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Commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement
Etude des crédits du ministère des
Transports
Séance du mercredi 15 mai 1974
(Dix heures vingt minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs !
La commission permanente des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement reprend l'étude des crédits du
ministère des Transports. Nous en sommes toujours au programme 2:
Information, contrôle et sécurité. Elément 1:
Information aux usagers. Adopté?
Information, contrôle et sécurité
(suite)
M. BURNS: Non. Je m'excuse. Cela va peut-être être
abracadabrant au début parce qu'il y a eu des changements et des
suspensions entre les séances de la commission. Si jamais, par malheur,
certaines questions que j'ai à soulever avaient été
posées par le député de Lafontaine, ne vous gênez
pas pour me le dire. Je passerai à autre chose.
Il y a une chose que j'aimerais demander au ministre, toujours à
ce programme 2. Il y a certains types de véhicules... Je pense, par
exemple, aux autobus qui circulent sous l'égide des grosses commissions
de transport comme celle de la CTCUM, de la CTCUQ. Evidemment, pour elles, le
coût des plaques d'immatriculation se trouve à être
très important dans leur budget.
Est-ce qu'à un certain moment le ministre s'est penché sur
ce problème? Je pense que le comité Hanigan recommandait
d'accorder une espèce de traitement de faveur, si on peut dire, au
niveau du coût de la plaque, pour des véhicules qui sont, dans le
fond, d'utilité publique, dans le sens qu'ils appartiennent à une
administration municipale. L'argument qu'on pourrait donner est que
déjà les municipalités contribuent à l'entretien
des rues et des équipements routiers et, en plus de cela, c'est,
à toutes fins pratiques, des organismes sans but lucratif, du moins
théoriquement, dans la plupart des cas. A ce moment, on se demande s'il
n'y aurait pas lieu de réexaminer la situation en ce qui les
concerne.
M. MAILLOUX: Je voudrais d'abord m'excuser de mon retard à
arriver à la commission. J'ai été retenu par quelques
problèmes particuliers à la Trésorerie. Si le
député de Lafontaine le permet... Pardon?
M. BURNS: ... Maisonneuve.
M. MAILLOUX: ... de Maisonneuve, je demanderais à M. Laflamme,
directeur du Bureau des véhicules-automobiles, de répondre en mon
nom.
Le problème d'immatriculation des véhicules des
commissions de transport des communautés urbaines présente
évidemment des difficultés, surtout avec le rôle nouveau
que ces commissions de transport sont appelées à jouer. On a
reçu des représentations à ce sujet. On a
étudié la structure d'immatriculation particulière et,
à ce moment-ci, je pense que la réponse doit être,
malheureusement, incomplète. On est en train de penser à la
structure d'immatriculation dans la conception du nouveau rôle que le
ministère est appelé à jouer face aux commissions de
transport des communautés urbaines, en particulier.
Alors, on est en train de considérer, je ne dirai pas un
traitement de faveur, mais une solution particulière à ce
problème.
M. BURNS: Je signale au ministre une expérience que j'ai
vécue en 1965 lors de la grève des employés du transport
de Montréal. Je me souviens que les quelques millions de dollars qui
manquaient pour boucler le budget, du côté des relations
patronales-ouvrières, auraient pu, nous avait-on dit à ce moment
à la table de négociations, justement être retrouvés
dans une forme de réduction du coût des plaques d'immatriculation.
Je pense que si cela était vrai en 1965, c'est sûrement aussi vrai
aujourd'hui, parce que tout le coût, l'entretien pour ces corporations
publiques a sûrement augmenté comme le reste des choses, comme le
coût de la vie.
M. MAILLOUX: II ressort que l'ensemble des dépenses des
commissions de transport, principalement à la catégorie des
salaires... M. Laflamme peut quand même vous donner le coût global
d'immatriculation des véhicules des commissions de transport.
Pour la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, les coûts d'immatriculation s'élèvent aux
alentours de $600,000 annuellement. Alors, dans tous leurs frais
d'exploitation, c'est une partie qui n'est pas nécessairement
primordiale. D'accord, c'est $600,000.
Mais on étudie cet aspect à la lumière du fait que
ces organismes sont de plus en plus publics, sont de plus en plus exclusivement
des organismes publics, et également à la lumière du fait
que nous percevons des droits d'immatriculation sur les véhicules
possédés par chacun des ministères. Il y a un peu toute
une philosophie d'immatriculation à repenser à ce sujet, parce
que si ces sommes, supposons $600,000 pour la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, n'étaient pas
perçues, cela serait, à toutes fins pratiques, une subvention de
$600,000 qui serait donnée à la Commission de transport.
C'est un problème qui mérite d'être
étudié et qui l'est actuellement avec beaucoup d'atten-
tion et à la lumière, précisément, du fait
que c'est un service public et qu'en définitive c'est toujours le
même qui paie.
M. BURNS: C'est vrai pour les commissions de transport, mais c'est
surtout vrai pour les municipalités. Je pense, par exemple, à la
ville de Montréal, qui a de nombreux véhicules et qui, en plus de
payer le coût des taxes d'immatriculation pour ces véhicules, la
plupart de ces véhicules, n'utilise pas le réseau routier du
Québec, dans la majorité des cas. Il y a peut-être quelques
rares voitures qui sortent du territoire de Montréal et Montréal
se trouve à payer, dans le fond, deux fois, c'est vrai pour toutes les
autres grandes villes aussi.
M. MAILLOUX: Le député de Maisonneuve admettra; quand il
dit que ces véhicules n'utilisent pas le réseau routier ou
très peu, que le réseau routier de Montréal est largement
subventionné également par le ministère des Transports ou
par le gouvernement.
M. BURNS: J'admets.
M. MAILLOUX: Mais c'est quand même très marginal,
l'immatriculation des véhicules des commissions de transport par rapport
aux salaires des chauffeurs, quand on regarde l'ensemble des dépenses.
C'est à revoir. C'est en fait dans la discussion qui se fait
actuellement sur l'ensemble des commissions de transport. De quelle
manière le gouvernement pourrait-il aider les municipalités et
les commissions de transport? Il semble que cela n'est pas le point majeur sur
lequel, évidemment, il pourra y avoir une aide d'apportée.
Quant aux véhicules possédés par les
municipalités pour des fins autres que le transport public, il y a une
plaque d'immatriculation qui porte la mention G et qui se vend $2.50. Le
coût est nominal. C'est purement un coût d'administration. Alors,
les municipalités ont la majorité de leurs véhicules qui
sont possédés uniquement pour fins d'usage municipal et non pas
comme véhicules de promenade et elles ont leurs véhicules
immatriculés avec des plaques G à $2.50.
M. BURNS: Pendant que nous sommes sur ce sujet des plaques
d'immatriculation, je me souviens qu'à quelques reprises j'avais
posé la question à votre prédécesseur, M. Pinard,
ainsi qu'au ministre de la Justice. C'est le fameux problème des plaques
Canada qu'on voit en particulier sur les véhicules des forces
armées canadiennes. Je pense, que ce sont surtout les véhicules
des forces armées canadiennes, je n'en ai pas vu sur d'autres
véhicules fédéraux.
A ce moment, ni M. Pinard, ni M. Choquette ne m'avaient donné une
réponse définitive. On me disait: On y pense. On y songe. On va
en parler à Ottawa. Je ne vois pas pourquoi les véhicules
militaires qui sont à Valcartier et qui ne sortent jamais du
Québec, qui sont toujours ici, sauf à de très rares
occasions, quand ils vont à Gagetown ou ailleurs, mais en principe, ce
sont des véhicules qui circulent à l'intérieur du
Québec, je ne vois pas pourquoi ces gens ne paieraient pas des droits au
gouvernement du Québec pour utiliser les routes
québécoises. Et si on ne voit pas de plaques du Québec
là-dessus, je ne vois pas comment, à moins qu'il n'y ait une
entente particulière en dehors de la plaque d'immatriculation, ces gens
contribuent à l'administration du ministère des Transports.
M. MAILLOUX: Effectivement, dans le règlement 3 sur
l'immatriculation, il y a quelques articles qui se rapportent à
l'immatriculation des véhicules possédés par les forces
armées canadiennes, et il est mentionné dans ces articles du
règlement 3 que les véhicules des forces armées
canadiennes ne sont pas dispensés de l'immatriculation des
véhicules au Québec. Ils sont simplement dispensés de
l'obligation de porter la plaque québécoise et l'immatriculation
se fait de la façon suivante. Comme il y a quand même beaucoup de
mobilité au niveau des véhicules des forces armées
canadiennes d'une province à l'autre je pense, entre autres au
passage du camp Gagetown lors des manoeuvres d'été il a
été convenu que le ministère de la Défense
nationale nous remettait une liste des véhicules principalement
cantonnés au Québec avec un pourcentage des véhicules
mobiles et que les droits d'immatriculation au coût de $2.50, comme tout
véhicule possédé par un gouvernement, seraient
acquittés.
Ces droits sont acquittés à partir d'une liste
informatique donnant le numéro des véhicules militaires
postés au Québec. Il se paie des droits d'immatriculation de
$2.50 par véhicule. Nous avons un registre des véhicules
militaires possédés au Québec et en même temps nous
avons la correspondance au niveau de la plaque Canada de ces véhicules
qui sont installés ici chez nous au Québec.
Il y a paiement de droits, enregistrement chez nous, mais il n'y a
simplement pas d'obligation d'afficher la plaque Québec.
Est-ce qu'on me permettrait de remettre une copie du rapport du Bureau
des véhicules automobiles qui vient de me parvenir?
M. BURNS: II y a une autre question que j'aimerais poser relativement au
BVA. Le ministre et le directeur du Bureau des véhicules automobiles se
souviendront que lors des séances sur la sécurité
routière de la commission parlementaire des transports on avait
soulevé le problème des dossiers du BVA qui sont utilisés
pour des fins autres que celles auxquelles ils sont destinés; ça
devient, à toute fins pratiques, un bureau de recherche quasiment pour
les compagnies de finance, de perception, etc.
Je me souviens que le ministre nous avait dit qu'il était
préoccupé par la situation et qu'également le directeur du
Bureau des véhicules automobiles l'avait assuré qu'on
réexaminerait ou réévaluerait toute la question. Je me
deman-
de, même s'il n'y a pas tellement longtemps que cette commission a
siégé, si on s'est penché sur le problème depuis
il y a quand même une couple de mois qu'on a siégé
pour ça si on a pris des mesures administratives, si on a
changé d'attitude relativement à ce dossier administratif qu'on
livre à tout venant, moyennant le paiement d'un droit.
M. MAILLOUX: A la commission parlementaire, j'avais effectivement
avoué que la demande du député de Maisonneuve était
plus que sérieuse et qu'on s'inquiéterait des
répercussions qu'entraînait la cueillette des renseignements qui
est faite par quantité de bureaux de perception et autres.
J'en ai par la suite discuté avec le directeur du Bureau des
véhicules, M. Laflamme. J'espérais pouvoir, lors de la reprise de
la commission parlementaire, informer valablement les membres de la commission
de la décision gouvernementale. Je ne m'oppose pas à ce que M.
Laflamme donne des commentaires en mon nom. Il semble cependant qu'il y a
quelques problèmes particuliers, et je préférerais que M.
Laflamme en informe la commission.
