Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mercredi 23 avril 1975
(Dix heures 15 minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Tel qu'entendu à la dernière séance de la
commission, nous revenons au programme 2 pour ce matin. Il y avait une entente
intervenue entre les membres de la commission selon laquelle on donnait le
droit de parole à certains membres en priorité, mais,
étant donné qu'on change le programme, je crois qu'on devrait
agir de la même façon. On va laisser le ministre faire son
exposé sur le programme 2 et vous pourrez poser des questions, quitte,
en revenant au programme 3, à respecter l'entente qui est intervenue
à la dernière séance. D'accord? L'honorable ministre de
l'agriculture sur le programme 2.
Financement agricole
M. Toupin: M. le Président, je voudrais seulement pendant
quelques minutes faire un bref résumé des activités de
l'Office du crédit agricole pour l'année 1974/75 et, par la suite
étudier, les uns après les autres, les articles reliés au
financement agricole.
Pour l'année 1974/75, il y a trois caractéristiques
principales qui ont marqué le financement agricole. Le premier, c'est
celui qui concerne le montant des prêts consentis aux agriculteurs. Cette
année, en 1974/75, l'office a consenti aux agriculteurs du Québec
près de $50 millions par rapport à $46,654,350 l'an dernier.
Cette année, 1974/75, c'est $49,967,950. La moyenne des prêts en
1973/74 était de $22,592 et elle est en 1974/75 de $25,506.
Cela démontre évidemment que les agriculteurs empruntent
plus pour réorganiser leur ferme et cela démontre
également qu'il y a passablement de regroupement de fermes depuis
quelques années. Cela s'est manifesté surtout au cours des
années 1972/73, l973/74et 1974/75. Si ma mémoire est
fidèle, en I970, les prêts ne dépassaient pas encore
$15,000 en moyenne par ferme alors qu'actuellement on atteint les $25,000 en
moyenne par ferme. C'est une première caractéristique. En 1973/74
il y a eu des prêts consentis à 2,065 producteurs.
En 1974/75, il y en a un peu moins, soit 1,959, c'est-à-dire une
centaine de moins de prêts consentis à des agriculteurs par
rapport à l'année précédente. Les prêts
déboursés par ailleurs, parce qu'il y a une différence
entre les prêts consentis, selon l'administration de l'office et les
prêts déboursés. Il arrive que nous consentions des
prêts au cours d'une année et que nous versions l'argent
l'année suivante. Pour le nombre de prêts déboursés
en 1973/74, il y en avait 1,741 et en 1974/75, il y en avait 2,506.
Effectivement, il y a eu plus de prêts déboursés
à un plus grand nombre d'agriculteurs par rapport à
l'année précédente, mais il y a eu moins de demandes cette
année par rapport à l'année précédente. Ce
qui est important, après deux ou trois années, ce sont les
montants déboursés. Le total de ces montants
déboursés pour l'année 1974/75 est de $60 millions. Il y a
eu pour $49 millions de prêts acceptés et il y a eu $60 millions
de prêts déboursés à cause des demandes de
l'année antérieure.
M. Roy: Est-ce que le ministre pourrait nous dire à ce
moment-ci pourquoi il y a eu un retard de cette façon?
M. Toupin: C'est le contraire. Ce n'est pas un retard... il y a
des demandes qui nous sont faites à la fin de l'année
financière et auxquelles on ne peut pas répondre au cours de la
même année. Donc, il faut, au début de l'année qui
suit, accélérer les dossiers et faire en sorte que les
producteurs puissent recevoir les prêts demandés dans le plus bref
délai.
M. Lessard: Est-ce qu'il se produit quelquefois des retards de la
régie?
M. Toupin: II arrive parfois que certains dossiers sont plus
longs les uns que les autres, mais la période qui sépare la
demande du prêt et l'acceptation par l'office est maintenant
réduite d'un mois ou deux, par rapport à ce qui se faisait il y a
trois ou quatre ans. L'objectif est de trois mois.
M. Roy: Parce que ce phénomène se retrouve d'une
année à l'autre.
M. Toupin: Oui. Ce sont des phénomènes normaux.
M. Roy : Cela se retrouve d'une année à l'autre et
ce qui me frappe à première vue, c'est cette énorme
différence entre les deux années, selon les chiffres que vous
venez de nous donner. C'est pour ça q ue je demandais s'il y avait des
raisons particulières voulant qu'une très grande quantité
de prêts qui auraient été acceptés en 1973 auraient
été déboursés en 1974.
M. Toupin: Quand on a amendé la loi en 1972, je pense,
pour porter les montants de $25,000 à $40,000 et de $25,000 à
$60,000, avant que la vulgarisation soit faite dans le milieu, cela a
retardé de cinq ou six mois.
C'est en 1973, à cause des amendements à la loi. qu'on a
eu une très forte demande par rapport à celle des années
précédentes. On n'a pas pu régler toutes les demandes dans
la même année. On les a réglées au cours de
l'année 1974/75 et c'est ce qui fait qu'il y a des
déboursés de $60 millions. Il n'est pas impossible que, l'an
prochain, nous ayons des déboursés qui frisent les $80 millions
ou les $85 millions par rapport à ceux de cette année. Il y a des
délais, mais les délais, actuellement, ont été
raccourcis pas mal par rapport à ceux des années
antérieures. L'objectif visé, c'est trois mois. Il ne faudra pas
qu'il y ait plus de trois mois entre la demande d'un prêt et le
déboursé du prêt en question.
M. Roy: Je suis entièrement d'accord!
M. Toupin: D'ailleurs, l'office là-dessus je ne le
dis pas pour des fins publicitaires , mais je le dis parce que c'est vrai
a fait un effort depuis trois ans pour améliorer tout son
système administratif dans plusieurs régions du
Québec.
M. Roy: Mais il y a encore quelque chose à faire parce que
j'ai reçu des plaintes il n'y a pas tellement longtemps encore...
M. Toupin: Oui.
M. Roy: ... concernant des prêts de six mois, sept
mois...
M. Giasson: M. le ministre, avec l'augmentation des prêts
consentis pour une même entreprise, le dernier amendement a porté
cela à $100,000 au maximum. C'étaient des lois
déposées.
M. Toupin: Oui.
M. Giasson: Avez-vous l'impression qu'on va faire un rattrapage,
de manière que ce soit l'Office du crédit agricole du
Québec qui fasse la majorité des gros prêts à
l'agriculture au Québec, contrairement à la situation qui
prévalait dans le passé où c'était la
société fédérale qui venait faire les prêts
importants.
M. Toupin: C'est possible. Evidemment, si...
M. Giasson: Dans ma région, il s'est
développé une spécialité en agriculture.
M. Toupin: Hypothétiquement, oui.
M. Giasson: Lorsque les agriculteurs ont pris leur expansion, ils
n'ont pas été capables d'obtenir de l'Office du crédit
agricole du Québec tous les crédits dont ils avaient besoin; ils
se sont tournés vers la société
générale.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: M. le Président, sur une question de
règlement. Est-ce qu'on s'engage immédiatement dans la discussion
ou si on permet au ministre de faire...
M. Toupin: Je préférerais que vous me donniez
encore quatre ou cinq minutes pour que je termine. Après, si vous avez
des questions à poser sur ce q ue je dis, il n'y a pas
d'inconvénients à y répondre.
Le Président (M. Lafrance):Tout ce que je souhaite, comme
président, c'est que tout le monde respecte cette entente. Allez-y, M.
le ministre.
M. Lessard: J'ai toujours respecté cette entente, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): II y a eu des inter- ventions
sans demander à la présidence le droit de parole. Alors, on
demanderait au ministre de continuer. Tout à l'heure on aura des
questions.
M. Lessard: Des précisions.
M. Giasson: J'ai posé ma question, M. le Président,
mais je vous avais demandé le droit de parole.
Le Président (M. Lafrance): Alors là, je ne vous
accorderai plus de questions ni de précisions tant que le ministre
n'aura pas fini. D'accord?
M. Lessard: Pour qu'on puisse intervenir, si le ministre nous
donne des chiffres, il faut quand même les prendre en note.
Le Président (M. Lafrance): II les répétera,
s'il le faut.
Des Voix: On les reprendra après.
M. Toupin: Je disais, M. le Président, qu'il yavait trois
caractéristiques principales: La première, c'est le montant des
prêts déboursés par rapport à l'année
précédente; la seconde, c'est la moyenne de prêts par ferme
par rapport à celle de l'année précédente, et la
troisième, ce sont les subventions versées pour
l'établissement. Je n'ai pas les chiffres de 1972/73, peut-être
que le président de l'office les aurait, mais je vais faire des
comparaisons pour 1973/74 et 1974/75. En 1973/74, l'office a
déboursé des subventions pour fins d'établissement
à 980 jeunes agriculteurs qui s'établissaient sur des fermes.
En 1974/75, on en avait déboursé I.I92. Donc, il y a une
augmentation de prêts pour plus de 200 nouveaux établissements par
rapport à l'année 1973/74, pour l'année 1974/75.
L'année 1972/73, si ma mémoire est fidèle, c'était
dans les 600 ou 700 déboursés qu'on avait faits. C'est cela, 647,
en 1972/73. Le total est de 8l5...à l'année 1973/74 par rapport
à 1974/75. Evidemment, c'est la troisième caractéristique.
Il y a eu en plus, au niveau de l'office, des efforts substantiels faits pour
améliorer l'administration. Quelques questions ont été
posées tantôt. Il arrivait très souvent, dans le
passé, que des prêts prenaient parfois six ou sept mois avant
d'être consentis aux producteurs agricoles.
L'office a commencé d'abord par la région de l'Abitibi
pour rétablir, dans cette région, des retards qui étaient
véritablement inacceptables. Le problème a été
réglé en I973, je pense, dans cette région. Par la suite,
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est devenue une autre
priorité. Cette année, c'est l'ensemble de la province où
des efforts substantiels ont été faits pour diminuer le
délai qui sépare la demande du prêt fait par un producteur
et...
M. Lessard: ...c'est pourcorriger, plutôt que de
rétablir.
M. Toupin: C'est pour corriger, rétablir une situation qui
était anormale, on peut l'appeler "corriger ". C'est pour
rétablir une situation qui était anormale, parce que cela prenait
six ou sept mois
avant qu'un prêt soit consenti. Il y avait plusieurs dizaines de
dossiers qui étaient accumulés. L'office est parvenu ainsi
à régler, dans ces régions, tout au moins, les
délais trop longs qui existaient entre la demande de prêts et le
déboursé de l'office.
M. le Président, en gros, c'est simplement ce que je voulais dire
ce matin, à la commission, c'est-à-dire lui signaler les
principales caractéristiques pour l'année 1974/75 par rapport
à l'année 1973/74. Il y a une chose qui, pour moi en tout cas,
est très positive, c'est le nombre de subventions à
l'établissement qui augmente d'année en année.
Même si plusieurs petits agriculteurs quittent l'agriculture, ces
statistiques dénotent que plusieurs jeunes rachètent une, deux ou
trois fermes, les consolident et font avec ces petites fermes des fermes
rentables. Ces entités rentables augmentent d'année en
année. D'ailleurs, ces subventions sont versées seulement quand
il y a preuve de rentabilité. Si la preuve de rentabilité n'est
pas faite, la subvention n'est pas versée. Je pense que c'est
essentiellement positif sur le plan du développement agricole au
Québec et, plus particulièrement, sur le plan du rajeunissement
des agriculteurs québécois. J'ai avec moi le président de
l'office, M. Moreau, auquel, également, des questions pourront
être adressées. M. Moreau pourra à ce moment parler en mon
nom pour les fins du journal des Débats.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
poser des questions pour le moment sur l'exposé général du
ministre, puisque le ministre a fait un tour d'horizon concernant l'ensemble du
programme 2. J'ai l'intention de fonctionner par élément,
d'abord, de discuter de la gestion interne et, après cela, du
crédit agricole. Je sais que le ministre a donné certains
chiffres, mais ce n'est pas à ce stade que je poserai des questions au
ministre. D'abord, au niveau de la gestion interne, j'aurais une question
concernant les délais. Le ministre nous a dit tout à l'heure
que...
