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(Seize heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît: La sous-commission des institutions se réunit afin de
procéder à une consultation particulière sur le Livre
premier: Des personnes, du projet de loi 20, Loi portant réforme au Code
civil du Québec du droit des personnes, des successions et des biens.
Nous avons comme invités, aujourd'hui, la Chambre des notaires du
Québec, avec Me Jean Lambert, président, Me Denyse Fortin,
notaire, e Louise Thisdale, notaire. Je crois que Me Denyse Fortin va sejoindre à nous dans le courant de l'après-midi.
Livre premier: Des personnes
M. Bédard: M. le Président, avant que nous
commencions l'audition de nos invités, je voudrais déposer un
avant-projet de loi concernant l'application de la réforme au Code civil
du Québec du droit des personnes, des successions et des biens, qui
permettra une meilleure compréhension de l'ensemble du travail important
que nous avons effectué, de même que les projets d'amendements,
devant les membres de la commission. Le député de D'Arcy McGee
semble surpris qu'il y ait des amendements.
M. Marx: Déjà!
M. Bédard: Ce n'est pas surprenant, M. le
Président, puisqu'il y a eu une commission parlementaire où nous
avons entendu plusieurs groupes. Ce qui serait surprenant, c'est qu'il n'y ait
pas d'amendement, ce qui équivaudrait presque à dire que nous
n'avons pas entendu ces groupes; au contraire, après les avoir entendus,
je pense que d'heureuses suggestions ont été faites, lesquelles
amènent le gouvernement à déposer ces projets
d'amendements au projet de loi. Ceci permettra une meilleure
compréhension de l'ensemble du travail.
M. Marx: Mais là...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Merci, M. le Président. J'aimerais signaler la
présence à la commission du professeur Jean Pineau, qui est une
personne-ressource; il va nous aider pour le Livre premier sur les
personnes.
En ce qui concerne...
Le Président (M. Gagnon): D'abord, recevons...
M. Bédard: ...de recevoir M. Pineau ici. Je pense que cela
montre l'importance...
Le Président (M. Gagnon): Voilà.
M. Bédard: ...du travail que nous avons à effectuer
comme parlementaires, ce qui nous permet de déroger un peu aux
règles, à savoir de se faire accompagner et conseiller par les
experts en la matière...
M. Marx: Sur la question des amendements...
M. Bédard: ...autant d'un côté que de
l'autre.
Le Président (M. Gagnon): Je voudrais tout simplement
commencer par recevoir l'avant-projet de loi ainsi que les amendements...
M. Bédard: Voilà.
Le Président (M. Gagnon): ...dont vient de parler le
leader. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: J'ai juste un petit point. On a entendu des personnes au
sujet des projets de loi 58, 106 et 107. Quand le gouvernement a
déposé le projet de loi 20, tous les amendements étaient
dans celui-ci. Maintenant, il y a d'autres amendements qui viennent avant qu'on
ait entendu d'autres personnes. Parce que, depuis le dépôt...
M. Bédard: Je suis d'accord. Disons que, je pense que le
député de D'Arcy McGee en conviendra, le tout peut même
évoluer à partir des représentations de l'Opposition ou de
celles d'autres groupes, tel que celui qu'on entend cet après-midi.
Le Président (M. Gagnon): D'ailleurs, nous entendrons
aussi un autre groupe demain et, à la suite des suggestions qu'il va
faire...
M. Marx: La semaine prochaine.
Le Président (M. Gagnon): Les suggestions peuvent
être suivies d'amende-
merits. Oui, la semaine prochaine. M. le secrétaire, est-ce que
vous voulez annoncer les remplacements?
Le Secrétaire: Oui, il y a un remplacement.
Éventuellement, Mme Harel (Maisonneuve) remplacera M. Bédard
(Chicoutimi) lorsque M. le ministre de la Justice reprendra ses fonctions.
Auditions
Le Président (M. Gagnon): Cela va. Alors, en vous
souhaitant la bienvenue, encore une fois, Me Jean Lambert, je vous donne la
parole pour nous expliquer votre mémoire.
Chambre des notaires du Québec
M. Lambert (Jean): Merci, M. le Président. M. le ministre,
distingués membres de l'Assemblée nationale, la Chambre des
notaires est heureuse d'avoir l'occasion de se faire entendre et de mettre de
l'avant des remarques, des commentaires et, à l'occasion, certaines
propositions dans le but d'aider le travail du législateur. M'accompagne
aujourd'hui Me Louise Thisdale, qui fut l'une des artisans du groupe de travail
sur le projet de loi, qui avait antérieurement travaillé sur les
autres avant-projets, 106, 107 et les autres. Il y a Me Denyse Fortin
également qui est responsable de la coordination du dossier, qui va se
joindre à nous.
