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Commission permanente des transports, des travaux
publics et de l'approvisionnement
Projet de Place Desjardins
Séance du jeudi 9 mai 1974
(Dix heures vingt minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs !
Préliminaires
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission des transports, des travaux
publics et de l'approvisionnement se réunit ce matin pour traiter de
Place Desjardins. Il est de coutume pour la commission de nommer un rapporteur.
Avec l'assentiment de la commission, j'aimerais suggérer M. Mercier,
député de Bellechasse, qui était ici tantôt et qui
reviendra dans quelques minutes.
M. ROY: Est-ce qu'il va accepter?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui. J'ai vérifié. Alors,
agréé?
DES VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous le permettez, nous
procéderons, dans quelques minutes, aux changements des membres de la
commission. Sans plus tarder, l'honorable ministre des Travaux publics.
M. MAILLOUX: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, messieurs de Place Desjardins, avant l'ajournement des Fêtes,
lors de la présentation d'un projet de loi dont on me dit que le
numéro était 29 ou 27 de toute façon,
c'était un projet de loi qui concernait Place Desjardins il avait
été fait mention par l'Opposition de son désir d'entendre
les directeurs de l'administration de Place Desjardins en commission
parlementaire concernant les problèmes dont on discutait à ce
moment-là, de même que les problèmes inhérents
à cette construction.
Alors, M. le Président, je donnerai, si vous le permettez, la
liste de ceux qui sont ici, à la barre, et qui pourront répondre
aux questions qui seront posées par les membres de la commission. Je ne
crois pas que les règlements de la commission parlementaire permettent
que les réponses soient enregistrées en mon nom. Ils
répondront en leur nom, je crois. On m'a signalé tantôt
que, durant la projection des diapositives qui pourrait venir
ultérieurement, si les personnes voulaient, pendant que ces diapositives
seront montrées, intercaler des questions, il faudrait qu'elles
s'approchent de deux micros en particulier. Je pense qu'on les a
signalés à votre attention.
Je demanderais à ceux qui seront nommés de s'identifier en
se levant. M. Alfred Rouleau, président de Place Desjardins; M. Claude
Rouleau qui est le vice-président et, en même temps, sous-ministre
des Transports; M. François Adam, administrateur de Place Desjardins; M.
Maurice Bergeron, au même poste, administrateur; M. André Bourbeau
de même que M. Daniel Wermenlinger, directeur général; M.
Philippe Laporta, directeur du projet et des immeubles; M. Tancrède
Sicard, directeur de la commercialisation; M. Roger Coulombe, directeur du
contentieux et secrétaire, de même que M. Guy Préfontaine,
directeur des finances et trésorier; M. Jacques Tetley, que l'on me dit
être à l'information.
Ai-je oublié quelqu'un? Vous êtes quand même le
bienvenu.
M. le Président, je pense qu'il serait bon que je laisse le
plancher aux membres de la commission afin qu'ils posent toutes les questions
pertinentes au sujet.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si les membres de la commission me le
permettent, j'aimerais demander à ceux qui auront à
répondre aux questions ou à faire des commentaires, de bien
vouloir, à chaque fois, étant donné le nombre de personnes
assez considérable, vous identifier avant de donner la réponse
afin de faciliter la tâche de l'enregistrement au journal des
Débats. L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je tiens à remercier le
ministre des Transports d'avoir rempli ce matin la promesse qu'il nous faisait
en décembre dernier et je tiens aussi à remercier les
administrateurs de Place Desjardins. Aussi, je tiens un peu à souligner
les objectifs de cette commission parlementaire pour les membres de
l'Opposition. Soyez assurés, Messieurs, que si nous avons demandé
la convocation de la commission parlementaire, ce n'est certes pas parce que
nous, du Parti québécois, avons mis en doute ce projet fort
important. Au contraire, nous étions heureux, en mai 1971, lorsque nous
avons, lors de l'étude d'une loi, constaté l'association du
gouvernement du Québec avec le mouvement Desjardins qui a fait ses
preuves dans le passé pour construire un complexe aussi important et un
complexe qui va avoir, je pense, des conséquences économiques et
sociales considérables pour la ville de Montréal et pour tout le
Québec. Donc, ce n'est pas dans le but de mettre en doute ce projet, au
contraire, c'est dans le but d'en connaître plus sur ce projet et
d'être un peu, nous comme vous, les publicistes de ce projet qui
démontre enfin une certaine initiative des Québécois dans
un secteur où c'était bien plus les autres qui prenaient notre
place. Aussi, vous comprendrez que, comme membres de l'Opposition, et
même pour les membres du Parti libéral, comme
députés, nous avons à surveiller les deniers publics et
les dépenses des deniers publics.
Or, en mai 1971, lorsqu'on nous a soumis ce projet, nous avons
voté un montant de $10 millions. Nous avions reçu les
informations nécessaires, mais on ne pouvait pas, à ce
moment-là, connaître exactement comment allait se
concrétiser ce projet, puisque ce n'est que depuis 1972 qu'on a
commencé à le réaliser.
Mais, en décembre 1973, le ministre des Transports nous avait
soumis une loi, vers la fin de la session, dans laquelle on nous demandait
encore de voter un montant de $20 millions alors que l'ex-ministre des
Transports nous avait indiqué, en mai 1971, que le seul montant, que le
gouvernement québécois fournissait comme actif, était de
$10 millions.
C'est alors que nous nous sommes posé des questions. Nous
voulions savoir exactement quel était l'objet ou quel était, en
fait, la raison de ces $20 millions supplémentaires. Le
député de Beauce-Sud, moi-même et d'autres, avons eu
l'occasion de discuter par la suite avec les administrateurs de Place
Desjardins, ce qui nous a amenés à accepter le projet de loi,
quitte cependant, comme le ministre nous en avait assuré, à
obtenir la convocation de cette commission parlementaire pour pouvoir entendre
les administrateurs de Place Desjardins.
C'est comme députés, donc responsables des dépenses
du gouvernement, que nous avons convoqué cette commission parlementaire,
mais c'est aussi pour démontrer notre intérêt au projet.
Nous pouvons voir aujourd'hui, grâce à une magnifique maquette, ce
que sera Place Desjardins. Nous pourrons voir aussi, semble-t-il, des
diapositives.
Alors, je pense, qu'avant de poser directement des questions soit, par
exemple, sur le financement, l'augmentation des coûts justement à
cause de l'inflation, ce qui est probablement normal, soit sur la location, la
gérance de l'hôtel ou la gérance des travaux, il serait
peut-être bon que M. Rouleau, ou quelqu'un d'autre, suite peut-être
aux remarques que pourra faire le député de Beauce-Sud, nous
donne des explications générales, puisque vous semblez être
assez bien préparés et, par la suite, on pourra poser des
questions qui nous viendront à l'esprit ou que nous avons
préparées. C'est cette méthode que je proposerais,
à moins que les membres de Place Desjardins veulent que nous posions
immédiatement nos questions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je cède la parole au
député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, un court commentaire que j'ai à
ajouter aux propos que vient de tenir l'honorable député de
Saguenay.
On se rappellera que le projet de loi 27 a été
présenté devant l'Assemblée nationale pour la
deuxième lecture, le vendredi 21 décembre 1973. Ce projet de loi
nous demandait de voter un montant additionnel de $20,000,000 pour Place
Desjardins. A ce moment-là, j'avais propo- sé une motion pour
reporter l'étude du projet de loi, de façon que nous puissions
convoquer une commission parlementaire et interroger les dirigeants du
mouvement, les responsables de la réalisation de ce projet, de
façon à avoir le plus d'information possible, considérant
qu'il était et qu'il est encore de notre responsabilité,
lorsqu'on demande à l'Assemblée nationale du Québec de
voter des projets de loi impliquant des deniers publics, d'avoir le maximum
d'information possible pour ensuite informer la population.
On se rappellera également que depuis que la loi a
été votée au mois d'avril ou mai 1971, il y a eu beaucoup
de changements dans les coûts de l'insdustrie de la construction. Il est
évident que ceci n'est pas sans causer certains problèmes ou sans
apporter certaines modifications quant au financement, quant aux montants
devant être investis dans la Place Desjardins, comme c'est le cas pour
tout autre projet qui touche l'industrie de la construction d'une façon
plus spéciale. Dans ce domaine, au début, on avait parlé
de la somme totale que le gouvernement du Québec investirait, à
peu près $7,500,000, mais par mesure de précaution, la loi
votée en mai 1971 comportait une somme de $10,000,000 qui devait
être consacrée pour le capital de Place Desjardins. Comme il
s'agissait de $20,000,000 additionnels, nous avons demandé que la
commission parlementaire siège, de façon à avoir le
maximum d'information.
A partir de ce moment, M. le Président, nous sommes
disposés à entendre les représentants de Place Desjardins,
qui ont eu la délicate attention de nous faire parvenir il y a
déjà une dizaine de jours des documents dont nous avons pu
prendre connaissance et qui nous ont fourni une bonne partie de l'information
nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Rouleau, est-ce que vous
désireriez...
M. ROULEAU (Alfred): M. le Président, en ce qui me concerne et,
je pense, mes collègues aussi, nous sommes tout à fait d'accord
pour procéder dans le sens que le député de Saguenay nous
l'a suggéré. En tout cas, ce n'est peut-être pas à
nous de décider, mais de l'autre côté...
M. Roy vient de faire état du document que vous avez reçu.
Je pense que cela résume et situe assez bien ce qu'est Place Desjardins
dans l'esprit de ceux qui en sont, actuellement, les réalisateurs,
à la fois le Mouvement Desjardins et le gouvernement du
Québec.
Je ne sais pas si c'est dans ce sens que M. Lessard voudrait que je
parle, mais il y a quand même un historique important qui a
été très résumé ici, mais je pense qu'il est
important de revenir là-dessus, très brièvement.
Histoire de Place Desjardins
M. ROULEAU (Alfred): L'histoire de Place Desjardins remonte, à
toutes fins pratiques, à
1962. Au début, il était question du Mouvement Desjardins.
C'est l'époque où les caisses populaires ont acquis les
intérêts de La Sauvegarde. Je n'ai pas l'intention de faire
l'histoire du Mouvement Desjardins, mais, à Montréal, vous avez
quatre sièges sociaux importants du Mouvement Desjardins: L'Union
régionale de Montréal qui est sur la rue Saint-Laurent une
grosse affaire La Sauvegarde, la Fiducie du Québec et la
Sécurité.
Or, avec l'expansion, avec le développement, nous avons
envisagé, à un certain moment, qu'il faudrait vraiment, soit que
chacun se construise un immeuble... Mais pour les besoins d'espace, il fallait
absolument prévoir. Et il y a une idée qui est sortie.
N'aurait-on pas avantage à se regrouper dans un ou deux immeubles et
à se situer dans un endroit de Montréal où cela pourrait
vraiment correspondre aux besoins?
Je dois vous dire qu'à ce moment parfois, on rêve,
il y en a quelques-uns qui rêvaient à l'époque on
s'est imaginé qu'il pourrait être possible de concilier à
la fois nos intérêts, à savoir de pouvoir se loger dans un
ou deux immeubles que nous construirions, et, d'autre part, du même coup,
de favoriser un programme de rénovation urbaine dans un
quadrilatère du centre-ville de Montréal, un peu vers l'est.
Mais, à partir de là, après toutes les
consultations que nous avons eues, il est évident que cela ne se
conciliait pas. D'ailleurs, la loi ne le permettait pas. Mais cela ne se
conciliait pas non plus parce que les exigences de localisation d'espaces
à bureau voulaient qu'on s'en aille dans le centre-ville et, par contre,
pour l'habitation, et surtout l'habitation pour des gens ordinaires... M.
Rouleau est en train de rire de moi. Je sens le besoin de faire une mise au
point, M. le Président, c'est que nous ne sommes pas parents, et nous ne
voulons pas l'être.
M. ROY: Nous avions pris nos informations.
M. ROULEAU (Alfred): Vous aviez pris vos informations.
M. ROY: C'est avantageux pour vous!
M. ROULEAU (Alfred): Alors, pour construire quand même des
logements à prix raisonnable pour des gens à faible revenu.
C'est évident que cela ne pouvait pas se faire dans le
centre-ville de Montréal, mais c'était surtout le coût du
terrain. Assurément, il a fallu en cours de route je parle du
Mouvement Desjardins seul abandonner cette idée d'essayer, du
même coup, de régler notre problème d'espaces à
bureaux et de s'identifier à une réalisation sociale où
nous aurions voulu être la cause d'un programme de rénovations
urbaines dans un quadrilatère de Montréal, tout en permettant, en
même temps, que ce quadrilatère serve en très bonne partie
à la construction de logements pour des gens à petit revenu. Il a
fallu abandonner ce projet.
Deuxièmement, le maire de Montréal était au courant
de cette espèce d'exploration, à part quelques personnes. Est
arrivé le problème de la Place des Arts, soit la Corporation
Sir-Georges-Etienne-Cartier. Evidemment, cette corporation absorbait des
déficits chaque année. Cela s'explique dans le domaine de la
culture. Il est arrivé une hypothèse, à savoir qu'une
partie de la Place des Arts pourrait être convertie pour apporter des
revenus. Je ne peux pas dire si c'est le gouvernement ou la ville de
Montréal, mais à l'époque, il y avait des gens
d'autorité à la ville de Montréal qui avaient
imaginé que du côté nord-est et du côté
nord-ouest de Sainte-Catherine, il y aurait deux immeubles. Du
côté ouest, ce serait un immeuble à bureaux. Du
côté est, une espèce de magasin, peut-être venant de
Paris, le Louvre, je ne sais pas quoi, ou les Quatre Saisons. Il y avait une
préoccupation d'essayer de maintenir quand même à la Place
des Arts une certaine activité qui refléterait cependant le
milieu culturel majoritaire de Montréal.
On nous a proposé de construire un immeuble pour le Mouvement
Desjardins, du côté nord-ouest de Sainte-Catherine à la
Place des Arts. Je peux vous dire qu'on a fait un travail très
sérieux dans ce sens. Des esquisses ont été faites, il y a
eu des échanges de vues avec la ville de Montréal, mais en cours
de route, il s'est produit ceci: Le gouvernement du Québec et la ville
de Montréal ont décidé d'absorber M. Garneau pourra
me corriger à 50-50 les déficits que pourrait subir la
Place des Arts. Je pense que cela a été une décision
heureuse que de vouloir maintenir le quadrilatère de la Place des Arts,
comme centre culturel. Nous étions d'accord. Dans l'hypothèse
où cela pouvait être autre chose, nous y aurions vu un
intérêt. Encore là, il a fallu abandonner cette
idée.
Le Mouvement Desjardins s'est interrogé de nouveau quant à
ces problèmes. Et nous avons fait faire des recherches pour savoir
à quel endroit on pourrait se localiser de préférence.
Moi, je vous raconte la petite histoire, mais c'est important que vous la
sachiez.
Après beaucoup de recherches avec des bureaux de consultants, on
nous a bien indiqué que pas nécessairement dans le
quadrilatère où nous sommes, mais dans l'environnement le
Mouvement Desjardins avait peut-être avantage à localiser un ou
deux immeubles dans ce coin.
Mais dans la recherche que nous avons faite, nous avons découvert
à un moment donné que le gouvernement du Canada, lui, avait des
besoins d'espace. Et c'est de là que nous avons continué à
rêver et nous nous sommes dit: Est-ce que le Mouvement des Caisses
populaires Desjardins pourrait être la cause à Montréal
d'une réalisation d'une plus grande envergure?
Parce qu'il ne faut se leurrer, quand on circule dans Montréal
actuellement, ce sont les étrangers, en presque totalité qui
construisent Montréal. Si vous regardez les affiches, etc, vous verrez
que les Québécois ou les francophones,
qui sont impliqués là-dedans, sont peu nombreux.
Nous nous sommes dit: Est-ce que nous ne pourrions pas être la
cause d'une affaire semblable? Et c'est comme ça que nous avons
commencé à avoir des contacts, non officiels bien sûr, avec
le gouvernement du Québec, la ville de Montréal,
l'Hydro-Québec, le gouvernement du Canada.
Je dois dire que le gouvernement du Canada avait manifesté de
l'intérêt, le gouvernement du Québec aussi, la ville de
Montréal et l'Hydro-Québec. Nous nous sommes embarqués
à toutes fins pratiques dans ce rôle d'animateur ou de promoteur
ce qui n'est pas le propre du Mouvement Desjardins de promouvoir des
complexes comme ça je ne pense pas qu'on s'implique dans autre
chose comme ça. En tout cas, je ne serai pas là si ça se
produit.
A un moment donné nous avions imaginé une collaboration du
gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral dans une
société où nous pourrions ensemble réaliser la
Place Desjardins, peut-être pas telle qu'elle est, mais de la
réaliser, en collaboration.
Je peux vous dire que longtemps nous avons négocié avec le
gouvernement du Canada, mais à toutes fins pratiques, il s'est
retiré. Heureusement que le gouvernement du Québec s'est
impliqué dans ce moment. Il a dit: Nous sommes prêts à
collaborer avec le Mouvement Desjardins à certaines conditions.
C'est à partir de là que Sodeviq est venue au monde et que
la Corporation immobilière Place Desjardins est venue au monde et qu'on
a fait naître Place Desjardins. Je résume à peu près
ainsi les faits. Disons que, en tout cas en ce qui me concerne personnellement,
M. Lessard en a fait état tout à l'heure, quand on regarde cela,
les mêmes immeubles auraient pu être construits à
Montréal, à différents endroits. Au fond, c'est simple. On
s'est mis ensemble et on a regroupé des immeubles qui auraient pu
être réalisés n'importe où à Montréal.
Seulement, cela implique d'autres responsabilités. Mais je pense que
l'objectif, c'était de se donner de l'espace à bureaux pour
régler nos problèmes, mais cela a dépassé cela.
Cela a été d'essayer, comme groupe ethnique, de se donner la
preuve que nous pouvons quand même faire des choses d'une certaine
dimension et de le faire en mettant à contribution toutes nos ressources
au Québec, que ce soit sur le plan professionnel, que ce soit tout ce
qu'on peut retrouver. Cela a été d'essayer aussi de donner
à Place Desjardins une dimension humaine parce qu'on pense aux gens qui
travaillent dans les bureaux, d'essayer de traduire dans Place Desjardins ce
que nous sommes à travers du béton et du ciment et en même
temps d'essayer de traduire toute la dimension humaine d'une
société en train de se réaménager dans ce
sens-là. Je peux vous dire que cela a été un défi
de taille, un défi difficile, que nous sommes obligés de relever
tous les jours. Mais nous croyons, par les témoignages que nous recevons
déjà d'étrangers, de gens de l'extérieur du
Québec et de l'extérieur du pays, que, quand Place Desjardins
sera terminée cela ne se fait pas facilement, Dieu le sait
cela servira à témoigner en tout cas de la vitalité des
Québécois et de la vitalité en particulier des
francophones. Entre parenthèses, c'est dans notre document, nous n'avons
pas fait de publicité ni d'annonce avec cela, mais je peux vous dire que
nous avons demandé, nous avons exigé que la langue de travaille
soit le français, que tous les documents soient rédigés en
français. Evidemment, si, demain matin, un entrepreneur fait venir des
Allemands qui ne parlent ni français ni anglais, il va bien falloir...
En tout cas, c'est officiel.
Deuxièmement, on a aussi vu, dans tous nos contrats, dans toutes
nos transactions, à favoriser d'abord des entrepreneurs ou des
fournisseurs de la province de Québec, à condition qu'on ait des
produits équivalents, des choses de même... Dans le cas de
l'hôtel, nous avons aussi exigé, de préférence, que
tout le personnel qui pourrait être recruté le soit d'abord au
niveau de l'Ecole d'hôtellerie du Québec. On a exigé aussi,
dans le cas de l'hôtel, que la langue officielle de travail soit le
français. On a encore exigé que tout ce qui pourra être
utilisé dans l'exploitation d'un hôtel soit de
préférence, acheté chez des fabricants localisés au
Québec.
On a voulu, en cours de route, être conséquent avec le
pourquoi, avec les motivations profondes qui nous ont animés quand nous
avons voulu réaliser Place Desjardins. D'ailleurs, tous les
professionnels il y a peut-être une exception, je ne sais pas, M.
Wermenlinger pourra le confirmer qui travaillent à ce projet sont
tous des gens de la province de Québec.
Avant de terminer, M. le Président, je le dis autant comme
président de Place Desjardins que comme représentant du Mouvement
Desjardins dans cette corporation, jusqu'à présent, nous n'avons
eu, je le dis d'une façon très objective, qu'à nous
féliciter de nos relations avec le gouvernement du Québec et
surtout avec les administrateurs que le gouvernement a désignés.
M. Lessard en a fait état tantôt, et j'étais fier qu'il le
dise. Je pense qu'on est en train de faire une première au Québec
avec la collaboration d'une entreprise comme le Mouvement Desjardins, qui est
au moins un mouvement semi-public, et avec un gouvernement. Je peux vous dire
qu'avant qu'on décide de marcher ensemble, même pour le Mouvement
Desjardins, on a fait beaucoup de consultations. A beaucoup d'endroits, on nous
a déconseillé qu'une entreprise privée, même
coopérative... On nous a dit que ça ne mènerait pas
à grand-chose que de collaborer avec l'Etat. Mais, je tiens à
vous dire que ce défi, actuellement, est pratiquement relevé pour
moi et c'est pensable qu'il y ait des collaborations de ce genre avec notre
gouvernement, à condition qu'on se comprenne bien au point de
départ. Je pense qu'on s'est très bien compris.
Je ne sais pas si ça répond un peu aux aspirations. Je
pense qu'on va tomber facilement dans la technique, dans la finance, dans la
mécanique, mais moi, j'ai fini.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Merci, M. Rouleau.
M. MAILLOUX: M. le Président, est-ce qu'il ne serait pas
souhaitable qu'on donne suite à la suggestion qu'a faite tantôt le
député de Saguenay et que, possiblement, les diapositives soient
présentées, quitte à ce que, par la suite, des questions
puissent être plus pertinentes au débat?
M. ROY: J'appuie cette idée parce que je pense que cela va nous
éclairer davantage.
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'accord. Sauf que j'aimerais aviser, avant
de procéder à cette présentation, la commission de
certains changements. M. Tardif remplace M. Bellemare, M. Garneau remplace M.
Saindon et M. Roy remplace M. Samson.
(Suspension de la séance à 10 h 48)
Reprise de la séance à 11 h
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je dois dire que votre document
audio-visuel est aussi bon que ceux que nous présentons nous-mêmes
dans le parti. Je vous souhaite d'avoir plus de chance que nous en avons eue
nous-mêmes en octobre dernier, mais cela nous donne vraiment le
goût du Québec.
Afin, justement, de poser des questions de la façon la plus
logique possible, quant à moi, j'ai tenté de subdiviser mes
questions en trois principales parties, soit sur la réalisation, la
commercialisation et la rentabilité. Je ne sais pas si mon
collègue de Beauce-Sud et le ministre accepteraient cette
possibilité.
M. ROY: Je suis d'accord, parce que j'avais fait, en quelque sorte, le
même schéma. Je pense que c'est la façon logique de
procéder, la plus pratique.
M. LESSARD: C'est justement et j'ai suivi un peu le rapport que nous
avaient soumis les administrateurs de Place Desjardins.
D'abord, concernant la réalisation, en particulier, concernant la
gérance du projet par Janin Construction, je pense qu'ici, il est
important et le président, M. Rouleau l'a souligné tout
à l'heure de faire remarquer que, en tout cas, en lisant le
mémoire qui nous fut soumis, dans la réalisation de ce complexe,
on a utilisé en majeure partie des maisons québécoises, ce
qui prouve que, quand on veut on peut, et j'en félicite les
administrateurs de Place Desjardins.
