(Quatorze
heures dix minutes)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde.
Décidément, je me suis ennuyée de vous. Messieurs dames, le parlement du
Québec, c'est chez vous. Bienvenue.
Messieurs dames les
députés, c'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès, cet
été, d'anciens parlementaires de l'Assemblée
nationale : M. Paul Shooner, député de Yamaska de 1966 à 1970;
M. Michel Gratton, député de
Gatineau de 1972 à 1989; M. Rodrigue Biron, député de Lotbinière de 1976 à
1980 et de 1981 à 1985; M. Marcel Gagnon, député de Champlain de
1976 à 1985; et M. Guy Rivard, député de Rosemont de 1985 à 1994.
Alors,
nous allons nous recueillir quelques instants, en ayant une pensée toute
spéciale, toute particulière, pour leurs familles et leurs proches.
Merci.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Dépôt
d'une lettre du Directeur général des élections accompagnée
d'un avis proclamant M. Alex Boissonneault candidat élu dans
Arthabaska à l'élection partielle du 11 août 2025
Avant d'entreprendre
nos travaux, je vous avise que le Directeur général des élections a fait
parvenir au secrétaire général de l'Assemblée nationale une lettre, datée du
18 août 2025, dont je vous lis l'extrait suivant :
«Conformément à
l'article 380 de la Loi électorale, nous vous transmettons le nom du candidat
élu dans la circonscription électorale d'Arthabaska à la suite de l'élection
partielle du 11 août 2025. Cette élection a été tenue en vertu du décret
du gouvernement pris en date du 8 juillet 2025.»
Signé : Le Directeur
général des élections, M. Jean-François Blanchet.
Je
dépose cette lettre accompagnée d'un avis proclamant M. Alex Boissonneault
candidat élu dans la circonscription électorale d'Arthabaska.
Par ailleurs, je
dépose le rapport détaillé du Directeur général des élections du Québec sur les
résultats officiels du scrutin de l'élection partielle du 11 août dernier
dans la circonscription électorale d'Arthabaska.
Dépôt
de la lettre de désignation de la députée de Saint-Laurent,
Mme Marwah Rizqy, à titre de cheffe de l'opposition officielle
Je dépose également
une lettre que m'a transmise Mme Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent,
m'informant de sa désignation à titre de cheffe parlementaire de l'opposition
officielle à compter du 19 juin 2025.
Dépôt de la lettre informant
de la réintégration de la députée de Vaudreuil,
Mme Marie-Claude Nichols, au sein du caucus du groupe
parlementaire formant l'opposition officielle
Je dépose une lettre
que m'a adressée Mme Filomena Rotiroti, alors whip en chef de l'opposition
officielle, dans laquelle elle m'informe que Mme Marie-Claude Nichols,
députée de Vaudreuil, a réintégré le caucus du groupe parlementaire formant
l'opposition officielle depuis le 19 juin 2025.
Dépôt des lettres de
nomination de la leader, du whip et du leader adjoint
de l'opposition officielle, et de la présidente du caucus du Parti libéral
De plus, je dépose
des lettres que m'a fait parvenir Mme la cheffe de l'opposition officielle
m'informant des nominations suivantes qui
prennent effet le 26 juin 2025 : Mme Michelle Setlakwe, députée de Mont-Royal—Outremont, à la fonction de leader parlementaire de
l'opposition officielle; M. Frédéric Beauchemin, député de Marguerite-Bourgeoys, à la
fonction de leader parlementaire adjoint de l'opposition officielle; et Mme Filomena Rotiroti, députée de Jeanne-Mance—Viger, à la fonction de présidente du caucus de
l'opposition officielle.
Dépôt
de la lettre de démission de la députée
de Chicoutimi, Mme Andrée Laforest
De
plus, je dépose une lettre que j'ai reçue de Mme Andrée Laforest, dans
laquelle elle m'informe de sa démission à titre de députée de
Chicoutimi. Cette démission prenait effet le 4 septembre dernier.
Dépôt de la lettre informant
que le député d'Abitibi-Est,
M. Pierre Dufour, n'est plus membre du caucus du
groupe parlementaire formant le gouvernement
Je dépose une lettre
que m'a adressée M. François Jacques, alors président du caucus du
gouvernement, m'informant que M. Pierre
Dufour, député d'Abitibi-Est, n'est plus membre du caucus du groupe
parlementaire formant le gouvernement depuis le 5 septembre 2025.
Dépôt
des lettres de nomination du whip, de la whip adjointe et
de la leader adjointe du gouvernement, et du président
du caucus de la Coalition avenir Québec
Je dépose également
des lettres que m'a fait parvenir M. le premier ministre m'informant des
nominations suivantes : M. François Jacques, député de Mégantic, à la
fonction de whip en chef du gouvernement à compter du 10 septembre 2025; M. Yves Montigny, député de René-Lévesque,
à la fonction de président du caucus du gouvernement à compter du 10 septembre 2025; Mme Marie-Belle Gendron, députée de Châteauguay, à la fonction de whip
adjointe du gouvernement à compter du
17 septembre 2025; et Mme Sonia
LeBel, ministre de l'Éducation et
députée de Champlain, à la fonction de leader adjointe du gouvernement à
compter du 18 septembre 2025.
Dépôt de la lettre de la
députée de Rimouski, Mme Maïté Blanchette Vézina,
informant de sa décision de siéger à titre de députée indépendante
Je dépose une lettre
que j'ai reçue de Mme Maïté Blanchette Vézina, députée de Rimouski, dans
laquelle elle m'informe de sa décision de siéger à titre de députée
indépendante à compter du 18 septembre 2025.
Dépôt du nouveau diagramme de
l'Assemblée
Enfin, je dépose le
nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Accueil
du nouveau député d'Arthabaska, M. Alex Boissonneault
Et j'invite
maintenant M. le chef du troisième groupe d'opposition à accueillir le nouveau
député d'Arthabaska, M. Alex Boissonneault.
(Applaudissements)
La Présidente :
Nous procéderons maintenant aux allocutions pour l'accueil du nouveau député
d'Arthabaska. M. le chef du troisième groupe d'opposition, la parole est à
vous.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Donc, évidemment, nous
accueillons aujourd'hui à l'Assemblée nationale un nouveau collègue, un homme
que j'estime beaucoup, et je pense sincèrement qu'il ajoutera en qualité à nos
travaux. On l'accueille dans un contexte singulier, puisque nous sommes presque
jour pour jour à une année d'une élection générale. Donc, 12 mois qui
promettent d'être exaltants, qui ne seront pas de tout repos pour un nouveau député, parce que, notamment, je lui ai
confié d'importants dossiers qui touchent tant nos régions que l'ensemble
du Québec. Avec les dossiers d'affaires
municipales, d'immigration, d'agriculture, d'éthique et de relations
canadiennes, disons que le député d'Arthabaska aura des défis à la hauteur
de ses compétences. Je sais qu'il saura également porter avec brio et donner avec justesse une réplique aux
ministres du gouvernement. Rigueur, intelligence, telle est la... les valeurs
qu'on essaie de continuer de servir.
Et je souligne au
passage qu'il s'agit pour la première fois en 27 ans... d'une première,
là, donc les gens d'Arthabaska ont choisi un député du Parti québécois. Ça
faisait 27 ans. Ça implique des attentes élevées. Il avait un prédécesseur qui a bien servi l'Assemblée
nationale et dont la notoriété est surprenante, pour l'avoir vécu dans
Arthabaska. Je parle de Jacques
Baril, un homme, donc, qui a profondément marqué sa région en faisant son
travail de député. Et je sais que
c'est l'aspiration du nouveau député d'Arthabaska d'en donner autant. Notre
groupe parlementaire, donc, passe aujourd'hui de trois, à l'origine, à
six.
