(Quatorze heures neuf minutes)
Le Secrétaire :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
• (14 h 10) •
Avant
de procéder à une longue série de dépôts, permettez-moi de vous souhaiter une
bonne rentrée parlementaire à toutes et à tous. C'est un plaisir de vous
voir ou de vous revoir, le cas échéant.
Dépôt
des listes des candidats proclamés élus à la suite
des élections générales du 3 octobre 2022
Et
donc je dépose les listes des candidats proclamés élus à la suite des élections
générales du 3 octobre 2022, que j'ai reçues les 12 et
14 octobre 2022 du Directeur général des élections.
Dépôt
du rapport du DGE sur la mise en application de l'article 490 de
la Loi électorale et de l'article 26 de la Loi visant à favoriser
l'exercice
du droit de vote lors des prochaines élections générales au Québec
dans le cadre des élections générales du 3 octobre 2022
Je dépose également
le rapport du Directeur général des élections sur la mise en application de
l'article 490 de la Loi électorale et de l'article 26 de la Loi
visant à favoriser l'exercice du droit de vote lors des prochaines élections
générales au Québec dans le cadre des élections générales du 3 octobre
2022.
Dépôt des lettres de nomination du leader, du whip, des
leaders adjoints
et des whips adjoints du gouvernement, et du président
du caucus de la Coalition avenir Québec
De
plus, je dépose des lettres que m'a fait parvenir M. le premier ministre
m'informant des nominations suivantes, qui
prenaient effet le 20 octobre 2022 : M. Simon Jolin-Barrette,
député de Borduas, à la fonction de leader parlementaire du gouvernement; M. Eric Lefebvre, député
d'Arthabaska, à la fonction de whip en chef du gouvernement; M. Mario
Laframboise, député de Blainville, à
la fonction de président du caucus du gouvernement; MM. Eric Lefebvre,
député de La Peltrie... pardon, Éric
Caire, député de La Peltrie, et Mathieu Lévesque, député de Chapleau, aux
fonctions de leaders adjoints du gouvernement; et M. Claude Reid, député de Beauharnois, ainsi que
Mmes Geneviève Hébert, députée de Saint-François, et Nancy Guillemette,
députée de Roberval, aux fonctions de whips adjoints du gouvernement.
Dépôt
des lettres de nomination du leader, de la whip et du
leader adjoint de l'opposition officielle, et du
président du caucus du Parti libéral
Je
dépose des lettres que m'a fait parvenir Mme la cheffe de l'opposition
officielle m'informant des nominations
suivantes, qui prenaient effet le
12 octobre 2022 : M. Marc Tanguay, député de LaFontaine, à la
fonction de leader parlementaire de l'opposition officielle;
Mme Filomena Rotiroti, députée de Jeanne-Mance—Viger, à la fonction de whip en
chef de l'opposition officielle;
M. Monsef Derraji, député de Nelligan, à la fonction de leader
parlementaire adjoint de l'opposition officielle; et M. Enrico
Ciccone, député de Marquette, à la fonction de président du caucus de
l'opposition officielle.
Dépôt
de la lettre informant du retrait de la députée de Vaudreuil,
Mme Marie-Claude Nichols, du caucus du groupe
parlementaire formant l'opposition officielle
Je
dépose une lettre adressée à la présidence de l'Assemblée nationale par
M. Enrico Ciccone, président du caucus de l'opposition officielle, l'informant que Mme Marie-Claude
Nichols, députée de Vaudreuil, n'est plus membre du caucus du groupe
parlementaire formant l'opposition officielle depuis le 27 octobre 2022.
Dépôt
de la lettre de désignation du député de LaFontaine,
M. Marc Tanguay, à titre de chef de l'opposition officielle
Je dépose également
une lettre adressée à la présidence de l'Assemblée nationale par M. Enrico
Ciccone, président du caucus de l'opposition
officielle, l'informant de la désignation de M. Marc Tanguay, député de
LaFontaine, à titre de chef de l'opposition officielle à compter du
10 novembre 2022. Cette désignation fait suite à la démission de Mme Dominique Anglade, députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, à titre de cheffe de l'opposition
officielle le 7 novembre 2022.