Le Président (M. Lafrance): Si je comprends bien le
député de Saguenay, on s'engage dans l'élément
I.
M. Lessard: C'est cela. C'est toujours ce qu'on a
l'intention...
Le Président (M. Lafrance): D'accord.
M. Lessard: On fait une discussion générale
à I et, après cela, on descend les éléments.
Le Président (M. Lafrance): Oui, alors on tombe dans
l'élément I, parce qu'on les adoptera un par un par la suite.
M. Lessard: Ce serait cela, M. le Président. Je ne sais
pas si les autres membres de la commission sont prêts à accepter
ce...
M. Giasson: Quel principe?
M. Pelletier: Si on veut poser des questions au ministre au sujet
de ce qu'il vient de nous dire, ce serait peut-être important dans
l'ensemble de demander sur quoi il se base, par exemple sur les prêts
quand il parle de rentabilité.
M. Lessard: A crédit agricole, élément 2, on
va pouvoir faire toute cette discussion.
M. Giasson: A question interne; quand tu vas arriver à
l'élément 2, c'est le crédit agricole et toutes les
questions relatives à ce crédit agricole peuvent se poser
à l'élément 2.
Le Président (M. Lafrance): En fait, cela a
été seulement un exposé général de la part
du ministre. On reprend en détail tout le programme. Si vous avez des
question à poser sur le crédit agricole, ce sera à
l'élément 2. D'accord? On retient votre intervention et on vous
accordera le droit de parole tout à l'heure. Le député de
Saguenay sur l'élément I.
Gestion interne
M. Lessard: C'est normalement la façon, je pense, qu'on
utilise la discussion aux crédits.
D'abord sur les délais, cela concerne la gestion interne comme
telle. Le ministre nous a dit qu'on avait réduit considérablement
les délais, et l'an dernier c'est par rapport à l'an
dernier que je voudrais engager la discussion lors d'une discussion
à l'étude des crédits, le ministre nous avait
précisé que cela prenait environ entre six ou sept mois, en
moyenne, pour concrétiser un prêt. Le ministre ajoutait: Alors,
c'est trop long. Il faut absolument ramener cela à l'objectif que l'on
s'est fixé au ministère, c'est-à-dire, trois mois. Cela ne
devrait pas, en principe, dépasser trois mois.
Je comprends, M. le Président, que l'office ait pu faire des
efforts substantiels pour réduire les délais et que ces
délais puissent être, actuellement, ou étaient l'an
dernier, de six ou sept mois, si je prends la déclaration du ministre.
J'aimerais savoir, par rapport à cette année, c'est-à-dire
en relation avec l'an dernier, si les délais ont été
améliorés, en relation avec la déclaration que faisait le
ministre l'an dernier... la moyenne des prêts, cette année, ou,
quelle est la moyenne du temps qu'on prend pour verser le prêt.
M. Toupin: Quand je parlais, l'an dernier, de six ou sept mois,
je me référais aux années antérieures, aux
années I970/7I et 71/72. Je vous disais tantôt que c'est en I972
que l'office a commencé par une région en particulier, je pense,
qui était l'Abitibi-Témiscamingue où il y avait de
véritables problèmes de lenteur dans l'acceptation des
prêts.
L'office calcule cela en termes de jours. Prenons une année...
les années 1969/70, 70/71 et 71/72. Dans ces années, on calculait
entre 280 et 300 jours avant qu'un prêt ne soit déboursé
par l'office, c'est-à-dire le nombre de jours qui séparait la
demande du prêt à l'acceptation de l'office pour le
déboursé.
Actuellement, cela oscille entre l40 et I50 jours, en moyenne toujours,
parce qu'il y a des cas où c'est
plus rapide, d'autres où c'est plus long, ce qui signifie
à peu près trois mois et demi à quatre mois maximum
où un producteur peut, à ce moment, avoir accès à
son prêt, une fois sa demande faite. Alors, il y a eu une
amélioration substantielle de près de 40%, en termes de
pourcentage, par rapport aux années I970/7I et I97I/72.
M. Lessard: On pourrait estimer actuellement, d'après la
réponse du ministre, qu'en moyenne je comprends qu'il y a des
dossiers qui peuvent être plus longs, étant donné la
complexité de ces dossiers, et il y a des dossiers qui peuvent
être moins longs, étant donné la non-complexité de
ces dossiers mais si on accepte la parole du ministre, on peut dire que,
grosso modo, la période de trois mois est à peu près la
moyenne pour l'obtention des prêts.
M. Toupin: Entre trois mois et quatre mois, pour cette
année. L'an prochain, peut-être qu'on pourra avoir une autre
idée, parce que l'office continue à améliorer tout son
système administratif. Pour le moment, je pense qu'on peut compter entre
trois mois et quatre mois, en moyenne, pour l'obtention de son prêt.
M. Giasson: Mais, dans l'avenir, pour épargner du temps,
dans le cas de demandes de prêt assez précises, lorsqu'une demande
est placée assez tard à l'automne, vous n'êtes pas capable
d'éviter un long délai. Vous attendez toujours pour l'inspection
que la fonte des neiges se soit produite au printemps.
M. Toupin: C'est-à-dire qu'il faut pondérer, je
pense, cette dimension dans le sens suivant: tout dépend de la
période à laquelle un prêt a déjà
été consenti sur la ferme. Si nous avons une bonne connaissance
de la ferme, du sol, de la texture du sol, il se peut que nous
procédions quand même à une évaluation qui soit
valable. Si cela fait trop longtemps, qu'on a déjà consenti un
prêt à cette place, c'est plus difficile à ce moment
d'apporter une appréciation valable. Disons que c'est moins
catégorique que cela ne l'a déjà été.
Pendant de nombreuses années, c'était pratiquement
impossible de songer, pendant la période d'hiver, à certaines
évaluations et on réalise, depuis quelques années, qu'il y
a beaucoup de dossiers, notamment chez les producteurs sans sol, chez qui on
peut quand même procéder à l'étude du dossier de
crédit, ce qui réduit sensiblement le nombre de demandes
auxquelles on ne peut donner suite pendant la période d'hiver.
Il demeure tout de même que, si l'agriculteur fait sa demande en
décembre, dans certains cas, comme vous le mentionnez, il est bien
sûr qu'il est impossible de procéder à l'évaluation,
de telle sorte que cela entraîne des délais et cela baisse notre
moyenne parce que, lorsqu'on parle de trois mois à quatre mois, c'est
une moyenne.
Des dossiers ont été traités dans une
période moins longue que celle-là. Je n'ai pas
vérifié récemment, mais l'année dernière on
a même eu des cas où la semaine suivant la demande, notre agronome
évaluateur, notre conseiller en crédit, est passé à
la ferme pour procéder à l'évaluation. C'était
pendant la période d'été et, à ce moment-là,
cela allait rondement. Comme je vous le disais, on parle d'une moyenne et je
pense qu'on a pratiquement réduit les délais de moitié
jusqu'à maintenant. On espère continuer nos efforts dans ce sens
pour les réduire encore, si c'est possible, à deux mois et demi,
trois mois.
M. Giasson: Lorsqu'il s'agit d'une consolidation d'un prêt
existant ou d'un refinancement, il ne doit pas être absolument requis de
refaire une inspection de la ferme.
M. Toupin: C'est précisément le cas auquel je
faisais allusion. En d'autres termes, dans ces cas où il y a
déjà eu une évaluation, si c'est relativement
récent et qu'il n'y a pas de changement majeur, il se peut qu'on
procède à un prêt de conversion, sans nécessairement
exiger une évaluation aussi exhaustive que dans le premier cas. Tout
dépend, évidemment, de la rotation des cultures. Cela peut
dépendre d'un tas de facteurs. Mais comme je vous le mentionnais, il y a
un beaucoup de cas comme ceux auxquels je me référais, ceux des
producteurs sans sol, où c'est relativement facile de procéder
à ce moment-là. Pour la majeure partie, l'évaluation se
réfère à des bâtiments. C'est plus facile.
M. Giasson: On a senti, qu'il y avait une amélioration
très appréciable dans la rapidité de la réponse
qu'on donne aux demandes placées par les agriculteurs. Les cas où
nous avons des remarques, c'est lorsqu'un agriculteur place une demande assez
tard à l'automne. Les gens nous appellent. On tente de leur expliquer
que ce n'est pas possible, l'hiver, qu'il n'y a pas d'inspection de ferme tant
que les champs sont recouverts de neige. Mais les gens reviennent à la
charge. Ce sont surtout ces cas où on a des demandes
répétées venant d'agriculteurs.
M. Toupin: On a discuté à quelques reprises au
ministère avec l'office. Le problème que cela pose est toujours
celui de connaître véritablement la ferme sur laquelle on a
à consentir des prêts. Quand c'est un prêt de $8,000 ou
$10,000, c'est moins problématique. Quand vous arrivez avec des demandes
de $40,000, $35,000 ou $30,000, cela nécessite vraiment qu'on aille en
profondeur dans les examens des biens et du sol sur lesquels doit être
consenti un prêt hypothécaire. Mais, comme le président de
l'office le disait tantôt, il y a un certain nombre d'inspections qui se
font maintenant l'hiver quand il s'agit surtout de conversion, quand un gars a
déjà un prêt de $8,000 ou $10,000 et qu'il veut l'augmenter
à $25,000 ou $28,000 et que ce prêt a déjà
été consenti il y a quatre, cinq ou six ans. L'office a encore
entre les mains les dossiers de prêts, si on peut s'exprimer ainsi, et
peut, par conséquent, seulement faire l'examen des bâtisses,
l'examen de l'équipement agricole, l'examen du bétail et ainsi
consentir rapidement un prêt. Cela ne peut pas se faire, je pense, dans
tous les cas, quoique on ait discuté de cette
possibilité de faire des inspections l'hiver. Mais dans
l'ensemble ce n'est pas facile.
M. Massicotte: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
poser la question à ce moment-ci? Avez-vous tout le personnel
qualifié et requis pour accomplir le travail et satisfaire aux
demandes?
M. Toupin: Nous avons un certain nombre de postes vacants. Le
recrutement au cours de l'exercice qui vient de se terminer est relativement
difficile. Nous avons tenu trois ou quatre concours, si je ne m'abuse, et nous
avons pu en recruter un certain nombre, mais, malheureusement, pas à
notre satisfaction. Nous avons encore certains postes vacants.
Il demeure toutefois que nous faisons des efforts pour faire en sorte
que, pour les régions qui pourraient être affectées par des
vacances, on essaie de tempérer cette lacune par des équipes
volantes que nous envoyons pour faire le travail et pour traiter les dossiers,
quand même.
C'est la façon que nous avons adoptée depuis deux ans,
pour contourner ces difficultés. Lorsqu'une région est
relativement à jour, nous suggérons au bureau régional de
prêter quelques-uns de ses hommes pour les envoyer quinze jours ou trois
semaines dans une autre région. On peut ainsi, suivant le principe des
vases communicants, garder toutes les régions ou traiter tous les
dossiers dans un délai relativement raisonnable.
M. Lessard: Est-ce que vous avez, au cours de l'an dernier par
exemple, eu beaucoup de démissions à l'intérieur de
l'office et est-ce qu'on vous a indiqué des raisons pour ces
démissions?
M. Toupin: Des démissions d'employés...
M. Lessard: D'employés à l'office. On m'informe,
par exemple...
M. Toupin: Tout employé.
M. Lessard: Oui. On m'informe, par exemple, que le
fédéral vient chercher des employés à l'office du
crédit. Il y aurait des démissions assez importantes en
faveur...