Et
je veux dire un mot pour les 500, 600 bénévoles qui ont permis ça, là.
Donc, vraiment, lorsqu'on parle de la démocratie,
ce n'est pas seulement en cette Chambre, mais il y a des gens qui ne sont pas
payés pour ça et qui participent activement à cette démocratie, qui,
dans le cas de cette élection partielle, nous a donné une victoire qui, pour
nous, et j'espère, éventuellement, là, dans
un avenir rapproché, pour la population d'Arthabaska, pour nous est extrêmement
significative.
En terminant, je veux
remercier du fond du coeur, donc, ces électeurs d'Arthabaska. Ils ont été à un
niveau de participation... compte tenu du caractère estival de ce scrutin, ils
ont été exemplaires en termes de taux de participation. Un exercice
démocratique qui a également signifié qu'on faisait du porte-à-porte en plein
été, pendant que les gens étaient à leur
piscine avec un «cooler» ou un verre de vin, et ils ont tous été respectueux, à
l'écoute, et ils sont allés voter.
Et c'est ça que je
veux qu'on retienne le plus de cet exercice-là. Notre démocratie a peut-être
ses défauts, mais elle est toujours en
santé, et c'est ça qu'on doit regarder dans l'année qui vient, dans les décennies
à venir, maintenir la vitalité, la qualité de notre démocratie, qui, cette
fois-ci, nous aura donné un sixième député, qu'on apprécie énormément.
Donc, un gros merci aux gens d'Arthabaska. Merci, Mme la Présidente.
• (14 h 20) •
La Présidente :
Merci, M. le chef du troisième groupe d'opposition. Et je cède maintenant
la parole au premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bonjour, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde. Content de revoir tout le monde. Bien, à
mon tour, je veux féliciter le nouveau député d'Arthabaska. C'est un moment
spécial, quand on arrive au salon rouge — pour l'instant — d'être
un des seuls, dans les 125 qui sont ici, à représenter les Québécois. C'est un
grand privilège, mais, en même temps, ça vient avec des grandes
responsabilités. On a la responsabilité de représenter les gens de son comté.
On a bien sûr aussi la responsabilité de défendre les idées de son parti. Je
pense, c'est ce que font tous les 125 députés qui sont ici.
Évidemment,
on n'est pas toujours d'accord, il va le voir assez rapidement. Il y en a qui
sont plus à droite, il y en a qui sont pour réduire la taxe sur
l'essence, il y en a qui sont pour un référendum. Donc, il y a toutes sortes
d'idées ici, même à l'intérieur, parfois, du même parti, et ça doit se faire
dans le respect.
Et je sais que le député d'Arthabaska a été
journaliste, il a même été ici sur... comme correspondant parlementaire.
D'abord, il faut le dire, ici on aime beaucoup, beaucoup les journalistes. On
en a pas mal tous dans notre équipe, des journalistes. Et, bien, évidemment,
les débats ne sont pas toujours faciles, il a déjà pu le voir, entre autres quand on se fait confier le dossier
d'immigration, un dossier délicat, même des chroniqueuses du Devoir ne
sont pas toujours faciles à travailler. Donc, je veux lui souhaiter des
bons débats.
Vous allez aussi en profiter... Je veux en
profiter pour saluer tous les candidats dans Arthabaska, incluant
Keven Brasseur, qui est un jeune CPA. Ça commence bien, quelqu'un, dans la
vie, d'être CPA. Oui. Et ça a été le plus jeune
président de la Chambre de commerce et d'industrie des Bois-Francs et de
L'Érable. Donc, sûrement que le nouveau député va le côtoyer parfois. Mais
je pense que... Retenez ce nom, Keven Brasseur, je pense qu'on va en
entendre parler encore dans l'avenir.
Donc, je veux vous souhaiter la bienvenue. Bons
débats. Merci.
La Présidente : Merci, M. le premier
ministre. Et nous entendrons maintenant l'allocution de Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Très heureuse d'être de retour avec vous tous ici, dans ce lieu
très, très privilégié.
Cet été, on était tous, tous mais vraiment
heureux, hein, de faire campagne en pleines vacances de la construction. C'est
comme si le premier ministre avait fait exprès de nous faire oublier qu'il y
avait une partielle. Mais, je dois le souligner, les Québécois et les
Québécoises étaient au rendez-vous. On frappait aux portes, et ils étaient là,
ils voulaient nous entendre, et la réponse a été assez importante au niveau du
taux de participation.
Permettez-moi, tout d'abord, de dire merci à
tous ceux qui se sont présentés, particulièrement notre candidate, Chantale
Marchand. Merci, Chantale. Tu as été une femme d'exception, et nous avons été
vraiment heureux de t'avoir, et nous souhaitons aussi t'avoir encore dans notre
équipe. Mme Marchand et nos équipes de bénévoles ont vraiment travaillé
très fort.
Et maintenant, Mme la Présidente, permettez-moi
de me tourner respectueusement vers le nouveau député d'Arthabaska, parce que
c'est... Ah! vous êtes là. Je vous cherchais sur la nouvelle banquette. M. le
nouveau député d'Arthabaska, bienvenue parmi nous. On se connaissait déjà. En
fait, tous ceux qui sont ici le connaissaient dans son ancien rôle de journaliste. Et, je peux vous dire, pour avoir été quelques
fois à son micro, ses questions sont très précises, et je... et on
s'attend tous que ses questions demeurent très précises ici, bien évidemment,
il a de l'expérience.
Mais, Mme la
Présidente, il faut aussi se rappeler qu'il a déjà été courriériste à Queen's
Park, donc le premier ministre risque d'avoir de la compétition pour
savoir qui connaît mieux l'Ontario.
Alors, par la suite, il a été, évidemment, ici,
à Ici Première, une émission très écoutée à Québec, mais aussi partout
ailleurs.
Et, une affaire assez importante du député
d'Arthabaska, déjà lorsqu'il animait à la radio il nous parlait de Saint-Ferdinand. Je ne suis pas certaine que tous
les auditeurs, les gens qui vous écoutaient savaient précisément où était
Saint-Ferdinand, mais, après l'élection
partielle, je pense que tout le Québec, maintenant, sait où est Saint-Ferdinand
grâce à vous. Merci.
Et on peut dire souvent qu'en politique on se
lève tôt, Mme la Présidente, mais le député d'Arthabaska sera fort probablement
la seule personne qui va pouvoir dire : Je me lève plus tard, parce que,
quand on anime une matinale, habituellement,
vers trois heures, quatre heures du matin, on est déjà réveillé. Donc, il
est bien aguerri, le nouveau député d'Arthabaska.
Maintenant,
chose que les gens ne savent pas, anecdote personnelle, notre ami Simon,
capitaine de Bagotville, doit être très heureux de nous voir tous les
deux ici réunis, au salon rouge, et prochainement au salon bleu.
Sur une note plus personnelle encore, mon petit
conseil, celui que je me suis donné à moi-même : Faites de la politique comme si c'était votre dernier mandat,
car on ne sait jamais, jamais lorsque la confiance des Québécois ne sera
plus au rendez-vous.
Alors, je vous souhaite bon mandat. Et merci
d'être avec nous.
La Présidente : Merci, Mme la cheffe
de l'opposition officielle. La parole est maintenant à Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Alors, très heureuse aussi de vous retrouver, chers
collègues. Bonne rentrée.
Et
à mon tour je veux souhaiter la très bienvenue au nouveau député d'Arthabaska.
Il a quand même obtenu 46 % dans une partielle où le taux de
participation a été quand même important, 60 %. Ce n'est pas rien. Alors,
bravo, vraiment, pour ce résultat.
