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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mardi 29 avril 1975
(Vingt heures seize minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Nous revenons à l'étude des crédits du
ministère de l'Agriculture, au programme 2, élément 2:
Crédit agricole.
Crédit agricole (suite) Affaire Daigle-Rivest
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: ...lors de la dernière séance, nous
étions en train ou nous avions commencé à discuter d'un
cas qui a fait les manchettes des journaux et du programme "Appelez-moi Lise",
à savoir le cas de Mme Daigle-Rivest. J'avais obtenu la confirmation, de
M. Moreau.de l'existence d'une directive interne, selon laquelle, dans le cas
d'une femme mariée, l'admissibilité à un prét est
basée sur les qualités du mari, comme si ce dernier était
propriétaire de la ferme.
Or, M. le Président, je mettais cette directive en relation avec
la Loi du crédit agricole, et j'avais affirmé, à ce
moment, qu'il était, à mon sens, inadmissible qu'une directive
interne de l'Office du crédit agricole vienne en contradiction avec
l'esprit du législateur. Or, si je me reporte maintenant à la Loi
du crédit agricole, où on définit les catégories
d'emprunteurs, on définit l'agriculteur comme suit: L'individu
propriétaire d'une ferme dont l'agriculture est la principale
occupation. Donc, M. le Président, on ne distingue pas ici entre une
femme et un homme. On précise bien qu'il s'agitd'un individu et,
à ce que je sache, la femme continue d'être un individu au
Québec.
M. Toupin: C'est bien plus que cela, M. le Président.
M. Lessard: M. le Président, après cela, on
définit principale occupation et activité principale. On le fait
comme suit: Le fait, pour une personne, de consacrer la majeure partie de son
temps à l'exploitation d'une ferme, d'en tirer la plus grande part de
son revenu, d'y contrôler l'emploi de son temps et l'ensemble de ses
décisions et d'être reconnu, dans son milieu, comme s'adonnant
principalement à l'agriculture.
J'insiste encore sur le fait que, lorsqu'on précise une personne,
il ne s'agit pas de distinction entre une femme et un homme.
Enfin, M. le Président, on définit, plus loin, exploitant
agricole:
Toute personne physique dont l'agriculture est la principale occupation.
Or, d'après les informations que je possède, Mme Daigle-Rivest
est bien propriétaire de son exploitation agricole et on lui refuserait,
malgré beaucoup d'interventions, le prêt en vertu de la Loi du
crédit agricole.
J'aimerais donc savoir sur quel critère et sur quelle norme de la
Loi du crédit agricole, puisque j'ai tenté d'exposer l'esprit du
législateur, on se base pour refuser ces crédits.
On a parlé de l'unité familiale, on a dit que le
crédit agricole était basé sur l'unité familiale,
mais je ne vois, aucunement, dans la Loi du crédit agricole telle que je
l'ai explicitée, à moins qu'on m'en donne d'autres
interprétations, quelque interprétation concernant l'unité
familiale.
Il s'agit toujours de l'individu propriétaire d'une ferme.
J'aimerais avoir certaines explications, soit du président de l'office
ou du ministre.
M.Toupin: M. le Président, on va d'abord laisser de
côté les cas particuliers et je dirai pourquoi tantôt. On va
simplement tenter d'éclaircir l'idée qu'on veut laisser planer
que l'Office du crédit agricole ou que le ministère qui en est
responsable a été discriminatoire à l'endroit des femmes,
et je voudrais apporter une précision vis-à-vis du
ministère ou vis-à-vis de l'Office du crédit agricole. Les
exposés de principes et les directives d'action que j'ai dénotent
qu'il n'y a eu discrimination vis-à-vis d'aucune femme du Québec
qui correspondait aux normes décrites dans la loi et, d'ailleurs, qui
furent lues tantôt par le député de Saguenay. Je ne les
Iirai pas à nouveau, par conséquent.
En 1974, il y a eu 56 prêts de consentis à des femmes en
vertu de la Loi du crédit agricole, c'est-à-dire de 1970 à
1974, au cours des quatre dernières années. Toutes ces femmes ont
obtenu des prêts, lorsque leur demande était placée
à l'office; cette demande étant analysée, la femme
propriétaire correspondait, à ce moment, aux normes qui furent
lues tantôt par le député de Saguenay.
En vertu de la Loi des prêts agricoles, c'est-à-dire la Loi
de l'amélioration des fermes, 237 prêts ont été
consentis à des femmes, dans la même période. Donc, par ces
statistiques, je veux tout simplement démontrer que l'office n'a
été discriminatoire à l'endroit d'aucune femme au
Québec qui a demandé un prêt, quand les demandes
correspondaient aux normes établies par la loi et aux règlements
établis par l'office.
Quant au cas de Mme Rivest, je ne veux pas en discuter publiquement pour
une raison très simple, parce que c'est un dossier personnel.
Répondre à la question du député de Saguenay serait
divulguer les raisons précises qui ont amené l'office à
refuser ce prêt, ce qui pourrait porter préjudice indirectement ou
directement à Mme Rivest.
D'ailleurs, nous lui avons demandé dans une lettre que l'office
lui a adressée le 17 janvier. Elle nous a répondu par la voix de
son conseiller juridique, Me Shoofey, qui nous écrit que sa cliente ne
veut pas rendre son dossier public et qu'elle ne veut pas que personne d'autre
non plus le rende public. Je peux lire la lettre si vous le voulez:
"Notre cliente, Mme Carmelle Daigle-Rivest, nous a consulté
concernant votre lettre datée du 17 janvier 1975 c'est donc dire
que vous en avez une copie, puisque vous connaissez la date. Si vous n'avez pas
de copie de la lettre, je peux vous en remettre une. Ah! vous en avez une.
M. Lessard: Non, non. Je n'en ai pas eu. J'ai la date, mais je
n'ai pas de copie.
M. Toupin: Vous avez la date. Vous l'avez eue par
téléphone. Nous allons vous donner une copie de la lettre. Vous
en aurez deux copies tantôt, si vous en voulez.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: Je peux vous lire seulement ce que l'office demandait:
"Nous vous mettons donc en demeure, par la présente, d'autoriser par
écrit, et sans condition, l'Office du crédit agricole du
Québec, ses régisseurs et officiers, à divulguer
publiquement tous les éléments et toute l'information contenus
à votre dossier que les régisseurs de l'office jugeront
pertinents, pour établir une justification pleine et entière des
refus qui vous ont été opposés." Et l'office demandait
cette autorisation, à la suite des propos tenus par Mme Rivest, tant
à la télévision, que devant les journalistes de la presse
écrite. Alors, son avocat nous répond ceci: "Nous avons
étudié le contenu de votre lettre et nous avons conseillé
à notre cliente de ne pas vous autoriser à divulguer publiquement
tous les éléments et toute l'information contenus à son
dossier. Si les informations contenues au dossier de notre cliente sont
divulguées publiquement par vous-mêmes ou d'autres membres de
votre département, nous serons dans l'obligation de prendre des
poursuites judiciaires qui s'imposent en pareil cas."
M. le Président, je pense que cela met fin à la discussion
sur le cas de Mme Daigle-Rivest. Quant au reste, je pense avoir donné
suffisamment d'explications.
M. Lessard: Est-il exact que dans la lettre
j'espère que le ministre va la déposer...
M. Toupin: Pas d'inconvénient.
M. Lessard:... il était précisé qu'à
défaut d'une réponse affirmative, de toute façon , nous
avons l'intention de rétablir publiquement les faits?
M. Toupin: Dans la lettre? M. Lessard: Oui?
M. Toupin: Comme vous avez choisi de porter devant l'opinion
publique votre propre version contenant les refus de l'Office du crédit
agricole du Québec aux demandes de prêts que vous lui avez
présentées, notre organisme est désireux de
rétablir publiquement les faits, à partir des
éléments qui apparaissent à votre dossier.
M. Lessard: Désireux, mais pour autant que
l'organisme...
M. Toupin: Pour autant que nous avons l'autorisation de le faire
et Mme Daigle-Rivest ne nous a pas donné cette autorisation, par
conséquent, nous devons garder confidentiel ce dossier.
M. Lessard: Je pense que la réponse du ministre me donne
satisfaction dans le sens que la personne en question avait
décidé de mettre ce dossier sur la place publique et d'en
discuter même à l'émission "Appelez-moi Lise " et il
semblait que cette personne avait des raisons valables de faire valoir son
point de vue mais pour cela, je pense qu'il aurait été aussi
normal qu'elle accepte de permettre à l'Office du crédit agricole
de donner les informations nécessaires en ce qui concerne justement le
refus d'accorder le crédit agricole. C'est une décision
personnelle qu'elle a prise. Pour ma part, en ce qui concerne le dossier de Mme
Daigle-Rivest, il est fermé puisque c'est elle-même qui a
décidé de ne pas rendre publiques les informations, qui pouvaient
provenir de l'Office du crédit agricole.
J'aimerais poser une question, en terminant sur ce dossier, au
président de l'Office du crédit agricole, à savoir, s'il
est exact qu'il existerait une directive a l'intérieur de l'Office du
crédit agricole selon laquelle, dans le cas d'une femme
célibataire, veuve, divorcée ou séparée, ce sont
alors les qualités administratives ainsi que les possibilités de
réussite dans l'exploitation de la ferme qui tiennent lieu de
règle alors qu'il ne semble pas que cette directive existe pour
l'homme.
M. Toupin: M. le Président, je vais réitérer
ce que j'ai dit mercredi dernier, c'est que s'il s'agit d'une directive
à notre personnel extérieur...
M. Lessard: Ce n'est pas grave, ça. M. Toupin: Oui,
mais voici, si vous permettez... M. Lessard: Les conséquences
sont les mêmes. M. Toupin: Absolument.
M. Lessard: S'il faut divorcer pour avoir un crédit,
ça n'encourage pas la famille.
M. Toupin: Non, la preuve...
Le Président (M. Lafrance): Un instant, s'il vous
plaît. On va essayer de mettre un peu d'ordre parmi les membres...
