(Neuf heures quarante et une
minutes)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Bonjour à toutes, bonjour
à tous. Prenez place, nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à la rubrique Déclarations des
députés. Et, sans plus tarder, je reconnais M. le député de Vanier-Les Rivières.
Souligner le
45e anniversaire d'Adaptavie
M. Mario Asselin
M. Asselin : Merci,
M. le Président. Alors, c'est avec plaisir, aujourd'hui, que je veux souligner
le 45e anniversaire de l'organisme Adaptavie.
Depuis 1980,
Adaptavie joue un rôle crucial pour les personnes vivant des limitations
fonctionnelles, en contribuant à la recherche et à l'innovation pour
garantir une meilleure autonomie et une amélioration du bien-être des
utilisateurs, tout cela en promouvant de saines habitudes de vie et l'activité
physique.
Adaptavie est également un partenaire majeur
d'une autre initiative, soit la Randonnée Jimmy-Pelletier et son Tour du monde,
qui s'amorcera en juin prochain. L'Assemblée nationale a même pu honorer
M. Pelletier, au cours des derniers jours, en lui offrant la médaille
d'honneur.
Alors, merci à toute l'équipe d'Adaptavie pour
votre travail, vous faites une réelle différence.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Vanier-Les Rivières. Et je reconnais maintenant Mme la
députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Et je vais vous demander, collègues, votre consentement, parce que Mme la députée aura un document à exhiber.
Donc, est-ce que j'ai le consentement? Consentement. Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Rendre hommage à
M. Gaston Pelletier
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci, collègues.
Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tiens à mettre en lumière
l'apport de M. Gaston Pelletier, présent avec nous dans les tribunes,
accompagné de sa famille, pour la conservation et la mise en valeur de notre
mémoire collective. Et je m'explique. Alors que le gouvernement vient
d'adopter le projet de loi n° 90, qui reconnaît le
hockey sur glace comme sport national du
Québec, eh bien, je souhaite vous partager en cette Chambre le livre de
M. Pelletier, qui raconte 50 ans d'histoire du légendaire Tournoi
pee-wee Neige de Rivière-du-Loup. Amateur de hockey depuis toujours et impliqué
pour une première fois dans ce tournoi en 1982, M. Pelletier souhaitait,
par la publication de ce livre, permettre à notre communauté de se rappeler les bons moments de cet événement marquant,
encore à ce jour important dans la vie de nos jeunes sportifs.
Au nom de
tous les citoyens, M. Pelletier, je tiens à vous remercier d'avoir
immortalisé 50 ans d'histoire et de fierté pour notre communauté.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Et la parole revient maintenant à
M. le député de Rosemont.
Rendre hommage au personnel
soignant de
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Oui, d'accord.
Excusez-moi. Merci, M. le Président.
On parle beaucoup de l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, ces temps-ci, surtout de son état lamentable, mais je
n'en rajouterai pas ce matin, je me reprendrai plus tard aujourd'hui.
Je veux parler, ce matin, des gens qui
travaillent à Maisonneuve-Rosemont, je veux leur lever mon chapeau, tous les gens qui travaillent à l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, ils sont autour de 5 000 : personnel soignant,
bien sûr, personnel de soutien, personnel administratif, les gardiens,
mais aussi les bénévoles, qui font un rôle extraordinaire.
Quand je dis
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, vous pensez peut-être au Dr François Marquis,
qui est, effectivement, tout un personnage, que je connais bien, un fier
Rosemontois, que je salue, mais il y a beaucoup plus que le Dr Marquis, à l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, il se fait des choses extraordinaires en oncologie, en
cancérologie, l'unité mère-enfant, évidemment,
la dialyse, l'ophtalmologie. Je l'ai dit, c'est plus de
5 000 personnes, c'est une ruche dans l'est de Montréal qui
dessert tout le Québec.
Alors, je leur lève
mon chapeau. Je vous dis : Ne lâchez pas, on ne vous abandonne pas, on va
y arriver. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Rosemont. Et je cède maintenant la parole à M. le député
de Beauce-Sud.
Souligner
le 50e anniversaire du Conseil économique de Beauce
M. Samuel
Poulin
M. Poulin :
Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je veux souligner le
50e anniversaire du Conseil économique
de Beauce. Je salue la présence, dans nos tribunes, de membres fondateurs,
M. Donald Doyon, M. Richard Sirois, également Hélène Latulipe, directrice générale,
Peggy Duquet, présidente, et Luc Paquet, qui est membre du conseil
d'administration.
Et,
oui, il y a déjà 50 ans, le président fondateur, Jean-Denis Poulin,
entouré d'une... — mon
grand-père, soit dit en passant — entouré d'une brigade
d'entrepreneurs de la Beauce, ont décidé de fonder le Conseil économique, qui a
permis d'aider le développement de nos parcs industriels dans la région,
d'attirer des industries, mais surtout d'aider nos entrepreneurs locaux à se développer. La Beauce ne serait pas ce
qu'elle est aujourd'hui sans l'apport de ces hommes et de ces femmes qui
ont fondé le Conseil économique de Beauce, qui a permis de propulser la région
encore plus loin.
Et je veux saluer la
détermination des bénévoles, des employés qui nous écoutent, des gens qui ont
reçu le prix Jean-Denis Poulin au fil des années. La Beauce est forte grâce à
vous.
Et il ne me reste
plus qu'à souhaiter longue vie au Conseil économique de Beauce. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Beauce-Sud. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Robert-Baldwin.
Souligner
le 85e anniversaire du droit de vote des femmes au Québec
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, M. le Président. Il y a 85 ans, un jalon historique de
notre démocratie était posé : les femmes obtenaient enfin le droit de
vote. Cette avancée a été rendue possible par le courage et la persévérance de
femmes engagées et de militantes déterminées qui ont refusé l'exclusion.
Il est important de
commémorer cet héritage, mais aussi d'en poursuivre l'ambition. Car, si le
droit de vote est acquis, l'égalité réelle,
elle, reste un objectif à atteindre. Les femmes demeurent sous-représentées
dans les instances de pouvoir et font face à des obstacles persistants.
Ce
85e anniversaire est l'occasion de renouveler notre engagement collectif
envers une démocratie plus inclusive et plus équitable. Il nous
appartient de créer des conditions pour que toutes les voix, sans exception,
puissent participer pleinement à la vie politique et aux décisions qui
façonnent notre avenir commun.
Souvenons-nous de
celles qui ont ouvert la voie et soyons dignes de leur héritage. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Robert-Baldwin. Au tour, maintenant, de Mme la députée
de Saint-François.
Souligner
la délicate attention apportée à des travailleurs étrangers
par de jeunes membres du Club Lions de Compton
Mme Geneviève
Hébert
Mme Hébert : M. le Président, le Club
des Lions de Compton a fait preuve de délicatesse envers 26 travailleurs
guatémaltèques et leurs familles à l'occasion de la Saint-Valentin.
Les
Lionceaux sont 19 jeunes de neuf à 12 ans qui font de bonnes actions
durant l'année pour aider les gens et répandre la joie dans leur communauté. Ils ont confectionné des chocolats, les
ont enrobés d'emballages-cadeaux et les ont distribués avec des cartes de remerciement aux travailleurs
temporaires qui ont passé l'hiver chez nous, dans cinq exploitations agricoles.
Ce sont la Ferme Provetaz, Les Serres
Lamarche, la Ferme Breault et Frères, la Fromagerie La Station et la Ferme
Étang du Vallon Drouin. Les jeunes
Lions étaient accompagnés de trois parents et de cinq adultes guides appelés
Sentinelles, qui les supervisent.
Voilà un exemple
inspirant, M. le Président, d'un groupe d'enfants et d'adultes qui se dévouent
ensemble avec bienveillance et gentillesse. C'est une merveilleuse façon de
préparer une relève dans l'esprit de service du mouvement des clubs Lions.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, merci, Mme la députée de Saint-François.
Et la parole revient maintenant à M. le député de Matane-Matapédia.
Rendre
hommage à M. Michel Germain
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, aujourd'hui, je souhaite souligner les 30 ans de
carrière d'un véritable pilier du sport au Québec, M. Michel Germain,
descripteur passionné des matchs de l'Océanic de Rimouski.
Depuis
trois décennies, la voix de M. Germain accompagne fidèlement les amateurs
de hockey du Bas-Saint-Laurent. Grâce à son talent, sa rigueur et son
amour du sport, il a su faire vivre les plus grands moments de l'Océanic avec émotion et justesse. Il a décrit le passage de
joueurs d'exception comme Vincent Lecavalier, Brad Richards, Sidney Crosby et
Alexis Lafrenière, pour ne nommer que ceux-là.
Sa contribution
dépasse les ondes. Michel Germain est une figure respectée, et aimée, et
impliquée dans sa communauté, un ambassadeur du hockey junior et un témoin
privilégié de l'évolution de notre sport national.
Au
fil des années, des générations de partisans ont grandi en écoutant ses
descriptions passionnées, partageant rires, frissons et souvenirs
marquants.
M. Germain, au
nom de tous les amateurs de hockey et des gens de notre région, je vous
remercie pour votre engagement exemplaire pour le hockey. Félicitations pour
ces 30 ans de carrière inspirante! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Matane-Matapédia. Et je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Bellechasse.
Souligner
les anniversaires des cercles de fermières
de la circonscription de Bellechasse
Mme Stéphanie
Lachance
Mme Lachance : Merci, M. le Président.
Les cercles des fermières de Bellechasse franchissent des jalons importants
qui témoignent de leur engagement soutenu au
fil du temps. Le cercle des fermières de Saint-Magloire souligne ses
90 ans, tandis que celui de Pintendre fête ses 75 ans. Les
cercles des fermières de Saint-Gervais et de Saint-Charles atteignent, quant à eux, un impressionnant 105 ans. Des
représentantes sont, d'ailleurs, dans nos tribunes. Et je salue leurs
présidentes, Mmes Claudette Ruel et Carole Laliberté.
Depuis plus d'un
siècle, ces femmes passionnées travaillent sans relâche à la préservation de
nos traditions artisanales tout en participant activement à la vie
communautaire et sociale de nos milieux.
Maintenant, cet
engagement et cette transmission, génération après génération, est une tâche
admirable qu'elles accomplissent avec coeur et fierté. Elles participent à la
valorisation du rôle des femmes d'ici, et je les remercie.
Et je vous remercie
pour votre engagement. Longue vie à vous!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Bravo,
mesdames! Merci, Mme la députée de Bellechasse. Et la parole revient
maintenant à Mme la députée de Prévost.
Souligner
le 100e anniversaire de la ferme Alary
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
M. le Président, je souhaite aujourd'hui mettre en évidence l'implication,
l'engagement et la persévérance de cinq générations de descendants de la
famille Alary. C'est 100 ans d'existence pour cette ferme laitière, la ferme familiale Alary, située à
Sainte-Sophie. Cette entreprise cultive de grandes cultures et transforme les
produits, et elle est maintenant certifiée biologique. Et donc c'est une
ferme qui est innovatrice.
Je
tiens à souligner le rôle crucial et les valeurs d'entreprise de cette famille,
qui s'efforce, de génération en génération, à constamment minimiser
l'impact sur l'environnement et reste toujours à l'avant-garde depuis un
siècle.
Cette ferme est un
véritable laboratoire vivant, une ferme autosuffisante qui ne cesse de croître
et de s'adapter.
Un grand merci et
longue vie à la ferme Alary!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Prévost. Et je reconnais maintenant M. le député de
Chapleau.
Souligner
le 50e anniversaire de l'école polyvalente Le Carrefour
M. Mathieu
Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais célébrer le
50e anniversaire de l'école polyvalente Le Carrefour. Elle a pour
mission d'instruire, de socialiser et de qualifier les élèves tout en les
rendant aptes à réussir leur parcours scolaire. Elle a une riche histoire et a
formé de nombreuses générations d'élèves.
Cette institution est
devenue un pilier de l'éducation dans Chapleau, à Gatineau, en Outaouais,
offrant aux jeunes un environnement propice à l'apprentissage et au
développement personnel, l'objectif étant de les outiller pour qu'ils puissent
envisager une vie à réaliser et une société à bâtir.
Au
fil des décennies, l'école a su s'adapter aux besoins de ses élèves en
proposant des programmes innovants dans plusieurs domaines, dont les arts, les
sciences et la technologie, et en favorisant l'engagement communautaire,
sportif et culturel.
En
terminant, je tiens à saluer l'engagement et le travail d'exception de la
directrice, Mme Marie-Ève Théberge, de même que de l'ensemble du
personnel et des bénévoles présents et passés. Félicitations, et bon 50e!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chapleau. Et la parole revient maintenant à M. le député de
Borduas.
Souligner
le 40e anniversaire d'Intégration Compétences
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président.
Je souhaite profiter de cette tribune pour souligner le 40e anniversaire
d'Intégration Compétences, un organisme qui accompagne les personnes
immigrantes et les jeunes de 15 à 35 ans dans leurs démarches
d'insertion sociale et professionnelle.
Grâce
à son approche humaine et ses services personnalisés en employabilité, il est
essentiel de souligner, M. le Président,
que l'organisme a non seulement aidé de nombreux jeunes et immigrants à se
construire une vie épanouie et autonome, mais aussi a soutenu de
nombreux employeurs dans leurs défis en matière de ressources humaines.
Avec une volonté
continue d'innover et de répondre aux besoins de sa clientèle, l'organisme a
récemment aménagé ses locaux pour offrir différents services et opportunités,
telles qu'une cuisine collective, un espace de travail intégré, un studio
d'enregistrement, un plateau de télévision et un atelier de fabrication
numérique, pour ne nommer que ceux-ci.
Je tiens à remercier
les membres du conseil d'administration et l'équipe professionnelle dévouée qui
fait de cet organisme un pilier essentiel de notre communauté. À toutes et à
tous, un bon 40e anniversaire, et, surtout, bonne continuation. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Borduas. Et, pour la
dernière déclaration, la parole revient à Mme la députée de Chomedey.
Souligner
le 60e anniversaire de la ville de Laval
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : M.
le Président, j'aimerais souligner le 60e anniversaire de ma ville, la
ville de Laval.
En effet, j'habite
depuis plus de 30 ans dans la circonscription de Chomedey, que je représente
fièrement ici, à l'Assemblée nationale du Québec. Cet anniversaire est
l'occasion de rendre hommage à toutes les générations qui ont façonné Laval, de
ses pionniers à ses résidents.
Laval,
aujourd'hui la troisième ville en importance au Québec, est devenue, au cours
des dernières décennies, une métropole vibrante et moderne, grâce à
l'effort de tous ses citoyens.
Aujourd'hui, la ville
met en valeur son patrimoine culturel, architectural, industriel, agricole, et
j'en passe, en collaboration avec sa
population, ses organismes communautaires et son monde d'affaires, enrichissant
ainsi son identité unique et affirmant son statut de ville accueillante,
épanouissante, où il fait bon vivre.
J'aimerais souhaiter
bonne fête, bonne fête, chère Laval et les Lavallois!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonne fête aux Lavalloises et aux Lavallois! Merci, Mme la députée de
Chomedey.
Alors,
voilà qui met fin à la rubrique Déclarations des députés. Je remercie chacun de
vous pour votre déclaration.
Et nous allons
suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Vous êtes
nombreux, aujourd'hui, dans nos estrades. Alors, bienvenue. Bienvenue
chez vous. Le parlement du Québec, c'est à vous, c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose la réponse
du gouvernement à la pétition déposée en
Chambre le 20 février 2025 par le député de Beauharnois et la réponse
inscrite au feuilleton le 20 mars 2025 par le député de Marguerite-Bourgeoys.
Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Poursuite du débat sur le discours sur le budget
M. Simard : Oui. Mme la Présidente, je dépose le rapport de la
Commission des finances publiques qui, les 3 et 8 avril derniers, a
procédé à la poursuite du débat sur le discours du budget. Je vous remercie.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de réponses
orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou
de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales seront tenus les votes
reportés sur la motion inscrite par M. le
leader de l'opposition officielle en vertu des articles 324 à 327 du
règlement; sur l'adoption du projet de loi
n° 85, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif.
Et j'ai été avisée
qu'après la période des questions et réponses orales il pourrait y avoir un
vote requérant l'approbation des deux tiers des membres de l'Assemblée.
Questions et réponses orales
Et nous en sommes
maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Enquête sur le déploiement de la plateforme SAAQclic
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, la CAQ est dans sa septième année, et on voit les cas de
gaspillage qui s'accumulent semaine après
semaine. Le scandale SAAQclic, le scandale caquiste SAAQclic, ça, c'est un
gaspillage de 500 millions de
dollars. Aujourd'hui, le contrat aura coûté plus de 1,1 milliard de
dollars, et la facture continue d'augmenter.
Le 20 février dernier,
lors du dépôt de la Vérificatrice générale, nous avons appris que de fausses
informations avaient été transmises par la SAAQ aux parlementaires. Le ministre
de la Sécurité publique, ce jour-là, disait ici, en cette Chambre, on s'en rappelle tous, je le cite : «On devrait
parler d'une seule voix. J'ai été trompé, vous avez été trompés. On ira
au fond des choses pour comprendre ce qui s'est passé.» Fin de la citation.
Hier, Mme la
Présidente, volte-face, la CAQ a voté contre notre motion. La CAQ empêche les
parlementaires d'aller au fond des choses comme le souhaitait, le
20 février dernier, il y a à peine sept semaines, le ministre de la
Sécurité publique, qui, lui, avait été ministre des Transports de 2018 à 2022.
On a été trompés, on va aller au fond des choses, et hier ils votent contre
notre motion. Est-ce que le ministre, l'ex-ministre des Transports, donc,
aujourd'hui... est-ce qu'il ne devrait pas être rouge de honte après avoir été
rouge de colère, Mme la Présidente?
Les
ministres et le premier ministre de la CAQ ont-ils peur que l'on sache ce que
pourraient révéler les hauts dirigeants de la SAAQ? Ont-ils peur que l'on sache
s'il n'y a pas eu une commande politique pour donner de fausses informations?
La
Présidente : Alors, je vous invite à faire attention aux propos, ici,
la glace est très, très mince. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Bien, Mme la Présidente, je comprends que le
chef de l'opposition officielle a l'immunité ici, dans cette Chambre, mais là il affirme des choses
sans savoir. Il nous dit : Ça a coûté 1,1 milliard. Il n'a aucune
preuve de ça, Mme la Présidente, mais il l'affirme. J'aimerais ça qu'il
le fasse en dehors de la Chambre.
La
Présidente : M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : ...propos inexacts du premier ministre. Le chef a
parlé de 500 millions. C'est dans le rapport de la VG. S'il veut
une copie, je lui donne.
La Présidente : Rassoyez-vous,
M. le leader du gouvernement. M. le premier ministre peut poursuivre dans
ce qu'il dit, et sa réponse était en ligne directe avec la question.
Poursuivez, M. le premier ministre. Et je vous rappelle à
tous que la ligne est mince, ici, on ne peut pas laisser entendre qu'il y a une
commande politique pour tromper qui que ce soit, je vous le rappelle. Allez-y.
• (10 h 10) •
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
quand on bâtit un nouveau programme informatique, il y a le coût du programme
puis il y a le coût de l'entretien. Là, le chef de l'opposition officielle dit
des choses sans avoir aucune preuve de ce qu'il dit, c'est-à-dire un
dépassement de 500 millions sur le programme.
Maintenant, Mme la Présidente, c'est le même
chef de l'opposition officielle qui a demandé une commission d'enquête publique, qu'on a acceptée. On n'a pas
fait comme les libéraux, dans le temps de la commission Charbonneau,
puis traîné pendant des semaines et des mois. Rapidement, on a accepté une
commission d'enquête publique.
Mme la Présidente, le chef de l'opposition
officielle voudrait qu'en parallèle de la commission d'enquête publique il y
ait une enquête de faite par les députés. On n'est pas fermés, Mme la
Présidente, à cette idée-là, mais on dit :
Peut-on laisser le juge Gallant faire son travail, voir les conclusions de la
commission d'enquête publique, puis après, bien, on... Cette commission doit rendre son rapport au plus tard le
30 septembre cette année, 2025. Donc, pourquoi le chef du Parti
libéral veut-il faire des choses en parallèle?
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Parce que
vous l'avez permis, Mme la Présidente, dans votre décision du 2 avril, j'y
reviens dans quelques secondes. Premier
élément, page 19 du rapport de la VG, je ne sais pas ce que ne comprend
pas le premier ministre quand je dis un dépassement de coûts de
500 millions de dollars qui donne une facture de 1,1 milliard de dollars, page 19, je cite la VG : «Nous
estimons que le coût total du programme CASA passera de 945 millions — après
la révision — de
dollars à un minimum — un
minimum — de
1,1 milliard de dollars.»
Aujourd'hui,
première question au premier ministre,
aujourd'hui, ce 1,1 milliard de
dollars là, qui continue à grossir, il est rendu à combien?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Bien, Mme la
Présidente, je pense que le président de la SAAQ l'a dit clairement, il faut
faire attention pour ne pas mélanger le coût du programme puis le coût,
ensuite, de l'entretien annuel qui vient. Donc, encore une fois, le chef de
l'opposition officielle dit : Moi, j'ai déjà décidé de la conclusion.
C'est son problème.
Mme la Présidente, on a accepté d'avoir une
commission d'enquête publique. Laissons le juge Gallant faire son travail. Et on n'est pas fermés, ensuite, si
on n'est pas satisfaits du travail, de voir si les députés pourraient en faire
plus que le juge Gallant.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, là, là, c'est excessivement préoccupant, puis le premier ministre
doit éclairer notre lanterne, là. Sous sa
gouverne, sous sa gouverne, présentement, il y a un programme qui s'appelle SAAQclic,
puis la VG, page 19, dit que, par rapport aux chiffres qu'elle
avait en 2024, le coût estimé jusqu'en 2027, c'est 1,1 milliard. C'est 500 millions. Le premier ministre ne
peut pas ne pas savoir, aujourd'hui, et ses ministres... Oui, puis qu'il
se revire puis qu'il demande à son ministre. Le 1,1 milliard,
aujourd'hui, avec les données qu'il a, c'est combien?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, ce que dit le chef de l'opposition officielle est contraire à ce que dit le président de
la SAAQ.
Donc, Mme la
Présidente, laissons le juge Gallant faire sa commission d'enquête publique. Il
a toute la compétence, toute l'intégrité. Je pense que les Québécois
font confiance au juge Gallant. Laissons-le faire son travail.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Wow! Là,
Mme la Présidente, je comprends que le premier ministre dit qu'on fait fausse
route quand on dit qu'il y a des cas de gaspille. Là, il y en a un, cas de
gaspillage, Mme la Présidente. Je cite le rapport de la VG : «En
décembre 2024, certains coûts prévisibles en 2027 n'avaient toujours pas
été estimés par la direction du programme, ce qui entraînera possiblement des dépenses supplémentaires
importantes.» Et elle établissait, elle, basé sur les données de 2024,
1,1 milliard, dépassement de coûts.
Le premier ministre
est en train de nous dire qu'il ne sait pas, le 1,1, si c'est 1,2, 1,3...
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, contrairement au chef de l'opposition, moi, je ne conclus
pas avant de voir l'enquête. D'un côté, on a le président actuel de la SAAQ qui
dit : C'est faux, le 1,1 milliard, ça inclurait des dépenses d'entretien qui n'étaient évidemment pas
comptabilisées pour la fabrication du programme. Le chef du Parti libéral, lui,
il a déjà tout réglé ça, tout conclu ça.
Laissons le juge
Gallant faire son travail.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant le député de Nelligan.
Enquête sur le déploiement de la plateforme SAAQclic
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, le premier ministre vient de dire qu'il n'est pas fermé à
l'idée de mener une enquête au Parlement par la commission de
l'administration... la Commission de l'Assemblée nationale, c'est ce que je viens
d'écouter. Mme la Présidente, je vais le référer à votre décision, parce
qu'hier lui-même a voté contre votre décision,
page... où vous avez souligné : «Elle peut donc faire enquête parallèlement à la commission d'enquête ordonnée
par le gouvernement.» Mme la Présidente, est-ce que le premier ministre peut
parler avec lui-même, lui-même qui, hier, a voté contre cette motion, et se regarder dans le miroir, lire votre
décision, et rappeler à l'ordre son leader du gouvernement, et voter
pour la prochaine motion?
Mme la Présidente, on
ne peut pas, aujourd'hui, faire abstraction qu'on nous a menti, on nous a
trompés. C'est le ministre de la Sécurité publique qui l'a dit.
Aujourd'hui, là,
est-ce qu'il est heureux de voir qu'il a voté contre cette motion? Est-ce qu'il
n'est pas gêné, Mme la Présidente?
La
Présidente : La réponse du leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente.
Écoutez, c'est justement parce qu'on veut aller au fond des choses qu'on
a adopté un décret créant une commission d'enquête avec tous les pouvoirs
prévus à la Loi sur les commissions d'enquête,
pas comme quand le Parti libéral du Québec ne voulait pas déclencher de
commission d'enquête sur l'industrie de la construction et de la
corruption libérale, et où est-ce qu'il avait dit, par la suite : Bien, on
va créer une commission d'enquête sans aucun pouvoir de contrainte, Mme la
Présidente.
Alors, nous, ce n'est
pas ça qu'on fait. On donne tous les pouvoirs au juge Gallant, une personne qui
a de l'expérience dans le dossier des
commissions d'enquête, qui a été poursuivant pour l'État québécois, pour l'État
fédéral, pour le niveau municipal, également l'Autorité des marchés
publics, Mme la Présidente, quelqu'un qui a une feuille de route, et une impartialité, et une intégrité sans faille, Mme la
Présidente. Puis qu'est-ce que veut faire l'opposition officielle?
L'opposition officielle veut politiser, veut faire de la partisanerie et veut
eux-mêmes être...
La
Présidente : Je vous demande de faire attention à vos propos, de
demeurer factuel et ne pas embarquer sur ce terrain très glissant. Poursuivez.
Il vous reste 14 secondes.
M.
Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente, c'est exactement ce qu'ils
sont en train de faire par ce jeu-là, Mme la Présidente.
Alors,
il y a une commission d'enquête. Laissez le commissaire, laissez le juge faire
son travail de mener une enquête, de faire rapport aux Québécois en
toute transparence. Arrêtez de vous ingérer, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et moi, je vous dirais, M. le leader du gouvernement,
qu'on s'adresse à la présidence et non directement aux collègues d'en face.
Première
complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme
la Présidente, ce qui est très troublant dans cette affaire... J'ai en face de
moi le leader du gouvernement, ministre de la Justice. C'est un avocat, il sait
très bien ce qu'il dit et il sait, au fond de lui, qu'il y a une différence entre la commission d'enquête de
l'honorable Gallant et ce qu'on veut faire ici. Il peut continuer à dire ce
qu'il veut, le public va retenir une seule chose : les caquistes
sont complices de la tromperie.
Des voix : ...
La Présidente : Attention! M. le
leader du gouvernement, je vais me charger de régler cette question. Vous êtes leader de l'opposition officielle, monsieur,
vous savez très, très bien que vous ne pouvez pas dire ces mots. Je vous
invite à les retirer, tout simplement.
M. Derraji : Mme la Présidente, je
retire, je retire...
La Présidente : Parfait. On arrête
ça ici. On retire. On arrête l'argumentaire sur le retrait. Et il vous reste
trois secondes.
M. Derraji : De quoi vous avez peur?
Pourquoi vous ne voulez pas une commission à l'Assemblée nationale?
La Présidente : La réponse du leader
du gouvernement.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, c'est justement parce qu'on veut faire la lumière sur l'ensemble du
processus qu'on a déclenché une commission d'enquête avec le juge Gallant.
Du côté du
Parti libéral, Mme la Présidente, ce qu'ils veulent faire, ils veulent être
juge et partie, Mme la Présidente. Ils
veulent être enquêteurs. Il veut entendre la cause et il veut juger. Mais, de
toute façon, pour le Parti libéral, les conclusions sont déjà
écrites d'avance.
Nous, on respecte les institutions, on respecte
le juge Gallant et on leur donne tous les pouvoirs pour aller au fond des
choses. Demandez aux Québécois qu'est-ce qui est préférable. Que ce soit le
Parti libéral qui fasse enquête? Parce qu'on
se souvient que, quand venait le temps de faire des enquêtes sur les libéraux,
les libéraux n'étaient pas bien bons, Mme la Présidente, hein? Alors, on
va donner confiance au juge Gallant puis on va respecter le processus.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : «L'Assemblée est seule
compétente pour enquêter sur les atteintes à son autorité et à sa dignité.» Vous faites quoi, M. le leader, avec cette
déclaration de la présidente? Vous allez continuer à dire que le juge Gallant
va enquêter sur notre rôle?
La
Présidente : Et je vous rappelle, M. le leader, que vous vous
adressez à moi et non directement à votre collègue.
M. Derraji : ...la question est très
simple. On nous a trompés, on nous a menti, c'est le ministre lui-même qui disait ça. On ne veut pas aller de l'avant. Le
juge Gallant n'a pas l'autorité d'enquêter sur les informations envoyées aux membres
de la Commission de l'administration publique. Il le sait. Il refuse de
l'admettre.
• (10 h 20) •
La Présidente : La réponse du leader
du gouvernement.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, je réfère le collègue de l'opposition au décret menant à la
commission d'enquête. Le juge Gallant a tous les pouvoirs pour faire enquête
dans toutes les sphères, Mme la Présidente. Pourquoi est-ce que le député de Nelligan veut se substituer au juge Gallant?
Est-ce qu'il pense que le Parti
libéral du Québec est mieux outillé,
en termes d'enquête, pour faire la lumière là-dessus qu'un commissaire
indépendant et impartial, Mme la Présidente?
Les
Québécois, ce qu'ils veulent, c'est que toute l'information soit rendue
disponible. Tous les outils sont dans les mains du juge Gallant. Ce sera
à la commission d'enquête de faire la lumière, Mme la Présidente. Alors, on va
respecter le juge Gallant. Puis le Parti libéral, encore une fois, souhaite
faire de la partisanerie.
La Présidente : Je vous invite à
faire attention à vos propos.
En question principale, je reconnais la députée
de Bourassa-Sauvé.
Financement
de l'académie Centennial
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
depuis plus de 50 ans, l'académie Centennial offre un refuge, une
structure, une pédagogie adaptée à des jeunes, des élèves qui ne trouvent pas
leur place dans le réseau public, des élèves avec un TDAH, un TSA, de la
dyslexie ou des troubles d'apprentissage.
Aujourd'hui,
cette école est en péril. Elle n'a jamais reçu l'agrément pour son secteur
francophone, alors que la moitié de ses
élèves fréquentent ce secteur. Résultat : l'école manque cruellement de
financement, au point de risquer de fermer dans deux mois.
Des centaines de
familles — et
il y en a 25 avec nous qui sont dans les tribunes et une dizaine d'autres qui sont à l'Assemblée nationale et qui écoutent le
ministre — vivent
dans l'angoisse. Ce sont 300 élèves et autant de rêves qui risquent
d'être sacrifiés. Pour eux, il n'y en a pas, d'alternative.
Est-ce que la CAQ va
reconnaître l'urgence de la situation et accorder à l'académie Centennial un
financement équitable et récurrent afin d'éviter sa fermeture et protéger
l'avenir de ces jeunes?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Bien, d'abord, j'aimerais remercier la députée de Bourassa-Sauvé
pour sa question, parce qu'elle me permet,
effectivement, de dire que nous reconnaissons la grande valeur, Mme la Présidente,
de cette institution scolaire privée qu'est l'académie Centennial. On
reconnaît l'importance des services qu'elle offre à des élèves à grands besoins
particuliers.
Et
donc, Mme la Présidente, la situation est la suivante. Il faut faire une
distinction entre le court terme et le long terme.
Pour
ce qui est du court terme, l'académie Centennial vit des moments difficiles sur
le plan de sa situation financière. Ils
nous ont demandé une aide financière d'urgence, que nous sommes à analyser et
que nous accueillons avec beaucoup d'ouverture. Alors, ça, c'est en
cours, et donc on devrait avoir une réponse incessamment.
Pour
ce qui est du long terme, Mme la Présidente, je l'ai dit, l'académie Centennial
a besoin de stabilité financière. Ils vivent avec une situation
financière extrêmement précaire depuis plusieurs années, ils ont un niveau
d'endettement très élevé. Et donc c'est à l'académie Centennial, Mme la
Présidente, de nous présenter un plan de redressement, qu'on attend.
La
Présidente : Première complémentaire. Et, pour ce faire, je cède la
parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Les
élèves et les familles de l'académie Centennial sont en détresse. Si cette école
ferme, c'est l'équivalent de les abandonner. Ils ont tout essayé avant
d'arriver à Centennial, une école qui a sauvé ces jeunes et leur réussite, ils n'ont pas de plan B. Est-ce que
le ministre peut leur dire aujourd'hui que leur réussite ne compte pas?
Allez-vous poser des
gestes concrets pour assurer leur bien-être et pour qu'ils ne décrochent pas?
La Présidente :
Je vous rappelle, Mme la députée,
que vous vous adressez à la présidente lorsque vous posez votre
question. La réponse du ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Alors, Mme la Présidente, je
réitère que nous sommes à l'écoute, je réitère que nous comprenons la situation
que les parents vivent. Nous reconnaissons la grande valeur des services
éducatifs qui sont donnés par cette école privée.
Maintenant,
Mme la Présidente, je le réitère, à court terme, il y a un enjeu d'urgence, et
on le comprend très bien. On est en train d'examiner la demande d'aide
d'urgence que nous avons reçue. Nous avons d'ailleurs, Mme la Présidente,
donné des aides, comment dire, supplémentaires au cours des années passées, en
plus du financement annuel qui est donné à cette école privée, parce qu'elle
est agréée pour ses services anglophones.
Maintenant,
ça prend un plan de redressement sur le plus long terme, et ça, c'est la
responsabilité de l'institution.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Ce qu'ils demandent, Mme la Présidente, ce n'est pas un
nouveau programme ou un privilège, c'est
l'agrément pour le secteur francophone de l'académie Centennial, une école qui
fonctionne déjà, qui change des vies,
mais qui est privée de reconnaissance. Sans cet agrément, ils ne pourront pas
avoir cette pérennité, l'école fermera.
35
parents et élèves se sont mobilisés pour venir rencontrer le ministre
aujourd'hui. M. le ministre, est-ce que vous acceptez de les rencontrer
avec nous après la période de questions?
La
Présidente : Et votre question devait s'adresser à moi. M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, ça va me faire plaisir de rencontrer les parents. Et puis je vais
les écouter, bien entendu.
Maintenant, je le dis d'emblée, là, je ne fais
pas de... je ne fais pas de cachette, là, il y a une situation financière très
difficile qui dure depuis nombre d'années, et il faut, à un moment donné,
apporter des solutions à cette situation. Je
vous rappelle, les frais de scolarité, à Centennial, ils sont de
23 000 $ par année, 23 000 $ par année. Et donc il y a des
revenus. Maintenant, ils ne sont pas
suffisants pour couvrir les dépenses, et ça fait plusieurs années que ça dure,
et il y a un niveau d'endettement très, très grand.
Alors, on va
écouter, mais, encore une fois, Mme la Présidente, à un moment donné... Vous
savez, il n'y a pas eu de nouveaux agréments pour des écoles privées
depuis 2008. Si on ouvre celle-ci, il y en aura d'autres, évidemment.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Conditions de travail
des éducatrices en service de garde
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je vais commencer par une citation. Il y a un... «Il y a un livre
qui m'a marqué pour toute ma vie, qui
s'appelait Tout se joue avant six ans. Vous savez, tous les services
qu'on peut donner à un enfant avant
six ans sont plus efficaces que les services, les mêmes services qu'on
donnerait après six ans.» On croirait entendre les éducatrices en CPE.
Eh bien non. C'est une citation du premier ministre, qu'il avait donnée lors de
son discours d'ouverture, en 2022.
À voir comment la CAQ dévalorise le métier
d'éducatrice et les travailleuses en CPE, c'est difficile de croire...
La Présidente : M. le leader du
gouvernement. Quel est votre rappel au règlement?
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, ce sont des propos blessants.
On prête des intentions, Mme la Présidente, c'est inacceptable. Je
croyais qu'avec la motion d'hier la députée de...
La
Présidente : Je vous remercie beaucoup, M. le leader. Je vous
demande de faire attention, attention, effectivement, aux intentions que
vous prêtez. M. le leader du deuxième groupe, je veux vous entendre, par
respect et par équité.
M.
Cliche-Rivard : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous le dites
souvent ici, et je vous cite : La critique est permise. C'est tout
ce que fait la collègue.
La
Présidente : Je vous rappelle que nous ne devons pas imputer
des motifs indignes. Je vous demande de faire très attention dans vos
commentaires.
Mme Ghazal : À voir comment les
éducatrices se sentent, en ce moment, et les travailleuses dans les CPE, c'est difficile de croire les paroles du premier
ministre, puis ce ne sera pas la première fois. Les travailleuses dans les CPE
sont en colère. Elles sont déterminées d'aller jusqu'au bout pour ce
réseau qu'elles tiennent à bout de bras.
Je suis allée les voir, puis ce qu'elles me
disent est extrêmement inquiétant. Il y a une éducatrice qui m'a dit que le
père... un père de famille d'un enfant qui fréquente son CPE dit qu'il est
propriétaire d'un restaurant et il dit qu'il
doit offrir beaucoup plus cher en salaire que ce qu'elle reçoit simplement pour
avoir quelqu'un qui travaille dans la cuisine. Il y en a une qui
travaillait dans un Tim Hortons et qui reçoit moins d'argent maintenant qu'à
l'époque. Comment est-ce qu'on en est rendus là?
Moi,
j'aimerais entendre le premier ministre, parce qu'hier j'ai senti beaucoup de
mépris de la part de la ministre quand elle répondait à mon collègue...
Des voix : ...
La Présidente : Je reconnais le
leader du gouvernement. Je veux vous écouter.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, deux questions de règlement.
Des voix : ...
La Présidente : ...le leader qui
parle.
