Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
des transports, des travaux publics
et de l'approvisionnement
Projet de loi no 32 Loi modifiant la loi des
transports
Séance du mercredi 4 juillet 1973
(Vingt heures trente-trois minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
La commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement étudiera ce soir le projet de loi 32, Loi modifiant
la Loi des transports. Pour la séance d'aujourd'hui, M. Tremblay
(Chicoutimi) remplace M. Russell (Shefford) et M. Burns (Maisonneuve) remplace
M. Tremblay (Sainte-Marie). J'aimerais suggérer que M. Audet
(Abitibi-Ouest) soit nommé rapporteur de la commission. Est-ce que cette
suggestion est agréée?
UNE VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que nous ne commencions, j'aimerais
faire observer que le but de cette rencontre, c'est d'entendre M. le juge
Prévost, le président de la nouvelle Commission des transports.
C'est le mandat qui a été assigné à cette
commission ce soir. Par conséquent, il ne s'agit pas de l'étude
du projet de loi comme tel mais bien de l'audition de M. le juge
Prévost, qui doit nous donner des renseignements afin de justifier les
amendements qu'on veut apporter à la loi 23 sanctionnée le 8
juillet 1972.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre.
M. PINARD : Tel que vient de le souligner le député de
Chicoutimi et comme l'a annoncé ce matin le leader parlementaire
ministériel, l'honorable Gérard Levesque, c'est à la
suggestion du ministre des Transports, qui en a parlé
préalablement avec les membres des partis d'Opposition, que l'invitation
a été faite à l'honorable juge Adolphe Prévost,
président de la Commission des Transports, de venir nous dire les motifs
qui expliquent la proposition d'amendement à la loi no 23.
Je pense que le juge Prévost, en homme responsable, veut venir
éclairer les membres de la commission et nous dire pourquoi des
amendements sont proposés pour rendre la Commission des transports, qui
est un tribunal quasi judiciaire et quasi administratif, plus efficace et plus
opérationnelle.
Je ne veux pas prolonger mes remarques et, avec la permission du
président et des membres de la commission, je voudrais que le juge
Prévost puisse donner des informations avant même que nous
n'entreprenions, comme membres de la commission parlementaire des transports,
l'étude du projet de loi no 32 qui propose des modifications à la
loi no 23.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Chicoutimi.
Remarques générales
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes heureux d'accueillir M. le juge
Prévost, mais avant que de lui donner la parole aux fins d'expliquer les
raisons qui motivent les amendements qu'il a demandé qu'on
apportât à cette loi 32, j'aurais quelques questions à lui
poser. D'abord, j'aimerais savoir de M. le juge Prévost à quel
moment il est entré en fonction.
M. PREVOST: J'ai été nommé le 23 janvier 1973.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le juge, est-ce que vous pouvez nous dire,
depuis le moment de votre nomination, combien de séances vous avez
tenues et à partir de quel moment se sont tenues ces séances?
M. PREVOST: Les articles de la loi 23 qui permettaient à la
Commission des transports d'opérer sont devenus en vigueur le 15
février 1973. La Régie des transports a continué à
siéger jusqu'au 14 février, mais à compter du 15
février, il a fallu suspendre les auditions publiques pour la raison
qu'il fallait publier les avis dans la Gazette officielle, obligation qui
n'existait pas aux termes de l'ancienne loi concernant la Régie des
transports. Nous avons commencé à tenir des audiences publiques,
si ma mémoire est exacte, le ou vers le 13 mars 1973.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le juge, est-ce qu'il vous serait possible
de nous dire quelles sont les règles de pratique que vous avez
observées depuis le moment où vous avez commencé de tenir
des audiences publiques?
M. PREVOST: Nous avons suivi les règles de pratique de l'ancienne
Régie des transports pour autant qu'elles étaient susceptibles
d'application, vu la nouvelle Loi des transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, M. le juge, ces règles de
pratique que vous avez reconduites en quelque façon, vous dites que vous
les avez suivies, est-ce que ces règles de pratique vous ont permis
d'accomplir le travail qui vous est assigné par la nouvelle Loi des
transports?
M. PREVOST: Nous avons fait le travail
qu'on attendait de nous avec les mécanismes en vigueur.
Nous avons eu plusieurs remarques de la part des transporteurs voulant
que les mécanismes prévus à la loi 23 étaient
lourds d'application au point de vue émission ou délivrance des
permis. Je puis, si cela intéresse la commission, vous donner quelques
notes sur le délai encouru entre le moment où une demande est
présentée et le moment où la décision peut
être rendue et où elle peut entrer en vigueur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien, M. le Président.
M. PREVOST: C'est l'article 41 de la Loi des transports qui dit que
"toute personne qui désire introduire une affaire devant la commission
doit le faire par une demande dans la forme prescrite par les règlements
et accompagnée des documents requis par ces règlements. "
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce propos, M. le Président, est-ce
que je peux me permettre d'interrompre M. le juge et lui demander parce
qu'il a évoqué le problème des règlements
quel règlement il a suivi puisque ces règlements ne semblent pas
avoir été promulgués?
M. PREVOST: Nous avons utilisé l'article 167 de la Loi des
transports indiquant que "les ordonnances adoptées et les
décisions prises par la Régie des transports en vertu de la Loi
de la Régie des transports continuent d'être en vigueur
jusqu'à ce qu'elles soient abrogées, remplacées ou
modifiées par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil ou
par décision de la commission..." Il y eut, entre autres, un
règlement concernant les normes de taux et de tarifs qui nous a permis
de fixer des taux et des tarifs.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'application de ces règlements anciens
a provoqué certains problèmes, particulièrement en ce qui
concerne les transporteurs en vrac. Est-ce que vous avez eu des
représentations de ces organismes?
M. PREVOST: Oui, il faut dire qu'en vertu de l'article 33 de l'ancienne
loi, le camionnage en vrac, que d'autres appellent le camionnage artisan,
était exempté.
En somme, ces gens n'avaient pas besoin de permis de la régie.
Plusieurs camionneurs artisans se sont adressés à nous pour
obtenir un permis, mais nous leur avons toujours dit, étant donné
l'article 31, je crois, de la loi, qu'il n'y avait pas de règlement,
nous ne pouvions pas considérer des demandes de permis, non plus que
délivrer des permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, effectivement, M. le juge, des
permis ont été délivrés en ce qui concerne les
transporteurs en vrac? Je pense, en particulier, à ces transpor- teurs
qui doivent travailler dans la région de la baie James.
M. PREVOST: II y eu, du temps de la Régie des transports, des
permis accordés sur une base expérimentale et avec la naissance
de la Commission des transports, il y eu également des permis
émis à des camionneurs avec des plaques "L" qui pouvaient faire
également du camionnage en vrac, comme cela existait du temps de la
Régie des transports, alors que tous ceux qui détenaient des
permis ou des plaques "L" pouvaient faire et du transport général
et du transport en vrac.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien de permis ont été
émis, M. le juge, et dans quelles régions ont-ils
été émis?
M. PREVOST: II faut bien s'entendre. Des permis de camionnage en vrac,
il n'y en a aucun. Il y eut des permis de transport général qui
permettaient le camionnage en vrac vu qu'il n'y a pas de règlement
concernant le camionnage en vrac.
La commission a permis à des camionneurs détenant des "F"
de faire du camionnage en vrac pour le compte évidemment de ceux qui
détenaient des permis. Nous n'avons jamais accordé de permis
spécifique à M. Untel. Nous avons permis, par exemple, au
détenteur d'une plaque "L" de louer les services d'un camionneur en vrac
avec un "F" pour faire le surplus de travail qu'il y avait à l'occasion
des travaux dans la baie James.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le juge, vous n'êtes pas sans savoir
qu'un certain nombre de personnes regroupées dans ce que l'on appelle
l'Association nationale des camionneurs artisans, ont demandé
d'être accréditées et, pour ce faire, ils devaient
présenter une requête devant votre commission.
Est-ce que cette requête a été
présentée et quelle est la situation à l'heure
actuelle?
M. PREVOST: Si vous voulez parler de l'article 29 g) à l'effet
que la commission doit, dans le cadre des règlements, reconnaître
tout organisme qu'elle juge représentatif des transporteurs
québécois qui ne possèdent qu'un véhicule, je puis
répondre qu'il n'y eût aucune demande d'accréditation et
qu'en conséquence rien n'a été considéré
parce qu'il n'y avait précisément pas de règlement et que
l'article 29 dit bien que nous devons reconnaître de tels organismes dans
le cadre des règlements.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le juge, je comprends
très bien que, vous appuyant sur la loi, vous pouviez procéder
comme vous l'avez fait. Mais il n'échappe à personne et M.
le ministre est là pour en attester que depuis plusieurs mois,
même depuis la sanction de la loi, les camionneurs
artisans, puisqu'il s'agit de ceux-là, ont demandé que la
réglementation soit promulguée aux fins de présenter la
requête conformément aux dispositions de l'article que vous venez
d'évoquer. Vous me dites qu'il n'y a pas eu de telle requête; je
pense que telle requête n'a peut-être pas été
présentée conformément aux dispositions de la loi qui
régit votre commission à l'heure actuelle, mais, à moins
que je ne m'abuse, et vous me corrigerez si je fais erreur, je crois que telle
requête a déjà été présentée
à votre commission et que, faute de réglementation, vous n'avez
pu procéder.
M. PREVOST: Je n'ai pas vu de requête écrite. Le
président de l'Association nationale des camionneurs artisans et le
président d'une autre association de camionneurs artisans sont venus me
rencontrer pour me demander de quelle manière cette demande de
reconnaissance fonctionnerait et je leur ai dit que je pourrais leur donner la
réponse lorsque le règlement serait en vigueur, vu l'article 29
qui dit que nous devons, dans le cadre des règlements, reconnaître
un organisme.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre.
M. PINARD: J'aimerais d'abord souligner que la discussion qui se fait en
ce moment est, à mon avis, hors d'ordre et ne relève en aucune
façon des amendements qui sont proposés à la loi 23 par le
projet de loi 32.
J'aimerais souligner ce fait, M. le Président, et pour permettre
quand même de donner une bonne réponse aux questions que pose le
député de Chicoutimi, j'ai affirmé, en Chambre, la semaine
dernière ou cette semaine, que le conseil des ministres avait
été saisi du projet de règlement no 12, concernant le
transport en vrac, qu'une décision de principe avait été
prise par le Conseil exécutif et qu'il s'agissait de déterminer
la date de remise en vigueur de tout ou partie du règlement no 12, ce
qui ne devrait pas tarder.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce rappel au
règlement, qui n'est pas de mauvais aloi, le ministre me permettra de
lui faire observer que, si j'ai posé ces quelques questions à M.
le juge Prévost, c'est que je voulais bien savoir quelles étaient
les règles de trafic que l'on avait suivies jusqu'ici et que je voulais
démontrer encore une fois qu'il est absolument urgent que l'on promulgue
cette réglementation qui permettrait à la Commission des
transports de procéder dans le cas des demandes qui ne peuvent pas
être présentées de façon formelle, étant
donné l'absence de réglementation.
Mon intention n'est donc pas de soumettre
M. le juge à la question et de lui demander de faire état
de tout ce qui s'est passé à la commission depuis sa
création, mais comme la commission travaille en vertu d'une
réglementation qui existait auparavant, il nous est important de savoir
quelles ont été ces règles de pratique, ce qu'elle a fait
et si ce qu'elle a fait ce dont je ne doute pas évidemment
est conforme aux dispositions de l'ancienne loi. Je n'ai donc pas l'intention
de poursuivre cet interrogatoire, mais je voulais m'assurer avant que
nous n'entendions M. le juge s'expliquer sur les amendements qu'il a
demandé au ministre de proposer que la commission
procédait selon l'ancienne réglementation, ce qui vous le
comprendrez, M. le ministre rend encore plus urgente l'obligation qu'il
y a de votre part de promulguer cette nouvelle réglementation, eu
égard au fait que nous sommes déjà maintenant au 4 juillet
et qu'un grand nombre de transporteurs s'inquiètent de ce qui peut se
passer et de ce qui s'est passé jusqu'à présent tant en ce
qui concerne les transporteurs d'écoliers, les transporteurs qu'on
appelle les camionneurs artisans et tous autres transporteurs.
C'est la raison pour laquelle j'ai posé ces questions à
monsieur le juge, sans aucune intention d'aller au-delà du mandat que la
Chambre nous a confié, soit celui d'examiner les amendements, d'entendre
monsieur le juge sur la motivation de ces amendements.