Mais, quand même, j'aimerais savoir, en ce qui concerne le choix
de Janin Construction, comment on en est arrivé à ce choix comme
organisme de gérance et si, en fait, ce choix est venu facilement ou
s'il y avait d'autres maisons. Ensuite, est-ce qu'il y a eu des soumissions,
des demandes de soumission? Quel est le coût, justement, de cette
gérance? Je ne veux pas aller dans les secrets des dieux. Soyez
assuré que, si vous me dites que telle chose n'est pas
d'intérêt public ou que c'est difficile de la donner, etc., soyez
sans aucune gêne.
M. ROULEAU (Alfred): M. le Président, d'abord, je tiens à
dire que tout ce qu'on sait, on est prêt à le dire, parce que je
pense qu'on a eu une administration à l'intérieur, en tout cas,
qui a essayé d'être la plus rationnelle possible, la plus efficace
possible et la plus économique possible.
Dans le cas du choix du gérant du projet, nous avons
procédé évidemment par offre de service et nous avons eu
à choisir entre plusieurs maisons. Evidemment, nous sommes
arrivés à choisir Janin, je pense, parce que cette firme nous a
fait, pour un cas précis de ce genre, des possibilités et des
garanties. Il ne faut pas
oublier, par exemple, que Janin avait été, peut-être
pas le gérant de projet, mais le gérant de construction de la
maison Radio-Canada.
M. WERMENLINGER: Le gérant de construction.
M. ROULEAU: C'est sûr que, dans nos réflexions,
après avoir sauvegardé, évidemment, la compétence,
l'expérience, etc., nous avons tenu compte de la possibilité de
mettre à contribution une maison qui était installée au
Québec. Il n'y a pas de doute là-dessus.
M. LESSARD: Mais, étant donné que Janin est gérant
de la construction, Place Desjardins a toujours un contrôle sur les
sous-entrepreneurs?
M. ROULEAU: Me permettez-vous, M. le Président, de laisser le
directeur général parler? Parce que je ne suis pas un
constructeur.
M. WERMENLINGER: Pour vous expliquer un peu...
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Si vous voulez simplement mentionner votre
nom avant d'apporter vos remarques.
M. WERMENLINGER: Daniel Wermenlinger, directeur général de
Place Desjardins. Pour vous expliquer un peu comment la gérance de
projet fonctionne, vis-à-vis, d'une part, des entrepreneurs et, d'autre
part, de Place Desjardins, disons que, grosso modo, c'est une extension des
services de Place Desjardins. Autrement dit, nous avons voulu éviter de
créer un empire pour la construction du projet de Place Desjardins,
d'avoir une équipe qui serait trop considérable et qu'il aurait
fallu liquider au bout de deux ou trois ans. Nous avions les offres de services
de plusieurs grandes maisons, dont Janin, pour faire ce genre de travail et il
nous a paru très tôt que c'était la façon la plus
rationnelle de procéder.
D'ailleurs, c'est ce qui se fait de plus en plus dans tous les grands
complexes modernes et dans tous les grands projets.
La responsabilité de Janin est une responsabilité de
gérant. Ce n'est pas une responsabilité d'entrepreneurs, sauf
pour la partie du projet que Janin fait elle-même. C'est-à-dire,
par exemple, certains travaux qui se rapportent au chantier, l'organisation du
chantier, des travaux accessoires. Il y a seulement une petite partie de
l'ensemble du projet que Janin fait directement.
Pour ce qui concerne sa responsabilité, c'est une
responsabilité de gérant; donc, une responsabilité
d'administrateur. C'est elle qui établit les échéances;
c'est elle qui fait les appels d'offres; c'est elle qui administre les
contrats, et qui pratique, d'une façon générale, la
surveillance du chantier au point de vue quantitatif. La surveillance
qualitative est effectuée par nos professionnels, ingénieurs ou
architectes.
Les relations, vis-à-vis des entrepreneurs,
nécessairement, ce sont celles qu'un propriétaire aurait
normalement, sauf qu'à ce moment-là, elle se fait par
délégation à Janin.
Je ne sais pas si cela répond bien à votre question.
M. LESSARD: Concernant le coût. Probablement qu'étant
donné que Janin est gérant, c'est en fonction du coût de
construction.
M. WERMENLINGER: C'est cela. Il y a un honoraire de base, un pourcentage
du coût des travaux, et puis après, il y a un honoraire
additionnel qui tient compte, naturellement, du personnel, pour payer le
personnel suivant son salaire, le salaire des employés, plus un
pourcentage pour tenir compte des bénéfices marginaux et des
dépenses administratives.
M. LESSARD: Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que c'est à "cost
plus"?
M. WERMENLINGER: Dans le cas de la gérance, pas exactement, parce
qu'il y a un pourcentage qui est fixe, et le montant, qui sera accordé,
est sujet à une variation, suivant le succès de Janin à
atteindre ou à limiter le coût des travaux à un certain
objectif, c'est-à-dire le budget. En-dedans de certaines limites, il y a
une prime ou une pénalité qui est, autrement dit, une
augmentation ou une diminution du coût total qui est donné
à Janin.
M. ROY: Autrement dit, il est intéressé,
financièrement, à ce que les travaux coûtent le meilleur
marché possible.
M. WERMENLINGER: Absolument ! C'est un objectif de départ. On
voulait absolument que les intérêts du gérant de projet et
ceux du propriétaire convergent, coincident. C'est une façon de
le faire.
M. ROY: Puisqu'on parlait du coût, si le député de
Saguenay me permet, depuis que les contrats ont été
accordés, il devait certainement y avoir des clauses, à un moment
donné, dans les contrats, advenant le cas d'une augmentation des
coûts, étant donné le laps de temps, le nombre de mois,
même le nombre d'années qu'il fallait pour exécuter les
travaux; est-ce qu'il y a une grande variation dans les coûts estimatifs
qui ont été prévus au début, avec les coûts
que vous devez envisager aujourd'hui?
M. WERMENLINGER: Si vous m'aviez posé la question il y a trois
mois, ou il y a quatre mois, je vous aurais dit: II y a très peu de
différence. En somme...
M. ROY: C'est ce qu'on nous a dit au mois de décembre.
M. WERMENLINGER: Oui. En somme, en réalité, jusqu'en
janvier ou à peu près, on s'en
tenait à peu près exactement au budget de construction.
Cela paraissait extrêmement prometteur pour qu'on arrive exactement
en-dedans des coûts.
Il est arrivé, ce que vous avez vu partout, une inflation qui
n'est pas locale, qui n'a rien à voir avec notre projet en particulier.
Elle n'est même pas. nationale. Elle est internationale. Evidemment, nous
avons, à l'heure actuelle, des difficultés avec les contrats que
nous accordons les nouveaux contrats que nous accordons à
atteindre les montants qui avaient été fixés dans le
budget pour ces parties du projet.
Pour ce qui concerne ce que vous avez demandé tantôt, en
rapport avec les clauses escalatoires, certains contrats, qui étaient de
plus longue durée, comportaient des clauses escalatoires; mais la
majorité des contrats, qui sont relativement de plus courte
durée, n'avaient pas de clause escalatoire.
M. ROY: II y a quand même encore des contrats à être
accordés, j'imagine.
M. WERMENLINGER: Oui. Evidemment, à ce moment-ci, les
entrepreneurs sont moins nombreux, ceux qui veulent soumissionner.
Premièrement, parce qu'il y a une forte concurrence. Il y a beaucoup de
projets qui ont démarré dans les derniers mois, et il y a
beaucoup de possibilités de travail pour les entrepreneurs, de sorte que
nous avons moins de concurrence, c'est-à-dire, il y a une forte
concurrence à l'inverse, n'est-ce pas?
Il y a moins de concurrence entre les entrepreneurs, et plus de
concurrence entre les promoteurs de projets pour obtenir des services
d'entrepreneurs.
M. ROY: Cela peut donc se traduire par une augmentation des coûts
en plus du coût de l'inflation du fait qu'il y a moins de concurrence
entre les entrepreneurs.
M. WERMENLINGER: Oui. Dans les contrats qui restent à octroyer il
y a certainement une certaine augmentation qu'il faut prévoir. Je dois
dire que nous sommes passablement chanceux parce que nous avons quand
même octroyé des contrats pour pratiquement les deux tiers des
travaux. Nous n'en sommes pas rendus, au point de vue de l'exécution,
aux deux tiers mais les contrats accordés représentent environ
les deux tiers des travaux. Et pour ces deux tiers, nous nous en tenons,
à toutes fins pratiques, aux objectifs budgétaires, de telle
sorte que les contrats qu'il nous reste à accorder, même s'ils
doivent dépasser le budget, sur l'ensemble de tout le projet, on ne
devrait pas avoir un dépassement exagéré.
M. ROY: Est-ce que cette augmentation des coûts vous oblige
à modifier sensiblement les modes de financement ou y a-t-il tout
simplement les mêmes structures? Avez-vous été
obligés d'apporter des changements dans toute la structure
financière?
M. LESSARD: Pour compléter dans le sens du député
de Beauce-Sud, est-ce que l'investissement de base qui était
prévu entre 10 p.c. et 15p.c. devra être modifié par suite
d'une augmentation des coûts?
M. WERMENLINGER: Ce que vous appelez l'équité du
projet...
M. LESSARD: C'est cela.
M. WERMENLINGER: ... autrement dit, quant à l'investissement de
base, nous n'anticipons pas un très gros changement, pour toutes sortes
de raisons. Il semble possible d'obtenir, pour l'équité, un
montant de moins de $20 millions au total contribué par les deux
parties. C'est l'équité.
Pour ce qui concerne la dette obligatoire ou de première
hypothèque, nous avons indiqué dans notre document un montant de
$110 millions. C'est ce que nos agents financiers considèrent comme un
montant normal pour un projet de cette envergure avec une perspective de
location et de rentabilité assurée.
Il reste donc un montant additionnel à souscrire et ce qui est
envisagé à l'heure actuelle, c'est l'émission de
débentures subordonnées.
Pour répondre à votre première question, à
savoir si nous avons changé le mode de financement, je ne pense pas
qu'on puisse dire que nous l'avons changé. C'est une étude qui
est continuellement en évolution. L'augmentation des coûts peut
surtout changer les montants.
M. ROY: Je ne voudrais pas vous poser de questions indiscrètes,
de questions qui peuvent causer certains préjudices, soyez bien à
l'aise pour me répondre. Pourriez-vous nous donner une idée des
variations des coûts actuels que vous devez envisager par rapport
à ceux que vous aviez envisagés au début?
M. WERMENLINGER: C'est assez difficile, étant donné
l'évolution très rapide de la situation depuis quelques mois, de
vous donner des chiffres. Tout ce que je peux vous dire, puisqu'il reste
à peu près le tiers des contrats à octroyer, même si
nous anticipons une augmentation pour ce tiers de 10 p.c, de 15 p.c. ou de 20
p.c. des coûts par rapport à ce qui avait été
prévu, cela représente, sur l'ensemble, quelques millions de
dollars quand même. Cela n'est pas catastrophique. Ce ne sont pas des
montants très très considérables.
C'est évidemment plus élevé, mais nous anticipons
que cette même inflation va aussi se répercuter,
éventuellement, sur les revenus et nous croyons que la
rentabilité du projet n'en sera pas affectée, du moins à
long terme.
M. ROY: Autrement dit, au point de vue de
la rentabilité... D'ailleurs, nous pourrons y revenir tout
à l'heure, peut-être pour étudier la rentabilité. Si
le député de Saguenay a d'autres questions à poser au
sujet du financement...
M. LESSARD: Nous reparlerons justement de la rentabilité à
la fin. Concernant l'échéancier que vous aviez fixé et qui
allait jusqu'en novembre 1975, étant donné la grève dans
l'industrie du ciment, vous avez probablement eu aussi d'autres
problèmes.
Est-ce que vous croyez que, autant que possible, ce calendrier que vous
avez fixé va être respecté ou va être retardé?
Si oui, est-ce qu'il va être retardé considérablement?
M. WERMENLINGER: Tout ce que nous pouvons répondre à ceci,
c'est que nous faisons des efforts surhumains pour compenser les retards qui
résultent de situations qui sont hors de notre contrôle. Il est
possible que nous ayons quelques retards au début surtout
c'est-à-dire que nous ayons de la difficulté à atteindre
les premières dates. Dans l'ensemble, je pense qu'on peut dire que les
retards devraient être de quelques semaines dans certains cas,
peut-être un mois ou deux dans d'autres cas. Mais cela ne devrait pas
être trop considérable, à moins que la situation se
détériore sur le plan du travail, sur le plan de la
main-d'oeuvre.
M. LESSARD: Le principe que vous avez émis ou les objectifs que
vous aviez au début étaient autant que possible, dans la grande
majorité des cas, de faire construire ce complexe par des
sociétés québécoises. Est-ce que, dans les
sous-contrats qui ont été accordés par la compagnie
gérante, ce principe a été globalement respecté?
S'il arrivait le cas où Place Desjardins constatait que Janin
Construction ne respecte pas ce principe, c'est simplement une
hypothèse, est-ce que vous avez la possibilité d'intervenir?
M. WERMENLINGER: Je dois vous dire que oui. C'est une question à
laquelle il est pas mal facile de répondre, parce que les contrats qui
sont accordés ne sont pas accordés directement par Janin
Construction. Comme je vous le disais tantôt, Janin Construction agit
comme l'extension de nos services, mais c'est notre conseil d'administration
qui accorde chacun des contrats. Les principes que nous avons établis,
qui ont été établis au départ par le conseil
d'administration, ont été suivis à la lettre depuis le
début. Cela ne veut pas dire que tous les contrats sont accordés
nécessairement exactement à des sociétés
québécoises de telle ou telle nature. C'est l'objectif que nous
cherchons, en dedans de nos limites économiques, n'est-ce pas, en dedans
de la compétence, évidemment pour telle spécialité
qui pourrait ne pas être disponible, ou pour la fourniture de certains
matériaux qui pourraient ne pas être disponibles; nous cherchons
à respecter ce principe sur toute la ligne.
M. LESSARD: Vous dites: à l'intérieur de nos objectifs
financiers. Est-ce que, comme à Hydro-Québec, il y a une clause,
soit une limite par exemple, à partir de zéro? Je pense
qu'à Hydro-Québec c'est jusqu'à 10 p.c. Est-ce que vous
avez une clause qui vous permet, même si une compagnie extérieure
soumissionne à un prix inférieur de 5 p.c., d'ailleurs pour toute
soumission, vous avez toujours la possibilité de l'accepter ou pas,
favoriser, à compétence égale, les maisons
québécoises?
M. WERMENLINGER: Je laisserais le président de Place Desjardins
répondre à cette question.
M. ROULEAU (Alfred): II y a une clause partout qui répète
qu'à qualité équivalente et à prix égal,
l'entrepreneur utilisera des matériaux fabriqués dans la province
de Québec. C'est partout. C'est évident, ce que M. Wermenlinger
vient de dire, c'est qu'aucun contrat n'est attribué sans que
l'équipe de Place Desjardins, qui est quand même Place Desjardins,
et que le conseil d'administration ne se prononcent sur l'attribution des
contrats. Je peux vous dire que c'est passé à la loupe. Je peux
vous dire que quand on nous apporte les documents, comme cela se fait
habituellement, on s'entend sur les groupes à qui on doit demander des
soumissions, parce que c'est important. Il y a des critères de
solvabilité, il y a des critères de compétence, il y a
tout ce qu'on veut. Tous les entrepreneurs et tous les fournisseurs sont
obligés de nous dire le pourcentage de matériaux qui viennent du
Québec, le pourcentage de matériaux qui viennent d'en dehors du
Québec, qui sont au Canada, et le pourcentage qui peut venir de
l'extérieur.
Je peux vous dire que chaque fois que des décisions sont prises,
on a tous les éléments pour les prendre. La question de M.
Lessard est pour savoir si on se garde des marges; je vous dis
honnêtement qu'il n'y en a pas, parce que, justement, on a quand
même une contrainte à l'autre bout.
Moi, je suis bien à l'aise pour en parler parce que mes
collègues sont bien d'accord, mais dans un conseil d'administration,
chacun a ses marottes. Mais ce qu'on essaie de faire, c'est sûr qu'on
donne le contrat au plus bas soumissionnaire. Il n'y a aucun doute
là-dessus. Mais on fait des efforts.
Je peux vous donner un exemple bien concret. Prenez Marcotte, qui est
située à Longueuil, c'est une entreprise qui est située au
Québec, il n'y a pas de doute là-dessus. Je peux vous dire
qu'à un moment donné, le conseil d'administration, en accord avec
la gérance, a introduit Marcotte dans un contrat que nous avons
donné, parce que, normalement, ça n'aurait pas été
possible, ça dépassait vraiment les prix. Alors, on se donne
même la peine de s'obliger à faire des négociations et,
quand c'est possible, d'entrer un fabricant du Québec.
Quand vous arrivez avec des moteurs d'ascenseur, quand même on se
battrait pendant 100 ans, ça vient des Etats-Unis. On n'en fait pas ici.
Il y a des choses où on n'a pas le choix. Mais le critère, c'est
le plus bas soumissionnaire, pour autant qu'on sauvegarde à la fois la
compétence, la qualité. C'est sûr que la
préférence est donnée aux entreprises du Québec,
mais il y a des choses qu'il serait délicat de sortir. Mais je peux vous
dire qu'on a fait beaucoup d'efforts pour essayer quand même.
Parce qu'il y a une règle. Autrement, si on ne respecte pas une
règle, on va se ramasser et personne ne va soumissionner. Il faut agir
avec "fair play" là-dedans aussi; il faut être
équitable.
M. LESSARD: Vous parlez de "fair play" justement. Etant donné que
les deux tiers de vos contrats ont déjà été
accordés à des entrepreneurs et que vous ne semblez pas vouloir
modifier le prix de la soumission, est-ce qu'en considérant
l'augmentation considérable des matériaux, les entrepreneurs vont
être capables de remplir leurs obligations sans qu'il y ait faillite en
arrière? Est-ce qu'il y a une clause qui permet de modifier le
contrat?
M. ROULEAU (Alfred): Je voudrais finir mon exemple, et revenir à
votre question, ça me passe à l'esprit. Prenez l'acier. Pour
l'acier, c'est sûr qu'il faut transiger avec l'entrepreneur, un
intermédiaire. Mais on a exigé que 75 p.c. de l'acier soit pris
à SIDBEC-DOSCO, on veut être solidaire d'une entreprise qui
appartient à l'Etat du Québec.
Evidemment, il a fallu aussi partager, parce que, dans un projet de
cette dimension, on ne peut pas mettre 100 p.c. de nos oeufs dans le même
panier. D'ailleurs, les événements nous le prouvent actuellement
considérant la rareté, les prix, etc. Mais je voulais vous donner
cet exemple très concret où les intérêts du
Québec sont quand même liés à notre
sidérurgie, et nous en étions conscients. Et on l'a exigé
de la part de ceux qui étaient appelés à réaliser
la partie de l'acier dans le contrat.
Pour revenir à votre question, peut-être que vous
pourriez...
M. WERMENLINGER: Ce que je peux vous dire à ce sujet, c'est une
question à laquelle il est assez difficile de répondre, mais
disons que je vous fais part de mes réflexions là-dessus. Il y a
tout de même un problème. A partir du moment où vous
rouvrez un contrat avec un entrepreneur ou un fournisseur, par exemple pour des
raisons d'escalation, alors que ce n'était pas prévu, c'est aussi
bien de dire qu'on les ouvre pour tous les fournisseurs et tous les
entrepreneurs.
Et il y a notre propre rentabilité aussi. Et il y a nos devoirs,
nos obligations vis-à-vis des actionnaires, c'est-à-dire la
population du Québec et les sociétaires du Mouvement
Desjardins.
Ces contrats comme je vous le disais tantôt
étaient pour des durées relativement courtes, de telle sorte que
c'était la responsabilité des soumissionnaires de prévoir
les coûts des matériaux. Bien souvent, d'ailleurs, ces
matériaux avaient déjà été commandés
au moment de la soumission.
M. LESSARD: Ces soumissionnaires ont aussi des contrats qui ont
été négociés avec des compagnies au moment de la
soumission, quelques jours ou quelques semaines après que la soumission
leur a été accordée.
M. ROULEAU (Alfred): Personnellement, je ne parle pas pour Place
Desjardins en particulier, mais en termes d'avenir, je m'inquiète, parce
que la répercussion que peut avoir tout ça tantôt, c'est
peut-être la disparition, à un moment donné, par des
faillites, de fournisseurs ou d'entrepreneurs. Cela va jusque-là. Et je
ne parle pas en particulier pour Place Desjardins. Mais pour moi, avec les
conjonctures économiques actuelles, il y a des questions à se
poser en termes d'avenir.
S'il faut qu'on se ramasse, que ceux qui sont de nature à
travailler tombent tous en faillite, on va se ramasser avec les Allemands ou
les Chinois pour obtenir les fournitures.
M. LESSARD: J'aurais une dernière question au sujet de la
réalisation, avant de passer à la commercialisation et à
la location des différents locaux. Je voudrais que vous me
répondiez bien franchement. Etant donné cet objectif que vous
vous êtes fixé, soit de favoriser des maisons
québécoises dans vos contrats, sous-contrats, etc., auriez-vous
objection à déposer la liste des contrats ainsi que le nom des
entrepreneurs qui font affaires avec Place Desjardins? Y aurat-il des
difficultés assez sérieuses qui vous empêcheraient de le
faire?
M. ROULEAU (Alfred): Si je comprends bien la question, il s'agit de
déposer la liste...
M. LESSARD: La liste des contrats octroyés ainsi que le nom des
entrepreneurs.
M. ROULEAU (Alfred): A qui on les a octroyés, au fond c'est cela?
Je ne le sais pas. Je ne sais pas si M. Rouleau... Personnellement, je pense
que ces choses sont accessibles, mais quant à les publier, je ne sais
pas si, à ce moment-ci...
M. MAILLOUX: Je pense qu'on devrait prendre note de la question et on
pourrait en discuter au conseil d'administration.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROULEAU (Alfred): II ne s'agit pas de cacher quoi que ce soit, mais
j'essaie de m'imaginer...
M. MAILLOUX: Peut-être que le conseil d'administration pourrait en
discuter pour voir... parce que c'est quand même une compagnie,
même si le gouvernement et les caisses populaires sont impliquées.
Il y a quand même des prêteurs et tout ce monde-là. Alors,
je pense qu'on serait mieux d'en discuter au conseil d'administration et donner
une réponse au député.
M. ROULEAU (Alfred): Vérifier sur le plan juridique, en tout cas
avant de...
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord.
M. ROULEAU (Alfred): Par rapport aux contrats qu'on a
signés...
M. MAILLOUX: Nous prenons note de la question.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, je ne veux aucunement nuire au
projet. Maintenant, je vous dis, s'il y a des objections énormes,
j'accepterai votre décision; mais s'il y a possibilité, il serait
peut-être assez intéressant pour nous de connaître cette
liste.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, il est intéressant de noter que
l'énergie nécessaire à l'alimentation d'un complexe de
cette envergure va être essentiellement de nature électrique. J'ai
noté que la charge totale nécessaire pour l'alimentation du
complexe sera de 30,000 kilowatts ou l'équivalent d'une alimentation
pour une ville de 20,000 habitants.
J'ai noté aussi que l'entente a déjà
été conclue pour la fourniture entre Hydro-Québec et Place
Desjardins, le 3 avril 1973.
Est-ce que vous pourriez nous donner quelques détails sur cette
entente? Est-ce que vous avez des clauses qui prévoient une certaine
stabilité dans les prix du kilowatt-heure ou s'il est prévu
certaines clauses qui permettent éventuellement à Hydro
d'augmenter ces taux, si, par ailleurs, elle est appelée, en raison de
l'inflation, à les augmenter pour les autres usagers?
M. WERMENLINGER: Je pense que je peux répondre en quelques mots
à cette question. Effectivement, nous avons une certaine
stabilité qui nous est assurée dans les tarifs, parce que nous
avons un contrat qui prévoit une augmentation je ne me souviens
plus du pourcentage, je regrette d'année en année. Je ne
sais pas si notre directeur du contentieux a apporté la copie du
contrat. J'en doute. Non? On pourrait peut-être vous fournir les montants
exacts. Mais il s'agit d'une augmentation relativement mini- me qui est
prévue en fonction d'une certaine escalade, de l'ordre de moins de 2
p.c, je pense, par année.