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme la
Présidente, ça va être un deux pour un. Alors, deux questions de règlement en une. Première question de règlement, c'est au
lexique, «mépris». Alors, on utilise des paroles qui ne sont pas prévues. Deuxième
question de règlement, Mme la Présidente — je vous l'avais dit,
c'est un deux pour un — on
refuse de prendre la parole, aussi, d'un parlementaire ici. Alors, on est face
à une récidiviste radicale, Mme la Présidente...
La Présidente : C'est
beau. Alors, je vais... je vais trancher, M. le... Oui, M. le leader du
deuxième groupe. Brièvement.
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, un appel au règlement, c'est conforme, le leader le fait, mais les
commentaires en appui, là, c'est inacceptable. Je vous demanderais de lui
demander...
La Présidente : Bon, je suis...
Des voix : ...
La Présidente : Article 32,
gardez le silence. C'est bon pour tout le monde.
Alors, Mme la cheffe, je vous demande, avant, de
retirer le mot que vous avez dit, qui, lui, est non parlementaire, et vous le
savez. Nous avons tous adopté une motion ici hier. Demeurons respectueux. Il
vous reste neuf secondes, mais retirez, avant, vos paroles.
Mme Ghazal : ...retire, Mme la
Présidente.
Les éducatrices et les travailleuses en CPE
écoutent le premier ministre. J'aimerais qu'il leur dise ça va être quoi, son
héritage, son legs, comme premier ministre, pour les CPE.
• (10 h 30) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je pense que les gens qui ont travaillé avec moi le savent, si j'avais à
choisir une raison pour faire de la politique, c'est pour s'occuper des enfants
qui ont des difficultés d'apprentissage. Et, oui, un livre qui m'a marqué,
c'est Tout se joue avant six ans. D'ailleurs, c'est une des raisons
pourquoi j'ai réussi à convaincre l'actuel ministre des Services sociaux, de
dire : Il faut agir tôt. Les services qu'on peut donner tôt sont beaucoup
plus efficaces que les services qu'on donne plus tard.
Mme la Présidente, c'est pour ça qu'on essaie de
mettre en place, entre autres, les maternelles quatre ans. Malgré les défis
qu'on a de trouver des professeurs, compte tenu de toute l'arrivée des nouveaux
arrivants, malgré ça, Mme la Présidente, on a augmenté de 55 %, 55 %
le budget de l'éducation. Quand on regarde la rénovation des écoles, le PQI a augmenté de 160 %, Mme la
Présidente. Donc, on a embauché des orthophonistes, des orthopédagogues. On a
mis en place, avec mon collègue, Agir tôt pour que les médecins évaluent puis
détectent rapidement les enfants qui ont des difficultés. On a mis en
place aussi des aides à la classe pour aider ce qu'on appelle les EHDAA.
Donc, Mme la Présidente, oui, il y a aussi les
CPE qui sont très importants. Et, Mme la Présidente, quand on regarde les CPE,
d'abord, lors de la dernière négociation, on a... Bon, je reviendrai.
La Présidente : Il vous restait
trois secondes. Première complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : ...en CPE sont en colère. Il y a des femmes qui
travaillent depuis 30 ans, puis elles font ce combat pas pour
elles-mêmes, pour les nouvelles qui vont rentrer, pour les enfants, pour les
familles.
Oui, je suis d'accord avec le premier ministre,
il faut dépister très tôt, mais, pour le faire, bien, il faut soutenir les CPE. J'ai une bonne nouvelle pour lui. La
solution pour dépister plus rapidement les enfants en difficulté, c'est dans
les CPE. Quand est-ce qu'il va régler rapidement la grève en ce moment?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
lors de la dernière négociation de convention collective, on a donné des
augmentations de salaire exceptionnelles, de 18 %, aux éducatrices, donc
pas la même augmentation que les autres employés de l'État, ce qui était contre
la philosophie de Québec solidaire. Québec solidaire disait : Il faut
donner les mêmes augmentations à tout le
monde, à tout le monde. Oui, ça a été dit, ça a été dit. Je sais que, là, ils
le regrettent, mais ils voulaient qu'on donne la même augmentation de
salaire à tout le monde.
Cette fois-ci, Mme la Présidente, on leur offre
17,4 % d'augmentation. La CSQ a accepté. La...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Ce que les éducatrices puis les travailleuses en
CPE ont reçu, c'est un rattrapage. Si ce réseau tient en, ce moment,
c'est grâce au dévouement de ces femmes-là, mais on ne peut pas toujours
compter sur le dévouement des femmes. À un moment donné, il faut aussi payer, il faut régler, et
ça, ça fonctionne par un salaire décent qui doit leur être donné. Ce
n'est pas normal qu'elles puissent gagner mieux en allant ailleurs que dans le
réseau. On a besoin de ces femmes-là.
C'est quoi, l'héritage que le premier ministre
veut laisser pour les CPE, notre joyau national?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je répète, la dernière fois on a donné 18 %, donc plus que les autres, Québec solidaire n'était pas d'accord avec ça.
Cette fois-ci, on leur offre 17,4 %. C'est réglé avec la CSQ, c'est réglé
avec la FTQ, il reste la CSN à régler. Pourquoi la CSQ a réglé? Pourquoi la FTQ
a réglé? Pourquoi? Est-ce que Québec solidaire peut nous expliquer
pourquoi?
Donc, Mme la
Présidente, moi aussi, j'aimerais ça donner 50 % d'augmentation de salaire
à tout le monde, mais, à un moment donné, là, un, il faut être équitable;
deux, il faut respecter la capacité de payer des Québécois, parce que...
La
Présidente : En question principale, je... — c'est un petit peu bruyant — je reconnais maintenant le député de
Jean-Lesage.
Financement de
l'enseignement supérieur
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Les cégeps du Québec demandaient 600 millions cette année pour
répondre aux urgences en matière d'infrastructures pour l'ensemble du réseau,
ils ont eu 523 millions sur 10 ans, Mme
la Présidente. Avec la hausse de 2,1 % des dépenses en enseignement
supérieur, elle est inférieure, cette hausse-là, à l'augmentation des
coûts de système. Les cégeps vont devoir encore couper. Les services aux
étudiants et la qualité de l'enseignement vont souffrir. Les coûts de
rénovation vont augmenter encore plus. La CAQ est en train de plomber l'avenir
du réseau entier.
En plus, le
gel de recrutement et le plafond des heures rémunérées sont maintenus. Aucune
mesure n'est prévue au budget de fonctionnement pour réagir à la
croissance de la population étudiante. 24 000 étudiantes et étudiants de
plus sont attendus depuis 2030.
Comment la ministre peut-elle justifier un tel
abandon de son réseau?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Il y a beaucoup, beaucoup de questions puis de faits que je vais
essayer de corriger. Il y a certains faits qui sont inexacts, erronés.
C'est vrai que la situation n'est pas très
facile en ce moment, mais, quand on dit qu'on abandonne le réseau, s'il y a un
gouvernement qui n'a vraiment pas abandonné un réseau puis qui a mis le paquet
dans un réseau qui était en décrépitude, quand on est arrivés, en termes
d'infrastructures, en termes de programmes en soutien aux étudiants, en termes
de formation et de services qu'on alloue aux étudiants, en termes de soutien
aux établissements, bien, c'est bien nous, là.
Les
investissements ont été énormes, colossaux, au cours des dernières années.
Depuis 2019, Mme la Présidente, on parle de 40 % d'augmentations
dans les budgets alloués, justement, en enseignement supérieur, 25 % pour
le réseau collégial. Dans les infrastructures, on n'a jamais autant investi
aussi.
Puis le fameux 500 millions dont parle mon
collègue de l'autre côté de la Chambre, c'est sur trois ans. On va accélérer
tous les projets qui sont actuellement en cours, les accélérer pour pouvoir,
justement, répondre à cette demande. On est en mode rattrapage, encore une
fois, Mme la Présidente, rattrapage parce qu'il y a eu de la négligence à
plusieurs égards au cours des dernières années, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti : La ministre se vante
d'avoir commencé un rattrapage au moment où la CAQ est arrivée au pouvoir, mais
la situation actuelle, c'est qu'ils ne sont pas en train de continuer un
rattrapage. La situation actuelle, c'est l'austérité. La situation actuelle,
c'est qu'on augmente moins que les coûts de système et c'est qu'on va continuer
d'aggraver le déficit en infrastructures du réseau entier.
Comment peut-elle accepter une chose pareille?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Nos budgets sont encore en croissance cette année. Alors, je le
rappelle à mon collègue député, ce ne sont peut-être pas des augmentations de
6 % et 7 %, dans le contexte actuel, mais ce sont des augmentations. On est encore en croissance de budget,
actuellement. Je le disais tout à l'heure, on parle d'un PQI de
9 milliards en enseignement supérieur, dont 3,8 pour les trois prochaines
années. C'est une augmentation de 6 %
par rapport à 2024-2025. Pour les cégeps, là, on a encore une augmentation,
dans le réseau collégial, de 25 % des dépenses, des investissements
qu'on a faits au cours des dernières années.
Alors, on va continuer de soutenir, Mme la
Présidente, les étudiants, soutenir les établissements, soutenir le réseau
collégial, soutenir nos régions aussi. C'est la raison pour laquelle on fait
ces investissements-là...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti : Mme la Présidente,
quand on augmente les budgets moins que les coûts de système, on fait de l'austérité, on force le réseau à couper. C'est ce
qui est en train de se passer. Ça m'inquiète de voir que la ministre n'est
pas capable de le reconnaître.
Soyons
honnêtes, là, le gouvernement, sa responsabilité, c'est d'aller chercher
l'argent pour assurer les missions, les
missions essentielles de l'État, et, en ce moment, le gouvernement décide de ne
pas le faire. C'est très problématique. C'est un choix. Il n'y a pas
personne, là-dedans, qui n'a pas le choix. Ce sont des choix, des choix qui
sont en train de miner le réseau.
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Les choix qu'on a faits, c'est justement les bons choix, de soutenir et de continuer de soutenir les
établissements et les étudiants, chose qui n'avait pas été faite au cours des
dernières années, ni en infra ni en termes de formation et de services.
On a déployé des plans d'action à des centaines de millions de dollars jusqu'en 2026 pour que, justement, on
puisse soutenir les étudiants, les établissements, développer des formations
qui sont à la fine pointe pour répondre aux enjeux de main-d'oeuvre qu'on a.
On n'a jamais autant investi en enseignement
supérieur, Mme la Présidente. Je sais que ça achale bien des gens de l'autre
côté de la Chambre puis mes collègues députés quand on dit ça, mais c'est la
vérité. Quand on est arrivés, il n'y avait pas grand-chose en infrastructures,
il y avait vraiment un rattrapage énorme à faire. Puis je vais continuer de
travailler en collaboration avec tout le réseau, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Effets du coût du logement sur le taux d'itinérance
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, les chiffres de 2024 en itinérance sont sortis, et le bilan fait
mal. En effet, les refuges ont accueilli
15 % de plus de personnes en deux ans, au Québec. La situation est
particulièrement critique en Abitibi-Témiscamingue, où le nombre de
personnes accueillies dans les refuges a augmenté de 72 % en deux ans.
C'est 52 % de plus sur la Côte-Nord, c'est 40 % de plus pour Laval,
c'est 27 % de plus en Montérégie. C'est une crise humanitaire qui n'a plus
rien de marginal. Tous les locataires sont à risque.
• (10 h 40) •
La première
cause de l'itinérance, eh bien, ce sont les hausses de loyer et les évictions.
Quelle surprise! Quand tu ne peux plus payer ton loyer, bien, tu le
perds, tu te retrouves à la rue.
J'ai une question
bien précise pour le ministre des Services sociaux : Est-ce qu'il en
parle, de ce phénomène-là, avec sa collègue de l'Habitation? Est-ce qu'il lui
dit, des fois, là, qu'il faudrait peut-être que la CAQ arrête de mettre du monde
à la rue une fois pour toutes?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci beaucoup, Mme
la Présidente, là. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
pour sa question, mais, les 15 %
d'augmentation, il y a une partie qui est en refuge, mais une autre partie qui
est en... qui est hébergée également,
ce qui montre que notre réponse a été en deux temps, l'augmentation d'un nombre
de refuges, oui, mais également une augmentation du nombre de ressources
hébergées. Puis ça, on revient au fameux chiffre que, l'an dernier, 2023‑2024,
on a pu mettre en logement 3 144 personnes à travers le Québec, des
gens qui étaient dans la rue, qu'on a réussi à mettre en logement partout à travers le Québec, qui
montre l'exactitude de notre plan, qui a été de toucher toutes les régions du Québec pour que les gens
puissent se réaffilier dans leur région, plutôt que l'attitude, auparavant, où
tout le monde fuyait vers les grands centres.
Donc, ce qu'il faut
continuer à faire, c'est, oui, commencer à faire de la prévention, et on le
fait. On a un comité ministériel qui se rencontre régulièrement. On a développé
une mesure préventive pour la sortie carcérale avec mon collègue ministre de la
Sécurité publique. On est en train de déployer une mesure pour la sortie des
centres jeunesse. Et on continue à
développer des mesures préventives pour renverser la tendance, Mme la Présidente,
comme on avait dit qu'on le ferait.
La
Présidente : Deuxième complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais
le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Il ne
faut pas seulement sortir des gens de l'itinérance au compte-goutte, il
faut éviter que de nouvelles personnes deviennent itinérantes.
Jeudi dernier, j'ai
déposé un projet de loi visant justement à limiter les hausses de loyer records
de cette année. Il y a là plusieurs propositions
constructives dont pourrait s'inspirer la ministre de l'Habitation, dont celle
de se donner les moyens de corriger
l'indice du TAL, qui, cette année, a donné des résultats aberrants, une
augmentation minimale de 5,9 %.
Est-ce
que la ministre de l'Habitation... va-t-elle s'en inspirer pour éviter que des
locataires de partout au Québec perdent leurs logements?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme
Duranceau : Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, on a déjà agi, là.
Je tiens à rappeler à mon collègue de Laurier-Dorion qu'on a agi avec le p.l. n° 31 en assurant une meilleure protection pour les
locataires qui étaient évincés. Par
ailleurs, avec le p.l. n° 65, on a aussi agi en mettant un moratoire sur les
évictions puis en protégeant mieux les locataires aînés. Alors, c'est
une préoccupation qu'on a, puis je pense qu'on a clairement agi à cet égard-là.
L'autre chose, au
risque de me répéter, la vraie solution, c'est d'augmenter l'offre de
logements. Alors, je ne sais pas, mais je
n'entends jamais la deuxième opposition proposer des solutions concrètes à cet
égard-là. On veut légiférer, on veut mettre plein de barrières dans les
roues, mais c'est quoi...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Les chiffres sont clairs. Le dernier dénombrement des
personnes en situation d'itinérance démontre
que 27 % de ces personnes-là le sont devenues suite à la perte d'un logement,
souvent à cause des hausses de loyer abusives, là. Est-ce que... Bref,
ne rien faire pour limiter la crise des hausses de loyer, c'est pousser les
gens à l'itinérance.
Est-ce
que la ministre va agir et s'inspirer de notre projet de loi pour limiter les
hausses de loyer qui suscitent, qui causent l'itinérance?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme
Duranceau : Bon, écoutez, il faut travailler sur l'offre, ce que je
fais à tous les jours. Il faut aussi gérer la demande. Je tiens à rappeler au
député de Laurier-Dorion qu'on a quand même eu un chiffre énorme d'immigrants
temporaires. Ça aussi, ça a un effet sur le logement.
Alors,
maintenant, il y a 24 000 logements en construction partout au Québec
qui sont soutenus par le gouvernement du Québec. Par ailleurs, on a
donné des pouvoirs spéciaux aux villes pour qu'elles les émettent, leurs
permis, puis que ça aille plus vite, parce
qu'on a besoin de tous les types de logements. Ça, ce sont des vraies solutions
pour changer la donne, pour contrer la crise du logement, pas juste
mettre des barrières dans les roues puis toujours revenir avec les mêmes
propositions pour satisfaire sa base.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de Taschereau.
Gestion du parc du
Mont-Sainte-Anne
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. Le Mont-Sainte-Anne, c'est un lieu exceptionnel, un joyau dans la
région de la Capitale-Nationale.
Ça
fait 30 ans que le gouvernement du Québec a cédé la gestion de la montagne
à des promoteurs privés. À l'époque, l'entente venait avec des engagements à
respecter, l'obligation pour l'exploitant de ne pas laisser le site se détériorer. Or, ça fait des années que Resorts of the
Canadian Rockies met les usagers de la montagne en danger et néglige ses
installations, tout ça en recevant des subventions gouvernementales.
Pour RCR, le
Mont-Sainte-Anne, là, c'est juste une machine à imprimer de l'argent, Mme la
Présidente. RCR, ça appartient au riche milliardaire canadien Murray Edwards,
qui a une fortune évaluée à 3,8 milliards de dollars, un homme qui a fait
fortune grâce aux sables bitumineux, Mme la Présidente.
Après
30 ans, là, il est clair que les
clauses de l'entente ne sont pas respectées. Il est donc possible d'exproprier
RCR.
Est-ce
que la CAQ est prête à exproprier RCR ou préfère continuer à donner de l'argent
à une compagnie parasite?
La Présidente :
En réponse, le ministre responsable des Infrastructures et de la
Capitale-Nationale.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Effectivement, j'entends mon collègue, je
vais dire, à tout le moins, qu'il y a beaucoup d'inexactitudes qui sont
mentionnées dans ce que mentionne mon collègue.
Effectivement, en
1994, il y a eu un droit qui a été octroyé par le gouvernement libéral de
l'époque, avec un droit qu'on qualifie
superficiaire, 80... 100 ans, en fin de compte, sur la montagne puis un
délai plus court sur le secteur est. Aucune condition, aucune
obligation, aucune obligation d'exploitation du site pour faire du sport, par
exemple. Ça a été cédé sans condition, sans
obligation. Alors c'est difficile de défaire un contrat en prétendant, en fin
de compte, qu'il n'a pas rencontré des obligations quand on n'en a pas
mis.
En 2008, il y a eu
renégociation, et là il y a eu des conditions qui ont été mises pour le respect
du secteur est. Et, puisqu'elles n'ont pas été respectées, on est allés en
justice, on a gagné, et le secteur est, maintenant, est géré... est propriété
de la SÉPAQ.
La Présidente :
Première complémentaire...
Des voix :
...
La Présidente :
Première complémentaire. On vous écoute.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
Merci, Mme la Présidente. Ce qu'on finit par comprendre, c'est que la méthode
de la CAQ, avec les grandes entreprises,
elle se répète à tout bout de champ, Mme la Présidente : Enfreignez nos
règles, passez go, réclamez
50 millions. C'est gênant pour les entreprises québécoises qui, elles,
respectent les règles au Québec, qui, elles, respectent les règlements.
Avec ce règlement...
Avec ce gouvernement-là, on nous dit qu'il faut se serrer la ceinture, qu'il
faut être responsables. Pour économiser de
l'argent, moi, j'ai un conseil pour eux : Arrêtez de donner de l'argent
aux milliardaires. Expropriez RCR, récupérons cette montagne.
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Encore là, mon collègue, pour poser sa question
complémentaire, aurait dû entendre la
réponse à la précédente. Aucune obligation, en 1994, pour 100 ans. En
2008, on a renégocié, on a mis certaines obligations, puis on a appliqué
en justice, puis on a gagné, puis on a récupéré le secteur est.
Ce que propose mon
collègue, c'est : Faites des expropriations sans motif. Bien non, on ne
fait pas ça, nous, au Québec. Comme gouvernement responsable, on ne fait pas
ça. Mais notre intérêt est certainement de développer la montagne pour faire en
sorte qu'il y ait des investissements. Et c'est l'entente qu'on a négociée avec
le propriétaire du superficiaire, justement, pour qu'il y ait des
investissements.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : On ne fait pas des expropriations sans raison. Stablex, M. le ministre,
Stablex. C'est rendu une habitude, à la CAQ, de donner des passe-droits
pour les compagnies, c'est ça qui se passe, Mme la Présidente, de donner des passe-droits pour les entreprises. C'était
Stablex la semaine passée. L'automne passé, Northvolt bénéficiait des largesses
du gouvernement. Avant, c'était Glencore pour ses normes sur l'environnement.
Là, on fait un cadeau de 50 millions de dollars à un milliardaire qui n'en
a juste pas de besoin puis qui ne respecte pas les clauses de l'entente qu'il
avait signée avec le gouvernement.
Est-ce que la CAQ est
fière de ce bilan-là?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien : ...Mme la
Présidente, là, ça va être la troisième fois que j'interviens, là, avec des
inexactitudes, les conditions sont respectées. Savez-vous pourquoi les
conditions sont respectées? Parce qu'en 1994 ils n'ont pas mis de conditions.
Je vous le dis, là, quand il n'y a pas de conditions, je vous assure qu'ils
vont les respecter. En 2008, il y a des conditions qui ont été mises. On a fait
le suivi, on est allés en justice, on a récupéré le secteur est, parce que les
conditions de 2008 n'ont pas été respectées, et on a été responsables.
Maintenant, on n'exproprie pas sans motif. Et je
réitère que nous, on ne se comporte pas comme ça. Si eux veulent se comporter
comme ça, grand bien leur fasse.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Processus de nomination des juges
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Le gouvernement de
la CAQ s'est distingué, hier, par son efficacité. Oui, oui, Mme la Présidente.
Un refus aussi rapide du fédéral, on a rarement vu ça. Le ministre de la
Justice avait à peine déposé, hier matin, sa motion pour quémander de
participer à la nomination des juges des cours supérieures que, dans
l'après-midi, le premier ministre du Canada avait déjà dit : Non, il n'en
est pas question.
Le ministre nous dit : Ah oui! mais il a
une obligation de négocier de bonne foi. Ah oui? Aïe! Depuis 1947, Duplessis,
20 fois, au moins, le gouvernement du Québec a fait officiellement cette
demande-là, attachez-vous bien, Mme la
Présidente : 1947, 1950, 1968, 1969, 1978, 1980, 1985, 1986, 1987, 1992,
1997, 1998, 2000, 2004, 2007, 2008 deux fois, 2013, 2015, 2017. Toujours
non.
La doctrine
caquiste, c'est celle-là, Mme la Présidente, c'est d'espérer en vain des conditions
gagnantes du fédéralisme.
Qu'est-ce que le ministre va faire maintenant
qu'il s'est encore fait dire non?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre de la Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente,
je tends la main à mon collègue du Parti québécois comme à Québec solidaire et
au Parti libéral du Québec. Le Québec n'est jamais aussi fort que lorsqu'il ne
parle que d'une seule voix. Et, dans ce cas-ci, l'Assemblée nationale sera
appelée à se prononcer sur une demande de résolution constitutionnelle pour
forcer le gouvernement fédéral à venir s'asseoir à la table des négociations.
Le député de Jean-Talon a raison de dire que
cette demande-là a été refusée par le passé. Par contre, ça a toujours été fait
pas d'une façon appuyée.
On fonctionne
en vertu d'un cadre actuel qui s'applique, soit la Constitution canadienne. Le collègue de Jean-Talon n'est pas
d'accord avec le cadre. Je suis d'accord avec lui, c'est un cadre qui a été
imposé, mais c'est à travers ça qu'on navigue présentement. Alors, utilisons
les outils à notre portée pour faire en sorte que le Québec gagne, que le
Québec, à l'intérieur de la fédération canadienne, accroisse son autonomie,
qu'il participe à la sélection des personnes qui vont statuer, qui vont
interpréter notre droit, nos lois que nous votons ici, à l'Assemblée nationale,
que nous travaillons ensemble comme députés, élus du peuple québécois.
Joignez-vous à nous pour faire avancer le Québec.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M.
Paradis : Donc, attendez, le Québec se fait dire non depuis
150 ans, puis depuis 50 ans sur cette demande-là précisément,
puis là le ministre regarde ça puis dit : Ah! bien, je vais refaire la
même chose, je vais continuer, je vais encore échouer, mais là j'aimerais ça
qu'on échoue en groupe. Non.
La question au ministre, c'est : Est-ce
qu'il va continuer sur la route sans issue du non? Est-ce qu'il va continuer à faire humilier le Québec en se faisant dire non
ou il va déterminer que la seule solution, c'est l'indépendance du Québec?
Des voix : ...
La Présidente : Bon, un, c'est
beaucoup trop bruyant. La période de questions n'est pas terminée. On ne va pas
commencer à s'insulter comme dans une cour d'école. La réponse du leader. Et je
vous rappelle que vous vous adressez à la présidente. Et on termine là-dessus
après.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, notre gouvernement va toujours travailler à faire des gains pour
les Québécoises et les Québécois. Vous devriez être de notre côté dans ce
dossier-là, même si ce n'est pas votre option, parce que, quand le Québec gagne, Mme la
Présidente, c'est tous les Québécois qui gagnent. Il s'agit d'une question
d'intérêt national, que l'État québécois puisse nommer ses juges.
Joignez-vous à nous, joignez-vous à cette troisième voix...
La
Présidente : Je vous rappelle que vous vous adressez à la présidente,
M. le leader. Il vous reste quelques secondes. Poursuivez.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, dans ce dossier-là, il est
question de faire avancer les intérêts supérieurs
du Québec. Je vous le réitère, joignez-vous à nous, parce qu'ensemble nous
allons être capables, être capables...
La Présidente :
...réitère, vous passez à travers
moi pour vos commentaires et vos questions. Il vous reste six secondes.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, on a l'occasion de démontrer à
l'ensemble du Canada que l'Assemblée est nationaliste. Je pense que c'est...
La
Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Demeurez en place
pour le vote reporté. Nous avons des votes qui s'en viennent, je demande votre
attention. Et, pour ce faire, je cède la place au troisième vice-président de
l'Assemblée nationale.
Votes reportés
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. Alors, bonjour, collègues. Nous allons
poursuivre nos travaux.
Motion proposant que l'Assemblée déclare que la Société de
l'assurance automobile du
Québec et certains de ses dirigeants ont porté atteinte aux droits et
privilèges de
l'Assemblée en transmettant intentionnellement des informations erronées
aux membres de la Commission de l'administration publique dans
le cadre de suivis concernant le projet CASA/SAAQclic
Comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder
au vote reporté sur la motion inscrite par M. le leader de l'opposition
officielle en vertu des articles 324 à 327 du règlement, qui se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée
déclare que la Société de l'assurance automobile du Québec et certains de ses
dirigeants anciens et actuels ont porté
atteinte aux droits et privilèges de l'Assemblée ainsi qu'à ceux de ses membres
en transmettant intentionnellement des informations erronées aux membres
de la Commission de l'administration publique dans le cadre de suivis
concernant le projet CASA/SAAQclic.»
Le vote est maintenant
ouvert.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Excusez-moi!
Excusez-moi! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Nous sommes... Nous
sommes en train de voter, c'est un moment important, et je vous demande... je
demande à chacun, s'il vous plaît, de respecter les normes et les règles qu'on
s'est dotés en cette enceinte. Merci. S'il vous plaît!
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 31
Contre :
75
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est donc rejetée. M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président, j'aimerais que vous rappeliez à cette Chambre que
l'utilisation des appareils électroniques durant les travaux sont proscrits, M.
le Président, notamment la prise d'images.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader du gouvernement. Donc, je n'ai pas été témoin de cela, mais, si
tel est le cas, vous connaissez les règles. En cette enceinte, il n'y a pas de
prise d'image, il n'y a pas d'utilisation de caméra permise. Donc,
j'aimerais que tous les collègues observent cette règle que nous nous sommes donnée
en cette enceinte.
Adoption du projet de loi n° 85
Nous allons
poursuivre. Nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M.
le ministre délégué à l'Économie proposant que le projet de loi n° 85,
Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du
fardeau réglementaire et administratif, soit adopté. Le vote est maintenant
ouvert.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 75
Contre :
26
Abstentions :
5
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : La motion est adoptée. En conséquence, le projet
de loi n° 85, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du
fardeau réglementaire et administratif, est adopté.
Motions sans préavis
Nous sommes maintenant à la rubrique des motions
sans préavis, et je cède la parole à M. le premier ministre.
Nommer Mme Marie-Eve Brunet Kitchen Commissaire
au bien-être et aux droits des enfants
Document
déposé
M. Legault : Merci, M. le Président.
Donc, je propose, après consultation auprès des partis d'opposition et des
députés indépendants :
«Que, conformément aux articles 1 et 3 de
la Loi sur le commissaire au bien-être et aux droits des enfants, madame Marie-Ève
Brunet, consultante principale en stratégies sociales et relations
gouvernementales, [à] Centraide du Grand
Montréal, soit nommée commissaire au bien-être et aux droits des enfants pour
un mandat de cinq ans à compter du
12 mai 2025 et que sa rémunération et ses autres conditions de travail
soient celles contenues dans le document ci-annexé que je dépose.»
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour être adoptée, cette motion doit
être approuvée par au moins les deux tiers des membres de l'Assemblée. Elle
doit donc être suivie d'un vote électronique.
Mise aux voix
Je mets aux
voix la motion de M. le premier ministre telle que lue précédemment. Le vote
est maintenant ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 104
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : La
motion est adoptée.
Nous sommes
toujours à la rubrique des motions sans préavis. En fonction de nos règles et
de l'ordre de présentation des
motions, je reconnais un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Prendre acte de l'augmentation du recours aux banques
alimentaires et
encourager le gouvernement à poursuivre la lutte contre la pauvreté
Mme
McGraw : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Taschereau, la députée de Terrebonne et la
députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de
l'augmentation continue du recours aux banques alimentaires, exemplifiée par une hausse de 55 % des
demandes d'aides auprès des banques alimentaires du Québec depuis 3 ans,
portant le total à près de 3 millions de demandes par mois;
«Qu'elle prenne acte de la diversification du
profil des Québécoises et Québécois y ayant recours, incluant une part
grandissante de personnes ayant un emploi, mais peinant à joindre les deux
bouts;
«Qu'elle
déclare que ce recours accru aux banques alimentaires est la conséquence d'une
précarisation économique qui s'étend à de plus en plus de Québécoises et
de Québécois dans un contexte de forte inflation ces dernières années
entraînant une hausse importante du coût de la vie;
«Qu'enfin,
elle encourage le gouvernement à poursuivre les efforts et les investissements
dans les mesures visant à lutter contre la pauvreté et à apporter une
solution pérenne pour tendre vers la sécurité alimentaire.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
y a consentement, sans débat. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Je vous demande un vote
électronique, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé. La période de vote
est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est adoptée. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Derraji : Avec
votre permission, M. le Président, j'aimerais qu'une copie de cette motion soit
envoyée à Banques alimentaires du Québec, Collectif pour un Québec sans
pauvreté. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ce sera fait, M. le leader.
Et,
pour la prochaine motion, je reconnais un membre du deuxième groupe
d'opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Réaffirmer l'engagement de
l'Assemblée pour le maintien du
système de plafonnement et d'échange de droits d'émission
M. Leduc : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter
la motion suivante conjointement avec le
ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de
la Faune et des Parcs, la députée des Mille-Îles, le député des Îles-de-la-Madeleine
et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme son engagement envers le maintien du Système de
plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre au
Québec.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat. Cette motion est
donc... Oui, M. le leader.
Une voix : ...
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote a été demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est donc adoptée.
Et, pour la prochaine
motion, la parole revient à un membre du troisième groupe d'opposition, et je
reconnais M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le ministre
de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale se prononce en faveur de l'abolition du principe énoncé dans
l'Entente entre le Canada et les États-Unis sur les [pays tiers] sûrs qui rend
une demande d'asile admissible après être entré au Québec par des chemins
irréguliers si le demandeur d'asile démontre qu'il est resté 14 jours sur
le territoire;
«Qu'elle affirme que
cette politique encourage les réseaux de passeurs criminels et la traite de
personnes aux frontières.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Nous allons donc à la prochaine motion, qui
revient à un membre du groupe... — s'il vous plaît! — qui
revient à un membre du groupe formant le gouvernement, et je reconnais M. le
ministre de la Langue française.
M. Roberge : M.
le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de
Matane-Matapédia :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte des propos de Karl Blackburn, candidat à la chefferie
libéral, affirmant que la Charte de la langue française est un fardeau pour les
entreprises;
«Qu'elle rappelle que
le français est au contraire une richesse;
«Qu'elle souligne que
la Charte de la langue française permet de protéger la seule langue officielle
et commune de la nation québécoise;
«Qu'elle rappelle que
la Charte...»
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Excusez-moi, pardon, excusez-moi. Pardon. Pardon. Écoutez,
collègues, vous connaissez les règles, vous connaissez les...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : ...vous
connaissez les règles en cette enceinte. Je vais demander à M. le ministre
de reprendre la lecture de cette motion. S'il vous plaît! Merci.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : S'il vous plaît! Allez-y, M. le ministre.
M. Roberge : Merci,
M. le Président. Ça va, chers membres de l'opposition officielle, on peut y
aller? Merci.
Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Matane-Matapédia :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte des propos de Karl Blackburn, candidat à la chefferie
libéral, affirmant que la Charte de la langue française est un fardeau pour les
entreprises;
«Qu'elle rappelle que
le français est au contraire une richesse;
«Qu'elle souligne que
la Charte de la langue française permet de protéger la seule langue officielle
et commune de la nation québécoise;
«Qu'elle rappelle que
la Charte de la langue française est essentielle au vivre ensemble au Québec;
«Que
l'Assemblée nationale réitère le devoir de tous les élus d'appuyer les mesures
assurant la vitalité du français au Québec.»
Même vous autres.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Pas de... Merci. Merci. Pas besoin de commentaire. Pas
de consentement. M. le leader, il y a eu un débat, il y a une motion présentée,
pas de consentement, on passe à la prochaine.
M. Jolin-Barrette :
...vous savez, c'est extrêmement important, la langue française, puis...
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Non, non, non.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Non. Monsieur...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Nous allons... Nous allons poursuivre. Nous
allons poursuivre, s'il vous plaît.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous
sommes maintenant rendus à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président.
Et donc j'avise cette Assemblée que la Commission
des transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 81, la Loi modifiant diverses dispositions en matière
d'environnement, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la santé et des services
sociaux va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 83, la Loi favorisant l'exercice de la
médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission des relations avec les citoyens va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84, la Loi
sur l'intégration nationale, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission de
l'aménagement du territoire se réunira en séance de travail le
jeudi 10 avril 2025, de 8 heures à 8 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition
concernant la révision de la Loi sur la Communauté métropolitaine de Montréal
concernant la taxe sur l'immatriculation des véhicules.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant tout de suite
passer aux affaires du jour, donc aux affaires prioritaires.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion
du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné à l'Assemblée du
2 avril 2025 sur la motion de M. le ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur
les motions formulant un grief présentées par M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
Mme la députée de Verdun, M. le député de
Jean-Talon, M. le chef de l'opposition officielle, M. le député de Laurier-Dorion,
Mme la députée de Chomedey, M. le député de
Taschereau, Mme la députée de La Pinière, M. le député de Jean-Lesage,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, M. le député de Maurice-Richard, Mme la
députée de D'Arcy-McGee, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, Mme la députée des Mille-Îles, Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, M. le député de
Saint-Jérôme, M. le député de Pontiac, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
M. le député de Rosemont, Mme la députée de Robert-Baldwin, Mme la députée de
Sherbrooke, M. le député de l'Acadie et M. le député de Nelligan.
Conformément
aux dispositions de l'article 276 du règlement, je vous rappelle qu'une
intervention de 30 minutes est réservée au représentant de
l'opposition officielle et que ce débat se terminera par la réplique d'une
heure accordée au ministre des Finances.
Je comprends
qu'il y aurait toutefois consentement pour permettre au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition de faire une intervention d'une durée
maximale de 10 minutes. Y a-t-il consentement? Consentement.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Verdun et vous rappelle que vous avez... vous disposez de 10 minutes.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci. Merci, M.
le Président. Alors, à mon tour d'un peu conclure, là, de notre côté, notre
réplique finale au budget, à la motion qui a été déposée, et de faire
rapidement, là, un bilan aussi, je vous dirais, des prises de parole puis des discussions que nous avons eues à la Commission des finances publiques dans les derniers jours.
Tout d'abord, nous restons avec la lecture, en
regardant autant les chiffres que les annonces qui ont été faites, que le
budget qui nous est présenté demeure à ce jour un budget d'austérité. Je vais
prendre le temps, tout à l'heure, pour regarder les chiffres en question avec
vous rapidement, mais ce que ce budget annonce, ce sont des compressions, des
compressions budgétaires qui vont se faire sentir dans l'approvisionnement,
dans l'offre de nos services publics, autant en éducation, autant en santé, et
qu'elles arrivent au mauvais moment, et que ces compressions-là vont arriver
dans un moment d'incertitude, là où les Québécois et Québécoises en ont le plus
besoin.
D'abord,
pour bien comprendre aussi cette incertitude, nous avons eu des discussions
avec le ministre des Finances concernant
les hypothèses de base de ce budget, et celle... l'hypothèse qui demeure encore,
pour nous, être extrêmement incertaine, c'est les
effets des tarifs et comment le budget demeure... Il a été construit autour de
l'hypothèse de 10 % de tarif sur deux
ans. C'est encore très conservateur puis c'est encore très optimiste de
continuer dans cette voie-là, vu que, quand... Lorsqu'on a eu les
échanges, les experts ne sont pas encore d'accord sur comment les tarifs qui
sont répartis entre... pas la totalité de
nos biens et services qui sont exportés, on sait très bien que c'est une
partie, la partie qui n'est pas touchée par le traité de libre-échange, mais la
répartition qui va se faire sur l'ensemble de l'économie demeure extrêmement incertaine.
Le deuxième enjeu que
nous, on voit avec ce budget puis qui demeure le coeur du problème, c'est le
fait qu'on se prive et qu'on ne va pas
chercher des nouveaux revenus. Il nous manque de revenus, quitte à ce que ce
soit... pour arriver aux objectifs qui sont donnés par la CAQ en termes
de réduction de la dette, voire du déficit. Quand on le regarde, bien sûr, ce chiffre-là de 13 milliards nous
impressionne, mais, pour le comprendre, un déficit, c'est le résultat entre la
colonne des dépenses mais aussi la colonne
des revenus. Puis cette colonne-là, les intrants, pour cette colonne-là, bien,
ça n'a pas été assez exploré.
Une voix : ...
