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Version finale

43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)

Le mardi 30 septembre 2025 - Vol. 48 N° 1

Aller directement au contenu du Journal des débats

Table des matières

Dépôt d'une lettre du Directeur général des élections accompagnée d'un avis proclamant
M. Alex Boissonneault candidat élu dans Arthabaska à l'élection partielle
du 11 août 2025


Dépôt de la lettre de désignation de la députée de Saint-Laurent, Mme Marwah Rizqy, à titre de cheffe de l'opposition officielle

Dépôt de la lettre informant de la réintégration de la députée de Vaudreuil, Mme Marie-Claude Nichols,
au sein du caucus du groupe parlementaire formant l'opposition officielle


Dépôt des lettres de nomination de la leader, du whip et du leader adjoint de l'opposition officielle, et de la présidente du caucus du Parti libéral

Dépôt de la lettre de démission de la députée de Chicoutimi, Mme Andrée Laforest

Dépôt de la lettre informant que le député d'Abitibi-Est, M. Pierre Dufour, n'est plus membre du caucus
du groupe parlementaire formant le gouvernement


Dépôt des lettres de nomination du whip, de la whip adjointe et de la leader adjointe du gouvernement, et du président du caucus de la Coalition avenir Québec

Dépôt de la lettre de la députée de Rimouski, Mme Maïté Blanchette Vézina, informant de sa décision de
siéger à titre de députée indépendante


Dépôt du nouveau diagramme de l'Assemblée

Accueil du nouveau député d'Arthabaska, M. Alex Boissonneault

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

Mme Marwah Rizqy

Mme Ruba Ghazal

M. Alex Boissonneault

Allocution d'ouverture

La Lieutenante-gouverneure

Affaires du jour

Affaires prioritaires

Discours d'ouverture

M. François Legault

Motion proposant que l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement

Ajournement

Annexes

Membres du Conseil des ministres

Membres de l'Assemblée nationale du Québec

Journal des débats

(Quatorze heures dix minutes)

La Présidente : Bonjour, tout le monde. Décidément, je me suis ennuyée de vous. Messieurs dames, le parlement du Québec, c'est chez vous. Bienvenue.

Messieurs dames les députés, c'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès, cet été, d'anciens parlementaires de l'Assemblée nationale : M. Paul Shooner, député de Yamaska de 1966 à 1970; M. Michel Gratton, député de Gatineau de 1972 à 1989; M. Rodrigue Biron, député de Lotbinière de 1976 à 1980 et de 1981 à 1985; M. Marcel Gagnon, député de Champlain de 1976 à 1985; et M. Guy Rivard, député de Rosemont de 1985 à 1994.

Alors, nous allons nous recueillir quelques instants, en ayant une pensée toute spéciale, toute particulière, pour leurs familles et leurs proches. Merci.

Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous asseoir.

Dépôt d'une lettre du Directeur général des élections accompagnée
d'un avis proclamant M. Alex Boissonneault candidat élu dans
Arthabaska à l'élection partielle du 11 août 2025

Avant d'entreprendre nos travaux, je vous avise que le Directeur général des élections a fait parvenir au secrétaire général de l'Assemblée nationale une lettre, datée du 18 août 2025, dont je vous lis l'extrait suivant :

«Conformément à l'article 380 de la Loi électorale, nous vous transmettons le nom du candidat élu dans la circonscription électorale d'Arthabaska à la suite de l'élection partielle du 11 août 2025. Cette élection a été tenue en vertu du décret du gouvernement pris en date du 8 juillet 2025.»

Signé : Le Directeur général des élections, M. Jean-François Blanchet.

Je dépose cette lettre accompagnée d'un avis proclamant M. Alex Boissonneault candidat élu dans la circonscription électorale d'Arthabaska.

Par ailleurs, je dépose le rapport détaillé du Directeur général des élections du Québec sur les résultats officiels du scrutin de l'élection partielle du 11 août dernier dans la circonscription électorale d'Arthabaska.

Dépôt de la lettre de désignation de la députée de Saint-Laurent,
Mme Marwah Rizqy, à titre de cheffe de l'opposition officielle

Je dépose également une lettre que m'a transmise Mme Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent, m'informant de sa désignation à titre de cheffe parlementaire de l'opposition officielle à compter du 19 juin 2025.

Dépôt de la lettre informant de la réintégration de la députée de Vaudreuil,
Mme Marie-Claude Nichols, au sein du caucus du groupe
parlementaire formant l'opposition officielle

Je dépose une lettre que m'a adressée Mme Filomena Rotiroti, alors whip en chef de l'opposition officielle, dans laquelle elle m'informe que Mme Marie-Claude Nichols, députée de Vaudreuil, a réintégré le caucus du groupe parlementaire formant l'opposition officielle depuis le 19 juin 2025.

Dépôt des lettres de nomination de la leader, du whip et du leader adjoint
de l'opposition officielle, et de la présidente du caucus du Parti libéral

De plus, je dépose des lettres que m'a fait parvenir Mme la cheffe de l'opposition officielle m'informant des nominations suivantes qui prennent effet le 26 juin 2025 : Mme Michelle Setlakwe, députée de Mont-Royal—Outremont, à la fonction de leader parlementaire de l'opposition officielle; M. Frédéric Beauchemin, député de Marguerite-Bourgeoys, à la fonction de leader parlementaire adjoint de l'opposition officielle; et Mme Filomena Rotiroti, députée de Jeanne-Mance—Viger, à la fonction de présidente du caucus de l'opposition officielle.

Dépôt de la lettre de démission de la députée
de Chicoutimi,
Mme Andrée Laforest

De plus, je dépose une lettre que j'ai reçue de Mme Andrée Laforest, dans laquelle elle m'informe de sa démission à titre de députée de Chicoutimi. Cette démission prenait effet le 4 septembre dernier.

Dépôt de la lettre informant que le député d'Abitibi-Est,
M. Pierre Dufour, n'est plus membre du caucus du
groupe parlementaire formant le gouvernement

Je dépose une lettre que m'a adressée M. François Jacques, alors président du caucus du gouvernement, m'informant que M. Pierre Dufour, député d'Abitibi-Est, n'est plus membre du caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement depuis le 5 septembre 2025.

Dépôt des lettres de nomination du whip, de la whip adjointe et
de la leader adjointe du gouvernement, et du président
du caucus de la Coalition avenir Québec

Je dépose également des lettres que m'a fait parvenir M. le premier ministre m'informant des nominations suivantes : M. François Jacques, député de Mégantic, à la fonction de whip en chef du gouvernement à compter du 10 septembre 2025; M. Yves Montigny, député de René-Lévesque, à la fonction de président du caucus du gouvernement à compter du 10 septembre 2025; Mme Marie-Belle Gendron, députée de Châteauguay, à la fonction de whip adjointe du gouvernement à compter du 17 septembre 2025; et Mme Sonia LeBel, ministre de l'Éducation et députée de Champlain, à la fonction de leader adjointe du gouvernement à compter du 18 septembre 2025.

Dépôt de la lettre de la députée de Rimouski, Mme Maïté Blanchette Vézina,
informant de sa décision de siéger à titre de députée indépendante

Je dépose une lettre que j'ai reçue de Mme Maïté Blanchette Vézina, députée de Rimouski, dans laquelle elle m'informe de sa décision de siéger à titre de députée indépendante à compter du 18 septembre 2025.

Dépôt du nouveau diagramme de l'Assemblée

Enfin, je dépose le nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.

Accueil du nouveau député d'Arthabaska, M. Alex Boissonneault

Et j'invite maintenant M. le chef du troisième groupe d'opposition à accueillir le nouveau député d'Arthabaska, M. Alex Boissonneault.

