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Commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement
Etude des crédits du ministère des
Transports
Séance du mardi 13 avril 1976
(Dix heures trente six-minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement continue ce matin l'étude des crédits du
ministère des Transports et, nous l'espérons, la
complétera.
Nous en sommes au dernier programme qu'il nous reste à
étudier, soit le programme 7: Transport maritime et aérien.
Le député de Chicoutimi.
Transport aérien (suite)
M. Bédard (Chicoutimi): Ma première question
concernant les aéroports serait en fonction de celui des
Iles-de-la-Madeleine; il a été mentionné à
plusieurs reprises que cet aéroport aurait besoin d'être
modernisé pour permettre un trafic aérien plus régulier et
pour augmenter les mesures de sécurité.
Il semblerait que la longueur des pistes actuelles ne permette pas
à la compagnie Québécair d'envoyer aux
Iles-de-la-Madeleine des avions plus rapides et plus gros et que l'absence de
dispositifs d'atterrissage aux instruments compromet le service chaque fois que
le brouillard s'installe sur l'aéroport, ce qui est relativement
fréquent, étant donné la situation des
Iles-de-la-Madeleine.
Bien que la responsabilité de cet aéroport ne revienne pas
au Québec, le ministre est-il en mesure de nous dire s'il a entrepris
des démarches face à son homologue fédéral afin que
cet aéroport soit modernisé, agrandi et que des mesures plus
adéquates de sécurité y soient appliquées.
M. Mailloux: M. le Président, il est vrai que, les
rencontres, dans les mois qui ont précédé, avec le
président de Québécair, l'honorable Lionel Che-vrier, et
quelques officiers supérieurs de Québécair, ont
été portées à mon attention et à l'attention
de mon sous-ministre, M. Charland; les doléances dont vient de parler le
député de Chicoutimi ont porté sur l'absence
d'équipement suffisant à l'aéroport des
Iles-de-la-Madeleine ainsi que sur des pistes qui devraient être
prolongées pour recevoir des avions plus importants que ceux que la
piste peut recevoir actuellement.
Dans la demande faite par l'honorable Lionel Chevrier, tenant compte que
cet aéroport est quand même de responsabilité
fédérale, la compagnie Québécair insistait
auprès du ministère des Transports pour que nous appuyions les
demandes de Québécair pour un agrandissement de la piste
d'atterrissage, pour de meilleurs équipements pour le déplacement
des avions.
Ceci a été fait auprès du gouvernement
fédéral. Il en a été question également,
lors de certaines discussions dans les semaines qui ont
précédé. Aucune réponse n'a cependant encore
été donnée quant aux demandes de Québecair au
gouvernement fédéral, demandes qui ont été
appuyées par le gouvernement du Québec. Nous comprenons la
situation difficile dans laquelle sont placées les Iles-de-la-Madeleine
et...
M. Bédard (Chicoutimi): Le gouvernement du Québec
fait-il des pressions?
M. Mailloux: Oui, les pressions vont continuer tant qu'il n'y
aura pas de décision favorable, parce qu'il ressort que c'est quand
même un des moyens de transport les plus efficaces, étant
donné la très longue distance à parcourir. Je pense que la
venue d'avions plus importants, qui pourraient déplacer plus de
personnes qui sont retenues aux Iles-de-la-Madeleine, pourrait avantager les
communications, principalement devant les problèmes qu'on rencontre avec
les services de tra-versiers maritimes qui sont plutôt lents pour le
déplacement vers Québec et Montréal.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député d'Argenteuil, sur le même sujet, je pense.
M. Saindon: M. le Président, c'est au sujet des
aéroports municipaux, est-ce que cela entre là-dedans?
M. Mailloux: Oui.
Aéroports municipaux
M. Saindon: Je voudrais savoir si la politique du
ministère est encore de favoriser le développement des
aéroports municipaux. Il y a eu, il y a un an ou deux, un programme qui
a été annoncé, par lequel le ministère visait
à développer régionalement certains aéroports
municipaux. J'aimerais savoir si cette politique est encore
considérée et, si possible, j'aimerais savoir le montant d'argent
porté au budget pour le développement et l'aide au fonctionnement
des aéroports municipaux en opération.
M. Mailloux: Dans les préoccupations de l'Office de
planification du Québec, qui sont la préoccupation de l'officier
du ministère des Transports, il y a eu une étude d'amorcée
par l'Office de planification. J'ai déjà dit publiquement que,
dans certains documents de l'Office de planification, il était question
que nous cherchions à obtenir des crédits par
l'intermédiaire de l'Office pour des améliorations à
apporter aux aéroports qui sont situés dans les endroits les plus
éloignés du Québec, qui n'ont pas peut-être une
importance primordiale, comme aéroports, mais qui servent quand
même à transporter ces populations au centre du Québec.
Par contre, l'Office de planification n'a pu amener à terme
encore l'étude qu'elle avait faite à ce sujet. Entre-temps, nos
interventions sont quand même assez sporadiques et
discrétionnaires. Nous intervenons par le biais de politiques de
subventions à certaines demandes qui nous sont faites. Je pense avoir
récemment accordé un montant d'environ $50 000 à
l'aéroport municipal de Roberval. Les municipalités prenant
charge de l'aéroport, nous avions promis préalablement d'aider
par une subvention du montant mentionné à l'achat de cet
aéroport. Chaque cas qui nous est soumis au ministère est
étudié à son mérite et, s'il est prouvé hors
de tout doute qu'une région est quand même délaissée
et qu'elle a des caractères particuliers qui font que le
ministère doit intervenir... Prenons le cas, entre autres, de certaines
pistes sur des îles: nous y apportons une attention tout à fait
particulière. Le montant qui est en cause à l'intérieur
des crédits est un montant de $550 000 qui sert à des
améliorations à des aéroports municipaux ou
régionaux. Ce n'est pas suffisant pour l'ensemble des demandes qui nous
viennent, mais on tâche de répondre aux demandes les plus
pressantes.
M. Saindon: Je posais ma question parce que, dans le cas
spécifique de l'aéroport municipal de Lachute, l'aéroport
est situé dans un parc industriel, mais le fait que cet aéroport
est très près de Mirabel oblige la municipalité, dans bien
des cas, à des responsabilités qu'elle ne prévoyait pas si
cet aéroport était demeuré strictement municipal et local.
En fait, il y a beaucoup de petits avions qui se posent à Lachute parce
qu'ils ne peuvent pas descendre à Mirabel et, par contre, les
propriétaires ou les passagers de ces petits avions s'en vont à
Mirabel. Entre autres, il y a un nombre grandissant de petits
réactés. Alors, la piste actuelle peut recevoir ces petits
réactés, mais c'est bien juste. Il y aurait lieu d'allonger cette
piste d'à peu près 500 pieds. Il y a d'autres
améliorations à faire, mais les coûts de travaux de ce
genre sont tellement élevés que, bien sûr, la
municipalité peut difficilement satisfaire aux exigences.
M. Mailloux: Je dois quand même ajouter ceci. Quand le
ministère accorde une subvention, c'est après une étude
technique qui est faite par les fonctionnaires du ministère et les
exigences que nous apportons dans la dépense qui sera faite doivent
satisfaire aux exigences du ministère.
Si nous nous apercevons que l'argent est dépensé de
manière différente des suggestions apportées par nos
officiers, à ce moment-là, même s'il y avait des demandes
ultérieures de subventions supplémentaires, nous n'y donnerons
pas suite si ce n'est pas conforme aux priorités indiquées dans
l'attribution d'une subvention.
Je sais que, dans le cas dont parle le député
d'Argenteuil, il y a déjà eu une subvention de $25 000. Je ne
voudrais pas dire que c'est dans ce cas spécifique où l'argent
n'a pas été mis exactement à l'endroit où nos
officiers pensaient qu'il devrait être dépensé. Mais il
faut absolument que, dans tous les cas, ça respecte les ententes prises
avant que la subvention ne soit accordée.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a parlé de
l'aéroport de Roberval. Je voudrais porter à son attention une
résolution qui a été acheminée au ministère,
entre autres, à M. Lionel Chevrier, président de
Québécair qui se lisait comme suit: Etant donné les
besoins qui existent à cet endroit, je dirais dans l'ensemble du
Lac-Saint-Jean qui constitue une porte d'entrée en fonction du
développement du Moyen-Nord et également de la baie James...