Mme
Zaga Mendez : Je vais juste
attendre que la ministre des Transports finisse, là. Parfait. Merci, M. le
Président.
Donc, comme je
disais, c'est dans la colonne des revenus que nous devons prêter davantage
attention, resserrer autant la vis à l'évasion puis l'évitement fiscal qui
demeurent, aller chercher plus d'argent, bien sûr, de la part du fédéral. On a eu des discussions sur les priorités
du ministre des Finances. Pour nous, cet argent-là doit être cherché le plus rapidement
possible, ce qui viendrait aider avec le financement de nos services publics.
Et, troisièmement, c'est d'aller chercher l'argent là où il se trouve. Pour
nous, il demeure que cet argent-là se trouve chez les plus fortunés de notre société. Et ce n'est pas là qu'on est en train de
chercher ces revenus. On l'a vu avec la question du gain du capital, pour nous,
on aurait souhaité de garder le rehaussement du taux d'inclusion du gain de
capital, qui nous aide à aller chercher quand même presque
1 milliard de dollars et qui pourrait venir à l'aide à tous les
projets d'infrastructure et tous les projets, en ce moment, qui sont en
suspens. C'est... On l'a vu à multiples reprises ici, les besoins concernant l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, la construction de notre tramway à Québec, bref, tous les
projets... ou la question des écoles et des hôpitaux qui ont besoin d'aller
chercher ces sommes rapidement pour qu'on puisse réaliser les projets.
Également, et c'est
quelque chose qu'on n'explore pas au Québec, c'est comment on peut aller
chercher des revenus supplémentaires chez les personnes les plus fortunées de
la société. Quand je parle des personnes les plus fortunées, je parle des
personnes qui détiennent, mais qui accumulent des millions, voire des milliards
de dollars année après année. On peut penser à des gens qui n'ont pas seulement
une fortune en termes d'immobilier, par des maisons, des chalets, des biens, mais aussi des actions. Et, pour nous, il faut
aller chercher un revenu supplémentaire dans le 1 % le plus fortuné de la
société, surtout dans un temps de crise et surtout dans un temps de... qui
s'annonce extrêmement difficile pour l'économie, puis c'est un temps
d'incertitude.
Je n'ai pas le temps
de passer en revue la réponse, parce qu'on a encore plusieurs questions
concernant la réponse qui a été faite par la CAQ en aide aux entreprises. Je
dirais que, même si le milieu est très content de voir le programme FRONTIERE
être offert aux entreprises qui sont en train de faire des exportations vers
les États-Unis, il demeure que les entreprises qui ont juste une partie, donc
qui n'arrivent pas aux 25 %, qui vont aussi être affectées... il faut voir
comment on va venir en aide à ces entreprises qui ne sont pas éligibles. Mais
ce qu'on aurait voulu voir aussi, dans ce type de programme de... comment on va
encourager la transformation et la consommation, accroître la demande locale au
Québec, parce qu'on sait que c'est ça, le noeud du problème, en ce qui concerne
l'aluminium, l'acier et le bois, c'est la transformation ici, au Québec, c'est
d'aider ces PME qui peuvent développer un... développer ce secteur de
transformation, ce secteur manufacturier. Et c'est là où on pense qu'il manque
encore des programmes et de l'accompagnement.
• (11 h 20) •
Je me permets un mot
sur l'agriculture. Je n'ai pas eu la chance de parler lors de mon discours de
réplique, mais il faut entendre la voix de nos agriculteurs et nos
agricultrices, qui sont extrêmement déçus du budget, parce que ce sont, vous le
savez, les entreprises agricoles et forestières qui vont être affectées par
l'incertitude économique qui est causée par
Trump. Juste dans le budget, c'est 22 millions de dollars en moins. C'est
ça que nous a dit M. Martin Caron, le président de l'UPA, au
lendemain des annonces. Ils pensaient avoir été compris suite aux mobilisations
de l'année passée, auxquelles je pense que plusieurs d'entre nous avons eu la
chance de participer, ils ont... ils voient clairement qu'il y a une diminution dans le budget de l'agriculture. Et cette
coupure de 22 millions, bien, c'est des programmes en moins, c'est du
soutien en moins envers nos agriculteurs et nos agricultrices, qui ont de la
misère, déjà, à faire... à arriver, si on considère les effets des changements
climatiques, l'effet de l'endettement. Et, à cet égard, ils nous rappellent
qu'ils attendent encore des sommes, ils attendent encore des sommes importantes
qui n'ont pas été versées suite au fait que le
gouvernement du Québec est allé chercher ce qu'on appelle Agri-relance
de la part du fédéral. Ils attendent encore aussi l'ajustement des fonds
face à l'adaptation aux changements climatiques. Bref, ce qu'on voit avec cet
exemple-là, c'est un exemple de compressions.
Puis c'est ça qu'on observe quand on regarde les dépenses de l'État. On compare
les taux de croissance des dépenses, que
ce soit en services, en éducation, en santé, mais dans les autres ministères,
ils n'accordent pas ce qu'on appelle les coûts de système, ils
n'accordent pas les besoins qui sont réclamés par nos milieux. Et ça, ça a
l'air juste des chiffres et des comparaisons, mais ceci a un effet concret dans
la réalité des gens, parce que l'austérité, c'est
lorsqu'on arrive puis on va voir soit des services coupés ou soit des personnes
qui sont mises à la porte. Quand nos services sociaux ne répondent pas,
cette pression-là s'en va où? Elle s'en va dans nos organismes communautaires.
Et je vais me permettre,
la minute qu'il me reste, de parler de la réalité sur le terrain. J'ai eu une
rencontre avec tous mes organismes communautaires à Verdun, qui m'ont exprimé à
quel point eux aussi, ils vivent les compressions, eux aussi, ils sont mis au
pied du mur avec le peu de ressources qu'ils ont, avec des programmes qui
disparaissent en employabilité, des programmes jeunesse. Et ils n'ont pas le
choix, eux aussi, qui viennent à l'aide des plus vulnérables, qui viennent à
l'aide des mal logés, quiviennent à l'aide de personnes qui ont un enjeu
d'insécurité alimentaire, des jeunes pour prévenir le décrochage scolaire... bien,
avec le peu d'argent qu'ils ont, bien, ils n'ont pas le choix de couper des
services.
Et, vous savez, M. le Président, c'est une
chaîne, c'est de la pression qui s'accumule parce que nos services sociaux vont
vivre l'austérité, nos services communautaires, qui sont ce maillon, ce filet
social, eux aussi ont moins de ressources pour venir à l'aide. L'augmentation
du PSOC n'est pas suffisante pour répondre à ces besoins-là. Ce que nous, on voit, avec ce budget, c'est que notre
tissu social s'effrite là où est-ce
qu'on en a malheureusement le plus
besoin, que les crises vont continuer à s'intensifier. Que ce soit en
logement, que ce soit la question de la pauvreté, que ce soit aussi en
itinérance, ce budget ne répond pas aux attentes, aux attentes en ce qui
concerne la réponse aux enjeux de société. Il n'est pas à la hauteur de la
situation en pleine incertitude économique. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Verdun. Nous poursuivons ce débat. Je reconnais
maintenant M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup,
M. le Président. Le budget qui a été déposé par le ministre des Finances est un
second record de déficit en deux ans, 13,6 milliards de dollars.
Initialement, le budget de l'année 2025‑2026 avait été budgété à un
déficit de 8,5 milliards de dollars, donc une augmentation de
5,1 milliards. On nous avait vanté que
les raisons pour ces dépenses additionnelles là étaient initialement, donc,
dues pour faire face à la guerre tarifaire. Je vais vous éviter de
passer à travers l'exercice que j'ai fait, là, avec le ministre dans la section
du budget où on parle en détail, là, du plan
pour faire face, là, à la guerre tarifaire, mais, somme toute, M. le Président,
il y a 500 millions de dollars, 460, là, pour être plus précis, qui
sont calculés selon notre estimé, qui sont une réponse directe à la guerre
tarifaire de Donald Trump, et que, donc, du 5,1 milliards, il y en a 4,6,
grosso modo, qui ne sont que des dépenses additionnelles, M. le Président. Donc, si on voulait s'imaginer ce
qu'un gouvernement de Québec
solidaire pourrait avoir de l'air, on
a eu l'exemple lors du dépôt du budget avec des dépenses sans contrôle.
Le ministre nous dit souvent que ce n'est pas le
pire des déficits, là, en fonction du produit intérieur brut. Mais je dois
quand même lui rappeler que, dans les années 90, il y avait eu deux lois
essentielles qui avaient été mises en place pour empêcher, justement, qu'on
fasse des déficits comme ça de façon consécutive et aussi importants. Seul le
ministre des Finances actuel aura réussi à briser cette tradition. Le PQ
l'avait réussi, à faire un peu de grabuge, là, durant le désastre de 2013 à 2014, mais, si, à la fin du retour à
l'équilibre budgétaire, planifié par le ministre des Finances... se réalise tel qu'il le prévoit, cela aura été,
donc, neuf déficits budgétaires consécutifs, M. le Président. Un record de tous
les temps. Ça ne s'est jamais vu dans l'histoire du Québec.
Il faut quand même se rappeler qu'on a laissé un
surplus budgétaire qui était relativement important. Sur le plan du retour à l'équilibre budgétaire que le
ministre nous a annoncé lors du budget, il va falloir qu'il y ait plusieurs
astres qui s'alignent en même temps.
Bon, premièrement, l'hypothèse de base du
ministère des Finances, c'est que les tarifs de l'administration américaine sur
le Canada auront des effets de tarifs équivalents, pour le Québec, de
10 %. Écoutez, on a eu pas mal de débats sur le sujet, il y a des opinions
qui sont d'un bord puis de l'autre. Il n'y a aucun souci à ce que le ministre
des Finances décide de porter des lunettes roses pour regarder l'univers de
façon plus positive, c'est sa façon de voir les choses, c'est bien correct, je n'ai aucun enjeu avec ça. Mais il y a quand
même des économistes qui se sont penchés sur le sujet et qui en arrivent
de dire que ce n'est pas 10 %, que le tarif effectif va être sur
l'économie du Québec, ça va être au-delà de ça, M. le Président.
Desjardins, Jimmy Jean, chez Desjardins, selon ses
estimés, le Québec est la province pour laquelle le taux effectif sera le plus
élevé. Et Jimmy Jean parle d'un taux de 21 %. 21 %, là, O.K., ça,
c'est en incluant la correction que le tarif du fentanyl, que l'administration
Trump nous charge, là... passera de 25 % à, disons, 12 %. Parce qu'il
y a un chemin théorique, là, qu'on pourrait
suivre pour faire plaisir à l'administration américaine, en ce qui a trait à la
guerre sur le fentanyl. Mais ça, c'est inclus dans le 21 % de Jimmy
Jean. On parle aussi, évidemment, d'un risque... d'un contrôle mondial, au
niveau du développement économique, qui va relativement bien. Mais, si on
regarde des marchés, depuis juste la
dernière semaine, il y a énormément de volatilité. Je lisais justement, là,
tout à l'heure, que Jamie Dimon, de J.P. Morgan, considère que le
scénario de base, maintenant, c'est définitivement une récession aux
États-Unis.
Alors, que ce
soit Jamie Dimon ou d'autres, il y en a beaucoup, de monde qui sont en train de
dire que l'économie américaine va
être sur les freins et que probablement qu'actuellement les freins
s'appliquent, actuels, sur l'investissement, ce qui est de mauvais
augure pour l'économie américaine. Et, bien évidemment, bien, notre économie à
nous en paiera le prix aussi. Malgré les
tarifs, la demande d'aluminium, qui, elle, au niveau du brut, pourra être
difficilement remplacée, elle va, elle, souffrir à cause du
ralentissement économique que nos voisins du Sud vont avoir.
Donc, 1,1 % de croissance économique, selon
le ministre des Finances, nous, on croit que c'est extrêmement généreux. Si on prend les données de Desjardins,
si on prend les données qu'on a eues récemment de la part de l'ensemble
de la rue, au niveau américain, au niveau de Wall Street, quand on regarde tout
ça, c'est clair qu'il va y avoir un ralentissement économique au Québec. C'est
clair que le ralentissement économique est déjà pressenti dans nos entreprises québécoises. Donc, c'est certain que le produit
intérieur brut du Québec ne sera pas de 1,1 %. Mais le ministre des
Finances a pris cette supposition-là, a pris aussi le 10 % et a aussi
inclus dans ses calculs l'inclusion... l'augmentation
du taux d'inclusion sur le gain en capital, qui, évidemment, là, surenchère les
revenus que le gouvernement estime.
Je comprends que l'amortissement accéléré a été
reconduit, mais ce n'est pas une certitude. Je comprends que le fédéral ne
coupe pas aux transferts aux provinces. Mais je ne sais pas si vous avez porté
attention, là, aux derniers balbutiements dans la course au fédéral, au niveau
de la campagne, mais chaque parti se surenchère en termes de dépenses
additionnelles et chaque parti dit qu'ils vont arriver à un équilibre
budgétaire. Donc, quelque part, il y a quelque chose qui va arriver. Puis, on
le sait bien, là, les transferts aux provinces n'ont pas augmenté, donc il est
fort probable que ça va être l'endroit que les provinces vont payer le prix,
dont le Québec. Alors, on met toutes nos aspirations dans une meilleure
coopération avec le fédéral, au niveau des transferts, malheureusement je ne
vois pas comment ça, ça pourrait se faire. On a de besoin, effectivement, d'un
plan massif en infrastructures, au niveau fédéral, pour que ça puisse stimuler
et aider l'économie du Québec à pouvoir aller de l'avant. On n'en entend pas
parler.
• (11 h 30) •
Donc, quand
j'additionne tous ces éléments-là, M. le Président, c'est clair que les
hypothèses de base du ministre des Finances sont extrêmement optimistes.
De plus, une des choses qui m'a... Puis j'ai
entendu l'argumentaire du ministre puis, je vais être franc avec vous là-dessus,
je ne suis pas en accord. Fondamentalement, je trouve qu'il y avait un travail
additionnel qui aurait dû être fait, qui n'a pas été fait, puis je ne comprends
pas les raisons du pourquoi que ça n'a pas été fait, mais il y a un manque à gagner de 6 milliards pour trouver,
là, un équilibre budgétaire, dans l'estimé du premier ministre, d'ici 2030. Je
ne vois pas pourquoi on n'a pas été capable d'identifier, tout de suite,
déjà, les mesures. Ça n'aurait pas été compliqué. On aurait pu mettre des probabilités, mettre n'importe quoi pour donner
les pistes de solution. Malheureusement, le budget ne nous a pas
éclairés là-dessus.
Ça nécessite également, là, que nos entreprises
soient en mesure d'augmenter évidemment... nos entreprises d'État, nos
compagnies... les sociétés d'État puissent augmenter les revenus pour le
gouvernement. Malheureusement, Hydro-Québec
a connu ses pires années en termes d'hydraulicité, et plusieurs grands projets
pourraient, donc, réduire les dividendes qu'Hydro-Québec donne au
gouvernement du Québec.
La Société des alcools du Québec connaît des
réductions d'achalandage. On le voit bien, les plus jeunes sont plus raisonnables que les plus âgés, disons, au
Québec, et ils consomment moins, et tant mieux si c'est le cas, mais, au niveau
des finances publiques, M. le Président, ça n'augure pas bien au niveau de la
SAQ.
Loto-Québec,
on comprend qu'il y a un marché qui pourrait être développé de la part de
Loto-Québec. Est-ce qu'on va vraiment être capable de pouvoir voir des prises
de parts de marché de la part de Loto-Québec pour l'avenir, pour augmenter
les revenus d'État? On le souhaite, M. le Président. Malheureusement, à date,
ce n'est pas ce qu'on a vu.
Là, parlons de l'enfant terrible, si on peut
dire, des sociétés d'État du Québec, Investissement Québec, qui n'a fait que
des... a fait énormément de mauvais choix. Ici, je ne peux vous parler que de
Northvolt, par exemple, et le fait, et le fait qu'on a talonné le gouvernement
et mis de la pression pour que la ministre de l'Économie puisse être en
coordination plus fréquente avec les gens d'Investissement Québec simplement
pour nous donner une idée de la valeur du placement, du pari que la CAQ a fait
dans Northvolt.
Puis on se fait dire que ça vaut des sous, il
n'y a pas à s'inquiéter, on a des garanties. Puis là, tranquillement pas vite, on change de narratif pour dire :
Ah! bien, c'est peut-être le potentiel que... on a des garanties avec le
terrain, que le terrain... En tout cas, le projet à
Saint-Basile-le-Grand, c'est bon, oui, mais à la maison mère... Ah! la maison
mère, on va être correct. Puis là, finalement, tranquillement pas vite, le
narratif change pour nous dire : Bien, finalement, après des mois et des
mois, et après la faillite, finalement, ça se peut qu'on soit dans le trouble
avec notre placement à la maison mère. Allô? La Caisse de dépôt, elle a déjà
écrit zéro à côté de cet investissement-là plusieurs mois à l'avance, puis le
gouvernement n'était pas capable de nous donner l'heure juste à ce sujet-là.
Puis là,
après ça, c'est de questionner le gouvernement : Est-ce que vous comprenez
pourquoi il y a de potentiels risques que, justement, le projet ne
fonctionne pas au Québec? Puis la réponse : Non, non, ça va fonctionner au
Québec. Puis je dis : Bien, voyons
donc, la technologie n'est pas la bonne technologie, et le modus operandi, là,
la mise en opération pour fabriquer ces batteries-là, qui ne sont pas de
la meilleure technologie, n'a pas fonctionné en Suède. C'est la raison pour
laquelle la maison mère a fait faillite, puis là, soudainement, on peut croire
que, si ça n'a pas fonctionné en Suède, ça
va fonctionner au Québec? C'est du n'importe quoi, M. le Président. Moi,
j'aimerais ça que le gouvernement puisse au moins directement dire aux
Québécois : O.K., on a un problème, là, on va essayer de trouver une
solution. Non, on s'obstine à dire que ça va bien, M. le Président, puis on
continue à regarder par en avant. Moi, je suis... En tant que payeur de taxes, là, je peux m'imaginer,
l'ensemble des Québécois est totalement déçu du comportement du gouvernement
dans ce sujet.
On a parlé d'infrastructures, de rehausser le
plan. C'est certain que, quand ça ne va pas bien dans notre économie, on doit
trouver des façons de stimuler, prendre la place du privé. Aller dans les
infrastructures, évidemment, c'est la chose
à faire, mais on en a discuté hier, justement, avec le ministre, puis ce n'est
pas soutenable d'augmenter à très long
terme les dépenses dans le programme québécois des infrastructures, parce qu'on
l'a compris, là, à 19 milliards de dollars, on est à la limite
potentielle de ce qui est réalisable. Puis là, bien, on le fait de façon...
pour remplacer temporairement... mais il ne faut pas se leurrer, M. le
Président, ça ne pourra pas durer à très long terme.
On a questionné le ministre, évidemment, sur le
plan des PME. On a vu une importante diminution du budget prévu. Nous, on était attentifs à ça. On était
attentifs à ça parce que c'est le coeur de l'économie du Québec,
270 000 PME à travers nos
17 régions économiques.
97,6 % de toutes les entreprises
québécoises dans le secteur privé, M. le Président, sont des PME. C'est le tissu économique, c'est le
coeur de l'économie québécoise, M. le Président. Malheureusement, le gouvernement
a décidé de couper par rapport à l'aide aux PME. On en a discuté hier, c'était
évident.
Évidemment, le retour
à l'équilibre budgétaire semble être précaire. On repose essentiellement sur la
crédibilité de la livraison d'un plan de retour à l'équilibre budgétaire, qui
repose lui-même sur des hypothèses plus qu'incertaines. On est conscients que la Colombie-Britannique
a eu des décotes, parce que,
justement, la tendance à la hausse du levier, c'est-à-dire la dette
nette par rapport au PIB, était inquiétante, les agences ont agi. Moi, pour
moi, c'est important que le Québec reprenne
cette discipline budgétaire, on en a de besoin, parce qu'on est dans les plus
endettés au Canada. On n'est définitivement pas avec une marge de manoeuvre
comme celle que nous avions laissée en 2018.
Et puis c'est
l'avenir de nos jeunes, M. le Président. On pige dans le Fonds des générations,
on réduit les contributions, on hypothèque
en faisant des déficits records après déficits records. Quelqu'un, en bout de
piste, va payer, M. le Président, puis c'est nos jeunes qui vont payer. Ça fait
que, pour moi, c'est important. C'est le legs qu'on leur... qu'on doit leur laisser. C'est une économie qui
est en forme, c'est des finances publiques qui sont en ordre, c'est un système
d'éducation qui fonctionne. Puis, pour nous,
M. le Président, tout ça est gérable en même temps. Malheureusement, ce gouvernement-là
n'a pas les priorités à la bonne place.
C'est un gouvernement
qui nous a créé un gouffre financier dans les dernières années, puis on a
besoin d'agir aujourd'hui pour pouvoir faire en sorte que notre économie soit
au rendez-vous, l'économie de l'avenir, l'économie de la propriété
intellectuelle, l'économie de propriétaires. On a besoin que le focus du gouvernement
soit là-dessus, M. le Président. Malheureusement, ce n'est pas ce qu'on a vu.
Maintenir des
déficits aussi importants sur une aussi longue période de temps imposera, c'est
certain, un coup de barre important. Puis,
quand on voit que les décisions difficiles, au niveau, par exemple, des
dépenses fiscales, sur les cinq, six, sept prochaines années, le
3 milliards qu'on a discuté avec le ministre... que, sur 3 milliards,
il n'y a seulement que 10 % du
3 milliards qui va être avant la prochaine élection, il y a 90 % de
ce qui est prévu comme coupes fiscales de la part du ministre qui vont
être après l'élection, qui vont être pour le prochain gouvernement, que, si la
tendance se maintient, M. le Président, ça ne sera pas la CAQ au pouvoir, donc
on pellette par en avant, on donne le trouble au prochain. C'est ça, ce
gouvernement-là, M. le Président.
On aurait de besoin,
en plus, que... On réalise que le plan de l'équilibre budgétaire déposé par le
ministre repose sur la générosité du fédéral, des sociétés d'État, qui vont
soudainement bien se comporter, que l'impact de la guerre tarifaire ne sera pas aussi grand que ce que
Desjardins prévoit, que les 6 milliards, qu'on n'a pas encore identifiés,
ne vont soudainement plus être nécessaires, que la croissance économique va
être de 1,1 %, contrairement à ce que Jamie Dimon a dit ce matin, au niveau de l'économie américaine.
On aura de besoin que l'augmentation du taux d'inclusion sur la taxe sur le
gain en capital se maintienne, puis tous les partis ont dit que c'était non.
Mais on aurait de besoin que tout ça se réalise, M. le Président, pour que le
déficit qui nous a été annoncé se maintienne, mais on comprend que les prérogatives
du gouvernement ne sont pas à la même place.
De
par le passé, on a critiqué à plusieurs... plusieurs fréquences, en fait, les
gaspillages nombreux, irresponsables du gouvernement, que ce soit avec
les chèques électoralistes, ou l'argent aux Kings de Los Angeles, ou que ce
soit dans Flying Whales, ou que ce soit dans Lion, ou que ce soit dans Taiga,
ou que ce soit dans Northvolt. On en a parlé, M.
le Président. Malheureusement, on ne voit pas la discipline, on ne voit pas
comment ce gouvernement-là va être capable de tenir la route. C'est un
gouvernement qui a perdu les contrôles des finances publiques, c'est un
gouvernement qui a perdu le contrôle des dépenses. C'est un gouvernement, M. le
Président, qui, normalement, aurait dû être élu pour sa saine gestion des finances publiques, avec une vision du développement
économique pour tous, avec au coeur de sa vision les PME du Québec. Malheureusement, M. le Président, ce n'est pas ce qu'on a eu. C'est pour
ces raisons que nous allons voter contre ce budget. Merci, M. le
Président.
• (11 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Nous poursuivons toujours le débat sur le... Pour la réplique, je reconnais M.
le ministre des Finances. Je vous rappelle, M. le ministre, que vous disposez
d'un maximum d'une heure.
M. Eric
Girard (réplique)
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci, M. le Président. Et, je vous rassure, je
n'aurai pas besoin d'une heure. Mais je
tiens quand même à souligner que nous avons eu, à la Commission des finances publiques, 10 heures de débats qui se sont
déroulées de façon courtoise et professionnelle, avec un président de
commission qui mène ça d'une main de maître,
et le personnel de l'Assemblée nationale, et tous les employés politiques, le
bureau du leader, les gens de l'opposition. Puis on a eu... Tant les députés
du gouvernement que les députés de l'opposition avaient des questions
extrêmement pertinentes sur le budget. Alors, ça a été un 10 heures bien
investi. Alors, merci pour ça.
Puis c'est un plaisir
d'intervenir. Malheureusement, on a perdu nos étudiants dans la galerie, il y
avait plusieurs étudiants tout à l'heure. Puis je ne sais pas si c'est un
jugement sur le discours des oppositions, mais ils ont quitté. Alors, j'aurais aimé ça qu'ils restent, mais
voilà, ils sont partis. Bon, c'est comme lorsque vous allez au théâtre, M. le
Président, vous avez le droit de quitter à l'entracte, là, mais, en
général, on reste pour la pièce au complet.
Bon. Et alors, c'est
évidemment un budget extrêmement complexe, dans un... c'est un budget complexe
dans un environnement extrêmement difficile.
Alors, ce n'est pas un budget comme les autres. C'était mon septième budget, le
septième budget de notre gouvernement. Puis je remercie le premier ministre
pour le privilège de servir au niveau des finances publiques.
Et,
si je pouvais résumer ce budget, je le dirais ainsi, M. le Président, face à la
grande incertitude, le gouvernement se
concentre sur la création de richesse, tout en protégeant les soins de santé et
l'éducation. Et aussi il réitère son engagement à la saine gestion des
finances publiques en présentant un plan de retour à l'équilibre budgétaire.
Alors, il y a vraiment trois niveaux, la
priorité qui est l'économie. On a une menace tarifaire, mais aussi une menace
existentielle à la structure de l'économie canadienne et de l'économie
québécoise, puisque nous sommes des économies ouvertes, axées sur le commerce
extérieur. Et, d'ailleurs, on a une relation mutuellement bénéfique avec notre partenaire américain depuis de nombreuses
années. Et cette relation-là, elle est au niveau des États, des institutions,
mais aussi des individus. Les Américains
sont nos amis. Et évidemment nous sommes un peu surpris, étonnés, bouleversés
par le traitement qu'on reçoit en tant qu'amis, ayant... le Canada, les
Canadiens, les Québécois ayant combattu de nombreuses guerres aux côtés des
Américains. Et, pas plus tard que récemment, nous avons combattu les feux de
forêt en Californie. Nous avons envoyé nos meilleurs pompiers habilités à
combattre les feux de forêt pour aider nos amis américains. Alors, on est un
peu surpris de la façon dont notre ami et voisin nous traite. Alors, face à
cette menace, priorité à l'économie, il faut, bien sûr, s'occuper de nos
principales missions de l'État. Alors, on protège la santé et l'éducation, et
nous sommes engagés dans une saine gestion des finances publiques.
Alors, c'est certain que le conflit commercial,
là, les menaces tarifaires, les bouleversements qu'on observe, bien, c'est
certain que ça affecte déjà notre économie, là, que ce soit au niveau de la
confiance, de l'investissement des entreprises, des exportations. En fait,
toutes les entreprises sont en attente de savoir si elles vont continuer
d'avoir accès au plus important marché au monde, le marché américain.
Et donc les perspectives économiques sont
assombries. Nous avons prévu, pour 2025, 1,1 % de croissance et, pour 2026, 1,4 %. Pour 2025, nous sommes
exactement à la moyenne des économistes du secteur privé que nous consultons
dans le cadre de l'élaboration du budget. Et puis c'est certain qu'on a abaissé
nos prévisions de croissance, parce qu'en fait,
M. le Président, en 2024, on a terminé l'année avec un excellent momentum. On a
révisé à la hausse nos prévisions de croissance pour 2024, qui étaient
de 1,2 %. Maintenant, c'est 1,4 %.
Et puis il faut savoir qu'avant cette menace
tarifaire, bien, les choses allaient bien au Québec, là. Si vous prenez l'écart
de richesse avec l'Ontario, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, il était de
16 %, et puis là on va atteindre 10 %,
en 2026, M. le Président. C'est exceptionnel, cette convergence, là, il faut
bien le dire. Puis, si vous regardez le revenu réel disponible, la
croissance, au Québec, est de 6,6 %, tandis qu'elle est de 3,9 % au
Canada. Et donc la situation de l'économie québécoise, avant le conflit
commercial, était, somme toute... notre économie était en santé. Et là, dans le
cadre du processus du budget, on a arrêté nos prévisions le 7 mars, et le
gouvernement américain a annoncé ses tarifs, contre-tarifs le 2 avril.
Alors, nous, on doit faire des hypothèses économiques de base, parce que ces
hypothèses économiques de base servent à
faire la prévision de revenus qui, avec les prévisions de dépenses, permettent
de faire les équilibres financiers, le cadre financier.
Alors, on avait une décision à prendre, alors
on... nous avons analysé, réfléchi. Puis on est dans le domaine de l'intuition
économique, là, on n'est pas dans le domaine des modèles. Il fallait décider
quelle hypothèse nous allions prendre quant
à l'imposition de tarifs par l'administration américaine. Alors, nous avons
fait l'hypothèse que la position actuelle de l'administration américaine
est une position de négociation visant à engendrer des concessions de ses
partenaires commerciaux. Donc, la pression est maximale, présentement, mais
cette situation-là ne pourra pas perdurer. Donc, nous avons fait l'hypothèse,
bien que tout le monde parlait de 25 % sur l'ensemble des biens et
services qui transitent la frontière canado-américaine... nous avons fait l'hypothèse
qu'en moyenne, pour une période de deux ans, les
tarifs seraient de l'ordre de 10 %, M. le Président. Et 10 % pour
deux ans, bien, c'est mathématique, M. le Président, ça peut vouloir dire 20 %, en moyenne, pour un
an, c'est équivalent, ou ça peut vouloir dire 20 % sur 50 % des biens
pendant deux ans. C'est une hypothèse.
Alors, suite à l'annonce du 2 avril, des
économistes chevronnés de la Banque Nationale et de Goldman Sachs ont qualifié
l'impact des tarifs imposés sur l'économie canadienne de l'ordre de 6 %,
M. le Président. Et donc notre hypothèse de 10 % est relativement
conservatrice. Et d'ailleurs plusieurs analystes qui avaient émis des réserves
quant à notre hypothèse de 10 % ont poliment, comme on dirait, ravalé
leurs paroles et dit : Bien, voilà, finalement, 10 %, ce n'était pas si mauvais, comme hypothèse. Parce
qu'il faut comprendre que deux ans, c'est long et que des tarifs sur tous
les biens et services qui transitent la
frontière canado-américaine et mexico-américaine, bien, ça va faire monter les
prix aux États-Unis, baisser la production et, potentiellement,
provoquer une récession. Où, M. le Président? En Amérique du Nord, parce que, là, on parle de récession
peut-être au Canada, au Québec. Mais, avant toute chose, il faut être bien
conscient que, s'il y a une
récession, ce sera une récession en Amérique du Nord, centrée sur les
États-Unis, qui sont la source de toute cette turbulence.
• (11 h 50) •
Alors, face à
cette menace, nous avons la responsabilité de transformer l'économie québécoise.
Et là, M. le Président, je vais vous demander de suivre une ligne du
temps, parce que les gestes qu'on pose suivent une ligne du temps très précise.
D'abord, il y a l'urgence. L'urgence, c'est la situation actuelle, où nous
avions des entreprises qui étaient profitables
avant l'imposition de tarifs, qui, avec cette imposition de tarifs, pourraient
faire face à des difficultés financières. Et donc nous avons... En fait, c'est
le premier ministre et la ministre de l'Économie, avant le budget, puisqu'on est
dans l'urgence, qui ont annoncé le programme FRONTIERE, doté de
1,6 milliard de liquidités, pour appuyer les entreprises.
Ensuite, il y
a la question de la transition entre l'urgence et la destination où on s'en va.
On fait quoi, M. le Président? Bien,
nous, puisque la dépense privée... puisqu'il n'y a pas d'investissement privé
qui va se faire tant qu'on ne saura pas... tant que nous ne saurons pas
si nous avons accès aux marchés américains de façon durable, dans le respect
des règles commerciales, bien, on a décidé d'augmenter les investissements
publics, les infrastructures publiques, qui passent de 153 milliards à 164 milliards, avec une... sur 10 ans,
avec une hausse de 11 milliards dans les trois premières années, une
hausse de 7 % du
plan québécois d'infrastructures sur 10 ans, et ça, ça va permettre la
transition entre une situation difficile, l'urgence, et la destination
ultime.
La
destination ultime, c'est quoi, M. le Président? Bien, c'est une situation où
nos entreprises québécoises réalisent le plein potentiel économique du Québec
avec des entreprises qui sont innovantes, qui investissent et qui dominent
sur l'échiquier mondial, c'est-à-dire qu'on
va vouloir diversifier nos marchés, réduire notre dépendance au marché
américain, et, pour performer sur l'échiquier mondial, en Asie, en Europe, en
Amérique du Sud, bien, il faudra des entreprises plus innovantes, plus performantes. Et donc on va les
aider à atteindre cette destination-là, mais, en attendant, pour faciliter la
transition, on va soutenir l'économie avec le plan québécois d'infrastructures.
Et puis il y a aussi
la question de l'espace économique canadien. Ça, je vais qualifier ça aussi,
dans mon échelle du temps, de transition, parce que le gouvernement actuel
canadien a dit qu'il voulait libéraliser l'espace économique canadien d'ici le
1er juillet. Donc, ça va se faire rapidement dans la transition.
Alors, au total, dans
le budget 2025‑2026, c'est plus de 5,4 milliards pour stimuler la
création de richesse, et puis, dans cela, M.
le Président, il y a 2,6 milliards pour une fiscalité propice à
l'investissement et l'innovation. D'abord, il y a 2,4 milliards pour poursuivre les mesures d'amortissement
accéléré. Puis là c'est quoi, ça, l'amortissement accéléré, là? Mes collègues entendent
ça, l'amortissement accéléré, c'est... Lorsque vous faites des dépenses en
capital, on vous permet de passer à la dépense... La première année, ces
dépenses-là, ça diminue votre revenu imposable, et donc ça augmente votre
rendement après impôt de vos investissements. Alors, voilà, ce qu'on amortit,
c'est des dépenses en capital. Et, lorsqu'on dit «amortir», c'est que vous
pouvez les soustraire de votre revenu imposable et... Bon, ensuite, bon, mon
prédécesseur était un partisan des fascicules, hein? C'était vraiment un
amateur de fascicules. Il y a un budget... Puis mon prédécesseur, là, je le salue. D'ailleurs, il a décidé de solliciter
un nouveau mandat de service public. Alors, on le salue, mais mon prédécesseur aimait les fascicules. Il
faisait des budgets avec une quinzaine de fascicules. Laissez-moi vous dire
qu'on m'en parle encore au ministère des
Finances. C'est comme si le ministère des Finances avait... écrivait la politique
de tous les autres ministères. Il y avait un
fascicule par ministère, finalement : voici ce que vous allez faire en
environnement, voici ce que vous allez faire au niveau de la famille, puis
voilà. Alors, moi, j'en ai fait deux, fascicules, en sept ans. Il y en
avait un sur le Plan pour une économie verte et, là, il y en a un sur
l'innovation. Et l'innovation, bien, pourquoi, M. le Président? Bien, d'abord,
on a une stratégie québécoise de recherche en innovation, qui était la deuxième
mouture, qui a été déposée en 2022. Il y a
eu un long processus de consultation, et on y voit, M. le Président, à la
page 14, que les dépenses d'innovation
du Québec sont insuffisantes parce qu'il y a eu des resserrements fiscaux au
niveau de la recherche et développement en 2014, puis les résultats sont
décevants.
Alors là, on a
décidé, puis là je m'en vais à la page 21, de créer un nouveau crédit
d'impôt, qu'on va appeler le CRIC, le Crédit
d'impôt pour la recherche, l'innovation et la commercialisation des innovations,
et puis là, à la page 21, on voit que le crédit d'impôt, il est
simplifié et bonifié, c'est-à-dire qu'on abolit neuf crédits d'impôt pour en
remplacer par un seul, plus généreux,
bonifié, qui permettra en plus de subventionner les salaires des chercheurs,
les dépenses en capital et les dépenses de précommercialisation. Alors,
voilà pour le 2,6 milliards fiscal, le CRIC, le crédit d'impôt recherche, innovation, commercialisation, mais ce sera le
pilier fiscal de l'innovation du Québec, et on s'engage à mesurer sa performance
dans les prochaines années.
Ensuite, il y a
900 millions qui est accordé pour la réalisation de projets d'entreprises.
Ça, c'est de l'aide directe qui est octroyée par Investissement Québec dans les
projets d'entreprises. Il y a également 759 millions pour favoriser l'apport des régions à la création de richesses.
Et là je vais prendre mon budget et vous donner, tout de suite, ce dont on parle. On parle, évidemment, d'agriculture, de
forêt, de tourisme, d'Internet... de cellulaires, bref, un effort important au niveau
de l'apport des régions à la création de richesses. Et je tiens à dire que,
lorsqu'on parle des régions, on ne parle pas
seulement des ressources naturelles, il y a évidemment aussi des entreprises
innovantes de technologie, d'innovation en région.
J'annonce...
J'ai également annoncé 6,8 milliards pour soutenir les Québécois et
améliorer les services à la population. Il y avait, bien sûr, 3,9 milliards pour assurer une meilleure
prestation de soins de santé et services sociaux en améliorant
l'accessibilité et la qualité des soins. Je pense, M. le Président, que... Vous
savez qu'on fait des choses extrêmement importantes,
en santé. Il y a des réformes au niveau de la gouvernance avec l'arrivée de Santé Québec, il y a des investissements importants en infrastructures, il y a eu
des investissements dans nos ressources humaines, dans la qualité de nos
données, dans les technologies de l'information, mais, à mon niveau à moi, là,
qui n'est pas impliqué directement dans ce qui se passe, en santé, je
vous résume ça en disant qu'on veut améliorer l'accès et la qualité des soins.