Suite à cette remarque, nous avons fait une analyse de ce qui
existe dans les autres provinces du Canada au niveau de la politique du
renseignement concernant les dossiers d'immatriculation et de permis de
conduire, ou, à toutes fins pratiques, de tout autre dossier qui se
trouve chez nous. On peut avoir le même problème avec les dossiers
d'inspection mécanique en particulier.
Nous avons constaté que les autres provinces avaient, à
toutes fins pratiques, une politique comparable à la nôtre,
c'est-à-dire qu'on fournissait, au niveau de l'immatriculation, le
renseignement à quiconque le demandait, avec une justification
suffisante, les termes étant suffisamment flous pour permettre une
évaluation des autorités du bureau.
Au niveau donc de l'immatriculation, il semble n'y avoir
d'inquiétude nulle part. Au niveau du permis de conduire, la situation
est plus délicate dans le sens que le permis de conduire contient des
éléments d'ordre médical.
Dans le fond, lorsqu'on inscrit sur un permis de conduire la restriction
qu'on doit porter des lunettes pour conduire, on se trouve déjà
à donner un renseignement sur une condition.
M. BURNS: C'est le cas de tous les permis où il est
mentionné qu'il n'est renouvelable que sur contrôle
médical.
M. MAILLOUX: Exact.
M. BURNS: Déjà, c'est une indication que vous avez affaire
à quelqu'un qui a une maladie suffisamment sérieuse, cardiaque ou
autre, c'est déjà une indication à caractère
très personnel.
M. MAILLOUX: C'est déjà une indication. Exactement.
Nous avons toujours été extrêmement réticents
pour dévoiler spécifiquement des renseignements d'ordre
médical. Aux gens qui veulent connaître l'état
médical d'un dossier, on demande l'autorisation préalable
écrite de la personne concernée. Si la personne concernée
veut la donner, forcément, on fournit le renseignement. Sinon, on ne
fournit pas le renseignement.
Au niveau des adresses, dans toutes les provinces, on fournit, à
demande, les adresses des personnes à celui qui les demande, puisque ce
semble être l'endroit où on est le plus au fait des adresses des
individus. Cependant, par suite des questions qui ont été
soulevées à la commission parlementaire, nous nous sommes
interrogés et nous avons actuellement une équipe qui est en train
d'étudier tout l'impact de cet aspect de la politique du renseignement,
de voir quelles seraient les limitations indispensables à apporter,
celles souhaitables à apporter, et quel serait l'effet de la suppression
pure et simple du renseignement de ce côté.
J'aurais aimé avoir remis au ministre avant ce jour un rapport
complet et définitif pour qu'il puisse vous dire: Voilà, le
problème est réglé. Mais le problème est aux trois
quarts réglé dans son étude, à ce moment-ci.
M. BURNS: Ce serait une question pour les crédits l'année
prochaine.
M. MAILLOUX: J'espère avant.
Disons que, lors de la reprise de la commission parlementaire sur les
problèmes de sécurité, je pense bien que ça
reviendra à l'ordre du jour.
M. BURNS: Peut-être qu'à ce moment, le dossier aura
suffisamment progressé pour que...
M. MAILLOUX: Je l'espère.
M. BURNS: ... vous puissiez nous faire un rapport plus complet.
M. MAILLOUX: Sans l'affirmer, je l'espère.
M. BURNS: Nous l'espérons nous aussi, M. le ministre. Toujours
relativement au BVA, dans le rapport du Protecteur du citoyen de 1972, il y
avait deux plaintes en particulier qui sont relatées, qui ont
été jugées par le Protecteur du citoyen comme non
fondées, mais qui, dans les faits, posent un certain nombre de
questions. Je me réfère entre autres à la plainte S-150 et
à la plainte S-152 qui sont à peu près semblables,
où vous avez un propriétaire de véhicule qui n'est pas
assuré et dont le véhicule cause un accident où il y a des
blessures corporelles.
Son permis de conduire et son permis d'immatriculation sont suspendus,
sauf qu'au moment de l'accident le propriétaire n'était pas en
charge de sa voiture, c'est un tiers qui le conduisait. Evidemment, je pense
bien que le
directeur du Bureau des véhicules automobiles n'avait
peut-être pas le choix d'agir autrement, mais d'ici... Parce que
ça n'arrive peut-être pas tous les jours, mais ça arrive
suffisamment souvent pour qu'on rencontre, au niveau des plaintes à
l'endroit du BVA, dans le rapport du Protecteur du citoyen de 1972, deux
plaintes de cette nature, la plainte S-152 concernant une motocyclette et la
plainte S-150 concernant une voiture.
Je pense bien que tout ce problème pourra peut-être
être ressassé si jamais on donne suite, entre autres, aux
dispositions du rapport Gau-vin et quand on y donnera suite, je pense bien que
ce n'est pas pour demain on ne blâmera pas le ministre de ne pas
légiférer demain après que le rapport a été
déposé hier je pense bien que ç'a besoin
d'être décanté, examiné et étudié par
toutes les parties intéressées.
Mais d'ici à ce que ça arrive, est-ce qu'il y a quelque
chose qui est envisagé pour corriger ce genre de situation qui cause de
sérieux problèmes? Ce problème, plus l'autre
problème dont on avait également discuté à la
commission parlementaire des transports sur la sécurité
routière, le fameux problème des gens qui se font maintenir leur
permis malgré qu'ils aient commis un acte criminel, une infraction au
code de la route.
Le juge prenant en considération que la personne en question
était obligée d'avoir son permis de conduire pour gagner sa vie,
maintenait le permis de conduire et malgré cela, on avait tous admis que
le directeur du bureau des véhicules n'avait peut-être pas le
choix. En vertu de la loi, il est obligé de suspendre le permis
moyennant la preuve d'assurance par la V2C ou la V30C.
Encore une fois, est-ce qu'on s'est penché sur ce problème
d'ici à ce qu'on fasse une refonte totale de tout ce problème en
passant par les assurances, la Loi d'indemnisation des victimes d'accidents?
Cela pose quand même des problèmes à tous les jours. Je me
souviens également que le député de Beauce-Nord avait
fortement argumenté, à ce moment, sur la relation que cela avait,
cette fameuse présentation du V2C, avec l'augmentation éventuelle
des primes d'assurance. Moi-même, je me demandais si c'était le
rôle du bureau des véhicules automobiles d'être, à
toutes fins pratiques, l'informateur des compagnies d'assurance relativement
à une infraction. Peut-être que quelqu'un qui a commis une
infraction, qui se voit passer à un poil de faire suspendre son permis
de conduire, c'est peut-être suffisant pour lui pour ne plus, à
l'avenir, en commettre de ces infractions et de se prémunir contre cela.
Nonobstant tous ces faits, ce qui arrive c'est que pendant quelques
années, souvent pendant plusieurs années, le coût de
l'assurance de cette personne va augmenter parce qu'elle a été
obligée de produire sa V2C, donc d'avertir sa compagnie d'assurance
qu'elle a passé près de voir son permis de conduire suspendu.
Alors, sur ces deux problèmes, celui soulevé par le
Protecteur du citoyen et celui qu'on avait soulevé à la
commission parlementaire, est-ce qu'il y a quelque chose d'envisagé
comme solution à moyen ou à court terme là-dessus?
M. MAILLOUX: Je pense que, pour changer quelque chose à la
situation du propriétaire qui se trouve à être responsable
d'un accident malgré que ce ne soit pas lui qui soit le conducteur, le
texte est inclus dans la Loi de l'indemnisation et on ne peut rien changer sans
changer la Loi de l'indemnisation, c'est-à-dire sans apporter un
amendement à la Loi de l'indemnisation. La Loi de l'indemnisation a
été adoptée en juillet 1961, nous sommes en 1974, le
rapport Gauvin a été déposé hier, pour ma part je
serais étonné qu'on veuille s'attaquer à une modification
de la Loi de l'indemnisation précisément au moment où
l'impact du rapport Gauvin est étudié. Cependant, je dois dire
qu'entre 1961 et aujourd'hui, au niveau de cette responsabilité du
propriétaire, face à un accident, il y a des mitigations d'ordre
administratif qui ont été apportées. Si le texte a l'air,
en soi, vraiment terrible, la réalité est beaucoup moindre,
d'abord parce que peu de gens ne sont pas assurés, proportionnellement
à la quantité des usagers de la route et, d'un autre
côté, parce que si la responsabilité du propriétaire
ou du conducteur, bref la responsabilité du véhicule
impliqué dans l'accident, est douteuse, il y a des possibilités
de se dégager de la suspension de son permis de conduire et de l'avoir
immédiatement.
A toutes fins pratiques, en deux mots, les suspensions, par suite
d'accident sans assurance, sont, dans leur très grande majorité,
de courte durée parce que le propriétaire et le conducteur
fournissent immédiatement des garanties selon lesquelles l'accident va
être réglé sous peu, soit parce qu'ils sont en mesure de
démontrer qu'ils ne sont pas responsables et, à ce
moment-là, en vertu d'un article, ils sont dégagés de
l'obligation de fournir en fait on appelle cela...
M. BURNS: Dans les cas d'accident, je pense bien que celui qui n'est pas
assuré, n'a pas le choix. S'il y a contestation entre les deux
propriétaires ou les deux conducteurs de véhicule, on est
obligé d'attendre le résultat de la cause qui souvent peut
prendre une couple d'années si cela...
M. MAILLOUX: Oui, mais la suspension est révoquée
entre-temps. La suspension est révoquée aussitôt qu'il
fournit au bureau un dépôt et le dépôt c'est
mentionné dans la loi est d'un montant jugé suffisant par
le directeur. En analysant l'accident d'automobile, sans déterminer
quelle est la part de responsabilité des parties, on peut avoir de
bonnes probabilités quant au jugement et on peut fixer soi-même un
dépôt raisonnable permettant à l'individu de continuer
à gagner sa vie.
Ou, on peut, ce qui est encore plus fréquent lorsque les montants
réclamés sont gros, s'orga-
niser avec le fonds d'indemnisation pour qu'il y ait une entente
préalable au jugement, en vertu de laquelle l'individu dépose un
certain montant mensuellement au fonds d'indemnisation et en contrepartie de ce
dépôt, le permis de conduire lui est laissé jusqu'à
jugement. Si le jugement lui est favorable, l'argent qu'il aura versé
lui est remis intégralement. Si le jugement lui est défavorable,
l'argent qu'il a versé sert de contribution à l'indemnisation de
la victime et est déjà une partie du remboursement qu'il aura
à faire.
En gros, lorsque le propriétaire et le conducteur sont suspendus
par suite d'un accident où ils sont impliqués sans assurance, ils
peuvent, s'ils démontrent de la bonne volonté, ne pas perdre leur
permis de conduire. Parce qu'entre le moment où on envoie l'avis de
suspension et le moment où on effectuerait la confiscation du permis par
les corps policiers, il est possible de contracter une assurance pour l'avenir
et il est possible de prendre un arrangement le terme est
intentionnellement large avec les parties impliquées pour que le
permis de conduire soit laissé de même que les plaques
d'immatriculation, avec la philosophie que si le responsable perd son
gagne-pain, la victime va perdre encore plus. Elle n'aura pas les moyens de se
faire indemniser par lui.
