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Version finale

43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)

Le mardi 7 octobre 2025 - Vol. 48 N° 4

Aller directement au contenu du Journal des débats

Table des matières

Affaires du jour

Affaires prioritaires

Reprise du débat sur la motion du premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement et sur les motions formulant un grief

Mme Sona Lakhoyan Olivier

Motion formulant un grief

Mme Amélie Dionne

M. Etienne Grandmont

Motion formulant un grief

M. Ian Lafrenière

M. Pierre Dufour

M. Mathieu Rivest

Mme Elisabeth Prass

Motion formulant un grief

Mme Chantale Jeannotte

Affaires courantes

Déclarations de députés

Souligner le 20e anniversaire des Patriotes de l'école secondaire Roger-Comtois

M. Sylvain Lévesque

Souligner la Semaine du Congo à Montréal

M. Frantz Benjamin

Rendre hommage à Mme Nathalie Clark

Mme Martine Biron

Souligner le 30e anniversaire de Répit Providence

M. Alexandre Leduc

Rendre hommage à M. Mathieu St-Pierre

Mme Marie-Louise Tardif

Rendre hommage à Mme Gemma Raeburn-Baynes

Mme Brigitte B. Garceau

Souligner le 30e anniversaire du Musée de paléontologie et de l'évolution

Mme Karine Boivin Roy

Rendre hommage à M. Fernand Trahan

M. Pierre Dufour

Souligner le 30e anniversaire de la Maison Alcide-Clément

Mme Suzanne Tremblay

Souligner le 25e anniversaire de l'Association des devenus sourds et des malentendants du
Québec, secteur des MRC de L'Assomption et des Moulins

Mme Pascale Déry

Féliciter le collectif créatif La Cargaison et la Corporation monseigneur Forget, lauréats du
prix Mise en valeur décerné par le Conseil du patrimoine religieux du Québec

M. Louis Lemieux

Souligner le 25e anniversaire du journal Le Cantonnier

M. François Jacques

Dépôt de documents

Dépôt de pétitions

Améliorer l'accès aux services d'orthophonie sur la Côte-Nord

Maintenir l'encadrement professionnel indépendant du secteur financier

Garantir un accès équitable aux soins et aux services sociaux dans les régions éloignées

Rejeter le projet de règlement modifiant le calcul des augmentations de loyer

Reconnaître le travail des proches aidants et leur accorder un salaire juste

Soutenir le peuple togolais dans sa lutte pour la démocratie

Garantir un accès équitable aux soins et aux services sociaux dans les régions éloignées

Rejeter le projet de règlement modifiant le calcul des augmentations de loyer

Reconnaître le travail des proches aidants et leur accorder un salaire juste

Questions et réponses orales

Suspension de projets de transformation numérique dans le réseau de la santé

Mme Marwah Rizqy

M. François Legault

Mme Marwah Rizqy

M. François Legault

Mme Marwah Rizqy

M. François Legault

Mme Marwah Rizqy

M. François Legault

Suspension de projets de transformation numérique dans le réseau de la santé

M. Marc Tanguay

M. Christian Dubé

M. Marc Tanguay

M. Christian Dubé

M. Marc Tanguay

M. Christian Dubé

Stratégie du gouvernement en matière d'approvisionnement local

M. Frédéric Beauchemin

Mme Christine Fréchette

M. Frédéric Beauchemin

Mme Christine Fréchette

M. Frédéric Beauchemin

Mme Christine Fréchette

Document déposé

Encadrement de l'industrie du camionnage

M. Monsef Derraji

M. Jonatan Julien

M. Monsef Derraji

M. Jonatan Julien

M. Monsef Derraji

M. Jonatan Julien

Projets de transformation numérique de l'État

Mme Ruba Ghazal

M. François Legault

Mme Ruba Ghazal

M. François Legault

Mme Ruba Ghazal

M. François Legault

Suspension de projets de transformation numérique dans le réseau de la santé

M. Vincent Marissal

M. Christian Dubé

M. Vincent Marissal

M. Christian Dubé

M. Vincent Marissal

M. Christian Dubé

Stratégie du gouvernement en matière de développement économique

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

Projet de règlement modifiant le calcul des augmentations de loyer

M. Andrés Fontecilla

Mme Sonia Bélanger

M. Andrés Fontecilla

Mme Sonia Bélanger

M. Andrés Fontecilla

Mme Sonia Bélanger

Document déposé

Dépassements de coûts dans le projet SIFARH

Mme Michelle Setlakwe

M. Éric Caire

Dépassements de coûts dans le projet SIFARH

Mme Michelle Setlakwe

M. Éric Caire

Motions sans préavis

Réaffirmer le droit fondamental à la liberté d'expression pour tous et souligner la
responsabilité particulière des représentants politiques de favoriser des débats
sereins, respectueux et fondés sur les faits

Mise aux voix

Affirmer qu'une constitution du Québec ne peut être préparée et adoptée que dans le cadre d'une
démarche solennelle, transparente, transpartisane et au terme de consultations élargies

Mise aux voix

Avis touchant les travaux des commissions

Affaires du jour

Affaires prioritaires

Reprise du débat sur la motion du premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement et sur les motions formulant un grief

Mme Chantale Jeannotte (suite)

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. Christopher Skeete

M. Enrico Ciccone

Motion formulant un grief

Mme Sonia Bélanger

M. Gregory Kelley

Mme Isabelle Charest

Mme Alejandra Zaga Mendez

Mme Agnès Grondin

Mme Catherine Gentilcore

Motion formulant un grief

Mme Karine Boivin Roy

Mme Maïté Blanchette Vézina

M. André Fortin

Motion formulant un grief

Mme Marie-Belle Gendron

Ajournement

Journal des débats

(Dix heures)

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous, collègues. Avant de débuter nos travaux, nous allons nous recueillir quelques instants.

Je vous remercie.

Affaires du jour

Affaires prioritaires

Reprise du débat sur la motion du premier ministre proposant que
l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement
et sur les motions formulant un grief

Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 2 octobre 2025 sur le discours d'ouverture et sur la motion de M. le premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement ainsi que sur les motions de grief présentées par Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée des Mille-Îles, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, M. le député de Nelligan, M. le député de Marguerite-Bourgeoys et Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.

Avant de donner la parole au prochain intervenant, je vous informe que 8 h 43 min 48 s ont été utilisées dans le cadre de ce débat. La répartition du temps de parole restant est la suivante : 7 h 40 min 38 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 h 45 min 27 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 2 h 31 min 1 s au deuxième groupe d'opposition, 59 min 3 s au troisième groupe d'opposition, 20 minutes aux députés indépendants et 60 minutes au représentant du gouvernement pour sa réplique.

Je suis maintenant prêt à céder la parole au prochain intervenant, et je reconnais Mme la députée de Chomedey.

Mme Sona Lakhoyan Olivier

Mme Lakhoyan Olivier : Merci, M. le Président. Chers collègues, chers citoyens, je suis heureuse de vous retrouver pour la reprise des travaux parlementaires. J'aimerais d'abord offrir mes sincères condoléances à la nouvelle ministre des Aînés et souhaiter la bienvenue à la nouvelle ministre de Tourisme.

Pour donner suite à l'écoute du discours inaugural du premier ministre, je suis encore plus convaincue qu'après sept ans de promesses non tenues, d'échecs répétés et de départs de plusieurs députés et ministres, le gouvernement de la CAQ a perdu la confiance des Québécois. La crédibilité n'est plus au rendez-vous. Le contrat social est brisé. Je m'explique.

Malgré le discours qui tente d'être rassurant et les annonces ponctuelles du premier ministre telles que : Ne vous laissez pas démoraliser par les difficultés normales de la vie, la population vit une réalité bien différente. Les Québécois font face à des services de santé inadéquats, à des coûts de la vie qui explosent et à un sentiment croissant d'abandon par leur gouvernement. En tant que députée de Chomedey, je ne peux rester silencieuse face à ce que vivent nos citoyens.

À l'épicerie, on me demande : Mme la députée, c'est quand les élections? Cette question traduit la frustration, la colère et l'inquiétude. Les familles paient des impôts et des taxes et s'attendent à de meilleurs services et une meilleure qualité de vie.

Le premier ministre peut bien dire : Tout va bien, mais la réalité est tout autre : pas d'accès à un médecin, des listes d'attente interminables et des urgences qui débordent, des registres centralisés imposés sans égard, qui déshumanisent les soins et laissent nos aînés, toujours plus nombreux, mal servis. Des milliers d'aînés doivent choisir entre se loger ou se nourrir. Les fruits et les légumes sont devenus des produits de luxe. Les loyers sont inabordables, et les jeunes couples n'osent plus rêver à un premier chez-soi devenu inatteignable.

Notre système de santé est au bord de l'effondrement, des hôpitaux saturés et un manque criant de personnel et des infrastructures hospitalières délaissées. L'itinérance et les problèmes de santé mentale sont à la hausse. Vous savez, chaque personne sans toit est un échec collectif et chaque personne en souffrance mentale est un signal d'alarme pour toute la société.

Nos jeunes sont abandonnés. Écoles et terrains de sport tombent en ruine, les programmes périscolaires sont insuffisants, et les gangs de rue profitent de ce vide pour recruter. Donc, investir dans la santé, l'éducation et le sport, c'est investir dans leur sécurité et dans l'avenir du Québec. Ils méritent mieux, beaucoup mieux, M. le Président.

En tant que responsable de l'opposition officielle en tourisme depuis trois ans, je constate que ce secteur stratégique, quatrième source de revenus du Québec, n'est pas une priorité pour la CAQ. Aucun mot sur le tourisme n'a été prononcé lors du discours inaugural du premier ministre, ce qui démontre à quel point le gouvernement minimise l'importance économique et culturelle de ce secteur. Pourtant, il représente un levier crucial. Vous n'avez qu'à aller au Festival western de Saint-Tite pour voir comment c'est bon pour l'économie et le moral. Le tourisme peut contribuer massivement à l'économie, mais présentement, il n'est pas utilisé à son plein potentiel.

Prenons l'exemple du Mont-Sainte-Anne qui, aujourd'hui, est le symbole de l'inaction et du manque de vision du gouvernement. Malgré l'investissement annoncé de 100 millions de dollars, en décembre 2024, pour moderniser les installations, l'argent reste bloqué, faute d'entente avec l'opérateur RCR, connu sous Resort of the Canadian Rockies. Les préventes d'abonnement approchent et aucune signature n'a été apposée. La coupe du monde de vélo de montagne 2026 disparaît du calendrier après plus de 30 ans, faute de négociations gouvernementales. Le Mont-Sainte-Anne, moteur économique régional, est fragilisé par des incidents graves et le conflit RCR-SEPAQ qui bloque son développement. Le contrat de 100 millions reste secret. L'absence d'intervention et de vision du gouvernement de la CAQ laisse municipalités, commerces et citoyens subir les conséquences, faisant de cette station un symbole de manque de transparence et d'abandon.

Abordons à présent un autre enjeu, M. le Président, soit le budget alloué au tourisme et sa promotion qui laisse à désirer. Vous savez tous comme moi que le Québec possède tous les atouts pour devenir une destination touristique majeure. On a de tout : identité francophone unique en Amérique, un charme particulier, notamment le Vieux-Montréal et le Vieux-Québec, quatre saisons spectaculaires, un hippodrome à Trois-Rivières, le seul au Québec, des événements d'envergure, des boutiques haut de gamme, une gastronomie reconnue, quatre casinos, l'un plus unique que l'autre, et des régions qui se démarquent chacune à leur façon, et, à ne pas oublier, les beaux terrains de golf.

La proximité avec le marché américain et un taux de change favorable devraient être exploités de manière stratégique. Pourtant, l'enveloppe budgétaire en matière de tourisme ne permet pas d'atteindre ce plein potentiel. En fait, comment investir massivement alors que l'enveloppe budgétaire du ministère du Tourisme passe de 219 millions à 124 millions et la portion allouée à la promotion à l'international est seulement de 35 à 40 millions? À titre comparatif, l'Ontario maintient un budget promotionnel de 200 millions et la Colombie-Britannique dispose de plus de 140 millions pour 2025. Pendant ce temps, le Québec reste en retrait.

Cette absence de vision stratégique empêche la province de rivaliser efficacement sur la scène internationale. Ces chiffres montrent un désengagement clair du gouvernement, qui ne comprend pas l'impact à long terme de chaque dollar investi dans le tourisme. Où sont les grandes campagnes internationales pour attirer les Américains et le tourisme international? On ne peut se permettre de s'absenter de salons touristiques importants. Par exemple, lors du dernier salon touristique de Berlin, l'Ontario et la Colombie-Britannique étaient représentées, alors que le Québec n'y était pas. Force est de constater que le Québec fait du surplace, alors que ces deux autres provinces gardent le cap.

• (10 h 10) •

Depuis sept ans, la CAQ manque de vision, de rigueur et d'engagement. Le tourisme est la quatrième source de revenus du Québec. Les retombées économiques touristiques pour l'année 2023 se sont élevées à 16,7 milliards de dollars. Chaque dollar investi rapporte aux régions, aux hôtels, aux restaurants, à la culture, aux infrastructures et aux services essentiels en fin de compte. Donc, chaque année de retard se traduit par des millions, voire des milliards de dollars de revenus pour l'ensemble du Québec. M. le Président, les faits sont là, moins de promotion, moins de visibilité, moins d'ambition, moins de résultats, et moins de résultats signifie un manque à gagner énorme. Le gouvernement du Québec regarde passer le train.

J'aimerais enchaîner sur la précarité de nos festivals, de nos musées et de la culture. Lors de ma visite au musée d'histoire de Thetford Mines en 2024, le curateur dénonçait le manque d'achalandage lié aux coupures dans les sorties scolaires, un facteur crucial pour le tourisme intérieur et la formation culturelle des jeunes. Depuis 2023, plus de 51 % des festivals affichent un déficit, alors que ces événements constituent l'âme culturelle et touristique de nos régions. En laissant s'affaiblir nos festivals, nos musées et nos institutions culturelles, le gouvernement risque de diminuer la mémoire et l'identité qui font la richesse du Québec ainsi que de freiner le développement touristique des régions qui dépendent de ces activités. Chaque festival, chaque musée et chaque événement culturel représente non seulement un vecteur de patrimoine, mais aussi un moteur économique direct et indirect.

J'aimerais brièvement mentionner quelques mots sur le délaissement du patrimoine religieux, M. le Président. Le tourisme de pèlerinage demeure toujours populaire. Qui ne connaît pas le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré qui est à deux pas des chutes Montmorency? L'architecture, l'histoire de nos églises sont importantes, mais nos églises ferment à un rythme alarmant, emportant patrimoine, identité, architecture et potentiel touristique. Une cinquantaine ferment chaque année, laissant les municipalités démunies. Préserver ce patrimoine, ce n'est pas regarder en arrière, c'est investir dans l'avenir. Le Québec risque de perdre une part de sa mémoire collective, de ses joyaux architecturaux et de ses repères historiques, ce qui affaiblit l'identité culturelle et touristique de la province. Or, la CAQ se contente de faire semblant, comme si ce patrimoine n'était qu'un décor facultatif.

Examinons à présent le manque de sécurité au centre-ville de Montréal. M. le Président, le centre-ville de Montréal est le coeur économique et une vitrine internationale pour le Québec, générant 1,6 milliard de revenus par an. Pourtant, le sentiment d'insécurité augmente rapidement. Un sondage de la Société de développement commercial, le SDC de Montréal centre-ville, révèle que trois travailleurs sur quatre constatent une détérioration, 74 % remarquent moins de sécurité dans les transports publics et 70 % se sentent moins en sécurité près de leur lieu de travail. Les statistiques policières confirment ces tendances : hausse de voies de fait, vols qualifiés, agressions sexuelles et crimes contre la personne. Devinez où? Dans les quartiers de spectacles et le Vieux-Montréal, entre janvier et mars 2025, deux quartiers vitaux pour le tourisme. La SDC souligne que vols à main armée et agressions sur le personnel hôtelier sont également à la hausse.

On se demande alors si l'effort de coordination entre les instances provinciales et municipales s'avère efficace. Cette situation menace directement nos citoyens et l'image internationale de Montréal. Le centre-ville doit être accueillant et sécuritaire pour les visiteurs et nos citoyens, bien sûr, tout en restant un moteur économique pour la métropole. Ignorer cette réalité, c'est fragiliser l'attrait de Montréal, du fait même freiner les investissements et compromettre les revenus liés au tourisme.

Enfin, je voudrais élaborer sur le manque de main-d'oeuvre en milieu hôtelier et en tourisme. Il y a eu beaucoup d'articles, mais, ces deux dernières semaines aussi, il y en a eu plusieurs. Les décisions sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires, connu sous PTET, frappent de plein fouet l'hôtellerie et l'ensemble du secteur touristique. Trois hôteliers sur quatre prévoient des conséquences graves, d'ici un an, certains évoquant des fermetures, et de nombreux établissements doivent réduire leurs services, faute de personnel compétent. À cela s'ajoutent des restrictions sur les étudiants étrangers. En février 2025, le Québec a imposé des plafonds d'admission alors qu'Ottawa réduisait de 10 % les permis d'études. Résultat : de jeunes travailleurs formés ici, essentiels aux hôtels, restaurants et attraits touristiques, ont dû partir, fragilisant l'industrie touristique en général, notamment dans les régions. Des exemples concrets, comme l'Hôtel Universel à Rivière-du-Loup, illustrent les conséquences : personnel réduit, diminution de la qualité des services et retards dans les investissements, affectant ainsi l'expérience touristique et les revenus générés.

Le Québec est nettement en retard par rapport à d'autres provinces. La Colombie-Britannique a investi 60 millions sur cinq ans pour former et retenir la main-d'oeuvre touristique. Le Québec, lui, traite le tourisme comme un secteur secondaire. Il refuse d'assouplir les règles d'immigration malgré les besoins réels, ce qui affaiblit la professionnalisation et freine la relance économique.

Ce qu'il faut, ce ne sont pas des quotas mur à mur, mais une planification basée sur le terrain, des règles d'immigration adaptées, des investissements en formation, et de la rétention, et du soutien à la modernisation. Le gouvernement doit comprendre que la main-d'oeuvre est l'élément vital de ce secteur. Sans personnel compétent et motivé, même les infrastructures les plus modernes et les campagnes de promotion les plus ambitieuses ne suffisent pas.

Justement, un article du 2 octobre dernier révèle que même les restaurants étoilés Michelin ne sont pas épargnés par cette pénurie de main-d'oeuvre. Un sondage réalisé entre fin mai et fin juin 2025 par l'Association Restauration Québec indique que 38 % des propriétaires d'établissements ont recours aux travailleurs étrangers temporaires. Cette situation menace directement les touristes et les recettes fiscales du Québec. Elle freine le développement et la santé financière de toutes les régions du Québec. En effet, les régions se sentent éloignées, isolées, marginalisées et déconnectées.

• (10 h 20) •

En conclusion, M. le Président, au bout du compte, hésitations et manque d'ambition entraînent occasions ratées et revenus perdus. Après sept ans au pouvoir, la CAQ est à bout de souffle. Le tourisme doit être une locomotive économique et culturelle. Chaque dollar injecté se multiplie, dans nos commerces, nos hôtels, nos restaurants, nos casinos, nos transporteurs et nos régions, l'économie entière y bénéficie. Après sept ans, la crédibilité est absente. Nous avons le potentiel, mais le gouvernement caquiste semble incapable de voir plus loin que ses bilans partiels et ses annonces creuses. Après sept ans de demi-mesures et des ratées successives, c'est assez. Le Québec mérite définitivement mieux, beaucoup mieux. Merci, M. le Président.

Motion formulant un grief

Avant de terminer, j'aimerais déposer la motion de grief, c'est comme suit :

«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son silence et son manque de vision face aux enjeux criants du milieu touristique québécois, notamment en matière d'attraction et de rétention de la main-d'oeuvre et de stratégies de publicité et de promotion.»

Présentée par la députée de Chomedey le mardi 7 octobre 2025. Merci beaucoup.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Chomedey. Votre motion de grief est déposée sous réserve de sa recevabilité.

Nous poursuivons, et je reconnais maintenant Mme la ministre du Tourisme.

Mme Amélie Dionne

Mme Dionne : Merci, M. le Président. Chers collègues, je suis très heureuse de prendre la parole pour la première fois au salon rouge en tant que ministre du Tourisme et ministre responsable des belles régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

D'emblée, permettez-moi de prendre un court moment en cette première intervention pour tout d'abord remercier les gens de ma circonscription, qui me font confiance depuis maintenant trois ans. Sachez, M. le Président, que c'est un réel privilège de les représenter à chaque jour.

J'aimerais également prendre le temps de saluer mes collègues porte-parole des oppositions en matière de tourisme, la députée de Chomedey, le député de Laurier-Dorion et la députée de Terrebonne, avec qui j'entrevois une collaboration fructueuse.

Vous savez, M. le Président, être nommée ministre, c'est un immense privilège, mais surtout un engagement à la fois envers les gens de mon coin de pays et au Québec tout entier. Bien entendu, ce privilège vient avec de grandes responsabilités, que je compte assumer avec conviction et honnêteté.

M. le Président, je dirais d'emblée que notre industrie touristique au Québec représente un moteur de développement économique régional essentiel. Et, contrairement à ce qu'avance la députée de Chomedey, l'industrie touristique s'inscrit dans les quatre priorités de notre gouvernement, à savoir que le ministère du Tourisme est un ministère d'économie, un ministère des régions et un ministère de l'identité.

Quant à celles... aux régions que j'ai le bonheur de représenter, soit le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, sachez que ce sont des territoires riches d'histoire, d'audace et de résilience, portées par des communautés très dynamiques et surtout engagées. J'entends aussi collaborer avec l'ensemble de mes députés de l'Est-du-Québec pour faire de ces magnifiques régions des régions où l'attractivité continue d'accroître et le potentiel qui continue de se développer.

Vous savez, je reviens sur les priorités de notre gouvernement : économie, identité. Ce matin, je lisais dans les informations de belles nouvelles, M. le Président. 1,2 milliard de dépenses touristiques cet été dans la région de Québec, ça, c'est une hausse des dépenses des visiteurs de l'ordre de 12 % par rapport à l'année précédente. On dit que le marché intra-Québec enregistre des hausses de dépenses de 21 %, celui de l'Ontario de 30 % et celui de la France de 13 %. Un peu plus près, chez moi, dans le Bas-Saint-Laurent, on parle d'une hausse d'achalandage historique cet été au Bas-Saint-Laurent. Alors, M. le Président, permettez-moi de dire que toutes ces bonnes nouvelles, eh bien, sont le fruit d'efforts soutenus de notre gouvernement depuis sept ans.

Le ministère du Tourisme est un milieu que je connais bien. J'ai eu la chance de travailler avec ma prédécesseure en tant qu'attachée de presse d'abord et ensuite comme adjointe gouvernementale. J'ai donc pu l'accompagner dans différents dossiers et me familiariser avec ce secteur ainsi que les gens qui en sont le visage.

Avant de faire le saut en politique, j'ai aussi travaillé pendant une dizaine d'années comme entrepreneure en événementiel. Donc, sachez que j'arrive avec un bon bagage et j'ai une expérience très concrète de notre industrie touristique. C'est un peu naturel pour moi.

Au cours des dernières années, comme je disais, nous avons réussi à positionner le tourisme comme un secteur d'importance de l'économie québécoise. Avec près de 420 000 emplois à travers le Québec et des recettes historiques qui se sont élevées à 18,1 milliards de dollars en 2024, je vous dirais, M. le Président, que les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Les perceptions, vous savez, ont beaucoup évolué, et le tourisme est désormais reconnu à sa juste valeur, ce qui en fait le quatrième produit d'exportation du Québec derrière l'aéronautique, l'aluminium, le minerai de fer, et qui injecte plus de 4,4 milliards de dollars dans l'économie québécoise. Ça, ce sont les derniers chiffres pour 2024, M. le Président. On anticipait 4,2 milliards, eh bien, on en est maintenant à 4,4 milliards de devises étrangères injectées dans l'économie québécoise.

M. le Président, en tant que fille de région, je crois beaucoup au développement économique régional et je crois que le tourisme est un formidable vecteur pour y arriver. Ce secteur d'activité est un vrai levier incroyable pour la vitalité et le dynamisme de nos communautés. D'ailleurs, les équipes du ministère du Tourisme sont à pied d'oeuvre pour renforcer les collaborations avec les acteurs locaux et régionaux et pour favoriser le développement d'un tourisme plus ancré, je vous dirais, dans nos communautés.

En attirant des visiteurs de partout et en continuant de séduire les Québécois, on amène ainsi la richesse dans nos régions, ce qui permet à nos communautés de bénéficier des retombées et d'être de vraies parties prenantes de notre réussite.

L'activité touristique contribue aussi à accroître le sentiment de fierté et d'appartenance à notre destination. Nos populations sont également amenées à se mobiliser et à s'impliquer dans le développement d'une offre touristique qui leur ressemble, qui met en valeur leur créativité, leur culture et leur savoir-faire.

Maintenant, afin que ces retombées continuent de croître, nous continuerons de miser sur des filières touristiques que je vous dirais à haut potentiel. Parlons de tourisme événementiel, le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, le Festival country St-Antonin au Bas-Saint-Laurent, le Grand Prix du ski-doo de Valcourt en Estrie, le Festival trad-cajun au Centre-du-Québec, le Marché de Noël de Baie-Saint-Paul, le Carrefour mondial de l'accordéon à Montmagny, le Festival de la chanson de Tadoussac, le Festival du doré de la Baie-James, le Festival bluegrass de New Richmond, le Festival du cirque des Îles, l'Oktoberfest de Repentigny, le Marathon le P'tit Train du Nord, Les Grands Feux du Casino du Lac-Leamy, le Festival d'humour d'Alma, et j'en passe.

M. le Président, notre ministère est fier de soutenir à chaque année plus de 300 festivals et événements qui font la fierté de nos belles régions et qui leur permettent de faire rayonner leur identité. Nos festivals et événements font vibrer nos villes, attirent la clientèle dans nos restaurants et nos hébergements et permettent au public d'ici et d'ailleurs de vivre une expérience unique. Ils font partie de l'image de marque du Québec et sont une des clés de voûte de son offre touristique. Ils contribuent à faire rayonner notre destination à travers le monde et sont un produit d'appel important pour les visiteurs internationaux. Ils permettent ainsi à plus de Québécois d'avoir accès aussi à des événements culturels et sportifs de grande qualité et près de chez eux.

La tenue d'événements de grande envergure représente aussi une opportunité importante en attirant la clientèle d'ici plutôt qu'ailleurs afin que leurs dépenses bénéficient à notre économie. Des événements touristiques majeurs, comme le Festival international de jazz de Montréal, le Festival d'été de Québec, le Festival Musique et Arts Osheaga, le Carnaval de Québec, le Festival western de Saint-Tite ou encore l'International des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, génèrent des retombées de dizaines de millions de dollars annuellement chacun.

Nous avons aussi, au Québec, le privilège d'occuper un magnifique terrain de jeu avec des milieux naturels exceptionnels qui enrichissent et subliment une offre touristique aussi exceptionnelle. Vous savez, dernièrement, j'étais à Tadoussac pour le festival... le congrès mondial des plus belles baies du monde. Eh bien, sachez, M. le Président, que nous avons trois baies reconnues à travers le monde au Canada, et elles sont ici, au Québec, dans l'Est, dans Charlevoix et en Gaspésie. Les gens de partout à travers le monde étaient complètement sublimés par les magnifiques paysages de Charlevoix.

• (10 h 30) •

Donc, on va continuer d'agir, M. le Président, encore davantage pour notre choix d'activités de plein air et d'écotourisme pour permettre aux Québécois et aux touristes internationaux d'apprécier la beauté de cette nature grandiose et de connecter avec elle, un développement qui doit aussi se faire en sensibilisant les visiteurs aux comportements responsables à adopter, et je crois que, là-dessus, on fait bonne figure au Québec.

Aussi, que ce soit pour organiser des congrès, des colloques ou tout autre événement d'affaires, on a, au Québec, des équipements et des lieux de grande qualité pour accueillir les participants. Le tourisme d'affaires est l'un des segments les plus rentables et les plus porteurs. Un voyageur d'affaires dépense en moyenne deux fois plus qu'un touriste d'agrément, et reste souvent plus longtemps, et revient souvent accompagné de ses proches. En 2024, le tourisme d'affaires a généré plus de 2,1 milliards de dollars en retombées économiques au Québec, et notre objectif, M. le Président, il est clair, atteindre 2,5 milliards en 2026‑2027.

Maintenant, nous avons la chance d'avoir ici quatre saisons qui permettent de vivre des expériences complètement différentes et d'allonger la saison touristique. Je pense particulièrement au tourisme hivernal et à son offre distinctive, qui nous rend si fiers. Le potentiel de développement est particulièrement intéressant, M. le Président. En 2024, le tourisme hivernal représentait 21 % de touristes des autres provinces canadiennes, pour 24 % des dépenses touristiques; 8 % de touristes des États-Unis, pour 12 % des dépenses touristiques; et 5 % de touristes internationaux, pour 11 % des dépenses touristiques.

On comprend donc que c'est payant. Avec l'ensemble de nos partenaires, on va continuer de se mobiliser pour offrir des expériences hivernales encore plus distinctives et diversifiées qui feront plus que jamais apprécier les plaisirs de cette saison. On veut augmenter et prolonger les séjours des visiteurs et générer des retombées majeures pour les entreprises touristiques. On vise également à développer le tourisme haut de gamme, une autre source de retombées économiques importantes, grâce à des voyageurs qui dépensent davantage durant leur séjour.

Également, M. le Président, le Québec se démarque de plus en plus comme une destination gastronomique de haut niveau. Le Québec, ce n'est pas seulement de la poutine, quoiqu'on en est très fiers, mais, que ce soit dans nos grandes villes ou en région, nos chefs font preuve d'audace et mettent en valeur les produits locaux et notre patrimoine culinaire de façon admirable. Nous avons plusieurs tables exceptionnelles comme le démontrent nos restaurants étoilés recommandés par le fameux Guide Michelin.

Nous sommes reconnus pour les produits de notre terroir grâce à nos terres, les ressources, nos forêts, le majestueux fleuve Saint-Laurent. Le savoir-faire de nos artisans est sans égal, M. le Président. Et, plus récemment, six restaurants québécois ont été reconnus en Amérique du Nord... de la liste «North America», les 50 meilleurs restaurants, de 2025. Ces établissements se sont distingués à l'échelle du continent, montrant la richesse de la scène culinaire du Québec. L'agrotourisme et le tourisme gourmand sont en plein essor, M. le Président, chez nous, et on continuera à miser sur cette filière pour faire la promotion de notre destination.

Les expériences, la culture et l'authenticité, M. le Président, du tourisme autochtone représentent aussi une part importante de l'offre touristique du Québec. Que ce soit dans nos pourvoiries, nos musées, nos sites traditionnels ou lors d'événements, les Inuits et les Premières Nations proposent des activités touristiques uniques et concurrentielles dont peu d'endroits dans le monde peuvent se targuer. Le tourisme autochtone crée des moments de partage qui sont formidables, de formidables moyens pour se rapprocher les uns des autres. Ce sont de belles occasions pour les visiteurs d'ici et d'ailleurs de faire plus ample connexion et connaissance avec ces peuples accueillants et innovants. En collaboration avec eux, M. le Président, on poursuivra notre... nos efforts pour le faire rayonner.

En terminant, M. le Président, je tiens à réitérer que notre industrie touristique est un secteur économique à part entière. Elle performe en maximisant ses moyens, une industrie efficace, résiliente et innovante. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre du Tourisme. Et nous poursuivons, cette fois-ci, en reconnaissant M. le député de Taschereau.

M. Etienne Grandmont

M. Grandmont : Merci, M. le Président. J'ai beaucoup apprécié l'intervention de la collègue de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Je voyais une collègue, en face, qui disait : Ça donne faim, ça donne le goût de voyager aussi. Évidemment, on l'aime beaucoup, notre Québec, on le trouve beau puis on est bien contents qu'on puisse finalement le valoriser puis profiter de ses richesses. J'ai envie d'amener ça un petit peu sur un autre sujet, cependant.

J'ai bien écouté le discours du premier ministre, qui a duré 45 minutes, et, selon le premier ministre, on vivrait dans une société qui est sous assaut, M. le Président, sous l'assaut de l'islamisme radical, sous l'assaut des prières de rue, sous l'assaut de l'immigration débridée. Moi, quand je me promène dans la rue, M. le Président, ce n'est pas ce que je vois. Moi, ce que je vois, c'est des personnes qui marchent se faire tuer, renverser par des véhicules. 80 en 2024. Moi, ce que je vois, quand je me promène dans la rue, c'est des gens qui vivent, qui dorment dans la rue, des gens qui meurent dans la rue aussi, M. le Président. En 2024, 108 personnes sont décédées dans les rues. Elles n'avaient pas de toit. Le premier ministre a dit, dans son discours d'ouverture... a parlé beaucoup, mais il n'a pas parlé non plus des 15 féminicides qui ont eu lieu depuis le début de l'année 2025 seulement.

Moi, les plus grands dangers que je vois dans la société ne sont pas causés par les islamistes radicaux, ils sont causés par la hausse du coût de la vie, ils sont causés par le problème d'accès à des soins de santé mentale, ils sont causés par l'augmentation de la pauvreté au Québec. 20 % de la population, aujourd'hui, vit sous le seuil de la pauvreté. Moi, je le vois, les problèmes qui sont importants, qui sont... dont on devrait traiter, finalement, aujourd'hui ont beaucoup plus rapport avec la crise du logement qu'on vit aujourd'hui. Les gens ne sont plus capables de se loger. Et ça, c'est vrai en ville, comme c'est vrai en banlieue, comme c'est vrai en région aussi.

Ce que je vois aussi, c'est le coût de l'épicerie qui augmente de façon importante, le coût des transports augmente. M. le Président, je ne sais pas si vous le saviez, mais une voiture neuve aujourd'hui au Québec, en moyenne, c'est 60 000 $. Pas plus tard que ce matin, un article que j'encourage tous les collègues à aller lire, on apprenait que 50 % de la population du Québec est à 200 $ de l'insolvabilité. Les Québécois ont le coussin financier le plus maigre de tout le Canada. Les gens sont étouffés, la vie coûte cher, et on n'a pas entendu parler de ça dans le discours du premier ministre. La fameuse classe moyenne, dont on se targue d'en avoir une bien épaisse tranche de la population, est en train de glisser de plus en plus vers la pauvreté. Mais tout va bien, selon le premier ministre, parce que le PIB, lui, il augmente.

Il n'y a pas longtemps, en répondant à une question de ma collègue, ma cheffe parlementaire, le premier ministre a eu une espèce d'éclair de lucidité. C'était à la dernière session, à la dernière session parlementaire. Alors, fidèle à son habitude, il répondait à ma collègue que le PIB avait augmenté au Québec et qu'il était en train de rattraper celui de l'Ontario. L'éclair de lucidité, il l'a eu quand il a dit que le PIB était un indice imparfait. Effectivement, ce n'est pas un indice parfait, parce qu'il calcule la création de valeur. Or, si on détruit nos forêts, si on détruit nos terres agricoles, si on détruit nos milieux humides, qui font notre fierté, par ailleurs, ça se peut que ça fasse augmenter le PIB aussi parce que ça crée de la valeur. Pourtant, on n'est pas en train de s'améliorer, on n'est pas en train d'améliorer le Québec, loin de là.

Il était aussi très heureux, puis on l'a entendu souvent le répéter, très heureux de rappeler que le salaire moyen des Québécoises et des Québécois augmente. Bien, le salaire moyen, ça aussi, c'est un indice imparfait, M. le Président, parce que le salaire moyen peut augmenter si les riches s'enrichissent plus que les pauvres s'appauvrissent. Mais l'écart entre les riches et les pauvres augmente année après année au Québec. C'est ça, le problème avec le premier ministre : il est obnubilé par les chiffres puis il oublie que, derrière, il y a des humains, il y a des personnes.

Une centaine de personnes qui meurent dans les rues parce qu'elles sont en situation d'itinérance, moi, je trouve ça inacceptable dans le Québec de 2025. J'ai participé au dénombrement des personnes itinérantes le printemps dernier. Si vous avez la chance de participer à ça, chers collègues, je vous incite à le faire. C'est un processus intéressant. On a la chance de rencontrer des personnes qui vivent dans la rue, de leur faire un questionnaire, un sondage qui dure une quinzaine de minutes.

• (10 h 40) •

Moi, je vais vous raconter deux témoignages de gens que j'ai rencontrés qui vivent dans la rue, dans les rues de Québec, dans ma circonscription. La première personne a eu la malchance de naître dans une famille dysfonctionnelle. Ses parents étaient séparés, son beau-père était violent, il est tombé dans la drogue à l'adolescence, il n'a jamais eu la vie qu'il aurait pu avoir s'il était né dans une famille qui était fonctionnelle. Il s'est retrouvé rapidement dans la rue, il a décroché, il est désorganisé, et ça fait des années que ça dure.

L'autre personne que j'ai rencontrée avait tout pour réussir. Elle avait... Cet homme-là avait un toit, une femme, des enfants, une job. Il avait étudié à l'université, une maîtrise en informatique, si je me souviens bien. Pendant la pandémie, il a perdu sa job, il a perdu sa blonde et puis, sans surprise, après ces deux jambettes dans sa vie, il s'est retrouvé dans la rue.

Pour ne pas se faire voler son stock la nuit par des personnes autour de lui qui sont désorganisées, il a commencé à consommer de la drogue. La drogue qui circule dans la rue, ce n'est pas de la bonne drogue, M. le Président. Ça fait qu'il est encore plus décroché. Lui aussi, il a commencé à être désorganisé. On l'a échappé. Ça ne veut pas dire qu'on ne va pas le rattraper, mais, pour l'instant, on n'a pas les moyens encore, on n'a pas les ressources pour être capable de le sortir de la rue parce qu'il manque notamment de liens, d'organismes qui sont capables de créer des liens avec ces personnes-là puis il manque aussi de logements de transition pour les accompagner dans la réorganisation de leur vie.

Ce que je veux dire avec ces deux exemples-là, c'est que tout le monde ici, vous, moi, les collègues, nos proches, on est tous susceptibles de tomber dans l'itinérance, M. le Président. Ça peut arriver à n'importe qui. Il y a un député ontarien, récemment, l'année passée, je pense, qui avait témoigné du fait que lui aussi, il avait... malgré le fait qu'il avait été député à l'Assemblée de l'Ontario, il s'était retrouvé lui aussi à la rue pour des raisons similaires au deuxième exemple que je vous ai donné.

Alors, j'aurais aimé ça, moi, que le premier ministre, dans son discours inaugural, s'intéresse à cet enjeu-là particulièrement, parce qu'on est devant une crise humanitaire sans précédent. Entre 2018 et 2022, là, l'itinérance visible, donc qui ne tient compte que des personnes qu'on est capables de voir dans la rue, et rappelons-nous que les femmes sont plus souvent en situation d'itinérance invisible, on les comprend, c'est dangereux, la rue, donc, on était à 10 000... on était à 5 000, pardon, autour de 5 000 en 2018, et on était rendus à 10 000 personnes en situation d'itinérance visible en 2022. Le prochain dénombrement, dont on... le dénombrement auquel j'ai participé, dont on connaîtra les chiffres éventuellement, devrait voir, encore une fois, une hausse de ces chiffres-là.

Évidemment, c'est une crise qui est multifacette. Il y a plusieurs intervenants qui doivent agir sur la question de l'itinérance, les organismes communautaires. Moi, je les regarde travailler dans ma circonscription, ils font beaucoup avec très, très peu de moyens. Je regarde les villes aussi agir sur l'enjeu de l'itinérance. Elles font beaucoup avec aussi peu de moyens parce qu'elles se sont fait renvoyer une large part des solutions de l'itinérance, donc du traitement de l'itinérance, sans avoir eu les moyens qui auraient dû venir du gouvernement du Québec. Donc, elles ne sont peut-être pas parfaites, les villes, dans leurs actions, mais au moins elles essaient des choses.

Moi, dans l'ensemble des acteurs qui doivent intervenir sur la question de l'itinérance, il y en a un, acteur, qui, selon moi, ne fait pas sa job, c'est le gouvernement du Québec, le gouvernement de la CAQ. Le premier ministre, dans son discours d'ouverture, j'aurais aimé l'entendre nommer l'itinérance. J'aurais aimé aussi lui dire... J'aurais aimé qu'il dise que l'itinérance est une crise humanitaire. J'aurais aimé ça, qu'il fasse sienne... qu'il fasse sien cet enjeu-là, comme il fait siens des enjeux urgents comme les inondations ou les feux de forêt. On le voit débarquer sur le terrain, on le voit débarquer sur le terrain. On le voit mobiliser l'équipe de ses... son équipe de ministres sur ces enjeux-là.

Bien, j'aurais aimé ça qu'il fasse la même chose avec l'itinérance. J'aurais aimé ça qu'il mobilise son ministre... sa ministre de l'Habitation, son ministre des Services sociaux, son ministre de la Sécurité publique, sa ministre des Affaires municipales, son ministre des Finances, donc, notamment, puis qu'il leur donne l'obligation, le mandat de développer un plan conjoint afin de mettre fin à l'itinérance au Québec, mais, non, le premier ministre n'a pas nommé le mot «itinérance» dans son discours d'ouverture de 45 minutes. Il a nommé une fois le mot «logement», puis c'était encore une fois pour mettre le focus sur l'immigration.

Alors, je le demande, quand est-ce que le premier ministre va arrêter de créer des enjeux qui n'en sont pas et répondre aux besoins réels des gens qui habitent le Québec? Quand est-ce qu'il va se mettre à s'attaquer réellement au coût de la vie? Quand est ce qui va garantir l'accès à des services publics gratuits et universels? Quand est-ce qu'il va s'attaquer à l'écart grandissant entre les riches et les pauvres au Québec? Quand est-ce qu'il va mettre en place tout ce qu'il faut pour régler la crise du logement?

Le premier ministre cherche visiblement sa réélection, on l'a compris, hein, le remaniement, le discours inaugural qui a suivi la prorogation, mais une réélection à tout prix ne doit pas se faire au prix de davantage de chaos dans la société québécoise. Moi, je n'accepte pas ça. Alors, de toutes nos forces, en collaboration avec les syndicats, les groupes de la société civile, Québec solidaire va tout mettre en oeuvre pour protéger le modèle québécois, le modèle qu'on a hérité de la Révolution tranquille, le modèle qui dit que, quand tu travailles, tu n'as pas besoin d'aller faire la file à la banque alimentaire, le modèle qui garantit des services publics universels et gratuits à tout le monde parce que l'égalité des chances au Québec passe par l'accès à des services publics gratuits et universels.

Le Québec se distingue de d'autres juridictions qui sont davantage axées sur la compétition entre les individus. Le Québec se fait une fierté de ne pas avoir été bâti sur ce modèle-là, M. le Président. Et ma formation politique, Québec solidaire, en collaboration avec tous les acteurs de la société civile, qu'on appelle aussi des contre-pouvoirs, on va travailler très, très fort dans la prochaine année pour rappeler au gouvernement de la CAQ ce modèle dont on est si fiers et de l'importance de le chérir et non pas de le démanteler.

Motion formulant un grief

Je vais terminer en déposant une motion de greffe... de grief, M. le Président :

«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son manque criant de volonté politique pour agir à la hauteur de la crise de l'itinérance, qui se transforme en une crise humanitaire à la grandeur du Québec.» Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Taschereau. Votre motion, elle est déposée sous réserve de sa recevabilité.

Nous poursuivons. Je reconnais maintenant M. le ministre de la Sécurité publique.

M. Ian Lafrenière

M. Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, «hello», «kwe», «shé:kon», «wachiya», «ullaakkut». M. le Président, en cette décennie des langues autochtones, pour moi, c'est important de commencer, en prenant parole, en vous rappelant ces mots qui veulent dire «bonjour», M. le Président, en vous rappelant que je suis ministre de la Sécurité publique, je suis encore aussi ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit. C'est important pour moi de le rappeler.

Tantôt, ma collègue de Chomedey a parlé de tourisme. Je ne l'avais pas mis dans mes notes, mais elle a suscité le désir d'y répondre. Alors, je veux la remercier d'avoir parlé de tourisme, parce qu'effectivement le tourisme autochtone, c'est hyperimportant, M. le Président. C'est 250 opportunités de tourisme autochtone au Québec. On en est fiers. Ce n'est pas loin de 6 000 emplois et c'est 200 millions. Alors, oui, c'est majeur, puis on n'en est pas gênés du tout, M. le Président.

Je peux vous parler de la Route des pow-wow, puis j'espère que ma collègue de Chomedey a eu la chance d'y aller, à la Route des pow-wow, sinon je l'invite, des restaurants merveilleux. On peut penser à La Traite ici, à Wendake, qu'on connaît bien, le restaurant la Sagamité, qui n'a plus besoin de prouver l'importance de sa présence, M. le Président. Puis je sais qu'on approche du dîner bientôt, ça fait que je vais vous donner faim, je vous le promets. L'économusée Atikuss, à Uashat, à côté de Sept-Îles, qui est une première... un premier économusée autochtone. Je pense à Cacouna, avec les Wolastoqiyik, qui ont développé un projet qui est incroyable, qui est un observatoire pour les bélugas, qui respecte les animaux. Et, vous savez quoi, M. le Président? C'était dans les 100 attractions touristiques à voir selon le magazine Time. Alors, ça va bien. Moi, j'aime ça, voir... Le verre est plus qu'à moitié plein, il est très plein, M. le Président. Ça va bien, du côté du tourisme autochtone.

Je salue ces hommes et ces femmes qui font rayonner le Québec. Vous savez, M. le Président, dans un sondage récent, les Québécois ont dit à 89 % qu'ils voulaient vivre une expérience touristique autochtone. Pour les Européens qui viennent ici, c'est les deux tiers que, lorsqu'ils viennent ici, au Québec, ils veulent vivre une expérience touristique autochtone. On l'a fait rayonner puis on continue, ça n'arrêtera pas, mais pas du tout, M. le Président.

• (10 h 50) •

Alors, M. le Président, je reviens à ce que j'avais prévu. Comme je dis, ma collègue de Chomedey m'a laissé la chance de parler de tourisme, je vais la remercier. C'est un mandat important que le premier ministre m'a confié, puis je la remercie de sa confiance, oui, je l'ai dit tantôt, relations avec les Premières Nations et les Inuits, mais le nord du Québec et la Sécurité publique. Ça peut paraître comme un défi, mais, M. le Président, vous allez voir, je vais vous le confirmer dans mon... dans ce que je vais vous jaser aujourd'hui, il y a tellement d'enjeux qui sont pareils pour autochtones et allochtones. Quand on rencontre le chef de l'APNQL, il dit au premier ministre que, dans ses trois priorités, il y a la lutte au crime organisé et la prévention. Vous voyez, M. le Président, que ça... comme dirait ma fille adolescente, ça fait du sens que tout ça soit ensemble. Je vais y venir plus tard, tantôt.