(Applaudissements)

La Présidente : Nous procéderons maintenant aux allocutions pour l'accueil du nouveau député d'Arthabaska. M. le chef du troisième groupe d'opposition, la parole est à vous.

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Donc, évidemment, nous accueillons aujourd'hui à l'Assemblée nationale un nouveau collègue, un homme que j'estime beaucoup, et je pense sincèrement qu'il ajoutera en qualité à nos travaux. On l'accueille dans un contexte singulier, puisque nous sommes presque jour pour jour à une année d'une élection générale. Donc, 12 mois qui promettent d'être exaltants, qui ne seront pas de tout repos pour un nouveau député, parce que, notamment, je lui ai confié d'importants dossiers qui touchent tant nos régions que l'ensemble du Québec. Avec les dossiers d'affaires municipales, d'immigration, d'agriculture, d'éthique et de relations canadiennes, disons que le député d'Arthabaska aura des défis à la hauteur de ses compétences. Je sais qu'il saura également porter avec brio et donner avec justesse une réplique aux ministres du gouvernement. Rigueur, intelligence, telle est la... les valeurs qu'on essaie de continuer de servir.

Et je souligne au passage qu'il s'agit pour la première fois en 27 ans... d'une première, là, donc les gens d'Arthabaska ont choisi un député du Parti québécois. Ça faisait 27 ans. Ça implique des attentes élevées. Il avait un prédécesseur qui a bien servi l'Assemblée nationale et dont la notoriété est surprenante, pour l'avoir vécu dans Arthabaska. Je parle de Jacques Baril, un homme, donc, qui a profondément marqué sa région en faisant son travail de député. Et je sais que c'est l'aspiration du nouveau député d'Arthabaska d'en donner autant. Notre groupe parlementaire, donc, passe aujourd'hui de trois, à l'origine, à six.

Et je veux dire un mot pour les 500, 600 bénévoles qui ont permis ça, là. Donc, vraiment, lorsqu'on parle de la démocratie, ce n'est pas seulement en cette Chambre, mais il y a des gens qui ne sont pas payés pour ça et qui participent activement à cette démocratie, qui, dans le cas de cette élection partielle, nous a donné une victoire qui, pour nous, et j'espère, éventuellement, là, dans un avenir rapproché, pour la population d'Arthabaska, pour nous est extrêmement significative.

En terminant, je veux remercier du fond du coeur, donc, ces électeurs d'Arthabaska. Ils ont été à un niveau de participation... compte tenu du caractère estival de ce scrutin, ils ont été exemplaires en termes de taux de participation. Un exercice démocratique qui a également signifié qu'on faisait du porte-à-porte en plein été, pendant que les gens étaient à leur piscine avec un «cooler» ou un verre de vin, et ils ont tous été respectueux, à l'écoute, et ils sont allés voter.

Et c'est ça que je veux qu'on retienne le plus de cet exercice-là. Notre démocratie a peut-être ses défauts, mais elle est toujours en santé, et c'est ça qu'on doit regarder dans l'année qui vient, dans les décennies à venir, maintenir la vitalité, la qualité de notre démocratie, qui, cette fois-ci, nous aura donné un sixième député, qu'on apprécie énormément. Donc, un gros merci aux gens d'Arthabaska. Merci, Mme la Présidente.

• (14 h 20) •

La Présidente : Merci, M. le chef du troisième groupe d'opposition. Et je cède maintenant la parole au premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde. Content de revoir tout le monde. Bien, à mon tour, je veux féliciter le nouveau député d'Arthabaska. C'est un moment spécial, quand on arrive au salon rouge — pour l'instant — d'être un des seuls, dans les 125 qui sont ici, à représenter les Québécois. C'est un grand privilège, mais, en même temps, ça vient avec des grandes responsabilités. On a la responsabilité de représenter les gens de son comté. On a bien sûr aussi la responsabilité de défendre les idées de son parti. Je pense, c'est ce que font tous les 125 députés qui sont ici.

Évidemment, on n'est pas toujours d'accord, il va le voir assez rapidement. Il y en a qui sont plus à droite, il y en a qui sont pour réduire la taxe sur l'essence, il y en a qui sont pour un référendum. Donc, il y a toutes sortes d'idées ici, même à l'intérieur, parfois, du même parti, et ça doit se faire dans le respect.

Et je sais que le député d'Arthabaska a été journaliste, il a même été ici sur... comme correspondant parlementaire. D'abord, il faut le dire, ici on aime beaucoup, beaucoup les journalistes. On en a pas mal tous dans notre équipe, des journalistes. Et, bien, évidemment, les débats ne sont pas toujours faciles, il a déjà pu le voir, entre autres quand on se fait confier le dossier d'immigration, un dossier délicat, même des chroniqueuses du Devoir ne sont pas toujours faciles à travailler. Donc, je veux lui souhaiter des bons débats.

Vous allez aussi en profiter... Je veux en profiter pour saluer tous les candidats dans Arthabaska, incluant Keven Brasseur, qui est un jeune CPA. Ça commence bien, quelqu'un, dans la vie, d'être CPA. Oui. Et ça a été le plus jeune président de la Chambre de commerce et d'industrie des Bois-Francs et de L'Érable. Donc, sûrement que le nouveau député va le côtoyer parfois. Mais je pense que... Retenez ce nom, Keven Brasseur, je pense qu'on va en entendre parler encore dans l'avenir.

Donc, je veux vous souhaiter la bienvenue. Bons débats. Merci.

La Présidente : Merci, M. le premier ministre. Et nous entendrons maintenant l'allocution de Mme la cheffe de l'opposition officielle.

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Très heureuse d'être de retour avec vous tous ici, dans ce lieu très, très privilégié.

Cet été, on était tous, tous mais vraiment heureux, hein, de faire campagne en pleines vacances de la construction. C'est comme si le premier ministre avait fait exprès de nous faire oublier qu'il y avait une partielle. Mais, je dois le souligner, les Québécois et les Québécoises étaient au rendez-vous. On frappait aux portes, et ils étaient là, ils voulaient nous entendre, et la réponse a été assez importante au niveau du taux de participation.

Permettez-moi, tout d'abord, de dire merci à tous ceux qui se sont présentés, particulièrement notre candidate, Chantale Marchand. Merci, Chantale. Tu as été une femme d'exception, et nous avons été vraiment heureux de t'avoir, et nous souhaitons aussi t'avoir encore dans notre équipe. Mme Marchand et nos équipes de bénévoles ont vraiment travaillé très fort.

Et maintenant, Mme la Présidente, permettez-moi de me tourner respectueusement vers le nouveau député d'Arthabaska, parce que c'est... Ah! vous êtes là. Je vous cherchais sur la nouvelle banquette. M. le nouveau député d'Arthabaska, bienvenue parmi nous. On se connaissait déjà. En fait, tous ceux qui sont ici le connaissaient dans son ancien rôle de journaliste. Et, je peux vous dire, pour avoir été quelques fois à son micro, ses questions sont très précises, et je... et on s'attend tous que ses questions demeurent très précises ici, bien évidemment, il a de l'expérience.

Mais, Mme la Présidente, il faut aussi se rappeler qu'il a déjà été courriériste à Queen's Park, donc le premier ministre risque d'avoir de la compétition pour savoir qui connaît mieux l'Ontario.

Alors, par la suite, il a été, évidemment, ici, à Ici Première, une émission très écoutée à Québec, mais aussi partout ailleurs.

Et, une affaire assez importante du député d'Arthabaska, déjà lorsqu'il animait à la radio il nous parlait de Saint-Ferdinand. Je ne suis pas certaine que tous les auditeurs, les gens qui vous écoutaient savaient précisément où était Saint-Ferdinand, mais, après l'élection partielle, je pense que tout le Québec, maintenant, sait où est Saint-Ferdinand grâce à vous. Merci.

