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Commission permanente
des transports, des travaux publics
et de l'approvisionnement
Sécurité routière et
système de points de démérite
Séance du mardi 5 mars 1974
(Dix heures quinze minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre,
messieurs!
La commission a été convoquée pour étudier
la sécurité routière et le système de points de
démérite. Je céderai immédiatement la parole au
ministre des Transports pour quelques mots de présentation.
Un instant, je vous prie. En ce qui concerne la liste des membres de la
commission, M. Gratton, député de Gatineau, remplace M.
Bédard, député de Montmorency; M. Faucher,
député de Yamaska, remplace M. Mercier, député de
Bellechasse; M. Harvey (Dubuc) remplace M. Pépin, député
de Sherbrooke.
M. BURNS: M. Burns remplace M. Bédard (Chicoutimi).
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Burns remplace M. Bédard
(Chicoutimi). Ces changements étant faits, la parole est au ministre des
Transports.
Exposé du ministre
M. MAILLOUX: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, en quelques brèves paroles, je voudrais faire quelques
remarques sur les préoccupations qui rejoignent l'ensemble de nos
officiers du ministère relativement à la sécurité
routière, de même que les préoccupations gouvernementales.
J'imagine que, par la suite, les membres de la commission voudront faire leurs
propres commentaires. Je voudrais livrer les quelques réflexions que
j'ai mises sur papier en fin de semaine.
Le 21 décembre dernier, au moment de la discussion en
deuxième lecture du projet de loi no 9, traitant de certains amendements
au code de la route, j'avais indiqué mon intention de demander la
convocation de la commission parlementaire des transports afin de recueillir
les points de vue des parlementaires sur nos programmes de
sécurité routière et, plus particulièrement, sur le
système de points de démérite.
Comme cette commission parlementaire des transports siège pour la
première fois depuis la formation du gouvernement, il devient donc
important que les échanges d'information et de points de vue soient des
plus fructueux afin que nous puissions poser les jalons nécessaires pour
assurer une plus grande cohésion entre nos différentes actions en
matière de sécurité routière et pour instaurer de
nouveaux programmes dans ce domaine, à la lumière de nos
possibilités financières.
La promotion de la sécurité routière se veut une
préoccupation majeure pour le gouvernement.. Je ne vous cacherai pas que
mes officiers et moi-même demeurons atterrés par le trop grand
nombre d'accidents mortels et autres dont notre province remporte le
championnat presque à chaque semaine et la dernière fin de
semaine n'a pas changé grand-chose à la situation.
Les conséquences sont désastreuses, autant physiquement
que financièrement. En somme, de telles tragédies produisent des
effets qui n'engendrent rien de bon pour le Québec. Toutefois, comme
vous le savez, notre mentalité latine s'accommode très mal des
contraintes, mais le triste bilan que nous affichons m'a incité, au
cours des derniers mois, à analyser avec mes fonctionnaires, des moyens
qui pourraient freiner ou du moins restreindre substantiellement ces trop
nombreuses tragédies.
Le succès de nos efforts sur le plan de la sécurité
routière ne dépend pas uniquement de la qualité du
comportement des automobilistes, même s'il s'agit du secteur où
nos préoccupations doivent porter principalement. En effet, la
qualité du réseau routier constitue aussi une condition
préalable pour promouvoir efficacement la sécurité
routière. La fusion des ministères de la Voirie et des Transports
telle que nous la connaissions auparavant et qui est institutionnalisée
depuis le 1er avril 1973, nous permet d'associer maintenant plus
étroitement l'aménagement de notre réseau routier à
nos programmes de sécurité. Nous insistons davantage pour que nos
ingénieurs et techniciens introduisent des normes plus adéquates
en matière de conception et de "design" de routes, de signalisation et
d'éclairage. Les investissements énormes qui ont
été consentis pour parfaire et étendre le réseau
routier depuis 1970, contribuent d'ailleurs à hausser les niveaux
d'indice de confort et de sécurité, même s'ils engendrent
parallèlement une circulation automobile plus grande. Nous avons, de
plus, établi un programme d'études et de recherches pour
déterminer et inventorier selon le type de routes, des indices de
confort, de sécurité, de capacité portante, à
partir du réseau routier existant. Les résultats de ces
recherches nous permettront de mieux planifier nos programmes de
réfection et d'entretien. Ces programmes d'entretien d'hiver et
d'été nécessitent d'ailleurs des sommes énormes et
ne sont évidemment pas soustraits à l'augmentation des
coûts que nous connaissons de façon générale. Comme
les besoins dans ce domaine sont nombreux et légitimes et qu'ils sont
synonymes de sécurité ou d'insécurité, je ne puis
donc me déroger à écouter et à tenter de satisfaire
dans la mesure
du possible aux représentations qui me seront faites.
Comme je le soulignais auparavant, nos efforts en matière de
sécurité routière doivent dépasser largement les
seuls plans de la construction et de l'entretien du réseau routier.
Enfin, ils doivent porter de façon principale sur le comportement des
utilisateurs de véhicules automobiles. Mais, vous en conviendrez avec
moi, le domaine de la promotion de la sécurité routière
est très complexe et difficile d'administration, puisqu'on ne peut pas
régir à tout instant les comportements individuels des
automobilistes. Ce contrôle omniprésent, étant impossible
à cause du nombre trop restreint de patrouille routière, il
demeure qu'au strict point de vue des statistiques, une interception suite
à un comportement fautif correspond pratiquement à une pure
coincidence, d'où l'importance de faire porter nos actions, d'une
façon primordiale sur l'éducation, la persuasion et la
prévention.
Même s'il est essentiel d'étendre le nombre des
contrôles et de les rendre aussi opérationnels que possible, un
bon système de sécurité routière doit aussi tenir
compte du respect de la personne humaine. C'est un peu dans cette optique que
le projet de loi no 9, amendant le code de la route, fut présenté
à l'Assemblée nationale en décembre dernier. Malgré
les protestations de quelques villes et municipalités qui ont fait
reproche au gouvernement de compliquer le travail des policiers, le rendre
inopérant dans certains cas, de même que priver ces
municipalités de revenus possibles, il ressort qu'en adoptant
unanimement le projet de loi no 9 le législateur a voulu mettre des
contraintes à l'usage abusif des divers systèmes de radar et
obliger les divers corps policiers à faire une interception s'ils
désirent signifier des infractions et des pénalités. Cet
avis livré sur le champ permet aux intéressés de se
défendre valablement, s'il y a lieu, et constitue aussi une forme
d'éducation puisque l'infraction est signifiée à
l'automobiliste au moment même où elle survient. Il ne faudrait
donc pas se méprendre et croire que le gouvernement se veut plus
conciliant à l'endroit de ceux qui n'observent pas les lois de la
circulation.
D'autres mesures ont été adoptées ou sont
étudiées par le gouvernement dans le cadre de la révision
de nos programmes de contrôle et de promotion de la
sécurité routière. Parmi celles-ci, le système de
points de démérite est certainement celui qui a retenu le plus
notre attention. En effet, ce système qui est en usage depuis plus d'un
an nous permet de constituer pour la première fois un fichier de
contrôle individuel et assez efficace. Comme il s'adresse à une
clientèle de près de 3 millions d'utilisateurs possibles de
véhicules automobiles, il n'est que normal que les parlementaires soient
en mesure de pouvoir l'évaluer et suggérer certaines
modifications à la lumière des constatations faites par les
tribunaux, par ceux qui ont mandat de l'appliquer et par nos officiers qui,
après l'avoir mis en place, peuvent avoir un meilleur éclairage
des nouveaux éléments qui pourraient y être
apportés.
D'autres problèmes nous préoccupent actuellement au
ministère des Transports et ont fait l'objet de présentation de
mémoires de la part des groupes intéressés à la
promotion de la sécurité routière. La première
gamme de mesures dont il pourrait être question, en dehors d'un premier
geste que tous les gouvernements poseront bientôt conjointement je
fais mention d'un geste que les onze gouvernements poseront conjointement, on
me permettra, je pense, de donner lecture du communiqué conjoint qu'ont
fait les onze gouvernements. Les dix gouvernements provinciaux et le
gouvernement fédéral ont annoncé aujourd'hui une
intensification de la coopération fédérale-provinciale
dans le domaine de la sécurité routière qui doit se
traduire par la mise en oeuvre d'un programme conjoint étalé sur
cinq ans. Les ministres provinciaux responsables de la sécurité
routière et de l'administration des véhicules automobiles se sont
joints au ministre fédéral des Transports pour rendre publics des
objectifs communs de sécurité routière portant sur une
réduction de 15 p.c. d'ici cinq ans du taux de mortalité dans les
accidents de la route au pays.
Cette décision fait suite à des travaux de planification
intensive et à des consultations tenues entre des représentants
des 11 gouvernements au cours des tout derniers mois. Pour appuyer leur
décision, les ministres ont fait remarquer que même si les
données statistiques sur le total des morts sur les routes du Canada en
1973 n'étaient pas encore disponibles, il y avait, en plus de 6,200
tués, plus de 200,000 blessés dans des accidents sur le
réseau routier national en 1972, soit une augmentation de 12 p.c. par
rapport à l'année précédente. Le coût des
accidents de la route au Canada s'élève à plus de $1
milliard et demi par année, y compris les soins médicaux qui,
à eux seuls, se chiffrent à quelque $400 millions.
Si on fait le partage des mortalités sur les routes du
Québec pour une dépense de $2 milliards, on comprendra que l'on
va chercher au-delà de 30 p.c. de ce coût global. Ces
dernières années, il y a eu une certaine stabilisation du taux de
croissance de la mortalité sur les routes à cause surtout d'une
meilleure conception des véhicules automobiles et d'autres programmes
préventifs. Toutefois, les récentes augmentations de taux de
mortalité constituent un retour aux tendances des années
cinquante et du début des années soixante, période
où le nombre d'accidents mortels de la circulation augmentait
considérablement d'une année à l'autre. En dépit
des grands efforts déployés au chapitre de l'élaboration
de règlements et de l'amélioration des routes et des
véhicules, il faudra une action concertée de tous les niveaux de
gouvernement, des organisations s'occupant de sécurité
routière et de tous les
automobilistes pour renverser cette tragique tendance. La mise en oeuvre
du programme conjoint sera facilitée par les mesures déjà
appliquées par certaines provinces. Conçu pour réaliser,
d'ici cinq ans, l'objectif annoncé par les ministres, le nouveau
programme s'inspire d'une résolution sur la sécurité
routière internationale proposée par le comité de l'OTAN
sur les défis de la société moderne, après une
étude de trois ans menée par les gouvernements membres. Cette
résolution vise à assurer une collaboration permanente entre les
pays de l'OTAN pour l'échange de renseignements techniques sur la
sécurité routière en vue de favoriser la mise en commun
des ressources de tous les pays membres, de réduire la mortalité
sur les routes et de faciliter les voyages internationaux.
Les données provenant des recherches et des programmes pertinents
mis en oeuvre à l'étranger, lesquelles seront mises à
notre disposition grâce à la collaboration des autres membres de
l'OTAN et d'autres organisations internationales, constituent un atout
précieux dans la poursuite des objectifs cités plus haut.
Tantôt, il sera possible aux membres de la commission de
questionner le sous-ministre, M. Charland, qui a participé à
toutes les délibérations de ce comité
intergouvernemental.
La première gamme de mesures dont je parlais tantôt, que
pourrait étudier davantage le gouvernement, pourrait se situer dans le
respect intégral des limites de vitesse indiquées sur les routes
du Québec, enlevant, par le fait même, une certaine
tolérance supplémentaire accordée aux conducteurs avant
qu'il n'y ait pénalité. De semblables mesures seraient
susceptibles de réduire le nombre d'accidents ou du moins d'en diminuer
l'impact. Les officiers du ministère étudient aussi le genre de
mécanismes à mettre en place qui obligeraient, dans une
première phase, les propriétaires de véhicules automobiles
impliqués dans des accidents à obtenir un certificat de
conformité mécanique avant de reprendre la route.
Pareille mesure pourrait s'appliquer aussi aux véhicules dont la
date de fabrication n'est pas récente. La question du contrôle des
modifications aux odomètres des véhicules offerts à la
revente a aussi fait l'objet de certaines études au ministère des
Transports et pourrait, de la même façon, se greffer au genre de
mécanisme qui pourrait être préconisé.
Les pneus en mauvaise condition, générateurs de nombreux
accidents, devront également retenir notre attention. Les longs hivers
québécois nous placent dans une condition particulière en
ce qui a trait aux pneus à crampons.
Il y a aussi la question du port de la ceinture de
sécurité. De nombreux pays et Etats en ont largement
traité et certains l'ont même rendu obligatoire. Malgré ma
profonde réserve c'est peut-être moins fort que le titre
qu'a employé mon ami, M. Girard sur ce dernier point, les
résultats de ces recherches sont maintenant disponibles et les
conclusions pourront vous être signifiées par nos
fonctionnaires.
Finalement, comme l'aspect éducation prend une grande importance
dans ce vaste secteur de la sécurité routière, il sera
essentiel d'aborder les problèmes inhérents au fonctionnement du
réseau d'écoles de conduite au Québec. Des modifications
devront sans doute être apportées à notre système et
il serait utile de projeter ici un meilleur éclairage sur cette question
afin de mieux cadrer ce genre d'activités.
En vue de mieux guider les travaux des membres de la commission
parlementaire des transports sur toutes ces questions, j'ai donc demandé
aux différents spécialistes du ministère de nous faire
part de leurs observations sur ces différents problèmes de
façon à permettre des échanges de points de vue mieux
éclairés et d'atteindre un niveau d'efficacité plus grand
dans l'accomplissement de notre mission en matière de promotion de
sécurité routière.
M. le Président, tout à l'heure, après que les
membres de la commission parlementaire se seront fait entendre, s'ils le
désirent, M. Ghislain Laflamme, directeur du BVA, M. Georges-Henri
Vézina, directeur des responsabilités financières et de
l'application des systèmes de points, M. Roger Paquet, du Service
d'éducation routière et responsable des écoles de
conduite, M. Pierre-Yves Dionne, chargé du mémoire du programme
sur la sécurité routière et de la recherche sur les
accidents, M. Guy Vaillancourt, ingénieur-chef de la
sécurité de l'inspection mécanique, M. Jean Laporte,
conseiller technique qui s'occupe également du problème des
pneus, pourront répondre à leurs questions.
M. le Président, c'étaient quelques mots d'ouverture de
cette commission. J'espère que les membres de la commission feront
valoir tous les points de vue qu'ils entendent faire valoir devant cette
commission avant que nous annoncions, comme gouvernement, quelles sont les
modifications qui seront apportées.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci bien, M. le Ministre. Avant de
céder la parole au député de Maisonneuve, j'aimerais
mentionner qu'il est nécessaire de nommer un rapporteur de la commission
qui devra faire rapport à l'Assemblée nationale.
Le député de Portneuf est-il là? On vient de
proposer le député de Portneuf comme rapporteur de la commission.
C'est accepté à l'unanimité. Le rapporteur de la
commission sera donc le député de Portneuf.
Je donne maintenant la parole au député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, au départ, je tiens à
féliciter le ministre d'avoir convoqué la commission
parlementaire des transports.
Mais, comme le ministre s'y attend il y a sans doute un "mais"
venant de l'Opposition après les félicitations je dois
dire que je suis,
et mon collègue du comté de Saguenay l'est
également, un peu déçu de ne pas avoir reçu, avant
la séance de la commission parlementaire, un certain nombre
d'informations ou de la documentation qui auraient pu nous permettre une
préparation beaucoup plus adéquate et beaucoup plus constructive
de cette séance de la commission parlementaire.
Je comprends, par les dernières remarques du ministre, qu'il met
à notre disposition les compétences de certains de ses
fonctionnaires et que nous aurons le loisir de les questionner comme nous le
voudrons après coup, mais il reste quand même qu'un certain nombre
de choses auraient pu nous être communiquées avant, qui nous
auraient permis de préparer nos interventions de façon beaucoup
plus constructive.
Egalement et je ne sais pas si c'est dans l'esprit du ministre
nous aurions aimé que des personnes ou des groupements
intéressés à la sécurité routière et
aussi à tout ce que cela comporte comme accessoire, c'est-à-dire,
entre autres, le système de points de démérite et le
problème en particulier que cela pose pour des chauffeurs
professionnels... Le ministre se souviendra que j'avais soulevé cette
question à l'Assemblée nationale, l'année dernière.
