(Treize
heures quarante-cinq minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très
belle après-midi. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous en sommes à
la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner les prix
remportés par le projet de revitalisation
commerciale et de verdissement des places Le Pascal et Del Sol
Mme Rita de Santis
Mme
de Santis : Merci,
M. le Président. Je suis ravie de souligner que l'initiative de revitalisation
commerciale et de verdissement des places Le Pascal et Del Sol de Montréal-Nord a remporté le prix de
reconnaissance en environnement et
développement durable, de même que le prix du Mérite
municipal. Ces prestigieuses récompenses ont été décernées lors du huitième gala organisé par le Conseil
régional de l'environnement, en collaboration avec la
Conférence régionale des élus
et de la ville de Montréal, d'une part, et par le ministère des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire, d'autre part.
Le
projet a permis d'aménager un environnement accueillant et sécuritaire pour les
citoyens, tout en augmentant l'attrait des commerces. Plus de 500 citoyens ont
pris part au projet. Ils ont choisi les essences d'arbre qui ont été
plantées et 30 dalles ont été installées, toutes ornées de dessins réalisés par
des enfants du quartier.
Chapeau et merci au
maire de l'arrondissement, Gilles Deguire, et tous les artisans du projet pour cette belle réussite. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous,
Mme la députée. M. le député de René-Lévesque, je
vous cède la parole.
Rendre hommage à l'entrepreneur Marc Lefebvre,
récipiendaire de l'Ordre de Baie-Comeau
M. Marjolain Dufour
M. Dufour : Oui, merci beaucoup. Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, M. Marc Lefebvre a été intronisé récemment
de l'Ordre de Baie-Comeau, le plus haut titre de reconnaissance de la ville. Cette distinction lui a été remise lors d'une cérémonie officielle afin de saluer son
apport à l'économie baie-comoise. Entrepreneur chevronné, M. Lefebvre
a grandement contribué au dynamisme économique de la Côte-Nord en créant plusieurs
entreprises. Ces dernières ont permis à de nombreuses personnes de la région de
se trouver un emploi de qualité.
Depuis une trentaine d'années, M. Lefebvre a
laissé également sa marque par son implication sociale en investissant d'innombrables heures au sein de plusieurs organismes, dont Club Richelieu, la Fondation André-Fortier, Centraide, le Club de golf, la Fondation du Centre de santé
et des services sociaux de la Manicouagan.
En mon nom et en
celui des concitoyens et concitoyennes de la circonscription de René-Lévesque,
je tiens à offrir mes plus sincères félicitations à
M. Lefebvre et à saluer son engagement exceptionnel dans sa
communauté. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M.
le député. M. le député de Fabre, pour votre
déclaration.
Souligner le 25e anniversaire de la
Maison de la famille de Laval-Ouest
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) : Merci,
M. le Président. À titre de député de
Fabre, il me fait toujours plaisir de collaborer avec la Maison de la
famille de Laval-Ouest, qui ne cesse de se renouveler à travers une panoplie d'activités
depuis bientôt 25 ans. La Maison de la
famille de Laval-Ouest offre des services qui font une réelle différence pour
de nombreuses familles de ma circonscription. Divers ateliers offerts
aux enfants âgés entre quelques mois et cinq ans visent à leur assurer une égalité des chances en stimulant le
développement de leurs compétences. La maison soutient également les
parents de ces enfants à travers quelques programmes, et il ne faut pas oublier
de mentionner les activités permettant aux adultes de briser l'isolement.
Je
tiens à souligner le dévouement de Mme Corine Vanderborght, responsable et
coordonnatrice de cet organisme. Sa passion pour son organisme est
contagieuse; elle peut compter sur l'implication indéfectible de nombreux
parents bénévoles. Je formule un souhait, M. le Président, en pensant à toute l'équipe de cette maison, c'est ce que leur
mission et le bonheur qu'ils procurent leur donnent le courage et la volonté de
maintenir leurs activités pour un autre quart de siècle. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député. M. le député de Blainville, je vous cède la
parole.
Souligner le 25e
anniversaire de La Maison
de la famille de Sainte-Anne-des-Plaines
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : M. le Président, j'aimerais
souligner aujourd'hui en cette Assemblée le 25e anniversaire d'un organisme reflétant la solidarité des citoyens
de ma circonscription, soit La Maison de la famille de Sainte-Anne-des-Plaines.
Fondé en 1989, cet organisme fait aujourd'hui la différence dans la vie de
plusieurs familles de Sainte-Anne-des-Plaines
en employant cinq personnes dévouées, à l'écoute cinq jours par semaine.
Devenue un lieu de vie incontournable
où toutes les générations viennent échanger de leur temps, de leurs talents et
de leurs connaissances, elle offre
une multitude de services en vue de promouvoir l'esprit familial et de briser l'isolement
des personnes seules.
Je veux
féliciter toute l'équipe de La Maison de la famille de Sainte-Anne-des-Plaines,
sa directrice, Mme France Lachance, ainsi que les membres du
conseil d'administration qui se sont relayés à la tête de cet organisme au
cours des 25 dernières années. Je vais donc profiter de cette tribune pour
souhaiter, à Mme Lachance ainsi qu'au personnel et aux bénévoles, longue
vie à La Maison de la famille de Sainte-Anne-des-Plaines.
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Mme la députée de Richmond, je vous cède la
parole.
Souligner le 20e
anniversaire du
Festival du papier, Windsor, Québec, inc.
Mme Karine Vallières
Mme
Vallières : Merci. Avec le soleil, n'est-ce pas, arrive le
temps des festivités partout au Québec. Et c'est le cas dans le comté de Richmond, alors je souhaite, M. le Président, souligner avec mes collègues de l'Assemblée nationale le 20e anniversaire du Festival du
papier de Windsor. Hôte de l'unique défilé du papier, où les créateurs
professionnels et amateurs rivalisent d'imagination
pour créer des vêtements conçus à base de papier, ce festival fait rayonner
Windsor et l'ensemble de la MRC du Val-Saint-François. Depuis 1992, où tous les
organismes bénévoles de la municipalité se sont
réunis pour créer un événement unique, des dizaines de personnes investissent
chaque année des milliers, oui, des milliers d'heures de bénévolat pour
améliorer cet événement, qui présente entre autres une parade, un site de jeu,
des activités récréatives de toutes sortes.
En terminant, M. le Président, je tiens à
féliciter les membres du Festival du papier, dont le président, M. David
Fournier, pour leur générosité et leur dévouement à nous donner un événement de
grande qualité. Et je vous invite, vous
également, les autres collègues de l'Assemblée
nationale, à venir faire un tour pour
cette 20e édition du Festival du papier. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée. Mme la députée de Vachon, pour votre
déclaration.
Souligner le travail
réalisé par la Table des partenaires
en petite enfance de Saint-Hubert pour le guide
Je favorise l'entrée scolaire de mon enfant
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci,
M. le Président. J'aimerais souligner aujourd'hui le travail réalisé par la
Table des partenaires en petite enfance de Saint-Hubert pour l'outil Je
favorise l'entrée scolaire de mon enfant. Cette Table des partenaires en
petite enfance existe depuis près de 20 ans et regroupe 22 organismes
oeuvrant auprès des enfants de zéro à cinq
ans, dont la commission scolaire Marie-Victorin, le CPE Les Joyeux Calinours,
MAM autour de la maternité, la Maison de la famille La Parentr'aide et
le Centre d'action bénévole de Saint-Hubert. Les organismes ont travaillé pendant trois ans pour présenter aux citoyens de
Saint-Hubert un guide pratique d'information sur l'ensemble des
ressources disponibles à Saint-Hubert pour
les enfants de la naissance à l'école, que ce soient les écoles, les loisirs et
la culture, les bonnes habitudes, la
santé, les activités de stimulation et sportives. Toutes mes félicitations à
Linda Bossé, coordonnatrice d'Agir ensemble, et toute son équipe pour
leur implication au mieux-être de nos familles. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée. M. le député de La Prairie, pour votre déclaration.
Rendre hommage à Mme Lise Martin et
M. Jean-Claude Poissant pour leur
contribution aux mondes municipal et agricole
M. Richard Merlini
M.
Merlini : Merci, M. le Président. Je désire, aujourd'hui, rendre hommage à
deux personnes exceptionnelles de la
circonscription de La Prairie. Premièrement, Mme Lise Martin :
permettez-moi de la féliciter chaleureusement pour le prix Coup de coeur qu'elle a reçu lors de la 15e
édition du colloque annuel du réseau des élus municipaux de la
Montérégie-Est, qui s'est tenu en avril dernier. Cette récompense est le fruit
de son dynamisme, de son travail rigoureux et de ses efforts soutenus. Depuis plus de 13 ans, elle se consacre, en tant que
mairesse de la municipalité de Saint-Philippe, au mieux-être de ses
concitoyennes et concitoyens.
Deuxièmement,
à M. Jean-Claude Poissant : je désire le féliciter pour le trophée
commémoratif qui lui a été remis lors
de la deuxième édition du Gala des Agristars de la Fédération de l'UPA de la
Montérégie, qui s'est tenue en avril dernier, pour souligner ses 20 ans d'implication
en tant qu'administrateur et pour sa contribution au sein de l'UPA. De plus, M.
Poissant est président de l'organisme Au Coeur des familles agricoles, qui a
contribué à l'ouverture de la première maison de répit pour les agriculteurs du
Québec.
Félicitations à vous
deux, vous faites rayonner votre municipalité au sein de la Montérégie. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. M. le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Féliciter les cinq joueurs des Albatros du collège
Notre-Dame de Rivière-du-Loup qui ont été
sélectionnés lors du dernier repêchage de la LHJMQ
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : Alors, merci beaucoup M. le Président. Récemment, cinq
étudiants de niveau secondaire du collège Notre-Dame de Rivière-du-Loup
ont vu leurs efforts récompensés. Ces jeunes, qui ont choisi la formule
sport-études, évoluent au sein de l'équipe Les Albatros de la Ligue de
développement de hockey midget AAA.
Ils
ont été repêchés par diverses formations de la Ligue de hockey junior majeur du
Québec afin de participer au camp d'entraînement
2014. Ainsi, les services de Miguel Picard, Raphaël Santerre et William
Gonthier ont respectivement été requis par l'Armada de
Blainville-Boisbriand, les Cataractes de Shawinigan et les Mooseheads d'Halifax.
Pour leur part, Pierre-Luc Dubois et Samuel L'Italien ont été réclamés par les
Screaming Eagles de Cape Breton.
Je
tiens, M. le Président, à souligner le travail et la détermination de ces
étudiants qui, en plus de performer dans leur sport préféré, donnent
leur 110 % dans leur cheminement académique. Qui sait, parmi eux se
trouvent peut-être de futures étoiles de la
Ligue nationale de hockey. Je leur souhaite la meilleure des chances possibles
dans la poursuite de leur idéal. Et j'en profite aussi, en terminant,
pour saluer les entraîneurs et nombreux bénévoles qui gravitent autour de l'organisation
Les Albatros du collège Notre-Dame de Rivière-du-Loup. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Mme la députée d'Outremont,
pour votre déclaration.
Rendre hommage à Mme Marie-Hélène Falcon,
directrice générale et artistique du
Festival TransAmériques pendant 30 ans
Mme Hélène David
Mme
David (Outremont) : M. le Président, depuis que Mme Marie-Hélène
Falcon a annoncé son départ, elle qui a
été à la tête du Festival TransAmériques depuis 30 ans, les éloges et
témoignages des artistes et créateurs qu'elle a côtoyés, encouragés,
supportés se multiplient.
Samedi
dernier, au terme de la plus récente édition du festival, Mme Marie-Hélène
Falcon a tiré sa révérence. Je souhaite, à mon tour, lui rendre hommage
et la remercier pour son influence et pour son engagement envers les arts de la
scène du Québec.
On
a loué l'audace de cette femme, sa vision, son rôle de pionnière. Depuis 30
ans, des centaines de milliers de spectateurs ont assisté aux
représentations : 400 spectacles en provenance de 45 pays. Elle a fait du
festival un lieu d'échange entre nos
artistes et ceux de partout ailleurs. Nous lui disons merci, en espérant
toutefois qu'elle puisse nous faire profiter encore longtemps de son
regard unique.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée d'Outremont.
Enfin, M. le député d'Abitibi-Ouest.
Souligner
la performance des élèves de l'école
Saint-Joseph, d'Amos, au concours Lève-toi
et bouge du Grand Défi Pierre-Lavoie
M. François Gendron
M.
Gendron :
Merci, M. le Président. Le 3 juin dernier, l'école Saint-Joseph d'Amos s'est vu
reconnaître parmi les lauréates du concours Lève-toi et bouge du Grand
Défi Pierre-Lavoie.
Récipiendaires d'un cube d'or, les élèves de l'école
Saint-Joseph se sont démarqués au chapitre de l'activité physique en accumulant près de 400 cubes d'énergie,
mais également au point de vue scolaire et éducatif dans le cadre de la
compétition amicale Aiguise ta matière grise! C'est loin d'être bête.
Je désire
souligner la ténacité et les efforts
constants des élèves de l'école Saint-Joseph et de tous ceux et celles
qui ont participé à cette magnifique épopée
que représente annuellement le Grand Défi Pierre-Lavoie. Je salue également,
M. le Président, les parents et les enseignants de leur implication et de leur
appui à motiver les jeunes. Félicitations de leur avoir permis de développer et
d'inscrire dans leur quotidien de saines habitudes de vie. Bravo, les jeunes!
Je suis très fier de vous. Bonne chance.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député. Et cela met un terme à la
rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux de l'Assemblée quelques
instants.
(Suspension de la séance à 13 h 57)
(Reprise à 14
h 10)
Le Président : Bon début de
semaine. Nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous asseoir. Nous poursuivons
les affaires courantes, hein, et aujourd'hui il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
des Finances.
Rapport annuel 2012-2013 sur les sondages effectués dans
le cadre du plan triennal des sondages 2012‑2015 de
Revenu Québec et avis de la CAI
M.
Leitão : M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 2012‑2013
sur les sondages effectués dans le
cadre du plan triennal des sondages 2012‑2015
de Revenu Québec, ainsi que l'avis favorable de la Commission d'accès à l'information du Québec, et ce, conformément aux
dispositions de l'article 69.0.0.7 de la Loi sur l'administration
fiscale.
Plans stratégiques 2014-2018 du Directeur
général des élections et de la Commission
de la représentation électorale
Le
Président : Alors, ces documents sont déposés. Pour ma part, je
dépose les plans stratégiques 2014‑2015… 2014‑2018 du Directeur général
des élections et de la Commission de la représentation électorale.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions
ni de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à période de questions
et de réponses orales, et je cède la parole à M. le chef de l'opposition
officielle.
Évasion de trois détenus de l'Établissement
de détention de Québec
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Merci, M.
le Président. Depuis samedi, 19 h 30, la population d'Orsainville, de
Charlesbourg, mais de tout le Québec est sur
le qui-vive. Les gens sont inquiets, à juste titre. Trois individus lourdement
criminalisés et accusés de crimes graves se sont évadés, et les gens sont
encore en cavale à ce moment-ci, M. le Président.
La
ministre est sûrement informée des recherches et des circonstances de l'évasion.
Que peut-elle nous dire? Que peut-elle dire aux Québécois pour les
rassurer?
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui. Merci, M. le Président. Je pense qu'il est important, à ce moment-ci, de
rassurer les Québécois sur le fait que tous
les efforts sont mis de l'avant depuis samedi soir pour retrouver les trois
individus qui se sont évadés de l'Établissement de détention de Québec.
M. le Président, il est évident que vous allez me permettre de demander aux citoyens qui pourraient être témoins
de choses irrégulières dans leur entourage ou qui pourraient leur
sembler suspectes de faire appel au 9-1-1, de contacter, évidemment, le 9-1-1
afin d'aider les policiers qui sont sur le terrain et qui travaillent d'arrache-pied
pour retrouver ces trois fugitifs-là.
Je
tiens à réitérer aussi que ce sont des individus qui sont dangereux et je
demande aux citoyens de ne pas mettre leur vie en danger, mais bien de
composer le 9-1-1.
M.
le Président, je pense, c'est important aussi de rappeler que tous les efforts
sont mis de l'avant par les policiers de la Sûreté du Québec, mais aussi
les différents corps de police qui ont été mobilisés.
Le Président :
En terminant.
Mme
Thériault : Tout le monde est à pied d'oeuvre sur le terrain
pour retrouver les trois individus qui se sont évadés, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : L'inquiétude est encore palpable dans bien des
endroits au Québec, particulièrement en Abitibi, d'où proviennent
certains individus, M. le Président. La ministre nous a dit ce matin qu'elle n'avait
pas encore obtenu les informations pertinentes à ce niveau.
Nous
aimerions comprendre les raisons qui ont pu justifier un tel délai entre les
événements et le temps au cours duquel elle a été mise au courant des
circonstances de l'évasion.
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui. M. le Président, vous comprendrez que présentement la priorité numéro un,
c'est de retrouver les fugitifs qui sont encore en cavale. Je tiens également à
rassurer mon collègue et les gens qui écoutent, depuis samedi soir, nous avons été mis au courant qu'il y a eu des
personnes qui se sont évadées de la prison. Nous sommes en constante communication avec les gens de la
Sécurité publique, les gens de la Sûreté du Québec pour s'assurer que
les effectifs sont déployés sur le terrain
pour retrouver les fugitifs qui sont dangereux. Et, M. le Président, il est
évident que je ne commenterai pas les enquêtes et les opérations
policières. C'est du domaine policier, et je les laisse faire leur travail.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
La police fait son travail. Nous avons un rôle ici, à l'Assemblée, et la
ministre en a un autre, qui est fondamental, c'est d'informer la
population parce que les personnes sont en cavale, et l'inquiétude reste et demeure.
Nous sommes plutôt
étonnés d'avoir appris ce matin qu'elle n'avait été... fait l'objet de... elle
n'a reçu un briefing que ce matin, après l'ouverture d'un ouvrage dont je ne
peux vous dire l'endroit.
Est-ce qu'elle peut
nous expliquer les délais qui ont justifié ce briefing entre le moment de l'évasion
et le temps où...
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui. M. le Président, je vais rassurer le collègue, j'ai eu des briefings bien
avant ce matin. Ce qu'il faut comprendre, c'est
que la situation évolue rapidement, qu'il y a beaucoup de questionnements qui
se posent au fur et à mesure que j'apprends des informations. Il y a des
mises à jour qui sont faites, constantes, et, je peux vous rassurer, les lignes
de communication pour que l'information se transmette, elles sont très bonnes.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : À la lumière
de ce que me dit la ministre, d'abord elle aurait dû informer la population
bien avant. Je pense qu'il aurait été sûrement… Ça aurait été une bonne
décision que de convoquer un point de presse et d'informer la population. Et c'est
son rôle.
Mais j'aimerais savoir aussi en même temps… Nous
avions fait deux recommandations importantes au fédéral quant aux zones d'interdiction
de vol ainsi qu'aux zones cellulaires.
Est-ce qu'elle peut nous dire si elle a
entrepris des démarches pour s'assurer que ces orientations recevront enfin une
décision favorable du gouvernement fédéral à court terme?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, je pense qu'il est important
de dire que, depuis samedi soir, la population est informée qu'il y a des détenus qui se sont évadés de la prison.
Donc, je pense que, dans le… le délai de transmission de l'information, ça s'est fait très rapidement,
surtout à l'ère des médias sociaux, des médias de nouvelles continues.
Donc, je pense que, pour le droit à l'information, le public a eu les
informations qui étaient pertinentes.
Et,
concernant la demande du collègue concernant le gouvernement fédéral, M. le
Président, je pense qu'il est important
de rappeler ici qu'à Saint-Jérôme c'est arrivé au mois de mars. Ça a pris
exactement sept mois pour que l'ancien ministre
de la Sécurité publique fasse parvenir une demande au gouvernement fédéral. La
lettre est arrivée le 1er avril…
Le Président : En terminant.
Mme Thériault : …et le
ministre Blaney m'a assurée de la pleine collaboration du gouvernement fédéral,
M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Matane.
Mesures de sécurité dans les établissements de détention
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Matane-Matapédia. Trois fugitifs lourdement criminalisés et dangereux se sont
évaporés dans la nature québécoise. Accusés
de trafic de drogue et de meurtre, leurs conditions de sécurité ont été
abaissées récemment. Il s'en est
suivi peu de temps après, et c'est ce qui est troublant, une évasion qui met à
mal la réputation carcérale du Québec.
Ma question à la ministre : Pourquoi a-t-on
abaissé les cotes de sécurité de dangereux criminels?
Le Président : Mme la ministre
de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : M. le
Président, je suis convaincue que ce qui anime mon collègue le député de
Matane, c'est vraiment la sécurité des
citoyens, de tous les Québécois. Vous comprendrez qu'à ce moment-ci la priorité
numéro un de tout bon gouvernement… Et, si
vous aviez été ici, ça serait votre priorité numéro un, ça serait la priorité
numéro un, M. le Président, de
retrouver les fugitifs, de retrouver ces trois personnes-là qui peuvent être
dangereuses, elles peuvent être aussi
armées. Et c'est ce qui canalise présentement les efforts du ministère, les efforts des policiers, c'est vraiment
la recherche des criminels.
Ceci étant dit, M. le Président, il est évident que les mesures de sécurité qui…
dont le collègue pose la question ont été abaissées parce
qu'il y a eu des requêtes qui ont été présentées devant un juge, et les gens au
centre de détention se doivent d'appliquer le jugement qui a été rendu par le
juge, M. le Président. C'est la seule raison.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Matapédia-Matane.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Trouver
les fugitifs, c'est le rôle de la police. Le rôle de la ministre, c'est de
rassurer et c'est de prendre les mesures pour comprendre ce qui s'est passé.
Est-ce qu'elle convient avec l'opposition
officielle que d'avoir abaissé les
cotes de sécurité a eu des conséquences qui ont amené à une évasion? Quelqu'un
quelque part a pris la décision d'abaisser sciemment les cotes de sécurité de
gens lourdement criminalisés. Est-ce qu'elle convient avec nous que c'est
préoccupant et que c'est un précédent lourd de conséquences?
Le
Président : Mme la vice-première ministre.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui. M. le Président, je comprends la question du collègue, mais, vous savez,
quand un juge rend un jugement, de manière
générale, au Québec, on applique le jugement, O.K.? C'est exactement ce qui se
passe.
Par contre, M. le Président, ce qu'il est
important de dire, c'est que la sécurité dans nos centres de détention,
elle est primordiale. Je ne ferai pas de
stratégie sur la place publique concernant la détention, la sécurité qui
entoure la détention, parce que, M. le Président, je considère que nos agents correctionnels doivent avoir des moyens de
sécurité qui ne sont pas nécessairement sur la place publique, qui pourraient
compromettre leur sécurité et donner la clé d'évasion aux bandits qui
voudraient sortir de prison, M. le Président.
• (14 h 20) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, parlons-en, des agents correctionnels. Jusqu'à ce matin,
personne n'avait contacté les agents
correctionnels lorsque j'ai parlé au président, M. Mathieu Lavoie. De grandes
questions subsistent. Je veux m'assurer
que la ministre constate avec nous que c'est fort préoccupant, ce qui s'est
passé. Ce qu'on veut comprendre, c'est
la séquence des événements qui ont amené à l'abaissement de cotes de sécurité.
Et c'est là-dessus qu'on attend des réponses.
Et effectivement on en saurait plus sur ses activités si elle s'était
engagée à rendre public son agenda, comme elle l'avait fait, d'ailleurs,
il y a quelques semaines. Elle avait dit que son agenda serait public.
Alors, on ne sait pas
ce qu'elle…
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
M. le Président, je pense que c'est deux choses qu'on ne doit pas mélanger. Et,
moi, ce que je vous dis, c'est que le
sous-ministre et les gens au ministère de la Sécurité publique sont en
communication avec les centres de
détention et qu'on a commencé à leur parler dès samedi soir. Et, vous savez, M.
le Président, si des mesures de sécurité
avaient été déployées par le précédent gouvernement — c'est un choix qu'ils ont fait — on n'en serait peut-être pas là
aujourd'hui, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Richelieu.
Crédits alloués à la
rémunération des médecins
Mme Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
M. le Président, la semaine dernière, j'ai posé des questions, je n'ai pas eu
de réponse. Le gouvernement devait avoir une entente avec les médecins avant le
dépôt du budget, le gouvernement a échoué. Pourtant,
à la page 181 du livre des crédits, il y a un montant de 285 millions,
285 millions de plus affectés à la rémunération des médecins. La
présidente de la Fédération des médecins spécialistes dit qu'elle n'a jamais vu
ce montant-là.
M.
le Président, est-ce que le président du Conseil du trésor peut nous dire d'où
vient le montant de 285 millions à son livre des crédits?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
M. le Président, c'est très simple, l'augmentation en question correspond
essentiellement aux ajustements tarifaires déjà en application qui ont été
convenus avec les fédérations des médecins, approuvés par le Conseil du trésor
pendant le gouvernement précédent, et c'est l'augmentation qu'on a pour l'instant.
Maintenant, on est
dans une situation budgétaire qui est extrêmement difficile, je pense que tout
le monde en convient, et, dans ce
contexte-là, absolument tout le monde doit faire un effort. J'ai même commencé
à parler d'effort national, parce que
c'est de ça qu'il s'agit, c'est un effort de tout le monde. Bien entendu, les
médecins, comme tout le monde au
Québec, vont devoir contribuer et mettre l'épaule à la roue, et c'est dans ce
contexte-là que le ministre de la Santé
est en train de mener une négociation avec les médecins sur l'étalement des
hausses de rémunération qui étaient prévues
aux ententes qui avaient déjà été signées, et c'est ce qu'il va réussir à
faire, dans l'intérêt de tous les Québécois, au cours des prochaines
semaines.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Richelieu.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : M. le Président, est-ce que le chiffre de
285 millions inscrit aux crédits, c'est donc l'augmentation de
rémunération salariale des médecins pour l'année en cours?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Eh bien, il me fera plaisir de répéter ce que j'ai déjà dit : Ce sont des
ajustements tarifaires déjà en vigueur, accordés par le gouvernement précédent,
par le Conseil du trésor du gouvernement précédent. Ils sont en vigueur, on n'est pas revenus là-dessus. Par
contre, pour la suite des choses, les médecins, comme tout le monde au
Québec, doivent faire un effort. C'est un effort national, c'est un effort de
tout le monde. Le ministre de la Santé est en train de négocier, dans l'intérêt
de tous les Québécois, un étalement juste et équitable pour l'ensemble des
Québécois.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Richelieu.
Mme Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : M. le Président,
je dois donc en conclure que, si on en vient à une entente avec les médecins
pour l'augmentation salariale, ce sera
au-dessus du 285 millions et que, tout montant
additionnel, il devra y avoir un cran d'arrêt
ailleurs dans votre budget?
Le Président : M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président,
manifestement, on comprend pourquoi,
maintenant, le Parti québécois, lorsqu'il
était au pouvoir, n'a
pas respecté les ententes de décaissement prévues à l'entente,
on le voit par l'incompréhension globale de la députée de
Richelieu de ce qu'est une entente. Il y a actuellement une négociation sur l'étalement.
L'étalement traite de tous les montants qui
n'ont pas encore été distribués, incluant le
non-décaissement, le non-décaissement, tel que prévu
à l'entente. Et, s'ils comprennent c'était quoi, l'entente, ils ont donc la réponse dans
leurs propres livres, M. le Président.
Le Président : Principale, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
Prévention des évasions de
prison
M. François Legault
M.
Legault : Oui, M. le
Président. Je veux revenir sur ce qui s'est produit en fin de semaine à
Orsainville. On le sait
tous maintenant, il y a 15 mois,
un détenu s'est évadé de la prison de
Saint-Jérôme suite à l'arrivée d'un
hélicoptère sur le toit du centre de
détention. Donc, on pouvait s'attendre à ce que ça soit la dernière fois que ça
arrive. En fin de semaine, samedi
soir, il y a un hélicoptère qui a été capable d'atterrir dans la cour du centre
de détention d'Orsainville, où il y avait des détenus accusés de meurtre, donc des cas graves.
Moi,
je veux savoir, est-ce que, depuis samedi soir, la ministre de la Sécurité
publique a pris les mesures nécessaires pour s'assurer qu'il n'y ait pas une
troisième évasion au Québec au cours des prochains jours, des prochaines
semaines?
Le Président : Mme la ministre de la Sécurité
publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Oui. Merci, M. le Président. M. le
Président, vous savez, l'évasion à Saint-Jérôme et celle d'Orsainville sont
deux types d'évasions complètement différentes, bien qu'il
y ait des hélicoptères qui aient été utilisés
dans les deux cas. Mais ce que je tiens à dire, M. le Président, c'est que, dès samedi, nous avons été en
contact avec les différentes autorités à l'intérieur
du ministère et que j'ai demandé à mon
sous-ministre que le plan de déploiement concernant les mesures qu'il vise à mettre en place pour la sécurité
nécessaire pour justement éviter des nouvelles évasions soit mis en application
le plus rapidement possible. Parce qu'il existait un
plan, M. le Président, et j'ai demandé
à mon sous-ministre de faire en sorte que ce plan-là soit déployé sur le
terrain le plus rapidement possible.
Le Président : Première complémentaire, M. le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, moi, je trouve que c'est assez similaire. Un hélicoptère qui arrive sur
le toit puis un autre qui arrive dans la cour d'un
centre de détention, pour moi, ça se ressemble.
Donc, ma question était
simple : Est-ce que, demain matin, il pourrait y avoir un troisième
hélicoptère qui atterrit dans un centre de détention, oui ou non?
Le Président : Mme la ministre de la Sécurité
publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président,
vous savez, les hélicoptères, là, je comprends qu'on
peut s'évader de prison, mais ce que
je comprends aussi, c'est ce que mon collègue
aurait dû entendre, c'est que j'ai demandé, par la
voix de mon sous-ministre, à ce que les plans soient déployés dans tous les
centres de détention du Québec. C'est aussi
simple que ça. Est-ce que ça aurait
pu être fait avant, M. le Président? La réponse est certainement oui. Il faut
demander au précédent gouvernement. Il y a eu un autre ministre de la
Sécurité publique. L'évasion précédente qu'il
parle, à Saint-Jérôme,
s'est produite il y a déjà 15 mois, M. le Président. Ça fait un mois et demi que je suis en place, je
considère que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les
plans soient déployés.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, je me mets à la place de la
population qui écoute la ministre, là, c'est assez théorique, ce qu'elle nous dit, là. Moi, ce que je lui
demande, là, c'est bien concret, là : Est-ce que le plan qui est en place
nous assure qu'il n'y aura pas une troisième évasion avec un hélicoptère
dans un centre de détention au Québec, oui ou non?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Bien, M. le Président, je comprends la question du chef de la deuxième opposition,
mais, honnêtement, que voulez-vous que je vous réponde de plus? Et c'est la
seule réponse à donner : Les directeurs de nos centres de détention ont reçu la consigne de déployer les plans partout,
M. le Président. Donc, la réponse que je devrais donner à
mon collègue, c'est : Non, M. le Président, il ne devrait pas y avoir d'autres
évasions, M. le Président. Les directeurs de centres de détention sont
responsables de leurs mesures de sécurité, et nous leur avons demandé de
déployer les plans dans les centres de détention, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
Sécurité de l'Établissement de
détention de Québec
M. Marc Picard
M. Picard :
Sur le même sujet, M. le Président. C'est avec beaucoup d'incrédulité, de honte
et surtout d'inquiétude que la population
du Québec a vécu une deuxième évasion héliportée en un peu plus d'un an. La capacité d'intervention
des agents de détention à la prison d'Orsainville était trop limitée, et le ministère de la Sécurité publique n'a clairement
tiré aucune leçon de l'évasion de Saint-Jérôme en mars 2013. C'est ridicule, M.
le Président : les seuls qui étaient aptes à courir après les fugitifs, c'était
TVA.
Est-ce
que la ministre a un plan pour s'assurer que ça ne se reproduise plus et pour
contrer toute tentative d'évasion? Je comprends que c'est 1-1, mais ne
battez pas le PQ là-dessus, s'il vous plaît.
• (14 h 30) •
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, mon intention, ce n'est pas de
battre le PQ sur celle-là, M. le Président, là, c'est vraiment de faire
en sorte que les citoyens au Québec soient protégés. La sécurité du public, c'est
ce qui anime les intentions du ministère de la Sécurité publique.
Ceci
étant dit, il y a présentement trois fugitifs qui sont en cavale. À l'heure où
on se parle, M. le Président, je crois
que la priorité numéro un devrait être mise sur la chasse aux fugitifs; c'est
exactement ce qui se passe. La Sûreté du Québec est sur le terrain; les
différents corps policiers sont mis à contribution. Et ce qui nous importe le
plus, M. le Président, c'est de mettre la main au collet des fugitifs.
Ceci
étant dit, s'il y a des citoyens qui sont témoins de quelque chose, je les
invite à contacter le 9-1-1 pour qu'on puisse aller chercher les
fugitifs, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Marc Picard
M. Picard : Merci, M. le
Président. Deux fois en moins de 15 mois, pourquoi? Parce que nos
établissements de détention ne sont pas prêts pour ce genre de situation. Les
trois prévenus étaient mieux préparés que nous, M. le Président. C'est honteux.
Pourquoi la
ministre tarde-t-elle à prendre ces dossiers en main : le Bureau des
enquêtes indépendantes, qui ne verra
le jour qu'en 2016, selon la ministre, la nomination du D.G. de la SQ, qui
demeure dans l'incertitude? M. le Président, aujourd'hui, c'est du
pareil au même. Pourquoi a-t-elle refusé d'entendre le président de l'association
des agents de la paix concernant les…
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, je vais rassurer le
collègue : Je n'ai jamais refusé d'entendre le président de l'association. Nous avons fait des vérifications à
l'interne, au ministère, nous ne trouvons pas de trace de la
correspondance de la personne en question.
M. le Président, vous savez, comme ministre de la Sécurité publique, mon
devoir, c'est de rencontrer les
principaux intervenants sur le terrain, qui sont mes partenaires. Je l'ai fait
avec les policiers et je le ferai avec les agents correctionnels aussi,
M. le Président. Et, si on peut trouver des moyens pour qu'on soit plus
efficaces au niveau de la sécurité dans nos prisons avec les agents
correctionnels, on les trouvera, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Marc Picard
M. Picard :
M. le Président, les agents de la paix, à Orsainville, ne peuvent même pas
sortir du stationnement pour arrêter un fugitif ou un contrevenant.
Samedi soir, ils n'ont pu que constater passivement ce qui se passait, ce n'est
pas normal.
Contrairement
au député de Verchères, est-ce que la ministre s'engage à donner aux agents de
la paix la capacité d'action et à installer des câbles au-dessus des
cours d'établissements pour empêcher d'autres évasions héliportées?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, je pense que la réponse que j'ai
donnée à l'opposition officielle concernant le déploiement des plans de sécurité dans les centres de détention, c'est
la réponse que le député de Chutes-de-la-Chaudière cherche. Donc, je
veux le rassurer, oui, il est question de déployer les plans, mais vous
comprendrez maintenant que je ne publierai
pas ces plans sur la place publique, là. C'est comme si j'arrivais et je disais
aux bandits… je leur donnais les clés
pour être capables de se libérer eux-mêmes, et il n'en est pas question, ça n'arrivera
pas. Mais, oui, la sécurité dans nos prisons, elle est importante, M. le
Président.
Le Président : Principale, M.
le chef de l'opposition.
Mesures de sécurité
encadrant les détenus
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Les
informations qui sont véhiculées sont, effectivement, très troublantes sur ces
événements, particulièrement le fait que la
sécurité a été abaissée suite à une décision par requête. Je pense que la
ministre doit être très transparente. Elle doit avoir ces informations
au moment où on se parle, et ça a dû faire partie des informations qui lui ont
été communiquées.
Alors, ce que nous souhaiterions savoir, c'est à
partir de quand ces règles ont été diminuées. J'aimerais savoir les
raisons qui ont justifié, devant un tribunal, qu'on abaisse les règles de
sécurité sur des individus hautement dangereux.
La troisième réponse que nous souhaiterions avoir, c'est pourquoi le
ministère public n'est pas allé en appel d'une décision qui, au moment où on se parle, sème le trouble et le
doute dans la population et, j'imagine, au ministère de la Sécurité
publique.
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : M. le
Président, vous comprendrez qu'il y a présentement un procès qui se déroule,
même s'il manque trois accusés. M. le Président, vous comprendrez qu'il y a
certaines choses qui sont sous le sceau de la non-publication
également. M. le Président, vous comprendrez qu'il y a de l'information que je
ne mettrai pas non plus sur la place
publique, que je ne m'ingère pas dans les enquêtes qui sont faites par les
policiers, M. le Président. Et vous comprendrez
également, M. le Président, que la priorité numéro un à l'heure où on se parle,
c'est de retrouver les fugitifs, et on aura amplement le temps de faire
le post-mortem de tout ce qui s'est passé par rapport à l'évasion à la prison d'Orsainville,
M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, la ministre nous suggérait d'aller sur les réseaux sociaux
pour s'informer, et je pense qu'ici on est à la bonne place. Puis la
ministre, elle doit savoir est-ce que les conditions ont été abaissées
vendredi. Parce que l'évasion a eu lieu
samedi, alors on aimerait savoir est-ce qu'elle confirme que les conditions ont
été abaissées, quels sont les motifs
qui ont pu justifier… Et ils sont publics, car ils sont juridiques, ils sont
dans le cadre d'un procès. Et la troisième réponse que nous souhaitons
avoir, c'est pourquoi le ministère public n'a pas contesté une telle
requête ou une telle décision.
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : M. le
Président, écoutez, la seule chose que je peux répondre à mon collègue le chef
de l'opposition officielle, c'est que l'information sera rendue publique au
moment opportun. C'est aussi simple que ça, M. le Président. Les ministres de
la Sécurité publique, au même titre que les ministres de la Justice, ont un
certain devoir de réserve. Je ne veux pas m'ingérer
dans l'enquête. Tout le monde doit comprendre également que les
fugitifs sont à l'affût d'informations qui pourraient les aider. M. le
Président, pour la sécurité du public, ce que je peux vous dire, c'est que les
policiers sont à pied d'oeuvre pour mettre la main au collet...
Le Président : En terminant.
Mme Thériault : ...des trois
fugitifs, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le
Président, il n'y a
personne qui laisse sous-entendre… La ministre elle-même a dit qu'il y avait eu des requêtes.
Alors, je pose des questions toutes simples, là. Quand ces requêtes? Est-ce que
c'est le vendredi après-midi
précédant les évasions? La deuxième chose que nous souhaiterions avoir — et c'est public, ça a été plaidé — quels
sont les motifs qui ont justifié la baisse de la sécurité? Et la
troisième : Pourquoi cette décision n'a pas été contestée par le ministère
public en appel?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, je viens d'avoir l'information que
la requête a été présentée le 28 mars 2014 et que c'était le précédent
ministre de la Sécurité publique au Parti québécois qui était en poste, aux
commandes. M. le Président, le... Pardon,
pas le 28, le 21 mars, je me suis trompée, le 21 mars, M. le Président, et, à
ce moment-là, c'était le député de
Verchères qui était le ministre de la Sécurité publique. Donc, le chef de l'opposition
pourrait poser la question aussi à son collègue le député de Verchères.
Le Président : Principale, M.
le chef de l'opposition officielle.
Assouplissement des mesures
de sécurité
encadrant les détenus qui se sont évadés de
l'Établissement de détention de Québec
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, la ministre apprend à ce moment-ci quand a été déposée la
requête, bonne chose. Mais maintenant
ce que tout le monde doit savoir, c'est quand le jugement a-t-il été rendu. C'est
ça qu'il est important de savoir, à
partir de quand… Une requête présentée par un avocat qui défend un criminel,
demande une baisse de ses conditions, choisit une date d'audition.
J'aimerais au moins savoir
de la ministre ici, aujourd'hui, en cette Chambre, le jugement, est-ce qu'il
date de vendredi? Quels ont été les motifs?
Pourquoi le ministère de la Sécurité publique n'est pas allé en appel? Est-ce
que cette diminution de la sécurité
supposément vendredi, avant l'évasion, a joué un rôle dans l'évasion des trois
dangereux fugitifs?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, regardez, là, en temps opportun,
toute l'information sera rendue publique. Je n'ai rien à cacher, nous n'avons rien à cacher, M. le Président. Moi, j'apprends
l'information au fur et à mesure. Si je peux la rendre publique, je vais le faire, M. le Président. Si je ne peux pas, j'attendrai
le moment opportun. Mais, M. le Président, il est évident que, si c'est de l'information publique, le chef de l'opposition
officielle peut trouver les réponses à ses questions mais peut aussi se
tourner de côté, demander au député de Verchères, qui était ministre de la
Sécurité publique, parce que la requête, c'est le 21 mars 2014, M. le
Président, et je suis rentrée en fonctions un mois après, M. le Président.
• (14 h 40) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Visiblement, la ministre n'a pas terminé son briefing. Ça, ça semble clair pour
tout le monde. Et je dois comprendre qu'elle
reproche à l'ancien ministre d'avoir… ne pas connaître une requête qui a été
présentée par
l'avocat d'un criminel.
Ce qu'on veut savoir… C'est qu'à un moment donné
il y a eu un jugement, et la ministre y a même fait écho dans les
médias. Alors, quand a eu lieu ce jugement?
Est-ce que c'est vendredi? Elle devrait le savoir, c'est la date de la
présentation de la requête. Elle doit savoir la date du jugement.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
Des voix :
…
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : M. le Président, ce
n'est pas parce que la question est répétée huit fois que le chef de l'opposition
officielle peut inférer ou tirer des
conclusions. La ministre a été très claire, elle
a dit qu'elle allait rendre public tout ce qui peut être rendu public. Elle a dit qu'il fallait le faire au temps
opportun. Pourquoi? Parce que, d'une part, il faut protéger les processus judiciaires, et, d'autre part, et
surtout, j'oserais dire, pour protéger la population elle-même. La ministre de
la Sécurité publique n'est pas ici pour
mettre en danger la sécurité publique, elle est ici pour la protéger. Et toutes
les réponses qu'elle offre depuis le début sont pour dire à l'opposition
officielle et à la deuxième opposition qu'elle va offrir toutes les
informations possibles au moment le plus approprié pour protéger notre société,
M. le Président, c'est tout à son honneur.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, on n'est pas dans l'honneur,
là, on est dans l'information. Et la ministre elle-même a évoqué le fait que c'est l'abaissement de la cote
de sécurité qui aurait pu entraîner cette évasion, elle
y a fait référence. Alors,
évidemment, à partir du moment où on sait cela, et c'est réel, et on sait que
la date du jugement serait peut-être intervenue le vendredi précédant l'évasion,
vous comprendrez que, j'imagine, tout le monde va se sentir interpellé au ministère
de la Justice quant à des requêtes de même nature. Donc, j'aimerais savoir,
strictement, est-ce que c'est vrai que c'est vendredi que ce jugement est
intervenu.
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président,
le chef de l'opposition officielle peut se lever pour
les 15 minutes qui restent, ma réponse, elle ne changera pas, M. le Président. En temps et lieu, toutes
les informations seront rendues publiques, M. le Président. La priorité numéro un au moment où l'on se parle, M. le
Président, c'est la sécurité du public, c'est le travail des policiers sur le terrain, qui s'affairent à
trouver les trois personnes qui sont en cavale, M. le
Président, et c'est ça qui est important. Il faut les retrouver le plus
rapidement possible, et je vais inviter,
encore une fois, la population à
composer le 9-1-1 s'ils voient des choses
irrégulières pour permettre à la police de leur mettre le grappin dessus, M. le
Président.