Et on peut dire souvent qu'en politique on se lève tôt, Mme la Présidente, mais le député d'Arthabaska sera fort probablement la seule personne qui va pouvoir dire : Je me lève plus tard, parce que, quand on anime une matinale, habituellement, vers trois heures, quatre heures du matin, on est déjà réveillé. Donc, il est bien aguerri, le nouveau député d'Arthabaska.

Maintenant, chose que les gens ne savent pas, anecdote personnelle, notre ami Simon, capitaine de Bagotville, doit être très heureux de nous voir tous les deux ici réunis, au salon rouge, et prochainement au salon bleu.

Sur une note plus personnelle encore, mon petit conseil, celui que je me suis donné à moi-même : Faites de la politique comme si c'était votre dernier mandat, car on ne sait jamais, jamais lorsque la confiance des Québécois ne sera plus au rendez-vous.

Alors, je vous souhaite bon mandat. Et merci d'être avec nous.

La Présidente : Merci, Mme la cheffe de l'opposition officielle. La parole est maintenant à Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.

Mme Ruba Ghazal

Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Alors, très heureuse aussi de vous retrouver, chers collègues. Bonne rentrée.

Et à mon tour je veux souhaiter la très bienvenue au nouveau député d'Arthabaska. Il a quand même obtenu 46 % dans une partielle où le taux de participation a été quand même important, 60 %. Ce n'est pas rien. Alors, bravo, vraiment, pour ce résultat.

Évidemment, on est tous et toutes en train de lui souhaiter la bienvenue, mais, en fait, on devrait plutôt lui souhaiter bon retour, puisqu'on le connaît tous, ici, quand il a été député à la Tribune de la presse. Et, en fait, on a été très peinés, hein, quand il nous a quittés. Donc, on est très heureux qu'il soit de retour parmi nous.

Je ne sais pas si les journalistes le savent, mais, souvent... nous, les députés, on se demande tout le temps c'est quoi, leur allégeance politique, et on se rend compte, souvent, qu'on se trompe. Par exemple, moi, j'étais certaine que le député de Lévis était bien trop souverainiste pour aller à la CAQ. Et maintenant, pour le nouveau député d'Arthabaska, je pensais vraiment qu'il était vraiment à gauche pour aller au PQ. Mais, voilà, il arrive qu'on se trompe, et c'est ce qui est arrivé. Mais ce n'est pas grave. Moi, ça va me faire vraiment, vraiment plaisir de travailler avec lui très, très fort, notamment pour nous opposer au libre-échange, mais de façon pacifique, cette fois.

Sans blague, évidemment, les anciens journalistes font souvent de très bons députés, hein, Mme la Présidente. Je le sais parce que je travaille à côté d'un depuis 2018, et il est excellent. Donc, je m'attends aussi à ce que le député... le nouveau député d'Arthabaska fasse un excellent travail.

Vous savez, une campagne électorale, ce n'est pas juste l'histoire d'un gagnant, c'est aussi l'histoire d'un engagement, l'engagement des candidats, des candidates, mais aussi des militants, des gens qui donnent de leur temps bénévolement. Et ça, c'est admirable. Je veux d'ailleurs aussi saluer les candidats Éric Duhaime, Keven Brasseur, Chantale Marchand. Je veux saluer les centaines de militants, militantes qui ont travaillé pour tous les partis dans cette campagne. Je veux particulièrement saluer notre candidate, Pascale Fortin, une mère de famille, une infirmière qui travaille dans le système public de santé, qui se bat, qui s'est toujours battue contre la privatisation de notre système de santé. On le dit souvent, mais c'est tellement vrai, mettre sa face sur un poteau, ça prend beaucoup, beaucoup de courage. Peu importe le résultat, c'est quelque chose d'admirable. On doit, tout le monde, le reconnaître.

Donc, même si ce ne sont pas ses vrais premiers jours, je lui souhaite vraiment de s'amuser, d'avoir du plaisir, parce que, du travail, ça, je le sais, qu'il va le faire, puis il va en abattre beaucoup, comme nous tous et toutes ici, pour bien représenter les citoyens et citoyennes d'Arthabaska.

Bienvenue parmi nous.

• (14 h 30) •

La Présidente : Merci, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Et, comme le veut la tradition, le nouveau député d'Arthabaska s'adressera à nous. Alors, sans plus tarder, je lui cède la parole. M. le député, la parole est à vous.

M. Alex Boissonneault

M. Boissonneault : Mme la Présidente, M. le premier ministre, Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, évidemment, M. le chef du troisième groupe d'opposition, mon chef, merci. C'est quelque chose d'être là. Sachez que c'est avec une profonde humilité et beaucoup de fierté que je m'adresse à vous pour la première fois dans cette enceinte. C'est un honneur que je ne prends pas à la légère.

Je voudrais commencer, si vous le permettez, par remercier ma famille, mon épouse qui est là, mes parents. Merci d'être là. Je voudrais remercier aussi mes collègues députés, députés de mon caucus. Merci pour votre accueil. Merci pour votre soutien. Merci de défendre nos idées comme vous le faites jour après jour. Et évidemment je veux remercier surtout mes concitoyens et concitoyennes d'Arthabaska-L'Érable. Merci pour votre confiance. Merci pour cet immense privilège que vous m'accordez, le plus important dans une démocratie, celui de parler en votre nom dans la maison du peuple qu'est l'Assemblée nationale.

D'ailleurs, je voudrais prendre quelques instants pour vous parler de mon coin de pays, parce que, je le dis en toute objectivité, c'est probablement le plus beau au Québec, je pense que vous êtes d'accord. Arthabaska-L'Érable, pour moi, c'est un condensé du Québec. Sur le plan géographique, d'abord, on a nos plaines du Saint-Laurent, des plaines fertiles, quadrillées par nos productions agricoles, par nos fermes laitières, nos poulaillers, notre industrie porcine, avec des agriculteurs qui travaillent tous les jours pour nourrir le Québec. On a nos montagnes râpées des Appalaches avec nos producteurs forestiers.

Le Québec a sa métropole, Montréal, mais nous, dans Arthabaska-L'Érable, on a Victoriaville, qu'on aime voir comme le berceau du développement durable, avec des entreprises, des entrepreneurs qui rayonnent partout dans le monde. On a aussi notre capitale, Plessisville, la capitale de l'érable, qui exporte de l'Europe à l'Asie le sang du Québec, le sirop d'érable, parce que moi, j'ai pour mon dire que, si le vin, c'est le sang de la France, le sirop d'érable, ça doit être le sang du Québec.

Puis, sur ce beau grand territoire là, on a un peuple, des gens qui sont tissés serré, qui sont fiers, qui sont travaillants, qui ont les pieds bien plantés dans leur terre, et c'est pour ça que, pour moi, c'est un immense privilège, justement, d'être le premier de Saint-Ferdinand, mon village natal, à pouvoir parler au nom de mes concitoyens et concitoyennes ici, dans cette enceinte.

Mme la Présidente, on vit une époque de grands défis, défis politiques, défis climatiques, défis économiques, qui font en sorte que le rôle du député prend tout son sens. Un député n'est pas juste là pour débattre, pour légiférer, il est là aussi pour créer un pont entre les citoyens et l'État, pour s'assurer que le contrat social est toujours respecté. Un député écoute, comprend, agit pour porter des projets régionaux, des projets nationaux aussi, pour soutenir ses PME, des familles, des organisations, des organismes, pour s'assurer aussi que les décisions qu'on prend ici soient toujours en phase ou reflètent toujours la réalité du terrain, ce qui se passe dans nos villes, dans nos villages, dans nos rangs.