Au niveau des relations, on a avancé, puis je ne veux pas prêter des... relations avec les Premières Nations et les Inuits, je ne veux pas prêter de mauvaises intentions à mes collègues, mais peut-être que certains pourraient se dire : Écoutez, est-ce qu'ils ont vraiment fait quelque chose, la CAQ, pendant ces dernières années? Ça fait que j'ai le goût d'avancer là-dessus, M. le Président.

C'est sûr qu'on ne pourra pas corriger 400 ans d'histoire en deux, quatre, huit ans. Si quelqu'un vous promet ça, M. le Président, écoutez-le pas. Mais j'aimerais vous rappeler que ce qu'on a fait collectivement, c'est beaucoup. On a 800 recommandations à mettre en application, M. le Président. De 2001 à 2016, les relations entre les peuples autochtones et le gouvernement ont été étudiées, on a regardé qu'est-ce qui avait failli et, de ça, on a des appels à l'action qu'aujourd'hui on doit... on doit régler, on doit avancer. On a amorcé des changements. Est-ce que c'est terminé? La réponse est non. Mais je peux vous donner des exemples de choses qu'on a faites, puis des choses tangibles que les gens peuvent aller voir, M. le Président, puis je vous invite encore, là, ma collègue de Chomedey et vous-même, si vous vous déplacez sur le territoire, à voir ce qui a changé.

Je vais commencer avec les milieux de vie étudiants. Ça, c'est extrêmement important. Le premier qui a été fait au Canada, c'est ici, à Sept-Îles, à côté de Uashat, où on permet à des étudiants autochtones de se retrouver dans un milieu de vie, pas des appartements, pas des chambres, des milieux de vie avec une garderie intégrée, un endroit où ils se reconnaissent pour permettre à des jeunes d'aller au bout de leurs rêves. Et ça, le premier, Uashat, le deuxième à Trois-Rivières, et, tout prochainement, M. le Président, on va en avoir un ici, à Québec, et ça, c'est un changement qui est majeur, parce qu'on sait que, normalement, il y a beaucoup de femmes qui reviennent aux études avec une famille, qui ne viennent pas seules. Alors, ça permet d'avoir des appartements qui sont adaptés, jusqu'à des cinq et demie, des six et demi, un milieu de garde. Ça leur permet d'aller au bout de leurs rêves. Ça fait que ça, c'est un exemple qui est important, M. le Président.

On a des cliniques Minowé aussi, c'est un type de clinique où on allie le savoir traditionnel autochtone et la médecine au même endroit, pour que ce soit culturellement sécuritaire. Parce que oui, la sécurisation culturelle, c'est important, M. le Président, on l'a entendu puis on trouve des solutions à ça.

On travaille avec les centres d'amitié autochtone. Ça, c'est important. Et, depuis notre arrivée au pouvoir, M. le Président, on a fait trois projets de loi, aux Affaires autochtones, et ça, c'est plus qu'il n'y a jamais existé. Il n'y en a jamais eu, de projet de loi entièrement autochtone. Alors, c'est sûr que vous allez me dire : M. le ministre, on sait que, dans certains cas, quand vous avez proposé un projet de loi, ça a amené certaines réactions. Puis c'est normal, ça ne s'était jamais fait. Mais aujourd'hui il n'y a pas grand monde, dans cette Assemblée, qui pourrait venir dire qu'il est en désaccord avec notre projet de loi n° 79 qui avait pour but d'aider des familles à savoir ce qui était arrivé à leurs enfants ou les retrouver : 218 enfants, 125 familles aujourd'hui, M. le Président. Et, si on avait écouté certains groupes, on ne l'aurait pas fait. Mais être au gouvernement, des fois, c'est de prendre des décisions, des décisions qui ne sont pas faciles, puis on l'a prise, la décision, on l'a prise puis aujourd'hui on est rendus à quatre exhumations pour permettre à des familles de comprendre ce qui est arrivé à leurs enfants.

Imaginez un instant, M. le Président, les années 70, 80, votre enfant tombe malade, vous vivez dans une région reculée, on vous dit que la seule solution, c'est de prendre l'enfant, de l'envoyer à l'hôpital, ça va se faire par avion. Puis là on recule dans le temps : pas de cellulaire, pas les moyens de communication qu'on a aujourd'hui. L'enfant embarque à bord de l'avion, mais on vous dit : Comme adulte, vous ne pouvez pas embarquer, on n'a pas de place pour vous. Comme parent, vous restez dans votre communauté. L'enfant part en avion, vous ne le revoyez jamais. Jamais, M. le Président. Ce que vous apprenez, quelques mois plus tard, c'est que quelqu'un de la communauté est allé à la même hôpital pour d'autres soins, puis on lui a dit : Bien, «by the way», tu diras à M. ou Mme Unetelle que leur enfant est décédé. Est-ce qu'on peut s'imaginer ça au Québec? On ne peut pas s'imaginer ça deux secondes. Pourtant, c'est arrivé. Ce n'est pas une période qu'on est fiers, M. le Président, mais il fallait agir, puis c'est ce qu'on a fait. Puis aujourd'hui on aide des familles. La grande majorité ont une réponse à leur question : Qu'est-ce qui est arrivé de mon enfant? Puis ça, il fallait le faire. C'est ça, être un gouvernement responsable, M. le Président.

Autre chose qu'on a faite aussi, c'est lorsqu'on a inclus la partie sécurisation culturelle dans la santé, dans la loi sur la santé, puis ça, bien, vous le savez, puis je ne referai pas l'histoire, vous avez entendu les groupes qui étaient en désaccord avec notre approche, mais aujourd'hui ce que ça a amené, ça a amené la formation de 95 %... 300 000 plus employés de la santé qui sont formés en sécurisation culturelle, qui sont formés par nous. Ça amène... Tantôt, je parlais des cliniques, bien là, oui, ça a amené l'ajout d'employés qui sont autochtones. Ça a amené cette conscientisation-là qu'on a eue. Puis on n'arrêtera pas, M. le Président. La sécurisation culturelle, c'est de faire en sorte que les membres des Premières Nations et les Inuits puissent aller à l'hôpital puis se sentir en sécurité. On a fait des pas, puis, je vous le dis, M. le Président, ce n'est pas terminé.

On a fait aussi des ententes de nation à nation. Vous savez, M. le Président, on parle moins de ce qui va bien. On en a fait 18 avec Uashat, avec plusieurs communautés, entre autres Pessamit, et l'entente qu'on a faite avec Pessamit, M. le Président... Si vous passez sur la Côte-Nord, à Pessamit, vous allez voir qu'il y a plus de 60 maisons qui ont été bâties pour des familles grâce à l'entente. On en parle moins un petit peu. Les ententes pour la zone Chamouchouane, écoutez, quand je regarde la quantité de mégawatts puis d'argent, de retombées pour les communautés, c'est du jamais-vu, M. le Président. Pour nous autres, c'est important.

Tantôt, je vous l'ai dit, la sécurité des communautés autochtones, c'est aussi un enjeu qui préoccupe les chefs, puis je vais y revenir tantôt.

J'ai un autre mandat, le Nord-du-Québec, le Nord-du-Québec qui est une région qui est merveilleuse. On a plusieurs enjeux, plusieurs choses à regarder, à régler, exemple, c'est tout l'impact, M. le Président, vous allez m'excuser l'anglicisme, du «fly-in/fly-out», les gens qui vont travailler, qui reviennent. On veut inciter les familles à s'installer dans cette merveilleuse région qui est le Nord-du-Québec avec leur famille.

Puis, vous savez, maintenant, avec le télétravail, il y a une possibilité de travailler à distance, ça fait que... Est-ce que conjoint, conjointe pourrait travailler à distance dans une entreprise qui est peut-être au Sud? Bref, il y a beaucoup de possibilités, puis moi, je me suis engagé auprès de cette région-là de travailler avec eux, trouver des solutions. Ils ont droit aux mêmes services que les gens qui sont dans le Sud, M. le Président, puis ça, ça va être ma grande, grande, grande priorité.

Pour ce qui est de la Sécurité publique, j'entendais tantôt ma collègue de Chomedey qui parlait de l'importance du sentiment de sécurité au centre-ville de Montréal. J'ai entendu mon collègue de Taschereau aussi qui a dit qu'il n'avait pas entendu notre premier ministre parler, exemple, d'itinérance, et tout. Je vais revenir là-dessus, parce que ça aussi, ça a fait gonfler mes notes un peu, M. le Président.

Le Québec est sécuritaire, puis je suis sûr que ma collègue est d'accord. On vit dans un endroit extrêmement sécuritaire. Si vous avez visité le monde un peu, là, on est dans un endroit sécuritaire, mais il ne faut pas s'asseoir là-dessus puis il ne faut pas attendre, je suis d'accord. Montréal, Québec, villes sécuritaires, quand je regarde la criminalité en général, homicides, tentatives de meurtre, on en a moins qu'avant; malgré ça, le sentiment d'insécurité est à la hausse, les gens ne se sentent pas en sécurité, pourquoi?

Quand je regarde les indicateurs comme le nombre de fois où une arme à feu a été déchargée sans blesser personne, ça, c'est à la hausse. Est-ce qu'on fait de l'intimidation? Est-ce que, dans des conflits armés, on tire des coups de feu pour essayer de faire peur aux autres? On peut répondre chacun à cette question-là. Est-ce que le fait d'aller dans un endroit public, puis la collègue parlait du centre-ville de Montréal, et d'avoir une cohabitation qui n'est pas facile avec des gens qui sont en situation d'itinérance, des situations de santé mentale... La réponse est : Oui, elle a raison. Puis nous autres, on va travailler ensemble. Je travaille avec mon collègue ministre de la Santé, je travaille avec les différents collègues pour trouver des solutions. Ce ne sera pas la police qui va tout régler ça, mais c'est vrai que le sentiment d'insécurité est là.

Là où je nous invite à une réflexion, c'est que, quand on a annoncé que la sécurité était une de nos quatre grandes priorités, les oppositions nous ont questionnés en disant... Ça, c'est voilà trois semaines, un mois. J'avoue que ça a changé. Ils nous ont dit : Bien, pourquoi vous mettez ça comme priorité au Québec? Ce n'est pas une priorité. Bien, vous savez, M. le Président, on avait entendu les citoyens, on avait entendu le terrain, nos membres des comités d'action locale qui nous ont dit : La sécurité, il faut faire de quoi là-dessus, il ne faut pas attendre que ça dégénère. Les derniers jours nous ont confirmé que c'était une priorité, puis je pense que tout le monde est d'accord là-dessus.

Alors, j'aurais aimé... mon collègue de Taschereau se lever puis applaudir à tout rompre en disant : C'est vrai, la sécurité, c'est important, on devrait faire de quoi pendant que c'est encore le temps, parce que ça va bien, M. le Président. C'est un endroit sécuritaire, je veux le dire, là, devant toutes les tribunes, mais il faut agir maintenant pour éviter que ça se détériore, parce que, sinon, ça a des impacts, la collègue l'a bien dit, sur le tourisme, sur la cohabitation. Je suis totalement d'accord avec elle, mais moi, je vous dis, M. le Président, c'est pour ça qu'on a annoncé, avec le premier ministre, l'importance d'agir.

Là, vous allez dire : M. le ministre, vous vous réveillez aujourd'hui, qu'est-ce que vous avez fait dans le passé? M. le Président, lorsqu'on a annoncé la stratégie CENTAURE, on avait dit à l'époque : Il faut agir sur les armes à feu. Il y avait une série de crimes qui étaient commis à Montréal avec une présence d'armes à feu, il faut agir. Donc, il y a une centaine de policiers qui avaient été dégagés. On avait dit à l'époque, puis c'est ma collègue qui était ministre de la Sécurité publique... on avait dit : On va mettre 90 millions. Aujourd'hui, on dépasse le 300 millions. On a saisi plus de 2 000 armes à feu, M. le Président. Ça, c'est des armes qui ne sont plus utilisées pour des crimes. Puis, M. le Président, on l'a fait, à l'époque, parce qu'il fallait le faire.

On a rajouté aussi les bracelets antirapprochements. On parlait tantôt, les collègues parlaient de vague de féminicides. Comme papa de deux jeunes filles, est-ce que ça... ça me préoccupe? La réponse, c'est oui. Puis voir le discours polarisant aussi de certains hommes? La réponse, c'est : Oui, ça me préoccupe.

On a mis en place les bracelets antirapprochements, il y en a 1 200 qui ont été déployés. Présentement, à l'heure où je vous parle, M. le Président, il y en a 500 qui sont en opération.

• (11 heures) •

Est-ce que ça règle tout? Non. Cependant, est-ce que c'est efficace? Taux d'efficacité entre 95 % et 96 %. Qu'est-ce que ça veut dire dans l'autre pourcentage? Ça veut dire qu'on a des gens qui ne comprennent pas, qui ont décidé quand même de se rapprocher de la victime, qui ont été arrêtés par les policiers puis qui ont été accusés de nouveau. Ce n'est pas une solution miracle, mais est-ce que ça amène des bons résultats? Oui, puis on en est fiers, on l'a fait.

Qu'est-ce que mon prédécesseur a fait à la Sécurité publique aussi? Agir au niveau carcéral, M. le Président, parce qu'on se rendait compte que les détenus, une fois en dedans, bien, bien au chaud, bien protégés par nos agents carcéraux, passaient leurs commandes à l'extérieur pour faire assassiner des gens. Est-ce que ça a de l'allure? Absolument pas. Des scans corporels, des mesures supplémentaires qui ont été mises, entre autres, contre les drones, ça a été fait, on va continuer là-dessus, M. le Président, parce qu'on entend les Québécois, puis ça les préoccupe.

Mais, quand mon collègue parle d'une gradation entre qu'est-ce qui est le plus important, est-ce que c'est un homicide, est-ce que c'est l'itinérance, bien, j'ai le goût de vous répondre, c'est tout ça, M. le Président. Ce n'est pas parce qu'on dit qu'on agit contre le crime organisé qu'on va arrêter d'agir en prévention puis d'agir sur la sécurité routière, ça fait partie d'un des quatre axes, M. le Président.

Lutte à la criminalité, lutte au crime organisé, une priorité. Puis j'ai un plan de bataille, parce que c'est réellement une bataille qu'on va faire contre eux, parce que c'est assez. Deuxièmement, protéger nos victimes les plus vulnérables. Les personnes âgées avec les fraudes sur Internet, ça n'a pas d'allure. Nos jeunes sont exploités sexuellement. M. le Président, dans cette commission, on a fait une commission transpartisane, ça faisait des années que personne ne voulait agir, on l'a fait. Ça amène des résultats aujourd'hui, M. le Président. Protéger les femmes, j'en ai parlé pour les féminicides, il faut agir. Puis le quatrième, c'est le sentiment de sécurité/insécurité.

Présentement, les gens, savez-vous de quoi ils me parlent, M. le Président? Des accidents avec des poids lourds sur l'autoroute 30. Il y en a eu trois. Les gens, ça les préoccupe. Grands excès de vitesse, rage au volant, on va agir là-dessus. On ne choisira pas en disant : C'est plus important qu'un homicide ou ça l'est moins, on va agir sur tout ça avec un plan, un plan qui... qu'on va avoir, que je ne partagerai pas, parce que le meilleur plan, c'est celui que le crime organisé n'aura pas entre les mains. Mais je veux vous rassurer, M. le Président, on va en avoir un, plan, on va agir. Les gens vont voir des changements qui sont terrain. Puis d'ailleurs, moi puis mon collègue ministre du Transport, la semaine passée, on faisait une première opération en disant : Là, là, ça va faire, ça va arrêter, des opérations conjointes avec les sûretés municipales, la Sûreté du Québec, la police provinciale de l'Ontario pour agir sur les poids lourds parce qu'effectivement on a entendu les citoyens.

Alors, M. le Président, ce que je vous dépeins depuis tantôt, c'est l'importance de travailler sur plusieurs axes. Là, je regarde le temps filer. Je veux vous rassurer, ce n'est pas terminé, on a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire. Mais, moi, ce qui me rassure, puis je vais terminer sur cet axe très positif, c'est que, lorsque j'ai été nommé, ma priorité, c'était d'aller dans toutes les communautés autochtones pour aller rencontrer les gens. Ça, ça ne s'était jamais fait. Par la suite, je suis chanceux parce que j'ai un caucus de gens qui sont mobilisés, il y a plus de la moitié du caucus qui est venu en communauté autochtone voir ces réalités-là, parce qu'on a beau vivre un à côté de l'autre... puis ils ont cette ouverture-là d'y aller, puis j'ai eu la chance d'aller avec des gens des oppositions aussi, M. le Président, mais de se déplacer sur le territoire. On a beau vivre un à côté de l'autre, on ne se connaît pas assez. Alors, il y a encore beaucoup de travail à faire. J'ai entendu les collègues des oppositions. Ensemble, on va arriver à des belles choses. Mais moi, j'ai tendance à voir le verre plus qu'à moitié plein. On avance dans la bonne direction, M. le Président. Je vous remercie puis je vous souhaite une bonne journée.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de la Sécurité publique. Et je reconnais maintenant M. le député d'Abitibi-Est. Je vous rappelle, M. le député d'Abitibi-Est, que vous disposez de 10 minutes pour votre intervention.

M. Pierre Dufour

M. Dufour : Merci, M. le Président. D'ailleurs, j'encourage le ministre de la Sécurité publique à faire en sorte que l'Abitibi-Témiscamingue puisse avoir une halte routière de façon intéressante dans le territoire de l'Abitibi-Témiscamingue un jour.

M. le Président, très heureux de prendre la parole dans le cadre de ce débat sur le discours d'ouverture. Pour débuter, je veux revenir sur le volet économique qui figure dans les priorités annoncées par le gouvernement. Parler d'investissements en défense, de réduire l'écart de richesse avec l'Ontario, d'impliquer la Caisse de dépôt davantage dans des projets québécois, c'est bien beau, mais, au-delà des belles paroles, il faut savoir écouter ce qui se passe sur le terrain.

Débutons par l'enjeu de la main-d'oeuvre. J'invite d'ailleurs les ministres du gouvernement à venir en région pour bien comprendre qui, aujourd'hui, permet de faire rouler plusieurs PME, les épiceries, les restaurants et même certains éléments du secteur public comme les CPE. Je suis certain, M. le Président, que les députés ici même savent la réponse que je vais mentionner : à plusieurs endroits, ce sont les TET, c'est-à-dire les travailleurs étrangers temporaires. Investir sur cette richesse humaine devrait être un objectif clair d'une vision gouvernementale pour aider les régions, mais on ne peut pas dire que le discours d'ouverture est rassurant en ce sens, car rien ne permet de détecter un quelconque support dans les 46 minutes qu'a duré l'allocution du premier ministre pour adresser cette situation.

Le fait de ne pas prendre acte de l'importance de l'apport tangible que l'immigration apporte à l'économie met une pression indue sur nos gens d'affaires et nuit aux investisseurs potentiels en région, car nos gestionnaires ne savent même pas s'ils auront la main-d'oeuvre nécessaire pour opérer leurs commerces dans le futur. Ça, c'est une situation qui devrait être adressée en haut lieu, par un gouvernement responsable et consciencieux. Mais comment se l'adresser quand on n'est même pas capables de savoir ce qu'est la vision pour les régions, dont plus particulièrement les régions ressources? J'écoutais d'ailleurs certains députés du gouvernement qui cherchent positivement à mentionner des actions régionales, mais personne ne parle de vision régionaliste. On parle de projets spécifiques, mais sans jamais soulever qu'est-ce que la vision ou encore mentionner qu'une décentralisation des décisions mur à mur dont les régions subissent couramment... nuit, naturellement, aux régions.

Mais revenons à ma région, soit l'Abitibi-Témiscamingue. Ah oui, il y a peut-être une vision, soit celle d'exploiter les ressources minières, mais surtout ne pas vouloir dynamiser le développement régional en dérogeant au fameux principe de ne pas investir plus que la hauteur en pourcentage de la population de la région. Vous représentez 1,7 % de la population? «That's it, that's all», voici ce à quoi vous avez droit. C'est même l'argument de notre ministre régional. Pourtant, une étude professionnelle faite par une firme crédible, Aviseo, commandée par les préfets de la région, ceux-là mêmes qui représentent le politique de la région, a clairement démontré la contribution de la région de l'Abitibi-Témiscamingue à la richesse collective du Québec, mais qu'elle ne reçoit pas sa juste part dans la redistribution des fonds publics pour assurer le maintien des actifs et des infrastructures publiques.

D'ailleurs, à cet effet, je me serais attendu que le discours du PM conserve le volet scolaire, ce qui ne semble plus être dans les cartons. Pourtant, une société qui veut être attractive se doit d'avoir une vision du développement social, comme le milieu scolaire, un CPE, la réfection d'hôpitaux ou encore la modernisation d'infrastructures sportives, le tout dans le but d'améliorer les services à la population. Mais, non, pour la prochaine année, le volet social ne semble pas faire partie de la volonté de ce gouvernement.

Permettez-moi, ici, de faire un parallèle entre le développement économique recherché, les infrastructures publiques et une vision. C'est très bien, de parler de la création de 1 600 jobs dans une mine, et je m'en réjouis car j'y ai d'ailleurs fortement travaillé, pour obtenir le bloc énergétique qui fut annoncé, mais parallèlement il faut permettre à la municipalité de développer des terrains résidentiels, industriels, agrandir des écoles, offrir des incitatifs pour faire grandir et stimuler le milieu à s'agrandir, sinon nous ne devenons qu'une destination de «fly-in/fly-out». En clair, s'assurer que le milieu n'est pas juste cannibalisé que pour sa matière première, ça, j'ai le regret de vous dire, M. le Président, que je ne sens pas cette sensibilité dans le discours d'ouverture.

Passons maintenant à la portion efficacité de l'État. Après sept ans de laxisme, le gouvernement semble maintenant décidé à se prendre en main sur la grosseur de l'État, situation qu'il devait pourtant prendre charge dès le début de la gouvernance caquiste en 2018. Toutefois, c'est l'effet inverse qui se produisit. Aujourd'hui, je dis bravo de voir qu'il y a une réelle volonté d'accomplir cette situation-là, mais la manière actuellement mise en place a des effets pervers, particulièrement dans les régions dites éloignées. Voici quelques exemples, je vais sortir quatre exemples en particulier. Prenons le cas, chez nous, de la culture, on a coupé un poste temporaire. Ce poste temporaire là, il a un impact majeur. Pourquoi? Parce que c'est une personne qui s'occupait de toute la coordination des musées, des centres d'exposition et même du Nord-du-Québec. Donc, on coupe ce poste-là parce qu'on se dit : Ah! on peut, c'est facile de couper un poste temporaire, mais on crée une problématique généralisée par la suite.

Au niveau de l'environnement, on veut accélérer des dossiers, mais on a la même situation : si on a quelqu'un qui s'en va à la retraite ou qui doit prendre congé de maladie, on ne le remplace pas à cause du gel d'embauche. Donc, comment qu'on va faire pour faire arriver les «permitted» sur cet aspect-là, au niveau de l'environnement, pour pouvoir accélérer les projets économiques? C'est très difficile de savoir comment.

Au niveau du transport, on est déjà, dans des ministères, avec ce qu'on appelle, en bon québécois, des «understaffed». On manque de personnel déjà, et là on va couper des emplois temporaires, donc on crée une double problématique dans ces milieux-là. Les agents de la faune, c'est une situation assez particulière, des agents de la faune, mais on est rendus dans des territoires où est-ce qu'on devait avoir 20 agents de la faune, on est rendus avec cinq. Comment voulez-vous avoir une bonne gestion faunique quand on coupe des emplois? Donc, c'est tout un aspect majeur. Et pourquoi qu'on arrive à cette situation-là? C'est parce qu'on prend simplement le fait qu'on coupe qu'est-ce qu'on est facile de couper, au lieu d'avoir une vision plus large.

À la lumière de ce qui se passe présentement, je reste perplexe sur la méthode utilisée pour réduire l'appareil de l'État, car, encore une fois, les directives mises de l'avant semblent être tirées tout droit de la mesure simpliste du mur-à-mur, sans égard aux besoins tangibles de chacune des régions et de ses enjeux.

En terminant, une portion de ce discours a le mérite de revenir à certains fondements qui m'avaient stimulé à m'impliquer dans la CAQ en 2018. Toutefois, je ne peux passer sous silence le manque de vision, le manque de vision sur comment on développe les régions ressources, le manque de vision sur les services offerts à la population dans les régions, le manque de sensibilité envers les communautés forestières qui vivent de la forêt publique et le manque d'écoute de la vie qui se développe en dehors du couloir du Saint-Laurent. Les régions ressources ne sont pas que des bars ouverts à la ressource première, comme semble le penser le premier ministre. Une vision du développement social et économique doit accompagner le discours politique. L'enjeu, ici, n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais plutôt de cesser de véhiculer et croire aux vieux paradigmes sur les régions ressources. Merci beaucoup.

• (11 h 10) •

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député d'Abitibi-Est. Nous poursuivons maintenant avec M. le député de Côte... de Côte-du-Nord.

M. Mathieu Rivest

M. Rivest : C'est presque ça, M. le Président, mais la belle région de la Côte-du-Sud.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Côte-du-Sud.

M. Rivest : Alors, merci, M. le Président. Merci à vous, chers collègues. Je vous souhaite une agréable journée. C'est avec beaucoup de fierté, mais aussi un peu de stress, peut-être corrigé avec les trois cafés pris ce matin... je prends la parole aujourd'hui pour vous partager mes réflexions, quelques idées qui vont particulièrement toucher la culture, face au discours d'ouverture de notre premier ministre.

Dans les mois à venir, vous le savez, M. le Président, notre gouvernement va se concentrer sur quatre champs d'action, quatre chantiers particuliers. Et, sans plus de suspense, vous le savez très bien, nous allons parler d'économie, d'efficacité de l'État et de sécurité, mais également de l'identité québécoise qui nous réunit. Et c'est de celle-ci... vous allez me permettre, par mon passé d'éducateur, d'enseignant, mais aussi de gestionnaire culturel, de vous parler tout particulièrement du volet de la culture, la culture qui est notre ADN commun, et le premier ministre l'a d'ailleurs rappelé avec justesse.

La culture québécoise, c'est plus qu'un ensemble d'oeuvres, c'est notre ciment social, puis chaque chanson, M. le Président, chaque film, chaque oeuvre d'art raconte une part de nous. Vous allez me permettre de faire un petit clin d'oeil à Fleuve Espace-Danse, qui nous fait rayonner à travers le monde, de la Côte-du-Sud, avec, entre autres, le film Marée noire, que je vous invite à aller visionner.

Soyons honnêtes, si on veut vraiment comprendre le Québec, il nous faut assurément faire en sorte qu'une fois de plus nous pouvons chanter, et de pouvoir se libérer des libéraux, à tue-tête. Nous avons cet ADN ensemble lorsqu'on peut chanter du Harmonium ou lorsqu'on pleure le départ de Fiori ou Karl Tremblay.

J'aurais envie de vous partager une petite expérience personnelle que j'ai vécue hier soir, M. le Président. Mon fils Charles, 14 ans, écrit des chansons, désire devenir le plus grand rappeur du monde, mais il touche à la langue française d'une façon qui m'étonne, qui me renverse et je suis fier de voir cette fierté-là naître et cette jeunesse-là utiliser notre langue d'une belle façon, et je l'encourage aujourd'hui à continuer d'écrire des chansons, à continuer de vouloir nous éveiller à ce bien collectif que la musique peut nous apporter. C'est pourquoi, M. le Président, je crois profondément que ce défi collectif là que nous avons de faire découvrir notre culture, particulièrement aux plus jeunes, mais aussi aux nouveaux arrivants... puis ce n'est pas juste de leur faire écouter La Chicane en boucle, mais aussi de leur faire vivre notre histoire, nos valeurs, nos récits, notre langue.

La culture, et la culture plus particulièrement en région, c'est ce qui me tient à coeur d'une façon toute particulière. On le sait bien, M. le Président, nos régions ont du talent, mais elles ont aussi des défis bien réels. Je vais vous le dire franchement, trop souvent et à l'occasion, les fonds doivent se rendre et peuvent être dilués à travers plusieurs éléments. Nous souhaitons aujourd'hui optimiser d'une meilleure façon, et pour ça il y a entre autres un mot magique, il y a entre autres des éléments qui peuvent se réaliser qu'on appelle la mutualisation. Puis, encore une fois, je voudrais vous faire une petite... un petit échange de mon milieu en Côte-du-Sud.

Pas plus tard que dans les prochaines semaines, j'aurai de nombreux musées de la région du Bas-Saint-Laurent et de Chaudière-Appalaches qui partiront en mission afin de travailler sur l'élément de mutualisation, comment mettre en commun les ressources, les services, les expertises. C'est vital aujourd'hui, surtout dans un contexte où chaque dollar compte. Chez moi, dans la Côte-du-Sud, ces gens partiront et nous souhaitons les accompagner de la meilleure façon afin de découvrir la débrouillardise et l'ingéniosité qu'ils pourront récolter de ces démarches de mutualisation en allant voir un modèle de mutualisation de services dans le milieu muséal, et ça, je leur dis qu'ils ont toute l'attention nécessaire afin d'apporter ces éléments-là ici, au Québec.

J'aimerais, M. le Président, aussi vous partager un mot sur l'audiovisuel. Vous savez, dans les dernières semaines, il y a eu un groupe de travail qui s'est penché sur le volet de l'audiovisuel, son avenir au Québec et comment faire en sorte pour avoir une découvrabilité de nos produits québécois, de nos contenus québécois de la meilleure façon possible. Je pense à Télé-Québec, entre autres. Et puis pendant que certains peuvent rêver d'aller à Cannes, bien, nous, on travaille pour que nos films... pour que le travail qui est fait sur le terrain soit compétitif, même si certains entendent, tout comme moi, parler de tarifs incroyables qui pourraient être portés dans le milieu de l'audiovisuel par notre voisin du Sud.

Puis, vous savez, à titre d'adjoint en culture, j'ai un mandat tout particulier à l'intérieur du travail... du groupe de travail qui a été fait par... coprésidé par Monique Simard et aussi Philippe Lamarre, et ce groupe de travail là dans leur rapport qui s'intitule Souffler les braises — Raviver le feu de notre culture et transmettre la flamme. Toute ma vie, j'ai souhaité transmettre cette flamme-là de l'éducation au milieu culturel, de la culture au milieu de l'éducation, ça a été ce qui m'a animé pendant toute ma vie. Et aujourd'hui nous vivons avec ce rapport où j'ai bien l'intention de pouvoir y participer et apporter mon regard sur ce qui peut rapprocher la culture du milieu de l'éducation, entre autres.

On dit, et je cite, M. le Président : «L'audiovisuel québécois est un miroir de nos aspirations, un pilier de notre mémoire collective et un vecteur identitaire majeur. Depuis des décennies, il façonne une culture vivante, audacieuse, racontée en français, porté par des voix singulières et des récits ancrés dans notre réalité.» Je leur dis déjà bravo pour ce rapport qui est salué par l'ensemble de la communauté artistique culturelle au Québec, et mon collègue à la Culture et aux Communications se fera un devoir d'en faire un travail exhaustif et j'y participerai également.

Vous savez, M. le Président, le premier ministre a annoncé et nous a rappelé des investissements majeurs. Notre gouvernement n'a pas chômé. En sept ans, le budget de la culture a augmenté de 75 %, M. le Président, et en 2025‑2026 le Conseil des arts et des lettres du Québec, le CALQ, recevra 200 millions de dollars. Ce n'est pas rien, M. le Président. Ce n'est pas juste un chiffre non plus, c'est aussi un message clair au milieu culturel : On vous écoute, on vous soutient, on croit en vous, on vous aime, et ça, même plusieurs organisations du milieu culturel l'ont reconnu publiquement. Et vous savez que ça, c'est bien un exploit. Obtenir des applaudissements du milieu culturel, c'est comme gagner un Félix sans avoir sorti d'album. Je leur dis merci. Ça a été salué de partout, et je vous le dis, M. le Président, je suis moi-même impliqué dans des régions du Québec, entre autres le Bas-Saint-Laurent et Chaudière-Appalaches, et, je peux vous dire, qu'on soit à Montréal, à Rimouski ou voire même à Saint-Pamphile, bien — ce clin d'oeil à ma région — je vous le dis, nous méritons tous une offre culturelle de qualité qui nous rassemble et qui nous ressemble. C'est pour ça que des programmes comme l'Aide aux festivals et événements touristiques, entre autres, ont été bonifiés. Le résultat, chez moi, c'est des festivals qui ont connu une affluence incroyable, que je pense au Festival du Bûcheux, au Carrefour mondial de l'accordéon, qui réalise des projets extraordinaires, et bien d'autres. C'est génial de voir ces festivités se déployer, et ce, partout au Québec.

• (11 h 20) •

J'en profite pour faire un clin d'oeil à ma collègue députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques, M. le Président, afin d'abord de lui dire bravo pour son mandat de ministre du Tourisme, mais aussi, pourquoi pas, pour lui faire un petit clin d'oeil en cette journée d'anniversaire. Bonne fête, chère collègue! Si je n'étais pas gêné, M. le Président, je ferais comme l'ancien collègue à l'Éducation, je chanterais une chanson.

La philanthropie culturelle, M. le Président, vous savez, ça a été quelque chose, pour moi, qui a changé mon regard sur la culture, mon regard sur la culture et le milieu des affaires et comment rapprocher des organismes culturels de partout au Québec avec ce lien-là, des gens de la communauté, et on appelle ça la philanthropie culturelle. J'ai d'ailleurs, dans la dernière année, travaillé sur ce dossier, et nous poursuivons ce travail afin d'apporter des recommandations et de poursuivre le travail avec le milieu culturel sur cet élément-là de dons, de retours fiscaux, etc., et qui permet à la philanthropie culturelle de faire un pas de géant au Québec. Pour une petite histoire, en 2005, ce programme-là a démarré. En 2013, il y a eu le rapport Bourgie et aujourd'hui, 20 ans après, nous travaillons à améliorer ce qu'on peut faire pour les organismes culturels en lien avec philanthropie culturelle.

Vous savez, c'est un volet qui est trop souvent oublié, mais, en 2023 et dans les dernières années, c'est à peine 4 % des dons des Québécois qui allaient à la culture, 4 %, M. le Président. Ça fait partie de notre ADN, c'est notre ciment social. Il y a des besoins criants partout en région. C'est dire qu'on peut faire mieux et on doit faire mieux, parce que la culture, ça ne finance... ça ne se finance pas seulement avec des subventions, mais aussi avec le coeur, et il faut travailler sur ce volet-là. Et d'ailleurs, dans ma vie, j'ai pu mettre sur pied des fondations qui ont permis à des organisations de pérenniser leurs actions jusqu'à la fin des temps. Pour atteindre cette mission, d'ailleurs, l'État a besoin de tout le monde. C'est pourquoi je souhaite rappeler cet énorme potentiel de la philanthropie culturelle. Il n'y a rien de plus beau que de voir nos concitoyennes et nos concitoyens investir dans la vitalité de notre culture et dans sa pérennisation, M. le Président. On peut pérenniser, d'ailleurs, notre patrimoine québécois, nos traditions, nos entreprises culturelles de partout au Québec.

Le Musée national de l'histoire du Québec, notre grande vitrine. J'ai tellement hâte à cette fierté-là que nous aurons de pouvoir nous rendre bientôt dans un lieu emblématique pour raconter notre histoire. Le Musée national de l'histoire du Québec est prévu pour 2026. Un lieu pour faire découvrir notre passé, nos valeurs, nos défis et ce qui fait de nous un peuple à part entière, une nation riche. Un projet qui va rassembler toutes les perspectives, notamment celles des Premières Nations et des Inuits, parce que se raconter, c'est aussi écouter, et je le dis avec un clin d'oeil sincère. Hier encore, dans les dernières semaines, je dirais, la semaine dernière, ici même, à l'Assemblée nationale, on a parlé de vérité et de réconciliation, et, comme souvent, certains collègues ont eu une façon, disons, originale de démontrer leur solidarité, mais l'intention était là, je crois.

Alors, pour terminer, M. le Président, oui, faire rayonner notre culture, c'est assurément complexe mais combien merveilleux, mais aussi c'est une mission collective. Et, comme l'a dit notre premier ministre, ce n'est pas juste l'affaire du gouvernement, c'est l'affaire de tout le monde, vous, moi, les artistes, les profs, les parents, les jeunes, les citoyens, parce que la culture, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement dans ce que nous sommes et ce que nous deviendrons, M. le Président. Merci.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Côte-du-Sud. La parole revient maintenant à Mme la députée de D'Arcy-McGee.

Mme Elisabeth Prass

Mme Prass : Merci, M. le Président. Donc, nous sommes ici, aujourd'hui, deux semaines plus tard que nous aurions dû l'être, pour... moi, pour offrir ma réplique au discours du trône du premier ministre. Un été pas mal gâché en termes de faire avancer les choses, un remaniement annoncé au mois de juin qui a fait en sorte que les ministres n'étaient pas sûrs s'ils restaient et s'ils quittaient, n'ont pas vraiment commencé... fait avancer certains dossiers, justement, à cause de cette insécurité, disons, un remaniement qui n'a rien changé parce que le problème n'était pas les individus autour de la table, mais plutôt le manque de confiance que font les Québécois et Québécoises au premier ministre du Québec après sept ans, après sept ans de préparer, peut-être, ce discours qu'on a entendu, justement, un discours qui fait en sorte qu'après sept ans le premier ministre arrive avec une nouvelle vision du Québec dans la dernière année avant l'élection.

Le remaniement n'avait rien changé pour le premier ministre parce que ce n'étaient pas les gens autour de la table, c'était le premier ministre et ses politiques, ses politiques manquées, ses promesses gâchées, l'argent des contribuables qui sort de dizaines et de centaines de millions de dollars, mais qu'on ne voit pas les résultats, on ne voit pas de retombées, on ne voit que du mauvais jugement. On n'a pas eu de nouvelle vision, vraiment, c'était un petit peu du réchauffé, ce qu'on a entendu au courant de ces dernières années. Donc, tout ça pour ça? On se pose la question.

Ronald Reagan, président des États-Unis, avait posé la question lors d'un débat présidentiel : Est-ce que vous êtes mieux placé aujourd'hui que vous ne l'étiez il y a quatre ans? Dans le cas de la CAQ, on va poser la même question, mais avec sept ans de recul, et ce qu'on entend sur le terrain, ce qu'on lit, c'est... la réponse est non. On paie plus d'impôt, mais on a moins de services. La CAQ est arrivée avec des promesses de réduire les listes d'attente pour avoir un médecin de famille, temps dans les urgences, pour voir un spécialiste, pour les chirurgies, et tout ce que nous constatons, c'est que toutes ces listes-là, tous ces indicateurs-là se sont rallongés plutôt que de s'écourter. Donc, on se pose des questions sur la viabilité des promesses que le premier ministre et son équipe nous ont faites et continuent de nous faire, parce que, encore une fois, on ne voit pas les résultats. Quand la CAQ est arrivée au pouvoir en 2017... 2018, plutôt, ils sont arrivés avec un surplus de plus de 7 milliards de dollars sur la table qu'avait laissé le gouvernement libéral précédent. Sept ans plus tard, en 2025, on se retrouve avec le pire déficit de l'histoire du Québec, à près de 14 milliards de dollars. Et je vous rappelle qu'avec ce 14 milliards de déficit nos temps d'attente sont plus longs, nos listes d'attente sont plus longues, les choses s'empirent plutôt que de s'améliorer. Donc, on va dans la mauvaise direction.

L'argent gaspillé dans Northvolt, dans SAAQclic, dans les Kings de Los Angeles aurait pu sortir combien de personnes de situations d'itinérance, aurait pu leur offrir combien de logements? Combien de personnes en situation de handicap auraient pu avoir des heures additionnelles, des heures dont ils méritent et qui... dont on les a évaluées à recevoir pour le chèque emploi-service? Tout cet argent gaspillé qui aurait fait la différence dans des milliers de vies de Québécois et Québécoises qui se retrouvent dans des situations de vulnérabilité et qui voient, de jour en jour et de mois en mois, la situation s'empirer sous la CAQ.

Depuis 2022, donc, depuis les élections, on est presque à trois ans... bien, on est à un petit peu plus que trois ans, jour pour jour, des élections de 2022, et, du côté de la CAQ, sept démissions, et la dernière étant une ancienne ministre des Ressources naturelles qui a jugé qu'il était plus important de défendre les régions et son comté que de répéter les promesses brisées du premier ministre. Et on le sait, moi, je le sais, dans les régions, il y a énormément de disparités quand vient la question à l'accès à des services.

Que ce soit pour la santé mentale, que ce soit pour les jeunes autistes, personnes autistes ou avec une déficience intellectuelle, que ce soit pour les personnes qui vivent avec des handicaps physiques, quand on est en région, avoir accès aux services dont on a le droit, dont on mérite, dont on a besoin n'est pas évident. Donc, contente qu'au moins une personne à la CAQ a eu le courage de se lever pour dire qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans les régions de la part d'un gouvernement qui se dit celui des régions.

Un discours de 44 minutes, qui aurait pu durer deux heures, de la part du premier ministre, et pas un mot sur l'itinérance, l'itinérance qui, aujourd'hui, est une inquiétude pour tout le monde au Québec, parce que c'est présent partout au Québec. Et, depuis la pandémie, le visage de... depuis la pandémie, la crise du logement et la hausse du coût de la vie, la face de l'itinérance a énormément changé. Entre 2018 et 2022, il y a une augmentation de 44 % de l'itinérance au Québec, plus de 10 000 personnes.

• (11 h 30) •

Et ça, ce n'est pas... ça, c'est sans compter les personnes qui vivent ce qu'on appelle une itinérance cachée, ceux qui dorment dans leur auto, ceux qui dorment sur le sofa de leurs amis, les femmes qui, par souci de se retrouver dans un refuge où il y a des hommes et des femmes et de se faire violenter, choisissent plutôt que... de rester dans l'appart de quelqu'un qu'elles connaissent, mais qui ne sont pas dans des situations qui sont sécuritaires, des femmes qui sillonnent la ville, où elles se retrouvent le soir pour ne pas se retrouver dans un refuge et se faire violenter, parce qu'il y a un manque de refuges spécifiquement pour les femmes.

Auparavant, l'itinérance, c'était dans les grands centres, c'était à Montréal, c'était à Québec. Aujourd'hui, c'est partout, dans toutes les régions, dans toutes les municipalités, et on le voit, et on voit la crise humanitaire, on voit les organismes communautaires et les municipalités qui sentent qu'ils n'ont pas d'appui de la part de ce gouvernement.

Donc, le premier ministre n'a pas cru important de mentionner l'itinérance même si les différents maires à travers le Québec demandent qu'il en fasse sa priorité, demandent qu'un ministre soit désigné spécifiquement pour agir en conséquence de l'itinérance. Ce n'est pas important pour le premier ministre parce que les itinérants, ce n'est pas ce qui va contribuer à la société québécoise, sauf que ce sont tous des personnes, des individus qui sont... qui ont des parents, qui ont des familles, qui ont eu de la difficulté dans leur vie, puis on peut tous avoir de la difficulté dans leur vie.

On voit de plus en plus de personnes aînées qui se retrouvent en situation d'itinérance, parce que la première raison pour... la première raison pour laquelle les gens se retrouvent en situation d'itinérance aujourd'hui, c'est expulsion, éviction de leur logement, et aucune mention de la crise du logement, justement, de la part du premier ministre. Donc, si on veut être cohérents, il faut comprendre c'est quoi, les causes des problèmes, et s'attaquer et s'adresser à cela, ce que le premier ministre n'a pas fait.

17 % des personnes en situation d'itinérance en 2022 avaient un emploi, une statistique qui est choquante pour moi, de savoir qu'on peut suivre le cours de la vie, avoir un emploi, mais la crise du logement et le coût de la vie font en sorte que, même si nous avons un emploi, nous avons un revenu, ça fait en sorte qu'on ne peut toujours pas se payer un loyer, on ne peut toujours pas se payer de la nourriture, on ne peut toujours pas s'assumer économiquement soi-même.

Les aînés qui sont sur... qui vivent avec des revenus fixes, qui voient leur loyer augmenter, qui dépasse leur capacité de payer, se retrouvent dans la rue pour la première fois. De plus en plus de jeunes, de plus en plus de personnes vivant en situation de handicap ou vivant une... ou vivant avec le spectre de l'autisme ou une déficience intellectuelle, de plus en plus de personnes qui sont déjà dans des situations vulnérables qui se retrouvent dans la rue, qui se retrouvent dans des refuges, qui se retrouvent à ne pas savoir vers qui... envers qui se tourner.

Pas un mot sur l'itinérance. L'itinérance que les maires décrivent comme étant leur enjeu prioritaire, parce qu'eux ils sont près du terrain, ils savent c'est quoi, cette réalité. On nous répète à la CAQ qu'on n'a jamais dépensé autant d'argent sur l'itinérance, c'est parce qu'il n'y a jamais eu autant de personnes itinérantes au Québec. On voit... on ne voit pas de vision de la part de ce gouvernement en matière d'itinérance. On ne voit pas de résultat non plus. On peut bien nous dire qu'on dépense plus d'argent qu'auparavant, mais on voit l'itinérance dans la rue plus qu'auparavant également, et les choses ne semblent pas s'améliorer mais plutôt se détériorer.

Dans les prochains mois, nous aurons le prochain... le nouveau dénombrement de la part du gouvernement pour lequel j'ai participé. Et on est tous d'accord, et le ministre l'a admis lors des crédits, au printemps, qu'on sait tous ça va... il va y avoir une augmentation de l'itinérance au Québec. La question est : À quelle hauteur est-ce que cette augmentation va avoir et comment est-ce que le gouvernement va s'adresser à cet enjeu?

La dernière fois que le dénombrement est sorti, c'était juste avant le sommet de l'Union des municipalités du Québec à l'égard de l'itinérance, et le ministre a annoncé un 15 millions, parce qu'il n'avait pas grand-chose d'autre à annoncer, et c'était dans les médias. Mais il n'y a rien de nouveau qui est sorti de la politique de la part du gouvernement pour adresser une augmentation de 44 % de l'itinérance. Une itinérance, encore une fois, qui n'est pas majoritairement à cause de la toxicomanie ou à cause des enjeux de santé mentale, mais à cause des expulsions et des évictions de logements.

Cet été, le gouvernement a voulu démanteler le campement Notre-Dame à Montréal. À trois reprises, un juge a... excusez-moi, c'est les avocats qui représentent les personnes itinérantes qui ont... qui se sont présentés en cour pour demander une injonction contre le démantèlement que le gouvernement voulait faire de ce campement. Et, à trois reprises, le jugement a été : vous ne pouvez pas démanteler un campement sans avoir un lieu où placer ces gens-là, que ce soient des refuges, des logements de transition, quoi que ce soit, et que cette responsabilité était celle du gouvernement du Québec. Donc, à trois reprises, un juge a reconnu qu'il n'y avait pas assez de places en refuge ou logement de transition à Montréal pour accueillir des gens dont leur campement allait être démantelé.

L'Office de consultation publique de Montréal a mené, au printemps, une très longue consultation à l'égard de l'itinérance et a déposé son rapport cet été, son rapport, également, qui disait que le gouvernement du Québec ne parle pas à ses partenaires, n'en fait pas assez, continue de faire les mêmes... les choses de la même façon, même si l'itinérance, elle, a progressé et a évolué.