Dépôt des lettres de nomination du leader, de la whip et de la
leader adjointe
de l'opposition officielle, et du président du caucus du Parti libéral
Enfin,
je dépose des lettres que m'a fait parvenir M. le chef de l'opposition
officielle m'informant des nominations suivantes,
qui prenaient effet le 14 novembre 2022 : M. Monsef Derraji, député
de Nelligan, à la fonction de leader parlementaire
de l'opposition officielle; Mme Filomena Rotiroti, députée de Jeanne-Mance—Viger, à la fonction de whip en chef de l'opposition officielle;
Mme Virginie Dufour, députée des Mille-Îles, à la fonction de leader
parlementaire adjointe de
l'opposition officielle; et M. Enrico Ciccone, député de Marquette, à la
fonction de président du caucus de l'opposition officielle.
Et, sur ce, M. le premier
ministre, je vous cède maintenant la parole.
M. Legault : M. le secrétaire général,
je vous demande de procéder à l'élection d'un président ou d'une présidente,
conformément aux dispositions prévues au règlement de l'Assemblée nationale.
Le Secrétaire :
Merci, M. le premier ministre.
L'élection d'un président est le premier geste qu'une assemblée doit poser avant de pouvoir délibérer. En effet, le règlement
de l'Assemblée nationale prévoit que le président est élu au scrutin
secret dès la première séance de chaque législature, et une séance de
l'Assemblée y est exclusivement consacrée.
C'est le doyen de
l'Assemblée qui préside à l'élection du président. Le doyen est le député qui
compte le plus d'ancienneté comme membre de l'Assemblée, qui n'est ni candidat
à la charge de président, ni ministre, ni chef d'un groupe parlementaire, ni membre de la Commission de l'Assemblée
nationale. Compte tenu de ce qui précède, j'invite donc le doyen de l'Assemblée, soit M. le député de
Drummond—Bois-Francs, à
présider l'élection du président de l'Assemblée nationale.
Dépôt de la liste des candidats à la présidence de l'Assemblée
nationale
M. Schneeberger : Alors,
bonjour à tous, bienvenue, et surtout bienvenue aux nouvelles et aux nouveaux.
Alors,
à la suite de la candidature qu'il a reçue dans les délais convenus, M. le
secrétaire général a dressé une liste officielle.
Cette liste a été transmise hier à tous les parlementaires et a été distribuée
sur les pupitres avant le début de la présente
séance. L'unique candidate à la charge de présidente est Mme Nathalie Roy,
députée de Montarville. Je dépose donc ce document.
Élection de la présidente
En
application des règles prévues au règlement de l'Assemblée nationale, je
proclame donc élue à titre de présidente de l'Assemblée nationale la
députée de Montarville, Mme Nathalie Roy.
(Applaudissements)
Allocution de la présidente, Mme Nathalie Roy
La Présidente :
Merci. Merci infiniment. Je ne
vous ferai pas un très, très long discours, inquiétez-vous pas, mais je
vous ai écrit quelque chose moi-même et je tiens à vous livrer ce petit
discours.
Bien,
naturellement, merci. C'est vraiment émouvant, se retrouver ici. Et voilà, je
commence, je sors de mon texte. Ça, c'est moi.
D'abord,
permettez-moi de vous remercier du fond du coeur pour la confiance que vous
m'accordez aujourd'hui. C'est un très
grand honneur que vous me faites en m'élisant présidente de l'Assemblée
nationale du Québec. Je ferai tout en
mon pouvoir pour être à la hauteur des attentes que vous fondez en moi. Je
serai la défenderesse de vos droits et privilèges et j'exercerai cette fonction avec toute la
passion que vous me connaissez. Je serai également la protectrice de
l'institution que représente l'Assemblée nationale avec ses traditions,
ses lois et sa jurisprudence.
Vous allez maintenant
me permettre de saluer et de remercier certaines personnes qui sont très
importantes pour moi, avant que je vous
expose en quelques mots comment j'entends réaliser avec vous tous le mandat de
cette présidence.
D'abord,
vous le devinerez, je veux remercier tout particulièrement les citoyens et les
citoyennes de Boucherville et de Saint-Bruno-de-Montarville, qui ont
renouvelé leur confiance en moi pour une quatrième fois le 3 octobre dernier.
Chers Montarvilloises et Montarvillois, en
m'accordant à nouveau le grand privilège d'être la personne qui vous représente
à l'Assemblée nationale du Québec, vous me permettez de vivre une expérience
hautement humaine. Ces mandats ont profondément
changé ma vie, et je vous en serai éternellement reconnaissante. Sachez que je
ferai tout en mon possible pour être encore une meilleure députée.