Je pense que c'était le 22 mars 1973. J'avais même fait un
minidébat sur ce problème ou, encore, je demandais la convocation
de la commission parlementaire à ce sujet.
Dans mon esprit, même si je n'ai peut-être pas
été suffisamment explicite dans mes remarques à cette
époque, cela voulait dire aussi convoquer devant nous des gens ou
inviter à venir nous faire des remarques des gens qui sont
préoccupés par la sécurité routière, en
particulier par l'effet que ce système de points de
démérite peut avoir sur ce que j'appelle les chauffeurs
professionnels. Il y a une série d'associations qui, j'en suis
convaincu, auraient été intéressées à venir
nous dire ce qu'elles en pensent. Simplement pour en citer quelques-unes:
l'Association pour la protection des automobilistes, les syndicats de
camionneurs, les différentes associations patronales, concernant soit le
transport écolier ou le transport par autobus du Québec, auraient
probablement été intéressés à venir nous
rencontrer pour nous faire part, après bientôt un an
d'expérience, de leurs constatations, de leurs critiques à
l'endroit du système de points de démérite.
Je pense que ce sont les premières personnes concernées.
Ce sont les gens qui peuvent nous faire peut-être les remarques les plus
précises sur les effets de la mise en vigueur de ce nouveau
système.
Grosso modo, ce sont les remarques que j'avais à faire. Tout en
me réjouissant de voir la commission parlementaire se réunir,
comme nous l'avons demandé à plusieurs reprises, je me demande
s'il n'aurait pas été plus constructif de faire ces étapes
préliminaires que je mentionnais.
D'autre part, je vous dis tout de suite qu'on est entièrement,
malgré ces lacunes, prêts à collaborer avec le ministre
pour tenter d'éclairer le dossier le plus possible.
Je termine, tout simplement, par un souhait: que ce ne soit pas la
dernière commission parlementaire sur ce sujet et que, peut-être,
il y ait, dans l'avenir, une des séances qui soit consacrée
à entendre les gens du milieu qui, évidemment, s'y connaissent
davantage relativement aux problèmes que peut causer la mise en vigueur
de ces diverses mesures de sécurité routière.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous sommes également
satisfaits de certains efforts faits par le ministre en vue de consulter
différentes personnes concernant le système de points de
démérite qui est déjà en vigueur depuis un certain
temps.
Mes remarques iront dans le sens de celles du député de
Maisonneuve à l'effet que nous aurions aimé, nous aussi,
après cette période d'essai, de mise en pratique du
système de points de démérite, entendre les associations
de chauffeurs professionnels intéressées, qui ont
déjà une certaine expérience de l'application du
système de points de démérite. Je pense que cela serait
valable pour la commission, pour le gouvernement d'entendre ces gens et ce
serait valable aussi pour le public de constater, après cette
période, ce que donne le système de points de
démérite.
Si j'ai bien compris les remarques du ministre, ce matin, on nous a
convoqués pour discuter du système de points de
démérite, mais le ministre est très
préoccupé par la sécurité routière. Le
système de points de démérite est un élément
pouvant aider à la sécurité routière, mais ce n'est
pas le seul élément. Si j'ai bien compris le ministre, la
préoccupation du gouvernement, c'est, en même temps que nous
discuterons peut-être de ce système de points de
démérite, d'aborder d'autres éléments susceptibles
de nous aider en matière de sécurité routière. Bien
entendu, nous avons, comme tout le monde, entendu des remarques qui nous ont
été faites par différentes associtations, par des
particuliers également concernant le système de points de
démérite. Evidemment, c'est discutable. Ce n'est pas facile,
quand on met à l'essai un tel système, d'assurer qu'il sera
parfait au départ. Il y a des possibilités de l'améliorer
et, dans ce sens, j'ai l'impression que le ministre veut faire un effort pour
que ce système soit réellement là pour aider à cet
effort que tous nous voulons faire pour une meilleure sécurité
routière.
J'ai remarqué, dans l'exposé du ministre, le souci du
gouvernement d'aller plus loin que le système de points de
démérite.
Je note, par exemple, la question des routes et, deuxièmement,
des voitures qui circulent sur ces routes.
J'ai été grandement intéressé par les propos
que vous avez tenus, M. le ministre, concernant un certificat de
conformité mécanique après accident. Je pense qu'on doit
aller plus loin que cela. Ceci est pour exercer et permettre une meilleure
sécurité routière et sauver des vies. On doit aller plus
loin qu'un certificat de conformité mécanique après
accident. Il faut même aller jusqu'à un certificat de
conformité mécanique avant accident. Cela pourrait
peut-être en éviter. Un certificat de conformité
mécanique lorsqu'il est question de vente de voitures usagées,
c'est important. On a plusieurs vendeurs de voitures usagées au
Québec et nous croyons savoir qu'en Ontario il y a certaines normes qui
font qu'après un certain temps des voitures sont tout simplement
retirées de la circulation. Dû à un concours de
circonstances, je pense que vous le savez j'en ai entendu parler et je
le souligne au moment où l'Ontario a retiré de la
circulation, pour utiliser le langage commun du domaine de la vente
d'automobiles, certaines "minounes", certains vendeurs d'autos usagées
au Québec sont allés les acheter pour les revendre au
Québec.
Evidemment, vous comprendrez que, si cela n'est pas bon pour les
voisins, cela n'est pas bon pour nos consommateurs québécois non
plus. C'est un point qui peut nous amener à envisager d'être plus
sévères dans ce domaine parce qu'il y va de la vie des
conducteurs, des automobilistes.
Vous avez également souligné un autre point qui
m'intéresse énormément. C'est cette méthode qu'ont
certains vendeurs d'automobiles usagées de reculer l'odomètre
pour faire croire que la voiture est -en parfaite condition parce que n'ayant
pas trop roulé. A l'expérience, on finit par découvrir
parfois que la différence entre le millage réel et le millage
marqué peut être de 100,000 milles.
Il est bien entendu que, si un conducteur se fie sur une voiture en se
basant sur le millage qui apparaît à l'odomètre, il peut se
sentir en sécurité alors qu'il ne l'est pas du tout. C'est
là que le ministère peut faire quelque chose de valable en
exigeant un certificat de conformité mécanique, certificat qui
devrait être délivré par des gens complètement
indépendants de ce commerce, parce qu'il faut éliminer les
conflits d'intérêts. Je pense que cela pourrait aider
énormément.
Vous avez souligné d'autres points, comme les ceintures de
sécurité. Et je pense un peu comme vous, je trouve cela un peu
discutable. On ne m'a pas apporté d'arguments qui m'ont convaincu encore
que le port de la ceinture de sécurité pouvait, dans certains
cas, sauver des vies. J'ai la drôle d'impression que, dans certains cas,
cela a amené des accidents pires. Je pense que tout le monde sait qu'un
conducteur ou un passager qui est sous l'effet de l'alcool est
généralement moins blessé qu'un autre qui n'est pas sous
l'effet de l'alcool lors d'un accident. Cela veut dire que, lorsqu'on n'offre
pas de résistance ou qu'on n'est pas attaché, c'est moins grave.
Cela ne veut pas dire qu'il faut prendre un coup mais, quand même, cela
amène à discuter sur ce point.
Je ne vous dis pas que mon idée est faite. Si on m'apporte des
arguments qui me convainquent, je serai d'accord pour appuyer ce point. Mais,
pour le moment, c'est sous toute réserve que je discute de ce point des
ceintures de sécurité.
Il y a, évidemment, la question des écoles de conduite,
que vous avez touchée aussi. Je pense qu'il faut réellement faire
un effort. Avec les autoroutes d'aujourd'hui, avec les moyens de transport
rapides, avec la circulation de plus en plus intense, c'est important qu'on ait
des bons conducteurs et que ce ne soient pas seulement des conducteurs
théoriques, mais qu'ils aient aussi une certaine forme de pratique avant
l'obtention d'un permis. Ce que je dis là ne sera peut-être pas
populaire, parce que, quand les gens veulent obtenir un permis pour la
première fois, ils ont toujours hâte de l'avoir rapidement. Mais,
d'un autre côté, nous avons certaines responsabilités et
ces responsabilités nous dictent d'être un peu plus
sévères ou d'exiger de meilleures méthodes pour les
écoles de conduite ou pour les nouveaux conducteurs, etc.
Finalement, si on veut résumer tout cela, on est d'accord pour
qu'il y ait un effort de fait pour permettre une meilleure
sécurité routière. On est, autant que tout le monde,
inquiet chaque fin de semaine de ce qui peut arriver. Quelle que soit la
solution apportée, je pense que toutes les avenues sont valables
à ce moment-ci. On peut regarder tous les côtés; tout ce
qu'on peut faire dans tous les domaines, je pense que cela peut être
valable. Quant au système de points de démérite, ce
pourquoi on a été convoqués aujourd'hui, je déplore
le ministre pourrait le prendre en considération pour la
prochaine fois qu'on n'ait pas eu, à l'occasion de cette
convocation, une espèce de programme des discussions, ce qui nous aurait
permis d'être mieux préparés pour en arriver à une
discussion plus valable encore que celle que nous aurons peut-être
aujourd'hui. Là-dessus, je rejoins le député de
Maisonneuve: on aimerait, nous aussi, entendre des représentants de
groupements directement intéressés sur la valeur de ce
système de points de démérite qui est déjà
en pratique au Québec. Je pense que ce serait valable pour tout le
monde. C'est, évidemment, en écoutant les témoignages de
ceux qui sont dans le bain qu'on pourra peut-être se faire une meilleure
idée et proposer aussi certaines autres suggestions.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. HARVEY (Charlesbourg): II y a une question que je voudrais poser au
ministre. Il a fait état tout à l'heure d'un programme con-
joint entre les provinces et le gouvernement canadien. Je voudrais
savoir si ce programme est, dans les faits, signé avec les autres
provinces ou si c'est un projet étendu sur une période de cinq
ans, comme il en parlait tout à l'heure.
M. MAILLOUX: Une réponse plus valable pourrait être
donnée tantôt, à l'arrivée de M. Charland qui est
occupé par une autre commission ce matin. Il sera ici dans quelques
minutes. M. Charland a participé à toutes les discussions des
onze gouvernements. En fait, un protocole d'entente a été
signé entre les onze gouvernements où des sommes d'argent sont
disponibles pour que, dans l'ensemble du territoire canadien, certaines
corrections soient apportées sur des routes où il est
prouvé que des accidents mortels arrivent de manière trop
fréquente. Ces sommes d'argent permettront que des corrections soient
apportées dans le cours de l'année financière actuelle et
elles s'échelonneront sur une période de cinq ans. Il y a une
contribution des deux ordres de gouvernement. M. Charland pourra tantôt
vous donner également d'autres études qui ont été
poursuivies conjointement sous la directive de l'OTAN. Comme des informations
viennent de toutes les mesures de sécurité mises en place
à l'échelle mondiale, cela vous permettra peut-être d'avoir
un meilleur éclairage sur la première tentative qui est faite
à l'échelle nationale.
Je voudrais revenir aux remarques qu'a faites le député de
Maisonneuve tantôt. Je conviens que, normalement, j'aurais, comme
titulaire des Transports, aimé entendre les représentations qui
auraient pu nous être faites par les différents corps publics ou
les usagers de la route qui sont directement impliqués dans le
système de points de démérite.
J'avais, au cours de la dernière session, fait une promesse que
siégeraient, avant la reprise de la session, la commission parlementaire
pour étudier le sujet qui nous réunit ce matin de même que,
mardi prochain, celle qui devait étudier le cas de la Place Desjardins.
Si cette deuxième commission a été retirée c'est en
raison du fait que M. Alfred Rouleau, qui représente l'actionnaire
majoritaire, passe la semaine dans des discussions sur le mouvement Desjardins
et ne peut être disponible. J'ai jugé à propos de la
retirer malgré la promesse que j'en avais faite à M. Morin, chef
de l'Opposition, et ultérieurement nous pourrons, je pense, avec la
présence de M. Rouleau, mieux informer tous les officiers.
Quant à celle qui a lieu aujourd'hui, nous n'avons eu presque
aucune représentation relativement au système de points de
démérite. Mes fonctionnaires m'ont informé, dans les mois
qui ont précédé, que lorsqu'il y a une plainte sur le
système de points de démérite, normalement ce n'est pas
une plainte formulée par un groupe qui donne son nom et qui veut le
faire en son nom. Ces représentations rejoignent certaines de leurs
préoccupations mais ne semblent pas vouloir être faites de
manière tellement publique. J'avoue cependant que j'aurais quand
même aimé les entendre. Si cela n'a pu être fait, c'est en
raison du volume de travail dans l'étude de la fusion éventuelle
de certains transports scolaires, des transports urbains et des déficits
auxquels font face les commissions de transport. J'ai tellement
été surchargé, durant les dernières semaines, que
je n'ai pu répondre valablement aux voeux très logiques qu'a
exprimés tantôt le leader parlementaire de l'Opposition.
Il y aura peut-être lieu, dans les semaines ou les mois qui vont
suivre, avant que le gouvernement ne pose un geste définitif, d'entendre
des groupements qui voudraient le faire. Il est possible que des villes, comme
la ville de Québec qui a portesté, voudraient se faire entendre,
mais les parlementaires connaissaient, je pense, les protestations qui
étaient invoquées par la ville de Québec, protestations
que l'ensemble des parlementaires n'a pas jugé valable de retenir.
Au tout début de ces remarques, je voudrais que vous jetiez un
coup d'oeil sur le tableau qui vient d'être fourni où, je pense,
on rejoint un peu l'expérience qu'a connue chacun des chauffeurs du
Québec. Le grand mal de la société
québécoise, dans les nombreux accidents que nous
déplorons, vient encore de l'usage abusif de boisson enivrante au
volant. Il est indiscutable que si le pourcentage des accidents qui sont
occasionnés par les facultés affaiblies par l'alcool est aussi
élevé, quoique le législateur fasse, je pense que c'est
une éducation que chacun devra faire, selon sa propre conscience. Il est
un danger public à la minute où il est au volant.
Il faudrait bien retenir de cette commission parlementaire que le
gouvernement restera radical quant aux infractions qui découleront de
l'usage de boisson alcoolique au volant. Ces infractions-là doivent
être punies au moins de la manière qu'elles le sont actuellement.
Par contre, il a été fait mention tantôt d'autres causes
d'accident, tels les véhicules en mauvais état, et cela rejoint
une préoccupation qu'a apportée tantôt le
député de Rouyn-Noranda suivant laquelle une province voisine
revend dans le Québec, sans qu'il y ait de contrôle, des
automobiles qui ne sont plus en condition là-bas. Je pense que
tantôt un de nos fonctionnaires pourra vous faire un résumé
et nous dire où nous en sommes rendus relativement au contrôle des
odomètres.
Par contre, j'aimerais, si les parlementaires ne désirent pas
poser de question immédiatement, qu'ils entendent d'abord les
fonctionnaires comme M. Laflamme qui est en tête du bureau des
véhicules-automobiles. Si l'Opposition prétend qu'ils doivent se
faire entendre en leur nom ou en mon nom, je n'ai pas d'objection. Cela
pourrait peut-être, de façon plus valable, éclairer les
membres de la commission sur les discussions que nous pourrions avoir
ultérieurement.
M. BURNS: M. le Président, personnellement je n'ai pas
d'objection que les fonctionnaires comme M. Laflamme se fassent entendre
immédiatement ou qu'ils répondent à nos questions. C'est
au désir du ministre. Comme il le voudra.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre avant de commencer. Est-ce que vous avez des changements prévus
au système de points de démérite ou est-ce à
l'étude présentement? Vous devez avoir une idée
là-dessus.
M. MAILLOUX: M. Laflamme et les officiers nous ont proposé
récemment des modifications mineures au système de points de
démérite qui rejoignent la valeur de l'infraction commise
à savoir si la pénalité dépasse l'offense
commise.
Je ne voudrais quand même pas les annoncer dans l'immédiat
puisque comme nous avons décidé d'entendre les parlementaires
pour faire nôtres les observations qui pourront être faites
à cette commission...
M. SAMSON: Le ministre va comprendre le pourquoi de ma question. Bien
entendu, si on sait que le gouvernement a certaines intentions, ça peut
nous aider à étudier la situation. Notre rôle n'est pas
uniquement d'amener des objections, je veux être bien compris du
ministre. Dans une question aussi importante que celle-là il y va
de la sécurité des automobilistes je pense que tout le
monde doit être très objectif.