Le
Président : Principale, Mme la
députée de Montarville.
Remboursement des dons
obtenus
illégalement par les partis politiques
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) :
Oui. M. le Président, ce matin, on a appris que le responsable du bureau de
Pauline Marois dans Charlevoix a fourni des prête-noms à un ingénieur de
la firme Roche à qui il avait demandé de trouver 10 000 $ en contributions politiques. Le PQ et Pauline Marois
avaient besoin d'argent pour les élections de 2008. Alors, un peu d'histoire. Je vous
rappelle que, le 27 mars 2013, nous avons adopté une motion à l'unanimité
ici même, et je la cite : «Que l'Assemblée
nationale demande aux partis politiques [...] de
donner l'exemple en s'engageant formellement à rembourser les contributions politiques jugées illégales à la suite d'enquêtes
tenues par le Directeur général des élections,
en vertu de ses pouvoirs.»
Donc,
M. le Président, à la lumière de tout ce qu'on entend
depuis deux ans, le gouvernement va-t-il demander au DGEQ d'accélérer
la cadence et d'exiger des remboursements des dons illégaux, sachant très bien
qu'il n'a besoin ni d'accusation, ni de procès, ni de condamnation pour le
faire? À quand les remboursements?
Le Président : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : M. le Président, au cours des
dernières années, les deux formations politiques qui ont formé le gouvernement se sont succédé
en adoptant plusieurs règles concernant notamment le financement des partis
politiques. Je me souviens qu'un de nos
collègues — celui
qui a la parole présentement — a déposé des projets de loi pour des
mesures anti-prête-noms et aussi un projet de
loi qui donnait plus de pouvoirs au DGE, notamment pour pouvoir aller chercher la collaboration de Revenu Québec pour
pouvoir faire ses enquêtes. C'est au DGE de faire le travail qu'il fait,
et je suis persuadé qu'il le fait très bien, M. le Président. Et, dans la mesure où
le DGE arrive à des conclusions qui vont dans le sens qu'indique notre
collègue, évidemment il y a lieu au remboursement. Mais l'étape la première, c'est
celle du DGE, avec tous les pouvoirs qui lui ont été confiés.
Le Président : Première complémentaire, Mme la
députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : La
semaine dernière, l'ancienne vice-présidente de chez
Roche, Mme France Michaud, est
venue expliquer son système pour faire des dons illégaux au Parti libéral et au
Parti québécois. Entre autres, on a appris que le Parti libéral a reçu
360 000 $ de dons des employés de la
firme qui ont ensuite été remboursés. C'est ce qu'on appelle des «prête-noms».
Je
répète ma question : Quand le gouvernement va-t-il donner suite à la
motion unanime et exiger le remboursement des sommes reçues illégalement par
les partis? Ça fait deux ans qu'on en entend des vertes et des pas mûres.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Je croyais avoir été précis, M. le Président, dès le moment où le DGE, le
Directeur général des élections du Québec,
avec les pouvoirs qui lui sont maintenant disponibles, procède à ses enquêtes,
aux procès et qu'il y a les
condamnations, et donc qu'il y a les demandes de remboursement, c'est… la balle
est dans le camp du DGE. Et, à ma connaissance — et je ne pense pas que notre collègue va le
mettre en doute — il fait
un excellent travail, dû notamment aux nouvelles dispositions qui lui
permettent d'aller encore plus loin dans ses enquêtes. Alors, maintenant, on va
attendre les conclusions du DGE, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : C'est long. Quand un citoyen a
maille à partir avec Revenu Québec, par exemple, les percepteurs sont
très, très rapides à aller chercher les sommes qui leur manquent, et c'est bien
ainsi.
Alors,
pourrait-on être aussi efficace quand vient le temps de se faire rembourser les
sommes illégales qui ont été versées
aux partis politiques? Vous, qui vous dites le nouveau parti de la
transparence, alors quand allez-vous passer de la parole aux actes et
envoyer un message clair au DGEQ pour retrouver...
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
J'apprécie grandement que notre collègue ait remarqué que nous étions le gouvernement
de la transparence, et nous entendons,
effectivement, agir dans ce sens-là. Maintenant, nous ne serons pas non plus, par contre,
le gouvernement qui va s'immiscer dans les causes que doit
entendre le DGE et les procédures indépendantes qu'il doit mener.
Je comprends de la
conclusion de notre collègue, mais peut-être ai-je interprété ses propos… Mais
ses propos laissaient comprendre qu'il
fallait intervenir auprès du DGE dans les causes qu'il aurait à mener de l'avant,
les procès qu'il aurait à tenir, et loin de moi l'idée de compromettre
son indépendance, et je suis sûr que notre collègue est d'accord avec moi.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Vachon.
Projet de prolongement de l'autoroute 19
à Laval et sur la Rive-Nord de Montréal
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. En juin 2010, la ministre des Transports libérale
avait annoncé le prolongement de l'autoroute 19
sans prévoir la somme dans le PQI. Le gouvernement du Parti
québécois a corrigé le tir. Dès
mai 2013, le prolongement de l'autoroute 19
a été inscrit au PQI. De plus, le gouvernement du Parti
québécois a déposé l'étude d'impact environnemental et a bonifié
le projet, particulièrement pour favoriser le transport collectif, en y
ajoutant un stationnement incitatif
de 280 places dans le secteur côte de Terrebonne et des aménagements pour des voies réservées.
Or,
le projet de l'autoroute 19 ne se retrouve pas dans le
Plan québécois des infrastructures, ni dans la section «en réalisation», ni dans la section «en planification», ni dans la section «à l'étude».
Est-ce que le ministre des Transports peut nous informer de ses
décisions concernant l'autoroute 19?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Robert Poëti
M.
Poëti : M. le Président,
je pense qu'il est inutile de rappeler à la députée
de Vachon que la réalisation des projets est assujettie à une directive, celle de la gestion des projets majeurs d'infrastructure publique. Alors, au lieu de prendre une situation, la décider et
dire : On va de l'avant, nous, ce qu'on fait, on suit cette directive-là.
On fait l'analyse, on fait l'étude, on évalue les coûts et on évalue
aussi, également, la capacité de payer des Québécois, M. le Président, parce
que ça, c'est important dans un contexte économique.
Alors, nous allons faire l'ensemble
de ces études-là, nous allons placer les projets au PQI quand ça va être
le temps.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : M. le Président, les études ont été déposées en
mai 2013, l'évaluation a été faite, l'ensemble des intervenants a
travaillé ce dossier-là. Pourquoi le ministre recule-t-il encore sur un projet
qui est attendu depuis longtemps par les citoyens de cette région-là?
Pourquoi
le ministre recule-t-il encore? Est-ce qu'il est en train de nous confirmer qu'effectivement
ce n'est pas dans le PQI et qu'il n'a pas l'intention de le mettre dans
le PQI? Est-ce que c'est ce qu'il est en train de nous dire, de référer à un
comité et à un comité...
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Robert Poëti
M.
Poëti : M. le Président, j'inviterais la députée de Vachon de
ne pas mettre dans ma bouche des choses que je n'ai pas dites et de ne pas
laisser sous-entendre des choses qui ne sont pas réelles. On est le
gouvernement de la réalité, mais aussi de la vérité. Et, lorsqu'on a des évaluations de coûts entre 500 et
600 millions et qu'on décide tout d'un coup comme, un exemple facile, un SLR, mais qu'on ne budgète pas d'argent et
quand on veut continuer la 19 mais on ne met pas d'argent, qu'on est au gouvernement pour le faire… bien, nous, on va le
planifier. Et la planification, c'est un PQI qui s'étale — je le
rappellerai à la députée de Vachon — sur une période de 10 ans, M. le
Président. Alors, on est à l'année 1.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Terrebonne.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : M. le Président, l'argent était dans le PQI. Ça fait 40 ans qu'on attend ce projet sur
la Rive-Nord de Montréal. Les citoyens de Terrebonne, de Blainville, de Sainte-Anne-des-Plaines,
de Bois-des-Filion, de Laval — puis je regarde mon collègue de Vimont — sont tournés vers le ministre des Transports
aujourd'hui pour avoir une réponse. C'est plus de 60 000
travailleurs qui utilisent ce goulot d'étranglement routier tous les matins.
Le gouvernement
précédent voulait aller de l'avant. Le ministre libéral, aujourd'hui, doit se
lever, rassurer les Québécois et nous dire qu'est-ce qu'il fera dans ce
dossier : Est-ce qu'il ira de l'avant ou c'est un autre recul du gouvernement
libéral?
• (14 h 50) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Robert Poëti
M. Poëti :
M. le Président, je suis ému par cette question, vraiment, parce que je sais à
quel point ce parti-là était préoccupé par
les études environnementales. Ça s'appelle le BAPE, M. le Président. Ils avaient des gens sur leur côté à l'époque, évidemment, qui étaient très préoccupés par la chose, des
spécialistes. Alors, vous voulez qu'avant la conclusion du processus environnemental… C'est ce que
le collègue me demande de faire, de prendre une décision avant d'avoir
les résultats des dossiers d'opportunité et de ne pas tenir compte de l'étude du
BAPE. M. le Président, on est plus préoccupés par l'environnement
qu'eux-mêmes le sont. On va suivre les règles et attendre les résultats du
BAPE…
Le Président :
En terminant.
M. Poëti :
…et les résultats des dossiers d'opportunité avant de prendre la bonne
décision.
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Hausse de la taxe scolaire et
tarification de services scolaires
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, dans le dossier des taxes scolaires, le
gouvernement nous a servi un malheureux deux pour un dans le dernier
budget. Un, il ne veut pas rembourser les hausses démesurées de taxes scolaires
de l'an dernier, deux, il refuse de prendre les moyens pour limiter les hausses
de cette année à l'inflation. Le ministre de l'Éducation
tente de nous rassurer en nous disant qu'il y a un pseudocontrat moral avec les
commissions scolaires, mais, dans le
fond, la morale de cette histoire, c'est que le ministre avoue son impuissance
à limiter les hausses à l'inflation.
Ma question est toute
simple, M. le Président : Le ministre de l'Éducation s'engage-t-il à
déposer la liste des 26 commissions
scolaires qui vont hausser les taxes au-delà de l'inflation et nous révéler de
combien seront ces hausses de taxes?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, c'est une
question qui est très précoce. M. le Président, c'est une question qui
est précoce, tout simplement parce que, cette semaine, je vais rencontrer les
commissions scolaires. Ça va être leur congrès annuel, et j'ai l'intention
d'en faire une discussion. Ce qui est important, M. le Président — puis, je rappellerai au député, c'est
pour ça qu'on est au gouvernement — on va se préoccuper des
élèves. On veut fournir les ressources
nécessaires pour que les élèves puissent continuer d'avoir une bonne éducation,
on s'occupe de la réussite scolaire.
Pour
ce qu'il s'agit des taxes, nous en avons discuté le dossier la semaine
dernière, oui, il y a eu des problèmes
parce que le Parti québécois avait mal géré à l'époque, nous sommes
obligés de vivre avec leurs conséquences. Mais, à ce moment-ci, je peux vous dire, avec les
commissions scolaires, notre relation est bonne. On ne veut surtout pas
faire comme la CAQ, essayer de les éliminer sans penser plus loin que le bout
de son nez. Merci, M. le Président.
Le Président : Principale, M. le député de… En complémentaire? Complémentaire, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Donc, M. le Président, la nouvelle hausse des taxes scolaires n'est pas la seule mauvaise
nouvelle qui va affecter la poche des
contribuables. La commission scolaire Seigneurie-des-Mille-Îles vient d'informer
certains parents qu'ils devront, à partir de
l'automne, payer 150 $ pour le
transport scolaire de leurs enfants inscrits dans les programmes
particuliers, alors que le service était, jusqu'à présent, couvert.
Est-ce que le
ministre juge raisonnable une hausse de tarifs de 150 $? Est-il…
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, pour moi, ce qui est important,
c'est qu'on continue à donner des bons
services aux élèves. Il y a des coûts à ça, il faut continuer à aller
chercher de l'argent quelque part. La CAQ, elle a un illogisme, elle ne veut pas qu'il
y ait de paiements, elle ne veut pas
qu'on ait les montants nécessaires pour donner les services, faire les
paiements et, en même temps, nous dit qu'il y a des problèmes au niveau de l'éducation.
M. le Président, la question qu'il
faut se poser : Qu'est-ce qu'on
a besoin pour pouvoir donner une bonne éducation à nos jeunes? Ça nous
prend des bons services, ça nous prend des bons enseignants, mais surtout ça
prend de la cohérence dans le réseau de l'éducation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : M. le Président, les contribuables de la commission scolaire
Seigneurie-des-Mille-Îles ont subi une augmentation moyenne de
120 $ l'année dernière. Les parents sont outrés par ce nouveau choc
tarifaire de 150 $ du transport scolaire, d'autant plus que le
gouvernement avait promis de ne pas hausser les tarifs au-delà de l'inflation.
Est-ce que cette
situation est unique aux Laurentides ou cette hausse de tarifs de transport
scolaire sera-t-elle généralisée à la grandeur du Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. L'année
dernière, la hausse qu'il y a eu, c'est dû à une décision qui était incohérente de la part du Parti
québécois. Par la suite, on a rencontré des commissions scolaires, puis, pour
nous, ce qui est important actuellement, c'est
qu'il faut protéger le contribuable tout en maintenant les services. Il faut
comprendre, M. le Président, que, si on ne
maintient pas les services de façon adéquate, c'est une attaque directe à l'éducation
de nos jeunes. Actuellement, oui, il
y a un dilemme. Il faut être capable de se payer les services qu'on se donne. C'est
pour ça, d'ailleurs, qu'on a un budget qui, cette année, est difficile.
Mais je peux vous assurer, M. le Président, notre volonté, c'est de protéger
les contribuables.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taillon.
Délai d'intervention des ambulanciers
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, on apprend ce matin qu'une dame âgée de 82
ans a attendu près de quatre heures, quatre
heures, l'arrivée des ambulanciers après avoir fait une chute dans sa résidence
lundi dernier. Quatre heures de délai, c'est l'équivalent de rouler en
auto entre Rivière-du-Loup et Montréal, M. le Président. Malgré leur bon
travail, les ambulanciers ont été incapables
de se rendre auprès de la dame, puis elle est restée étendue sur le sol toute
une soirée. On parle de soutien à domicile. La principale angoisse pour
les gens âgés, c'est d'envisager qu'une situation comme celle-là leur arrive.
Quel
que soit le contexte, quatre heures d'attente pour une ambulance, est-ce que le
ministre de la Santé trouve ça acceptable? Et qu'est-ce qu'il compte
faire pour régler la situation?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je considère également, comme la députée de Taillon, que la
situation était déplorable. Mais, après information,
on a constaté que, malheureusement, la soirée en question avait été très
achalandée et que peut-être que les ressources n'avaient pas été suffisantes,
M. le Président.
Nous
avons mis… a été mis en place un comité national sur les services préhospitaliers
qui devra déposer son rapport dans les prochaines semaines, rapport qui
vise à l'optimisation des soins préhospitaliers, donc de l'urgence, et nous
entendons bien mettre en application les recommandations dudit comité.
Le Président :
Alors, ceci met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des motions
sans préavis. S'il y a des collègues qui doivent quitter l'enceinte, de le
faire en silence, s'il vous plaît. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre des présentations des motions sans
préavis, je reconnais maintenant Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Appuyer la résolution adoptée lors
du Séminaire
interparlementaire sur le 20e anniversaire de la
Déclaration et du Programme d'action de Beijing
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la ministre de la Justice et responsable de la Condition féminine et la
députée de Montarville, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale fasse sienne la résolution adoptée par les femmes parlementaires dans
le cadre du Séminaire interparlementaire sur le 20e anniversaire de la
Déclaration et du Programme d'action de Beijing.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, y a-t-il consentement pour
débattre de la motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui, M. le Président. Il y aurait consentement pour des interventions de deux
minutes par intervenant, et nous suggérons l'ordre
suivant : la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, suivie par la députée de
Montarville et, finalement, celle de la ministre de la Justice et responsable
de la Condition féminine.
• (15 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je comprends qu'il y a
consentement pour trois intervenants, d'une durée de deux minutes, en
débutant avec vous, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Alors, c'est avec beaucoup de joie que je prends la
parole concernant le Séminaire
interparlementaire sur le 20e anniversaire de la Déclaration et du Programme d'action
de Beijing, tenu ici, à l'Assemblée nationale, les 21 et 22 janvier
dernier, cet événement unique, rassemblant des femmes parlementaires de tous les horizons,
provenant des trois réseaux de femmes parlementaires dont le Québec est membre,
soit celui de la Francophonie, des
Amériques et du Commonwealth, mais aussi des États-Unis et de l'Union interparlementaire.
Cette
déclaration sous trois volets reprenait les thèmes suivants : le thème de
la violence à l'égard des femmes en
exhortant les Parlements et les gouvernements du monde à lutter contre la
violence sexuelle et la violence de
genre lors des conflits et des désastres, de lutter contre la violence à l'égard
des femmes résultant de pratiques coutumières ou traditionnelles nocives, adopter
des lois contre la traite des femmes et les violences faites aux femmes, prendre des mesures d'urgence pour
améliorer la prévention, la protection et la réponse face aux violences faites aux femmes, mettre fin à l'impunité
pour les auteurs, assurer l'accès à la justice pour les victimes et
sensibiliser leurs populations sur le sujet. Sur le thème de l'autonomisation économique des femmes, nous
avons exhorté «les Parlements du
monde à voter des législations favorisant l'égalité d'accès à l'éducation, à la
formation et au travail décent, de même
que l'équité salariale, l'accès et le contrôle égaux des ressources et des
actifs, ainsi que l'accès à la sécurité sociale
et la distribution égale des tâches domestiques». Ainsi que le thème de l'accès
des femmes aux processus décisionnels politiques
et économiques.
Je
tiens à remercier mes trois collègues parlementaires qui m'ont accompagnée dans
cette aventure : la députée d'Anjou—Louis-Riel, la députée de Mille-Îles
et la députée d'Iberville de l'époque, Marie Bouillé. Aussi, je veux remercier
deux jeunes femmes de notre Assemblée nationale qui ont oeuvré avant, pendant
et encore aujourd'hui, Marie-Astrid Ospina et Laurence Gadoury.
Et
cette déclaration cheminera dans les Parlements respectifs des 80 parlementaires présentes. Elle sera portée par les réseaux des femmes
parlementaires de la Francophonie, celui des Amériques et du Commonwealth, les
femmes des États-Unis et de l'Union
interparlementaire pour son adoption, comme nous le faisons aujourd'hui. Notre volonté est que cette déclaration de Québec soit portée
par l'Organisation internationale de la Francophonie vers l'Organisation des
Nations unies. Les femmes du monde ont besoin de nous. Encore aujourd'hui, trop
de violence, d'injustice et de discrimination ont cours. Soyons solidaires avec
les femmes du monde.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme la députée de Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Oui, merci, M. le Président. En mars prochain, l'ONU dressera un bilan des
progrès accomplis depuis les 20 dernières années et des obstacles qui
restent à surmonter pour le droit des femmes dans le monde, et ce, lors de la 59e session de la Commission
de la condition de la femme de l'ONU à New York. Mais force est de constater qu'encore aujourd'hui les reculs des droits des femmes sont bien réels dans certains pays. La
violence faite aux femmes n'a pas de frontières, la condition des femmes
s'est dégradée par endroits. La situation est préoccupante. Encore aujourd'hui, en 2014, des femmes partout dans le monde
subissent des horreurs. Seulement dans les derniers mois, nous avons assisté, impuissants, à des injustices
sans nom. On n'a qu'à penser à cette femme de 20 ans victime d'un
viol collectif ordonné par son village en Inde, et puis toujours en Inde, où
ces deux jeunes cousines de 14 et 15 ans ont été violées puis pendues.
Puis il y a cette femme condamnée à mort au Soudan pour ne pas avoir accepté de
renoncer à sa
religion. Et puis une autre femme, une Pakistanaise de 25 ans, enceinte, a
été battue à mort à coups de briques — c'est
ce qu'on appelle lapider — par une trentaine de membres de sa famille
pour s'être mariée contre l'avis de sa famille. Des atrocités, M. le
Président.
Il
est donc très important d'unir les voix des femmes parlementaires sur les
grandes orientations internationales qui
seront débattues en 2015 en matière des droits des femmes. De telles horreurs
ne peuvent plus se reproduire en 2014, c'est inadmissible. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Montarville. Mme la ministre de la Justice et responsable de la
Condition féminine.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. Alors, évidemment, aujourd'hui, nous sommes heureux de
profiter de cette opportunité pour réitérer
notre appui aux principes qui sont édictés par l'ONU dans le cadre du Programme
d'action de Beijing en appuyant l'adoption de la motion à cet effet.
Cette motion découle…
En fait, cette résolution, plutôt, découle des priorités actuelles du
gouvernement du Québec et à la grande
importance qu'il accorde à la tenue de la conférence de l'Organisation des
Nations unies visant à souligner le
20e anniversaire de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing.
Celle-ci s'inscrit également dans le cadre
de la participation du gouvernement du Québec au prochain Sommet de la
Francophonie, qui se tiendra à Dakar, au Sénégal, les 29 et 30 novembre
prochain, alors qu'il participera à titre de membre à part entière à ce sommet
et qu'il pourra faire valoir ses priorités en matière de condition féminine.
Le
Sommet de la Francophonie aura pour thème Femmes et jeunes en
Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement
et devrait donner lieu à l'adoption d'une déclaration par les chefs d'État et
de gouvernement francophone, laquelle devrait ainsi comprendre des engagements
en matière de condition féminine. Le sommet de Dakar sera également l'occasion
de l'adoption du deuxième cadre stratégique de la Francophonie, qui portera sur
une période de huit ans et qui devrait comprendre un recentrage des actions en
faveur de la femme.
La
tenue du sommet se tiendra dans le contexte où l'ONU dirige présentement des travaux intergouvernementaux en vue d'élaborer un programme de développement
pour l'après-2015 et d'arrêter une liste d'objectifs de développement durable. Dans la perspective de la définition des objectifs
post-2015, ONU Femmes a publié une déclaration
de principes dans laquelle elle plaide
pour qu'un objectif distinct défende l'égalité des sexes, les droits des femmes et l'autonomisation économique des
femmes de façon à privilégier les changements durables en faveur des droits et de l'égalité des femmes.
J'aimerais
rappeler que les actions mises en oeuvre au
Québec au nom de l'égalité s'inspirent, entre autres, du Programme d'action de Beijing et que la
contribution de la société québécoise à la dynamique en matière d'égalité
entre les femmes et les hommes sur la scène internationale constitue un pôle de
rayonnement de son savoir-faire et de ses valeurs collectives d'égalité et de démocratie.
Je
souhaite aussi rappeler l'importance des actions du Secrétariat à la condition féminine, qui sont mises en
oeuvre au Québec au nom de l'égalité, lesquelles s'inspirent des
engagements internationaux du Québec. À titre d'exemple, j'aimerais rappeler l'importance pour les
ministères et organismes québécois de s'inscrire selon les objectifs
poursuivis par la politique gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et
les hommes, laquelle conviait les acteurs de tous les secteurs d'activité à passer de l'égalité de droit à l'égalité de fait
en fonction de six orientations : la
promotion de modèles et de comportements égalitaires, l'égalité
économique entre les femmes et les hommes, une meilleure conciliation des responsabilités familiales et professionnelles,
des approches en santé adaptées aux spécificités des femmes, le respect
de l'intégrité des femmes et leur sécurité dans tous les milieux de vie et une
plus grande participation des femmes aux instances décisionnelles.
Je suis heureuse de
pouvoir réitérer notre appui aux principes édictés par l'ONU dans le cadre du
Programme d'action de Beijing. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à
vous, Mme la ministre de la Justice.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M.
le député de Chutes-de-la-Chaudière, pour une deuxième motion sans préavis.
M. Picard : Merci, M. le Président. Je demande le
consentement pour déposer la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement qu'il rende public tous les documents contenant
des recommandations en matière de sécurité en lien avec l'évasion survenue au centre de détention
de Saint-Jérôme le 17 mars 2013.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière. Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? Pas de consentement.
Je reconnais
maintenant M. le député de Vimont pour la présentation d'une autre motion sans
préavis.
Souligner la commémoration du
20e anniversaire du génocide rwandais
M. Rousselle : M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et de la députée d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la commémoration du 20e anniversaire
du génocide rwandais, qui a profondément marqué notre conscience collective;
«Qu'elle
rende hommage à la mémoire des centaines de milliers de femmes [et] d'hommes et d'enfants innocents
emportés;
«Qu'elle
salue le courage et la persévérance du peuple rwandais et sa volonté de
coexister dans un État de paix, de droit et de démocratie.»
En
terminant, permettez-moi de vous souligner la présence,
dans les tribunes, de gens d'origine
rwandaise. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à
vous, M. le député de Vimont. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion?
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je vous propose
l'adoption sans débat, M. le Président, ainsi qu'une minute de silence.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien.
Alors, cette motion est-elle adoptée? Adopté.
En conséquence, nous
allons observer une minute de silence à la mémoire des gens du Rwanda.
• (15 h 9 — 15 h 10) •
>857 Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci. Veuillez vous asseoir.
Alors, nous en sommes
toujours à la rubrique des motions sans préavis.
Avis
touchant les travaux des commissions
S'il n'y a pas d'autres
motions sans préavis, aux avis touchant les travaux des commissions, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des relations
avec les citoyens entreprendra des consultations particulières à l'égard
du projet de loi n° 2, Loi
modifiant la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance, demain,
le mardi 10 juin 2014, à compter de 10 heures, et ce, pour une
durée de 2 h 2 min, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Merci. Nous en sommes maintenant à la
rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires
du jour
Affaires
prioritaires
Reprise
du débat sur la motion du ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire
du gouvernement et sur les motions formulant un grief
Alors
donc, la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour, et, aux affaires du jour, aux affaires
prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné
le vendredi 6 juin 2014 sur la motion de M. le ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement
ainsi que sur les motions formulant un grief présentées par M. le député
de Rousseau, M. le député de Lévis et Mme la députée de Gouin.
Avant
de donner la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
2 h 52 min d'écoulées à la première étape du débat. Il reste donc un total de
10 h 38 min réparties comme suit :
5 h 13 min au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 12 heures... 2 h, plutôt, 50 min au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 2 h 11 min au
deuxième groupe d'opposition et 22 min 36 s aux députés indépendants.
Alors,
je suis prêt à céder la parole au prochain intervenant et je reconnais M. le
député de Montmorency pour son intervention. M. le député.
M.
Raymond Bernier
M. Bernier :
Merci, M. le Président. M. le Président, au cours des prochaines heures, nous
aurons l'occasion de débattre sur la
politique budgétaire du gouvernement. C'est très important que chaque
parlementaire puisse bien informer la population sur ce budget. Chacun d'entre
nous pourra s'exprimer, et par la suite nous procéderons, en commission
parlementaire, à une étude encore plus détaillée pour une période d'environ
10 heures de travaux.
Pourquoi? Parce qu'il y a
eu une élection importante, le 7 avril dernier, où la population nous a
dit que nous devons — nous devons — et nous en avons la responsabilité, comme
gouvernement, de mettre en place les mesures pour corriger la situation
financière du gouvernement et assurer le maintien de ses services. Par contre,
nous nous devons également… et ça, c'est une
obligation, le ministre des Finances d'ailleurs l'a mentionné, O.K.? «Le
retour à l'équilibre budgétaire n'est
pas une obsession, c'est une obligation.» Et c'est ce que les gens de nos
circonscriptions nous ont demandé.
M. le Président, notre gouvernement a déposé, le
4 juin, un budget fort important qui souhaite avant toute chose créer plus de richesse et d'emplois, parce
que nous devons... Et nous nous devons de relancer l'économie. Mais nous
voulons en même temps mettre fin au déséquilibre structurel des finances
publiques. Comme dans le discours inaugural
du premier ministre, l'édifice que nous voulons bâtir s'appuiera sur deux
colonnes robustes pour notre société, soit une économie prospère et des
finances publiques enfin assainies. Nous devons céder aux générations futures
des finances publiques en ordre. Nous devons
redonner une marge de manoeuvre aux contribuables du Québec. C'est un
budget sérieux parce qu'il dresse une situation sérieuse, celle de l'état des
finances publiques, et nous devons apporter les corrections nécessaires. C'est
ce que nous proposons dans ce premier budget du nouveau gouvernement libéral.
Le budget pose dès maintenant des gestes
structurants pour la relance de l'économie et le redressement des finances publiques. Deux nouveaux outils sont mis
de l'avant. Et c'est l'ouverture d'un dialogue social. Parce que, nous l'avons
mentionné, M. le Président, nous sommes ouverts à recevoir des sujets… les
suggestions de l'opposition, les suggestions
du public en ce qui regarde les finances publiques. Deux commissions seront
mises en place. Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, donc
améliorer la compétitivité du régime fiscal et assurer le financement des services publics. Pourquoi? Parce que chaque
contribuable qui a des gains additionnels, il doit être capable de lui en
rester suffisamment dans ses poches. La personne qui s'investit dans du travail
pour augmenter les revenus… augmenter ses revenus doit être capable d'avoir les
gains appropriés. Donc, on doit revoir notre régime fiscal et être capable de
réexaminer. Pour ce faire, une commission sera mise en place dans les prochains
jours.
Nous nous
devons aussi de mettre en place la commission sur la révision permanente des
programmes, examiner la pertinence et l'efficacité des programmes. M. le
Président, ce que ça veut dire, c'est que, chacun des programmes du gouvernement qui est présentement en vigueur, on
doit être capables de le réévaluer, le réévaluer pour connaître, bien
sûr, sa pertinence, s'il est nécessaire d'accroître
ses budgets, s'il est nécessaire d'apporter des corrections et si elle s'adresse
toujours aux clients ou aux bonnes personnes dans son application. Donc, c'est
ce qui va nous permettre également de revoir
l'ensemble des programmes. Mais cette commission, bien sûr, sera mise en place
pour les prochaines années, mais elle va se poursuivre également dans le
temps, de façon à permettre une réévaluation constante des programmes du
gouvernement.
J'ai eu l'occasion,
M. le Président, de travailler dans la fonction publique du Québec, et, à
plusieurs reprises, des programmes semblables ont été mis en place… des
commissions semblables ont été mises en place pour réévaluer des programmes dans certains ministères, et je
peux vous dire que ça demeure très efficace, et ça permet effectivement
de se poser le bon questionnement sur la
pertinence et la suffisance des fonds en ce qui regarde l'ensemble de nos
programmes.
M. le Président, la relance des finances
publiques s'appuie sur cinq axes : la relance de l'investissement privé et le soutien des PME, la stratégie maritime, la
relance du Plan Nord, l'exploitation responsable de nos richesses
naturelles, le maintien et le développement de nos infrastructures. Et le
redressement des finances publiques, eux, s'appuie sur la réduction des
dépenses de l'État par des efforts demandés aux ministères et organismes
publics, par un gel global des effectifs des organismes publics et parapublics.
Et, pour ce faire, nous le savons tous, au cours des prochaines années, des prochains mois, plusieurs personnes
qui sont au service de l'État vont prendre leur retraite, vont quitter.
Donc, il faut être capables de profiter de cette ouverture pour apporter les
corrections nécessaires.
Des efforts, également, additionnels sont
demandés aux sociétés d'État. On connaît nos grandes sociétés, ce sont Hydro-Québec, Loto-Québec, la Société des
alcools. Donc, il faut que ces organismes poursuivent leur travail de
façon à assurer et à aider le gouvernement dans la réalisation de son plan pour
le retour à l'équilibre budgétaire.
La lutte contre l'évasion fiscale. Durant les
années où j'ai été député ici, à l'Assemblée nationale, notre gouvernement a entamé des programmes de lutte à l'évasion
fiscale, et les résultats ont été concrets. Mais il faut poursuivre, parce que la lutte à l'évasion fiscale, c'est un
combat constant. Il peut y avoir, bien sûr, dans certains cas, des
personnes ou des gens qui vont trouver les moyens de contourner nos lois. Et,
dans d'autres cas, il faut être capables aussi de faire des corrections par
rapport à nos lois pour éviter de l'évasion fiscale. Donc, ça demeure une
mesure très importante.
• (15 h 20) •
Il y a
également la diminution de certaines dépenses fiscales. La diminution des
dépenses fiscales, pour mettre quelques
chiffres, permettra de réduire les dépenses de 348 millions en 2015-2016.
Nous devons mettre fin également au déséquilibre structurel des finances
publiques qui alourdit notre dette et limite notre liberté d'action. À court
terme, le gouvernement a dû poser des gestes rapidement, 2014-2015, dès notre
arrivée. Le 24 avril dernier, des mesures administratives de contrôle des
dépenses ont été annoncées, la mise en place également du cran d'arrêt, c'est-à-dire
que chaque augmentation ou modification en
ce qui regarde le financement des programmes doit être autofinancée — c'est
ce qu'on appelle le cran d'arrêt — et l'ensemble des ministères a dû mettre
l'épaule à la roue et faire des choix difficiles pour réduire ses dépenses.
Afin d'aller plus loin, nous mettrons en place
la commission de révision permanente de programmes, comme je le mentionnais
tout à l'heure, ce qui permettra un repositionnement et la mise en place d'un
processus d'évaluation continue visant à
recentrer l'action de l'État dans des programmes prioritaires et là où les
besoins sont les plus pressants.
Notre gouvernement
opte pour une gestion rigoureuse et responsable des dépenses publiques, car c'est
ainsi que les Québécoises et les Québécois
souhaitent que nous gérions l'argent provenant de leurs taxes et des impôts. Et
ça, M. le Président, je peux vous le confirmer. Lors de la campagne électorale,
c'est un message très important que les contribuables
nous ont livré, durant cette campagne. Par contre, nous continuons à aider les
familles en bonifiant de 50 millions l'enveloppe
du Fonds pour le développement de sport et d'activité physique ainsi qu'au
niveau des programmes d'infrastructure des projets de vocation
récréative et sportive. Nous améliorons… Nous annulons également la hausse de 2 $ du tarif journalier des
services de garde en plaçant strictement l'indexation et nous poursuivons la mise en place des services en garderie, de
6 300 places cette année et 4 000 par année, jusqu'à ce que le
réseau soit complété.
Donc,
des priorités axées sur les besoins des familles mais des priorités également
axées sur la relance, pensant à notre programme au niveau des PME, où on
vient soutenir les PME; on le sait, M. le Président, c'est extrêmement important au Québec. Et on doit également aider
ces PME là à pouvoir faire de l'exportation, c'est-à-dire transiger avec
l'extérieur — j'ai eu, dans ma carrière, l'occasion de
travailler à l'international. Il y a des ententes qui ont été conclues
avec la France, il y a des ententes qui ont
été conclues avec l'Union européenne. Et, bien sûr, il y a toujours nos
citoyens… nos voisins américains qui sont
là, avec qui il faut faire affaire. Donc, il faut être capables d'aider,
supporter les entreprises qui décident
de faire affaire avec l'extérieur et de travailler à l'exportation. On est
8 millions au Québec. On doit être capables de poursuivre, de
permettre à nos entreprises de grandir en transigeant avec l'extérieur.
Il
y a également plusieurs autres mesures d'ordre fiscal, que mes collègues auront
l'occasion de présenter au cours des prochains débats, pour aider la
PME. C'est extrêmement important.
On a également le
Plan Nord, pour lequel on a décidé de relancer ce projet fort important pour le
Québec. On y a travaillé lors de la
39e législature. Donc, c'est un projet pas seulement pour le Nord, c'est
un projet également pour le Sud, dans la réalisation des projets. Donc,
ce sont des programmes fort importants pour le Québec, pour sa relance et pour
les générations futures.
M. le Président, c'est
un budget important, c'est un budget pour lequel les citoyens du Québec nous
ont donné un mandat, et nous nous devons de réaliser les projets et les
programmes que nous présentons dans ce budget. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Montmorency, pour cette intervention. Mme la députée de Richelieu, je
vous cède la parole.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
Merci, M. le Président. Comme c'est la première fois que j'ai l'honneur de
parler en cette enceinte pendant cette législature, j'aimerais tout d'abord
vous féliciter pour votre élection à cette haute charge qui est de présider nos débats. J'aimerais aussi
féliciter et saluer l'ensemble des collègues, tous partis confondus, qui,
suite à cette élection, maintenant, ont la légitimité de siéger ici et de
défendre les intérêts des contribuables. J'aimerais aussi remercier mes
électeurs, qui m'ont encore une fois fait confiance.
M.
le Président, le budget qui a été déposé par le ministre des Finances a un
objectif louable : celui de l'atteinte de l'équilibre budgétaire. C'est
la voie pour l'atteindre, M. le Président, qui pose problème. En fait, l'enfer
est pavé de bonnes intentions, et, ici aussi, nous avons beaucoup de bonnes
intentions.
Avant
d'aller plus loin, M. le Président, j'aimerais expliquer très brièvement ce que
c'est que l'atteinte de l'équilibre budgétaire.
On pourrait rapidement dire : C'est que les revenus égalent les dépenses
et qu'on n'ait pas de déficit, un déficit zéro, mais ça veut dire également plus que ça, M. le Président. Ça veut
dire qu'on a un grand défi : celui d'augmenter les revenus sans hausse de taxe, sans hausse d'impôt
et celui de contrôler les dépenses sans nuire aux services et aux
citoyens.
M. le Président,
quand on dit à nos citoyens — pendant la campagne électorale, j'ai eu
la possibilité de le faire — quand
on explique aux citoyens ce que c'est que l'atteinte de l'équilibre et qu'on
parle en même temps des infrastructures… Nos
citoyens pensent que, quand on investit ou qu'on construit une route, c'est une
dépense. Mais, M. le Président, ce n'est pas une dépense. Les
infrastructures, dans notre cadre réglementaire ou dans notre façon d'établir
nos états financiers, les infrastructures ne sont pas des dépenses. Ça fait
que, quand on dit que nos revenus doivent égaler
nos dépenses pour atteindre l'équilibre budgétaire, n'entrent pas là-dedans l'ensemble
des infrastructures. En fait, les infrastructures,
ça s'en va directement sur la dette. Ça n'entre pas dans le cadre budgétaire,
ça augmente directement la dette. Je
vais y revenir un peu plus tard, M. le Président, mais ça nous permet d'expliquer
pourquoi le Parti libéral, en campagne électorale,
a basé toute sa stratégie de création d'emplois sur les infrastructures, c'est
que les infrastructures, ça ne nuit pas à l'atteinte de l'équilibre
budgétaire. On peut donc dire : On a un budget en équilibre, mais mettre
15 milliards de plus dans les infrastructures.
Ça fait que, quand on
promet 250 000 jobs basées sur l'augmentation des infrastructures, on ne
le fait pas en nuisant à l'équilibre
budgétaire, sauf qu'on le fait en nuisant à la dette. Et, par le fait même, M.
le Président, quand la dette augmente, le fardeau fiscal de l'ensemble
des Québécois augmente aussi, parce que le troisième plus grand poste budgétaire dans le budget, c'est le paiement des
intérêts, et non pas le remboursement de la dette, mais le paiement des intérêts. Donc, on nuit au fardeau fiscal des
générations à venir, naturellement, et de notre génération. Mais en plus
ça peut amener une décote. Parce que les agences de cotation nous surveillent.
Et, si on augmente notre dette et qu'on est
décotés, bien, naturellement, à chaque année, ça va nous coûter plus cher d'intérêts.
Ça fait que, M. le Président, on comprend donc pourquoi le gouvernement,
après son arrivée au pouvoir, a reculé là-dessus : parce qu'une décote
aurait, elle, augmenté notre fardeau de remboursement de dette.
M.
le Président, ce budget, c'est le budget des promesses brisées. Le budget du
Parti libéral, c'est le budget de l'austérité, c'est également le budget
d'absence de développement économique structuré et structurant. Et je vais m'expliquer
sur les trois axes, M. le Président.
C'est le
budget des promesses brisées parce que le gouvernement, pendant la campagne
électorale, connaissait très bien, très bien l'état de nos finances
publiques et, malgré ça, a promis 5 milliards de promesses électoralistes.
En fait, c'était le
cadre financier le plus onéreux de tous les partis politiques, M. le Président.
On s'est fait élire sur une base et présentement on recule partout, on
recule sur toute la ligne. On l'a vu, on recule sur les dépenses additionnelles
de 15 milliards en infrastructures. Et là-dessus, M. le Président, c'est
une bonne chose, parce qu'effectivement on aurait été décotés si on était allés
de l'avant. Mais on recule également sur la principale mesure de création d'emplois
qu'il y avait dans le cadre électoraliste.
En fait, on recule, depuis l'arrivée au pouvoir de ce gouvernement, sur la
grande majorité de ses promesses électorales,
ce qui ajoute beaucoup au cynisme de nos concitoyens, M. le Président, dans la
population, quand un gouvernement fait exactement le contraire de ce qu'il a
promis.
C'est
également le budget de l'austérité, M. le Président. Et là on a fait un peu de
sémantique, là : Est-ce que c'est de
l'austérité ou de la rigueur? J'ai fait une petite recherche dans les
dictionnaires, là, et «austérité» et «rigueur», c'est à peu près… ça partage les mêmes synonymes, «dureté
extrême», «sévérité», «rigidité». En fait, à qui ce budget-là va faire
mal? Il va faire mal aux familles, M. le Président, aux régions, aux plus
démunis, à l'environnement, et également à l'économie du Québec, M. le
Président.
Aux familles
parce qu'il va y avoir moins de places en garderie, il va y avoir des tarifs
plus élevés que ceux promis. Parce qu'on
a promis uniquement une indexation. Là, on l'a pour la prochaine année, mais on
nous dit que ce fameux comité qui va revoir l'ensemble des programmes va
revenir là-dessus, M. le Président. On fait mal aux familles avec l'augmentation
des taxes scolaires.
On fait mal
aux régions avec les coupes dans le budget des CLD, avec le couperet dans les
régions ressources : 3,2 millions
en Gaspésie, 1,6 million dans la vallée de l'aluminium et aucune somme
supplémentaire pour l'industrie forestière.
• (15 h 30) •
On fait mal aux plus démunis, M. le Président,
avec l'abandon de l'assurance autonomie, qui s'imposait tant socialement qu'économiquement, M. le Président. Le
service, le maintien à domicile, c'était essentiel. On a complètement
abandonné notre pilier Solidarité, M. le Président. Le pilier Solidarité, c'était
d'aider ces organismes qui aident les gens.
Et, si l'État devait faire ce que ces organismes font, M. le Président, ça coûterait beaucoup plus cher à l'État. Ce pilier Solidarité, non seulement il était payant
socialement, mais il était également payant économiquement, M. le Président.
On fait mal à
l'environnement avec le retour des minicentrales, avec la fin du
moratoire sur les gaz de schiste. M.
le Président, j'habite la vallée du
Saint-Laurent. Je représente une région importante. En fait, elle fait partie
du grenier des Québécois,
M. le Président. C'est une région qui est hautement habitée, et
je peux vous dire que, chez nous, les gaz de schiste, M. le Président, c'est
non, et ça sera toujours non, M. le Président. Et ce gouvernement doit le
comprendre et le comprendre immédiatement.