Évidemment, on est
tous et toutes en train de lui souhaiter la bienvenue, mais, en fait, on
devrait plutôt lui souhaiter bon retour,
puisqu'on le connaît tous, ici, quand il a été député à la Tribune de la
presse. Et, en fait, on a été très peinés, hein, quand il nous a
quittés. Donc, on est très heureux qu'il soit de retour parmi nous.
Je ne sais pas si les
journalistes le savent, mais, souvent... nous, les députés, on se demande tout
le temps c'est quoi, leur allégeance
politique, et on se rend compte, souvent, qu'on se trompe. Par exemple, moi,
j'étais certaine que le député de Lévis était bien trop souverainiste
pour aller à la CAQ. Et maintenant, pour le nouveau député d'Arthabaska, je
pensais vraiment qu'il était vraiment à gauche pour aller au PQ. Mais, voilà,
il arrive qu'on se trompe, et c'est ce qui
est arrivé. Mais ce n'est pas grave. Moi, ça va me faire vraiment, vraiment
plaisir de travailler avec lui très, très fort, notamment pour nous
opposer au libre-échange, mais de façon pacifique, cette fois.
Sans blague,
évidemment, les anciens journalistes font souvent de très bons députés, hein,
Mme la Présidente. Je le sais parce que je travaille à côté d'un depuis 2018,
et il est excellent. Donc, je m'attends aussi à ce que le député... le nouveau
député d'Arthabaska fasse un excellent travail.
Vous savez, une
campagne électorale, ce n'est pas juste l'histoire d'un gagnant, c'est aussi
l'histoire d'un engagement, l'engagement des candidats, des candidates, mais
aussi des militants, des gens qui donnent de leur temps bénévolement. Et ça,
c'est admirable. Je veux d'ailleurs aussi saluer les candidats Éric Duhaime,
Keven Brasseur, Chantale Marchand. Je veux saluer les centaines de militants,
militantes qui ont travaillé pour tous les partis dans cette campagne. Je veux
particulièrement saluer notre candidate, Pascale Fortin, une mère de famille,
une infirmière qui travaille dans le système
public de santé, qui se bat, qui s'est toujours battue contre la privatisation
de notre système de santé. On le dit souvent, mais c'est tellement vrai, mettre
sa face sur un poteau, ça prend beaucoup, beaucoup de courage. Peu
importe le résultat, c'est quelque chose d'admirable. On doit, tout le monde,
le reconnaître.
Donc, même si ce ne
sont pas ses vrais premiers jours, je lui souhaite vraiment de s'amuser,
d'avoir du plaisir, parce que, du travail,
ça, je le sais, qu'il va le faire, puis il va en abattre beaucoup, comme nous
tous et toutes ici, pour bien représenter les citoyens et citoyennes
d'Arthabaska.
Bienvenue parmi nous.
• (14 h 30) •
La Présidente :
Merci, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Et, comme le veut la
tradition, le nouveau député d'Arthabaska
s'adressera à nous. Alors, sans plus tarder, je lui cède la parole. M. le député, la parole est à vous.
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault : Mme la Présidente, M. le
premier ministre, Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, évidemment, M. le chef du troisième groupe
d'opposition, mon chef, merci. C'est quelque
chose d'être là. Sachez que c'est avec une profonde humilité et beaucoup de
fierté que je m'adresse à vous pour la première fois dans cette
enceinte. C'est un honneur que je ne prends pas à la légère.
Je voudrais
commencer, si vous le permettez, par remercier ma famille, mon épouse qui est
là, mes parents. Merci d'être là. Je voudrais remercier aussi mes collègues
députés, députés de mon caucus. Merci pour votre accueil. Merci pour votre
soutien. Merci de défendre nos idées comme vous le faites jour après jour. Et
évidemment je veux remercier surtout mes
concitoyens et concitoyennes d'Arthabaska-L'Érable. Merci pour votre confiance. Merci pour
cet immense privilège que vous
m'accordez, le plus important dans une démocratie, celui de parler en votre nom
dans la maison du peuple qu'est l'Assemblée nationale.
D'ailleurs, je
voudrais prendre quelques instants pour vous parler de mon coin de pays, parce
que, je le dis en toute objectivité, c'est
probablement le plus beau au Québec, je pense que vous êtes d'accord. Arthabaska-L'Érable,
pour moi, c'est un condensé du
Québec. Sur le plan géographique, d'abord, on a nos plaines du Saint-Laurent,
des plaines fertiles, quadrillées par nos productions agricoles, par nos
fermes laitières, nos poulaillers, notre industrie porcine, avec des
agriculteurs qui travaillent tous les jours pour nourrir le Québec. On a nos
montagnes râpées des Appalaches avec nos producteurs forestiers.
Le Québec a sa
métropole, Montréal, mais nous, dans Arthabaska-L'Érable, on a Victoriaville,
qu'on aime voir comme le berceau du
développement durable, avec des entreprises, des entrepreneurs qui rayonnent
partout dans le monde. On a aussi notre capitale, Plessisville, la capitale de
l'érable, qui exporte de l'Europe à l'Asie le sang du Québec, le sirop d'érable,
parce que moi, j'ai pour mon dire que, si le vin, c'est le sang de la France,
le sirop d'érable, ça doit être le sang du Québec.
Puis,
sur ce beau grand territoire là, on a un peuple, des gens qui sont tissés
serré, qui sont fiers, qui sont travaillants, qui ont les pieds bien plantés
dans leur terre, et c'est pour ça que, pour moi, c'est un immense privilège,
justement, d'être le premier de
Saint-Ferdinand, mon village natal, à pouvoir parler au nom de mes concitoyens
et concitoyennes ici, dans cette enceinte.
Mme la Présidente, on vit une époque de grands
défis, défis politiques, défis climatiques, défis économiques, qui font en
sorte que le rôle du député prend tout son sens. Un député n'est pas juste là
pour débattre, pour légiférer, il est là aussi pour créer
un pont entre les citoyens et l'État, pour s'assurer que le contrat social est
toujours respecté. Un député écoute,
comprend, agit pour porter des projets régionaux, des projets nationaux aussi,
pour soutenir ses PME, des familles,
des organisations, des organismes, pour s'assurer aussi que les décisions qu'on
prend ici soient toujours en phase ou reflètent toujours la réalité du
terrain, ce qui se passe dans nos villes, dans nos villages, dans nos rangs.
Mais,
au-delà, Mme la Présidente, de ces responsabilités quotidiennes, il y a aussi
un devoir supérieur, un devoir, à mon avis, historique. Je ne vous
cacherai pas que, si je suis ici devant vous aujourd'hui, c'est que je porte la
conviction profonde que notre collectivité, dans son avenir, aura un geste
fondateur à poser, celui de l'indépendance du Québec. Ce n'est pas une idée du
passé, ce n'est pas un rêve lointain, bien au contraire. Je considère que c'est
une nécessité historique et démocratique. Le
peuple québécois a tout pour réussir : une culture, une langue, une
économie dynamique, des ressources
naturelles, des institutions solides. On a le droit de choisir notre avenir, on
a le droit d'être maîtres chez nous.
Puis, je ne ferai pas à semblant, je fais partie
de ceux, et ils sont de plus en plus nombreux, à croire que la place du Québec
dans le monde ne peut pas être seulement celle d'une province qui quémande jour
après jour sa part à l'intérieur d'une fédération. La place du Québec est au
concert des nations.
J'ai la conviction qu'un jour on fera ce
choix-là, pas dans un élan de colère, mais dans un élan de confiance, une
confiance en nous-mêmes qu'on retrouvera par et... par nous-mêmes, avec
lucidité et avec espoir.
