet l'expression que constituait, à
l'époque, la compagnie Murray Hill.
Finalement, ça va bien. Les tarifs sont normalisés, ils
sont raisonnables, compte tenu du parcours à faire, compte tenu du
service à donner à la clientèle. Il y a eu des plaintes
qui ont été portées. Il y a également eu des
corrections qui ont été immédiatement apportées par
les responsables du service.
Il y a aussi eu des mises au point qui ont dû être faites
à certaines personnes qui ne voulaient pas s'astreindre à
respecter les règles édictées. Alors, elles ont
été menacées de perdre, en quelque sorte, le
privilège qui leur avait été accordé de faire du
taxi où cela leur était défendu autrefois.
Il y a possibilité, par voie d'extension, d'appliquer les
mêmes règles au futur aéroport Mirabel et de ne pas avoir
à redonner d'exclusivité à Murray Hill. Dans mon esprit,
c'est assez clair; à moins que la situation qui prévaudra en 1975
ou 1976 fasse que nous devions reprendre de nouveau ce problème pour le
traiter de façon différente.
Mais, pour le moment, ça ne me paraît pas être une
nécessité ou même une possibilité. La compagnie
Murray Hill a été la première à admettre que ce
n'était pas la principale source de ses revenus. C'était son
service de limousines, d'autobus, d'accueil aux touristes qui viennent â
Montréal et dans d'autres régions du Québec, qui
était sa principale source de revenus. C'était, encore là,
la meilleure façon pour elle d'agir dans ce domaine du transport. Il
valait beaucoup mieux laisser à ceux qui sont véritablement des
industriels du taxi, soit à titre d'artisan, soit à titre de
petit ou de moyen propriétaire, le soin de donner le service à la
clientèle des aéroports.
Cela me paraît maintenant assez clair et je dois dire, à la
décharge des représentants de Murray Hill, qu'ils nous ont offert
une collaboration beaucoup plus empressée et beaucoup plus positive que
celle de certaines personnes qui sont venues chialer devant la commission
parlementaire des transports, qui nous ont dramatisé certaines
situations au point que nous avons presque pleuré avec eux.
Mais lorsque nous avons fait des enquêtes plus approfondies, nous
nous sommes aperçus qu'il y en avait qui avaient vraiment
exacerbé certaines situations. Je ne dis pas que tout le monde l'a fait,
mais plusieurs, quelques-uns, du moins, l'ont fait pour des motifs que je ne
voudrais pas qualifier. Mais ça me paraissait assez évident qu'il
y avait des intérêts économiques en jeu et que
c'était tout simplement l'occasion rêvée pour certaines
personnes de saisir l'occasion qui leur était fournie et de dire: Nous
avons une chance de déloger un système de contrôle pour le
remplacer par un autre système de contrôle et à notre
propre bénéfice.
Personne, parmi les membres de la commission parlementaire, n'a
été dupe de cette manoeuvre. C'est pourquoi j'ai pensé
qu'après cinq jours et demi de délibérations, nous en
avions entendu assez pour être en mesure de prendre nos
responsabilités, de bien juger la situation qui nous avait
été décrite jusque-là et, si besoin était,
de faire des enquêtes plus approfondies dans le milieu, de façon
moins officielle, et peut-être de façon plus efficace.
Quand la télévision n'est pas là, quand la radio
n'est pas là, quand les media d'information ne sont pas présents,
on a moins la tentation de faire du spectaculaire et de dramatiser certaines
situations qui ne méritent pas de l'être.
Je pense que depuis ce temps les choses se sont calmées et que
nous sommes plus en mesure d'apprécier quelle est la véritable
situation dans le domaine du taxi au moment où je vous parle, que nous
avons pu l'apprécier lorsque la commission parlementaire a accueilli des
témoins devant elle.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Est-ce que nous devons nous réjouir du fait que le
monde du taxi connaisse pareille accalmie? Apparemment, il semble que la brique
du règlement no 6 a laissé ces gens passablement craintifs et ils
sont peut-être retournés chez eux bien tranquilles à
l'effet peut-être que le plan du ministre maintenant... Nous devrions
être heureux de voir que le ministre veut apporter le règlement no
6 par phases, par tranches et peut-être même le faire
disparaître en partie. J'ai une question à poser au sujet
de l'émission des permis des "pocket numbers". Est-ce que le
ministère a l'intention d'émettre lui-même ces permis
plutôt que de laisser à la ville le soin de les émettre,
comme un permis de chauffeur ordinaire qui est émis par le
ministère des Transports?
M. PINARD: Je vais vous donner bien honnêtement mon opinion
après avoir reçu celle des personnes qui sont les plus activement
liées à l'industrie du taxi à Montréal, notamment.
Le témoignage de M. Fontaine est qu'il est bien heureux,
personnellement, de voir que le gouvernement s'apprête à adopter
un règlement du taxi pour mettre de l'ordre dans cette industrie et pour
normaliser aussi les procédures d'émission des permis, pour geler
le nombre des permis de taxi, pour en arriver aussi, éventuellement,
à réduire le nombre de "pocket numbers". Il admet que cela fait
partie du système d'exploitation dont on a parlé devant la
commission parlementaire, que d'avoir en moyenne quatre ou cinq chauffeurs
possibles sur une voiture-taxi alors que ceux qui la conduisent ne sont pas,
pour la plupart, les véritables propriétaires de la voiture et
sont à la merci de ceux qui détiennent les permis de taxi. Et
eux, ils viennent nous dire, en toute franchise, sans aucune explication,
qu'ils ne sont pas propriétaires des voitures. Finalement, quelqu'un a
dit à la commission: Qui est le véritable propriétaire des
voitures-taxis? Ce n'était pas l'association Diamond comme telle. Elle
en avait un certain nombre, mais pas la plus grande proportion. M. Fontaine est
bien d'accord pour dire que dorénavant, dans la mesure du possible, un
peu comme le camionneur-artisan fait profession d'être
propriétaire et conducteur de son camion pour gagner sa vie, transporter
des marchandises pour le compte d'un entrepreneur qui s'est vu adjuger un
contrat par le ministère des Transports, si on était capable
d'arriver à cette formule d'accorder un permis de taxi à celui
qui gagne sa vie avec le taxi, qui en fait sa profession, cela serait la
solution idéale.
D'autres ont posé le problème: Oui, mais il faudra
peut-être exproprier, payer à ceux qui détiennent
actuellement ces permis de taxi des indemnités qu'on évalue dans
la région de Montréal entre $4,500 ou $5,500; ce qui n'est pas
prouvé. Dans d'autres municipalités, cela vaut à peine
$1,000, $1,500 ou $2,000. Le maire de Pointe-Claire a dit lui-même: Cela
vaut le prix de la taxe du permis de taxi au plan annuel, c'est-à-dire
$25 à Pointe-Claire. Cela ne vaut pas plus. Il faut réconcilier
toutes ces déclarations. Il faut faire une étude de tous les
règlements municipaux pour en arriver à une réglementation
normalisée et pour établir des taux selon, évidemment, la
valeur économique que pourrait avoir éventuellement ce permis de
taxi, si vraiment il doit avoir une valeur économique et compte tenu
aussi de la nécessité qu'il y aurait peut-être, puisque
cela nous a été demandé, de protéger les droits
acquis en ce sens qu'il faudrait racheter les permis de taxi et payer la valeur
que ce permis a acquise au cours des années.
Cela n'est pas encore démontré sur le plan
économique. Le Dr Bernard-André Genest, professeur
d'économie à l'Université de Montréal,
chargé de cette étude, m'a soumis deux rapports
préliminaires, mais il est en train de compléter son étude
sur ce sujet. Je m'en servirai abondamment pour incorporer des normes à
caractère économique dans le règlement no 6 pour savoir de
quelle façon on disposera de ce problème
éventuellement.
M. AUDET: L'autre lacune qui semble avoir été
mentionnée à la commission parlementaire, c'était le fait
que certaines associations de taxis se plaignaient des chauffeurs de taxi, de
certains chauffeurs de mauvaise foi qui, pour une raison ou pour une autre, de
temps à autre, louaient des autos et ne rapportaient pas l'auto ou ne
payaient pas le loyer de l'auto. Si l'émission des "pocket numbers"
était faite par le ministère des Transports, je me demande s'il y
aurait une certaine adoption du système de points de
démérite pour eux aussi, parce que réellement, ces
chauffeurs de taxi dévalorisent la fonction des chauffeurs et en donnent
une mauvaise réputation. Je me demande si on ne pourrait pas
améliorer la qualité des chauffeurs avec un certain
système de démérite pour les chauffeurs.
M. PINARD: J'ai toujours prétendu que tout dépend de
l'application du système de démérite, mais qu'il ne
fallait pas en venir immédiatement à des régimes
d'exception tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas fait la preuve que ce
système ne mérite pas d'être en vigueur. Il faut, avec
l'expérience du temps, voir ce qu'il va donner comme résultat. D
reste quand même que des organismes qui s'occupent de
sécurité routière, comme le Club automobile de
Québec, qui s'est déclaré carrément en faveur du
système de démérite et qui ne veut pas que le
gouvernement, du moins dans la phase initiale, accorde des régimes
d'exception à qui que ce soit et plus particulièrement dans le
secteur de ceux dont la profession est de conduire des clients, raison de plus,
dit-on, pour que celui qui est un chauffeur de taxi de protéger sa
propre vie et de protéger la vie de ceux qu'il transporte... Il ne faut
pas se laisser prendre par les arguments voulant que le chauffeur de taxi est
obligé pour gagner sa vie, de brûler vingt-cinq feux rouges dans
sa journée pour conduire son client plus vite au lieu du rendez-vous.
S'il met sa propre vie en danger et celle de ses clients, c'est un mauvais
chauffeur, c'est un homme qui manifeste de l'irresponsabilité dans sa
façon de conduire. Le gouvernement n'est certainement pas pour
l'encourager à continuer. Ou bien on fait une politique de
sécurité routière au Québec et on discipline, un
tant soit
peu, nos citoyens en commençant par soi-même et je
parle de moi à ce moment-ci ou bien on lâche tout, on ne
fait absolument rien et on continuera à battre tous les records
d'accidents de la route dans une année, comme ce fut le cas en 1971 avec
1,735 morts, 45,000 blessés, $800 millions de dommages matériels
et avec les taux de primes d'assurance les plus élevés au Canada
et dans le continent nord-américain. Si c'est cela que la population
veut avoir, eh bien! je renonce à exercer mes pouvoirs de ministre des
Transports et je demanderai à quelqu'un de confier la
responsabilité à un autre personnage qu'à moi.
Personnellement, j'ai confiance qu'il faut faire quelque chose, je sais que
c'est une nécessité évidente et que je serai appuyé
en cela par les membres de la commission parlementaire et par tous les membres
de l'Assemblée nationale, quelle que soit l'étiquette à
laquelle nous appartenions.
M. AUDET: C'était seulement pour faire une suggestion à
l'endroit du système de points de démérite pour qu'il soit
aussi attaché à l'émission de "pocket numbers" des taxis,
pour faire de meilleurs chauffeurs de taxi, pour revaloriser...
M. PINARD: Je pense que c'est plus honnête. Vous avez raison,
parce que c'est un tout, c'est un ensemble d'éléments qui doivent
être reliés les uns aux auttes. C'est pourquoi c'est
compliqué de rédiger un règlement no 6 qui va satisfaire
les uns et les autres. Au lieu de provoquer un phénomène
d'acceptation lorsqu'il a été déposé, ici j'avoue
qu'il y a peut-être eu un manque d'information adéquate, mais je
pense que fondamentalement le règlement no 6 est quelque chose de
valable. Qu'il faille l'amender, le modifier, le rendre plus acceptable pour le
rendre plus efficace, pour provoquer, non pas un phénomène de
refus, mais un phénomène d'acceptation de la part de ceux qui
devraient être les premiers à le réclamer, à
réclamer sa mise en application au plus tôt, je suis bien d'accord
là-dessus.
Nous allons prendre les procédures qu'il faudra, nous allons
offrir plus d'informations pour le rendre plus viable et plus acceptable. Mais
je pense que le député a raison de soulever le point qu'il vient
de soulever pour incorporer une espèce de code d'éthique
professionnel à même le système de démérite
actuellement en vigueur, et l'incorporer jusqu'à un certain point dans
le contenu même du règlement no 6 pour avoir la meilleure
qualité de chauffeurs possible dans les grandes régions
métropolitaines de Montréal, Québec et dans les autres
villes de la province, pour accroître précisément la
qualité des services, la sécurité des passagers et
éliminer les éléments troubles qui trop souvent ont
gagné leur vie aux dépens des autres à l'intérieur
même de cette industrie du taxi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour le trans- port en vrac, M. le
Président, à moins que mon collègue ait quelque chose
à dire sur le taxi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans mes remarques de ce matin, M. le
ministre, j'avais posé deux questions précises. Entre autres, sur
le règlement no 6, vous avez répondu à plusieurs questions
des députés de Chicoutimi et d'Abitibi-Ouest, mais j'aurais une
dernière question à poser à propos du règlement no
6. Vous disiez tantôt que vous avez eu des rencontres avec le
président du comité exécutif de la ville de
Montréal et le chef de police de la communauté urbaine pour
discuter du problème. Est-ce que, de ces rencontres, il serait ressorti
des liens entre, je dis bien, ceux qui contrôlent l'industrie du taxi et
le crime organisé, lequel lien nuirait au gouvernement pour
l'application d'une réglementation, par exemple?
M. PINARD: Inutile de vous dire les motifs qui m'ont amené
à rencontrer à Montréal même le président du
comité exécutif de la ville de Montréal, M. Niding, et le
chef de police de la Communauté urbaine de Montréal, le directeur
du service d'émission des permis de la ville de Montréal, et M.
Bergeron, qui est le directeur du Service d'accueil aux touristes à
Montréal.
Evidemment, je me suis servi des témoignages qui ont
été rendus devant la commission parlementaire pour aller engager
la discussion avec eux. Je leur ai remis à chacun un dossier complet de
ce qui avait été dit devant la commission parlementaire avec
d'autres documents que nous possédions, qui étaient des documents
d'enquêtes faites par nos enquêteurs, par des policiers de la
Sûreté du Québec, de la Sûreté municipale dans
certains cas ou par des enquêteurs du ministère des Transports. A
l'aide de ces dossiers, grâce aussi à une réunion
préliminaire que j'avais eue avec le ministre de la Justice et avec ses
hauts fonctionnaires, en présence de fonctionnaires haut gradés
de la Sûreté du Québec, au ministère de la Justice
même, trois jours après l'ajournement des travaux de la commission
parlementaire des transports sur le règlement du taxi, entrevue qui a
duré, au ministère de la Justice, tout près de quatre
heures, il a été entendu qu'une vaste offensive serait faite.
Elle sera menée conjointement par le ministère de la Justice et
par le ministère des Transports, par la Sûreté du
Québec, par la police de la Communauté urbaine de
Montréal, par les enquêteurs du ministère des Transports,
par la Sûreté provinciale de l'Ontario de façon que nous
puissions, tous ensemble, chasser de l'industrie du taxi les
éléments troubles qui s'y trouvent. Qu'ils appartiennent à
la pègre ou pas, qu'ils appartiennent à la petite pègre,
à la "pégrette", comme on dit dans le milieu, à la mafia,
je ne m'attache pas tellement aux qualificatifs qu'il faille apporter
à
ces associations de citoyens qui ne respectent pas les lois et
règlements. C'est sûr qu'il y a dans l'industrie du taxi de ces
éléments troubles. C'est difficile de les dénombrer. Les
policiers sont mieux placés que nous pour le faire. Mais nous allons
faire une offensive globale et nous allons épurer l'industrie du taxi
à Montréal et partout ailleurs dans la province où cette
situation existera. Je n'apprends rien à qui que ce soit et je dis que
la commission d'enquête sur le crime organisé, qui entend
présentement des témoins, va certainement avoir, un jour ou
l'autre, à aller au fond des choses et à aller voir quel a
été le fonctionnement de la mafia ou de la pègre au sein
de l'industrie du taxi.
Il me paraît assez fatal que la commission devra aller
jusque-là. D'ailleurs, les policiers sont bien informés de la
situation et, si le ministère de la Justice et cela me
surprendrait qu'il ne l'ait pas fait jusqu'ici n'a pas remis les
dossiers que nous avons préparés et remis au ministre de la
Justice et à d'autres personnes que j'ai mentionnées
tantôt, nous nous chargerons de le faire, mais je pense que la plus
grande collaboration nous a été assurée et que nous
pourrons vraiment aller déraciner le mal où il se trouve.
Une autre enquête nous a aussi démontré, au plan de
la nécessité, pourquoi il y a des faux permis en circulation dans
la province de Québec.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous faites enquête
actuellement?
M. PINARD: Des permis en blanc qui sont remplis par ceux qui voient un
intérêt quelconque à s'en servir et qui servent
c'était dans les journaux de ce matin ou d'hier, je pense
à faciliter le passage d'immigrants qui nous viennent de certains pays,
qui arrivent au Canada, dans la province de Québec, et qui ont
l'intention d'aller dans d'autres provinces du Canada ou surtout, dans d'autres
Etats du pays voisin.
Cela aussi constitue un des éléments du racket qui est
entre les mains de ce qu'on appelle la pègre ou la mafia, si vraiment il
en existe une à Montréal ou dans la province. Mais nous, cela
nous trouble. Nous avons des dossiers sur le sujet, des données
précises, un nombre assez réaliste pour dire combien il y a de
faux permis en circulation dans la province de Québec qui servent
à des activités illégales, à tel point que j'ai
entrepris une correspondance très suivie avec le ministre responsable
des Transports en Ontario, l'honorable Gordon Carton, qui m'a assuré de
sa collaboration personnelle, de celle de ses hauts fonctionnaires et de la
collaboration très étroite de la Sûreté de l'Ontario
parce qu'eux aussi se sont aperçus qu'il y avait une infiltration de ces
éléments dans leur province et qu'effectivement ça pouvait
servir à des activités illégales.
Je n'en dis pas plus pour ne pas empêcher les policiers de faire
leur travail de façon efficace, pour ne pas non plus donner trop de
précisions sur le genre de travail qui est effectué en ce moment
par les forces de l'ordre et pour permettre d'arriver à un
résultat efficace en la matière.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Actuellement je ne sais si vous
pouvez donner la réponse est-ce que vous savez combien il y a de
ces faux permis en circulation?
M. PINARD: Nous avons un nombre approximatif.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une approximation.
M. PINARD: J'aime mieux ne pas le citer parce qu'encore une fois, vous
savez...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est votre privilège.
M. PINARD: ... ce n'est pas toujours bon de dire la vérité
qu'on connaît quand ce n'est pas dans l'intérêt public de
dévoiler cette vérité, parce que cela peut servir à
d'autres fins que celles que nous voulons atteindre.
Contrats de voirie
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est pour cela que je vous ai
demandé si vous pouviez répondre. J'avais posé une autre
question ce matin. Vous aviez dit que vous donneriez des réponses
à nos questions, à savoir les noms de tous ceux qui avaient
obtenu des contrats de $150,000 et plus, contrats sans appel d'offres en vertu
d'un arrêté ministériel. Est-ce que votre réponse
est oui?