M. MORIN: Par année?
M. WERMENLINGER: Pour les premières dix années.
Après, il faudra négocier de nouveau; mais même là,
on a une assurance que cela ne devrait pas être beaucoup plus
élevé que ce que nous avions déjà.
Commercialisation
M. MORIN: Je constate, M. le Président, que Place Desjardins a
tenté, là aussi, de faire appel à une ressource
essentiellement québécoise en plus des autres avantages que le
"tout électrique" peut présenter. Ceci m'amène à
poser une autre question sur la réciproque. Quelle est la superficie
louée par Hydro-Québec dans Place Desjardins à l'heure
actuelle?
M. ROULEAU (Alfred): Quant à la première partie de la
question, j'en ai fait état tout à l'heure. Depuis la
décision initiale de concrétiser le projet, nous sommes en
négociation avec Hydro. Mais il y a deux choses avec HydroQuébec.
Il y a tout d'abord le centre Hydro, je pense que c'est public, et
deuxièmement, il y a de l'espace de bureaux.
Au moment où je vous parle, nous sommes toujours en
négociations avec Hydro-Québec. Il semble bien que pour le centre
Hydro-Québec, au moment où on se parle en tout cas, c'est
très positif. Je ne veux pas anticiper sur les décisions parce
que c'est encore en voie de négociations avec les professionnels. Quant
à l'espace des bureaux, ce n'est pas réglé. Mais on ne
peut pas dire que du côté de Place Desjardins, il n'y a aucun
document qui indique actuellement que ce n'est pas possible
qu'Hydro-Québec loue de l'espace de bureaux.
M. MAILLOUX: Quand on parle du centre Hydro-Québec, c'est le
centre d'informatique Hydro-Québec qui irait à Place Desjardins?
C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de travaux faits, mais c'est presque
réglé.
M. WERMENLINGER: Le centre de "dispatching" et de traitement des
données d'Hydro-Québec contrôleront tout le réseau
et ça représente environ 145,000 pieds carré d'espace. Je
vous donne un chiffre approximatif, mais ça comprend à peu
près cet espace.
M. MORIN: Pour ce qui est de l'espace de bureaux, M. le
Président, il n'en reste pas moins que vous êtes à
côté de l'édifice d'Hydro-Québec et que,
certainement, l'emplacement de Place Desjardins est tout désigné,
il me semble, pour une expansion éventuelle de l'espace de bureaux. Une
question qui me vient à l'esprit:
Est-ce que vous avez envisagé la possibilité d'une
certaine communication directe souterraine ou autrement entre
Hydro-Québec et votre complexe?
M. WERMENLINGER: Oui. Non seulement c'est envisagé, mais c'est
décidé et c'est HydroQuébec qui s'occupe de payer ce qu'il
faut pour assurer la communication.
M. MORIN: Est-ce qu'on peut vous demander s'il y a encore de l'espoir
qu'Hydro-Québec vienne louer de l'espace à bureaux chez vous
plutôt que beaucoup plus loin, à la Place Dupuis?
M. ROULEAU (Alfred): Moi, j'espère en tout cas, si ce n'est pas
à 100 p.c, je crois qu'on devrait obtenir en location, de la part
d'Hydro-Québec, de l'espace à bureaux. Honnêtement, je vous
dis ça, à ce moment-ci, c'est l'état d'esprit dans lequel
je suis.
M. MORIN: II faudrait que les administrateurs sachent que sur ce point,
l'Opposition officielle est pleinement d'accord avec eux. Si nous pouvons quoi
que ce soit pour que ce résultat soit obtenu, nous n'hésiterons
pas à le faire.
M. ROULEAU (Alfred): Vous savez, là-dedans, il y a toujours des
négociations. Evidemment, le gouvernement et le mouvement Desjardins
sont les propriétaires, les maîtres d'oeuvre. Avec
Hydro-Québec, on est dans une situation un peu différente parce
que vous avez une corporation de la couronne, je comprends que c'est quand
même le gouvernement, dans mon esprit, Hydro-Québec autant que
n'importe quelle autre corporation.
M. GARNEAU: J'aimerais ça penser comme vous, M. Rouleau.
M. ROULEAU (Alfred): Si vous voulez que je m'ouvre, je peux m'ouvrir en
grande. J'ai quelque chose à dire et j'ai la place pour le dire.
M. ROY: J'aimerais tout simplement revenir sur cette question, si on me
permet, pour dire qu'au début, lorsque la loi a été
discutée en 1971, avril et mai 1971, il avait été
fortement question à ce moment-là qu'Hydro-Québec occupe
une partie des places à bureaux, si ma mémoire est bonne. Est-ce
que vous pourriez nous dire si les intentions qui avaient été
manifestées à cette époque par les dirigeants
Hydro-Québec, compte tenu du fait qu'ils acceptent, par voie
souterraine, de relier les édifices ils doivent certainement le
faire dans un objectif assez précis si vous êtes aussi
optimistes, moins optimiste, ou plus optimiste qu'au début de
l'année 1971, avril ou mai?
M. ROULEAU (Alfred): Historiquement, il faut dire
qu'Hydro-Québec, par la voie de ses commissaires et ce
n'était pas un engagement, c'était lé plus qu'il pouvait
faire à l'époque a indiqué à Place
Desjardins, la possibilité de louer de l'espace. A ce moment-là,
il n'était pas question de centre d'informatique de
l'Hydro-Québec ou d'espace de bureaux, mais de louer... Je ne sais pas
si j'ai ça ici, c'était aux alentours de 200,000 pieds
carrés. C'était à peu près ça qu'on nous
avait indiqué, je n'ai pas la lettre ici, mais avec toutes les prudences
qu'une entreprise doit prendre dans des engagements de cette nature.
Evidemment, en cours de route, par la suite, on a entrepris des échanges
avec HydroQuébec. Parallèlement, il y avait la question du
chauffage de Place Desjardins.
Je peux vous dire qu'il a fallu quand même considérer les
différents moyens que nous devions utiliser pour chauffer Place
Desjardins. Même si les critères de décision étaient
des critères économiques, on était heureux,
évidemment, à Place Desjardins, de pouvoir transiger avec
Hydro-Québec le chauffage de Place Desjardins. On l'a fait très
rapidement. Je pense qu'on n'a pas traîné. On avait avantage
à se dépêcher, et on était heureux de pouvoir le
faire avec Hydro-Québec, anticipant qu'éventuellement il pourrait
se traduire une collaboration concrète par rapport à la location
d'espace avec Hydro-Québec. C'est l'esprit dans lequel on
était.
Concrètement, les discussions ont été entreprises
avec l'équipe de Place Desjardins et avec les mandataires
d'Hydro-Québec. Le centre Hydro, en soi, c'est quelque chose de
très spécialisé et de très particulier.
M. ROY: Dans votre rapport, dans votre étude de
rentabilité, au début, est-ce qu'on avait calculé
l'allocation des 200,000 pieds, comme vous l'avez mentionné tout
à l'heure, à Hydro-Québec, de façon à vous
assurer la pleine occupation de tous les locaux?
M. ROULEAU: Non, je ne pense pas qu'on ait escompté. On n'a pas
anticipé. On a anticipé sur la location du projet,
indépendamment des locataires majeurs et indépendamment
d'Hydro-Québec. Il y a tout une échelle: location 75 p.c,
location 80 p.c, location 90 p.c, pour arriver à 100 p.c. Cela ne
pouvait pas être 100 p.c. en entrant dans Place Desjardins, mais on a
escompté Hydro-Québec sans trop le comptabiliser. Le
problème de fonds et M. Morin vient de le soulever c'est
certain que l'immeuble actuel d'Hydro-Québec est rempli. Il
déborde évidemment. Elle avait des installations à Place
Victoria et ailleurs et, sans compter avoir toute la location qui pouvait
être nécessaire pour Hydro-Québec, on a escompté en
avoir une partie.
Dans quelle mesure Hydro-Québec aurait-elle eu avantage à
utiliser l'immeuble qui est voisine du sien avec un tunnel?
Là-dedans, il arrive toutes sortes de discus-
sions. Il y a des questions de coûts. On peut pousser une
discussion à fond là-dedans, mais il y a des nuances à
mettre. Quand on dit que cela coûte plus cher à une place par
rapport à une autre, cela ne se règle pas avec un bout de crayon.
Il y a des facteurs qui doivent jouer.
Je pourrais dire au moins une chose, comme président de Place
Desjardins, et je le dis, je trouve que cette corporation de la couronne a
été extrêmement difficile quand il s'est agi de traiter
avec Place Desjardins, extrêmement difficile par rapport à bien
d'autres décisions qu'une corporation de la couronne peut prendre pour
bien d'autres raisons qu'un besoin d'espace.
M. MAILLOUX: Ayant participé aux discussions depuis le
début, non pas seulement de Place Desjardins, SODEVIQ ou ces
places-là, il y avait une entente, lorsque nous avons commencé ce
projet, à l'effet que le gouvernement louerait environ 400,000 pieds
carrés. C'est-à-dire qu'on avait prévu
qu'Hydro-Québec louerait 200,000 pieds et le ministère des
Travaux publics, environ 200,000 pieds. Ceci est inclus dans le protocole
d'entente que nous avons entre le gouvernement et le Mouvement Desjardins.
Je pense que le Mouvement Desjardins avait loué 200,000 pieds. Je
n'ai pas les chiffres exacts. Jusqu'à maintenant, on peut dire que, dans
l'ensemble du gouvernement, si on inclut Hydro-Québec,
déjà nous avons loué au ministère des Travaux
publics au-dessus de 400,000 pieds carrés si mes chiffres sont
exacts, c'est environ 400,000 pieds et déjà pour
HydroQuébec, c'est presque dans l'entente en ce sens que cela
représente à peu près 130,000. Jusqu'à maintenant,
nous avons déjà loué environ 550,000 à 600,000
pieds carrés. Cela nous replace quand même dans l'optique. Ayant
eu à participer aussi à des conversations
téléphoniques autant avec Hydro-Québec qu'avec Place
Desjardins, il faut connaître les deux côtés de la
médaille, parce qu'Hydro-Québec paie $6.25 comparativement
à $9.25. Elle a peut-être des raisons.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Louis.
M. BLANK: Je veux parler dans le même sens que M. Rouleau, quand
cela devient une question de prix, il y a des modalités qu'on doit
prendre en considération, comme vous le dites.
Une corporation de la couronne et Place Desjardins, c'est un peu
affilié au gouvernement dans un sens, mais votre administration a une
responsabilité de rentabilité de la Place Desjardins, et
Hydro-Québec doit aussi prendre soin du coût de
l'électricité dans toute la province. Elle ne doit pas payer des
montants trop élevés pour le loyer, pour des raisons
d'affiliation, ou même parce qu'elle est à côté. Il y
a une responsabilité de maintenir un certain pas un profit
chiffre d'affaires vis-à-vis du coût de
l'électricité partout dans la province.
Moi, personnellement, j'ai été approché par
l'agence de location de Place Desjardins pour déménager mon
bureau, qui n'est pas loin de Place Desjardins. Je suis le député
du comté de Saint-Louis, où Place Desjardins est située.
Mon bureau actuel est dans Saint-Louis et j'aimerais déménager
à Place Desjardins. Mais quand on m'a dit le montant et
considérant ce que je paie maintenant, c'est cela qui va me faire
décider. Ce n'est pas tellement parce que j'aimerais être à
la Place Desjardins, et qu'étant affilié au gouvernement comme
député, je doive avoir mon bureau là. C'est un facteur.
Mais s'il y a une différence entre le loyer que je paie actuellement et
le loyer qu'on exige à Place Desjardins, j'ai une responsabilité,
non pas à mes actionnaires, mais à moi. Comme je suis avocat, je
ne suis pas en corporation. On doit obtenir cela en cour. On ne doit pas
blâmer Hydro-Québec en disant que c'est une corporation de la
couronne et qu'elle doit faire affaire avec une autre corporation de la
couronne dans le centre. Cela ne doit pas être considéré
comme un facteur et, si avec la négociation, on peut arriver à
une entente, tant mieux. Mais de là à fermer la porte parce que
ce sont des anglophones, cela n'est pas une raison.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Une chose certaine: J'espère que la
décision du député de Saint-Louis de louer ou de ne pas
louer à Place Desjardins n'aura aucune influence sur la
rentabilité du projet.
M. ROY: Je partage l'opinion du président.
M. BLANK: II ne connaît pas la grandeur de mon bureau.
M. LESSARD: M. le Président, justement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Avant de discuter du coût ou du prix au pied
carré, je voudrais poser cette dernière question concernant
Hydro-Québec. Etant donné que vous semblez encore croire ou avoir
l'espoir qu'Hydro puisse louer des espaces à bureaux à Place
Desjardins, est-ce que je peux conclure que vous êtes informés
qu'Hydro-Québec n'aurait pas déjà loué ses espaces
nécessaires pour son expansion dans un autre endroit?
M. ROULEAU (Alfred): Moi, là-dessus, tout ce que j'ai pu
apprendre, je l'ai appris par la voie des journaux. Je n'ai aucune preuve,
honnêtement. Je n'ai rien qui me permette de croire
qu'Hydro-Québec a négocié effectivement un bail avec qui
que ce soit. En toute objectivité... Nous avons eu des
téléphones c'est normal pour s'informer, et notre
réponse a toujours été la même: A Place Desjardins,
c'est que, en ce qui nous concerne, nous sommes toujours en négociation
avec
Hydro-Québec. Comme je vous le disais tantôt,
j'espère qu'on va tirer une ligne. Qu'on vienne ou qu'on ne vienne pas,
mais qu'on tire la ligne. Cela m'apparaft important.
M. LESSARD: Quel est le prix, au pied carré, en fonction de la
durée du bail, le prix moyen au pied carré à Place
Desjardins et est-ce que ce prix se compare à celui d'autres
édifices qui seraient situés dans le même secteur? Comme le
disait le député, tout à l'heure, c'est quand même
important... Je pense qu'il est vrai qu'Hydro-Québec a des objectifs de
rentabilité, comme Place Desjardins a des objectifs de
rentabilité, et qu'il faut, à un moment donné, tenir
compte de ces deux objectifs qui peuvent être différents, mais qui
sont les mêmes. HydroQuébec a des comptes à rendre à
l'ensemble de la population.
M. WERMENLINGER: Peut-être, M. le Président, que je
pourrais répondre à cette question, mais cela peut prendre...
Evidemment, il faut répondre de façon assez nuancée,
étant donné que nous n'avons pas un seul chiffre. Nous avons
plusieurs chiffres qui correspondent à différentes
conditions.
D'une façon générale, pour vous aider à vous
situer, je puis vous dire qu'à l'heure actuelle, nous offrons des
espaces à bureaux, dans un endroit du centre-ville de Montréal,
à des prix qui sont inférieurs à l'espace de toute
première qualité qu'il y a dans des édifices assez
rapprochés.
Par exemple, selon ce que nous savons, la Place Ville-Marie, à
l'heure actuelle, loue son espace plus cher que ce que nous demandons pour nos
espaces à la Place Desjardins pour 1975/76, c'est-à-dire dans
deux ans.
M. LESSARD: Pour de nouveaux baux?
M. WERMENLINGER: Pour de nouveaux baux. Evidemment, ce qui a
déjà été loué par la Place Ville-Marie il y
a cinq ou dix ans ne se compare pas avec ce que nous louons à l'heure
actuelle.
Deuxièmement, la qualité de notre espace est vraiment
supérieure en ce sens que nous offrons des choses que bien peu
d'édifices à bureau pour ne pas dire aucun, il y en a
peut-être un à l'heure actuelle dans la ville de Montréal
offrent. Par exemple, la protection-incendie, on en fait état
dans notre rapport, est assurée avec des gicleurs dans tout le complexe,
y compris l'hôtel, les restaurants, les passages, tout. Nous avons une
protection-incendie avec gicleurs, ce qui ne se voit pas encore dans la presque
totalité des édifices à bureaux en Amérique du
Nord. Cela correspond évidemment à des besoins d'aujourd'hui, et
nous avons réalisé ces besoins en cours de route au moment de la
planification lorsque nous avons vu dans les journaux des rapports d'incendie
meurtrier avec des hécatombes, des 200, 300, 500 person- nes qui
périssaient dans des édifices ultramodernes qui venaient
d'être construits.
Nous avons jugé que cela n'était pas l'endroit où
il fallait faire des économies et nous avons donc prévu un
système de protection absolument inégalé à
Montréal, de telle sorte que nous trouvons que cela justifie un niveau
de location quand même respectable. On ne fait pas de spéculation.
On n'exagère pas avec cela, mais on a un niveau de location qui est
respectable.
M. LESSARD: Vous dites quand même qu'avec tous ces avantages, vous
réussissez à concurrencer les services comparables, à
entrer en concurrence avec Place Ville-Marie. C'est donc dire que, normalement,
vous avez fait des études pour savoir un peu quels étaient les
prix de location des autres édifices. Est-ce que vous pouvez affirmer la
même chose par rapport à Place Dupuis?
M. WERMENLINGER: Nous ne connaissons pas les prix de location de Place
Dupuis, mais nous entendons dire qu'ils sont plus bas que les nôtres.
Cela ne nous surprend pas, parce que nous avons à la Place Desjardins
certaines facilités, comme je le disais tantôt, qui sont
peut-être jugées supérieures et qui nous coûtent un
certain montant d'argent.
Alors, nous comprenons très bien que d'autres projets puissent
offrir des espaces à moindre prix que le nôtre et il y a aussi la
question de la location, le coût du terrain, le niveau des taxes que nous
serons appelés à payer. Il y a un tas de raisons qui justifient
un coût de location légèrement supérieur à
celui d'un édifice qui serait situé je ne parle pas de
l'exemple que vous m'avez donné à deux ou trois milles de
notre emplacement. Le seul fait que nous sommes en plein coeur du centre-ville,
que nous deviendrons effectivement le centre-ville de Montréal
nous en sommes convaincus justifie un coût de location quand
même...
M. MORIN: Est-ce qu'à votre connaissance cette différence
est considérable, par exemple, avec Place Dupuis? A votre
connaissance?
M. WERMENLINGER: Je ne pourrais pas vous répondre exactement,
parce que c'est très difficile de répondre à une telle
question. Cela dépend de quoi est composé le coût de
location. Nous avons, par exemple, deux parties dans notre coût de
location, une partie qui est fixe, qui correspond à ce que nous
pourrions appeler le service de la dette et les profits anticipés, et
une partie qui est variable et qui est fonction de l'exploitation des taxes, et
dans cette partie variable, si les taxes augmentent, le locataire sera
appelé à payer l'augmentation des taxes; si les frais d'entretien
augmentent, le locataire sera appelé à payer les frais
d'entretien.
M.MORIN: Très bien.
M. WERMENLINGER: C'est une formule qui est assez
généralisée dans la pratique canadienne et
nord-américaine.
M. MORIN: M. le Président, me permettez-vous une
parenthèse? Monsieur, puisque vous avez parlé de la protection en
cas d'incendie et que vous avez souligné le fait que le complexe
Desjardins sera tout à fait à l'avant-garde des normes,
même en Amérique du Nord, sur ce plan, est-ce que je pourrais vous
demander si vous vous êtes souciés du problème qui est
apparu dans plusieurs des grandes constructions aux Etats-Unis et, notamment,
récemment en Europe, et qui était à l'origine de plusieurs
catastrophes?
Les plastiques sur les murs, est-ce que vous vous êtes
soucié de cela? Vous savez, ces plastiques, dès que la combustion
les atteint, dégagent des fumées qui sont terribles et qui
terrassent les gens en l'espace de quelques minutes.
M. WERMENLINGER: D'accord. J'aimerais peut-être demander à
M. Laporta, notre directeur du projet, de vous donner quelques explications
à ce sujet.
M. MORIN: C'est une parenthèse et je me rends compte que c'est
rattaché tout de même à la rentabilité et aussi au
coût de chaque pied carré que vous offrez. Le mobilier aussi, si
je puis compléter ma question. Est-ce que vous avez songé que le
mobilier dans un édifice, qui est soi-disant à l'épreuve
de l'incendie, peut quelquefois suffire à lui seul à causer des
catastrophes tout à fait spectaculaires?
M. LAPORTA: Philippe Laporta. Oui. Nous sommes à préparer
des normes d'aménagement que les locataires devront suivre. Ce que vous
venez de mentionner concernant la fumée ou les gaz toxiques qui peuvent
être émis à cause du feu, on est complètement
conscient de cela. On les considère dans la rédaction des normes
d'aménagement qui doivent être suivies par nos locataires.
M. MORIN: En particulier pour ce qui est des revêtements
muraux?
M. LAPORTA: Pour ceux qui font partie du complexe, oui,
assurément.
M. MORIN: Aussi pour le mobilier?
M. LAPORTA: Le mobilier, pour autant que le complexe Desjardins est
concerné, oui, on le prend en considération. Les normes
d'aménagement auront aussi une section qui se rapportera au mobilier qui
devra être utilisé par les locataires.
M. MORIN: Très bien, je ferme la parenthèse. Je suis
satisfait de l'explication.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Finances.
M. GARNEAU: M. le Président, depuis le début des travaux
de cette commission, les membres du côté ministériel se
sont abstenus de poser des questions parce que la plupart des questions qui
sont posées présentement... Nous avons eu l'occasion, à un
certain nombre de reprises, de rencontrer l'administration de Place Desjardins,
soit les représentants des caisses populaires ou des institutions du
Mouvement Desjardins, ou encore les membres du conseil d'administration de
Place Desjardins qui sont délégués par SODEVIQ. Donc, nous
avons passé beaucoup plus de temps que nous n'en avons passé ce
matin à poser ces mêmes questions et des questions analogues.
Comme nous sommes sur la commercialisation et la location d'espaces, le
sous-ministre de la Voirie, des Transports, qui siège au conseil
d'administration, a indiqué ce que le gouvernement avait fait et
l'engagement également d'Hydro-Québec. Je dois souligner, pour
qu'il n'y ait aucun imbroglio ou mauvaise interprétation dans cette
question, que, suite aux rapports qui ont été connus par la voie
des journaux M. Rouleau en a parlé tout à l'heure
les représentants du gouvernement, soit au conseil d'administration ou
soit au niveau ministériel, ce sont enquis au niveau
d'Hydro-Québec pour voir quelles étaient leurs intentions.
Je ne vous cache pas que, personnellement, comme ministre des
Finances... Parce qu'on fait toutes sortes de projections ou encore des
questions fort intéressantes, mais au stade où la construction en
est rendue, évidemment, c'est un peu de l'information. Mais pour faire
tellement modifier ou varier le cours du projet au sujet duquel on indiquait
tout à l'heure que les deux tiers des contrats sont déjà
donnés, avec des normes qui ont été établies par
les ingénieurs... C'est de l'information et il faudra en venir un peu
plus tard à la question qui a fait l'objet de la réunion de cette
commission, l'aspect financier, puisque c'est à l'occasion d'une demande
d'une avance de fonds de $20 millions que la suggestion est venue à
l'effet que cette commission se réunisse.
Je reviens à la question d'Hydro-Québec. Lorsque le
problème a été porté à notre attention par
la voie des journaux, nous nous sommes enquis des préoccupations
d'Hydro-Québec face à ces locations. La réponse qu'on nous
a faite, c'est qu'à un endroit, ils avaient des possibilités de
louer des locaux qui satisfaisaient à leurs besoins à $6.95 le
pied carré; à Place Desjardins, c'était environ $9 ou
$9.25.
Ceci étant dit, il faut quand même ajouter que nous sommes
également un peu déçus qu'Hydro-Québec ne puisse
pas, du moins maintenant, donner une confirmation d'une location plus
importante.