M. MAILLOUX: Je ne veux en aucune façon cacher la
vérité aux membres de l'Opposition. Certaines recommandations qui
sont faites méritent d'être retenues par le gouvernement. Mais
ça concerne, en fait, les infractions mineures où nous pensons
que la pénalité dépasse largement le délit commis.
Je pense que c'est assez en dire pour que l'on rejoigne un peu la pensée
des fonctionnaires et du gouvernement.
Par contre, si, dans la discussion, il était prouvé que
des pénalités imposées par le système de points de
démérite, aux yeux de la commission, vont plus loin que ce qu'en
pense le gouvernement, il y aurait peut-être lieu, avant que nous les
annoncions, de nous pencher sur ce que les membres de la commission auront
à dire et nous pourrons plus valablement annoncer les mesures
correctives que nous désirons apporter. Il y a également
certaines mesures, au niveau de la procédure, qui seront
modifiées de telle sorte qu'après une année
d'expérience on apporte les correctifs voulus.
M. SAMSON: Est-ce que le système va viser uniquement le
conducteur? C'est déjà ce qui se fait.
M. MAILLOUX: Je n'ai pas d'objection à ce que M. Laflamme, qui
est directeur du Bureau des véhicules automobiles, vous donne un
aperçu des erreurs qu'il a pu déceler sans qu'on mentionne, dans
l'immédiat, quelles seront les modifications finales qui seront
apportées.
M. SAMSON: Cela serait intéressant.
M. MAILLOUX: Je n'ai pas du tout d'objection. Il y a tellement
d'accidents que c'est la préoccupation de tous les gens du
Québec. Il y a des morts en nombre effarant, surtout encore la
dernière fin de semaine, où on rejoint le record de presque tous
les temps. C'est une préoccupation de tous les instants pour le public,
il n'y a pas de cachette là-dedans.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Rimouski a
demandé la parole.
M. SAINT-HILAIRE: Je ne voudrais pas être hors d'ordre mais,
étant donné que le ministre a couvert un peu tous les sujets en
dehors du système de points de démérite, je me pose deux
questions primordiales dans les causes d'accidents. Cela ne se produit
peut-être pas dans toute la province mais il y a des points essentiels
qui, du côté du gouvernement, devraient recevoir une attention
toute spéciale. Je me demande souvent, lorsque je voyage sur nos routes,
si, en hiver, le sel est distribué également dans toute la
province. Vous avez des territoires où vous vous en allez sur le bel
asphalte et vous tombez dans un autre territoire où vous êtes sur
la glace vive. Ce sont des causes réelles d'accidents dans le cas qui
nous concerne.
On le voit dans toute la province j'ai bien dit tout à
l'heure que c'était à titre de remarque une attention
spéciale devrait être apportée au mauvais éclairage
des routes en construction. On constate, en circulant sur nos routes, que,
lorsqu'on arrive sur un territoire en construction, l'entrepreneur n'avise
même pas l'automobiliste et l'automobiliste arrive à l'endroit
sans s'en rendre compte, ce qui cause des accidents. Comme je le disais tout
à l'heure, ça ne se produit peut-être pas dans toute la
province mais ceux qui voyagent sur les routes constatent effectivement que
certains comtés manquent de sel par rapport à d'autres, ou encore
les fonctionnaires du gouvernement ne s'occupent pas de l'étendre. Il
reste un fait, c'est qu'on constate que certaines de nos routes sont en trop
mauvais état pour y circuler l'hiver, surtout les routes
principales.
M. MAILLOUX: M. le Président, relativement aux deux points que
soulève le député de Rimouski, quant à l'entretien
d'hiver, il est indiscutable que certaines routes du Québec,
principalement celles qui sont situées dans l'est, où la
température est plus basse que partout ailleurs, n'ont peut-être
pas toute l'attention qu'elles devraient avoir. Je voudrais quand même
faire remarquer que la note à payer pour l'entretien d'hiver est rendue,
dans le Québec,
actuellement, à $55 millions. C'est une note qui augmente
d'environ 10 p.c. par année.
Comme on sait que l'on a de nombreuses routes à améliorer
et à construire, quand on est rendu à une somme semblable, c'est
un peu la raison pour laquelle un mandat a été confié
à l'adjoint parlementaire, M. Marcel Bédard qui, actuellement,
fait l'inventaire des contrats d'hiver, étudie la manière dont
ils sont donnés ou remplis, le résultat que l'on attend.
Je voudrais revenir aux plaintes qui ont été
formulées cet hiver sur la rive nord du Saint-Laurent, principalement
dans le comté de Saguenay. Il est indiscutable que des contrats ont
été donnés sur de trop longues distances et que
l'entrepreneur n'était pas en mesure, à 100 milles d'un point
donné, de savoir ce qui se passait dans l'autre partie de son
territoire; souvent, il était en marche au moment où la
tempête faisait rage déjà depuis quelques heures.
Il y a eu de nombreuses représentations de faites par le
comté de Saguenay, par le député, par les corps publics.
Nous avons cherché à remédier à la situation mais
je voudrais immédiatement dire que d'ici l'an prochain, au
renouvellement des contrats qui viendront à échéance, le
ministère des Transports, pour éviter la grande erreur du
système d'entretien d'hiver, où l'on voit sur un même
contrat un entrepreneur qui enlève la neige, le ministère de la
Voirie qui fait la pose du sel souvent l'un renvoie à l'autre la
responsabilité de l'entretien de la route, ou l'un attend l'autre, et
durant ce temps des accidents se produisent va chercher, à
compter de l'hiver prochain, à faire en sorte que toutes les
opérations d'entretien d'hiver se fassent par un même entrepreneur
ou par le ministère, de telle sorte que l'utilisation du sel soit
peut-être mieux faite, pour peut-être réduire les
coûts avec plus d'efficacité.
Je pense que si nous réussissons à placer sur un
même circuit le même responsable, de nombreuses causes d'accident
seront immédiatement éliminées.
Quant à l'utilisation du sel, cela rejoint peut-être un
commentaire qui avait été fait par un journal du Saguenay,
à savoir que dans les deux comtés voisins, entre le comté
de Charlevoix et le comté de Saguenay, le ministre devait monopoliser le
sel dans le comté de Charlevoix, au détriment du comté de
Saguenay. Dans les jours qui ont suivi, il y a eu un bilan montrant, entre les
deux comtés, une différence de 200 tonnes dans les livraisons.
Probablement que l'utilisation n'avait pas été la même dans
les deux cas, mais les travailleurs du ministère font leur travail
à bon escient, comme dans le comté voisin. Est-ce que les
entrepreneurs sont équipés aussi valablement, est-ce qu'ils sont
aussi honnêtes dans le travail qu'ils ont à exécuter? Nous
cherchons actuellement à corriger le système. Il y a des contrats
qui sont en cours actuellement, mais pour ceux qui seront renouvelés
à l'automne, il n'y en aura plus qui dépasseront un millage
donné, et nous verrons à faire une étude très
attentive de l'équipement dont dispose chaque entrepreneur, d'un
outillage mieux planifié du ministère de la Voirie et d'un
outillage qui sera possiblement en meilleure condition l'automne prochain alors
qu'arrive la saison d'hiver.
Quant à l'éclairage, cela rejoint les
préoccupations d'un peu tout le monde. Je sais qu'il y a parfois un
mauvais éclairage, non pas seulement sur les chantiers de construction.
J'ai rencontré, la semaine dernière, M. Claude Morin, que tout le
monde connaît, qui a eu un accident sur la Transcanadienne. Certains
éclairages, dans certains endroits, aveuglent les chauffeurs. Il y a
actuellement, je pense, des directives qui sont données de telle sorte
que, pour autant que l'on est en mesure de payer la note pour corriger des
choses qui ne coûtent pas tellement cher et éviter des
éclairages qui sont en contradiction avec les lois de la circulation, le
ministère va faire l'impossible pour tâcher d'y
remédier.
M. SAINT-HILAIRE: Ce que je veux dire, c'est que, quand on parle du
mauvais éclairage des routes en construction, je pense que souvent le
ministère donnait des contrats à des petites entreprises
surtout par le truchement des soumissions publiques lesquelles petites
entreprises n'étaient pas équipées comme les grosses.
Elles ne s'occupent absolument pas de la sécurité sur les
routes. On peut peut-être ne pas le voir sur les grands parcours de dix
milles où ce sont de gros contrats, où c'est la grosse entreprise
qui, elle, s'occupe de sécurité. Dès qu'il y a la petite
entreprise, je pense que les employés du gouvernement devraient porter
une attention tout à fait spéciale à la chose.
Suite à vos remarques aussi, je comprends que cela coûte
$55 millions à la province pour l'entretien d'hiver, mais je ne crois
pas qu'on puisse se baser sur un chiffre et négliger la
sécurité à partir de ce moment-là. Vous parliez
tout à l'heure du comté de Saguenay en rapport avec votre
comté. Je pense que si vous avez circulé
énormément, vous savez que quand on traverse tous les ans, depuis
peut-être dix ou quinze ans, le comté de Rivière-du-Loup et
qu'on tombe dans le comté de Rimouski, c'est exactement le même
phénomène qui se passe que lorsque vous tombez dans d'autres
comtés de la Côte-Nord.
Ce qui veut dire que lorsque vous circulez, à un certain moment,
vous vous apercevez qu'on a mis du sel, mais on n'en a mis que dans les
côtes, ce qui veut dire qu'on a négligé le reste de la
route nationale. C'est pour cela que je me demandais si réellement le
sel était également distribué par longueur de route.
J'aimerais avoir une réponse là-dessus, savoir s'il y a des
routes qui sont plus favorisées au point de vue du sel, parce que
lorsqu'une route a une circulation plus dense, je pense que cela prend moins de
sel pour la déglacer. Lorsqu'une circulation est moins dense, cela prend
plus de sel. Cela
répondra à ma question, à savoir si
réellement on distribue le sel au prorata du millage de route dans les
régions.
M. MAILLOUX: J'ai oublié tantôt de donner une information
au député de Rimouski. C'est que dans l'étude que nous
faisons pour l'hiver prochain, il est question en tenant compte quand
même des différences entre l'est et l'ouest de la province, de
certaines régions montagneuses ou certaines régions où les
hivers se font sentir au millage plus durement, qu'il y ait un volume de sel
qui soit accordé à chacune des régions à
entretenir. Je pense qu'à ce moment-là, il faudra rejoindre
rejoindre principalement l'utilisation qu'on fait d'un même volume qui
sera accordé partout.
Il y a quand même une remarque supplémentaire que je
voudrais faire. C'est que dans l'usage abusif du sel, on revoit quand
même un peu les bris considérables qu'on rencontre sur les routes
au printemps. Il y a eu aussi la période que le Québec a
vécue entre le 15 décembre et le 15 janvier, avec de la pluie et
du verglas, fait qui s'est produit rarement dans les années
précédentes. Mais on constate actuellement que le bris sur les
routes où l'altitude varie entre 1,000 et 2,000 pieds est plus grand
qu'il n'a jamais été dans le passé, même sur des
routes dont le revêtement venait d'être posé très
récemment. Elles sont dans un état lamentable actuellement et
parmi les tentatives que fait le ministère pour tâcher
d'éviter ces contrecoups à la route, il y en a eu deux de faites:
une sur le boulevard Talbot et une autre à une certaine altitude dans
Charlevoix où le ministère pose présentement des
revêtements de "styro-foam" de 4 pouces d'épaisseur sous deux
pieds d'asphalte pour voir si on est en mesure de faire en sorte que la
gelée soit moins néfaste pour la chaussée. Mais le
ministère, qui a mis en place certains de ces travaux.faisant suite
à des études faites en Italie ou dans des climats semblables, aux
mêmes altitudes, doit quand même attendre une période de
deux ans pour savoir si un tel procédé pourrait permettre que le
gel et le dégel se fassent sentir de manière moins importante au
printemps.
Je dis immédiatement que, devant un bris aussi
considérable de la route, l'interdiction du transport lourd au printemps
en période de dégel, sera beaucoup plus longue qu'à
l'accoutumée et qu'à compter du 26 mars, il est possible que tout
le transport lourd soit enlevé des routes du Québec pour une
période de deux mois.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je pense que le député
de Saguenay avait demandé la parole avant moi. Je suis prêt
à attendre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Certainement. Le député de
Saguenay, alors.
M. LESSARD: M. le Président, je vous avoue que je ne sais pas par
où commencer ce matin. On avait demandé la convocation de cette
commission parlementaire, mais on l'avait demandée sur un point
précis, c'est-à-dire le système de points de
démérite.
Le ministre a élargi un peu cette commission parlementaire
nous en sommes bienheureux pour discuter de toute la
sécurité routière. Cependant, comme le soulignait le
député de Maisonneuve, nous étions prêts, nous
à faire à cette commission parlementaire un certain nombre de
suggestions mais, auparavant, nous voulions obtenir un certain nombre de
documents. Nous recevons, par exemple, ce matin, un document qui nous
paraît important et qu'il aurait fallu analyser auparavant.
Je vous avoue qu'on est, comme Opposition ici, un peu démunis
bien que nous ayons demandé la convocation de la commission
parlementaire. Je me demande quelle sorte de commission parlementaire on a.
Est-ce une commission parlementaire pour informer les parlementaires ou si
c'est une commission parlementaire pour faire un certain nombre de
recommandations, comme on le disait tantôt, avec possibilité
d'entendre les différents organismes intéressés?
J'accepte le principe qu'on puisse, ce matin, entreprendre une
discussion, que ce soit une commission parlementaire préliminaire. Je
pense bien que, si l'on veut étudier, comme parlementaires, l'ensemble
du système de sécurité routière, il va falloir
aller beaucoup plus loin que cela. En même temps, suite aux questions du
député de Rimouski, j'ai l'impression qu'il va falloir,
étant donné ce mandat très vaste, se tracer un programme
ou bien on va aller du coq à l'âne, de l'épandage du sel
sur telle route aux points de démérite, etc. Il va falloir,
à mon sens, soit qu'on ait une seule séance de la commission
parlementaire; si c'est le cas, je ne serais pas satisfait parce que ce n'est
pas dans ce sens qu'on avait demandé la convocation de la commission
parlementaire. On l'avait demandée en vue d'entendre les parties.
Même le ministre a dit, tout à l'heure, que des organismes avaient
présenté des mémoires au ministère des Transports,
mémoires qui auraient pu être présentés lors d'une
telle commission parlementaire.
Pour poser des questions, ça me prend des documents. Je comprends
que les fonctionnaires du ministère vont nous soumettre un certain
nombre de renseignements qui méritent une certaine attention. Je vous
avoue que, dans les circonstances, je comprends la bonne volonté du
ministre il nous l'a toujours démontrée mais, comme
Opposition, devant cette tournure que prend la commission parlementaire des
transports, je me sens complètement mêlé; je ne sais pas
par où commencer. On va soulever des questions en vue d'avoir des
réponses et un certain nombre d'informations, mais il va être
difficile, pour nous de l'Opposition, sinon
d'aller du coq à l'âne, etc., de soumettre un certain
nombre de propositions concrètes qui soient reliées entre
elles.
C'est un peu cela qu'on se disait qu'il fallait partir des points de
démérite et, si on veut élargir le mandat de la
commission, c'est tant mieux. Ce matin, je pense bien qu'on doit se tracer un
programme si on veut fonctionner il est onze heures et, à
partir de là, dire si la commission devra être convoquée
à nouveau. J'aimerais bien qu'elle le soit, à partir des
renseignements que nous pourrons obtenir des différents
spécialistes du gouvernement. Il y a d'autres spécialistes
à l'extérieur. On parlait de la ceinture de
sécurité. Il va falloir avoir des études, des rapports sur
cela, des rapports aussi concernant les pneus cloutés. De plus en plus,
le ministère dit que ce n'est pas efficace, parce qu'une étude a
été faite à Québec etc., mais on n'a rien pour
conclure là-dessus.
Ce sont mes remarques. C'est la confusion dans laquelle je suis ce
matin. Je me demande comment commencer.