Maintenant, à vous
tous, députés, si vous êtes dans ce Parlement-ci, c'est justement parce que vos
concitoyens, vos concitoyennes vous ont
choisis, vous, vous, et que vous formez le groupe des 125 personnes qui
peuvent légalement influencer,
changer et améliorer le sort de notre monde et le cours de l'histoire du
Québec. N'oubliez jamais ça. Être député, c'est votre premier titre et
le plus important qui soit, parce qu'il ouvre aussi la porte à tous les
possibles.
Et ici je m'adresse
surtout aux 41 nouveaux élus de cette 43e législature. 41. Savourez à
chaque jour le moment quand vous entrez ici,
dans cette enceinte, et le pouvoir qui vous y est octroyé par le fait même.
C'est un immense privilège qui vous est octroyé, que la population vous a fait. Ne l'oubliez
jamais. Puis aussi vous verrez comment le temps d'un mandat, qui peut
sembler long au début, passe très, très vite.
• (14 h 20) •
Maintenant,
j'ai aussi une pensée toute spéciale pour un grand homme que nous aimons tous
et qui nous a quittés beaucoup trop tôt. Je parle ici de feu Jean Lapierre.
Jean, avec qui j'ai travaillé à la télévision durant plusieurs années, a
été mon premier mentor en politique. Sachez
que c'est grâce à ses conseils et grâce à lui que j'ai pu faire le saut en
politique active il y a déjà 10 ans
de ça. Dans mes rêves les plus fous, la petite fille de la Gaspésie que je suis
n'aurait jamais imaginé se retrouver
jusqu'ici devant vous aujourd'hui à pouvoir vous servir et servir notre
démocratie. C'est un immense privilège et un mandat que j'embrasse avec
le plus grand sérieux.
Mais vous allez aussi
maintenant me permettre de saluer de façon toute particulière les anciens
présidents et vice-présidents de l'Assemblée
nationale. Et je vois dans nos tribunes M. François Paradis, M. Marc
Picard. Je tiens à vous saluer.
Vous savez, puisque
cette première séance est consacrée à l'élection de la présidence en général,
je considérais important, aujourd'hui, de
souligner le rapport à tous à la vie démocratique du Québec. Chacun à sa façon
a été le gardien de notre démocratie,
de nos traditions et de notre droit. Et ici je veux tout particulièrement souligner
l'apport de la première femme présidente de l'Assemblée nationale du Québec,
Mme Louise Harel, qui a fait éclater un plafond de verre. Je vous rappelle que Mme Harel a été élue en mars
2002 à la présidence, il y a déjà 20 ans maintenant, 20 ans sans
qu'aucune femme n'ait été réélue à cet important poste. Je suis donc doublement
reconnaissante de la confiance que vous m'accordez aujourd'hui, devenant ainsi la seconde femme à
occuper ces fonctions en près de 230 années de parlementarisme québécois.
Toutefois, je suis une optimiste, je suis
convaincue que les temps changent et que nous verrons de plus en plus de femmes
être élues à cette fonction au fil des prochaines législatures.
J'entends
donc remplir avec fierté ce mandat que vous me confiez. Je vais travailler avec
vous à défendre la parole et les droits de chacun et chacune d'entre
vous.
Et,
quand je vous parle de fierté, je sais qu'il y en a certains qui vont rigoler,
mais, oui, je suis fière, je suis très, très fière, entre autres, de constater
que le nombre de femmes députées a atteint un record lors de la dernière
élection. Mesdames, je m'adresse à
vous. Vous êtes 58 élues, vous représentez plus de 46 % des députés
de l'Assemblée nationale, alors soyez-en très fières et prenez toute votre place. Et, messieurs, sachez que ce
n'est qu'unis, avec nos différences et en toute complémentarité, que
nous pourrons faire progresser les choses pour le mieux-être de tous.
D'ailleurs,
nous sommes à une époque où il semble que, comme on dit, le fruit soit mûr pour
faire évoluer notre façon de
travailler, de nous gouverner en tant qu'élus. Et chaque élu que vous êtes est
un législateur, ne l'oubliez pas. C'est un très grand pouvoir que seulement 125 personnes possèdent au
Québec. Ce pouvoir, c'est celui de créer, de modifier ou d'abroger les lois et règlements désuets ou encore
inadéquats. Je souhaite donc être une facilitatrice pour que vous puissiez
bien exercer vos pouvoirs et aller de l'avant avec les réformes que vous
souhaiterez entreprendre.