Je l'ai indiqué au président de Place Desjar-
dins et à certains de ses administrateurs. Je sais que le premier
ministre du Québec, personnellement, a pris des informations à
l'endroit du président d'Hydro-Québec, parce que non seulement on
est à 49 p.c. dans l'équité de cette compagnie, mais on a
donné des engagements en termes d'administration publique
gouvernementale pour $20 millions de prêts à cour terme et il va
falloir revenir avant la fin de cette séance, ou d'une séance
subséquente pour aborder le véritable problème qui nous
réunit, celui du financement, de la garantie du parachèvement des
travaux, et du financement des autres sources, soit par obligations
subordonnées dont vous parliez tout à l'heure ou d'engagements du
gouvernement.
Mais pour ce qui est d'Hydro-Québec, on me coupe passablement
l'herbe sous le pied, en disant d'une part que c'est $6.95, et d'autre part,
$9.25. Il faut reconnaître que l'immeuble qui a été
construit en grande partie avant la spirale inflationniste qu'on connaît
depuis quelques mois, est sans doute placé dans une situation
concurrentielle plus forte que les immeubles qui se construisent
présentement avec la pénurie de l'acier et l'augmentation du
coût des matériaux de construction.
Mais il n'en demeure pas moins que dans un avenir assez
rapproché, compte tenu de l'importance du projet, des sommes que le
public via le gouvernement et via les épargnants des caisses populaires
a consenties dans Place Desjardins, et surtout aussi compte tenu du fait que
Place Desjardins est un client extrêmement important pour
Hydro-Québec, en termes d'achat d'électricité,
j'espère qu'Hydro-Québec aiguisera ses crayons et verra les
avantages et les inconvénients d'une façon véritablement
approfondie et s'associera d'une façon plus importante que l'entente ou
le "commitment" qu'elle a actuellement de 145,000 pieds.
Les questions qui pouraient se poser, ultérieurement, devraient
l'être à une prochaine séance de la commission des
richesses naturelles en présence d'Hydro-Québec; parce que, moi
aussi, j'ai des questions à poser à HydroQuébec. Je
comprends que, d'un autre côté, Place Desjardins soit dans une
situation assez délicate également pour formuler soit des
blâmes ou des félicitations, car elle est un fournisseur
éventuel de locaux et elle ne peut pas non plus porter des jugements sur
l'action d'une autre entreprise.
Il faudra attendre à une prochaine séance de la commission
des richesses naturelles pour demander des explications à
l'administration d'Hydro-Québec, lui demander de nous faire
connaître en détail les raisons pour lesquelles elle a
opté... si la chose est faite, je n'en ai pas la confirmation, moi non
plus, je n'ai pas vu de baux qu'elle peut ou non avoir signés.
J'espère que dans sa programmation future, compte tenu du fait que Place
Desjardins se réalise par étapes, si ce n'est pas à la
première étape de location, à la deuxième,
Hydro-Québec pourra être un client de cette société
mixte qui réunit le gouvernement et le Mouvement des caisses
populaires.
M. LESSARD: M. le Président, je suis complètement d'accord
avec le ministre des Finances. Si nous avons posé ces questions
relativement à Hydro-Québec, c'est justement pour pouvoir en
discuter lorsque la commission des richesses naturelles va siéger pour
entendre les représentants d'Hydro-Québec. Aussi, nous sommes
complètement d'accord sur le fait que tout à l'heure nous aurons
à discuter, justement, de la rentabilité des $20 millions
où nous en sommes rendus dans le versement que nous avons
votés en décembre.
J'aurais, justement sur la commercialisation, une dernière
question au sujet des espaces loués. Dans votre rapport
d'activités, à la page 25, on parle des locataires majeurs qui
ont déjà signé leur bail, soit le ministère des
Travaux publics du Québec, l'Union Régionale de Montréal
des Caisses populaires Desjardins, la Sauvegarde, la Sécurité, la
Société de Fiducie du Québec, la Fédération
du Québec des Caisses populaires Desjardins.
Je voudrais savoir à combien d'espaces loués cela
correspond, actuellement.
M. WERMENLINGER: Je pense qu'on peut vous donner un chiffre relativement
précis. C'est un ordre de grandeur, mais je pense qu'on peut vous dire
que c'est de l'ordre de 50 p.c.
M. GARNEAU: Dans les espaces à bureaux?
M. WERMENLINGER: Dans les espaces à bureaux.
M. GARNEAU: Dans la partie commerciale, vous êtes rendus à
quoi?
M. WERMENLINGER: Dans la partie commerciale, il y a beaucoup de
demandes. C'est plus un problème de sélection dans une bonne
partie de l'espace commercial qu'un problème de location... Quand vous
parlez de ce qui est loué, des baux signés, souvent cela peut
paraître faible, mais on peut avoir des offres de location dans nos
dossiers et il ne reste qu'à faire des choix dans certains types de
commerce. L'hôtel, c'est Place Desjardins qui en est le
propriétaire, et il y a un contrat de gestion qui a été
accordé, de telle sorte que, sur l'ensemble du complexe, on peut dire
que cela dépasse certainement 50 p.c. à 60 p.c. en attribution
d'espaces précis.
M. LESSARD: Concernant les emplacements commerciaux, puisque vous avez
parlé de l'hôtel... Excusez.
M. ROY: Avant d'aller dans les emplacements commerciaux, on parle des
locataires majeurs qui ont signé leur bail. Le ministre des
Finances vient de nous donner des prix comparativement aux loyers
qu'Hydro-Québec se serait vus offrir à d'autres endroits ainsi
que les prix qui sont demandés à Place Desjardins. Est-ce que les
locataires majeurs qui ont négocié les baux pour la location de
50 p.c. des locaux disponibles ont été obligés de payer
les prix que Place Desjardins demande ou aurait demandé à
Hydro-Québec?
M. WERMENLINGER: Le prix qui était demandé à
Hydro-Québec était exactement le même que celui qui a
été demandé aux institutions du Mouvement des caisses
populaires ainsi qu'au gouvernement du Québec. Je profite de l'occasion
pour donner une précision. En réalité, il ne faut pas
comparer les prix seulement avec des chiffres. Cela dépend un peu de ce
qui peut être inclus ou exclu de ces prix. Nous ne savons pas ce que nos
concurrents offrent précisément à tel ou tel client. Ce
que nous savons, c'est que nous avons offert au gouvernement du Québec,
au Mouvement des caisses populaires Desjardins et à Hydro-Québec
des espaces à bureaux, mais pour une durée de 30 ans. Cela est
important à noter parce que 30 ans, cela représente, en ce qui
concerne la partie qui correspond au service de la dette, un montant fixe qui
est une garantie contre l'inflation au cours des années. Alors, quand
nous offrons un bail pour 30 ans, nous demandons plus que lorsque nous offrons
un bail pour cinq ans. La politique, de Place Desjardins, de plus en plus, pour
l'avenir, ce ne sera pas d'offrir des baux de 30 ans, mais plutôt des
baux de 5 ans, peut-être renouvelables pour une période de 10
ans.
M. MAILLOUX: II serait bon de noter qu'actuellement, on tend de plus en
plus vers les baux de 10 ans à cause de l'inflation.
M. WERMENLINGER: Exactement.
M. MAILLOUX: Même s'il n'y a pas de réponse
catégorique pour les baux, c'est quand même difficile. Nous, le
gouvernement, nous avons loué à $4.99 le pied carré,
mais...
M. ROY: Le gouvernement a loué à $4.99 de...
M. MAILLOUX: Attendez, c'est ce qu'on appelle net. Nous allons faire les
aménagements nous-mêmes; après, il va falloir payer des
taxes, la répartition des charges fixes à travers la
bâtisse. Lorsqu'on parle de $9, c'est $4.99 plus $4 ou $4.01. Evidemment,
avec les années, la partie qui n'est pas fixe va être
inflationnaire. Avec le temps, on peut se rendre à $10, $11 et $12 le
pied carré, surtout sur un bail de 30 ans.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'avais reconnu le député
d'Anjou.
M. TARDIF: M. le Président, j'aimerais poser une question
à M. Rouleau ou à une des personnes qui sont avec lui. Aux pages
5 et 6 du rapport d'activités du complexe Desjardins, on mentionne que
les plus grandes manifestations pourront se dérouler à cet
endroit. Ce que je voudrais savoir, c'est ceci. Est-ce qu'on a prévu que
le complexe Desjardins va pouvoir constituer un centre de congrès
éventuel et, si oui, quel est le nombre maximum de congressistes qui
pourraient être présents à cet endroit? Ma deuxième
question se rapporte à la première.
Lorsqu'on a prévu, si votre réponse est affirmative, les
services que cet endroit rendrait, grâce, entre autres, à sa
place, aux édifices à bureaux qui y seront, et également
à l'hôtel qui sera construit, lorsqu'on a prévu tout
ça, on ne savait pas qu'au cours du mois de mars 1974, le
ministère du Tourisme du Québec annoncerait son intention de
favoriser l'implantation d'un centre de congrès à
Montréal, dont l'endroit reste à déterminer. Est-ce
qu'à ce moment-là, le centre éventuel de congrès
qui pourrait se trouver à Place Desjardins ne verra pas sa
rentabilité affectée par la décision du ministère
du Tourisme?
M. WERMENLINGER: Je pense que c'est encore une question à
laquelle il me fait plaisir de répondre. Nous avons prévu un
hôtel de 600 chambres et des accommodations de congrès de l'ordre
de 1,000 personnes. A l'occasion, je ne dis pas de façon
systématique comme un grand centre de congrès qui pourrait
être envisagé pour 5,000 ou 6,000 personnes, nous pourrons
recevoir beaucoup plus que ça avec la collaboration d'autres
hôtels de Montréal, parce que nous sommes vis-à-vis de la
Place des Arts et nous pouvons, le jour, profiter de l'échange de
services entre la Place des Arts et nous-mêmes. Nous pourrons occuper des
espaces, des salles de théâtre de la Place des Arts, à
différentes périodes de l'année. Nécessairement,
les autorités de la Place des Arts se réjouissent de cette
possibilité parce que ça pourrait aussi augmenter jusqu'à
un certain point l'utilisation de leurs locaux. D'ailleurs, il y a aussi un
échange sur le plan du stationnement entre la Place des Arts et la Place
Desjardins. Elle a 800 places et nous en avons 1,200. C'est un réservoir
de 2,000 places de stationnement pour l'ensemble des deux. Or, comme les heures
d'occupation ne correspondent pas nécessairement, c'est plutôt le
soir pour la Place des Arts et le jour pour la Place Desjardins,
évidemment, il y a un avantage. Pour quelques années
sûrement, la Place Desjardins pourra être considérée
comme un endroit où il sera très intéressant de tenir des
congrès. Comme vous le savez, il y a plusieurs hôtels qui se
bâtissent à l'heure actuelle à Montréal, plusieurs
sont proches de notre complexe, il pourrait sûrement y avoir des ententes
entre les autres hôtels et nous-mêmes pour que nous puissions
inviter des congrès d'envergure.
M. ROULEAU (Alfred): Permettez que j'ajoute mes propos là-dessus,
parce que vous
avez soulevé un point important, cela a toujours
été, dans la perspective de Place Desjardins, une espèce
d'intégration avec la Place des Arts. Il y a des salles, toutes sortes
de choses à utiliser. Il va y avoir, et ça, les gens de la Place
des Arts vont vous le confirmer, un impact économique sur la
rentabilité de la Place des Arts éventuellement. Il ne faut pas
oublier ça. La Place des Arts, c'est qui? C'est le gouvernement du
Québec et c'est la ville de Montréal. C'est difficile de
régler ça avec un crayon parce que c'est un grand tout que cette
affaire.
M. TARDIF: M. le Président, j'aurais une autre question qui se
rapporte à la langue de travail dont on parle à la page 4. On
dit, entre autres: "La langue de travail est le français dans
l'administration du complexe Desjardins avec tout ce que cela implique dans
toutes les communications sur le chantier et également avec les
professionnels". Je tiens à dire, pour ma part, que je suis heureux de
voir le choix fondamental que le Complexe Desjardins Inc. a fait en
décidant d'officialiser pour ainsi dire cette politique qui est tout
à fait naturelle. C'est excellent qu'on ait choisi le français
comme langue de travail pendant la période de construction du complexe
en question. Maintenant, est-ce qu'on va permettre, après que le
complexe va être terminé, de modifier ce caractère ou ce
visage français qui devrait être une des caractéristiques
dominantes du Complexe Desjardins? Je m'explique. Vous allez évidemment
louer des locaux, qu'ils soient petits ou grands, à un nombre
considérable de locataires. Il se pourrait que certains d'entre eux
décident tout simplement, pour quelque raison que ce soit, d'avoir un
affichage exclusivement en anglais destiné au public. Est-ce que vous
n'allez pas inclure dans les baux qui seront préparés des
dispositions afin de conserver, après que la construction du complexe en
question sera terminée, le visage et le caractère français
que ce complexe devra avoir, non seulement durant sa phase initiale, mais
également durant sa phase d'utilisation par après?
M. ROULEAU (Alfred): C'est-à-dire que ce qu'on a fait là
était vraiment ce qui était sous notre responsabilité et
sous notre contrôle. C'est nous qui construisions, nous pouvions faire
ça. Disons que, dans les places publiques de Place Desjardins, parce que
Place Desjardins va continuer à fonctionner comme gestionnaire ou
administrateur de l'ensemble du complexe, il est évident que dans tout
ce qui ressort ou tout ce qui relève vraiment de nos
responsabilités, je vois très bien que le français va
rester là.
D'ailleurs, je le disais tantôt, au début, pour
l'hôtel, par exemple, mais ce qui peut se passer à
l'intérieur d'un bureau, chez un locataire, je pense qu'on
dépasse vraiment nos responsabilités.
M. TARDIF: Je suis d'accord avec vous.
M. ROULEAU: J'ai une chance, parce que ce n'est pas réglé.
On n'était pas rendu là.
M. TARDIF: Je suis d'accord avec vous, à savoir quelle langue
sera utilisée dans un bureau, je pense que cela ne relève pas de
Place Desjardins Inc. à titre de gestionnaire, cela relève
peut-être du gouvernement, mais c'est une autre question. En ce qui a
trait à l'affichage, vous allez sans doute imposer des normes. Il ne
pourrait pas y avoir des néons qui clignoteraient à tout bout de
champ pour annoncer que quelqu'un vend des animaux ou des bricoles du genre.
Cela va de soi, vous allez imposer des normes sur la grandeur, sur les
couleurs, enfin sur les matériaux que les gens devront utiliser, etc.
Est-ce que vous n'avez pas également l'intention de faire en sorte que
l'affichage, qui est destiné au public par exemple sur la porte no 1421,
au quatorzième étage de la tour A, soit, à tout le moins,
en français ou en français et en anglais. Je pense que vous avez
là une responsabilité sociale que vous ne devriez pas
éluder, mais plutôt essayer de continuer l'action, à mon
avis, pour laquelle on doit vous féliciter pendant la période
initiale, que vous devriez continuer cette action dans la phase de gestion qui
va s'étendre sur un nombre incalculable d'années.
M. SICARD: M. le Président, Tancrède Si-card, directeur de
la commercialisation. Quant à la signalisation du complexe, nous avons
déjà donné le contrat à un graphiste et je pense
que ce sera bien français et que ce sera bien fait. Quant aux
locataires, actuellement nous travaillons sur les locataires pour les bureaux
et aussi pour la partie commerciale. Il est assez intéressant de voir
que, ceux qui veulent avoir des commerces chez nous, sont conscients que c'est
un centre typiquement québécois. Ils veulent le français
et ils l'acceptent.
Règle générale, nos locataires, dans l'espace
commercial si vous parlez d'espace commercial, seront de
préférence des Canadiens français à qualité,
services et prix égaux. Par contre, il faut réaliser que dans
certains commerces, tels que la mercerie pour dames... Si on s'arrête aux
hommes, il n'y a pas de problème, on a de bons marchands. Si on
s'arrête aux dames, il est plus difficile d'avoir tout ce qu'on aimerait
avoir et possiblement vous verrez un nom qui ne sera pas français.
M. TARDIF: Ma question n'est pas tellement là, M. le
Président. Je n'ai rien contre le fait que le nom, qui qualifie
l'entreprise en question, soit anglais, mais si on voit, je ne le sais pas, au
quatorzième étage, quelqu'un qui fait le métier de
courtier d'assurance et c'est une affiche qui est destinée au
public je ne voudrais pas qu'on voit: M. X "Insurance Broker", mais
qu'on voit tout de même M. X,
courtier d'assurance et, en dessous, s'il le veut, "Insurance Broker".
Je pense que là, vous pouvez tout de même agir.
Je n'ai rien contre le fait que la compagnie ou le magasin de chaussures
Brown s'installe là, mais, par contre, le magasin de chaussures Brown
devra écrire plutôt magasin de chaussures Brown, et "Brown shoe
store" ou quelque chose semblable à cela s'il le veut. Est-ce que vous
ne seriez pas d'accord?
M. ROULEAU: Vous posez une bonne question. Honnêtement, je pense
qu'on ne pourrait pas aller à fond dans la réponse. C'est
sûr, que cela devra être regardé de plus près, mais
je répète que de tout ce qui est du ressort de Place Desjardins,
ce qui nous concerne, c'est bien clair que... Je pense qu'on a des
antécédents et le gouvernement est là aussi. Le
problème, la question que vous soulevez, c'est sûr, qu'on va
respecter cela. Ce qui relève du locataire lui-même,
jusqu'où on peut aller on ne peut pas changer son nom commercial,
en tout cas, c'est sûr c'est une autre question. Je pense qu'on
peut s'embarquer longtemps là-dedans. Tout ce qu'on peut retenir, c'est
la remarque.
M. TARDIF: Je ne veux pas en faire une discussion très longue, M.
Rouleau. Cela va être la dernière fois que j'interviens, je pense,
là-dessus.
Vous allez avoir, j'imagine, des normes relatives à toutes sortes
de choses, ne serait-ce que des normes relatives à l'ameublement... Il
ne pourra y avoir personne, je pense bien, au quatorzième étage
d'une tour, qui va avoir une affiche éclairée au néon, qui
clignote, et qui annonce qu'il est un directeur de salon funéraire. Je
pense que vous allez, tout de même, empêcher des
grossièretés du genre. Vous allez établir des normes
minimales. Je pense, personnellement, que vous pourriez également faire
la même chose en ce qui a trait à l'affichage au public. Je ne
vous parle pas de ce qu'il y a dans le bureau même. Je ne vous parle pas,
également, de la langue de travail dans le bureau, mais de l'affichage
sur la porte, qui indique que, ce bureau, c'est un bureau de courtier
d'assurance que l'autre bureau, c'est un bureau d'avocat. Je pense,
personnellement, et je vous en fais une suggestion, que vous pourriez
peut-être discuter lors d'une réunion de votre conseil
d'administration, que cet affichage devrait être à tout le moins
en français.
M. WERMENLINGER: M. le Président, j'ai seulement une chose
à ajouter. Je pense que cela devrait répondre au
député et le satisfaire. Nous avons, dans nos baux, une clause
qui nous permet un droit de regard sur l'affichage des locataires
commerciaux.
M. MAILLOUX: II y a des normes...
M. WERMENLINGER: II y aura des normes très
détaillées, mais dès le départ, nous avons un droit
de regard sur l'affichage.
M. ROULEAU (Alfred): Je suis d'accord sur tout cela. Il y a la question
de la rentabilité. Place Desjardins, il faut quand même la louer.
Tantôt on parlait de l'aspect financier. On va probablement en reparler.
Comment concilier, à la fois, des exigences qui m'apparaissent normales,
comprenez-vous, sur le plan de notre identité culturelle et, en
même temps s'assurer quand même que les espaces qui sont là
vont être loués? En définitive, il y a toute la question de
la rentabilité du projet. On va en reparler, j'espère.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Louis.
M. BLANK: J'ai quelques mots à dire. Pour commencer, la question
de l'affichage et des annonces en anglais et en français, cela ne me
trouble pas du tout. On est au Québec. La langue officielle n'est pas le
français encore, mais c'est presque officiel. Le français, avec
les noms anglais au bas, si c'est nécessaire, cela ne me trouble pas du
tout, parce que la langue d'affichage et la langue du travail, la langue de
commerce de Place Desjardins ou de Place Ville-Marie, dépendront de la
clientèle. On veut faire des ventes, on parlera la langue, on fera des
annonces que le client comprend. Si les clients de Place Desjardins sont
français, il va y avoir des affiches en français. Si vous avez
des Anglais parmi les Français, vous allez avoir les deux langues. S'il
y a seulement une langue ce sera seulement le français ou l'anglais;
cela dépendra de la clientèle.
La chose qui me trouble ici, c'est la remarque qu'a faite M. Sicard. Il
fait une distinction entre les Québécois francophones , les
Québécois anglophones ou d'autres groupes ethniques. Parce qu'ils
n'ont pas des noms canadiens-français, ils deviennent des citoyens de
deuxième classe. Ils doivent être en deuxième ligne pour
louer un bureau à Place Desjardins. Des personnes comme moi, du nom de
Blank, Rightman, Jarnovski, sont des Québécois nés ici;
ils paient des taxes. Ils ont les mêmes droits que tous les gens ici; on
n'acceptera pas, comme les Canadiens français n'accepteront pas, d'avoir
l'anglais avant le français. Nous les Québécois d'origine,
peut-être pas française, n'accepterons pas d'être des
citoyens de deuxième classe. C'est notre argent qui va à Place
Desjardins. On doit avoir exactement le même droit de louer que les
autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, nous n'avons pas l'intention
d'engager un débat sur la langue ici. Nous aurons l'occasion de le
faire.
M. BLANK: II n'est pas question de la langue, du tout. C'est la question
de savoir qui est un Québécois.
M. LESSARD: C'est parce que... M. BLANK: Ceci est la question!
M. LESSARD: M. le Président, je pourrais peut-être...
M. WERMENLINGER: Cette intervention est tout à fait
justifiée, je pense que c'est peut-être un malentendu qui est venu
de la réponse de notre directeur. Chose certaine, nous avons à
l'heure actuelle beaucoup de demandes de la part de clients ou
d'établissements commerciaux dont les propriétaires peuvent
être francophones. Nous en avons aussi également de la part
d'autres établissements qui peuvent être américains,
anglophones, et de toutes sortes de groupes ethniques. Nous n'avons pas
l'intention de restreindre aux groupes francophones la location
d'établissements commerciaux dans la Place Desjardins. Ce serait
absolument irréaliste, absolument contraire aux objectifs de
rentabilité du projet. A part de cela, ce serait contraire à ce
qu'on pourrait appeler la charte des droits de l'homme.
Nous avons, cependant, un certain souci d'encourager les groupes
francophones qui voudraient s'installer à la Place Desjardins, de s'y
installer tout simplement parce que c'est clair que la Place Desjardins,
jusqu'à un certain point, représente une réalisation d'un
groupement francophone qui aura pignon sur rue dans Montréal.
C'est seulement dans cet esprit, je pense, que la remarque doit
être comprise. Encore une fois, chacune des demandes des locataires
commerciaux est examinée à son mérite, et, suivant les
réponses, la solidité, la stabilité financière des
gens, suivant un certain nombre de critères où le groupe ethnique
n'intervient pas, c'est à partir de là que les choix sont
faits.
Peut-être que le président pourrait compléter ma
pensée ou me contredire.
M. ROULEAU (Alfred): Je suis un peu bouleversé de l'intervention
et de ce qui se passe. Je vous le dis bien honnêtement. L'objectif de
Place Desjardins, je l'ai dit au début, c'est d'essayer de traduire ce
que nous sommes au Québec, à travers une réalisation faite
par nous et je pense que ce qu'il y a de plus authentique, c'est sûrement
le gouvernement du Québec. Je suis d'accord avec le
député. Le gouvernement du Québec, c'est le gouvernement
de l'ensemble de la population du Québec. Et, personnellement, je serais
malheureux qu'on pose des gestes qui auraient l'allure d'une discrimination.