M. MAILLOUX : M. le Président, relativement aux rapports
qu'aurait pu recevoir le ministère des Transports sur le système
de points démérite ou des recommandations que des associations
auraient pu faire, je ne veux pas induire la commission en erreur. Le seul
rapport qui m'a été remis, depuis mon arrivée au
ministère des Transports, vient de l'Association provinciale des
marchands d'automobiles du Québec. Les recommandations que fait ce
mémoire sont très brèves. L'Association provinciale des
marchands d'automobiles du Québec Limitée vise deux points
principaux par la présentation de ce mémoire: l'importance
d'avoir des garages compétents et qualifiés pour émettre
des certificats de conformité mécanique; que l'Association
provinciale des marchands d'automobiles du Québec Limitée ait
deux représentants, un au sein du comité consultatif du
ministère des Transports et un au niveau des comités
d'étude reliés à des secteurs particuliers touchant
l'industrie de l'automobile, principalement en ce qui a trait au certificat de
conformité mécanique. Il avait été question, lors
de la discussion, des odomètres concernant les véhicules venant
de l'Ontario.
Aucun autre rapport ne m'a été soumis pour
considération du système de points de démérite.
Tantôt, le député de Maisonneuve a parlé des
routiers professionnels; cela peut rejoindre également les taxis. Quant
aux routiers professionnels, autant dans le Québec que dans l'ensemble
du Canada ou dans les Etats américains, je pense que c'est ce groupement
qui observe le mieux les lois de la circulation, étant donné, je
pense, la valeur professionnelle des cours qu'ils reçoivent. H en est de
même pour la plupart des camionneurs qui respectent, normalement,
l'ensemble des lois de la circulation.
Quant aux chauffeurs de taxis, ils n'ont pas présenté de
mémoire, mais je me rappelle qu'à un certain moment, on a dit:
Etant donné que ces gens sont des professionnels de la route et doivent
faire 40,000 milles à 50,000 milles par année, lors des
infractions, on devrait tenir compte de l'importance du millage qu'ils ont
à faire. Je pense que tous les parlementaires ont dans l'esprit que, si
demain matin je me fais tuer, ma veuve n'aura pas plus de consolation si le
gars fait 3,000 milles par année que s'il fait 100,000 milles.
Le gars, évidemment, qui se promène sur les routes
à longueur d'année, doit plus qu'un autre avoir la
compétence pour observer les lois de la circulation. J'aurais voulu,
forcément, avoir un ordre du jour peut-être plus particulier pour
soumettre aux membres de la commission et au député de Saguenay,
mais je me demande si, pour un meilleur éclairage, il ne serait pas bon
d'entendre quand même, pour le moment, les spécialistes qui sont
ici, qui pourraient peut-être donner un éclairage nouveau au
débat en parlant du port obligatoire de la ceinture de
sécurité si nécessaire, en parlant des pneus usagés
ou des pneus à crampons et d'autres questions qui pourraient retenir
votre attention.
Je pense que cela serait important que nous les entendions.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, j'ai une série de questions
à poser au ministre ou, par l'entremise du ministre, aux fonctionnaires
et je pense bien que cela leur donnerait peut-être l'occasion, à
un certain moment...
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. BURNS: ... de nous donner certaines informations.
Premièrement, une question d'information générale. Dans le
document que vous nous avez soumis tantôt et qui s'appelle: Statistiques
sur le systèmes de points et la Loi de l'indemnisation, je remarque que
dans la première colonne qui s'intitule : Condamnation, il y a une
différence avec la deuxième colonne qui s'appelle: Inscription de
points. Si je comprends bien, il y aurait moins d'inscription de points que de
condamnations. Cela s'expliquerait probablement par des condamnations dont
l'infraction est antérieure ou je comprends mal la statistique.
M. MAILLOUX: Avant de donner la parole à M. Laflamme qui vous
répondra, je voudrais indiquer que, si le document n'a été
remis que ce matin, c'est qu'il a été rendu public hier
seulement. On nous l'a remis seulement hier.
M. BURNS: D'accord!
M. MAILLOUX: Alors, M. Laflamme pourrait... Désirez-vous qu'il le
fasse en son nom ou en mon nom?
M. BURNS: Je préférerais qu'il le fasse au nom du
ministre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Laflamme au nom du ministre.
Statistiques sur le système de points et la Loi
de l'indemnisation
M. MAILLOUX: En ce qui concerne le document que vous avez en main
intitulé: Statistiques sur le système de points et la Loi de
l'indemnisation je ne sais pas si nous avons le même,
période du 1er mars 1973 au 28 février 1974, vous savez qu'il y a
une technicité dans le système de points qui fait que lorsqu'un
juge impose une période de suspension, on n'inscrit pas de point. Alors,
la différence entre les condamnations et les inscriptions de points
vient du fait que dans certains cas le tribunal a imposé une suspension
de permis de conduire. Donc, il n'y a pas eu d'inscription de points et dans
d'autres cas, le tribunal n'ayant pas imposé de suspension, il y a eu
inscription de points. C'est pour cela que la première phrase qui se
lit: Négligence criminelle causant la mort, il y a eu quinze
condamnations, mais le tribunal a jugé lui-même d'imposer tout de
suite une interdiction de conduire. Donc, il n'y a pas eu d'inscription de
points. Et c'est valable pour l'ensemble du tableau.
M. BURNS: Si on prend, par exemple, la colonne: Délit de fuite...
Il y a celle-là...
M. MAILLOUX: 233-2...
M. BURNS: Oui. Vous avez 2,034 condamnations. Vous avez 810 inscriptions
de points...
M. MAILLOUX: Oui.
M. BURNS: ... et vous avez 1,010 interdictions par le tribunal, et il y
a là une différence. Quelle en est la raison exacte?
M. MAILLOUX: Dans la première partie, vous voyez que les
statistiques sont groupées sous le titre de: Code criminel et dans la
deuxième partie: Code de la route. Il y a une date qui est importante,
évidemment, pour le système. C'est celle que vous avez
déjà soulignée au début, le 1er mars.
M. BURNS: Oui.
M. MAILLOUX: Donc, il est arrivé qu'il y a eu des condamnations
qui sont...
M. BURNS: ... pour des infractions antérieures au 1er mars.
M. MAILLOUX: ... antérieures au 1er mars, ce qui fait un
décalage ...
M. BURNS: Bon d'accord!
M. MAILLOUX: ... ce qui fait que les tableaux de statistiques sont
toujours très amusants à lire.
M. BURNS: Oui. Mais c'est important d'avoir les principales
données avant de les interpréter. Je vous remercie pour ce
point.
Deuxième question d'ordre un peu général. Je ne
sais pas si ces statistiques sont disponibles au ministère. Le ministre,
dans ses remarques préliminaires, nous a parlé du nombre effarant
d'accidents que les Québécois subissent par année, etc.
Est-ce que le ministère est en mesure de soumettre des statistiques
comparatives sur ce nombre d'accidents avant et après l'application du
système de points de démérite?
Du moins, dans l'année précédant ou dans une
période comparable après la mise en vigueur du système de
points de démérite. Je comprends que, malgré tout, c'est
une comparaison qui peut être boiteuse, parce qu'il y a aussi le nombre
d'automobilistes qui augmente sans cesse; c'est un facteur qui peut faire
varier des statistiques, mais c'est simplement pour avoir une idée de
grandeur et une idée des proportions avant et après le
système de points de démérite, si c'est disponible.
M. MAILLOUX: M. Laflamme a un tableau qui date de 1970 qui semble
partiel, mais je pense qu'il pourra, au moins, en donner des
aperçus.
Du côté des statistiques disponibles pour 1973, nous sommes
rendus à compiler des statistiques de mai, pour toutes sortes de
raisons. La comparaison est possible sur les mois de mars, avril et mai 1973
par rapport aux mois identiques des années 1972, 1971 et 1970.
Simplement à titre d'intérêt, en 1970, au mois de mars, il
y avait eu 97 accidents mortels et, en 1971, il y en avait eu 58; en 1972, il y
en avait eu 71; en 1973, il y en a eu 71. Si on essaie de faire parler ces
chiffres, je ne sais pas quelle conclusion on peut en tirer. Si vous allez au
mois d'avril, toujours en partant de 1970, on arrive à 89, 93, 98 et
101. Si on va au mois de mai, on part à 123 pour 1970; 138 pour 1971;
178 pour 1972; 145 pour 1973. Là, on parle d'accidents mortels.
Si on veut des chiffres avec blessés ou avec dommages
matériels, il est possible de vous en donner.
M. BURNS: Ce qui serait peut-être plus simple, c'est qu'on nous
fasse parvenir le tableau, d'accord?
M. MAILLOUX: Oui.
M. BURNS: M. le Président, je ne sais pas comment vous voulez
procéder. J'ai un certain nombre de questions et, tant que je serai sur
le même sujet, je ne sais pas, peut-être qu'on me
permettra de les poser. Je ne veux pas priver mes autres
collègues de leur droit de poser des questions non plus, mais j'en ai
quelques-unes; cela peut peut-être se résumer à...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Tantôt, le député de
Rouyn-Noranda avait demandé la parole.
M. SAMSON: II n'y a pas de problème; je pourrai revenir
après, sauf, peut-être, si le député de
Maisonneuve...
M. BURNS: Si vous avez des questions supplémentaires qui
s'ajoutent aux miennes...
M. MAILLOUX: Les réponses que pourront donner
éventuellement les fonctionnaires aux questions du député
de Maisonneuve pourront peut-être permettre, évidemment, à
tout le monde d'avoir des réponses qu'on espère avoir.
M. BURNS : D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président...
M. SAINT-HILAIRE: Avez-vous envie de vider chaque sujet chaque fois
ou... Sur le tableau ici, j'aurais seulement une question à poser.
Est-ce qu'il est éliminé complètement?
M. BURNS: Je suis bien d'accord. Si le député de
Rimouski...
M. SAINT-HILAIRE: A partir de ce moment, la seule question que j'aurais
posée là-dessus: Quelle proportion des infractions ont
été transmises par les municipalités et celles
émises par la police de la route?
M. MAILLOUX: La réponse est facile. Ce tableau ne comporte
jusqu'à ce jour que les infractions transmises par les
municipalités et par les divers greffes où il y a eu des
jugements rendus sur ces infractions.
M. BURNS: En fait, c'est une fusion des deux.
M. MAILLOUX: II y a fusion des deux. Je ne serais pas en mesure,
à partir de ce tableau, de vous dire si... C'est sûrement possible
à partir de l'ordinateur, mais on n'a pas fait une interrogation...
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce qu'il y a moyen de l'avoir à partir de
l'ordinateur, la proportion?
M. MAILLOUX: Cela prendrait une recherche...
M. SAINT-HILAIRE: Vous m'appelerez; vous me la ferez parvenir.
M. BERTHIAUME: Si le député de Maisonneuve me permet un
commentaire sur le point qu'il a soulevé tantôt. Pour ce qui est
de comparer cette année avec le mois de février d'une
année à l'autre, comme il l'a suggéré tantôt,
il est peut-être trop tôt pour faire cette comparaison,
étant donné que les pires chauffeurs, en fait, prendront un
certain temps avant de disparaître. Il y a une première suspension
qui est de trois mois, une deuxième suspension qui est un peu plus
longue. Avant que les vrais maniaques disparaissent, cela va prendre un certain
temps.
M. BURNS: Le ministre a raison là-dessus, mais il y a aussi un
autre aspect à cette mise en vigueur du système de points de
démérite. C'est l'aspect de dissuasion, si vous voulez, que cela
peut avoir sur le chauffeur ou l'aspect de la crainte qui peut l'inciter
à être plus prudent, en se disant qu'aujourd'hui cela devient
assez automatique qu'au bout de douze points je perds mes licences pour des
choses qui accumulent actuellement des points, mais qui auparavant ne
comportaient à peu près aucun problème. Je pense aux
infractions au code de la route. Il y en avait quelques-unes là-dedans
qui étaient rarement imposées par les tribunaux lorsqu'ils
avaient la discrétion de l'imposer.
M. BERTHIAUME: En parlant de comparaison d'accidents plutôt que de
comparaison d'infractions, on pourrait peut-être avoir des chiffres sur
le nombre d'infractions dans un mois d'une année par rapport à
une année précédente. A ce moment cela nous donnerait
peut-être une idée de l'élément de dissuasion.
M. BURNS : Pendant que nous sommes dans cet aspect des statistiques
générales, est-ce que le ministère a à sa
disposition des statistiques semblables à celles qu'il nous a soumises
dans son premier document, par région? Est-ce qu'on peut identifier des
régions où la fréquence est plus élevée ou
moins élevée?
M. MAILLOUX: C'est moins par région que par source, dans le sens
de l'endroit d'où on nous fait parvenir l'avis. Pour répondre
à une question qui a été posée
précédemment, nous avons reçu des cours Municipales
220,000 avis d'infractions et nous avons reçu des palais de justice
24,483 avis d'infractions, ce qui peut...
M. SAINT-HILAIRE: 220,000...
M. MAILLOUX: 220,555 des cours Municipales et 24,483 des palais de
justice.
M. SAINT-HILAIRE: Dix contre un.
M. MAILLOUX: Evidemment, si vous considérez la ville de
Montréal, qui a un bassin de population énorme et qui nous envoie
la plupart de ses avis par la cour Municipale, le rendement de Montréal
est différent du rendement de Durham, d'où on en a reçu
deux.
M. SAINT-HILAIRE: Et la ville de Québec.
M. BURNS: II serait peut-être aussi simple, encore une fois, M. le
Président, que ce document-là soit remis si c'est possible, s'il
est disponible.
M. MAILLOUX: En ce qui concerne la ville de Québec, je pense
qu'il est notoire qu'elle n'a pas transmis au Bureau des véhicules
automobiles de rapport d'infractions depuis l'entrée en vigueur du
système de points.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que c'est normal, au point de vue de la justice
envers tous les conducteurs d'automobiles dans toute la province, que ceux qui
demeurent dans la ville de Québec puissent être
privilégiés au point de vue des points de démérite,
comparativement aux autres?
M. MAILLOUX: Evidemment, le système de points n'a pas
prévu, en lui-même, d'exceptions pour la ville de Québec.
En conséquence, si on parle de la normalité de la chose, on doit
répondre par la négative. Ce n'est évidemment pas normal.
Il y a des difficultés au niveau juridictionnel qui
s'élèvent là-dedans. Le ministre a travaillé pour
les aplanir. Nous avons eu des rencontres de fonctionnaires et une solution
pointe à l'horizon mais elle n'est pas encore en application.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Portneuf, sur
une question supplémentaire.
M. PAGE: Oui, dans le même ordre d'idées. Ma question
s'adresserait au directeur du Bureau des véhicules automobiles. A la
lueur des statistiques que vous nous fournissez, en vertu du code criminel,
dans le cas de conduite avec facultés affaiblies, on remarque 9,562
condamnations et 4,268 interdictions par le tribunal. Est-ce que c'est
seulement ce nombre-là qui a reçu des avis de suspension par le
directeur du Bureau des véhicules automobiles?
M. MAILLOUX: II y a une loi qui s'appelle la Loi de l'indemnisation des
victimes d'accidents d'automobile, qui date de 1961 et qui impose au directeur
l'obligation de suspendre le permis de conduire de toute personne
trouvée coupable de conduite avec facultés affaiblies.
M. PAGE: C'est dans cet ordre d'idées que se pose ma question. Ne
pensez-vous pas qu'à un moment donné il faudrait faire le point
là-dessus? Qu'on prenne un exemple bien particulier.
On prend l'exemple d'un chauffeur professionnel qui se présente,
pour facultés affaiblies, devant le juge de la cour des Sessions de la
paix. Après l'étude de la preuve et des circonstances, un juge
détermine que dans les circonstances il est plus positif d'imposer une
amende et de ne pas suspendre le permis de conduire de la personne en question.
Or, la personne s'en retourne chez elle bien confiante, bien satisfaite et, 30
jours après, elle reçoit un avis à l'effet que son permis
de conduire est suspendu par un organisme qui n'est pas judiciaire, qui n'est
que quasi judiciaire et presque administratif, si on peut l'appeler comme cela.
Deuxièmement, on oblige cette personne-là à remplir une
formule V-2C ou V-30C, ce qui double ses assurances. Cela amène beaucoup
de contestation et je pense qu'à un moment donné, si le
législateur se veut sérieux, il faudra peut-être qu'il
fasse le point là-dessus pour faire en sorte que les contribuables
sachent vraiment à quoi s'en tenir face aux tribunaux judiciaires, d'une
part, et, d'autre part, quasi judiciaires.
M. MAILLOUX: Mes commentaires là-dessus sont les suivants. La loi
de l'indemnisation date de 1961, le système de points date de mars 1973.
La loi de l'indemnisation entraîne de par le texte l'obligation, comme je
le dis, au directeur d'imposer une suspension, mais ne fixe pas la
période de suspension.