C'est pourquoi je serais très heureux que monsieur le juge puisse
maintenant poursuivre l'exposé qu'il avait commencé de nous faire
sur le travail que sa commission a accompli depuis le moment où elle est
entrée en fonction.
M. PREVOST: L'exposé que j'avais commencé à faire
sur le délai d'acheminement d'une cause du moment de la demande à
la décision et à sa mise en vigueur peut être
résumé comme suit.
Lorsqu'une demande est faite, nous allouons quelques jours, trois,
quatre, cinq jours pour que nos recherchistes puissent l'examiner, ouvrir le
dossier et mettre la procédure en état. Cela peut aller
jusqu'à sept jours parce que nous sommes en période
d'organisation et nous n'avons pas tout le personnel voulu encore.
Il faut cinq autres jours pour l'inscription de la demande chronologique
et la préparation du texte à être publié dans la
Gazette officielle du Québec et dans le bulletin officiel de la
commission.
Il faut environ une dizaine de jours pour que la nature de la demande
soit publiée dans la Gazette officielle du Québec et dans le
bulletin officiel de la commission. Par après, il faut attendre un
délai de quinze jours aux fins de savoir s'il y a une opposition ou s'il
n'y en a pas. Cela prend environ cinq jours pour entendre l'enquêteur que
nous sommes obligés, d'après la loi 23, d'entendre même
s'il n'y a pas d'opposition. Cela prend peut-être trois, quatre,
cinq jours pour la préparation de la décision même
s'il ne s'agit pas d'une affaire contestée.
Cela prend encore une dizaine de jours pour la publication de la
décision dans la Gazette officielle du Québec et dans le bulletin
officiel de la commission et après la publication, il y a encore un
délai pour que la décision vienne en appel, qui est de quinze
jours si je ne m'abuse.
S'il y a opposition, il faut ajouter trois jours pour la mise à
la poste des avis de séance et quinze jours d'avis de séance, ce
qui veut dire en résumé, que s'il n'y a pas d'opposition le
délai est d'environ 70 jours alors que s'il y a opposition le
délai est de 90 jours.
Les délais que je vous ai mentionnés, lorsque je vous ai
indiqué cinq jours pour une procédure, peuvent vous
paraître longs, mais il faut calculer que cela nous arrive en très
grand nombre et qu'il suffit qu'un employé soit en vacances, absent ou
malade pour que les jours... Mais ce délai est réaliste, environ
70 à 90 jours, suivant qu'il y a ou non de l'opposition.
Projet de loi no 32
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que ce que
nous a dit M. le juge nous permet de voir de quelle façon on a
fonctionné jusqu'à présent, depuis le 15 février
1972, maintenant bientôt six mois. Nous serions heureux de savoir les
raisons qui motivent les propositions d'amendement qui sont faites en vue de
changer la loi 23 avant même qu'elle ne soit vraiment en application et
que la réglementation en soit promulguée. Alors, on veut
procéder article par article et vous entendre, monsieur le juge.
M. PREVOST: L'article 34 est un article qui a causé bien des
problèmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a avant...
Signature des documents
M. PREVOST: Excusez, article par article, bon, très bien.
L'article 21 impose au président et à l'administrateur de la
commission la certification de tous les documents. Nous prévoyons avoir
à rendre environ 60,000 décisions par année avec le
camionnage en vrac, le transport scolaire, le camionnage régulier,
éventuellement le taxi, les explosifs, le transport des ordures
ménagères, etc. Il arrive des causes où il y a six ou sept
opposants, il y en a même qui ont dix opposants. Mais nous calculons
qu'il y aura environ 200,000 documents à certifier par année.
J'ai calculé que c'était une tâche très lourde pour
le président et également pour l'administrateur qui m'accompagne
de signer tous ces documents. D'autant plus qu'avec les machines à
photocopier actuelles, il ne peut y avoir d'erreur, il s'agit simplement d'une
photo- copie et nous avons demandé, pour nous libérer de ce
travail de bureau, un règlement qui puisse autoriser d'autres personnes
que le président et l'administrateur à certifier les copies des
documents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans votre esprit, M. le juge, quelles sont
ces personnes qui seraient habilitées à signer de tels documents?
On dit ou un membre ou un fonctionnaire de la commission. Un membre de la
commission, cela ne pose pas de problème, mais un fonctionnaire de la
commission, dans votre esprit, de qui s'agit-il?
M. PREVOST: Si le lieutenant-gouverneur en conseil entérine nos
suggestions, ce seraient le secrétaire, le secrétaire adjoint, le
greffier ou le greffier adjoint.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De la commission.
M. PREVOST: Et également l'administrateur adjoint.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne pose pas de difficultés,
étant donné le très grand nombre de dossiers que vous
aurez à examiner.
M. AUDET: On mentionne d'autres membres, d'autres fonctionnaires. Est-ce
que...
M. PREVOST: Bien là, évidemment, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil par règlement qui déterminera
précisément qui, mais pour répondre à la question:
Qui notre commission voit pour signer, ce serait l'administrateur adjoint, le
secrétaire, le secrétaire adjoint, le greffier, le greffier
adjoint en plus des membres évidemment. C'est très normal que,
s'ils ont le droit de rendre des décisions, ils aient le droit de les
certifier, ce qu'ils ne sont pas habilités à faire
présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est votre voeu.
M. PREVOST: C'est notre voeu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous le retenons, M. le Président.
M. PREVOST: L'article 2 suggère...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît !
J'aimerais avoir une directive des membres de la commission et savoir si
vous voulez avoir les commentaires de l'honorable juge sur chacun des articles
contenus dans le projet de loi présentement à l'étude au
début de la séance, ou si vous préférez avoir
chaque commentaire au fur et à mesure que nous étudierons les
articles.
M.BURNS: M. le Président, je pense que, sauf erreur, on est
réuni après la première lecture; donc, nous
n'étudions pas le projet de loi comme tel, c'est-à-dire que nous
entendons les commentaires que M. le juge Prévost. Je n'ai pas
d'objection à procéder de l'une ou l'autre façon. Je pense
que c'est beaucoup plus au juge Prévost qu'on devrait poser cette
question. Moi, je m'en remets à ce qu'il trouvera le plus pratique pour
lui. Je n'ai pas de problème quant à moi.
M. PREVOST: Mes commentaires seront très brefs. D'ailleurs, le
projet de loi ne comporte pas beaucoup d'articles. Je peux faire comme vous
l'aimerez. J'aime autant les faire article par article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va très bien.
M. PINARD: Je suggère cependant que l'honorable juge
Prévost puisse le faire sans interruption de la part d'aucun membre pour
que ses explications se tiennent bien dans un tout. Une fois ces explications
terminées, nous pourrons l'interroger sur la portée de l'un ou
l'autre des articles qui forment la proposition d'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que nous avons fait jusqu'à
présent.
LE PRESIDENT (M. Picard): On vient tout juste de commencer d'ailleurs.
Alors, je cède la parole à l'honorable juge Prévost, qui
pourra faire les commentaires qu'il jugera à propos sur tous les
articles du projet de loi présentement à l'étude.
Permis de transport
M. PREVOST: L'article 34 de la Loi des transports est à l'effet
que tout permis est délivré au nom d'une personne
domiciliée au Québec ou ayant au Québec depuis au moins
douze mois une place d'affaires déterminée comme telle par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il arrive qu'un individu qui veut utiliser le
mécanisme d'une corporation pour lancer une compagnie de transport ne
peut se voir délivrer un permis avant d'avoir eu une place d'affaires
pendant douze mois. J'ai trouvé et toutes les remarques que j'ai
eues de façon unanime de la part de tous les transporteurs, que ce soit
dans le camionnage ou dans l'autobus le confirment que cela est un
problème considérable.
La Régie des transports émettait des permis aux
propriétaires de Van Lines avec la mention qu'ils ne devaient pas avoir
de place d'affaires au Québec pour obtenir un permis. Alors, cela nous a
placés dans une situation pour le moins cocasse parce que les
propriétaires de Van Lines du Québec, lorsqu'ils vont dans les
autres provinces, peuvent y aller également sans avoir de place
d'affaires. Nous avons craint que si cet article demeure en vigueur, il y aura,
je ne veux pas appeler cela des représailles, mais
réciprocité dans toute la force du mot pour nos camionneurs qui
iront dans les autres provinces. Il y a également le problème des
transactions de vente. Supposons qu'un individu veuille vendre son entreprise
de transport à une autre personne qui veut utiliser une compagnie pour
ses opérations, il faut retarder la vente pendant une année, ce
qui, à notre avis, cause des préjudices considérables
à l'industrie.
M. BURNS: M. le juge, est-ce que vous êtes en mesure de nous dire
si aucune autre province n'a une disposition semblable à
celle-là?
M. PREVOST: Aucune province n'a de telle disposition et les
transporteurs des autres provinces et des Etats américains ont
été très bouleversés, lorsqu'on a été
obligé de leur répondre qu'on ne pouvait donner suite à
leur demande de permis, même pas pour un permis spécial pour un
voyage unique, à cause des dispositions de la loi. C'est pour cela que
nous avons cru devoir demander la modification de cet article.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le juge, si je comprends bien, cette
disposition de l'article 34 vous paraît exorbitante et de nature à
paralyser en grande partie les transactions et même l'exploitation de
certaines entreprises de transport et eu égard au fait que pareille
disposition n'existe pas dans les autres provinces, vous croyez devoir nous
recommander cette modification.
M. PREVOST: Je recommande la modification pour rendre service à
l'industrie du transport.
M. AUDET: M. le Président, s'il y a eu restriction, dans le
passé, à l'effet qu'on demandait qu'une personne soit
domiciliée pendant un an, au Québec, qu'est-ce qui a
incité cette prise de position, une restriction aussi... Est-ce qu'on a
voulu empêcher la venue de compagnies de transport au Québec.
M. BURNS: Ce n'est pas lui qui a décidé ça; il
faudrait le demander au ministre. Ce n'est pas lui qui a décidé
de la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais vous poser une autre question,
suite à la question de notre collègue, M. Audet; elle ne
relève pas de votre compétence, puisque c'est nous qui avons
décidé que la loi serait telle. J'aimerais savoir toutefois, de
vous, ceci: Dans
le cas des transporteurs d'écoliers, est-ce que vous ne pensez
pas, même dans le cas des transporteurs en vrac, que pareille disposition
proposée par l'amendement qui nous est soumis, est aussi dangereuse
qu'elle pourrait l'être dans le cas de grandes entreprises de transport
qui voudraient s'établir au Québec ou dans le cas de transactions
de ventes de grandes entreprises de transport qui existent à
l'étranger et qui s'installeraient ici? Parce que dans le cas de
transporteurs d'écoliers, à moins que je ne fasse erreur, il
s'agit d'entreprises du Québec qui se sont créées au
Québec. Je verrais mal, à moins que vous ne me confiiez le
contraire, que vous me démontriez à l'évidence le
contraire, M. le juge, que l'on n'exige pas des transporteurs
d'écoliers, qu'ils aient une place d'affaires au Québec depuis au
moins un an.
M. PREVOST: Si je lis l'amendement tel que proposé, l'article se
lirait comme suit: "Tout permis est délivré au nom d'une personne
domiciliée au Québec ou ayant au Québec une place
d'affaires conformément aux règlements du lieutenant-gouverneur
en conseil." Peut-être que je saisis mal la question, mais il est certain
que les permis seront délivrés au nom des personnes qui sont
domiciliées ou qui ont une place d'affaires au Québec. La
modification que nous recherchons n'est pas pour enlever l'obligation d'avoir
la place d'affaires, mais bien pour enlever l'obligation qu'elle existe depuis
douze mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là-dessus, M. le juge, que je
vous interroge. Je vous dis que dans les cas que vous avez
évoqués, soit ceux des grands transporteurs Allied Van Lines et
ces trucs-là, on peut comprendre qu'il peut y avoir transactions,
installations ici et que cela prenne un certain temps et que douze mois est
peut-être exorbitant mais dans le cas des transporteurs
d'écoliers, ces transporteurs d'écoliers étant tous du
Québec, je verrais mal que l'on n'exige point qu'ils soient
installés ici depuis au moins un an.
M. PREVOST: Evidemment, nous n'avons pas eu le problème des
transporteurs d'écoliers parce que ceci ne tombait pas sous notre
juridiction; nous n'avons eu aucun permis à leur délivrer et eux
n'avaient aucune demande à nous faire jusqu'à ce jour dans ce
sens.