Ceci étant dit, et pour respecter le temps de tout le monde,
j'attire votre attention sur les points principaux qui apparaissent à la
page 2. Tout d'abord, la nécessité de maintenir l'aspect
civiliste de notre Code civil; deuxièmement, le consentement du mineur
et du majeur aux soins médicaux; troisièmement, l'accès
d'une personne au dossier qui la concerne; quatrièmement, l'importance
du conseil de tutelle et, cinquièmement, le renouvellement du mandat de
l'administrateur d'une personne morale.
Je comprends, M. le Président, que notre mémoire sera
officiellement déposé. J'en formule la demande. Est-ce que cela
va?
Le Président (M. Gagnon): Effectivement.
M. Lambert: Pour fins d'archives et d'émission de copies
au besoin. Il y a justement Me Fortin qui nous rejoint.
Alors, sur la nécessité de maintenir l'aspect civiliste du
Code civil, la Chambre des notaires a remarqué que certaines
dispositions du livre des personnes, notamment les articles 36 et 60, semblent
s'inspirer dans leur rédaction du style de formulation employé en
"Common Law" ou, encore, sont de nature procédurale. Elle estime
important de conserver l'aspect civiliste dans la rédaction de nos lois
et, à plus forte raison, du Code civil qui constitue la base de notre
droit privé. Dans la mesure du possible, il conviendrait
d'établir le principe dans les règles de droit, quitte à
laisser à l'imagination des tribunaux le soin d'en faire
l'interprétation. C'est ainsi que nous proposons la suppression du
projet de l'article 36 au complet qui, à notre avis, risque de
scléroser l'interprétation de ce qui constitue une atteinte
à la vie privée, et le déplacement au Code de
procédure civile des articles 60 à 63 du projet.
À la page 3, le consentement aux soins médicaux. Il s'agit
des articles 12 et 13 du projet. La Chambre des notaires a opté pour le
respect de la liberté individuelle en cette matière. Elle estime
que le consentement du majeur aux soins médicaux devrait toujours
être requis, sauf dans les cas d'urgence où il est impossible
d'obtenir le consentement de la personne concernée en temps utile. La
seconde disposition a trait au consentement du mineur aux soins
médicaux. La Chambre des notaires souligne l'accroc sérieux fait
au principe fondamental de l'autorité parentale en n'exigeant pas que
les parents soient informés du fait que leur enfant mineur soit l'objet
de traitements prolongés - pour une période de plus de douze
heures d'hospitalisation. Les parents n'ont pas à être
avisés.
Le troisième point: l'accès d'une personne au dossier qui
la concerne. L'article 38 mentionne que toute personne a droit d'accès
à un dossier si ce dossier a été constitué dans le
but d'informer des tiers. La Chambre des notaires est d'avis que toute personne
devrait avoir accès à un dossier qui est monté sur elle,
confectionné à son égard, peu importe que ce soit pour les
fins de celui qui élabore le dossier, monte le dossier, le confectionne,
ou que ce soit communiqué aux tiers.
Le quatrième point: l'importance du conseil de tutelle. La
Chambre des notaires est favorable à l'introduction du conseil de
tutelle comme organisme de surveillance de la tutelle, lequel est beaucoup plus
souple, tant au niveau de sa composition que de sa vocation, que le conseil de
famille actuel. Elle considère que, pour le mieux-être du pupille,
il importe que le tuteur soit entouré de personnes proches de l'enfant
qui auront une compréhension beaucoup plus grande des besoins et des
intérêts de ce dernier qu'un organisme étranger et
impersonnel de nature administrative ou judiciaire.
Le recours au conseil de tutelle a également l'avantage
d'être plus expéditif et souvent moins coûteux que le
recours aux tribunaux. En conséquence, la Chambre des notaires
recommande que le recours au
tribunal ou à la Curatelle publique ne soit envisagé
qu'à titre exceptionnel. La Chambre des notaires recommande donc
d'élargir les pouvoirs du conseil de tutelle en prévoyant
à l'article 229 qu'il appartient au conseil de tutelle d'autoriser le
tuteur à transiger ou à poursuivre en appel.