Alors, pour terminer, Mme la Présidente, je
veux... je veux dire que je suis là pour vous, gens d'Arthabaska et de L'Érable, je suis là pour porter votre voix, je
suis là pour défendre vos intérêts. Je suis là aussi pour les gens qui n'ont
pas voté pour moi, je vous tends la main, je
le fais dans un esprit de dialogue, avec respect, parce que le premier rôle d'un
député, ça reste quand même de défendre
l'intérêt supérieur de la nation, la nation québécoise pour laquelle j'ai prêté
serment. Je suis là aussi pour le Québec, ce Québec qui se tient debout,
fier, en français, librement.
Alors, merci à tous ceux et celles qui ont rendu
ce moment possible. J'ai hâte de commencer à travailler avec vous pour améliorer le quotidien de nos
concitoyens et de nos concitoyennes. Vive le Québec! Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et, à mon tour, j'aimerais également souhaiter la
plus cordiale bienvenue à notre nouveau collègue et l'assurer de
l'entière collaboration de tous les membres de l'équipe de la présidence et,
naturellement, de la table.
Alors, je vous demanderais de rester à votre
place pour l'instant, demeurez assis, il y aura un petit changement de
configuration, qui s'en vient sous peu. Nous allons accueillir la lieutenante-gouverneure,
donc nous allons procéder à quelques petits changements.
Des voix : ...
La
Présidente : Mmes et
MM. les députés, vous êtes priés de vous lever pour accueillir la
lieutenante-gouverneure.
M. Lagacé (Mathew) : Mesdames
et messieurs, son honneur la lieutenante-gouverneure du Québec.
Allocution d'ouverture
La Lieutenante-gouverneure
La Lieutenante-gouverneure : «Gwe.»
Bonjour. Veuillez vous asseoir.
Mme la
Présidente. M. le premier ministre. Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme la cheffe du deuxième groupe, malheureusement qui a quitté. M. le
chef du troisième groupe, qui a aussi malheureusement quitté. Mmes et MM. les
ministres. Mmes et MM. les députés. Mmes et MM. les invités.
Le destin a
voulu que mon tout premier discours coïncide avec la Journée nationale de la
vérité et de la réconciliation.
Cette journée importante à mes yeux vise à
reconnaître l'héritage douloureux laissé par les pensionnats autochtones, la
mémoire des enfants disparus, la peine des familles laissées sans réponse et le
courage des survivants dont la voix éclaire notre chemin de réconciliation.
Cette journée
est également associée à la Journée du chandail orange, en souvenir de
l'histoire de Phyllis, à qui l'on a retiré son chandail orange offert
par sa grand-mère lors de sa toute première journée au pensionnat.
• (14 h 40) •
Alors, en ce 30 septembre, j'ai trouvé
important de revêtir ma jupe à ruban, vêtement traditionnel porté depuis
300 ans, devenu un symbole de résilience et de réconciliation, et de
porter à mon cou une épinglette perlée représentant un chandail orange.
En tant que première autochtone à occuper la
fonction de lieutenante-gouverneure du Québec, je mesure la portée symbolique
de ce moment et la responsabilité qui m'incombe d'incarner cette
réconciliation, valeur-phare que j'ai choisi de porter pour la durée du mandat
qui m'a été confié.
J'aimerais aussi prendre un moment pour
souligner la perte tragique de Joyce Echaquan, il y a déjà cinq ans, un moment
pour que l'on se souvienne mais aussi pour ouvrir la voie à une guérison, en
cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Un moment pour
nous rappeler que ce chemin doit se faire à deux, avec un regard croisé, où chacun, autochtones comme non-autochtones, peut
faire sa part. Il exige courage, écoute, respect et bienveillance, mais
également du temps pour comprendre, accueillir, guérir et s'ouvrir.
Cette journée doit également être l'occasion de
saluer les progrès accomplis ces dernières années grâce à une prise de
conscience collective, tout en se tournant vers l'avenir et en embrassant le
chemin qu'il nous reste à parcourir, ensemble.
Permettez-moi maintenant,
chers députés, de saluer le travail accompli par chacune et chacun d'entre vous
au cours de la première session de cette 43e législature.
Servir le Québec est un immense privilège, mais
aussi une responsabilité à la mesure de cet honneur.
Votre
présence ici témoigne de la confiance que les citoyennes et citoyens vous ont
accordée pour les représenter et pour agir au bénéfice de toutes les
Québécoises et de tous les Québécois.
Chaque session parlementaire, avec ses débats,
ses projets et ses avancées, nous rappelle que la démocratie est un engagement
quotidien, une oeuvre collective qui se nourrit de l'écoute, du dialogue entre
vous et de la recherche de solutions durables aux défis contemporains.
C'est par cette participation active et ce
dialogue ouvert que nous pouvons bâtir une société plus juste, résiliente et
tournée vers l'avenir.
En contribuant à cette continuité
institutionnelle, vous devenez les artisans de notre avenir commun, porteurs de valeurs, de réflexions et d'actions. Vous
pouvez être fiers de jouer un rôle... ce rôle central, et j'invite toutes les
citoyennes et tous les citoyens à
reconnaître l'importance du travail que vous... que vous avez accompli — je
m'excuse — et
continuerez d'accomplir chaque jour.
Mais ce n'est pas le moment de relâcher nos
efforts. Nous pouvons transformer les défis de notre époque en opportunités pour construire un futur plus juste
et durable. Les générations futures se souviendront de votre engagement,
de votre capacité à écouter, à collaborer et à agir face aux enjeux majeurs de
notre temps.
Ces enjeux, qui sont très nombreux, ne se
limitent pas aux dimensions sociales ou environnementales. Ils influencent aussi le climat politique, alimentant
parfois ou trop souvent la désinformation, ce qui peut affaiblir l'engagement
citoyen et la confiance envers nos institutions.
C'est pourquoi la responsabilité des élus est
grande : encourager la participation citoyenne et soutenir notre
démocratie.
Une
responsabilité qui exige intégrité,
transparence, égalité, justice, solidarité, respect et bienveillance. Ces
valeurs nous rappellent que la confiance citoyenne est le socle de notre
démocratie : une confiance certes exigeante, mais que nous devons
préserver en incarnant et en transmettant ces valeurs fondamentales.
Dans un monde où les institutions vacillent
parfois et où la polarisation semble l'emporter sur le dialogue, notre modèle
démocratique demeure solide.
Il nous
rappelle que la démocratie est un jardin fragile à cultiver chaque jour, et un
héritage à protéger, et aussi un espace où la réflexion, le respect et
la responsabilité collective peuvent guider nos pas, à l'abri des passions
éphémères.
Dans les prochains mois, je souhaite voir naître
des débats forts, mais toujours empreints de bienveillance et de respect.
Que surgissent des idées neuves, audacieuses,
porteuses d'inspiration.
Mais surtout que chacune et chacun d'entre vous
garde à l'esprit les intérêts des sept prochaines générations pour que vos
décisions d'aujourd'hui façonnent un avenir juste, durable et lumineux.
Le Québec nous tient toutes et tous à coeur. Et
c'est ensemble que nous bâtirons son avenir.
Je vous
souhaite une excellente session et je vous assure de mon entière collaboration.
Ma porte vous sera toujours ouverte, peu importe le parti.
«Wela'lioq.» Merci.
La Présidente : Alors, Mmes et MM.
les députés, je vous invite à demeurer debout à vos places.
La masse est de retour. Mmes et MM. les députés,
vous êtes priés de bien vouloir maintenant toutes et tous vous rasseoir.
Nous reprenons nos travaux. Je vous rappelle
l'article 32.