Ensuite, il y a
1,1 milliard pour encourager la réussite scolaire et le développement des
jeunes. Comme vous le savez, la réussite
scolaire est un objectif central de ce gouvernement. Au Québec, on a des défis.
Évidemment, la pandémie a amené certains retards sur lesquels on doit
travailler. Et puis on garde toujours un oeil attentif sur la situation des
garçons qui performent moins bien que les filles dans nos écoles. Et on veut,
donc, poser des gestes qui vont favoriser la réussite scolaire de l'ensemble
des étudiants, mais tout en gardant... tout en étant conscients de qui a
particulièrement des difficultés.
• (12 heures) •
550 millions
pour le bien-être des personnes vulnérables, dont 300 millions pour
soutenir l'accès au logement, ça, M. le
Président, on a décidé de mettre... je pense que le chiffre exact, c'est
185 millions, et qui est doublé par un apport du gouvernement fédéral,
au niveau de la rénovation des HLM. Alors, on a une entente avec le fédéral qui
permet de doubler notre intervention. Et il y a également des programmes de
supplément au loyer supplémentaires avec des ressources, en santé, pour
l'accompagnement pour les personnes vulnérables, ou en situation d'itinérance,
ou de grande difficulté. Alors, on les aide
à se trouver un logement et on les assiste. L'aide au Supplément au loyer vient
du ministère de l'Habitation, et
c'est le ministère des... en fait, c'est le ministère de la Santé et Services
sociaux qui amène les services pour aider ces personnes-là.
Il
y a aussi 715 millions pour mettre en valeur la culture et l'identité
québécoises, dont 544 millions en culture, M. le Président. Et les deux véhicules qu'on utilise, et c'est une
approche que nous avons prise durant la pandémie, c'est, évidemment, le
CALQ, le Conseil des arts et des lettres du Québec, et la SODEC. La SODEC,
c'est pour aider les entreprises du domaine culturel, et le CALQ, les artistes.
Il
y a également, dans le budget, 636 millions pour appuyer les
collectivités, dont 332 millions pour le développement durable et
la vitalité des territoires.
Au total, dans ce
budget, c'est donc 12,3 milliards de mesures concentrées sur la création
de richesse et la protection des services publics. Le coût net, M. le
Président, est ramené à 9,3 milliards en raison des efforts pour améliorer
le régime fiscal. Je vous rappelle qu'au budget 2024-2025, face à la
hauteur du déficit, qui, soit dit en passant, a
été révisé à la baisse... Nous avions prévu un déficit de 11 milliards
après contribution au Fonds des
générations, il a été révisé à 10,4 milliards. Au sens comptable,
lorsque vous retirez les versements au Fonds
des générations, vous mettez sur
une base comparable, il s'agit de 1,3 % du PIB ou 8,1 milliards.
Alors,
il y a 277 dépenses fiscales dans le régime fiscal québécois. On en a...
Nous en avons analysé 170, M. le Président, depuis le
budget 2024-2025, et en collaboration avec des experts comme la chaire en
finances publiques de l'Université de
Sherbrooke, ou la chaire
Jacques-Parizeau des HEC, ou, bon, bref, le CIRANO, le centre interuniversitaire.
Alors, c'est quoi, les critères qu'on a pris
pour cet examen? Bien, c'est l'équité, l'intégrité, la simplicité du régime
fiscal et la pertinence des mesures, parce qu'il y a des mesures, M. le
Président, qui ont été créées il y a 30 ans. Puis, il y a 30 ans, le taux de chômage du Québec était de
plus de 10 %. Alors, c'était normal de subventionner la création d'emplois.
Mais, lorsqu'on est au plein emploi, bien,
il est moins pertinent de subventionner la création d'emplois, et donc on
actualise notre régime fiscal.
Alors,
on a décidé de recentrer les activités du crédit d'impôt d'affaires
électroniques vers quoi, M. le Président? Bien, vers la valeur ajoutée, la
création de valeur, c'est-à-dire l'intelligence artificielle. On a décidé de
recentrer le crédit d'impôt relatif aux ressources vers les minéraux
critiques et stratégiques. C'est... c'est immédiatement. On a décidé
d'uniformiser la taxe sur les primes d'assurance avec la TVQ. Alors, on passe
de 9 % à 9,97 %, presque 1 %.
Actualiser le droit
additionnel sur les véhicules de luxe. Alors, au Québec, un véhicule de luxe,
M. le Président, c'était 40 000 $.
Alors, je ne peux pas vous dire le nombre de lettres qu'on recevait, au
ministère des Finances, pour dire que la prime d'un véhicule de luxe à
40 000 $, ce n'était pas tellement actualisé avec le contexte
d'aujourd'hui. Un véhicule de luxe coûte plus que 40 000 $.
Alors, on a augmenté cette limite à 62 500 $, M. le Président, qui
permettra à des modèles tels que le Grand Caravan et le RAV4 de ne plus être
assujettis à cette taxe sur les véhicules de luxe.
On a instauré une
contribution annuelle sur les véhicules hybrides et rechargeables. Pourquoi, M.
le Président? Parce que c'est la taxe
spécifique sur l'essence qui paie l'entretien des routes et du transport en
commun via le Fonds de réseaux de
transport terrestre. Mais, comme il y a de moins en moins de véhicules à
essence, bien, les revenus chutent, puis la demande d'entretien, elle, est toujours forte. Donc, on va demander,
à partir de 2027, une contribution additionnelle, sur les véhicules
hybrides et rechargeables, de 125 $. Et voilà.
Alors, la saine
gestion des finances publiques est évidemment un élément essentiel d'un bon
gouvernement. Nous déposons, tel que prévu
par la loi, un plan de retour à l'équilibre budgétaire. Les gestes identifiés
permettent l'atteinte de l'équilibre comptable en 2029-2030, ce qui est
un exploit dans le contexte difficile dans lequel nous sommes. Et il reste un
écart à résorber qui devra être identifié pour atteindre l'équilibre budgétaire
après contribution au Fonds des générations, qui est la définition de
l'équilibre budgétaire la plus stricte au Canada.
Il me reste
approximativement cinq minutes, M. le Président, puis je veux vous amener à la
page la plus importante du budget, ma favorite, la page A.21, où il y a un
schéma qui explique ce qui se passe au niveau des finances publiques au Québec. Et qu'est-ce qui se passe, M.
le Président? C'est que le poids des dépenses dans l'économie, suite à...
qui était... Le poids des dépenses dans
l'économie, qui était à 24,4 % du PIB avant la pandémie, a explosé à
30 % dans la pandémie, O.K.,
parce que les gens... J'entends des fois... les critiques disent : Bien,
on vous a laissé un surplus en 2018‑2019. Vous nous avez laissé un surplus de
5 milliards. C'est... On l'a souligné, oui, les finances publiques étaient
en bon état, mais les dépenses ont augmenté
de 20 % durant la pandémie parce qu'il y avait une pandémie, puis il
fallait combattre le virus. Et donc
on est passés, les dépenses, de 24,4 % du PIB à 28 %, puis
aujourd'hui on est à 26,3 %. Et puis, pour revenir à l'équilibre
budgétaire, M. le Président, il faudrait être à 25 %.
Et puis pourquoi les
dépenses en proportion du PIB sont élevées? Bien, bien sûr, il y a eu la
pandémie, et la pandémie... Il y a beaucoup de dépenses que nous avons
identifiées comme temporaires, durant la pandémie, qui se sont avérées
permanentes. Par exemple, M. le Président, par exemple, les primes que nous
avons payées au personnel dans le réseau scolaire, dans le réseau de la santé,
qui étaient temporaires, face au virus, se sont... ont été intégrées aux
conditions de travail de nos employés du secteur public dans le cadre de la
négociation avec les employés du secteur public. Donc, les mesures temporaires
sont devenues permanentes.
Ensuite, il y a eu
une période d'inflation, parce que, vous le savez, au sortir de la pandémie, la
Russie a envahi le territoire de l'Ukraine et a provoqué une hausse des taux
d'intérêt, de l'inflation, via le secteur de l'énergie, a coupé le gaz à
l'Europe, et puis on a eu une poussée de l'inflation. Puis, au même moment, on
a eu une très forte augmentation de la population au Canada, M. le Président, 2023‑2024,
plus de 3 % de croissance de population, alors que, traditionnellement, au
Canada, la population augmentait de 1 % par année. Au Québec, c'était
2,6 % et 2 %. Donc, augmentation de population, augmentation de la
demande sur les services.
Alors, tout cela, M. le Président, fait
qu'aujourd'hui le niveau des dépenses dans l'économie est à 26 % et que,
puisque le niveau des revenus, qui, lui, était à 26 % avant la pandémie,
qui aujourd'hui est à 25 % parce que nous avons baissé les impôts, augmenté
les allocations famille, amené le 2 000 $ pour aînés... Ça, c'était
26 % du PIB. Les revenus sont 25 %
aujourd'hui. Alors, pour revenir à l'équilibre budgétaire, vous aurez compris
que le niveau de dépenses qui est à
26 % devra converger à 25 % pour rejoindre les revenus sur cinq ans.
Si je voulais vous dire ça dans une phrase simple, je vous dirais que le poids des dépenses
devra s'arrimer graduellement avec celui des revenus dans les cinq prochaines
années pour revenir à l'équilibre budgétaire.
Alors, le déficit
comptable en 2024‑2025, 8,1 milliards, 1,3 % du PIB, révisé à la
baisse. Celui de cette année, 10,4 milliards...
excusez-moi, 11,4 milliards, 1,8 % du PIB, et, après Fonds des générations, 13,6 milliards. Mais, là-dedans, M.
le Président, il y a évidemment 2,2 milliards de contribution au Fonds des
générations puis 2 milliards de provision, parce que, devant la grande
incertitude, c'est là que j'ai commencé mon discours, bien, on maintient
2 milliards de provision cette année et l'an prochain pour faire face à
l'incertitude.
• (12 h 10) •
Bref,
nous avons un déficit comptable de 1,8 % du PIB. Et la situation est
difficile pour tout le monde, M. le Président. C'est 2,5 % en
Colombie-Britannique, c'est 1,4 % en Nouvelle-Écosse, c'est 1,1 % en
Alberta et ce sera sûrement plus de 2 % au fédéral. Nous sommes à 1,8 %. On aimerait que ce soit plus bas. C'est
gérable. On s'en occupe. On a un plan, au niveau de l'examen des
dépenses fiscales, qui est complété. Ma collègue la présidente du Conseil du trésor
a un examen, au niveau des dépenses budgétaires, qui est intégré au plan de
retour à l'équilibre budgétaire. On demande un effort additionnel des sociétés
d'État. Et donc on a un plan crédible pour revenir à l'équilibre budgétaire.
Alors, M. le Président,
en conclusion, le budget 2025‑2026, c'est quoi, M. le Président? C'est
que, face à la grande incertitude économique, existentielle dans laquelle nous
sommes, nous faisons le choix de nous concentrer sur l'économie, de protéger
les services publics. Nous avons le devoir de répondre à l'incertitude
économique avec des actions économiques. Oui, ça a un impact sur les finances
publiques, mais il faut ordonner ces priorités, M. le Président. Notre économie est menacée de façon existentielle.
Donc, les finances publiques vont devoir, à court terme, attendre un peu, parce
que la priorité est à l'économie. Mais on a un plan pour revenir à l'équilibre
budgétaire sur cinq ans qui est crédible.
Et évidemment, M. le Président, nous allons protéger les services publics,
continuer d'investir en santé et éducation, au bénéfice de tous les
Québécois.
Alors, encore une
fois, M. le Président, je vous remercie. Le budget 2025‑2026 était un
exercice complexe dans un contexte
extrêmement difficile. Je remercie tous les collaborateurs qui ont travaillé
avec moi sans relâche, on parle de
soirs, de fins de semaine, de nuits, M. le Président, un exercice complexe. Je
remercie les employés du ministère des Finances, les membres de mon cabinet,
tous les employés du gouvernement qui ont été impliqués indirectement dans ce
processus qui était extrêmement difficile. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le ministre des Finances. Cette réplique met
donc fin au débat sur le discours sur le budget.
Je vous informe que
les motions formulant un grief présentées dans le cadre de ce débat sont toutes
recevables.
Conformément à
l'article 277 du règlement, nous allons maintenant procéder au vote sur
les motions formulant un grief présentées à
l'occasion du débat sur le discours sur le budget et sur la motion du ministre
des Finances proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire
du gouvernement.
Je mets d'abord aux
voix la motion formulant un grief présentée par M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste multirécidiviste des
déficits pour son manque de vision, de rigueur et de contrôle dans sa gestion
des finances publiques.»
Cette motion est-elle
adoptée?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote électronique a été demandé. Qu'on appelle les... Ah! Attendez. M. le leader
adjoint du gouvernement.
Une voix : ...
Votes
reportés
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, conformément à la demande du leader adjoint du
gouvernement, les votes sur les motions
formulant un grief et sur la motion du ministre des Finances seront tenus à la
période des affaires courantes de demain. Merci.
M. le leader officiel...
Non? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article 12 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 91
Adoption
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement. À
l'article 12 du feuilleton, M. le
ministre de la Justice propose l'adoption du projet de loi n° 91, Loi instaurant le Tribunal
unifié de la famille au sein de la Cour du Québec.
Je reconnais comme premier intervenant M. le
ministre de la Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci. M. le
Président, chers collègues, simplifier le parcours des enfants et des familles,
c'est l'objectif autour duquel nous sommes réunis aujourd'hui et c'est
précisément ce que vise le projet de loi n° 91, Loi
instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec.
Par cette pièce législative, le gouvernement
donne corps à une idée qui mûrit depuis plus de 50 ans au Québec. En effet,
l'idée d'un tribunal unifié de la famille a traversé les décennies et a
transcendé les allégeances politiques. Le gouvernement libéral de Robert
Bourassa a été le premier à se positionner en faveur d'un tel projet dès le
début des années 1970. Dans son rapport
paru en 1975, le Comité du droit des personnes et de la famille documentait
déjà les effets néfastes du
fractionnement des compétences en matière familiale sur le parcours judiciaire
des enfants et de leurs parents, 1975, M. le Président. Et, si le comité
recommandait, à cette époque, une unification du droit de la famille,
soulignons également qu'il préconisait déjà les modes alternatifs de règlement
en espérant qu'un tel tribunal puisse favoriser, dans les meilleures conditions, le règlement des différends conjugaux soit
par le recours à la conciliation soit par des décisions judiciaires
mieux éclairées sur le caractère particulier des conflits.
Dans les
années qui ont suivi, le gouvernement de René Lévesque s'est lui aussi
rangé derrière l'idée d'une structure unifiée
en matière familiale. La vaste réforme du droit de la famille menée par le
ministre de la Justice Marc-André Bédard prévoyait initialement la mise en place d'un tribunal de la famille
complet et intégré. Mais le projet n'a jamais vu le jour, faute d'avoir
obtenu l'aval du gouvernement fédéral.
Vous le constaterez comme moi, le passé a pris
des airs de présent, et, malgré une volonté maintes fois réitérée, les choses
ont peu bougé, M. le Président. Les conséquences sur les enfants, les
incohérences pouvant survenir dans des
décisions touchant une même famille, la perte de temps et d'argent provoquée
par le parcours labyrinthique qui leur est imposé, tout cela n'a pas
changé.
Ce qui a changé, en revanche, c'est la posture
du gouvernement. Le Québec, depuis 2018, est entré dans une nouvelle ère
constitutionnelle. En plus de répondre aux recommandations du rapport Rebâtir
la confiance et du rapport Laurent, la création d'un tribunal unifié au
sein de la Cour du Québec traduit une volonté du Québec d'accroître son autonomie et d'affirmer la primauté de son droit
privé, civil et, par conséquent, familial, tel que le recommande le rapport
du Comité consultatif sur les enjeux constitutionnels du Québec au sein de la
fédération canadienne.
Contrairement aux gouvernements précédents, qui
attendaient d'obtenir l'aval du gouvernement fédéral pour entamer la création d'un tribunal unifié de la
famille, nous avons la conviction qu'il n'appartient qu'à nous de prendre les choses
en main, et c'est ce que nous faisons, pour paraphraser Mme Régine Laurent
lors de son passage en commission parlementaire.
Elle dit : «La résistance au changement était peut-être acceptable à une
époque, mais ce ne l'est plus, et il est
de notre devoir à tous de garder en tête, maintenant et pour toujours, les
impacts négatifs du statu quo dans le morcellement des juridictions entre les différents tribunaux
sur les enjeux qui touchent les enfants et leurs familles. Il n'en tient qu'à
nous d'agir pour y mettre fin», M. le Président.
Le projet de
loi n° 91 que nous sommes en voie d'adopter vient ici poser les premiers
jalons vers la création d'un tribunal unifié de la famille au sein de la
Cour du Québec.
En plus de
ses responsabilités actuelles en matière d'adoption, de protection de la
jeunesse et de violence familiale, la
Cour du Québec se voit confier la compétence d'entendre les
recours judiciaires liés à l'union parentale, à l'union civile et à ceux
impliquant une grossesse pour autrui.
Le projet de loi prévoit également
l'instauration d'un parcours simplifié qui s'appuie principalement sur la
médiation et la conciliation. Un traitement accéléré simplifié et un
accompagnement plus structuré ne pourra être que bénéfique pour les familles,
comme le soulignaient certains médiateurs familiaux venus témoigner en
commission parlementaire. Ce sont d'ailleurs 85 % des parents qui
entreprennent un processus de médiation qui parviennent à une entente
actuellement.
Désormais, la médiation sera obligatoire. Les
parties devront participer à un processus de médiation en amont de
l'instruction d'une affaire devant un juge. Les parents seront ainsi amenés à
discuter et pourront prendre part à la solution
pour régler leurs litiges. Il en va de soi que les parents qui participent au
règlement de leurs conflits ressortent plus satisfaits que ceux qui se
voient imposer un jugement.
Cela dit, M. le Président, et c'est fort
important, nous sommes conscients que la médiation obligatoire n'est pas
appropriée dans tous les contextes, notamment lorsqu'il y a présence de
violence conjugale, de violence sexuelle et
de violence familiale. Nous avons d'ailleurs entendu les préoccupations des
intervenants à cet égard et nous avons bonifié le projet de loi afin de
prévoir la possibilité pour une personne victime de violence de se soustraire
du processus de médiation en déposant une
attestation confidentielle, en plus de la possibilité de s'exempter en
alléguant être victime, qui était déjà prévue dans la mouture initiale
du projet de loi.
• (12 h 20) •
Donc, je veux être très clair, M. le Président,
aucune personne victime de violence conjugale n'aura à aller en médiation. C'est très clair. C'est inscrit dans le
projet de loi. Et il
y a des exceptions qui sont nommément
prévues pour les victimes de violence conjugale, de violence sexuelle,
de violence familiale. Elles n'iront pas en médiation.
Nous avons aussi retiré la possibilité pour un
juge de sanctionner une personne qui aurait faussement allégué être victime de violence afin d'éviter qu'elle ne
soit réticente à l'invoquer. Cette modification-là, M. le Président, a
également été faite à la demande des groupes de soutien aux personnes
victimes.
Maintenant, si les parents ne parviennent pas à
s'entendre en médiation, ils se verront proposer une séance de conciliation. Cette séance, à laquelle les deux
parties doivent consentir, se déroule devant un juge en présence des deux parents
et de leurs avocats, s'ils sont représentés.
Si, lors de cette séance, les parties parviennent à s'entendre, le juge pourra
officialiser l'entente. Et, si, au contraire, les parents
ne parviennent toujours pas à une entente, une audience sommaire pourra se
tenir le même jour afin de permettre au juge de trancher les différends qui
demeurent. Un jugement sera rendu au plus tard 30 jours après l'audience.
Une séparation amène son lot de défis et
engendre inévitablement des changements de vie importants. Le passage dans le
système de justice ne doit pas représenter une épreuve de plus dans un moment
déjà difficile pour les familles. Avec le
projet de loi n° 91, nous offrons un parcours plus simple, plus rapide,
moins dispendieux et plus humain aux enfants et aux familles qui doivent
passer par le système de justice. Le projet de loi n° 91 vient parachever
la vaste réforme du droit de la famille que nous avons menée tous ensemble ces
dernières années avec l'adoption des projets de loi nos 2, 12 et 56.
Tout au long de nos travaux, nous avons placé
l'intérêt des enfants au coeur de nos décisions, et c'est ce que nous devons
avoir tous à l'esprit aujourd'hui lorsque nous serons appelés à voter sur
l'adoption de ce projet de loi. Les enfants
et les familles du Québec ont attendu près de 50 ans pour voir la création
d'un tribunal unifié de la famille, ne les faisons pas attendre plus
longtemps. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de la Justice. Toujours dans
le débat sur l'adoption du projet de loi n° 91, je reconnais M. le
député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci, M. le Président.
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui à l'étape de l'adoption du
projet de loi n° 91, Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au
sein de la Cour du Québec.
Alors, on a travaillé, l'opposition officielle,
dans toutes les étapes de ce projet de loi. J'écoutais M. le ministre, dans son
allocution, qui disait, effectivement, que c'étaient des demandes du Québec
depuis longtemps, et c'est vrai. Elles n'avaient pas abouti parce
qu'effectivement il y a des enjeux constitutionnels importants. M. le ministre
a décidé, lui, de réorganiser la loi et de
présenter un projet de loi qui va faire en sorte qu'on va donner une compétence
accrue à la Cour du Québec, mais, je vous dirais, et ça, plusieurs experts
l'ont dit, ça ne va pas nécessairement simplifier le processus, parce
que, le nombre de causes qui pourront être entendues, on n'en a pas un nombre
précis présentement.
Et il y a
deux éléments qu'il manque et qui sont importants dans le projet de loi, c'est
toute la question, évidemment, du mariage et des divorces, parce que ça
va rester à la Cour supérieure, donc, autant d'éléments qui vont rester,
évidemment, à régler éventuellement. M. le ministre nous disait : Bien, il
faut faire quelque chose, c'est un pas. Alors, moi, je vous dis, M. le Président, que c'est un bien, bien petit pas
pour éventuellement avoir un tribunal unifié de la famille au Québec.
Le projet de loi aurait pu être bonifié
davantage. Je vais vous parler brièvement, brièvement d'un amendement que j'ai
proposé et qui a été accepté par le gouvernement, et c'est, notamment, une
modification au projet de loi. On a maintenant l'article 1.1 qui traite,
évidemment, de la possibilité d'octroyer une pension alimentaire dans le
contexte de compromission à la Cour du Québec,
ce qui n'avait pas été pensé non plus dans le projet de loi à son stade initial
quand nous l'avons reçu. Donc, ça,
effectivement, ça va diminuer un peu la multiplication des recours, mais c'est,
évidemment, un bien, bien petit pas.
Et permettez-moi... permettez-moi de citer
plusieurs experts que nous avons entendus lors des consultations particulières, qui sont venus nous parler du
projet de loi n° 91 sur le tribunal unifié. Et je vais citer la
Pre Costanzo, qui est professeure au Département des sciences
juridiques de l'Université du Québec à Montréal, et qui nous dit ceci avec la
structure proposée, et je la cite : «La structure n'unifie pas les
procédures qui concernent les matières familiales. Au contraire, elle morcelle
davantage le système judiciaire en retirant de la Cour supérieure les litiges
relatifs aux unions civiles, et aux unions parentales, qui sont, en date des
présentes, des unions de fait avec enfants, et aux conventions de grossesse
pour autrui.»
Donc, contrairement à ce qu'on peut penser, le
projet de loi, c'est un très petit pas, mais ça n'aura pas pour effet de
simplifier les procédures. Ça risque, effectivement, de les complexifier. Et ce
n'est pas moi qui le dis, c'est une experte dans le domaine, évidemment, du
droit de la famille. Alors, autant d'éléments qui, je pense, auraient pu être pensés davantage, bonifiés davantage, qui ne
l'ont pas été, et donc on se ramasse avec le projet de loi que nous avons
aujourd'hui.
Mais moi, M.
le Président, j'aimerais vous parler de deux ou trois éléments qui ont
particulièrement, particulièrement attiré mon attention. Et je cite
également le mémoire de la Fédération des associations de familles
monoparentales et recomposées du Québec,
parce qu'effectivement, dans un premier temps, puisqu'on ne parle pas de
mariage et de divorce, on va parler, évidemment, de personnes qui sont
en union civile. Et on nous dit, entre autres : «Une des préoccupations de l'association, ça a toujours été la
simplification du droit familial et un souci d'accessibilité. Or, le projet de
loi n° 91 semble venir encore une fois complexifier celui-ci ou, du
moins, sa mise en oeuvre.» Et donc ça ne va pas nécessairement aider à
simplifier, mais ça va plutôt, comme c'est souligné, et je cite, «créer de
nouvelles dispersions des compétences judiciaires», donc pas nécessairement une
simplification.
Mais il y a un élément, il y a un élément dont
j'aimerais vous entretenir, M. le Président, et qui touche un article du projet de loi, c'est l'article... c'est
l'article 6, parce que M. le ministre y faisait référence tout à l'heure,
et c'est toute la question de la
médiation obligatoire. Ma compréhension, quand nous étions en étude article par
article... M. le ministre nous expliquait que c'était le coeur de son
projet de loi. Or, la médiation obligatoire dans le cadre des séparations, je vous soumets, M. le Président, que ce n'est pas
une bonne idée, encore moins, encore moins quand il s'agit de personnes
qui souffrent de violence sexuelle ou de violence conjugale.
Il
est vrai, il est vrai que le projet de loi a été modifié et qu'une personne qui
vit une situation de violence sexuelle, violence conjugale ou de violence
familiale pourrait en être exemptée si elle remplit un formulaire à cet effet.
Mais elle devra quand même remplir le formulaire. Ce n'est pas
automatique. Et ce que des groupes sont venus nous dire, et il y a plusieurs
groupes qui l'ont répété, même en fin de semaine, en tenant une conférence de
presse, et ça, ce sont des groupes qui sont habitués d'accompagner des
femmes... Et je dis «des femmes» parce que, dans la majorité des cas, ce sont des femmes victimes de violence conjugale.
Et ce qu'elles nous disent, ce que ces groupes-là nous disent, ce qu'ils
nous disent, c'est : Écoutez, ce n'est pas une bonne idée, parce que,
d'abord, il y a des femmes qui ne veulent pas divulguer
l'état dans lequel elles sont ou il y a des femmes qui vont quand même se
soumettre à la médiation obligatoire pour essayer de régler le dossier le plus rapidement possible. Ça pose toute
la question d'un véritable consentement libre et éclairé. Et ça, le
projet de loi ne vient pas corriger cette situation-là.
• (12 h 30) •
Et je comprends qu'il y a eu également un
amendement qui fait en sorte que, dorénavant, si une personne a dénoncé cet état de fait, elle n'ira pas en
médiation obligatoire. Et, si jamais, si jamais il y avait des retards, un juge
ne pourrait pas, s'il y avait une
fausse déclaration, imposer des frais. Mais il n'en demeure pas moins que le
noeud, le coeur du problème n'est pas là. Et, moi, ce que je demandais au
ministre de la Justice, c'était de faire en sorte qu'on offre la médiation, mais
qu'elle ne soit pas obligatoire. Et donc
cette idée-là n'a pas été retenue, et je pense que c'est important d'en parler
parce que c'est un élément qui va complexifier, à mon avis, l'existence
ou la vie de plusieurs femmes au Québec.
Donc, permettez-moi, permettez-moi de référer
encore une fois au mémoire de la Fédération des associations de familles
monoparentales et recomposées du Québec, qui posait la question, à la
page 6 de leur mémoire : Pourquoi rendre la médiation obligatoire?
L'association ou, pour être plus précis, la fédération des associations
soulignait qu'ils ont toujours été favorables à la médiation familiale.
Cependant, ils énonçaient clairement dans leur mémoire que la rendre
obligatoire comporte des risques importants pour les cas où il y a de la
violence. Et c'est justement ce que j'essayais d'éviter avec la discussion que
j'avais avec M. le ministre pendant l'étude article par article.
Donc, évidemment, on... Et puis on prend la
peine de nous le dire : «Même si le projet de loi n° 91 prévoit qu'il
puisse y avoir des exceptions dans des cas de motifs sérieux — ce
qui est l'état du projet de loi — nous pensons que cela comporte des
dangers.» Cela comporte des dangers. Alors, pourquoi, en débutant, en créant un
tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec, on débute, pourquoi
on va exposer des femmes, dans la majorité des cas, à une situation de danger?
Et ce n'est pas moi qui le dis. Moi, je suis la voix de tous ces groupes et ces
associations qui en ont fait état pendant les consultations particulières, et
ça, il faut absolument que ce soit dit.
Et d'ailleurs, dans le même mémoire, on disait,
bien sûr, et on a écouté M. le ministre, simplifier les litiges familiaux,
mettre l'intérêt de l'enfant au centre du droit de la famille, c'est évident.
Et ça, M. le Président, on a tous ça à coeur, c'est clair et précis.
Maintenant, dans le mémoire, on disait : «Toutefois, ce nouveau parcours
simplifié proposé par le ministre soulève des interrogations. Il est prévu que,
si les parents n'arrivent pas à s'entendre lors d'une médiation, suivra ensuite une séance de conciliation.» Les deux parties
n'arrivent pas une entente? Il y aura une audience sommaire. Et évidemment que va-t-il en résulter?
La fédération craint que cette procédure puisse s'avérer nuisible pour
le parent le plus vulnérable. Et vous comprendrez, M. le Président, que, pour
moi, éviter que des parents vulnérables se voient imposer une situation, bien,
c'est quelque chose qu'il faut évidemment dénoncer.
J'aimerais, dans les minutes qui me sont
allouées, faire référence à des situations de médiation familiale vécues par
des femmes victimes de violence conjugale et démontrer, et ces cas-là sont
réels, démontrer qu'au fond, même si le projet de loi offre la possibilité pour
des femmes de s'y soustraire, dans bien des cas, il y en a qui ne le feront
pas. Et là on va les soumettre à un processus où leur consentement ne sera pas
libre et éclairé, où elles vont vivre des situations excessivement difficiles
qui pourraient être à leur détriment.
On nous dit, par exemple, que le contrôle
coercitif est difficile à détecter. Et, parmi les exemples qu'on nous donne, on fait référence, par exemple, à la
personne A, une femme pour qui le processus de médiation a été invivable.
On nous souligne : son ex-conjoint la menaçait dans sa langue
maternelle devant le médiateur qui ne pouvait comprendre les insultes qu'elle
devait subir. En sortant de chaque rencontre, elle se retrouvait dans sa
voiture, apeurée. Est-ce que vous pensez
que, dans une situation comme ça, la personne va aller signer le formulaire
puis elle va invoquer des motifs sérieux, notamment la violence
sexuelle? Je ne le pense pas, M. le Président. Pourtant, c'est ce qu'elle va
devoir faire si elle veut se soustraire à la
médiation obligatoire telle qu'il sera imposé dans le projet de loi parrainé
par M. le ministre.
Un autre exemple frappant, éclairant, de
violence psychologique et verbale. Dans le cas de B, c'est monsieur qui est
sorti deux fois en claquant la porte de la salle de médiation. Le médiateur a
déclaré, selon le témoignage, qu'il exagérait et a demandé à B d'aller le
chercher. «Malgré cela et malgré le fait qu'il ait proféré des insultes et
qu'il ait eu des comportements démontrant des signes de violence conjugale, la
médiation s'est poursuivie.»
Ça, M. le Président, ce sont des cas réels. Ce
sont des cas qui arrivent. Ce sont des cas qui sont vécus. Et, moi, comme porte-parole de l'opposition officielle en
matière de justice, ce que je veux, c'est éviter que ça, effectivement, ça
se produise. Et, avec le projet de loi
n° 91, où on aura de la médiation obligatoire, bien, ça risque
malheureusement d'arriver.
Un autre cas, le cas de C qui, lors des
premières séances de médiation, se rappelle comment son ex parlait beaucoup. Il
ne lui laissait pas de place, il tentait par tous les moyens de faire imposer
ses idées. Mme C mentionne à quel point elle se sentait seule et que le
médiateur ne l'aidait pas beaucoup. Elle nomme qu'elle croyait que le rôle du
médiateur était un peu comme un arbitre et qu'il l'aurait aidée. Ce n'est pas
ce qu'elle a vécu. Et son constat est le suivant :
soit il n'était pas préparé à ce genre de situation, soit son rôle n'était que
d'écouter. Elle ne s'est pas sentie appuyée.
Un autre cas de harcèlement, cette fois-ci,
instrumentalisation des enfants. Madame nous partage le genre de messages
textes ou de courriels qu'elle recevait plusieurs fois par jour entre les
séances de médiation. Elle nomme qu'à ce
moment elle arrivait, à chaque séance, la peur au ventre, après plusieurs nuits
d'insomnie, ne sachant pas dans quel état serait son ex-conjoint. Parfois, il pouvait
lui écrire plusieurs messages le soir ou la nuit précédant une séance. C'est
aussi un cas réel. Donc, madame a vécu le processus et elle ne s'en est
pas sortie.
Une autre expérience
d'une dame qui a accepté de laisser tomber les arrérages de la pension
alimentaire, en plus de sa part de la valeur
de la maison, en échange de la garde exclusive de ses enfants. On dit que
madame a acheté la paix, craignant pour la sécurité et la vie des
enfants.
Alors, prenons le cas
de madame ici, là, qui a renoncé à la pension, à des aliments, parce qu'elle
craignait pour la sécurité et la vie de ses enfants et qu'elle a acheté la
paix. Pensez-vous que, si, demain matin, madame avait à suivre le processus
prévu dans le projet de loi n° 91, pensez-vous qu'elle irait signer le
formulaire? Je n'ai aucune indication, dans
son témoignage, qu'elle le ferait. Au contraire, ce qu'elle raconte, c'est
qu'elle, elle a voulu acheter la paix. Donc, dans le cas même du projet de loi n° 91, elle irait
en médiation obligatoire pour acheter la paix à son détriment. Et j'ai
fondamentalement un problème avec ceci.
Un autre exemple, la
vie de madame, elle est sur l'aide sociale, elle a trois jeunes enfants. Elle
ne voyait aucun autre choix que d'aller en médiation, n'ayant plus aucune
énergie suite à cette relation. Son objectif n'était que de survivre et de protéger ses enfants. Le plus
important pour elle était d'avoir la garde exclusive, et l'ex-conjoint le
savait. C'est ce qu'elle nous raconte
dans son témoignage : «Malgré le fait qu'il ne se soit jamais engagé dans
la vie et le bien-être de ses enfants, son ex-conjoint a obtenu une garde
partagée, ayant pour seul objectif autoproclamé de verser une pension alimentaire réduite. Une fois le processus
complété, il n'a jamais rempli ses obligations. Madame a donc une garde
exclusive, sans pension alimentaire, et refuse catégoriquement de
retourner en médiation.»
• (12 h 40) •
Si madame avait à
revivre le processus, tel que prévu dans le projet de loi n° 91, M. le
Président, même avec l'exception de l'article 6, pensez-vous sincèrement
que madame irait signer le formulaire, irait invoquer des motifs sérieux? Moi,
je me fie à son témoignage, c'est tout ce que je peux faire en cette Chambre aujourd'hui
à ce stade-ci. Mais ce que son témoignage dit, c'est que son objectif n'était
que de survivre et de protéger ses enfants. Elle ne voyait aucun autre choix
que d'aller en médiation, n'ayant plus aucune énergie suite à cette relation.
Alors, si vous prenez
textuellement le témoignage de madame, M. le Président, avec le projet de loi
n° 91 en vigueur, il y a une
séparation, madame, elle va retourner en médiation. Est-ce que c'est pour le
bien des enfants? Est-ce que c'est pour le bien de madame? Et c'est
cette situation que je dénonce, M. le Président, parce que, quand on reprend ce
témoignage, on nous le dit, elle refuse catégoriquement de retourner en
médiation. Donc, pour elle, c'est terminé, terminé.
Mais elle a vécu un processus qui l'a sûrement marquée pour toujours, pour le
reste de sa vie. Le projet n° 91, là, le projet de loi n° 91 ne va
pas faire abstraction à ça et ne va pas corriger ça, M. le Président.
Et finalement un
autre cas, autre expérience de madame qui est allée en médiation car elle
n'avait pas assez d'argent pour se payer un
avocat dans le privé. Et il est vrai. C'est exact. C'est la situation
présentement, M. le Président. Présentement,
le gouvernement paie des heures en médiation, mais ça, on est venu nous le dire
pendant les consultations particulières,
puis il faut... il faut en tenir compte, il faut en parler, M. le Président, il
y a de moins en moins de médiateurs parce que les honoraires payés par
le gouvernement ne sont pas assez élevés. Il n'y en a pas assez, et c'est un
enjeu de taille. Puis en plus il y a un
nombre d'heures qui est payé. Alors, si la médiation se poursuit, bien, c'est
ou bien aux frais des conjoints ou, à ce moment-là, ils vont tout
arrêter, puis j'imagine qu'à ce moment-là ils vont aller devant un juge. Mais il y a une chose qui est sûre, M. le
Président, c'est que, là, avec le projet de loi n° 91, la médiation va
devenir obligatoire, sauf exception.
Si les médiateurs
étaient venus nous dire, et j'en parle ouvertement en cette Chambre, si les
médiateurs étaient venus nous dire, M. le
Président : Il n'y a pas de problème, il y en a tellement, des
médiateurs au Québec, on ne sait pas quoi faire, on attend. Aïe! Ça va être le
fun. Il va en avoir plus de place, pour nous. On va être efficaces. Ce n'est
pas ça qu'ils nous ont dit. Ce n'est pas ce qu'ils disent. Ils ont une
formation. Il n'y en a pas assez. Les tarifs du gouvernement ne sont pas assez
élevés. C'est ça, la réalité. Puis c'est ça qu'il faut dire aux Québécois puis
aux Québécoises qui nous écoutent. C'est
beau, dans un texte de projet de loi, dire : Ah oui! La médiation
obligatoire, c'est parfait, ça va régler le problème. Oui. Encore là faut-il
que le gouvernement mette en place des éléments pour que ça arrive, parce que,
présentement, ce qu'on est venu nous dire en commission, c'est que ça
n'arriverait pas.