Le cinquième point: le mandat de l'administrateur d'une personne
morale. Il semblerait, pour plus de clarté... Je vous le résume
pour ne pas avoir à vous le lire. Il n'est pas clair dans la
rédaction de l'article 373 qu'un administrateur doive demeurer en tout
temps en fonctions tant qu'il n'a pas un remplaçant. On comprend qu'il y
a un renouvellement, un peu comme la tacite reconduction, mais ce n'est pas
clair si ce renouvellement peut se reproduire pour un mandat ou un second
mandat consécutif. On attire l'attention du législateur pour que
ce soit précisé.
Dans les pages qui suivent, vous avez maintenant, peut-être d'une
façon plus technique, les commentaires de la Chambre des notaires. Par
exemple, à la page 2; présentement, on est sur le tableau en
trois colonnes. Sur celle de gauche, vous avez la rédaction du projet
actuel; la colonne du centre, c'est la suggestion de la Chambre des notaires
et, à la droite, le commentaire, pourquoi la Chambre des notaires estime
qu'il faut apporter une modification au projet.
Dans la version du premier alinéa de l'article 12, on
prévoit toujours une exception importante à la règle
voulant que le consentement aux soins médicaux ne soit pas requis en cas
d'urgence lorsque la vie de la personne est en danger. Cette version laisse
néanmoins subsister des cas où les traitements médicaux
pourraient être imposés à une personne majeure contre sa
volonté. Le comité estime qu'une telle règle est
inacceptable, car elle porte atteinte aux principes de l'inviolabilité
de la personne humaine. La seule exception à ce principe devrait,
à notre avis, être le cas où il est impossible, en cas
d'urgence, d'obtenir en temps utile le consentement de la personne
concernée. C'est pourquoi nous recommandons la suppression du premier
alinéa de l'article 12 du projet.
Maintenant, dans le texte de l'article 11, ce que la Chambre des
notaires suggère, le souligné se lit ainsi: "Le consentement aux
soins médicaux n'est pas requis en cas d'urgence lorsque
l'intégrité de la personne est en danger et que son consentement
ne peut être obtenu en temps utile." L'explication qu'on donne, c'est
lorsque la personne est inconsciente ou que ses facultés sont à
ce point affaiblies qu'elle ne peut saisir l'importance de son état,
mais ce sont à peu près les seuls cas.
Maintenant, j'aimerais vous soumettre une modification: au lieu de
"l'intégrité", à la troisième ligne de ce
paragraphe suggéré, ce serait préférable: "lorsque
la vie de la personne est en danger", au lieu de "l'intégrité".
L'intégrité: arrachez une dent et on vient de porter atteinte
à l'intégrité de la personne; c'est amputer et c'est la
même chose. Je crois que ce n'est pas ce que le législateur veut
signifier ici, c'est lorsque la vie même de la personne est en danger. Je
vous suggérerais d'apporter une correction manuscrite.
À la page suivante, la page 3, il y a l'article 23 où on
vous suggère d'introduire la phraséologie: "titulaire de
l'autorité parentale", qu'on retrouve ailleurs dans d'autres articles,
à des fins de concordance. On pense que cela serait logique; on parle
souvent du tuteur ou du curateur, mais on parle aussi du titulaire de
l'autorité parentale. On pense que, dans cet article, on devrait
retrouver cette phraséologie.
À l'article 25, toute cette divulgation, pour être utile,
nous croyons qu'elle doit être transmise à
l'intéressé préalablement à la mise en application
du traitement. On vous suggère d'introduire: préalablement
à sa mise en application de tout programme qui change le traitement ou
qui change les conditions de vie de la personne.
Je vous suggère maintenant de procéder, à la page
5, à l'article 36. C'est détaillé ici, l'observation qu'on
faisait en introduction. L'article ici est nettement d'inspiration de "Common
Law"; on donne une enumération de cas. On craint le danger que les
tribunaux ne s'en tiennent qu'à cette énumération.
Même si on regarde le cinquième alinéa: "Utiliser son nom,
son image, sa ressemblance ou sa voix à toute autre fin que
l'information légitime du public", on pense que ce serait priver les
politiciens de l'immense plaisir de se voir imiter par nos grands imitateurs.
Si on appliquait le cinquième alinéa d'une façon stricte,
on viendrait de mettre au chômage quelques bons imitateurs qu'on a au
Québec. On ne pense pas que ce soit ce que le législateur a
l'intention de faire. C'est la raison pour laquelle on pense qu'à
l'article 36 on s'en remette à l'interprétation des tribunaux
pour apprécier l'intrusion, quels sont les cas d'intrusion.