Vous
savez, en 10 ans ici, j'ai pu bien comprendre et estimer ce que représente
le travail d'une députée de l'opposition et celui d'une députée du
gouvernement. Cette expérience me permettra de jouer mon rôle de présidente de
façon juste, équilibrée et équitable.
En
terminant, je suis très consciente que nous sortons tous d'une campagne
électorale qui a été difficile et éprouvante pour tout le monde, autant pour les candidates et les candidats que pour
leurs familles, en particulier sur les réseaux sociaux, où tous autant que nous sommes avons été à tour de
rôle la cible de propos méprisants, dégradants, violents et voire même souhaitant porter atteinte à notre intégrité
physique. Les services de sécurité ont d'ailleurs dû intervenir des dizaines de
fois pour procéder à des arrestations.
Durant
cette campagne, la méchanceté et la violence ont atteint des niveaux inégalés,
particulièrement dans des publications sur les réseaux sociaux, que des
millions de personnes regardent, lisent et repartagent.
Je
crois qu'on en a tous soupé de ces propos, de ces comportements, et je nous
souhaite qu'ici, dans cette enceinte, durant
nos échanges, nous saurons donner l'exemple et montrer aux Québécoises et aux
Québécois que leurs élus sont capables de
débattre d'idées dans le respect de tous et chacun. Le respect des personnes et
des points de vue différents, c'est ce que je nous souhaite,
collectivement, pour les travaux de cette 43e législature.
Je vous remercie de
votre attention et vous souhaite une excellente rentrée parlementaire.
(Applaudissements)
Assermentation
La Présidente : Merci. Maintenant, une autre petite étape. Je souhaite prêter le
serment de la présidence. Pour votre gouverne,
c'est un serment qui a été instauré par Jacques Chagnon en 2012 et que je
souhaite répéter, qui a été répété en 2014, en 2018, et je souhaite en
faire une tradition. Vous me permettrez de lire ce serment.
Serment de la
présidence :
«Considérant
le rôle joué par l'Assemblée nationale au sein de nos institutions démocratiques
et les valeurs qu'elle incarne;
«Considérant que son
autonomie doit être préservée afin qu'elle puisse accomplir ses fonctions à
l'abri de toute ingérence extérieure;
«Considérant
les attentes élevées et légitimes des députés et des citoyens envers nos
délibérations parlementaires;
«Considérant que notre droit parlementaire est
issu d'une longue tradition qui doit se perpétuer et continuer d'évoluer en
conformité avec les principes qui le caractérisent;
«Considérant ce que symbolise la fonction de
présidente et l'importance accordée à son devoir d'impartialité;
«Considérant la confiance qui est
témoignée envers la personne à qui est confié le rôle de présidente de
l'Assemblée [nationale];
• (14 h 30) •
«Je, Nathalie Roy,
déclare solennellement que j'assumerai, avec dignité et en toute neutralité,
les fonctions de présidente de l'Assemblée nationale du Québec et que je
veillerai au respect et à la défense des droits et privilèges de l'Assemblée et de chacun de ses membres de manière
à ce que leurs fonctions puissent s'exercer en toute liberté et sans
aucune entrave extérieure;
«De
même, j'agirai comme gardienne des droits démocratiques des citoyens
représentés à l'Assemblée et, à ce titre, je serai, de manière constante et au mieux de ma capacité, à la
recherche du maintien du meilleur équilibre dans les délibérations
parlementaires, conformément aux principes de notre droit parlementaire;
«Enfin, je m'engage à
remplir les devoirs de ma charge avec conscience et à être juste envers tous.»
Merci.
Maintenant,
nous poursuivons. Nous allons procéder à l'élection des vice-présidents. Je
suis prête à recevoir les propositions concernant la charge de premier
vice-président de l'Assemblée nationale. Alors, M. le premier ministre.
Élection des vice-présidents
Mme Chantal Soucy
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
après avoir informé l'opposition officielle, le deuxième groupe d'opposition et le troisième groupe d'opposition, je fais
motion pour que Mme Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe, soit élue
première vice-présidente de l'Assemblée nationale.
La Présidente :
Est-ce qu'il y a d'autres
propositions? Je constate que non. Alors, en conséquence, en vertu de l'article 9.2 du règlement, je proclame donc
élue à titre de première vice-présidente de l'Assemblée nationale la députée
de Saint-Hyacinthe — et
pour aujourd'hui je peux nommer son nom — Mme Chantal Soucy.