Je suis d'accord avec vous que le problème serait peut-être
moins grave mais là encore j'ai des craintes que, si un transporteur
d'écoliers veut vendre ses autobus scolaires ou son entreprise à
un autre Québécois qui veut utiliser le truchement d'une
compagnie pour faire ses affaires, la disposition telle qu'elle apparaît
va encore bloquer la transaction pendant douze mois.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que M. le juge est en mesure de
nous dire quelle est l'importance... Vous êtes entré en fonction
le 23 janvier et vous avez commencé à siéger le 13 mars.
Depuis ce temps, seulement pour avoir une évaluation ou une
appréciation de l'ordre de grandeur de ce genre de demandes, est-ce que
vous avez été obligé d'en refuser plusieurs depuis ce
moment?
M. PREVOST: Je vous dirais quelques centaines...
M. BURNS: Quelques centaines?
M. PREVOST: ... de Québécois et probablement encore plus
pour les voyages uniques de compagnies américaines d'autobus qui veulent
amener des touristes à l'Oratoire Saint-Joseph à
Sainte-Anne-de-Beaupré.
M. BURNS: Quelques centaines de Québécois et, en fait,
c'étaient des gens, j'imagine, qui venaient de se constituer en
corporation et qui n'avaient pas de place d'affaires définie.
M. PREVOST: Et qui n'avaient pas prévu, qui ont fait incorporer
leur compagnie et qui nous arrivent deux mois après avec la demande de
permis et nous sommes obligés de dire: On n'en a plus.
M. BURNS: Dans le cas d'entreprises étrangères,
c'est-à-dire extérieures au Québec?
M. PREVOST: Dans le cas...
M. BURNS: Ce serait de quel ordre, à peu près, les
demandes que vous avez été obligé de refuser?
M. PREVOST: J'hésiterais à vous donner un chiffre parce
qu'il faut faire une distinction...
M. BURNS: Approximativement?
M. PREVOST: ... entre les permis spéciaux pour des voyages
uniques et les permis permanents. Dans le domaine des permis permanents, c'est
moins considérable mais dans le domaine des permis spéciaux, cela
peut se chiffrer par plusieurs centaines.
M. BURNS: C'est de l'ordre des centaines aussi?
M. PREVOST: Oui.
M. BURNS: Merci, M. le juge.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II reste toujours la question des
transporteurs d'écoliers. Evidemment, vous m'avez donné une
réponse, M. le juge; il nous appartiendra à nous, lorsque nous
étudierons le projet de loi, d'apprécier. Je
vous remercie de ce que vous nous avez dit. Vous y voyez
également des difficultés à cause de ces transactions qui
pourraient survenir.
M. PREVOST: Mais il y en a souvent, parce que nous devons, en vertu
d'autres articles de la loi, approuver les transactions, le changement de
contrôle, etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. Je retiens vos objections, M. le
juge.
Règles de pratique
M. PREVOST: Maintenant, le projet de loi tel qu'imprimé
prévoit la modification, le remplacement du paragraphe 5 de la section
IV, comprenant les articles 41 à 49, par un nouvel article à
l'effet que la procédure devant la commission serait
déterminée par les règles de pratique.
Les commentaires que je désire faire sont les suivants, et je
vous les fais, si vous êtes d'accord, article par article, parmi ces
articles 41 à 49. Tout d'abord, à l'article 44, nous sommes
obligés d'entendre l'enquêteur même s'il n'y a pas
d'opposition. Ce qui veut dire que nous avons une cause à entendre,
l'avocat du requérant est là, les avocats des opposants, et il
faut, en plus, entendre l'enquêteur et, dans la plupart des cas, tout ce
que nous pouvons lui demander, c'est s'il a quelque chose à ajouter
à la preuve qui a été faite. Nous aimerions être
dispensés de l'obligation d'entendre l'enquêteur lorsqu'il s'agit
de causes contestées, mais nous continuerons à entendre
l'enquêteur dans les causes non contestées, alors que celui-ci
peut nous éclairer beaucoup sur la demande et sur les motifs possibles
de l'accueil de la demande ou du rejet de celle-ci.
A l'article 47, nous sommes obligés de publier un avis de la
nature de toute décision dans la Gazette officielle au plus tard quinze
jours après l'avoir rendue et, dans certains cas, je pourrais même
dire plusieurs, nous n'avons pu satisfaire à ce délai parce qu'il
y a des journées où il peut y avoir plus de cent
décisions. Il faut commencer par faire préparer un texte
résumant leur nature, il faut les envoyer à la Gazette officielle
et vous savez comme moi qu'on ne peut pas envoyer ça le vendredi pour
publication le samedi suivant. Alors, nous avions à l'idée
d'allonger ce délai également.
M. BURNS: A combien, M. le Président?
M. PREVOST: Nous avions pensé qu'un délai de trente jours
serait plus commode pour nous. Cela ne nous empêchera pas de publier le
plus tôt possible, mais l'administrateur me dit que quinze jours, dans
des cas, c'est très difficile et, lorsqu'on voit arriver les 12,000
demandes de camionneurs en vrac, vous savez, ça va faire des
suppléments considérables à la Gazette officielle parce
qu'il va falloir publier la nature de la demande et ensuite la nature de la
décision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au fond, c'est une marge de manoeuvre que vous
désirez...
M. PREVOST: Oui, c'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui est évidemment
accélérée toutes les fois que vous allez pouvoir
commodément le faire.
M. PREVOST: Maintenant, je vous ferai des commentaires d'ordre
général sur toute la section, mais je voulais vous citer les
articles qui nous causent des difficultés tous les jours.
A l'article 49, nous avons l'obligation en plus de la Gazette
officielle, de publier dans un bulletin. Du temps de la Régie des
transports, la publication se faisait seulement dans le bulletin. Lorsqu'est
arrivée cette obligation de publication dans la Gazette officielle, cela
a alourdi notre procédure considérablement. Cependant, à
l'usage, nous avons trouvé que la Gazette officielle était un
meilleur véhicule d'information que le bulletin de la commission, qui
est distribué simplement aux détenteurs de permis. Nous voudrions
suggérer au lieutenant-gouverneur en conseil d'envoyer la Gazette
officielle à tous les détenteurs de permis, comme tous les
détenteurs de permis recevaient le bulletin officiel de la commission.
Nous aurions simplement un document au lieu de deux, parce qu'il faut se
référer et à la Gazette officielle et au bulletin à
chaque décision que nous rendons pour nous assurer qu'elle a bien
été publiée. C'est un travail considérable,
d'autant plus que nous ne pouvons pas synchroniser la publication de notre
bulletin avec celui de l'éditeur officiel du Québec. Le bulletin
n'avait pas, du temps de la régie, de base légale. Il avait
été publié par décision purement administrative. De
plus, il y a des risques d'erreurs et des risques surtout d'erreurs de
traduction, parce que nous ne sommes pas équipés d'un service de
traduction, alors qu'en envoyant le texte à l'Editeur officiel du
Québec, celui-ci assure la traduction et nous sommes plus à
l'aise de laisser traduire l'Editeur du Québec que de faire traduire
cela par les fonctionnaires non spécialisés dans le domaine de la
traduction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est sage.
M. PREVOST: Maintenant, dans cette section, il y a également un
problème considérable pour les camionneurs
québécois. Du temps de la Régie des transports, les tarifs
étaient déposés seulement. S'il n'y avait pas de
contestation dans un délai de trente jours, le tarif devenait en vigueur
automatiquement. Même la Régie des transports pouvait, sur
demande, donner ce
qui s'appelait couramment un waiver, vous savez, une dispense de trente
jours, et mettre un tarif en vigueur à deux ou trois jours d'avis.
Les camionneurs nous ont représenté fort à propos
que les compagnies de chemin de fer peuvent, elles, en déposant un
nouveau tarif auprès de la Commission canadienne des transports,
diminuer leurs taux à une journée d'avis. Alors lorsque les
camionneurs veulent concurrencer le chemin de fer, suite à une telle
réduction de taux, ils s'adressent à nous et il y a le
délai de 72 jours ou de 90 jours que j'ai tenté de vous
énumérer tantôt. Avec ce résultat que pendant deux
ou trois mois les camionneurs perdent le marché complètement.
Nous voudrions également pouvoir, pour concurrencer le chemin de
fer, permettre à nos camionneurs, sur décision sommaire, de
réduire leurs taux, quitte à ce qu'il y ait requête en
révision devant nous, si d'autres personnes se sentent
lésées.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Monsieur le juge, vous faites état des
demandes ou des représentations qui auraient été faites
par les camionneurs à ce sujet.
M. PREVOST: II y eut, la semaine dernière, des
dépôts de tarifs modifiés par les chemins de fer. Nous
avons eu d'autres commentaires. Les commentaires que nous avions eus, avant la
semaine dernière, étaient des commentaires à l'effet que
cela pouvait arriver. Mais la semaine dernière, cela est arrivé
effectivement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui!
M. PREVOST: Actuellement, nous ne pouvons pas... parce qu'avec la
procédure établie, cela nous prend 70 jours, même en
minutant chaque opération à la seconde, on pourrait
peut-être arriver en 58 jours. Mais dans la procédure
administrative, tout ne se fait pas chaque jour; il arrive qu'un jour ou deux
se perdent.
Je crois que ce serait bon, comme pour l'ancienne régie, que nous
puissions agir rapidement lorsque la concurrence du chemin de fer entre en
ligne de compte par dépôt d'un tarif modifié à une
journée d'avis.
Il y a un problème similaire également, pour les
modifications d'horaires d'autobus et également les changements dans les
taux d'autobus. Vous savez, les autobus qui font du transport de passagers
interprovincial et même international vont dans les autres organismes
similaires aux nôtres dans les autres provinces et dans les Etats
américains et peuvent faire modifier leurs taux à quelques jours
d'avis, alors qu'ici cela prend 70 jours ou 72 jours. Nous avons eu le
problème avec l'Association des propriétaires d'autobus qui a
voulu changer ses taux pour le 1er avril; on n'a pu lui accorder cela que tout
récemment à cause de la procédure à laquelle nous
sommes astreints.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous demandez, M. le juge, dans les deux cas
que vous avez évoqués, de pouvoir procéder de façon
plus expéditive.
M. PREVOST: Oui, et d'une manière générale, puisque
j'ai à peu près épuisé les faits saillants des
difficultés que nous éprouvons avec la section no 5, je voudrais
dire que, par exemple, nous allons avoir environ 12,000 demandes de permis de
camionneurs artisans. Il est évident qu'avec les mécanismes et le
personnel que nous avons, nous ne pourrons pas régler tout cela avec
tout ce mécanisme avant plusieurs mois.
Nous allons avoir le même problème avec le taxi. Le projet
de loi tel que rédigé permettrait au lieutenant-gouverneur en
conseil de déterminer ces règles de pratique et de
procédure par règlements. En vertu de l'article 5, paragraphe e),
de la Loi des transports, les règles de pratique de la commission sont
édictées par le lieutenant-gouverneur en conseil après
consultation avec celle-ci.
Lorsque le lieutenant-gouverneur en conseil nous consultera, nous lui
ferons valoir les arguments que nous venons d'énumérer.
M. BURNS: C'est une question à deux volets que je vous pose, une
partie à vous et l'autre partie au ministre. Vous avez sans doute
déjà un projet de réglementation ou de règlements
à suggérer, parce qu'il ne faut pas se leurrer là-dessus.
Dans toutes ces commissions quasi judiciaires où l'aspect administratif
est très important, je pense, sans trop risquer de me tromper que le
lieutenant-gouverneur prend à peu près aveuglément
l'opinion de...
M. BERTHIAUME: Ah! Ah! Ah!
M. BURNS: II n'y a pas de ah! ah! ah! C'est cela qui se passe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Quelqu'un qui a un peu
d'expérience le sait.
M. BURNS: Bien, voyons donc! Ecoutez. Le lieutenant-gouverneur n'est pas
un spécialiste dans chacun de ces domaines. Vérifiez ce qui se
passe dans le domaine du travail. Vérifiez ce qui s'est passé
dans le passé relativement à cette commission.
M. BERTHIAUME: Je n'exclus pas la consultation.
M. BURNS: En tout cas. Je demandais tout simplement au juge... Je n'ai
d'ailleurs pas dit cela du tout. Le député devrait écouter
ce que je dis et il comprendrait davantage. Je dis que je présume que
vous avez déjà un projet de réglementation, n'est-ce pas,
monsieur le juge?