L'article 38 donne en détail l'observation qui a
été faite au début voulant qu'une personne ait droit de
consulter tout dossier qui est confectionné à son égard,
peu importe que ce dossier serve aux fins propres de celui qui a monté
le dossier sans nécessairement être communiqué à des
tiers ou destiné à informer des tiers. On pense que toute
personne a le droit de pouvoir le consulter et même d'apporter des
corrections à des renseignements inexacts. On pense au cas d'une
institution financière, par exemple, qui détient des informations
incomplètes concernant la situation financière d'un
individu et qui, sur la foi de ces renseignements incomplets et sans
alléguer le motif, lui refuse l'accès, à du crédit.
On pense que c'est important. À la page 8, encore là, les
articles 60, 61, 62 et 63, nous pensons humblement que ces articles devraient
plutôt être référés au Code de
procédure civile.
Vous avez ultérieurement, comme à la page 12, par exemple,
c'est sans doute une coquille: "à défaut pour ce dernier d'agir",
à l'article 103 "in fine"; on pense: à défaut par ce
dernier d'agir; c'est ce genre de remargue.
À l'article 121 - encore là, c'est une remarque d'ordre
technique - toutefois, aux fins de concordance avec l'article 48 du projet de
loi qui définit le terme "nom" comme incluant le prénom, on pense
qu'il est redondant de dire: "La déclaration de naissance énonce
les nom et prénom..." On pense que le nom attribué à
l'enfant est suffisant. Les articles 123 et 124, nous suggérons que cela
ne soit qu'un seul article composé de deux alinéas.
Tout d'abord, il y a l'article 172. On pense qu'il y aurait avantage, au
deuxième alinéa, à refaire la phrase en inversant les
termes. Ce serait peut-être un peu plus logique; en tout cas, c'est
d'ordre technique.
L'article 181, nous vous suggérons de le reformuler.
Évidemment, on n'a pas la prétention de vous présenter un
texte. Toutefois, comme commentaire, on souligne que l'article 181 semble
couvrir uniquement le cas où le mineur a agi seul alors qu'il aurait
dû être représenté, mais il ne couvre pas le cas
prévu à l'article 171, c'est-à-dire le cas où le
mineur peut agir seul et où il aurait souffert ou subi lésion. Il
y aurait lieu de modifier l'article 181 afin de couvrir ces deux situations.
À la page suivante, page 19, à l'article 182, nous aimerions que
soit précisé qui a la responsabilité de transmettre copie
de la déclaration au Curateur public. Qui en a la
responsabilité?
L'article 188, nous pensons humblement que cet article devrait
être reformulé. Le comité de travail nous a fait remarquer
qu'il y a un défaut de concordance entre l'article 188 du projet et
l'article 688 du même projet sur les questions d'acceptation et de
renonciation à une succession. Si on regarde l'article 188, on y dit:
"Le mineur émancipé doit être assisté de son tuteur
ou autorisé par le tribunal pour tout acte excédant la simple
administration, notamment pour accepter une donation avec charge ou pour
accepter ou renoncer à une succession." Alors, si on regarde l'article
688: "La succession dévolue au mineur, même
émancipé, ou au majeur sous un régime de protection est
réputée acceptée..." Là, cela ne concorde pas tout
à fait; je pense qu'il y aurait lieu d'harmoniser ces deux articles.
À la page suivante, page 20, à l'article 195. Aux fins de
concordance avec l'article 672 du projet et pour éviter que l'article
195 ne soit interprété comme créant une des exceptions
dont parle le deuxième alinéa de l'article 672, le comité
recommande de modifier l'article 195 en ajoutant, à la fin de la
première phrase, les mots: "dans les limites prévues par la loi".
Donc, la tutelle ne passe pas aux héritiers du tuteur; ceux-ci sont
seulement responsables de la gestion de leur auteur dans les limites
prévues par la loi; notamment, ils ne peuvent pas être
recherchés sur leurs biens personnels.
À la page 21, on attire l'attention sur l'article 226 tel que
rédigé. On croit qu'une interprétation "a contrario" de
l'article projeté laisse entendre que, quand un bien légué
à un mineur n'est pas assujetti à la condition qu'il soit
administré par un tiers, ce bien serait soumis à l'administration
du tuteur, alors qu'il pourrait également y avoir un administrateur de
la succession. Il y aurait deux personnes qui auraient juridiction sur le
même bien. En commentaire, on dit qu'il y aurait sûrement avantage
à clarifier ce point-là.