Donc, ce n'est pas juste nous, c'est l'Office de consultation publique de Montréal, c'est les juges au Québec qui reconnaissent que le gouvernement du Québec ne fait pas à la hauteur de ce qu'il faut pour aider les personnes en situation d'itinérance et encore moins de prévention, parce qu'il n'y a pas vraiment de mesure de prévention. Même si on sait que 30 % des jeunes qui sortent de la DPJ vont se retrouver en situation d'itinérance, mais Les Auberges du coeur, qui sont là, justement, pour faire la transition entre la DPJ et la vie normale, disons, sont sous-financées. Donc, il y a des solutions, mais le gouvernement choisit de les ignorer.

En plus, le premier ministre nous dit que sa priorité, c'est l'éducation. Je suis la maman d'un enfant avec des besoins particuliers et je peux vous dire que c'est les premiers qui ont été victimes du... du flip-flop de la part du gouvernement en matière d'éducation. On annonce, en début été, des coupures de 570 millions, après que les budgets ont été planifiés, ont été validés de la part des centres scolaires. Ensuite, mi-été, on nous dit : Bien là, non, l'argent... 530 millions va être disponible, mais avec certaines conditions, des effectifs. Et là la nouvelle ministre qui dit aux centres scolaires : Bien là, on va suspendre ces conditions-là, ce qui fait en sorte que les jeunes qui sont à l'école cette année, qui ont des besoins particuliers, dont... les orthophonistes, les orthopédagogues, les éducateurs spécialisés, le personnel de soutien n'ont pas été engagés en début d'année parce que les budgets n'étaient pas là. Ces jeunes-là n'auront pas le soutien dont ils ont besoin pour leur réussite scolaire. Et, malheureusement, encore une fois, c'est toujours les plus vulnérables qui écopent en premier, et, dans ce cas-là, c'est les enfants avec des besoins particuliers, pour qui cet accompagnement et ce soutien fait toute la différence quand on parle de leur réussite scolaire.

• (11 h 40) •

Donc, si la priorité du premier ministre, c'est vraiment l'éducation, il faut que ce soit l'éducation pour tous nos jeunes, parce que, l'année passée, au Québec, il y avait plus de 4 500 bris de services scolaires. Ça veut dire des écoles qui n'avaient pas la capacité, qui n'avaient pas les services et le soutien pour bien encadrer et accompagner des jeunes avec des besoins particuliers, donc ils se font renvoyer à la maison en attendant que leur parent soit celui qui reprend leur éducation, des parents qui doivent quitter leur emploi, maintenant, pour s'occuper de leur enfant à temps plein, des enfants qui sont isolés, qui ne font pas de socialisation, qui n'ont pas cette expérience.

Donc, si la réussite scolaire de tous les élèves au Québec est vraiment la priorité de ce gouvernement, il a une obligation de mettre de l'avant les conditions gagnantes pour que tous ces élèves-là, justement, réussissent... et ces questions d'avoir du personnel spécialisé qui les comprennent, qui comprennent leurs réalités, qui vont les accompagner et qui vont être là pour s'assurer qu'ils ont autant de chances que n'importe quel élève au Québec.

Je ne parlerai pas trop de la santé mentale des jeunes, mais on sait à quel point la détresse chez nos jeunes est à un point de rupture, nos jeunes qui se sentent de plus en plus délaissés. Moi, j'ai siégé sur la commission des effets sur... l'écran sur les jeunes, et c'était très révélateur de voir à quel point cette génération de jeunes qui ont grandi avec des appareils omniprésents ont de la difficulté, ont de la difficulté à se parler, ont de la difficulté à faire la distinction entre la vérité et ce que les réseaux sociaux mettent de l'avant. Tout ça pour dire que nous avons mis de l'avant 56 recommandations et, jusqu'à présent, le gouvernement en a mis un en oeuvre... une recommandation en oeuvre. Donc, on espère qu'au cours des prochains mois, le gouvernement, tous les différents ministres vont s'approprier les différentes recommandations qui leur appartiennent et vont mettre de l'avant les recommandations que nous avons travaillées presque un an pour mettre en place.

Le gouvernement a une responsabilité envers nos jeunes, envers nos aînés, envers tous les citoyennes et citoyens du Québec qui peuvent se retrouver d'un instant à l'autre dans des situations de précarité et qui n'ont pas confiance que leur gouvernement va être là pour les soutenir.

Motion formulant un grief

Je voudrais déposer, à ce sujet, une motion de grief :

«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le premier ministre pour avoir passé sous silence la crise de l'itinérance dans son discours d'ouverture et laissé sans réponse les appels des municipalités, des organismes communautaires et des citoyens partout au Québec.»

Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Merci, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Votre motion de grief est déposée sous réserve de sa recevabilité. Nous poursuivons avec... Maintenant, je reconnais la députée de Labelle.

Mme Chantale Jeannotte

Mme Jeannotte : Merci, M. le Président. Permettez-moi, moi aussi, de faire écho, à mon tour, au discours d'ouverture de notre session parlementaire du premier ministre, et ce, à titre d'adjointe parlementaire du ministre délégué au Développement économique régional.

Le premier ministre a commencé par nous parler de deux premiers constats : que le monde a changé depuis le retour au pouvoir du président Trump et que, dans plusieurs démocraties occidentales, le système dans lequel nous évoluons est devenu tellement complexe et bureaucratisé que, trop souvent, l'État n'était plus capable d'avancer ou de faire aboutir ses dossiers ou ses projets. Il y a tout simplement trop de paperasse qui affecte considérablement l'efficacité de notre État. Face à ces constats, notre premier ministre nous a dit qu'il fallait se concentrer sur quatre champs d'action, dont l'économie et l'efficacité de l'État, et c'est sur ces thèmes en particulier, M. le Président, que j'aimerais élaborer aujourd'hui.

Comme le premier ministre l'a très bien dit hier... pas hier mais récemment, si la richesse n'est pas une fin en soi, l'augmenter va permettre au gouvernement de redistribuer dans nos services publics, comme en éducation ou dans toutes sortes d'autres domaines, comme dans nos programmes sociaux, entre autres. Donc, si on investit dans des filières prometteuses, qu'on est à l'avant-garde, à l'avant de la parade, notamment dans des secteurs comme celui de la défense, par exemple, ce sont les Québécois qui pourront profiter des retombées économiques de ces investissements. Les profits générés par Investissement Québec, notre bras financier, et le gouvernement sont réinvestis dans des services sociaux pour les Québécois.

M. le Président, les oppositions nous reprochent de ne pas avoir parlé d'habitation ou d'itinérance, entre autres, mais je pense qu'ils ont manqué une bonne game, comme on dit en bon canadien, parce que le gouvernement en a fait plus que jamais, plus que n'importe qui d'autre en habitation et en itinérance, justement, puis on va continuer de le faire.

En habitation, c'est 7 milliards de dollars que notre gouvernement a investis, et c'est nous qui en avons fait le plus et c'est nous qui avons fait lever de terre le plus de projets. On a redonné des pouvoirs aux municipalités pour que les chantiers démarrent plus vite, on a revu les programmes, on a revu les outils de développement, on est allés chercher des nouveaux partenaires, Fondaction, Desjardins, Unitaînés, la FTQ et j'en passe.

En parallèle, on a fait en sorte que ce soit plus facile d'accéder aux logements pour les personnes les plus démunies. On a offert de l'aide financière au logement, des montants via les PSL, le programme de soutien au logement. C'est plus de 36 000 ménages qui ont eu accès au PSL. 125 000 ménages, dont 93 000 personnes âgées, ont reçu une aide financière pouvant aller jusqu'à 170 $ par mois. On s'est attaqués à la rénovation de nos HLM. Le programme de remplacement, d'amélioration et de modernisation, M. le Président, c'est 3 milliards de dollars qui seront investis d'ici 2028.

Donc, on a agi sur plusieurs niveaux, on a revu les programmes, on a revu des programmes d'adaptation, des programmes d'amélioration des maisons d'hébergement pour femmes, Rénovation, RénoRégion, aide aux personnes à mobilité réduite. Tout ça, c'est 13 000 interventions pour une meilleure qualité de vie. On a fait des allègements législatifs et réglementaires pour construire plus vite et mieux. Le projet de loi n° 31, le projet de loi n° 39 du ministère des Affaires municipales, sur la fiscalité municipale, a donné plus de souplesse aux municipalités et plus de latitude. M. le Président, ce n'est pas rien, c'est majeur, ce que notre gouvernement a fait depuis 2018.

J'aimerais parler... vous me permettrez plus particulièrement de parler de mon comté, si vous me le permettez. Le comté de Labelle, c'est plus de 27 municipalités dans les Hautes-Laurentides. Eh bien, chez moi, c'est 132 logements sociaux et abordables, huit projets, 61 millions d'investissement avec des subventions qui atteignent 34,6 millions, M. le Président. J'ai des chantiers en cours partout. À Nominingue, la Place Dumas, sept logements abordables, projet de 2,8 millions. À Mont-Laurier, Habitations Mont-Laurier, porté par Défi-Autonomie d'Antoine-Labelle, ça faisait des années, M. le Président, que ça ne levait pas de terre, j'ai 36 logements sociaux et abordables pour aînés, des subventions de la SHQ de 8 millions de dollars. À La Minerve, Résidence La Minerve, porté par l'organisme du même nom, 24 logements pour aînés en légère perte d'autonomie. À Rivière-Rouge, Arc-en-Toit, porté par l'organisme Arc-en-Soi, 28 logements pour personnes ayant des enjeux de santé mentale. À Mont-Laurier, la Maison 2e étape de la Passe-R-Elle, neuf logements pour femmes et enfants victimes de violence conjugale. Mais non, on ne fait rien en habitation, M. le Président. À Mont-Laurier, Immeubles R&M Vaillancourt, six logements abordables, subvention du PHAQ, 1,2 million. Ça, c'était juste... je vous parlais juste des chantiers en train de se réaliser, mais qui sont réalisés maintenant, M. le Président, eh bien, la Maison Lyse-Beauchamp, le Mirador, achat et rénovation d'un multiplex, 16 logements sociaux pour un projet de 3,5 millions, un autre à Mont-Laurier, Immeubles R&M Vaillancourt, six logements abordables. Donc, M. le Président, au total, juste pour mon comté, 132 logements sociaux et abordables.

M. le Président, le mot d'ordre, à la CAQ, c'est «exécution». Ce n'est pas seulement dans mon comté, c'est partout pareil, dans toutes les régions du Québec. J'arrive de Gatineau, M. le Président, je n'ai jamais vu autant de grues et de chantiers en construction de toute ma vie, puis j'y ai passé 15 ans. À Rimouski, à Trois-Rivières, dans toutes les régions du Québec, ça lève de partout. Une meilleure efficacité dans nos programmes, une marge de manoeuvre financière additionnelle, des outils de financement flexibles, des nouveaux partenariats, écoutez, il n'y a rien qu'on n'a pas fait. On a relevé toutes les pierres. Puis, tout ça, ça a un effet domino : plus de logements sociaux et abordables libèrent d'autres logements, et ainsi de suite. Revenons à nos moutons, M. le Président. Pourquoi donc que, dans le discours du premier ministre, on ne parlait pas de logements sociaux ni abordables, peut-être? Mais c'est parce qu'on s'est attaqués à l'économie puis c'est parce que le contexte a changé. Puis, plus on va s'attaquer à une économie, plus notre économie va être forte, plus on va avoir de l'argent pour en mettre dans nos logements sociaux, dans nos programmes sociaux. C'est très simple. Mais, ça, on dirait que les oppositions ne sont pas capables de le comprendre.

• (11 h 50) •

Alors, alors que le monde entier sort d'une pandémie qui a affecté durement nos entreprises et nos régions, permettez-moi de parler de développement économique régional. J'ai eu la chance d'être nommée adjointe parlementaire au ministre du Développement économique régional. C'est un autre geste fort que notre premier ministre a posé. On vient d'avoir un nouveau ministre du Développement économique régional. Donc, c'est très important de le souligner.

Justement, générer des revenus et pouvoir continuer d'intervenir en logement et itinérance, comme je parlais, eh bien, ça va être très important de continuer de travailler pour avoir une économie très forte. Donc, notre gouvernement investit dans les entreprises. Ces dernières génèrent des retombées économiques, créent des emplois et font du profit. Ces retombées, elles sont reprises pour investir davantage dans nos services publics.

Donc, l'économie est la priorité de notre gouvernement, et je remercie notre premier ministre pour ça. Pourquoi? Parce que ça va passer par nos régions, M. le Président. Plus de 90 % des investissements d'Investissement Québec sont faits dans nos PME, plus de 50 % des investissements chez Investissement Québec se font dans nos régions. Parmi les grandes priorités économiques de notre gouvernement, plusieurs entraînent des retombées considérables dans les régions. On fait avancer de grands projets économiques. On a lancé le plus grand chantier énergétique du Québec qui va doubler la production d'Hydro-Québec, le plan d'action 2035. Le plan d'Hydro-Québec est clair : continuer de développer l'hydroélectricité, augmenter la production éolienne et faire plus d'économies d'énergie.

Le premier ministre a fait plusieurs annonces en ce sens. Tout récemment, il était en Abitibi pour faire une importante annonce dans le secteur des mines. Il a annoncé 25 mégawatts pour les Mines Agnico Eagle, pour la mine Odyssey. La mine va générer 1 600 emplois, avec un salaire moyen de plus de 140 000 $, M. le Président. Il a fait aussi plusieurs annonces en énergie, dont le développement de 6 000 mégawatts d'énergie éolienne dans l'Est du Québec, notamment en Gaspésie et dans l'est du Bas-Saint-Laurent. Mais non, on ne fait rien en région, M. le Président. C'est un partenariat historique avec tous les partenaires du milieu, dont les communautés autochtones.

Par ailleurs, M. le Président, on a créé aussi quatre zones d'innovation, qui représentent des investissements totaux de 11,5 milliards de dollars, dont 77 % viennent du secteur privé, M. le Président. Zone Innovation Espace Aéro, Mirabel, Longueuil et Montréal, Zone innovation quantique, DistriQ à Sherbrooke, Zone Innovation Technum Québec à Bromont, zone innovation de la transition énergétique, Bécancour, Trois-Rivières. Shawinigan. Ces zones regrouperont des acteurs de la recherche, de l'industrie et des milieux de l'enseignement, et de l'entrepreneuriat pour stimuler l'innovation et attirer des investissements et des activités de recherche. On met à profit des écosystèmes solides qui rendent le Québec unique et qui vont propulser l'économie du Québec de demain. Et tout ça, M. le Président, oui, ça passe par nos régions.

Notre gouvernement investit directement pour nos entreprises en région. À preuve, 51 % des projets financés par IQ sont des entreprises hors des grands centres urbains. Par exemple, Groupe ADF, dans Lanaudière, a décroché le plus gros contrat de son histoire, qui a diversifié ses marchés grâce à l'intervention d'Investissement Québec; Portes et fenêtres Eddy Boulet en Montérégie, qui a doublé sa production en automatisation des tâches administratives; Groupe Lebel, dans le Bas-Saint-Laurent, qui a passé de six usines en 2014 à 22 usines en 2025. L'entreprise emploie aujourd'hui 1 400 personnes dont... dans 17, pardon, municipalités du Québec. Et je pourrais continuer encore longtemps comme ça, M. le Président, des exemples en succès en région, c'est... ce n'est pas ce dont notre gouvernement manque.

 En développement économique régional, nous avons des structures fortes, aux niveaux local et régional, et je pense à plusieurs outils, comme par exemple Accès entreprise Québec, qui a été mis sur pied pour permettre aux MRC de se doter de personnel afin d'offrir des services de proximité, des outils, du conseil, du référencement. Dans mon coin de pays, M. le Président, on appelle ça la Maison de l'Entrepreneur. Ils ont eu la brillante idée de réunir tout ce beau monde dans le même édifice. Ils ont Accès entreprise Québec, ils ont un guichet unique, ils ont la chambre de commerce, la SADC et Accès entreprise Québec, tout ça dans le même édifice. Donc, c'est un modèle, et je les salue aujourd'hui. On a des outils de financement, aussi, comme le FLI, le fonds d'investissement... locaux d'investissement.

Par ailleurs, on a fait aussi une réforme d'Investissement Québec, en 2019, et ça, ça a permis de... l'émergence de bureaux régionaux devant agir en collaboration avec les structures locales de développement économique. Honnêtement, M. le Président, notre écosystème, au Québec, on a de quoi être fier, là.

La Stratégie québécoise de recherche et d'investissement en innovation est un autre outil extrêmement intéressant, le Plan d'action en entrepreneuriat en 2022‑2025, qui a été annoncé par mon ancien collègue en Développement économique, le Plan d'action gouvernemental en économie sociale 2020‑2025, qui repose... qui propose des mesures de soutien dédiées à ce domaine d'entreprises, bref, une structure et des outils, des initiatives qui contribuent tous à la croissance de nos entreprises et à la croissance de l'entrepreneuriat partout au Québec.

M. le Président, on compte 230 000 PME, au Québec, qui jouent un rôle fondamental dans l'économie du Québec. C'est notre priorité d'accompagner et de soutenir chaque PME, et ce, à chaque étape de leur développement et de leur croissance.

Maintenant, notre vision... pardon, nous visons présentement une guerre commerciale, comme tout le monde le sait, c'est sans précédent, avec notre principal partenaire à l'étranger, les États-Unis. Ce contexte crée de l'incertitude, et, vous le savez, M. le Président, les entreprises détestent l'incertitude. On les comprend. Comment il faut continuer de les encourager à investir dans ce contexte? Bien, c'est notamment pour les aider pour leur productivité, parce qu'elles doivent demeurer compétitives dans leurs secteurs respectifs. Nous, à la CAQ, on le sait, c'est pourquoi le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie a mis en place plusieurs programmes d'aide pour les entreprises, dont le programme FRONTIÈRE, qui aide les entreprises dans leurs liquidités, Chantier productivité, qui soutient les entreprises parce qu'elles augmentent leur productivité, Panorama, qui accompagne les entreprises dans la diversification de leurs marchés.

Mon collègue, ancien ministre délégué à l'Économie, a annoncé la création du réseau accès entreprises PME, lors du Rendez-vous national du développement local organisé par la Fédération québécoise des municipalités, en avril dernier. Ce nouveau réseau va permettre aux PME de profiter de l'expertise et du soutien de 450 000 professionnels qualifiés au sein des services de développement économique des MRC et des organismes délégataires. Les MRC sont donc l'endroit où frapper en tout premier lieu pour... que ce soit pour de l'accompagnement, du référencement, du financement à chacune des étapes du développement de leur entreprise, sans oublier le Centre de transfert d'entreprise du Québec, qui agit désormais sous la bannière de Repreneuriat Québec, une autre structure qui a été annoncée par mon collègue, Christopher Skeete, pour accompagner les entreprises dans leur soutien aux cédants et aux repreneurs. Donc, comme je le disais, nous avons de fortes structures et des outils performants : MRC, IQ, Caisse de dépôt.

Mais permettez-moi de revenir quelques instants sur le discours du premier ministre et de parler d'efficacité de l'État. Notre premier ministre nous a dit qu'il souhaite donner un traitement choc à la bureaucratie, et là aussi je le remercie. Oui, on veut réduire le nombre de postes, mais on veut surtout sortir d'un système lourd, trop lourd, qu'on a construit depuis des décennies. M. le Président, on va s'attaquer à faire les choses différemment afin de rendre les services publics plus efficaces. On va regarder quelles sont les contraintes qui s'imposent à nous-mêmes, quels sont les bâtons dans les roues que les précédents gouvernements nous ont mis. Le premier ministre a posé un geste fort. Nous avons un ministre de développement économique régional, et moi, je serai très heureuse d'appuyer mon collègue dans mes fonctions. Mon collègue sera chargé du développement économique régional, de l'entrepreneuriat collectif et des zones d'innovation.

Au cours des prochaines semaines, mon collègue et moi, on va faire du terrain. On va identifier les plus grandes entraves au développement économique régional pour chaque région du Québec. Évidemment, il n'y a pas une région comme une autre, elles ont toutes leur couleur, c'est pourquoi on doit être à l'écoute au cours des prochaines semaines. Pourquoi s'attaquer aux entraves? Parce que ça va...

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme la députée de Labelle, est-ce que vous souhaitez poursuivre à la reprise des travaux?

Une voix : ...

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Parfait. Merci.

Alors, compte tenu de l'heure, et afin de permettre la tenue des affaires courantes, cet après-midi, le présent débat est ajourné, et les travaux sont suspendus jusqu'à 13 h 40.

(Suspension de la séance à 12 heures)

(Reprise à 13 h 41)

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour, chers collègues. Veuillez prendre place.

Affaires courantes

Déclarations de députés

Nous en sommes à la... à la rubrique, pardon, Déclarations de députés, et je cède maintenant la parole à M. le député de Chauveau.

Souligner le 20e anniversaire des Patriotes de
l'école secondaire Roger-Comtois

M. Sylvain Lévesque

M. Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Cette année, on célèbre le 20e anniversaire du programme de football des Patriotes de l'école secondaire Roger-Comtois. Je tiens tout d'abord à souligner la présence, dans nos tribunes, de l'entraîneur-chef, M. Philippe Brown, accompagné de trois joueurs actuels : Alexandre Beaudin, Alexandre Boisvert et Thomas Dominique.

Fondé en 2005 par MM. Denis Castonguay et François Letarte, afin de contrer le décrochage scolaire chez les jeunes garçons, ce programme a su devenir une fierté de performance et d'excellence. À preuve, ils ont remporté, depuis leur fondation, huit bannières et deux Bols d'or. Le programme ne cesse de grandir et compte maintenant quatre équipes, d'atome à juvénile, accueillant environ 230 joueurs par année.

En terminant, je tiens à féliciter les parents et les bénévoles qui encouragent nos jeunes athlètes tout en les accompagnant dans la persévérance scolaire. Meilleurs succès à nos Patriotes et encore plusieurs bannières à venir. Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bravo à l'équipe et les représentants de l'équipe. Merci beaucoup de votre visite à l'Assemblée nationale.

Je cède maintenant la parole au député de Viau.

Souligner la Semaine du Congo à Montréal

M. Frantz Benjamin

M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, célébrée la troisième semaine du mois d'octobre de chaque année, la Semaine du Congo est commémorée dans plus de 55 pays. Elle sert non seulement à sensibiliser la population à la situation qui prévaut en RDC et de plaider pour la paix, la justice et la dignité humaine, mais aussi à stimuler les échanges économiques et l'entrepreneuriat.

Je tiens aujourd'hui à souligner la présence de la communauté congolaise au Québec depuis de nombreuses années. À travers ses membres présents dans différentes sphères de la société québécoise, la communauté congolaise est dynamique et résiliente. Des organisations comme la COCOM, PARDEC et la Jeune Chambre de commerce du Congo-Kinshasa au Québec continuent, au fil des ans, de bâtir des ponts entre le Québec et la RDC.

Du 13 au 18 octobre prochains, la Semaine du Congo à Montréal sera, à travers différentes manifestations, une opportunité de renforcer les liens socioculturels et économiques entre le Québec et la RDC.

À tous les Québécois d'origine congolaise, bonne Semaine du Congo au Québec.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.

Rendre hommage à Mme Nathalie Clark

Mme Martine Biron

Mme Biron : Merci, Mme la Présidente. C'est un honneur, c'est avec beaucoup de bonheur que je souligne aujourd'hui la carrière remarquable d'une citoyenne de ma circonscription, Mme Nathalie Clark, qu'on a amenée, je pense, secrètement dans les tribunes de l'Assemblée nationale. Elle est accompagnée de ses proches et des membres de sa famille.

Elle est entrée à TVA Québec en août 1985. C'est en 1994 qu'elle présente son tout premier bulletin météo. Depuis, fidèle au poste, beau temps, mauvais temps, elle fait partie du quotidien des citoyens de la grande région de Québec.

Mme Clark, depuis toutes ces années, vous informez les téléspectateurs avec grâce et professionnalisme. Vous êtes un véritable symbole de fidélité et d'engagement pour nous tous. Félicitations pour votre 40e anniversaire de carrière à TVA Québec! Et puissiez-vous continuer à illuminer nos écrans pour encore de nombreuses années.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Mme Clark, au nom de la présidence, toutes nos félicitations pour vos nombreuses années. Merci.

Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.

Souligner le 30e anniversaire de Répit Providence

M. Alexandre Leduc

M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souligne les 30 ans de Répit Providence, un organisme indispensable à Hochelaga-Maisonneuve et à Montréal.

Depuis trois décennies, Répit Providence protège la petite enfance et soutient les familles en situation de vulnérabilité en prévenant l'épuisement parental, la négligence, les abus et la violence envers les enfants, ces enjeux demeurant d'une grande actualité.

Ce travail essentiel repose sur une équipe engagée et compétente. Depuis plus de 20 ans, la directrice, Isabelle Perreault, assure la continuité de la mission, entourée d'intervenantes et d'intervenants dont le professionnalisme transforme concrètement la vie des familles.

Répit Providence, c'est aussi un leadership reconnu. Lors de son grand forum 2024 sur la prévention de la négligence, il a rassemblé des partenaires de tous les horizons qui ont rappelé l'urgence de renforcer la protection de l'enfance au Québec. Inspiré par la Commission Laurent, l'organisme a lancé une importante pétition pour faire adopter une charte des droits des enfants par le gouvernement.

À toute l'équipe de Répit Providence, merci pour les 30 ans d'action essentielle et longue vie à votre mission! Merci.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.

Rendre hommage à M. Mathieu St-Pierre

Mme Marie-Louise Tardif

Mme Tardif : Mathieu St-Pierre est un athlète d'exception mais aussi un modèle de persévérance, de résilience et de détermination.

Le 4 septembre 2025, il est devenu champion du monde en paracanoë lors des Championnats du monde en Hongrie.

Mathieu a toujours été sportif, jusqu'au jour où, malheureusement, en 2015, un arbre tombe sur lui, le blesse gravement, et il devient paraplégique. Mais, avec toute sa détermination, il reprend l'entraînement de manière intensive.

Depuis, il ne cesse de progresser et de performer, entre autres aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, aux Jeux de Paris en 2024.

Il s'entraîne actuellement pour la coupe du monde de canoë-kayak en Allemagne en 2026 et pour les championnats du monde en Argentine.

La fédération Parasports Québec l'a d'ailleurs nommé Personnalité du mois de septembre.

Bon succès! Bravo, Mathieu! Tu es un modèle.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Robert-Baldwin.

Rendre hommage à Mme Gemma Raeburn-Baynes

Mme Brigitte B. Garceau

Mme Garceau : Merci, Mme la Présidente. Le 3 octobre dernier, j'ai eu le privilège de remettre la Médaille de l'Assemblée nationale du Québec à une femme d'exception et véritable pionnière de notre communauté, Gemma Raeburn-Baynes, à l'occasion du gala du 25e anniversaire de Playmas Montreal, l'organisme communautaire hors pair dont elle a créé.

For more than 60 years, Gemma has dedicated her life to promoting Caribbean and Black culture, nurturing artistic talent, and empowering Black youth through various social initiatives, festivals, sponsorship and mentorship programs, including her latest project, Gem*Star Circle of Excellence.

Par sa générosité, sa vision et sa foi inébranlable, Gemma laisse en héritage une société plus juste, plus inclusive et plus fière.

As a trailblazer, particularly for Black women and girls, and as a tranformative changemaker, Gemma's legacy will continue to inspire us all for generations to come. Thank you. Merci.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.

Souligner le 30e anniversaire du Musée de
paléontologie et de l'évolution

Mme Karine Boivin Roy

Mme Boivin Roy : Merci, Mme la Présidente. Il y a 30 ans, naissait à Montréal le Musée de paléontologie et de l'évolution, créé par un groupe d'amateurs en paléontologie et d'universitaires, et dont la mission est de préserver, d'étudier et de mettre en valeur le patrimoine fossile québécois. Encore plus, c'est un musée d'émerveillement où les fossiles prennent vie, les enfants rêvent de dinosaures et les adultes redécouvrent l'immensité du temps.

Par ses expositions temporaires et itinérantes, par sa participation à des colloques et conférences, par ses excursions guidées et ses travaux sur le terrain auquel le public peut participer, par son laboratoire de conservation et de recherche et par sa collection abritant plus de 80 000 fossiles provenant en majorité du Québec et couvrant des centaines de millions d'années, le musée nous apprend que chaque pierre et chaque os raconte une histoire, à savoir celle de la terre et celle de la vie avec un grand V.

Merci à Mario Cournoyer, Jean-Pierre Guilbault et leur groupe qui, depuis trois décennies, transmettent avec passion le goût du savoir et de la découverte.

• (13 h 50) •

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Abitibi-Est.

Rendre hommage à M. Fernand Trahan

M. Pierre Dufour

M. Dufour : Mme la Présidente, comme nous sommes en période électorale au niveau municipal, je me permets d'honorer aujourd'hui un ex-politicien de Val-d'Or qui a laissé une marque indélébile au fil de sa mairie.

Personnage mythique durant ces 13 années comme maire, de 2000 à 2013, il a toujours eu le courage de ses convictions. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare d'entendre des gens s'ennuyer de lui.

Leader incontesté pour positionner Val-d'Or économiquement comme un acteur incontournable du développement du Grand Nord québécois, il a su mettre à la table des discussions les diverses communautés autochtones et allochtones pour unir les forces de chacun.

C'est dans cette logique, alors que le boom minier nordique bouillonne, qu'il initie un projet qui deviendra le Centre de transit minier nordique, annexé à l'aéroport de Val-d'Or. Grand architecte du projet, c'est grâce à ses contacts politiques que la première pelletée de terre eu lieu, en janvier 2009, suivie d'un grand agrandissement en 2012. Personnage coloré, qui n'avait pas la langue de bois, lorsqu'il quitta la mairie, il termina son allocution en disant : J'ose espérer que le sigle de Val-d'Or va être dans votre coeur avant tout autre intérêt partisan ou monétaire. Merci.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole... Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Hull.

Souligner le 30e anniversaire de la Maison Alcide-Clément

Mme Suzanne Tremblay

Mme Tremblay : Mme la Présidente, je prends un moment pour souligner aujourd'hui le 30e anniversaire de la Maison Alcide-Clément, un organisme qui accompagne et soutient les familles du secteur de Hull. Au fil des ans, la maison est devenue un lieu réconfortant où se tiennent de nombreuses activités qui rassemblent, favorisent l'entraide et contribuent à briser l'isolement.

Si la Maison Alcide a su demeurer aussi vivante et accueillante, c'est en grande partie grâce à Mme Carole Verner, qui quitte pour une retraite bien méritée. Femme de coeur, elle a guidé l'organisme pendant deux décennies avec bienveillance, respect et une profonde humanité. Carole n'a jamais compté ses heures et a toujours tendu la main à celles et ceux qui franchissent la porte de la maison. Par sa présence constante, son écoute et sa grande générosité, elle a fait de cet organisme un véritable repère pour les familles.

Je tiens également à remercier les bénévoles et les membres du conseil d'administration pour leur dévouement et leur précieuse contribution.

En terminant, je souhaite à Mme Verner une belle retraite et à la Maison Alcide-Clément encore de nombreuses années au service de notre communauté. Merci.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Repentigny.

Souligner le 25e anniversaire de l'Association des devenus
sourds et des malentendants du Québec, secteur
des MRC de L'Assomption et des Moulins

Mme Pascale Déry

Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je tiens aujourd'hui à souligner le 25e anniversaire de l'Association des devenus sourds et des malentendants du Québec dans le secteur des MRC de L'Assomption et des Moulins.

Depuis un quart de siècle, cette organisation joue un rôle fondamental en brisant l'isolement, en défendant les droits, en contribuant à l'amélioration de la qualité de vie des personnes qui vivent avec une perte auditive.

Alors, grâce au travail remarquable, à la générosité, aussi, des nombreux bénévoles et de ses membres, l'association a su tisser un véritable réseau de solidarité, qui fait une différence concrète au sein de nos communautés. Elle rassemble les personnes malentendantes ou devenues sourdes ainsi que leurs conjoints et leurs proches autour d'un mouvement d'entraide, d'écoute et de soutien mutuel.

Alors, je souhaite exprimer toute ma reconnaissance à Mme Louise Paré, qui est présidente, ainsi qu'à toute son équipe pour leur dévouement, leur engagement à porter cette mission avec coeur et avec conviction.

Félicitations, justement, pour ces 25 années de travail remarquable, et longue vie à cette belle organisation! Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Saint-Jean.

Féliciter le collectif créatif La Cargaison et la Corporation monseigneur Forget,
lauréats du prix Mise en valeur décerné par le Conseil
du patrimoine religieux du Québec

M. Louis Lemieux

M. Lemieux : Mme la Présidente, je vous avais déjà raconté que la cathédrale Saint-Jean-l'Évangéliste de Saint-Jean-sur-Richelieu vivait une sorte de renaissance depuis qu'en plus des messes la Corporation monseigneur Forget avait élargi les usages de sa cathédrale pour la rendre plus disponible à la communauté avec des spectacles à la chandelle et divers événements.

Je vous avais aussi annoncé que La Cargaison, collectif créatif, spécialisé en sons et lumières, avait choisi d'en faire sa résidence de création et de diffusion. Et c'est comme ça que, depuis le mois dernier, le clocher de la cathédrale s'illumine aux couleurs du moment.

Mais il y a plus. Le Conseil du patrimoine religieux du Québec leur a conjointement décerné, la semaine dernière, le prix du jury dans la catégorie Mise en valeur. Et c'est tellement vrai et mérité que les deux organisations se vantent, avec justesse, de vivre une collaboration aussi improbable que parfaite.

Merci et bravo à la Corporation monseigneur Forget et à La Cargaison d'avoir fait revivre et de faire vivre notre...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Mégantic.

Souligner le 25e anniversaire du journal Le Cantonnier

M. François Jacques

M. Jacques : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux souligner le 25e anniversaire du journal communautaire Le Cantonnier, un média solidement enraciné dans le sud des Appalaches.

Ce journal, c'est une histoire collective portée par la passion, la rigueur et la persévérance.

Dans un monde saturé d'informations, Le Cantonnier est resté fidèle à sa mission : donner la parole à ceux et celles qui font vivre la communauté. Je vous dis bravo pour cette noble mission.

Il a fallu beaucoup de temps et d'engagement pour franchir ce quart de siècle. Je veux donc remercier chaleureusement tous ceux et celles qui ont contribué à faire du Cantonnier ce qu'il est aujourd'hui : les rédacteurs, les bénévoles, les lecteurs, les partenaires et tous ceux qui ont oeuvré dans l'ombre. Vous avez tenu bon, même dans les moments difficiles, et c'est tout à votre honneur. Bon 25e aux gens du Cantonnier.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.

Et je suspends les travaux quelques minutes.

(Suspension de la séance à 13 h 56)

(Reprise à 14 h 07)

La Présidente : Bonjour, tout le monde. Mesdames messieurs, bienvenue. Le parlement du Québec, c'est chez vous.

Messieurs dames les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.

Nous poursuivons les affaires courantes.

Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.

Dépôt de documents

À la rubrique Dépôt de documents, Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.

Mme Fréchette : Oui, merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de l'année financière 2024‑2025 de la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie et le rapport annuel de gestion 2024-2025 de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour. Merci.

La Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.

M. Roberge : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2024‑2025 du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.

La Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de la Culture et des Communications.

M. Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport annuel de gestion 2024‑2025 du Musée de la civilisation. Merci.

La Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de l'Emploi. M. le ministre de l'Emploi. Mme la ministre! Mon erreur, je m'en confesse. Mme la ministre de l'Emploi.

Mme Déry : Ce n'est pas plus grave. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dépose aujourd'hui le rapport annuel de gestion 2024‑2025 du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Merci.

La Présidente : Ce document est déposé. Le pire, c'était écrit «madame». Mme la ministre de la Famille.

Mme Champagne Jourdain : Oui, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2024‑2025 du ministère de la Famille. Merci.

La Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.

M. Jolin-Barrette : ...au nom du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, je dépose le rapport annuel de gestion 2024-2025 du ministère de la Cybersécurité et du Numérique.

La Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre responsable des Infrastructures.

M. Charette : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2024-2025 de la Société québécoise des infrastructures.

La Présidente : Ce document est déposé.

Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions.

Dépôt de pétitions

À la rubrique Dépôt de pétitions, le dépôt de plusieurs pétitions est prévu pour aujourd'hui. Comme le règlement le prévoit, un maximum de 15 minutes est consacré à cette étape, alors, le cas échéant, le dépôt de certaines pétitions sera reporté à la prochaine séance.

• (14 h 10) •

Avant de céder la parole à un premier député, je vous informe que j'ai également reçu une demande de la part de Mme la députée de D'Arcy-McGee afin de reporter au 8 octobre 2025 la présentation de sa pétition dont la date limite de présentation est aujourd'hui. Est-ce qu'il y a consentement pour cela? Consentement.

M. le député de Matane-Matapédia.

Améliorer l'accès aux services d'orthophonie sur la Côte-Nord

M. Bérubé : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 968 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que le développement du langage est essentiel à la réussite éducative, sociale et personnelle des enfants;

«Considérant que les délais d'attente pour obtenir des services d'orthophonie dans le réseau public sur la Côte-Nord sont extrêmement longs — parfois plus d'un an — compromettant ainsi les chances d'intervention précoce pour de nombreux enfants;

«Considérant que la pénurie d'orthophonistes sur la Côte-Nord est chronique, ce qui limite gravement l'accès à des services de base pour les familles de la région;

«Considérant qu'une fois pris en charge, certains enfants voient leurs services interrompus en cours d'année faute de budget suffisant, et sont alors retournés sur la liste d'attente, compromettant la continuité des interventions;

«Considérant que les enfants de la Côte-Nord, comme ceux des autres régions du Québec, ont le droit à des services équitables;

«Considérant que l'absence de services adéquats en orthophonie entraîne des conséquences graves sur le développement, la scolarisation et l'intégration sociale des enfants;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«D'augmenter de façon urgente les ressources allouées aux services d'orthophonie de la Côte-Nord, afin de réduire rapidement les délais d'attente;

«De mettre en place des incitatifs financiers et professionnels pour attirer et retenir des orthophonistes sur la Côte-Nord;

«D'assurer à tous les enfants de la Côte-Nord un accès équitable, continu et de qualité aux services d'orthophonie; et

«De reconnaître la situation critique des services spécialisés en région et d'agir par des mesures structurantes pour corriger ces injustices.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé. Mme la députée de Vaudreuil.

Maintenir l'encadrement professionnel indépendant du secteur financier

Mme Nichols : Oui. Merci, Mme la Présidente. À la demande de l'auteur de la pétition, je dépose aujourd'hui l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 256 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que les professionnelles et professionnels en assurance, épargne collective, planification, plans de bourses d'études et sécurité financière au Québec refusent le démantèlement de l'encadrement professionnel indépendant prévu dans le projet de loi n° 92;

«Considérant que ces professionnels sont au service des Québécois;

«Considérant que ces professionnels ne sont pas de simples distributeurs de produits financiers;

«Considérant que les professionnels demandent vivement d'être entendus, respectés et représentés;

«[...]Considérant que, depuis plus de 25 ans, la Chambre de la sécurité financière incarne un modèle québécois unique, multidisciplinaire et centrée sur la protection du public et qu'elle permet à plus de 34 000 professionnels d'exercer leur métier avec éthique, rigueur et autonomie;

«Considérant que le projet de loi n° 92 :

«Confie les dossiers à des organismes contrôlés par les grandes institutions financières, sans enracinement dans la profession;

«Supprime le statut professionnel, réduisant les professionnels à de simples vendeurs;

«Implique des frais importants pour des entités où il n'y a aucun pouvoir décisionnel; et

«A été conçu sans étude d'impact ni consultation des principaux concernés;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«Le retrait du projet de loi n° 92, ou à tout le moins des articles concernant les Chambres;

«Une consultation réelle, ouverte et transparente avec les professionnels du terrain;

«Le maintien d'un encadrement indépendant et multidisciplinaire, axé sur la protection du public;

«La reconnaissance du rôle essentiel des professionnels dans l'équilibre financier des ménages québécois.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.

Garantir un accès équitable aux soins et aux
services sociaux dans les régions éloignées

M. Arseneau : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 3 625 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que les personnes vivant dans les régions éloignées doivent souvent parcourir de longues distances ou attendre des mois pour accéder à des soins de santé de base;

«Considérant que le manque de personnel en santé et services sociaux entraîne des bris de service, alourdit le fardeau des familles et aggrave les inégalités régionales;

«Considérant que le taux d'inoccupation des logements y est souvent inférieur à 1 % et freine le recrutement de personnel;

«Considérant que la pénurie de places en garderie empêche les travailleuses et travailleurs de venir s'établir durablement [en] région;

«Considérant que les primes actuelles ne reflètent pas les vrais coûts de la vie en région éloignée et que les incitatifs ne suffisent pas à attirer et retenir le personnel nécessaire en santé et services sociaux;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«D'investir dans la construction de logements temporaires réservés au personnel de la santé et des services sociaux dans les régions éloignées;

«De financer des CPE intégrés aux installations des CISSS et [des] CIUSSS des régions éloignées;

«De bonifier les primes d'éloignement et d'isolement, de les élargir à d'autres localités et de créer des bourses ciblées pour les jeunes dans les professions en forte demande.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de Laurier-Dorion.

Rejeter le projet de règlement modifiant
le calcul des augmentations de loyer

M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 12 041 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que le projet de règlement publié le 16 avril 2025 à la Gazette officielle du Québec modifie substantiellement le calcul des augmentations de loyer;

«Considérant que ce projet de règlement, bien qu'il retire la composante inflationniste d'ajustement du revenu net, introduit d'autres éléments préoccupants pour les locataires;

«Considérant que l'utilisation de l'IPC global comme critère principal d'augmentation ne reflète pas adéquatement les coûts spécifiques liés à l'exploitation des immeubles locatifs et maintient l'influence des variations du marché dans le calcul des augmentations;

«Considérant que le nouveau calcul des travaux majeurs, fixé à 5 %, impose aux locataires de rembourser intégralement les investissements immobiliers sans prévoir de réduction de loyer une fois cette période de remboursement terminée;

«Considérant que le déséquilibre d'information entre [les] locateurs et locataires persiste, notamment sans justifications détaillées des hausses proposées;

«Considérant que le projet de règlement ne permet pas de réguler les augmentations de loyer et ne protège pas l'accès au logement;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«De rejeter le projet de règlement actuel;

«D'élaborer un nouveau règlement visant un véritable contrôle des loyers, axé sur la variation des dépenses d'exploitation;

«D'instaurer un plafond absolu aux augmentations annuelles de loyer;

«D'obliger les locateurs à s'adresser au TAL pour justifier toute hausse supérieure au taux fixé;

«De créer un registre public des loyers, accessible gratuitement, permettant notamment aux locataires de connaître l'historique des loyers et des travaux majeurs;

«De décréter un gel des loyers jusqu'à l'entrée en vigueur d'un nouveau règlement équitable.»

Et je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé. Mme la députée de La Pinière.

Reconnaître le travail des proches aidants
et leur accorder un salaire juste

Mme Caron : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de saluer, dans les tribunes, Mme Geneviève Coutu, auteure de la pétition, et Cynthia Thibodeau.

Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 7 164 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Attendu que les proches aidants soutiennent des personnes malades ou invalides à long terme, nécessitant un engagement constant sur les plans physique, émotionnel et financier;

«Attendu que ce travail permet de désengorger les milieux d'hébergement et d'économiser des millions à l'État;

«Attendu que même en versant un salaire aux proches aidants, le gouvernement continuerait d'économiser par rapport au coût des soins institutionnels et des hospitalisations;

«Attendu que les proches aidants travaillent souvent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec peu ou pas de répit;

«Attendu que le manque de personnel du réseau de la santé rend la contribution des proches aidants encore plus cruciale;

«Attendu que les proches aidants doivent souvent laisser leur travail et puiser dans leurs économies pour vivre afin de jouer leur rôle de proche aidant;

«Attendu que les proches aidants vivent dans la précarité, sans salaire, congés ou couverture sociale;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«De reconnaître le rôle essentiel des proches aidants;

«De leur accorder un salaire juste;

«De mettre en place des mesures de répit pour leur bien-être.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.

Soutenir le peuple togolais dans sa lutte pour la démocratie

M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 181 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que le peuple togolais subit depuis plusieurs décennies un régime autoritaire marqué par des violations de droits humains, des atteintes aux libertés fondamentales et une absence d'alternance démocratique;

«Considérant que le peuple togolais manifeste contre un régime dictatorial incarné par Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 20 ans, après avoir succédé à 38 ans de règne de son père;

«Considérant que les manifestants dénoncent la hausse du coût de la vie, ainsi que la réforme constitutionnelle de 2024 lui permettant de se maintenir au pouvoir, transférant l'essentiel du pouvoir à sa nouvelle fonction de Président de conseil;

«Considérant la forte hausse des arrestations arbitraires des voix critiques au régime;

«Considérant que [les] manifestations pacifiques sont réprimées et qu'au moins sept personnes, dont une mineure de 15 ans, ont été tuées en juin 2025;

«Considérant que des opposants, journalistes et défenseurs des droits humains sont intimidés, emprisonnés ou forcés à l'exil;

«Considérant que la jeunesse togolaise aspire à un avenir libre et démocratique;

«Considérant que le Québec, société démocratique attachée aux droits humains, accueille une importante communauté togolaise;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«D'exprimer son soutien au peuple togolais dans sa lutte pour la démocratie, la justice et l'État de droit;

«D'utiliser sa voix et son influence, notamment au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie, pour dénoncer les violations des droits humains au Togo et promouvoir des initiatives diplomatiques en faveur du respect des libertés fondamentales et de l'alternance démocratique.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

• (14 h 20) •

La Présidente : ...est déposé.

Et j'ai reçu une demande du député des Îles-de-la-Madeleine pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation de cette pétition? Consentement. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.

Garantir un accès équitable aux soins et aux services
sociaux dans les régions éloignées

M. Arseneau : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 359 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que les personnes vivant dans les régions éloignées doivent souvent parcourir de longues distances ou attendre des mois pour accéder à des soins de santé de base;

«Considérant que le manque de personnel en santé et services sociaux entraîne des bris de service, alourdit le fardeau des familles et aggrave les inégalités régionales;

«Considérant que le taux d'inoccupation des logements y est souvent inférieur à 1 % et freine le recrutement de personnel;

«Considérant que la pénurie de places en garderie empêche les travailleuses et travailleurs de venir s'établir durablement [en] région;

«Considérant que les primes actuelles ne reflètent pas les vrais coûts de la vie en région éloignée et que les incitatifs ne suffisent pas à attirer et retenir le personnel nécessaire en santé et services sociaux;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«D'investir dans la construction de logements temporaires réservés au personnel de la santé et des services sociaux dans les régions éloignées;

«De financer des CPE intégrés aux installations des CISSS et [des] CIUSSS des régions éloignées;

«De bonifier les primes d'éloignement et d'isolement, de les élargir à d'autres localités et de créer des bourses ciblées pour les jeunes dans les professions en forte demande.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.