M. Toupin: C'est vice versa. Je sais que le président de
l'office m'a parlé à quelques reprises à moins
qu'il ait des statistiques en main d'un certain nombre de
difficultés que nous avons au Québec à garder des
techniciens agricoles. C'est parce que leur classification ne permet pas
à l'office de leur donner un salaire équivalent à ce que,
par exemple, pourrait leur donner l'industrie privée. Il arrive
très souvent, même au ministère, que des techniciens,
après avoirtravaillé un an oudeux, vont trouver à
l'extérieur $1,500 ou $2,000 de plus, soit dans l'industrie
privée soit au gouvernement fédéral, surtout dans le cadre
de l'office. Par ailleurs, il arrive que, quand le gars a acquis assez
d'expérience à l'extérieur, il peut entrer à
l'intérieur de la Fonction publique du Québec et à cause
du niveau qu'il peut atteindre, son salaire deviendra l'équivalent ou
être un peu plus élevé que ce qu'il obtenait à
l'extérieur. Mais il arrive très souvent, autant au
ministère qu'à l'office, que des techniciens, notamment des
technologistes, quittent le ministère pour s'orienter vers d'autres
activités. Mais il n'y a pas eu de démissions en bloc.
M. Lessard: Ce n'est pas dans ce sens que je pose la question,
c'est dans le sens qu'explique le ministre. En fait, les salaires versés
à l'Office du crédit agricole du Québec sont comparables
à ceux qui sont versés au fédéral.
M. Toupin: Les années d'expérience comptent; il y a
peut-être au début de leur carrière, un petit
décalage, mais je pense qu'après un certain nombre
d'années, c'est pas mal l'équivalent. Au niveau de l'embauche, il
se peut qu'à certains moments, ce soit plus alléchant, mais,
somme toute, le phénomène que vous pouvez expliquer de cette
façon agit dans les deux sens; nous avons, dans notre équipe, des
experts que nous avons recrutés à la Société d u
crédit agricole; ce sont d'excellents candidats et ça joue dans
les deux sens.
Maintenant, nous avons perdu aussi du personnel et ça s'explique
à cause de l'envergure de l'organisme dans lequel nous oeuvrons. Etant
donné qu'il s'agit d'un organisme relativement restreint, le nombre des
cadres est plus limité de sorte que les avancements sont limités
également. Il est arrivé encore tout récemment qu'une
dizaine ou une douzaine de secrétaires ont postulé un emploi
ailleurs après avoir passé un concours général dans
la fonction publique. On ne peut pas empêcher leur promotion; souvent
même, elles viennent nous voir, c'est à regret qu'elles quittent
l'office, mais je pense qu'il y va de leur carrière et il faut les
encourager, même d'une certaine façon, pour autant que leurs
carrières sont concernées.
M. Lessard: Au niveau des secrétaires, ça ne pose
pas le problème comme tel, quoique ce soit important d'avoir
d'excellentes secrétaires, très compétentes, mais je pense
que la compétence concernant les prêts se situe plus
particulièrement au niveau des personnes qui sont des professionnels
dans cet organisme. Est-ce que votre système, votre "turnover" ou la
rotation de vos employés c'est plus ou moins fort ou si c'est assez
stable à l'intérieur de l'office?
M. Toupin: II y a un phénomène qui est
peut-être particulier au niveau des cadres, c'est passablement
stable à l'office, c'est que c'était un organisme qui
adébuté en 1936 et qui comptait parmi ses membres un bon nombre
de personnes de carrière qui ont également pris leur retraite ou
leur préretraite et qu'il a fallu remplacer. Il y en avait une sorte...
c'était normal, remarquez bien...
M. Lessard: Cela est partout pareil, dans tous les
ministères.
M. Toupin: Dans un organisme relativement
restreint, cela paraît davantage, disons, à ce
moment-là, le nombre de retraités. Chez nous cela s'est maintenu,
il y avait une sorte de vieillissement de la population qui travaillait chez
nous. Je pense que c'était normal, mais c'était assez massif,
comparativement à l'envergure de l'organisme.
M. Lessard: L'an dernier, le ministre soulignait, dans le cas des
délais assez longs par rapport aux années antérieures, la
possibilité de corriger ces délais par l'établissement de
bureaux régionaux, l'utilisation des bureaux d'enregistrement. Est-ce
qu'on a formé ces bureaux régionaux? Est-ce qu'on a permis aux
bureaux régionaux de faire de la révision des dossiers? Autrement
dit, est-ce qu'on a déconcentré l'office vers les
régions?
M. Toupin: Evidemment, cela fait longtemps que c'est
déconcentré. La seule chose qu'a faite l'office, c'est qu'elle a
consolidé, si on peut appeler cela comme cela, sa
déconcentration. Le problème que cela posait, dans certaines
régions, notamment des régions plus éloignées,
c'est que le personnel requis n'était pas assez nombreux. Le
président expliquait tantôt ce qu'il a appelé l'action des
vases communiquants, il arrive que certaines régions vont prêter
du personnel pour quelques semaines dans certaines autres régions
où il y a un manque de personnel, où les demandes affluent en
plus grand nombre que d'habitude. Il arrive aussi, pour certaines sections de
la loi, que les fonctionnaires du ministère en collaboration avec ceux
de l'office, travaillent ensemble sur des dossiers à caractère
plus urgent, de telle sorte que les rapports entrent plus rapidement et ainsi
accélèrent la marche d u dossier.
M. Lessard: Est-ce que tous les dossiers sont concentrés
au niveau de l'office dont le siège social est ici à
Québec ou si les dossiers peuvent passer... Il aurait peut-être
été mieux d'utiliser le terme "décentralisé"
plutôt que "déconcentré", parce que
"déconcentré", cela ne donne pas de pouvoir aux fonctionnaires au
niveau des régions alors que la décentralisation en donne.
M. Toupin: C'est décentralisé. C'est le
gestionnaire régional qui fait la recommandation, qui dit si le
prêt est aceptable ou non. L'office, évidemment, se
réserve, bien sûr, la révision de cette décision,
mais la recommandation première vient de la régie.
M. Lessard: Au niveau de la gestion interne, j'aurais une
dernière question qui, pour leprésident de l'office,
m'apparaît assez délicate, mais que je dois poser. D'abord, pour
permettre au président, si c'est le cas, de pouvoir donner des
explications, ou si ce n'est pas le cas, de pouvoir nier et aussi au nom de
l'utilisation des deniers publics.
Vous savez, M. le président, que vous auriez fait un bel homme de
l'année et qu'il y a eu une publicité, c'est-à-dire
je dis toute une publicité, c'est très relatif en date du
13 février, le journal Le Soleil soulignait le fait ou posait des
questions, où on disait, en particulier: Serait-il exact que la machine
à photocopier de l'office ait servi à expédier 40,000
lettres dont 20,000 de Québec à l'équipe de Mme Lise
payette qui patronne le concours? Justement, cela concernait le fait que M.
Moreau, par l'intermédiaire de ses fonctionnaires, aurait
été un candidat au concours du plus bel homme de l'année.
Comme on le dit, 40,000 lettres auraient été envoyées.
Le journaliste laissait entendre qu'il s'agissait de photocopies de
lettres qui auraient été faites sur les machines du
ministère. On soulignait même, on déterminait un
numéro de machine, en fait le numéro du compteur de la
machine.
Je sais, M. Moreau, que vous avez nié cela en disant que
l'expédition postale de cette initiative revenait au club social de
l'office. Je suis très heureux que vos employés aient autant
d'amitié pour le président de l'office, semble-t-il, et lui
accordent autant de collaboration.
Par ailleurs, on sait que ces lettres auraient été
refusées au concours, puisque l'on dit, à l'intérieur des
règlements du concours, qu'on écarte les candidats
présentés à l'aide de moyens tels que photocopieuses,
machines à timbrer, etc., qui sont des moyens inaccessibles à la
majorité.
Je n'ai pas l'intention d'engager une discussion très longue sur
cela, mais, pour le bon crédit de l'office ainsi que pour
vous-même, il serait peut-être bon de donner des explications
à ce sujet.
M. Toupin: M. le Président, avant que le président
de l'office puisse donner la réponse à la question posée,
j'aimerais seulement faire un petit commentaire. Ce qui a été
avancé dans les journaux m'a incité à demander à
l'office ce qui se passait à ce sujet. Le président m'a fait
parvenir une copie de la lettre que je pourrai déposer ici, si les
membres de la commission sont d'accord nous, nous le sommes, en tout cas
une lettre adressée au Soleil, à M. Paul Audet,
président, qui explique clairement la situation relativement à la
question posée par le député de Saguenay. Cette lettre
affirme catégoriquement qu'il n'y eut aucun cent de
déboursé par l'office dans cette expérience relatée
par le député de Saguenay et que la machine à photostater
dont on parle appartenait à une industrie privée. C'est
l'équipe qui s'est occupée de cette expérience qui a
utilisé cette machine au nom de l'équipe et non pas au nom de
l'office.
M. le Président, je suis prêt à déposer cette
lettre pour le bénéfice des membres de la commission. Si le
président veut ajouter ses commentaires, je n'y vois pas
d'inconvénient.
M. le Président, je suis un peu dans l'embarras de
répondre à une telle question, parce que je suis personnellement
concerné, bien sûr. Mais je pense que, en tant que
président de l'office et vu que l'office est attaqué, j'ai le
droit d'apporter certaines précisions. D'abord, l'initiative a
été prise en mon absence. Je l'ai appris trois jours après
qu'elle fut lancée. Elle a été prise, comme vous l'avez
mentionné, par le club social de l'office. Cela faisait quelques
années que je me faisais taquiner dans ce sens, mais,
jusque-là...
M. Lessard: La beauté a ses déboires.
M. Toupin: Non, ce n'est pas dans ce sens. Je ne
crois pas que ce soit un concours de beauté. En passant, elle a
aussi ses droits.
Mais je l'ai pris, personnellement, comme une farce, une bonne blague.
Cela a été dans l'équipe, au niveau des
sécrétai res et au niveau du personnel, un moyen pour eux
peut-être de se solidariser davantage, de fraterniser sur un point,
remarquez, qui peut être anodin en soi, mais, du point de vue social, je
ne pense pas. L'important, ce sont les conditions, lorsque j'ai appris que
l'initiative avait été prise. L'important, c'est que j'ai fait
venir les initiateurs du projet. Je me suis assuré que cela ne se
faisait pas sur le temps de l'office. Je ne pouvais absolument pas
tolérer que cela se fasse sur le temps de l'office et,
deuxièmement, cela ne pouvait pas se faire aux frais de l'office.
J'ai la preuve, j'ai toutes les preuves. Si vous êtes
intéressés à avoir les comptes, j'ai tout ce qu'il faut
pour vous montrer que cela n'a pas coûté un cent à l'Office
du crédit agricole ni au gouvernement du Québec.
Quant aux règles du concours, à ce moment, je n'ai pas
à juger les règles que peut avoir Radio-Canada. Ce qui est
arrivé, c'est que ces règles ont été
publiées. Les membres du club social qui en ont pris l'initiative se
sont conformés aux règles. Ce n'est pas à moi d'aller
arbitrer ou à juger à l'intérieur de la boîte de
Radio-Canada les critères pour apprécier l'avalanche des lettres
ou le bien-fondé du concours; tout ce que je peux vous dire, c'est que
je puis vous assurer que cette initiative n'a pas coûté une cent
au gouvernement du Québec.
M. Lessard: M. le Président, je pense que c'est la
réponse qui est importante. Je me fie à la déclaration du
ministre, ainsi qu'à la déclaration du président. Nous
aurons d'ailleurs le document qui a été envoyé au journal
Le Soleil et qui semble avoir été rapporté assez
tôt, en tout cas. Maintenant, on ne vous nie pas la possibilité ou
on ne nie pas à vos secrétaires ou à vos employés
la possibilité d'être candidats au concours du plus bel homme de
l'année. J'ai été candidat, mais il y a seulement ma femme
qui a voté pour moi, alors cela a réglé le
problème. Ceci étant discuté...