Bravo!
Nous
allons maintenant procéder à l'élection du deuxième vice-président. Je suis
prête à recevoir les propositions concernant la charge de deuxième
vice-président de l'Assemblée nationale. Alors, M. le premier ministre, c'est à
vous.
M. Sylvain
Lévesque
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
après avoir informé l'opposition officielle, le deuxième groupe d'opposition
et le troisième groupe d'opposition, je fais
motion pour que M. Sylvain Lévesque, député de Chauveau, soit élu deuxième
vice-président de l'Assemblée nationale.
La Présidente :
Je dois vous demander s'il y a
d'autres propositions, mais je constate qu'il n'y en a pas. Alors, en conséquence,
en vertu de l'article 9.2 du règlement, je proclame donc élu à titre de
deuxième vice-président de l'Assemblée nationale le député de Chauveau,
M. Sylvain Lévesque. Bravo!
Alors,
nous allons maintenant procéder à l'élection du troisième vice-président. Je
suis prête à recevoir les propositions concernant
la charge du troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Pour ce faire,
je reconnais M. le chef de l'opposition officielle.
M. Frantz
Benjamin
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Après avoir informé le gouvernement, le
deuxième groupe d'opposition et le troisième
groupe d'opposition, vous me permettrez de faire motion, conformément aux
dispositions de l'article 19 de
la Loi sur l'Assemblée nationale, afin que M. Frantz Benjamin, député de
Viau, soit élu troisième vice-président de l'Assemblée nationale.
La Présidente :
Je dois vous demander s'il y a
d'autres propositions. Et je constate qu'il n'y en a pas. En conséquence,
en vertu de l'article 9.2 du règlement,
je proclame donc élu à titre de troisième vice-président de l'Assemblée
nationale le député de Viau, M. Frantz Benjamin.
Nous
poursuivons. Je cède maintenant la parole à M. le premier ministre pour une
allocution, qui sera suivie de celles de M. le chef de l'opposition
officielle et de M. le chef du deuxième groupe d'opposition. M. le premier
ministre.
Allocution
du premier ministre, M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
bien évidemment, je veux vous féliciter pour vos nouvelles fonctions. Présider
notre Assemblée nationale, présider les
débats des élus du peuple québécois, c'est un grand privilège, mais je pense
que, pour vous, Mme la Présidente, c'était
une suite logique dans votre carrière. Oui, vous avez été à la télévision, vous
avez été avocate. Vous avez été ici,
à l'Assemblée nationale, depuis 10 ans, on était dans les premiers temps de la
CAQ. Donc, les citoyens de
Montarville vous ont fait confiance à quelques reprises. Vous connaissez bien
les rouages de l'Assemblée nationale. Je suis convaincue que vous allez
accomplir dignement vos fonctions.
Je veux aussi prendre un moment pour féliciter les
vice-présidents. Donc, d'abord, la députée de Saint-Hyacinthe, qui va maintenant être première vice-présidente.
Elle a fait un excellent travail comme deuxième vice-présidente dans le
mandat précédent. Je sais que c'est une femme qui est calme, qui a du doigté,
donc je pense que ça va bien aller.
Je veux féliciter aussi le député de
Chauveau, qui est respecté de tous les collègues ici, à l'Assemblée nationale.
Je suis certain qu'il va faire un excellent travail.
Et
je veux féliciter aussi le député de Viau. Je sais que c'est un homme sage et
je suis convaincu qu'il va bien arbitrer nos débats.
Maintenant,
Mme la Présidente, vous avez été connue comme étant une députée pugnace un
petit peu, et je pense que,
maintenant, bien, vos fonctions vont vous demander une neutralité absolue, vont
vous demander de prendre une certaine distance
des débats partisans. Vous le savez, vous l'avez vécu, nos débats sont souvent
passionnés, la température monte, donc
votre job, ça va être de la baisser, la température, et de nous ramener à
l'ordre. Vous allez être un peu comme notre arbitre, là, pour faire
respecter les règles, même quand ça déplaît aux collègues, d'un côté ou de
l'autre de la Chambre. Donc, je le sais, que
ce n'est peut-être pas le meilleur endroit pour se faire aimer, il y en a, des
prédécesseurs qui pourraient vous en parler, mais je suis certain que
vous avez la droiture pour arbitrer ces débats.