Mais, au-delà, Mme la Présidente, de ces responsabilités quotidiennes, il y a aussi un devoir supérieur, un devoir, à mon avis, historique. Je ne vous cacherai pas que, si je suis ici devant vous aujourd'hui, c'est que je porte la conviction profonde que notre collectivité, dans son avenir, aura un geste fondateur à poser, celui de l'indépendance du Québec. Ce n'est pas une idée du passé, ce n'est pas un rêve lointain, bien au contraire. Je considère que c'est une nécessité historique et démocratique. Le peuple québécois a tout pour réussir : une culture, une langue, une économie dynamique, des ressources naturelles, des institutions solides. On a le droit de choisir notre avenir, on a le droit d'être maîtres chez nous.

Puis, je ne ferai pas à semblant, je fais partie de ceux, et ils sont de plus en plus nombreux, à croire que la place du Québec dans le monde ne peut pas être seulement celle d'une province qui quémande jour après jour sa part à l'intérieur d'une fédération. La place du Québec est au concert des nations.

J'ai la conviction qu'un jour on fera ce choix-là, pas dans un élan de colère, mais dans un élan de confiance, une confiance en nous-mêmes qu'on retrouvera par et... par nous-mêmes, avec lucidité et avec espoir.

Alors, pour terminer, Mme la Présidente, je veux... je veux dire que je suis là pour vous, gens d'Arthabaska et de L'Érable, je suis là pour porter votre voix, je suis là pour défendre vos intérêts. Je suis là aussi pour les gens qui n'ont pas voté pour moi, je vous tends la main, je le fais dans un esprit de dialogue, avec respect, parce que le premier rôle d'un député, ça reste quand même de défendre l'intérêt supérieur de la nation, la nation québécoise pour laquelle j'ai prêté serment. Je suis là aussi pour le Québec, ce Québec qui se tient debout, fier, en français, librement.

Alors, merci à tous ceux et celles qui ont rendu ce moment possible. J'ai hâte de commencer à travailler avec vous pour améliorer le quotidien de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Vive le Québec! Merci, Mme la Présidente.

La Présidente : Et, à mon tour, j'aimerais également souhaiter la plus cordiale bienvenue à notre nouveau collègue et l'assurer de l'entière collaboration de tous les membres de l'équipe de la présidence et, naturellement, de la table.

Alors, je vous demanderais de rester à votre place pour l'instant, demeurez assis, il y aura un petit changement de configuration, qui s'en vient sous peu. Nous allons accueillir la lieutenante-gouverneure, donc nous allons procéder à quelques petits changements.

Des voix : ...

La Présidente : Mmes et MM. les députés, vous êtes priés de vous lever pour accueillir la lieutenante-gouverneure.

M. Lagacé (Mathew) : Mesdames et messieurs, son honneur la lieutenante-gouverneure du Québec.

Allocution d'ouverture

La Lieutenante-gouverneure

La Lieutenante-gouverneure : «Gwe.» Bonjour. Veuillez vous asseoir.

Mme la Présidente. M. le premier ministre. Mme la cheffe de l'opposition officielle. Mme la cheffe du deuxième groupe, malheureusement qui a quitté. M. le chef du troisième groupe, qui a aussi malheureusement quitté. Mmes et MM. les ministres. Mmes et MM. les députés. Mmes et MM. les invités.

Le destin a voulu que mon tout premier discours coïncide avec la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

Cette journée importante à mes yeux vise à reconnaître l'héritage douloureux laissé par les pensionnats autochtones, la mémoire des enfants disparus, la peine des familles laissées sans réponse et le courage des survivants dont la voix éclaire notre chemin de réconciliation.

Cette journée est également associée à la Journée du chandail orange, en souvenir de l'histoire de Phyllis, à qui l'on a retiré son chandail orange offert par sa grand-mère lors de sa toute première journée au pensionnat.

• (14 h 40) •

Alors, en ce 30 septembre, j'ai trouvé important de revêtir ma jupe à ruban, vêtement traditionnel porté depuis 300 ans, devenu un symbole de résilience et de réconciliation, et de porter à mon cou une épinglette perlée représentant un chandail orange.

En tant que première autochtone à occuper la fonction de lieutenante-gouverneure du Québec, je mesure la portée symbolique de ce moment et la responsabilité qui m'incombe d'incarner cette réconciliation, valeur-phare que j'ai choisi de porter pour la durée du mandat qui m'a été confié.

J'aimerais aussi prendre un moment pour souligner la perte tragique de Joyce Echaquan, il y a déjà cinq ans, un moment pour que l'on se souvienne mais aussi pour ouvrir la voie à une guérison, en cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Un moment pour nous rappeler que ce chemin doit se faire à deux, avec un regard croisé, où chacun, autochtones comme non-autochtones, peut faire sa part. Il exige courage, écoute, respect et bienveillance, mais également du temps pour comprendre, accueillir, guérir et s'ouvrir.

Cette journée doit également être l'occasion de saluer les progrès accomplis ces dernières années grâce à une prise de conscience collective, tout en se tournant vers l'avenir et en embrassant le chemin qu'il nous reste à parcourir, ensemble.

Permettez-moi maintenant, chers députés, de saluer le travail accompli par chacune et chacun d'entre vous au cours de la première session de cette 43e législature.

Servir le Québec est un immense privilège, mais aussi une responsabilité à la mesure de cet honneur.

Votre présence ici témoigne de la confiance que les citoyennes et citoyens vous ont accordée pour les représenter et pour agir au bénéfice de toutes les Québécoises et de tous les Québécois.

Chaque session parlementaire, avec ses débats, ses projets et ses avancées, nous rappelle que la démocratie est un engagement quotidien, une oeuvre collective qui se nourrit de l'écoute, du dialogue entre vous et de la recherche de solutions durables aux défis contemporains.

C'est par cette participation active et ce dialogue ouvert que nous pouvons bâtir une société plus juste, résiliente et tournée vers l'avenir.

En contribuant à cette continuité institutionnelle, vous devenez les artisans de notre avenir commun, porteurs de valeurs, de réflexions et d'actions. Vous pouvez être fiers de jouer un rôle... ce rôle central, et j'invite toutes les citoyennes et tous les citoyens à reconnaître l'importance du travail que vous... que vous avez accompli — je m'excuse — et continuerez d'accomplir chaque jour.

Mais ce n'est pas le moment de relâcher nos efforts. Nous pouvons transformer les défis de notre époque en opportunités pour construire un futur plus juste et durable. Les générations futures se souviendront de votre engagement, de votre capacité à écouter, à collaborer et à agir face aux enjeux majeurs de notre temps.

Ces enjeux, qui sont très nombreux, ne se limitent pas aux dimensions sociales ou environnementales. Ils influencent aussi le climat politique, alimentant parfois ou trop souvent la désinformation, ce qui peut affaiblir l'engagement citoyen et la confiance envers nos institutions.

C'est pourquoi la responsabilité des élus est grande : encourager la participation citoyenne et soutenir notre démocratie.

Une responsabilité qui exige intégrité, transparence, égalité, justice, solidarité, respect et bienveillance. Ces valeurs nous rappellent que la confiance citoyenne est le socle de notre démocratie : une confiance certes exigeante, mais que nous devons préserver en incarnant et en transmettant ces valeurs fondamentales.

Dans un monde où les institutions vacillent parfois et où la polarisation semble l'emporter sur le dialogue, notre modèle démocratique demeure solide.

Il nous rappelle que la démocratie est un jardin fragile à cultiver chaque jour, et un héritage à protéger, et aussi un espace où la réflexion, le respect et la responsabilité collective peuvent guider nos pas, à l'abri des passions éphémères.

