(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour, chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à
la rubrique Déclarations de députés, et je cède maintenant la parole à la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le geste héroïque de M. Jean-Philippe Noël
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je vais vous faire la preuve que les héros n'existent pas seulement dans les livres et dans
les films, mais bien que l'histoire que je vais vous raconter pourrait très
bien être une histoire hollywoodienne.
Ça s'est passé le 2 juillet dernier sur la
rivière Sainte-Anne. Une citoyenne, Geneviève Tremblay, qui était en kayak, le vent s'est levé, elle a basculé, est
tombée dans l'eau, s'est heurtée à une roche et est restée coincée. Elle a
tenté de se libérer. Finalement, à bout de forces, elle a simplement
lâché prise. C'est là qu'un bon samaritain, un citoyen de Boischatel, Jean-Philippe Noël, l'a aperçue. Il
est allé jusqu'à elle malgré les vagues, s'est attaché une corde autour de la
taille, l'a lancée à la victime en détresse
et a réussi à la secourir. Il lui a sauvé la vie. Il l'a ramenée à la rive et
par la suite a appelé les secours.
Aujourd'hui,
ils sont tous les deux dans les gradins. Je voulais prendre quelques minutes
pour saluer le courage de M. Noël. Merci. Merci pour votre geste
héroïque.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Et, au nom de la présidence, toutes nos félicitations
pour votre bravoure, M. Noël. Merci.
Je suis prête maintenant à entendre Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
La parole est à vous.
Souligner la Semaine nationale de l'action communautaire
autonome
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : En cette
Semaine nationale de l'action communautaire autonome, je souhaite rendre hommage
aux 54 000 travailleuses et travailleurs ainsi qu'aux
4 500 organismes qui oeuvrent partout au Québec. Votre engagement et votre dévouement soutiennent les
plus vulnérables, font vivre nos quartiers et redonnent de l'espoir à tant
de familles.
Mes collègues et moi partageons votre mission.
Nous savons que votre travail, essentiel à la cohésion sociale du Québec, doit être reconnu à sa juste valeur. Il
est de notre devoir collectif de vous offrir les outils, les ressources et la stabilité
nécessaires pour poursuivre vos actions dans la dignité. Comme députée marraine
de la région de la Mauricie, je note que
plusieurs organismes, notamment ceux à Shawinigan, font entendre leur cri du
coeur cette semaine. Rappelons-le, nos organismes communautaires
méritent mieux.
Merci du fond
du coeur pour votre passion, votre humanité et votre indéfectible engagement.
Vous êtes et demeurez le coeur battant de notre solidarité québécoise.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Huntingdon.
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : ...Mme
la députée, c'est Huntingdon.
Souligner le travail de l'équipe du journal Le Gleaner
Mme Carole Mallette
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. Je tiens aujourd'hui à féliciter chaleureusement Sarah Rennie toute
l'équipe du journal Le Gleaner pour l'excellence et la rigueur
journalistique dont elles font preuve.
Par leur professionnalisme, leur capacité à
traiter l'information avec justesse et humanité, Le Gleaner incarne les
valeurs fondamentales du journalisme local : informer, rassembler et faire
vivre la parole citoyenne.
Le
Gleaner, troisième plus ancien journal régional du Québec, témoigne d'un
héritage exceptionnel. Né il y a plus de 150 ans, il a traversé les
époques. Son histoire aurait pu s'éteindre après sa fermeture, en 2018, mais,
grâce à la mobilisation de la communauté et à la création de l'OBNL Services
d'information de la vallée de Châteauguay, Le Gleaner a repris vie
en 2019, plus enraciné que jamais dans sa mission de service public.
Aujourd'hui,
sous la plume engagée de Sarah et de ses alliés, Le Gleaner continue de
faire rayonner notre région et de préserver la vitalité démocratique qui
distingue le Haut-Saint-Laurent.
Félicitations pour ce
travail remarquable et essentiel!
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
la députée de Sherbrooke.
Souligner la contribution du
milieu communautaire au
bien-être des Québécois et Québécoises
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Mme la Présidente, c'est aujourd'hui la journée nationale de l'action
communautaire autonome.
Partout sur le
territoire du Québec, il y a des organismes qui contribuent chaque jour à
offrir des services absolument essentiels aux citoyens, par exemple pour les
soutenir dans leur parcours scolaire, pour répondre à leurs besoins en santé et en services sociaux, ou pour
les accompagner dans la défense de leurs droits. Plusieurs d'entre eux sauvent
littéralement des vies.
Les
dizaines de milliers de personnes qui travaillent dans ces organismes, surtout
des femmes, ont malheureusement des conditions de travail précaires,
malgré leurs diplômes et leur expérience.
Les
organismes communautaires souffrent d'un sous-financement qui met en péril leur
capacité de répondre à la demande et
de retenir leur personnel. Ils connaissent les besoins et savent comment y
répondre, mais le sous-financement et le mode de financement par projet
plutôt qu'à la mission les empêchent de le faire.
Si
ces organismes cessaient leurs activités, ça irait mal, au Québec. Des
centaines de milliers de personnes seraient privées de soutien et jamais
le réseau public ne serait en mesure de remplacer tout le travail fait par ces
organismes.
J'invite
le gouvernement à s'en rendre compte et à financer les organismes
communautaires à la hauteur de leurs besoins. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Saint-François.
Féliciter M. Samuel
Bolduc, médaillé d'or aux Olympiades
canadiennes des métiers et des technologies
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert :
Mme la Présidente, Samuel Bolduc a remporté la médaille d'or en dessin
assisté par ordinateur à la finale canadienne des Olympiades des métiers et des
technologies, en mai dernier à Regina.
Le concours
consistait à réaliser des dessins de fabrication mécanique à l'aide de
logiciels spécialisés, à relever des mesures sur des pièces réelles et à
produire des plans conformes.
La médaille de
M. Bolduc vient avec un billet vers l'international.
Cet étudiant de
troisième année en techniques de génie mécanique au cégep de Sherbrooke
représentera le Canada au Mondial des métiers à Shanghai en septembre 2026.
Meilleur étudiant au
pays en dessin assisté par ordinateur, il se mesurera à des concurrents
provenant de toutes les parties du monde. Son entraînement exige rigueur,
discipline et travail acharné.
Je vous félicite,
M. Bolduc, pour la fructification de vos talents, et je vous encourage à
poursuivre sur votre erre d'aller. Votre succès est une grande source de fierté
pour ma circonscription. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Taschereau.
Demander au gouvernement
d'entamer les travaux nécessaires
pour rendre le chemin de Manawan sécuritaire
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
Mme la Présidente, aujourd'hui, je veux vous parler de sécurité et de
dignité. Je veux vous parler des membres de la communauté de Manawan.
Le chemin de Manawan,
qu'on appelle «la route de l'enfer», c'est le seul chemin qui relie la
communauté au reste du Québec. C'est un
chemin de gravier de 87 kilomètres dans un état lamentable. Il est la
cause de plusieurs accidents de la route, dont plusieurs sont mortels. La
cause également de ruptures de services importantes, comme la pénurie d'eau
potable survenue en février 2022.
Les membres de la communauté de
Manawan sont exaspérés d'être considérés comme des citoyens de seconde zone.
En 2018, le
gouvernement s'est engagé à asphalter le chemin de Manawan. Ça n'a pas été fait
encore.
Québec solidaire
joint sa voix à celle du Conseil des Atikamekw. Commençons les travaux le plus
rapidement possible, pour la sécurité et la dignité. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Beauce-Nord.
Féliciter les lauréats du Gala
des Perséides de la Chambre
de commerce et d'industrie Nouvelle-Beauce
M. Luc Provençal
M. Provençal :
Merci, Mme la Présidente. Le 16 octobre dernier se tenait la
13e édition du Gala des Perséides de la
Chambre de commerce et d'industrie Nouvelle-Beauce. Sous le thème Coopérer,
s'engager, innover, l'événement fut l'occasion de remettre
16 distinctions dans différentes catégories.
Je souligne notamment
Samuel Vachon, de Vachon École de conduite supérieure, prix Coup de coeur;
Vincent Roy, de Gabion Express, prix Leadership au masculin et prix
Construction; Jade Cantin, de Cantin Cabinet Conseils,
prix Leadership au féminin; Francis Langevin, d'Élecal, prix Jeune professionnel
de l'année; sans oublier l'entreprise de l'année, le Club de golf de
Sainte-Marie.
De ce fait, je vous
félicite ainsi que l'ensemble des autres lauréats, et je salue également les
nombreux finalistes. Mes hommages à la CCINB
pour la réussite de l'événement. La Nouvelle-Beauce est dynamique et j'en suis
fier. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Saint-Jérôme. La parole est à vous.
Saluer la mémoire de
Mme Gabie Renaud et le
courage de sa soeur, Mme Rachel Renaud
M. Youri Chassin
M. Chassin :
Dimanche dernier, à Saint-Jérôme, on a marché pour saluer la mémoire de Gabie
Renaud et des victimes de violence conjugale.
Gabie et sa soeur
Rachel étaient encore enfants quand elles ont perdu leurs parents, à trois ans
d'intervalle. Le meurtre de Gabie, c'est
Rachel à qui on arrache sa soeur, son amie, sa famille et les deux enfants de
Gabie à qui on arrache leur mère. Le meurtre de Gabie, c'est une horreur
à fendre le coeur, de cruauté, d'injustice, de se sentir impuissants.
Mais on s'est réunis,
on a revendiqué, on a appelé une réforme de nos voeux. On a marché pour espérer
que les choses changent. On a marché avec
les victimes, avec nos voisines, avec nos amies, avec ma collègue la députée de
Mercier, merci d'être venue. On a marché
pour soutenir la famille de Gabie, pour soutenir Rachel, Rachel qui, malgré son
deuil, a pris cette initiative d'organiser une marche, de nous réunir. C'est
elle qui nous a soutenus.
Dimanche dernier, à
Saint-Jérôme, j'ai marché avec plus de 300 personnes grâce au courage de
Rachel Renaud pour qu'il n'y en ait pas une de plus. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée des Plaines.
Rendre hommage aux bénévoles
et aux partenaires
de la Commanderie de l'Érable
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je tiens à
souligner le travail honorable des bénévoles
et des partenaires de la Commanderie de l'Érable du Québec qui depuis plus de
15 ans oeuvrent à valoriser notre or blond, soit le fameux sirop
d'érable, envié à travers le monde.
D'ailleurs, le
4 septembre dernier, la Commanderie de l'érable tenait le concours annuel
de la Grande Sève à Mirabel pour reconnaître
les meilleurs sirops de l'année, où j'ai eu l'honneur d'y être comme juge
officielle en compagnie de quelqu'un
que vous connaissez bien, Mme la Présidente, la députée de Mirabel. L'an
dernier, cet événement se déroulait en Beauce, où mon collègue député de
Beauce-Sud était également juge.
Aussi, en marge de la
Journée nationale de l'érable, grâce à une initiative de la Commanderie, une
remise officielle a eu lieu ici même, au parlement, le
mardi 21 octobre dernier, pour honorer les artisans d'exception.
Enfin,
merci aux producteurs du Québec qui perpétuent nos traditions, et longue vie à
la Commanderie de l'Érable!
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, Mme la députée.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Vachon. La parole est à
vous.
Féliciter
la Société historique et culturelle du Marigot pour
le lancement du livre Longueuil, un avenir prometteur
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Récemment, j'ai eu le plaisir d'assister
au lancement du livre Longueuil, un avenir prometteur, présenté par la
Société historique et culturelle du Marigot. Je tiens à saluer aujourd'hui le travail remarquable de tous ceux
et celles qui ont contribué à sa réalisation, de la recherche à la publication.
Cet
ouvrage regroupe plus de 185 photos anciennes prises entre 1860 et 1960.
Classées par thématique, plusieurs illustrent des moments marquants de
l'histoire de mon comté, Saint-Hubert.
Depuis sa fondation,
en 1978, la société historique du Marigot incarne une passion vivante pour
notre patrimoine collectif. Ma grand-mère, qui nous a quittés à l'âge vénérable
de 105 ans et qui a vécu à Longueuil, aurait feuilleté ce livre avec beaucoup d'émotion, y retrouvant des souvenirs
de son coeur, Mme la Présidente. À travers ce livre, je me suis souvenu
de bien des récits que ma grand-mère m'avait racontés.
Bravo et merci, Mme
la Présidente, à Mme Anik Tourangeau ainsi qu'aux deux auteurs, Michel
Fragasso et Marcela Aranguiz. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Chapleau.
Souligner le
45e anniversaire de
l'organisme Option Femmes
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais
souligner le 45e anniversaire d'Option Femmes, un organisme qui contribue
de façon remarquable à l'autonomie économique des femmes et à la valorisation
de la main-d'oeuvre féminine dans ma circonscription de Chapleau, à Gatineau,
en Outaouais.
Depuis sa fondation,
en 1980, Option Femmes s'est imposé comme un pilier de soutien aux femmes dans
leur cheminement professionnel et personnel par ses services d'accompagnement,
ses programmes de retour aux études, de
recherche d'emploi et d'exploration de métiers en tous genres. Son événement
annuel, le Sommet Atypique, rassemble chaque année plus de
40 exposants qui permettent aux femmes de découvrir concrètement des
métiers non traditionnels dans des secteurs comme la construction, la
technologie ou d'autres qui historiquement étaient peu accessibles.
Depuis des décennies,
Option Femmes a su répondre à la diversité des réalités féminines dans leurs
dimensions multiples. Je veux saluer sa
directrice, Chantal Courchaine, toute l'équipe d'Option Femmes, les bénévoles,
les partenaires et toutes celles qui
de près ou de loin contribuent chaque jour à faire progresser cet organisme. Merci
de construire un monde où toutes les femmes trouvent leur place. Bon
40e anniversaire!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée deRivière-du-Loup—Témiscouata.
Féliciter l'Association des
riverains du lac Saint-Hubert,
lauréate du prix Anselme Gagné
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne :
Merci, Mme la Présidente. Je suis très heureuse d'accueillir dans nos tribunes,
ce matin, Mmes Perron et Soucy et
M. Sawyer, membres de l'Association des riverains du lac Saint-Hubert, qui
travaillent à chaque jour à préserver et protéger notre magnifique lac
Saint-Hubert, dans la MRC de Rivière-du-Loup.
Créée en 2020,
l'association s'est rapidement imposée comme un acteur incontournable avec la
mise en place d'un système exemplaire de surveillance, de sensibilisation et de
protection du lac. L'expertise de ses membres a été reconnue dernièrement par
l'Organisme des bassins versants du Nord-Est du Bas-Saint-Laurent, qui lui a
décerné le prix Anselme Gagné 2025 pour
son engagement dans la protection des milieux humides et hydriques et la mise
en valeur du lac Saint-Hubert.
Je suis très fière,
Mme la Présidente, de compter dans ma circonscription des citoyennes et
citoyens engagés pour la préservation de nos richesses naturelles, qui font,
entre autres, la fierté de notre destination touristique. Bravo à tous! Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Cela met fin à la
déclaration de députés.
Donc, je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 05)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Mesdames messieurs, le parlement
du Québec, c'est chez vous. Bienvenue.
Nous allons nous recueillir quelques instants,
si vous voulez bien.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de l'ambassadeur de la République d'Autriche, M. Andreas Rendl
Eh bien,
aujourd'hui, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de
l'ambassadeur de la République d'Autriche, Son Excellence
M. Andreas Rendl, à l'occasion de sa visite officielle.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles
ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
des Finances.
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer
l'édition 2025 du rapport sur l'application de la Loi sur la Caisse
de dépôt et placement du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le ministre de la Justice.
M. Jolin-Barrette : Oui.Bonjour, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le plan stratégique 2025‑2029
de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé.
Pour ma part, je dépose la lettre que m'a
adressée M. le premier ministre me demandant de prendre les dispositions
nécessaires pour que l'Assemblée se réunisse en séances extraordinaires à
compter de 8 heures, ce vendredi 24 octobre 2025, selon le
calendrier et l'horaire qui seront déterminés par l'Assemblée, afin de
permettre la présentation d'un projet de loi visant principalement à instaurer
la responsabilité collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à assurer la continuité de la
prestation de ses services, ainsi que de procéder à toutes les étapes de
son étude.
Je dépose également le rapport d'activité et de
gestion 2024‑2025 de la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, je reconnais
Mme la députée de Terrebonne.
Annuler les compressions budgétaires imposées au réseau
des cégeps
Mme Gentilcore : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 11 102 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le gouvernement du Québec a imposé des compressions budgétaires de
151 millions de dollars au réseau des 48 cégeps pour 2025‑2026,
constituant un choc financier sans précédent;
«Considérant que cette coupure s'ajoute au gel
de recrutement et au plafond d'heures rémunérées, des mesures contradictoires à
la croissance de 14 % de la population étudiante prévue d'ici 2032;
«Considérant
que les budgets d'investissement ont été plafonnés depuis 2024, avec des
réductions jusqu'à 60 % dans certains établissements;
«Considérant
que selon le Vérificateur général du Québec, les deux tiers des cégeps sont en
mauvais état et 56 % des établissements scolaires sont dans un état
critique;
«Considérant
que l'ensemble des compressions compromettent directement les services aux
personnes étudiantes, dont l'aide psychosociale, le soutien pédagogique
et les activités parascolaires;
«Considérant
qu'elles forcent plusieurs cégeps à adopter des budgets déficitaires et
menacent fortement l'accessibilité aux études supérieures;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«L'annulation immédiate des compressions de
151 millions de dollars;
«La levée du gel de recrutement et des plafonds
d'heures imposées;
«La révision des budgets d'investissement pour
les infrastructures;
«Le respect de l'autonomie des cégeps;
«La consultation réelle des établissements avant
toute modification budgétaire;
«Un
plan de réinvestissement pluriannuel tenant compte de la croissance
démographique;
«Le maintien des
services aux personnes étudiantes;
«La reconnaissance du
rôle stratégique des cégeps; et
«Un réinvestissement
dans les cégeps et l'avenir de notre société.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Je
vous avise qu'après la période des questions et réponses sera tenu le vote
reporté sur la motion de M. le député de Pontiac débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Et nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole, en question principale, à la cheffe de l'opposition officielle.
Délais d'attente en chirurgie
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le projet de loi n° 83 donne les
pouvoirs à Santé Québec de refuser à un médecin
de se désaffilier pour aller pratiquer au privé afin de, justement... de
s'assurer que nous, les Québécois, ayons enfin des chirurgies, parce
qu'après tout il y en a 147 000 qui sont en attente.
Or,
demande d'accès à l'information, depuis avril, 285 médecins ont été
désaffiliés avec l'accord de Santé Québec. Quels sont les critères pour obtenir
une telle désaffiliation pour aller pratiquer au privé? Pas de conséquence sur
le réseau public et incapacité à utiliser les médecins.
En d'autres mots, c'est
que, si j'ai une salle d'opération, mais que je n'ai pas d'inhalothérapeute ou
d'infirmière, bien, à ce moment-là, oui, allez travailler au privé.
En septembre dernier,
là, juste en septembre, 67 médecins spécialistes ont été désaffiliés. Mme
la Présidente, aucune demande n'a été refusée. Pire, de ce nombre 29 sont
orthopédistes. Voici le tableau de bord du ministre qu'on peut trouver en
ligne. Les orthopédistes, il y a 35 000 chirurgies en attente.
Quand
le gouvernement mettra de son côté les ressources nécessaires pour ouvrir
toutes les salles d'opération? Et, pour la gouverne du premier ministre,
il y en a 160 de fermées.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, d'abord, c'est important de préciser que le projet
de loi n° 83 permet à des médecins de se désaffilier de façon temporaire.