J'ai également reçu une demande de M. le député de Laurier-Dorion pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation de cette pétition? Consentement. M. le député de Laurier-Dorion.

Rejeter le projet de règlement modifiant le
calcul des augmentations de loyer

M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente. Je profite de l'occasion pour saluer Mme Nicole Dionne et Charles-Olivier Carrier, ici présents dans l'estrade, du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, ainsi que les collègues des comités logement du Québec. Merci beaucoup.

Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 12 041 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que le projet de règlement publié le 16 avril 2025 à la Gazette officielle du Québec modifie substantiellement le calcul des augmentations de loyer;

«Considérant que ce projet de règlement, bien qu'il retire la composante inflationniste d'ajustement du revenu net, introduit d'autres éléments préoccupants pour les locataires;

«Considérant que l'utilisation de l'IPC global comme critère [global] d'augmentation ne reflète pas adéquatement les coûts spécifiques liés à l'exploitation des immeubles locatifs et maintient l'influence des variations du marché dans le calcul des augmentations;

«Considérant que le nouveau calcul des travaux majeurs, fixé à 5 %, impose aux locataires de rembourser intégralement les investissements immobiliers sans prévoir de réduction de loyer une fois cette période de remboursement terminée;

«Considérant que le déséquilibre d'information entre locateurs et locataires persiste, notamment sans justifications détaillées des hausses proposées;

«Considérant que le projet de règlement ne permet pas de réguler les augmentations de loyer et ne protège pas l'accès au logement;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«De rejeter le projet de règlement actuel;

«D'élaborer un nouveau règlement visant un véritable contrôle des loyers, axé sur la variation des dépenses d'exploitation;

«D'instaurer un plafond absolu aux augmentations annuelles de loyer;

«D'obliger les locateurs à s'adresser au TAL pour justifier toute hausse supérieure au taux fixé;

«De créer un registre [...] des loyers, accessible gratuitement, permettant notamment aux locataires de connaître l'historique des loyers et des travaux majeurs;

«De décréter un gel des loyers jusqu'à l'entrée en vigueur d'un nouveau règlement équitable.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci beaucoup.

La Présidente : Je vous remercie. Cet extrait de pétition est déposé.

Nos 15 minutes sont... sont écoulées, pardon, pour le dépôt de pétitions. En vertu de notre règlement, la pétition non entendue sera entendue lors d'une prochaine séance de travail.

Oui, Mme la leader de l'opposition officielle, je vous écoute.

Mme Setlakwe : Mme la Présidente, si possible, je demanderais que ma collègue la députée de La Pinière puisse compléter son intervention et qu'elle puisse lire la version papier de son extrait de pétition, étant donné que nous avons des citoyennes qui se sont déplacées pour l'occasion, elles ont travaillé fort pour la version papier.

La Présidente : Alors, avec le consentement, tout est possible. Y a-t-il consentement pour déroger? Consentement.

Alors, je reconnais, pour le dépôt de sa pétition, Mme la députée de La Pinière. Demande de présenter une pétition non conforme. Nous vous écoutons.

Reconnaître le travail des proches aidants
et leur accorder un salaire juste

Mme Caron : Merci beaucoup. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 3 604 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Attendu que les proches aidants soutiennent des personnes malades ou invalides à long terme, nécessitant un engagement constant sur les plans physique, émotionnel et financier;

«Attendu que ce travail permet de désengorger les milieux d'hébergement et d'économiser des millions à l'État;

«Attendu que même en versant un salaire aux proches aidants, le gouvernement continuerait d'économiser par rapport au coût des soins institutionnels et des hospitalisations;

«Attendu que les proches aidants travaillent souvent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec peu ou pas de répit;

«Attendu que le manque de personnel du réseau de la santé rend la contribution des proches aidants encore plus cruciale;

«Attendu que les proches aidants doivent souvent laisser leur travail et puiser dans leurs économies pour vivre afin de jouer leur rôle de proche aidant;

«Attendu que les proches aidants vivent dans la précarité, sans salaire, congés ou couverture sociale;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«De reconnaître le rôle essentiel des proches aidants;

«De leur accorder un salaire juste;

«De mettre en place des mesures de répit pour leur bien-être;

«Que cette pétition soit entendue.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.

Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.

Questions et réponses orales

Nous en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en question principale, à la cheffe de l'opposition officielle.

Suspension de projets de transformation
numérique dans le réseau de la santé

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. En mai 2025, le journaliste Nicolas Lachance, du Journal de Québec, écrivait ceci : «Dépassements de coûts pharaoniques, retard de deux ans, ratés dans les contrats : un rapport gouvernemental dévastateur démontre que le projet numérique va droit dans le mur. Malgré un avis ministériel, les coûts sont déjà passés de 202 à 430 millions de dollars et pourraient atteindre plus de 1 milliard de dollars. Un audit de performance commandé par l'ex-ministre du Numérique démontre que l'initiative informatique, et je cite, est un gouffre financier.»

Mme la Présidente, je ne vous parle pas du fiasco SAAQclic, je vous parle d'un autre fiasco, celui du numérique. On apprend aussi que maintenant il est suspendu, mais il y a déjà 65 millions de dollars qui a été injecté. Des pénalités, durant la suspension, peuvent continuer à grimper. Présentement, juste les cas de pénalités dans le contrat, selon les sources de Nicolas Lachance, sont autour de 150 millions de dollars.

Et vous me direz : Arrêtez, Mme la députée de Saint-Laurent, la cour est pleine. Mais non, le député de LaFontaine a trouvé une clause inédite, jamais vue dans l'histoire : le gouvernement a décidé d'ajouter une clause de garantie pour LGS et IBM. Peu importe ce qui va arriver, inquiétez-vous pas, ils seront payés.

La «top gun» de Santé Québec ne comprend pas cette clause. Nous non plus.

Alors, aujourd'hui, ma question est tellement simple. Qui a trouvé que c'était une bonne idée, qui est imputable, et quelles seront les conséquences?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, on a, au Québec, un énorme rattrapage à faire dans les systèmes informatiques. Malheureusement, pendant 15 ans, les libéraux investissaient en moyenne 500 millions de dollars par année. On a doublé ce budget-là parce qu'il y a un rattrapage à faire dans à peu près tous les ministères. Mme la Présidente, actuellement, il y a 438 projets qui sont en réalisation. Quand on regarde les plus importants, là, ceux qui sont au-dessus de 500 000 $, 80 % sont au vert. Les autres sont suivis de près, examinés.

Mme la Présidente, concernant le projet SIFA, c'est un projet important, qui va amener des économies très importantes pour la suite. Maintenant, actuellement, l'Autorité des marchés publics, l'AMP, examine le contrat. Il semble effectivement y avoir eu des problèmes dans la façon dont a été rédigé le contrat. Donc, attendons le résultat de l'AMP avant d'aller plus loin. Je pense que Santé Québec a fait ce qu'il y avait à faire, c'est-à-dire mettre le contrat sur pause.

• (14 h 30) •

La Présidente : Première complémentaire.

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Ma question est très spécifique. Il y a une clause dans le contrat qui donne une garantie absolue de paiement. Que ce soit livré, suspendu ou pas du tout livré, ils vont être 100 % payés. Ça ne s'est jamais fait dans l'histoire, jamais, on a regardé les contrats.

Maintenant, je veux savoir qui a trouvé que c'était une bonne idée, quelles seront les conséquences et qui est imputable autour de vous.

La Présidente : Et vous vous adressez à la présidente. La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Bien, Mme la Présidente, ce n'est évidemment pas moi qui rédige les contrats. Ce n'est pas moi non plus qui les révise. Là, je suis surpris, d'ailleurs, que la cheffe de l'opposition officielle soit en train de lire les clauses de chaque contrat en informatique. Comme je le disais, il y en a 438 actuellement. Donc, je ne sais pas si la cheffe de l'opposition officielle a lu les 438. Ce qu'on sait, par contre, c'est que l'AMP s'est saisie du contrat, analyse le contrat avec des experts, va nous revenir rapidement. Santé Québec a décidé de prendre la décision appropriée...

La Présidente : En terminant.

M. Legault : ...suspendre le contrat.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : 100 % de mon salaire est payé par les contribuables, alors 100 % de mon temps est à lire ce que vous avez signé.

Mme la Présidente, j'aimerais juste attirer l'attention sur une déclaration du premier ministre à la commission Gallant : «Je pense qu'au Québec on a du travail à faire autour du mot "imputabilité". Je pense que les gens doivent être imputables.»

Quand il nous dit qu'il va y avoir des économies, c'est exactement la même excuse pour le fiasco SAAQclic. Là, on est dans un nouveau fiasco, où est-ce que, présentement, là, on est dans les centaines de millions de dollars de déjà gaspillés. Qui est imputable?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, je le répète, il y a actuellement 438 projets qui sont en réalisation. Il y en a aussi, en plus, 646 qui sont en planification. Donc, on parle de plus de 1 000 projets informatiques. 1 000 projets informatiques. Il y en a pour 4,9 milliards. Notre gouvernement investit deux fois plus que le gouvernement libéral, qui était... On appelait ça l'ère des fax, c'était l'ère libérale des fax. Le gouvernement libéral fonctionnait avec des fax. Nous, on se dit : Non, il faut, en 2025, moderniser. C'est ce qu'on fait.

La Présidente : Troisième complémentaire.

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Mme la Présidente, je ne vous parle pas de centaines de contrats, je vous en parle d'un seul, SIFA. C'est celui-ci que, pour la première fois, le gouvernement du Québec, sous le leadership du premier ministre, a décidé que c'était une bonne idée de donner une garantie absolue de paiement, même si on veut résilier le contrat. C'est lui, donc, pour reprendre son image, qui a décidé, là, de se mettre encore une camisole de force, et que maintenant on ne peut pas s'en sortir.

Moi je veux juste savoir, aujourd'hui : Est-ce que c'est lui qui est imputable, ou est-ce que c'est ministre de la Santé, ou, encore une fois, il n'y a jamais personne de responsable?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, au ministère de la Santé ou, maintenant je devrais dire chez Santé Québec, il y a deux contrats importants qui sont en cours. Il y a le DSN. Le DSN, elle dit : Il est suspendu. Savez-vous pourquoi? Parce qu'il y a des moyens de pression du syndicat des médecins. Je ne sais pas si le Parti libéral va faire comme ils ont fait avec les enseignants puis ils vont être autour des hôpitaux pour supporter les syndicats de médecins, mais on a supporté... on a suspendu le DSN parce qu'il y a des moyens de pression des médecins.

Maintenant, il y a une enquête de l'AMP, il y a une enquête de l'AMP pour le projet SIFA...

La Présidente : En terminant.

M. Legault : ...attendons les résultats de l'enquête de l'AMP.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député de LaFontaine.

Suspension de projets de transformation
numérique dans le réseau de la santé

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : Mme la Présidente, c'est ça, le problème, avec ce gouvernement-là. 280 millions, ce n'est pas matériel pour avoir l'intérêt du premier ministre. 400 millions, ce n'est pas matériel. Puis 400 millions sur votre 4,5 milliards, c'est matériel, 1 $, c'est matériel, quand c'est le payeur de taxes qui, à la sueur de son front, l'envoie à Québec, puis qu'eux, Mme la Présidente, ils gaspillent.

C'est qui, Mme la Présidente, qui doit aujourd'hui prendre la boulette? Parce qu'ils ont fait une boulette en signant une clause de garantie. Ça ne s'était jamais vu. On a mis la main là-dessus. LGS, qui est le même fournisseur que dans SAAQclic, est garanti, qu'ils suspendent, qu'ils annulent, d'être payé en entier, puis ça, ce n'est pas matériel pour le premier ministre.

Santé Québec a dit, le directeur des relations médias, incapable d'expliquer les raisons d'une telle clause : «La décision a été prise avant l'entrée en fonction de Santé Québec, alors que le ministère de la Santé était en charge du dossier. Nous ne pouvons pas répondre à cette question.» Parfait, c'était le ministre de la Santé qui était là.

Pourquoi a-t-il signé cette clause de garantie qui nous met dans le trou de 400 millions?

La Présidente : La réponse du ministre de la Santé.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Mme la Présidente, on va rectifier les faits puis on va rester calmes, parce que c'est important.

Premièrement, le premier ministre l'a bien dit avant de faire les assertions que font... que fait le député de LaFontaine... Moi, j'entendais le député de LaFontaine dire que j'avais menti, la semaine passée, sur le dossier DSN, je veux rétablir les faits. On sait très bien que la décision a été prise par le conseil d'administration dans l'après-midi. Moi, j'ai répondu sur les faits que je connaissais le matin. Et on a dit depuis des mois que c'était la responsabilité des médecins d'annuler leurs moyens de pression. S'ils n'ont pas annulé leurs moyens de pression en date du 29 septembre, il était tout à fait correct pour Santé Québec de prendre la bonne décision, c'est-à-dire d'arrêter le projet jusqu'à tant que les moyens de pression... Alors, j'aimerais ça que le député de Lafontaine, Mme la Présidente, exerce son jugement, et de bien dire, Mme la Présidente, que les faits sont têtus. Je n'ai pas menti en Chambre la semaine dernière, et je veux être clair.

Maintenant, sur SIFA, je vois qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, et j'aimerais qu'il prenne aussi connaissance de tous les faits avant de dire des choses...

La Présidente : En terminant.

M. Dubé : ...comme il vient de dire ce matin.

La Présidente : Première complémentaire.

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : Je l'ai lu, le contrat. On l'a, le contrat. L'avez-vous lu, le contrat? Que vous avez signé, Mme la Présidente. L'avez-vous lu avant de le signer? Mme la Présidente, ils ont garanti à LGS, SAAQclic, l'entièreté du paiement, l'entièreté du paiement, même s'ils l'annulent. Geneviève Biron, PDG, dit, je la cite : L'organisation a hérité d'un contrat et d'un projet mal ficelé par le ministère de la Santé.

La Présidente : M. le député, vous savez très bien que vous vous adressez à la présidence pour poser votre question. Et la réponse nous vient du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Je rappelle, Mme la Présidente, au député de LaFontaine d'être prudent avec les assertions. Il me demande est-ce que je l'avais lu au moment de signer le contrat. Je poserais la question : Est-ce que le Parti libéral avait signé le contrat de SAAQclic? Est-ce qu'il l'avait lu avant?

Mme la Présidente, le premier ministre a été très clair, ma collègue, qui était au Trésor, elle avait demandé à l'AMP d'aller voir le contrat lorsqu'on a vu ce qui se passait avec LGS. On peut-tu attendre d'avoir les faits, correctement, établis par une équipe compétente de l'AMP qui est sur place en ce moment? Et, quand on aura les faits, on pourra répondre correctement, Mme la Présidente.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : Mme la Présidente, la PDG de Santé Québec est pognée avec la patate chaude, est pognée avec la boulette, comme François Pignon : Ah! la boulette!, la boulette du ministre de la Santé. Elle le dit en toutes lettres à Nicolas Lachance, je la cite, ce n'est pas le député de LaFontaine, c'est la PDG, Geneviève Biron : L'organisation a hérité d'un contrat et d'un projet mal planifié du ministère de la Santé.

C'est lui, le ministre. Le premier ministre dit : Ça prend du monde imputable. C'est lui qui est imputable. Je l'ai lu, le contrat, il ne l'a même pas lu. C'est ça, sa boulette.

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Je continue de dire, Mme la Présidente, que le député de LaFontaine devrait être prudent avec ce qu'il dit en ce moment. Il me dit que je n'ai pas lu le contrat. Il me dit bien des choses, aujourd'hui, Mme la Présidente. Je lui dis une chose : On a des experts qui ont été mandatés pour aller regarder ce qui s'est passé dans la signature de ce contrat-là. Santé Québec, on a confié tous nos contrats d'informatique pour que Santé Québec les prenne en charge. Le conseil d'administration, la semaine passée, a pris une décision très sage, très rigoureuse de suspendre le contrat jusqu'à tant qu'on ait les résultats de l'enquête. C'est ça qu'on demande à faire avec nos deniers publics pour être certains que les fonds publics sont bien gérés...

La Présidente : En terminant.

M. Dubé : ...ce que le Parti libéral n'a pas fait quand il était là. Merci.

• (14 h 40) •

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys.

Stratégie du gouvernement en matière d'approvisionnement local

M. Frédéric Beauchemin

M. Beauchemin : Mme la Présidente, on est dans une guerre tarifaire et économique sans précédent. Nos entreprises et nos travailleurs sont inquiets quant à leur avenir. Que fait la CAQ pendant ce temps-là? On invite la Chine à faire le dumping de leur acier au Québec, au détriment de tous les Québécois. Incroyable, quand même, que la majorité des tours du plus grand projet éolien au Québec proviennent de la Chine pendant qu'on avait l'expertise au Québec, à Trois-Rivières, à Matane puis à Gaspé.

Dans l'opposition, le premier ministre, il déchirait sa chemise pour l'achat local, mais au pouvoir c'est une classique CAQ encore : Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais.

Les Québécois, eux autres, à l'épicerie, font un effort pour acheter Québécois. Pendant ce temps-là, le premier ministre, il achète en Chine. Il n'est-tu pas gêné?

La Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.

Mme Christine Fréchette

Mme Fréchette : Merci, Mme la Présidente. Comme vous le savez, l'économie des régions nous préoccupe, et on s'y investit, également, comme nul autre gouvernement avant nous. À preuve, notamment, le plan de développement d'Hydro-Québec, qui va générer des investissements de 200 milliards au Québec et qui va générer, bien sûr, de la croissance économique en région, au Québec, pour l'ensemble des entreprises du secteur énergétique.

Or, j'aimerais rappeler que la présence de contenu québécois dans les appels d'offres, qu'ils soient gouvernementaux, qu'ils soient en provenance de sociétés paragouvernementales, est important, et c'est un élément que l'on met de l'avant, et c'est un élément que l'on a intégré, également, dans le projet de loi n° 69, projet de loi que n'a pas endossé le Parti libéral, projet de loi que n'a pas endossé Québec solidaire, projet de loi que n'a pas endossé le Parti québécois. Or, dans ce projet de loi, il y a des éléments pour faire en sorte d'émettre, par exemple, un décret qui permet d'assurer une présence de contenu québécois dans les appels d'offres. C'est une dimension qui est déjà prise en considération par l'ensemble des acteurs, mais on va rehausser ça.

La Présidente : Première complémentaire.

M. Frédéric Beauchemin

M. Beauchemin : La CAQ défend les intérêts économiques de la Chine avant de défendre ceux de Matane, de Trois-Rivières puis de Gaspé. C'est indéfendable, cette attitude-là, Mme la Présidente. Les Québécois en ont assez de ça. L'an passé, on a dénoncé la CAQ qui voulait réduire les mesures d'achat local. Regardez le désastre que ça donne.

Le prétendu nationalisme économique de la CAQ, il est où, Mme la Présidente? Il est en Chine. C'est gênant.

La Présidente : La réponse de la ministre.

Mme Christine Fréchette

Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente. En fait, la situation actuelle, on comprend que ce n'est pas l'idéal. Néanmoins, on est en action pour faire en sorte que la présence de contenus québécois sont rehaussés. Le Parti libéral a eu l'occasion d'endosser avec nous cette orientation, il ne l'a pas fait.

Maintenant, il faut voir que la CAQ, on a une présence auprès des entreprises comme nul autre gouvernement. La CAQ a intervenu auprès de 4 100 entreprises chaque année, et ça développe des impacts considérables. On parle de retombées économiques de 93 milliards de dollars grâce à des interventions de 23 milliards de dollars.

Et j'aimerais revenir, Mme la Présidente, avec le classement de la CAQ...

La Présidente : En terminant.

Mme Fréchette : ...en comparaison de l'ensemble des gouvernements antérieurs. On y reviendra.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Frédéric Beauchemin

M. Beauchemin : Bien oui, Mme la Présidente, c'est gênant, la Chine, n'est-ce pas? En pleine guerre économique, ils l'ont choisie, au lieu de choisir le Québec.

Le premier ministre dit qu'il veut entendre les citoyens. Bien, je l'invite d'aller faire un tour, voir, parler aux gens de Marmen, il va comprendre, là, que sa politique, là, elle ne passe pas pantoute.

La Présidente : La réponse de la ministre.

Mme Christine Fréchette

Mme Fréchette : Mme la Présidente, grâce à la CAQ, le Québec se classe premier au Canada pour la création de richesse par habitant, premier. C'est du jamais-vu.

Alors, si on regarde au niveau des classements, grâce à la CAQ, on est premiers au Canada. Sous le gouvernement Couillard, on était troisièmes. Sous le gouvernement Marois, on était huitièmes. Et, les gouvernements antérieurs, on était septièmes, sixièmes, septièmes, sixièmes. C'est du jamais-vu. On est l'économie la plus performante au Canada, depuis l'arrivée de la CAQ.

Alors, les chiffres sont têtus, ils sont ici, bien clairs. On est donc en soutien de l'ensemble de nos PME. On l'a fait avec Investissement Québec. 90 %, 92 %, même, de nos interventions étaient pour des entreprises de petite taille, de moins de 200 employés.

La Présidente : En terminant.

Mme Fréchette : On va continuer à le faire.

Des voix : ...

La Présidente : Et je vous demanderais de garder le silence. Soyez respectueux les uns avec les autres. Au même titre où j'aime entendre les questions, j'aime entendre les réponses.

Document déposé

Je vous reconnais en tant que Mme la députée de Mont-Royal—Outremont? Ah! vous demandez le dépôt... vous voulez le dépôt des tableaux? Alors, dépôt des tableaux? Consentement? Consentement.

En question principale, je reconnais maintenant le député de Nelligan.

Encadrement de l'industrie du camionnage

M. Monsef Derraji

M. Derraji : Mme la Présidente, la semaine dernière, le premier ministre a essayé de changer le narratif en adoptant quatre orientations. Parmi les orientations, il nous a parlé de la sécurité. Entre son discours la semaine dernière et aujourd'hui, il y a eu, encore une fois, des drames, des décès sur nos routes. C'est rendu, Mme la Présidente, que des gens, des citoyens comme vous et moi ont peur de conduire à côté d'un poids lourd. Je cite, ce matin, Paul Arcand : «Les poids lourds sur nos routes, ce sont de vraies bombes ambulantes.»

Mme la Présidente, j'ai une seule question au ministre des Transports : Si le premier ministre veut être cohérent avec son engagement, la semaine dernière, en matière de sécurité, il vient de déclarer sur la place publique qu'il a entre ses mains un rapport, un rapport qui dit clairement qu'il doit armer les contrôleurs, il l'a dit, soit Taser, soit armer, est-ce qu'il s'engage à le déposer en Chambre?

La Présidente : La réponse du ministre des Transports et de la Mobilité durable.

M. Jonatan Julien

M. Julien : Oui, merci, Mme la Présidente. Écoutez, comme responsabilités, comme ministre des Transports et de la Mobilité durable, ma première responsabilité, c'est certainement d'assurer la sécurité routière pour les Québécois et les Québécois sur nos routes. On a une situation, que mon collègue nomme, «Chauffeur inc.», qui fait en sorte qu'actuellement, des conducteurs de poids lourds, il y a certains enjeux pour la sécurité, et on doit agir sur plusieurs facettes pour réduire ces enjeux-là. Plusieurs sont de notre responsabilité, certains sont de la responsabilité d'autres juridictions, mais on peut agir et on agit.

Le Tribunal administratif a déposé, en mars dernier, 27 dérogations qui devaient être corrigées, sans quoi les contrôles routiers sont confinés, depuis cette date-là, à l'intérieur de postes fixes. Les contrôleurs routiers sont là pour s'assurer de la mécanique puis s'assurer également que les conducteurs respectent les heures de repos sur le terrain. Dans ces recommandations-là, on a déposé, nous, la réponse le 15 septembre à la CNESST et on attend la réponse. Un enjeu majeur de ça, c'est de sécuriser des contrôleurs routiers sur la route avec les outils appropriés, et c'est ce qu'on va faire dans les prochaines semaines.

La Présidente : Première complémentaire.

M. Monsef Derraji

M. Derraji : Mme la Présidente, il y a urgence à agir. Qu'est-ce que le ministre attend, d'autres drames?

Mme la Présidente, la semaine dernière, le premier ministre a parlé de la sécurité. Même pas une semaine, il y a eu deux décès.

La décision du tribunal, elle est là. Demain, il y a un Conseil des ministres. Est-ce que, dans l'ordre du jour du Conseil des ministres, il va y avoir l'autorisation d'aller de l'avant avec armer les contrôleurs?

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Jonatan Julien

M. Julien : Au-delà des mesures qu'on mentionne par rapport à outiller adéquatement les contrôleurs routiers, on prend des mesures. Encore la semaine dernière, j'intervenais avec mon collègue du ministère de la Sécurité publique, où on a fait des interventions conjointes avec le SPVM, avec la Sûreté du Québec, avec la police de l'Ontario auprès des frontières justement pour venir capter les enjeux de «Chauffeur inc.» Il y a eu plus de 200 interventions de vérification auprès de camionneurs. 16 véhicules ont été retirés de nos routes. Donc, oui, on agit en parallèle.

Deuxième élément qu'on mentionne, dès le 15 décembre prochain, une formation obligatoire pour l'ensemble de ceux qui veulent devenir camionneurs sur nos routes, de 125 heures. Donc, il y a le DEP pour 40 % des camionneurs et cette formation obligatoire là. On va former les gens adéquatement. On prend plusieurs mesures. Mais, oui, on souhaite que les contrôleurs routiers...

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Monsef Derraji

M. Derraji : Mme la Présidente, c'est une décision du tribunal, elle est très claire, il vient de le dire, 27 dérogations.

J'ai une question très simple. Demain, il y a un Conseil des ministres. Il a entre ses mains le rapport, le rapport que lui-même a commandé. Il vient de le déclarer publiquement, il est pour armer les contrôleurs. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le ministre. Deux choix : Taser ou les armer. La question est très simple : Est-ce que, demain, au Conseil des ministres, il va autoriser armer...

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Jonatan Julien

M. Julien : Encore là, mon collègue, il y a 27 dérogations qui ont été émises par le Tribunal administratif, dont plusieurs d'entre elles font en sorte que nos contrôleurs routiers, actuellement, interviennent sur 30 % des interventions qu'ils font habituellement sur nos routes. Donc, oui, c'est un enjeu majeur de les ramener sur nos routes.

Maintenant, une des recommandations... une des dérogations nous mentionne qu'on doit mieux les outiller. Et il n'y a pas 56 façons, c'est soit le Taser électrique ou l'arme à feu, et c'est ce qu'on analyse, actuellement. Mais je réitère qu'il n'y a pas une journée qu'on ne travaille pas sur ramener nos contrôleurs routiers, mais on pose d'autres gestes en parallèle pour augmenter la sécurité routière sur nos routes d'ici que les contrôleurs routiers reviennent faire leur travail sur les routes.

• (14 h 50) •

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe d'opposition.

Projets de transformation numérique de l'État

Mme Ruba Ghazal

Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Les Québécois sont vraiment mal pris. Les projets de transformation numérique sont en train de devenir un puits sans fond. On a la CAQ qui ne lit pas les contrats. On a les libéraux qui ont signé un contrat 29 % plus cher. Et à chaque jour la commission Gallant nous montre comment l'argent des Québécois a été dilapidé. L'Autorité des marchés financiers a ouvert une enquête auprès de Santé Québec, le ministre de la Santé n'avait pas l'air à le savoir. SAAQclic, DSN, SIFA. C'est quoi, les autres projets, après, qui vont être sous enquête? Bientôt, il va manquer des enquêteurs à l'Autorité des marchés financiers pour bien faire leur travail. Même son ministre du Numérique a sonné l'alarme, mais il nous dit qu'il ne peut pas rien faire, il a les mains liées, puis il risque d'avoir d'autres fiascos. Ça, ce n'est pas Québec solidaire qui le dit, c'est le ministre du gouvernement, le ministre que le premier ministre lui-même a nommé.

Il y a un mois, Québec solidaire proposait la seule chose responsable à faire : un moratoire. Plus aucun nouveau contrat, aucun nouveau dépassement ne devrait être permis tant et aussi longtemps que la commission Gallant n'a pas fini son travail, n'a pas déposé son rapport avec des recommandations. C'est ça, la chose responsable à faire. Est-ce que le premier ministre est d'accord?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui. Mme la Présidente, d'abord, je rappelle que la commission Gallant a un mandat sur un projet informatique, SAAQclic.

Maintenant, je le disais tantôt, il y a 438 projets qui sont en réalisation, actuellement, parce qu'avec les libéraux on était à l'âge de pierre, en informatique. Ce que nous dit Québec solidaire aujourd'hui, c'est : Arrêtez les 438 projets, alors que 80 % vont très bien, sont «on budget», «on time» et sont sur les... ils respectent les coûts et les délais. Et Québec solidaire nous dit, Québec solidaire nous dit : Arrêtez les 438, là, ressortez les fax puis les papiers. Ce n'est pas sérieux, Mme la Présidente, pas sérieux.

La Présidente : Première complémentaire.

Mme Ruba Ghazal

Mme Ghazal : Mme la Présidente, ce qui n'est pas sérieux, c'est de gaspiller les fonds publics. Le premier ministre ne devrait pas juste me parler, il devrait parler aux Québécois, qui voient les centaines de millions de dollars être gaspillés. Le premier ministre nous dit qu'il faut se réveiller, hein, devant l'assaut des islamistes. Il devrait se réveiller face aux dépassements, face aux dépassements de coûts qui sont payés par les Québécois.

Ça va prendre combien de fiascos et combien de centaines de millions de dollars pour que le premier ministre agisse puis qu'il se réveille?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Bien, Mme la Présidente, je viens de dire à la cheffe de Québec solidaire que plus de 80 % des projets sont... respectent les budgets, respectent les délais. On peut-tu au moins s'entendre qu'on ne devrait pas toucher à ces 80 % de projets là? 80 % fois 400, là, ça fait beaucoup de projets. Donc, est-ce qu'elle peut au moins reformuler sa proposition?

Une voix : ...

M. Legault : Oui? Bon.

Maintenant, pour ce qui est des projets qui ne sont pas sur les budgets, il y a un suivi qui est fait de très près pour réajuster les projets.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

Mme Ruba Ghazal

Mme Ghazal : Il y a 20 % d'échecs, Mme la Présidente. Je vais rappeler la proposition de Québec solidaire. On l'a faite il y a un mois, ça fait que c'est peut-être pour ça que le premier ministre ne s'en rappelle pas. Ce qu'on lui dit, ce n'est pas de toucher à tous les projets. Aucun nouveau projet, aucun nouveau contrat, aucun dépassement ne devrait être permis tant et aussi longtemps que la commission Gallant n'a pas fini son travail. C'est très raisonnable, c'est très responsable.

Ce que je lui demande, c'est arrêter de faire plus de mal qu'il en a fait. Est-ce qu'il accepte?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, il y a 438 projets qui sont en réalisation et il y en a 646 qui sont en planification, dont on va bientôt commencer la réalisation. Ça fait plus de 1 000 projets. Québec solidaire nous dit : Les 1 000 projets, là, mettez ça sur la glace, on revient au fax. Je pense, c'est pire que les libéraux, Mme la Présidente.

Des voix : ...

La Présidente : Je vous rappelle de garder le silence. S'il vous plaît! Une seule personne a le droit de parole ici, et c'est M. le député de Rosemont.

Suspension de projets de transformation
numérique dans le réseau de la santé

M. Vincent Marissal

M. Marissal : Oui, merci, Mme la Présidente. Il ne me reste pas beaucoup de cheveux, Mme la Présidente, mais je dois dire que jeudi passé j'ai été passablement décoiffé par une des séquences les plus invraisemblables que j'ai vues ici, à l'Assemblée nationale. La CAQ nous a habitués à improviser, nous a habitués aux ratés dans le domaine de la transformation numérique, mais là, cette fois, j'avoue que ça atteint des sommets.

Pour qu'on comprenne, là, qu'est-ce qui a bien pu se passer entre 10 h 30 jeudi matin et 15 heures le même jeudi en après-midi pour qu'on passe de «tout va bien en santé numérique, vous vous inquiétez pour rien» à «alerte rouge, on arrête tout»? Qu'est-ce qui s'est passé? Les ministres n'étaient pas au courant? Les ministres n'ont pas posé assez de questions? Les ministres ont omis de nous transmettre certaines informations?

Le ministre disait tantôt qu'il faut faire la lumière pour avoir tous les détails. On est bien, bien, bien d'accord, c'est pour ça qu'on veut convoquer Santé Québec.

Vu que c'est eux autres qui décident, est-ce qu'on peut les convoquer ici, qu'on pose les questions, vu que le gouvernement ne le fait pas?

La Présidente : La réponse du ministre de la Santé.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Bien, encore une fois, Mme la Présidente, je suis très content de pouvoir clarifier la situation, aujourd'hui, mais vraiment.

Alors, écoutez bien ça, ce que j'ai dit exactement la semaine passée à cette heure-ci : «Oui, on a des enjeux avec les médecins sur le dossier du DSN parce qu'ils ne participent pas à la formation et puis on aura des décisions à prendre, on aura des décisions à prendre, mais ça n'a rien à voir avec les compétences des gens qui gèrent ce dossier-là.»

Alors, ce que j'ai dit, Mme la Présidente, là, c'est... au cours des derniers mois, j'ai dû dire une cinquantaine de fois qu'on demandait aux médecins d'arrêter leurs moyens de pression pour ne pas nuire au dossier du DSN. On avait donné aux médecins jusqu'au 29 septembre pour changer d'idée, parce que 29 septembre, c'est J moins 60 pour le déployant qui était... le déploiement, qui était prévu pour le 30 novembre. En date du 29 septembre, les gens ont été informés, au conseil d'administration, qui siégeait le 1er octobre, et qui ont pris la décision sage de dire : Étant donné que les médecins n'ont pas changé d'idée, on ne sera pas capables de déployer. C'est exactement ce qui est arrivé cette journée-là que j'ai répondu en Chambre.

La Présidente : Première complémentaire.

M. Vincent Marissal

M. Marissal : Le DSN, c'est un des dossiers, là, mais il y a les autres aussi, là, qu'on voit, là, comme un train... un accident de train au ralenti, là, depuis des mois qu'on voit arriver l'accident. On aurait pu actionner la manette d'alarme, mais le ministre ne l'a pas fait. Le ministre nous a répondu, ici, ils étaient deux ministres, d'ailleurs, à prendre le relais pour dire : Tout va bien, tout va bien, vous vous inquiétez pour rien, vous faites peur au monde. Ce n'est pas moi qui fais peur au monde, c'est les mauvaises décisions du gouvernement, puis, encore une fois, ils vont nous faire perdre des millions.

Est-ce qu'on peut entendre, s'il vous plaît, les vrais responsables que sont Santé Québec?

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : ...la question vient de changer, Mme la Présidente, là, parce que, la question que j'avais la semaine dernière, où il me dit que je n'ai pas donné la bonne réponse, j'ai été très clair. On était au courant qu'on avait un problème avec le fait que les médecins avaient des moyens de pression. On a donné une date aux médecins, et ces médecins-là n'ont pas enlevé les moyens de pression. Le conseil d'administration, qui est très rigoureux, qui suit les deniers publics, dit : Moi, je ne suis pas capable de continuer tant que les médecins ne reviennent pas. Je pense que c'est la bonne décision.

Sur les autres projets, on a dit, comme j'ai expliqué tout à l'heure, dans le cas de SIFA, on a une analyse qui est en cours. Chacun des dossiers a son... Mais on a une chose qui est certaine, Mme la Présidente, c'est qu'on a transféré cette expertise-là à Santé Québec, puis ils sont très rigoureux dans la façon de...

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Vincent Marissal

M. Marissal : Bon, bien, dans la non-réponse, on comprend qu'il y a une réponse puis que c'est non, que le ministre, et le gouvernement, ne veut pas convoquer Santé Québec ici. On va en débattre jeudi, apparemment, on verra la décision du gouvernement, mais le gouvernement doit ça. C'est un minimum qu'il doit, au gouvernement. Après le fiasco SAAQclic et les autres fiascos, c'est quand même le minimum qu'on puisse faire.

Alors, je vais la reposer, la question, quand même, juste pour être bien, bien sûr. Vu que vous voulez avoir tous les détails, là, puis que nous aussi, on veut avoir tous les détails, est-ce qu'on peut entendre les vrais responsables? Vu qu'il n'y a plus d'imputabilité ministérielle ici, en cette Chambre, est-ce qu'on peut entendre Santé Québec?

La Présidente : Et je vous rappelle, M. le député, que vous vous adressez à la présidente. La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Oui. Je vais être très clair, Mme la Présidente, la commission est souveraine, puis on va laisser la décision se faire au niveau de la commission. Merci beaucoup.

La Présidente : En question principale, je reconnais le chef du troisième groupe d'opposition.

Stratégie du gouvernement en matière de développement économique

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, ça fait des années qu'au Parti québécois on dénonce le fiasco financier qu'est le Fonds de développement économique, un fonds qui existe essentiellement pour faire des investissements tellement risqués qu'il n'y a personne d'autre qui voudrait les faire. C'est avec ce fonds précisément qu'on a flambé 700 millions de dollars dans Northvolt. Or, 700 millions de dollars, c'est une anecdote dans l'océan de gaspillage caquiste que sont les 5,1 milliards de dollars gaspillés pendant six ans, c'est une moyenne de 850 millions perdus annuellement à même les impôts des Québécois, des milliards dilapidés en investissant dans toutes sortes de projets bâclés, destinés à la faillite.

D'ailleurs, j'aimerais poser une question sur ce sujet à Pierre Fitzgibbon, mais je ne peux pas, il a quitté parce qu'apparemment il est en amour. Flamber l'argent des Québécois dans un bar ouvert...

Des voix : ...

La Présidente : Bon. Article 32. Je vous rappelle au décorum. Gardez le silence.

M. le leader du gouvernement, quel est votre rappel au règlement? Quel article évoquez-vous?

• (15 heures) •

M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, on se doit respect, entre parlementaires, mais envers les ex-parlementaires aussi, je pense. Mme la Présidente...

Des voix : ...

La Présidente : Merci, vous pouvez vous rasseoir. Gardez le silence, j'aimerais entendre la question.

M. le député, il vous reste 35 secondes.

M. St-Pierre Plamondon : Donc, on me dit que c'est 30 % qu'il serait en amour, 70 % pour des raisons inconnues. Dans tous les cas, il n'est pas là pour rendre des comptes.

Et ma question est la suivante, Mme la Présidente. Flamber l'argent des Québécois dans un bar ouvert de subventions aux entreprises pour couper des rubans puis faire des communications, ce n'est pas du développement économique, c'est du gaspillage. Un gouvernement du Parti québécois va fermer le Fonds de développement économique. Est-ce que le premier ministre est d'accord avec ça?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, savez-vous qui m'a appris comment fonctionnait le FDE? Bernard Landry. Bernard Landry, à l'époque, était ministre des Finances. J'étais ministre, on appelait ça, à l'époque, Industrie et Commerce. L'idée du FDE puis d'Investissement Québec, c'est de dire : on va inciter des entreprises à investir au Québec pour créer des emplois mieux payés que la moyenne. Donc, si vous me suivez, Mme la Présidente, si Investissement Québec investit 1 $ puis qu'il rentre 2 $ au ministère des Finances, bien, le Québec, les Québécois sont gagnants. C'est Bernard Landry qui m'a expliqué ça.

Bien, on a un nouveau chef du Parti québécois, là, qui dit, du haut de sa hauteur : Les anciens ministres sont en amour, qui dit : Les anciens députés qui ont travaillé sur une constitution québécoise dans le Canada, ils ne savaient pas de quoi ils parlaient, là, franchement, ils font dur. Et là ce même chef du Parti québécois vient nous dire aujourd'hui : Il faut, comme une banque, regarder le rendement du FDE, il ne faut pas tenir compte des retombées au ministère des Finances.

Mme la Présidente, c'est décourageant de penser que ce chef-là veut être premier ministre du Québec. Dans un moment où plus que jamais il faut s'occuper d'économie, il ne faut surtout pas être en train de créer de l'incertitude avec un référendum.

Des voix : ...

La Présidente : L'article 32, là, c'est bon aussi pour les membres du gouvernement. On ne fait pas de bruit, on demeure respectueux.

Maintenant, je veux entendre la première complémentaire.

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : 5,1 milliards de dollars jetés par les fenêtres par ce gouvernement. Le premier ministre me cite Bernard Landry, mais c'est que Bernard Landry n'a jamais fait de tels gaspillages. Sous la CAQ, on a augmenté les subventions aux entreprises de près de 70 %, de sorte que ça nous a coûté collectivement 8 milliards par année en subventions. Bernard Landry n'a jamais fait ça.

Ce modèle caquiste est un échec cuisant sur toute la ligne. Un gouvernement du Parti québécois mettra fin au bar ouvert aux subventions aux entreprises. Est-ce que le premier ministre...

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, je suis découragé. Les vrais chiffres, là, c'est qu'avec le FDE puis les interventions d'Investissement Québec on a mis 20 milliards. La plupart, c'étaient des prêts. Et combien qu'il y a eu de retombées? 90 milliards. C'est pour ça que, depuis sept ans, le Québec a battu l'Ontario puis le reste du Canada sur la moyenne au bâton, sur la croissance de la richesse. Ça ne s'est jamais vu avec les gouvernements du PQ puis du Parti libéral. C'est ça, la réalité.

La Présidente : Pas de bravos. Deuxième complémentaire.

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, le premier ministre n'est pas découragé parce qu'il pellette des milliards de dollars en gaspillage, il est découragé parce qu'il aurait fallu pelleter encore plus d'argent pour un minime 2 virgule quelques pour cent de croissance sur des années en se comparant au Canada. Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que le Canada est avant-dernier, durant les 10 dernières années, puis le Québec, là, il se place juste par-dessus le Canada, avant-avant-dernier de toute cette liste-là, un résultat gênant et un gaspillage qui ne semble pas gêner le premier ministre. C'est insultant pour les payeurs de taxes.

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, notre gouvernement met 20 milliards, récolte 90 milliards, bat le reste du Canada, bat l'Ontario. Le chef du PQ dit : Ce n'est rien. Bien, comment ça se fait que les gouvernements du PQ n'ont pas réussi à battre l'Ontario puis battre le reste du Canada? Qu'il m'explique donc ça, pourquoi on a mieux fait que les anciens gouvernements du PQ.

Mme la Présidente, ça n'a aucun bon sens que cet homme veuille être premier ministre du Québec.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député de Laurier-Dorion.

Projet de règlement modifiant le calcul des augmentations de loyer

M. Andrés Fontecilla

M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente. Le 1er juillet, avec sa cohorte de ménages sans logis, est peut-être passé, et l'automne débute tranquillement, mais une chose ne part pas pour autant : la crise du logement frappe plus fort que jamais. Les locataires partout au Québec ont dû faire face à des hausses de loyer records cette année, un minimum de 5,9 %. D'autres ont dû être hébergés chez des amis, faute de trouver un logement qui convient à leurs besoins. La crise du logement alimente directement une autre crise : la crise de l'itinérance.

Devant les hausses démesurées, l'ancienne ministre de l'Habitation a créé un nouveau calcul de fixation des loyers qui fera monter, et tout le monde le dit, encore plus les loyers. La nouvelle ministre de l'Habitation, par contre, a la possibilité entre ses mains de passer à l'histoire comme celle qui a... qui perpétue l'appauvrissement des locataires ou, au contraire, comme celle qui mettra fin à une spéculation dans le secteur locatif...

La Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.

Mme Sonia Bélanger

Mme Bélanger : Mme la Présidente, écoutez, j'ai eu l'occasion de le mentionner, la semaine dernière, je suis très consciente que la situation est très difficile pour plusieurs personnes au Québec.

Notre gouvernement a travaillé à revoir les programmes, à revoir la législation, puis on a des résultats qui sont vraiment éloquents par rapport aux années péquistes et aux années libérales, Mme la Présidente. On est en train de réviser un règlement, le règlement sur la fixation des loyers. Je ne comprends pas l'intervention de Québec solidaire aujourd'hui. Qu'est-ce qu'ils proposent concrètement? Je les entendais un peu plus tôt, ils veulent qu'on gèle les loyers partout au Québec, Mme la Présidente. Alors, on va geler tous les loyers au Québec, là, c'est ça qu'on va faire? C'est ça, la solution de Québec solidaire?

Mme la Présidente, on a travaillé sur le règlement, qui, on espère, pourra être mis en place le plus rapidement possible. On s'entend qu'on doit changer les choses, et c'est là que je rejoins Québec solidaire. On est en train de revoir la méthode de fixation des loyers, et notre objectif est de travailler en équilibre entre la montée des loyers puis l'augmentation des loyers en construction...

La Présidente : Première complémentaire.

M. Andrés Fontecilla

M. Fontecilla : Je suggère à la ministre, Mme la Présidente, de nous écouter davantage, parce que nous avons déposé un projet de loi, à la dernière session, dans le but de, justement, limiter les hausses de loyer, et ce gouvernement a pourtant décidé le contraire, faciliter la spéculation, favoriser les hausses de loyer.

Notre proposition est très simple, Mme la Présidente, c'est de limiter les hausses de loyer à l'inflation. Maintenant, c'est au gouvernement de la CAQ d'expliquer aux Québécois et Québécoises pourquoi ils devront subir des hausses historiques.

La question que tous les locataires se posent, au Québec, là...

La Présidente : La réponse de la ministre.

Mme Sonia Bélanger

Mme Bélanger : Mme la Présidente, écoutez, ça ne fait pas très longtemps que je suis ministre de l'Habitation puis j'ai l'impression que je répète toujours la même phrase. Il n'y a pas de solution miracle à la crise du logement. Ce qu'on doit faire, c'est créer plus d'offre, et c'est ça qu'on est en train de faire, Mme la Présidente.

Puis je veux revenir sur la fixation des loyers, parce que c'est important, c'était votre question principale. Qu'est-ce qu'on est en train de faire avec le règlement? On veut se donner une meilleure prévisibilité, moins de chocs tarifaires, justement, pour les locataires. On veut faciliter le calcul, qui est extrêmement compliqué. Savez-vous qu'actuellement, dans la façon d'établir les loyers, il y a plus de 13 variables? Ça fait plus de 40 ans, plus de 40 ans qu'il y a le même règlement, au Québec, Mme la Présidente.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Andrés Fontecilla

M. Fontecilla : Ce qui compte, à la fin, Mme la Présidente, là, ce n'est pas le nombre de variables, là, c'est combien de dollars d'augmentation. C'est ça qui compte, là. Et le nouveau calcul imposé par l'ancienne ministre va augmenter les loyers.

La question est toujours la même, là : Pourquoi favoriser toujours les propriétaires? Pourquoi défavoriser et appauvrir les locataires?

La Présidente : La réponse de la ministre.

Mme Sonia Bélanger

Mme Bélanger : Mme la Présidente, écoutez, on parle d'équilibre, ici, là, je ne peux pas faire autrement, Mme la Présidente, de vous montrer ce tableau. Ce tableau, là, il parle par lui-même. On voit actuellement, au Québec, là, qu'il y a 560 000 personnes qui sont aidées pour payer leur loyer, par différents programmes. 560 000 personnes. Regardez l'évolution des programmes, qui sont mieux compris, qui ont été révisés. Regardez aujourd'hui, là, en 2024, 560 000, et ça continue, Mme la Présidente.