M. PREVOST: Nous avons procédé en deux
étapes, évidemment, dans le cadre de la loi où nous
devions suivre les articles 41 à 49. Nous avons transmis au ministre, il
y a environ une dizaine de jours, une première partie de règles
de pratique concernant les choses les plus urgentes et nous avons une
deuxième section en préparation que nous ne retardons pas, mais
que nous voulons étudier à fond encore un mois ou deux avant de
la soumettre, parce qu 'à l'expérience et à l'usage, on se
rend compte qu'il y a des choses qu'on aurait peut-être
suggérées et qui s'avèrent mauvaises pour des raisons
administratives que nous découvrons forcément au jour le
jour.
Ce qu'il faut dire, c'est que ces règles de procédure
indiquées aux articles 41 à 49 couvrent toutes les demandes de
permis, alors que nous pourrions avoir une plus grande souplesse. J'ai à
l'idée le camionnage artisan et le taxi.
Dans le camionnage artisan, il y en a 10,000 ou 12,000 qui ont des
camions depuis des années. Alors, l'audience ou l'enquête
nécessaire sera nécessairement moins longue que dans le cas d'un
camionneur qui veut avoir un permis général ou qui veut avoir un
permis de grand rayon, etc.
Et je crois que nous pourrions arriver à des règles
beaucoup plus faciles pour disposer de ces cas. Egalement la question de la
reconnaissance des associations de camionneurs artisans, de commissions
scolaires, d'associations de propriétaires de taxi, c'est encore la
même chose. Ce sont encore les mêmes délais que nous devrons
suivre, de 70 jours à 90 jours.
M. BURNS: Je dirige le deuxième aspect de ma question au
ministre. Est-ce que le ministre serait d'accord parce que je ne suis
pas pour mettre le juge dans l'eau chaude relativement à cela que
les députés de la commission aient en main ce projet
d'éventuelles règles de pratique pour qu'on puisse... Remarquez
que je fais cette demande en disant tout simplement qu'on nous demande, lors de
l'étude du projet de loi, d'effacer, à toutes fins pratiques, les
articles 41 à 49 inclusivement et de les remplacer par un
énoncé pur et simple qui dit: II y aura des règles de
pratique en vertu de l'article 5.
Je dis tout simplement que cela serait normal, je pense, même si
cela ne lie pas je suis bien clair là-dessus le
lieutenant-gouverneur en conseil, il n'y a pas de doute qu'on ait à peu
près une indication à savoir dans quelle direction on se
dirige.
Je ne sais pas si le ministre accepterait cette suggestion de ma part?
Je pense que cela pourrait nous être utile lors de l'étude du
projet de loi, de savoir à peu près dans quel bout on s'en va.
C'est cela que je veux dire.
M. PINARD: Comme le juge, le président de la Commission des
transports...
M. BURNS: Du moins pour la partie qui est prête. Le juge a bien
compris que ce n'est pas complet et qu'il attend deux mois de rodage pour faire
des suggestions plus avant.
M. PINARD: En toute franchise, je dois dire au député de
Maisonneuve que, même si une première série de
règles de pratique ont été transmises comme l'a
souligné le président de la Commission des transports, il y a une
dizaine de jours, au ministre des Transports, il reste que c'est mon devoir de
transmettre de nouveau ces règles de pratique à l'équipe
de juristes qui travaillent au ministère des Transports pour être
bien sûr que cela va réfléter la réalité des
problèmes qui doivent être réglés.
M. BURNS: Vous n'avez peut-être pas compris tout à fait,
d'ailleurs, je n'ai peut-être pas assez précisé aussi,
à cet égard, le sens de ma question. C'est que je comprendrais
très bien que le texte actuel ne soit pas le texte définitif. Ce
que j'aimerais qu'on sache, c'est quelles vont être les idées qui
vont sous-tendre cette éventuelle réglementation, ces
règles de pratique. C'est beaucoup plus en ce sens. C'est pour cela que
je dis que je ne tiendrai pas rigueur au lieutenant-gouverneur d'adopter sous
d'autres formes ces règles de pratique éventuelles. Ce n'est pas
l'aspect de la rédaction. Ce que je veux, c'est savoir ce qu'on est en
droit de s'attendre de voir dans ces règles de pratique. Comment, en
pratique, on tâchera de réduire ces délais qui sont
énormes, au minimum 70 jours comme le disait le juge Prévost, au
maximum 90 jours lorsqu'il y a contestation. C'est un peu dans ce sens que je
demande à quoi on peut s'attendre comme contenu éventuel de ces
règles de pratique. Je pense que cela nous aiderait beaucoup à
apprécier entre autres cet amendement à l'article 3 du projet de
loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis du même
avis que mon collègue de Maisonneuve. Il a apporté toutes les
réserves et les nuances nécessaires, mais si nous pouvions
prendre connaissance de cette partie des règles de pratique qui a
déjà été préparée, cela nous
indiquerait un peu dans quel sens va s'infléchir l'attitude de la
commission en ce qui concerne ces règles de pratique même si le
lieutenant-gouverneur en conseil devait les modifier à certains
égards.
M. PINARD: Je pense bien qu'il faut faire une distinction très
nette entre les règles de pratique qui vont déterminer la
façon pour la Commission des transports de fonctionner et de prendre les
responsabilités qui lui sont imposées de par la loi 23, les
distinguer de celles qui pourraient être plus spécifiques et qui
pourraient être relatives par exemple au transport en vrac, au transport
scolaire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... taxis.
M. PINARD : Au transport par taxi et que
sais-je encore. Alors, cela me paraît difficile de répondre
affirmativement à la question du député de Maisonneuve et
de donner satisfaction quant à la demande qui m'est faite de
déposer au préalable les règles de pratique qui n'auraient
peut-être pas de caractère définitif comme l'a
souligné lui-même le député de Maisonneuve mais qui
pourraient donner une idée aux parlementaires des principes qui
sous-tendent la détermination de ces règles de pratique. Cela me
paraît assez difficile au plan pratique.
M. BURNS: Le ministre redoute des choses de notre part. Au contraire, je
vous fais cette suggestion, et je vous le dis bien ouvertement, pour aider
à l'adoption plus rapide du projet de loi. Par exemple, tantôt, le
juge Prévost nous a parlé de trois articles, trois suggestions
que la commission avait à l'égard des articles 44, 47 et 49.
Egalement, il nous a parlé de l'ajustement des tarifs. Cela
m'éclaire énormément. Déjà, je trouve le
projet de loi drôlement plus sympathique à partir de ce
moment-là. Je me demande pourquoi vous ne nous ouvrez pas la porte
encore davantage. J'aime bien mieux adopter un projet de loi en sachant
à peu près où éventuellement il va se diriger.
C'est uniquement dans cette intention-là que je fais la
suggestion. Je suis d'accord que, de plus en plus, on a à faire face
à une loi qui contient en son sein un pouvoir réglementaire
très important. On est rendu au vingtième siècle et il
faut s'en rendre compte. Mais il y a aussi de la part du législateur, et
jusqu'à nouvel ordre, on l'est même dans l'Opposition, nous
aussi... On a des gestes à poser et on a aussi des reproches qui nous
sont formulés autant qu'aux ministériels lorsqu'un projet de loi
devient inefficace ou même nuit à certaines choses dans la
pratique, de sorte que le député de l'Opposition comme le
ministériel, je pense, est intéressé à savoir
à peu près quel est ce blanc-seing qu'il donne ou du moins dans
quelle direction va se diriger si vous me permettez l'expression, M. le
député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pléonastique...
M. BURNS: ... où va se diriger cette loi. C'est cela le
problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais faire
observer au ministre que, quand nous avons étudié cette loi
le ministre se le rappelle, de façon fort objective, et
très longuement d'ailleurs, c'était nécessaire nous
avons fait des observations assez sévères au ministre sur les
pouvoirs que nous avions qualifiés d'exorbitants qui étaient
réservés au ministre en matière de réglementation.
Voici que M. le juge nous indique son intention de présenter au
lieutenant-gouverneur en conseil, ou au ministre d'abord, un projet de
règles de pratique. Cela serait très indicatif pour nous de la
façon dont la commission va travailler. Tout à l'heure, M. le
juge évoquait le problème des hausses de tarifs des chemins de
fer, etc., par rapport à la situation des transporteurs par camions,
etc. Mais il ne faut pas oublier que, lorsqu'il sera question de tarifs, il
peut y avoir diminution de tarifs, il peut y avoir hausse de tarifs et,
à ce moment-là, le consommateur, le contribuable est directement
concerné. Il est donc important que nous ayons une idée de la
façon dont la commission va se comporter lorsqu'il s'agira, pour un
organisme transporteur, une entreprise de transport, de hausser les tarifs. Si
la commission procède de façon expéditive et si ses
règles de pratique lui permettent de procéder de façon
expéditive dans le cas de diminution comme dans le cas de hausse de
tarifs, le problème n'est plus le même parce que là, le
contribuable est directement concerné. Nous serions donc
intéressés à avoir une idée, cela nous faciliterait
l'examen du projet de loi, si nous avions déjà des indications
sur ce qu'entend faire la commission.
M. PINARD: M. le Président, si on me permet de répondre,
je vous dis que la difficulté se pose au plan pratique. Par exemple, le
conseil des ministres, sur ma proposition, a adopté le règlement
concernant les taux et tarifs qui devront être dorénavant en
vigueur en matière de transport scolaire. Cela représente une
étude très intensive faite par une firme d'experts-comptables et
d'experts en administration de Montréal, qui a préparé un
document très volumineux qui représente 608,000 opérations
comptables et qui font que le document, qui contient des taux et tarifs qui
seront en vigueur dorénavant en matière de transport scolaire,
représente un document d'une épaisseur de huit à dix
pouces.
M. BURNS: Le ministre ne me comprend pas, je ne veux pas avoir les
nouveaux tarifs...
M. PINARD: C'est difficile pour des députés d'en prendre
connaissance parce que ce serait même décourageant.
M. BURNS: Je ne veux pas avoir les nouveaux tarifs. Ce n'est pas cela
que je veux.
M. PINARD: Je ne pense pas qu'aucun député ait le temps
d'étudier à fond un document comme celui-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La table de tarifs ne nous intéresse
pas comme telle. Ce que le député de Maisonneuve a
demandé, c'est simplement qu'on fournisse, si le ministre le veut bien,
pour faciliter l'étude du projet de loi en Chambre ou en commission
parlementaire, que l'on nous fournisse le ou les documents
préparés par la commission et qui constituent l'amorce de cet
ensemble de règles de pratique
que suivra cette commission afin de procéder à l'examen
des causes et des dossiers qui lui seront soumis.
M. BURNS: C'est exactement cela. Le député de Chicoutimi
tantôt a très bien résumé ma pensée en
disant: C'est inquiétant pour un député de savoir à
un moment donné qu'il va y avoir des ajustements de tarifs et quand
j'entends le juge Prévost nous dire que c'est nécessaire de les
ajuster eu égard à des ajustements que les compagnies de chemins
de fer font, eu égard à des ajustements que les compagnies
d'autobus font, je le comprends très bien. Mais, comme le disait le
député de Chicoutimi, tôt ou tard, est-ce que ces formules
d'ajustement, qui sont dans le fond des formules d'ajustement par rapport au
marché, vont aussi se faire par rapport à la loi de l'offre et de
la demande de la même façon et avec autant de facilité.
Maintenant, quels vont-ils être? Cela ne m'intéresse pas
à ce stade et je ne pense pas, à partir du moment où il y
a un pouvoir réglementaire dans la loi, que je doive m'en
préoccuper dans l'immédiat. Ce que je veux savoir, c'est comment
on va traiter ces demandes, comment, par exemple, on va remplacer les
dispositions des articles 44, 47 et 49, de toute cette section. Qu'est-ce qui
va tenir lieu de règles de pratique ou qu'est-ce qu'on peut être
en droit de s'attendre à voir comme mentalité qui va être
derrière ces nouvelles règles de pratique? C'est beaucoup plus
ça comme question que de consulter quels vont être les nouveaux
tarifs. Cela ne m'intéresse pas à ce stade.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Notre problème, au fond, M. le
Président, on se pose la question qui est une question fondamentale en
droit parlementaire, c'est de savoir quelle va être la part du
législateur, la part de l'Exécutif et la part de cette Commission
des transports qui a des pouvoirs quasi judiciaires. Nous sommes
législateurs, nous n'entendons pas entériner n'importe quoi avant
de savoir dans quelle direction s'infléchit ou s'infléchira la
politique de la commission qui sera sanctionnée par le
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est la raison pour laquelle nous demandons
des indications et nous demandons au ministre s'il consentirait à nous
livrer ces secrets qui lui ont été communiqués par la
Commission des transports.