M. Lessard:... il n'y a pas de problème encore.
Le Président (M. Lafrance): II n'y a pas de
problème, mais on voudrait justement éviter qu'il y en ait. Vous
avez posé la question. Est-ce qu'on pourrait laisser le président
de l'office répondre, quitte à revenir avec d'autres questions
par la suite? Cela s'adresse à tous les membres de la commission.
M. Toupin: M. le Président, pour poursuivre les
statistiques qui vous ont été données il y a un instant,
parmi les prêts consentis à des femmes durant la période du
1er avril 1970 au 31 décembre 1974, 46.4% de ces prêts furent
consentis à des femmes mariées. Ce qui veut dire que, non
seulement il n'y a pas de discrimination de sexe, comme on l'a laissé
entendre, mais il n'y a pas non plus de discrimination à l'endroit de la
femme mariée, comme vous le laissez entendre.
La directive est la suivante, je l'ai mentionnée mercredi
dernier: Pour notre personnel, étant donné que les cas des femmes
sont très rares comparativement au nombre de prêts consentis
à des hommes, on a procédé, tout simplement, à
l'endroit de notre personnel, par voie de référence. On leur dit
ceci: Dans le cas de la femme mariée, vous faites exactement comme si
c'était le mari qui avait charge de la ferme, qui était
propriétaire, etc., la directive que vous avez lue la semaine
dernière.
C'est tout simplement la distinction qu'il y a entre les deux, dans le
cas de la femme mariée, mais la politique est la même pour tout le
monde, les qualités administratives auxquelles vous vous
référez sont les mêmes, qu'il s'agisse d'une femme
mariée ou d'une femme célibataire. On peut vous assurer
les chiffres sont là qu'il n'y a aucune forme de discrimination
à l'endroit de la femme mariée.
M. Lessard: M. le Président, je ne veux rien laisser
entendre, mais j'ai quand même l'intention de savoir. Je pose des
questions et il appartient, je pense, à l'Office du crédit
agricole, à son président, de répondre à ces
questions. Jusqu'ici, il n'y a pas de problème.
Voici la question sur laquelle je reviens: Est-il exact qu'une directive
existerait, à l'Office du crédit agricole, selon laquelle il
serait dit que, dans le cas d une femme célibataire, veuve,
divorcée ou séparée, ce sont alors les qualités
administratives ainsi que les possibilités de réussite dans
l'exploitation de la ferme, qui tiennent lieu de règle.
Vous m'avez répondu, M. Moreau, en me disant que, dans le cas des
hommes, comme dans le cas des femmes, on tenait compte des qualités
administratives. Je dis que c'est tout à fait normal. Mais, ce que je
veux savoir: Est-ce que cette directive existerait pour les personnes
spécifiques dont je viens de faire mention, à savoir femmes
célibataires, veuves, divorcées ou séparées et
n'existerait pas pour l'homme marié? C'est cela que je veux savoir.
Avez-vous, à l'intérieur de vos règlements ou, avez-vous
à l'intérieur de l'Office du crédit agricole unedirective
qui parviendrait à vos responsables régionaux ou à vos
fonctionnaires, selon laquelle, justement, on se baserait pour ces personnes
sur leurs qualités administratives alors qu'en ce qui concerne les
hommes, une directive semblable n'existerait pas, je parle toujours de
directive?
M. Toupin: M. le Président, c'est absolument vrai qu'il y
a une directive dans ce sens. Si vous me permettez, je vais vous donner
simplement des têtes de chapitre: Femmes mariées, Femmes
célibataires, Veuves, Divorcées, ou Epouses
séparées et, troi- sième sous-titre, Célibataires,
Divorcés, Séparés. Il ne s'agit pas des hommes. Il est dit
qu'il s'agit des hommes dans le premier cas, pour montrer que ce sont des cas
particuliers par rapport à la règle générale.
La règle générale, on ne la donne pas, parce que,
comme je vous le mentionnais tout à l'heure, ce sont peut-être 90%
des cas. Dans ces cas, c'est une information additionnelle qu'on donne tout
simplement. Dans le cas de célibataires, etc., vous tenez compte des
qualités administratives, etc. Quand on arrive dans le cas de la femme
mariée, on dit: Vous vous référez au cas, exactement comme
si c'était le mari qui était le propriétaire, etc. Ce sont
des explications qu'on donne, à ce moment, où on essaie de
couvrir tous les cas, parce que, dans le cas de l'homme marié, la
très grande majorité des cas n'est pas prévue. C'est la
règle. On n'a pas besoin d'expliquer à nos hommes, ils en sont
à 90% ou 95%. Ils le savent. On a simplement apporté des
précisions, dans l'ordre des "guidelines" ou des directives, pour les
cas qui se présentent plus rarement. C'est tout simplement la raison
pour laquelle vous avez deux sous-titres dans cette directive qui apportent un
éclairage additionnel dans les cas exceptionnels, les cas qui se
présentent très rarement.
M. Lessard: Mais, ces sous-titres s'appliquent à la fois
pour la femme comme pour l'homme?
M. Toupin: Absolument.
M. Lessard: Mais, est-ce que, dans le cas de l'homme
marié, qui représente probablement une forte partie de la
clientèle de l'Office du crédit agricole, vous tenez compte aussi
des qualités administratives?
M. Toupin: Absolument.
M. Lessard: M. le Président, cela va. En ce qui concerne
ce sujet. Nous sommes toujours à l'élément 2.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Saisies
M. Lessard: J'aimerais avoir certaines informations ou
explications concernant la question des terres ou exploitations agricoles qui
auraient été saisies par le crédit agricole. J'aimerais
savoir d'abord combien il y a eu d'exploitations agricoles au Québec qui
ont été saisies par l'Office du crédit agricole, et je
précise, depuis 1970. Je comprends peut-être que le
président de l'Office du crédit agricole ne pourra pas me donner
ces renseignements ce soir, mais j'aimerais bien obtenir ces informations.
J'aimerais savoir aussi comment sont rétrocédées... Est-ce
que le président aurait ces informations depuis 1970?
M. Toupin: Je ne les ai pas depuis 1970, mais j'ai celles qui
sont actuellement la propriété de l'office et sur lesquelles nous
avons consenti des baux.
Nous avons celles qui sont en voie de réalisation. C'est
seulement sur ce qui est tout récent que je pourrais vous donner les
informations, soit relativement à la période de 1970 à
1975.
M. Lessard: Allez-y. Donnez-moi les informations que vous
possédez.
M. Toupin: Le président peut donner plus que cela, c'est
depuis le début.
On pourrait même donner les chiffres depuis le début. Il
n'y a aucune espèce de...
M. Lessard: Depuis le début, vous...
M. Toupin : En fait, j'ai les dates d'acquisition ici. J'en ai
une du 26/4/73...
M. Lessard: Parmi ces...
M. Toupin: Depuis le début de l'office... J'ai ici
simplement le nombre de cas de pertes, si vous voulez, et les montants des
pertes. Je n'ai pas le nombre de fermes reprises.
M. Lessard: Bon, alors...
M. Toupin: Je pourrais les avoir...
M. Lessard: D'accord. J'aimerais bien... On pourrait même
aller depuis le début de l'Office du crédit agricole, pour savoir
combien il y a eu d'exploitations qui ont été saisies par
I'office. J'aimerais avoir, à la suite de ces informations, des
explications concernant la rétrocession ou qu'on me dise de quelle
façon on revend ces terres par la suite.
J'aimerais que le président de l'office nous donne ces
informations, de quelle façon est fixé le prix? Est-ce qu'on vend
particulièrement à des coopératives ou à des
agriculteurs? En plus d'obtenir la liste des terres saisies, j'aimerais obtenir
la liste des personnes à qui cela a été vendu. Mais
j'aimerais avoir des explications générales sur cela d'abord, du
président de l'office.
M. Toupin: On procède en offrant ces fermes, si vous
voulez, au plus offrant. En d'autres termes, ce qui arrive très souvent,
ce sont des voisins qui se portent acquéreurs à cause de la
proximité et ils veulent faire de la consolidation de fermes. Et s'ils
ne sont pas intéressés, après un certain temps, nous la
vendons au plus offrant, tout simplement, pour récupérer nos
pertes, le solde du prêt d'abord et les frais encourus pour la
réalisation du prêt. C'est généralement de cette
façon que sont vendues ces fermes.
M. Lessard: Vous vendez au plus offrant.
En fait, ces terres qui sont saisies, il s'agit de terres où
l'emprunteur n'a pas été capable de rembourser ses termes
à l'office.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Vous avez, sans doute, pris connaissance du rapport
du Vérificateur général concernant les terres acquises en
règlement de créances où on dit: A notre demande, l'office
a estimé la valeur de réalisation des terres acquises en
règlement de créances. A cet égard, il a été
établi que cet actif inscrit au bilan du 31 mars I974 pour un un montant
de $226,491 a une valeur de réalisation estimée à
$163,390. Ce fait a été révélé dans une note
aux états financiers de cet organisme.
La question que je vous pose: Comment se fait-il qu'au moment où,
je pense, les terres agricoles prennent, depuis un certain temps,
considérablement de valeur, la valeur de réalisation de ces
fermes soit inférieure, à un certain moment, au montant ou
à l'actif inscrit au bilan du 31 mars, soit de $226,491? Donc, autrement
dit, d'après l'affirmation du Vérificateur général,
c'est que vous perdriez de l'argent sur la vente des terres qui seraient
saisies.
M. Toupin: La raison fondamentale est la suivante: C'est que les
terres auxquelles vous vous référez sont des terres
situées dans les régions périphériques, où
le marché des terres est très bas. Il suffit de se rappeler, par
exemple, certaines terres qui ont été vendues à $5 l'acre
et même moins dans certaines régions de la province, en
dépit du fait, comme vous le mentionnez, ce qui est très vrai,
que, le marché des terres s'est amélioré assez
généralement dans la province; mais si je prends l'exemple du
Nord-Ouest québécois, où est la majorité des terres
reprises par l'office, à ce moment, il va de soi que nous accusons
certaines pertes lorsque nous venons pour les revendre.