Mais permettez-moi de
continuer avec l'exemple de madame. Elle est allée en médiation car elle
n'avait pas assez d'argent pour se payer un avocat dans le privé. Elle n'a pas
divulgué la violence conjugale par peur de perdre sa crédibilité. Alors, en
quoi, M. le... Ça, c'est un témoignage vécu, là. Moi, je ne l'invente pas. En
quoi le projet de loi n° 91 va venir aider madame? Elle n'a pas
divulgué la violence conjugale par peur de perdre sa crédibilité. Alors, ma compréhension de l'amendement du ministre,
c'est que, si on coche qu'il y a des motifs sérieux, bien, il faut quand
même... ou qu'on démontre, qu'on allègue qu'il y en a, bien là, à ce
moment-là, on pourra... on pourra sortir de la médiation obligatoire. Mais, si
on ne le divulgue pas, on va forcer une dame qui vit de la violence conjugale à
aller en médiation obligatoire? J'essaie de comprendre, M. le Président, puis,
honnêtement, je ne comprends pas. J'essaie de voir en quoi le projet de loi n° 91 va aider quelqu'un, et
puis, sincèrement, dans ces cas-là qui, moi, me préoccupent profondément, je
ne vois pas comment ça va aider.
Permettez-moi de
continuer avec cet exemple. Elle n'a pas divulgué la violence conjugale par
peur de perdre sa crédibilité. Pourtant, elle a peur de lui. Il la surveille,
lui fait des menaces régulièrement. Il revendique de cesser de communiquer par
écrit pour plutôt pouvoir lui parler au téléphone. Dès la première rencontre de
médiation face à son agresseur, elle perd tous ses moyens, se désorganise,
alors que lui est très calme, cohérent et raisonnable. La médiatrice n'a pas compris pourquoi madame réagissait ainsi
et la médiatrice ne lui a pas posé davantage de questions pour comprendre
ce qui créait son désarroi.
Alors, retenons, retenons certains
mots-clés dans cet exemple, M. le Président, «pas divulgué la violence
conjugale par peur de perdre sa
crédibilité», et pourtant elle avait peur de l'ex-conjoint, et, dès la première
rencontre en médiation, ça n'a pas très bien fonctionné.
Pourquoi, pourquoi le
gouvernement veut soumettre, avec le projet de loi n° 91, des femmes qui
vont être appelées, malheureusement, à revivre l'expérience de madame ici?
Pourquoi? Ça aurait été tellement simple, tellement simple de la part du
ministre de dire : Oui, oui, il va y en avoir, de la médiation, on va
l'offrir, le service, mais ça ne sera pas obligatoire. Parce que, justement,
dans les cas de contrôle coercitif, dans les cas de violence sexuelle, dans les
cas de violence conjugale, dans les cas de violence familiale, c'est souvent
très difficile à détecter, et, c'est documenté, il y a des conjoints qui ne le
diront pas. Ce n'est pas moi qui l'invente, là. On a rencontré plusieurs
groupes, notamment le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence
conjugale, l'Alliance MH2, qui sont venus nous le dire, et permettez-moi,
permettez-moi de citer leur mémoire, à l'article 13 : «D'abord,
rendre la médiation obligatoire créera une pression sur les femmes victimes de
violence conjugale, qui seront ainsi incitées à participer au processus malgré
l'exemption qui leur est proposée. Ensuite, c'est la voie qui sera privilégiée
par les professionnels du droit, et l'obligation de participation deviendra un
puissant outil de contrôle pour les auteurs de violence. Enfin, les femmes
victimes qui y participeront et leurs enfants seront mis en danger par ce
processus, et leurs besoins seront assurément invisibilisés. En effet,
plusieurs femmes rapportent déjà — plusieurs femmes rapportent déjà — que
la médiation est, pour elles, une suite logique. Si elles se séparent, elles
doivent aller en médiation.» Et effectivement il y a des études. On cite Côté, Lapierre et Frenette, qui soulignent
en 2025 : «Dans certaines circonstances, une femme victime de contrôle
coercitif pourrait elle-même se priver de
liberté, s'isoler elle-même», et donc faire en sorte qu'elle va vivre,
évidemment, et continuer à vivre une situation de violence. Alors, moi,
je vous pose la question, M. le Président. Pourquoi?
Et,
comme je vous dis, j'ai écouté M. le ministre dans son allocution. Bien, moi,
j'apporte un écho très différent à ce qu'il nous a dit. Moi, j'ai écouté ces
groupes et j'ai entendu un message très différent de ce que le gouvernement dit.
Est-ce que, dans plusieurs cas, ça va fonctionner? Probablement, je le
souhaite, à condition, encore, M. le Président, que les ressources judiciaires soient là. On nous dit, dans le budget,
qu'il y a un montant de prévu. Très hâte de voir comment ça va se matérialiser dans les faits. Mais, il y a
une chose qui est sûre, avec le projet de loi tel qu'il est rédigé il n'y a
aucune, aucune garantie — en fait, c'est plutôt l'inverse — qu'il
n'y a pas des femmes victimes de violence ou de contrôle coercitif qui n'iront
pas en médiation obligatoire. Avec quel résultat? Ah! ça va aller vite. Ah!
pour aller vite, ça va aller vite. Vous
savez, des fois, M. le Président, avec la justice, il faut aussi prendre son
temps pour s'assurer que la justice soit rendue correctement. C'est
fondamental. C'est pour ça qu'on a des tribunaux qui sont indépendants.
• (12 h 50) •
Comprenez-moi bien,
comprenez-moi bien, je ne vous dis pas que la médiation, ce n'est pas important,
je ne vous dis pas que l'arbitrage, ce n'est pas important, ce n'est pas ça,
mon propos, mais il y a des circonstances où, quant à moi, là, on devrait laisser les gens libres de choisir ce qu'ils
veulent faire. Et là le ministre veut les forcer, puis je vous démontre,
M. le Président, que l'exemption prévue à la loi, dans plusieurs cas, ne
fonctionnera pas, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est les groupes qui
accompagnent des femmes au quotidien. C'est ça, la réalité.
Et
permettez-moi, permettez-moi également de souligner... Dans le mémoire du Jeune
Barreau de Montréal, il y a aussi une
référence à la médiation obligatoire, et qui s'intitule La vulnérabilité
accrue des victimes de violence conjugale. On dit... Bien sûr, une
partie pourrait évoquer un motif sérieux, et je cite à la page 10 de leur
mémoire : «Bien que ce motif invoqué puisse demeurer confidentiel, l'autre
partie peut facilement en deviner la nature ou se douter, du moins, que ce
motif est suffisamment sérieux.»
Je comprends qu'on va demander une allégation. Ce
n'est pas une procédure excessivement complexe. Ce n'est pas ce que je dis. Il
va quand même y avoir un document à quelque part qui va le dire, parce que,
sinon, la médiation est obligatoire, et donc il faudra ici justifier
l'exemption. «Il est alors à craindre que la victime puisse subir des
représailles, de l'intimidation ou de l'abus
psychologique de la part de son agresseur. Cette situation est particulièrement
préoccupante si la séparation entre les parties n'est pas encore
officialisée, plaçant alors la victime dans une position où elle pourrait
préférer le silence à une dénonciation qui mettrait sa sécurité et celle de ses
enfants en péril.»
Et là permettez-moi,
permettez-moi de faire un regroupement avec le témoignage que je vous lisais
précédemment. Ça, c'est le Jeune Barreau de Montréal, et l'Association des
Jeunes Barreaux de Région, et le Jeune Barreau
de Québec, c'est dans leur mémoire : «Elle pourrait préférer le silence à
une dénonciation qui mettrait sa sécurité et celle de ses enfants en péril.» Puis, quand on revient au cas que je
vous citais précédemment, ce que la personne disait : «Elle n'a pas
divulgué la violence conjugale par peur de perdre sa crédibilité.» Donc, vous avez
plusieurs intervenants qui sont venus nous dire clairement, M. le
Président : S'il vous plaît, n'allez pas là.
Moi, j'ai une autre
question plus globale à poser. Aujourd'hui, en 2025, en 2025 au Québec, on
peut-tu laisser les femmes décider? On peut-tu juste les laisser décider? On
est-tu obligés de les forcer à faire quelque chose? Même si c'est une allégation, même si le formulaire
n'est pas long à remplir, on veut vraiment leur imposer ça? Parce que c'est
ça qui va arriver. Clairement, avec le projet de loi n° 91,
c'est exactement ça qui va arriver. Puis là, bien, il y a de la documentation à
l'effet que, bien oui, il y en a, malheureusement, qui vont préférer le silence
à une dénonciation.
Puis
il y a deux autres éléments, M. le Président, et ça, j'ai posé la question au
ministre, je n'ai pas eu de réponse claire, ça m'inquiète au plus haut point.
J'ai dit : O.K., parfait, M. le ministre, ça va être facilité, le
formulaire, très bien. Ils vont cocher le motif sérieux. L'autre
conjoint va avoir une idée, là, parce que l'autre conjoint sait comment ils vivent leur situation, n'est-ce pas, hein? Puis,
une fois que le formulaire aura été mis dans une enveloppe, parce qu'on nous
dit que ça va être confidentiel, il y a quand même quelqu'un au greffe qui va
le lire pour faire en sorte que la victime va être exemptée de la médiation
obligatoire, «motif sérieux». Alors, qu'est-ce qu'il va faire, le
fonctionnaire, avec ça?
Ce qu'on m'a répondu, c'est : Il y a de
l'accompagnement. Mais, encore, si la personne indique, motif sérieux, «violence
familiale», on va faire quoi? Ils vont laisser ça là? La personne va repartir
chez elle? Je n'en ai aucune idée, mais il y a une chose que je sais cependant, c'est
que, quand j'ai posé la question à M. le ministre, la réponse n'était pas claire. Il ne semblait pas avoir un plan très
précis en tête pour nous dire : Oui, oui, il va arriver ça, ça, ça, on a
un protocole a, b, c, d, voilà ce
qu'on va faire, on va accompagner la personne. J'ai hâte de voir ce que ça va
donner. En fait, non, je n'ai pas hâte de voir ce que ça va donner, en fait, M.
le Président, et ça, c'est un autre élément troublant du projet de loi n° 91.
Donc,
pour ces raisons-là, la médiation obligatoire, ce n'est pas une bonne idée, pas
dans le cadre de ce projet-là. Ça aurait été tellement facile de laisser
les gens décider. Enfin.
Il y a deux autres
éléments aussi dont j'ai parlé, c'est... Et je vais terminer sur la médiation
obligatoire avec le mémoire qui vient de l'Association des médiateurs familiaux
du Québec. Ce n'est quand même pas banal, là, c'est eux qui vont la faire, la médiation. Alors, à la page 9 sur 22 de leur
mémoire, ils disent : «En se basant sur leur pratique, les
médiatrices sont convaincues que de nombreuses victimes de violence conjugale
ne vont pas s'autodéclarer pour s'exclure de
la...» Ça vient des experts. Bravo! Nous, là, le Parlement, on va adopter ça
puis on va les forcer à y aller. Super!
Je termine avec une
référence aux Premières Nations, parce que j'ai aussi le privilège d'être le
porte-parole pour l'opposition officielle
pour les relations avec les Premières Nations et les Inuits. Ils nous ont écrit
parce que, chez les Premières
Nations, ils ont déjà des mécanismes de médiation, ils ont déjà des mécanismes
autres pour régler des situations. Et ils nous ont très bien expliqué
qu'eux, ce qu'ils craignent, c'est effectivement que les médiateurs accrédités
n'aient pas toutes les compétences et la connaissance de ce que vivent les
Premières Nations, de leur culture, de leurs traditions.
Et j'ai posé la
question à M. le ministre : Les avez-vous consultés? La réponse,
c'est : Ah! moi, je suis toujours prêt à parler aux gens. Oui, bien, ça,
M. le Président, avec respect, je n'appelle pas ça une consultation. Moi aussi,
je suis toujours prêt à écouter, mais, en
plus de ça, dans mon travail, on consulte en amont. Visiblement, ça n'a pas été
fait, parce que, quand ils nous ont écrit, ho! il n'y avait aucune
référence à ce qu'il y avait eu des consultations au préalable.
Alors,
ça va venir faire quoi, le projet de loi n° 91, pour les Premières
Nations? M. le ministre disait : Reconnaissez-vous que les lois
s'appliquent sur le territoire du Québec? Bien oui, c'est sûr qu'elles
s'appliquent sur le territoire du Québec, M. le Président, des lois
québécoises. Bien, justement, c'est ça, le problème. Là, qu'est-ce qui va
arriver avec les Premières Nations? On ne le sait pas. On va voir ce que ça va
faire. Puis pourtant, pourtant, ils nous ont... ils nous ont écrit, ils ont des
mécanismes en place, ils ont des lois, même, qui traitent des biens immobiliers
matrimoniaux, ils ont des conjoints de fait,
etc. Est-ce qu'il y aura un arrimage? Tout ce qu'on peut vous dire aujourd'hui,
M. le Président, c'est qu'on espère que oui, mais, quant à la suite, on
n'en a pas, d'idée.
Alors, le temps file,
M. le Président, je ne sais pas combien il me reste de temps, peut-être une
minute.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Vous avez jusqu'à un maximum de 60 minutes.
M. Morin : Oui,
mais on...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ah! il vous reste à peu près... moins de...
1 min 2 s.
M. Morin : Très bien, on va terminer à 13 heures. Donc,
ce sont, ce sont, M. le Président, les points que je voulais faire ressortir de ce projet de loi, les points
qui font en sorte que, pour ma formation politique, pour moi, comme
porte-parole de l'opposition officielle, je suis incapable de voter en
faveur de l'adoption de ce projet de loi là.
Le ministre avait
toutes les cartes dans son jeu pour mettre en place un projet de loi qui aurait
sûrement fait l'unanimité. Je lui ai tendu
des perches, il ne les a pas prises. On a parlé de ça à plusieurs reprises.
Pour lui, c'était essentiel, la médiation obligatoire. Bien, voilà.
Alors, voilà ce que ça va donner. Puis, quant aux relations et à l'arrimage
avec les Premières Nations, on verra ce que ça va donner aussi.
Donc, moi, là, M. le
Président, là, je n'ai pas du tout envie d'être celui qui va appuyer un projet
de loi qui va faire en sorte qu'au Québec
des femmes de violence conjugale vont aller en médiation obligatoire, et c'est
la raison pour laquelle, M. le Président, je vais voter contre
l'adoption du projet de loi n° 91. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Alors, compte tenu... compte tenu de l'heure, et afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par
les députés de l'opposition, cet après-midi, le présent débat sur
l'adoption du projet de loi n° 91 est ajourné.
Les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon après-midi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée constate l'abandon, le
report
ou la suspension de nombreux projets d'infrastructure
Donc, nous
sommes toujours aux affaires courantes. Et, à l'article 75 du feuilleton,
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme la députée
de Jeanne-Mance—Viger
présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale constate qu'en date de la dernière reddition de comptes
réalisée le 30 novembre 2024, plus d'un tiers des projets visés par
la Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure ne sont
toujours pas en phase de réalisation, et ce, malgré les pouvoirs exceptionnels
contenus dans cette loi;
«Qu'elle
prenne acte de l'annulation, du report ou de la mise sur pause de nombreux projets
d'infrastructure dans la foulée de la publication du Plan québécois des
infrastructures 2025-2035;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale constate que l'inscription d'un projet au Plan québécois
des infrastructures ne constitue plus une garantie raisonnable de
réalisation d'un tel projet.»
Je vous informe que
la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion
inscrite par Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger s'effectuera comme
suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique, 53 min 30 s sont allouées
au groupe parlementaire formant le gouvernement, 28 min 14 s
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
17 min 50 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
7 min 26 s sont allouées au
troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s sont allouées à chacun
des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle
aux députés indépendants que, s'ils veulent intervenir au cours de ce débat,
ils ont 10 minutes pour en aviser la présidence à partir de maintenant.
Maintenant, je suis
prête à céder la parole à Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Alors, si on est ici, aujourd'hui, c'est parce
que le gouvernement, quand il est arrivé au pouvoir, en 2018, ça fait déjà sept
ans, il avait 7 milliards dans les coffres, 7 milliards de surplus
qu'on leur avait... que nous avons laissés au gouvernement; aujourd'hui, en
2025, la CAQ accumule des déficits records année après année. Le gouvernement a
dilapidé des fonds publics à cause de leurs mauvais choix, à cause de
gaspillages comme SAAQclic, Northvolt, les Kings de Los Angeles, et j'en passe.
Avec la CAQ, on n'a aucune prévisibilité, aucune vision, aucune rigueur dans
les finances publiques.
L'improvisation
économique de ce gouvernement coûte cher à l'économie du Québec. Les promesses
faites aux villes, aux entrepreneurs, aux citoyens pour des projets
d'infrastructure majeurs ont été abandonnées, laissé les Québécois dans
l'incertitude, et qui freine le développement économique de notre province.
Avec la CAQ, on avance, on recule, on fait des promesses, on les retire, on
recycle même des annonces deux, trois fois, Mme la Présidente. Demandez-vous
pas d'où viennent les dépassements de coûts. Demandez-vous pas pourquoi les
projets n'avancent pas depuis les sept dernières années.
Depuis 2020, les
exemples sont nombreux. Prenons l'exemple du REM de l'Est. Et pourquoi je parle
de 2020, Mme la Présidente? Parce que c'est
là qu'on a adopté le projet loi n° 66 pour accélérer les
projets, puis j'aurai l'occasion de revenir sur le projet de loi. Depuis
2020, les exemples... le REM de l'Est, exemple, il a été annoncé, reporté,
annoncé et reporté. Le gouvernement a retiré
le projet dans les mains de la CDPQ Infra, le laissant dans le fond d'un tiroir
quelque part en privé... en privant des milliers de citoyens de cette
infrastructure-là. Ce qui est ironique, c'est qu'il continue de l'annoncer.
D'ailleurs, parlons-en,
de l'est de Montréal. On va rester dans l'est. J'étais au sommet lundi, le
sommet de l'est de Montréal, il y avait 800 personnes présentes, Mme la
Présidente. Savez-vous qu'est-ce qui était sur les lèvres de tout le monde?
C'était l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Personne ne comprenait comment ça se
fait qu'on avait des ministres, des députés
présents qui étaient sur la scène, qui, dans le fond, faisaient des annonces
recyclées, qui avaient le courage de dire devant 800 personnes que l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, c'est une priorité. Le ministre de la Santé est allé devant l'hôpital, Mme la Présidente, il a
dit : La pépine s'en vient en 2024. Un petit peu plus tard, il a
dit : Je me suis trompé. Au moins, lui a le courage de dire qu'il
s'est trompé.
En même temps du
sommet, on a le ministre des Infrastructures, avec Mario Dumont, qui dit... La
question de M. Dumont, c'était :
M. le ministre, comment vous faites pour prioriser vos projets? C'est quoi...
quels sujets... comment vous sélectionnez vos projets? Il dit :
Bien, c'est une question de priorisation. Bien, je vais prendre le ministre au
mot. Il y a des plafonds qui tombent, Mme la
Présidente, il y a de l'eau et des dégâts d'eau dans les urgences, il y a des
trous dans les murs, qui servent de poubelle, il y a un cri de coeur de
tous les médecins. D'ailleurs, je vais vous dire, là, qu'est-ce que les... comment les médecins se sentent en ce moment, ils
disent : On se sent trahis par ce gouvernement-là. Ils disent que
c'est irresponsable d'avoir reporté les travaux.
Puis juste vous dire,
là, pour que vous compreniez, des projets qui sont annoncés, retirés, annoncés,
c'en fait partie. En août 2021, le ministre de la Santé annonce pour la
première fois... il donne le feu vert à l'agrandissement de l'hôpital. Il
réserve, en plus, 2,5 milliards de dollars. Septembre 2023, le coût
de la construction, bon, évidemment, les travaux,
avec l'inflation, a augmenté. Le ministre retourne puis il dit, en 2023 devant
l'hôpital, il dit : Écoutez... Il était avec M. Roy, je pense, Patrice Roy, si je ne me
trompe pas. Il dit : Là, cette fois-ci, c'est la bonne, cette fois-ci, là,
attendez-vous, là, la pépine s'en
vient. Le projet a été retiré du PQI. Moi, j'ai feuilleté le programme de...
plan d'infrastructure, je ne le vois pas, l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Je demanderais au ministre de me dire à quelle page que
je peux le trouver. Parce que nous, on a regardé, on ne le voit pas.
C'est urgent, Mme la
Présidente. Si Maisonneuve-Rosemont ne rentre pas dans l'urgence ou si ça ne
rentre pas dans les priorités du ministre,
on a un enjeu. Je me demande qu'est-ce qui pourrait rentrer dans ces
priorités-là. Comment, M. le ministre, vous pouvez demander aux citoyens
de vous faire confiance? Comment vous pouvez oser...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui, M. le député... M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Donc, vous savez qu'on doit toujours s'adresser à
vous lorsqu'on fait des interventions. On essaie de ne pas s'interpeler ici,
dans cette Chambre. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez poursuivre en étant prudente, en vous adressant à moi.
Mme Rotiroti : Bien,
je vais le dire de cette façon-ci : Comment que les Québécois peuvent
croire ce gouvernement-là? Aujourd'hui, comment on peut dire... même que
le ministre va l'annoncer, comment on peut donner la garantie aux gens de l'est de Montréal et surtout au personnel de
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont que cette fois-ci, c'est vraiment la bonne?
Se poser la question, c'est d'y répondre.
• (15 h 10) •
C'est partout pareil, Mme la Présidente. Que ce
soit en santé, en éducation, en transport, depuis les sept dernières années, on
se demande vraiment où sont les priorités de ce gouvernement. Les conséquences
de ce manque de planification, c'est un frein de notre croissance économique et
surtout une diminution de l'offre de services publics pour les Québécois. Ce qui se passe, c'est que le gouvernement jongle
avec les finances publiques sans souci, au détriment des citoyens et des services. Chaque dollar mal
investi est un dollar en moins pour nos services essentiels. Votre gestion,
la gestion de ce gouvernement est inefficace, et ça fait mal à tous les
Québécois.
On peut parler de nos régions. Quand le
gouvernement fait une annonce puis un projet d'infrastructure en région, bien, c'est tout l'écosystème qui s'active
autour. Ça, ça veut dire... qu'est-ce que ça veut dire? C'est les villes, les
entrepreneurs, des promoteurs qui se mobilisent autour d'un projet. Et, quand
la CAQ annule, quand le gouvernement annule
ou change d'idée, bien, c'est aussi eux qu'on laisse tomber. Ces partenaires
aussi sont les grands perdants du manque de vision et de l'improvisation de ce gouvernement. Il y a
des municipalités qui jouent un rôle majeur, Mme la Présidente.
Ce sont elles qui gèrent 60 % des infrastructures publiques. Pourtant, le
gros titre le lendemain du dépôt du PQI : La FQM déplore un recul
important du financement des infrastructures municipales. Ce n'est pas moi
qui le dis, c'est la FQM : «Le ministre des Finances annonce une baisse
inacceptable de soutien gouvernemental au renouvellement des infrastructures
municipales.» J'avoue, je suis d'accord avec la FQM, Mme la Présidente, c'est
inacceptable. Il est impératif que ce
gouvernement rende des comptes sur sa gestion des finances publiques et sur les
raisons qui l'ont poussé à abandonner
des projets cruciaux. C'est la question que tout le monde se pose. Les villes,
les entreprises, les entrepreneurs, les PME ont été laissés en plan par
un gouvernement sans vision.
La CAQ s'est
donné les outils pour supposément accélérer les projets d'infrastructure. Puis
ça, Mme la Présidente, c'est
exactement la motion. On dit... On parle de le projet de loi n° 66 qui a été adopté en 2020. Ce projet de loi promettait une
relance rapide et musclée de l'économie par l'allègement des procédures
administratives sur des dizaines de projets d'infrastructure
publique, pour être précis environ, à peu près 180 projets.
180 projets rentraient... pouvaient utiliser ce projet de loi là
pour accélérer ces projets-là pour qu'on puisse les faire.
Cinq ans plus tard, les résultats sont loin des
attentes que le gouvernement avait. Il y a plusieurs projets qui n'ont même pas
franchi les étapes préparatoires. On parle... je répète, 180 projets qui
devaient bénéficier de cette voie rapide.
Savez-vous combien parmi eux ont vu le jour? 23 %. C'est à peu près 40, 42 projets.
Ils ont adopté ce projet de loi en urgence parce qu'ils voulaient
construire leurs 180 projets rapidement. On est à 23 % cinq ans plus
tard, Mme la Présidente. Et, sur... dans le
PQI de 2021, on estimait les coûts pour ces 180 projets là... on parlait à
l'époque de 55 milliards. Je n'ose même pas imaginer comment...
combien ça va coûter aux Québécois aujourd'hui.
Mais le projet de loi n° 66
n'était pas assez pour le gouvernement, il avait besoin d'un deuxième projet de
loi, Mme la Présidente, que moi-même, j'ai
siégé avec le ministre, le projet de loi n° 62 sur les contrats de
collaboration en matière d'infrastructures publiques, présenté comme une
modernisation de contrats... de cadres contractuels. Ce projet de loi là, il venait
s'inscrire dans la nouvelle stratégie pour accélérer la construction
d'infrastructures publiques et de réduire le coût. Le ministre
d'Infrastructures et la vice-première ministre parlaient d'une petite
révolution à cette époque-là. L'objectif du projet de loi n° 62,
là, Mme la Présidente, là, attachez votre tuque, là, c'était d'aller... pour
que les projets aillent plus vite, 25 % plus vite et 15 % moins cher.
Deux projets de loi pour accélérer les projets, mais celui-là était particulier
parce que, là, ça nous coûtait 15 % moins cher, en plus. On a impliqué
davantage le privé dans la réalisation des
projets et on créait des nouveaux contrats de partenariat. Je répète, là, les
projets vont aller 25 % plus vite et vont nous coûter 15 %
moins cher.
On les attend toujours, ces projets-là. On verra
le... On verra qui qui a bénéficié... quels projets ont bénéficié de cette voie rapide. Deux projets de loi, chacun
avec des objectifs pour aller plus vite, et, malgré ça, Mme la Présidente, le
gouvernement, pas capable de livrer des projets, il a complètement perdu toute
crédibilité en matière d'infrastructures au Québec.
Comment le
ministre aujourd'hui peut se lever... Parce que c'est ça qu'il va faire, là.
J'ai posé quelques questions cette semaine, et il se lève en Chambre, et il dit
qu'il est fier de son PQI, un PQI qui, aujourd'hui, ne tient plus la
route.
Les projets d'infrastructure moderne sont le
socle d'une société en santé, avec une économie prospère. Les projets
d'infrastructure au Québec ne sont pas des luxes... un luxe mais des
nécessités. Le développement économique du Québec passe par des infrastructures
solides et pérennes. Pour y arriver, ça prend un plan, ça prend une vision et
du courage. Ce gouvernement ne livre sur aucun de ces points.
Le PQI est un échec de planification de ce
gouvernement-là. C'est des fausses promesses et des annonces bâclées. C'est ça, le résultat de leur PQI, Mme la
Présidente. Les Québécois ont le droit de savoir où vont leur argent. Vous aimez
beaucoup dire que vous avez haussé le PQI de 11 milliards de dollars.
On va l'entendre ça, tantôt, de la part du ministre. Non
seulement qu'il est fier, mais il est fier parce qu'il a augmenté le PQI de
11 milliards. Vous avez raison, M. le ministre, c'est vrai, vous l'avez
augmenté de 11 milliards, mais où sont les projets?
Je répète,
les Québécois ont le droit de savoir comment vous dépensez leur argent. C'est
l'argent des Québécois qu'on dépense, Mme la Présidente. J'aimerais que
le ministre me dise combien d'argent qu'on a perdu parce qu'ils ont arrêté des projets en cours de route. Exemple, je vais
vous donner un exemple, là, puis je pense que vous allez tout comprendre
avec l'exemple, le chantier du garage Newton
stoppé par la CAQ, on risque de perdre 94 millions. 94 millions de
dollars. Ce n'est pas moi qui le dis, là, c'est dans un article de
journal. Le titre de l'article : Chantier du garage Newton stoppé par
la CAQ : risque de perdre 94M$ et de devoir annuler... En plus, ils
doivent annuler... l'entreprise doit annuler un contrat de 113 bus
électriques.
Des projets comme ça, Mme la Présidente, là,
j'aimerais ça qu'il me dise combien de ce type de projets là qu'on a, combien de l'argent qu'on a gaspillé. On
aurait pu peut-être faire Maisonneuve-Rosemont, Mme la Présidente. Les Québécois méritent un gouvernement qui planifie
avec rigueur, et qui respecte ses engagements, et oeuvre véritablement
pour le développement et le bien-être de sa population. J'aimerais ça vous
parler de la longue série de projets annoncés et promis par ce gouvernement qui
a été abandonnée au niveau du PQI. Ça, là, Mme la Présidente, c'est des projets
qui sont retirés de le programme québécois des infrastructures. Portez une
attention particulière au montant d'argent dépensé déjà, mais là je vous répète,
là, c'est des projets qui sont retirés.
• (15 h 20) •
Réseau des
voies réservées à Québec et à Montréal, 844 millions de dollars qui
ont été engagés, dépensés, O.K., ça ne
verra jamais le jour, Mme la Présidente. Bonification du Projet du grand Sud-Ouest
de Montréal, ça, là, c'était 19,4 millions, à l'ARTM, au cours des
dernières années, pour en faire l'évaluation et la réalisation du dossier
d'opportunité, on ne le voit plus. On ne sait pas si le projet va voir le jour.
On ne le sait pas. Bonification du projet structurant du transport collectif à
Laval, son retrait pourrait affecter la croissance économique et la qualité de
vie des résidents, mais on ne sait pas qu'est-ce qu'il en est. Électrification
du centre de transport de la STM, l'annulation de ce projet compromet les
efforts de transition énergétique dans le secteur des transports,
647 millions en 2025, il y a une perte de 94 millions en argent déjà
dépensé. Phase II du réaménagement de la tête des ponts de Québec et
Pierre-Laporte, ça, c'est dans la région du
ministre, il doit très... il connaît très bien ce dossier-là, son report risque
d'aggraver les problèmes de congestion existante,
1 million de dollars dépensés en 2011 déjà. Le viaduc Lebourgneuf,
ici encore, à la ville de Québec, c'est une des routes les plus
achalandées, on voit passer 70 000 voitures quotidiennement, et on
confirme, le ministre, le cabinet du
ministre des Transports a confirmé l'abandon de ce projet. Il y a eu entre 40
et 50 millions de dollars investis en 2018. Amélioration des
accès au pont de Montréal, phase II, ça visait à faciliter le transport de
la marchandise. L'abandon de ce projet
pourrait avoir des répercussions économiques sur le commerce et la logistique.
Et après ça, dans le PQI, on voit, ça, c'est quelques-uns des projets où est-ce
qu'il y a eu des sommes engagées puis qui ont été retirées complètement.
Voyez-vous, Mme la Présidente, là, le
gaspillage qui a été fait uniquement avec quelques projets que je vous
mentionne? Il y en a plusieurs, la liste est très longue, mais le temps
file.
Il y a des projets maintenus dans le PQI, mais
sans financement prévu avant 2030. Ça fait qu'ils vont passer dans les étapes
de planification. Il y a le pont entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine. Ce
projet, attendu depuis longtemps, demeure
sans échéancier clair, prolonge considérablement des défis de connectivité pour
la région. Prolongement de
l'autoroute 20, au Bas-Saint-Laurent, un prolongement essentiel pour le
développement régional de cette région, son absence de financement
retarde toutes les opportunités économiques locales. Ça, c'est supposément un
gouvernement des régions. Autoroute 13,
à Chomedey, les améliorations prévues sont mises en attente maintenant; tous
les enjeux de circulation, dans le secteur lavallois, d'importance.
Projet structurant de transport collectif, axe boulevard Taschereau, c'est une initiative cruciale pour la Rive-Sud de
Montréal, restant sans ressources allouées, qui freinent le développement
du transport en commun. Prolongement de la ligne jaune au réseau du métro,
attendu pour améliorer des dessertes de certaines
zones, ce projet est repoussé indéfiniment, un recul considérable de l'offre de
transport collectif. Élargissement de l'autoroute 30 entre Brossard
et Boucherville, visant à décongestionner un axe majeur, son report, prolongé.
Les difficultés de circulation grandissent au sud-est de Montréal.
Et après ça, Mme la Présidente, on trouve
d'autres projets qui sont remis plus tard, où on va dire : On va s'en
occuper une fois, mais on ne sait pas quand. Puis là on en a plusieurs :
que ce soit la construction de l'autoroute 19 entre Laval et Bois-des-Filion, l'élargissement et le réaménagement de
l'autoroute 55 entre Bécancour et Sainte-Eulalie ou le parachèvement
de l'autoroute 70 entre Grande-Anse et la Baie.
Mme la Présidente, je pourrais vous en parler
pendant des heures, mais j'ai juste 28 minutes. Il faut que le
gouvernement réalise que leur mauvaise gestion hypothèque aussi l'avenir de nos
enfants, l'avenir de nos prochaines générations.
Je ne sais pas si c'est ça, le legs que la CAQ veut laisser, ils sont en
train... La carte de crédit, elle est pleine, Mme la Présidente. Il n'y a plus de marge de manoeuvre, il n'y en a
plus. Et ça, c'est parce qu'ils ont gaspillé de l'argent. Au début du mandat, je vous rappelle, ils ont
trouvé dans les coffres, en arrivant au gouvernement, 7 milliards de
dollars. C'est du jamais-vu. Ça, c'est du jamais-vu.
Des déficits budgétaires records et des projets
importants et qui ne verront jamais le jour, ça, c'est la... ça, c'est le gouvernement. S'il y a une chose qui est
certaine, Mme la Présidente, c'est qu'ils vont... le gouvernement sera... fera
l'histoire, parce que, pendant sept ans, c'est des déficits budgétaires
records. Vous allez me dire, là : Avec des déficits records comme ça, on devrait avoir les services,
les Québécois devraient en avoir pour leur argent, ils devraient être contents.
Mais non, Mme la Présidente, c'est tout à fait le contraire, c'est tout à fait
le contraire. Et là on se trouve... on a... la carte de crédit est pleine, les
services ne sont pas au rendez-vous, les gens ne sont pas capables de se faire
soigner. C'est le même gouvernement,
d'ailleurs, qui a promis 90 minutes à l'urgence, un médecin de famille
pour tout le monde. Aujourd'hui, on n'est pas capables d'avoir... on
n'est pas capables d'avoir le minimum de services.
La vérité, Mme la
Présidente, là, c'est qu'il n'y a plus d'argent, il n'y a plus d'argent parce
qu'ils ont dépensé, dépensé sur des projets comme Northvolt. Écoutez, là, je
peux vous faire la liste, là, donnez-moi une seconde, là. C'est incroyable.
C'est incroyable. C'est de l'argent qui aurait pu facilement aller ailleurs. Puis
peut-être, des projets qu'aujourd'hui se font retirer, puis des projets, des
ententes qui ont été créés sur le terrain puis qu'aujourd'hui, là, ils sont dévastés parce qu'ils ne verront jamais le
jour, bien, peut-être, avec cet argent-là qu'on a gaspillé, Mme la Présidente,
on aurait pu faire ces projets-là, on aurait pu.
SAAQclic, écoutez, c'est des montants, là...
Même on a vu, même, aujourd'hui, le premier ministre qui niait, niait les
faits, les chiffres noir sur blanc dans le rapport de la Vérificatrice générale,
puis il disait que ce n'étaient pas les vrais chiffres qu'on donnait. On ne les
inventait pas, ces chiffres-là, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui,
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...de Jeanne-Mance—Viger n'est
pas permis. On ne peut pas faire ça. On doit prendre la parole des collègues,
en cette Chambre, lorsque les gens... les gens répondent. Donc, il est très
important de respecter ce que les autres collègues disent et de respecter les
autres collègues entre nous.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Alors, vous connaissez le règlement, Mme la députée, vous êtes une députée
d'expérience ici. Alors, on doit prendre la parole des parlementaires. Alors,
je vous invite à la prudence.
Mme Rotiroti : Vous avez
raison, Mme la Présidente. On doit prendre la parole de la Vérificatrice
générale, qui, elle, a soumis le rapport avec les chiffres. Et nous, on se fie
sur ces chiffres-là, et je pense qu'on ne se trompe pas.
Alors, Mme la Présidente, le ministre doit nous
dire qu'est-ce qu'il a fait avec l'argent des contribuables, comment qu'il a dépensé cet argent-là. Pourquoi
qu'aujourd'hui il n'y a plus d'argent? L'argent est allé où? J'aimerais ça,
que le ministre me dise que ce n'est pas
vrai qu'ils ont dépensé sur des projets comme Northvolt. Et ce n'est pas à
cause de Northvolt qu'on n'a pas
Maisonneuve-Rosemont aujourd'hui, ce n'est pas à cause de SAAQclic qu'on n'a pas Maisonneuve-Rosemont
aujourd'hui. J'aimerais ça, qu'il me dise que j'ai tort. J'aimerais ça.
Dans le fond,
Mme la Présidente, on a un gouvernement qui, depuis les sept dernières années,
a réussi à dépenser des milliards et
des milliards de dollars sans aucun résultat. Les projets ne sont pas au
rendez-vous. Les services sont pires que jamais. Je n'ai jamais vu mon
Québec aussi malmené. Dépenser plus, gaspiller plus, livrer moins, c'est ça, le
bilan du ministre, c'est ça, le bilan de la
CAQ. C'est de la mauvaise gestion, Mme la Présidente. Si, aujourd'hui, on se
retrouve dans l'état qu'on est, si le Québec se retrouve dans l'état qu'il est,
c'est à cause du gouvernement. Le ministre ne pourra pas se lever
aujourd'hui et dire que c'est la faute des autres.
