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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mercredi 16 avril 1975
(Dix heures quinze minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'agriculture reprend ce matin
l'étude des crédits du ministère. Si je ne m'abuse, nous
en étions, à l'ajournement d'hier, à l'étude de
l'élément 2 du programme 1 : Enseignement agricole. Cet
élément est-il adopté?
M. Lessard: L'enseignement agricole? Pas tout de suite.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Saguenay.
Enseignement agricole
M. Lessard: M. le Président, je sais qu'on avait, l'an
dernier, discuté particulièrement de cet élément,
de ce secteur, mais je voudrais y revenir. D'ailleurs, que le ministre ne se
surprenne pas, M. le Président. Il y a beaucoup de choses dont j'ai eu
l'occasion de discuter, à un moment donné, sur lesquelles je
reviendrai, cette année.
En ce qui concerne l'enseignement agricole, on sait qu'il y a
actuellement deux thèses qui s'affrontent. Il y a celle de l'Union des
producteurs agricoles, qui continue de réclamer que l'enseignement
agricole se fasse à l'intérieur des commissions scolaires
régionales. C'est, je pense, aussi, la décision du ministre de
conserver le système tel qu'il a été proposé
à la suite de la modification du système de l'éducation
recommandée par le rapport Parent.
Je dois aussi dire, pour être bien honnête, que c'est aussi
la proposition du Parti québécois qui, dans son programme, dit
que le gouvernement devra développer l'enseignement agricole dans le
système d'enseignement public. C'est donc dire qu'il n'y a pas
directement de conflit comme tel entre ce que nous proposons, d'un
côté, l'UPA et, de l'autre, le ministère et nous
autres.
Cependant, on est actuellement, je pense, en ce qui concerne
l'enseignement agricole, dans une phased'interrogation.On ne peut pas se
limiter. On a fait des expériences depuis quelques années. On
peut voir si le résultat, du fait qu'on ait donné l'enseignement
de l'agriculture aux commissions scolaires régionales, a
été satisfaisant.
D'après l'UPA, il semble que ce soit satisfaisant. Par ailleurs,
on a une autre option qui est particulièrement celle des agronomes.
On sait que la corporation des agronomes a recommandé que le
ministère de l'Agriculture procède à la
récupération de tout le réseau de l'enseignement
professionnel agricole et élabore un pro- gramme global et
systématique recouvrant toutes les phases de la formation
professionnelle agricole. Il est certain, M. le Président, comme le
ministre pourra me le faire remarquer, que c'est à la suite d'une
proposition de M. Albert Rioux, ancien sous-ministre de l'Agriculture, qui a
d'ailleurs fait parvenir une lettre au ministre, en ce sens, datée du 20
février 1975, que cette décision a été prise. C'est
donc suite à la proposition de M. Rioux que cette décision a
été prise par les agronomes.
Quelles sont les principales critiques concernant l'enseignement
agricole par l'intermédiaire des commissions scolaires? D'ailleurs, on
sait que ce n'est pas seulement dans ce secteur que l'on constate un genre de
fouillis depuis que les commissions scolaires régionales ont pris la
responsabilité de l'enseignement de certains secteurs. Par exemple, les
écoles de métiers, l'enseignement professionnel, ce n'est pas un
cadeau actuellement. Quelles sont les principales critiques? D'abord, il semble
que le ministère de l'Agriculture ait délaissé
complètement ses responsabilités dans la coordination,
c'est-à-dire qu'il a laissé tout cela au ministre Cloutier.
D'ailleurs, je me rappelle que l'an passé, lorsqu'on est venu pour
discuter de l'enseignement agricole, le ministre nous avait répondu:
Voici, il faudra en discuter avec le ministère de l'Education. Je pense
que le ministre ne peut pas délaisser complètement ses
responsabilités parce que l'enseignement agricole, quand même,
c'est toute la relève, c'est toute la recherche dont on a parlé
hier, et c'est une des bases même du développement agricole et
c'est là où on peut former les techniciens.
Donc, les agronomes remarquent un manque de coordination et de direction
de l'enseignement agricole.
On semble de plus en plus connaître un certain échec des
commissions scolaires régionales dans ce secteur, un échec des
options agricoles dans les écoles polyvalentes, en tout cas, un
désintéressement. A titre d'exemple, j'ai eu l'occasion de
visiter l'école secondai reThérèse-Martin à
Joliette. Je vous avoue que, pour un professeur, enseigner dans le milieu que
j'ai eu l'occasion de visiter, cela demande du courage. Quant à moi, je
n'aurais jamais accepté de travailler dans ces conditions.
En effet, la classe est située tout près d'un atelier
mécanique et d'un atelier de menuiserie, entre les deux. Naturellement,
ce n'est pas parce que le professeur enseigne qu'on va arrêter de faire
fonctionner les machineries. Le gars est obligé de parler trois fois
plus fort pour se faire entendre. C'est un milieu absolument malsain et les
étudiants qui travaillent là-dedans, qui continuent de suivre des
options dans un milieu aussi malsain, je vous avoue que cela leur prend du
courage, et je vous avoue qu'il va y avoir des problèmes de
surdité probablement à la fin de l'année scolaire.
Je n'ai pas visité toutes les écoles polyvalentes
où on fait l'enseignement de l'option agricole. L'an dernier, on me
disait: Oui, mais le problème c'est que l'an dernier il y a eu seulement
cinq étudiants qui ont décidé de choisir cette option.
Je
comprends. C'est une roue qui tourne. Si on n'organise pas l'option, si,
à un certain moment, il n'y a pas de professeur compétent
le professeur en question était non seulement compétent, mais il
était courageux si, comme on le fait, par exemple j'ai
été sept ans dans l'enseignement bien souvent, comme on
dit: C'est une option marginale, on va prendre un professeur du brevet A, qui
n'a pas beaucoup de choses à faire et on va lui dire: Tu vas t'en aller
là et tu vas t'occuper de regarder, en tout cas, d'enseigner selon tes
capacités, l'option agricole.
Je n'ai pas eu l'occasion de visiter toutes les écoles, mais
pourtant, je suis tombé, par hasard, sur cette école, qui est une
très belle polyvalente d'ailleurs, mais où l'enseignement de
l'option agricole se fait dans un climat absolument indescriptible. Ce qui me
permet de dire que les commissions scolaires régionales ne semblent pas
prendre au sérieux l'enseignement de cette option. C'est grave.
J'espère que le ministre n'a pas complètement
délaissé ses responsabilités dans ce secteur, et qu'il
continue de faire des vérifications au niveau des polyvalentes pour
vérifier si le ministère de l'Education fait son travail et si
celui-ci établit une certaine importance pour ces options.
Je voudrais faire remarquer aussi, au ministre, qu'au point de vue du
matériel didactique, il n'y avait à peu près rien. Il y
avait quelques pots à fleurs où l'étudiant pouvait semer
quelques graines et voir si elles poussaient au bout de trois semaines ou
avant... mais absolument ridicule.
M. Tremblay: Même pas une photo de vache?
M. Lessard: Même pas une photo de vache. Il reste que, de
temps en temps, ils pouvaient aller faire des stages chez l'agriculteur, mais
le problème est qu'ils ont des difficultés parce que
l'agriculteur les voit venir en disant: Oui, mais... Je ne suis pas trop
content de recevoir cette main-d'oeuvre parce qu'elle va bien plus me piler sur
les pieds qu'elle ne va m'aider. D'après le professeur, cela posait des
problèmes sérieux pour trouver certains agriculteurs qui
étaient prêts à recevoir cette main-d'oeuvre.
Et on constate aussi un manque de spécialistes et de
compétence. Je comprends qu'il y a une question d'étudiants,
d'élèves, mais, au moins dans certaines régions... Je
pense à des régions où je suis assuré qu'il y a des
députés qui pourront intervenir là-dessus... En fait, ceci
démontre un genre de manque d'intérêt, c'est-à-dire
qu'on s'occupe de la culture. Ce sont toutes les options culturelles, toutes
les options qui peuvent conduire à la médecine, c'est bien
important, mais l'agriculture... C'est comme au niveau des professions.
Et il y a aussi un climat qui est mauvais au niveau de ces
écoles, dans le sens que le gars suit une option en agriculture. Je m'en
vais en commerce, en médecine, mais lui, mon confrère et mon
collègue c'est la même chose chez les professionnels
c'est un agriculteur. Il y a une dépréciation du milieu
vis-à-vis de ces personnes, ce qui ne crée pas un climat qui
encourage les gens à s'y diriger.
M. Tremblay: Les intellectuels de la CEQ? Il y a cela
aussi...
M. Lessard: Oui, l'intellectuel, mais il faut dire aussi...
M. Tremblay: Ils se rapprochent...
M. Lessard: Oui, mais il faut dire, par exemple, si le
député a très bien lu le document, qu'il n'y a rien de
très grave, sinon...
M. Tremblay: Ils se rapprochent des travailleurs.
M. Lessard:... quelques exagérations... M. Tremblay:
Je suis d'accord.
M. Lessard:... verbales, à un certain moment, mais, dans
l'ensemble, c'est concrétiser l'enseignement.
M. Tremblay: Ils se rapprochent des travailleurs.
M. Lessard: Mais cela n'est pas encore accepté au
congrès.
M. Tremblay: C'est leur monde.
M. Lessard: Des farfelus, parfois, il y en a dans le Parti
libéral.
M. Tremblay: Je suis heureux de vous l'entendre dire.
M. Lessard: Bon. Dans les termes. Dans l'exagération
verbale.
Le Président (M. Gratton): Bon!
M. Lessard: Je termine sur cela et j'aurai deux questions par la
suite. Les agronomes disent: On devrait récupérer... Le
ministère de l'Agriculture devrait récupérer
l'enseignement agricole parce qu'on dit, d'après une étude de M.
Rioux le ministre est au courant d u texte on dit que, dans la
plupart des pays de l'OCDE, l'enseignement agricole relève
principalement, Sinon exclusivement, des ministères de l'Agriculture et
on affirme que, coupé du ministère, l'enseignement agricole, sans
tête, sans appui, etc., les écoles ne peuvent progresser, ne
peuvent se développer.
J'aimerais avoir un bilan bien honnête de la part du ministre. Je
suis assuré qu'il y a d'autres députés qui ont des
préoccupations sur cela. Non pas parce qu'on a pris une décision
il y a même le programme du parti là-dedans je ne
suis pas convaincu que ce soit la meilleure solution. S'il faut pratiquement en
revenir à une autre solution, qu'on le fasse, mais j'aimerais avoir un
bilan honnête et savoir du ministre, s'il décide de continuer
l'enseignement dans les polyvalentes, de quelle façon dynamique il va
utiliser son "dynamisme" pour coor-
donner cet enseignement et faire en sorte que cet enseignement se fasse
sérieusement et que cela ne se fasse pas dans un climat absolument
indescriptible. Existe-t-il quelque collaboration entre le ministère de
l'Education du Québec entre son homologue et j'espère non
pas son "monologue", le ministre de l'Education M. Cloutier et le
ministère de l'Agriculture concernant l'enseignement? Est-ce que ce sont
simplement des discussions ou s'il y a un comité de coordination qui
existe et qui travaille constamment pour coordonner l'enseignement agricole
entre le ministère de l'Agriculture, le ministère de l'Education
et les polyvalentes qui ont la responsabilité de donner cet
enseignement?
Le Président (M. Gratton): Avant que le ministre ne
réponde à l'interrogation du député de Saguenay,
l'honorable député de Lotbinière.
M. Massicotte: M. le Président, pour une des rares fois,
je suis d'accord, avec ce qui vient d'être énoncé parce
qu'actuellement l'agriculture passe une période, du côté de
l'enseignement, où elle a besoin de rajustement. Dans ce sens, par
contre, j'aimerais préciser que M. Albert Rioux, lorsqu'il a
écrit ces articles, ne parlait pas comme représentant ou
responsable de l'ordre de la corporation des agronomes, mais c'étaient
ses propres impressions. D'un autre côté, on sait aussi que
l'Ordre des agronomes...
M. Lessard: Si le député me permet... Oui.
M. Massicotte:... a soumis une résolution demandant le
rapatriement de l'Ecole professionnelle d'agriculture de Sainte-Croix au
ministère de l'Agriculture. Dans cet ordre d'idées, j'aimerais
savoir où en seraient rendues officiellement les démarches
concernant l'Ecole professionnelle d'agriculture à l'intégration
de l'enseignement agricole au ministère?
M. Giasson: Le député de Lotbinière commence
à se donner, pour une fois, des allures de séparatiste?
M. Massicotte: Sans avoir des allures, jeter un peu...
M. Giasson: Séparer l'enseignement agricole du
système de l'enseignement public du ministère de l'Education.
M. Massicotte: Je n'ai pas parlé de séparer, j'ai
parlé d'évoluer. Cela serait peut-être mieux.
Le Président (M. Gratton): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. Toupln: M. le Président, pour répondre de
façon concrète au député de Saguenay, il existe
effectivement un comité qui a été créé l'an
dernier, je crois, dont le rôle ne consiste peut-être pas à
réviser le système actuel de formation des jeunes
agriculteurs.
Chaque fois qu'il s'agit cela se fait depuis le début
d'élaborer des programmes au ministère de l'Education,
pour le secteur agricole, pour les polyvalentes ou pour toute autre option
agricole donnée dans un CEGEP ou ailleurs, cela se fait en très,
très étroite collaboration avec le ministère, voire que
c'est le ministère qui prépare la programmation, qui, par la
suite, la soumet au comité, lequel comité la recommande au
ministère de l'Education, lequel ministère, la plupart du temps,
dans 95% des cas, accepte la programmation que nous préparons.