À l'article 228, maintenant, page 22. Il y a deux
problèmes de concordance, toujours en regard de l'acceptation, et un
second concernant les legs avec ou sans charge. C'est à lire avec les
articles 188 et 688. (16 h 45)
En remarque préliminaire, on attirait votre attention sur le
conseil de tutelle que l'on voulait voir élargi. Voici donc l'article en
question, l'article 229. On dit ici que le tuteur ne peut transiger ou
poursuivre un appel que suivant les instructions du conseil de tutelle. Dans le
fond, il s'agit d'une option. Est-ce qu'il faut davantage recourir au tribunal?
Cela pourrait même nous amener dans la situation assez cocasse qu'un
tuteur soit obligé de demander à la Cour supérieure, par
exemple, l'autorisation d'en appeler d'un jugement de la Cour
supérieure; cela fait curieux un peu.
On pense que le conseil de tutelle qui est plus près des faits et
des gens devrait être habilité à donner des instructions
dans ces deux cas, plutôt que de recourir au tribunal.
À la page 24, à l'article 246, nous suggérons
également une reformulation, à la lumière du commentaire
suivant: On estime que la condition posée à l'article 246, soit
l'impossibilité de constituer un conseil de tutelle est trop exigeante -
c'est quoi, l'impossibilité? - et qu'elle interdira, à toutes
fins utiles, l'application du pouvoir accordé au tribunal de
décider que le conseil de tutelle ne sera formé que d'une seule
personne.
La Chambre des notaires est d'avis qu'il devrait suffire que la
constitution du conseil de tutelle se révèle difficile et non pas
impossible pour permettre au tribunal de se prononcer.
Évidemment, à la page 25, à l'article 263, on ne
suggère aucune modification. Nous réservons des commentaires
lorsque le législateur en sera rendu à étudier l'article
1379 du projet où il sera question, entre autres, d'un inventaire
notarié pour les mineurs et les personnes incapables.
Une coquille s'est glissée à la page 26, concernant
l'article 287 du projet. J'imagine que d'autres ont dû la voir. Il s'agit
bien, dans l'article lui-même, à la deuxième ligne, de se
référer à l'article 286 et non 287.
À la page 27, à l'article 302, nous suggérons une
reformulation de cet article, qui se lirait ainsi: "Le jugement qui ouvre ou
maintient un régime de protection doit être révisé
après trois ans de sa date, en cas de tutelle ou de nomination d'un
conseiller, ou cinq ans, en cas de curatelle, à moins que le tribunal ne
fixe un délai plus court. Il est toujours susceptible - sous-entendu, le
jugement - de révision si la cause en a cessé ou si la condition
de la personne s'est modifiée." Alors, le commentaire: Plutôt que
d'obliger le tribunal à fixer dans tous les cas une date de
révision, le comité de travail estime qu'il serait plus judicieux
que la loi édicté d'office que tout jugement soit
révisé systématiquement dans un certain délai; nous
en suggérons deux.
Par conséquent, cette règle évitera qu'un tel
jugement soit définitif, ce qui est conforme à l'esprit qui se
dégage du projet de loi. Par ailleurs, le deuxième alinéa
prévoit que la révision devra avoir lieu dès que se
présentent les deux hypothèses y mentionnées.
Le comité souligne que le texte de loi ne précise pas les
conséquences ou les sanctions du défaut de révision dans
les délais fixés. Il y aurait lieu de les préciser, de
même que d'identifier la personne ou l'organisme responsable de veiller
à ce que la révision ait lieu aux époques
fixées.
À la page 29, tout simplement, à l'article 321, qui est le
premier article de cette section, je trouve un peu curieux qu'on commence en
disant: "Sauf", tout de suite, par exception. De toute façon, les
sociétés sont régies par l'article 326, plus loin, quant
à l'immatriculation; on se demande si cela ne fait pas redondant de
débuter en disant: "Sauf les règles relatives à
l'immatriculation", puisque l'article 326 le traite à fond. Donc, on
suggère tout simplement de retirer ce membre de phrase.
À l'article 326, bien humblement, on vous suggère une
formulation différente de celle qui apparaît au projet de loi. La
raison est la suivante: la modification proposée vise à
éviter que l'on puisse interpréter les articles 326 et 327 comme
permettant l'attribution de la personnalité juridique à une
entité qui n'est pas une personne morale. La loi ne reconnaissant comme
personnes morales que les associations ou les sociétés, la
présence aux article 326 et 327 des mots "autres groupements de droit
privé" pourrait laisser entendre que de tels groupements puissent
bénéficier de la personnalité juridique sans être
des personnes morales.
À l'article 327, on suggère de faire la concordance avec
le commentaire précédent.