L'AFEAS, en l'occurrence, l'Association féminine d'éducation et
d'action sociale nous fait parvenir une résolution dans le sens suivant:
Attendu que la sous-région du Lac-Saint-Jean, en raison de son
éloignement, a droit à un service aérien répondant
aux besoins; attendu que Québécair s'est portée
acquéreur d'Air Fecteau et doit, par conséquent, assurer ce
service; attendu que l'aéroport de Roberval dessert actuellement tout le
secteur Lac-Saint-Jean-Ouest, Chibougamau et même la baie James;
considérant que la qualité de service est à
réviser, à savoir le nombre d'envolées, l'assurance des
départs et des arrivées, la correspondance des horaires avec les
vols pour Québec, Montréal, Chibougamau et la baie James;
considérant que le nouveau propriétaire doit répondre aux
besoins de la population du Lac-Saint-Jean pour son transport aérien;
considérant que l'aéroport de Roberval doit être muni de
personnel et d'équipement nécessaire au service
sécuritaire de sa clientèle... on concluait en disant: Nous
demandons à l'honorable Lionel Chevrier, président de
Québécair, l'étude de la situation actuelle sur les lieux
mêmes du service par le directeur de la publicité, le responsable
des filiales ainsi que le responsable de la clientèle. Nous exigeons
aussi la présence d'au moins un membre du conseil d'administration.
Comme on le sait, la compagnie Air Fecteau a été
achetée par Québécair.
A l'heure actuelle, il semblerait que cette filiale à elle seule
ne peut assurer le transport des personnes d'une façon équitable
et sécuritaire, en fonction des développements que je mentionnais
tout à l'heure, que ce soit la baie James, Chibougamau ou le Moyen-Nord.
Pour autant que le développement se continuera.
Québécair a présenté à la Commission
canadienne des transports une requête visant à ajouter le point
Chibougamau à son permis, ce qui lui permettrait de desservir en bloc
les points suivants: Québec, Bagotville, Chibougamau et LG 2. Je suis
convaincu que le ministre connaît cette situation. Est-il en mesure de
nous dire si, au niveau de son ministère, il y a une politique
d'élaborée pour répondre à cette situation? Ou
encore, y a-t-il des pressions qui se font sur le gouvernement
fédéral, pour régulariser ou améliorer le
système de transport aérien?
M. Mailloux: M. le Président, je n'ai pas le
dossier devant moi. A moins d'avoir un blanc de mémoire, il me
semble que, dans la demande qui avait été faite par la ville de
Roberval et transmise par le député du comté, il
était question d'un transfert de propriété du terrain, qui
appartenait soit au gouvernement fédéral ou au gouvernement
provincial. Cela a été réglé du consentement du
fédéral ou du provincial.
Dans l'autre doléance qui était apportée sur
l'amélioration des services, la seule demande que nous avions, et que
nous avons respectée était l'octroi d'un montant
supplémentaire de $50 000 s'additionnant aux fonds dont pourrait se
servir la ville de Roberval, pour apporter à cet aéroport, des
améliorations susceptibles de répondre aux exigences du
milieu.
Je ne sache pas, à moins de faire une erreur involontaire, qu'on
m'ait demandé autre chose. Il me semble avoir demandé à ce
moment-là, si, en accordant le montant de $50 000 et en acceptant le
transfert des titres de propriété, on viendrait avec d'autres
doléances. On m'a informé que la part du gouvernement provincial
serait suffisante pour donner les services dont la population avait besoin.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas s'il y a lieu
d'ajouter d'autres renseignements. Etant donné que vous n'avez pas le
dossier, j'imagine que vous pourrez communiquer...
M. Mailloux: Je me rappelle ce dossier, puisque la lettre
envoyée à la ville de Roberval l'a été il y a
quinze jours ou trois semaines, suite à la demande qui avait
été faite par la ville de Roberval. Nous l'avons acceptée
intégralement.
Pour les transferts de titres de propriété et sur la
subvention à respecter qui avait été promise
antérieurement, nous affirmons notre volonté de payer, durant
l'exercice financier actuel, la somme demandée de $50 000. Les montants
additionnels, semble-t-il, venaient d'autres sources. Cela peut être
municipal ou fédéral. Je n'ai pas la connaissance des sources de
financement qui seraient nécessaires pour compléter les travaux
qui pourraient être exécutés, mais on m'a dit que pour
autant qu'on respectait la promesse faite antérieurement, ce que nous
avons fait par lettre d'intention, cela réglerait le cas et on ne
reviendrait pas pour une demande ultérieure.
Québecair
M. Bédard (Chicoutimi): Puisqu'on parle de
Québecair, il y aurait peut-être un autre point sur lequel je vais
demander jusqu'où le gouvernement peut exercer certaines pressions.
C'est concernant le problème des retards qui se répètent
de façon assez régulière, au niveau des arrivées et
des départs concernant Québecair, compagnie
québécoise. Sur ce sujet, sans expliciter plus qu'il ne le faut,
l'AFEAS, également, avait fait une étude. D'ailleurs, une
certaine commission avait siégé également au niveau de la
région pour voir jusqu'à quel point on pourrait corriger cette
situation.
Je crois qu'il est parvenu, au niveau du ministère, une
résolution de l'AFEAS. Je vais la lire; ce sera la manière
d'être le plus rapide. "Attendu que le transport par avion a pour but
essentiel de faire gagner un temps précieux aux voyageurs; Attendu
qu'à la suite de notre résolution, présentée en
juin 1974, Québecair a donné l'assurance d'un service de
qualité; Attendu qu'une heure à trois heures de route sont
obligatoires pour avoir accès à l'aéroport de Bagotville
pour une grande partie de la clientèle de Québecair au
Saguenay-Lac-Saint-Jean; considérant que les avions de Québecair
accusent des retards inadmissibles, presque à chaque envol;
considérant que ces retards occasionnent la perte d'un temps
précieux pour les usagers ayant des rendez-vous importants à des
heures et des minutes précises; considérant le stress et la
détérioration du climat humain qui s'accentuent dans la salle
d'attente à mesure que le retard se prolonge; considérant que le
service de Québecair n'a pas de concurrent dans la région"
puisqu'on nous a enlevé Air Canada "considérant que, pour
notre région éloignée, cette situation est absolument
intolérable, nous demandons à Québecair de prendre les
mesures immédiates qui s'imposent pour mettre fin aux retards d'envols
qui se répètent de fayon régulière".
Est-ce que, dans un cas précis comme celui-là, le
ministère a la possibilité de communiquer avec les
autorités de Québecair pour s'informer des causes de cette
situation qui est déplorée?
M. Mailloux: Oui, le ministère a toujours, comme tout
citoyen du Québec, je pense bien, la possibilité de demander
quelles sont les causes d'un retard semblable, mais, à ma connaissance,
je ne me rappelle pas que les plaintes dont on parle actuellement aient
été dirigées au ministère des Transports. C'est
possible, mais ce serait M. Charland ou d'autres fonctionnaires attachés
au service aérien qui en auraient pris connaissance. De toute
façon, je pense que le député de Chicoutimi sait
pertinemment que la responsabilité des services aériens
découle d'un autre ordre de juridiction. De toute façon, je vais
revoir les documents qui auraient pu parvenir au ministère des
Transports et je vérifierai s'il y a eu des pressions de faites pour des
retards qui peuvent être ressentis sur certaines envolées et si on
a demandé des corrections qui pourraient être
apportées.
M. Bédard (Chicoutimi): S'il n'y a pas de documents qui
sont parvenus au niveau du ministère, en tout cas, je le porte à
l'attention du ministre, de manière qu'il puisse peut-être voir
jusqu'à quel point il peut s'enquérir de la situation, demander
à Québecair d'y remédier et nous faire connaître la
réponse.
M. Mailloux: Disons que j'ai l'habitude de prendre connaissance
des documents, même de manière sommaire, mais il ressort que
celui-là ne rejoint d'aucune façon une préoccupation qui
serait venue à mon attention. Je vais vérifier si cela s'est
rendu et, le cas échéant, quelle recommanda-
tion a été faite par le ministère des Transports du
Québec à l'endroit de la compagnie Québecair ou à
l'attention du gouvernement fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'indication que c'est
parvenu au ministère des Transports. Je vous le dis très
simplement. Je profite de la commission parlementaire pour le transmettre
à l'attention du ministre. J'espère que nous pourrons avoir une
réponse.
M. Mailloux: Je le prends en note.
Mesures de sécurité
M. Bédard (Chicoutimi): Toujours au niveau de l'aviation,
concernant les mesures de sécurité dans l'aviation civile
privée du Québec, on sait que l'année 1975/76 a
été marquée par de nombreux accidents de petits avions
privés au Québec. Est-ce qu'on pourrait savoir je ne sais
pas jusqu'où le ministre peut s'avancer dans une réponse
quelle est la responsabilité du ministère québécois
des Transports en matière de sécurité des avions
privés? Il pourrait peut-être aussi nous dire quelles mesures le
ministère a déjà prises afin de limiter le nombre de ces
accidents au niveau de la prise de mesures de sécurité
additionnelles ou autres.