M. Lessard: Ce que je ne comprends pas, c'est que même dans
le Nord-Ouest, les terres sont actuellement en demande de la part de beaucoup
d'Américains, et la valeur des terres s'élève plutôt
que de diminuer. Mais lorsque vous avez prêté sur ces terres,
lorsque vous avez engagé de l'argent sur ces terres, vous avez tenu
compte de cette valeur marchande. Donc le solde du prêt qui serait
dû serait à ce moment, supérieur à la valeur
marchande de la terre.
M. Toupin: En vertu de nos règlements, la base
d'évaluation se situe dans une corrélation entre la valeur
productive de la ferme et la valeur marchande de la ferme. Je pourrais vous
citer le règlement de la Loi du crédit agricole qui nous autorise
et qui nous oblige même à évaluer les fermes suivant cette
pondération. Je l'ai ici. Si vous permettez, M. le Président, je
vais en faire la lecture pour que nous puissions situer exactement... "Les
bases générales d'évaluation des fermes l'article 8
des règlements pour les fins de la loi reposent sur les
données du marché dans le secteur concerné à la
date de l'évaluation ainsi que sur la capacité de production
agricole de la propriété offerte en garantie. La
corrélation de la valeur indiquée par ladite capacité de
production et de celle résultant d'une étude comparative des
données dudit marché permettent à l'office
d'établir la valeur de la ferme offerte en garantie."
Or, il arrive qu'une ferme, au moment où elle est
très bien organisée, lorsque l'intéressé
demande un prêt, le cheptel est complet, la productivité est
à son taux optimal, il n'y a pas de problème majeur, à ce
moment. C'est tout à fait normal qu'après un certain nombre
d'années, si elle a été négligée, pour
toutes sortes de raisons, s'il y a une désuétude inhérente
au nombre d'années également, dans certains cas, ou à la
négligence, il va de soi que ces terres perdent de la valeur et, lorsque
nous venons pour réaliser, surtout dans certains cas d'abandon des
fermes pendant six mois, un an on est même obligé parfois
d'avoir des gardiens, etc. à ce moment, il est bien sûr que
la terre ou la ferme n'a plus la valeur qu'elle avait au moment où le
prêt a été effectué ou consenti.
M. Lessard: Alors, M. Moreau, à partir de votre
déclaration, j'aimerais avoir vos commentaires sur cette autre
affirmation du Vérificateur général, concernant les
services de garantie, où on dit: "A cet égard, l'article 18 a) de
la Loi du crédit agricole prévoit ce qui suit: L'office peut, par
ses représentants ou employés, effectuer en tout temps
l'inspection des immeubles hypothéqués et des biens nantis et,
à défaut d'entretien ou au cas de détérioration
entraînant la diminution des garanties, faire, aux frais de l'emprunteur,
tous travaux et réparations et prendre toute mesure qu'il juge
nécessaire pour assurer leur maintien en bon état ainsi que le
maintien de l'exploitation en opération." Et le Vérificateur
Général ajoute: "Nous sommes d'opinion qu'il y aurait lieu pour
l'office, pendant la durée du prêt, d'exercer davantage et
systématiquement un contrôle sur les garanties qu'elle
détient afin de s'assurer de leur existence et de leur valeur."
Je comprends très bien votre explication lorsque vous dites, par
exemple, que l'agriculteur qui décide, soit de se retirer ou de retarder
pour autant ses paiements à l'Office du crédit agricole,
délaisse sa terre, la laisse se détériorer, même
vend du bétail, etc, de telle façon que la ferme n'étant
pas organisée, sa valeur de production a une influence sur sa valeur
marchande.
A ce moment, il est possible, pour l'Office du crédit agricole,
lorsqu'on saisit la terre, de récupérer beaucoup moins, en fait,
que la valeur du prêt. Mais, tel que le dit le Vérificateur
Général, en vertu de la Loi. du crédit agricole, à
l'article 18 a), vous avez la possibilité de faire les
vérifications nécessaires.
M. Toupin: M. le Président, c'est bien
spécifié: l'office "peut", par ses représentants. A ce
moment-là, disons que c'est laissé à la discrétion
de l'office, bien sûr, qui agit en bon père de famille. Ce qui
arrive, dans ces cas, c'est que la détérioration ne se fait pas
du soir au lendemain matin. Souvent, la ferme est occupée,
exploitée, mais peut-être pas avec la même attention qu'elle
l'a déjà été lorsque le prêt était
consenti. Ce n'est pas toujours facile pour l'agriculteur même en
dépit de l'existence de cet article, vous savez. D'abord, les versements
à l'office se font deux fois par année; il s'agit de versements
semi-annuels. Il se peut que cela aille plus ou moins bien pour le premier
versement, on attend le deuxième versement, parce que,
évidemment, nous accordons une certaine tolérance, bien
sûr. Il s'agit souvent d'agriculteurs qui font affaires avec l'office
depuis des années. Cela veut dire que cela prend une année
pratiquement avant le deuxième versement, avant qu'on ne prenne des
poursuites. Des avis sont envoyés. La réalisation des garanties
prend un certain nombre de mois, bien sûr, de sorte que, avant que
l'office puisse se porter acquéreur de la ferme, ou puisse entrer en sa
possession, il y a un délai assez substantiel qui peut entraîner
dans les faits un décalage de nature à provoquer une
détérioration.
Mais, je reviens là-dessus, vous comprendrez que ce n'est pas
facile, lorsque l'agriculteur est sur sa terre, d'y aller, de nous substituer
à lui en quelque sorte et de faire des travaux si je prends la
lettre de l'article sur cette ferme, aux lieu et place de cet
agriculteur et de lui en faire assumer le coût, quand il a peine à
payer, justement, les versements normaux du crédit agricole.
Nous essayons d'agir en bon père de famille. Nous pourrions
peut-être discuter de la question des délais, bien sûr, mais
disons que l'office est passablement diligent et les problèmes se
posent, je le répète, dans les régions
périphériques où l'agriculture, à certains
égards, a eu plus de difficultés que dans d'autres régions
de la province. Nous essayons depuis les dernières années, comme
l'a suggéré le Vérificateur général, de
suivre l'affaire de plus près. M. le Président, pour vous montrer
jusqu'à quel point va la diligence de l'office, je pourrais simplement
vous donner une idée des pertes que nous avons subies pour vous donner
un ordre de grandeur. L'an passé, nous avons effectivement
déboursé tout près de $61 millions en termes d'argent
sorti pour l'agriculture aux agriculteurs. Nous avons eu des pertes,
l'année passée quand je parle de l'année
passée, c'est l'exercice 1974/75 pour $6,092. Voyez-vous la
proportion? $6,000 sur $61 millions, M. le Président.
En vertu de la Loi de l'amélioration des fermes je tiens
à le préciser, cela montre une chose, c'est que les agriculteurs
du Québec sont d'excellents payeurs, je le signale parce que c'est
depuis le début de l'office il s'est déboursé
pendant le même exercice financier j'ai les chiffres ici
$45,705,000. Vous n'ignorez pas que ces prêts sont consentis par les
caisses populaires et les banques à charte, donc pas par l'office.
L'office garantit les pertes. Savez-vous combien nous avons eu de pertes sur
ces prêts à moyen terme au cours de l'exercice financier? $18,652
de pertes sur $45,705,000 effectivement déboursés. Ce qui veut
dire, .003, 3/100 de 1% de perte.
On peut peut-être suggérer à l'office d'être
plus diligent, de passer plus souvent, visiter les fermes, etc. Je ne pense pas
que l'office, jusqu'ici, ait mis en danger les finances de la province,
à ce chapitre, tout au moins.
M. Pelletier: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, je m'adrese au président du crédit agricole.
Quand vous voyez qu'un type ne fait pas ses paiements, après deux
versements à tous les six
mois, est-ce que vous demandez, l'année suivante, le bilan de sa
ferme, son administration?
M. Toupin: M. le Président, nous envoyons notre homme
faire une inspection ou une réinspection sur la ferme. Il étudie
avec l'agriculteur ce qui se passe, qu'est-ce qui pourrait être
amélioré pour lui permettre de renflouer, ainsi de suite.
M. Pelletier: Si je peux me permettre, c'est que vous faites
souvent des réajustements, vous faites un prêt
supplémentaire, vous restructurez, le cultivateur devient de plus en
plus endetté et ça cause des problèmes aussi. Parce qu'il
faut quand même dire que le prêt est intéressant, au taux
d'intérêt qui est mentionné, le cultivateur a tout
intérêt à rembourser son prêt. D'autre part, est-ce
que le responsable du crédit agricole va orienter le cultivateur, pour
qu'il améliore sa ferme pour avoir une meilleure rentabilité. En
somme, c'est un prêt qui est meilleur que celui d'une banque à
chartre ou autre, il reste quand même que le prêt est
intéressant sur un certain nombre d'années, alors c'est
peut-être pour ça que la perte est très minime. Mais
l'orientation que les inspecteurs du crédit agricole devraient donner
aux cultivateurs est très importante.
En pi us, si on revient aux fermes, vous dites que c'est vendu au
voisin, est-ce que vous procédez par soumissions? Il y a encore un
point, la perte se fait peut-être de ce côté, parce que vous
devriez demander des soumissions, comme aux Travaux publics quand on vend un
morceau de terrain ou quelque chose du genre. Je pense que ce serait quand
même important.
Ce qui arrive, c'est que les gens ne sont pas au courant de la
façon que c'est vendu. Assez souvent, dans une municipalité de
2,000 âmes, ils ne savent pas que le crédit agricole a pris
possession de la terre et elle devrait être revendue à
l'enchère. Peut-être de ce côté, il peut y avoir un
manque. Je ne sais pas de quelle façon vous procédez directement,
j'aimerais avoir des explications là-dessus.