Ça ne marche
plus, d'ailleurs, ça, cette ligne-là, Mme la Présidente. Au début du mandat,
c'était la faute des libéraux. Mais savez-vous quoi? Les libéraux, là, le
gouvernement libéral, à l'époque, a laissé, et je répète parce que je suis
extrêmement fière, 7 milliards de
dollars dans les coffres des Québécois, Mme la Présidente. Nous, à l'époque,
quand on avait un projet dans le PQI,
bien, quand ça faisait les... était en planification, puis on l'annonçait,
bien, savez-vous quoi? Je vais vous lancer une primeur, Mme la
Présidente, on les faisait, ces projets-là. Ces projets-là se faisaient, se
faisaient, contrairement à vous, que vous êtes capables... le gouvernement est
capable d'annoncer un même projet quatre fois, cinq fois, et, après avoir fait
l'annonce cinq fois, le projet est complètement retiré, il ne voit plus le
jour, on ne le trouve à nulle part. Aïe! il faut quand même le faire, Mme la
Présidente, hein?
En tout cas,
je répète, vous avez dépensé plus, vous avez surtout gaspillé l'argent des Québécois.
Puis aujourd'hui les Québécois méritent mieux. Ils n'ont pas les services, ils
n'ont pas les services qu'ils méritent. Ça, Mme la Présidente, c'est le bilan du ministre. Et ça,
malheureusement, c'est le bilan d'un gouvernement caquiste. Merci, Mme la
Présidente.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le
ministre responsable des Infrastructures.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui,
merci, Mme la Présidente. Grand plaisir d'être ici aujourd'hui avec ma collègue
de Jeanne-Mance—Viger
pour, justement, discuter des différentes questions qu'elle a amenées puis de
reprendre certains éléments qu'elle a mentionnés qui sont, à tout le moins,
questionnables, sinon inexacts. Puis j'ai du temps devant moi, ça fait qu'on va
prendre ce temps-là ensemble.
J'ai trouvé sympathique la chute de ma collègue,
là, à la fin, quand elle disait : Nous, au Parti libéral, quand on
annonçait des trucs, on les faisait puis on les réalisait, oui, parce que je
sais que le Parti libéral, juste ici, à Québec, prétendent que la phase III Samuel-De Champlain, c'est leur
legs, parce que tout ce qu'ils ont fait, c'est l'annoncer, puis, quand on est
arrivés, on a ouvert, puis il n'y avait pas 1 $ de provisionné dans le
projet. Puis, encore aujourd'hui, quand on se promène sur le bord du fleuve Saint-Laurent, ici, dans cette
magnifique phase III de la promenade Samuel-De Champlain, qui
a plus que 1 million de visiteurs à chaque année, là, c'est fantastique,
il y a certains libéraux qui prétendent qu'eux l'avaient annoncé puis que c'est
leur projet. Pas une cent au PQI. Ça a été financé, ça, dans les années, là,
par ma collègue qui est de la Capitale-Nationale, qui était là avant moi, puis
ça a été financé, puis ça a été réalisé. Donc, s'il y avait un parti qui était
champion des annonces pas financées, c'est le Parti libéral.
Maintenant, quand je dis ça, certains pourraient
dire : Je ne te crois pas, ce n'est pas vrai. Mais, encore là, là, les
chiffres sont têtus, là, puis je le sais, que je vais le sortir plusieurs fois aujourd'hui,
mais ça, c'est les investissements réellement effectués
en infrastructures au Québec. Ce n'est pas ce qu'on veut faire dans les
prochaines années, là, Mme la Présidente, là, c'est les investissements faits
en infrastructures au Québec dans les dernières années. Ça tombe bien, là, il y
a deux codes de couleur pour que les gens observent bien la grande distinction.
Alors, quand
ma collègue de Jeanne-Mance a dit : Nous, on en faisait, puis on livrait,
puis on a laissé un surplus... 8,2,
7,5, 8,2, 9,1, à peu près une moyenne de 8,5 milliards par année
d'investissement du Parti libéral dans les infrastructures. La dette que le Parti libéral nous a laissée,
c'est clairement dans le sous-financement des infrastructures publiques. On est
arrivés au pouvoir puis on a observé la désuétude des infrastructures,
parce que, Mme la Présidente, les infrastructures publiques au Québec, beaucoup datent des années 70, Révolution tranquille, des investissements majeurs pour doter l'État québécois d'infrastructures en éducation, en
santé. Pensez-vous, Mme la Présidente, qu'en 2018, les besoins, à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, il n'y en
avait pas?
Alors, quand
ma collègue dit : Je le sais, le ministre va dire... bien, en parlant de
moi, là, je vais dire, là, que c'est de la faute à leur parti... Ce
n'est pas mon genre de dire : C'est de la faute de leur parti.
Je vais
montrer un tableau. 9,1 milliards d'investissement la dernière année qu'il
était au pouvoir, le Parti libéral. Cette année, c'est
19,4 milliards qui sont investis. Cette année, là, on a fini,
19,4 milliards, plus de deux fois le montant qu'ils avaient investi à leur dernière année. Puis, quand on regarde la
courbe, là, c'est une courbe, là, en croissance abrupte. Parce que ce
qu'on a constaté, en arrivant, à la fois dans le réseau de l'éducation, dans le
réseau de la santé, et dans le réseau de
transport, et dans tous les secteurs nécessitant du PQI, c'est qu'il y avait un
sous-investissement chronique des années libérales, à la fois en
bonification mais surtout en maintien d'actif. Et ce qu'on s'est mis à la
tâche, dès notre arrivée, c'est, oui, d'augmenter le Plan québécois des
infrastructures et, en plus, de réaliser ces projets-là, de réaliser les
projets. Ces investissements-là, c'est des projets concrets.
Et, quand ma
collègue me dit : Vous ne réalisez pas de projet, bien, depuis notre
arrivée... Je me suis trompé, je lui
avais donné une information qui était un petit peu erronée, j'avais dit :
On a livré 291 projets, des projets importants, de plus de 20 millions, c'est-à-dire ceux qu'on
suit au Plan québécois des
infrastructures. Je m'étais trompé,
Mme la Présidente, c'est 292. Il y en avait un de plus qu'on a
identifié.
Alors, depuis qu'on est arrivés, on a livré
292 projets de plus de 20 millions, des projets qui sont importants.
Ça veut dire quoi, ça? En éducation, par exemple, depuis notre arrivée, on a
livré 92, 92 projets de plus de 20 millions. C'est quoi, des projets
de plus de 20 millions, Mme la Présidente, en éducation? C'est des écoles,
des écoles primaires, des écoles secondaires, 92 projets, ce que le Parti
libéral ne faisait aucunement. Puis je me suis même déjà fait dire par une
critique du Parti libéral, quand je parlais qu'on livrait des écoles puis...
lui, il me parlait de l'amphithéâtre ici, à Québec, en me disant : Ça,
c'est un vrai projet, parce que les projets d'écoles, c'est la mission de
l'État, vous ne devriez pas suivre ça. Bien, écoutez, c'est peut-être ça,
l'enjeu. C'est peut-être que le Parti libéral a oublié d'investir dans les
missions de l'État, qui sont la santé et l'éducation, puis c'est pour ça qu'on
est obligés de faire un rattrapage en infrastructures de manière importante.
Il y a 71 projets qui ont été livrés, en
santé, des projets de plus de 20 millions et plus. Il y a 57 projets
de plus de 20 millions et plus qui ont été livrés en transport. 292.
Alors, maintenant, quand ma collègue dit : Où va l'argent?, bien, on voit
clairement que, le Plan québécois des infrastructures, les investissements ont
plus que doublé et que les projets sont livrés.
Maintenant, regardons de manière plus
prospective le Plan québécois des infrastructures qui est devant nous. Pour les
trois prochaines années, on va investir 19 milliards, 19,4 milliards,
19,8 milliards. Et ça, là, c'est au coeur de la réalisation des projets
majeurs qu'on a. C'est au coeur de notre mission de faire plus de projets
d'infrastructures et d'en livrer plus.
Et ma collègue revient en disant : Oui,
mais l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, c'est un projet abandonné. Bien non. Ce
n'est pas vrai. Alors, elle me demande où on peut le retrouver. Bien, je vais
l'appeler à aller voir la page 43 du livre détaillé, qui est public, des
infrastructures, et, à la la page 43, on trouve le projet n° 234,
à la page 43, Hôpital Maisonneuve-Rosemont, complexe hospitalier Montréal,
construction, agrandissement et réaménagement : en planification. Le
projet est en planification. Des sommes sont provisionnées pour les réaliser.
Maintenant, ma collègue, elle dit : Vous
devriez le partir immédiatement. Elle me dit : Ça, c'est une priorité. Et
on en convient, que ce projet-là est prioritaire, mais on ne peut pas tout
faire à chacune des années. Et là je la réfère maintenant à la page 44 des
projets détaillés. Et ça, c'est la liste des 38 projets détaillés
qu'actuellement le ministère de la Santé
réalise avec des investissements, là. Quand on dit : La pépine, là, est
là, puis les travaux se réalisent maintenant, l'Hôpital l'Enfant-Jésus,
c'est vrai, vous l'avez annoncé, celle-là, mais c'est nous autres qui le paie,
180 millions cette année qui est
investi; Hôpital Fleurimont, 41 millions cette année qui est investi;
hôpital à Verdun, 71 millions qui sont investis; maison des aînés,
ancien CHSLD Nicolet, 60 millions investis cette année; Centre
d'hébergement et soins longue durée, à
Percé, Chandler, 25 millions; Hôpital Pierre-Le Gardeur, 121 millions — cette
année, là, uniquement cette année; la
Maison des aînés St-Charles-Borromée, en construction, 89 millions;
l'hôpital Vaudreuil-Soulanges, 736 millions d'investissement cette
année.
• (15 h 40) •
Quand on prend cette liste-là de
38 projets, on observe que les investissements dans les projets majeurs en
infrastructures, en santé, pour l'année en
cours, dépassent les 2 millions de dollars... les
2 milliards de dollars. Alors, ça, si ma collègue me demande
quels sont les projets qui sont en réalisation, on l'a pour tous les secteurs.
Alors, je vous invite à aller lire ça. Parce
que, quand on a investi, bien... Ma collègue répond : Je l'ai lu. Je sais
que ce n'est pas supposé être un dialogue. Si elle l'avait lu, elle aurait vu
que le projet Maisonneuve-Rosemont n'est pas abandonné, il est inscrit. Donc,
elle n'a pas bien dû le lire. Mais, une fois que j'ai dit ça, ils sont tous là.
Et on réalise des projets comme on n'a jamais réalisé des projets à l'intérieur
du Plan québécois des infrastructures.
Maintenant, quand on dit
que, comme gouvernement, on le fait de manière dynamique, c'est : on a
augmenté cette année, face à l'incertitude
avec notre voisin du Sud, le Plan québécois des infrastructures. Malgré un
cadre financier difficile, malgré une situation difficile
financièrement, on a fait le choix d'investir de manière importante dans nos
infrastructures publiques. Le Plan québécois des infrastructures est passé de
153 milliards à 164 milliards de dollars, 11 milliards
d'augmentation, soit 7,2 % d'augmentation.
Et, en plus, Mme la Présidente, ce
11 milliards là, là, on l'a concentré uniquement dans les trois premières années du Plan québécois des infrastructures,
justement parce que la situation qui nous frappe, elle est maintenant. Donc, oui,
c'est une hausse de 11 milliards sur 10 ans, concentrée sur les trois
premières années. C'est ce qui nous permet d'investir 19 milliards,
19,4 milliards et 19,8 milliards dans les trois prochaines années.
C'est ce qui nous permet, justement, de
maintenir cette effervescence économique où les entrepreneurs, les employés de
la construction, les architectes, les
ingénieurs, dans une situation plus précaire, vont pouvoir travailler puis vont
pouvoir assurer, dans toutes les régions du Québec, un développement
économique prospère. Ça fait que c'est certain qu'on est content de ça.
Mais, encore là, je suis toujours surpris que
ces questions-là viennent du Parti libéral, quand on pense qu'on a plus que doublé les sommes investies année par
année, à l'intérieur de cette période de sept ans, alors que l'inflation, sur
cette période-là, pour les projets de construction, est un peu en bas de
40 %. Donc, on comprend bien qu'on en fait beaucoup plus malgré la prise
en considération de l'inflation, là, on a plus que doublé les investissements.
Puis je le
réitère, là, le 164 milliards qu'on a actuellement à l'intérieur du Plan
québécois des infrastructures, c'est de
l'argent du gouvernement du Québec. Et ce qu'on a mentionné, puis on l'a
réitéré, parce qu'il y a une campagne électorale actuellement au fédéral, on a mentionné à tous les candidats :
Écoutez, on a besoin d'avoir des programmes d'investissement en infrastructures venant du gouvernement fédéral.
Les derniers ont pris fin. Ils doivent être renouvelés dans la perspective,
justement, de la situation économique qu'on
vit avec notre voisin du sud. C'est un des meilleurs remparts pour faire face, justement, à cette situation-là, des
investissements en infrastructures, on en a besoin. Puis on demande,
naturellement, aux candidats à l'élection fédérale d'emboîter le pas à
cet effet-là.
Alors, quand on regarde tout ça, Mme la
Présidente, force est de constater qu'on est au rendez-vous, comme gouvernement, comme jamais. Et les chiffres ne
peuvent pas mentir. Parce qu'après ça on peut prétendre bien des choses.
Je parle de nombre de projets livrés, je
parle d'un investissement, et les courbes sont évidentes, et les chiffres sont
têtus.
Maintenant, dans le Plan québécois des
infrastructures, on peut séparer les investissements en bonification, de
nouvelles écoles parce qu'il y a des nouveaux besoins, parce qu'il y a plus
d'étudiants, ou encore en maintien d'actif. Sur
164 milliards, actuellement, il y a 97 milliards qui sont prévus pour
faire du maintien d'actif. 65 % du PQI est prévu en maintien d'actif. Ça aussi, c'est un record. Ça
n'a jamais été aussi élevé parce qu'effectivement notre parc d'infrastructures
a été laissé à son compte pendant des
décennies, 15 ans avec le Parti libéral, et on prend les bouchées doubles
pour faire le rattrapage du maintien d'actif, en santé, en éducation et
sur nos réseaux routiers et de transport collectif. Encore là, les chiffres
sont têtus, ça n'a jamais été aussi élevé en pourcentage et en valeur. Donc,
oui, on considère que c'est important de le faire.
Un autre
élément, ma collègue ramène souvent, puis je sais qu'on va avoir l'occasion de
discuter ensemble aux crédits, ça fait
que ça va être une autre occasion d'en parler, la LAPI, la fameuse loi sur
l'accélération des projets d'infrastructure, elle dit : Écoutez,
tous les projets ne sont pas faits. Bien, c'est à cause que ce n'était pas ça,
l'objectif. L'objectif, c'était de
dire : Il y a des projets qui sont en planification, on a réfléchi, mais
on est... Ma collègue qui était là à l'époque, qui s'occupait du PQI,
maintenant présidente du Conseil du trésor, a réfléchi à des allègements en
termes de mesures environnementales, de mesures d'autorisation, un panier d'allègements pour que ces projets-là,
s'ils le souhaitaient, pouvaient profiter des allègements. Donc, on a
dit : Tous ces projets-là, s'ils le souhaitent, éventuellement, peuvent profiter de ces allègements-là. L'objectif, ce
n'était pas de dire : Tous les projets doivent en profiter. Et plusieurs
en ont profité, de ces
allègements-là. Mais la perspective, c'est de donner un éventail d'allègements
pour faire en sorte que, si les projets avançaient, ils pouvaient en
profiter.
Et, oui, il y a des résultats. Il y a
80 projets qui ont utilisé 116 mesures d'accélération. Il y a
42 projets, dans cette liste-là, qui sont terminés. Il y a 12 projets
qui ont utilisé au moins une mesure. Il y a 77 projets qui sont actuellement en réalisation. Donc, oui, ils en
bénéficient. Mais l'objectif, ce n'était pas de dire : Voici une loi et
voici les projets qui doivent être
réalisés rapidement, c'était de dire : Ces projets-là peuvent bénéficier
de ces mesures d'accélération là.
Maintenant,
Mme la Présidente, il y a au-dessus de 800 projets de plus de
20 millions, à l'intérieur du Plan
québécois des infrastructures, 800.
C'est vrai qu'il y a certains projets qui ont été retirés, 10, avec des
explications pour chacun de ceux-là.
J'ai entendu ma collègue parler, à titre
d'exemple, des projets de la Capitale-Nationale. Il y a un projet qui a été
retiré, dans la Capitale-Nationale, un. C'est la perspective des voies
réservées, au nord, pour ceux... pour ceux qui connaissent Québec, là, parce que ce n'est pas tout le monde qui connaît
Québec, là, mais, tu sais, pour desservir Val-Bélair, Lac-Saint-Charles,
pour desservir, en fin de compte, Charlesbourg-Nord. Alors, c'est...
Lebourgneuf. Alors, pourquoi ça a été
retiré? Bien, pour une raison fort simple. Il y a eu un plan CITE qui a été
déposé, pour une vision à long terme du développement de la mobilité à Québec. C'est fait, en réalité, par une
firme crédible, c'est CDPQ Infra qui a analysé toutes les données disponibles, puis qui ont dit :
Voici les différentes phases qu'on doit mettre en place pour cette mobilité-là.
Et, nous, comme gouvernement, en juin
dernier, on a pris l'engagement de réaliser le projet structurant de tramway,
qui fait partie de la phase I. Et on est bien conscients qu'il y a
d'autres phases liées à ce plan de mobilité là, et on va les faire une étape à
la fois, et la desserte des banlieues viendra à cette étape-là. Alors, pour
nous, là, on est parfaitement conséquents.
Quand elle parle, là, du projet de pont
d'étagement, à Lebourgneuf, malheureusement pour ma collègue, moi, je reste à
500 mètres de ce pont d'étagement éventuel. Il n'a jamais été inscrit au
PQI, donc il n'a jamais été retiré du PQI. Et on continue d'analyser, parce que, oui, on
pense que c'est un bon projet. Et, quand on dit qu'il y a eu 40,
50 millions d'investis, bien non, je vous le dis, je prends ma marche,
le soir, je passe par là. S'il y avait eu 40, 50 millions d'investis, je
le saurais. Mais c'est un projet qui nous tient à coeur. Alors, il ne fait pas
partie du tout du projet qui était... de voies réservées. Et on continue. Et je rencontrais encore, hier, le maire de
Québec pour discuter de différents éléments, puis on a discuté de ça
parce que, oui, on pense que c'est un bon projet, on continue de l'analyser.
• (15 h 50) •
Mais, quand on dit, après ça, qu'est-ce qu'on
livre, bien, je le réitère, il n'y a pas un gouvernement, dans l'histoire du Québec, qui va avoir livré autant et
autant investi en infrastructures que notre gouvernement. Et les sommes qu'on met actuellement le démontrent. Et on va
continuer de le faire. Et, oui, on va y aller étape par étape, Mme la Présidente.
Hôpital Maisonneuve-Rosemont, là, il est
planifié, il y a des sommes de provisionnées. Mais j'ai donné, tantôt, une
liste non exhaustive, mais vous
l'avez, les projets qui sont actuellement en réalisation et se font et les projets
qui vont devenir en réalisation, à chacune des années. On va l'annoncer
en temps opportun. Mais, ces projets-là, on ne les a pas retirés, on maintient
que le besoin est là puis on va les faire étape par étape, parce qu'à la fin,
Mme la Présidente, bien qu'on augmente les sommes de manière importante, on est
aussi responsables, on est responsables de la capacité de payer des Québécois et des Québécoises. À chaque fois
qu'on augmente les sommes investies au Plan
québécois des infrastructures, vous conviendrez, Mme la Présidente, que
ça va sur la dette. En même temps que ma collègue mentionne qu'on dépense trop,
qu'on investit trop, elle voudrait qu'on investisse plus. Nous, on y va de
manière mesurée. On pense que le Plan québécois des infrastructures est
certainement un des meilleurs outils pour faire face à une situation économique
comme celle que nous vivons actuellement. On a pris les mesures, on a augmenté
de 7,2 % le Plan québécois des infrastructures. Quand on regarde les principaux secteurs, c'est
8,5 % d'augmentation pour l'éducation, 7,5 % d'augmentation
pour la santé, 7 % d'augmentation pour le transport, les trois principaux
secteurs. On en fait plus que jamais. Puis on va
y aller étape par étape, justement, parce que, je terminerai là-dessus, Mme la
Présidente, des infrastructures de qualité, c'est ça qui est important pour la qualité de vie des citoyens du
Québec, et c'est sur quoi on travaille à tous les jours en faisant des
investissements de manière majeure pour les Québécois. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à M. le député de Taschereau.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. Bien, on doit quand même saluer l'effort, hein, parce que le ministre des Infrastructures, franchement, il fait
l'effort d'essayer de nous convaincre que le PQI, c'est bien plus que ce
que ça a l'air. Franchement, là, il y met
l'enthousiasme, il y met la gomme. On a quasiment le goût de le croire, on a
quasiment le goût de croire que l'augmentation de 153 à
154 milliards de dollars dans le PQI, ça veut dire quelque chose de très concret et de très réel dans la vie des gens de
tous les jours. Oui, j'ai le goût de l'applaudir, moi aussi. J'ai presque le
goût de l'applaudir, presque le goût de l'applaudir. Le problème, c'est que
c'est de plus en plus clair. Dès l'année passée, là, on était passés d'un PQI de 100 milliards à
153 milliards, puis d'un PQI de 153 à 164 milliards, pour se rendre
compte que, finalement, là, il n'y a
pas plus de projets qui se réalisent là-dedans, là. Ce sont des promesses de
papier, Mme la Présidente. Un PQI, on
peut y inscrire n'importe quoi. Le PQI pourrait être de
1 000 milliards de dollars, Mme la Présidente, que ça ne
voudrait pas plus dire de quoi que le PQI de 164 milliards qui nous est
présenté par le ministre aujourd'hui.
Des projets, là, il y en a énormément qui sont
abandonnés par le gouvernement. Donc, de ces promesses qui ne se réaliseront
pas, je vais en... je vais parler de quelques-unes, si vous me permettez, Mme
la Présidente.
Tout d'abord,
projet structurant de transport collectif entre Lachine et le centre-ville de
Montréal, je veux dire, on attend ça depuis des années. C'est un projet
qui est important. On a besoin de ce projet-là à Montréal. On sait combien les
enjeux de congestion sont énormes. Ça coûte des milliards en congestion dans la
région métropolitaine de Montréal. On a
besoin de solutions de transport collectif qui ont du bon sens, qui vont
solutionner les déplacements des gens à tous les jours. Même la CAQ, en
2018, s'était présentée avec un grand plan de décongestion de la région
métropolitaine. Qu'est-ce qui s'est passé? On a fait des promesses, on a promis
des choses et on ne les a pas faites. La preuve, c'est qu'on les a retirées du Plan
québécois des infrastructures.
Les voies
réservées. Je trouvais ça très drôle d'entendre le ministre parler puis de
parler de sa petite marche, là, où il voit le pont d'étagement, où il
voit... C'est les gens de sa circonscription, c'est les gens qui votent pour la
CAQ, qui se sont fait promettre... Rappelez-vous,
Mme la Présidente, en 2021, projet du Réseau express de la Capitale dans
lequel... Mégagrosse conférence de presse, il y avait des sons, il y
avait des lasers, il y avait de la musique, c'était entraînant. C'était le plus beau jour de la vie d'à peu près
tous les ministres qui étaient présents là. Qu'est-ce qu'on promettait
là-dedans? Quatre choses : un
troisième lien, un tramway, des voies réservées à Lévis, sur le boulevard
Guillaume-Couture, et un réseau, un
vaste réseau de voies réservées dans la région de Québec, sur les autoroutes de
Québec, 844 milliards... millions de dollars, 100... plus de 100 kilomètres de voies
réservées. Et qu'est-ce qu'on apprend aujourd'hui? C'est que la CAQ abandonne
ces projets-là aussi. La CAQ abandonne les gens qui ont voté pour eux.
La CAQ abandonne les gens qui ont reçu cette promesse-là et qui croyaient
pouvoir obtenir une meilleure qualité d'offre de transport collectif pour être
capable de se déplacer vers le travail ou vers l'école le matin et le soir.
La phase II, la phase II des... de la
tête des ponts, la phase II de la tête des ponts, là, Mme la Présidente.
La phase I va se réaliser. C'est une bonne chose, heureusement, parce
qu'il y a un lien avec le tramway, évidemment. Mais la phase II, là, c'est tout le réaménagement des autoroutes,
et on le sait combien c'est ça qui fait que ça jamme à la tête des
ponts, le matin et le soir, sur le pont de Québec et sur le pont Pierre-Laporte.
Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi on abandonne ça?
Moi, là, j'ai une petite
idée. Je ne veux pas prêter des intentions, mais j'ai une petite idée. De un,
bien, il y a le coût, évidemment, qui est
énorme, hein, puis on sait combien la CAQ a creusé son déficit avec des hausses
d'impôt qui privent l'État québécois
de 1,8 milliard de dollars par année. C'est déjà peut-être une pointe
d'explication. Mais aussi, ce que je comprends, c'est que, si on ne
refait pas les autoroutes à la tête des ponts, bien, ça vient empêcher la
possibilité, pour le MTQ, d'installer une voie réversible sur le pont
Pierre-Laporte, qui est une solution qui permettrait d'éviter d'avoir à construire un troisième lien entre
Québec et Lévis. Bien oui, on en parle depuis longtemps, Mme la Présidente.
Une voie réversible sur le pont
Pierre-Laporte, ce serait possible, mais, pour ça, il faut revoir le spaghetti
à la tête des ponts. Or, on vient de
couper ce projet-là. Est-ce qu'il y a un lien entre les deux? Moi, je fais juste poser
la question, Mme la Présidente.
Garage Newton, évidemment, l'abandon du garage
Newton, à Québec... Les bus électriques, je ne le rappellerai jamais assez,
c'est une exigence du gouvernement que d'exiger l'électrification des
transports collectifs. Je ne sais pas qui au gouvernement a eu cette idée-là,
cette fausse bonne idée-là, parce que ça coûte très cher aux sociétés de
transport. Le gouvernement commence à s'en rendre compte. Ça va coûter très
cher, parce que ce n'est pas juste des bus, c'est aussi des garages qu'on doit mettre en place. Et, si on n'a pas de
garage pour entretenir et pour recharger ces bus-là, bien, ça veut dire qu'on devrait rester sur l'hybride,
parce qu'on ne peut pas acheter des bus. Or, en 2025, la seule chose que les sociétés
de transport peuvent acheter, ce sont des bus électriques. Elles ne peuvent pas
acheter d'autre chose que ça. Aucun bus hybride ne peut être acheté.
Donc, qu'est-ce qu'on fait à partir de là? Bien,
les sociétés de transport vont être obligées d'étirer la durée de vie des bus
hybrides. Et comment... quelle sera la résultante de ça, Mme la Présidente? Des
bus vieillissants, un parc d'autobus vieillissant, et donc moins de fiabilité,
et donc plus de pannes pour les usagers, aussi, en transport en commun. Donc,
il va falloir réfléchir à quelque chose, sortir de la boîte un petit peu, du
côté du gouvernement, là, parce que ça ne peut pas fonctionner. On abandonne le
garage qui permettrait d'acheter des bus, des bus électriques, et on ne peut
plus... on ne peut pas acheter des bus électriques parce qu'on n'a pas de
garage. C'est quoi, la solution? Ça met tout le monde dans l'embarras et dans
le problème, Mme la Présidente.
Je passe du
côté de Montréal. Toujours pas d'argent, évidemment, pour payer pour la mise en
place d'ascenseurs dans le métro. Il
y a beaucoup de stations de métro, qui est un mode de transport formidable,
l'infrastructure de transport la plus achalandée au Canada, il y a
beaucoup de gens qui aimeraient ça l'utiliser parce que c'est un mode accessible
universellement pour les personnes à mobilité réduite, les aînés, les familles
avec des poussettes, etc. Il y a plusieurs stations qui ne sont pas
accessibles. Les budgets qui sont prévus pour faire ça, les programmes qui
existaient ont été coupés, et ça, depuis l'année passée, et c'est inadmissible.
Dernière chose. J'entendais parler le ministre
qui disait... très, très fier, en disant : Le maintien d'actif, on n'a
jamais autant investi là-dedans en 10 ans. À juste titre, hein, c'est
vrai, hein? Les autoroutes, au Québec, on les a construites toutes en même
temps, 1960-1970, dans les années 60-70. Le parc est vieillissant,
évidemment, il faut les entretenir. Concentrons-nous là-dessus. D'ailleurs,
arrêtons de bonifier, d'agrandir le parc d'autoroutes au Québec, concentrons-nous sur réparer ce qu'on a déjà, pour
ne pas que ça nous tombe sur la tête, comme c'est arrivé il n'y a pas si
longtemps que ça. Mais on parle du transport collectif comme si c'était quelque
chose qui est en développement et n'a pas
besoin de maintien d'actif. La Société
de transport de Montréal a demandé
585 millions pour les trois prochaines années pour entretenir le métro, je l'ai dit tantôt, l'infrastructure de
transport la plus achalandée au Canada. Elle demandait 585 millions de dollars juste pour le
métro, pour les trois prochaines années, pour les trois prochaines années. Qu'a
fait le gouvernement de la CAQ? Il a baissé le PQI, pour le maintien
d'entretien du transport collectif, de 258 millions de
dollars, Mme la Présidente. Ça n'a aucun sens, ce n'est pas logique. En faisant
ça, on abandonne le métro, on abandonne le
métro, qui est l'infrastructure de transport la plus achalandée, mais on
abandonne aussi les gens qui l'utilisent matin et soir. On en a besoin,
de cette infrastructure-là.
Donc, je
terminerai là-dessus, Mme la Présidente. Le budget, mais surtout le PQI qui en
découle, est de très mauvaise qualité, nous enligne sur la mauvaise
direction. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous poursuivons avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, ma collègue de Jeanne-Mance—Viger nous présente cette motion qui demande à l'Assemblée nationale
de constater «qu'en date de la
dernière reddition de comptes réalisée le 30 novembre 2024, plus d'un tiers des projets visés par la Loi
concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure ne sont
toujours pas en phase de réalisation, et ce, malgré les pouvoirs exceptionnels
contenus dans cette loi;
«Qu'elle prenne acte
de l'annulation, du report ou de la mise sur pause de nombreux projets
d'infrastructure dans la foulée de la publication du [PQI] 2025-2035; et
«Qu'enfin, l'Assemblée
nationale constate que l'inscription d'un projet au Plan québécois des
infrastructures ne constitue plus une garantie raisonnable de
réalisation d'un tel projet.»
• (16 heures) •
Mme la Présidente, j'ai pris le temps de vous
lire le libellé de notre motion libérale parce qu'en fait moi, j'invite l'ensemble des parlementaires à voter en faveur de
cette motion parce qu'elle est factuelle. Ici, là, ce que ma collègue de Jeanne-Mance—Vigervous a
présenté, puis même, donc, nos autres collègues, donc, de l'opposition, ce
qu'on constate, c'est que, depuis le début de son mandat, et ça, je pense que
tout le monde tombe en bas de sa chaise, il y a des projets qui nous sont
présentés, des projets qui sont inscrits au PQI, et là, comme par hasard, on
rétropédale sur des projets qui ont été annoncés. Ça, Mme la Présidente, c'est absolument
inacceptable. Ma collègue de Jeanne-Mance—Viger nous
a fait la... nous en a fait la démonstration évidente avec le projet de l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Moi aussi, j'étais au
Sommet de l'Est, lundi, et tout le monde nous parlait du sentiment d'abandon
qu'ils avaient face à une promesse rompue de la CAQ.
Moi, Mme la Présidente, je suis aussi
porte-parole en matière d'éducation et je peux vous dire qu'en matière
d'infrastructures scolaires... que le gouvernement n'a pas à être fier,
malheureusement. J'entendais, donc, le ministre, il y a quelques instants,
donc, nous parler avec grande émotion, donc, des projets d'infrastructures
scolaires, mais vous savez quoi, Mme la
Présidente? Moi, vendredi dernier, j'ai convié ici même, au salon rouge, le
ministre de l'Éducation pour... en interpellation pour lui parler
notamment des défis en matière d'infrastructures scolaires, vous savez, donc,
les projets de construction, de rénovation
et d'agrandissement d'école qui ont été annoncés puis qui, ensuite, n'existent
plus, comme par magie.
J'ai posé une
question, hier, sur les questions d'infrastructures scolaires avec le cas de
l'école FACE. Je vous disais, vendredi
matin, je lui posais des questions là-dessus, puis, vendredi après-midi,
deux heures plus tard, bien, on apprenait que l'école FACE, bien,
malheureusement, donc, voyait, donc, son projet de rénovation de son bâtiment
actuel, donc, être mis sur pause
complètement. En fait, là, bien, on a appris que ce projet-là tombait
complètement à l'eau et ne verrait jamais le jour, alors que le
gouvernement l'avait annoncé.
Quand on coupe des rubans, Mme la Présidente,
là, quand on annonce des projets d'infrastructure, quand on les inscrit au PQI, il faut que ça veuille dire
quelque chose. Et ce qu'on voit, là, c'est que ce sont des promesses rompues
qui font en sorte qu'on donne des faux espoirs à la population, qu'on donne des
faux espoirs à la population de l'est de
Montréal, avec la question de l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, et des faux
espoirs aux parents, aux équipes-écoles, aux centres de services scolaires,
quand on leur dit que, dans le milieu scolaire... que ces projets-là vont un
jour... vont naître, vont, un jour,
donc, sortir de terre puis que, finalement, woups! même si on vous les a
annoncés, même si on les a inscrits, aujourd'hui, on les met sur pause.
C'est pour ça que je vous dis que l'ensemble des parlementaires devraient voter en faveur de la motion de ma collègue, parce
que tout ce qui est écrit, tout ce qui est inscrit dans le libellé de cette
motion est absolument factuel.
Je veux aussi répondre au ministre des
Infrastructures qui nous disait qu'il a fait... effectué un grand rattrapage du
maintien d'actif en éducation. Bien, je lui rappellerais que, si on a des
écoles dont le niveau... dont la cote de vétusté est de D ou de E, bien, quand on relit l'ancien PQI, là, 2022-2032,
bien, ce qu'on pouvait lire mot pour mot, là, Mme la Présidente, puis, comme par magie, ça ne s'y
retrouve plus... bien, que, si on a des infrastructures en si mauvais état, c'est
à cause des sous-investissements à la fin des années 90 puis au début
des années 2000. Qui était ministre de l'Éducation à ce moment-là? C'est le premier ministre du Québec, Mme la Présidente.
C'est ce rattrapage-là que la CAQ est en train de faire, c'est celui de
leur propre ancien ministre de l'Éducation.
Donc, Mme la Présidente, votons tous en faveur
de la motion.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Rousseau, à vous la parole. Je vais vous... Vous disposez, en fait, si je ne me
trompe pas... 31 min 40 s. Alors, je vous donne le temps
d'avance, ça vous donne une petite indication.
M. Louis-Charles Thouin
M.
Thouin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Chers
collègues, salutations habituelles. Je me lève aujourd'hui pour répondre
à la motion de l'opposition concernant la loi sur l'accélération de certains
projets d'infrastructure ainsi qu'à la situation actuelle des projets inscrits
dans le Plan québécois des infrastructures 2025-2035.
Mme la Présidente, il est essentiel de rappeler,
dans le cadre de cette discussion, le contexte dans lequel nous évoluons et les
défis que nous devons relever collectivement en tant que société.
Tout d'abord,
il convient de rappeler que l'accélération de projets d'infrastructure est
cruciale pour le développement économique et social du Québec. Les
infrastructures que nous bâtissons aujourd'hui sont les fondations sur
lesquelles reposeront... reposera, pardon, notre prospérité future.
En effet, les infrastructures modernes et
efficaces sont essentielles pour soutenir la croissance des familles, faciliter les échanges commerciaux, améliorer la
qualité de vie des citoyens. La modernisation de nos autoroutes, de nos routes, par exemple, permet non seulement de
réduire le temps de trajet et d'améliorer la sécurité des usagers, mais
également de stimuler l'économie locale en favorisant le transport de
biens et de services, des marchandises.
De plus, les infrastructures scolaires adaptées
garantissent un environnement d'apprentissage optimal pour nos jeunes, leur permettant ainsi d'acquérir des
compétences nécessaires pour s'épanouir dans un monde en constante évolution.
Les hôpitaux,
quant à eux, sont au coeur de notre système de santé. Investir dans des
infrastructures hospitalières modernes est primordial pour garantir un
accès rapide et de qualité aux soins de notre population.
Enfin, il est essentiel de tenir compte des
préoccupations des citoyens. L'implication des communautés dans le processus de
planification et de réalisation des projets d'infrastructure est cruciale.
Écouter les besoins et les attentes des
citoyens permet de concevoir des infrastructures qui répondent véritablement à
la réalité des territoires et qui renforcent le sentiment d'appartenance
et de fierté des Québécois.
En somme, l'accélération des projets
d'infrastructure au Québec est une nécessité qui doit, qui doit et qui doit absolument s'accompagner d'une vision claire et
inclusive. En investissant dans des infrastructures modernes, durables et en phase avec les aspirations de notre société,
nous bâtissons non seulement un Québec, je le disais, plus fort économiquement,
mais aussi un Québec où il fait bon vivre pour tous.
La motion d'aujourd'hui
met en lumière un fait : il y a plus d'un tiers des projets concernés par
la loi sur l'accélération de certains projets d'infrastructure qui ne sont pas
en phase de réalisation. Puis, franchement, ce constat mérite une attention particulière.
Mais il est crucial de prendre le recul nécessaire et d'examiner le contexte
dans lequel cette loi a été adoptée. Il est
indéniable, Mme la Présidente, que la situation actuelle exige une réponse
rapide et efficace.
La loi en
question a été instaurée en période de crise, où le besoin d'accélérer le
développement d'infrastructures était
pressant. Toutefois, il est essentiel d'adopter une approche pragmatique et
réfléchie face aux nombreux défis qui se dressent devant nous. Ces défis ne se limitent pas aux dispositions
législatives mais s'étendent à un ensemble de facteurs externes qui
influencent la mise en oeuvre de projets, des projets, en fait.
Parmi ces vecteurs, par exemple, la pénurie de
main-d'oeuvre, bien, ça constitue un obstacle majeur. Donc, la construction, c'est un secteur qui dépend
fortement d'un personnel qualifié, et le manque de travailleurs disponibles
retarde inévitablement l'avancement de certains projets.