Ce qui est prévu, Mme la Présidente, puis ce qui arrive en pratique, c'est que,
s'il y a des salles de disponibles au privé, puis qu'on n'a malheureusement pas
toute la place nécessaire au public, on permet aux médecins, pendant deux
semaines, d'aller pratiquer au privé.
Très surpris que le Parti
libéral soit maintenant contre ce genre de mesure. Bon, évidemment, ils
évoluent puis ils se rapprochent de plus en
plus de Québec solidaire. Mais, Mme la Présidente, je pense, c'est une bonne
chose. On l'a vu, entre autres, pendant la pandémie. Pendant la
pandémie, on a été chanceux d'avoir l'aide du secteur privé. Donc,
Mme la Présidente, ce qu'il est important de dire, là, parce qu'il faut que la
population comprenne bien, il n'est pas
question de leur permettre de se désaffilier de façon permanente, c'est
seulement pour des petites périodes, pour aider à ce qu'il y ait plus de
chirurgies de faites au total, au Québec.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
563 blocs opératoires que nous disposons dans notre réseau public,
30 % sont fermés. Le 160, là, c'est 30 % de fermés. Puis, celles qui
sont ouvertes, la moyenne au bâton, 75 % n'arrivent pas à rouler à
plein régime. Pourquoi? Parce qu'on n'a pas les infirmières puis les
inhalothérapeutes.
Moi, ma question est
vraiment simple, pour le premier ministre. Dans une négociation, il y a deux
parties qui doivent négocier de bonne foi. Quand va-t-il commencer à s'assurer
d'avoir les ressources dans le réseau public?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, c'est important de dire que, depuis que le ministre de la Santé a
mis en place des mesures pour ramener du personnel du secteur privé vers le
secteur public, il y a 5 000 employés, ce n'est quand
même pas rien, là, il faut le mentionner, 5 000 employés qui sont
partis du privé pour revenir au public. Donc, c'est
une bonne nouvelle. Et on veut continuer dans cette direction-là. Mais, Mme la
Présidente, si, de façon temporaire, on
peut permettre à plus de Québécois d'avoir leurs chirurgies en passant pour
quelques semaines au privé, pourquoi le Parti libéral est contre ça?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
147 000 Québécois en attente de chirurgie, et, jusqu'à présent, je n'ai
pas ma réponse. Donc, si je comprends bien
le premier ministre, Mme Tremblay qui attend pour sa hanche, M. Simard
qui attend pour son genou, c'est juste temporaire, attendez encore. Dans les
chirurgies en attente de plus d'un an, il y en a 2 000. Moi, honnêtement,
là, là-dessus, je pense que le gouvernement devrait se regarder dans le miroir,
parce que c'est Santé Québec qui leur permet de se désinscrire du régime
public. Ils ont voté une loi, ils peuvent arrêter.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, c'est important, là, peut-être qu'elle ne fait pas
exprès, la cheffe de l'opposition officielle, pour oublier de mentionner que
c'est de façon très temporaire qu'on leur permet d'aller au privé. Maintenant,
on met en place toutes sortes de mesures. Évidemment, on est en négociation,
actuellement, avec les médecins spécialistes pour bien choisir les chirurgies
les plus urgentes. Et, Mme la Présidente, j'attends toujours la première
proposition de Pablo Rodriguez pour améliorer le réseau de la santé. J'attends
encore. Il y a un congrès en fin de semaine, peut-être qu'on aura le droit à la
première idée de Pablo Rodriguez.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
J'aurais pensé qu'il connaissait sa propre loi, à défaut de connaître les
contrats qu'il signe. Donc, pour information, lorsqu'on se désinscrit, c'est
pour un trimestre complet, donc trois mois. Donc, à partir de septembre, c'est
jusqu'en décembre.
Maintenant que c'est
dit, donc, Mme Tremblay et M. Simard, ne soyez pas inquiets, le
premier ministre vous dit : Patientez,
parce qu'en plus on a un projet pilote pour que si jamais... maintenant que ça fait plus qu'un an que vous attendez, bien, dans un an, après
ça, on va voir si on va pouvoir peut-être aller vous faire ça au privé. Et
savez-vous qu'est-ce qu'ils ont choisi pour le privé dans le projet pilote?
L'esthétique.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, actuellement, évidemment, il y a une négociation
qui est très importante avec les médecins omnipraticiens puis avec les
spécialistes. On a mis de l'argent sur la table, entre autres,
100 millions pour qu'il y ait plus de chirurgies au public. On espère être
capables d'ici demain matin de s'entendre avec le syndicat des médecins
spécialistes. Sinon, bien, on va mettre cet argent-là quand même sur la table
puis on va améliorer l'efficacité du réseau, mais on aimerait idéalement
s'entendre avec le syndicat des spécialistes.
La Présidente :
...je reconnais maintenant le député de LaFontaine.
Projet de loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective
et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration
de l'accès aux services médicaux
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Le premier ministre vient de dire que le Parti libéral du Québec n'avait
pas de proposition. Les propositions du Parti libéral du Québec sont entre
autres contenues dans le rapport d'experts que son gouvernement a mandaté, a
payé et qu'il n'a pas lu, parce que le rapport d'experts leur dit : Vous
faites totalement fausse route. C'est ça, la
position du Parti libéral du Québec, écouter les experts, puis ne pas partir en
guerre, qui fait en sorte que le patient, le patient, le patient, oui, que vous
avez abandonné, Mme la Présidente, dans votre huitième année... C'est une fin de
régime. Les experts sont venus vous dire que votre stratégie, je les cite, elle
est coercitive, que c'est des pratiques désuètes,
imposer votre projet de loi n° 106, Mme la Présidente, une vision
archaïque et révolue, et que vous risquez d'aggraver les
iniquités. Ne cherchez plus pourquoi ça ne marche pas avec la CAQ. Le projet de
loi n° 106 est tout ce qu'il ne faut pas faire, et c'est les experts qui
le disent.
Alors, le ministre de
la Santé, là, en fin de régime, là, pourquoi s'entête-t-il à faire fausse
route?
La
Présidente : La réponse... La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, Mme la Présidente, j'apprécie énormément, encore une fois, cette
question-là, ce matin, mais j'aimerais prendre un petit peu le temps pour
revenir en arrière, dans la dernière année. Qu'est-ce qui s'est passé?
Premièrement, les ententes sont terminées, les ententes avec les deux
fédérations de médecins sont terminées depuis deux ans... depuis plus de deux
ans. Dans la dernière année, le Trésor a fait des efforts de négociation
immenses, immenses, de nombreuses rencontres. On s'est donné... après avoir
déposé le projet de loi, en mai, on s'est donné l'été pour écouter les suggestions de toutes les parties prenantes, des
médecins, etc. On a fait ça dans l'été. Quand on est revenus, on a dit : OK, ça n'a pas avancé, est-ce
qu'il y a une autre façon? On a offert la médiation. Et, depuis les
négociations, Mme la... nous avons fait quatre offres, pas une, pas
deux, pas trois, quatre offres, dont la dernière cette semaine. Les différences
sont trop importantes, Mme la Présidente.
Ce qu'il est
important de dire, c'est que les Québécois attendent trop. Ils attendent trop
aux urgences, ils attendent trop pour une chirurgie. Nous, ce qu'on est, c'est
un gouvernement responsable, Mme la Présidente, qui dit : Aujourd'hui,
nous allons prendre l'intérêt des Québécois et... des Québécois pour leur
donner un service de qualité.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Ça fait huit ans qu'ils nous servent la même rengaine : On va y voir, on a
une solution. Leur solution, elle n'est pas bonne. C'est unanime. Il y a eu des
auditions sur le projet de loi n° 106 qu'ils vont nous enfoncer dans la gorge, à toute la population, demain, il y
a eu des auditions, et tout le monde, unanimement, les experts sont venus
leur dire : Vous faites fausse route.
Le Collège des médecins — ça
lui dit-tu de quoi, ça, au ministre de la Santé? — est venu dire que cette recherche de
volumétrie se fera au détriment du temps passé aux patients...
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, j'aimerais rappeler juste un exemple récemment, là. J'ai
entendu toutes sortes de commentaires, il y a un an, un an et demi, sur la
création de Santé Québec, que ça n'allait rien donner, puis qu'on faisait
fausse route avec une structure encore une fois. Vous savez, Mme la Présidente,
ce qui s'est passé cet été? Le meilleur été depuis des années, parce que Santé
Québec a bien planifié les choses. Malgré les vacances qui étaient dues pour
nos infirmières et notre personnel, on n'a jamais eu un si bon été. On a
diminué de plus que la moitié les bris de service.
Et ça, c'est un exemple, mais je pourrais revenir, comment on a réussi, avec le
personnel dont le premier ministre parlait tout à l'heure, d'être
capables de baisser de plus que 50 % le TSO. Je pourrais continuer pendant
des heures, Mme la Présidente.
• (10 h 20) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Il n'a pas à continuer pendant des heures. On le voit
bien, jusqu'à quel point, Mme la Présidente, il est déconnecté. Aïe! on a eu un
bon été, on a eu un bon été, on a réussi. Si c'était vrai, Mme la Présidente,
ça se saurait.
La solution qu'ils
vont nous enfoncer dans la gorge, le 106, personne n'en veut. Les
professionnels de la santé seront démobilisés, Mme la Présidente, et le
patient, qui devrait être au coeur de sa responsabilité, est abandonné. Bien,
c'est ça, on va les abandonner en 2026...
La
Présidente : La réponse.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, on continue sur le bon
ton. Alors, Mme la Présidente, je peux donner toujours... je peux donner
toujours des exemples, mais...
La
Présidente : M. le ministre, le leader du gouvernement s'est levé.
Quel est votre rappel au règlement, je vous prie?
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, on ne s'interpelle pas d'un côté à l'autre de la
Chambre, surtout quand on n'a pas le droit de parole, Mme la...
Des voix : ...
La
Présidente : Et silence pour tout le monde. On ne s'interpelle pas.
Maintenant,
j'aimerais entendre... on a écouté la question avec attention, j'aimerais
entendre...
Des voix :
...
La Présidente :
Aïe! Je vous vois, messieurs. Voulez-vous que je vous nomme?
J'aimerais entendre
la réponse. Au même titre qu'on a écouté de façon respectueuse la question,
j'aimerais entendre de façon respectueuse la réponse. M. le ministre.
39 secondes.
M. Dubé :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je veux juste rappeler... lorsqu'il parle des
experts que nous avons consultés au cours de la dernière année, je prends à
titre d'exemple pour la politique de la première ligne, les experts ont été
très clairs, ils nous ont fait six grandes recommandations pour être capables
de dire comment on peut faire pour renforcer la première ligne. D'ailleurs,
l'essentiel de ces recommandations-là se retrouve dans les nouvelles modes de
rémunération que l'on propose, entre autres, pour les médecins de famille.
Alors, Mme la
Présidente, on a écouté les recommandations de nos experts. Tout le monde le
dit, ça prend une première ligne forte. On
met, en ce moment, 12 milliards par année dans notre première ligne. Je
pense qu'on fait un effort.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Impact du projet de loi visant
principalement à instaurer la responsabilité
collective et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration
de l'accès aux services médicaux
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Mme la Présidente, le premier ministre a perdu toute sa perspective dans le
combat ultime contre les médecins. Nous, au Parti libéral du Québec, on
s'inquiète des patients. Le gouvernement, il est responsable de cette
atmosphère...
Des voix :
...
La
Présidente : Attendez. Qu'est-ce que je vous ai dit, il y a juste... à
peine 40 secondes? On garde le silence, je vous prie. Je veux entendre la
question. M. le député, allez-y.
M. Beauchemin :
Le gouvernement, il est responsable de cette atmosphère négative envers les
médecins, et ça les a démoralisés, dévalorisés, puis aujourd'hui plusieurs
médecins pensent quitter la profession ou aller pratiquer dans une autre
province. Il y en a 23 500 qui ont plus de 55 ans et plus.
Mme la Présidente, ma
question est pour la présidente du Conseil du trésor, qui est responsable de
l'efficacité de l'État. Est-ce que le
gouvernement a évalué combien de ces médecins le Québec peut-il perdre avant
que les bénéfices escomptés par cette loi spéciale ne disparaissent
complètement?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Encore une fois, Mme la Présidente, si le député avait suivi un peu les
discussions qui ont eu lieu au cours de l'été... J'ai dit tout à l'heure que
durant l'été on a pris le temps d'écouter les médecins. Les médecins nous ont
dit : Les médecins qui sont proches de la retraite, là, est-ce qu'on pourrait
faire une exception pour être sûrs que... C'est
habituellement ceux qui ont le plus de clientèle, on parle de 2 000,
2 500 patients, comparé peut-être à une clientèle plus... plus petite
pour les jeunes médecins, ce qui est normal. On a fait une exception. C'est le
genre d'écoute que nous avons donnée, madame. Alors, écoutez, Mme la
Présidente...
Puis j'aimerais
rappeler aux libéraux, ce matin, que... J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les
commentaires de Mme Courchesne, hier, une ancienne présidente du Conseil
du trésor. Savez-vous ce qu'elle a dit? Elle était avec les libéraux, elle a dit : Les mouvements que
le... que l'administration du gouvernement a faits sur le PL n° 106 sont à souligner. Mme Courchesne
a dit : Le gouvernement est dans la bonne direction, et les médecins
devraient accepter la proposition. Et ça, c'est une ancienne présidente
du Conseil du trésor.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Mme
la Présidente, là, tout bon gestionnaire a une étude d'impact. Moi, je ne peux
pas croire que le gouvernement n'en a toujours pas puis qu'il navigue à
l'aveugle encore une fois. Nous autres, on cherche à savoir si le remède
proposé par le gouvernement risque de nuire aux patients.
Je réitère ma question. Est-ce que la présidente
du conseil a pris le temps d'évaluer si les effets positifs de sa réforme
seront annulés par les départs à la retraite anticipés? Et, si oui, est-ce que
la CAQ va rendre l'étude publique, s'il vous plaît?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Est-ce que... Est-ce
qu'il a compris ma première réponse que j'ai donnée, Mme la Présidente, là? Je
vais répéter, parce que j'ai dit : Il va y avoir des exceptions pour des médecins
qui sont proches de la retraite. C'est ce qu'ils nous ont demandé, c'est ce qui
va être dans la loi avec les amendements qu'on a apportés.
Mme la
Présidente, je le répète, on fait les amendements, on fait les ajustements qui
sont importants, parce que, durant
l'été, non seulement on a écouté, non seulement on a écouté, mais on a fait
quatre propositions, quatre propositions, puis à chaque fois on baissait
le niveau des cibles parce qu'on nous disait : Ça, c'est peut-être moins
réaliste. On a écouté tout le monde pour être certains qu'à chaque fois, quand
les propositions étaient faites par le Trésor, on s'améliorait. Mme la
Présidente, ça, je pense que c'est de la vraie écoute, qu'on a fait.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la
Présidente, je ne peux pas concevoir que je n'ai pas de réponse à une question
simple, d'un ancien CFO. Mme la Présidente, là, je demande de simplement savoir
si le gouvernement a fait l'étude pour
comprendre combien de médecins va disparaître à cause de cette réforme-là puis
quand est-ce que ça va commencer à affecter les services. Voyons donc,
Mme la Présidente. C'est inconcevable que ce gouvernement-là n'a même pas une
étude d'impact, honnêtement, irresponsable.
La Présidente : Attention aux termes
employés. La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : On aura la chance,
Mme la Présidente, de pouvoir aller plus en détail, mais je vais vous donner un
exemple. Qu'est-ce qu'on a fait, depuis un
an? On a demandé à chacun de nos directeurs médicaux, dans toutes les régions
du Québec, ça, c'est de la planification, à nos directeurs
médicaux on leur a dit : Maintenant, vous avez une responsabilité
populationnelle. Ça veut dire quoi? Vous devez connaître votre population. Et,
quand vous connaissez votre population, est-ce qu'il vous manque des médecins?
Est-ce qu'il vous manque des infirmières? Ça, c'est ce que le projet de
loi n° 15 a
fait. Maintenant, on dit à ces gens-là : Vous allez avoir des leviers avec
les médecins pour vous assurer que la population est prise en charge. Tout ce travail-là a été fait durant l'été, et on
arrive avec des conclusions, qu'il est important de prendre la clientèle
vulnérable pour commencer, puis je pourrai continuer, parce qu'on a bien
planifié les choses, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Recours à une loi spéciale concernant le mode
de rémunération des médecins
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, ça fait sept ans que le premier ministre est au
pouvoir. Ça fait sept ans qu'il nous promet de revoir la rémunération des
médecins.
Ma question est très simple, pour le premier
ministre. Pourquoi est-ce que c'était si urgent de nous sortir aujourd'hui sa
menace de la loi de la matraque en santé et de nous bâillonner? Elle est où,
l'urgence d'agir maintenant?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, j'ai de la difficulté à comprendre la question de la cheffe du
deuxième groupe d'opposition. Je comprends qu'elle aurait aimé que la loi qu'on
risque de déposer demain... qu'on l'ait déposée déjà il y
a quelques années. Donc, je m'attends à ce qu'elle appuie la loi, parce que,
Mme la Présidente, tous les experts sont unanimes, il faut changer le mode de
rémunération des médecins. Je me souviens très bien, entre autres, de l'ancien
ministre péquiste Michel Clair, qui a déposé, en 2001, à la ministre de la
Santé de l'époque, qui était Pauline Marois, un rapport qui disait : Il
faut mettre en place des GMF et il faut changer le mode de rémunération des
médecins pour qu'il y ait un incitatif à prendre en charge des patients. Donc,
il faut qu'il y ait une partie de la rémunération, au lieu d'être à l'acte, qu'elle soit ce qu'on appelle,
dans le jargon, à la capitation, donc, par patient. Et, Mme la Présidente, on
est très raisonnables. Ce qu'on propose,
c'est qu'il y ait 15 % de la rémunération qui soit sujette à l'atteinte
d'objectifs, donc à la prise en charge, entre autres, des patients qui sont
plus vulnérables. Je comprends que la cheffe de Québec solidaire aurait
souhaité qu'on agisse plus vite. Donc, je suis quand même content de voir
qu'elle va probablement nous appuyer.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
ma question est simple. Elle est où, l'urgence d'agir maintenant, sous la
menace, avec une loi spéciale, maintenant, puis de nous l'imposer, puis de nous
bâillonner? Le premier ministre, lui, ce
qu'il veut, c'est juste se chicaner. Ce n'est pas ça qu'ils ont besoin, les
Québécois. C'est irresponsable de créer le chaos.
Il y a deux ans, il nous a bâillonné pour créer
Santé Québec. Regardez la situation en ce moment. Les urgences débordent. Les
Québécois n'ont pas plus accès aux soins.
Elle est où, l'urgence de nous imposer
maintenant puis de nous convoquer demain? Pourquoi c'est...
• (10 h 30) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
la cheffe de Québec solidaire nous dit : Elle est où, l'urgence de changer
le mode de rémunération des médecins? Donc,
est-ce qu'elle est d'accord pour changer le mode de rémunération des médecins
comme ça a été fait à peu près partout ailleurs? Malheureusement, autant les
gouvernements du PQ que les gouvernements libéraux ont reculé.
Rappelez-vous la dernière fois, Gaétan Barrette avait dit : Si vous ne
prenez pas en charge un certain nombre de patients, on va vous donner des
pénalités. Philippe Couillard a dit : Je n'appuie pas Gaétan Barrette, il
a reculé. Donc, qu'est-ce que propose Québec solidaire? De reculer?