Vous allez aussi être
l'administratrice de notre Parlement. On sait qu'il y a des travaux importants
qui s'en viennent ici, au Parlement, on sait qu'il y a régulièrement des
questions de règlements puis on souhaite aussi faire évoluer le fonctionnement de notre Assemblée nationale. On est en 2022,
on serait dus pour une bonne réforme parlementaire.
Finalement, comme
présidente, vous allez aussi être l'ambassadrice de l'Assemblée nationale, donc
vous allez nous représenter auprès d'autres Parlements ailleurs dans le monde,
et je suis certain que vous allez nous faire honneur.
En terminant, bien,
j'en profite pour saluer tous les anciens puis tous les nouveaux députés. C'est
un grand privilège qu'on a, on est juste 125
au Québec et on marche dans les pas de géants quand on regarde l'histoire du
Québec. Donc, on a une
responsabilité, et il ne faut jamais l'oublier. Les Québécois comptent sur nous
pour qu'on travaille ensemble. Donc, bravo! Merci. Puis bonne
43e législature, tout le monde.
La Présidente :
Je reconnais maintenant M. le chef de l'opposition officielle. La parole est à
vous.
Allocution
du chef de l'opposition
officielle, M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le premier ministre, M. le chef du deuxième groupe d'opposition,
chers vice-présidente et vice-présidents, chers collègues, nouveaux et anciens,
bonjour.
Merci
beaucoup, Mme la Présidente, d'avoir accepté le défi qui est le vôtre
aujourd'hui, un défi qui ne sera pas toujours
un long fleuve tranquille, j'en suis persuadé, mais vous pourrez compter en
particulier sur moi mais sur l'opposition officielle aussi pour ne pas
ajouter trop de vagues à des débats qui parfois peuvent être houleux.
Une
fois que j'ai dit ça, Mme la Présidente, vous saurez d'avance nous pardonner,
j'en suis convaincu, lorsque nous voudrons dénoncer ce que nous
considérons être des injustices. Nous le ferons, ceci dit, dans un langage
parlementaire, avec une passion contrôlée mais néanmoins, espérons-le,
efficace.
Alors,
Mme la Présidente, je me rappelle très bien d'avoir foulé le plancher du salon
bleu avec vous pour la première fois en 2012, il y a 10 ans. On a même eu
l'occasion, par votre prédécesseur, d'être honorés, par François Paradis,
en juin dernier, pour 10 ans de vie
parlementaire. Donc, vous et moi, il y a un parallèle. Nous avons maintenant
acquis des fonctions ou nous occupons
des fonctions où nous devons avoir, évidemment, une approche un peu plus posée.
Alors, je suis sûr que, dans votre
cas, ce sera une garantie. Dans la mienne, j'aurai à travailler de façon
quotidienne. Mais je compte, je compte sur
le premier ministre pour m'aider en ce sens-là, ainsi que tous les ministres,
parce qu'il faut être deux, là-dedans, bien évidemment.
Alors,
vous avez toute notre confiance, Mme la Présidente. Vous saurez, avec votre bon
jugement, faire en sorte de diriger nos travaux pour qu'à la fin de la
journée ce soient les Québécoises et Québécois qui aient gain de cause. Et les lois que nous débattrons, les motions,
également, et tous les travaux parlementaires se feront, je pense, et seront
jugés sur cette capacité-là d'avoir
un impact tangible dans la vie... et positif dans la vie des Québécoises et
Québécois. Et merci de prendre ce défi-là. Encore une fois, vous avez
toute notre confiance et notre appui.
• (14 h 40) •
De
même, vous me permettrez, évidemment, de souligner et de remercier les
collègues qui à la première vice-présidence et à la deuxième et à la troisième vice-présidence... de relever ce
défi-là. Vous également, vous avez notre confiance entière. Nous vous aiderons pour la tenue des travaux et
nous participerons donc dans cette idée de collaboration et de faire avancer
le Québec.
Donc,
Mme la Présidente, encore une fois, félicitations! Et nous aurons l'occasion,
dans cette Chambre, vous me permettrez
un petit aparté, de débattre d'enjeux, et je pense que les Québécoises et Québécois
nous regardent via les médias également,
s'attendent à ce que l'Assemblée nationale travaille dans l'intérêt des
Québécoises et Québécois, et, en ce sens-là, vous ne serez pas surprise
de nous voir parler d'enjeux, notamment, en matière de santé, de coût de la
vie, d'accès aux différents services
publics. Le premier ministre m'excusera à l'avance, il se peut qu'à l'occasion
nous soulignions leurs bons coups, et nous n'aurons pas peur de le
faire, mais également de proposer, pour faire avancer la société québécoise, et
à l'occasion aussi un peu de critiquer, quand ce sera justifié.