De plus,
l'augmentation des coûts de construction a un impact direct sur la viabilité
financière d'un ou de ces projets. Les matériaux nécessaires à la réalisation
des infrastructures ont vu leurs prix grimper en flèche, ce qui complique
davantage la situation.
Ainsi, bien
que la motion de l'opposition soulève des préoccupations légitimes, il est
important de garder à l'esprit que
les défis que nous rencontrons dépassent le cadre de la loi elle-même. Une
réponse adaptée nécessite une collaboration entre les différents acteurs
impliqués ainsi qu'une volonté de s'attaquer aux problèmes sous-jacents qui
entravent la réalisation de ces projets.
Mme la Présidente, on ne peut pas sacrifier la
qualité de vie des Québécois sur l'autel de la rapidité. Les gouvernements libéraux qui ont dirigé le Québec de
2003 à 2018, j'en conviens, ont hérité d'infrastructures vieillissantes
dont les besoins de réhabilitation et de mise à niveau étaient déjà évidents.
Les rapports d'experts et les évaluations d'organismes indépendants avaient
clairement signifié au Parti libéral, quand il est arrivé en poste, en 2003,
que de nombreux ouvrages nécessitaient des
travaux urgents. Cependant, malgré cette prise de conscience collective, les investissements des infrastructures ont souvent
été relégués au second plan au profit d'autres priorités politiques libérales.
• (16 h 10) •
Mme la Présidente, ils ont été congédiés par les
Québécois en 2018, malgré un surplus de 5 milliards de dollars. Et la raison, elle est fort simple, les Québécois,
ils ont compris que, si tu ne paies pas ton... tu ne t'occupes pas de ta famille,
tu ne les nourris pas, tu ne fais pas tes paiements pendant un certain temps,
c'est facile de te présenter, après, avec les poches
pleines, à dire : On a beaucoup d'argent, je n'ai pas nourri personne, je
n'ai pas fait aucun paiement, la vie va bien, mes poches sont pleines. Mais la réalité te rattrape. Quand on change,
quand le prochain gouvernement arrive, bien, il se rend compte
qu'effectivement il y avait des sous.
Mais, en
passant, le ministre des Finances a pris le temps de le dire hier, là, juste la
première année de pandémie, là,
20 % de croissance des dépenses. On ne va pas loin avec 7 milliards
quand on a une augmentation de 20 % des dépenses dans une seule
année, une seule année.
Maintenant, les oppositions peuvent s'époumoner
que les infrastructures sont en mauvais état, je vous dirais que je ne pense pas qu'il y a un Québécois sur
cette planète qui croit que nos routes, nos hôpitaux, nos écoles étaient en
très bon état jusqu'à l'arrivée de la CAQ en 2018. Bien non, on le sait tous,
qu'on a hérité d'un parc d'infrastructures à l'abandon total par les partis qui
nous ont précédés, principalement le Parti libéral, évidemment, qui a été en
poste le plus longtemps.
Là, je pense,
c'est important, on va parler de processus un peu, là, et ça va peut-être
répondre à des commentaires soulevés par mes collègues de l'opposition
tantôt. L'inscription d'un projet au Plan québécois des infrastructures est un
processus qui mérite d'être examiné en profondeur. Bien qu'elle ne garantisse
pas une réalisation immédiate, elle représente néanmoins une étape cruciale
dans le parcours de concrétisation d'un projet.
En effet, chaque initiative qui parvient à être
inscrite dans ce plan a été soumise à une évaluation minutieuse. Cette analyse
prend en compte plusieurs critères fondamentaux, dont la pertinence du projet,
le besoin qu'il vise à satisfaire et sa viabilité financière. La pertinence
d'un projet se réfère à son alignement avec les priorités stratégiques du
gouvernement et les attentes de la population. Il est essentiel que le projet
réponde à un besoin réel, qu'il soit d'ordre infrastructurel,
environnemental ou social. Par conséquent, cette première étape d'inscription
permet de s'assurer que les projets choisis sont en phase avec les enjeux
actuels et futurs du Québec. De plus, la viabilité financière est un aspect
déterminant qui permet d'évaluer si le projet peut être réalisé de manière
durable. Ça, ça implique l'analyse des coûts associés et des sources de
financement possibles, les retombées économiques anticipées.
L'inscription au PQI, ça ne se fait pas à la
légère. Elle repose sur des études de faisabilité et des projections
financières qui garantissent que l'investissement public sera justifié et
bénéfique à long terme. Cependant — pour mes collègues du Parti libéral du Québec — il
est crucial de ne pas considérer cette inscription comme une finalité. Au
contraire, elle doit être perçue comme le début d'un long processus qui
requiert un suivi constant et une évaluation continue.
Une fois un projet inscrit, il doit être intégré
dans une planification plus large où des étapes ultérieures, comme la
mobilisation des ressources, la réalisation d'études complémentaires et
l'engagement des parties prenantes, sont nécessaires
pour mener à bien sa concrétisation. Ce suivi implique également une
réévaluation régulière des priorités, des budgets et des délais.
Donc, les conditions peuvent changer. Il est
essentiel que les projets s'adaptent à l'évolution des besoins de la société et des financements disponibles. Ainsi,
même si l'inscription au PQI est un signe positif, elle ne dispense pas d'un engagement constant de la part des décideurs et
des acteurs impliqués pour faire avancer le projet vers sa réalisation
effective.
En somme,
l'inscription d'un projet est une étape significative, mais elle doit être
accompagnée, je le disais tantôt, d'une
vision à long terme et d'un suivi rigoureux pour garantir que ces projets
deviennent réellement des réalités bénéfiques pour la collectivité. C'est à travers ce processus
de diligence et d'engagement continu que le potentiel des infrastructures
pourra véritablement se réaliser au service de la population québécoise.
Il est
également important de souligner que le gouvernement travaille en étroite collaboration
avec les partenaires municipaux, les entreprises et les citoyens. Nous
savons que, pour réussir, il est impératif d'écouter les préoccupations de tous
les acteurs concernés. La transparence, la communication sont des éléments
essentiels pour bâtir la confiance et assurer la réussite de nos projets. C'est
pourquoi nous avons mis en place des mécanismes de consultation, de
rétroaction, afin de mieux répondre aux besoins des Québécois.
À cet effet,
Mme la Présidente, je vais vous parler de la Stratégie québécoise en
infrastructures publiques annoncée l'an dernier, dont j'ai eu le grand
privilège de participer à l'élaboration à titre d'adjoint du ministre
responsable des Infrastructures.
Dès le début du mandat, un travail rigoureux et
de grande envergure a été entrepris pour mener à bien cette stratégie, en collaboration avec les partenaires
du milieu, une stratégie ambitieuse dont les retombées permettront d'accélérer
la réalisation de projets à des meilleurs
coûts, avec davantage d'efficience dans les étapes de planification et de
réalisation des projets, tout en
améliorant l'état de nos infrastructures publiques. Les mesures proposées
visent à optimiser le processus d'idéation
jusqu'à la mise en service des projets. La qualité et la pérennité des
infrastructures au service des générations futures doivent demeurer une
priorité.
Donc, la stratégie repose sur quatre axes d'intervention
spécifiques et 17 mesures. En rafale, axe n° 1 :
une planification optimisée, globale et par projets, par une meilleure
coordination et planification de tous les projets et en établissant un
équilibre entre les projets du PQI et la capacité du secteur de la construction
à les réaliser. Comme une tour de contrôle,
on regarde les besoins de l'industrie région par région et la capacité de
l'industrie à livrer les projets dans ces mêmes régions.
Deuxième point, programme de projets pour faire
des regroupements logiques qui permettent des économies d'échelle en temps et en coûts, par exemple la stratégie d'acquisition
de composantes mutualisée pour plusieurs projets, ça donne de la
prévisibilité pour nos industries du bois, de l'acier, de l'aluminium, du
béton, par exemple.
Par la suite, la mise en place d'une initiative
pilote par gestion de portefeuilles de projets. On a aussi la poursuite de l'implantation et de la modélisation
des données du bâtiment pour augmenter la productivité, le BIM, pour les
gens qui connaissent le domaine.
L'axe n° 2 : environnement d'affaires plus compétitif. Donc, tout en
augmentant la concurrence et l'obtention de meilleurs prix, les
organismes publics pourront adopter des modes de réalisation qui leur
permettront de travailler en collaboration avec les entreprises par
l'utilisation de divers modes collaboratifs.
La mise en
place d'allègements administratifs et réglementaires pour une meilleure
performance dans l'octroi des contrats publics et une nouvelle
réglementation concernant les délais de paiement et de règlement des
différends.
L'axe n° 3, on veut un
État plus agile. Donc, on va réviser — on est en train de le faire — la
Directive sur la gestion des projets majeurs
d'infrastructures publiques pour l'adapter aux coûts d'aujourd'hui et au niveau
de planification des projets. On veut aussi faciliter l'acquisition et
le transfert d'immeubles pour démarrer des projets plus rapidement. On veut faciliter la gestion des espaces
excédentaires des immeubles gouvernementaux pour valoriser le multiusage et...
Bon, je vais sauter ce bout-là.
L'axe n° 4 : un
meilleur suivi de la performance des projets majeurs et de l'état du parc
d'infrastructures. Donc, on doit s'assurer que l'argent des contribuables soit
utilisé de façon optimale par le déploiement d'un tableau de bord centralisé
pour permettre une réaction rapide à l'évolution du marché. On va aussi publier
une carte interactive pour mieux informer les citoyens de l'avancement des
projets région par région. Et on veut augmenter les investissements en maintien
du parc, de façon progressive, pour léguer aux prochaines générations les infrastructures
en bon état.
Mme la Présidente, cette stratégie propose des
solutions qui iront moderniser nos façons de faire pour la réalisation de
projets majeurs d'infrastructure soutenus par les modifications dans la Loi sur
les contrats des organismes publics et la Loi sur les infrastructures
publiques, que nous avons adoptée le 9 octobre 2024. Notre gouvernement
s'est assuré de faire tous les changements de fond nécessaires pour donner les
moyens à la stratégie d'agir. Mais les effets de
ce travail n'arriveront pas du jour au lendemain, Mme la Présidente. La
dernière mise à jour de l'état des projets inscrits dans la loi datait
du 30 novembre dernier, soit deux mois après l'application des
modifications dans les lois venant soutenir la stratégie. Il faut bien donner
le temps pour que ces mesures annoncées puissent fonctionner. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on estime que l'application de
l'ensemble des mesures permettra d'accélérer les travaux de 25 % et d'en
réduire les coûts de 15 %.
Enfin, je tiens à rappeler que chaque projet qui
avance, même lentement, est un pas vers l'amélioration de notre infrastructure
et notre qualité de vie. Le Québec a toujours su relever des défis qui se
présentent à lui, et ça ne changera pas
aujourd'hui. Je le disais tantôt, à l'arrivée des libéraux en 2003, les besoins
étaient déjà immenses. Ils n'ont rien fait pendant 15 ans. Donc, en
2018, vous comprendrez que les besoins étaient multipliés, décuplés. Et, depuis
que la CAQ est ici, depuis 2018, bien, on investit à peu près les deux tiers de
nos investissements en maintien d'actif et le tiers en nouveaux ouvrages.
La bonne nouvelle, c'est qu'il y a de l'espoir.
On est déterminés à faire avancer le Québec, à bâtir un avenir durable pour nos enfants et réaliser des projets
qui feront une réelle différence dans la vie des citoyens. Mme la Présidente,
travaillons ensemble à trouver des solutions
constructives. La voie à suivre doit être celle de la collaboration, de
l'innovation, de l'engagement envers un Québec plus fort et plus
prospère. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous poursuivons avec l'intervention de M. le député de Rosemont.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Collègues. Merci à l'opposition officielle d'avoir déposé
cette motion du mercredi qui tombe à point, parce qu'on n'a jamais parlé
autant du PQI.
Le PQI n'a jamais été aussi gros, le
gouvernement n'arrête pas de nous le dire, mais le PQI n'a jamais été aussi décevant et à la limite absurde. Je veux
m'expliquer dans les prochaines minutes, là. On parle de PQI. Pour les
non-initiés, c'est le programme québécois des infrastructures. Moi, des
fois, j'ai l'impression qu'on pourrait dire le parking québécois des illusions.
Puis je suis bien placé pour le dire, comme député de Rosemont. J'ai un petit
cas de comté, dans ma circonscription, qui s'appelle l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, un petit cas de comté qui tombe en ruine, qui dessert 10 % de la population au Québec,
qui fait de la recherche extraordinaire, reconnue à travers le monde, l'urgence
la plus achalandée du Canada — bien,
un peu moins ces temps-ci, parce qu'on n'est plus capables d'envoyer
d'ambulances là, c'était prévisible — un hôpital qui est aussi un
moteur de l'est de Montréal, qui en a bien besoin, l'est de Montréal.
Cet hôpital, je l'ai dit, construit il y a
70 ans, un peu plus, tombe en ruine, a été promis, repromis, annoncé
deux fois par le ministre actuel de la Santé, la dernière fois en grande
pompe, avec un début de budget. Mais malheureusement, il y a
deux semaines, ici, le ministre de la Santé nous a pris un peu par
surprise, à l'étude préliminaire des crédits, en nous disant : Bien,
finalement, j'ai fait ça de façon précipitée, je suis allé trop vite, je
n'avais pas les bons chiffres, il faut... il
faut avoir les bons chiffres pour annoncer une chose comme ça, donc, je veux
être sûr d'avoir les bons chiffres puis...
Pourtant, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, son état
est connu. Sa reconstruction est nécessaire. Ça fait depuis 2012 qu'on
parle de projet de reconstruction de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, 2012. Il
est apparu au PQI en 2017, annoncé une
première fois en 2018 dans une phase préliminaire par le précédent
gouvernement libéral. Je l'ai dit, après, il a été annoncé une première fois
par le ministre actuel en 2021, puis en 2023. Et où est-ce qu'on en
est aujourd'hui? Bien, retour à la
case départ en 2025, avec un projet qui semble bloqué pour des raisons assez
obscures mais, de toute évidence, pour des raisons et politiques et
financières, parce que les deux vont de pair, rendu là.
Tout le monde veut l'hôpital. Tout le monde
comprend qu'on a besoin de l'hôpital. Tout le monde sait que ça va coûter cher, un hôpital, bien oui, évidemment.
On est en train de finir Vaudreuil. À 400 lits, ça va coûter pas loin de
3 milliards. Maisonneuve-Rosemont, 720 lits, faites le calcul, une
petite règle de trois, on ne s'en sortira pas bien, bien en bas de 5 milliards. Puis, si on attend
encore un an, si on attend encore deux ans, bien, ce ne sera pas
5 milliards, ça va être 5, 6,
6,2, 6,3. Donc, il y a quelque chose, en plus, là-dedans, dans l'arithmétique,
qui n'a pas de sens, qui n'a aucun sens.
Puis, comme député de l'est de Montréal, vous
savez, moi, le PQI, j'en prends puis j'en laisse. La ligne bleue est au PQI
depuis combien de temps? Ah! là, on creuse, c'est extraordinaire, on creuse, on
creuse. Bien oui, mais on avait arrêté de creuser en 1976. Mais on a recommencé
à creuser. Tant mieux, là. Puis il n'y a personne qui souhaite plus que ça se fasse que les députés de Montréal
puis que la population de Montréal, chez un citoyen de Montréal aussi. Mais moi, je parle du syndrome la ligne bleue.
Dans l'est de Montréal, on est atteints du syndrome de la ligne bleue. On
nous l'a tellement dit, on nous l'a
tellement annoncé que ça devient cynique puis ça joue avec la confiance de la
population.
Je vais vous
donner un autre exemple qui est au PQI mais qui est passé à la trappe aussi, la
170 vers Alma. Et je vais saluer, d'ailleurs, le courage de la
ministre des Affaires municipales qui s'est élevée contre cette décision, qui s'est rebiffée contre son propre gouvernement. Ça
prend... Ça prend quand même du guts pour faire ça, ça prend du courage
pour faire ça, hein, quand on est ministre. Puis elle a dit : Moi, je n'en
reviens pas, je ne comprends pas, je l'ai appris en voyant le PQI, que ce projet-là, finalement, il est remis aux
calendes grecques. Imaginez, si une membre du Conseil des ministres de ce gouvernement caquiste est surprise, et
frustrée, et irritée d'une décision, quand on fait sauter un investissement majeur,
et important, et essentiel dans sa propre région, imaginez un député de
l'opposition.
Ce sont des projets, la ligne bleue,
Maisonneuve-Rosemont, la 170, ce sont des projets connus, voulus, chiffrés,
attendus, nécessaires, mais malheureusement dont le sort est plus intimement
lié à des considérations politiques, voire électorales, qu'à des considérations
de saine gestion, malgré ce que le gouvernement nous en dira. Ne pas remplacer,
en ce moment, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, c'est non seulement mettre la
qualité des soins et la vie des gens en danger,
c'est mettre la rétention et l'attraction du personnel à risque, comme si on
avait besoin de ça, mais c'est aussi, d'un point de vue budgétaire, une
décision absurde, parce que ça va nous coûter plus cher, puis à la fin on va en
avoir besoin quand même. L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui est devenu le symbole de l'incurie du
gouvernement caquiste, ce n'est pas un caprice.
Puis je fais des blagues en vous disant, Mme la
Présidente, que c'est un cas de comté. Je dis souvent aussi à la blague que le jour béni où on inaugurera le nouvel
Hôpital Maisonneuve-Rosemont, je suis pas mal sûr qu'il n'y aura pas de
pavillon à mon nom. Je ne fais pas ça pour moi, je ne fais pas ça pour moi.
Puis le pire, c'est que je sais que le ministre
de Santé veut le faire. Je sais qu'il s'est mis la tête sur le billot. C'est pour ça qu'il est coincé maintenant. Il
s'est mis la tête sur le billot la dernière fois. Tout le monde l'a cru, dans
l'Est. Tout le monde s'est mobilisé. Là, il n'est pas capable de faire
sortir le chèque. Pourtant, on nous avait dit que c'était budgété, ça, c'était
budgété. Alors, qu'est-ce qu'il y a? Il y a des arbitrages? On envoie l'argent
ailleurs? On ne veut pas envoyer 5 milliards, 5,5 milliards dans
l'est de Montréal? Je vous le dis, ce sont des considérations politiques, voire
électorales et voire électoralistes qui entrent en ligne de compte ici.
Pourtant, la CAQ se gonfle d'orgueil à mesure
qu'elle gonfle le PQI. Combien de fois, dans les derniers mois, on a entendu ce
gouvernement, des membres du gouvernement nous dire : Il n'y a jamais eu
un si gros PQI au Québec, il n'y a jamais eu
autant d'argent dans le PQI? De un, ce n'est pas de l'argent, c'est des
projets. On en a malheureusement la
preuve en ce moment, là, que ce n'est pas tant de l'argent que des projets ou
que des intentions. On a fait passer le PQI, nous disent les caquistes,
à 164 milliards de dollars. Bien, bravo! Vous pouvez le monter à
200 milliards si vous voulez. Si vous ne faites rien
avec, ça ne vaut pas plus que le papier sur lequel les chiffres sont écrits. Ce
n'est pas magique, un PQI, là. Ce n'est pas
parce qu'on rentre une donnée dans un fichier Excel de PQI que ça construit un
hôpital, une route ou une ligne de métro. Ce n'est pas de la magie.
Le PQI, là,
comme je le dis souvent, là, c'est un peu le catalogue Sears de mon enfance. On
recevait ça au mois de novembre, là, sept, huit semaines avant Noël,
c'était calculé, puis là on regardait ça avec mon frère. On cochait à peu près
toutes les pages. On voulait tous les cadeaux là-dedans, tous les jouets, là,
qu'il y avait là-dedans, là, dans le catalogue Sears. On mettait des post-it,
là, puis on passait des messages subliminaux à nos parents. On voulait ces cadeaux-là, on les choisissait. Ils étaient tous
dans le catalogue Sears. À la fin, là, le 25 décembre, on en avait un ou
deux, les bonnes années, là. C'est tout, là. C'est un peu ça, le PQI. On
met tout là-dedans. C'est comme ma «bucket list» de voyages. Au moins une fois
ou deux par année, là, je dis à ma blonde : Aïe! j'aimerais ça voyager,
là, dans tel pays, j'aimerais ça visiter tel
pays, tel pays. J'en ajoute quatre ou cinq par année, des pays dans ma liste. À
la fin, si j'en visite un de plus par année, c'est beau, là, c'est beau.
Mais c'est ça qu'on nous fait, le coup du PQI.
Puis là, maintenant, il y a une nouvelle astuce,
avec le PQI, qui est encore plus absurde. Après s'être vanté de l'avoir gonflé à 164 milliards de
dollars sans être capable de livrer les principaux projets qu'il y a là-dedans,
là, on nous dit : Ah! bien non, mais là on ne va pas continuer de
faire croître le PQI puis d'augmenter les dépenses, on va se faire décoter.
Bien, j'ai une question bête, là : Qui c'est qui a mis tous ces projets-là
dans le PQI, de un? De deux, qui qui n'est
pas capable de livrer ces projets-là dans le PQI? Puis, de trois, qui c'est qui
se vante depuis des mois que le PQI est à 164 milliards de
dollars pour après nous servir l'argument que c'est un outil de décote s'il est
trop élevé, le PQI?
• (16 h 30) •
Bien, mettez de l'ordre, là. Démêlez vos
pinceaux, là. Changez les batteries dans vos calculatrices, je ne sais pas, là. Mais il y a quelque chose qui ne marche
pas, là. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Évidemment qu'il est bien trop
haut, le PQI, il est sous-financé de probablement 60 à 70 milliards en ce
moment. Bien, c'est le gouvernement caquiste qui n'arrête pas de rajouter des
lignes dans le PQI. Je répète, une ligne dans un PQI, ça n'a jamais construit
un hôpital, ça ne construit pas une voie d'évitement, ça ne fait pas de
transport collectif. Ah! ça fait des belles annonces, par exemple.
Je vous donne un autre exemple. Dans le petit
fascicule qu'on nous a remis au huis clos budgétaire, vous pouvez trouver ça facilement sur Internet, là, si
vous allez... «finances», «gouvernement du Québec», «ministère des Finances», vous
allez trouver ça, on a une nouvelle
catégorie dans le PQI, c'est les projets projetés, des projets embryonnaires
qui n'existent même pas encore tout à fait, mais on les met dans le PQI
puis on fait gonfler le chiffre avec ça. «De nouveaux projets majeurs seront soumis à l'approbation du
gouvernement en 2025-2026, soit les hôpitaux de Drummondville et de Maria,
ainsi que la phase III du programme
visant l'ajout de places en maisons des aînés.» Il n'y a pas de chiffre. Il y a
un vague engagement en 2025-2026. Puis ça, c'est purement politique. Ça
n'a rien à voir avec un plan d'infrastructure, c'est purement de la politique.
Le député de la région... les deux députés de la région, le député de
Drummondville puis le ministre de l'Agriculture, sont allés faire une
conférence de presse en face de l'Hôpital Sainte-Croix, à Drummondville, pour dire : Aïe! On livre, on livre. Ça y
est. Ça y est. Moi, je dis aux gens de Drummondville : Ne retenez pas
votre souffle, là, vous allez vous
faire mal pour rien, là. Vous n'êtes même pas encore au PQI. L'hôpital, là,
dans l'est de Montréal, il est au PQI, là, depuis presque 10 ans,
puis on vient de retourner à la case de départ.
Alors, moi je pense que ce qui menace le Québec
d'une décote, ce n'est pas de bourrer le PQI comme ils le font là, parce qu'à la limite ça ne dit rien
d'autre qu'il y a des projets qui sont accumulés dans le PQI. Ce qui menace le
Québec d'une décote, c'est une mauvaise
gestion, comme par exemple ne pas avoir d'échéancier, ne pas avoir des budgets,
lancer des projets qui ne sont pas bien
ficelés. Ça, ça s'appelle de la saine gestion. Puis moi, je prétends, Mme la
Présidente, que, quand on lance des projets comme HMR, à hauteur de 5 ou
6 milliards, on doit avoir minimalement un échéancier et un budget.
Ce n'est pas ce qu'on a en ce moment, et je le déplore. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous allons poursuivre avec l'intervention de M. le député de Saint-Jean.
Et je vous informe que vous disposez de 15 min 51 s.
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, un autre mercredi avec les affaires
inscrites par les députés de l'opposition, en l'occurrence la députée de Jeanne-Mance—Viger.
J'écoutais sa collègue, la mienne aussi, la collègue de Bourassa-Sauvé, lire la motion en disant que c'était important. Alors, je me suis
dit : Tiens, je vais commencer par ça, moi aussi, surtout au stade
où on en est en ce moment.
Donc :
«Que l'Assemblée nationale constate qu'en date de la dernière reddition de
comptes réalisée le 30 novembre
2024, plus d'un tiers des projets visés par la Loi concernant l'accélération de
certains projets d'infrastructure ne sont toujours pas en phase de
réalisation, et ce, malgré les pouvoirs exceptionnels contenus dans cette loi.»
Un.
Deux :
«Qu'elle prenne acte de l'annulation, du report ou de la mise en pause de
nombreux projets d'infrastructure dans la foulée de la publication du
Plan québécois des infrastructures 2025-2035.» Deux.
Et
trois : «Qu'enfin, l'Assemblée nationale constate que l'inscription d'un
projet au Plan québécois des infrastructures ne constitue [pas] une
garantie raisonnable de réalisation d'un tel projet.»
J'y vais dans l'ordre inverse, puisque, ce
troisième point, au sujet de la garantie, le député de Rousseau, qui m'a
précédé, a exactement répondu à la question, avec une image que j'apprécie à
chaque fois qu'il me parle du PQI. Et
l'adjoint parlementaire du ministre responsable, il nous parle tout le temps
d'un contrôleur aérien, parce que le PQI, c'est sur 10 ans, ce n'est pas juste qu'on a de la vision, c'est juste
que cette vision-là est étalée sur 10 ans. Et ces 10 années là,
bien, elles sont
financées, projetées, organisées. Et, comme le dit le camarade de Rousseau,
bien, c'est avec un contrôleur aérien
qu'on dit qui peut décoller. Parce que, vous l'imaginez, Mme la Présidente, la
première année, on paie pour les plans, on paie pour les devis, les architectes. La deuxième année, quand la
pépine arrive, bien là c'est beaucoup plus cher parce que ça dure toute l'année. La troisième année, un
petit peu plus ou moins, selon la grosseur du projet. Et, la quatrième année, ça
redescend. C'est quand ça redescend qu'on peut faire décoller quelqu'un d'autre,
justement, bon.
Le deuxième point des commentaires de la
collègue de Bourassa-Sauvé, au sujet des pouvoirs exceptionnels... au sujet de
l'annulation ou du report, bien, elle a utilisé l'exemple qu'elle l'utilisait
elle-même en période des questions sur l'école FACE pour dire que c'était
abandonné. On n'était pas à la même période des questions puis on n'a surtout
pas entendu la même réponse. L'école FACE n'est pas abandonnée. Le ministre de
l'Éducation, il a retiré un projet qui était
maintenant évalué à 360 quelques millions de dollars pour rénover l'école FACE,
et, à la place, il va coordonner le déménagement des élèves de FACE, primaire
et secondaire, vers deux écoles qui seront rénovées. Donc, au final, on
n'était pas au même spectacle.
Et, le premier point, au sujet de la reddition
de comptes de la Loi concernant l'accélération de certains projets, bien,
encore une fois, le ministre lui-même et le député de Rousseau ont très bien
répondu, c'est une affaire de contexte. C'est
une affaire qu'on n'avait pas besoin de faire tous ces projets-là. C'était
d'être capable de donner les moyens à ces projets-là d'avancer le plus vite possible à l'époque. Souvenez-vous, on
a fait ça en pandémie pour que la postpandémie se passe mieux. Ça s'est mieux passé, je le pense,
grâce à ces projets-là. Donc, c'est de ça dont on parle pour les prochaines
minutes.
Et, si vous le permettez, moi, je vais aller
dans les chiffres. Le fichier Excel dont parlait le député de Rosemont, bien, on en a, nous aussi, des fichiers Excel,
puis ils sont pleins de belles choses et de bonnes choses, mais je veux juste
vous rappeler, avant de rentrer étape par étape, que le PQI, donc, c'est
164 milliards de dollars, 11 milliards de plus que l'an dernier. Mais j'écoutais le ministre des
Infrastructures, et il faut se souvenir que cette augmentation-là, elle est
répercutée surtout dans les trois premières années, qui vont être d'environ
19 milliards. C'est important parce que c'est maintenant qu'on en a
besoin.
On en a besoin pourquoi? Parce que le
gouvernement a besoin de prendre la relève du secteur privé. Encore
aujourd'hui, là, vous le savez comme moi, ça a été une journée de fou encore
dans le monde entier à cause de Trump, encore, et puis là, bien, c'est parce
qu'on est un peu soulagés. Je ne sais pas si on va être encore plus déçus
demain, on verra, mais, pour l'instant, on
sait qu'il y a une sorte d'inquiétude, un malaise dans le monde des affaires,
le monde de l'industrie, et ils retiennent un peu leurs investissements.
Il ne faut pas parce que notre économie va en souffrir. Donc, c'est le gouvernement qui va suppléer à ça. On
supplée à ça comment? Bien, avec les dépenses en infrastructures. Il faut en faire
plus, et effectivement on a plus d'argent pour les faire au cours des trois
prochaines années.
Donc, santé, éducation et transports, c'est les
trois gros morceaux d'un PQI. Moi, j'ai commencé avec le fichier Excel, comme
dirait le camarade de Rosemont, dans la santé. En réalisation, juste la
réalisation, puis je vous fais grâce des maisons des aînés parce que je veux
vous en parler en particulier... En ce moment, quand on dit : C'est
difficile de lancer de nouveaux projets,
c'est parce qu'il faut continuer de payer ceux qu'on est en train de continuer
de faire cet été et déjà en ce moment : Hôpital de
Dolbeau-Mistassini, bloc opératoire; Hôpital de L'Enfant-Jésus à Québec, c'est
le réaménagement, construction; Institut
universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, agrandissement;
laboratoire serveur, Pavillon Sainte-Marie, à
Trois-Rivières; Hôpital Fleurimont, centre mère-enfant et services
d'urgence — prenez un respir pour moi, Mme la Présidente; Hôpital
de Verdun; Hôpital général juif; Hôpital de Lachine; Hôpital Fleury;
Hôpital Santa Cabrini; Centre de réadaptation pour les jeunes en difficulté
d'adaptation Dominique-Savoie — et
il y a des maisons des aînés, et je vais vous en parler plus tard, je vous
l'avais dit — Hôpital
Pierre-Le Gardeur, unité de soins à Terrebonne.
Et il y en a quelques-uns de plus, dont
quelques-uns chez moi. Bien, d'abord, il ne faut pas l'oublier, l'Hôpital
Vaudreuil-Soulanges, l'Hôpital Anna-Laberge, l'hôpital Hôtel-Dieu d'Arthabaska.
Et il y a un laboratoire serveur à Saint-Bruno-de-Montarville qui va nous
coûter 91 millions de dollars et qu'il faut faire pour servir toute la
Montérégie, dont chez nous. Et, en parlant
de chez nous, à l'Hôpital du Haut-Richelieu, qu'on appelle effectivement le
HHR, bien, c'est le centre mère-enfant et laboratoire qu'on va
compléter, et ça, c'est un autre 40 millions de dollars.
Le grand
total, parce que c'est ça qui est commode avec Excel, ça te donne le total en
bas : 10 milliards, quand même. Mais ça, ça a été vite parce que j'avais les maisons des aînés dont je
voulais vous parler, madame. Ça, c'est en réalisation, là, c'est ce
qu'on est en train de dépenser puis qu'on va continuer cette année.
Maisons des aînés, ça, c'est la très bonne
nouvelle, on en a réalisé beaucoup, mais, en ce moment, il y a encore Saint-Hilarion
qui est en construction, Trois-Rivières, construction ou livrable bientôt, là,
Granby, Coaticook, Dorval, Masson-Angers, Baie-Comeau. Il y a aussi
Salaberry-de-Valleyfield, Carignan et Longueuil.
• (16 h 40) •
La beauté de ça, Mme la Présidente, c'est que la
maison des aînés de Saint-Jean-sur-Richelieu... Je vais parler de la mienne, et je dis «la mienne» parce que je
l'ai espérée de tous mes voeux. On a été une des premières maisons des aînés
à être lancée avant la pandémie parce qu'on avait le bonheur d'un CISSS, du
CISSS de la Montérégie-Centre, qui était
propriétaire d'un terrain à côté d'un énorme CHSLD. Alors, j'ai tiré sur la
manche de la ministre de l'époque en disant... parce qu'elle n'arrêtait
pas de dire : Le problème, c'est de trouver des terrains. Quand tu n'as
pas de terrain, c'est difficile. Et puis il
y en avait beaucoup, de projets de maison des aînés. Donc, elle nous a
dit : J'ai besoin de terrains. J'ai dit : Oui, mais c'est
parce qu'on en a un beau juste à côté du CHSLD, tellement beau, Mme la
Présidente, qu'on a pensé faire un triple
projet tellement il y avait de la place, tellement c'était parfait, mais enfin
on s'est contentés de plus qu'une
double, comme on dit. On a une maison des aînés, à Saint-Jean-sur-Richelieu, de
192 places, la plus grosse au Québec, mais je vous dis ça en
passant comme ça.
Mais,
les maisons des aînés livrées — ah! là, Mme la Présidente, ça va être
difficile d'aller vite là-dedans, mais j'aime
le Québec et j'aime entendre les noms de chez nous — ça,
c'est les maisons qui sont livrées, un projet extraordinaire. Saviez-vous... Bien, vous le savez, Mme la
Présidente, mais, si d'aventure quelqu'un nous écoute, ce n'est pas un CHSLD, une
maison des aînés, hein? Ce n'est tellement pas un CHSLD que c'est même le
contraire. Ce n'est pas un hôpital. Dans mon cas, à Saint-Jean-sur-Richelieu,
on avait un très vieil hôpital, de 100 ans, et on a encore un CHSLD
dedans. Ce n'est pas un vieil hôpital dans lequel on essaie d'avoir des aînés
qui vont avoir une sorte de milieu de vie. Non, non, non, c'est un milieu de
vie dans lequel on a des services hospitaliers. Puis ce n'est pas juste un jeu
de mots, c'est un paradigme, c'est
180 degrés. Quand on a ouvert la maison des aînés chez moi, il y a presque
un an, je ne vous mens pas, j'avais
des larmes aux yeux. J'ai de l'air... je n'ai pas l'air de ça, là, mais je suis
assez moumoune. En tout cas. Rivière-du-Loup
est ouverte, Sherbrooke, Roberval, ville de
Saguenay, Lévis, Black Lake, Mascouche, L'Assomption, Sainte-Anne-des-Plaines,
Prévost, Sainte-Agathe-des-Monts, Rimouski, Magog, Alma, Rivière-au-Renard,
Chomedey, Repentigny, Mirabel, Blainville, Sainte-Foy, Saint-Martin de
Beauce, Gatineau, Hull, Victoriaville, Beloeil, Rivière-des-Prairies,
Pointe-aux-Trembles, Lebourgneuf,
Saint-Jean-sur-Richelieu, Châteauguay, Val-d'Or...
la plus grosse, Châteauguay, Val-d'Or,
Saint-Amable, Drummondville, Rouyn-Noranda, Baie-Comeau, Pont-Rouge, Longueuil, Coaticook, Dorval,
Granby, pour 3 480 places.
Et ça, là, c'était une
idée en septembre 2018. C'est devenu un engagement du gouvernement, qui
arrivait à ce moment-là, le temps de se revirer de bord, parce qu'on ne l'avait
pas fait, le PQI de l'année d'avant, nous autres, on n'était pas là. Ce n'était pas prévu, ce n'était pas dans la tête de
personne. Sauf que nous, on y croyait, et nous, on l'a fait, et on aura
bientôt les 3 480 places, parce que s'ajoutent à ça des rénovations
de CHSLD. Parce que, si je vous ai dit que
les CHSLD, ce n'étaient pas des maisons des aînés, et vice versa, la beauté,
c'est que, dans plusieurs CHSLD qu'on peut
rénover, on peut implanter la même philosophie que dans une maison des aînés.
Vous savez ce que c'est, la philosophie de la maison des aînés? Tu te lèves à l'heure que tu veux, tu te couches
à l'heure que tu veux, tu manges ce que tu veux, si tu veux, tu le fais, parce
qu'il y a une cuisine. Puis la cuisine, ce n'est pas une cuisine centrale,
c'est une cuisine dans chaque
maisonnée. Ah! oui, c'est ça, la maison des aînés avec des maisonnées de 12...
pas des chambres, des appartements. Parce que c'est vraiment ce que c'est quand on vit là. Et les gens qui y
vivent sont... en tout cas, moi, ceux que j'ai vus, sont tellement
heureux. Donc, ça, c'est la partie santé.
Parler un peu
d'éducation. Puis le temps file, vous m'avez donné 15 min 51 s,
je vais essayer de faire ça en 15 min 50 s,
pour ne pas vous forcer à me crier après. Donc, les écoles... Ah! oui, il faut
que je vous dise, par exemple, à Saint-Jean-sur-Richelieu, là, les
écoles, là... On en a une, là, qui s'en vient, là, qu'on est en train de
travailler le terrain. Toujours les
terrains, le problème. Mais, chez nous, on appelle ça les écoles de l'ère de
Duplessis, parce que c'est ce que c'est, nos écoles. Quand on parlait,
tout à l'heure, de maintien d'actif, là, remplacer une école ou réparer une
école, tu ne peux pas faire ça à part qu'en
été, sinon il faut que tu déménages les élèves à quelque part pour être
capables de refaire et de refaire... puis je viens de vous dire qu'on
n'avait pas beaucoup de terrains, c'est compliqué.