Si le texte a l'air terrible comme tel, je pense que les
aménagements administratifs qui ont été apportés
là-dessus font qu'en principe neuf impliqués sur dix dans des
accidents sans assurance conservent leur permis après qu'il y a eu des
arrangements pour garantir aux victimes une indemnisation. Alors, c'est dans ce
sens que je serais surpris que le gouvernement se lance dans un amendement
à la Loi d'indemnisation en étudiant le rapport Gauvin.
Est-ce que je pourrais dire au député de Maisonneuve que
le rapport qui a été remis à la Chambre hier
n'était entre les mains des ministres que depuis les heures
précédentes, à peine cinq jours? Une lecture en diagonale
a été faite par chacun d'entre nous. J'ai quantité de
rapports qui me sont soumis par le BVA, par le fonds d'indemnisation, ou par
les fonctionnaires qui s'occupent de la Loi de l'indemnisation, ceux qui
s'occupent du code de la route. Ne serait-ce des lois qui seront
présentées au Parlement prochainement, les problèmes de
langue qui occuperont probablement pendant plusieurs semaines le Parlement, il
y aurait peut-être quelques corrections mineures d'apportées.
Mais, devant le dépôt du rapport Gauvin, les parties qui voudront
se faire entendre, de même que l'étude que voudront en faire les
fonctionnaires qui sont attachés à ces différentes
activités, il serait peut-être sage de ne pas prévoir
d'amendement majeur avant la période d'automne.
M. BURNS: Quant au cas particulier qui, lui, est beaucoup plus
fréquent, de non-suspension des permis par la cour et de suspension
administrative par le directeur du BVA, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
faire un tout petit amendement à la loi pour donner plus de
flexibilité ou plus de latitude au directeur dans les cas comme
ceux-là, ceci malgré les implications du rapport Gauvin? Je pense
que tout le monde avait été d'accord, il y avait eu
unanimité autour du fait que ce genre de problème dans le fond,
à cause de la rédaction actuelle de la loi, ne donne pas de
latitude, de discrétion au directeur du BVA dans ces cas. Je serais
d'avis que cela vaudrait la peine, malgré qu'on envisage un
éventuel réexamen de toute la situation à la suite du
rapport Gauvin et des autres rapports qu'on recevra sans doute par la suite, de
modifier ce tout petit aspect de la Loi de l'indemnisation des victimes
d'accident.
M. MAILLOUX: Je pense que cela peut être le problème de
tant de sessions qui ne permettent pas au ministre des Transports d'apporter
même des amendements mineurs autant qu'il le voudrait. J'en ai un dans ma
valise qui concerne le code de la route où forcément certaines
modifications mineures devront être apportées. Est-ce que je
pourrai avoir l'assurance du comité de législation comme du
leader parlementaire que le temps nécessaire sera alloué à
ce problème comme à d'autres lois qui seront forcément
apportées devant la Chambre?
M. BURNS: Le leader de l'Opposition peut vous dire qu'il va collaborer
pour que cela aille vite dans un cas comme celui-là, malgré la
langue, malgré tous les autres problèmes où
peut-être, on va aller un peu moins vite, c'est fort possible.
On ne sait pas, on va attendre de voir le projet de loi, mais on peut
s'attendre par certaines choses qui ont coulé à ce que cela
puisse ne pas aller vite dans ce domaine.
M. MAILLOUX: Je veux espérer que j'aurai la même
collaboration du leader parlementaire, si je discute avec lui d'amendements
mineurs apportés à certaines autres lois, et espérer ne
pas s'embarquer dans un débat illimité.
M. BURNS: Non, parce que malgré les grands débats qu'on
prévoit dans les semaines à venir, je pense que cela
n'empêche pas de glisser parmi cela des amendements qui ont un
caractère un peu plus urgent et qui sont, dans le fond, dans
l'intérêt général de la population.
M. MAILLOUX: Sans me placer dans une camisole de force, je retiens la
demande du député de Maisonneuve pour une étude
approfondie par les fonctionnaires.
M. BURNS: D'accord. J'ai une autre question à poser au ministre,
sur un cas beaucoup plus général. J'avais posé le 28 mars
1973 au prédécesseur du ministre une question concernant le
rapport du Vérificateur général sur des cas de
malversation et d'insuffisance de contrôle à l'intérieur du
ministère. Selon le rapport du
Vérificateur général, à ce moment, que
j'avais cité et qui a été rapporté dans les
journaux également, le ministère aurait perdu $16 millions de
revenu au cours de la seule année 1969/70, à cause d'insuffisance
de contrôle. Le ministre du temps, M. Pinard, je peux peut-être
vous le lire. Je n'ai malheureusement pas le rapport sous les yeux. Est-ce
qu'on a l'extrait du rapport? Pour rafraîchir la mémoire du
ministre, je Us ce passage du journal La Presse du 29 mars: "Le gouvernement du
Québec a-t-il perdu $16 millions en une seule année à
cause des contrôles administratifs insuffisants? Selon le rapport qui
aurait été fait par le Vérificateur général,
le ministre des Transports aurait perdu environ cette somme, au cours de la
seule année 1969/70."
M. Pinard, à ce moment, m'avait demandé des
précisions. Il m'avait dit qu'il s'informerait entre autres s'il y avait
eu des poursuites de prises, s'il y avait eu une enquête. Seulement,
depuis ce temps, on n'a pas eu l'occasion d'y revenir. Il semble, M. le
ministre, cela va peut-être vous rafraîchir la mémoire, que
ces cas concernaient surtout des passe-droits donnés par des
fonctionnaires administrant les permis de poids et charges de camions.
C'était du moins ce qui semblait découler du rapport du
vérificateur. Le ministre m'avait répondu à ce moment
qu'il allait vérifier s'il y avait eu des poursuites, des condamnations
ou des congédiements des coupables. C'est pour cela que je repose la
question au ministre actuel.
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de Maisonneuve fait
référence à certaines critiques entendues dans le public,
selon lesquelles des transporteurs à très longue distance
auraient bénéficié de faveurs exceptionnelles, alors
qu'ils n'étaient pas immatriculés, suivant la loi, pour le poids
total, la charge ou autrement?
M. BURNS: C'est cela.
M. MAILLOUX: Je crois, personnellement, avoir entendu dire, au niveau du
rapport du vérificateur, qu'il y aurait des pertes d'argent
théoriquement encourues par le gouvernement du fait que, lors de la
pesée des véhicules, il y avait des tolérances de
différence de charge plus grandes que ce qu'il devrait y avoir. Je me
souviens à l'époque avoir été approché sur
ce problème. Après étude, on avait constaté qu'il y
avait très peu de solutions, puisque selon qu'on pèse le
véhicule, à un moment donné, si le temps est humide, ou si
le temps est sec, il peut y avoir déjà, sur un gros transport,
des grosses différences, et selon qu'on le pèse avec les
réservoirs de carburant à vide ou plein, avec des chaînes
pour consolider la charge ou sans les chaînes, etc. Cela
présentait des variantes qui, si on faisait une évaluation
théorique du rendement des droits d'immatriculation, en particulier sur
l'option la plus sévère, pouvaient rapporter au gouvernement
plusieurs millions de plus.
Il s'avère que cette portion...
M. BURNS: Le chiffre des $16 millions n'est pas de moi. Il est du
Vérificateur général, du rapport du Vérificateur
général.
M. MAILLOUX: Oui, ces $16 millions précisément ne me
reviennent pas à l'esprit, mais je pense que,
précédemment, il y avait eu un rapport qui parlait des $10
millions. Je pense que c'était pour l'année 1972 ou pour
l'année 1971. On avait fait une étude là-dessus. La
différence venait du fait qu'on avait des variantes de perception de
droits d'immatriculation. On avait une possibilité de percevoir un peu
plus par véhicule. Si vous prenez un véhicule qui a des
réservoirs de carburant d'à peu près 200 gallons, à
vide, il pèse peut-être 1,500 livres de moins que plein. Si vous
considérez que les droits d'immatriculation sont à $1.50 les 100
livres, on aboutit rapidement à des droits passablement astronomiques
à ce niveau. La différence, c'est qu'au niveau de la
vérification, au niveau du contrôle, ce n'est plus praticable.
Cela nous coûterait peut-être $20 millions pour percevoir ces $10
millions à l'époque ou ces $16 millions actuellement.
M. BURNS: Est-ce que l'étude précise a été
faite à la suite de ce rapport? Cela m'étonnerait que le
ministère des Transports ait tout simplement repoussé du revers
de la main une affirmation aussi lourde de conséquences que celle faite
par une personne qui, normalement, est considérée comme
très sérieuse, c'est-à-dire le Vérificateur
général.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne voudrais pas faire erreur
mais il faudrait quand même que je revoie ce qui s'est passé
à ce moment. J'ai quand même à la mémoire une
vérification qui a été faite en 1973 ou en 1972 et
où, devant des critiques dans le public, on a rappelé sur la
plupart des balances du Québec l'ensemble des camions. Je me rappelle
qu'à ce moment, pour des permis, qui pouvaient aller chercher un prix de
$200, il y a eu forcément des corrections qui ont ramené le prix
de l'immatriculation d'un camion à sa pesanteur normale et non pas
à la pesanteur indiquée. Je ne sais pas si c'est principalement
là, mais je sais que cela a eu un impact assez considérable sur
le prix de permis de camions. Cela rejoignait principalement également
d'autres types de camions. Le ministère a fait sûrement des
corrections, puisqu'il a d'abord rappelé tous ces camions pour
vérifier entre le permis émis et le véritable poids, et il
a chargé la différence. Prochainement, c'est sur le poids total
en charge que seront immatriculés tous ces véhicules. Cela
semblait rejoindre la critique à ce moment non pas des transporteurs
individuels, mais de grosses compagnies qui bénéficiaient
évidemment, il ne faudrait pas dire de tolérances, mais de permis
où n'étaient pas fixés de manière formelle les
véhicules qui avaient à
circuler sur les routes avec tout le poids nécessaire
qu'entraîne une augmentation du permis.
M. BURNS: Mais le rapport du Vérificateur général
il est malheureux que je ne l'aie pas sous les yeux, en tout cas, je
pourrai peut-être le sortir pour montrer au ministre exactement la
référence semblait laisser entendre beaucoup plus que
cela. Il semblait laisser entendre qu'il y avait plus que des variantes de
charges, des choses comme cela. Il semblait qu'il y avait même des
espèces de passe-droits, de pots-devin, pour mettre de côté
certains règlements, si vous voulez, concernant les charges. C'est pour
cela que je voulais savoir si le ministère avait fait enquête,
s'il y avait eu des employés du ministère impliqués dans
cela, si d'autre part, il y avait eu des poursuites d'intentées à
la suite de ces remarques.
M. MAILLOUX: Je n'ai jamais été sur un tel dossier. Cela
n'en rejoint évidemment aucune, dans ma mémoire...
M. BURNS: Cela ne vous sonne pas une cloche?
M. MAILLOUX: Non, il faudrait absolument que je questionne certains
officiers du ministère qui ne sont pas ici. Ultérieurement, si le
député de Maisonneuve juge à propos de poser une question
en Chambre dans le cours de la session, peut-être qu'à ce moment
j'aurai les informations nécessaires et les corrections qui ont pu
être apportées.