Dans les prochains mois, je souhaite voir naître des débats forts, mais toujours empreints de bienveillance et de respect.

Que surgissent des idées neuves, audacieuses, porteuses d'inspiration.

Mais surtout que chacune et chacun d'entre vous garde à l'esprit les intérêts des sept prochaines générations pour que vos décisions d'aujourd'hui façonnent un avenir juste, durable et lumineux.

Le Québec nous tient toutes et tous à coeur. Et c'est ensemble que nous bâtirons son avenir.

Je vous souhaite une excellente session et je vous assure de mon entière collaboration. Ma porte vous sera toujours ouverte, peu importe le parti.

«Wela'lioq.» Merci.

La Présidente : Alors, Mmes et MM. les députés, je vous invite à demeurer debout à vos places.

La masse est de retour. Mmes et MM. les députés, vous êtes priés de bien vouloir maintenant toutes et tous vous rasseoir.

Nous reprenons nos travaux. Je vous rappelle l'article 32.

Affaires du jour

Affaires prioritaires

Discours d'ouverture

Maintenant, j'invite M. le premier ministre à prononcer le discours d'ouverture de cette deuxième session de la 43e législature. M. le premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Donc, Mme la Présidente, madame... Mmes et M. les chefs de l'opposition, les députés, les invités, les Québécois, Québécoises. Je veux aussi saluer les employés du secteur public. On a entendu des cas de mauvaise gestion, dernièrement, et évidemment il va y avoir des conséquences pour ces personnes-là, mais je ne voudrais pas que les Québécois pensent que c'est généralisé. La grande, grande majorité des personnes qui travaillent dans notre fonction publique sont dévouées. Ce sont des hommes et des femmes qui permettent à l'État de fonctionner, qui enseignent à nos enfants, qui soignent nos gens, qui s'assurent de nous protéger contre les criminels, donc on doit saluer leur travail.

Il y a deux constats que je veux faire, et je l'ai dit lors de l'assermentation du nouveau Conseil des ministres, il y a deux constats qui expliquent pourquoi on a demandé de proroger et d'ouvrir une nouvelle session.

Le premier constat, c'est qu'entre autres, suite au retour de Donald Trump, le monde a profondément changé, dans les derniers mois.

Le deuxième constat, c'est que, comme dans plusieurs démocraties, le système dans lequel on évolue est devenu hyperbureaucratisé et inefficace.

Et donc, dans les mois qui viennent, notre gouvernement va se concentrer sur quatre champs d'action : l'économie et le portefeuille des Québécois, l'efficacité, la sécurité et l'identité.

• (14 h 50) •

Commençons par l'économie. Bon, je le dis souvent, ce n'est pas une fin en soi, l'économie, mais c'est un moyen fondamental si on veut avoir ce qu'il faut pour aller au bout de nos ambitions.

Mais je veux aussi ajouter que l'éducation, ça reste la priorité des priorités. Mais, pour soutenir cette ambition, bien, ça prend des moyens financiers, ça prend une économie qui est forte.

Quand je dis que le monde a profondément changé, bien, c'est vrai entre autres puis beaucoup en économie, avec Donald Trump, mais c'est vrai aussi à cause d'autres facteurs. Pensons à l'inflation, pensons à la guerre en Ukraine, pensons à l'intelligence artificielle, pensons à la montée de la puissance en Chine. Ce sont tous des facteurs qui sont une transformation fondamentale, puis, que ça nous plaise ou non, bien, on doit s'adapter.

Je vous donne un exemple : les investissements en défense. Bien, évidemment, il faut les augmenter, puis je suis content de voir que le gouvernement fédéral va augmenter ses investissements en défense. Auparavant, honnêtement, ce n'était pas une priorité pour le Québec, mais aujourd'hui, face à la position de Donald Trump, on n'a pas le choix que d'être plus indépendants des États-Unis, et donc il faut faire des changements. Par exemple, chez Investissement Québec, jusqu'à récemment Investissement Québec n'avait pas le droit d'investir dans des entreprises qui sont dans le secteur de la défense. Donc, il semble que, juste là, il y a une évidence, puis on a changé les choses de ce côté-là.

En 2018, puis je sais que la nouvelle cheffe de l'opposition officielle m'a souvent entendu le dire, je l'ai dit, je l'ai répété puis je vais continuer de le répéter, on a une... on avait une grande priorité : réduire l'écart de richesse du Québec avec l'Ontario et le reste du Canada. Et on a réussi de manière éclatante, Mme la Présidente. Depuis sept ans, la croissance économique par habitant du Québec a été plus forte que celle de l'Ontario et que celle du reste du Canada. C'est du jamais-vu, Mme la Présidente.

Donc, j'ai mis à jour mes tableaux, là. Donc, demain, à la période de questions, j'espère avoir des questions en économie.

Mais, Mme la Présidente, réduire notre écart de richesse par rapport au reste du Canada, ce n'est, aujourd'hui, pas assez ambitieux. On a un défi encore plus grand à cause des gestes posés par le président des États-Unis. Évidemment, à court terme, ce qu'on doit faire, c'est un peu ce qu'on a fait pendant la pandémie, c'est d'aider chaque travailleur, chaque entreprise dans chaque région à essayer de passer au travers une crise, là, qui est déjà présente actuellement. Mais, à moyen terme, ça nous prend une nouvelle vision économique.

Depuis l'hiver dernier, avec la ministre de l'Économie, avec des centaines de personnes qu'on a consultées, on a mis à jour la vision économique du Québec pour les prochaines années, parce qu'on a aussi des opportunités. Si on joue bien nos cartes dans les prochaines années, le Québec peut même se retrouver dans une position où on va être une des nations les plus prospères des Amériques.

Évidemment, cette vision va commencer par être basée sur la production... une augmentation importante de la production d'électricité. Ce n'est pas d'hier que j'en parle. Même quand j'étais assis de l'autre côté de la Chambre, je parlais, à l'époque, d'une Baie James du XXIe siècle. Ensuite, j'ai parlé que le Québec devienne la batterie de l'Amérique du Nord. Et, avec ce qui se passe actuellement, Mme la Présidente, j'y crois plus que jamais.

Et d'ailleurs, il y a une dizaine de jours, j'étais en Abitibi-Témiscamingue pour annoncer un investissement de 2,5 milliards, 100 % des fonds privés, 1 600 emplois à un salaire moyen de 140 000 $ par année. Pourquoi? Parce qu'on a été capables de leur octroyer un bloc de 25 mégawatts au tarif normal, au tarif L. Donc, il y a actuellement des dizaines de projets comme ça, dans toutes les régions du Québec, qui vont être disponibles grâce à notre électricité. Donc, c'est une opportunité exceptionnelle pour l'économie du Québec.

Ça va nous permettre aussi, bien sûr, de combattre les changements climatiques, de faire la transition énergétique. On doit, bien sûr, tenir compte du nouveau contexte qu'on vit actuellement. Mais il y a une chose qui est sûre, là, j'espère que les 125 députés ici sont convaincus, à moyen terme, long terme, pour lutter contre les changements climatiques et pour avoir une vision économique ambitieuse, bien, ça passe par l'électrification de notre économie. Puis Hydro-Québec a mis en place un plan de 200 milliards. C'est le plus grand chantier économique de toute l'histoire du Québec. Ce n'est quand même pas rien.

Et, Mme la Présidente, ce chantier d'Hydro-Québec va nous amener deux booms économiques : un premier boom économique lors de la construction, donc, que ce soit l'éolien, le rehaussement des centrales, et un deuxième boom économique lorsque les entreprises vont utiliser cette électricité. Puis, on le voit, même aux États-Unis ils veulent doubler la capacité d'énergie, mais ils ne voient pas comment ils vont y arriver.

