(Dix heures)
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour, chers collègues. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Veuillez prendre place.
Affaires
du jour
Conformément à l'article 286 du règlement,
l'Assemblée doit maintenant se constituer en commission plénière afin d'étudier les crédits budgétaires de
l'Assemblée nationale pour l'exercice financier 2025‑2026.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. J'en profite pour vous saluer et saluer les
collègues. C'est un bonheur de vous retrouver ce matin après cette semaine en
circonscription. Et donc, conformément à l'article 108 du règlement, je
fais motion pour que l'Assemblée se constitue en commission plénière.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Nous
allons donc suspendre les travaux quelques instants afin de...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
S'il vous plaît! Ce n'est pas encore suspendu.
Nous allons donc suspendre les travaux quelques
instants afin que l'Assemblée se constitue en commission plénière. J'invite
également les personnes qui accompagnent Mme la présidente à prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 02)
(Reprise à 10 h 05)
Commission plénière
Étude des crédits de l'Assemblée nationale
Mme D'Amours (présidente de la commission
plénière) : Bonjour, tout le monde. Nous sommes réunis en commission plénière afin d'étudier les crédits
budgétaires de l'Assemblée nationale pour l'exercice financier 2025-2026.
La durée maximale de cette étude a été fixée à
deux heures, et, conformément à ce qui a été convenu entre les leaders et les députés indépendants, la
répartition du temps de parole sera la suivante : 20 minutes sont
allouées à Mme la présidente pour ses remarques préliminaires,
50 minutes allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
29 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 9 min 40 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, 8 min 20 s sont allouées au troisième groupe
d'opposition et 1 min 30 s sont allouées à chacun des députés
indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que,
s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à partir
de maintenant pour en aviser la présidence.
Je comprends
par ailleurs qu'il y a consentement pour que nos travaux dépassent midi, le cas
échéant. Est-ce que j'ai le consentement? Consentement.
Remarques préliminaires
Nous allons donc entreprendre immédiatement nos travaux par
les remarques préliminaires de Mme la présidente de l'Assemblée
nationale. Mme la présidente, la parole est à vous.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour,
tout le monde. Bien, chers collègues, je
suis très, très contente d'être à vos côtés ce matin pour ce qu'on appelle
l'étude des crédits budgétaires 2025‑2026 de l'Assemblée
nationale du Québec. Il faut dire que c'est une première dans la salle du Conseil législatif. C'est un exercice qui sera l'occasion de marquer des jalons, ceux que nous avons posés au
cours de la dernière année et les autres qui sont à venir. Ce bilan s'inscrit dans la continuité des
valeurs chères à l'institution et aussi à mes yeux. Vous allez voir pourquoi.
Encore
cette année, l'Assemblée nationale a démontré qu'elle valorise le patrimoine,
les meilleures pratiques parlementaires et
l'innovation. Notre institution demeure source d'inspiration par son ouverture
à la population. Et alors j'en profite pour vous remercier, vous
remercier pour la confiance que vous m'accordez au quotidien comme collègue élue et présidente. Ça me touche vraiment beaucoup.
À chaque jour, je suis privilégiée de travailler avec vous. En fait, ce n'est
pas du travail, c'est un mandat. Cette confiance me permet d'accomplir mes
fonctions avec autant de passion et de conviction qu'au premier jour. Elle me
permet aussi d'assurer la tenue de délibérations somme toute ordonnées, vous
offrant la capacité de jouer pleinement votre rôle en Chambre, que ce soit au
gouvernement ou dans l'opposition.
Alors, j'en profite tout d'abord pour souligner le soutien
de mes collègues à la vice-présidence, des whips et des leaders de tous
les groupes parlementaires, de même que les membres du Bureau de l'Assemblée
nationale. Merci à l'ensemble des parlementaires, aux cabinets et au personnel
en circonscription. Ça, c'est important. Votre dévouement envers notre
démocratie est remarquable. Et je suis choyée — là, je vais être un petit peu
chauvine — choyée
de pouvoir compter sur la collaboration d'une équipe des plus compétentes.
D'abord, sur la colline, vous les connaissez, je remercie M. Étienne
Lévêque, Mme Emmanuelle Chapron, Mme Romane St-Laurent,
Mme Natalie MacNeil et Catherine Roy, qui sont dans mon cabinet, c'est
votre première porte d'entrée, et dans Montarville, et là je vais saluer
Mmes Sylvie Trépanier et Vanessa Guimond, qui gardent le fort à
Boucherville, sans qui je ne pourrais pas réaliser ce que je fais ici au
quotidien. Merci, mesdames.
Je remercie
sincèrement aussi le secrétaire général. Vous connaissez M. Siegfried
Peters. Aujourd'hui, on est habillés pratiquement de la même couleur et nous ne
nous sommes pas appelés. L'équipe de direction et l'entièreté du personnel de
l'Assemblée nationale. Nous pouvons être fiers et nous fier, surtout, à
l'expertise et au dévouement du personnel administratif pour accomplir la
mission de l'Assemblée nationale. Alors, tout comme moi et mon cabinet, les
élus constatent quotidiennement que le soutien des membres de l'administration,
il est précieux, il est concret, tout comme leur discrétion et leur neutralité.
Maintenant, avant
d'aborder les réalisations de l'Assemblée nationale, je souhaite rappeler qu'il
s'agit d'une institution autonome et indépendante, ses crédits sont donc
permanents. Dans le respect de la Loi sur l'Assemblée nationale, ses crédits
sont déterminés par la présidence et le Bureau de l'Assemblée nationale, dont
vous faites partie. Sachez que la saine gestion des fonds publics et la rigueur
guident chacune de nos décisions et que je me présente devant vous avec un
souci de transparence.
Je vous rappelle que le budget 2025‑2026
de l'Assemblée nationale a été entériné par le bureau le 10 avril dernier.
Le budget de dépenses est établi à
198 millions de dollars, comparativement à 190,4 millions pour la
période précédente. C'est une augmentation de 7,6 millions. Cette
hausse s'explique par les ajustements proposés par le Secrétariat du Conseil du trésor pour l'application des nouvelles conventions collectives et
l'indexation des dépenses de fonctionnement.
• (10 h 10) •
Quant au budget
d'investissement, il est de 25,5 millions de dollars, alors qu'il était de
19,7 millions pour l'exercice précédent. Cette différence de
5,8 millions s'explique principalement par la poursuite du projet
d'envergure qu'est la rénovation de la salle de l'Assemblée nationale, notre
salon bleu. Outre ce projet, les investissements ont pour principaux objectifs
la préservation de notre patrimoine et le déploiement d'outils numériques. L'Assemblée
nationale étant propriétaire et responsable d'actifs immobiliers à caractère
patrimonial, elle veille à les maintenir et les entretenir. Le total des crédits est de 215 millions de
dollars en 2025‑2026, alors qu'il s'élevait à 202 millions l'an
dernier. Nous pourrons aborder, naturellement, le détail de la
ventilation de ces sommes durant la période d'échange, si vous le souhaitez.
Je le disais
plus tôt, cette étude des crédits, c'est une première dans la salle du Conseil législatif. Depuis septembre, nous siégeons ici, dans
cet espace configuré comme l'était la salle de l'Assemblée nationale avant sa
fermeture en juin dernier, il y a
pratiquement déjà un an. Le temps passe vite. Le salon bleu étant un lieu-phare
de notre démocratie, nous déployons
des efforts considérables pour réaliser ce chantier historique et nous en
suivons attentivement chacune des phases.
Et je suis très satisfaite que les travaux
d'aménagement du salon rouge aient été effectués dans les délais de janvier à
l'été 2024, et c'est ce qui nous a permis de vivre une rentrée
parlementaire toute particulière dans un espace transformé, fonctionnel et
accueillant, avec un tapis propre. Ce changement de salle a dû faire appel à
nos capacités d'adaptation, et je remercie
tous les parlementaires et leurs équipes pour leur compréhension. Il faut dire
que, depuis plus de 16 mois,
nous composons avec une salle en moins, la modification des fonctions d'autres
locaux et parfois aussi du bruit, du bruit, le bruit de la construction
des travaux. Toutefois, il n'y a eu aucune interruption des travaux de la
Chambre. Ils sont toujours diffusés,
télédiffusés, et la transition vers le salon rouge a été des plus harmonieuse.
Je vous en remercie encore.
Notre
parlement continue d'ouvrir ses portes, d'être l'hôte d'activités d'envergure
et d'accueillir invités et visiteurs. Chacun
demeure conscient que les nombreux avantages surpassent les inconvénients pour
que les prochaines générations puissent siéger dans une salle renouvelée
dans le respect de son patrimoine.
La
revalorisation du patrimoine se poursuit d'ailleurs avec minutie. Déjà plus de
la moitié des pupitres patrimoniaux déménagés du salon bleu au salon
rouge ont été remplacés par des bureaux temporaires, au fond, et acheminés pour
restauration par un ébéniste expert. Les
lots suivants le seront au cours de l'été. Au total, il y a 28 pupitres
patrimoniaux de deux places qui seront préservés et réinstallés dans le
salon bleu en 2026.
De plus, les nouveaux pupitres et fauteuils
ainsi que les huches des pupitres patrimoniaux ont été approuvés. Ils s'inscrivent en parfaite harmonie avec les
meubles d'origine, comme nous le souhaitions tous. Alors, j'en profite pour
remercier les collègues parlementaires qui ont eu l'occasion de nous faire part
de leurs commentaires sur ce mobilier. Et vous pouviez d'ailleurs le voir et
l'essayer il y a quelques mois.
Maintenant, deux oeuvres majeures du peintre
Charles Huot ornent la salle de l'Assemblée nationale, la fameuse fresque Je
me souviens, qui est au plafond, de l'autre côté, et la toile Le débat
sur les langues, au-dessus du trône de la présidence. Alors, le Centre de conservation du Québec a procédé, en avril, à la restauration de la première fresque,
des changements et l'usure du temps y étaient visibles, d'autant plus qu'elle
n'avait pas fait l'objet de restauration d'envergure depuis 1983. Quant au Débat
sur les langues, sa restauration sera réalisée à la fin de cet été. Ces
actions incontournables sont accomplies pour préserver ces oeuvres-phares qui
illustrent des pans de l'histoire du Québec.
Et, fait intéressant, il y a des pièces du passé
qui ont été découvertes sous les gradins au cours de la rénovation, dont, entre
autres, une Gazette officielle de Québec du 20 février 1926, des
artéfacts centenaires qui nous montrent à quel point le salon bleu est le
gardien de notre histoire depuis des décennies, toutes des choses qui avaient
tombé sous les balustrades. Nous avons
d'ailleurs diffusé ces découvertes et des mises à jour du chantier sur le site
Web de l'Assemblée et sur nos réseaux sociaux pour tenir la population
informée des travaux, toujours dans un souci de transparence.
Les autres volets des travaux suivent leur
cours, comme prévu à l'échéancier et dans le respect du budget, on continue à
se croiser les doigts, on suit l'échéancier : démolition du plancher de
béton, travaux correctifs, installation de l'ossature du nouveau plancher,
coulage de béton, échafaudages, moulage des ornements, retrait des composantes
de la ventilation, et j'en passe, des étapes réalisées qui s'avéraient
préalables aux suivantes.
Enfin, cette
rénovation d'envergure est une occasion que nous avons saisie pour intégrer des
outils technologiques actualisés. Indispensable et en cours, cette
démarche améliorera, par exemple, la gestion des votes de la séance, du temps
de parole et des documents nécessaires aux travaux parlementaires.
Parlant d'outils numériques, l'Assemblée
nationale entend demeurer à l'affût des tendances en matière d'intelligence
artificielle, toujours dans l'optique d'en faire une utilisation responsable.
C'est un sujet suscitant intérêt et préoccupation et de plus en plus présent
dans nos échanges avec d'autres Parlements. Nos équipes effectuent une veille
assidue des pratiques d'ici et d'ailleurs pour nous aider à réfléchir au rôle
que peuvent jouer ces outils dans notre démocratie.
Puisque cette réflexion ne peut se faire en vase
clos, nous avons tenu l'an dernier, dans le cadre des Prix du livre politique, une table ronde ouverte au public
sur le thème La politique à l'ère de l'intelligence artificielle!, une
occasion d'aborder les bénéfices et les enjeux. Grâce à la
reconnaissance vocale et à la transcription automatisée des débats, nous tirons déjà des gains de l'intelligence
artificielle, mais nous restons au fait des risques. À ce sujet,
l'administration s'est dotée d'une
politique favorisant l'utilisation responsable de l'intelligence artificielle
et d'une directive sur l'intégration des systèmes de l'IA dans les
actifs informationnels.
Du côté des travaux parlementaires, les enjeux
liés au numérique ont donné lieu à la création de la Commission spéciale sur
les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement
des jeunes, des enjeux qui, pareillement, ne
peuvent être abordés en vase clos. Je salue le travail de mes collègues qui
ont, entre autres, rencontré près de 500 jeunes de plusieurs
régions du Québec pour discuter avec eux et recueillir leurs opinions. Les
jeunes ont aussi fait entendre leur voix lors de la consultation publique en
ligne : 27 % des participants étaient âgés de 14 à 24 ans avec
plus de, écoutez bien, ça, 7 000 répondants. Cette consultation a suscité
une réponse forte de la population.
S'il est une autre question dont nous devons
discuter à large échelle et qui m'interpelle au premier plan, c'est celle de la
place des femmes sur la scène publique. Les femmes doivent avoir les leviers
pour l'occuper à l'égal des hommes. L'Assemblée nationale demeure en action
pour promouvoir ces valeurs d'égalité et de représentativité. Avec mon élection
à la première vice-présidence de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie
en juillet dernier, il est possible de jouer
un rôle encore plus central à l'échelle internationale pour valoriser le rôle
des femmes dans les instances décisionnelles. Réunissant
95 Parlements et organisations interparlementaires francophones des cinq
continents, l'APF offre une tribune majeure. À nous de la saisir.
D'ailleurs, aujourd'hui et demain, nous recevons
le Réseau des jeunes parlementaires et le Réseau des femmes parlementaires de
l'APF. Vous allez les voir. Il y aura beaucoup de monde ici. Nos rencontres
sont essentielles pour centraliser nos efforts en toute solidarité, valoriser
le partage d'expériences et nous assurer que les femmes et les jeunes voient
leur capacité d'action et leur représentation renforcées en politique.
Naturellement, tout ça se fait en toute complémentarité
avec nos collègues masculins, ces hommes qui ont compris que c'est à deux qu'on
va y arriver, et il y en a plein ici, au Québec.
Du reste, dans leur ensemble, nos relations
interparlementaires créent des moments privilégiés pour discuter de ces défis
ainsi que pour nous inspirer des meilleures pratiques à tous les égards et
inspirer nos partenaires en retour. Maintenir des liens forts avec des
Parlements de la Francophonie et du monde entier, avec des Parlements qui
partagent nos valeurs démocratiques est plus
essentiel que jamais dans le contexte de fragilité actuelle que nous
connaissons. À titre de principal interlocuteur francophone en Amérique,
l'Assemblée nationale doit continuer d'avoir une voix au chapitre.
• (10 h 20) •
Par ailleurs,
le 25 avril dernier, nous avons célébré le 85e anniversaire du droit
de vote et d'éligibilité des femmes au
Québec. 85 ans. Et, pour souligner l'événement et mettre l'art au service
de la mémoire collective, nous avons organisé un concours en
collaboration avec le Conseil des arts et des lettres du Québec. L'oeuvre vidéo
multidisciplinaire choisie a récemment été
dévoilée dans l'Agora et elle y demeurera cinq ans. Véritable hommage à ces
femmes de tous horizons qui ont lutté pour... l'obtention, pardon, de
ces droits, le film À hauteur d'X jumelle dessins, vidéos, poésie et
images d'archives. N'hésitez pas à aller vous imprégner de cette création de
l'artiste Isabelle Gagné et des mots de l'écrivaine Maude Pilon pour bien comprendre l'empereur... l'ampleur du travail
accompli par le passé pour ouvrir la porte aux femmes en politique.
Aujourd'hui, c'est à notre tour de garder cette
porte ouverte pour l'avenir, car, après tout, comme je le répète et le
répéterai tout le long de mon mandat, la femme n'est pas une minorité, c'est la
moitié de l'humanité. J'ai à coeur d'incarner les valeurs d'éducation à la
citoyenneté de l'Assemblée nationale et de sensibiliser les femmes pour
qu'elles réalisent pleinement leurs aspirations.
J'ai eu le plaisir de
collaborer à des programmes de jumelage et de mentorat, une occasion unique pour
les jeunes femmes de vivre une journée dans
la peau d'une députée, et je salue la détermination de ces jeunes qui
s'intéressent aux carrières non traditionnellement féminines comme la
politique, et ça va le devenir, mesdames. Je souhaite que des
initiatives comme celle-ci nous permettent de voir le jour où nous n'aurons
plus à utiliser une telle expression, le jour où les femmes auront leur juste
place aux côtés des hommes.
Des mécanismes doivent faciliter la conciliation
travail-famille des parents qui font le saut en politique, et je pense ici
autant aux femmes qu'aux hommes. Je suis très fière que le Bureau de
l'Assemblée nationale ait entériné la décision de rendre permanente la
halte-garderie Le conseil des petits trésors. En juin dernier, la
halte-garderie est passée de projet pilote à projet pérenne. Je remercie les
éducatrices de la Maison de la famille Chutes-Chaudière pour leur excellent travail quotidien auprès de ces
enfants. Les avancées de notre institution permettent aux députés de trouver
leur point d'équilibre entre vie familiale
et vie parlementaire, un atout renforçant l'inclusion en politique des
générations actuelles et futures d'élus.
Le chemin
parcouru depuis l'élection de la première femme députée en 1961 est considérable.
Vous serez à même de le constater en visionnant le documentaire Équilibre,
produit par des équipes de l'administration et dont le dévoilement aura lieu ce
soir. Vous êtes toutes et tous invités, d'ailleurs, et, vous allez voir, ce
sont 12 députés d'hier à aujourd'hui qui vont vous raconter leur
désir de s'investir pour le Québec, mais aussi pour leurs familles, tout ça en
même temps.
Alors, avant de conclure, je souhaite aborder un
autre sujet qui m'est cher, celui de l'ouverture, au sens large, de l'Assemblée
nationale. Année après année, notre institution se démarque par son
rayonnement, sa contribution auprès des
jeunes et son accessibilité à la population et aux visiteurs. C'est vraiment un
trait qui nous démarque. On ne voit pas ça ailleurs. Première
institution du Québec, l'Assemblée nationale se fait un devoir d'éveiller les
jeunes à la participation citoyenne et déploie plusieurs activités éducatives.
En plus de tenir des simulations parlementaires entre nos murs, nos équipes se
déplacent jusque dans les écoles pour faire vivre aux jeunes des débats comme
s'ils étaient dans la salle de l'Assemblée nationale.
En 2024‑2025, ce sont plus de
1 700 élèves qui ont pris part à l'atelier Période parlementaire. Cet
atelier est précieux puisque ce sont ces moments qui amènent les jeunes à
prendre conscience de leur pouvoir d'action qui forge les adultes qu'ils
deviendront.
Nous avons également assisté à la tenue de la
deuxième édition du concours d'écriture Point-virgule, valorisant notre belle
langue française auprès des jeunes. Le concours les a invités à réfléchir à la
place qu'occupent les médias sociaux dans leur vie. En phase avec les travaux
de la commission spéciale, les participants nous ont transmis leurs solutions
pour diminuer leur temps d'écran, tout en faisant preuve de créativité
langagière.
Et, que ce soit durant le camp de jour citoyen,
les simulations parlementaires ou d'autres activités éducatives, mes collègues
de la vice-présidence et moi-même sommes fiers de constater à quel point notre
jeunesse est passionnée et conscientisée. Savoir que, cette année, plus de
4 300 personnes ont découvert avec intérêt les fondements de notre
démocratie nous permet de regarder en toute confiance vers l'avenir.
En 2024‑2025,
un nombre record de plus de 143 000 visiteurs ont franchi nos portes,
dont la fameuse porte bleue qui a été installée sur les terrains cet été et
devant laquelle vous avez peut-être pris la pose. Eh bien, elle est invitante,
cette porte, puisque ça fonctionne. Les gens
viennent nous voir. Expositions, projections, conférences, clubs de lecture et
bien d'autres, 103 activités ont
été offertes gratuitement et ont mis en valeur notre cohésion, notre culture et
notre institution. Petits et grands ont célébré notre fête nationale,
l'Halloween, le temps des fêtes et puis le temps des sucres.
Nous avons
atteint des niveaux records de participation avec ces activités signature,
accueillant plus de
5 800 personnes. La cabane à sucre a connu un tel succès en 2024 que
nous avons renouvelé l'expérience en mars dernier, perpétuant cette
longue tradition québécoise jusqu'au coeur du centre-ville.
Et, parlant de mise en valeur de nos traditions,
nous sommes heureux de compter sur l'équipe du restaurant Le Parlementaire, qui
excelle à promouvoir avec raffinement notre gastronomie, nos produits locaux et
notre terroir. Jusqu'en 2028, nous poursuivons notre partenariat avec l'Institut
de tourisme et d'hôtellerie du Québec, l'ITHQ, une institution qui accorde autant d'importance que la nôtre à la valorisation
des produits du Québec. Et, vous avez remarqué, il y a même le Guide
Michelin qui parle maintenant de notre Parlementaire. Bravo à toutes les
équipes!
Le succès de nos activités n'est certainement
pas étranger aux efforts déployés pour en faire la diffusion, dont sur les
réseaux sociaux, puisqu'il y a plus de 100 000 abonnés qui nous
suivent sur nos plateformes, et ce nombre est en croissance constante. Nos
publications sont réfléchies pour faire connaître les travaux parlementaires et
véhiculer l'ouverture de l'Assemblée nationale et son dynamisme.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...Mme
la présidente.
Mme Roy
(Montarville) : Hein?
20 minutes pile. Mais, avec votre permission, et de consentement, je sais
que tout est permis, ici, il me reste deux petites pages qui pourraient vous
permettre de comprendre davantage ce que nous faisons.
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allons-y.
Mme Roy (Montarville) :
Consentement? Alors, je vais vous faire ça rapide et simple.
Donc, 100 000 abonnés sur nos réseaux
sociaux, ceux de l'Assemblée nationale. Cette ouverture, elle est primordiale au maintien de la confiance de la
population, l'ouverture du parlement. En incarnant une institution ouverte, proche de ses citoyens, qui les renseigne et qui communique
une information de qualité, l'Assemblée nationale peut accomplir
pleinement son rôle de promotion de la démocratie. C'est ça que nous faisons
toutes et tous ici, les élus. Dans le contexte mondial actuel, vous avez
remarqué, teinté par des turbulences, il est d'autant plus important de
préserver et d'accroître cette relation de confiance envers les institutions
démocratiques.
Enfin, je me dois de
souligner qu'il ne pourrait y avoir d'institution démocratique forte sans que
les élus aient la capacité d'exercer leur rôle en toute sécurité. Et, tant sur
la colline qu'en circonscription, les parlementaires et leur personnel
bénéficient de mesures et de services de sécurité de grande qualité. Formation,
centre d'assistance disponible 24 heures sur 24, évaluation en continu de
la sécurité, rien n'est laissé au hasard, et c'est une priorité de l'Assemblée nationale. Ne vous gênez jamais, nous sommes
constamment à l'affût et sommes là pour vous, pour assurer votre sécurité.
Je conclus en
réitérant que l'Assemblée nationale est une institution animée, responsable et
tournée vers l'avenir. Pour assurer sa bonne
gouvernance, elle maintient de hauts standards de rigueur et de performance.
Nos actions passées et à venir visent
à valoriser notre patrimoine et nos biens culturels, à mettre de l'avant les
valeurs démocratiques, et l'éducation à la citoyenneté, et la place des
femmes dans les instances décisionnelles. Notre institution a à coeur de continuer à inspirer les jeunes générations,
toutes personnes qui souhaitent s'impliquer en politique de même que l'ensemble
de la population.
Je suis très, très
fière d'être la présidente d'une assemblée où les visiteurs peuvent venir
assister aux travaux parlementaires, savourer nos produits québécois et
participer à des activités citoyennes, et j'ajouterais même parler à des élus, vous croiser. Si vous saviez comme ça
impressionne nos visiteurs, de dire qu'ils ont parlé à une élue, à un élu. Ils
n'en reviennent pas.
Je
suis très, très fière des réalisations que nous avons accomplies durant la
dernière année et des choix que nous avons faits ensemble pour que notre
institution ne cesse d'évoluer.
Je
vous remercie beaucoup pour votre écoute et votre attention. Je suis maintenant
prête à répondre à vos questions. Merci pour ce
2 min 47 s supplémentaires. Merci, Mme la Présidente. Merci.
Discussion
générale
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la présidente. Nous allons maintenant procéder à la période d'échange
avec la présidente, et je cède la parole au whip en chef du gouvernement. La
parole est à vous.
M. Laframboise :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Oui, merci. Mme la Présidente de la
commission, évidemment, Mme la vice-présidente, puisqu'on a la chance
d'avoir Mme la présidente de l'Assemblée
nationale avec nous, c'est un
plaisir, évidemment, pour nous, d'être parmi vous.
L'étude des crédits
de l'Assemblée nationale, c'est un exercice important pour notre institution,
et j'aurai l'occasion, de même que mes collègues, d'approfondir notre
compréhension des mandats sur lesquels travaillent les équipes du Parlement.
• (10 h 30) •
Permettez-moi tout
d'abord, Mme la Présidente, de débuter par quelques salutations. M. le
secrétaire général et l'équipe qui vous entoure,
je vous salue tous et toutes, je vous remercie pour le travail que vous
effectuez quotidiennement pour faire
de cette institution un exceptionnel milieu pour notre démocratie. Merci.
Collègues des groupes d'opposition, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger, Mme
la députée de Verdun ainsi que vos chefs de cabinet, bonjour à tous et à
toutes... toutes, ici, oui, bien oui. Les collègues des groupes d'opposition,
Mme la députée... Mes collègues de la banquette gouvernementale, excusez-moi, à
commencer par les whips adjoints, la députée de Saint-François, la députée de Roberval,
le député de Beauharnois, qui m'accompagnent et qui prendront la parole
avec moi dans le cadre de ces crédits.
Je
salue également le député de Mégantic, le président de notre caucus, et le
député de Chapleau, le leader adjoint. Merci de m'accompagner ce matin.
Merci beaucoup.
J'aimerais remercier
les membres de mon cabinet, qui accompagnent les élus dans de nombreux
dossiers. Leur professionnalisme et leur expérience sont plus qu'appréciés de
la part de notre députation. Merci.
Salutations
chaleureuses également aux équipes dans les bureaux de circonscription. Salut
tout spécial à mon équipe de Blainville. Chaque député a la chance de compter
sur l'accompagnement de personnel essentiel au service de la population. Leur
travail est important. Je les remercie pour leur engagement et leur dévouement
soutenu.
Bonjour
également à votre équipe, au cabinet de la présidence, avec qui vous avez le
plaisir de collaborer régulièrement.
Vous avez... Ils sont tous et toutes parmi nous aujourd'hui.
En terminant, Mme la
Présidente, je souhaite vous remercier et vous féliciter pour votre rigueur
dans la tenue du décorum, de l'ordre, le maintien de l'ordre, le fameux «order»
britannique que vous avez entre vos mains dans cette Chambre. Les députés
peuvent parfois être indisciplinés, souvent transportés par leur passion de la
joute politique. Vous savez faire respecter les règles qui nous gouvernent.
Merci beaucoup. Merci beaucoup.
Mais évidemment je
suis prêt à débuter avec la période de questions. Vous nous avez parlé du
respect de l'échéancier dans la réfection du
salon bleu. Je vais vous donner la chance pour... parce que vous respectez
l'échéancier. Nous, au Bureau de l'Assemblée nationale, on a la chance de vous suivre, mais, les
citoyens qui nous écoutent, peut-être... Vous avez sûrement du personnel, là, qui avait l'échéancier, les dates
qui ont été respectées et celles à venir, là, en détail, pour que les
gens qui nous écoutent puissent prendre conscience de tout le travail qui s'est
effectué au salon bleu, présentement.
Mme Roy (Montarville) :
Merci beaucoup pour la question, M. le whip. Et, oui, absolument, parce
qu'on fait beaucoup de choses dans le salon bleu. Puis, comme vous le savez,
c'est vous les premiers usagers du rouge. On a tout déplacé
tout le monde, on a déplacé le mobilier. Alors, en détail... Et tout ça, c'est
un long processus, hein? Vous savez que
les... C'est en 2018, même, je vous dirais, avant l'élection de 2018, que,
déjà, on a fait une analyse de la... de l'état de santé des lieux, la désuétude aussi de certains
équipements, et il y avait lieu d'agir pour conserver ce bâtiment patrimonial. Et
là, au fil des années, tout a déboulé avec les différents appels d'offres, les
différents sondages qui ont été faits pour consulter les élus aussi.
Pour ce qui est du
mandat actuel, pour ce qui est de l'échéancier, nous avons ça, tout ça, en
détail ici parce qu'il y a beaucoup de
choses qui se passent. Alors, je vais vous dire ça. Le 9 juin 2022, donc
avant même l'élection de 2022, d'octobre
2022, il y a un premier contrat qui avait été alloué pour les plans et devis du
salon bleu et du salon rouge parce qu'un
allait avec l'autre, il fallait faire une réfection ici, vous vous en souvenez,
le tapis était arraché, les fils pendaient, bon, donc tout ça était de
pair, des premiers devis, et ensuite, en juin 2023, se poursuivaient les
discussions. Et, entre autres, on a soumis
aux élus les différentes possibilités architecturales, et les élus ont décidé
que le salon bleu demeurerait face à face, comme il l'est actuellement,
mais avec, en fond de salle...
M. Laframboise :
D'ellipse.
Mme Roy
(Montarville) : ...seront en fer à cheval, un petit peu plus,
et avec des banquettes plus élevées, pour que
chaque élu puisse voir ce qui se passe, parce que malheureusement, lorsqu'on
est à la présidence, on ne voit pas les visages des élus à l'arrière et
dans les coins. Comme ça on va voir... la présidente ou le président verra tout
le monde.
Par
la suite, en octobre 2023, débutèrent les fameux travaux ici au salon rouge.
Là, c'est complété, c'est terminé. Je ne vais pas aller en détail sur ce
qui a été fait, mais tout a été changé, repeint, tout a été mis aux
normes : couvre planchers, câblages, caméras, équipements. Et
naturellement on travaille toujours avec le Centre de conservation du Québec.
Le Centre de conservation du Québec, c'est une société d'État qui relève du ministre
de la... du ministère de la Culture
et ce sont des spécialistes en patrimoine. Donc, ils accompagnent les
architectes qui travaillent ici. Il faut payer les services. Alors, ça aussi, il y a des frais qui
sont associés à ça. Donc, tout ça s'est passé en... à partir de 2023. Et on
poursuit avec de l'architecture, de la construction, de la construction,
des câblages.
Ensuite arrive
février 2024, travaux au salon bleu. Et c'est ici qu'on a commencé avec l'achat
des pupitres et le remplacement des pupitres. Nous allons conserver
26 pupitres doubles patrimoniaux, et c'est donc... ça veut dire, 26 fois deux... 28, pardon, 28 fois
deux, ça nous fait 56 places assises patrimoniales. Et la balance, ce sont
des nouveaux pupitres. Donc, le contrat, l'achat pour la confection des
nouveaux pupitres, qui sont faits, vous avez pu le constater, du même bois
noble, il s'agit d'un noyer foncé, la même couleur, le même bois, mais ce ne
sont pas des copies ni des pastiches, ce
sont des bureaux qui ont la signature 2024‑2025 et qui
s'harmoniseront avec la nouvelle configuration aussi. Donc, ça, ça
commence, février 2024, l'achat des pupitres de remplacement, parce qu'il y en
a au fond, comme vous le savez, qui servent
à faire la rotation, parce qu'on en sort au fur et à mesure pour les restaurer.
Vous ne le voyez pas, il y a des pupitres à l'arrière qui reviennent à l'avant.
Donc, les pupitres temporaires, on ne les voit pas, ils serviront ultérieurement,
ils retourneront à la fonction publique, c'est très important.
Par la suite, bien,
encore là, l'expertise du Centre de conservation et les services professionnels
s'y ajoutent. Et, en juin 2023, simultanément, là, je recule un petit peu, on
donne le contrat pour le projet numérique, parce que la transformation du salon
bleu, avec la réfection de tout ce qui se passe, c'est deux choses, c'est la
conservation, la restauration, la rénovation
du patrimoine, et également, bien, on amène dans le... dans ce siècle la
technologie numérique pour le bénéfice, naturellement, des travaux et
des élus qui y travailleront.
Et actuellement,
attendez, je veux être très, très précise sur ce qui se fait, comme je le
mentionnais dans mon discours de présentation,
actuellement vous pouvez aller voir sur le site Internet, il y a des photos au
fur et à mesure de tous les travaux qui s'y passent. J'avais bien
remarqué — où
était-ce? — ce
qu'on y fait en détail. On y a... Au moment où on se parle, là, on y a retiré
les planchers de béton, on a vraiment enlevé le plancher qui était dans le
salon bleu au marteau piqueur et on a créé un nouveau faux plancher pour
pouvoir y passer tout le filage, l'électricité là-dedans. Donc, on refait un plancher. On a mis aussi des
structures, vous avez probablement vu sur le site Internet, pour restaurer ces
fabuleuses fresques, j'en parlais tout à l'heure, ces deux magnifiques fresques
au plafond, qui sont des oeuvres d'art qui appartiennent à notre patrimoine.
Donc, il y a des échafauds, c'est pour ça qu'on ne peut pas y accéder, il y a
des échafauds. On refait les fresques, c'est-à-dire on les restaure, on
restaure les fresques, on refait les plâtres, on refait les boiseries, on restaure les boiseries, parce
qu'elles sont abîmées — de
loin ça ne paraissait pas, de près ça paraît — et les plâtres, et les frises. Et on a
passé aussi la ventilation ou on s'apprête à passer la ventilation...
Une voix :
...
Mme Roy
(Montarville) :
Décembre, janvier prochain. Quelle date, ça? Mais décembre, janvier prochain,
alors que nous serons en circonscription pour la période des fêtes, on y
passera la ventilation. Il faut absolument changer les systèmes de
ventilation, qui ont atteint la fin de la durée de vie utile. Et...
Une voix :
...
Mme Roy
(Montarville) : Pardon?
Une voix :
...
Mme Roy
(Montarville) : Oui, je parle longtemps, hein?
Ensuite, ensuite,
ensuite... Voilà, en gros, ce sont ce qui est fait. Ah! c'est ça, je l'avais
lu. Nous avons tellement d'information. Ah! c'est ici. Je les avais bien lues.
Donc... Et là on va restaurer aussi, naturellement, la table du greffier qui
s'en vient, on a retrouvé la table d'origine, le pupitre du président qui date
de l'ouverture. Donc, la table qui date de
l'ouverture, le pupitre qui date de l'ouverture, tout ça est en restauration.
Alors, je vous disais, les plâtres, les toiles, les finis
architecturaux...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci infiniment, Mme la présidente.
Mme Roy
(Montarville) : C'est pas mal tout ça qu'on fait. Voilà.
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Nous allons maintenant passer à l'opposition
officielle pour une période de 10 minutes, période d'échange. Donc, Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger,
la parole est à vous.
Mme Rotiroti : Merci, Mme la vice-présidente.
Alors, bonjour à vous. Bonjour, évidemment, à notre présidente de l'Assemblée
nationale, avec son équipe, M. le secrétaire général, avec tout le personnel
qui vous accompagne, qu'on reconnaît tous ces beaux visages là parce
qu'on a le privilège de vous côtoyer et de travailler avec vous, et on a... on
peut sans gêne dire qu'on a un service hors pair. Alors, merci. Mmes et MM. mes
collègues whip de... du gouvernement et whip de la deuxième opposition
officielle, avec vos équipes et chefs de cabinet. Je vais me permettre de
souligner ma cheffe de cabinet, qui m'accompagne aujourd'hui. Alors, sans eux,
je pense que chacun entre nous, on ne pourrait pas faire le travail qu'on fait
ici, à l'Assemblée nationale. Alors, merci beaucoup. Et évidemment je souligne
aussi le personnel dans mon bureau de comté de Jeanne-Mance—Viger, Nancy
et Grazie, qui me permet de faire mon travail ici, au parlement, et je... il
s'assure de tenir le fort dans le comté.
Alors,
Mme la Présidente, je vais juste revenir pour aborder un petit peu dans le même
sens que mon collègue de... whip du gouvernement, juste pour le salon bleu,
très rapidement, nous donner juste, si on... Je comprends bien qu'on est sur
le budget, alors on... il n'y a pas de dépassement de coûts pour l'instant.
Est-ce que vous prévoyez maintenir cette cadence-là? Et l'échéancier,
c'est-à-dire, quand on pourrait retourner dans notre salon bleu?
Mme Roy (Montarville) :
Comptez sur moi pour talonner le secrétaire général et toutes ses équipes, qui travaillent très, très fort pour qu'on demeure
dans l'échéancier, qu'on demeure dans les coûts. L'échéancier est respecté,
les coûts sont respectés, tout se passe
bien. Et on s'assure aussi de faire souvent le gros des travaux lorsque vous
êtes absentes et absents, parce que
c'est très très bruyant également. Et donc merci de tolérer et d'endurer les
désagréments que ça nous cause, entre autres... surtout le manque de
salles.
Pour ce qui est de
l'échéancier, nous devrions rentrer dans le nouveau salon bleu à l'automne,
pour la nouvelle législature, à l'automne 2026. Moi, j'ai un gros
fantasme, là, mon gros fantasme, ce serait que ce soit prêt pour mai,
juin 2026, mais là je sais que, dans la vie, on... bon, on peut se
permettre de rêver, mais l'échéance réaliste, c'est octobre 2026, pour que
nous puissions retourner au bleu.
Mme Rotiroti :
Parfait. Merci, Mme la Présidente. Moi, je vais aborder le sujet de le budget.
Alors, vous avez fait référence, d'entrée de jeu, dans votre discours et vous
avez parlé de rigueur budgétaire, quelque chose que je pense que toutes les formations politiques tiennent
énormément, et on peut quand même statuer aussi qu'effectivement vous êtes
fins et rigoureux dans la façon que l'argent
est dépensé. Par contre, il y a quand même des gens qui spéculent. À chaque
année, on a quelques articles qui sortent, on le voit, les gens
spéculent avec les crédits alloués, dépensés. Alors, j'aimerais ça que vous faites un petit peu la ventilation de le
budget de l'Assemblée nationale — évidemment,
on a... on voit qu'il y a une indexation à ce budget-là — et
nous expliquer un petit peu, si vous pouvez un peu décortiquer, par rapport à
les dépenses que l'Assemblée entame pour l'année en cours.
Mme Roy
(Montarville) : Merci. Merci beaucoup pour la question. C'est
extrêmement important, parce qu'un budget, c'est complexe. Et, dans ce cas-ci,
je vais y aller, puis je vais ventiler, puis je vais essayer de vulgariser au
maximum, et il y a Dominique qui n'est pas loin qui est notre experte aussi.
Cela dit, alors, pour
l'année en cours, la nouvelle année 2025‑2026, le Bureau de l'Assemblée
nationale, donc, vous tous avez adopté, le 10 avril dernier, un budget de
dépenses de 198 millions de dollars et 20 000 $, pour être
très précis, comparativement à l'année dernière où c'était
190 359 000 $, ça, c'était pour 2024‑2025. Donc, vous voyez qu'il y a une augmentation de
7 661 100 $, et ça s'explique principalement par les
augmentations qui sont proposées par le Secrétariat du Conseil du trésor.
Il faut que vous compreniez que l'Assemblée nationale se fie et travaille
directement avec le Conseil du trésor pour tous les subsides qui lui sont
alloués. Comme je vous disais, ce sont... c'est une entité indépendante, ce n'est pas un ministère qui relève
du gouvernement. Donc, cette augmentation-là, là-dedans, dans cette augmentation, il y a l'indexation des dépenses de
fonctionnement dû à l'inflation, qui est de 857 300 $, il y a la
bonification du Régime des rentes du Québec, qui est de
85 100 $, il y a la compensation pour le Régime de retraite des
membres de l'Assemblée nationale, ça, ce
sont les députés, donc la compensation pour votre régime de retraite est de
1 387 800 $, et il y a l'augmentation des dépenses
salariales. Le gros morceau, c'est ça, ce sont les salaires, notamment liés au
renouvellement de plusieurs conventions collectives, qui est de
5 330 900 $. Il ne faut pas perdre à l'esprit que l'Assemblée nationale c'est beaucoup de monde,
c'est plus de 750 fonctionnaires qui travaillent pour vous et moi. Et donc,
le gros de l'augmentation, le gros du
morceau, cette différence, ce 7 600 000 $ et plus, là-dessus il
y a 5 330 900 $ qui va à nos fonctionnaires. Et...
Une voix : ...
Mme Roy (Montarville) :
Eh! que je vous aime, vous. Je n'ai rien compris. C'est une blague.
Et, par ailleurs, ça, c'est l'enveloppe
budgétaire. Pour ce qui est, maintenant... dans l'ajustement à l'enveloppe
budgétaire pour 2025‑2026, c'est important également de le souligner, en
fonction de la planification budgétaire, l'enveloppe budgétaire pour l'année en
cours est répartie comme suit. Donc, sur le 198 millions de cette année,
de cette enveloppe budgétaire, 198 020 000 $, il y a
101 415 $ pour des programmes qui sont liés aux dépenses du secteur de l'administration, c'est une augmentation de
2 millions... Pardon, je reprends. Sur le 198 millions, il y a
101 millions pour les programmes qui sont liés aux dépenses du
secteur de l'administration, c'est une augmentation de
2 056 000 $, et il y a
également 96 millions pour des programmes liés aux dépenses du secteur
politique, soit une hausse de 5 600 000 $ par rapport à 2024‑2025. Donc, ce 96 millions est lié aux dépenses
des secteurs politiques. Ça, c'est pour vous autres. Effectifs de
l'administration, bon... Mais ça, ça explique bien l'enveloppe budgétaire.
Est-ce que je réponds à votre question?
Mme Rotiroti :
Oui.
Mme Roy (Montarville) :
D'accord.
Mme Rotiroti :
Juste...
Mme Roy (Montarville) :
Oui?
Mme Rotiroti :
Oui, continuez à décortiquer. Je voudrais aussi que vous abordiez... parce
qu'on a un compte de revenus autonomes aussi, alors, qui est distinct. Alors,
je veux juste... je vais vous laisser finir de décortiquer rapidement, mais
j'aimerais ça que vous abordiez le compte de revenus autonomes, qui est assez,
quand même, différent, dans les budgets des
ministères. On ne retrouve pas ce compte-là dans les budgets des ministères. Ça
fait que je voudrais que vous portiez une attention pour nous expliquer
c'est quoi, ce compte-là, ça sert à quoi.
Mme Roy (Montarville) : Ça,
c'est une découverte que j'ai faite en arrivant à titre de présidente, ce qu'on
appelle... ce que les amis ici appellent le CRA, le compte de revenus
autonomes. Je vous disais d'entrée de jeu que l'Assemblée nationale est
autonome, est indépendante du gouvernement, n'est pas un ministère et elle a le
pouvoir de conserver des sommes lorsqu'elles ne sont pas dépensées, c'est ce
qu'on appelle le compte de revenus autonomes. Et c'est avec ces sommes qu'elle s'occupe, entre autres, souvent de
l'entretien et fait de grands chantiers. Comme ça, on n'a pas besoin
d'aller demander des sommes supplémentaires, il y a des sommes qui sont dans ce
compte-là. En gros, c'est à ça que ça sert.
Maintenant,
on en est où, d'un point de vue financier? Alors, oui, ce compte-là, il a été
créé, ça, c'est intéressant, en mai
1993 par une décision du Bureau pour permettre à l'Assemblée de conserver ses
revenus autonomes et d'y imputer des dépenses préétablies. Les règles de
modalités de gestion de ce compte sont établies par le Règlement sur la gestion
financière et l'administration, ça, c'est une décision de 2011. Et le solde au
31 mars dernier, donc tout récemment, était
de 37 333 831 $, et ça inclut un virement de 5 millions
prévu pour 2024‑2025, c'est-à-dire sous réserve de l'autorisation
du Bureau. Donc, nous prenons des sommes non
dépensées et nous les retournons dans ce compte-là, ce qui nous permettra
de faire, comme je vous disais, des
aménagements. Et, de cette somme, du 37 333 831 $, il y a un
montant de 24,3 millions qui, lui, est déjà engagé. Il faut dire que
l'argent est là, là, mais on l'a déjà... on l'a déjà engagé en vertu de la
réglementation sur les projets institutionnels.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) : ...nous
allons... C'est déjà terminé pour le premier bloc. Nous allons passer au groupe... deuxième groupe d'opposition. Mme la
députée de Verdun, vous avez 12 min 8 s pour votre bloc
d'échange avec Mme la présidente. La parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
vice-présidente. À mon tour de saluer Mme la présidente, M. le secrétaire général, toutes les équipes qui sont avec vous,
toutes les directions ici présentes. Puis ma collègue la whip de l'opposition
officielle l'a très bien dit, là, nous
sommes choyés de travailler avec vous. Je salue mes collègues whips du
gouvernement, whips de l'opposition ainsi que les différents cabinets.
Je me permets quelques secondes, puis je pense qu'on n'aura pas le temps de
toutes les nommer, mais, avec vous, il y a des équipes, des employés
exemplaires qui travaillent avec nous, du moment qu'on rentre à l'Assemblée
nationale, au niveau de la sécurité, qu'on croise le matin à la cafétéria, les employés de la bibliothèque, les pages, les
personnes qui travaillent pour que les travaux parlementaires se déroulent
bien. Je pense, la liste est très longue, là. Vous l'avez dit, Mme la
présidente, on a des centaines de personnes qui travaillent avec nous à chaque
jour.
J'aimerais commencer par vous citer. Tout à
l'heure, dans votre exposé, Mme la présidente, vous avez dit une phrase qui m'a
marquée, puis j'aimerais vous poser une question d'abord très générale. Vous
avez dit : Notre devoir ici, c'est de
protéger la démocratie. Il faut faire ça. Il faut accroître les relations de
confiance envers nos institutions démocratiques.
C'est au coeur de la mission qu'on a ici, comme Assemblée nationale, qui
dépasse nos lignes partisanes. Je pense que c'est ça, l'objectif, aussi,
lorsqu'on travaille, au BAN, sur certaines... certaines questions, mais
j'aimerais ça vous entendre aujourd'hui sur ça, sur cette mission
d'accroître les relations de confiance envers nos institutions, surtout dans un
contexte, vous l'avez dit, dans lequel on doit demeurer un rempart envers des
idées ou des idéologies qui veulent nous ramener en
arrière, qui veulent attaquer la démocratie, ramener des idéaux d'autocratie,
voire qui sont contre le principe même du
travail parlementaire. Donc, je vous cède la parole si vous... l'approfondir un
peu, cette vision, puis, après ça, je vous poserai des questions
beaucoup plus pointues, là, sur certains aspects.
Mme Roy (Montarville) : Bien,
écoutez, on est tous très, très conscients de ce qui se passe de l'autre côté
de la frontière puis dans quelle mesure les
droits, puis les droits de tout le monde, entre autres, les droits des femmes,
les droits des plus vulnérables, peuvent être facilement bafoués. Vous parlez
d'autocratie, puis on est tous conscients qu'actuellement il se passe
quelque chose. Pour ne pas le nommer, le président américain bouleverse
l'agenda de tous les Parlements démocratiques sur la planète. Le Québec n'en
fait pas exception, puis, je vous dirais, le Canada de façon générale et le Québec en particulier, puisque, comme vous le
savez, nos économies sont intégrées, totalement intégrées. Donc, ça prend...
bien, ça ne pas grand-chose, ça prend juste
une personne avec des idées, disons, qu'on n'a pas vu venir, aussi, aussi
extrêmes, pour chambouler la démocratie. Puis je pense que c'est dans des
moments comme ça, et tous les premiers et premières ministres le disent,
et partout sur la planète où il y a des démocraties, et de grandes démocraties,
c'est dans des moments comme ça où on doit
absolument se trouver des partenaires fiables. On doit vraiment se...
identifier nos amis. Et celui qui était
notre plus grand ami, bien, par les temps qui courent, il n'est pas fiable, et
ce qui fait en sorte qu'on doit aussi nous assurer de conserver des relations
particulières avec nos collègues parlementaires, avec d'autres Parlements, qui
sont tout aussi dépourvus, et surpris, et bousculés par l'attitude du
président Trump, qui vient bousculer l'économie.