Affaires du jour
Affaires prioritaires
Discours d'ouverture
Maintenant, j'invite M. le premier ministre à
prononcer le discours d'ouverture de cette deuxième session de la
43e législature. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Donc, Mme la Présidente,
madame... Mmes et M. les chefs de l'opposition, les députés, les invités, les Québécois, Québécoises. Je veux aussi
saluer les employés du secteur public. On a entendu des cas de mauvaise
gestion, dernièrement, et évidemment il va y avoir des conséquences pour ces
personnes-là, mais je ne voudrais pas que les Québécois pensent que c'est
généralisé. La grande, grande majorité des personnes qui travaillent dans notre
fonction publique sont dévouées. Ce sont des hommes et des femmes qui
permettent à l'État de fonctionner, qui enseignent
à nos enfants, qui soignent nos gens, qui s'assurent de nous protéger contre
les criminels, donc on doit saluer leur travail.
Il y a deux constats que je veux faire, et je
l'ai dit lors de l'assermentation du nouveau Conseil des ministres, il y a deux
constats qui expliquent pourquoi on a demandé de proroger et d'ouvrir une
nouvelle session.
Le
premier constat, c'est qu'entre autres, suite au retour de Donald Trump, le
monde a profondément changé, dans les derniers mois.
Le deuxième
constat, c'est que, comme dans plusieurs démocraties, le système dans lequel on
évolue est devenu hyperbureaucratisé et inefficace.
Et donc, dans
les mois qui viennent, notre gouvernement va se concentrer sur quatre champs
d'action : l'économie et le portefeuille des Québécois,
l'efficacité, la sécurité et l'identité.
• (14 h 50) •
Commençons
par l'économie. Bon, je le dis souvent, ce n'est pas une fin en soi,
l'économie, mais c'est un moyen fondamental si on veut avoir ce qu'il
faut pour aller au bout de nos ambitions.
Mais je veux aussi ajouter que l'éducation, ça
reste la priorité des priorités. Mais, pour soutenir cette ambition, bien, ça
prend des moyens financiers, ça prend une économie qui est forte.
Quand je dis que le monde a profondément changé,
bien, c'est vrai entre autres puis beaucoup en économie, avec Donald Trump, mais c'est vrai aussi à cause
d'autres facteurs. Pensons à l'inflation, pensons à la guerre en Ukraine,
pensons à l'intelligence artificielle,
pensons à la montée de la puissance en Chine. Ce sont tous des facteurs qui
sont une transformation fondamentale, puis, que ça nous plaise ou non,
bien, on doit s'adapter.
Je vous donne un exemple : les
investissements en défense. Bien, évidemment, il faut les augmenter, puis je suis content de voir que le gouvernement fédéral
va augmenter ses investissements en défense. Auparavant, honnêtement, ce
n'était pas une priorité pour le Québec, mais aujourd'hui, face à la position
de Donald Trump, on n'a pas le choix que d'être plus indépendants des États-Unis,
et donc il faut faire des changements. Par exemple, chez Investissement Québec,
jusqu'à récemment Investissement
Québec n'avait pas le droit
d'investir dans des entreprises qui sont dans le secteur de la défense.
Donc, il semble que, juste là, il y a une évidence, puis on a changé les choses
de ce côté-là.
En 2018, puis je sais que la nouvelle cheffe de
l'opposition officielle m'a souvent entendu le dire, je l'ai dit, je l'ai
répété puis je vais continuer de le répéter, on a une... on avait une grande
priorité : réduire l'écart de richesse du Québec avec l'Ontario et le
reste du Canada. Et on a réussi de manière éclatante, Mme la Présidente. Depuis
sept ans, la croissance économique par habitant du Québec a été plus forte que
celle de l'Ontario et que celle du reste du Canada. C'est du jamais-vu, Mme la
Présidente.
Donc, j'ai mis à jour mes tableaux, là. Donc,
demain, à la période de questions, j'espère avoir des questions en économie.
Mais, Mme la
Présidente, réduire notre écart de richesse par rapport au reste du Canada, ce
n'est, aujourd'hui, pas assez ambitieux. On a un défi encore plus grand
à cause des gestes posés par le président des États-Unis. Évidemment, à court terme, ce qu'on doit faire, c'est un peu
ce qu'on a fait pendant la pandémie,
c'est d'aider chaque travailleur, chaque entreprise dans chaque région à essayer de passer au travers une crise,
là, qui est déjà présente actuellement. Mais, à moyen terme, ça nous
prend une nouvelle vision économique.
Depuis l'hiver dernier, avec la ministre de
l'Économie, avec des centaines de personnes qu'on a consultées, on a mis à jour
la vision économique du Québec pour les prochaines années, parce qu'on a aussi
des opportunités. Si on joue bien nos cartes dans les prochaines années, le
Québec peut même se retrouver dans une position où on va être une des nations
les plus prospères des Amériques.
Évidemment, cette vision va commencer par être
basée sur la production... une augmentation importante de la production d'électricité. Ce n'est pas d'hier que
j'en parle. Même quand j'étais assis de l'autre côté de la Chambre, je parlais,
à l'époque, d'une Baie James du
XXIe siècle. Ensuite, j'ai parlé que le Québec devienne la batterie de
l'Amérique du Nord. Et, avec ce qui se passe actuellement, Mme la
Présidente, j'y crois plus que jamais.
Et d'ailleurs, il y a une dizaine de jours,
j'étais en Abitibi-Témiscamingue pour annoncer un investissement de 2,5 milliards, 100 % des fonds privés,
1 600 emplois à un salaire moyen de 140 000 $ par année.
Pourquoi? Parce qu'on a été capables
de leur octroyer un bloc de 25 mégawatts au tarif normal, au tarif L.
Donc, il y a actuellement des dizaines de
projets comme ça, dans toutes les régions du Québec, qui vont être disponibles
grâce à notre électricité. Donc, c'est une opportunité exceptionnelle
pour l'économie du Québec.
Ça va nous
permettre aussi, bien sûr, de combattre les changements climatiques, de faire
la transition énergétique. On doit,
bien sûr, tenir compte du nouveau contexte qu'on vit actuellement. Mais il y a
une chose qui est sûre, là, j'espère que les 125 députés ici sont
convaincus, à moyen terme, long terme, pour lutter contre les changements
climatiques et pour avoir une vision
économique ambitieuse, bien, ça passe par l'électrification de notre économie.
Puis Hydro-Québec a mis en place un
plan de 200 milliards. C'est le plus grand chantier économique de toute
l'histoire du Québec. Ce n'est quand même pas rien.
Et, Mme la Présidente, ce chantier
d'Hydro-Québec va nous amener deux booms économiques : un premier boom économique lors de la construction, donc, que
ce soit l'éolien, le rehaussement des centrales, et un deuxième boom
économique lorsque les entreprises vont utiliser cette électricité. Puis, on le
voit, même aux États-Unis ils veulent doubler la capacité d'énergie, mais ils
ne voient pas comment ils vont y arriver.
Donc, les
entreprises, puis à commencer, bien sûr, par nos entreprises québécoises, c'est
important de le dire, là, elles vont
pouvoir profiter de cet avantage compétitif. On va pouvoir aussi profiter de
certains secteurs comme l'intelligence artificielle,
où on a besoin de capacités dans des centres de données, et donc de beaucoup
d'énergie. On va pouvoir aussi être précurseurs dans l'aluminium vert, dans
l'acier vert et dans toute l'industrie manufacturière, à commencer, bien
sûr, par l'aérospatiale, mais aussi en
passant par la défense, en passant par les mines. Puis là, évidemment, je parle
en particulier, puis on aura l'occasion d'en reparler, des minéraux
critiques, où, encore là, le Québec a une opportunité extraordinaire.