Donc, les maintiens
d'actif, dont le ministre vous a tant parlé... et je vous en ai parlé beaucoup
parce que, pendant le débat sur le budget,
j'ai pris le temps d'expliquer pourquoi ça m'impressionnait que ce PQI là ait
65 %, 66 %, selon le député
de Rousseau, de maintien d'actif. Mais vous savez qu'en transport c'est plus
que ça, c'est 85 % de maintien d'actif. Puis, en écoles, bien, les
maintiens d'actif, on en fait beaucoup.
Là,
je vais vous donner les écoles secondaires, parce qu'une école primaire... Je
ne sais pas la vôtre, là, chez vous, mais, moi, chez nous, la prochaine, ça va
être 40 quelques millions, O.K.? Mais, une école secondaire, bien là, tu
ne t'en sors pas à moins de 150, 200, ça dépend de la grosseur de l'école
secondaire. On m'a raconté, puis, je vous avoue, je n'ai pas validé,
mais on m'a raconté que la dernière école secondaire, polyvalente, entre
guillemets, qui avait été inaugurée avant
qu'on arrive, c'était 2009 ou 2007, qu'on m'a dit, puis, avant ça, il n'y
en avait pas eu beaucoup. Ce qui fait qu'il a fallu qu'on en fasse beaucoup.
Puis ça, c'est la morale de l'histoire, il a fallu qu'on fasse beaucoup de
routes, beaucoup de maintien d'actif,
beaucoup d'hôpitaux, beaucoup d'écoles, dont l'école secondaire dans
l'arrondissement de Charlesbourg, l'école secondaire à Anjou, l'école
secondaire à Montréal-Nord, ce n'est pas des projets, là, c'est livré, ça, Mme
la Présidente, construction d'une école
secondaire à Drummondville, école secondaire à Chisasibi, école secondaire à
Laval, école secondaire de Chambly.
Écoles primaires, il
y en a... ça, il y en a. Ça, si vous voulez des écoles primaires, là, en
voulez-vous, en voilà. Puis, dans ma liste, là, j'ai biffé ce qui était juste
des agrandissements, parce que, les agrandissements, tu agrandis deux classes, trois classes,
quatre classes. Moi, j'ai coupé ça à 20 classes. En bas de
20 classes, je ne vous les donne pas. Au-dessus de 20 classes,
c'est comme si c'était une école neuve. Ça fait que, là, on en a une flopée.
Alors, il y a l'école primaire de Rimouski,
il y a l'école de Sainte-Brigitte-de-Laval, l'école Marguerite-Bourgeoys, puis là, bien, j'en ai presque trop pour vous les nommer. Mais
sachez que le ministre de l'Éducation nous dit régulièrement qu'il y a
200 nouvelles écoles qui ont ouvert
leurs portes, nouvelles ou rénovées, il y en a... pardon, 100, il y en a
200 rénovées et il y en a 200, en ce
moment, qui sont en chantier ou en réalisation, à divers degrés de réalisation.
Ce n'est pas pour rien qu'on dit qu'il faut qu'on refasse ce qui a été
fait.
Puis je vais quand
même prendre 15 secondes pour vous dire, tu sais : Quand on parle de
maintien d'actif, là, puis on met la faute au gouvernement, la vérité, c'est
que c'est tous les gouvernements, pas seulement le libéral, puis le péquiste,
puis le libéral d'avant, puis l'autre libéral. Facile pour nous de dire ça, on
n'était pas là avant, mais l'idée, c'est : il n'y a pas de gouvernement
qui aime ça investir dans ce qu'on ne voit pas. Il n'y a pas de gouvernement
qui aime ça dire : Non, non, c'est parce que, là, il faut refaire ça, là,
tu sais.
Alors, les
gouvernements, ils pellettent en avant beaucoup. Sauf que nous autres, on a été
pognés pour pelleter ce qui restait de... Bien, voyons, on s'en va en
transport, on va parler de transport, il y avait... tunnel Hippolyte... Louis-Hippolyte-La Fontaine, là, tu sais,
2,5 milliards, c'est nous autres qui paient ça, là. Et il y en a d'autres,
là, moi, j'ai vu ça, il y a aussi l'autre tunnel, Ville-Marie, mine de
rien, Ville-Marie, 2 milliards. Et il y en a beaucoup, de projets en
construction de routes, mais il y en a aussi énormément en transport collectif.
Donc, ces projets-là, j'ai
la liste ici, mais c'est plus difficile à suivre, parce qu'il y a là-dedans des
projets qui sont en réfection et
aménagement, il n'y a pas beaucoup de nouveaux. Puis à 85 % de maintien
d'actif, il n'y en aura pas beaucoup, de nouveaux, parce que tu as beau
avoir 30 milliards sur 10 ans, bien, au final, tu te retrouves avec,
la vérité, peu d'argent pour faire de nouvelles choses. Mais ce n'est pas
grave, parce qu'on est là pour ça, on est là pour la qualité de vie des Québécois, on est là pour rendre les
services. On est là pour faire ce que, responsablement, on considère qui est...
pas juste nécessaire, mais qu'il faut faire,
comme les maisons des aînés. Puis ce n'est pas parce qu'on n'a pas été critiqué
pour les maisons des aînés, mais je suis tellement fier qu'on l'ait fait, je
suis tellement fier qu'on ait des belles écoles.
Il y a quelqu'un qui me disait : Tu sais,
vous auriez pu y aller un petit peu mollo sur les belles écoles. C'est vrai que
c'est beau, c'est beau, la lumière, là-dedans, la fenestration, l'espace, les
hauteurs, des belles écoles, Mme la Présidente.
Puis là ils me disent... il y a des gens qui me disent : Vous ne trouvez
pas qu'on aurait pu y aller un petit peu mollo, on aurait pu peut-être en faire
plus? Mais, non, parce que la vérité, c'est qu'une fois que tu mets tout ce
monde-là à construire toutes ces choses-là, il y a un maximum. Le député
de Rousseau, qui est adjoint parlementaire, l'a bien compris, puis il passe son
temps à nous expliquer : Il faut faire attention, parce que, si on va trop
vite, on va manquer de travailleurs pour
faire tout ce qu'on a à faire. Et on veut le faire, on est là pour le faire, et
c'est ce que ce PQI est en train de
faire. Le maintien d'actif, c'est la responsabilité qui incombe à tous les
gouvernements. Et, s'il y en a qui ne l'ont pas assez fait, et il faut
avouer que c'est le cas, bien, nous, on va le faire. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous sommes rendus au droit de réplique de Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Filomena Rotiroti (réplique)
Mme Rotiroti : Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, je ne sais pas d'où commencer. On entend... on a
entendu le député de Rousseau nous donner une explication comment
fonctionne un PQI, il a parlé d'analyse, pertinence, attentes de la population,
projections, ce n'est pas des demandes qu'on prend à la légère, il nous
explique le processus.
Je vais lui expliquer le processus, parce que
moi, j'ai siégé au Conseil des ministres, Mme la Présidente. Un PQI, là, il y a
trois étapes, tu as un dossier d'opportunité, un dossier d'affaires, et là tu
rentres dans la planification. Savez-vous qu'est-ce que ça veut dire, quand
vous rentrez dans la planification? C'est là que le gouvernement décide à quel
moment le projet est prêt pour annoncer le projet. Quand on annonce un projet,
Mme la Présidente, c'est parce qu'on va le
faire. Ce n'est pas le cas de ce gouvernement-là. Eux, qu'est-ce qu'ils font,
c'est qu'ils font la procédure, ils annoncent, ils reculent, ils annoncent, ils
reculent. C'est des annonces bâclées, Mme la Présidente. C'est comme ça que la
CAQ gère leur PQI.
• (16 h 50) •
Mais je
vais... puis je vais juste vous dire, pour le député de Saint-Jean, parce qu'il
parlait par rapport à qu'est-ce que la députée, ma collègue de Bourassa-Sauvé...
son intervention sur les maintiens d'actif pour les écoles, je veux juste
rappeler au député de Saint-Jean que, les
écoles, aujourd'hui, qui sont vétustes, qui sont cotées D et E, on parle
de l'époque de l'ancien ministre de l'Éducation qui aujourd'hui est le
premier ministre du Québec. On est en train de réparer ces écoles-là. C'est ça
que vous faites.
Je répète, Mme la Présidente, le ministre nous a
parlé de le projet viaduc Lebourgneuf. Je lui ai dit que ce projet-là
a été abandonné après qu'on ait dépensé entre 40 000 et 50 000 millions de dollars. Je vais vous lire... Il dit que ce n'est pas vrai, il dit que le projet est là, il n'habite pas loin de
là, il fait ça à pied. Je vais vous lire exactement qu'est-ce qu'il en est, Mme la Présidente, un article qui
date du 2 avril 2025 : Pont d'étagement Robert-Bourassa—Lebourgneuf : le mégaprojet peut-être encore dans les plans. «Coup de théâtre spectaculaire pour le pont
d'étagement à l'intersection de Robert-Bourassa et Lebourgneuf. Après
avoir affirmé la veille que ce très attendu projet était abandonné», puis ça,
là, ça a été dit, c'est le ministère des
Transports qui avance désormais «en réflexion dans ce dossier». «Lors d'une
précédente communication, les projets Lebourgneuf et Laurentienne ont
été faussement inclus dans les projets qui ne figurent plus dans le PQI de
2025-2035.» Alors, si ça, ce n'est pas un projet qui a été abandonné, Mme la
Présidente, je ne sais pas c'est quoi. Ça, c'était Québec.
Maisonneuve-Rosemont,
mon collègue de Rosemont a très bien expliqué le dossier. Ce dossier-là, Mme la
Présidente, comme je vous dis, c'est sur les lèvres de tout le monde,
c'est tellement... ça a tellement été attendu, dans l'est de Montréal, là, ça a été attendu, parce qu'on a eu
le ministre de la Santé qui est venu, pas une fois, pas deux fois, trois fois,
Mme la Présidente. Je le répète, la troisième fois qu'il est venu, il a
carrément dit : Ça, c'est la bonne fois, la pépine s'en vient. Et là on apprend que c'est reporté.
Savez-vous qu'est-ce que les gens, les médecins disent? C'est irresponsable,
c'est dangereux pour les patients.
Le ministre,
au moins, de la Santé, il a avoué qu'il s'est trompé. Il a dit... il a dû
clarifier pourquoi qu'il a annoncé... Il a dit... puis là je cite, Mme
la Présidente : «Il a expliqué qu'il avait donné le feu vert au projet,
alors qu'il n'avait pas encore l'autorisation finale du Conseil des ministres.
"C'est ça que je n'avais pas, et c'est tout ce dont j'ai besoin."» Non seulement qu'il n'a pas... il a annoncé... Là,
il dit... Bien, il faut trouver une excuse, Mme la Présidente. Là, il dit que c'est
le Conseil des ministres. Moi, je vais vous dire, là, il doit y avoir eu
quelque part du lobbying pour dire: Bien là, non, ce n'est pas ce projet-là, ça
prend un autre projet. Et là, malheureusement, le ministre de la Santé est pris
avec ça.
Mais là l'enjeu, c'est qu'il n'y a même pas une
date. Il n'y a même pas une date, on ne sait même pas si ce projet-là va se
réaliser, ce n'est même pas... C'est un besoin dans l'est, c'est une nécessité.
C'est un hôpital qui est affilié, c'est
un... qui a une expertise, qui dessert non seulement l'est de Montréal... Ça,
là, Mme la Présidente, on est habitués, c'est ça que... depuis sept ans,
c'est ça qu'on a, avec ce gouvernement-là, c'est des fausses promesses.
Le
ministre se pète les bretelles qu'ils ont... dans le PQI, ça n'a jamais été...
jamais autant d'argent dans le PQI. On parle de 164 milliards de
dollars. Très bien. J'aurais... ose espérer qu'avec cet argent-là on aurait vu
des projets réalisés. Là, on trouve une autre excuse, Mme la Présidente, là, on
dit : Bien là, il faut faire attention... Ça, c'est l'excuse pour ne pas avoir réalisé certains
projets : Là, il faut faire attention, on peut être décoté. Une décote, ce
n'est pas ça, la... Vous pouvez mettre le montant d'argent que vous
voulez dans un PQI, ce n'est pas ça qui va faire en sorte que vous allez avoir
la décote. Mais avec la CAQ c'est une excuse après l'autre.
Moi, je vais vous dire
pourquoi les projets, aujourd'hui, ne se font pas, Mme la Présidente, comme le
projet de Maisonneuve-Rosemont, comme tous les projets que j'ai énumérés, quand
j'ai pris la parole au tout début, qu'ils ont dépensé
de l'argent mais qui ne seront jamais réalisés. C'est parce que ce
gouvernement-là a gaspillé l'argent des contribuables, a gaspillé des milliards de dollars, que ce soit
avec Northvolt, SAAQclic, Lion Électrique, Flying Whales, Le Panier bleu.
C'est ça, c'est ça que vous avez fait avec
l'argent des contribuables au lieu de l'investir dans la santé, dans le
transport et dans nos infrastructures. Ayez au moins le courage de
l'admettre.
J'ai entendu un
député dire : Bien, quand on est arrivés au pouvoir, que le... comme si le
7 milliards qu'il avait trouvé dans les coffres n'était pas une bonne
nouvelle. Honnêtement, là, il faut chercher loin de trouver des excuses. Écoutez, on a subi, pendant les cinq premières
années de ce gouvernement-là... Tout qu'est-ce qui n'allait pas bien, c'était
la faute de... c'était la faute du gouvernement précédent. Sept ans plus tard,
Mme la ministre, ce PQI là, Mme la Présidente, c'est le PQI de la CAQ,
de ce gouvernement-là. Ça, là, il ne peut pas nous blâmer, il ne peut pas
blâmer les gouvernements précédents. Puis, je vais vous dire, heureusement
qu'on avait laissé le 7 milliards de dollars dans les coffres, heureusement. Et, au lieu de garder cet
argent-là, justement, pour passer à travers la pandémie, etc., savez-vous
qu'est-ce que vous avez fait avec les 7 milliards, M. le député de
Rousseau? Vous avez fait des chèques électoralistes...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader adjoint du gouvernement, vous avez un
appel au règlement à faire, j'imagine, puisque vous vous levez. Oui?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Est-ce que vous reconnaissez? Oui.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Allez-y.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup. Oui. Non, effectivement, comme vous le savez, là, on doit toujours
s'adresser à vous. Voilà.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui,
tout à fait. Alors, adressez-vous à la présidence. Vous pouvez continuer
votre intervention.
Mme Rotiroti :
...parce que c'est le député de Rousseau qui a mentionné le surplus de
7 milliards comme si c'était une mauvaise nouvelle. Alors, je voulais
juste vous dire qu'est-ce qu'ils ont fait avec le surplus de 7 milliards.
Ils ont fait des chèques électoralistes, c'est ça qu'ils ont fait. Ils ont
dépensé cet argent-là comme ça.
Alors, le
gouvernement, c'est un gouvernement de gaspillage, perte de contrôle, incapable
de gérer les finances publiques. C'est ça,
le bilan de ce gouvernement-là. Votre Plan québécois d'infrastructures, Mme la
Présidente, est plutôt un plan québécois d'immobilisme. C'est ça qu'on a
avec la CAQ aujourd'hui, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Donc, je vais maintenant mettre aux voix
la motion de Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale constate qu'en date de la dernière reddition
de comptes réalisée le 30 novembre 2024, plus d'un tiers des
projets visés par la Loi concernant l'accélération de certains projets
d'infrastructure ne sont toujours pas en phase de réalisation, et ce, malgré
les pouvoirs exceptionnels contenus dans cette loi;
«Qu'elle
prenne acte de l'annulation, du report ou de la mise [en] pause de nombreux
projets d'infrastructure dans la foulée de la publication du Plan québécois des
infrastructures 2025-2035;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale constate que l'inscription d'un projet au Plan québécois
des infrastructures ne constitue plus une garantie raisonnable de réalisation
d'un tel projet.»
Cette motion est-elle
adoptée? Monsieur... M. le...
Une voix : ...
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait.
Donc, nous avons une demande de vote électronique. M. le leader du gouvernement,
je...
M. Lévesque
(Chapleau) : ...reporter, s'il vous plaît, à demain. Merci.
Vote reporté
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, la motion, le vote sera reporté à demain.
Maintenant, je vous cède la parole, M. le leader
adjoint, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous
demanderais d'appeler l'article 12 du feuilleton.
Projet
de loi n° 91
Reprise
du débat sur l'adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 12 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du projet de
loi n° 91, Loi instaurant le
Tribunal unifié de la famille au sein de la Cour du Québec.
Donc, est-ce qu'il y a une intervention? Donc...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui. Alors, justement, nous
allions changer, mais je vais quand même vous accorder la parole, M. le
député, puis on fait un changement de présidence.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vais quand même laisser le temps à notre
honorable présidente de prendre place.
Alors, projet de loi n° 91, Tribunal unifié
de la famille, adoption finale, c'est l'étape où on est. Évidemment, on reconnaît, notre formation politique, la
présence d'un consensus sur la création d'un tribunal unifié de la famille. Les
enfants et les familles du Québec sont actuellement forcés à prendre place dans
un processus qui peut être long et inefficace en faisant des
allers-retours entre plusieurs instances, plusieurs tribunaux. On a eu de
longues discussions, là, dans le projet de loi, entre la chambre de la famille,
la chambre de la jeunesse, la chambre civile, la Cour du Québec, la Cour
supérieure, le nouveau tribunal unifié.
Donc, évidemment, il y a une grande cohérence à
rapatrier tout ce qui concerne le droit de la famille sous la gouverne des
tribunaux québécois. C'est bien évident que nous appuyons cette demande. Le
projet de loi entame cette démarche. C'est
un début, mais évidemment le projet de loi laisse beaucoup de cas derrière. Le
ministre nous assure que c'est seulement une première étape, qu'il y
aura d'autres choses qui seront annoncées de manière subséquente. Il aura
évidemment notre soutien pour rapatrier les pleins pouvoirs de ce qui concerne,
notamment, le mariage, le divorce et toutes les questions qui en émanent, qui
sont actuellement devant la Cour supérieure, pour que ça puisse éventuellement
se retrouver à la Cour du Québec et au futur tribunal unifié pour la famille,
et, sur ça, il y a entente.
Le ministre nous dit s'appuyer sur les
recommandations du rapport Laurent et de Rebâtir la confiance pour
déposer son projet de loi. Malheureusement, on n'est pas arrivés, dans l'étude
détaillée, à bonifier suffisamment le projet
de loi pour effectivement dire qu'on répond aux recommandations et aux
revendications de ces deux instances-là. Le rapport Laurent demandait beaucoup plus de réformes du mode
judiciaire que ce qui est devant nous aujourd'hui, et nous invitons évidemment le ministre à continuer
ses travaux en ce sens. Il semble qu'on a encore une longue route à faire.
Pour les recommandations de Rebâtir, nous y reviendrons.
On exprime évidemment aussi une déception que
les Premières Nations et Inuits n'aient pas eu leur place dans le projet de loi. Ils nous ont envoyé une
communication, Mme la Présidente, la CSSSPNQL, le 31 mars 2025, dans
laquelle ils nous ont clairement communiqué leurs demandes pour que le
futur tribunal de la famille soit cohérent avec les ententes de nation à nation qui sont déjà établies entre les Premières
Nations et Inuits et le gouvernement du Québec. Le ministre aurait dû
consulter en amont pour voir comment son projet de loi impacterait les
Premières Nations et Inuits. Il aurait assurément dû prendre le temps
nécessaire pour que le cadre de l'étude détaillée... dans l'étude détaillée
pour réellement prendre en considération
leurs demandes légitimes. C'est encore une fois une opportunité ratée, ici, de
coconstruction.
Les bonifications du projet de loi. Évidemment,
on reconnaît que le ministre a fait preuve d'une certaine ouverture et une
certaine écoute, notamment des groupes et des partis d'opposition. On a
notamment vu adopter un amendement qui permettait le changement de nom dans les
cas de grossesse pour autrui. Il y a eu un amendement proposé par le Barreau du
Québec sur la dissolution de l'union civile, j'en passe.
Là où le bât blesse, Mme la Présidente, c'est
sur le coeur du projet de loi, sur des éléments problématiques au niveau de
conciliation et de médiation obligatoires, et les femmes... plusieurs groupes
de femmes sont venus nous en parler. En fait, il y avait unanimité sur ce
point-là de la part de celles qui sont expertes sur le terrain et qui défendent
et représentent au quotidien les femmes issues de violence conjugale, qui sont
venues sonner l'alarme de manière assez claire et assez alarmante.
Il y a deux choses... Dans le projet de loi, il
y avait évidemment la question de la conciliation, conciliation audience sommaire. Donc, les parties qui le
souhaitent, dans une instance de séparation, dans le futur patrimoine d'union
parentale ou dans d'autres types de régimes, vont pouvoir volontairement se
soumettre à la question de la conciliation et de l'audience sommaire en amont
pour essayer d'aller un peu plus vite sur le règlement de leurs litiges.
Et là les groupes ont soulevé une incohérence,
parce qu'une fois qu'on donne son consentement pour la conciliation et audience
sommaire, la loi empêchait de retirer ce consentement-là, qu'importe le nombre
de délais de temps, de jours, de mois, qui se passaient entre le moment du
consentement et, finalement, le moment où la conciliation avait
lieu. Et les groupes de femmes sont venus nous dire que peut-être que le
conjoint est bien sympathique au jour 5 de
la séparation, peut-être qu'il est moins sympathique au jour 52 puis
encore moins au jour 200, quand, peut-être, madame s'est fait un
nouveau conjoint puis que, là, les sentiments sont peut-être un petit peu plus
tendus.
Et là, à ce
moment-là, dans la première version du projet de loi, comme le consentement
avait été accordé en amont pour la procédure, le consentement ne pouvait
plus être retiré parce qu'il n'y avait plus possibilité, par le projet de loi,
de se retirer du processus. Donc, évidemment, ça, ça a été vivement critiqué de
la part de groupes de femmes, et, fort heureusement, le ministre est venu
accepter un amendement qui dit que, jusqu'au début de la conciliation, on
pourra encore se retirer. Donc, le délai qui
aura cours entre le consentement puis le jour du début de l'instance, madame,
monsieur pourra toujours se retirer de l'entente, mais, quand l'entente
va commencer ou quand l'instance va commencer, là, il y aura effectivement
un... absence de droit de retirer son consentement. La personne lésée devra
directement s'adresser au juge pour faire retirer le consentement puis arrêter
les procédures.
Donc là, il y a un gain intéressant, bien que
j'aurais souhaité qu'une personne puisse en tout temps retirer son consentement
dans une procédure, il y a là quand même un élément qui me semble intéressant.
Et fort heureusement, suivant nos communications, et nos discussions, et nos
plaidoyers, il a été possible d'aller chercher un amendement sur ce point-là.
Là où c'est plus problématique, c'est dans le
mécanisme de médiation obligatoire et c'est là où des groupes de femmes se sont
faites extrêmement vocales, elles ont dit : «La médiation, ce n'est pas
recommandé dans les cas de violence conjugale, c'est même dangereux», martèle
Louise Riendeau, du Regroupement des maisons pour femmes victimes... pour
maisons de... je redis, Regroupement des maisons pour femmes victimes de
violence conjugale. Elle nous donne un exemple : «Forcées de se retrouver
face à leur conjoint, il y aurait un risque qu'elles abandonnent leur moitié de
leur résidence familiale, leur patrimoine, pour obtenir la garde des enfants et
les protéger de leur père.»
Donc, ce qu'on nous a dit, c'est que la
médiation n'était pas un chemin utile et risquait de précariser, et de mettre à mal, et de vulnérabiliser des femmes qui
quittaient des situations de violence conjugale en les forçant à les amener à
s'asseoir à la table de discussion avec un ex-conjoint violent et à accepter,
puis c'est ce que le terrain nous dit, des ententes
qui finalement n'auraient pas dû être acceptées, des ententes où madame, on l'a
entendu, achète la paix, où madame, ne voulant pas avoir de représailles
ou de problématiques avec un ex-conjoint violent qui peut la suivre après la
séance, qui peut maintenir des droits face aux enfants qui n'auraient pas été
maintenus par un tribunal, qui peut demander des choses qu'il n'aurait jamais obtenues devant les tribunaux... bien là,
on se retrouve à perpétuer, finalement, le cercle de cette violence-là.
Le ministre nous a dit : Non, non, non, les
femmes pourront se retirer du processus, évidemment, on ne forcera pas des femmes en situation de violence à intégrer
ces procédures-là. Ceci dit, les expertes sur le terrain sont venues nous
dire que l'autodénonciation et l'autoaveu
d'être sujette ou sujet, ça arrive aussi, à de la violence familiale et
conjugale, juste ça, c'était suffisant pour que les femmes décident de ne pas
soulever cette exception-là et finalement se soumettent à la médiation
obligatoire.
On a très bien compris que ce n'est pas toutes
les femmes qui s'auto-identifient comme ayant vécu de la violence familiale,
domestique ou conjugale. Ce n'est pas toutes les femmes ni les hommes qui en
ont été victimes qui ont assez de recul pour réaliser l'impact du contrôle
coercitif. Et ce n'est pas toutes celles-ci non plus qui sont capables de le
dénoncer, de le véhiculer, de l'affirmer, certainement pas dans un processus
judiciaire formel, quand elles en sont peut-être
au début d'une démarche de réalisation de ce qu'elles ont vécu dans les
dernières années. Alors, les femmes, les groupes de femmes sur le
terrain sont venus nous dire qu'elles craignaient grandement.
On a pu faire adopter des amendements parce
qu'en amont, Mme la Présidente, imaginez-vous donc que la première version du
projet de loi permettait également au tribunal d'imposer des sanctions, des
sanctions financières quand le conjoint... l'ex-conjoint violent alléguait ou
aurait pu alléguer que, finalement, ce n'est pas vrai que madame invoque avec
raison des circonstances de violence conjugale. Elle, là, suite à sa
déclaration, elle aurait pu être soumise à
des peines financières de la part du tribunal parce qu'elle l'aurait allégué de
manière insuffisante, parce qu'elle ne serait pas capable de le prouver, parce
qu'elle n'est pas capable de
l'étayer, parce qu'elle n'est pas capable de le démontrer qu'elle a vécu de la
violence conjugale. Elle aurait pu faire l'objet de sanctions. Et là les
femmes, les groupes de femmes nous ont expliqué :
Attendez, là, si en plus il faut s'autodéclarer et qu'on est à risque, même, de
sanctions si on n'est pas capable de faire la preuve suffisante de notre
autodéclaration, là, ça ne marchera pas du tout.
• (17 h 10) •
Donc, fort
heureusement, il y a au moins eu l'acceptation de la part du ministre du
retrait de la possibilité d'émettre des
sanctions dans ces circonstances-là. Mais, quand même, quand même, devant tous
ces éléments-là dimanche dernier, conférence
de presse au Centre St-Pierre, à Montréal, Mme la Présidente, où l'ensemble des
groupes de femmes sont venus une ultime fois demander au ministre d'écouter,
d'être à l'écoute et de retirer la médiation obligatoire de son projet de
loi. Et il y a plusieurs articles de
presse, il y a plusieurs titres qui disent... Le projet de loi n° 91
pourrait être dangereux pour des
femmes violentées, jugent des groupes. Le Devoir le titre. Il y a plusieurs autres articles où,
finalement, elles ont dénoncé un projet de loi dangereux pour les femmes
vulnérables, je cite le titre.
Alors, force
est de constater que ces femmes-là, ces groupes de femmes là vivent sur le
terrain au quotidien, savent exactement l'accompagnement qu'elles
fournissent, savent exactement comment fonctionner, gérer, accompagner des femmes qui font l'objet de ces relations-là puis
essaient de se séparer et, bien que le ministre ait accepté quelques amendements,
nous ont quand même dit : On fait là
une grave erreur. N'allons surtout pas là. Imposer la médiation obligatoire va
avoir des effets, des impacts irrémédiables et graves sur la sécurité
des femmes. Ce n'est pas une bonne voie à suivre.
Et je pense,
Mme la Présidente, que, dans un contexte aussi grave, et aussi particulier, et
aussi alarmant, il faut écouter les experts du terrain, il faut écouter
les expertes qui fournissent l'accompagnement au quotidien. Et, si elles en
sont, à la suite de
mémoires, de consultations particulières, de plaidoyers, à convoquer une
conférence de presse de la dernière chance,
du dernier recours, où, avec quelques collègues, notamment la collègue de Robert-Baldwin et le collègue de l'Acadie, nous étions présents pour écouter les
témoignages quand même assez éloquents et dramatiques de ces groupes-là,
il me semble que la moindre des choses, à ce
stade-ci, pour le ministre, ce serait d'être à l'écoute et de réaliser que
peut-être qu'on va trop vite vers une modification du Code civil qui,
finalement, va avoir de graves impacts sur le terrain.
Alors, fort heureusement... En fait, nous avions
espéré que, dans les étapes subséquentes, là, à la prise en considération hier,
qu'il y ait de l'écoute, il y ait de l'ouverture. Malheureusement, il n'en est
rien et, devant la gravité des affirmations de ces groupes de femmes là, il
nous est aujourd'hui, donc, impossible, bien qu'on soutient la création du tribunal, il nous est impossible, en raison de
cette grave déclaration, ces graves soulèvements, ces graves inquiétudes de la
part des groupes de femmes, il nous sera impossible d'appuyer le projet de loi
dans son entier... dans son entièreté.
Alors, évidemment, on va continuer d'appuyer le
ministre sur sa volonté de rapatrier à la Cour du Québec puis au Tribunal
unifié de la famille les pouvoirs nécessaires pour que les familles du Québec
aient un seul parcours, pour qu'on puisse centraliser, faciliter, mais la
facilitation ne doit pas se faire à n'importe quel prix, Mme la Présidente. La
facilitation, l'accélération, la simplification des procédures doivent se faire
en respect des conséquences sur tout un chacun.
Et, quand des groupes, unanimement, nous disent : Attention, là! Il y a un
risque de dérapage, il y a un risque de fausse route, nous sommes
inquiètes, il y a des femmes qui seront davantage précarisées et
vulnérabilisées par le projet de loi, c'est
notre devoir de les écouter parce que ce sont elles qui vont oeuvrer au
quotidien sur le terrain pour la défense collective de ces femmes-là.
Et, si elles ne nous disent que ça, c'est un élément qui ne doit pas passer, eh
bien, il appartient de notre devoir, comme
opposition, d'amener ce point-là jusqu'ici et de le marteler jusqu'à la toute
fin. Et c'est ce qu'on fait aujourd'hui, Mme la Présidente. Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin,
la parole est à vous.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Et donc, à mon tour, j'ai un 10 minutes, je crois, donc
je vais aller au coeur du sujet. Mais
j'aimerais tout d'abord remercier mes deux collègues, le député de l'Acadie et
aussi la députée de Westmount—Saint-Louis, qui ont fait vraiment un travail
extraordinaire tout au long du processus du projet de loi n° 91.
Et je tiens à les féliciter pour leur travail rigoureux et surtout pour leur
écoute attentive aux revendications particulièrement des regroupements des
femmes et des maisons d'hébergement, qui aident les femmes qui sont victimes de
violence conjugale ou sexuelle à se reconstruire et à reprendre le contrôle de
leur vie suite à une séparation d'un conjoint ou d'un partenaire violent.
Et je partage leurs propos, leurs arguments
avancés. Plus tôt aujourd'hui, c'était le député de l'Acadie, hier, c'était la prise en considération, ma collègue la députée
de Westmount—Saint-Louis, et on parlait, en ce qui a
trait au projet de loi, des lacunes qui découlent de
ce projet de loi et les effets dévastateurs de certaines composantes en quête
de diminuer le nombre de dossiers contestés
devant les tribunaux. Et, comme a été mentionné par mes deux collègues, on a...
avec le projet de loi n° 91, on veut créer un tribunal unifié en droit de
la famille, mais, au bout du compte, ce n'est pas le tribunal unifié qu'on
avait envisagé, que ce soit dans la commission Laurent ou dans le rapport Rebâtir
la confiance. Et malheureusement avec...
on va avoir deux juridictions, Cour supérieure, Cour du Québec, qui vont gérer
des situations de séparation de ces
familles-là. Il va... Il va y avoir beaucoup de confusion, Mme la
Présidente, suite, fort probablement, à l'adoption de ce projet de loi.
Mais où le bât blesse, Mme la Présidente, et mon
collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne
l'a mentionné, c'est toute la question de la médiation obligatoire, les
dispositions qui sont... et particulièrement à l'article 419 — un
instant, je l'avais ici, je vais y revenir — du
projet de loi. Et ce qui est difficile à comprendre, Mme la Présidente, c'est,
suite à la réception des mémoires des
regroupements des maisons d'hébergement, des femmes de... victimes de violence,
suite à leurs témoignages, leurs
interventions, il y a eu, dimanche dernier, une conférence de presse pour
réitérer que, finalement, la médiation obligatoire... Quel va être le
résultat de la médiation obligatoire pour les femmes qui sont victimes de violence conjugale? Qu'elles puissent signer une attestation,
ça ne va pas régler le problème, parce que nous sommes en train de créer
une situation où les victimes vont être revictimisées dans ce processus de
médiation obligatoire.
Et j'ai
vraiment été, je dois vous dire, complètement sidérée de lire, ce matin dans Le Devoir, la déclaration du ministre de la Justice qui a dit qu'on n'enverra jamais
aucune femme victime de violence en médiation. Tel que mentionné par les
femmes qui oeuvrent auprès des victimes de
violence conjugale, le ministre de la Justice n'a pas réellement compris — et
il est là, l'enjeu, Mme la Présidente — l'état mental, l'état
psychologique, physique dans lequel se retrouvent les femmes après avoir quitté leurs conjoints violents. Il
est là, l'enjeu, Mme la Présidente. Les regroupements en ont parlé long et
large. Vous êtes en train de les mettre dans un contexte dangereux. Il y
a une raison pour laquelle...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : M.
le leader adjoint. Appel au règlement?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...je pense que la collègue y va fort en café, là,
je veux dire, elle prête des intentions, là, carrément au ministre, au ministre
de la Justice, vous le voyez comme moi. Et, s'il y a bien quelqu'un, en cette
Chambre, qui a travaillé pour les victimes de violence conjugale, c'est
bien le ministre de la Justice.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Bon. Merci. Merci beaucoup. Mme
la députée, veuillez faire attention à vos propos, s'il vous plaît.
Merci.
• (17 h 20) •
Mme Garceau : Mme
la Présidente, je réitère, suite à la conférence de presse, des propos des
regroupements des femmes qui étaient
là pour exprimer leur angoisse et déception. Et on parle, Mme la Présidente, et
c'est ça qui est important, de femmes qui sont vulnérables suite à la
séparation. Il y en a que ça fait des années qu'elles subissent du contrôle
coercitif, des menaces de mort, des menaces de prendre des enfants,
qu'on... que, si tu quittes la maison, tu n'auras pas une cent. Je vais prendre les enfants si tu m'amènes devant
un tribunal. On parle de... C'est ça, les enjeux. Il y a une crainte, il y a
une peur, il y a une angoisse, c'est de
vivre au quotidien en terreur et dans une peur constante. Et aussi, les femmes,
suite à des années d'abus, elles vivent
des conséquences de cette violence. Et ça fait en sorte que, lorsqu'on
arrive... lorsqu'elles décident de
quitter leur conjoint, Mme la Présidente, c'est très difficile pour elles de
commencer à négocier, à avoir des discussions concernant la garde de leurs
enfants, concernant la pension alimentaire et d'autres enjeux, parce que, pour elles, c'est très difficile de pouvoir donner un
consentement libre et éclairé sur toute décision relative... de façon... qui
touche le juridique. Elles ne sont pas... compte tenu du contrôle
coercitif dont elles ont subi. Et également elles ont été sous l'emprise de leur conjoint pendant plusieurs...
pour certaines femmes, pendant plusieurs années. C'est très difficile et même impossible
pour elles de donner un consentement libre et éclairé.
Et donc la médiation obligatoire, Mme la
Présidente, va complètement à l'encontre du principe directeur et fondamental de la médiation. Et c'est même
mentionné, ça fait partie de notre Code
de procédure civile à
l'article 2, c'est un processus
consensuel, c'est un processus volontaire. C'est pour ça qu'il y a un haut taux
de succès, à 85 %, c'est parce que
la médiation n'est pas imposée, c'est parce qu'elle est facultative. Les
parties, les parents qui décident d'y participer peuvent donner un consentement
libre et éclairé. Il y a une volonté de vouloir négocier et de régler. Et là on
est dans la situation où on est en
train de mettre des victimes de violence conjugale... Et, on le sait, les
regroupements l'ont mentionné encore une fois dimanche, qu'il y en a
plusieurs qui ne voudront pas signer d'attestation parce qu'ils vont avoir peur
des représailles, de dénoncer la violence conjugale, Mme la Présidente. C'est
ça, l'enjeu.
Et c'est pour ça que la médiation, laissez-la
facultative. Il n'y a aucune, aucune justification pour que ce soit obligatoire
en droit de la famille. On parle de familles, on parle de mères et de pères
qui... Oui, il y en a certains qu'ils veulent aller en médiation pour régler
leurs enjeux, mais il y en a d'autres que non, il y a un entêtement, il y a des
recours, ils veulent aller devant les
tribunaux. Mais, au moins, laissez les gens décider. C'est comme ça à la Cour
supérieure, et il ne devrait pas y avoir de différence, Mme la
Présidente, à la Cour du Québec.
Et donc, comme mentionné par mon collègue de
l'Acadie, cet enjeu est primordial, il n'y a pas eu de modification pour que ce
soit une médiation facultative, et donc notre formation politique va voter
contre le projet de loi n° 91. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions?
S'il n'y a
pas d'autre intervention, le projet de loi n° 91, Loi instaurant le
tribunal unifié à la famille... de la famille, pardon, au sein de la
Cour du Québec, est-il adopté?
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique a été
demandé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Mme la Présidente, je vous demanderais de
bien vouloir le reporter à demain, s'il vous plaît.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Nous reporterons le vote à demain.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite de nos travaux, s'il vous plaît.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Nous avons très bien travaillé cet après-midi. Je
vous demande d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40, s'il vous
plaît.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En conséquence, nous ajournons
nos travaux à demain, jeudi 10 avril 2025, à 9 h 40.
Merci beaucoup, tout le monde.
(Fin de la séance à 17
h
26)