M. Toupin: M. le Président, sur ce point, comme je le
mentionnais tout à l'heure, on vend au plus offrant, mais il est vrai
qu'il n'y avait pas systématiquement un appel d'offres comme vous
mentionnez. Depuis un an, même moins que ça, c'est à
l'étude et nous essayons de trouver la formule qui va coller le mieux
à la réalité agricole pour que les agriculteurs de la
région soient informés. Souvent, ce n'est pas dans la
périphérie immédiate de la ferme, ce pourraient être
d'autres agriculteurs qui voudraient vendre leur ferme pour en acheter de plus
grandes, ça pourrait améliorer leur sort, en l'occurence.
Nous essayons, précisément, depuis une dizaine de mois, de
trouver quelle serait la meilleure formule d'affichage, d'annonces dans les
journaux de la région pour avertir le plus d'agriculteurs possible - aux
fins, de notre côté, de récupérer le meilleur
montant possible pour le prix de la ferme.
Disons, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, que les
cas où cela arrive, ce sont les cas où la demande est la moins
forte pour les fermes. Il n'y en a pratiquement pas, dans les bonnes
régions de la province, c'est très rare et la demande est
très forte de la part des voisins, dans l'entourage immédiat.
C'est très rare qu'on garde uneferme plus que quelques semaines.
En ce qui concerne le suivi des prêts, c'est une
préoccupation que nous développons à l'office
également depuis une période assez récente dans le sens
que nous voulons, évidemment, nous occuper strictement de la structure
financière, c'est là notre rôle. Nos hommes sont des
conseillers en financement agricole. Lorsqu'il s'agit d'une faille au niveau de
la gestion de ferme proprement dite, nous les référons au
ministère de l'Agriculture, et le gestionnaire pourra l'aider au point
de vue de l'orientation de son exploitation au point de vue gestion.
Notre préoccupation est l'étude de la structure
financière, de son bilan, de son orientation au point de vue financier
et c'est la raison pour laquelle nous travaillons étroitement avec
l'équipe du ministère de l'Agriculture, dans le champ.
M. Pelletier: Très bien.
M. Lessard: M. le Président, j'ai des dossiers qui sont un
peu à cheval sur l'élément 2 ou l'élément 3;
on peut en discuter à l'élément 2, quitte à aborder
ou à adopter plus...
Le Président (M. Lafrance): On les adoptera ensemble,
plutôt.
M. Lessard: Ensemble par la suite. On peut discuter le dossier du
financement agricole comme tel, et après cela, on adoptera toutes les
affaires ensemble.
Encans de ferme
Je voudrais discuter des encans de ferme. D'année en
année, de record en record, les encans de ferme se
généralisent au Québec. Dans une étude qui a
été soumise au dernier congrès de l'Union des producteurs
agricoles, l'économiste François Dagenais a
démontré qu'à elle seule la mise aux enchères de
fermes laitières, qui constituent près de 90% du total des
encans, avait progressé à un rythme considérable, pour ne
pas dire catastrophique si on utilise les termes mêmes de M.
Dagenais entre 1968 et 1974.
Il notait, en particulier, que le pourcentage d'augmentation atteignait
195%, alors que celui des vaches vendues progressait de 250% et celui du nombre
de têtes de bétail, de 265%.
Pourtant les données alors disponibles ne couvraient que les neuf
premiers mois de l'année 1974. Donc, le ministre nous avait
laissé bien souvent entrevoir, lorsque nous avions discuté de ce
problème, que les encans devenaient l'indice de la consolidation
agricole.
Je me rappelle avoir été, à ce moment-là,
présent lors de la démonstration de M. Dagenais, lorsqu'il
affirmait qu'en général la ferme n'était pas vendue
globalement, avec tous ses instruments ara-
toires et ses têtes de bétail, mais était vendue,
morceau par morceau. Ce qui voulait dire que l'agriculteur qui vendait sa
ferme, vendait ses vaches à un agriculteur, vendait ses instruments
aratoires par la suite, et vendait ses édifices.
Donc, c'était un agriculteur qui pouvait être efficace,
mais qui, dans la façon dont c'était vendu, était perdu
pour la production agricole.
On constate que le nombre de mises aux enchères grandit au
Québec. Dans un article publié dans le journal Maclean de mai
1975, on s'interroge véritablement sur ce problème. L'article est
intitulé "Le pays à l'encan", par Benoît Aubin. On
précise qu'en quinze mois 7,000 agriculteurs du Québec ont q
uitté leur terre. Les Américains se ruent sur les terres du
Québec.
En 1973, deux fois plus d'encans de ferme qu'en 1972. L'an dernier,
lit-on encore, 29 ventes aux enchères, en 1974, déjà 52,
c'est-à-dire pour les premiers mois de l'année.
De toute façon, il semble que c'est un mal, non pas
nécessaire, mais qui se répand de plus en plus au Québec,
alors que le ministre a soutenu l'an dernier, lors des discussions de ces
mêmes crédits que la courbe croissante des ventes de fermes
était un reflet de la prospérité agricole et que ce
phénomène résulte en une consolidation accrue de notre
domaine agricole.
J'aimerais savoir si le ministre a encore les mêmes opinions, en
1975? Est-ce que les ventes aux encans constituent, d'après les
enquêtes qui ont été faites par le ministère, une
consolidation des terres au Québec?
M. Toupin: C'est bien sûr que, si on s'en tient seulement
à une statistique, qui d'ailleurs, en elle-même, ne signifie que
très peu de choses... Quand, par exemple, on dit que les encans ont
augmenté de 135% ou de 140% en une année par rapport à
l'autre, encore faudrait-il savoir quelles étaient il y a cinq ans les
transactions q ui se faisaient entre fermiers, à l'extérieur des
encans et combien il s'en fait maintenant.
Si on était capable d'avoir cette donnée, on pourrait
peut-être tirer la conclusion que, maintenant, les agriculteurs
procèdent plus par encans qu'ils procèdent par transactions
individuelles. Cette donnée n'apparaît pas dans les statistiques.
Voyez-vous tout ce qu'on peut faire dire à une statistique quand on ne
l'analyse pas au maximum?
Un autre élément qui ne se dégage pas du tout de
cette statistique non plus, c'est ce qu'on vend à l'encan. Vend-on le
fonds de terre, le cheptel ou vend-on seulement l'équipement? Il y a
bien des gars qui font des encans seulement pour vendre l'équipement.
D'autres font des encans seulement pour vendre le cheptel et d'autres font des
encans, après cela, pour vendre peut-être une partie du fonds de
terre ou le fonds de terre.
Oui, alors, quand vous parlez de l'augmentation de 135%, combinez-vous
les trois éléments? Si vous en avez, par exemple, seulement
40%... Je prends un exemple: Un producteur agricole peut, par
conséquent, dans cette perspective, faire deux encans, il peut faire
trois encans dans cette perspective. Si vous comptez les encans faits par deux
ou trois agriculteurs, pour un seul encan, alors qu'il en a fait trois, vous
diminuez énormément le nombre d'encans attribué
à... C'est-à-dire qu'un encan ne veut pas dire un agriculteur. Ce
sont des données statistiques qui méritent d'être
approfondies beaucoup plus que d'être signalées comme cela ou
d'être criées, à un moment donné, soit à un
congrès de l'UPA ou soit dans un article de journal. C'est cela qui est
important lorsque nous discutons de statistiques.
Nous, on en a d'autres ici et celles-ci, nous pouvons les soutenir et
les défendre n'importe quand. On peut vous dire, par exemple, que,
depuis 1972/73, le nombre de jeunes agriculteurs qui s'intéressent
à l'agriculture a augmenté de 600 par rapport à celui des
années antérieures. On peut apporter cela d'année en
année.
M. Lessard: Combien y en a-t-il qui ont disparu?
M. Toupin: Oui, mais vous m'avez demandé une
réponse, je peux vous la donner.
M. Lessard: Ce n'est pas une réponse. Vous me radotez
encore ce que vous m'avez dit au début de la discussion de ce programme.
Vous me parlez des nouveaux producteurs qui sont des jeunes qui se sont
établis. Une chance qu'il y en a, on ne vous conteste pas cela, M. le
Président.
M. Toupin: M. le Président, pourrais-je terminer pour
démontrer...
M. Lessard: Allez-y, j'ai déjà ces chiffres.
M. Toupin: Je vais vous en donner d'autres pour compléter
ceux que je vous ai déjà donnés, parce que vous avez
posé une question supplémentaire. Ce sont les jeunes qui entrent
en agriculture en plus de ceux des années antérieures.
Sur les données statistiques que l'office a, concernant la
consolidation, il y a eu, au cours de l'année 1974/75, 798
consolidations et, sur les 1,212 subventions qu'on a données pour les
jeunes q ui se sont établis en 1974/75, il y a probablement
là-dedans c'est cela qu'il faudrait décortiquer, on ne l'a
pas une bonne part qui sont des subventions versées à des
jeunes qui ont, au moment de leur établissement, contribué
à la consolidation.
Si, au cours de l'année 1974/75, 3,000 ou 4,000 agriculteurs ont
quitté l'agriculture et si vous avez eu entre 1,000 et 1,200
consolidations, vous avez une réponse qui a du bon sens et vous
êtes capable de soutenir que les encans, vous les retrouvez dans les
consolidations ou en partie. C'est un élément.
On va prendre un autre élément maintenant. C'est que je
n'ai pas d'inconvénient, personnellement, à ce que le producteur
agricole choisisse le mode d'encan pour vendre ses biens, soit son cheptel
laitier ou son équipement de ferme. Je n'ai pas d'inconvénient
à cela. C'est un mode qu'il a choisi lui-même. Il croit que c'est
plus payant de le faire comme cela. D'ailleurs, il y a des
éléments qui incitent le producteur à agir ainsi. Je vais
prendre seu-
lement le quota de lait qui n'existait pas, comme valeur commerciale, il
y a cinq ans, et qui existe maintenant.
Quand tu as cinq ou six gars qui veulent avoir leur quota de lait,
l'agriculteur, qui est un peu administrateur, va faire quoi? Il va l'offrir
publiquement, sous forme d'encans, dans un mode de mise en marché,
plutôt que de le négocier avec une personne. C'est la même
chose au niveau des troupeaux laitiers. Plus il se fait d'encans, plus les
troupeaux laitiers se sélectionnent. La preuve: l'augmentation de
production par vache laitière au Québec a été,
depuis trois ou quatre ans, de près de 2,500 livres ou à peu
près. Je n'ai pas les données récentes, mais il y a eu une
augmentation de la productivité. Donc, on donne une valeur à la
vache laitière.