Mais, Mme la
Présidente, cet immense chantier ne pourra pas être réalisable à court terme si
on continue de jouer dans le système actuel. Donc, on doit accepter,
comme société, de changer nos façons de faire.
Donc,
j'annonce que mon gouvernement va déposer cet automne un projet de loi pour
accélérer le déploiement de projets économiques et énergétiques qui sont
stratégiques pour le Québec.
• (15 heures) •
Donc, on a des beaux
projets sur la table actuellement, mais il faut s'assurer qu'ils se réalisent.
Donc, on va raccourcir les délais, alléger les processus, tout en gardant des
standards élevés. Mais on va le faire aussi en partenariat avec les Premières
Nations et les Inuits.
Puis
on a déjà des beaux modèles de partenariat. Il y a quelques semaines, j'étais
en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent :
6 000 mégawatts — c'est
énorme quand on y pense — en
partenariat entre les villes, les MRC et les
nations autochtones, toutes incluses dans l'actionnariat du projet. C'est
extraordinaire! On doit exporter ce projet dans les autres régions du
Québec.
Donc, on est capables
de faire des partenariats. Évidemment, on est capables d'en faire aussi avec
les autres provinces. Une de mes grandes
fiertés, vous allez me voir venir, c'est l'entente de principe qu'on a faite
avec Terre-Neuve. C'est une entente
historique qui s'est faite avec Terre-Neuve. On prolonge l'accord, qui se
terminait en 2041, jusqu'en 2075. On augmente le nombre de mégawatts à
7 200, une augmentation de 50 %. Pourquoi? Bien, parce qu'on rehausse
les capacités de Churchill Falls puis on construit ensemble un nouveau complexe
qui s'appelle Gull Island. Et, bon, vous avez
entendu, il y a une opposition à Terre-Neuve, puis il y a une élection qui va
avoir lieu le mois prochain, qui trouve que le deal est trop bon pour le Québec. Moi, je suis convaincu que c'est
une entente qui est gagnant-gagnant, puis on va réussir à la finaliser,
contrairement aux gouvernements avant nous, qui n'ont jamais réussi à faire
cette entente nécessaire avec Terre-Neuve.
Bon, je le disais,
évidemment, cette électricité, il va falloir en faire d'abord profiter nos
entreprises québécoises, incluant nos PME. Puis
on a fait beaucoup de travail, oui, j'entends des... 95 % des
interventions d'Investissement Québec ont été faites auprès de PME
québécoises. Maintenant, on a un autre outil, qui s'appelle la Caisse de dépôt,
la Caisse de dépôt qui a été fondée par Jean
Lesage avec une double mission, donc rendement pour les déposants, mais aussi
support au... à l'économie du Québec.
Avec le contexte
économique mondial actuel, je vous annonce que le gouvernement va demander à la
direction de la Caisse de dépôt d'augmenter la part de ses investissements dans
l'économie québécoise.
Donc, on va se donner
des moyens pour nos ambitions collectives, mais il faut aussi parler de nos
ambitions individuelles. On va continuer de mettre l'emphase pour remettre de
l'argent dans le portefeuille des Québécois. Donc, le député d'Arthabaska peut être content de cette position. C'est quelque
chose où on n'est pas gênés. On l'a fait depuis sept ans.
Rappelez-vous, Mme la
Présidente, quand on a donné 2 000 $ aux personnes de 70 ans et
plus, qui en avaient besoin, parce que,
dans beaucoup de cas, ils
n'avaient pas la chance d'améliorer leur salaire, puisqu'ils étaient à la retraite. Bien, ça les a soulagés. Quand on
a donné deux heures gratuites pour le stationnement des hôpitaux, ce n'est pas
tout le monde qui était capable de payer 30 $ par jour pour le
stationnement, ça a soulagé les Québécois. Quand on a enlevé la taxe libérale sur les tarifs de garderie, ça a
soulagé les classes moyennes. Les parents, quand ils ont réalisé, parce que
des fois ils n'étaient pas assez au courant,
que les lunettes, maintenant, sont payées, pour les enfants, même soulagement.
Quand on a baissé les taxes scolaires dans certaines régions, où elles étaient
trois fois plus élevées que la moyenne du Québec, ça a soulagé les Québécois. Même
chose quand on a baissé les impôts pour la classe moyenne.
Il y a certaines
personnes qui vont dire : Oui, mais vous avez moins baissé rapidement la
dette du Québec. Bien oui, mais on a travaillé à réduire l'endettement des
Québécois personnellement. On a aussi décidé de plafonner les hausses de tarifs
à 3 %, incluant en électricité. On a beaucoup augmenté les salaires des
préposés, des éducatrices, des enseignants,
des infirmières, puis c'était mérité. Et d'ailleurs c'est grâce à ça... Mme la
Présidente, autre objet de fierté, quand on regarde, depuis sept ans, la
croissance du salaire moyen au Québec, on a battu l'Ontario puis le reste du Canada. C'est une autre grande fierté, Mme la
Présidente. Et toutes ces décisions, bien, ça a permis aux familles du Québec
d'avoir plus d'argent dans leurs portefeuilles.
Mais on est bien
conscients, je suis bien conscient qu'actuellement, depuis un an ou deux,
l'inflation frappe fort, que ce soit sur le prix du logement, que ce soit sur
le prix de l'épicerie. Il y a des Québécois qui ont de la misère à arriver à la fin du mois. Donc, je vous annonce
que j'ai donné instruction au ministre des Finances de trouver des moyens,
au cours des prochains mois, de soulager le portefeuille des Québécois qui
souffrent actuellement.
Et ça ne va pas nous
empêcher, Mme la Présidente, de continuer notre chemin vers l'équilibre
budgétaire. Comment on va faire ça? Bien, d'abord, en stimulant l'économie,
donc en augmentant les revenus, mais aussi avec un traitement choc dans la
bureaucratie, dans les dépenses, dans la révision de tous les postes
administratifs. Et je vous annonce
d'ailleurs que, d'ici quelques semaines, la présidente du Conseil du trésor va
annoncer des cibles ambitieuses pour réduire le nombre de postes dans la
bureaucratie à court terme.
Et, Mme la
Présidente, quand je parle de traitement choc, je ne parle pas de faire des
coupures de services. Ce que je parle, c'est
de sortir d'un système qui est lourd, qui est trop lourd, qu'on a construit,
tous gouvernements confondus, depuis des décennies. On a besoin de faire
les choses autrement, de façon plus efficace. Le but, c'est de donner des meilleurs services, qu'on devienne un endroit où
les projets, petits ou grands, se fassent rondement, à moindre coût, sans sacrifier
la qualité.
La vraie question
qu'on doit se poser, c'est : Quelles sont les contraintes qu'on s'impose à
nous-mêmes?
L'environnement est
un bon exemple. On a actuellement des délais d'octroi de permis qui sont
beaucoup trop longs. On me raconte des
histoires d'horreur pour construire de simples ponceaux. Les maires du Québec,
qui s'en vont en élection, sont imputables, il faut leur laisser plus de
marge de manoeuvre.
J'ai
donc demandé à tous les ministres et aujourd'hui je donne instruction à tous
les ministères, tous les organismes, tous les réseaux et toutes les sociétés
d'État de lever toutes les pierres, de remettre leurs façons de faire en
question, de trouver des façons d'être plus
efficaces. Il faut changer notre mentalité d'extrême prudence et accepter de
prendre des risques mesurés. Il faut libérer le Québec de cette camisole
de force bureaucratique.