Pour moi, il n'y a pas de citoyen de seconde zone au Québec pour autant
que ce sont des citoyens du Québec.
Je peux garantir, comme président de Place
Desjardins, que cette attitude qui voudrait qu'on pose des gestes de
discrimination entre les locataires par rapport à d'autres, cela
n'existe pas. Je pense que le premier critère est évidemment le
sérieux de celui qui veut louer, sa solvabilité, la
compétence du commerce dans lequel il est engagé. C'est le
premier critère. D'avance, on sait fort bien qu'il y a un bon
pourcentage de locataires de Place Desjardins et c'est
déjà acquis qui ne sont pas nécessairement des
francophones, si on veut parler comme cela. Il y a des anglophones, il y a des
Israélites, il y a des... Je ne vois pas pourquoi ce serait autre chose
que cela. Cela ne peut être autre chose.
M. MORIN: M. le Président...
M. ROULEAU (Alfred): Mais je pense qu'à partir du moment
où on veut et le député l'a dit tantôt
le problème ne se posera pas quant à l'identité, à
la question francophone. Je ne me pose pas de problème
là-dessus.
M. MORIN: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous, de
l'Opposition, nous sommes entièrement satisfaits des déclarations
qui viennent d'être faites par le président et les
administrateurs. Je n'avais pas interprété les propos de M.
Sicard c'est bien votre nom, monsieur de la façon dont le
député de Saint-Louis l'a fait. Je n'avais pas du tout
perçu la moindre discrimination. En ce qui nous concerne, nous aurions
certainement fait valoir des objections. Mais il ne faut pas confondre M. le
député de Saint-Louis, il ne faut pas confondre la question du
nom... Et de ce point de vue, je pense que ces messieurs de Place Desjardins
vont accueillir aussi bien Blank et Brightman que Desjardins, Morin ou Lessard,
ou même Tardif, n'est-ce pas? Ce n'est pas sur ce plan. Quand le
député Tardif a soulevé la question, il pensait,
évidemment, non pas au nom, mais à l'affichage, et on pourrait
résumer toute la question en disant et en souhaitant que le jour
où le député de Saint-Louis louera de l'espace à
Place Desjardins, il mettra: Harry Blank, avocat, plutôt que Harry Blank,
lawyer.
M. BLANK: C'est avocat, même dans la bâtisse, c'est beaucoup
plus anglophone à l'ouest.
M. MORIN: Le député de Saint-Louis a très bien
compris comment cela va se passer.
M. BLANK: II n'y a pas de problème. Peut-être que
c'était mal dit ou mal interprété. La phrase troublante,
c'est quand monsieur a dit que tout étant égal, je donnerais cela
à un Canadien français. Non pas quel est le premier qui a
demandé le bail. Tout étant égal, je donne cela à
un Canadien français au lieu d'un Canadien anglais. C'est là la
phrase troublante, et non pas le reste.
M. MORIN: Ce n'est pas comme cela que je l'ai interprété.
Je suis bien convaincu... Nous n'avons pas l'intention de soulever tout un
débat sur la question. Ce n'est pas l'endroit. Nous sommes bien
convaincus que, si les règles de l'affichage sont respectées
et là-dessus, je dois dire que l'Opposition aura l'oeil ouvert
nous n'irons pas voir quelle est l'origine ethnique de ceux qui louent
à la Place Desjardins.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, sur ce... On ne veut pas
créer une division dans le caucus libéral. Vous n'êtes
pas...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: ... sans savoir, M. Rouleau, j'aurais deux questions
avant de passer à la rentabilité que la concession de
l'administration de l'hôtel a soulevé un débat public assez
important, la concession à Méridien. Pourriez-vous nous dire s'il
y avait d'autres chaînes hôtelières
intéressées au projet? Pourquoi a-ton choisi Méridien
plutôt que le Canadien National, plutôt que Delta, plutôt
qu'une autre chaîne? S'il y a eu soumissions ou demande de soumissions
concernant l'administration, quel est le prix de location de Méridien?
Je voudrais justement qu'on profite de cette commission parlementaire pour
éclaircir ce problème. Vous m'avez déjà
éclairé dans une discussion privée, mais je pense qu'il
est quand même important que vous puissiez le faire publiquement. A cette
commission, ce serait important que vous le fassiez.
M. ROULEAU (Alfred): A partir du moment où on a
décidé qu'il y aurait un hôtel dans Place Desjardins, parce
que cela devait être une partie de la composante, il y avait plusieurs
hypothèses. C'est que Place Desjardins premièrement, exploite
elle-même l'hôtel, devienne hôtelier tout simplement.
C'était une hypothèse. Il y avait une autre hypothèse
évidemment, c'était cela fait longtemps que je n'ai pas
parlé de cela de concéder, si vous voulez, la gestion de
l'hôtel à des gens spécialisés.
La première option, nous l'avons écartée vite,
parce que l'objectif de Place Desjardins n'était pas de devenir
hôtelier. C'était de réaliser un complexe immobilier et de
gérer le complexe immobilier par la suite. Cela va de soi. Or, il
restait la deuxième hypothèse. Je n'ai pas d'objection à
ce que mes collègues me corrigent au cas où j'oublierais quelque
chose, ou au cas où je ne serais pas exact, parce que cela fait
longtemps qu'on n'en a pas parlé. Evidemment, on a quand même fait
des approches à plusieurs gestionnaires d'hôtels. Cela s'est fait
évidemment on n'annonce pas cela dans les journaux, par des avis
publics par des contacts qui se font à travers les sièges
sociaux de ces gestionnaires d'hôtels. Disons que, comme résultat
final, nous nous sommes retrouvés avec trois possibilités. Vous
les avez nommées, M. Lessard: Delta, le Canadien National et la
chaîne Méridien, une subsidiaire d'Air France. Je peux vous dire
que nous avons, dans les trois cas, négocié avec les groupes en
question. En cours de route, le Canadien National s'est retiré, non pas
parce qu'il n'était pas intéressé, mais le Canadien
National a des hôtels qu'il administre lui-même, et il a aussi des
bâtiments hôteliers qui sont confiés en gestion. C'est le
cas du Reine-Elizabeth avec Hilton. A tout événement, pour des
raisons juridiques, si vous voulez, en tout cas je ne peux en dire plus, parce
que cela nous regarde moins, le Canadien National s'est retiré. Nous
sommes restés avec Delta, qui est un groupe du Québec, et avec
Méridien, qui est un groupe international.
Je peux vous dire qu'il y a eu de longues discussions là-dessus.
Il y a une chose certaine, c'est que, dans la perspective de Place Desjardins,
on est quand même préoccupé de la qualité des
services qui vont être offerts dans Place Desjardins, parce que les gens
vont y aller, vont se servir de Place Desjardins dans la mesure où on va
offrir des services en tout cas au moins équivalents à ce que
n'importe quel autre groupe peut offrir sur l'île de Montréal.
Nous nous sommes aussi préoccupés constamment, on l'a dit
tantôt, de rentabilité du projet. Je pense que c'est important, la
continuité, remarquez bien et je pense qu'on l'a prouvé depuis le
début de notre rencontre ce matin, autant le gouvernement que le
Mouvement Desjardins, nous avons été constamment
préoccupés par l'idée qui veut qu'on donne
préférence à des groupes installés au Québec
à ce moment, je ne dis pas francophones en particulier
sinon au Québec, au Canada. Je pense qu'il faut faire un partage.
Dans le cas de Delta, qui était une organisation du
Québec, j'ai d'ailleurs été gazette suffisamment
là-dessus, il m'a même fallu répondre sur ça,
même s'il pouvait y avoir des sympathies, assurément, on a
préféré donner, après beaucoup de réflexion
et d'étude, le contrat de gestion à Méridien, vu
l'expérience acquise. Il y a tout l'aspect international aussi dans
cette affaire. Pour compenser, nous avons exigé de Méridien, je
l'ai dit au début, des choses qui, de la part du concessionnaire,
rejoignent les intérêts de la province de Québec comme
telle. Est-ce qu'on doit entrer dans les détails de la convention
financière? Je vous assure que c'est assez complexe. Il n'y a pas
d'objection à vous les donner individuellement. En tout cas,
personnellement, je serais embarrassé de vous l'expliquer, parce que
c'est technique. Je veux vous satisfaire en tout cas.
M. LESSARD: Ce que je voulais savoir, c'est quelles étaient les
raisons. Il y avait la rentabilité de l'hôtel, étant
donné que Méridien est
attaché à Air France ou relié à Air France,
ce qui vous permettait, semble-t-il, d'avoir des liens internationaux et aussi
des locataires à l'hôtel. C'est une des raisons, semble-t-il, qui
a favorisé Méridien par rapport à Delta.
M. ROULEAU: Vous savez, souvent on invoque ça. Mais la
propriété, je me permets de dire ça en l'air, comme
ça, je suis bien identifié à l'achat chez nous, j'ai
commencé ça il y a quarante ans. On commence à savoir pas
mal d'épitaphes au Québec, on pourrait monter un beau
cimetière pour des entreprises qui forcément, ont
été lancées par des gens du Québec mais qui, en
cours de route, ne nous appartiennent plus. Je peux transiger aujourd'hui avec
une entreprise qui appartient à des citoyens du Québec et, dans
trois ans, le pouvoir aura passé à d'autres. Il n'y a pas de
solution à ça, mais c'est vrai, c'est la propriété
qui a été mise en cause.
M. LESSARD: D'accord! Le débat a duré assez longtemps,
d'ailleurs, dans les journaux, je ne veux pas le reprendre ici. Une
dernière question avant de s'engager sur la rentabilité. Pour
votre terrain de stationnement moins que d'autres députés aient
des questions à poser, à qui le contrat d'exploitation du
parc-autos a-t-il été accordé? Dans votre contrat, est-ce
que vous avez déterminé un prix pour savoir combien l'usager va
payer?
M. WERMENLINGER: Je vais vous répondre sur la première
partie. Sur la deuxième partie c'est un peu la même chose que pour
l'hôtel. Il faudrait sortir les contrats. C'est assez complexe, parce que
c'est passé... Je peux vous dire une chose en ce qui concerne le contrat
de stationnement; encore une fois, nous avons fait des avis de
préqualification. Nous avons demandé des soumission publiques
pour les concessionnaires de stationnement. Cela a été
publié dans les journaux. Nous avons reçu une dizaine de demandes
de concessionnaires possibles. Nous avons étudié les termes qui
étaient offerts. Nous avons choisi celui qui offrait les meilleurs
conditions à Place Desjardins. Le nom de l'organisation, c'est: Les
Stationnements de l'Est Ltée.
M. LESSARD: Est-ce que l'on a approché la Société
Parc-Autos du Québec, qui est une société, d'après
mes informations, non lucrative et qui administre, je pense, un certain nombre
de parcs de stationnement ici dans la région de Québec?
M. WERMENLINGER: Parc-Autos du Québec, peut-être que M.
Rouleau pourrait se le rappeler.
M. MAILLOUX: On a demandé des préqualifications dans les
journaux et Parc-Autos, ne s'est pas présenté. Mais, d'une
manière ou d'une autre, Parc-Autos dont on parle c'est pour la
région de Québec. C'est conjointement avec le gouvernement, la
Chambre de commerce et la ville de Québec. C'est pour la région
de Québec.
M. LESSARD: C'est pour la région de Québec. Quant à
moi, M. le Président, cela termine mes questions et je suis prêt
à...
M. MAILLOUX: M. le Président, si vous me permettez d'intervenir
avant la suspension des travaux, au moment de la présentation en Chambre
en décembre du projet de loi 27, on avait indiqué notre intention
bien catégorique de convoquer tous les administrateurs de Place
Desjardins pour informer de la façon la plus valable possible les
membres de la commission sur l'ensemble du projet. Je n'ai pas en vue,
forcément, de paralyser la moindre des questions que les membres
pourront juger utiles au débat.
Je voudrais quand même indiquer qu'à la reprise
tantôt le député de Saguenay vient de parler de la
rentabilité, je n'ai pas d'objection il faudra quand même
s'attacher au problème du financement.
Il y avait eu un projet présenté en Chambre, qui a
été amendé à la demande du député de
Beauce-sud. Il n'y a pas eu d'objection, mais je voudrais bien, pendant que
tous les membres de la corporation sont ici, que tous les membres du Parlement
soient informés de façon valable sur l'éventualité
d'un retour d'un projet de loi en Chambre sur le financement, dont il faudra
reparler, je pense.
Alors, cet après-midi, j'invite les membres de la commission
à poser toutes les questions pertinentes à ce sujet.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, nous sommes
complètement d'accord. Ce matin, nous avons défriché un
peu de terrain, mais il était important qu'on connaisse certains
éléments. Je pense que l'objectif de cette commission
parlementaire, c'était d'abord de parler du financement, c'est
d'ailleurs pourquoi on l'a gardé pour le dessert.
M. MORIN: Est-ce qu'il est nécessaire que nous nous
arrêtions immédiatement? On pourrait continuer encore une petite
demi-heure, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A la demande de certains des membres de la
commission, nous avions pensé suspendre les travaux maintenant, de
façon à commencer, dès le début de la séance
de cet après-midi, à discuter de l'aspect financier.
M. LESSARD: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, nous suspendons nos travaux
jusqu'après la période de questions, c'est-à-dire environ
4 heures cet
après-midi, à moins d'ordre contraire de
l'Assemblée nationale, ce que nous connaîtrons à cette
heure-là seulement.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. GRATTON (président de la commission des transports, des
travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
Tel que convenu ce matin, nous en sommes rendus à la phase du
financement. J'invite donc les membres de la commission à poser leurs
questions et à faire leurs commentaires. L'honorable chef de
l'Opposition.
Financement
M. MORIN: M. le Président, pour ce qui est du financement du
grand projet, je désire me référer au rapport que les
administrateurs nous ont remis ce matin. J'aimerais poser une question à
M. Rouleau au sujet du bail emphytéotique d'une durée de 64 ans
qui est intervenu entre Place Desjardins Inc. et la ville de Montréal.
Le rapport contient malheureusement très peu de détails sur ce
bail emphytéotique; est-ce que vous pourriez nous éclairer sur le
coût annuel et est-ce qu'il y a des clauses escalatoires dans le bail qui
permettent de faire monter le coût. Pourriez-vous nous éclairer
là-dessus?
M. ROULEAU (Alfred): Si vous me permettez, je vais demander ça
à M. Wermenlinger de vous répondre.
M. WERMENLINGER: M. le Président, je vais essayer de faire
ça brièvement: Le bail emphytéotique conclu entre la ville
de Montréal et Place Desjardins prévoit la location, pour une
période de 64 ans, du terrain, du quadrilatère sur lequel le
complexe sera implanté. Pendant les 14 des 34 premières
années du bail, le taux annuel de location de cet espace est de 6 p.c.
du coût total global de l'expropriation et pour les dix années
subséquentes, il est de 6 1/2 p.c. Pour les dix autres années
subséquentes, c'est 7 p.c. et pour les 30 années
subséquentes, c'est 10 p.c.
M. LESSARD: Quel a été le coût de
l'expropriation?
M. WERMENLINGER: Quant au coût de l'expropriation, le
règlement n'est pas terminé. Vous savez que l'expropriation est
la responsabilité de la ville de Montréal et il y a un tribunal
d'expropriation qui siégeait encore au mois d'avril. Nous n'avons pas
encore le coût final.
Nous serons appelés à payer à Place Desjardins un
loyer qui sera en fonction de ce coût d'expropriation.
M. ROY: Est-ce que vous en avez une idée?
M. WERMENLINGER: Un ordre de grandeur?
M. ROY: II y a une estimation qui a dû être faite au
début?
M. WERMENLINGER: Je ne voudrais pas donner d'idée, parce que, je
pense, c'est quelque chose qui implique au fond une décision d'un
tribunal. Je pense que si nous intervenons à ce moment-là, pour
donner des chiffres, cela pourrait être jugé comme je ne dis pas
un outrage au tribunal, mais enfin quelque chose qui est en dehors de
nos...
M. ROY: Cela pourrait influencer la décision.
M. WERMENLINGER: Cela pourrait influencer la décision.
M. MORIN: M. le Président, au sujet des emprunts
hypothécaires à long terme qui doivent être
contractés pour une valeur de $135 millions, je crois, combien ont
été effectués jusqu'à maintenant?
M. WERMENLINGER: L'emprunt hypothécaire n'a pas encore
été conclu. Ce que nous avons, dans nos projets et c'est
dans les prochains mois que la question va se décider comme
structure de financement à proposer, c'est ce que je disais ce matin, un
emprunt hypothécaire de l'ordre de $110 millions.
M. MORIN: Amorti sur 30 ans.
M. WERMENLINGER: En première hypothèque, $110
millions.
M. MAILLOUX: Sur le financement, il y a à peu près $30
millions dépensés sur le projet actuellement?
M. WERMENLINGER: II y a à peu près $25 millions qui ont
été dépensés jusqu'ici.
M. MAILLOUX: C'est financé à même le capital-actions
que nous avons versé, le Mouvement Desjardins et le gouvernement,
à même les prêts, les $20 millions que vous avez.
M. WERMENLINGER: Des prêts temporaires.
M. MAILLOUX: ... de part et d'autre, ce qui fait $40 millions et, en
plus, nous avons un crédit de banque, ce qui nous permettrait de nous
rendre peut-être à $60 millions ou $65 millions avant d'avoir
besoin de notre financement à long terme.
M. MORIN: Vous allez donc devoir vous adresser aux grandes institutions
financières, parce que $110 millions, même amortis sur 30 ans,
c'est un montant considérable. Je ne voudrais pas ouvrir un dossier qui
n'est pas mûr. Est-ce que vous avez déjà plusieurs
démarches entreprises pour ces $110 millions auprès d'une ou de
plusieurs sociétés?
M. WERMENLINGER: Nous avons des agents financiers qui s'occupent de la
question pour nous et c'est clair qu'il y a des démarches en cours. Nous
n'avons pas encore terminé, mais nous croyons que cela devrait se
conclure d'ici deux ou trois mois, deux mois à peu près.
M. MORIN: Est-ce que les institutions que vous avez approchées
posent des conditions à l'emprunt que vous attendez leur demander?
M. WERMENLINGER: II faudrait poser la question à nos agents
financiers, parce que nous n'intervenons pas directement dans les
démarches qui se font entre les agents financiers et les
créanciers éventuels.
M. MORIN: Oui. Qui sont vos agents financiers?
M. WERMENLINGER: C'est un consortium de trois maisons. Il y a la firme
Morgan Stanley Canada, Lévesque-Beaubien et Dominion Securities.
M. ROY: Est-ce qu'il y a des conditions spécifiques
établies au préalable à l'effet que l'emprunt devra se
faire auprès d'entreprises canadiennes-françaises en premier
lieu, qu'il devra se faire auprès d'entreprises canadiennes ou
même, que ces syndicats financiers peuvent, selon les conventions, aller
sur le marché américain, si nécessaire? Est-ce qu'il y a
des restrictions ou des limites? J'aimerais qu'on nous dise quelles sont les
limites ou les possibilités de ce côté.
M. ROULEAU (Alfred): Dans la perspective du financement permanent, parce
qu'il y a le financement temporaire...
M. ROY: Je parle du financement permanent.
M. ROULEAU (Alfred): Pour le financement permanent, tel que cela se
présente, il y aura trois facteurs ou trois sections. Une est le
capital-actions souscrit par les deux actionnaires; il y a deuxièmement,
un emprunt avec des garanties hypothécaires et, troisièmement,
des débentures subordonnées.
Dans le cas du financement hypothécaire il y a tellement
de termes là-dedans c'est clair que l'emprunt va se faire
à travers des agents financiers. Evidemment, c'est un montant de l'ordre
de $115 millions corrigez-moi
M. WERMENLINGER: $110 millions.
M. ROULEAU (Alfred): $110 millions. Ce n'est pas pensable que des
entreprises canadiennes-françaises exclusivement puissent faire ce
financement et aller chercher ces $110 millions. Il faut forcément
emprunter de ceux qui sont en mesure de nous prêter, y compris les
entreprises dont le siège social est au Québec,
les entreprises francophones. Ce que je peux dire, c'est que je suis
à l'aise pour en parler, parce qu'on est quand même
identifié, on a des institutions financières; je parle du
Mouvement Desjardins, et c'est sûr qu'elles vont faire leur part
là-dedans, comme toutes les autres entreprises
canadiennes-françaises. Mais $113 millions, c'est impensable que des
entreprises québécoises, ou, si vous voulez, d'allégeance
ou d'identité canadienne-française puissent faire ce financement.
Ce n'est pas possible.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais tout de même attirer
l'attention de M. Rouleau sur le fait qu'à Hull, une certaine Place du
Centre, administrée par une compagnie de Toronto et appellée, si
je ne m'abuse, Cadillac a obtenu de la Caisse de dépôt du
Québec le financement quasi total de ce développement, comme on
dit. Cela représente, je pense, une somme de $90 millions. Est-ce que
vous avez songé à vous adresser à la Caisse de
dépôt?
M. ROULEAU (Alfred): Je peux vous dire que vous me permettrez, M.
Morin sur le problème, enfin la question de financement de Place
Desjardîns, cela fait presque deux ans c'est normal d'ailleurs, à
la table de discussion on se questionne, on vérifie. Je peux vous dire
qu'il y a eu quand même des échanges entre ceux qui sont
impliqués dans le Mouvement Desjardins, nos spécialistes en
finances, parce qu'on en a, le gouvernement, par le ministère des
Finances, et aussi la Caisse de dépôt. Avant de nous embarquer
dans un processus plus déterminé, nous avons voulu au
préalable quand même avoir des échanges, considérant
aussi leur expérience.
Il est sûr que, dans le financement de Place Desjardins,
moralement, il n'y a pas encore d'engagement formel. Comme M. Germain
Léger disait, on n'est pas rendu au moment où on doit signer des
papiers. Mais, nous savons fort bien que la Caisse de dépôt et
placement du Québec va s'impliquer dans le financement de Place
Desjardins, certainement, en tout cas, pour le financement hypothécaire.
Dans quel ordre de grandeurs? Vous m'apprenez une chose qui est
intéressante, à savoir jusqu'où ils sont allés,
mais je m'inquiète beaucoup. Quand on est dans l'immobilier...
M. MORIN: Jusqu'à concurrence de $90 millions.
M. ROY: C'est ça.
M. MORIN: Si cela peut vous servir de point de départ pour des
discussions éventuelles...
M. LESSARD: Au cours de 9 p.c.
M. MORIN: Et il s'agit d'une compagnie de Toronto, n'est-ce pas?
M. GARNEAU: Je suis bien prêt, M. le Président, à
laisser aller le chef de l'Opposition officielle...
M. MORIN: J'espérais que le ministre des Finances
intervienne...
M. GARNEAU: Je vous laissais placoter. Quand vous avez fini de placoter,
j'interviens, autant que possible, pour essayer de ramener les choses à
leur juste proportion. Dans le cas qui nous intéresse, la Place du
Centre à Hull, il y a quand même une autre institution
financière importante qui est intervenue et qui s'appelle le fonds de
retraite du Canadien National, qui finance une partie extrêmement
importante également. Ce que je peux dire est dans le même sens
que M. Rouleau. La Caisse de dépôt et placement du Québec,
dans le projet de financement hypothécaire, interviendra du
moins, c'est l'assurance morale qu'on nous a donnée mais je
trouve que le fond du problème, à mon sens, est
différent.
C'est que, pour Place Desjardins, qui est une institution mixte,
gouvernementale et du Mouvement Desjardins, si on est capable de financer
l'ensemble du projet avec des capitaux qui viennent de la Great West ou de
n'importe où, je dis tant mieux. Cela laissera de la liquidité
aux institutions québécoises francophones pour intervenir, soit
dans d'autres formules de placement hypothécaire, que cela soit
pour...