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
comme d'habitude, le premier ministre est mal briefé sur nos propositions, à
Québec solidaire. Nous, ça fait des années qu'on veut revoir la rémunération
des médecins. Ça fait des années que c'est
ça qu'on veut. M ais le premier ministre, lui, ce qu'il veut, ce n'est pas ça,
parce qu'il avait sept ans pour agir. Lui, ce qu'il veut, c'est se
chicaner puis créer le chaos dans un système de santé qui va mal.
Je vais répondre à la question, pourquoi il
trouve que c'est urgent d'agir maintenant. C'est parce qu'il y a eu...
Des voix : ...
La Présidente : Attendez, Mme la
cheffe, attendez. Je vous rappelle l'article 32. Vous gardez le silence.
Moi, j'aimerais entendre...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il
vous plaît! J'aimerais entendre la question de la cheffe, il lui reste cinq
secondes, et ensuite ce sera la réponse. Madame.
Mme Ghazal : Je
vais répondre à la question à laquelle il ne répond pas. C'est urgent parce
qu'il y a eu un manque de confiance de la part de la population...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, là, j'ai vraiment de la misère à suivre. Québec solidaire dit qu'il
faut revoir le mode de rémunération des
médecins. Les deux syndicats de médecins, tout l'été puis tous les derniers
jours, les dernières semaines, nous ont dit : On ne veut pas revoir
le mode de rémunération, il n'est pas question que vous preniez 15 % et
qu'il soit sujet à l'atteinte d'objectifs. Est-ce que Québec solidaire est en
train de nous dire qu'après les syndicats
d'enseignants, après les syndicats... FTQ et compagnie, là, comme le PQ... que
maintenant ils vont appuyer les deux syndicats de
médecins, des médecins qui gagnent 300 000 $ à 400 000 $
par année? Québec solidaire va défendre les syndicats...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Rosemont.
Gestion du réseau de la santé et des services sociaux
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Alors, nous voici dans un nouvel épisode d'une
chronique de bâillon annoncé. C'est devenu
le modus operandi de ce gouvernement. Chaque fois qu'il y a un pépin quelque
part, il passe par bâillon. Ça, ça ne nous étonne pas, ça ne nous étonne
pas. Tout ça pour passer le projet de loi n° 106.
Bien, le projet de
loi n° 106, qui est tellement prioritaire, la dernière fois qu'on l'a vu
en commission, c'était le 7 juin, puis le gouvernement ne l'a jamais
ramené, alors qu'il avait tout le loisir de le faire. Mais, maintenant que ce gouvernement-là est dans le trouble, évidemment,
le gouvernement se cherche un méchant, puis les méchants, bien, évidemment,
c'est les médecins. Alors, le bâillon, c'était cousu de fil blanc, ça ne nous
étonne pas.
Ce qui m'étonne, par
contre, puis qui étonne pas mal de monde dans le réseau, c'est que, tout d'un
coup, le ministre nous dit qu'il était couché, là, en dessous de son sommier il
y a des millions de dollars, puis, tout d'un coup, il peut les dépenser pour
engager du monde puis faire fonctionner nos salles d'opération.
Ma
question est simple, là : S'il avait ces millions-là avant, là, sous son
sommier, pourquoi il ne les a pas sortis avant? C'est complètement
irresponsable. Le réseau crie famine depuis des années.
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, j'apprécie encore la question, parce que j'ai expliqué
un petit peu la genèse de ce qui s'est passé au cours des derniers mois, puis
c'est très clair, très, très clair, Mme la Présidente, que, dans les
discussions qu'il y a eu, particulièrement avec la FMSQ, il a été très clair
qu'on était prêts à prendre des engagements, ça faisait partie des discussions,
des engagements pour ouvrir plus de salles, pour être capables de le faire. Ce
n'est pas d'hier qu'on a mis ça sur la
table, Mme la Présidente. Ça a été discuté. Mais à chaque fois les fédérations
disaient : Oui, on est peut-être ouverts à en parler, mais enlevez
106, parce qu'on n'est pas d'accord avec le principe de changer la
rémunération.
Alors, Mme la
Présidente, je vais être très clair. Ce n'est pas nouveau, là, ce qu'on a
annoncé, on l'a annoncé, j'en ai parlé dans
les semaines... j'ai dit : On est prêts à prendre les engagements
nécessaires. Les gens, on a dit : Il n'y aura pas plus d'argent
pour les médecins s'il n'y a pas plus de résultats. Ils nous demandent d'avoir
des engagements pour être capables de livrer mieux la marchandise. On le fait
pour les spécialistes, on le fait pour les omnis. Nous, ce qui est important, c'est
les patients. C'est ça qui est à la base de notre projet de loi, une prise en
charge de tous les Québécois.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Ça, Mme la Présidente, c'est le bon vieux truc du pompier pyromane. Ce
gouvernement-là cherche la chicane. Le
premier ministre se magasine une chicane avec les médecins depuis 25 ans.
Bien, ça y est, il l'a. Sauf que c'est les Québécois qui vont en payer
le prix. Et là le ministre, eurêka! le sauveur nous dit : Aïe! j'ai trouvé
de l'argent à la onzième heure, mais surtout 11 mois avant les
prochaines élections. Alors que ce gouvernement-là est dans le trouble,
soudainement il trouve des millions pour qu'on fasse plus d'opérations, alors
que nos salles d'opération marchent au...
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Ce
que je trouve intéressant, Mme la Présidente, si vous me permettez,
c'est : Est-ce que le député est déçu
qu'on trouve les sommes nécessaires pour améliorer le réseau? Parce que c'est
ça que les Québécois ont besoin. Là, je suis en train de comprendre
qu'il trouve que... il ne comprend pas qu'on ait trouvé l'argent. C'est ça,
faire des priorités, un gouvernement. On a dit qu'on ferait nos priorités,
c'est d'améliorer notre réseau de santé. Moi, je salue cette initiative-là du gouvernement, qui, durant l'été, a dit : Nos
priorités, c'est d'améliorer l'accès. Si ça nous prend plus de salles, si ça prend plus d'infirmières dans les
GMF, on va le faire, parce que c'est une priorité gouvernementale. C'est une
priorité pour les Québécois, la santé? Bien, on le démontre, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal :
Je ne suis pas déçu pantoute qu'il y ait de l'argent, je suis déçu que le
ministre ne l'ait pas sorti avant, s'il y en avait. Il y en avait. Le réseau
crie famine. On est en train de construire huit nouvelles salles d'opération à
Santa Cabrini, dans ma circonscription. Aux dernières nouvelles, on ne sait
même pas si on va pouvoir les ouvrir à la
bonne date parce qu'on n'a pas le personnel. Là, tout d'un coup, le ministre,
il va nous trouver 1 000 infirmières dans les deux prochaines années puis il va ouvrir des
salles d'opération partout au Québec.
C'est de la magie. C'est de la magie.
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
J'aimerais, pour le moment, conclure sur le point suivant : Est-ce qu'il
me dit qu'on aurait dû mettre de l'argent sans avoir des conditions de
résultat? Mme la Présidente, c'est exactement ce que le premier ministre veut dire, le principe de dire : On est prêts à
mettre plus d'argent, mais on veut avoir des résultats, mais pas pour nous,
pour les Québécois. C'est ça que les Québécois veulent.
Moi, j'écoute, en ce
moment, les Québécois, qui nous disent : M. le ministre, lâchez pas, vous
êtes dans la bonne direction, c'est ça qu'on
a besoin. On veut des résultats. Le statu quo ne fonctionne pas. Ça fait
50 ans que ça dure. On est là
pour changer les choses. Mme la Présidente, ce qu'on a en tête, c'est les
Québécois, c'est les patients. Ils méritent un meilleur réseau de la
santé. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Lesage.
Investissements dans le réseau collégial
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Alors, voici le portrait de la gouvernance
caquiste dans les cégeps du Québec :
ils coupent 151 millions cette année, ils enlèvent le 250 millions
des bourses Perspective, il y a des programmes qui ferment, des
bâtiments qui se déglinguent, des services directs aux étudiants qui
disparaissent, le gel d'embauche mur à mur lie les mains des gestionnaires et
les contraint à faire des choix absurdes et plus coûteux, près d'un étudiant sur deux a faim, saute des repas et passe des
journées sans manger. Réaction de la CAQ : ils ne mettront pas une cent de
plus là-dedans. Ils vont même baisser les impôts pour avoir encore moins les
moyens de donner aux jeunes du Québec l'éducation à laquelle ils et
elles ont droit.
Si la ministre de
l'Enseignement supérieur allait, comme nous, voir la communauté étudiante sur
le terrain lorsqu'elle exprime sa détresse,
lorsqu'elle manifeste à Polytechnique contre l'augmentation des frais de
scolarité, lorsqu'elle réclame la rémunération digne des stages,
lorsqu'elle crie à l'injustice...
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Éducation.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Merci, Mme la Présidente. Bon, les réseaux... nos réseaux de cégeps, comme
l'ensemble du réseau de l'éducation, font face à des défis, effectivement, il y
a des augmentations de clientèle, mais je pense qu'il est important de rappeler qu'à l'instar de ce qu'on a
fait en éducation on a fait aussi beaucoup d'avancées en enseignement
supérieur.
Donc, ce qu'on a fait,
dans les dernières années, on a augmenté de 50 % les subventions, qui sont
passées maintenant de 2 milliards à 3 milliards annuellement, on a...
La subvention moyenne par étudiant, Mme la Présidente, et c'est important de le
rappeler, est passée de 11 300 $ à 15 200 $. Et ces
étudiants-là, qui travaillent également, ont bénéficié
des baisses d'impôt que le gouvernement a accordées. En comparaison, pour les
sept dernières années, Mme la Présidente,
de 2011 à 2012, on a fait une augmentation de plus de 20 %. Les cégeps, les
cégeps ont présentement des surplus cumulés de 235 millions de
dollars. Ça, c'est l'argent des citoyens.
Donc, présentement,
il y a ce qu'il faut sur le terrain. C'est leur responsabilité de gérer les
fonds publics de façon adéquate. On va les
accompagner. Ma collègue est justement sur le terrain en train de les
rencontrer. On va faire des suivis. Ce sont des gestionnaires, ce sont
des fonds publics; soyez responsables.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Je trouve la réponse de la ministre d'une arrogance infinie.
Des voix : ...
La Présidente : Attendez.
C'est beau! On parle ici d'un mot qui est au lexique. Je vous demande de le
retirer, je vous prie, M. le député. Vous retirez?
M. Zanetti : Je le retire, Mme
la Présidente. Écoutez, si ça allait si bien que ça, pourquoi les gens ont
faim, pourquoi les cégeps se déglinguent? Ou la CAQ ne met pas l'argent
suffisamment pour répondre aux besoins, ou encore elle est en train de traiter
tout le réseau d'incompétent? Et le réseau, il n'est pas incompétent.
• (10 h 40) •
La Présidente : M. le leader du
gouvernement, je vous écoute. Quel est votre rappel au règlement?
Une voix : ...
La Présidente : Pardon?
M. Jolin-Barrette : On fait
dire, Mme la Présidente... on prête des intentions dans les mots de... la
bouche des collègues. Alors, on doit prendre les mots qui sortent de la bouche
des collègues...
La Présidente : Je vous... Merci, M.
le leader. On va poursuivre. M. le député, il vous reste 10 secondes,
poursuivez.
M. Zanetti : Le réseau
collégial, il est en détresse. La ministre va-t-elle le reconnaître? Une mise à
jour économique s'en vient. Va-t-elle au moins ramener l'argent qu'ils ont
retiré?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Il n'y a rien d'arrogant dans les chiffres quand
on dit que les réseaux du cégep, de façon combinée, disposent présentement dans
leurs coffres de 235 millions de dollars en surplus.
Ceci étant dit, ma collègue est justement sur le
terrain aujourd'hui pour rencontrer les différents directeurs généraux et pour trouver avec eux des solutions.
On les a écoutés, on a assoupli les règles budgétaires. On va les accompagner.
Il y a des cégeps qui ont plus de
difficultés que d'autres, le ministère de l'Enseignement supérieur est là pour
les aider, les accompagner. Mais le
fait est qu'ils sont des gestionnaires, justement on leur fait confiance, mais
ce sont des fonds publics, alors ils doivent gérer adéquatement.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : L'argument des
surplus est étonnant, Mme la Présidente, parce que ces cégeps-là, quand ils doivent rénover leurs bâtisses, qui sont en gros
déficit d'investissement dans les infrastructures, bien, ils doivent planifier
garder de l'argent de côté pour ça. S'ils ne
le font pas, tout le réseau va se défaire. Alors, tu ne peux pas... on ne peut
pas dire comme ça : Il n'y a pas de problème parce qu'il y a des
surplus. C'est un raccourci épouvantable.
La question que je pose, là, c'est que le
réseau, en ce moment, demande qu'il y ait des réinvestissements, qu'on annule
les coupures, qu'on remette... Va-t-elle le faire?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Bien,
je suis heureuse que mon collègue m'amène sur la question des infrastructures,
Mme la Présidente, ça va me permettre de lui donner la réponse suivante.
Pour les 10 prochaines années, ce sont des
investissements de plus de 3,3 milliards de dollars qui sont prévus pour
le réseau des cégeps. Ça représente une augmentation de 89 %
d'investissement depuis 2018. Ça fait partie du fait que ce gouvernement-ci
s'occupe de ce réseau.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Gestion
du parc du Mont-Sainte-Anne
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Le gouvernement de
la CAQ prétend faire du nationalisme économique, il prétend être un
gouvernement de bons gestionnaires comptables. Mais non. Il a perdu des
centaines de millions des Québécois dans des entreprises étrangères et il
accumule les échecs dans des dossiers tels que Northvolt, Recyclage Varennes,
Lion, Taiga, Flying Whales. On aimerait qu'il en tire des
leçons, mais, non, il s'apprête à refaire le coup ici même, dans la Capitale-Nationale,
en donnant un cadeau de 50 millions de dollars à Resorts of the Canadian
Rockies, une entreprise étrangère qui a un bilan de 20 ans de négligence
du Mont-Sainte-Anne. L'annonce a été faite il y a près d'un an. Depuis ce
temps-là, rien.
Pendant ce temps-là, les gens de Québec se sont
mobilisés. Il y a des gens qui veulent se réapproprier le Mont-Sainte-Anne et
le faire prospérer de nouveau.
Je demande au nouveau ministre : Est-ce
qu'il va, lui aussi, s'entêter à donner un cadeau de 50 millions à une
entreprise étrangère ou est-ce qu'il va faire confiance aux gens d'ici?
La Présidente : La réponse du
ministre des Ressources naturelles.
M. Jean-François Simard
M. Simard : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et je remercie mon collègue pour la question qu'il
nous adresse. Et, je vous dirais
spontanément, ce qui me passe par l'esprit, c'est qu'il y a une limite à
vouloir transformer une excellente nouvelle en mauvaise. Je comprends le
rôle de l'opposition, qui est d'être critique, mais nous sommes devant de
bonnes nouvelles. Ces bonnes nouvelles, c'est que le gouvernement du Québec, en
collaboration avec RCR, investira 100 millions de dollars dans le
développement d'un des pôles d'attraction touristique et sportive les plus
importants de la Capitale-Nationale, au Mont-Sainte-Anne. Et j'entends du
critique de l'opposition qu'il s'oppose au développement de notre montagne.
Il y a une participation d'Investissement Québec
et du gouvernement du Québec à hauteur de 50 millions, dont un prêt
potentiellement pardonnable de 25 millions, un investissement de
50 millions de RCR. Et je trouve que nous sommes sur une bonne voie. Ça faisait
au moins 20 ans qu'on attendait cette solution. Nous l'avons, et c'est
grâce au gouvernement du Québec et au leadership du premier ministre.
La Présidente : Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît!
Deuxième complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Il y a quand même
des limites au jovialisme. Faire des communications et prétendre que c'est une bonne nouvelle, c'est une chose. Prendre
50 millions puis faire un cadeau à une entreprise étrangère, c'en est une
autre.
Un des problèmes du gouvernement de la CAQ,
c'est de signer de mauvais contrats sans faire de vérifications à l'avance. Où
est le bilan des 20 ans de gestion de RCR, si c'est une si bonne nouvelle?
Où est le bilan des 20 ans de gestion?
La Présidente : La... Attendez que
je vous annonce.
Des voix : ...
La Présidente : Silence! La réponse
du ministre.
M. Jean-François Simard
M. Simard : Mme
la Présidente, nous venons d'atteindre un summum historique dans les annales de
l'Assemblée nationale du Québec. Voilà qu'un critique qui est supposément là
pour nous aider à développer Québec est contre le Mont-Sainte-Anne, est
contre les gens de la Côte-de-Beaupré.
Allez parler
au préfet de la Côte-de-Beaupré, Pierre Lefrançois, il n'est pas d'accord avec
vous. Les intervenants du milieu ne
sont pas d'accord avec vous. C'est la preuve que le Parti québécois, qui se prétend le parti des régions, est complètement
déconnecté des régions du Québec, et particulièrement de la Capitale-Nationale.
On est fiers de ce qu'on fait pour le
développement du Mont-Sainte-Anne puis on ne s'excusera de le faire, on va
continuer. Honte à vous autres!
Des voix : ...
La
Présidente : Deux, trois petites choses. J'aimerais vous
rappeler votre règlement, que j'applique, oui, merci...
Des voix : ...
La
Présidente :
Article 32 et article 37. Je suis debout, vous gardez le silence. De
un, vous devriez le garder de façon générale, c'est l'article 32,
rappel au décorum, en tout temps.
M. le ministre, quand vous parlez aux
collègues de l'opposition, bien, vous ne leur adressez pas la parole
directement, vous vous adressez à la présidence. Ne l'oubliez plus.
Maintenant, gardez le
silence. Pas d'applaudissements. Pas de cognage. Et j'aimerais entendre la
deuxième complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Tellement de
communication, tellement d'effets de toge. Un autre des problèmes du
gouvernement de la CAQ, c'est le secret, c'est le manque de transparence. Si
c'est une si bonne nouvelle et que l'annonce a été effectuée il y a un an, où est l'entente? Montrez-nous
l'entente. C'est ça que je demande au ministre. Qu'il nous donne l'information.
Puis, les intervenants, où étaient-ils
lorsque des milliers de personnes se sont rassemblées pour dénoncer cette
entente-là, qu'on fasse encore des cadeaux à une entreprise étrangère
qui a 20 ans de négligence du Mont-Sainte-Anne?
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Jean-François Simard
M. Simard :
Mme la Présidente, vous avez vu le changement de ton du critique. Il est en
train de nous dire... Là, il commence à parler d'une entente...
Des voix :
...
La Présidente :
Bon, je vous rappelle que, cette
période de questions, il y aura par la suite... il y a par la suite une
question d'un collègue député indépendant, que j'aimerais entendre. Alors,
poursuivez, mais gardez tous le silence et écoutez la réponse.
M. Simard : Alors, Mme la Présidente,
nous avons manifestement, comme gouvernement, hérité d'une situation complexe,
puisque des gouvernements antérieurs, puis je ne veux pas faire de
partisanerie, avaient signé les contrats. Et je trouve curieux qu'un
avocat remette en cause l'État de droit dans lequel nous sommes. Et je trouve
curieux qu'un député de la
Capitale-Nationale soit contre le développement de la Capitale-Nationale. Ce
qu'il nous dit est un témoignage flagrant, flagrant de... le manque de
volonté du Parti québécois de participer au développement de la région de
Québec. Vous n'êtes pas...