Le problème ne se pose pas au niveau de la programmation, il ne
se pose pas au niveau de la coordination. Il se pose au niveau du principe.
Est-ce que l'enseignement agricole doit continuer à être
donné dans les commissions scolaires régionales via le
ministère de l'Education ou si la formation agricole des agriculteurs,
des jeunes notamment, devrait être remise au ministère de
l'Agriculture? Ce sont, au fond, les deux thèses qui s'affrontent.
L'UPA soutient que cet enseignement doit être donné dans le
réseau général de l'éducation sous la
responsabilité du ministère de l'Education. La Corporation des
agronomes soutient, au contraire, que tout devrait être remis entre les
mains du ministère de l'Agriculture. Certaines fédérations
régionales de l'UPA, présentement, commencent à se poser
des questions, à savoir s'il n'y aurait vraiment pas avantage que cet
enseignement soit remis à nouveau au ministère de l'Agriculture.
Voyant ces deux thèses s'affronter et n'étant pas en mesure
présentement de poser à l'arbitre, nous avons
préféré, au ministère, tenter un certain nombre
d'expérience par ailleurs. D'où une initiative dans deux CEGEP de
la province de Québec, celui de Plessisville et celui d'Alma, pour
tenter une formation d'agriculteurs professionnels; d'où, dans nos deux
instituts l'introduction, l'an dernier, d'une option en plus des options
techniques de formation des futurs exploitants. C'est au fond, la
même chose qui se fait au CEGEP d'Alma et au CEGEP de Plessisville, la
même chose qui se fait également à l'Ecole de Sainte-Croix.
Ces expériences ont commencé l'an dernier et à venir
jusqu'à maintenant, se sont avérées valables, on ne peut
pas dire encore concluantes, mais valables.
Les jeunes qui y sont allés nous disent que c'est
véritablement acceptable, pour eux, tout au moins, le type
d'enseignement qui y est donné, le climat qu'on y retrouve,
l'homogénéité des problèmes, également la
mentalité, etc. Ils se sentent, grosso modo, plus chez eux là que
dans une grande école polyvalente où très peu
d'élèves se trouvent dans l'option agricole par rapport aux
autres options.
Cela crée aussi un autre problème au niveau des
polyvalentes. Etant donné qu'il y a peu d'élèves dans les
options agricoles, cela coûte très cher par élève et
les commissions scolaires régionales sont parfois hésitantes
à procurer à cette option tout l'équipement requis, tant
technique que didactique ou autre.
Cela crée aussi ce problème d'organisation. A Louiseville,
par exemple, je rencontrais un groupe d'agriculteurs récemment qui me
disaient: Le minimum que le ministère de l'Education exige pour une
option, c'est 15. On voudrait, au niveau de l'option agricole, ramener
cela à 10. Si cela ne fonctionne pas à 15, on va tenter de le
faire fonctionner à 10. Si cela ne fonctionne pas à 10, il faudra
ramener cela à 5. Là, cela ne tient plus. Ce sont des coûts
très élevés pour une commission scolaire.
Il y a aussi le problème technique d'organisation de l'option par
la commission scolaire. La décision que nous avons prise, avec le
ministère de l'Education... Pour le moment, on ne touchera pas aux
options dans les écoles polyvalentes. On va laisser aller cette option,
parce que, dans certaines régions, il semblerait que ces options soient
acceptables.
Si on prend la région de Nicolet, par exemple, il semblerait que
les jeunes soient satisfaits, que la commission scolaire régionale donne
les services. Dans d'autres commissions scolaires régionales, c'est plus
discutable et plus discuté également.
A Joliette, par exemple, vous avez apporté le cas; le cas de
Louiseville que j'ai discuté récemment; le cas d'un certain
nombre d'autres options.
Dans la Mauricie, à la nouvelle école polyvalente qui se
construit, à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, qui est un milieu
rural assez grand, la commission scolaire régionale se pose des
questions, à savoir si elle devrait, oui ou non, donner une option,
parce qu'elle n'est pas certaine d'avoir la clienèle nécessaire
pour donner l'option agricole.
On va laisser aller cette option agricole au niveau des polyvalentes,
quitte à prolonger l'enseignement de ceux qui sortiront de ces options
dans les FTA, actuellement, au niveau de la formation de futurs exploitants, ou
à Sainte-Croix, ou dans les CEGEP, où nous avons un minimum de
contrôle.
Nous allons, nous, au ministère, pour les prochaines
années, concentrer notre action sur la formation des techniciens, la
formation des futurs exploitants. Les deux IT A vont continuer à donner
ces deux options. Sainte-Croix va continuer, pour cette année, à
donner l'option de formation des futurs exploitants ainsi que le CEGEP d'Alma,
et probablement le CEGEP de Plessisville.
L'an prochain, le cours sera terminal pour un certain nombre, parce
qu'ils ont commencé en 1973. En 1976, le cours va être terminal.
On verra ce que ce cours donnera. Si les jeunes préfèrent, si les
agriculteurs préfèrent ces options, nous chercherons surtout
à consolider à ce niveau, plutôt que de chercher à
consolider au niveau des options agricoles dans les polyvalentes.
On ne peut pas retourner au système des écoles
d'agriculture que nous avions auparavant, parce que c'est un réseau qui
est beaucoup trop grand ou trop coûteux et qui rencontre, au fond, les
mêmes problèmes que les écoles polyvalentes.
L'avantage qu'offrent les options dans les CEGEP, pour la formation des
futurs exploitants, de même que Sainte-Croix et les instituts, c'est que
même si un jeune n'a pas choisi l'option agricole à la
polyvalente, supposons, par exemple, qu'il aurait choisi l'option
mécanique ou l'option électronique et qu'il décide de ne
pas aller plus loin, il pourra, après, aller deux ans se former à
l'ITA de Saint-Hyacinthe, de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, de
Sainte-Croix ou dans les CEGEP pour une option de futur exploitant
agricole.
C'est ce que nous avons arrêté jusqu'à maintenant et
c'est ce que nous allons continuer pour l'année 1975/76. Nous allons
laisser les polyvalentes continuer leur expérience pour voir ce que cela
va donner. Les deux options qui s'affrontent actuellement, celle de l'UPA et
celle des agronomes, avec le temps, l'expérience démontrera
laquelle des deux a raison.
M. Lessard: Dans le fond, les structures importent peu, dans le
sens que, si on établit... Je trouve que c'est bien logique que ce
soient les polyvalentes qui aient la responsabilité de tout
l'enseignement, d'autant plus que cela crée justement une socialisation
et une meilleure connaissance du milieu des personnes qui vont aller, par
exemple, dans d'autres options. Mais, il va y avoir, par osmose, un contact
entre les personnes qui se dirigent vers l'agriculture, les personnes qui se
dirigent vers la médecine et les personnes qui se dirigent, en tout cas,
vers d'autres métiers.
Je dis, en fait, que pour autant qu'on ait un cours qui soit efficace,
un cours où il y a de la coordination, un cours qui est pris au
sérieux, je pense que c'est beaucoup plus logique de continuer de
permettre aux commissions scolaires régionales de donner ce cours. Mais,
dans le technique, comme dans l'agriculture, on constate, malheureusement, que,
jusqu'ici, on a un certain nombre de commissions scolaires qui n'ont pas pris
cette option au sérieux. C'est la responsabilité, je pense, du
ministère de l'Agriculture, de faire en sorte que ce soit pris au
sérieux. C'est-à-dire que, même si c'est le
ministère de l'Education qui est directement responsable de
l'enseignement, je ne pourrais pas admettre que le ministre délaisse
complètement ce secteur et dise: Moi, ce ne sont plus mes
problèmes. Je ne dis pas que c'est ce que le ministre fait, mais je
pense qu'il est d'une importance capitale pour le ministère de
vérifier si véritablement, dans les écoles où l'on
enseigne des options agricoles, cela se fait sérieusement, si on donne
les moyens techniques aux étudiants, afin qu'ils puissent se
perfectionner, si on donne le matériel didactique nécessaire, si
on donne des locaux sains pour ces étudiants et, si ce n'est pas le cas,
le ministère de l'Agriculture doit intervenir, parce qu'on ne peut
pas... Je ne peux pas généraliser, mais le ministère de
l'Agriculture pourrait difficilement, je pense, d'après une visite
à l'école de Thérèse-Martin de Joliette, accepter
qu'une option agricole puisse se donner dans un climat aussi malsain.
Je pense que le ministre a encore une responsabilité
là-dedans, parce que, en dernier ressort, c'est lui qui va en subir les
conséquences, c'est lui qui va avoir les critiques et c'est lui qui va
constater si la relève, si les jeunes sont compétents dans ce
secteur ou s'ils ne le sont pas.
Pour moi, les structures importent peu et cela serait peut-être
revenir en arrière et créer de drôles de problèmes
et en arriver à des coûts exorbitants de reprendre en main tout
l'enseignement de l'agriculture pour le ministère. Mais il reste que,
jusqu'ici,
il y a des critiques qui me paraissent sérieuses et
fondées dans certains cas. On espère que le ministre n'attendra
pas trop longtemps pour en arriver à des conclusions et surtout
intervenir probablement le fait-il auprès de son
collègue du ministère de l'Education et auprès des
commissions scolaires régionales pour que cela soit pris au
sérieux, cette affaire. Ce n'est pas une farce.
M. Toupin: Au fond, lorsqu'on a décidé de fermer
les écoles d'agriculture traditionnelles pour reporter cet enseignement
dans les commissions scolaires régionales, on a simplement changé
le problème de place. Au fond, on n'a pas réglé le
problème, parce que le vrai problème de l'enseignement agricole,
c'est toujours celui d'une clientèle trop peu nombreuse dans la plupart
des régions du Québec. Cela coûte très cher pour
chacun des élèves que de donner cette formation dans les
écoles polyvalentes. C'était d'ailleurs l'idée qui a
présidé à la fermeture des écoles d'agriculture. On
disait: Cela coûte trop cher. Certaines écoles disaient: II
faudrait se remettre à jour, il faudrait investir $300,000, $400,000 ou
$500,000 dans les locaux, en mettre autant sur l'équipement technique,
les matériaux didactiques, etc. On affrontait en même temps le
problème des professeurs. On a encore dans les polyvalentes ce
problème des enseignants dans le secteur agricole. On l'avait aussi dans
les anciennes écoles d'agriculture. Au fond, on a voulu changer le
problème de place et on s'est dit que probablement si on
intégrait l'enseignement agricole dans l'enseignement
général, on développerait une mentalité plus
ouverte de l'agriculteur sur les problèmes sociaux aujourd'hui avec les
moyens de communication qui existent, avec la radio, la
télévision, les journaux. Les agriculteurs sont maintenant
capables de se faire comprendre et s'intégrer dans la
société sans pour autant leur créer des cadres
particuliers et les protéger. Je pense qu'ils sont capables maintenant,
ils sont assez ouverts d'esprit pour entrer de plein-pied dans la
société comme elle existe.
Pour nous, ce qu'on essaie, c'est non pas de corriger, ce qu'on essaie
de perpétuer, c'est qu'il y ait un minimum de 700 à 800 jeunes
par année. Cela en prend 1,000 à peu près pour assurer la
survie de l'agriculture en termes de nombre, 1,000 à 1,200 par
année, qui doivent reprendre des fermes nouvelles. Cette année,
on en a 1,200 à 1,400. On a atteint à peu près le nombre
de jeunes qui doivent se réinstaller en agriculture chaque année
pour que cette dernière continue à vivre. C'est à
ceux-là, au fond, qu'il faut donner une formation. Six ou sept
écoles au Québec pourraient satisfaire ces besoins en termes de
formation professionnelle agricole, outre que les techniciens qui peuvent
décider de retourner dans le secteur agricole comme exploitants, outre
aussi ceux qui, après être passés à une polyvalente,
après avoir pris une autre option, décident de retourner à
la ferme et prennent par la suite des cours de formation professionnelle.
Au ministère de l'Education, comme je vous le disais
tantôt, le comité de coordination continue à travailler. Je
ne crois pas que le ministère de l'Agriculture ait actuellement les
moyens et les équipe- ments requisen termes de personnel pourfairede la
propagande pour et au nom des commissions scolaires, etc. Je suis d'accord avec
vous lorsque vous dites que quand une commission scolaire décide de
donner une option agricole dans sa polyvalente, elle doit en même temps
accompagner sa décision de tout l'équipement qu'il faut pour
attirer les jeunes dans l'école. On est prêt au ministère
à assurer l'étude au niveau de la confection des programmes dans
le cadre du comité interministériel éducation et
agriculture, mais on ne peut pas aller plus loin que cela. Je ne peux vraiment
pas remplacer là-dedans un autre ministère. Je suis bien
prêt à jouer mon rôle au niveau où je peux le jouer,
c'est-à-dire au niveau de la confection des programmes, mais au moment
où cela arrive pour trouver les professeurs, pour trouver la
clientèle, etc., je pense que j'embarque de plain-pied dans le
ministère de l'Education.
M. Lessard: La commission scolaire régionale.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: Est-ce que vous avez des statistiques actuellement
dans les écoles polyvalentes des milieux ruraux, bien sûr, dans
combien d'écoles se donne le cours de l'option agricole?