M. PINARD: C'est moi qui suis responsable du ministère des
Transports et du ministère de la Voirie. Vous vous rappelez que nous
avons mis en application un système d'appels d'offres publics qui est
respecté de façon générale. Et bien
respecté. Mais il y a toujours des cas d'exception qu'il faut faire,
surtout quand on s'aperçoit qu'il y a toujours quelqu'un qui s'acharne
à vouloir "battre le système", comme on dit. En anglais, on dit
"he is trying to beat the system". C'est arrivé, parce qu'il y a des
gens imaginatifs et qui réussissent à contourner les
difficultés qui leur sont faites. Quant on s'est aperçu que, dans
certaines régions, il n'y avait plus possibilité d'obtenir de
prix compétitifs ou concurrentiels des entrepreneurs en matière
de contrat de revêtement bitumineux ou de construction de route, on a
commencé par régionaliser la demande d'appels d'offres, et, quand
on s'est aperçu qu'encore là on avait des difficultés
à atteindre les objectifs voulus par le ministère, on s'est
aperçu que dans certains cas il y avait 40 p.c. d'augmentation
des prix parce qu'il y avait un seul soumissionnaire.
Personne ne pouvait entrer en concurrence avec lui dans un territoire
donné. Il était déjà sur les lieux et il
s'était crée ce qu'on appelle communément un marché
captif. Alors, il faut être bien bête pour accepter des conditions
semblables au détriment des contribuables parce que notre
responsabilité, à nous, c'est de donner des contrats aux prix les
plus bas possible, pour autant que nous sommes assurés d'avoir une bonne
qualité d'exécution des travaux et une bonne durabilité
des travaux exécutés par les entrepreneurs. On ne demande
à personne de perdre de l'argent à la suite de contrats, parce
que ce n'est pas dans l'intérêt du gouvernement, ni dans celui de
l'entrepreneur, évidemment, ni dans celui des contribuables; car,
finalement, il y a quelqu'un qui paye pour le tout, c'est le contribuable.
Cela étant dit, le système de soumissions publiques est
respecté presque intégralement sauf pour les cas d'exception; et
je vais demander au ministre d'Etat, M. Mailloux, député de
Charlevoix, de vous les expliquer.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président, je désirerais
peut-être répondre immédiatement à la question du
député de Sainte-Marie. Si les membres de la commission voulaient
attendre jusqu'à mardi, en retenant cette réponse, je pense que
je pourrais, à ce moment-là, produire la liste de tous les
contrats à soumissions publiques, ou même négociés,
des saisons 1970, 1971 et 1972. Que ce soient des contrats
négociés de peu de valeur, ou des contrats plus importants. Je
veux croire qu'à ce moment-là les partis d'Opposition, comme les
membres de la presse, voudront donner la même publicité aux
chiffres et aux raisons qui seront mentionnés, et l'on constatera que si
le ministère, durant l'exercice financier 72/73 s'est permis dans
quelques cas de déroger aux arrêtés ministériels que
nous devions suivre, c'est après que le ministère eut
constaté qu'une tendance extraordinaire à la hausse,
malgré le régime de soumissions publiques, amenait le
ministère à dépasser les prévisions que nous avions
faites dans le domaine de l'asphalte. Il n'y aura aucune cachette, tous les
contrats qui concernent le revêtement d'asphalte, ce sont ceux-là
évidemment qui sont visés, tous les contrats de terrassement et
gravelage, dans tous les cas il y a toujours eu soumissions publiques, cela a
toujours été respecté dans le domaine des
arrêtés ministériels passés.
Dans le cas des couches d'usure, de tout temps, à l'entretien, le
ministère de la Voirie sous les gouvernements précédents
comme aujourd'hui, a toujours négocié quel que soit le montant.
Nous avons, l'an passé, malgré cette obligation qui ne nous
était pas faite, dans quelques contrats importants, été
quand même aux soumissions publiques et nous expliquerons les raisons
pour lesquelles nous avons cherché à avoir de meilleurs prix dans
ces cas-là. Mais dans le cas de revêtement bitumineux qui est
régi par un arrêté ministériel, selon lequel nous ne
pouvons aller négocier si les montants dépassent $150,000 comme
il est arrivé dans quelques occasions que nous avons quand même
négocié. Les membres de la commission pourront prendre
connaissance à ce moment-là des prix que le ministère a
alloués aux entrepreneurs qui seront également indiqués.
Les membres de la commission pourront également constater, en voyant la
liste complète des soumissions demandées durant les trois
années fiscales que j'ai mentionnées, les raisons qu'invoquent le
ministère de la Voirie pour avoir mis fin à une situation qui
devenait trop dispendieuse pour le ministère de la Voirie et cela sera
dans tous les cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre d'Etat à la
Voirie pourrait déposer également, en même temps que le
document qu'a demandé le député de Sainte-Marie, copies
des contrats ou des engagements pour services professionnels dans le cas de
construction de routes, par exemple, préparation et estimation, etc.?
Est-ce que tous ces documents pourraient être déposés: J'ai
des cas précis, par exemple, le contrat avec les
ingénieurs-conseils Ménard et Marsan de Rimouski dans les
études, préparation des plans, devis et estimations, surveillance
des travaux sur une section de 14.6 milles de l'autoroute contournant Rimouski
et projetée entre le Bic et Saint-Anaclet, contrat de l'ordre de
$1,200,000. Alors, c'est ce genre de contrats d'engagements professionnels dont
j'aimerais avoir la liste.
M. MAILLOUX: Au nom de l'honorable député de Drummond,
j'ai eu, au ministère de la Voirie, des surveillances à exercer
sur certains articles particuliers de nos dépenses. Si j'ai tenu
à répondre particulièrement dans le domaine de l'asphalte,
c'est que je ne tiens pas à ce que ce soit le ministre de la Voirie qui
soit accusé. C'est moi qui, en son nom, en ai fait la surveillance
depuis que j'ai été nommé adjoint du ministère ou
ministre d'Etat. Je serai en mesure de déposer tous les documents. En ce
qui concerne les mandats confiés à des ingénieurs ou
à des bureaux professionnels, je préfère laisser au
ministre en titre le soin de répondre à une telle question. Ceci
ne relève en aucune façon de ma surveillance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose la question au ministre, je m'excuse
auprès de mon collègue. Est-ce qu'il voudrait déposer la
liste de tous ces contrats?
M. PINARD: Je n'ai aucune objection à faire le dépôt
des documents demandés par le député de Chicoutimi puisque
déjà le ministère a fait le dépôt de ces
documents, peut-être de façon
partielle, mais de façon suffisamment explicative, à la
commission des engagements financiers qui a lieu tous les mois, parce que
chaque engagement financier est connu des membres de la commission des
engagements financiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je précise.
M. PINARD: Si la chose est nécessaire et vous parait même
souhaitable, je suis prêt à faire le dépôt de tous
les contrats des services professionnels adjugés par le ministère
des Transports ou par le ministère de la Voirie. Je ne veux pas
répondre pour le ministère des Travaux publics parce que je n'en
suis plus titulaire. La question sera posée au titulaire en temps et
lieu. Je n'ai aucune objection à cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je souligne au ministre que dans le cas des
engagements financiers j'assiste assez souvent aux séances de
cette commission il arrive que nous demandions des dépôts
de contrats. On nous dit: D'accord, d'accord, mais nous ne les obtenons pas.
C'est la raison pour laquelle je fais cette demande aujourd'hui au ministre de
la Voirie en toute bonne foi, afin de me renseigner sur l'administration
publique.
M. PINARD: M. le Président, je voudrais signifier que dans le
cahier dont se sert le ministre qui vient expliquer la dépense ou les
engagements financiers du gouvernement devant la commission des engagements
financiers, il y a suffisamment de précisions pour informer les
députés de l'Opposition que tel contrat de génie-conseil a
été accordé à telle société
d'ingénieurs pour tel montant, pour poursuivre tel objectif. Il n'y a
peut-être pas tous les détails que contient effectivement le
contrat qui lui, parfois, peut avoir plusieurs dizaines de pages, suivant la
complexité du mandat qui est accordé et du travail professionnel
à être exécuté par cette société
d'ingénierie. Cela va demander, M. le Président, vous l'imaginez
bien, énormément de travail de la part des fonctionnaires qui
devront faire la compilation de tous ces documents. Est-ce qu'on pourrait
s'entendre pour déposer, dès le départ des travaux de la
commission parlementaire, certains documents qui seraient exactement les
documents types qui sont effectivement les documents de contrats adjugés
par le ministère? Une fois que vous aurez parcouru le document et que
vous aurez vu de quelle façon ces contrats sont adjugés, ce que
contiennent ces contrats, quels sont les buts poursuivis par le
ministère au moment de l'adjudication du contrat d'ingénierie,
pour quels objectifs, pour quel but précis, si vous sentez encore la
nécessité d'aller plus avant, les députés le diront
et nous adjugerons cette demande en temps et lieu. Je ne voudrais pas, quand
même, paralyser les travaux de la commission parlementaire et vous
empêcher d'avoir par ailleurs d'autres renseignements qui sont tout aussi
importants que ceux que vous demandez en ce moment.
Maintenant, si le député de Chicoutimi veut bien
comprendre la signification de mes propos, je serais beaucoup plus prêt
à faire droit à sa demande immédiatement s'il me demandait
de déposer les documents qui sont dans le livre dont se sert le ministre
Oswald Parent lors des auditions de la commission des engagements financiers et
qui, lui, se sert de ces documents pour vous donner des renseignements.
Il est vrai que, dans certains cas, un député veuille
savoir de façon plus précise la nature d'un mandat. C'est normal
de demander le dépôt du document, s'il est possible au ministre de
le déposer. J'ai fait partie de cette commission pendant plusieurs
années, aussi bien comme ministre responsable ou comme
député d'Opposition. Il est arrivé que, dans certains cas,
le dépôt du document ait été effectivement fait.
Dans d'autres cas, ce n'était pas nécessaire de le demander ou de
l'obtenir parce qu'on avait suffisamment d'explications du ministre responsable
ou du fonctionnaire qui l'accompagnait à ce moment-là. Nous avons
jugé les explications satisfaisantes.
Il ne faudrait peut-être pas généraliser la demande
du député de Chicoutimi, parce qu'il conçoit bien que ce
sera un travail énorme de compilation de documents. Je ne sais pas
combien on peut adjuger de contrats dans une année, de contrats
d'exécution de travaux proprement dits, de contrats
d'ingénieur-conseil et tout autre genre de contrats. J'ai l'impression
que ça se chiffre par milliers. Le contrat pour l'étude des sols,
par exemple. Il y a toute une gamme de types de contrats d'étude
professionnelle qui sont confiés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une façon pour nous d'aller au
fond des choses. Je maintiens, pour l'instant, la demande que j'ai faite quitte
à faire une petite ventilation pour soulager le ministre.
M. PINARD: Pour me rendre, du moins partiellement, à la demande
du député de Chicoutimi, possiblement aussi des autres membres de
la commission parlementaire, est-ce qu'on pourrait s'entendre sur le
dépôt de certains documents au hasard? Choissez-les. Choisissez
ceux que vous voulez que nous déposions rapidement. Nous allons faire le
nécessaire pour les déposer et si vous jugez que c'est
nécessaire d'en déposer d'autres, moi, je n'y vois aucune
objection. Nous n'avons absolument rien à cacher.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'avais pas tout à fait fini
tantôt. Mais, j'ai été gentil
pour le député de Chicoutimi, je lui ai laissé
prendre la parole. Je m'adresse au ministre d'Etat à la Voirie. Lorsque
vous avez mentionné tantôt le dépôt de la liste des
noms de ceux qui ont eu les contrats, vous avez bien dit aussi qu'il serait
inclus, dans cette liste, les contrats qui ont été
octroyés sans soumissions.
M. MAILLOUX: Oui. Je voudrais qu'on s'entende au départ. Il
demeure qu'avant que la question ne soit posée, n'eût
été l'opération que j'ai subie récemment, il aurait
peut-être été plus facile pour moi de faire préparer
l'ensemble des réponses que désirent obtenir les
députés, réponses que je n'ai d'ailleurs pas à
cacher.
De tout temps, les travaux de revêtement à couche d'usure
ont été faits sans soumissions. Pour ceux-là, si
forcément les membres de l'Opposition désirent en connaitre la
liste complète, il s'agirait peut-être de donner une
période de trois ou quatre jours pour que nous demandions à nos
deux fonctionnaires d'en dresser la liste. Si on parle de couches d'usure
également parce que les couches d'usure ont toujours été
négociées sans soumissions, sous tous les gouvernements
précédents également, à des prix fixés par
le ministère de la Voirie, prix qui ne peuvent être
dépassés quel qu'en soit le montant.
Concernant la liste que je fais préparer actuellement, pour les
années que j'ai mentionnées, la question avait été
posée pour 1972 ce matin. Mais, étant donné que je veux
démontrer aux membres de la commission les tendances que nous
constations dans les augmentations des prix d'asphalte, je voudrais faire un
parallèle entre les années 1970, 1971 et 1972 et, suivant le
volume de travaux et les plans en disponibilité, montrer quelles sont
les raisons qu'invoque le ministère de la Voirie pour défendre la
politique qu'il met de l'avant.
Si on me demande de compléter l'ensemble des contrats... Vous
avez, par exemple, un contrat de terrassement et de gravelage qui comprend
parfois un revêtement bituminé aussi. A ce moment là, il
est impossible de connaître les prix de l'asphalte parce qu'ils sont
inclus à l'intérieur de plusieurs prix unitaires. Si c'est un
contrat de revêtement bitumineux simple, il n'y a pas de jeu. C'est le
contrat, on le dépose. Point final. Si c'est une couche d'usure, dans
tous les cas, c'est donné sans soumissions, sauf dans un important
contrat où nous avons voulu savoir si nous avions des prix plus
compétitifs. Je peux également déposer cette
liste-là au complet mais je ne voudrais pas être accusé
ultérieurement par la Chambre si un contrat de $50,000 ou $100,000 a
été oublié parmi des milliers de contrats, et que les
fonctionnaires du ministère soient accusés d'avoir voulu cacher
quelque chose.
Effectivement, celle qui fait actuellement le total des contrats et la
liste complète est une femme fonctionnaire qui était
attachée à un des sous-ministres sous l'administration
précédente, une personne qui est attachée à mon
bureau et en qui j'ai pleinement confiance.
Je lui fait confiance pour qu'elle retrace, dans le plus bref
délai possible, les réponses que demandent les
députés de l'Opposition. Je pense que, mardi ou mercredi, au plus
tard, il sera possible de donner à chacun des membres de la commission
la liste complète, comprenant, s'il y a soumission publique, le
numéro du contrat, les prix unitaires ainsi que le montant de la
soumission qui a été accordée et le nombre de
soumissionnaires qui ont répondu à l'invitation qui a
été faite dans les journaux de même que le prix que nous
avons payé. Je pense que le total de ces travaux vous sera donné
et vous serez en mesure de juger vous-mêmes de l'action gouvernementale;
s'il y a un blâme à porter, le ministère le subira par la
suite. Cependant, si je me réfère à l'année 1970,
je constate déjà qu'il y avait une tendance terrible à la
hausse et qui s'est accentuée en 1971 et en 1972 et qu'il serait
difficile de supporter en 1973 avec le volume de travaux qu'atteindra cette
année le ministère des Transports dans le domaine de l'asphalte.
Nous ne pouvons quand même pas multiplier les usines d'asphalte dans la
province parce que, s'il y avait par contre régression dans les
années suivantes, de nombreuses faillites surviendraient.
Nous avons donc des raisons que nous voulons aérer devant la
commission pour démontrer le bien-fondé de la politique que nous
avons suivie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour ma part, j'essaierai d'être
très compréhensif à l'égard des fonctionnaires, ils
peuvent faire des erreurs. J'ai une dernière question à poser au
ministre des Transports, avant d'aller plus loin. Est-ce que le rapport annuel
1972 du ministère des Transports a été
déposé en Chambre? Je ne l'ai pas vu. Nous l'avons
cherché, mais nous ne le trouvons pas.
M. PINARD: Oui. Il a été déposé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien.
M. PINARD: Il ne faut pas confondre le ministère de la Voirie et
le ministère des Transports. Est-ce que c'est le rapport annuel du
ministère de la Voirie ou du ministère des Transports que vous
voulez?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Les deux.
M. PINARD: C'est parce que les rapports ne sont pas combinés. Ce
sont des rapports séparés.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui. Parce que le ministère n'est
pas...
M. PINARD: Le rapport du ministère de la
Voirie a bel et bien été déposé. Celui du
ministère des Transports...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je parle de celui du ministère des
Transports. Celui du ministère de la Voirie a été
déposé mais est-ce que celui du ministère des Transports a
été déposé?
M. PINARD: Le rapport annuel du ministère de la Voirie pour
l'exercice financier 71/72 a été déposé. C'est le
rapport que je vous montre. Le rapport du ministère des Transports pour
l'exercice financier 71/72 a été déposé au mois
d'août 1972. C'est le rapport vert que je vous montre. Je vais faire
parvenir au député immédiatement...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. Très bien.
M. PINARD: ... un exemplaire des deux rapports.
M. GALLIENNE: Cela, c'est du service. M. TREMBLAY (Sainte-Marie):
Merci.
M. MAILLOUX: M. le Président, si vous me le permettiez, je
pourrais peut-être commencer à donner une partie de la
réponse qu'espère le député de Chicoutimi dans le
domaine des transports en vrac.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant, si le ministre me le permet, pour que
nous ne fassions pas de considérations trop longues et trop
générales, j'aimerais poser une question...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est le rapport de 1971.
M. PINARD: C'est-à-dire qu'il y a différentes
présentations...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai celui-là. M. PINARD: Bon.
Alors...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais le rapport de 1972 pour le
ministère des Transports?
M. PINARD: Habituellement, c'est le rapport de 71/72 comme exercice
financier. Cela peut induire en erreur, la façon dont il est
présenté, c'est-à-dire sa présentation, sur la
couverture ou à l'intérieur de la couverture.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela, c'est le rapport du ministère
de la Voirie.
M. PINARD: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais, pour le ministère des
Transports, c'est 1971. Et 1972?
M. PINARD: C'est 71/72.
M. BERTHIAUME: L'année financière 71/72.
M. PINARD: C'est toujours l'exercice financier 71/72 quand on dit 1971.
Quand je déposerai le rapport pour l'année 1973, je
déposerai le rapport de l'exercice financier 72/73. C'est parce que le
budget se fait sur deux exercices, sur une période de douze mois,
évidemment, mais qui recoupent des années différentes,
compte tenu de la date de la présentation du budget et de l'adoption du
budget du ministère.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tout simplement une explication. Ce n'est
pas pour chercher la chicane. Pour le ministère de la Voirie, c'est le
rapport 71/72 et pour le ministère des Transports, c'est écrit:
Rapport 1971.
M. PINARD: Normalement, cela aurait dû être inscrit: Rapport
annuel du ministère des Transports pour l'exercice financier 71/72.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous l'avez là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. Celui-là?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui, mais avant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. C'est antérieur.
M. PINARD: Non. Dans la page de présentation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a été
déposé en août 1972.
M. PINARD: II n'y a aucune différence, sauf que le
député a raison de constater une différence dans la
présentation. Alors, 1971 signifie 71/72, comme dans le cas de la
présentation du rapport annuel de la Voirie.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Deux années de calendrier.
M. PINARD: Deux années de calendrier.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parce que les deux ministères
n'étaient pas indiqués. C'est bien.
M. PINARD: A l'avenir, il faudra prendre bien garde de toujours donner
la même présentation quant aux exercices financiers.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne suis pas un perfectionniste, il y a
quelque chose que je comprenais mal, mais là, je vous saisis.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Charlevoix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que le ministre
ne réponde, je voudrais lui poser des questions précises pour ne
pas allonger les débats. Mais je crois que mon collègue avait une
question précise à poser à la suite de ce que le ministre
a dit.