M. BURNS: J'avise le ministre tout de suite que j'y reviendrai à
une certaine occasion en Chambre. Je vais moi-même revoir mon dossier,
revoir le rapport du Vérificateur général. Peut-être
que cela permettra au ministre entre-temps de s'en informer également.
Eventuellement, je pourrai...
M. MAILLOUX: On a fait mention du rapport du vérificateur de
l'année...
M. BURNS: C'est celui de l'année 1973, celui qui venait juste
d'être déposé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela représente plusieurs millions quand
même au niveau de ce rapport. Je m'étonne que, tout à
l'heure, M. Laflamme, à partir de critères comme celui de la
température et du réservoir vide ou plein du camion, de ces deux
facteurs, en arrive presque à la conclusion, pour employer les mots
qu'il a employés, qu'il n'y avait presque pas de possibilité de
contrôle des charges et des pesanteurs. Je comprends que cela peut jouer,
mais non pas jouer jusqu'à représenter des millions auxquels a
fait allusion, tout à l'heure, le député de Maisonneuve.
Je comprends que la température est peut-être difficile à
vérifier, le réservoir... Si cela représente, comme M.
Laflamme l'a dit, autant de différence... Cela peut aller jusqu'à
1,500 livres, selon qu'il est plein ou qu'il est vide, c'est ce que vous nous
avez dit. Il me semble qu'il y a une possibilité très facile de
vérifier au moins cela, s'il est plein ou s'il est vide. Est-ce que cela
se vérifie, lorsqu'il y a la pesée? Est-ce que c'est
vérifié?
M. MAILLOUX: Je peux répondre là-dessus, quoique ce ne
soit pas précisément mon secteur de juridiction. Non,
précisément, cela ne se vérifie pas, puisque la plupart ou
plusieurs transporteurs ajoutent des réservoirs qui sont de forme bien
particulière et qui n'ont pas d'indicateur de contenu à
l'intérieur. De toute façon, le rapport du vérificateur
général me rappelle un secteur qui se rapportait à droits
d'immatriculation non perçus, et qui disait que cela représentait
un certain nombre de millions. C'est le rapport pour l'année 1972, si je
me souviens. J'avais fait une étude à ce sujet, parce que,
forcément, les autorités du ministère
s'inquiétaient quant à ces millions qui semblaient
disparaître.
J'ai fait une étude à ce sujet, et les
éléments de l'étude faisaient qu'il n'y avait pas moyen de
prendre administrativement des contrôles pour les
récupérer. C'étaient des millions un peu
théoriques. La solution pour y parvenir résiderait dans un
changement de la base d'immatriculation qui, actuellement, est le poids net du
véhicule, c'est-à-dire le poids du véhicule lorsqu'il
n'est pas chargé. On se met à se poser des questions: Est-ce que
le carburant dans les réservoirs est du chargement? Et les camionneurs
vont aussi loin que de dire: Les chaînes qu'on doit accrocher au camion,
au cas où on reste pris, est-ce que c'est du chargement? Donc, cela ne
doit pas entrer dans le poids du véhicule. Des espèces
d'appareils pour prendre le bois et le monter sur le camion, ou d'autres
accessoires... Je parlais de température, selon la nature du chargement.
Un camion de gravier mouillé pèse sûrement plus qu'un
camion de gravier sec. Je faisais donc allusion à toutes sortes
d'éléments comme ceux-là qui ont pour effet de nous
laisser devant une indétermination, quant au poids net du
véhicule. Qu'est-ce que c'est le poids net du véhicule? La
solution est: On prend, comme les autres provinces ou les autres Etats, la base
du poids total en charge; c'est-à-dire qu'on permet à un
véhicule d'une configuration donnée de peser, avec son
chargement, un certain nombre de dizaines de milliers de livres. A ce
moment-là, il n'y a plus de problème pour personne.
M. le Président, je ne voudrais quand même pas que la
commission reste avec l'impression que les montants en cause, dont on dit
qu'ils seraient de $18 millions ou de $19 millions, cela pouvait être des
anomalies. On a semblé, d'après ce qu'on m'en informe, faire
référence aux lois existantes dans d'autres provinces et à
la réglementation au regard de ce qui se faisait
dans le Québec, alors que les taxes étaient principalement
perçues sur le poids du camion à vide, alors que c'est sur le
poids total en charge, évidemment, que l'immatriculation se fera dans
l'avenir. Tantôt, M. Laflamme faisait référence à
différents types de matériaux qui sont transportés. Il est
indiscutable qu'aujourd'hui, depuis que la loi des pesanteurs est en vigueur
avec toutes les pénalités inhérentes, le gouvernement
perçoit, en fait, non pas pour des véhicules qui transportent
à vide, mais suivant la pesanteur qu'ils transportent sur les routes. Je
pense que dans les $18 millions ou $19 millions en question, la majeure partie
des pertes possibles ne sésultait pas tant des anomalies qui pouvaient
rejoindre le phénomène du vol. C'était ce qui était
perçu par d'autres et qui n'était pas perçu par le
Québec de la même façon.
Disons que la loi des pesanteurs, comme l'immatriculation, toutes ces
corrections-là ont été apportées, et c'est pour
cela, je pense, que le vérificateur, aujourd'hui, n'en fait plus
mention. Le ministère a pris tous les moyens nécessaires, de
manière que la quantité qui est transportée par des
camions sur des routes... ou de manière que l'immatriculation soit
imposée en regard de ces quantités.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant la pesanteur, par exemple, est-ce
qu'il y aurait, sûrement, un correctif à apporter, tout de suite?
Puisque M. Laflamme nous dit qu'à l'heure actuelle, on ne fait pas
état du réservoir, à savoir s'il est plein ou vide, alors
que cela représente quand même beaucoup au niveau de la
pesanteur.
M. MAILLOUX: II y a quand même une vérification qui se
fait...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que ce ne serait pas un correctif qu'on
pourrait apporter très vite, parce que j'imagine que le camion peut se
faire peser avec les réservoirs vides, et un mille après, il fait
le plein...
M. MAILLOUX: M. le Président, si le député de
Chicoutimi le permet, le camionneur qui se présente sur une balance pour
faire immatriculer son véhicule, même que s'il est affecté
à des transports de bois en forêt, il n'ira pas mettre toutes ses
séries de chaînes dont il pourra avoir besoin un jour pour ajouter
à la pesanteur. C'est indiscutable qu'il n'est pas si bête que
cela. Forcément, le camionneur ne mettra pas les plus lourdes ridelles
dont il pourra se servir un jour. Il y a quand même des
vérifications continues qui se font sur l'immatriculation, de même
qu'ultérieurement, s'il y a eu transformation du véhicule. Le
camionneur subit des pénalités s'il est constaté qu'il a
modifié le véhicule entre le moment de l'immatriculation à
vide, et le moment où il s'en sert ultérieurement durant la
saison.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends, mais il y a un point particulier
dont a fait référence M. Laflamme, à l'effet qu'on ne
contrôlait pas le poids du camion, la pesanteur du camion...
c'est-à-dire qu'on ne contrôlait pas si le réservoir
était plein ou vide, et que cela représentait quand même
beaucoup. Est-ce que sur ce plan je ne parle pas de la
température et de tout cela il n'y aurait pas possibilité
qu'un correctif soit apporté de manière que cela puisse se
vérifier? Ce n'est quand même pas si difficile que cela, et cela
peut représenter quand même beaucoup, comme l'a souligné M.
Laflamme.
M. MAILLOUX: La nouvelle réglementation oblige le camionneur
à avoir un réservoir plein, étant donné que c'est
le poids total en charge, cela suppose un réservoir plein.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, justement. Je me réfère
à la remarque de M. Laflamme, c'est que même si la loi le dit, M.
Laflamme nous affirme que cette vérification ne se fait pas lorsque a
lieu la pesée. La loi a beau exister, on en est au niveau de
l'application.
M. MAILLOUX: La loi sera obligatoire pour l'immatriculation de 1975. De
toute façon, on se référait toujours au rapport du
Vérificateur général, pour l'année 1972.
Actuellement, lorsqu'un entrepreneur ou un camionneur achète un camion,
on l'immatricule sur la base du poids déclaré par le fabricant
comme étant le poids net, c'est-à-dire avec les
équipements moyens.
M. BURNS: Pour clore sur ce point-là, je répète ce
que j'ai dit au ministre: Probablement que d'ici quelque temps je reviendrai en
Chambre avec une question là-dessus.
M. MAILLOUX: On me fait faire beaucoup de promesses. J'espère que
je n'en oublierai pas trop.
M. BURNS: On va en faire la liste.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'imagine que le ministère reçoit
beaucoup de plaintes relativement aux motoneiges dans les municipalités.
En vertu de la loi, je crois que les motoneiges n'ont pas le droit de circuler
sur les routes dites nationales ou régionales, mais il n'y a rien dans
la loi qui les empêche de circuler sur les routes municipales, à
l'intérieur des municipalités. Est-ce que le ministère a
pensé à une législation ou à des méthodes
d'incitation qui puissent permettre au moins aux municipalités de
pouvoir interdire ou de sévir contre ceux qui utilisent leur motoneige
sur les chemins municipaux?
M. MAILLOUX: Vous parlez probablement des très petites
municipalités.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. MAILLOUX: C'est quand même régi par les lois
municipales, parce qu'il y a quantité d'infractions qui sont
tenues...
M. BEDARD (Chicoutimi): Justement, au niveau de l'Opposition, on a
reçu plusieurs plaintes de petites municipalités concernant cet
aspect de la loi. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. MAILLOUX: Le problème qui se pose est que, dans les
cités et villes, il est indiscutable, évidemment, que ce sont les
policiers municipaux qui font la surveillance et qui distribuent les billets
d'infraction.
Dans les municipalités rurales, où la Sûreté
du Québec agit, on est convaincu qu'il n'y a pas suffisamment de
policiers pour faire toute la surveillance. Je me rappelle qu'en allant dans la
région de Chicoutimi-Lac-Saint-Jean, quand on passe dans Boileau, etc.,
ce n'est pas facile d'avoir tous les services de sécurité qui
empêcheraient tous ces gens d'arriver sur la route.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense qu'au niveau de ces
municipalités, il y a quand même leur petite police municipale, si
on peut employer l'expression.
M. MAILLOUX: C'est la même loi quand même partout: Nul ne
peut circuler en moto-neige avec ou sans traîneau tiré par son
véhicule, sur un chemin à accès limité, sur une
autoroute ou sur tout autre chemin public.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous conviendrez avec moi que ça ne
couvre pas le cas des petites municipalités.
M. MAILLOUX: Tout chemin public, sauf en cas d'extrême urgence ou
sur l'autorisation préalable, de l'autorité compétente,
aux conditions et endroits qu'elle indique.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministère reçoit
beaucoup de plaintes?
M. MAILLOUX: Nous recevions beaucoup de plaintes, antérieurement
au règlement 7, sur la motoneige. Mais le règlement 7 a
corrigé là-dessus, pour ceux qui veulent en utiliser les
dispositions, presque tous les aspects qui nous étaient
dénoncés. En particulier, le principe est établi que c'est
interdit de circuler sur une voie publique, à moins d'autorisation de
l'autorité compétente, pour simplifier. Et l'autorité
compétente est définie ailleurs au règlement 1 comme
étant le maire d'une municipalité ou le chef de police. Si ces
autorités compétentes décident d'autoriser, pour des fins
particulières de défilé ou autres, sur leur territoire, la
circulation de la motoneige, elles en ont les moyens.