M. Toupln: Si elle a voté pour toi, c'est parce qu'elle
n'avait pas encore vu Camille...
M. Lessard: C'est probablement cela. Cela démontre qu'elle
n'est pas encore trop découragée.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson:Toujours à la régie interne, au point de
vue de l'organisation de travail dans le champ, j'imagine qu'à l'office
vous avez un responsable par région et il y a différentes
régions au Québec. Pour se qualifier à un poste de
responsable pour l'Office du crédit agricole dans une région
donnée, est-ce qu'il est absolument requis qu'on doit être
agronome ou s'il faut être d'abord un administrateur? Quels sont les
prérequis pour se qualifier à cette fonction?
M. Toupln: Evidemment, étant donné qu'il s'agit
d'un travail assez proche de l'agronomie, de la ges- tion de ferme,
étant donné également que c'est un travail assez proche de
la fonction de l'évaluation, si on peut s'exprimer ainsi, à venir
jusqu'à maintenant, ce sont surtout des agronomes qui se sont
qualifiés au concours ouvert pour assumer ces différents postes.
Les exigences posées je n'ai pas devant moi les copies de
concours ne ferment pas, nécessairement, la porte à
d'autres professions que la profession d'agronome. Elles sont plus proches de
la profession d'agronome que des autres professions. Les critères...
M. Giasson: Est-ce que vous verriez, par exemple, un technicien
agricole capable pour autant que le gars a prouvé ses
qualifications de prendre charge d'un territoire, la
responsabilité d'un territoire aussi bien qu'un agronome?
M. Toupin: Oui, il y a des techniciens qui sont adjoints,
évidemment, aux agronomes ou responsables régionaux.
Présentement, je ne crois pas qu'il y ait de techniciens qui soient
responsables d'une région, mais il n'y a rien actuellement qui puisse
empêcher un technicien avec l'expérience acquise. Le
problème qu'on rencontre, c'est celui dont je vous parlais tantôt.
C'est que, selon la formation scolaire que nous avons, selon les années
d'expérience que nous avons et qui peuvent compenser pour les
années académiques qui manquent, les agronomes, par
conséquent, sont mieux placés pour atteindre ces postes que des
techniciens, pour deux raisons. Premièrement, les agronomes sont dans la
profession depuis beaucoup plus d'années que les techniciens agricoles.
Deuxièmement, les techniciens agricoles ont moins d'années de
scolarité que les agronomes. Alors, les deux joints en même temps,
cela prend plus de temps pour un technicien d'atteindre les années
d'expérience équivalentes pour combler l'absence d'années
de scolarité et ainsi répondre aux critères de base
exigés par le concours. Peut-être qu'au cours des prochaines
années, les techniciens pourront avoir accès, à cause de
leur expérience, au moins, sinon à l'acceptation par un jury,
à une candidature possible à ce poste.
M. Giasson: Je crois savoir que la Société du
crédit agricole fédéral aurait à sa disposition les
services de responsables qui ne seraient pas nécessairement agronomes,
mais qui seraient de bons techniciens agricoles.
M. Toupin : C'est possible. Je ne sais pas si, pour la
région du Québec, le responsable est un agronome. Dans chacune
des régions, le rôle que joue le technicien au niveau
fédéral est le même que joue le technicien au provincial,
c'est-à-dire faire les évaluations, travail 1er sur les dossiers,
faire préparer les suggestions, préparer les propositions et le
responsable régional, par la suite, accepte ou refuse. Mais la question
que vous posez, je pense que c'est au niveau du premier responsable d'une
région. Je ne crois pas qu'il y ait de technicien qui soit
présentement premier responsable d'une région, mais, comme je
vous expliquais tantôt, il y a des techni-
ciens présentement qui sont à l'emploi de l'office, qui
accumulent des années d'expérience, ajoutées aux
années de scolarité, qui pourront avec le temps acquérir
les années requises pour se porter candidats.
Il y aura toujours conflit, je ne dirai pas conflit ouvert et conflit
aigu, mais toujours conflit entre les professions. Cela ne se pose pas
seulement au niveau des techniciens agricoles par rapport aux agronomes. Cela
se pose aussi au niveau des techniciens forestiers par rapport aux
ingénieurs forestiers, etc. Il y a toujours des problèmes qui se
discutent entre ces deux professions, à savoir jusqu'où le
technicien doit aller dans la fonction d'agronome au niveau des
décisions fondamentales à prendre. Lorsque nous avons
discuté, au niveau du code des professions, notamment la Loi sur la
corporation des agronomes, il a effectivement été question, dans
la définition de la fonction d'agronome, de ne pas trop fermer cette
définition pour, précisément, donner l'occasion à
d'autres qui n'ont pas encore atteint la profession d'agronome, mais qui ont
des formations techniques de base leur permettant de faire un certain nombre de
travaux... nous en avons discuté à ce moment, et je pense que la
définition donne, grosso modo, accès à certains postes
agronomiques à des techniciens; jusqu'où? Cela va toujours
demeurer un peu conflictuel.
M. Lessard: M. le Président, à ce titre, je sais
qu'on pourrait me répondre que c'est plutôt peut-être
à un autre programme, mais je pense que, étant donné que
les bureaux régionaux ont une responsabilité au niveau du
crédit agricole, il est bon qu'on en discute peut-être
brièvement.
Il y a, actuellement, dans les régions, je pourrais dire, des
employés du ministère de l'Agriculture qui font ce travail depuis
très longtemps. Il s'agit, plus particulièrement, à un
moment donné, de ce qu'on appelait auparavant les agents de
colonisation. J'ai, en exemple, un individu qui travaille pour le
ministère depuis 31 ans, je pense, et qui gagne $6,000 par année.
Aujourd'hui, ces personnes sont remplacées par des techniciens
agricoles, qui ont des salaires, naturellement, supérieurs à ceux
des agents de colonisation. Mais je pense que c'est absolument
décourageant pour un ancien employé du ministère qui a,
dans le domaine agricole, une expérience très forte et qui est
payé à des salaires aussi ridicules. Dans la région du
Lac-Saint-Jean, du Saguenay, on a fait certaines corrections,
c'est-à-dire que les agents de colonisation, d'après des
informations que je possède, ont été reclassifiés;
on leur reconnaît une certaine expérience et on les paierait au
niveau des techniciens agricoles comme tels.
J'ai ce cas, moi; peut-être y en a-t-il d'autres, certainement,
dans tout le Québec. Mais il me semble qu'on devrait se pencher
sérieusement sur le problème et essayer de reconnaître
à ces gens une certaine expérience qui leur accorderait un
salaire qui soit satisfaisant. Parce que, quand je vois un employé du
gouvernement, qui a donné de son temps et de son travail pendant une
période de 31 ans, et qui est encore payé $6,000, cela me
décourage, M. le Président. Moi, cela me décourage, mais
ce n'est pas grave, dans le sens que c'est le pauvre gars qui est poigné
avec cela; quand on dit un salaire, une fois que tout est enlevé,
inférieur à $100 par semaine, après 31 ans de service au
ministère, ce n'est pas comme cela qu'on va avoir des hommes
compétents. Je comprends que ces gens sont rendus à un âge
c'est pour cela peut-être que le ministère trouve que c'est
moins urgent de se penchef sur l'étude de ce dossier où
ils ne peuvent pas changer de travail. Quand tu es rend u à 50 ou 55
ans, il te reste encore cinq ans pour travailler au ministère pour avoir
ta pension, tu n'es pas, du jour au lendemain, pour changer ton travail et t'en
aller ailleurs. Il reste que, pour ces personnes, c'est un problème.
M. Toupin: Cela ne se pose pas au niveau de l'office, puisque
l'office n'a pas de ces employés...
M. Lessard: D'accord!
M. Toupin:... mais au niveau du ministère, cela se pose.
Vous avez soulevé le problème, d'ailleurs, à la
dernière séance, si ma mémoire est fidèle.
M. Lessard: Je l'ai soulevé après la
discussion.
M. Toupin: Le vrai problème, on pourrait peut-être y
revenir lorsqu'on reprendra l'étude des crédits du
ministère comme tels, mais le vrai problème, c'est toujours celui
d'un certain nombre de critères établis par la fonction publique,
négociés à l'intérieur des conventions collectives,
qui, très souvent, nous empêchent de donner à ces
employés l'échelle de salaires à laquelle ils auraient
droit en vertu des années d'expérience qu'ils ont à
l'emploi du gouvernement.
La plupart de ces gens je ne sais pas combien on en a au
ministère, peut-être une quinzaine sont des anciens agents
de colonisation q ui ont acquis leur sécurité d'emploi en 1960,
1961, au moment où on a changé la Commission du service civil par
la Commission de la fonction publiq ue et au moment aussi où on a
introduit, comme politique, au gouvernement, la sécurité
d'emploi, et on s'est trouvé avec plusieurs cas.
J'ai personnellement réglé quelques-uns de ces cas
après en avoir discuté avec les différents comités,
syndicaux ou autres, pour régulariser la situation, mais je n'ai
personnellement obtenu satisfaction sur aucun de ces dossiers et le
ministère de l'Agriculture n'est pas le seul ministère à
avoir ces problèmes. Le ministère des Terres et Forêts a un
problème similaire.
M. Lessard: II est pas mal réglé.
M. Toupin: Peut-être ont-ils trouvé le moyen. Si on
trouve le moyen au ministère des Terres et Forêts, on va le
trouver chez nous aussi, et je pense que le ministère de la Voirie a
certains problèmes aussi là-dessus, etc. C'est sans doute un
dossier qui devrait mériter plus d'attention et, personnellement, avec
ce qu'on peut faire dans un ministère, je suis très favorable
à ce qu'on trouve à ces gens une
classification qui corresponde davantage à leurs années
d'expérience.
M. Lessard: Je n'ai pas l'intention d'en discuter de façon
exhaustive.
M. Toupin: On pourra y revenir.
M. Lessard: Oui. Je sais que le ministère des Terres et
Forêts a eu le même problème, mais j'ai eu l'occasion d'y
travailler et on est en train de le régler. Il y a eu une modification
de la classification. De toute façon, on pourra y revenir. Je suis
prêt à adopter l'élément 1.
Le Président (M. Lafrance): Elément 1 : Gestion
interne et soutien. Adopté. Elément 2: Crédit
agricole.
Crédit agricole
M. Lessard: Au niveau du crédit agricole, le ministre nous
donnait un certain nombre de chiffres concernant les montants qui ont
été accordés cette année par rapport à ceux
de 1973/74. J'ai les chiffres de 1974/75, mais je voudrais, pour fins de
comparaison, utiliser plus particulièrement les chiffres de 1973/74
puisque le ministre nous a donné aujourd'hui les chiffres de 1974/75,
mais je voudrais faire une comparaison avec le crédit agricole
fédéral pour voir de quelle façon cela se coordonne.
Je sais que nous aurons à étudier prochainement une loi,
augmentant les maximums des prêts de $40,000, pour un particulier,
à $100,000 et de $60,000, pour une corporation, à $200,000. Mais
je sais, par ailleurs, qu'au niveau du fédéral aussi, il y a une
loi qui est en préparation pour modifier...
Voici les comparaisons: Le Québec, en 1973/74, a accordé
$46,654,350 sous forme de prêts. Ottawa: Somme totale des prêts,
1973/74: $75 millions. Donc, les prêts sont beaucoup plus
élevés en provenance du gouvernement d'Ottawa que ceux en
provenance du gouvernement du Québec. Oui?
M. Toupin: II y a seulement une distinction que je voudrais
faire. Si vous voulez faire une comparaison qui soit valable, il faudrait que
vous preniez les $60 millions de prêts déboursés par
rapport au fédéral.
M. Lessard: On en parlera des prêts déboursés
parce que cela devient difficile de faire des relations parce que vous me
parlez de 1974/75: 2,506 prêts déboursés, mais c'est en
relation, comme vous dites, avec un certain retard.