M. RUSSELL: C'est une clarification que je voudrais obtenir de la part
du ministre à la suite des remarques qu'il a faites. Au début,
j'avais demandé au ministre de nous informer de la richesse qu'avait
apportée le nouveau programme PPBS au ministère, si cela
fonctionnait mieux qu'avec l'ancien système et si cela avait
modifié tellement le système que les procédures avaient
changé. Si ma mémoire est fidèle, dans le système
précédent, les crédits étaient votés en
Chambre et ensuite le ministre procédait à l'octroi des contrats
ou à la dépense de ces crédits et les montants en bas de
$25,000 étaient passés directement sans passer par le Conseil du
trésor et les montants jusqu'à $1 million passaient devant le
Conseil du trésor et ceux de $1 million et plus étaient
passés par arrêté en conseil, devant le Conseil des
ministres. Si le système n'a pas été changé, s'il
n'y a pas eu de modification sur le montant des contrats si ma
mémoire est fidèle; si je fais erreur, je veux qu'on me corrige
à la Voirie, on ne procédait que par appels d'offres pour
tout montant au-delà de $5,000. Ce système a été
porté à $150,000 par arrêté en conseil.
M. MAILLOUX: De $25,000, cela a été réduit
à...
M. RUSSELL: Les $25,000, c'était pour le ministère des
Travaux publics; pour la Voirie, c'était de $5,000 et ceci a
été porté à $150,000. C'est simplement pour
établir...
M. MAILLOUX: On pourrait relever les arrêtés
ministériels. Je me rappelle qu'en 1962 ou 1963, c'étaient des
montants de $25,000 ou $50,000 qui étaient acceptables. Cela a
été réduit à $5,000... Il était de $25,000
et a été baissé à $5,000.
M. RUSSELL: Oui. Le ministre actuel, en 1965, l'a baissé à
$5,000. Je pense que cela est demeuré jusqu'en 70/71 et cela a
été changé pour être porté à $150,000.
Je pense que le ministre pourrait peut-être, lorsqu'il prendra la parole,
exposer les raisons qui ont motivé l'augmentation ou le changement de
cet arrêté en conseil pour porter le montant à
$150,000.
M. PINARD: Est-ce que le député me permet de
répondre tout de suite là-dessus? Il ne faudrait pas avoir
d'imbroglio ou de mauvaise interprétation. Les règles de
procédure dans l'adjudication des contrats n'ont absolument pas
changé. Pour l'adjudication des contrats dont le montant est
supérieur à $1 million, il faut obtenir l'accréditation du
Conseil des ministres. Evidemment, il faut que le Conseil du trésor soit
mis au courant de l'engagement financier et de la dépense
budgétaire. Alors, il y a deux accréditations dans ce
cas-là, celle du Conseil du trésor et celle du Conseil des
ministres. Dans le cas des contrats dont le montant est inférieur
à $1 million, l'accréditation est donnée par le Conseil du
trésor. Alors, il n'y a pas de changement dans les règles de
procédure et dans les limites de montant, sauf que, lorsque le
député de Shefford parle d'une modification dans les
règles quant au montant d'adjudication des contrats, pour une somme de
$150,000, il s'agit purement et exclusivement de contrats de revêtement
bitumineux, de contrat de pose d'asphalte. Cela a été une
modification qui a été apportée à
l'arrêté en conseil qui...
Est-ce qu'on permettrait une correction aux propos que j'ai tenus, s'il
vous plaît, de façon que ça ne soit pas mal
interprété? Je vais lire la section III de l'arrêté
en conseil 1041, adopté le 19 mars 1971 par le conseil des ministres. La
section III est intitulée: "Contrats de construction." Article 3: "Sous
réserve de l'article 8 de la Loi des travaux publics, statuts refondus
1964, chapitre 138, aucun contrat de construction ne peut être conclu
à moins que des soumissions publiques n'aient été
sollicitées conformément au présent règlement,
sauf, a), lorsqu'il y a une urgence telle à ce que les travaux soient
exécutés, que tout retard serait préjudiciable à
l'intérêt public; b), lorsque les travaux peuvent être
exécutés plus rapidement et économiquement par les
employés du ministère intéressé,"
c'est-à-dire que les travaux peuvent être exécutés
en régie comme on le disait communément dans le passé;
"c), lorsque le coût estimatif des travaux est inférieur à
$25,000." Article 4: "Un contrat de construction ne peut être conclu sans
l'autorisation expresse du Conseil du trésor, à moins que, a), le
montant payable en vertu du contrat ne soit inférieur à $25,000
ou supérieur à $5 millions." Je corrige le montant de $1 million
que j'ai mentionné tantôt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourriez-vous relire, s'il vous
plaît?
M. PINARD: Je reprends la lecture de l'article 4 au complet. Article 4:
"Un contrat de construction ne peut être conclu sans l'autorisation
expresse du Conseil du trésor à moins que, a), le montant payable
en vertu du contrat ne soit inférieur à $25,000 ou
supérieur à $5 millions je corrige le montant de $1
million que j'ai donné tantôt par le chiffre de $5 millions
b), ce montant ne soit de $25,000 ou plus sans excéder $100,000 et au
moins deux soumissions publiques jugées conformes n'aient
été obtenues, dont la plus basse ait été
acceptée." Article 5. "Un contrat de construction ne peut
être conclu sans l'autorisation expresse du lieutenant-gouverneur en
conseil, donnée sur recommandation du Conseil du trésor, si le
montant payable en vertu de ce contrat est supérieur à $5
millions."
Article 6. "Aucun supplément ne doit être payé en
vertu d'un contrat de construction en sus ou en surplus du montant qui y est
stipulé sans l'approbation du Conseil du trésor sauf si ce
supplément est inférieur à $10,000 ou à 10 p.c. du
coût du contrat suivant le moindre de ces deux montants."
Il y a eu une modification apportée à
l'arrêté en conseil no 1041 adopté le 19 mars 1971 et cet
arrêté en conseil modifiant l'arrêté en conseil 1041
porte le numéro 3515 et amende l'article 4, sous-paragraphe b),
adopté à l'automne 1971 pour dire ceci: "Ce montant ne soit de
$25,000 ou plus sans excéder $150,000 au lieu de $100,000 et au moins
deux soumissions publiques jugées conformes n'aient été
obtenues, dont la plus basse ait été acceptée."
M. le Président, pour une meilleure compréhension et pour
permettre aux députés de faire référence au texte
même des arrêtés ministériels adoptés par le
conseil des ministres concernant l'adjudication des contrats, je vais
déposer le petit livre qui contient tous les arrêtés
ministériels relatifs à l'adjudication des contrats de
façon que les députés puissent savoir quels ont
été les amendements apportés au fur et à mesure des
années ou des mois par le conseil des ministres, compte tenu des
situations que nous avons expliquées.
M. RUSSELL: M. le Président, je suis satisfait que le ministre
dépose les arrêtés en conseil ainsi que ceux qui ont
remplacé ces derniers, qui existaient avant; cela clarifiera mes
avancés. Ceci avait été justement demandé en date
du mois de mars 1972. Malheureusement, à l'autre commission des
engagements financiers, je n'étais pas présent. On a donné
ici une réponse à cette question parce qu'au moment où
j'avais posé la question et demandé le dépôt de
l'arrêté en conseil qui modifiait de $1 million à $5
millions ce qui pouvait passer par le Conseil du trésor on avait
octroyé à des ingénieurs un contrat de $1,200,000
simplement par C.T. J'avais demandé le dépôt de cet
arrêté en conseil qu'on va avoir immédiatement; cela
clarifiera la situation.
En ce qui concerne le dépôt des contrats...
M. PINARD: Je voudrais faire une remarque tout de suite au
député de Shefford. Dans le cas des contrats de génie
professionnel, toute dépense supérieure à $1 million doit
être accréditée par le conseil des ministres. Vous allez
voir quand même qu'il y a un arrêté ministériel qui
en parle expressément.
M. RUSSELL: Ici, il y a un contrat pour une dépense
autorisée par C.T., $1,200,000. A mon sens, elle aurait dû
être accréditée par le conseil des ministres.
M. PINARD: Là, il s'agit de savoir si c'est relatif à un
contrat, si ce mandat de génie-conseil est relatif à un contrat
de construction ou à un contrat d'entretien.
M. RUSSELL: De construction.
M. PINARD: Nous allons vérifier avec le texte même des
arrêtés ministériels.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celui dont j'ai parlé tout à
l'heure.
M. RUSSELL: C'est pour cette raison que j'avais demandé le
dépôt de l'arrêté en conseil qui l'autorisait. On m'a
dit: Ce n'est pas nécessaire, parce qu'on peut aller jusqu'à
$5,000,000.
M. PINARD: Est-ce que vous avez le cas précis? Nous allons faire
les recherches immédiatement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est celui que j'ai cité tantôt.
Ménard et Marsan.
M. PINARD: Nous avons pris la note, le contrat de
génie-professionnel à Ménard et Marsan, de Rimouski.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Contourne-ment, route, contournement.
M. PINARD: Nous allons non seulement déposer le texte du contrat
de génie professionnel, nous allons donner tous autres renseignements
nécessaires.
M. RUSSELL: Le numéro de l'engagement, c'est 802, du mois de mars
1972. Je pense qu'avec ce numéro, ce doit être assez facile
à retrouver.
M. PINARD: II se peut qu'il se soit glissé une erreur, mais ce
n'est pas la règle générale. Ce serait un cas
d'exception.
M. RUSSELL: C'est simplement pour citer au ministre que, lorsqu'on est
à la commission des engagements financiers, on travaille de bonne foi et
lorsqu'on souligne un tel cas et qu'on nous donne une information contraire, on
ne peut pas dire qu'on va arrêter les travaux et qu'on veut avoir le
dépôt immédiatement. On a toujours eu la flexibilité
de dire: Vous nous donnerez la réponse à la prochaine
réunion. Mais à la prochaine réunion, voici ce qui est dit
lorsqu'on arrive avec cette question: "Des renseignements ont été
demandés à la question du dépôt de la copie du
contrat". Or, ce n'était pas tout à fait ça. J'avais
demandé la copie de l'arrêté en conseil qui
l'autorisait,
parce que je prétendais que cela prenait un arrêté
en conseil. Et j'avais dit: Si ce n'est pas nécessaire, donnez-moi les
documents qui justifient cela avec la copie du contrat. La réponse est:
"Après plusieurs tentatives auprès des dirigeants du
ministère, ces derniers nous informent qu'il leur est impossible de nous
fournir le document demandé parce que le contrat n'est pas encore
signé". C'était une réponse un peu biaisée à
mon sens. Trop souvent, on nous donne ce genre de réponse, c'est ce qui
nous justifie parfois d'être un peu malcommodes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Surtout qu'il y avait déjà eu
des montants à payer.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. RUSSELL: M. le Président, si le député me
permet, je voudrais simplement terminer dans cette même voie pour dire
qu'en ce qui me concerne, à la demande du député de
Sainte-Marie, je serais satisfait si le ministre d'Etat à la Voirie et
aux Transports nous fournissait simplement la réglementation qu'il suit
pour attribuer les contrats et donner les contrats ou négocier les
contrats qu'il négocie pour les revêtements bitumineux II y a une
réglementation, des taux sont établis. Je ne sais pas si,
aujourd'hui, c'est établi par régions, je sais qu'il y avait des
régions un peu plus difficiles que d'autres, ce n'était pas
facile de négocier. Donc, si on avait la procédure ou la
réglementation qu'il suit, je pense que ceci suffirait pour
l'information des députés.
A ce moment-là, il ne serait pas nécessaire qu'il sorte
tous les contrats. Si les députés ont des contrats particuliers
qu'ils veulent faire préciser, ils le demanderont. Moi, je serais
satisfait. Je ne sais pas si le député de Sainte-Marie l'est.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A la question que j'avais posée, le
ministre d'Etat à la Voirie a répondu qu'il donnerait cette liste
de contrats; je ne verrais pas pourquoi, à présent, je lui
demanderais de ne pas la donner. J'y tiens.
M. MAILLOUX: Etant donné que...
M. RUSSELL: Je peux demander la réglementation?
M. MAILLOUX: Oui, évidemment. Etant donné qu'il y a eu une
large diffusion sur certains dépassements qui ne semblaient pas
motivés, je tiens, comme ministre d'Etat évidemment, ayant
oeuvré pour le ministre, à donner une réponse très
complète afin qu'il ne subsiste aucun doute dans l'esprit des membres de
la commission sur la procédure que nous suivons. S'il y a parfois des
anomalies qui sont constatées par les membres de la commission, nous
démontrerons à l'appui les raisons qui ont motivé les
officiers du ministère de faire certaines réglementations.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je comprends que cela ne se fait pas dans
une heure alors, mardi ou mercredi...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Pour l'adjudication des contrats, ceux qui ne sont pas
donnés par soumissions, de quelle façon sont-ils
attribués? Est-ce que les premiers arrivés sont les premiers
servis parmi les entrepreneurs? Qui choisit les entrepreneurs?
M. PINARD: C'est fait dans le cadre d'un système de soumissions
publiques.
M. AUDET: Est-ce que vous avez un éventail?
M. PINARD: Dans le cadre d'un système de soumissions publiques,
une fois qu'un projet a passé la rampe, c'est-à-dire qu'il a
reçu toutes les approbations et qu'il y a eu décision d'aller de
l'avant de la part du ministre, à ce moment-là, le service des
contrats fait publier des appels d'offres dans les journaux. Alors, le
délai, compte tenu de l'ampleur du contrat, peut varier de quatre
à six semaines ou huit semaines. A ce moment-là, on attend, et
les entrepreneurs font connaître leur intention de soumettre des prix,
ils viennent chercher des plans et devis au ministère de la Voirie
à Québec, en général; ils peuvent aller les prendre
également à Montréal, dans certains cas, au bureau des
soumissions déposées, et ils préparent leurs soumissions
et les envoient au service des contrats, sous enveloppe cachetée
avec...
M. AUDET : Là, vous parlez de soumissions?
M. PINARD : Votre question porte sur les contrats
négociés?
M. AUDET : Quand un contrat est accordé à quelqu'un sans
soumissions.
M. PINARD : Encore là, il faut quand même faire la
distinction.
M. AUDET: Le ministre, tout à l'heure, disait que les taux
établis n'étaient changeables d'aucune façon.
M. PINARD : A ce moment-là, dans le cas de négociation de
contrat, sans appel d'offres publiques ou sans appel d'offres en circuit
fermé, parce qu'il peut y avoir des cas où il y a des appels
d'offres qui sont faits en circuit fermé pour avoir quand même un
prix concur-
rentiel, avec la présentation d'au moins trois soumissions,
négocier avec un seul entrepreneur, c'est négocié sur la
base des prix unitaires déterminés par le ministère, par
le service des contrats, par le service de construction ou le service
d'entretien selon les cas, selon la nature même du contrat à
être adjugé et selon les prix qui sont fixés par le
ministère. Ce n'est pas l'entrepreneur qui fixe lui-même son prix,
qui part avec le contrat, à ses propres conditions à lui, c'est
le ministère qui demande à tel entrepreneur: Etes-vous
intéressé à exécuter tel contrat à telles
conditions de prix, à telles autres conditions selon telles
règles, etc.? S'il répond affirmativement,
généralement, le contrat lui est accordé.
Si cela ne fait pas son affaire et qu'il veut nous imposer des
conditions qui ne nous intéressent pas ou qui n'entrent pas dans le
cadre des prix fixés ou déterminés par les hauts
fonctionnaires du ministère, on cherche un autre entrepreneur pour
exécuter ces travaux.
M. AUDET: Est-ce qu'il arrive que, lorsque vous offrez des contrats,
plusieurs entrepreneurs en même temps veulent les obtenir?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... des soumissions.
M. AUDET: II n'est pas question de soumissions. Si vous offrez à
un entrepreneur tel prix, il accepte ou non. Il peut arriver que...
M. MAILLOUX: II n'y a pas tellement de cachette là-dedans.
J'apporterai même, pour l'information des députés de la
Chambre, des cartes préparées par nos fonctionnaires qui
démontrent la localisation de l'ensemble des usines d'asphalte
situées à l'intérieur du Québec, d'abord. Oue ce
soit dans la région de Chicoutimi-Lac-Saint-Jean ou n'importe où.
Les prix sont forcément négociés aux prix unitaires
fixés par nos fonctionnaires. Ces prix ne sont pas toujours
acceptés par l'Association des entrepreneurs de routes, de telle
façon qu'en 1972, au début de la saison, en mai 1972,
après un congrès semblable à celui qui a lieu
effectivement aujourd'hui, il y a eu refus de la part de l'Association des
entrepreneurs de routes et de grands travaux du Québec d'accepter les
prix que fixait le ministère de la Voirie. Us ont été
jugés comme inacceptables par l'ensemble des entrepreneurs. La
grève a duré près de quatre semaines pendant lesquelles
nous avons eu un refus complet de tout entrepreneur possédant une usine
d'asphalte de venir signer un contrat aux prix que fixait la Voirie. Ces
entrepreneurs prétendant évidemment qu'ils n'étaient pas
en mesure de faire des profits. Après quatre semaines de discussion, il
y a eu des modifications mineures et les deux parties se sont entendues pour
accepter de travailler durant l'année 1972, à ces conditions.
C'est donc dire que les prix sont fixés par le ministère et,
s'ils ne sont pas jugés acceptables, ils sont négociés,
non pas par un entrepreneur en particulier, mais par l'ensemble des
entrepreneurs qui ont un bureau de direction connu. A compter de ce moment,
vous posez la question: A qui attribuez-vous les contrats? Par la carte que je
pourrai vous montrer mardi, normalement, dans la presque totalité des
cas, nous invitons l'usine qui est située à proximité des
lieux où seront faits les travaux parce que, forcément, sur les
devis, il y a deux ou trois options. D peut être indiqué un prix
de $6.73, un prix de $7.17 et un prix de $6.53. Normalement, évidemment,
il est indiqué que le prix de $6.53 devra être le prix final du
contrat parce que c'est le prix le plus bas. Si le ministère, pour une
raison qu'il juge à propos ce ne sera pas toujours une raison
politique cela peut être la raison que j'ai connue dans le
district de Chicoutimi-Lac-Saint-Jean où je me suis aperçu, au
nom du ministre, qu'une compagnie avait monopolisé une banque de
contrats et que les travaux que le ministère désirait
exécuter dans le cours de l'année ne seraient pas
exécutés avant l'année suivante. Il est arrivé que
nous avons demandé aux entrepreneurs voisins, qui étaient plus
éloignés et dont les prix étaient de $0.20 plus
élevés, d'exécuter les contrats s'ils avaient les
possibilités de le faire, mais aux conditions négociées,
soit $6.53 et non pas $6.73, tel que l'indiquerait la localisation d'une usine
plus éloignée. Dans tous les cas des contrats
négociés pour des couches d'usure, qui sont donnés sans
soumissions, dans aucun cas un soumissionnaire n'est accepté s'il
n'exécute pas le contrat au prix qui est fixé comme étant
le prix qui coûterait le moins cher au ministère. Je
déposerai la carte et vous verrez que, dans la presque totalité
des cas, nous invitons, si l'usine d'asphalte est disponible, l'entrepreneur
à venir signer ces prix; ce qu'il fait normalement. Nous espérons
évidemment que les travaux seront exécutés à
l'avantage de ceux qui circulent sur les routes. Le député, ce
matin, se plaignait que, sur le boulevard Talbot, il y avait des trous.