À l'article 330, page 31 de notre texte, c'est peut-être
une coquille - enfin, on le considère comme tel - à la
quatrième ligne, "l'exercice des droits" au lieu de "de droits".
À l'article 333, on suggère une légère
modification: au lieu de "s'identifier sous un autre nom que le sien", parce
que cela peut créer une certaine confusion, "sous une appellation autre
que son nom", puisque le droit corporatif édicté des
règles strictes pour les changements de nom.
À l'article 350, sans aucune prétention, on pense qu'il y
aurait lieu de clarifier la pensée du législateur. Le groupe de
travail s'est demandé qui va vérifier si l'acte de
régularisation est susceptible de porter atteinte aux droits des membres
ou des tiers ou pas, et, par conséquent, de décider s'il pourra
être déposé ou pas. Le groupe de travail
préférerait une règle, à savoir que l'acte de
régularisation qui porte atteinte aux droits des membres est sans effet
à leur égard s'ils n'y ont pas consenti.
À la page 34, c'est encore là en rapport avec une des
remarques préliminaires, c'était la cinquième. Nous
suggérons une nouvelle formulation à l'article en question, afin
de permettre le renouvellement des mandats, de faire en sorte qu'il y ait
toujours un administrateur tant qu'il ne sera pas remplacé.
À la page 35, à l'article 390, on a semblé noter
une certaine ambiguïté. Le deuxième alinéa de
l'article 390 proposé semble dire que, même si un terme est
prévu dans l'acte constitutif, la personne morale ne peut être
dissoute à l'arrivée du terme sans que le tribunal ait
constaté l'expiration du terme. Par contre, le premier alinéa
laisse entendre que l'intervention du tribunal n'est pas nécessaire
lorsque la personne morale est dissoute par "toute autre cause prévue
par l'acte constitutif ou par la loi", ce qui peut comporter un terme. Les deux
alinéas soulèvent donc une certaine difficulté
d'interprétation.
À l'article 393, la dernière expression, "de celle-ci", on
suggère de la remplacer par "de la personne morale" qui est beaucoup
plus claire et qui évite l'ambiguïté.
Voilà ces quelques remarques, M. le Président, qui sont
soumises. Nous sommes disposés à recevoir les questions.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. Lambert. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. Lambert, d'abord, je
pense remercier votre
groupe de travail pour cette étude très fouillée et
très systématique. Vous aurez certainement copie de cet
avant-projet de loi portant les amendements qui ont été, pour un
certain nombre d'entre eux, reçus au ministère sous forme de
recommandations ou d'interventions écrites depuis le dépôt
du projet de loi 20. À l'étude, vous verrez que plusieurs des
modifications qui sont apportées répondent aux souhaits que vous
formuliez. Alors, je n'ai pas de question. C'est simplement pour vous dire
qu'on va tenir compte devos recommandations. J'imagine que le
spécialiste en face de moi a des questions à vous poser.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais aussi remercier le président et les
membres de la Chambre des notaires du Québec. Il va sans dire que votre
collaboration est toujours précieuse, cela va nous éviter de
faire un certain nombre d'erreurs, espérons-le. J'aimerais aussi dire au
président que, si la Chambre des notaires du Québec a d'autres
suggestions à faire, je lui demande que ce soit envoyé au
président de la sous-commission; on tiendra compte de vos suggestions.
Je peux vous assurer, comme cela a été dit par la
députée de Maisonneuve, qu'en faisant l'étude article par
article de ce projet de loi c'est sûr qu'on mettra vos recommandations
dans l'équation, si je peux le formuler comme cela. On tiendra compte de
ces suggestions.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Madame.
Mme Harel: M. le Président, peut-être, justement,
pour vous inviter, après l'étude des amendements qui ont
été déposés, à nous faire parvenir vos
recommandations...
M. Lambert: Nos commentaires. Mme Harel: ...et vos
commentaires.
M. Lambert: On nous a dit qu'à chaque livre qui serait
déposé on pourrait renouveler l'exercice d'aujourd'hui. Alors, on
s'est préparé en conséquence pour cela et, aujourd'hui, on
parle du Livre premier.
Le Président (M. Gagnon): Ce qui a été
entendu, effectivement...
M. Lambert: Oui, voilà.
Le Président (M. Gagnon): ...c'est que vous seriez
invités avant l'étude de chacun des trois livres.