M. Toupin: Selon le dernier rapport que j'ai eu, si ma
mémoire est fidèle, il y a une dizaine d'options à peu
près au Québec, dont trois ou quatre où cela va bien. Les
autres, c'est problématique.
M. Ostiguy: Dans trois ou quatre écoles polyvalentes, pas
plus que cela, où cela va vraiment bien?
M. Toupin: A Nicolet, cela va très bien. Il y en a une, je
pense, dans le Saguenay...
M. Ostiguy: Dans la région de Saint-Hyacinthe.
M. Toupin: A Saint-Hyacinthe... M. Ostiguy: L'ITA est
là.
M. Toupin: ...il y en a tout au plus trois ou quatre qui vont
bien. Les autres, ça fonctionne, mais c'est problématique. Vous
affrontez des problèmes comme ceux qu'a soulevés le
député de Saguenay, d'autres comme ceux que soulevait le
député de Lotbinière.
M. Lessard: Oui, mais n'y a-t-il pas moyen de regrouper?
M. Toupin: Oui, mais à ce moment, si vous regroupez, vous
entrez dans le domaine des transports, dans le transport interrégional
pour les commissions scolaires. Les commissions scolaires se disent: On n'est
quand même pas pour se mettre à payer, à même le
budget des contribuables, telle chose ou telle chose, et elles disent au
ministère de l'Education: Payez la différence. Le
ministère de
l'Education se tourne de bord, nous regarde et dit: Ne pourriez-vous pas
payer la différence? On dit: Ecoutez. Qui l'a, l'enseignement? C'est
vous autres qui l'avez ou c'est nous autres? Si c'est nous qui l'avons, on va
l'organiser, le réseau, et on va mettre les budgets dedans. C'est bien
sûr, mais il faut aussi regarder tout le problème de transport
intercommissions scolaires régionales dans le domaine de l'enseignement
agricole. On retombe exactement dans le même problème qu'on avait
auparavant, c'est-à-dire des écoles trop nombreuses dans les
régions, il fallait organiser des transports. A Saint-Hyacinthe,
à Sainte-Croix-de-Lotbinière, là-bas, à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, cela ne cause pas de problème. J'ai
des gens de mon comté qui envoient leurs enfants à Sainte-Croix,
ils paient la différence et ils sont contents. Il n'y a pas de
problème.
M. Ostiguy: Moi, M. le Président, je soutiens toujours que
l'enseignement agricole doit se donner d'abord dans le écoles
polyvalentes, plutôt encore que dans les CEGEP, parce que, si on commence
seulement au niveau du CEGEP, j'ai l'impression que l'étudiant, sa
pensée est déjà faite quant à ce qu'il va faire
dans la vie. Tandis que, si on lui donne la chance d'avoir des options
agricoles, au niveau de la polyvalente, on a la chance d'avoir des jeunes
agriculteurs québécois qui vont prendre la relève de nos
fermes.
M. Toupin: L'option, dans une école polyvalente, est une
option préliminaire de sensibilisation qui permet au gars de prendre une
décision finale sur son orientation, mais à Sainte-Croix et
ailleurs, vous allez trouver des gars qui ont fait leur douzième
année, des gars qui, après une neuvième année, ont
pris une option, je ne sais pas, en technique ou ailleurs, et ils ont
décidé de retourner dans le secteur agricole et ont dit: On n'a
pas la formation qu'il faut. On va aller à Sainte-Croix deux ans, on va
se former et, après, on va rentrer.
M. Ostiguy: C'est rendu à Sainte-Croix ou à l'ITA
ou à La Pocatière. C'est presque au niveau du CEGEP, c'est au
niveau du CEGEP ou préuniversitaire.
M. Toupin: Le sous-ministre me rappelle une chose qui est
vraiment intéressante, qui devrait peut-être être
explorée davantage. C'est que les écoles polyvalentes pourraient
peut-être, dans les milieux ruraux, prendre une période, je ne
sais pas, moi, tant de temps par semaine ou par mois je n'ai pas
étudié le problème pour donner à tous les
élèves qui sont là une information générale
sur le secteur agricole, leur permettant un éclairage qui leur donnera
l'occasion de prendre une option, parce qu'à Sainte-Croix et dans les
autres, on les prend en neuvième année, je pense, dixième
année, tranquillement pas vite, pour, évidemment, ne pas
créer d'erreurs trop graves.
M. Ostiguy: Mais est-ce que le ministère de l'Agriculture
a des programmes conjoints avec le ministère de l'Education pour ces
journées que le ministre a mentionnées tout à l'heure?
M. Toupin: On n'a pas de programmes...
M. Ostiguy: Des mesures incitatives, par exemple, durant les
saisons, les travaux...
M. Toupin: On n'a pas encore osé aller se mettre le doigt
entre l'arbre et l'écorce en ce qui concerne les décisions des
commissions scolaires de donner tel enseignement plutôt que tel autre. On
sait que les commissions scolaires ont déjà des problèmes
avec les professeurs, les professeurs ont déjà des
problèmes avec leur association et l'association a des problèmes
avec le ministère. Ajouter un élément de plus, je ne sais
pas ce que cela pourrait donner.
M. Lessard: Est-ce que le ministre sait combien de polyvalentes,
actuellement, donnent l'option?
M. Toupin: Exactement? Non, ce serait vous induire en erreur que
de mettre un chiffre. J'ai parlé d'une dizaine tantôt, mais, avant
de donner cette réponse, je préférerais, demain...
M. Lessard: J'aimerais savoir, M. le Président...
M. Toupin: Je ne sais pas si ce serait long, pour le
ministère de l'Education, de nous dire combien il y a d'écoles
polyvalentes qui donnent l'option agricole. On tentera d'avoir les
renseignements là-dessus.
M. Pelletier: Est-ce que le ministre est d'accord, quand
même, pour consulter le ministère de l'Education, pourqu'au moins
au secondaire II, III ou IV, il y ait une consultation dans le secteur agricole
au niveau des professeurs pour orienter l'élève, même s'il
n'y avait que deux ou trois heures par semaine...
M. Toupin: Evidemment, les commissions scolaires et le
ministère de l'Education ont pris l'option d'une option dans une
école polyvalente. Là où il y a une option, ça va.
Là où il n'y a pas d'option, ça ne va pas. Est-ce que
c'est cela qu'on doit faire? C'est justement ce qu'on discute. Est-ce qu'on
devrait mettre en cause l'idée de l'option agricole dans une commission
scolaire régionale et la remplacer par une information
générale, ou si on doit continuer l'option telle qu'elle a
été pensée et voir dans quelques années ce que cela
va donner? Je ne pense pas que, dans deux ans, on puisse tirer une conclusion
d'une expérience comme celle-là. Il faut attendre un peu plus,
parce que, dans des commissions scolaires, cela s'avère plus valable que
dans d'autres. C'est donc dire que c'est possible, mais tout dépend de
la région à l'intérieur de laquelle se trouve la
polyvalente. Nicolet est un gros bassin agricole. Cela comprend
Saint-Hyacinthe, etc.
Là, on peut peut-être avoir une clientèle. Mais
quand vous arrivez dans le Nord-Ouest québécois, dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le nord de Montréal, dans le
Bas-du-fleuve, vous allez trouver la clientèle, mais pas sur un
territoire de dix milles carrés. Vous la trouverez sur un territoire de
cent milles carrés et de cent cinquante milles carrés.
M. Lessard: On est pris aussi dans... parce que
l'agriculture se fait particulièrement dans les régions
rurales.
M. Toupin: Surtout, oui! De moins en moins dans la ville.
M. Lessard: D'accord. Vous allez voir où je veux en venir.
On est pris avec des normes qui sont décidées au niveau des
grandes concentrations, Montréal et Québec, et à un
certain moment, cela va donc bien quand il s'agit de planifier des options au
niveau de Montréal et de Québec, mais quand on vient pour
planifier le 1.17, le 1.27 et le 1.15 dans des régions comme les
nôtres, avec les distances qu'on a, cela ne va pas aussi bien.
Tout à l'heure, le ministre parlait de la possibilité
peut-être de réduire de quinze à dix, mais dans des
régions comme les nôtres, on rencontre, non seulement dans le
secteur agricole, mais dans d'autres secteurs, à cause des fameuses
normes du ministère de l'Education qui sont faites bien souvent pour des
grandes concentrations urbaines, alors que nous n'avons pas ces grandes
concentrations urbaines... Il faut transporter les étudiants de 40, de
50 et de 60 milles. Cela ne crée pas les mêmes problèmes
qu'à Montréal et qu'à Québec.
M. Toupin: Mais pour le moment, je ne pense pas qu'on puisse
soutenir que les jeunes qui veulent se donner une formation agricole en sont
privés. Il y a au moins deux secteurs précis vers lesquels ils
peuvent s'orienter, les cinq écoles que nous avons, plus les options
dans les écoles polyvalentes. J'ai l'impression qu'à peu
près tous les jeunes y ont accès. Le problème est que ceux
qui sont loin doivent payer pour...
Le Président (M. Gratton): Le député de
Lotbinière.
M. Lessard: On accorde $787 alors que cela coûte pas mal
plus cher.
M. Massicotte: On sait, par contre, que l'Ordre des agronomes de
la province de Québec a fait valoir certains droits du côté
de l'enseignement professionnel pour certaines polyvalentes et même pour
certains CEGEP. On sait, par exemple, que certaines régionales n'avaient
pas les exigences de base pour enseigner cette matière.
Par contre, vous disiez tantôt en réponse au
député de Verchères qu'il n'y avait pas de comité
permanent de consultation entre le ministère de l'Education et le
ministère de l'Agriculture. Il y en a un actuellement?
M. Toupin: II y a un comité permanent entre le
ministère... C'est ce que je disais tantôt. C'est un comité
permanent qui existe entre le ministère de l'Education et le
ministère de l'Agriculture. Ce comité permanent s'occupe de deux
problèmes actuellement. Il s'occupe d'abord du problème de
coordonner. Coordonner... il faut faire attention parce que la coordination de
l'éducation dans la province de Québec, c'est le ministère
de l'Educa- tion qui la fait; mais lorsqu'il s'agit de l'enseignement agricole,
ce que nous regardons avec ce dernier, c'est surtout la programmation. Nous
préparons avec les préposés à l'Education, les
programmes, le contenu, etc. Mais lorsqu'il s'agit, par exemple, du
matériel didactique, de l'équipement technique, on n'est plus
tellement là-dedans parce que ce n'est plus de notre ressort. Ce qui est
important pour nous, c'est qu'on soit au courant du type d'éducation, de
formation agricole qui se donne dans les écoles polyvalentes et on est
directement impliqué dans la préparation des programmes au niveau
de ce comité. Nous regardons, en même temps, au niveau de ce
comité, le problème des deux thèses qui s'affrontent
actuellement. Doit-on continuer dans les polyvalentes, ou doit-on continuer
à développer des écoles par le ministère de
l'Education sous la responsabilité du ministère de l'Agriculture?
Là-dessus, on a pris une décision. On laisse les deux ITA
fonctionner, plus Sainte-Croix, plus les deux CEGEP, plus les options dans les
polyvalentes. On laisse aller cela et on verra d'ici un an ou deux ce qu'on
devra prendre comme décision.
M. Massicotte: Cela me fait plaisir que vous ayez
mentionné l'école d'agriculture de Sainte-Croix et elle doit
exister. Et j'aime aussi le fait de centraliser d'une certaine manière,
pour avoir une meilleure formation, des exploitants agricoles. Le fait d'en
avoir, comme vous avez dit, au Lac-Saint-Jean, à
Sainte-Anne-de-La-Pocatière, à Saint-Hyacinthe et à
Sainte-Croix, je pense que cela répond actuellement à un besoin
existant.
M. Toupin: II y a peut-être une ou deux régions qui
en sont privés, qui sont loin. Le Bas-Saint-Laurent et l'Abitibi ont
peut-être certains problèmes, mais on les examine. Oui, il y a des
options agricoles, en partie, dans les écoles polyvalentes.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Faucher: Au point de vue de l'enseignement, il y a
l'enseignement qui se donne, naturellement, dans les polyvalentes. Je me
demande s'il n'y aurait pas possibilité d'un certain programme au niveau
élémentaire. Il faudrait commencer jeune à recevoir des
connaissances.
Maintenant, vous faisiez allusion tout à l'heure aux villes.
Actuellement, on a beaucoup de gens des villes qui viennent acheter des fermes
dans les campagnes. Je pense que cela ne serait pas une mauvaise affaire s'il y
avait des cours qui pouvaient se donner à ces gens qui s'en viennent de
bonne foi. Ils prennent peut-être cela comme hobby, mais d'un autre
côté, il faut que ces gens sachent que le cultivateur qui est
voisin, il a besoin, naturellement, que les clôtures soient faites et que
les fossés, également, soient faits.
Je pense que cela serait un point de vue à examiner parce que de
plus en plus, nous avons des gens des villes qui achètent des fermes
dans les campagnes.