Quand vous donnez une valeur à la vache laitière, c'est
encore plus intéressant de la vendre sous forme d'encans publics, parce
que, il y a six, sept ou huit preneurs qui veulent évidemment acheter
ces vaches laitières qui ont une plus grande valeur. Ce sont des
éléments dont on ne tient pas compte du tout lorsqu'on apporte
des statistiques aussi globales que celles que vous nous avez données ce
soir.
Je continue à croire, et je le soutiendrai tant et aussi
longtemps que je n'aurai pas de preuve du contraire, qu'au rythme où
l'agriculture du Québec se développe, nous nous orientons vers
des fermes familiales plus grandes, mieux gérées et plus
rentables. Nous nous orientons vers des corporations agricoles; nous nous
orientons aussi vers de grandes fermes. Je connais des producteurs agricoles du
Québec qui, il y a cinq ans, possédaient 300 arpents de terre et
maintenant sont rendus à 3,000 arpents de terre. Samedi soir,
j'étais dans la région de Plessisville et j'ai eu l'occasion de
rencontrer trois ou quatre producteurs de lait. Ces mêmes producteurs,
alors que j'étais à l'UPA, possédaient un troupeau de
vingt vaches laitières avec à peu près 100 acres.
Aujourd'hui, vous rencontrez ces mêmes gars, ils ont 500 acres et
ils ont produit entre 750,000 livres de lait et 1 million de livres de lait.
Ces deux ou trois agriculteurs remplacent dix et quinze agriculteurs des
années soixante et des années soixante-cinq. On n'a pas
d'étude véritablement chiffrée sur toute cette question,
parce que le ministère n'a pas encore pris le temps de le faire.
D'ailleurs, ce serait complexe que de le faire. On prend des statistiques qui
nous viennent de l'Office du crédit agricole, qui nous viennent de nos
programmes de réaménagement foncier, qui nous proviennent des
quotas de lait. On voit changer les quotas, on voit diminuer le nombre de
producteurs laitiers, mais on voit augmenter la production laitière.
Il y a un autre indice qui nous fait croire que l'agriculture du
Québec, en dépit de ses problèmes, n'est quand même
pas à ce point malade. Il y a augmentation de la production. Il y a
augmentation des revenus agricoles. Il y a augmentation des investissements. Ce
sont des indices économiques qui, pour quelque autre secteur, voudraient
dire du dynamisme nouveau, parce que, chaque fois qu'il y a de l'investissement
p'us élevé dans un secteur industriel donné, vous
contribuez ou à améliorer la productivité ou à
créer de nouveaux emplois ou à faire faire plus de profits aux
entreprises, et par conséquent, àstimulerl'économie. Si
cela vaut pour les pâtes et papiers, si cela vaut pour l'acier, pour le
pétrole, pourquoi cela ne vaudrait-il pas pour le secteur agricole? Les
économistes s'entendent là-dessus. Lorsqu'on investit, c'est
parce qu'on a confiance dans le secteur. Lorsqu'il y a augmentation de
production, c'est parce qu'il y a une plus grande efficacité, même
si le nombre d'unités diminue. Je suis conscient de ce fait. Cet
après-midi, je rencontrais une délégation de
députés des deux provinces du Manitoba et de la Saskatchewan. On
me posait la question à peu près dans le même sens que le
député de Saguenay nous la pose. Est-ce que cela vous
inquiète? La même chose se produit au Manitoba, la même
chose se produit en Saskatchewan, la même chose en Ontario. Ces provinces
ont des millions d'acres de terre en beaucoup plus grand nombre que nous, en
termes de millions. Elles aussi assistent à des défections aussi
grandes que cela, toutes proportions gardées, mais on voit des
entités de 2,000 de 3,000 ou de 5,000 se constituer.
Alors, il y a des dangers qui nous guettent. On risque ainsi,
évidemment, avec le temps, peut-être de créer des
problèmes sociaux dans le milieu rural. Je suis conscient de cela. Si,
dans un rang, vous aviez dix agriculteurs et qu'il n'en reste que trois,
qu'est-ce que cela coûte par mille pour entretenir les chemins? Qu'est-ce
que cela coûte par mille pour amener l'eau? Qu'est-ce que cela
coûte par mille pour donner les services d'électricité?
C'est évident que cela crée des problèmes
économiques et sociaux, mais cela ne veut pas dire pour autant que
l'agriculture comme telle, périclite. Je sais aussi que cela peut
créer des problèmes à d'autres ministères du
gouvernement, notamment au ministère des Affaires sociales. Cela peut
créer des problèmes au ministère des Affaires sociales,
une telle situation.
M. Pelletier: Si vous me permettez, M. le Président...
M. Toupin: Mais ces chiffres, en soi, ne démontrent
absolument pas que l'agriculture du Québec perd de son dynamisme. Elle
perd des agriculteurs. Elle perd des gens qui étaient dans l'agriculture
avant et qui maintenant ne le sont plus. Mais cela ne dénote pas du tout
une faiblesse économique agricole; au contraire, si vous prenez ce mode
de mise en marché comme étant un stimulant pour faire augmenter
les prix des biens que vendent les agriculteurs, cela devient un stimulant
économique. Les statistiques ne disent pas cela du tout. Les
statistiques donnent cela globalement. Je vous assure que je suis très
hésitant maintenant à prendre les statistiques globales. Depuis
huit ou dix mois, je pourrais vous apporter un tas d'exemples de
démonstrations publiques qui ont été faites et qui,
l'expérience terminée, ne se sont pas du tout
révélées véridiques.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, disons que je m'adresse au
ministre en même temps qu'au président de l'Office du
crédit agricole.
Le Président (M. Lafrance): Veuillez vous adresser au
président.
Prêts refusés
M. Pelletier: Au président. M. le Président, dans
Témiscouata, pour quelles raisons l'Office du crédit agricole
refuse-t-il environ 99% de tous les prêts qui sont demandés, du
fait que les terres du Témiscouata ne sont pas rentables? Ce qui arrive,
c'est qu'à ce moment ces terres sont vendues aux Américains dans
le territoire. On se pose des questions. Pourquoi y a-t-il des encans et y
a-t-il ceci et cela? Dans la partie de Témiscouata, malheureusement, les
gens font des demandes à Rimouski, au bureau régional, et
à 90%, c'est refusé.
Il semblerait que ce n'est pas rentable et le ministère des
Terres et Forêts vient offrir de la plantation d'arbres pour les usines
de pâtes et papiers, etc., les cultivateurs de la région disent:
Si l'attitude du ministère de l'Agriculture ou de l'Office du
crédit agricole est ferme et qu'ils ne veulent pas prêter, qu'ils
le disent. A ce moment, ils vont s'orienter d'une autre façon. Ils ont
toutes les difficultés imaginables. Je peux le constater, du fait que
j'ai Kamouraska et Témiscouata. Je vois une très grosse
différence, M. le Président, dans la partie du Témiscouata
où il y a énormément de plaintes de ce côté.
Ils ont beaucoup de difficultés à avoir des prêts. C'est
réellement un problème.
Je voudrais savoir du ministre s'il y aurait moyen de justifier sa
politique face à ce territoire et même si les terres sont
peut-être moins rentables un peu, mais quand même, il reste
qu'elles ont 100,200 acres. Je pense bien que c'est assez important de savoir
la politique du ministre de l'Agriculture à cet effet.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre.
M. Toupin: M. le Président, je ne pourrai malheureusement
pas vous donner une réponse scientifique, c'est-à-dire une
réponse basée sur des statistiques, parce que moi, je trouve
malheureux que, parfois, on utilise les statistiques globales surtout seulement
pour laisser planer qu'il existe tel ou tel problème, alors qu'une fois
qu'on essaie de les décortiquer, on se rend compte que c'est beaucoup
plus de la poudre aux yeux ou quelque chose d'autre qui soit le plus
valable.
Je vais donner une réponse qui correspond aux tendances qu'on
ressent. Quand on prend tout le Bas-Saint-Laurent, je ne peux pas me limiter
à un comté, à la suite des études faites par le
BAEQ, vous savez quelle conclusion on a tirée, et vous savez, par
conséquent, quelle mentalité cela a créée dans le
milieu. Le plan prévoyait la fermeture de milliers de fermes, et le plan
prévoyait également la consolidation d'un certain nombre de
secteurs agricoles. Le plan, je ne dirais pas par hasard, mais comme s'il avait
prévu exactement comment cela allait se passer, cela s'est à peu
près réalisé comme tel. Il y a eu, dans tout le
Bas-Saint-Laurent, une consolidation de l'industrie laitière. Il y a eu
augmentation de la production laitière. Il y a eu augmentation du nombre
de producteurs laitiers dont la valeur à la ferme était assez
forte pour faire vivre un agriculteur. Donc, l'office, tout comme les autres
organismes gouvernementaux en matières agricoles, ont concentré
leurs efforts sur le secteur laitier.
On a tenté l'autre expérience dans le Bas-Saint-Laurent,
à la suite des recommandations, également, du BAEQ, le Bureau
d'aménagement de l'Est du Québec, c'est-à-dire
l'élevage du mouton, l'élevage ovin. Cela n'a pas réussi
comme on l'avait prévu. Il y a eu des subventions de versées sous
mille et une formes, mais cela n'a pas donné les résultats attend
us. On a tenté d'expliquer, je ne dirai pas l'échec, mais tout au
moins, la non-rentabilité de ce programme, et on a attribué cela
à un tas de facteurs tant professionnels qu'historiques, etc.
On avait un autre programme aussi qui a été
préconisé par le BAEQ, mais qui a été
intensifié, par la suite, par le ministère, c'est
l'élevage bovin. L'élevage bovin, dans tout le Bas Saint-Laurent,
adonné, tout compte fait, de bons résultats. On n'est pas parvenu
à constituer de grosses fermes, mais on est parvenu à constituer
des unités semi-rentables. Il y a deux ansje pense que cela fait
deux on s'est entendu avec le ministère des Terres et
Forêts pour intégrer, ce qu'on a appelé la production
bovine à l'exploitation forestière. Le plan prévoyait
aussi tout le développement de la forêt, la reforestration, etc.