Je me rappelle que, effectivement sur le boulevard Talbot, malgré
une invitation que j'avais faite à un entrepreneur de la région
de Chicoutimi-Lac-Saint-Jean à l'automne, non pas de 1972 mais de 1971,
je me suis aperçu qu'une section de douze milles, sur laquelle le
député de Chicoutimi aurait aimé circuler plus facilement,
malgré l'assurance que m'avait donnée tel propriétaire
d'une usine d'asphalte, il l'a simplement ajouté à sa banque de
contrats et le député de Chicoutimi a passé l'hiver
1971-1972 sur une section où le revêtement n'avait pas
été posé parce que nous avions été induits
en erreur.
Nos fonctionnaires font actuellement l'impossible pour regarder quelles
sont les banques de contrats que font les entrepreneurs de manière que
nous cherchions à diriger les travaux vers les usines d'asphalte qui
sont disponibles. C'est effectivement sur ces raisons
que nous nous basons normalement. Je ne dis pas qu'il n'y aura jamais
une raison politique, je n'ai pas l'habitude de me cacher la tête dans le
sable. On constatera, en déposant les cartes, que normalement nous
essayons de causer le moins de préjudice possible à aucune usine
d'asphalte. De telle façon que pour le ministre de la Voirie, j'ai
posé la question au mois de juin l'an dernier: Après trois mois
d'expérience, est-ce que, vous tous réunis, avez des plaintes
d'un entrepreneur qui se sentirait lésé par la négociation
que nous faisons de manière que des volumes d'asphalte toujours de plus
en plus élevés, le public puisse en bénéficier? Je
constate que, si en 1970 il y avait pour $15 millions ou $16 millions
d'asphalte, en 1971 il y en a eu pour $10 millions de plus. Cette année,
il y en aura pour au-delà de $40 millions.
Cela indique qu'il n'y aura peut-être pas plus d'usines
d'asphalte, mais si nous n'apportons pas une attention particulière aux
banques de contrats que désirent les entrepreneurs, nous allons nous
réveiller avec le fait que, dans une région donnée, nous
allons accorder une couche d'usure comme chez vous, peut-être de 25 ou 30
milles de long et que, à l'automne, vous vous réveillerez avec
l'hiver et l'usine d'asphalte aura une bonne banque de contrats. Mais il n'y
aura pas eu d'asphalte de posée.
Et quand on déroge, qu'on va vers l'usine d'asphalte la plus
près, c'est dans un cas comme il s'est produit chez vous l'an
passé. Malgré que la loi ne m'oblige pas à recommander au
ministre de recourir aux soumissions publiques, constatant qu'un débit
de près de $400,000 arrive à un moment donné,
malgré que la loi permette dans l'entretien que nous négociions
avec les prix de la voirie qui sont des prix bien acceptables, un montant de
$400,000, ça peut quand même...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela prend un arrêté
ministériel.
M. MAILLOUX: Non, pas dans l'entretien. Dans l'entretien, nous pouvons
négocier, je pense qu'on pourra les relever, à n'importe quelle
condition. Mais dans le cas qui concerne Rouyn-Noranda et le comté
voisin, je ne me rappelle pas si c'est Abitibi-Est ou Abitibi-Ouest, il y avait
une couche d'usure de 30 ou 35 milles qui amenait un contrat de $360,000 ou
$400,000. C'est donc dire qu'un montant de près de $400,000, ça
peut intéresser une usine d'asphalte localisée dans une
région où il y a un volume de travail trop restreint.
Cela peut évidemment l'inviter à aller vers une
région semblable parce que c'est un volume de travail qui peut durer
environ quatre mois. On sait qu'on a peut-être une chance
d'économiser et, forcément, malgré que nos prix soient les
plus bas possible, on a fait une économie de 10 p.c. parce qu'on a
réussi à trouver quelqu'un qui était forcément
Modem Paving qui, parmi toutes ces usines d'asphalte, était disponible
et s'est déplacée pour aller exécuter des travaux.
Mais cela ne se produit pas souvent parce que, quand vous avez une usine
d'asphalte, disons à Charlevoix, qui est localisée là,
même si vous invitiez une deuxième usine placée à
Portneuf ou au Lac-Saint-Jean à venir exécuter un travail de
$100,000, ça va prendre trois semaines. Si l'intéressé
déplace son usine, si elle est petite, ça va coûter $2,500
et si elle est grosse, ça va coûter $5,000. D'avance, elle est
perdante.
Deuxièmement, si l'entrepreneur part de Chicoutimi pour venir
dans le comté de Charlevoix, il a laissé le territoire où
il était localisé. C'est le problème qui se pose. Il n'y a
pas de cachette là-dedans. On cherche évidemment à
favoriser le plus équitablement possible... Il y a deux ou trois
entrepreneurs qui, en 1972, ont fait valoir qu'ils ne recevaient pas toute
l'attention qu'on devrait leur porter; je me rappelle de Pierre Baillargeon du
district 600 et je me rappelle que par la suite, il a eu six ou sept contrats
quand nous avons vu qu'il manquait de volume de travail. Vous pouvez poser la
question directement à toutes les usines d'asphalte. Sauf dans un cas,
une usine que nous n'appelons jamais et si l'ancien ministre de la
Voirie était ici, je lui donnerais peut-être la raison
privément parce que les travaux de cette usine ne sont pas
exécutés suivant les normes de la voirie...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas parce qu'il est
péquiste?
M. MAILLOUX: Non. En aucune façon. C'est parce que c'est une
usine qui ne correspond pas aux exigences de la voirie. Nous nous apercevons
que le matériel qui est posé sur la chaussée ne correspond
pas à nos normes. Nous ne pouvons pas encourager cette usine. Je ne
voudrais pas la nommer publiquement parce qu'il ressort quand même
qu'elle fait des travaux pour des municipalités, travaux qu'acceptent
les municipalités. Cela ne correspond pas à nos normes; mais,
c'est le seul cas dont je me souvienne qui a été mis de
côté, ne correspondant pas aux normes. Toutes les autres, dans
tous les cas, je pense, quand il a été possible, nous les avons
encouragées. Quand il y a une très forte organisation je
ne voudrais nommer personne et qu'il y a des contrats, par contre, de $2
ou $3 millions par soumissions publiques, même si nous voulions l'inviter
à négocier sur un petit contrat, c'est simplement pour ajouter
à une banque de contrats. Les travaux ne seront jamais
exécutés.
M. RUSSELL: Je me rends compte que le ministre d'Etat qui est
responsable pour les routes ne suit pas les traditions établies par
l'ancien collègue du ministre des Transports, le ministre des Travaux
publics qui, lui, était obligé de regarder dans les pages jaunes
du livre du téléphone pour trouver les noms des soumis-
sionnaires, des gens qu'il voulait inviter à soumissionner en
circuit fermé.
M. PINARD: Je m'inscris en faux contre cette déclaration. Je n'ai
jamais fait cela.
M. RUSSELL: Non. J'ai dit: Votre ancien collègue, le ministre des
Travaux publics, M. Saint-Pierre...
M. PINARD: Je ne me suis jamais avisé à rechercher les
entrepreneurs dans les pages jaunes du livre téléphonique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. C'est parce que vous les connaissez
très bien.
M. PINARD: II arrive que j'ai de la mémoire pour toutes sortes de
choses, beaucoup moins pour ce genre de chose dont vous parlez. En
résumé, ce qu'a dit le député de Charlevoix, le
ministre d'Etat à la Voirie, c'est que la distance constitue le facteur
déterminant du prix de l'adjudication du contrat. Nous disons et c'est
de façon péjorative: Nous négocions un contrat sans appel
d'offres. En réalité, on ne négocie pas. On offre un
contrat à un entrepreneur aux conditions déterminées par
le ministère des Transports. C'est faux de dire qu'on négocie
parce que, si on négocie un contrat avec un entrepreneur, on implique
nécessairement qu'il y a une négociation de prix qui
s'établit entre le ministère et l'entrepreneur
lui-même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet, je pense que tout
le monde comprend très bien la question de ce qu'on appelle la
négociation de contrat mais les gens s'interrogent et nous en
avons eu des échos dans les journaux récemment et même en
Chambre sur le choix que l'on fait des personnes avec lesquelles on va
négocier.
C'est à ce propos que naissent les soupçons. Moi, je ne
veux pas du tout entrer dans cette guerre de patronage et tout cela, parce que
cela ne m'intéresse pas... Le député de Laprairie n'a pas
besoin de rire. Quand m'a-t-il vu, en Chambre, parler de patronage? Il est plus
jeune, je tiens à lui donner une leçon. J'ai été
ministre des Affaires culturelles et on n'a jamais fait de patronage pendant
que j'étais au ministère.
M. BERTHIAUME: Oui. J'étais à une commission parlementaire
des Affaires culturelles et le député de Chicoutimi a
soulevé cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jamais, M. le Président. J'ai
demandé des renseignements. C'est important. Alors, je reviens...
M. BERTHIAUME: Tout le monde comprend.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à ce que je disais tout à
l'heure. Le problème est de savoir si le ministère et
c'est ce qui a fait l'objet des discussions en Chambre, discussions auxquelles
a participé le ministre d'Etat à la Voirie le
problème, c'est le choix des entrepreneurs avec lesquels on
négocie. Est-ce qu'il y a du favoritisme ou non? C'est actuellement le
débat qui passionne un tas de gens: Alors, je concours avec le
député de Sainte-Marie, qui a demandé que l'on
dépose des listes et les gens pourront voir dans l'ensemble, à
partir de l'éventail des entrepreneurs disponibles, quels sont ceux qui
ont été favorises depuis x années et quels sont ceux qui
n'ont pas eu de contrat. C'est à mon avis une inquiétude normale
qu'on peut avoir. Moi, je vis dans une région où il y a un nombre
quand même assez restreint d'entrepreneurs; je pense que la plupart
d'entre eux ont des contrats, il y en a quelques-uns toutefois qui semblent
être bannis pour des raisons que je ne connais pas, alors, je verrai, par
les listes que déposera le ministre...
M. MAILLOUX: Est-ce que l'honorable député de Chicoutimi
me permettrait cependant une courte remarque? Dans l'attribution des contrats
négociés, le ministère doit tenir compte quand même
d'un facteur, c'est que certaines compagnies en particulier
préfèrent aller vers de très gros contrats qui sont
à base de soumissions publiques ou autrement et que le ministère
doit tenir compte du volume de travail qu'a déjà une usine
d'asphalte en particulier avant de négocier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis parfaitement d'accord avec le ministre
parce que nous avons eu, au temps où j'étais ministre, à
nous plaindre de contrats qui n'étaient pas exécutés selon
l'échéancier fixé. Je comprends très bien cela,
mais la liste que le ministre s'apprête à déposer va
établir s'il y a un choix qui pourrait être
interprété comme un choix politique dans l'éventail des
entrepreneurs disponibles.
M. MAILLOUX: II serait peut-être important, cependant, que le
ministère, en déposant la liste, fasse une annotation, parce
qu'il ressort que des compagnies, comme la compagnie CPM Modern Paving,
possèdent évidemment dix, douze ou treize usines d'asphalte dans
le Québec.
C'est indéniable que le volume de travail qui peut leur
être confié devrait être plus important que la compagnie qui
ne possède qu'une usine de 400 ou 500 tonnes par jour. Je pense qu'il
serait peut-être important et logique, pour la meilleure information des
députés, qu'on signale quelle est la liste complète des
personnes possédant des usines d'asphalte et le nombre d'usines dont
elles disposent afin que vous puissiez faire de meilleures
déductions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela amènera peut-être le
ministre et son collègue à réexami-
ner le problème qui a été posé à
maintes reprises par les entrepreneurs, la question d'une accréditation
des entrepreneurs.
M. PINARD: C'est l'accréditation d'après les
qualifications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De leurs qualités, est-ce qu'ils sont
aptes à être entrepreneurs? On voit naitre à tout moment
des entreprises de construction ou autres qui tombent à l'eau comme
ça parce que les gens qui les administrent n'étaient pas
compétents ou n'avaient pas les reins assez solides pour les
administrer. Ce sont souvent ces gens qui se plaignent le plus. Je lance
ça dans le débat précisément pour qu'on
réexamine ce problème d'une accréditation des
entrepreneurs à partir de leur compétence, etc., tous les
critères qu'il faut déterminer pour faire affaires avec quelqu'un
de sérieux.
M. PINARD: C'est le problème que j'ai soulevé
moi-même à midi devant l'Association des constructeurs de routes
et de grands travaux...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les grandes âmes se rencontrent.
M. PINARD: ... je leur ai demandé de bien vouloir nous faire
connaître leur opinion sur l'établissement éventuel d'un
système de préqualification que j'ai toujours jugé
désirable et qui n'a pas été mis en application à
cause de certaines difficultés d'application au plan technique ou
administratif, mais je pense que le président nouvellement élu
m'a donné une excellente réponse. Il m'a dit: M. le ministre,
nous n'avons pas à reprendre ce que nous avons déclaré
dans le mémoire qui a été soumis aux autorités
gouvernementales; nous allons tout simplement remettre à jour notre
mémoire et nous vous disons tout de suite que nous sommes prêts
à collaborer à l'établissement d'un pareil système
qui sera à l'avantage à la fois du gouvernement, de l'entreprise
de construction routière et du contribuable.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15 ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 01 )
Reprise de la séance 20 h 22
M. GIASSON (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs !
Lors de la suspension, c'était le ministre qui avait la
parole?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que M. Mailloux doit venir?
M. PINARD : Oui, il m'a dit qu'il allait manger chez lui, se couchait
une heure et allait revenir après.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chicoutimi.
Transport en vrac
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pourrais quand même poser au
ministre, sur la question du transport en vrac, quelques petites questions
auxquelles il peut répondre lui-même. Dans la loi 23, à
l'article 15, si j'ai bonne mémoire, on avait parlé d'une
division administrative, création d'une division administrative
concernant le transport de matières en vrac. Est-ce que cette division a
été formée? A-t-elle été
créée?
M. PINARD: Elle sera définitivement formée et il y aura
même, dans les structures de la Comission des transports un service qui
sera prévu pour s'occuper de ce transport en vrac de façon plus
particulière. Et dans l'organigramme du ministère des Transports
actuel, nous avons déjà une section intitulée "Transport
des marchandises" avec une sous-section intitulée "Transport en vrac",
services d'enquête et sous-section de transport
général.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre pourrait-il nous dire... Il
nous a dit que cette division n'est pas encore créée, qu'elle est
en voie de création.
M. PINARD : Oui, il y a même un règlement qui est en voie
d'élaboration.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, je ne peux pas vous demander quel est
l'effectif actuel. Ce n'est pas encore déterminé.
M. PINARD: C'est M. Jean Normand, en fait, qui est responsable du
transport en vrac et qui avait négocié tout le temps avec les
camionneurs-artisans, qui est dans le dossier depuis deux, trois ou quatre ans.
Actuellement, je pense qu'ils sont environ quatre ou cinq mais
évidemment, avec la Commission de la fonction publique, cela ne peut pas
se faire du jour au lendemain; je pense bien que tout le monde comprend cela.
Mais c'est un domaine...
Il y a huit postes qui ont été accrédités
par la
Commission de la fonction publique et par le Conseil du trésor
pour permettre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La création de la division
administrative. C'est ce qui m'intéresse. Maintenant, d'ici à ce
que la division administrative soit définitivement organisée,
vous avez quand même créé la Commission des transports.
Tous les membres en ont été nommés.
M. PINARD: Tous les juges sont nommés, tous les commissaires sont
nommés et la Commission de la fonction publique et le Conseil du
trésor ont accrédité 140 postes, y compris les 78 postes
qui existaient déjà à la Régie des transports et
qui sont transportés ou transférés, si le terme est
français, à la Commission des transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que je voudrais savoir et là, je
vois notre ami le ministre d'Etat qui est revenu...
M. MAILLOUX: Je dois sentir l'Absorbine un peu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous comprends. Cela m'arrive quelquefois
de me faire frotter à l'Absorbine junior, comme ils appellent cela.
Alors, je voudrais savoir certaines choses. Le ministre d'ailleurs est
au courant, je l'ai rencontré avec une délégation.
Qu'est-ce qui se passe dans le cas des camionneurs-artisans au sujet de la
reconnaissance qui doit être donnée à cette association par
la nouvelle Commission des transports? Où en sont les démarches?
Le ministre m'avait dit, lors d'une rencontre ce n'est pas secret
que j'ai eu avec l'Association des camionneurs-artisans, que ce dossier devrait
être examiné en priorité. Est-ce que ce dossier a
été examiné en priorité et est-ce que les
camionneurs-artisans ont obtenu ou seraient sur le point d'obtenir la
reconnaissance qu'ils réclament?
M. PINARD: J'ai eu l'occasion de dire au cours de ma causerie de ce
midi, devant l'Association des constructeurs de routes et de grands travaux du
Québec, qu'il y avait un malaise assez grave qui existait en ce moment
entre deux associations qui regroupent à la fois les
camionneurs-artisans. C'est le cas de l'association que nous appelons
communément l'ANCAI, l'Association nationale des camionneurs-artisans du
Québec qui elle, regroupe exclusivement des artisans, selon les termes
de l'entente intervenue l'année dernière avec le ministère
de la Voirie.
Ceci pour autant que les membres de cette association respectent les
éléments mêmes de la définition du mot "artisan",
tel que défini dans l'ordonnance no 13, avec cependant une exception
pour une période temporaire sous forme de moratoire, à savoir que
nous reconnaîtrons et que nous reconnaissons de fait, comme étant
camionneurs-artisans les propriétaires de camions qui tirent leur
principale subsistance du camion, qui les conduisent eux-mêmes. Nous
avons accordé un moratoire de trois ans pour leur permettre de se
défaire de la deuxième unité ou de la troisième
unité de camion de façon que, d'ici trois ans, ils puissent
être jugés comme étant vraiment des artisans au sens de
l'ordonnance no 13.
Ce qui fait qu'il y a un conflit grave dans ce domaine particulier du
camionnage au Québec, c'est qu'une nouvelle association a
été formée par un M. Lucien Dulude et un M. Jodoin, qui
porte le nom de l'Association des camionneurs artisans et des employeurs du
Québec. Tout de suite, vous voyez par le sigle ou la raison sociale de
cette association qu'il y a un deuxième volet qui a été
ajouté à cette association. C'est le volet qui permet à
l'association de regrouper non seulement des camionneurs-artisans, au sens de
la définition contenue à l'ordonnance no 13, mais
également des camionneurs qui sont propriétaires de plusieurs
camions de cinq, de six, de sept et même de dix camions. A mon point de
vue, si on interprète bien la définition de l'ordonnance no 13,
ils sont purement et simplement des camionneurs à titre commercial ou
à titre industriel. Et ils ne devraient pas faire partie de ce qu'on
appelle communément une association de camionneurs artisans.
C'était du maraudage de façon assez vigoureuse dans
l'organisation même de l'Association nationale des camionneurs-artisans
du Québec, c'est-à-dire l'ANÇAI, au profit de la nouvelle
association qui vient d'être formée. On me dit et ça
reste à vérifier que les fondateurs de la nouvelle
association font valoir qu'ils sont plus en mesure d'assurer du travail
à temps plein, douze mois par année, que l'autre association. Ds
réussissent à faire souscrire des cartes de membre à des
camionneurs-artisans qui font déjà partie de la première
association qu'on appelle l'ANÇAI, qui, elle, a vraiment eu jusqu'ici le
caractère de représentativité que nous avions voulu
reconnaître lorsque nous avons signé l'entente, l'année
dernière, avec les représentants de cette association.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A propos de cette association, M. le
Président, j'aimerais poser une question au ministre. J'ai vu dans un
journal de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean il y a une semaine, une
déclaration de cette nouvelle association. Elle prétend, comme
vient de le dire le ministre en d'autres termes, qu'elle est mieux
placée que d'autres pour obtenir du travail aux camionneurs et que, du
fait de sa reconnaissance par le ministère des Institutions
financières, parce qu'elle est incorporée, qu'elle est reconnue
officiellement par les gouvernements, qu'elle a ses grandes et ses petites
entrées au ministère des Transports et que, par
conséquent, les personnes qui n'adhèrent pas à
cette association risquent, à un moment donné, de se
retrouver sans travail, puisqu'à leur sens, l'ANCAI va bientôt
disparaître à l'avantage de cette nouvelle association.