Alors, on est au rendez-vous, notre gouvernement est au rendez-vous pour aider les locataires. Puis on est bien conscients qu'il y a des gens qui en arrachent...

• (15 h 10) •

La Présidente : En terminant.

Mme Bélanger : ...mais ce n'est pas en faisant... en nivelant tous nos programmes qu'on va arriver à faire...

La Présidente : Je reconnais maintenant... Oui. Je reconnais d'abord le leader du deuxième groupe d'opposition. Je vous écoute.

M. Cliche-Rivard : Rapidement, on veut demander le dépôt des tableaux, s'il vous plaît.

Document déposé

La Présidente : Alors, dépôt des tableaux. Consentement? Consentement pour le dépôt.

Maintenant, je reconnais Mme la leader de l'opposition officielle pour une question.

Dépassements de coûts dans le projet SIFARH

Mme Michelle Setlakwe

Mme Setlakwe : Députée de Mont-Royal—Outremont.

La Présidente : Alors, je reconnais la députée de Mont-Royal—Outremont en question principale.

Mme Setlakwe : Revenons sur ce qu'on a entendu jeudi dernier à la période de questions. On avait des ministres qui se montraient rassurants, mais, quelques heures plus tard, on a réalisé, on a tous constaté qu'ils étaient complètement débranchés de la réalité.

Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a parlé d'une bonne gouvernance, qu'il n'y avait aucune alarme à ce jour, qu'il était confiant. Ils sont confiants de réaliser ces projets-là à l'intérieur des enveloppes budgétaires. J'aurais aimé l'entendre, mais je serais curieuse, Mme la Présidente, d'entendre l'adjoint parlementaire du ministre de la Cybersécurité et du Numérique.

Est-il en accord avec ces affirmations du ministre, jeudi matin, ou est-il plutôt d'accord avec le ministre de jeudi après-midi qui souhaitait à tout prix se débarrasser du contrat de SIFA?

La Présidente : La réponse de l'adjoint parlementaire du ministre de la Cybersécurité et du Numérique.

M. Éric Caire

M. Caire : C'est reparti pour un tour, Mme la Présidente! Écoutez, bien, je suis en accord avec ce que le gouvernement a fait. Puis ça aurait été intéressant, sous l'ère du gouvernement libéral, que le député de Pontiac, avec le contrat de SAAQcliq, ait le même courage de suspendre le contrat, la signature du contrat. Ça aurait été intéressant que l'ancien ministre, Laurent Lessard, qui a eu une lettre pour lui dire tout ce qui se passait de tout croche dans le contrat de SAAQcliq, ait le même courage de suspendre le contrat, Mme la Présidente. Ça aurait été intéressant que Pierre Moreau, président du Conseil du trésor, qui a été avisé par son collègue ancien ministre des Transports que ça dérapait sur SAAQcliq, ait la même prévoyance de suspendre le contrat, d'aller voir qu'est-ce qui se passe exactement et aller au fond des choses. Mais, non, ça n'a pas été fait, Mme la Présidente.

Alors, ce gouvernement l'a fait. Ce gouvernement prend le temps de regarder qu'est-ce qu'il y a dans le contrat, qu'est-ce qui ne va pas, qu'est-ce qui peut être fait. Mais la réalité, c'est qu'il y a des besoins informatiques, besoins informatiques parce que, de ce côté-là de la Chambre, on a accumulé les prix citron, en informatique, hein, SAGIR, DSQ, RENIR. En fait, ils ont tellement accumulé de citrons qu'ils pourraient faire de la limonade pour tout le monde pendant un certain temps. Et nous, Mme la Présidente, on les...

La Présidente : Première complémentaire...

Des voix : ...

La Présidente : Article 32. Demeurez silencieux.

En question principale, je reconnais la députée de Mont-Royal—Outremont. On l'écoute.

Dépassements de coûts dans le projet SIFARH

Mme Michelle Setlakwe

Mme Setlakwe : Mme la Présidente, c'est la confusion totale de ce côté-ci de la Chambre. Oui, rappelons-nous que les Québécois n'ont pas encore digéré le fiasco SAAQcliq qu'on leur sert le même plat. On a... on joue dans le même film, des ministres qui ne savaient rien, n'ont rien entendu, n'ont pas agi. Ça vous dit quelque chose, ça? Ça ressemble beaucoup à ce qu'on a entendu durant la commission Gallant par rapport au fiasco SAAQcliq.

Par rapport à SIFA, comment se fait-il qu'on peut se faire rassurer, et quelques heures plus tard on entend que le projet... les projets sont suspendus?

Les personnes qui sont imputables, ultimement, ce sont les ministres, c'est à eux à rassurer les Québécois et à montrer qu'ils sont en contrôle. L'adjoint parlementaire, en 2024, alors qu'il était ministre, a demandé un audit de performance par rapport à SIFA. Il est dévastateur. Cet audit, les résultats, le rapport peut-il être déposé pour qu'il soit rendu public...

La Présidente : La réponse de l'adjoint parlementaire du ministre responsable de la Cybersécurité et du Numérique.

M. Éric Caire

M. Caire : Ça aurait été le fun, Mme la Présidente, que le député de Pontiac en demande un, audit de performance sur SAAQcliq, quand il est devenu ministre. Ça aurait été le fun. Ça aurait été le fun, Mme la Présidente, que son prédécesseur, Laurent Lessard, qui a eu une lettre entre les mains... Puis, si vous écoutez la commission Gallant, vous savez que tout a été dénoncé, tout, les appels d'offres orientés, le changement de taux horaire douteux, tout ça a été porté à sa connaissance. Puis elle vient nous faire des leçons sur les ministres qui ne savaient pas? Peut-être que le député de Pontiac pourrait nous dire s'il l'a vue, cette lettre-là, Mme la Présidente.

Ceci étant dit, oui, Mme la Présidente, oui, Mme la Présidente, le gouvernement prend ses responsabilités. Oui, Mme la Présidente, le gouvernement suspend le projet pour savoir ce qui ne va pas bien dans le projet, ce qui peut être corrigé, parce que, savez-vous quoi, Mme la Présidente, on a corrigé SAGIR, on a corrigé RENIR, aujourd'hui ça fonctionne bien. On a flushé le DSQ, à sa demande à elle, en plus, Mme la Présidente, qui nous disait : Flushez ça, ce n'est pas bon, le DSQ. Je suis d'accord avec elle, c'est libéral.

Mme la Présidente, Mme la Présidente, ce qui est vrai, là, c'est qu'on va trouver des solutions, comme on l'a toujours fait, puis on va faire avancer la transformation numérique du gouvernement. C'est ça qu'on va faire.

Des voix : ...

La Présidente : Pas d'applaudissements. Article 32. Demeurez respectueux jusqu'à la fin.

Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.

Motions sans préavis

Comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons maintenant passer à la rubrique Motions sans préavis, et, pour ce faire, je cède la place à la deuxième vice-présidente. Merci beaucoup.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup. Comme mentionné précédemment, nous en sommes à la rubrique Motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la cheffe, la parole est à vous.

Réaffirmer le droit fondamental à la liberté d'expression pour tous et
souligner la responsabilité particulière des représentants politiques
de favoriser des débats sereins, respectueux et fondés sur les faits

Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec le député de Saint-Jérôme et la députée de Rimouski :

«Que l'Assemblée nationale du Québec réaffirme le droit fondamental à la liberté d'expression pour toutes et tous, pierre angulaire de notre démocratie;

«Qu'elle rappelle le rôle essentiel des journalistes, des artistes et du milieu universitaire dans la vitalité du débat public;

«Qu'elle souligne, dans un contexte marqué par la montée de discours populistes et polarisants, la responsabilité particulière des représentants politiques de favoriser des débats sereins, respectueux et fondés sur les faits;

«Qu'enfin elle invite l'ensemble des parlementaires à rejeter toute forme de mépris ou d'intolérance dans la vie publique, afin de préserver la confiance des citoyens et des citoyennes envers les institutions démocratiques.» Merci beaucoup.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la Présidente, il y a consentement, sans débat.

Une voix : ...

Mise aux voix

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un vote électronique est maintenant demandé. La période du vote est ouverte.

La période du vote étant terminée, M. le secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.

Le Secrétaire : Pour :  103

                      Contre :              0

                      Abstentions :     0

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette motion est adoptée.

Je suis prête, maintenant, à entendre un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de Jean-Talon, pour votre motion, s'il vous plaît.

Affirmer qu'une constitution du Québec ne peut être préparée et adoptée
que dans le cadre d'une démarche solennelle, transparente,
transpartisane et au terme de consultations élargies

M. Paradis : Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de l'Acadie, le leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition et le député de Saint-Jérôme, la motion suivante :

«Que l'Assemblée nationale affirme qu'une constitution du Québec ne peut être préparée et adoptée que dans le cadre d'une démarche solennelle, transparente, transpartisane et au terme de consultations élargies de la société civile et des Premières Nations et Inuit.»

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Il y a... Oui, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.

• (15 h 20) •

M. Arseneau : Un vote électronique...

Mise aux voix

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un vote est maintenant... Le vote électronique est maintenant ouvert.

Le vote est maintenant terminé. M. le secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.

Le Secrétaire : Pour :  102

                      Contre :              0

                      Abstentions :     0

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Donc, la motion est adoptée.

Je reconnais maintenant un membre du groupe formant le gouvernement. Et je cède la parole au ministre de l'Agriculture.

M. Martel : Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Pontiac, la députée de Verdun, le député d'Arthabaska, la députée de Rimouski et le député d'Abitibi-Est :

«Que l'Assemblée nationale du Québec réaffirme que la gestion de l'offre est un pilier fondamental de l'agriculture et de l'économie du Québec;

«Qu'elle rappelle que la gestion de l'offre contribue à la vitalité des régions et à l'autonomie alimentaire du Québec;

«Qu'elle dénonce que tout affaiblissement du système de gestion de l'offre va inévitablement compromettre l'autonomie alimentaire, la sécurité économique de nombreuses familles agricoles et la résilience du secteur agroalimentaire québécois;

«Qu'enfin, elle exige que le gouvernement fédéral défende intégralement la gestion de l'offre et qu'aucune concession ne soit faite au détriment des producteurs québécois dans le cadre des négociations de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique.»

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente. Et je vous demanderais un vote électronique.

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Il n'y a pas de consentement. Pas de consentement.

Maintenant, je suis prête à entendre un membre du groupe formant...

Des voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : S'il vous plaît! Article 32. Veuillez garder le silence. J'aimerais entendre le député de Marguerite-Bourgeoys pour sa motion. La parole est à vous, M. le député.

M. Beauchemin : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Verdun, le député de Matane-Matapédia, le député d'Abitibi-Est et la députée de Rimouski :

«Que l'Assemblée nationale dénonce que la majorité des tours du plus gros parc éolien du Québec ont été importées d'Asie et fabriquées avec de l'acier chinois alors qu'une alternative était disponible, ici au Québec;

«Qu'elle souligne que cette décision prive les manufacturiers québécois d'occasion d'affaires et nos régions de retombées économiques;

«Qu'elle déclare que le gouvernement caquiste n'a pas de crédibilité en matière d'achat local.»

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Pas de consentement.

Je suis maintenant prête à entendre la motion de M. le député de Saint-Jérôme. La parole est à vous, M. le député.

M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. Alors, je... pardon, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Rimouski et le député d'Abitibi-Est :

«Que l'Assemblée nationale du Québec souligne la présence chez nous de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, venue prononcé hier une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain;

«Que l'Assemblée nationale la remercie chaleureusement de sa visite ainsi que de sa main tendue pour rapprocher nos deux provinces partageant une même volonté de gagner en autonomie.»

Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Il n'y a pas de consentement. Merci.

Avis touchant les travaux des commissions

La période des affaires... Les motions sans préavis étant terminées, nous serions à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Et je vous demanderais, chers collègues, de quitter le salon rouge en silence pour la poursuite de nos travaux. M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente.

Et donc j'avise cette Assemblée que la Commission de l'aménagement du territoire va poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet loi n° 104, la Loi modifiant diverses dispositions afin notamment de donner suite à certaines demandes du milieu municipal, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 19 h 20, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;

La Commission des relations avec les citoyens va poursuivre les consultations générales et les auditions publiques sur le cahier de consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la période 2026‑2029, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 18 h 30 et de 19 h 15 à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;

La Commission de l'économie et du travail va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 101, la Loi visant l'amélioration de certaines lois du travail, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Pauline-Marois;

La Commission des finances publiques va poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques du projet de loi n° 112, la Loi favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des territoires du Canada, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 19 h 20, à la salle Marie-Claire-Kirkland.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des commissions? Consentement.

Nous en serions à la rubrique Renseignements des travaux de l'Assemblée.

Affaires du jour

Affaires prioritaires

Reprise du débat sur la motion du premier ministre proposant que
l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement
et sur les motions formulant un grief

La période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Et, aux affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur le discours d'ouverture et sur la motion de M. le premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement ainsi que sur les motions de grief présentées par Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée des Mille-Îles, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, M. le député de Nelligan, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la députée de Chomedey, madame... pardon, M. le député de Taschereau et Mme la députée de D'Arcy-McGee.

Avant de donner la parole au prochain intervenant, je vous informe que 10 h 39 min 21 s ont été utilisées dans le cadre de ce débat. La répartition du temps de parole restant est la suivante : 6 h 44 min 25 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 h 8 min 9 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 2 h 19 minutes 2 s au deuxième groupe d'opposition, 59 min 3 s au troisième groupe d'opposition, 10 minutes aux députés indépendants et 60 minutes au représentant du gouvernement pour sa réplique.

Je suis prête maintenant à céder la parole au prochain intervenant, mais on m'indique que Mme la députée n'avait pas terminé son intervention. Alors, Mme la députée, la parole est à vous.

Mme Chantale Jeannotte (suite)

Mme Jeannotte : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, pour terminer, ce que j'avais expliqué, Mme la Présidente, c'est que, pour rebondir sur le discours d'ouverture du premier ministre, eh bien, il a bien expliqué le contexte. Le monde a changé depuis le président Trump, son second mandat, et notre système est rendu tellement complexe, tellement rigide, Mme la Présidente, bureaucratisé, que c'est très difficile de faire avancer les projets.

Alors, dans ce contexte-là, c'est l'économie qui est devenue une priorité plus que jamais. Pourquoi? Bien, parce qu'avec une économie forte, c'est comme ça qu'on va pouvoir remettre de l'argent dans les missions de l'État pour les Québécois. Et je disais aussi qu'il faut, donc, s'attaquer aux entraves à l'efficacité de l'État. Il faut faire en sorte qu'on enlève tout ce qui est difficile pour faire avancer les projets. Pourquoi s'attaquer aux entraves? Bien, parce que ça va à l'encontre de notre économie, d'une économie prospère, justement.

Vous savez, quand ça prend trois mois, pour un maire et son administration, d'avoir une autorisation pour un projet, que ce soit pour un commerce ou un service public, ça n'a plus de bon sens. Quand un citoyen qui souhaite agir pour le bien de la santé d'un lac, mais que ça prend 13 formulaires à remplir pour empêcher le myriophylle à épis, puis que ça prend 11 mois dans les Laurentides avant d'avoir une autorisation, Mme la Présidente, c'est ça, quand on dit qu'il faut faire du ménage. Puis c'est du développement économique régional, ça, parce que, sans cette autorisation-là, bien, c'est le lac qui ne sera pas en santé, puis, par conséquent, bien, c'est le tourisme qui n'ira pas bien, puis c'est notre économie régionale non plus.

• (15 h 30) •

Ça fait que c'est pour ça qu'il faut s'attaquer aux entraves, à tout ce qui ne va pas bien dans l'efficacité de l'État. Il faut que ça cesse. Ça a assez duré. Comme dit un de mes collègues, la récréation est terminée. Combien de fois ai-je entendu des collègues, maires, mairesses, des préfets me parler des lourdeurs administratives auxquelles ils et elles sont confrontés, sans compter les redditions de comptes qu'on impose aux municipalités et aux MRC? Moi, Mme la Présidente, je connais des très hauts fonctionnaires qui sont d'accord avec nous. Ils nous le disent : La pendule est allée trop loin.

En conclusion, Mme la Présidente, je serai fière de contribuer à travailler avec mon collègue ministre de l'Économie régionale ici présent, je serai fière de l'épauler, de l'appuyer pour que notre État soit plus efficace, pour que nos régions continuent à rayonner et contribuer au PIB de tout le Québec. Je serai à l'écoute, car c'est important que notre gouvernement soit là pour appuyer les instances locales et régionales. On a beaucoup de travail à faire, c'est clair, mais... l'année qui s'en vient va être chargée, mais, comme l'a dit notre premier ministre, on y a cru, on s'est battus, puis on va le faire. Merci.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Gouin.

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Si vous avez l'éducation à coeur et que vous avez raté le discours du premier ministre, je peux vous le résumer en une phrase : Les élections approchent, mais l'éducation recule.

Ce grand discours là nous a été présenté dans les médias comme le tout pour le tout du premier ministre, comme une ultime tentative de réunir ses troupes et de relancer son gouvernement.

Il a fallu faire des choix, forcément, et c'est l'éducation qui est passée à la trappe. Ils nous ont répété pendant sept ans tellement de fois que l'éducation, c'était la priorité de toutes les priorités. Finalement, il aura fallu quelques défections, quelques mois de mauvais sondages pour que l'ardoise soit effacée puis que ça prenne le bord.

Bien sûr, il y a eu quelques secondes, au tout début du discours, où le premier ministre nous a dit très rapidement : Oh! ne vous inquiétez pas, bien sûr, bien sûr, l'éducation, c'est encore important. Mais, pour le reste, on a surtout entendu parler des islamistes puis des syndicats qui, il paraît, menacent le Québec.

Je trouve ça triste. Je trouve ça vraiment triste, mais, au moins, on ne peut pas dire que ce n'est pas clair. Gouverner, c'est faire des choix. Le premier ministre a fait les siens. Les élections approchent, et ce qui compte vraiment pour lui, dorénavant, ce n'est plus l'éducation.

Je vais vous dire ce que j'en pense, puis je ne mettrai pas de gants blancs, je pense qu'une nation qui néglige ses écoles, c'est une nation qui est condamnée au déclin. Je pense que l'éducation publique, c'est, avec la loi 101, le fondement de la société québécoise moderne, que c'est en construisant son système d'éducation publique que le Québec est vraiment entré dans la modernité. C'est comme ça que les ouvriers ont acquis un peu de liberté, que les femmes ont pu participer pleinement à la vie sociale. C'est comme ça que tout le Québec s'est donné les moyens d'une prospérité qui est partagée.

Je pourrais citer Abraham Lincoln, on le fait souvent, celui qui conseillait à ceux qui trouvent que l'éducation coûte trop cher d'essayer l'ignorance, mais ce n'est pas nécessaire, parce que toute l'histoire du Québec est la démonstration de cette vérité-là. Il n'y a pas de plus grande richesse, pour une démocratie comme la nôtre, pour une culture comme la nôtre, que l'éducation publique. C'est l'école qui est le creuset de la société québécoise. C'est l'école qui forme les citoyens et les citoyennes du Québec. C'est à l'école que le destin de la nation québécoise s'invente à chaque jour. Sauf que cette richesse-là, elle n'est pas à toute épreuve. Elle persiste aujourd'hui grâce aux gens en chair et en os qui la font survivre.

L'éducation, c'est quoi? C'est qui? Bien, c'est Marie-Julie, la maman de Mirabel qui se bat pour que son petit Samuel ait l'aide dont il a besoin pour réussir sa vie. Elle l'aime tellement, elle ferait tout pour lui. C'est Stéphanie, la prof de Gatineau qui achète des collations avec son propre argent parce qu'elle est tannée, elle a le coeur brisé de voir tant de ses élèves dans sa classe avoir faim, le matin. C'est Amélie, l'orthophoniste en Montérégie à qui on demande d'aider deux fois plus d'enfants que l'an dernier avec pourtant le même nombre d'heures dans sa journée. Elle en pleure, le soir, de ne pas pouvoir les aider davantage. C'est Sylvain, le concierge qui garde son école propre et la cour sécuritaire pour les enfants. C'est Monique, la directrice de l'école qui a utilisé tout ce qui restait de budget, l'été dernier, pour acheter des ventilateurs en pleine canicule, sauf qu'il manquait de budget, donc elle a été obligée d'organiser un tirage pour savoir quelle classe aurait la chance d'avoir un ventilateur. C'est Sébastien, le papa qui s'implique dans son comité de parents pour que son fils puis sa fille aient des belles activités cette année, malgré les coupures. C'est tout ça, l'école publique. Ces hommes et ces femmes, je les ai rencontrés, qui ne réclament aucun hommage, qui ne s'attendent pas à recevoir de la gloire, mais oui, peut-être un peu de respect, un peu d'écoute puis surtout les moyens de faire leur travail.

Mme la Présidente, je suis allé dîner avec des profs et des parents dans une école, il y a deux semaines, on a jasé à peu près pendant une heure, on a mangé un sandwich ensemble, puis ils en avaient beaucoup sur le coeur, ça a été émotif. Mais, à la fin, je leur ai posé une question toute simple, je leur ai demandé : C'est dur, votre travail, pourquoi est-ce que vous continuez? Puis tout le monde a eu la même réponse, les uns après les autres : Pour les enfants, Gabriel, pour les enfants. Ça fait que, malgré tout, je suis ressorti de là le coeur léger. Je me suis dit : Après tout, il y a de l'espoir. Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Sainte-Rose. La parole est à vous.

M. Christopher Skeete

M. Skeete : Salutations, Mme la Présidente. Content de vous retrouver. Chers collègues, content de vous retrouver. Bien, écoutez, c'est ma première prise de parole à l'Assemblée nationale à titre de ministre des Relations internationales et de la Francophonie, c'est... Je n'en reviens toujours pas, Mme la Présidente, de pouvoir avoir le privilège de représenter notre beau Québec sur la scène internationale. Je tiens d'ailleurs à remercier le premier ministre pour la confiance. J'aimerais ça remercier ma collègue, ma prédécesseure qui, elle, a soutenu un réseau pendant trois années et que je retrouve en santé. Et j'aimerais ça la remercier pour son bon travail.

J'aimerais prendre un petit moment pour rendre hommage au travail de Nadine Girault, qui a précédé ma collègue. Nadine, c'était une amie puis Nadine n'est plus avec nous aujourd'hui, et donc j'ai le privilège de marcher dans ses pas, du ministère qu'elle a construit d'une manière assez contemporaine, le virage, surtout, économique. Nadine, avec le mandat du premier ministre, elle a entamé ce qu'on appelle le virage économique.

Le virage économique, qu'est-ce que ça veut dire? C'est qu'en 2019, lorsque la Coalition avenir Québec est venue au pouvoir, on a voulu donner une vocation économique au ministère des Relations internationales. Et ce que ça veut dire ça, ça veut dire que... bien, de prendre toute la présence, la grande présence que le Québec a à l'international et de se servir de cette opportunité-là pour aider nos entreprises québécoises à se faire voir et à se faire valoir à l'international.

Je ne sais pas si vous le savez, Mme la Présidente, mais le Québec compte 34 bureaux dans 19 pays. En fait, on est l'État fédéré, dans le monde, qui a le plus de bureaux à l'international. C'est une fierté québécoise que peu de gens connaissent. C'est la fierté que j'hérite aujourd'hui, grâce à ces dames fortes qui m'ont précédé, mais surtout aussi l'honneur que j'ai, moi, de pouvoir ajouter mon petit grain de sel à cette belle mission là du virage économique.

Puis ça arrive à un moment important. Je le dis souvent, et les gens vont être tannés de m'entendre le dire, mais le monde a beaucoup changé, et je ne pense pas que les Québécois réalisent les grands bouleversements qu'on a subis ces dernières années, que ce soit en 2020... Puis je le sais, qu'on n'a plus le droit de parler de la pandémie, Mme la Présidente, mais elle est arrivée, cette pandémie. Elle a duré plus de deux ans, et on en paie encore le prix, mais il y a eu une pandémie historique. Il y a eu, après ça, le choc de la... des chaînes d'approvisionnement qui ont fait peur à tout le monde. Pour la première fois, depuis le début de la mondialisation, on a réalisé que peut-être les pièces dont on a de besoin pour construire le Québec n'étaient plus disponibles et que les acteurs sur lesquels on dépendait, bien, ils étaient de moins en moins fiables.

• (15 h 40) •

Cas vécu, Mme la Présidente, et je vais éviter les noms et les pays pour être poli, mais, durant la pandémie, grâce à la présence du Québec à l'international, on a pu sécuriser des masques pour les Québécois grâce à la présence d'un Québécois qui avait la responsabilité de s'assurer que ces masques-là viennent au Québec pour être sûr qu'on aurait des masques pour nos professionnels de la santé. Ça témoigne de l'importance de cette présence à l'international, mais aussi à quel point le monde a changé dans ce microcosme qui est l'année 2020 et le choc des chaînes d'approvisionnement qui ont suivi.

Mais, après ça, ce n'était pas fini. Après ça, on a subi le choc inflationniste, et ça, ça a bouleversé encore le monde. Les salaires ont monté, mais les prix aussi ont monté, et, de plus en plus, les gens ont de la misère à arriver. Et ce qui suit après ça, bien, bien sûr, l'élection de Donald Trump au sud de la frontière, qui cause un autre choc économique, et tout ça, Mme la Présidente, dans l'espace de cinq ans.

Dans l'espace de cinq ans, je pense qu'on ne réalise pas à quel point ces bouleversements-là ont un impact sur le quotidien de beaucoup de Québécois, et pourtant c'est des facteurs qui sont à l'extérieur du Québec. Et donc le rôle de ministre des Relations internationales prend tout son sens, parce que beaucoup de ce qui nous affecte au quotidien vient de l'extérieur, que ce soit la guerre en Ukraine... Bien, Mme la Présidente, vous allez me dire : En quoi la guerre en Ukraine a une incidence sur le Québec? Plusieurs façons. Le choc de l'inflation a été causé par le fait que l'Ukraine, qui est un pays exportateur de grain... bien, ça, ça veut dire que le pain qu'on consomme à tous les jours, sur les prix mondiaux, a augmenté, et donc notre pain coûte plus cher à cause que la Russie a envahi l'Ukraine. Et, quand je vous dis que tout est dans tout, bien, c'est un exemple concret de comment ces impacts à l'extérieur du Québec peuvent nous affecter au quotidien.

Il y a aussi tout ce qui se passe maintenant avec la guerre tarifaire, Mme la Présidente. La guerre tarifaire, ce n'est pas juste un voisin du sud qui décide, là, de manière éphémère, de nous causer un peu de trouble, puis, demain matin, on va passer à autre chose. C'est un réalignement massif de l'ordre établi mondial. Depuis les années 1940, 1950, après la Deuxième Guerre mondiale, on a vécu dans cette ère post-Deuxième Guerre mondiale qui était basée sur la puissance américaine, des fois avec une contre-balance soviétique, mais, depuis les années 90, sans cette présence-là, et une ouverture de commerce où est-ce que les chaînes d'approvisionnement lointaines étaient fiables dans un monde où est-ce que les différentes juridictions suivaient les mêmes règles du jeu.

Et ça, c'était bon pour le Québec, Mme la Présidente, parce que le Canada, en tant que puissance moyenne, pouvait tirer son épingle du jeu sans avoir la force militaire pour défendre ses intérêts parce que les gens suivaient les règles du jeu. Et donc, quand venait le temps d'avoir un litige, bien, on pouvait s'adresser aux différentes cours à l'international, que ce soient les Nations unies, que ce soit le World Trade Organization, puis tous ces organismes-là qu'on s'est dotés pour justement faire valoir nos droits. Et, malgré le fait qu'on est 40 millions puis une armée pas très présente, bien, on réussit quand même à gagner des litiges contre des personnes qui sont, entre guillemets, plus fortes que nous.

Ce qu'on voit maintenant, Mme la Présidente, c'est l'effritement de ça, puis le terme officiel pour ça, c'est le multilatéralisme, qui devient de plus en plus effrité, et c'est dans... c'est vers ce monde-là qu'on se dirige, un monde où est-ce que le droit international sera moindre, où est-ce que le multilatéralisme va être attaqué, où est-ce que les gens plus forts que nous vont tenter de nous bousculer parce que ça sert leurs intérêts. Et, dans un monde où est-ce que ces gens-là peuvent avoir gain de cause parce qu'ils sont forts, bien là, ça nous force tout un nouveau questionnement.

Je vais vous donner un exemple de ce questionnement-là. Récemment, le président de la France a dit : Si on veut préserver notre liberté, on doit être craints, un vocabulaire qu'on n'a pas entendu depuis très longtemps en Occident. On regarde maintenant, avec le fait qu'on peut de moins en moins se fier sur nos voisins du sud, on réalise que, peut-être, on a été nous-mêmes négligents de notre souveraineté et de notre sécurité. Et on se réveille un jour puis on se dit : Bien, attends une seconde, si les États-Unis ne sont pas là pour nous protéger, à quoi ressemble notre capacité de nous protéger? Et, Mme la Présidente, la réponse courte, c'est qu'on n'aime pas la réponse, c'est qu'on n'est pas prêts. Et donc on doit entamer un virage massif non seulement d'investir dans les organismes multilatéraux qui sont encore en place, notamment l'OTAN, puis les règles de l'OTAN nous disent qu'on doit investir 2 % de notre PIB pour la défense.

Historiquement, le Canada était vraiment un cancre. On était à 1,32 % l'année passée. Et donc, juste pour arriver aux 2 % de plus, Mme la Présidente, c'est 9,5 milliards de dollars que le gouvernement canadien va vouloir, veut et va investir dans la prochaine année pour accroître notre capacité de nous défendre, de défendre nos intérêts, mais surtout d'affirmer notre souveraineté territoriale. Des mots comme ça, Mme la Présidente, je m'entends le dire, on n'a pas eu un genre de vocabulaire comme ça depuis les années 1890. Mais on est rendus là aujourd'hui, on doit penser à ces affaires-là.

Puis le premier ministre parle d'opportunités économiques qui vient avec ça. C'est sûr qu'un monde moins stable, moins multilatéral, où est-ce que les règles de droit international sont effritées, ça fait peur. Puis c'est vrai... Il y a des opportunités, par contre, à saisir, et le premier ministre a fait le choix de miser sur le secteur de la défense pour faire deux choses. La première chose, c'est de réduire notre dépendance économique aux États-Unis, parce qu'on a la chance d'investir nous-mêmes pour s'équiper nous-mêmes et, par le fait même, générer de l'emploi, mais on a aussi l'opportunité stratégique de faire affaire avec des gens qui pensent comme nous, qui partagent nos valeurs. Je pense notamment aux gens en Europe. Et donc le mandat du premier ministre, qu'il m'a donné, dans la prochaine année, ça va être de rapprocher l'économie québécoise avec l'économie en Europe.

Je vous l'annonce, je vais passer beaucoup de temps à l'étranger pour essayer d'insérer le Québec dans ces chaînes de valeur là, que ce soit en Asie, que ce soit en Europe, pour essayer de réduire notre dépendance sur les États-Unis. Entendez-moi bien, Mme la Présidente, on partage une frontière avec les États-Unis. Je pense que, et je le dis souvent, la géographie nous a condamnés à collaborer éventuellement avec les Américains. 73 % de nos exportations va aux États-Unis. C'est sûr que ça va toujours demeurer un grand partenaire économique malgré les tensions qu'on peut vivre actuellement, mais il serait important de réduire cette dépendance-là.

Et c'est justement ça, le mandat que le premier ministre m'a donné à l'étranger. Puis là-dedans, il y a des belles opportunités pour les entreprises québécoises, que ce soit de se positionner pour mieux nous protéger, mais aussi créer des emplois qui risquent d'être perdus grâce à la guerre tarifaire que les Américains ont lancée sur le Canada et sur le Québec. Ça fait que c'est une vision qui est somme toute très bien réfléchie et qui nous permet de faire deux choses : nous protéger et créer de la richesse collective.

Et donc, dans cette nouvelle mission là, bien, on va regarder les délégations qui existent à l'international, on va poser des questions : Comment ça va? Est-ce que les résultats sont au rendez-vous? Est-ce qu'on devrait regarder ailleurs pour voir comment on peut travailler mieux avec différentes régions dans le monde? Est-ce qu'on peut redéployer les ressources pour être sûrs qu'on est capables de gagner sur certains terrains ou de gagner certaines opportunités avec certains partenaires? C'est tout ce genre de réflexion là qu'on va avoir dans les prochains mois.

Une fois que j'ai dit ça, Mme la Présidente, vous n'êtes pas sans savoir, vous y étiez avec moi dans la dernière législature, mais j'avais le privilège d'être l'adjoint parlementaire du premier ministre pour les Québécois d'expression anglaise. Vous savez, depuis ma nomination comme ministre, en 2022, je n'avais plus ce titre-là. Et le premier ministre a cru bon de me redonner le mandat des Québécois d'expression anglaise, cette fois-ci à titre de ministre. Et, bien, je veux juste dire à la communauté d'expression anglaise que je vais continuer à travailler avec eux pour accroître la vitalité communautaire des communautés d'expression anglaise, qui ont une histoire qui date de plusieurs centaines d'années avec nous. Ils ont aidé à construire le Québec, ils méritent leur place au Québec, ils sont des Québécois à parts égales. Et je veux qu'ils sachent qu'avec moi ils vont avoir un partenaire fiable et fidèle pour les aider à naviguer tous les bouleversements mondiaux, mais aussi à l'intérieur du Québec, dans les prochaines années.

• (15 h 50) •

Puis le premier ministre m'a aussi fait l'honneur de me maintenir au poste de ministre responsable de la Lutte contre le racisme. Vous savez, je parlais tantôt de Nadine Girault, Nadine Girault était coprésidente du Groupe d'action contre le racisme. J'ai siégé avec elle, puis on a réussi, Mme la Présidente, à faire un rapport sur 25 points. Il y en avait 13 qui touchaient les communautés autochtones... Pardon, il y en avait 12 qui touchaient les communautés autochtones et il y en avait 13 qui touchaient les minorités visibles du Québec, et ça, c'était la partie qui revenait au ministre responsable de la Lutte contre le racisme.

Vous savez, beaucoup de choses ont été dites sur la CAQ, Mme la Présidente, par rapport à la lutte au racisme, mais il y a une chose qu'on ne dit pas, jamais assez, c'est que c'est la Coalition avenir Québec qui a nommé le premier ministre responsable de la Lutte contre le racisme, l'a reconduit deux fois et s'est engagée à faire en sorte qu'on livre le rapport du Groupe d'action contre le racisme. Est-ce qu'on va régler le racisme, dans le mandat de la CAQ, Mme la Présidente? Je vous fais l'annonce tout de suite, la réponse, c'est non. Surtout dans les grands bouleversements qu'on vit actuellement, là, malheureusement, je crains qu'il va y avoir plus de racisme, pas moins. Par contre, l'oeuvre, elle est noble, de vouloir avancer la cause des personnes racisées du Québec. Si aujourd'hui je suis le visage du Québec à l'international, quelle belle opportunité que le Québec peut donner à tous ses citoyens. C'est un rêve, pour moi, de pouvoir imaginer le rôle que j'occupe aujourd'hui. C'est un rêve que je veux partager avec tous les Québécois. J'oserais dire que tous les Québécois ont le droit d'aspirer à avoir un rôle comme ça dans notre société. Et donc la lutte au racisme nous permet d'avancer les choses et de bouger l'aiguille sur ces enjeux fondamentaux.

Puis c'est sûr que je ne peux pas m'empêcher de dire rapidement un petit mot sur mon rôle de ministre responsable de la région de Laval. Avant toute chose, un député... comme je suis le député de Sainte-Rose, bien, je suis un député de Laval, ma ville. J'adore ma ville. Laval est une île, une région, une MRC. Puis ce que j'adore de ma ville, contrairement à d'autres, puis je ne les nommerai pas, par politesse, mais la gouvernance de Laval, c'est tellement simple. On a un maire, on a 22 conseillers puis on peut asseoir tout le monde dans une pièce, puis avoir 75 % du budget du Québec dans une pièce, puis régler des problèmes ensemble. Et ça a toujours été la devise des gens de Laval, de travailler ensemble puis de travailler en action. Et c'est souvent un à-côté, là, tu sais, quand on est nommé ministre d'une région, pour certains. Puis historiquement, bien, pour moi, le rôle régional, comme tous mes collègues, d'ailleurs, c'est un rôle qui est fondamental. De représenter sa région, son chez-soi, pour moi, c'est un grand honneur, et je suis très fier que le premier ministre m'a reconduit dans cette tâche-là.

Donc, on va continuer le bon travail, Mme la Présidente. On ne chômera pas, on a beaucoup de pain sur la planche, puis les défis sont grands. Mais, comme disait l'autre, tout grand défi ouvre la porte à des grandes occasions, entre autres, d'affaires, mais aussi des opportunités de nous positionner pour les 100 prochaines années. C'est un défi que j'entame avec beaucoup d'ouverture et d'enthousiasme.

Et, bien, sur cela, Mme la Présidente, je veux vous souhaiter de continuer votre beau mandat à titre de deuxième vice-présidente, puis au plaisir de vous revoir. À la prochaine, tout le monde, chers collègues.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le ministre et le député de Sainte-Rose. Je cède maintenant la parole au député de Marquette.

M. Enrico Ciccone

M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, j'aimerais commencer par être gentil. J'aimerais souhaiter... j'aimerais féliciter le député Nicolet-Bécancour pour sa nomination au Conseil des ministres et mon ancienne présidente sur les impacts des écrans, la députée de Rivière-du-Loup. Bravo! Félicitations! Je vous applaudis, c'est une belle... Oui, oui, s'il vous plaît. Et là c'est terminé, Mme la Présidente. Je vous dirai ceci, puis là, tu sais, j'entends... puis je comprends que ce n'est pas un exercice qui est facile, notamment pour les députés de la partie gouvernementale, parce que c'est des gens... puis pour plusieurs, là, ils sont ici pendant sept ans, et on les reconnaît, là... ont vu ce qui s'est passé, ont vu les situations. On a vu les enjeux. On a vu où on a eu un échec, où il a fallu tenir les rangs, où il a fallu trouver un consensus, où il a fallu être un bon joueur d'équipe puis se la fermer, Mme la Présidente. Puis ça, je comprends, ça, là, mais, tu sais, je veux dire, ce n'est pas facile, être aujourd'hui... d'être ici, puis tu es obligé de défendre le bilan du premier ministre puis de son groupe parlementaire, là.

On sait tous pourquoi qu'on est ici aujourd'hui, Mme la Présidente, là. Il faut sauver le premier ministre, là, il faut sauver le premier ministre. Parce qu'en temps normal, le député de Marquette, puis je parle à la troisième personne parce que c'est moi... personne parce que c'est moi qui est debout, là, mais tous les députés ici, on ne se lève même pas pour parler, là, parce qu'on n'est pas à cette étape-là. Il n'y a pas une prorogation puis il n'y a pas une réplique au discours du premier ministre. On continue nos travaux parce que tous, dans le même sens, pour le bien commun, c'est ça qu'on fait puis on fait notre travail. Là, aujourd'hui, on est obligés de se lever puis de répondre, surtout dans la partie des... côté de l'opposition, il faut répondre au premier ministre. Puis, dans le fond, il faut dire un peu au premier ministre : M. le premier ministre, en tout respect, là, vous êtes un peu dans le champ, là, attention, là.

Je comprends que, là, on embarque dans un mode électoral. Je comprends qu'on a trouvé quatre axes, que je ne répéterai même pas ici aujourd'hui, là, qu'on laisse des priorités de côté. Puis j'entendais des collègues tantôt parler en disant : Ah! oui, voici telle... telle proposition, il faut absolument le faire. Bien, moi, j'ai le goût de dire, sans personnaliser le débat ici, là : Mais où étiez-vous pendant sept ans? Où étiez-vous pendant sept ans?

Moi, je soulève le courage de certains ministres qui ont décidé de parler. Je comprends que ce n'est pas évident, là. Je comprends que ce n'est pas évident, parce que, quand ça va bien, là, dans une équipe, Mme la Présidente... Puis je ne sais pas si vous le savez, j'ai fait partie de certaines équipes dans le passé, avec des très bonnes équipes, puis des équipes qui faisaient pitié, pas à peu près, Mme la Présidente. Puis quand ça allait bien, là, il n'y a personne qui parlait, là. Ça allait bien, il n'y a personne qui voulait être échangé, il n'y a personne qui quittait l'équipe, il n'y a personne qui prenait sa retraite. Puis quand ça allait mal par exemple, oh, là, ça grenouillait, là. Là, tu avais des cliques, là. Tu en avais qui quittaient, tu en as qui partaient, tu en as qui boudaient. Mme la Présidente. C'est exactement ce qu'on voit aujourd'hui, là.

Puis ça, ça devrait être un signal. Ça devrait être un signal, parce que les gens comprennent déjà ce qui se passe, là. Tu sais, à l'extérieur... Puis je comprends qu'on réagit de cette façon-là du côté du premier ministre, et de son équipe, puis de son équipe de... son équipe de communication, parce que, là, on essaie de sauver sa peau. Puis là on essaie de changer le narratif complètement. On essaie, par tous les moyens possibles, tous les moyens possibles, d'éviter puis de faire oublier... bien, c'est une tentative éhontée de faire oublier, Mme la Présidente, les catastrophes depuis sept ans.

Il y a eu des bons coups, là. Vous connaissez mon «thinking» transpartisan. Il y a eu des bons coups de la CAQ. Il y a eu des bonnes suggestions de tous les partis. Mais, tu sais, quand on veut faire oublier une catastrophe à un an des élections... Puis on dit un an, là, bien, il reste neuf mois de travaux à peu près, là. On va être ici, là. Vous allez m'endurer encore neuf mois, Mme la Présidente, puis, après ça, bien, on entre en élection puis on va être à l'extérieur de ces murs-là.

Alors, on veut faire oublier les catastrophes, les fiascos — puis j'ai-tu besoin de nommer quels fiascos, pas besoin de les nommer — les problèmes d'éthique, Mme la Présidente. Parce qu'il y a eu des problèmes éthiques, là. Ça, il faut le mentionner. Je sais que c'est plate, là, mais c'est vrai, c'est la réalité. Puis il faut, là, absolument, absolument, absolument parler de d'autre chose, parler de d'autre chose qui va peut-être aller chercher certaine... une certaine population, aller chercher sa base, ramener sa base. Parce que, là, la base quitte, là. On voit tous les chiffres, Mme la Présidente, là, la base quitte.

Alors, qu'est-ce qui fait qu'on est capables de garder notre base? Bien là, on va retourner dans notre bureau : M. le chef de cabinet, sortez-moi les sondages, bout de viarge! Qu'est-ce qui fait bouger les gens? Qu'est-ce qui allume les gens au Québec? Certains éléments : régions, c'est telle chose, dans les grands centres, c'est telle affaire. C'est ça qu'on sort aujourd'hui, là, c'est ça qu'on sort pour essayer de faire bouger. Mais malheureusement, deux, trois jours après, Mme la Présidente, qu'est-ce qui s'est passé? Ça n'a même pas bougé.

Ça fait qu'à un moment donné, là, tu sais, il faut peut-être revoir aussi la façon de faire la communication, parce que je vais vous en parler un peu plus tôt, là... un peu plus tard, parce que peut-être que vous ne le savez pas, Mme la Présidente, mais moi, je suis reconnu plus pour mon passé d'ancien athlète, là, mais j'ai fait 18 ans en communications. J'ai été formé par les meilleurs, là, au niveau de l'analyse sportive. C'est plate à dire, mais c'étaient des... une grande école aux États-Unis, là, c'étaient des professionnels qui venaient nous former. Puis, tu sais, je veux dire, je connais ça un petit peu puis je vais dire une chose : Ce qu'on voit en ce moment, là, c'est... ça fait pitié, Mme la Présidente. Ça fait pitié.

• (16 heures) •

Quand je parlais tantôt des belles promesses, là, je me rappelle, j'étais... j'ai eu... j'ai hérité du dossier du transport dans l'autre... du transport puis de la Capitale-Nationale puis... dans l'autre législature, puis j'étais en avant de l'ancienne vice-première ministre, puis là je lui nommais toute la... pendant la campagne électorale, on avait fait des promesses, la plateforme électorale, là, je lui nommais un par un : Allez-vous faire ça, allez-vous faire ça pour la Capitale-Nationale? Puis là elle me disait : On va réaliser toutes nos promesses. On va réaliser toutes nos... Elle a dit ça à chaque fois. Force de constater, Mme la Présidente, on n'est pas là.

Construire un REM vers Chambly. C'est parce que les gens dans ce coin-là s'en rappellent aujourd'hui, là. Construire le REM de l'Est. 90 minutes d'attente dans les urgences, Mme la Présidente. C'est ça, là, c'est pour ça que les gens quittent, là. C'est pour ça qu'on veut changer le narratif, là, parce qu'on veut faire oublier ces choses-là. Mais notre job à nous autres, dans l'opposition, c'est de rappeler ces choses-là : Voici pourquoi qu'on est ici aujourd'hui, là.

On a retardé le Parlement de deux semaines pour un speech de 40 minutes qui voulait dire les mêmes choses. Puis ce qui était drôle puis ironique, Mme la Présidente, là, c'est que, pendant sept ans, là, le premier ministre se lève... on l'a même vu encore aujourd'hui, ça fait qu'il faut comprendre qu'on... il y a un peu... on est désespéré un petit peu, là, hein : 15 ans libéral, 15 ans libéral, 15 ans libéral. Puis là ce qui était drôle, c'est que, quand le premier ministre se lève puis il a fait son discours de... après la prorogation, là, il a critiqué le parti qui était là pendant sept ans. Ça fait qu'il s'est fait une autocritique. Je ne sais pas s'il s'en est aperçu, là, mais... Voici ce qu'on va faire, voici ce qu'on va faire, voici les axes, voici telle chose. Nos priorités, on met ça de côté, parce que c'est ça qui est important, c'est ça qui fait bouger l'aiguille. Ça fait qu'il s'est fait une autocritique lui-même, puis ils ne l'ont même pas réalisé. Ils ne l'ont même pas réalisé en 40 minutes. C'était de toute beauté, Mme la Présidente.

Un médecin de famille pour tous. Mais non, là, on ne parlera pas de ça, on va parler de d'autres choses. Ce n'est plus important, ça, un médecin de famille pour tous, non, non, non, parce qu'il l'avait dit, le premier ministre : Ce n'est pas un médecin de famille pour tous, ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit : C'est quelqu'un dans le domaine de la santé qui va vous voir rapidement. C'est ça qu'il avait dit. C'est ça qu'il avait dit.

Augmenter les taux d'utilisation des blocs opératoires. Là, ils sont en négociation, là. Moi, j'ai des médecins chez nous, là, puis j'ai des amis médecins, puis là ils me disent tous : Bien, moi, j'aimerais bien ça, plus travailler, Mme la Présidente... bien, ils ne m'appellent pas «Mme la Présidente», là, mais ils m'ont appelé Cicco, là : J'aimerais bien ça, plus travailler, moi, là, mais les blocs opératoires ne sont pas ouverts. Ils n'ouvrent pas les portes, on a seulement tant d'heures par semaine pour opérer, j'aimerais ça en faire, des opérations, moi. Bien non, ils ne sont pas efficaces, les médecins, non, non, ils ne veulent pas travailler. Pour répéter ce que le premier ministre a dit : Si tu veux voir un médecin, va-t'en sur un terrain de golf. C'est-tu insultant, ça, Mme la Présidente.