M. Mailloux: On m'informe que le service aérien produit
annuellement une liste de toutes les compagnies qui respectent les
critères de sécurité dont on parle actuellement. Cette
liste est fournie publiquement.
En dehors de cette précaution que prennent nos officiers du
service aérien, comme la responsabilité en appartient quand
même à un autre ordre de gouvernement, je ne sache pas qu'on se
rende, actuellement plus loin.
Par contre, lors de rencontres récentes que j'ai eues avec le
représentant des pilotes du gouvernement, M. Demers, qui, incidemment,
était celui qui a été faire des représentations
lors des discussions sur les difficultés des contrôleurs
aériens dans les communications air-sol...
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais en parler aussi tout
à l'heure.
M. Mailloux: ... je pense que M. Demers est quand même
assez bien connu de tous ceux qui fréquentent le service aérien.
Lors des rencontres récentes que j'ai eues avec lui, il est question
qu'au lieu de demander à des firmes de consultants certaines indications
pour informer le gouvernement du Québec et le ministère des
Transports, nous fassions appel à la compétence de certains de
nos officiers qui sont attachés au service aérien et qui dans
plusieurs matières, pourraient probablement nous conseiller aussi
adéquatement.
Alors, il n'y a pas encore de décision rendue. J'étudie
présentement avec M. Charland de quelle façon nous pourrions
utiliser les services de nos officiers qui semblent vouloir aider le
ministère des Transports dans toutes les questions techniques qui
relèvent des services aériens et autres pour lesquels nous avons
l'habitude de confier des mandats à des firmes de spécialistes.
Peut-être qu'à des coûts moindres, on pourrait avoir des
renseignements tout aussi valables avec nos propres officiers. Nous sommes en
train de faire l'inventaire de tout cela pour voir de quelle façon cela
pourrait permettre au ministère des Transports de recevoir les
renseignements dont il a souvent besoin.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'au ministère des
Transports du Québec il y a une équipe de la division des
enquêtes sur les accidents d'avions pour s'occuper de faire des
recherches concernant tout accident d'avion, tout écrasement ou
même tout incident qu'il peut y avoir? Et si c'est le cas, je pense que
c'est le cas. Non? C'est le fédéral?
M. Mailloux: Sauf s'il s'agit d'un avion de notre propre service.
Dans tous les autres cas, c'est le fédéral qui a la
responsabilité d'enquêter sur les accidents de tout type
d'avion.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, le Québec
n'enquête en aucune façon sur les accidents d'avions, si minimes
soient-ils.
M. Mailloux: Exact.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre trouve-t-il que c'est
une carence? Cela serait peut-être une action à envisager de la
part du gouvernement du Québec. Je comprends que cela représente
des déboursés.
M. Mailloux: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est peut-être faire double
emploi d'une certaine façon. Du moins, si ce n'est pas le cas, si le
gouvernement du Québec n'en a pas l'intention ou ne fait pas
d'enquête lorsqu'il y a des accidents d'avions, sauf lorsque ses propres
avions sont concernés, y a-t-il une communication avec le
fédéral, avec cette division des enquêtes qui existe au
fédéral, pour être mis au courant des renseignements que
cette division des enquêtes peut recueillir sur place afin d'être
en mesure de suggérer des moyens susceptibles de diminuer le nombre
d'accidents?
M. Mailloux: M. le Président, je pense que le gouvernement
fédéral qui a autorité sur ce type d'enquêtes,
d'après les informations que nous avons, de toutes les enquêtes
qui ont été menées sur ces accidents passés, fait
quand même, avec les spécialistes qu'il a entre les mains, le
nécessaire pour apporter ses conclusions. Elles sont soumises à
l'attention de tout le monde, le ministère des Transports, comme
d'autres, mais non pas au ministère des Transports
québécois, en particulier. Ce n'est pas notre
responsabilité et
j'imagine quand même que si le gouvernement du Québec
assumait une responsabilité dans ce secteur, il faudrait qu'il fasse les
dépenses qui s'imposent et, jusqu'à preuve du contraire, il n'est
pas évident que des enquêtes ont été mal conduites
dans le passé. Tant que nous vivons en régime
fédéral, à ce que je sache, il faut quand même
accepter les responsabilités qui sont d'un autre ordre de gouvernement
et lui laisser assumer ses responsabilités. Mais nous n'avons pas de
doléances, parce que...
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que je ne soulève
pas la question parce que je veux laisser planer un doute que les
enquêtes menées à la suite d'accidents d'avions sont mal
faites ou incomplètes. Sauf que, si je me pose la question, c'est
surtout à cause des accidents qui se produisent sur le territoire
québécois, tout en tenant compte que c'est la
responsabilité du fédéral de faire ces enquêtes. Il
me semble qu'il y aurait avantage à ce que le fédéral
fasse part au ministère des Transports du Québec, des conclusions
ou des analyses qu'il doit faire à la suite d'accidents d'avions. Cela
pourrait être facilement acceptable, je pense, même dans un cadre
fédéral. J'imagine que les études, c'est-à-dire les
expertises qui sont faites par les enquêteurs de la division
fédérale, à la suite d'accidents d'avions, leur permettent
de tirer des conclusions sur certaines améliorations qu'ils devraient
apporter, que ce soit au niveau de la construction d'appareils, de la
surveillance spéciale peut-être de certains aéroclubs
privés, déterminés et que ces conclusions auxquelles les
enquêteurs arrivent, ce n'est peut-être pas bête que d'une
part le Québec en soit informé ou soit même informé
des raisons, des résultats des constatations et des résultats
d'enquêtes faites par le fédéral, de manière que le
Québec en les analysant puisse avoir peut-être aussi des
suggestions à faire au fédéral.
M. Mailloux: M. le Président, il ressort quand même
que les conclusions de toutes les enquêtes menées par le
gouvernement fédéral, sur des accidents d'avion, sont publiques
et sont à la disposition de nos services aériens. Chaque fois
qu'il y a une conclusion d'une enquête et que des recommandations sont
faites, nos propres services aériens, comme d'autres compagnies de
service aérien s'en servent pour tâcher d'éviter des
accidents semblables. Mais, il est indiscutable que ces informations sont
à la dispositon de tous ceux qui sont dans l'activité dont on
parle. Je ne sache pas, même si nous faisions nos propres enquêtes
additionnées à celles qui sont déjà faites par le
gouvernement fédéral que cela ajouterait un éclairage
nouveau au dossier. Tous les services aériens gouvernementaux ou autres
possèdent l'ensemble des recommandations, qui sont faites chaque fois
qu'il y a un accident, et des précautions à prendre, pour
éviter de tels accidents.
Je pense que c'est à la disposition de tous ceux qui volent et
cela leur permet, je pense, d'éviter que des situations semblables se
reproduisent.
Quand il y a des recommandations pour certains équipements
supplémentaires qui doivent être ajoutés, l'ensemble des
compagnies aériennes est quand même averti chaque fois qu'il y a
des conclusions apportées par une commission d'enquête.
Contrôleurs aériens
M. Bédard (Chicoutimi): Tout à l'heure, le ministre
a fait allusion à la langue de communication aérienne, se
référant à ce qu'on appelle l'affaire des
contrôleurs aériens. Je ne veux pas reprendre tout le débat
qui a eu lieu là-dessus, toutes les interventions. Nous avons eu
l'occasion personnellement de poser des questions à l'Assemblée
nationale sur ce problème de la langue de communication aérienne
et certains ministres, dont le ministre des Transports et le Solliciteur
général, se sont prononcés sur ce sujet. Ils
considéraient que la situation qui existait était inadmissible.
Je voudrais savoir quelles ont été, d'une façon globale,
les démarches du ministère dans l'affaire tristement
célèbre de la langue de communication aérienne qui n'est
d'ailleurs pas réglée et qui continue à faire les frais de
discussions et de contestations.
M. Mailloux: II est indiscutable que le gouvernement du
Québec a appuyé de manière formelle les revendications des
pilotes d'expression française.
M. Bédard (Chicoutimi): De quelle manière les
a-t-il appuyés? Est-ce que c'est seulement par une déclaration en
Chambre ou si des actes bien précis ont été
posés?