M. Toupin: II y a la formation des adultes à laquelle ont
accès ces gens de la ville qui s'achètent des fermes et qui
veulent devenir des professionnels. Là, il y a une sélection qui
se fait. Je n'ai pas besoin de vous dire que les agriculteurs professionnels
suivent de très près leur affaire. Ils se disent: Ces cours sont
donnés pour les producteurs professionnels, ils ne sont pas
donnés pour les amateurs ou pour les prétendus agriculteurs, ils
sont donnés pour nous. Evidemment, ils font une sélection assez
forte au niveau des commissions scolaires régionales à l'aide de
comités dont fait partie l'Association professionnelle des producteurs
agricoles, l'UPA, font partie également les agronomes et la commission
scolaire régionale. Il y a des sélections qui se font et ce n'est
pas facile de passer un gars qui n'est pas dans le secteur agricole. Ils
acceptent bien la femme d'un producteur, le fils d'un producteur, mais accepter
le gars qui travaille de huit à quatre dans une usine et qui a une ferme
qu'il commencée exploiter, là ils sont un peu plus
réticents.
Dimanche, au dernier congrès à Louiseville, il y avait
probablement 500 à 600 producteurs qui étaient présents.
La discussion s'est précisément engagée entre des
professionnels, des techniciens qui étaient présents et qui
étaient propriétaires de petites fermes qu'ils venaient d'acheter
et à côté des professionnels de l'agriculture. Cela a
été serré comme discussion. Les professionnels de
l'agriculture ont dit aux gars: Si vous voulez faire de l'agriculture, vous
allez embarquer dedans de plain-pied et vous allez arrêter de venir
gruger nos budgets par $1 ou par $2 ou par $5. Parce qu'il y a des programmes
qui peuvent s'appliquer à ceux qui sont propriétaires de terres
et qui vendent pour $1,000 de produits agricoles par année. Les
professionnels de l'agriculture disent: $1,000, ce n'est plus vrai. Il faudra
aller à $5,000, $6,000 et $7,000. Les gars commencent à prendre
conscience d'une sorte de fermeture de la profession agricole et à leur
laisser tout le potentiel agricole qui peut exister au Québec en termes
de sol. Là-dessus, le ministère n'a pas encore établi de
politique finale parce qu'il n'y a pas d'entente finale entre les producteurs
agricoles là-dessus et je ne voudrais pas leur imposer quoi que ce soit.
La Loi de l'aménagement du territoire agricole va venir et nous aurons
l'occasion de discuter tous ces problèmes parce que nous allons
réserver, pour l'agriculture, le sol arable au Québec. Il s'agira
de savoir, après, qui va l'utiliser et comment on l'utilisera.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, pour le plaisir du
député de Lotbinière, je voudrais revenir sur
l'école de Sainte-Croix. Le ministre a l'intention de laisser
l'école terminer son enseignement jusqu'à la fin de cette
année scolaire.
M. Toupin: C'est-à-dire qu'au niveau du ministère
de l'Education, c'est entendu que cette école fonctionne encore pour
l'année 1975/76.
M. Lessard: 30 juin 1976.
M. Toupin: C'est cela. Là, on regarde, avec le
ministère de l'Education, ce qu'on doit faire avec cette école.
Est-ce qu'on doit prendre cette école et l'intégrer dans un CEGEP
et donner dans un CEGEP l'équivalent de ce qu'on donne là ou dans
une commission scolaire régionale, etc. On regarde cela avec le
ministère de l'Education. Il est fort possible qu'on prenne la
décision finale l'an prochain de conserver l'Ecole d'agriculture de
Sainte-Croix telle qu'elle est, mais elle pourrait être affiliée
à un CEGEP ou à une commission scolaire régionale ou
d'autres possibilités, mais c'est cela que le comité discute
présentement. On a quand même décidé de la laisser
fonctionner pour l'année 1975/76. Il faudra, l'an prochain, prendre
unedécision finale parce qu'on ne peut pas laisser des gens dans
l'inquiétude et dans l'attende comme cela. Il faut que la
décision finale se prenne l'an prochain.
M. Lessard: II y a un comité, je pense, qui a
été formé par le ministère de l'Education où
l'Union des producteurs agricoles, la régionale de Tilly, le
ministère de l'Agriculture ainsi que l'école de Sainte-Croix sont
membres. Est-ce que ce comité a fait rapport? Est-ce qu'il a eu des
réunions?
M. Toupin: II y a eu des réunions, il y a eu des petits
rapports d'étapes, mais le rapport final ne nous est pas parvenu.
M. Lessard: Qui est délégué du
ministère de l'Agriculture?
M. Toupin: C'est le responsable de la recherche et de
l'enseignement au ministère, qui est Jean-Claude Simard.
M. Lessard: Alors, il n'y a pas eu de rapport final?
M. Toupin: Non. D'ailleurs, c'est une des raisons qui nous a
amenés à ne pas prendre de décision finale cette
année, parce que le comité n'était pas encore parvenu
à préciser clairement une proposition à nous faire.
M. Lessard: On peut s'attendre que, lors des prochains
crédits du ministère de l'Agriculture, on va avoir une
réponse définitive sur l'avenir...
M. Toupin: Au moins sur cette école. Quant aux autres, il
n'en est plus question. C'est décidé.
M.Lessard: Mais on peut espérer que l'école de
Sainte-Croix va, quelle que soit la décision, continuer de servir
à la classe agricole.
M. Toupin: On peut espérer que cette option va demeurer,
mais je ne peux pas vous dire si ce sera dans l'école actuelle, autonome
avec une corporation ou une option dans une polyvalente ou dans un CEGEP.
Je ne peux pas l'affirmer. Le comité va me faire rapport et on
verra après ce que ça pourra donner.
M. Lessard: On sait que le gouvernement fédé-
rai, en vertu du nouveau programme du Service de main-d'oeuvre du
Canada, a mis en oeuvre, tel que précisé dans sa
publicité, dans le but de mieux organiser le marché du travail
agricole et d'assurer une plus grande stabilité aux différentes
catégories de travailleurs qui en font partie, un programme
d'enseignement agricole. On y dit aussi que le programme a également mis
l'accent sur la formation de la main-d'oeuvre agricole, offrant l'an dernier
223 différents cours relatifs à l'agriculture. Près de
70,000 exploitants ou travailleurs agricoles se sont inscrits à ces
cours. C'est probablement dans l'ensemble du Canada, ce n'est pas seulement
chez nous. Le gouvernement fédéral mettra de nouveau $50,000, je
pense, à la disposition de chacune des provinces pour que celles-ci
puissent instituer ou exploiter des programmes de ce genre.
Est-ce que le ministre a eu une certaine consultation avant
rétablissement de ce programme? Est-ce qu'il y a une coordination entre,
d'un côté, le ministère de l'Agriculture, de l'autre, le
ministère de l'Education et ce programme fédéral? Est-ce
que c'est le ministère de l'Agriculture ou le ministère de
l'Education qui a juridiction sur l'enseignement?
M. Toupin: Ce sont les ententes qui existent déjà
depuis un bon bout de temps entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec en ce qui concerne la formation des adultes. Il y
a une partie de ces budgets qui a été réservée pour
le secteur agricole. Les provinces, notamment le ministère de
l'Agriculture du Québec, ont actuellement la responsabilité de
préparer la programmation. Dans le contenu des blocs, la
décision, etc., tout ce qui concerne l'aspect pédagogique et
l'aspect du contenu des cours, c'est le ministère de l'Agriculture du
Québec qui le fait en collaboration avec le ministère de
l'Education. Lorsqu'il s'agit de donner ces cours, cela se donne dans les
régions en collaboration avec le ministère de l'Education via la
commission scolaire régionale et les groupes intéressés du
milieu; par exemple, l'UPA fait partie d'un comité, de même que
les agronomes, pour la sélection de ceux qui doivent participer à
ces cours. Nous, au ministère, nous participons à la
préparation des contenus du programme et le cours est payé, je ne
sais pas à quel pourcentage, je pense que c'est à 100% pour le
fédéral.
M. Lessard: Autrement dit, le fédéral fait le choix
des personnes qui vont suivre ce cours donné par le ministère de
la Main-d'Oeuvre du Canada et l'enseignement est donné par les
commissions scolaires.
M. Toupin: Les commissions scolaires donnent l'enseignement, le
ministère de l'Agriculture à Québec prépare les
blocs de cours; le contenu et la sélection se font dans la région
au niveau d'un comité sur lequel on retrouve les agriculteurs, la
commission scolaire régionale et les autres parties
impliquées.
Dans les autres parties impliquées, il y a le ministère de
l'Agriculture du Québec, bien sûr, et il y a le ministère
de la'Main-d'Oeuvre fédéral. C'est là que se fait la
sélection des candidats.
M. Lessard: En tout cas, je prends la parole du ministre,
théoriquement, c'est peut-être ça mais, pratiquement, en
fait, c'est que si ça se fait comme pour les autres cours, le choix des
personnes qui suivent le cours...
M. Toupin: II y a eu bien des agriculteurs qui m'ont
appelé cela arrive très souvent et qui m'ont dit:
Je n'ai pas été choisi pour le cours. C'est le gars du
fédéral qui a décidé ça dans le centre de
main-d'oeuvre, etc.
M. Lessard: C'est ce qui arrive.
M. Toupin: Non, ce n'est pas ce qui arrive, parce que, lorsque
vous regardez au niveau des comités, nos bureaux régionaux ont
exactement le même problème. Le gars va voir l'agronome
réqional et dit: Je ne suis pas accepté sur le cours et il s'en
va et dit: C'est l'agronome qui m'a refusé. Cela dépend où
le gars qui a été refusé retourne son appel. Mais les
sélections se font au niveau de ce comité. Au fond, j'ai
été un de ceux, dans la Mauricie et dans le Nord-Ouest
québécois avant que je sois en politique je suis un
de ceux qui ont mis en place cette structure avec le ministère de
l'Agriculture et avec les centres de main-d'oeuvre. On n'a jamais eu de
problème à ce niveau. Jamais, jamais, à moins que ce soit
"problérnatisé" depuis ce temps.
M. Lessard: Programme 1. Adopté.
Le Président (M. Gratton): Programme 1, adopté.
Programme 2. Financement agricole. Elément 1: Gestion interne et
soutien.
M. Toupin: M. le Président, si vous n'avez pas d'objection
et si la commission est d'accord, je reporterais ce programme à plus
tard parce que l'Office du crédit agricole n'est pas présent.
Je préférerais en entendre un autre, pendant que les
fonctionnaires du ministère y sont. On pourrait prendre le programme 3,
Aide à la production agricole et à la prochaine séance, on
pourrait prendre le programme 2, sur le financement agricole.
Le Président (M. Gratton): La commission est d'accord?
M. Lessard: On est toujours disposé à donner notre
collaboration au ministre de l'Agriculture.
M. Toupin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Programme 3; Aide à la
production agricole, élément 1, projets spéciaux et
régionaux: élaboration et coordination.
M. Toupin: M. le Président, c'est le programme qui traite
de toute la production agricole au Québec. Cela comprend les projets
spéciaux, le réaménagement foncier, la mise en valeur des
productions animales et la mise en valeur des productions
végétales.
C'est tout le secteur de la production.
Le Président (M. Graiton): Le programme 3,
adopté?
M. Lessard: Non, M. le Président. J'aimerais d'abord que,
lorsque le ministre nous parle de tout le secteur de la production, qu'on nous
donne l'éventail des $357,000. Je l'ai oublié tout à
l'heure, mais, si c'était possible, étant donné la
collaboration que j'ai donnée au ministre, j'aurais bien aimé
avoir l'éventail du $4,048,600, concernant l'enseignement agricole.
M. Toupin: Je n'ai pas d'inconvénient. Les $4,048,600
concernant l'enseignement agricole, est-ce qu'on pourrait en discuter un
peu?
M. Lessard: Pas... général.
M. Toupin: Les $4 millions concernant l'enseignement agricole,
dans les grandes lignes, se divisent comme suit: En ce qui regarde les
traitements reliés au salaire des professeurs et du personnel de bureau
et des employés dans les deux ITA, Saint-Hyacinthe et La
Pocatière, $2,600,000; il s'agit là des gros morceaux.
Ensuite, ce qui est convenu d'appeler la catégorisation de
programmes et de communications, cela se situe à un total de $95,000, en
ce qui a trait aux frais de poste, transport, téléphone, etc.
Au niveau des divers services professionnels traitement des
données scolaires par ordinateur, pour les deux instituts, c'est
$160,000.
Au nvieau des entretiens et réparations des immeubles pour fins
éducatives et autres, cela se chiffre par $317,000 pour les deux
instituts, de même que certains loyers reliés au fonctionnement de
l'enseignement agricole dans les deux ITA, pour $33,000.
Le reste étant affecté aux fournitures, équipement,
matériel didactique, de laboratoire et autres, pour $309,000.
Ce qui totalise environ $4 millions.
Aide à la production agricole
M. Lessard: Avant de discuter des projets spéciaux et
régionaux, j'aimerais qu'on nous précise l'éventail et
qu'on nous dise quels sont les projets spéciaux et régionaux sur
lesquels on a l'intention de travailler, de façon particulière,
au cours de l'année 1975 et les montants prévus pour chacun.
M. Toupin: Là-dedans, il faut dire qu'il y a le
prolongement de l'entente ARDA 3; il y a également des programmes
particuliers qui s'y greffent. On va tenter de les voir grosso modo.
Je pense qu'on peut peut-être, d'une façon
générale, décortiquer le programme 3 et donner, dans les
grandes lignes, les orientations de chacun des éléments, quitte
à ce qu'après cela, s'il y a des points plus spécifiques,
vous puissiez les soulever.