Le réseau des Espaces bleus. Créer 37 000 places en garderie pour le 31 mars 2025. C'est ça qu'on veut faire oublier aux Québécois avec ce qu'on fait aujourd'hui, là. Non, non, mais inquiétez-vous pas, on va le dire, nous autres. On va le rappeler, parce qu'on n'est pas dociles, nous autres, puis obéissants. On va le dire.

Maternelles quatre ans, vous vous rappelez de ça, Mme la Présidente. Ce n'est pas mauvais, là. Nous autres, on en a mis, des maternelles quatre ans, à des endroits très ciblés, à des endroits où c'était défavorisé, pour donner une chance à ces jeunes-là, à ces enfants-là. Le premier ministre a mis son siège en jeu pour des maternelles quatre ans bout à bout du Québec, Mme la Présidente, bout à bout, OK, mur à mur. C'est drôle, Mme la Présidente, c'est tombé, ça. Le premier ministre est encore assis là. Il n'a pas mis son siège en jeu, lui? Il est encore là.

Première pelletée de terre, le troisième lien, dans l'autre législature, Mme la Présidente. Je sais, vous l'avez entendu souvent. Je sais, c'est plate de vous le dire, là. Puis merci beaucoup de votre attention, vous me regardez, là, puis j'apprécie beaucoup. Puis j'inviterais peut-être les autres députés à lire le rapport qu'on a... qu'on a déposé, parce que, toujours la face dans leur écran, ce n'est peut-être pas... peut-être pas la meilleure chose non plus chez les adultes, hein, Mme la Présidente.

Stabilité et prévisibilité de l'industrie forestière. On a vu, là, on a retiré un projet de loi. Puis malheureusement, nous, dans mon passé encore, je sais, c'est plate, je reviens dans mon passé, là, mais ceux qui étaient les plus respectés, c'est ceux qui allaient à la guerre. C'est ceux qui prenaient des coups, Mme la Présidente, là, pour les coéquipiers. Puis là, on a quelqu'un qui a pris des coups comme ça ne se peut pas. Je sais, je suis le président de la CAPERN, Mme la Présidente. Ça fait que tout ce qui se passe en énergie, en agriculture, et ainsi de suite, je le vois. J'ai vu des ministres qui ont travaillé fort. Puis je le vois, des fois, des ministres qui parlent puis qu'ils savent que c'est l'orientation, puis, tu sais, tu les regardes des fois dans le passage, puis tu poses une question, puis tu vois que, nécessairement... ce n'est pas nécessairement ce qu'ils pensent, mais ils le font pour l'équipe. Puis, ça, moi, je respecte ça, Mme la Présidente. Je respecte ça. Puis là, du jour au lendemain, paf! Bye-bye! Non, non, ce n'est plus toi, là. Ça ne marche plus. Oui mais je l'ai fait pour toi. Puis là, tu te retrouves où, ici, là, avec la façon de penser du premier ministre? Pas loin des journalistes, en arrière. La députée de Rimouski, c'est incroyable, c'est incroyable. Moi, ça, ça me brise le coeur, de voir une chose comme ça. Quand tu fais partie d'une équipe, que tu te bats, puis que tu as une orientation, puis peut-être que tu n'y crois pas à 100 %, mais tu y vas pareil, puis tu bûches, puis là, du jour au lendemain, bye-bye. C'est un petit peu ordinaire.

Là, en ce moment, Mme la Présidente, ce qu'on va voir durant le prochain neuf mois, là, parce que je dis neuf mois, parce qu'on est... on va être à l'Assemblée nationale tous ensemble, là, on va... on va faire face à un gouvernement de la CAQ qui oublie. On a oublié, là. On a oublié, là. Je ne m'en rappelle plus. Parce que c'est ça qu'on a vu, là, cet été, là, des ministres qui ont passé devant la commission Gallant : Ah! j'ai oublié, je ne m'en rappelle plus, je ne sais pas ce qui se passe, alors que moi, j'ai eu des... notamment des crédits avec l'ancienne vice-première ministre, Mme la Présidente. Avez-vous déjà... Non. Vous ne l'avez pas... bien, peut-être en caucus, là. Avez-vous déjà essayé de débattre avec l'ancienne vice-première ministre? C'est une encyclopédie, Mme la Présidente. Impossible, là. Tu te bats puis là tu as des remarques, puis que là, c'est un jeu d'échecs : je vais lui dire ça, elle va me dire ça, je vais lui écrire ça, je vais... C'est impossible à gagner. Elle se rappelle de tout. C'est une des femmes les plus intelligentes que j'ai vues ici, à l'Assemblée nationale. Vraiment, là, c'est une femme qui travaille très, très, très fort, comme ma collègue... comme ma collègue de Saint-Laurent, ma cheffe. Puis là, elle arrive là, puis elle ne s'en rappelle plus. Elle a oublié. C'est quand même particulier, Mme la Présidente. Puis elle fait toujours... Puis il y en a d'autres dans le même cas, mais qu'on envoyés dans le coin, là-bas, là. Ils ne sont plus autour de la table. Moi, je trouve ça un petit peu... Il y en a qui ont des passe-droits plus que d'autres.

On a oublié les priorités, je vous l'ai dit tantôt, santé, éducation, économie. Tantôt, la députée de Labelle disait... la députée de Labelle disait qu'on parlait trop d'itinérance, nous autres. Comment ça se fait qu'on ramène toujours l'itinérance? Vous ramenez... les oppositions ramènent l'itinérance. On est le parti qui a fait le plus en itinérance au Québec, on a investi le plus contre l'itinérance au Québec. Bien, j'envoie une invitation à la députée de Labelle : Venez avec moi, venez dans mon comté, venez voir ça, on va vous amener au centre-ville, il y a de plus en plus d'itinérance. On investit plus, mais il y a de plus en plus d'itinérance. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire qu'on investit à la même... à la mauvaise place? Ça veut dire qu'on ne fait pas les choses correctement?

C'est la même chose en santé : Oui, on investit en santé, en santé. Oui, mais on attend de plus en plus. Comment ça se fait? On se pose-tu la question, des fois? Parce qu'à chaque fois qu'on pose des questions puis qu'on va critiquer le gouvernement, Mme la Présidente, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on va nous dire : Bien, on a investi plus que jamais? Bien, j'espère qu'à chaque année on va investir plus que jamais, là. Tu sais, avant, là, ce qui était populaire, ils ne le disent plus, là, mais c'était le mot «historique». Bien oui, mais c'est parce qu'il y a toujours une augmentation dans chaque ministère, dans chaque programme. La plupart du temps, à chaque année, ça augmente, là, les budgets des ministères, ça fait que c'est toujours historique, là, Mme la Présidente. Tu sais, au moins, ils ont arrêté de le dire, là, tu sais. Ça fait que pourquoi que ça ne fonctionne pas?

Puis là il y a... puis le problème, c'est que c'est de plus en plus en région, Mme la Présidente, de plus en plus en région aussi, l'itinérance. Mais on n'en a jamais fait autant pour l'itinérance. Bien oui, mais il y a de quoi qui ne fonctionne pas, là, qui ne fonctionne pas. Ça fait que, tu sais, à un moment donné, il faut juste peut-être retourner à la base.

Je comprends que, des fois, on ne veut pas voir, là... puis on le voit, là, puis on l'a vu dans certains dossiers, là, puis les ministres voient quelque chose arriver, puis on se ferme les yeux, peut-être, puis on dit : Ah! je ne veux pas le voir, j'espère que ça ne va pas se... j'espère que ça va passer.

• (16 h 10) •

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un instant, monsieur... Quel est le règlement que vous faites appel?

M. Lévesque (Chapleau) : ...au lexique, ces mots, en fait. Je vous demanderais qu'on les retire. «Se fermer les yeux», aveuglement volontaire.

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : «Se fermer les yeux». Est-ce que vous retirez le propos? Il est au lexique.

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci.

M. Ciccone : ...on voit les ministres dormir au gaz, Mme la Présidente...

Des voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je m'excuse. On ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement, M. le député, s'il vous plaît.

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bien, on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Donc, s'il vous plaît, la prudence, M. le député.

M. Ciccone : ...sommeil, Mme la Présidente.

Motion formulant un grief

Sur ce, Mme la Présidente, je vais déposer une motion de grief :

«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste qui compromet la santé et l'avenir des générations futures par l'absence de mesures concrètes en matière de prévention et de protection de la santé des jeunes.»

Mme la Présidente, je reviens d'une tournée en région. Même si mon comté est la fin de l'île de Montréal puis le début de l'Ouest-de-l'Île, je suis le fier représentant, député de ma formation, pour les Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. Alors, j'ai fait une tournée et je vais vous répéter ce que les gens m'ont dit, Mme la Présidente, ils m'ont dit... le message pour le premier ministre, les gens de régions, qu'ils nous ont transmis : S'il vous plaît, ne touchez plus à rien, il reste neuf mois, là, ne touchez plus à rien, cessez, les dommages ont été assez grands. Merci beaucoup, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je prends votre motion, et votre motion est reçue mais sous réserve de sa... recevabilité, pardon.

Je suis maintenant prête à entendre la ministre et députée de Prévost.

Mme Sonia Bélanger

Mme Bélanger : Mme la Présidente, c'est avec beaucoup de fierté que j'accueille le nouveau mandat que m'a confié le premier ministre à titre de ministre responsable de l'Habitation, et j'en profite pour saluer le travail extraordinaire qui a été fait par ma prédécesseure, qui a démontré énormément de courage pour améliorer les nombreux programmes en habitation.

Travailler avec chaque citoyen et chaque citoyenne pour que chacun ait un toit, c'est une responsabilité fondamentale. L'habitation, c'est un enjeu, c'est un enjeu, oui, économique, c'est un enjeu, surtout, je dirais, de santé et de bien-être. Donc, ce n'est pas seulement une question de confort, de confort matériel. Avoir un toit sur la tête, c'est un déterminant majeur de la santé.

Vous le savez, Mme la Présidente, je viens du milieu de la santé et des services sociaux, j'y ai passé ma carrière, j'y ai occupé différentes fonctions et je sais à quel point un logement stable et salubre peut influencer la santé physique, la santé mentale et le sentiment de sécurité. Imaginons un instant, Mme la Présidente, que chacun d'entre nous, ici même, en cette Chambre, n'avait pas d'endroit où aller ce soir, et n'avait pas d'endroit pour aller demain et après-demain. Imaginons un peu ce que plusieurs personnes peuvent vivre lorsqu'ils n'ont pas les conditions nécessaires.

On a agi en matière d'habitation, Mme la Présidente, et on le sait, qu'il reste encore des défis, et on agit pour la santé et le bien-être des Québécois et Québécoises. Pour livrer des résultats bien, il faut être efficaces, il faut être plus agiles, et c'est ce que notre gouvernement a fait depuis les sept dernières années. Parce que, dans les projets en habitation, il y a des gens, il y a des gens qui attendent et il y a des procédures, des procédures qui sont parfois compliquées pour les familles, pour les étudiants, pour les personnes aux prises avec des problématiques de santé mentale, pour les aînés. Il n'y a pas de recette miracle. J'ai eu l'occasion de le mentionner à plusieurs reprises depuis ma nomination comme ministre responsable de l'habitation.

La crise du logement, la solution, c'est de construire plus. Et il y en a eu, Mme la Présidente, des actions concrètes depuis 2018. Au cours des dernières années, on a pris des décisions qui ont changé les façons de faire en matière d'habitation. On a donné plus de pouvoir aux municipalités pour accélérer les projets avec le PL n° 31. Nous avons réformé l'industrie de la construction pour la rendre plus agile. On a lancé des projets pour les modulaires, pour les maisons préfabriquées, pour bâtir plus, plus vite et à moindre coût. On a mis sur pied des partenariats et des programmes d'aide adaptés à la réalité du terrain. On a créé des nouveaux outils, le PHAQ, un programme qui est vraiment plus efficace et qui permet de construire plus rapidement. On a travaillé sur la possibilité de faire des prêts plus... de façon plus agile, plus efficace, et, finalement, bien, nos partenariats innovants avec les fonds... pardon, avec les fonds fiscalisés Desjardins, le Fonds FTQ et le Fondaction.

Ces actions, Mme la Présidente, on les a canalisées dans la Stratégie québécoise en habitation. Peu de personnes se souviennent ici qu'en août 2024, on a déposé une stratégie nationale sur l'habitation. J'aurai l'occasion de livrer le bilan de cette première année de stratégie. C'est un plan qui est orienté sur des résultats concrets, concrets.

En 2023, Mme la Présidente, et je vais en profiter, là, pour illustrer mon propos avec ce tableau, en 2023, Mme la Présidente, il y avait 38 912 habitations qui étaient en chantier. Regardez la courbe : en l'espace de deux ans, cette année, on va en livrer plus de 55 000, Mme la Présidente. Ça représente une hausse de 44 %.

Mme la Présidente, il n'y a aucun gouvernement qui a fait autant, puis je prends l'exemple des trois dernières années, que ce qu'on a réussi à faire. Puis, moi, ça, ça me donne de l'espoir. Ça me donne de l'espoir parce que ça veut dire qu'on est capables. On est capables, à chaque année, grâce à la révision de nos programmes, grâce à la révision du cadre législatif, on est capables de livrer ça. Et on va le faire, Mme la Présidente.

Depuis 2018, nous avons investi près de 7 milliards de dollars en habitation. C'est des investissements historiques. Les précédents gouvernements, Mme la Présidente, pour vous donner un exemple, ont investi 3.5 milliards en 15 ans, 3,5 milliards en 15 ans. Ils ont fait des annonces puis ils ne les ont pas construits finalement. Ils ne les ont pas construits pendant que c'était le temps de le faire, Mme la Présidente. On a investi deux fois plus en habitation en presque deux fois moins de temps que les précédents gouvernements de Jean Charest, de Pauline Marois et Philippe Couillard. Tous ces gouvernements-là combinés ensemble, là, bien, ils ont investi 3 milliards, ils ont fait des annonces puis ils n'ont pas construit. Alors, Mme la Présidente, la responsabilité, elle est importante. On investit comme jamais mais on construit comme jamais. Et, ça, c'est important. Puis on aide notre monde à se loger comme jamais aucun gouvernement ne l'a fait avant nous, Mme la Présidente.

Et j'aimerais en profiter pour vous montrer... j'espère que j'ai ce tableau pas très loin, là, parce que je ne veux pas prendre trop de temps, mais on aide, Mme la Présidente, plus de 600 000 personnes, 600 000 personnes au Québec qui bénéficient de programmes pour pouvoir les aider à payer leur loyer. Puis, ça aussi, c'est une augmentation extrêmement importante. Puis on va continuer de le faire, Mme la Présidente. Ces chiffres que je vous... que je viens de vous mentionner, que je vous ai montrés, là, ce n'est pas seulement des statistiques, ce n'est pas des chiffres abstraits, ce n'est pas des annonces, ce sont vraiment des vrais toits qui existent, qui abritent des personnes. Ça représente des milliers de foyers, Mme la Présidente, des familles, des familles qui respirent enfin, des jeunes qui peuvent s'établir et des aînés qui peuvent vivre dans la dignité.

J'aimerais prendre quelques instants pour vous parler des logements sociaux et abordables. Bâtir plus, ce n'est pas oublier celles et ceux qui ont... qui ont besoin d'aide. Vous le savez, on a agi sur plusieurs fronts. Je l'ai mentionné tantôt, on a construit 12 000 logements abordables, Mme la Présidente, ils sont livrés, 12 000 logements abordables. Quand on est arrivés au pouvoir, les libéraux avaient promis 15 000 logements abordables. Il n'y en avait aucun qui était en construction, aucun. On s'est relevé les manches, Mme la Présidente, puis on les a construits, ces 12 000 logements. Puis si vous regardez un peu partout dans toutes les régions du Québec, mes collègues députés ont eu l'occasion, d'ailleurs, de faire plusieurs inaugurations. Je regarde le député, entre autres, de Vanier-Les Rivières, qui a fait, donc, une inauguration il y a environ trois semaines. Du logement social et abordable, Mme la Présidente, il y en a, c'est visible, ça se voit à l'oeil nu.

• (16 h 20) •

Le maire de Rimouski mentionnait il y a quelques semaines qu'il était content, qu'il n'avait jamais vu autant de logements abordables à Rimouski. Bien, c'est une réalité, Mme la Présidente, puis je peux vous en parler, de plusieurs municipalités qui ont été de l'avant, qui ont été de l'avant parce qu'on a permis aux municipalités d'être plus agiles, de pouvoir mettre en place des règlements beaucoup moins compliqués que ce qu'on avait avant.

Donc, on a construit 12 000 logements abordables, puis il y en a, Mme la Présidente, 19 000 autres qui sont en planification et en construction. D'ailleurs, j'ai été magasiner, la semaine dernière, pour m'acheter des souliers puis je me suis acheté des bottes avec des caps, parce que je vais aller les faire, les inaugurations, Mme la Présidente, c'est important. C'est important qu'on soit sur le terrain, qu'on puisse parler avec les différents acteurs qui ont... qui collaborent avec nous.

En 2028... Je veux vous parler des HLM, parce que les HLM, c'est important au Québec, mais ce n'est pas une fin en soi. Il faut travailler sur différents programmes. Les HLM, au Québec, on va avoir investi 3,6 milliards, Mme la Présidente, pour rénover notre parc de HLM. On s'occupe du patrimoine bâti puis on rattrape des années de négligence des précédents gouvernements, qui n'ont pas investi dans les rénovations des HLM. C'est honteux, Mme la Présidente. Et on va le faire. Ces gens-là méritent d'avoir des endroits de qualité.

Il n'y a jamais eu autant de logements sociaux et abordables en chantier qu'aujourd'hui. Il faut être fiers de ça. C'est signe que tout le travail qui a été fait, notamment par ma prédécesseure, je veux le souligner, qui a eu beaucoup de courage, c'est signe que, maintenant, on récolte, puis on va continuer, parce que c'est important. En tant que ministre de l'Habitation, je ne compte pas m'arrêter là. Je veux qu'on continue à moderniser nos façons de faire, à travailler main dans la main avec les municipalités. On a besoin de travailler avec les municipalités, avec les organismes, avec les coops, avec les différentes associations, avec les regroupements, mais aussi, Mme la Présidente, avec le secteur privé. Donc, c'est important. Certains groupes de l'opposition parlent du logement seulement en lien avec les organismes communautaires. Les organismes communautaires font un travail extraordinaire, il faut ça, mais il faut un équilibre, puis il faut aussi travailler avec l'entreprise privée. On a amorcé ce virage, et il faut aller encore plus loin.

Nous sommes rendus à l'étape du grand ménage et nous allons accélérer des décisions dans les prochaines semaines. Les projets, on veut, oui, les accélérer, permettre un meilleur accès aux familles, aux jeunes, à la classe moyenne, qui devraient être en mesure de rêver, rêver d'avoir aussi une vie où ils ont accès à un logement ou à une maison. C'est important, on doit le faire pour encourager notre jeunesse.

La meilleure façon d'aider les Québécois à se loger, ce n'est pas d'ajouter des formulaires, Mme la Présidente, c'est de livrer des logements, et c'est de développer des idées de financement et des fonds spéciaux, notamment, et ça, on va continuer de le faire. Pour y arriver, on va continuer de simplifier et innover. Actuellement, nous avons un projet de règlement. Cet après-midi, j'ai eu une question à ce niveau-là. Bien oui, on a un règlement pour la fixation du loyer. Ce projet de règlement, il est à l'étude, et on veut modifier la méthode de fixation de loyer, on veut simplifier cette méthode afin que les locataires et les locateurs se comprennent mieux, s'entendent plus, et on veut réduire la pression sur le Tribunal administratif du logement, parce qu'il y a de plus en plus de demandes qui sont faites au Tribunal administratif du logement, soit par les propriétaires ou par les locataires. Donc, on veut améliorer ces services.

Vous savez, Mme la Présidente, les formulaires... les formulaires, ce sont des baux, en fait, qui permettent... qui ont été établis il y a déjà plusieurs, plusieurs années, et on veut maintenant les mettre en mode électronique pour accélérer le traitement, et on veut les rendre plus efficaces. Naturellement, on va continuer d'accompagner les personnes qui ne sont pas à l'aise en mode électronique, mais il y aura, au moins, cette façon d'être plus efficaces, puis de pouvoir y aller, pour ceux qui le décident, de pouvoir compléter leur bail, donc, en mode plus contemporain.

Mme la Présidente, je suis en train de revoir les programmes en habitation. On veut réduire la bureaucratie et on veut regarder plus de 40 programmes qui font partie de la SHQ. Certains sont très redondants, on veut simplifier, et c'est ce que je fais depuis les derniers jours, regarder vraiment comment on peut rapidement améliorer pour continuer d'aller plus loin.

On est également en train de travailler avec nos partenaires pour optimiser et consolider le réseau de l'habitation, et je veux vous donner un exemple. Il y avait, au Québec, 538 offices d'habitation, 538 offices d'habitation. Vous savez comment on en a maintenant, Mme la Présidente? On est rendus à 108. Ils se sont regroupés, et ça, c'est important, parce que c'est de plus en plus difficile de trouver de la relève, et on n'a pas besoin d'avoir un grand comité avec plusieurs personnes impliquées quand c'est un petit office d'habitation. Donc, on a vraiment regroupé, ça s'est fait de façon vraiment, vraiment, je dirais, en partenariat, dans le respect. Les offices ont participé à ça. On est en train de consolider notre réseau.

On souhaite faire la même recette avec tous les partenaires du milieu, notamment avec les OBNL. Vendredi dernier, j'ai eu l'occasion de participer à une première conférence, le congrès annuel des OBNL du Québec, et je leur ai demandé de regarder comment ils peuvent, eux autres aussi, contribuer à être plus efficaces. Ce n'est pas seulement le gouvernement, on a besoin aussi que nos instances regardent leurs façons de faire. J'ai eu un très bon accueil, Mme la Présidente, et je vais accompagner les différentes associations, des coopératives du Québec, des OBNL, pour faire en sorte que nos programmes soient plus efficaces, plus accessibles.

Alors, en conclusion, Mme la Présidente, ce n'est qu'un début. Et je pense aux familles qui peinent à trouver un logement, un logement adapté, aux jeunes qui souhaitent s'établir, aux aînés qui veulent vieillir dans la dignité, aux personnes en situation d'itinérance, il y en a beaucoup trop. Et, si on veut sortir les gens de l'itinérance, la première chose qu'on doit faire c'est leur trouver un logement. C'est ce qu'on fait et c'est ce qu'on va accélérer, Mme la Présidente. C'est pour eux que je veux que nos décisions en habitation soient guidées par ce qui fonctionne réellement sur le terrain. Et j'aurai l'occasion, Mme la Présidente, dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, de revenir sur le bilan et notre rapport annuel, en lien avec la Société d'habitation du Québec, mais surtout présenter, dans le cadre de la stratégie d'habitation, les principales mesures qui seront mises en place, dans les prochaines semaines. Je vous remercie, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la ministre et députée de Prévost. Maintenant, je cède la parole au député de Jacques-Cartier.

M. Gregory Kelley

M. Kelley : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je crois que le discours de le premier ministre était une occasion ratée, une occasion ratée de rêver de l'avenir du Québec. Moi, je crois que le premier ministre a pris l'occasion d'essayer de sortir le gouvernement et la CAQ de leur position dans les sondages présentement. Mais qu'est-ce que les Québécois ont besoin, c'est un gouvernement qui peut rêver et imaginer l'avenir, pas juste le présent. Alors, Mme la Présidente, je vais demander qu'on fait un exercice ensemble, vous et moi, on va essayer de rêver de le Québec de demain, et c'est important qu'on prend le leadership, qu'on parle de rêver de demain. Parce que, quand on regarde présentement les chiffres, Mme la Présidente, il y a trop de Québécois, particulièrement parmi nos plus jeunes, qui ne sont pas capables de rêver de leur propre avenir. Ils ne sont pas capables de projeter dans le futur pour voir qu'est-ce que moi, je vais faire dans le Québec de demain. Et c'est grave, et ce n'est pas juste notre jeunesse, mais il y a de plus en plus des Québécois qui sont inquiets pour notre avenir et le futur du Québec. Et je partage cette inquiétude avec deux petits garçons à la maison. C'est important de penser c'est quoi, le Québec, de 10 ans, de 15 ans et de 20 ans, et quelles décisions est-ce qu'on va prendre aujourd'hui pour s'assurer que nous bâtissons ensemble le Québec de demain.

• (16 h 30) •

Ça commence, Mme la Présidente, avec des règles de base de bon gouvernement. Et je crois que c'est très simple, c'est quand même écrit dans notre constitution de 1867 : la paix, l'ordre et la bonne gouvernance. Quand on parle de paix, c'est la paix individuelle, c'est la paix, pour les citoyens, d'être chez eux, de s'assurer qu'il y a assez de nourriture pour leurs familles, qu'ils sont capables de payer le loyer, qu'ils sont capables de prendre le temps nécessaire avec leur famille, d'avoir des moments précieux ensemble et ne pas toujours être stressés et obligés de travailler plus qu'un emploi pour s'assurer que toutes les factures sont payées. C'est aussi la capacité de nos citoyens de vivre en paix à la maison sans d'avoir trop des règlements du gouvernement, d'avoir le gouvernement «dans leur lit», une expression qui a été utilisée par un premier ministre du Canada à une certaine époque. C'est aussi d'avoir la paix entre des citoyens, qu'on vive dans une société où tout le monde est capable, oui, d'exprimer leur position, d'avoir la liberté d'expression, mais de pas toujours blesser l'autre côté, qu'on vive facilement ensemble, un espoir de paix entre les citoyens. Et aucune personne ici... J'ai des adversaires politiques, Mme la Présidente, mais je n'ai jamais des ennemis politiques, et je ne vais jamais, jamais avoir des ennemis politiques. Je respecte tout le monde ici, je respecte tout le monde et les différentes appartenances politiques, et ça, c'est hyperimportant pour s'assurer que nous avons toujours la paix dans notre société. Je pense aussi que la société a besoin un petit peu de paix de leur propre gouvernement, qu'il y ait moins de gouvernement dans leur vie et moins le gouvernement dans leurs pattes, et que des gens sont libres de bâtir leur entreprise, et de vivre en paix, et d'avancer leurs propres rêves.

Je crois aussi dans l'ordre. C'est certain qu'on veut s'assurer qu'on arrête des criminels, des gens qui brisent des lois, mais, en même temps, qu'on s'assure qu'il y a un système de justice qui peut rendre la justice à des criminels qui sont accusés des crimes. Je pense que c'est hyperimportant. Aussi, dans la question de l'ordre, qu'il y ait un respect pour nos institutions démocratiques, Mme la Présidente, puis on s'assure que nos élections demeurent toujours libres. Et c'est toujours le cas présentement, il n'y a aucune interférence des forces étrangères ou, quand même, par des entreprises. Je pense que ça, c'est hyperimportant qu'on garde nos institutions démocratiques indépendantes et libres.

Et on a une bonne position de continuer la vitalité de notre démocratie et de bon gouvernement. Je trouve que c'est assez simple comme principe, mais le gouvernement rend des services, que les citoyens paient leurs propres impôts pour... Alors, je pense que ça, c'est supersimple, mais, des fois, c'est très difficile, mais tout le monde veut qu'il y ait un gouvernement qui rend de la bonne gouvernance, qu'il y a un gouvernement qui est éthique, qu'il y ait un gouvernement qui respecte les payeurs de taxes. Ça, c'est un principe fondamental et quelque chose que je vais revenir là-dessus dans mon discours, Mme la Présidente. Mais le principe de bon gouvernement est hyperimportant, et on veut s'assurer que les gens croient toujours dans la capacité du gouvernement d'être présent, d'une façon positive, pour gérer et diriger la société vers l'avenir, dans le futur, prendre les bonnes décisions pour s'assurer que notre nation est en bonne posture dans un monde qui est de plus en plus complexe.

Quand je pense pour l'avenir, je veux m'assurer, je pense que nous avons le devoir de s'assurer que notre économie a d'abondance des bons emplois. Je pense que c'est important de s'assurer que nos jeunes ne pensent pas à quitter le Québec parce qu'il y a de meilleures opportunités à Londres, à New York, au Texas, en Europe, en Asie. Je pense, ça, c'est important, qu'on... bâtir une société où les jeunes veulent rester ici et bâtir leurs rêves de demain, et ils sont capables, ils sont capables, Mme la Présidente, d'acheter une maison, d'acheter une maison en banlieue avec une cour en arrière, avec une place pour l'auto, avec des voisins qu'ils aiment beaucoup, qu'ils travaillent dans leur communauté, ensemble, pour améliorer les choses. Ce rêve d'avoir une première maison puis, peut-être, après ça, quand même, penser d'agrandir la famille. On se marie, puis après ça on a des enfants, tout ce monde est capable d'habiter dans une maison, dans une banlieue.

Et, si ça, ce n'est pas optimal pour un citoyen, c'est quand même d'avoir la capacité de grandir dans une grande ville, d'acheter un condo ou un appartement qui a assez de place, d'avoir une famille aussi, pas juste d'avoir un condo où il y a place pour une personne ou deux personnes maximum, mais vraiment une place d'avoir une famille puis d'avoir une école qui est à côté, qui est propre, qui n'est pas nécessairement des piqueurs dans la cour de l'école, les trucs qu'on a vus récemment, qui s'assure que tout est disponible, que nos villes sont propres, que nos villes sont modernes, que l'infrastructure est là.

Et je pense que, c'est important aussi, c'est de s'assurer que des emplois sont disponibles pour tout le monde, qu'il y ait beaucoup des opportunités dans toutes les différentes industries. Ça, c'est hyperimportant, mais il faut s'assurer qu'on... investir dans nos universités, dans nos programmes de formation professionnelle. Je pense, ça, ça, c'est hyperimportant que tout le monde peut prendre leurs propres décisions puis ils vont dire : Moi, je décide d'aller dans une carrière en finances, que mon job ne va pas être remplacé par un logiciel ou par l'intelligence artificielle.

Je pense, c'est notre devoir de s'assurer qu'on est capables de livrer ça, que notre jeunesse regarde puis dit : On est capables d'avoir un bon emploi, acheter une maison, avoir une famille puis prendre une retraite. Le rêve que plein de Québécois ont eu dans les dernières années doit être la même chose que nos jeunes sont capables de rêver, le Québec de demain.

Et je pense que c'est hyperimportant que, oui, on parle de l'économie, qu'il y ait une abondance des bons emplois, qu'on utilise l'intelligence artificielle, pas pour remplacer les humains, pour s'assurer que Québec est un leader dans plusieurs secteurs et domaines dans l'économie de demain, dans la santé, que c'est les entreprises du Québec, avec l'appui de l'intelligence artificielle, qui trouvent, oui, des solutions, des formules à des enjeux de santé, de... le cancer, des différents virus, etc., que cette connaissance est bâtie ici, que ces entreprises sont bâties ici.

Je peux quand même penser... Mme la Présidente, l'explosion de la nécessité d'avoir plus d'énergie au Québec est partout en Amérique du Nord, partout sur la planète. Avec l'assistance de l'intelligence artificielle, d'utiliser cette technologie d'une bonne façon, nos entreprises d'ici peuvent bâtir les solutions de demain, d'être des leaders de demain, on peut créer la richesse de cette façon-là. Et même chose pour ceux qui veulent être un électricien, un plombier, etc. C'est s'assurer que l'accès à ces formations, oui, c'est abordable, des cours sont disponibles, et ils sont capables, après ça, d'avoir l'assistance nécessaire, de s'assurer que leur petite entreprise est capable de trouver la main-d'oeuvre pour aider quand nécessaire.

Je pense, ça, c'est les défis, et la capacité... Ça, c'est le défi de notre... de nous comme un gouvernement, comme... nous comme une société, de s'assurer qu'on livre ces conditions gagnantes pour notre jeunesse et pour toute la société, pour bâtir une économie, juste penser ça, Mme la Présidente, qui... Oui, on a des centres de données un petit peu partout, on a des usines, on a aussi, Mme la Présidente, une société qui... dans un sens, l'air est propre, l'eau est propre, on a une société qui, oui, a une économie verte, et on voit les résultats concrets puis on développe les technologies ici. Quand on sort des minéraux stratégiques de nos terres, qu'on... faire la transformation ici, au Québec, ce n'est pas juste d'envoyer ça à des autres pays. Je pense, c'est le rêve d'une économie de demain, je crois, puis je pense que le gouvernement a un rôle de jouer... un rôle fondamental pour créer des conditions gagnantes pour ça.

Et je reviens, Mme la Présidente, que, présentement, 50 % des Québécois sont en train de vivre d'un chèque de paie à l'autre. J'espère qu'avec les bonnes décisions prises par un gouvernement d'aujourd'hui on peut créer les conditions gagnantes, qu'il y a de moins en moins des Québécois qui sont dans une situation comme ça, qu'ils ont peur de perdre leur emploi, et, si ça arrive, ils sont face à des conséquences graves à leur budget personnel, pour leur famille. Présentement, il y a trop de Québécois qui vivent ce stress. Puis il faut, il faut changer ça, il faut bâtir une économie, oui, des gens sont payés plus, mais aussi qu'on s'assure que tout, si possible, coûte moins. Je pense, ça, c'est un élément qui est très important.

• (16 h 40) •

Il faut aussi rêver d'une économie qui a toute l'énergie nécessaire pour grandir, parce qu'il y a un lien entre les deux. C'est direct. Si on n'a pas d'énergie, on ne peut pas agrandir notre économie. C'est une formule très simple. C'est une règle de base mathématique. Et moi, je vois, comme vous le savez, une société, une nation où tout le monde qui voulait un panneau solaire sur leur toit... qu'on rende ça possible, abordable et, quand même, faire des installations des panneaux solaires sur les toits... des toits dans les zones où il y a des gens qui sont socioéconomiquement défavorisés, que tout le monde a l'accès à cette énergie propre. Puis il y a aussi des systèmes de stockage que, le moment que, oui, il y a trop de soleil, il y a trop d'énergie qui est mise par le soleil dans nos panneaux solaires, c'est stocké dans une batterie chez vous. Je crois toujours dans ça.

Puis, avec les logiciels d'intelligence artificielle, ça va rendre les choses plus efficaces. Ça, c'est le positif de la technologie de l'intelligence artificielle. Je pense, c'est aussi hyperimportant, Mme la Présidente, qu'on pense toujours à les grands projets, oui, des barrages, oui, des parcs éoliens et, quand même, des parcs solaires, tout est faisable, tout est possible, mais il faut miser sur les microréseaux et de bâtir l'énergie chez nous, dans nos communautés. C'est possible, et ça va être l'avenir quand même.

Je rêve d'un système d'éducation, Mme la Présidente, où, oui, l'apprentissage de le français est une priorité pour toutes, toutes les écoles et toutes les ressources sont disponibles pour s'assurer que notre langue commune rayonne puis que tout le monde est capable de bien exprimer en français, écrire en français, capable et «confidant» de s'exprimer... confiant de s'exprimer en français, je pense, ça, c'est hyperimportant, Mme la Présidente, et de s'assurer qu'on a des enseignants qui sont dans nos classes, qui sont bien formés et bien prêts à enseigner... d'enseigner... la société de l'avenir.

Et, quand je dis ça, comment l'intelligence artificielle va avoir un impact sur eux? Comment utiliser l'intelligence artificielle comme il faut? Comment, Mme la Présidente, est-ce qu'on doit bien utiliser des médias sociaux? Toutes ces questions sont fondamentales. Et je n'ai quand même pas parlé de le «quantum computing» qui s'en vient rapidement. Ça va changer notre société d'une façon fondamentale, et il faut être prêt pour ça. Il faut commencer à enseigner nos enfants de cette réalité. Mes fils ne vont jamais connaître un monde sans l'intelligence artificielle, jamais. Ça, c'est leur réalité. Moi, je vais toujours... Moi, je vais toujours avoir des souvenirs de l'Internet par téléphone, avec le bruit, Mme Présidente, mais...

Une voix : ...

M. Kelley : ...exactement, mais mes enfants ne vont jamais connaître un monde comme ça. Il faut investir dans nos écoles, dans l'infrastructure, mais aussi, comme je dis, dans les enseignants puis les gens qui gèrent les écoles. Ça va être hyperimportant.

Puis, je pense, c'est très important qu'on continue de développer du leadership et expertise dans l'intelligence artificielle ici, au Québec, oui, dans la santé, dans la tech, dans l'ingénierie, dans tous les différents domaines, dans les changements climatiques. La lutte contre les changements climatiques, l'intelligence artificielle va avoir un grand rôle pour peut-être, peut-être, amener l'humanité dans une renaissance d'or dans la science et le développement. C'est possible. Et il faut être un leader, il faut être parmi les sociétés qui sont capables de «bénéfier» de cet avantage et de cette technologie qui arrive.

Aussi, dans le système de santé, je rêve d'un Québec, Mme la Présidente, où tout le monde, oui, a accès à un médecin de famille quand ils ont besoin, mais aussi qu'on continue de développer les façons et intégrer les technologies dans notre système, que, quand quelqu'un ait mal au gorge ou a une infection d'une oreille, qu'on peut voir un médecin, si c'est par vidéoconférence, téléphone, rapidement pour avoir un médicament, ça, c'est simple, mais vraiment moderniser notre système de santé, amener ça vers le futur puis s'assurer que c'est plus efficace, plus rapide et plus léger comme système. Présentement, c'est difficile de voir, Mme la Présidente, qu'on doit envoyer notre problème à un CIUSSS, qui doit vérifier avec le ministère, qui doit vérifier avec Santé Québec, et ça prend le temps d'avoir une réponse très de base pour plusieurs de nos citoyens. Je pense qu'on peut rendre les choses plus efficaces.

Finalement, Mme la Présidente, je veux parler d'une... de notre société puis notre nation. Je pense que beaucoup de monde rêve d'un Québec qui respecte des droits de tous les citoyens, et des droits individuels demeurent hyperimportants, qu'on respecte notre Charte des droits et libertés adoptée ici, à l'Assemblée nationale, par les élus d'ici. Je ne parle pas de la charte à Ottawa. De respecter des droits des autochtones, de s'assurer qu'on mette beaucoup d'énergie dans leur avenir aussi pour s'assurer qu'eux autres ont des chances, comme mes enfants. Je pense que c'est important aussi de continuer de s'assurer que notre langue commune, oui, est bien protégée, mais peut aussi, comme je l'ai mentionné, être bien enseignée dans nos écoles et aussi dans les cours de français, qui doivent toujours être gratuits pour les nouveaux arrivants et tout le monde qui est sur le territoire du Québec, incluant la communauté d'expression anglaise. J'ai déposé un projet de loi là-dessus. Je pense qu'il faut continuer dans la formation et s'assurer que, sur les médias sociaux, sur des différentes plateformes, que le contenu québécois est toujours très disponible puis qu'on investisse dans nos artistes pour créer le contenu que les jeunes veulent consommer. Je pense que c'est hyperimportant.

Je pense aussi, Mme la Présidente, qu'il faut s'assurer que nos aînés peuvent vivre en dignité, peuvent rester chez eux le plus longtemps que possible et qu'eux autres ont accès à un médecin de famille quand c'est nécessaire et quand ils ont besoin. Ça, c'est le Québec que je veux voir dans les prochaines couples des années.

Et je vais terminer, Mme la Présidente. Ça, c'est des choses, je sais, que tout le monde ici va dire : Bien, c'est pas mal simple, mais le gouvernement a eu sept ans de livrer sur certains des éléments puis ils n'ont pas réussi. Ça ne dit pas qu'ils n'ont pas fait des bons gestes, mais il y a plein de gens qui veulent le changement. Moi, je crois sincèrement que le Parti libéral du Québec a été toujours un parti du progrès. Je peux penser à des différentes choses qui ont été proposées quand moi, j'ai travaillé comme un «staffer» politique ou, quand même, quand je regarde les textes d'histoire, mais le Plan Nord, je pense à des projets d'infrastructure comme le REM, les hôpitaux à Montréal, je pense à des grands projets de barrage de... des barrages de M. Bourassa. Je pense que le Parti libéral du Québec était toujours au rendez-vous pour s'assurer que le Québec avance dans la bonne direction. On est toujours le parti du progrès et jamais un parti des extrêmes, un parti qui a été toujours bien centré et ancré dans les priorités de tous les Québécois, des francophones, des anglophones, des allophones, des autochtones. Tout le monde est Québécois. Et moi, je crois que le premier ministre a pris trop de temps de diviser nous, à la place d'avoir un message rassembleur. Et je pense que le Parti libéral, avec notre chef Pablo Rodriguez, est capable d'être au rendez-vous. Puis on va être prêts pour octobre 2026, pour les prochaines élections.

Merci beaucoup pour votre écoute, Mme la Présidente, puis à bientôt.

La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à la ministre et députée de Brome-Missisquoi.

Mme Isabelle Charest

Mme Charest : Merci, Mme la Présidente. Très heureuse d'être parmi vous et de pouvoir intervenir à mon tour sur le discours d'ouverture du premier ministre. Tantôt, j'écoutais le député de Marquette avec grande attention, parce qu'on sait il est porte-parole des dossiers de sport, loisir, et il n'a fait aucune récrimination sur le sport et le loisir. Donc, j'en déduis qu'il est à 100 % satisfait de mon travail. Alors, commençons avec ça, Mme la Présidente.

Plusieurs de mes collègues l'ont déjà mentionné, la conjoncture a beaucoup évolué dans les derniers temps, on le sait, notamment à cause des bouleversements au niveau de la géopolitique mondiale. Ça veut donc dire qu'il y a des ajustements qui s'imposent pour le Québec comme pour le Canada. Et ça, ça confère toute la pertinence aux thèmes qui ont été présentés par le premier ministre dans le discours d'ouverture. Comme il l'a mentionné, notre gouvernement va se concentrer sur quatre champs d'action bien spécifiques, soit l'économie, l'efficacité, la sécurité et l'identité. Et moi, aujourd'hui, je vais vous parler de la façon dont le secteur du sport, du loisir et du plein air va agir justement dans ces secteurs, dans ses champs d'action.

Commençons par l'identité. C'est primordial de conserver notre identité et nos valeurs québécoises. Ça, le premier ministre l'a rappelé dans son discours. Il y a certains groupes, par ailleurs, qui se sont attaqués à la laïcité, et on a juste à penser, par exemple, au cas de l'école de Bedford où il y a des jeunes filles qui n'avaient plus le droit de participer, ou de jouer au soccer, ou de participer à leurs cours d'éducation physique. Ça, Mme la Présidente, en 2025, c'est complètement inacceptable d'empêcher des jeunes filles de pratiquer un sport en raison des allégeances religieuses d'une personne en position d'autorité.

Dernièrement, avec l'aide de mon collègue le ministre de la Culture et des Communications, on a reconnu le hockey sur glace comme notre sport national. On le sait, le hockey, c'est né ici, ça fait partie de notre culture, et nous avons tous un souvenir qui est lié à ce sport qui soulève autant les passions.

Et que dire de nos athlètes québécois? Ils brillent par leurs nombreuses performances. Ils sont resplendissants grâce à la fierté qu'ils nous procurent. Leur détermination, leur succès, leur engagement sur la scène nationale et internationale, évidemment, inspirent nos jeunes et renforcent notre identité sportive. Et je suis fière que notre gouvernement les supporte via différents programmes, notamment le programme Équipe Québec, l'aide financière pour les centres régionaux d'entraînement multifonctionnels, l'Institut national du sport, entre autres, pour n'en nommer que quelques-uns.

• (16 h 50) •

Aussi, il faut souligner, M. le Président, donc un changement subtil... Donc, M. le Président, il faut souligner l'essor du sport féminin au Québec et l'enthousiasme qu'il suscite depuis quelques années. Ça contribue à dynamiser notre culture sportive et évidemment à inspirer nos jeunes filles tout en ayant un impact positif sur l'économie.

Une autre fierté québécoise, la SEPAQ. C'est bien plus qu'un simple gestionnaire de parcs nationaux et de réserves fauniques, c'est un véritable symbole de l'identité québécoise. En préservant nos paysages, en mettant en valeur notre nature exceptionnelle et en offrant des expériences uniques, elle reflète le magnifique terrain de jeu que nous avons au Québec et inspire fierté et admiration, tant ici qu'à l'international.

On continue. Le premier ministre l'a dit, la sécurité, c'est une responsabilité fondamentale de tout gouvernement. Dans le milieu du sport et du loisir, on a vu, ces dernières années, une surreprésentation des comportements déplacés, violents, intolérants. Aucune forme de violence n'a sa place dans le sport ni dans la société. Avec la modification de la Loi sur la sécurité dans les sports, on a pu mettre en place le Protecteur de l'intégrité en loisir et en sport, le fameux PILS. Après trois mois en fonction, notre protecteur a déjà reçu plus de 222 plaintes, ce qui démontre toute la pertinence de ce mécanisme et la nécessité de cet ombudsman.

Je tiens à préciser, par contre, que ce genre de comportement a toujours existé. C'était également le cas à l'époque où j'étais athlète, il y a quelques années. Mais heureusement j'ai eu un parcours positif qui m'a permis de me rendre là où je suis, mais je sais très bien que ce n'est pas le cas pour tous les athlètes. Il est donc nécessaire de continuer de dénoncer les comportements inacceptables, qu'il s'agisse d'un parent qui crie sur un jeune arbitre, d'un entraîneur qui existe... qui exerce de la violence psychologique sur un athlète ou de toute autre action qui vient toucher l'intégrité d'une personne. Le sport doit se pratiquer dans un environnement sain et sécuritaire afin que nos enfants aient du plaisir et qu'ils veulent maintenir des saines habitudes de vie tout au long de leur vie, Mme la Présidente.

Dans la même lancée, quand je dis que la violence n'a pas sa place dans le sport, je parle aussi des bagarres dans notre fameux sport national. Les coups portés à la tête, on le sait, peuvent causer des commotions cérébrales, des blessures permanentes et même mettre la vie d'un joueur en danger. En plus d'avoir éliminé les bagarres dans la ligue... dans la LHJMQ, la ligue junior Maritimes du Québec, nous avons investi pour doter tous les arénas de leurs... tous les arénas de leurs équipes québécoises de bandes flexibles afin de prévenir des commotions cérébrales.

Un autre enjeu de sécurité publique au Québec concerne les noyades. Avec les nombreux lacs et cours d'eau dont nous disposons, il est essentiel que nos enfants sachent nager et quoi faire en cas de chute en eau libre. À cet effet, on a mis en place deux mesures importantes pour prévenir les noyades : la gratuité des formations de surveillants-sauveteurs, soutenue par un investissement de 21 millions sur cinq ans, qui a déjà permis une hausse de 51 % du nombre de sauveteurs nationaux au Québec; on a aussi le programme Nager pour survivre, qui a offert, depuis ses débuts, à plus de 85 000 enfants les compétences de base pour se tirer d'une chute en eau profonde.