M. Mailloux: Je pense qu'il les a appuyés par des messages
qui ont été envoyés au gouvernement fédéral,
d'abord. Je les ai appuyés moi-même auprès de M. Lang lors
d'une rencontre récente et je me suis permis, au nom du gouvernement du
Québec, de féliciter M. Lang, qui est d'expression anglaise, de
la prise de position assez catégorique qu'il a eue lors des
réunions et dont la presse a fait écho assez largement. M. Lang
n'a pas eu, je pense, quelques minutes faciles lors de son intervention
appuyant catégoriquement les opinions qui avaient été
émises précédemment par un ministre d'expression
française à Ottawa, M. Marchand. M. Lalonde, également, a
fait de nombreuses représentations, étant donné qu'il est
le responsable de l'application de la loi 22.
Quand l'Association des pilotes gouvernementaux s'est
présentée à cette réunion à Montréal,
l'association n'avait pas les crédits nécessaires pour
défendre les droits du français. M. Demers est venu me rencontrer
pour me demander si je voulais solliciter du gouvernement du Québec
l'autorisation de disposer des sommes nécessaires pour leur permettre
d'aller faire des représentations pour le Québec. Il demandait
que ce soit le gouvernement du Québec qui assume au moins les
responsabilités. C'étaient quelques milliers de
dollars qui étaient en cause et j'ai autorisé, au
ministère des Transports, le sous-ministre à faire le
nécessaire pour assumer la responsabilité des sommes qui seraient
dépensées par ceux qui défendaient les droits du
Québec lors de ce meeting à Montréal. Cela a
été fait, cela a été accepté.
Je pense qu'on doit quand même féliciter M. Demers et les
pilotes gouvernementaux de la prise de position qui est la leur et qui rejoint
les préoccupations du gouvernement du Québec. Je ne voudrais pas
ajouter à toutes les paroles qui ont été dites
là-bas, mais on sait qu'il y a eu passablement d'émotivité
dans les revendications qui ont été apportées par les
pilotes d'expression anglaise, mais le débat se continue.
J'espère que, vu la prise de position formelle du gouvernement
fédéral et du gouvernement du Québec, un jour ou l'autre,
on en arrivera à une solution équitable pour que chacun de ceux
qui s'expriment dans une langue ou l'autre, sans que cela mette la vie de
personnes en danger, puisse s'exprimer dans la langue qui est la sienne. Ces
gens ont l'appui formel du gouvernement du Québec et j'ai eu la
conviction profonde, en rencontrant M. Lang récemment, qu'il garderait
son appui inconditionnel aux demandes faites par les pilotes d'expression
française.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cela va se limiter
à des appuis du gouvernement fédéral et du gouvernement
provincial? C'est une position très claire de ce côté,
mais, au bout de la ligne, il n'y a pas tellement d'attitudes fermes qui font
que le problème se règle. Il me semble que, dans certains cas, on
l'a vu il n'y a pas tellement longtemps avec la loi 23, quand le gouvernement a
décidé de faire quelque chose, il adopte une loi dans ce sens, il
fait en sorte...
M. Mailloux: Cela ne veut pas dire...
M. Bédard (Chicoutimi): ... que la loi soit
respectée.
M. Mailloux: ... que c'est respecté le lendemain.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais, à ce
moment-là...
M. Mailloux: ... quelle que soit la loi qu'on adopte.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense qu'à ce
moment-là le syndicat prend ses responsabilités, le gouvernement
prend ses responsabilités si des situations spéciales se
présentent. Parce que je me rappelle avoir soulevé ce
problème de la langue des communications aériennes, il y a au
moins un an, concernant surtout la situation qui était faite aux pilotes
à cause des travaux de la baie James, où toutes les
communications se faisaient en anglais. Ceci avait pour conséquence
même de mettre de côté certains pilotes qui ne
maîtrisaient peut-être pas l'anglais aussi bien que d'autres. Cela
remonte quand même à au-delà d'un an. Le ministre admettra
que la situation est encore en discussion.
C'est assez difficile de comprendre que ce soit encore en discussion,
alors qu'on sait que le gouvernement fédéral est d'accord et,
pour une fois, le gouvernement provincial aussi. La bataille continue tout le
temps.
M. Mailloux: M. le Président, il faudrait quand même
admettre qu'on parle des voeux qui ont été exprimés par
les deux niveaux de gouvernement et on pourrait légiférer dans ce
sens de manière que ce soit formel, radical, ça...
M. Bédard (Chicoutimi): Le gouvernement du Québec
devrait, au moins, demander le respect de la loi. Certaines lois sont
adoptées, il en demande le respect, et on sait qu'il sévit quand
il y a violation. Il me semble que la loi 22 doit être respectée
comme les autres.
M. Mailloux: M. le Président, on admettra que, si
l'ensemble des pilotes d'expression anglaise, qui viennent sur le territoire du
Québec, décident un bon matin de se mettre en grève et de
ne pas donner suite à une volonté exprimée par les deux
gouvernements de se servir essentiellement de la langue française, je me
demande de quelle façon, moi, comme ministre des Transports, je suis en
mesure d'assurer les passagers de leur complète sécurité
s'il y a quand même une désobéissance qui se fait de la
part des pilotes d'expression anglaise qui sont majoritaires, ceux qui viennent
aux aéroports québécois, que ce soit à
Montréal ou ailleurs.
Je pense que, même s'il y avait une loi adoptée et si,
demain matin, arrivaient des grèves successives bloquant tous les
aéroports québécois, on serait pris dans un autre
problème assez difficile à résoudre. Les démarches
qui se font actuellement et qui semblent quand même annoncer que des
résultats tangibles parviendront, c'est peut-être une
volonté d'agir qui est aussi bonne qu'une autre, s'il arrivait qu'on
adopte une loi et qu'il y ait un non-respect de cette loi.
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin. Le ministre admettra que
ça peut être discutable. Est-ce qu'il serait d'accord, devant ce
problème qui est encore d'actualité, au moment où on
parle, pour déposer la correspondance qui s'est échangée
entre son ministère, entre le provincial et le fédéral sur
cette question précise de la langue de communication?
M. Mailloux: La correspondance échangée devra
être déposée par le Solliciteur général qui a
l'autorité du respect de la loi 22, parce qu'à moins que mes
sous-ministres aient eu des écrits avec les autorités
fédérales, les rencontres et les discussions que nous avons eues
avec les autorités fédérales se sont faites de
manière verbale entre M. Lang et moi-même. Les rencontres ont
été verbales et celles avec son prédécesseur, M.
Marchand, au début de la discussion, ont eu lieu ici à
Québec et à Ottawa mais de manière verbale
également lors des rencontres entre les deux ministères.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour ce qui est du
ministère des Transports.
M. Mailloux: Oui, par contre, je sais que, quant au Solliciteur
général, je suis valablement informé qu'il pourrait
déposer certains dossiers sur l'appui qu'il a apporté aux
contrôleurs aériens et pilotes d'expression française.
Aviation civile
M. Bédard (Chicoutimi): On y reviendra à ce
moment-là.
Au début de mars 1976, l'Association des gens de l'air du
Québec offrait au ministère de participer financièrement
à un projet d'étude dont le but était de tracer le
portrait de l'aviation civile au Québec. Est-ce que le ministère
est intéressé dans cette étude?
M. Mailloux: A ma connaissance, non.
M. Bédard (Chicoutimi): La réponse du ministre est
que vous n'êtes pas intéressé ou que vous n'avez pas
été informé?
M. Mailloux: Non, non, mais jusqu'à maintenant, il n'y a
pas eu de participation de la part du gouvernement québécois
à l'étude sur l'aviation civile. On a été
informé, oui. Une abondante documentation a été
envoyée au ministère des Transports, mais je ne sache pas
à ce moment-ci que le gouvernement du Québec soit directement
impliqué dans l'étude en question. Je pourrai
ultérieurement, étant donné l'absence de mon sous-ministre
principal, M. Charland, compléter ma réponse, s'il y a lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre envisage la
possibilité de participer financièrement à ce projet
d'étude pour tracer un portrait de l'aviation civile au Québec,
qui, j'imagine serait nécessaire?
M. Mailloux: C'est un peu vague dans mon esprit. Devant la
multiplicité des problèmes, je sais qu'à quelques
occasions M. Charland a fait référence à la documentation
qui nous parvenait relativement à cette étude, mais je ne me
rappelle pas jusqu'où allait notre préoccupation. Il faudrait que
je m'informe plus précisément auprès de lui afin de vous
informer valablement.
M. le Président, si on me le permet, il y a eu hier une question
à laquelle je n'ai pas voulu répondre, parce que l'ordre ne
venait pas du ministre des Transports, relativement à ceux qui peuvent
se servir des avions du gouvernement.