La
Présidente : En question principale...
Une voix :
...
La Présidente :
M. le député,je vous entends, je ne veux pas vous
nommer. En question principale, maintenant, on retrouve le silence, et
je reconnais le député d'Abitibi-Est.
Nomination du premier ministre à titre de ministre
responsable
de la région de l'Abitibi-Témiscamingue
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Donc,Mme la Présidente, ma question principale est fort simple, j'aimerais
savoir qu'est-ce qui a poussé le premier ministre à s'attribuer le rôle du
ministre responsable de la région de l'Abitibi-Témiscamingue, car, vous
admettrez avec moi, historiquement, ce n'est pas courant, même très surprenant,
qu'un premier ministre s'octroie ce rôle,
alors qu'il doit être, normalement, le premier ministre de toutes les régions
du Québec. Mais qu'est-ce que nous vaut cette soudaine considération
pour l'Abitibi-Témiscamingue?
• (10 h 50) •
La
Présidente : La réponse du leader du gouvernement. M. le leader. Allez-y.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le premier ministre a fait le
choix de s'attribuer la fonction de ministre responsable de l'Abitibi. Le
député de l'Abitibi, il devrait être heureux que, parmi tous les ministres qui
ont été choisis, c'est le chef du gouvernement qui a dit : L'Abitibi est
une région importante pour moi, une région où les gens comptent pour le Québec, une région où on veut faire la
promotion de l'économie et développer l'économie de l'Abitibi-Témiscamingue.
Le député de l'Abitibi devrait être content de ça, Mme la Présidente, parce que
l'Abitibi est au coeur du développement économique,
est au coeur du développement des services, est au coeur du gouvernement du
Québec, Mme la Présidente. Quel geste plus fort aurait pu être fait,
pour notre gouvernement, pour l'Abitibi-Témiscamingue que la responsabilité
régionale, d'un ministre régional, soit celle du premier ministre du Québec,
Mme la Présidente?
Alors, je suis un peu surpris de la question de
mon estimé collègue relativement au fait de... Se plaint-il d'avoir le premier
ministre comme ministre régional? Aurait-il préféré que ce soit moi, Mme la
Présidente?
Alors, Mme la Présidente, moi, je
pense que les gens sont très bien servis avec le premier ministre comme ministre régional.
Des voix :
...
La Présidente :
Première complémentaire. On retrouve le silence.
M. Pierre Dufour
M. Dufour :
Peut-être pour l'aspect juridique ça aurait été intéressant, parce qu'on a des problèmes
juridiques, en Abitibi-Témiscamingue. Mais
j'essaie de comprendre, madame. J'ai ici un beau livre qui s'appelle Cap sur
un Québec gagnant. Pourtant, dans le livre, la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, et l'auteur doit se reconnaître, il écrit le mot «Abitibi-Témiscamingue» une seule fois, de manière
très éphémère, à la page 105. Bizarre de voir ce soudain engouement pour
l'Abitibi-Témiscamingue. Et, je suspecte d'ailleurs, peut-être que c'est le
goût de nos ressources naturelles.
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, toutes les régions du Québec sont
importantes, mais particulièrement, Mme la
Présidente, la région de l'Abitibi-Témiscamingue. Depuis les huit dernières
années, Mme la Présidente, on a investi massivement en
Abitibi-Témiscamingue pour développer les soins de santé, pour développer
l'économie de la région, pour développer les écoles, Mme la Présidente, pour
développer l'immigration en région, Mme la Présidente. Je me souviens, à l'époque où j'étais ministre de
l'Immigration, on a créé des pôles en Abitibi-Témiscamingue, Mme la Présidente,
avec le collègue de l'Abitibi, que j'estime,
Mme la Présidente. Alors, il sait, Mme la Présidente, que notre gouvernement
a fait avancer les dossiers et les intérêts
de l'Abitibi, au bénéfice des gens de l'Abitibi-Témiscamingue, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Mme la Présidente, je comprends ce que le leader
essaie de nous expliquer aujourd'hui. Par contre, le 19 septembre, lorsque
le premier ministre est venu dans la région, les préfets ont présenté l'étude
économique qui démontre l'aspect
monétaire, le déficit fiscal au niveau de la région, et ce qui a sorti de ça,
c'est : Je n'achète pas ce concept de déséquilibre fiscal.
À quoi sert, alors,
un ministre responsable d'une région, s'il ne se bat pas pour la région?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, il y a quelques semaines, j'étais avec le député en
Abitibi-Témiscamingue pour annoncer
1 600 nouveaux emplois à plus de 100 000 $ par année chez
Agnico-Eagle. J'étais très fier de voir le député m'applaudir. Puis je
suis surpris un peu de sa question ce matin.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe
de l'opposition officielle.
Des voix : ...
La Présidente :
On retrouve le silence, je vous
prie. En question principale... En question principale, je reconnais la
cheffe de l'opposition officielle.
Recours à une loi
spéciale concernant le
mode de rémunération des médecins
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, j'aimerais vraiment comprendre la logique du
gouvernement. Ma question démontrait que Santé
Québec, présentement, laisse des médecins se désaffilier parce que 30 %
des blocs d'opération sont fermés
parce qu'il manque des inhalothérapeutes, des infirmières. 30 % sont
fermés. Donc, même s'il y a plus d'infirmières, ça n'a toujours pas plus
porté fruit. Donc, pourquoi qu'il y a cette loi spéciale et l'urgence d'agir
si, même si on ramène ces médecins de force,
Santé Québec va les prendre puis dire : Allez-vous-en au privé parce que
je n'ai pas besoin de vous présentement?
Hier, sur les 160 salles d'opération
fermées, le ministre a dit : Je vais en ouvrir huit. Il a juste oublié de
dire une chose, Mme la Présidente :
les huit qu'il va ouvrir, c'est celles annoncées dans Santa Cabrini, parce
qu'il devait couper un ruban, mais que, finalement, il ne peut pas les ouvrir parce qu'il
n'y avait pas de ressources humaines. C'est les huit de Santa Cabrini.
C'est un peu gênant, non?
La
Présidente : Attention aux mots utilisés. La réponse du premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, pendant 15 ans, le gouvernement libéral... non,
non, mais, pendant 15 ans, il faut le dire, il faudrait même en discuter
avec Gaétan Barrette, pendant 15 ans, le gouvernement libéral a lancé de
plus en plus de primes, de plus en plus d'argent, et ça n'a pas donné de
résultat. Ça n'a pas donné de résultat.
Actuellement,
on met de l'argent sur la table, mais on dit aux spécialistes : L'argent
sera là si et seulement s'il y a des résultats. C'est une façon de
travailler que ne connaît pas le Parti libéral. Le seul qui a failli
comprendre, c'est Gaétan Barrette, qui a dit : Si vous ne prenez pas en
charge un certain nombre de patients, je vais couper votre salaire. Et Philippe
Couillard, premier ministre, a dit : Je n'appuie pas... bon, on se
rappelle que c'était aussi un médecin spécialiste, mais il a dit : Je
n'appuie pas Gaétan Barrette. Donc, il a reculé.
Donc, on a devant
nous un trio du statu quo. Nous, on va faire des changements.
La Présidente :
Voilà. Cela met fin à cette période de questions et de réponses orales.
Demeurez en place pour le vote reporté. Et, pour ce faire, je cède la place à
la deuxième vice-présidente. Merci beaucoup.
Votes reportés
Motion proposant que
l'Assemblée rappelle la nécessité de
réformer le régime forestier et condamne l'inaction
du gouvernement dans ce domaine
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Comme annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote reporté sur la motion de M.
le député de Pontiac débattue hier aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition et qui se lit... se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte qu'après sept
ans au gouvernement, la Coalition avenir Québec est toujours incapable
de concrétiser sa promesse de réformer le régime forestier;
«Qu'elle rappelle que
dans le contexte des tarifs américains, une réforme du régime forestier est
plus que jamais nécessaire pour offrir une meilleure prévisibilité à
l'industrie et afin que le Québec demeure compétitif pour attirer les investissements
ainsi que pour protéger l'impact économique de ce secteur;
«Qu'elle rappelle que
l'industrie forestière représente des dizaines de milliers d'emplois dans les
différentes régions du Québec et que plusieurs de ces travailleurs ne sont
présentement pas en emploi suite à la fermeture d'usines dans leurs régions;
«Qu'enfin, elle
condamne le manque de courage du gouvernement actuel et qu'elle dénonce son
abandon pur et simple de nos régions, de nos communautés forestières et au
premier chef, de nos travailleurs de la forêt.»
Le vote est
maintenant ouvert.
Le vote est
maintenant terminé. Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il
vous plaît.
La Secrétaire : Pour :
30
Contre :
70
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Donc, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Nous en serions
maintenant rendus à la rubrique Motions sans préavis. En fonction de nos règles
et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant
un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
pour votre motion.
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de D'Arcy-McGee et
le leader du deuxième groupe d'opposition, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que la responsabilité ultime de la lutte à
l'itinérance revient au gouvernement du Québec;
«Qu'elle rappelle
qu'il ne peut se décharger de cette responsabilité auprès des autres paliers de
gouvernement ou des organismes communautaires.»
• (11 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Pas de consentement.
Donc, je
reconnais maintenant un membre du groupe formant le gouvernement et je cède la
parole au ministre du Travail.
Affirmer
la confiance de l'Assemblée envers le
Collège des médecins et son président
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le
député de Rosemont, le député des Îles-de-la-Madeleine et le député d'Abitibi-Est :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que le rôle
d'un ordre professionnel est de protéger le public;
«Qu'elle affirme que lorsqu'un ordre s'interroge sur
des gestes pouvant compromettre sa protection, il a le devoir d'agir et
de les signaler;
«Qu'elle rappelle que les ordres professionnels
sont indépendants du pouvoir politique;
«Qu'elle affirme sa confiance envers le Collège
des médecins et son président.»
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...débat, Mme la Présidente. Et je vous
demanderais un vote électronique, s'il
vous plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La période du vote est maintenant ouverte.
La période du vote étant terminée, Mme la
secrétaire, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 99
Contre :
0
Abstentions :
1
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Cette motion est adoptée. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la Présidente. Est-ce que
ce serait possible d'envoyer une copie au Collège des médecins et
également aux deux fédérations de médecins? Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ce
sera fait, M. le député.
Je reconnais
maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle, et je cède la
parole à M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Mme la Présidente,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Rosemont et le député
d'Abitibi-Est :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte qu'une
entente négociée permettrait de mettre fin aux moyens de pression des médecins
et de garantir la graduation des étudiants en médecine;
«Qu'elle prenne acte qu'une telle entente
éviterait une éventuelle démobilisation du corps médical résultant en un exode
de médecins vers d'autres provinces ou vers la retraite;
«Qu'enfin, il serait souhaitable que le
gouvernement assume ses responsabilités en réunissant non seulement les
médecins mais l'ensemble des professionnels de la santé afin de trouver des
solutions tangibles et efficaces pour l'amélioration de l'accès aux soins de
santé.»
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : ...Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Il
n'y a pas de consentement.
Donc, nous poursuivons avec un membre du
deuxième groupe d'opposition. M. le leader, la parole est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le ministère de la Famille et le
gouvernement du Québec ne disposent d'aucune donnée sur le nombre
d'enfants issus de l'immigration fréquentant le réseau des services de garde
éducatifs;
«Qu'elle exprime sa vive préoccupation face aux
propos du premier ministre affirmant qu'"il y a eu une explosion de la
demande suite aux nouveaux arrivants", alors qu'aucune donnée ne vient
appuyer de telles affirmations;
«Qu'elle
rappelle enfin que les politiques publiques doivent reposer sur des faits
vérifiés et non sur des perceptions susceptibles d'alimenter les préjugés.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Donc,
nous serions maintenant rendus à la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions. Et je demanderais aux collègues qui quittent de le faire, s'il
vous plaît, en silence. M. le leader adjoint du gouvernement, la parole
est à vous.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Et donc j'avise cette
Assemblée que la Commission des relations avec les citoyens poursuivra les
consultations générales et les auditions publiques sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la période 2026‑2029 aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions
jusqu'à 12 h 50 et de 14 heures à 18 h 05, et
le mardi 28 octobre, de 9 h 45 à 12 h 10, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la
culture et de l'éducation va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 94, la Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de
l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 14 heures à 16 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'aménagement du territoire va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 104, la Loi modifiant diverses dispositions afin notamment de donner
suite à certaines demandes du milieu municipal, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 14 heures à 16 h 30, à la salle Pauline-Marois, et le mardi 28 octobre, de
9 h 45 à 12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Ensuite, la Commission
des finances publiques va entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 112, la Loi favorisant le commerce des produits et la mobilité de la
main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des territoires du Canada,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
14 heures à 16 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland, et le
mardi 28 octobre, de 9 h 45 à 12 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de la
culture et de l'éducation va entreprendre les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet de loi n° 109,
la Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique, le mardi 28 octobre, de 11 h 30 à 12 h 30,
à la salle Marie-Claire-Kirkland.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le leader. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des commissions?
Consentement. Merci.
Donc, nous serions à
l'avis de la présidence. Pour ma part, je vous avise que la Commission de la
santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le
mardi 28 octobre 2025, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
de 8 h 30 à 9 heures, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant
sur la demande pour un meilleur accès aux services d'orthophonie sur la
Côte-Nord et, de 9 heures à 9 h 30, afin de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse des pétitions portant sur la demande
visant à garantir un accès équitable aux soins et aux services sociaux dans
la... dans les régions éloignées.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en sommes
maintenant à la rubrique Renseignements des travaux de l'Assemblée.
Je
vous rappelle qu'une interpellation est prévue demain, le 24 octobre, vendredi,
2025, entre Mme la députée de Mont-Royal—Outremont et M. le ministre de la Cybersécurité et du
Numérique, qui porte sur le sujet suivant : Les nombreux échecs et fiascos caquistes en matière de
gouvernance de projets informatiques. Compte tenu de la convocation annoncée
plus tôt, je vous informe que cette interpellation ne pourra avoir lieu à ce
moment.
Je vous avise de plus
que l'interpellation prévue pour le vendredi 31 octobre 2025 portera
sur le sujet suivant : Les engagements
brisés du gouvernement caquiste : on ne protège pas les femmes à moitié.
Mme la députée de Robert-Baldwin s'adressera alors à Mme la ministre responsable
de la Condition féminine.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous
plaît.
• (11 h 10) •
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais qu'on appelle l'article 10
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 101
Adoption
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : À
l'article 10 du feuilleton, M. le ministre du Travail propose l'adoption
du projet de loi n° 101, Loi visant l'amélioration de certaines loi du
travail.
Y a-t-il des
interventions? M. le ministre, la parole est à vous.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Nous entamons aujourd'hui la dernière étape
menant à l'adoption du projet de loi n° 101 visant l'amélioration de
certaines lois du travail. Si ce projet de loi est adopté par cette Assemblée,
des ajustements ou des correctifs dans différentes sphères du monde du travail
seront mis en place.
À l'approche de
l'adoption, je suis fier de dire que nous avons atteint notre objectif d'offrir
aux travailleuses et aux travailleurs du Québec un cadre plus équitable, plus
sécuritaire et plus efficace.
Mme la Présidente,
permettez-moi de refaire brièvement la genèse de ce projet de loi.
À
la source du projet de loi réside le désir de renforcer les protections des
travailleuses et des travailleurs du Québec et la volonté d'amélioration
continue du fonctionnement du monde du travail.
Nous
avons le devoir d'être constamment à l'écoute des parties prenantes du monde du
travail et d'être à l'affût des occasions d'agir positivement. Dans un
monde en constante évolution, notre corpus législatif doit lui aussi évoluer.
Il arrive également que
l'on constate que des défis ou des problèmes sont apparus dans l'application
des règles existantes. La cohérence législative dans le domaine du travail
n'est pas un luxe administratif, c'est une nécessité sociale, économique et morale, car lorsque les lois du travail sont
fragmentées, contradictoires ou inadaptées aux réalités contemporaines,
elles créent de l'incertitude et peuvent engendrer des iniquités, tant pour les
employeurs que pour les travailleuses et les travailleurs.
Une
loi omnibus comme celle que nous souhaitons faire adopter aujourd'hui est un
instrument législatif particulièrement efficace pour assurer cette
cohérence.
Dans le cas du projet
de loi n° 101, nous proposons des dispositions qui touchent la Loi sur les
accidents du travail et les maladies
professionnelles, le Code du travail, la Loi sur les normes du travail, la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, la Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail et d'autres lois connexes.
Mme la Présidente, l'étape suivant la présentation
du projet de loi était de tenir des consultations particulières.
Celles-ci se sont déroulées du 29 mai au 3 juin derniers. Lors du
processus de consultation, 33 groupes ont déposé des mémoires à la
Commission de l'économie et du travail. Parmi ceux-ci, 18 groupes ont été
entendus. Ces auditions ont permis de
recueillir plusieurs commentaires dans l'objectif commun d'améliorer les
dispositions prévues. J'ai apprécié le temps
et l'énergie consacrés aux diverses mesures de ce projet de loi. Je suis
toujours impressionné par la qualité d'analyse et la grande expertise
des groupes qui déposent leurs mémoires et viennent nous faire part de leurs
recommandations.
Les modifications qui
ont ensuite été proposées sont notamment issues des mémoires déposés lors des consultations et des échanges tenus lors de
l'audition de ces groupes. Je le dis à chaque dépôt de projet de loi, tout
projet de loi est perfectible. Une étude détaillée, c'est aussi un
exercice de recherche d'équilibre car, comme représentant de l'ensemble de la population, nous devons garder en
tête cette notion d'équilibre entre les divers intérêts de la société civile
dans son ensemble et d'équilibre entre les valeurs que l'on défend et
l'expression de toutes les opinions. C'est dans cet état d'esprit que
nous avons donc procédé à l'adoption de 36 amendements pendant l'étude
détaillée.
Mme la Présidente,
j'aimerais maintenant faire un dernier survol des avancées que le projet de loi
propose ainsi que des correctifs qu'il apporte. Prenons tout d'abord les
mesures proposées qui ajouteront des protections ou qui amélioreront les
possibilités d'indemnisation pour les travailleuses et les travailleurs.
Le projet de loi
permettrait à une personne salariée de s'absenter si elle se conforme à une
règle de santé publique ou en cas de sinistre, cela sans perdre son lien
d'emploi, ses avantages ou son ancienneté quand elle s'absente pour des raisons
de force majeure qui sont hors de son contrôle.
Le projet de loi
propose aussi de renforcer la protection du revenu en cas de lésions
professionnelles pour les travailleurs
faussement incorporés, comme les employés de l'industrie du camionnage avec un
faux statut d'entrepreneur.
Autre ajustement
proposé qui serait bénéfique pour des personnes victimes de lésions
professionnelles, des ajustements à la
méthode de calcul de l'indemnité de remplacement du revenu seraient mis en
place. Cette méthode ferait en sorte que le calcul de l'indexation selon
l'indice des prix à la consommation ne désavantage pas certains travailleurs,
entre autres les personnes qui travaillaient au salaire minimum.
L'adoption
du projet de loi permettrait aussi de diminuer les délais dans les arbitrages
de griefs en fixant un délai maximal
de six mois pour la nomination d'un arbitre et d'un an pour la première journée
d'audition. Rappelons qu'actuellement les délais moyens s'élèvent à
381 jours pour la nomination d'un arbitre par les parties et à
720 jours pour la première journée d'audition.