M. Toupin: Oui, mais...
M. Lessard: Je me fie aux chiffres qui me sont donnés par
l'office.
M. Toupin: Oui. Il faut dire ceci: Au cours d'une année
prenons une année de calendrier il peut y avoir tant de
demandes de faites...
M. Lessard: Oui.
M. Toupin:... mais il peut y avoir plus de prêts consentis
que de demandes faites, à cause des demandes de l'année
antérieure qui sont arrivées à la fin de l'année et
qui n'ont pu être traitées dans cette même année.
Elles ont été consenties l'année suivante et la demande de
prêt n'apparaît pas l'année suivante.
Ce qui est important pour l'office, c'est d'avoir deux statistiques. La
première: Au cours d'une année, combien y a-t-il eu de demandes
de prêts et, au cours de cette même année, combien y a-t-il
eu de déboursés de prêts par rapport aux demandes faites
l'année précédente et au cours de la même
année? Et, effectivement, l'office a déboursé $60
millions, si vous voulez comparer...
M. Lessard: Je suis d'accord, mais c'est que...
M. Toupin: ... parce que les $46 millions ne se comparent pas au
fédéral. Ce sont les $60 millions qui se comparent au
fédéral.
M. Lessard: Je suis d'accord, mais si on parle de sommes totales
des prêts de 1973/74, $46 millions et que, tout à coup on dit:
Montant déboursé, $60 millions, c'est parce qu'en 1972/73 il y a
eu un retard des versements.
M. Toupin: II y en a eu en 1971/72, il y en a eu en 1969/70 et il
y en a eu en 1967/68. C'est normal.
M. Lessard: Mais la somme totale des prêts de 1973/74 n'a
pas été de $46 millions.
M. Toupin: C'est-à-dire que les demandes faites par les
producteurs et acceptées par l'office au cours de cette même
année ont été de $46 millions en 1973/74. En 1974/75, ils
ont été de $49 millions, presque $50 millions. Ce sont les
demandes. Mais lorsque l'office a pris ces demandes pour une partie d'entre
elles et les demandes de l'année antérieure qu'il n'a pas pu
satisfaire au cours de cette même année parce que le demande a
été faite au 1 er avril et que l'année financière
se terminait le 30, il n'a pas pu, au cours d'un mois, débourser ce
prêt. Il l'a déboursé par conséquent l'année
suivante. C'est donc dire que, quand nous prenons les deux années
et c'est régulier chaque année il y a eu 2,506 producteurs
cette année qui ont touché de l'argent neuf sorti par l'office.
C'est cela que cela veut dire. Cette somme est de $60 millions.
M. Giasson: Autrement dit, M. le ministre, sur les $40 millions
de demandes, à la fin de l'année financière de l'office,
il restait combien à combler?
M. Toupin: L'an prochain, lorsqu'on vous donnera les
statistiques, on vous le dira.
M. Giasson: Vous ne les avez pas?
M. Toupin: A la fin de l'année, il y avait $49 millions de
demandes et il restait combien à verser là-dessus?
M. Lessard: C'est cela.
M. Toupin: En fait, la différence...
C'est difficile. Il y a un chevauchement d'une année à
l'autre. Mais, M. le Président, les chiffres de $60,906,000 au niveau
des déboursés sont la meilleure preuve de
l'accélération et de l'amélioration des rouages
administratifs auxquelles on faisait allusion tout à l'heure.
Après $35 millions.
En d'autres termes, en plus d'accélérer le tempo au niveau
des demandes traitées au cours de l'année, nous avons
également traité des demandes qui chevauchaient sur
l'année antérieure. Si vous comparez les déboursés
du dernier exercice avec les déboursés de l'exercice
antérieur, soit 1974/75 par rapport à 1973/74, vous avez une
augmentation de 70%. Cela vient corroborer les efforts au niveau des rouages
administratifs dont je vous parlais tout à l'heure. Si vous comparez
cela maintenant avec le fédéral, M. le Président,
j'aimerais ajouter ceci. C'est précisément une raison pour
laquelle, je pense bien, le bill 2 a été déposé
devant l'Assemblée nationale, il y a un décalage
considérable au niveau du maximum des prêts
présentement.
M. Lessard: Le fédéral le corrige aussi.
M. Toupin: II le corrige, c'est-à-dire que si vous
remarquez le projet du fédéral, il va à $150,000 seulement
dans les cas d'établissement du jeune de 18 à 35 ans et suivant
certaines normes. Son maximum demeure tel quel, à $100,000, pour les
autres cas. Ce qui veut dire que la demande au niveau des prêts assez
considérables était dirigée vers le fédéral.
Cela peut expliquer que leur nombre en est plus restreint, mais le montant
qu'il prête est plus considérable, plus substantiel.
M. Lessard: Je reviens encore, parce qu'il faut quand même
s'entendre quelque part. Si vous avez un déboursé cette
année de $60,900,000 par rapport à la demande qui était de
$50 millions, c'est parce que, cette année, vous avez
déboursé $10 millions de plus sur un montant qui vous avait
été demandé par rapport à 1973/74.
C'est-à-dire que, sans tenir compte de l'année antérieure,
1972/73, vous avez eu, en 1973/74, des demandes pour $46 millions. En 1974/75,
vous avez eu des demandes pour $50 millions, vous avez déboursé
$10,900,000 de plus, c'est parce que, justement, vous n'aviez pas rempli les
demandes de 1973/74. Vous n'aviez pas pu terminer tous les dossiers, donc, en
déboursés, en 1973/74, cela peut être inférieur au
montant des demandes, de $10 millions, soit $36,654,000.
M. Toupin: Prenons les chiffres.
M. Giasson: Oui et non. Si vous aviez du rattrapage à
faire l'année précédente, vous pouviez débourser
autant d'argent en 1973/74 que les demandes formulées.
M. Lessard: Sur le total des prêts, on va arriver
exactement à la même chose, c'est-à-dire que ce sont des
retards; mais si on prend les chiffres que nous donne l'Office du crédit
agricole, à savoir 1971, tant de millions de dollars de demandes; en
1972, tant de millions de dollars de demandes; 1973/74, tant de millions de
dollars; si on accumule ces chiffres, on va arriver au total des
déboursés, de toute façon. La seule chose, c'est qu'il y a
un retard annuel.
M. Giasson: C'est l'accélération de vos
opérations qui a fait qu'une année, vous avez un montant de
prêts déboursé nettement supérieur aux demandes.
M. Toupin: Exact.
M. Giasson: Dorénavant, j'imagine qu'on va retrouver un
équilibre, à moins q ue le tempo de
l'accélération...
M. Toupin: Cela se reflète aussi au niveau du nombre
d'agriculteurs, parce qu'il y en a 2,506 qui ont été
traités pour fins de déboursés par rapport à 1,741
l'année précédente. Cela se réflète
là aussi.
M. Lessard: L'année précédente, d'accord,
mais il y avait eu 2,065 demandes.
M. Toupin: Exact, tous les chiffres concordent, faites le dessin
que vous voulez, vous allez arriver à notre conclusion.
C'est-à-dire qu'il y a eu, d'une part, accélération de
l'office dans le traitement des dossiers, il y a eu d'autre part un plus grand
nombre de demandes parce qu'il y a eu des amendements à la Loi du
crédit agricole apportés et, en troisième lieu, le nombre
de prêts par ferme était de 22,000 et maintenant, il est de
25,000. Tout ça mis ensemble donne que l'office a consenti, a
déboursé cette année $60 millions par rapport à $35
millions l'an passé. Ce sont des déboursés.
M. Lessard: C'est ça, j'arrive exactement au montant par
rapport à $35 millions l'an dernier, alors que les demandes avaient
été de $46 millions.
M. Toupin: C'est ça.
M. Lessard: Donc, mes comparaisons sont réelles parce
qu'au cours des deux années, en fait, on va arriver quand même au
montant de $46 millions plus $50 millions, soit $96 millions...
M. Toupin: Je ne conteste pas vos comparaisons, on dit que vous
avez raison lorsque vous faites vos comparaisons, on essaie de vous expliquer
le mécanisme qui fait qu'une année on prête plus qu'une
autre et les trois éléments qui ont joué, ce sont ceux
dont on parlait tantôt. Le même phénomène se produit
au niveau fédéral. Il y a des années où le
fédéral va prêter $40 millions et d'autres années,
il va prêter $75 millions.
M. Lessard: Je continue, M. le Président. Donc, je
conserve cette comparaison, 1973/74, en fait, je peux prendre d'autres
comparaisons...
M. Toupin: Vous pouvez partir de 1936 et arriver à $500
millions.
M. Lessard: Le provincial, $46,654,000 en 1973/74; le
fédéral, $75 millions. Québec, le nombre de prêts,
1973/74, 2,065; nombre de prêts, 1973/74, au fédéral,
1,550. Québec, la moyenne des prêts pour 1974, $22,592, je pense
que ça concorde exactement avec les chiffres... d'ailleurs ça
vient de l'office lui-même. La moyenne des prêts du gouvernement
fédéral, $49,000. Autrement dit, si j'en arrive à ces
moyennes, je comprends qu'il y a eu moins de prêts de la part du
gouvernement fédéral, mais par ailleurs, la moyenne du montant
prêté est supérieure. J'essaie d'établir une
coordination entre ces deux dédoublements. Est-ce que je pourrais en
arriver à la conclusion suivante? Le gros fermier, le gros agriculteur
je comprends qu'il y avait une différence de montants qui
étaient prêtés par le fédéral par rapport au
provincial se dirigerait plutôt vers le fédéral que
vers Québec pour obtenir des prêts.
M. Toupin: Jusqu'à maintenant, c'était vrai. La
raison est simple. C'est que le maximum où on pouvait aller pour un
prêt individuel était de $40,000 et le fédéral
pouvait aller jusqu'à $100,000. C'est évident que le gars qui
avait besoin d'un prêt de $60,000 ou $65,000 s'adressait au
fédéral. Etant donné qu'il y a moins de gros agriculteurs
que de petits et de moyens au Québec, donc, les gros, en partie, pour
ceux qui voulaient refinancer leur ferme, se dirigeaient vers le
fédéral à cause d'une possibilité plus grande
d'obtenirdu crédit. Au Québec, on avait seulement $40,000. C'est
ce qui nous a incités à augmenter les maxima jusqu'à
$100,000 pour un individu et à $200,000 pour une corporation, et les
lois sont déposées.
Pour l'avenir, je ne peux pas vous dire quel choix fera l'agriculteur,
mais plus on va augmenter nos plafonds, plus on va voir changer les centres de
prêts de place. On va quitter la société et on va revenir
au Québec. Que la société prête plus que le
crédit agricole au Québec sur des fermes qui sont
déjà installées et qui ont déjà pris une
orientation, ça ne m'inquiète pas beaucoup.
Financées par un ou financées par l'autre,
financées par la Banque canadienne nationale ou financées par la
Banque Royale, c'est du financement. Le financement fédéral c'est
la même chose. Ce qui est important pour nous, et le rôle que joue
surtout l'office, ce n'est pas pour rien qu'on a confié à
l'office la responsabilité également du programme de regroupement
de fermes comment l'appelle-t-on? le programme de la mise en
valeur, et l'autre programme, la consolidation et le
réaménagement foncier...
L'office a surtout la responsabilité au Québec de voir
à rendre rentables de petites fermes et la société
s'occupe un peu moins de ce problème. C'est ce qui est important pour
nous, parce que chaque fois qu'on regroupe une ferme et qu'on la rend rentable,
il faut lui donner une vocation, c'est-à-dire qu'il faut décider
de sa vocation alors que ceux qui ont déjà décidé
leur vocation, il s'agit pour eux de financer une entreprise. Notre rôle,
nous, dépasse celui du financement. Il est aussi un rôle de
consolidation et d'orientation de l'agriculture. Maintenant, il est
évident que, si on pouvait prêter davantage aux producteurs
québécois, le financement viendrait purement et simplement du
Québec. Cela n'aurait pas nécessairement de l'influence sur
l'orientation qu'on veut bien donner à l'agriculture, parce que ce sont
les programmes provinciaux qui prévalent dans le développement
agricole d'une province, tout au moins au Québec.