J'avais reçu en date du 25 juin 1975 une directive du
président de l'Assemblée nationale que je voudrais déposer
et dont je voudrais donner lecture, si vous me le permettez. Cela concerne le
député des Iles-de-la-Madeleine.
La note de service était adressée à M. Benoît
Sainte-Marie, services aériens, en date du 3 juillet 1975, suite
à lettre du 25 juin du président de l'Assemblée nationale:
"Veuillez trouver sous pli photocopie d'une lettre que je reçois de M.
Jean-Noël Lavoie, relativement aux voyages de M. Louis-Philippe Lacroix
aux Iles-de-la-Madeleine. Je désire vous informer que j'approuve ces
recommandations et vous saurais gré de vous y conformer".
La lettre qui m'était envoyée le 15 juin se lisait ainsi:
"M. le ministre,
Les commissaires de la Commission de régie interne de
l'Assemblée nationale, lors de la réunion tenue le 17 avril 1975,
ont recommandé d'accorder au député du district
électoral des Iles-de-la-Madeleine la permission de noliser un appareil
du service aérien gouvernemental, pour se rendre dans son district
électoral, à certaines conditions et aux conditions suivantes:
"1- Lorsque appelé à se rendre dans son district
électoral, il lui était difficile de le faire par les moyens de
transport en commun réguliers; "2- Pour tout usage du service
aérien gouvernemental utilisé dans de telles circonstances, le
député devra indemniser le ministère des Transports du
montant équivalant à un voyage qui lui est remboursé,
à raison de $0.17 du mille, par l'Assemblée nationale; "3- Ce
nombre de voyages ainsi effectués ne devra, en aucun cas, excéder
douze voyages aller-retour, annuellement. "Auriez-vous l'obligeance de faire le
nécessaire, soit par arrêté en conseil, directive ou autre,
afin que la présente recommandation puisse être mise en
application? "Vous remerciant à l'avance de votre aimable collaboration,
je vous prie d'agréer, M. le ministre, mes salutations
distinguées. "Jean-Noël Lavoie, président de
l'Assemblée nationale. "P.S. La présente remplace celle
adressée au ministre Mailloux, datée du 23 avril, sur le
même sujet."
Je peux déposer pour les représentants de l'Opposition
officielle ces deux documents, avec l'autorisation que j'ai demandée au
président de l'Assemblée nationale, qui n'a pas fait d'objection
à ce dépôt.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. C'est la copie qui nous
revient?
Pour terminer ce programme, ce qui effectivement, compléterait
l'étude des crédits du ministère des Transports...
M. Mailloux: Allez.
Politique portuaire du Québec
M. Bédard (Chicoutimi): II resterait un sujet que je
voudrais aborder, à savoir la politique portuaire
québécoise.
Je sais que, l'an dernier, lors de l'étude des crédits du
ministère des Transports, nous avons voulu aborder le problème de
la politique portuaire du gouvernement.
On nous a référés, à ce moment, à
l'étude des crédits de l'OPDQ pour en arriver à la
conclusion qu'à l'OPDQ, lorsque nous avons soulevé le
problème, nous avons fait face à un renvoi, à
l'étude des crédits du ministère des Transports.
Je sais qu'hier le ministre nous a dit qu'il ne pouvait pas nous
répondre grand-chose là-dessus...
M. Mailloux: Oui, je peux vous informer davantage.
Etudes en cours
M. Bédard (Chicoutimi):... étant donné que
certaines études en cours n'étaient pas terminées. Il
reste quand même que certaines études ont été
faites, notamment, en ce qui regarde le port de Montréal. Des prises de
positions très fermes ont été faites, que ce soit par la
Chambre de commerce, ou même des études qui ont quand même
été complétées sur l'état de la situation,
tout au moins, par l'OPDQ, concernant la situation qui prévaut au port
de Montréal à l'intérieur du Canada.
Entre autres, la Chambre de commerce de Montréal, par l'entremise
de son président du temps, M. Pierre Shooner cela remonte au mois
de septembre 1974 spécifiait que le port de Montréal
était carrément désavantagé par le gouvernement
central, par rapport aux autres ports du Canada et que la situation à
Montréal, par rapport aux autres, au Canada, constituait vraiment un
autre cas de fédéralisme non-rentable.
Pour appuyer ses accusations, entre autres, M. Shooner répondait
avec un certain enthousiasme aux autorités du port de Montréal en
rappelant que 40% de la valeur des marchandises manutentionnées dans les
ports canadiens passaient par le port de Montréal au début du
siècle, alors que cette proportion était baissée à
6%, au moment où ce dernier faisait sa déclaration; encore une
fois, vers le mois de septembre 1974. Le directeur général
mentionnait que l'attitude du gouvernement central était encore plus
néfaste qu'on ne peut le penser vis-à-vis du port de
Montréal, puisque, en plus d'avoir fait participer tous les Canadiens
à la construction de la voie maritime, entre autres, ils
épongeaient, annuellement, les déficits de fonctionnement de la
Voie maritime, ce qui représentait environ $35,6 millions simplement
l'année 1974.
Suite à cet énoncé de situation, il y a eu le
rapport de l'OPDQ qui a été publié et qui arrivait quand
même, après étude de la situation, à des conclusions
très précises. Entre autres, l'étude de l'OPDQ disait que
la situation du port de Montréal était vraiment un cas de
discrimination.
L'OPDQ faisait certaines recommandations en les appuyant sur des
arguments très précis. Je vais en citer quelques-uns, entre
autres: "Attendu que le Conseil des ports nationaux, dans sa
préoccupation de maintenir un équilibre entre les ports canadiens
n'a jamais et ne favorisera jamais le développement des ports du
Qué- bec de façon à bénéficier au maximum de
leurs avantages comparatifs par rapport à ceux des Maritimes; "Attentu
que le développement portuaire des provinces maritimes dépend
exclusivement du dynamisme local et, en particulier, des gouvernements de la
Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick; "Attendu que le port de Québec
n'est pas un superport, à cause du tirant d'eau limité et de la
superficie limitée des terrains adjacents au bord de l'eau; "Attendu que
la stratégie du fédéral il me semble que ce sont
des accusations très précises sur l'état de la situation,
et je continue semble celle de faire croire que les battures de Beauport
constituent un port en eau profonde ou un superport et que, connaissant ses
limites du point de vue du tirant d'eau et de la superficie de terrains, le
développement d'un superport en eau profonde se fera réellement
dans la région d'Halifax ou de Saint-Jean, il était
recommandé que le gouvernement du Québec passe
immédiatement à l'action sur trois plans principaux, à
savoir sur le plan de la législation, sur le plan des investissements et
sur le plan des études."
Le rapport, entre autres, faisait état des tarifs ferroviaires
entre les ports des provinces maritimes et le Québec, l'Ontario et
l'Ouest; les tarifs ferroviaires consentis désavantageaient
carrément le port de Montréal. Je n'ai pas l'intention, quand
même...
M. Mailloux: C'est le rapport de l'OPDQ...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le rapport de l'OPDQ, dans
les recommandations que faisait l'OPDQ, à ce moment, pour demander une
législation immédiate de la part du gouvernement du
Québec. L'OPDQ exigeait, entre autres, que le gouvernement du
Québec affirme au plus tôt sa ferme intention de développer
un véritable superport en eau profonde pour recevoir les gros navires
conteneurs en aval de Québec, sur la rive sud du Saint-Laurent, afin de
pouvoir utiliser le chemin de fer qui n'existe que sur cette rive où de
vastes terrains et une profondeur d'eau suffisante sont disponibles.
Entre autres, le rapport de l'OPDQ demandait que le gouvernement du
Québec mette sur pied une société portuaire
québécoise qui aura pour but de promouvoir et de
développer les sports de Montréal et de Québec, et le
futur superport en eau profonde, en donnant des objectifs très
précis à cette société qui serait formée par
le gouvernement, si le gouvernement agissait, naturellement. Je pense que, sans
en parler davantage, il reste que des études ont été
faites et elles n'ont été contredites d'aucune façon. Il y
a déjà un état de la situation qui a été
dénoncé et qui montre justement que le port de Montréal
est loin de prendre de l'expansion; au contraire, il est en train d'en perdre
continuellement et ce, au profit des autres ports dits nationaux, canadiens,
alors que cette situation arrive, alors que le port de Montréal a une
situation géographique
représente beaucoup plus d'avantages que bien d'autres ports
nationaux qui sont favorisés par le fédéral et ce, sur
bien des points.