Merci
beaucoup, Mme la Présidente, et aux vice-présidente et présidents. Et bon
mandat à tous. Bon mandat, chers collègues.
La
Présidente : Et maintenant je reconnais le chef du deuxième groupe
d'opposition. La parole est à vous.
Allocution
du chef du deuxième groupe d'opposition,
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. M. le premier ministre, M. le chef de l'opposition officielle, Mmes, MM. les vice-présidents, vice-présidente de
l'Assemblée nationale, bonjour. Bonjour, chers collègues. Tellement content
qu'enfin cette session parlementaire commence. Elle sera courte, mais je nous
la souhaite productive.
Bien sûr,
d'abord, Mme la Présidente, Mme la députée de Montarville, je veux vous
féliciter pour votre nomination à
cette fonction importante pour la démocratie québécoise. Mme la Présidente,
vous marchez dans une longue lignée. D'ailleurs, il y a au moins un
représentant de cette lignée ici, avec nous, aujourd'hui. Je parle, bien sûr,
de notre ancien président. Je vais l'appeler François, pour une fois, et je
vais le remercier d'avoir été notre président lors de la dernière législature, une législature qui a été particulièrement
tumultueuse, une pandémie qui nous a forcés à réorganiser complètement les travaux de l'Assemblée nationale. C'était un
défi gargantuesque, et François Paradis, notre ancien président, l'a relevé.
Donc, je
disais, Mme la Présidente, que vous marchez dans une longue lignée. En effet,
vous êtes seulement la deuxième femme
à accéder à cette fonction. Et, en parlant de première, vous y accédez, donc, à
cette fonction-là, dans un moment, je
pense, où la présidence acquiert une importance particulière. On ne se le
cachera pas, on est dans un Parlement où
le gouvernement dispose d'une forte majorité, et je pense que, dans ce
contexte-là, votre rôle prend tout son sens, tout son poids, parce que
vous êtes, et vous le savez, la gardienne, bien sûr, de la neutralité de
l'Assemblée nationale, mais surtout la
gardienne des droits et privilèges de l'ensemble des députés, tout
particulièrement des députés qui se retrouvent dans une situation plus
fragile, dans une situation minoritaire, qui sont dans un petit groupe
parlementaire ou qui sont des députés
indépendants ou indépendantes. Je pense que ces députés-là ont encore plus
besoin de votre neutralité, mais aussi
de votre poigne, par moments. Dans les moments où la majorité voudra se sentir
un peu trop confortable, on a besoin d'une
présidence capable de ramener tout le monde à sa place. Ça fait partie de votre
rôle, et je vous fais confiance pour l'accomplir.
En 2018, le premier ministre avait parlé de nos
échanges comme d'un match de tennis, mais là on est en pleine Coupe du monde, donc je vais changer de sport.
Vous allez avoir la responsabilité, Mme la Présidente, de distribuer les
cartons jaunes, durant les prochaines
années, y compris des cartons jaunes à votre ancienne équipe, et de parfois
serrer la vis à des joueurs qui
étaient auparavant à vos côtés. Je vous souhaite bonne chance et je vous sais
capable de relever ce défi-là.
Je veux aussi
féliciter, bien sûr, la députée de Saint-Hyacinthe, qu'on connaît bien et qu'on
apprécie tous et toutes, pour sa nomination
comme première vice-présidente, le député de Chauveau comme deuxième
vice-président. Et, bien, je ne sais pas si vous en avez entendu parler,
Mme la Présidente, mais le député de Viau était intéressé par la troisième vice-présidence. Plus sérieusement, c'est une
nomination qui est amplement méritée. C'est, en effet, un homme sage et
inspiré, et je le félicite pour ses nouvelles fonctions.
On accueille
aujourd'hui beaucoup de nouveaux visages à l'Assemblée nationale du Québec, je
ne pourrai pas tous les nommer. Je
veux les saluer tous et toutes. Je veux souligner en particulier les trois
nouveaux visages dans ma formation politique : la députée de
Verdun, le député de Taschereau et le député de Maurice-Richard. Et je veux
souligner un des nouveaux visages sur les
banquettes du gouvernement, parce qu'il est, je pense, particulièrement
important dans l'histoire de notre Parlement. Je parle, bien sûr, de la députée
de Duplessis, première femme autochtone non seulement élue à l'Assemblée
nationale du Québec, mais membre du Conseil des ministres. C'est gros, c'est un
pas vers l'avant. Félicitations!