M. Lessard: Le ministre me dit, M. le Président, que cela
ne l'inquiète pas que ce soit financé par le
fédéral ou financé par le provincial.
M. Toupin: Dans le type de prêts que nous avons. Ne me
faites pas dire des choses que je n'ai pas dites. Je vous ai dit qu'à ce
niveau, si l'office n'était pas présent, là, je ne
raisonnerais pas de la même façon. Mais l'office est
présent et c'est lui, surtout, qui s'occupe du regroupement des
fermes.
M. Lessard: Mais, en dernier ressort, si le gouvernement
provincial qui s'est engagé, en fait, nécessairement et par
obligation et peut-être poussé par un autre gouvernement, à
augmenter ces montants prêtés, il est possible qu'à longue
ou brève période, étant donné l'augmentation et
étant donné la loi qui s'en vient, les agriculteurs
québécois qui empruntent actuellement du gouvernement
fédéral vont plutôt se diriger vers le gouvernement
provincial dans l'avenir.
M. Toupin: C'est possible.
M. Lessard: C'est possible. Est-ce qu'à ce
moment-là le ministre a une assurance que les montants prévus,
parce qu'on paie encore des taxes à ce gouvernement, comme prêts
au Québec vont nous être remboursés d'une façon ou
d'une autre? Si, par exemple, on se dirige vers le gouvernement provincial,
peut-être que l'an prochain, dans deux ans ou dans trois ans, le
gouvernement fédéral, au lieu de prêter $75 millions aux
agriculteurs québécois, comme ces gens se dirigeront vers le
gouvernement da Québec, prêtera peut-être seulement $35
millions. Donc, on perdra $40 millions qui normalement devraient venir du
gouvernement fédéral. Est-ce que le ministre a des mesures pour
prévoir de toute façon on se dirige vers le Québec
à brève ou à longue échéance qu'on
sera capable au moins de ne pas être désavantagé par le
gouvernement fédéral, et d'avoir les montants nécessaires
pour le développement de notre agriculture et que ces montants qui
resteront et qui devraient normalement être prêtés au
Québec ne seront pas dirigés vers d'autres provinces?
M. Toupin: La question que vous posez est hypothétique,
premièrement. Je vais vous donner la réponse. C'est d'abord
hypothétique. Deuxièmement, advenant le cas où il y aurait
un transfert trop substantiel des prêts consentis par la
société, via l'Office du crédit agricole du Québec,
il est évident que le gouvernement du Québec devra emprunter sur
les marchés d'obligation pour prêter aux producteurs. Il emprunte
à 8 1/2%, 9%, 9 1/2%. Cela peut aller jusqu'à 9 3/4%,
jusqu'à 10% récemment.
On prête aux prod ucteurs à 7% pour les mille dollars qui
dépassent le premier $15,000 qui lui, est à 2 1/2%. Advenant que
cela irait là, le gouvernement du Québec, le ministère de
l'Agriculture et l'office également, ont déjà
préparé un programme conjoint de crédit agricole, de
financement agricole.
Ce programme conjoint n'a pas encore été accepté,
ni par le gouvernement fédéral, ni par les autres provinces du
pays.
Personnellement, tant et aussi longtemps qu'on conservera
l'équilibre, c'est-à-dire tant et aussi longtemps qu'on
retrouvera à peu près 50% du financement à la
Société du crédit agricole et 50% du financement à
l'Office du crédit agricole du Québec, je ne vois pas de
problème de transferts, c'est-à-dire que je ne crois pas que les
citoyens québécois soient pénalisés par rapport aux
citoyens des autres provinces quant à un financement par
l'intermédiaire du gouvernement fédéral.
Dans les autres provinces, le fédéral consent des
prêts. Les provinces consentent également des prêts. Les
sociétés ou les organismes de financement agricole, dans les
autres provinces, sont moins articulés que l'Office du crédit
agricole du Québec, ont beaucoup moins de programmes à
administrer, mais ils consentent quand même des prêts.
Je sais, par exemple, qu'au Manitoba le gouvernement va plus loin dans
ses prêts que va le gouvernement fédéral, pour des
catégories de prêts en particulier. Le gouvernement
fédéral a d'autres catégories de prêts, de telle
sorte que, dans ces provinces, cela aussi s'équilibre. Tant et aussi
longtemps qu'on aura conservé cet équilibre, je vous disais
tantôt que je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'inquiéter.
Si jamais le déséquilibre se déplace,
c'est-à-dire disparaît, et que les financements se
déplacent, à ce moment, on reprendra notre programme conjoint
d'administration du financement agricole et on fera porter sur l'ensemble des
citoyens québécois et canadiens les coûts des
financements.
M. Lessard: Je suspends cette discussion pour le moment, M. le
Président, quitte à permettre au député de
Saint-Jean de poser sa question, étant donné qu'il est au
ministère de l'Education.
M. Veilleux: Je remercie le député de Saguenay, M.
le Président. Je me suis absenté momentanément des autres
crédits pour poser une question au ministre ou au président de
l'Office du crédit agricole. Le ministre a mentionné tout
à l'heure qu'il y avait eu des amendements apportés cette
année à la Loi du crédit agricole. Est-il envisagé,
très prochainement, par le ministère ou par l'office, que des
propriétaires, mari et femme, à 50/50 d'une ferme, puissent
bénéficier de crédits agricoles sous une forme ou sous une
autre? Ce qu'il y a, à l'heure actuelle, c'est qu'on parle de
relève dans le domaine agricole. Pour ma part, j'ai un cas dans la
tête où vous avez un jeune couple, fils et fille d'agriculteur,
qui s'est acheté à 50/50 une ferme et qui n'a pas pu
bénéficier du crédit agricole.
M. Giasson: Ils sont en communauté de biens? M.
Veilleux: Non.
M. Giasson: Non, pas en communauté de biens,
séparés de biens.
M. Toupin: Le problème soulevé peut se
décrire de la façon suivante: Est-ce qu'un homme et une femme
mariés peuvent avoir accès à deux prêts de l'Office
du crédit agricole et, par conséquent, bénéficier
de deux montants de $15,000 à 2 1/2? C'est le premier aspect de la
question.
Le deuxième aspect de la question. Lorsque nous versons des
subventions d'établissement, le même phénomène peut
se produire. Est-ce qu'un homme et une femme mariés, qui deviennent
propriétaires de fermes, séparément, est-ce que ces
derniers peuvent avoir chacun droit à la subvention?
La Loi du crédit agricole actuelle ne pose pas tellement de
problèmes à ce niveau, puisque nous prêtons sur des
unités rentables. S'il y a un homme et une femme qui sont
propriétaires de deux grandes fermes, mais si ces deux grandes fermes
peuvent faire vivre deux familles et qu'elles sont rentables tout au moins
ne parlons pas de familles ils ont accès au
prêt.
Mais lorsque nous arrivons aux subventions, cela se pose actuellement,
dans la loi, d'une autre façon. La loi relative aux subventions n'est
pas encore déposée. L'office travaille actuellement sur une
formule pour ne pas pénaliser les femmes qui peuvent avoir accès
à des prêts et qui sont des exploitants agricoles, pour ne pas non
plus abuser du fait que deux personnes décident de vivre ensemble,
mariées ou autrement, et demandent deux subventions pour une même
ferme, parce que, actuellement, la subvention est versée à
compter de l'exploitant et non pas de l'exploitation.
Quant au prêt, cela crée moins de problèmes, mais au
niveau de la subvention, la loi sera déposée bientôt et on
pourra peut-être trouver la réponse par le dépôt de
la loi en première lecture.
M. Veilleux: C'est là que j'espère que le
ministère va trouver la réponse, parce que je trouve quand
même anormal qu'un jeune couple ne puisse pas bénéficier de
subventions sous prétexte que le mari et la femme sont
propriétaires à part égale d'une ferme.
Quand ces gens sont venus à l'Office du crédit agricole
pour demander une subvention, ils ont dit qu'ils étaient même
prêts, les deux, à signer un papier et qu'ils ne demandaient
qu'une subvention pour la ferme en question. Il n'est pas question d'en
demander deux. Malgré tout cela, on a dit non.
M. Toupin: On pourrait aller plus loin.
M. Veilleux: On est même allé jusqu'à dire:
Si vous voulez régler votre problème, que la femme donne ou vende
sa part à son mari. Surtout, procéder comme cela pendant
l'année internationale de la femme, on a a s'interroger
sérieusement, M. le ministre.
M. Toupin: On pourrait aller plus loin dans le raisonnement. Il y
a un critère qui est posé par l'office pour consentir un
prêt. C'est qu'en plus du critère que la ferme soit rentable, il y
a également le critère de l'argent qui est gagné à
l'extérieur de la ferme. Dans les règlements de l'office, il est
dit que, pour avoir accès à un prêt, il faut prendre plus
de 50% ou au moins 50% de son revenu sur la ferme. Alors, imaginez comment
maintenant le problème se pose.
M. Veilleux: Ces gens ont tellement d'ouvrage sur cette ferme, M.
le ministre, qu'ils restent tous les deux là et ils y travaillent tous
les deux.
M. Toupin: S'ils restent tous les deux, je ne crois pas que cela
cause de problème au niveau de la subvention. Je ne comprends pas.
M. Veilleux: Qui faudrait-il aller voir?
M. Giasson: Ce n'est pas une raison véritable...
M. Toupin: C'est un dossier que j'aimerais vérifier, parce
que nous avons consenti des prêts à des femmes, nous en avons
consenti à des femmes mariées. Il n'y a aucun obstacle dans la
loi, tant de la loi de mise en valeur relativement aux subventions que de la
Loi du crédit agricole relativement aux prêts et de la Loi de
l'amélioration des fermes pour les prêts à moyen terme. Il
n'y a absolument aucun obstacle pour une femme à venir emprunter,
également avec son mari, qu'elle le fasse en communauté de biens
ou qu'elle soit considérée comme ayant son propre patrimoine,
qu'elle soit considérée comme une exploitante à part
entière, absolument pas, sauf qu'elle doit répondre, comme dans
le cas de son mari, aux critères d'admissibilité de la loi. En
d'autres termes, est-ce qu'elle est exploitante, au sens de la loi et des
règlements, tout comme son mari? La seule restriction que nous avons,
c'est que, comme dans tous les prêts, que ce soit un prêt
individuel à un homme ou que ce soit un prêt individuel à
une femme, ou un prêt individuel aux deux, nous tenons compte du besoin,
parce que vous savez que c'est un prêt très subventionné,
2.5% sur les premiers $15,000 et 7% sur le solde du prêt, de sorte que,
s'ils gagnent des revenus extérieurs très substantiels, nous
devons en tenir compte dans le consentement du prêt. C'est dans ce sens
que parfois cela a créé des problèmes, il faut l'admettre.
Nous, étant donné que nous ne voulons pas que les personnes
spéculent avec l'argent, vous comprendrez que c'est tout à fait
normal, à ce moment, d'être alertes et d'éviter de nous
prêter à une telle spéculation. Nous devons nous assurer
que le budget que nous discutons soit distribué avec le plus de
discernement possible. C'est parfois, disons, un obstacle. Il faut que les
vérificateurs soient d'accord, oui, bien sûr, à moins que
le législateur n'en décide autrement, mais dans la loi actuelle,
dans le contexte actuel, si vous voulez, c'est la politique qui est en
application. Alors, on tient compte du revenu gagné à
l'extérieur, comme dans tous les cas de prêts agricoles
également, et de la contrainte du besoin.
M. Lessard: M. le Président, je ne veux pas engager la
discussion de fond sur cela, parce que j'aurai l'occasion de revenir plus loin.