Je vous ai
dit également que c'était un budget qui n'avait aucune vision
de développement économique, M.
le Président. On coupe, sans considération, dans l'ensemble des dépenses et on fait
mal à l'économie, parce
que ce budget n'a aucune,
aucune politique structurante. On dit : On n'a que des voeux pieux. On a
des axes, on en parle beaucoup. Il n'y a aucun argent, ou à peu près, derrière ces
axes-là. Mais c'est surtout qu'il faut que le Québec prenne le chemin
de la compétitivité des entreprises manufacturières, M. le Président. On a
travaillé, à notre gouvernement, à une politique économique structurante, une politique
économique qui faisait en sorte, M. le Président, que nos entreprises soient
plus compétitives. On avait l'électrification des transports, M. le Président.
On avait une politique d'exportation, une politique nationale de recherche et d'innovation, qui
prenait l'innovation à partir de l'idée jusqu'à sa
commercialisation, M. le Président, une politique structurante de développement économique. Et qu'est-ce qu'on nous offre maintenant? La vieille recette libérale, M. le Président,
du béton, et de l'asphalte, et, quand on n'a pas de béton et d'asphalte, des
mots, des voeux pieux, des mots vides de sens, des politiques sans argent
derrière elles, M. le Président.
Le ministre des Finances a fait une grave erreur, selon moi, celle de
sabrer dans les crédits d'impôt à la
recherche et développement, l'ensemble des crédits d'impôt, et de le faire
coupe à l'aveugle, M. le Président, 10 %, 20 % partout. M. le Président, c'est dommageable pour notre
économie. C'est dommageable de couper maintenant puis de créer le comité
qui va réfléchir plus tard. Et là on nous dit, comble du malheur, M. le
Président, que l'année prochaine on va devoir aller chercher 650 millions
de plus dans les crédits d'impôt. M. le Président, ces crédits d'impôt ont
permis à notre économie de se développer,
ont permis à notre économie de créer des grappes industrielles, ont permis à
notre économie de créer des fleurons.
Si on cesse de soutenir la croissance de nos entreprises, de nos grappes
industrielles, de nos fleurons, M. le
Président, on recule. C'est un manque
de vision. Ça va faire mal, je le disais, aux grappes
industrielles, aux fleurons de notre économie, à l'industrie du
multimédia, M. le Président. On était troisièmes au monde en multimédia. C'était,
pour le Québec, un des secteurs de développement économique phares. Quand on coupe les crédits d'impôt, M. le Président, nos
compétiteurs se frottent les mains, nos compétiteurs se disent qu'enfin ils
vont pouvoir attirer les investissements qu'on avait chez nous.
M. le Président, une vision de développement
économique, ça doit se faire de façon
structurante, ça doit se faire dans
tous les secteurs, et il faut le faire avec des moyens, des moyens de faire en
sorte que nos entreprises qui créent de la richesse puissent
exporter.
M. le Président, on avait un programme qui était important dans notre politique
industrielle, celui des gazelles, et je
vais prendre quelques minutes pour en parler. Les gazelles, ce n'est pas pour
le gouvernement de choisir quelles sont les entreprises qui vont tirer leur épingle du jeu, c'est plutôt
d'identifier quelles sont les entreprises qui présentement
ont le plus haut taux de croissance. M. le Président, le programme des gazelles a été mis en place par les CLD, Investissement
Québec et les bureaux du ministère, qui ont travaillé conjointement à établir,
à identifier les critères et un comité national
qui a statué sur les critères, qui faisait en sorte que toutes les entreprises avaient un bulletin basé sur des
critères très concrets, basé sur les états
financiers de ces entreprises-là. M. le Président, 500 entreprises ont
passé le premier filtre. On devait
choisir 100 entreprises par année pour en faire 300 entreprises qu'on
aurait accompagnées de façon privilégiée. En fait, à la fois Investissement Québec, tous les acteurs économiques de
chacune des régions auraient gravité autour de ces entreprises-là pour faire en sorte que leur
croissance soit exponentielle. Investissement Québec aurait trouvé, partout
à travers le monde, quelles sont les opportunités d'affaires de ces
entreprises, M. le Président. Il leur aurait offert du financement personnalisé. Chaque entreprise aurait eu un mentor, chaque
entreprise aurait fait l'objet d'une planification stratégique structurée. Chacun des groupes ou des
entreprises qui soutiennent, partout à travers le Québec, dans chacune
de nos régions, nos entreprises auraient connu la planification stratégique de
ces entreprises-là de façon à mieux les soutenir,
de façon à accélérer leur croissance. Il y aurait eu, par l'École d'entrepreneurship
de Beauce, de la formation personnalisée pour les gazelles, M. le Président.
En fait, on
vient mettre fin, en ne soutenant pas ce programme-là, à la croissance de ces
grands fleurons de demain.
M. le
Président, il n'y a pas suffisamment de moyennes entreprises dans notre tissu
industriel et il faut trouver des façons
que nos petites entreprises deviennent des moyennes. Et ce n'est pas avec des
fonds d'investissement, des fonds de fonds,
comme il y a prévu dans le budget, c'est-à-dire qu'on va créer un fonds d'investissement
qui, lui, va investir dans d'autres
fonds d'investissement qui après vont faire l'émergence d'entreprises, qu'on va
créer des moyennes entreprises. Je n'ai
rien contre les fonds de fonds, mais, M. le Président, ça n'a pas d'impact sur
la création d'emplois à court terme. Ça a de l'impact seulement sur de
la création de petites entreprises dans certains secteurs technologiques. M. le
Président, il faut soutenir des entreprises
afin qu'elles deviennent des moyennes entreprises. C'est elles qui exportent le
plus, qui investissent en recherche et développement, qui forment leur
main-d'oeuvre. C'est les véritables créateurs de richesse, et il n'y a rien dans ce budget-là pour faire en sorte de
créer cette richesse, qui va nous permettre de la partager.
M. le Président, tantôt je disais qu'un budget,
c'est l'équilibre entre les revenus et les dépenses. Bien, l'augmentation des
revenus dans ce budget-là, c'est de l'augmentation de taxes et c'est de l'augmentation
d'impôts ou taxes déguisée. M. le Président,
ce qu'il faut augmenter, c'est les salaires des gens pour qu'ils paient plus
d'impôts. Ce qu'il faut augmenter, c'est les
impôts payables par nos entreprises parce qu'elles ont créé de la richesse, M.
le Président. Il faut contrôler les dépenses mais avec une vision de
développement économique.
Alors, M. le Président, je vais voter contre le
budget. Je vais voter contre parce que je suis inquiète. Je suis inquiète de ses conséquences sur le développement
économique, sur les familles, sur les régions. Je suis inquiète pour l'avenir,
M. le Président. Je suis inquiète également pour l'année prochaine, quand on a
prévu, comme augmentation de programmes,
seulement 6,7 %. M. le Président, quand on a présenté, nous, une
augmentation de 2 % pour l'ensemble des programmes, le Vérificateur
général nous a dit que c'était ambitieux. Je ne sais pas comment il va
qualifier 0,7 %. Je ne sais même pas si
on va lui demander de qualifier le 0,7 %. Mais je dois vous dire que je
suis très inquiète. On a également dans nos crédits cette année… On sait
qu'on va avoir une augmentation du salaire des médecins, mais on ne sait pas
combien ça va coûter, M. le Président, on ne sait pas quels autres programmes
on va couper.
En fait, on
nous dit qu'on doit couper 2,7 milliards dans l'ensemble des programmes,
M. le Président. On ne nous dit pas
où. À ça va s'ajouter l'entente salariale avec les médecins. On ne sait pas
encore, avec le cran d'arrêt, qu'est-ce qu'on va couper, M. le
Président.
En fait, ce budget, c'est le budget le plus
opaque qu'on a vu. On a des crédits, mais, malgré ces crédits-là, on ne sait pas où on va couper. M. le Président, c'est
le budget des promesses non tenues. Selon moi, c'est un budget noir qui
me rappelle un peu une vieille chanson de Raymond Lévesque, qui disait :
La veille des élections, il t'appelait son fiston,
puis, le lendemain des élections, il avait oublié ton nom. Bien, c'est à peu
près ça qui est arrivé avec la campagne électorale libérale et avec le
budget qu'on a devant nous, M. le Président. Merci beaucoup.
Des voix : …
• (15 h 40) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Félix Leclerc. Voilà, pas de problème. Merci à vous, Mme la députée de
Richelieu. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre de la Réadaptation,
de la Protection de la jeunesse et de la Santé publique. Je vous cède la
parole.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Félicitations, vous avez eu mon titre au complet.
Alors, à mon tour de faire ma réplique sur le discours sur le budget, et
je suis bien contente.
Je veux vous dire, M. le Président, que notre
gouvernement pose déjà maintenant des gestes structurants pour relancer notre
économie, contrairement à ce que ma collègue de Richelieu vient de dire, et
redresser nos finances publiques. On veut que le Québec crée plus de richesse
et soutienne davantage l'emploi.
En 2013, malheureusement, le Québec n'a pas pu
profiter de la reprise économique. Je m'interroge quand on critique notre plan d'action, alors que leur plan d'action a fait ses preuves. D'ailleurs, c'est pour ça que nous nous sommes retrouvés de ce côté-ci de la Chambre. Il faut
donc rétablir la confiance des investisseurs
et des consommateurs, M. le Président.
Les Québécoises et Québécois méritent une meilleure posture économique, une
prospérité économique. C'est une priorité pour nous. Vous savez
pourquoi, M. le Président? Parce qu'assurer le maintien des services de santé
et de l'éducation et le service aux plus
vulnérables, réduire notre dette et diminuer notre fardeau fiscal, ça prend une
économie en santé pour tout faire ça.
Notre situation
actuellement, M. le Président, est claire : le déficit budgétaire de l'année
2013‑2014 s'élève à 3,1 milliards. M. le Président, c'est
600 millions de plus que ce qu'avait prévu le précédent gouvernement. La
réalité est que nous ne pouvons plus
attendre, et agir le plus rapidement possible, c'est une obligation. Notre
gouvernement, plus précisément mon collègue le ministre des Finances, le
député de Robert-Baldwin, sera de ramener… son défi sera de ramener le déficit budgétaire à
2 350 000 000 $ en 2014‑2015 et puis à l'équilibre
budgétaire en 2015‑2016. Mais vous savez quoi, M. le Président? S'il n'y avait rien
eu de fait sous le précédent gouvernement, nous aurions eu
5,9 milliards de dollars de déficit budgétaire plutôt que
2 350 000 000 et, en 2015‑2016, plutôt que d'avoir un déficit
zéro, nous aurions eu 7,6 milliards de
dollars de déficit. Je m'interroge toujours sur le sérieux de la démarche de
mes collègues d'en face quand je les entends parler de notre discours
sur le budget, alors que leur performance était désastreuse.
M.
le Président, afin d'éviter — tous les chiffres dont je viens de vous
donner — qu'on ait des surprises quand on arrive au
gouvernement, le ministre des Finances a fait en sorte que ça ne se reproduise
plus… et faire en sorte que les citoyens
soient mieux informés. Il a donc annoncé qu'au plus tard trois mois avant la
tenue de prochaines élections générales il va rendre publics un rapport
sur les finances publiques et tout l'état des finances publiques. Et ensuite vous savez quoi, M. le Président? Le Vérificateur
général, qui est non partisan, hein, c'est une institution, aura le
mandat d'examiner ces chiffres, faire en sorte que la population, avant d'aller
voter, sache exactement ce qui se passe. Pour nous,
c'est une question de transparence. La transparence, ce n'est pas juste dans la
bouche qu'il faut que ça se passe, là, c'est dans l'action. Mon père vous
aurait dit : Il faut que les bottines suivent les babines.
Alors,
pour nous, c'est important d'avoir des finances publiques saines, c'est
important d'avoir du développement économique et c'est important d'être
transparents. Comment on va faire pour que le développement économique puisse se passer? Bien, M. le Président, la
relance de l'investissement privé, et le soutien de nos PME, nous tient à
coeur, et nous allons agir en ce sens-là. Il
y a la stratégie maritime. Il y a cinq axes, hein, sur lesquels on va
travailler : la relance du Plan Nord, l'exploitation responsable de
nos richesses naturelles et, bien entendu, le maintien et le développement de
nos infrastructures. Mais je vais vous parler de certains d'entre eux qui nous
touchent plus spécifiquement dans Vaudreuil-Soulanges.
Ma collègue de Vaudreuil aura certainement l'occasion de vous dire à quel point
on a des enjeux qui sont communs.
Parlons donc, d'abord,
de la stratégie maritime. M. le Président, dans la stratégie maritime, je vais
vous dire que c'est hyperimportant pour le
comté de Soulanges. Vous allez me dire : Comment se fait-il que c'est
important chez vous? Bien, c'est
parce que «la stratégie maritime — c'est écrit noir sur blanc dans le discours
sur le budget — mettra en valeur le potentiel du
fleuve —
le fleuve Saint-Laurent, c'est chez nous, hein? — et de l'estuaire du
Saint-Laurent». Elle donnera un nouvel élan au transport maritime, un mode de
transport sécuritaire, stimulera le développement économique des régions côtières, depuis la Montérégie, chez nous, jusqu'à
la Côte-Nord. La stratégie maritime déclenchera des investissements
majeurs tout en soutenant un grand nombre d'emplois. Ce qui va être concomitant
à ça, M. le Président, il y a aussi le Plan
Nord. Vous vous souvenez, le Plan Nord, qui avait été présenté par notre
gouvernement, bien nous allons le redémarrer pour faire en sorte que… Ça va
ensemble, hein, la stratégie maritime et le Plan Nord. Vous savez, moi, je me souviens, quand on avait démarré tout ça, il y
avait des bateaux qui partaient du port de Valleyfield puis qui s'en allaient vers le Grand Nord,
justement, remplis de marchandises pour aller là-bas, pour s'installer
correctement pour les gens qui y travaillent. Alors, vous comprenez qu'il y a
un lien étroit entre les deux.
Mais pourquoi la
stratégie maritime est-elle si importante que ça pour Vaudreuil-Soulanges?
Bien, parce qu'il y aura l'implantation d'un
pôle logistique à valeur ajoutée, et c'est une décision qui nous apparaît
incontournable. Dans la région de Vaudreuil-Soulanges, nous avons, M. le
Président, CN, CP, CSX à proximité, nous avons l'autoroute 20,
l'autoroute 40, l'autoroute 30. Nous avons également le port
de Valleyfield. Nous sommes à proximité du port de Montréal. Ce n'est pas une décision politique, M. le Président, c'est une décision logique, logique parce qu'on est à toutes les portes d'entrée des
axes routiers. Non seulement ça, mais
nous sommes à la limite de l'Ontario, où se
déploient actuellement des emplois en grande quantité, alors qu'on voit
passer tout le trafic sur notre territoire. Alors, c'est là
qu'il faut que se développe… il faut qu'on
arrête le transport, justement pour éviter qu'ils s'en aillent en Ontario.
Et ça n'a rien de politique, c'est tout
logique.
Je vous invite, M. le
Président, à lire la revue Le Partenaire, qui est imprimée dans notre
coin, ils vont vous expliquer tout ça dans le détail. Ceci étant, je sais qu'ils
aimeraient ça avoir mon comté, mais ils ne l'ont pas. C'est
malheureux.
Alors, il y a aussi
toute la renaissance du Plan Nord dont je vous ai parlé et il y aura aussi les
investissements majeurs en infrastructures. Dans les investissements majeurs en
infrastructures, je suis très heureuse d'avoir constaté, tout comme ma collègue de Vaudreuil, que dans le
PQI non seulement tout ce qui concerne le pôle logistique de transports
est déjà dans la catégorie Étude, mais aussi
le centre hospitalier de Vaudreuil-Soulanges qui est
aussi là-dedans. Et je veux rassurer les citoyens, parce que les études
qui ont déjà été faites vont rester faites, M. le
Président. Puis on a été, malheureusement, déçues de voir, quand on est
arrivées, ma collègue de Vaudreuil et moi, qu'il n'y avait pas de
travail véritable qui avait été fait durant les 18 derniers mois. Mais
nous allons reprendre le travail, et, à ce
moment-ci, le dossier est déjà dans le Plan québécois des infrastructures, ce
qu'on appelle le PQI.
Donc,
il n'y a plus de recul, M. le Président. Nous allons poursuivre de là où il a
été arrêté et nous allons faire en sorte que ce projet arrive pour 2020,
la construction finale.
Alors,
M. le Président, quand on est arrivés, tout de suite
on a mis, le 24 avril dernier, des mesures pour faire en
sorte que… Le contrôle des dépenses a été annoncé. On a mis en place le cran d'arrêt,
et l'ensemble des ministères ont dû mettre l'épaule
à la roue. Nous allons mettre en place la commission de révision permanente des
programmes, ce qui va permettre un
repositionnement et la mise en place d'un processus d'évaluation continue pour
faire en sorte que… recentrer l'action
de l'État dans ces programmes prioritaires, là où les besoins sont les plus
pressants. Notre gouvernement opte pour une gestion rigoureuse et
responsable des dépenses publiques, et je vais vous dire que les citoyens de
Soulanges n'en sont pas peu fiers.
C'est
ainsi que les Québécoises et Québécois souhaitent que nous gérions leur argent,
tout comme les Soulangeois, leurs taxes et leurs impôts.
Pour les
familles, dont j'ai entendu parler… Et j'ai vu, en fin de semaine, mon… J'avais
vu ici, M. le Président… Nous avions donné une entrevue, Mme la députée
de Vaudreuil et moi, sur le budget, mais j'ai
vu à l'endos que mon collègue
de Beauharnois avait le sien, sa critique. Et à la fin — je me permets de rectifier, pour la population qui
nous entend — j'ai vu qu'il avait sensiblement les mêmes lignes
que la députée de Richelieu, mais il ajoute à
la fin… On va confirmer certains
faits, parce qu'il dit : «Par ailleurs,
aucune somme ne sera versée aux organismes communautaires, et toutes celles prévues [dans] le pilier de
solidarité sont annulées.»
Là, je vais rassurer les organismes
communautaires de ma région, et je les invite
à me téléphoner, et on va se rencontrer, parce que c'est absolument faux, il n'y a pas eu
une cenne de coupures, M. le Président. Il y a eu 5 millions de
plus d'ajoutés pour les organismes communautaires. Et
faire écrire ça dans le journal, c'est terrible.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : M. le leader adjoint de l'opposition
officielle.
M.
Bergeron : M. le Président, j'écoute attentivement la
députée, le discours de notre collègue la
députée de Soulanges et je ne peux m'empêcher
de remarquer qu'elle a laissé entendre, sinon même
affirmé sans ambages que ce qu'aurait
dit notre collègue de Beauharnois est faux. Ne devons-nous pas présumer que ce
que disent les collègues est vrai, M. le Président? Alors, j'invite la
députée de Soulanges à peut-être un peu plus de prudence dans ses propos.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je crois que, pour
avoir entendu ce que notre collègue faisait, M. le Président, c'était relater
des propos tenus, rien d'autre. Alors, je pense que notre collègue peut
continuer.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Je vous invite quand même à la
prudence, Mme la ministre, s'il vous plaît.
• (15 h 50) •
Mme
Charlebois : M. le Président, il n'en demeure pas
moins que le député de Beauharnois ne doit pas être au courant de ses
affaires. C'est dans le journal Première Édition,
samedi le 7 juin 2014, M. le Président. Je ne fais que répéter ce
qui est écrit là.
Je veux aussi
vous dire, M. le Président, que pour les familles, quand on parle de
1 000 $ de plus pour services de garde, quand tu as deux enfants, c'est
beaucoup d'argent. Alors, quand ils me disent qu'eux autres, ils s'occupaient
des familles, là, bien je pense que c'est de ce côté-ci plus que ça se passe.
Quand on parle de famille, on a aussi bonifié
de 50 millions l'enveloppe pour le fonds
de développement de sport et activité physique, des projets d'installations. C'est plus qu'important. Moi, je suis très heureuse
aussi de pouvoir m'assurer que des places en service de garde vont être développées.
Mais ce que j'ai apprécié le plus dans le
budget, c'est qu'on
a protégé les fonds destinés aux organismes communautaires. On a protégé, pour l'itinérance,
des budgets de 8 millions de dollars. On a assuré la construction de
2 500 logements sociaux, dont 500 seront dédiés aux personnes en situation
d'itinérance.
Bref, je pense qu'on
a fait notre travail. On s'occupe de développement économique. Leur bilan n'est pas très,
très reluisant. Qu'ils nous laissent donc
travailler. On va leur montrer comment faire du développement
économique, faire de la prospérité pour pouvoir mieux la partager avec les
gens. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre, pour cette intervention. M. le
député de Johnson, je vous cède la parole.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Merci, M. le Président. Le dépôt d'un budget est toujours un moment important pour une
législature, puis c'est
avec un immense plaisir que j'accueille le privilège d'avoir
l'opportunité, aujourd'hui, d'y donner
la réplique. Et puis cette réplique, elle ne
se fera pas sur le ton de la dénonciation mais plutôt sur le ton de la
collaboration. Et puis on n'y verra pas de grande partisanerie, mais par contre on n'y verra pas non plus l'éloge d'un budget qu'on a
qualifié d'incomplet.
Il faut
remonter aux élections, M. le Président, pour se souvenir que, tout au long de
la campagne, la Coalition avenir Québec a,
chaque jour, expliqué aux citoyens du Québec
quelle était la situation difficile du Québec et quels seraient les moyens qui devraient être pris pour redresser cette
situation-là. Et, au lendemain des élections, bien
là, un petit peu comme par
magie, il y a comme un consensus qui s'est élevé, et
ce consensus-là s'est élevé à l'extérieur des
murs de cette Assemblée, M. le Président, ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui
les Québécois et les Québécoises ont compris l'urgence d'agir, et puis ils saisissent les enjeux et ils demandent
une intervention rigoureuse et vigoureuse de la part du gouvernement. Et
force est de constater quelques jours après le dépôt du budget que les
Québécois restent perplexes face à l'atteinte
des objectifs proposés. Ils reconnaissent la volonté du gouvernement d'agir mais ne voient pas l'application concrète de cette
volonté et doutent même des objectifs. M. le Président, le chef de la coalition, hein, et moi-même je
le répète… le budget qui nous a été présenté
est un travail à moitié fait. En matière de finances publiques, il présente
les bons objectifs mais oublie d'étaler l'ensemble
des mesures qui devront être appliquées pour l'atteinte de ces
objectifs. Il est donc normal que les
Québécois soient sceptiques quant à la réussite de ce redressement qui est
souhaité par le premier ministre. Ils
se sont fait chanter la chanson du contrôle des dépenses par les derniers
gouvernements successifs et ils savent pertinemment que l'urgence d'agir aujourd'hui est le résultat de l'incapacité de
ceux-ci à y parvenir dans le passé.
Les
objectifs du gouvernement sont donc bons, nous le reconnaissons, mais les
finances publiques ne sont qu'un des deux piliers sur lesquels repose le budget. Et
c'est précisément la faiblesse du second, la
relance de notre économie, qui déçoit énormément la Coalition avenir
Québec. Soyons très clairs, l'un ne peut pas
aller sans l'autre. Il n'est tout simplement pas possible
de parler de redressement de finances publiques sans parler de hausse de
revenus et il n'est
pas possible de parler de hausse de revenus sans parler de relance de l'économie.
Et c'est un calcul bien simple que le
gouvernement semble avoir omis de faire.
M.
le Président, l'économie québécoise connaît un déclin tranquille qui n'est pas conjoncturel. C'est
un problème qui est structurel, qui
nécessite un changement de culture dans chacune des sphères de notre société
québécoise, de même qu'un effort de chaque acteur qui la compose. Et ce
déclin, qui a certainement été accentué par la
dernière crise, n'est
ni plus ni moins que le résultat d'un manque
de vision des gouvernements des 40 dernières
années. Lors de mon intervention, il y a quelques semaines,
en réponse au discours inaugural, je posais la question suivante : Que reste-t-il des 40 dernières années de développement
économique proposé par les gouvernements péquistes et libéraux? Le sombre portrait de l'économie québécoise, on le connaît.
On n'a qu'à
penser à nos problèmes au niveau de l'emploi,
l'investissement privé, l'écart de richesse avec le reste du Canada et l'Ontario,
les problèmes de consommation, la productivité, la balance commerciale, qui a atteint un sommet de 25 milliards, sans
compter notre dette. C'est, malheureusement,
le bilan auquel nous sommes confrontés, M. le Président.
Mais,
M. le Président, à cette situation déjà très difficile s'ajoute dorénavant une
nouvelle difficulté très importante. Nous savions depuis longtemps que
viendrait un temps où la démographie particulière du Québec serait la source de
grands changements et la cause de défis
considérables. Eh bien, ce jour est arrivé. Cette
année marque une première, c'est
la première fois que le nombre de travailleurs qui quittent le marché du
travail est supérieur à ceux qui arrivent sur le marché du travail, M. le Président. À compter de maintenant, en raison du vieillissement de notre population,
le bassin de travailleurs potentiels
diminuera au cours des prochaines années au Québec alors qu'au Canada
il continuera de progresser. De 2014 à 2018, la population de 15 à 64
ans devrait décroître en moyenne de 0,2 % par année au Québec, alors qu'au
Canada une croissance de 0,4 % par année est anticipée.
Ce
défi démographique, M. le Président, auquel nous sommes confrontés est très
préoccupant. Mais comment ça se
traduit, ça, concrètement, dans notre réalité? Il y a 30 ans, le ratio de travailleurs
par retraité était de sept. Aujourd'hui, il est de cinq pour un et, dans
15 ans d'ici, il sera tout juste de deux pour un. Et qu'est-ce que ça veut dire
dans un premier temps, M. le Président? C'est
que ça va amener une ère de déconsommation. Ça s'explique comme suit. Les
gens, quand ils prennent leur retraite, pour la plupart — au
Québec, c'est une personne sur deux — subissent une baisse de leurs revenus. Et aujourd'hui, on le sait, on vit
beaucoup plus vieux. Alors, quelqu'un qui prend sa retraite aujourd'hui
à 65 ans, qui subit une baisse de revenus et qui contemple encore toute cette
vie-là qui lui reste, il est insécure, il a sa baisse de revenus et puis il ne sait pas combien de temps, il ne sait
pas s'il va avoir assez d'argent pour subvenir à ses besoins. Alors, qu'est-ce
qu'il va faire? Il va réduire sa consommation.
On
est rendus là, M. le Président. L'an passé, on a eu des problèmes de
consommation. Cette année, on va avoir une baisse de la consommation. Ça pose aussi un problème, un défi aussi au
niveau de la pénurie de la main-d'oeuvre qu'on va expérimenter ici, au Québec, hein? Alors, tout ça ensemble, ça fait
une pression à la baisse sur les revenus de l'État.
Alors,
c'est un peu, si on veut le comparer… c'est comme une marée qui se retire,
hein, au moment où on essaie de rejoindre la rive, hein? Imaginez, nous
devons non seulement relancer notre économie qui stagne depuis des années, mais
nous devons aussi la relancer tout en faisant face aux difficultés économiques
causées par nos changements démographiques.
Les solutions seront complexes, et, si ce défi n'est pas surmonté, les effets
négatifs seront multiples. Voici où
se trouve le Québec d'aujourd'hui : confronté à un déclin tranquille qui
met en péril l'avenir des travailleurs et des travailleuses d'ici, un
déclin qui nous traîne vers le bas et qui doit nous forcer à nous remettre en
question, M. le Président. Je le répète, M.
le Président, ce que l'on doit observer, c'est que les difficultés liées à la
croissance économique ne sont pas conjoncturelles au Québec, elles sont
structurelles. Ça ne regarde pas bien. On a un déficit structurel qu'on nous a
annoncé, on a un accroissement structurel de la dette et on a une croissance
anémique structurelle de notre économie. Et,
pour venir à bout de notre déclin tranquille, il importe donc, M. le Président,
de voir à redéfinir les assises sur lesquelles repose notre
développement économique. Nous devons être créatifs, faire preuve d'audace et
de vision et nous devons réinventer ces assises, M. le Président.
Nous sommes
confrontés à une situation exceptionnelle qui exige de nos gouvernements une
réponse exceptionnelle. Une réponse
exceptionnelle, M. le Président, on n'en retrouve pas dans ce discours-là, dans
le discours inaugural du premier
ministre et celui du ministre des Finances. Ça, c'est inquiétant. C'est
inquiétant, parce que définir les nouvelles
assises pour un développement économique durable au Québec, M. le Président, ce
n'est pas quelque chose qui est souhaitable, ce n'est pas quelque chose
qui est nécessaire, c'est quelque chose qui est urgent. Et, encore une fois, nulle part dans le discours du nouveau
gouvernement on ne retrouve ce sentiment d'urgence, M. le Président, et
encore moins une vision pour y répondre. C'est
ça qui nous inquiète grandement. Les mesures disparates mises de l'avant
par les gouvernements successifs dans le
passé ne permettent plus aujourd'hui de soutenir de façon dynamique notre
économie. Le ministre de l'Économie peut
bien nous dire que son budget comporte des mesures, mais le manque de vision et
de direction de ce qui est sur la
table est préoccupant, au point même où l'on peut se demander sérieusement
comment ce gouvernement compte
respecter sa promesse de créer 250 000 emplois. D'accord, M. le Président,
le ministre présente, dans son budget, cinq axes qui se veulent des
éléments de relance. Mais nous verrons, en abordant brièvement ce que nous
pourrions appeler des mesurettes, que nous
sommes loin de l'électrochoc qui permettra de stimuler notre économie. Nous
sommes encore bien plus loin d'un véritable projet de développement économique
durable qui modernisera notre économie.
Alors, qu'en est-il,
de ces cinq axes, M. le Président? Un premier axe, c'est un nouvel appui aux
PME manufacturières. On le sait, le secteur manufacturier ne va pas bien, et ça
s'est accéléré depuis la crise de 2008. Il s'est
d'ailleurs perdu 15 000 emplois dans ce secteur le mois dernier. Nous
voyons donc d'un très bon oeil la baisse du taux d'imposition de 8 % à 4 % pour les PME. C'est d'ailleurs
ici probablement la proposition économique qui est la plus porteuse dans ce budget.
Il est cependant décevant de voir que, parmi les oubliés de ce budget, les
grandes entreprises n'auront rien pour favoriser leur développement à
court terme.
• (16 heures) •
Et, en parlant d'entreprises, nous ajoutons
aussi que ce gouvernement a le devoir de réussir à susciter un changement culturel en ce qui a trait à l'entrepreneuriat
et aux entreprises en général. La fibre entrepreneuriale n'est pas assez
valorisée au Québec. Nous devons la stimuler et en changer l'image, car se
lancer en affaires est risqué, mais c'est la
source même du dépassement de soi et
de l'accomplissement. Nous devons être fiers des milliers d'entrepreneurs
qui font le saut et qui bâtissent une réussite qui est la leur, mais qui
devient aussi la nôtre et nous profite. Rappelons que 70 % des nouveaux
emplois créés sont par les PME. Nous devrons développer les moyens de cultiver
davantage l'esprit entrepreneurial au Québec, M. le Président, afin de
pouvoir miser sur une économie de propriétaires dont nous pourrons être fiers.
Nous devrons devenir les champions de l'entrepreneuriat.
M. le
Président, le salut du Québec, le salut du développement du Québec passera par
l'accueil et la création de nombreuses entreprises qui seront des
championnes de l'exportation, dont les produits seront recherchés partout dans
le monde et dont la réputation fera la fierté de l'ensemble des Québécois. Dans
cet esprit, nous nous devons et ce gouvernement se doit de créer un
environnement dans lequel les conditions seront hautement propices à la
création et au développement de nos entreprises, et nous nous devons d'être
ouverts aux investisseurs étrangers et leur offrir une terre d'accueil sans pareil pour leurs entreprises. Dans ce contexte, M.
le Président, nous trouvons bien maigres les mesures annoncées dans ce
budget en ce qui a trait aux entreprises.
La mise en oeuvre de la stratégie maritime… le
deuxième axe, M. le Président, vous le savez, c'est l'un des principaux volets mis de l'avant par le Projet
Saint-Laurent de la coalition, c'est le transport maritime, un secteur
porteur pour notre économie. Que le Parti
libéral copie le programme de la coalition, c'est une chose, mais qu'il se
limite à une intention et, entre
autres, un maigre 7 millions d'ici 2016‑2017 est certainement peu
encourageant vu l'importance que ce gouvernement
semble accorder à ce secteur. Que ce soit pour la mise en place d'un pôle
intermodal ou le développement de l'innovation
dans le secteur maritime, le gouvernement semble presque ne pas souhaiter
véritablement s'investir dans le développement
de sa propre stratégie. En effet, alors que, pendant la campagne, le chef du
Parti libéral disait vouloir miser sur
les biotechnologies, je dois avouer que c'était toute une surprise de voir,
dans le budget, que le gouvernement réduit le crédit d'impôt dans les
secteurs de la biotechnologie marine, de la mariculture et de la transformation
des produits.
Le troisième axe, M. le Président, fait renaître
le Plan Nord dans les dimensions économiques, sociales et environnementales. La coalition croit qu'il est
important de relancer le secteur minier. C'est pour cette raison qu'à l'automne
dernier elle prit l'initiative de présenter
un document de modifications de la Loi sur les mines et qu'elle collabora
avec le gouvernement pour que soit adoptée
rapidement une nouvelle loi sur les mines. La Coalition avenir Québec voit
donc d'un très bon oeil la relance du Plan Nord.
Cependant, il est difficile de percevoir, dans
le budget, les mesures qui vont permettre de stimuler le secteur et lui redonner son souffle. De plus, la réduction
du crédit d'impôt remboursable relatif aux ressources affaiblira la
capacité des minières à se lancer dans de
nouveaux projets d'exploration, M. le Président. Dans ce contexte comme pour
l'ensemble de notre économie, le
gouvernement ne doit pas croire que la simple aura de son élection relancera l'industrie
minière. Des efforts supplémentaires devront être faits, et la coalition suivra
de près les résultats.
Le quatrième axe, M. le Président : miser
sur les ressources naturelles. Le gouvernement a récemment pris la décision de
poursuivre le développement des ressources pétrolières. Nous soutenons cette
volonté, car nous croyons qu'il est ici
question d'équité intergénérationnelle. Nous sommes donc en faveur du
développement des hydrocarbures; c'était
d'ailleurs un des volets importants du projet mis de l'avant par le chef de la
coalition. Nous souhaitons cependant que ces activités d'exploration et
d'exploitation se fassent dans le respect des plus grandes normes
environnementales et des communautés locales.
Quant au
cinquième axe, continuer d'investir dans les infrastructures, le Parti libéral
a fait campagne en promettant une hausse substantielle, de
15 milliards de dollars supplémentaires sur les 10 prochaines années, des
dépenses en immobilisation. Avec une dette
qui atteindra cette année près de 55 % du PIB, il serait irresponsable d'alourdir
davantage une dette pour bonifier un
programme d'infrastructure qui déjà est à hauteur de 90 milliards. La
mesure proposée par le gouvernement a
cette facilité qu'elle se fait directement sur la carte de crédit de nos
enfants. Heureusement, le gouvernement a décidé de ne pas aller de l'avant,
M. le Président. Le chef de la Coalition avenir Québec a demandé à plusieurs
reprises de ne pas investir dans le béton, mais dans l'innovation et la
consommation. Il semble que le premier ministre ait préféré ne faire ni l'un ni
l'autre, et ce, nous le déplorons.
M. le Président, je terminerai mes commentaires
sur le budget en disant quelques mots pour les contribuables québécois, des Québécois qui, à titre individuel,
se trouvent bien esseulés suite à la lecture du plan budgétaire. Depuis le 7 avril, le premier ministre a été ferme :
la hausse des tarifs d'électricité sera maintenue, la taxe scolaire sera
maintenue, il ne sera pas question de réduction du fardeau fiscal avant deux
ans, soit après le dépôt du rapport de la commission sur l'évaluation de la
fiscalité.
Pire, M. le
Président, nous apprenions la semaine passée que les contribuables québécois subiront une nouvelle hausse de leurs taxes scolaires, alors même que le
budget annonçait une hausse des frais de garderie pour les années à
venir.
Le chef de la
coalition a régulièrement répété que la consommation des ménages constitue 60 %
de notre économie. D'ailleurs, on évalue à
450 millions en rentrées fiscales pour le gouvernement chaque point de
pourcentage supplémentaire de la croissance de la consommation des ménages.
Donc, lorsque la consommation des ménages est en
recul, c'est l'économie québécoise dans son ensemble qui stagne, M. le
Président. En tournant le dos aux contribuables, le ministre des
Finances rejette une rare opportunité de relancer la demande, de créer de l'emploi
et ainsi stimuler notre économie. Nous lui
demandons ainsi de miser sur les contribuables et de donner du souffle à notre
économie en rehaussant le pouvoir d'achat des Québécois.
Ils peuvent y arriver en respectant leurs engagements de campagne, notamment en
annulant la hausse des tarifs d'électricité tel que promis, en abolissant
progressivement la taxe santé en commençant par ceux qui ont un revenu de moins
de 45 000 $ et en prévenant toute hausse de taxes scolaires.
M.
le Président, le budget qui a été déposé la semaine dernière n'apporte pas de
vision cohérente qui permettra, à court
terme ou à moyen terme, de moderniser notre économie. Ce que le budget nous
présente, c'est une série de mesures qui,
dans un lointain passé, auraient peut-être pu contribuer à relancer l'économie.
Mais, aujourd'hui, ce qui est proposé n'est
pas approprié, c'est une démarche dépassée et un manque de vision qui ne
correspond en rien aux défis auxquels le Québec est confronté.
Et je l'ai dit un peu
plus tôt, nous faisons face à des enjeux démographiques importants. Notre
productivité n'est pas suffisante et le
marché de l'emploi n'arrive toujours pas à prendre de la vigueur. Pour réussir,
il faut que le Québec prenne sa pleine mesure et que l'on mise sur l'expertise
et le savoir-faire des gens d'ici. Il faut que nous mettions en place un vrai projet de développement économique
durable qui touche différents secteurs de notre société et qui permettra
réellement à notre économie de prendre le virage du savoir.
Du
côté de la coalition, M. le Président, ce projet, le chef de la coalition l'a
créé et l'a présenté dans un livre et tout
au long de la dernière campagne électorale. Ce projet, c'est le Projet
Saint-Laurent. Reposant sur huit volets différents mais complémentaires, le Projet Saint-Laurent mise
avant tout sur l'innovation, mais aussi sur la confiance que nous avons qu'il est possible de faire mieux au Québec, que
le moment est venu de tourner la page sur des mesures du passé. C'est
ainsi que nous prévoyons faire émerger, sur
les berges du Saint-Laurent, la vallée de l'innovation. De la Gaspésie à
Montréal, en passant par Lévis, l'Abitibi, la Beauce et j'en passe, il serait
possible de voir éclore des zones d'innovation dans lesquelles se
conjugueraient le talent de nos chercheurs et le dynamisme de nos
entrepreneurs. Ces zones seraient appuyées
par un programme ambitieux de collaboration universités-entreprises afin que se
développent de vraies synergies. La
recherche fondamentale pourrait bénéficier des réflexes de commercialisation
des entrepreneurs et, à l'inverse, M. le Président, nos entrepreneurs
pourraient tirer davantage de cette recherche universitaire.
Le Projet
Saint-Laurent mise aussi bien, évidemment, sur le transport maritime. Le
gouvernement en sait quelque chose puisqu'il semble n'avoir lu que ce chapitre
du livre du chef de la Coalition avenir Québec. La grande route bleue, imaginée
par notre chef, est un plan précis pour développer l'énorme potentiel de la
voie maritime du Saint-Laurent. En proposant
plusieurs mesures pour stimuler la croissance du secteur maritime québécois,
nous pourrions renforcer notre expertise et favoriser la nouvelle
approche intermodale, qui optimiserait le transport moderne de marchandises.
J'ai déjà parlé de l'exploitation
des hydrocarbures, je n'y reviendrai pas, sauf pour insister sur l'importance de ces secteurs pour notre économie, dans la
mesure où les activités se conduisent en respectant les principes de base
du développement durable et dans une optique
d'équité intergénérationnelle. Parce qu'un projet de société ne doit pas se
faire au détriment de l'environnement, nous
avons proposé de protéger ce que nous avons de plus précieux : notre
fleuve. Nous y arriverons en décontaminant ses berges et en dépolluant
son eau. Car c'est également autour de ce joyau que nous proposons de mettre en place un nouveau circuit d'agrotourisme
qui valoriserait le savoir-faire de nos régions, développer le tourisme pour la richesse que cela apporte aux
communautés locales, mais aussi parce que nous sommes fiers de la beauté
de notre paysage et de ce que les gens de nos régions font quotidiennement pour
valoriser leur localité.
Au développement du
tourisme pour la richesse que cela apporte aux communautés locales s'ajoute
aussi la riche biodiversité qui caractérise
l'estuaire du Saint-Laurent, que nous devons protéger avec courage et vision à
long terme. La présence des majestueux mammifères marins qui visitent
nos eaux en font un endroit unique au monde, autour duquel pourra s'articuler,
pour des générations à venir, la vie économique de plusieurs de nos
communautés.
• (16 h 10) •
Et le dernier volet
du Projet Saint-Laurent, M. le Président, n'est nul autre que l'adoption d'une
politique nationale de l'architecture et de
l'aménagement, l'architecture comme expression de nos valeurs mais aussi de
notre identité. Le Projet
Saint-Laurent a pour moteur l'innovation d'ici, car c'est l'innovation qui nous
permettra à tous, peu importe le secteur,
d'accroître notre productivité et de vaincre les défis démographiques auxquels
nous serons confrontés. Pour la Coalition
avenir Québec, c'est en prenant le
virage de l'économie du savoir que nous pourrons créer de façon durable de la richesse et de la
prospérité qui profiteront à l'ensemble des Québécois.
Tout
ça m'amène à vous parler, M. le
Président, de la vision que nous
avons pour le Québec. En nous projetant dans le futur, à la Coalition
avenir Québec, nous voyons le Québec
en compétition avec les meilleurs au monde pour que le produit de l'innovation que nous
produisons ici chez nous soit le plus compétitif. Nous voyons les universités
québécoises attirer les meilleurs chercheurs et former les meilleurs étudiants,
mais aussi travailler étroitement en collaboration avec les entrepreneurs de chez nous pour que l'expertise de l'un vienne
renforcer le savoir-faire de l'autre. Nous voyons le magnifique paysage québécois, celui de nos
régions, mais aussi celui de nos centres urbains, ouvert au monde,
partagé et admiré pour sa beauté. Et finalement nous voyons le fleuve Saint-Laurent
comme vecteur d'espoir et une inspiration de réussite.
C'est
ça, M. le Président, un véritable projet de développement économique et
durable. Ça se construit autour d'un élément source, d'une vision d'avenir,
et ça s'applique par la cohérence de ses volets et la complémentarité de ses éléments. La mise en oeuvre de ce projet jetterait
vraiment les bases de nouvelles assises pour un Québec du XXIe siècle. Il n'y a pas de magie, M. le Président, mais ça
prend du courage, ça prend de l'ambition et ça prend une vision
audacieuse. Et, si nous voulons être
percutants dans notre développement, il faudra que le total représente
davantage que la somme des parties,
il faudra créer des environnements de développement qui seront synergiques.