Lorsqu'on parle des projets spéciaux et régionaux, cela,
d'une façon générale, concerne, plus
particulièrement, l'opération reliée à des
programmes, dans le cadre, soit des ententes ARDA 3 ou FODER, FODER
étant pour l'est du Québec et les ententes ARDA 3 étant,
plus particulièrement, pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
et du Nord-Ouest québécois.
En ce qui regarde plus particulièrement le
réaménagement foncier élément 2, ce programme fait
aussi partie d'une section de l'entente ARDA 3 et qui est un programme afin de
favoriser le remembrement des terres, plus particulièrement dans les
régions périphériques du Québec, à l'heure
actuelle.
M. Toupin: Lorsque nous arrivons à l'élément
3, d'une façon générale, qui est un élément
important et qui correspond à la structure de l'économie agricole
du Québec, qui est la base de la production animale, nous avons
là les divers programmes mis à la disposition des agriculteurs du
Québec dans le cadre de l'amélioration ou du contrôle de
production relié au bétail et aux animaux de ferme. C'est ainsi,
par exemple, que nous retrouvons là toutes les opérations
budgétaires reliées au Centre d'insémination artificielle
du Québec et à l'insémination, aux programmes
reliés à l'élevage des porcs, de la volaille, de
même aussi que les programmes reliés à l'action des
services vétérinaires et aussi, par exemple, le centre de
médicaments et le programme de l'assurance-santé animale
contributoire.
A l'élément 4, c'est la contrepartie des productions
végétales où nous retrouvons particulièrement tous
les programmes qui sont mis en place afin de favoriser un meilleur
développement des productions végétales au Québec
sous diverses formes, encore là, très variées.
Quant à l'élément 5, il a trait beaucoup plus
spécifiquement à l'aspect du drainage et de l'assainissement des
sols. C'est ainsi que nous retrouvons là les programmes qui sont
reliés soit aux travaux d'amélioration ou d'entretien des cours
d'eau, drainage de surface et drainage souterrain, de même aussi que les
activités qui sont reliées au domaine de la construction et du
machinisme agricole.
A l'élément 6, c'est toute l'action de vulgarisation et du
rôle des bureaux et laboratoires régionaux dans les douze
régions agricoles du Québec concerné plus
particulièrement par le personnel relié à l'information,
la vulgarisation, la gestion des entreprises agricoles.
Voilà tracée, d'une façon très rapide, la
constitution détaillée du programme 3 qui est celui de l'aide
à la production agricole.
Projets spéciaux et régionaux
M. Lessard: Pour les projets spéciaux et régionaux,
on va parler de cet élément, $357,000 sont prévus. Quels
sont les projets concrets spécifiques?
M. Toupin: II y en a au moins...
M. Lessard: Quels sont les montants qui sont prévus pour
chacun de ces projets?
M. Toupin: ... deux.
Celui-là est relié plus particulièrement à
l'administration du service il s'agit en grande majorité des
traitements, en fait pour $238,000 sur $357,000.
M. Lessard: Pour les salaires, vous me dites combien?
M. Toupin: $238,000
M. Lessard: Pour combien d'employés?
M. Toupin: Treize.
M. Lessard: Cela veut dire que 66% du montant de $357,000 sont
utilisés strictement pour des employés. Quels projets
spéciaux faites-vous avec cela?
M. Toupin: Expliquons-nous. Le service des projets
spéciaux a la responsabilité, sur le plan de la coordination, du
contrôle et de la mise en place de programmes à caractères
spéciaux, de toute l'action qui est faite plus particulièrement
au niveau de trois régions agricoles du Québec, l'Est du
Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Nord-Ouest
québécois.
Quant aux programmes eux-mêmes qui découlent de
l'application de ces efforts spéciaux faits dans ces régions, ils
sont ventilés suivant les fins qu'ils poursuivent. Si c'est, par
exemple, un programme qui est aux fins de favoriser le développement de
la production ovine disons au Nord-Ouest québécois, la partie
budgétaire affectée à ce programme est placée
à ce moment à l'élément 3, qui est la mise en
valeur des productions animales, en tant que telles.
Cependant, on peut vous donner un éventail assez large de la
responsabilité administrative de ce personnel en ce qui a trait aux
divers programmes qui sont, quant à eux, ventilés à divers
endroits du budget suivant les objectifs qu'ils poursuivent.
L'exemple spécifique qu'on peut apporter, lorsqu'on parle, par
exemple, de réaménagement foncier, c'est qu'il faut
préparer une programmation sur le réaménagement foncier;
il faut préparer de la recherche; il faut préparer des structures
de travail; il faut préparer des budgets, etc. C'est ce service qui fait
ce travail.
M. Lessard: Cela ne couvre pas l'insémination
artificielle?
M. Toupin: Cela peut la couvrir si, toutefois, dans le programme,
il est nécessaire qu'il y ait de l'artificiel dans
l'insémination. Cela peut couvrir aussi l'aspect naturel si on laisse la
nature agir par elle-même. Je peux apporter un autre exemple, celui dont
on discute un peu dans le Nord-Ouest québécois; on a pris la
décision, l'an dernier, de créer un agro-centre. On a
confié au service des projets spéciaux le soin de préparer
le programme de la construction de l'agro-centre, en collaboration avec les
éléments sur le territoire. C'est ce service qui s'est
occupé de cela. Un troisième exemple, je pense, le plus typique
qu'on pourrait apporter, c'est notre programme de main-d'oeuvre agricole de
l'année dernière. C'est le service des projets spéciaux
qui s'est occupé de préparer le programme, d'administrer le
programme, de le sélectionner avec un comité spécial
rattaché au conseil exécutif. Au fond, c'est un service de
recherche, de préparation et d'exécution de programme. Les
budgets qui sont nécessaires pour effectuer les travaux se retrouvent
ventilés dans l'ensemble des autres budgets.
M. Lessard: Autrement dit, l'élément 1, c'est
plutôt le soutien, alors que les différents projets concrets, nous
allons les retrouver au niveau des autres...
M. Toupin: Dans les différents éléments,
c'est exact.
M. Lessard: M. le Président, je garderai donc ces quelques
dossiers pour en discuter, à moins que...
M. Toupin: Non, vous pouvez les retrouver dans
l'élément 2, réaménagement foncier, vous allez les
retrouver dans la mise en valeur des productions animales, vous allez les
retrouver dans la mise en valeur des productions végétales, dans
l'amélioration foncière et l'assainissement des sols, dans la
vulgarisation et gestion des fermes. Une fois que le programme est
lancé, la vulgarisation se fait par nos services de vulgarisation. M.
Lessard: Les agro-centres, c'est à quel programme?
M. Toupin: Les agro-centres, on va les retrouver dans
l'amélioration foncière et assainissement des sols ou la
vulgarisation.
Nous les retrouvons au niveau de l'élément...
M. Lessard: Parce que je pourrais en discuter
immédiatement, mais j'aime autant... C'est seulement pour
déterminer... J'aurais quelques questions générales...
M. Toupin: Celui-là, spécifiquement, vous le
retrouvez au niveau de l'élément 5.0.1, développement de
la transformation des produits agricoles.
M. Lessard: C'est seulement une question d'aménagement du
travail.
M. Toupin: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Dans les missions qui apparais-
sent au début du volume, à la page XIV, on donne
l'échantillonnage des crédits mis à la disposition de
chacun des ministères. Si nous allons au Conseil exécutif, nous
retrouvons la première catégorie d'utilisation, entente ARDA. Il
apparaît $3,003,000 pour ARDA, avec une note au bout qui dit que ces
crédits sont inscrits au Conseil exécutif et seront
transférés en cours d'exercice aux ministères
maîtres d'oeuvre. Se peut-il que le ministère de l'Agriculture
soit désigné comme le ministère maître d'oeuvre dans
l'utilisation des crédits qui apparaissent au Conseil
exécutif?
M. Toupin: Oui, peut-être pas la totalité des $3
millions, mais, certainement, certaines parties reliées à
l'entente ARDA 3 se retrouvent à ce moment au ministère de
l'Agriculture; il devient alors le maître d'oeuvre en cours d'exercice,
assurément.
M. Giasson: Dans les autres ententes possibles, zones
spéciales, Est du Québec, entente-cadres et fonds de
développement régional, il est encore possible que le
ministère de l'Agriculture soit maître d'oeuvre dans l'utilisation
d'une partie de ses crédits.
M. Toupin: Oui, tous les programmes qui sont acceptés.
C'est cela. C'est exact. Pour le fonds de développement régional,
je ne sais pas ce qui arrivera, mais il peut arriver que, pour certains
programmes qui ont, à ce moment, une incidence agricole, ils seront ou
ils ont été élaborés par le ministère de
l'Agriculture. L'exécution de ces programmes sera faite par le
ministère de l'Agriculture.
M. Giasson: Avec des équipes régionales qu'il y a
dans les régions où s'appliquent ces programmes?
M. Toupin: C'est exact. Les budgets sont
retransférés au ministère, pour fins
d'exécution.
M. Lessard: M. le Président, d'accord. J'adopte
l'élément 1, quitte à revenir, parce que j'avais cinq ou
six dossiers, au niveau des autres éléments, pour pouvoir en
discuter.
Le Président (M. Lafrance): Elément 2.
Réaménagement foncier
M. Lessard : M. le Président, élément 2, je
pense que c'est un élément fort important, d'autant plus que le
ministre, à l'occasion de plusieurs discours inauguraux, nous a
annoncé une loi concernant le zonage agricole. On constate que des
crédits de $1,321,900 seulement sont prévus.
Je comprends que le ministre va me répondre encore une fois,
comme il m'a répondu hier, ce n'est pas grave. On a toujours des
crédits supplémentaires qui vont arriver, parce qu'on va aller
prendre ces crédits dans le fonds consolidé du Québec. De
toute façon, on constate, par rapport à l'an dernier, une baisse
de 25% des crédits affec- tés au réaménagement
foncier, et, à moins que le ministre nous dise encore qu'il va avoir
d'autres crédits, ce serait pratiquement signer l'arrêt de mort de
la Loi de zonage qu'on nous a promise à maintes reprises. Mais on sait,
d'autre part, qu'il est très important qu'on ait une telle politique.
Dans toutes les provinces canadiennes, on a décidé, à un
moment donné, que cette loi est maintenant appliquée et chez
nous, comme le disait le ministre de l'Environnement, la spéculation
foncière continue de se faire sur une grande échelle. Même
le ministre lui-même a dit qu'il allait agir durement et fortement, et
que le Québec avait l'intention de freiner de façon
définitive la spéculation foncière. Toupin frappera
durement, tel que dit dans Le Devoir: Toupin précise le contenu de sa
loi-cadre. Je sais que je ne peux pas discuter de la loi-cadre comme telle
à cette commission parlementaire, mais, depuis plusieurs années
qu'on nous annonce cette fameuse loi-cadre, on nous dit que c'est une question
de coordination entre, d'un côté, le ministère du Tourisme
et, de l'autre, le ministère de l'Environnement, le ministère des
Terres et Forêts, le ministère de l'Agriculture et le
ministère des Affaires municipales.
On voit beaucoup de publicité. Le ministre nous annonce un projet
de loi. On a hâte de l'étudier, mais, pendant ce temps, la
spéculation continue et particulièrement, bien souvent, sur nos
meilleures terres au Québec. J'aimerais avoir certains commentaires du
ministre. J'aimerais savoir, par exemple, en ce qui concerne les fameuses
terres qui ont été achetées par le gouvernement
fédéral à Mirabel, achat qui a dépassé
amplement tout ce qui était nécessaire pour l'aménagement
de l'aéroport, ce que le ministère a l'intention de faire avec
cela. On constate que si on ne fait rien d'ailleurs, il y a des annonces
partout dans les différents journaux régionaux pour acheter des
terres le Québec va être à vendre bientôt et
que la spéculation se déplace de Toronto vers
Montréal.
Il y a un comité qui a été formé de l'OPDQ,
du ministère des Terres et Forêts, du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, du ministère de
l'Agriculture, du ministère des Richesses naturelles, du
ministère des Affaires municipales et tout ce que vous voudrez, en fait,
c'est tout le gouvernement, ce comité interministériel, dont vous
avez parlé le 26 avril 1974. Où en sont rendues les discussions
et les cogitations de ce comité? Est-ce que la loi est maintenant
prête? Est-ce que le ministre a l'intention de la déposer
dès cette session? Est-ce que les cartes de zonage sont
prêtes?
M. Toupin: Si ma mémoire est bonne, M. le
Président, j'ai lancé cette idée en 1973 lorsque j'ai
rencontré la Chambre de commerce de Montréal. C'est à ce
moment que le ministère avait pris quant à lui la décision
de zoner le territoire agricole au Québec. Nous avions auparavant
parlé d'un certain zonage dans les régions du Québec,
comme d'ailleurs ce fut fait dans le Saguenay notamment, un peu dans l'Abitibi
où on a eu un peu
plus de problèmes, et on a commencé à zoner un peu
aussi à l'intérieur de la province, mais de façon un peu
plus timide que dans les régions périphériques, parce
qu'on n'était pas prêt à l'intérieur de la
province.