Je ne dis pas que le député de Saint-Jean n'avait pas le droit de
poser la question au niveau de l'élément, il a certainement
raison, mais comme, en fait, je ne suis pas complètement d'accord sur
les informations du président, à savoir que la loi ne permettrait
pas un prêt à un membre de la famille ou à un conjoint,
j'ai ce dossier, j'ai l'intention d'en discuter profondément, j'aime
mieux en retarder la discussion, parce que...
M. Toupin: Le président de l'office n'a pas dit cela. Le
président de l'office a soutenu, et je le soutiens aussi, que quand vous
avez deux entités...
M. Lessard: On verra.
M. Toupin: ...qui sont considérées comme rentables
et qu'on peut définir deux propriétaires...
M. Lessard: Ce n'est pas dans ce cas.
M. Toupin: ...ce sont deux entités rentables, les
mêmes droits sont respectés.
M. Lessard: Ce n'est pas sur ce cas, mais dans le cas d'un
conjoint qui travaille à l'extérieur et de l'autre qui a une
ferme...
M. Toupin: D'accord, cela est plus problématique. Il
s'agit de savoir si on va tenir compte du revenu familial ou du revenu de
l'individu. Cela crée des problèmes.
M. Lessard: C'est bien écrit: l'exploitant agricole.
M. Toupin: C'est exact.
M. Lessard: La loi est précise: l'exploitant.
M. Veilleux: J'essaierai de revenir à la commission au
moment où le député de Saguenay en parlera. Je
compléterai le dossier et on pourra discuter avec des faits bien
précis d'un refus pour une même entité, parce que les
conjoints étaient propriétaires à 50-50. Je pense que si
la loi ne le permet pas, il faudra prévoir que la loi le permette, car
ce n'est pas comme cela qu'on va assurer la relève en agriculture.
M. Toupin: La loi permet cela. C'est pour cela que j'ai de la
difficulté...
M. Giasson: II doity avoird'autres motifs, d'autres raisons,
c'est peut-être une q uestion de rentabilité, parce que si vous
prêtez à deux agriculteurs qui se mettent en
société...
M. Toupin: Vous avez à l'extérieur le besoin...
M. Giasson:... que ce soit la femme et le mari qui forment une
société enregistrée.
Une Voix: Aucun problème.
M. Veilleux: Je parle pour des fins de subventions.
M. Lessard: II y a des règlements de régie
interne.
M. Toupin: Ah! pour des fins de subventions.
M. Veilleux: Je parle pour des fins de subventions.
M. Toupin: D'accord! C'est plus problématique.
C'est la même chose. Les corporations d'exploitation agricole sont
admises, les sociétés d'exploitation agricole sont admises, les
exploitations conjointes sont admises. Remarquez que j'aimerais avoir le
dossier pour essayer de cerner de plus près ce cas.
M. Veilleux: ... quelqu'un qui sera ici, qui m'avertira...
M. Giasson: ... dossier, dont il a largement été
fait état dans le public, il n'y a pas tellement longtemps.
M. Lessard: Oui, on en reparlera.
M. Toupin: D'accord! On y reviendra, sur ce dossier.
M. Lessard: On va y revenir certainement.
Le Président (M. Lafrance): On revient à la
discussion antérieure, et la parole est au député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je soulevais tout à
l'heure une inquiétude, mais je n'ai pas cette inquiétude, parce
que je pense, le passé étant garant de l'avenir, que le
fédéral ne disparaîtra pas, à un moment
donné, dans le domainne des prêts et va probablement, prendre de
plus en plus d'ampleur, de telle façon que cela fera dire à
certains, comme cela a été le cas, par exemple, pour le directeur
des services agricoles de la banque Royale, M. Doug McRorie, que les provinces
devraient suspendre leur service de crédit agricole plutôt que de
dédoubler les efforts du gouvernement central et ceux du secteur
privé.
La question que je pose au ministre on y reviendra tout à
l'heure est-ce que ce dédoublement, que ce soit du
côté provincial ou du côté fédéral...
cela crée un dédoublement. Quand on rencontre l'agriculteur sur
le champ, dans le champ comme tel, il ne sait plus trop à qui s'adresser
s'il est refusé par le Québec, il se dirige vers le
fédéral ou inversement. Il ne sait plus à qui s'adresser.
Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité, à un moment
donné, pour le ministre de l'Agriculture, d'en arriver quitte
à nous proposer son plan conjoint dont il parlait tout à l'heure
à une seule structure de prêts, avec les mêmes
critères et les mêmes nor- mes? Parce que c'est à peu
près semblable. On va voir que la loi qui est proposée tout
à l'heure a une certaine différence, en particulier, concernant
la période de cinq ans qu'on permettrait au jeune agriculteur pour
s'établir.
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, dans vos négociations ou
autrement, d'en arriver à faire disparaître ce
dédoublement, pour permettre à l'agriculteur de savoir à
qui s'adresseret peut-être permettre d'augmenter les prêts en
relation avec le capital nécessaire?
M. Toupin: M. le Président, d'abord, dès le
départ...
M. Lessard: Rectifier.
M. Toupin:... je voudrais éliminer la possibilité
de difficultés que le producteur agricole rencontre lorsqu'il s'agit,
pour lui, de faire une demande de prêt. La plupart des agriculteurs
s'adressent maintenant aux bureaux régionaux du ministère de
l'Agriculture, et une première information sur place est donnée.
Quand sa demande ne correspond pas aux possibilités de l'office,
notamment, en termes de prêts, en termes de quantité de mille
dollars, à mettre à sa disposition, il est dirigé vers la
Société du crédit agricole fédéral. De ce
côté-là, cela ne crée pas de problème,
d'ambiguïté.
Le problème, maintenant, du double emploi, est un problème
qui existe en apparence et qui, peut-être aussi, existe dans les faits,
mais avec moins d'ampleur qu'on serait porté à lui donner
à première vue. A supposer, par exemple, que l'Office du
crédit agricole du Québec s'entende avec la Société
du crédit agricole, et que ces deux organismes disent: Ce sera l'Office
du crédit agricole du Québec qui fera les inspections, qui
recevra les demandes de prêts, etc., le crédit agricole
fédéral pourra, dans une entente, consentir 50% des prêts,
et l'Office du crédit agricole provincial consentir 50% des prêts.
La seule chose que vous feriez, vous déplaceriez le personnel. Vous
prendriez des gens de l'Office du crédit agricole et les enverriez
à la société ou des gens de la société et
les enverriez à l'office, parce que le travail que font
présentement les employés de l'office devrait être fait,
à l'avenir, par la société et vice versa. Donc, cela ne
crée pas tellement de problèmes de dédoublement. Il y a
peut-être eu, dans le passé, certaines difficultés pour les
prod ucteurs, ne sachant pas exactement où s'adresser. Maintenant que
les structures administratives du ministère ont été
implantées en I968, je pense, I969, ont été raffermies
avec l'expérience, le problème ne se pose pas.
Je demeure convaincu que l'Office du crédit agricole du
Québec a un rôle à jouer. Il devra continuer à le
jouer, en dépit de ce que la Société du crédit
agricole fédérale pourra mettre à la disposition des
producteurs québécois.
On a un rôle fondamental à jouer dans le domaine du
financement agricole et dans l'orientation de l'agriculture au Québec et
l'office joue, dans cela, un rôle prépondérant.
Jusqu'à maintenant, comme je le disais tantôt, puisqu'il a eu
à travailler surtout
sur le regroupement des fermes, sur la consolidation des entreprises et
sur l'orientation des vocations à donner aux fermes avec le
ministère, il joue un rôle que ne joue pas présentement ou
que joue moins présentement la Société du crédit
agricole. Il y a des ententes jusqu'à maintenant entre la
société et l'office sur l'application d'un programme qu'on
appelle le programme des petites fermes. Or, tout le travail de recherche est
fait par l'Office du crédit agricole, accepté par des
comités conjoints, mais la décision est prise par l'Office du
crédit agricole, transmise à un comité qui lui, dans 98%
ou 99% des cas, accepte la proposition qui vient du Québec.
M. Lessard: Je ne nie pas au contraire la
nécessité pour l'Office du crédit agricole de jouer un
rôle. Ce que je crains c'est que ce rôle puisse entrer en
concurrence avec le rôle du gouvernement fédéral aussi,
parce que les prêts permettent d'orienter l'agriculture. Je pense que
c'est important d'avoir une coordination.
J'aimerais savoir du ministre quel est le montant de ristourne qui a
été versé l'an dernier aux agriculteurs qui ont
emprunté du gouvernement fédéral, parce que la ristourne,
jusqu'à $15,000, s'applique à la fois aux prêts provinciaux
et aux prêts fédéraux. Le ministre pourrait-il m'informer
de ce montant?
M. Toupin : C'est un montant de $3,600,000 qui a
été versé comme remboursement d'intérêt sur
les prêts consentis par la Société du crédit
agricole. Etant donné que le nombre de prêts est moins
élevé que celui de l'Office du crédit agricole, l'office a
dû verser plus de subventions que la société, soit un
montant de $3,600,000 depuis le début. Ce n'est pas pour
l'année.
M. Lessard: $3,600,000 qui ont été versés
par le Québec sur l'ensemble des prêts...
M. Toupin: ... fédéraux... M. Lessard: ...
fédéraux.
M. Toupin: ... depuis que la société existe,
c'est-à-dire depuis que la loi du ministère de l'Agriculture
existe sur le remboursement de la différence entre 2 1/2% et le
marché.
M. Lessard: J'aimerais, maintenant, parler de la loi
fédérale en relation avec la loi provinciale. Vous savez qu'on a
beaucoup de jeunes quand on parle de relève. On a beaucoup de jeunes qui
ont l'intention de se diriger vers l'agriculture et qui commencent d'abord par
s'acheter une ferme, mais ne délaissent pas complètement leur
travail à l'intérieur de l'entreprise privée, parce que
vous comprendrez que ce la comporte un certain nombre de risques. Le jeune
cultive sa terre, à temps partiel, et conserve comme revenu principal,
son emploi à l'intérieur de l'entreprise privée, quitte,
après une période de deux ans ou de trois ans, à
s'établir définitivement sur la terre.
Or, le problème qui se pose, c'est que ce jeune ne peut obtenir
du crédit de la part de l'Office du crédit agricole. Par
ailleurs, je vois que la loi du gouvernement fédéral, qu'on a
présentée, permettrait à un jeune de s'établir
à temps plein sur sa ferme à l'intérieur d'une
période maximale de cinq ans. Si c'est le cas, on lui verserait quand
même le crédit nécessaire pour l'achat de sa ferme. Au
Québec, c'est une impossibilité et je pense que cela n'aide pas
le jeune agriculteur à s'établir sur la ferme. Il me semble que
dans la loi que le ministre a l'intention de nous proposer, on aurait pu tenir
compte de ce fait. Je sais que le ministre va me répondre: Voici, le
fédéral a rempli ce besoin.
M. Toupin: Avant que le député de Saguenay n'aille
trop loin, je me suis rendu compte que le député de Saguenay a
pris le temps de lire la loi de la Société du crédit
agricole, mais il n'a pas pris le temps de lire la Loi de l'Office du
crédit agricole, parce que c'est exactement ce qu'il y a dedans.
M. Lessard: C'est exactement ce qu'il y a dedans. Bon, j'en suis
heureux, M. le Président. Je vérifierai.
M. Toupin: Qui pis est, si on n'en avait pas parlé, le
fédéral ne l'aurait pas mis dans la sienne. C'est à la
suite d'une discussion qu'on avait eue entre ministres provinciaux qu'on a
convenu au Québec de faire la proposition aux autres provinces du pays
et, par la suite, on a vu la même idée dans la loi du...
M. Lessard: Vous dites que vous avez pris la même
idée que dans la loi du fédéral.
M. Toupin: C'est lui qui a pris la nôtre.
M. Lessard: De toute façon, M. le Président,
soyez...