C'est-à-dire qu'un article suivant dit que la suspension est
levée aussitôt qu'une garantie d'assurance, à toutes fins
pratiques, est fournie au bureau. Si bien que la personne victime d'une
suspension administrative peut voir sa suspension révoquée dans
la journée même si la preuve de solvabilité est faite. En
fait c'est une preuve de solvabilité qui est demandée et non une
garantie d'assurance, mais 99.9 p.c. des gens fournissent toujours une garantie
d'assurance. D'où une limite quant à la période de
suspension quand même. Cette limite, vous me direz, est plus longue si un
individu n'est pas en mesure de fournir la garantie d'assurance. S'il n'y a pas
une garantie d'assurance, un autre article de la loi dit que la période
de suspension se continue jusqu'à deux ans. En même temps, le
système de points dit qu'on impose six points au dossier de l'individu
condamné pour facultés affaiblies. Qu'il y ait une
décision globale autour de cette chose, je pense que ça s'impose,
mais je pense également que, comme il s'agit d'assurance-automobile,
c'est probablement lié aux recommandations que le comité Gauvin
sur l'assurance-automobile produira sous peu. J'ai été
appelé à comparaître devant ce comité. Je ne parle
évidemment pas au nom du comité mais puisqu'on m'a
questionné sur ces aspects, j'imagine qu'on veut, par le rapport,
proposer une solution globale à ce sujet.
M. PAGE: Mais est-ce que vos recommandations, en tant que directeur du
Bureau des véhicules, sont de changer cette situation ou si
vous croyez que ça doit continuer à prévaloir comme
ça?
M. MAILLOUX: II y a une question presque philosophique là-dedans.
Vous savez, actuellement, l'assurance-automobile n'est pas obligatoire au
Québec et cette loi d'indemnisation avait pour effet d'introduire...
M. PAGE: D'inciter fortement.
M. MAILLOUX: ... quasiment l'assurance obligatoire, mais quasiment tout
court. Tous ceux qui étaient impliqués dans un accident sans
assurance et tous ceux qui étaient condamnés suivant certains
articles du code criminel devenaient obligés de s'assurer. Il y avait
l'assurance obligatoire pour cette catégorie de citoyens, mais il y
avait la liberté d'assurance pour les citoyens qui n'étaient
jamais impliqués dans rien.
M. LESSARD: Jusqu'à ce qu'ils aient un accident.
M. PAGE: Ma recommandation serait que ce serait le moment opportun pour
rediscuter toute cette question face à la commission parlementaire.
M. MAILLOUX: Est-ce une question de sécurité
routière ou une question de politique de l'assurance, je ne suis pas en
mesure, comme fonctionnaire, de vous donner ces indications, mais je suis
d'accord qu'il devrait y avoir un système global sur cette question et
que ça règle le problème une fois pour toutes.
M. LESSARD: Cela a quand même des conséquences sur la
sécurité. Vous avez un certain nombre de personnes qui vont
s'acheter, comme disait le député de Rouyn-Noranda, une "minoune"
de $300 mais ils n'ont pas le moyen de s'assurer. Alors, la "minoune" se
promène sur le chemin en conditions absolument désastreuses et
dangereuses et on attend que la personne ait ou cause un accident et
après ça, on intervient. Mais il semble logique, si on veut faire
de la prévention je comprends que ce n'est pas aux fonctionnaires
de décider, c'est une question politique mais aussi une question de
sécurité que toute personne qui a le moyen de s'acheter
une automobile de $300 ou $400 devrait aussi avoir le moyen de prendre des
assurances. Autrement, c'est encore celui qui paie de l'impôt qui paie.
Parce que si la personne n'a rien, c'est le fonds d'indemnisation des victimes
qui paie, et la personne ne pouvant être saisie, c'est encore la
population qui paie pour tout ça.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Rouyn-Noranda,
une question supplémentaire.
M. SAMSON: On pourrait ajouter à ça des "bicycles à
gazoline" aussi. C'est un espèce de danger public sur certaines routes.
Je pense que ce serait le temps de prendre ce fait en considération.
J'ai l'impression qu'on a laissé ça aller un peu loin.
M. BURNS: Les "Devil's Disciples" ne voteront plus
créditiste.
M. SAMSON: J'ai l'impression qu'ils n'ont jamais voté
créditiste non plus. Ils vous connaissent peut-être mieux qu'ils
me connaissent. De toute façon, il y a quand même un certain
danger. On l'a vu dernièrement, ça va beaucoup plus loin, la
motocyclette sur la route; on dirait que lorsqu'il tombe là-dessus,
ça change un gars complètement et il devient dangereux. Quel que
soit le type de personne qui utilise ça, quand ils sont en groupe, il y
a un certain risque.
Il faut appeler les choses par leur nom, M. le Président. Cela
prend peut-être une certaine dose de courage pour amener cette chose en
commission parlementaire. J'ai l'impression que ça va rendre service
à pas mal de monde à travers la province de Québec. Que le
gouvernement prenne ça en considération. Si on dit que les
"minounes" de $300 ou $400 sont dangereuses, les "minounes" à deux roues
sont dangereuses aussi et il faut les traiter selon la façon dont elles
se comportent.
M. le Président, cela m'amène excusez cette petite
parenthèse à poser une autre question dans le même
sens que celle que le député de Portneuf vient de poser. Cela me
semble assez sérieux. Parfois, certains juges ne suspendent pas le
permis et vous autres, vous le faites. Bien entendu, vous aurez peut-être
une réponse à donner à cela, pour quelle raison cela se
fait comme cela. C'est une question d'administration, mais il demeure que,
quand un conducteur passe devant un juge, je pense que, si le juge ne croit pas
utile de suspendre son permis, c'est très mauvais pour la
crédibilité du ministère si vous le faites après
qu'un juge a statué.
Pouvez-vous me dire aussi, dans le même ordre d'idées, si
ces cas sont fréquents? Nous, nous en prenons connaissance de temps
à autre, mais est-ce qu'il y a plusieurs cas?
M. MAILLOUX: Vous désirez une réponse, mais est-ce que je
peux faire une remarque au niveau des motards à ce moment-ci?
Le ministère est conscient du danger que représente
l'usage de la motocyclette. Dans le fond, le danger est plus souvent pour
l'usager lui-même que pour les autres. Dans les politiques
d'éducation routière et, en particulier des écoles de
conduite, nous avons conçu un programme d'éducation
destiné spécifiquement aux utilisateurs de motocyclettes pour les
rendre conscients de l'espèce d'animal sauvage qu'ils se glissent entre
les jambes. C'est une espèce de "bronco" qui doit être
maîtrisé et il y a des recettes pour en venir à bout.
Alors, là-dessus, le ministère a déjà un programme
à
l'étude, qui pourrait entrer en application très
bientôt, les crédits devenant disponibles.
M. SAMSON: Avez-vous l'intention de leur suggérer qu'il n'est pas
trop bon de se chicaner entre eux avec des fusils, comme ils le font
présentement?
M. MAILLOUX: C'est un aspect très dangereux de l'usage de la
motocyclette. En ce qui concerne la suspension des permis de conduire par le
juge, d'un côté, et par un fonctionnaire, de l'autre, cela peut
nous laisser songeurs, mais, dans le fond, lorsque l'on voit la suspension par
un fonctionnaire, on ne voit pas le texte de la loi. C'est mentionné:
"Le directeur, sur réception d'un avis écrit, suspend le permis
de conduire." Dans le fond, est-ce que c'est le directeur qui le suspend ou si
c'est la loi qui dit que cela se passe comme cela? Il n'y a pas de
décision administrative, il n'y a pas d'évaluation de dossier. On
dit: Lorsqu'un individu est condamné pour facultés affaiblies,
délit de fuite, négligence criminelle, en fait, tout ce que vous
voyez dans la première partie du tableau, il y a suspension automatique,
il y a exigence d'une garantie d'assurance. Si vous voulez savoir si cela se
fait depuis longtemps, bien, à toutes les places où il y a
inscription de points, dans la première partie du tableau, ce sont des
cas où, le tribunal n'ayant pas imposé de suspension, nous avons
enlevé des points. Comme c'est sous le code criminel, nous avons
suspendu le permis de conduire jusqu'à ce qu'une garantie d'assurance
soit fournie.
M. SAMSON: Excusez-moi, mais je n'ai pas saisi votre affaire.
M. MAILLOUX: Quand le tribunal n'a pas imposé la
suspension...
M. SAMSON: Vous avez enlevé, vous, des points?
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. SAMSON : Et, là, vous avez suspendu?
M. MAILLOUX: Suspendu.
M. LESSARD: Selon le nombre de points?
M. BURNS: Jusqu'à preuve d'assurance.
M. MAILLOUX: Jusqu'à preuve d'assurance, d'un côté,
ce qui peut être dans la journée même, en plus des points au
dossier.
M. SAMSON: Mais, à la preuve d'assurance, vous ne remettez pas
les points?
M. MAILLOUX: Non, on ne remet pas les points.
Vous voulez savoir si cela se produit fré- quemment? On a eu
13,000 inscriptions de points. Sur 25,000 cas, vous en avez 10,000 où le
tribunal a interdit et 13,000 où le directeur a interdit. On peut avoir
des comparaisons. Je pense que, depuis 1971, on est rendu à
au-delà de 200,000 suspensions.
M. SAMSON: Je pense que c'est assez sérieux. Cela m'amène
à poser une question au ministre à ce moment-ci. Est-ce que le
ministre a l'intention d'étudier cette situation afin que cesse cette
pratique?
M. BURNS: II faudrait amender la loi.
M. SAMSON : Bien oui. Je ne suis pas avocat. Lé
député de Maisonneuve me dit qu'il faudrait amender la loi.
Alors, s'il faut amender la loi, est-ce que le ministre a l'intention de
l'étudier dans ce sens? Je pense que l'on va tous convenir que c'est,
quand même, mauvais pour la crédibilité des tribunaux et du
ministère. Habituellement, quand un tribunal prend une décision,
c'est une décision irrévocable, à moins que l'on n'aille
en appel. Qu'une décision du tribunal soit changée par un service
d'un ministère, c'est mauvais pour la crédibilité du
tribunal et du ministère.
Evidemment, c'est une insinuation qui devrait être corrigée
de quelque façon. Je ne vous dis pas de quelle façon cela devrait
être corrigé. Je pense que, quelle que soit la solution que vous
allez envisager, cela sera sûrement mieux que ce qui se produit
présentement. Est-ce que le ministre pourrait...
M. MAILLOUX: Répondre à cette question serait
peut-être prématuré étant donné le
dépôt du rapport Gauvin qui traite du problème de
l'assurance et qui rejoint la préoccupation du député de
Rouyn-Noranda. Je pense que le gouvernement devra se prononcer
ultérieurement au dépôt du rapport Gauvin et à son
étude. Je pense que le gouvernement a révélé qu'il
est possible qu'en période de session, il donne ses conclusions du
rapport Gauvin et les modifications qui seraient apportées au
système d'assurance.
M.SAMSON: Je comprends l'intention du ministre. Par contre, à ce
moment-ci, on amène un problème qui est quand même assez
crucial. Je n'aimerais pas que le ministre laisse cela en plan. Je trouve
valable que vous me disiez que le rapport Gauvin va vous aider à
résoudre un problème. Est-ce qu'on peut en déduire
attendez un peu, ne mêlez pas le ministre, il a de la misère
à me répondre au moins que vous le prenez en
considération objectivement, que vous avez l'intention de trouver une
solution? C'est cela que j'aimerais savoir. Vous n'avez pas l'intention de
laisser cela en plan.
M. MAILLOUX: C'est valable. M. Laflamme m'assure valablement que la base
de la question
que vous posez relève du problème de l'assurance qui est,
en fait, dans l'étude qu'a faite la commission Gauvin. J'imagine mal
évidemment que je devrais me prononcer avant que le gouvernement ne se
soit prononcé sur les conclusions du rapport Gauvin.
M. SAMSON: Je m'excuse, mais ce n'est pas ainsi que j'envisage cela. Je
ne veux pas savoir si le gouvernement se prononcera ou ne se prononcera pas. Le
problème qui nous occupe relève de votre compétence.
Evidemment, si le problème qui nous occupe relève de votre
compétence, la solution devrait aussi venir de vous. Si vous dites qu'il
faut attendre le rapport d'assurance, je suis bien d'accord que cela peut aider
à trouver une solution.
Actuellement, ce qui se produit, ce n'est pas tout à fait un
problème d'assurance, c'est qu'un juge dit: Je ne suspends pas le
permis, et on le suspend au ministère. Ce n'est pas un problème
d'assurance cela, c'est le problème de ne pas respecter la juridiction
d'un juge.
UNE VOIX: II demande une preuve.
M. SAMSON: Ecoutez, non seulement le juge ne suspend pas dans plusieurs
cas, mais le juge spécifie dans son jugement que le permis n'est pas
suspendu, ou vous allez convenir qu'il y ait certains cas où il y a des
nuances d'apportées. Parce que le type gagne sa vie avec son permis de
conduire, le juge dit: Vous pourrez vous en servir de telle heure à
telle heure, mais le soir, vous ne pourrez pas vous en servir, par exemple.
Quand un juge détermine qu'il faut que cela se passe comme cela, je ne
peux pas accepter qu'au ministère, vous changiez cela. La question est
aussi simple que cela.
M. MAILLOUX: Là-dessus, sur le plan purement légal...
M. SAMSON : M. le Président, le ministre d'Etat vient de dire que
le juge ne connaît pas la loi. Je voudrais qu'il prenne cela à son
compte, parce que là, écoutez...
M. BERTHIAUME: Dans l'hypothèse... M. SAMSON : Pourquoi a-t-on
des juges?
UNE VOIX: ... n'est peut-être pas au courant de la Loi des
indemnités, dans laquelle loi...
M. SAMSON: Je n'accepte pas, M. le Président, qu'on s'en aille
sur ce terrain. Si le juge n'a pas lu toute la loi, ce n'est pas une raison
pour qu'un ministère change une décision d'un tribunal. Qu'on
procède par les voies juridiques si on veut faire changer une
décision de tribunal, je suis d'accord.
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de
Rouyn-Noranda accepterait que M. Laflamme ajoute quelque chose à
la réponse que j'ai déjà donnée?
M. SAMSON: Oui, d'accord.
M. MAILLOUX: En ce qui concerne cette remarque particulière, un
jugement a été rendu par la cour Suprême au milieu de
novembre dernier; il est tout récent, il est tout chaud, concernant un
appel des procureurs généraux de toutes les provinces du Canada y
inclus le Québec. Un juge d'une cour de l'Ontario avait interdit au
directeur du Bureau des véhicules automobiles ou au registraire de
l'Ontario de suspendre un permis de conduire, malgré que la loi de
l'Ontario, qui est comparable à la nôtre, lui en faisait le
devoir. Il y a eu appel et le tribunal de la sécurité
routière a dit que, si les juges avaient le pouvoir d'imposer des
suspensions, ils n'avaient pas le pouvoir d'interdire à d'autres
juridictions d'imposer des suspensions. En fait ce que le juge a le pouvoir de
faire, sous le code criminel, c'est soit d'imposer, en vertu d'un certain
article, une interdiction de conduire à un individu ou de se taire et
son silence n'empêche pas les autres juridictions de faire autre chose.
Dans ce jugement, la cour Suprême reprend un argument, qui date
déjà depuis longtemps, d'une cause également de la cour
Suprême, 1941, qui disait que la juridiction, sur le contrôle des
permis de conduire, était certainement et sans contestation, sous la
responsabilité des provinces et que les provinces avaient pleinement
droit, de par des lois, comme le code de la route et la loi de l'indemnisation,
d'imposer à leurs fonctionnaires l'obligation de retirer des permis de
conduire. Voilà pour le panorama légal.
Pour en revenir à la raison pour laquelle il y a deux
juridictions qui agissent au niveau des suspensions, actuellement, la raison
est qu'on a voulu inciter les gens à s'assurer, en 1961, sans vouloir
aller jusqu'à imposer l'assurance obligatoire. On a trouvé ce
moyen, détourné dans le fond, de dire: assurez-vous, sinon il
vous arrivera toutes sortes de choses. Il continue d'arriver toutes sortes de
choses. C'est dans ce sens que le ministre a répondu que la continuation
ou non de cette pratique dépend des conclusions du comité Gauvin.
Sans préjuger les conclusions du comité Gauvin, s'il recommande
l'assurance obligatoire, il n'y aura plus obligation de prendre ces moyens pour
forcer les gens à s'assurer. La loi l'imposera. Si le comité
Gauvin recommande autre chose, je pense qu'il serait souhaitable de se poser
des questions, à savoir si on garde encore deux paliers de
suspension.