Je ne vous cache pas, M. le ministre et je l'ai entendu
moi-même dans des conversations privées que cela m'a
inquiété. Je vous l'ai dit l'autre jour lors d'une rencontre. Les
personnes qui étaient avec moi vous l'ont dit et vous l'avez
peut-être entendu vous-même. J'ai entendu des gens me dire que le
ministre de la Voirie et certains de ses fonctionnaires que l'on n'a pas
identifiés et que je n'identifierais pas même si on l'avait
fait auraient déclaré que ces gens-là je
parle des gens de la nouvelle association pouvaient y aller librement et
qu'ils avaient la bénédiction catholique, apostolique et romaine
du ministre de la Voirie et député de Drummond.
Je sais que ce ne sont pas là des propos que le ministre a
déjà tenus ici devant la commission parlementaire qui
étudiait la loi 23. Ce n'était pas non plus dans les intentions
du législateur lorsque nous avons adopté la loi 23 et je voudrais
bien que le ministre nous dise et, par le fait même, dise à
la population quelle est exactement l'attitude du gouvernement du
Québec concernant l'ANCAI versus cette Association des camionneurs et
propriétaires...
M. PINARD: Des camionneurs-artisans et employeurs du Québec.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... camionneurs-artisans et employeurs du
Québec. Il se passe, dans ce domaine le ministre l'a
indiqué et c'est exact ceci. C'est qu'on pratique une forme de
maraudage qui est un peu la même que celle qu'on peut pratiquer dans
certaines centrales syndicales.
Nous avons tous, tant que nous sommes ici le député
de Charlevoix l'a fait avec beaucoup de conviction défendu la
cause des camionneurs-artisans. Or, si la situation qu'a décrite le
ministre devait persister, il arrivera que nous laisserons détruire une
association à laquelle nous avions quand même virtuellement
donné une reconnaissance ou à laquelle nous avions assuré,
à tout le moins, qu'elle serait reconnue si elle répondait aux
conditions auquelles, je crois, elle répond actuellement. C'est la
raison pour laquelle j'ai demandé au ministre si on avait
accéléré les procédures afin que la nouvelle
Commission des transports reconnaisse l'Association nationale des
camionneurs-artisans.
J'aimerais que le ministre nous dise s'il est disposé à
servir un avertissement à ces maraudeurs et qu'il avertisse les gens qui
font du camionnage-artisan appelons-le comme ça de quel
côté ils vont devoir se tourner pour gagner leur pain.
Je greffe à cela une autre question à laquelle le ministre
pourra répondre en même temps,ou son collègue, le ministre
d'Etat. Est-ce qu'il est exact que les propriétaires de camions
achetés entre le 14 avril 1972 et le 5 juillet 1972, qui est la date de
l'adoption de la loi en troisième lecture, perdront leur droit acquis et
est-ce que les camionneurs que l'on incite à entrer dans la nouvelle
association et à qui on fait acheter des camions sont assurés
d'obtenir des permis, tel que le prescrit la loi au chapitre des
camionneurs-artisans? C'est un problème assez complexe et qui risque de
provoquer une situation de confusion analogue à celle qui existait dans
le domaine du taxi. Dans le taxi, il y a une association de telle sorte, une
autre de telle sorte; chacune revendique des privilèges. Là, nous
avons l'association des camionneurs-artisans; nous l'avons quand même
virtuellement reconnue et la loi a consacré des droits pour ceux qui
sont des camionneurs-artisans aux termes de la loi.
Voici qu'une autre association regroupe deux types de camionneurs, soit
des artisans et des employeurs et prétend avoir des privilèges et
des assurances qui lui auraient été donnés je ne
sais pas de quelle façon; remarquez que je suis sûr que cela n'a
pas été fait par le ministère des Transports et par
le ministre. C'est ce que ces gens colportent. J'aimerais que le ministre
s'explique ou que le ministre d'Etat nous fournisse des renseignements et
rassure les camionneurs-artisans.
M. PINARD : Ma réponse sera à la fois simple et la plus
courte possible. Dès que le député de Chicoutimi m'eut
fait part de cette situation dont il vient de parler, il m'a fait plaisir de le
recevoir à mon bureau, à sa demande, en compagnie du
président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très rapidement, d'ailleurs.
M. PINARD: ... de l'ANCAI, M. Dufour, en présence d'un autre
directeur de l'association et en présence également du conseiller
juridique de l'association, Me Béliveau.
J'ai écouté le député de Chicoutimi
m'expliquer la situation qu'il connaissait. J'ai écouté
également le président de l'association, M. Dufour, m'expliquer
de quelle façon l'association rivale avait vu le jour, de quelle
façon elle s'y prenait pour faire du maraudage assez efficace au sein de
sa propre association, soit en coupant les prix dans l'exécution des
contrats, soit en faisant miroiter de supposés avantages
économiques et en faveur de ceux qui adhéreraient à la
nouvelle association.
J'ai déclaré, à ce moment-là, au
député de Chicoutimi et aux membres de l'ANCAI que je ferais
l'enquête nécessaire en pareil cas, afin de bien m'assurer de la
justesse des affirmations qui m'ont été faites et de la situation
qui m'a été décrite. Cette enquête, je l'ai faite de
la façon la plus rapide possible et de la façon la plus efficace
et j'ai maintenant la conviction que c'est vrai qu'il s'est fait du maraudage
et
qu'on a utilisé mon nom à tort et de façon injuste,
irrégulière et illégale dans cette affaire alors que je ne
connaissais même pas M. Dulude ni M. Jodoin, qui n'étaient jamais
venus me voir à mon bureau à Québec, ni à
Drummondville. Je ne les avais jamais rencontrés auparavant. D'ailleurs,
ils l'ont admis quand je les ai rencontrés la semaine dernière au
congrès de l'Association du camionnage du Québec. Je leur ai fait
admettre ces faits devant témoins.
J'avais dit également au député de Chicoutimi,
à M. Dufour et au conseiller juridique de l'association, Me Beliveau,
que je saisirais la prochaine occasion qui me serait fournie pour faire une
déclaration claire et précise à ce propos. J'ai eu
l'occasion de faire cette déclaration à midi devant l'Association
des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, qui sont les
principaux employeurs des camionneurs-artisans, eux qui sont les adjudicateurs
des contrats accordés par le ministère des Transports et par
d'autres ministères du gouvernement. J'ai bien dit qu'il y avait eu une
entente qui était intervenue l'année dernière entre d'une
part le ministère de la Voirie et l'association que l'on appelle l'ANCAI
avec les clauses dont j'ai parlé tantôt, et que cette association
avait un caractère de représentation en faveur des artisans qui
respectaient en tout point la définition du mot "artisan"
retrouvée dans la définition de l'ordonnance no 13 avec aussi le
respect du moratoire de trois ans et aux conditions que j'ai expliquées
tantôt.
J'avais intérêt à faire cette déclaration
à midi devant l'Association des constructeurs de routes et de grands
travaux du Québec pour bien leur faire comprendre qu'ils ne devaient pas
encourager l'autre association rivale, qui venait purement et simplement
essayer de recruter en son sein des membres qui appartenaient
déjà à l'autre association et qui s'était bien
structurée, qui avait réussi à obtenir de la discipline au
sein de l'association et qui avait jusqu'ici assez bien respecté les
conditions de l'entente de l'année dernière.
A tel point que, c'est là une des raisons pourquoi l'autre
association rivale a un certain succès. Lorsque l'ANCAI a
décidé de faire de la discipline comme cela lui avait
été demandé et comme elle avait décidé de le
faire, ses membres se sont trouvés pénalisés. Certains
camionneurs avaient continué à espérer pouvoir rester
membres de l'Association des camionneurs-artisans du Québec sans avoir
à respecter les conditions prévues dans le protocole d'entente de
l'année dernière.
Alors, les dirigeants de cette association ont pris leurs
responsabilités et ont fait savoir clairement à ces camionneurs
qu'ils ne pouvaient pas avoir le chou et la chèvre en même temps
et qu'ils devaient, en tout point, respecter l'entente intervenue s'ils
voulaient être protégés, avoir la garantie de travail qui
avait été offerte l'année dernière et qui a
été renouvelée depuis et, s'ils voulaient également
avoir la protection du ministère en cas de conflit, en cas de grief de
façon que, une fois le règlement sur le camionnage-artisan
élaboré et déposé d'ici très peu de temps,
quelques semaines, la Commission des transports puisse comme c'est sa
responsabilité et comme ce lui fut demandé, entendre la
requête en accréditation, pour savoir quelle est l'association qui
doit avoir le caractère de représentativité en faveur des
camionneurs-artisans.
J'ai rencontré le président de la Commission des
transports, le juge Adolphe Prévost, ainsi que le vice-président
de la commission, le juge Bouchard, ainsi que l'administrateur
général de la Commission des transports, Me Maurice Ferland,
à qui j'ai fait part de la situation. Ils m'ont dit que dès que
le règlement sur le camionnage-artisan serait terminé, il
pourrait être déposé et qu'ils accorderaient une audition
par préférence à l'ANCAI de façon à adjuger
sur le caractère de représentativité de l'association ou
des autres associations qui prétendent avoir des droits en cette
matière et de façon à rendre une ordonnance qui
déterminera une fois pour toutes laquelle des associations doit
être reconnue. J'ai toujours dit que je ne pouvais pas, comme ministre et
comme membre de l'Exécutif, intervenir dans l'appareil judiciaire, dans
la responsabilité d'une commission à caractère
administratif et judiciaire qui aura éventuellement des ordonnances
à caractère judiciaire à rendre.
Sauf que j'admets m'être bien engagé envers l'ANCAI en lui
offrant les conditions de protection que vous savez et en demandant au
ministère des Transports, que j'ai la responsabilité de diriger
avec mon collègue le député de Charlevoix, de la
protéger de la façon que vous savez, c'est-à-dire en
demandant aux entrepreneurs de réserver une forte partie du transport
sur leurs chantiers aux camionneurs-artisans. Effectivement, ceci a
été fait puisqu'il en a coûté aux ministères
de la Voirie et des Transports, pour l'exercice financier de 1972, $4,500,000
en surplus pour, justement, accorder du travail à ces
camionneurs-artisans. Les chiffres que je vous donne font la preuve indubitable
que vraiment l'entente été respectée entre le
ministère de la Voirie et les entrepreneurs routiers et l'association
que l'on appelle l'ANCAI.
C'est évident qu'un marché peut-être un peu captif
comme celui-là attire des rivaux qui ont pensé être
capables d'obtenir les mêmes privilèges en prenant en quelque
sorte la même formule mais en lui donnant un deuxième volet, ce
qui fait qu'elle ne peut pas être jugée représentative des
camionneurs-artisans en même temps qu'elle peut être jugée
représentative des camionneurs à caractère commercial ou
industriel dans le transport. L'association rivale devra faire un choix. Elle
n'aura que la possibilité de recruter de véritables artisans mais
en prenant bien garde de ne pas faire de procédures de maraudage qui
seraient irrégulières ou
illégales sous forme de chantage, d'intimidation, de promesses
fallacieuses qui pourraient risquer de ne pas être tenues ou
respectées ou en prenant toute autre sorte de procédés qui
nous ont été expliqués et sur lesquels nous continuons
à faire enquête. Parce qu'apparemment, il y aurait eu des actes de
violence. Mais les deux associations s'accusent de la commission d'actes de
violence dans les circonstances. Alors, il est assez difficile pour moi de
séparer le vrai du faux et les torts d'un côté ou de
l'autre. La commission aura cette tâche de le faire après une
enquête approfondie parce qu'elle a les pouvoirs d'enquête et le
pouvoir de convoquer des témoins, évidemment, avant de rendre son
ordonnance.
Je pense que la déclaration que j'ai faite à midi va
décourager passablement l'association rivale à moins qu'elle ne
décide de s'acharner et de continuer à poser des gestes qui
pourraient être qualifiés par l'ANCAI d'irréguliers et
illégaux. Mais, je pense que l'ANCAI, à ce moment-là, peut
avoir recours facilement à une injonction ou à des
procédures d'empêchement devant les tribunaux pour protéger
ses droits. En cela, elle pourra compter sur la collaboration du
ministère des Transports qui n'a, en aucune façon, l'idée
de répudier quelque élément de l'entente intervenue
l'année dernière.
Si, par hasard, les représentants de la nouvelle Association des
camionneurs-artisans et employeurs du Québec prétendent avoir eu
des assurances du ministère des Transports à quelque niveau que
ce soit, j'aimerais qu'on m'apporte des preuves précises. J'admets
cependant que si ces représentants n'ont pas rencontré le
ministre titulaire du ministère, ils ont réussi à
rencontrer le ministre d'Etat à la Voirie pour avoir des
renseignements.
Ils ont même réussi à rencontrer M. Jean Normand
pour avoir des renseignements, pour savoir comment fonctionnait le
règlement intervenu l'année dernière pour les
camionneurs-artisans. Mais, en aucune façon, cette association rivale
n'a reçu d'assurance de la part du ministère des Transports
qu'elle pourrait en toute liberté se constituer en association
représentative des camionneurs-artisans et, avoir droit à tous ou
à une partie des contrats de transport du ministère des
Transports adjugés aux entrepreneurs routiers. C'est absolument faux.
C'est pourquoi j'ai averti solennellement les entrepreneurs routiers, à
midi, à leur congrès, qu'à mes yeux et aux yeux du
ministère des Transports, il n'y avait qu'une association qui pouvait
obtenir le droit de représenter les camionneurs-artisans.
Là où la situation se complique c'est quand
même dans une démocratie qui se veut encore libre c'est
lorsque le même camionneur-artisan qui détient une
accréditation auprès de l'association que l'on appelle l'ANCAI
décide d'obtenir une carte de membre de l'association rivale. Il reste
quand même libre de l'appartenance qu'il veut obtenir ou qu'il veut
accorder à l'une ou l'autre des associations. C'est son droit. Est-ce
que l'on peut l'empêcher de le faire? C'est la Commission des transports
qui aura à juger. C'est pourquoi, les propos que j'ai tenus à
midi auront principalement pour but d'encourager l'ANCAI à continuer
l'oeuvre entreprise jusqu'ici, à continuer sa campagne de recrutement,
à prendre tous les moyens possibles pour obtenir ce caractère de
représentativité pour du moins en arriver à
représenter la majorité des camionneurs-artisans que l'on peut
quand même facilement dénombrer au Québec, compte tenu des
statistiques qui nous sont procurées par le Bureau des
véhicules-automobiles. Cela pourrait aussi mettre un frein aux
appétits par trop voraces de l'association rivale.
Si, par contre, l'autre association veut regrouper des camionneurs qui
ont le statut de camionneurs au plan commercial et industriel, je pense
qu'alors la raison de se constituer en association, d'avoir obtenu la charte
constitutive de l'association de la part du ministère des Institutions
financières, c'est un droit absolument correct. Mais alors, si elle veut
présenter une requête à la Commission des Transports, ce
sera dans le but d'obtenir une reconnaissance de droit et de fait pour
représenter et non pas les camionneurs-artisans à moins qu'elle
fasse la preuve qu'elle a en son sein, mais la majorité des
camionneurs-artisans de la province de Québec.
Je ne pense donc pas que jusqu'à maintenant les statistiques que
nous avons compilées puissent nous permettre de croire que l'association
rivale recrute plus de camionneurs-artisans que l'association que l'on appelle
l'ANCAI, à moins que la structure d'organisation de l'ANCAI ne
s'effondre tout à coup et que ses dirigeants, pris de panique ou
complètement découragés des actes posés par l'autre
association rivale, décide de tout laisser tomber et de laisser passer
leurs effectifs carrément au sein de l'autre association. Ce que je ne
crois pas.
Je pense que la meilleure façon de régler le
problème était de faire la déclaration officielle que j'ai
faite à midi. Il s'agissait aussi de demander aux membres de
l'équipe de travail de presser le pas afin que le règlement sur
les camionneurs-artisans soit élaboré dans le plus bref
délai possible et soit déposé d'ici quelques semaines,
tout au plus, afin que la Commission des transports puisse adjuger sur la
requête en accréditation qui sera présentée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre parle d'un
certain délai pour la réglementation. Quel est, dans son esprit,
le temps de ce délai, en termes de durée? Parce que le ministre
comprendra que le temps peut jouer contre l'Association des
camionneurs-artisans. Si la Commission des transports allait mettre deux mois
avant de porter un jugement sur les demandes d'accréditation, on
risquerait de se retrouver en face d'un drôle de fouillis. On se
retrouverait dans la même situation que
celle qui existait il y a quelques années, quand les camionneurs
n'étaient pas organisés.
M. PINARD: Le délai me paraît être de quelques
semaines tout au plus, trois semaines. M. Jean Normand, avec qui j'ai
discuté du problème la semaine dernière et au début
de la semaine, m'a dit qu'ils achevaient leur travail et qu'il serait en mesure
de présenter le projet de règlement au ministre titulaire et au
ministre d'Etat dans ce laps de temps.
Maintenant, ce qui va freiner les élans de l'association rivale,
c'est la déclaration que j'ai faite devant les entrepreneurs routiers
que nous réserverions ou que nous retarderions le paiement de toute
réclamation qui serait faite par les entrepreneurs qui emploieraient des
camionneurs-artisans qui ne feraient pas la preuve qu'ils respectent les
conditions de l'entente intervenue l'année dernière. Ceci va
décourager passablement ceux qui ont déjà des cartes de
membres dans les deux associations et qui vont voir que les promesses d'emploi
à temps plein pendant douze mois ou que les promesses de
sécurité au plan économique faites par l'association
rivale, ont des risques de ne pas être tenues au plan financier. Cela va
leur faire songer sérieusement aux risques qu'ils courent
eux-mêmes en jouant sur les deux tableaux à la fois et ils vont
probablement réintégrer les rangs de l'ANCAI qui a
été la pionnière dans le recrutement et dans le
regroupement des camionneurs-artisans. Je pense que les choses vont revenir
à la normale de cette façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous dire si
l'enquête qu'il a menée a pu révéler, de
façon directe ou indirecte, que la nouvelle association serait soutenue,
tout au moins, ou appuyée par les "teamsters"?
M. PINARD: Je n'ai pas réussi à obtenir cette assurance
formelle, parce que les "teamsters" ont des méthodes de travail à
la fois très habiles et austicieuses. Des gens du métier me
disent qu'il est possible qu'ils soient derrière ce mouvement, mais
qu'ils ne veulent pas tout de suite s'identifier. Parce qu'il faut se souvenir
que les "teamsters" ont essayé, depuis plusieurs années au
Québec, de regrouper les camionneurs au niveau de l'artisan ou au niveau
du transporteur à caractère commercial ou industriel. Vous vous
souviendrez qu'il y a eu des grèves violentes sur certains chantiers de
construction avant la tenue de l'Expo 67, durant les grands chantiers de
construction d'autoroute du pont-tunnel Hippolyte-Lafontaine à
l'époque et que les "teamsters" étaient à l'origine de ces
difficultés et de ces conflits violents dans le monde du travail.