Donc, les entreprises, puis à commencer, bien sûr, par nos entreprises québécoises, c'est important de le dire, là, elles vont pouvoir profiter de cet avantage compétitif. On va pouvoir aussi profiter de certains secteurs comme l'intelligence artificielle, où on a besoin de capacités dans des centres de données, et donc de beaucoup d'énergie. On va pouvoir aussi être précurseurs dans l'aluminium vert, dans l'acier vert et dans toute l'industrie manufacturière, à commencer, bien sûr, par l'aérospatiale, mais aussi en passant par la défense, en passant par les mines. Puis là, évidemment, je parle en particulier, puis on aura l'occasion d'en reparler, des minéraux critiques, où, encore là, le Québec a une opportunité extraordinaire.

Mais, Mme la Présidente, cet immense chantier ne pourra pas être réalisable à court terme si on continue de jouer dans le système actuel. Donc, on doit accepter, comme société, de changer nos façons de faire.

Donc, j'annonce que mon gouvernement va déposer cet automne un projet de loi pour accélérer le déploiement de projets économiques et énergétiques qui sont stratégiques pour le Québec.

• (15 heures) •

Donc, on a des beaux projets sur la table actuellement, mais il faut s'assurer qu'ils se réalisent. Donc, on va raccourcir les délais, alléger les processus, tout en gardant des standards élevés. Mais on va le faire aussi en partenariat avec les Premières Nations et les Inuits.

Puis on a déjà des beaux modèles de partenariat. Il y a quelques semaines, j'étais en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent : 6 000 mégawatts — c'est énorme quand on y pense — en partenariat entre les villes, les MRC et les nations autochtones, toutes incluses dans l'actionnariat du projet. C'est extraordinaire! On doit exporter ce projet dans les autres régions du Québec.

Donc, on est capables de faire des partenariats. Évidemment, on est capables d'en faire aussi avec les autres provinces. Une de mes grandes fiertés, vous allez me voir venir, c'est l'entente de principe qu'on a faite avec Terre-Neuve. C'est une entente historique qui s'est faite avec Terre-Neuve. On prolonge l'accord, qui se terminait en 2041, jusqu'en 2075. On augmente le nombre de mégawatts à 7 200, une augmentation de 50 %. Pourquoi? Bien, parce qu'on rehausse les capacités de Churchill Falls puis on construit ensemble un nouveau complexe qui s'appelle Gull Island. Et, bon, vous avez entendu, il y a une opposition à Terre-Neuve, puis il y a une élection qui va avoir lieu le mois prochain, qui trouve que le deal est trop bon pour le Québec. Moi, je suis convaincu que c'est une entente qui est gagnant-gagnant, puis on va réussir à la finaliser, contrairement aux gouvernements avant nous, qui n'ont jamais réussi à faire cette entente nécessaire avec Terre-Neuve.

Bon, je le disais, évidemment, cette électricité, il va falloir en faire d'abord profiter nos entreprises québécoises, incluant nos PME. Puis on a fait beaucoup de travail, oui, j'entends des... 95 % des interventions d'Investissement Québec ont été faites auprès de PME québécoises. Maintenant, on a un autre outil, qui s'appelle la Caisse de dépôt, la Caisse de dépôt qui a été fondée par Jean Lesage avec une double mission, donc rendement pour les déposants, mais aussi support au... à l'économie du Québec.

Avec le contexte économique mondial actuel, je vous annonce que le gouvernement va demander à la direction de la Caisse de dépôt d'augmenter la part de ses investissements dans l'économie québécoise.

Donc, on va se donner des moyens pour nos ambitions collectives, mais il faut aussi parler de nos ambitions individuelles. On va continuer de mettre l'emphase pour remettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois. Donc, le député d'Arthabaska peut être content de cette position. C'est quelque chose où on n'est pas gênés. On l'a fait depuis sept ans.

Rappelez-vous, Mme la Présidente, quand on a donné 2 000 $ aux personnes de 70 ans et plus, qui en avaient besoin, parce que, dans beaucoup de cas, ils n'avaient pas la chance d'améliorer leur salaire, puisqu'ils étaient à la retraite. Bien, ça les a soulagés. Quand on a donné deux heures gratuites pour le stationnement des hôpitaux, ce n'est pas tout le monde qui était capable de payer 30 $ par jour pour le stationnement, ça a soulagé les Québécois. Quand on a enlevé la taxe libérale sur les tarifs de garderie, ça a soulagé les classes moyennes. Les parents, quand ils ont réalisé, parce que des fois ils n'étaient pas assez au courant, que les lunettes, maintenant, sont payées, pour les enfants, même soulagement. Quand on a baissé les taxes scolaires dans certaines régions, où elles étaient trois fois plus élevées que la moyenne du Québec, ça a soulagé les Québécois. Même chose quand on a baissé les impôts pour la classe moyenne.

Il y a certaines personnes qui vont dire : Oui, mais vous avez moins baissé rapidement la dette du Québec. Bien oui, mais on a travaillé à réduire l'endettement des Québécois personnellement. On a aussi décidé de plafonner les hausses de tarifs à 3 %, incluant en électricité. On a beaucoup augmenté les salaires des préposés, des éducatrices, des enseignants, des infirmières, puis c'était mérité. Et d'ailleurs c'est grâce à ça... Mme la Présidente, autre objet de fierté, quand on regarde, depuis sept ans, la croissance du salaire moyen au Québec, on a battu l'Ontario puis le reste du Canada. C'est une autre grande fierté, Mme la Présidente. Et toutes ces décisions, bien, ça a permis aux familles du Québec d'avoir plus d'argent dans leurs portefeuilles.

Mais on est bien conscients, je suis bien conscient qu'actuellement, depuis un an ou deux, l'inflation frappe fort, que ce soit sur le prix du logement, que ce soit sur le prix de l'épicerie. Il y a des Québécois qui ont de la misère à arriver à la fin du mois. Donc, je vous annonce que j'ai donné instruction au ministre des Finances de trouver des moyens, au cours des prochains mois, de soulager le portefeuille des Québécois qui souffrent actuellement.

Et ça ne va pas nous empêcher, Mme la Présidente, de continuer notre chemin vers l'équilibre budgétaire. Comment on va faire ça? Bien, d'abord, en stimulant l'économie, donc en augmentant les revenus, mais aussi avec un traitement choc dans la bureaucratie, dans les dépenses, dans la révision de tous les postes administratifs. Et je vous annonce d'ailleurs que, d'ici quelques semaines, la présidente du Conseil du trésor va annoncer des cibles ambitieuses pour réduire le nombre de postes dans la bureaucratie à court terme.

Et, Mme la Présidente, quand je parle de traitement choc, je ne parle pas de faire des coupures de services. Ce que je parle, c'est de sortir d'un système qui est lourd, qui est trop lourd, qu'on a construit, tous gouvernements confondus, depuis des décennies. On a besoin de faire les choses autrement, de façon plus efficace. Le but, c'est de donner des meilleurs services, qu'on devienne un endroit où les projets, petits ou grands, se fassent rondement, à moindre coût, sans sacrifier la qualité.

La vraie question qu'on doit se poser, c'est : Quelles sont les contraintes qu'on s'impose à nous-mêmes?

L'environnement est un bon exemple. On a actuellement des délais d'octroi de permis qui sont beaucoup trop longs. On me raconte des histoires d'horreur pour construire de simples ponceaux. Les maires du Québec, qui s'en vont en élection, sont imputables, il faut leur laisser plus de marge de manoeuvre.