Vous comprendrez mieux, M. le Président, l'objet de la déception de la coalition
quant à la portée du budget déposé par le ministre des Finances. Si la force d'un plan de développement économique repose
sur la synergie de ses éléments, le budget déposé par ce gouvernement
est très faible.
En conclusion, M. le
Président, les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui sont
structurels et ne se régleront pas par l'application
de vieilles mesures qui n'auront tout simplement pas l'impact approprié. Un
impact à court terme ne doit pas être une
fin en soi. C'est pourquoi les députés de la Coalition avenir Québec ont décidé
de rejeter ce budget, non pas par
partisanerie, mais parce que nous croyons fermement qu'il ne permettra pas de
remettre le Québec sur le chemin de
la prospérité, il ne permettra pas de mettre le cap sur un Québec gagnant, que,
si les objectifs en matière de contrôle
des dépenses publiques sont les bons, les moyens restent encore à être
complètement définis, que, si l'économie québécoise connaît un déclin
tranquille, les mesures annoncées par le gouvernement seront insuffisantes pour
que nous puissions vivre un virage durable.
Un virage durable, M. le Président, qui, je le rappelle, ne pourra pas se faire
sans la mise en place d'un véritable plan de
développement qui saura confronter avec succès à la fois notre déclin
tranquille et aussi le formidable défi démographique qui frappe à notre
porte.
Je terminerai
en disant ceci : Ce que ce gouvernement nous a présenté est ce qu'il croit
être la réponse appropriée à sa
lecture des défis du Québec. Dans ce contexte, les députés de la Coalition
avenir Québec seront présents pour s'assurer que les intentions manifestées par le gouvernement dans ce budget soient
rencontrées. Et, pour nous aider à mesurer la réussite de ce gouvernement, un élément m'encourage, M. le Président.
Depuis la rentrée parlementaire, le gouvernement nous indique que son approche est marquée par une démarche globale,
cohérente, rigoureuse et intégrée. Avec une telle approche, M. le Président, nous comptons sur ce
gouvernement pour définir clairement ses objectifs, définir clairement
les moyens qu'il compte utiliser pour
rencontrer ses objectifs et définir tout aussi clairement les retombées qu'il
en attend. Avec une telle approche, M. le Président, nous nous attendons
à ce que ce gouvernement nous donne, tel que l'a mentionné précédemment mon
collègue de Lévis, les outils nécessaires pour mesurer ses réalisations.
M. le
Président, nous serons présents pour avoir à l'oeil le contrôle des dépenses, l'atteinte
de l'équilibre budgétaire, la réduction de la dette, la création d'emplois,
la hausse des investissements privés, la hausse de la productivité et la création de richesse. Mais nous serons aussi
surtout présents pour s'assurer que les contribuables québécois ne soient
plus seulement des guichets automatiques
pour pallier au manque de courage et de vision de leur gouvernement. Les
attentes des Québécoises et des Québécois pour le redressement des finances
publiques et pour que la relance de notre économie se réalise sont élevées. La Coalition avenir Québec leur garantira qu'une
voix se fera entendre à l'Assemblée nationale afin qu'ils ne soient plus
les grands oubliés. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Johnson, pour cette intervention. M. le
ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs, je vous cède la parole.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. À mon tour d'intervenir sur le budget. Mais,
juste un petit peu pour revenir en arrière, il
n'y a pas si longtemps, M. le Président, on était en campagne électorale, dans
laquelle on avait présenté deux ou trois façons de voir l'avenir du Québec.
Mais, dans mon comté, il n'y a pas si longtemps, je voyais quand même un gouvernement, pour la première fois, abolir le ministère du
Développement économique. Le Parti québécois,
le seul ministère qu'il a aboli, c'est le ministère du Développement
économique, curieusement, dans la période de crise internationale, qui a
été une crise financière, qui a été une crise politique, alors où est-ce qu'il
y a eu des soubresauts très importants du
côté des États-Unis, où est-ce que le système bancaire s'est effondré, qui a
eu, donc, un effet très important aussi sur le côté de l'Europe. Le
Québec s'en était mieux sorti, qu'on disait, que les Américains et que les Européens et probablement à cause de la
structure bancaire du gouvernement canadien, qui se disait, dans le
temps, très conservateur, mais, pour une fois, ça avait servi. Alors donc,
quand on a mis de l'argent dans l'économie, ça a été pour lancer les programmes d'infrastructure, non pas pour renflouer des
banques, ce qui est arrivé du côté des États-Unis et ailleurs en Europe,
pour stabiliser, donc, et réconforter la population devant un système qui s'effondrait.
Et curieusement, durant la reprise économique,
alors que le Parti québécois va prendre le pouvoir, c'est là qu'on s'en sort moins bien. Il s'est passé 18
mois; ça m'a paru une éternité, parce que, dans mon comté comme les
autres, un, plus de ministère du Développement économique, une structure de
Banque de développement économique qu'on n'a
jamais vu le jour et une politique industrielle qui a vu le jour tardivement,
donc vers la fin. Finalement, la ministre de la Banque de développement
économique et à la Politique industrielle aura été une ministre de Politique
industrielle tardivement, alors que les entreprises avaient besoin.
On aurait
pensé que, dans cette période-là, d'abolir un ministère, dont le ministère du
Développement économique, était probablement la dernière affaire à
faire, parce que les industriels, et les entrepreneurs, et les manufacturiers,
sur lesquels comptait l'ancien ministre des Finances dans son dernier… dans son budget, le seul qu'il
a été capable de mettre de l'avant,
il disait : C'est fini les investissements en infrastructures publiques.
Ce n'est plus au public à prendre la place, c'est maintenant à l'entreprise privée de créer de la richesse. Il avait
visé 8 % de croissance, donc des
investissements privés pour venir suppléer à ce que l'État avait fait dans un
vaste programme d'infrastructure qui avait mis tout le monde au travail au
Québec dans le but de stabiliser… pendant que ça se stabilise à l'international,
qu'on maintienne le monde en emploi et qu'on continue d'exporter notre
savoir-faire.
Alors, non seulement l'ancien gouvernement avait
misé beaucoup sur l'entreprise privée, mais il a fermé les portes un peu
partout. Le ministère du Développement économique, il avait envoyé une partie
de l'investissement dans Export Québec… a été démantelé pour être envoyé dans
un autre ministère, aux Relations internationales, qui, jusqu'à maintenant, ne s'occupait pas de ce volet-là. L'innovation,
comme si une entreprise, donc, n'a pas besoin d'innover alors qu'elle va se chercher de la structure de
financement au ministère du Développement économique pour la prospection
puis le développement de ses affaires ou complètement la création d'entreprises,
ce volet-là est envoyé à l'Éducation supérieure. Donc, le
temps qu'ils se démêlent, les entreprises se frappaient à une porte, parce que
le ministère du Développement économique,
lui, allait être envoyé directement à Investissement Québec pour fusionner tout
ça. Alors, le chaos total. Pendant ce
temps-là, les entreprises ne savaient plus à quel saint se vouer, à quelle
porte frapper, et il n'y avait pas de
décaissement qui se faisait pendant que des secteurs de l'industrie étaient
touchés par, nécessairement, l'économie en général.
Alors donc, grosso
modo, c'est dans ce contexte-là qu'on s'en vient en campagne électorale. On
prend des engagements. On dit puis on entend
que l'équilibre budgétaire devrait être atteint. Le gouvernement antérieur l'a
répété, a même pris des engagements. J'ai entendu l'ancienne première ministre
le répéter à outrance, qu'ils allaient atteindre l'équilibre budgétaire. Or, après 14 ou 15 mois, à partir de septembre l'an
dernier, on commence à entendre des signaux qui font en sorte que l'ancien ministre des Finances, donc, a dû dire du
bout des lèvres qu'on n'allait pas atteindre l'équilibre budgétaire
souhaité pour l'année 2014‑2015. Et, durant la campagne électorale,
nécessairement, le test de crédibilité qui
était présenté à la population a fait en sorte que je pense que les Québécois,
donc, n'ont pas cru l'ancien gouvernement dans sa volonté de les
retourner; deuxièmement, que les chiffres n'étaient pas actualisés et que, de
toute évidence, ça allait être pire.
• (16 h 20) •
Alors,
l'élection s'est passée, la population a choisi d'avoir, un, une stabilité
politique, parce que ce qui a fait fuir les investisseurs dans les 18 derniers mois, c'est l'incertitude économique
créée par un gouvernement qui met la pagaille dans les redevances des
ressources naturelles concernant les minières. Bien, ils n'ont rien que décidé,
M. le Président, d'aller investir ailleurs
pendant que le calme revienne au Québec. Alors donc, ça a été la même chose
pour les gaz de schiste. Ça, ça a été
un moratoire. Après ça, moratoire qui était prévu aussi pour les hydrocarbures.
Puis soudainement un investissement même du gouvernement dans la phase
exploratoire, la plus difficile, donc la plus coûteuse. Alors donc, cette incertitude-là a fait en sorte que les
investisseurs, qui étaient des propriétaires d'entreprises privées, ont
décidé, un, de surseoir à des
investissements, faisant en compte que le 8 % qu'on voulait… qu'on
demandait des entreprises privées d'investir
dans l'économie, puisqu'on disait qu'ils avaient les disponibilités financières
pour le faire, ils s'étaient fortement capitalisés dans les dernières
années, donc, globalement, au Canada, alors donc ils ont hésité et ne l'ont pas
fait.
Maintenant,
on prend l'État. Donc, on est reportés au pouvoir, on fait l'analyse. Donc, le
budget qui est présenté présente deux volets importants : un, un
redressement; deuxièmement, un volet de relance. Le redressement, on a eu quand même un regard extérieur, hein? Donc, on a
demandé à un groupe d'experts d'analyser les finances publiques à la date de la fin de la situation financière du
gouvernement et, de toute évidence, ils ont découvert que le test de l'équilibre
budgétaire n'allait pas être atteint, le déficit allait être supérieur à celui
escompté. Par la suite, on a demandé au Vérificateur général de faire le même
exercice, qui est venu corroborer, il n'y a pas si longtemps, donc, la démarche
entreprise par les deux experts que sont MM.
Godbout et Montmarquette, qui ont une vaste expérience dans les affaires
publiques. Donc, non seulement le vérificateur a confirmé, mais, en plus,
confirmé que les cibles de dépenses… ou l'identification
des postes de dépenses n'avaient pas été faite, qui jette un peu un regard plus
obscur, là, sur quelles sont ces dépenses qui ont été coupées dans les
différents ministères.
Alors
donc, ce volet-là a été fait, ce qui annonce donc un discours, qu'on dira, de
rigueur. Donc, on a des cibles, on va réduire de façon significative les
dépenses pour atteindre, cette année, environ 1,8 %. C'est un effort qui
est assez colossal pour l'ensemble de la
mission de l'État, et 0,07 % l'an prochain. Et, en même temps, il y a un
volet de relance puisque… en cinq
axes — puis
notre collègue de la CAQ vient d'en faire un portrait assez important — cinq mesures précises concernant les PME, qui sont des grandes créatrices d'emplois
au Québec; la stratégie maritime. En fait, je pense qu'il nous a plus étalé la stratégie que le chef
de la deuxième opposition n'a pas eu le temps de présenter en campagne
électorale, alors donc… Mais je pense qu'il y a des bons coups de part et d'autre,
là, qui étaient annoncés là-dedans. Il n'a pas le monopole de la vérité.
Les
ressources : le Plan Nord, la relance du Plan Nord. Eh bien, on sait qu'actuellement,
donc, le gouvernement passé avait
créé la bisbille, je dirais, dans les investisseurs, sur la redevance, pour
arriver avec un système de redevances qui touche vraiment à ce qu'on a fait dans le passé, avec quelques
bonifications. Donc, tout ça a créé beaucoup d'émotions dans… et la fuite d'investisseurs nécessairement et
la diminution des activités. Prenons seulement les équipementiers du côté de l'Abitibi, c'est du simple au double, là,
la réduction du nombre de travailleurs, d'entrepreneurs, d'investisseurs.
Alors, pour l'instant, donc ça a été délesté.
Donc,
le fait de relancer les activités nordiques dans un plan organisé… Chez nous,
exemple, à Thetford Mines, le gouvernement précédent a abandonné le
secteur de l'amiante, a mis fin au secteur de l'amiante; à Asbestos, pareil. Puis,
quand mes travailleurs ont voulu aller travailler dans le Nord, bien, ils ont
coupé le Nord aussi. Alors, il y a de l'expertise qui est restée sur la table,
plus de perspective possible de développement ou de mettre à contribution son
savoir-faire. Alors, nécessairement, ça a eu des retombées économiques sur les
équipementiers chez nous. Exemple, Fournier,
qui est un équipementier des mines depuis plus de 50 ans, alors donc une baisse
du carnet de commandes, une baisse du
nombre d'employés. Deuxièmement, je reprends, exemple Métallurgie Castech, qui
est un fabricant de godets de grands
équipements, donc des grandes pelles, a eu une baisse, avec la fermeture du
secteur d'Asbestos, Thetford et le Nord, de plus de 10 % de son chiffre d'affaires alors qu'il fournissait,
donc, son expertise. Ça a eu des retombées économiques sur Continental
convoyeur, une entreprise… plus de 50 ans d'expérience. Ils fabriquent des
convoyeurs. Vous savez, des grandes entreprises comme des minières, bref, ça a
besoin, vraiment, d'amener le matériel à destination. Ça a des retombées
économiques. Voyez-vous, trois, quatre entreprises, rapide, là, qui fait qu'on
arrête le Nord, c'est le Sud qui en paie le
prix, sans compter les transporteurs, sans compter tous les sables de fonderies
qu'on peut rentrer lorsqu'on va réinstaller les équipements là-bas.
Donc, il y a du traitement de matières qui doit être fait.
Alors,
j'ai identifié facilement, là, entre cinq et neuf entreprises de chez nous,
sans forcer, donc en plus des entreprises qui construisaient des maisons pour
le Nord, donc... Alors donc, ça a été un impact assez fort. Donc, la relance
sera certainement une bonne nouvelle pour l'ensemble des économies du Québec.
Et le
programme d'infrastructures, parce qu'il faut continuer de le renouveler… Donc,
le secteur public continue de faire sa part, c'est un horizon… d'un plan québécois
d'infrastructures d'un horizon de 10 ans, parce qu'il y a encore des écoles, il y a
encore des ponts, donc des infrastructures de base.
Il y a un
volet, donc, aussi qui a été touché par le budget, et ça m'amène à ma
responsabilité comme ministre des Forêts,
de la Faune et des Parcs. Alors donc, on sait, immédiatement après l'élection,
le premier ministre a pris l'engagement
de créer un ministère qui puisse parler d'une seule voix concernant l'ensemble
de la forêt publique et des forêts
privées, de la faune et des parcs. Donc, tous les usagers qui sont mis à
contribution, ça touche 100 % du territoire québécois nécessairement. Alors donc, 90 % de la forêt du Québec
est de la forêt publique et pour laquelle les multiusagers sont là.
Donc, création du ministère.
Deuxième
geste significatif pour les ressources naturelles, donc à part les mines, ça a
été de réinvestir 42 millions, un
rehaussement, donc, de l'investissement dans les travaux sylvicoles. Donc,
partout au Québec, donc, on verra les travaux bonifiés, donc dans toutes
les régions du Québec. On sait que, depuis le mois de février, de l'ancien
budget, qui était de 183 millions, il y a déjà 146 millions qui a été annoncé
dans toutes les régions du Québec : 9 millions pour le Bas-Saint-Laurent,
48 millions pour le Lac-Saint-Jean, la Capitale-Nationale a 4 millions, la
Mauricie, 17 millions, les Laurentides-Lanaudière,
plus de 7 millions, l'Outaouais, 7 millions, 15 millions en Abitibi, 9 millions
dans la Côte-Nord, 15 millions,
Nord-du-Québec et 10 millions en Gaspésie. Donc, ça, c'est les 146,5 millions
qui avaient été annoncés dès février,
pour lesquels nous allons donc annoncer — c'est en cours actuellement — des bonifications jusqu'à 225 millions.
C'est des contrats qu'on donne à des
entreprises pour aller faire des travaux sylvicoles, donc c'est une annonce qui
n'avait pas attendu même le budget.
Alors, je
veux remercier le premier ministre d'avoir donné un coup de main, de retourner le
monde dans le bois, faire des travaux
de préparation de terrains, reboisement. Il va se planter 120 millions d'arbres,
Mme la Présidente, cette année, au
Québec. Sachant que ça, ça représente une partie du 20 % qu'on doit agir
pour aider la forêt québécoise, sachant que 80 % de cette forêt-là se régénère d'elle-même, alors donc
seulement par la nature elle-même. Alors, c'est des travaux aussi d'éclaircies précommerciales, de dégagement,
de nettoyage, c'est de la planification aussi de… donc des planifications du transport, d'entretien de
chemins, de l'aménagement ainsi que des éclaircies commerciales et
nécessairement de la coupe aussi,
autant partielle que de la coupe de… donc la récolte. Donc, il y a tout le
volet de l'aménagement. L'État a repris,
avec le nouveau régime forestier, donc l'aménagement de la forêt, et là,
nécessairement, on vient donc donner un coup de main pour envoyer le
monde dans le bois, et les prochaines annonces vont suivre.
Il y a aussi,
dans le budget — je tiens
à le mentionner, parce que le temps file, 13 minutes — donc, dans le budget, des bonnes
nouvelles concernant… Il y a 20 millions qui est mis pour la biomasse
forestière. Donc, qu'est-ce qu'on fait quand
le bois ne sert pas qu'à envoyer aux scieries ou aux papetières? Bien, il y a
10 millions… 20 millions, excusez, qui vient pour la biomasse
forestière. Il y a des projets de chaufferie de biomasse, de produits à valeur
ajoutée. Donc, qu'est-ce qu'on fait avec ce
bois-là ou qu'est-ce qui est laissé dans le bois? Donc, on ne veut laisser
aucun dollar là. Et la nouvelle
ingénierie, donc, de la biomasse, qui sert à d'autres fins, d'autres utilités
au Québec et ainsi qu'un autre projet de 20 millions, pour l'amélioration, donc, des entreprises, des
équipements et l'élargissement aux transporteurs du Québec…
Donc, il y a
une série de bonnes nouvelles qui est dans le budget, qu'on continue de
supporter, et nous, on va donc déposer prochainement une stratégie d'aménagement
durable de la forêt pour dire que, comme propriétaire, le Québec dit :
Voici les objectifs de croissance économique, les objectifs dans le
développement environnemental, la protection
de l'environnement, et, dans le volet sociétal, qu'est-ce qu'on fait ensemble
de la forêt. Alors, on est conviés à ce rendez-vous-là.
J'ai
rencontré le Conseil de l'industrie forestière. Le premier forum sur l'industrie
se tient demain. On a une série de sujets à l'ordre du jour, mais on
veut profiter de la relance américaine qui fait en sorte qu'on commence à avoir
des retombées sur la forêt québécoise. Donc, on va dire «présents», Mme la
Présidente, et on remercie le ministre des Finances d'avoir été dans le sens
qui était demandé. Merci.
• (16 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre. Pour
poursuivre le débat sur l'adoption de la politique budgétaire du
gouvernement, j'invite le député de Berthier à faire son intervention.
M. André Villeneuve
M. Villeneuve : Merci, Mme la
Présidente, et je tiens à saluer l'ensemble des députés qui sont présents en ce
moment au salon bleu.
Mme la
Présidente, comme vous le savez, je suis porte-parole pour l'agriculture,
pêcheries et alimentation et, étant donné
le temps qui m'est imparti, je ne veux surtout pas oublier ce pan-là du
discours… en fait, je m'exprime mal parce
qu'il ne s'y trouve pas dans le
discours. C'est justement ce que je peux vous soumettre, au fait que, dans
le discours, donc, sur le budget, on ne retrouve d'aucune façon le mot «agriculture».
Alors, écoutez, c'est assez déplorable, je vous dirais. Et quel est le signal que le gouvernement envoie au monde agricole du Québec qui, on le sait, est un élément très, très,
très important? Qu'on pense à nos paysages,
qu'on pense à bien manger, avoir des choses dans notre assiette, l'agriculture
est quelque chose d'extrêmement important.
Allons-y sur le plan économique. L'agriculture,
c'est une contribution de 10,6 milliards au produit intérieur brut du Québec.
Ça procure 124 000 emplois,
donc, personne. On exporte 6 milliards en denrées. Ça génère des
revenus directs de
taxation de l'ordre de 2,5 milliards. Alors, j'ai été très, très surpris
de voir que, dans le discours du budget, jamais, en aucun temps, le ministre n'a parlé d'agriculture. Et je vois mon
collègue qui quitte. Il sait de quoi je parle, il a déjà été ministre de
l'Agriculture, d'ailleurs, pendant un certain temps. Alors, je peux vous dire
que c'est une stupéfaction et je ne suis assurément pas le seul, au Québec, à
dénoncer cet état de fait, Mme la Présidente.
Mme la Présidente, à peine un an après notre
élection en 2012, notre ancien ministre de l'Agriculture, mon collègue d'Abitibi-Ouest, déposait, en juin 2013,
la Politique de souveraineté alimentaire. Je pense que ça vaut la peine
de le souligner, parce que je tiens à
sensibiliser mes collègues d'en face au fait que — et comme je l'ai dit tantôt — l'agriculture
a une place importante au Québec et pour toutes les régions du Québec. Vous
dire que cette politique de souveraineté alimentaire
avait été reçue par l'UPA, et je vais vous le lire textuellement, donc l'UPA
disait : «La Politique de souveraineté alimentaire déposée en 2013
est une réalisation exceptionnellement importante.» Et c'est vrai, c'est vrai.
Si vous prenez la peine, si vous prenez le temps
d'aller regarder cette Politique de souveraineté alimentaire, notamment, il y
avait quatre axes, Mme la Présidente.
Promouvoir l'achat des produits du Québec sur le
marché québécois. On le sait, on doit acheter québécois. J'écoutais, tantôt, les collègues parler d'économie
à l'international, mondial. Oui, c'est vrai, c'est vrai que le Québec, d'une
certaine façon, est voué à exporter étant
donné le petit nombre que nous sommes. Donc, nous sommes condamnés, d'une
certaine façon, à exporter, que ce soient les produits manufacturiers, que ce
soient des technologies, que ce soit, évidemment, au niveau agricole. D'abord,
commencer par acheter nos propres produits ici, que les gens achètent nos
propres produits. Donc, quand on parle, ici, de promouvoir l'achat des produits
sur le marché québécois, c'est un élément
central d'une politique de souveraineté alimentaire. Et j'invite toutes les
personnes à exiger des produits du Québec. Lorsque vous allez dans les marchés d'alimentation, dans les
restaurants, exigez des produits du Québec, c'est fondamental. Soutenir une offre de produits alimentaires
sécuritaire et différenciée; accroître la notoriété et la présence des
produits québécois sur les marchés extérieurs, bien sûr, bien sûr, pourquoi
pas?
Deuxième
axe : garantir l'intégrité du territoire agricole pour les générations
futures; assurer l'accessibilité des terres aux entreprises agricoles et
à la relève; favoriser l'utilisation optimale et durable du territoire et des
ressources.
Appuyer le
développement des diverses filières du bioalimentaire; assurer une plus grande
stabilité des conditions d'exploitation
des entreprises, renforcer la capacité concurrentielle du secteur en tirant
parti des leviers gouvernementaux.
Et le
quatrième axe, Mme la Présidente : appuyer un secteur en harmonie avec l'environnement;
aider le secteur à se positionner sur la voie du développement durable;
valoriser l'avantage écologique des aliments du Québec.
Donc, c'est
majeur. C'est majeur, et je déplore fortement le fait que le premier ministre,
en aucun temps, n'ait prononcé le mot agriculture, qu'il n'en ait point
dit un mot.
Mme la
Présidente, juste vous dire, notre gouvernement, en 18 mois, là… Et là je ne
vous ferai pas la liste, elle est trop
longue, mais je vous en donne quelques-uns, ce qui a été fait par mon collègue
d'Abitibi-Ouest. Donc, 4 mars 2014, il annonce
une aide de 3,3 millions au Conseil de la promotion de l'agroalimentaire
québécois; le 18 décembre 2013, c'est la Stratégie de positionnement des
aliments du Québec sur le marché institutionnel; le 16 octobre 2013, lancement
du programme d'appui à la commercialisation
des aliments québécois qui bénéficiera d'une enveloppe budgétaire de
1,5 million; le 6 juin 2013, programme d'appui au développement des
appellations réservées et des termes valorisants — donc, ce programme appui la mise en valeur
des aliments du Québec et de leurs caractéristiques; le 29 janvier 2013, pour la promotion et l'identification des
aliments du Québec; le 15 octobre 2013, investissement de
19 millions de dollars pour appuyer les
initiatives du secteur agroalimentaire québécois visant à développer les
marchés et améliorer le rendement et
la compétitivité des entreprises; le 1er octobre 2013, lancement du programme
Innovactions agroalimentaires assorti
d'une enveloppe budgétaire de plus de 31 millions de dollars; le 27
septembre 2013, nouveau programme d'aide financière, levier doté d'une
enveloppe de 19 millions de dollars. Et là il y en aurait une série, Mme
la Présidente.
Vous dire à
quel point ici, au Parti québécois, on considère que l'agriculture, c'est ni
plus ni moins un pilier de notre développement économique, mais aussi un
pilier du développement de toutes les régions du Québec.
Je vous en
donne un dernier parce que ça vaut le coup : Cultivons l'avenir, donc, comporte des programmes totalisant 293 millions
de dollars. Et évidemment il y a eu la mesure, dont,
sûrement, vous vous rappelez, d'efficacité dite du 25 %,
que nous avons abolie. Alors, c'est 20 millions de dollars de plus, et ça
a aidé 8 500 entreprises, donc, en
agriculture au Québec. Je tenais à le dire, je tenais à le préciser même si ça
va m'empêcher d'aborder d'autres points que j'aurais vraiment beaucoup aimé
aborder, mais mes collègues le feront assurément au niveau de l'ensemble du
discours du ministre des Finances.
Je m'arrête sur l'agriculture, Mme la
Présidente, et je vais prendre quelque temps pour déplorer une autre chose, un moment, moi, que je considère être grave, je sais que mon collègue de Rousseau en
a parlé, mais je tiens à en parler moi aussi : lorsque le
ministre des Finances a comparé le Québec — et là je reviens à l'économie, Mme la
Présidente, au discours sur l'économie — lorsque
le ministre des Finances a déclaré que le Québec… en fait, a tenté de faire un rapprochement entre la situation économique du
Québec et la situation économique du Portugal et de la Grèce, donc, un article qui a paru dans les journaux. Mon collègue de Rousseau a soulevé le fait, je tiens à le faire moi aussi parce
que je considère que c'est… notamment avec le poste qu'occupe le ministre des
Finances, c'est un poste extrêmement important,
et je ne pense pas qu'on puisse faire une telle comparaison, loin, mais très, très, très loin de ça.
Il faisait cette
comparaison-là, Mme la Présidente, et j'espère ne pas me tromper, en lien avec
ce que j'ai entendu d'un collègue tantôt dire que, si on n'avait rien fait, là,
hein, en 2014, au budget, là, il y aurait eu
un déficit, là — attendez
un petit peu — de
5,9, je pense que c'est la députée de Soulanges qui soulevait
ça tantôt, 5,9 milliards. On se dirigeait vers un
déficit de 5,9 milliards pour cette année et un déficit, pour 2016‑2017,
de 7,6 milliards. Mme la Présidente, une
image extraordinaire pour que les gens saisissent bien, là, ce que c'était en
réalité, moi, j'appelle ça, une balloune. Mais il faut l'expliquer comment on pète cette
balloune-là, Mme la Présidente. C'est pareil comme à Noël,
hein? Moi, j'ai quatre enfants, alors, à Noël, les enfants, ils regardent les
catalogues, ils nous font une liste. Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que, mon épouse et moi, nous ne disons pas oui
à la totalité de la liste, hein? Alors, nous faisons un certain élagage et là on fait des choix, sinon,
évidemment, vous comprendrez que notre budget n'aurait pas pu résister, et c'est compréhensible. C'est la
même chose qui s'est produite, c'est la même chose qui se produit année
après année, Mme la Présidente, où les ministères, les différents organismes du
gouvernement font leur demande.
Et là, quand on tire
la ligne face aux demandes qui sont faites par ces ministères-là, on arrive à
des chiffres… ça aurait pu être 9 milliards, Mme la Présidente, ça aurait
pu être 10 milliards, mais on comprend que les différents ministères ont
eu une retenue quand même, mais le gouvernement ne répondra pas et ne répond
jamais à la totalité de cette demande-là.
Donc,
de venir dire qu'on se dirigeait vers un déficit de
5,7 si rien n'était fait, bien
sûr, ça pourrait être pire si
rien n'est fait, Mme la Présidente, mais les gouvernements agissent toujours, bien
sûr, ils font des choix. Je tenais à faire cette précision-là et peut-être
rappeler aussi au ministre des Finances que — je l'ai déjà dit ici dans
cette enceinte, Mme la Présidente — l'élément
central, en fait, l'élément le plus important quand on parle d'économie, il faut
parler de confiance, tout est basé
sur la confiance. Le jour où cette confiance-là n'est plus là, que ce soit de façon
apparente ou de façon, j'allais dire, virtuelle… pas de façon
virtuelle, mais, si cet élément de confiance là n'est pas tangible, là on a
des problèmes, on a des sérieux problèmes. Alors, on n'a pas besoin d'alarmer les différents
marchés internationaux, les différents
investisseurs, les différentes firmes de cotation avec des scénarios qui, dans
le fond, sont totalement imaginaires. Alors,
je tiens à le dire et à le redire, cette confiance-là, elle est essentielle,
elle est primordiale si on veut pouvoir,
justement, positionner le Québec comme il se doit sur la scène internationale et
évidemment protéger l'économie du Québec.
• (16 h 40) •
Je
dois terminer, Mme la Présidente. J'aurais aimé en dire beaucoup plus, mais je dois
terminer en vous disant que l'austérité
aujourd'hui a un nom, l'austérité a un nom, c'est le gouvernement du Parti
libéral. L'austérité a un nom et, vous savez, Mme la Présidente, il ne
faut jamais oublier une chose, c'est que, quand le gouvernement, durant la
campagne électorale, le gouvernement actuel,
qui était dans l'opposition à l'époque, a fait une promesse de mettre
15 milliards de plus sur la dette, et là ils se sont tout à coup
réveillés en arrivant au pouvoir, comme disait mon collègue, les gens des finances leur ont rappelé que c'était impossible de
mettre 15 milliards de plus sur la dette du Québec, ce serait catastrophique, Québec
pourrait subir une décote,
juste rappeler, Mme la Présidente, que, de 2003 à 2012, le Parti
libéral, malheureusement, a enlevé toute marge de manoeuvre au Québec en termes
d'aller chercher de l'argent sur la dette. C'est 60 milliards de plus que
le gouvernement libéral a mis sur la dette du Québec.
C'est une somme énorme. Et, si aujourd'hui nous sommes confrontés, justement, à s'assurer
qu'on puisse fonctionner avec la capacité de payer des Québécois et qu'on n'a plus les moyens de mettre d'autre argent sur la dette, foncièrement c'est parce que le
Parti libéral, Mme la Présidente, malheureusement, a fait ce qu'il a
fait de 2003 à 2012, c'est-à-dire qu'il a financé,
sur la carte de crédit des Québécois, ses programmes. Aujourd'hui, on se retrouve devant
une situation où on doit agir avec rigueur. C'est ce que nous avons fait de 2012 à 2014, Mme la
Présidente, agir avec rigueur. Et nous sommes assez heureux de voir que
le gouvernement a compris le message et qu'il doit lui aussi agir avec rigueur.
Je termine sur une
parole du président François Mitterrand, hein, qui
disait ceci, il disait : «Le
peuple ne se trompe jamais, mais on peut tromper le peuple.» Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M.
le député de Berthier, de votre intervention. Je reconnais maintenant le
prochain intervenant, M. le député de Chomedey. À vous la parole.
M. Guy Ouellette
M.
Ouellette : Merci,
Mme la Présidente. À mon tour de
prendre la parole dans le cadre du
débat sur le budget déposé par mon
collègue le ministre des Finances la semaine dernière, Mme la Présidente. Je
pense que tout le monde s'en
rappelle, le 7 avril dernier, donc il y a déjà deux mois, les Québécois ont décidé de se donner un nouveau gouvernement,
et en plus ils se sont donné un gouvernement
majoritaire. Probablement qu'une partie de cette décision, Mme la Présidente, survient chez les
Québécois à la suite des 18 mois de morosité économique qui a été
vécue par le Québec. Et, pour en
avoir entendu parler en long et en large en période électorale, Mme la
Présidente, je pense que les gens voulaient se remettre au travail, les gens voulaient qu'on retourne sur la voie de la
prospérité. Et, le lendemain de l'élection générale, plusieurs personnes
sont passées à leur banque, à leur caisse faire des achats parce qu'ils
retrouvaient une situation stable pour les
quatre prochaines années et demie — on va amputer de deux mois, là, Mme la
Présidente, parce que, là, on est rendus à quatre ans et quatre mois.
Et je prends la
parole aujourd'hui, Mme la Présidente, en tant qu'adjoint parlementaire à la
vice-première ministre et ministre de la Sécurité
publique. Vous comprendrez que j'ai porté une attention très particulière au
budget de ce ministère, budget que l'on retrouve dans le cahier Budget de
dépenses 2014‑2015 à la page 183, parce
qu'il y a plusieurs personnes qui me
disaient, en fin de semaine, avoir été voir les différents documents que le
ministère des Finances a mis en ligne pour que les gens puissent suivre
et puissent participer à l'effort budgétaire.
Donc, un petit
rappel, Mme la Présidente, comme je vous le mentionnais, prenant la parole à
titre d'adjoint à la vice-première ministre
et ministre de la Sécurité publique, je vous dirai que le ministère de la Sécurité publique, et je pense que ce n'est rien de nouveau, a pour mission
d'assurer, de concert avec tous ses partenaires, la sécurité publique au
Québec. Le ministère et tous ses organismes proviennent de plusieurs secteurs d'activité.
Et on va faire un léger survol, Mme la Présidente, parce que chacun des
organismes qui fait partie de la Sécurité
publique meuble le quotidien des Québécoises
et des Québécois à tous les jours. Parce que, peu importent les événements, tous les jours il y a des
éléments de la sécurité publique qui sont d'actualité, et je vous ferai grâce
de vous donner ceux des dernières heures.
Le
premier que je veux vous parler, Mme la Présidente, c'est la prévention de la
criminalité et de la récidive, des décès
survenant dans des circonstances obscures ou violentes, ce qui, pour la
majorité des gens, va être associé au Bureau
du coroner. Quand on parle du maintien de la paix et de l'ordre public, d'intervention
policière, protection publique, les gens vont comprendre qu'on parle ici
des services policiers. Les services correctionnels, je pense qu'on n'a pas besoin d'explications sur cet organisme. Les
services de sécurité civile et de sécurité incendie, je pense qu'on a tous
des images. Quand on va penser à des
glissements de terrain, à des inondations, bien, c'est la Sécurité publique qui
intervient. La sécurité incendie, c'est aussi une notion de sécurité publique.
L'administration des
permis et licences d'alcool, de courses de chevaux, de jeux, de sports de
combat professionnels — l'acronyme
qu'on entend souvent, la RACJ — qui
est souvent dans les médias et qui fait souvent partie des conversations des gens. Il y a plusieurs
sujets d'intérêt touchant cet organisme-là, qui sont d'actualité ces
dernières semaines. Les expertises
judiciaires, pour avoir été, dans une vie antérieure, policier à la Sûreté du Québec, les expertises judiciaires, ça s'est appelé le laboratoire
médicolégal, ça s'est appelé le centre médicolégal, la police judiciaire, puis je souligne que, cette année, les laboratoires
judiciaires fêtent leurs 100 ans d'existence. Donc, c'est un organisme
qui est souvent cité à l'échelle internationale, qui a donné naissance, je vous
dirai... Il y a des professionnels très connus mondialement qui ont passé par
notre laboratoire d'expertise judiciaire.
Un
autre organisme qu'on entend souvent, Mme
la Présidente, c'est la libération
conditionnelle des personnes contrevenantes,
et on fait la différence entre le service correctionnel et la libération
conditionnelle, on parle des contrevenants qui sont dans le système québécois,
donc sentencés à des sentences de deux ans de prison moins un jour, parce qu'à
deux ans et plus on est au fédéral, donc dans des pénitenciers fédéraux.
J'enchaîne
avec le traitement des plaintes des citations à comparaître en déontologie
policière — je
pense que ça n'a pas besoin de
présentation — la formation des policiers et des pompiers.
Et, justement, je me permettrai une remarque, Mme la Présidente. Ce matin,
la ministre, la vice-première
ministre et ministre de la Sécurité publique donnait le coup d'envoi aux travaux, à l'École nationale de police, d'un nouveau
pavillon qui va servir plus particulièrement en formation spécialisée pour les
policiers du Québec, les aspirants policiers du Québec. Ils vont avoir des
salles d'interrogatoire, une salle d'audience,
Mme la Présidente, des plateaux de simulation et même un plateau d'exercices
de combat rapproché, parce que plusieurs policiers du Québec sont obligés d'aller
chercher de la formation de pointe à
l'extérieur du Québec. Donc, pourquoi ne pas tout regrouper à l'intérieur du même endroit? Et l'École nationale de police du Québec, Mme la Présidente, c'est un fleuron québécois.
Et l'annonce qui a été faite ce matin, c'est un nouveau pavillon qui va être
autofinancé par l'École nationale de police.
Finalement,
le dernier organisme qui est sous le chapeau de la Sécurité publique, c'est la
coordination des actions de prévention et de lutte contre la corruption
et la collusion en matière contractuelle dans le secteur public, ce que tout le
monde connaît sous le nom de l'UPAC.
• (16 h 50) •
Le budget 2014‑2015, Mme
la Présidente, comme je vous l'ai mentionné, qu'on retrouve dans le fascicule
du budget, à la page que je vous ai donnée tantôt, 183, pour la sécurité
publique s'établit à 1 258 000 000 $, et ça comprend le
budget de tous les organismes, qui est en baisse de tout près de 75 millions
sur le budget probable de 2013‑2014. La
variation budgétaire et l'effort qui est demandé au ministère, Mme la
Présidente, s'expliquent précisément par
trois choses qui sont : l'aide financière qui a été versée pour
Lac-Mégantic dans la tragédie qui a touché le Québec le 6 juillet
dernier; par des sommes transférées, au cours de 2013‑2014, de la provision du
ministère des Finances et de la mise en
place des mesures de réduction du budget de dépenses de 2014‑2015.
Pour les gens, c'est plutôt technique, mais je pense qu'il est important d'expliquer
aux gens qu'il y a des efforts concertés avec l'effort national qui est demandé
à tous les Québécois, Mme la Présidente. Si on exclut ces dépenses ponctuelles,
le budget de dépenses de la Sécurité publique, c'est comparable à celui de l'année
précédente.
On va devoir avoir
une réduction des dépenses de 70 millions au ministère de la Sécurité
publique, Mme la Présidente, et c'est sûr
que c'était nécessaire pour atteindre les cibles budgétaires et contribuer à l'effort
national qui nous est demandé par le ministre
des Finances et le premier ministre. Donc, il a fallu faire des choix,
mais je pense qu'il est important de rassurer la population qu'on va maintenir
les services directs à la population et on ne haussera pas les tarifications
aux citoyens. Dans les mesures qui sont mises de l'avant, il y a la limitation
de temps supplémentaire, l'octroi de contrats et il y a plusieurs mesures qui
ont été identifiées spécifiquement à la Sécurité
publique.
D'autres
mesures ciblées : on veut optimiser les effectifs qui assurent la
sécurité dans les palais de justice, il y aura une diminution dans les sommes consacrées
au plan des gangs de rue, une légère diminution aussi à la subvention
qui est accordée à l'École nationale de police pour 2014‑2015, tout en espérant
que ça soit temporaire dès qu'on aura retrouvé l'équilibre budgétaire, Mme la Présidente.
Dans
le discours du budget, je pense qu'il est important de mentionner l'effort qui
a été consenti, de réorganisation, qui
permet d'octroyer une subvention de 3,5 millions de dollars pour la
formation des pompiers à temps partiel. On l'a
vu à L'Isle-Verte, on l'a vu pour Lac-Mégantic comment c'est important. Et,
dans plusieurs cas, les pompiers devaient débourser de leur poche. Cette
subvention va permettre d'aider la formation des pompiers volontaires, d'aider
les municipalités dans le cadre de la formation des pompiers volontaires.
Le
temps file, Mme la Présidente. Avant de conclure, en terminant, je vous dirai
que, malgré les choix budgétaires difficiles,
le ministère de la Sécurité publique et ses organismes
qui relèvent de la ministre vont continuer d'assurer, vous pouvez être assurée, les citoyens du Québec
peuvent être assurés qu'on peut leur assurer un milieu de vie sécuritaire,
qui sera propice à leur développement et c'est une priorité pour le
gouvernement, parce qu'un milieu sécuritaire, Mme la Présidente, contribue à
une prospérité collective des Québécois et des Québécoises.
Je veux, en concluant, souligner deux mesures
qui ont été très bien accueillies dans le comté de Chomedey, Mme la Présidente,
et c'est deux mesures qui facilitent la vie active des aînés : la
première, qu'on retrouve dans le discours du budget en page 12, qui est une
bonification de 1 000 $ du revenu maximal admissible au crédit
d'impôt pour les travailleurs d'expérience;
et la seconde, c'est la création d'un crédit d'impôt remboursable de 20 %
des frais admissibles pour les activités physiques, artistiques et
culturelles des aînés, de façon à favoriser la vie active des aînés. Et on m'a interpellé
en fin de semaine, les citoyens de Chomedey
sont ravis de retrouver, dans ce budget, deux mesures spécifiques pour
les aînés du Québec, et je pense que c'était
important de vous le mentionner. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, M. le député de Chomedey. Toujours concernant le débat sur la
politique budgétaire du gouvernement, je reconnais maintenant le député de
Chauveau. À vous la parole.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est à mon tour de prendre la parole pour
faire la réplique au discours du budget
présenté par le nouveau gouvernement. Je suis porte-parole en matière de
richesses naturelles. Je tiens à spécifier
qu'on parle ici de ressources naturelles, mais moi, je préfère parler de richesses naturelles, j'aurai l'occasion de revenir là-dessus.
Mais tout d'abord, une lecture globale sur le
budget. Nous estimons que ce budget-là comporte des pas dans la bonne direction, mais
que, malheureusement, il ne va peut-être pas assez loin et ni non plus assez vite, et que,
malheureusement, le contribuable est le grand oublié dans ce budget-là.
Donc, comme bon
joueur, je vais tout de suite relever quand même les éléments positifs. Tout d'abord,
le gouvernement annonce un gel d'effectifs, le gel d'embauche pour les
effectifs de la fonction publique. Ah bien, ça tombe bien, Mme la Présidente,
parce que c'est exactement ce que notre
formation politique avait défendu lors de la campagne
électorale. On se souviendra que nos adversaires…
je ne dirai pas qui, je ne dirai pas qui, mais on se souviendra que nos adversaires disaient qu'on allait créer l'anarchie au Québec si, par
malheur, on faisait le gel des effectifs. Bien, force est d'admettre que
les gens ont peut-être évolué dans le bon sens. Tant mieux, c'est ça qu'il faut. Il
faut aller dans la bonne direction. Et donc le gouvernement annonce un gel d'effectifs.