M. Lambert: Maintenant, nous nous sommes organisés - cela
manque de rodage encore un petit peu, mais, dans les prochains jours, cela
devrait être réglé - pour avoir des gens qui vont
être presque en permanence autour ici, afin de permettre de
répondre à des questions que les membres de l'Assemblée
nationale voudraient poser en cours de route. En même temps, cela nous
permettra aussi de regarder et d'étudier les amendements au fur et
à mesure qu'ils seront déposés. Il va sans dire que tous
les membres de l'Assemblée nationale, sans aucune partisanerie, pourront
compter sur l'aide de la Chambre des notaires du Québec dans ce
processus qui, dans le fond, est assez exceptionnel. Ce n'est pas donné
à toutes les générations d'assister à une refonte
d'une loi aussi fondamentale que le Code civil.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Est-ce que les autres
invités ont des choses à ajouter? Non? Cela va.
Mme Thisdale (Louise): Combien de temps aurait-on pour remettre
les suppléments ou commentaires qu'on aurait pu faire?
Une voix: Sur les personnes?
Mme Thisdale: Sur les personnes et, éventuellement,
sur...
M. Johnson (Anjou): Pour nous permettre de bien travailler, je
pense qu'il faudrait que ce soit au plus tard la semaine prochaine, dans la
mesure où, une fois qu'on aura entendu le barreau, on va commencer
l'étude, article par article, du projet de loi sur le Livre premier: Des
personnes. Évidemment, vous pouvez toujours spéculer quant
à notre capacité de nous rendre à tel ou tel article. Je
commencerais par faire les commentaires sur les premiers articles le plus
rapidement possible, ce qui n'empêche pas que, en cours de route, vous
puissiez peut-être en produire d'autres. Mais, il faut, à un
moment donné - on s'était entendu là-dessus - je pense,
que le processus arrête, pour que la commission agisse.
Mme Fortin (Denyse): Vous comptez aborder les successions
à quel moment? D'ici une semaine ou deux?
M. Johnson (Anjou): Bon!
Mme Fortin: Et, ensuite, les biens, je présume?
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que nous allons entendre,
la semaine prochaine, le barreau, sur les personnes. Ensuite, nous verrons les
biens et les successions. Et si nous pouvions entendre et la Chambre des
notaires du Québec et le barreau sur les
deux sujets avec une apparition plutôt que deux apparitions
subséquentes, à cause de l'étalement, cela ferait bien
notre affaire. Maintenant, passer à travers la section des personnes, il
faudrait que je regarde mon collègue. Je ne sais pas en combien de temps
ma collègue et mon collègue s'imaginent qu'on peut passer
à travers les personnes, en combien de séances.
M. Marx: Le plus vite possible.
M. Johnson (Anjou): Le plus vite possible! Alors, disons qu'on
passe...
Mme Harel: Avant l'ouverture de la séance, le
député de D'Arcy McGee parlait des travaux en termes de dix,
quinze ans.
M. Marx: Cela veut dire... Parce que cela était l'horaire
du gouvernement, étant donné que le projet a été
déposé par l'Office de révision du Code civil en 1970;
maintenant, nous sommes en 1985; si on suit...
Mme Harel: On peut proposer dix, quinze jours.
M. Marx: ...les séances du gouvernement, ce ne sera
sûrement pas ce gouvernement qui va adopter le Code civil. Mais nous
sommes vraiment prêts à faire le travail le plus vite possible, le
ministre aussi. (17 heures)
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas... On peut peut-être
penser, au minimum, à quinze jours avant qu'on aborde, qu'on entende le
barreau et la Chambre des notaires sur les deux autres chapitres, au minimum
quinze jours.
Mme Fortin: II s'agit un peu de prévoir en fait l'horaire
de chacun...
M. Johnson (Anjou): Quand même, pour vous donner un ordre
de grandeur, je pense que, si vous prenez quinze jours pour préparer vos
deux autres présentations, c'est raisonnable, quant à nous. Je ne
sais pas si cela l'est quant à vous.
Mme Fortin: Oui. Nous sommes passablement avancés.
C'était un peu pour avoir une idée des dates pour convoquer des
collègues, planifier quelque peu.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Si, en cours de route, on a
l'impression que cela peut s'allonger d'une semaine, on pourrait vous le faire
savoir.
Mme Fortin: Oui, je vous remercie.