M. BURNS: Pour vous aider à répondre, juste une
dernière chose, je tiens à vous dire que je n'insiste pas sur le
texte que le juge et ses collaborateurs ont déjà
préparé. Pour moi, ça me suffirait d'avoir un
condensé où je pourrais sentir la ligne idéologique de ces
futures règles de pratique.
M. PINARD: A ce compte-là, je n'ai pas d'objection à ce
que le président de la Commission des transports, le juge Prévost
donne verbalement les grandes lignes des règles de pratique que sa
commission a déjà édictées et qui étaient
présentées au ministre des Transports, il y a une dizaine de
jours. Le travail de révision n'a pas été
complété par l'équipe de juristes du ministère des
Transports, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas encore
présenté, pour adoption au conseil des ministres, ces
règles de pratique. Mais je pense que le député de
Chicoutimi a quand même posé le principe de la délimitation
des pouvoirs entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif;
une loi doit être nécessairement étudiée par le
Parlement, donc par les parlementaires, par les députés avant de
recevoir l'adoption et avant que le pouvoir exécutif en propose la
proclamation par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BURNS: Notre problème, c'est que dans 99 p.c. des lois...
M. PINARD: Les règles de pratique sont, admettons-le, dans la
pratique de notre droit parlementaire, de type britannique, le privilège
et la responsabilité du pouvoir exécutif. Il peut arriver, et je
n'ai pas d'objection à le faire dans la mesure du possible, que le
représentant du pouvoir exécutif, le ministre responsable et
titulaire d'un ministère dans les circonstances, fasse état et
même donne des détails aux parlementaires, aux
députés de l'Opposition sur le contenu de ces règles de
pratique, sur le fonctionnement et l'application de ces règles de
pratique mais je ne pense pas que ce soit une obligation d'ordre juridique et
qui...
M. BURNS: On se comprend mal. J'admets qu'au XXe siècle un
gouvernement qui se veut efficace doit fonctionner en grande partie avec un
pouvoir réglementaire. Par contre, je n'admets pas qu'il y ait cette
espèce de cachotterie qui semble dire: C'est à nous,
l'Exécutif, ce pouvoir réglementaire, et on ne vous dira pas ce
que c'est. La raison de base du pouvoir réglementaire, c'est la
facilité de l'amender, c'est uniquement ça. Autrement, on le
mettrait tout le temps dans les lois, sauf qu'on serait constamment en train,
à cause de cette situation mobile, exigée par l'évolution
moderne de la situation, d'amender nos lois. C'est pour ça qu'il y a des
pouvoirs réglementaires dans les lois. Ce n'est pas dans le but de le
cacher à l'Opposition qu'on fait ça. Je me dis: Ouvrez donc
ça, cette histoire. Pour nous, ça va nous aider à
comprendre davantage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour simplifier la
chose, pour que la discussion ne s'éternise point, j'ai entendu le
ministre nous dire que monsieur le juge pourrait, verbalement, nous donner des
indications; cela ne nous suffit pas. Je propose donc formellement la motion
suivante: que le ministre dépose le document qui lui a été
soumis.
M. PINARD: M. le Président, sur un point de règlement,
j'aimerais souligner que nous ne sommes pas encore à l'étape de
la deuxième lecture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous demande pardon, M. le
Président, nous sommes en séance régulière; or,
toute motion peut être reçue.
M. PINARD: Je comprends que c'est en séance
régulière mais pour entendre le président de la Commission
des transports nous dire les objectifs qui sous-tendent la proposition des
amendements à la loi 23. Je pense qu'il y a eu une entente au
départ à l'effet que nous entendrions le juge Prévost,
nous dire les explications qu'il a à nous donner, quitte à ce que
les députés des deux côtés de la table de la
commission parlementaire des transports l'interrogent sur la portée des
amendements proposés. Mais, à ce moment-là, je
m'étais réservé. C'est le juge Prévost qui est
entendu, non pas nécessairement comme témoin mais comme
président...
M. BURNS: Comme expert.
M. PINARD: ... d'une Commission des transports dont la création
remonte à très peu de temps et qui est une suite logique de la
promulgation de la loi 23. Mais quand nous serons rendus à une autre
étape de l'étude des amendements proposés et contenus dans
le projet de loi 32, le ministre responsable aura à ce moment-là
des explications à donner et pourra être même soumis
à des questions de la part des députés, membres de la
commission parlementaire. C'est peut-être à ce moment-là,
que la procédure normale de la commission parlementaire pourra retrouver
son cours et que des motions, s'il doit y en avoir, pourront être
présentées. Mais je pense que le faire à une étape
antérieure à celle que je viens de mentionner serait
peut-être fausser le jeu des règles que nous avions
établies au départ. Par ailleurs, cela placerait fort
probablement le président de la Commission des transports dans une
fausse situation, lui qui n'a de responsabilités qu'en tant que
président de la Commission des transports mais qui n'a pas de compte
à rendre comme tel à une commission parlementaire, je crois.
M. BURNS: C'est d'ailleurs ce que j'ai reconnu tantôt, en ne
posant pas la question au juge Prévost. Je l'ai posée au
ministre, parce que j'ai bien dit que je ne voulais pas mettre le juge à
la question. Il vient ici comme expert et on est bien content de l'avoir avec
nous pour nous éclairer, et c'est dans ce sens que je trouve que la
motion du député de Chicoutimi est parfaitement recevable. La
commission a été convoquée après la première
lecture, non pas pour entendre des témoins en audition publique comme on
le fait à l'occasion, mais pour entendre le juge Prévost et ses
collaborateurs; c'est pour nous éclairer en vue de la deuxième
lecture et la proposition du député de Chicoutimi est
parfaitement dans cette ligne. C'est pour cela que je la trouve tout à
fait recevable. Si la commission ne veut pas avoir ce document, on votera
contre !
M. PINARD: Est-ce que vous me permettez d'ajouter quelque chose? Je
n'avais pas terminé mes remarques. C'est pourquoi j'ai dit tantôt
que je n'avais aucune objection à ce que le président de la
Commission des transports donne les grandes lignes des règles de
pratique que la commission a édictées et qui ont
été transmises au ministère des Transports, pour fins
d'étude, de révision et pour fins d'adoption éventuelle
par le Conseil exécutif, mais je n'ai pas ces règles de pratique
avec moi et je ne suis pas en mesure ce soir de dire si elles seront
révisées et modifiées ou pas. Je me réserve quand
même à ce sujet et je pense que c'est normal aussi.
Si on veut procéder à interroger le président de la
Commission des transports sur le contenu de ces règles de pratique, je
n'ai aucune objection à ce que cela soit fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce rappel au
règlement... Je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, je crois qu'il y aurait certainement
avantage à en savoir plus sur ce qui remplacera les articles 41 et 49.
Il est certain que c'est intéressant d'en savoir davantage.
M. PINARD: Pour le savoir...
M. AUDET: Je crois que nous avons vu la réglementation lors de
l'adoption du bill 23. Nous disions que la réglementation contiendrait
plus que le bill 23 lui-même, nous avons constaté avec
répugnance que cette réglementation viendrait beaucoup plus tard,
et aurait beaucoup plus de volume que le bill 23 lui-même, la Loi des
transports. J'imagine qu'il faudra peut-être consentir à attendre
encore la venue de cette réglementation avec les changements
qu'apporteront ces amendements à la loi et je crois que les idées
que le juge Prévost nous a données tout à l'heure, jettent
un peu de lumière sur ce que ce sera le remplacement de ces articles. Je
crois qu'il pourrait nous en donner davantage, ce soir, quitte à
continuer à agir, peut-être, comme le ferait une commission
d'étude, en attendant qu'il puisse nous donner le tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce rappel au
règlement du ministre des Transports, la motion que j'ai proposée
s'inscrit
dans le cadre des délibérations normales d'une
commission.
Monsieur le juge Prévost nous a fait part de son intention et de
sa volonté de soumettre ce qu'il a peut-être
déjà fait un projet de règles de pratique. Pour
notre gouverne et pour l'étude en commission ou en Chambre du projet de
loi 32, nous voudrions être informés de l'orientation que prennent
ces règles de pratique et c'est la raison pour laquelle je fais cette
motion que je vous prierais, M. le Président, de mettre aux voix.
M. PINARD: M. le Président, sur le point de règlement,
j'aimerais soulever en réponse...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement pour faire observer au ministre qu'il a eu l'occasion de se
prononcer déjà sur la question de règlement. Je vous
demande donc de prendre une décision et de mettre la question aux voix
ou de rejeter la proposition que j'ai faite, parce que le ministre continue
interminablement de disserter sur un point de règlement qui n'en est pas
un. H a eu l'occasion de donner son opinion, j'ai proposé une motion et
le ministre nous a dit ce qu'il en pensait. J'attends donc de vous que vous
preniez une décision et que vous mettiez la question aux voix, si vous
jugez la motion recevable.
M. PINARD: M. le Président, sur un point de règlement,
lorsque nous sommes en commission parlementaire et, en quelque sorte, c'est la
même procédure que lorsque nous sommes en commission, je ne pense
pas qu'il y ait de limitation quant au droit de parole sur la proposition d'une
motion. Je pense qu'hier soir l'exemple a été donné de
l'entière liberté de parole qui était accordée
à tous les députés, qu'ils soient ministériels ou
de l'Opposition, sur la discussion des motions d'amendements proposées
à l'occasion de l'étude du bill 88. C'est pourquoi je dis que
j'ai droit de répondre au député de Chicoutimi qui, lui,
propose un amendement. Ce que je voulais suggérer, c'est qu'on entende
d'abord le président de la Commission des transports nous dire quelles
sont les grandes lignes qui sous-tendent la proposition des règles de
pratique qui ont été édictées par la commission et
nous verrons si les renseignements qu'il nous donne sont suffisants, à
notre avis. Par la suite, nous verrons à disposer autrement, s'il le
faut, de ce problème de la connaissance que les parlementaires
requièrent des règles de pratique qui devront avoir force de loi
éventuellement.
Tant et aussi longtemps que ce ne sera pas fait, je trouve que nous
allons nous prononcer sans avoir entendu la personne qui est le mieux en mesure
de nous dire ce que ces règles de pratique contiennent
précisément.
M. BURNS: Oui, mais je pense que la pro- position du
député de Chicoutimi est éminemment pratique en ce sens
qu'il se dit: Pourquoi être forcé à tout relire ça
au journal des Débats alors qu'il y a un document qui peut nous
être déposé? Moi, je pense qu'il n'y a rien de plus logique
que ça, c'est très, très pratique. Le ministre aime
être expéditif, je pense qu'il devrait encourager une mesure comme
celle-là.
M. PINARD: Non, mais j'ai dit bien honnêtement que le
lieutenant-gouverneur en conseil, le conseil des ministres n'a pas eu à
étudier encore ces règles de pratique édictées par
la commission et qui pourrront être révisées ou
modifiées par l'équipe de juristes du ministère des
Transports, mais pas nécessairement. Il peut fort bien arriver qu'elles
soient entérinées purement et simplement comme elles ont
été rédigées et proposées par la Commission
des transports. Mais je ne puis pas en donner l'assurance ce soir. Je dis, en
toute honnêteté, que je n'ai pas eu le temps de les étudier
personnellement parce que vous savez fort bien que j'ai été pris
par d'autres responsabilités, par d'autres travaux en Chambre ou en
commission parlementaire, et ceux qui sont devant moi ce soir peuvent en
témoigner...
M. BURNS: On a été avec vous tout le temps!
M. PINARD: C'est pour ça que je pense que l'adage "A l'impossible
nul n'est tenu" s'applique bien dans mon cas, comme il pourrait s'appliquer
dans le cas de bien d'autres qui sont aussi occupés que moi à
l'heure actuelle. C'est pourquoi j'invite les députés à se
montrer raisonnables et à permettre au juge Prévost de nous dire
ce qu'il a à dire sur le contenu de ces règles de pratique et,
après, nous disposerons du problème d'une façon
différente si la nécessité se fait sentir.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, il y a une
motion devant la commission dont nous allons devoir disposer et je vous
prierais si...
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, il y a une motion sur la table.
Maintenant, j'hésite à la déclarer recevable pour deux
raisons. Premièrement, avant même que le député de
Chicoutimi ne fasse sa motion, le ministre a offert aux membres de la
commission que le juge Prévost fasse un exposé verbal de ce que
contenait ce rapport. Alors, je pense que ça pourrait satisfaire aux
demandes des membres de la commission.