Un renforcement du
recours à la médiation préarbitrale et à la conférence préparatoire est aussi
proposé pour favoriser un règlement plus
rapide des causes, sans passer à travers tout le processus légal. Aussi, la
divulgation de la preuve par les parties avant l'audition en arbitrage
serait désormais prévue au processus.
Maintenant,
Mme la Présidente, j'aimerais faire un bref retour dans le temps afin de mettre
en contexte le régime particulier en matière de santé et sécurité du
travail que le projet de loi n° 101 propose.
Dès mon entrée en fonction, offrir aux
travailleuses et aux travailleurs du Québec un régime de santé et de sécurité
du travail moderne a été une priorité. Après plus de 35 ans sans
modification substantielle, la modernisation du régime
était incontournable. Chaque jour, des hommes et des femmes mettent leur
savoir-faire au service de notre société. Ils méritent plus qu'un salaire, ils
méritent un environnement de travail sain, sécuritaire et respectueux. Nous
devions faire plus en prévention, faciliter l'accès au régime, mieux soutenir
nos travailleurs et nos entreprises et faire en sorte que le régime soit le
plus efficace possible, et c'est ce que nous avons fait, Mme la Présidente.
Depuis 2018, l'amélioration des protections en
matière de santé et de sécurité dans les milieux de travail a été au coeur des
actions de notre gouvernement. Nous avons modernisé les lois du travail à cette
fin. Les nombreuses avancées que nous avons présentées dans les dernières
années amènent des protections concrètes pour les travailleuses et les
travailleurs, d'abord par l'adoption de la Loi modernisant le régime de santé
et de sécurité en 2021, de la Loi visant à assurer la protection des stagiaires
en milieu de travail en 2022, de la Loi sur l'encadrement du travail des enfants en 2023, de la Loi visant à prévenir et à
combattre le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel
en... en milieu de travail — excusez — en 2024.
Avec le projet de loi n° 101, nous faisons
un pas important dans un milieu où il n'y a jamais eu de programme de prévention en matière de santé et de sécurité
du travail. En effet, il est proposé pour la première fois... les établissements
faisant partie des réseaux de santé,
services sociaux ainsi que de l'éducation aient un programme de prévention qui
doit détailler les risques en présence dans les milieux de travail et
prévoir des mesures pour les contrôler et les éliminer.
Pourquoi un régime particulier? Parce qu'il est
impératif de respecter les capacités organisationnelles de ces réseaux déjà surchargés. Avec le régime
particulier prévu au projet de loi, nous respectons la capacité des
établissements de ces réseaux et on augmente la protection des travailleuses et
des travailleurs dès maintenant. Je crois sincèrement qu'ainsi on atteint un équilibre entre faisabilité et
responsabilité. Le rapport d'application qui serait déposé en 2029 nous
permettrait ensuite de faire un état des lieux.
En terminant, je remercie, évidemment,
l'ensemble des collègues qui ont participé aux travaux au cours des dernières semaines. On a eu des échanges, des
débats dans le respect et on a accompli, je pense, un travail important en
toute collégialité.
Je tiens à remercier particulièrement le
président de la Commission de l'économie et du travail, mon collègue de Maskinongé,
tous mes collègues gouvernementaux, mon adjointe parlementaire, députée du
comté de Huntingdon, mon collègue estimé, et
tout le temps respectueux, d'Hochelaga-Maisonneuve. J'aurais aimé le nommer par son prénom, mais on ne peut pas, Mme la Présidente, mais je le
salue. Et je le répète constamment, à chaque adoption de projet de loi, je réitère le... la qualité de son travail, la
qualité de ses interventions et sa volonté sincère de travailler pour le
bénéfice des travailleuses, des
travailleurs et aussi des employeurs québécois dans un souci d'équilibre, souci
que je partage constamment. Évidemment, je salue aussi mon collègue de Jean-Talon,
ma collègue de NDG, qui était là au départ, ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
pour qui aussi j'ai beaucoup d'estime et d'affection, qui travaille avec
beaucoup d'engagement et une volonté de bien comprendre. Tu sais, souvent on se
disait : Bon, elle arrive dans une... dans un contexte de projet de loi,
des matières qui sont assez techniques. Elle a posé des questions parce qu'elle
fait son travail avec sérieux et elle a
compris chacun des articles qui étaient adoptés, et je lui lève mon chapeau,
véritablement, elle a fait un excellent travail.
Donc, Mme la Présidente, j'invite maintenant
tous les collègues de cette Assemblée à voter en faveur du projet de loi
n° 101 visant l'amélioration de certaines lois du travail. Merci beaucoup.
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. Bien, d'emblée, il faut que je remercie le ministre pour ses
beaux compliments. C'est vrai, c'est
la première fois que j'interviens dans un projet de loi en matière des lois qui entourent le travail,
et c'est vrai, les débats ont été constructifs. On n'a pas eu l'accord du
gouvernement en ce qui concerne les amendements que nous avons déposés,
mais, cela étant dit, c'est toujours plaisant d'entretenir avec le ministre
responsable du Travail. Je sais qu'il est expert, comme mon collègue le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
ça fait que c'est... c'est toujours enrichissant aussi pour moi d'apprendre.
Je ne sais pas si les citoyens qui suivent nos
travaux, que ce soit ici, en Chambre, ou bien que ce soit en commission,
reconnaissent souvent qu'on n'est pas toujours en colère. On peut être en
désaccord, mais on peut aussi avoir un
entregent puis des entretiens à l'image de, je pense, ce que les Québécois
souhaitent voir de nous comme élus ici, à l'Assemblée nationale. Puis
c'est vrai, c'est ça que nous avons eu quand nous avons fait le débat sur la Loi
visant l'amélioration de certaines lois du travail.
À mon tour, aussi, je veux remercier les groupes
qui ont passé, qui nous ont alimentés avec leur expertise aussi. Il y a eu plusieurs groupes qui ont passé. Mais
moi aussi, je veux débuter... — bye-bye! — moi aussi, je veux remercier, mes
remarques, pour les groupes qui nous entourent au sein du... de l'opposition
officielle, le groupe du leader, qui sont
toujours là pour nous renseigner, pour nous accompagner, l'équipe de recherche,
en particulier Thomas Guérette, qui m'a beaucoup épaulée en ce qui
concerne ce projet de loi, les collègues qui sont venus aussi prendre part dans
le débat, que ce soit pendant les
consultations ou rendus à l'étude détaillée, la députée de NDG ainsi que la
députée de La Pinière. Et évidemment
je dois aussi remercier la députée de Bourassa-Sauvé, qui m'a confié la responsabilité en la
remplaçant dans ce dossier de travail, qui... c'est vrai, c'est un
dossier très technique.
C'est un projet de loi qui est très technique,
qui a engendré énormément de questions. On a été suspendus souvent pour la
bonne compréhension de qu'est-ce que nous étions en train de faire, parce qu'il
va y avoir un impact assez majeur lors de sa mise en
oeuvre. Alors, ça vaut la peine vraiment de... d'aller au fond des choses puis
de vider la question pour la bonne compréhension de qu'est-ce que nous étions
en train de faire, qu'on est en désaccord ou en désaccord, parce qu'on a des
groupes qui comptent sur nous.
On disait que c'est un projet de loi omnibus,
puis je trouve intéressant parce que c'est un projet de loi omnibus qui a uniquement 75 articles, seulement
28 pages. Moi, dans mon expérience, les omnibus sont gros, mais j'ai bien
compris qu'il y a vraiment beaucoup
d'éléments dont nous sommes en train de toucher en ce qui concerne la loi du
travail, plusieurs lois existantes.
Cela étant dit, on a seulement eu
trois jours de consultations, on a seulement entendu 18 groupes et on
a quand même reçu 33 mémoires pour nous
aider à être bien armés lors de l'étude détaillée. C'est peu, quand on parle de
l'impact sur le terrain de tout ce que, oui, il a été fait dans le passé
par le ministre, que je tiens... que c'est un réseau qu'il tient vraiment à
coeur. Mais on a été quand même suspendus, comme je disais, environ
3 h 20 min. Et, oui, on a adopté 63 articles, mais il y a quand même eu 36 amendements adoptés,
16 amendements non adoptés. Puis c'est la démonstration de la
technicalité puis aussi que nous avons pris en considération les points qui ont
été véhiculés par les groupes, les préoccupations, les recommandations
d'amendements pour améliorer le projet de loi. Il n'y a pas tout qui a été pris
en considération, mais je pense qu'il faut dire qu'il y a quand même eu des
avancées.
Mais, quand je dis ça, je dois exprimer ma
déception que nous n'avons pas pu entendre la FIQ. Mon collègue avait déposé une motion préliminaire pour faire
entendre ce groupe, qui représente quand même 80 % des femmes dans
le marché de travail au réseau de santé. Puis c'est un projet de loi qui va
avoir un impact vraiment majeur dans la vie des femmes, alors je pense que leur
témoignage aurait été vraiment pertinent, percutant et aussi nécessaire pour
bien comprendre l'impact, encore une fois, sur les réseaux, l'impact sur les
femmes. Puis je vais aller plus en profondeur, plus loin, quand je vais exprimer un peu où nous sommes rendus en termes
de les déceptions de ce projet de loi, les avancées, aussi, dans ce
projet de loi. Mais ça reste que je pense que le gouvernement a fait fausse
route en votant contre cette motion préliminaire parce que ça aurait été
vraiment, je pense, avantageux pour tous les élus, qu'on est membres de la
commission ou non, d'entendre ce groupe principal, qui, dans le fond, sera
impacté, puis vraiment fondamentalement lors de la mise en oeuvre de ce projet
de loi après son adoption.
Je débute toujours, que ce soit une étude
détaillée... puis, Mme la Présidente, ce n'est pas la première fois que vous
allez m'entendre le dire, que, chaque fois qu'un projet de loi est déposé en
commission ça n'appartient plus au gouvernement, ça n'appartient pas aux
oppositions, ça appartient à la population québécoise. Puis c'est important,
ça, c'est quelque chose que j'ai bien appris d'une ancienne collègue, la
députée d'Anjou—Louis-Riel,
Lise Thériault, qui disait ça tout le temps. Ça fait que je pense que c'est
toujours de cette manière que moi, en tout cas, j'aborde mon travail, comme
membre du Parti libéral du Québec, membre de l'opposition officielle. Quand je
pose mes questions, c'est de toujours prendre ça en considération. On est
censés d'être des porte-parole, ce n'est pas nécessairement votre vision, ce
n'est pas nécessairement ma vision ou mon... ma position en ce qui concerne un
projet de loi, mais vraiment de porter la
voix des gens qui se sont exprimés en ce qui concerne ce projet de loi en
question ou les autres. Ça fait que,
encore une fois, c'est pour ça que j'ai trouvé que c'était vraiment désolant
qu'on n'ait pas pu entendre la FIQ, parce que la démocratie, ça fonctionne
seulement quand ça parle, puis quand on entend, puis que ce n'est pas un
monologue, mais qu'on a vraiment un dialogue.
Malgré ça, c'est sûr, je me lève aujourd'hui
pour appuyer l'adoption du projet de loi n° 101 et je suis contente d'avoir la possibilité d'être en mesure d'expliquer
le pourquoi, parce que, c'est ça, comme je dis, c'est impératif de reconnaître
d'emblée... Bien que le projet de loi apporte des avancées nécessaires et
bienvenues, le ministre a quand même... en a soulevées,
il demeure aussi imparfait, et ça a entaché des reculs que... selon moi, selon
ma formation politique, qui sont inacceptables.
C'est un projet de loi qui, dans le fond, représente quand même une tragédie,
je dirais, pour l'égalité des femmes, chose que... Nous avons quand même
une stratégie qui a été adoptée à l'unanimité ici, une stratégie qui a été mise
en place, puis expire en 2027, de toujours prendre cet élément en
considération, l'égalité hommes-femmes, mais à l'intérieur de ce projet de loi,
on voit un recul, puis un recul assez important, en ce qui concerne la matière
de santé et sécurité au travail.
La mise en oeuvre d'un régime de prévention
affaibli et limité pour les secteurs de l'éducation, de la santé et services
sociaux publics, qui sont pourtant des milieux fortement à prédominance
féminine, on l'avait dit, 80 % dans le
réseau de santé, 75 % dans le réseau de l'éducation, et vraiment un recul
majeur, est vraiment discriminatoire. Puis j'ai été surprise de voir ce régime à deux vitesses, surtout que j'avais bien
compris qu'il y avait un consensus dans le réseau, un consensus qui a
été eu parmi tous les partenaires, toutes les parties prenantes puis, si je
comprends bien, c'est quelque chose qui est historique, c'est quelque chose qui
était hyperdifficile à avoir, et on a eu ceci. Mais, malgré ça, c'est un recul
qui a été entamé lors de l'adoption des articles en lien avec la protection
pour les régimes particuliers, parce que ce qu'on va avoir, c'est vraiment un
régime à deux vitesses. Puis la justification avancée par le ministre pour
cette exclusion, qui dit capacité organisationnelle, pénurie de main-d'oeuvre,
pour moi, en tout cas, ça ne tient pas la route,
puis je dis ça avec beaucoup de respect puis d'estime que j'ai pour mon
collègue, qui, je sais, travaille fort. Pour moi, c'est une fausse excuse, puis
la raison que c'est une fausse excuse, c'est parce que la pénurie, souvent, est
causée par un manque de budget, par un manque de financement.
• (11 h 30) •
Puis on ne peut pas
nier que les conditions de travail sont très difficiles au sein de ces deux
réseaux publics, que ce soit par le biais physique, psychologique,
psychosociaux, sont très élevées, mais, de dire que c'est parce qu'on n'a pas
la capacité organisationnelle, je questionne énormément, parce que, selon moi,
et je ne suis pas la seule personne qui a
cette lecture de la situation, c'est parce qu'on fait face à un déficit
historique pour la province du Québec. 14 milliards de dollars, ce
n'est pas rien. Mais ça veut dire que l'argent qu'on aurait pu utiliser pour
avoir un régime conforme,
complet, qui est équitable avec ce qui va avoir lieu dans le régime... dans le
réseau privé... on aurait pu le faire si
on n'avait pas gaspillé tout notre argent avec des coûts excédentaires pour SAAQclic,
si on n'avait pas gaspillé notre argent, 710 millions de
dollars, avec Northvolt. C'est l'échec électoraliste, qui s'élève à 7 milliards
de dollars. Flying Whales, l'argent pour les
LA Kings... Si on avait priorisé tout cet aspect budgétaire puis on l'avait mis
dans le réseau public, si on l'avait mis dans nos services publics, si
on l'avait mis dans la santé et sécurité, prévention dans ces deux réseaux, je pense qu'on aurait été ailleurs dans ce projet de
loi. Je pense qu'on aurait eu des groupes syndicals qui auront été comblés,
contents, puis pas avoir des réponses mitigées. Parce que, c'est vrai, c'est
une avancée, il faut le donner. C'est sûr, c'est une avancée, ça fait
30 ans depuis qu'on n'a pas regardé en profondeur qu'est-ce que nous
aurons pu faire, ça fait que 100 %,
mais on fait des choses à demi-temps. Ça, ça veut dire que les réseaux privés
vont avoir plus de protection en matière de santé et sécurité que les
réseaux publics, où le gouvernement est quand même l'employeur, où il me semble
que nous avons une responsabilité de gérer par l'exemple, donner l'exemple aux
autres réseaux.
Mais
ce qu'on voit, c'est qu'on soustrait de nos propres obligations légales en
matière de prévention. C'est comme donner l'impression que, dans le
réseau de santé ou dans le réseau de l'éducation, que nos infirmières et que
nos enseignantes ne font pas face, au
quotidien, à la violence, à des difficultés physiques, à des difficultés
psychologiques, et qu'eux ils n'ont pas besoin d'avoir cette formation, cet
accompagnement.
On sait qu'on a une hausse
importante des enfants handicapés et avec des besoins particuliers en
adaptation scolaire. On sait que le réseau
de santé est vraiment à bout de souffle, qu'ils font face à beaucoup de
difficultés, puis qu'on demande
beaucoup de nos professionnels de la santé. Et là on voit vraiment un recul en
ce qui concerne les droits de la femme. On voit une discrimination pour
ce réseau.
Et c'est pour cette
raison qu'on a voté contre ces articles, parce que nous savons très clairement
que ça va créer un régime à deux vitesses, que ce régime particulier n'était
pas souhaité, ne respectait pas aussi l'entente, puis la cohésion, puis la
compréhension qui avaient eu lieu dans le passé. Alors, on est solidaires avec
cette décision. Et c'était une discussion
qui était très difficile pour nous, à l'intérieur de notre formation politique,
parce qu'on reconnaît qu'il y a des avancées importantes dans ce projet
de loi, mais ça reste que c'est vraiment mitigé, parce que c'est un élément vraiment important, qui a fait l'unanimité des
groupes qui ont passé en commission pour dire que... il n'a pas d'allure, c'est
difficile, ne faites pas ça, nous ne pouvons pas supporter ça comme décision.
Néanmoins, Mme la
Présidente, c'est sûr, comme je dis, il y a des avancées. Et, c'est clair,
c'est des avancées qui sont importantes,
malgré que, comme j'ai dit d'emblée, le gouvernement a quand même refusé
d'intégrer des correctifs sociaux fondamentaux demandés par les
partenaires sociaux, demandés par les groupes qui sont venus témoigner, demandés et répétés dans plusieurs mémoires que
nous avons lus avec un grand intérêt. Mais les avancées sont quand même
importantes.
C'est des
améliorations du droit du travail pour les Québécois. Entre autres, la
protection d'un revenu minimal, c'est sûr,
c'est une avancée, puis c'était salué par plusieurs groupes. Le projet de loi
répond à une problématique d'injustice, je dirais, en assurant une
indemnisation de remplacement du revenu, que ce ne soit jamais inférieur au
salaire minimum en vigueur au moment de la
revalorisation. Ça, c'est un équilibre qui était souhaité, qu'on doit saluer,
que le gouvernement a mis en oeuvre avec cette mesure, parce que ça va
mettre fin vraiment à l'appauvrissement des bénéficiaires à faibles revenus, au
fil du temps. Ça fait qu'on doit le saluer. C'est une bonne chose.
Il y a aussi la
revalorisation pour les hauts revenus et en cas de rechute, récidivise,
aggravation, le RRA — plus
facile à dire, je pense, avec les acronymes — parce qu'on est en train
d'améliorer également l'indemnisation pour les travailleurs dont le salaire
excède le maximum assurable en retenant le revenu brut annuel réel au moment de
la lésion pour la revalorisation et pour déterminer l'IRR en cas de RRA.
J'avais dit d'emblée que c'est quand même technique, Mme la Présidente. C'est
technique, il y a énormément d'acronymes. Puis c'est pour ça qu'on a posé... ou
moi-même, en tout cas, j'ai posé plusieurs
questions pour comprendre les orientations du gouvernement, suite à des
consultations qui ont été très larges, de leur côté, avec les lois
précédentes. Alors, ça aussi, on comprend que c'est important parce que cet amendement ou cet... ces articles de loi vont
quand même... garantit que le revenu brut sera retenu selon le plus élevé
possible, quand on parle des RRA subséquentes. Alors, c'est bien.