Puis la politique, il faut se le dire, c'est
l'économie, et les gens... Les gens, ce qu'ils veulent, c'est un toit. Ils veulent manger. Ils veulent une sécurité d'emploi
au maximum de ce qui est possible. Ils veulent être bien traités. Et ça sert à ça, la politique, d'améliorer la qualité de
vie des gens, et, lorsque ça, c'est remis en cause, et les droits fondamentaux,
les droits humains, les droits de la personne sont remis en cause, et sont
remis en cause par quelqu'un qui a le pouvoir d'influencer ou de déranger les
autres Parlements, c'est à ce moment-là qu'on doit, tous ensemble, tous les
élus, faire abstraction de la partisanerie
pour se dire : Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble pour protéger la
qualité de vie de nos citoyens?
Alors, c'est peut-être un grand détour pour
répondre à votre question, mais je pense que dans... c'est dans des moments
comme ça où... Je vous disais tout à l'heure que les députés de l'APF sont ici.
L'APF, c'est l'Assemblée parlementaire de la Francophonie. C'est une
institution qui a été créée en France pour les nations francophones des pays
francophones. Et moi, je suis très fière de vous dire que le Québec, il a son
siège au même titre qu'un pays, et ça, c'est important de le dire, et nous
sommes avec eux depuis le début. Cette association, cette Assemblée
parlementaire de la Francophonie, célébrera ses 50 ans en juillet
prochain, et le Québec parle, il parle d'une seule voix, parce que ce sont des
instances non partisanes. Et, moi, il n'y a rien qui ne me réjouit plus que de
voir les collègues parlementaires de tous les partis participer à des
événements comme ça parce que, là, on resserre des liens avec d'autres élus de
tous les partis, de toutes les tendances, de gauche à droite, qui vont nous
dire leur vision, qui vont partager leur réalité. Puis on arrive à échanger sur, bien, qu'est-ce
qu'on va faire justement pour contrer
l'instabilité du président Trump, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble pour continuer à promouvoir la démocratie,
qu'est-ce qu'on va faire avec ces fameux réseaux sociaux qui font actuellement de l'intrusion, qui influencent le vote,
qui viennent troubler et qui font de l'ingérence dans nos propres
Parlements.
Et c'est à ça que ça sert, entre autres, la
diplomatie parlementaire, ce que nous faisons ici, qui n'est pas à la même
échelle des missions gouvernementales, par exemple, qui, elles, le font avec
des ministres, mais ce que je trouve fabuleux,
c'est qu'il y a une occasion, il y a une occasion. Actuellement, Trump donne
l'occasion à tous les parlementaires de
se réunir et puis de se relever les manches, de se connaître, de se rencontrer,
de vouloir faire des choses ensemble pour la démocratie puis d'échanger à l'égard des lois. Qu'est-ce qu'on peut
faire pour améliorer la qualité de vie de nos citoyens? Qu'est-ce qu'on peut
faire pour améliorer la présence des femmes en politique? Qu'est-ce qu'on peut
faire pour rendre nos parlements plus humains?
Donc, cette démocratie-là que nous chérissons,
bien, il faut la faire connaître aussi, bon, il faut parler de nous, et puis faire connaître le Québec, puis qu'on
apprend aussi des autres beaucoup, puis il faut le dire aussi aux citoyens, il
faut qu'ils comprennent ce qu'on fait. Mais moi, ce que je me dis, c'est
qu'il y a une opportunité de le faire ensemble, sans partisanerie, et il y a
une grande, grande occasion à saisir ici pour le Québec, pour nos
parlementaires.
Mme Zaga
Mendez : Je vous remercie, Mme la Présidente, pour la
réponse. Je pense, c'est au goût du jour de se poser ces questions-là, d'amener ces réflexions-là en tant que pas
seulement... Vous l'avez dit, là, au-delà des lignes partisanes, on représente
le Parlement du Québec, vous représentez le Parlement du Québec. Donc, ça me
fait plaisir de vous entendre.
En ce qui
concerne la participation citoyenne, dans cette optique d'accroître les
relations de confiance, il y a déjà certains mécanismes qui favorisent
plus en plus la participation citoyenne au niveau de nos travaux
parlementaires. Est-ce que... Vous pouvez peut-être nous en dire plus. Comment
l'Assemblée nationale favorise la participation des citoyens en ce qui concerne nos travaux parlementaires et qu'est-ce
qu'on pourrait faire de plus, justement, entre autres, pour faire des retours lorsque les citoyens donnent leur
opinion ou des commentaires en ligne concernant des mandats ou des
commissions en cours?
Mme Roy (Montarville) : Il y a
deux... il y a deux volets à la réponse. Il y a le volet pour la
population, vraiment, des travaux parlementaires que vous faites, c'est-à-dire
les pétitions, les pétitions en ligne. Le citoyen peut vous interpeler comme
élus, vous demander de porter leur voix... en fait, vous le faites au
quotidien, comme élus, vous avez
l'opportunité de rencontrer justement les membres du gouvernement puis parler
de votre... puis ça, les gens l'ignorent, hein, mais de parler de votre cas de circonscription, de ce qui vous
préoccupe, puis, plus souvent qu'autrement, on peut arriver
à des solutions en se parlant. Puis, vous avez un accès direct au gouvernement
et les citoyens ont un accès via vous, via
les pétitions, via aussi les commissions, lorsqu'il y a des commissions
auxquelles vous participez, les commissions qui sont plus ouvertes, les
citoyens peuvent venir s'exprimer. Et, dans toutes les commissions, les
citoyens peuvent déposer des mémoires au greffe, et sachez que ces mémoires-là,
ils sont lus par les élus, ils influencent. Les gens pensent qu'ils n'ont pas d'influence. C'est totalement faux.
Naturellement, en plus des mécaniques... des mécanismes bien connus de
manifestation, de tout ce que vous voulez, de lobby, il y a cette voie directe,
la voie du Secrétariat des commissions
parlementaires, qui permet aux gens de s'exprimer. Et ça, c'est le premier
volet, là, via les travaux parlementaires.
Et, le second
volet, pour ce qui est de faire connaître notre démocratie et notre façon de
fonctionner, bien, il y a une direction ici, une direction de la mission
éducative, parce qu'il y a un grand volet de mission éducative, parce qu'une des choses que je souhaitais, à mon arrivée,
et qui était déjà entamée par les précédents... les précédents présidents,
pardon, c'était de rendre accessible le parlement,
puis ouvert, ouvert à la population. C'est pour ça, la porte bleue, qui était
une excellente idée des Communications, cette porte-là qui dit : Entrez,
c'est ouvert. Bien, il y a peu... il n'y a pas tant de parlements à
travers le monde où les gens peuvent arriver... naturellement, il faut passer
la sécurité, s'identifier, mais où les gens peuvent entrer, visiter, se
promener librement, c'est rarissime, et avoir accès à des élus, les voir, les
croiser. On a un service de guides
incroyable, qui expliquent le fonctionnement, vous pouvez aussi... en
deux volets, vous pouvez choisir d'avoir un guide personnel, un
guide avec vous ou faire une visite seule avec une application, il y a une
application, Mur à mur, avec votre téléphone, qui vous explique la visite. Mais
il y a donc cette mission éducative mais qui permet aussi... Je vais arrêter.
Je sais que vous voulez dire d'autre chose, allez-y.
• (11 heures) •
Mme Zaga
Mendez : Bien, je vous remercie. Désolée, je... il me reste
quelques minutes, je vais les... vous relancer. Vous avez parlé d'accessibilité
aux lieux, j'aimerais ça aussi ajouter les questions d'accessibilité universelle,
juste pour faire un suivi, l'année passée, et l'accessibilité
universelle dans les bureaux. Et je vous cède les deux minutes qu'il nous
reste.
Mme Roy (Montarville) : De un,
moi, c'est quelque chose qui me touche, là, énormément. Et je sais que vous
aviez... votre formation politique avait invité quelqu'un, et cette personne-là
n'était pas rentrée par... Parce qu'il y a une accessibilité universelle avec
le nouveau pavillon d'accueil, donc c'est possible d'avoir l'accessibilité
universelle. C'est sûr que c'est difficile, faire du neuf avec du vieux, on ne
peut pas défoncer partout, mettre des ascenseurs, mais c'est pour ça qu'il y a
un chemin précis pour les personnes qui sont à mobilité réduite. Mais, cette
personne-là, moi, j'ai dit aux équipes...
j'ai dit : Il faut absolument lui parler, il faut absolument qu'on voie
dans quelle mesure... puis on lui a demandé
dans quelle mesure on peut aider. Et nos équipes travaillent de concert
aussi... de concert avec les organisations qui s'occupent des personnes
à mobilité réduite pour voir comment est-ce qu'on peut adapter. D'ailleurs,
dans le salon bleu, le futur salon bleu, on le fait aussi, on s'assure pour
qu'il y ait de la place pour pouvoir avoir des fauteuils, etc., ce qui n'est pas le cas actuellement. Et chaque
parlementaire, dans leurs bureaux de circonscription, dispose d'un montant
de 8 000 $ pour effectuer des améliorations pour répondre au critère
d'accessibilité qui est prévu dans la politique de l'Assemblée nationale.
Alors, moi, ça me tient beaucoup à coeur que
chaque citoyen puisse avoir accès à notre parlement. C'est sûr qu'il y a des
endroits où il y a des marches, mais il y a l'ascenseur, puis demandez, puis
demandez aux guides, puis on va vous assister. C'est très important.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Zaga Mendez : Bien, je vous
remercie pour les réponses. Puis, encore une fois, merci pour le travail à
toutes les équipes qui sont avec vous.
Mme Roy (Montarville) : Merci,
madame.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous allons maintenant procéder au prochain échange avec la partie
gouvernementale, et je cède la parole à Mme la députée de Saint-François.
Mme Hébert : Merci, Mme la
Présidente. Alors, moi aussi, je vais faire quelques salutations, pas mal tout
le monde a été énuméré, mais M. le secrétaire général, Mme la présidente,
toutes nos équipes qui sont ici présentes. Puis, bien, je vais prendre cette tribune pour souligner, moi aussi, mon
équipe, qui est à Saint-François, qui travaille très fort. Là, ne soyez
pas surpris, j'ai une grosse équipe, mais j'ai besoin de tout ce monde pour
bien m'entourer et faire mon service à la population, donc Hugo, Manon, Gaston,
Rémi et, le petit dernier, Benjamin.
Mais, Mme la présidente,
moi, je vais vous parler des relations interparlementaires et internationales.
Vous savez, depuis 2019, j'ai l'honneur d'être rapporteure à la section
du Québec à l'APF, que vous avez mentionnée et dont on a le plaisir d'avoir le Réseau des femmes ici, à
l'Assemblée nationale, et le Réseau des jeunes cette semaine. Alors, je suis
rapporteure à la Commission des affaires
parlementaires, un rôle que je prends très à coeur et que je trouve que, souvent,
c'est méconnu, méconnu des gens, ce rôle qu'on a à porter à l'international. Et
moi, je trouve qu'il faut en parler parce qu'il faut valoriser ce rôle-là et
tout le travail que l'on fait aussi avec les conseillères en relations
interparlementaires qui nous accompagnent.
Je dois
préciser que je n'étais jamais... je n'ai jamais été en politique avant 2018.
Alors, pour moi, un sujet clé... puis je suis contente que vous en
parlez et je suis contente aussi que l'Assemblée nationale soit au rendez-vous,
parce que l'ouverture des parlements, c'était mon premier
rapport, que j'ai déposé, finalement, en 2022, après la pandémie, les travaux
qui ont été modifiés, à l'APF, parce qu'on ne pouvait pas nécessairement être
en présentiel. Mais sachez que ce rapport-là
a fait des petits, et il est accessible, et on peut... et je sais qu'il a été
repris dans le Parlement écossais, il a été repris en Côte d'Ivoire.
Donc, les travaux que l'on fait rayonnent à l'international et inspirent
d'autres Parlements à avoir des rapprochements envers leurs populations.
Le deuxième rapport,
c'est les effets de la désinformation dans le milieu parlementaire. C'est très
d'actualité. Alors, ça a été vraiment un
travail que l'Assemblée nationale, on a mis beaucoup à contribution les
parlementaires, parce que sachez que,
étant donné que je n'avais jamais fait de politique, moi, lire des rapports, ça
ne m'intéressait pas. Donc, je voulais
avoir des tables rondes, des ateliers consultatifs, des collaborations avec
différentes instances. Alors, c'est ce qu'on a amené à la Commission des
affaires parlementaires. Et je suis contente parce qu'il y a plusieurs autres
commissions présentement à l'APF qui suivent un petit peu la voie du Québec
pour mettre plus d'interactions.
Et
je suis aussi très fière, et vous aussi, j'en suis certaine, Mme la présidente,
nous avons, à l'APF, une délégation entièrement féminine depuis l'an passé.
Alors, ça, c'est une belle fierté, quand on peut représenter le Québec, peu
importe, lors des réunions, d'être
entièrement des femmes. Alors, j'en suis très fière. Et je sais que vous aussi,
vous teniez à le spécifier.
Alors,
dans ce contexte-là, j'ai parlé seulement de l'APF, pourriez-vous nous parler
des multilatérales, des bilatérales, des
coopérations? Qu'est-ce que l'Assemblée nationale a comme poids et comment
qu'il y a de représentation, justement, pour notre rayonnement puis, en même temps, valoriser tout ce travail-là
que les députés font ici, à l'Assemblée nationale?
Mme Roy
(Montarville) : Merci beaucoup pour votre question. Je vais être très,
très transparente avec vous, moi aussi, quand je suis entrée en politique,
j'ignorais ce que c'était, tout ça, j'ignorais ce qu'était la diplomatie
parlementaire. Quand on entre en politique, on veut surtout se défendre,
défendre nos citoyens et faire des lois, mais la
diplomatie, c'est un peu loin. On se dit : Je ne suis pas diplomate, je
suis élue. Eh bien, vous êtes aussi diplomate, quand vous êtes un élu,
tous les élus le sont à leur façon et ont l'opportunité de l'être. Et ce qui
est incroyable, c'est qu'être élu, un élu ou
une élue, c'est un privilège, c'est un privilège qui nous est donné par la
population, et puis on porte la voix, on porte la voix de notre nation. Et,
quand on est élu dans une circonscription, on porte la voix de tous les
citoyens, peu importe la couleur pour laquelle ils ont voté, on porte la
voix de tout le monde, alors... Et ça, c'est un des piliers de la démocratie,
aussi, représenter la population.
Et, à mon arrivée à
titre de présidente, bon, je savais qu'il existait des ententes — avec le
temps, quand même, mais, je vous dis, c'était en 2012, j'ignorais tout ça — je
savais qu'il y avait certaines ententes, mais je ne savais pas jusqu'à quel
point l'Assemblée nationale du Québec était active, active sur la scène
internationale, et avait une voix et une voix d'influence. Et de la diplomatie
parlementaire, c'est vraiment, puis j'ai commencé un petit peu à répondre à Mme la whip du deuxième groupe d'opposition...
c'est l'occasion d'en apprendre sur les façons de faire. On ne réinvente
pas la roue, hein, on apprend de ce que les autres ont fait puis on se
dit : Mon Dieu! on pourrait faire ça chez nous aussi, puis ce serait bon ou pas, tu sais. Et on peut aussi se comparer,
puis, des fois, quand on se compare, on se console, on dit : Mon
Dieu... Au Québec, moi, je vois jusqu'à quel point, avec nos relations
interparlementaires et internationales, le Québec est un pays avant-gardiste,
une nation avant-gardiste.
Je vous dirais que ce
qui est surprenant et ce que les gens ignorent, c'est que l'Assemblée
nationale, elle a signé 17 ententes
bilatérales. Ça, c'est des ententes de Parlement à Parlement. Et puis, les
groupes politiques, chacun décide qui
sera... les élus qui vont se joindre à une famille parlementaire, à une de
ces... à une de ces bilatérales. Rapidement, je vous dis qu'il y a une
bilatérale avec, naturellement, l'Assemblée nationale de la France, le
Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'Assemblée législative de
l'Ontario. On va souvent en Ontario, ça ne fait pas les nouvelles, mais on va souvent en Ontario, puis l'Ontario vient
souvent ici. Je vous dis ça. D'ailleurs, ils viennent d'élire la première femme
présidente, Donna Skelly. Il n'y avait pas eu de femme présidente, en Ontario,
donc c'est bien, je pense qu'ils ont suivi l'influence
du Québec. Ensuite, il y a le Parlement d'Haïti — Haïti, il se passe des choses en Haïti,
actuellement, c'est à surveiller, le Landtag, c'est en Bavière, le
Parlement de la Catalogne — on
a reçu récemment les députés de la Catalogne — le Sénat français,
beaucoup d'échanges avec le Sénat, des études, entre autres — j'ai
eu une formation sur une étude qu'ils ont faite, volumineuse, sur TikTok et
l'influence de TikTok, c'est à lire — le Parlement de la Wallonie, l'Assemblée législative du
Nouveau-Brunswick — le
Nouveau-Brunswick aussi a élu une femme présidente — la Chambre des représentants du Maroc,
maintenant la Cour générale du Massachusetts, parce qu'on a des relations avec
les États-Unis, l'Assemblée législative de la Louisiane, l'Assemblée nationale
du Sénégal, le Congrès populaire de la province de Shandong — bon,
ça, c'est en Chine, ça, je vous avoue qu'il n'y a pas beaucoup de relations
avec la Chine, celle-là, elle est sur la
glace, hein, on comprend, pour différentes raisons, là, moi, je n'irai pas là — l'Assemblée préfectorale de Kyoto, la
Chambre d'assemblée de Terre-Neuve-et-Labrador, le Parlement de la République et
Canton du Jura. Et je vous dirais que le Jura, bien, c'est une bilatérale que
nous venons de signer, il y a quelques semaines à peine. Je ne pouvais pas
concevoir que le Parlement du Québec n'ait pas d'entente bipartite avec un
Parlement de la Suisse. Alors, s'il y a un
pays avec lequel on partage des valeurs communes et la langue... Alors, on a
signé une entente avec le Jura. Et je vous
annonce que jeudi prochain il y aura la présidente du pays de Galles qui sera
ici, et nous devrions signer une entente ensemble.
• (11 h 10) •
Ça, c'est les
bilatérales, mais il y a aussi les multilatérales, elles sont cinq. Il y a
l'APF, on en parlait tout à l'heure,
l'Association parlementaire du Commonwealth, l'APC, la Confédération
parlementaire des Amériques, la COPA. Et
ça, sachez que la COPA a été créée par le Québec, entre autres, qui y a un
secrétariat, très important de le spécifier. L'APF et la COPA sont deux associations multilatérales
où le Québec joue un rôle très puissant. Ensuite, avec les Américains, le
Council of State Governments et sa section de l'est de l'Amérique du Nord, le
CSG East, et le National Conference of State Legislatures. Bon, ça, ce sont les
organisations interparlementaires, ce qu'on appelle les multilatérales.
Ça
vous donne une idée des différentes relations que nous avons avec différents
Parlements et différentes associations. Et ça, les gens l'ignorent, mais
notre rôle à nous, comme élus, c'est justement d'aller à la rencontre de ces
associations, de remplir les obligations qu'on a, parce qu'on a des obligations
à l'égard de ces associations-là, et puis de faire évoluer notre Parlement,
c'est vraiment des relations de Parlement à Parlement, de parlementaires à
parlementaires.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Hébert : Bien, j'aimerais juste ajouter aussi que, dans le
contexte actuel, avec les États-Unis, pensez-vous que l'Assemblée nationale a encore
plus intérêt à vraiment échanger avec notre partenaire du Sud, comme on dit,
donc, de ce côté-là?
Mme Roy
(Montarville) : Absolument. La réponse, là, c'est : Absolument.
On a déjà trois tables avec eux, puis il faut continuer, parce que
M. Trump ne sera pas éternel. Donc, il faut continuer à garder des liens
avec notre principal partenaire économique. Donc, on renforce nos liens.
Et là aussi on a un siège, et c'est important de le préserver. Avec ce qui se passe actuellement, pour nous, pour
l'Assemblée nationale, il faut absolument contribuer aux efforts pour viser à
protéger les intérêts supérieurs du Québec. Et, on va se le dire, tant au
niveau gouvernemental, le gouvernement et les gouvernements font leurs efforts
à cet égard-là, puis nous, bien, on veut renforcer le positionnement de
l'Assemblée nationale du Québec à l'égard
des parlementaires américains. Et ça, il faut le faire sur la scène
internationale puis il faut le faire avec eux aussi.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Merci. Nous serions maintenant rendus à la deuxième période
d'échange avec l'opposition officielle. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger, la
parole est à vous.
Mme Rotiroti : Merci,
Mme la Présidente. Dans le fond, on va continuer dans la même lignée, Mme la présidente,
par rapport à notre relation... nos relations bilatérales et multilatérales, toute
la question des missions, parce que, encore là, ça a fait les manchettes
et les gens se posent beaucoup de questions par rapport à ces missions-là, il y
en a qui appellent des voyages, nous, dans notre jargon, c'est des missions,
parce qu'effectivement on va là pour travailler, on est là pour tisser les
liens avec les différents Parlements. Et c'est important de dire que c'est
beaucoup, beaucoup de travail. Les horaires sont très chargés. Les collègues,
ils n'ont pas une minute à eux quand ils sont dans ces missions-là. Et je vous dirais même qu'à la fin il y a quand même des
travaux qui se font parce qu'il y a des rapports à produire. Et, tout ça, c'est
disponible sur notre site. On a un onglet sur le site de l'Assemblée nationale
qui s'appelle Diplomatie puis on peut aller
chercher ces rapports-là. Et, même dans les rapports, vers la fin, on a même
les dépenses qui sont encourues avec ces missions-là. Alors, je suis
bien contente que ma collègue de Saint-François aborde l'importance de ces
missions-là parce qu'effectivement c'est quelque chose qui n'est pas très
connu. Il y a beaucoup de questionnements par rapport à pourquoi qu'on fait ces
missions-là. Ça rapporte quoi à la fin de la journée? Pourquoi qu'on fait ces
dépenses-là? Alors, je pense que ce serait
important... c'est important qu'on l'aborde mais aussi qu'on clarifie cet aspect-là
parce que, d'autant plus, ça aussi, ça a fait les manchettes à quelques
reprises. C'est toujours un sujet d'intérêt, hein, par rapport à... comme
parlementaires, qu'est ce qu'on fait à l'étranger. Et, je vous dirais, même
dans le contexte, présentement, de qu'est-ce qu'on a avec les États-Unis, j'ose
croire qu'on va renforcer aussi ces relations-là avec les États, les États
américains.
Alors, juste,
je ne sais pas, Mme la présidente, si... juste rapidement, parce que je
voudrais aborder un autre sujet, si vous voulez ajouter quelque chose par
rapport aux missions ou est-ce qu'on a fait le tour de la question pour vous.
Mme Roy (Montarville) : Merci.
D'abord, il est important de dire qu'après chaque mission on dépose sur le site
Internet, puis vous l'avez mentionné, je pense, là, mais c'est important de le
répéter, la mission, l'objectif de la mission,
qui était présent, ce dont il a été mention, ce qu'on fait, les échanges qu'on
fait, les échanges, puis ce qu'on apprend aussi, parce qu'on apprend beaucoup.
Il y a des spécialistes des différents endroits qui viennent nous donner des
formations. Et, tout comme nous, parce qu'on a des grands spécialistes
aussi au Québec, entre autres, je pense à l'intelligence artificielle... Parce qu'on fait aussi des
accueils, il y a le... Le corollaire de cette mission, nous allons, mais eux,
lorsqu'il y a ces ententes
bipartites, interparlementaires, eux viennent aussi nous rencontrer, nous les
accueillons. Nous avons plusieurs professeurs d'université qui donnent des
formations aux élus qui viennent ici également. Donc, tout le rapport de ces missions-là
en détail est mis sur les sites Internet. Et je pense que... j'invite les gens
à aller les lire. Ça peut être, naturellement,
un peu volumineux, mais on tente de les faire... de faire un résumé de ce qui a
été dit. Et, ces activités-là, aussi, c'est important — et la
députée de Saint-François en parlait — de souligner qu'il y a
plusieurs élus qui ont des fonctions auprès
des élus de tous les partis qui ont des fonctions au sein des différentes
instances, les instances multilatérales, et qui doivent faire des
documents, préparer les rapports, préparer des exposés pour faire état de ce
qui se fait ici à l'international. Et ce sont des élus qui sont en mission
souvent seuls. Donc, le nombre de missions peut paraître... peut paraître
élevé, mais c'est surtout qu'il est important que le plus grand nombre d'élus
puissent y participer. Donc, ce n'est pas toujours la même personne ou les mêmes
personnes. Et ce sont les whips de chaque parti qui décident des députés qui
seront présents, et qui font partie des groupes parlementaires pour se joindre
à une bilatérale ou une multilatérale, et pour aller y faire des présentations.
Donc, c'est du travail, ce sont des missions. Et, oui, c'est toujours agréable
d'en apprendre, et d'en apprendre des autres, et de voir comment les autres
fonctionnent, mais je pense que c'est en... En se comparant, des fois, on
dit : Mon Dieu! on fait bien les choses.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la présidente. Allez-y.
Mme Rotiroti :
Merci. Oui. Alors, merci, Mme la Présidente. Effectivement, quand on se
compare à d'autres, on peut se consoler, parce qu'on est quand même
avant-gardistes, ici, au Québec, alors on peut en être fiers.
Je veux aller sur le
projet de la cité parlementaire, parce qu'on a commencé ça fait quelques années
et on le voit en train de se... les différentes phases en train de se
développer. Alors, évidemment, ça touchait quatre... C'était la question de
sécuriser la rue des Parlementaires, c'était sécuriser les terrains de
l'Assemblée, le réaménagement de la cour
intérieure et la refonte de la gestion des matières résiduelles. Je voulais
savoir... C'est parce qu'on n'en parle pas souvent non plus. On voit des choses apparaître, on voit qu'on est de
plus en plus bien sécurisés par rapport à les guérites et qu'est-ce
que... les terrains de l'Assemblée nationale, mais j'aimerais ça si on pouvait
donner une petite mise à jour du projet et, encore une fois, si on est toujours
dans l'échéancier prévu et les coûts qu'on a estimés pour le projet, pour
l'ensemble du projet.
Mme Roy
(Montarville) : Alors, vous avez sûrement remarqué qu'il y a des
travaux à l'extérieur, tout près de
l'immeuble où loge la lieutenante-gouverneure, vous avez remarqué ça. Alors,
ça, ça fait partie de ses travaux de la cité parlementaire. La première
phase qu'on est en train de faire, c'est un peu... ça m'a fait sourire, mais
c'est nécessaire, c'est toute la gestion des matières résiduelles. Un
parlement, et avec un restaurant, avec des dépendances, avec une bibliothèque,
avec 500 quelques personnes qui y travaillent, eh bien, c'est une gestion de
déchets, mais c'est aussi une gestion de
produits recyclables. C'est une gestion de tout ça. Et, si vous vous souvenez
bien, ça crée aussi un capharnaüm lorsque c'est le temps de sortir les
fameux bacs bleus, bacs bruns, bacs verts, alouette. En fait, ce n'était juste
plus circulaire, dangereux, non sécuritaire.
Donc, puisque nous procédons à l'avancement de la cité parlementaire, la
première chose qu'il fallait faire, c'était de nous assurer qu'on puisse
gérer ces matières et ces matières recyclables de façon ordonnée et sécuritaire pour les employés aussi. Donc, on a creusé sous
le parlement pour que... jusqu'à l'autre côté, où sera installé un dépôt pour
toutes ces matières, l'autre côté de la rue des Parlementaires, ce qui va
permettre la circulation, parce que, la fameuse rue des Parlementaires,
c'est par où vous arrivez, c'est un endroit qui doit être sécurisé et ce n'est pas un dépotoir. Donc, c'est la raison pour
laquelle ces travaux ont... les premiers qui ont été réalisés pour la suite des
choses. Quand ça, ça va être rangé, mis sous terre et qu'on pourra y circuler
librement, on pourra aussi éventuellement aller
de l'avant avec le projet qui était de rendre la rue des Parlementaires
piétonnière également, pour la sécuriser davantage, pour la bloquer,
parce que c'est l'arrivée aussi des limousines pour... des véhicules de
fonction, je devrais dire, pour les
ministres, et l'entrée est très, très sécurisée pour chaque élu. Donc, pour
rendre l'espace plus sécuritaire et aussi plus fonctionnel pour les
employés, c'est cette phase-là qui est en voie de réalisation pour le moment.
Est-ce que je réponds
à votre question?
Mme Rotiroti :
Oui. Juste, par rapport aux échéanciers, vous êtes toujours dans le temps
et dans les coûts? Est-ce que vous respectez toujours les budgets alloués à
chaque phase?
• (11 h 20) •
Mme Roy
(Montarville) : Alors, échéanciers, oui, madame. Alors, les travaux,
comme prévu, ont débuté en août 2024. Donc,
c'était l'été dernier, nous n'y étions pas. Ils doivent être terminés pour la
fin juin 2025. Donc, lorsque vous allez
revenir, fin juin... lorsque vous allez revenir, en septembre 2025, tout ça
devrait être terminé. On devrait avoir libre accès, plus de barricades
tout le tour, donc retrouver notre rue des Parlementaires.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée.
Mme Rotiroti :
Oui.
La Présidente (Mme
D'Amours) : 1 min 15 s.
Mme Rotiroti :
Une minute? Vous avez fait référence à toute la gestion des déchets, Mme la présidente.
Juste... Vous avez parlé que ça va être
souterrain. C'est ça? Ça aussi, est-ce que vous êtes dans les coûts et les échéanciers,
les coûts et les...
Mme Roy
(Montarville) : C'est tout ça.
Mme Rotiroti :
C'est tout ça? Vous rentrez dans les coûts puis l'échéancier aussi?
Mme Roy
(Montarville) : Pour le moment, tout est parfait. Alors, on
continue à cet égard-là.
Mme Rotiroti :
On se croise les doigts?
Mme Roy
(Montarville) : Oui.
Mme Rotiroti :
Parfait. Ça va aller, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Nous revenons maintenant avec le gouvernement, et
je cède la parole à la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci,
Mme la Présidente. Mme la présidente, vos équipes, merci pour l'exercice ce
matin. C'est toujours... Ça m'étonne toujours de voir et de savoir
combien il y a d'employés ici, à l'Assemblée nationale. Donc, 750, qu'on dit, c'est toujours impressionnant, donc, puis merci à
vos équipes. On a toujours un excellent service, peu importe le
département. Moi, je fais plus affaire avec le CSP, toujours un excellent
service, rapide et courtois, je tiens à le mentionner.
Justement, en lien
avec le CSP, vous avez mentionné une table ronde, La politique à l'ère de
l'intelligence artificielle. J'aimerais savoir est-ce qu'il y a eu... Est-ce
qu'il y a un rapport qui a été émis? Si oui, quelles sont les conclusions?
C'est dans l'air du temps, l'intelligence artificielle, et on sait aussi
qu'avec la modernisation de notre salon bleu, je l'imagine, je l'espère, en
tout cas, je le souhaite, qu'on aura voix aussi à cet outil technologique là.
Donc, j'aimerais vous entendre un petit peu plus sur la table ronde qui a eu
lieu.
Mme Roy
(Montarville) : Les...
Mme Guillemette :
Les tables rondes, oui.
Mme Roy
(Montarville) : Elle a eu lieu à la bibliothèque. Je vais vous revenir
avec quelques détails, mais, juste avant, en
préambule à l'intelligence artificielle, parce que c'est quelque chose qui me
préoccupe beaucoup, beaucoup, beaucoup,
je vous le disais dans le texte d'introduction, tout à l'heure, que l'Assemblée
nationale s'est dotée d'une politique, parce qu'il faut utiliser ça avec des
pincettes mais pour le mieux. Je pense que l'intelligence artificielle, elle
est capable du meilleur et du pire.
Il faut s'en servir uniquement pour le meilleur, pour aider aux travaux
parlementaires, pour aider aux élus, pour aider aux administrations.
Je
vous dirais qu'actuellement on y va de façon très parcimonieuse. Actuellement,
elle existe, et, je vous dirais, ce qu'elle fait, puis ce qu'elle fait
très bien, l'intelligence artificielle, c'est qu'elle est capable de faire une
retranscription de chacun de vos mots en temps pratiquement réel. Alors, ça,
c'est incroyable. Avant, ça nous prenait quelqu'un à la retranscription qui
écoutait et qui réécoutait ce que vous disiez. Donc, ça, ça aide la vie de tous
ceux qui veulent lire et voir ce qui se dit et ça aide aussi la vie... Et je
pense à nos collègues et nos amis journalistes, parce que la retranscription presque en direct, les
transcriptions, c'est quelque chose qu'ils nous demandaient beaucoup, d'avoir
des retranscriptions de ce qui est dit. Et donc on s'en sert à cet
égard-là. Dans le parlement, on se sert actuellement de l'intelligence
artificielle pour ce qui est de la retranscription de ce que les élus disent.
Ça, pour le moment, ça va, c'est sécuritaire. On n'est pas dans le deepfake. On
s'en sert de façon intelligente.
Je
vous disais qu'il y a également une politique qui a été mise sur pied et qui
fait en sorte que, lorsque... Et on surveille de près ce qu'il est
possible de faire, ce qu'il n'est pas possible de faire. Et je pense que le
mot, ici, c'est rigueur, parcimonie. On voit ce qui se fait aussi, une vigie
dans les autres Parlements, on voit l'application.
Maintenant, pour
répondre plus précisément, avez-vous... je n'ai pas cette fameuse table ronde
là, parce que l'intelligence artificielle, c'est un sujet, justement, dont nous
faisons mention très, très souvent dans les accueils, ou encore les missions à
l'étranger, ou les accueils de collègues. Je me souviens, il y a deux ans,
lorsque des députés français sont venus ici, on est partis là-dessus, sur
l'intelligence artificielle, sur les réseaux sociaux. C'est quelque chose dont
on parle. Et, je vous dirais même, c'est une mission à laquelle j'ai pris part
en Écosse où on nous parlait de ces attaques, de ces cyberattaques sur les
programmes informatiques des parlements. Et là je suis tombée de ma chaise,
quand je leur ai demandé, bien, le nombre d'attaques, d'intrusions. Plus d'un
millier d'intrusions par mois juste en Écosse.
J'ai dit : Mon Dieu, qui veut vous attaquer? Puis on me dit : La
Russie, la Chine, l'Iran. Alors, on n'est pas à l'abri de ça ici. Puis, on l'a
vu au fédéral, on a vu, au fédéral, qu'il
y avait eu une commission
sur l'ingérence de la Chine dans les travaux, au fédéral. Là, on est à
Ottawa, là, c'est à côté, là. Donc, l'intelligence artificielle, tout ce qui
touche les technologies de l'information, il
faut y aller de façon très, très, très prudente. C'est la raison pour laquelle
l'Assemblée s'est dotée d'une
politique pour y aller à pas feutrés, avec des programmes approuvés, des
méthodes approuvées, parce que c'est vraiment l'aspect sécuritaire de la
chose, aussi, qui nous tient à coeur.
Maintenant, je vous
disais que des tables rondes... Vous me parliez de la table ronde, je vous
disais qu'on parle souvent, dans les rencontres bilatérales ou multilatérales,
d'intelligence artificielle, de technologies de l'information. Et cette table
ronde là, elle avait pour thème La politique à l'ère de l'intelligence
artificielle!, elle était organisée dans le
cadre des Prix du livre, elle était animée par Guillaume Lamy et elle était
présentée gratuitement dans l'agora. Et elle était, cette table ronde là, en
présence des personnes qui étaient lauréates des fameux Prix du livre, parce
que nous avons le Prix du livre politique, ici, comme vous le savez,
depuis des années déjà, et, bien, c'est totalement d'actualité, là.
Et
donc... Et on en parle également... Ah! Ha! Ah oui! Je n'y étais pas,
voyez-vous, ce sont des experts québécois qui sont allés en
Wallonie-Bruxelles, qui étaient attendus là-bas, à la journée de l'intelligence
artificielle et des parlements, et ça s'est
tenu au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, c'était en février
dernier. Donc, c'est des experts
québécois qui ont été invités, des experts québécois, et notre directrice de la
bibliothèque — merci,
M. le secrétaire général. Donc, quand je vous dis qu'on a des experts
ici — ils
sont ici — qui
nous aident, bien, ils nous aident aussi à aller
plus loin pour le futur, avec ce qui s'en vient, ce qui nous pend au bout du
nez ou... On est déjà dedans, là. Et on a des spécialistes, ici, puis il
faut, justement, demander leur expertise, se fier aussi à leur expertise. Puis
on voit ce qui se fait ailleurs. Donc, c'est
vraiment un échange de bons procédés, de bonnes pratiques puis d'analyse des
choses. Donc, c'est notre directrice de bibliothèque qui est allée
là-bas, en Wallonie-Bruxelles.
Donc, ça, ça fait
partie de la coopération, aussi, parce qu'il y a un volet... lorsque je vous
parlais de la diplomatie parlementaire, il y
a un volet aussi de coopération qui implique les fonctionnaires. Beaucoup de
fonctionnaires de l'État font des échanges. Cette
diplomatie parlementaire là, cet échange de savoirs entre parlements
démocratiques, ça se fait au niveau, également, de la haute fonction publique.
J'espère que je vous ai éclairée.
Mme Guillemette : Oui, merci,
très intéressant. Parce qu'on s'en va vers là, donc il faut aussi que
l'Assemblée nationale soit au goût du jour, je dirais, et surtout très à
l'affût de ce qui se fait en intelligence artificielle.
Avec les travaux du salon bleu, on a quelques
petits enjeux au niveau du réseau Internet, à l'occasion. Donc, on a des petits
enjeux ici, dans le salon rouge, des fois, on en avait dans le salon bleu avant
de quitter. Est-ce qu'il y a des mesures qui
seront prises, est-ce que... autant ici, à l'Assemblée nationale, que... À
l'occasion, dans nos bureaux de circonscription aussi, je vous avouerai
qu'on a des petits enjeux. Des fois, ce n'est pas toujours... ce n'est pas
toujours simple non plus, parce qu'on est à distance. Comme je le disais, on a
un excellent service du CSIT, mais, des fois, c'est plus compliqué, là. Donc,
est-ce qu'il y a des choses qui sont mises en place pour ici, notre futur salon
bleu, notre nouveau salon bleu, et pour les travaux en circonscription aussi? Même
nos bureaux au parlement, me disait notre collègue.
Mme Roy (Montarville) :
Absolument. D'abord, ici, au sein même de l'enceinte, on est très conscients
qu'il y a certaines... certaines choses à améliorer. Les équipes y travaillent,
soyez-en assurée. Et, pour ce qui est du salon bleu, il y a un volet
technologies, il y a un volet nouvelles technologies, naturellement tout ça se
fera en wifi, comme on dit en français, les fils ne traîneront plus, là, mais
on va ajouter des bornes, on va améliorer l'efficacité. Attendez un petit peu.
Ah! ça, c'est important. Donc, nouveaux équipements pour 2025‑2026, 400 bornes
seront ajoutées pour renforcer, oui, au parlement, dans le salon bleu. On
espère que, dans vos bureaux, ça va se répercuter également. Et c'est un...
c'est un plan qui s'échelonne sur trois ans. Donc là, on n'a pas terminé.
C'était de 2023 à 2026. 60 % du plan est réalisé, mais on continue à le réaliser.
Puis le gros morceau aussi sera, naturellement, dans le salon bleu, pour le
rendre moderne puis que vous puissiez mieux travailler.
Est-ce que ça répond?
Mme Guillemette : Et pour ce
qui est d'en circonscription?
• (11 h 30) •
Mme Roy (Montarville) :
Bon, alors, je passerais la parole à la directrice du CEN, Mme Lemelin,
avec...
Mme Guillemette : Tout à fait.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que j'ai...
Mme Roy (Montarville) :
Oui, naturellement.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce que
j'ai le consentement pour que... Oui, consentement. Mme Lemelin, veuillez
vous nommer et nommer votre titre, s'il vous plaît.
Mme Lemelin (Caroline) : Oui.
Bonjour. Caroline Lemelin, directrice du Centre d'expertise numérique.
Donc, oui, le
projet de rehaussement de notre réseau de télécommunications, dans le fond,
s'est amorcé sur la colline. Donc, ça commence vraiment par le réseau
filaire, c'est en phases, donc, pour terminer avec le réseau sans fil sur la colline, et, par la suite, la phase subséquente,
c'est vraiment d'aller dans les bureaux de circonscription pour aller revoir et
rehausser, là, tout le réseau sans fil.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci. C'est tout le temps que nous avions pour cette période d'échange. Je
retourne maintenant à l'opposition officielle. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Vous avez fait référence, Mme la présidente, à la
halte-garderie. On a quand même commencé ce
projet-là il y a quelques années. On a fait des projets pilotes. On a fait des
essais. On l'a... C'est important de dire aussi qu'on a ouvert la
halte-garderie. C'est, évidemment, pour les députés, mais aussi pour le
personnel politique, les membres des cabinets ministériels, personnels
administratifs et les membres de la Tribune de la presse aussi. Alors,
évidemment, on donne priorité aux députés. Et je tiens à souligner le travail
d'Anik Laplante, qui est parmi nous
aujourd'hui. Elle a suivi le dossier de très, très près. Et aujourd'hui on peut
dire qu'on a réussi, parce qu'on a la halte-garderie en permanence.
Alors, bravo et félicitations pour nous tous!
Je voulais juste savoir : Est-ce qu'on voit
de plus en plus d'achalandage dans la garderie? Je sais, pour avoir quelques
collègues... J'en ai une en congé de maternité présentement. Alors, elle va
revenir à l'automne, probablement, avec son petit. Et je sais que vous avez
fait beaucoup pour essayer d'arrimer, même, les heures d'ouverture par rapport aux heures des travaux parlementaires, justement,
pour qu'on puisse en bénéficier pleinement, de ce service-là. Je voulais
savoir, est-ce que vous percevez des moments
où est-ce que c'est plus achalandé, de un? Et, de deux, est-ce qu'il y a de plus
en plus une... vous voyez que les députés adhèrent de plus en plus à ce
service-là?
Mme Roy
(Montarville) : Merci, madame. De un, ça, je suis très, très fière
que le Bureau de l'Assemblée nationale — c'est
vous autres, ça — vous
avez accepté de rendre permanente la halte-garderie, Le conseil des petits
trésors, et
parce qu'au-delà du fait d'aider les parents c'est un signal très, très fort
que ça lance aux futurs candidates et candidats. Ça lance le signal
qu'on a le droit d'être jeune parent et puis de faire de la politique. Un n'est
pas incompatible avec l'autre. Les enfants
sont les bienvenus au parlement, puis il y a une place pour eux, spécialement
pour eux, dédiée à eux, où ils seront en toute sécurité, et une place
qui a été adaptée à l'horaire des parlementaires, à l'horaire quand vous
travaillez tard le soir, vous êtes en commission. Et vous l'avez dit à juste
titre, il n'est pas juste ouvert aux députés. La priorité était aux députés. On
s'entend qu'il y a plusieurs autres personnes qui l'utilisent, parce qu'ici il
y a aussi du personnel politique qui l'utilise beaucoup et du personnel
administratif qui l'utilise beaucoup, parce qu'on est tous dans le même bain.
Ça fait que les commissions tard le soir sont pour tout le monde.
Et, pour vous donner une idée, le nombre de
fréquentations, c'est par plage. Vous choisissez ou l'avant-midi, ou l'après-midi, ou le soir, ou les trois, ou les
deux. Mais le nombre de plages réservées a augmenté. Lors du projet pilote,
il y a eu 566 plages horaires réservées et, pour la dernière année,
1 574. Donc, on a triplé.
Et maintenant, si vous me dites : Qui
l'utilise?, je vous dirais qu'il y a eu 83 parlementaires qui l'ont
utilisée, il y a eu 97 employés
politiques, parce que nos employés, il faut bien dire, souvent, ils sont plus
jeunes, un peu plus jeunes aussi, donc, beaucoup de jeunes parents, puis
ils sont plus nombreux — il
y a plus d'employés politiques que d'élus, donc c'est un peu normal — et le
personnel administratif également, 1 395 personnes du personnel
administratif.
Naturellement,
on y va par plage, là. Il est possible que... Quand je vous dis un nombre
d'élus ou de parlementaires, c'est qu'ils reviennent, là. Ce n'est pas
82 élus qui ont des enfants, mais c'est 82 fois. Et, à l'égard des
personnes, les parlementaires, ce n'est pas énorme, c'est sept parlementaires.
Mais vous les connaissez toutes et tous, ceux qui ont de jeunes enfants. Et le
personnel politique, c'est six personnes, et le personnel administratif, c'est
48 personnes. Mais on y va à l'égard
des plages, comme je vous dis. C'est beaucoup de plages et beaucoup de
réservations. Donc, c'est... Il y a une dizaine de places qui sont
disponibles, et c'est pas mal plein, pas mal plein tout le temps.
Mme Rotiroti : Parfait. Merci. Merci, Mme la présidente. Oui,
puis c'est important de dire aussi que les... ceux qui bénéficient de ce
service-là, c'est à leurs frais. On doit payer.
Mme Roy (Montarville) : Oui,
absolument.
Mme
Rotiroti : Alors,
ce n'est pas... ce n'est pas comme un CPE, où est-ce que c'est gratuit pour
tous. Alors, chaque plage, elle est... Il y a un coût pour chaque plage. Alors,
ça peut aller jusqu'à... Je ne sais pas si vous voulez donner un petit peu
des... les frais à ça.
Mme Roy (Montarville) : Oui.
Les tarifs sont ici. J'ai tout ça ici. Ce qu'il est important que les gens
comprennent, ce n'est pas un cadeau qui est fait aux élus, c'est une
halte-garderie, et ce sont exactement les mêmes coûts que dans une halte-garderie.
C'est la même chose. Et la halte-garderie avec laquelle nous travaillons, ce
sont les mêmes... les mêmes prix. Elle est située ailleurs également pour les
parents qui la fréquentent ailleurs. Donc, les tarifs : pour une
demi-journée, l'élu doit payer 20 $; pour une journée complète, l'élu doit
payer 35 $; et 10 $ en soirée. Les tarifs sont basés sur le réseau
des maisons de la famille. Donc, ce n'est pas un prix qu'on a inventé. C'est
vraiment le même service qu'on donne et ce n'est pas un cadeau. Et les frais de
garde admissibles... bien, il y a des frais de garde. Ils sont admissibles à un
crédit d'impôt, comme pour tous les parents.
Mme Rotiroti : Merci d'avoir
fait cette précision-là, parce que je ne voudrais surtout pas laisser l'impression
que, comme parlementaires, on s'est donné un privilège qui, les Québécois... parce
qu'il y a quand même une liste d'attente pour les Québécois. Alors, je voulais
surtout qu'on clarifie ce point-là. C'est important de dire que ce n'est pas un
privilège qu'on s'est donné...
Mme Roy (Montarville) :
Exactement.
Mme Rotiroti :
...et que les parlementaires et tous ceux qui bénéficient de ce service-là
doivent payer.
Mme Roy (Montarville) : Et je
ne l'ai pas mentionné, mais les frais de repas sont en plus. Alors, si l'enfant
mange, ce sont des frais supplémentaires — et on espère qu'il mange — ce sont des frais supplémentaires pour les
parents.
Mais, au-delà de ça, je pense que... Je tiens encore
à vous remercier, parce que c'est la symbolique que ça envoie, parce que fut un temps où faire de la politique, dans cette
enceinte-ci ou l'autre côté, c'étaient juste des monsieurs, et l'idée
même d'avoir une femme ou d'avoir des enfants était saugrenue. Puis ça, on le
voit ailleurs puis dans d'autres Parlements, ou même si vous allez voir le
film...
Une voix : ...
Mme Roy (Montarville) :
Non, pas Équilibre, l'autre, X, le film qui sera... qui est
diffusé, qui est silencieux, qui est un film muet, mais je vous invite à lire
les notes, qui sont des extraits de journaux de l'époque, les commentaires, que l'on disait : Femmes et enfants, oubliez
ça, là, dans un parlement. Donc, le message, il est très fort. Le message, il
est très, très fort, celui qu'on
envoie, parce que, même en France, qui est quand même un pays civilisé,
il n'y a pas de halte-garderie pour les enfants des élus. Ils jonglent
avec l'idée. Ils sont en train de jongler, mais on présente notre halte, et
puis ça fait son petit bonhomme de chemin dans d'autres parlements. Donc, je
suis très, très fière que, le message envoyé aux candidates et candidats futurs, parce qu'on a des
papas qui l'utilisent aussi, hein, les jeunes papas s'impliquent... eh bien, ce
message-là, il est très fort pour la population, il doit rester.
La Présidente (Mme D'Amours) :
2 min 30 s.
Mme Rotiroti : Deux minutes.
Juste rapidement, Mme la présidente, on a une politique de harcèlement ici, au parlement, puis on vient d'adopter, récemment, la
commissaire au respect, qui est... qui vient, dans le fond... qui vient
s'ajouter à cette politique-là, qui
traite, qui traite les demandes. Alors, je voulais juste... si vous pouvez
faire rapidement, juste c'est quoi, le rôle de la commissaire au respect.