Le Président (M. Gagnon): J'aimerais clarifier un point,
M. le ministre. C'est qu'on avait décidé à la
sous-commission d'entendre des invités à l'étude de chacun
des livres. Là, vous venez de mentionner que la prochaine fois, cela
pourrait être les deux livres ensemble. C'est cela?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, je ne voulais pas défaire
les décisions de la sous-commission, mais je me dis que c'est
peut-être une approche qu'on peut considérer, qu'il y aura une
intervention, à cause du temps. Parce que, chaque fois qu'on entend un
mémoire, on suspend les travaux, on attend ensuite le barreau. Alors,
c'est presque une semaine de décalage à chaque fois. Si on
pouvait entendre la Chambre des notaires et le barreau en une intervention pour
la prochaine étape, je pense que nos personnes-ressources, de part et
d'autre, pourraient faire le nécessaire pour intégrer toutes ces
notes, même celles sur la succession.
Le Président (M. Gagnon): Cela va? M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que le ministre a l'intention de faire adopter le
projet de loi 20 avant la fin de la session?
M. Johnson (Anjou): Oui, dans la mesure, encore une fois,
où ce n'est pas considéré comme déraisonnable par
l'Opposition. Quant à nous, nous sommes résolument
décidés à procéder à l'adoption du projet de
loi 20 avant le 21 juin.
M. Marx: Bon, on va essayer. Nous sommes...
M. Johnson (Anjou): On va essayer... M. Marx: ...d'accord,
oui, parce que...
M. Johnson (Anjou): ...je pense qu'il faut y mettre
l'effort...
M. Marx: ...il y a d'autres projets de loi à adopter
avant.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais c'est pour cela qu'il y a une
sous-commission. C'est bien utile.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Je voulais tout simplement vous
confirmer, parce que vous avez demandé le dépôt de votre
mémoire devant la commission, qu'effectivement, le mémoire est
reçu pour dépôt devant la commission. Lorsque vous voudrez
envoyer des recommandations a la commission, c'est toujours au
secrétariat de la commission que cela se fait. Est-ce qu'il y a d'autres
questions? M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'ai une question, M. le Président, sur notre
horaire. Je vois que mardi prochain on va entendre le barreau, le matin,
à 10 heures. C'est parfait. On va commencer l'étude article par
article mardi dans l'après-midi.
M. Johnson (Anjou); C'est cela.
M. Marx: Quand la sous-commission va-t-elle siéger
après mardi? Est-ce qu'on va siéger mercredi et jeudi? Je pense
que c'est important d'établir cela maintenant.
Mme Harel: Oui, on peut évidemment, peut-être
même à la fin de nos travaux, s'entendre sur un calendrier. J'en
aurais un à vous proposer.
M. Johnson (Anjou): Excellent. M. le Président, puisqu'il
ne m'a pas été donné d'introduire officiellement ma
collègue, la députée de Maisonneuve, adjointe
parlementaire, je dois dire que je lui laisse l'ensemble des
responsabilités, y compris le calendrier. Elle connaît notre
objectif et l'objectif du gouvernement de voir ce projet de loi adopté
avant la fin de la session. Je suis sûr qu'avec la collaboration de
l'Opposition il y a moyen d'avoir un calendrier très serré qui
nous permette d'être très productifs et d'avancer rapidement.
M. Marx: Si je comprends bien le ministre, l'adjointe
parlementaire en matière de justice va parler au nom du gouvernement en
ce qui concerne ce projet de loi.
M. Johnson (Anjou): Oui, dans la mesure où je ne pense pas
qu'il y ait de l'hérésie sur le plan du fonctionnement des
institutions quant à cela. En tant que membre du corps
législatif, la députée de Maisonneuve parle au nom du
gouvernement sur le projet de loi, dans l'étude article par article.
M. Marx: Cela s'est déjà fait quand le ministre de
la Justice précédent a eu un adjoint parlementaire qui a
piloté un projet de loi. Donc, on veut s'assurer que cela sera la
même procédure cette fois.
Le Président (M. Gagnon): Voilà, avant de terminer
les travaux de notre sous-commission, avant de s'entendre sur le calendrier, il
faudrait aussi voir le leader parce qu'il y a aussi d'autres commissions qui
vont peut-être siéger. Il faudrait s'entendre avec lui.
Demain, nous siégons pour l'étude des engagements
financiers, demain après-midi, et cela se poursuivra aussi demain
soir.
M. Marx: On va commencer avec les engagements financiers en
matière de Justice, demain.
M. Johnson (Anjou): Je crois comprendre que c'est le
président du Conseil du trésor qui est là demain.
Le Président (M. Gagnon): Oui, effectivement.
M. Marx: C'est cela. Le ministre de la Justice est
libéré.
Le Président (M. Gagnon): Voilà. Alors, c'est tout?
Je voudrais remercier la Chambre des notaires de sa présence et de sa
participation. On aura sûrement le plaisir de vous revoir au cours de
l'étude de ce projet de loi. La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 6)