«Chauffeur inc.» «Chauffeur
inc.», plusieurs entre nous entendent beaucoup parler de ce dossier «Chauffeur inc.», c'est beaucoup médiatisé. C'est complexe et
ce n'est pas complexe. On a des responsabilités, ici, provinciales, comme
il y a des responsabilités au niveau fédéral. Ça prend un encadrement puis ça
prend une protection des chauffeurs qui ne sont pas nécessairement formés, des
chauffeurs qui ne sont pas encadrés, les employeurs et les chauffeurs qui travaillent comme des travailleurs autonomes, d'où
le «inc.», pour le «incorporé», et qui ne font pas partie de le cadre des
employés qui peuvent bénéficier et être
protégés par un régime de santé et sécurité dont l'employeur ainsi que les
employés sont responsables.
Alors, ce qui a été
changé à l'intérieur de ce projet de loi, encore une fois, c'est un pas dans la
bonne direction parce qu'on va s'assurer qu'un dirigeant d'une corporation
puisse être qualifié de travailleur, en vertu de la LATMP, lorsqu'il exécute
personnellement un travail pour une autre personne que celle pour laquelle il a
le statut de dirigeant. Ceci va vraiment renforcer la protection sociale pour
les travailleurs incorporés et le combat de concurrence déloyale.
Et là on espère qu'il
y aura une prochaine étape, lors de l'adoption de ce projet de loi et la mise
en oeuvre de ces articles, parce qu'on espère que le ministre et le
gouvernement saura faire son travail de coordination, de convaincre aussi les
collègues d'agir, dans leurs propres ministères, pour corriger, pour une fois,
finalement, ce fléau qui met en danger nos
contrôleurs routiers, qui met en danger les chauffeurs. Alors, ça va être... et
évidemment les autres personnes qui
sont sur la route. On l'a entendu, juste dernièrement, on a un chauffeur qui
n'était pas nécessairement formé et on a des gens qui sont au volant,
aux côtés, qui ont perdu leur vie ou qui ont été blessés gravement.
Autre chose qui était intéressante dans ce
projet de loi, puis ça révise et ça va préciser les congés pour les membres des
Forces armées canadiennes ainsi que les congés pour les raisons de santé
publique ou de sécurité civile. Ça, c'est une mesure que,
je dirais, est aussi très positive et renforce la protection des travailleurs
dans les situations exceptionnelles, chose qui n'était pas faite auparavant. Ça
fait que c'est une correction puis aussi une correction de terminologie à
l'intérieur du projet de loi et des autres lois qui seront touchées.
On a aussi parlé de la maternité sans danger. Ça
fait que le projet de loi n° 101 améliore également certains aspects du
programme pour une maternité sans danger. C'est des ajustements qui visent à
offrir une meilleure sécurité aux femmes enceintes sur le marché de travail,
quand on parle de... on doit prendre un recul pour avoir un travail équivalent, un salaire équivalent, mais qu'on ne
va pas perdre notre statut, mais ça se peut que, le travail que nous sommes
en train d'entamer quand nous sommes
enceintes, nous ne pouvons pas continuer à le faire, grâce à notre situation.
Alors, ça aussi, on le salue.
• (11 h 40) •
Il y avait un encadrement en ce qui concerne les
délais d'arbitrage. On a beaucoup entendu parler de ça par les groupes qui sont
venus témoigner en commission lors des auditions, parce que c'était une
réception qui était quand même mitigée. Les dispositions qui introduisent des
délais pour la désignation d'un arbitre et le début de la première journée d'audience, qui visent à réduire, oui, les
délais excessifs, qui dataient de comme 720 jours, si je ne m'abuse, qui
étaient quand même assez importants... juste
pour avoir une première audition, on se comprend, c'est trop long. Ça fait que
c'est vrai, il faut s'attaquer à ceci.
Alors, la nomination des arbitres dans les
régions, c'est quand même très important. Mais le texte, par le biais des
amendements, a été assoupli pour remplacer les présomptions absolues de
désistement, parce que ça, c'était comme réputé,
par une présomption vraiment présumée en cas de non-respect du délai pour
désigner un arbitre et permettre un recours
pour motifs raisonnables pour prolonger le délai, chose qui était vraiment
saluée et bienvenue comme amendement, parce que c'était proposé par
plusieurs groupes, comme j'ai mentionné, qui ont témoigné, entre autres le...
la Fédération québécoise des municipalités. Parce que, quand on est une plus
petite municipalité, on fait face à autres défis, puis ça se peut que c'est
difficile de rejoindre les critères qui étaient vraiment, vraiment, vraiment
ancrés, et concrets, et sans flexibilité.
Alors, d'amener une certaine mesure de flexibilité pour s'assurer qu'on peut
mettre en oeuvre les changements qui sont souhaités, je pense que
c'était bien. Alors, c'est un processus qui est amélioré, ainsi qu'on parle
maintenant d'encourager la médiation préarbitrale.
Puis ça aussi, je dirais, c'est une avancée. Je
pense que les élus ici, tous confondus, on pourra en bénéficier, à quelque part, de prendre ça en considération
d'avoir la médiation préarbitrale, de bien comprendre, avant de dépenser cet
argent, avant de mettre à l'oeuvre tout ce temps-là. C'est important. C'est
comme une conférence préparatoire obligatoire sur la demande d'une
partie. Alors, c'est une avancée.
Et ça me fait penser que j'étais vraiment
contente, évidemment, de voir le président du FPPM, Yves Francoeur, ainsi que
le président François Lemay, du FPPMQ, c'est la Fédération des policiers et
policières municipaux du Québec et la fédération des policiers, policières de
Montréal. Ils sont venus témoigner en ce qui concerne ce processus, parce qu'on se comprend, dans le réseau policier, c'est
vraiment complexe, et de mettre à l'oeuvre quelque chose qui n'a pas de
flexibilité aurait engendré énormément de difficultés pour ce réseau. Alors,
j'ai grandement apprécié leur témoignage puis leur passage en
commission.
Et pour ceux qui ne savent pas, mais je pense
que c'est pas mal clair, mon coeur loge avec les policiers, pour qui j'ai un énorme respect. Alors, je suis
contente qu'on a eu des modifications, encore une fois, de la part du
gouvernement. Le ministre a quand même entendu les préoccupations.
Et on a eu des amendements dans deux endroits
qui étaient une... je dirais, un regroupement, pour répondre aux préoccupations
qu'eux, ils avaient partagées en ce qui concerne le motif raisonnable ainsi que
l'application. Ça fait que je trouve ça bien. Ça, c'est... Ça fait que je suis
contente qu'on a pu mettre ça à l'oeuvre et que le gouvernement a été quand
même... ils ont déposé leur amendement même avant, ça fait que ça m'a donné
aussi l'occasion de valider avec les groupes pour s'assurer que ça rejoignait
leurs préoccupations.
En termes de la négociation administrative, le
gouvernement a retiré les articles 5 à 12 du projet de loi, qui introduisaient un nouveau processus de négociation
à l'étape de révision administrative par la CNESST. C'est une clause qui
était fortement décriée, car elle était perçue comme un piège menaçant
l'impartialité et les droits des travailleurs non syndiqués. Son retrait est
vraiment un gain, je dirais, en matière de respect des droits procéduraux.
Alors, ça aussi, il faut le saluer, ça
faisait partie du loi... du projet de loi au début. De retirer tout l'ensemble
de ces articles par le biais d'un amendement était quand même une
avancée.
C'est la même chose qu'on a vue avec le retrait
des clauses de transparence syndicale contentieuses. On parle des
articles 14, les articles 45, qui imposaient des exigences rigides et
vraiment coûteuses de vérification comptable aux petites associations
syndicales. Ça, ça a été retiré.
Mais on sait vraiment, en lisant la revue de
presse et en entendant le ministre aussi lors de l'étude détaillée, c'est partie remise. Il va y avoir un autre projet
de loi qui s'en vient, et tous les éléments en lien avec ces deux aspects-là vont
en faire partie, et il y en aura d'autres
aussi en ce qui concerne les contributions syndicales. Il y aura un
encadrement, apparemment. Alors, il y a un projet de loi qui s'en vient, et
j'ai entière confiance dans ma collègue la députée de Bourassa-Sauvé de
mener un débat respectueux, mais aussi à la hauteur des attentes des groupes
concernés.
Malgré ces avancées, je ne pourrai pas être
silencieuse en ce qui concerne les omissions. Je sais que j'ai déjà soulevé la
préoccupation la plus importante en ce qui concerne le régime particulier et la
discrimination envers les femmes avec un
régime à deux tiers, mais je trouve que le gouvernement a choisi d'ignorer des
demandes cruciales et a institutionnalisé des iniquités comme, par
exemple, le refus d'accorder le 10 jours d'absence rémunérés pour des victimes de violence conjugale. C'était une
demande que nous avons eue du Conseil d'intervention pour l'accès des femmes
au travail et l'Intersyndicale des femmes.
Et, pour moi, c'était une
grande déception après avoir déposé des amendements. Puis je sais qu'on avait
un consensus du côté de les banquettes des oppositions en ce qui concerne ceci.
Ça me désole que le gouvernement avait refusé
d'inclure les 10 jours d'absence rémunérés sur la Loi des normes du
travail parce que c'est une demande essentielle. Et plusieurs organismes
ont aussi fait cette demande. Quand une femme fait... est victime de violence
conjugale, on a besoin d'être là pour faire
un accompagnement. On a eu des avancées, on a aussi eu d'autres déceptions en
ce qui concerne le droit des femmes à l'intérieur de ce projet de loi,
mais un maximum de deux jours non spécifiques jugé... on ne peut pas dire que
c'est assez. C'est nettement insuffisant quand on parle des cas de violence
conjugale.
Alors, je
pense qu'on avait une responsabilité de faire cet encadrement puis cet
accompagnement. On ne peut même pas imaginer la lourdeur de cette
réalité quand on parle de... Tu sais, ça se peut que ça va engendrer un
changement de logement, aide juridique, tout ce qui est en lien avec la sécurité
publique. Deux jours, ça ne va pas combler assez les besoins pour ces victimes.
Alors, ces femmes risquent vraiment l'appauvrissement, et c'est une grande
déception pour moi qu'on n'a pas pu avoir un consensus sur ce point lors de
l'étude détaillée.
Il y avait aussi le refus d'adopter une analyse
différenciée selon les sexes, le fameux ADS+, et, ça aussi, c'est une surprise pour moi, non seulement une
déception, mais vraiment une surprise, je dirais même comme une catastrophe.
Je ne comprends pas, puis pas juste parce que je suis une femme, pas juste
parce que je suis féministe, mais de refuser d'exiger l'ADS+, c'est comme
quelque chose qui arrive systématiquement, de ne pas intégrer cette demande.
Puis cette demande, pourquoi que c'est
important, c'est parce que nous savons, comme à l'intérieur de ce projet de
loi, Mme la Présidente, le 101... on voit l'impact différencié sur les
sexes, on voit l'impact différencié sur les femmes.
Et je comprends les arguments du gouvernement.
J'ai déjà dit, je ne suis pas en accord avec ces arguments. Pour moi, c'est vraiment une question de budget,
mais c'est les femmes qui vont être impactées. Puis, si on aura eu cette analyse
différenciée selon les sexes, peut-être les décisions auront été différentes,
peut-être on aura eu une autre décision qui aura eu lieu. Et ça fait partie de
la stratégie nationale qui a été mise vers l'avant par la Condition féminine,
qui a été, encore une fois, je l'ai déjà dit, adoptée à l'unanimité ici, qui
expire en 2027, et ce que ça dit... ce n'est pas seulement le Conseil du statut
de la femme, ils disent, à l'intérieur de cette stratégie nationale, que nous
avons une responsabilité de mettre vers l'avant l'ADS+ à l'intérieur de toute
pièce de législation, réglementation, tout document que nous sommes en train,
ici, d'adopter puis de mettre à l'oeuvre, de prendre ça en considération.
Alors, on a essayé, avec un amendement, de
demander au gouvernement de... je dirais, «put your money where your mouth is»,
de demander au gouvernement de mettre à l'oeuvre cette stratégie nationale, de
mettre à l'oeuvre les demandes que nous avons eues des groupes concernés, le
Conseil de statut de la femme, pour avoir une évaluation des mécanismes de
prévention perpétrus, je dirais, pour les risques spécifiques vécus par les
femmes, notamment les risques psychosociaux, ainsi que la violence au travail.
Avec le travail entre nous, les collègues, on a quand même pu avoir un
amendement, qui a été adopté à l'article 73, qui disait : Ajouter, à
la fin de l'article 73 : «On doit notamment prendre en compte les réalités propres aux femmes et aux hommes.» C'est
bien, c'est une mini, mini, miniavancée, mais ça ne répondait pas
vraiment à la demande principale que j'aurais voulu avoir. Puis je sais que je
ne suis pas seule, je sais que toutes les
femmes qui sont en train de nous écouter ici aujourd'hui, des collègues à
l'Assemblée nationale ont été d'accord avec ça. Ça fait que c'est une
position que le gouvernement a prise, que je ne comprends vraiment pas, et je pense que c'est temps qu'on évolue un peu dans nos
positions puis qu'on mette à l'oeuvre ce type de réflexion pour avoir
une vraie équité hommes-femmes dans tout ce que nous faisons ici, à l'Assemblée
nationale.
• (11 h 50) •
J'étais contente aussi de porter la voix de
Force Jeunesse, lors du débat pour le projet de loi, en ce qui concerne l'inclusion d'un représentant jeune dans les
mécanismes du... mécanismes SST, RSS aussi, pour tout ce qui est CNESST.
La demande, c'est d'avoir quelqu'un de moins de 35 ans qui va siéger au
sein de ces comités. Ce n'est pas la première fois qu'ils font la demande, ça
fait plusieurs fois, depuis, qu'ils font la demande, alors j'étais contente de
porter leur voix lors de l'étude détaillée,
malgré que le gouvernement a rejeté la demande. Et je comprends que nous avons
beaucoup de gens qui siègent au sein de ces comités, mais ça reste que
je pense qu'on a une obligation d'entendre toutes les voix, toutes les parties prenantes, et d'avoir cette
mixité autour de la table, ça peut juste nous enrichir en termes de débats, de compréhension
puis de mise en oeuvre des programmes de prévention, des débats, des
discussions... et les décisions qui seront
prises aussi pour les personnes qui oeuvrent au sein des réseaux, qui seront
protégées. Alors, ça aussi, ça a été quand même une déception.
J'avais aussi prêté ma voix en défense de la main-d'oeuvre
dans l'industrie de la construction. Quand on parle d'un règlement pour l'application de la loi pour la formation
professionnelle et la gestion de main-d'oeuvre, surtout quand on parle
de les mécanismes dans l'industrie de... mécanique, ce n'est pas nouveau.
Encore une fois, je sais que ma collègue la députée de Bourassa-Sauvé, elle
avait aussi amené ses amendements lors du débat des lois précédant... Le ministre en question lui a dit : C'est très
intéressant. Ça fait qu'on a posé la question pour voir est-ce que c'est
toujours très intéressant. Apparemment, c'est encore plus intéressant.
Alors, je prends le ministre à ses paroles pour
dire qu'il y aura une solution qui s'en vient en ce qui concerne la
particularité pour ces personnes qui seront couvertes. On espère qu'on va avoir
un règlement qui sera assujetti à une consultation, j'espère, d'ici la fin de
l'année, au moins une consultation avant qu'on dépose le règlement qui sera
assujetti à le 45 jours de consultations parmi le réseau. Ça se peut qu'on
a une solution qui sera vraiment mise à jour d'ici la fin de la législature.
Alors, c'est ce que nous avons entendu lors des débats. Alors, je le répète
encore une fois, parce que je sais que c'est
des groupes qui souhaitent ce changement, souhaitent avoir les mêmes
protections, souhaitent avoir la bonne compréhension. Alors, en espérant
qu'on va pouvoir poursuivre avec ceci.
En conclusion, je dirais, Mme la Présidente,
que, c'est vrai, il y a des avancées en matière d'indemnisation et des
améliorations procédurales en arbitrage qui sont louables en ce qui concerne le
principe de ce projet de loi. Il faut être catégorique,
par contre, sur les reculs que nous avons eus... vus en santé et sécurité de
travail. Puis c'est des omissions, je
dirais, qui sont sociales. C'est des omissions qui amènent quand même, encore
une fois, un recul des droits pour les femmes. Ça amène quand même un
recul social pour la protection des personnes vulnérables, entre autres, encore une fois, les femmes ou bien quand on parle
des jeunes de moins de 35 ans. Cela étant dit, je répète encore une fois, je
reconnais que c'est quand même une avancée en ce qui concerne les mesures de
protection qui avaient besoin d'être révisées,
qui avaient besoin d'être revues puis qu'on avait besoin d'avoir un débat ici,
en matière législative, pour déposer un projet de loi et pour changer le
régime de protection.
Alors, je suis contente de dire que je vote en
faveur du projet de loi, parce que c'est une signature d'ouverture pour avoir
d'autres gains. Je le vois vraiment de cette manière. En travaillant avec le
ministre en question, je vois que c'est un
homme qui a une grande ouverture, puis le projet de loi... assorti d'une grande
vigilance pour s'assurer que nous pouvons poursuivre avec un débat...
mais j'espère sincèrement que les inégalités seront corrigées dans un futur
très rapproché, qu'on n'aura pas à attendre jusqu'à 2030 puis qu'on aura... on
sera en mesure de mettre en place un régime de protection pour tous les
travailleurs, travailleuses dans le réseau public le plus rapidement possible
et aussi de s'assurer la prévention puis la protection de tous nos
travailleurs, travailleuses, encore une fois, réseau de santé et services sociaux, éducation, qui vraiment
travaillent de becs et ongles pour s'assurer que nous, les Québécois et Québécoises,
sont bien accompagnés en ce qui concerne tout le service public.
Alors, je remercie de tout coeur pour le travail
qu'ils font. Puis on sera là pour continuer à mener le débat, pour s'assurer
que le gouvernement prenne leurs responsabilités. Et il y a... ça se peut, on
verra aussi des changements lors des élections en 2026. Puis j'espère, peu
importe c'est qui qui est au gouvernement en 2026, qu'ils vont prendre ça aussi
en considération, parce que c'est un élément majeur, et nous avons une
responsabilité collective de mettre ces modifications en oeuvre. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au député... M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
la parole est à vous.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Moi aussi, de saluer mes collègues avec qui on a travaillé sur le
projet de loi n° 101, le ministre, bien
sûr, qu'on... avec qui je partage 14 projets de loi, je pense, derrière la
cravate, mes estimés collègues des deux oppositions. C'était très
agréable de discuter avec vous.
Le... Je veux faire une mention spéciale, je ne
sais pas s'il m'écoute en ce moment, mais à mon collègue Frédéric Aubé, qui
travaille aux travaux de notre équipe parlementaire, bien sûr, parce qu'on
avait un... beaucoup de changements de
personnel, et il nous a manqué un recherchiste, alors il a dû s'improviser
recherchiste, mon ami Frédéric, et il a très bien fait ça. Alors, encore
une fois, je ne sais pas s'il m'écoute, mais je le salue chaleureusement pour
son aide dans ce projet de loi.
Je salue aussi tous les groupes qui sont venus
nous parler. Ma collègue de l'opposition officielle faisait... avait raison de
mentionner que ça avait été difficile quand même de négocier, encore une fois,
un nombre respectable de groupes, et on avait oublié, du côté du gouvernement,
certains groupes syndicaux importants. Si on touche au droit du travail de manière assez frontale comme on le fait
dans le projet de loi n° 101, il faut s'assurer, il me semble, d'inviter
tous les groupes syndicaux. Qu'on soit d'accord ou pas, au Québec, on a
un pluralisme syndical. Il y en a beaucoup, des centrales. Il y a beaucoup de fédérations. Encore une fois, tout le
monde peut se faire une opinion là-dessus, ce n'est pas tellement pertinent
au débat, à savoir qu'ils devraient tous pouvoir venir s'exprimer, et le
gouvernement avait refusé qu'on invite la FIQ, la Fédération
interprofessionnelle de la santé, qui est un gros syndicat, une grosse
fédération, et on a essayé, en effet, en
ouverture de l'étude détaillée, de faire une motion préliminaire pour pouvoir
les inviter, et ça n'a pas été accepté du côté du gouvernement.