Si l'honorable député de Chicoutimi voulait lire, dans le
règlement no 6, l'article 747 et 748 avec tous les attendus, je pense
que ça couvre tout ce dont parle le député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Selon vous, cela s'applique aussi aux
municipalités.
M. MAILLOUX: Forcément: tout chemin public, sauf dans des cas
d'exception qui sont indiqués, traverse, avec toute la protection
nécessaire. Tout est indiqué dans le règlement no 6.
M. BEDARD (Chicoutimi): Selon vos rapports, est-ce qu'il est à
votre connaissance qu'il y a bien des municipalités qui ne l'appliquent
pas, ce règlement?
M. MAILLOUX: Je constate, comme le député de Chicoutimi,
que malheureusement, à certains moments, il arrive que des gens vont
traverser hors la loi et il y a des accidents qui en découlent. Mais,
est-ce qu'on est capable d'éliminer tous les accidents de motoneige ou
d'autres véhicules qui circulent?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le programme 2, est-ce qu'il est
adopté?
M. MAILLOUX: On me dit que les accidents ont été
réduits de moitié, c'est quand même assez acceptable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne mets pas en doute le caractère de
bien-fondé de la loi.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: J'ai deux petits cas particuliers à mentionner au
ministre, l'un relativement au code de la route lui-même. Je ne sais pas
si mon interprétation de deux dispositions du code de la route est
exacte mais si on lit, par exemple, l'article 50, paragraphe e) et l'article
76, il semble que la situation qui se développe soit la suivante... Je
pense que l'amendement avait été apporté en 1970 pour
éviter de faire ce qu'on appelle des "speed traps" comme certaines
municipalités dans le passé le faisaient; vous aviez 30 milles
à l'heure un peu partout et, tout à coup, on tombait dans une
zone de 15 milles à l'heure, au maximum. Je pense que l'amendement qui a
été apporté fixant, à l'article 50 e),
nécessairement le maximum dans les municipalités à 30
milles à l'heure c'était pour éviter ces "speed traps". La
disposition n'est pas tellement connue par les municipalités, il y a une
exception qui est possible, sur permission du lieutenant-gouverneur en conseil,
à l'article 76. C'est-à-dire que si une municipalité juge
qu'elle peut changer ou qu'elle devrait changer ce maximum de vitesse de 30
milles à l'heure au sein de sa municipalité, elle peut s'adresser
au lieutenant-gouverneur en conseil et obtenir la
permission de le faire, soit en plus bas soit en plus haut. Or, le cas
du boulevard Champlain, c'est peut-être un des beaux exemples
là-dessus; il y a des endroits où vraiment on pourrait circuler
à 60 milles à l'heure. Je pense que ceux qui ont emprunté
le boulevard Champlain... Je me demande si tout le monde ne circule pas
à 60 milles à l'heure sur le boulevard Champlain. En tout cas,
moi, je l'avoue bien candidement, quand je passe là, je ne roule pas
à 30 milles à l'heure, ni à 45 milles.
M. MAILLOUX: Le député de Maisonneuve ne se fait pas
arrêter.
M. BURNS: Bien, je surveille.
M. MAILLOUX: II est plus chanceux que le député de
Charlevoix.
M. BURNS: Je ne sais pas, de toute façon, vu notre
immunité parlementaire, on ne pourra pas me poursuivre, sur ce que je
viens d'avouer, mais on va peut-être me surveiller à l'avenir. Le
problème est le suivant, M. le ministre. Le boulevard Taschereau
à Montréal est peut-être un autre cas où,
véritablement, on peut circuler facilement et sans danger à 60
milles à l'heure. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de donner plus de
flexibilité aux municipalités, c'est-à-dire qu'elles
puissent elles-mêmes, dans ces espèces de routes quasi nationales
qui passent au sein des municipalités, avec une plus grande
flexibilité dans la loi, fixer la vitesse maximale sur ces routes? Cela
supposerait probablement un amendement de l'article 76. A moins que vous me
disiez que mon interprétation n'est pas exacte. J'irais même
jusqu'à dire que la vitesse maximale de 45 milles à l'heure sur
le boulevard Champlain ou Taschereau, à moins qu'il y ait eu une
permission d'exception donnée à ces municipalités, est
illégale, selon le texte strict de la loi. La vitesse devrait être
de 30 milles à l'heure sur le boulevard Champlain, à moins qu'il
y ait eu une permission accordée par le lieutenant-gouverneur en conseil
à la municipalité de la hausser à 45 milles à
l'heure. C'est le seul cas, si je comprends bien, si on lit les articles 50 e)
et 76, où une municipalité, pour aller au-delà ou en bas
de 30 milles à l'heure, doit obtenir la permission du
lieutenant-gouverneur en conseil. Cela fait une situation aberrante en fait.
Moi, je ne comprends pas, par exemple, que sur le boulevard Champlain, entre
autres, le boulevard Taschereau à certains endroits, on ne permet pas 60
milles à l'heure et, à mon avis, il n'y a aucun danger de
circuler à ces vitesses sur ces boulevards.
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense que M. Charland pourrait
faire quelques observations. J'ai devant moi, incidemment, les demandes qui
sont faites au comité de législation pour des amendements
à l'article 50 e) et à l'article 76, donc, je ne pourrais quand
même pas...
M. BURNS: Vous avez peut-être reçue copie des plaintes
qu'on a reçues ou nous avons reçu copie des plaintes que vous
avez reçues. Je sais qu'on a reçu un certain nombre de plaintes
là-dessus. Je sais, entre autres, que dans le cas du boulevard
Champlain, il y a des citoyens qui l'empruntent régulièrement et
qui ont porté plainte à la municipalité de Québec.
Les autorités municipales de Québec ont dit: Oui, mais on ne peut
pas. Peut-être n'étaient-ils pas au courant des dispositions de
l'article 76 qui leur permettraient de demander au lieutenant-gouverneur en
conseil de modifier la vitesse de 30 milles à l'heure dans le cas du
boulevard Champlain ou de toute autre route. Si on ne le sait pas dans la
municipalité importante de Québec, je me demande si on ne peut
pas dire la même chose de certaines autres villes.
M. MAILLOUX: En fait, je voudrais peut-être commenter la pratique
qui avait eu cours au ministère de la Voirie, justement à
l'égard de ces dispositions du code de la route. La distinction qu'on
avait faite, à la suite de consultations avec le contentieux, c'est que
même à l'intérieur des cités, villes et villages,
là où s'appliquaient les dispositions du code de la route, le
contentieux était d'avis que, si la route était entretenue par le
ministère de la Voirie, on pouvait y placer de la signalisation qui
était inférieure à 60 milles à l'heure et pouvait
être, à ce moment, supérieure aux 30 milles à
l'heure qui sont la limite du pouvoir des citées, villes et villages.
C'est pour ça que vous voyez et que vous avez vu, sur le boulevard
Laurier à Québec, aussi sur le boulevard Taschereau à
Montréal, sur toutes les routes qu'entretenait le ministère de la
Voirie à l'intérieur des territoires des cités, villes et
villages, des vitesses supérieures à la limite, qui est
statuée ici, de 30 milles à l'heure. C'est le modus vivendi que
nous avions appliqué et que nous appliquons encore, en fait, à
travers la province.
M. BURNS: Dans les cas où c'est proprement municipal...
M. MAILLOUX: Lorsqu'il y a remise de l'entretien des rues, c'est
là que vient le quiproquo, c'est qu'à ce moment-là, le
contentieux municipal, à bon droit, se réfère à ces
articles et dit: Dorénavant, il ne peut pas y avoir des vitesses
supérieures à 30 milles à l'heure. A ce moment-là,
vous voyez la signalisation de 45 milles ou 40 milles disparaître, tout
simplement.
M. BURNS: Est-ce que le ministre envisage des amendements? C'est ce que
j'ai cru comprendre par le début de sa réponse.
M. MAILLOUX: Oui. M. BURNS: Bientôt?
M. MAILLOUX: C'est actuellement soumis au comité de
législation en date du 9 mai.
C'était mon intention de demander, après une discussion
avec les fonctionnaires du ministère de la Justice et des Transports, au
Bureau des véhicules, après avoir revu la série
d'amendements proposés, principalement aux articles dont parle le
député de Maisonneuve, 76 et d'autres, à quel moment on
pourrait les apporter devant la Chambre. Cela devrait être dans les
semaines qui suivent.
M. BURNS: Merci.
M. MAILLOUX: Cela rejoint nos préoccupations, d'ailleurs.
M. BURNS: J'ai une dernière question, M. le ministre, à ce
programme-ci. Je ne sais pas si c'est la crise de l'énergie qui cause
cela, si c'est aussi le désir des gens de faire de l'exercice, on se
rend compte que les bicyclettes semblent avoir repris de la vogue. De plus en
plus de bicyclettes circulent sur nos routes, à l'intérieur des
municipalités, comme à l'extérieur. Je me demande s'il n'y
aurait pas lieu, pour le ministère, vu cette situation assez nouvelle,
d'une part, de faire une espèce de campagne préventive de
sécurité, tant auprès des cyclistes qu'auprès des
automobilistes, un peu comme le ministère l'avait fait relativement
à la moto-neige, et, semble-t-il, avec un certain succès.
J'entendais des gens de la Fédération cycliste commenter cette
situation nouvelle et dire que le cycliste comme tel, selon eux, n'était
pas protégé parce que c'est une situation nouvelle.
L'automobiliste n'est pas habitué à conduire défensivement
à l'endroit des cyclistes; le cycliste, lui aussi, très souvent,
n'est pas plus expérimenté qu'il ne le faut; très souvent,
il y a des jeunes qui sont visés. Je me demande donc si le
ministère n'envisagerait pas la possibilité de faire une campagne
de prévention sécuritaire relativement aux bicyclettes, tant
à l'égard des automobilistes qu'à l'égard des
cyclistes eux-mêmes.
M. MAILLOUX: Dans la série d'amendements proposés au code
de la route, il est question forcément des cyclistes. Il est possible
que, si cet amendement est accepté par la Chambre, il faille
forcément le faire suivre ou précéder d'une campagne
d'information, étant donné le nombre toujours plus grand de
bicyclettes ou de motocyclettes qui circulent sur les routes du Québec.
C'est indiscutable, cette campagne devra précéder ou suivre parce
que...
M. BURNS: D'accord.
M. MAILLOUX: Là-dessus, je peux ajouter un détail
pertinent. Nous avons une campagne d'entreprise pour sensibiliser la province
concernant les usagers de la bicyclette et particulièrement les enfants.
Il y a un organisme qui s'appelle l'Ecole cycliste du Québec, qu'on
subventionne, pour dispenser un programme d'enseignement au niveau des enfants
dans les écoles durant l'été, de même que nous
engageons des moniteurs et des étudiants-instructeurs que nous
installons sur tout le territoire du Québec, précisément
pour contribuer à une campagne de sécurité routière
dans le domaine de la bicyclette.