Deuxièmement, je ne voudrais pas créer un
précédent ici, à cette commission, parce qu'il est une
pratique reconnue que lorsqu'un organisme quelconque remet un rapport à
un ministre, c'est le privilège du ministre de consulter ce rapport
avant même de le rendre public. Je pense que c'est pour ces deux raisons,
à moins qu'on puisse me donner des explications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... rendiez une décision.
M. BURNS: Je vous ai bien compris quand vous avez dit: J'hésite
à la déclarer recevable.
LE PRESIDENT (M. Picard): Oui.
M. BURNS: Donc, votre décision n'était pas rendue et je
pense que vous auriez, avec tout le respect que j'ai pour vous, grandement tort
à rendre ou à déclarer cette motion irrecevable. C'est le
pouvoir de la commission de prendre des décisions, d'ordonner même
à un ministre de poser des gestes. C'est cela que le
député de Chicoutimi demande actuellement.
Par la voie du ministre, on ordonne le dépôt d'un document.
Il n'y a rien de plus normal et il n'y a rien de plus correct dans notre
procédure parlementaire. On va même plus loin que cela. Si cela
avait été le ministre, lui-même, qui avait cité le
document, on aurait pu se prévaloir je n'ai pas à la
mémoire le numéro de l'article d'un règlement et le
faire déposer dès qu'il y aurait eu citation. Evidemment, on ne
peut pas s'en prévaloir, parce ce que ce n'est pas le ministre qui a
cité le document, mais à ce moment-là la voie normale est
de dire : On va se prononcer sur le dépôt de ce document à
la commission et sa remise aux membres qui font partie de la commission. Je
trouve que c'est parfaitement recevable, une motion dans ce style.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre! Le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que vous ne vous prononciez, M. le
Président, j'aimerais vous faire observer que le ministre a
manifesté son intention de demander à monsieur le juge
Prévost de nous dire ce qui pourrait être contenu dans ce document
qu'on a évoqué. Cela est une solution de rechange. Mais la
première demande qui avait été faite par mon
collègue de Maisonneuve était que le document fut
déposé, fut remis aux députés avant que nous ne
procédions à l'étude, en Chambre, en commission
parlementaire, du projet de loi. Par conséquent, la motion que j'ai
faite est tout à fait dans l'ordre. Elle fait partie des
procédures normales que nous suivons et je crois que le
précédent que vous craignez, M. le Président, vous le
créeriez en jugeant, en déclarant irrecevable la motion qui est
faite, mais il ne serait plus possible, en pareille occurrence, de demander
à un ministre de faire le dépôt d'un document. Si la motion
est défaite comme bien l'on pense, puisqu'on a rapaillé
les moutons maintenant il sera possible au ministre de nous
suggérer à nouveau l'alternative qu'il a proposée tout
à l'heure.
Je vous demande donc, M. le Président, de ne pas créer de
précédent. On accepte une motion qui est bien bénigne.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président, avant que vous ne vous prononciez
sur la recevabilité, je pense qu'on parle encore du point de
règlement.
Je trouve ceci quand même inconcevable de la part du
député de Chicoutimi, qui a eu l'exercice du pouvoir
déjà. Je comprends que le député de Maisonneuve
demande le dépôt d'un document. Si j'ai bien compris les
explications qui ont été données au préalable par
le ministre et par le juge Prévost, il s'agit d'un document de travail
sur les règles de pratique que la commission s'apprête à
transmettre ou a transmises au ministre responsable des transports et d'un
document de travail qui n'a pas eu l'approbation du ministère des
Transports, non plus que du conseil des ministres.
Je pense qu'il y avait eu ouverture d'esprit de la part du ministre des
Transports quand il a offert de livrer une partie du document de travail, par
l'entremise du juge Prévost, aux membres de la commission pour faciliter
le travail. Mais je ne vois pas où le Parlement obligerait qu'un tel
document soit déposé, alors qu'il a été question
principalement d'un document de travail à remettre au ministre pour
qu'il soit entériné par le ministère des Transports et
soumis au conseil des ministres.
Si on veut savoir quelles seront les règles de pratique dont on
parle et dont se servirait la Commission des transports, avant que ces
règles soient rendues publiques, il faut que le lieutenant-gouverneur en
conseil, par l'entremise de l'Exécutif, puisse au moins les avoir
entérinées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le député de
Charlevoix qui s'est intéressé beaucoup à ce projet de loi
Dieu sait si je respecte son avis et il le sait n'a pas compris
exactement le sens de notre proposition.
Nous demandons parce que monsieur le juge nous a parlé de
document de travail que ce document de travail nous soit
communiqué afin que nous en voyions l'orientation. Il ne s'agit pas de
compromettre, de commettre le ministre, au sens étymologique du terme,
qui se trouve lié par ce document, mais comme nous aurons à
discuter de la validité des amendements qui sont proposés et qui
viennent, semble-t-il, de la Commission des transports elle-même, il nous
paraissait absolument normal, sans que cela ne dérange en rien les
pouvoirs de l'exécutif, de connaître quelque chose de ce document
de travail, savoir quelle est l'orientation que prendront les règles de
pratique.
Parce qu'il ne faut pas oublier et je le signale à
l'attention du député de Charlevoix que lorsque nous
étudierons ce projet de loi en Chambre, nous allons devoir reprendre
tout ce débat. Alors, que la motion soit défaite ce soir, elle
reviendra fatalement en raison de l'évoca-
tion qu'on a faite de pareils documents ici même, à cette
commission.
Il eût été tellement simple de nous éclairer
dès ce soir, de nous remettre les documents, ce qui eût
facilité le travail que nous aurons à accomplir, soit à
l'Assemblée nationale, soit en commission parlementaire.
Enfin, j'ai soumis une motion, M. le Président. Il vous
appartient de vous prononcer sur ma recevabilité. Je maintiens sa motion
et j'attends votre décision.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je crois, vu que le ministre détient un rapport, que la
motion du député de Chicoutimi qui demande le dépôt
de ce rapport, serait logique et raisonnable. Si cela peut faciliter la
présente étude.
M. PINARD: Sur le problème de la recevabilité de la
motion, je soulève quand même qu'il n'y a aucune obligation de la
part du ministre de déposer le document qui est demandé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Il n'y a aucune obligation mais on peut
faire motion pour que...
M. BURNS: C'est justement que vous n'êtes pas obligé...
M. PINARD: Et il y a d'autant moins d'obligation de la part du ministre
de le faire que le ministre a affirmé tantôt qu'il n'est pas en
possession personnellement du document. Je n'en ai pas pris connaissance. Je ne
connais pas son contenu. Je m'informe auprès des juristes qui forment
l'équipe du ministère des Transports et j'apprends qu'ils
viennent d'en prendre connaissance il y a une journée à peine.
Alors, ils ne sont pas en mesure de me faire rapport.
M. BURNS: ... cela n'est pas sur la recevabilité. Le ministre est
en train de nous dire pourquoi la motion devrait être défaite.
Mais il ne nous dit pas pourquoi elle n'est pas recevable à ce
moment-ci. Elle est parfaitement recevable. Qu'on vote. Si le ministre ne veut
pas, on saura ce qui arrivera des résultats.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je suis prêt à rendre ma
décision.
M. BURNS: On peut allonger ou raccourcir le débat.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! Au
début de mes remarques, j'ai mentionné que j'hésitais
à déclarer cette motion recevable parce que je ne voulais pas
créer un précédent.
Et surtout, si je me base sur le fait, par exemple, que
l'évocation faite à ce document de travail, puisque vous l'avez
appelé un document de travail, a été faite par le juge
Prévost et non pas par le ministre, et plus tard, le ministre
lui-même a suggéré que le juge Prévost fasse un
résumé ou explique verbalement le contenu de ce document de
travail.
Je pense que la motion, à ce moment-ci, si le but réel du
parrain de la motion était d'éclairer les membres de la
commission, ils pourront être éclairés par les propos tenus
verbalement par l'honorable juge.
Je préfère de beaucoup créer un
précédent en déclarant cette motion irrecevable parce
qu'on pourra toujours me ramener à l'ordre plus tard par l'entremise du
président de l'Assemblée nationale que de créer un
précédent en disant qu'elle est recevable parce que là,
j'aurai à en subir les conséquences pour des semaines et des mois
à venir.
Je déclare donc cette motion irrecevable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a parlé tout à
l'heure d'un document de travail dont ses fonctionnaires auraient pris
connaissance.
M. le ministre pourrait-il nous indiquer quelles sont les grandes lignes
de ce document de travail?
M. PINARD: Personnellement, je voudrais être agréable au
député de Chicoutimi, mais j'affirme que je ne connais pas le
contenu du document pour les raisons que j'ai données de façon
détaillée tantôt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les connar-trez-vous au moment où nous
étudierons le projet de loi?
M. PINARD: Je ne peux en faire la promesse, parce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais alors! Tout est là!
M. BURNS: Imaginez-vous comment on va se prononcer, nous, sur ce projet
de loi, si vous n'êtes pas au courant!
M. PINARD: Encore faut-il être sûr que les règles de
pratique édictées jusqu'à présent par la Commission
des transports sont relatives en tout ou en partie au contenu des amendements
proposés à la loi 23 dans le projet de loi actuellement à
l'étude et non pas 32.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oh! c'est grave!
M. PINARD: II faut quand même que nous entendions le
président de la Commission des transports sur le sujet avant de
procéder plus avant dans la discussion de ce que pourraient contenir ces
fameuses règles de pratique dont il est question en ce moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord!
M. BURNS: Cela va faire un autre projet de loi qu'il aurait
été très facile d'adopter et dans lequel on va patauger
pendant deux jours. Cela va être la même chose. C'est l'histoire
des projets de loi du ministre des Transports.
M. PINARD: M. le Président, je suggère qu'on écoute
le juge Prévost et après nous pourrons déterminer si oui
ou non les informations sont suffisantes et s'il faut absolument
requérir le dépôt du document en question. Je pense que la
suggestion que je fais est raisonnable. Commençons par écouter le
juge Prévost et nous verrons par la suite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous allons
procéder, si vous le permettez, en interrogeant M. le juge
Prévost. En ce qui concerne ces règles de pratique, quelle est la
partie dont vous nous avez dit qu'elle était préparée et
qu'elle avait été soumise pour examen aux fonctionnaires du
ministère, et sur quoi porte-t-elle exactement? Quels sujets
recouvre-t-elle?
M. PREVOST: Cette partie des règles de pratique que nous avons
soumise concerne les dépôts à l'occasion d'une
requête et les dépôts à l'occasion d'une opposition.
Dépôts qui peuvent être remboursables ou non suivant la
décision rendue. Ce projet de règles de pratique règle la
manière dont nous devrons rembourser ou non les dépôts
suivant que les requêtes sont sérieuses ou futiles ou suivant que
les oppositions sont sérieuses ou futiles.
Dans une deuxième partie, ce projet de règles de pratique
traite des droits payables à la Commission des transports pour la
délivrance de permis. Cette deuxième partie est une refonte d'une
quinzaine d'arrêtés en conseil qui traitaient de droits qui
avaient été édictés à différentes
périodes depuis plusieurs années et les documents de travail
étaient difficiles de référence à cause de leur
grand nombre. Nous les avons résumés et insérés
dans un seul document qui s'appelle l'annexe B qui est la section des droits,
alors que l'annexe A est la section des dépôts.
Nous n'avons pas prévu, comme je l'ai dit tantôt, dans ces
règles de pratique, une procédure pour remplacer les articles 41
à 49, parce que nous ne savions pas, nous, la Commission des transports
du Québec, si l'Assemblée nationale voterait une loi pour
permettre une législation déléguée sous ce chef.
Maintenant, ce que j'ai énuméré tantôt et je tiens
à le mentionner très rapidement, les modifications, le contenu
des règles de pratique que nous suggérerons, puisque nous devons
être consultés par le lieutenant-gouverneur en conseil avant leur
décret, se réfèrent aux articles 44, 47 et 49, et
contiennent également des dispositions pour les camionneurs, lorsque les
chemins de fer dépo- sent des tarifs privilégiés à
un ou deux jours d'avis.
Nous aurions également à suggérer, le moment voulu,
des modifications au texte de ces articles 41 et 49, si ces règles de
procédure deviennent législation déléguée,
pour simplifier la procédure, par exemple dans le cas des camionneurs
artisans où il nous arrivera du même coup 12,000 demandes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le juge, si je comprends bien, ce
sont là les seuls sujets que, jusqu'à présent, vous avez
examinés en fonction des règles de pratique à
édicter pour la gouverne de votre commission.