Sur le projet
de loi comme tel, bien sûr, ça a été une grande déception, puis, sans grande
surprise, Mme la Présidente, j'annonce qu'on va voter contre le projet
de loi, là, en vote final, parce que les avancées sont très minces, bien, les
déceptions sont immenses. Je vais essayer d'y aller... J'essaie une formule
aujourd'hui, Mme la Présidente. Je vais me concentrer sur les amendements que
j'ai déposés parce que, M. le ministre, je commence à bien le connaître. Quand même, ça va faire huit ans qu'on travaille
ensemble. Il dit toujours que son projet de loi est perfectible : Je
dépose un projet de loi, c'est
perfectible. C'est perfectible. C'est un mot qu'il utilise souvent. Bien, j'ai
essayé de le prendre au mot et j'ai déposé,
tenez-vous bien, 13 amendements, je n'ai pas abusé, je pense, j'en ai déjà plus
que ça dans le passé, mais 13 amendements bien structurés, bien préparés.
Et, des 13, combien pensez-vous, Mme la Présidente, qui ont été adoptés? Un
seul, un seul a été adopté sur les 13
amendements. Alors, le côté perfectible de son projet de loi, peut-être qu'il a
un peu de travail à faire encore dans le futur.
Je commence par le premier. Alors, dans le
projet de loi, il y avait quelque chose qui se préparait du côté du
gouvernement, qui était une campagne qui se menait depuis longtemps par les
collègues de l'UTTAM, l'Union des travailleurs et travailleuses accidentés de
Montréal, qui voulait s'assurer que l'indemnité de remplacement de revenu soit
revue, soit améliorée pour les gens qui sont, donc, dans cette situation-là, et
on a voulu corriger une anomalie qui fait en
sorte que, dans... depuis la création du régime de la CNESST, de l'indemnité du
revenu, là, l'IRR, on ne rembourse que 90 % du revenu, ce qui est
une drôle... un drôle de chiffre. Pourquoi 90 %? Si on perd ce revenu,
c'est 100 % qui devrait être remboursé. Et on est allés même fouiller,
puis, à l'époque, la CSST, que ça s'appelait à l'époque, s'en étonnait, qu'on choisissait ce 90 % là. Ça
semblait un peu arbitraire. Alors, on a voulu questionner ça au ministre,
on a dit : Non, non, mettez 100 %, et ça a été refusé.
La vie change. La société
évolue. Il y a un vieillissement de la population. Les gens prennent leur
retraite un peu plus tard, plus tard dans leur vie. Ils vieillissent un peu
plus vieux aussi. Alors, on a voulu modifier... Là, il y avait comme un
règlement qui faisait baisser ton IRR, justement, à partir de 65 ans. On a
voulu le mettre à 69, puis, en plus, c'est
concordant. M. le ministre dit toujours qu'il faut de la cohérence. Ça aurait été
cohérent avec l'ensemble des mesures mises
de l'avant par son propre ministère, par son propre gouvernement, pour avoir
des incitatifs au maintien au travail des personnes soit à la retraite
ou sur le bord de la retraite. Alors, ça aurait pu participer, donc, à aider un
peu l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, mais, ça aussi, ça a été refusé.
• (12 heures) •
Autre amendement. Savez-vous quoi, Mme la
Présidente? Au Québec, on est la seule entité au Canada, la seule province au Canada, incluant les territoires, où
il n'y a pas de bureau de soutien en santé et sécurité du travail. Qu'est-ce que
ça fait, ça, dans les autres provinces, dans la totalité des autres provinces
et territoires? C'est que, si vous êtes non syndiqué, vous avez un problème en
santé et sécurité du travail et vous devez faire... aller devant les tribunaux,
devant le TAT, notamment, le Tribunal administratif du travail, bien, il n'y a personne qui représente les
non-syndiqués. Si vous êtes syndiqué, votre syndicat vous envoie un
conseiller syndical, puis tout va bien. Si vous êtes non syndiqué, il n'y a personne qui est mandaté pour faire ça. Les
groupes, comme l'UTTAM et les autres unions de travailleurs dans les autres
régions du Québec, peuvent le faire un peu, mais ils ont des moyens extrêmement
réduits, et, sur la masse des 60 % de non-syndiqués au Québec, vous vous
imaginez bien que ce n'est pas demain la veille qu'ils vont être capables de
couvrir un ensemble aussi gros de personnes.
Or, dans toutes les autres provinces du Canada, Mme
la Présidente, il y a un bureau qui se charge de représenter, d'accompagner et
d'aider, par de l'information juridique... Des fois, c'est suffisant, mais, des
fois, il faut un peu de représentation aussi devant le tribunal. Toutes les
autres provinces ont ça, sauf le Québec. Alors, c'est peut-être un bout de la
société distincte dont il peut être un peu moins fier. Il reste que ça fait des
années que je soumets au ministre qu'on devrait faire ça, un bureau. On ne
parle pas d'une révolution en matière de coût, là. On parle d'embaucher
quelques professionnels, quelques fonctionnaires. Malheureusement, ça a été
refusé.
Donc, toujours pas d'aide pour les non-syndiqués
dans le milieu des accidents de travail, puis c'est intéressant parce que ce
n'est pas juste l'union des travailleurs et travailleuses accidentés du travail
qui réclame ça, c'est aussi les syndicats.
Puis, des fois, on se plaint que les syndicats devraient juste s'occuper de
leurs affaires. Bien non, les syndicats s'occupent aussi des
non-syndiqués, de tous les travailleurs. Bien, c'est un bel exemple, ça. Ça
fait que les centrales syndicales, les fédérations syndicales disent : Il
devrait y avoir aussi un mécanisme de protection et de représentation pour les
non-syndiqués, comme dans la totalité des autres provinces du Canada, avec un
bureau, amendement qu'on a soumis; refusé.
Il y avait une drôle... un drôle d'article dans
le projet de loi qui venait reculer sur un avancement qui avait été fait dans
un projet de loi précédent du ministre, là, par rapport à la question des
amendes en cas de bris de confidentialité des dossiers de santé. On avait
augmenté les amendes. C'était dans un projet de loi, là, sur la question du
harcèlement psychologique, un projet de loi qui était assez... assez
intéressant du côté du ministre. Mais là on vient rebaisser les amendes pour soi-disant
avoir une concordance, ça fait que c'était très mal reçu par les groupes de
femmes, par les groupes féministes, notamment, par les milieux des travailleurs
aussi. On n'a pas trop compris la logique. Semble-t-il que c'était une question de cohérence de corpus législatif. Je n'ai pas
été particulièrement convaincu par la démonstration du ministre. Donc, on a voulu maintenir le niveau
des amendes pour maintenir la... le message clair envoyé aux employeurs qu'il
ne faut pas commencer à vouloir aller jouer dans les dossiers médicaux et les
confidentialités. Malheureusement, ça n'a pas été retenu.
Le seul qui a été retenu, c'était de
maintenir... Le seul amendement que j'ai déposé qui a été retenu, c'est de maintenir la mention que le fait de tenter d'obtenir
des renseignements au dossier médical de la CNESST constitue une infraction
passible d'amende. Étrangement, c'était retiré en disant que ce n'est pas
nécessaire de préciser, alors que l'intention
du législateur, des fois, est importante à aller clarifier. Là-dessus, je suis
content qu'on ait réussi à convaincre le ministre. Il a maintenu ce qui
était retiré dans son projet de loi. Donc, ça a été maintenu dans la loi tel
quel. Bonne nouvelle, mais ce n'est pas une
grande avancée de maintenir ce qui était déjà le cas, Mme la Présidente. Cela
étant dit, c'était le seul amendement que j'ai réussi à faire adopter.
On a voulu aussi rajouter une fonction au comité
de santé-sécurité, soit celle de recevoir des copies d'avis d'accidents. Ça a été refusé. On a voulu mettre
une date limite pour le régime intérimaire dans les secteurs de l'éducation
et de la santé. Ça a été refusé. Je ne répéterai pas l'entièreté des propos de
ma collègue de l'opposition officielle parce qu'elle a quand même bien résumé
le dossier. C'est quand même un énorme recul, hein, là-dessus, Mme la
Présidente.
Puis le ministre avait été largement attaqué
lors du dépôt de son projet de loi n° 59 dans la précédente législature. Des termes assez durs avaient été...
avaient été évoqués, là, à ce moment-ci, que je ne pourrais peut-être pas reprendre, considérant les termes que nous devons
garder ici de manière polie, mais le ministre s'en rappellera certainement
parce qu'il avait retiré ce volet-là de son projet de loi pour le resoumettre
plus tard avec des bonifications au regard des commentaires très durs
qu'il avait reçus du milieu du travail, du milieu féministe aussi.
Malheureusement, il revient à la case zéro.
Donc, c'est un parcours de presque quatre ans, presque cinq ans, Mme la
Présidente, pour revenir à la case départ d'un régime qui est considéré
comme pas à la hauteur pour les femmes, notamment de la santé, de l'éducation.
Un régime à rabais, qu'on pourrait dire, parce qu'il y avait des grands espoirs
de mettre à jour le régime de santé-sécurité, en particulier sur le volet
prévention, Mme la Présidente.
Certaines
choses ont été faites, là, dans le projet de loi n° 59, mais le gros
morceau, c'était d'élargir l'application des mécanismes de prévention à tout le
monde, et là le ministre avait été incapable de trouver un compromis, à
l'origine, en 59... au PL n° 59, là, en 2020‑2021.
J'avais soumis l'idée qu'on devrait plutôt... Bien, en fait, lui avait eu
l'idée de renvoyer au CA de la CNESST, les patrons et
syndicats se parleront, trouveront un compromis. Moi, je lui avais dit : D'accord, mais, en attendant, il ne peut pas rien
se passer. Alors, on avait... je lui avais soumis, et convaincu le ministre, de
faire un régime intérimaire. Et là ce qu'il
fait, dans le fond, c'est que le régime intérimaire, il le prolonge, en quelque
sorte. Donc, le nouveau... Il y a un nouveau régime intérimaire pour la
santé et l'éducation.
Alors, il y a eu un débat au CA de la CNESST, il
y a eu, même, une présence du Conseil du trésor, donc l'État employeur était
là, et ils ont décidé que les mécanismes de prévention en santé et en éducation
devaient être assez élevés parce qu'il y a
des problèmes, parce qu'il y a des gens qui se font mordre, parce qu'il y a des
gens qui se blessent en soulevant des
patients. Vous connaissez la chanson, Mme la Présidente. Vous êtes ici assez
longtemps pour avoir entendu les défis qu'il peut y avoir pour un
travailleur ou une travailleuse, en particulier en santé et en éducation, et
l'importance d'avoir des bons mécanismes de prévention.
Mais, non, l'État employeur s'est activé. Des
fonctionnaires des cabinets de ministères de Santé et Éducation, peut-être, ont dit : Non, non, non, ça ne
sera pas applicable, ça va être l'enfer, ça va être l'enfer, ont
malheureusement gagné leur point au Conseil des ministres, et le ministre, il nous arrive avec ce volet-là
où on recule, objectivement, par rapport à ce qui avait été promis
comme... comme façon de procéder pour la santé et l'éducation.
Donc, le ministre va dire : Oui, mais c'est
une avancée, parce qu'il n'y avait rien avant. Bien, d'accord, tout est
possible d'être lu comme... par cette lunette-là, mais on avait promis quelque
chose de bien plus intéressant, et le consensus patronal-syndical était plus
intéressant. Ça fait que, là, si l'État employeur ne voulait tellement pas que
ça arrive, à ce moment-là, il fallait qu'il
s'implique plus dans le processus. Il l'a fait, pourtant. Il y avait un
représentant du Conseil du trésor dans les discussions au CA de la
CNESST. Malheureusement, l'État employeur décide de s'appliquer à lui une méthode plus douce que celle qu'il
applique aux employeurs du secteur privé. C'est particulier. Ça va être jugé
très sévèrement par l'histoire, je pense, Mme la Présidente.
J'ai essayé, donc, au moins, dans les
circonstances, de dire que ce nouveau régime à rabais là ne soit pas éternel,
qu'il y ait une date limite puis qu'après ça on puisse passer... Parce que
c'est l'argument des cabinets de la Santé et
de l'Éducation, c'est de dire : Oui, bien, ça va être difficile à
appliquer machin, machin. OK, bien, dans ce cas-là, donnez-nous une
échelle un peu plus grande de l'espace-temps, une limite de, quoi, quatre, cinq
ans, peut-être, puis après ça on tombera
dans le régime régulier pour la santé puis l'éducation. Bien non, même ça, Mme
la Présidente, ça a été refusé. Donc,
de dire qu'il y avait... qu'il pourrait y avoir au moins un étapisme, non plus.
Ça fait que le régime intérimaire à
rabais, bien, il va être intérimaire pas mal longtemps, Mme la Présidente. Il
va falloir qu'un autre gouvernement s'occupe de cette situation. Donc,
encore un amendement refusé du côté du ministre.
J'en ai déposé un autre, pour faire écho à ce
que ma collègue disait à l'instant, pour qu'il y ait des congés rémunérés pour violence conjugale. C'était une
revendication de l'Intersyndicale des femmes. Encore une fois, hein, on aura
tout un long débat, le ministre et moi, dans les prochains jours, par rapport à
l'utilisation des cotisations syndicales pour des causes autres que celle des
conditions de travail. Mais ça, ce n'est pas des conditions de travail
particulières à l'un ou l'autre des syndicats, c'est des conditions de travail
qui vont dans les normes du travail qui touchent tout le monde. Ça fait qu'est-ce que l'Intersyndicale des
femmes avait raison de venir proposer ça avec, soi-disant, les cotisations
syndicales? Donc, ça va être de la belle
matière qu'on aura dans les prochains jours, Mme la Présidente, mais ça, ce
sera sur un autre dossier. Toujours est-il que ça a été refusé, malheureusement.
Donc le fait de perdre des revenus... Parce que,
si vous êtes en situation de violence conjugale puis vous devez quitter un
conjoint violent pour sauver, probablement, votre peau, peut-être celle de vos
enfants aussi, si vous devez vous absenter du travail plusieurs jours parce
que, là, il n'y a peut-être pas de place en maison d'hébergement ou parce que vous devez vous réfugier chez un ami, chez un
collègue, etc., bien, ça va vous faire réfléchir à faire le fameux «move», si
vous me permettez l'expression, en bon québécois. C'est que la précarité
financière devient un désincitatif à sortir d'une situation de violence,
et, si on mettait dans les normes du travail un congé 10 jours rémunéré — bien
sûr, hein, c'est l'élément important,
«rémunéré» — pour
violence conjugale, on viendrait retirer cette hésitation-là que pourrait avoir
une femme à sortir d'une situation de violence conjugale. C'est très
regrettable, parce que ça a été documenté, ce ne seraient pas des milliards de dollars, ni des tonnes
et des tonnes de millions de dollars, mais ce serait une mesure assez
efficace pour réduire, je pense, le
nombre de féminicides au Québec. Ça a été refusé, encore une fois, Mme la
Présidente, par le ministre.
Autre demande, toujours reliée à la norme... aux
normes du travail, ce serait de s'assurer... C'est une drôle de patente à
gosse, Mme la Présidente, là, mais c'est que, quand vous êtes en train de
poursuivre un employeur, vous êtes la CNESST
puis vous poursuivez un employeur, si vous le poursuivez sur le dossier de la
santé, sécurité, l'argent que vous récupérez retourne dans les coffres
de la CNESST, et là vous pouvez vous en servir pour bonifier les offres et le fonctionnement de la CNESST. Mais, si vous
poursuivez un employeur sur le dossier des normes du travail — c'est
la même entité, hein, la CNESST, maintenant
qu'elle est fusionnée depuis presque une dizaine d'années — si
vous poursuivez l'employeur en vertu des normes de travail, puis que vous
gagnez, puis qu'il doit payer des amendes, ça, ça ne revient pas au
fonds de la CNESST, ça retourne au fonds consolidé. Quel est donc l'incitatif,
pour la CNESST, d'investir temps, argent et
ressources humaines dans la poursuite d'un employeur en normes du travail, si
le résultat, le fruit de ça, ça ne revient même pas chez vous? Alors, on
a dit : C'est un peu bizarre, cette affaire-là, on devrait corriger ça. On
comprend que, bon, avant, c'était défusionné, hein, il y avait la CSST, il y
avait la CNT, il y avait la CES pour l'équité salariale, maintenant, c'est toute une seule et même entité.
Bien, on va corriger ça. Je soumets un amendement au ministre, je lui en avais déjà parlé, à
M. le ministre, de cette situation-là il y a plusieurs mois. Malheureusement,
ça a été refusé.
• (12 h 10) •
On a voulu profiter de l'ouverture d'un projet
de loi omnibus pour venir parler de télétravail. Il y a des reculs importants en ce moment, Mme la Présidente, sur le
télétravail. Ça a été présenté comme la meilleure chose depuis le pain tranché pendant la pandémie. Il y a eu quand même
des avancées, on a modifié quelques éléments législatifs, dans le cadre du projet de loi n° 59, à ma suggestion à l'époque.
C'était très bien. Mais il y a un retour du balancier négatif depuis quelques
années, un retour... puis ça crée des gros conflits de travail, on l'a vu avec
les fonctionnaires fédéraux il y a quelques années.
Au niveau du gouvernement du Québec, on s'en
sort mieux là-dessus parce qu'il y a plus de flexibilité. D'ailleurs,
je salue cette décision-là. Mais il y a des employeurs qui décident de vouloir
réimposer le retour à ce qu'on appelle le présentiel, donc, en physique
à l'entreprise, et ça crée, des fois, un débalancement du rapport de force.
Alors, nous, ce qu'on souhaite, c'est qu'on
retourne à un équilibre de rapport de forces dans ces dossiers-là et que ce ne soit pas 100 % la totale
prérogative de l'employeur de décider si c'est un peu, ou pas, ou totalement du
télétravail. Le mot... Le travailleur, la travailleuse devrait avoir son
mot à dire dans cet équilibre-là. Ce n'est pas à la travailleuse de décider
toute seule non plus, hein, on s'entend, Mme la Présidente, mais on a déposé un
amendement pour essayer de rééquilibrer cette logique-là, que ce soit plus une
discussion d'égal à égal entre l'employeur et le travailleur ou la travailleuse
pour savoir s'ils peuvent faire du télétravail. Mais malheureusement ça aussi,
ça a été refusé.
On a voulu modifier un peu une définition de
«salarié» et de «représentant de santé et sécurité au travail». Ça, Mme la
Présidente, c'est parce que, la façon dont est écrite la loi, une personne dans
le chantier de construction qui fait du travail de RSS, là, de représentant de
santé et sécurité, ses heures ne sont pas admissibles, au regard de d'autres lois, s'il va en chômage, par exemple, ou s'il
est... s'il est lui-même blessé. Alors, c'est comme un désincitatif pour pouvoir
s'engager comme représentant en santé et sécurité, pour s'investir comme
représentant de santé et sécurité dans le domaine
de la construction, une anomalie qui avait été identifiée dans les... dans les
mémoires, notamment, des autres centrales syndicales de la construction.