J'ai donc demandé à tous les ministres et aujourd'hui je donne instruction à tous les ministères, tous les organismes, tous les réseaux et toutes les sociétés d'État de lever toutes les pierres, de remettre leurs façons de faire en question, de trouver des façons d'être plus efficaces. Il faut changer notre mentalité d'extrême prudence et accepter de prendre des risques mesurés. Il faut libérer le Québec de cette camisole de force bureaucratique.

Je le disais d'entrée de jeu, les employés du secteur public sont dévoués. Ce n'est pas de leur faute si on leur demande de passer leur temps à remplir des rapports que souvent personne ne lit. Ce n'est pas de leur faute s'ils sont noyés dans la paperasse. Je suis convaincu que nos employés aimeraient beaucoup mieux utiliser ce temps-là pour améliorer les services à leurs concitoyens. On va donc faire le grand ménage dans la paperasse.

• (15 h 10) •

Et, Mme la Présidente, toute ma vie professionnelle j'ai travaillé avec les syndicats. Depuis qu'on forme le gouvernement, on a conclu des dizaines d'ententes avec les employés du secteur public. Les syndicats ont leur utilité dans une société, et au Québec ils sont particulièrement favorisés, ne serait-ce que par la formule Rand. Mais ce régime avantageux vient avec une responsabilité pour les dirigeants syndicaux.

Malheureusement, le Québec est le champion des grèves, des grèves qui privent les travailleurs de revenus pendant des semaines, des grèves, comme on le voit actuellement dans le transport en commun, qui empêchent des milliers de personnes d'aller travailler, de recevoir des soins, des assemblées syndicales qui se tiennent aux petites heures du matin, des dirigeants syndicaux qui utilisent les cotisations des travailleurs pour contester une loi sur la laïcité que ces mêmes travailleurs appuient et des dirigeants syndicaux qui manquent de transparence sur l'utilisation de leurs cotisations syndicales. C'est un système de pratiques qui est dépassé, qui nuit aux travailleurs, qui nuit aux citoyens et qui nuit au Québec tout entier.

C'est Lise Thériault qui va être contente, hein, je la vois, là, sourire.

Mme la Présidente, en 2025, en 2025, les travailleurs... c'est-à-dire les syndicats vont aller chercher 1 milliard et demi de cotisations dans les poches des travailleurs. Je rappelle que ces cotisations sont déductibles d'impôt — je sais que la cheffe de l'opposition officielle connaît bien la fiscalité — c'est 145 millions que ça coûte aux contribuables québécois. Donc, il est temps d'exiger la transparence, de la démocratie syndicale. Il est temps que les syndicats recentrent leurs actions sur leur mission essentielle.

J'annonce donc que le ministre du Travail va déposer bientôt un projet de loi pour moderniser le régime syndical au Québec, en faveur des travailleurs, des citoyens et du Québec.

Maintenant, quelques mots sur les médecins. D'abord, s'il y a un bras de fer, en ce moment, entre les syndicats de médecins puis nous, ce n'est pas de gaieté de coeur. Si on insiste, si on résiste, c'est pour les Québécois, c'est pour les patients. On est prêts à négocier avec les syndicats sur les moyens. Notre préférence, bien sûr, c'est d'arriver à une entente. Mais, je le redis, on ne va pas reculer devant les syndicats comme l'ont fait les gouvernements du Parti québécois et du Parti libéral. On doit ça aux Québécois, qui paient les médecins en moyenne de 400 000 $ à 550 000 $ par année et qui en retour ont le droit de s'attendre à être pris en charge par les médecins du Québec.

Maintenant, la sécurité. La sécurité — où est mon ami Ian? — la sécurité, c'est une responsabilité fondamentale pour tout gouvernement, puis malheureusement, en ce moment, il y a un sentiment d'insécurité qui grandit, au Québec.

Bon, d'abord, s'il y a un sentiment d'insécurité, c'est en partie à cause des problèmes de drogues dures, de santé mentale, et on doit se donner les moyens de soigner les personnes qui sont dangereuses pour elles-mêmes ou pour les autres.

Donc, je vous annonce qu'on va amender la loi P-38 pour que les personnes malades soient mieux prises en charge.

Mais l'insécurité, c'est aussi le crime organisé, les gangs de rue, les fraudeurs qui s'en prennent aux personnes âgées, les prédateurs sexuels qui s'en prennent aux femmes, aux enfants.

J'annonce que le nouveau ministre de la Sécurité publique va avoir la responsabilité de déposer des mesures de lutte contre la criminalité.

Il faut aussi que la justice soit sévère, que la répression soit au rendez-vous. Ça veut dire aussi de mieux contrôler les récidivistes, et en particulier les délinquants sexuels dangereux.

Je disais un peu plus tôt que, les défis qui se dressent devant nous, on les retrouve aussi dans d'autres démocraties libérales, mais il y en a un, de ces défis, qui est unique au Québec, c'est le défi de préserver notre identité nationale. C'est un défi qui a toujours été présent depuis quatre siècles. Au début de la Nouvelle-France, on a failli disparaître. Ensuite, il y a eu la Conquête. Ensuite, il y a eu l'exode de 1 million de Canadiens français vers les États-Unis. Et il y a actuellement le rouleau compresseur de la culture américaine.

On a réussi, heureusement, avec la Charte de la langue française, à sauver le français. Et j'en profite, si vous le permettez, pour saluer la mémoire de l'architecte de la Charte de la langue française, un géant intellectuel, un homme remarquable, un grand officier de l'Ordre national du Québec, M. Guy Rocher. J'aurai d'ailleurs l'occasion de participer à ses funérailles nationales jeudi, donc dans deux jours. Et, comme nous l'a montré M. Rocher, bien, il a toujours fallu se battre pour continuer d'exister. Ce n'est pas différent aujourd'hui. La langue française, nos valeurs communes, notre culture sont toujours à risque. Il ne faut pas qu'on se mette la tête dans le sable.

Notre gouvernement a beaucoup agi, depuis 2018, en fait plus qu'aucun autre gouvernement depuis le gouvernement de René Lévesque, mais des phénomènes hors de notre contrôle sont en train d'ébranler les fondements de notre identité, entre autres la politique d'immigration incontrôlée d'Ottawa et la production culturelle mondiale sur support numérique, qui écrasent notre culture.

Le premier facteur, c'est l'explosion de l'immigration. Et je veux mettre, encore une fois, les choses au clair, je ne critique pas les immigrants eux-mêmes. Ces personnes viennent ici, au Québec, pour une vie meilleure pour eux, pour leurs enfants. Le Québec est un des endroits les plus accueillants au monde, on l'a prouvé à maintes et maintes reprises. On a été fiers de s'occuper des réfugiés, des Haïtiens qui fuyaient Duvalier, des boat people du Vietnam, des Chiliens qui fuyaient Pinochet et, plus récemment, des Libanais, des Syriens, des Ukrainiens qui fuyaient la guerre de Poutine. Et, comme des millions de Québécois, qu'on soit de souche ancienne ou récente, je suis fier que le Québec soit une terre d'accueil. Personne ne peut contester le fait que les immigrants ont été et sont toujours une richesse pour le Québec.

• (15 h 20) •

Ceci étant dit, trop, c'est comme pas assez. Soulever l'enjeu de l'immigration, ce n'est pas du racisme, ce n'est pas souffler sur les braises de l'intolérance, comme on l'a déjà entendu. Le même débat a cours partout en Occident, et souvent de façon beaucoup plus virulente qu'ici.

Pourtant, ici, au Québec, l'enjeu se pose avec plus de force. D'abord, en 2023, le Québec a été, avec l'Autriche, l'endroit en Occident qui a reçu le plus de demandeurs d'asile par habitant, beaucoup plus que le reste du Canada, que les États-Unis, que la France, que le Royaume-Uni, et pourtant à ces endroits il y a des débats enflammés.