Je ne veux pas porter d'accusation, mais ma mémoire est assez
fidèle pour me permettre d'affirmer ces faits ce soir. Il y a eu des
camions qui ont été complètement détruits, on les a
fait sauter à la dynamite, il y a eu des blessures corporelles
sérieuses infligées à certains camionneurs qui n'ont pas
voulu se soumettre aux exigences des agents recruteurs à
l'époque. Il y a aussi eu des entrepreneurs qui ont voulu se
défendre contre de pareils agissements et qui ont engagé des
fiers-à-bras qui faisaient le contre-poids de ceux qui étaient
engagés par l'association syndicale qui cherchait à imposer ses
vues, ses effectifs aux entrepreneurs qui, eux, avaient conclu des contrats
avec d'autres et qui voulaient les respecter.
C'était une époque très troublée et
très troublante. Il a fallu que la justice intervienne et que le calme
soit rétabli par les forces policières, à l'époque.
Finalement, la crise s'est résorbée et l'exposition universelle
de Montréal a eu lieu. Par la suite, il semblerait que, l'appât du
gain étant moindre, il y a eu une diminution dans les activités
de ceux qui voulaient faire la loi dans le domaine du transport sur les grands
chantiers de construction.
Mais là arrive une nouvelle époque qui peut nous laisser
croire que, à cause de l'importance des chantiers routiers qui seront
lancés, à cause de l'importance de l'immense chantier de la baie
James, il y a quand même des gains économiques à faire, il
y a quand même un appât très puissant.
Il semblerait que le même phénomène d'agitation et
de violence se représente. Il va falloir être vigilant et c'est
pourquoi j'ai fait cette déclaration, comme je l'ai dit, à midi.
S'il faut aller plus loin, 1e ministère du Travail agira selon les
pouvoirs qui lui sont conférés et j'ai déjà
informé le ministre du Travail, M. Cour-noyer, de la situation qui
prévaut en ce moment.
Il m'a dit de ne pas m'inquiéter outre mesure et qu'il ferait
régner l'ordre dans ce domaine comme dans les autres où il
apparaît qu'il puisse survenir des difficultés dans le monde de la
construction lorsque le décret sera expiré et que la
période de renouvellement, ou la discussion de négociation de la
nouvelle convention collective commencera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, M. le ministre, je vous ai posé
une autre question qui concerne la Commission des transports.
M. MAILLOUX: J'aimerais enchaîner...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous en prie, M. le ministre.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne voudrais pas revenir sur les
prises de position bien publiques que j'ai déjà
étalées dans les mois ou les années
précédentes. Je voudrais assurer le député de
Chicoutimi que, si nous avons oeuvré pendant près de huit ans
pour tâcher de trouver une paix acceptable aux camionneurs-artisans dans
le Québec, je n'ai pas l'intention de revenir sur le travail fait et que
l'on recommence à faire
la preuve qui, à la face de chacun de ceux qui ont
été près du problème des camionneurs-artisans, a
été faite à l'intérieur d'au moins toutes les
régions rurales du Québec.
Les difficultés qu'éprouve actuellement l'ANCAI ont pris
naissance principalement dans l'obligation qui avait été faite au
moment de la déclaration du ministère de la Voirie à
l'effet que l'ANCAI ou ceux qui étaient reconnus comme tels au
mois d'avril ou mars 1972, lors du moment de la déclaration
devrait faire l'épuration de ses rangs et ne conserver que ceux qui,
parmi ses membres, ne détenaient qu'un maximum de trois camions.
J'ai ici quelques chiffres devant moi qui illustreront hors de tout
doute pourquoi des associations rivales ont pu avoir un maraudage aussi facile.
Dans 69 comtés du Québec où il ne fait aucun doute qu'une
très forte majorité de camionneurs-artisans, ou supposés
tels, avaient eux-mêmes choisi d'aller vers l'association qu'on appelle
ANCAI, quel que soit le type de formule qu'elle possède, en faisant
cette obligation, on constate qu'il y avait effectivement 4,004 ou 4,005
camionneurs reconnus, possédant la carte de membre.
De l'obligation nouvelle qui était faite, l'assocation, en
attendant que soit formée la Commission des transports, a dû, bon
gré mal gré, suivre les directives qui lui étaient
données par le ministère des Transports, par nos officiers, et
commencer dans chacun des comtés, à faire le nettoyage qui
s'imposait afin que le ministère, qui consentait des augmentations assez
importante, ne les consente pas à l'endroit d'entrepreneurs, mais les
consente à l'endroit de gens qui pouvaient être reconnus dans le
terme d'artisan.
Cela a donc forcé celle-ci, dans ces 69 comtés, à
ne garder comme seuls propriétaires d'un camion, sur 2,823 membres, que
255 qui avaient deux unités de camionnage et 34 qui possédaient
trois unités de camionnage. Tous les autres qui oeuvraient dans
différents secteurs d'activités et partiellement pouvaient gagner
leur vie dans le camionnage, de même que d'autres qui possédaient
des flottes de camions plus importantes, ont été obligés,
durant l'enquête, de délaisser les rangs de ANCAI.
Il a donc été mis de côté un groupe de 688
unités plus un autre groupe de 203, qui sont menacés
également, ne répondant pas aux exigences, d'être
évincés également des rangs de l'assocation. C'est donc
dire que, dans 69 comtés, l'association a pu garder 3,112 camionneurs
mais a dû montrer la porte à près de 900 camionneurs. Et
l'on constate que le maraudage de l'autre association dont on parle a pris
naissance principalement à ce moment.
J'ai effectivement rencontré M. Dulude et M. Jodoin à deux
ou trois reprises, je pense. Je n'ai jamais affirmé devant ceux-ci que
le ministère changerait ses positions. Je pense que tous les membres de
la commission, de même que ceux qui m'ont entendu en Chambre, savent que
j'ai été assez catégorique. Je ne tenais pas à
revenir sur un sujet que les politiciens ont voulu dépolitiser et
permettre à une classe marginale de la société d'avoir des
gains plus appréciables. J'ai averti M. Jodoin et M. Dulude
qu'effectivement, tant que la Commission des transports ne serait pas
formée, il restait quelques comtés problèmes,
comtés limitrophes de Montréal, principalement à l'ouest
de Montréal, où il y avait un doute dans l'esprit du
ministère des Transports, dans l'esprit de nos officiers, sur la
véritable représentativité de l'ANCAI. Cela pouvait se
situer à l'intérieur de six ou sept comtés, mais il
ressort que, dans les 69 autres en question, il n'y avait de doute dans
l'esprit de personne, parce que la majorité est assez impressionnante,
que, définitivement, la preuve était faite, avec
éclat.
Ceux-ci se sont informés des possibilités qui se
présentaient pour une autre association que, même comme ministre
d'Etat, je n'avais pas le droit non plus de discréditer. J'ai averti M.
Jodoin et M. Dulude, que lorsque le ministère avait consenti
au-delà de la ligne d'infrastructure à payer 20 p.c. de plus aux
seuls artisans qui seraient reconnus et consenti également à
enlever aux transporteurs du Québec et à donner aux artisans le
transport du sel dans le Québec, il restait quand même, pour
d'autres associations, quel qu'en soit le type, un champ d'activités
assez vaste. Je me rappelle que, durant les derniers jours ou la
dernière journée de la négociation avec l'ANCAI, avant
qu'une grève se déclenche le printemps passé, grève
que nous avons évitée, il est ressorti que l'ANCAI exigeait
d'avoir un secteur de transport qui lui soit confié dans le domaine de
la forêt.
Nous n'avons jamais voulu à ce moment ouvrir ce secteur pour une
raison assez facile à comprendre. C'est que les compagnies qui
oeuvraient dans le secteur des pâtes et papiers, compagnies qui
fabriquent le papier, affrontaient au moment où l'on parlait, au mois
d'avril dernier cela a été amélioré par la
suite des difficultés extraordinaires. Il y avait dans la
région de Chicoutimi-Lac-Saint-Jean des compagnies qui avaient à
faire transporter des quantités impressionnantes de copeaux à des
flottes de camions déjà organisées qu'il aurait
été difficile d'éliminer. Je pense que les artisans
n'auraient pas été en mesure d'acheter les équipements
nécessaires pour rendre les services que les compagnies de pâtes
et papiers exigeaient.
Alors, comme le secteur des pâtes et papiers est resté
complètement libre à toute concurrence, soit de la part
d'associations rivales, d'associations qui naîtraient, soit de la part de
toute personne qui détient un permis de transport en vrac, je pense que
c'est un vaste champ d'activité. L'ANCAI, dans une région comme
la mienne, doit négocier annuellement un contrat de transport de 225,000
cordes à l'endroit de la compagnie Donohue. Il n'y a non plus aucune
objection à ce que d'autres transporteurs qui
pourraient détenir les mêmes permis en vrac viennent donner
un prix de concurrence. La compagnie Donohue tiendrait alors compte
évidemment des services que pourraient rendre l'une ou l'autre des
associations suivant les coûts de revient. Il y a eu un peu de confusion
au départ, parce qu'on croyait que les municipalités
étaient obligées d'accorder leur transport soit dans le domaine
de la neige ou dans tous autres travaux routiers municipaux à l'ANCAI,
ce qui n'était un fait en aucune façon. C'était un domaine
qui restait complètement ouvert à la concurrence et l'ANCAI,
comme d'autres, se devait de donner à des villes telles que Chicoutimi
ou ailleurs la meilleure cotation si elle désirait recevoir la faveur de
ces municipalités. Je pense que nous n'avons pas mis de
côté tous ceux qui ne justifient pas le terme "artisan" parce que
si un vaste secteur d'activité est en dehors, au-dessus de la ligne
d'infrastructure de la voirie et du sel, il demeure quand même qu'il y a
de nombreuses possibilités pour ceux qui veulent oeuvrer en dehors de
ces activités. Quant à moi, je n'ai jamais dit ou laissé
entrevoir devant une association rivale qu'elle aurait des chances d'être
reconnue, quoique je ne voulais pas non plus préjuger de la
décision que pourrait rendre la Commission des transports. Mais si je me
place dans les mois à venir, devant ceux qui viennent d'être
nommés à cette commission-là, quand ils vont prendre
connaissance du dossier et je sais que déjà ils ont
commencé à en prendre connaissance il y a quand même
drôlement une association qui a fait la preuve, depuis quelques
années, qu'elle était bien représentative d'un milieu
donné, celle des camionneurs-artisans. Je pense que c'est clair dans
l'esprit de tout le monde comme ce sera clair dans l'esprit de ceux qui auront
à juger. Je comprends que, si la Commission des transports avait
été formée plus tôt, si les règlements
avaient été déposés plus tôt il y a
tellement d'ouvrage dans ces ministères-là que c'était
difficile d'arriver au bon moment on aurait pu, peut-être faire
entendre plus tôt des causes litigieuses de camionneurs qui ont
été évincés de l'ANCAI. Peut-être aussi la
Commission des transports les jugera-t-elle aptes à entrer de nouveau
dans les rangs. Je vois le cas de personnes devenues veuves et qui restent avec
des camions sur le dos. Je pense que ce sont des cas déplorables et que
la Commission des transports devra envisager de quelle manière ces
personnes devront, avec des chauffeurs ou autrement, gagner leur vie. Il y a
plusieurs autres types de camions où des personnes à faible
revenu ont des unités de transport. Je pense que la commission aura
à juger au mérite chacune des plaintes, mais il n'appartenait pas
à nos fonctionnaires, après l'annonce faite par le
ministère des Transports, de décider qu'aucun camion
acheté après le 14 avril ne puisse entrer dans les rangs de
l'ANCAI. Il n'appartenait pas à nos officiers d'accepter une ou l'autre
des personnes qui ont pris le risque, après une annonce faite de
manière très publique...
Ceci dit, M. le Président, je pense quand même que, dans
l'année qui vient de s'écouler, le ministre disait tantôt
qu'il en a coûté au ministère de la Voirie une somme de
$4,500,000, au-dessus de la ligne d'infrastructure et parfois en dessous de la
ligne d'infrastructure, parce que, dans certains contrats où vous
constaterez des dépassements, ce n'est pas tant du patronage qu'il y a
eu. Mais certains entrepreneurs qui font du terrassement et du gravela-ge n'ont
pas leur propre flotte de camions. Même qu'au premier pied d'excavation,
ils demandent au ministère d'employer des camionneurs-artisans.
Même que le ministère n'avait pas consenti, dans son protocole
d'entente, à payer en dessous de la ligne d'infrastructure. Quand la
preuve en a été faite, pour éviter un malaise social dans
un endroit ou pour éviter à un entrepreneur qui faisait du
terrassement et du gravelage mais ne possédait pas de flotte, le
ministère a consenti, à étudier au mérite chacun de
ces cas-là. S'il a été prouvé que les
camionneurs-artisans ont travaillé sous la ligne d'infrastructure, des
suppléments ont été accordés et ils sont à
l'intérieur des $4,500,000 dont il est question là-dedans.
Ce n'est peut-être pas une somme de $4,500,000 qu'il en a
coûté au ministère de la Voirie, parce qu'il ressort que,
si nous avons consenti des montants supplémentaires de $4,500,000
gagnés par les artisans, pour le réseau routier que l'on
désire protéger par la réduction des charges,
l'augmentation de 20 p.c. a été consentie au moment de la
révision des charges. Je pense bien qu'une partie de ce que nous
pourrons épargner sur le réseau routier comme protection vient
peut-être à l'intérieur de ces $4,500,000. Sur le sel, il
n'en a pas coûté un sou de plus au ministère, puisque nous
avons payé les mêmes taux qui étaient consentis aux grands
transporteurs routiers du Québec qui faisaient faire les travaux quand
même par les artisans.
Je pense que c'est un peu le reflet de la situation. Je ne voudrais pas
nommer les comtés particuliers où il y a des points chauds. Je
voudrais simplement attirer l'attention de la commission sur un comté en
particulier où, depuis le début, nous avons eu des
difficultés extraordinaires à nous prononcer et nous avons
même dû faire un partage entre deux types d'association. C'est le
cas du comté de Saguenay où une association coopérative
existe depuis les travaux de Manicouagan. Nous croyons nous-mêmes, comme
législateurs, à la formule coopérative mais nous pouvons
difficilement au ministère faire des partages au prorata des
associations dans tous les comtés du Québec. Comme
celle-là existait auparavant et qu'elle était là depuis
plusieurs années, qu'elle croit à la formule coopérative
et qu'elle ne croit pas à la formule préconisée par
l'ANCAI, il ressort que cela a été un point chaud; il a fallu
faire des partages dans ce comté. Je veux croire que les rumeurs de
violence, que j'ai apprises tantôt, entre des membres des deux
associations ne
seraient pas aussi importantes qu'on me l'a rapporté.
A toutes fins pratiques, la Commission des transports, je pense, aura
à statuer dans le cas du comté de Saguenay où il y a quand
même deux associations de camionneurs-artisans, qui étaient bien
vivantes et que nous ne voudrions quand même pas défavoriser.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, c'est dans le
même ordre d'idées. M. le ministre, lorsque vous avez signé
l'entente en 1972 avec l'Association nationale des camionneurs-artisans, il n'y
avait rien dans l'entente qui fixait une période de maraudage.
C'est-à-dire que vous parlez d'une association rivale qui fait du
maraudage. Les camionneurs-artisans au sens du code de travail ne sont pas des
salariés, ne sont pas régis par les lois du code du travail.
Donc, vous ne pouvez pas arrêter le maraudage; il peut s'en faire
continuellement. Même le ministre du Travail, actuellement, ne peut par
intervenir en vertu du code du travail. Ce n'est pas comme une convention
collective ordinaire où il y a une période de maraudage entre le
60e et le 30e jour. Alors le maraudage peut se faire continuellement et il n'y
a rien dans la loi qui puisse l'empêcher. Je ne sais pas comment vous
voyez le règlement du problème. L'association rivale peut en
faire continuellement, faire des pressions, ce qui peut même attirer de
la violence sur certains chantiers, comme vous dites. Mais la loi ne peut pas
les en empêcher. Il n'y a pas de période définie dans
l'entente, à savoir à quelle date vous accordez
l'accréditation. Une association rivale peut, pendant deux ans, faire du
maraudage tous les jours et, dès qu'elle prend la majorité, vous
êtes obligés d'enlever l'accréditation à
l'association reconnue et de la donner à l'autre.
M. MAILLOUX: Au moment où le ministre des Transports a fait une
déclaration en Chambre, en mars dernier je pense, dans laquelle il
préjugeait peut-être de la décision qui serait rendue par
la Commission des transports, il ressort qu'on venait de voir trois
associations rivales se fusionner, les deux autres reconnaissant que l'ANCAI
avait fait la preuve qu'elle était majoritaire dans 69 comtés du
Québec. Par la suite, est née cette association; je ne peux
l'empêcher de naître comme je ne peux l'empêcher de faire du
recrutement et du maraudage. Je ne vois pas quelle est la raison qu'on pourrait
invoquer pour forcer le ministère de la Voirie à se retrouver sur
un même chantier avec un pourcentage des travaux à accorder
à l'entrepreneur général, un pourcentage à accorder
à une association en particulier et peut-être se retrouver avec
deux ou trois autres associations. Quelle sorte de capharnaum aurait-on sur
chacun des chantiers du Québec et quelle sorte de climat de violence
existerait à ce moment?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le ministre mentionnait tantôt que
peut-être que ceux qui sont dans l'association rivale, on ne leur
accordera pas de travail ou de contrat; mais, en vertu de quelle loi? Ils ont
le droit de faire du maraudage, ils ont le droit de solliciter les
camionneurs-artisans tous les jours. C'est légal. Etant donné que
c'est légal, pourquoi est-ce qu'on userait de représailles contre
ces gens et qu'on dirait: Vous n'êtes pas dans l'Association nationale
des camionneurs artisans; donc, on ne vous donne pas de travail? La loi leur
permet de le faire. Ils sont dans la légalité. Je ne sais pas. Ce
n'est pas parce que je prends pour l'autre ou pour l'ANCAI, mais c'est une
situation qui existe et ils sont dans la légalité tous les
deux.
M. MAILLOUX: Je pense que, dans l'esprit du législateur, il y
avait un point de vue bien en face de nous. C'était de tâcher de
regrouper dans une seule unité d'action tous ceux...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, c'est ça.
M. MAILLOUX: ... qui étaient dans une sphère
d'activité où il y avait des difficultés
financières extraordinaires. Cela a été dans l'esprit des
membres de tous les partis politiques.
Si le ministère a jugé bon à un moment donné
de reconnaître celle qui avait fait la preuve hors de tout doute, je ne
vois pas pourquoi on recommencerait à accepter les effets de maraudage
qui nous replaceraient dans quelques mois dans la même situation
où nous étions il y a quelques mois ou quelques
années.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parce que c'est une forme de
syndicalisme à part. Ils ont eu un statut légal. C'est un peu
comme dans le syndicalisme agricole. Dans la loi, on est obligé de
définir le temps de maraudage et le temps pour l'accréditation.
L'association qui était majoritaire obtenait l'accréditation, si
je me souviens bien, pour trois ans. Même si une autre association
revendiquait... se disait majoritaire, il n'y a rien dans la loi, rien dans
l'entente qui le défende ou fixe un délai. Je pense que le
problème va persister comme cela tout le temps. Je ne sais pas comment
le régler juridiquement ou légalement.