Il y a eu des efforts substantiels de faits et il y a eu des gains,
également, réalisés dans ce secteur du reboisement et de
l'exploitation plus rationnelle de la forêt.
Lorsque maintenant, on veut retourner un peu à l'agriculture
c'est assez bizarre comment cela se produit il n'y a pas une
année qui se passe sans que je reçoive au moins trois ou quatre
délégations, du Bas-Saint-Laurent et de plusieurs comtés,
qui viennent me demander de remettre en valeur un certain nombre de terres qui
ont été désaffectées dans le cadre d'une
planification à long terme. Ces gens veulent retourner à
l'agriculture. Ils se disent: II y aurait ici, peut-être 500 ou 600 acres
de terre. On pourrait y implanter deux bons agriculteurs et en faire des fermes
rentables. Mais c'est à l'état de projet seulement. Cela n'a pas
pris forme à tel point que l'office ou que les autres organismes
gouvernementaux puissent donner l'accès aux différentes
politiques mises à la disposition des agriculteurs et maintenant, ce
n'est plus possible.
Je pense que le député sera d'accord avec moi. Ce n'est
pas plus possible pour l'office que pour nousdu ministère, de retourner
à la mise en place de petites fermes de 80 arpents ou de 85 arpents et
un troupeau laitier diminué, trop peu nombreux pour assurer la
rentabilité d'une ferme. Cela crée tout le problème que
vous soulevez et...
M. Pelletier: C'est là que les Américains viennent
acheter les terres tout près des frontières dans le secteur de
ville de Dégelis, ce coin.
M. Toupin: Oui, il y en a des Américains. Mais, selon les
dernières statistiques que j'ai là-dessus, on m'a dit
évidemment, il faudrait les réviser; cela fait quatre ou cinq
mois qu'on me les a données qu'il n'y avait pas 1/10 de 1% des
terres au Québec...
M. Pelletier: II y a des options de prises et ils s'en viennent
avec des rangs complets.
M. Toupin: Oui.
M. Pelletier: Ils prennent des options sur les terres et cela
serait peut-être bon à surveiller.
M. Lessard: Vous êtes en retard avec ces statistiques.
M. Toupin: La Loi d'aménagement du territoire va
régler une partie du problème, mais sur la vente de terres aux
Américains et je n'ai pas besoin de vous dire que je ne suis pas
plus d'accord que la plupart d'entre vous ici je verrais bien que ce
soient des Canadiens français qui achètent ces terres. Je suis
bien d'accord sur cela, mais quand il n'y a pas d'acheteur
canadien-français et que c'est un acheteur américain qui vient,
évidemment, si le mouvement prend une ampleur telle que tout un
comté ou que toute une région passe aux mains
d'intérêts étrangers en matière de
propriété, il est bien sûr que le gouvernement n'aura pas
le choix. Il devra intervenir dans le plus bref délai. Nous nous
préparons, d'ailleurs, à intervenir dans ce secteur... vous
disiez tantôt que j'étais loin des réalités.
M. Lessard: M. le Président, quand nous discutons du
problème des encans et que nous donnons quelques chiffres, le ministre
nous répond en se basant sur son espoir, sur son espérance, en
disant...
M. Toupin: M. le Président, je ne laisserai pas le
député de Saguenay déformer mes pensées.
M. Lessard: A ce moment, question de règlement, M. le
Président.
M. Toupin: II peut me...
M. Lessard: Le ministre utilisera l'article 96 des
règlements après mon intervention. Il pourra toujours le faire.
Je dis que le ministre...
Le Président (M. Lafrance): Alors, si vous permettez, on
va faire appliquer le règlement selon l'article 96...
M. Lessard: Non. Après...
Le Président (M. Lafrance):... à tous les membres
de la commission.
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Lafrance): D'accord?
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Allez-y. Allez-y. On
lui impose l'article 96 pour tout à l'heure quand vous aurez
terminé votre intervention.
M. Lessard: C'est cela. Allez-y, M. le ministre. Le
Président (M. Lafrance): Allez-y.
M. Lessard: M. le Président, ce ne sont pas vos
problèmes. J'irai de la façon dont je voudrai y aller.
Le Président (M. Lafrance): Mon problème est de
faire respecter les règlements...
M. Lessard: C'est cela.
Le Président (M. Lafrance): ...et c'est ce que je veux
faire. Alors, vous avez le droit de parole.
M. Lessard: D'accord. J'ai le droit de parole, mais ce n'est pas
vous qui allez me dire de quelle façon je vais intervenir.
Le Président (M. Lafrance): On fait appliquer le
règlement pour tous.
M. Lessard: Je fais appliquer le règlement...
Le Président (M. Lafrance): Si vous ne voulez pas parler,
on va donner le droit de parole au ministre. C'est tout. Alors, parlez!
M. Lessard: M. le Président, ce n'est pas vous qui allez
me dire de quelle façon je vais parler.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Lessard: Je regrette, M. le Président, mais ce n'est
pas vrai.
Le Président (M. Lafrance): Oui. M. Tetley:
Nommez-les.
M. Lessard: Depuis quand, M. le Président, avez-vous le
droit d'intervenir dans la façon dont je vais intervenir?
Le Président (M. Lafrance): Je n'interviens pas...
M. Tetley: Nommez-les.
Le Président (M. Lafrance): J'interviens sur l'application
du règlement.
M. Lessard: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lafrance): Allez-y.
M. Lessard: ...tout le règlement dont vous parlez.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Lessard: Voulez-vous me lâcher la paix?
Le Président (M. Lafrance): Non. Je ne vous la
lâcherai pas.
M. Massicotte: Question de règlement.
M. Lessard: Voulez-vous me lâcher la paix?
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Lotbinière sur une question de règlement.
M. Massicotte: Le règlement s'applique aussi bien à
l'Opposition qu'au parti ministériel.
M. Lessard: Je suis d'accord.
M. Massicotte: Je demanderais que le député de
Saguenay observe les règlements actuels et qu'il les respecte.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement. Je suis bien d'accord pour respecter les règlements et
j'ai demandé au ministre de me répondre en vertu de l'article 96,
tel que le prescrit le règlement, mais cependant, je n'accepterai jamais
à cette commission parlementaire ou à une autre commission
parlementaire que le président vienne me dire de quelle façon je
vais intervenir. Le président est ici pour faire respecter les
règlements et le président n'est pas ici pour dire de quelle
façon tel ou tel autre député doit intervenir. Que le
président se calme et j'interviendrai à ma façon et de la
façon dont j'interviendrai, ce ne sont pas ses problèmes, pour
autant que je suis dans l'ordre.
Le Président (M. Lafrance): Sur la même question de
règlement, le président est là pour faire respecter les
règlements.
M. Lessard: C'est cela.
Le Président (M. Lafrance): Je n'ai rien fait d'autre que
de demander de respecter le règlement.
M. Lessard: C'est exactement ce que je voulais faire.
Le Président (M. Lafrance): Alors, je vous ai dit que je
vous accordais le droit de parole et qu'en vertu de l'article 96 le ministre
répondra.
M. Lessard: C'est cela.
Le Président (M. Lafrance): C'est tout ce que j'ai dit. Si
vous n'avez pas compris, ce n'est pas ma faute. Allez-y.
M. Lessard: M. le Président, calmez-vous et on va discuter
comme on a commencé à discuter...
Le Président (M. Lafrance): J'en ai un autre à
calmer!
M. Lessard: Oui. Calmez-vous. Ce n'est pas, à ce que je
sache, le président qui va venir dire aux députés de
quelle façon...
M. Tetley: II a oublié sa question.
M. Lessard: Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives ne comprend rien de la discussion que nous
avons actuellement et tel que l'a dit le président, respectez le
règlement.
M. Tetley: Je m'intéresse aux consommateurs beaucoup plus
que vous.
M. Lessard: Je disais que lorsqu'on affirme, ou on donne certains
chiffres concernant les encans, basés sur des études qui ont
été faites par l'Union des producteurs agricoles, et en
particulier, par son économiste, M. François Dagenais, on y
prouve que c'est dans les régions les plus agricoles qu'on retrouve le
plus d'encans ou le plus de cas de désertion de fermes.
M. Toupin: C'est normal, c'est dans...
M. Lessard: Ceci existe en particulier dans les comtés de
la plaine de Montréal, et des comtés comme Shefford, Arthabaska,
Lotbinière, Bagot, Missisquoi, Mégantic, Saint-Hyacinthe, etc. Le
problème que je veux soulever est celui-ci: Lorsque M. Dagenais
établit des statistiques ou s'inquiète du nombre d'encans, qui
augmente d'année en année, il se base sur des chiffres. Il se
basesur une enquête. Il ne se base pas sur des affirmations gratuites,
alors que, lorsque nous demandons des réponses au ministre, celui-ci
nous dit: Je continue à croire que...
Ce sont exactement les termes que le ministre a utilisés: Je
continue à croire que...
Quand cela va bien dans l'agriculture, il est assez curieux que le
ministre possède des statistiques; mais, dans les secteurs où
cela ne va pas très bien, il est encore très curieux que le
ministre ne possède rien, et que, concernant un problème aussi
primordial que les encans de ferme, le ministre, comme je le disais tout
à l'heure, se base sur des espoirs! Le ministre ne semble avoir aucune
statistique qui pourrait nier les affirmations que j'ai faites, en utilisant
l'article de François Dagenais, ou qui pourrait confirmer ce qu'il
affirme lui-même, qu'il s'agit de consolidation de fermes.
Je lui demande si, sérieusement, des études ont
été faites au ministère de l'Agriculture pour
étudier le problème des encans de fermes? Sérieusement,
tel que le soulignait tout à l'heure le député de
Témiscouata-Kamouraska, le ministère de l'Agriculture
aétudié le problème des ventes à l'étranger?