Alors, je voudrais savoir, face à ces études qui remontent
quand même déjà à deux ans, si on peut s'attendre
que le ministère des Transports ou que le gouvernement soit capable de
nous dire quels efforts ont été faits jusqu'à maintenant
pour pallier cette situation. Quels sont les éléments, même
s'ils ne sont pas complets, dont le gouvernement entend tenir compte dans
l'élaboration d'une véritable politique portuaire?
M. Mailloux: M. le Président, je pense que tous les
rapports, aussi sérieux soient-ils, qui viennent des fonctionnaires des
ministères ou de l'Office de planification, sont très
valables.
C'est un inventaire de toutes les recommandations qui sont faites par
les organismes en place, les rapports annuels, les statistiques qui
démontrent de quelle façon le transport des marchandises ou des
personnes se dirige vers un coin du Canada plutôt que vers l'autre.
Il ressort, cependant, que toutes les études qu'a poursuivies
l'Office de planification et de développement du Québec,
n'étaient pas une vérité de foi, ex cathedra. Il fallait
quand même qu'à ces études, des recherches plus intensives
et plus étoffées soient entreprises qui permettent au
gouvernement de se prononcer de manière plus valable sur une
intervention ou des interventions qu'il serait appelé à
faire.
Dans le cours de l'année 1976/77, en fait, au budget, il y a des
sommes de $700 000 pour les études en question qui permettraient
à des firmes de spécialistes de fouiller attentivement tous les
points qui ont été soumis à l'attention du public. Je
voudrais faire rapport ici de trois études en particulier qui ont
été commandées par le ministère des Transports. La
première est décrite de la façon suivante: Le
ministère des Transports désire obtenir l'autorisation afin de
retenir les services d'une société en vue d'effectuer une
étude du port de Montréal. L'objet de cette étude porte
principalement sur les points suivants.
Premièrement, l'inventaire des caractéristiques physiques
de la zone portuaire, a) Les courants prédominants. La nature et
l'influence de la glace, b) La nature et la topographie des fonds et le
littoral, c) Les équipements tels que les bâtisses, les
réservoirs, les utilités publiques, les terrains du port.
Deuxièmement, l'inventaire des caractéristiques
socio-économiques de la zone urbano-portuaire ainsi que la projection du
potentiel de cette aire en y incluant l'implantation d'un parc industriel
relié au port.
Troisièmement, l'organisation et l'aménagement du site en
fonction de la meilleure utilisation du port de Montréal, compte tenu
des besoins industriels et commerciaux existants et futurs.
Quatrièmement, la société doit prévoir des
rencontres mensuelles avec le sous-comité interministériel,
Transports et Richesses naturelles, lequel comité sera chargé de
diriger et de coordonner lesdites études.
Cinquièmement, soumettre un rapport à cet effet.
Les fonds sont disponibles: $300 000 par le ministère des
Transports et $100 000 qui viennent de l'Office de planification et de
développement du Québec. Cet arrêté en conseil est
daté d'octobre 1975.
Une deuxième demande est faite en vue d'une étude d'une
vingtaine de ports locaux sur les 131 que compte le Québec, les
exigences sont les suivantes. Cette étude portera principalement sur ces
points: a) Etablir l'inventaire des données statistiques pour une
même année, si possible la dernière, des
disponibilités de chacun de ces ports, b) Confectionner, à la
suite d'un relevé, un plan d'échelle des informations suivantes:
localisation des infrastructures portuaires à partir surtout de divers
dossiers existants; localisation des équipements mobiles et permanents;
schématisation des installations portuaires, y compris les mesures
exprimées en pied et la nature des matériaux de construction;
utilisation du sol, des terrains affectant le port; évaluation visuelle
de la qualité des structures, c) Déterminer l'influence de ces
ports sur l'économie régionale et proposer, s'il y a lieu, la
transformation nécessaire au développement futur desdites
régions, d) Soumettre un rapport à cet effet.
Ces crédits sont à même les crédits du
ministère des Transports et les rapports doivent être transmis au
comité interministériel, et également aux Transports et
aux Richesses naturelles.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourrait-on déposer ces
documents?
M. Mailloux: Je pourrais répondre par écrit.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que vous n'avez
pas d'objection à les déposer. C'est une étude qu'on
demande.
M. Mailloux: Ces documents sont déposés à la
commission des engagements financiers. Vous les avez.
M. Bédard (Chicoutimi): Bah!
M. Mailloux: ... passe aux commissions des engagements financiers
et ils ont tous été...
M. Bédard (Chicoutimi): Disons que pour plus de
sécurité...
M. Mailloux: Je vous enverrai des copies des CT en question. Ils
sont assez barbouillés. Ils ont des notes dans la marge.
La troisième étude consiste à poursuivre des
recherches techno-économiques requises en vue d'en arriver à
faire le choix d'un site pour l'implantation d'un complexe portuaire et
pétrolier le long du Saint-Laurent.
M. le Président, je ne voudrais pas m'embarquer dans un
dédale de considérations. Il ressort quand même que
malgré tout ce qui a été dit dans les journaux sur le port
de Montréal, le désintéres-
sement du gouvernement fédéral sur les privilèges
qu'on devrait accorder au port de Montréal comparativement à
d'autres ports, il y a quand même quantité de facteurs qui font
qu'un port prend de l'importance et qu'à un certain moment, d'autres
utilisateurs s'en désintéressent.
Il y a d'abord les facteurs dont a parlé le député
de Chicoutimi, mais qui font que, peut-être, dans les dernières
années, comme on l'a constaté par l'importance des constructions
navales dans différents chantiers du monde entier, on allait vers des
constructions assez importantes, qui rejoignaient beaucoup plus que la
possibilité navigable, entre Québec et Montréal, de
l'ensemble des flottes marchandes qu'on rencontre actuellement dans le monde
entier. Je me rappelle qu'il y a une vingtaine d'années, quand on
dirigeait vers Montréal des cargos d'au-delà de 25 000 tonnes, ce
n'était pas fréquent parce que la construction navale se limitait
à peu près à ces tonnages. On a vu une montée en
flèche de cargos, de pétroliers, de superpétroliers qui
devaient quand même avoir les facilités de navigation qu'on ne
trouve pas entre Québec et Montréal et qu'on ne trouve pas non
plus entre l'île aux Coudres et Québec. Heureusement, il
semblerait que c'est en train de se résorber et que la construction
viendra peut-être sur l'ensemble du transport: marchandises, vrac solide
ou vrac liquide, à des proportions plus raisonnables pour les ports qui
ne disposent pas de l'eau suffisante à une navigation efficace, sans
danger. Cela rejoindra davantage les possibilités qu'offre
Montréal. C'est quand même un escalier qu'on ne peut pas oublier,
le Saint-Laurent, un escalier en quelques paliers. Il y a trois paliers
principaux qui vont jusqu'à l'est de la pointe de l'île aux
Coudres, le deuxième vient vers Québec et c'est Québec et
Montréal. Quand on a navigué quelques années dans le
Saint-Laurent, on sait que cela arrive souvent que, même des
transporteurs de 30 000 tonnes, quand ils naviguent entre Québec et
Montréal, traînent le fond ou sont près de traîner le
fond à différentes occasions, avec tous les dangers
inhérents.
C'est peut-être une des raisons pour lesquelles le port de
Montréal, devant des constructions aussi importantes dans les chantiers
maritimes, n'avait pas toutes les facilités de navigation qu'on trouvait
dans d'autres ports, tels Québec et plus principalement Sept-lles et les
ports de la côte atlantique ou de la côte pacifique.
Il y a également le phénomène de la modification
qui a été apportée devant les coûts prohibitifs de
la manutention. On a vu un changement profond des habitudes des
expéditeurs qui, aujourd'hui, expédient davantage par conteneurs.
Cela a changé radicalement la venue de la marchandise vers certains
ports. On se rappelle que, dans Montréal, ce n'est peut-être pas
un grief que je fais, mais il y a tellement eu de grèves successives
dans le port de Montréal qu'on a vu quand même quantité
d'armateurs se désintéresser du port de Montréal et
diriger les expéditions vers des ports où la paix syndicale
semblait davantage respectée. Ce sont des phénomènes,
quand même, qu'on ne peut pas, peut-être, mettre en
priorité, mais qui sont quand même des raisons à l'esprit
des armateurs. Quand on voit un cargo de 20 000 ou 30 000 tonnes qui est
immobilisé à un quai pendant des semaines, vous vous imaginez
que, sur le profit qu'espère un armateur, il est drôlement
dérangé en fin d'année.