M. PINARD: Je pense que c'est la pression économique qui va faire
revenir les choses à la normale pour la période qu'il nous reste
à franchir jusqu'à l'adoption du règlement et à son
dépôt et jusqu'à ce que la Commission des transports
entende des requêtes en accréditation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez...
M. PINARD: Nous parlons de quelques se-
mairies tout au plus. Si les choses se passent comme je l'ai
souhaité publiquement, à midi, devant l'Association des
constructeurs de routes et de grands travaux du Québec, la pression
économique étant mise sur ceux qui prétendent avoir des
droits analogues de regrouper les camionneurs-artisans au sein de leur
association, même s'ils ne respectent pas en tout point les clauses de
l'entente intervenue l'année dernière, la pression
économique étant sur eux, ils auront peut-être plus de
difficulté à faire les promesses qu'ils ont distribuées
à gauche et à droite de façon un peu intempestive depuis
quelque temps. Ce qui fait que des artisans actuellement membres de l'ANCAI ont
la tentation d'appartenir également à l'autre pour être
sûrs d'avoir du travail douze mois par année et au cas où
l'association rivale pourrait offrir de meilleures conditions de
sécurité d'emploi et des cotisations d'appartenance syndicale un
peu moins élevées. Mais tout cela n'est pas prouvé; au
contraire, on me dit que la cotisation imposée est beaucoup plus
élevée que celle qui est imposée actuellement par l'ANCAI.
Alors, je me demande quel est l'intérêt économique de
l'artisan qui se laisse leurrer en quelque sorte par l'association rivale? Que
fait-on miroiter à ces gens? L'enquête de la Commission des
transports le déterminera en temps et lieu, parce qu'il y aura quand
même des témoins qui devront faire la preuve sous serment des
motifs qui les ont poussés à accomplir certains faits et
gestes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais, M. le ministre, lorsque vous parlez de
pressions économiques, vous faites allusion à quoi? Que
voulez-vous dire?
M. PINARD: La pression économique dont j'ai parlé
tantôt?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien oui, mais en vertu de quel
principe...?
M. PINARD: Le ministère de la Voirie a conclu une entente avec un
groupe, une association représentative, les camionneurs-artisans, et le
ministère est obligé de respecter les conditions de son entente.
Sauf que je dis que je n'avais pas le droit, à l'époque, de
préjuger de l'accréditation qui pourrait être
accordée éventuellement par la nouvelle Commission des transports
et que je n'avais pas le droit comme ministre membre de l'Exécutif
d'intervenir dans le judiciaire. C'est pourquoi la fameuse entente intervenue
l'année dernière a été signée par les
représentants de l'ANCAI, mais n'a pas été signée
par le titulaire du ministère de la Voirie pour les raisons que je viens
d'indiquer.
Même si le communiqué qui a été émis
l'a été sous ma signature pour bien prouver qu'il était
vraiment intervenu une entente entre le ministère de la Voirie, d'une
part, et l'ANCAI d'autre part. Seulement, je ne pouvais pas aller plus loin,
mais je n'ai à renier aucun des engagements pris à
l'époque. Cependant, vous avez raison de prétendre que, si
l'association rivale qui s'appelle l'Association des camionneurs-artisans et
employeurs du Québec recrute la majorité des camionneurs-artisans
au sens de la définition qu'on retrouve dans l'ordonnance no 13,
à ce moment-là, la Commission des transports adjugera sur le
caractère de la représentativité et sur le
caractère majoritaire de cette association. On aura peut-être des
grincements de dents et des pleurs d'un côté, mais que
voulez-vous? Le gouvernement aura quand même tenu ses promesses et fait
l'impossible pour apporter la paix dans une situation qui était
jusque-là très tendue.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce que je veux dire au ministre, d'ailleurs
le ministre est assez connaisseur en lois et assez chevronné en
politique pour savoir que l'entente... Il n'y a rien qui m'empêcherait
demain matin de fonder une autre association de camionneurs-artisans et de
commencer à faire du maraudage. Partant de là, je n'ai pas de
limite de temps pour le faire. Je peux le faire continuellement. Alors,
même si on revient devant vous et si on revendique l'accréditation
parce que l'on dit que l'on a obtenu la majorité, si elle est
refusée, on continue le lendemain matin à faire du recrutement
quand même et c'est légal. Pourquoi faire des pressions
économiques quand des gens agissent dans la légalité, en
somme? Je veux dire pour terminer que, tant que, dans cette loi-là, il
n'y aura pas des dates fixées pour le maraudage et pour la durée
de l'accréditation, ce malaise et ce tiraillage, à savoir qui
aura les camionneurs, va persister et va durer, je crois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, je crois que le
député de Sainte-Marie a posé un problème qui est
réel et qui je le disais tout à l'heure nous met en
face d'une situation qui peut se gâter, se détériorer. Nous
avons deux associations. L'Association des camionneurs-artisans semble bien
devoir être accréditée par la Commission des transports si
on se réfère aux chiffres qu'a donnés tout à
l'heure le ministre d'Etat. D'autre part, comme le dit le député
de Sainte-Marie, rien n'empêche, légalement, juridiquement,
physiquement ou moralement, une autre association qui déjà a
commencé de le faire de s'occuper de recrutement et de faire du
maraudage. C'est pourquoi je me dis qu'il faudrait accélérer les
procédures d'accréditation. Après quoi ici, je me
réfère aux propos que tenait l'an passé le ministre du
Travail, quand je l'ai interrogé sur le problème des
camionneurs-artisans; il était ici, à la table, alors que nous
discutions la loi 23, à ce chapitre des camionneurs-artisans il
n'y a rien qui empêche, après cela, l'ANCAI de demander
l'intervention du ministère du Travail pour être reconnue comme
une association accréditée, habilitée à signer des
conventions collectives
avec ses employés. A ce moment-là pourront être
déterminées les périodes de maraudage comme elles existent
dans le cas des autres groupes syndicaux. Je pense donc que c'est une
suggestion que je fais au ministre, mais je la fais davantage à ceux qui
peuvent nous entendre et qui vont nous entendre de toute façon, aux
camionneurs-artisans. S'ils veulent vraiment se protéger, il va leur
falloir user des moyens que mettent à leur disposition le code du
travail et les lois connexes. Autrement, on tombe de Charybde en Scylla. On va
avoir une association qui va être accréditée pendant un an,
six mois, on ne sait combien de temps, et ensuite, l'autre étant plus
forte, recommencera excusez l'expression, M. le Président
le bordel, et nous retomberons dans ces situations que nous avons connues,
où c'était vraiment le désordre dans le domaine du
camionnage.
L'intention du législateur était bien claire l'an dernier
et nous étions, je pense, tous d'accord là-dessus. C'était
de protéger les camionneurs-artisans qui, comme le disait tout à
l'heure le député de Charlevoix, constituaient un groupe
financièrement marginal.
Nous leur avons donné cette sécurité, le ministre
leur a donné des assurances, la loi a consacré en quelque
façon l'existence d'une association de type aritsanal. Il restait
ce que le ministre ne pouvait pas faire à cette association
à se faire accréditer, mais il faudrait qu'elle le fasse dans les
plus bref délais et que, par la suite, elle entreprenne auprès du
ministère du Travail des démarches pour obtenir les garanties
dont parle le député de Sainte-Marie. Parce que, si on ne fait
pas cela je regrette, malgré toute la sympathie que j'ai pour les
camionneurs-artisans ils vont voir leur nombre diminuer à
l'avantage d'autres groupes qui me semblent avoir des moyens de pression assez
forts, à telle enseigne qu'ils ont installé, dans diverses
régions du Québec, dont la mienne, des bureaux de recrutement
avec des titulaires qui reçoivent des salaires quand même assez
intéressants.
M. MAILLOUX: Pourrais-je quand même ajouter des chiffres? Dans les
treize comtés problèmes dont j'ai parlé tantôt,
après la période de maraudage assez importante que l'on a subie
depuis les derniers mois, il ressort que, dans les derniers chiffres qui me
sont fournis dans ces comtés, après cette période de
maraudage terminée, la nouvelle association dont on a parlé
tantôt totalise 80 camionneurs-artisans alors que l'ANCAI, dans les
mêmes comtés, en compte encore 424.
Il y a forcément deux comtés dans un, il y en a sept d'un
côté et sept de l'autre. Ce sont des comtés
extrêmement chauds où il y a eu des problèmes, des
désordres, mais, dans les autres, il ressort quand même,
après cette période de maraudage, qu'on constate que, de 80
à 424, la Commission des transports, sans vouloir préjuger, a
quand même des chiffres assez impressionnants devant les yeux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce qui est regrettable pour les
camionneurs-artisans, c'est que si vous l'accréditez, l'Association
nationale des camionneurs-artisans, l'autre, le lendemain de
l'accréditation, en vertu de l'entente et de la loi, continuera son
maraudage de la même manière. Rien ne peut l'empêcher, parce
qu'en vertu du code du travail, il faudrait un amendement pour appliquer les
dispositions du code du travail ou une loi spéciale comme pour le
syndicalisme agricole. C'est cela. L'éternel maraudage n'existe pas
actuellement dans toutes les industries parce qu'en somme, c'est une affaire
dont les travailleurs font toujours les frais.
M. MAILLOUX: Si la Commission des transports suit un peu l'opinion du
législateur, j'imagine que lorsque les règlements seront
terminés et qu'elle aura évidemment à juger des causes,
certainement, pour les camionneurs qui appartiendront à une association
rivale et qui seront de véritables artisans, il ne restera qu'un ordre
à donner à la Commission des transports pour que ceux-ci
rejoignent l'association qui sera reconnue dans tout le Québec et qu'ils
ne soient pas pénalisés. D'ailleurs, l'ANCAI n'a jamais eu
l'intention de pénaliser qui que ce soit qui, actuellement, dans un
moment de confusion, se dirige vers une ou plusieurs associations dans le but
de gagner sa vie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ferai observer au
député de Charlevoix qui le sait très bien d'ailleurs,
qu'il y a, c'est bien clair, l'intention du législateur. Mais, il y a la
loi 23, et la Commission des transports peut tenir compte de l'intention du
législateur, du texte de la loi, mais elle ne peut pas aller contre le
droit qu'a tout citoyen, droit qui ne se trouve pas garanti dans le cas des
camionneurs-artisans, tant et aussi longtemps que le ministère du
Travail ne sera pas intervenu. Or, le ministre des Transports disait
lui-même tout à l'heure qu'il en avait causé avec son
collègue, M. Cournoyer. J'espère et je souhaite que ces
discussions entre le ministre des Transports et celui du Travail, si elles sont
reprises, le soient dans les plus brefs délais, c'est-à-dire
demain, et aillent dans le sens des suggestions que je faisais tout à
l'heure. Autrement, on va se retrouver après un an avec un
problème extrêmement complexe.
M. PINARD: J'ai demandé au ministre d'Etat, le
député de Charlevoix, de faire la compilation de tous les
chiffres qu'il nous a cités tantôt et même de les
compléter et de remettre un dossier complet directement au ministre du
Travail ou je peux le faire moi-même selon les
circonstances, de façon que le ministre du Travail soit bien
alerté et bien informé. Enfin il se reproduit dans ce domaine du
camionneur-artisan, ce qui se produit actuellement entre la CSN et la CSD au
moment où il y a une espèce de difficulté à
dénombrer...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si on embarque là-dessus...
M. PINARD: Non, non, mais seulement à titre d'exemple. Je veux
dire au plan de la représentativité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Les affiliations puis, l'affiliation
à un autre.
M. PINARD: C'est un peu de même nature, c'est pour ça que
ce conflit étant nouveau, en ce sens qu'il est un peu différent
des autres qui sont connus actuellement dans le monde du travail, il faudra que
le ministre du Travail se tienne bien au fait de la situation pour au besoin
amender les lois du travail et permettre la cessation d'une situation qui ne
peut pas durer. Economiquement, ce n'est pas viable et, le ministère des
Transports ne peut pas s'engager à faire vivre des associations rivales
aux dépens des contribuables, alors qu'il n'y aurait pas de
volonté de regroupement et de volonté bien évidente de
vouloir vivre dans un système ou la paix et l'ordre pourront
régner.
M. LE PRESIDENT (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, lorsqu'on a reconnu l'ANCAI avec les
avantages qu'on lui a fournis avec le sel et toutes ces choses, est-ce qu'on a
prétendu de laisser assez de champ d'activités à ces
employeurs ou propriétaires de flotte pour qu'ils puissent faire leur
vie eux aussi? On est bien d'accord que les artisans doivent être
protégés, ils ont été reconnus.
M. PINARD: C'est la clause 75 p.c-25 p.c. dont le député
parle sans doute, qui s'applique sur les chantiers de voirie.
Evidemment, l'entrepreneur qui possède sa propre flotte de
camions a quand même le droit de faire travailler ses camions
jusqu'à concurrence d'un certain nombre d'unités qui
représentent un pourcentage sur la ligne d'infrastructure, 25 p.c.
au-dessus. Au-delà de ce pourcentage, s'il doit engager des camionneurs
pour parfaire ses travaux, l'aider à exécuter ses travaux, il
doit faire appel au service des camionneurs-artisans.
C'est de cette façon que le ministère de la Voirie les a
protégés et j'ai prétendu, les chiffres sont là,
qu'il en a coûté $4.5 millions pour les protéger. Sauf que
cette dépense additionnelle est compensée, comme le soulignait
tantôt le député de Charlevoix, par une diminution des
charges légales permises sur les réseaux routiers et que, de ce
fait, il y a une économie dans la politique d'entretien du
ministère, parce qu'il en coûtera vraisemblablement moins cher
annuellement pour entretenir notre réseau routier, qui n'aura pas
à supporter des charges complètement déraisonnables.
M. AUDET: Le secteur forestier aurait été
conservé...
M. MAILLOUX: Je voudrais dire au député d'Abitibi-Ouest
que le pourcentage de 25 p.c. au-delà de la ligne d'infrastructure, de
même que le transport du sel où les artisans sont
privilégiés, ne forment qu'environ 20 p.c, si ma mémoire
est fidèle, de l'ensemble du transport en vrac forestier ou autre. Il
reste 80 p.c. de tout le transport en vrac qui peut être effectué
et par les non-artisans et par les semi-entrepreneurs et par les compagnies
forestières ou les entrepreneurs en forêt.
Il y a un très vaste champ d'activité pour ceux qui ne
justifient pas le terme du mot "artisan".
M. AUDET: Ils ne sont à plaindre d'aucune façon. Avec la
manière forte du ministre, ça va se régler.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a d'autres points?
LE PRESIDENT (M. Picard): A quelle heure sommes-nous censés
siéger demain?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Après la période des
questions, onze heures.
Etude des crédits
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, nous allons maintenant commencer
l'étude des crédits du ministère des Transports. Comme
vous le savez sans doute, ces crédits sont présentés d'une
façon un peu différente des années
précédentes du fait que, maintenant, le gouvernement
présente ses crédits selon le système PPBS. Si vous prenez
votre livre des crédits à la page 21-1, vous avez tous les
programmes du ministère.
Pour l'étude des crédits, il nous a été
suggéré dans une réunion des présidents des
commissions permanentes de procéder par programmes et, à
l'intérieur d'un programme, par éléments et à
l'intérieur de chaque élément, par catégories de
dépenses.
Pour vous transcrire ces informations dans le concret, si vous prenez la
page 21-3, vous avez le programme 1: Inventaire et recherche. Vous pouvez aussi
référer à ce programme 1 comme étant l'article 1.
Un peu plus bas, vous avez les éléments. Ce sont des
sous-articles. Il y en a deux. Cela sera le sous-article 1 ou le sous-article
2. Nous ne pouvons pas étudier les crédits en détail sur
cette page de droite. Nous devons aller à la page de gauche où
vous avez: Ventilation des crédits et à, ce moment, nous devons
procéder par éléments, un par un allant du haut vers le
bas, de façon verticale pour chaque catégorie de dépenses.
Voici la façon de faire la discussion. Si nous nous reportons à
la
page de gauche, je vais appeler la catégorie de dépenses
1: Traitements du sous-article 1 qui est l'élément: Inventaire du
réseau routier de l'article 1 qui est le programme: Inventaire et
recherche.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que je pourrais vous demander
des directives? La coutume établie ici a été que lorsqu'il
y avait entente à la commission, cette dernière pouvait
décider la façon dont elle voulait étudier les
crédits d'un ministère. Il n'y avait pas de forme
concrète, définitive de la façon dont on devait
procéder. Ce n'était pas une camisole de force, mais on
tâchait de s'adapter suivant les circonstances pour procéder le
plus équitablement possible et avec le plus de flexibilité
possible afin d'éviter de nous placer dans une situation où ce
pourrait être difficile pour le ministre de répondre et difficile
souvent pour l'Opposition de poser des questions. J'accepte vos remarques.
C'est une directive, une suggestion que vous pouvez faire. Je pense que tous
les membres de la commission sont prêts à se soumettre à
vos directives et même à accepter vos suggestions, à
condition que ces suggestions soient assez flexibles pour nous permettre
d'étudier les crédits de la façon la plus intelligente
possible. Vous le remarquerez un peu plus loin, je pourrais vous citer des
catégories, si nous commencions à étudier de la
façon que vous le dites, cela sera une répétition
constante tandis que nous pouvons prendre les choses globalement, tout
passer...
LE PRESIDENT (M. Picard): Je n'ai aucune objection. Il n'est pas
obligatoire de passer chaque catégorie de dépenses de
l'élément 1. Vous pouvez, après une discussion globale,
dire: L'élément qui est l'inventaire du réseau routier,
nous en discutons globalement. Mais les directives qui nous ont
été données font suite à une réunion avec le
personnel du Conseil du trésor de même que le personnel du journal
des Débats parce qu'à un certain moment, il va falloir se
retrouver dans le journal des Débats. A la lecture du compte rendu de
ces réunions, si tous et chacun utilisent leurs expressions propres, ils
ne se retrouveront plus du tout dans la lecture du journal des
Débats.
Je n'ai pas d'objection. Je peux appeler la catégorie de
dépenses 1: Traitements, et quelqu'un peut m'interrompre
immédiatement et me dire: M. le Président, nous désirons
étudier globalement tout cet élément. A la fin, je mettrai
au vote l'élément et le programme seulement, et non pas chaque
catégorie de dépenses. C'est la raison pour laquelle nous avons
discuté avec les gens du Conseil du trésor pour établir
une procédure. Vous pouvez le voter globalement. Je n'ai aucune
objection. Vous allez même me faire plaisir.
Inventaire et recherche
M. RUSSELL: Je suis bien prêt à procéder par
catégories ou par programmes plutôt et tâcher de les
attacher globalement. S'il y a des questions qui peuvent être
posées séparément ici, quand même à
l'intérieur de tout cela, nous le ferons. Je voudrais démarrer
avec la première question en demandant au ministre lorsqu'on parle
d'inventaire et de recherches aux éléments 1 er 2 pour lesquels
il y a un montant d'au-delà de $800,000 de plus cette année que
l'an dernier, quel travail cela comprend? Quelle est la responsabilité
des 154 fonctionnaires qui font ce travail?
M. PINARD: Le programme 1 qui est intitulé: Inventaire et
recherche, vise à une connaissance appronfondie des systèmes de
transport et des possibilités de leur amélioration ou de leur
extension.
Inventaire du réseau routier
M. PINARD: A l'élément 1: Inventaire du réseau
routier, il s'agit de projets réalisés par les services
techniques des transports pour la confection d'un inventaire physique
détaillé du réseau routier et pour l'amélioration
des systèmes de transports de la province.