• (11 h 40) •
Mme Roy
(Montarville) : Oui. Et vous parlez de maître Jabrane, qui a
été... Jabrane, J-a-b-r-a-n-e, Sofia Jabrane, qui est entrée en
fonction comme commissaire au respect pour un mandat de cinq ans. Elle a débuté
son mandat le 30 janvier 2024. C'est très intéressant, j'ai vu ça, le
nombre de plaintes, son mandat, en fait, on a élargi, comme vous le savez, en
juin 2023... 2022, pardon, on a élargi la loi pour protéger davantage les
élus, pour nous assurer qu'il y ait davantage de respect dans nos relations
interpersonnelles — bonjour,
tout le monde — et...
Ça, c'est un parlement ouvert, voyez-vous? Et je pourrais peut-être vous
donner, si ça vous intéresse, le nombre de dossiers traités par la commissaire
au respect et à la personne. Il y a eu... Nombre de dossiers traités, demandes
d'assistance ou d'intervention faites par un parlementaire, il y en a eu huit,
signalements ou plaintes, deux, pour un total de 10. Venant, maintenant, du
personnel politique, demandes d'information... demandes, pardon, d'assistance
ou d'intervention, il y en a eu cinq, signalements ou plaintes, il y en a huit,
pour un total de 13. Et, demandes d'assistance ou d'intervention pour du personnel administratif,
il y en a eu 64, pour plainte ou signalement,
neuf, pour un total de 81. Donc, un total de 104 dossiers traités,
fignolés et réglés.
Voilà. Ça vous donne une idée du travail qu'elle
a. Mais aussi ce qui est intéressant, c'est que ça gère les relations entre
élus et employés de l'élu, mais aussi entre élus eux-mêmes. Et, quand je vous
dis : On se doit le respect, puis le respect mutuel, ça va loin.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment, Mme la présidente. Nous continuons avec un échange avec la partie
gouvernementale. M. le député de Beauharnois, la parole est à vous.
M. Reid : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Salutations à vous tous, chers collègues, membres de l'équipe de
la présidence, du cabinet, que je vois avec mes deux yeux.
Mme la présidente, vous occupez un rôle
extrêmement important dans notre institution, puis, si vous me permettez, je
vais vous dire bravo. Ce n'est pas permis ici, là, mais je vous le dis dans nos
règles. Vous jouez un... Je vous amène sur le volet davantage international de
votre rôle mais également davantage sur le... à titre de femme présidente de l'Assemblée nationale du Québec.
Dans le cadre de vos fonctions, des missions et des représentations que
vous faites à l'étranger, bien entendu, vous faites rayonner le Québec et vous
valorisez également le rôle des femmes. Moi,
je l'ai vu. Je vous ai entendue, je vous ai vue dans certaines missions, et
c'est toujours agréable et intéressant de voir l'influence que vous avez
sur vos pairs. J'ai un article ici qui est tiré du... je crois, c'est l'hebdo Les
Versants. Je pense, c'est dans votre région. Et je voulais vous féliciter.
Vous êtes la deuxième femme à accéder au trône, à la présidence de l'Assemblée
nationale du Québec. Bien entendu, c'était le 29 novembre 2022, mais,
depuis le 14 février 2024, ça, c'était lors de la Saint-Valentin, vous
êtes la femme à avoir gardé le fauteuil de la présidence le plus longtemps au Québec, actuellement, et vous êtes la deuxième
femme à occuper ces fonctions en 231 ans de parlementarisme québécois.
Alors, on a on du rattrapage à faire, mais je vous félicite de votre élection
et du travail que vous faites.
Donc, je reviens à votre rôle sur la scène
internationale. Moi, je voudrais vous... je voudrais vous entendre sur ce que vous faites, d'une part, mais également sur
les projets que vous avez réalisés, que vous avez réussi à faire avancer
à titre de femme présidente de l'Assemblée
nationale. Lors d'une mission récente, en novembre 2024, vous avez pris la
parole. C'était en Australie. Et la présidente était panéliste lors d'une
séance de la Conférence des femmes parlementaires portant sur les moyens
de garder des femmes en politique et dans les Parlements. Vous avez présenté
des initiatives récentes mises en place à l'Assemblée nationale du Québec pour
favoriser le maintien des femmes en politique et l'équilibre travail-famille,
notamment l'adoption et la mise à jour de la politique de la lutte contre le
harcèlement, on en a parlé tantôt, la modification des horaires des travaux
parlementaires ainsi que la mise sur pied de la halte-garderie.
Moi, j'aimerais... À titre de présidente, femme
présidente de l'Assemblée nationale, j'aimerais vous entendre sur les avancées qui ont été réalisées depuis que
vous occupez le poste de présidente, que ce soit ici, mais surtout au niveau
international, votre influence dans les
projets que vous avez avancés puis sur... vous entendre également sur le ou les
projets dont vous êtes le plus fière.
Mme Roy
(Montarville) : Merci. Merci beaucoup, M. le député. Alors, pour
le bénéfice des gens qui nous écoutent, vous mentionniez le fait que
nous étions en Australie, exactement, une mission en Australie, où j'ai pris la
parole devant un parquet de députés qui nous provenaient du Commonwealth, donc
de partout à travers le monde. Et j'étais extrêmement fière de pouvoir faire
une présentation avec des images que nous avions choisies avec minutie de vous autres. Je montrais l'Assemblée nationale du
Québec et j'expliquais qu'on était à 46 % de femmes élues au Québec. Ça, c'est
tous partis confondus. Et pourquoi? Parce que les partis politiques ont
compris. Ils ont écouté la population. Puis les
hommes, au Québec, ils ont compris, là, que c'est à deux qu'on va y arriver
puis que, la femme, c'est avec elle qu'on va y arriver, chacun en
complémentarité. Et, quand je leur disais ça et que je leur expliquais qu'on
était à 46 % de femmes élues, sans quota, sans liste, sans incitatif financier... À chaque fois
que je leur dis ça, ils n'en reviennent pas. Alors, c'est pour vous dire
jusqu'à quel point le Québec est avant-gardiste et le Québec est un leader à
cet égard-là.
Je parlais, hier, justement, avec une députée de
la France, qui nous disait : Bien, nous, on a des listes, on doit mettre un homme, une femme, un homme, une femme,
un homme, une femme. Bien, j'ai dit : Bien, pourquoi vous n'êtes pas
à 50-50? Bien, elle dit : Ce n'est pas compliqué, elle dit, ils mettent
les femmes dans des coins pas prenables puis les
hommes dans des coins prenables, puis on se ramasse avec toujours moins de
femmes que d'hommes. Donc, il n'y a pas de formule gagnante. Je ne crois
pas nécessairement aux listes, aux quotas, aux obligations. Cependant, on doit
demeurer vigilantes et vigilants. Puis ça, je me fais un devoir de répéter, à
chaque fois, que ça prend un complice, que ça prend des hommes qui ont compris
que c'est à deux qu'on y arrive.
Puis je pense que c'est une grande fierté pour
moi de parler de notre Assemblée nationale puis du respect que se vouent hommes
et femmes ici, avec les outils qu'on a mis en place. Parce que vous parliez
tout à l'heure du respect qu'on se doit mutuellement, cette commissaire au
respect pour nous assurer qu'on se traite bien les uns les autres, qu'on n'a
plus de commentaire misogyne, disgracieux, méchant, mesquin, tout ça. Les uns
les autres, hein? Une femme méchante, ce n'est pas très gentil non plus, hein?
Donc, ce respect-là qu'on se doit et qui nous définit, ça, c'est... j'en suis
très, très fière.
Donc, vous parlez... À l'égard des femmes, on a
fait plusieurs choses. Entre autres, je pense qu'il est très, très important
d'influencer, même des femmes dès leur plus jeune âge. Donc, je me suis
impliquée avec un groupe qui s'appelle Les Ambitieuses, qui... C'est un OSBL
qui a vu naissance dans le coin d'Alma, au Saguenay, et pour inviter les jeunes
filles, donc, à l'adolescence, à aller, tendre vers des métiers non
traditionnellement féminins. Naturellement, on parle ici de technologies de
l'information, de sciences, de certaines sciences. Et puis j'ai dit :
Bien, pourquoi pas la politique? Pourquoi vous n'incitez pas les filles à aller
en politique? Donc, je me suis jointe à eux. J'ai fait des séances avec des jeunes filles qu'on a reçues au
parlement. Et les étoiles dans leurs yeux... Tant qu'on ne dit pas, nous
toutes, chères élues, tant qu'on ne
dit pas aux autres jeunes filles, aux petites, ça commence jeune :
Vous pouvez, vous autres aussi, aller vous asseoir avec les gars puis
travailler avec eux autres, vous avez le droit, hein, tant qu'on ne leur dit
pas, elles ne le savent pas. Il faut que ça se concrétise. Donc, ça, travailler
avec Les Ambitieuses, pour moi, c'est une grande fierté.
Également, il y a eu du jumelage avec les élues.
Puis ça, j'ai l'intention qu'on en fasse. Le cercle des... pardon, le Cercle des femmes parlementaires y travaille,
la vice-présidente, la députée de Saint-Hyacinthe y travaille. Et ça, je vous
réitère que j'aimerais qu'on recommence ce jumelage, peut-être à la rentrée,
donc, des élues de chaque parti jumelées avec une jeune femme, là, un peu plus
vieux, cégep, université, pour qu'elle voie, et des gens qui ne proviennent pas
nécessairement du bac en science po, là,
pour qu'on voie l'accessibilité, pour ouvrir les portes aux femmes. Ça, pour
moi, c'est primordial.
Ensuite, bon, naturellement, je parlais tout à
l'heure d'un film qui sera présenté ce soir. Vous êtes toutes et tous invités. C'est à 18 h 30. Ça
s'appelle Équilibre. Il y a huit élus qui sont dans ce film-là, j'y vais
de mémoire, là, d'actuels et d'ex-élus. Même Mme Pauline Marois est
dans ce film. Il nous parle... On fait un petit peu la genèse des femmes en politique, puis où on est rendus. Et il y a
d'ex-parlementaires de tous les partis, et d'actuels parlementaires de tous les
partis, et des hommes qui sont dedans, leur conciliation travail-famille avec
la halte-garderie. Donc, ce film-là, je l'ai fait réaliser pour qu'on voie puis qu'on le partage, pour que je
l'amène dans mes valises lorsqu'on va à l'extérieur, parce que les élus qui viennent ici veulent visiter notre
halte-garderie. Il n'y en a pas partout. Tu sais, on parle toujours des pays
scandinaves : Les pays scandinaves sont évolués. Bien, le Québec
l'est tout autant, puis moi, j'aime bien leur rappeler.
• (11 h 50) •
Par ailleurs, il y a À hauteur d'X, je
vous parlais tout à l'heure de ce film-là, qui, lui, nous rappelle le chemin
qui a été tracé par les femmes qui se sont battues pour avoir le droit de vote.
Il y a 85 ans qu'elles l'ont obtenu, mais, avant ça, elles ont fait la marche pendant 30 ans, et c'est
vraiment... On a un devoir de mémoire. Je pense que... Ce devoir de
mémoire là, moi, j'ai dit : On veut le voir quand on rentre dans l'agora,
puis il sera en permanence. Puis on en capte des petits bouts. Puis ce n'est
pas un film, là, qu'on écoute, là, de la première seconde à la dernière. On
capte des bouts d'information, puis ça rentre, ça rentre, et c'est le chemin
parcouru. Ça, j'en suis très fière.
Et puis, cette semaine, je vous disais qu'il y a
des élus de l'APF. Donc, le Réseau des femmes parlementaires est ici. C'est l'Assemblée nationale du Québec qui
accueille une trentaine de personnes, donc, des élues qui proviennent de partout, il y a une élue, hier soir, je parlais
avec elle, du Cambodge, du Vietnam, d'Afrique, du Sénégal, naturellement,
du reste du Canada, de l'Europe, qui sont avec nous, de la Wallonie-Bruxelles.
Donc, ces gens-là sont avec nous, vous allez
les croiser, des femmes et des jeunes parlementaires aussi, le Réseau des
jeunes. C'est important de dire aux jeunes que le parlement, c'est à eux. Et, bien, à chaque fois, à chaque fois
que je suis en présence d'un dignitaire, d'un ministre, d'un premier ministre,
d'une présidente, d'un président, je leur dis jusqu'à quel point, pour moi,
la place des femmes en politique est importante. Et je réitère qu'au
Québec c'est important pour tout le monde puis qu'on a, justement, des hommes qui l'ont compris, ce qui nous a permis
d'être à 46 %. Et... Mais, si j'ai un rêve ou un fantasme, M. le député,
je n'ai pas le pouvoir d'écrire une
loi. J'en écrirais une, mais c'est à vous autres de l'écrire puis c'est à vous
autres de voir dans quelle mesure on peut s'assurer de pérenniser une
forme de présence féminine.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci infiniment. Merci. Je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger. Et je vous rappelle que vous
avez 6 min 20 s.
Mme Rotiroti : Six minutes. Alors, je vais aller très rapidement,
Mme la Présidente. Merci. Je voudrais... On a parlé de la Cité parlementaire et
on disait que, pour... l'importance de sécuriser les lieux autour de nous, puis
que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, mais j'aimerais ça souligner
aussi, par rapport à... tu sais, les... Comme élus, on n'est pas à l'abri d'avoir des enjeux
de sécurité, des menaces, etc. Moi-même, pour avoir... faire appel à la
Direction de la sécurité... Et je tiens à souligner qu'on a avec... son
directeur qui est parmi nous, je ne sais pas si j'ai le droit de le nommer, M. Gignac. On a un service impeccable. Alors,
je tiens à le souligner. Alors, merci beaucoup. Et ça nous mène à... On est
rassurés. Quand on a affaire avec la Direction de la sécurité, on est rassurés
en tant qu'élus. Et, en tant que whip aussi, je
fais... D'habitude, je fais appel à eux parce que j'ai des collègues, ici, qui,
eux aussi, parfois, ont besoin d'être... d'être pris en charge et s'assurer qu'ils peuvent faire... qu'ils peuvent faire
leur travail en toute sécurité. Alors, je tiens à remercier notre
Direction de la sécurité pour le travail impeccable qu'ils font.
Je voudrais aussi... Je sais qu'on est... Comme
on dit, on est très avant-gardistes puis on a des outils. Je sais qu'ils sont
toujours à la recherche des nouveaux outils qui sont mis à notre disposition,
que ce soit ici, au Québec, mais aussi à l'étranger, parce que parfois il y
a... il peut y avoir des menaces à l'étranger aussi. Alors... Et je sais qu'on
est très bien pris en charge. Et je ne sais pas si, sans dévoiler nécessairement,
parce qu'évidemment il y a une... il y a un aspect
un peu secret par rapport à la sécurité des collègues, mais je voudrais juste
savoir : Est-ce que... Parce que je sais que c'est un travail en continu. C'est un travail en continu parce qu'il
faut toujours s'aligner avec la nouvelle technologie, entre autres, avec tous
les nouveaux outils qu'on peut mettre à la disposition des collègues. Alors, je
ne sais pas, Mme la présidente, si vous avez des nouveaux projets, au
niveau de la Direction de la sécurité, qui vont être mis en place ou si vous
prévoyez des nouveaux outils qu'on n'a pas présentement, mais que vous êtes en
train d'étudier pour le futur, qui pourraient venir davantage sécuriser les
élus.
Mme Roy
(Montarville) :
J'apprécie beaucoup la question, parce que la sécurité, c'est vraiment en
amélioration continue. Puis c'est en fonction de ce qui vous arrive puis de ce
que vous vivez que la sécurité s'adapte aussi. Tu sais, naturellement,
les professionnels sont à l'affût de ce qui se fait dans les autres parlements.
Il n'y en a pas un qui est semblable.
Mais il y a quelque chose que je voudrais
ajouter là-dessus, parce que, lorsque j'ai lu mes notes, ça m'a un petit peu
troublée. On se rend compte, on se rend tous compte qu'il se passe quelque
chose, que c'est plus... Comment dirais-je? Les fois où on se fait interpeler
sont plus acerbes. Les commentaires sur les réseaux sociaux peuvent être dévastateurs, violents, menaçants. Les réseaux
sociaux ne sont pas étrangers à ça, là, puis... Et on s'est rendu compte, et je
pense que c'est important de le souligner, qu'au Canada, depuis les dernières
années, le climat s'est détérioré, à l'égard des élus, là, le climat, la
sécurité s'est détériorée, et le Québec ne fait pas exception à ça. Et, je pense,
c'est important de le souligner, il y a... si on compare cette année... 2024‑2025,
l'année qu'on vient de terminer, à l'année précédente, il y a 256 interventions qui ont été réalisées par la Direction de
la sécurité dans l'enceinte du parlement, dont 122 étaient liées à des manifestations. Et, ça, il y a une
forte augmentation, à l'égard des manifestations, des interventions. Peut-être
c'était le contexte. Ça, c'est un contexte qui, j'imagine, est récurrent, à la
fin de chaque convention collective et des négociations des nouvelles, mais, et
là où je mets un «mais», c'est qu'il y a 490 dossiers qui ont été traités
par le centre d'assistance à la sécurité des parlementaires, et ça, c'est une
augmentation de 19,4 % par rapport à 2023‑2024. Il y a 417 dossiers
qui ont été ouverts par rapport à des parlementaires. Et, sur les
498 dossiers ouverts au centre d'assistance, il y en a 233 qui étaient des dossiers d'intérêt. Savez-vous ce que ça
veut dire, des dossiers d'intérêt? Ça veut dire qu'ils sont considérés comme sérieux par la police. Ça,
ça m'inquiète. C'est en augmentation importante. C'est une augmentation...
C'est une augmentation de 24,6 %.
Alors, quand je vous dis qu'à l'égard des
politiciens il se passe, comment dirais-je... on sent qu'il y a une augmentation de propos violents, de violence, de
méfaits... Bien, on l'a vu, les méfaits dans les bureaux de circonscription,
il y a deux semaines, cinq, six, sept
bureaux, là, qui ont été vandalisés. Le vandalisme dans les bureaux de
circonscription là, peu importe le motif, c'est un crime, sous le Code
criminel. Moi, personnellement, ça m'a outrée. Peu importe le bureau, ce n'est
pas acceptable. Ce n'est pas acceptable. Cette personne-là est un élu, et vous
allez commettre un crime dans le bureau d'un
élu pour des motifs que vous considérez supérieurs. Il n'y a pas de motif
supérieur. Il y a la loi, puis il faut la respecter. Donc, ça... Et je
ne suis même pas sûre que ces manifestations-là font partie, ces derniers...
Est-ce que... Je poserais une question à Isabelle.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
reste 15 secondes, Mme la présidente.
Mme Roy (Montarville) :
Combien?
La Présidente (Mme D'Amours) :
15 secondes.
Mme Roy (Montarville) :
Est-ce que les dommages dans les autres circonscriptions sont comptabilisés
dans les chiffres que vous m'avez fournis ou ils ne l'étaient pas? Ils ne
l'étaient pas.
Alors, les méfaits à l'égard des élus puis les
plaintes qui ont été portées à la sécurité sont en augmentation. Merci, madame.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci
beaucoup. C'est tout le temps que
nous avions pour cet échange. Nous terminons maintenant avec l'intervention du
gouvernement, et je cède la parole au whip en chef du gouvernement. La
parole est à vous.
M. Laframboise : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais
vous permettre, Mme la présidente, de terminer, là, sur les dommages qui ont
été causés. Est-ce que vous avez un chiffre ou...
Mme Roy (Montarville) : Actuellement,
lorsque... Avant de partir en semaine en circonscription, j'avais demandé si on
avait plus de détails. On me dit que l'enquête policière est toujours en cours.
On pourrait, cependant... Vous me dites, vous?
Une voix :
...
Mme Roy
(Montarville) : Ah
oui! Mon Dieu qu'il écrit mal, notre secrétaire général. Il faut souligner
qu'avant notre départ en
circonscription il y a une motion qui avait été adoptée à l'unanimité pour
dénoncer ce genre de comportement, puis c'est important de le souligner,
là. On est tous ensemble là-dedans. Je vous disais, M. le député, que, du monde
qui rentre dans des bureaux de circonscription, peu importe il est à qui, le
bureau, là. De un, il est aux citoyens du Québec, hein, il faut savoir ça. De
deux, rentrer cagoulé, intimider du personnel, causer des méfaits, voler des biens, moi, quand j'ai fait mon cours de
droit, tout ça, c'est du droit criminel. Maintenant, la police est dans le
dossier. Je pourrais peut-être passer la parole... Et donc, quand je
vous disais qu'il y a une augmentation, là, de signalements puis de dossiers de 24 %, là, ça ne comptait
pas ceux-là qui sont arrivés. Au total, c'est 17 bureaux qui ont été
vandalisés. Tu vois, je n'avais même
pas ce chiffre-là. Alors, je ne sais pas si vous voulez... les détails que vous
pouvez nous donner, puisqu'il y a une enquête en cours. Je ne sais pas
qui pourrait donner quelques détails. M. Gignac? Alors, avec votre
consentement...
• (12 heures) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : J'ai besoin de votre consentement. Merci, Mme la
présidente. J'ai besoin de votre consentement pour... Consentement. Alors,
monsieur, veuillez vous identifier, dire votre titre, s'il vous plaît, et
ensuite répondre à la question.
M. Gignac
(Maxime) : Oui. Maxime Gignac, directeur de la sécurité à l'Assemblée
nationale. Alors, effectivement, il y a eu
intrusion dans des bureaux de circonscription, dans les dernières semaines,
dans le cadre de différents modes de négociation de conflit de travail,
et toutes ces intrusions-là, méfaits sont présentement sous enquête au niveau
de la Sûreté du Québec.
M. Laframboise : Merci. Merci beaucoup.
Changement de propos. On garde souvent le meilleur pour la fin, je vais garder
les remerciements envers la cheffe... la cheffe de cabinet du whip du gouvernement, parce que... je dis ça parce
qu'elle est la cheffe de cabinet des whips adjoints du gouvernement aussi,
parfois du président de caucus, je le vois de temps en temps, puis, quand ils
veulent se faire remonter le moral, du bureau du leader, ils viennent voir
Annie-Christine...
Mme Roy
(Montarville) : Toutes tâches connexes.
M. Laframboise :
C'est comme ça. C'est Annie-Christine Cyr, que je tiens à remercier.
La présence à
l'Assemblée nationale, on a vu... est-ce que je rêve ou il y a une augmentation
de la présence de la population, au Parlementaire, même qui viennent nous
visiter, là? C'est vrai qu'on a des beaux... des lieux d'accueil beaucoup plus
intéressants. Est-ce que c'est palpable, c'est chiffrable, Mme la présidente?
Mme Roy
(Montarville) : Vous ne rêvez pas, monsieur, vous ne rêvez pas, M. le
whip. On a atteint, l'année dernière, un nombre record de visiteurs. Le chiffre
est de 143 292 visiteurs, c'est 4,7 % de plus que l'année
précédente. J'en suis très, très fière. La
porte est ouverte, vous êtes ici chez vous, puis je pense que c'est à nous
toutes et nous tous de le dire. Et
naturellement, qui dit plus de visiteurs... je vous dirais qu'il y a deux
formules pour visiter : ou avec un guide, ou seuls avec nos
appareils, ou... bien, les visiteurs, lorsqu'il y a de la place aussi, bien,
ils peuvent accéder à nos tribunes, les
tribunes des oppositions, les tribunes du gouvernement. Puis moi, j'ai mes
petites tribunes à moi dans le coin là pour les dignitaires qui viennent
de l'étranger nous dire un petit bonjour. Et donc, oui, il y a eu plus de
monde.
Puis moi, je veux
féliciter les équipes pour leur travail parce que c'était un des mandats que je
leur avais confiés à mon arrivée. Les gens peuvent-tu savoir, de un, là, que Le
Parlementaire est ouvert à eux autres aussi, puis que le parlement, il est à
eux autres, puis qu'ils viennent le visiter pour en apprendre davantage, puis
ils vont rencontrer des élus extraordinaires. Puis ça, c'est vous autres. Ça
fait que je suis très fière de ça.
Puis je voulais juste
souligner, parce que M. le député de Beauharnois a dit quelque chose... Bon,
vous m'avez lancé des fleurs, mais je veux juste vous dire que le rôle que
j'occupe actuellement, moi, je veux vous remercier parce que c'est un privilège, puis c'est un privilège
que vous m'avez accordé, et je le chéris chaque jour. Puis ma porte est toujours
ouverte pour tout le monde. Gênez-vous pas. Passez par Emmanuel, passez par
Étienne, passez par Nathalie, passez par Catherine, qui est en haut. Et c'est
un privilège de vous représenter et de parler de vous partout et sur la scène internationale parce que cette législature-ci,
elle est vraiment particulière. Ça fait que je veux vous remercier sincèrement.
Et vous rendez mon travail plus facile, puis je vous aime vraiment. Je
voulais vous le dire.
M. Laframboise :
Bravo! Vous faites du bon travail, Mme la présidente, vous faites du bon
travail.
Il me reste combien
de temps?
La Présidente (Mme
D'Amours) : 3 min 20 s.
M. Laframboise : Trois minutes. Vous avez parlé d'indépendance de
l'Assemblée nationale. Peut-être rapidement, là, parce que les budgets de l'Assemblée nationale sont votés par le Bureau de l'Assemblée nationale, qui est de tous les partis politiques qui ont une autorisation, là,
vous pourrez peut-être l'expliquer, là, puis après ça le gouvernement, bien,
entérine, lorsque c'est approuvé, là,
c'est quelque chose qui est automatique, là. Je voudrais juste qu'on résume ça,
tout simplement.
Mme Roy
(Montarville) : Très précisément, c'est ça, c'est la Loi sur
l'Assemblée nationale qui dicte la façon dont les budgets sont octroyés. Et
puis ça passe toujours par des recommandations du secrétariat du Conseil du
trésor. Et le gouvernement ne décide pas ou
n'impose pas. C'est la façon dont c'est... dont c'est fait pour garder
l'indépendance de l'Assemblée
nationale. Donc, l'Assemblée ne relève pas du gouvernement. Naturellement, les
subsides viennent du Trésor, puis, bien, le Trésor, c'est l'argent de
tout le monde, des citoyens, qui lui est... cet argent est redistribué aux
différents ministères pour la suite des choses.
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait me dire quelque chose de plus intelligent que
ce que je viens de dire là?
Une voix :
...
Mme Roy
(Montarville) : Ah! bien, regardez donc, le secrétaire général
pourrait rajouter quelque chose, avec votre consentement, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
J'ai le consentement de tout le monde? Consentement. Alors, M.
le secrétaire général, veuillez vous identifier et...
M. Peters (Siegfried) : Bonjour. Siegfried Peters, secrétaire général de
l'Assemblée nationale. Très content d'être avec vous aujourd'hui.
Comme le disait la
présidente, effectivement, donc, le Bureau de l'Assemblée, la Loi sur
l'Assemblée nationale prévoit que c'est le Bureau de l'Assemblée qui approuve
le budget qui est présenté par la présidente de l'Assemblée. Et donc l'exercice d'aujourd'hui en est un de pure
transparence pour que les élus, mais aussi la population sachent comment
les sommes sont dépensées par l'administration de l'Assemblée nationale. Mais
il n'y a pas de décision qui sera prise à la suite de l'exercice d'aujourd'hui
puisque ce sont des crédits permanents. Donc, les crédits sont déjà autorisés.
Puis le bureau, au fond, fixe une limite au
montant qu'on peut dépenser au cours d'une année. Donc, c'est comme ça qu'il
faut le voir. Et donc la limite a été prévue, cette année, à
198 millions, comme l'a dit la présidente, en deux grands volets, un pour l'administration, un pour les parlementaires. Mais les crédits prévus pour l'administration sont là non seulement
pour les services qu'on offre aux parlementaires eux-mêmes, mais aussi à la
population, comme on vient de le mentionner, tous les gestes d'ouverture pour
faire connaître aux citoyens ce qu'est la démocratie puis s'approprier les
mécanismes de démocratie. Je vous rappelle aussi qu'on a des simulations
parlementaires qui permettent à des jeunes de venir expérimenter ce qu'est la
politique. Donc, ça, je pense que c'est aussi très porteur.
La Présidente (Mme
D'Amours) : 40 secondes.
M. Laframboise : Merci. Pour remercier
tout le monde, Mme la présidente, y compris vous, Mme la vice-présidente
et présidente de la commission. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Donc, cette intervention met fin à l'étude de
crédits de l'Assemblée nationale pour
l'exercice financier 2025-2026. Tout comme notre secrétaire général...
qu'il vient de l'expliquer, ces crédits étant permanents, ils n'ont pas à être adoptés par la commission
plénière. Celle-ci met donc fin à ses travaux. Je remercie les personnes
qui y ont participé.
Et, pour permettre à
l'Assemblée de poursuivre ses travaux, je prie ceux et celles qui doivent se
retirer de bien vouloir le faire immédiatement, et je suspends les travaux.
Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 08)
(Reprise à 12 h 09)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. M. le député, s'il vous
plaît.
M. Jacques
(président de la commission plénière) : Mme la Présidente, j'ai
l'honneur de faire rapport que la commission plénière a étudié les crédits
budgétaires de l'Assemblée nationale pour l'exercice financier 2025‑2026.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Je vous remercie, M. le député.
Compte
tenu de l'heure, et afin de permettre la tenue des affaires courantes, cet
après-midi, les travaux sont suspendus jusqu'à 13 h 40. Merci,
tout le monde.
(Suspension de la séance à
12 h 10)
(Reprise
à 13 h 40)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Bonjour, chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
sommes maintenant à la rubrique Déclarations de députés, et je cède
immédiatement la parole au député de Chauveau.
Rendre hommage aux bénévoles du Comité québécois pour
les jeunes en difficulté de comportement
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le Comité québécois pour les jeunes en difficulté
de comportement a vu le jour à l'hiver 1994 sur l'initiative de
MM. Camil Sanfaçon, Égide Royer et Peter Hamilton. Je salue avec nous M. Camil Sanfaçon, Nancy Gaudreau et
Line Massé, membres bénévoles, ainsi que Joudie Dubois, directrice générale.
Depuis
30 ans, l'engagement bénévole façonne l'âme de cet organisme dédié aux
jeunes en difficulté de comportement. Grâce à la générosité et la
passion de ses fidèles bénévoles, le Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement a su grandir et
s'adapter. Un petit noyau, ils sont aujourd'hui 31 bénévoles à offrir des
activités de formation et des ressources informatives qui permettent de
soutenir les parents et les intervenants et de favoriser le bien-être des
jeunes qui vivent des défis.
Les bénévoles sont
l'essence même de l'organisme. Merci beaucoup d'être là. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Au nom de la présidence, merci infiniment pour votre
beau travail, chers invités de M. le député de Chauveau.
Maintenant, je cède
la parole au député de Viau. La parole est à vous.
Rendre hommage à
Mme Marjorie Villefranche
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je rends hommage à une femme
exceptionnelle, Mme Marjorie
Villefranche, jusqu'à tout récemment directrice générale de la Maison d'Haïti,
pour sa contribution et son implication dans la société québécoise.
Figure de l'implication
sociale et voix forte sur les enjeux d'égalité et de discrimination, Marjorie
Villefranche se dévoue depuis plus de
40 ans pour faciliter l'intégration et la participation citoyenne des
personnes immigrantes. Directrice de
la Maison d'Haïti, sous son leadership collaboratif, elle a donné une véritable
impulsion à cet organisme dans le paysage québécois depuis 1972. Féministe engagée, Mme Villefranche a porté
haut et fort différents combats pour l'égalité, l'inclusion et la
justice sociale.
En
témoignage de son parcours, la Médaille de l'Assemblée nationale lui a été
décernée. Mme Marjorie Villefranche incarne le courage, la compassion et le leadership. Aujourd'hui, c'est
tout le quartier Saint-Michel, la communauté haïtienne, les femmes du
Québec qui saluent la contribution de Mme Marjorie Villefranche.
Merci, Marjorie, pour
toutes tes contributions à la société québécoise. Je sais que nous pourrons
compter sur toi en matière de justice, d'égalité et de discrimination.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Nicolet-Bécancour.
Rendre hommage à M. Jean-Guy Hébert
M. Donald Martel
M. Martel :
Mme la Présidente, à la fin d'un
huitième mandat à la direction de la municipalité de Sainte-Brigitte-des-Saults, le maire Jean-Guy Hébert
s'apprête à prendre une retraite bien méritée. Je veux saluer l'engagement
de cet homme qui n'a pas hésité à mettre en place des solutions novatrices pour
sa municipalité.
Il a, par exemple, réussi
à faire asphalter l'ensemble du réseau routier sur son territoire en faisant
appel à de la machinerie d'avant-garde.
C'est également sous sa gouverne qu'a été installé un système d'égout et
d'aqueduc moderne qui répond parfaitement aux besoins des citoyens et
citoyennes.
Fervent défenseur des
intérêts de sa municipalité, Jean-Guy Hébert n'en était pas moins un
rassembleur qui se préoccupait de l'avenir de toute sa région.
Au nom de tous ses
concitoyens, je remercie donc Jean-Guy Hébert pour ses 38 années de
service au sein de sa municipalité et pour l'exemple d'altruisme et
d'engagement qu'il lègue à ses successeurs.
Bravo, Jean-Guy!
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Au nom de la présidence, M. Hébert,
merci pour votre contribution pour vos citoyens, et bonne retraite. Merci, M.
le député.
Je cède maintenant la
parole au député de Rosemont.
Souligner le travail de l'organisme Foyer du monde
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci. Alors, je veux saluer aujourd'hui l'arrivée dans l'est de Rosemont
de l'organisme Foyer du monde, qui fournit de l'hébergement temporaire et des
services d'intégration à des personnes migrantes à statut précaire.
Foyer du monde a vu
le jour en février 2017, et, depuis, l'organisme offre de l'hébergement et
un milieu de vie répondant aux besoins des
familles migrantes vulnérables afin de leur permettre de s'épanouir dans leur
rôle parental, de prendre part à un
réseau de solidarité et de faciliter leur intégration dans leur nouvelle
communauté d'accueil en toute dignité.
Foyer du monde leur
offre plus qu'un toit, il offre aussi des repas communautaires, des sorties
culturelles, des activités hebdomadaires pour faciliter l'intégration des
demandeurs d'asile dans la société québécoise.
Foyer
du monde, et ça, c'est la bonne nouvelle, pourra commencer à recevoir entre 45
et 60 personnes dans l'est de Montréal à partir de
l'automne 2025.
Sur ce, je leur dis bienvenue.
Merci d'être là. Et comptez sur mon soutien indéfectible. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Marie-Victorin.
La parole est à vous.
Souligner la présence de jeunes parlementaires en
herbe en visite à l'Assemblée nationale
Mme Shirley Dorismond
Mme Dorismond :
Merci, Mme la Présidente. Je tiens à souligner la présence inspirante des élus
de classe des écoles primaires de Marie-Victorin dans nos tribunes. Votre
engagement, votre curiosité et votre désir de participer activement à la vie
démocratique sont une source d'espoir et de fierté pour le Québec.
Vous
avez choisi de vous impliquer, de débattre vos idées, de représenter vos pairs
et de présenter des projets à votre députée. Ce travail, que vous accomplissez
avec passion, est essentiel pour votre avenir et celle de notre société.
Je vous félicite pour votre implication, votre détermination. Vous êtes des
leaders et vous inspirez notre communauté.
Félicitations aux parents! Vous avez des jeunes exceptionnels. Et merci de les
encourager dans leurs rêves et dans leurs passions.
Bravo et bienvenue à l'Assemblée
nationale!
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Chers jeunes, bienvenue à l'Assemblée nationale. Et,
au nom de la présidence, toutes nos félicitations!
Maintenant, je cède
la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce. La parole est à vous.
Souligner le travail de l'organisme Baseball NDG
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw :
Merci, Mme la Présidente. Alors, qui dit printemps dit partie de baseball.
Et justement, en début de cette saison, je
tiens aujourd'hui à souligner le travail exceptionnel de Baseball NDG, qui a
plus de 60 ans d'histoire.
Grâce à cette
association, des jeunes de tous les parcours développent leurs aptitudes
sportives, leur esprit d'équipe et le sens du leadership dans une atmosphère
amusante et stimulante.
Je
tiens à reconnaître quatre concitoyens exceptionnels qui sont avec nous
aujourd'hui, Noah Sidel, Johanna Miller, Melissa Gencher, William
Davy.
Over
the last five years, this team of volunteers has more than doubled the number
of players, to make NDG Baseball one of the
fastest growing in Québec and one of the largest for girls. Special
congratulations to Noah and to Johanna, who won the Lac-Saint-Louis Region Volunteers of the Year in 2023.
You've made baseball not only a family affair, but a source of great
community pride. You've really hit it out of the ballpark.
Bravo
et merci!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Au
nom de la présidence, chers invités, merci de vous impliquer auprès de
nos jeunes, le futur pour notre Québec.
Maintenant, je cède
la parole à la députée de Verchères.
Souligner le 145e anniversaire
de l'Exposition agricole de Calixa-Lavallée
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais souligner le 145e anniversaire d'un
événement-phare bien ancré dans ma circonscription.
Fondée en 1880,
l'Exposition agricole de Calixa-Lavallée est un rendez-vous où la tradition et
la modernité se côtoient. Je souhaite d'ailleurs féliciter deux personnes qui
incarnent cet engagement envers notre patrimoine agricole et qui sont avec nous
dans les tribunes : son président, M. Guillaume Ménard, et l'administratrice
Élodie Malo. Votre dévouement, ainsi que celui des bénévoles et des partenaires
assurent le succès de cette belle fête année après année.
C'est donc un
rendez-vous, les 4, 5 et 6 juillet prochain, pour célébrer 145 ans de
savoir-faire agricole dans la municipalité de Calixa-Lavallée.
Bon 145e! Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Au nom de la présidence, félicitations pour ces
nombreuses années à vous impliquer au sein de la collectivité agricole.
Maintenant, je cède
la parole à la députée de Rimouski. La parole est à vous.
Rendre hommage à trois citoyens de la circonscription de
Rimouski
Mme Maïté Blanchette
Vézina
Mme Blanchette
Vézina : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de rendre hommage à
trois personnes d'exception de ma circonscription et à qui j'ai récemment remis
une Médaille de l'Assemblée nationale.
D'abord,
M. Gilbert Rivard, qui, depuis presque trois décennies, veille à la
coordination du Cercle culturel de l'amitié, un organisme qui s'est donné comme
mission de briser l'isolement et favoriser l'épanouissement des aînés.
M. Rivard s'implique aussi bénévolement à renforcer la sécurité routière
en leur donnant des cours de conduite.
Ensuite, M. Christian
Boudreau, qui a mené une brillante carrière en droit civil au sein du cabinet
qui allait devenir Avocats BSL, mais qui, en 2008, a reçu un diagnostic de
Parkinson juvénile. Face à l'adversité, M. Boudreau choisit l'action en
faisant la promotion de l'activité physique et en s'engageant activement dans
la recherche.
Et,
finalement, Mme Nicole Lavoie, qui depuis plus de 20 ans est l'âme et
la force motrice de Saveurs du Bas-Saint-Laurent. Elle s'assure de faire
briller nos producteurs, nos artisans et nos saveurs locales. Parmi ses
réalisations, mentionnons la brochure Saveurs et gourmandises, ainsi que
le Marché des saveurs.
Merci à vous tous
pour votre contribution à enrichir notre communauté.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Je cède maintenant la parole au député de Taillon.
Souligner le Mois de l'ouïe et de la communication
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais prendre un moment pour souligner le
Mois de l'ouïe et de la communication, qui se déroule pendant tout le mois de
mai. C'est une occasion précieuse pour sensibiliser les Québécoises et les
Québécois à l'importance de l'accessibilité pour toutes les personnes sourdes,
sourdes aveugles et malentendantes. On parle d'une prévalence de quatre à
six enfants pour 1 000 qui naissent avec une déficience auditive et d'une personne sur trois de plus de 65 ans
qui serait touchée par une perte d'audition incapacitante. Ces personnes vivent
avec des obstacles majeurs qui peuvent malheureusement limiter leur pleine
participation sociale.
Je termine en saluant la contribution
extraordinaire de toutes les personnes sourdes, sourdes aveugles et malentendantes
à la vitalité de notre société, ainsi
que celle de leurs familles et des interprètes, dont la présence rend possible
une véritable inclusion.
Merci
également aux organismes, aux orthophonistes, aux audiologistes ainsi que tous
les professionnels de la santé qui oeuvrent sans relâche pour améliorer
la vie de ceux qui en ont besoin.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Vachon.
Inviter la population à participer au Relais pour la vie
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Les samedis 7 et 14 juin, la Société canadienne du cancer
convie les Québécoises et les Québécois à participer à la nouvelle édition du
Relais pour la vie dans 17 communautés du Québec, incluant ma circonscription de Vachon. Le 7 juin prochain,
nous vous attendons au parc de la Cité, à Saint-Hubert, dans un esprit
d'espoir, de solidarité et de souvenir.
Le Relais pour la vie
n'est pas seulement un événement, c'est un moment de coeur, un moment de
communauté. Ce sera l'occasion de rendre
hommage à celles et ceux qui ont été, qui sont touchés par le cancer, les
survivants, les combattants, et j'ai une pensée pour mon
ami Mario, mais ceux qui nous ont quittés aussi mais dont la lumière continue
de briller. J'ai une pensée pour notre défunte collègue, notre amie,
Nadine Girault, aujourd'hui une pensée toute spéciale pour elle.
Lors
du Relais pour la vie, c'est toute la communauté qui marchera pour la vie, pour
l'espoir et pour continuer de lutter au cancer, parce que, Mme la
Présidente, on peut survivre au cancer, je suis bien placé pour vous en parler.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Je cède maintenant la parole à la députée des
Plaines.
Souligner le 80e anniversaire de l'entreprise
Pied-Mont Dora
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je tiens à
souligner l'apport remarquable de la famille Limoges, qui célèbre cette année
80 ans d'histoire entrepreneuriale et de services auprès de la population.
Cette remarquable entreprise de
transformation alimentaire, véritable institution dans notre région, a su
traverser les générations en conservant une approche humaine et une
qualité de service exemplaire.
J'ai eu l'honneur de
remettre la Médaille de la députée à la famille Limoges, jeudi dernier, en
reconnaissance de sa contribution
exceptionnelle à notre région, pour son engagement, sa constance et sa
proximité avec la communauté. La famille Limoges a contribué à faire
rayonner notre économie locale et à tisser des liens forts avec les citoyens.
Pied-Mont Dora est
bien plus qu'une entreprise fièrement québécoise, c'est un symbole de confiance
et de constance pour plusieurs générations. Je lui adresse mes plus sincères
félicitations pour ce parcours inspirant et je lui souhaite encore de
nombreuses années. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Au nom
de la présidence, M. Limoges, toutes nos félicitations pour la longévité
de votre entreprise. 80 ans, ça se mérite, de le souligner. Merci.
Je cède maintenant la
parole à Mme la députée des Chutes-de-la... pardon...
Mme Biron :
...de-la-Chaudière.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : ...Chutes-de-la-Chaudière. S'il vous plaît.
Féliciter les lauréats du Gala Les Pléiades de la Chambre
de commerce et d'industrie du Grand Lévis
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci, Mme la Présidente.
Vendredi dernier se tenait la 24e édition du Gala Les Pléiades organisé
par la Chambre de commerce et d'industrie du Grand Lévis.
Sous la présidence
d'honneur de Nathalie Bernard, de Desjardins Capital, environ 700 convives
étaient réunis afin de célébrer l'excellence
entrepreneuriale de la région et de couronner les lauréats dans
16 catégories. Parmi ceux-ci, notons,
de ma circonscription, la Société protectrice des animaux de Lévis, Les Sauces
Firebarns et Jean-François Pichette, de la Clinique de réadaptation
Hippo-Action.
Je tiens à féliciter les finalistes et les lauréats
pour leur engagement en faveur d'un Lévis plus dynamique, innovant et
solidaire, ainsi que tous les partenaires et collaborateurs derrière cette
somptueuse soirée.
En ces temps
incertains, l'audace et le dévouement de nos entrepreneurs sont des moteurs
plus que jamais essentiels à la prospérité du Québec. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Ceci met fin à la déclaration
de députés.
Et je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
13 h 56)
(Reprise à 14 h 09)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Vous êtes
nombreux ce matin. Un petit coucou particulier à Sophie, qui est là. Bonjour.
Mesdames et messieurs,
nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Vous vous êtes
ennuyés, cette semaine, ça se voit, ça s'entend.
Présence de l'ambassadeur d'Irlande, M. John
Concannon
Alors,
mesdames messieurs, j'ai le plaisir de souligner aujourd'hui la présence, dans
les tribunes, de l'ambassadeur d'Irlande, Son Excellence M. John
Concannon, qui est avec nous à l'occasion de sa visite officielle.
La Présidente : Et
nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le député de Camille-Laurin... ou M. le
député de Matane-Matapédia. Présentation
de projets de loi. M. le député de Matane-Matapédia. Allez-y.
• (14 h 10) •
M. Bérubé : Mme la Présidente,
je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 220
La Présidente : À l'article a du
feuilleton, j'ai reçu le rapport de la directrice de la législation sur le
projet de loi n° 220, Loi concernant Joseph Paul-Émile Daniel Michel
Marcil. La directrice de la
législation a constaté que les avis ont été faits et publiés conformément
aux règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je dépose donc
ce rapport.
En conséquence, M. le député de Camille-Laurin
présente le projet de loi d'intérêt privé n° 220,
Loi concernant Joseph Paul-Émile Daniel Michel Marcil.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté. M. leader du
gouvernement.
Renvoi à la Commission des institutions
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente. Conformément au premier alinéa de l'article 267 du règlement,
je propose la motion suivante :
«Que le projet de loi n° 220, Loi
concernant Joseph Paul-Émile Daniel Michel Marcil, soit renvoyé pour consultation et étude détaillée à la Commission de
l'institution et que la ministre de l'Emploi soit membre de ladite commission
pour la durée de ce mandat.»
Mise aux voix
La Présidente : Et cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
des Finances.
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente, permettez-moi de déposer
le rapport annuel 2024 de l'Organisme d'autoréglementation du
courtage immobilier du Québec.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui. À
nouveau, Mme la Présidente, je dépose les réponses aux questions inscrites au feuilleton le 18 mars 2025 par le député de
Pontiac, le 9 avril 2025 par le député de Rosemont et le 10 avril
2025 par la députée de Verdun, ainsi
que la réponse à la pétition déposée en Chambre le 27 mars 2025 par la
députée de Les Plaines. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés.
J'ai reçu
préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de commissions
Étude des crédits pour l'année financière 2025‑2026
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions,
je dépose les rapports des commissions parlementaires qui ont étudié les
crédits budgétaires pour l'année financière 2025-2026. Ces crédits ont été
adoptés.
Mme la présidente de la Commission des relations
avec les citoyens et députée des Plaines.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 95
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'ai le
bonheur de déposer le rapport de la Commission des relations avec les citoyens
qui, les 23 et 24 avril et le 20 mai 2025, a tenu des auditions
publiques dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi n° 95, Loi favorisant l'équité dans l'accès aux services de
garde éducatifs à l'enfance subventionnés dispensés par les titulaires de
permis.
La
Présidente : Et ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Jean-Lesage.
Réviser le programme d'univers
social au primaire
M. Zanetti : Oui, Mme la Présidente.
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 588 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le
programme d'univers social au primaire ne prépare pas adéquatement les élèves à
l'étude de la géographie et de l'histoire au
secondaire, ce qui entrave la poursuite de leurs études et pourrait contribuer
à expliquer le taux d'échec d'environ 25 % à l'épreuve unique
d'histoire en secondaire 4;
«Considérant que dans
les écoles québécoises, le programme d'univers social est peu enseigné en
première et deuxième année, car aucun temps d'enseignement n'est alloué;
«Considérant
qu'en prescrivant l'étude des contenus les plus anciens et les plus éloignés de
la réalité des enfants (par exemple,
l'année 1500) aux plus jeunes âgés de 8 à 10 ans, le programme
d'univers social fait obstacle aux apprentissages des élèves et les
empêche de développer leur perspective historique;
«Considérant que le programme
d'univers social ne fait pas de place à la géographie au présent, alors qu'il
importe de développer chez les élèves une bonne compréhension du territoire
québécois d'aujourd'hui et de sa place dans le monde;
«Considérant que le
programme date de 2001 et ne bénéficie pas des avancées sociales et
scientifiques des vingt dernières années, notamment en ce qui concerne la
reconnaissance des perspectives autochtones et de la diversité culturelle et de
genre;
«Considérant qu'un
nouveau programme, mieux ancré dans l'environnement immédiat des élèves,
faciliterait l'apprentissage de l'univers social et lui conférera du sens;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de réviser le programme d'univers
social au primaire.»
Je certifie que cet
extrait conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales,
et, pour ce faire, je cède la parole, en question principale, au chef de
l'opposition officielle.