Maintenant, quand on parle d'efficacité, bien entendu, il ne s'agit pas de réduire les services aux citoyens. L'objectif premier, c'est d'offrir de meilleurs services aux Québécois. Et, en matière d'efficacité de l'État, nous avons, dans notre secteur, déjà commencé à réorganiser notre ministère pour le rendre plus performant. Nous travaillons actuellement à la fusion de plusieurs programmes existants afin de réduire la paperasse que doivent remplir nos organismes, nos fédérations sportives et nos partenaires. Le milieu du sport, du loisir est très particulier car il repose, en grande majorité, sur des bénévoles dévoués, évidemment, qui font bouger la population et offrent des activités récréatives. Il est donc nécessaire de les soutenir et de diminuer le temps qu'ils consacrent à la documentation et à la reddition de comptes, tout en maintenant, évidemment, des exigences claires et rigoureuses pour s'assurer que chaque dollar public soit investi de manière responsable et efficace.

Il faut également souligner qu'au cours des deux dernières années nous avons financé à la hauteur de 7,6 millions de nombreuses initiatives visant à professionnaliser les gestionnaires et administrateurs des organismes de sport et de loisir parce qu'en développant les compétences de gestion, d'éthique, de leadership et de pensée stratégique on va contribuer à rendre notre milieu à la fois plus efficace et plus humain.

Je porte à votre attention, Mme la Présidente, que lorsque notre gouvernement est arrivé au pouvoir, en 2018, les dépenses de portefeuille au secteur Sport, Loisir, Plein air s'élevaient à 141,1 millions de dollars. Elles sont maintenant, en 2025, à 320,6 millions, soit une hausse de 127 %. C'est plus que le double des niveaux observés sous les libéraux.

Maintenant, l'intention et l'ambition de notre gouvernement de lancer un vaste chantier de grands projets économiques et énergétiques dans les régions, bien, feront en sorte que ça va dynamiser le territoire avec l'arrivée de travailleurs et de travailleuses et de leurs familles. Dans cette lignée, on le sait, il sera nécessaire de rénover et de construire de nouvelles infrastructures sportives afin que les citoyens puissent rester actifs et profiter de leurs sports favoris. Ça va contribuer non seulement à la santé de la population, mais aussi à rendre les municipalités plus attrayantes, plus vibrantes et à créer des lieux de rencontre qui vont renforcer le tissu social.

Il faut le dire, nous sommes le gouvernement qui a injecté des sommes historiques dans les infrastructures sportives vieillissantes au Québec, qui, rappelons-le, ont à peu près toutes été construites dans les mêmes années. Donc, depuis notre arrivée, en 2018, on parle de 1,16 milliard de dollars qui ont été investis en infrastructures sportives, récréatives et de plein air, et ce sont près de... ce sont plus de 1 500 projets qui ont été soutenus partout à travers le Québec, et ça, évidemment, l'opposition devrait s'en réjouir parce que, pour leur rappeler, du temps qu'ils étaient au pouvoir, ils ont mis, sur la même période, donc, une période de sept ans, 250 millions dans les infrastructures, alors que nous, on a mis 1,2 milliard dans les infrastructures et on a encore des projets qui seront... des appels de projets qui seront lancés bientôt.

Des infrastructures sportives, modernes et sécuritaires vont permettre également aux municipalités régionales d'accueillir des compétitions et de grands événements sportifs qui vont stimuler l'économie locale. On le sait, à quel point un tournoi de hockey peut dynamiser une ville. Les restaurants, les hôtels, les commerces profitent tous de cette activité. Des exemples récents incluent la coupe Memorial à Rimouski, les coupes du monde dans les Laurentides et les Jeux du Québec dans plusieurs de nos régions.

Dans une perspective économique, il ne faut pas oublier la SEPAQ, on en a parlé tantôt, mais le plus grand réseau de nature, de plein air du Québec avec 46 établissements, 23 parcs nationaux, le parc marin du Saguenay et du Saint-Laurent, 13 réserves fauniques, SEPAQ Anticosti et huit sites touristiques. La SEPAQ contribue grandement au tourisme et aux retombées économiques, parce que, on le sait, quand on va faire une randonnée, bien, on va prendre... on va casser la croûte, on va peut-être aller faire un tour dans une brasserie, peu importe. En fait, chaque jour-visite génère en moyenne 66 $ dépensés dans la région. Alors, ça, c'est évidemment très important et ça représente 5 % du PIB touristique du Québec. Donc, la SEPAQ est la plus importante entreprise touristique de la province.

Maintenant, nous sommes conscients que l'inflation frappe fort et que, souvent, les loisirs et les sports sont les premiers à être coupés dans un budget. On le sait, ça peut être difficile. Donc, nous devons continuer à remettre de l'argent dans le portefeuille pour pouvoir justement faire en sorte que ce ne soit pas le sport et le loisir qui en écopent. Nous avons déjà mis en place, au cours des dernières années, plusieurs initiatives qui visent à réduire le coût pour les Québécois qui souhaitent pratiquer un loisir, un sport ou une activité de plein air.

Grâce à un investissement de 11 millions de dollars, on a offert à de multiples... à de multiples reprises des journées gratuites dans nos parcs régionaux et nationaux, en plus d'avoir accordé des rabais de 30 % sur les cartes d'accès annuelles de la SEPAQ. On est aussi très conscients que l'équipement sportif peut être extrêmement dispendieux et on a, par ce fait, créé Circonflexe—Prêt-pour-bouger, qui compte maintenant plus de 500 points de service qui offrent des prêts d'équipements gratuits dans toutes les régions, et ça, ça permet aux familles, aux groupes d'amis, aux personnes seules de s'initier à un sport, à un loisir sans engendrer de frais.

Nous avons également augmenté l'allocation à 300 $ par élève pour les programmes pédagogiques particuliers, évidemment, qui favorisent l'accès à des concentrations sportives et autres activités, qui couvre entièrement les frais pour 62 % des élèves qui sont dans les programmes particuliers.

De plus, on a soutenu les écoles secondaires afin qu'elles offrent gratuitement une programmation diversifiée d'activités parascolaires à tous les élèves. En cinq ans, le nombre d'élèves inscrits à des activités sportives, physiques et de plein air est passé de 84 000 à 219 000.

• (17 heures) •

Aussi, les coûts de transport pour les jeunes athlètes en région peuvent représenter un frein pour plusieurs athlètes, nous avons donc ajouté un financement supplémentaire pour soutenir le transport, permettant ainsi une plus grande accessibilité à la pratique du sport et des loisirs en région.

Au niveau des loisirs pour les personnes en situation de handicap, on a mis en place la carte d'accompagnement loisir, qui permet aux accompagnateurs de personnes handicapées d'être exemptés de frais d'entrée aux activités de loisir, entre autres.

Toutes des mesures qui visent à alléger le portefeuille des Québécois dans la pratique du sport, du loisir et du plein air. On va continuer de travailler en ce sens afin de permettre à tous de pratiquer leurs sports préférés, un loisir ou une activité en plein air parce qu'on le sait c'est essentiel pour la santé physique, pour la santé mentale, pour créer des liens et pour briser l'isolement de certains groupes.

Donc, Mme la Présidente, comme vous pouvez le constater, notre gouvernement porte une vision très claire et ambitieuse pour le Québec. Nous mettons en oeuvre des actions concrètes sur plusieurs fronts, et on va continuer de travailler dans l'intérêt des Québécoises et des Québécois. Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Verdun.

Mme Alejandra Zaga Mendez

Mme Zaga Mendez : Merci. Merci, Mme la Présidente. C'est à mon tour de réagir au discours d'ouverture du premier ministre. Dans ce discours, M. le premier ministre nous a montré ses vraies couleurs. Il nous a montré qu'il se bat pour rester au pouvoir, qu'il se bat pour rester là, à la tête du Québec, mais il ne se bat pas pour les gens du Québec. Il ne se bat pas pour les vraies crises qui traversent notre époque en ce moment...

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui, M. le leader du gouvernement, vous avez un appel au règlement?

M. Lévesque (Chapleau) : On prête clairement des intentions au premier ministre dans ce cas-ci.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Effectivement, Mme la députée de Verdun, vous savez, on ne doit pas prêter d'intentions. Alors, je vous appelle à la prudence.

Mme Zaga Mendez : Je vais continuer. Alors, il n'y avait rien de nouveau dans le discours du premier ministre. Tout ce qu'on a vu, c'est une déconnexion complète, parce que la déconnexion de la CAQ est énorme en ce qui considère... ce que nous, on considère les grandes crises qui traversent le Québec.

Le premier ministre a répondu à... comme, qu'il a l'intention, par exemple, de venir à l'aide des gens face à la crise du logement, au coût de la vie. On n'a rien entendu, rien entendu concernant ces deux crises-là. Tout coûte cher, et je pense que la CAQ ne l'a juste pas compris. Des familles qui ont peine à se loger, des jeunes qui sautent des repas et des travailleurs qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, malgré des journées de travail complètes et exigeantes. On est en train tous et toutes d'être témoins de loyers qui augmentent, d'un coût de la vie qui dépasse et qui pousse les gens vers l'endettement et de plus en plus d'insécurité alimentaire.

Le plan économique que la CAQ a présenté en réponse à toutes ces crises, mais surtout en réponse au gaspillage qu'on a connu dans les dernières années, en fait, c'est la continuation, c'est de continuer de donner notre argent aux multinationales, mais, cette fois-ci, on change la nature de ces prêts-là puis on va les donner au secteur militaire et au secteur de l'armement.

Ce qui était le plus décevant dans le discours du premier ministre : qu'il n'y avait pas un seul mot sur la crise du logement. Nous savons, je pense, qu'on ne peut pas... on a répété à plusieurs reprises, on n'a pas besoin de faire la démonstration que nous vivons une crise du logement au Québec. Ce sont surtout les familles, les jeunes qui sont les plus touchés, les jeunes travailleurs, les jeunes étudiants et les jeunes familles qui ont de la peine à se trouver un logement ou qui doivent rester dans des logements locatifs parce qu'ils n'ont pas assez d'argent pour acheter une maison s'ils n'ont pas eu le droit à des héritages ou à des patrimoines venant de leurs parents.

On n'a pas eu un seul mot sur l'insécurité alimentaire, et j'ai le goût de nous en parler un peu plus là-dessus, parce qu'on le voit l'insécurité alimentaire est en train d'augmenter chez les jeunes. Parmi les 18-24 ans, presque un jeune sur quatre est confronté à cette réalité, puis c'est les étudiants qui sont les plus vulnérables. On voit de plus en plus de recours aux banques alimentaires sur les campus des universités — ce recours a quadruplé en 10 ans — par des jeunes qui doivent jongler entre études, emploi, précarité, dettes, et tout ça en faisant face à l'inflation des prix alimentaires.

Qu'est-ce que ça veut dire, quand un jeune vit de l'insécurité alimentaire? Et j'ai le goût de citer un chercheur, M. Richard, qui est sociologue au cégep du Vieux Montréal et qui travaille aussi pour l'observatoire des jeunes : «L'insécurité alimentaire, c'est lorsqu'un étudiant doit réduire ses portions alimentaires ou sauter des repas faute d'argent.» C'est ça que nos jeunes au Québec sont en train de vivre, des étudiants qui doivent réduire leurs portions ou doivent sauter des repas parce qu'ils n'ont pas l'argent.

Et qu'est-ce que le ministre a à dire à ces personnes-là? Il n'y a pas eu un mot sur la jeunesse, un mot sur l'insécurité alimentaire, un mot sur l'effet de le coût de la vie chez nos jeunes. Il n'y a rien, Mme la Présidente. C'est toute une génération qui se sent de plus en plus oubliée.

Puis j'ai le goût de nous rappeler tous les reculs qu'il y a eu avec la CAQ face aux étudiants : le gouvernement n'a pas mis à jour le Programme de prêts et bourses, n'a pas simplifié les démarches pour accéder à l'aide financière, la CAQ a aboli les bourses Perspective, ils ont reculé sur leur promesse de rémunération des stages, toutes des mesures qu'on aurait pu améliorer, intégrer et mettre en place tout de suite pour venir combattre les coûts, l'effet des coûts de la vie chez nos jeunes.

Puis quoi dire du chômage, un chômage qui augmente, on est rendus à... 14 % à 20 % du chômage chez les jeunes. Et la CAQ a répondu comment, Mme la Présidente? En coupant dans nos carrefours jeunesse-emploi, dans les organismes qui accompagnent nos jeunes dans la recherche d'un emploi.

J'ai le goût d'aller plus en détail sur cette réponse économique, cedit virement. Le premier ministre disait : Les choses ont changé, parce que ce qui a changé, ici, c'est qu'on a changé des règles. Chaque fois que la CAQ a changé les règles, Mme la Présidente, là, ça n'a pas été le fun pour le Québec, là, on a perdu des millions, voire des milliards de dollars. Puis j'ai le goût de nous... attirer l'attention sur les règles qui viennent de changer.

Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec peuvent désormais soutenir des entreprises qui fabriquent des armes létales. Jusqu'à maintenant, on n'était pas capables de faire ça. Il y a eu un changement des règles pour que l'argent public puisse aller dans des compagnies de fabrication d'armes létales. Puis, pour nous, il faut être clair, utiliser l'argent des contribuables pour financer la production d'armes est, en ce moment, moralement et politiquement inacceptable.

Personne ne fait confiance au gouvernement de la CAQ, de comment ils gèrent notre argent public. Nous avons vu des milliards qui sont gaspillés encore. Je peux donner l'exemple de Northvolt, 270 millions de fonds publics, 200 000... 200 millions, pardon, de la Caisse de dépôt et placement. Nous n'avons rien eu, on a tout perdu. Nous avons un terrain vague et des millions de dollars perdus. On a rasé des milieux humides. On a changé les règles environnementales pour une start-up suédoise.

Avec ce bilan-là, il n'y a personne qui fait confiance à la CAQ pour gérer notre argent, mais la CAQ se lance dans une nouvelle entreprise : prendre les millions qu'on donnait aux multinationales, dans cet exemple, suédoises et autres, puis là on va les donner aux multinationales de l'armement. Certes, le monde a changé, mais à ce que je sache, les valeurs pacifistes des Québécois, elles demeurent. Ce qui n'a pas bougé, c'est la façon catastrophique... comment la CAQ gère et va continuer à gérer notre argent et la question de tout qui est donné aux multinationales, parce que c'est maintenant... c'est ça qu'on va faire, on va jouer au casino en fabriquant des armes létales.

Puis je me demande pourquoi on a changé ces règles, les règles d'Investissement Québec, pour permettre le financement d'armes ou des produits militaires avec l'argent public. Pour nous, c'est une décision grave. Il faut tracer une ligne rouge, parce que, quand on va parler de défense, je fais la différence, quand je parle de défense, de sécurité, que d'armement. Bien sûr, il y a des compagnies qui fabriquent des systèmes de sécurité, des brise-glaces, qu'on appelle, mais c'est très différent de fabriquer des missiles, des obus et de l'armement qui peut ou pourrait tuer des civils dans des conflits.

Et la question, aussi, qu'on pose, de fond, c'est : pourquoi ces entreprises-là ont besoin de l'argent public si elles reçoivent déjà des milliards... des millions, voire des milliards en contrats, que ce soit avec le Canada ou que ce soit avec l'Union européenne? C'est comme... Les compagnies d'armement sont extrêmement rentables. Pourquoi on va donner des millions de l'argent public à des multinationales de l'armement si elles reçoivent déjà des contrats?

• (17 h 10) •

Je vous donne un exemple, c'est le cas de General Dynamics, qui est présente au Québec, qui a deux usines. C'est une multinationale, ce n'est pas une PME. Elle va... Elle pourrait désormais recevoir, toucher l'argent des contribuables. Elle produit environ 150 types de munitions, dont des obus de 155 millimètres. C'est les plus en demande, en ce moment, en raison de la guerre en Ukraine. En 2025, en avril, ils ont annoncé un investissement pouvant aller jusqu'à 700 millions pour augmenter sa capacité de production, donc ils ont du capital à investir. Cette commande provient des États-Unis. Donc, ils ont reçu... ils ont déjà des contrats de vente avec les États-Unis. Le Canada peine à s'approvisionner en armes, mais ces compagnies-là, elles sont déjà en train de vendre. Ils ont le capital pour produire et pour exporter, puis ils exportent ces missiles-là, puis ils ne s'en vont pas n'importe où, ils s'en vont dans les deux pays alliés... dans la liste de pays... d'alliés du Canada.

Entre autres, il y a une livraison de 50 000 obus fabriqués ici, au Québec, qui sont allés en Israël, et on le sait très bien, donc, dans des... pas seulement un conflit, là, je vais utiliser le mot, là, des massacres de civils et des attaques génocidaires. En mars 2025, la Défense nationale a octroyé 4,4 millions de dollars à General Dynamics pour élaborer une stratégie d'augmentation de la production nationale d'obus. Encore une fois, pourquoi on donnerait notre argent public s'il y a déjà des contrats signés avec des promesses de 4,4 millions?

Je pose ces questions-là parce que, pour nous, on a tellement de besoins, que ce soit, oui, pour des PME... et pas seulement dans la défense et l'armement, dans plusieurs secteurs de l'économie, puis on devrait être de plus en plus diversifiés, que ce soit... alimentaire ou tous les emplois qui peuvent nous servir dans la transition écologique, puis sans dire tout l'argent qu'il manque dans nos services publics et qu'il manque dans nos écoles. Je pourrais continuer à vous donner des exemples d'entreprises qui reçoivent déjà des contrats et qui signent des contrats à coups de millions de dollars.

Notre question demeure : c'est où, la ligne rouge à tracer? Est-ce qu'on va continuer à donner... Est-ce qu'on va donner aussi facilement l'argent des Québécois dans la fabrication d'armes létales? Est-ce que cet argent-là va être concentré dans l'aide aux multinationales? Parce que la moyenne qu'on voit déjà pour... par Investissement Québec... on voit que l'argent est d'abord et avant tout donné à des entreprises étrangères, et ça ne va pas aux entreprises québécoises.

Au mois de septembre, il y a eu deux articles qui nous ont démontré que près de 66 % de ce qu'on appelle les prêts pardonnables donnés par Investissement Québec, bien, ils sont tous à des sociétés étrangères ou à leurs filiales locales. Ça, ça veut dire que la majorité... donc, c'est près de 900 millions de dollars qui sont donnés à des entreprises qui ne sont pas québécoises. C'est ça, la stratégie d'investissement de la CAQ, tout s'en va à des multinationales qui jouent au casino avec notre argent public. Ça, c'est concentré chez les entreprises étrangères, et on n'est pas en train d'injecter l'argent dans nos économies locales.

Je pourrais... je vais continuer à poser des questions de... sur l'investissement dans l'industrie d'armement. Pour nous, c'est la plus grande question que nous avons suite au discours du premier ministre. Il faut tracer une ligne, et moi, je vais revenir à la charge là-dessus.

J'ai le goût de finir mon intervention — combien de temps qu'il me reste?, juste pour être certaine...

Une voix : ...

Mme Zaga Mendez : ...OK, parfait, juste pour me timer — pour parler un peu de notre situation en termes de finances publiques. Le premier ministre a dit qu'il voulait remettre de l'argent dans les poches des Québécois et il a fait le bilan de toutes les mesures, là, des chèques additionnels, de l'argent qui a été remis. Ceci étant dit, malheureusement, ces chèques-là sont déjà finis. Les personnes qui en ont bénéficié se retrouvent encore un peu à la case de départ, sans être capables de payer leur loyer, sans être capables de payer leur épicerie. On retourne à la case de départ, voire qu'on recule en termes des effets du coût de la vie. Il a mandaté le ministre des Finances de trouver des moyens de soulager, puis je me demande comment on va faire ça, parce qu'on est dans une... tout le monde l'a entendu, là, on est en train de demander de couper des postes, de faire de la restriction budgétaire un peu partout, on a un déficit de plus de 13 milliards de dollars. Comment on va faire pour mettre de l'argent dans la poche des Québécois? Parce que l'enjeu, M. le Président, c'est qu'il y a quelque chose sur laquelle c'est un tabou, c'est les intouchables, c'est de regarder du côté de la colonne des revenus, parce que, je nous ramène à nos débats qu'on a eus autour du budget, quand on a eu la décote de Standard & Poor's, qui nous l'a dit très clairement, que les raisons de la décote, ce n'est pas parce que le Québec dépensait trop, ce n'est pas parce qu'il était trop généreux avec les services publics, ce n'est pas parce qu'il... ce n'est pas à cause des investissements démesurés dans nos écoles et nos hôpitaux, non, ce que dit la compagnie S&P, c'est très clair, c'est que les balises... pardon, les baisses d'impôt récentes ont affaibli la situation budgétaire du Québec. Dans les dernières années, on s'est privés de revenus. Puis je ne veux pas, ici, dire qu'il faut aller augmenter ou retourner ces impôts-là sur le revenu, ce que je veux, c'est qu'elle nous invite à réfléchir à d'autres façons d'aller chercher l'argent, là où est-ce que cet argent-là est en train de s'accumuler de façon disproportionnée.

Dans les dernières années, les personnes qui sont milliardaires, au Québec, ont augmenté leur richesse, puis je ne veux pas juste vous dire n'importe quoi, là, cc'est près de 40 %, 45 % d'augmentation de richesse dans les 10 dernières années de la part des milliardaires au Québec. De plus en plus, les personnes qui atteignent... parce qu'ils sont des multimillionnaires puis qu'ils accumulent leur fortune, ils ont plusieurs façons de faire de l'évasion. On a de la fuite des capitaux, c'est-à-dire qu'il y a des impôts qui ne sont pas payés au Québec. Et aucune de ces personnes-là n'est obligée de déclarer sa fortune. Ni moi ni personne n'est capable de dire combien d'argent ces personnes-là accumulent, parce qu'au Québec on ne fait pas une demande de déclarer la fortune des grands millionnaires, voire milliardaires au Québec.

Si on se penchait là-dessus — puis moi, j'ai le goût de finir cette réflexion — si on se penchait sur comment taxer la fortune, on serait capables d'aller chercher les milliards dont on a besoin dans nos services publics. C'est ça, le débat, en ce moment, en termes de politiques publiques, un peu partout en Occident. On a vu ce qui se passe en France, il y a d'autres pays un peu partout en Amérique latine, en Espagne, en Europe, qui proposent des façons d'aller chercher du revenu sans taxer l'emploi. En anglais, on dit «tax world not work», on va aller taxer les revenus... la fortune, mais pas le travail, parce que, oui, le travail, en ce moment, les gens en ont besoin, et c'est correct, on ne va pas revenir en arrière. Il y a du monde qui sont capables de mettre des fortunes de côté puis devenir de plus en plus riches. Puis les chiffres, ici, depuis 2016, sur la fortune des milliardaires, on a augmenté de 46 %, c'est énorme. Je ne sais pas s'il y a un salaire qui a augmenté de cette façon-là, Mme la Présidente.

Pour nous, c'est criant d'aller se tourner vers ce type d'impôt qui va nous permettre de balancer, parce qu'on a la justice sociale, mais nos finances publiques, c'est peut-être l'heure de mettre l'argent dans les poches des Québécois, puis mettre de l'argent dans les poches des Québécois, c'est que l'école publique, bien, qu'on soit capables de dire qu'elle est vraiment gratuite pour tout le monde, en ce moment, avec les coupures, parce qu'on n'est pas encore revenus à ce que c'était, il y a quand même des coupes de services. On voit un système d'éducation qui augmente en termes de tarification, on demande de plus en plus d'argent aux parents. Puis la seule façon de mettre l'argent dans les poches de ces parents-là, c'est d'offrir des services qui sont gratuits pour tout le monde. C'est sûr que ça va coûter moins cher.

Il y a plusieurs façons de le faire avec l'intervention, et c'est là-dessus que je vais revenir, à d'autres moments, pour parler d'une fiscalité plus juste et de voir comment on est capables d'aller chercher de l'argent là où il se trouve, là où il s'accumule année après année dans la poche des plus fortunés. Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons les débats avec Mme la députée d'Argenteuil.

Mme Agnès Grondin

Mme Grondin : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, même après sept ans, je considère que c'est toujours un grand privilège de pouvoir intervenir au salon rouge et, vous allez le voir, je suis un peu fébrile.

Dans son discours d'ouverture, le premier ministre a identifié quatre champs d'action qui méritent, en cette dernière année, une attention particulière au cours des prochains mois, et c'est quatre champs d'action, Mme la Présidente, où on doit accélérer le pas pour faire autrement et être plus efficients. Et moi, je suis d'accord avec ces quatre choix-là.

Je vais vous parler d'efficacité de l'État. Moi, je suis de celles convaincues qu'avec les années, Mme la Présidente, on a, pour toutes sortes de raisons, adopté une posture de plus en plus prudente, croyant que c'était seul l'État qui était capable de gérer les choses au nom des intérêts collectifs. Puis, avec le temps, les gouvernements successifs ont oublié de faire confiance à leurs partenaires et n'ont pas su adopter, dans certains domaines, des approches plus collaboratives.

• (17 h 20) •

Et prenons l'exemple de l'environnement. Depuis de nombreuses années, on a développé des expertises locales, régionales très impressionnantes en environnement, que ce soit sur la gestion intégrée des ressources en eau, que ce soit sur la protection de la nature, que ce soit sur la gestion responsable des matières résiduelles, des expertises qui sont dans les quatre coins du Québec. Qu'on parle de conseils régionaux de l'environnement, d'organismes de bassins versants, d'organismes de conservation, de villes, de municipalités, de MRC, il y a, dans chacune de ces organisations-là, des professionnels, des équipes multidisciplinaires qui sont allumées et qui savent composer avec la réalité terrain et la spécificité de chaque territoire.

Nous avons des orientations gouvernementales en matière d'aménagement durable du territoire. Je pense à l'OGAT milieux humides et ressources en eau. On a des cadres législatifs et réglementaires, on a des planifications stratégiques. Je pense au plan régional des milieux humides et hydriques, aux plans directeurs de l'eau, qui viennent tous et toutes, ces différents outils là, sertir nos objectifs et encadrer nos actions en matière de gestion responsable de l'environnement. Or, les exemples pullulent où des projets porteurs qui nécessitent des autorisations environnementales attendent depuis des lunes une réponse. Et, Mme la Présidente, est-ce que vous trouvez normal — je vous donne des exemples — qu'un projet de réhabilitation de cours d'eau, de création de milieux humides prenne plus d'un an avant d'avoir une réponse, surtout lorsque le promoteur est un organisme en environnement, ou une municipalité, ou même un organisme de bassin versant? Est-ce que vous trouvez normal qu'un citoyen doive recommencer à zéro sa demande lorsqu'il a oublié de cocher une petite case dans son formulaire en ligne, formulaire qui, je l'avoue, est assez complexe lorsqu'on n'est pas des experts dans le domaine? Est-ce que vous trouvez normal, Mme la Présidente, qu'un projet qui est lié à une obligation légale, comme la réfection d'un barrage entropique qui date depuis plusieurs années, qui n'est plus sécuritaire, un ponceau affaissé... est-ce que vous trouvez normal... Un ponceau, par exemple, on exige des calculs hydrauliques faits par des ingénieurs. Est-ce que vous trouvez normal que ça prenne des mois et des années avant d'avoir une réponse dans une demande d'autorisation?

En 2018 entrait en vigueur un régime d'autorisation environnementale plus moderne dont l'approche n'était plus basée sur la finalité des projets ou quel était le statut du promoteur, mais une approche qui, aujourd'hui, se base sur le risque environnemental que comporte une activité, une approche qui est, à mes yeux, aujourd'hui, beaucoup plus responsable et plus transparente. Avec les nouvelles connaissances qu'on a de plus en plus sur le territoire, les nouvelles données, les nouvelles technologies, les nouveaux savoir-faire qu'on développe et si on mise sur la formation de plus en plus importante, l'accompagnement, l'innovation, moi, je suis convaincue qu'on peut réduire les délais des réponses pour une autorisation, simplifier le cadre réglementaire tout en maintenant des standards élevés de protection de l'environnement. Je vous invite à aller naviguer sur le site du ministère de l'Environnement, à consulter l'onglet Autorisation ministérielle, une chatte perdrait ses chatons. Mon député... mon collègue député de Masson et moi, on a d'ailleurs proposé, cet été, plusieurs recommandations à cet effet pour simplifier ce type de demande là. Vous comprenez, Mme la Présidente, que, lorsque le premier ministre souhaite qu'on change notre mentalité d'extrême prudence et qu'on accepte de prendre des risques mesurés, c'est la position que je porte depuis des années et j'en suis ravie.

Parlons des syndicats. Un seul mot me vient à l'esprit : enfin. Vous savez, moi, je viens du milieu environnemental et communautaire, où les syndicats sont plutôt rares. Ce régime a donc... ou m'a toujours paru comme étant assez rigide, faisant plutôt obstacle à tout ce qui est adaptation, à nouvelles pratiques, à l'innovation, et je pense qu'il est temps, avec les nouvelles réalités, qu'on rééquilibre un peu les choses.

En matière de sécurité, chez moi, dans mon comté, depuis les 30 dernières années, je vous le dis, je n'avais pas vu autant d'insécurités qui étaient... qui sont liées au crime organisé. Moi, je pense, chez nous, les dépotoirs illégaux de sols contaminés se propagent comme des virus, aux gangs de rue qui asservissent nos jeunes chez nous, dans nos écoles, dans les cours d'école, aux fraudeurs qui s'en prennent aux aînés. Dans l'ouest de mon comté, Mme la Présidente, un tiers de la population a plus de 65 ans. Je peux vous dire que tous les acteurs sont en alerte, en ce moment, parce que c'est un phénomène qui se déchaîne de plus en plus, et ça m'enrage. De savoir que mon collègue de Vachon et ministre, entre autres, de la Sécurité publique va travailler sur des mesures concrètes pour lutter contre ces infamies, ça m'enchante.

Parlons d'identité, nos valeurs, notre culture, notre langue. J'aime bien le rappeler, Mme la Présidente, le Québec s'est historiquement démarqué par sa transformation rapide au cours des années 60, période au cours de laquelle il s'est permis de croire en ses propres principes pour établir les règles qui définiraient ses lendemains. Je me réjouis que nous souhaitons renforcer notre autonomie juridique pour défendre haut et fort nos valeurs communes, notre identité, notre langue. À mes yeux, Mme la Présidente, pouvoir renforcer les balises en matière de laïcité pour que chacun et chacune sache ce que la collectivité entend des individus qui la composent, prendre les mesures nécessaires pour que les principes de liberté et d'égalité entre les hommes et les femmes soient préservés, s'assurer que notre sérénité collective ne s'érode pas sous le marnage des vagues de débats identitaires qui ne finissent jamais, pour moi, ce sont tous des gages pour que mes descendants... si je veux être poétique, mon arbre généalogique puisse s'enraciner et s'épanouir dans un État qui est juste, un État laïque, un État libre. Et, vous savez, Mme la Présidente, je suis très fière du Québec dans toutes ses couleurs et toutes ses mélodies, et ce n'est pas parce que je suis enchantée par notre projet de constitution et notre projet de loi sur la laïcité 2.0 que je souhaite ternir ces couleurs ou rendre muettes ces mélodies. Je ne suis ni raciste ni xénophobe, je suis... comme beaucoup de gens de chez nous, habitant le territoire depuis sept générations ou arrivés tout récemment, je suis comme tout le monde. Merci, Mme la Présidente.

• (17 h 30) •

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée d'Argenteuil. Maintenant, nous poursuivons le débat avec Mme la députée de Terrebonne.

Mme Catherine Gentilcore

Mme Gentilcore : Merci, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de prendre le micro pour réagir, aujourd'hui, au discours du trône prononcé par le premier ministre la semaine dernière, écoutez, un discours qui m'a laissée un peu confuse, je dois le dire, Mme la Présidente. Les quatre priorités du gouvernement, la sécurité, l'économie, l'identité, l'efficacité de l'État, est-ce que ce sont vraiment des nouvelles priorités du gouvernement ou plutôt d'anciennes priorités que le gouvernement avait tout simplement oubliées?

Essentiellement, sur plusieurs sujets, le premier ministre nous a dit qu'il va réparer ce qui a été créé comme problèmes dans les dernières années. Pour nous rafraîchir collectivement la mémoire, dissiper un peu la confusion, je suis allée relire certains des documents de la CAQ pour me rappeler c'était quoi, les priorités du gouvernement en 2018. Ça m'a permis de faire un bilan de sept années de caquistes, mais aussi de voir que les promesses de la CAQ sont assez volatiles.

Alors, premièrement, premier sujet qui me tient à coeur, l'identité et notre culture. D'abord, en culture, la CAQ disait, en 2018, dans son nouveau projet pour les nationalistes du Québec, qu'elle voulait rapatrier les budgets fédéraux en culture. Je suis la première à être d'accord. Ça aurait été une belle première étape, disons-le, Mme la Présidente, mais, malheureusement, ça ne s'est jamais concrétisé. Ça ne s'est jamais concrétisé parce que la troisième voie, ça ne fonctionne pas, Mme la Présidente, tant en culture qu'en d'autres matières, le gouvernement de la CAQ en a fait la preuve à plusieurs reprises dans les sept dernières années.

Dans le budget 2024 du gouvernement fédéral, c'est entre 800 et 900 millions de dollars qui ont été dépensés dans les champs de compétence du ministère de la Culture du Québec, mais sur lesquels le ministre de la Culture, lui, n'a aucun contrôle, aucune emprise. Pour se remettre en contexte, en 2025, c'est 2 milliards, le budget annuel du ministère de la Culture au Québec, c'est pratiquement l'équivalent de la moitié du budget, donc, qui échappe à la garde du ministre de la Culture ici, au Québec. J'en ai parlé, d'ailleurs, avec le ministre de la Culture lors de l'étude des crédits, au printemps dernier. J'en ai parlé parce que je me souvenais de l'engagement que la CAQ avait pris dans son nouveau projet pour les nationalistes du Québec. Et j'en profite même pour lire un passage de ce document-là qui date de 2018 : «De même, l'affirmation de la volonté du Québec d'être le maître d'oeuvre du développement de sa culture se traduit concrètement par la mainmise des budgets dédiés au milieu culturel par les institutions fédérales, car le Québec doit pouvoir jouer pleinement son rôle dans la promotion de ses produits culturels, notamment à l'étranger, ainsi que dans l'univers numérique.»

Moi, Mme la Présidente, je suis pleinement en accord avec ce que je viens de lire ici, mais ça fait maintenant des années qu'on attend que ça bouge en matière de souveraineté culturelle, en matière de découvrabilité, aussi, des contenus francophones sur nos plateformes. Là, le projet de loi vient d'être déposé juste avant la pause d'été, puis on n'a toujours pas été appelé pour les consultations, alors que ça fait des années qu'on doit agir en la matière, ça fait des années que c'est urgent pour protéger notre langue, pour protéger notre culture, mais surtout pour assurer l'avenir en français de la... des générations à venir.

Dans son discours d'ouverture, le premier ministre nous a aussi parlé du rapport du Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel. Bon, évidemment, convenons-en, Mme la Présidente, on pourrait sans doute mettre en place les recommandations plus facilement si on pouvait rapatrier les 800 ou 900 millions de dollars du fédéral, mais, bon, ce n'est pas le cas pour l'instant. J'aimerais aussi noter, Mme la Présidente, que, comme le rapport le laisse entendre, tant que le Québec ne sera pas pleinement maître de ses moyens, on ne pourra pas agir sur des leviers importants comme le Fonds des médias du Canada et le CRTC, qui ne sont pas du tout adaptés aux particularités de la production québécoise ou aux réalités de notre époque.

J'aimerais rappeler qu'en 2023 Ottawa a refusé d'inclure un mécanisme de consultation obligatoire du Québec lors de la réforme de la Loi sur la radiodiffusion. Et vous souvenez-vous, Mme la Présidente, qui était ministre du Patrimoine canadien à l'époque? Nul autre que le chef de l'opposition officielle, M. Pablo Rodriguez. Alors, encore une fois, un échec, une autre preuve que la troisième voie de la CAQ ne mène nulle part. Puis tout ça, là, ça va au-delà de la souveraineté culturelle dont le gouvernement parle sans cesse sans pouvoir pleinement la réaliser, ça s'appelle l'indépendance du Québec.

Sur un autre sujet, le premier ministre a parlé, la semaine dernière, du Musée national d'histoire. Donc, pour revenir, encore une fois, aux anciennes promesses de la CAQ, les promesses brisées de la CAQ, j'aimerais qu'on parle des fameux Espaces bleus, hein? La CAQ avait annoncé la création, là, en grande pompe, de 17 musées, un dans chaque région. Et, comme souvent avec la CAQ, ça a été un coup de marketing, un coup de communication, et on a perdu 124 millions dans l'opération. Ça, c'est de l'argent, c'est de l'énergie qu'on aurait pu consacrer aux institutions muséales existantes, qui en auraient eu bien besoin, particulièrement les musées en région éloignée. J'ai rencontré dernièrement, là, le Musée de la Gaspésie, le Musée régional de Rimouski, le Musée du Bas-Saint-Laurent, le Musée de la mer, le musée de la Côte-Nord. Pas un mot du premier ministre dans son discours sur ces institutions-là, qui font vivre notre culture, qui sont le coeur battant de notre culture, de notre patrimoine dans nos régions éloignées, Mme la Présidente.

Ces musées-là font face à des déficits sans précédent dans les dernières années. Ils sont forcés de congédier du personnel, de réduire les heures d'ouverture de leurs musées, des services aussi, parce que le financement public stagne, alors qu'évidemment, comme partout ailleurs, les coûts de fonctionnement explosent. Ils ont proposé, d'ailleurs, au ministre de la Culture de changer le mode de fonctionnement du PAFIM pour tenir compte des réalités des musées en région éloignée. Toujours pas de nouvelles, on attend à ce niveau-là. Donc, est-ce que le gouvernement va enfin travailler avec ces musées régionaux là, qui avaient réagi très fortement à l'annonce des Espaces bleus? C'est ce qu'on espère dans la prochaine année.

Évidemment, je ne peux pas passer sous silence le dossier de... du pouvoir d'achat, de l'économie, du coût de la vie. Le premier ministre a parlé du portefeuille des Québécois. Il nous a dit que les logements coûtent plus cher qu'avant, bon, j'en conviens, ça ne prend pas la tête à Papineau pour le constater, mais il ne nous a pas parlé de mesure ou de politique en matière d'habitation. Il n'y a eu aucune mention non plus de l'itinérance. Ça, je vous avoue, ça m'a surprise, puis je ne suis pas la seule à avoir été surprise de ça, parce que la crise non seulement perdure, mais aussi explose de plus en plus au fur et à mesure que le temps avance. J'en ai parlé souvent, d'ailleurs, dans les derniers mois.

Au niveau du logement, le premier ministre nous a seulement dit qu'il allait en faire plus pour aider les Québécois. Fort bien. J'ai hâte d'entendre quelles seront les nouvelles orientations en habitation et j'ai hâte de voir aussi quelles seront les nouvelles idées de la nouvelle ministre en Habitation à ce sujet-là. Parce que j'ai rencontré plusieurs groupes en habitation dans les derniers mois, on a entendu plusieurs reproches envers l'approche du gouvernement en matière de construction de logements, notamment. On nous dit que le gouvernement ne finance plus le logement communautaire et social, que l'argent est utilisé pour des projets que les personnes les plus vulnérables, elles, n'ont pas les moyens de s'offrir.

On nous a parlé du logement abordable intermédiaire. Ça, ce terme-là, là, c'est la nouvelle catégorie qui a été créée par la dernière ministre de l'Habitation. Ça fait référence à un logement dont le loyer peut correspondre jusqu'à 150 % du maximum qui est normalement défini par la SHQ, ce qui porterait la limite à 1 225 $ pour un studio à Montréal, donc une pièce, 1 678 $ pour un logement de deux chambres à Gatineau. Cette nouvelle catégorie là, Mme la Présidente, c'est redoubler de créativité pour justifier des subventions à des projets qui sont complètement hors du mandat de la SHQ. Les programmes sociaux du gouvernement n'ont pas la vocation de subventionner des logements à 1 500 $, 1 600 $ par mois.

On nous a parlé aussi à plusieurs reprises de l'incursion du domaine privé, donc du privé, dans le développement des projets communautaires, des promoteurs privés qui se dotent d'une couverture d'OBNL pour pouvoir partir certains projets. Plusieurs groupes ont des questions sur le statut de développeur qualifié, sur l'aspect arbitraire de qui peut devenir qualifié, puis, je vous avoue, Mme la Présidente, nous aussi, on a des questions à ce niveau-là, parce que ça semble être la voie de contournement actuellement en habitation. On souhaite tous qu'il y ait de la construction, évidemment on ne peut pas être contre la vertu. Il y a un besoin qui est criant depuis des années. Il faut qu'on construise des nouveaux logements.

On nous a parlé aussi des 12 000 logements en attente, qui sont dans le pipeline puis qui n'attendent que d'être financés. On le sait, le gouvernement a mis la hache dans AccèsLogis, un programme qui n'était pas parfait mais qui fonctionnait. On nous a dit cet été, à plusieurs reprises, que le gouvernement avait carrément jeté le bébé avec l'eau du bain. Aujourd'hui, on a le PHAQ, qui est le nouveau programme. Pour les organismes, les promoteurs, c'est le parcours du combattant pour obtenir du financement dans ce programme-là. En 2022, la CAQ avait dit vouloir investir 300 millions de dollars pour contrebalancer le programme AccèsLogis. En juillet 2024, Le Devoir rapportait que le PHAQ avait permis de construire seulement six logements à ce moment-là. Puis, en ce moment, c'est seulement 459 logements qui sont en exploitation dans le cadre de ce programme-là. Je pense qu'on peut dire que c'est un échec sur toute la ligne.

Je souhaite aussi que le gouvernement nous parle d'accès à la propriété. On considère, au Parti québécois, qu'il y a un bris complet du contrat social, particulièrement avec les nouvelles générations, les plus jeunes générations, des jeunes qui ont d'excellents emplois, qui n'ont pas compté leurs efforts pour y arriver, qui ont saisi toutes les opportunités, aussi, devant eux puis qui, malheureusement, contrairement aux générations précédentes, n'ont pas les moyens de s'acheter une maison, d'accéder à la propriété. On a déposé un plan solide l'année dernière en matière d'habitation, suite à une tournée, là, une vaste tournée que ma collègue Méganne Perry Mélançon a faite à travers le Québec, pour faciliter l'accès à la propriété. C'est sûr que ce serait une grande priorité pour le Parti québécois.

On le sait, la crise de l'habitation, c'est directement lié à celle de l'itinérance. Je l'ai dit tout à l'heure, j'étais extrêmement surprise de voir qu'il n'y avait pas un mot, dans le discours du premier ministre la semaine dernière, concernant la crise de l'itinérance. Non seulement ça perdure, mais ça augmente également, là, et pas juste dans les grands centres, partout au Québec, Mme la Présidente.

Puis il y a un sujet qui me préoccupe particulièrement, évidemment, j'ai été très vocale là-dessus puis je le serai toujours dans les prochains mois, c'est l'itinérance au féminin. Un gouvernement du Parti québécois va reconnaître l'itinérance féminine comme un problème distinct qui nécessite des solutions adaptées. C'est important de le faire parce que l'itinérance au féminin est en augmentation partout. On le sait, les femmes, pour des raisons de sécurité, ont tendance à le vivre de manière cachée. Elles vont vivre l'itinérance dans leurs voitures, elles vont errer de sofa en sofa chez des connaissances, elles vont se sentir obligées de se cacher. Et ça, ça fait en sorte qu'on ne peut pas les dénombrer quand on fait le recensement et on ne peut donc pas mettre en place des solutions adéquates et calquées sur la réalité qu'elles vivent. Donc, c'est très important de plancher sur un nouveau plan de recensement pour l'itinérance au féminin.

• (17 h 40) •

Et j'aimerais rappeler que 70 % à 85 % des femmes qui sont en situation d'itinérance vont vivre de la violence à un moment ou un autre de leur parcours d'itinérance.

Puis, pendant qu'on parle de violence, bien, je ne peux pas m'empêcher de parler de violence conjugale, parce que c'est un sujet qui est très chaud, c'est un sujet qui est bouillant et il y a eu plusieurs situations, malheureusement, dans les dernières semaines, qui nous ont forcés à ramener le sujet sur la table, bien que j'aurais préféré ne pas avoir à le faire, Mme la Présidente. Il reste énormément de travail à faire pour protéger les femmes du Québec. Je me rappelle... bien, je vous rappelle d'ailleurs, Mme la Présidente, que Gabie Renaud, qui est décédée la semaine dernière aux mains de son conjoint violent, était le 14e féminicide à avoir lieu sur le territoire québécois depuis le début de l'année 2025.

Le gouvernement nous a énormément parlé de la loi et de l'ordre, hein, il veut être le gouvernement de la loi et de l'ordre. J'aimerais juste rappeler que l'agresseur de Gabie est un récidiviste, multirécidiviste en série, je vais ajouter ça, arrêté plus de 30 fois, accusé au moins six fois pour des crimes liés à de la violence conjugale, contrevenu à ses conditions 16 fois, en 2021 condamné à trois ans de prison pour des crimes de violence conjugale envers son ex-conjointe, malgré ses lourds antécédents, est sortie aux deux tiers de sa peine, et là il sort de prison, et il remet ça, il récidive, et, cette fois-ci, il en viendra à tuer sa conjointe, Mme la Présidente. C'est inacceptable, cette situation-là.

On doit redonner confiance aux femmes en notre système de justice, en notre corps policier également. Oui, le gouvernement a déployé des mesures, mais force est de constater qu'on a besoin d'en faire plus pour protéger nos femmes. D'ailleurs, on apprenait récemment qu'il y a une femme québécoise qui a décidé de complètement changer de pays, de déménager parce que son ex-conjoint est sorti de prison plus tôt que prévu. Il a réussi à désactiver temporairement son bracelet antirapprochement pour aller la voir, Mme la Présidente, et elle s'est dit : Le Québec n'arrive pas à me protéger, je dois me protéger moi-même, je vais carrément quitter le Québec. C'est inacceptable, Mme la Présidente.

Alors, d'un côté, il y a toute une relation de confiance à rebâtir avec ces victimes-là, qui ne croient plus en notre sécurité publique et en notre système de justice. On a un gouvernement qui se dit être le gouvernement de la loi et de l'ordre, puis, en même temps, on a un gouvernement qui décide de couper significativement dans l'administration de notre justice, soit en coupant dans des postes de procureur. Pour un parti qui a comme priorité la loi et l'ordre, Mme la Présidente, je vous avoue que c'est assez étonnant, voire aberrant.

Alors, voilà, Mme la Présidente, je pense que les Québécois ont tourné la page sur la désastreuse gouvernance de la CAQ. On l'entend, les sondages le montrent également. Le Parti québécois entend se concentrer à offrir une alternative sérieuse, crédible et rigoureuse. Le Parti québécois, dans la prochaine année, va proposer des mesures pour rétablir la confiance de la population envers ses institutions, durement malmenées par les scandales des derniers mois, des dernières années. On peut désormais affirmer hors de tout doute que le caquisme, et le mirage de la troisième voie, est un cul-de-sac pour le Québec. Je pense que je l'ai démontré par plusieurs arguments dans cet exposé. Et puis le gouvernement... un gouvernement du Parti québécois va travailler d'arrache-pied, un futur gouvernement du Parti québécois travaillerait d'arrache-pied sur ces enjeux-là.