Je le disais d'entrée de jeu, les employés du
secteur public sont dévoués. Ce n'est pas de leur faute si on leur demande de passer leur temps à remplir des
rapports que souvent personne ne lit. Ce n'est pas de leur faute s'ils sont
noyés dans la paperasse. Je suis convaincu que nos employés aimeraient
beaucoup mieux utiliser ce temps-là pour améliorer les services à leurs
concitoyens. On va donc faire le grand ménage dans la paperasse.
• (15 h 10) •
Et, Mme la Présidente, toute ma vie
professionnelle j'ai travaillé avec les syndicats. Depuis qu'on forme le
gouvernement, on a conclu des dizaines d'ententes avec les employés du secteur
public. Les syndicats ont leur utilité dans une société, et au Québec ils sont
particulièrement favorisés, ne serait-ce que par la formule Rand. Mais ce
régime avantageux vient avec une responsabilité pour les dirigeants syndicaux.
Malheureusement, le Québec est le champion des
grèves, des grèves qui privent les travailleurs de revenus pendant des semaines, des grèves, comme on le voit
actuellement dans le transport en commun, qui empêchent des
milliers de personnes d'aller
travailler, de recevoir des soins, des assemblées syndicales qui se tiennent
aux petites heures du matin, des dirigeants syndicaux qui utilisent les
cotisations des travailleurs pour contester une loi sur la laïcité que ces
mêmes travailleurs appuient et des dirigeants syndicaux qui manquent de
transparence sur l'utilisation de leurs cotisations syndicales. C'est un système de pratiques qui est dépassé, qui nuit aux
travailleurs, qui nuit aux citoyens et qui nuit au Québec tout entier.
C'est Lise Thériault qui va être contente, hein,
je la vois, là, sourire.
Mme la
Présidente, en 2025, en 2025, les travailleurs... c'est-à-dire les syndicats vont aller chercher 1 milliard et demi de cotisations dans les poches des travailleurs.
Je rappelle que ces cotisations sont déductibles d'impôt — je sais que la cheffe de l'opposition officielle connaît bien la fiscalité — c'est 145 millions que ça coûte aux
contribuables québécois. Donc, il est temps d'exiger la transparence, de la
démocratie syndicale. Il est temps que les syndicats recentrent leurs actions
sur leur mission essentielle.
J'annonce
donc que le ministre du Travail va déposer bientôt un projet de loi pour
moderniser le régime syndical au Québec, en faveur des travailleurs, des
citoyens et du Québec.
Maintenant, quelques mots sur les médecins.
D'abord, s'il y a un bras de fer, en ce moment, entre les syndicats de médecins puis nous, ce n'est pas de gaieté de
coeur. Si on insiste, si on résiste, c'est pour les Québécois, c'est pour les
patients. On est prêts à négocier avec les syndicats sur les moyens. Notre préférence,
bien sûr, c'est d'arriver à une entente. Mais, je le
redis, on ne va pas reculer devant les syndicats comme l'ont fait les gouvernements du Parti québécois et du Parti libéral. On doit ça aux Québécois,
qui paient les médecins en moyenne de 400 000 $ à 550 000 $
par année et qui en retour ont le droit de s'attendre à être pris en
charge par les médecins du Québec.
Maintenant,
la sécurité. La sécurité — où
est mon ami Ian? — la
sécurité, c'est une responsabilité fondamentale pour tout gouvernement,
puis malheureusement, en ce moment, il y a un sentiment d'insécurité qui
grandit, au Québec.
Bon, d'abord,
s'il y a un sentiment d'insécurité, c'est en partie à cause des problèmes de
drogues dures, de santé mentale, et on doit se donner les moyens de soigner les
personnes qui sont dangereuses pour elles-mêmes ou pour les autres.
Donc, je vous
annonce qu'on va amender la loi P-38 pour que les personnes malades soient
mieux prises en charge.
Mais
l'insécurité, c'est aussi le crime organisé, les gangs de rue, les fraudeurs
qui s'en prennent aux personnes âgées, les prédateurs sexuels qui s'en
prennent aux femmes, aux enfants.
J'annonce que
le nouveau ministre de la Sécurité publique va avoir la responsabilité de
déposer des mesures de lutte contre la criminalité.
Il faut aussi
que la justice soit sévère, que la répression soit au rendez-vous. Ça veut dire
aussi de mieux contrôler les récidivistes, et en particulier les
délinquants sexuels dangereux.
Je disais un peu plus tôt que, les défis qui se
dressent devant nous, on les retrouve aussi dans d'autres démocraties
libérales, mais il y en a un, de ces défis, qui est unique au Québec, c'est le
défi de préserver notre identité nationale.
C'est un défi qui a toujours été présent depuis quatre siècles. Au début de la
Nouvelle-France, on a failli disparaître. Ensuite, il y a eu la Conquête. Ensuite, il y a eu l'exode de
1 million de Canadiens français vers les États-Unis. Et il y a actuellement
le rouleau compresseur de la culture américaine.
On a réussi, heureusement, avec la Charte de la
langue française, à sauver le français. Et j'en profite, si vous le permettez,
pour saluer la mémoire de l'architecte de la Charte de la langue française, un
géant intellectuel, un homme remarquable, un
grand officier de l'Ordre national du Québec, M. Guy Rocher. J'aurai
d'ailleurs l'occasion de participer à ses funérailles nationales jeudi, donc
dans deux jours. Et, comme nous l'a montré M. Rocher, bien, il a toujours
fallu se battre pour continuer d'exister. Ce
n'est pas différent aujourd'hui. La langue française, nos valeurs communes,
notre culture sont toujours à risque. Il ne faut pas qu'on se mette la
tête dans le sable.
Notre gouvernement a beaucoup agi, depuis 2018,
en fait plus qu'aucun autre gouvernement depuis le gouvernement de René
Lévesque, mais des phénomènes hors de notre contrôle sont en train d'ébranler
les fondements de notre identité, entre autres la politique d'immigration
incontrôlée d'Ottawa et la production culturelle mondiale sur support numérique,
qui écrasent notre culture.
Le premier facteur, c'est l'explosion de
l'immigration. Et je veux mettre, encore une fois, les choses au clair, je ne critique pas les immigrants eux-mêmes. Ces
personnes viennent ici, au Québec, pour une vie meilleure pour eux, pour
leurs enfants. Le Québec est un des endroits les plus accueillants au monde, on
l'a prouvé à maintes et maintes reprises. On a été fiers de s'occuper des
réfugiés, des Haïtiens qui fuyaient Duvalier, des boat people du Vietnam, des
Chiliens qui fuyaient Pinochet et, plus récemment, des
Libanais, des Syriens, des Ukrainiens qui fuyaient la guerre de Poutine. Et, comme des millions de Québécois, qu'on soit de
souche ancienne ou récente, je suis fier que le Québec soit une terre
d'accueil. Personne ne peut contester le fait que les immigrants ont été et
sont toujours une richesse pour le Québec.
• (15 h 20) •
Ceci étant dit, trop, c'est comme pas assez.
Soulever l'enjeu de l'immigration, ce n'est pas du racisme, ce n'est pas
souffler sur les braises de l'intolérance, comme on l'a déjà entendu. Le même
débat a cours partout en Occident, et souvent de façon beaucoup plus virulente
qu'ici.
Pourtant, ici, au Québec, l'enjeu se pose avec
plus de force. D'abord, en 2023, le Québec a été, avec l'Autriche, l'endroit en
Occident qui a reçu le plus de demandeurs d'asile par habitant, beaucoup plus
que le reste du Canada, que les États-Unis, que la France, que le Royaume-Uni,
et pourtant à ces endroits il y a des débats enflammés.