C'est dans ce sens que la réponse du ministre et la
référence au comité Gauvin sont tout à fait
pertinentes à la question posée.
M. SAINT-HILAIRE: ... conclusion qu'il n'y aura jamais besoin de prendre
de l'assurance pour ceux qui vivent dans la ville de Québec.
M. MAILLOUX: Non, parce que la ville de Québec... Ce qu'on a
mentionné, tout à l'heure, c'est qu'on n'a pas eu les rapports
d'infractions de la ville de Québec, mais la ville de Québec
on s'est rencontré ne nous a pas dit qu'elle ne nous
enverrait jamais de rapports d'accidents. On avait des difficultés
d'ordre administratif et juridictionnel. La coopération de la ville
envers le ministère, comme telle, n'est pas en cause pour le
passé. Elle n'est certainement pas en cause pour l'avenir. Je pense que
vivre dans la ville de Québec n'est pas un gage qu'on est à
l'abri pour toujours du système de points et des conséquences que
cela peut entraîner.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Mille-Isles.
M. LACHANCE: M. le Président, ma question s'adresse au directeur
du Bureau des véhicules automobiles. Est-ce que toutes les
municipalités sont tenues par la loi de rapporter toutes les infractions
au gouvernement, au ministère des Transports?
M. MAILLOUX: II y a un article dans le code de la route qui oblige les
municipalités à reporter, au Bureau des véhicules
automobiles, toutes les infractions qui sont commises à certains
articles énumérés du code criminel, à tous les
articles du code de la route et à tous les articles des
règlements adoptés en vertu du code de la route.
M. LACHANCE: La ville de Québec ne le fait pas.
M. MAILLOUX: La ville de Québec prend ses infractions en vertu
d'un règlement municipal et l'obligation de rapporter les infractions,
dans le code de la route, ne se rend pas aux règlements municipaux.
L'obligation s'infère du système de points. En particulier, pour
répondre clairement, la ville de Montréal prend ses infractions
en vertu du code de la route. Alors, l'obligation est tout à fait claire
et sans discussion possible. La plupart des municipalités sont dans
cette situation, sauf pour certaines catégories d'infractions à
caractère plus lucratif que pénal.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: Ma question s'adresserait, M. le Président, à
M. Laflamme, encore une fois. Tenant pour acquis que le Bureau des
véhicules reçoit les informations des greffes des sessions de la
Paix dans la province et que, par après, vous prenez connaissance des
jugements, avec suspension ou non, et que vous ayez les pouvoirs de la Loi du
fonds d'indemnisation de donner une suspension ou non, étant
donné aussi que ce sont les assureurs, dans la province de
Québec, qui contribuent au fonds d'indemnisation.
Evidemment, l'exigence d'une formule V-2C dénonce à leurs
yeux l'infraction ou le délit commis, ce qui influe sur le taux de la
prime nécessairement. Mais est-ce que vous ne jugez pas que, lors d'une
première infraction, la pénalité qui est encourue par le
délinquant est beaucoup trop sévère? Pour une
première infraction, par exemple, sous l'article 234 ou même sous
l'article 236 on peut considérer les délinquants de moins
de 25 ans un délinquant de 23 ans qui paie déjà
$500 ou $550 de prime devra payer $1,000 ou $1,100. Ne trouvez-vous pas que
c'est beaucoup trop sévère comme punition suite au délit
encouru?
M. MAILLOUX: Je vous répondrai que non. Vous savez que les primes
d'assurance sont basées sur un paquet de détails: la
catégorie du véhicule, l'âge du conducteur, son dossier et
tout et tout. Et dans la théorie de l'assurance-automobile
l'assurance en général il y a ce qui s'appelle les
réticences. On est tenu de dénoncer à l'assureur tout ce
qui se produit de nature à aggraver le risque que l'assureur s'engage
à couvrir. Vous, vous êtes condamné pour conduite
dangereuse. Vous avez eu un comportement de nature à laisser croire que
vous êtes plus dangereux qu'un autre. Cette condamnation,
indépendamment de notre existence, le Bureau des véhicules
automobiles ou ministère des Transports, ou de la suspension en vertu de
l'article 22, vous oblige, pour préserver la qualité de votre
assurance, à informer votre assureur de cette condamnation. Et de
lui-même, en fonction de tous ces critères de tarification, il
modifierait la prime d'assurance. Ce qui a incité le gouvernement
à exiger la garantie d'assurance à l'époque, ce sont
probablement les réticences des gens à faire aveu aux compagnies
d'assurance. Ce n'est pas tout le monde qui, après une condamnation, va
décrocher son téléphone et appeler son courtier pour dire:
Double donc ma prime d'assurance parce que je viens de faire quelque chose
d'extrêmement dangereux. Alors, je pense que la mesure administrative qui
est l'exigence d'une garantie d'assurance était un moyen administratif
pour être certain que les assureurs sont au courant du dossier des
individus ainsi condamnés.
M. SYLVAIN: Est-ce que vous croyez que le fait d'avoir commis une
première infraction est de nature à faire la preuve d'un risque
imminent? Une première infraction. Un risque imminent.
M. BURNS: Si vous me permettez, simplement pour enchaîner avec ce
que dit le député de Beauce-Nord, je partage entièrement
son avis. Dans le fond, le Bureau des véhicules automobiles ne
devient-il pas un agent économique, dans le sens le plus vrai du mot,
des compagnies d'assurance en faisant cela? Je suis d'accord avec lui
qu'après une première infraction un gars ne devient pas
nécessairement un mauvais risque au point de vue des assurances,
sauf que les compagnies d'assurance prennent ce prétexte pour
augmenter leurs primes et, dans le fond, le complice de tout cela, c'est le
Bureau des véhicules automobiles. Vous leur dénoncez une
situation qui n'entre pas, à mon avis, dans votre rôle
malgré ce que je vous ai entendu dire tantôt sur le désir
du bureau de bonifier la valeur des assurances.
Je ne vois pas qu'il s'ensuive nécessairement une équation
entre ces deux choses, c'est-à-dire que, dès qu'une infraction a
été commise, le chauffeur devient un mauvais risque. Le gars, par
exemple, qui a fêté un petit peu trop la veille de Noël et
qui arrive chez lui et qui se fait coller .12 ou .18; peut-être que c'est
la seule fois dans sa vie que cette histoire lui arrivera. Et pendant les
quelques années qui viendront, à cause de votre intervention, il
paiera des primes d'assurance beaucoup plus élevées.
Je comprendrais ce genre d'intervention si on avait un système
d'assurance étatique qui échangerait des informations pour savoir
exactement ce qui se passe dans son cercle d'opération. Mais là
vous avez des compagnies privées qui prennent prétexte de cela,
très souvent de façon indue à mon avis, pour augmenter les
primes d'assurance. Il me semble que cela n'est pas le rôle du Bureau des
véhicules automobiles.
M. MAILLOUX: Comme je vous le dis, la tarification est en fonction du
risque que représente un individu et la philosophie de la tarification
ne relève pas de nous. Possiblement, le comité Gauvin va
étaler le fond de cette philosophie et aura des recommandations à
faire. Que le Bureau des véhicules automobiles se fasse, pour employer
le terme, complice des compagnies d'assurance, en leur dénonçant
des gens qui présenteraient un mauvais risque, entre guillemets,
c'est-à-dire un risque non évalué, il reste que la
complicité est un texte de loi qui s'applique et on agit en fonction de
ce texte de loi.
Quant à savoir si un individu est dangereux après une
première infraction, c'est encore une question assez
hypothétique. Il y a des gens qui fêtent et qui se retrouvent chez
eux après avoir été interceptés par la police et
traduits en cour. Il y a des gens qui fêtent et qui se retrouvent sur une
table d'autopsie à l'Institut médico-légal à
Montréal et qui n'ont pas été interceptés pour
l'infraction qu'ils ont faite d'avoir conduit avec facultés
affaiblies.
Je causais dernièrement avec le docteur Péclet, de
l'Institut médico-légal. Il me dit qu'environ, cela varie d'un
mois à l'autre, 60 p.c. à 75 p.c. des victimes d'accidents
d'automobiles qu'on lui apporte pour autopsie ont des traces d'alcool dans le
sang. Est-ce qu'à partir de cela on doit se dire que celui qui se fait
prendre la première fois qu'il fête n'est qu'un individu
malchanceux, ou est-ce qu'on peut dire qu'il a été chanceux de ne
pas s'être fait prendre avant? Je n'ai pas l'impression que c'est la
seule fois dans sa vie où...
M. BURNS: Vous permettez, M. Laflamme, c'est beaucoup plus que cela
qu'on discute actuellement. C'est sûr, je pense qu'il n'y a pas un
député qui n'admettra pas que la conduite avec de l'alcool dans
le sang n'est pas un risque accru pour le chauffeur. Il a plus de chance de se
"péter la gueule". C'est pas mal certain. Mais le point qu'on
soulève, c'est qu'on se demande comment pour moi, c'est cela,
s'il y a des modifications à la loi à faire, je trouve que cela
serait peut-être une suggestion à envisager accepter
le mot est peut-être un peu fort quand je parle de complicité,
mais du moins je peux dire l'agent des compagnies d'assurance, dans le fond
que le Bureau des véhicules automobiles soit l'agent qui
dénonce aux compagnies d'assurances et que, par voie de
conséquence, la compagnie d'assurances augmente ses primes. Cela entre
difficilement dans l'esprit que ce soit le rôle d'un organisme public de
voir à ce que les entreprises privées fassent de plus grands
profits, parce que, dans le fond, c'est ce que cela donne comme résultat
pendant quelques années. C'est du moins, dans la majorité des
cas.
M. MAILLOUX: C'est dans ce sens que je vous ramène toujours au
comité Gauvin. C'est parce que cela appelle à une conception
philosophique de l'assurance-automobile au Québec. Je veux dire qu'en
1961, le gouvernement s'est interrogé, à savoir s'il mettrait
l'assurance obligatoire ou non. Il en a conclu qu'il mettrait l'assurance
obligatoire à 75 p.c. Pour s'assurer qu'elle soit obligatoire au moins
à 75 p.c., il a dit au Bureau des véhicules de contrôler,
de faire peur, d'exiger...
M. BURNS: D'inciter fortement.
M. MAILLOUX: ... d'inciter fortement. C'est dans ce sens que, d'un
côté, les compagnies d'assurance peuvent être
bénéficiaires. Mais d'un autre côté,
également, l'ensemble de la population automobiliste qui paie des primes
d'assurance est également bénéficiaire parce qu'on aura
toujours de la difficulté à isoler vraiment les mauvais risques,
c'est-à-dire ceux qui entraînent des pertes. Que l'assurance soit
obligatoire, étatique ou autre, il y a toujours des gens qui vont causer
plus de dégâts que d'autres et qui vont payer moins pour les
dégâts qu'ils vont causer que d'autre qui vont payer tout
simplement leurs primes sans jamais causer d'accident.
Une fois qu'on admet qu'une certaine catégorie de conducteurs
peut représenter des risques plus grands que d'autres, il est normal
qu'on leur impose, au niveau des conditions d'assurances, un fardeau plus grand
que les autres et qu'on dégage les autres automobilistes de ce fardeau.
C'est cela qui a donné naissance à la loi de 1961, la Loi de
l'indemnisation, qui avait pour but de faire porter sur les épaules
en fait, ce ne sont que les automobilistes
assurés qui se trouvent à contribuer au fonds
d'indemnisation; les automobilistes non assurés ne contribuent pas au
fonds d'indemnisation, autrement qu'après, lorsqu'ils sont pris et
qu'ils sont obligés de rembourser . Alors, en mettant le doigt sur
le conducteur dangereux, on voulait sans doute obliger ce conducteur dangereux
à payer plus cher d'assurances, à contribuer plus au bassin des
ressources de l'assurance-automobile que l'automobiliste qui, lui, n'est
impliqué dans rien. C'est une question, je dirais même c'est une
conception philosophique de l'assurance-automobile.
Je parle ici comme fonctionnaire chargé de l'application
très morcelée, quand même, de la Loi de l'indemnisation
parce que ce n'est pas nous qui sommes chargés de contrôler les
compagnies d'assurance, la tarification, les agents d'assurance, les
procédures, les annulations abusives d'assurance sous menace qu'on va
informer le bureau des véhicules que vous n'êtes plus
assuré, que vous payez plus cher. Il y a des problèmes
là-dedans. Je pense, sans vouloir éviter de répondre plus
catégoriquement, que le comité Gauvin est l'organisme
chargé de donner une réponse globale sur l'assurance-automobile
au Québec et, partant, de régler ce problème à
savoir si le bureau des véhicules est un agent ou non des compagnies
d'assurance, à savoir si on doit continuer de suspendre les gens
impliqués dans des accidents sans assurance et tout cela.
Je sais pas expérience que dans des Etats américains
où l'assurance obligatoire existe, il reste quand même des gens
qui ne sont pas assurés parce qu'il y en a qui restaurent une "minoune",
qui prennent la route avec les plaques d'un autre; il reste des gens des autres
provinces ou des autres Etats où l'assurance obligatoire n'existe pas,
il reste des gens qui commettent des délits de fuite.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: C'est mon dernier point-là-dessus. On se heurte
à la Loi du fonds d'indemnisation et on se heurte au fait qu'on se
demande à un moment donné si ce n'est pas une condition du
versement du pourcentage du chiffre d'affaire des compagnies d'assurance que de
dénoncer par la suite si le risque est plus grand ou non. Il faudrait
quand même, dans cette philosophie de l'assurance, penser plus loin. Il
faut penser à l'aspect pratique aussi. Quand on sait qu'à la
suite de l'obtention de V-2C certains peuvent négocier les primes et
d'autres ne peuvent pas négocier les primes, ce qui se passe quand on
fait affaire avec un courtier qui a un gros volume d'assurance, c'est qu'on
négocie sa prime. Notre courtier est bon pour aller chercher une prime
au même prix qu'on avait avant. Dans ce sens, si on fait affaire avec un
gros bureau de courtiers et qu'on a de gros bureaux de courtiers dans sa
région on est capable de s'en sortir, mais si on est pris dans de petits
districts où les bureaux de courtiers sont plus ou moins forts,
où il y a plus ou moins de volume d'assurance, il faut laisser tomber la
philosophie de l'assurance parce que si on s'entendait ainsi, il faudrait que
toutes les compagnies d'assurance pensent qu'après une première
infraction, c'est un risque accru, et ce n'est pas le cas au point de vue
pratique. Au point de vue pratique, les primes se négocient sur
l'obtention de V-2C.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, ce qu'on recherche dans tout cela,
c'est la protection des automobilistes, la sécurités
routière. Je n'ai rien contre le fait que quelqu'un qui abuse et qui se
fait prendre en état de facultés affaiblies subisse des sanctions
parce qu'il vaut mieux une sanction contre un automobiliste qui va risquer de
conduire avec des facultés affaiblies qu'un service funéraire. Je
pense que ce qu'on recherche finalement, c'est la protection de
l'automobiliste.
En ce sens, je suis d'accord pour qu'il y ait pénalité
pour quelqu'un qui décide de courir le risque parce que personne ne
force un conducteur à courir un risque. Il le décide librement.
Il doit y voir, pour sa propre protection et la protection des autres. Par
contre, je ne crois pas qu'après une pénalité, soit par
augmentation des points de démérite ou par suspension du permis,
l'augmentation d'une prime d'assurance vienne changer quoi que ce soit au
risque que le propriétaire d'une voiture a décidé de
courir et qu'il va décider de courir dans l'avenir. Quand il ne s'agit
que d'une question de piastre, faire payer plus cher une prime d'assurance,
c'est favoriser des catégories. Celui qui a le moyen de payer, il s'en
fout. Vous allez doubler sa prime, cela va le faire rire. Pour lui ce n'est pas
une pénalité que de payer plus cher, il a le moyen de payer. Pour
le pauvre patient qui est un gagne-petit, cela devient une
pénalité qui est passablement plus forte que pour celui qui est
riche. Je pense que cela est mauvais. Ce n'est pas le fait que le
ministère permette à des compagnies d'assurance d'avoir un
maximum d'information leur permettant d'utiliser ce prétexte pour
augmenter les primes d'assurance qui va changer la situation qui nous
occupe.