M. GRATTON: Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question concerne l'application de la loi 49
qui a été votée, comme vous le savez en 1965, et qui
bannissait les panneaux-réclame sur les routes nationales, situés
à 200 pieds des routes nationales. Cette loi fixait les largeurs et les
longueurs des affiches. Effectivement, à la suite de cette loi, il y a
eu des règlements. Un règlement entre autres a été
adopté, le règlement 821, concernant la loi de la
publicité le long des routes. Ce règlement interdisait
complètement d'installer ou de poser quelque affiche, quelque
panneau-réclame, de quelque nature ou de quelque dimension que ce soit,
qui puisse être vu. Je ne ferai pas ici l'énumération de
toutes les routes qui étaient concernées, il y en a plusieurs, au
moins une vingtaine, où, par réglementation, tout
panneau-réclame et toute publicité étaient bannis.
Je voudrais savoir, au sujet de ces routes, comment on applique ce
règlement 821, d'abord s'il a été appliqué.
J'imagine que oui, mais, quel serait le nombre, à la suite de
l'application de ce règlement, d'infractions qui ont été
relevées et le nombre de condamnations également qui auraient pu
en résulter?
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense que je pourrais avouer
qu'il y avait un autre projet de loi qui devait être
présenté en Chambre sous la responsabilité de mon
prédécesseur. J'avais demandé au titulaire le retrait
parce qu'il y a quand même, dans le nouveau projet de loi qui est
actuellement devant le comité de législation également,
quantité d'incidences. D'abord la responsabilité du
ministère des Transports est de donner la meilleure
sécurité possible aux usagers des routes et l'on sait
pertinemment que l'ensemble des panneaux-réclame peut distraire tout
chauffeur de véhicule automobile. D'un autre côté, il y a
des routes à très grandes artères de circulation où
le ministère a fait un effort important dans le but de les prohiber et
d'obliger tous ceux qui avaient placé ces panneaux-réclame, de
les faire disparaître.
On a quand même constaté, sur des routes comme la 20, qu'il
n'était pas facile de faire observer la loi dans toute sa rigueur, quand
la plupart de ceux qui circulent de Montréal à Québec ont
vu des camions qui allaient se placer sur des terrains de particuliers et les
déplaçaient au fur et à mesure afin de les montrer
à ceux qui circulaient sur les routes.
Il y a le problème également des routes
secondaires, où quand même, la loi existe, le
problème de tous les commerçants, je ne parle pas des grands
hôtels, de ceux qui sont capables de se défendre très bien
par des moyens financiers importants, mais tout l'ensemble de petits
commerçants évidemment qui annoncent le long des routes et qui
ont absolument besoin de cette réclame pour pouvoir subsister. Ce ne
sont pas les mieux nantis. On est à revoir l'ensemble des
répercussions inhérentes au système de
panneaux-réclame. Le ministère cherche évidemment, mais
les fonctionnaires ont énormément de difficultés,
malgré de nombreuses condamnations, à faire observer une telle
loi. Mais il ressort que pour la sécurité des usagers, il est
indiscutable que plus il y a de panneaux-réclame le long des routes,
plus il y a de distractions éventuelles pour le chauffeur. C'est devant
le comité de législation actuellement pour probablement
écrire...
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand vous dites qu'il y a de nombreuses
condamnations, est-ce que ce sont de nombreuses condamnations concernant la loi
49 ou concernant l'application du règlement 821? La loi 49, en fait, qui
permet les panneaux-réclame sur les grandes routes nationales.
M. MAILLOUX: Des poursuites qui ont été intentées
en rapport avec le règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce serait avec le règlement. Alors ce
serait de quel ordre? Vous dites qu'il y en a eu de nombreuses. Est-ce que vous
pouvez spécifier ou préciser?
M. MAILLOUX: Je pourrais peut-être vous le donner cet
après-midi, si nous sommes capables de rejoindre le fonctionnaire en
question. C'est très difficile d'application et je ne me leurre pas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que je dois comprendre tout
à l'heure, M. le ministre y a fait allusion étant
donné les difficultés d'application de ce règlement, qu'il
a l'intention de retirer le règlement 821?
M. MAILLOUX: Non, actuellement il est devant le comité de
législation pour une révision.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais une révision, en ce sens qu'il y a
retrait?
M. MAILLOUX: En fait, il y a une consultation avec les associations, les
entreprises de réclame dans toute la province et cette consultation dure
depuis environ trois ans, trois ans et demi. Naturellement, la
difficulté inhérente là-dedans, c'est de distinguer entre
ce que j'appellerais l'affichage nécessaire pour identifier le commerce
de l'individu, propriétaire du terrain, sur son terrain, et la
réclame le long des routes.
Il y a eu une tentative de distinguer entre ces deux champs et d'en
arriver à un compromis avec ce secteur d'activité que sont les
entreprises d'affichage et qui font beaucoup de commerce et de travaux ici au
Québec et la nécessité, comme le ministre l'a dit, d'en
arriver à une dépollution visuelle le long des autoroutes et des
routes provinciales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je me permettrais de demander à M. le
ministre, lorsqu'il nous fournira la liste des nombreuses condamnations en
vertu du règlement 821... Comme, dans ce règlement, la route 54,
Chicoutimi-Québec, et également la route 54 A sont
concernées, de même que les routes 16 et 16 A, je demanderais, si
c'est possible j'imagine que cela l'est vu que cela concerne ma
région, qu'il y ait des spécifications concernant notre
région et ces routes.
M. MAILLOUX: A présent, il faudrait quand même que les
membres de la commission comprennent que, si de tels règlements doivent
être observés à la lettre, les grandes
préoccupations qu'a soulignées le sous-ministre des Transports,
je pense que sûrement le ministère ne peut pas faire défaut
d'aller dans ce sens. Mais cela demanderait une armée de fonctionnaires
pour surveiller l'affichage et les réclames, parce qu'ils vont vouloir
mettre des indications pour la traversée du lac Saint-Jean. Pour les
petits poissons des chenaux, ils nous mettent des indications. Pour faire des
"parties" de cabane à sucre, ils mettent des indications. L'on constate,
évidemment, que tout ce monde, venant de toutes les régions, quel
que soit le député ou le corps municipal, que tous ces gens
disent: II faudrait quand même que vous nous laissiez la
possibilité d'indiquer aux gens par où ils doivent passer. Il y a
un juste milieu à conserver dans cela, mais il n'est pas facile à
trouver. Il y a le problème de la sécurité qui retient
l'attention de tout le monde.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quel est le rôle de la Sûreté
du Québec là-dedans? Est-ce qu'on peut dire qu'elle est vraiment
au courant de la loi, qu'elle s'occupe de la faire appliquer?
M. MAILLOUX: La Sûreté du Québec ne s'occupe pas de
ce problème, ce sont des fonctionnaires du ministère des
Transports...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas la Sûreté du
Québec qui s'en occupe...
M. MAILLOUX: ... qui vérifient l'affichage.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... ce sont des fonctionnaires du
ministère des Transports.
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous ne croyez pas que ce serait
beaucoup plus
efficace que cela relève de la Sûreté du
Québec, l'application de ce règlement, plutôt que des
fonctionnaires?
M. MAILLOUX: II y a des enquêteurs du ministère des
Transports qui sont particulièrement attachés à ce
problème, depuis toujours. La Sûreté est déjà
passablement occupée par d'autres problèmes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que, pour pallier la situation que
vous nous avez expliquée tout à l'heure, une loi est en train de
se préparer.
M. MAILLOUX: Elle se prépare lentement, parce que...
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a beaucoup de consultations.
M. MAILLOUX: Ce ne sont pas tant les gros intérêts que
l'ensemble des intérêts de tous ceux qui ont besoin d'une telle
publicité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Bellechasse.
M. MERCIER: M. le ministre, il s'agit d'une information relativement
à l'utilisation des feux clignotants ou des feux d'urgence ou de danger
utilisés par les postes de radio, des ambulances, etc. On voyait, dans
le passé, vous le savez, l'utilisation de feux multicolores par des
agences de sécurité ou des postes de radio et de
télévision. Même, dans certains cas d'autres organismes
utilisaient de tels feux. Est-ce qu'il y a une réglementation qui a
été adoptée régissant l'utilisation de ces feux,
définissant également les couleurs appropriées pour telles
fins d'entreprise?
M. MAILLOUX: Non, c'est en discussion actuellement, parce qu'on constate
qu'il y a quand même un abus de feux qui étaient, semble-t-il,
réservés à la Sûreté du Québec et aux
ambulances. Mais on constate que d'autres s'en servent également. On est
actuellement à revoir ce problème.
M. MERCIER: Vous conviendrez avec moi que cela peut, dans plusieurs cas,
induire bien des automobilistes en erreur. Il y en a justement qui abusent de
l'utilisation de ces feux.
M. MAILLOUX: C'est exact.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le programme...
M. BEDARD (Chicoutimi): Encore une question concernant l'application du
règlement 811 qui concerne les cimetières d'automobiles et les
dépotoirs visibles le long des routes. Vous vous rappelez sans doute
qu'il y a eu la loi 48, votée en 1965, qui prévoyait que, sur une
période de temps assez précise, on verrait à ce que soient
bannis une fois pour toutes les dépotoirs, les cimetières
d'automobiles ou, tout au moins, il y avait le règlement qui
était très strict là-dessus, qui devait s'appliquer
immédiatement, qui devait au moins cacher les cimetières
d'automobiles de la vue des usagers de la route.
Je voudrais savoir, jusqu'à quel point ce règlement a
été appliqué et combien d'infractions et de condamnations
il y a eues concernant cette loi, ce règlement?
M. MAILLOUX: Je ne pourrais pas...
M. BURNS: II y a des gens le long de la Transcanadienne qui n'ont pas
l'air de savoir qu'il y a un règlement.
M. MAILLOUX: ... donner le nombre d'infractions. Il faudrait que je pose
la question aux mêmes fonctionnaires dont on parlait tantôt. Au
cours des années précédentes, il y a eu des subventions de
versées à certaines entreprises de presse, d'automobiles et de
transport, afin de libérer principalement les grandes artères. Ce
n'est peut-être pas complété en entier, mais il y a eu un
effort valable de fait le long des très grandes artères. Quant
aux voeux pieux que j'avais exprimés en Chambre l'an passé,
disons qu'il n'y a pas tous les crédits nécessaires pour
continuer l'action, sauf que, malgré cette absence de crédits, il
semble qu'en raison de l'augmentation prohibitive de l'acier, il y ait
peut-être une chance que, dans le cours de l'année et l'an
prochain, une action assez importante se concrétise, parce que la
récupération est devenue payante, semble-t-il, il n'y a pas
besoin de subvention. J'ai moi-même eu la visite de deux
éventuelles compagnies qui veulent presser le pas sans aucune subvention
et faire la récupération pour la vente à ceux qui
récupèrent l'acier. Je pense qu'on aurait peut-être
touché la raison...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que le ministre ne compte pas
uniquement là-dessus...
M. MAILLOUX: Pardon? Non!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... effectivement, il ne compte pas sur
l'augmentation du prix de l'acier pour, une fois pour toutes, appliquer la
réglementation.
M. MAILLOUX: Non, mais je pense que c'est une raison valable...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, cela peut entrer en ligne de compte, dans
le sens...