M. Toupin: C'est une bonne idée de toute façon.
M. Lessard:... assuré que lors de la discussion de la loi,
le député de Saguenay aura étudié la loi en
profondeur. On ne peut pas tout faire en même temps.
M. Toupin: Parfait.
M. Lessard: Alors, vous avez...
M. Toupin: Oui, la même chose dans notre loi.
M. Lessard: C'est une amélioration. S'il y en a qui ont
d'autres questions.
Le Président (M. Lafrance): Oui, l'honorable
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Au début de son exposé, le ministre
nous a fourni des chiffres sur les demandes de prêts à
l'établissement ainsi que sur les déboursés. Dans les
chiffres que vous avez cités, s'agit-il de déboursés
effectués dans l'année pour des prêts à
rétablissement ou des demandes d'établissement?
M. Toupin: C'est le total des prêts lorsqu'on parle de $60
millions de déboursés.
M. Giasson: Non, je parle des prêts d'établissement.
Vous avez disséqué cela dans les chiffres que vous avez
donnés tout à l'heure.
M. Toupin: Oui, je les ai ici.
M. Giasson: Vous avez parlé de $980 pour une année
et de $1,092 pour une autre. S'agit-il de déboursés ou de
demandes?
M. Toupin: Des déboursés.
M. Giasson: Les demandes de prêts ont été de
combien pour 1974/75?
M. Toupin: Vous avez, pour l'année 1973/74, 980...
M. Giasson: Demandes ou déboursés.
M. Toupin: Déboursés. Ce sont des subventions.
C'est bien au niveau des subventions qu'on parle.
M. Giasson: Oui.
M. Toupin: II y a eu 980 demandes de subventions en 1973/74 pour
un montant de $972,000. Les montants étaient de $972,000 et les
déboursés réels étaient de $1,007,000. Je ne
comprends pas la différence, mais ce qui est important, c'est que le
nombre de demandes cette année et le montant déboursé
cette année pour le même article a été de...
M. Giasson: $1,092.
M. Toupin:... $1,145,000 par rapport à $972,000. Il y en a
eu 1,192 cette année auxquelles des déboursements ont
été appliqués par rapport à 980 l'an dernier. Mais
il est possible qu' il y ait eu des demandes faites l'an dernier qui ont
été payées seulement cette année.
M. Giasson: Même phénomène qu'on retrouve au
niveau des prêts.
M. Toupin: Oui. Quand on retourne en arrière, il y a le
même phénomène. Vous aviez moins de jeunes aussi qui
s'implantaient et, d'année en année, on se rend compte qu'il y en
a de plus en plus.
Le président de l'office me disait qu'il y en a presque 400
depuis 1972 ou 1973, c'est-à-dire 1971/72,400 de plus, quelque chose
comme ça, 300 peut-être, il faudrait voir les statistiques.
Je les ai quelque part ici, vous aviez 1,009 l'an dernier et 1,212 cette
année.
D'accord, c'est ça que j'ai ici. Cela revient au même.
M. Giasson: Trouvez-vous que les montants maximaux
accordés comme subventions à l'établissement sont
présentement assez élevés pour être des facteurs
incitatifs pour intéresser davantage des jeunes à
s'établir dans l'agriculture ou s'il y aurait lieu d'être encore
plus large au niveau des subventions pour créer un intérêt
plus grand à l'établissement des jeunes?
M. Toupin: Ce n'est pas facile de répondre à une
question comme celle-là. On en a discuté avec plusieurs
agriculteurs et il y a des opinions différentes. Certains nous disent:
$2,000 ou $3,000 de subvention de plus pour moi ne régleraient pas mon
problème. Mon problème est que j'ai besoin de $150,000 ou de
$200,000, parce que je suis avec mon frère ou mon cousin. C'est pour
ça que ça me prend une subvention à long terme pour
régler mon problème; $2,000 ou $3,000 de plus au comptant ne
régleraient pas mon affaire. D'autres nous disent, ceux qui sont un peu
plus petits, qui ont besoin de prêts qui varient entre $20,000 et
$30,000: Moi, ça ferait mon affaire si on prenait la subvention à
$4,000, y compris les $1,000 à l'établissement et les $3,000
versés pour fins d'amélioration foncière ou
d'amélioration de l'équipement de la ferme; si on ajoutait $2,000
ou $3,000 à ça, ça ferait mon affaire, parce que je
pourrais payer comptant l'équipement que j'achète plutôt
que d'emprunterà une banque à court terme et de payer mon emprunt
sur une période de cinq ans ou huit ans.
Il y a des opinions différentes. L'UPAa demandé qu'on
porte ça à $10,000 à peu près comme subvention
possible à l'établissement en comparaison avec ce que coûte
la formation d'un technicien, d'un professionnel, etc. Le problème que
ça nous pose là-dedans, personnellement, en tout cas, c'est que
si nous augmentons les subventions, si nous mettons trop sur les subventions de
base, il y a un grave danger de spéculation, c'est-à-dire de voir
le prix des terres augmenter d'autant. Le vendeur, sachant que l'acheteur a
accès à des subventions, sera, par conséquent,
porté à augmenter le prix de sa ferme. S'il est un producteur
âgé, il va recevoir plus d'argent, donc, il seraen mesure de mieux
vivre pendant sa période de retraite. Mais je ne pense pas qu'on puisse
se servir de subventions à l'établissement pour régler un
problème de retraite à un agriculteur. C'est donc une autre
politique qu'il faudrait de ce côté.
Maintenant, il y a une autre chose dont on commence à discuter au
ministère, ça fait au moins six ou sept mois qu'on se penche
dessus, c'est ce qu'on appelle la productivité. On va tenter une
expérience bientôt dans le comté de Charlevoix, si la
programmation que nous avons proposée fonctionne. On ne l'a pas rendue
publique encore parce que, les autres ministères n'en ayant pas pris
connaissance, je ne peux pas la rendre publique, mais on a
préparé pour ce comté une programmation spéciale,
en vue de la productivité des fermes.
C'est probablement là qu'il faudra s'orienter dans le temps.
Plutôt que de donner des subventions à l'achat de fermes et
à l'établissement, ce serait peut-être
préférable qu'on verse des subventions une fois la ferme
achetée, pour améliorer sa productivité.
Par exemple, être plus généreux sur le drainage
souterrain, ou bien, une politique de cinq ou six ans qui exigerait du gars,
s'il veut sa subvention, qu'il
s'oriente vers l'autoapprovisionnement, c'est-à-dire qu'il
sème de meilleures céréales, de la meilleure avoine ou de
la luzerne, etc.. On est plus porté, nous, au ministère, à
penser dans cette perspective plutôt que dans la perspective
d'établissement. On réglerait le problème
d'établissement non pas par des subventions, mais par des prêts
plus substantiels.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Lotbinière.
M. Massicotte: M. le Président, est-ce que vous avez,
à portée de la main, par exemple, le nombre de prêts qui
auraient été donnés par type de productions agricoles,
comme, par exemple, l'industrie laitière, l'industrie porcine,
l'industrie agricole?
M. Toupin: Oh, bon Dieu! Le président me dit qu'à
la fin du mois d'avril, les statistiques seront disponibles. Elles ne le sont
pas présentement.
M. Massicotte: J'aimerais les obtenir.
M. Toupin: On pourra en discuter peut-être lorsqu'on
discutera de la loi.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: Bon! M. le Président, je voudrais discuter des
normes et des critères pour l'octroi des prêts et cela rejoint
exactement la discussion qu'avait entamée le député de
Saint-Jean. Cela le rejoint exactement, M. le Président, puisqu'il y a
eu énormément de publicité sur ce cas, celui de Mme
Daigle-Rivest.
D'abord, je voudrais établir, en fait, ou partir de la Loi du
crédit agricole, puis, à partir de ce que je dirai sur la loi,
non pas de ce que je citerai à l'intérieur de la loi, j'aimerais
avoir des explications concernant les règlements internes, parce que,
à ce que je sache, le principe du législateur, qu'on a mis
à l'intérieur de la loi, ne peut être annulé par des
règlements internes. Or, voici ce que je vois quand je regarde la Loi du
crédit agricole. On donne un certain nombre de définitions. Les
catégories d'emprunteurs: L'agriculteur; d'abord, définition de
ce que c'est. On dit: L'individu on ne dit pas la famille
propriétaire d'une ferme, dont l'agriculture est la principale
occupation. J'insiste toujours sur l'individu, propriétaire d'une ferme.
Quand je vais, maintenant, à la définition de "principale
occupation" et "activité principale ", je lis ce qui suit: "Le fait,
pour une personne, de consacrer la majeure partie de son temps à
l'exploitation d'une ferme, d'en tirer la plus grande part de son revenu, d'y
contrôler l'emploi de son temps et l'ensemble de ses décisions et
d'être reconnue, dans son milieu, comme s'adonnant principalement
à l'agriculture." Tout à l'heure, on parlait de l'individu
propriétaire, maintenant on dit: "le fait, pour une personne ". Ce n'est
jamais l'unité familiale, en tout cas, dans ce que je vois dans la loi.
"Ferme rentable: Une ferme susceptible de produire, compte tenu de l'ensemble
de ses ressources, un revenu permettant à celui qui l'exploite d'en
acquitter les frais d'exploitation y compris l'entretien et la
dépréciation, de remplir ses obligations et de faire vivre sa
famille convenablement." On peut jouer là-dedans. "Exploitant agricole:
Toute personne physique dont l'agriculture est la principale occupation." Je
vois là-dedans, en tout cas, selon l'interprétation que je puis
en avoir, que le législateur, à mon sens, a voulu concentrer ses
critères et ses normes pour l'octroi du crédit agricole, non pas
comme tels, d'après l'interprétation qu'on en a donné, sur
l'unité familiale, mais bien sur l'individu propriétaire d'une
ferme ou sur une personne qui consacre la principale activité dans
l'agriculture.
Or, j'aimerais savoir ceci: Est-il exact qu'à l'intérieur
des règlements de régie interne de l'Office du crédit
agricole, il yen aurait un qui dirait que, dans le cas d'une femme
mariée, l'admissibilité à un prêt est basée
sur les qualités du mari, comme si ce dernier était
propriétaire de la ferme? Est-il exact que ce règlement
existe?
M. Toupin: C'est le règlement interne...
En fait, ce n'est pas un règlement, c'est une explication de la
politique. C'est une directive à notre personnel du champ, le texte que
vous citez. C'est exact en tant que directive.
Etant donné que la très grande proportion de nos cas sont
des prêts à des hommes, on a simplement dit comme directive, en
pratique, à nos hommes, à nos conseillers en crédit: Dans
le cas d'une femme, il faut la considérer comme si c'était un
homme. En d'autres termes, c'est simplement une directive, comment dirais-je,
un "guide line", une référence pour le personnel tout
simplement.
M. Lessard: C'est une directive fort importante, parce que cela
apporte, comme conséquence pratique, d'éliminer, en grande
partie, les femmes propriétaires de fermes en agriculture. Est-ce que
cette directive qui a été donnée, selon vous la
question se pose au ministre ou au président de l'Office du
crédit agricole n'irait pas à rencontre de la loi qui dit
que l'individu propriétaire d'une ferme, dont l'agriculture est la
principale occupation, est un agriculteur? On ne précise pas
là-dedans s'il s'agit du mari ou s'il s'agit de la femme. A ce que je
sache, la femme est aussi un individu. Est-ce que cette directive n'irait pas
à l'encontre de l'esprit du législateur?
M. Toupin: On va vider rapidement ce dossier.
M. Lessard: Je n'ai pas l'intention de le vider rapidement, parce
que c'est important.
M. Toupin: On peut le discuter longtemps.
Le Président (M. Lafrance): Si vous permettez, je constate
qu'il est midi. Comme nous devons libérer la salle pour midi, je pense
bien que, si c'est pour se prolonger, on devrait ajourner et reprendre la
discussion à la prochaine séance.
M. Toupin: Pour le moment...
Le Président (M. Lafrance): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 heures)