Le principal responsable du développement agricole du Québec
a-t-il des statistiques positives ou négatives à nous fournir
à ce sujet? Il me semble que c'est là un problème
fondamental. M. le Président, étant donné les
avertissements des personnes qui sont directement impliquées et qui sont
des spécialistes du secteur agricole, il me semble que ce serait normal
que le ministère de l'Agriculture commence à se poser des
questions et à se préoccuper de ces problèmes, et qu'il
commence à récupérer des statistiques et à faire
des études à ce sujet.
Or, d'après les réponses que je reçois du ministre
depuis tout à l'heure, il n'y a pas de statistiques ni d'études
au ministère de l'Agriculture à ce sujet. Est-ce le cas?
Le Président (M. Lafrance): Le ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: M. le Président, je voudrais d'abord dire, au
départ, que je ne conteste pas les statistiques que vous avez
données tantôt. Je conteste l'interprétation qu'on veut
leur donner. C'est simplement ce que je conteste. Lorsque vous tentez, par des
statistiques sur les augmentations de 135% dans le nombre des encans au
Québec, de laisser croire que l'agriculture du Québec, à
compter de ces statistiques, périclite ou perd de sa vigueur, je
conteste cette interprétation, parce que les statistiques que vous me
donnez ne sont pas suffisamment explicites pour vous amener à cette
conclusion.
M. Lessard: Pour quelles raisons?
M. Toupin: Je vous ai dit les raisons tantôt.
Décortiquez ces statistiques. Il est facile de trouver des statistiques
comme celles qui sont là et il est facile de les exploiter publiquement,
en termes d'interprétation, mais tentez de les retrouver dans toutes ces
explications et vous n'arriverez probablement pas à la même
conclusion.
Vous nous demandez si nous avons fait la déco rtication de ces
statistiques-là, c'est-à-dire de les compartimenter, pour savoir
combien il y a de fermes maintenant qui se vendent par encan, alors qu'il y a
cinq ou dix ans, on les vendait dans des transactions individuelles. Combien y
a-t-il d'agriculteurs, actuellement, qui font deux ou trois encans, parce
qu'ils ont décidé de vendre à l'encan le troupeau au mois
de mai et, six mois après, ils ont décidé de vendre
l'équipement?
Vous n'avez pas ces données. Moi non plus, je ne les ai pas. Je
ne conteste pas le total des statistiques des encans, je vous dis que
l'interprétation que vous lui donnez est fausse, elle n'est pas
juste.
Au moins, je me pose des questions et vous devriez vous en poser vous
aussi sur des problèmes comme ça. La statistique réelle
sur le type d'encan, le mode de commercialisation que les agriculteurs prennent
maintenant pour vendre leur ferme et vendre leurs animaux, on n'a pas de
statistiques récentes. Tout ce que je puis vous dire, c'est que je vous
donne des indices. S'il y a encan, ça se réflète par
ailleurs sur le regroupement des fermes, ça se réflète sur
le grossissement des troupeaux, ça se réflète sur un total
plus grand d'acres par ferme par rapport à celui des années
antérieures.
Vous n'avez qu'à consulter les statistiques de I960 sur le nombre
de fermes dont la valeur a été estimée en haut de
$150,000. On n'en avait pas au Québec en 1970, de ces fermes maintenant,
on en a au-delà de 600. Ecoutez, si cette ferme est rendus à
$150,000 ou $200,000 de valeur de biens, ça veut dire que ce n'est plus
50 acres que cette ferme a, c'est 300, 400 et 500 acres. Si cette ferme a 500
acres aujourd'hui, c'est parce qu'elle a acheté des acres des
propriétaires de fermes qui ne sont plus là, maintenant. C'est
cela que ça veut dire aussi.
Je vous donne simplement une contrestatisti-que. Vous avez tous les
droits, comme vous le disiez au président tantôt, de prendre les
formes que vous voudrez pour dire ce que vous avez à dire, mais vous ne
me contesterez quand même pas le droit de vous dire que les formes que
vous prenez laissent parfois planer des doutes dans l'esprit des gens. C'est
simplement ce que je veux dire.
Cette statistique, je ne l'utiliserais pas publiquement parce que
j'aurais vraiment trop peur de me faire casser le nez avec une statistique
comme ça, parce qu'elle n'est pas complète.
M. Lessard: M. le Président, juste une précision et
je voudrais avoir une réponse du ministre. C'est que...
M. Toupin: Je la vois venir, votre question, je vous l'ai dit
tantôt.
M. Lessard: Je me base quand même, pour affirmer ces
choses, sur une étude qui a été faite par l'Union des
producteurs agricoles par son économiste, François Dagenais. Je
vous demande, vous qui devriez avoir normalement toutes les informations
nécessaires concernant l'agriculture, puisque vous dites que vous
n'utiliseriez pas cette statistique, parce que ça va à rencontre
de vos affirmations...
M. Toupin: Sûrement pas, elle n'est pas rationnelle.
M. Lessard: ... concernant l'agriculture au Québec, mais
je vous demande: Si elle n'est pas rationnelle, est-ce que, comme ministre de
l'Agriculture, vous avez des statistiques complètes et concrètes
concernant le problème des encans de ferme?
M. Toupin: Je vous ai dit que non tout à l'heure. M.
Lessard: Non.
M. Toupin: Je vous ai dit que la statistique que vous apportez,
personnellement, je ne peux pas l'utiliser...
M. Lessard: La vôtre n'est pas meilleure, vous n'en avez
pas.
M. Toupin: J'aime mieux ne pas avoir de statistiques que d'avoir
des statistiques qui disent rien ou peu de chose.
On peut lancer n'importe quel chiffre, à compter que ce n'est pas
une étude globale faite dans un milieu donné. A l'oeil, vous
pouvez bien dire que c'est dangereux, il s'est vendu, dans la paroisse de
Yamachiche, l'an passé, 42 fermes. C'est dangereux, il s'en est vendu
42, mais on n'a pas regardé à côté que les vingt
autres qui n'avaient que 100 acres, en moyenne, en ont 225 maintenant. Vous
trouvez votre explication. Mais si vous ne donnez pas l'ex-
plication, qu'est-ce que vous laissez planer dans l'opinion publique
à ce moment? Comment appelle-t-on cela?
M. Roy: M. le Président... M. Lessard: Mais
vous...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Beauce-Sud.
M. Lessard: C'est incroyable l'inconscience du ministre.
M. Toupin: Ce n'est pas incroyable, on est raisonnable ou on ne
l'est pas.
M. Roy: J'ai hésité un peu avant de demander la
parole, surtout lorsque j'ai appris que le ministre nous a dit qu'il n'avait
pas de statistiques. Je pense qu'il y a une chose qu'on pourrait ajouter, c'est
qu'il y a de la statique dans ses politiques.
M. Toupin: C'est vrai qu'il y a de l'électricité
là-dedans de temps en temps.
M. Roy: II y en a dans vos politiques et il y a des
courts-circuits aussi. Et c'est normal.
M. Toupin: C'est bon qu'il y en ait de temps en temps, bien
sûr.
M. Roy: C'est normal, alors je pense que ça résume
la mentalité qu'il y a au ministère de l'Agriculture.
M. le Président, quand on parle d'agriculture avec l'actuel
ministre, j'ai toujours l'impression, c'est entendu qu'on est en face d'un
secteur d'activités économiques qui est en panne, et je serais
tenté de faire une comparaison. Quand c'est le moteur qui est en panne,
on ne fait pas que changer les pneus. Actuellement, c'est ça qu'on fait.
Le député de Saguenay a parlé des ventes à l'encan.
Le ministre nous a dit, à ma grande surprise, qu'il n'avait pas de
statistiques là-dessus.
M. Toupin: Oui. M. le Président... M. Roy: C'est
quand même...
M. Toupin: Question de règlement, M. le Président.
En vertu des règlements, j'ai le droit de corriger une affirmation faite
et que j'ai...
M. Roy: Vous avez le droit, mais après que j'aurai
terminé.
M. Toupin: Seulement après l'intervention. D'accord, M. le
Président. Cela m'en fera plus qu'une à corriger.
M. Lessard: Vous n'avez qu'à apprendre les
règlements.
M. Toupin: Remarquez que je ne suis pas au gouvernement pour
apprendre les règlements, je suis là pour régler des
problèmes.
M. Roy: Je pense, M. le Président, qu'on perd notre temps.
On perd complètement notre temps à discuter avec l'actuel
ministre, parce qu'il n'est pas au courant des problèmes agricoles du
Québec.
J'ai l'impression que le ministre se limite à aller dans la
région de Saint-Hyacinthe, dans la région du Richelieu et autour
de son comté, même pas partout dans son comté. Le ministre
ignore totalement la réalité de l'agriculture dans la
majorité des régions du Québec, il l'ignore
complètement.
M. Toupin: C'est la raison!
M. Lessard: Cela n'a pas d'allure.
M. Tremblay: Le ministre sait ce qui se passe dans la
région...
M. Roy: Si le député d'Iberville veut intervenir,
il le fera par une question, tout à l'heure. Je l'écouterai
religieusement. A ce moment-ci, je pense que vous m'avez donné la
parole.
Je comprends que cela ne fait pas l'affaire de certains
députés, mais si ce n'est pas nous, de l'Opposition, qui en
parlons de ces problèmes, qui va en parler en Chambre? Qui va en parler
en commission parlementaire?
C'est vrai qu'il y a des ventes à l'encan, mais pourquoi? Le
ministre devrait le savoir. Il devrait avoir pris soin de faire une
étude détaillée, pour savoir pourquoi les gens doivent
avoir recours à l'encan.
Si le ministre avait fait cette étude, il constaterait qu'il y a
trois raisons fondamentales: II y a des gens qui ne sont plus capables
d'arriver, c'est la seule solution qui leur reste. C'est une première
raison. Cela commence à être assez sérieux. La
deuxième raison, c'est qu'il y a des gens qui, à un moment
donné, se voient rendus dans une situation où cela ne peut pas
durer et qu'il faut qu'ils aillent oeuvrer dans un autre secteur de
l'activité économique, parce qu'ils ne voient pas d'espoir.