Ça aussi, étrangement, ça a été refusé par le ministre. Je ne comprends pas
pourquoi.
On a parlé beaucoup de mécanismes de grief. Il y
avait tout un chapitre du ministre, là-dessus, qui était moins conflictuel, peut-être, que d'autres chapitres,
mais il y avait un bout qui était un peu bizarre. C'est qu'on voulait que la tenue d'une séance de médiation présidée par un
médiateur soit le début de l'audition de grief. Parce qu'il y a toute une
question de délais, que, si les délais sont trop longs, bien, on peut... le
grief tombe. Sauf que le moment entre ce que le grief est déposé, que l'arbitre doit être identifié, mais que l'arbitre
commence vraiment son travail, et le médiateur aussi, ça peut être quand
même plusieurs mois. Ça fait que, là, c'était un peu bizarre de se dire :
Bien, est-ce que ces mois-là, qu'on perd — parce que, de facto, ce n'est
pas encore commencé, la médiation puis l'audition du grief — ça ne
devrait pas être retiré de ce délai-là d'un
an, dans... lequel le grief va tomber si on ne fait rien? Étrangement, ça
aussi, ça a été refusé.
On a déposé aussi un dernier amendement pour
avoir aussi un débat sur la judiciarisation du régime. Pendant le projet de loi
n° 59, il y a quatre ans, j'avais eu un échange avec le ministre — j'ai
sorti le verbatim pendant l'étude détaillée — où
il s'était engagé à tenir une réflexion globale avec tous les partenaires sur
la financiarisation et la surjudiciarisation du régime de santé et
sécurité au travail.
Je vous explique en quelques mots, Mme la
Présidente. C'est que, comme il y a une pénalité sur votre cotisation d'employeur si vous avez mal fait votre travail de
prévention puis qu'il y a des accidents de travail, qu'est-ce que ça fait,
c'est que ça pousse les employeurs à
contester systématiquement les accidents de travail et les réclamations pour ne
pas qu'il y ait une imputation à sa cotisation.
Ça fait que l'objectif qui est de dire : Un
employeur devrait avoir avantage à faire une bonne prévention puis à avoir
moins d'accidents parce qu'il va avoir une plus basse cotisation, ça a l'effet
pervers de surjudiciariser. Parce que lui,
il ne veut pas que sa cotisation monte. Puis la meilleure façon, la moins
chère, en tout cas, en théorie, à ses yeux, pour les moins bons
employeurs, c'est de toujours systématiquement poursuivre pour espérer que le
salarié perde et que sa cotisation, lui,
reste la même, alors qu'il devrait plutôt investir plus d'argent en prévention
pour éviter qu'il y ait des accidents, à la base.
Donc, c'est un gros problème. C'est très bien
documenté, la surjudiciarisation en santé et sécurité du travail. C'est un gros
chantier, on s'entend, hein, Mme la Présidente. Ce n'est pas simple à
réévaluer. Mais le ministre s'était engagé à
faire une discussion puis une réflexion sur le sujet. Ça n'a jamais été fait
depuis 2021. Alors, j'ai resoumis un amendement pour que le ministre le
fasse. Ça aurait très bien pu faire l'objet, donc, d'un... d'une disposition
transitoire ou d'un article, comme je l'ai
fait, mais ça aussi, ça a été refusé. Le ministre a dit qu'il allait regarder
ça quand même, malgré le refus de
l'amendement. La balle est dans son camp, parce que c'est ses mots, là. C'est
ses paroles qu'il avait prononcées en commission parlementaire en 2021,
et qui n'est toujours pas avéré. Ce n'est pas si compliqué, là, de déclencher
une réflexion, là. Puis on comprend qu'on est à la dernière année du mandat de
la CAQ. Je ne m'attends pas à ce que cette réflexion-là aboutisse à un nouveau
régime puis à une nouvelle loi d'ici juin 2026, Mme la Présidente.
Cela étant dit, c'est une discussion de société
importante. Les partenaires doivent être impliqués. Et le ministre, s'il veut
respecter sa propre parole, pourrait très simplement envoyer une lettre, que ce
soit au CCTM, ou au CCQ, ou à plein d'autres acteurs aussi, notamment des
acteurs de la société civile, comme l'UTTAM, par exemple, pour que cette discussion-là commence, ait lieu et
idéalement, peut-être, aboutisse avant la fin du mandat, mais, en tout cas,
qu'elle ait lieu et, que ce soit lui
ou un autre ministre du Travail qui lui succédera... puisse avoir ce
document-là éventuellement en main,
un rapport qui pourrait faire des pistes de suggestion pour éviter le phénomène
de la surjudiciarisation, qui est un fléau.
Je termine donc en concluant, en remerciant
toutes les personnes qui nous ont aidés à travailler, que ce soient les gens de
la table de la commission, le président de commission, qui est toujours très
efficace, on le salue, les gens, donc, du service de l'Assemblée nationale, les
gens de la... du service de télédiffusion, les gens qui vont transcrire nos
nombreuses paroles dans les nombreux textes, ce qui me permet de me rappeler
que le ministre avait un engagement qui avait été fait en 2021. Alors, c'est
des gens qui écrivent... c'est des travailleurs qui écrivent ces choses-là.
Et donc nous
allons voter contre le projet de loi. Et j'attendais aujourd'hui, Mme la
Présidente, le dépôt du projet de loi du ministre sur les cotisations
syndicales. Il n'est pas venu, peut-être parce qu'il y avait un bâillon, là,
qui allait un peu obscurcir le ciel médiatique. Le ministre me fait
peut-être une petite grimace pour me dire que j'ai peut-être un peu raison. On verra peut-être mardi prochain si ce sera
l'occasion d'en débattre de nouveau avec le ministre du Travail, avec qui j'ai
toujours le plaisir d'avoir des bons échanges. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole au député de Jean-Talon. M. le député, la parole
est à vous.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Merci. J'aimerais
d'abord, Mme la Présidente, saluer, parce que c'est l'usage, mais aussi parce que c'est senti, le ministre, toute l'équipe de
son cabinet, les gens au ministère, aussi, qui ont travaillé pour préparer ce projet
de loi, il ne faut jamais l'oublier. Il y a beaucoup de gens qui veulent
sérieusement travailler, dans l'intérêt public, à améliorer nos lois du
travail, et je sais que c'est le cas des personnes qui ont participé à
l'élaboration du projet de loi avec le
ministre. Je voudrais, moi aussi, commencer, en fait, en remerciant tous les
gens qui nous aident à tenir la commission parlementaire, les
consultations particulières, l'étude détaillée. Il y a tout le personnel de
l'Assemblée nationale, toutes les personnes
qui nous appuient dans le travail. C'est important, c'est un... c'est un
travail qu'on a tendance à peut-être moins mettre de l'avant, celui de
législateur, mais ce travail de législateur il implique un grand processus,
puis je veux le souligner.
Merci à toutes les personnes qui sont venues en
consultations particulières, toutes les personnes qui ont déposé un mémoire,
participant ainsi à un important débat démocratique, au Québec, qui touche,
dans ce cas-ci, des aspects importants des relations de travail. Donc, merci à
tous ces gens-là, qui ont éclairé puis qui aident, par exemple, des députés, comme le député de Jean-Talon, qui vous
parle, Mme la Présidente, à se faire une idée, à développer notre réflexion
sur les dispositions qui sont proposées par le ministre et son équipe.
Justement, j'aimerais commencer par dire qu'il y
a une partie importante de ce projet de loi là qui a été retirée, lors de
l'étude détaillée, qui touche la gestion des syndicats, des représentants des
travailleurs, dont on nous dit qu'elle reviendra sous une forme ou sous une
autre dans un futur projet de loi qui pourrait nous être présenté
prochainement. Donc, comme mon député d'Hochelaga-Maisonneuve, on est dans
l'expectative et, pour mieux comprendre ce qui se passe dans ce projet de loi
là, on aimerait... on aurait aimé voir tout de suite ce qu'il y a dans l'autre
projet de loi, parce que le ministre a annoncé ses couleurs.
D'autres députés de la CAQ, aussi, lors des
échanges sur ce projet de loi ici, en Chambre, ont exprimé une volonté de...
d'agir... je vais peser mes mots, Mme la ministre, mais de revenir sur des
éléments fondamentaux qui régissent les relations entre les représentants des
travailleurs et les employeurs, qui font partie de ce modèle québécois qui a fait notre succès au fil des ans, un modèle
de dialogue, et on espère que, dans le projet de loi à venir, il n'y aura pas des
attaques contre ce modèle-là, à des fins électoralistes, en vue des prochaines
élections. Dans ce cas-ci, en tout cas, les dispositions en question ont été
remises à plus tard, en tout cas, dans un autre projet de loi.
Il y a, par
ailleurs, dans le projet de loi n° 101 sous étude, dont il est... dont on
parle aujourd'hui, des dispositions qui sont intéressantes. On a commencé,
par exemple, nos échanges sur la question des «Chauffeur inc.», ces chauffeurs qui sont incorporés, mais qui sont, en réalité,
des employés, parce que leur horaire de travail, les outils de travail, le
camion qu'ils conduisent, tout ça est déterminé par l'employeur, par
l'entreprise de transport, donc ce ne sont pas vraiment des travailleurs
indépendants. Parce que, rassurons-nous, il y a des travailleurs indépendants,
des chauffeurs indépendants qui sont
réellement des travailleurs indépendants, mais, dans le cas des «Chauffeur
inc.», c'est un stratagème pour éviter, notamment, l'application des règles habituelles de la fiscalité, les
cotisations à payer, notamment en matière de santé et sécurité, ce qui
veut dire que le gouvernement ne reçoit pas les sommes requises pour assurer la
protection de la santé et de la sécurité des travailleurs en question.
• (12 h 20) •
Et le gouvernement, donc, a inclus des
dispositions qui indiquent qu'il n'y aura aucune loi, aucune autre norme des lois du travail au Québec qui va empêcher de
qualifier ces «Chauffeur inc.» de travailleurs au sens des lois du travail et
donc de dire : Bien, vous êtes couverts par les protections. Mais aussi,
en même temps, ça veut dire que ça permet de débusquer,
ça permet de mettre au jour le stratagème, et donc, ensuite, d'appliquer les
lois fiscales habituelles, de revenir contre les employeurs en question
pour avoir les cotisations qui auraient été dues, et il y a, évidemment, là,
des pénalités qui sont prévues. Nous nous sommes mis d'accord que c'était dans
l'intérêt public de faire ça.
J'ai posé la question à plusieurs... à plusieurs
reprises au ministre : Est-ce qu'on aurait pu serrer la vis, est-ce qu'on aurait pu aller plus loin? Parce qu'on avait
une occasion. Je pense toujours que oui. Mais je note néanmoins que le ministre,
dans un échange constructif, a dit non. Parce que, si on lie ça à d'autres
dispositions, ça va nous permettre de déclencher un effet de domino et qui,
donc, en application des lois du travail, va nous aider, donc, à contrer le phénomène des «Chauffeur inc.» On espère que ça va
être le cas. Mais, avec tout ce qu'on entend et tout ce qu'on lit ces jours-ci sur la sécurité routière qui est mise en
danger par ce stratagème-là, parce que, souvent, des... ce sont des chauffeurs
non qualifiés dont on parle, peut-être qu'on aurait pu aller plus loin. Mais
voyons l'application de ces dispositions-là.
Il y a aussi plusieurs avancées dans le projet
de loi. Je note, par exemple, les changements aux règles de calcul du revenu
brut des travailleurs aux fins de la détermination de l'indemnité que ces
travailleurs pourraient toucher s'ils sont
victimes de lésions. On était tous d'accord que ce sont des avancées, et je
pense qu'il faut les souligner. Il y en a d'autres. Il y en a d'autres.
Mais
j'aimerais arriver à l'endroit où c'est problématique pour nous, au Parti québécois, et c'est sur les mécanismes de prévention et de participation en
matière de santé et sécurité au travail. Donc, à la fois... Et ça, il faut
aussi le reconnaître, le projet de loi constitue une avancée. Donc, on octroie
de nouveaux avantages pour permettre, par exemple, aux travailleurs d'être dégagés de leurs
tâches pour aller participer aux comités, aux mécanismes qui visent à
identifier les risques de lésions, à identifier les risques pour la
santé et la sécurité au travail, pour les prévenir, pour gérer les cas. Donc,
ça, c'est une avancée. Ça s'applique
notamment aux travailleurs dans le secteur privé, à certains travailleurs dans
certains... dans certains secteurs
publics. Mais le projet de loi prend soin d'exclure de ce mécanisme les
travailleuses du secteur de la santé et de l'éducation.
Et plusieurs
représentantes de ces travailleurs sont venues nous dire que ce n'était pas
acceptable, que ça allait créer des mécanismes à deux vitesses. Le
ministre nous a bien expliqué les raisons qui expliquent cette différenciation.
Néanmoins, j'aurais aimé qu'on ait plus d'études sur les impacts de la réforme
proposée, les impacts différenciés pour les
femmes et pour les hommes, parce que les secteurs dont on parle sont des
secteurs à nette prédominance féminine où il y a beaucoup de lésions
professionnelles.
Et donc on semble
dire, malgré que c'est là où on doit agir avec le plus de vigueur, on va
retarder la mise en application du régime général qui va s'appliquer pour les
autres secteurs. Et, là-dessus, on l'a mentionné tout à l'heure dans les interventions précédentes, il y a des
mécanismes qui indiquent que c'est temporaire, mais il n'y a pas de limite de
temps qui est fixée. On a essayé, les
oppositions ensemble, on a essayé de fixer des limites, de dire : Bon, on
n'est peut-être pas d'accord qu'il y ait ce mécanisme différencié pour
les femmes, dans les secteurs de l'éducation et de la santé, qui nécessite une
intervention vigoureuse, au moins aussi vigoureuse qu'ailleurs. On ne l'a pas
eu. Et c'est dommage parce qu'on aurait pu
se dire : Bon, bien, on va se donner, on va fixer des jalons et on va se
dire clairement dans le projet de loi, dans la loi, qu'il va falloir arriver à
un régime qui est équitable et qui est le même, autant pour les travailleuses,
les artisanes qui soignent notre monde, qui éduquent nos enfants. Mais
on ne s'est pas rendus là.
Je dois dire qu'au
moins... Et c'est un amendement, donc, que j'ai déposé et ça a été le fruit
d'échanges très constructifs entre les trois groupes d'opposition et avec
le ministre, il faut le reconnaître. On a travaillé ensemble un libellé qui
fait en sorte qu'au moins, dans quelques années, un rapport devra être produit
pour analyser les impacts de l'application de ce nouveau régime et que ce
rapport va devoir s'attarder de manière précise aux impacts différenciés sur les femmes et sur les hommes de ce régime
différent. Ça, je pense que c'est un gain qu'il faut souligner. Ce qui démontre
que, oui, parfois on arrive à se parler, tout le monde ensemble, dans l'intérêt
public. Ce n'est pas l'idéal. C'est une... Ce
n'est pas le plan B. C'est le plan C. Mais au moins on est arrivés à
ce compromis qui va faire en sorte que, dans quelques années, on va se reparler de ce dont on se parle
aujourd'hui, de qu'est-ce que ça a donné, ce régime moins favorable pour
les travailleuses du secteur de l'éducation et de la santé. Alors, c'est à
suivre dans quelques années.
Ce régime différencié
de manière importante s'applique aussi en matière d'arbitrage. C'est des... ce
sont des dispositions plus techniques dont on a peut-être moins parlé mais qui
demeurent importantes. Donc, le ministre propose de nouvelles règles en matière d'arbitrage de griefs, donc, quand il y a
un conflit entre les travailleuses, les travailleurs et l'employeur.
Bon,
d'abord, ce qui est malheureux, c'est qu'alors qu'il y a un travail très
important qui a été réalisé par les arbitres du Québec, qui, eux-mêmes,
ont produit, donc, des analyses de ce qui va bien dans le système d'arbitrage,
mais de ce qui va moins bien, puis qu'il y a
des recommandations, le ministre, selon l'information que j'ai, n'a pas
consulté les arbitres du Québec pour préparer cette partie de sa
réforme. Et je le sais qu'il s'intéresse à ces questions-là, parce que non seulement c'est le ministre du Travail et c'est un
juriste, je sais qu'il s'intéresse à ces questions-là en particulier. Je
m'explique mal que cette partie de sa
réforme n'ait pas été discutée de manière très interactive avec les arbitres,
parce que je pense qu'on lui aurait dit... que les arbitres lui auraient
dit que c'est étrange qu'encore une fois il y ait deux systèmes d'arbitrage de griefs qui s'installent. Parce que c'est la
même chose, les travailleuses du secteur de l'éducation et de la santé n'auront
pas accès aux mêmes mécanismes d'arbitrage
qui sont mis en oeuvre pour d'autres secteurs dans le projet de loi, et ça,
c'est un problème.
Ça veut dire
concrètement que, si une... si tu es une travailleuse d'un de ces deux
secteurs-là, tu n'auras pas accès aux mêmes mécanismes de grief pour fixer les
audiences avec des délais différents dans le but d'accélérer ces arbitrages-là,
alors qu'on les concède dans d'autres secteurs, donc le même régime
différencié.
Le
ministre aurait aussi probablement entendu parler que, bien que parfois on soit
bien intentionné, par exemple, en tentant de fixer plus rapidement les
délais et les prochaines étapes de l'arbitrage, on peut nuire à l'accélération
de l'arbitrage. Parce qu'en réalité il y a
des parties qui vont avoir tendance à plus rapidement formuler des griefs puis
à s'inscrire dans le processus
d'arbitrage pour ne pas manquer les délais. Donc, est-ce que ça, en bout de
ligne ou en bout du compte, ça va favoriser l'accélération ou qu'il y
ait plus de règlements à l'amiable? Je ne le sais pas, mais j'aurais été
intéressé d'en avoir plus des conclusions et plus des études qui ont été
réalisées par le ministre sur ces dispositions.
Je ne veux pas en
parler plus longtemps, mais le point principal demeure pour moi le régime
différent pour les travailleuses de la santé et de l'éducation. Je pense qu'on
aurait pu éviter ça. Je pense que, si on n'arrivait pas à l'éviter, on aurait
pu fixer des limitations, des contraintes, des jalons beaucoup plus clairs pour
indiquer à tout le monde que l'objectif, ce n'est pas de garder ce système
moins avantageux pour les travailleuses de la santé et de l'éducation, mais de
dire qu'à tout le moins on va aller le plus rapidement possible, le plus
sérieusement possible, le plus rigoureusement possible vers un arrimage du
régime, donc des mécanismes de prévention en santé et sécurité au travail,
autant pour ces travailleuses de la santé et de l'éducation que pour les autres
secteurs.
Pour cette raison-là,
bien qu'il y ait des éléments... des avancées, dans le projet de loi
n° 101, pour lesquelles je salue le ministre et son équipe, pour cette
raison-là, parce que c'est très important, parce que les travailleuses en question sont venues nous dire à quel point elles
trouvaient inacceptables ces dispositions, nous allons voter contre le projet
de loi n° 101.
• (12 h 30) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Jean-Talon. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Il
n'y a pas d'autre intervention.
Mise aux voix
Alors, le projet de loi n° 101, Loi visant
l'amélioration de certaines lois du travail, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais d'ajourner nos travaux à demain,
8 heures, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
En conséquence, nous ajournons nos travaux au vendredi 24 octobre 2025, à
8 heures.
(Fin de la séance à 12 h 32)