M. MAILLOUX: Parce qu'auparavant, le transport...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... au niveau de l'application, à l'heure
actuelle, ce que nous pouvons voir, par les plaintes que nous recevons, c'est
que, effectivement, le règlement 811, concernant les cimetières
d'automobiles et les dépotoirs visibles le long des routes, n'est pas
appliqué ou presque pas.
M. MAILLOUX: Ce règlement est appliqué par l'équipe
d'inspecteurs qui s'occupe en même temps des panneaux-réclame. Il
y a des poursuites de prises. Il faut comprendre que lorsque la
réglementation dit, par exemple, qu'il faut mettre une clôture
autour du cimetière d'automobiles, d'une hauteur de huit pieds, selon le
profil et la topographie autour de ce cimetière, il peut arriver que
cette clôture, n'ayant que huit pieds, soit totalement inutile. Je pense
par exemple à certains cimetières d'automobiles de la
région de la Beauce, où je pense que c'est Sainte-Marie
on arrive justement en profil le long d'une côte où on
surplombe le cimetière. Même si ce type met une clôture de
seize pieds, de 24 pieds, ou 30 pieds, on verra toujours le cimetière.
La vraie solution réside dans l'élimination des carcasses. A
l'occasion d'un programme expérimental localisé dans la
région du Saguenay, on a contribué par des subventions au
transport de ces carcasses à destination de Sorel et de Tracy, pour que
l'acier soit réutilisé dans un processus de recyclage. On
comprend que la récupération de ces carcasses un peu partout,
c'est économique pour des entreprises, peut-être jusque dans un
rayon de 50 à 75 milles. C'est encore économique de les
transporter, et le ministre disait justement que cela devient rentable,
même aller jusqu'à 75 milles, pour les réutiliser.
Au-delà de cela, naturellement, il n'y a pas de compagnie qui veuille le
faire. L'an dernier, pour traverser le parc national, on a subventionné,
à l'occasion d'un contrat qui nous a coûté $28,000, le
transport de ces carcasses à destination des usines de SIDBEC. Depuis ce
temps, on sait que la société SIDBEC s'est
intéressée à la création d'une subsidiaire, gui
s'appelle société Fers Unis, et qui, elle, a comme mandat la
récupération des carcasses des cimetières d'automobiles
disséminés au long des routes du Québec. C'est
peut-être par ce biais qu'on va atteindre le plus l'objectif de tout le
monde, c'est-à-dire faire disparaître de la vue des gens ces
cimetières d'automobiles.
Il n'en reste pas moins que l'application du règlement ou d'un
règlement efficace doit continuer son cours, et c'est à la
révision de la loi sur les panneaux-réclame que seront introduits
aussi des amendements sur la réglementation des cimetières
d'automobiles pour donner un peu plus de pouvoirs aux fonctionnaires qui
s'occupent de ce secteur.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais, vous êtes d'accord avec moi
qu'à l'heure actuelle l'application de cette loi se fait non seulement
très difficilement, mais presque pas.
M. MAILLOUX: C'est très discutable. Je visitais une route
secondaire de Charlevoix récemment, là où un
médecin vient de bâtir, il y a deux ans, un chalet qui peut
coûter $50,000; 100 pieds plus loin, un dépotoir d'automobiles
s'ouvre sur un terrain privé. Qu'est-ce qu'il reste à faire?
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a bien des cas. On nous a parlé du
cas de Sainte-Marie, tout à l'heure; vous nous avez parlé de
certaines conditions qui font que même s'il y avait une clôture,
elle ne cacherait pas le cimetière d'automobiles. Peut-être que si
on appliquait le règlement et l'obliger à avoir cette
clôture, cela l'inciterait quand même à enlever ces
automobiles. Il y a bien d'autres exemples. Prenez à Joly, par exemple,
il y en a un collé à la route. Il est très visible. Il n'y
a absolument rien qui a été fait de ce côté. En fait
on en a plusieurs, je ne les énumérerai pas tous, mais il n'y a
absolument rien qui a été fait concernant l'application...
M. MAILLOUX: II y en a même un qui a placé une voiture sur
le toit du garage.
M. BURNS: Le long de la Transcanadienne.
M. MAILLOUX: II y a les marges de recul de ces cimetières
d'automobiles. Dans le cas de Sainte-Marie, c'est classique. Il est
acculé à la rivière. Si on veut le forcer à
respecter le règlement, il faut que ce type se relocalise.
Peut-être que la solution...
M. BEDARD (Chicoutimi): Le règlement existe pour son application
ou sa non-application. Je comprends que c'est difficile dans certains cas, mais
quelle est votre attitude dans ce temps-là? Est-ce que c'est de tenir
compte davantage de la situation de l'individu ou de l'application du
règlement?
M. MAILLOUX: Je conviens avec vous qu'il faut tenir compte du
règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous pensez, selon vos pronostics,
que la loi 48 de 1965 qui prévoyait l'élimination sur une
période de dix ans de tous les cimetières à
proximité des routes, pourra être totalement appliquée?
M. MAILLOUX: Je ne peux pas garantir cela, mais ce qui me permet
d'être optimiste, c'est surtout la valeur du vieil acier dans les
cimetières d'automobiles. C'est la valeur même de cet acier qui me
permet d'espérer qu'il va y avoir disparition pour 1975. Si cela avait
été
strictement du point de vue réglementaire et si l'acier n'avait
pas valu plus aujourd'hui qu'il ne valait hier, cela aurait été
un peu désespérant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le programme 2 adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): J'aurais encore une ou deux questions.
Concernant les pneus à crampons, le ministre précédent
avait dit et je cite textuellement: "L'an prochain en parlant de 1972/73
compte tenu de l'expérience de cette année et il
parlait de l'hiver 1972/73 après l'analyse des résultats,
nous verrons si nous devons accorder encore un moratoire ou si nous devons
passer carrément à l'abolition pure et simple des pneus à
crampons".
Est-ce que je pourrais savoir du ministre où en est rendue
l'analyse de ce problème des pneus à crampons".
M. MAILLOUX: Les périodes pendant lesquelles les pneus à
crampons sont prohibés demeurent. Cette année, en raison du
printemps difficile qu'on a connu, pour ne pas dire l'hiver trop long qu'on a
connu, il y a eu une prolongation d'accordée pour éviter les
accidents que peut prévoir le député de Chicoutimi,
principalement en terrain montagneux.
Je remarquais que mardi dernier, cela a été ma pire
traversée de mon comté, alors qu'on était rendu au
début de mai. C'est pour cette raison que les fonctionnaires, il y a
quelques semaines, ont accordé un délai supplémentaire
afin que les usagers de la route aient une meilleure protection. Mais la
réglementation demeure, à moins de conditions de temps
exceptionnelles qui obligent les fonctionnaires à faire prolonger leur
utilisation.
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce que l'honorable ministre a raison en ce
qui concerne le trajet que le député de Chicoutimi a à
faire entre Chicoutimi et Québec, connaissant l'état de la route.
Je pense que ce sera peut-être une des routes où ce n'est pas
tellement grave, les crampons, parce que la route est tellement mauvaise...
M. MAILLOUX: Vous n'avez pas besoin de chaînes.
M. BEDARD (Chicoutimi): La route est tellement brisée.
M, MAILLOUX: C'est semblable chez nous.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, j'ai l'impression qu'on va y revenir
dans quelques minutes.
M. MAILLOUX: On me dit que c'est pareil en Gaspésie, et c'est
vrai. On y reviendra.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous voulez dire que le système routier
est pitoyable dans le Québec?
M. MAILLOUX: Non, on y reviendra tantôt.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'il y a d'autres questions au
programme 2?
M. BEDARD (Chicoutimi): Une dernière question: Le
ministère a annoncé il y a quelque temps que les cours de
conduite préventive devaient être considérés comme
relevant uniquement des initiatives privées et que, par
conséquent, aucune subvention n'allait être donnée à
cet effet. Je pense en particulier aux cours des jeunes chambres de commerce
qui étaient subventionnés comme vous le savez, par les
Initiatives locales. J'aimerais que M. le ministre m'explique un peu sa
politique sur l'ensemble de l'organisation des cours de conduite
préventive, et nous dise aussi quel est le rôle, s'il en
prévoit un, du ministère de l'Education dans ce domaine, à
quel niveau il se situerait. Est-ce qu'il y a des cours qui se donnent
actuellement? A quel niveau se donnent-ils? Tout cela pour se
référer, comme je l'ai dit tout à l'heure, à une
résolution qui a été adoptée par la
Fédération des jeunes chambres du Canada français, qui
faisait état de cette situation particulière?
Alors, est-ce que le ministre pourrait m'ex-pliquer un peu sa politique
là-dessus?
M. MAILLOUX: M. Laflamme va parler en mon nom.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
M. MAILLOUX: La question de l'enseignement de la conduite au
Québec a été considérée primordiale parce
que c'est à partir de cela que la sécurité routière
se fait. Il y a un arrêté en conseil qui a été
adopté, qui porte le numéro 1563 et qui met sous la
responsabilité du directeur du Bureau des véhicules automobiles
les cours qui sont dispensés au Québec en sécurité
routière et sur tout aspect de la conduite automobile.
Parmi les cours qui sont dispensés, il se trouve des cours
concernant la conduite préventive qui sont données sous
l'égide du Conseil canadien de la sécurité routière
et qui ont été, par le passé, donnés sous la
tutelle immédiate des jeunes chambres; pour diverses raisons, il a
été jugé nécessaire de consolider ces cours, d'en
surveiller la dispensation, de voir plus précisément comment ces
cours ont été faits.
Nous avons discuté avec le Conseil canadien de la
sécurité routière qui a la paternité de ces cours
de conduite préventive afin de pouvoir en surveiller l'application au
Québec et pour nous assurer que ces cours, qui seront
subventionnés avec les deniers publics, atteignent les fins auxquelles
on s'attend.
Donc, les cours de conduite préventive au
Québec ne sont pas abandonnés, ne sont pas retirés
du contrôle public, loin de là. Au contraire, on veut exercer un
contrôle public plus prononcé afin de s'assurer, non seulement de
la qualité de ces cours comme conception, mais de la qualité de
ces cours au moment où ils sont donnés et aussi de s'assurer
qu'ils sont effectivement donnés au lieu de prétendre qu'ils sont
donnés rapidement, à la sauvette, lors de périodes de
réjouissance qui n'ont rien à voir avec la conduite d'un
véhicule automobile.
Alors, nous sommes actuellement à encadrer, de façon plus
stricte, et à contrôler encore de façon plus
poussée, ces cours de conduite préventive au Québec. Loin
de les décourager, on veut les bonifier et on veut les intensifier. On
veut aussi que les organismes qui vont les dispenser, ou la façon dont
ils seront dispensés, satisfassent au moins aux critères de base
qu'on exige déjà des écoles de conduite, critères
déterminés par l'arrêté en conseil 1563.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si je comprends bien, vous allez arrêter
les subventions qui pouvaient être accordées comme par exemple,
à la jeune chambre de commerce. J'imagine que vous allez y mettre un
point d'arrêt?
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce que vous croyez que ce ne sont pas les
organismes qui peuvent remplir le mieux cette tâche?
M. MAILLOUX: C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous pensez qu'ils l'ont fait dans des
périodes de réjouissance plutôt que d'une façon
sérieuse jusqu'à maintenant? Je comprends que les subventions
seront terminées au niveau des jeunes chambres concernant l'application
des cours de conduite.