Il faudrait quand même, avant que le gouvernement du Québec
dise de quelle façon, il entend agir pour la protection des ports qui
sont sur son territoire, qu'il insiste auprès des autorités
fédérales ou que son action se concrétise davantage. Les
études des spécialistes complètent peut-être les
études sommaires qu'avait faites l'OPDQ, études que je respecte
venant de l'Office de la planification, mais lui-même demandait que cela
soit complété par des spécialistes qui oeuvrent dans ce
milieu. Les études seront remises, je pense, dans le courant de
l'année. Il sera alors possible au gouvernement du Québec, aux
différents ministères qui sont impliqués, de se prononcer
sur les recommandations qu'on voudra faire. Je pense qu'il serait
prématuré qu'une action soit entreprise avant que nous ayons un
éclairage complet de toute la situation, de l'éventail de toutes
les raisons qui font qu'on délaisse ou qu'on avantage une région
portuaire plus qu'une autre. Je pense que c'est plus compliqué qu'on
semble le mentionner à première vue et, avant de faire des
investissements extrêmement considérables, il ne faudrait pas que
cela soit fait au mauvais endroit.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends qu'il faille des
études assez poussées avant d'en arriver à
l'élaboration définitive d'une politique portuaire, mais il reste
quand même qu'il y a peut-être un état d'urgence qui fait
que, avant d'en arriver à cette politique portuaire globale, certaines
actions pourraient peut-être être posées par le gouvernement
du Québec.
Jusqu'à quel point y-a-t-il un état d'urgence? Les
chiffres que je donnais tout à l'heure au ministre des Transports, de
même que les références que je faisais à
l'étude de l'OPDQ sont révélateurs de l'état de la
situation. Encore tout dernièrement, et ceci remonte à la fin de
1975, il y avait certaines situations qui existaient encore et qui
étaient telles qu'il me semble qu'une action du gouvernement doit
être posée avant l'élaboration d'une politique globale.
Entre autres, on faisait état de deux éléments
additionnels, concernant les tarifs des trains. On disait ceci: Au moins trois
agents maritimes ont en effet confié au journal Le Soleil que des
politiques tarifaires des chemins de fer établies par le gouvernement
fédéral favorisent les ports de l'Atlantique, soit Halifax et
Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, que la baisse de volume est en grande partie
attribuable à l'incertitude des agents maritimes à cause des
conflits ouvriers on mentionnait cela également et on
mentionnait aussi les chiffres suivants. Selon le Conseil des ports nationaux,
durant les sept premiers mois de 1975, le volume a baissé de 26%
à Québec, de 27% à Trois-Rivières et de 8% à
Montréal, et on précisait que ces baisses faisaient suite
à une autre baisse qui avait eu lieu l'année
précédente. Devant cette situation, on assiste tout simplement au
mutisme du Conseil des ports nationaux lorsqu'on lui demande pourquoi on a
développé des installations pour conteneurs plus vite dans les
ports de l'Atlantique que sur le Saint-Laurent.
Il me semble, tout en reconnaissant la nécessité
d'étude poussées en vue de l'élaboration d'une politique
globale, que ce sont des situations d'urgence, si elles existent vraiment, et
qui obligent le gouvernement à une action immédiate, à des
représentations vis-à-vis du gouvernement fédéral,
si les politiques du fédéral sont à ce point
désavantageuses pour les ports de Québec et de Montréal
par rapport aux autres ports du Canada. Il me semble qu'il y va d'une question
de justice, surtout si on tient compte de l'importance économique que
ces deux ports peuvent avoir sur l'ensemble de l'économie du
Québec.
M. Mailloux: M. le Président, avec le député
de Chicoutimi, je serais d'accord que les politiques des subventions au
réseau ferroviaire handicapent considérablement un port comme
celui de Montréal. Je pense que c'est connu de tout le monde, c'est
accepté de tout le monde qu'il faut que ce soit absolument
révisé. Il est question d'une révision assez profonde
actuellement. Par contre, quand on mentionne les statistiques dont fait
état...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites qu'il est
question, voulez-vous dire qu'à l'heure actuelle cela se discute?
M. Mailloux: Oui, je vais en parler dans une seconde.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Mailloux: Quand on fait état, par contre, des
statistiques auxquelles se réfère le député de
Chicoutimi, principalement pour les dernières années, on
constatera que ce sont des statistiques un peu factices. Il ressort et
on le remarquera que cette baisse dramatique est survenue à
l'occasion de conflits prolongés dans la période du plus fort
achanlandage possible à ces ports, des grèves qui ont duré
pendant des semaines et des semaines, autant à Québec qu'à
Montréal, et cela influe drôlement sur l'importance du trafic qui
entre dans un port annuellement. Ce n'est pas en période hivernale
qu'une grève peut faire mal à un port comme Montréal ou
Québec, c'est en pleine période estivale où cargos et
cargos entrent à toute heure du jour et de la nuit.
La raison principale de la dernière rencontre qu'ont eue à
Ottawa mes officiers qui s'occupent du transport des marchandises et des
personnes avec M. Lang et ses officiers, c'était effectivement pour
signer le protocole d'entente entre les deux ministères pour toutes les
modifications qu'entend apporter le gouvernement fédéral à
l'ensemble des politiques de transport, mais principalement la politique
portuaire.
Le gouvernement fédéral, je crois, ne se prononcera pas
tant que le comité qui a été formé, auquel
plusieurs de nos fonctionnaires ont été attachés et dont
les discussions sont commencées, n'aura pas fait l'inventaire de toutes
les préoccupations québécoises comme d'autres provinces
font l'inventaire des préoccupations qui sont les leurs.
Je pense que ce comité a pour mandat de sensibiliser de
manière formelle le gouvernement fédéral aux
préoccupations du Québec. C'est la raison qui nous amenait
à Ottawa dans le but de mettre en marche le comité de travail. Il
y avait l'énoncé de principe qui avait été fait par
le prédécesseur, M. Marchand, et qui a été
réaffirmé par M. Lang. Au fur et à mesure que les mois
vont s'écouler, on pourra peut-être articuler, ici dans le
Québec, l'intention du gouvernement du Québec, les vices qu'on
trouve actuellement à l'intérieur du système, les malaises
provoqués par certaines subventions qui sont accordées et qui
favorisent certaines régions du Canada plutôt que d'autres.
Quand bien même je voudrais, comme ministre des Transports, me
prononcer préalablement avant que ne soit complété
l'ensemble des recherches qui ont été entreprises au niveau du
gouvernement, ce serait sûrement errer lamentablement et je ne suis pas
prêt à faire ça, alors que, dans la politique portuaire de
l'ensemble du Canada, dans une aussi vaste contrée que la nôtre,
il y a quantité d'impondérables qui ne sont pas faciles à
quantifier et qui ne donnent pas toujours une idée juste de toutes les
fluctuations qu'on peut rencontrer.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sera une de mes
dernières questions. Je comprends qu'il faille, même si des
études ont déjà été faites sur l'état
de la situation, les compléter par d'autres de spécialistes avant
d'élaborer une politique globale. J'essaie quand même de concilier
ça avec une déclaration du premier ministre dans sa chronique.
L'opinion de Robert Bourassa, qui paraissait il n'y a pas tellement longtemps,
c'est-à-dire en mars 1975.
M. Mailloux: II s'agit de l'hebdomadaire...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça, sa chronique
hebdomadaire.
M. Mailloux: Je ne lis pas tous les journaux...
M. Bédard (Chicoutimi): II semble que les études
sont plus avancées qu'on ne le pense, ou qu'on nous le dit. Le premier
ministre disait ceci: "Le gouvernement selon lui, on nous dit qu'il n'a pas
défini de politique encore parce qu'il faut faire des études plus
poussées, mais, selon le premier ministre, dans sa communication
hebdomadaire, il disait ceci vient de définir une telle politique
portuaire pour le Québec dont les quatre objectifs majeurs sont les
suivants: premièrement, inscrire le développement portuaire dans
le cadre du développement économique des régions en cause
par l'aménagement de parcs industrialoportuaires; deuxièmement,
assurer la complémentarité des
ports de Montréal, de Québec, de Trois-Rivières et
des futurs superports de façon à ce qu'ils puissent remplir
pleinement leur vocation; troisièmement, apporter une attention toute
particulière au port de Montréal et de Québec;
quatrièmement, développer en aval de Québec, sur la rive
sud, un superport en eau profonde destiné à recevoir les navires
qui ne pourraient se rendre à Québec ou à
Montréal." Il ajoutait: "Toute une série de mesures
particulières est prévue afin de réaliser les objectifs de
cette première politique portuaire au Québec."
M. Mailloux: Je crois que le premier ministre pense au
dépôt du rapport de l'Office de planification et des études
supplémentaires qui nous permettraient de compléter l'action
gouvernementale.