Gestion des finances publiques
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, le premier ministre a échoué à bien gérer les finances
publiques. On l'a vu, on le voit toujours.
Dans le fiasco
SAAQclic, ce sera, à terme, plus de 1,1 milliard de dollars, le coût
du projet, on parle de 500 millions en
dépassements de coûts, en pure perte. Le 6 mai dernier, dernière panne à
SAAQclic, ça a duré deux jours, on a
vu des milliers de rendez-vous pour des conducteurs être reportés. Et le
ministre du Numérique, qui est supposé être responsable de quelque
chose, avait dit : Les responsables, c'est Microsoft. Or, on a appris, le
10 mai dernier, que le responsable,
c'était la SAAQ, Mme la Présidente, ce qui a fait dire au ministre du
Numérique, je le cite : J'ai utilisé les lignes de communication
qui venaient de la SAAQ. C'est ça, la CAQ. Personne en contrôle.
Autre bordel
informatique, système de paie à la santé, le SIFARH, article du 14 mai
dernier, Nicolas Lachance, Journal de Québec, rapport dévastateur, fonce
droit dans le mur, dépassements de coûts de 228 millions de dollars,
deux ans de retard. Le constat est clair.
En
santé, aussi, on a une mauvaise gestion, on a des dépassements de coûts et on a
du gaspillage caquiste, en santé. Aucun respect pour les payeurs de
taxes, 228 millions de dollars en pure perte.
Le responsable ultime, c'est le
premier ministre. Quand va-t-il y voir? Quand va-t-il mettre fin, lui, le
responsable ultime, au gaspillage éhonté informatique?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, le chef de l'opposition officielle vient de dire
plusieurs choses.
D'abord, il dit que
le gouvernement a mal géré les finances publiques. Je rappelle qu'on a
actuellement un déficit de 1,8 % du
PIB. Je rappelle que, depuis 50 ans, c'est arrivé 18 fois qu'on a eu
un déficit de plus que 1,8 % du PIB. Donc, il y a un petit peu
d'exagération quand on dit que c'est historique.
Maintenant, pourquoi
on a un déficit, actuellement? Deux raisons. Parce que, pendant 15 ans, le
gouvernement libéral a négligé les deux postes budgétaires les plus importants
pour la population, pour les services à la population, en santé et en
éducation. On a dû faire du rattrapage, autant du côté des salaires que du côté
des infrastructures.
Maintenant, Mme la
Présidente, on a fait le choix aussi de réduire les impôts de la classe
moyenne. Donc, ce que ne nous dit pas le
chef de l'opposition officielle... Qu'est-ce qu'il propose? Couper dans les
services ou augmenter les impôts? Que propose-t-il?
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
On propose de se débarrasser du mauvais gouvernement qui n'est pas capable
de gérer les finances publiques. J'ai posé une question sur deux gaspillages
éhontés, pas été capable de me dire qui est responsable, des pertes de
centaines de millions de dollars. J'avais posé la question sur le
228 millions, c'est qui qui est responsable. Il m'avait répondu : Santé Québec, le Numérique, la présidente du
Conseil du trésor, le ministre des Finances. En bout de ligne, celui qui
est directement responsable, c'est le ministre de la Santé.
Quand
lui va-t-il être responsable de quoi que ce soit? Au moment où on se parle, les
Québécoises et Québécois font les frais de gaspillages caquistes.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, je comprends que le chef de l'opposition officielle est sur les
derniers milles puis il voudrait marquer l'histoire, marquer l'histoire...
marquer l'histoire, là, avant l'arrivée de Karl, Charles ou Pablo.
Et, Mme la
Présidente, bien, je reviens sur la deuxième partie de sa question. D'abord, la
SAAQ, on a accepté, contrairement au Parti
libéral, rapidement de faire une enquête publique. Je pense qu'on devrait
attendre les conclusions de l'enquête publique.
Pour
ce qui est, maintenant, du système de paie à la Santé, mon collègue me dit que
les chiffres du chef de l'opposition officielle...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...encore une fois, sont totalement inexacts.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, c'est les chiffres de leur tableau de bord. Comment
pouvez-vous prétendre agir sur la réalité quand vous la niez, Mme la
Présidente?
L'été
passé, le journal nous révélait également que le ministre de la Santé avait été
alerté par rapport à ce dépassement de
coûts là. On apprend que le ministre, donc, a fait la sourde oreille. Mme la
Présidente. Ça se peut-tu? Pendant qu'ils sont en train de mal gérer le Québec, les Québécoises et Québécois envoient
des centaines de millions de dollars en systèmes informatiques, et
lui-même, il ne connaît même pas la réalité. C'est lui, le grand responsable.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, je rappelle au chef de l'opposition officielle, qui a peut-être
manqué une bonne game, que maintenant le
système informatique est géré par Santé Québec, qu'il y a un responsable très
compétent qui a été embauché pour gérer la section
informatique. Puis, encore une fois, bien, les chiffres que donne le chef de
l'opposition officielle sont totalement inexacts.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, en crédits, j'étais assis ici, il était assis là. Je lui
ai posé la question sur le 228 millions de dollars puis je mets à
témoin tout le monde, allez voir, il me l'avait confirmé, le
228 millions de dollars. Il avait
même utilisé le mot... je suis allé voir dans dictionnaire si c'était un mot,
puis le mot existe, il avait dit que c'était «irraisonnable», le 228 de milliard. Se rappelle-t-il de ça, d'avoir
dit : C'est irraisonnable? C'est un mot, ça existe dans le
dictionnaire. Pourquoi il m'avait dit ça?
Là, le
228 millions de dollars, il le fait disparaître. Il est responsable de
quoi, le premier ministre, en fin de régime?
• (14 h 20) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Je ne sais pas s'il y a une tempête qui s'en vient, Mme la Présidente, mais
je pense qu'il faut tous se calmer.
D'abord, je rappelle
au chef de l'opposition officielle qu'on se parlait des 200 projets
informatiques qu'on a, au gouvernement du Québec. Donc, il y a des projets pour
2,5 milliards, actuellement, au gouvernement du Québec, puis il y a un
suivi qui est fait sur chaque projet.
Puis,
pour ce qui est du projet à la Santé, il est maintenant géré par Santé Québec.
Puis le dépassement dont fait mention le chef de l'opposition officielle
est inexact.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mont-Royal—Outremont.
Dépassements de coûts dans le
projet SIFARH
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la Présidente, le
projet SIFARH est en dérive totale : des coûts passés de 202 à 430 millions de dollars — qu'ils
aillent voir le tableau de bord, même si c'est le brouillard, dans ce tableau
de bord là — un déploiement
qui est repoussé à 2028. Et, selon les médias, un rapport gouvernemental
interne, qualifié de dévastateur, conclut que le projet s'en va droit dans un
mur. Même le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a statué, la semaine dernière, que ça ne va pas. Lors de
l'étude des crédits, il a même évoqué une pastèque, verte en surface mais rouge
à l'intérieur, pleine de pépins. SIFARH, c'est exactement ça. Et, pendant ce
temps, les professionnels en soins attendent toujours le versement de leurs
primes.
Les
analyses ont assez duré. Les Québécois ont assez perdu d'argent dans ce
dossier, dans ce projet. Et le ministre reste figé, incapable d'agir.
Ma
question est simple, Mme la Présidente : Est-ce qu'il va continuer à
injecter des millions dans ce qui s'annonce comme un autre désastre numérique
caquiste?
La Présidente :
La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bon, bien, Mme la Présidente, on va mettre les choses en contexte. Quand on
a fait le point, il y a à peu près un an, on
préparait le transfert à Santé Québec de deux choses, des infrastructures et du
personnel informatique, parce qu'on n'était pas satisfaits de ce qui se
passait en informatique, du côté de la santé. Et une des choses qu'on a
demandées, dans nos équipes, c'est d'avoir des gens qui connaissaient ça, dans
les gens de Santé Québec, d'avoir des gestionnaires de projets compétents,
qui étaient capables de gérer ce genre de gros projet là. SIFARH fait partie de
ça. Ce que les gens de Santé Québec m'ont demandé, lorsqu'on a fait le
transfert, c'est de dire : Est-ce qu'on peut savoir qu'est-ce qui a été
prévu et qu'est-ce qui va arriver en termes de...
Le projet de SIFARH,
il est commencé, il est à peu près à la hauteur de 10 %. Ce n'est pas...
On n'est pas du tout dans le SAAQclic, on
n'est pas du tout... il faut arrêter de faire peur aux gens puis de dire...
Maintenant, ce projet-là, c'est un des trois projets importants. On est
en train de discuter avec le MCN, comment on peut réajuster le projet pour bien livrer, mais je vous dirais, Mme la
Présidente, que j'ai entièrement confiance que les gens de Santé Québec, avec
la collaboration du MCN...
La Présidente :
En terminant.
M. Dubé :
...vont être capables de conduire ce projet-là à terme, comme ils le font avec
les autres projets, présentement.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, on compte sur le ministre de la Cybersécurité et du Numérique pour
assurer son leadership dans ce dossier-là, un projet important, comme l'a dit
le ministre de la Santé. Pourtant, il nous dit qu'il n'a pas les pouvoirs
d'arrêter un projet aussi coûteux que SIFARH. Mais à quoi il sert, alors? Et
surtout à quoi sert un gouvernement majoritaire, s'il se contente d'assister,
impuissant, à un nouveau déraillement numérique? Parce que, pendant que la CAQ
tergiverse, les coûts explosent, les retards s'accumulent et les professionnels
ne reçoivent pas leurs primes. Ce n'est pas de la gestion, c'est de l'improvisation.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Merci, Mme la
Présidente. On va parler de gestion aussi, là. C'est... Lorsqu'on prend
connaissance d'un problème dans un dossier, on a deux choses, on peut se fermer
les yeux ou on peut dire : On n'est pas satisfaits, puis voici les gestes
qu'on va poser.
Quand je me suis assis avec les gens de Santé
Québec, lorsqu'on a fait la transition, on a regardé les projets les plus
importants, ceux qui sont transformateurs. Il y a le projet de SIFARH, mais il
y a aussi le DSN, qu'on va livrer cet automne, qui va très bien, qui avance
très bien. Mais, Mme la Présidente, ce sont des projets qui sont excessivement
difficiles à gérer, et c'est pour ça qu'on les a confiés à des experts.
Alors, je vous ai dit tout à l'heure, le projet
SIFARH, il ne faut pas en faire un drame. En ce moment, il est à 10 %,
12 % de réalisation. Il est temps de faire une mise au point...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Personne ne fait
un drame. On veut juste être prévoyants. On veut s'assurer que le ministre du
Numérique joue son rôle. J'aimerais l'entendre, Mme la Présidente. Il a tous
les pouvoirs, ils ont été bonifiés à la fin de 2023. Textuellement, il assure
le leadership de la transformation numérique de l'administration publique.
Alors, quel
est son rôle dans ce dossier-là, justement, pour s'assurer que ça ne dérape pas
davantage, pour s'assurer qu'on mette fin à l'hémorragie, s'il y en a
une, pour être sûrs qu'on cesse de gaspiller, pour le bien des Québécois?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Quand le premier
ministre disait, tout à l'heure, que les chiffres sont inexacts, puis je vous
dis qu'il y a à peu près 12 % d'avancement dans le projet, il y a
seulement 45 millions qui ont été dépensés jusqu'à maintenant. Je pense
que c'est juste de la bonne gestion, de prendre du recul, puis des bons gestionnaires,
des bons gestionnaires de projets, qui ont déjà vu des gros projets comme ça,
qui disent : O.K., est-ce qu'on a la bonne équipe, est-ce qu'on a la bonne approche, est-ce qu'on a la bonne portée,
est-ce qu'on a les coûts... les coûts sont bien estimés, faisons le point.
Et, je le
dis, je suis très ouvert à travailler avec les gens du MCN. C'est un projet
transformateur pour le réseau de la santé,
comme l'est le DSN, comme est la plateforme Votre Santé. On a quelques gros
projets comme ça, des projets forts...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...puis on a la
meilleure équipe pour s'en occuper. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Nelligan.
Gestion du projet SAAQclic
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Fiasco après fiasco, scandale après scandale, ça ne clique plus,
Mme la Présidente, entre ce gouvernement de fin de régime et la population
québécoise. Je n'ai jamais pensé qu'une citation va mal vieillir au Parlement que celle prononcée par l'ancien ministre
des Transports et ministre de la Sécurité publique : «On vous a
menti.» On nous a menti. «On vous a trompés.»
On nous a trompés. Mme la Présidente,
la semaine dernière, le président du conseil d'administration, que lui-même
a nommé, a déclaré la chose suivante : il
le savait, le ministre de la... des Transports et de la Sécurité publique. Il a
même demandé un rapport mensuel. Sa collègue, elle, on ne le sait pas.
Ça ne l'intéressait pas.
Mme
la Présidente, je m'adresse au patron, au boss, au premier ministre. Est-ce
qu'il est fier de voir ses deux ministres dilapider l'argent public?
Est-ce qu'il est fier, Mme la Présidente, de dilapider l'argent des Québécois
durement gagné?
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, le député de Nelligan n'est
pas sans savoir qu'il y a une commission
d'enquête qui se déroule actuellement. La raison pour laquelle il nous cite un
témoignage de la commission d'enquête, c'est précisément parce qu'il y a
une commission d'enquête publique, exhaustive, rigoureuse, qui est en train d'avoir lieu, et il nous en cite des
extraits aujourd'hui. Et c'était justement le propos de l'exercice, Mme la
Présidente, confier à une personne
compétente le mandat d'aller au fond des choses à partir du début de
l'élaboration du projet de CASA, il y a un peu plus de 10 ans, en passant
par la signature du contrat qui est à l'origine de tout ça par le gouvernement
libéral, en 2017, jusqu'au déploiement en 2023.
La commission Gallant
est en train de se dérouler, le député le sait. Effectivement, M. Sioui,
le précédent président du C.A., a témoigné
la semaine dernière, de même qu'un ensemble de personnes qui ont déjà témoigné
et qui témoigneront. Nous, comme
gouvernement, offrons toute la collaboration à la commission Gallant. Toutes
les demandes d'information qui nous
sont faites, on y répond avec diligence. Les personnes qui sont sollicitées
collaborent à l'enquête.
Alors, Mme la
Présidente, on ne se substituera pas, contrairement à mon collègue de Nelligan,
qui a tendance à vouloir le faire.
La Présidente :
En terminant.
Mme Guilbault : Notre
rôle n'est pas de nous substituer au commissaire, mais de collaborer avec lui
et d'attendre le fruit de son travail.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, la vice-première ministre ne peut pas utiliser la
commission en cours et fuir nos questions. Est-ce que, oui ou non, elle a
répondu au président du conseil d'administration quand il lui a dit que ça ne
va pas du tout à la SAAQ? Elle n'a pas répondu. Elle n'a pas répondu,
Mme la Présidente. Elle est payée pour faire quoi, Mme la Présidente?
C'est de faire livrer les projets aux Québécois. Malheureusement, elle n'a rien
fait.
Est-ce qu'elle est
fière de ce qu'elle a fait avec la SAAQ et se ramasser avec un fiasco?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Bien, Mme la Présidente, encore une fois, là, je ne veux
pas faire l'exercice de la commission ici. Si on me demande... si on me pose
des questions, ça me fera plaisir d'y répondre. Mais c'est de notoriété
publique, parce que ça a déjà été couvert par les médias, je l'ai déjà dit lors
d'études de crédits, j'ai rencontré les gens de la SAAQ le 2 novembre
2022, ça faisait 13 jours que j'étais ministre des Transports. C'est un
projet qui se travaillait depuis de
nombreuses années. Quant au président du conseil d'administration de l'époque,
je rappelle que le déploiement de SAAQclic a été particulièrement
chaotique. Alors, je lui demandais, moi aussi, régulièrement s'il était
conscient de l'importance du service à la clientèle et de faire en sorte qu'il
n'y ait pas de «lineup» dans les succursales de la SAAQ à moins 20 en février
et en mars. Alors, ce sera ma réponse, Mme la Présidente.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, ce fiasco mine la crédibilité du patron, du boss,
premier ministre. C'est à lui que je
m'adresse aujourd'hui. Est-ce qu'il est fier de voir la population québécoise
qui travaille dur, qui travaille dur, voir scandale après scandale? Lui, le
patron, il accepte ça? Il accepte qu'un président de C.A. envoie un message, et
aucune réponse de la ministre responsable? C'est honteux, Mme la
Présidente. C'est gênant de voir qu'un gouvernement en fin de régime manipule
l'argent des Québécois de cette façon...
• (14 h 30) •
Des voix :
...
La Présidente : Oh! Oui, M. le
leader du gouvernement, je vais vous écouter pour votre rappel au règlement.
M. Jolin-Barrette :
Bien, Mme la Présidente, premier élément, à plusieurs reprises le député de
Nelligan n'a pas désigné le premier ministre
par son titre. Ensuite, on tente, Mme la Présidente, de tenir des propos
blessants, Mme la Présidente. Et «manipuler» est au lexique, Mme la
Présidente, donc on va demander au député de retirer le terme qu'il a employé,
Mme la Présidente.
La
Présidente : Bon. Merci, M. le leader du gouvernement. J'allais vous
dire qu'on s'interpelle par notre titre, vous le savez, mais votre dernière
phrase, manipuler l'argent, je vous demande de retirer... «manipuler» est au
lexique, je vous demande de retirer cette... dernier bout de phrase.
M. Derraji :
Retiré. Dilapider l'argent.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
Une voix :
...
La Présidente :
Ah! Pardon. De la ministre, excusez-moi, c'est mon erreur, de la ministre des
Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Aucun problème, Mme la Présidente.
Alors, bien, ce sera
la même réponse. Mais je ne sais pas à quoi fait référence le collègue en
question, mais j'ai eu, évidemment, plusieurs interactions avec le précédent
président du conseil d'administration. Oui, il y a la partie du contrat
informatique et du déploiement informatique, et ça, c'est couvert par la
commission d'enquête, j'ai déjà souvent répondu là-dessus, mais il y a aussi la
partie de l'organisation et de la planification des opérations, d'être capable
d'offrir une réponse aux Québécois quand il y a une recrudescence
d'achalandage. Et ça, ça a été chaotique. Ça
a été mal planifié. Il y a un autre témoin de la commission, d'ailleurs, qui
l'a dit pas plus tard que la semaine dernière à la même commission que
mon collègue a l'air de suivre.
Alors, Mme la
Présidente, si on me pose des questions, je vais y répondre...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...mais la priorité, c'est le service aux Québécois. Il devrait la
partager avec nous, cette priorité.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Position du gouvernement concernant les projets
de pipeline en territoire québécois
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, en 2018, le premier ministre affirmait, et je le
cite : «Je ne me sens pas du tout gêné
de refuser de l'énergie sale, alors que nous, on offre de l'énergie propre à un
prix très concurrentiel.» Ça, c'est le premier ministre de 2018.
La semaine passée, il
a ouvert grande la porte à un projet de pipeline. Il a même dessiné devant
nous, là, un tracé qui débouchait à Sept-Îles.
Il a lancé ça comme ça, dans un balado, sans avoir consulté personne, sans
données, sans étude. Tout ça pour
quoi? Pour faire plaisir à l'Alberta, qui cherche des débouchés à son énergie
sale, ou pour préserver l'unité canadienne comme le souhaite Carney? On
dirait que le premier ministre a oublié que sa responsabilité, c'est de
travailler pour les intérêts du Québec, pas pour les intérêts du Canada puis
d'Ottawa.
Le Québec n'est pas
un État pétrolier. Le premier ministre du Québec ne doit pas mettre en péril
notre avenir pour le Canada. Les pipelines, c'est non seulement mauvais pour
l'environnement, mais c'est aussi mauvais pour l'économie. Il n'y a pas de retombée
économique pour les pipelines. La demande pour les hydrocarbures partout dans
le monde diminue. Les marchés sont tellement incertains que même les
investisseurs privés n'investissent plus dans de grands projets s'il n'y a pas
d'argent public.
Je
demande au premier ministre de s'engager à abandonner son idée fixe, là, de
pipeline. Sinon, est-ce qu'il peut au moins s'engager à ne mettre aucun
sou de l'argent des Québécois dans des projets de pipeline?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je pense que, comme le pensent les Québécois, la majorité des Québécois,
il faut être ouverts à un pipeline ou à un gazoduc si et seulement s'il y a des
retombées pour le Québec.
Mme
la Présidente, je l'ai toujours dit, pour qu'un projet soit évalué, il faudrait
d'abord qu'il soit financé par le privé. Il n'est pas question, comme le dit la
cheffe de Québec solidaire, que ce soit le gouvernement du Québec qui finance
une partie de ce projet-là.
Ce
qu'on dit, Mme la Présidente, c'est que, s'il y a un projet qui est déposé,
c'est la première chose, pour l'instant il n'y en a pas de déposé, s'il
y a des retombées pour le Québec, bien, je pense que, oui, on pourrait être
ouverts à ce que les Québécois fassent de l'argent avec un tel oléoduc ou
gazoduc.
Nous,
de notre côté, contrairement à Québec solidaire, on n'est pas dogmatiques. On
est d'accord avec ça, que le Québec fasse de l'argent.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, les débats, on les a déjà eus, dans le passé. Il
faudrait apprendre des leçons. Énergie Est, GNL Québec, quand les Québécois
voient qu'il n'y a pas de retombées économiques, quand ils voient les saccages à notre environnement, les risques
environnementaux pour notre faune, notre flore, bien, il n'y a pas
d'acceptabilité sociale. Pour un projet futur, imaginaire ou réel, il
n'y en aura pas, d'acceptabilité sociale.
Là, je veux être
certaine. S'il y a un projet de pipeline qui a des retombées économiques, le
premier ministre s'engage qu'il n'y a aucun argent public?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, la cheffe du deuxième groupe d'opposition a manqué
une bonne game ou a manqué ma réponse. Je viens de dire qu'il n'y aura pas
d'argent du gouvernement du Québec. Donc, c'est plate qu'elle me pose des
questions puis qu'elle n'écoute pas mes réponses.
Maintenant,
Mme la Présidente, le monde a changé. En fait, pas mal tout le monde a changé,
sauf Québec solidaire.
La
Présidente : En question principale...
Une voix : ...
La
Présidente : Oh! Deuxième complémentaire, pardon, deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
J'ai très bien écouté la réponse du premier ministre, mais il change
tellement d'idée, il revire tellement sa
chemise de bord que je voulais être sûre qu'il ne changera pas d'idée. Donc,
aucun argent public, c'est une bonne chose.
Maintenant,
si le premier ministre veut faire face aux tarifs de Trump puis avoir des
projets pour notre économie, il devrait investir dans nos services
publics, il devrait investir, prendre soin et donner de l'amour à nos
infrastructures. Nos hôpitaux tiennent avec
de la broche. Ça, ça permettrait d'avoir des projets économiques qui sont
viables pour l'avenir.
Est-ce qu'il peut
abandonner son...
Des voix : ...
La
Présidente : Trop bruyant, à droite. La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, ça doit être une
nouvelle règle économique, investir dans les services publics pour avoir des
retombées sur l'économie, sur le PIB. C'est une nouvelle règle.
Mme la Présidente,
effectivement, suite aux menaces de M. Trump, une des choses qu'on
regarde, c'est pour investir avec le gouvernement fédéral dans la défense, donc
avoir des avions de surveillance.
Oui, je la vois, là.
La cheffe de Québec solidaire est d'accord avec l'économie en autant que ce ne
soit pas de l'économie. Ce n'est pas sérieux.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! En question principale, je reconnais le
député de Laurier-Dorion.
Projet
de règlement sur les critères de fixation de loyer
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Nous le savons maintenant, la ministre de
l'Habitation a sciemment décidé que la solution à la crise du logement, c'est
d'augmenter les loyers encore plus vite. Dans son mémoire présenté au Conseil
des ministres, la ministre de
l'Habitation reconnaît elle-même que son règlement de fixation des loyers aurait
comme... aura comme principale conséquence
d'augmenter les loyers des ménages les plus vulnérables, des aînés et des
jeunes. Au moins, les locataires vont mieux
comprendre pourquoi ils auront une hausse aussi importante. Avant,
c'était : les locataires reçoivent leur hausse et réalisent qu'ils
ne peuvent plus payer leur loyer. À partir de maintenant, tu vas recevoir ta
hausse, mais au moins tu comprendras pourquoi tu ne peux plus payer ton loyer,
là.
La ministre fait tout
le contraire de ce qu'une ministre de l'Habitation qui se soucie des locataires
devrait faire. On lui demande de corriger une situation; elle l'empire. La
ministre fait en sorte d'appauvrir les locataires.
Va-t-elle retirer son
projet qui appauvrit les locataires?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau :
Merci, Mme la Présidente. Alors, le député de Laurier-Dorion, encore une
fois, un seul angle, hein, on veut juste parler du côté locataires. Moi, j'ai
abordé ce dossier-là, Mme la Présidente, dans un souci d'équilibre. Je l'ai dit
en cette Chambre, c'est un dossier explosif. Pensez-vous vraiment que j'arrive
ici dans le but d'avantager un au détriment de l'autre? Non, Mme la Présidente,
dans une perspective, un souci d'équilibre. Et, le plus important, les
modifications au calcul, dans un contexte où on investit dans l'immeuble, on
investit pour donner des logements qui sont confortables pour les locataires,
pour faire en sorte que notre parc immobilier ne s'en va pas en décrépitude et que... contrairement à ce qu'on
voit, là, que les oppositions nous ont laissé des infrastructures qui, elles,
sont en décrépitude, il faut continuer puis il faut réinvestir
massivement, bien, c'est la même chose dans le parc immobilier résidentiel. Il faut y investir pour s'assurer que
ce parc-là va demeurer confortable pour les locataires qui y habitent, puis
c'est ce qu'on a voulu faire...
La
Présidente : En terminant.
Mme Duranceau :
...avec les modifications proposées.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Nous sommes bien d'accord, Mme la Présidente, qu'il faut mieux entretenir
le parc locatif au Québec. Mais, dans le
contexte d'une crise de logement qui se manifeste par des hausses
spectaculaires de loyer, la ministre met
de l'huile sur le feu et permet davantage de hausses de loyer. La ministre est
déconnectée de la réalité, elle le reconnaît elle-même dans son mémoire
déposé au Conseil des ministres. On lui demande de contenir les hausses des
loyers; elle empire ces hausses.
Va-t-elle arrêter,
encore une fois, d'appauvrir les locataires et retirer son projet de fixation
des loyers?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau :
...Mme la Présidente, je n'entends pas un commencement de début de
solution, là, sur ce que propose le député
de Laurier-Dorion, hein, c'est toujours arrêter, geler. Moi, ce que je veux
faire, là, c'est faire en sorte qu'on réinvestisse dans le parc
immobilier, que les locataires, les gens qui sont locataires, les citoyens du
Québec qui sont locataires... qu'ils aient un logement qui soit décent. S'il
faut changer les fenêtres, on change les fenêtres. S'il faut changer la
cuisine, on change la cuisine. Ce qui est important, c'est que les gens vivent
dans des logements qui sont décents.
Et je pense que
c'était très clair pour toutes les parties, toutes les parties impliquées, que
la formule, elle ne fonctionnait pas. Elle a donné lieu à un désinvestissement,
au fil des 20 dernières années...
La
Présidente : En terminant.
Mme Duranceau :
...et là il fallait corriger ça.
• (14 h 40) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
La ministre nous impose un résultat incertain, améliorer le parc locatif,
pour une solution immédiate et très concrète,
augmenter les loyers, ce qui va faire en sorte d'appauvrir les locataires.
Lorsque c'est le temps d'avantager les riches et les propriétaires, le
gouvernement de la CAQ n'a aucun problème, baisser les impôts, baisser les taxes scolaires, mais, lorsqu'il s'agit de
protéger le pouvoir d'achat des locataires, là la ministre trouve des
subterfuges pour appuyer les mieux nantis de la société.
Va-t-elle retirer son
projet de règlement de fixation des loyers?
La
Présidente : Faites
attention aux mots. Je ne suis pas sûre, mais il y a quelque chose qui sonne
non parlementaire. La réponse de la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau :
Mme la Présidente, j'ai été très transparente, il y avait deux volets aux
modifications proposées, un sur la fixation
de loyer, l'autre sur la période de récupération des investissements. Pourquoi?
Parce que, nous, ça nous préoccupe,
que le parc immobilier soit en mauvais état. J'ai entendu Québec solidaire, là,
parler des rénovictions, puis c'était catastrophique. Bien, justement,
pourquoi c'est devenu catastrophique et si présent? Parce qu'il y a eu un désinvestissement dans le parc immobilier, puis là
il fallait rétablir l'équilibre. Puis c'est ce... c'était mon objectif, dans
les modifications proposées, puis je pense que ça va porter fruit de
manière pertinente.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Gestion du réseau d'aqueduc dans les municipalités
nordiques
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
«Je ne peux pas donner un bain ou une douche aux enfants. Je ne peux pas tirer
la chasse ni faire la vaisselle ou nettoyer la maison et faire du lavage. À
bien des endroits, les excréments s'accumulent dans les toilettes parce que les eaux usées doivent également être évacuées par
camion. L'état sanitaire laisse craindre la propagation de certaines
maladies comme la gastro-entérite ou la bactérie E. coli.»
Ces témoignages-là ne
nous proviennent pas du Kivu, où la guerre fait rage, Mme la Présidente, mais bien
du Québec, à Puvirnituq, de personnes vivant une profonde crise humanitaire
alors que l'accès à l'eau potable y est rompu depuis plusieurs semaines et que
les conditions dans l'hôpital sont tellement insupportables que les médecins
quittent.
Pourtant, tout cela
aurait pu et dû être évité si des canalisations extérieures isolées et
chauffées étaient en place pour que l'eau y soit accessible en tout temps.
Ma
question est simple, Mme la Présidente : Est-ce qu'aujourd'hui le ministre
peut s'engager à financer un plan pour un accès durable à l'eau potable,
afin qu'une telle situation ne se reproduise plus?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Relations avec les
Premières Nations et les Inuit.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Oui. «Ullaakkut», Mme la Présidente. Merci à mon
collègue, pour sa question, de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Je sais que c'est une question qui préoccupe aussi ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Vous savez, ce qui se
passe présentement au Nunavik, là on parle de Puvi, Puvirnituq, ce n'est pas le
seul village auquel ça arrive, ça se passe, Mme la Présidente, il y en a trois
autres. Cette année, ce printemps est particulier, situations météo qui sont particulières, et ce qui se passe à
Puvirnituq, ce n'est pas un manque d'eau, le collègue l'a bien souligné, c'est que la conduite principale a gelé.
Est-ce que c'est par manque d'entretien, par défaillance? On va le savoir plus
tard. Pour l'instant, depuis mercredi dernier, la municipalité a offert notre
aide. Alors, on livre de l'eau. Depuis
mercredi, en moins de 36 heures, Mme
la Présidente, c'est
60 000 litres d'eau qui ont été livrés, et ça continue aujourd'hui.
Est-ce qu'il y a une
solution aussi simple que ce qui est proposé, Mme la Présidente? Je suis allé
voir dans des villages, au Nunavut, entre autres à Iqaluit, il y a une partie
de la ville qui est desservie, puis on nous dit : Attention, avec les
changements climatiques ce n'est pas une solution qui est miracle. Même à
Iqaluit il y a encore des véhicules qui vont livrer l'eau dans les maisons.
Alors,
je vous rappelle, Mme la Présidente, ici, avec mes collègues, on travaille pour
livrer l'eau, et après ça on fait un
post-mortem, et, clairement, avec les autorités locales, on va voir qu'est-ce
qu'on peut améliorer, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, ce que les gens sur le terrain demandent, là, c'est qu'on
règle le dossier une fois pour toutes. En
2025, personne au Québec, là, personne ne devrait craindre de manquer d'eau
courante, personne ne devrait être sujet à des conditions sanitaires
indécentes, personne. C'est la base.
Encore une fois, là, ce que je
demande, c'est un engagement clair, au ministre. Est-ce qu'il va présenter un
plan durable pour que ça cesse?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Et la raison pour laquelle je ne m'engage pas à
présenter un plan, c'est qu'on veut qu'il
vienne des Inuits. On respecte leur autonomie, Mme la Présidente. On a des
ententes avec eux, comme vous savez, ils sont conventionnés, alors ce
qui fait qu'annuellement, ici, au Québec, on transfère l'équivalent de 800 millions au Nunavik, aux autorités
locales, pour qu'ils puissent le gérer. Il y a une partie de cet argent-là qui
va pour la sécurité civile, il y a une partie de l'argent qui va aussi
pour livrer l'eau.
Alors, bien entendu,
on veut s'asseoir avec eux, mais une fois que la situation va s'être
stabilisée. Ce n'est pas le temps,
présentement, de faire un post-mortem, mais, oui, on va le faire après. Il y a
des idées qui ont été lancées, comme avoir
un puits pour une école, un puits pour l'hôpital. Mais, avant de, nous, arriver
avec nos solutions, on veut écouter les gens du Nunavik, les
Nunavimmiuts, les gens... les Inuits, qui connaissent bien la réalité...
La Présidente :
En terminant.
M. Lafrenière :
...encore mieux que nous, Mme la Présidente.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, ça ne date pas d'hier qu'on sonne l'alarme. En novembre
dernier, la CAQ a bloqué notre motion demandant que l'Assemblée nationale
s'engage à investir les ressources financières et humaines pour permettre à la
population inuite de vivre dans la dignité et la prospérité. Ce que je dis
surtout, là, c'est que ça aurait pu être évité. On est à l'écoute des
populations locales. Ce qu'ils demandent, c'est un plan durable pour que ça
cesse.
Est-ce que le
ministre va s'engager à régler la situation de manière durable?
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente, et merci au collègue. On est à
renouveler l'entente qu'on a présentement avec, entre autres, Makivik, au sujet
de leur autonomie, puis, clairement, on va se donner les moyens pour qu'ils
puissent aller au fond des choses. Et, ce que mon collègue demande, est-ce
qu'il va y avoir un post-mortem? Oui. Est-ce
que le président de Makivik, M. Pita Aatami, s'est engagé à ça? Oui. Est-ce que
la présidente de l'ARK s'est engagée à ça, Mme Hilda Snowball?
Absolument. On va aller au fond des choses. Mais là, présentement, Mme la
Présidente, dans cette Chambre, j'ai des collègues à la Sécurité publique, à la
Santé, aux Affaires municipales, le ministre
régional, notre député d'Ungava qui travaillent ensemble pour s'assurer qu'il y
ait de l'eau qui soit livrée. Et, oui,
le MAPAQ fait partie de ce groupe incroyable qui nous aide à livrer de l'eau.
Présentement, c'est la priorité. Mais vous pouvez être sûrs qu'une fois
que c'est stabilisé...
La Présidente :
En terminant.
M. Lafrenière :
...on va aller au fond des choses, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Lesage.
Enquête du ministère de
l'Enseignement supérieur
aux collèges Dawson et Vanier
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Le rattrapage que la CAQ avait amorcé, en
éducation, après l'austérité libérale n'a pas duré longtemps et n'est pas allé
très loin. 150 millions de coupures juste dans le réseau des cégeps.
Comme si ce n'était
pas assez, pendant qu'elle impose à son réseau des coupures qui vont affecter
les services aux élèves, la ministre bafoue la liberté académique en s'ingérant
dans les oeuvres à l'étude dans les cours de littérature palestinienne.
40 professeurs de confession juive demandent la démission de la ministre
Déry parce que... de la ministre de
l'Enseignement supérieur parce qu'elle a, selon eux, déformé le concept d'antisémitisme
dans le but d'attaquer la liberté d'enseignement
et de décourager les protestations politiques. Ils demandent aussi l'arrêt des
enquêtes aux cégeps Vanier et Dawson.
800 autres professeurs de cégep et d'université ont rejoint leurs
revendications, la CSN, la CSQ, la FECQ aussi.
Si la ministre n'arrête pas les
enquêtes aux cégeps Vanier et Dawson, comment le premier ministre pourra la
maintenir au Conseil des ministres? La ministre de l'Enseignement supérieur
peut-elle faire preuve d'écoute et s'engager à mettre...
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je n'ai pas
écouté la fin de la question parce qu'il a été interrompu, mais je vais
revenir sur le manque à gagner de 150 millions dont on parle depuis
quelques jours. Alors, bien sûr, j'ai rencontré tous les D.G. des
48 cégeps la semaine dernière, donc la semaine avant la relâche, j'ai
partagé, évidemment, le manque à gagner. On est en croissance, en ce moment.
Alors, les croissances ne sont pas aussi substantielles qu'elles l'étaient au
cours des dernières années, mais on reste dans un budget qui est en croissance
par rapport aux années précédentes. Et, ceci
dit, il y a eu des investissements historiques au cours des dernières années.
Puis j'inviterais, évidemment, mes
collègues de l'opposition de regarder les budgets, les derniers budgets des
derniers sept ans par rapport aux sept années précédentes. Donc, les
sept années précédentes, sous le gouvernement libéral, on parle de
300 millions de dollars en investissements, en Enseignement supérieur,
alors que, quand on prend nos sept années de 2018 à 2025, on est à des
investissements substantiels de 1 milliard de dollars.
Donc, quand on parle
d'investissements historiques, là, moi, je ne parlerais pas de compressions
historiques, entre guillemets, bien sûr,
mais je parlerais probablement d'investissements historiques. Je vais continuer
d'accompagner les cégeps et le réseau
collégial. On n'a jamais dit que c'était facile. On est dans un contexte un
petit peu plus difficile en ce moment.
Mais, comme je l'ai fait il y a deux semaines avec eux... ou il y a
10 jours, on s'est assis avec eux, on a partagé un peu les
préoccupations, et je suis très, très consciente...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Mme la Présidente, je vais répéter ma question.
La ministre de l'Enseignement supérieur peut-elle faire preuve d'écoute
et s'engager, au nom de la liberté académique, à faire cesser les enquêtes
intrusives aux cégeps Vanier et Dawson?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, on va revenir, évidemment, sur les
enquêtes qui sont menées actuellement aux cégeps Dawson et Vanier. Les
enquêteurs ont 150 jours pour remettre leur rapport. Comme je l'ai déjà
dit, on va attendre les conclusions du rapport, qui doivent être faites au
cours des prochaines semaines. Mais, Mme la Présidente, comme je l'ai déjà dit,
j'ai posé des questions, dans un contexte qui est problématique, qui l'était au cours des derniers mois et qui l'est
encore au cours... qui l'est encore actuellement dans certains établissements
collégiaux et universitaires. Alors, je ne
vais pas me gêner de poser des questions. Je vais continuer de faire mon
travail, continuer de poser les
questions, dans un climat qui est problématique, au Québec. Jamais il n'y a
d'étudiants, au Québec, qui ne pourront...
La Présidente :
En terminant.
Mme Déry :
...entrer dans un établissement collégial pour y faire ses études, Mme la
Présidente.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Je vous cite la lettre des 40 professeurs de confession juive :
«En tant que professeurs juives et juifs,
nous sommes persuadés que les étudiants juives et juifs ne sont pas menacés par
la lecture d'auteurs palestiniens. Leur sécurité n'est pas non plus mise
en danger par une quelconque expression de solidarité envers la Palestine,
alors que même les principales organisations
de défense des droits de la personne, telles qu'Amnistie internationale et
Human Rights Watch, qualifient les actions d'Israël à Gaza de génocide.»
La ministre va-t-elle
arrêter ces enquêtes?
• (14 h 50) •
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je réitère qu'il y a une enquête, et les conclusions de
l'enquête seront éventuellement dévoilées dans quelques semaines. Encore une
fois, ils ont 150 jours pour faire leur rapport. C'est
une enquête qui a été lancée au cours des derniers mois, au cours du mois de
décembre, suite... à la suite de plaintes qui ont été logées auprès du
ministère de l'Enseignement supérieur.
Alors,
encore une fois, je ne vais pas arrêter ces enquêtes, ce sont des enquêtes qui
sont légitimes, dans le contexte actuel,
dans les deux établissements qui sont visés. Et je vais attendre les
conclusions, comme tout le monde ici, de l'enquête qui a actuellement
lieu dans ces deux établissements collégiaux, Mme la Présidente.
La Présidente :
En question principale, je reconnais le député des Îles-de-la-Madeleine.
Panne informatique à la
Société de l'assurance automobile du Québec
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Alors, SAAQclic, la SAAQ, ce n'est pas juste un fiasco,
là, ça devient une espèce de projecteur qui met en lumière la désorganisation
du ministère et du gouvernement eu égard à la transition numérique. Résumé du
dernier épisode concernant la panne de 40 heures du service à la SAAQ, le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique, le 7 mai dernier, me disait
ici, en Chambre : «La problématique est au niveau de Microsoft. Microsoft travaille présentement avec
la SAAQ à rétablir la situation.» Le gouvernement a entretenu ce récit pendant
trois jours. Or, on sait maintenant que c'était, pour être poli, inexact. Non
seulement ce n'était pas Microsoft, c'était carrément la SAAQ qui était en
train de mettre à jour le système informatique.
Le
ministre m'a dit qu'il était en contrôle de la situation. En contrôle de quoi,
au juste? Ça fait 13 jours depuis que j'ai demandé s'il y avait un
plan de contingence, une évaluation des coûts, ce qui s'était passé exactement.
Toujours aucune réponse.
Au lieu de trouver
des excuses, est-ce que le ministre va s'expliquer...
La Présidente :
La réponse du ministre de la Cybersécurité et du Numérique.
M. Gilles Bélanger
M. Bélanger : Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, tout
bris de service aux citoyens, c'est inacceptable. Ceci étant dit, Mme la
Présidente, pas plus tard que 13 h 15, j'avais une rencontre avec ma
collègue aux Transports et la SAAQ, et on faisait un suivi au niveau,
justement, de la panne de 40 heures. Il va y avoir un audit, Mme la
Présidente, qui va être fait. D'ici quatre semaines, on va avoir les réponses,
et les suggestions, et toute l'analyse faite, justement, au niveau de cette
panne.
Ça fait que, Mme la
Présidente, je suis le dossier de très près avec ma collègue aux Transports, à
chaque jour on suit le dossier. On travaille en collaboration avec la SAAQ, on
travaille en collaboration avec le ministère des Transports et mon équipe au
niveau du ministère. Et vous allez avoir les réponses. Et il y a un suivi et un
plan de contingence qui va s'assurer qu'il
n'y ait plus de bris de service futur au niveau des services de la SAAQ, Mme la
Présidente. Merci.
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, on nous parle de quatre semaines pour un audit. Le problème,
c'est que le réflexe du gouvernement, c'est, lorsqu'il y a un cafouillage
informatique, on dit : Ce n'est pas de notre faute. On cherche des
coupables, ce n'est surtout pas notre responsabilité. On a même dit à TVA
Nouvelles, le ministre l'a dit : Peut-être que, dans le futur, je devrais
appliquer un bémol à l'information que je reçois. Mais moi, j'ai le goût de lui
dire : Que vaut la parole du gouvernement? Que vaut la parole du ministre
lorsqu'il y a la panne?
En fait, est-ce que
le ministre convient que, le bémol, là, il faut le mettre face à ses propos,
quand il y a un événement comme celui-là?
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Gilles Bélanger
M. Bélanger :
Mme la Présidente, ma collègue a quand même très bien expliqué l'historique. Si
j'étais le collègue d'en face, je me garderais quand même une petite gêne,
parce qu'il doit se rappeler, en 2014, qu'ils ont permis à la SAAQ d'être
exemptée de reddition de comptes avec le gouvernement, Mme la Présidente.
Pour revenir au
leadership ou à la responsabilité que j'ai, la responsabilité que j'ai, c'est
de travailler en collaboration avec mes
collègues au niveau de la réalisation des projets. On revient. Il y a 200
quelques projets qui sont en exécution. Il y a des projets qui sont sous
les budgets, il y a des projets qui ont des lumières rouges.
La Présidente :
En terminant.
M. Bélanger : Lorsqu'il y a des lumières rouges, Mme la Présidente, je
m'assure de faire un suivi avec le ministre responsable.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, face au fiasco de SAAQclic, le gouvernement a dit : On
nous a bernés. Face à la panne informatique, est-ce qu'on peut dire la même
chose ici même, en Chambre, on nous a bernés?
Est-ce que le
ministre va s'excuser auprès des parlementaires et auprès des citoyens pour
avoir donné une information inexacte concernant la panne d'il y a deux
semaines?
La Présidente :
Je vous demanderais de faire attention à vos propos. Et la réponse du ministre.
M. Gilles Bélanger
M. Bélanger : Mme la Présidente, c'est un dossier qui évolue.
La réponse que j'ai donnée, moi, je n'ai pas attribué la faute à
Microsoft. J'ai relaté les faits qui m'étaient fournis le mercredi, le mercredi
matin.
Suite
à ça, Mme la Présidente, au cours de la journée, j'ai demandé des informations
additionnelles. Le jeudi matin, Mme la Présidente, j'ai dit que j'étais
insatisfait des informations reçues. Depuis, Mme la Présidente, je travaille
avec ma collègue, je travaille avec la SAAQ, pas plus tard qu'il y a une
heure, avec la présidente du conseil et avec le P.D.G., on fait un suivi du plan qui va être mis en place. Et j'attends les
réponses de cet audit-là externe pour, justement, savoir...
La Présidente :
En terminant.
M. Bélanger :
...avoir toute la lumière de ce qui s'est passé lors de la panne de
40 heures, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Jeanne-Mance—Viger.
Compressions budgétaires dans
le réseau des centres
collégiaux de transfert de technologie
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Encore une fois, le gouvernement cherche des
économies de bouts de chandelle et gratte les fonds de tiroir au détriment de
nos PME en région. Qui écope cette fois-ci? Le réseau des centres collégiaux de
transfert de technologie, qui accompagne les PME dans leur développement et
qui, aujourd'hui, connaît les pires coupes de son histoire.
Juste dans la
dernière année, ils ont réalisé 13 000 projets pour accompagner le
développement et stimuler la productivité de 5 600 PME. Le ministère
de l'Économie injecte 5,1 millions dans les CCTT, et les retombées sont de
1,8 milliard. Ce n'est pas une dépense, ça, ça s'appelle un investissement
pour nos PME en région.
Mme
la Présidente, est-ce que le gouvernement est conscient qu'il va priver des
entreprises d'un levier essentiel dans tous
les secteurs d'activité, partout au Québec? Est-ce que la CAQ pense vraiment
encore que c'est le parti de l'économie?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, les CCTT, tout le monde le sait,
puis, nous, ça fait partie de l'écosystème de recherche et d'innovation...
nous, au ministère de l'Enseignement supérieur, on le finance à la hauteur de
20 millions. Puis, effectivement, il y avait une somme de 5 millions
allouée par mes collègues du MEIE. On le sait, qu'ils sont importants, on le
suit. Je travaille d'ailleurs avec eux pour être capable d'avoir un modèle qui
est plus optimal aujourd'hui. Dans le contexte actuel, ça nous prend un modèle
qui est plus optimal. Il y a des CCTT... ils
sont 59, il y en a qui fonctionnent très, très bien, il y en a qui fonctionnent
moins bien, à qui on a... avec qui on a contribué à allouer des fonds au
cours des dernières années. Donc, on continue de travailler là-dessus. Mais on
est présents, puis il y a d'autres programmes, il y a d'autres programmes
auxquels les CCTT peuvent... peuvent aller chercher des sous et obtenir
certaines subventions. Mais, de notre côté, le 20 millions et l'enveloppe
que nous allouons sera maintenue, mais elle
sera probablement distribuée autrement. Puis d'ailleurs on est en communication
et en étroite collaboration avec non seulement Synchronex, qui est l'acteur
intermédiaire, le joueur intermédiaire, mais on est aussi... avec la Fédération
des cégeps, on est en train de trouver une
solution pour être capable d'avoir, encore une fois, des CCTT qui sont optimaux
dans le contexte actuel. Mais, comme je vous dis, c'est un choix qu'on
doit faire, actuellement...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry : ...mais
ça ne veut pas dire qu'il n'existe pas d'autres programmes. Et ce que... Bien,
je vais continuer dans la deuxième relance...
La Présidente : Et, en question
principale, je reconnais le chef de l'opposition officielle.