M. MAILLOUX: En fait, dans le cadre des cours de conduite
préventive, comme je l'ai dit, ce ne sera pas l'apanage exclusif des
jeunes chambres. Nous voulons nous assurer individuellement, dans chaque
programme particulier, de la compétence de l'organisation qui va les
dispenser.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai une dernière question concernant ce
programme.
M. MERCIER: Sur le même sujet, M. le Président, est-ce que,
par les paroles du directeur du Bureau des véhicules automobiles, on
doit comprendre que les cours de conduite préventive seraient
diffusés exclusivement par les écoles de conduite?
M. MAILLOUX: Personne n'en aura l'exclusivité. Elles devront
répondre aux critères de compétence donnés et
lorsque ces critères seront atteints tout organisme pourra les
dispenser.
M. MERCIER: Les commissions scolaires régionales par les services
d'éducation aux adultes?
M. MAILLOUX: Exactement. Ce qu'on est en train d'établir, c'est
un cadre de critères auxquels l'organisme doit se soumettre et ne pas
monopoliser ces cours sous un titre donné, comme les jeunes chambres et
tout cela. D'ailleurs, c'est un programme qui était en révision
l'année dernière.
M. MERCIER: En fait, pour l'information du député de
Chicoutimi, les cours comme tels n'étaient pas subventionnés,
mais c'était le recrutement effectué par la
Fédération des jeunes chambres qui était
subventionné dans le cadre d'un programme d'Initiatives locales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dernière question sur le programme 2. Ma
question s'adresse au ministre. En fin de semaine dernière, Mme Albinie
Morin, représentante, comme vous les savez, du ministère
fédéral des Transports, a déclaré au congrès
de l'ANCAI qu'Ottawa était en train, pour reprendre son expression, de
développer une politique fédérale du transport routier.
Ces propos, entre autres, ont été rapportés dans le Soleil
du 13 mai 1974. Est-ce que le ministre est au courant de cette future
politique, en fait, qui est annoncée? Considère-t-il qu'il s'agit
d'une ingérence du fédéral dans sa compétence?
Est-ce qu'il a l'intention, s'il croit que c'est une ingérence, de
protester vigoureusement auprès du gouvernement d'Ottawa?
M. MAILLOUX: M. le Président, ce n'est pas mon intention de
protester immédiatement. En regardant les journaux de fin de semaine,
j'ai vu une telle déclaration. Au moment où M. Marchand avait
fait une déclaration quelques semaines avant la présentation du
budget, on avait un peu été inquiet des paroles de M. Marchand,
qui semblait vouloir dire que le ministère des Transports aurait des
montants appréciables pour s'occuper de certains problèmes de
transport routier et autres, mais quand le discours du budget est
arrivé, cela a semblé principalement conforme aux études
que poursuivait le ministère des Transports. Je n'ai aucune information
valable selon laquelle actuellement le ministère des Transports fait
autre chose que poursuivre des études dans les secteurs de transport. Je
ne vois pas pourquoi je devrais protester actuellement, alors qu'il n'y a
aucune indication d'une telle ingérence.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que l'honorable ministre ne
proteste pas, n'étant pas au courant je comprends ça très
bien. Maintenant, concernant cette future politique, quand même au niveau
des transports qui a été annoncée officiellement, est-ce
qu'il y a des remarques de la part du ministre?
M. MAILLOUX: Si ça rejoignait les négociations qui se sont
poursuivies à l'échelon des fonctionnaires des provinces et du
Canada, relativement aux points noirs qu'il faut faire disparaître sur
les routes où il y a des accidents mortels, où chaque province
doit investir quelques centaines de milliers de dollars pour faire
disparaître évidemment des lieux où il y a trop souvent
impact, on est tous d'accord là-dessus. Mais il y a une discussion qui
se poursuit à l'échelon du Canada et des provinces sur certaines
mesures qui regardent la sécurité routière principalement.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas tellement de renseignements, sauf
où il y aurait une ingérance du fédéral dans le
secteur des transports.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais Mme Morin parlait du transport
routier, du camionnage, entre autres, elle ne parlait pas de la
sécurité routière, dont vous nous parlez à l'heure
actuelle.
M. MAILLOUX: Comme le sous-ministre, M. Charland, a participé aux
discussions, il pourrait vous dire quelles grandes préoccupations
rejoignaient les discussions des différentes provinces et du
gouvernement fédéral.
En fait, à la suite de certaines préoccupations
provinciales qui avaient été soulignées au niveau
fédéral, ces préoccupations ne venant pas du Québec
particulièrement, le fédéral, par le biais de ses
unités de recherche, par son centre de développement des
transports, a fait des études sur le transport interprovincial des
marchandises. Par exemple, hier matin, ici au Château, à
l'occasion du congrès du groupe de recherche sur les transports au
Canada, il y avait un fonctionnaire du fédéral qui faisait un
exposé sur l'ampleur de la circulation des camions d'une province
à l'autre. Il soulignait naturellement le côté un peu
négatif que, d'après lui, avaient à supporter les
transporteurs, celui de devoir s'enregistrer ou d'enregistrer leurs
véhicules dans plusieurs provinces, par exemple, et d'obtenir plusieurs
permis, etc.
H est certain qu'entre la recherche de l'identification de certains
points défavorables, et la formulation d'une réelle politique des
transports dans le domaine du camionnage, il y a une certaine marge. C'est une
marge qu'il faut franchir par le niveau des juridictions.
D'autres aspects de la politique fédérale ont aussi
perturbé un peu le niveau provincial. C'est que, par le biais du secteur
du travail et de la main-d'oeuvre, on a tenté de réglementer les
heures de conduite des chauffeurs sur des camions qui étaient
enregistrés au niveau fédéral comme étant ce qu'on
appelle des "Canada carriers" ou des transporteurs enregistrés au niveau
canadien. Ce que nous avons souligné à ceux qui nous ont
demandé de faire l'application de cette réglementation, c'est
qu'on ne pouvait certainement pas, par le biais d'une règle de la
main-d'oeuvre, venir faire l'applica- tion de règlements dans le domaine
de la circulation sur les routes de la province, ce qui est essentiellement de
juridiction provinciale. Si Mme Morin ou d'autres représentants du
niveau fédéral a voulu exprimer, par là, la
préoccupation du gouvernement fédéral là-dedans et
qu'elle a appelé ça une politique, c'est peut-être
ça, le dépôt de certaines études, de certaines
recherches et tout ça, mais il n'y a pas, jusqu'à maintenant, de
formulation précise, législative dans le domaine des transports,
si ce n'est la Loi nationale des transports qui, en certains points, est
discutée par les provinces.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est sûrement à la suite d'une
consultation interprovinciale, comme vous nous avez dit tout à l'heure,
qu'on a annoncé, en fait que Mme Morin a annoncé l'amorce d'une
politique de transport routier. Je voudrais savoir si le fédéral
a demandé des suggestions au Québec concernant ce problème
du transport interprovincial de marchandises par camions?
M. MAILLOUX: Pas spécifiquement sur ça, il n'y a pas eu de
rencontre interprovinciale et le Québec n'a pas sollicité...
M. BEDARD (Chicoutimi): Le Québec n'a pas été
consulté, si je comprends bien.
M. MAILLOUX: Pas sur ce point précis. Si on parlait d'une
politique fédérale du transport routier, tel que vous l'avez
exprimé, non. Il y a eu des discussions remontant à plusieurs
années sur le fond même de la Loi nationale des transports,
certaines parties de la loi étant discutées par les juridictions
provinciales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous savez quelles provinces auraient
pu être consultées, auraient pu faire des suggestions dans le
cadre de cette discussion?
M. MAILLOUX: Je peux identifier facilement l'opposition aux
premières discussions. Elle était venue spécifiquement du
Québec et même de l'Ontario sur l'application de la Loi nationale
des transports, étendue aux transports routiers. Il y a eu des
protestations assez vives de la part de ces deux provinces, comme de la plupart
des provinces d'ailleurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le Québec n'a pas été
consulté. Est-ce que vous pourriez nous dire si, à votre
connaissance, les autres provinces ont été consultées?
M. MAILLOUX: II y a certainement d'autres provinces, à ma
connaissance, qui ont déjà souligné leur opposition. Ces
provinces ne sont peut-être pas les provinces où se fait la grande
partie du transport au Canada; ce sont peut-être des provinces
plutôt exportatrices ou entre le lieu de production et le lieu de
consommation. Elles ont dit jusqu'à un certain point comment il
serait utile que l'on ait une seule politique des transports de façon
à profiter de la règle de la péréquation, par
exemple.
M. BEDARD (Chicoutimi): A votre connaissance, quelles sont ces
provinces?
M. MAILLOUX: II y a des provinces maritimes, par exemple. On peut penser
que l'Ile-du-Prince-Edouard ne joue pas beaucoup à ce niveau lorsqu'elle
peut demander de telles choses. De façon plus particulière, il y
a certaines provinces de l'Ouest aussi qui sont simplement traversées
par une route et qui ne sont pas exportatrices, par voie de camion. A ce
moment-là, on peut supposer qu'elles n'ont pas grand
intérêt à la chose, pas autant, du moins, que l'Ontario
où la grande majorité du transport se fait par camion, et que le
Québec qui, lui aussi, a une charge très importante.
M. BEDARD (Chicoutimi): On peut penser que le fédéral ne
trouve pas un grand intérêt à consulter
préalablement avant d'annoncer des politiques de transport de
marchandises par camion, avant d'annoncer ses politiques dans ce sens.
M. MAILLOUX: Si vous me permettez, il y a peut-être un
léger débordement dans l'annonce de la politique
fédérale et dans ce que Mme Morin a voulu signifier en disant
qu'il y avait du travail fait sur le transport interprovincial et sur les
principaux problèmes et peut-être sur certaines démarches
que le fédéral ferait auprès des provinces pour
tâcher de faire adopter des lois, sinon une réglementation un tant
soit peu semblable ou uniforme. On peut penser ça dans le domaine des
explosifs. Dans ce domaine particulier, la province de Québec a
été consultée, parce que la réglementation
prioritaire est mondiale. Il s'agit d'une convention des Na- tions-Unies qui a
été adoptée par les Etats-Unis dans tous ses Etats et
aussi par le Canada. Il est certain que, dans cette dimension de l'empaquetage
et du placardage des explosifs, voici un problème qui déborde
largement le cadre strictement provincial, et sans sacrifier quoi que ce soit
de la juridiction du Québec dans le domaine, on peut tout de même
convenir que les juridictions provinciales, par leur réglementation et
leurs lois devraient tendre à une certaine uniformité puisqu'il y
a énormément d'exportation dans ce domaine.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous n'accepteriez sûrement pas de ne pas
être consultés concernant une politique dans ce sens de la
compétence et de la juridiction provinciale, comme l'a mentionné
le ministre tout à l'heure?
M. MAILLOUX: Cela a été indiqué par les
représentants du Québec.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Programme 2. Adopté.
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Programme 3 : Construction du réseau
routier.
UNE VOIX: Adopté.
M. BURNS: Un instant. On s'était entendu pour finir à
midi, M. le Président, vu que c'est un programme important que le
programme 3, on pourrait peut-être y revenir à la prochaine
séance.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 5)