Par la suite, nous nous sommes rendu compte qu'il fallait pousser plus
loin, donc pousser plus loin, cela voulait dire une législation. Un
comité au ministère a été mis en place et une
législation préliminaire a été
préparée. Cette législation a été
discutée par la suite avec chacun des ministères
impliqués, parce que, chaque fois que vous touchez au territoire
agricole, vous touchez, au fond, à tout ce qui peut avoir des incidences
sur le développement domiciliaire, sur le développement
industriel, sur tous les transports publics, la construction de routes, la
construction de lignes d'Hydro-Québec, la construction de lignes de Bell
Canada le gaz naturel. Au fond, vous touchez à toutes ces questions.
Evidemment, bien sûr, avant d'aller plus loin, il nous fallait
regarder avec les autres ministères comment le problème se
posait. Nous avons, par conséquent, discuté d'abord avec les
principaux ministères, le ministère des Affaires municipales et
le ministère des Transports. Après, nous avons regardé ce
qu'il était possible de faire avec le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche et le ministère des Terres et
Forêts, parce que ces deux ministères, notamment le
ministère des Terres et Forêts, se préparaient à
préparer des lois semblables à la nôtre et le ministre des
Terres et Forêts a déposé l'an dernier et cette loi
a été adoptée la Loi sur les réserves
écologiques.
Evidemment, c'est une parcelle de la Loi d'aménagement du
territoire forestier, mais c'était quand même un début. Une
fois que ces études ont été faites dans chacun de ces
ministères, nous avons créé un comité, au niveau de
l'OPDQ, pour coordonner tout le travail que comporte l'application d'une telle
loi.
Pendant ce temps, au ministère, nous avons préparé
les cartes de zonage. Nous avons, maintenant, au ministère, des cartes
de zonage pour à peu près tout le Québec, à
quelques exceptions près, et nous en avons surtout une bien
préparée pour la région de Montréal et de
Québec, qui sont les deux régions, actuellement, les plus
vulnérables au point de vue de la spéculation et qui sont les
régions, également, notamment une, où l'on retrouve les
sols les plus propices à l'agriculture.
Une fois que ce comité eut travaillé, le projet de loi a
été mis au point et il est présentement au comité
de législation. Le comité de législation travaille
présentement sur le projet de loi. Les consultations se font maintenant
par le comité de législation et le ministère,
également, a fait ses types de consultation au niveau d'un certain
nombre de spécialistes au Québec qui ont eu à oeuvrer dans
le passé sur des législations similaires, tant au Québec
qu'ailleurs, dans le Canada ou aux Etats-Unis.
Quand vous disiez tantôt que toutes les provinces du pays ont
déjà des lois et que nous, nous n'en avons pas, ce n'est pas
vrai. Il y a une seule province au pays qui a une loi et c'est la
Colombie-Britannique.
M. Lessard: L'Ontario en a une.
M. Toupin: L'Ontario...
M. Lessard: Indirectement.
M. Toupin: Tout ce que l'Ontario a, c'est une taxe...
M. Lessard: Oui, et cela a presque réglé le
problème de la spéculation.
M. Toupin: Ce n'est pas tout à fait... M. Lessard:
De 20%.
M. Toupin: Peut-être. En tout cas. Il y a bien des
thèses là-dessus. Le ministre de l'Agriculture de l'Ontario ne
pense pas comme cela.
M. Lessard: Je ne vous dis pas que c'est complet, mais je vous
dis qu'au moins, ils ont fait un effort.
M. Toupin: Oui, mais le ministre de l'Agriculture de l'Ontario ne
pense pas tout à fait comme cela. Alors, la loi qu'on prépare va
beaucoup plus loin que celle de l'Ontario. Elle se situe à peu
près dans le contexte de celle de la Colombie-Britannique a
préparée. Il ne faut pas oublier que cela fait près de dix
ans que la Colombie-Britannique travaille sur le sujet et plusieurs autres
petites lois ont été adoptées avant.
Si cela peut vous intéresser, tant le député de
Saguenay que les membres de la commission, j'ai, au ministère, toute une
étude qui a été faite sur le développement de la
Loi de protection du sol arable en Colombie-Britannique et dans quelques Etats
américains, et c'est assez intéressant comme dossier de travail.
Je n'ai pas d'inconvénient... Ce ne sont pas des dossiers confidentiels.
Ce sont des dossiers qui peuvent être rendus publics. Je n'ai pas
d'inconvénient à en faire parvenir pour que vous puissiez voir
comment cette loi a évolué et quels sont les problèmes
qu'on a affrontés. Les principaux problèmes ne l'ont pas
été au niveau des spéculateurs. C'est ce qui est
drôle. Les principaux problèmes ont été
situés vis-à-vis des producteurs agricoles. C'est là
où le problème s'est posé parce qu'on a enlevé
à des sols une valeur spéculative à laquelle pouvaient
avoir accès autant l'agriculteur que le spéculateur.
L'agriculteur n'est pas toujours prêt, du jour au lendemain, à
voir son sol qui vaut, en termes de spéculation, $1,000 l'acre, et tu le
gèles, pour fins agricoles seulement, et il va tomber à $500 ou
à $450. Ce ne sont pas tous les agriculteurs qui sont prêts
à accepter cela. En plus, évidemment, ce sont des droits acquis,
et il faut trouver des mécanismes pour régler ces
problèmes; être ouvert pour protéger le sol arable, c'est
déjà beaucoup, mais je ne pense pas qu'on puisse le faire au
détriment de droits acquis
et au détriment d'agriculteurs qui ont oeuvré depuis
plusieurs années sur ces sols.
Donc, cette loi est déjà déposée. Des
consultations se font au niveau d'un certain nombre de spécialistes et
le comité de législation terminera son étude, je
l'espère, d'ici la fin d'avril, tout au plus à la fin de mai, et
nous tenterons de déposer cette loi avant l'ajournement. Mais une chose
est évidente: C'est qu'au moment où nous allons la
déposer, nous ne pourrons pas ajourner la session pour reprendre les
travaux plus tard parce que la loi est faite de telle sorte qu'au moment
où nous la déposerons, nous devrons l'étudier jusqu'au
bout et l'adopter dans le plus bref délai.
M. Lessard: Le ministre attendrait-il les mois de juin et de
juillet pour faire adopter cette loi?
M. Toupin: Non. J'aimerais vraiment la faire adopter...
M. Lessard: Le chat commence à sortir du sac.
M. Toupin: Si le député de Saguenay est d'accord,
on la déposera seulement à l'automne.
M. Lessard: Non.
M. Toupin: II va faire un peu plus frais...
M. Lessard: Non. Déposez-la. N'attendez pas. Ecoutez.
C'est une loi importante...
M. Toupin: Non. On n'attendra pas...
M. Lessard: ... et n'attendez pas au mois de juin, à un
certain moment, comme cela a été fait pour le bill 22, pour nous
passer encore un Québec.
M. Toupin: Je viens de vous le dire.
M. Lessard: Parce que là, vous allez l'étudier
jusqu'au mois d'août, parce que c'est une loi qui est importante.
M. Toupin: Je viens de vous dire que, lorsque nous la
déposerons, on sera sûr que la session durera assez longtemps pour
que nous puissions l'étudier. Je ne veux pas que cette loi reste
déposée en première et en deuxième lectures pendant
une intersession, pendant un ajournement.
C'est ce que je ne veux pas, parce que la loi comporte des
éléments qui ne permettent pas cela. Au moment où la loi
sera déposée, il faudra l'étudier jusqu'au bout. On
prendra le temps qu'il faudra pour l'étudier, il n'y a pas
d'inconvénient. Cela prendra un mois, deux mois. On convoquera toutes
les commissions parlementaires possibles et impossibles. On donnera aux
députés l'occasion de faire des consultations. Là-dessus
je suis d'accord. C'est une loi fondamentale et je ne pense pas qu'on puisse la
voter à la vapeur. Là-dessus vous n'aurez pas de
difficulté à avoir mon consentement et tous les moyens possibles
pour informer l'opinion publique seront utilisés pour donner l'occasion
également aux députés de se faire une opinion sur une loi
comme celle-là. Ce sont les étapes franchies.
Le budget. Le budget prévoit quoi dans cet ordre? Le budget
prévoit des deniers, de l'argent pour la confection des cartes et
également pour la mise en place d'un certain nombre de mécanismes
administratifs au départ. Cette loi ne coûtera pas d'argent dans
son application, à moins que le gouvernement ne décide de donner
des compensations à ceux qui subiront des préjudices, cela
existe, mais je pense que c'est surtout au moment où nous allons
discuter cette loi en commission parlementaire et à l'Assemblée
nationale que nous serons en mesure de prendre ces options définitives.
Pour le moment, nous avons prévu au budget tout ce qui est
nécessaire pour l'administration de cette loi au moment où elle
sera votée et, également, pour tout le matériel technique
dont on aura besoin pour faire fonctionner cette loi. Vous allez trouver, je
crois, dans l'Office du crédit agricole une partie des budgets qui ont
été réservés pour cela. Ce n'est pas dans le
financement. C'est au service de l'information qu'on a mis cela pour le moment
parce que la structure n'étant pas terminée, etc...
Le budget actuellement ne finance pas cette loi. Cette loi peut
entrainer des dépenses, seulement si le gouvernement décide
d'acheter des terres et d'en créer des banques. Cela encore, nous le
verrons lorsque nous déposerons la loi.
M. Lessard: Si le gouvernement décide d'acheter des terres
et de créer des banques ce n'est pas...
M. Toupin: C'est cela. On mettra dans la loi l'argent qu'il
faudra pour le faire.
M. Lessard: Ce n'est pas encore décidé.
M. Toupin: Je vous ai dit que je ne pouvais pas vous donner le
contenu du projet de loi ici aujourd'hui. Vous m'avez posé la question:
Où est-ce que c'est rendu? Je vous dis où c'est rendu. Si vous
voulez maintenant discuter du contenu, reportons-nous à
l'Assemblée nationale.
M. Lessard: En tout cas, j'espère que ce sera compris,
parce que c'est rendu que ce sont des organismes privés comme la caisse
d'établissement du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui crée sa propre
banque de sol parce que le gouvernement n'agit pas.
M. Toupin: II y a longtemps que cela se fait, M. le
Président. Ce n'est pas d'hier que les producteurs regardent comment ils
pourraient créer leur banque de sol.
M. Lessard: II serait temps que le gouvernement s'en
préoccupe aussi.
M. Toupin: Qu'est-ce qui empêche un groupe de producteurs
de prendre des initiatives dans ce domaine et je suis bien heureux qu'ils les
aient prises.
M. Lessard: D'accord. Il serait temps que le gouvernement s'en
préoccupe aussi.
M. Toupin: Je vous ai donné toute la préoccupation
gouvernementale.
M. Lessard: Qu'est-ce que le gouvernement fait avec les terres
qui sont rachetées par le gouvernement fédéral et qui
peuvent être rachetées par le gouvernement provincial? Est-ce que
je pourrais avoir des statistiques sur cela? Parce que cette année, cela
pourrait...
M. Toupin: On discutera plus dans le financement agricole, mais
je vais vous dire quand même, grosso modo, comment cela se passe lorsque
nous avons signé l'entente pour les petites fermes, c'était
financé en entier par le gouvernement fédéral. Nous avons
convaincu le gouvernement fédéral, quant à nous, que
l'administration de ce programme serait laissée aux fonctionnaires du
gouvernement du Québec, c'est-à-dire ceux qu'on appelle les
gestionnaires. Il y a eu des comités intergouvernementaux pour appliquer
dans les régions et sur le plan national cette législation. Il
avait été convenu dans cette entente que, si le gouvernement
fédéral achetait des terres agricoles, pour les revendre à
d'autres agriculteurs en vue de consolidation, on lui donnait, si ma
mémoire est fidèle, 18 mois. Si, près 18 mois, la terre
n'était pas vendue à un autre agriculteur, le gouvernement du
Québec la rachetait. Dans le cas des terres agricoles, le gouvernement
fédéral n'en a pas acheté. Chaque fois qu'on faisait
rencontrer deux producteurs agricoles, les deux s'entendaient pour acheter
immédiatement le sol de telle sorte qu'il n'y avait pas intervention
d'achat de la part du gouvernement. Par ailleurs, sur des terres non agricoles
où il y a eu des consolidations de faites, partie agricole ou partie non
agricole, etc., cette entente veut que le gouvernement fédéral
puisse les acheter, mais par la suite, le gouvernement de la province de
Québec doit les racheter à 35% ou 40% du coût. Là,
il y a sept ou huit dossiers en suspens. Le fédéral n'a pas
encore acheté ces sols, mais on va prendre la décision
bientôt. On en a discuté la semaine dernière. Si le
fédéral veut les acheter, il les achètera et, tout de
suite après, on va les racheter à 35% des coûts et on va
commencer à créer cette banque de terres, tout au moins pour les
sols un peu moins propices à l'agriculture. On pourra les remettre aux
Terres et Forêts, les remettre aux Tourisme, Chasse et Pêche,
même les remettre à d'autres agriculteurs si toutefois cela
correspond aux programmes du ministère des Terres et Forêts. Il y
a une chose qui est certaine, c'est qu'on va les utiliser dans le cadre d'une
planification, d'une utilisation rationnelle de ces lots, soit pour fins de
reboisement, pour fins agricoles ou pour fins touristiques. C'est le point
qu'on soulève.
M. Lessard: En ce qui concerne la loi de zonage, je
présume que les problèmes de conflit entre le ministère
des Terres et Forêts, le ministère du Tourisme, Chasse et
Pêche, le ministère de l'environnement et le ministère de
l'Agriculture sont réglés. La loi de zonage que vous allez
proposer ne sera pas exclusivement une loi de zonage concernant les terres
agricoles, mais ça va comprendre l'aménagement de l'ensemble des
terres, dont les terres forestières, les terres touristiques et les
terres agricoles.