Compressions budgétaires dans le réseau des centres
collégiaux de transfert de technologie
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Alors, principale,
Mme la Présidente, sur le même sujet, les centres collégiaux de transfert de technologie. La CAQ en est réduite, Mme la
Présidente... Et rappelez-vous de la CAQ qui se prétendait le parti de
l'économie. On repassera. Quand on coupe dans les CCTT, les centres
collégiaux de transfert de technologie, une subvention de 5,1 millions de dollars qui fait en
sorte de maintenir 59 centres collégiaux partout au Québec, dans toutes
les régions du Québec... C'est un réseau qui, en 2022, a pu soutenir
2 400 experts, a fait plus de 13 000 projets. Le chiffre
d'affaires, chiffre d'affaires de plus de 175 millions de dollars. On
vient couper, Mme la Présidente, au ministère de l'Économie, une subvention de 5 millions, qui représente,
pour tout ce beau monde là, 20 %, 20 % de leur budget. Ça a fait
dire, entre autres, à la directrice générale qu'il y a cinq à six
centres qui menacent de fermer, suite à cette coupure-là. Quand on est rendu,
Mme la Présidente, la CAQ se prétendait... puis le premier ministre, le premier
ministre d'un gouvernement économique, quand
on est rendu à prioriser Northvolt pour 267 millions de dollars puis qu'on
n'a plus d'argent, on l'a perdu, le 267 millions de dollars à
Northvolt, puis on a plus d'argent, 5 millions pour aider nos jeunes
pousses partout, des entrepreneurs, des
femmes et des hommes qui y croient, qui ont besoin d'un coup de pouce, qui ont
besoin des CCTT, puis qu'ils coupent le 5 millions, c'est la fin du
régime caquiste, Mme la Présidente.
• (15 heures) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Quelle salade! Je ne sais pas par quel fruit je vais commencer.
Bon.
Northvolt, c'est une entreprise privée, on a investi 93 milliards, il y a
eu 93 milliards de projets, 93 milliards de projets. Oui, il y a eu une perte de
268 millions dans Northvolt, mais la moyenne au bâton fait qu'en économie
on a battu l'Ontario puis le reste du Canada, ce que n'ont jamais fait
les gouvernements libéraux.
Maintenant,
les CCTT, les CCTT, s'il y a un gouvernement qui a investi dans les CCTT, c'est
bien notre gouvernement. Non, mais il
faut regarder depuis six ans. On ne peut pas juste regarder un élément, il faut
regarder l'ensemble du portrait.
Mme la Présidente, pour avoir été moi-même
ministre de l'Éducation puis de l'Enseignement supérieur, c'est un bijou, les centres de transfert technologique. C'est là pour mettre ensemble nos
cégeps et nos entreprises. Puis on va continuer de le faire, puis on va
continuer à battre l'Ontario puis le reste du Canada, contrairement aux
gouvernements libéraux.
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à cette période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la motion... à la rubrique Motions sans préavis, et, pour ce
faire, je cède la place à la deuxième vice-présidente de l'Assemblée nationale.
Merci beaucoup. Bonne fin de journée, tout le monde.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Comme
dit précédemment, nous en sommes à la rubrique Motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre
du groupe formant le gouvernement. Mme la ministre de l'Emploi.
Exiger
du gouvernement fédéral qu'il rehausse le financement
alloué dans le cadre des ententes de transfert
relatives au marché du travail
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve
et le député de Jean-Talon :
«Que l'Assemblée nationale dénonce les coupures
unilatérales du gouvernement fédéral pour le financement des mesures et
services d'emploi;
«Qu'elle prenne acte que les ententes de
transferts sur le marché du travail ne prévoyant aucune formule d'indexation,
cette décision a pour effet de ramener le niveau de financement à celui de
1997;
«Qu'elle souligne le fait que la majorité du
financement alloué aux ententes de transfert relatives au marché du travail
provient des cotisations des employés et des employeurs québécois à
l'assurance-emploi;
«Qu'elle
reconnaisse que ces coupures ont un effet sur l'aide offerte à la population et
aux entreprises québécoises;
«Enfin, qu'elle exige du gouvernement fédéral de
rehausser le financement rendu disponible dans le cadre des ententes de transferts sur le marché du travail et
qu'il respecte la compétence du Québec en matière de formation de la main-d'oeuvre,
la spécificité de son marché du travail et sa structure partenariale unique.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Je suis maintenant prête à reconnaître un membre
du groupe formant l'opposition officielle. M. le chef de l'opposition
officielle, la parole est à vous.
Rendre
hommage à Mme Sophie Thibault,
journaliste et cheffe d'antenne
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vous allez me permettre, d'entrée de jeu, de
saluer la présence, et elle est accompagnée, en nos tribunes, par sa
famille et ses proches, de Mme Sophie Thibault.
Mme la Présidente, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
premier ministre du Québec, la cheffe du deuxième groupe d'opposition, le chef
du troisième groupe d'opposition, la députée de Vaudreuil et le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale rende hommage à
Madame Sophie Thibault, journaliste et cheffe d'antenne, à l'occasion de son
départ à la retraite après 37 années passées au sein du réseau TVA;
«Qu'elle souligne ses qualités journalistiques
et humaines, son souci pour la qualité de la langue française et sa [...]
capacité à vulgariser des enjeux complexes afin d'informer des générations de
Québécoises et de Québécois;
«Qu'elle déclare que le parcours de Sophie
Thibault, première femme en Amérique du Nord à être cheffe d'antenne en solo
d'un grand bulletin de fin de soirée, fait d'elle une pionnière qui a ouvert la
voie pour de nombreuses femmes et filles intéressées par le journalisme;
«Qu'elle rappelle que tout au long de sa
carrière, elle a été un témoin de premier plan des grands moments de l'histoire
du Québec;
«Qu'elle souligne les différentes dimensions de l'apport
de Sophie Thibault à la société québécoise tant dans le milieu journalistique,
littéraire, philanthropique [que] de la photographie;
«Qu'elle
rappelle les nombreuses distinctions qui ont consacré l'excellence de sa
carrière, au premier chef l'octroi du
grade de Chevalière de l'Ordre national du Québec, le titre de Chevalière de
l'Ordre de la Pléiade et les nombreux prix Artis remis pour la meilleure
animatrice d'un bulletin de nouvelles;
«Qu'elle
constate toute l'affection que lui portent les Québécoises et les Québécois,
affection trouvant sa source dans son parcours personnel, professionnel
et dans l'humanisme dont elle fait preuve au quotidien;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale lui témoigne la
gratitude de la nation québécoise et lui souhaite une retraite alliant quiétude
et longévité durant laquelle elle pourra se consacrer à une multitude de
nouveaux projets.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le chef de l'opposition
officielle. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur
par intervenant dans l'ordre suivant :
le chef de l'opposition officielle, le premier ministre du Québec, le député de
Rosemont, le chef du troisième groupe d'opposition.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, est-ce qu'il y a
consentement pour qu'il y ait quatre intervenants, et pour que la durée
des interventions soit limitée à un maximum de deux minutes chacune, et pour
que la présidence applique strictement le temps de parole? Est-ce qu'il y a
consentement? Consentement.
Alors, je cède maintenant la parole au chef de
l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci, Mme la
Présidente. Pour nous, à l'Assemblée nationale du Québec, c'est important,
Mme Thibault, aujourd'hui, de vous rendre hommage, de vous remercier, de
vous féliciter pour votre carrière unique et remarquable,
qui aura su inspirer des milliers de Québécoises et de Québécois, important de
le souligner, donc, après 37 années de journalisme.
Vous avez débuté en
1988 à Télé-Métropole. Souvenons-nous de votre premier bulletin télévisé, à
l'été 1990, en pleine crise d'Oka. Elle a animé, Mme la Présidente, le TVA
Nouvelles à 22 heures pendant 20 ans, et, en juin 2022, elle
succède à Pierre Bruneau comme cheffe d'antenne au TVA Nouvelles de
17 heures. On l'a mentionné dans le texte de la motion, et c'est un fait remarquable, elle fut la première femme
cheffe d'antenne solo, grand bulletin de fin de soirée, en Amérique du
Nord. C'est ce que l'on célèbre aujourd'hui.
Également, votre
prochain... votre dernier bulletin est prévu pour le 19 juin prochain. Et,
la suite, vous nous avez déjà donné une
indication lorsque, je vous cite : «Je viens d'avoir 64 ans, et c'est
le bon moment. J'ai le goût de me consacrer
sur la beauté du monde, de juste respirer, découvrir la joie, de flâner,
m'asseoir sur une terrasse pour écouter les moineaux et regarder les
gens passer.» Fin de la citation.
• (15 h 10) •
C'est
pleinement mérité. Pleinement mérités également les nombreux prix que vous avez
remportés. La liste est trop longue, mais je vais mentionner tout de même les
neuf trophées Artis, qui témoignent, qui témoignent de l'affection et du
respect que les Québécoises et Québécois ont eus tout au long de votre
carrière.
Vous êtes passionnée
de photographie. Vous êtes spécialiste dans la photo animalière d'oiseaux et de
paysages. Vous avez même publié deux livres de photos et fait l'objet de
plusieurs expositions.
L'avenir qui est
devant vous fera en sorte qu'on va continuer à suivre votre parcours. C'était
important pour nous aujourd'hui de vous féliciter et de vous dire merci,
Mme Thibault.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le chef de l'opposition officielle. Maintenant, je cède la parole au
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir, moi aussi, de souligner
la carrière de Mme Thibault. Je parlais
avec des plus vieux ici, il y a eu une autre Mme Thibault, au Québec,
avant vous, mais maintenant
vous êtes la seule Mme Thibault. Et, je veux vous dire, 37 ans, ce
n'est pas rien, 37 ans à nous informer.
Je lisais votre C.V.
et j'ai vu que vous avez commencé en étudiant en psychologie. J'ai mieux
compris, quand vous m'interviewez, pourquoi vous avez l'air de lire dans mes
pensées.
Mme la Présidente,
donc, Mme Thibault a commencé à des magazines qui appartenaient à TVA, en
1988, ensuite reporter, ensuite, en 2002, la
première femme cheffe d'antenne en Amérique du Nord, ce n'est pas rien. Neuf
trophées MetroStar, qui sont devenus Artis. En 2021, j'ai eu le plaisir
de la faire chevalière de l'Ordre national, mais à distance. Je ne me souviens plus pourquoi exactement, mais
c'était à distance. 2022, vous avez remplacé Pierre Bruneau à
18 heures. D'ailleurs, je me rappelle de vous avoir croisée sur une
terrasse au canal de Lachine avec Dominique. Je ne sais pas si vous étiez au
22 heures ou au 18 heures, dans ce temps-là, mais j'étais inquiet,
quand même.
Et, je veux aussi
saluer, vous avez sensibilisé beaucoup les Québécois, d'abord, à la sclérose en
plaques. Vous avez écrit un livre sur votre
mère, qui en a souffert. Vous avez parlé de votre cancer de la peau, même si ce
n'est pas la raison pourquoi vous vous retirez.
Là, je me demande
s'il faut dire «bonne retraite», parce que j'ai l'impression que vous êtes bien
trop jeune, bien trop jeune pour prendre une retraite. Et je vous souhaite,
bien, beaucoup de photographies, nature, forêt, oiseaux. Puis je veux vous dire, au nom de tous les
Québécois, un grand merci pour ce que vous avez fait depuis 37 ans. Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Mme la Présidente, c'est un grand bonheur et un grand honneur de pouvoir
honorer quelqu'un avec qui j'ai eu le
plaisir de travailler, pas assez souvent. J'ai travaillé plus souvent avec la
grande dame journaliste qui est à côté, Mme Poirier, que je salue
aussi.
Comment résumer en
moins de deux minutes la carrière extraordinaire de Sophie Thibault? Je vais y
aller rapidement, parce que je n'ai que deux
minutes et pas une seconde de plus. Le premier mot qui me vient en tête, c'est «pionnière». Ça a été dit, tu as ouvert
la porte, Sophie, à de nombreuses femmes pour qui cette porte était
infranchissable et même invisible. On
le voit, d'ailleurs, à TVA et à LCN, en ce moment, il y a toute une nouvelle
cohorte de jeunes femmes qui prennent la barre de bulletins de
nouvelles, et bravo pour ça.
Le deuxième mot qui
me vient ensuite en tête... en fait, deux mots : ouverte et intéressée à
l'autre. C'est une grande qualité pour une journaliste. Et ce n'est pas vain,
avec Sophie, parce que, quand on arrive dans un média, on est parfois un peu
comme un cheveu sur la soupe, on est pressé, on est intimidé, puis toujours, au
maquillage, quand j'arrivais, la première
question que Sophie me demandait, c'est : Comment ça va?, pas : De
quoi tu viens parler?, ou pas : Qu'est-ce que tu penses de ceci ou cela?
Juste un «comment ça va?». Si tu savais comme ça fait du bien, quand on s'en
va devant quelques centaines de milliers de téléspectateurs, de se faire dire
ça.
Le troisième mot : observatrice. Ça aussi,
c'est une belle qualité pour une journaliste, une observatrice pendant plus de trois décennies de la société québécoise
et du monde entier, à des heures de grande, grande écoute de la télévision
québécoise.
Je me dis, peut-être, Sophie, qu'après
trois décennies tu as vu assez d'oiseaux rares, et même quelques méchants
moineaux, dans tes bulletins de nouvelles,
que tu aspires maintenant à plus de sérénité et que tu te réfugieras, donc,
dans la paisible nature. C'est la grâce que je te souhaite.
Bonne retraite! Bonne
continuation!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au chef du troisième groupe
d'opposition.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
à mon tour, Mme la Présidente, de joindre ma voix à celles de mes collègues.
Mon collègue de
Rosemont vient de parler... a utilisé le mot «pionnière». Le mot que moi,
je veux utiliser, c'est confiance. On
est à une époque où la confiance est remise en question, par rapport à nos
institutions. Or, l'information est l'un des piliers de notre
démocratie. C'est par le biais, chaque jour, d'une information juste et
impartiale que nous, parlementaires et décideurs publics, devons rendre des
comptes à la population. Ce n'est pas toujours agréable, ce n'est pas toujours
facile, mais c'est tellement nécessaire. Or, c'est la rigueur, la compétence,
l'éloquence de nos journalistes qui
permettent un bon ordre dans notre société et un contrôle efficace de l'action
gouvernementale. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de
saluer le travail d'une journaliste comme Sophie Thibault, qui réunit de
manière éclatante ces trois qualités, et ça donne de la confiance.
37 ans de
carrière, ça veut dire que j'avais 11 ans. Donc, j'ai grandi avec Sophie
Thibault depuis que je suis en âge de suivre l'actualité. Et c'est le mot qui
me vient en tête. Elle est un visage incontournable de l'information au Québec
et elle a généré cette confiance-là. Donc, depuis la crise d'Oka jusqu'à
aujourd'hui, elle s'est imposée comme une des voix les plus crédibles, les plus
claires et les plus accessibles pour informer le grand public.
Pionnière, oui,
première cheffe d'antenne en Amérique du Nord, elle a permis à des millions de
Québécois de tirer des nouvelles du soir...
d'en tirer tout ce qu'il fallait savoir pour comprendre et participer
pleinement au débat public. Et c'est cette contribution-là, cet
engagement au service public et à la démocratie québécoise que j'aimerais
souligner aujourd'hui au nom de ma formation politique.
Je vous souhaite,
avec mes collègues, mes meilleurs voeux de retraite. Je vous souhaite de vous
consacrer à des causes sociales, parce que vous vous êtes toujours impliquée.
Vous allez vous consacrer aussi à la photographie. Et je suis certain que les
Québécois et les Québécoises vont retrouver la même chaleur, la même pertinence
et la même confiance dans votre pratique du huitième art que dans ce qu'ils ont
retrouvé dans votre service du quatrième pouvoir. Merci pour tout.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Avec votre permission,
qu'une copie conforme de cette motion soit envoyée à la haute direction de
Québecor. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Ce sera fait, M. le leader de l'opposition
officielle.
Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la
cheffe du deuxième groupe, la parole est à vous.
Souligner la Journée internationale contre
l'homophobie et la transphobie
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Je veux tout d'abord saluer la présence parmi
nous de gens de Fondation Émergence, Trans du Québec, GRIS-Québec et d'Alliance
Arc-en-ciel Québec. Merci d'être parmi nous.
Alors, Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec la
ministre responsable de la Condition féminine, la députée de Westmount—Saint-Louis, le député de Jean-Talon, la députée de Vaudreuil et le député
de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la 23e édition de la Journée internationale contre
l'homophobie et la transphobie, ayant eu
lieu le 17 mai 2025, une journée initiée par la Fondation Émergence en
2003, un organisme québécois;
«Qu'elle prenne acte
de la montée préoccupante des discours haineux, des crimes motivés par la haine
envers les personnes de la diversité sexuelle et de genre, ici, au Québec,
comme ailleurs dans le monde;
«Qu'elle reconnaisse
l'importance cruciale du rôle des allié.es, qu'il s'agisse d'individus,
d'institutions ou d'organisations, dans la création de milieux inclusifs,
sécuritaires et respectueux des personnes de la diversité sexuelle et de genre;
• (15 h 20) •
«Qu'elle soutienne la
campagne de sensibilisation grand public de la Fondation Émergence, ayant pour
thème L'effet allié, visant à mettre en lumière, valoriser et mobiliser
les allié.es, dans un contexte de reculs des droits des personnes de la
diversité sexuelle et de genre;
«Qu'elle invite la population québécoise à faire
preuve de solidarité et à contribuer à "l'effet allié", où chaque geste posé en soutien aux personnes de la
diversité sexuelle et de genre compte pour faire reculer la haine et faire
avancer les droits;
«Qu'enfin elle réaffirme le statut du Québec
comme leader en matière de lutte contre l'homophobie et la transphobie, ici, au
Canada et à l'international.» Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur
par intervenant dans l'ordre suivant : la cheffe du deuxième groupe
d'opposition, la ministre de la Condition féminine, la députée de Westmount—Saint-Louis
et le député de Jean-Talon.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Il y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants, et pour que la durée
des interventions soit limitée à un maximum de deux minutes chacune, et pour
que la présidence applique strictement le temps de parole? Consentement.
Donc, je cède maintenant la parole à la cheffe
du deuxième groupe d'opposition pour deux minutes.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. C'est un honneur, pour moi, immense, en tant que cheffe
parlementaire de Québec solidaire, de souligner la 23e édition de la Journée
internationale contre l'homophobie et la transphobie.
On ne peut pas parler d'homophobie et de
transphobie sans évoquer ce qui se passe aux États-Unis, hein? Au sud de la frontière, le contexte américain actuel
fait très peur. Le recul des droits des personnes trans et non binaires est indéniable,
aujourd'hui. Insécurité et discrimination, harcèlement, montée des discours et
crimes haineux, c'est ce que vivent les personnes de la diversité sexuelle et
de genre encore aujourd'hui dans le monde. C'est donc normal d'avoir peur que
ce conservatisme moral atteigne aussi le Québec. On a la responsabilité d'être
toujours vigilants et vigilantes.
Le retour des insultes homophobes à l'école, on
l'a vu, c'est la forme la plus récente de la montée de cette intolérance même
ici, au Québec. Face à ça, moi, je ressens le besoin immense de défendre nos
communautés plus que jamais et de dénoncer
fortement et fermement la haine. L'histoire n'est jamais linéaire, et parfois
il y a des avancées, mais malheureusement il y a aussi des reculs. Le
Québec, on est une terre progressiste, et, en ce sens-là, nous avons un rôle
important à jouer. Je suis extrêmement fière que notre Assemblée nationale
parle aujourd'hui d'une seule voix pour défendre les droits des personnes de la
diversité sexuelle et de genre.
Je vais
terminer sur les mots de ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques : Être une personne de la diversité sexuelle
et de genre, ce n'est pas une phase, un débat ou une polémique, c'est une
réalité humaine, magnifique et légitime. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Je cède maintenant la
parole à la ministre de la Condition féminine.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Je suis fière, Mme
la Présidente, de prendre la parole aujourd'hui pour souligner la journée
internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Je veux d'abord
souligner... saluer les représentants des organismes LGBTQ+ qui sont présents
dans les tribunes. Je les remercie pour le précieux travail que vous
accomplissez tous les jours. Et je suis régulièrement en contact avec eux, et
c'est toujours un plaisir de travailler ensemble.
La journée internationale de lutte contre
l'homophobie et la transphobie est née au Québec sous l'impulsion de Laurent
McCutcheon et de la Fondation Émergence. La date du 17 mai fait référence
au 17 mai 1990, date à laquelle l'Organisation mondiale de la santé retire
l'homosexualité de sa liste des maladies mentales. Depuis maintenant
23 ans, cette journée est l'occasion de
se rappeler le chemin parcouru en faveur des droits des personnes LGBTQ+ au
Québec et partout dans le monde.
Le Québec est un champion de la reconnaissance
et de la protection des droits des personnes LGBTQ+ depuis des décennies. En 1977, nous sommes devenus le
premier État en Amérique du Nord à interdire la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. En 2002, le droit à l'union
civile est reconnu par la loi aux conjoints de même sexe. En 2011, le
Québec innove à l'échelle canadienne en créant le Bureau de lutte contre
l'homophobie et la transphobie, qui permet notamment
de coordonner les actions gouvernementales. En 2020, nous avons fait preuve de
leadership en interdisant les thérapies de conversion.
Il reste, bien sûr, du travail à faire. Je pense
qu'en plusieurs endroits dans le monde, à l'étranger, les droits des personnes
LGBTQ+ sont en régression, ou encore ici, au Québec, où on constate une montée
du discours haineux à l'endroit des
personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. Dans ce contexte
difficile, nous allons continuer de travailler avec les partenaires des milieux communautaires et académiques afin de
favoriser le bien-être des personnes LGBTQ+. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup. Merci. Merci, Mme la
ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : «Les gais ne méritent pas
mon respect. Si tu ne te reproduis pas, tu es donc inutile à la société.
Alors, ils doivent se suicider.»
«Je trouve qu'il y a
deux genres seulement et je ne comprends pas pourquoi que les gens sont
attirés par autre chose. C'est des malades.»
«Je
trouve que c'est un truc vraiment dégueulasse et je suis homophobe. Je m'en
fous, de ces gens. Gais ou homos, je ne les aime pas. Ça me rend mal à l'aise.
Il y en a certains qui influencent des enfants à devenir homosexuels.»
«Je ne considère pas
les gais ou lesbiennes comme des humains.»
Ce sont des citations
de nos élèves de nos écoles ici, secondaires, au Québec. Imaginez un instant
que c'est un membre de votre famille, un ami
ou même votre propre enfant qui soit la cible de ces commentaires haineux jour
par jour. Imaginez que ce soient vos collègues ici même, à l'Assemblée
nationale, dans cette Chambre, qui en soient victimes.
Et pourtant la
personne qu'on aime, avec qui on partage sa vie, ou la façon qu'on s'identifie
ne concerne qu'une seule personne : soi-même. On ne peut pas restreindre
les droits fondamentaux d'une partie de la population pour une raison aussi
intime que l'orientation sexuelle ou l'identité de genre, parce que les
personnes de la communauté LGBT sont des
Québécois à part entière. Peu importe le comté que vous représentez ou le
dossier que vous portez, vous avez la responsabilité d'entendre leurs
voix et de protéger leurs droits, et d'où le thème de cette année, qui prend
tout son sens, Chaque allié.e compte. Moi, je suis entourée par des
alliés, les membres de ma famille politique, des personnes qui militent à mes
côtés et qui me permettent de rêver d'un Québec où on n'aura plus besoin de
parler de tolérance parce qu'on aura compris que la diversité, ce n'est pas un
problème à régler mais une richesse à célébrer.
À l'occasion de la
journée internationale de la lutte contre l'homophobie et la transphobie,
engageons-nous collectivement, comme membres de l'Assemblée nationale, à bâtir
un Québec où la justice ne dépend pas de qui vous aimez, de votre genre ou de
votre courage à être vous-même. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
au député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis :
Il y a des remises en cause et des reculs des droits des personnes de la
diversité sexuelle et de genre à l'échelle de la planète, comme en Europe ou
aux États-Unis, où l'on voit les communautés de la diversité être désignées comme les boucs émissaires de problèmes
complexes qui concernent toute la société. Leur accès à des espaces publics, à des services publics, à des soins de
santé ou à des institutions comme l'armée est restreint. La reconnaissance
de leur identité est niée. Leur capacité à traverser des frontières est
remise en cause.
La
situation est préoccupante, et le contexte actuel met en lumière l'importance
de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, une
initiative de la Fondation Émergence en 2003. Par cette journée, le Québec
envoie un message fort : les droits des personnes de la diversité sexuelle
et de genre sont des droits humains.
• (15 h 30) •
Le Québec ne se
reconnaît pas dans les reculs, dans le sentiment de malaise et dans la haine
qui frappent les personnes de la diversité ici aussi. Ce n'est pas dans les
valeurs inhérentes de la nation québécoise. Rappelons que le Québec a instauré
l'union civile en 2002 parce que le Canada ne reconnaissait pas le mariage
entre conjoints de même sexe et parce qu'au
Québec on est une société ouverte et qu'on croit qu'il est possible d'aimer qui
l'on veut. Rappelons que, dès 1977,
le Québec, sous un gouvernement de René Lévesque, a interdit la discrimination
basée sur l'orientation sexuelle. Il a reconnu à même le Code civil du
Québec la possibilité de changer sa mention de sexe dans ses documents légaux. En 2022, on a reconnu le marqueur X dans
le Code civil, parce qu'au Québec on est une société ouverte et on croit qu'il est
possible d'être reconnu pour qui on est.
Il
reste évidemment du travail à faire afin d'atteindre l'égalité pour les
minorités sexuelles et de genre. La campagne de cette 23e édition de la
journée contre l'homophobie et la transphobie porte sur les alliés. Célébrons
ces alliés partout au Québec. Et,
soyons clairs, le Québec a été, est et sera un indéfectible allié des personnes
de la diversité sexuelle et de genre. Nous réaffirmons ensemble
aujourd'hui notre soutien à leur pleine participation à la société et à la vie
publique québécoises. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce que cette motion est
adoptée? Adopté?
Une voix :
...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Un vote électronique est demandé. Donc, le vote est
ouvert.
Le vote étant
terminé, Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette motion est adoptée. Oui, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Est-ce qu'une copie de cette motion peut être envoyée à la Fondation Émergence, Aide aux trans du Québec,
Alliance Arc-en-ciel Québec, GRIS-Québec et Conseil québécois LGBT, s'il
vous plaît? Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Ce sera fait, M. le député.
Maintenant, je suis
prête à reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition. M. le chef du
troisième groupe d'opposition, la parole est à vous pour votre motion.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale
demande au gouvernement d'utiliser les moyens fiscaux à sa disposition afin de
réduire l'écart inéquitable du prix de l'essence avec les provinces
frontalières, et ce d'ici le 24 juin 2025.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Il n'y a pas de consentement.
Je suis maintenant
prête à entendre la motion de M. le député de Saint-Jérôme. La parole est à
vous.
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. Alors, je sollicite le
consentement de l'Assemblée pour présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que le gouvernement fédéral et le gouvernement de la
Colombie-Britannique ont retiré toute tarification du carbone, faisant du
Québec la seule province canadienne à imposer un prix sur le carbone;
«Qu'elle rappelle que
cette tarification découle du système de plafonnement et d'échange des droits
d'émission (ou "marché du carbone") unissant le Québec et la
Californie et que les sommes obtenues sont versées au Fonds de
l'électrification et des changements climatiques;
«Qu'elle
déplore le fait qu'aucun autre État américain ou province canadienne ne s'y
soit joint dans les dix dernières années;
«Qu'elle constate que
les deux tiers des Québécois demandent plus de transparence, puisque la
majoration des prix de l'essence par la tarification du carbone n'est pas
explicite et que l'application des taxes de ventes au prix majoré implique que
le gouvernement "taxe les taxes";
«Qu'elle rappelle les
constats de la commissaire au développement durable concernant l'absence
d'indicateurs adéquats pour juger de l'impact des projets soutenus par le Fonds
d'électrification et de changements climatiques; et
«Que
l'Assemblée nationale recommande au gouvernement de soumettre le système de
plafonnement et d'échange des droits
d'émission, ainsi que le Fonds électrification et [des] changements
climatiques, à une évaluation indépendante et l'enjoint à la rendre
publique.» Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Il n'y a pas de consentement.
Une motion sans préavis
ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement,
je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une motion sans
préavis.
Des voix :
Consentement..
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Il y a consentement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 100
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive
de consultations particulières donnant suite à une entente entre les leaders,
la députée indépendante de Vaudreuil et le député indépendant de Saint-Jérôme.
Je fais motion,
conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale,
afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission des finances
publiques, dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 100, [la] Loi sur la négociation et la détermination des conditions
de travail requérant une coordination nationale notamment dans les secteurs
public et parapublic, de procéder à des consultations particulières et
de tenir des auditions publiques le mercredi 21 mai 2025, après
les avis touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 [jusqu'à] 13 h 05 et de 15 heures à
18 h 15, le jeudi 22 mai 2025, de 14 heures à
16 h 25 et le mardi 27 mai 2025, de 10 heures à
11 h 35;
«Qu'à cette fin, la
Commission entende les personnes et organismes suivants : Confédération des
syndicats nationaux, la FTQ, la CSQ, l'APTS,
la FAE, le SPGQ, la Fédération des cégeps, l'AGESS, la Fédération des centres
de services scolaires du Québec, la Fédération des intervenantes en
petite enfance du Québec, la FIQ;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 6 minutes pour le
gouvernement, 4 minutes [...] pour l'opposition officielle, 1 minute 30
[...] au deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de 35 minutes
partagées ainsi : 17 minutes 30 [...] pour le gouvernement,
13 minutes 8 [...] pour l'opposition officielle, 4 minutes 23 [...]
pour le deuxième groupe d'opposition;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque [personne et]
organisme;
«Que
la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix : ...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Une motion sans... sans préavis, pardon, ayant déjà été présentée par le
groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement
pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Des voix :
Consentement.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Consentement. M. le leader adjoint du gouvernement, la parole est à
vous.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 106
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement
pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une
motion rétroactive de consultations particulières donnant suite à une entente
entre les leaders, la députée indépendante de Vaudreuil et le député
indépendant de Saint-Jérôme.
Je fais motion,
conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale,
afin :
«Que l'Assemblée
nationale entérine le mandat donné à la Commission de la santé et des services
sociaux, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 106, Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des
médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux, de procéder à
des consultations particulières et de tenir des auditions publiques le mardi 27
mai 2025, de 10 heures à 11 h 50, après les avis touchant les
travaux des commissions vers 15 h 15 jusqu'à 17 h 40 et de
18 h 40 à 21 h 05, le mercredi 28 mai 2025, après les avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 [jusqu'à]
12 h 50 et de 15 heures à 18 h 15 et de
19 h 30 à 21 h 55 et le jeudi 29 mai 2025, après les avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 [jusqu'à]
12 h 50;
«Qu'à cette fin, la
Commission entende les personnes et organismes suivants : la FMOQ, la FMSQ,
le CMQ, le FMEQ, le FMRQ, [...]Mylaine Breton, professeure titulaire,
département des sciences de la santé communautaire, Université de Sherbrooke,
la RAMQ, le MQRP, [...]Pierre-Carl Michaud, professeur titulaire à HEC
Montréal, titulaire de la chaire Jacques Parizeau en politiques économiques,
vice-président du CIRANO, [...]Mélanie Bourassa Forcier, professeure associée,
Faculté de droit [à] l'Université de Sherbrooke et experte en droit et
politiques de la santé, le RPCU, le CPM, [...]Alexandre Chagnon, P.D.G. de
Vitr.ai, [...]Damien Contandriopoulos, Ph. D, professeur titulaire à l'école
des sciences infirmières de l'Université de Victoria, Mme Roxanne Borgès
Da Silva, professeure titulaire et directrice du Département de gestion,
d'évaluation et de politique de santé, École de santé publique de l'Université
de Montréal, Direction du GMF-U de Vaudreuil-Soulanges, soit Dre Alexandra
Massicotte et Dre Virginie Dubuc, Faculté de médecine de l'Université de
Montréal, Faculté de médecine de l'Université Laval, la Faculté de médecine de
l'Université McGill et la Faculté de médecine — pardon — de l'Université de Sherbrooke, conjointement, l'Institut
national d'excellence en santé et services sociaux — l'INESSS — la
Commissaire à la santé et au bien-être;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 6 minutes pour
le [...] gouvernement, 3 minutes 36 secondes pour l'opposition
officielle, 1 minute 12 secondes au deuxième groupe
d'opposition, 1 minute 12 secondes pour le député indépendant;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le [...] gouvernement,
10 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle, 3 minutes
30 secondes pour le deuxième groupe d'opposition, [et] 3 minutes
30 secondes pour le député indépendant;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que le ministre de
la Santé soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement, sans débat. Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Cette motion est adoptée.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous en sommes
maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le
leader adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Et donc j'avise
cette Assemblée que la Commission des relations avec les citoyens va poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 84, la Loi sur
l'intégration nationale, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des
finances publiques va poursuivre les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 92, la Loi modifiant diverses
dispositions principalement dans le secteur financier, aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 19 h 20, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 69, la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'économie et du travail va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 89, la Loi visant à considérer davantage les besoins de la population
en cas de grève ou de lock-out, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 143 du règlement
concernant l'horaire des travaux des commissions?
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Nous en sommes
maintenant à la rubrique Renseignements des travaux de l'Assemblée. Je vous
informe qu'un débat de fin de séance se
tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Ce débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Mont-Royal—Outremont à M. le ministre de la Cybersécurité et du
Numérique au sujet du rôle et des pouvoirs du ministre concernant le
dépassement de coût dans le dossier SIFARH en santé.
Je vous informe
également que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la députée de Verdun.
Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que, selon un sondage Léger, 72 % des Québécoises et
des Québécois sont favorables à l'idée de taxer davantage les plus riches afin
de financer adéquatement les services publics;
«Qu'elle
reconnaisse qu'il est impératif de protéger la population contre les coupes en
santé, en éducation et dans les services essentiels;
«Qu'enfin elle
demande au gouvernement du Québec d'étudier la possibilité de créer un impôt
sur les grandes fortunes, soit le 0,1 % des plus fortunés de la société,
ce qui représente environ 4 000 ménages.»
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous
plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais
de bien vouloir appeler l'article 5 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 98
Adoption du
principe
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : À
l'article 5 du feuilleton, M. le ministre responsable des Institutions
démocratiques propose l'adoption du principe du projet de loi n° 98, Loi
modifiant la Loi électorale principalement afin de préserver l'intégrité du
processus électoral.
Y a-t-il des interventions? M. le député de
Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, c'est avec beaucoup de plaisir que je me lève au nom
du ministre responsable des Institutions démocratiques pour parler en faveur de
l'adoption du principe du projet de loi n° 98, Mme la Présidente, un
projet de loi qu'on pourrait presque appeler de statutaire — ce n'est pas exactement légalement statutaire, mais
presque — parce
qu'à chaque deux ans ou à peu près, c'est-à-dire entre deux campagnes
électorales, donc deux scrutins généraux, il y a des modifications d'ordre
technique, qui font pour la plupart consensus, à partir d'un comité spécial
présidé par le Directeur général des élections qui voit à remettre à jour la Loi
électorale.
C'est
exactement ce qui se passe avec le projet de loi n° 98, où on a parlé...
en tout cas, pendant les consultations, après que le ministre a déposé
son projet de loi, on a parlé de désinformation — s'il y a quelque chose qui est dans l'air du temps en ce moment, c'est bien ça — on a parlé d'ingérence étrangère, même chose que pour le reste du pays
et de la planète, d'équilibre avec la liberté d'expression dans ces
cas-là, on a parlé aussi du partage... puis vous allez en entendre parler au
moment où on va étudier ça en article par article en commission, du partage
intentionnel de fausses informations qu'on savait fausses, mais qu'on les
partage quand même. Ça va devenir illégal, illégal dans la mesure où la nouvelle loi va permettre au Directeur
général des élections d'intervenir. Tout ça parce que les élections à date
fixe, c'est maintenant entré dans les moeurs et qu'il faut travailler avec ces
élections aux quatre ans, et ce que cela veut dire, c'est que la période préélectorale, et on en avait
entendu parler en 2022 avant le déclenchement officiel quelque part au
mois de juin, pour le... pas au mois de juin, mais au mois de juillet, avant le
scrutin du mois d'octobre, c'était le 3 octobre, en 2022... Tout le monde
sait que les élections seront le 3 octobre, de la même façon... en 2022,
de la même façon que, maintenant, on sait que tout le monde sait que les
élections seront le 5 octobre 2026. Ça, ça veut dire qu'il faut se
réorganiser, pas seulement les partis politiques, mais les groupes tiers,
aussi, qui veulent intervenir parce qu'il y
a maintenant une période préélectorale plus officielle où on va s'arranger pour
mieux travailler ensemble et respecter les règles. Tout ça donc parce qu'à chaque scrutin le Directeur général des
élections constate des choses et veut les corriger, et à chaque fois on
réussit à être plus efficaces et même à économiser. C'est le cas dans ce projet
de loi là qui va nous permettre d'économiser un peu en étant plus efficaces et
donc de permettre à la démocratie de s'exprimer davantage.
À chaque
scrutin, Mme la Présidente, où j'ai eu l'honneur d'avoir mon nom sur le
bulletin de vote, je fais, pendant toute la journée, le tour des bureaux
de vote pour aller voir... pas les gens qui vont voter, pour aller voir les
gens qui sont aux tables, qui travaillent
pour le Directeur général des élections et je leur dis merci, parce que c'est
grâce à eux si notre démocratie peut s'exprimer avec confiance. Et ils
ont confiance, les électeurs du Québec, parce qu'ils sont nombreux à aller voter. Quand on pense à ce qui
s'est passé aux États-Unis il y a à peine plus d'un an, on se rend compte
que seulement la moitié des Américains ont voté. Alors, on comprend que la
démocratie a sa part à jouer dans ce qui est en train de se passer aux États-Unis
et les contrecoups qu'on en subit.
Tout ça pour dire que, ce projet de loi là, on
n'en est qu'au principe et que c'est consensuel, si non consensuel, au moins
c'est préparé avec un comité aviseur. On va... Dès qu'on l'aura adopté en
principe, on va travailler très fort, Mme la Présidente, sur l'étude article
par article du projet de loi n° 98. Et donc je vous
propose son adoption. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Et je cède
maintenant la parole au député de Nelligan.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Très heureux de prendre la parole dans le cadre de ce projet de loi n° 98, Loi modifiant la Loi électorale principalement afin
de préserver l'intégrité du processus électoral. Et je dis bien l'intégrité du
processus électoral, parce que c'est ce qui nous anime tous, en tant qu'élus,
c'est sauvegarder et protéger l'intégrité de notre processus électoral. Et je
suis d'accord avec le collègue, le député de Saint-Jean, d'avoir mentionné
qu'il va y avoir pas mal de discussions tout au long de l'étude détaillée. Nous
avons hâte à bien commencer l'étude détaillée de ce projet de loi, ce projet de
loi qui, je tiens à rappeler, émane d'un processus de concertation entre
l'ensemble des partis politiques.
Et je vais prendre quelques minutes, Mme la
Présidente, pour remercier l'équipe de M. le ministre, qui a bien travaillé
pour pouvoir impliquer l'ensemble des parlementaires en amont, avant la
rédaction et avant le dépôt du projet de
loi. Et, vous savez quoi, si tout le projet de loi fonctionnait de même, je
pense qu'on va aller beaucoup plus rapidement dans l'analyse de beaucoup de projets de loi, mais aussi des projets de
loi avec un impact pour l'ensemble de la population.
Donc, Mme la Présidente, nous sommes
pour l'adoption de ce principe de ce projet de loi. Bien hâte à commencer
l'étude détaillée de ce projet de loi, le bonifier, effectivement, parce qu'il
y a quelques éléments où nous sommes pour l'ajout de quelques aspects à ces articles, mais je tiens à souligner
que le Parti libéral du Québec est pour l'adoption du principe du projet
de loi n° 98. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Laurier-Dorion, la parole est à vous.
M. Andrés
Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Donc, nous sommes ici pour l'adoption du principe
du projet de loi n° 98, Loi modifiant la Loi électorale
principalement afin de préserver l'intégrité du processus électoral. Comme ça a
déjà été dit, il est presque d'office de présenter, entre deux élections, un
projet de loi électoral afin de peaufiner et régler quelques aspects de la Loi
électorale. Et vous savez que la Loi électorale constitue en quelque sorte la
colonne vertébrale de notre démocratie, et
en général il est de bon ton que les modifications à la Loi électorale soient
adoptées par consensus, et nous nous situons, nous nous plaçons dans
cette tradition.
Donc, nous sommes
d'accord avec les principaux principes et quelques éléments contenus dans ce
projet de loi, mais c'est quand même
important de faire notre travail de parlementaires et d'en discuter de façon la
plus approfondie possible. Et, bien que ça vise à mieux protéger
l'intégrité du processus électoral, il y a quelques éléments que nous allons
discuter de façon plus approfondie, par exemple la question de — nouveauté, en quelque sorte — l'ingérence étrangère dans nos élections. Il est tout à
fait légitime que le gouvernement veuille répondre aux craintes en lien avec
l'ingérence étrangère qu'il a pu y avoir dans certains... dans d'autres pays,
on le soupçonne même sur le plan des élections fédérales, mais... il y a très
peu d'indices comme quoi c'est une situation... que ça se produit, mais nous ne
sommes pas immunisés contre ce mal non plus, et on constate, malheureusement,
que c'est mal répandu... très répandu dans d'autres pays, comme les États-Unis
ou en Europe. Et évidemment l'ingérence étrangère, pour la détecter et la
contrôler... nécessite des ressources humaines pour la contrer. Bien, peut-être
que le gouvernement devrait mieux cibler son...
cibler son projet de loi, parce qu'on a l'impression qu'il agit principalement
sur des groupes reconnus et légitimes au Québec, alors qu'on sait que, par
définition, l'ingérence étrangère provient d'entités qui se situent à
l'extérieur, à l'extérieur du pays.
Alors, ce projet de
loi là manque un peu de mordant concernant les acteurs étrangers qui voudraient
intervenir dans notre processus électoral. Et c'est contradictoire aussi, parce
que... en quelque sorte, puisqu'il ne faut pas diminuer ou restreindre la
capacité d'expression, la liberté d'expression de nos gens ici, au Québec, afin
de supposément mieux limiter les possibilités d'ingérence étrangère, là. Donc,
il faut faire très attention, lorsqu'on vise à restreindre ou... à restreindre
la possibilité de prise de parole des organisations québécoises, puisque c'est
justement ça, la démocratie, c'est
l'expression d'opinions politiques, là. Donc, nous allons faire très attention
à distinguer qu'est-ce qui est la participation politique légitime ou
illégitime, selon les modifications qui sont faites à la Loi électorale,
d'organisations comme les organisations syndicales, comme des organismes
communautaires ou autres groupes de la société qui voudraient s'exprimer et
informer, par exemple, sur un processus électoral et aussi donner une opinion,
parce qu'il y a une nuance qu'il faut
établir, dans ce projet de loi, entre informer la population et donner une
opinion politique sur les... sur ce qui est discuté en temps de... en
période électorale.
Il y a plusieurs
organismes qui sont venus à l'Assemblée nationale exprimer leurs préoccupations
concernant la reconnaissance de l'importance
de la parole des organisations tierces. Donc, l'organisation électorale ne
concerne pas seulement l'État, le Directeur général des élections ou les
partis politiques, ça concerne l'ensemble des organisations de la société
civile et l'ensemble de la population. Donc, nous allons regarder ces
aspects-là, même s'il y a plusieurs organisations
qui sont critiques par rapport à certaines dispositions, et nous voulons être
rassurés concernant ces préoccupations-là.
Donc, nous regardons
d'un bon oeil ce projet de loi là. Nous allons collaborer. Nous entendons le
bonifier, Mme la Présidente, mais nous
n'allons pas faire l'économie d'un débat sain afin d'améliorer, si possible,
certains aspects plus problématiques, éclairer, peut-être, certains
angles morts. Et, dans ce sens-là, oui, nous allons nous prononcer en
commençant par une réponse positive à l'adoption de principe du projet de loi
n° 98. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Matane-Matapédia.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Une élection, c'est sacré, c'est la base de notre
système démocratique. J'en parle d'expérience, j'ai vécu les sept dernières
élections générales comme candidat. Il faut assurer l'adhésion du plus grand
nombre à notre processus électoral, et, pour y arriver, il est important de
moderniser notre Loi électorale à intervalles
réguliers, la moderniser pour prendre en compte l'évolution des moeurs, des
stratégies, des débats électoraux et politiques qui nourrissent notre vie
démocratique. Important d'actualiser régulièrement la Loi électorale pour tenir
compte des nouvelles réalités dans lesquelles évolue notre démocratie.
Le projet de loi apporte plusieurs modifications
d'ordre technique à la tenue des élections, ce qui est une bonne chose. Parmi les principales mesures, je souligne
l'encadrement des publicités en période préélectorale, maintenant rendu nécessaire
par l'arrivée des élections à date fixe. C'est un bon pas vers l'avant.
Surtout,
le projet de loi s'attaque à un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur
dans nos débats et sur la place
publique : la désinformation. Nous le savons, pour être en mesure de faire
un choix éclairé lors du vote, un électeur a tout à fait le droit à une
information juste, complète et de qualité sur les candidatures.
Ce
droit à l'information est un gage de respect de son droit de vote. Ces deux
droits sont inséparables. Nier l'un signifie nier l'autre. Des méthodes
de désinformation qui sont souvent inspirées d'ailleurs et qui mènent
inévitablement à une désolante polarisation
de nos débats. La désinformation non seulement sur les enjeux, mais aussi sur
les personnes, leurs origines et leurs valeurs, ça personnalise le débat
sur de mauvaises bases, c'est mauvais pour la démocratie. Voilà pourquoi il est important de s'y attarder, de
trouver une façon de réduire la désinformation lors des campagnes électorales.
Voilà pourquoi, notamment, nous appuyons le principe du projet de loi
n° 98, Loi modifiant la Loi électorale principalement afin de préserver
l'intégrité du processus électoral.
Et vous me
permettrez, pour une première fois en 18 ans, de rendre hommage à un
parlementaire qui est un pionnier dans ce
domaine, un ancien député du Parti québécois qui s'appelle Robert Burns, qui
nous a quittés il y a plusieurs années. Et, lorsque je relis les
interventions historiques du Parti québécois, je ne peux m'empêcher de penser à
ce parlementaire rigoureux, studieux et particulièrement fougueux qui a
beaucoup travaillé à réformer notre... nos façons de procéder, animé, je dirais, avec ses camarades, d'un goût de faire
les choses correctement pour notre démocratie. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix
Donc,
le principe du projet de loi n° 98, Loi
modifiant la Loi électorale principalement afin de préserver l'intégrité
du processus électoral, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite, s'il vous plaît.
Renvoi
à la Commission des institutions
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la Présidente. Donc, conformément à
l'article 243 de notre règlement, je
fais motion afin que le projet de loi n° 98, la Loi modifiant la Loi électorale principalement
afin de préserver l'intégrité du processus électoral, soit déféré à la Commission
des institutions pour son étude détaillée et que le ministre responsable des
Institutions démocratiques soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 95
Adoption du principe
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : À l'article 3 du feuilleton, Mme la
ministre de la Famille propose l'adoption du principe du projet de loi
n° 95, Loi favorisant l'équité dans l'accès aux services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés dispensés par les titulaires de permis.
Mme la ministre, la
parole est à vous.
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, nous sommes rendus aujourd'hui à l'étape de
l'adoption de principe du projet de loi, projet de loi favorisant l'équité dans
l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés et
dispensés par les titulaires de permis.
D'abord,
vous allez me permettre, Mme la Présidente, de remercier les membres de la Commission des relations avec les citoyens
ainsi que les collègues députés qui nous ont accompagnés dans le cadre des
consultations particulières du projet de loi n° 95. Je veux remercier
également les organisations qui sont venues partager leurs observations, leurs
recommandations au cours de cet exercice. Cela a permis... Oui?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre, je suis vraiment désolée, mais je
dois dire un paragraphe avant que vous commenciez votre énoncé. Donc, y
a-t-il... Parce que ça me prend un consentement. Je suis désolée.
Y
a-t-il un consentement pour déroger à l'article 236 du règlement prévoyant
que le débat sur l'adoption du principe du projet de loi est inscrit aux
affaires du jour de la séance suivant soit sa présentation soit le rapport de
la commission? Il y a consentement.
Donc, Mme la
ministre, veuillez poursuivre. Je suis vraiment désolée.
• (16 heures) •
Mme Roy
(Verchères) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ça me fait
plaisir de poursuivre. J'en étais rendue aux remerciements des organisations
qui sont venues, justement, nous partager leurs observations, leurs
recommandations au cours de cet exercice. Ça nous permet de bonifier notre
réflexion en vue de l'étude détaillée qui débutera prochainement.
Alors, je ne voudrais
pas non plus passer sous silence la part de mon équipe et celle du ministère.
Préparer un projet de loi, on le sait, ça nécessite plusieurs heures de travail
de préparation. Alors, vous vous en doutez, je tiens à souligner la rigueur et
la célérité dont les équipes ont fait preuve pour arriver à ce résultat.
Donc,
le 27 mars dernier, je déposais à l'Assemblée nationale le projet de loi
n° 95, favorisant l'équité dans l'accès aux services de garde
éducatifs à l'enfance des centres de la petite enfance et des garderies
subventionnées.