M. PREVOST: Nous avons préparé un premier projet
concernant les dépôts, les oppositions, les requêtes et les
droits. Nous avons également un deuxième projet en
préparation concernant toute la procédure qu'il serait possible
pour nous de préciser pour nos fonctionnaires et pour l'industrie du
transport, concernant l'application de la loi 23 parce qu'actuellement nous
chevauchons sur les anciennes règles de pratique de la régie,
nous chevauchons sur les différentes ordonnances générales
ou de principe de la Régie des transports et la loi 23. Et aux termes
des règles de pratique de la Régie des transports, c'est le code
de procédure civile qui s'applique. Alors, nous avons un tissu de
règles de pratique qui sont des directives de l'ancienne régie,
le code de procédure, les règles de pratique et la loi 23.
M. BURNS: C'est-à-dire les règles de preuve. M. PREVOST:
Les règles de pratique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce sont là les
déclarations que vous pouvez faire à ce stade-ci de vos
études et de vos recherches. C'est au fond ce que le ministre vous
demandait tout à l'heure de nous dire.
M. PREVOST: Je veux bien mentionner par exemple que, dans le document,
le projet de règlement no 2 sur les règles de pratique, rien
n'est mentionné concernant la procédure à suivre pour
remplacer les articles 41 à 49. Dans ce texte-là, il s'agit
simplement de requêtes, d'oppositions, de dépôts et de
droits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie, monsieur le juge. En ce qui
me concerne, cela me satisfait. Naturellement, le débat, on le
comprendra, en Chambre, sera assez difficile puisque nous n'avons aucune sorte
d'orientation...
M. BURNS: Beaucoup plus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans ce que vous nous avez dit concernant
l'orientation générale de ces règles de pratique que vous
nous
demandez, à toutes fins utiles, de vous confier et de confier au
gouverneur en conseil qui administre. Alors, il ne nous appartient pas de vous
interroger là-dessus puisque vous n'êtes pas habilité
à le faire. C'est au ministre que nous devrons indiquer notre
volonté de lui remettre tout pouvoir de réglementation en ce qui
concerne les règles de pratique et c'est au ministre que nous dirons ce
que nous pensons de la demande que vous nous faites à l'article 3,
concernant les articles qui devront être éventuellement
modifiés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je m'adresse à monsieur le juge. Dans ce que vous nous
avez dit jusqu'à maintenant sur les lacunes actuelles que vous aimeriez
voir corriger, ce qui m'impressionne peut-être le plus, c'est le
délai de 70 jours sans opposition pour qu'une requête arrive
à sa maturité. Franchement, cela me renverse et il n'y a pas de
doute que je vais être un de ceux qui vont tenter de trouver des
solutions à cela avec le ministre et avec les autres
députés de l'Opposition. Mais, est-ce que, dans vos règles
de pratique prévues, vous avez déjà des suggestions que
vous pouvez verbaliser, par exemple relativement aux cinq jours pour
l'inscription que vous mettez, les dix jours pour la publication de la nature
de la demande et les quinze jours pour savoir s'il y a objection, tout ce que
vous nous avez décrit tantôt et qui nous amène à un
délai à peu près minimum de 70 jours et maximum de 90
jours?
M. PREVOST: Nous pourrions, en premier lieu, faire un gain si le
bulletin était supprimé parce que, comme je l'ai mentionné
tantôt, nous ne disposons pas des mêmes facilités pour
imprimer le bulletin et le distribuer que la Gazette officielle peut le faire.
Maintenant, après la publication, il s'agit d'attendre le délai
de 15 jours pour voir s'il y a opposition. Ce délai vous paraîtra
peut-être original mais nous proposerions de l'augmenter à 21
jours au lieu de le laisser à 15 jours pour la raison suivante: ce
bulletin ou cette gazette officielle ne sont pas envoyés par la poste de
première classe. Il peut prendre 7 à 8 jours avant que le
destinataire reçoive le bulletin. Si nous avons une fin de semaine dans
ce délai, il se trouve qu'il reste deux ou trois jours aux opposants
pour formuler leur opposition et, dans certains cas, le quinzième jour,
nous sommes inondés de télégrammes nous disant: Accordez
un délai additionnel, etc. Celui-là, pour la protection du public
et des opposants, nous voudrions l'allonger à 21 jours à cause de
la poste de troisième ou quatrième classe. Nous voudrions nous
dispenser du rapport d'enquête dans le cas des causes où il y a
opposition parce que nous calculons que les opposants sont là pour
trouver ce qu'il y a de pas bon ou ce qui peut être une faille dans la
demande de permis.
M. BURNS: De toute façon, la commission peut toujours prendre
connaissance proprio motu du rapport d'enquête.
M. PREVOST: Absolument. Maintenant, nous avons également d'autres
problèmes que l'administrateur me signale avec l'article 42, qui est le
répertoire chronologique. Nous considérons, dans le cadre de la
loi, les oppositions comme des demandes. C'est une demande qu'un permis ne soit
pas accordé. Il faut entrer toutes ces oppositions dans le registre
chronologique alors que nous pensons que le plumitif par dossier serait un
instrument de travail beaucoup plus valable comme cela se fait à la cour
Supérieure.
M. BURNS: Vous auriez des inscriptions selon les procédures
inscrites dans un dossier.
M. PREVOST: Oui, par dossier plutôt que par registre
chronologique. Nous avons un rôle avec tous les avis, nous avons une
personne continuellement au bureau de Montréal et au bureau de
Québec qui ne fait que remplir ce registre chronologique. Il est
très difficile pour nous de s'y retracer, parce que l'opposition peut
venir quatre semaines après la demande, il peut y avoir dix
oppositions... Nous aimerions mieux utiliser le mécanisme des tribunaux
de droit commun où chaque dossier est ouvert et toutes les inscriptions
y sont faites.
M. BURNS: Est-ce que vos suggestions font état d'une
réduction de la période de quinze jours pour le délai
d'appel?
M. PREVOST: II faut bien dire que le délai d'appel...
M. BURNS: C'est vrai, il est déjà dans la loi,
excusez-moi. Ce serait inutile.
M. PREVOST: ... est déjà dans la loi et c'est après
que la décision est devenue exécutoire. Maintenant, nous n'avons
pas d'idée ferme sur le sujet, mais lorsque nous voyons arriver les
demandes d'artisans et de taxis qui seront peut-être au nombre de 25,000
nous nous interrogeons sur cette obligation de publication. Parce que vous vous
rendez compte, le camionneur artisan qui a son camion depuis quinze ou vingt
ans, de père en fils, etc., nous ne pouvons pas arriver avec une
meilleure procédure sauf en la simplifiant. Je ne recommanderai jamais
la modification des articles 41 et 49 pour les demandes de permis
générales et les demandes de permis de rayons, etc. Mais je
verrais une procédure beaucoup plus souple dans le cas des demandes de
camionnage artisan et de taxi. En vertu de l'article 44, que nous n'aimons pas
voir disparaître, je dois le dire, parce qu'après ample examen, je
constate que c'est le seul article qui permet à un membre de la
commission de rendre seul une décision dans une affaire qui lui est
permise et qui n'est pas contestée...
Si l'article 44 disparaît complètement, je ne crois pas que
le lieutenant-gouverneur en conseil, par règle de pratique, puisse
déroger aux dispositions de l'article 14 de la loi qui dit que le quorum
est de trois membres.
Ma suggestion serait de faire revivre l'article 44 en y
remplaçant les mots "même s'il n'y a pas d'opposition" par le
terme ou le bout de phrase "lorsqu'il n'y a pas d'opposition", parce que nous
serons obligés de faire signer trois membres de la commission sur les
demandes de camionnage artisan, même si elles ne sont pas
contestées. Or, j'ai prévu, dans mon enumeration tantôt,
quatre à cinq jours, parce que les membres ne sont pas toujours
disponibles. H y en a qui sont en séance, il y en a qui vont
siéger en dehors de la ville, parce que, depuis le mois de mars, il faut
dire qu'en plus d'avoir siégé à Montréal et
à Québec, nous avons siégé à Val-d'Or,
à Chicoutimi, à Sept-Iles, à Sherbrooke, à
Percé et à Hull. Le banc est constitué de trois personnes
et j'aimerais bien que demeure la disposition de l'article 44 pour permettre
à un membre seul de rendre une décision lorsque l'affaire n'est
pas contestée.
M. BURNS: D'ailleurs, c'est une procédure qui est
déjà utilisée dans d'autres lois à caractère
administratif.
M. PREVOST: II faut dire que nous avons à ce stade-ci plus de
demandes que l'ancienne régie en avait même sans la nouvelle
réglementation; cela est basé, d'après nous, sur
l'augmentation considérable des amendes pour le transport
illégal. Alors, tous ceux qui couraient un risque avant, avec une amende
en bas de $50, ne le font plus maintenant que l'amende est de $500 et de $1,000
suivant la première ou la deuxième infraction. Les demandes
entrent donc à un rythme considérable.
Nous avons c'est ce que l'administrateur me dit trois fois
plus de demandes que la régie n'en avait dans son temps et nous ne
sommes pas arrivés au problème des artisans, des taxis, du
transport scolaire, etc.
Nous avons siégé, au cours du mois de mai et du mois de
juin, à deux et à trois divisions, ce qui ne s'était
jamais fait. A Montréal, nous siégeons constamment à deux
divisions et à une division à Québec, cinq jours par
semaine.
M. BURNS: Cela répond à mes questions
là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi aussi. Article 4, M. le juge.
M. PREVOST: Je laisse à la bonne considération de la
commission, l'article 44 que nous aimerions conserver de manière que la
section soit remplacée, sauf l'article 44, qui permettrait à un
membre seul de rendre des décisions dans des affaires non
contestées.
M. PINARD: Je voudrais poser une question au juge Prévost, M. le
Président. Est-ce que vous êtes d'avis que l'amendement que nous
aurions présenté, de toute façon, relativement à
l'insertion de nouveau de l'article 44 dans le projet d'amendement qui est le
projet de loi 32, doit se faire à la présente session et
présente un caractère d'urgence pour permettre à votre
commission d'être plus opérationnelle, si le terme est
français, ou de fonctionner avec plus d'efficacité et de
réalisme face aux besoins qui vous sont soumis, ou si cela peut attendre
à une prochaine session?
M. PREVOST: Je calcule que cela est très urgent. Si nous avons
12,000 demandes du camionnage artisan et peut-être 12,000 à 15,000
demandes de taxis à l'automne, cela fait 25,000 demandes.
J'espère qu'il n'y en aura pas plus de 5,000 de contestées, ce
qui veut dire qu'il y aura 20,000 décisions à rendre.
Il faudra trois membres pour les signer, ce qui représente un
travail considérable et une perte de temps, et ce qui nous
évitera de siéger dans les causes non contestées.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense, M. le juge, que nous avons retenu
votre voeu et que nous pourrons garder, sous forme d'amendement, ce voeu que
vous avez exprimé.
M. PREVOST: Maintenant, l'article 4? M. PINARD: Article 4, oui.
Transport scolaire
M. PREVOST: En vertu de l'article 475 de la Loi de l'instruction
publique, qui a été modifié par l'article 101 de la Loi
des transports, notre commission doit approuver l'adjudication de chaque
contrat de transport. En d'autres termes, nous devrons statuer, du moins l'an
prochain, sur environ 10,000 adjudications faites par les commissions
scolaires. Il est à prévoir qu'une telle disposition va ralentir
le travail de notre commission. Nous avons pensé, avec les amendements
suggérés, que notre commission ne pourrait être saisie de
l'adjudication d'un contrat par une commission scolaire que dans le cas
où une personne, quelle qu'elle soit, désire s'opposer à
l'adjudication. C'est un peu le système qui existait du temps de la
régie, alors que des contrats étaient déposés et
acceptés pour dépôt. Toute personne
intéressée veut dire la commission scolaire, veut dire
l'entrepreneur ou l'entrepreneur rival ou celui qui calcule devoir avoir le
contrat plutôt que celui qui pourrait l'avoir: ça pourrait
être le ministre, ça pourrait être toute personne
intéressée.
M. BURNS: Vous voulez dire que ces contrats se feraient de gré
à gré entre les parties intéressées qui, dans le
fond, ne feraient pas l'objet d'une décision de la commission, à
moins de contestation.