Aussi on met
sur la glace certains projets d'infrastructure qui avaient été annoncés en grande pompe par l'ancien gouvernement.
Encore une fois, Mme la Présidente, on se souvient que certains partis
politiques, qui n'étaient pas le nôtre, disaient que ça n'avait
pas de bon sens, qu'il ne fallait surtout pas
freiner l'élan de la capitale, notre Capitale-Nationale. Elle avait un bel élan, il ne fallait surtout
pas le freiner en mettant, par hasard, sur la glace les projets comme l'anneau de glace ou
encore Le Diamant. Mais voilà,
Mme la Présidente, que le gouvernement actuel prend mot à mot notre
programme électoral. Alors, on est d'accord avec ce projet-là. C'est tout à fait normal, on est d'accord avec nous-mêmes. Il y en a peut-être qui, peut-être, auront
changé d'idée en cours de route. Tant mieux! L'important, encore une
fois, comme je le disais, Mme la Présidente, c'est
d'aller dans la bonne direction.
Aussi, on voit que le gouvernement impose des
réductions très fortes en termes de dépenses publiques,
de 2,7 milliards de dollars. C'est un pas dans la bonne direction. Nous sommes
quand même assez sceptiques concernant certains choix qui ont été faits.
Certains de mes collègues et certaines de mes collègues auront l'occasion lors de leur réplique à leur tour de préciser les points où on aurait peut-être dû
faire autrement que de couper de façon systématique 20 % dans les dépenses, peu importent les programmes. On aurait
peut-être pu faire du cas par cas. Il eut été préférable de le faire, mais, à tout le moins, on reconnaît que le gouvernement propose des réductions, et c'est une bonne chose. Et aussi, bien, on maintient une augmentation des dépenses à
1,9 %. Là encore, c'est un pas dans la
bonne direction. Souhaitons que cet objectif-là soit maintenu.
Maintenant,
les éléments qui nous inquiètent si on regarde,
de façon globale, le budget. 54,9 % du
PIB, c'est de
la dette. Et donc on estime que c'est
beaucoup trop élevé. Mon savant confrère de Lévis l'a très bien expliqué il y a quelques
jours à peine, alors je ne vais pas reprendre ses paroles ni non plus
remarcher dans les mêmes pas. Mais c'est quand
même inquiétant de voir que notre dette augmente de
façon aussi spectaculaire.
Aussi il n'y a pas de mesures concrètes de
création de richesse. Et ça, c'est important,
Mme la Présidente. Si on veut véritablement
développer l'économie du Québec, il faut créer de la richesse. Et ce n'est surtout pas en permettant le maintien du
programme de la cimenterie qu'on va créer de
la richesse. Quand je dis le programme de la cimenterie, il faudrait peut-être que je m'exprime
de façon plus précise. L'implantation de la cimenterie à Port-Daniel, ce
projet-là, nous estimons que, pour l'économie
du Québec, et surtout pour l'économie du porte-monnaie des contribuables, c'est un très mauvais projet. Non seulement on risque d'affaiblir quatre cimenteries qui, actuellement, au
Québec en arrachent parce qu'elles produisent à peine à 60 %, mais en plus on crée
une compétition déloyale face à ces cimenteries-là,
puisqu'on subventionne de façon trop prononcée : plus de 400 millions de dollars d'investissement de l'argent des fonds publics
dans un projet. C'est beaucoup trop
élevé à notre point de vue, Mme la Présidente. Oui on croit au développement économique, oui on croit au développement
économique de la Gaspésie, mais encore faut-il faire les bons choix. Et,
dans le cas présent, c'est un des pires choix que l'on
puisse faire parce que non seulement on crée artificiellement une usine
et on n'est même pas sûrs de la rentabilité à long terme, mais surtout on
met en péril quatre infrastructures, quatre entreprises au Québec, et particulièrement
une dans la région de Québec dans le comté de Portneuf. Et je dois le rappeler,
Mme la Présidente, lorsque le gouvernement a défendu ce projet de loi… cette
cimenterie-là, le député de Portneuf est resté assis, alors que tous ses
collègues libéraux, eux, applaudissaient.
Rien non plus, Mme la Présidente, pour le
contribuable, pour les familles et la classe moyenne,
et c'est là que le bât blesse dans ce gouvernement-là. Oui, on fait des
efforts dans la colonne des dépenses, mais, concernant la colonne des revenus, alors qu'on
aurait pu donner un souffle à la famille, un souffle à la classe moyenne, un
souffle aux travailleurs, un souffle
aux contribuables, non, on ne le fait pas, et ce, malgré les promesses qui
avaient été prises lors de la campagne électorale.
À cet effet, rappelons-nous que le
premier ministre s'était engagé à abolir la
taxe santé, qui, rappelons-le, est une
invention du gouvernement libéral. On parle de taxe santé, on pourrait
peut-être parler de taxe santé libérale, mais ne faisons pas trop de partisanerie — bien, un petit peu — mais quand même simplement dire qu'on aurait dû donner un souffle à la classe moyenne, y aller de façon
graduelle et, à tout le moins, donner le bon signal,
d'entrée de jeu, dès cette année de
réduire la taxe santé, ce qui n'est pas le
cas.
• (17 heures) •
La
taxe scolaire, Mme la Présidente. Alors là, la
taxe scolaire, j'en ai long à dire parce que
la taxe scolaire… Le grand débat qui
a cours, actuellement, à la taxe scolaire a pris origine ici même, à l'Assemblée nationale, il y
aura bientôt un an. Vous étiez là, Mme la Présidente, mais ceux qui nous
écoutent peut-être n'y étaient pas, et je sais
que plusieurs de mes nouveaux confrères n'y
étaient pas, et je suis très heureux de les accueillir maintenant à l'Assemblée
nationale.
Le 14 juin dernier, Mme la Présidente, c'était
un vendredi, la session se terminait, c'était
vers 4 h 30. Il n'y avait pas grand monde, là, dans les galeries, il
n'y avait pas grand monde. C'est sûr, vendredi, 4 h 30, hein? La
session se terminait. Mais les 125
députés, ou enfin, la grande majorité des
125 députés étaient ici. Et on votait quoi? On votait la loi
n° 25, cette loi qui comportait deux éléments :
les éoliennes — j'en
parlerai un petit peu plus tard — mais également un facteur qui permettait aux commissions scolaires d'augmenter la taxe
scolaire. Parce qu'il faut savoir, Mme la Présidente, qu'en d'autres temps les commissions scolaires n'avaient
pas le pouvoir d'augmenter la taxe. Et c'est par loi
votée ici, à l'Assemblée nationale, que les commissions scolaires ont eu le droit d'augmenter
la taxe. Et qui a permis cette situation-là? Le gouvernement péquiste d'alors,
avec l'opposition libérale. La taxe scolaire qui a augmenté, Mme la Présidente,
c'est une invention libéralo-péquiste. Quand vient le temps d'aller chercher de
l'argent dans les poches du monde, comptez sur les libéraux puis les péquistes
pour se donner la main.
Et
c'est ça qui s'est passé, Mme la Présidente. Il y a un an, les péquistes et les
libéraux se sont donné la main pour voter une loi qui permettait aux
commissions scolaires d'augmenter la taxe. Alors, qu'est-ce que vous pensez que
les commissions scolaires ont fait? Bien, elles ont augmenté les taxes. «Big surprise!» Grosse surprise! Les commissions scolaires ont fait ce qu'on leur avait permis de
faire. Ce qui n'était pas prévu, par exemple, c'est la réaction outrée,
outrée, des libéraux et des péquistes devant
cette augmentation-là. On se souvient tous, à TVA, à l'émission de Pierre
Bruneau, la première ministre Marois qui
disait : Je suis choquée de voir ça, ces
augmentations de taxe! Mme la Présidente, c'est elle-même qui les avait
autorisées, alors pourquoi être choquée de ce
qu'on a même prévu? Mais de voir les libéraux, aujourd'hui, condamner les péquistes d'avoir fait ça, c'est un petit peu
oublier la réalité des faits parce que les libéraux ont voté en faveur de la loi n° 25, qui
permettait aux commissions scolaires d'augmenter la taxe scolaire.
Donc,
aujourd'hui, ce qu'on voit, non seulement il n'y a pas eu de remboursement, tel
que prévu par une loi déposée par le
gouvernement péquiste précédent, qui aurait permis un remboursement des
augmentations faramineuses que les citoyens ont eu à assumer, mais en plus on va augmenter
la taxe scolaire.
Donc,
on le voit, Mme la Présidente : maintien
de la taxe santé, augmentation de la taxe scolaire et augmentation des
tarifs d'électricité. Pourtant, Mme la Présidente,
pourtant, le 10 février dernier, donc quelques jours à peine avant le déclenchement de la campagne électorale, l'actuel
premier ministre, lors d'un point de presse, avait
dit : Il est temps, il faut
plafonner les augmentations des tarifs d'électricité
au niveau de l'inflation. Wow! Pour nous, Mme la Présidente, c'était
de la musique à nos oreilles parce que c'est exactement le programme qu'on
avait, nous autres. Maximum, l'inflation. Et pourquoi pas un gel, Mme la
Présidente? Parce qu'un gel, ça conduit à des chocs tarifaires. On l'a vu il y a deux ans,
avec la fameuse crise des carrés rouges, lorsque,
de façon, disons-le maintenant, de façon un peu hypocrite, on maintient
un gel pour une augmentation. On dit :
Non, non, il ne faut pas augmenter, aïe, c'est important, on va maintenir le gel, tout ça, et on refuse donc une augmentation normale du
taux de la vie, bien on crée inévitablement, dans 10 ans,
20 ans ou 30 ans, un choc tarifaire. C'est ça qui est
arrivé avec l'histoire des carrés rouges et des
tarifs universitaires. Donc, c'est inévitable qu'il faut augmenter selon
le taux de l'inflation, mais plafonner au taux de l'inflation. C'est notre
politique. C'était la politique de l'actuel premier
ministre le 10 février dernier. Or, trois mois plus tard, il est
premier ministre et que fait-il? Eh non, Mme
la Présidente, il n'honore pas son engagement. Les tarifs d'électricité
augmentent de plus de 4 %, 4,3 %.
Et là il y a un point important à rappeler, Mme la Présidente, c'est que la
Régie de l'énergie avait dit, lorsqu'ils ont autorisé l'augmentation de plus de 4,3 % des tarifs d'électricité : Si jamais il y a des surplus
supplémentaires, s'il y a des revenus
supplémentaires qui sont ajoutés, on propose au gouvernement de couper la poire
en deux, c'est-à-dire envoyer tous les surplus dans le fonds consolidé
de la province, donc pour le gouvernement, et l'autre moitié, faites-le en
réductions de tarifs d'électricité. C'est ce que la régie proposait, mais voilà
que, dans le gouvernement, dans le plan budgétaire, qu'est-ce qu'on prévoit? On prend tout
pour le gouvernement et on ne laisse strictement rien aux contribuables. Ah! Mais là le gouvernement va me dire : Oui,
mais, M. le député, écoutez bien, le
gouvernement, c'est les contribuables, c'est
nous, c'est nous tous. Oui, mais pourquoi ne pas,
justement, saisir cette occasion-là pour
permettre de réduire, ne serait-ce que d'un petit brin, les tarifs d'électricité?
On aurait pu envoyer un signal pour dire :
Regardez, les gens de la famille, de la
classe moyenne, on vous donne un petit répit. Non, non, non! Le gouvernement,
de façon trop goinfre, a décidé de tout garder pour lui cette
augmentation-là et priver les
contribuables d'une baisse de tarifs d'électricité.
Parce qu'il faut comprendre, Mme la Présidente,
que c'est deux fois le taux de l'inflation, même plus que ça. 4,3 %, c'est
plus que deux fois le taux de l'inflation. Donc, on ne pense pas aux
contribuables, on ne pense pas aux familles, on ne pense pas à la classe
moyenne.
Maintenant, Mme la
Présidente, concernant les mesures pour le ministère
des Ressources naturelles — que moi, je rebaptise Richesses naturelles — j'ai
eu l'occasion de regarder attentivement le plan budgétaire,
et c'est intéressant ce que ça contient parce que, oui, en effet,
je tiens à le rappeler, Mme la
Présidente, nous, on est pour le
développement de nos richesses naturelles.
Que ce soient les mines, que ce soit la forêt,
que ce soient les hydrocarbures, nous
sommes en faveur, et on sent que ce gouvernement-là a le même objectif, donc on
s'en va dans la bonne direction ensemble.
Nous sommes aussi en faveur du Plan Nord.
On sait que le Plan Nord est né sous l'égide du gouvernement du premier ministre Charest. Nous
sommes en accord avec cet objectif-là.
Malheureusement, le gouvernement précédent avait été un petit peu timide, c'est pour
dire le moins, concernant le développement du
Nord. Mais nous sommes en faveur de ça, et, comme je le disais tout à l'heure,
nous sommes en faveur du développement des hydrocarbures.
Quelques éléments,
par exemple, Mme la Présidente, contenus dans le budget, mais en fait, pour
être plus précis, dans le plan budgétaire. Parce que, pour
comprendre, Mme la Présidente, pour les gens qui nous
écoutent, lorsque le ministre des Finances lit le discours du budget, c'est un texte, quoi, d'une
quarantaine de pages, mais l'essence même de toutes ces déclarations-là se décante à l'intérieur
d'un document volumineux de quelques plusieurs centaines de pages, pour
dire le moins, dans lequel, justement, on retrouve tout.
Alors, il y a des
éléments qui sont intéressants, mais d'autres qui sont un peu intrigants, comme
par exemple, Mme la Présidente, on prévoit la création
d'un comité ministériel de 14 ministres pour le développement du
Nord. Mme la Présidente,
14 ministres, c'est quasiment un Conseil des ministres au complet,
ça, là. Alors, on a certaines craintes quant
à l'efficacité de ce comité ministériel pour faire démarrer et aller de l'avant
pour le développement du Nord québécois et de nos richesses naturelles. On verra à l'usage. J'en ai d'ailleurs, même, parlé de
façon privée au ministre des Ressources naturelles et je l'invite à être
plus efficace là-dessus.
Même
chose aussi quand on voit la création de Capital Mines Hydrocarbures. Alors, Capital
Mines Hydrocarbures, c'est un élément intéressant parce que ça indique que
le gouvernement veut créer un fonds d'investissement afin d'investir
dans les projets d'hydrocarbures et de mines,
comme le nom le dit si bien. Ah bien, ça, c'est intéressant. Ça
rappelle d'ailleurs une des propositions de
la coalition concernant les mines d'Anticosti, le développement d'Anticosti,
où, nous, on est en faveur d'une
participation du gouvernement pour l'exploitation des hydrocarbures là, donc du
pétrole parce qu'on sait qu'on en a
besoin, et on a vraiment besoin de ça, et que la présence du gouvernement est
une police d'assurance, est une garantie
pour l'acceptation sociale. On sait que le gouvernement actuel avait sévèrement
condamné notre position là-dessus, mais, bon, on en reparlera tout à l'heure.
Mais voilà donc que
le gouvernement crée Capital Mines Hydrocarbures. Alors, Mme la Présidente, j'ai
hâte de savoir, avec ça, est-ce qu'on veut investir,
justement, dans l'exploitation du potentiel d'hydrocarbures à Anticosti, tel que nous, nous le souhaitons et quel est le
pourcentage de la prise de pouvoir… ou enfin
la prise de participation du gouvernement
dans ces entreprises-là. Nous, on sait qu'on le plafonne à 49 % maximum.
Il n'est pas question,
pour nous, que le gouvernement soit majoritaire dans quelque entreprise que ce
soit. Je n'ai pas vu, actuellement, ce cran d'arrêt à l'intérieur des mesures
du gouvernement, donc nous allons être attentifs.
Et
puis aussi, Mme la Présidente, triste constat, le gouvernement va de l'avant
avec le projet des minicentrales. Six
projets de minicentrales, de l'argent jeté à l'eau à pure perte, strictement
inutiles alors qu'actuellement on est en
surplus de production hydroélectrique. On va
investir encore des millions de dollars dans ça?
Inutile. Et puis, en plus, pourquoi? On est en surplus et on n'est même pas capables de le vendre correctement
avec profit à nos partenaires étrangers, mais on va continuer à en produire. C'est tout à fait inutile, c'est
inefficace et ça coûte trop cher.
Et,
pire, Mme la Présidente, on n'a pas osé chiffrer le montant que ça va coûter
aux contribuables. Ça va coûter combien, les minicentrales,
5 millions, 10 millions, 50 millions?
Le savez-vous? Parce que moi, je ne le sais pas. J'ai regardé à l'intérieur du livre, je ne le sais pas.
Est-ce qu'au Québec on a les moyens d'investir 10, 20, 30, 40 millions
de dollars dans les minicentrales, alors qu'on
est déjà en surplus de production? Non, Mme la Présidente. Et surtout,
appelons un chat un chat, parce que le gouvernement se targue de vouloir
faire du développement régional et d'amener de l'argent neuf à l'intérieur
des communautés éloignées, et tout ça, Mme la
Présidente, si on veut donner des subventions à des communautés éloignées, qu'on
le dise clairement plutôt que de le mettre sous le drapeau ou plutôt, je
dirais, sous le linceul d'un projet de minicentrales.
Et je dis «linceu»l, Mme la Présidente, parce que qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? C'est un projet mort-né, ça ne fera pas ses frais, ça ne fonctionnera pas et ça coûte une
fortune. On n'a pas les moyens de se les payer, et malheureusement le
gouvernement poursuit dans cette mauvaise décision.
• (17 h 10) •
Parlant
de mauvaises décisions, Mme la Présidente, il y a un mot que je n'ai pas
retrouvé dans le budget, mais un mot que je retrouve, par exemple, dans
les dépenses qui s'en viennent bientôt, ce sont les
projets des éoliennes. Là encore, Mme
la Présidente, rappelons les faits, rappelons les faits :
les éoliennes, c'est un beau projet, c'est une belle idée, ça serait le fun que ça fonctionne, mais, qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise, ça ne fonctionne pas,
économiquement parlant. Ça coûte deux à trois fois plus cher de produire un
kilowattheure par éolienne que par nos centrales hydroélectriques.
Alors, pourquoi est-ce qu'on va continuer ça? Il y en a
des centaines, d'éoliennes,
actuellement, au Québec. Notre objectif n'est pas de les déboulonner,
mais notre objectif, c'est de dire : Wo!
Ça ne marche pas, ça nous coûte trop cher. Est-ce qu'on perpétue un mauvais modèle d'affaires
ou au contraire on se dit : Bon, O.K., c'est
fait, c'est essayé, ça ne marche pas, on les laisse là, on ne les déboulonne pas, mais, bon Dieu, on n'en fait pas d'autres? Eh non, Mme la
Présidente, eh non, le gouvernement perpétue ce mauvais modèle d'affaires.
Retour dans l'histoire,
Mme la Présidente. C'est important de connaître son histoire puis c'est
important particulièrement aujourd'hui. Le
14 juin dernier, le gouvernement avait voté la loi n° 25. Il n'y
avait pas juste l'augmentation des taxes scolaires là-dedans, il y avait
aussi un appel d'offres d'éoliennes de 800 MW,
voté ici même,
à l'Assemblée nationale, par qui? Par le
gouvernement péquiste. C'était un gouvernement minoritaire. Pourquoi ça
a passé? Parce que l'opposition libérale était d'accord. Eh bien, voilà, Mme la
Présidente! Eh bien, voilà, Mme la Présidente!
Il y a un an, la coalition libéralo-péquiste a non seulement permis aux
commissions scolaires d'augmenter les taxes,
mais également de perpétuer le mauvais modèle d'affaires que représentent les
éoliennes. On a lancé un appel d'offres de
800 MW pour faire du développement des éoliennes qui nous
conduisent à une pure perte. On n'a pas besoin
d'électricité, Mme la Présidente, on est en surplus. Est-ce qu'on a besoin de
produire de l'électricité qui nous coûte deux à trois fois plus cher que l'hydroélectricité
avec les éoliennes? Non.
Et, Mme la Présidente, ce
n'est pas moi qui vous le dit, ce n'est pas juste le député de la Coalition
avenir Québec qui vous le dit, c'est également la Commission sur les enjeux
énergétiques du Québec, signée par des gens respectueux…
des gens respectés, pardon, respectueux aussi, je le sais, mais respectés
également, des gens sérieux, Roger Lanoue
et Normand Mousseau, qui ont conclu une étude commandée par le gouvernement du
Parti québécois. On ne peut pas dire que c'est des gens qui sont à la
solde de la Coalition avenir Québec, ça, Mme la Présidente. Donc, une étude objective et qui
conclut de façon très, très
cinglante que les éoliennes, ça ne fonctionne pas. Les éoliennes, le
nouveau modèle d'affaires si on va de l'avant
avec cet appel d'offres de 800 MW, ça va
nous coûter combien, Mme la Présidente?
Ça va nous coûter 140 millions de dollars par
année pendant 20 ans. Est-ce qu'on a les moyens de faire ça,
Mme la Présidente, 140 millions de dollars
pendant 20 ans, alors qu'on sait qu'on est en surplus, alors qu'on
sait que ça coûte trois fois plus cher à produire?
Non, Mme la Présidente.
Il n'est pas
trop tard pour bien faire. Vous pouvez encore tirer,
justement, la ligne sur ce projet-là. Il est
encore temps, Mme la Présidente, que le
gouvernement se dise : Bon, bien là,
regardez, là, c'est bien fin, là, mais là ça ne marche pas, là, on va arrêter ça là, là, parce qu'on n'a
pas les moyens de perdre 140 millions de dollars en subventions
déguisées. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'étude qui a été commandée par
le gouvernement précédent. Alors, il est temps, Mme la Présidente, d'agir de façon sérieuse et rigoureuse et de mettre
un terme aux éoliennes, qui, malheureusement,
nous coûtent beaucoup trop cher.
À cet effet,
Mme la Présidente, en août 2012, il y a un économiste qui, lui, avait fait une
étude extrêmement sévère sur les éoliennes. Alors, il n'y a rien qu'il
ne disait pas là-dessus. Cette étude est signée par
M. Michel Lafontaine, et ça dit
que c'est ridicule de vouloir penser qu'on va réduire les effets de serre avec
les éoliennes, que la création d'emplois est absolument absurde — ce sont les mots qu'il dit — inefficacité en matière de production, que c'est
un caprice et de la fantaisie du pouvoir politique et qu'on souhaitait
même un enterrement discret. Qui a dit ça, Mme la Présidente? Il s'agit de M. Michel Lafontaine dans une étude faite en août
2012. Mais j'attire votre attention sur la page de garde : «À propos de l'auteur. Michel Lafontaine détient une maîtrise en sciences
économiques…» Bon, ça, ça va. Mais
attendez, suivez la suite :
«Remerciements. Nous tenons à remercier monsieur — je ne peux pas nommer
son nom, Mme la Présidente, il est
actuellement président du Conseil du trésor — [le président du Conseil du trésor], économiste et
professeur à l'École des hautes études commerciales, qui a généreusement
accepté d'effectuer une analyse critique du présent document. Il en est résulté des améliorations importantes tant au contenu
qu'à la présentation.» Voilà qu'aujourd'hui le président du Conseil du trésor, qui a collaboré à une étude qui dit que
les éoliennes, c'est ridicule en matière de réduction d'effet de serre, que c'est absurde en matière de
création d'emplois puis c'est inefficace en matière de production, que c'est
un caprice et une fantaisie du pouvoir politique et qu'on souhaitait un enterrement
discret, eh bien voilà qu'aujourd'hui le président du Conseil du trésor
est d'accord avec les éoliennes. C'est dommage.
Donc, Mme la
Présidente, en conclusion, j'ai quand même dit,
au début, qu'il y avait des bons éléments. Je
sais que ça fait longtemps, mais j'ai quand même dit qu'il y avait des bons
éléments. J'ai quand même dit aussi que ce gouvernement-là avait pris des
décisions qui n'étaient pas faciles et qui
allaient dans le bon sens, mais qu'à notre point
de vue il y a d'autres décisions beaucoup plus
courageuses qui auraient dû être prises et qui, nous le
souhaitons, seront prises, peut-être pas dans
ce budget-ci, mais dans les budgets à venir. Et, parlant de budget, Mme la
Présidente, en terminant, petit clin d'oeil, il y a à peine 100 jours, il y a à peine
100 jours, nous avons reçu ce document-là, budget
présenté par l'ancien gouvernement, et 100 jours plus tard nous
recevons ce budget-là, budget déposé par l'actuel gouvernement. Mme la
Présidente, deux choses. D'abord, je tiens à féliciter les fonctionnaires du
ministère des Finances parce qu'ils ont
travaillé très fort. En l'espace de 100 jours, pondre deux budgets comme
ça, il faut le faire. Mais, Mme la Présidente, au Québec, je ne pense pas qu'on a les moyens de
faire deux budgets en l'espace de 100 jours. On sait que le
gouvernement a quatre ans et demi devant lui
pour redresser l'économie du Québec, nous allons l'accompagner dans ces
démarches-là. Et nous souhaitons
vraiment que les mesures qui sont mises de l'avant, que nous soutenons,
fonctionnent bien. Et comptez sur nous pour assurer une vigilance très
précise et très sévère concernant le porte-monnaie des contribuables dans les
mesures fiscales du gouvernement. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, M. le député de Chauveau. Je suis prête à reconnaître le
prochain intervenant, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Le 4 juin dernier, le ministre des Finances a présenté, au nom
de notre gouvernement, la carte vers l'endroit où nous avons tous la
détermination de nous rendre : vers un Québec prospère, sûr de ses moyens, soigneux de ses citoyens les plus
vulnérables, égal à son plein potentiel et libre de ses choix. Compte tenu de la conjoncture, ce budget trace la
seule voie raisonnable à suivre, responsable et réaliste. Je suis
confiant que la population du Québec est prête à faire l'effort nécessaire pour
que nous nous rendions à destination, solidaires et munis des outils essentiels
pour en profiter longtemps.
Voilà l'exercice qui s'amorce maintenant et qui
nous interpelle toutes et tous. Qu'on ne se trompe pas, l'effort exigé est de
taille pour les familles, les entreprises, les fonctionnaires, les retraités,
les étudiants, mais les fruits de l'exercice
seront partagés et bien mérités. Comme le premier ministre l'a dit lors de la
campagne électorale, dans son
discours inaugural ainsi que chaque jour depuis, nous avons à bâtir la maison
du Québec sur les piliers solides. À partir de ces bases, il faut nous doter des moyens nécessaires pour mettre
pleinement en valeur notre richesse. C'est ainsi que nous pourrons
offrir aux Québécoises et Québécois d'aujourd'hui et des générations futures
une qualité de vie dont ils peuvent être fiers.
Mme la
Présidente, I know that the residents of my riding of D'Arcy-McGee understand
the contract. They understand the road map that will unfold as a result of
their voting so massively for the Government that was elected on April 7th. They understand that a new
foundation will be built by this Government on a vision of inclusiveness
and unity and on the solid and coherent values of hard work, investment, and
accountability.
The realization of those values
doesn't come easy, and the rewards they produce are often as much for our
children as they are for us, but that is how strong families are built. That is
how healthy societies are sustained.
The residents of D'Arcy-McGee
are ready to do their part. They count on this Government to provide the example, first, with a civil service that is lean
and retooled to properly meet today's challenges; second, with a
realistic regime of employment and business
support that facilitates rather than stifles the talents of those best placed
to create and produce wealth; third,
with decisive, clear, and compassionate direction on the protection of health,
education, social, and senior
services to citizens, the true benchmark of any responsible government's
performance; and, fourth, a coherent and ongoing plan to analyze,
evaluate, and, yes, if necessary and evident, eliminate inefficient or
ineffective government programs, incentives
or tax credits. The landmark budget delivered by the Finance Minister and
member for Robert-Baldwin last week addressed each of these four
priorities with great courage and clarity, and I will be proud to support it.
• (17 h 20) •
Ce budget s'illustre par la discipline et le
courage qu'il inspire. Il faut le constater, la conjoncture démontre que c'est la seule voie qui nous est offerte si
nous voulons nous rendre au bon port. Il faut agir et rapidement compte
tenu du déficit actuel, qui, le Vérificateur
général du Québec confirme, dépasse de façon dramatique les prévisions
irréalistes, voire irresponsables de l'ancien
gouvernement. Il faut agir et rapidement quand le Québec se place derrière
plusieurs juridictions canadiennes en termes de génération d'emplois,
quand c'est l'État lui-même qui génère un trop grand pourcentage de nouveaux emplois au Québec par rapport au secteur privé, un état de choses que les experts jugent important de
rectifier. Il faut agir et rapidement
quand chaque dollar des contribuables ne vaut que quelque 0,89 $ une fois les frais d'intérêt sur la
dette réglés par l'État.
It is a mistake to call this a
budget of austerity. I believe that those who have called it so are simply
buying into the morally dubious and frankly
intellectually lazy logic employed by the previous Government. The rigor and
sacrifice implicit in this budget are not
inspired by austerity, they are instructed by hope and conviction. That hope
and conviction is reserved for a
Québec that can continue to be a world model for services to those most in
need, a beacon for the rest of Canada on sexual equality where it really
matters, in delivering a level playing field with such government-supported services as sustainable, accessible day care,
parental leave, drug insurance, full-day kindergarten, sustainable funding
for seniors' autonomy, for
a network of community support organizations. If that's a recipe for austerity,
well then tell me where to sign up.
And one more thing :
infrastructure. Yes, there are meaningful and new expenditures in the budget,
even at a time of constraint, that are wise
to make in the interest of securing our future. I trust that the residents of D'Arcy-McGee will have noted that one such
investment in last week's budget was a $50 million line for new feasibility studies on pressing infrastructure projects. Included in them, I'm proud to
say, a study on the move forward for the long-awaited extension of Cavendish Boulevard. This is but one example, Mme la Présidente, of responsible infrastructure development where spending, even in challenging circumstances, is
absolutely indicated in the name of economic growth and stability that we all
seek.
Now,
let us remember the trouble will start if we say, «Yes, of course, we have to
be reasonable, we have to be responsible, there are hard choices to make, but, hey, not in my
backyard.» That cannot work. Yes, some of the sacrifice must happen in
my backyard and in yours.
Le premier ministre a
annoncé la création de deux commissions qui vont donner tout son sens au budget
à moyen terme, l'une sur la fiscalité, l'autre
sur la révision des programmes. Si l'échéancier actuel a obligé notre gouvernement à instaurer
plusieurs mesures paramétrées, le travail rigoureux et continu de ces deux
commissions va faire en sorte que le
prochain trajet sera tracé sur un terrain encore plus sûr. Nous aurons évalué l'ensemble,
les forces et les faiblesses des
programmes et services offerts. Nous aurons mieux compris la capacité des
entreprises et les besoins de notre main-d'oeuvre. Nous aurons maximisé
l'impact d'un véritable gouvernement responsable et efficace.
Le rôle d'un
tel gouvernement est de faciliter la création de richesse par l'ensemble des
agents socioéconomiques de la société,
pas de jouer à l'État divin en supposant que cette richesse émanera par magie
des seuls bureaux du gouvernement. Faciliter la création de richesse,
Mme la Présidente, voilà la recette qu'applique le budget de notre gouvernement
pour mener à bien la mission qui lui a été confiée par la population
québécoise, et voilà pourquoi c'est avec fierté que je lui accorde mon entier
appui. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de D'Arcy-McGee, pour
votre intervention. Je reconnais maintenant le député de Saint-Jean. À
vous la parole.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'interviendrai sur le budget qui a été présenté
par le gouvernement à titre de député de Saint-Jean, bien sûr, mais aussi comme
porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'emploi, formation professionnelle, alphabétisation et jeunesse, parce que c'est
les dossiers qui m'ont été confiés, mais je considère que c'est des
dossiers assez importants.
À la lecture, mais aussi à l'écoute du ministre
des Finances lors de la présentation de son budget, disons que, pour les gens du monde de l'éducation, on est un
peu restés sur notre appétit. Pas beaucoup d'interventions sur l'éducation,
et je n'embarquerai
pas dans le détail, mais encore moins sur l'alphabétisation et la formation
professionnelle. Pourtant,
lors de la dernière campagne électorale, le Parti libéral s'était engagé à revoir le modèle de formation
technique, formation professionnelle. Une allusion a
été faite au discours d'ouverture, mais,
visiblement, dans le budget, cet engagement-là
était un peu moins important. Puis on voit qu'en même temps toute l'aide
auprès des organismes communautaires
qui avait été annoncée et budgétée par notre
gouvernement pour les organismes en éducation,
4,5 millions de dollars de
plus, ça, ça tombe.
En même temps, on voit que le gouvernement
fédéral coupe les organismes en éducation des adultes, en alphabétisation. Donc, c'est des organismes, pourtant,
pourtant, qui ont un rôle essentiel dans la valorisation des personnes, l'estime d'eux,
mais aussi toute la question de l'employabilité
et de la préemployabilité. Quelqu'un qui ne sait pas lire, quelqu'un qui
ne sait pas écrire, quelqu'un qui a de la difficulté à lire ou à écrire a
besoin d'aide, a le courage d'aller voir un organisme — chez nous,
La Porte ouverte, par exemple — et on lui
dit : On n'a pas de place, on n'a pas d'argent. Chez nous, La Porte ouverte, un organisme qui
oeuvre depuis des années, est sur le bord de fermer parce qu'ils n'ont
plus d'argent. Samedi soir, on avait une
activité de financement pour essayer de les maintenir en vie pendant encore
quelques semaines, pendant encore quelques mois.
Mais c'est des gens qui ont de la difficulté à lire, à écrire. Pourtant, on leur dit : Vos besoins sont importants, mais pas assez
pour qu'on les mette dans un budget.
C'est pour ça
que j'ai décidé de faire de la politique, Mme la Présidente, pour aider les
gens qui en ont le plus besoin. Je comprends
qu'il faut faire des choix, en politique, mais je pense que les
organismes communautaires, c'est un bon choix.
En matière de
jeunesse, écoutez, Mme la Présidente, là, c'est un autre… Quand on dit la
question : À qui ça va faire mal, le budget? Les jeunes peuvent lever la main
puis dire : Ça va nous faire mal. Une
coupure de 18 % au Secrétariat à la jeunesse, c'est 8,6 millions de dollars de moins. Et là ce qu'on
nous dit, dans le budget, bien, dans les crédits, comme la Stratégie d'action jeunesse est venue à échéance,
bien, on ne budgète plus cet argent-là. Pourtant,
sous notre gouvernement, Mme Marois
avait annoncé un renouvellement d'un an de la Stratégie d'action jeunesse,
pourquoi? Pour faire en sorte que, pendant
qu'on fait le processus de consultation que nous avions commencé et que le
gouvernement en face n'aura pas le
choix de poursuivre parce qu'il faut avoir une
nouvelle stratégie d'action jeunesse puis une politique jeunesse aussi, pour ne pas qu'il y ait de trou pour les
organismes, pour les programmes, pour les initiatives jeunesse, on avait
renouvelé d'un an. Donc, dans les crédits, dans le budget, on voit que ce
renouvellement n'est plus là, donc on coupe 18 % du budget du Secrétariat
à la jeunesse.
À qui ça va
faire mal? Est-ce que c'est au cybermentorat? Est-ce que c'est au programme
IDEO 16-17? Est-ce que c'est au
Concours québécois en entrepreneuriat? Est-ce
que c'est à l'école d'été de l'Institut du Nouveau Monde? Est-ce que c'est dans les FRIJ, hein, les fonds d'investissement régionaux à la jeunesse,
partout au Québec, qui aident des projets différents? À qui ça va faire
mal? Pourtant, en même temps, dans le discours d'ouverture, dans le discours du
budget, aucun mot sur le renouvellement de la politique jeunesse. Les groupes ont soif de se faire entendre, les groupes ont soif de s'exprimer, mais surtout les groupes ont
soif et les jeunes ont soif d'avoir une nouvelle politique jeunesse, qui date depuis
maintenant 15 ans. Et je peux comprendre, à la lumière de tout ça,
que le ministre responsable de la Jeunesse, qui
est aussi premier ministre du Québec, mais n'a toujours pas indiqué clairement
qu'il est ministre responsable de la Jeunesse… Encore aujourd'hui, sur le site du premier
ministre, sur le site de l'Assemblée nationale, ce n'est pas mentionné, lorsqu'il a prêté serment, il ne l'a pas
mentionné, mais pourtant c'est lui le ministre responsable de la Jeunesse.
Quand on coupe 18 % du budget à la
jeunesse, je peux comprendre qu'on ne veut pas dire que nous sommes ministre
responsable de la Jeunesse.
• (17 h 30) •
En matière d'emploi, Mme la Présidente, encore
là, ça ne va pas bien. On a vu, c'est écrit,
dans le budget du gouvernement libéral, une confirmation que, sous notre
gouvernement, en 2013, 47 800 emplois ont été créés. 47 800 emplois ont été créés, en 2013, sous un
gouvernement du Parti québécois. En 2012, 30 800 emplois ont été
créés. Je vous rappelle, élections, septembre 2012
jusqu'en décembre, quelques mois, 30 800
emplois; 2013, toute l'année du gouvernement
libéral, 47 800 emplois. 7 avril dernier, élection d'un gouvernement
libéral. Depuis avril, 50 000 emplois temps plein ont été perdus au Québec. On est loin du 250 000 emplois
annoncés, promis lors de la dernière campagne électorale.
Une voix : ...
M.
Turcotte :
Bien, c'est l'effet libéral, effectivement. Les investisseurs devaient se ruer
aux portes pour investir au Québec, 50 000 emplois temps plein ont
été perdus depuis deux mois, donc depuis l'élection du Parti libéral comme gouvernement. Pour, si on peut appeler ça
ainsi, se racheter, le Parti libéral, dans son budget, prévoit 31 300
emplois en 2014 de créés. On est loin du 47 800 emplois créés sous
un gouvernement du Parti québécois en 2013. Et, en 2015, 46 300 emplois seront créés, nous dit-on. On
est encore loin du 47 800 emplois créés sous le Parti québécois en
2013.
Donc, quand on parle
d'emplois, des fois on parle de chiffres, on peut additionner, on peut
soustraire. Ça fait que, mettons, on dit : On part à moins 50 000
emplois temps plein depuis l'élection du gouvernement du Parti libéral. À ça, on ajoute 31 300 emplois que le
gouvernement voudrait créer en 2014, on ajoute 46 300 emplois en 2015.
Donc, entre janvier 2016 et octobre 2018, le gouvernement libéral devra créer
222 000 emplois pour atteindre son engagement électoral de 250 000. C'est
tout un défi, tout un défi quand on voit qu'en même temps, bien, le
gouvernement coupe 17 millions de dollars dans les mesures d'aide à l'emploi,
quand on voit que le gouvernement met fin aux gazelles, qui étaient une
initiative pour créer des emplois, pour aider nos entreprises partout au
Québec, pour soutenir nos entreprises, pour faire en sorte que nos petites
entreprises deviennent des moyennes et que nos moyennes deviennent des grandes, faire en
sorte qu'on crée davantage de richesse pour mieux la répartir, oui, mais aussi
créer des emplois et des emplois de qualité, des emplois de qualité.
Quand on coupe dans
les crédits d'impôt dans différents domaines, mais dans le multimédia, dans le
monde de la production cinématographique… En fin de semaine, dans ma
circonscription, production cinématographique en face du cégep Saint-Jean, là, dans le quartier Saint-Edmond, une
production américaine. Souvent, à Saint-Jean, on en a. On coupe 20 %. On vient que le choix peut
mettre en danger nos régions, faire en sorte qu'on va créer moins de
richesse, moins d'emplois ici. C'est toute
une industrie qui est déjà fragile quand on le voit avec le débat sur l'assurance-emploi,
où l'industrie culturelle est mise à mal avec les modifications de l'assurance-emploi
au fédéral. Quand on voit qu'on coupe en plus dans le crédit d'impôt, on vient
encore plus fragiliser un secteur qui était déjà fragile.
Donc,
Mme la Présidente, je pourrais vous parler de dossiers plus locaux de ma
circonscription, entre autres la question
des CPE, les CPE, chez nous, qui ont des projets en ce moment qui ont été
annoncés de la ministre… Ils sont en train d'acheter les terrains, faire
des acquisitions, puis tout ça, et là on s'aperçoit que, là, finalement, ils ne
savent pas trop. On est devant un trou. Pourtant, ces enfants-là qui naissent
aujourd'hui ont besoin d'une place, là. Il ne faut pas leur dire : Bien, quand vous serez en deuxième année, là, dans sept
ans, bien, on va vous donner une place. C'est un dossier qui parle, mais
c'est un dossier qui a un lien clair avec l'emploi. Si on veut faire en sorte
que notre monde puisse travailler, il faut aussi leur donner un environnement
environnant qui est facilitant pour l'emploi.
Je
pourrais vous parler de d'autres dossiers de ma circonscription, mais j'aurai
quelques mois, quelques années ici comme député. Les gens m'ont élu pour
un troisième mandat, j'aurai l'occasion de le faire à d'autres occasions.
Motion formulant un grief
Mais, en terminant,
Mme la Présidente… puis vous ne serez pas surprise, avec ce qu'on a vu dans le
budget par rapport à l'emploi, que je vais déposer une motion :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté le
budget libéralo-caquiste de 2014‑2015 qui prévoit une diminution de la création
d'emplois au Québec.»
Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député. Je
vous indique que votre motion est déposée sous réserve de sa
recevabilité.
Maintenant, je suis
prête à céder la parole à M. le député de Mégantic. La parole est à vous.
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. J'interviens sur le
budget 2014‑2015 présenté par mon gouvernement la semaine dernière. Ce budget
est un budget de rigueur, un budget responsable et sérieux dans les dépenses, et il pose aussi des gestes structurants
pour la relance de l'économie avec un budget de dépenses. Finalement, avec des crédits
après plus de 18 mois, on peut enfin se dire que nous savons où nous
allons aller.
Le
gouvernement a aussi annoncé la création de deux comités
permanents, un sur la révision des programmes et l'autre sur la
fiscalité, qui ont pour objectif de faire du développement à long terme et d'assurer
que le gouvernement va poursuivre des objectifs
long terme. Il y a aussi un cran d'arrêt sur les dépenses publiques,
O.K., un autofinancement des ministères, la réduction des dépenses et
des projections des impacts de chaque programme sur trois ans, ce qui va
permettre aux ministères de pouvoir interagir, et de voir les impacts, et possiblement
de corriger avec beaucoup plus de clarté sur le futur.
Du budget 2010‑2011 à
2014‑2015, la main-d'oeuvre a augmenté en moyenne de 3,6 %, incluant les
salaires et les volumes. Il est très clair que nous ne pouvons pas continuer
dans cette direction-là. Et la dette représentera en 2014‑2015 10,8 milliards par année, ce qui est une somme très
considérable. Et, avec le gouvernement péquiste, qui nous enlignait vers un 15 milliards additionnel,
ce qui aurait représenté un autre 500 millions additionnel après
2015‑2016, donc il est très clair qu'il
fallait changer la direction dans laquelle l'économie du Québec s'en allait. Et
il faut noter à ce fait que l'endettement maximal des Québécois a eu
lieu en 1998, quand la dette du Québec représentait 57 % du PIB, et nous
voulons arrêter cette hémorragie à 54 %. Donc, on ne pourra pas nous
attribuer le blâme d'avoir endetté les Québécois jusqu'à leur limite.