Alors, ce projet de
loi, il s'inscrit dans la volonté du gouvernement de poursuivre le travail qui
a été entamé dans le cadre du Grand chantier
pour les familles. Pour rappel, c'est en octobre 2021 que notre gouvernement
lançait le Grand chantier pour les
familles, un plan d'action ambitieux qui visait justement à compléter et à
moderniser le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance afin de
mieux répondre aux besoins des familles.,
Alors, le projet de
loi n° 95, il s'insère dans cette démarche et tend à offrir aux parents,
justement, un meilleur accès aux services de garde éducatifs à l'enfance au
Québec. Le mot clé, ici, il est très important, c'est équité.
L'aspect
central du projet de loi concerne les politiques d'admission. Parallèlement à
cela, au processus entourant, justement, la mise en service du portail
d'inscription, une véritable liste d'attente bien attendue par les parents
qui sont à la recherche de places subventionnées en installation.
Donc, au cours des
dernières années, de la dernière année, particulièrement, le ministère a
effectué l'inventaire de tous les partenariats et des missions qui sont en
vigueur actuellement dans les CPE et dans les services de garde subventionnés.
Cette recension importante nous a permis, justement, d'avoir un portrait global
de la situation, mais nous a aussi permis de constater qu'une grande majorité
des CPE et des services de garde subventionnés possède une politique d'admission avec des critères de
sélection très variés. En fait, actuellement, Mme la Présidente, on compte près
de 2 000 politiques d'admission
différentes dans le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, avec
250 définitions des critères aussi différents. Alors, ces missions,
ces partenariats, qui quelquefois existaient même avant la création du réseau,
font en sorte qu'avec les réponses qu'on a reçues une grande majorité des
places en CPE ou encore en garderie subventionnée étaient priorisées en raison
même de ces critères d'admission. Alors, on comprend que c'est beaucoup de barrières à l'entrée pour de nombreuses
familles où on a comptabilisé des centaines de priorisations différentes, dont,
entre autres, des priorisations en fonction de la langue, de la religion, de
l'appartenance à une communauté culturelle.
Face à ce constat,
Mme la Présidente, il fallait revoir le fonctionnement afin de réduire le
nombre de barrières à l'entrée et ainsi permettre un accès plus équitable aux
places subventionnées pour toutes les familles du Québec. Avec le projet de
loi, on souhaite mettre en place une seule politique d'admission uniforme pour
tous les services de garde éducatifs à l'enfance, donc beaucoup plus simple
pour les familles, plus claire et plus transparente.
Alors, je le
mentionnais il y a quelques instants, notre volonté, comme gouvernement, c'est
de favoriser une meilleure équité dans l'attribution des places subventionnées.
C'est d'ailleurs pourquoi la liste d'attente sera sous la responsabilité du
gouvernement dès la mise en ligne du nouveau portail, à l'automne prochain. Les
services de garde éducatifs à l'enfance ne pourront plus sélectionner leur
clientèle sur la base de leurs propres critères d'admission.
La Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance est claire et propose deux grands
principes, à savoir l'égalité des chances et
aussi la conciliation famille-travail-études. Dans le projet de loi, on propose
d'ajouter un troisième grand objectif, celui de la mixité sociale comme
fondement de la loi. Puis c'est dans cet esprit-là, justement, que l'on
souhaite limiter le nombre de priorisations possible à six critères. Deux de
ces priorisations s'inscrivent dans notre objectif d'égalité des chances, donc
les enfants à besoins particuliers et ceux vivant avec un contexte de précarité
socioéconomique. Les trois autres s'inscrivent dans un objectif de conciliation
famille-travail-études, donc les enfants dont les parents travaillent pour un
employeur donné, les enfants dont un parent est inscrit dans un établissement d'enseignement ainsi que les enfants dont un
parent réside sur le territoire d'une municipalité. Dans ces trois derniers cas
de figure, le service de garde devra
avoir conclu avec un partenaire une entente incluant une contrepartie, et ça
devra être rendu public pour garantir, justement, la transparence pour
les familles du Québec.
Finalement, la
sixième priorité d'admission permettra aux enfants des Premières Nations et
Inuit en milieu urbain d'avoir accès à des services de garde éducatifs à
l'enfance qui tiennent compte de leur culture. Aucun autre critère ne sera admis.
Vous aurez donc compris qu'aucun enfant n'aura accès à une place priorisée
subventionnée en raison notamment de sa
langue, de sa culture ou de sa religion. La volonté d'abaisser les barrières à
l'entrée, ça se traduit également par le fait qu'un minimum de 50 %
des places subventionnées seront là et accessibles à toutes les familles du
Québec.
Pour éviter toute
confusion, je tiens également à préciser que les cinq catégories qu'on connaît
normalement dans les services de garde, qui
ont été édictées dans un règlement sur l'accès aux services de garde éducatifs
à l'enfance, ne seront pas touchées. En d'autres mots, les enfants des
employés du CPE ou du service de garderie subventionnée, les frères, les soeurs d'un enfant qui fréquente déjà
une installation ou les enfants qui n'ont pas de place ailleurs continueront
à être référés en premier.
Donc, le projet de loi
veut aussi renforcer la cohérence de l'article 90.1 de la loi sur les
services éducatifs à l'enfance en interdisant que le matériel éducatif vise
l'apprentissage d'une croyance, d'un dogme ou encore de la pratique d'une religion spécifique. Actuellement, pour pouvoir agir, les inspecteurs du ministère doivent être témoins
de l'activité religieuse et le constater pendant qu'elle se produit.
Alors, grâce au projet de loi, ils pourront désormais agir s'ils constatent
qu'il y a du matériel qui vise l'apprentissage d'une croyance, d'un dogme ou
d'une pratique d'une religion dans l'installation.
Ces changements, ils vont venir renforcer les
principes de laïcité dans les services de garde financés par le gouvernement et
encouragent du même coup la mixité sociale entre les enfants. Je vous rappelle
que la mixité sociale est ajoutée comme
élément de fondement de la loi. Avec le projet de loi favorisant l'équité dans
l'accès aux services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés, on souhaite établir un processus
d'attribution des places encore plus équitable, plus transparent et uniforme
sur l'ensemble du territoire québécois.
En terminant, avec le projet de loi, on réitère
l'importance que les familles québécoises aient accès de façon équitable à des
places subventionnées de qualité et à tarif abordable. Il s'agit d'une priorité
de notre gouvernement. L'étude détaillée du
projet de loi va suivre. J'ai hâte de collaborer avec mes collègues de
l'opposition. J'espère que nous allons
travailler ensemble pour le bien des familles, pour le bien des enfants. C'est
mon souhait le plus cher et c'est ce qui me motive, Mme la Présidente,
au quotidien. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis,
la parole est à vous.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le projet de loi n° 95,
Loi favorisant l'équité dans l'accès
aux services de garde éducatifs à l'enfance
subventionnés dispensés par les titulaires de permis, c'est un long titre, Mme la Présidente, pour
dire que nous n'allons pas compléter le réseau, nous n'allons pas faire la
création de places, nous n'allons pas
faire la conversion des places, nous n'allons pas travailler sur la qualité,
nous n'allons pas travailler sur le recrutement de nos éducatrices, nous
n'allons pas valoriser la profession.
Bref, c'est un projet de loi un peu inattendu,
mais je souhaite quand même remercier les groupes non seulement qui sont venus
témoigner en commission parlementaire pour partager leur point de vue en ce qui
concerne ce projet de loi, mais aussi, puis ça, c'est une rareté, on a reçu
plus de mémoires des gens en ce qui concerne leur position pour ce projet de
loi, ou des lettres, que des gens qui sont venus témoigner tellement que les
gens sont perplexes, il y a de la confusion, les gens se questionnent pourquoi
ce projet de loi est venu. Il n'y a eu... pas de consultation avant.
J'ai demandé,
par exemple, à l'AQCPE, aujourd'hui : Bien, comment ça se fait qu'on a ce
projet de loi? Est-ce que... Vous
êtes un partenaire principal du gouvernement, alors est-ce que c'est vous qui
avez souligné qu'on a ce besoin? Puis la réponse, c'est non. Tout le
monde était un peu pris pas... surpris qu'on reçoit maintenant ce projet de loi
que... Encore une fois, le titre, excellent, on ne peut pas être contre la
vertu. C'est vraiment bien, tout le monde souhaite l'équité de l'accès, tout le monde souhaite une équité entre hommes et
femmes, garçons, filles. C'est ça qu'on souhaite. C'est ça, notre société québécoise. Oui, on est une
société laïque, alors c'est important de mettre ça à l'oeuvre, mais, dans ce
projet de loi, on ne mentionne même pas une fois le mot «laïque», ce n'est pas
mentionné une fois, et c'est un projet de loi qui, dans le fond, ne va pas
régler les difficultés que nous faisions face actuellement dans le réseau.
• (16 h 10) •
C'est un projet de loi qui fait la suite du
projet de loi n° 1, qui était la réforme des services
de garde éducatifs à l'enfance, dont j'ai eu
le plaisir d'assister dans la dernière législature, où on avait
l'article 57.2 qui parlait de priorisation pour les enfants pour
avoir une admission dans les services de garde subventionnés. Alors, nous
sommes... vraiment, pas besoin, nous n'avons
pas besoin de ce projet de loi pour poursuivre de mettre en oeuvre la loi qui
est maintenant en oeuvre. Même si on
dit qu'on a 2 000 politiques d'admission qui existent actuellement, à
quelque part, il faut faire attention que nous ne sommes pas en train de
dénaturer la raison d'être d'un CPE, parce qu'il ne faut pas oublier, et ça, on
l'a entendu, aujourd'hui, des intervenants de l'AQCPE, c'est fait par des
parents pour des parents. C'est ça, le CE. Les membres de... ou même un CPE tout craché, c'est un OBNL, ça fait que
c'est la communauté qui met ça à l'oeuvre, ce ne sont pas des employés de
l'État. Et la raison qu'on a besoin de ceci puis qu'on fonctionne de cette
manière, c'est parce qu'on a des spécificités dans chaque région, dans
chaque ville, on a des CPE puis des garderies subventionnées qui sont aussi
spécifiques, qui ont un mandat spécifique, comme en lien avec des entreprises,
et je veux revenir là-dessus. Ça fait que
c'est louable. Tout le monde va être en accord, le principe de ce projet de loi
est louable. C'est clair, on va être pour. Mais je suis perplexe par un projet
de loi qui ne va pas nécessairement accomplir ce qu'on souhaite, même qu'on
dit qu'on est en train de régler une discrimination pour créer une autre
discrimination. Alors, je ne comprends pas les orientations du gouvernement.
Puis j'espère... comme la ministre a dit, elle
souhaite travailler en équipe, moi aussi, j'espère travailler en équipe. On aura des amendements que nous aurons
à... nous allons amener pour améliorer et bonifier ce projet de loi puis, vraiment,
à l'image de tout ce que nous avons entendu en commission parlementaire, de
tous les témoignages, de tous les mémoires, de tous les appels, de tous les
cris de coeur des gens qui ont dit : Eh boboy! ce projet de loi va avoir un
impact néfaste sur notre habilité d'offrir des services et des places, même
qu'on craint que ça va amener un frein pour la
création de places parce qu'on va avoir des OBNL ou des personnes qui font
partie de cet OBNL qui diront : Peut-être j'ai moins envie de
poursuivre avec cette mission parce que c'est rendu tellement complexe, il y a
tellement plus de paperasse, parce que je ne pourrai peut-être pas rejoindre ce
qui était... ce qui est décrit dans ce projet de loi. Et, oui, nous avons des CPE, des
services de garde subventionnés que nous avons besoin d'avoir un accompagnement
pour régler, pour assurer que nous avons une équité dans le réseau.
Certes, c'est important, mais nous sommes en train de faire des modifications
pour ça à travers le réseau en entier, qui va créer encore un autre... une
inéquité que je ne pense pas est souhaitée
par le gouvernement, ni la ministre, ni son équipe. Alors, nous allons parler
beaucoup de ça lors de la prochaine étape de ce projet de loi.
C'est un projet de loi... Oui, c'est vrai, il
vise à établir une politique d'admission nationale et uniforme pour remplacer
les politiques locales actuelles, comme je l'ai dit, 2 000 politiques
d'admission, apparemment, qui existent. Sache
que chaque CPE ou garderie subventionnée doit envoyer leurs politiques
d'admission au ministère pour validation. Ça fait que c'est une étape
qui existe déjà. Ça fait qu'on a déjà accès à tous ces documents où on
pourrait, il me semble, si je faisais partie de l'équipe du ministère,
identifier cela : Ça, c'est problématique. On ne peut pas prioriser un
accès à cette garderie basé sur la religion,
basé sur le genre, basé sur une religion, basé sur la langue. On ne peut pas
faire ça, mais on ne parle pas de
2 000 services de garde qui font ça. Et le gouvernement a déjà en
main toute cette documentation qui pourra demander de bonifier, qui
pourra demander d'avoir plus d'informations pour corriger cette lacune. Je suis
perplexe que je suis ici, en Chambre, pour
parler d'un projet de loi pour régler ceci et donner le pouvoir au ministre et
au ministère d'agir quand nous savons
tous qu'on a fait ce travail dans la dernière législature. Alors, je questionne
le pourquoi nous sommes ici.
C'est vrai, on parle aussi du matériel éducatif
utilisé. On interdit les enseignements de croyances religieuses spécifiques, on
accorde au ministre des pouvoirs de suspension et de révocation de permis et de
réduction de subvention en cas de
non-conformité. C'est des pouvoirs qui existent déjà. C'est aussi des
modifications, si on juge nécessaire, que le gouvernement pourra venir avec un règlement, un décret. On n'a
vraiment pas besoin de déstabiliser le réseau en entier. Puis c'est le
mot que le réseau utilise quand il parle du projet de loi n° 95, parce
qu'encore une fois, je répète, je ne suis pas la seule personne qui est
perplexe, les partenaires du gouvernement sont perplexes. Tout le monde ne peut
pas être contre la vertu, mais c'est un
projet de loi qui cause beaucoup de confusion par le biais d'arriver au but,
qui est louable, quand on a plein d'autres chemins que nous pouvons
utiliser pour y arriver.
Je dirais, Mme la Présidente, si... J'aurais
voulu, honnêtement, voir un projet de loi qui parlait plus de la conversion, on a jasé de ça aujourd'hui en
commission, où on a entendu des auditions. Ça a été souhaité par, par exemple,
Ma Place au travail, qui aurait voulu qu'on
enchâsse dans la loi le principe de conversion, parce qu'on sait, actuellement,
si on continue au rythme que le gouvernement fait la conversion du réseau des
garderies privées en privé subventionné ou même en CPE, si on a cette
possibilité, 1 000 conversions l'année passée, 1 000 conversions
budgétées cette année, à ce rythme-là, ça va
prendre 25 à 30 ans à convertir le réseau. Puis ça, ça crée une iniquité.
C'est ça, l'iniquité dans le réseau. Ça amène une iniquité pour les
enfants avec des besoins particuliers, parce que, s'ils ont accès à une
subvention pour l'intégration dans un service de garde, c'est uniquement
attribué aux garderies ou éducatif subventionné. Ça fait que, si on a un enfant
qui n'a pas accès à une place subventionnée, mais ils sont défavorisés, ce
n'est pas égal comme accès. Ça fait que ça,
c'est quelque chose dont je ne comprends pas pourquoi que ça ne fait pas partie
de ce projet de loi, surtout qu'en
2022 c'était une promesse électorale de la CAQ. L'ancien ministre de la Famille
et la vice-première ministre étaient là pour faire une belle annonce
puis elles ont dit : Nous avons les fonds pour le faire, nous allons
convertir le réseau en entier. On a de l'argent.
Puis c'est
vrai. C'est vrai qu'ils ont de l'argent. En 2019, le gouvernement fédéral a
octroyé 7 milliards de dollars pour la petite enfance à
travers le Canada. Nous, on a reçu 7 milliards. Qu'est-ce qui est arrivé
avec cet argent-là? C'est allé au fonds
consolidé. On ne l'a pas utilisé pour la conversion des places. On ne l'a pas
utilisé pour avoir une vraie équité puis
accès aux services de garde ici, au Québec. Et, juste dernièrement, c'est tout
chaud, Mme la Présidente, le gouvernement fédéral a octroyé un autre
10 milliards de dollars, encore une fois pour la petite enfance,
parce qu'on reconnaît, tout le monde est d'accord, surtout ici, au Québec,
parce qu'on a été un précurseur, les gens nous ont regardés aller puis ils
copient notre façon de faire parce que, oui, souvent, on est des leaders dans
plusieurs domaines, mais on n'utilise pas cet argent-là pour poursuivre. C'est
de l'argent qui va aller, encore une fois, dans le fonds consolidé, malgré
qu'il y a une promesse électorale qui va
être brisée, malgré que le gouvernement a dit qu'ils vont compléter le réseau,
malgré qu'on a le Grand chantier.
Puis on va avoir un échec. Déjà, on fait face à un échec parce qu'on aurait dû
compléter le réseau en mars de cette année. Ça fait qu'on voit que c'est
tout le contraire.
Alors, encore une fois, ça me ramène au projet
de loi n° 95. Je questionne pourquoi ce projet de loi à ce moment-ci sans
avoir consulté les membres, sans avoir parlé des vraies priorités? Le principe
du projet de loi, oui, mais je ne comprends pas pourquoi qu'on ne parle pas des
vraies affaires comme un accès universel, un droit comme on a actuellement dans nos écoles. C'est un accès
universel. Avoir l'accès à une école, c'est un droit, c'est article 1 de
la LIP, mais on n'a pas un accès à
notre réseau de services de garde éducatifs à l'enfance, qui est un droit, un
accès universel.
Le chef du Parti libéral, le député de LaFontaine,
dans la dernière législature, a déposé un projet de loi pour corriger cette lacune,
pour amener un accès universel pour tous les petits Québécois et Québécoises.
Ma collègue la députée de Robert-Baldwin au début, quand elle portait le
dossier de la famille, elle aussi, elle a ramené cette notion. Puis ce projet de loi qui n'est toujours pas
appelé par le gouvernement. Et à maintes reprises, quand j'ai débattu de projets
de loi souvent en lien avec la famille, j'ai déposé des amendements à cet
égard, ils ont toujours été refusés par le gouvernement.
Mais c'est ça que les parties prenantes nous demandent, c'est ça que les
partenaires nous demandent, c'est ça que nous aurions eu besoin de ce
projet de loi pour vraiment avoir une équité dans l'accès aux services de garde
éducatifs. C'est vraiment ça. On aurait dû en débattre, de ça, puis comment
nous allons arriver ensemble pour ce but, parce
que c'est louable, c'est important. Puis c'est ça qui va rejoindre tous les
Québécois. Puis c'est comme ça que nous allons créer, vraiment, un accès
et une équité dans le réseau.
• (16 h 20) •
Je
veux parler un peu des concepts dans ce projet de loi puis ce qui... dans le
fond, c'est le contentieux, puis qui pose
beaucoup de préoccupations dans le réseau. Encore une fois, je comprends où le
gouvernement souhaite y aller, c'est des critères de priorisation où on
limite à 50 % la façon de faire dans plusieurs installations. Mais, tu
sais, il propose, dans le fond, de
restreindre l'admissibilité de critères à six critères stricts et surtout
d'imposer une limite de 50 % d'admissions basées sur ces critères,
mais ça va causer plein de problèmes dans le réseau en entier, dans plein
d'industries, dans nos hôpitaux, dans nos universités, il va y avoir un impact
sur la conciliation famille-travail-études, il
va y avoir un impact sur les entreprises qui ont déboursé pas mal d'argent pour
avoir une installation, un CPE à l'intérieur de leur propre entreprise.
J'en ai plusieurs dans mon comté, à Westmount—Saint-Louis, parce qu'il faut le
dire, le centre-ville de Montréal, c'est quand même un moteur économique pour
la province du Québec. Ça fait qu'on a plein d'industries, plein d'employeurs
qui souhaitent faire du recrutement, puis, pour le faire, bien, on a besoin
d'offrir des services de garde. Puis c'est
des partenariats, c'est des partenariats qui ont été faits avec le
gouvernement. Il y a des rubans qui ont été coupés, il y a des discours
qui ont été livrés pour parler en bien de cette façon de faire, mais cet
article, où on parle de limiter à 50 %
ces éléments, bien, c'est le contraire, ça amène une rétroaction à la façon
qu'ils sont en train de travailler actuellement, ça crée de la
confusion, il amène un très grand manque de stabilité dans le réseau, et ça va rompre toutes sortes de partenariats que les CPE
ont actuellement avec leurs partenaires, que ce soit Soprema ou autre ou que
ce soit à St-Mary's, que ce soit au CUSM, que ce soit au Jewish, que ce soit à
l'hôpital de Drummond, on a ces partenariats
qui existent actuellement, qui sont maintenant fragilisés avec cet article qui
est proposé dans le projet de loi.
On a reçu, sérieux,
là, tellement de communications juste par rapport à ça, McGill, Laval,
Sherbrooke, HEC Montréal, les associations
étudiantes, UEQ, FECQ, et les services de garde en milieu de travail, les
industries Machinex, les garderies les Petits M, les garderies Pomme
Aventure à Soprema. Tout le monde parle de l'impact négatif de cet aspect de la
loi, puis on ne sait pas comment on va le mettre à l'oeuvre. Ça fait que
plusieurs personnes, même quand elles ont
passé dans l'étape de faire leur témoignage et parler de leur mémoire, la
ministre a répondu : Bien, on va avoir des dérogations. Mais on ne
peut pas avoir un réseau uniquement basé sur des dérogations, tout le monde va
vouloir avoir une dérogation, tout le monde... puis il y en a plein, il y en a
plein qui auront un besoin. Ça fait que, dans le fond, on a un article de loi
qui essaie de corriger quelque chose qui va créer un autre problème, qui va
être encore plus de paperasse administrative, qui va être encore plus difficile
à mettre à l'oeuvre. C'est un plafond aussi arbitraire.
Moi, j'ai hâte de
savoir ça vient d'où, ce 50 %. On est basé sur quoi? Comment ça se fait?
Surtout qu'on sait, il n'y a pas eu de grande consultation, même que les
partenaires de la ministre et le ministère ont évoqué, dans leur propre
mémoire, d'être surpris, pris par surprise, le dépôt de ce projet de loi, parce
qu'ils n'ont même pas eu le temps de
consulter leurs membres pour préparer leur mémoire et le déposer pour vraiment
être en mesure de prendre le pouls de leurs
membres et d'avoir un débat sain là-dessus. Puis ils l'ont évoquée dans leur
propre mémoire. Ça aussi, c'est quelque chose qui est une rareté, on ne
voit pas ça souvent, mais ça démontre comment les gens sont perplexes puis que
c'est un projet de loi qui est inattendu.
Je dirais même que
c'est intéressant parce qu'on parle des gens qui ont évoqué des préoccupations,
puis ils sont nombreux, l'AQCPE, le Collectif Petite Enfance, la CSN, la CSQ,
qui nous rappellent que l'équité véritable, ce n'est pas de traiter tout le monde de la même façon, mais c'est de
répondre aux besoins réels de chacun et dans le contexte spécifique
qu'ils ont besoin, que ce soient les parents, que ce soient les régions, que ce
soit dans les installations. Juste dans le mémoire de l'AQCPE, et je salue leur
travail, honnêtement, c'est... ils nous ont beaucoup alimentés, ils amènent
vraiment un point de vue du réseau qui est sain, c'est une bonne
représentation. Dans la section I... je n'ai même pas besoin d'aller citer
à l'intérieur du mémoire, ils ont deux sections : «Peu importe le travail
qui sera fait, il y aura discrimination, une
réponse globale à des cas particuliers.» Ça fait que le partenaire principal du
gouvernement soulève des préoccupations puis ils disent : Je ne
comprends pas comment ça se fait que nous allons poursuivre de telle manière.
L'application
rétroactive des règles du projet de loi sur les ententes des partenariats
existants va créer des problèmes financiers, ils l'ont exprimé aussi
aujourd'hui, qui sont graves, il va y avoir un impact. J'ai des collègues ici qui sont en Chambre actuellement, entre autres
le député de Drummond—Bois-Francs, où, dans son comté, il va y avoir un impact important. Alors,
j'espère qu'il y a des collègues de la ministre qui vont pouvoir exprimer aussi
leurs préoccupations et représenter leur région, parce que ce n'est pas
uniquement Westmount—Saint-Louis,
c'est vraiment un enjeu national, c'est un
élément vraiment à corriger dans ce projet de loi. Et j'invite le gouvernement
d'essayer de trouver un autre chemin.
Parce que, c'est vrai, la ministre l'a évoqué, on a des choses à corriger, on
souhaite l'équité, mais je ne pense pas que c'est par le biais de ce
fameux 50 % de priorisation que nous allons accomplir cette mission. Il y
en a probablement à Mirabel aussi. On va faire un recensement, mais il faut prendre
un vrai portrait de l'impact de ceci puis ne
pas oublier que, des fois, le but n'est... le chemin qu'on prend pour ce but
n'est peut-être pas le bon chemin. Ça fait que j'espère qu'on aura quand
même de la flexibilité avec le gouvernement pour retrouver le vrai... la vraie
solution qui ne va pas avoir un impact néfaste sur un réseau.
Il
y a beaucoup de discussions puis beaucoup de gens qui ont évoqué... On a quand
même beaucoup de terminologie. On a des définitions. Comme les
membres... des gens qui ont témoigné, ainsi que dans plusieurs mémoires, ils
ont parlé beaucoup de... c'est trop «restrictive», la définition de la
précarité socioéconomique. Actuellement, elle se limite sur des critères
purement financiers, chose qui était soulevée aujourd'hui, chose qui était
soulevée au début de tous ces débats. Parce qu'on parle vraiment de la
prestation d'aide sociale ou le montant maximal de l'allocation familiale, mais
la vulnérabilité, ce n'est pas seulement lié avec le revenu. On l'a entendu
aujourd'hui, la vulnérabilité, souvent, ça peut être lié à une mère
monoparentale. On a entendu Ma Place au travail, on a entendu aussi
l'AQCPE, on a entendu aussi autres groupes qui ont parlé de ça. Est-ce qu'il
faut élargir la notion de cette définition de précarité? On néglige les enjeux
de santé mentale que... nous savons tous, est un enjeu majeur pour plusieurs
des Québécois et Québécoises. Une famille en immigration qui se retrouve aussi
en situation de précarité, mais pas nécessairement liée avec des éléments financiers,
parce que l'enfant, peut-être, vit dans une famille d'accueil, par exemple.
Alors, ça aussi, c'est des
questions qui se posent, puis il faut trouver des solutions pour ceci. Mais
ignorer ces réalités, c'est d'abandonner ceux qui ont le plus besoin des places
en services de garde. Alors, je reviens aussi dans le passé, quand on a débattu
du projet de loi n° 1, on a parlé des critères
d'admissibilité. On a jasé beaucoup de ce que nous devons faire en ce qui
concerne la priorisation pour rejoindre les enfants en situation de
vulnérabilité. On a parlé des endroits, on a parlé des quartiers, mais même ce
projet de loi, quand on parle de priorisation, on ne priorise pas la proximité au CPE ou service de garde. Les gens
sont perplexes parce que, si on souhaite avoir la priorisation, montre-moi
le parent qui ne souhaite pas avoir accès à un service de garde dans leur
propre comté ou leur propre district, mais ils n'auront pas de place, parce
que, là, on a un seuil de priorisation, puis ça, ça amène une restriction. On
n'a pas besoin d'avoir plus de restrictions, on a besoin d'avoir plus de
flexibilité, surtout si le gouvernement dit qu'il souhaite poursuivre avec la création de places. Et on
salue, parce que c'est ça qu'on veut, mais on ne va jamais compléter le réseau
de cette manière. Ça fait qu'il y a des appels à modifier la définition de
précarité socioéconomique.
• (16 h 30) •
Alors, je pense qu'on a du moyen à avoir cette
évolution. J'ajoute aussi que l'OPHQ, l'office de protection des personnes handicapées
du Québec, recommande de clarifier la procédure pour documenter les besoins
particuliers afin de bénéficier et de bien comprendre la priorisation. Parce
que c'est quelque chose que... actuellement, M. le Président, n'est pas faite. On n'a pas ce type de
recensement. On ne recense pas le nombre de refus, le nombre d'exclusions en
lien avec les enfants avec des besoins particuliers, que, nous savons
tous, s'il y a une priorisation à faire, bien, c'est les enfants vulnérables,
que nous souhaitons prioriser, entre autres, ces enfants. On a un programme
d'Agir tôt, qui est bien, c'est important, mais, pour agir tôt, on a quand
même besoin de prioriser l'accès pour ces enfants en situation de
vulnérabilité. Ça fait que... Mais, si on ne sait pas pourquoi on a des refus
ou combien d'exclusions nous avons, bien, on fait face à un problème sans
solution parce qu'on n'a pas jasé encore des vrais, vrais, vrais problèmes.
Puis ce projet de loi ne règle pas la
situation pour ces enfants, malheureusement, qui se retrouvent souvent sans
place, souvent face à la discrimination
parce que la subvention pour l'intégration ne suit pas nécessairement l'enfant,
parce qu'il y a un manque de main-d'oeuvre qualifiée, parce qu'on a une surcharge de travail,
parce qu'on a plus d'enfants avec des besoins particuliers.
Et il faut remercier nos éducatrices et nos
éducateurs pour le travail qu'ils font. Il faut absolument valoriser la
profession. Je l'ai déjà dit, je leur remercie, si, moi, je n'avais pas accès à
ce réseau quand mes enfants ont été petits, je ne serais probablement pas ici,
à l'Assemblée, je ne serais probablement pas députée, parce que mes enfants ont
des besoins particuliers. Et c'est à cette époque-là qu'on a eu le diagnostic,
que j'ai eu l'accompagnement, et ça a changé ma vie, parce que j'ai senti pas
seule. Puis on avait des experts et des expertes qui m'ont accompagnée au sein
de ce réseau pour m'aider à non seulement trouver un chemin pour le diagnostic,
mais de comprendre aussi que je n'étais pas seule et qu'il y avait des
solutions. Alors, c'est quelque chose que... pour moi, est manquant dans ce
projet de loi.
Il y a un autre élément qu'on aborde beaucoup
dans le projet de loi, puis ça cause aussi beaucoup de questions dans la façon
de faire, puis, encore une fois, il y a plein de gens qui n'ont pas été
consultés, c'est en lien avec le guichet unique puis l'admission centralisée.
Parce que le projet de loi veut centraliser toutes les admissions sous la
responsabilité du ministère. Encore une fois, je répète, ce n'est pas du neuf,
c'est quelque chose que nous avons déjà mis à l'oeuvre dans la dernière
législature, lors de l'adoption du projet de loi n° 1
avec l'ancien ministre de la Famille. Alors,
ce que je peux constater, c'est, malgré les mois et les heures et les heures de
travail que nous avons mis à l'oeuvre pour l'adoption de ce projet de loi, le
gouvernement n'est pas en mesure de mettre à l'oeuvre les articles de loi
que nous avons adoptés.
Ça fait que je suis perplexe qu'on se retrouve
encore une fois pour parler du guichet, un guichet, entre autres, qui est en
retard, un guichet que j'ai soulevé au Vérificateur général. On est en surplus
de coûts. On avait estimé vers 9 millions, ça a monté à 10 millions.
Là, on est à 12,5 millions en coûts supplémentaires. Et, parce qu'on sait
déjà qu'est-ce qui est arrivé avec SAAQclic, parce qu'on sait qu'on a déjà un
retard, parce qu'on sait qu'il y a plusieurs préoccupations
des partenaires dans le réseau, des parents, des gens qui offrent des places,
peu importe le type de réseau, que ce
soit CPE, garderies privées subventionnées, garderies privées, milieu familial,
tout le monde est préoccupé par le lancement de ce nouveau projet.
Surtout que, encore une fois, c'est un retard.
Alors, permettez-moi d'être inquiète parce que
le «track record» du gouvernement, pas extraordinaire, quand on parle du déploiement des programmes
technologiques. Surtout qu'on a un ministre qui nous dit : Bien, oui,
c'est Microsoft, mais finalement, ce n'est pas Microsoft, c'est nous, il
y a des problèmes à l'interne. Ça fait que les gens sont aussi perplexes. Puis
les inquiétudes existent et pour des bonnes raisons. La Place 0-5 ans
n'est plus fonctionnelle. La Place 0-5 ans
avait sa place à l'époque, mais là, ça ne reflète plus les besoins, la réalité
du terrain. Alors, c'est une bonne chose que nous poursuivons avec le
guichet unique, mais je souhaite comprendre pourquoi les coûts supplémentaires.
Est-ce qu'on s'attend que ça va vraiment être dévoilé le mois d'août de cette
année? Puis qu'est-ce qu'on fait si on fait face à des difficultés? Est-ce qu'ils ont déjà pris ça en main? Puis est-ce
qu'on a des personnes comme le Vérificateur général qui a déjà un oeil
là-dessus? Parce que je pense qu'on a besoin d'avoir un chien de garde pour
s'assurer que non seulement les informations
privées des parents sont protégées, mais qu'on a un réseau qui fonctionne. Parce
qu'il y a plein de groupes qui ont soulevé, parce que ça va être centralisé, il
y a un manque de transparence, il y a un manque d'impartialité. Puis ça
va aussi créer probablement des places vides, parce que la façon que ça va
fonctionner, je vais avoir, mettons, j'ai
une place qui est vacante et je souhaite la combler. Je vais avoir un nom
seulement à la fois. Mais ça, c'est un appel, ça se peut que je vais
avoir un répondeur, ça fait que je dois attendre un 24 heures, un
48 heures avant que j'ai une réponse du parent qui va peut-être
dire : Ah! bien, finalement, je n'ai plus besoin de place, j'ai une place
ailleurs, ma vie a beaucoup changé, ça fait
que je n'ai plus ça. Ça fait que, là, on va à la deuxième appel, mais une
personne à la fois. Ça peut prendre
trois semaines avant que cette place est comblée. Ça fait qu'on a une place
vacante. Ça fait que ça aussi, ça va créer des difficultés. Puis les
personnes qui vont utiliser le service, les premiers utilisateurs, à part des
parents, mais les...
le réseau de services de garde, il y a des inquiétudes. Surtout que, même
aujourd'hui, j'ai demandé à l'AQCPE s'ils
ont été consultés, par rapport à les modifications qui sont proposées dans ce
projet de loi, puis la réponse, c'est non. Bien, ça, c'est inquiétant, parce qu'il faut avoir quand même... Si on
veut avoir un nouveau guichet qui reflète les besoins du terrain, bien, il faut travailler avec nos
partenaires. C'est quand même... c'est quand même important. Alors, les
préoccupations qui sont souvent soulevées, encore une fois, la pratique,
l'application de la pratique, la transparence. Puis là je parle beaucoup de l'AQCPE, mais c'est le CSQ-FIPEQ qui ont
aussi soulevé les problématiques. Le réseau de services de garde privés
au Québec ont aussi soulevé beaucoup de préoccupations.
Puis il y a autres personnes qui ont soulevé
que, là, on va avoir une charge administrative qui va être assez importante. Parce que, quand on parle de cette
priorisation, puis, mettons, on doit appeler pour combler une place, le projet
de loi introduit aussi une obligation, pour les titulaires de permis, de
documenter toutes les démarches entreprises pour joindre les parents, concernant les références d'admission, conserver
cette documentation pendant six ans. Il y a plusieurs personnes qui ont
questionné : Pourquoi le six ans? On a de la paperasse que nous devons
garder, qui peut être très inutile. Pourquoi
on ne fait pas confiance au réseau en entier? C'est décrit comme une exigence
excessive. Puis beaucoup de gens
s'interrogent sur l'objectif et la durée de cette tenue de registre. Puis la
CSN, même, demande que la durée de la conservation soit revue à la
baisse. Il y a plusieurs personnes qui sont perplexes par les pénalités qui
vont être octroyées si on a un non-respect de ce critère.
On pourrait même parler de tout ce qui est
évaluation puis inspection. Les inspections ne seront pas terminées en 2028.
Bien, tous les enfants qui sont en service de garde, actuellement, vont avoir
quitté le service de garde quand le rapport sera terminé. Ça fait qu'encore une
fois il y a quand même un questionnement. Puis les gens qui s'interrogent sur le pourquoi, le comment. Puis, encore une
fois, ça vient d'où, ça, pourquoi cette recommandation? Qui a soulevé le besoin, ça vient d'où, le six ans? Plein de
questions, puis est-ce qu'il y a une ouverture du gouvernement de modifier
ceci?
Il y avait aussi autres préoccupations que nous
avons entendues au début des auditions. Puis c'est en lien avec le fait que le projet de loi permet à la ministre
de déléguer la responsabilité de l'évaluation de la qualité, dans les services
de garde en milieu familial, aux bureaux coordonnateurs, les BC. C'est un
double mandat d'évaluer et d'accompagner qui est souvent incompatible avec la
mission. Ça brise le lien, souvent, de confiance avec les responsables en
milieu familial. Puis il y en a plein qui ont parlé d'un service inégal, une
évaluation aussi inégale, parce que la façon que vous, vous allez évaluer et la façon que moi, je vais évaluer, ça peut
être très différent. Malgré que le gouvernement dise qu'ils vont
probablement poursuivre avec un document d'accompagnement, avec un guide, avec
des règles, on parle quand même des êtres
humains. Alors, je pense que les préoccupations vont quand même rester. Il y a
quelque chose qui existe, c'est
subjectif, souvent, notre façon de juger, ce n'est pas tout le temps objectif.
Alors, je comprends que ça suscite d'importantes préoccupations,
notamment de la part des gestionnaires, ainsi que les syndicats.
• (16 h 40) •
Alors, je souhaite mieux comprendre les
orientations du gouvernement en ce qui concerne la nécessité d'avoir cet
article dans la loi puis s'il y a une ouverture pour avoir des amendements en
lien avec ceci. Parce que la ministre, en réponse de ces préoccupations, a
dit : Bien, ça va toujours être des groupes externes impartials qui vont
poursuivre. C'est bien. Si c'est le cas,
pourquoi avons-nous cet article dans le projet de loi? Ça fait que ça va être
important qu'on identifie les besoins d'un organisme, qu'il soit
indépendant, qualifié et neutre. Je pense que ça, c'est des éléments
essentiels.
Puis, encore une fois, je reviens au... à la VG,
quand elle a parlé des évaluations qui seront désuètes et pas nécessairement
réalisées uniformément si elles sont confiées aux BC. Puis aussi ils vont
terminer tellement tard qu'on ne comprend pas nécessairement la façon que nous
allons poursuivre.
Le projet de loi va aussi avoir un impact sur
différents modèles de services, entre autres les services pour les Premières Nations.
Nous avons entendu aussi en commission la Commission de la santé et des
services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, qui ont été
très éloquents en nous exprimant la façon que ce projet de loi va avoir un impact négatif sur des contrats
qu'eux, ils ont déjà dans leur façon de faire. Ça fait que le fameux seuil de 50 %, ça va nuire, à quelque part, dans leur
façon d'offrir des services à leur propre population, qui est préoccupant,
surtout qu'on parle des enfants qui sont hors communauté. Il y a des
CPE, oui, certes, qui sont sur des territoires autochtones qui sont exemptés,
mais on a aussi des CPE qui sont hors communauté dans les endroits comme
Chicoutimi, Val-d'Or, La Tuque,
Trois-Rivières, ici, à Québec, Alma, Chibougamau, Verdun, Charlesbourg,
Joliette, qui ont une mixité, qui est quelque chose autre qui est
souhaité, qui est bien dans ce projet-là, parce que c'est ça qu'on souhaite,
c'est une mixité sociale aussi, mais c'est quand même inquiétant. Avec le
50 %, on va avoir un impact négatif sur leur habilité d'offrir des
services, de s'assurer une sécurisation culturelle pour ces enfants qui ne sont
pas nécessairement en situation de vulnérabilité, mais qui ont des droits. Puis
c'est des droits qui ont été évoqués dans la commission Viens, ça fait partie de notre réconciliation. Alors, j'espère que le
gouvernement va aussi venir avec un amendement directement en lien avec ce qui était déjà évoqué dans le passé, dans...
laisse-moi la trouver, dans la DNUDPA, parce que ce qu'on souhaite, c'est
vraiment avoir ce respect de droit.
Ça fait que le guichet unique aussi va avoir un
impact sur les Premières Nations qui ont des communautés en milieu urbain.
Parce que s'ils doivent maintenir les politiques d'admission qui ne reflètent
pas leurs réalités puis leurs besoins spécifiques, bien là, on aura créé encore
une fois de la confusion, surtout qu'on a déjà des partenariats qui sont
établis, on a déjà des contrats qui sont signés. Ça fait qu'encore une fois,
c'est un segment de notre population qui est perplexe,
aussi que c'étaient des ententes où on a coupé des rubans, où on a fait des
beaux discours, puis là on revient un peu sur nos pas puis on crée de la
confusion et de l'inquiétude dans le réseau qui n'était pas nécessaire. Pour
accomplir le but, qui est un très bon but,
d'avoir une équité dans le réseau, il y a des éléments ici qui ne vont pas
accomplir ce but. Et je répète, pour
régler une iniquité, on est en train de créer d'autres iniquités. Ça fait que
c'est une fausse promesse ou une fausse solution à des difficultés que
nous faisions face, puis ce n'est pas ça que les partenaires ont demandé. Eux, ils souhaitent avoir des règles qui sont claires,
équitables, adaptées, avec du soutien. Ils veulent participer à la solution.
Ils souhaitent aussi avoir de la souplesse. Ils souhaitent travailler de main
en main avec le gouvernement, que ce soit pour
le guichet unique ou pour trouver des solutions en lien avec les cas
spécifiques que la ministre a soulevés, que tout le monde est en accord,
que nous devons y mettre fin ou le régler.
Alors, c'est quelque chose que j'espère, le
gouvernement va y pencher. On commence, je pense, déjà demain, l'étude
détaillée, alors pas beaucoup de temps entre l'adoption du principe et l'étude
détaillée pour avoir cette réflexion, mais je le souhaite, hein, parce que je
pense qu'on doit réviser l'approche puis entendre les voix du terrain pour
faire évoluer le projet de loi, pour qu'il respecte le réseau, pour qu'il
renforce aussi l'accès, qu'il protège des enfants vulnérables ou en situation
de vulnérabilité et pour que l'équité ne devienne pas seulement un slogan, mais
une réalité. Puis c'est ça qu'on veut pour
notre réseau. Mais, je le répète, c'est un projet de loi qui ne va pas
accomplir ce but qui est louable, c'est un projet de loi qui n'est pas
la création de places, c'est un projet de loi qui ne parle pas de la
conversion, c'est un projet de loi qui ne
parle pas d'engager du personnel qualifié, de revenir à un ratio de deux sur
trois des éducatrices qualifiées au
sein de notre réseau de services de garde, ça ne parle pas de la valorisation,
ça ne va pas améliorer la qualité, on ne parle pas de ça.
Alors, je pourrais continuer, Mme la Présidente.
Je pense que j'ai cité plusieurs préoccupations. Je suis pour le principe. Le
principe, encore une fois, est très bien, c'est ça qu'on souhaite. Le titre,
c'est un excellent titre. Mais c'est le
concret, c'est le contenu, dans le projet loi, qui est questionnable, que je
souhaite, quand on arrive à l'étape de l'étude détaillée, que nous
pourrons avoir une évolution, une bonification et aussi un changement de route,
encore une fois, à l'image de nos vrais besoins ici, dans la société. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, je
cède maintenant la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Ça me fait plaisir d'intervenir au nom de ma formation politique sur
ce projet de loi dont on vient tout juste, effectivement, de terminer les
auditions.
Évidemment, une loi favorisant l'équité dans
l'accès aux places en service de garde, c'est difficile d'être contre. Le principe de l'équité, on est pour, hein? La
meilleure façon d'atteindre cette équité, dans l'accès à des places, ce serait
d'en avoir assez pour tout le monde, bien
évidemment. Et on en est encore très loin, malheureusement, mais on accueille
positivement, là, l'intention du
gouvernement, notamment en ce qui concerne la volonté d'interdire certains
critères de priorisation religieuse ou ethnique qui ont été dénoncés
dans les derniers mois. Évidemment que ces critères ne devraient pas pouvoir
être utilisés pour prioriser des enfants. Ce n'est pas le type d'installations,
là, qu'on souhaite encourager. Donc, on va soutenir le gouvernement là-dedans.
On est en faveur du principe.
Puis d'ailleurs, pour éviter que des milieux de
garde avec un tel type de priorisation continuent d'exister au Québec, on
invite le gouvernement à élargir ces dispositions-là à l'ensemble des services
de garde, y compris ceux qui sont privés, y compris ceux qui ne sont pas
subventionnés, parce que, de toute façon, ce sont des milieux qui, pour avoir
leurs activités qui continuent, doivent détenir un permis. Et, pour ça, ils
doivent se conformer à toute une série de règles, de sécurité, par exemple,
ainsi de suite. Donc, on peut tout à fait leur exiger, parmi les règles à
respecter, de ne pas avoir des critères de priorisation comme ceux-là, là,
basés sur l'appartenance ethnique ou religieuse.
Et puis il y a même des garderies privées qui
sont venues revendiquer, en fait, que ça s'applique à toutes les garderies, y
compris les privées, parce qu'elles ne voulaient pas devenir le refuge de
milieux de garde, là, qui seraient, finalement, basés sur des principes
religieux. Ils avaient des craintes pour la réputation des milieux de garde
privés si jamais c'est encore possible pour les milieux privés d'avoir de tels
critères de priorisation. Donc, moi, j'invite... non seulement j'appuie cette
intention-là du gouvernement, mais je l'invite à l'élargir à l'ensemble des
garderies sur le territoire du Québec, y compris les privées non
subventionnées.
Il y a quand même des choses qui nous préoccupent
dans le projet de loi qu'on a sous les yeux en ce moment. Et l'inquiétude la
plus importante, je vous dirais, c'est sur le seuil maximum de 50 %
maximum de places qui pourront être priorisées en vertu des critères établis
par le gouvernement. Un beau travail qui a été fait sur le choix des critères
possibles de priorisation, je pense que les bonnes... les bons critères ont été
identifiés par le gouvernement. Par contre, quand on vient mettre un maximum de
50 % de places qui peuvent être priorisées comme ça, on vient vraiment
précariser des centaines de milieux à travers le Québec, parce que la majorité
des CPE à travers le Québec se sont développés avec des ententes de
partenariat. Et donc on parle de CPE qui sont partenaires, par exemple, avec un
établissement d'enseignement, comme un cégep, une université, qui sont
partenaires avec un CISSS ou un CIUSSS, qui sont partenaires avec une
municipalité, avec une entreprise. On a vu beaucoup d'employeurs, dans les
dernières années, se rendre compte de l'impact de la pénurie de places sur la
pénurie de main-d'oeuvre et décider de mettre la main à la pâte pour fournir
des places en service de garde à leurs employés.
• (16 h 50) •
Et donc il y a beaucoup de CPE ou de garderies
au Québec qui ont une entente de partenariat qui vise à faire en sorte qu'en
échange de contreparties, parfois pour soutenir le développement d'un projet,
mais aussi parfois pour assurer ses opérations à long terme, priorisent,
finalement, les étudiants d'un établissement d'enseignement ou les employés
d'un certain employeur. Et, en venant plafonner à 50 % le nombre de places
qui peuvent être priorisées pour les
personnes ciblées par l'entente de partenariat, ça vient vraiment mettre en
péril ces places-là. D'abord parce que, les contreparties qui sont, en
ce moment, prévues par ces partenaires-là, si elles sont retirées, évidemment
que quelqu'un d'autre
va devoir assurer ce qui était couvert, là, par un partenaire auparavant. Donc,
ça peut représenter des frais importants. Puis aussi on vient mettre en
péril le développement du réseau. Parce qu'en ce moment, ça a été un moteur
extrêmement important pour la création de places partout à travers le Québec,
d'avoir des partenariats comme ça, une municipalité qui cède un terrain, par
exemple, une université qui va signer un bail emphytéotique pour fournir aussi
le terrain, mais aussi des services pour un établissement, un CPE qui va ouvrir
une installation sur son campus, par exemple. Donc, quand on vient enlever ça
on vient enlever un incitatif vraiment important pour des employeurs ou des
établissements d'enseignement de conclure des ententes puis de développer des
places.
Donc, moi, je crains qu'on ait de la difficulté
à développer des places, en ce moment, parce que c'est souvent ça, le noeud du problème, ça coûte cher, obtenir
des terrains. Puis, en ce moment, il y a beaucoup d'installations qui ont vu
le jour parce qu'un partenaire avait décidé de fournir le terrain ou des
locaux, pratiquement gratuitement, là, dans bien
des cas, pour pouvoir prioriser, par exemple, leurs employés. Donc, il y a un
risque, ici, de perdre des places et de mettre de l'eau dans le gaz du développement, là, de places partout à
travers le Québec. Donc, on est très inquiets de ça.