C'est bien
normal, quand on devient député, toutes ces nouvelles... Toutes ces
personnes-là deviennent députées aujourd'hui,
c'est normal d'en être fiers. Mais je me permets de rappeler que c'est surtout
une grande responsabilité que de
faire partie des 125 personnes au Québec qui ont cette tâche énorme de
tracer chaque jour la ligne entre le juste et l'injuste. Il y a un vieux penseur italien qui a déjà
dit : Ce n'est pas le titre qui honore la personne, c'est la personne qui
honore le titre. C'est ce que je nous
souhaite à tous et toutes, les députés de cette 43e législature, qu'on
honore le titre que les Québécois et les Québécoises nous ont donné le 3 octobre
dernier.
Aujourd'hui,
on prend place au sein d'une institution qui est certes grandement imparfaite,
comme en témoignent les distorsions
qui ont été causées, encore une fois, par notre mode de scrutin archaïque, mais,
pour toutes les imperfections de
notre Assemblée, il faut quand même être conscients du privilège qui est le
nôtre, et c'est important d'être, surtout en ce moment, conscients de ce
privilège que nous avons de siéger ici, à l'Assemblée nationale du Québec.
On vit une
époque où, malheureusement, la démocratie recule à travers le monde, où des
peuples, en ce moment, se battent
pour les droits démocratiques qui sont aujourd'hui les nôtres au Québec. Je
pense aux femmes iraniennes qui tiennent
tête à la violence et qui nous donnent une leçon quotidienne de courage. Je
pense à des citoyens et citoyennes russes qui osent parler, aujourd'hui, contre une guerre illégitime. Je pense à
des citoyens et citoyennes de la Chine qui manifestent, et certains pour la première fois, contre la
répression là-bas. Je pense à ces gens partout dans le monde et ici, au Québec,
qui se bousculent en dehors des lieux de pouvoir, qui se heurtent à des
portes fermées.
Nous, on est
entrés par ces portes-là, aujourd'hui, et c'est un grand privilège. On a la
chance de vivre en démocratie. On a
un privilège inouï d'être ici, à l'intérieur des lieux de pouvoir, pour
représenter les gens qui nous ont mis ici, qui nous ont donné cette
précieuse liberté et ce précieux privilège de parole que nous avons.
Je nous
souhaite qu'on utilise cette liberté de parole, dans les quatre prochaines
années, pour dire les choses vraies. Je
nous souhaite de faire de cette Assemblée un lieu de vrais débats, un lieu de
réflexion, un lieu de progrès. On ne peut pas se contenter, en s'assoyant ici, de s'asseoir sur nos lauriers. On
hérite, c'est vrai, d'une institution qui est imparfaite, mais notre
devoir à tous et toutes, peu importent nos allégeances partisanes, c'est de
travailler sans relâche à l'améliorer.
Merci, Mme la Présidente. Et bonne
43e législature, chers collègues députés.
La
Présidente : Merci à vous. Et je cède maintenant la parole à
M. le leader du gouvernement.
Dépôt
de l'entente relative à la notion de groupe parlementaire, au fonctionnement
de l'Assemblée et des commissions parlementaires, aux aspects budgétaires
et à d'autres mesures favorisant la conciliation travail-famille
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme la Présidente, je demande le consentement de cette Assemblée pour déposer
l'entente relative à la notion de
groupe parlementaire, au fonctionnement de l'Assemblée et des commissions
parlementaires, aux aspects budgétaires et à d'autres mesures favorisant
la conciliation travail-famille.
La Présidente : Y a-t-il
consentement pour le dépôt de ce document?
Des voix : Consentement.
La Présidente : Consentement.
Parfait. Le document est déposé.
Ajournement
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme la Présidente, je fais motion afin d'ajourner nos travaux au
mercredi 30 novembre, à 15 heures, s'il vous plaît.
La Présidente : Vous avez été
rapide, M. le leader. Alors, compte tenu des...
Des voix : ...
La Présidente : Oui. Cette motion
est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Présidente : Voilà. Alors, les travaux de l'Assemblée sont donc
ajournés à demain, mercredi 30 novembre 2022, à
15 heures. Bonne rentrée à tous. Profitez-en.
(Fin de la séance à 14 h 50)