Le budget 2014‑2015
est un budget pour relancer l'économie, accroître la richesse et créer des
emplois. Nous agissons pour rétablir la
confiance des investisseurs et des consommateurs. Les premières initiatives
sont pour une plus grande
productivité et faire un contrepoids à la réduction de la population
active. Comme vous le savez, Mme la
Présidente, nous sommes dans une période pivot de notre histoire où le nombre
de retraités augmente plus rapidement que les nouveaux arrivants sur le marché
du travail, et cet aspect de notre société là va créer des changements majeurs à
long terme. Donc, en soi, à la base, ceci représente un changement important pour
la fiscalité.
Il
faut aussi redresser les finances publiques. Comme j'ai mentionné précédemment,
si rien n'était fait, on aurait eu en 2014‑2015 un déficit de
5,9 milliards et, en 2015, un déficit de 7,6 milliards. Et, avec les
mesures que nous avons dans ce budget, nous allons nous retrouver à l'équilibre
en 2015‑2016.
De
plus, notre ministre des Finances s'est aussi engagé à de la transparence.
Donc, trois mois avant la prochaine élection, il s'engage à avoir un
rapport du Vérificateur général sur l'état des finances du moment pour s'assurer
que nous aurons l'heure juste lors d'une prochaine élection, et il y aura une
reddition publique des rapports mensuels des opérations
financières du gouvernement. Donc, ces exemples de mesure, Mme la Présidente, apportent
une transparence et une visibilité qui va permettre aux Québécois de
voir ce qui se passe dans leur gouvernement.
La relance va passer par
des investissements privés. Donc, nous donnons un appui à ces investissements, dont les PME sont les plus importantes. Comme vous le savez, 50 % des emplois au Québec sont dans les
PME, et plus de 70 % des nouveaux emplois sont créés par les PME.
Donc, la réduction générale des taux de taxation des PME québécoises de 8 % à 4 % au cours des
deux prochaines années constitue un élément majeur dans la création d'emplois.
• (17 h 40) •
Un autre
élément est l'assistance au transport pour l'exportation qui, elles aussi, sont
des mesures que beaucoup d'entreprises
de mon comté attendent avec beaucoup de fièvre du printemps, comme je dirais,
parce qu'elles sont vraiment excitées de savoir qu'elles vont pouvoir
peut-être exporter dans des marchés ou des créneaux qui, auparavant, leur
étaient un peu interdits, dû, justement, à ce coût des transports. Il y a aussi
l'allègement réglementaire de 20 % qui va sûrement amener, au cours des prochaines années, des avantages très
sérieux au niveau des industries et leur permettre de se concentrer
beaucoup plus rapidement sur les éléments critiques de leurs opérations et d'amener
des croissances stratégiques qui vont aider
l'économie du Québec. Il y a aussi le soutien à l'innovation, qui va ajouter
150 millions sur trois ans et pourra profiter à plus de
175 000 nouvelles entreprises au Québec. Donc, voici, Mme la Présidente,
des mesures concrètes et réelles d'un redémarrage de l'économie.
Il y a aussi
un programme via Investissement Québec pour le maintien et le développement des
sièges sociaux, et nous voulons implanter les mesures qui avaient été
faites via les consultations et le rapport Séguin. On a aussi, naturellement,
la stratégie maritime qu'un de mes célèbres confrères pilote de ce temps-ci.
Donc, les infrastructures portuaires et fluviales, pôle en Montérégie, les
chantiers navals, une biotechnologie marine, autant d'éléments de développement
pour une stratégie maritime qui a pour objectif de créer plus de 30 000
emplois.
Il y a aussi
le redémarrage du Plan Nord qui est un élément critique, premièrement pour son
développement dans les régions
nordiques, mais aussi dans mon comté, moi, où plusieurs entreprises, qui, en
2012, étaient en pleine croissance et en
développement économique sérieux, ont subi des contrecoups extrêmement pénibles
dans les deux dernières années, et ils voient d'un oeil absolument
brillant de découvrir qu'ils vont avoir l'opportunité de réengager leur
personnel et peut-être de faire des
affaires… qui, maintenant, essaient de les relocaliser vers l'Alberta parce qu'au
Québec, les mines, il ne se passe
plus grand-chose. Donc, le redéveloppement du Nord, et cette relance-là a
définitivement un impact profond chez nous.
On parle aussi des ressources naturelles, qui
sont un autre moteur important, tout d'abord avec le soutien au secteur forestier. Le développement des mines, il
faut rétablir la confiance des investisseurs. Il y a les hydrocarbures,
qui, après une étude environnementale stratégique, nous permettront d'avoir un
développement rigoureux et cohérent. Et, naturellement, il faudra profiter de
nos surplus hydroélectriques pour attirer des nouveaux investisseurs qui vont
nous permettre de se développer rapidement.
Finalement,
Mme la Présidente, je voudrais parler brièvement des infrastructures, qui vont,
pour la première fois, être présentées sur un plan de 10 ans, où nous y
retrouvons plus de 90 milliards d'investissements, et je crois que ça va nous permettre de planifier avec précision ce
qui va se passer. À titre d'exemple, les infrastructures vont
représenter au Québec 53 000 emplois,
et, dans le PQI, nous y retrouvons maintenant 42 projets en étude, 41 projets
en planification et 58 projets en réalisation.
Finalement,
Mme la Présidente, à l'intérieur de ce budget, on y retrouve les engagements du
nouveau gouvernement de 345 millions pour la reconstruction de
Lac-Mégantic, qui, pour moi, constitue une assurance pour mes citoyens de la
reconstruction de la ville. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M.
le député de Mégantic.
Alors, pour la poursuite du débat sur la politique budgétaire du
gouvernement, je reconnais M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M. LeBel : Merci, Mme la Présidente.
Pour ma première réplique au budget, vous savez, dans mon nouveau rôle de député, ce qui m'a frappé le plus en
partant, c'est les cas de comté au niveau de la pauvreté, les cas de comté,
des problèmes avec l'aide sociale, Hydro-Québec. Quand tu es conseiller, tu es
derrière un peu partout, tu conseilles les députés, tu dis plein de choses, mais ça, quand tu n'as pas
ça dans… La première fois, tu réagis, là, c'est… Première fois, mon premier cas, je n'en revenais pas, la madame, c'était
compliqué, là il fallait que tu trouves des façons avec des groupes de
la place. Avant, il faut que tu bouges, il
faut que tu essaies de trouver des solutions pour régler un problème qui est
criant puis qui vient te chercher là, là. C'est
quelqu'un qui vit de la pauvreté, puis c'est… Ça, je vous le dis avec beaucoup
d'émotion, ça a été mon premier face à face
avec mon rôle de député. Puis, ça ne finit pas, une de mes conseillères, Elsa,
vient de m'écrire, un problème, là,
au niveau de la condition maritale d'une personne. Là, c'est encore bien
compliqué, là, je ne sais pas comment qu'on va faire pour s'en sortir.
Elle vient juste de m'écrire. D'ailleurs, je veux les remercier. Puis, je sais que c'est un peu comme ça dans beaucoup de
comtés, le personnel de comté, ils font des miracles avec des cas
criants de pauvreté. Pour moi, ça me touche beaucoup.
Et, en
campagne électorale, j'avais rencontré beaucoup de groupes. Je me rappelle d'une
maison des femmes, des femmes en grande difficulté que les gens, le
groupe communautaire, avaient réussi à ramasser, à réunir puis à leur permettre de discuter avec les candidats, des gens
qui étaient assez isolés, qui avaient de la difficulté, des fois, à
exprimer ce qu'ils voulaient, mais, grâce à ces groupes-là, ils réussissaient à
donner leur point de vue puis à influencer un peu la démocratie. Je dis ça
parce que c'est important, ces groupes-là.
Je pense
aussi à Moisson. Ça, ça m'a aussi très impressionné. Quand tu fais le tour puis
tu vois tout ce qu'ils ont pu ramasser comme bouffe, puis comment ça
sort rapidement, puis comment les gens viennent s'en servir puis… les gens issus de l'immigration,
des familles, des jeunes familles qui viennent chercher des… parce qu'ils
vivent quelque chose, il y a…
Rimouski, ce n'est pas une ville pauvre, là, c'est… mais il y a des familles
entières qui vivent des situations difficiles, qui courent les banques
alimentaires, ça se vit là.
J'ai vu aussi
un groupe qui s'appelle Je raccroche, qui ramasse des jeunes qui ont décroché
complètement puis qui sont des jeunes adultes, puis qui ne s'en sortent
pas, là, tu sais, pas de formation, pas rien, pas d'emploi, pas de… C'est des
jeunes qui n'ont pas d'avenir puis qui vivent des situations de pauvreté très,
très, très jeunes.
C'est des
groupes qui s'impliquent dans la communauté, qui sont hyperimportants. C'est
des groupes qui luttent contre la pauvreté quotidiennement, qui la
vivent quotidiennement puis, comme un peu mon personnel de comté, trouvent des
solutions miracles à chaque fois, je ne sais pas comment ils font.
Mais, dans le budget qu'ils ont vu dernièrement,
il n'y a rien sur la pauvreté, il n'y a rien pour lutter contre la pauvreté. Ils ne trouvent rien, ces groupes-là,
là-dedans qu'ils peuvent dire : On va les mobiliser, on va… Ça va nous
aider quotidiennement, ça va nous aider à
régler des cas. Il n'y a rien dans le budget pour ça, sauf dans la colonne des
revenus, où on dit : On va aller voir s'il n'y a pas de fraudeurs, tu
sais, puis on va essayer d'en sortir un peu d'argent. Là, il y a quelque chose,
mais, positivement, on ne le voit pas.
Puis en plus…
on ne donne pas d'espoir aux groupes puis aux gens, aux plus démunis, mais, en
plus, on vient annuler l'augmentation
qu'on voulait donner à ces groupes communautaires là. On vient leur couper les
vivres, on vient dire : Continuez à travailler, continuez à lutter
contre la pauvreté, mais on ne te soutient pas. On ne te soutient pas mieux qu'on
pouvait faire, on ne répond pas à tes besoins.
Puis on peut
en parler, de ces groupes-là. J'ai travaillé longtemps dans les groupes
communautaires, puis c'est vrai que,
des fois, il y a des opérations qui dérangent. Je me souviens, une fois, nous
autres, on avait fait l'opération baloney. On avait envoyé aux députés fédéraux des tranches de baloney dans des enveloppes
puis on avait comme inondé de tranches de baloney la Chambre des communes. Mais c'est sûr qu'il y a des opérations
comme ça qui peuvent déranger, puis on en connaît. J'ai été dans des cabinets et j'ai vu, à un moment donné, des
groupes débarquer avec… On a parlé des pauvres enchaînés à la pauvreté, ils arrivaient avec des chaînes dans mon
bureau, puis c'est vrai que, des fois, ça dérange. Mais, s'il n'y avait pas ces groupes-là, il y a bien des
débats qui ne se feraient pas, il y a bien des questions qu'on ne se
poserait pas. Ça fait que ça dérange, mais il faut qu'ils soient là, il faut qu'ils
continuent à être là.
• (17 h 50) •
L'autre jour, je suis allé en rencontrer, puis,
on peut se le dire entre nous autres, ils m'ont dit : Oui, ça nous surprend que vous soyez là, le gouvernement du
Parti québécois, ta, ta, ta… Mais, regarde, je suis allé pareil, je suis
allé leur parler, je suis ouvert à… Tu sais,
il faut discuter avec ces gens-là. On
n'est peut-être pas toujours d'accord avec les groupes, puis on reconnaît un peu les groupes que ça peut être, mais il faut qu'ils
soient là, ces groupes-là. Puis on est capables de les mobiliser. On l'avait
fait avec la loi n° 12 en 2002, la loi n° 12 pour lutter contre la
pauvreté. On avait réussi à les mobiliser. Il y avait une mobilisation citoyenne
qui exigeait une loi contre la pauvreté, et le gouvernement avait eu le courage
d'aller les entendre, même si ce n'était pas toujours facile.
Puis, je me rappelle, j'ai fait des tournées à l'époque,
j'étais chef de cabinet de la ministre, il y a des bouts, je me suis fait ramasser, tu sais. Puis, une chance
que je connaissais un peu le discours des groupes communautaires, mais on se faisait ramasser
souvent. Sauf qu'on a réussi. On a continué, on a dit : On va être
capables de déposer quelque chose, et avec
des fonctionnaires au ministère qui sont dévoués, qui veulent, qui y croyaient
parce que c'était une première loi
dans le monde qui pouvait lutter contre la pauvreté. Ils y croyaient, ils y ont
mis de l'énergie, et, avec cette énergie-là, cette volonté politique
puis aussi la mobilisation citoyenne, on a réussi à déposer un projet.
250 groupes, à peu près, qui sont venus déposer
des mémoires en commission parlementaire. Ça a été long, beaucoup de questions, beaucoup aussi d'agressivité
quelquefois. Le Conseil du patronat ne disait pas toujours la même chose que le groupe de lutte contre la pauvreté,
je vais vous dire. Mais on a réussi à mobiliser tout le monde, et, avec
la ministre Goupil, il y avait Mme la députée de Pointe-aux-Trembles aujourd'hui,
on avait réussi à déposer la loi et qui a été adoptée ici à l'unanimité.
Et, je m'en rappellerai toujours, il y avait du
monde partout, partout, partout ici, c'était plein. Puis, il y avait de l'émotion
dans l'air, là, ça n'avait pas de bon sens, il y avait des gens qui pleuraient
dans les tribunes. Tous les députés s'étaient
levés. Du côté du Parti libéral, je pense que c'était M. Sirros qui était le
critique, et il avait appuyé… il avait
travaillé pour la loi. Tout le monde s'était levé, puis ça avait été un moment
inoubliable. J'étais derrière vous, dans le coin, en arrière du trône. J'étais
au cabinet du premier ministre, et c'était un moment que je n'oublierai jamais.
Et je pense qu'aujourd'hui on devrait être
capables de mobiliser parce que la loi prévoit à l'article 4 qu'après 10 ans il faut refaire nos cibles, il faut revoir
nos cibles, il faut faire un bilan et revoir nos cibles. Bien, les 10 ans
sont faits, on est rendu là. Ça fait que je me dis : On devrait être
capables de remobiliser les gens, revoir avec eux des nouvelles cibles, faire un premier bilan. Il y a des gens,
là, que… Le Collectif pour un Québec sans pauvreté, il a fait son
premier bilan. Ce n'est pas toujours positif, mais il y a du positif. Il faut
regarder ça avec eux. Le CEPE, Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion, le ministre doit avoir vu aussi les rapports,
sort des lignes assez intéressantes, mais propose des avenues pour ce qu'on pourrait faire comme bilan,
comme nouvelles cibles, qu'est-ce qu'on pourrait se donner comme objectifs, comme espoirs. Parce que, la lutte à la
pauvreté, je ne peux pas croire que c'est fini là, là. Ça fait 10 ans,
mais ce n'est sûrement pas fini. Ça fait que comment on peut faire? Comment on
peut tracer un bilan sans refaire un peu cette grande mobilisation citoyenne qu'on
avait faite il y a tout juste une dizaine d'années?
Je pense qu'on
peut le faire si on est ouverts. Ça fait que, comme, à l'époque, l'opposition
avait bien travaillé avec le gouvernement, je pense qu'on peut le faire
aussi ensemble, à mon avis. Mais comment… Parce qu'actuellement la loi, qui est
toujours là en vigueur, met des cibles, mais l'article sur les cibles est
caduc. Ça fait que comment le gouvernement peut savoir où est-ce qu'il va en
matière de lutte à la pauvreté quand il n'a pas de cibles? J'en doute. Je me pose des questions s'il sait vraiment où est-ce qu'il
s'en va en matière de lutte à la pauvreté, et est-ce que c'est la commission de
révision des programmes qui va développer… va nous faire, va nous donner, par
sa révision de l'ensemble des programmes… Est-ce que c'est la commission de
révision des programmes qui va nous indiquer les nouvelles cibles à avoir, à se
donner?
Ça, ça m'inquiète
royalement. Je suis très, très inquiet et j'insiste… et je vais essayer de
trouver la solution avec le ministre,
voir comment on pourrait mobiliser les gens, aller voir les groupes sur le
terrain, les groupes communautaires qui travaillent quotidiennement à lutter contre la pauvreté, comment qu'on
peut se donner des nouvelles cibles et comment on peut convaincre le
gouvernement, dans sa révision de l'ensemble des programmes, de ne pas toucher
à l'essentiel qui peut aider des gens, du monde ordinaire, des gens qui ont des
problèmes précis, qui ont des problèmes qui viennent les chercher dans leurs
familles, dans les enfants, comment qu'on peut faire pour ne pas toucher des
programmes qui pourraient venir pénaliser ces gens-là. C'est ce que je souhaite
pouvoir faire dans les prochains mois. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député. Et il y a-t-il un prochain intervenant? M.
le leader du gouvernement.
M. Fournier : Je ne veux pas
intervenir dans le débat actuellement, mais simplement noter, Mme la Présidente,
qu'il reste cinq minutes. Si nous avions un consentement de la part des
autres parlementaires, pour ne pas hachurer
la communication de notre prochain collègue, peut-être il serait préférable de nous en remettre après le
repas.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement pour suspendre les travaux jusqu'à 19 h 30?
Alors, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30, ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 19 h 30)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, chers collègues, veuillez vous asseoir. On va vous souhaiter une bonne
soirée.
Alors, aux affaires prioritaires — parce
que c'est là que nous en sommes — à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée nationale poursuit le débat sur la
motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du gouvernement
ainsi que sur les motions formulant un grief présentées dans le cadre de ce
débat.
Je suis maintenant prêt à céder la parole au
prochain intervenant et je reconnais… Aidez-moi, là, parce que je n'ai pas eu
le temps.
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, c'est M. le député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Exact.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, allez, à vous la parole, M. le député de Pontiac — ou à
M. Fortin, qu'on n'a pas le droit de dire.
M. André Fortin
M. Fortin (Pontiac) : Merci, M. le Président.
Je ne me tannerai jamais de vous entendre dire ces mots-là en cette Chambre.
Mercredi
dernier, tous les députés ici, en cette Chambre, ont eu le privilège d'entendre
de vive voix le discours du budget du
ministre des Finances. Et, bien qu'il y aura toujours des voix discordantes, la
grande majorité des députés ici présents comprennent la difficulté de l'exercice,
étant donné la situation financière difficile du gouvernement. On a beaucoup entendu parler du cran d'arrêt, de
déficit structurel, mais la réponse au discours du ministre des Finances
que j'exprime aujourd'hui est celle des gens
de Pontiac. Vous me permettrez donc de prêcher pour ma paroisse et d'analyser
les bonnes nouvelles du discours sous l'angle des gens de chez nous.
Over the last year, I have
traveled nearly every boulevard, every highway, every street and every dirt
road in Pontiac, all the while talking to
residents, to business people, to entrepreneurs about what could help
kick-start our regional economy, which has suffered greatly in the last
few years.
Le consensus était
facile à identifier, M. le Président. Leur fierté habituelle étant
inébranlable, les gens du Pontiac ne veulent
pas de simples subventions. Ils veulent un environnement qui leur permettra de
se lancer en affaires, un
environnement qui leur permettra de réussir en affaires, un environnement et un
gouvernement qui ne leur mettra pas de
bâtons dans les roues, mais qui plutôt mettront en place des conditions
compétitives, compétitives avec nos voisins immédiats. Parce que, chez
nous, dans notre région frontalière, les entrepreneurs ont le choix : le
choix de s'établir à Shawville ou à Renfrew, à L'Isle-aux-Allumettes ou à
Pembroke, à Aylmer ou à Ottawa et, trop souvent, ils font le choix de l'Ontario.
Concrètement,
le problème est simple à régler : mettre en place des mesures compétitives
pour nos PME, un ensemble de mesures qui
fera que les entrepreneurs choisiront chez nous non pas simplement et seulement
par fierté, mais parce que nous
offrons un environnement meilleur pour nos PME, un environnement où celles-ci
trouveront un taux de taxation
compétitif avec l'Ontario, où celles-ci ne souffriront pas d'un excès de
paperasse bureaucratique et où celles-ci auront un accès facile à leur
gouvernement. Voilà la plateforme sur laquelle j'ai fait campagne localement.
Eh bien, M. le Président, quelle joie, quel
soulagement d'entendre le ministre des Finances, mercredi dernier, annoncer que
le taux d'imposition pour les PME
manufacturières passait de 8 % à 6 %, et ce, dès le dépôt du budget,
et à 4 % l'an prochain.
Lowering
taxes for small and medium businesses is a concrete measure that will have a
direct impact in entrepreneurs choosing to set up shop in Aylmer and in the
Pontiac.
Voilà une mesure qui poussera certainement les investisseurs et les
entrepreneurs à choisir Shawville, à choisir L'Isle-aux-Allumettes et à choisir Aylmer. Mais, au-delà de cette
mesure, M. le Président, ce budget permettra également d'établir un lien de confiance entre notre gouvernement
et les Québécois, car il reflète bien le début de la mise en place du
programme électoral qu'ils ont choisi, celui du Parti libéral du Québec.
En campagne
électorale, nous avons réitéré l'importance du secteur forestier pour l'économie
québécoise. Ce constat, je l'avoue, a fait
plusieurs heureux dans mon coin de pays, un coin de pays où l'industrie
forestière, depuis des générations, a toujours été au coeur de notre développement
économique, mais un coin de pays qui, au cours des dernières années, a
grandement souffert du ralentissement de cette industrie. Heureusement, il y a
encore chez nous des gens passionnés de la forêt, qui travaillent d'arrache-pied
pour relancer ce secteur économique. Pour ces gens, voici ce qui avait été mis de l'avant. Le 22 mars 2014, en campagne
électorale, le chef du Parti libéral du Québec promettait, et je le cite : «[Nous améliorerons] la
productivité et la compétitivité de la forêt québécoise [...] en assistant
l'industrie et les coopératives forestières dans le renouvellement des
équipements forestiers, au moyen de garanties de prêts.» Une promesse tout à fait légitime, une promesse
importante, une promesse concrète pour nos travailleurs, mais une
promesse qui créa des attentes. Et donc, le 4 juin 2014, le ministre des
Finances se leva et dit, et je le cite : «J'annonce une enveloppe de 20
millions [...] pour faciliter l'accès au financement des entreprises et des
coopératives forestières souhaitant renouveler leurs équipements.»
Mais
les bonnes nouvelles pour l'industrie forestière n'étaient pas terminées, car,
le 22 mars 2014, en campagne électorale, le chef du Parti libéral du
Québec promettait, et je le cite encore : «[Nous favoriserons] l'innovation
[en foresterie] en continuant d'appuyer la
valorisation de la biomasse forestière.» Une promesse qui sema l'espoir à long
terme d'une nouvelle utilisation de notre
forêt. Une promesse qui pouvait assurer la prospérité à long terme de
communautés comme les nôtres. Et, le 4 juin 2014, le ministre des Finances se
leva et dit, et je le cite : «J'annonce [...] un fonds de 20 millions
[...] pour le développement de la filière biomasse forestière résiduelle au
Québec.»
Enfin,
je poursuis. Le 22 mars 2014, en campagne électorale, le chef du Parti libéral
du Québec promettait, et je le cite : Nous porterons les
investissements sylvicoles de la forêt publique à 225 millions de dollars, et
ce, sur une période de cinq ans. Une
promesse qui remettrait immédiatement des travailleurs dans nos forêts
québécoises. Et, dans ce cas, nous n'avons
même pas eu à attendre que le ministre des Finances se lève. Le 29 avril, le
premier ministre du Québec lui-même se rendait à la Coopérative
forestière de Charlevoix pour dire : Nous annonçons aujourd'hui une somme
qui portera les investissements sylvicoles en forêt publique à 225 millions de
dollars.
Ces
annonces, M. le Président, dans un secteur qui a éprouvé de la grande
difficulté, démontre toute l'importance que ce gouvernement y accorde,
mais la foresterie, ce n'est pas tout dans la vie. Et, malgré un contexte
difficile, le gouvernement travaille à
remplir ses engagements dans bon nombre de secteurs, car, le 9 mars, nous
lancions l'idée de la toute première
stratégie maritime de l'histoire du Québec. Le 4 juin, le ministre des Finances
affirmait qu'il commençait immédiatement la mise en oeuvre de la
stratégie maritime en prenant plusieurs initiatives majeures à cet effet. Et,
le 14 mars, nous promettions la relance du
Plan Nord en reprenant exactement où celui-ci avait été mis de côté par le
dernier gouvernement. Le 4 juin, le ministre
des Finances annonçait qu'il faisait renaître le Plan Nord dans toutes ses
dimensions : économique, sociale et environnementale.
M. le Président, je
pourrais continuer ainsi toute la soirée, mais, puisque j'apprécie bien mes
collègues de l'opposition, je vais leur donner un petit répit. Mais tout ça, M.
le Président, c'est pour vous indiquer à quel point ce gouvernement prend au sérieux les engagements qu'il a pris et pour
lesquels les Québécois se sont dits d'accord. Au cours de ce mandat, nous travaillerons à réaliser nos
engagements pour les PME, pour la foresterie et pour les travailleurs,
et ce, dans un contexte financier difficile,
tel qu'exprimé par le Vérificateur général du Québec. Le budget présenté la
semaine dernière par notre collègue le ministre des Finances est la première
étape vers ces réalisations, et je l'en félicite. Merci, M. le Président.
• (19 h 40) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, M. le député de Pontiac, de votre intervention sur le discours du budget. Et je cède maintenant la parole, pour la poursuite du débat, à M. le député de Marie-Victorin pour
son intervention sur le même discours. M. le député de Marie-Victorin, à vous.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, le gouvernement du Parti
libéral nous a annoncé un programme
d'austérité. Ça, il n'y a pas personne qui est un peu sensé qui remette ça en question.
Et, M. le Président, à mon
avis, l'ingrédient essentiel pour que le gouvernement réussisse son
pari de faire accepter aux Québécois tous les sacrifices qui viennent
avec ce programme d'austérité, c'est la confiance.
Il
faut que les citoyens aient le sentiment que ce gouvernement libéral recherche
davantage l'intérêt collectif que son intérêt partisan. Or, qu'est-ce qu'on
observe depuis qu'ils sont là, M. le Président? On observe plusieurs reculs
qui, les uns après les
autres, font la démonstration que c'est d'abord l'intérêt partisan, l'intérêt
du Parti libéral, que recherche ce gouvernement-là.
Et,
pour bien comprendre ce qui se passe, je pense qu'il faut retourner à la
campagne électorale et voir tous les engagements qu'ils ont pris, qu'ils
ont brisés depuis. Je vous rappelle, M. le Président, le recul, d'abord sur
tout le taux de croissance économique qu'ils
nous avaient promis, hein? Ils avaient dit qu'il y aurait un effet libéral dès
leur arrivée au pouvoir. Ça me fait
penser, un petit peu, ça, M. le Président, à l'engagement que Jean Charest
avait pris en 2003, vous vous en rappelez? Lors de l'élection de 2003,
il avait dit : Quand les libéraux vont arriver au pouvoir, il n'y aura
plus d'attente dans le système de santé; on
va mettre fin à l'attente dans le système de la santé. On s'est bien rendu
compte, dans les années qui ont suivi, que non seulement ils n'ont pas mis fin
à l'attente, mais l'attente a augmenté.
Alors,
dans le cas de la croissance économique, ils se sont engagés à une croissance
économique de 2,1 %; on s'aperçoit, dans le budget, que ce sera
1,8 %.
Pendant
la campagne, ils ont remis en question le fait qu'on ait créé 47 800
emplois. Le premier ministre actuel a même dit que c'était un chiffre
qui était faux. Il a dit que c'était digne d'une stagflation. Or, on se rend
compte, dans les documents budgétaires
déposés par le Parti libéral, que ce chiffre-là est bien vrai et que, pour ce
qui est de leur propre projection de
création d'emplois, ils sont en dessous du 47 800 emplois qu'on a créés en
2013. Ils sont à 31 300 emplois, c'est leur projection. Donc, non
seulement la croissance économique, l'effet libéral, ne se matérialise pas en
matière de croissance de l'économie, mais ça ne se matérialise pas non plus en
termes de création d'emplois.
Regardez
le recul, également, sur les 15 milliards d'immobilisations. Là-dessus
aussi, ils ont reculé. Ça devait être
la clé, justement, de cette croissance économique faite de béton et d'asphalte.
Ils sont pris pour reculer là-dessus, notamment parce qu'ils se rendent
bien compte que ça risque de nous mettre à risque d'une décote, et ce faisant,
M. le Président, ils n'ont plus de plan pour
susciter cette croissance économique parce que la bonne vieille recette
libérale, ça a été ça sous Jean
Charest, dérouler de l'asphalte un peu partout au Québec, construire des
infrastructures en béton… Sauf que là notre niveau d'endettement rend
impossible cette recette libérale. Alors là, on se retrouve avec quoi? On se
retrouve avec rien. Ils n'en ont plus, de
croissance, ou enfin, ils n'ont pas la croissance qu'ils avaient prévue et ils
n'ont pas de stratégie de croissance économique.
Encore
une fois, on se retrouve avec une situation où les libéraux font beaucoup moins
bien, sinon le contraire, que ce qu'ils s'étaient engagés à faire lors
de la campagne électorale.
Ils s'étaient engagés
également à réduire ou, du moins, à ne pas augmenter le fardeau fiscal. Le
budget augmente de 180 millions les taxes et les impôts pour cette année,
232 millions pour l'an prochain. Les impôts des retraités vont augmenter, augmentation du prix de la bière, du vin dans
les dépanneurs, hausse des taxes sur le tabac. Encore une fois, ils
reculent sur un engagement. Ils font le contraire de ce qu'ils ont dit qu'ils
allaient faire.
Et,
à chaque fois qu'ils font ça, M. le Président, à chaque fois qu'ils reculent, à
chaque fois qu'ils font le contraire de ce qu'ils se sont engagés à
faire, ils minent un petit peu plus la confiance des Québécois envers ce tout
nouveau gouvernement. Ils minent donc la fondation sur laquelle leur programme
d'austérité doit se construire.
Si on est pour
demander aux Québécois de grands sacrifices, encore faut-il qu'ils soient
convaincus par ce gouvernement-là que ce gouvernement le fait dans leur
intérêt, qu'il le fait pour le bien commun. Et, encore une fois, l'ingrédient premier pour mettre en place ce
climat de confiance, c'est de respecter
l'engagement, de respecter les promesses qu'on a
faites, et jusqu'à maintenant ils font tout le contraire de ça.
C'est
hallucinant de voir ce qu'ils ont... les reculs sur les garderies, sur le SLR,
sur les redevances minières. Ils s'étaient
engagés à changer le régime des redevances minières, ils confirment dans le
budget qu'ils ne le changeront pas. Ils mettent à mal toute la stratégie industrielle, ou enfin un pan complet
de la stratégie industrielle qu'on avait mise en place non seulement
nous, les péquistes, mais également les libéraux. Alors, quand ils sabrent sans
se poser de questions, sans réfléchir dans
les crédits d'impôt, que ce soient les crédits d'impôt sur la recherche et développement, ceux sur le
design, ceux sur l'investissement, crédit d'impôt pour l'exploitation d'un
centre financier international, qu'est-ce qu'ils font à chaque fois qu'ils font
ça? Ils remettent en question, ils minent la stratégie industrielle que l'État
québécois s'est donnée sous divers gouvernements pendant plusieurs années.
Et, pendant ce
temps-là, M. le Président, on observe quoi à Ottawa? Parce que nous, on est
serrés comme ce n'est pas possible pour
trouver des revenus, le fardeau fiscal est à son sommet, le niveau d'endettement
est important, et, à Ottawa, ils se
préparent à annoncer des surplus faramineux, M. le Président. L'an
prochain, ils vont annoncer d'importants surplus, et on verra bien ce qu'ils feront avec ça. Moi, je vous parie
qu'ils vont probablement annoncer, quelques mois avant l'élection, des
baisses d'impôt. Alors, la question du fardeau fiscal, M. le Président, elle n'est
toujours pas réglée. Elle va revenir au
grand galop, et on va à nouveau dire en cette Chambre... Nous, en tout cas,
nous, on va le dire. J'ai bien hâte de voir ce que les libéraux vont
dire là-dessus, parce qu'ils sont passablement mous jusqu'à maintenant sur les
revendications traditionnelles du Québec. On ne peut pas dire qu'ils sont dans
une stratégie pour construire leur rapport
de force avec Ottawa. C'est assez
pitoyable d'entendre les ministres libéraux jusqu'à maintenant là-dessus.
Mais moi, je peux vous dire une chose : Dans quelques mois d'ici, quand on
va voir que les conservateurs annoncent des surplus
faramineux, nous, on va dire : Voilà encore une fois la preuve que
les besoins sont au Québec, mais que l'argent est à Ottawa, et on va à nouveau, M. le Président, nous, en tout cas de notre côté, mener la bataille pour que le
gouvernement fédéral libère, libère de l'espace fiscal, qu'il augmente la part
que les provinces... à laquelle les provinces ont droit justement pour pouvoir
donner les services auxquels les citoyens ont droit.
Et,
dans le fond, M. le Président, ce que je suis en train de vous dire, c'est qu'on est dans une situation extrêmement difficile où on va devoir se questionner
profondément sur l'État québécois, sur le type d'État que l'on veut. On
risque d'être pris pour faire des choix extrêmement difficiles, on risque de sacrifier des instruments collectifs que nous
nous sommes donnés, notamment
sur le plan du développement
économique, parce qu'on manque d'argent et parce
que cet argent-là, il est actuellement
collecté, perçu par le gouvernement central.
Et, moi, ça me fait un peu
rire, M. le Président, quand j'entends les députés libéraux nous dire qu'ils
vont faire un grand ménage puis qu'ils vont
moderniser l'État québécois. Moi, j'ai le goût de leur répondre : Le
meilleur ménage qu'on pourrait faire, la meilleure façon de réduire la
bureaucratie, c'est de couper un des deux États qui existent présentement dans notre système. Si vous voulez
réorganiser le fonctionnement de l'État, si vous voulez un fonctionnement
intégré, global et cohérent, bien, coupez donc un État. Il y a un État de trop dans
ce pays, M. le Président, il y a un État de
trop, et nous, on pense que la meilleure façon de moderniser l'État québécois,
de lui donner un alignement cohérent, rigoureux, global et intégré, c'est
de se débarrasser justement de tous les doublons, puis de tous les
chevauchements, puis du deuxième ministère de l'Immigration, puis du deuxième ministère
de l'Environnement, puis du deuxième ministère de l'Agriculture, puis du
deuxième ministère de la Justice, et tutti quanti, hein?
• (19 h 50) •
M. le Président, ils trouvent ça comique en
face. Mais, vous savez, je pense qu'il y a une chose sur laquelle on s'entend, M. le Président, c'est que les
Québécois forment une nation. Et on forme une nation, et,
par définition, une nation, elle a
ses intérêts propres. Et moi, je dis tout
le temps : L'indépendance, c'est un état d'esprit, c'est un état d'esprit. On veut, comme personne, comme individu, contrôler
notre vie, on veut choisir les meilleurs moyens possible pour se
réaliser. On veut donner à nos enfants le plus bel avenir possible. Dans le
fond, ce qu'on recherche dans nos vies respectives,
dans nos vies individuelles, c'est l'indépendance. On veut aller chercher la
meilleure éducation possible, on veut, après ça, aller chercher le meilleur boulot possible, on veut se
donner la meilleure qualité de vie possible, on veut vivre le plus heureux possible. Et moi, je dis : Si
c'est vrai pour les personnes, ça devrait être vrai pour les nations également.
Et moi, je dis : Si, effectivement, les libéraux… puis, à ce que je sache, ils n'ont pas encore reculé
là-dessus, là, je pense qu'ils
pensent encore, aux dernières nouvelles, que le Québec forme une nation, bien,
si on regarde l'histoire collective de cette
nation depuis ses tout débuts, c'est l'histoire d'un peuple qui recherche
constamment la maîtrise de son destin. Ça a commencé au tout début et ça
s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui. Honoré Mercier l'a fait, Duplessis l'a
fait avec l'impôt provincial. Lesage est
arrivé; avec Lévesque, ils nous ont donné la Caisse de dépôt, ils nous ont
donné Hydro-Québec. Bourassa a fait son bout, Lévesque a fait son bout.
Depuis le début de cette histoire extraordinaire du peuple québécois en
Amérique, tout ce que l'on veut, tout ce que l'on cherche, c'est la pleine
maîtrise de nos moyens, la pleine maîtrise
de nos outils, la pleine maîtrise de notre destin collectif, M. le Président. C'est ça que l'on veut. C'est ça, le fil qui traverse l'ensemble de notre histoire, peu importent les
gouvernements qui ont été au pouvoir ici, à l'Assemblée nationale.
Et moi, ce
que je peux vous dire, M. le
Président, c'est que nous, au Parti québécois, nous n'allons jamais abandonner ce combat pour la pleine
maîtrise de nos moyens, pour la pleine maîtrise de notre destin collectif. Ça passe par l'indépendance et, à très court terme,
ça passe par le maintien d'un État fort. Et moi, je vous le dis, M. le Président, on va se battre contre toute forme de privatisation de l'État québécois,
que ce soit la privatisation des services publics, que ce soit la privatisation des services aux
familles, que ce soit la privatisation des services de santé, que ce soit la
privatisation des sociétés d'État. On va se battre pour maintenir un État québécois
fort, qui est au service de l'intérêt collectif, qui est au service de l'intérêt
commun, qui est au service de notre intérêt national, M. le Président. Merci.
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui.
M. Drainville : J'aimerais
présenter une motion, juste en terminant, si vous me le permettez.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, vous avez le droit.
Motion formulant un
grief
M. Drainville : Alors :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté le budget libéralo-caquiste de 2014‑2015
qui relance la filière des gaz de
schiste dans la vallée du Saint-Laurent.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors,
M. le député, merci de votre intervention. Vous savez que votre motion de grief est reçue. Elle sera analysée et,
si elle est conforme au règlement, bien, on la traitera lors de la
votation.
Je reconnais maintenant M. le député de Maskinongé
pour son intervention, lui également, sur le discours du budget. M. le député
de Maskinongé, à vous la parole.
M. Marc H. Plante
M. Plante : Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui afin de vous parler du budget déposé la semaine dernière par notre
collègue le ministre des Finances. Je suis très fier et très heureux du
dépôt de ce budget qui pose clairement les paramètres pour redresser les
finances publiques. Les gestes que nous poserons seront bénéfiques à l'ensemble
des Québécois et nous permettront d'être libres de nos choix.
De nombreuses
mesures apporteront un soutien précieux aux entreprises des régions du Québec
en plus d'aider à en créer de
nouvelles. Ce budget est le reflet de la détermination de notre gouvernement à
faire de l'économie et de l'emploi une
véritable priorité. C'est un budget sérieux qui tient compte de la capacité de
payer des Québécois. Compte tenu de la situation
précaire dans laquelle le précédent gouvernement a laissé les finances du
Québec, nous nous devons de mettre en place des mesures concrètes
pouvant assurer la relance de l'économie du Québec. Pour relancer l'économie,
notre gouvernement agira selon cinq axes :
premièrement, un appui aux investissements privés, en mettant l'accent sur les PME; la mise en oeuvre de la stratégie maritime;
la relance du Plan Nord; la mise en valeur des ressources naturelles; la
poursuite des investissements dans les infrastructures tout en contrôlant la
dette et en respectant les capacités de payer des Québécois.
Notre
gouvernement s'engage à gérer les dépenses de manière responsable et à
optimiser la reddition de comptes de l'appareil gouvernemental. Les ministères
et organismes des sociétés d'État seront tous mis à contribution. Des décisions importantes et rigoureuses ont dû être
prises. Et cela démontre que nous agissons pour la relance de l'économie
du Québec.
Le retour à l'équilibre budgétaire se fera sans augmentation
d'impôt ou de taxe et en protégeant les services essentiels, soit principalement les services de santé, d'éducation et aux personnes vulnérables. C'est une très bonne nouvelle, M. le Président. Notre budget témoigne de la volonté de notre gouvernement à conjuguer le développement
économique et la justice sociale ainsi que l'équité intergénérationnelle. Il s'agit
d'un premier pas vers le retour à l'équilibre budgétaire. Il s'agit d'un budget de la relance et du
redressement qui s'appuie sur des fondations solides. Ces fondations
seront faites de respect, de transparence et d'intégrité. Comme l'a indiqué le premier
ministre lors de son discours d'ouverture, la destination est celle d'un Québec
prospère, juste et libre de ses choix. La présentation du budget et la discussion des mesures qui mettront en oeuvre
seront marquées de respect et par l'écoute. Nous serons transparents
dans les actions et dans l'utilisation des fonds publics.
Pour relancer l'économie, il faut donc rétablir
la confiance des investisseurs et envoyer un message clair que le Québec est accueillant pour ceux qui veulent
contribuer à notre activité économique. Il faut en même temps commencer
à bâtir une économie des plus productives.
Nous devons donc agir et nous appuyer sur les meilleurs moyens pour
relancer l'activité économique et créer des emplois tout en construisant les
bases d'une croissance à la fois solide et durable. L'entrepreneuriat et la
relève des entreprises sont des éléments essentiels à la pérennité de l'économie.
Afin de favoriser l'entrepreneuriat au
Québec, le budget 2014‑2015 prévoit des actions totalisant plus de
2,3 millions de dollars en moyenne par année au cours des trois
prochaines années. À cet effet, les centres d'entrepreneuriat universitaires
qui sensibilisent les étudiants à l'entrepreneuriat
verront leur enveloppe bonifiée de 500 000 $ par année, et ce,
pendant trois ans afin d'appuyer la mise en place et le développement d'accélérateurs
et de création d'entreprises technologiques.
M. le Président, les programmes entrepreneurs et
le programme investisseur qui soutiennent l'immigration d'entrepreneurs et d'investisseurs étrangers seront révisés afin de
favoriser de meilleurs candidats. De plus, pour soutenir l'entrepreneuriat
féminin, notre gouvernement appuiera le renforcement du Réseau Femmessor par
une contribution de 9,5 millions de dollars sur cinq ans.
M. le
Président, il faut poursuivre et accélérer les efforts déjà engagés pour
réduire la paperasserie et le fardeau administratif des entreprises.
Vous savez, M. le Président, durant toute la période électorale, toutes les
entreprises qu'on a eu le privilège de
rencontrer, tous les intervenants de nos circonscriptions nous ont souvent
parlé de la lourdeur administrative de
l'État. Notre objectif, M. le Président, est de réduire de 20 % d'ici 2015
les coûts de formalités administratives imposées aux entreprises. Notre
budget instaure le programme Créativité Québec pour soutenir l'innovation et la
performance au sein des PME.
Afin d'accroître les exportations, ce qui est
primordial pour le développement de nos entreprises, nous réduirons de 8 % à 4 % le taux général d'imposition
pour les PME manufacturières, ce qui favorisera près de 7 500 PME
en 2014. De plus, une déduction
additionnelle pour les coûts de transport pour les PME éloignées sera octroyée.