Au minimum, ça prendrait une clause grand-père
pour venir protéger, finalement, là, les centaines d'ententes de partenariat qui existent en ce moment puis qui
sont précarisées en ce moment. Puis d'ailleurs ces partenaires-là, en ce moment, là, la plupart, ne le savent même pas, que
leur bail, leur contrat, leur entente avec une installation est à risque d'être
brisée, finalement, là, par le projet de loi
qu'on a sous les yeux. Donc, moi, je plaide assurément pour qu'on puisse
maintenir les partenariats existants et, au mieux, pour qu'on retire,
là, carrément, comme l'AQCPE le demande, d'ailleurs, le plafond de 50 % de
places priorisées, parce qu'on a besoin de ça pour continuer de développer le
réseau. Donc, nous, ça va être un point tournant pour la suite des choses. Je
vous disais qu'on appuyait le principe du projet de loi, à ce stade-ci, mais, pour notre positionnement final
sur le projet de loi, ça va être un point tournant. On a besoin de bouger, là,
sur le 50 % de plafond qui est prévu en
ce moment. Je vous dirais que je suis très préoccupée par ça. Puis je le vois
d'une manière globale, cet enjeu-là, sur le développement du réseau,
mais pour avoir, moi-même, dans mon parcours, bénéficié
d'une place comme parent étudiant, je trouve ahurissant qu'on puisse même
envisager de plafonner à 50 %, là, les places sur un campus qui
vont être pour la communauté du campus. Donc, alors qu'il y a quelques mois à
peine ce même gouvernement-là lançait un
appel de projets de partenariats avec des établissements d'enseignement pour
développer des places pour les
parents étudiants puis que tout le monde a salué, je ne comprends pas pourquoi,
tout d'un coup, on vient dire qu'il faut limiter à 50 % le nombre
de places réservées, comme ça.
Ensuite, un autre problème qui nous dérange
beaucoup, avec le projet de loi, c'est l'intention du gouvernement de retirer les parents qui acceptent une place de
la liste d'attente après qu'ils ont accepté une place. Écoutez, il y a plein de
circonstances de la vie qui font qu'une famille, des parents pourraient vouloir
rester sur une liste d'attente. Parfois, ils
ont accepté une place qui n'était pas subventionnée, et ça leur serre un peu
les finances d'avoir accepté cette place-là, mais ils l'acceptent parce qu'ils
ont besoin de retourner sur le marché du travail, mais ils vont quand même
espérer avoir accès à une place
subventionnée, donc ils vont vouloir rester sur la liste. Parfois, ils ont
accepté une place qui était plus loin de
chez eux, parfois ils ont accepté une place qui n'était pas dans le type de
milieu qui répondait aux besoins de leur enfant, de leur famille. Donc, on ne peut pas retirer aux parents la possibilité
de vouloir... de changer, finalement, là, de milieu de garde.
Évidemment, certains de tombent en amour avec
leur milieu, la première place qu'ils obtiennent et ils veulent la garder, puis
c'est tant mieux, puis c'est ce qu'on souhaite à tout le monde, à vrai dire,
mais il arrive aussi qu'on déménage, qu'on change d'emploi, qu'on se sépare et
qu'on doive changer de quartier. Bien, toutes ces raisons-là font qu'une famille pourrait être appelée à vouloir
rester sur la liste d'attente pour obtenir une place plus appropriée aux besoins
de leur enfant. Puis, en ce moment, l'intention du gouvernement, c'est de
retirer, finalement, l'enfant de la liste à partir du moment où il a obtenu une place pour la première fois. Je ne vois pas
ce qu'on y gagne, bien sincèrement, parce que, de toute façon, quand un
enfant quitte un milieu pour un autre parce qu'il était resté sur la liste
d'attente puis qu'il a obtenu une place ailleurs, bien, il en libère une,
place, en allant ailleurs. Donc, on ne crée pas aucune place en faisant ça, là, on vient juste complexifier la vie des
parents. Donc, je ne vois pas, je ne vois pas ce qu'on gagne, et les parents
perdent beaucoup, avec cette intention-là de la part du gouvernement.
Donc, ça aussi c'est un irritant majeur, je vous dirais, puis je pense que les parents n'ont pas conscience
encore de ce problème-là dans le projet
de loi. Puis ce n'est pas juste un
enjeu pour les parents qui ont déjà une place, là, puis qui pourraient vouloir
en changer. Les parents qui n'ont pas de place encore, là, bien, ils ne le
savent pas, si la place qu'ils vont obtenir au premier appel, c'est la place
qui répond vraiment le mieux à leurs besoins. Eux aussi, ils veulent avoir la
possibilité de changer de milieu si, éventuellement, ils se rendent compte que
ça ne colle pas tout à fait avec leurs besoins. Donc, je pense que tous les
parents qui ont une place ou qui attendent,
qui espèrent une place, veulent garder ce droit-là de pouvoir choisir de
changer de milieu au besoin. Donc, c'est aussi des discussions qu'on
aura à avoir avec la ministre pendant le projet de loi.
Donc,
j'espère avoir de l'ouverture de la part de la ministre sur ces enjeux-là.
Nous, on est tout à fait disposés, là, à trouver des solutions dans le
projet de loi pour répondre à des vrais problèmes qui ont été constatés, là, de
milieux qui étaient hermétiques, si on peut dire, là, sur certaines communautés
culturelles. On ne souhaite pas ça. On veut, nous aussi, régler ce problème-là, on partage l'intention du gouvernement,
mais il y a des problèmes qu'on crée avec ce projet de loi là et qu'on
veut éviter de créer. Donc, c'est vraiment les discussions qu'on souhaite avoir
avec le gouvernement là-dessus.
Ça fait que, dès demain, on pourra y travailler,
Mme la Présidente. Puis j'espère qu'il y aura de l'ouverture, bien franchement,
parce qu'il y a déjà assez de problèmes dans le réseau, je pense qu'on ne peut
pas vraiment se permettre d'en créer. Donc, on est ouverts aux solutions
là-dessus. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions? M. le député... des
Îles-de-la-Madeleine, pardon, la parole est à vous.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, c'est toujours un grand plaisir pour moi d'avoir
l'opportunité de manifester à quel point le réseau de CPE est précieux pour le
Québec, pour les familles québécoises, et à quel point ce projet, initié en
1997 par le gouvernement de Lucien Bouchard, avec Pauline Marois comme ministre
de la Famille, a changé le Québec, a transformé le Québec.
Malheureusement, le réseau n'a jamais été
complété, et c'est véritablement là-dessus qu'il faut axer toutes nos énergies. Et plusieurs des intervenants que nous
avons rencontrés, M. le Président, lors des consultations particulières, nous
ont dit que c'était l'enjeu fondamental, d'avoir effectivement une place pour
chaque enfant des familles québécoises. Et,
à cet égard, lorsqu'il est question d'accessibilité, lorsqu'il est question
d'égalité ou d'équité face à un accès aux places en services de garde
éducatifs, bien, il faut évidemment regarder du côté de la création des places.
Ce qui m'amène
à parler du Grand chantier des familles, sur la question des créations de
places et d'une place pour chaque enfant. C'était l'objectif, que tous les
enfants qui souhaitent une place, que toutes les familles qui souhaitent
une place pour leurs enfants puissent l'avoir, et ce, dans un échéancier qui
nous menait au 31 mars dernier. Évidemment, l'objectif... et, très malheureusement, l'objectif n'a pas été atteint,
loin s'en faut. On a encore entre 26 000 et 30 000 jeunes qui
sont sur les listes d'attente, des listes d'attente qui ne sont pas
nécessairement non plus le reflet de la réalité de ces familles-là, qui
cherchent à avoir une place, une place de qualité, une place en CPE, et qui,
souvent, ont baissé les bras face à la lenteur du système à leur offrir un
service de qualité. Parfois, ils se sont trouvés d'autres façons de pouvoir
retourner, par exemple, sur le marché du travail, ce qui est bien malheureux.
• (17 heures) •
Donc, l'objectif du chantier des familles doit
demeurer. En fait, l'objectif de tout gouvernement du Québec devrait être avoir un réseau qui soit universel,
qui soit à contribution réduite et qui soit essentiellement la pierre angulaire
du parcours éducatif de tous les jeunes du Québec, jusque, évidemment, au
réseau scolaire, au réseau collégial et universitaire si les jeunes le
souhaitent. Pour avoir et véritablement enchâsser le droit des jeunes à
l'égalité des chances, il faut enchâsser le
droit des jeunes à avoir une place en CPE, une place en service de garde
éducatif subventionné par l'État du Québec.
Pour ce, il faudrait également pouvoir espérer
que le chantier de conversion des places en garderie soit mené à terme, comme on nous l'avait promis en 2022,
l'objectif étant fixé à 2027, si ma mémoire est bonne, créer ou convertir 56 000 places. À l'heure actuelle, on n'en a même pas converti 10 000, et, l'an dernier, c'était
d'en convertir 1 000, cette année, au budget, on a inscrit
l'objectif d'en convertir 1 000 autres. Donc, s'il nous reste
essentiellement 42 000 places à convertir,
à 1 000 places par année, M. le Président, bien, on en a pour quatre
décennies. Ça ne tient pas la route. Il faut accélérer la cadence.
Et ça, je tenais à le mentionner dès le départ,
parce qu'on se serait attendu à ce que la ministre, dans son projet de loi qui
est arrivé un peu par surprise, nous présente des mesures qui nous
permettraient justement d'atteindre ces objectifs-là
plus rapidement et qu'on puisse véritablement avoir un système qui permette une
accessibilité réelle aux places en service de garde éducatif pour tous
les enfants du Québec.
Plusieurs des
participants aux consultations particulières nous l'ont d'ailleurs mentionné,
ce que je viens de dire. On a eu l'occasion de prendre connaissance de près
d'une trentaine de mémoire, 28 pour être plus précis. Quatorze groupes ont été entendus lors des consultations
particulières. Donc, plusieurs éléments qui sont extrêmement intéressants et
pertinents nous ont été amenés, M. le Président, par les acteurs du
milieu. Un consensus général, je crois, s'est dégagé de cette période de
consultations particulières, c'est qu'on est tous d'accord avec l'objectif
général du projet de loi, donc celui d'une
plus grande transparence dans la gestion des listes d'attente pour des places
en service de garde éducatif au Québec. L'équité, évidemment, tous les gens souscrivent au principe d'équité et
de mixité sociale. Je dirais que tous les commentaires entendus,
également, en consultations ont été favorables au principe de laïcité.
J'en profiterais d'ailleurs pour mentionner
d'emblée que, si on veut justifier le dépôt du projet de loi, son étude et son
adoption à venir, c'est, entre autres, pour s'assurer que le principe de
laïcité soit respecté par les gestionnaires de CPE, par les propriétaires de garderies
privées subventionnées. Mais nulle part ne trouve-t-on, à l'intérieur du
libellé du projet de loi, le terme «laïcité», ou «laïque», ou quelque
déclinaison que ce soit de ce terme et du concept. Alors, c'est une observation qui a été relevée par certains
des groupes et que nous ramènerons évidemment lors du débat, de la
discussion sur l'étude article par article... lors de l'étude article par
article. Ça me semble être un oubli assez important et un élément assez fondamental si on veut réintroduire un certain
nombre de principes qui doivent nous guider dans le développement de services
éducatifs à l'enfance, mais également qui doivent nous guider, comme État, pour
développer un réseau qui soit équitable et qui soit sans aucune
discrimination, qui soit accessible pour tous. Le principe de laïcité devra être au coeur du projet de loi et de nos
discussions. Ce sont des principes, donc, qui nous rassemblent tous ici, au
Québec, qui correspondent à nos valeurs et que personne n'a remis en question
lors de l'étude et lors des consultations particulières.
Si on s'entend sur un certain nombre de grands
principes, évidemment, ce sont les moyens choisis par la ministre de la Famille, par le gouvernement actuel
qui sont remis en question dans le cadre de ce projet de loi. Tout d'abord,
puis parce que c'est frais à ma mémoire, je vais quand même rappeler que le
début des consultations particulières a été mené
avant l'étude de crédits. Donc, ça fait déjà trois semaines, M. le Président.
On a dû interrompre pendant deux semaines. Il y a également eu une
semaine de relâche, donc on a repris et complété les consultations
particulières aujourd'hui. Et il y a plusieurs éléments intéressants qui
avaient été mentionnés dans la première phase des consultations particulières, mais
ce qui est plus frais à notre mémoire, évidemment, c'est les discussions de ce
matin. Et il y a d'ailleurs le groupe Ma Place au travail qui a souligné que le
problème reste entier, c'est le manque de places dans le réseau. Et, si on veut
vraiment prendre la mesure du problème, on doit aussi
prendre acte de la grande détresse des parents qui se heurtent à cette
problématique-là de trouver une place lorsqu'ils doivent regagner le marché du
travail. On a également mentionné à quel point la pression financière peut être
difficile pour les familles. J'ajouterais à cet argumentaire le fait que le marché du travail lui-même, donc l'économie du
Québec et de ses entreprises, souffre de l'absence de places suffisamment
nombreuses pour permettre, justement, de favoriser le retour au travail, et
particulièrement des femmes, leur implication pleine et entière dans leur
carrière professionnelle. Parce que ce sont souvent celles qui doivent rester à
la maison pour s'occuper des enfants. Et on voit, dans certains... certaines
statistiques, certaines études qui ont été réalisées, qu'elles sont nombreuses,
qu'un très fort pourcentage de mères ne peuvent pas regagner le marché du
travail aussi rapidement qu'elles le souhaiteraient après avoir donné naissance
ou après avoir adopté un enfant.
Donc, ce projet de loi, a dit Ma Place au
travail, ne crée pas une place supplémentaire, pas une seule. Donc, on est loin
de résoudre la pénurie. Tant que le gouvernement, dit l'organisme, et je l'ai
évoqué tout à l'heure, n'assumera pas un
droit réel à une place pour chaque enfant dans le réseau, comme c'est le cas en
éducation, bien, on va rester dans une logique de tri et de sélection.
Donc, il y aura des perdants et des gagnants. On va modifier simplement le
curseur ou les catégories de gens, mais les nouveaux éléments, les critères de
choix qui seront maintenant imposés au réseau, et éventuellement, là, si le
projet de loi est adopté, tel qu'on le... on peut le lire aujourd'hui, on aura
toujours, évidemment, des gens qui seront
privés de ces services, et des services qui sont, évidemment, essentiels pour
nos familles. Donc, on va simplement, dit Ma Place au travail, déplacer
les injustices.
Et je pense qu'ici il faut retenir le fait que
l'objectif doit être de compléter le réseau. La... l'Association québécoise des CPE du Québec a renchéri sur le
même thème. L'équité est indissociable, je l'ai mentionné tout à l'heure, de
la question de l'accessibilité quand des milliers d'enfants demeurent en
attente d'une place, quand des milliers de familles sont en attente d'un coup
de téléphone ou d'un courriel pour leur signifier qu'ils ont enfin obtenu leur
place, parfois sur un très grand nombre
d'années. Comment peut-on penser qu'il y aura davantage d'équité, même après
l'adoption du projet de loi n° 95? Le problème est structurel, nous
a dit également le Collectif Petite Enfance, comme d'autres groupes l'ont
mentionné également, leurs... comme on a pu le lire dans plusieurs mémoires
également.
• (17 h 10) •
C'est un projet de loi qui a été qualifié par
plusieurs de centralisateur. Un projet qui risque, aux yeux d'un certain nombre
d'intervenants, d'alourdir le processus technocratique, donc d'alourdir les
redditions de comptes et le contrôle tatillon des fonctionnaires du
gouvernement du Québec, qui auraient bien d'autres choses à faire. J'en profite
pour mentionner que non seulement on ne créera pas de places avec ce projet de
loi là, on n'améliorera pas non plus la
qualité éducative des services de garde, des services éducatifs à la petite
enfance, et c'est bien, bien malheureux. Pourtant, on l'a vu, dans le
rapport du Vérificateur général de l'an dernier, que le réseau non seulement ne
remplit pas sa mission d'offrir une place à l'ensemble des familles ou des
enfants du Québec, mais la qualité de l'éducation qui est offerte décline. Elle diminue, et ça, c'est une tendance
qui est extrêmement inquiétante, qui est liée aussi à ce phénomène de pénurie
de main-d'oeuvre dans le domaine.
Et pourquoi cette pénurie de main-d'oeuvre? On
le sait, c'est parce que la valorisation, la reconnaissance du travail des éducatrices tardent à se concrétiser.
Ce n'est plus maintenant une profession ou un métier qui est attrayant pour
les jeunes Québécois et Québécoises. Les programmes d'études, les techniques en
éducation à la petite enfance peinent à aller chercher suffisamment d'intérêt
chez les jeunes tout simplement parce qu'on le sait, c'est le métier issu d'une
technique collégiale qui est le moins bien payé au Québec. C'est dire à quel
point non seulement on ne valorise pas ce métier et les éducatrices qui le
pratiquent, mais c'est dire à quel point on déconsidère, au Québec
actuellement, l'importance du réseau de services de garde à la petite enfance
comme socle essentiel, comme pierre d'assise de l'égalité des chances, comme je
le mentionnais tout à l'heure, et comme façon, justement, de propulser nos
jeunes à travers le service, à travers leur
parcours académique et de vie, pour qu'ils puissent réaliser leur plein
potentiel, mais avec essentiellement les mêmes chances dès le départ.
Et, pour ça, évidemment, bien, ça prend des services de qualité. Puis, pour offrir des services de qualité, bien, ça
prend des éducateurs, des éducatrices dûment qualifiés. Et, à l'heure actuelle,
on a un problème dans ce ratio-là, on a un problème de rétention parce que
c'est tout simplement plus payant d'aller déposer un curriculum vitae et
obtenir un emploi ailleurs, Costco, par exemple, où on paie beaucoup mieux, de
façon significative, beaucoup mieux les employés qu'on peut le faire dans le
réseau des services de garde.
On verra ce
qu'ont conclu les syndicats éventuellement avec le gouvernement, mais on espère
que le rattrapage sera important et pourra véritablement permettre une plus
grande attractivité et une plus grande rétention des éducatrices. Parce
qu'à l'heure actuelle, il est beaucoup plus attrayant pour elles de quitter non
seulement pour le secteur privé, mais également pour un autre réseau, qui est
le réseau de l'éducation, qui a aussi besoin d'éducatrices.
Donc, cet aparté-là étant terminé sur la
question de la qualité qu'on n'aborde pas dans ce projet de loi là, je voulais
simplement dire qu'on va avoir un alourdissement bureaucratique ou
technocratique, alors qu'on devrait plutôt s'occuper
de faire, et j'y reviendrai tout à l'heure, de faire un examen de la qualité
des CPE puis de s'assurer du suivi des plans de redressement qui sont
déposés au ministère. Parce que ça aussi, la Vérificatrice générale nous disait
que ce n'était pas fait, pas fait
suffisamment rigoureusement. Alors, on a un problème de ce côté-là, et là on va
rajouter, dans la cour des
fonctionnaires, des tâches relativement au choix des enfants dans un cadre
centralisé au sein du ministère de la Famille.
Les groupes soulèvent donc notamment que le
projet de loi va complexifier inutilement ce qui pourrait être traité de manière beaucoup plus simple, selon eux,
et de beaucoup, beaucoup plus efficace sur le plan local. Par exemple, la
vision du réseau leur apparaît rigide et centralisée, donc dictée par les six
critères qui sont établis dans le projet de loi, alors que le réseau
avait plutôt été construit initialement sur une flexibilité avec des organismes
sans but lucratif, avec des parents administrateurs, avec des partenariats dans
le milieu, avec des entreprises, avec des institutions, avec des municipalités, et avec
une connaissance des besoins du terrain, et avec une autonomie qui permet
justement de s'adapter à ces besoins et ces attentes. Et donc c'est une
préoccupation qui nous a été partagée par plusieurs groupes, ce qui m'amène
brièvement à parler du guichet unique qui doit remplacer La Place 0-5 ans.
La Place 0-5 ans, qui est critiquée souvent
par plusieurs parents comme quoi c'est un système qui est opaque, qu'on
comprend mal, qui est difficile... qu'il est difficile de suivre, et le
gouvernement... la ministre s'est engagée à créer une toute nouvelle
plateforme, mais on voit que cette plateforme-là, sa mise en oeuvre prend du
retard. Là, on nous le promet pour l'automne, ce qui était prévu initialement
pour l'automne dernier, mais c'est cette liste-là, cette nouvelle
plateforme-là, elle est à la fois critiquée par certains, mais, en même temps,
elle est défendue par d'autres, et ça, il va falloir approfondir cette
question-là, surtout sous l'angle de la mise en opération de cette nouvelle
plateforme. Et le Vérificateur général par intérim lui-même, qui est venu nous
rencontrer en consultations particulières, a émis un certain nombre de préoccupations à cet égard en mentionnant à mots
couverts qu'il y avait eu des ratés sur l'implantation... dans
l'implantation d'un certain nombre de plateformes numériques, que je n'ai pas
besoin, M. le Président, de vous mentionner ici aujourd'hui.
Donc, des dérapages informatiques, il y en a eu
plusieurs, et il y en a encore aussi qui sont anticipés dans certains secteurs
de l'État. Et le chantier est immense. On ne voudrait surtout pas, chez les
intervenants, arriver à ce même genre de fiasco, de problèmes au cours de
l'automne, lorsqu'on va implanter le nouveau guichet unique, savoir comment il fonctionnera. Le besoin de
transparence, il est là, il a été formulé. Alors, est-ce qu'on pourra
nécessairement... est-ce qu'on pourra le mettre en place et est-ce qu'on
obtiendra les résultats escomptés? Moi, je le souhaite. Je le souhaite
parce que c'est l'objectif qu'on doit se fixer.
Que les parents n'aient pas l'heure juste de
façon précise sur la date où ils pourront avoir une place pour leur enfant, je
pense que ce défi-là est beaucoup trop grand. Évidemment, les places qui
peuvent se libérer ne sont pas toujours les places qui correspondent, par
exemple, aux besoins d'une personne ou d'une famille, mais d'un enfant sur une liste, par exemple, tout simplement parce
qu'on peut ouvrir des places dans des groupes de poupons ou des catégories
d'âge qui ne correspondent pas aux jeunes qui seraient, par exemple, le premier
ou deuxième sur la liste.
Donc, le délai peut être plus long, mais il va
de soi que, si on arrive à avoir un certain nombre de critères qui nous permettent de voir quelles sont les listes
qui sont en place, qui sont présentes et à quel rang on est sur ces listes-là, minimalement, on va avoir, je crois, une meilleure
idée des délais qui sont ceux pour l'obtention d'une place. La centralisation
de ce système-là au sein du ministère fait peur. Est-ce qu'on pourra
éventuellement discuter de la possibilité que ces listes-là soient davantage
régionalisées? C'est une question, je pense, qu'il vaut la peine d'approfondir.
Évidemment, plusieurs intervenants ont dit : Bien, il faut quand même, à
partir du régime centralisé, donner une latitude aux différents services de
garde. Cette latitude-là, aujourd'hui, avec le projet de loi, est éliminée, à
moins de demander des dérogations, de rendre des comptes, ce qui risque
justement d'alourdir la paperasse, comme on dit. Et ça, évidemment, c'est un
enjeu qui est sérieux.
• (17 h 20) •
Il y a tout le délai aussi qui entoure, là, la
réponse que le parent... le délai de réponse que le parent a pour signifier son intérêt ou non à prendre la place
qui serait disponible, on parle de 10 jours dans le projet de loi.
Évidemment, ça, c'est un délai qui peut... si jamais il y a un refus,
bien, évidemment, on doit aller au suivant. Et, encore une fois, il peut y
avoir une période de carence qui est assez importante, alors que le nombre de
places est extrêmement limité. Donc, ça, c'est un enjeu qui a été formulé par
plusieurs.
Je voudrais mentionner aussi la question des...
bon, je peux parler des critères. Les critères, M. le Président, il est sûr que
c'est la pierre angulaire du projet de loi, et elle a été fortement critiquée
par plusieurs lors des consultations. Les six critères de priorisation et le
plafonnement de ces accès prioritaires, là, à 50 % lorsqu'il y a déjà des
ententes préalables avec des organisations
ont fait débat, et feront débat, et feront l'attention de plusieurs
propositions d'amendements, à n'en point douter, au cours de l'étude
article par article qui s'en vient. Évidemment, le gouvernement, en imposant un
modèle unique de priorisation limitée à ces six critères, enlève toute
possibilité d'adaptation aux différents services de garde. On nous a bien sûr rappelé qu'il y avait
2 000 politiques d'admission, qu'il y avait des dizaines de critères
qui étaient différents, et ainsi de suite. Je pense qu'encore une fois
il est absolument essentiel de rappeler qu'aucun des critères qui est utilisé par les services de garde ne doit porter sur
une discrimination concernant, par exemple, la religion, l'origine
ethnique, bon, l'appartenance culturelle, voire la langue. Ce sont des éléments
qu'il faut bannir. Je crois que c'est l'objectif principal du gouvernement.
Est-ce qu'on aurait pu faire autrement, comme
l'ont mentionné certains, à savoir nommément mentionner ces éléments
discriminatoires et les bannir, l'inscrire, donc, à même la loi constitutive
des services de garde éducatifs à l'enfance pour justement baliser les
politiques éducatives... les politiques d'admission, plutôt, qui sont de toute
façon soumises au ministère et qui doivent être validées par lui?
On a parlé de mixité sociale. Donc, ces
critères, ces six critères, devraient mener à une mixité sociale plus grande dans les services de garde, dans les
garderies subventionnées au Québec, mais plusieurs ont relevé le fait que ce
concept de mixité sociale n'a jamais été défini et ne l'est pas dans le projet
de loi, ce qui est une lacune importante. Chacun
a proposé... en tout cas, plusieurs des intervenants ont proposé leur propre
définition de mixité sociale, c'est dire que le législateur devrait
minimalement faire la même chose et définir ce qu'il entend par mixité sociale
si c'est l'objectif le plus important à atteindre dans l'adoption d'un
projet de loi comme celui-là.
Les critiques qui ont été apportées en matière
d'équité, sur la question de l'équité, je mentionnerais celui fort pertinent du
mémoire déposé et présenté par le Vérificateur général par intérim, qui nous
rappelle que les critères visant à prioriser
les six catégories d'enfants ne sont pas obligatoires. En fait, les CPE ne
seront pas tenus de les employer tous, évidemment, dans l'accès des
enfants vivant dans un contexte de précarité. Donc, il y a là une question
qu'il faudra résoudre,
parce que cette espèce de subjectivité dans l'utilisation des critères
concernant le caractère précaire du niveau... en fait, du niveau de vie ou de
la famille de laquelle provient le jeune est un élément qui reste, à l'heure
actuelle, selon le bon gré... à utiliser selon le bon gré des
gestionnaires.
Même son de cloche du côté de la CSN, pour qui
il faudrait considérer le fait d'élargir la définition de la précarité socioéconomique pour être sûr qu'aucun
enfant ne tombe dans les mailles du filet. Même chose pour la Fédération
des intervenantes en petite enfance du Québec, la FIPEQ-CSQ, qui y est allée
d'un commentaire similaire.
On a également, et là je vais ailleurs, souligné
l'absence du critère de proximité de la liste des priorisations, alors que les CPE sont annoncés par territoire,
ils sont... Les places sont octroyées en fonction des besoins qui sont identifiés,
donc, dans des régions, dans des villes, dans des villages, et il va de soi
que, lorsqu'on identifie les besoins dans une communauté, bien, que ces
services-là doivent avoir un ancrage et doivent donc être disponibles comme
services de proximité aux familles.
Pourtant, le critère de proximité n'est pas présent dans ceux qui sont dans la
liste des critères de priorisation du projet de loi actuel.
Je veux conclure en parlant du fait que... bien,
en fait, il y a deux éléments que je voudrais ramener, et ça a été évoqué par
plusieurs, le fait qu'on s'apprête, en adoptant ce projet de loi là, enfin, en
l'étudiant, si on l'adopte tel qu'il est
présenté, à créer deux catégories fondamentales de services de garde éducatifs
à l'enfance au Québec : ceux qui sont sous le régime du projet de
loi n° 95 et ceux qui décident de s'en exclure. Or,
ça pose une question assez fondamentale sur la société que l'on cherche à bâtir
au Québec.
Si l'on évoque et si on présente, en fait, comme
des valeurs fondamentales de cohésion sociale les critères de choix qui
doivent... ou de priorisation qui doivent être inscrits dans l'ensemble... dans
la politique de l'ensemble des services de garde subventionnés, des critères
comme la non-discrimination sur la base de la religion, de l'appartenance ethnique, et ainsi de suite, et linguistique, et
tout, et culturel, donc, la question de la mixité sociale, la question de la
laïcité, si tous ces principes-là
sont fondateurs du réseau des services de garde à l'enfance et que des
gestionnaires, des propriétaires de garderies, voire de CPE, peuvent
s'exclure en disant : Bien, nous, finalement, on peut fonctionner à
l'extérieur de ce régime-là, créer une
société distincte à l'intérieur de notre projet de société ici, au Québec...
Lorsqu'il est question de former les
enfants et de les éduquer, je pense qu'on peut parler de projet de société,
mais on dit même : Si vous voulez ne pas avoir à être assujetti à
ces critères-là, vous pouvez très bien le faire, mais vos subventions seront
coupées. Donc, cette échappatoire-là risque de créer, essentiellement, un
régime à deux vitesses, deux catégories de citoyens, et ça, plusieurs des
intervenants ont mentionné que c'était absolument inadmissible.
• (17 h 30) •
Il faut évidemment aspirer à ce que l'ensemble
des jeunes, des enfants du Québec puissent avoir accès à une place. Il faut que ces places-là aussi soient
encadrées selon des valeurs communes qui sont celles de la société québécoise.
Et la question du financement, évidemment, peut intervenir. On a un levier,
comme État du Québec, si on les finance, d'avoir
ces services-là, d'avoir davantage, je dirais, d'exigences envers les services
de garde éducatifs à l'enfance, mais, si l'on accorde des permis de
garderie, si on leur permet, par exemple, d'être reconnus aux fins de... bien,
pour les parents qui leur envoient leurs
enfants, d'être... d'obtenir un crédit d'impôt, quelque part, M. le Président,
ces services offerts au Québec ne sont pas subventionnés directement,
mais ils le sont, soutenus, indirectement, par l'État du Québec. Et, sous cet angle-là, je ne vois pas comment on peut
leur permettre de fonctionner à l'extérieur du cadre commun pour les jeunes du Québec, pour les enfants d'ici, pour leur donner, justement,
un socle commun basé sur les valeurs québécoises.
On l'a entendu de plusieurs personnes, et je pense qu'il va falloir qu'on ait
une discussion approfondie là-dessus. Parce qu'il
y a déjà trois catégories, même quatre catégories de services, on a les
CPE évidemment, on a également des garderies privées subventionnées, on
a des garderies privées, on a également des services en milieu familial qui
sont soit privés ou soit raccordés à... ou
qui soient liés au bureau coordonnateur dans l'ensemble des CPE du Québec, donc
il ne faut pas, là, avoir deux régimes. C'est ce que je voulais
mentionner.
Les ententes
de partenariat, mes collègues en ont parlé tout à l'heure, j'aborderai
brièvement la question. Si on vient remettre en question des ententes
qui ont été signées... Parfois, on nous rappelait ce matin, là, qu'il y a des
ententes qui datent d'avant même
l'instauration de la politique familiale de 1997. On parlait des
années 80, où on a créé des partenariats entre des garderies à l'époque, puis des CPE éventuellement, et les...
et des partenaires institutionnels, ou communautaires, ou municipaux, et que, là, on vient remettre en
question ces partenariats-là. Parce que, si on a créé des services de garde,
par exemple, dans une institution, dans une municipalité ou avec le milieu
communautaire, c'était pour desservir leurs besoins, a priori, puis on avait, évidemment, des ententes qui permettaient
l'obtention d'un local, qui souvent est associé à un bail à contribution
réduite qui permet d'offrir les services aux gens qui sont... ceux qui sont
associés à l'institution, ou aux groupes communautaires, ou à la communauté, ou
à la municipalité, ainsi de suite, et là le plafonnement qui est inscrit au projet de loi à 50 % vient
remettre en question ces ententes-là. On nous parlait du pourcentage, je
l'oublie, là, mais je crois que c'est 46 % des ententes qui devront
être négociées à partir du moment où on instaure cette espèce de limite à 50 % qui... pour offrir 50 %
des places à la communauté environnante. Évidemment, on veut que les services
de garde à la petite enfance desservent la communauté de proximité,
mais, dans le cas où on a des ententes de partenariat, il faut reconnaître que
le partenaire en question, bien, il a mis en place cette entente-là parce qu'il
avait des besoins, donc on ne fait que déplacer la clientèle et on vient
bouleverser l'écosystème de façon majeure.
D'ailleurs,
l'AQCPE nous disait ce matin qu'on allait carrément rompre l'équilibre de
l'écosystème des services de garde si
on allait de l'avant avec cette mesure-là, avec cet article-là. Donc, une très
grande préoccupation à cet égard. Je pense qu'il est important de le mentionner
et qu'il sera important de pouvoir amender le projet de loi, je le dis d'entrée
de jeu, M. le Président.
Puis les
chiffres qu'on nous donnait, je viens de les retrouver : 66 % des CPE
ont un partenariat... ou, plutôt, 66 % des CPE qui ont un
partenariat nous disent qu'il a été déterminant dans la mise en oeuvre du
service ou encore dans son expansion et 58 % disent
ne plus pouvoir poursuivre leur mission si les nouvelles règles entrent en
vigueur, puis il y avait 40 quelques pour
cent qui disaient qu'on allait devoir renégocier les ententes et revoir,
réviser les lettres patentes des organisations. C'est quand même
extrêmement important.
Là-dessus, M. le Président, il y a de nombreux
éléments qu'il faudra, donc, approfondir. Il faudra faire ça rapidement, je
pense que l'étude détaillée débute dès demain. Alors, évidemment qu'on le
fera... on participera à cet exercice-là en toute bonne foi, avec en tête
l'idée que nous pouvons améliorer les choses, s'assurer de l'équité, s'assurer de l'égalité des chances, s'assurer d'une plus
grande mixité sociale, faire en sorte qu'on soit plus transparents, également,
dans la gestion, là, des listes d'attente puis dans l'attribution des places.
Donc, ces principes-là, on y souscrit, mais, sur la mécanique, je vous
dirais que nous nous réservons notre choix, ultimement, d'appuyer ou non le
projet de loi, parce qu'il devra être transformé, ou amendé, ou amélioré de
façon majeure si on veut éviter qu'il entraîne, ce projet de loi, davantage de
problèmes qu'il ne pourra en résoudre, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Nous sommes toujours sur l'adoption du principe du projet de loi n° 95.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non?
Mise
aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 95, Loi
favorisant l'équité dans l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance
subventionnés dispensés par les titulaires de permis, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des relations avec les citoyens
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci, M.
le Président. Donc, conformément à l'article 243 de notre règlement,
je fais motion afin que le projet de loi n° 95, la Loi favorisant l'équité
dans l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés
dispensés par les titulaires de permis, soit déféré à la Commission des
relations avec les citoyens pour son étude détaillée et que la ministre de la
Famille soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 94
Adoption
du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 2 du
feuilleton, M. le ministre de l'Éducation propose l'adoption du principe
du projet de loi n° 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans
le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives.
Y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Hull.
Mme Suzanne
Tremblay
Mme Tremblay : Merci,
M. le Président. Alors, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui
au nom de mon collègue le ministre de l'Éducation, un ministre qui, vous savez,
comprend, un ministre qui agit, mais un ministre qui a, M. le Président,
comme moi, à coeur l'éducation et nos jeunes.
Donc, M. le Président, face aux dérives
rapportées dans plusieurs écoles dans les derniers mois, mon collègue le ministre de l'Éducation a déposé le projet de
loi n° 94, qui vise à s'assurer que les écoles du Québec respectent et
restent aussi des lieux d'apprentissage qui sont sains, sécuritaires et
laïques pour toutes nos écoles.
Les situations qui ont été rapportées dans les
derniers mois, notamment à l'école Bedford, m'ont profondément bouleversée,
m'ont dérangée, et je sais que c'est le cas pour la majorité des Québécois, M.
le Président, parce que les écoles québécoises sont laïques, elles doivent être
un lieu à l'abri des influences idéologiques ou religieuses, un lieu où la
liberté de pensée et la liberté de conscience des élèves doivent être
respectées.
L'école
québécoise doit être un lieu où l'on inculque à nos élèves que l'égalité entre
les hommes et les femmes, M. le Président, est une valeur fondamentale non
négociable. L'école québécoise doit être aussi un lieu où la science et
l'éducation sexuelle sont enseignées, comme se veut le programme, comme se veut
le régime pédagogique. Le projet de loi
n° 94 vise à offrir à nos enfants une éducation qui les prépare à devenir
des citoyens québécois pleinement engagés dans notre société.
Plus concrètement, je
vais vous parler de différents points, M. le Président, de ce projet de loi. Le
premier que je souhaite aborder, c'est un que j'ai nommé voilà quelques
minutes, l'égalité entre les hommes et les femmes, qui est une valeur qui est fondamentale. Le projet de loi
vise à intégrer à la mission de l'école, des centres de services scolaires et
des commissions scolaires les valeurs fondamentales que sont l'égalité entre
les hommes et les femmes et la laïcité de l'État.
Vous allez me
dire : Est-ce qu'il faut vraiment aller jusque-là? Bien oui, M. le
Président. Maintenant, avec ce qu'on vient
de voir, avec ce qu'on voit un petit peu partout dans le monde, plus que
jamais, il faut renforcer ces valeurs-là, qui sont fondamentales pour nous ici au Québec. Tout le personnel devra
respecter ces principes et adopter une conduite exempte de
considérations religieuses.
• (17 h 40) •
Les élèves auraient
également, M. le Président, des devoirs à faire, le devoir de respecter ces
valeurs mais aussi de contribuer. Puis ça,
c'est très, très important, c'est nécessaire, avec tout ce qu'on voit
présentement dans nos écoles, donc de
contribuer à créer un environnement scolaire sans violence, sans intimidation
et exempt de racisme et de discrimination.
Ces obligations-là
seraient, d'ailleurs, inscrites clairement dans les règles de conduite de
l'école, que souvent on va appeler, M. le
Président, le code de vie. Pourquoi? Parce que le code de vie dans une école,
vous savez, c'est ce qui va guider notre année. À chaque début d'année
scolaire, on en prend... on le lit, on en prend conscience, on en parle avec
nos élèves, ensuite c'est transmis aux parents, et ce qui va guider, évidemment,
le reste de l'année scolaire. Donc, je pense que c'est très important
que ce code de vie là vienne intégrer, justement, clairement, ces
obligations-là.
Un autre point
important du projet de loi, c'est que toutes les matières se doivent d'être
respectées, et ce, dans toutes les écoles. Il faut garantir une éducation de
qualité, M. le Président, à tous les élèves du Québec. Pour ça, le gouvernement
propose de mettre en place de nouveaux mécanismes pour mieux encadrer
l'enseignement et ainsi s'assurer que toutes les matières sont enseignées, et
ce, dans toutes les écoles. Pour ce faire, chaque CSS devra mettre sur pied un
comité dédié à la qualité des services éducatifs offerts. M. le Président, tous
les programmes seront enseignés, mais tous les volets aussi des programmes,
donc le cours d'éducation à la sexualité, parce qu'on a mis ça dans le cours
culture... le cours de CCQ, là, qui est tout récent dans nos écoles, là, qui
est obligatoire depuis septembre dernier. Bien, le volet Éducation à la
sexualité doit être enseigné à l'ensemble des élèves, et ici c'est ce qu'on
vient dire quand toutes les matières se doivent d'être respectées et ainsi que
tous les volets dans un programme.
Un autre point
important, le point... l'obligation d'avoir le visage découvert et
l'élargissement de l'interdiction de port de signes religieux. Bien, par ce
projet de loi, le gouvernement propose d'élargir l'obligation d'avoir le visage
découvert en tout temps dans toutes les écoles publiques ou privées,
subventionnées ou non, tant pour les élèves que pour le personnel. Et ce, M. le Président, pourquoi c'est important,
bien, c'est pour favoriser une meilleure communication entre les élèves
et le personnel.
Vous savez, je suis
enseignante de formation, j'ai enseigné pendant plus de 15 ans, et c'est
tellement important, tout ce qu'on peut lire, qu'on peut voir sur le visage de
nos élèves, M. le Président, ça va jusqu'à la compréhension d'une notion
difficile. Quand j'enseigne, je peux voir tranquillement mes élèves. Est-ce
qu'ils comprennent? Est-ce que je dois
poursuivre? Où est-ce qu'ils sont rendus? Puis là je poursuis mes explications,
je vois des sourires apparaître, je
vois qu'ils commencent à comprendre la matière. C'est essentiel, également,
pourquoi le village... le visage à découvert, assurer un meilleur
enseignement et un meilleur apprentissage, mais surtout c'est aussi une
question de permettre l'identification des personnes qui circulent dans l'école
pour renforcer ainsi le sentiment de sécurité.
Ensuite, toute
personne pouvant représenter une figure d'autorité pour l'élève devra rester neutre
et n'afficher d'aucune manière ses convictions religieuses. Ce projet de loi
prévoit ainsi élargir l'interdiction de porter des signes religieux à l'ensemble du personnel des écoles
publiques. Un autre point, des limites strictes en matière d'accommodements
religieux. Donc, le projet de loi prévoit un
meilleur encadrement des demandes d'accommodement. Donc, on a parlé beaucoup,
lors des consultations... à laquelle j'étais
présente, là, des congés pour motifs religieux. Donc, on va venir limiter
certains accommodements religieux, donc avoir des limites qui sont plus
strictes.
Un autre point abordé
dans le projet de loi, vous voyez que c'est un projet de loi quand même qui est
volumineux puis qui touche à plusieurs volets, le français, partout dans nos
écoles, dans le but de protéger et de renforcer la place du français comme
langue fondamentale au Québec, le projet de loi prévoit d'obliger les membres
du personnel d'un CSS francophone à utiliser exclusivement, M. le Président, le
français lorsqu'ils sont à l'école et qu'ils communiquent oralement ou par
écrit avec un élève ou avec un autre membre du personnel.
J'ai assisté, j'ai...
aux consultations qui ont eu lieu, dans les dernières semaines, aux côtés du
ministre pour ce projet de loi. Vous savez, c'est 24 organismes,
intervenants qui sont venus s'exprimer à la Commission de la culture et de
l'éducation durant quatre jours de consultation. Donc, je tiens à les... à
remercier l'ensemble des intervenants. Les discussions ont été vraiment, je
vous le dis, M. le Président, enrichissantes et ont permis de mettre en lumière
des positionnements parfois divergents en matière de renforcement de la
laïcité, de neutralité religieuse et d'égalité entre les hommes et les femmes. De plus, plusieurs recommandations très
pertinentes ont été formulées par l'un ou par l'autre des groupes, et je
suis persuadée que ça va nous permettre d'avoir le meilleur projet de loi
possible afin que plus jamais, M. le Président, nous ne vivrons des situations
comme nous en avons vu dans certaines écoles, notamment à l'école Bedford.
M. le Président, nous
sommes conscients, nous sommes conscients que c'est un projet de loi qui va
déranger, mais on a un ministre qui refuse
de rester les bras croisés. On va agir. Et je suis très fière de pouvoir
contribuer également à ce projet de loi là, un projet de
loi, je dirais, qui est courageux mais tellement nécessaire. Nos écoles, vous
savez... Puis là, je l'ai dit, on va aborder plein de choses, l'égalité entre
les hommes et les femmes, les matières doivent être respectées, on va
aborder les accommodements religieux, mais c'est surtout une valeur, qui est
fondamentale, qui est celle de la laïcité. Et, M. le Président, vous le savez,
ça a été un long processus dans le système scolaire québécois. À la fin des
années 90, vous savez, on a déconfessionnalisé nos écoles. Un petit peu
plus tard, il y a eu le retrait de l'enseignement religieux. À ça, on est venu ajouter un cours qui était éthique et
culture religieuse, un cours de transition, et maintenant on est arrivé,
comme j'ai dit un petit peu plus tôt, avec un nouveau cours, hein, qui est
culture et citoyenneté québécoise, un magnifique cours, M. le Président.
Alors,
nos écoles doivent être laïques, et c'est une responsabilité de tous, M. le Président,
responsabilité institutionnelle, une
responsabilité collective, une responsabilité qui est individuelle. M. le
Président, on a tous le devoir de s'assurer que les écoles du Québec
respectent les valeurs du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Hull. Et maintenant je reconnais M. le député de
Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, M. le Président. C'est le coeur gros que je viens aujourd'hui
prendre la parole sur le projet de loi n° 94, sur la laïcité à l'école, qui, s'il est adopté, va marquer un recul
épouvantable des droits et libertés au Québec, recul de la laïcité
véritable, qui devrait assurer la neutralité religieuse de l'État et de ses
institutions, recul du droit des femmes,
mais particulièrement des Québécoises de confession musulmane, recul du droit
des travailleuses et des travailleurs, recul de la liberté de conscience
et religion, recul du droit à l'éducation, recul de la tolérance et du
sentiment d'unité nationale. Le projet de loi n° 94,
c'est une politique d'exclusion. Elle va accroître la discrimination envers les
personnes racisées au Québec. Elle est
encore pire que la loi n° 21. Et, nous, à Québec solidaire, on va voter
contre de tout notre coeur.
La vraie laïcité, là,
c'est la neutralité de l'État vis-à-vis des religions. Ça sert à protéger la
liberté de conscience de tout le monde. Or, avec son projet de loi, la CAQ va
attaquer la liberté de conscience et se comporte comme un gouvernement qui
attaque celles et ceux qui pratiquent une religion. Bien sûr, la liberté de
religion a des limites, comme toutes les
libertés. La liberté de religion s'arrête là où la liberté de conscience et de
religion des autres commence. Il y a une
façon de tracer la ligne pour respecter les libertés de tout le monde, c'est la
pratique des accommodements raisonnables. Toutes les demandes d'accommodements, évidemment, ne sont pas raisonnables.
Toutes les demandes d'accommodement ne le sont pas, mais il y en a qui
le sont. Un accommodement qui n'empiète pas sur la liberté des autres, qui ne
crée pas de contrainte excessive à
l'institution et qui n'empêche pas et ne nuit pas à l'institution d'accomplir
sa mission, c'est un accommodement qui est raisonnable. Les tribunaux
ont balisé ça déjà. Les limites sont souvent mal connues dans les milieux de
l'éducation, mais elles sont là tout de même et elles protègent tout le monde.
Ce qui s'est passé
avec l'école Bedford, c'est complètement inacceptable, c'est un scandale total,
mais, moi, ce qui me sidère, là-dedans,
c'est la distance énorme qu'il y a entre ce qui s'est passé à Bedford et la
réponse législative du gouvernement. Le lien entre les deux, il faut le
chercher longtemps. Il y a une déconnexion totale entre les deux.
Parmi les gens qui
ont mal agi et qui se sont mal comportés, parmi ces enseignants, bien,
c'étaient tous des hommes, et aucun d'eux ne portait des signes religieux. Comment
ça qu'encore une fois on est dans une situation où les hommes... il y a des
hommes qui font du trouble, puis là, bien, c'est les femmes qui vont devoir
payer pour ça? Moi, je trouve ça complètement inacceptable et discriminatoire.
Quand on a, avec... À Bedford, il y a eu beaucoup de problèmes, puis, quand on
regarde vraiment le rapport puis qu'on regarde la série des événements qui
s'est passée sur huit ans, on voit le
roulement des directions, le roulement du personnel. Clairement, on avait un
cas, on avait... on assistait à un
cas, à Bedford, d'une école où c'était très difficile pour tout le monde. Les
gens, semble-t-il, n'aimaient pas y être, et ça, là... Ils étaient comme
laissés sans ressource, et, clairement, ça a contribué au fait qu'un tel climat
toxique puisse dégénérer.
• (17 h 50) •
Si tout le monde
avait, dans cette situation-là, pris son courage à deux mains puis utilisé les
outils qui étaient déjà à leur disposition pour assurer la laïcité de l'État
mais aussi pour assurer la qualité de l'éducation, les droits de tous et
toutes, on n'en serait pas là. S'il y avait eu une meilleure mixité scolaire au
Québec, au lieu d'une ségrégation scolaire, si les conditions de travail
étaient meilleures, s'il y avait moins de roulement dans les directions et les
professeurs, si tous les cadres concernés avaient fait tout le travail qu'ils
pouvaient faire, on aurait pu dénouer ça sans avoir besoin d'une loi
supplémentaire. Mais le ministre a décidé de ne pas agir là-dessus, de ne pas
agir sur les vraies causes, il a décidé
d'ajouter des obligations bureaucratiques, déjà suffocantes, au milieu
scolaire et d'étendre l'interdiction des signes religieux, une mesure
qui va discriminer encore plus de monde.