Au Québec, la population a explosé avec
l'arrivée de 200 000 immigrants temporaires d'un coup, en deux ans, à cause du gouvernement fédéral. Pourtant, il nous
manque de logements, nos écoles débordent, le système de santé est étiré au maximum. Mais le problème de l'immigration
incontrôlée se pose encore avec plus d'acuité au Québec parce qu'en plus
on a le défi de protéger notre langue et de protéger nos valeurs, incluant la
laïcité.
Je comprends que les entreprises veulent plus de
travailleurs étrangers. Je comprends que les universités, les cégeps veulent
plus d'étudiants étrangers. Je comprends les personnes au grand coeur qui
veulent qu'on accepte tous ceux qui demandent asile. Je comprends, mais c'est
impossible. Il faut regarder le portrait d'ensemble. On a dépassé la limite de
nos capacités d'accueil et d'intégration. Comme on dit, le mieux est l'ennemi
du bien. En ce moment, on n'est plus en
mesure de prendre soin de ces personnes avec la dignité nécessaire et de
prendre soin de notre monde, de nos propres citoyens. Ça ne peut plus continuer
comme ça. Donc, l'objectif de notre gouvernement, c'est de réduire de 200 000
le nombre d'immigrants temporaires à Montréal et à Laval.
Et je vous
annonce que, si le gouvernement fédéral ne prend pas ses responsabilités, on ne
va pas... on ne va pas avoir le choix d'être moins... que d'être moins
généreux avec les demandeurs d'asile.
Un autre phénomène qui est en montée, au Québec,
c'est celui des groupes politico-religieux qui s'attaquent à certaines de nos valeurs communes, comme la
laïcité. Soyons honnêtes, ce sont surtout les islamistes radicaux qui s'attaquent
à ces valeurs avec le plus d'intensité. Encore là, je veux être bien clair, je
ne vise pas les Québécois de confession musulmane ou qui sont originaires de
pays musulmans. Je parle des islamistes radicaux, un groupe de personnes qui
tentent par tous les moyens d'imposer leurs valeurs, de contester nos valeurs
et en particulier le droit des femmes à l'égalité.
Il faut qu'on soit très clairs là-dessus, on ne va pas laisser personne
s'attaquer à la liberté chèrement acquise par les Québécoises depuis des
décennies. Jamais.
Donc, je vous annonce que le gouvernement va
déposer un nouveau projet de loi pour renforcer la laïcité de l'État et va
prendre tous les moyens possibles pour contrer les assauts contre nos valeurs
communes.
Je vous annonce aussi que, pour renforcer notre
autonomie juridique, pour défendre nos valeurs communes et notre identité, le
gouvernement va bientôt déposer à l'Assemblée nationale le premier projet de
constitution du Québec.
Ce qui nous définit, c'est aussi notre culture,
notre belle langue française, notre histoire, notre patrimoine, les arts, ce
qu'on appelle nos productions culturelles. Vous le savez, j'aime la culture
québécoise, les livres, les chansons, la
télé, le cinéma, le théâtre. Pour moi, c'est un devoir, comme premier ministre
de la nation québécoise, de protéger la culture québécoise, d'en être le
gardien ultime au sein du gouvernement.
Une de mes grandes fiertés, depuis sept ans,
c'est d'avoir augmenté le budget de la culture de 75 %.
Je suis fier aussi de confirmer que le premier
Musée national de l'histoire du Québec va ouvrir ses portes ici, à Québec,
l'été prochain. C'est une de mes grandes fiertés d'avoir porté ce projet avec
les jeunes de la CAQ.
Ceci dit, des pans entiers de notre culture sont
pris d'assaut par le monde numérique et ses plateformes. Nos jeunes sont
malheureusement de moins en moins exposés à la culture québécoise. C'est grave,
parce que la culture québécoise, c'est un ingrédient essentiel à notre cohésion
nationale. Dans ma génération, il suffisait de faire jouer quelques notes d'une chanson d'Harmonium. La
prochaine génération, ce sont Les Cowboys fringants. Il y a des répliques
de films, évidemment, comme «la guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se
faire mal», ou des remarques absurdes, «steak,
blé d'Inde, patates». C'est drôle, triste, émouvant, mais ça nous rassemble.
Puis on l'a vu au décès de Serge Fiori puis de Karl Tremblay. Une émotion
collective qui nous réunit. On a besoin de ça comme nation. Puis tout ça est à
risque, actuellement.
Donc, en s'appuyant notamment sur le rapport du
Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel, le ministre de la Culture va continuer de prendre ce défi à
bras-le-corps avec l'appui de tout le gouvernement. Mais ça doit dépasser
le gouvernement. Ça doit devenir un défi collectif de faire découvrir notre
culture aux jeunes et aux nouveaux arrivants. Il faut le faire ensemble, tous les
Québécois.
Donc, en conclusion, le gouvernement va se
concentrer sur quatre champs d'action : économie et portefeuille, efficacité, sécurité, identité. On va agir en
gardant le cap sur le retour progressif à l'équilibre budgétaire. On va y arriver
en optimisant notre économie, nos revenus, mais en gérant nos dépenses serré.
Et, sans minimiser nos défis budgétaires, je
veux rassurer les Québécois, je veux rappeler que toutes les agences de
notation, à l'exception d'une seule, ont maintenu la cote de crédit du Québec.
Et vendredi dernier on a appris que le déficit de la dernière année financière
était moins élevé que prévu. Donc, le gouvernement maintient le cap sur le
retour progressif à l'équilibre budgétaire en 2029‑2030. Nos finances sont
entre bonnes mains avec notre très solide ministre des Finances.
• (15 h 30) •
Maintenant, nos relations avec les Premières
Nations et les Inuits sont très importantes. C'est une journée spéciale,
aujourd'hui, le 30 septembre — on porte tous cette épinglette — la journée
de la vérité et de la réconciliation. C'est impératif
pour notre avenir commun de poursuivre cette réconciliation, de rebâtir la
confiance pour en arriver à établir des
partenariats fructueux. C'est loin d'être toujours facile, ni pour les uns ni
pour les autres, mais il faut y croire, il faut y mettre de la bonne volonté, toute la patience nécessaire. Et
j'ai appris, depuis sept ans, à connaître personnellement, à apprécier plusieurs de mes interlocuteurs
autochtones. Plusieurs sont présents, d'ailleurs, cet après-midi dans les
tribunes. Je les salue chaleureusement.
En terminant,
chers Québécois, chères Québécoises, ne vous laissez pas démoraliser par les
mauvaises nouvelles, qui cachent souvent les belles choses qui se
passent ici. Ne vous laissez pas démoraliser par les conflits au sud de notre frontière, par ce qui se passe à l'étranger ou par
les difficultés normales de la vie. Quand on prend de la perspective, quand
on regarde ce qui se passe ailleurs, on se rend compte qu'on est pas mal bien
chez nous. On a un territoire immense, magnifique, qu'on partage avec les
Premières Nations et les Inuits. On a une culture qui, malgré tous ces défis,
nous rend fiers. On a absolument tous les
atouts parmi les nations pour devenir parmi les plus prospères, les plus en
sécurité et surtout les plus heureuses de la planète. Merci.
(Applaudissements)
La Présidente : M. le premier
ministre, oui.
Motion proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement
M. Legault : ...oui, conformément à l'article 45 de notre
règlement, j'invite l'Assemblée nationale à adopter la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale approuve la politique
générale du gouvernement.»
La Présidente : Merci, M. le premier
ministre. Votre motion est présentée.
Ajournement
Pour ma part,
je vais lever cette séance. Et, conformément aux dispositions du règlement, les
travaux de l'Assemblée sont ajournés au mercredi 1er octobre 2025, à
9 h 40. Bonne fin de journée à toutes et à tous. Merci.
(Fin de la séance à 15
h
35)