M. MORIN: ... pour financer des gens de Toronto.
M. GARNEAU: En fait, les deux immeubles sont au Québec. Ma foi du
Bon Dieu, s'il faut refuser à ce moment de prendre de l'argent... Quand
moi, comme ministre des Finances, je rencontre des compagnies d'assurance, je
leur dis: Investissez davantage au Québec. Je ne suis pas pour aller
leur dire: Non. Vous n'avez pas le droit d'acheter des créances
hypothécaires dans Place Desjardins. Vous n'avez pas le droit d'en
acheter dans la Place du Centre à Hull. Il y a toujours des limites. Je
pense que le chef de l'Opposition veut rigoler un peu ou il charrie tout
simplement.
M. LESSARD: La différence est que Place Desjardins est une
compagnie québécoise, une association du gouvernement avec le
Mouvement des caisses populaires Desjardins. Donc, les profits iront justement
à des Québécois, ce qui n'était pas le cas en ce
qui concerne la Place du Centre à Hull.
M. GARNEAU: Et après?
M. LESSARD: On aurait pu faire exactement la même chose et c'est
cela que nous avons...
M. GARNEAU: Et à ce moment, cela
n'aurait pas été Place Desjardins qui aurait
été le promoteur. Cela aurait été la Caisse de
dépôt et placement du Québec avec un autre organisme qui
aurait été promoteur.
Je ne pense pas que ni SODEVIQ, ni les Placements Immobiliers Desjardins
auraient été prêts à laisser à d'autres le
soin d'agir comme promoteur du projet. C'est cela la grande
différence.
M. LESSARD: C'est remarquable. C'est cela qu'on aurait pu faire aussi
à Hull.
M. GARNEAU: Ecoutez...
M. ROULEAU (Alfred): On parlait d'un...
M. GARNEAU: J'écoutais M. Rouleau ce matin lorsqu'il a fait ses
remarques préliminaires. Je pense bien qu'il disait que si jamais le
Mouvement Desjardins réalise une autre patente comme cela, il ne sera
pas là, mais moi non plus, je ne serai pas là. C'est donc dire
que si le Mouvement Desjardins et le gouvernement du Québec s'associent
pour faire une chose comme cela, dans une période de temps, et que le
président du Mouvement Desjardins dit qu'il ne pense pas être
là, avant d'en entreprendre un autre, je ne vois pas comment on aurait
pu entreprendre celui de Hull et celui de Montréal en même
temps.
M. ROULEAU (Alfred): M. le Président, me permettez-vous une
réflexion très personnelle? Dans toute cette question du
financement, du crédit, remarquez je suis assez bien identifié,
j'ai été dans l'assurance-vie, j'ai été
président d'entreprises, je me suis toujours dit: Les prêts qui
peuvent venir de l'extérieur au Québec sur de l'immobilier, cela
ne m'inquiète pas trop, parce qu'il n'y a personne qui va partir avec
Place Desjardins pour l'amener ailleurs. Le besoin de crédit je
ne parle pas en particulier pour une affaire du Québec comme
population, c'est comme la question des petits prêts et tout cela. C'est
pour cela que j'ai l'impression que si Place Desjardins va chercher son
financement partiellement dans des entreprises du Québec, il n'y a aucun
doute là-dessus, et va chercher le reste ailleurs, pour autant que tout
est fait correctement, parce que le financement hypothécaire, c'est un
taux d'intérêt fixe, il y a des profits à retirer de Place
Desjardins, cela va être en relation avec le capital-actions qui a
été souscrit par les deux actionnaires, je parle à moyen
ou à long terme. Pour moi, remarquez bien, c'est une discussion
intéressante et on pourrait parler longtemps là-dessus, mais cela
ne m'inquiète pas trop que pour Place Desjardins, dans son financement
permanent je parle de son financement hypothécaire les $110
millions ou $75 millions soient souscrits à la fois par la Caisse de
dépôt, par des entreprises du Québec et par des entreprises
extérieures, parce que c'est quand même un gros montant.
M. MORIN: M. le Président, il faut bien comprendre le sens de nos
interventions.
M. ROULEAU (Alfred): Je n'ai peut-être pas compris.
M. MORIN: II est évident que pour ce qui est du financement
hypothécaire, qu'on aille le chercher en Argentine ou à New York,
c'est peut-être même, sous certains aspects, mieux, parce que ce
n'est pas de l'argent qui vient avec des attaches, avec des conditions. C'est
comme cela que les Etats-Unis se sont développés au
départ. C'est sans équité dans leurs entreprises et avec
du capital emprunté. D'accord. Mais on voulait simplement souligner
je pense que là-dessus, le président va être
d'accord avec nous qu'il est tout naturel que la Caisse de
dépôt finance peut-être avant les entreprises de
l'extérieur, au moins s'occupe des entreprises québécoises
et leur facilite les choses.
Si vous nous dites que c'est en train de se faire ou, en tout cas, que
c'est une hypothèse sérieuse de travail, cela nous suffit pour
l'instant.
M. ROULEAU (Alfred): ... la Caisse de dépôt et placement,
pour les rencontres que nous avons eues avec eux, je suis certain qu'elle va
s'impliquer dans le financement de Place Desjardins. Dans quel ordre de
grandeurs? Ce sera sûrement un montant important. Evidemment, c'est
difficile pour elle de se prononcer définitivement sur un engagement
financier tant qu'on ne leur apportera pas tout le plan du financement, avec
les détails, les garanties, etc.
M. LESSARD: Vous parlez de...
M. ROY: M. le Président, si je vous ai posé cette
question, c'était à cause de la rentabilité du projet,
à cause de son envergure, à cause de l'enthousiasme que cela
suscite ailleurs, à des conditions avantageuses. A ce moment-là,
je partagerais un peu l'opinion de M. Rouleau à l'effet de ne pas avoir
peur d'aller chercher des capitaux ailleurs. Ce qu'on a dans la Caisse de
dépôt et placement et ce qu'on a dans nos institutions
canadiennes-françaises, on s'en servira pour faire autre chose. Je pense
qu'on a un besoin de capital au Québec et qu'il ne faudrait pas
rêver en couleur de ce côté, ne pas mettre tous nos eufs
dans le même panier, non plus. Ce n'était pas dans le sens de
suggérer ou imposer des restrictions au Mouvement Desjardins, mais
c'était surtout pour savoir, dans le cas de Place Desjardins, de quelle
façon on avait procédé. Or, cela veut dire qu'il est
même possible que ce soit financé en partie par du capital
étranger. C'est ce que j'ai cru comprendre...
M. ROULEAU: Je ne sais pas ce que vous entendez par capital
étranger.
M. ROY: Autrement dit, la porte n'est pas fermée. Est-ce que nous
avons bien compris?
M. GARNEAU: Je pense bien que, sur le plan du financement, en ce qui
regarde le ministère des Finances, compte tenu du type de financement
qu'il s'agit de réaliser, on a une très grande
préférence pour que ce soit en devises canadiennes. D'abord, il
s'agit d'une institution qui n'aura pas un portefeuille très
varié, il va y avoir une hypothèque et cela va être la
dette de Place Desjardins Inc., cela va être une hypothèque. De
telle sorte que si, au cours des années, dans la période de
remboursement du capital et des intérêts, on avait une partie
importante en devises étrangères, cela pourrait avoir des
conséquences plus ou moins embarrassantes, selon que les taux de change
sont â la hausse ou à la baisse, et avoir une implication sur la
rentabilité de l'entreprise.
M. ROY: C'est ça!
M. GARNEAU: C'est pourquoi on trouverait plus normal et plus sain que
les $110 millions en question soient placés, dans une très large
proportion, en devises canadiennes. Tout à l'heure, le
député de Beauce-Sud a posé une question. Je pense bien
que le président de Place Desjardins ou d'autres étaient sur le
point d'y répondre, mais quand même je veux revenir
là-dessus.
Lorsque vous parlez de l'une des conditions soumises au gouvernement, et
qui nous avait été soumise au mois de décembre
à ce moment-là, je pense bien qu'on voulait vérifier
l'exactitude, la véracité et la nécessité de cela
c'est la garantie d'achèvement des travaux. C'est-à-dire
qu'au moment où la première hypothèque va être
accordée, où les besoins financiers vont se faire sentir, parce
que les marges comprises par l'avance de $20 millions qui est contenue dans le
bill 27 plus le capital-actions, quand tout cela va avoir été
entamé largement, il va falloir commencer à toucher aux
premières tranches de la première hypothèque. Ce qui veut
dire qu'il faut que les institutions prêteuses, qu'elles soient
québécoises, canadiennes ou même étrangères
pour une partie, s'il y en a, que la valeur de leur hypothèque n'est
réelle que pour autant que l'immeuble sur lequel elles détiennent
cette première hypothèque soit complété, pour que
les locaux puissent être loués et rapporter au moins les retours
de loyers qui sont prévus et qui assurent la rentabilité du
projet.
C'est donc dire qu'au moment où la première
hypothèque va être donnée, on nous informe, on nous dit, et
cela a été le résultat d'une séance de travail
assez longue que nous avons eue avec le ministre des Travaux publics,
moi-même, le sous-ministre des Finances et les représentants de
Place Desjardins, qu'il fallait donner la garantie de l'achèvement des
travaux. Cela implique qu'un des actionnaires le fasse.
En raison de la structure juridique du Mouvement Desjardins, du
morcellement des entreprises Desjardins... Parce que, si c'est un mouvement, il
demeure que chacune a son autonomie juridique. La force vient de l'association
des capitaux et des institutions, mais il n'y a pas de structure juridique qui
réunit tous ces capitaux qui puisse faire en sorte à moins
qu'il y ait un changement à la loi du côté des caisses
populaires ou des institutions Desjardins, elles ne peuvent pas, juridiquement,
et peut-être que ce ne serait pas une très bonne chose, au point
de vue financier, porter un tel fardeau de donner cette garantie
d'achèvement des travaux.
Cela veut dire que, compte tenu du fait que nous sommes deux
actionnaires, il y en a un qui est le gouvernement, c'est évident que
les institutions prêteuses demandent que cette garantie soit
donnée par le gouvernement, ce qui impliquerait un changement à
la loi qui a créé SODEVIQ, qui permettrait à cette
entreprise, avec l'accord du gouvernement, de donner la garantie
d'achèvement des travaux. Il y a aussi l'autre aspect. On n'a pas
exactement dit encore quel était le coût de ces travaux,
globalement. Des estimations sont données dans les documents qu'on nous
a remis.
Si ma mémoire est fidèle, on les situait dans le document
à $154 millions, ce sont des chiffres qui sont datés du
début d'avril, du 4 avril. On est rendu au mois de mai, il y a la
grève des cimenteries, il y a d'autres facteurs qui peuvent entrer en
ligne de compte, de telle sorte que ce n'est pas irréaliste de dire
qu'il est possible, même en se croisant les doigts, que le coût des
travaux de l'ensemble du complexe dépasse $154 millions. Quel est le
montant? Est-ce que ce sera $160 millions, $161 millions, $156 millions, $165
millions? C'est un problème qu'il nous faut envisager, parce que s'il y
a une première hypothèque de $110 millions et qu'il y a un
versement de capital-actions autorisé de $20 millions sur lesquels on
veut garder quand même une marge de manoeuvre pour un fonds de roulement,
si on applique $15 millions ou $16 millions de l'équité en
paiement d'une partie des coûts des travaux, on est rendu à $126
millions. Et de ce montant au solde, il nous faut trouver un financement
intermédiaire. C'est cette question qui nous préoccupe. Je pense
que des solutions sont envisagées. Mais le point de départ, c'est
quand même un amendement à la loi qu'il nous faudra apporter
éventuellement à l'Assemblée nationale et qui demandera
à l'Assemblée nationale d'autoriser, par loi, SODEVIQ à
donner une garantie de terminaison des travaux. C'est le point de
départ, c'est le point fondamental sans lequel, que ce soient des
institutions francophones, anglophones ou américaines, le financement
sur première hypothèque sera assez difficile à
obtenir.
M. MORIN: M. le Président, j'imagine que quand le ministre parle
de complétion, il veut dire que les travaux soient menés à
bien, soient terminés? C'est ça?
M. GARNEAU: C'est ça.
M. MORIN: C'est l'anglais completion. Ce n'est pas tout à fait
exact.
M. GARNEAU: Si vous avez un autre mot, dites-le moi, terminaison, j'ai
utilisé les deux. Cela ne nous donnera pas les dollars dont on a besoin
pour financer ça.
M. MORIN: Je pense que je comprends. Je ne dis pas que l'Opposition soit
hostile à un principe comme celui-là, mais le ministre a dû
tout de même s'assurer, avant de s'engager sur cette pente, des montants
en cause? Est-ce qu'il peut nous donner un ordre de grandeur?
M. GARNEAU: De ce côté, je crois qu'il faut avoir les
chiffres du conseil d'administration de Place Desjardins. Les informations que
j'ai ou que je pourrais vous donner viennent du conseil d'administration. Je ne
siège pas à ce conseil et je dois dire que jusqu'à
présent, il y a eu de très bonnes, d'excellentes communications.
On a des informations assez complètes et qui me font dire ce que je
viens de vous dire. Mais s'il y a des choses à ajouter, en termes de
coût, c'est quand même à M. Rouleau ou à M.
Wermenlinger à donner des précisions plus grandes
là-dessus.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je pourrais dire ceci? Les
estimations originales étaient de $153 millions, c'est bien
ça?
M. ROULEAU (Alfred): Le projet a été arrêté
à $153 millions il y a déjà un certain temps, un an. Il
faut dire que, dans les $153 millions, il y a les frais directs et les frais
indirects. Les frais directs de construction et les frais indirects...
M. MORIN: J'ai vu ça dans le rapport, effectivement.
M. ROULEAU (Alfred): On avait aussi prévu dans les $153 millions
des clauses escalatoires; il y avait quand même un coussin à
l'intérieur, qui est toujours là et qu'on ronge graduellement. Ce
qui est venu perturber nos chiffres, c'est tout ce qui se passe depuis quatre
ou cinq mois.
C'est sûr que l'arrêté de $153 millions... Tout
à l'heure, M. Wermenlinger, a fait des calculs. C'est difficile de dire
formellement, par exemple que cela va être $158 millions ou $157 millions
ou $160 millions. Je pense bien que, pour ma part, on n'ira pas beaucoup plus
loin que cela, mais il faut quand même le prévoir, parce qu'il y a
de l'impondérable actuellement, forcément il y a de
l'impondérable, même si on est très serré dans notre
travail, très serré dans les adjudications de contrats,
forcément, seulement la fluctuation du coût d'intérêt
actuellement...
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
à M. Rouleau si, au moment où ce projet de loi sera
déposé je ne sais pas quel est le calendrier pour cela
sans doute devrons-nous en recauser, il pourrait nous donner une
photographie assez exacte des engagements que l'Assemblée serait
appelée à prendre sur le plan financier en votant une telle loi?
Cela nous met un peu mal à l'aise. Je ne voudrais pas qu'on tombe dans
une affaire... Je suis sûr qu'on ne tombe pas dans une affaire comme
celle du Canadien Pacifique, mais vous voyez ce que je veux dire. Où est
la limite? On aimerait en avoir une idée. Mais, encore une fois, le
principe nous paraît acceptable dans la mesure où on aurait au
moins une idée de ce que cela signifie sur le plan financier. Je pense
que c'est le moins qu'on puisse faire comme membres de l'Assemblée
nationale.
M. WERMENLINGER: M. le Président, si je peux ajouter quelques
mots là-dessus. On pourrait certainement satisfaire à la demande
de l'honorable chef de l'Opposition au moment où le projet de loi sera
déposé. Il faut quand même bien se rendre compte qu'on
n'aura le montant final du coût des travaux qu'à la fin des
travaux; en ce sens que, à cause des développements actuels, il
semble qu'il y ait un effet inflationniste dont il est très difficile de
prévoir la fin, n'est-ce pas? A l'heure actuelle, l'inflation
amène une situation absolument inattendue.
Cependant, pour bien corriger l'impression peut-être de malaise
que vous pouvez ressentir à la suite de cela, je voudrais dire que, le
fait que nous avons accordé plus des deux tiers des contrats jusqu'ici
tend à réduire la marge d'incertitude qui pourrait subsister.
Pour autant que nous puissions avoir suffisamment de soumissionnaires pour les
contrats qui restent à accorder et pour autant que la situation demeure
jusqu'à un certain point sous contrôle, je pense qu'on peut quand
même anticiper des dépassements, mais non des dépassements
exagérés. Comme disait le ministre des Finances, c'est
peut-être de l'ordre de $4 millions, $5 millions, $6 millions ou $7
millions. C'est l'ordre de grandeur approximatif à l'heure actuelle.
M. LESSARD: M. le Président, on se rappelle justement qu'en
décembre 1973, le premier projet de loi, soit le projet de loi no 27,
qui nous avait été présenté par le ministre des
Transports, comprenait cette clause à l'article 1, c'est-à-dire
cette modification que demandait le ministre des Finances, soit de garantir le
parachèvement des travaux de construction et d'aménagement de
Place Desjardins.
Comme nous n'avions pas les informations, à ce moment-là,
étant donné la fin de la session, on ne pouvait pas les obtenir,
nous avions demandé, en collaboration avec le député de
Beauce-Sud, qu'on modifie, en tout cas, pour le moment, le projet de loi et
c'est à ce moment-là que, suite à une discussion et
à une rencontre,
nous avons eu l'autre projet de loi qui vous accordait la somme de $20
millions, sous forme de prêts, soit le projet de loi no 29.
Comme le disait le chef de l'Opposition, en principe, nous ne sommes pas
nécessairement contre cette garantie, puisque, étant donné
la Loi des caisses populaires, le seul associé, le seul groupement qui
peut le faire, à Place Desjardins, c'est le gouvernement.
Cependant, vous comprendrez, comme c'était le cas en
décembre 1973, malgré le fait que nous ayons beaucoup plus
d'information aujourd'hui que nous n'en avions à ce moment-là,
vous comprendrez je le dis au ministre des Finances en même temps
que nous, étant donné que nous avons une certaine
responsabilité, malgré le fait que nous ne soyons que huit
députés dans l'Opposition, avant d'accepter un principe comme
celui-là, nous devons savoir un certain nombre de choses,
c'est-à-dire, essayer d'estimer, au moins, quel sera le maximum de
garantie. Je pense que lorsque le projet de loi va venir, peut-être
sera-t-il possible de nous donner des informations supplémentaires,
puisque je suis assuré, justement, que le ministre des Finances et le
ministre des Transports qui, par l'intermédiaire de fonctionnaires qui
sont au conseil d'administration de Place Desjardins, ont des informations
supplémentaires. Comme on le dit, on ne veut pas connaître tous
les secrets des dieux, mais si on veut que l'Opposition accepte un principe
comme celui-là, on va avoir besoin de détails
supplémentaires, que vous pourrez estimer beaucoup plus peut-être,
lorsque les contrats qui restent à accorder seront accordés.
Mais cette clause-là, cette modification à l'article 18 de
la Loi de la Société de développement immobilier du
Québec, lorsque vous vous êtes associés avec le
gouvernement, comment se fait-il qu'elle n'ait pas été
ajoutée à ce moment-là? Ce que je veux savoir c'est si
cette clause de modification à la Loi de la Société de
développement immobilier viendrait du fait justement qu'il y a eu une
augmentation assez considérable des coûts, ou si c'est une clause
qui est normale, étant donné qu'une société
prête sur des constructions qui ne sont pas encore construites,
terminées, et que leur garantie, en fait, existe, à ces
sociétés prêteuses, pour autant que ces travaux vont
être terminés.
Ce que je demande, c'est si c'est à cause de l'augmentation des
coûts qu'on prévoit, ou si c'est une clause qu'on a tout
simplement oubliée lorsqu'en mai 1971 on a présenté le
projet de Place Desjardins.
M. ROULEAU (Alfred): J'ai été mêlé à
cela, j'ai été associé à cela. Je peux vous dire
que quand le gouvernement du Québec et le Mouvement Desjardins se sont
entendus pour collaborer ensemble j'en ai fait l'historique ce matin
pour la réalisation de Place Desjardins, il est évident
que, de notre côté, il a fallu avoir une société qui
regroupait les institutions du
Mouvement Desjardins, qu'on appelle la Corporation immobilière
Place Desjardins. Le gouvernement devait avoir aussi, forcément, une
société pour être capable, vraiment, de réunir les
deux partenaires. Je peux vous dire, pour répondre à M. Lessard,
que c'est certain que quand il a été question de la loi de
SODEVIQ dans nos rencontres, je l'avoue, nous ignorions toutes ces conditions
qui pouvaient être posées à la lumière du
financement. Ici, je peux avoir l'impression de vous dire: Comment se fait-il
que les gens de Place Desjardins se sont impliqués dans un projet de
cette dimension sans avoir contrôlé ou tout vérifié
au point de départ? Je vous réponds ceci: Je pense que
l'intelligence veut qu'on planifie jusque dans les détails dans tout
projet qu'on engendre, mais dans un projet de cette dimension, je vous avoue
que, pour moi, ce n'est pas possible de tout planifier, surtout pour des gens
dont la fonction n'est pas une fonction de promoteurs immobilier, dans ce
sens-là.
C'est évident qu'il y a une grosse partie... C'est au fur et
à mesure que nous avons avancé dans le projet qu'on a
clarifié des situations. Si on avait voulu, vraiment, tout planifier au
point de départ, j'ai l'impression qu'on ne serait pas ici aujourd'hui,
et qu'il n'y aurait rien de fait, rien de parti. Je ne sais pas si cela
répond à votre question. Quand on est parti, y compris quand la
loi de la SODEVIQ a été promulguée, parce que
j'étais là, je peux vous certifier que pour tous, y compris le
Mouvement Desjardins, parce que celui-ci a été aux prises, je
puis vous le dire mes collègues qui sont ici vous le diront avec
le même problème, quand nos conseillers financiers nous ont dit:
Vous ne pourrez pas obtenir un financement sans donner une garantie du
parachèvement des travaux, cela nous a compliqué l'existence
drôlement, mais bien après que la loi 68 de SODEVIQ a
été adoptée.
M. LESSARD: Mais, M. Rouleau, peut-être que c'est le ministre des
Finances qui pourrait me répondre à ce titre. Ce sur quoi je
voudrais être éclairé, c'est sur ceci: Est-ce une clause
normale qu'on exige? Est-ce qu'on l'exige parce que c'est le gouvernement qui
est impliqué là-dedans, ou est-ce que cette clause, normalement,
est exigée dans des contrats similaires, mais qui se passent entre des
compagnies prêteuses et des compagnies privées? Simplement, pour
encore aller plus loin, est-ce que cette clause, justement, de garantir le
parachèvement des travaux, existe pour Place du Centre, à Hull?
Même si le gouvernement n'est pas associé, j'essaie de voir la
distinction. Comment se fait-il qu'à Place du Centre, à Hull, il
ne semble pas que les deux compagnies prêteuses, soit le Fonds de pension
du Canadien National et la Caisse de dépôt, n'aient pas
exigé une telle clause? Je me le demande. J'essaie de me faire
éclairer sur le fait, le pourquoi de cette clause, lorsqu'il s'agit
d'associations entre un
mouvement qui est quand même très puissant, très
fort, soit les Caisses populaires Desjardins, et le gouvernement du
Québec.
M. GARNEAU: Je n'ai pas la réponse pour ce qui est de Place du
Centre, à Hull. Je peux dire que dans un certain nombre de projets, par
exemple, The Edmonton Center Limited, The Pacific Center Limited, Toronto
Dominion Center Limited, on voit dans les prospectus du financement qu'un des
actionnaires, qui avait les reins financiers capables de donner une telle
garantie, devait donner une garantie de parachèvement des travaux.
M. LESSARD: Est-ce qu'il serait possible que le ministre nous fasse
parvenir ces prospectus, afin qu'on puisse en prendre connaissance?
M. GARNEAU: Pour ce qui est du contrat hypothécaire, à
Place du Centre, je pourrais vérifier. Je ne sais pas qui donne la
garantie du parachèvement des travaux, mais cela me paraît assez
normal qu'une telle garantie soit donnée, parce que, pour toute la
rentabilité d'un projet semblable, il n'y a aucun locataire qui
accepterait de s'y installer et de payer des loyers, quand même à
des prix assez élevés, s'il n'a pas les avantages qu'il escompte
avoir d'un projet terminé.