Juste un détail, il y
a des aspects, ici, là, de la qualité de travail, des conditions de travail de
tous les enseignants du Québec qui vont être touchés, pas seulement les
enseignantes qui portaient un voile, tous les enseignants partout, notamment la
question des évaluations. Bien sûr qu'il faut qu'on soit capable d'évaluer les
professeurs quand on suspecte qu'ils ne font pas bien leur travail, mais, ces
.pouvoirs-là, bien, les directions, les centres de services scolaires, ils les
ont déjà, ça existe. Souvent, vous savez pourquoi ce n'est pas fait, M. le
Président? C'est parce qu'ils n'ont pas le
temps de le faire parce qu'ils sont surchargés. Et là la réponse miracle du
ministre, imaginez-vous, il s'est dit : Il faut obliger une
évaluation par année à tous les enseignants. On ne peut pas être contre la
vertu, M. le Président, mais regardez le moyen. Il y a
100 000 professeurs au Québec, 100 000.
Quand on a demandé, en commission parlementaire,
aux gens du milieu combien ça prenait de temps évaluer correctement mon
enseignant, bien, il faut que la direction aille dans la classe, qu'elle fasse
de l'observation, qu'elle ait quelques rencontres de suivi,
ça prend minimum cinq heures évaluer un enseignant. Prenons une école
type, là, dans laquelle il y aurait à peu
près 100 professeurs, ça existe, des écoles de 100 professeurs, avec
une direction, bien là, cette école-là, on va dire au directeur d'école
ou à la directrice, 100 profs fois cinq heures, ça fait
500 heures : Tu vas passer plus de 12 semaines de ton année,
trois mois à faire de l'évaluation de professeurs — mais
vous pensez que ces gens-là, ils font quoi, dans la vie? — sans
leur donner aucune ressource supplémentaire. Comment est-ce qu'ils vont arriver à faire ça? C'est... On dirait, là, un pur
exercice de communication publique. Vous avez quelqu'un ici, un ministre, qui
veut faire... qui veut donner à l'impression à tout le monde qu'il fait quelque
chose, qu'il veut rassurer les gens, mais, ce qu'il propose dans le milieu, il n'y a personne qui trouve que ça se
peut, tout le monde dit que c'est une lubie. Et ça, on va se faire le
porte-voix de ces critiques-là en étude détaillée, vous pouvez en être certain.
Les effets de
la loi. Si cette loi-là est adoptée, la loi n° 94, elle ferait reculer la
laïcité au Québec, elle va faire reculer le droit des femmes, des
travailleuses et travailleurs, reculer aussi le droit des élèves, et ça va
aussi créer, accentuer une pénurie de main-d'oeuvre. Les clauses grand-père,
là, ce n'est pas une mesure formidable d'atténuation des effets. Comment un
réseau, déjà, qui a de la misère à recruter puis à combler ses besoins de
main-d'oeuvre, notamment dans les services
de garde, mais notamment aussi chez les enseignants, va réussir à faire ça en
se privant de toutes les personnes au Québec qui portent un signe
religieux? Quand on regarde la place extrêmement importante que les femmes qui portent le voile ont dans les services de garde
éducatifs du Québec, toutes catégories confondues, et incluant dans les écoles,
les services de garde des écoles, on se dit : Mais comment, comment,
comment est-ce possible de se priver d'elles?
Moi, je trouve ça d'une ingratitude infinie. On
a une pénurie de main-d'oeuvre. Il y a des gens qui viennent ici, qui
abandonnent des vies entières, des... tout un contexte, un milieu social, des
familles qui viennent ici pour s'enraciner, travailler dans les services de
garde, puis nous, on vient leur dire, alors qu'on a tellement besoin d'eux et d'elles surtout, on vient leur dire : Non, ça
ne se pourra pas, ça ne se pourra pas si vous portez un voile. Alors, il faut
choisir entre le travail et la
liberté de conscience. C'est un choix qui n'a pas de sens et qui n'a pas sa
place dans une société laïque où on respecte la... où on a une
neutralité de l'État vis-à-vis les religions.
Que dire de
la clause dérogatoire utilisée de façon préventive? La clause dérogatoire, là,
elle peut être importante, elle a été importante dans l'histoire du Québec, et
c'est important qu'on ait ça, mais là l'utiliser de façon préventive
pour une loi, dont on sait, vu... dont le
gouvernement sait qu'elle va, dans le fond, bafouer les droits et libertés au
Québec, c'est complètement inacceptable. Comment on peut faire ça?
Comment on peut faire une telle chose? Comment on peut dire, à l'avance : On ne veut même pas l'avis des tribunaux? Ça,
c'est vraiment le signe du peu de souci et du peu de cas que le gouvernement actuel fait des droits et
libertés au Québec. Il ne faut pas banaliser les reculs des droits qui sont en
train de se passer.
Je le disais
tout à l'heure, ce qu'il va se passer avec la loi n° 94, c'est encore pire que la loi n° 21. On a beaucoup parlé de la loi n° 21, avec raison. Et là c'est comme si ça
avait banalisé ça, banalisé l'interdiction des signes religieux. Et là, bien, le gouvernement s'est dit : On va
rentrer là-dedans et puis on va aller encore plus loin, beaucoup plus loin, ça
ne sera pas seulement les enseignants dans les écoles, ça va être tout
le monde, ça va être la femme qui est à la cafétéria, ça va être la personne qui fait l'entretien ménager, ça
va être la personne au service de garde qui ne pourra pas se faire employer.
C'est énorme, ce qui se passe là, c'est énorme. C'est énorme et c'est injuste,
et nous, on va s'opposer à ça.
Une des choses qui m'a fait le plus de peine,
moi, dans les témoignages que j'entends depuis la loi n° 21
puis même avant par rapport à ces projets d'interdiction de signes religieux,
c'est que ça crée une fracture dans le sentiment d'appartenance à la nation
québécoise. Ça crée une fracture. Il y a plein de monde qui, à cause de ces
lois là, disent : Ah! O.K., est-ce que ça veut dire que moi, dans le fond,
je ne serai jamais bien accueilli ici? Est-ce que ça veut dire que moi, ces gens-là me voient comme un étranger
éternel, un étranger à jamais? Ce n'est pas juste. On ne devrait pas faire des
choses comme ça.
Nous, ce qu'on veut, c'est que le Québec soit uni,
que tout le monde se respecte et soit uni dans le respect mutuel de ses
différences. Un autre Québec est possible, et c'est ce Québec-là que moi, je
veux contribuer à construire, avec Québec solidaire. Puis on va donc voter
contre le projet loi n° 94, au nom de la liberté de
conscience, au nom de l'égalité entre les
femmes et les hommes, au nom du droit à l'éducation, au nom du droit des
travailleurs. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jean Lesage. Nous poursuivons maintenant avec... Je reconnais
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, le Parti québécois accueille favorablement le principe du projet de
loi n° 94. Les événements de l'an dernier à l'école
Bedford et les différents signalements qui ont été faits dans d'autres écoles
nous montrent qu'il faut agir le plus tôt possible pour assurer la laïcité de
nos institutions publiques. Certains voudraient, on vient de les entendre,
qu'on attende encore. Certains prétendent que Bedford est un cas isolé. Je
pense au contraire qu'il faut de la
prévoyance. La laïcité est une valeur exigeante, c'est un principe qui assure
la liberté de conscience de tous. La laïcité demande une vigilance, une
action constante, tout particulièrement à l'école où on transmet l'essentiel
des valeurs citoyennes et des savoirs
communs aux enfants. Le projet de loi n° 94 apporte des
avancées en matière de laïcité, il donne
à l'État plus de pouvoirs pour intervenir rapidement dans les écoles dès que
des pratiques religieuses compromettent la neutralité de nos
institutions.
Nous assistons à un retour du religieux et je ne
crois pas qu'il est du rôle des parlementaires de valoriser ce retour du religieux dans les institutions
publiques. Au nom de quoi? On impose aux employés de l'État de ne pas afficher
leurs convictions religieuses dans
l'exercice de leurs fonctions, et nous pensons, au Parti québécois, qu'il faut
constamment rappeler
cette distinction élémentaire : dans l'exercice de leurs fonctions, parce
que c'est dans leurs rapports avec les élèves qui leur sont confiés par leurs
parents que les employés de l'État doivent faire preuve de retenue. La laïcité
garantit la liberté de conscience et de culte, et c'est précisément pour
assurer ces libertés qu'elle sépare l'État des religions pour vrai.
Le projet de loi oblige également les élèves à
garder le visage découvert. C'est, pour nous, là encore, un principe essentiel
de base. Le visage couvert pose obstacle à l'intégration et à la participation
des élèves à l'école et à la vie
démocratique. Et, je crois qu'on doit le dire, il choque, à juste titre,
l'immense majorité des citoyens d'une nation aussi attachée à l'égalité
entre les hommes et les femmes. Et ça aussi, il faut le dire.
Ces provisions légales là sont peut-être
relativement nouvelles au Québec, elles ont passé, à maintes reprises, le test
des tribunaux de pays aussi avancés que ceux de l'Union européenne. La Cour européenne
des droits de l'homme ne s'y oppose pas, faut-il le rappeler?
On aurait souhaité que le projet de loi
s'applique aux écoles privées. Quand on entend le gouvernement dire que ça s'applique à toutes les écoles, c'est faux.
On fait le choix volontairement, à la CAQ, encore une fois, de préserver
l'école privée. Ça ne s'applique pas à toutes les écoles de façon égale.
Et ça, c'est un problème. Lorsqu'on veut appliquer une mesure de façon
universelle, c'est l'ensemble des écoles, qu'elles soient publiques ou privées.
Et, encore une fois, privé, on repassera,
parce qu'il y a beaucoup d'argent du public qui est là où l'ensemble des
enfants, l'ensemble du personnel sont assujettis à la même loi. Ça, on
ne l'a pas dans le projet de loi n° 94. Il y a une distinction
qu'on opère, que le ministre choisit
d'opérer entre les écoles publiques et privées qui n'a pas sa... qui n'a pas sa
raison d'être, pas les mêmes normes, et ça, c'est fâchant. On devrait
être tenus aux mêmes valeurs.
• (18 heures) •
Ceci étant
dit, le ministre a des pouvoirs qui lui permettent d'intervenir rapidement sans
loi. Dans le cas de Bedford, il peut appliquer les règles, les règles en
vigueur. Toutefois, s'il veut faire le débat de la laïcité et d'améliorer nos pratiques,
on est toujours partant. On a voté en faveur de la loi n° 21.
On aurait voulu, avec le gouvernement de Pauline Marois, faire adopter une loi.
On était minoritaire. Je me souviens que la CAQ ne souhaitait pas appuyer nos
propositions parce qu'ils trouvaient qu'on allait trop loin. Ça a bien changé.
Alors, ceci
étant dit, chaque fois qu'il y a des propositions pour améliorer la laïcité, on
est là. C'est un choix que le
gouvernement a fait, donc on répond présent. On aura des amendements
à faire pour rendre le projet de loi plus cohérent, mais, sur l'essentiel, sur
l'essentiel, bien, on est d'accord avec le principe, c'est une évidence. Si on
combat ce principe, on cautionne que le religieux devrait prendre de plus en
plus de place, notamment sur la place publique, dans les institutions, et au nom de quoi? Je ne le sais
pas, mais garantir la liberté de conscience, c'est quelque chose qui devrait
être fondamental pour tout le monde. Il y a des lieux pour appliquer ces
valeurs. On peut vivre sa spiritualité intérieurement dans un lieu de culte,
dans un centre communautaire, dans un cadre familial. Est-ce qu'on devrait
faire ça à l'école également? Ce n'est pas souhaitable.
Donc, M. le Président, conscients des débats que
ça suscite, on va passer à l'étape suivante, qui est celle de l'étude de ce projet de loi. Et j'assure à nouveau
le gouvernement que, sur ces questions, on ne se défile pas. On est en faveur
du principe et on aura des propositions à faire pour que ce soit plus cohérent.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Matane-Matapédia. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. À ce stade-ci, je vous demanderais d'ajourner
le débat, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
que cette motion est adoptée? Adopté. Alors, on va demander l'ajournement du
débat, à ce moment-là.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Je vous
demanderais d'appeler l'article 15 du feuilleton, s'il vous plaît, M. le
Président.
Projet de loi n° 81
Prise en considération du rapport de la commission qui en
a
fait l'étude détaillée et des amendements transmis
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 15 du... L'article 15, c'est bien ça? Parfait. À l'article 15
du feuilleton, l'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission des transports et de l'environnement
sur le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière
d'environnement, ainsi que les
amendements transmis en vertu de l'article 252 du règlement par Mme
la députée des Mille-Îles et M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Ces
amendements sont déclarés recevables.
Y a-t-il
des interventions sur ce rapport ainsi que sur ces amendements? Oui, je
reconnais M. le député... le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, M. le
Président, un plaisir de vous retrouver en cette fin d'après-midi. Je serai
bref à ce moment-ci, étant donné les nombreuses heures qu'on a pu passer au
cours des dernières semaines en commission parlementaire, que ce soit au moment
de la consultation, que ce soit au moment de l'étude détaillée.
Peut-être
vous parler, dans un premier temps, du projet de loi n° 81 lui-même, vous
mentionner que c'est la deuxième fois dans l'histoire du ministère de
l'Environnement qu'on procédait de cette façon, c'est-à-dire un projet de loi
omnibus qui visait à toucher l'ensemble de nos lois pour en simplifier
l'application, pour en renforcer d'autres aspects,
pour moderniser, aussi, certaines applications. Au fil des années, de la
réglementation s'est ajoutée, de la législation, aussi, s'est ajoutée. Dans certains cas, ça devenait
difficile et complexe de s'y retrouver, à la lecture de ces différentes lois.
Donc, c'est un
exercice qui est nécessaire, mais très exigeant, exigeant de la part du
gouvernement qui l'a préparé, des fonctionnaires impliqués dans la démarche, et
c'est une opération qui s'est littéralement déroulée sur de nombreux mois,
sinon quelques années, littéralement, parce que, oui, avant de procéder à la
présentation du projet de loi, il y a un
travail préalable qui s'est fait. On aime beaucoup travailler en cocréation,
c'est-à-dire travailler avec les instances concernées, touchées par
l'application de nos lois pour arriver avec une première mouture qui est déjà
intéressante.
Et d'ailleurs, ça a
été souligné par plusieurs des groupes entendus au moment de la consultation,
ça représente des avancées significatives que ce projet de loi qui touche, je
le mentionnais, l'ensemble de nos lois. On a pu parler, notamment,
d'électrification des transports. On a parlé du rôle des municipalités. On a
parlé aussi de la protection des milieux naturels, notamment des milieux
humides. On a abordé aussi l'évaluation environnementale. C'est un sujet qui
revient souvent dans l'actualité, comme quoi notre procédure d'évaluation peut
sembler longue et complexe. Donc, on est
venus la renforcer. Elle sera plus facile d'application, ça nous permettra très
certainement de réaliser des travaux plus rapidement, notamment
lorsqu'il est question de la production d'énergie renouvelable. Et, à chacune
des fois, on était conscients de la responsabilité qui était la nôtre.
Donc, oui,
modernisation, oui, simplification, mais pas au détriment de l'environnement.
C'est surtout faire les choses de façon plus
correcte, de façon convenable et certainement plus simple. Et donc il y aura
des impacts positifs au niveau de l'évaluation environnementale, notamment
avec des délais qui seront raccourcis.
Je vous résume un
projet de loi qui faisait plusieurs dizaines d'articles. En fait, on se
rapproche de 200 et même plus d'articles, donc je vous résume ça en quelques
instants, mais c'est dire à quel point les membres de la commission ont pu
travailler de façon assidue, là, pendant toute l'étude du projet de loi, et
c'est ce qui me permettra de les saluer, les membres autant de la partie
gouvernementale que les membres de l'opposition. Je ne dis pas qu'on a tout
adopté à l'unanimité, mais plusieurs et sinon une majorité d'articles l'ont
été. Dans d'autres cas, ça donnait lieu à des échanges, bien que... bien qu'ils n'aient pas donné lieu à un vote unanime, des
échanges constructifs qui nous ont permis, justement, de mieux comprendre la volonté du gouvernement,
les intentions du gouvernement à ce niveau-là. Donc, des remerciements
tout aussi sincères aux collègues de l'opposition, tant opposition officielle,
deuxième opposition, troisième opposition, qui
s'est faite plus discrète au moment de l'étude du projet de loi, mais, pour les
quelques présences qu'ils ont assurées, je sentais une volonté, là,
d'agir de façon constructive aussi.
Donc, je ne présume
pas du vote qui sera fait à la toute fin, que le vote soit unanime ou pas, on
aura tous contribué de façon intéressante à
faire avancer nos lois, à les rendre plus performantes et, encore une fois,
j'insiste, sans que ça ne se fasse au détriment de l'environnement.
Mais, oui, c'est un ministère complexe avec une mission qui est nécessaire,
mais on n'a pas à complexifier encore davantage les obligations qui sont les
siennes. Et, si, au contraire, on peut
profiter d'occasions comme un projet de loi omnibus pour s'assurer que la
compréhension soit la même pour tous et en faciliter l'application, on ne
s'en privera pas.
Donc, c'était un
deuxième projet de loi omnibus. Il y a des procédures semblables qui se font
aussi en parallèle au niveau réglementaire.
On a des omnibus réglementaires qui ont été édictés, d'autres sont à venir au
cours de la prochaine année. Ça nous
aidera aussi à compléter ce travail de modernisation qui est en cours au ministère,
là, depuis mon arrivée, notamment, mais l'arrivée surtout du
gouvernement actuel en poste.
Et
le projet de loi lui-même amènera aussi à développer de nouveaux règlements, et
je vais conclure là-dessus, pour rassurer les parties qui sont concernées par
leur application. Autant on l'a fait au niveau du projet de loi lui-même,
autant on compte le faire au niveau de la réglementation, c'est travailler en
amont, ce qu'on appelle de la cocréation, pour s'assurer qu'on a une
réglementation qui soit saisie de la même façon par tout le monde et qui soit
la plus simple possible d'application.
Donc,
on a eu l'occasion d'échanger beaucoup avec les collègues au moment de l'étude
détaillée. Dans certains cas, ce sont des projets de règlement que l'on pense
pouvoir présenter au cours des prochains mois. Dans certains cas, compte tenu
du travail et de l'ampleur que ça
représente, l'échéancier sera plus étendu. Mais, encore une fois, j'insiste sur
la volonté du gouvernement et du ministère de travailler avec les parties
concernées pour s'assurer, là, d'avoir l'application la plus efficiente
possible.
Donc, je vais
m'arrêter là, je ne serai pas plus long cet après-midi, M. le Président. Et je
conclus de nouveau en remerciant toutes les
personnes, autant collègues parlementaires qu'au niveau du ministère, qu'au
niveau du secrétariat, qui ont
travaillé à faire avancer ce projet de loi là. C'est souvent, comment dire, intimidant,
un omnibus, quand on regarde son épaisseur, mais, lorsqu'on les prend
article par article, avec la bonne volonté de tout le monde, on finit par y
arriver.
Donc, ça a été... je
vous le résume ainsi, ça a été ça, l'étude du projet de loi n° 81, beaucoup,
beaucoup de collaboration. Et on passera à
l'étape suivante, sans doute, au cours des prochains jours, c'est-à-dire
l'adoption finale du projet de loi. Merci, M. le Président.
• (18 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de l'Environnement. Et je
reconnais maintenant Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, je vais poursuivre. Et là je regarde l'heure, il me reste
environ 19 minutes avant la fin de la
séance, si je ne me trompe pas, mais j'ai jusqu'à 30 minutes, alors il est
possible qu'on devra poursuivre demain cette intervention.
D'abord, je vais aussi
saluer toutes les parties prenantes, tous ceux qui ont participé au projet de
loi, d'abord le ministre, qui a quand même
manqué... qui a quand même montré une certaine ouverture envers certains
amendements, et je vais en parler plus en détail. Sur les 21 amendements
qu'on a proposés, il y en a eu quatre qui ont été acceptés. C'est plus que dans
le dernier projet de loi, en pourcentage, donc, que j'ai fait avec le ministre,
alors je peux célébrer certaines avancées.
Évidemment,
je veux saluer les autres députés qui ont participé, mais surtout aussi les
groupes, qui ont beaucoup alimenté notre réflexion lors de l'étude
détaillée. Je dois dire que les amendements, la très, très grande majorité des
amendements que nous avons proposés venaient directement des groupes qui ont
fait parvenir des mémoires, là. On avait entendu 22 groupes en commission
parlementaire, mais il y en a quand même... on a reçu, je pense, 55 mémoires.
Il y a même des groupes qui nous ont retourné, par la suite, des amendements en
cours d'étude.
C'était un
projet de loi costaud, il n'y a pas de doute, et je ne veux pas oublier de
souligner, aussi, le travail de ma collègue la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, qui a été présente lorsque j'ai dû m'absenter pour être
sur un autre projet de loi, projet de loi n° 93, sur Stablex, pour ceux qui ont suivi la saga, donc. Et la grosseur
de ce projet de loi là, là... Ça s'appelle le projet de loi n° 81 modifiant diverses dispositions en matière d'environnement. J'aurais
pu dire «toutes les dispositions en matière d'environnement» parce que
ça allait vraiment... ça touchait absolument à tout ce qui est en matière
d'environnement. Donc, plusieurs sujets différents, ça demandait quand même une
capacité d'analyse et de réflexion, là, pour
aller... parce que, quand on parlait des véhicules lourds versus parler des
milieux humides, c'est vraiment deux
sujets différents et vraiment des expertises complètement différentes. Donc, un
bon défi intellectuel, je dois dire, on modifiait 13 lois.
Le ministre en a parlé, on a eu 18 séances,
75 heures d'étude au total. Ce n'est pas rien. Donc, on peut dire qu'on a
passé tout notre hiver et notre printemps sur ce projet de loi. Et on a eu des
échanges quand même très cordiaux. Je remercie, d'ailleurs... j'ai oublié de le
faire, mais je remercie tous les employés, les fonctionnaires qui ont répondu à
nos questions, elles étaient nombreuses, qui ont eu la patience de le faire,
mais qui... des explications que, je crois, ceux qui suivaient les travaux
auront trouvées quand même pertinentes.
Lorsque nous avons voté pour le principe du
projet de loi, nous avons voté contre parce que nous croyons que le projet de loi, malheureusement, avait de grands
reculs par rapport à la protection de l'environnement, bien qu'il y ait eu certaines améliorations, là, dans l'étude. Il y
a eu des amendements que le gouvernement a apportés, des amendements qui
ont été acceptés, que nous avons suggérés, mais, malgré tout, ce sont de trop
petites avancées et très petites améliorations. Et donc, d'emblée, là, je le
mentionne, que nous allons voter contre la prise en considération de ce projet
de loi. Et, comme je le disais, ce n'est pas parce que... je le disais, au
principe, là, ce n'est pas parce qu'on est contre l'environnement, au contraire,
il y a pour nous trop de reculs et d'enjeux.
Et un élément majeur aussi, c'est que... et
c'est une tendance, malheureusement, qu'on voit dans plusieurs projets de loi de ce gouvernement, c'est que
presque tout le projet de loi repose sur des règlements qui devront être adoptés
ultérieurement. Dans plusieurs... dans de
nombreux cas, là, on posait des questions, on a une idée de l'intention
réglementaire, mais, dans le temps,
on a aucune idée de l'échéancier. Il y a plusieurs règlements qui vont être adoptés
après la fin de cette législature, donc lorsqu'il y aura, fort
probablement, un nouveau gouvernement et peut-être un nouveau ministre ou... un
ministre de l'Environnement, et donc les intentions pourraient changer à tout
moment, alors ça amène beaucoup d'incertitude,
et les groupes nous en ont parlé. Et ça, c'est l'élément, là, je pense, qui
accroche le plus, c'est qu'il y a trop de flous avec ce projet de loi
là.
Et donc, là, je vais vous parler de certains
blocs où il y a eu, quand même, des modifications, mais... Toute la question des véhicules lourds. On veut mettre en
place... le gouvernement veut mettre en place une norme zéro émission
pour les véhicules lourds. On en a une déjà sur les véhicules légers. Ce qu'on
a constaté, c'est qu'on est loin d'être assez
avancés technologiquement pour arriver là. Le ministre l'a reconnu, il a
dit : On va regarder où en est rendu le marché, mais on met cette épée de Damoclès là, déjà,
au-dessus de l'industrie, qui ne sait pas à quel moment ça va venir s'appliquer.
Nous, ce
qu'on a demandé... il y a eu plusieurs amendements, là, où on a demandé,
peut-être, de... en fait, de regarder le cycle de vie complet du
véhicule pour prendre en considération que, parfois, certaines technologies,
bien que ce soit zéro émission, bien, en fait, sur leur cycle de vie, sont,
finalement, plus polluantes que, par exemple, adapter un véhicule actuel avec
du gaz naturel renouvelable, par exemple. On a demandé d'avoir une exception
pour les véhicules de classe 7 et 8,
qui sont les plus lourds, et ceux qu'on... On sait tous, là, que ce n'est pas
demain matin et même pas dans les
10 prochaines années que ce serait envisageable de l'imposer, d'imposer
des véhicules électriques dans cette catégorie de véhicules là, on est
beaucoup trop loin, et les incitatifs gouvernementaux qu'il faudrait mettre en
place pour pouvoir soutenir l'acquisition de tels véhicules, bien, ce serait...
on n'a pas les moyens. On n'a pas les moyens, on parle de subventions qui seraient dans les centaines de
milliers de dollars. On n'a pas les moyens, comme société, de se rendre là.
Il y a eu certains accommodements, là, qui ont été faits par le gouvernement
par rapport à la définition des véhicules, mais
rien... pas... rien, en tout cas, pour rassurer suffisamment l'industrie. On a
au moins eu un gain, là, ça a été de permettre que les mêmes solutions transitoires pour les véhicules lourds
s'appliquent aux véhicules légers. Donc, ça, ça a été un gain. C'est un
des premiers amendements qui ont été acceptés par le ministre.
Par contre,
l'industrie voulait être entendue annuellement pour évaluer les cibles. Ça, ça
a été... ça leur a été refusé. On a aussi demandé à ce que la formule
qui est utilisée, la flexibilité dans les crédits, et c'est très technique, là,
mais la façon que les crédits de vente de véhicules sont calculés pour les
véhicules lourds, c'est, en fait, la façon que la Californie le fait pour les véhicules légers... et donc on a demandé que
ce soit la même chose pour les véhicules légers ici, au Québec. On est
les seuls, en fait, en Amérique du Nord, à calculer les crédits de cette
façon-là, et ça, ça amène... et puis là
c'est complexe, là, mais on est comme sur un cycle de trois ans, mais
chaque année il ferme, alors qu'ailleurs on est sur un cycle de trois ans,
mais avec une flexibilité, alors, s'il y a une mauvaise année, l'industrie
n'est pas pénalisée si l'année d'après il y a une
meilleure année, alors qu'ici, bien, on est ferme sur chacune des années. Et,
compte tenu de l'incertitude qu'on voit, actuellement,
avec ce qui se passe au sud de la frontière et, évidemment, là, l'arrêt, aussi,
des subventions qui a été temporaire, mais qui sont quand même moindres ici,
chez nous, pour les véhicules légers, bien, on craint, et l'industrie le craint aussi, là, qu'ils ne... qu'ils soient
pénalisés de la situation. Le ministre a dit à plusieurs reprises que ce
serait réévalué dans... d'ici 2026, mais vous comprendrez que la crainte, elle
est cette année, elle est maintenant, parce
que cette année, en 2025, ils devront respecter des cibles qui ne sont
probablement pas adaptées à la réalité économique de cette année, alors
que 2024 a été une année extraordinaire pour la vente de véhicules électriques,
ils ont dépassé beaucoup les objectifs, mais
ça, ce ne serait pas reconnu pour l'année 2025, et c'est un peu ça, là,
qu'on souhaitait, là, donner comme flexibilité.
• (18 h 20) •
Je vais passer à un
autre sujet, la question des travaux préalables pour que... qu'Hydro-Québec
voulait pouvoir faire, notamment. Ça, c'est
quelque... Nous, on a émis plusieurs craintes par rapport à ça et on a demandé
à ce que les travaux préalables ne
soient permis que s'ils n'ont pas un caractère... en fait, si les travaux ont
un caractère réversible. C'est-à-dire, ce qu'on veut éviter, c'est qu'il
y ait des travaux irréversibles qui soient effectués avec l'incertitude que le
projet soit autorisé, avec l'incertitude que ça aille de l'avant. Et, l'exemple
qu'Hydro-Québec nous donnait de travaux préalables qui pourraient être permis avant même, finalement, d'avoir eu une
analyse environnementale, bien, ils nous parlaient des postes de
distribution. Et là, ça, en passant, ça peut être... cette permission de
travaux préalables là pourrait être aussi pour des... d'autres ministères, mais
des organismes publics, principalement, là, ce n'est pas dans le privé. Mais ça
reste que, quand on prenait l'exemple des
postes de distribution, bien, la réalité, c'est que, les postes de
distribution, il y en a qui ont... qui
sont loin de faire l'unanimité. Et donc on a vu, là, que, un poste de
distribution à Montréal, face à la Grande
Bibliothèque, là, ils... Hydro-Québec est en train de revoir ça. Et donc ce
qu'on voudrait éviter, c'est qu'il y ait un autre scénario semblable, où on
aurait fait des travaux préalables, détruit des milieux naturels, et que,
finalement, on recule et on décide de
faire un autre scénario. Bien, si les travaux sont irréversibles, on n'est pas
gagnants, là, pour notre protection de la biodiversité.
Il
y a aussi tout un enjeu, là, qu'on a soulevé par rapport aux espèces fauniques.
En fait, ce qu'on constate, c'est que le régime qui est utilisé pour les
milieux humides et hydriques, où on peut avoir une autorisation de destruction
en échange de mettre une compensation financière, bien, ça, ce n'était pas
possible... j'ai dit «fauniques», là, mais c'est plutôt «floristiques», ça, ce n'était pas possible dans des espaces
protégés floristiques, et le projet de loi est venu modifier ça et
permettra donc de détruire un espace floristique protégé d'une espèce
vulnérable en échange d'une compensation financière. Puis ce qu'on constate,
c'est que ça ne fonctionne pas. Ça n'a pas fonctionné avec les milieux humides
et hydriques. En fait, on a perdu tellement, tellement de milieux humides et hydriques
dans les dernières années, et ce qu'on
craint, c'est qu'on se retrouve, finalement, dans la même situation qu'avec les
espèces... aujourd'hui avec les espèces floristiques. Alors, nous, on avait proposé un amendement, que... de
ne... bien, en fait, qu'il n'y ait pas une exception, là... qu'il y ait une... qu'il n'y ait aucune exception,
pardon, pour les espèces fauniques menacées ou vulnérables, mais aussi
les floristiques. Et ça a été refusé, vous l'aurez compris.
Il y a toute la
question des milieux humides et hydriques, le fonds. Actuellement, il y a un
fonds qui est accumulé, où, lorsqu'il y a une compensation financière pour
détruire des milieux humides, l'argent va dans un fonds associé à une MRC en
particulier. Malheureusement, les fonds n'ont pas été utilisés à ce jour, en
tout cas une très faible partie, mais ce qui s'explique parce que les plans
régionaux des milieux humides et hydriques n'ont pas tous été complétés et
approuvés. Et, dans certains cas, c'est même la faute du ministère s'ils n'ont
pas été complétés parce qu'il y a comme des échanges difficiles entre les MRC
et le ministère. Et on nous a confirmé que souvent c'est le ministère qui
retarde l'adoption du plan régional, milieux humides et hydriques, et tant que
les MRC n'ont pas ça, bien là, elles ne
déposent pas de projets, et là on leur dit : Bien, parce que vous n'avez
pas déposé de projets, bien, maintenant, il y a une portion de vos
fonds, 15 %, qui va aller ailleurs, qu'on va pouvoir distribuer ailleurs
dans la province. Donc là, on court après notre queue, nous-mêmes, là, ici. Et
donc les MRC sont venues nous dire : Ça ne marche pas, il faut qu'on
puisse utiliser nos sommes, c'est quand même... c'est quand même des milieux
qui ont été détruits chez nous. Et donc on a proposé de donner du temps, donner
deux ans aux MRC pour déposer des projets, justement, dans la... tu sais, en
attendant, là, on sait que les plans vont être approuvés incessamment, donc
qu'ils puissent au moins prendre... avoir le temps de déposer des projets avec
les plans. Et ça, ça nous a été refusé, ce délai de deux ans là.
On a aussi proposé
que les municipalités, les MRC qui ont un fort déficit en milieux humides
soient exemptées de cette répartition des
contributions, parce qu'une grande crainte, c'est que, finalement, on détruise
beaucoup au sud, dans le sud de la province, où les terrains coûtent
beaucoup plus cher, mais que, finalement, les compensations se fassent dans le nord, là où ça coûte beaucoup moins cher
d'acheter des terrains. Et c'est vraiment au sud qu'il faut agir davantage.
Même si le ministre nous a dit : Non, non, non, l'intérêt est plutôt
l'inverse, qu'on prenne des sommes du nord pour aller vers le sud, on le verra à l'usage, mais il y a une crainte, ici,
qu'on aille vers ce qui est le plus économique et donc aller vers le
nord pour des compensations.
Je vois le temps qui
avance, donc je vais sauter. Ce que je vous mentionnais aussi, on a aussi tenté
de baliser le pouvoir ministériel, là, tout à l'heure, que je parlais, qui...
excusez-moi, le pouvoir, aussi, des travaux préalables. Je parlais... On a
aussi tenté de le baliser en alliant avec les cibles gouvernementales en
matière de protection de la biodiversité et
donc de s'assurer qu'on... que les travaux ne compromettent pas nos propres
cibles, et ça, ça a été aussi refusé.
En fait, c'est ça,
comme je vous ai dit, M. le Président, il n'y en a que quatre qui ont été
acceptés, de nos amendements. Et, là-dessus, il y en a un que c'est un élément
de traduction, donc ça ne vaut pas... ça ne vaut pas beaucoup dans la balance,
je peux dire.
On
a réussi... par contre, on a obtenu un amendement qui était sur le fait de
cumuler les effets... en fait, de mettre en valeur l'effet cumulatif lorsqu'il
est question de compensation d'un milieu, c'est-à-dire que, lorsque des travaux
se font, ils sont autorisés dans un
milieu, parfois, et c'est plusieurs services écosystémiques qui sont détruits,
et donc, au lieu que ce soit une
seule compensation, alors que l'effet est cumulatif, beaucoup plus grand, bien
là ce sera pris en considération. Donc, l'effet cumulatif de cette perte
de services là sera pris en considération dans l'établissement de la valeur de
la compensation. Ça, c'est un gain, définitivement.
Ensuite, on a vraiment tenté de faire en sorte...
Il y a un... Dans le projet de loi, on venait, en fait, retirer au... en fait,
permettre que des... Actuellement... Je vais le dire autrement. Actuellement,
ce sont les biologistes qui doivent attester des études de caractérisation pour
les milieux humides et hydriques, le projet de loi va ouvrir ça à une multitude
de métiers... de gens qui ont un autre métier. On a tenté de le baliser parce
qu'il y a quand même une connaissance qui est unique aux biologistes et on
pense que, de l'ouvrir à beaucoup de groupes, ça pourrait, finalement, perdre
de sa... en fait, perdre... en fait, ça risque d'affecter la confiance des
gens, mais aussi amener, disons, une multitude d'études de caractérisation,
peut-être... je n'ose pas trop le dire, mais peut-être moins pertinentes, ou
moins à propos, ou moins, disons, correspondantes au terrain, et donc on a
tenté de le baliser, mais ça aussi, ça nous a été refusé.
Et là je
pense que je vais manquer de temps pour la suite. Il me reste combien de temps,
M. le Président? Une minute.
On a aussi tenté de s'assurer que les...
lorsqu'il y a des autorisations de destruction de milieux humides, qu'on
respecte les plans régionaux des MRC. Pour moi, ça allait de soi, c'était la
base, mais ça aussi, ça nous a été refusé.
Alors, je vais conclure en disant... Vous
comprenez, il y a tellement d'éléments qu'on avait besoin de bonifier qui ont
malheureusement été refusés que ça explique pourquoi nous nous opposerons et
nous voterons contre la prise en considération de ce projet de loi. Merci, M.
le Président. Je pense que j'ai fait mon temps.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
que je comprends que vous souhaitez poursuivre à la reprise?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Parfait. Alors, merci, Mme la députée des Mille-Îles.
Débats de fin de séance
Alors, maintenant, nous allons passer aux débats
de fin de séance. Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder à ce débat qui portera sur une
question adressée par Mme la députée de Mont-Royal—Outremont à M. le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique au sujet du rôle et des pouvoirs
du ministre concernant les dépassements de coûts dans le dossier SIFARH
en santé.
Je vous rappelle que, conformément à l'article 310
du règlement, le député qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de
cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux minutes.
Mme la députée, je vous cède la parole pour une
durée de cinq minutes.
Dépassements de coûts dans le projet SIFARH
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : M. le Président,
le gouvernement se targue d'avoir un ministère dédié à la cybersécurité et au
numérique. Pourtant, aujourd'hui, en Chambre, pendant qu'on dénonçait un projet
numérique en pleine dérive, le projet SIFARH, le ministre du Numérique est
resté assis. Il n'a pas jugé bon...
• (18 h 30) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader adjoint du gouvernement.
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Effectivement, c'est un privilège du gouvernement
de choisir, en effet, qui veut répondre. Alors, je vais demander à Mme
la députée de poursuivre.
Mme Setlakwe : Je suis désolée.
On n'a pas eu la chance d'entendre le ministre. Peut-être, ce soir, j'aurai
l'opportunité de l'entendre dans le cadre de ce débat de fin de séance, afin
qu'il puisse défendre son propre champ de responsabilité, et pour, donc, rassurer les Québécois, qui voient encore une
fois, malheureusement, leur argent s'évaporer dans un autre chantier
informatique mal contrôlé.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais qu'on
clarifie une chose fondamentale. Quelle est la portée, aujourd'hui, la portée exacte
du projet SIFARH? Est-ce qu'on doit l'appeler maintenant SIFA? Selon les
informations tirées du SEAO, il semble que le volet RH, y compris le système de
paie, ait été mis de côté. Deux contrats de gré à gré ont été octroyés dans les
derniers six mois, mais ils semblent concerner uniquement le volet approvisionnement.
Donc, on parle du projet SIFA, donc, ou SIFARH, ce sera à clarifier.
Donc, j'aimerais qu'on... j'aimerais
savoir : Est-ce que le gouvernement a scindé le projet? Si oui, pourquoi cette décision n'a-t-elle jamais été annoncée
publiquement? Et surtout, les dépassements de coûts et les chiffres du tableau
de bord du MCN, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, est-ce que
ces chiffres concernent uniquement SIFA, c'est-à-dire la partie la plus simple, la
partie... la partie qui concerne l'approvisionnement, ou le projet complet
initial, qui incluait aussi les volets RH et la paie?
Permettez-moi
ici, donc, de mentionner le tableau de bord et les chiffres qui sont mentionnés
au tableau de bord. Montant autorisé, 202 millions. Montant estimé aujourd'hui,
430 millions, pour un dépassement, donc, un écart de 228 millions.
Est-ce qu'on doit comprendre, maintenant, que le tableau bord devrait
mentionner que c'est relatif... ces chiffres
sont relatifs au projet SIFA, ou est-ce que c'est le projet SIFARH? Parce que,
si on perd déjà le contrôle sur la moitié du projet, ce gouvernement
devra sérieusement expliquer sa gestion.
Et, après le fiasco de SAAQclic, on aurait pu
espérer un peu plus de rigueur, M. le Président, surtout quand on apprend que
la même firme, LGS, est à nouveau impliquée dans ce projet. Ça devait appeler à
une vigilance maximale.
Le ministre de la Santé, en période de
questions, a tenté de faire diversion, il nous a parlé d'équipe compétente, de
projet transformateur, d'une plateforme ici, d'un tableau de bord, mais ce que
les citoyens québécois veulent savoir, c'est
qu'il y a un véritable contrôle des dépenses publiques. Pendant ce temps, on se
rappelle qu'il y a des professionnels de
la santé qui se plaignent de ne pas recevoir les primes auxquelles elles ont
droit et qu'il y aurait un rapport dévastateur qui aurait été livré, selon ce
qu'on apprend dans les médias, qui mentionne que le projet est un projet de...
est un projet qui s'en va droit dans le mur, M. le Président.
Et pourtant le ministre de la Cybersécurité et
du Numérique a lui-même reconnu l'ampleur du problème, lors de l'étude des crédits, lorsque j'échangeais avec
lui sur le projet SIFARH. Il a constaté l'écart de 228 millions de dollars
dans le tableau de bord. Il a reconnu... il
a reconnu qu'il y avait des analyses qui étaient en cours et qu'il allait
obtenir rapidement des informations
précises et pertinentes. Alors, je pose la question : Où est ce suivi? Où
est ce retour? Et surtout pourquoi, aujourd'hui, il n'a pas répondu?
La loi est
pourtant claire. Depuis l'adoption du projet de loi n° 38, le ministre a
tous les pouvoirs, et c'est lui qui assure le leadership de la
transformation numérique de l'administration publique, c'est très explicite.
Alors, pourquoi ce silence? Pourquoi cette absence? Est-il ministre ou simple
spectateur, M. le Président?
Et, si, comme
il l'a laissé entendre en étude des crédits, il n'a pas tous les pouvoirs pour
agir, bien, est-ce qui les a demandés, les pouvoirs? Est-ce qu'il s'est
levé au Conseil des ministres pour exiger une révision, un gel, une reddition de comptes? Le gouvernement est majoritaire, il a
tous les outils en main pour pouvoir mettre fin à un projet où il y a des
dérapages puis une dilapidation des fonds publics.
Alors, ce que
j'aimerais savoir, c'est très simple : Est-ce qu'il... Quel est son rôle
concret dans le dossier? Quelles mesures
envisage-t-il pour éviter un autre fiasco comme SAAQclic? Est-ce qu'il va
laisser filer ce projet jusqu'au milliard ou va-t-il enfin assumer le
leadership que lui confère la loi?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Alors, merci pour votre intervention. Je cède maintenant la parole à M. le ministre. Je vous
rappelle, M. le ministre, que vous disposez de cinq minutes pour votre temps de
parole.
M. Gilles
Bélanger
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Bon, j'ai pris... j'ai pris note des questions. Je vais essayer de
tout... je vais essayer de répondre à toutes les questions qui ont été posées.
Je vais commencer par savoir... savoir quel est le rôle du ministre dans le dossier. Et puis on compare SIFARH, qui est à
un niveau de réalisation de 14 %, sous le budget... Oui, effectivement, il y a un tableau de bord qui
dit : Il y a du retard au niveau de l'exécution, et, selon la prévision,
il pourrait y avoir dépassement de budget. Donc, M. le Président, on est
proactifs. Et, de comparer SIFARH avec SAAQclic, je veux quand même revenir sur
SAAQclic. En 2014, le Parti québécois a permis, a permis à la SAAQ de ne pas
avoir l'obligation de reddition de comptes, de reddition de comptes. Donc, à ce
moment-là, c'était le Trésor. Donc, la SAAQ pouvait
aller de l'avant avec son projet. Et quoi? En 2017, c'est le Parti libéral qui
a signé le contrat, en toute connaissance de cause que ce projet-là pourrait être un fiasco. Ça fait que, de
vouloir comparer SAAQclic et SIFARH, je pense, M. le Président, je
me garderais une petite gêne.
Je reviens à
14 %. Ce qui a été autorisé, c'est 200 millions, sur un projet qui
pourrait coûter autour de 430 millions, incluant la maintenance et le suivi sur 10 ans. De dire,
aujourd'hui, que le ministre n'a pas de contrôle, n'a pas de leadership, c'est
faux, M. le Président. Le ministre a un pouvoir, un pouvoir d'intervenir, ce qu'il
a fait.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : ...je vous rappelle qu'il y a des mots, comme le mot que vous venez
d'utiliser, «faux»... Donc, je vais vous demander de le retirer.
M. Bélanger : Je le retire. Ça
devait être «pas exact».
Bon, M. le Président, pouvoir d'intervention. Au
cours de la dernière année, il y a eu plus d'un millier d'interventions. Dans le dossier SIFARH en particulier, il y a eu des
interventions qui ont été faites. Il y a une communication qui a été
établie avec le ministre de la Santé. Et, plus récemment, depuis Santé Québec,
il y a une communication à trois, le
ministère du Numérique, la Santé et Santé
Québec. Et je peux vous confirmer que
c'est un dossier qui est important pour la santé, c'est un dossier qui
est important pour le service à la clientèle. Et on est proactifs. On n'a pas
attendu à ce que ce soit un fiasco comme la députée de Mont-Royal—Outremont le prétend et compare avec SAAQclic. Moi, je pense que
ce n'est pas une bonne chose... ce n'est pas une bonne chose à faire.
Maintenant, de scinder le projet en étapes, oui,
il y a un nouveau dossier d'affaires qui va probablement être présenté, parce
qu'il y a 200 millions d'autorisés. Donc, s'il y a des coûts
supplémentaires, le budget est toujours... le budget
prévu est toujours 430 millions. Il va y avoir... Il va devoir y avoir un
dossier d'affaires qui va être présenté et que je vais devoir autoriser.
Maintenant, je voudrais revenir à la question
sur le leadership du ministre. Je voudrais dire que le ministre a été impliqué dans un projet, un projet que ça
faisait des décennies, un projet où il y avait des promesses à chaque quatre
ans, il y avait des promesses du Parti libéral et du Parti québécois, un projet de 1,1 milliard qui consistait à fournir Internet
haute vitesse à 1 million de citoyens au Québec. M. le Président, ce
projet-là a été réalisé, a été réalisé en 18 mois et sous les budgets, M.
le Président.
Oui, je vais revenir à... je vais revenir, parce
qu'il reste une minute, je vais revenir aux questions. Je veux revenir, justement, à SIFARH. SIFARH, c'est un
dossier qui est important, dossier... ce n'est pas le seul dossier au niveau
de la santé. Moi, je suis 209 projets, actuellement, qui sont en
exécution, sur un millier de projets. Sur les 209 projets, M. le Président, il y en a à peu près sept qui ont
des voyants rouges, donc c'est certain que je priorise ces projets-là. Et mon
rôle, et le leadership, s'il est remis en question, mon rôle est de collaborer
avec mes collègues ministres ou les sociétés et
s'assurer de prévoir et de mettre en place les modifications pour s'assurer que
ces projets-là vont être réalisés dans le temps et sous les budgets, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, vous disposez de deux minutes pour votre droit de
réplique.
Mme Michelle
Setlakwe (réplique)
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Moi, je suis très heureuse d'entendre le ministre mentionner qu'il
est proactif, qu'il surveille ce projet
important, qu'il y a une discussion à trois avec Santé Québec, le MSSS et,
bien, lui-même puis les gens de son équipe au MCN. Donc, soyez assuré,
M. le Président, que je vais continuer de m'intéresser à ce dossier-là, parce
qu'il y a encore plusieurs questions qui se posent.
Là, je comprends que le dossier d'affaires va
être autorisé pour ce qui est de la partie RH. Je me demande même si on doit continuer à référer à ce projet-là
comme étant SIFARH, incluant RH, ou si, maintenant, c'est uniquement SIFA.
J'ai encore une interrogation, à savoir : Bien, ce 430 millions, qui
est maintenant le coût estimé, ça inclut les RH ou pas? Parce que, si c'est
simplement pour la partie SIFA, bien, c'est inquiétant. Puis là on parle que ça
inclut la maintenance. En tout cas, moi, je trouve que, considérant ce qui
s'est passé avec SAAQclic... Puis j'en ai parlé très peu, moi, de SAAQclic. Le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique en a parlé plus amplement. Ce
qu'il faut faire, c'est regarder ce qui s'est fait dans SAAQclic, s'assurer que
les erreurs du passé ne soient pas reproduites dans le cadre des grands
chantiers informatiques qui sont en cours, notamment en santé.
Alors, je suis heureuse aussi d'entendre qu'il a
un pouvoir d'intervenir. Pourtant, lors de l'étude des crédits, moi, je
demeure... Il demeure un flou, parce qu'à l'étude des crédits il semblait dire
qu'il n'avait pas tous les pouvoirs, qu'il ne pouvait pas faire cesser un
projet pour lequel il y a des dépassements de coûts importants, il n'avait pas
ce pouvoir-là aujourd'hui. Et ça a été répété aussi, hein, dans l'espace
public, je pense que le ministre l'a mentionné en entrevue. Je trouve ça assez gros, de dire à la population : Je
suis le ministre du Numérique, je ne peux pas mettre fin aux projets.
Bien, si lui ne peut pas mettre fin aux projets, bien, je fais appel à
l'ensemble de ses collègues. Le Conseil des ministres, jamais je ne croirai
qu'ils ne peuvent pas mettre fin à un projet où il y a une dilapidation des
fonds publics.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Alors, voilà qui met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, nous allons ajourner les
travaux au mercredi 21 mai 2025, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18
h 43
)