20 millions de dollars sur trois ans sera consenti pour Export Québec. M.
le Président, pour soutenir le démarrage d'entreprises, le ministre a annoncé une augmentation de
25 millions de dollars de la capitalisation au fonds Anges Québec Capital pour une
capitalisation totale de 100 millions de dollars. De plus, le gouvernement
du Québec participera à la création d'un fonds
de capital de risque au Québec en partenariat avec le secteur privé et le gouvernement fédéral, dont la capitalisation devra atteindre 375 millions
de dollars. M. le Président, 2,5 millions de dollars de plus sur cinq ans
pour la capitalisation de la fiducie du Chantier de l'économie sociale sera
octroyé.
• (20 heures) •
M. le Président, je me réjouis de l'annonce du lancement de la stratégie maritime, la
stratégie maritime qui vise notamment à faire du Québec la plaque
tournante du trafic transatlantique. Elle s'inscrit ainsi dans le prolongement
direct des efforts pour soutenir les liens économiques entre le Canada et l'Europe.
Elle mettra en valeur le potentiel du fleuve
et l'estuaire du Saint-Laurent et donnera un nouvel élan au transport maritime,
un mode de transport sécuritaire et écologique. Elle déclenchera des
investissements majeurs et soutiendra un grand nombre d'emplois.
M. le Président, une très bonne nouvelle a été
annoncée dans ce budget, soit la relance du Plan Nord. Notre gouvernement fera
renaître le Plan Nord, abandonné par le précédent gouvernement, dans une
version bonifiée. Il sera déployé, avec la
participation des communautés locales et autochtones, dans le respect du
développement durable. Ses retombées
seront optimisées pour profiter à toutes les régions du Québec. Et, pour mener
à bien ce projet, le gouvernement
confirme son intention de créer la Société du Plan Nord, qui coordonnera le
développement du territoire en consultant l'ensemble des partenaires,
dont les communautés locales et autochtones, afin d'assurer leur adhésion.
Le Québec est doté de richesses naturelles qui
font l'envie de plusieurs. Nous devons les utiliser de façon responsable pour
créer des emplois et favoriser la croissance économique.
M. le Président, la
forêt représente un grand secteur de la Mauricie. Plus que jamais, il s'agit d'un
moteur de développement économique pour toutes les régions du Québec. Pour
permettre un développement durable de la forêt québécoise et assurer la pérennité des emplois du secteur forestier,
notre gouvernement consacrera 570 millions de dollars en 2014‑2015
pour les travaux sylvicoles ainsi que l'aménagement et la gestion de la forêt.
Ces mesures permettront non seulement de
préserver le patrimoine forestier du Québec pour les générations à venir, mais
également de stimuler l'activité économique des
régions ressources et d'améliorer la qualité de vie de nos travailleurs. De
plus, un montant de 20 millions de dollars sur trois ans pour faciliter l'accès
au financement des entreprises et coopératives forestières souhaitant
renouveler leurs équipements...
M.
le Président, les municipalités sont des partenaires importants de nos régions.
L'objectif de notre gouvernement est
d'assurer aux municipalités des leviers financiers prévisibles et
complémentaires à leurs revenus autonomes en leur donnant les moyens
financiers de fournir des services de qualité à tous leurs citoyens. Avec une
nouvelle entente, le gouvernement compte
ouvrir la voie à un partage des redevances minières, pétrolières et gazières
avec les municipalités et les
communautés locales. Cette entente devra cependant être conclue dans le respect
du cadre financier du gouvernement et dans ses… et dans ses objectifs,
excusez-moi, de retour à l'équilibre budgétaire.
M.
le Président, le ministre a indiqué que l'ensemble des régions bénéficiera d'investissements
de 11,5 milliards de dollars, cette année, effectués dans les
infrastructures des municipalités. Nous sommes tous conscients du rôle des
pompiers volontaires dans nos régions. Les événements malheureux qui sont
arrivés les deux dernières années dans quelques
régions du Québec ont mis en lumière le rôle essentiel des pompiers volontaires.
Pour soutenir leur formation, le ministre
a annoncé la mise en place d'un programme doté d'une enveloppe de
3,5 millions de dollars en 2014‑2015 et de 4 millions de dollars pour chacune des quatre années suivantes afin
de leur permettre d'avoir une meilleure formation.
M.
le Président, à travers ces mesures, le gouvernement reconnaît la contribution
importante des municipalités et des communautés locales dans le
développement économique, social et culturel de toutes les régions du Québec.
Je me réjouis des mesures annoncées dans le
budget, notamment de la renaissance du Plan Nord, de la mise en valeur
des ressources naturelles et de la poursuite des investissements dans les
infrastructures. En plus de relancer l'économie, ces mesures seront certainement
bénéfiques pour tout l'ensemble des régions du Québec.
Ce
budget est un budget de relance économique. Il favorise le développement des
régions. Je suis d'autant plus heureux qu'il s'agisse d'un budget de
rigueur et de responsabilité, qui permettra aux générations futures d'avoir la
liberté de choix. Et c'est pour ces raisons que je suis très fier du budget
déposé par notre collègue le ministre des Finances. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Maskinongé, de
votre intervention sur le budget. Et, pour la poursuite du débat sur ce
même sujet, je cède maintenant la parole à M. le député de Beauce-Nord. À vous,
M. le député de Beauce-Nord.
M. André Spénard
M.
Spénard :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, il me fait plaisir ce soir de vous
entretenir de quelques particularités de ce
budget, qui, contrairement aux prétentions de mon confrère de Marie-Victorin,
est un budget libéral et non pas un budget libéral-caquiste. Si mon
confrère de Marie-Victorin aurait voulu faire un autre budget pour son parti, c'était
de mener sa loi sur les élections à date fixe, même pour un gouvernement
minoritaire, à bon terme.
Alors,
ceci dit, M. le Président, la Coalition
avenir Québec ainsi que moi-même,
évidemment, pensons que, dans son
budget, dans ce budget du ministre
des Finances, il y a un poste de
dépenses à contrôler, et il y a un poste de revenus, et nous sommes d'accord
avec certains objectifs en ce qui concerne le contrôle des dépenses. Je dis
bien «certains des objectifs». L'atteinte du
déficit… la baisse du déficit, en 2014‑2015, à 2,35 milliards est louable en soi, mais nous pensons que
ce n'est pas assez, et l'atteinte du déficit zéro en 2015‑2016 est très
louable.
Une
mesure que j'apprécie et que j'applaudis, c'est que le ministre des Finances s'est engagé à faire par une loi un
rapport sur la situation financière trois mois avant la prochaine élection. Ça,
c'est une loi qui nous tient à coeur. Ça va
permettre d'éviter tout le temps la même rengaine, quand un autre parti est
élu, de tout le temps mettre la faute… qu'il n'était pas au courant de
la situation des finances publiques. C'est toujours la faute de l'autre
gouvernement. Là, on va partir à armes
égales, et tout le monde va être au courant de la situation financière. C'est
un principe que j'applaudis, et j'ai
hâte de voir cette loi du ministre
des Finances. Parce que, même, vous
savez, en campagne électorale, la différence entre le parti au pouvoir
et nous… si nous, on savait qu'on était rendus au mur, puis le parti au pouvoir
n'a jamais voulu décrire ce mur… et on le
voit dans le recul de leurs promesses électorales, ne fût-ce que le 15 milliards sur 10 ans dans les infrastructures et ne fût-ce aussi que l'augmentation
à l'Hydro-Québec.
Une autre mesure qui
me vient à l'esprit, et ça, qu'on va surveiller adéquatement dans le contrôle
des dépenses, c'est que, dans son discours du budget, le ministre des Finances
a clairement écrit que 90 % des efforts nécessaires
pour redresser les finances publiques en 2014‑2015 seront effectués du côté des
dépenses publiques. Ça, c'est pour un montant de 3,8 milliards. Il
en reste encore 380, millions, à aller chercher chez les consommateurs dès
cette année, dans les six mois qui restent,
aller jusqu'au 31 mars. Mais le 90 %, parce qu'on a déjà eu un
ministre des Finances du Parti
libéral du Québec qui nous avait parlé d'un 62 % de la part du
gouvernement et d'un 38 % de la part de la population québécoise, et ça, ça n'a jamais été tenu, ça n'a
jamais tenu la route… alors, le 90 %, en 2014‑2015, de la part du
contrôle des dépenses publiques, qui viendrait du gouvernement, on va y voir.
Et, en 2015‑2016, c'est pire, c'est 95 %, la promesse écrite dans ce
discours du budget. On va suivre ça de près.
L'autre
mesure tangible en ce qui concerne les PME — je veux ramener ça sur les PME — en ce qui concerne les PME, c'est la
mise en place d'un comité permanent de suivi de l'allègement réglementaire dans
les PME du Québec avec pour objectif, et là
l'objectif est chiffré, 20 % d'ici 2015. 2015, ça, je ne sais pas s'il
entend l'année financière du
gouvernement ou s'il entend 2015, 1er janvier 2015… de réduire de
20 %, d'ici 2015, le coût des formalités administratives imposées
aux entreprises. Encore une mesure qu'on va suivre de près parce qu'elle est
chiffrée. Ça, c'est facile. On va pendre l'ensemble
des mesures, moins 20 %, ça fait ça. On va regarder qu'est-ce qui se passe
à notre retour en Chambre après les fêtes.
M. le Président, vous savez très bien
que les PME… Je viens d'une région de PME, de la Beauce, évidemment. Il
y en a partout, des PME, mais le royaume de la PME, c'est supposé être la
Beauce. C'est même le gouvernement fédéral
qui le dit, qui le cite. Alors, le royaume de la PME, c'est que la PME
représente 50 % de tous les emplois au Québec présentement. Et la PME est créatrice des nouveaux
emplois de l'ordre de 70 % à 80 %. Le premier ministre, qui
était en campagne électorale, parlait de
80 % dans son discours, et ça, je l'ai noté. Alors, si les PME sont
responsables à 80 % des nouveaux emplois, il y a des mesures pour
les PME de 8 % à 6 %, comme mon confrère vient de le dire, et de
6 % à 4 % au 1er avril 1995
sur l'impôt, sauf que, dans les régions, qu'est-ce qui crée les PME? Il y a des
services qui créent les PME. Et, ce service-là, je veux m'attarder sur
les CLD, les CLD du Québec. Il y en a 120 au Québec, des SDE ou les CLD, qui sont regroupés à l'Association des CLD du
Québec, et ce sont l'instrument économique des MRC et des élus locaux.
Et ça, on a passé la hache là-dedans comme ça ne se peut pas. Et je vais vous
expliquer pourquoi.
• (20 h 10) •
On
a dit : On réduit de 10 % le budget de fonctionnement des CLD au
Québec d'ici au 31 décembre 2014. Donc, il reste six mois dans l'année financière, sauf que cette mesure est
rétroactive au 1er janvier. Donc, M. le Président, c'est donc dire que,
dans les derniers six mois, les CLD du Québec vont être obligés de faire des
coupures de l'ordre de 20 % pour
arriver à la cible budgétaire imposée par le gouvernement. Si c'était
uniquement l'Association des CLD qui réagissait,
je me dirais : Bien, coudon, c'est l'Association des CLD qui réagit. Pas
juste eux autres, ils réagissent en disant que c'est un cran d'arrêt, 10 % de leur budget, de 80 millions à
72,6 millions. Sauf que le financement des CLD est assuré par le
gouvernement et les municipalités qui ont des quotes-parts qu'ils versent à
leurs CLD parce que c'est le bras financier
de développement économique des MRC. Et ça, on l'a amputé de façon unilatérale
du côté gouvernemental.
C'est quoi que ça
fait, un CLD? Je me demande si le ministre des Finances ou le président du
Conseil du trésor a déjà visité un CLD dans
sa région. Un CLD, c'est de l'accompagnement personnalisé, sur le territoire,
qui est offert aux entrepreneurs. Ça, c'est par les 120 CLD. Les CLD au
Québec respectent le développement économique local et régional de chacune de leurs régions. Dans la Beauce, on est axés
énormément sur l'entrepreneurship, sur l'entreprise manufacturière, alors qu'en Gaspésie ils peuvent
être axés sur le tourisme et la culture, alors que dans d'autres
endroits ils sont axés sur les mines, alors que dans d'autres endroits ils
peuvent être axés sur le développement de la forêt ou de la faune. C'est ça, un
CLD : c'est un développement économique qui respecte les régions une par
une. Et le bras, la reddition de comptes se fait aux élus locaux. Qu'est-ce qu'on
fait avec ça? Regarde, 10 %, qui représentent 20 % cette année, on coupe ça. Je pense que, pour un
parti ou pour un gouvernement qui se targue de protéger les régions… je
pense qu'à part de Port-Daniel, en Gaspésie, où que, dans la région, ils vont
investir 450 millions et créer 400 jobs, à part de ça, il n'y a absolument
rien pour les régions, M. le Président. Le CLD, dans chaque région du Québec,
est aussi la courroie de transmission d'Investissement Québec. Le ministre de l'Économie,
qui est un ancien président d'Investissement Québec, pas un ardent défenseur
des CLD, évidemment, alors je ne le sais pas, qu'est-ce qu'il a fait avec le ministère des Finances, mais il a semblé
oublier ça. Investissement Québec, c'est un peu une banque. Ce n'est pas
un développeur d'entreprises, ce n'est pas un service qui va accompagner l'entrepreneur
à se partir une entreprise. N'oubliez pas que les CLD ont créé le mentorat d'affaires
au Québec, et le mentorat d'affaires est reconnu partout maintenant au Québec.
Un mentoré… une jeune entreprise qui part, au Québec, au bout de cinq ans, si
elle n'est pas mentorée, il y en a à peu près 60 % qui disparaissent. Et,
si elle est mentorée, il y a un taux de réussite de 75 % à 80 % pour
la même entreprise, M. le Président.
Alors, ce n'est pas
peu dire. Qui s'occupait de ça? Ce sont les CLD qui ont mis ça sur pied, et c'est
les administrateurs des CLD dans chaque région qui ont été chercher des mentors
pour s'occuper des jeunes entreprises qui levaient.
On
l'a oublié, ça aussi, M. le Président. Quand qu'on coupe le budget d'opération
d'un CLD en région, le budget d'opération,
qu'est-ce qui est pris à l'intérieur de ça? Évidemment, le salaire des
personnes, des agents de développement économique, des agents de
développement touristique, des agents informatiques, etc. Mais il y a aussi, à
l'intérieur du budget de fonctionnement d'un CLD, tout l'argent qu'on décide de
mettre ou que le CLD décide de mettre pour le développement de l'économie
sociale dans chacune des régions, pour le service aux jeunes entrepreneurs
lorsque qu'un jeune entrepreneur veut se
partir, avec les prêts, et tout, et pour le mentorat, comme j'en parlais tout à
l'heure. Alors, ça, ça veut dire que ça, ça va être sabré assez vite
dans le développement économique local des CLD.
Vous
savez, les CLD, ils ont fait preuve de leur efficacité, et ça, ce n'est pas
juste l'ACLDQ qui tient ce
discours-là, il y a eu un énoncé aujourd'hui par l'UMQ, la FQM, et je vous le
cite, M. le Président : «En tant que partenaires essentiels au développement
économique local, les municipalités et les MRC assurent la prospérité et la relance économique du
Québec. Cette annonce de coupe budgétaire constitue donc une bien mauvaise
nouvelle.» Ils demandent une rencontre avec le ministre de l'Économie. Et la
FQM va un peu plus loin en disant : «Les CLD ont fait la preuve de leur
efficacité partout sur le territoire. Grâce à eux, le milieu municipal peut
compter sur un outil de développement inestimable par l'intermédiaire des MRC.
Le gouvernement doit revoir sa décision au risque de nuire à l'économie des
régions.» Et c'est ce qui va se passer, M. le Président.
Suite à ça, j'aimerais
dire que ce n'était pas dans le discours électoral, mais c'est présentement
dans le discours du gouvernement, il y a M. Vailles… Patrick Vailles, qui a dit
récemment que le déficit de 3,1 milliards du gouvernement du Québec, estimé au
31 mars dernier… essentiellement le tiers du déficit du Québec en 2013‑2014 est attribuable au passage à vide des entreprises.
Entre avril 2013 et janvier 2014, soit 10 mois dans l'année financière,
les impôts sur les profits des entreprises
versés au gouvernement ont atteint 2,1 milliards, en baisse de 26,2 % par
rapport à la période correspondante de l'année
dernière. En extrapolant cette chute jusqu'au 31 mars 2014, c'est 1,1
milliard de moins en revenus pour le gouvernement, soit un tiers du
déficit estimé.
Je veux bien croire qu'on baisse l'impôt des
PME, mais, à un moment donné, il va falloir en créer, des PME, dans la région
pour l'occupation dynamique du territoire et pour faire en sorte que les MRC,
les élus locaux aient les moyens de développer
économiquement et socialement tout le territoire du Québec. Ce n'est pas vrai
qu'il va y en avoir juste pour les villes.
En terminant,
M. le Président, bel effort du gouvernement en ce qui concerne le contrôle des
dépenses, il y a des objectifs qui
sont chiffrés, mais, en ce qui concerne les revenus qui pourraient arriver au
gouvernement, je vais vous dire une chose, la faiblesse est là, et le
talon d'Achille est là aussi. Je ne pense pas qu'en délaissant les régions
comme ça… je ne pense pas qu'on va arriver à faire du développement économique
local et régional un succès au Québec tant et aussi longtemps que le
gouvernement ne prendra pas comme acquis que les élus municipaux ont grandement
leur mot à dire pour développer leurs régions et leurs localités pour le
bien-être de la population. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le député de Beauce-Nord, de votre
intervention sur le discours du budget. Je cède maintenant la parole à M. le
ministre des Ressources naturelles et de l'Énergie pour son intervention sur le
discours du budget. M. le ministre.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci beaucoup, M. le
Président. Je suis heureux de prendre la parole ce soir pour pouvoir faire
le point sur le budget et je suis particulièrement heureux de voir que dans le
budget ce soir… ce budget est préparé en collaboration
avec deux personnes : le député de Robert-Baldwin et le député de
Nelligan, respectivement ministre des Finances
et président du Conseil du trésor, deux personnes qui peuvent envisager l'avenir
du Québec et la responsabilité québécoise
en matière de finances avec des yeux nouveaux, avec une façon tout à fait
nouvelle de voir les choses, en faisant appel bien sûr à un côté
extrêmement sérieux du programme qui est devant nous aujourd'hui.
M. le
Président, je rappellerai toujours les chiffres qui, pour nous, sont très
importants : nous sommes 23 % de la population canadienne, nous représentons 20 % de la richesse
canadienne et nous avons 27 % des dépenses des gouvernements
canadiens. Alors, c'est là qu'on voit actuellement l'espèce de dichotomie qu'il
peut y avoir et le niveau de responsabilité qu'il est très important de
prendre, pour nous, au Québec.
• (20 h 20) •
Vous le savez, ça fait 30 ans que le Québec est
une société, on appelle cette société une société à maturité. Et beaucoup de
gouvernements ont tenté, au fil des années, de rétablir la situation budgétaire
du Québec. On n'a pas toujours eu des
déficits, mais on a toujours eu une
croissance qui était toujours un peu
plus difficile. Et il y avait également des remises à niveau à faire de façon
très importante au fil des années au
niveau évidemment de l'équilibre budgétaire et au niveau
de nos dépenses qui, bon an, mal an, allaient toujours en augmentant et en
augmentant. Et je me rappelle, entre autres, la crise qu'avait vécue le premier
ministre Bouchard en 1996, lorsqu'il était allé à New York et qu'il s'était fait dire : Écoutez, vous allez devoir
couper de façon massive, vous allez devoir faire quelque chose parce que ça ne passe pas, et il est clair que vous
allez avoir un certain nombre de problèmes.
Lorsque
le gouvernement Charest a pris les rênes du pouvoir en2003, il s'est
retrouvé avec la nécessité de faire quelque chose également au niveau du
budget, et on a appelé ça la réingénierie de l'État. Il y a eu quelques succès.
Certains succès étaient plus mitigés que d'autres, mais il y avait un effort
pour essayer justement de faire cette réingénierie
de l'État. Au fil des années, les Québécois
ont toujours été taxés de plus en plus. En 2002, je pense que
le gouvernement de Mme Marois avait tenté de réduire un peu le fardeau fiscal
des Québécois. Et, en 2007, c'était le gouvernement Charest qui avait, à ce
moment-là, annoncé des baisses d'impôt de 1 milliard de dollars. D'ailleurs,
à l'époque, le gouvernement n'avait pas été renversé. Et je pense que c'est la maturité du
président de l'Assemblée
nationale, qui à l'époque était chef intérimaire du Parti québécois, qui avait
prévalu au sein du caucus. Et nous n'avions pas été en élection à cause,
imaginez-vous, d'une baisse d'impôt, entre autres, de la part du gouvernement.
Mais, au fil
des années, il faut reconnaître que la croissance économique
du Québec, elle est là, mais elle n'est pas comparable bien sûr à bien d'autres économies
qui sont en expansion. On a une population qui vieillit, on a différents enjeux qui sont les nôtres, mais les gens… Et on
dit toujours qu'il y
a des effets pervers. Je pense qu'un
des effets pervers de la Révolution tranquille, ça a été de dire que les
Québécois pensent que le gouvernement peut tout faire pour eux, que le gouvernement
peut réaliser tout ce qu'il est possible de réaliser en termes de rêves et qu'on
peut se payer à l'infini des programmes sociaux.
M. le Président, le budget que nous avons aujourd'hui, c'est un budget
qui est le budget de la raison, c'est le budget du sérieux et c'est le budget
qu'il faut réussir au cours des prochaines années pour pouvoir rétablir finalement
le Québec dans un espace qui va être tout à fait raisonnable. Et je pense que ça, c'est majeur. J'écoutais le député de
Marie-Victorin, évidemment,
qui porte le blâme sur Ottawa. Ottawa ne réussit pas à balancer son budget sans
faire des choix. Ils ont fait des choix dans
plusieurs sociétés
d'État. Ils ont fait des choix également
au niveau de l'international. Ils ont vendu des ambassades, ils ont
diminué les dépenses dans plusieurs ministères, ils ont dit à Postes
Canada : Il n'en faut plus, de déficit,
etc. Moi, je ne questionne pas les priorités qui ont été faites par le gouvernement fédéral, je ne les approuve pas toutes nécessairement, mais ils ont fait
des choix. Et, aujourd'hui, pourquoi ils s'alignent vers un budget qui va éventuellement
être, j'imagine, balancé? Bien, c'est parce qu'ils ont fait les choix, ils ont
fait les choix qui étaient nécessaires. M. le
Président, c'est donc notre responsabilité. Notre responsabilité, c'est de vivre selon nos moyens. Et nous
avons décidé de le faire de façon beaucoup plus méthodique, avec les commissions
que nous avons formées et que nous allons
former, commission, entre
autres, pour revoir la fiscalité au Québec
et commission également pour revoir les programmes au Québec. Je
pense que c'est particulièrement important.
Je vous rappelle encore une fois les
mathématiques, qui sont toujours très simples. Nous avons une dette élevée. Si on parle de 200 milliards, si le taux d'intérêt est à 4 %,
bien c'est 8 milliards d'intérêt qu'on a à payer. Si le taux d'intérêt est à 5 %,
c'est 10 milliards, c'est 2 milliards de plus. Voilà pourquoi il est
essentiel d'avoir un crédit qui est acceptable
sur les marchés financiers et voilà pourquoi il est essentiel qu'on revienne,
pour employer une expression de notre récente campagne électorale, pour
qu'on revienne aux vraies affaires, M. le Président.
Pour ce qui est de mon ministère, M. le
Président, j'ai pris connaissance du budget et je dois dire que nous sommes
très heureux de disposer des moyens financiers nécessaires pour confirmer nos
engagements qui ont été pris, M. le Président, en campagne électorale.
J'aimerais
vous parler, parce qu'on nous a
reproché de ne pas faire assez pour la croissance économique. On a parlé, tout à l'heure — entre autres, le député de Pontiac a eu l'occasion
d'en parler — on a parlé, entre autres, évidemment de l'aide que nous apportons, du côté beaucoup
plus compétitif maintenant de nos réductions d'impôt pour les petites et
moyennes entreprises au Québec. Et, pour ce
qui de la critique à l'effet que la relance n'est pas là, M. le Président,
bien je rappelle encore une fois les sommes
très importantes que nous mettons dans le Plan Nord, entre autres
100 millions pour la formation des populations autochtones;
20 millions pour l'étude relative à la mise en place d'un troisième lien ferroviaire vers la fosse du Labrador;
1 milliard pour la création de Capital Mines Hydrocarbures, un fonds qui
va être géré par Ressources Québec pour l'investissement dans les
ressources naturelles. Nous voulons bien sûr, aussi, accélérer l'approvisionnement, en gaz naturel, de la
Côte-Nord et du reste du territoire du Plan Nord, M. le Président. Et ça, ce
sont quelques-uns des éléments importants
qui vont aider à la relance économique. Hydro-Québec planifie la
construction, M. le Président, d'une
quatrième ligne de transport depuis le Nord afin de mieux répondre à la
croissance de la demande, et cet investissement
prévu est de 1,1 milliard de dollars et va créer, pendant cinq ans, plus
de 1 000 emplois, M. le Président, va contribuer directement à la
relance de l'activité économique et va sécuriser le transport et la
distribution d'électricité au Québec.
Nous voulons,
M. le Président, continuer pour améliorer notre économie. Nous voulons réduire
les importations de pétrole au
Québec. Nous voulons qu'il y ait des exportations de notre hydroélectricité vers
les États-Unis et vers d'autres marchés également. Nous avons des
projets de gaz naturel liquéfié, également, qui vont certainement donner un
coup de pouce à l'économie. Il y a les
projets d'éoliennes, encore une fois. Nous allons maintenir bien sûr cette
volonté, que nous avons actuellement, de pouvoir avoir les projets d'éoliennes
que l'on veut. Nous voulons remettre en marche les minicentrales, les six
minicentrales. Nous les remettons en marche. Et nous espérons bien sûr pouvoir
découvrir peut-être du pétrole québécois,
parce qu'on va en avoir besoin malgré tout, le pétrole, au cours des prochaines
années, dans des conditions, bien sûr sur le plan environnemental, qui seront
acceptables.
Et il faut,
M. le Président, qu'on continue d'attirer des investisseurs étrangers. Il faut
également, M. le Président, que nos Québécois, nos entrepreneurs
québécois exportent plus que jamais à l'étranger, M. le Président.
C'est donc la
responsabilité, M. le Président, que nous avons, de faire du Québec un endroit
qui véritablement va être fort. Je
rappelle, sur le plan économique, M. Bourassa disait toujours : Vous
savez, le Québec doit avoir une force, une
vraie force. Pour le Québec, la vraie force, c'est la force économique, ce n'est
pas une force imaginaire. Et je réfute totalement
ce qui a été dit à propos de l'absence des choses que nous avons faites pour
les régions, que ce soit le projet, entre
autres, de cimenterie; le projet IFFCO, qui s'en vient bientôt, une compagnie
indienne qui va s'installer à Bécancour et qui risque de consommer à peu près 20 % du gaz naturel que nous
avons dans tout le Québec. Ce sont des investissements majeurs et
importants pour l'avenir, M. le Président.
Alors, je
pense que nous sommes placés dans une situation où on doit faire appel à la
responsabilité des Québécois, la
maturité des Québécois pour comprendre l'importance, à ce stade-ci, de
contrôler nos dépenses et d'avoir en même temps une stratégie agressive
au niveau du revenu, au niveau de tous nos revenus. Et c'est ce que nous allons
faire, M. le Président, pour l'avenir des Québécois, et de tous les Québécois.
Merci infiniment.
• (20 h 30) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le ministre des Ressources naturelles et de l'Énergie, pour votre intervention sur le discours
du budget. Je cède la parole maintenant à Mme la députée de Vachon pour
son intervention. Mme la députée de Vachon, à vous la parole.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci,
M. le Président.
Étant donné que je m'adresse à vous juste après
le ministre des Ressources naturelles, vous me permettrez, M. le Président, de
souligner que certaines de ces annonces qui sont à l'intérieur du budget, qui
viennent d'être présentées, dont le
20 millions pour le lien ferroviaire, en fait c'était dans le budget que l'ancien
ministre des Finances avait déposé. Donc, un 20 millions pour le
lien ferroviaire. Parce que, ce qu'avait fait l'ancien gouvernement libéral concernant le projet du CN, il n'y avait aucun fil
d'attaché et les entreprises
minières n'étaient même pas intéressées par ce projet-là, donc ce
projet-là était tombé. Donc, ce que je vois qu'ils déposent, dans leur nouveau
plan marketing du Nord, ça ressemble beaucoup à ce que nous avions proposé dans
le plan de développement nordique.
Mais, M. le Président, moi, aujourd'hui, je
voulais vous parler d'électrification des transports parce que le gouvernement a dit qu'il voulait continuer notre
stratégie d'électrification des transports, et je suis bien contente qu'il
veuille continuer notre stratégie, sauf qu'un maigre tiers de page, c'est loin
d'être toute une stratégie, comme nous avions déposé.
Et je suis d'accord avec ce qu'ils
ont déposé, au point 8.4, de permettre à Hydro-Québec de pouvoir
financer des infrastructures pour le transport collectif. Nous l'avions
même proposé. Nous l'avions proposé, l'année passée, en amendement, dans la loi
qui mettait en place les différentes mesures budgétaires.
Mais, M. le Président,
c'est qui qui nous les avait refusées? C'était le Parti libéral. Le Parti
libéral avait voté contre ces mesures-là et avait fait en sorte que nous avions
dû retirer l'amendement, étant donné que nous étions un gouvernement
minoritaire, pour pouvoir faire passer les différentes mesures pour la mise en application
du budget. Donc, je suis contente qu'un an
plus tard il se ravise et qu'il l'inclue à l'intérieur du budget; il n'est
jamais trop tard pour bien faire,
mieux vaut tard que jamais. Mais un maigre tiers de page, alors que nous, nous
déposions toute une stratégie d'électrification des transports… Et on
voit déjà des reculs dans l'électrification des transports.
Du
côté du SLR, on ne parle plus de SLR, dans le Plan québécois
des infrastructures, nommé PQI, on a changé le vocabulaire,
on parle maintenant de transit, et on voit très bien la volonté du ministre des
Transports de vouloir aller plutôt vers les autobus, et d'ailleurs
je ne comprends pas du tout cette volonté-là. Il y avait un consensus de
l'ensemble des intervenants, les maires et mairesses de la Rive-Sud, les maires
de Montréal, l'ensemble des intervenants, et même le Parti libéral — le Parti libéral d'avant l'élection, le Parti
libéral dans l'opposition, le Parti libéral pendant l'élection, mais le Parti libéral après l'élection — a changé
d'idée. On n'a rien à comprendre dans ça, ils ont changé d'idée alors que
tous s'entendent pour dire que le SLR, qui
est un transport collectif électrifié, est le plus structurant pour permettre
le transport collectif entre la Rive-Sud et Montréal, sur le pont
Champlain, beaucoup plus efficace que ne le seraient les autobus. Les autobus, en moyen standard, en 2021, ne
peuvent plus fournir à la demande. Donc, on ne comprend pas ce recul-là.
On
ne retrouve pas non plus, à l'intérieur du PQI, l'électrification de l'axe Saint-Michel,
qui est un beau projet d'électrification des transports en commun. On n'entend
plus parler de l'institut d'électrification des transports, alors qu'on sait à quel point la recherche est vraiment
l'élément moteur pour l'électrification des transports. On n'entend plus
parler du projet Nomade, qui est un projet de voitures électriques entièrement
conçues et fabriquées au Québec, en autopartage,
au niveau des municipalités. On n'entend plus parler de l'étude préliminaire
pour le monorail. Nous avions annoncé
516 millions de dollars d'investissements sur quatre ans, d'investissements structurants
permettant la création d'emplois à valeur rajoutée. J'espère… et je suivrai de
très près, parce que c'est dans la cour du ministre des Ressources naturelles, suivrai
de très près les annonces que nous avions faites pour la mise en place d'un
programme pour 10 000 nouvelles bornes électriques; j'espère qu'il le
maintiendra. Il y avait 5 000 bornes du côté des employeurs et 5 000
bornes résidentielles.
Nous avions aussi
annoncé le maintien, pour trois ans, jusqu'à 8 000 $ de rabais à l'achat
pour des voitures électriques et électriques hybrides. Nous avions aussi
annoncé que l'État serait un modèle en termes d'électrification des transports,
que l'ensemble de la flotte ministérielle serait électrifié sur un horizon de
trois ans. J'espère que le gouvernement poursuivra dans cet axe-là. Et nous
avions aussi annoncé que l'ensemble de la flotte des véhicules gouvernementaux, soit près de 2 000 véhicules,
soit électrifié d'ici trois ans. Ça, c'est une vision du côté de l'électrification
des transports. Ça, c'est une vision structurante au niveau du développement
économique, vision que nous n'avons aucunement retrouvée dans le budget du gouvernement
libéral.
Le gouvernement
libéral avait l'habitude de construire son développement économique sur la base
des infrastructures publiques, M. le Président. Ce n'est pas la façon de faire
du développement économique structurant à moyen
et à long termes, et, on l'a vu, il y a une limite; ils ont été
obligés de reculer. Sur le 15 milliards additionnel qu'ils voulaient investir sur 10 ans au niveau des infrastructures publiques, ils ont été obligés de reculer, parce qu'ils avaient peur de la décote. Donc,
des engagements électoraux qu'ils ont pris alors qu'ils connaissaient la
situation du Québec, pour avoir eux-mêmes
participé à hauteur de 60 milliards de dollars à la dette du Québec, ils
ont été obligés de reculer, parce que
leur seule façon de faire du développement économique, c'est d'investir dans le
béton, M. le Président, et ça, c'est extrêmement
triste. Le gouvernement libéral manque d'imagination, manque de créativité pour
faire du développement économique structurant.
M. le Président, j'aimerais
aussi vous parler d'un autre dossier, le dossier des gaz de schiste. C'est à n'y
rien comprendre, le gouvernement libéral qui
remet sur le plancher le dossier des gaz de schiste. On le sait, à quel point
ce dossier-là a soulevé l'indignation populaire,
M. le Président, et à juste titre. J'ai eu l'occasion d'aller en
Pennsylvanie, aller constater les dégâts de l'industrie gazière sur le terrain,
et je peux vous dire que, sur un territoire habité où il y a de l'agriculture, où il y a des citoyens, les technologies actuelles du gaz de schiste sont beaucoup trop risquées, et, dans plusieurs cas en
Pennsylvanie, ont créé des dégâts, ont créé des contaminations de nappes
souterraines, ont créé des problèmes de
pollution du côté de l'agriculture, M. le
Président. Et là de voir que le gouvernement libéral, après le fiasco total qu'ils ont créé lorsqu'ils étaient au gouvernement
jusqu'en 2012 sur ce dossier-là, réouvre le dossier des gaz de schiste
par le biais — et pas directement, hein, toujours par la
porte d'à côté — d'une
étude environnementale stratégique, c'est extrêmement triste. Avec l'ensemble
des citoyens qui se sont prononcés dans un premier BAPE, dans une étude
environnementale stratégique et maintenant un BAPE qui est en cours, c'est
extrêmement triste. On le sait, qu'au niveau
environnemental les risques sont trop grands, et on sait qu'au niveau
économique, avec le coût actuellement du gaz naturel, ce n'est même pas
viable comme industrie.
Et,
au Québec, M. le Président, nous avons des alternatives beaucoup plus
intéressantes. Nous avons de l'électricité verte, et, nous, c'est avec
cette électricité verte là que nous voulons construire. Et c'est pour ça que,
du côté de l'électrification des transports, M. le Président, l'électrification
des transports est tout un secteur à développer. Nous avons au Québec une
industrie des composantes électriques, des entreprises émergentes : je
vous parle de TM4, qui fabrique probablement
le meilleur moteur électrique au monde, qui est québécois, qui est avec des
brevets québécois; nous avons
Phostech, qui produit le matériel qui
rentre dans la composition des batteries; nous avons Bathium, qui
fabrique des batteries électriques pour les véhicules dans les Bluecar à Paris;
nous avons également AddÉnergie, avec Gentec, qui fabrique et qui commercialise des bornes de recharge. Nous avons aussi, M. le Président, au Québec, toute une industrie de véhicules de transport : nous avons
Bombardier du côté des wagons, ils fabriquent également de la recharge par
induction; nous avons Bombardier Produits
récréatifs du côté des produits récréatifs électriques; nous avons Nova Bus du
côté des autobus municipaux; nous avons Autobus Lion du côté des autobus
scolaires. Nous avons au Québec tout ce qu'il faut pour l'électrification des
transports, et je souhaite que le gouvernement actuel mette autant d'efforts
que nous en avions mis dans la stratégie d'électrification des transports. Et
nous allons les suivre de près.
Concernant le budget, je me rappelle
encore d'une phrase du premier
ministre libéral, qui disait que ça va prendre des changements importants, pas seulement cosmétiques, qu'il veut réduire la bureaucratie,
et je suis tout à fait d'accord.
Il parlait même de déficit structurel. Bien,
effectivement, M. le
Président, je pense que nous avons un
déficit structurel avec le financement
de deux paliers de gouvernement. Si nous voulons réduire la bureaucratie, on peut
tout de suite la couper en deux en éliminant un des deux paliers de gouvernement : nous avons
deux agences de revenu, nous avons deux ministères de l'Agriculture,
deux ministères de l'Environnement, deux ministères de la Justice, deux ministères
des Ressources naturelles, deux ministères
de la Santé, deux ministères de la Sécurité publique, deux ministères
du Transport, et je n'ai pas besoin de continuer, M. le Président, je
pense que tout le monde aura compris.
• (20 h 40) •
Il y a un auteur,
Stéphane Gobeil, qui a écrit un livre, Un gouvernement de trop, et qui a
étudié les comptes publics de 2010. Et je ne ferai pas l'inventaire de chacun
des chapitres, je vais en faire trois, M. le Président.
Du
côté de l'Agence du revenu, nous avons déjà au Québec une agence de revenu pour
les rapports d'impôt et, lorsque le Québec sera indépendant, nous aurons
le besoin d'un seul rapport d'impôt. Imaginez l'économie de temps et d'argent pour l'ensemble des citoyens, pour l'ensemble
des entreprises. Au lieu d'avoir à remplir deux rapports d'impôt, nous n'aurons qu'à en remplir un seul. Imaginez l'efficacité
fiscale, mais, en plus, M. le
Président, nous allons
économiser, juste sur l'élément de l'agence
de revenu, 666 millions de
dollars, 666 millions de dollars récurrents, année après année.
Du côté de l'environnement,
M. le Président, le budget de l'environnement qui est la part du Québec est de 372 millions
de dollars. Un Québec indépendant
aurait à assumer un montant d'environ 172 millions de dollars
entre autres pour continuer à gérer
les parcs d'Environnement Canada, qui deviendront à ce moment-là des parcs
d'Environnement Québec, ce qui nous
permettrait de faire une économie de 200 millions de dollars du
côté de l'environnement. Et ce n'est pas
juste une économie de 200 millions
de dollars, M. le Président, parce qu'en plus le Québec pourrait signer ses propres traités
internationaux en termes de changements climatiques. Actuellement, là, le
Québec à l'intérieur du Canada, c'est Harper qui va nous représenter à l'international
et qui, de congrès de changements climatiques à congrès de changements climatiques, gagne des prix Fossile,
année après année, gagne des prix fossile. Nous, là, ça nous fait honte,
ces prix fossile là, et nous, nous voulons être un leader dans les changements
climatiques, mais ce n'est pas possible à l'intérieur
du Canada. Il faut que le Québec soit un pays pour parler de sa propre voix
dans les forums internationaux.
Regardons du côté du
transport, M. le Président. Du côté du transport, la part du Québec du budget d'Ottawa
serait 933 millions de dollars,
mais un Québec indépendant continuera à assumer des dépenses d'environ
412 millions de dollars : Postes Canada, qui deviendra Postes Québec, l'administration
canadienne de la sûreté du transport aérien, qui deviendra l'administration
québécoise de la sûreté du transport aérien, la Société du Vieux-Port de Montréal,
nous allons continuer à assumer les
dépenses, les dépenses pour le pont Jacques-Cartier et le pont Champlain, pont
de Via Rail, ce qui nous permettra
des économies de 521 millions de
dollars par année, M. le Président. Et on pourrait passer
chapitre à chapitre. Et je laisserai les
auditeurs le soin de lire le livre, en vente dans toutes les bonnes librairies,
comme dirait l'annonce.
Mais, M. le
Président, si nous faisons ministère par ministère, ce sont des économies de
2 milliards de dollars par année malgré les transferts fédéraux, malgré
les transferts fédéraux, 2 milliards de dollars par année que nous pourrions
investir de plus dans l'environnement, dans l'éducation, dans la santé, dans
les différents secteurs que nous jugerons prioritaires, M. le Président. Et c'est
ça que nous permettrait l'indépendance du Québec.
Donc,
lorsque le premier ministre libéral nous dit que nous avons un déficit
structurel, que nous voulons faciliter la vie aux citoyens, je suis tout
à fait d'accord avec lui, M. le Président. Faisons du Québec un pays, allons
chercher notre indépendance, faisons-nous
confiance. Et nous pourrons à ce moment-là prendre nos propres décisions en
fonction de nos propres intérêts et nous pourrons par la même occasion, M. le
Président, faire des économies de 2 milliards de dollars par année à
réinvestir dans le budget global québécois. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Vachon,
pour votre intervention. Et, pour la poursuite du débat, toujours sur ce
discours du budget, je cède maintenant la parole à M. le député de Chapleau
pour son intervention. À vous, M. le député.
M. Marc Carrière
M. Carrière :
Merci, M. le Président. À mon tour, je suis très heureux de prendre la parole
sur le discours du budget, un budget qui se
veut responsable, un budget sérieux, un budget marqué vers l'avenir, qui va
vraiment marquer le pas sur l'avenir
du Québec. Je suis assez sidéré d'entendre la députée de Vachon, qui se vantait
d'avoir fait 500 millions d'annonces
ou d'investissements sur quatre ans puis qu'elle disait que nous connaissions
la situation financière du Québec.
Bien
non, on ne connaissait pas la situation financière du Québec. Parce que,
rappelons-nous, jusqu'au dépôt de la mise
à jour économique au mois de fin novembre, début décembre dernier, l'ancien
ministre des Finances, l'ancienne première ministre disaient toujours qu'on
table sur le retour à l'équilibre budgétaire, ce qui était totalement faux. Ce qu'on a appelé le point, la mise à jour financière
nous parlait d'un déficit de 1,7 milliard. Ensuite est venu le
Vérificateur général juste avant les
élections, et là on parlait d'un déficit d'autour de 2,25 millions,
2,5 millions. Mais la situation réelle, c'est qu'on fait face à un déficit
que le gouvernement du Parti québécois nous a laissé de 3,1 milliards de
dollars.
Donc,
je suis d'accord avec elle que toutes ces annonces-là étaient peut-être
vraies, mais il manquait également une chose.
Il manquait une chose. Il n'y avait pas une cenne puis il n'y avait aucun livre des crédits lorsque le budget a été déposé.
C'est une première, du jamais vu. On a vu la semaine dernière, même
avant le dépôt du budget, mon collègue du Conseil du trésor, qui a
déposé les crédits... Donc, c'est vraiment la façon
de faire. Parce qu'un budget, il y a deux colonnes :
il y a les revenus, il y a les dépenses. Avec le Parti québécois, on n'a pas eu droit d'avoir les crédits, donc les dépenses.