M. Bédard (Chicoutimi): Entre vous et moi, il y a une
différence entre des études qui sont déposées et
des conclusions très précises qui nous permettent de dire qu'on
offre une politique portuaire définie pour le Québec. A moins que
j'aie mal compris le ministre tout à l'heure, ce qu'il m'a dit, c'est
qu'il se faisait des études, il y en avait de faites, il y en avait
encore qui étaient nécessaires avant de définir une
politique...
M. Mailloux: Je ne sache pas ce que j'ai avancé
tantôt infirme ce qu'avait dit le premier ministre à ce
moment-là...
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'essaie pas de vous mettre en
contradiction, j'essaie simplement de voir jusqu'à quel point cela se
concilie.
M. Mailloux: II ressort que cette chronique venait à la
suite du dépôt du rapport de l'Office de planification et des
mandats que l'on confiait immédiatement pour compléter la
pensée gouvernementale.
En février 1975, le premier ministre déclarait que le
Québec se dotait d'une politique portuaire et, suite à cette
déclaration, un comité interministériel portuaire a
été formé afin de réaliser cet objectif.
M. Bédard (Chicoutimi): Là, ça se tient
plus. Je me sens revenu dans votre ligne.
M. Mailloux: Cinq sous-comités furent constitués,
dont un qui a pour but d'étudier les implications de promouvoir un
projet de vrac liquide. Ce sous-comité a demandé des offres de
service à plusieurs consultants en vue d'en arriver au choix du site
optimal pour l'implantation...
M. Bédard (Chicoutimi): Probablement que c'est la lecture
du dimanche, son opinion dans le courrier métropolitain. C'était
au mois de mars 1975. Je vois qu'une nouvelle déclaration faite plus
tard lui fait constater qu'il n'a pas encore développé de
politique portuaire, mais qu'un comité interministériel va se
pencher là-dessus.
M. Mailloux: Le document dont j'ai donné lec- ture
était du 20 février, alors que la déclaration est du 20
mars. Cela faisait référence à la mise au point des
études dont on avait besoin pour...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne la précisez
pas?
Le Président (M. Mercier): Est-ce que cela complète
l'étude du programme 7?
M. Bédard (Chicoutimi): On n'insistera pas, parce que le
ministre peut difficilement me dire...
M. Mailloux: C'est un sujet très vaste.
M. Bédard (Chicoutimi):... que ce qu'il m'a dit tout
à l'heure peut être conciliable avec la déclaration de M.
Bourassa dans la lecture dominicale.
M. Mailloux: D'ailleurs, le premier ministre ne me demande pas,
normalement, d'autorisation pour publier ses déclarations.
M. Bédard (Chicoutimi): Non? Même quand il s'agit de
politique portuaire?
M. Mailloux: J'imagine qu'il connaît assez bien l'ensemble
des ministères et surveille attentivement toutes les démarches
que nous tentons de faire pour l'amélioration du sort des
Québécois.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une grande
déclaration politique. On s'aperçoit qu'il aurait besoin de
consulter de temps en temps un peu plus le ministre des Transports.
M. Mailloux: Sans commentaire. Le projet Ferchibal
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question. L'an
passé, j'avais demandé au ministre des Transports, à
l'Assemblée nationale, si une étude de "faisabilité"
était prévue concernant le projet de développement du
Moyen-Nord, le projet Ferchibal. On m'avait répondu que des
crédits de l'ordre d'environ $600 000 je ne me souviens pas
exactement avaient été affectés afin qu'une
étude soit faite concernant un rapport à ce projet Ferchibal et
que l'étude serait probablement terminée à la fin du mois
de juin, pas juin de cette année, mais le mois de juin de l'an
passé.
A ce moment, le ministre jugerait de l'opportunité d'informer
l'Assemblée nationale des résultats de cette étude. Je
voudrais savoir où en sont rendus présentement cette étude
et le projet Ferchibal. Le ministre est-il en mesure de nous dire quelque chose
là-dessus?
M. Mailloux: On a dépensé $700 000 pour cette
étude, au budget de 1975/76. L'étude sera complétée
dans quelques semaines et devrait être remise au ministre dans les quatre
ou cinq semaines qui vont suivre.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon.
Le Président (M. Mercier): Est-ce que cela complète
l'étude du programme 7? Le programme 7 est adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Le programme 7 est adopté,
M. le Président.
Le Président (M. Mercier): Programme 7, adopté.
Avez-vous des commentaires à ajouter avant d'ajourner cette
commission?
M. Mailloux: Le seul commentaire, M. le Président, que je
voudrais ajouter, c'est de remercier les membres de la commission du travail,
efficace semble-t-il, que nous avons poursuivi dans les derniers jours. Je
remercie les membres de l'Opposition officielle qui ont quand même
facilité ce travail. J'espère avoir donné le plus
fidèlement possible. Les réponses en ma possession. Je voudrais
affirmer, devant la commission que, si, par hasard, il m'est arrivé
d'errer dans une réponse, cela n'a sûrement pas été
volontaire; c'est parce que l'un des fonctionnaires responsables d'un dossier
particulier n'aurait pas été à mes côtés pour
d'autres préoccupations qui pouvaient être les siennes. De toute
façon, si je m'apercevais ultérieurement que des réponses
erronées ont été données, j'apporterai les
corrections qui s'imposent.
Cela me fait penser de rectifier une des réponses par M.
Charland, quant aux coûts accordés dans la soumission pour 500
véhicules à la General Motors; le prix de $72 000 qui avait
été donné est complètement erroné. C'est un
montant de...
M. Bédard (Chicoutimi): De $55 000?
M. Mailloux: Le montant de la soumission était de...
M. Bédard (Chicoutimi): De $54 000 ou de $55 000.
M. Mailloux: La GM avait soumissionné à $54 943,
alors que SOMA-MAN avait soumissionné à $60 211. Les prix, en
janvier 1976, étaient de $66 499 et non pas $72 000, tel que
mentionné, alors que les nouveaux prix pour mars 1976 sont rendus
à $73 000 et $74 000.
Le Président (M. Mercier): Le député de
Chicoutimi.
M. Mailloux: En dehors...
M. Bédard (Chicoutimi): Avant de terminer, est-ce que le
ministre... Bon, d'accord. On prendra note...
M. Mailloux: Je ferai parvenir un rapport détaillé
à l'Opposition sur la copie du contrat et sur les prix qui ont
été payés au fur et à mesure, en tenant compte des
clauses d'indexation annexées au contrat.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me
permettrait une dernière question que j'ai oubliée et qui a
rapport au dernier programme? C'est tout simplement pour savoir si le
ministère entreprend des études concernant le
développement de Port-Alfred en fonction des nouveaux
développements qui s'en viennent de la part de l'ALCAN et
peut-être aussi du développement du projet Fer-chibal qui peut
peut-être s'orienter dans le sens d'un débouché par ce port
qui est bien connu.
M. Mailloux: Non pas tant comme préoccupation principale
en raison des développements de l'ALCAN que je suis loin de nier, mais
en raison principalement de l'étude qui me sera donnée dans
quelques jours sur le projet Ferchibal. Comme une des options
éventuelles pourraient être le port de Port-Alfred, je
préfère attendre ce moment avant que le ministère des
Transports ne dise vers quelles conclusions il pense se diriger.
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois que c'est judicieux. M.
le Président, je vous remercie de la patience dont vous avez fait preuve
tout au long de ces débats. Merci aussi au ministre et à tous les
hauts fonctionnaires de son ministère qui ont fait preuve d'une
disponibilité vraiment remarquable au niveau de l'étude de chacun
des programmes que nous avons eu à aborder.
M. Mailloux: On a des mandarins qui s'absentent de temps en
temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que la fonction de
mandarin les oblige à être partout à la fois.
Le Président (M. Mercier): Alors, messieurs... Oui?
M. Bédard (Chicoutimi): Je remercie de façon
très spéciale le ministre pour la manière avec laquelle il
répond aux questions que l'Opposition se croit un devoir de lui
poser.
Le Président (M. Mercier): Alors, messieurs, ceci
complète l'étude et l'adoption de l'ensemble des programmes du
ministère des Transports. Je voudrais, au nom du président de
cette commission, le député de Gatineau, remercier tous les
membres de cette commission pour leur participation et leur collaboration ainsi
que les hauts fonctionnaires qui y ont assisté, le ministre des
Transports et le ministre d'Etat aux Transports pour les informations
transmises aux membres de cette commission.
La commission parlementaire des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement ajourne maintenant ses travaux sine die.
{Fin de la séance à 11 h 59)