M. PREVOST: A moins de contestation. Ils se feraient par soumissions,
évidemment, mais nous devions statuer sur l'adjudication. Ce n'est pas
que nous refusons le travail, parce que depuis le mois de février, je
crois que nous avons fait nos efforts pour disposer des questions. Mais je me
demande enfin, si tout le monde est d'accord, après demande de
soumissions publiques, quel va être le rôle de notre commission de
tenir une séance publique pour entendre ça. Ce sera aux
intéressés, à ceux qui calculeront qu'une injustice peut
être faite, de s'adresser à nous et nous les entendrons
volontiers. De cette manière, nous n'allongerons pas notre rôle et
nous ne retarderons pas, peut-être, nos séances de mois et
d'années.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Monsieur le juge, voulez-vous dire, par exemple, que toute
personne intéressée, ça pourrait aussi comporter un groupe
de parents, par exemple, qui seraient concernés? C'est aussi large que
ça.
M. PREVOST: Toute personne intéressée.
M. BOSSE: Toute personne intéressée. Merci.
M. PREVOST: Collectivement ou individuellement.
M. BOSSE: Merci.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Au paragraphe 7, ce sont les mêmes
raisons?
M. PREVOST: C'est la même chose. Oui, c'est de la concordance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va. Nous jugerons avec M. le
ministre.
M. PREVOST: L'article 5 n'est pas un article qui est
suggéré comme tel par la Commission des transports du
Québec. C'est un article qui regarde la Commission de transport de la
ville de Laval et je suis bien au courant du problème, parce que
j'étais commissaire à la Commission de transport de la ville de
Laval, mais je crois bien que ce n'est pas la Commission des transports du
Québec qui intervient.
M. PINARD: Oui. Avec la permission des membres de la commission, le juge
pourrait peut-être quand même nous expliquer ce qui surviendrait si
une requête était faite par la ville de Laval, par exemple, au cas
où la ville déciderait de faire l'intégration de ses
systèmes de transport à caractère urbain et dans le
domaine du transport scolaire. Alors, comme la commission peut être
saisie d'une requête à cet effet sans que le juge ne plaide
l'amendement au mérite, parce que ce sera ma responsabilité, il
pourrait quand même nous dire quelles seraient les conséquences de
la présentation d'une pareille requête à sa commission.
M. PREVOST: Non pas à titre de président de la Commission
des transports du Québec mais pour éclairer la commission,
l'année dernière, il y eut une loi spéciale concernant la
Commission de transport de la ville de Laval qui était, si ma
mémoire est bonne, la loi 141. Le but de cette loi spéciale
était précisément de ne pas obliger la Commission de
transport de la ville de Laval à renouveler tous les contrats de
transport d'écoliers.
La Commission de transport de la ville de Laval n'a pu, l'année
dernière, faire l'intégration qu'elle souhaitait au niveau
secondaire, parce que la loi a été sanctionnée à la
mi-juillet ou le 8 juillet et qu'elle n'avait pu avoir les autobus voulus pour
le faire. Depuis, la Commission de transport de la ville de Laval s'est
procuré des autobus, pouvant, à ce qu'on me dit, faire
l'intégration. C'est la répétition, en somme, de la
disposition spéciale qui avait été faite l'année
dernière pour la Commission de transport de la ville de Laval.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
Causes pendantes
M. PREVOST: S'il m'est permis, M. le ministre, nous avons un autre
problème qui n'apparaît pas au projet de loi comme tel, mais qui
nous intéresse considérablement. Je vais vous l'expliquer en deux
minutes. C'est que nulle part, dans la loi 23, sauf à l'article 173, il
y a une succession d'assurée de la Régie des transports à
la Commission des transports du Québec. On dit, à l'article 173,
que dans toute loi, l'expression "Régie des transports" désigne
"la Commission des transports."
Il y eut, à l'occasion d'une audition par notre commission d'une
cause à Hull, une demande d'évocation devant la Cour
supérieure au motif, entre autres, que notre commission ne
succédait pas à la Régie des transports. La cause est
pendante devant les tribunaux. Je ne demanderais pas à cette commission
de statuer sur cette cause mais d'inscrire l'exception usuelle, à
l'effet qu'une telle disposition n'affecte pas les causes pendantes; je crois
qu'il serait de l'intérêt de notre commission et également
de l'industrie du transport qu'une telle clause soit insérée dans
le projet de loi, parce que si nous n'avons pas le droit de continuer les
dossiers commencés par la Régie des transports et de les terminer
et que toutes ces causes vont en appel ou en évocation, nous craignons
qu'il se produise un marasme inacceptable. Je ne crois pas que ce fût
l'intention du législateur, l'année dernière, de laisser
tous ces dossiers pendants sans qu'un
organisme puisse succéder pour rendre les décisions que la
Régie des transports n'a pu rendre, faute de temps, à cause des
demandes arrivées dans les derniers temps.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le juge, quel serait, à votre
satisfaction, le libellé de cet amendement?
M. PREVOST: J'avais déjà fait des études et j'avais
l'intention de suggérer un texte similaire à celui qui a
été adopté lorsque la Commission des relations du travail
a eu un successeur. Je crois que la même disposition nous satisferait et
nous permettrait en toute aise de disposer des dossiers pendants, parce
qu'autrement...
M. BURNS: J'espère que vous n'avez pas les mêmes
problèmes que le successeur en question.
A un certain moment, on ne savait plus à qui s'adresser parce
qu'on avait aboli la Commission des relations de travail et qu'on n'avait pas
encore mis en vigueur l'enquêteur.
M. PREVOST: C'est le même cas. La Régie des transports est
abolie dans notre cas à l'article 165 et il n'y a rien qui mentionne
qu'on lui succède. Et je ne crois pas que cela soit l'intention du
législateur de laisser en plan des causes pendantes comme cela.
M. BURNS: Combien avez-vous de cas d'évocation devant la cour
Supérieure actuellement?
M. PREVOST: Nous avons eu seulement trois requêtes de trois
commissions scolaires de la région de l'Outaouais au sujet d'une
même audition.
M. BURNS: Mais elles sont encore pendantes?
M. PREVOST: Elles sont pendantes et je demanderais que le cas soit
réservé, comme cela se fait généralement, pour que
l'Assemblée nationale ne dispose pas de causes pendantes devant les
tribunaux. Mais quand même, pour les autres cas...
M. BURNS: Surtout que la région de Hull est florissante pour ces
cas qu'on nous amène alors qu'ils sont devant les tribunaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que monsieur le juge a répondu
à notre satisfaction aux questions que nous voulions lui poser
relativement aux propositions d'amendement qui se trouvent dans la loi 32. Il
nous restera bien entendu à en discuter avec le ministre et à
évoquer devant une autre instance le problème qui faisait l'objet
de ma motion.
Je voudrais remercier monsieur le juge Prévost de la grande
courtoisie avec laquelle il a répondu à nos questions, de la
clarté dont a été empreint son exposé et lui dire
que nous serons très heureux d'appuyer le ministre dans toute initiative
qui permettra à la régie d'exercer ses fonctions avec
célérité et efficacité.
Monsieur le juge, je vous remercie, ainsi que vos collaborateurs, bien
entendu.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je veux remercier le juge Prévost de la lumière
qu'il a bien voulu nous donner dans son exposé. Je crois
réellement que c'est lorsque l'on est dans le bain qu'on apprend
à nager et je pense qu'il l'est lui-même. Merci beaucoup.
M. BURNS: Je veux aussi joindre mes remerciements à ceux de mes
collègues à l'égard de monsieur le juge Prévost. On
aurait peut-être dû le faire avant. Je le félicite de sa
nomination. On ne l'a pas félicité officiellement. Je pense qu'il
a beaucoup de boulot devant lui.
En ce qui vous concerne, nous allons collaborer avec le ministre des
Transports pour donner à la commission une loi qui va être plus
facilement opérationnelle ou opérante. Je souhaite que, à
la suite de ces amendements, les nombreux délais qui affectent
actuellement le travail de la commission puissent être réduits au
minimum.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre.
M. PINARD: A mon tour, je voudrais féliciter le président
de la Commission des transports ainsi que ses collaborateurs pour avoir bien
voulu venir nous expliquer le fonctionnement de la commission et aussi venir
nous expliquer pourquoi les amendements à la loi 23 sont
proposés. Je pense qu'il a établi clairement quel est le
caractère d'urgence des amendements proposés et qui devront
être adoptés par l'Assemblée nationale. Je pense que le
législateur, quel qu'il soit, du côté ministériel
comme du côté de l'Opposition, doit être suffisamment
réaliste et responsable pour prendre toutes les mesures qui doivent
être prises pour rendre le travail d'une commission des transports,
à caractère quasi judiciaire et administratif, opérante et
efficace. Quand il s'agit surtout d'une aussi vaste réforme que la Loi
des transports, il m'apparaît assez difficile pour le législateur,
quel qu'il soit, de prévoir toutes les éventualités qui
peuvent survenir à l'occasion d'une réforme en profondeur.
C'est pourquoi je pense que ce n'est pas faire un acte de fausse
humilité que de revenir, même après quelques mois de
l'adoption de la loi 23, demander à l'Assemblée nationale
d'accepter d'étudier les amendements à une loi qui comporte
au-delà de 185 articles. C'est tout simplement faire preuve de
réalisme, de responsabilité de façon que la Commission des
transports
puisse vraiment accomplir le rôle qui lui a été
dévolu par le législateur et par l'Assemblée nationale,
lorsqu'elle a décidé d'adopter la loi 23. C'est dans ce contexte
que j'ai voulu travailler et c'est par mesure d'exception que nous entendons ce
soir le juge Prévost qui est le président d'une commission
très importante. Mais quand c'est nécessaire et utile de le
faire, je ne vois pas pourquoi le ministre responsable n'aurait pas recours
à une pareille procédure spéciale, surtout quand c'est
pour faire la preuve de l'urgence d'apporter des amendements à une loi
extrêmement importante qui a été votée il y a
quelques mois.
Je crois aussi que c'est la preuve même de la vitalité de
notre parlementarisme qui se modernise et qui veut être capable de faire
face aux besoins de l'heure, des besoins de 1973 et qui veut se montrer moderne
dans ses moyens de travail et dans ses moyens d'étude et d'adoption des
lois.
Je pense que je n'ai pas besoin d'ajouter davantage pour convaincre les
membres de la commission parlementaire que nous avons tout
intérêt, et que c'est même notre devoir, de procéder
à l'étude de ces amendements et à leur adoption pour,
précisément, arriver à réaliser les objectifs qui
ont été prévus par le législateur lorsqu'il a
proposé et demandé l'adoption de la loi 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si je puis dire un
petit mot au ministre là-dessus, c'est justement en raison des
circonstances spéciales et aussi par mesure d'exception que nous avions
demandé le dépôt des règles de pratique.
M. PINARD: Oui. C'est un autre problème que nous aurons
l'occasion de discuter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a ouvert la porte.
M. PINARD: Mais je pense que ce qu'il est essentiel de dire, c'est que
nous sommes ici pour discuter les amendements à la loi 23, alors des
articles de législation, et que nous ne sommes pas ici pour discuter le
contenu des règles de pratique parce que ce sont des règles
à caractère administratif et il ne comporte aucune obligation
pour le ministre de les déposer pour fins de discussions ou
d'adoption.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai ouvert la porte, je ne vous ai pas dit
d'entrer.
M. PINARD: Je ne suis pas entré. Je suis encore sur le seuil de
la porte et...
M. BURNS: Pendant que la porte est ouverte...
M. PINARD: ... et je me retire rapidement.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs! Cette discussion est
hors d'ordre parce que j'ai déjà rendu une décision
là-dessus.
M. BURNS: Je ne veux pas parler de la motion, je veux seulement rappeler
au ministre, parce que la porte est encore ouverte que et j'y crois
énormément le pouvoir réglementaire de
l'Exécutif ne doit pas être considéré comme une
cachotterie à l'égard du pouvoir législatif. Je demande au
ministre qui semble être d'accord avec moi, puisqu'il fait des signes
approbateurs il opine du bonnet de tenter de convaincre ses
collègues de cela aussi. Ce n'est pas de tenter de cacher
l'éventuelle réglementation aux députés de
l'Opposition, je pense, le pouvoir réglementaire. C'est tout
simplement...
M. MAILLOUX: C'est la formule par laquelle vous avez demandé de
connaître ces règles de pratique.
M. BURNS: Je sais bien que cela a pu choquer des gens, la façon
qu'on a utilisée pour la demander, surtout que vous étiez
minoritaires quand la motion a été faite et qu'on est allé
chercher des députés qui probablement s'embêtaient en haut
pour venir appuyer la majorité ministérielle qui était en
minorité tantôt.
M. MAILLOUX: D y a beaucoup de travail en haut.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs! Je désire
remercier le juge Prévost et ses collaborateurs. Nous avons rempli notre
mandat qui était d'entendre le juge Prévost. Je déclare
que la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 39)