Motion formulant un grief

Et, en terminant, Mme la Présidente, j'aimerais déposer une motion de grief. Donc, Mme la Présidente, je présente la motion suivante :

«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son incapacité à rapatrier les budgets [fédéraux] en culture.» Merci.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Votre motion est reçue sous réserve de sa recevabilité. Je vous remercie, Mme la députée.

Maintenant, je suis prête à reconnaître un autre intervenant. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.

Mme Karine Boivin Roy

Mme Boivin Roy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ce n'est pas un mirage, je suis bel et bien devant vous. Et, comme à chaque année depuis le début du mandat, c'est avec beaucoup d'humilité et de fierté que je prends la parole en cette Chambre au nom des citoyens et des citoyennes d'Anjou—Louis-Riel. La confiance qu'ils m'ont accordée m'habite évidemment chaque jour, Mme la Présidente, et guide mes actions comme députée ici, à Québec, comme à Montréal.

Également, j'aimerais souligner ma première prise de parole en tant qu'adjointe parlementaire à la Condition féminine, un rôle que je prends très au sérieux. Maintenant, je souhaite, avec mes nouvelles fonctions, faire tout mon possible pour pouvoir aller plus loin en vue d'assurer la sécurité et le respect des droits de nos concitoyennes.

Ce sont nos expériences du terrain qui nous poussent à tous les jours à nous battre pour les droits des femmes victimes de violences multiples et d'exploitation sexuelle. Au nom du gouvernement, je vous assure qu'on vous voit et qu'on vous écoute, et nous allons continuer de mettre de l'avant tous nos efforts pour tous les Québécois et les Québécoises. Toutes les Québécoises méritent de vivre en sécurité et en paix. Cela est une priorité pour notre gouvernement.

Maintenant, aujourd'hui, Mme la Présidente, en lien avec le discours d'ouverture, je souhaite réaffirmer les engagements clairs du premier ministre et du gouvernement en matière d'efficacité de l'État, de loi et de l'ordre, de lutte contre la violence faite aux femmes et de soutien à notre jeunesse. Ces quatre sujets ne sont pas de simples orientations politiques, ils sont au coeur du Québec que nous bâtissons ensemble.

Les gens nous le disent sans détour : ils veulent que l'État soit efficace, rapide et proche de leur réalité. Quand une entreprise locale attend trop longtemps pour un permis, quand une famille patiente des mois pour obtenir une réponse administrative, cela mine la confiance envers nos institutions. Notre gouvernement s'est donné comme mission de simplifier les démarches, de réduire la paperasse et d'accélérer le virage numérique. L'efficacité de l'État, ce n'est pas juste un concept abstrait, c'est offrir des services concrets, accessibles et humains, et cela, au quotidien.

L'efficacité, c'est aussi la responsabilité de gouverner avec rigueur l'argent des contribuables. Chaque dollar dépensé appartient d'abord aux Québécois, aux Québécoises, et nous avons l'obligation de respecter les budgets qui nous sont confiés. Notre gouvernement a cette discipline en tête, soit prendre les bonnes décisions, éviter le gaspillage et maintenir un équilibre entre nos dépenses et nos revenus.

Comme le dit notre premier ministre : La richesse n'est pas une fin en soi, mais c'est un moyen qui nous permet d'atteindre nos ambitions. Nous devons donc toujours miser sur la création de la richesse, mais en tenant compte d'une gestion responsable du portefeuille des Québécois et des Québécoises. Cette gestion responsable est essentielle pour la santé économique du Québec, Mme la Présidente. Elle nous permet de soutenir nos services publics, de continuer à investir dans nos belles écoles et nos infrastructures, tout en protégeant les générations futures d'un fardeau financier. Et cela ne nous empêche pas de viser le retour à l'équilibre budgétaire. Oui, comme l'a dit le premier ministre, nous allons le faire, en stimulant l'économie, mais aussi en se débarrassant de la bureaucratie inutile.

Mon précédent mandat d'adjointe à la ministre de l'Emploi m'a fait me familiariser avec le plan d'action en économie sociale, une mesure, je crois, qui est en adéquation avec les actions que le premier ministre a mises de l'avant lors de son discours inaugural de cette deuxième session. Le nouveau plan d'action 2025‑2030 s'appuie sur quatre principes directeurs, lesquels visent à renforcer les capacités de l'écosystème et le soutien aux entreprises d'économie sociale. Permettez-moi, Mme la Présidente, de vous les énumérer, à savoir : centrer les interventions sur les entreprises d'économie sociale et leur croissance, optimiser les structures d'accompagnement et les outils financiers existants, assurer un cadre gouvernemental favorable au développement des entreprises d'économie sociale et renforcer les actions d'économie sociale en répondant à des enjeux de société et mesurer ses retombées. En renforçant le modèle d'affaires et l'écosystème de soutien aux entreprises d'économie sociale, il nous sera possible de soutenir le développement des secteurs stratégiques prioritaires, tout en favorisant les partenariats avec le milieu municipal. Cela nous permet de bien mesurer les retombées des entreprises d'économie sociale dans la société.

Une économie forte, c'est le socle sur lequel repose notre capacité à bâtir le Québec de demain. Mais nous savons que le monde a changé, c'est une évidence en économie, mais, également, ce changement amène son lot d'inquiétudes chez les concitoyens, concitoyennes. L'élection de Donald Trump, la guerre en Ukraine, la montée en puissance de la Chine, l'inflation, etc., tous ces éléments ont un impact sur le sentiment de sécurité de la population.

La sécurité est donc au coeur de nos priorités. Et j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs acteurs du milieu policier et communautaire de ma circonscription et de Montréal, plus généralement, et tous me disent la même chose : Les Québécois et les Québécoises veulent vivre dans un environnement sécuritaire, à l'abri des abus et de la violence. Notre gouvernement s'est engagé à investir massivement pour donner plus de moyens à nos policiers, lutter contre la criminalité organisée et contenir la prolifération des crimes à caractère violent. Nous savons que la répression est essentielle, mais elle ne peut suffire seule. C'est pourquoi nous travaillons aussi en amont pour prévenir la criminalité, pour encadrer nos jeunes et pour renforcer le lien de confiance entre la population et nos forces de l'ordre.

Mme la Présidente, en tant que femme et comme élue du terrain, je suis profondément interpelée par la question de la violence faite aux femmes. J'ai eu le privilège de rencontrer, dans mon comté d'Anjou—Louis-Riel, également à Montréal, des intervenantes de première ligne qui accompagnent les femmes victimes de violence conjugale et de violences sexuelles. Leur travail est admirable, je le salue aujourd'hui, mais il nous rappelle à chaque fois à quel point nous devons faire plus comme société.

Notre gouvernement a mis de l'avant des mesures fortes, notamment le financement accru pour les maisons d'hébergement, le soutien aux organismes communautaires, l'introduction du bracelet antirapprochement pour surveiller les agresseurs, et il y a bien sûr d'autres mesures. Et vous comprendrez, Mme la Présidente, que le cumul de ces mesures, ce sont des actions qui peuvent sauver des vies, mais surtout elles envoient un message clair qu'au Québec aucune femme ne doit se sentir seule ni impuissante face à la violence.

• (17 h 50) •

Je terminerai, Mme la Présidente, avec quelques mots sur notre jeunesse. Dans ma circonscription et à Montréal, je rencontre régulièrement des élèves, des jeunes entrepreneurs, des athlètes et des artistes en devenir. Ils sont brillants, créatifs et pleins d'ambition, mais ils nous partagent leurs inquiétudes, à savoir la réussite scolaire, la pression de performer, le besoin de se sentir entendus et des enjeux de santé mentale.

Notre gouvernement a choisi d'investir massivement dans l'éducation, le sport, la culture et les services de soutien psychologique. Nous travaillons à ce qu'aucun jeune ne se soit... ne soit laissé derrière et qu'il se sente ainsi, parce que chaque jeune au Québec mérite de rêver, d'espérer et de bâtir son avenir ici. Et notre gouvernement souhaite être là pour soutenir ces rêves et ces ambitions.

Le Québec n'est pas seulement riche en ressources, mais aussi en créativité, en innovation et la persévérance de nos jeunes entrepreneurs qui veulent contribuer à faire accroître nos richesses et à concrétiser la place du Québec comme leader économique. À cet effet, Mme la Présidente, nous voulons mettre les PME au coeur de nos initiatives et de notre économie.

 Notre gouvernement a annoncé, en juin dernier, le Plan PME 2025‑2028. Ce plan a pour objectif d'accompagner les PME à toutes les étapes de leur développement et de soutenir leur croissance pour accompagner leur compétitivité et leur productivité. 494,24 millions, Mme la Présidente, en interventions financières seront mis à profit pour la réalisation de projets variés, et sept mesures seront déployées pour rendre accessible ce soutien aux PME, à savoir le Réseau accès PME, les Espaces PME innovation, des outils et ressources financières, de l'accompagnement adapté au cycle de vie des PME et à la diversité des entrepreneurs, la transformation numérique des entreprises, du soutien pour le repreneuriat et des allègements réglementaires, rien de moins.

Mme la Présidente, l'efficacité de l'État, la loi et l'ordre, la lutte contre la violence faite aux femmes et le soutien à la jeunesse ne sont pas des slogans, ce sont des engagements concrets que nous traduisons chaque jour en actions gouvernementales. Comme députée d'Anjou—Louis-Riel, je suis fière de contribuer à ce travail collectif, fière d'apporter ma voix à l'Assemblée nationale, ainsi que celle de ma région et des citoyens qui m'ont dûment élue, et fière que notre gouvernement prend à coeur les préoccupations de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, parce que le Québec que nous voulons laisser à nos enfants, c'est un Québec efficace, sécuritaire, respectueux des femmes et riche de la force de sa jeunesse. Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec l'intervention de Mme la députée de Rimouski.

Mme Maïté Blanchette Vézina

Mme Blanchette Vézina : Merci, Mme la Présidente. C'est la première fois que je prends la parole à titre de députée indépendante. Je le fais avec fierté, mais surtout avec un profond sentiment de responsabilité. Je tiens donc, d'entrée de jeu, à saluer les citoyennes et citoyens de ma circonscription, envers qui ma loyauté est entière. C'est pour eux et pour toutes les régions du Québec que je prends la parole aujourd'hui, et je le fais, bien sûr, à la suite du discours d'ouverture du premier ministre.

Comme députée de région, j'ai écouté attentivement ce message avec espoir mais aussi avec lucidité, parce que les régions, ce sont elles qui font battre le coeur du Québec. Elles portent nos ressources, notre énergie, notre savoir-faire. Et pourtant, une fois de plus, elles ont été à peine évoquées. Le gouvernement parle d'ambition et d'efficacité, mais, quand on regarde le fond du discours, les régions sont les grandes oubliées.

On nous a parlé de se donner les moyens de nos ambitions. Mais, ces ambitions pour les régions, on les cherche encore. Pas un mot sur l'agriculture, pas un mot sur la forêt, deux secteurs pourtant essentiels à notre économie, à notre autonomie alimentaire et à notre identité. Quand un premier ministre choisit de ne pas les mentionner, ce n'est pas anodin. Ce silence parle de lui-même. Pendant ce temps, d'autres enjeux, des enjeux importants, bien concrets, demeurent dans nos régions : des routes qui se détériorent, des logements qui manquent, des services de proximité qui s'effritent, des écarts de développement qui continuent de se creuser. Les régions n'ont pas besoin de promesses vagues. Elles ont besoin d'un plan d'action intégré et cohérent.

Je veux revenir, Mme la Présidente, sur un dossier que je connais bien, celui du projet de loi modernisant le régime forestier québécois. J'ai porté ce projet, j'y ai travaillé avec conviction et, surtout, j'ai mené des consultations qui ont permis d'entendre toutes les voix : les communautés forestières, les municipalités, les entreprises, les groupes environnementaux, les Premières Nations, les scientifiques, et j'en oublie sûrement. Vous m'en excuserez. Oui, les débats étaient vifs. Mais c'est ça, la démocratie, c'est de confronter les visions pour construire un meilleur équilibre entre la protection de la ressource et le développement de nos régions et du territoire québécois.

Pendant qu'on travaillait à ce cadre modernisé, les signaux économiques, eux, étaient déjà inquiétants. Aujourd'hui, les tarifs américains sur le bois d'oeuvre ont dépassé 45 %. 45 %. Une véritable catastrophe annoncée pour nos producteurs, nos scieries, nos travailleurs et nos communautés forestières également. Et, face à cette crise imminente, que fait le premier ministre? Il recule, il met le projet de loi sur pause, mais il décide surtout de recommencer les consultations, comme si les régions pouvaient se permettre d'attendre encore. Ce n'est pas le projet qui manquait de substance, c'est le courage politique de le mener à terme pour le bien des communautés forestières du Québec. Et, pendant que le premier ministre essaie de gagner du temps, les entreprises forestières, elles étouffent, les PME québécoises qui en dépendent, aussi, les travailleurs s'inquiètent, et la confiance s'effrite.

Créer des emplois payants, dit le premier ministre. C'est vrai, c'est une bonne chose, j'en conviens. Chaque emploi créé en région, c'est une famille qui s'enracine, c'est une entreprise qui grandit, c'est une collectivité qui se renforce. Mais encore faut-il qu'il y ait des gens pour occuper ces emplois. Et c'est là que le bât blesse, Mme la Présidente. Dans les régions, le manque de main-d'oeuvre demeure un obstacle majeur au développement. On ne peut pas se contenter d'espérer que les travailleurs vont venir d'eux-mêmes. Il faut soutenir la migration intérieure, favoriser l'établissement durable des familles et investir dans l'intégration, dans le logement, dans la formation, dans la reconnaissance des compétences, dans l'accompagnement des nouveaux arrivants. Autrement, c'est, pardonnez l'anglicisme, le «fly-in/fly-out» qui devient la solution. Et ça, ce n'est pas pérein pour nos régions. Malheureusement, pendant ce temps, le gouvernement réduit les seuils d'immigration sans offrir une vision d'ensemble pour les régions. C'est, à mon avis, un non-sens. On ne peut pas prétendre vouloir faire croître l'économie régionale tout en fermant la porte à une main-d'oeuvre qui permettrait de faire croître cette économie régionale et d'y arriver.

Le premier ministre a aussi promis un traitement choc pour améliorer l'efficacité de l'État, une bonne chose. Mais, sur le terrain, ce qu'on observe en ce moment, c'est plutôt un traitement de choc de centralisation. Sous prétexte d'efficacité, on concentre les décisions, on coupe les effectifs, on retire des leviers d'action en région. Dans l'Est-du-Québec, selon les syndicats, là, qui s'occupent... qui sont responsables de la fonction publique, des emplois dans la fonction publique, les compressions atteignent 7 %. 7 %. Ce sont des emplois spécialisés, des expertises, des services qui disparaissent de notre territoire. On dit vouloir décentraliser des emplois, mais le gouvernement, en ce moment, coupe les emplois en région. Et malheureusement les décisions vont se prendre à Québec, loin des réalités locales. Encore une fois, ce sont les régions qui paient le prix d'une logique administrative conçue à Québec. L'efficacité, Mme la Présidente, ne devrait pas se faire au détriment de la vitalité des régions.

Prenons un petit moment pour regarder quelques exemples concrets de projets régionaux importants qui font du surplace en ce moment et depuis trop longtemps, à mon avis.

Prolongement de l'autoroute 20. On a lancé, d'ailleurs, une pétition aujourd'hui, que j'invite les citoyens à signer. Un projet qui était reconnu, d'ailleurs, à l'unanimité par les parlementaires, ici, comme prioritaire pour la sécurité et le développement économique de l'Est-du-Québec. Mais ce projet est au point mort, malheureusement, les études traînent, les budgets ont été déplacés. Chaque fermeture de route, chaque accident rappelle à quel point ce lien est vital pour notre région.

Même constat pour les projets de transport collectif interrégional, de transport aérien pour le Bas-Saint-Laurent. Des promesses qui se succèdent, mais, sur le terrain, le financement tarde, et les citoyens voient leur sécurité routière demeurer précaire et leur option de mobilité, réduite.

• (18 heures) •

Il y a aussi la réfection de l'Hôpital régional de Rimouski, qui est au PQI depuis plus de 10 ans, Mme la Présidente, et qui lui aussi, malheureusement, a été reporté, alors que cet hôpital offre des services névralgiques pour les citoyens de tout l'Est-du-Québec.

Mais il n'y a pas que du négatif, Mme la Présidente. Dans son discours, le premier ministre a aussi réaffirmé son engagement envers le maintien de l'importance de l'égalité entre les hommes et les femmes comme valeur commune québécoise. C'est essentiel, et je salue qu'il en ait parlé dans son discours, mais, pour être crédible, il faut que cette égalité se reflète dans les gestes, dans la composition du Conseil des ministres, par exemple, dans la place aussi donnée aux femmes dans les postes de décision et dans la reconnaissance de leur expertise. Le Québec et le caucus de la Coalition avenir Québec ne manquent pas de femmes compétentes, ce qui manque en ce moment, c'est la volonté de leur faire confiance.

Mme la Présidente, les régions ne demandent pas la charité, elles demandent du respect, de l'équité, de la cohérence et des moyens à la hauteur de leur contribution au Québec pour pouvoir, elles aussi, se développer. Le gouvernement avait l'occasion d'envoyer un signal fort, de démontrer que le développement régional est une priorité nationale, mais, encore une fois, malheureusement, les faits démontrent le contraire : projets suspendus, chantiers reportés, promesses brisées. Et, dans la forêt, pendant que nos producteurs font face à des tarifs de 45 % sur le bois d'oeuvre, pendant que nos travailleurs craignent pour leur emploi, le premier ministre, lui, choisit de reculer sur une réforme importante. Un Québec qui oublie ses régions, c'est un Québec qui oublie sa force. Et, sans cette force, aucune ambition nationale ne pourra tenir le coup. Merci, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Pontiac.

M. André Fortin

M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. J'étais... à l'aube de la session parlementaire... c'est un peu comme ça tout le temps, hein, on se quitte au mois de juin, puis on a un peu hâte de se quitter, hein, ça fait longtemps qu'on est ensemble, puis des fois on est un peu à bout l'un de l'autre. Ah! le député de Nicolet, il ne comprend pas ça. Ça fait tellement longtemps qu'il est ici, il aime ça revenir, hein, session après session et toujours. Mais, au mois de septembre, Mme la Présidente, on a hâte de revenir, on a hâte de se retrouver, on a hâte de reprendre le débat, on a hâte de retrouver l'actualité politique, de revoir des journalistes, de vous revoir, Mme la Présidente. On a hâte que les débats s'enclenchent et de pouvoir gentiment se coltailler à nouveau, de reprendre le débat politique.

Alors, j'avais hâte d'entendre le premier ministre, parce qu'on avait beau avoir hâte la rentrée a été repoussée de deux semaines pour permettre au premier ministre de bien préparer son discours d'ouverture. Alors, je me suis dit : Aïe, ça va être bon, cette affaire-là! Il s'est donné deux semaines de plus, là, ça va être... ça va être... j'ai des collègues anglophones qui diraient un «barn burner», là, ça va être un discours, là, fantastique, il va nous ébranler, les colonnes du temple, là, hein, elles vont être ébranlées, Mme la Présidente. Mais qu'est-ce que... à quoi on a eu droit? On a eu droit à un premier ministre qui a essayé de nous dire qu'il fallait effacer l'ardoise. Quelqu'un qui, après sept ans au pouvoir, sept ans, qui est le doyen de l'Assemblée nationale... il est ici depuis plus longtemps que n'importe qui, puis il y a du monde qui sont ici depuis longtemps, là, moi inclus, lui, il est ici depuis plus longtemps, plus que le double de mon expérience, Mme la Présidente, comme parlementaire, et il a voulu nous dire : On repart à zéro, on efface l'ardoise. Oubliez tout ce que je viens de faire, là, au cours des sept dernières années, puis croyez-moi sur parole, je vais faire le contraire de ce que j'ai fait. Je vais faire exactement le contraire, Mme la Présidente.

Il y a quelques instants, on parlait de loi et ordre. C'était un des quatre piliers de l'engagement du premier ministre à son retour. Mais la première chose qu'on apprend, c'est qu'il y a de moins en moins de procureurs. Alors, la loi et l'ordre, mais moins de procureurs, alors ça veut dire qu'il y a des... il y a des criminels, il y a des accusés, disons, Mme la Présidente, pour être juste, il y a des accusés qui ne pourront pas subir procès. Il y a des victimes qui n'auront pas justice. Loi et ordre, c'est ce qu'on nous promet, mais, la semaine d'après, on apprend dans le journal tout le contraire.

Il nous a dit qu'il voulait... et, encore là, un des grands chantiers qu'il a, des quatre grands piliers de son discours, qu'il voulait réduire la fonction publique. Bien, j'ai retrouvé le premier ministre en campagne en 2018. Le premier ministre du Québec, en campagne en 2018, le chef de la CAQ disait : Nous allons réduire de 5 000 le nombre de fonctionnaires. Qu'est-ce qu'ils ont fait, Mme la Présidente? Ils l'ont augmenté de 10 000. Et là je ne vous parle pas des enseignants, des infirmières. Je ne vous parle pas des gens qui donnent des services directs en première ligne, là. On parle des fonctionnaires qui, souvent, élaborent des programmes, qui administrent des programmes du gouvernement, mais qui ne sont pas en services directs, comme les infirmières ou les enseignants peuvent l'être.

Il a augmenté le nombre de fonctionnaires de 10 000. Alors, comment peut-il prétendre avoir une crédibilité sur un dossier, alors qu'il nous a dit : Je vais les réduire? Il les a augmentés puis il nous dit, aujourd'hui encore : Je vais les réduire. C'est dur de le suivre, Mme la Présidente. C'est dur pour n'importe qui qui suit de près ou de loin ce qui se passe au gouvernement du Québec de dire : Ah! bien oui, je vais croire le premier ministre sur parole, il me dit qu'il va réduire les effectifs de la fonction publique. Il a fait tout le contraire pendant sept ans. Aujourd'hui, il essaie de nous faire croire qu'il va revenir à sa promesse initiale.

Bien, Mme la Présidente, j'écoutais les discours des collègues, au cours des derniers jours, qui se sont tous un peu inspirés du premier ministre. Et, il y a quelques instants, j'écoutais le discours de la collègue d'Anjou—Louis-Riel, une parlementaire appréciée de plusieurs. J'en suis, Mme la Présidente. Et elle nous a dit... On dirait que... En fait, c'est comme si les députés du gouvernement s'étaient inspirés de la ligne directrice du premier ministre, c'est-à-dire : Oubliez tout ce qu'on a fait pendant sept ans, mais croyez-nous sur parole, là. La députée nous dit : C'est important, la gestion responsable des finances publiques. Venant, Mme la Présidente, du gouvernement qui a hérité un surplus de 7 milliards et aujourd'hui présente un déficit de 13,6 milliards... Ça, c'est un écart d'à peu près 20 milliards, Mme la Présidente, 20 milliards d'écart. Et ils nous disent aujourd'hui : Ah! bien, c'est important, la bonne gestion des finances publiques, il faut protéger les générations futures pour ne pas qu'ils aient le fardeau des dépenses qu'on fait aujourd'hui. Mme la Présidente, ils ont fait le contraire de ça pendant sept ans. Alors, sur quelle crédibilité est-ce qu'ils assoient ce discours-là? Sur quelle crédibilité ils se basent? Ils n'en ont pas, Mme la Présidente. Ils ont sept ans, on a sept ans de vérification de faits sur chacune des interventions faites par les députés de la Coalition avenir Québec.

Mme la Présidente, j'aimerais vous parler des... j'aimerais ça pouvoir vous parler de ce que le premier ministre a dit sur des sujets qui me sont confiés dans l'opposition officielle. J'aimerais ça pouvoir, ici aujourd'hui, me lever puis parler de ce que le premier ministre a dit en matière d'enseignement supérieur. Ce ne serait pas bien, bien long, il n'a rien dit. Sa grande priorité, Mme la Présidente, en 2018, c'était l'éducation, hein? Dans le grand monde de l'éducation, il y a l'enseignement supérieur. Est-ce qu'il en a même fait mention dans son discours? Absolument pas. Il n'a rien dit, Mme la Présidente. Ça ne faisait pas partie, sa grande priorité numéro un, pas partie de son discours de 45 minutes.

Bien, encore là, Mme la Présidente, s'il avait fallu qu'il en parle, je suis bien curieux de savoir ce qu'il aurait dit, parce que c'est un premier ministre qui, au cours des sept dernières années, a créé un dommage difficile à réparer pour plusieurs de nos institutions d'enseignement supérieur. Je pense, comme ça, à l'Université Bishop's. Regardez le nombre de demandes à l'Université Bishop's cette année, comparativement aux dernières années. Ne venez pas me dire que les actions du gouvernement n'ont pas eu un impact sur la réputation, appelons ça pancanadienne, de l'Université Bishop's. Ne venez pas me dire que les actions du gouvernement de la Coalition avenir Québec n'ont pas d'impact sur la réputation des universités québécoises à l'international. Ce n'est pas vrai, ça, Mme la Présidente. Ça a un impact monstre.

Demandez aux recteurs d'université, demandez aux universités québécoises, n'importe laquelle, Mme la Présidente, le nombre de demandes d'admission en provenance de l'international cette année. C'est en chute libre. Et là je ne parle pas des demandes acceptées, là, juste des demandes, ce qui reflète à peu près l'intérêt de la population mondiale pour nos universités. Moi, j'aurais cru, Mme la Présidente, qu'on voudrait avoir tellement bonne réputation, au Québec, pour que des gens de partout veuillent, veuillent venir ici. Et ce que le gouvernement de la CAQ a fait, c'est le contraire. Ils ont diminué l'intérêt pour nos universités québécoises. Il faut le faire, quand même.

• (18 h 10) •

J'aimerais ça, Mme la Présidente, vous parler de ce que le premier ministre a dit au sujet des cégeps, mais il n'a rien dit. Vous savez ce qu'il a fait à la place? Il a coupé dans les services directs aux élèves dans les cégeps, dans les services directs. Il aime ça dire : Ah! il y a un gel d'embauche, c'est de l'administratif, etc. Mme la Présidente, parlez aux cégeps, parlez à celui dans votre région, parlez aux autres cégeps. Ils vont vous dire la même chose : On a de la difficulté à donner des services directs aux élèves ces jours-ci à cause des directives qui viennent de la Coalition avenir Québec, dans un moment, Mme la Présidente, où ils en ont encore plus besoin parce qu'il y a une augmentation des cohortes au cégep. Démographiquement, là, on est dans ces années-là au Québec. Il y a une augmentation de la cohorte des cégeps. C'est bien, sauf qu'ils n'ont pas les outils pour répondre à la demande.

J'aimerais ça, Mme la Présidente, vous parler de l'intervention du premier ministre au sujet des régions. J'aimerais ça vous parler de sa vision au sujet des régions. Malheureusement, dans 45 minutes de discours, je n'en ai pas entendu. Et ça, ça reflète, par exemple, Mme la Présidente, je lui accorde, ça reflète ce qu'on entend de son gouvernement depuis sept ans, une absence complète de vision pour les régions. Et demandez aux gens du gouvernement c'est quoi, la vision pour les régions. Ils vont vous dire : Ah! on a investi dans des PME. Oui, on le sait, Mme la Présidente, qu'ils ont investi dans des PME. On a vu le trou financier dans le Fonds de développement économique, 5,1 milliards de dollars. On le sait, qu'ils ont investi dans les PME, mais ce n'est pas une vision, ça, Mme la Présidente, ce n'est pas une vision régionaliste. Les deux seuls députés qui portaient la vision régionaliste de la CAQ, bien, ils sont assis ici, dans le coin, maintenant, Mme la Présidente, et ils disent, on vient de les entendre, ils disent que le caucus de la CAQ, que le leadership de la CAQ ne reflète pas les ambitions des régions.

J'aimerais ça pouvoir vous dire qu'on a entendu une vision au sujet des régions. Et je vais vous donner un exemple. Je suis content que le député de Gatineau soit ici, parce qu'il y a deux ans... il y a trois ans, en 2022, Mme la Présidente, il a, et je lui lève mon chapeau, attiré le premier ministre du Québec dans sa région, dans notre région, à Maniwaki. Et le premier ministre du Québec a pris la parole devant le parterre d'invités, qui étaient heureux de l'accueillir, et il a dit, main sur le coeur, figurativement, Mme la Présidente, main sur le coeur : Je vais, mon gouvernement va déplacer des employés de la fonction publique en région. Il avait trois façons d'y arriver. Il voulait mettre 5 000 travailleurs de la fonction publique québécoise en région, dont plusieurs à Maniwaki. Il nous a dit : On va faire ça de trois façons : l'embauche, en région, d'emplois vacants en zone urbaine, c'est-à-dire, il y a des emplois vacants à Québec, on les embauche, basés Maniwaki maintenant, la création de nouveaux postes en région et le déplacement volontaire de fonctionnaires, c'est-à-dire : Qui lève la main, qui veut s'installer en région? Et il allait faire ça, Mme la Présidente, à travers des bureaux gouvernementaux partagés.

J'ai une question pour tous les députés de la CAQ concernés : Ils sont où, ces bureaux-là, aujourd'hui? Parce qu'à Maniwaki il n'existe pas, ce bureau-là. Il n'existe pas. Et, essayez-le, promenez-vous dans les rues toute la journée, là, essayez de trouver ces fameux fonctionnaires là. Bonne chance, Mme la Présidente, bonne chance. Vous ne les trouverez pas. Ils n'existent pas. C'était une fausse promesse basée sur une fausse prémisse. Je ne sais pas s'il avait l'intention de le faire. Je ne sais pas s'il avait la volonté de le faire. Je ne sais pas s'il a vendu à son caucus que c'est ça qu'il allait faire, mais ce n'est pas ça qu'il a fait. Il est allé à Maniwaki, il a promis une vision régionaliste puis il n'a rien fait, rien du tout, Mme la Présidente.

J'ai entendu la députée de Rimouski, il y a quelques instants, nous parler de... du régime forestier, parlant des régions. Et la députée de Rimouski et moi, on ne s'est pas toujours entendus sur le régime forestier. Nous, on pensait, comme plusieurs acteurs, comme les travailleurs, comme les Premières Nations, comme... comme les gens des pourvoiries, Mme la Présidente, comme plusieurs acteurs en forêt publique, que le projet était parti sur des mauvaises bases. Il y avait plusieurs gens qui se sont rencontrés au Saguenay il y a quelques mois et qui ont dit : Bien, nous, on pense qu'il y a des meilleures bases sur lesquelles on est capables de lancer un régime forestier. Mais, là où je rejoins et là où je crois la députée de Rimouski, c'est quand elle nous dit : Bien, moi, je suivais les ordres qui venaient d'en haut, hein, la vision qui m'était imposée, c'était celle du gouvernement, moi, j'ai suivi les ordres qu'on m'a donnés tout au long de ce débat-là jusqu'à tant que cette vision-là, elle soit larguée par le gouvernement.

Mais ça a des conséquences, ce qui s'est passé. Ça a des conséquences d'être partis sur des mauvaises bases, de ne pas avoir fait un travail correct avec les travailleurs, avec les industries, avec les municipalités, avec les Premières Nations qui sont venues ici puis qui ont dit, pas une fois, pas deux fois, trois fois, Mme la Présidente : On les a avertis, et ce n'est pas ça qu'on voulait, mais on les a avertis qu'il y aurait des tensions sociales, qu'il y aurait des tensions sociales cet été suite au dépôt du régime forestier. Et tensions sociales il y a eu, Mme la Présidente. Il y a des gens qui n'ont pas été capables de travailler. Il y a des gens, en région, qui n'ont pas été capables de travailler. Il y a plusieurs des députés ici qui comprennent ça, qui connaissent ça, qui entendent ça. Bien, pourquoi? Parce qu'ils ont bâclé le travail, Mme la Présidente, parce qu'ils n'avaient pas une vraie vision de comment ça devrait se passer, une réelle concertation.

Un régime forestier, là, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Je pense que tout le monde le reconnaît. Mais, moi, ce que j'ai entendu puis ce que j'ai retenu d'à peu près tous les acteurs, c'est : On est pressés d'avoir un régime forestier, mais on n'est pas pressés de le faire n'importe comment. C'est ça qui est en train de se passer. Mais le premier bout, là : On est pressés d'avoir un régime forestier, ça, ça continue, là. Il y a des gens, dans toutes sortes de régions forestières, qui continuent de se dire qu'ils ont besoin d'un nouveau régime forestier, et là ils n'ont aucune espèce d'idée qu'est-ce qui s'en vient du gouvernement. La seule chose qu'on a entendue, c'est : Ça presse, ça prend un régime forestier, puis, pendant ce temps-là, on va requalifier les gens qui perdent leur emploi. Aïe! De la requalification dans un village forestier, là, ça ne mène pas à grand-chose. Je m'excuse, là, mais c'est difficile en torvis.

Bien là, aujourd'hui, il y a des gens au Saguenay, au Lac-Saint-Jean, il y a des gens dans les Laurentides, il y a des gens en Abitibi, au Témiscamingue, il y a des gens sur la Côte-Nord qui ont perdu leur emploi. Là, c'est facile, nous, on a un débat théorique. Demain matin, on va se lever, on va revenir ici, on va avoir notre emploi encore, on va recevoir notre chèque de paie jeudi. C'est de même, facile. Eux autres, ce n'est pas facile, Mme la Présidente. Puis vous savez quoi? On est quoi, aujourd'hui, on est le 7? Bien, le 10, le 10 octobre, c'est à Maniwaki que ça va se passer, le 10 octobre, dans trois jours, et ça va continuer, Mme la Présidente. Ce n'est pas terminé.

L'agriculture. J'aurais aimé ça entendre la vision du premier ministre sur l'agriculture, parce qu'on a devant nous, après sept ans de gouvernement de la CAQ, une financière agricole qui n'est pas à la hauteur des attentes des producteurs, qui est loin d'être à la hauteur des attentes des producteurs. Les producteurs, ce qu'ils nous disent, là, c'est : On va faire... nous-mêmes, là, on va être notre propre assureur maintenant. Il n'y a même pas, Mme la Présidente, la moitié des producteurs maraîchers qui sont assurés à La Financière parce qu'ils se disent... et c'est la seule assurance qui leur est disponible, celle de La Financière, parce qu'ils se disent : Ah! bien, ça ne vaut pas la peine, je ne suis pas sûr que je vais avoir les retours que j'ai besoin. 33 % de cet argent-là de La Financière, c'est le leur, là, et ils choisissent quand même de ne pas s'assurer. Ça, ça fait des entreprises agricoles à risque, à risque.

Là, cette année, là, pas facile, là, hein? Il y a eu des pluies immenses au début de l'année. Après ça, il y a eu une sécheresse prolongée pendant les derniers mois. Bien, ces entreprises-là, leur retour, là, il ne sera pas fantastique cette année. Il y en a beaucoup qui vont avoir de la difficulté. Est-ce qu'ils vont être capables de passer à travers? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais, si on avait fait une vraie réforme de La Financière agricole au cours des dernières années, on ne serait pas dans ce bateau-là, Mme la Présidente.

Là, je veux... avec les minutes qu'il me reste, là, je veux quand même dire deux mots sur... sur ma région, parce que, moi, la réaction que j'ai entendue, c'est la même à chaque fois que le gouvernement se lève pour en parler, c'est rien, encore rien, toujours rien. La forêt, j'en ai déjà parlé. Le commerce interprovincial, on dirait que toutes les autres provinces sont en train de faire des ententes, sauf la nôtre. Bien, nous, on habite dans une région frontalière. Beaucoup de producteurs dans ma région, ils aimeraient ça être capables de vendre aux marchés publics de l'autre côté de la rivière. Ils ne sont pas capables, parce qu'on est incapable, au gouvernement, de faire des ententes sur le commerce interprovincial. Ça me fait capoter, Mme la Présidente, quand je vois l'Ontario faire des ententes avec le Nouveau-Brunswick, avec la Nouvelle-Écosse. Ils passent par-dessus nous autres.

Est-ce qu'on a, Mme la Présidente, confiance en ce gouvernement-là pour rétablir ce dont on a besoin dans les cégeps, l'université en Outaouais? Il y a 120 étudiants qui viennent de se faire revirer de bord, qui ont fait des demandes pour être en sciences infirmières. Ils viennent de se faire revirer de bord, Mme la Présidente. On ne peut pas se permettre ça en Outaouais.

Il n'y a pas de plan de ressources humaines pour le prochain hôpital. On va créer un hôpital. Il n'y aura toujours aucun plan de ressources humaines. Continuez de même. Il va être à moitié vide quand il va être ouvert, cet hôpital-là.

• (18 h 20) •

En résumé, Mme la Présidente, là, s'il pense qu'avec un discours le premier ministre va se refaire une beauté, bien, je m'excuse, ça ne marche pas comme ça. Les gens se souviennent des sept dernières années. Ils savent exactement quel impact ça a sur leurs finances personnelles. Ils savent exactement comment on a hypothéqué l'avenir de leurs enfants. Ils savent exactement à quel point les services publics sont difficiles à obtenir. Ils savent exactement à quel point les régions sont oubliées, sont abandonnées par ce gouvernement-là. Vous savez ce qu'on entend de nos concitoyens, ce qu'on a entendu tout l'été? Puis moi, je suis convaincu que les gens de la CAQ l'ont entendu, peut-être derrière leur dos, mais ils l'ont entendu quand même. C'est : Pouvez-vous passer le message à ce gouvernement-là qu'il ne touche à rien pendant la prochaine année? Ah! ils sont élus, ils vont être là, c'est correct, mais qu'ils ne touchent à rien, parce que, chaque fois qu'ils touchent à quelque chose, ça tourne au vinaigre.

Motion formulant un grief

Alors, Mme la Présidente, j'aimerais ça présenter une motion de grief suite au discours du premier ministre, et elle se lit comme suit :

«Que l'Assemblée nationale dénonce l'absence complète de mesures pour favoriser l'économie des régions du Québec, notamment par l'omission des deux secteurs fondamentaux de l'économie régionale que sont les secteurs agricole et forestier.»

Je vous remercie, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Votre motion est reçue sous réserve de sa recevabilité.

Maintenant, je suis prête à entendre Mme la députée de Châteauguay.

Mme Marie-Belle Gendron

Mme Gendron : Merci, Mme la Présidente. Merci, chers collègues, d'être là. Mon discours ne se voudra peut-être pas sur le même ton que le collègue qui vient de parler. Donc, je prends la parole aujourd'hui avec beaucoup de fierté à la suite du discours du premier ministre, un discours clair, lucide et déterminé, un discours qui trace une voie ambitieuse qui est nécessaire pour l'avenir de notre Québec. Et moi, comme élue de Châteauguay, bien, je veux vous dire que je partage pleinement cette vision, parce que les grands enjeux du Québec sont aussi les enjeux de ma circonscription, les enjeux de chez nous, là où j'ai grandi, là où j'ai fondé ma famille et aussi là où est-ce que j'ai dirigé une entreprise.

Le plan du premier ministre est clair. Vous l'avez bien entendu à maintes reprises. Nous allons nous concentrer sur quatre champs d'action : l'économie et le portefeuille des Québécois, l'efficacité, la sécurité et notre identité. Mes concitoyens et concitoyennes méritent d'être pleinement inclus dans cette relance économique, dans cette quête d'efficacité, dans cette recherche de sécurité et cette volonté de protéger notre identité.

Aujourd'hui, j'aimerais vous parler des opportunités extraordinaires qui s'offrent à nous si on agit ensemble dans le bon sens, avec l'exigence d'obtenir des résultats mais aussi de favoriser une des grandes forces des gens de chez nous qui est la volonté de créer, de collaborer et de faire des partenariats, parce qu'ensemble on va toujours plus loin.

Le premier ministre l'a bien exprimé, l'économie est la clé de tout, non pas comme une fin en soi mais comme un levier pour améliorer la qualité de vie des familles, des travailleurs, des aînés et des jeunes de chez nous. Dans ma circonscription, d'ailleurs, nous avons tous les atouts pour jouer un rôle moteur dans cette relance. Entre autres, nous bénéficions d'une situation géographique stratégique sur la Rive-Sud, aux portes de Montréal, tout près des grands axes routiers. Nous avons aussi un bassin de PME dynamiques avec un parc industriel en pleine effervescence. Nous avons des entreprises du milieu de la construction, du milieu des services, des services de proximité, de la logistique, mais aussi on a des entrepreneurs au niveau de l'agriculture et de l'agroalimentaire, puisque nous restons le garde-manger du Québec chez nous, en Montérégie. Et les agriculteurs sont également des entrepreneurs extrêmement importants pour notre économie également.

Il y a un beau projet, entre autres, de hub alimentaire qui pourrait se concrétiser dans ma municipalité, à Saint-Isidore. Nous avons des projets, des institutions dont nous sommes fiers. Il y a l'Hôpital Anna-Laberge, le Centre de santé Desjardins, le CLSC, également, la maison des aînés, mais il y a également, au-delà de ça, des endroits... Côté éducation, on a l'école L'Archipel, la nouvelle école LPP qui se construit, l'école de formation professionnelle, tout ça chez nous, dans la circonscription de Châteauguay.

Il y a aussi un noyau villageois qui se développe dans la ville de Mercier, qui se traduira, entre autres, par un tout nouveau centre communautaire et aussi une future glace réfrigérée, le Pavillon Alec Reid, nommé en l'honneur d'un jeune hockeyeur de notre région qui est décédé beaucoup trop tôt. Nous avons aussi le centre aquatique intérieur tant attendu qui ouvrira ses portes dans quelques mois à Châteauguay. Et, justement, la semaine passée, on parlait de partenariat. La ville de Mercier et la ville de Châteauguay ont fait une entente afin que tous les concitoyens puissent bénéficier de ce beau centre aquatique qui ouvrira ses portes sous peu. Il ne faut pas oublier non plus la route verte, le corridor vert Châteauguay-Léry et également Héritage Saint-Bernard, des incontournables dans ma région. C'est des pôles touristiques mais aussi écologiques importants en Montérégie.

Chez nous, on peut aussi compter sur une main-d'oeuvre qualifiée et diversifiée, mais aussi un bassin d'étudiants qui ont un grand désir de se former et de se requalifier.

Tous ces exemples sont des ancrages chez nous, des ancrages qui attirent les familles, qui soutiennent l'employabilité et qui rendent mon comté aussi attrayant et aussi précieux qu'il l'est.

Le milieu des affaires est un milieu que j'affectionne particulièrement, pour y avoir participé dans le passé en tant qu'entrepreneure et aussi en tant que présidente de la Chambre de commerce et d'industrie du Grand Roussillon. Et, quand on parle de richesse, oui, on parle de grands projets porteurs pour notre Québec et pour le Québec de demain, des projets qui vont assurer de faire rouler notre économie, qui va créer également des emplois payants, mais il y a aussi autre chose, il y a nos PME. Ce sont les PME du Québec qui investissent, qui embauchent et qui innovent. C'est pour ça que 90 % des montants d'Investissement Québec sont investis dans les PME de 200 employés et moins. Et, de ça, 40 % sont investis dans des entreprises qui ont 20 employés et moins au Québec.

Comme élue, je veux que nos entrepreneurs, que nos villes, que nos partenaires perdent moins de temps à attendre à cause de lourdeurs administratives et qu'ils aient plus de temps pour produire, pour servir et pour créer pour notre monde. Il ne faut pas oublier aussi qu'on peut... on peut être... pardon, on ne peut plus se fier sur nos voisins du Sud, malheureusement. C'est pour ça qu'il faut accompagner nos entreprises à trouver de nouveaux marchés.

Créer de la richesse, c'est bien. En faire bénéficier les Québécois et les Québécoises, c'est le but. Plusieurs mesures ont déjà amélioré le quotidien des gens, comme, entre autres, les deux heures de stationnement gratuit dans les établissements de santé, le plafonnement de la hausse des tarifs d'Hydro-Québec de 3 %, le soutien ciblé aux parents et aux aînés.

Les familles le savent, chaque dollar compte. C'est pourquoi nous avons aussi instauré le programme Mieux voir pour réussir. Ça, c'est 300 $ qu'on rembourse aux parents pour les lunettes de leurs enfants de 17 ans et moins. On a aussi baissé les taxes scolaires et on a ramené les services de garde subventionnés à contribution réduite.

Ce ne sont là que quelques exemples concrets du travail accompli jusqu'à maintenant. Et la bonne nouvelle, c'est qu'on va continuer d'agir dans ce sens-là. Pourquoi? Parce que chaque dollar compte pour les familles du Québec, Mme la Présidente.

Je salue, par ailleurs, notre volonté de proposer de nouvelles options pour soulager le portefeuille des Québécois et des Québécoises dans les prochains mois en gardant le cap sur une gestion financière responsable vers l'équilibre budgétaire 2029‑2030. C'est l'esprit de responsabilité que les familles du Québec réclament, aider maintenant sans hypothéquer demain, et c'est ça qu'on va continuer à faire, Mme la Présidente.

Oui, nous devons ajouter de l'efficacité, revoir nos procédures et réduire la paperasse. C'est vrai. Que ce soit en construction, en environnement, au niveau des services, on doit faire mieux. Le premier ministre a été clair, on va faire un traitement-choc pour simplifier, optimiser, responsabiliser afin de mieux servir les Québécois et les Québécoises. Je veux que ce traitement-choc se traduise aussi chez nous par des parcours plus faciles, des délais réduits et des allègements des démarches trop souvent longues, tout ça pour favoriser la vitalité de nos comtés, et pour être plus agiles, et pour encourager l'innovation, pour être plus efficaces et pour que les projets se fassent.

Comme je le répète souvent, j'aimerais plus de confiance et plus de marge de manoeuvre. Nous avons, dans la circonscription de Châteauguay, des élus compétents. Je prends deux minutes pour saluer, justement, certains de mes élus qui ont été élus par acclamation, donc, la fin de semaine dernière. Donc, j'aimerais nommer Sylvain Payant, maire de la ville de Saint-Isidore. J'aimerais également nommer Mme Lise Michaud, mairesse de Mercier, et également Éric Allard, maire de Châteauguay, qui ont tous été élus par acclamation. Et je peux dire également qu'à Saint-Isidore la majorité des conseillers ont également été élus par acclamation. À Mercier, l'entièreté des conseillers ont été élus également par acclamation, et, à Châteauguay, la même chose. Donc, ces élus sont extraordinaires, et je vais pouvoir continuer à collaborer avec eux.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, je comprends que ça met fin à votre intervention. Alors... Non, mais voulez-vous poursuivre? Vous pouvez...

Une voix : ...

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous allez poursuivre. Parfait. Alors, nous allons noter votre nom, et, lors de la reprise du débat, vous serez la première.

Ajournement

Alors, compte tenu de l'heure, les travaux sont suspendus jusqu'à demain, 8 octobre, 9 h 40.

(Fin de la séance à 18  h  30)