A l'élément 2, on parle des recherches et des analyses sur
le réseau routier. Il s'agit des recherches et des analyses en vue
d'améliorer la qualité des matériaux utilisés au
ministère et la productivité des techniques de construction et
d'entretien. Alors, vous voyez que pour l'inventaire du réseau routier
une somme de $2,132,900 est demandée par rapport à une somme de
$1,270,000 qui a été demandée et dépensée au
cours de l'exercice financier terminé en 1973.
M. RUSSELL: Lorsqu'on dit "dépensée", est-ce que le
ministre affirme qu'il n'y a pas de crédits périmés
à cet élément?
M. PINARD: Je vais demander à mon collaborateur de
répondre en mon nom à cette question du député de
Shefford.
Etant donné que les livres du gouvernement ferment le 30 avril,
nous ne sommes pas en mesure actuellement de vous dire quels seront les
crédits périmés au niveau... D'accord, l'année
financière se termine le 31 mars, mais les livres ferment le 30 avril
par les dépenses effectuées au 31 mars. Nous ne sommes pas en
mesure de vous fournir les crédits périmés à cette
date-ci car le comptable, d'un autre côté, a tenu les
dépenses cette année par centres de responsabilité, tel
que le budget était fait en 72/73. Donc, les services comptables ne sont
pas en mesure de nous ramener les dépenses au niveau
d'éléments de programme qui est une structure du
ministère. Le ministère a fait l'effort de donner les comparatifs
basés sur les activités des services. Au niveau des
crédits périmés, nous pourrons vous donner les
crédits périmés prévus mais par centres de
responsabilité seulement.
M. RUSSELL: Si je comprends bien le ministre actuellement, le montant de
$1,270,000 est la compilation du budget de l'an dernier plus les virements de
fonds, plus les crédits supplémentaires s'il y en a eu. Donc, il
ne s'agit pas de la dépense.
M. PINARD: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si mon collègue me le permet, cette
procédure administrative qui se veut très nouvelle ne laisse pas
d'empêtrer les parlementaires et, j'imagine, le ministre lui-même.
On nous demande ici de voter un montant de $2,132,900 en comparaison d'un
montant de $1,270,000 l'an passé. Or, on n'est pas capable de nous dire
s'il y a eu, en ce domaine, des crédits périmés. Laissons
le problème là un instant.
Mais lorsque le ministre des Finances nous présente en Chambre un
budget comme celui qui apparait dans le texte que nous avons ici et nous
déclare: Nous avons une augmentation des dépenses ou une
diminution de tant. Comment le ministre des Finances peut-il justifier devant
les contribuables des chiffres qu'il présente glorieusement à la
Chambre en disant: Grâce aux économies que nous avons
réalisées, nous avons pu investir davantage cette année
dans tel secteur, etc., etc. Parce que lorsque nous avons administré un
budget de ministère, j'en ai administré un, le ministre est
obligé de suivre le rythme des dépenses, semaine après
semaine, afin de pouvoir justifier devant le ministre des Finances et devant
les contribuables les demandes de budget qu'il va faire. Si, par exemple
je prends un exemple que j'ai bien connu, le ministère des Affaires
culturelles je demandais $1,500,000 pour le fonctionnement des
orchestres symphoniques, je devais, vers la fin de l'exercice,
m'enquérir auprès des fonctionnaires responsables, pour
être bien sûr que nous n'avions pas demandé trop d'argent et
que, par conséquent, nous n'avions pas fait peser sur les contribuables
une charge fiscale trop lourde, et si je n'avais pas eu assez d'argent,
j'étais justifié d'en demander davantage au ministre des
Finances. Or, là si vous n'êtes pas capable de nous dire quel est
le montant global des crédits périmés au ministère
des Transports et de la Voirie appelons cela ministère des
Transports puisqu'il s'appelle ainsi comment pouvez-vous justifier les
augmentations que vous nous demandez de voter?
Le ministre comprendra que ce n'est pas un reproche que je fais;
j'examine la nouvelle technique administrative en fonction des comptes que le
gouvernement, quel qu'il soit, est obligé de rendre aux contribuables.
Si vous me demandez de voter $2,132,000 et que l'an passé vous m'avez
demandé de voter $1,270,000, je suis justifié de vous demander:
Est-ce que vous avez dépensé tout l'argent qu'on vous avait
voté l'an dernier et comment se fait-il que vous m'en demandiez autant
cette année? C'est quand même un montant considérable de
plus qui est demandé.
M. PINARD: Je comprends très bien le sens de la question du
député de Chicoutimi, mais comme il s'agit d'une technique
administrative nouvelle et d'une technique de présentation
budgétaire également nouvelle, je vais demander à mon
collaborateur immédiat en matière budgétaire de
répondre à sa question. Il expliquera pourquoi il y a une
différence qui apparait quand même assez considérable et
quels sont les autres éléments qui entrent en ligne de compte
pour justifier des crédits périmés, s'il y en a eu et
quels sont aussi les motifs qui justifient une augmentation du montant qui sera
réservé, au cours de cette année, à l'inventaire du
réseau routier.
Au niveau du programme 1, élément 1, l'inventaire du
réseau routier, les services qui participent à cet
élément de programme sont le service de la circulation,
l'étude en planification des transports, le service de la
géographie et le service des sols et matériaux. Etant
donné que, l'an passé, les budgets étaient votés
par centres de responsabilité, je peux vous dire que les
prévisions des crédits périmés au niveau du service
de la circulation et de la géographie sont de $30,000 et au niveau du
service des sols et matériaux, les prévisions sont de $30,000;
donc, un total de $60,000. Le service d'étude en planification des
transports est une nouvelle création du nouveau ministère des
Transports. Ceci explique en substance l'augmentation à la
catégorie des traitements, parce que la différence entre les deux
programmes, $2,560,000 en 73/74, comparés à $1,642,000
vous avez une différence de $900,000 de plus s'explique
principalement au niveau des traitements. Vous voyez qu'en 73/74, il y a
$1,747,000 de demandés comparés à $862,000, donc une
différence seulement au niveau des traitements de $865,000. On peut
expliquer le fait qu'en 72/73, il y avait un effectif autorisé de 137
personnes, composé de 85 fonctionnaires, 22 ouvriers et 30 postes
vacants. En 73/74, 110 fonctionnaires, 14 ouvriers et 30 postes vacants pour un
total de 154. La différence de $685,000 se lit comme suit:
l'augmentation des conventions collectives, $180,000, c'est de l'ordre de 20
p.c; il y a eu 17 postes nouveaux de créés principalement pour
l'étude de la planification des transports. Ces postes sont des postes
de commande qui sont évalués entre $15,000 et $17,000. L'impact
est de $270,000. En 72/73 la péremption était exigée par
le Conseil du trésor au niveau des postes vacants. Cette année,
la nouvelle procédure nous a permis de combler notre effectif dès
l'acceptation provisoire des crédits, de commencer à faire le
processus pour qu'au 1er avril nous puissions embaucher les gens. Donc, aucune
péremption prévue au niveau des postes vacants, si le
ministère est consentant. Si nous ne mettions pas de péremption
dans nos salaires, il
faudrait peut-être réduire d'autres catégories de
dépenses. Pour le programme 1 : Inventaire et recherche, quoiqu'il
fallait mettre l'accent sur ce programme, aucune péremption n'a
été prévue à ce programme pour les salaires. C'est
un impact de $180,000. Donc, $180,000 d'augmentation collective, 17 nouveaux
postes, $270,000 et $180,000 pour la péremption qui n'existe plus. En
plus, dans la variante, il y a 25 fonctionnaires de plus entre 72/73 et 73/74
par rapport... C'est un impact d'environ $2,000 pour cinq ans chacun, pour une
différence de $55,700, ce qui forme la différence de $685,700 si
on additionne les trois autres éléments pour le millage.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, l'explication est très simple.
L'an dernier, c'était 137 postes qui n'étaient pas tous
comblés.
M. PINARD: Cette année aussi, il y a trente postes...
M. RUSSELL: II y a une demande de 154 postes pour lesquels le
ministère a partiellement complété ses cadres
actuellement. Le processus est en marche et avance. M. Vincent, directeur du
nouveau service, étude en planification des transports, a
déjà du personnel en place. C'est évident au niveau du
poste. En 72/73, il y avait des crédits de prévus pour des postes
vacants dont on aurait pu se servir, mais en 73/74, ces postes se sont
comblés plus vite que par les années passées, avec le
processus...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le processus est en marche. Les concours ont
été tenus?
M. PINARD: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on a commencé à
remplir les postes vacants? J'ai demandé si on avait commencé
à remplir les postes vacants pour lesquels il y a eu autorisation de la
direction des effectifs?
M. PINARD: Je vais demander à mon autre collaborateur, qui est
chargé de la direction de la recherche et de la planification, de
répondre à la question du député de Chicoutimi.
Au service d'étude en planification des transports, nous avons un
programme d'embauche approuvé de 22 fonctionnaires. Là-dessus, il
y a un groupe qui existait au ministère l'an passé, le groupe
pluridisciplinaire de Montréal, qui comporte six personnes nous ayant
été greffées à partir de la fin du mois de mars.
Nous avons présentement trois fonctionnaires à Québec qui
sont avec l'unité déconcentrée, à Québec, et
nous sommes en voie d'embaucher, au cours des mois qui viennent, les autres
personnes de manière à atteindre un maximum de 22 personnes,
incluant le personnel de bureau et les chefs de division.
Dans le service d'étude en planfication des transports, il y a
trois divisions. La première va s'occuper de l'étude du milieu,
c'est-à-dire les données au point de vue d'identification des
besoins de la collectivité et de l'évaluation de l'effet de
l'amélioration des systèmes de transport. Dans la division de la
technologie des transports, nous allons évaluer et identifier les
alternatives en vue de nouveaux moyens de transport et d'améliorer
évidemment ceux qui existent.
Nous avons un dernier secteur qui va identifier les programmes et les
politiques. D'une part, nous avons les différents éléments
de la planification à partir du recensement des données, de la
formulation des plans ou des alternatives et également la
vérification, la justification des alternatives en fonction des
objectifs qui ont été donnés. En gros, le service
d'étude en planification des transports, ou au moins les effectifs de
démarrage, comprennent environ 22 personnes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): De ces 22 personnes, combien s'en trouvera-t-il
qui seront des professionnels, des spécialistes, et de quelle nature,
dans quelle discipline?
M. PINARD: Disons que, sur 22 personnes, vous avez le directeur du
service, vous avez trois chefs de service dont les postes sont à
classifier, mais ce sont certainement des professionnels au niveau soit
d'adjoints aux cadres ou administrateurs.
Au niveau des disciplines, au niveau d'étude du milieu ce peut
être soit un urbaniste, soit un économiste. Le profil est assez
variable par le fait que ce sont les études du milieu et, dans les
groupes pluridisciplinaires, vous pouvez avoir une formation universitaire de
base, mais avec une spécialisation qui peut être dans un de ces
domaines.
L'environnement également, au niveau de l'étude du milieu,
est une préoccupation importante chez nous par le fait qu'il y a une
"interface" avec l'environnement, le ministère des Affaires municipales.
Il y a des données de l'urbanisme ou des données d'ordre spatial.
Vous avez les données également d'ordre socio-économique
et les préoccupations de l'environnement.
Alors, c'est au niveau du recensement des données, en vue de
connaître les besoins d'un nouveau système des moyens de transport
et l'amélioration. Dans ce secteur, au moyen des effectifs de
démarrage, à l'unité qui existe à Montréal,
il y a un groupe juridisciplinaire, nous avons à Montréal, un
économiste, et également un architecte urbaniste, ce sont les
deux personnes dans ce secteur-là. Il y a également deux
ingénieurs en circulation, dont un a une mai-trise en administration. A
Québec, dans le moment, nous avons le poste de trois chefs de division
à combler. Il y a un poste qui est occupé d'une façon
temporaire dans le moment et nous avons également une personne qui
nous
a été confiée, une mutation qui sera greffée
sur notre centre des responsabilités. C'est un diplômé en
commerce.
Dans nos prévisions à court terme, nous avons un programme
d'embauche pour un économiste et un urbaniste. Nous avons
également prévu un ingénieur en transport et un
spécialiste en recherches opérationnelles pour l'identification
des alternatives des moyens de transport. Au niveau du dernier secteur, que
l'on appelle les programmes et politiques, c'est en fait la formule de
planification déconcentrée au ministère et là, nous
avons des gens qui vont plutôt évaluer les choix de solutions avec
l'aspect rentabilité. Alors, d'une part, nous avons, dans l'étude
du milieu, les besoins de la collectivité, au point de vue
socio-économique, d'environnement, etc.; c'est articulé sur le
milieu, sur des questions technologiques et, dans la dernière partie,
nous faisons la synthèse et nous voyons la rentabilité et la
concrétisation du plan.
En fait, c'est l'objectif ou le mandat du service d'étude en
planification de transport qui est de voir les besoins à moyen et long
termes dans une préoccupation d'environnement et de besoins de la
collectivité du Québec.
Alors, ces 22 personnes...
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant, s'il vous plaît. Le
député de Chicoutimi a une autre question.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Combien y a-t-il de ces personnes
engagées actuellement dans les nouveaux effectifs?
M. PINARD: II y en a qui sont parmi les occasionnels. Ils doivent passer
des concours.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, combien d'occasionnels et comment se
fait-il que l'on fasse appel à des occasionnels et qu'ensuite on les
soumette à des concours?
M. PINARD: Evidemment, je pourrais peut-être vous donner un cas
assez précis. Chez nous, nous avons quand même des travaux
à très court terme, nous avons demandé à la
Fonction publique, de combler les postes. Maintenant, il arrive qu'à
court terme une formule d'engagement... c'est un professionnel sur une base
contractuelle et, ensuite, nous demandons à ce professionnel, si nous
sommes satisfaits de ses services, de se qualifier dans un concours de la
Fonction publique. Alors, il lui est loisible de se prévaloir des
possibilités de la Fonction publique et de se présenter au
concours. S'il est jugé apte, il peut continuer.
M. RUSSELL: Qui prépare le concours?
M. PINARD: C'est le concours de la Fonction publique.
Les postes ont été approuvés par la Fonction
publique. Evidemment, au ministère, il y a un comité
d'étude des effectifs qui approuve. Nous avons des descriptions de
tâches pour chaque poste et nous demandons à la Fonction publique
de le combler. Nous demandons à l'individu qui est chez nous, sur une
base contractuelle de se présenter, de présenter une offre de
services à la Fonction publique et il suit le mécanisme
normal.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et il est accepté?
M. PINARD: II y a un jury et, si ses services sont satisfaisants...
chacun est considéré parmi tous ceux qui peuvent se
présenter.
M. RUSSELL: M. le Président, je crois que dans le passé il
y avait un nombre illimité de gens qui se présentaient, qui
passaient les examens. Il y avait une liste qui était établie de
cinq, dix, douze ou quinze et ensuite cette liste était transmise au
sein du ministère pour choisir celui que l'on voulait avoir. Est-ce
encore la même procédure ou si on prend le premier sur la liste ou
le dernier?
M. PINARD: Sur la procédure du personnel, quand il s'agit de
combler nos effectifs, les besoins sont transmis au service du personnel.
Je peux demander au collaborateur titulaire de répondre à
cette question, parce que c'est lui qui a la responsabilité des choix,
mais à l'intérieur des règles établies.
Actuellement, lorsque nous avons des concours pour des postes comme
celui que l'on mentionne, soit des postes de professionnels ou d'adjoints aux
cadres, habituellement, à 95 p.c. ou 99 p.c. du temps, c'est la
Commission de la fonction publique... le jury siège, fait les
recommandations, et la commission nous arrive seulement avec un nom
recommandé, c'est-à-dire celui qui a réellement eu le plus
de points lors du concours et c'est celui-là que nous acceptons. H peut
arriver des exceptions. Si les deux sont ex-aequo ou si c'est tellement proche,
nous pouvons donner notre avis mais cela se fait habituellement, dans ce cas,
au niveau du sous-ministre, qui écrit au président de la
Commission de la fonction publique. Depuis que je suis au ministère,
cela m'est arrivé seulement une fois et nous avions d'excellentes
raisons de ne pas nommer la personne qui avait gagné le concours.
M. MAILLOUX: M. le Président, il faut quand même
reconnaître qu'à l'intérieur d'une liste de candidats
choisis, qui sont dans une liste d'admissibilité, je constate, depuis
les dernières années que tant et aussi longtemps que cette liste
n'a pas été complètement requise, employée, les
sujets n'ont pas été appelés au travail, il n'y a pas de
concours de rappelé. Je me rappelle que dans les années
antérieures, il arrivait qu'il restait des candidats sur de telles
listes et qu'un autre concours était appelé ajoutant
à la liste déjà en place. Ce que je dis, c'est affirmatif,
parce que j'ai eu des cas chez nous qui se sont produits. Il n'est pas possible
d'amener un candidat tant et aussi longtemps qu'une catégorie de
fonctionnaires qui ont réussi un concours de la Fonction publique ne
sont pas tous placés.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre peut... excusez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II arrive actuellement au ministère des
Affaires sociales pour citer un cas au député de
Charlevoix que tel concours a été tenu, qu'un nombre X de
candidats ont été retenus et qu'on a tenu par la suite un autre
concours et les personnes dont les noms avaient été retenus, ont
été éliminés. Vous voyez que le système
n'est pas si étanche que vous le prétendez.
M. MAILLOUX: II est assez étanche chez nous, ils ont tous
été libérés des postes occasionnels pour lesquels
ils avaient été nommés pour le ministère des
Affaires sociales et, je pense, à la satisfaction du public, car ils ne
répondaient pas aux exigences du ministère. Ils seront
remplacés quand un concours aura prouvé que ceux qui ont
postulé des emplois auront évidemment la capacité
nécessaire.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne mets pas en doute la parole du
ministre, mais je pense qu'il serait peut-être mieux de vérifier,
parce que je crois que, dans certains...
M. MAILLOUX: H y a des contrôles plus sévères je
l'ai constaté antérieurement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tant mieux, mais ce n'est pas encore assez
sévère.
M. MAILLOUX: Peut-être.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest a
demandé la parole.
M. AUDET: Est-ce que ces analyses, d'après vous,
débouchent sur une volonté d'amélioration de nos routes
régionales? Est-ce qu'on veut avoir une meilleure construction de
routes? Réellement, c'est déplorable à bien des endroits.
On bâtit une route et, trois ans après, il faudrait la
recommencer.
M. PINARD: Nous avons procédé, depuis deux ans à
tout le moins, trois ans même, à un inventaire du réseau
routier, de la capacité portante.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je suis obligé de vous rappeler
à l'ordre parce que c'est au programme 3. Est-ce que vous pourriez
discuter de ça "recherches et analyses".
M. AUDET: Oui.
M. PINARD: Programme 3.
LE PRESIDENT (M. Picard): Construction des routes.
M. AUDET: Je demande si l'élément "recherches et analyses
du réseau routier" débouche sur l'amélioration des
réseaux routiers.
M. PINARD: Si le député veut accepter que ma
réponse serve ce soir et qu'il n'en parle pas demain, je vais lui donner
la réponse tout de suite.
M. AUDET: On en reparlera demain, parce que...
M. PINARD : Très bien. Je comprends que le programme no 1 est
adopté?
UNE VOIX: Non.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à demain, après la période des questions de
l'Assemblée nationale.
M. PINARD : Juste une chose, on s'excuse, Jacques Charland, qui est en
charge de la recherche, est malade actuellement. Il a dû partir à
midi. Jacques Charland, si vous voulez le savoir est en charge de tous les
programmes de recherche. Il est chez lui, malade.
(Fin de la séance à 22 h 5)