J'imagine bien que, si un locataire du 16e étage d'une des tours,
pour s'y rendre et recevoir ses clients, devait passer à travers des
fils et des plafonds non terminés, etc., il demanderait la
résiliation de son bail et n'importe quel tribunal lui donnerait gain de
cause. De telle sorte que la valeur de l'hypothèque tomberait. Cela me
paraît quand même une condition valable. Peut-être que M.
Goyette pourrait ajouter quelque chose là-dessus.
Il arrive que, dans certains financements de projets immobiliers de
moindre envergure, le créancier hypothécaire n'exige pas une
clause de parachèvement des travaux. Mais, à ce moment-là,
la plupart du temps, il ne versera ses fonds, le montant de
l'hypothèque, qu'à la fin des travaux. C'est souvent le cas
à la Caisse de dépôt, qui participe à des
financements immobiliers de projets de $3 millions à $10 millions et, la
plupart du temps, les fonds ne sont versés qu'à la toute fin. A
ce moment-là, il n'y a plus nécessité d'avoir une clause
de parachèvement des travaux.
Pour rejoindre une question que posait le député de
Saguenay, et c'est surtout pour l'information des autres membres de la
commission, à quel moment avez-vous besoin d'une première tranche
de l'hypothèque? C'est parce que cela va donner une indication à
savoir à quel moment le projet de loi devra être
présenté en Chambre et également quel délai peut
exister entre les chiffres qu'on nous donnera aujourd'hui et les chiffres qui
pourraient avoir été modifiés. Si c'est la semaine
prochaine, pour prendre cet exemple, je pense bien que, d'ici une semaine,
même si on se réunissait à nouveau, Place Desjardins ne
pourrait pas nous donner des chiffres tellement différents de ceux qu'on
nous donne aujourd'hui. On m'a indiqué, quand même, qu'il y avait
une certaine urgence à ce que ce projet de loi soit adopté. Les
conseillers juridiques sont à en faire la rédaction. On me dit
que, d'ici quelques jours, le texte pourrait être prêt. Je pense
bien que tout ça est relié au moment où vous avez besoin
d'une première tranche du versement de l'hypothèque.
M. WERMENLINGER: C'est ça! Il y a un calendrier, dans ça
comme dans le reste.
Je crois que le versement, ce qu'on appelle la clôture, la
journée de clôture, la première tranche des versements de
première hypothèque, se situe au mois de juillet, fin juillet, si
je ne me trompe. Evidemment, avant que cela soit possible, il y a toute une
série de gestes à poser, de telle sorte qu'il nous reste peu de
temps.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Vous dites que l'hypothèque commencera à
être déboursée au mois de juillet, si j'ai bien
compris.
M. WERMENLINGER: Le premier versement.
M. ROY: Pardon?
M. WERMENLINGER: Le premier versement de l'hypothèque.
M. ROY: Le premier versement de l'hypothèque, mais actuellement,
disons que les accords finals ne sont pas conclus. La question de
l'hypothèque, j'imagine qu'il y a un autre point aussi qui se
présente, c'est que vous avez parlé de débentures
subordonnées. J'ai cherché dans votre rapport pour essayer de
découvrir quelles étaient les conditions, si vous voulez, de vos
débentures subordonnées. J'aimerais qu'on me donne les
explications là-dessus. J'aurai d'autres questions, à ce sujet,
à poser par la suite, parce que si les débentures sont
subordonnées à l'hypothèque, c'est-à-dire qu'elles
ont préséance sur l'hypothèque...
M. WERMENLINGER: L'inverse. C'est le contraire.
M. ROY: Le contraire? D'accord! A ce moment, ces débentures
peuvent être vendues à un coût plus élevé,
parce que ce n'est pas la même nature de risques, ce n'est pas le
même genre de placements. Ce sont en quelque sorte des débentures
qui constituent une deuxième hypothèque aux immeubles.
M. WERMENLINGER: Evidemment, l'émis-
sion de débentures à l'heure actuelle, au stade où
en sont les discussions, le Mouvement des caisses populaires en absorberait une
partie, c'est-à-dire en prendrait une partie. L'autre partie pourrait
être souscrite par le gouvernement du Québec.
M. ROY: La Caisse de dépôt et de placement du Québec
pourrait en acheter.
M. WERMENLINGER: C'est possible. Maintenant, c'est une chose qui
dépend entièrement des négociations à entreprendre
entre les actionnaires, c'est-à-dire, je ne peux pas parler pour les
actionnaires là-dessus, tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est
l'intention d'offrir au Mouvement des caisses populaires Desjardins et au
gouvernement du Québec les débentures, le montant des
débentures nécessaire pour combler la différence entre le
coût des travaux et la première hypothèque, ainsi que
l'équité, c'est-à-dire les actions.
M. ROY: Au niveau des actions, est-ce que vous avez envisagé,
étant donné qu'il y a augmentation dans les coûts, si on se
réfère aux prévisions du tout début, la
possibilité ou l'éventualité d'augmenter le capital, le
capital-action, si vous voulez, de l'entreprise, de façon à
augmenter son équité? Plus l'équité est forte, il
est évident que plus c'est facile de trouver le financement.
M. WERMENLINGER: Comme je vous disais ce matin, nous avons encore de
l'équité à souscrire. Il n'est pas envisagé de
dépasser les montants qui avaient été envisagés
dans le passé, pour toutes sortes de raisons, entre autres, les limites
qui peuvent être possibles de souscrire pour certaines institutions du
Mouvement Desjardins, limites à caractère juridique. J'ai donc
jugé nécessaire de recourir à une autre méthode de
financement pour la tranche additionnelle de financement qui est
nécessaire, en plus de la tranche de première
hypothèque.
M. ROY: Autrement dit, le capital demeurerait à $20 millions,
tel...
M. WERMENLINGER: Ou moins. Actuellement, il est envisagé de ne
pas dépasser $16 millions, qui seraient souscrits en partie par le
Mouvement Desjardins à 51 p.c. et en partie par SODEVIQ à 49
p.c.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Rimouski.
M. SAINT-HILAIRE: Vous avez dit tout à l'heure que les 2/3 des
contrats étaient à peu près donnés, c'est
là-dessus que vous avez basé vos estimés. Je
présuppose que pour ces genres de contrats, les individus ou les
compagnies qui ont obtenu les contrats fournissent à votre entreprise un
"bond" d'exécution de contrat. Si tel est le cas, je pense, probablement
que votre mécanique est accordée et tout cela, alors est-ce
qu'ils ont, effectivement, un "bond" d'exécution?
M. WERMENLINGER: Oui.
M. SAINT-HILAIRE: A partir de ce moment, je pense que la part du
gouvernement dans la garantie se trouve extrêmement minimisée,
parce que pour le parachèvement, ces "bonds" d'exécution de
contrat viennent aider l'entreprise, parce qu'assurément, si les 2/3 de
vos contrats et le solde du 1/3 probablement auront des "bonds"
d'exécution, je pense que la garantie d'exécution finale va
appartenir, non seulement au gouvernement, mais à chacune des
institutions bancaires qui garantissent l'exécution du travail.
Je pense qu'à ce moment, la part du gouvernement vient
d'être extrêmement minimisée.
Il restera la partie qui n'est pas en sous-contrats, dont le
gouvernement aura la responsabilité, alors que la responsabilité
du reste reviendra aux compagnies d'assurance.
M. LEGER: Vous me permettez...
M. WERMENLINGER: II faut cependant dire que, dans les contrats qui
restent à accorder, il y a une certaine escalade possible et c'est
là qu'intervient le problème de la marge entre le budget initial
et le coût final des travaux. Car il reste quand même un certain
nombre de contrats à accorder qui pourraient dépasser les
prévisions, même s'il y a des garanties d'exécution, il
reste encore une certaine marge. A l'heure actuelle, il est clair que nous ne
pouvons pas nous en tenir aux objectifs budgétaires de 1973.
M. SAINT-HILAIRE: Je comprends parfaitement bien, mais lorsque nous
voterons le projet de loi, je pense qu'à ce moment-là, selon le
projet de loi pour la garantie de la terminaison du contrat, on pourra toujours
considérer que le gouvernement n'est pas le seul à garantir la
finition des travaux, parce que chacune...
M. GARNEAU: M. le député va probablement admettre... Je
comprends moi aussi, c'est pourquoi je soumets que notre risque, même
s'il existe, peut être minimisé.
M. SAINT-HILAIRE: C'est cela.
M. GARNEAU: Mais en plus du parachèvement des travaux qui
pourraient être exécutés par la compagnie d'assurance, il
reste le coût du contrat lui-même, de telle sorte que si les
contrats estimés actuellement faisaient que le coût total soit de
$155 millions et qu'au terme, à cause de l'escalade des coûts, il
soit de $165 millions, il resterait $10 millions qu'il faudrait trouver.
M. SAINT-HILAIRE: Je pense que, à un moment donné, on a
été porté à croire que le gouvernement venait
garantir la somme totale de tout ce qu'il y avait là pour la finition
des travaux, alors que le gouvernement va avoir des partenaires pour garantir
le reste de la finition des travaux, les partenaires étant chacune des
entreprises, des compagnies d'assurance qui garantissent chacun des
sous-entrepreneurs. A ce moment-là, notre part est diminuée
d'autant.
M. MAILLOUX: Je ne voudrais pas errer comme ministre des Travaux
publics, il ressort que, suite à la question qu'avait posée, je
pense, l'honorable chef de l'Opposition, si, par hasard, le projet de loi
survenait dans quelques semaines et qu'il y avait évidemment des faits
nouveaux qui se produisaient ou que l'inflation galopante augmentait davantage,
il serait possible, avant que ce soit présenté en Chambre,
d'apporter ces faits à l'attention des membres de la commission. Quand
on parle de garanties de fin d'exécution des travaux et de paiement, il
ne faudrait quand même pas se cacher la vérité, parce que
cela voudrait dire également pour le gouvernement, je pense qu'on doit
le dire, à moins que j'erre, que s'il y avait un "Act of God" durant
l'exécution des travaux, qui ne soit couvert par aucune assurance, cela
supposerait qu'il faudrait qu'il y ait un réinvestissement pour que cela
vienne également à terme.
Dans mon esprit, cela veut dire aussi loin que cela, si, par hasard,
cela arrivait.
M. SAINT-HILAIRE: C'est vrai.
M. MAILLOUX: Je pense que c'est ce que suppose la garantie
d'exécution et le paiement des travaux.
M. LESSARD: Ce qui m'amène, suite à cela, pour être
bien sûr...
M. MAILLOUX: II se peut, s'il y avait un phénomène
semblable, qu'il faille quand même rembourser de manière que cela
puisse se terminer.
M. SAINT-HILAIRE: Ou se reprendre.
M. MAILLOUX: A moins que cela soit l'envers de la vérité,
mais qu'on me le dise.
M. LESSARD: Dans le même sens, cela m'amenait à soulever
deux questions qui rejoignent aussi ce que soulevait tout à l'heure le
député de Beauce: Est-ce que cette garantie de
parachèvement des travaux que donnerait le gouvernement va pouvoir
modifier ou va peut-être modifier l'équité initiale du
gouvernement?
M. WERMENLINGER: Non.
M. LESSARD: L'équité demeure toujours les mêmes $16
millions pour autant que vous êtes capables de vous financer pour la
différence?
M. WERMENLINGER: C'est cela.
M. LESSARD: Sinon, vous êtes obligés d'augmenter votre
équité initiale.
Deuxième question: Dans les circonstances d'un "Act of God" ou
dans la situation d'un "Act of God", ou s'il arrivait une augmentation des
coûts assez considérable à cause de l'inflation, est-ce que
ces montants supplémentaires qui devraient être engagés par
le gouvernement, puisqu'il y aura garantie de parachèvement des travaux,
s'ajouteront également ou selon le pourcentage des actions qui sont la
propriété du gouvernement à 49 p.c. et 51 p.c. du
Mouvement Desjardins?
Est-ce que ces montants seront ajoutés selon cette proportion ou
est-ce qu'en donnant la garantie des travaux le gouvernement prend seul
l'obligation de terminer les travaux? Autrement dit, est-ce que le Mouvement
des caisses populaires Desjardins reste avec les mêmes
responsabilités dans le contrat, si, par exemple, il arrive une
augmentation des coûts de $15 millions? Parce que vous dites: Le
Mouvement des caisses populaires Desjardins ne peut pas garantir, ne peut pas
donner cette garantie. Je ne sais pas pourquoi, puisque Cadillac le fait pour
Place du Centre. Mais alors il y a seulement un partenaire, il y a seulement un
associé qui donne la garantie. Est-ce que le principe de la garantie
change les obligations des deux associés?
M. ROULEAU (Alfred): Pour moi, ce sont deux choses.
M. LESSARD: Ce sont deux choses, d'accord.
M. ROULEAU (Alfred): Le parachèvement des travaux c'est une
chose. Pour moi, cette partie, on l'a expliquée tantôt. Je pense
qu'on n'en sort pas à moins que la loi ne soit amendée pour
permettre au gouvernement de la donner, parce qu'au niveau du Mouvement
Desjardins, c'est presque impossible, parce qu'il y aurait des amendements
à plusieurs lois pour y arriver. Mais, si je fais l'hypothèse que
les travaux vont être terminés, là vous avez soulevé
un point. On a dit: Le projet est arrêté à $153 millions.
Disons qu'il s'arrêterait à $160 millions. Faisons cette
hypothèse-là. Nous disons: Les deux actionnaires, c'est $16
millions. C'est cela? Deuxièmement, on dit: Le financement
hypothécaire, c'est $110 millions. La différence... comme cela se
présente, je pense qu'on s'en va définitivement là-dessus,
il y aura des débentures subordonnées qui seront absorbées
en bonne partie par le Mouvement Desjardins et la différence par le
gouvernement. C'est comme cela qu'on prévoit le projet. Maintenant,
le
montant final, si je dis: $163 millions ou $160 millions, je fais une
hypothèse. Ce n'est pas final. C'est seulement pour les fins de la
discussion.
Je me dis: Nous aurons $16 millions dont 49 p.c. du gouvernement, 51
p.c. du Mouvement Desjardins en actions, au niveau des obligations
hypothécaires, je pense bien que dans les institutions du Mouvement
Desjardins on va retrouver de ces obligations qui vont être
achetées. Quant aux debentures subordonnées actuellement, nous
avons envisagé que les souscripteurs seront à la fois le
Mouvement Desjardins avec ses institutions et le gouvernement. Il ne s'agit pas
de sortir de là-dedans.
M. ROY: On arrive entre les chiffres de $30 millions et $35 millions de
débentures subordonnées, si on se réfère aux
chiffres que vous venez de nous donner. Advenant le cas où le Mouvement
Desjardins, dans son ensemble, compte tenu des montants qu'il peut investir
dans l'hypothèque initiale, se limiterait à acheter $10 millions
ou $12 millions de ces débentures subordonnées, cela veut dire
que la totalité de la différence, compte tenu des engagements que
le gouvernement de la province a pris sous la condition de parachèvement
des travaux et des avances qui ont été consenties, sera
achetée par le gouvernement de la province.
M. ROULEAU (Alfred): Au moment où vous posez la question, M. Roy,
je peux vous dire qu'au niveau du Mouvement Desjardins je ne parle pas
comme président de Place Desjardins il y a toute une
opération actuellement qui est en train de se faire je pense que vous
connaissez la structure, au niveau des dix unions régionales et des cinq
institutions financières qui appartiennent au mouvement, pour savoir
jusqu'où il va être en mesure de souscrire un montant X pour les
débentures subordonnées. Je suis certain, en tout cas si j'en
juge par ce que je sais présentement, qu'on va certainement souscrire un
fort pourcentage des débentures subordonnées.
M. ROY: Quand vous parlez d'un fort pourcentage, est-ce que cela peut
vouloir dire...
M. ROULEAU (Alfred): Je ne veux pas anticiper... de $20 millions.
M. ROY: Une vingtaine de millions au moins?
M. ROULEAU (Alfred): Oui.
M. ROY: J'aimerais savoir, à moins qu'on ait d'autres questions
sur ce point, mais cela se rattache un peu...
M. MORIN: II y en a encore quelques-unes.
M. ROY: Je voulais vous demander si vous aviez un bilan pro forma
préparé?
M. MORIN: J'aurais peut-être, M. le Président, avant de
passer à cette question...
M. ROY: Ou encore on pourrait y revenir après? D'accord.
M. MORIN: ... si le député de Beauce-Sud me le permet. Je
pense que ces messieurs comprennent qu'il y a beaucoup de sympathie autour de
cette table pour le projet considérable et vraiment extraordinaire
qu'ils ont mis en marche. Toutefois, c'est évidemment le rôle de
l'Opposition, vous n'en disconviendrez pas, de surveiller d'assez près
tout ce qui touche aux fonds publics et aux engagements qui sont faits à
partir des fonds publics.
Le ministre des Transports ne m'a pas rassuré il y a un instant
en évoquant le cas, à vrai dire peu probable mais toujours
possible, du cas fortuit, de l'événement extraordinaire, du
tremblement de terre qui remet tout en question. Je prenais connaissance
à ce sujet des prospectus qui nous ont été fournis fort
aimablement et en particulier du prospectus de Pacific Center Limited, du 15
février 1971, dans lequel la clause de fin d'exécution des
travaux, parce qu'effectivement chacun de ces prospectus en contient une
fait intervenir la responsabilité conjointe et solidaire de tout
ceux qui sont associés pour la réalisation des travaux, en
l'occurrence aussi bien la Banque Toronto-Dominion que la compagnie Eaton, que
la société Cemp. A première vue, il m'apparaîtrait
normal que les deux principaux associés portent un risque de cette
nature et pas seulement l'un des deux. Toutefois, encore une fois, je ne suis
pas opposé mordicus, je m'interroge et j'aimerais bien avoir vraiment
une situation bien nette sous les yeux avant que l'Opposition prenne la
responsabilité de s'engager. Je voudrais vous demander, M. le
Président si, au moment où le projet de loi sera
déposé, vous ne pourriez pas, en même temps, faire une
petite étude des transformations qui pourraient intervenir dans les lois
qui régissent le Mouvement Desjardins pour voir quels articles de quelle
loi devraient être modifiés. Je sais que le président a
laissé entendre que ce serait bien compliqué. J'aimerais bien
quand même passer au travers de ça, en avoir le coeur net. Quelles
sont exactement les dispositions qui devraient être modifiées? Il
me semble que pour qu'on ait vraiment un tableau complet, ça devrait
figurer au dossier.
M. ROULEAU (Alfred): Je vais commencer par la fin. Vous faites
état des lois, parfois, je dis que le Mouvement Desjardins est un petit
gouvernement. On a les mêmes contraintes, etc., et chaque fois qu'on veut
toucher à une question comme cet exemple ça suppose qu'on met 15
conseils d'administration d'accord. On a réfléchi à ce
problème et il n'y a pas que l'obstacle juridique. Je vous dis, comme
président du Mouvement Desjardins, que c'est une opération qui
est presque impensable de pou-
voir entreprendre ça avec quinze conseils d'administration, 225
personnes, avec tous les officiers supérieurs des entreprises qui sont
nécessairement impliqués dans ces discussions pour aller chercher
cette garantie du parachèvement des travaux. On a bien
réfléchi, on a consulté...
M. MAILLOUX: Vous voulez dire que c'est un petit gouvernement dans
lequel il y a de l'Opposition également?
M. ROULEAU (Alfred): Oui. On a des contraintes régionales, vous
pouvez être sûr de ça.
M. GARNEAU: Vous n'avez pas d'actions dans Bombardier, personne?
M. ROULEAU (Alfred): Qu'est-ce que c'est ça?
M. MORIN: Les ci-devants ne sont pas membres du gouvernement.
M. GARNEAU: Si vous me permettez, M. Rouleau, j'ajouterai ceci: en tant
que membre du gouvernement, je ne me sentirais pas capable d'appuyer ou de
recommander à mes collègues qu'un tel amendement soit
apporté. C'est parce que ces institutions du Mouvement Desjardins sont
des institutions qui vivent de l'épargne accumulée des
Québécois. Je trouverais que ce serait une garantie qui
dépasserait, à mon sens, les responsabilités
financières que le Mouvement Desjardins peut assumer, compte tenu du
type de ces opérations et, en plus, des difficultés techniques ou
politiques. M. Rouleau parle d'un petit gouvernement, moi, je dis que c'est
presque un gros, pour y avoir oeuvré pendant un certain temps. Je
soumets que ce ne serait certainement pas ce qu'il y a de mieux en termes de
saine gestion financière, compte tenu des types d'opération. Ce
sont quand même des coopératives qui accumulent l'épargne
du petit épargnant, éparpillée à la grandeur de la
province. Demander ou mettre sur les épaules de ces institutions un
fardeau qui pourrait aller à la limite.
C'est ce que mon collègue, le ministre des Transports, disait
tout à l'heure. Je suis loin de penser que ce serait un bon geste que
d'agir de la sorte. En tout cas, je ne serais sûrement pas en mesure de
recommander une telle attitude.
Les questions que le chef de l'Opposition et que le député
de Saguenay posent, nous les avons également posées aux membres
du conseil d'administration de Place Desjardins et aux institutions Desjardins
représentées au conseil. Vous parlez, par exemple, de donner une
garantie de 50-50.
M. LESSARD: Si c'est possible.
M. GARNEAU: C'est un peu cela qui est derrière votre question.
Evidemment, je ne vous cache pas que, quand vous êtes coactionnaires
d'une entreprise, dans des conditions normales, c'est une question qui vient
normalement et qui se pose normalement, mais je pense bien qu'il faut se rendre
à l'évidence.
En tout cas, cela a été la conclusion que moi et mon
collègue du ministère des Transports avons tirée à
la suite de ces longues discussions. Au stade où on en est rendu, pour
ceux qui n'ont pas vu de visu les travaux qui sont réalisés
jusqu'ici vous avez une image dans le document que vous avez on
est embarqué, sans utiliser le terme péjoratif, on est
certainement à un stade où il faut regarder en avant, on ne peut
plus regarder en arrière. On a certainement passé ce point de
non-retour. Ce qu'on peut demander au Mouvement Desjardins d'ailleurs,
même si on est actionnaire minoritaire, c'est un peu ce que M. Rouleau a
mentionné tout à l'heure, c'est que, dans les obligations
subordonnées, qui ne mettraient pas en défaut la compagnie, parce
que c'est assez important que ce soit clairement indiqué c'est
qu'il puisse nous assurer, par le biais de ses institutions, de prendre une
tranche importante de ces obligations subordonnées.
Il parlait de $20 millions. J'avais pensé qu'il aurait
été un peu plus généreux et qu'il aurait
changé le deux pour un trois, mais, de toute façon, je pense bien
qu'il y aurait possibilité de changer le deux pour un trois. De toute
façon, cela veut dire que le projet de loi, qui sera
présenté, en tenant pour acquis que le Mouvement Desjardins mette
$20 millions, supposons, pour prendre les chiffres de M. Rouleau et que le
projet serait de $160 millions, cela voudrait dire que la différence
$160 moins $110, moins $14, moins $20 serait à peu
près la tranche que nous devrions supporter. Le projet de loi devra
prévoir, à mon sens, des clauses qui permettent au gouvernement
d'avancer à SODEVIQ qui, elle, prêtera ou aura le pouvoir
juridique de prêter à Place Desjardins Inc., suivant des titres
qui ne mettront pas la compagnie Place Desjardins Inc. en défaut si,
pour une raison ou pour une autre, au cours des premières années
d'opération, les baux ne rapportaient pas les fonds suffisants pour
faire face aux coûts d'opération en première
hypothèque.