Au Québec, la population a explosé avec l'arrivée de 200 000 immigrants temporaires d'un coup, en deux ans, à cause du gouvernement fédéral. Pourtant, il nous manque de logements, nos écoles débordent, le système de santé est étiré au maximum. Mais le problème de l'immigration incontrôlée se pose encore avec plus d'acuité au Québec parce qu'en plus on a le défi de protéger notre langue et de protéger nos valeurs, incluant la laïcité.

Je comprends que les entreprises veulent plus de travailleurs étrangers. Je comprends que les universités, les cégeps veulent plus d'étudiants étrangers. Je comprends les personnes au grand coeur qui veulent qu'on accepte tous ceux qui demandent asile. Je comprends, mais c'est impossible. Il faut regarder le portrait d'ensemble. On a dépassé la limite de nos capacités d'accueil et d'intégration. Comme on dit, le mieux est l'ennemi du bien. En ce moment, on n'est plus en mesure de prendre soin de ces personnes avec la dignité nécessaire et de prendre soin de notre monde, de nos propres citoyens. Ça ne peut plus continuer comme ça. Donc, l'objectif de notre gouvernement, c'est de réduire de 200 000 le nombre d'immigrants temporaires à Montréal et à Laval.

Et je vous annonce que, si le gouvernement fédéral ne prend pas ses responsabilités, on ne va pas... on ne va pas avoir le choix d'être moins... que d'être moins généreux avec les demandeurs d'asile.

Un autre phénomène qui est en montée, au Québec, c'est celui des groupes politico-religieux qui s'attaquent à certaines de nos valeurs communes, comme la laïcité. Soyons honnêtes, ce sont surtout les islamistes radicaux qui s'attaquent à ces valeurs avec le plus d'intensité. Encore là, je veux être bien clair, je ne vise pas les Québécois de confession musulmane ou qui sont originaires de pays musulmans. Je parle des islamistes radicaux, un groupe de personnes qui tentent par tous les moyens d'imposer leurs valeurs, de contester nos valeurs et en particulier le droit des femmes à l'égalité. Il faut qu'on soit très clairs là-dessus, on ne va pas laisser personne s'attaquer à la liberté chèrement acquise par les Québécoises depuis des décennies. Jamais.

Donc, je vous annonce que le gouvernement va déposer un nouveau projet de loi pour renforcer la laïcité de l'État et va prendre tous les moyens possibles pour contrer les assauts contre nos valeurs communes.

Je vous annonce aussi que, pour renforcer notre autonomie juridique, pour défendre nos valeurs communes et notre identité, le gouvernement va bientôt déposer à l'Assemblée nationale le premier projet de constitution du Québec.

Ce qui nous définit, c'est aussi notre culture, notre belle langue française, notre histoire, notre patrimoine, les arts, ce qu'on appelle nos productions culturelles. Vous le savez, j'aime la culture québécoise, les livres, les chansons, la télé, le cinéma, le théâtre. Pour moi, c'est un devoir, comme premier ministre de la nation québécoise, de protéger la culture québécoise, d'en être le gardien ultime au sein du gouvernement.

Une de mes grandes fiertés, depuis sept ans, c'est d'avoir augmenté le budget de la culture de 75 %.

Je suis fier aussi de confirmer que le premier Musée national de l'histoire du Québec va ouvrir ses portes ici, à Québec, l'été prochain. C'est une de mes grandes fiertés d'avoir porté ce projet avec les jeunes de la CAQ.

Ceci dit, des pans entiers de notre culture sont pris d'assaut par le monde numérique et ses plateformes. Nos jeunes sont malheureusement de moins en moins exposés à la culture québécoise. C'est grave, parce que la culture québécoise, c'est un ingrédient essentiel à notre cohésion nationale. Dans ma génération, il suffisait de faire jouer quelques notes d'une chanson d'Harmonium. La prochaine génération, ce sont Les Cowboys fringants. Il y a des répliques de films, évidemment, comme «la guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal», ou des remarques absurdes, «steak, blé d'Inde, patates». C'est drôle, triste, émouvant, mais ça nous rassemble. Puis on l'a vu au décès de Serge Fiori puis de Karl Tremblay. Une émotion collective qui nous réunit. On a besoin de ça comme nation. Puis tout ça est à risque, actuellement.

Donc, en s'appuyant notamment sur le rapport du Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel, le ministre de la Culture va continuer de prendre ce défi à bras-le-corps avec l'appui de tout le gouvernement. Mais ça doit dépasser le gouvernement. Ça doit devenir un défi collectif de faire découvrir notre culture aux jeunes et aux nouveaux arrivants. Il faut le faire ensemble, tous les Québécois.

Donc, en conclusion, le gouvernement va se concentrer sur quatre champs d'action : économie et portefeuille, efficacité, sécurité, identité. On va agir en gardant le cap sur le retour progressif à l'équilibre budgétaire. On va y arriver en optimisant notre économie, nos revenus, mais en gérant nos dépenses serré.

Et, sans minimiser nos défis budgétaires, je veux rassurer les Québécois, je veux rappeler que toutes les agences de notation, à l'exception d'une seule, ont maintenu la cote de crédit du Québec. Et vendredi dernier on a appris que le déficit de la dernière année financière était moins élevé que prévu. Donc, le gouvernement maintient le cap sur le retour progressif à l'équilibre budgétaire en 2029‑2030. Nos finances sont entre bonnes mains avec notre très solide ministre des Finances.

• (15 h 30) •

Maintenant, nos relations avec les Premières Nations et les Inuits sont très importantes. C'est une journée spéciale, aujourd'hui, le 30 septembre — on porte tous cette épinglette — la journée de la vérité et de la réconciliation. C'est impératif pour notre avenir commun de poursuivre cette réconciliation, de rebâtir la confiance pour en arriver à établir des partenariats fructueux. C'est loin d'être toujours facile, ni pour les uns ni pour les autres, mais il faut y croire, il faut y mettre de la bonne volonté, toute la patience nécessaire. Et j'ai appris, depuis sept ans, à connaître personnellement, à apprécier plusieurs de mes interlocuteurs autochtones. Plusieurs sont présents, d'ailleurs, cet après-midi dans les tribunes. Je les salue chaleureusement.

En terminant, chers Québécois, chères Québécoises, ne vous laissez pas démoraliser par les mauvaises nouvelles, qui cachent souvent les belles choses qui se passent ici. Ne vous laissez pas démoraliser par les conflits au sud de notre frontière, par ce qui se passe à l'étranger ou par les difficultés normales de la vie. Quand on prend de la perspective, quand on regarde ce qui se passe ailleurs, on se rend compte qu'on est pas mal bien chez nous. On a un territoire immense, magnifique, qu'on partage avec les Premières Nations et les Inuits. On a une culture qui, malgré tous ces défis, nous rend fiers. On a absolument tous les atouts parmi les nations pour devenir parmi les plus prospères, les plus en sécurité et surtout les plus heureuses de la planète. Merci.

(Applaudissements)

La Présidente : M. le premier ministre, oui.

Motion proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement

M. Legault : ...oui, conformément à l'article 45 de notre règlement, j'invite l'Assemblée nationale à adopter la motion suivante :

«Que l'Assemblée nationale approuve la politique générale du gouvernement.»

La Présidente : Merci, M. le premier ministre. Votre motion est présentée.

Ajournement

Pour ma part, je vais lever cette séance. Et, conformément aux dispositions du règlement, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au mercredi 1er octobre 2025, à 9 h 40. Bonne fin de journée à toutes et à tous. Merci.

(Fin de la séance à 15 h 35)