M. Toupin: Je vous ai dit tantôt que cette loi avait des
incidences sur plusieurs ministères, sur le développement de
plusieurs secteurs économiques et industriels du Québec. Je vous
ai dit qu'on a fait les contacts avec les ministères impliqués et
que les ministères ont accepté la façon dont on entendait
travailler là-dedans. Mais lorsque nous discuterons de la loi, je pense
qu'on sera en mesure de donner des précisions exactes sur l'influence
que cette loi pourra avoir, par exemple, sur le développement
domiciliaire, jusqu'où ça peut aider ou ne pas aider au
ministère des Affaires municipales, ou au ministère de
l'Industrie et du Commerce ou au ministère du Tourisme, Chasse et
Pêche. Les contacts ont été pris et les autres
ministères acceptent notre façon de travailler là-dessus;
et, en commission parlementaire ou ailleurs, on verra comment ces
ministères réagiront publiquement et comment nous
réagirons aussi publiquement vis-à-vis de ces
réactions.
M. Lessard: Je présume qu'avant de déposer cette
loi, le ministre a fait faire des recherches dans les différentes
régions du Québec sur la superficie des terres qui étaient
en spéculation et je présume que le ministre a des statistiques
sur ça.
M. Toupin: Dans toute la province de Québec...
M. Lessard: Combien de terres...
M. Toupin: Grosso modo, à peu près 300,000 acres de
terre qui seraient présentement sous spéculation, forte ou
relative.
M. Lessard: Concentrées particulièrement dans la
région de Montréal.
M. Toupin: C'est la région de Montréal qui a
écopé le plus et ça se comprend, mais on en retrouve aussi
beaucoup dans la région de Québec, un peu dans la
périphérie de Trois-Rivières; chaque fois qu'une ville
dépasse 55,000 ou 60,000 habitants, la spéculation commence
à se faire sentir de façon plus forte.
M. Lessard: En ce qui a trait à la superficie des terres
agricoles qui ont été expropriées par le gouvernement
fédéral à Mirabel et qui dépasse honteusement la
quantité de terres dont on avait besoin pour l'aménagement de cet
aéroport 65,000 acres de trop est-ce que le
ministre...
M. Toupin: 55,000 acres, ce sont 45,000 acres de terre arable qui
sont de trop.
M. Lessard: Qu'est-ce que le ministre a l'intention de faire,
est-ce qu'il est en communication avec son homologue fédéral pour
récupérer ces terres ou encore avec M. Marchand pour les
récupérer et les remettre en culture?
M. Toupin: Evidemment, c'est une expropriation. Ces sols
présentement appartiennent au gouvernement fédéral. On
doit régler le problème; je pense que le ministère de
l'Industrie et du Commerce a rendu public... est-ce qu'il n'y a pas une loi qui
a été déposée récemment sur la
création d'un organisme pour administrer PICA, le parc industriel de
Mirabel...
Ce serait une administration conjointe,
fédérale-provinciale pour l'utilisation de cet espace en vue du
développement industriel.
M. Lessard: Le développement industriel.
M. Toupin: Pour PICA, seulement la partie qui a trait à
l'industrie.
M. Lessard: II y a TRAM aussi.
M. Toupin: TRAM, c'est...
M. Lessard: D'accord, on est à PICA.
M. Toupin: PICA, c'est pour développer l'aspect
industriel, et il reste les autres secteurs. Je ne sais pas, je serai en mesure
peut-être d'ici trois semaines ou un mois, au maximum, de faire des
déclarations publiques là-dessus et regarder comment on pourra,
avec le fédéral, utiliser de façon rationnelle ces sols
dans le cadre d'une politique provinciale.
M. Lessard: M. le ministre, lorsque l'expropriation s'est faite
c'est vrai que le ministre n'était pas ministre à ce
moment on devait savoir qu'il y avait du terrain de trop?
M. Toupin: Ceux qui ont fait les transactions le savaient, et
ceux qui les ont préparées le savaient aussi.
M. Lessard: De toute façon, M. le Président, quant
au réaménagement foncier, ce qui est le plus important, c'est la
loi qui s'en vient.
M. Toupin: On pourrait aussi peut-être aller un peu plus
loin; c'est qu'il y a eu beaucoup de travail fait dans ce programme
vis-à-vis du regroupement des fermes, surtout dans la région
périphérique. Maintenant, si le budget a diminué un peu,
c'est parce que la grosse demande est passée, il y a de moins en moins
de terres à regrouper. Quand il part 3,000 ou 4,000 agriculteurs par
année, ça finit par arrêter. Mais dans certaines
régions, on a de la misère à se trouver des sols; il y a
des producteurs qui voudraient agrandir leur ferme et qui ont de la
difficulté à se trouver des sols, parce qu'il n'y en a plus de
disponibles, les regroupements sont faits et les gars hésitent à
rediviser leur sol.
Cela fait à peine dix ans qu'on l'a unifié et les gars
hésitent à le rediviser. Ce n'est pas un problème aigu,
mais dans certaines régions, on commence déjà à
sentir une pression un peu forte sur les sols disponibles.
Mais ce programme a rendu d'énormes services. Je pense que le
gros coup est passé. Il s'agit maintenant de planifier à plus
long terme, pour ne pas créer trop de problèmes au niveau de la
demande des sols arables.
M. Giasson: Dans le domaine foncier, est-ce que le
ministère de l'Agriculture a l'intention de modifier la Loi des terres
de colonisation, de manière à faciliter la remise en
propriété absolue à tous ceux qui détiennent des
lots sur billet de location?
M. Toupin: M. le Président, c'est sûr qu'il y a
là un problème assez sérieux. On propose, dans la Loi
d'aménagement du territoire...
M. Giasson: C'est parce que c'est sérieux que je pose la
question.
M. Toupin: C'est connexe, évidemment. C'est encore
là l'utilisation d'un potentiel de sols qui appartiennent plus ou moins
à des gens, sous billet de location et dont les normes n'ont pas
toujours été acceptées. Ces normes sont
présentement désuètes, sont dépassées et on
est obligé parfois de prendre des décisions un peu dans
l'arbitraire.
Je ne suis pas tellement d'accord sur cette façon de
procéder. Alors, on va tenter de régulariser la situation et un
amendement à la Loi des terres de colonisation se trouve inclus dans la
Loi d'aménagement du territoire agricole, ce qui va permettre de
repenser toute la réglementation et d'atteindre les objectifs
visés par le gouvernement, d'une part, et par les détenteurs de
billets de location, de l'autre.
M. Giasson: Est-ce que cela va être bien vrai, ce que vous
affirmez? C'est parce que cela fait quatre ans que je dis cela à mes
gens qui détiennent des lots sur billet de location, d'espérer,
d'espérer et d'espérer.
M. Toupin: Cela est vrai.
M. Giasson: Mais, c'est le désespoir de
l'espérance.
M. Toupin: C'est actuellement dans la loi.
M. Lessard: C'est dans la loi de zonage qui va venir?
M. Toupin: Oui, dans la loi de zonage, il y a un amendement
à la Loi des terres de colonisation qui va permettre de
régulariser la situation et de
fixer à long terme comment on va régler ce problème
des billets de location.
M. Lessard: C'est rendu ridicule. Il y a des gens pour qui cela
fait 35 ans qu'ils sont sur leurs terres et qui ne sont pas capables d'avoir
leurs lettres patentes. Je comprends que...
A ce moment-là, on les a envoyés sur des terrains de roche
et on leur a dit: Faites de la culture. A un moment donné, ils ont
défriché quelque chose, ils ont essayé de vivre et
maintenant ils sont poignés. Depuis 35 ans, ils ont construit leur
maison, ils sont habitués de vivre sur ce territoire. Ce qui arrive,
c'est le fameux problème de succession. Beaucoup abandonnent et la terre
ne peut pas être transmise, ne peut pas être vendue.
Ce que le ministre nous dit, je comprends que cela vient dans la loi,
mais, l'an passé, il me semble qu'il nous avait indiqué que cela
devait se régler.
M. Toupin: On a parlé un peu l'an dernier de la Loi
d'aménagement du territoire et j'avais dit qu'on inclurait dans la Loi
d'aménagement du territoire un amendement à la Loi des terres de
colonisation.
M. Lessard: J'espère qu'on va venir...
M. Giasson: Moi, j'espère que les changements qu'on va
apporter à la nouvelle loi que vous allez apporter, qui peut amender la
Loi des terres de colonisation, vont régler le problème. Je ne
veux pas de demi-solution là-dedans.
M. Toupin: On va en régler deux.
M. Giasson: On va en arriver à une solution
véritable. Comme le dit le député de Saguenay, on a des
gens qui paient des taxes scolaires et municipales depuis 15, 20, 25 et 30 ans,
qui ont vraiment été soucieux de l'aménagement et de
l'exploitation de ces terrains. Ce que je crains, c'est qu'on leur retire ce
qui m'apparaît des droits acquis, quand d'autres ont été
beaucoup plus "smarts", ont pillé les terrains c'étaient
des terrains boisés et par la suite, ils s'en balancent, ils les
laissent aller pour les taxes. C'est vendu par les conseils de
comté.
M. Toupin: C'est cela.
M. Giasson: Mais je ne veux pas que celui qui a agi comme un
homme sage, un bon père de famille, on ne lui permette pas
d'acquérir ces terrains sur lesquels il a veillé depuis de
nombreuses années.
M. Toupin: II y aura une réglementation. D'abord, lorsque
la loi sera amendée, on va préparer une réglementation, ce
sont des règlements qui ont toujours régi cela dans le
passé. On va préparer une réglementation, elle sera
discutée, je ne verrais même pas d'inconvénients à
la discuter en commission parlementaire.
Pour respecter tous ces droits dont vous parlez, c'est la
première chose et le premier élément du programme. Le
deuxième élément, comme je vous le disais tantôt,
c'est qu'il a fallu un peu trancher dans l'arbitraire. Je dois vous avouer bien
franchement qu'on a peut-être, de temps en temps, étiré un
peu les règlements, surtout lorsqu'il s'agissait de terres arables, de
terres où les agriculteurs voulaient que ce soit vraiment
patenté. On a peut-être étiré un peu les
règlements.
M. Giasson: Celui qui vous a précédé au
ministère de l'Agriculture les a étirés.
M. Toupin: C'est cela. Il les a pas mal étirés. Il
faudra rendre toutes ces questions un peu plus légales dans le temps. En
tout cas, on en discutera au moment où on discutera des
règlements.
M. Lessard: En tout cas, c'est ce que je réponds...
M. Toupin: A tes gars.
M. Lessard: ... aux personnes qui communiquent avec moi: Le
ministre nous a annoncé qu'il allait régler le
problème.
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: On espère que cela va venir à se
régler.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, dans le territoire de mon
comté, dans le Témiscouata, ce qui arrive, c'est que... Dans la
loi, par exemple, allez-vous prévoir le cas des cultivateurs qui vendent
leurs terres aux Américains? Va-t-il y avoir quelque chose dans ce
secteur, parce que, présentement, ce qui arrive, c'est qu'aux
frontières, les gars vendent leurs terres et les Américains
investissent là-dessus, mais ils laissent cela mort. Il y a beaucoup de
pressions qui sont faites de ce côté.
M. Toupin: II y a un élément dans la loi qui
prévoit une application concrète de ce côté.
M. Lessard: Avez-vous le pouvoir de le faire?
M. Toupin: Dans la loi actuelle...
M. Lessard: Avez-vous le pouvoir constitutionnel de le faire?
M. Toupin: Dans le projet de loi? C'est-à-dire que, quand
vous parlez des pouvoirs constitutionnels, il y a bien des pouvoirs qu'on veut
exercer au niveau d'un gouvernement.
M. Lessard: L'avez-vous? Est-ce que cela ne
fera pas comme FEDCO, à un moment donné,
déclarée anticonstitutionnelle?
M. Toupin: Je ne pense pas que FEDCO ait été
déclarée anticonstitutionnelle. Hier, j'ai laissé passer
cela, parce que je ne voulais pas vous donner un cours sur le droit commercial
des produits agricoles, mais je peux vous dire très ouvertement que
FEDCO n'a jamais été considérée comme étant
anticonstitutionnelle.
M. Lessard: Dans la fixation des prix?
M. Toupin: Non, absolument pas. C'est son règlement qui
obligeait tous les oeufs vendus au Québec à passer par FEDCO.
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: Cela impliquait des interprovinciales.
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: L'Ontario et le Manitoba ont dit: Nous allons sur le
marché de Montréal. Donc, les oeufs qui iront sur le
marché de Montréal pourront se rendre sur ce marché sans
passer par la fédération. C'est cela qui a été mis
en doute.
M. Lessard: C'est exactement l'élément essentiel du
contrôle du marché québécois en ce qui concerne les
produits agricoles qui a été mis en doute, de telle façon
que vous avez créé FEDCO pour essayer de pouvoir contrôler
une certaine commercialisation des produits québécois. On vous a
contesté devant la cour Suprême, à un moment donné,
parce que l'Ontario a démontré que vous n'aviez pas le droit de
régler le commerce interprovincial. C'est cela. C'est
l'élément essentiel de FEDCO.