Dans le domaine de l'assurance, puisqu'on est obligé finalement
d'en revenir à cela vous avez mentionné à plusieurs
reprises le rapport Gauvin, donc c'est que le domaine des assurances vous
occupe nous retrouvons après un premier délit que les
compagnies en profitent pour augmenter la prime. Je suis d'accord, on ne
devrait pas les laisser faire même après un premier délit.
Là, elles se servent d'une expérience passée pour
augmenter une prime future.
Si elles ne se servaient que de l'expérience passée pour
augmenter une prime, ce serait
peut-être discutable, mais les mêmes compagnies d'assurance
font le contraire aussi. Elles se servent du risque appréhendé
contre quelqu'un qui n'a pas de mauvaise expérience, exemple les jeunes,
pour leur faire payer un taux d'assurance exorbitant, de sorte que,
malgré tous les efforts que l'on fait pour tenter d'amener de la
protection à tous les automobilistes sur la route pour les risques
matériels, par exemple, les compagnies travaillent contre nous à
ce moment-là. En faisant payer une prime exorbitante aux jeunes, en
quelque sorte, elles incitent les jeunes à ne pas s'assurer, parce que
les jeunes n'ont pas les moyens de payer ces primes exorbitantes.
Cela nous amène à penser que, quand le rapport Gauvin sera
déposé, ce ne sera peut-être pas la fin de nos troubles;
ça va dépendre de ce qu'il y aura dedans. Cela nous amène
à penser aussi qu'on ne doit pas pénaliser un jeune qui arrive,
parce qu'il est jeune. On doit lui permettre de s'assurer plus qu'à
n'importe quel autre qui a déjà une expérience sur le
marché du travail et qui a déjà gagné de l'argent.
De cette façon, on pourrait, en leur permettant de s'assurer, en
protéger d'autres. Le jeune, étant assuré, est
déjà plus responsable.
Vous savez, on a parlé de philosophie tantôt; je vais vous
parler de philosophie aussi. Quand vous avez un jeune qui s'achète une
voiture, ce sont ses premières petites économies et, souvent, ce
ne sont pas ses économies, c'est son salaire de trois ou quatre ans
à venir qu'il hypothèque pour s'acheter une voiture. Il met tout
le paquet pour s'acheter une voiture, mais il n'est pas capable de s'acheter de
l'assurance. N'étant pas capable de s'acheter de l'assurance, tout le
monde va convenir que, si le type se promène sans assurance, à
force de s'y habituer... Si vous me le permettez, j'achève.
M. LESSARD: Je vais le permettre, mais j'espère qu'on va revenir
à notre point central.
M. SAMSON: Une minute, on est sur le point central.
M. BURNS: On discute d'assurances.
M. SAMSON: Une minute, on s'est fait casser les oreilles avec la
philosophie de l'assurance en réponse à nos questions; on va
parler d'assurances. Le jeune qui risque de se promener sans assurance,
après quelque temps, finit par s'habituer à ça. Il finit
par s'habituer à ne pas prendre de responsabilités, c'est ce qui
est dangereux.
M. le Président, je pense que le ministère doit trouver
une solution pour que les compagnies d'assurance ne soient pas les
bénéficiaires des problèmes de l'automobiliste et qu'on ne
pénalise pas l'automobiliste qui n'a pas les moyens, contrairement
à l'autre qui a les moyens de faire n'importe quoi. Je suis d'accord
qu'on utilise le système de points de démérite, le
système de suspension de permis quand un conducteur est dangereux et
qu'il ait une période pour se rattraper et revenir à de meilleurs
sentiments, mais que ça ne soit pas uniquement la question des
assurances qui soit la pénalité, parce que, en fait, ce n'en est
pas une pour ceux qui ont les moyens et c'en est drôlement une pour les
autres qui n'ont pas les moyens.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai pris note des
préoccupations qui ont été soumises tantôt par mon
collègue de Beauce-Nord et le député de Maisonneuve
relativement à la lourdeur des primes d'assurance qui doivent être
versées après l'obligation de la formule V-2C. J'imagine que,
dans les semaines qui vont suivre, il sera peut-être possible de se
pencher avec plus d'attention sur ce problème et de voir si cette
importance est tellement grande que le gouvernement doive apporter une
modification. Il y a quelque chose qui m'a inquiété, par contre,
dans l'affirmation qu'a faite le député de Beauce-Nord. Je ne nie
pas son expérience d'avocat. Vous avez mentionné l'importance
dans les régions des bureaux de courtiers et les possibilités
d'offrir des meilleurs taux. Mon expérience comme profane dans un bureau
de député ne m'a jamais permis de penser que la différence
d'un courtier à l'autre, pour de tels risques, pouvait être
valable d'une région à l'autre.
Je ne sais pas s'il y a des...
M. SYLVAIN: M. le ministre...
M. MAILLOUX: Autrement, ça deviendrait dangereux que, dans une
région donnée, on puisse, devant une telle obligation, avoir des
tarifs très préférentiels, alors que, dans d'autres
régions, ce ne serait pas possible.
M. BURNS: Cela est même fait d'un courtier à l'autre.
M. MAILLOUX: N'est-ce pas très minime à l'intérieur
des commissions?
M. SYLVAIN: II faut s'expliquer et s'entendre là-dessus. C'est
qu'à un moment donné la valeur du courtier est aussi la valeur de
son bureau, c'est-à-dire du volume d'assurances qu'il
possède.
Par exemple, je n'hésite pas à dire que, pour
négocier des formules V2-C avec des primes équivalentes ou des
augmentations de $50 et $100, je ne restais pas dans la Beauce. Je venais
à Québec. Disons que ce n'est pas dans toute la province. Je dis
qu'il fallait que je trouve un volume d'assurance pour dire: J'aurais deux ou
trois cas à vous passer.
M. MAILLOUX: J'ai été précédemment dans
l'assurance générale. Est-ce que cela ne viendrait pas
plutôt du dossier de chaque assureur en rapport avec tel
accidenté?
M. LESSARD: II y a la zone aussi.
M. MAILLOUX : II y a la zone évidemment, mais il y a
principalement les statistiques que chaque bureau de courtier a devant les
risques donnés, parce que, à part cela, ce sont les mêmes
taux partout.
M. SYLVAIN : On procède sur les dossiers. Si un courtier est dans
le rouge, ce sera bien difficile.
M. BERTHIAUME: Cela fonctionne par zone aussi. Par exemple, à
Montréal et à Baie-Comeau, ce ne sont pas les mêmes taux;
l'expérience est différente, alors les taux sont
différents.
M. LESSARD: On paye plus cher parce que l'on est dans une zone
différente.
M. BERTHIAUME: Je ne sais pas si c'est plus cher ou moins cher, mais
c'est différent.
LE PRESIDENT (M.Cornellier): Je remets la parole au député
de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, pour quitter ce domaine
intéressant de l'assuranceque l'on aura probablement l'occasion de
discuter à la suite du dépôt du rapport Gauvin, j'ai
l'intention de revenir avec quelques questions relativement au système
de points de démérite. D'abord, il est évident que, depuis
la mise en vigueur de ce système de points de démérite, le
ministère possède, sans aucun doute, un casier terriblement
complet, concernant les automobilistes. Ce que j'aimerais savoir est ceci: A ce
casier d'information, y a-t-il d'autres gens que, par exemple, des corps de
police qui y ont accès?
Je pense, par exemple, aux compagnies de collection, aux agences de
collection, ou aux compagnies de finance. Est-ce que des compagnies de ce genre
ont accès à ce fichier ou à ce casier?
J'ai entendu dire remarquez que je ne dis pas que c'est exact et
je n'ai pas de preuve pour soutenir cette hypothèse que j'avance
que, moyennant $5, une compagnie de finance ou une agence de collection
pouvait obtenir le casier d'un automobiliste depuis la mise en vigueur, entre
autres, du système de points de démérite. C'est une
question qui est un peu reliée au genre d'information que vous donnez
aux compagnies d'assurance sur l'existence d'une infraction précise. Je
vous parle, ici, sur demande, est-ce que d'autres personnes que les corps
policiers peuvent avoir accès à ce casier?
M. MAILLOUX: Le dossier du conducteur fait partie du dossier du permis
de conduire et le permis de conduire, par règlement, ou le dossier sur
le permis de conduire, est accessible sans restriction à tous ceux qui
démontrent un intérêt et qui payent les frais voulus pour
obtenir le renseignement, si bien que, entre autres, pour prendre les
numéros de plaques d'immatriculation, les corps policiers y ont
accès gratuitement, mais des fabricants d'automobiles peuvent acheter
des listes moyennant un tarif qui est déterminé dans le
règlement. Au niveau du permis de conduire, c'est la même chose.
Ce dossier est public dans le sens que celui qui y démontre un
intérêt et qui paye le tarif prévu par le règlement
peut obtenir l'information.
M. BURNS: Je comprends que l'idée même de la plaque
d'immatriculation est pour pouvoir retracer un automobiliste qui commet une
infraction.
Si je vois quelqu'un qui se fait renverser ou si je suis victime d'un
délit de fuite, par exemple, et que je ne vois que la plaque, je
conçois qu'il est bien normal que, faisant mon rapport, je puisse savoir
qui m'a frappé ou, du moins, à qui appartient l'automobile qui
m'a frappé. Mais, là où je comprends moins, c'est que,
moi, simple individu ou avocat qui fait du recouvrement, je décide de
vous demander le dossier, le casier de M. Untel; que je fasse l'inverse, que je
n'aie pas sa plaque d'automobile, mais que je connaisse le nom de M. Untel et
que je sache qu'il possède une automobile et que je vous demande des
renseignements tels que sa date de naissance, son adresse actuelle. Puisque
vous êtes probablement l'organisme qui est le plus à jour sur les
changements d'adresses, du moins toutes choses étant normales si
l'automobiliste se conforme à la loi, vous allez être les premiers
à le savoir normalement. Moi, je m'étonne un peu que cela soit si
facilement accessible. Il me semble qu'il y a un minimum d'intimité
qu'un individu doit avoir face à des organismes qui, comme le Bureau des
véhicules automobiles, sont en droit, je pense, d'avoir un fichier
complet, mais que ce fichier complet soit aussi facilement disponible à
qui que ce soit, je m'en étonne très sérieusement.
J'aimerais que vous nous disiez exactement quelle est la politique du Bureau
des véhicules automobiles dans ces cas.
M. MAILLOUX: La raison pour laquelle il n'y a pas de contrainte quant
à l'obtention ou quant à la connaissance du dossier de
l'automobiliste, c'est que ce dossier est approvisionné à partir
de dossiers qui sont eux-mêmes publics, c'est-à-dire les
condamnations devant les tribunaux. Comme ces condamnations devant les
tribunaux sont accessibles à tout le monde les dossiers des
tribunaux sont publics, les audiences des tribunaux sont publiques et les
jugements ou les conséquences sont publics le Bureau des
véhicules automobiles ne fait que rassembler, dans un même
dossier, des informations qui seraient disponibles aux quatre coins de la
province.
M. LESSARD: Ce n'est pas le cas en ce qui concerne les adresses ou les
dates de naissance,
etc., parce que je me dis que cela peut-être extrêmement
dangereux si on donne des informations. Si le Bureau des véhicules
automobiles peut obtenir certaines informations en particulier concernant les
adresses qui sont drôlement utiles pour l'agent de recouvrement, par
exemple, ou l'avocat, etc., je me demande pourquoi mon dossier à
l'hôpital ne serait pas ouvert pour tout le monde aussi moyennant un
versement de $5. Personne ne peut savoir si c'est vrai ou non que Lucien
Lessard est entré à la clinique Domrémy parce qu'il est
alcoolique ou non. Ecoutez, c'est aussi grave que les bobines.
M. MAILLOUX: Les dossiers des tribunaux sont réglementés
d'une façon particulière. Il y a toujours des contrôles
particuliers là-dessus. Je ne saurais dire dans quelle mesure les
dossiers des tribunaux sont accessibles à une partie
intéressée de la population; quand je dis
"intéressée", qui démontre un intérêt. Un
fait qui est certain, c'est qu'en définitive tous les dossiers sont
toujours accessibles à tout le monde avec un subpoena duces tecum.
M. BURNS: C'est cela. Cela vous prend quand même, à ce
moment-là, une procédure judiciaire en cour. A deux reprises,
vous avez fait référence aux dossiers de cour. C'est sûr
qu'ils sont accessibles à tout le monde. Vous allez vous
présenter à n'importe quel greffe et, si vous savez que M. Untel
a comparu à telle date, vous allez pouvoir vérifier le dossier.
C'est sûr que c'est public, mais entre vérifier un dossier de cour
et vérifier tout un système de documentation codifiée, je
vois une très grande différence. C'est-à-dire que, si je
veux savoir l'adresse de M. "Jos Bleau", je peux sans doute la savoir, s'il a
témoigné dans une cause, en allant regarder le dossier et le
procès-verbal du greffier.
C'est sûr. Mais, pour arriver à cela, je ne me sers pas
d'une codification, je me sers d'une connaissance que j'ai déjà
de l'existence d'un témoignage qui a été apporté
dans telle cause, à tel moment, de M. Untel ou du monsieur Jos Bleau en
question.
Mais je me pose des questions sur un dossier, un casier ou un fichier
organisé pour des fins tout à fait autres, des fins que je
considère parfaitement normales, dans ce sens que je trouve concevable
que le Bureau des véhicules automobiles sache qui est
propriétaire des voitures, son adresse et son dossier d'infractions,
etc. On ne se fera pas de chicane là-dessus. C'est un minimum de
décence que le bureau le sache. Mais que ce dossier devienne, parce que
codifié pour d'autres fins, accessible à qui que ce soit qui veut
s'en servir, pour des fins d'agences de perception ou de compagnies de finance,
c'est assez surprenant. Ce n'est pas que je veuille m'ériger en grand
défenseur des gens qui veulent éviter de payer leurs dettes, ou
quoi que ce soit c'est leur problème mais, quand on
commence à se servir pour des fins privées de ces dossiers
publics, des dossiers constitués à des fins publiques et tout
à fait justifiables, il n'y a plus de limites. On ne sait plus où
cela va arrêter cette histoire-là. Je me demande, si on commence
là, si tantôt on ne saura pas c'est vrai que la loi dans le
cas des lois fiscales le défend quels sont les revenus de M.
Untel et les revenus de Mme Unetelle. Ce serait aussi logique. C'est aussi
indiscret, à mon avis, tenter de savoir quel est le dernier rapport
d'impôt de M. Untel, que de savoir quelle est sa situation au point de
vue de la conduite d'une automobile.
On va donner un autre exemple où cela pourrait être
utilisé. Une compagnie qui voudrait engager un monsieur qui fait une
demande d'emploi pourrait techniquement savoir si ce monsieur a des habitudes,
au point de vue de la conduite d'une automobile, un peu en dehors de la
normale. Je me demande si on rend véritablement service et à la
compagnie qui veut l'embaucher et à l'individu qui fait une demande
d'emploi en rendant ce dossier public. Il est possible que dans le passé
quelqu'un se soit mis les pieds dans les plats à quelques reprises.
C'est comme le dossier judiciaire qui, soit dit en passant, est beaucoup moins
accessible que le dossier de conduite d'une personne, semble-t-il. Le
même raisonnement devrait être tenu dans cela.
M. MAILLOUX: M. le Président, si le règlement actuel fait
obligation au Bureau des véhiculte automobiles de transmettre, moyennant
paiement, les informations dont on parle, je retiens la remarque faite par les
députés de Maisonneuve et de Saguenay pour
référence future à un amendement possible au
règlement.
M. BURNS: Je peux tout simplement vous citer un cas, qui semble-t-il a
été publié dans un journal, d'un individu qui se refusait
de donner, au Bureau des véhicules automobiles, son changement
d'adresse, de crainte qu'un tas de gens qui étaient à sa
poursuite pour diverses fins puissent le retracer.
Je suis content d'apprendre que le ministre va se pencher sur le
problème, car je pense que c'est quelque chose d'assez urgent. J'ai
été ahuri la première fois que j'ai su que ces
informations étaient aussi facilement disponibles.
M. MAILLOUX: Je retiens comme très sérieuse la demande
faite par le député de Maisonneuve.
M. LESSARD: Justement, cela nous empêche d'avoir certaines
informations qui nous sont nécessaires, par exemple pour le cas
souligné, et cela n'est pas le seul cas.
M. BURNS: Toujours sur ce système de points de
démérite, je veux demander au ministre quelques statistiques qui
sont, j'espère, disponibles, en vue de compléter notre
dossier.