Evidemment, ce n'est pas la situation qu'on espère et qui est
prévue, mais c'est quand même une des possibilités. Comme
on est obligé de prévoir toutes ces éventualités,
c'est une des éventualités qu'on pourrait avoir et le projet de
loi devra tenir compte de ces facteurs.
M. MERCIER: M. le Président, un commentaire ou une information
additionnelle. Je suis loin d'être un spécialiste dans ce domaine,
c'est tout simplement pour m'éclairer et peut-être éclairer
les membres de la commission. Si l'on tient compte de l'échéance
finale des travaux qui serait, je pense, vers l'année 1976, est-ce qu'on
doit comprendre que cette garantie offerte par le gouvernement en fonction du
projet de loi qui pourrait survenir ou cette charge du
gouvernement serait décroissante au fur et à mesure qu'on
avancera vers l'échéance?
M. GARNEAU: Pour l'ordre de parachèvement des travaux, c'est
clair que cette garantie va se terminer quand les travaux vont être
terminés.
M. MERCIER: Si je comprends bien, il y a tout de même des
locations qui vont se faire avant le parachèvement de tous les travaux,
je veux dire que, lorsqu'une des bâtisses sera terminée...
M. GARNEAU: Si je saisis bien le sens de la question, vous dites que la
garantie de parachèvement dépend des débentures
subordonnées en un plus ou moins grand nombre?
M. MERCIER: Oui.
M. GARNEAU: Si le coût des travaux est de $160 millions, il peut y
avoir une quarantaine de millions de débentures subordonnées ou
à peu près cet ordre de grandeur.
A moins que je me trompe, je ne suis pas un avocat
spécialisé là-dedans, il y en a peut-être ailleurs,
quand les travaux sont terminés, la garantie de parachèvement est
également terminée. Il reste que l'argent qui aura
été prêté pour financer ce parachèvement sera
détenu en obligations subordonnées, soit par des institutions du
Mouvement Desjardins, soit par SODEVIQ. C'est l'ensemble de la location qui,
normalement, devrait fournir les revenus pour les frais d'entretien, les taxes,
les intérêts sur la première hypothèque et
également les obligations subordonnées.
M. MERCIER: Je comprends très bien que la garantie demeure
jusqu'à la terminaison complète. Est-ce qu'il est juste de
penser, tout de même, que l'élément de risque diminue au
fur et à mesure que les travaux se poursuivent? C'est minimiser les
risques d'un "Act of God", auquel on a fait allusion tout à l'heure.
M. GARNEAU: Je ne sais si M. Goyette ou d'autres personnes peuvent
répondre à cette question. Je ne me sens pas capable...
Est-ce que je peux ajouter, M. le Président, qu'en
réalité, la garantie de parachèvement des travaux n'est
pas nécessairement une garantie de finir ces travaux, malgré les
mots qu'on utilise. C'est une garantie de fournir le capital nécessaire
pour arriver à la fin des travaux. C'est donc une garantie de fournir le
capital qui ne sera pas obtenu sous forme principalement d'obligations
hypothécaires au premier rang.
M. MERCIER: D'accord.
M. GARNEAU: C'est de fournir du capital subordonné à la
première hypothèque et de fournir du capital nécessaire
qui n'est pas fourni par la première hypothèque et par
l'équité.
M. ROY: Autrement dit, c'est de s'assurer que le financement sera
complet, quoi qu'il arrive.
M. ROULEAU (Alfred): Je voudrais quand même qu'on dise quelque
chose là-dessus. Il y a quand même des précautions qu'on a
prises avec l'assurance. Il faudrait en dire un mot, parce que tout ce qu'on a
pu faire pour se protéger contre toutes sortes de risques
éventuels a été fait; je pense qu'on a pris nos
précautions, et je pense que ce serait important qu'on le dise,
même sans détailler ce que cela signifie. Peut-être que M.
Adam pourrait...
M. ADAM: M. le Président, en effet, quand nous avons mis à
exécution ce projet de construction de Place Desjardins, on a souscrit
auprès de diverses compagnies d'assurance générales un
contrat qu'on appelle communément "tout risque".
Tout à l'heure, M. Morin parlait d'un "Act of God", tremblement
de terre...
M. MORIN: Un cas fortuit.
M. ADAM: C'est prévu. Si on avait un tremblement de terre et
qu'à Place Desjardins, tout s'écroulerait, les assureurs
paieraient tous les dommages qui seraient causés par cela.
On parlait tout à l'heure de cautionnement d'entrepreneurs. En
effet, nous demandons aux entrepreneurs ou aux sous-traitants, des
cautionnements d'exécution, matériel et salaires. Par contre, ces
contrats avec les sous-traitants aussi bien qu'avec les entrepreneurs
comportent des clauses escalatoires. Prenons un seul exemple, l'acier. Sur
l'acier, sauf erreur, M. Wermen-linger me corrigera, ou M. Laporta, nous avons
eu un supplément assez appréciable à payer, puisque
l'entrepreneur principal avait une clause d'escalation dans son contrat, ce qui
est tout à fait normal. Quand un entrepreneur assume un contrat une
année et que les parachèvements vont se faire trois ans
après, il n'acceptera pas le contrat sans clause d'escalation.
M. SAINT-HILAIRE: Avec l'inflation, le "bond" d'exécution est
augmenté d'autant, pareil, peu importe la valeur, parce que la compagnie
d'assurance va réclamer à l'entrepreneur le surplus de prime, et
elle l'assure...
M. ADAM: C'est cela.
M. SAINT-HILAIRE: Quelle que soit l'inflation qu'il peut y avoir, votre
"bond" d'exécution augmente avec l'inflation, la même chose.
M. ADAM: D'accord.
M. SAINT-HILAIRE: Votre "bond" d'exécution est là,
indépendamment de...
M. ADAM: II est là au cas où l'entrepreneur serait en
état de faillite et qu'on serait obligé de
faire compléter les travaux par un autre entrepreneur. Le
cautionnement de l'entrepreneur verrait à indemniser la
différence entre le plus bas et le plus haut soumissionnaire. Je reviens
sur ce contrat "tout risque". Je dois vous dire que c'est un contrat qui est un
peu spécial, et on prévoit tous les dommages qu'on puisse
imaginer, un peu comme on a avec Hydro-Québec, avec la
Société d'énergie de la baie James. Ce sont des contrats
un peu spéciaux et qui prévoient même un bon nombre de cas
fortuits, comme vous le disiez.
M. MORIN: Oui. Autrement dit, la possibilité
évoquée par le ministre des Transports risque finalement fort peu
de se réaliser. Il n'y a rien, pour ainsi dire, qui puisse arriver, qui
puisse amener les fonds publics à payer des montants de plusieurs
dizaines ou centaines de millions de dollars.
M. ADAM: Moi, je ne vois pas de cas.
M. MORIN: Je me demande un peu à quoi pensait le ministre des
Transports.
M. MAILLOUX: C'est parce que le ministre des Transports n'a pas coutume
de cacher quoi que ce soit de la vérité. Alors, il ne voulait pas
vous ramener devant un projet de loi en Chambre et qu'on l'accuse, par la
suite, d'avoir caché quoi que ce soit.
M. MORIN: Non, non! Le ministre des Transports, je dois le dire, a
été très correct dans le premier projet de loi. Il avait
même accepté les amendements que nous avions soumis et je n'ai
jamais eu le moindre doute au sujet de ce qu'il a pu avancer ou dire dans ce
cadre-là. Je voulais comprendre, exactement, quelle était la
portée de ce qu'il disait.
M. MAILLOUX: J'ai quand même été rassuré par
ce que vient de répondre monsieur Adam, à l'effet qu'une partie
des "Act of God" pourrait être couverte par le contrat d'assurance. Cela
minimise quand même, évidemment, les dangers qui pourraient
être inhérents à ce problème.
M. MORIN: Cela répond à nos questions en grande
partie.
M. ADAM: Un point est prévu, également, lorsque le
complexe sera en activité, dans les contrats d'assurances. Je vais n'en
nommer qu'un: la clause d'assurance-loyer. Si on avait, en raison d'accidents
ou d'incendie ou enfin d'autres dommages qui pourraient survenir, les assureurs
verront à indemniser Place Desjardins pour la perte de loyer qui peut
survenir. Vous avez d'autres contrats, n'est-ce pas, qu'on a offerts à
Place Desjardins. Disons qu'on a pris toutes les mesures possibles de
protection imaginables.
M. MORIN: Je vois que votre affaire est bien menée.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre des Finances parlait
tout à l'heure d'un engagement possible du Mouvement des caisses
populaires Desjardins d'acheter des obligations subordonnées pour un
montant de $20 millions. Etant donné, justement, que le gouvernement,
comme associé dans Place Desjardins, s'engagera en vertu d'une loi,
à garantir le parachèvement des travaux, est-ce qu'on peut
espérer, suite au souhait que formulait tout à l'heure le
ministre des Finances, que le Mouvement Desjardins de $20 millions pourra aller
jusqu'à, peut-être, $30 millions ou $34 millions?
M. ROULEAU (Alfred): Je peux vous dire une chose. Je l'ai dit au
début ce matin, les relations entre le gouvernement et le Mouvement
Desjardins sont excellentes et on a toujours essayé, quand même,
de respecter cette situation de partenaire dans le partage des
responsabilités. Le premier obstacle qu'on a rencontré a
été cette fameuse question de garantie de parachèvement
des travaux. Entre parenthèses, tout à l'heure on disait que tous
les actionnaires sont appelés à donner ces garanties dans
certains projets. Tantôt on me faisait remarquer qu'il y a un projet, par
exemple, à Edmonton, le Edmonton Center, où il y a un seul
actionnaire qui a donné la garantie; il est même actionnaire
à 30 p.c. Je veux dire que probablement il y a des facilités
à l'intérieur de ces groupes à un moment donné. Il
devait y avoir des contraintes pour qu'il n'y en ait qu'un qui le donne et
qu'il n'ait rien que 30 p.c. des actions.
Quant à la question que vous posez, M. Lessard, je peux dire que
le Mouvement Desjardins, sur ce plan, est prêt à prendre toutes
ses responsabilités mais il arrive à certains moments qu'on ait
des contraintes. Cela me permet de dire parce que je l'ai oublié
ce matin que jamais le Mouvement des caisses populaires Desjardins ne se
serait impliqué dans un projet comme celui-là s'il n'avait pas pu
faire un mariage avec le gouvernement du Québec, parce que c'est un gros
projet. Ce n'était pas notre fonction de faire de la promotion
immobilière à Montréal. J'ai expliqué les motifs
qui étaient en arrière et c'est parce que le gouvernement du
Québec a accepté de s'impliquer avec nous qu'on l'a fait. Alors,
on est pris jusqu'à la fin et j'espère qu'on va vraiment partager
les responsabilités jusqu'à la fin dans la mesure où c'est
possible.
M. SAINT-HILAIRE: D'ailleurs, le gouvernement garantit assez souvent,
même si certains investissements des caisses et des investisseurs dans
les caisses sont eux aussi garantis par le gouvernement par le truchement de la
loi sur les dépôts.
M. ROULEAU (Alfred): C'est mieux de ne pas utiliser ces garanties.
M. SAINT-HILAIRE: II reste un fait: c'est qu'on est là pour
ça.
M. ROULEAU (Alfred): Ce n'est pas synonyme de bonne administration.
M. SAINT-HILAIRE: Non, mais j'opte dans l'optique...
M. ROULEAU (Alfred): D'accord, M. Saint-Hilaire.
M. SAINT-HILAIRE: Je veux dire dans le sens que vous placeriez
là-dedans, il est encore garanti par nous.
M. ROULEAU (Alfred): D'accord!
M. SAINT-HILAIRE: Vous la prenez à une place et vous la remettez
là. C'est garanti par le gouvernement.
M. ROULEAU (Alfred): Oui, en tout cas, je ne voudrais pas m'embarquer
dans cette voie.
M. SAINT-HILAIRE: II y aurait beaucoup de nuances dans...
M. ROULEAU (Alfred): Remarquez bien que...
M. SAINT-HILAIRE: Oui, je comprends. On est parfaitement d'accord sur ce
qui s'est fait.
UNE VOIX: On est d'accord.
M. GARNEAU: J'aurais une question à poser.
Ce que je veux demander à l'Opposition, c'est que si, comme le
disait M. Wermenlinger, la première tranche de l'hypothèque est
indiquée pour la fin de juillet, c'est donc dire que la
préparation des prospectus, la période de sollicitation de vos
agents financiers auprès des institutions prêteuses, si on prend
un compte à rebours, cela veut dire que le projet de loi amendant
SODEVIQ devrait être présenté à la Chambre d'ici, je
ne sais pas, dix ou quinze jours au maximum, afin de donner le temps de
l'étudier, de l'approuver, etc. Est-ce que vous êtes d'avis que
d'ici une dizaine de jours, vos connaissances des coûts auront
été modifiées à ce point qu'il vaudra la peine de
réunir à nouveau une commission parlementaire au moment de
l'étude de ce projet de loi, ou si, en fait, d'ici là la
situation n'aura pas changé au point que vous pourriez nous donner des
indications différentes de ce que vous nous donnez aujourd'hui?
M. WERMENLINGER: M. le Président, pour répondre à
la question de l'honorable ministre des Finances, je crois que dans dix ou
quinze jours, effectivement, nous aurons plus de précision sur
l'évolution actuelle des coûts du projet. Il reste encore
je dois me garder une réserve, je regrette d'être obligé de
le faire que nous n'avons pas de contrôle sur le processus
inflationniste général; mais les indications que nous pourrons
vous donner dans dix ou quinze jours seront assez précises, mais
à cette date, il faudra tenir compte des conditions qui séviront
et qui sévissent à l'heure actuelle pour l'ensemble de
l'économie.
M. GARNEAU: Sans vouloir obtenir un engagement formel de l'Opposition,
si les variations sont de quelques millions et que nous étions en
mesure, au moment de la présentation de ce projet de loi, de
déposer un document émanant du conseil d'administration de Place
Desjardins, nous disant que, rendu au, je ne sais pas, 20 mai, selon son
estimation du coût, le projet sera de $156 millions ou de $157 millions,
est-ce que ce serait une preuve suffisante, compte tenu des connaissances
actuelles, je ne veux pas m'engager pour demander aux gens du conseil
d'administration de se préparer à une nouvelle commission
parlementaire?
M. MORIN: M. le Président,...
M. ROY: Avant de répondre, je m'excuse...
M. MORIN: M. le Président, si je peux répondre au nom de
l'Opposition d'abord, je voudrais dire que nous pouvons déjà
donner l'assurance que nous sommes favorables au principe. On comprendra,
évidemment, que c'était notre rôle et cela demeure notre
rôle d'examiner à fond tous les aspects d'un projet comme
celui-là. Si le gouvernement veut proposer, veut amener sur le parquet
de la Chambre son projet de loi rapidement, nous ne lui en serons que
reconnaissants. Parce que si cela devait venir trop tard, en juin, au moment
où la tension risque de monter comme elle monte toujours en fin de
session, avec ce qu'on appelle la motion de fin de session, et une tendance,
sans doute qu'on trouve dans tous les gouvernements, à faire ingurgiter
à l'Opposition tous les fonds de tiroir, évidemment, la loi
risque alors de subir quelques retards. Si le gouvernement veut
présenter ce projet de loi dans dix jours ou deux semaines, nous serons
satisfaits d'une lettre nous donnant une estimation à l'intérieur
d'une certaine fourchette. Nous serons satisfaits d'une telle lettre. Je ne
crois pas qu'il sera opportun de faire revenir ces messieurs devant la
commission pour un nouvel examen.
Je pense que nous sommes à peu près satisfaits. Nous avons
posé nos questions. Est-ce que je réponds à la
question?
M. ROULEAU (Alfred): Je pense que c'est possible, à part cela, de
donner...
M. GARNEAU: Je pense bien qu'on pourrait ajouter aussi que, sans avoir
formellement une séance de la commission parlementaire, il pourrait y
avoir la visite de quelques officiers de Place Desjardins qui
répondraient à des questions qui pourraient être
posées lors de l'analyse article par article du projet de loi.
M. ROY: C'est le point que je voulais soulever. C'est pourquoi tout
à l'heure, j'aurais aimé soulever ce point avant que le chef de
l'Opposition donne sa réponse, suite à la question posée
par le ministre des Finances. A l'occasion d'une rencontre, il pourrait
être possible de prendre connaissance du bilan pro forma. J'imagine que
vous avez un bilan pro forma de fait, qui démontre quelle est la
rentabilité du projet, quelle est la rentabilité
escomptée, à la première année, à la
deuxième année, à la troisième année, de
quelle façon on prévoit à un moment donné le
pourcentage d'occupation des locaux à l'ouverture, après un an,
deux ans. Il y a quand même des études qui ont été
faites, vous avez des experts en administration, en gestion pour l'organisation
de complexe de ce genre.
S'il nous était possible, sans qu'on vous oblige à rendre
publics ces documents, mais que les membres de la commission parlementaire,
à l'occasion d'une rencontre qui pourrait avoir lieu, avant
d'étudier le projet de loi qui nous sera soumis à
l'Assemblée Nationale en ce qui me concerne, je n'ai aucune
objection à donner mon consentement de façon qu'il ne soit
pas nécessaire de convoquer à nouveau une commission
parlementaire à cette fin. Si on pouvait organiser une rencontre d'une
heure ou deux, et si le ministre est d'accord sur ce point, je pense qu'on
pourra avoir suffisamment d'information, nous, pour être en mesure de
prendre nos responsabilités dans l'étude du projet de loi et de
nous protéger également, vis-à-vis de la population.
M. MAILLOUX: M. le Président, si d'autres membres de la
commission n'ont pas d'autres questions à poser, j'accepte
d'emblée la proposition qui est faite par le député de
Beauce-Sud. C'est d'ailleurs ce qui avait été fait avec M. Alfred
Rouleau, M. Morin, M. Roy, durant la discussion du dernier projet de loi.
Alors, s'il devenait nécessaire, après la première
lecture, qu'une telle rencontre ait lieu entre quelques officiers du conseil
d'administration de Place Desjardins et des parlementaires, nous le ferions de
bon gré.
Je voudrais remercier, d'abord, M. le Président, vous-même
et les membres de la commission. Je pense que la commission a
étudié ce pourquoi nous nous étions réunis dans un
climat très serein. Je veux croire que cela suppose que, dans la
période du début de l'été, un tel climat pourrait
être gardé dans les commissions parlementaires.
Je voudrais remercier M. Rouleau et tous les membres du conseil
d'administration de la clarté qu'ils ont pu donner dans les
réponses. Je conviens que, dans la période d'inflation pendant
laquelle est construite Place Desjardins, il n'est pas facile, à
quelques dollars près, de fixer où se terminera un projet d'une
telle envergure. De toute façon, je pense que les
éclaircissements qui nous ont été apportés,
malgré l'ampleur du projet de loi dont il est question, auront permis
à tous les membres de la commission de porter un jugement valable. Je
remercie tous ceux qui ont participé à une telle commission.
M. LESSARD: M. le Président, quant à nous aussi, nous
remercions le président et tous les membres de cette commission
parlementaire, ainsi que les administrateurs de Place Desjardins. Je pense que
nous avons eu une discussion franche, honnête, sérieuse,
apolitique surtout, ce qui est très important, au sujet d'un projet qui
est d'une telle envergure, et un projet, comme je le disais ce matin, qui nous
permet, au moins pour la première fois, malgré des risques
et un peuple qui ne prend pas de risques, c'est un peuple qui n'avance pas
c'est un projet qui nous permet, pour l'une des premières fois,
d'entrer dans ce secteur où nous sommes, malheureusement, trop souvent
absents, même dans le service de l'hôtellerie où les
Québécois contrôlent assez peu d'hôtels de 200
chambres et plus.
Alors, nous vous disons, comme on le disait ce matin, qu'en principe le
projet de loi, qu'on devra nous soumettre, nous l'acceptons. C'est un risque
calculé. Comme on le dit: On n'a plus le choix. Nous sommes en face du
fait. Ou bien on perd $153 millions divisés en deux ou bien on risque
$15 millions de plus. Alors, je vous dis: II nous reste à traverser le
Rubicon. Nous sommes d'accord avec vous.
M. ROY: M. le Président, à mon tour, je veux remercier les
dirigeants du Mouvement Desjardins, les dirigeants de Place Desjardins pour le
travail qu'ils ont fait et pour les réponses et les informations qu'ils
nous ont fournies, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale. Je veux
également remercier le ministre de nous avoir permis cette commission
parlementaire, qui avait été demandée par nous, de
façon que nous puissions être le mieux informés possible de
la nature et l'ampleur de ces travaux et surtout de la façon dont cette
réalisation pourra se concrétiser. J'espère et je suis de
plus en plus convaincu qu'elle pourra se concrétiser à l'avantage
de tous les Québécois.
La réalisation de ce complexe, après l'avoir vu
j'ai eu l'occasion de le visiter un peu la semaine dernière
j'étais en mesure de me rendre compte que c'est un projet d'envergure,
c'est un projet très audacieux, c'est un défi à relever,
c'est même devenu, M. le Président, presque un défi
national pour nous, les Québécois, un défi de taille, mais
je pense qu'avec la collaboration de tout le monde, la collaboration
du Mouvement Desjardins, la collaboration du gouvernement, comme la
collaboration des membres de l'Opposition, on pourra réaliser une chose
qui sera tout à notre honneur et contribura à nous permettre de
prendre notre place dans le monde des affaires et surtout à
Montréal. Le député de Saguenay a dit ce matin qu'il avait
le goût du Québec, moi, je ne l'ai pas dit, M. le
Président, parce que je n'ai pas besoin de le dire pour m'en convaincre,
mais j'espère que cette réalisation et toutes ces discussions
permettront à tous et chacun d'entre nous de collaborer d'avantage et de
s'associer à la réalisation pour relever ce grand défi qui
est actuellement en train d'être relevé avantageusement.
M. ROULEAU (Alfred): M. le Président, je voudrais, au nom des
membres du conseil d'administration de Place Desjardins et au nom des officiers
je serai très bref vous remercier de votre accueil. Je
peux vous dire que nous avons passé pour nous en tout cas
une agréable journée, sachant que nous pouvions apporter des
éclairages supplémentaires à ce qui pouvait
déjà être connu.
Comme je disais tout à l'heure, personnellement cela ne me
déplaît pas de faire ce qu'on a fait aujourd'hui.
Vous êtes des élus, vous avez à répondre
à la population et j'ai presque envie de dire que le Mouvement
Desjardins ne représente pas toute la population mais au moins la
moitié de la population est quand même membre des caisses
populaires. Cela ne me déplaît pas, et je pense que cela ne
déplait à personne qu'on vienne ici publiquement, qu'on fournisse
aux élus du peuple tous les renseignements auxquels ils ont droit dans
un projet comme celui-là. Une chose est certaine, c'est que ce sera
certainement un patrimoine qui devrait appartenir aux gens du Québec,
sans distinction d'origine raciale. Je tiens à le dire et je crois qu'il
est important de le répéter. J'espère que vous serez tous
là et que nous serons tous là en 1976 pour inaugurer Place
Desjardins. Je pense que tous et chacun devrions éprouver un sentiment
de fierté parce qu'on sera vraiment chez nous chez nous.
Je vous remercie infiniment, vous avez été bien aimables
et je vous répète que si vous avez besoin de nous dans une
commission parlementaire, si vous avez besoin de renseignements sur le plan
personnel, n'hésitez pas, nous serons heureux de vous fournir tous les
renseignements dont vous avez besoin, notre administration étant une
administration ouverte à Place Desjardins.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Rouleau, au nom de la commission, à
tous vos collaborateurs, je vous remercie infiniment de votre ouverture
d'esprit et merci également pour votre bonne collaboration.
J'espère que le climat de sérénité qui règne
présentement régnera à nouveau à la reprise des
travaux de cette commission qui continuera l'étude des crédits du
ministère des Transports.
M. MAILLOUX: Je voudrais demander l'ajournement de la commission des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement sine die, s'il vous
plaît.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. LESSARD: Adopté.
(Fin de la séance à 17 h 43)