M. Toupin: Non, bien sûr que non.
M. Lessard: Vous avez la mise en marché, mais vous aviez
au moins la protection de 55% de notre production qu'on fait, qui devait
être vendue prioritairement au Québec. Ce n'est pas le cas.
Steinberg continue d'acheter ailleurs et ainsi de suite. Vous avez
laissé 45% aux grandes compagnies.
M. Toupin: M. le Président, je pense que le
député de Saguenay affirme des choses...
M. Lessard: Je n'affirme pas des choses, c'est un
élément essentiel. Vous essayez de tout minimiser. Quand vous
avez un échec comme ministre de l'Agriculture, vous avez des
échecs constants, en fait, depuis que vous êtes là, depuis
1970, malgré le fait que vous ayez préparé de très
beaux plans je ne le nie pas mais vous n'avez jamais
été capable de les concrétiser, parce que, des pouvoirs,
vous n'en avez pas, quand on vous le dit, vous essayez de minimiser la chose.
Pourtant, chaque fois qu'on vous pose des questions à l'Assemblée
nationale, vous dites: Ce n'est pas ma faute, c'est le gouvernement
fédéral.
Quand, par exemple, vous avez déclaré, au mois de janvier
dernier, dans votre conférence de presse que, en ce qui concerne les
producteurs 'd'oeufs du Québec, ce n'étaient pas eux autres qui
avaient dépassé leur quota, ils avaient respecté leur
quota, mais c'étaient les autres provinces qui n'avaient pas
respecté leur quota.
Est-ce que vous allez minimiser cette affirmation? C'est là le
problème qui est essentiel à un moment donné. Si on vous
le dit, vous dites que ce n'est pas important, que ce n'est pas grave.
L'élément essentiel à un moment donné, de
l'agriculture, c'est d'essayer de contrôler son marché et vous
n'avez pas ces pouvoirs. C'est là qu'est votre problème. Cela ne
veut pas dire, comme vous l'avez dit hier, en réponse aux affirmations
que j'avais faites...
M. Pelletier: Question de règlement.
M. Lessard:... qu'on met un mur de Chine autour du Québec,
ce n'est pas vrai quand vous dites cela. Vous êtes menteur.
Le Président (M. Lafrance): Question de règlement.
Le député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: J'ai demandé la parole tout à l'heure
et le député de Saguenay m'a coupé la parole...
M. Lessard:... tout le temps et il ne règle rien. M.
Pelletier: ... je n'avais pas fini mes...
M. Toupin: J'aimerais seulement apporter une précision,
parce que, de temps en temps...
Le Président (M. Lafrance): On est au
réaménagement foncier, on pourra revenir...
M. Toupin: II y a des choses qui méritent d'apporter des
précisions.
Le Président (M. Lafrance): Etant donné qu'on a
laissé de la latitude, on va vous permettre de répondre.
M. Toupin: II y a eu, au fond, une contestation du
règlement, le numéro de charte, sur l'entrée des oeufs au
Québec provenant des autres province, ne sont pas entre les mains de
FEDCO, je ne le nie pas. C'est normal. L'autre province a contesté
l'action de FEDCO sur ce secteur et elle a obtenu gain de cause. Cela ne veut
pas dire pour autant qu'on n'a pas trouvé d'autres moyens pour
régler le problème. On peut régler le problème en
s'asseyant sur des lois, sur des droits constitutionnels. On peut les
régler aussi en faisant preuve d'imagination. FEDCO a signé des
contrats avec les magasins à succursales au Québec. C'est par
là qu'on a réglé le problème. On l'a
d'ailleurs dans les contrats. Actuellement, tous les oeufs de FEDCO sont vendus
dans les succursales de magasins. Steingerg s'alimente, pour 90% de ces oeufs,
à la Fédération des producteurs d'oeufs du Québec.
C'est simplement ce que je voulais apporter comme autre précision. Je ne
nie pas au député de Saguenay quand il soutient que le
Québec n'a pas tous les pouvoirs constitutionnels. Je ne lui nie pas
cela. Il a raison. C'est un fait. Cela ne veut pas dire pour autant qu'on n'a
pas d'autres éléments en main, nous au Québec, pour
régler un certain nombre d'autres problèmes. Je suis bien
prêt à retirer l'opinion que j'ai émise hier que la
théorie du député de Saguenay veut que nous fassions une
clôture autour du Québec, je suis bien prêt à retirer
cette affirmation.
M. Lessard: Parce que là, c'est mentir à la
population.
M. Toupin: Oui, mais je voudrais quand même que le
député de Saguenay retire aussi parfois des affirmations qu'il
fait à l'endroit du gouvernement et à mon endroit, qui sont
totalement injustifiées. On discute entre deux individus au niveau d'une
commission parlementaire, mais je voudrais vous avouer bien franchement le type
de discussions qu'on a sur ces problèmes et quand on commence à
mettre plus d'eau dans le pot que le pot peut en contenir, je le fais bien plus
par besoin politique que par conviction personnelle.
M. Lessard: Est-ce que le ministre veut me demander si...
M. Pelletier: M. le Président, pour terminer, la
définition...
Le Président (M.Lafrance): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: J'aimerais avoir des explications sur ce que j'ai
demandé tout à l'heure...
M. Lessard: D'accord, c'est une affirmation du ministre qui m'a
mis le feu à la place que vous connaissez.
M. Pelletier: M. le Président, ce que je voulais savoir du
ministre, c'est que, si certains cultivateurs ne font pas partie de l'UPA, et
ont, par exemple, quatre ou cinq acres de terre, quelque chose de très
minime, qu'ils vendent pour des fins forestières, ou minières,
quelque chose du genre, est-ce que le ministre aura le pouvoir quand
même, dans sa loi, d'intervenir pour empêcher la vente de ces
terrains?
M. Toupin: M. le Président, je suis prêt à
discuter des choses générales de cette loi. A chaque fois que
vous me posez une question comme celle-là, vous m'amenez dans le contenu
de la loi. Je ne pense pas qu'on puisse aujourd'hui discuter du contenu de la
loi, parce que, d'abord, cette loi n'est pas déposée en
première lecture. Ce n'est pas normal que nous discutions d'une loi, de
son contenu, même si elle doit venir en première lecture. Quand
elle n'est pas déposée, cela devient difficile.
M. Pelletier: C'est que, dans la partie de Témiscouata,
pour l'ensemble des cultivateurs, ce sont des terres d'environ dix, quinze
acres de terre, quelque chose comme cela. Ce sont des cultivateurs qui ne sont
pas reconnus par l'UPA, et les Américains viennent prendre un
territoire, on peut dire même une municipalité
complète.
M. Toupin: Comme je vous le disais tantôt, on a
prévu dans la loi des mécanismes. Je ne peux pas vous dire
lesquels, parce que c'est du contenu. Mais il y a des mécanismes qu'on a
prévus pour régler le problème d'achat de terres trop
massivement par des personnes autres que les Québécois. Encore
là, il faut faire attention, parce que s'il n'y a pas d'autres
acheteurs, qui va acheter? On ne peut quand même pas empêcher les
transactions commerciales, mais la loi prévoit là-dessus des
mécanismes que nous étudierons au moment où elle sera
déposée.
M. Pelletier: D'accord!
M. Toupin: D'accord, M. le Président!
Le Président (M. Lafrance): Elément 2.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai d'abord aucune
intention de retirer l'affirmation que j'ai faite hier que le ministre n'avait
pas de pouvoirs essentiels. Il a des pouvoirs sectoriels, des pouvoirs pour
venir à la rescousse et sauver les agriculteurs de situations absolument
inacceptables bien souvent, mais c'est devenu un tonneau sans fond. Tant et
aussi longtemps que le ministre ne se rendra pas compte que les pouvoirs
réels sont ailleurs, même s'il continue de subventionner, comme
cela a été le cas pour le boeuf on va en parler tout
à l'heure c'est bien regrettable, on va toujours arriver aux
mêmes solutions, l'effondrement des productions agricoles au
Québec au profit des autres.
M. Toupin: Vous avez le droit de faire de telles affirmations. Je
soutiens, non pas par optimisme exagéré, mais parce que j'ai des
statistiques à ma portée, que l'agriculture du Québec n'a
pas régressé depuis 1970. Au contraire, elle s'est
développée.
M. Lessard: Mais le problème le plus grave dans tout cela,
c'est que, depuis 1970, le pouvoir politique, le pouvoir de négociation
constitutionnel, non seulement dans votre secteur, mais dans d'autres secteurs,
vous l'avez minimisé, et vous avez décidé de tout laisser
aux autres. C'est cela le plus grave, M. le Président. Le ministre n'a
même plus conscience qu'il y a des problèmes réels qui
sont là, et chaque fois qu'on lui soulève des questions,
il nous répond: Ce n'est pas grave, on a d'autres pouvoirs. En ce qui
concerne FEDCO tout à l'heure, qui me surprenait, , c'est que
l'importance de Fedco, en fait, c'était d'abord la tentative d'essayer
de contrôler le marché intérieur; c'est bien regrettable,
mais cela a été un échec, parce que,
constitutionnellement, on n'avait pas de pouvoirs.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député a-t-il d'autres questions sur l'élément 2:
Réaménagement foncier?
M. Lessard: M. le Président...
M. Toupin: Vous faites des affirmations que vous ne pouvez pas
appuyer par des statistiques ou par des faits. Ce sont des affirmations qui
émanent d'une théorie politique. Je ne vous la conteste pas,
votre théorie.
M. Lessard: On va voir si le ministre a l'intention...
M. Toupin: C'est votre droit de la promouvoir.
M. Lessard: ... de contrôler l'échange de terrains,
par exemple, sur les frontières entre les Américains et les
agriculteurs québécois.
On va voir si le ministre a réellement ces pouvoirs parce qu'on
sait qu'en Nouvelle-Ecosse, il y a eu une tentative de faite et cela a
été contesté. On va voir où le ministre va se
ramasser, à un certain moment. Deux Américains, en
Nouvelle-Ecosse, par exemple, Richard Morgan et Allan Jacobson ont
été empêchés d'acheter des terrains près de
Summerside. Or, cela a été contesté devant les tribunaux.
C'est bien dommage, mais les deux personnes en question ont obtenu
reconnaissance de ce droit par les cours de justice.
En tout cas, on verra, encore une fois, si le ministre n'aura pas sa
réponse de la part de ses maîtres à Ottawa. C'est toujours
ce qu'il veut avoir. On revient à Mirabel qui est un autre...
M. Toupin: M. le Président, une seule précision.
D'abord, ce n'est pas en Nouvelle-Ecosse, c'est à
l'Ile-du-Prince-Edouard, premièrement...
M. Lessard: L'Ile-du-Prince-Edouard, je ne sais pas.
M. Toupin: ... et deuxièmement, je vous disais
tantôt qu'on avait prévu des mécanismes dans la loi. On les
discutera au moment où la loi sera déposée et, si ces
mécanismes ne vous conviennent pas, vous pourrez dire non à ces
mécanismes. Nous allons tenter de les appliquer, tout au moins.
M. Lessard: Je reviens parce qu'on avait permis à d'autres
de poser des questions sur Mirabel. Y a-t-il un comité existant au
ministère de l'Agri- culture je comprends que le ministre va me
dire: Dans deux mois, on va avoir une réponse mais y a-t-il un
comité existant au ministère de l'Agriculture qui est en train,
actuellement, d'étudier soit, par exemple, la possibilité que ces
terres retournent aux agriculteurs ou soit la possibilité qu'on en fasse
une banque de sols, et a-t-on prévu des mécanismes par lesquels
cela pourrait se faire?
M. Toupin: Présentement, au ministère de
l'Agriculture, on a commencé vraiment à travailler sur ce
problème, à la suite d'un tas d'autres qui nous sont survenus au
cours des dernières années, on a commencé à
travailler sur ce problème il y a à peine six mois,
c'est-à-dire qu'on s'est penché dessus de façon
sérieuse pour voir ce qu'on pourrait faire avec ce qui existe là
comme potentiel. La première chose qu'on a faite, évidemment, a
été de mettre une équipe d'hommes en place et nous leur
avons demandé de nous faire un rapport concret, clair et précis
sur tout ce que comporte ce problème, c'est-à-dire le nombre de
sols disponibles, les contrats de location qui sont présentement
existants avec le gouvernement fédéral, ce que le gouvernement
fédéral entend faire comme politique à long terme, si,
toutefois, il en a une, pour le développement de ce secteur, etc.
Alors, quand on aura toutes les données à notre
portée, nous préparerons un programme comme nous l'avons
préparé pour d'autres secteurs. Nous le rendrons public et nous
le discuterons et, par la suite, nous poserons les gestes qui s'imposent. On ne
peut aller plus loin que cela pour le moment.
M. Lessard: Je salue la présence de mon collègue de
Saint-Jacques qui...
M. Toupin: Cela me fait plaisir de voir le député
de Saint-Jacques ici.
M. Lessard: Alors, M. le Président, on va attendre la loi.
Elément 2, adopté.
Le Président (M. Lafrance): Adopté. Elément
3.
M. Lessard: Elément 3. Etant donné qu'il y a un
certain nombre "d'inséminateurs", est-ce qu'on pourrait demander au
ministre concernant la mise en valeur de la production animale où en
sont rendus...
Le Président (M. Lafrance): Je pense qu'on va être
obligé de remettre à une date ultérieure l'étude de
l'élément 3, étant donné que nous sommes
obligés de libérer la salle 91 pour midi.
Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 59)