En vertu de l'article 5.3 du règlement no 5 concernant les points
de démérite, il y a des avis qui doivent être donnés
aux personnes qui ont accumulé six, sept ou huit points de
démérite. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire
combien de ces avis ont été donnés jusqu'à
maintenant? Est-ce que c'est dans les statistiques?
M. MAILLOUX: Vous les avez sur votre tableau.
M. BURNS: D'accord. C'est la même chose pour les avis en vertu de
l'article 5.4 aussi? Je n'ai pas eu le temps de consulter la documentation que
vous venez de nous remettre.
M. MAILLOUX: Je le comprends facilement, mais au verso de ce tableau, on
vous donne les avis qui ont été envoyés à six
points, les avis qui ont été envoyés à neuf points
et les convocations...
M. BURNS: ... les convocations du fonctionnaire en vertu de l'article
5.42.
M. MAILLOUX: A neuf points, on a le choix, soit d'envoyer uniquement un
avis ou d'envoyer un avis demandant de comparaître devant un
fonctionnaire donné; on donne également le nombre d'avis
envoyés à douze points, c'est-à-dire ceux qui
entraînent une suspension.
M. LESSARD: Je vais apporter un cas bien concret. Au début de
l'application de la loi, les gens n'avaient pas été
complètement informés du fait que tout ce qui était soumis
au code municipal en vertu du code de la route faisait aussi l'objet du
règlement concernant le système de points de
démérite. Or, voici le cas bien concret qui m'est arrivé.
La personne en question fait deux infractions au code de la route en vertu
justement des règlements municipaux et, quelque temps après,
avant de recevoir son avis, elle fait une infraction en vertu du code de la
route. Cette fois, c'est la Sûreté du Québec, qui
intervient. La personne, n'ayant pas reçu d'avis, est convaincue qu'elle
n'a pas perdu huit points, contrairement à ce qui existe, parce qu'elle
n'est pas assurée que les règlements municipaux s'appliquent en
vertu du système de points de démérite. Or, elle ne
reçoit pas d'avis, sinon, par la suite, un avis dans lequel la
Sûreté du Québec lui demande de renvoyer son permis de
conduire.
D'ailleurs, il semble qu'il y a eu mauvaise information au début,
même concernant les municipalités qui ne savaient pas trop si
elles étaient soumises ou non, au système, etc., parce qu'il est
bien dit dans les règlements que toute infraction au code de la route en
vertu des municipalités, est aussi soumise au système de points
de démérite. Mais le fait de ne pas recevoir d'avis, par exemple,
dans ces circonstances, n'empêche pas non plus la suspension automatique
du permis.
M. MAILLOUX: Au niveau de l'information pure et simple, au mois de
janvier 1973, c'est-à-dire deux mois avant l'entrée en vigueur du
système de points de démérite, le bureau a envoyé
à tous les greffes de la province, municipaux comme dépendants du
ministère de la Justice, un avis les informant de l'existence du
système de points de démérite.
On leur donnait une copie du système de points en soulignant les
articles qui les intéressent plus particulièrement dans cet
avis.
Nous avons eu, de la part de la presse, un battage publicitaire assez
intense et non pas défavorable. Je veux dire qu'on a parlé du
système de points et on en parle très fréquemment encore.
Je pense que c'est un bon article, un bon sujet pour les journalistes.
Quant à la connaissance de chaque individu du système de
points, nous avons voulu la rendre la plus adéquate possible en joignant
au permis de conduire, lorsqu'on le renouvelle, un petit dépliant qui
reproduit l'essentiel du système de points.
M. LESSARD : J'ai reçu dernièrement de ces
dépliants.
M. SAMSON: Est-ce qu'on permettrait...
M. MAILLOUX: Evidemment, renouvelant mois par mois, il est malheureux
que ceux qui...
M. LESSARD : On en a reçu comme députés.
Dernièrement, comme député, j'en ai reçu. Ils sont
très bien faits d'ailleurs; j'en ai reçu et j'en était
très heureux.
M. SAMSON: Est-ce qu'on me permettrait une petite question sur le
même sujet? Est-ce que vous avez envisagé que cette information
que vous avez envoyée sur le petit dépliant soit imprimée
à l'endos d'un permis de conduire ou que le permis de conduire soit
modifié, de sorte que cela puisse inclure ces petites notes, que le
conducteur pourrait toujours avoir avec lui?
M. MAILLOUX: On avait envisagé cela. Déjà, l'endos
du permis de conduire contient énormément d'informations quant
aux catégories du permis, aux restrictions qu'il y aurait. Après
s'être informés auprès d'états américains qui
reproduisent comme cela, au verso, la teneur résumée du
système de points, on s'est rendu compte que c'était plus ou
moins efficace parce que l'individu, une fois qu'il a son permis de conduire,
il le plie, il le met dans un porte-documents et, généralement,
il ne le sort plus pour le consulter, à tel point que, par
expérience personnelle, je peux vous dire qu'il y a des gens qui nous
appellent pour nous demander quelle est la catégorie de leur permis de
conduire. Ils voient un paquet de chiffres là-dessus, mais ils ne se
sont jamais donnés la peine de lire au verso. Cependant, je suis
d'accord avec vous qu'on devrait peut-être reproduire la teneur du
système de points sur
quelque chose de plus permanent que ce petit dépliant
accordéon en papier, et après quelques jours, on pourrait le
tramer dans les poches ou dans le coffre à gants.
M. SAMSON: Si on le laisse à la maison, on peut l'oublier. Si on
a quelque chose, soit que le permis de conduire soit modifié pour
comporter une partie qui reproduirait cela ou encore une petite carte
facilement gardable, si vous voulez,...
M. MAILLOUX: Une petite carte plastifiée qui serait plus
facilement conservable, qui se détruit...
M. SAMSON: ... qui irait dans le portefeuille.
M. BURNS: Juste une dernière question sur les statistiques que
vous nous avez soumises. En vertu des articles 5.3, 5.4, les convocations, les
suspensions, est-ce que votre bureau a, des statistiques disponibles
relativement aux conducteurs professionnels ou du moins, parce qu'il est assez
difficile de déterminer ce qu'est un conducteur professionnel, quant aux
catégories de permis, chauffeurs et conducteurs?
Est-ce qu'il y a moyen de les dénombrer?
M. MAILLOUX: II y a moyen de les dénombrer. Je ne sais pas si on
a fait le relevé chauffeurs et conducteurs. On ne l'a pas fait. Mais,
par expérience, dès le début, en fait avant
l'entrée en vigueur du système de points de
démérite, au mois de février, il y a des associations de
chauffeurs de taxi et tout cela qui nous ont contactés, terrifiés
de l'entrée en vigueur de ce système-là, étant
certains qu'après une semaine ils auraient perdu leur permis de
conduire. Cela nous a inquiétés tout au long de l'application du
système. On s'est dit: Est-ce que vraiment on va retirer tous les
chauffeurs de taxi de la circulation dans les trois premières semaines?
D'ailleurs, j'avais participé à une émission de
télévision au cours de laquelle je m'étais fait tomber
royalement sur la tête par un chauffeur de taxi. On s'est rendu compte
à l'application que non seulement ces gens-là n'étaient
pas très présents dans le système, mais qu'ils
étaient quasiment sous représentés.
M. BURNS: Par rapport au nombre de permis émis.
M. MAILLOUX: Par rapport au nombre de permis émis et par rapport
aux autres conducteurs. On s'est posé des questions et on s'est
demandé, dans le fond, pourquoi, puisqu'ils sont toujours sur le chemin.
Ils sont peut-être toujours sur le chemin, mais ils sont meilleurs
conducteurs que d'autres, si bien que les infractions qu'ils font et les
infractions où ils sont pris quand même, tout le monde
commet des infractions sont inférieures à la
quantité de fois où un conducteur ordinaire est pris.
M. LESSARD: Ils savent où les policiers sont situés.
M. MAILLOUX: Ils connaissent leur territoire, ils connaissent les
dangers que cela représente. Ils sont très
expérimentés; ce sont des professionnels de la route.
M. LESSARD: Le fait aussi qu'ils gagnent leur argent, que ce soit leur
métier, les amène certainement à être beaucoup plus
prudents sur cela.
M. SAINT-HILAIRE: Cela les invite à être sur leurs
gardes.
M. LESSARD: A regarder à la fois en arrière et en
avant.
M. MAILLOUX: En fait, c'est leur survie.
M. BURNS: Pour revenir à ma question première, est-ce
qu'il y a moyen de l'obtenir par catégories de permis? Je ne sais pas si
vous appelez cela des catégories ou des classes.
M. MAILLOUX: Oui, des catégories. Les classes, ce sont des
restrictions.
M. BURNS: Alors, moi, ce sont les catégories chauffeurs et
conducteurs que j'aimerais avoir, si c'était possible.
M. MAILLOUX: Est-ce que tantôt j'ai bien compris qu'on identifiait
comme professionnels de la route la personne qui avait un permis de chauffeur
plutôt que de conducteur?
M. BURNS: J'ai simplifié un peu tantôt. J'ai dit:
Peut-être que vous n'avez pas le professionnel de la route comme tel. Ce
doit être difficile au bureau de dénombrer qui, parmi les permis
de conduire émis, agit comme chauffeur de camion, chauffeur d'autobus,
de taxi, etc. Mais, j'ai dit: Comme statistique un peu moins précise,
mais qui peut quand même nous donner une idée de grandeur, il y
aurait peut-être lieu de l'avoir par catégories de permis, parce
qu'il est à présumer qu'un professionnel de la route va
détenir un permis de chauffeur.
M. MAILLOUX: Sûrement, sauf que, dans maints cas, des personnes
qui ne sont pas des professionnels exigent et continuent de demander un permis
de chauffeur.
M. LESSARD: C'est cela.
M. BURNS: Pour des raisons qui leur sont personnelles, ils veulent avoir
cette sécurité de pouvoir devenir chauffeurs professionnels, si
nécessaire.
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. BURNS: II reste quand même que l'intérêt... Je
conduis une voiture depuis plusieurs années et je n'ai jamais eu de
permis de chauffeur parce que je n'ai jamais eu l'occasion de travailler avec
une voiture, mais je pense bien que je ne dois pas être le seul au
Québec comme cela.
M. MAILLOUX: Mais l'inverse se produit pour une personne qui, ayant
déjà détenu un permis de chauffeur, désire
continuer à l'avoir pour ses fins personnelles.
M. BURNS: Exactement, elle veut le garder.
M. MAILLOUX: Pour des raisons de prestige.
M. LESSARD: II y a aussi l'agent commercial...
M. BURNS: Le voyageur de commerce.
M. LESSARD: ... le voyageur de commerce qui veut avoir sa propre
automobile et n'a pas besoin de permis de chauffeur.
M. MAILLOUX: En fait, au niveau de ces professionnels de la route, les
seuls renseignements tangibles nous viennent des entrevues qu'on a
effectuées à neuf points et des protestations qu'on a pu avoir
à douze points, des gens qu'on a suspendus. Entre autres, les chauffeurs
de taxis ne se retrouvent pas en grande quantité.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission va suspendre ses
travaux...
M. SAMSON: Est-ce que je pourrais poser une dernière question au
ministre avant de suspendre?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Certainement.
M. SAMSON: On a mentionné tantôt qu'étant
arrivée avec un peu d'information, pas trop d'idées faites sur ce
que vous aviez à nous dire, l'Opposition a manifesté le
désir d'assister à une autre commission parlementaire du
même genre, ayant au préalable plus d'informations, les intentions
du ministère ainsi que des copies de mémoires que vous aurez
peut-être reçus. Il n'y a peut-être pas eu, jusqu'ici, de
mémoire en provenance de différentes associations de camionneurs
ou de chauffeurs de taxis, etc., mais il y en aura peut-être parce que
j'ai l'impression que c'est valable de demander à ces gens le
résultat de l'expérience vécue même si, dans les
statistiques, il est apparu que ces associations n'ont pas été
trop pénalisées par le système de points de
démérite. Il serait peut-être valable d'avoir leur point de
vue quant à l'expérience vécue, qu'est-ce que cela a
donné dans la pratique et si le ministre acceptait, sans fixer de
date... On revient cet après-midi?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): C'est une suspension seulement.
M. SAMSON: Je pensais que vous aviez fini.
M. MAILLOUX: II y a un problème qui se poserait, c'est que
c'était mon intention de demander que la commission siège cet
après-midi pour continuer à discuter de certains points qui sont
à votre intention, mais plutôt que de revenir mardi prochain, on
pourrait peut-être prolonger et permettre aux fonctionnaires de produire
certains documents dont l'Opposition pourrait avoir besoin et
ultérieurement, durant le cours de la session, profiter d'une
journée pour siéger et, si nécessaire, entendre des gens
qui voudraient se faire entendre, avant que des modifications soient
apportées au système de points de démérite, en
autant que ça ne retarde pas trop le dépôt de certains
documents.
M. SAMSON: Le point que je voulais soulever, M. le Président,
c'est celui-ci: II serait peut-être valable de faire appel aux
associations pour obtenir d'elles certaines informations concernant le
système de points de démérite même si elles n'ont
pas manifesté le désir de venir devant la commission pour ce
point particulier. Il serait peut-être valable, plus tard, qu'on puisse
revenir...
M. MAILLOUX: Ne serait-il pas possible que les fonctionnaires qui sont
ici puissent peut-être se faire entendre cet après-midi, de
manière que vous ayez un éventail des problèmes qui sont
à l'attention du ministère actuellement, quitte à
compléter plus tard par une autre séance de la commission?
M. SAMSON: D'accord.
M. SAINT-HILAIRE: M. le ministre, ne croyez-vous pas qu'il aurait
été préférable, à ce stade-ci, que chacun
des fonctionnaires en question fasse un court résumé, par
écrit, de ses activités, ce qu'il a fait, pour nous permettre
justement d'étudier? Nous allons errer dans les questions tout
l'après-midi et nous ne serons pas plus avancés au bout de la
course. Je pense que chacun des fonctionnaires devrait nous fournir un document
de ce qu'il fait, sa fonction. Cela nous permettrait de poser des questions
directes et non errer dans les questions comme on l'a fait toute la
matinée.
M. SAMSON: M. le Président, c'est valable, comme suggestion, ce
que vient de dire le député de Rimouski.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): D'un autre côté, les
fonctionnaires n'auraient pas le temps
de préparer ce document pour la séance de cet
après-midi.
M. SAMSON: Ce n'est pas ce point que l'on discute. On a devant nous
l'offre qui nous est faite par le ministre que les fonctionnaires, cet
après-midi, nous donnent certaines explications. On a devant nous la
suggestion faite par le député de Rimouski à l'effet que
ces mêmes fonctionnaires préparent un rapport écrit. On ne
siégerait pas cet après-midi et on aurait le temps
d'étudier ces rapports pour revenir écouter, à la suite
des études que nous aurions faites. Peut-être que cela suscitera
certaines questions que l'on ne pourrait pas vous poser cet
après-midi.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ferais la proposition, dans ce
cas, que l'on ajourne sine die et qu'entre-temps, dans les semaines qui vont
suivre, les fonctionnaires préparent des résumés des
études qui sont faites, qui peuvent être rendues publiques.
Ultérieurement à cela, la commission sera appelée à
siéger de nouveau. S'il devenait nécessaire d'entendre des
intéressés, on en avisera à ce moment.
DES VOIX: C'est cela.
M. LESSARD: M. le Président, en ce qui nous concerne, c'est un
peu la question que l'on soulevait ce matin. Franchement, bien honnête-
ment je me demandais ce que je venais faire ici, étant donné que
je n'avais pas la documentation nécessaire. En ce qui nous concerne,
pour être bref, c'est un peu dans ce sens que l'on voulait fonctionner.
Le ministre a élargi le débat c'est aussi important
car ce matin on devait discuter des points de démérite et on est
rendu sur toute la question de la sécurité routière. Je
pense donc que cela devrait faire l'objet de plusieurs séances de la
commission parlementaire des transports et, personnellement, la proposition du
ministre me paraît extrêmement satisfaisante. Lorsque l'on aura les
rapports en main, on pourra voir quelles propositions on peut faire au ministre
concernant certaines modifications. Ce que je constate c'est que c'est une
séance d'information du directeur du Bureau des véhicules
automobiles aux parlementaires. Une commission parlementaire ne devrait pas
être cela.
M. SAMSON: C'est quand même bien valable.
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (Cornellier): Suite aux remarques du ministre des
Transports et de l'assentiment des membres des partis de l'Opposition, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 36)