Donc, là-dessus, je pense, pour faire la leçon, de ce côté-là, on repasserait…
on repassera, pardon.
Le
contexte économique effectivement, est difficile. Comme je disais, 3,1 milliards
de dollars de déficit en 2013‑2014. Et des spécialistes comme M. Godbout, M.
Montmarquette, le Vérificateur
général également,
qui est venu faire une analyse du budget, parlaient que, si rien n'est
fait, c'est qu'en 2014‑2015, l'année qui vient, ce serait un déficit de 5,9 milliards
de dollars et, l'année suivante, en 2015‑2016, de 7,6 milliards de dollars.
Donc, il fallait un redressement et, comme
on dirait, un remède de cheval pour ce piètre bilan économique
en 18 mois du Parti québécois.
Juste donner un exemple, dans l'Outaouais, dans ma région qui est toujours connue pour avoir quasi le plein emploi,
en l'espace de 18 mois, on est passés d'un
taux de chômage à 6 % et,
maintenant, à 7,5 %. Donc, c'est encore une preuve, là, de cette
inefficacité du gouvernement précédent.
C'est
un budget qui fait de l'économie notre priorité et avec un plan d'action en
cinq axes. Le premier axe, qui est de nouveaux appuis aux investisseurs
privés, donc les PME… Je pense qu'il y a des choses vraiment intéressantes au niveau des PME, qu'on pense à la réduction immédiate
du taux d'imposition sur le revenu des PME, le faire passer de 8 %
à 6 % dès cette année et, l'an prochain, à partir du 1er avril 2015, le
faire passer à 4 %, qui est dans la moyenne canadienne, et qui se ressemble, et qui ressemble beaucoup aux autres
provinces. Et, moi, encore une fois, qui viens de l'Outaouais, ça me
parle particulièrement, parce qu'il y a des milliers et des milliers de gens
qui traversent les ponts de l'Outaouais et
vont travailler en Ontario, vont travailler à Ottawa. Et nous, nous sommes… un
petit peu pour faire un clin d'oeil à la députée de Vachon, on est tout
à fait à l'aise avec ça. C'est une économie entre les deux provinces qui fonctionne très bien. Il y a des gens d'Ottawa qui
viennent travailler chez nous. Nous, on va travailler de l'autre côté de
la rivière. Tout se fait dans une harmonie complète.
Au
niveau des PME, également, il y a le soutien à l'exportation. C'est
20 millions de dollars sur trois ans pour Export Québec. Il y a le
président de la chambre de commerce chez nous, la Chambre de commerce de
Gatineau, Antoine Normand, qui nous disait
en campagne électorale qu'un des points où on devrait le plus axer, c'est
effectivement d'augmenter l'exportation de nos PME, de nos entreprises au
Québec. Donc, on vient répondre à cette demande-là. Il y a également la
création de Créativité Québec, c'est un 150 millions sur trois ans. Il y a
également la bonification de 2,5 millions
sur la capitalisation de fiducie du Chantier de l'économie sociale. Et l'Outaouais
est un peu un exemple ou un peu un…
oui, un exemple à suivre au niveau de l'économie sociale. Qu'on pense à la
Laiterie de l'Outaouais qui a vu le jour,
qu'on pense à la Coopérative des paramédics. Donc, c'est tous des points qui
vont faire en sorte que nos entreprises d'économie sociale vont pouvoir
en faire encore plus.
Il
y a également, dans un autre ordre d'idées, une bonification de
1 000 $ sur le revenu maximal admissible pour des crédits d'impôt
pour les travailleurs expérimentés. Et, là-dessus, je n'ai pas dit «des
travailleurs âgés», mais bien «expérimentés». C'est important. Puis il y a
également — on
n'a pas attendu le dépôt du budget — le crédit d'impôt à la rénovation qui fait en sorte que… Un, il y a
deux choses : c'est de relancer l'économie et relancer la
construction. On dit souvent : Quand la construction va, tout va. Et
également d'enrayer le travail au noir. Donc, c'est un double objectif avec ce
crédit d'impôt là qui fait en sorte qu'on va mettre les gens au travail.
Le
deuxième axe au niveau du plan d'action, c'est la mise en oeuvre de la toute
première stratégie maritime, la mise en valeur… Là-dessus, il y a
plusieurs points. Il y a la mise en valeur de la stratégie touristique
Saint-Laurent. Il y a une étude de
préfaisabilité pour la mise en place d'un pôle logistique à haute valeur
ajoutée en Montérégie, qu'on parle des
infrastructures portuaires ou fluviales, tous les chantiers navals au Québec
qui, depuis quelques années, font du sur place et même reculent. Puis il
y a également un 700 000 $ pour l'Institut des sciences de la mer à
Rimouski, pour aller encore plus loin.
• (20 h 50) •
Un autre point
important, dans un autre axe important pour le plan d'action économique, c'est
la relance du Plan Nord. Rappelons-nous, là, Le Journal de Montréal de
juillet 2012 — si
ma mémoire est bonne, mais vous me pardonnerez
si je n'ai pas la bonne date — qui parlait du plan mort. Donc, sous le
Parti québécois, on a vu, pour que… d'un phénomène à l'autre, le Plan Nord est mort. Et l'objectif, c'est de relancer…
je pense que ça doit être fait en partenariat avec les communautés du Nord-du-Québec. Vous vous
rappellerez que mon collègue d'Outremont avait, avec l'ancien premier
ministre, mis 50 % du territoire du Nord-du-Québec comme aire protégée.
Donc,
c'est des investissements majeurs pour relancer le Plan Nord, c'est
1 milliard de dollars… de la création de Capital Mines
Hydrocarbures, c'est 100 000 $ pour la formation des populations
autochtones. C'est mon collègue de Jacques-Cartier qui en est très heureux
également et les communautés également du Nord-du-Québec… pourront également, avec la stratégie du Plan Nord,
développer… chacun pourra se développer une formation pour pouvoir avoir
accès à des emplois de qualité. Et il y a également un 3 millions de
dollars pour la création de l'institut de recherche en développement nordique.
Mais on parle souvent
du Plan Nord, mais on oublie aussi que ça a des retombées dans toutes les
régions du Québec, du sud au nord, de l'est
à l'ouest. Chez nous, en Outaouais, il y a des entreprises qui, en l'espace de
18 mois, ont vu leurs chiffres d'affaires
baisser de 50 %, qui ont dû laisser aller 40 %, 50 % de leur
personnel. Donc, là-dessus, je pense que ces gens-là attendent avec impatience le retour de la stratégie du Plan
Nord pour faire du vrai développement économique.
Le quatrième axe,
pour le plan d'action au niveau économique, c'est la mise en valeur des
ressources naturelles. Vous me permettrez de
relever quelques sphères. Il y a la forêt, premièrement. Il y a notre collègue,
également, qui, immédiatement après les
élections, comme on s'y était engagés, a augmenté de 42 millions les
travaux sylvicoles pour les remonter
à 225 millions par année. C'est un geste significatif pour les régions. Il
y avait notre collègue, tantôt, là, de Beauce-Nord,
qui disait qu'il n'y avait rien dans ce budget-là pour les régions. Bien, je
peux vous dire qu'au niveau de la forêt c'est 225 millions de
dollars, 42 millions que le Parti québécois avait coupés. Il y a un
20 millions également sur trois ans
pour faciliter l'accès au financement des entreprises ou des coopératives
forestières qui veulent renouveler leur équipement. Je pense que, si ces entreprises-là veulent demeurer
compétitives, elles se doivent d'avoir des équipements qui sont à la
fine pointe pour être plus productifs.
Puis
il y a également un 20 millions de dollars pour le développement de la
filière biomasse forestière résiduelle au Québec. J'ai eu le plaisir, il
y a quelques années, lorsque j'étais président de la conférence régionale des
élus des l'Outaouais, avec le président de
la Conférence régionale des élus de l'Abitibi-Témiscamingue et celui du
Nord-du-Québec, d'aller en Finlande voir ce qui se passait au niveau de
la biomasse forestière. Et je pense que, là-dessus, on a tout le potentiel pour mettre de l'avant et pour… qu'il y
ait vraiment un développement, là, structurant pour les régions au
niveau de la biomasse forestière.
Au niveau des mines, on voit, là, dans le
budget, puis on le voit dans la volonté, c'est de rétablir la confiance de l'industrie
et des investisseurs au niveau électricité. Bien, c'est d'utiliser les surplus
d'énergie pour se servir de ça comme un
outil de développement économique. Je pense qu'il y a des grandes entreprises
qui pourraient en bénéficier… et qui
ferait en sorte que, lorsqu'on a des surplus comme ça, que ça viendrait alléger
et aider les industries. Il y a également, là, toute la question des minicentrales hydroélectriques, que nous allons
remettre sur pied, que le précédent gouvernement avait coupées.
Il y a
également tous les investissements dans les infrastructures. Je pense que c'est
d'une importance capitale. Tantôt, celle qui m'a précédé, la députée de
Vachon, disait qu'on a investi dans le béton, etc., mais je pense que c'est important qu'on parle de routes, qu'on parle d'hôpitaux,
qu'on parle d'écoles, là, ceux qui sont désuets ou ceux qui ont besoin d'être mis à niveau, de le faire. On a
fait, rappelez-vous, lors de la dernière crise économique, 42 milliards
sur cinq ans pour, premièrement, mettre les
gens à l'emploi, mais pour mettre à niveau nos infrastructures, qui ont été,
tous gouvernements confondus, mises un peu de côté. Donc, là-dessus, je pense
que c'est un geste important d'investir rapidement dans nos infrastructures.
Vous me
permettrez également de parler de mon collègue le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire. Donc, cette année, c'est
15 % de plus… Non, pardon, pas cette année, mais dans le PQI du ministère,
c'est 15 % de plus au niveau des
investissements en infrastructures. Et là-dessus il y a l'Union des
municipalités du Québec, qui a salué, la semaine dernière… qui qualifie
le premier budget du ministre des Finances — je ne nommerai pas son nom,
mais — de
réaliste. Puis nous constatons que ce budget est marqué d'un sceau de la
rigueur et qu'il devra nous conduire vers un
nouveau partenariat Québec-Municipalités. Et également il salue la décision
gouvernementale de devancer les investissements en infrastructures dans
le plan québécois 2014-2024.
Donc, je
pense que, ici, il y a également les deux commissions permanentes que mon
collègue a parlées avant, que je ne
voudrai pas reparler. Je vois mon temps qui file rapidement. Donc, là-dessus,
je pense que c'est un budget, encore une fois, comme je disais, qui est
responsable, avec la colonne des revenus, la colonne des dépenses. Et je pense
que notre gouvernement est résolument tourné vers l'avenir premièrement pour
faire de la création d'emplois et pour également un contrôle serré des
dépenses. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député de Chapleau, de votre intervention sur le discours
du budget. Et, pour la poursuite du débat sur le même sujet, je cède maintenant
la parole à M. le député de Beauce-Sud pour son intervention. M. le député de
Beauce-Sud, à vous.
M. Robert Dutil
M. Dutil :
Merci, M. le Président. Alors, nous avons présenté un budget, dernièrement, qui
place au centre de la réflexion un point qui, je pense, fait consensus,
c'est-à-dire l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Il y a peu de gens qui estiment que ce n'est pas une obligation d'atteindre
l'équilibre budgétaire. Et tout le monde, bien qu'on ne soit pas d'accord
sur les moyens de le faire, de le faire le
mieux possible, tout le monde est bien conscient qu'on ne peut plus
continuer sur cette lancée-là, on ne peut plus continuer sur des déficits
budgétaires récurrents.
Deux façons
de le faire : contrôler les dépenses, développer l'économie. Le principal
problème du contrôle des dépenses, on le sait, c'est le domaine de la
santé. J'ai été élu, pour la première fois, en 1985, bien longtemps après votre
première élection, M. le Président. En 1985… Mais je me rappelle qu'à ce
moment-là le coût de la santé, dans les dépenses de l'État, ne représentait que
33 %. J'essaie de m'imaginer ce qu'il représentait en 1976, j'imagine que
c'était encore moins que 33 %.
Aujourd'hui,
les dépenses de santé dans le budget du Québec sont tout près de 50 %. Et
il y a une raison objective à ça. On pense qu'on doit faire davantage
pour contrôler les coûts de l'administration de la santé, on pense qu'on doit faire davantage pour éviter la bureaucratie, et
nous sommes tous d'accord là-dessus. Mais il y a des raisons objectives
qui font que ce coût-là a crû, et ces raisons objectives-là sont l'augmentation
de la durée de vie des Québécois.
À l'époque, en 1985, je pense que la durée de
vie moyenne était largement sous les 80 ans. Je ne sais pas combien elle était
en 1976, probablement encore moins, mais, au cours des quelques dernières
années, des six ou sept dernières années, la
durée de vie moyenne au Québec a augmenté de 3 mois par année. Donc, à tous les
quatre ans, on ajoutait une année de
durée de vie. C'est merveilleux. On est un des pays où les gens vivent le plus
longtemps. On est un des pays où les
gens vivent le plus longtemps en santé. Mais les conséquences sont que les
coûts de la santé, évidemment, sont sous cette pression-là, et qu'on
veut donner ces services de santé là.
Donc, dans le
contrôle des dépenses que l'on veut faire, on sait qu'on a cette contrainte
particulière de la pression des coûts de la santé. Mais il y a un large
consensus qu'il faut d'abord travailler sur le contrôle de ses dépenses.
Le deuxième
point, évidemment, c'est le développement de l'économie, et là les désaccords
sont plus nombreux qu'ils ne le sont
par ailleurs. On a une économie qui est fondée sur la liberté d'entreprendre.
Et, quand on regarde l'histoire du développement économique, on s'aperçoit
que ce système de liberté d'entreprendre est le plus fameux système de création
de richesse qu'on a inventé de toute l'histoire de l'humanité. Ça n'a pas
toujours été le cas. D'ailleurs, la liberté d'entreprendre était très restreinte il n'y
a pas si longtemps que ça dans l'histoire même de nos pays et des pays
de la vieille Europe.
Pour diverses
raisons… l'une de celles-là, en passant, c'était qu'on estimait que ça
détruisait les emplois, hein? Quand on inventait des nouveaux métiers à
tisser, on estimait que les nouveaux métiers à tisser étaient tellement performants qu'il y avait moins d'employés pour
occuper ces fonctions-là. Et donc on détruisait les métiers à tisser, ce
qui faisait qu'on détruisait le système de création de richesse, qui est si
formidable, que nous avons.
• (21 heures) •
Mais il y a des conditions pour que cette
liberté d'entreprendre là fonctionne. Et on ne les atteint pas toujours. Il
faut que les entrepreneurs aient confiance. Il faut qu'ils croient qu'il y aura
une stabilité, il faut qu'ils croient qu'il
y aura un bon climat économique. Il faut qu'ils croient qu'ils seront appuyés et
non pas qu'on viendra leur mettre des contraintes telles qu'ils n'ont
pas la possibilité de développer leurs entreprises.
Ça, ça ne
veut pas dire de faire n'importe quoi. Ça ne veut pas dire de ne pas avoir de
règlements. Ça ne veut pas dire de ne pas respecter la sécurité au
travail, ça ne veut pas dire de ne pas respecter le salaire minimum, ça ne veut
pas dire de ne pas respecter un ensemble de
règles que nous nous sommes données pour la protection des travailleurs
et de la société. Mais ça veut dire que cette concurrence-là entre les
entreprises se fera de la façon la plus loyale possible.
Et, quand on le fait — puis il
y a des pays qui le font mieux que nous de ce côté-là — quand
on le fait, on s'aperçoit que la productivité
des entreprises et que les innovations dans ces entreprises-là augmentent en
flèche. Et cette productivité-là et ces innovations-là qui augmentent en
flèche nous permettent d'avoir une société plus riche, avec comme conséquence que nous avons plus de facilité
à recueillir des revenus, avec comme conséquence que nous avons plus de facilité à assumer nos obligations et notre
devoir de soutien des gens dans les divers secteurs d'activité
gouvernementale, et plus particulièrement, comme celui que j'ai mentionné tout à l'heure, celui de la
santé. Il y en a d'autres. L'éducation est un secteur d'activité aussi fort important. Les coûts sont moins sous
pression, mais les coûts augmentent. On a des besoins considérables. Former des gens n'est pas nécessairement plus facile que ce ne l'était, parce
que le travail qu'ils auront à
faire dans leur vie est parfois beaucoup
plus complexe qu'il ne l'était dans le passé, ce qui est une des conséquences
inévitables d'une société plus productive. On a des machines plus productives,
mais on a aussi des machines plus complexes à réparer, plus complexes à créer,
plus complexes à faire le suivi.
Ça m'amène à
vous parler d'une question qui a été soulevée à l'Assemblée nationale
dernièrement par le député de Saint-Jérôme et sur lequel notre collègue
de l'Économie a répondu, je pense, adéquatement, que l'on appelle les
gazelles. Les gazelles, ce sont des
entreprises qui ont été choisies par des groupes, sans doute,
probablement très compétents mais qui décident qui sera
ou non le gagnant de la course dans le système économique. Et, personnellement,
je pense qu'on ne peut pas faire ça, qu'on
ne peut pas atteindre ce résultat-là, parce
qu'il y a une foule de raisons impondérables qui font qu'un entrepreneur
a plus de succès plutôt qu'un autre.
Je vais vous citer un exemple, je pense, qui va
bien illustrer ça. Est-ce que Steve Jobs aurait été une gazelle au Québec s'il était… si on retournait 35 ans
en arrière et qu'on lançait ce programme-là? Je n'en suis pas certain.
Parce que Steve Jobs, pour ceux qui ont lu sa vie, là, Steve Jobs qui est le
créateur d'Apple, qui a amené une entreprise qui n'existait pas à la plus
grande entreprise, en termes de capitalisation boursière, au monde avant sa
mort, n'était pas nécessairement la personne la plus aimable au monde, et il y
a bien des gens qui étaient rebutés par la personnalité abrasive, pour le moins, de ce personnage, aussi intelligent soit-il et
quelles que soient ses idées. Et il est parvenu à trouver du financement
parce que quelqu'un, un jour, à force de faire des démarches, quelqu'un, un
jour, a fini par s'asseoir en face de lui et
a essayé de comprendre ce qu'il voulait faire, plutôt que de regarder le
personnage un peu ahurissant qu'il avait devant lui en se disant :
Bien non, regarde, je ne ferai pas affaire avec un bonhomme comme ça, et il a
compris tout le potentiel de ce bonhomme, et lui a donné la chance de partir.
Mais c'était quelqu'un d'entièrement privé, qui n'avait rien à faire avec
aucune officine d'État, puis qui n'avait pas une grille d'analyse toute faite d'avance,
qui aurait probablement exclu le personnage que ce M. Jobs là était.
Je donne cet exemple-là, on pourrait en donner
de multiples, mais je vais vous en donner un autre, puis il y a un nommé Dutil,
qui s'appelait Roger Dutil, qui, un jour, a décidé de partir une entreprise d'acier,
de transformation d'acier dans la Beauce. Et
je pense que, si le programme des gazelles avait existé à ce moment-là, on l'aurait
mis dans une camisole de force, parce
qu'il était évident que ça ne pouvait pas marcher. C'était évident que tu ne
peux pas prendre de l'acier dans les grandes villes, l'amener dans un
village de la Beauce, le transformer, puis après ça le retransporter vers les États-Unis, puis en faire une entreprise rentable.
Ça n'avait aucun sens. Sauf que ce personnage-là — qui était mon père, «by the
way» — avait
compris quelques petites choses qui étaient particulièrement subtiles, entre
autres qu'il pouvait acheter de l'acier de
pays où les États-Unis ne pouvaient pas aller mais qu'ils achetaient de
l'acier, eux autres, transformé, qu'ils
ne pouvaient pas l'acheter… et ainsi de suite. Il s'était fait un modèle d'affaires,
grâce à ses contacts, grâce aux
communications qu'il avait, grâce à une autre personne qui avait dessiné une
poutrelle d'acier, etc., un modèle d'affaires
qui a fait que cette entreprise-là, finalement, s'est avérée un grand succès dans la Beauce,
bien que ce n'était pas prévisible de le faire. Et on pourrait donner
des centaines d'exemples comme ça au Québec.
Si
on ne trouve pas la façon de ramener les investisseurs à investir, de ramener les investisseurs à créer des
emplois, on ne parviendra pas à résorber notre déficit structurel et on ne
parviendra pas à donner les services auxquels les gens du Québec sont en droit de s'attendre. C'est ça qu'il faut bien
comprendre et c'est ça qui est l'idée sous-jacente à notre budget. L'idée sous-jacente à notre budget, c'est
qu'on peut tous faire des coupures, on peut tous faire des diminutions
de bureaucratie, on peut tous faire ces
choses-là, d'une façon qui peut varier mais qui est assez compréhensible. Qu'est-ce
qu'on ne peut pas faire? On ne peut pas
créer les emplois à la place des entreprises. C'est eux qui vont avoir l'imagination
de trouver des moyens plus productifs, d'apporter des innovations et de mettre
en marché des produits et des services innovants qui vont nous permettre d'avoir
une économie plus forte. Et ça, c'est fragile. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut bousculer d'une
façon très forte. C'est un climat d'entreprise, c'est un climat d'entrepreneurship,
c'est une confiance qu'il faut générer.
Et
je m'en tiens à cet aspect-là du budget. Il y a plusieurs autres aspects, qu'on
n'a pas le temps de parler dans un aussi bref discours, mais je m'en
tiens à cette particularité-là : aucun gouvernement ne réussira à avoir
des finances publiques adéquates et donner
les services adéquats s'il ne réussit pas à transformer le Québec en une ruche
d'innovateurs, en une ruche d'entrepreneurs
qui vont créer des emplois et qui vont améliorer notre économie. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Beauce-Sud, de votre intervention sur
le discours du budget. Et, pour la poursuite du débat, sur le même sujet, je
cède maintenant la parole à M. le député de Sainte-Rose. À vous la
parole pour…
M. Habel :
Merci, M. le Président…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Non. Oui, ça va. J'aurais dû regarder.
Une voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : Non, non, il y a un problème. J'aurais dû
regarder, je ne l'ai pas fait. Alors, c'est à vous, pour des raisons d'alternance.
Alors, M. le député de Terrebonne, pour votre intervention.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci, M. le Président, de respecter cette règle de l'ancienneté, là,
vis-à-vis des nouveaux collègues, là, comme ça. C'est très apprécié.
M. le Président, la semaine dernière, le Parti
libéral nous faisait le dépôt de son budget,
un budget qu'on pourrait qualifier de promesses brisées. Promesses brisées, vous l'avez vu ce
matin, M. le Président, à la période de questions, en ce qui
concerne différents dossiers, notamment dans le comté de Terrebonne ou sur la
Rive-Nord de Montréal. J'ai eu la chance ce
matin de parler de l'autoroute 19, un projet qui avait, je vous le
rappelle, été lancé par le gouvernement
libéral, par l'ancien premier ministre Jean Charest à l'époque, en 2010, sur cette belle île de Laval, dont le député
de Sainte-Rose pourra probablement vous parler avec plus de détails dans les minutes qui vont suivre. Un
projet qui, M. le Président, a disparu dans le budget du Parti libéral
actuellement. Un projet qui vise tout simplement à essayer de donner une équité
aux citoyens de la couronne nord de Montréal, de leur permettre d'avoir des infrastructures routières à la hauteur de leurs attentes, et également qui répond aux besoins de cette population
de plus en plus émergente et de plus en plus nombreuse dans les
banlieues montréalaises.
Alors, vous vous
rappellerez qu'en 2010 l'ancien premier ministre Jean Charest l'annonçait, en
2013 le PQ améliorait le projet. Je vous
rappellerais qu'à l'origine, dans la première version du projet, il manquait un
pont, il manquait un pont, M. le Président, dans le projet de l'autoroute 19. C'était donc un élargissement,
mais, rendu au pont Athanase-David,
on retombait seulement à deux voies. Donc, le principe du goulot d'étranglement
était maintenu pour ce seul pont. Il
a dû falloir en rajouter un autre pour permettre justement la continuité des
voies de chaque côté, garder également
des voies réservées pour le transport
collectif, ce que le PQ a fait en 2013. Et aujourd'hui, en 2014, je vous
le répète, on vient de lancer un avis de recherche ce matin, nous
cherchons où se trouve l'autoroute 19 dans les cartons du gouvernement
libéral et nous attendons toujours les réponses.
• (21 h 10) •
Le
ministre, ce matin, s'est dit ému, M. le Président, des questions qu'on lui posait en Chambre. Bien, peut-être que, si le ministre passait plus
de temps à justement utiliser le tronçon de l'autoroute 19, bien, il
serait peut-être moins ému et un peu plus
préoccupé par le temps d'attente que de nombreux utilisateurs, plus de 60 000, vivent chaque matin, au quotidien, pour aller travailler sur l'île de
la métropole et qui vient lourdement handicaper la qualité de vie de
famille et de travail de nos concitoyens de
la Rive-Nord. Je pourrais vous parler de ce dossier durant une heure, M. le
Président, mais je vais laisser à mes collègues de l'île de Laval, du
gouvernement, nous en parler davantage et de faire leur travail de
représentation auprès de leur ministre des Finances.
Au
niveau de la famille, M. le Président — vous savez que c'est un dossier qui me
préoccupe particulièrement en tant
que porte-parole — là
aussi, on a eu des volte-face assez intéressantes de la part du gouvernement
libéral dans ce budget. Vous vous
rappellerez, et là, ça, c'était en campagne électorale, le PLQ annonçait en
grande pompe qu'il allait indexer les tarifs en garderie à partir de
2015. C'était sa promesse. On peut d'ailleurs le voir, là, sur le site du
député de Châteauguay, là. C'était dans un communiqué, là, très bien écrit. Je
vous dis le député de Châteauguay, M. le Président,
parce que tous les communiqués de presse du Parti libéral ont disparu, ont
disparu d'Internet, là, suivant leur élection.
Plus moyen de retrouver ces communiqués. Il faut fouiller un peu partout. Mais,
grâce au député de Châteauguay, nous sommes capables d'avoir de la
transparence et de la vérité sur certains aspects, un gouvernement… Je lui en
remercie parce que, sans lui, je n'aurais pas eu l'information qui me confirme
que la promesse libérale a été brisée, M. le
Président, brisée lamentablement. Parce qu'en plus d'indexer dès maintenant les
tarifs en garderie, dès cette année, on ne les indexera plus au coût de
la vie, si on regarde dans le budget, c'est au coût du programme que nous l'indexons.
On passe de 7 $ à 7,30 $ cette
année, une augmentation de 4 %, qui est beaucoup plus élevée que le coût
de la vie normale… que l'indexation au coût de la vie.
Mais
ce n'est pas tout, M. le Président, parce que ce petit imbroglio nous amène
aussi à une autre dynamique, celle du
président du Conseil du trésor qui, dans sa grande idéologie libérale, parle
maintenant de modulation. Ça, on n'en a
jamais entendu parler non plus en campagne électorale. Mais le président du
Conseil du trésor nous dit que, peut-être dans une commission fiscale, une commission qui viendra un jour, où nous
aurons plus de détails, une commission fantôme dans laquelle évidemment le président veut nous amener à réfléchir, on
pourrait peut-être moduler les tarifs en garderie. C'est la réflexion
qui est lancée, une réflexion évidemment qui ne semble pas plaire à un bon
nombre d'organismes et d'acteurs dans le
milieu des services de garde. Et il ne suffit que de lire les journaux à tous
les jours pour le comprendre. Et ça non plus, ça ne faisait pas partie
du programme du Parti libéral à la dernière campagne. Alors, au niveau du
tarif, là, on peut voir que ce n'est pas juste une promesse brisée, là, il y en
a tout plein. C'est comme un package deal, là — excusez-moi l'expression
anglaise — c'est
un tout inclus de promesses brisées pour la même fonction.
Et d'ailleurs
ce qui me préoccupe dans la proposition du président du Conseil du trésor, dans
sa réflexion, c'est de voir si c'est sur le dos de la classe moyenne qu'il
voudra faire payer, justement, la pérennité du réseau des services de garde. Rappelons que la modulation par revenus,
là… J'aimerais bien savoir, pour lui, qu'est-ce que c'est, la classe moyenne, ça va être quoi, ses tarifs de revenus.
Je suis bien intéressé. J'ai bien hâte de voir vers où ça va nous mener.
Nous serons vigilants, M. le Président, à cet égard.
Au niveau du
développement des places en garderie, bien là, c'était un cha-cha, hein? Ça, c'était
plus intéressant. Il y avait une
cadence, un tempo. Et puis, on a vu la ministre de la Famille nous dire :
Bien, on fait un moratoire complet sur toutes les places en garderie.
Nous mettons une halte à tout ce développement, un développement qui était
attendu depuis fort longtemps, défendu à la
fois par le Parti québécois mais aussi par le Parti libéral auparavant. Mais
là, ah, on fait une halte. Après quelques jours, la ministre a décidé de
revenir sur sa parole, de dire : Bien, finalement, il n'y aura peut-être plus de moratoire, on va lever le
moratoire sur les places de l'année 2014. Parce qu'on s'est rendu compte
que… Comme les bâtiments étaient déjà, pour la plupart, très avancés, comme,
pour la plupart des investissements, on était dans une finalité, bien, on s'est
dit : Ça serait plate de tout démolir et de laisser ça en reste, on va l'accepter.
On va l'accepter. On va permettre des places en garderie pour 2014. Très grosse
surprise!
Et là on
attendait de voir ce qui allait se passer avec le reste des places, donc les
places qui étaient prévues pour 2015 et 2016, pour compléter le réseau,
pour permettre aux parents puis aux jeunes familles du Québec d'avoir des
places de qualité dans des services de garde à tarif réduit, quelque chose qui
est demandé depuis des années par la population
québécoise. Le premier ministre du Québec s'est levé, M. le Président, il a
tenté de nous rassurer. Il s'est levé, je me rappelle, parce qu'il était très inspiré. Il était très inspiré et il
nous lançait des citations de Saint-Exupéry, en disant qu'un enfant qui
ne s'épanouit pas pleinement, c'est comme tuer un jeune Mozart. Il était, là,
là, tout feu, tout flamme en Chambre, M. le Président. «Aucun enfant ne sera
laissé pour compte. Nous ne laisserons aucun enfant sur le bord du chemin»,
disait le premier ministre, là. «No child left behind.»
Et, dans
cette grande envolée oratoire, paf!, le budget arrive. Le budget arrive, et on
apprend qu'en 2015 seulement 4 000 places en garderie seront
débloquées, au lieu de 8 000, seulement 4 000, et 4 000
seulement pour l'autre année et pour l'autre.
Ça nous amène, M. le Président, pour compléter le réseau, pas en 2016, pas en
2017, pas en 2018, pas en 2019, en 2020, 2021, peut-être même 2022, M.
le Président. Savez-vous quel âge vont avoir les enfants? Savez-vous à quelle tranche de la population, là, ces
personnes-là vont être confrontées? On va avoir largement dépassé le
primaire, peut-être même la troisième année de celle-ci. Ça va être rendu,
écoutez, presque un fantasme, pour certains enfants du Québec, de penser
pouvoir avoir une place dans ce réseau de services de garde à tarif réduit.
On préfère
étirer la sauce plutôt que donner rapidement le service à la population parce
que le président du Conseil du trésor pense que mettre de l'argent dans
nos services de garde subventionnés, ce n'est pas un investissement. Ce n'est pas un outil de développement économique ou
social pour le Québec. C'est une dépense, M. le Président. C'est ça, la philosophie du président du Conseil du trésor. Et
là-dessus, évidemment, il y a un clivage avec l'opposition officielle.
Alors, bien, pour ceux-là, les enfants qui sont sur le bord du chemin, moi, si
j'étais eux, j'apprendrais à marcher très vite, parce que, sept, huit, neuf, 10
ans, ils ont le temps d'apprendre avant de pouvoir avoir une place en garderie.
C'est triste comme ça, M. le Président, mais c'est la stratégie du gouvernement
libéral actuel. Il faut se réveiller.
Et puis,
quand on entend des sources gouvernementales qui sortent dans les journaux et
qui nous disent : Le projet de la ministre serait peut-être de
laisser mourir à petit feu certains de ces projets, qui ont pris des mois et
des années à se construire, à se faire
analyser, à se faire confirmer, pour finalement se faire accepter dans un long
processus d'analyse, bien, on se
dit : Est-ce que c'est ça, la meilleure stratégie pour nos familles
québécoises? Est-ce que c'est comme ça qu'on va donner le plus grand
service à nos jeunes? Est-ce qu'investir dans leur éducation puis dans tous ces
services de garde qui offrent des services de qualité et spécifiques à des
enfants qui, parfois, en ont grandement besoin, c'est une véritable dépense? Ou
ce n'est pas plutôt, justement, un investissement et une façon d'emmener le
Québec plus loin et à s'épanouir davantage? N'est-ce pas là un outil de
développement économique formidable, M. le Président? Moi, je pense à toutes ces intervenantes en garderie
puis intervenants qui ont mis du temps, de l'énergie puis de l'argent
dans des projets qui ne verront peut-être jamais le jour. Je suis très inquiet.
Et on va rester vigilants, de ce côté-ci de la Chambre, pour savoir de quelle
manière les choses vont tourner.
Je pourrais vous
parler des surplus en garderie, qui est évidemment une surprise. On n'en a
jamais parlé en campagne électorale, mais
près de 60 millions de surplus vont peut-être disparaître des coffres des
CPE, des garderies privées
subventionnées. Je pourrais vous parler des coupures de 6 millions dans
les organismes famille, les 162 millions qui ne seront pas là pour
le communautaire. Parce qu'on l'a dit, la philosophie du président du Conseil
du trésor, c'est que ces organismes-là
communautaires, ça ne doit pas être un investissement non plus. Ça doit être
une dépense. Quand on s'en va voir
nos gens du milieu communautaire puis qu'on leur dit : On est chanceux de
vous avoir, si on n'avait pas des gens
comme vous au communautaire, ça nous coûterait deux fois, trois fois plus cher
pour le Québec, on est chanceux d'avoir des gens
de coeur, de passion, de conviction qui donnent autant pour si peu pour notre
société, mais, quand on regarde l'argent qui
est au rendez-vous dans le budget, bien, on peut se dire, encore là : Une
idéologie. C'est une dépense et non pas un investissement. J'ai hâte de
voir de quelle façon les gens du milieu réagiront.
J'ai hâte aussi de
voir le forum sur la lutte à l'intimidation. J'ai hâte d'y participer, j'ai
hâte d'y être.
J'ai vu également qu'en
santé on n'avait rien sur les supercliniques. On n'avait non plus aucune trace
du programme de soins à domicile.
M.
le Président, c'est donc le budget des promesses brisées. C'est la stratégie du
Kinder Surprise, hein, qui consiste à
se présenter devant l'électorat avec son plus beau côté chocolaté, puis, une
fois qu'on commence à se faire grignoter, bien, paf! il y a une surprise, puis elle n'est pas belle, M. le Président,
cette surprise-là. Parce qu'on l'a vu dans le budget c'est quoi; ce n'était
pas beau. On s'est fait peut-être largement dorer la pilule, comme on dit.
M.
le Président, durant la campagne électorale, le Parti libéral a parlé des
vraies affaires, puis c'est vrai, parce que, s'il y a un parti qui a parlé d'indépendance dans la dernière campagne
électorale, plus que le PQ, l'Option nationale ou Québec solidaire tout entier, c'est bien le Parti
libéral. Il n'en parlait pas de la bonne façon; il en a parlé beaucoup. Il
a parlé beaucoup de peur. Et moi, je pense
que parler des vraies affaires, c'est aussi parler de la souveraineté nationale
puis de l'avenir national du Québec.
L'heure est au bilan, M. le Président. Après près de 150 ans de présence
dans la Confédération canadienne, il
est temps de se poser les vraies questions, de se rappeler d'où on est parti,
vers où on veut aller et surtout comment on peut mieux servir dans l'avenir
les intérêts économique, culturel, social du Québec pour les générations
futures. À l'heure où d'autres nations à travers le monde parlent des vraies
affaires, eux aussi, comme la Catalogne le 18 septembre…
le 9 novembre prochain ou l'Écosse le 18 septembre, il serait
peut-être temps, M. le Président, que nous aussi, nous fassions cette réflexion. Nous savons que nous devons
continuer, nous savons que rien n'est joué et nous savons, M. le
Président, que nous ne sommes pas seuls. Merci.
• (21 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Terrebonne, de votre
intervention sur le discours du budget. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Sainte-Rose pour son intervention sur le discours du budget. M. le
député de Sainte-Rose, à vous la parole.
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci, M. le Président. Je regrette un peu d'avoir laissé ma place, mais on va finir
positivement et de façon posée cette soirée endiablée par le député de Terrebonne.
Donc,
je voudrais, premièrement, saluer le ministre
des Finances et aussi le ministre et président du Conseil du trésor, qui
ont fait ce budget rapide mais rigoureux. Je remercie aussi la fonction publique.
C'est des travailleurs de l'ombre qui travaillent aussi très fort pour amener
ce budget à terme, et aujourd'hui je pense que c'est important de leur
mentionner, de les remercier de travailler aussi fort.
Vous
savez, un budget, c'est un peu comme une photo. C'est une photo parce qu'on
capture le moment maintenant, mais c'est une situation, aussi,
antérieure qu'on doit regarder. Et le budget oriente vers le futur qu'est-ce qu'on
veut faire avec ce budget-là. Et, la
situation antérieure, M. le Président, on la connaît, le Vérificateur général
nous l'a mentionnée. Je sais que, là, les gens de l'opposition
officielle quittent parce qu'ils ne veulent pas voir la réalité en face, mais
le Vérificateur général…
Des voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui. On n'a pas le droit, M. le député de
Sainte-Rose, de prêter de tels motifs, et vous le savez très bien. Les
gens peuvent quitter quand ils décident de quitter. Et, chaque fois que vous
prêtez des intentions, vous n'êtes pas sur ce que vous devez être, c'est-à-dire
le discours du budget.
M.
Habel : … monsieur, je regrette cet imbroglio. Mais je vais dire quand
même les faits, c'est qu'on a un déficit anticipé, qu'on aurait eu, avec
le Vérificateur général, de 5 milliards de dollars en 2014-2015, si nous
aurions laissé les choses aller, et un
déficit anticipé de 7 milliards de dollars en 2015-2016. Mais nous allons
rétablir les choses, M. le Président, nous allons rétablir les choses
avec un budget rigoureux, tourné vers l'avenir, qui va relancer le Québec et
aussi relancer l'économie du Québec.
Et le redressement
des finances publiques va passer par deux commissions excessivement
importantes, soit la commission de la révision de la fiscalité. Étant un
comptable de formation, je peux vous mentionner que c'est très important. Parce
que, des fois, on voit des personnes qui vont avoir une augmentation salariale
et qui vont avoir une réduction, donc ça va
être moins payant pour eux d'avoir cette augmentation salariale là à cause des
crédits d'impôt. Donc, ça, ça va être quelque chose qui va devoir être
regardé par la commission de la fiscalité.
Il
va aussi y avoir la portion de la révision des programmes avec le cran d'arrêt.
Ça, c'est très important, M. le Président, parce que l'état étatique est
ce qu'il est. Des fois, il grossit, et nous devons aussi cibler les réelles
priorités des Québécois en respectant leur capacité de payer. Je crois qu'avec
le cran d'arrêt, avec la révision des programmes, on va pouvoir faire cette
révision des programmes, qui va être structurée et qui va être indépendante.
Nous
nous tournons vers l'avenir pour relancer l'économie du Québec avec cinq grands
axes, soit l'investissement privé pour appuyer les PME, la stratégie
maritime, qui va travailler d'est en ouest, relancer le Plan Nord, qui va agir
du nord au sud, et mettre en valeur nos ressources naturelles pour investir
dans nos infrastructures.
L'investissement privé, M. le Président, c'est
très important pour appuyer nos PME. Et on vise à réduire la bureaucratie et
les formalités administratives de 20 % d'ici 2015. On veut aussi réduire
le taux d'imposition. Nous allons le passer immédiatement de 8 % à 6 % et de 6 % à
4 % dès le 1er avril 2015, ce qui va bénéficier à 7 500
entreprises manufacturières. Je crois que c'est
un très bon programme parce qu'on va favoriser l'ensemble de l'industrie
manufacturière. Ce que je reproche des fois
à certains programmes qui ont été établis dans le passé, prenons, par
exemple, les gazelles, c'est qu'on choisit
les gagnants ou on choisit les perdants. Pour ma part, je crois que c'est une
erreur parce qu'on devrait regarder l'ensemble de la situation. Et la
réduction du taux d'imposition des PME manufacturières aide l'ensemble de l'industrie
manufacturière.
Nous avons aussi la stratégie maritime qui va
être travaillée d'est en ouest, M. le Président. Par exemple, on va étudier la
possibilité d'avoir un pôle logistique en Montérégie, optimiser le port de
Montréal, réaménager le site Dalhousie de Québec. Et nous allons aller jusqu'à
Rimouski, en investissant 700 000 $ dans les sciences de la mer de
Rimouski. Donc, une stratégie maritime adéquate pour tous les Québécois.
Relancer le
Plan Nord, ça va être aussi un vecteur très important, qui va aider le
49e parallèle mais aussi aider le Sud, M. le Président. Un Nord
pour le Nord en investissant au niveau touristique au nord du
41e parallèle et aussi en investissant
100 millions pour la formation des populations autochtones. Un Nord pour
le Nord, mais aussi un Nord pour le Sud en investissant 1 milliard
dans la Capital Mines Hydrocarbures, qui va favoriser les entreprises aussi du
Sud. Je vous donne un exemple. Par exemple,
une entreprise qui fabrique des habitations pour les miniers va l'exporter dans
le Nord, et on va pouvoir faire rouler l'économie de l'ensemble du Québec.
Je veux aussi
vous parler d'un plan qui est dirigé vers le développement durable, avec un
environnement sain, en mettant en valeur nos ressources naturelles,
utiliser nos surplus hydroélectriques pour développer l'économie du Québec et
aussi investir dans l'électrification des transports via Hydro-Québec.
À travers
cela, ce sera une économie forte, M. le Président, à l'aide d'un budget
rigoureux, qui sera stabilisé au niveau
des revenus mais aussi au niveau des dépenses, avec aussi une vision empreinte
de justice sociale, M. le Président, parce
qu'on a investi et on va investir 250 millions dans les logements sociaux,
ce qui va favoriser 3 000 logements. On va investir aussi pour les
plus vulnérables : 8 millions pour la lutte contre l'itinérance. C'est
un budget aussi qui est positif, orienté
vers l'avenir, orienté vers l'équité des générations futures, M. le Président.
On va aussi favoriser la culture en investissant dans la Stratégie
culturelle numérique à 110 millions de dollars et aussi investir dans nos
infrastructures, comme les hôpitaux, par exemple.
Donc, M. le
Président, en résumé, parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, j'aimerais
vous dire que c'est un budget qui est
rigoureux. C'est un budget qui sera tourné vers l'avenir, qui prend en compte
le passé mais qui s'oriente vers le futur, vers l'équité générationnelle
et vers l'équité pour tous. Donc, merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Sainte-Rose, de votre
intervention.
Ajournement
Et, comme je
ne vois pas d'autre collègue et compte tenu de l'heure, nous allons… les
travaux sont ajournés à mardi 10 juin 2014, à
13 h 45. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 21 h 27)