C'est le seul moyen d'être capable de réaliser leur actif;
il n'y en a pas d'autre.
M. Toupin: C'est un bon moyen.
M. Roy: C'est un bon moyen, mais cela ne décourage pas le
ministre.
M. Toupin: Pourquoi?
M. Roy: Est-ce que le ministre se rend compte que l'on
démolit, en une seule journée un établissement agricole
dont la réalisation a nécessité parfois 30 ans
d'efforts?
Il suffit de parcourir le Québec, dans n'importe quelle
région. L'année dernière, je me suis permis d'aller
visiter la région du Richelieu, de la vallée de Yamaska, la
région de la rivière Nicolet. Je suis allé dans la
région de Joliette. J'ai été surpris de voir le nombre de
terres abandonnées, de belles terres à
culture au Québec, alors qu'on Importe 59 millions de livres de
beurre au Canada, nous aurions un marché pour le beurre. Nous l'avions
ce marché, nous étions même des exportateurs il y a
quelques années, au Canada. Nous sommes devenus des importateurs, alors
que, dans le Québec, l'agriculture dépérit et que les
agriculteurs quittent les fermes. Le problème que le ministre... je sais
que je perds mon temps, mais je prends quand même la peine de lui
répéter encore une fois, je sais qu'il ne comprendra pas, je le
sais. Mais dans le comté de mon collègue de gauche, il y a des
problèmes identiques aux miens. Il y a des petits cultivateurs et des
moyens cultivateurs. Le gouvernement fait tout pour qu'ils abandonnent.
M. Ostiguy: II est capable de parler tout seul.
M. Roy: Je le connais son comté. Je connais des gens qui
m'écrivent de son comté.
M. Ostiguy: Nommez-les.
M. Roy: Oui. Il y en a qui m'écrivent, de son
comté.
M. Lessard: II doit y en avoir de mon comté
également.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M.Roy: Les problèmes sont les suivants: II n'y a pas de
politique agricole véritable au Québec. Le problème est
là. On n'a pas d'élément moteur. Le ministre tente de
sauver des productions agricoles, pas l'agriculture, pas les agriculteurs. Il a
même dit que son ministère n'avait aucune vocation sociale.
M. Toupin: Pourquoi la production agricole n'est pas
l'agriculture?
M. Roy: La production agricole existe pourquoi?
M. Toupin: Elle existe pour faire le marché.
M. Roy: Si vous étiez président des
compagnies...
M. Toupin: C'est contradictoire, ce que vous dites.
M. Roy: ...président de l'Association des compagnies
minières, avec les propos que vous avez tenus en commission
parlementaire, vous seriez blâmé. On dit actuellement qu'il faut
tenir compte du rôle social de l'industrie. Le ministre a
déclaré, en commission parlementaire, à la dernière
séance: L'agriculture, on n'a pas à se préoccuper des
problèmes sociaux. Vous l'avez dit, c'est dans le Journal des
débats. Vous pourrez le vérifier.
M. Toupin: J'ai dit que ce n'était pas...
M. Roy: Mais on oublie que l'agriculture, actuellement...
M. Toupin: II revient...
M. Roy: ...je le dis encore une fois à l'intention du
ministre... Dans l'agriculture, il y a des gens, des êtres humains qui
sont propriétaires d'une ferme. Il y a des familles qui en vivent et il
y a des familles qui en dépendent pour vivre et pour survivre dans le
Québec. Ce n'est pas la préoccupation du ministre, ce n'est pas
la préoccupation de l'actuel gouvernement. Il n'y a rien à faire
avec ce gouvernement. Qu'on parle de politique de crédit agricole de la
Loi de l'amélioration des fermes, il n'y a rien à faire, parce
que le ministre ne comprend pas, il ne veut pas comprendre et il n'est pas
intéressé à comprendre non plus. On tente de sauver les
trusts, de sauver les cartels et de sauver les monopoles et on est en train de
faire du territoire québécois un territoire qui va devenir la
propriété des autres. Le député l'a
mentionné tout à l'heure, les Américains qui viennent
acheter des fermes, cela existe également dans mon comté. On est
en train de déposséder collectivement notre peuple. On est en
train d'abandonner le premier secteur de l'activité économique
qui est le plus important, l'agriculture, parce qu'il n'y a pas de politique au
gouvernement.
M. le Président, j'aurais encore bien des choses à dire,
mais je pense qu'on perd royalement notre temps. Cela ne sert à rien, le
ministre ne veut pas comprendre. Il n'est pas intéressé à
travailler réellement dans l'intérêt des agriculteurs. Il
cherche à sauver des formules; il cherche à sauver des
systèmes; il cherche à implanter un système. Il suffit de
regarder dans d'autres domaines et on pourra y revenir sur d'autres
crédits.
Mais, pour ce qui a trait au crédit agricole, la Loi de
l'amélioration des fermes, je pense que c'est assez clair.
Le Président (M. Gratton): Le ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: M. le Président, je voudrais, au départ,
affirmer je l'affirme que les statistiques sur les encans qui ont
été rendues publiques, le ministère les possède,
puisqu'il est un de ceux qui contribuent à les compiler. Ce que je n'ai
pas en termes de statistiques, c'est l'interprétation statistique
rationnelle qu'on peut donner à ces statistiques.
M. Roy: C'est important.
M. Toupin: C'est clair, première chose.
Deuxième chose, vous parliez tantôt des petites fermes et
des agriculteurs qui quittent les fermes, parce que les fermes sont trop
petites, qui se servent du moyen des encans pour vendre leur ferme ou le
cheptel laitier ou, etc.
M. Roy: M. le Président, c'est important. Je n'ai pas
parlé des petites fermes qui se vendent à l'encan.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: J'ai dit qu'il n'y avait pas de politique pour les
petites fermes.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Beauce-Sud, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Roy: M. le Président, je ne veux pas mener le ministre
sur une fausse piste.
Le Président (M. Gratton): D'accord, mais à la
condition, par exemple, que le ministre vous accorde la permission, parce que,
tout à l'heure, on a arrêté le ministre suivant
l'interprétation que vous aviez faite.
M. Roy: II charrie.
Le Président (M. Gratton): Si vous permettez, on va
laisser le ministre de l'Agriculture finir et vous reviendrez par la suite,
comme on a appliqué le même processus au ministre.
M. Toupin: M. le Président, je vais essayer de donner une
interprétation la plus juste possible des propos qu'a tenus le
député de Beauce-Sud. Le député de Beauce-Sud a
parlé d'un tas de choses, évidemment. Il a parlé d'abord
de trois raisons qui amenaient les propriétaires de petites et de
grosses fermes à utiliser les encans et il m'en a donné seulement
deux. La troisième, je l'attendrai plus tard. Je dirais même plus,
c'est que les raisons qu'il donne ou les conclusions qu'il tire de cette grosse
statistique, ne m'apparaissent pas être basées sur des
statistiques plus récentes ou sur des statistiques plus rationnelles que
la statistique globale que le député de Beauce-Sud avait en
tête.
Mais, je vais mettre de côté cet élément des
arguments que le député de Beauce-Sud a voulu nous apporter pour
nous convaincre que la statistique donnée mettait le secteur agricole en
péril.
Les petites fermes, au Québec, il y en avait, il y en a encore.
Il va en disparaître encore un certain nombre si nous voulons
régler le problème des agriculteurs professionnels,
c'est-à-dire ceux qui produisent les produits agricoles au
Québec. Il y a 20,000 fermes sur à peu près 52,000 qui
vendent pour plus de $1,000 par année, qui produisent 80% de la
production agricole.
Il m'apparaît que, ma première tâche, c'est celle de
voir à ce que ces fermes continuent à se développer et
continuent à être et à demeurer le palier, le pilier de
base de l'agriculture québécoise. Le jour où ces 20,000 ou
25,000 fermes commenceront à avoir des problèmes
économiques, de mise en marché, de transformation du produit, de
transport du produit, ces fermes disparaissant, l'agriculture
disparaît.
Le problème des petites fermes, comment peut-on le régler
dans le temps? Vous nous disiez tantôt, vous m'accusiez de ne pas avoir
de programme. Or, on en ades programmes, on a au moins trois programmes qui
s'appliquent directement aux petites fermes. Le premier programme qu'on a,
c'est de demander à un petit fermier de tenter de se regrouper avec un
autre petit fermier et ainsi faire une ferme qui soit le moindrement viable.
C'est la politique du crédit agricole en matière d'agrandissement
des fermes.
Il y a le programme fédéral-provincial qu'on a
appelé des petites fermes, qui lui aussi poursuit les mêmes
objectifs de rendre plus d'unités rentables. Il y a le troisième
programme qu'on a dans les régions périphériques où
on retrouve le plus grand nombre de petites fermes, qu'on appelle le programme
du réaménagement foncier. Là, on tient compte, de
façon plus particulière, du problème social du gars qui se
trouve aux prises avec une petits ferme. On va lui verser des subventions pour
s'implanter ailleurs voire même pour améliorer sa bâtisse
là où il demeure présentement sans qu'il ne soit
obligé d'aller s'implanter ailleurs. Ce sont trois programmes qui
existent et qui sont administrés par l'office, tous les trois. On aurait
pu les trouver à un autre article, mais je vous en parle tout de suite,
parce que vous nous avez accusés, tantôt de ne pas avoir de
politique pour les petites fermes, pour les petits fermiers.
On est allé plus loin que cela. Il y a deux ans, on a
tenté, en I973, par un programme de main-d'oeuvre des assistés
sociaux, d'intégrer les assistés sociaux. Le député
de Beauce peut rire et il a raison de rire...
M. Roy: Vous avez fait défaire une grange en Abitibi, qui
a coûté quel prix?
M. Toupin: Le député a raison de rire, mais je vais
lui donner une statistique tantôt qui va le faire rire encore plus s'il
en a encore le désir. Pour les assistés sociaux, notre programme
a raté.
M. Roy: Oui.
M. Toupin: On avait prévu $1.5 million. Là-dessus,
il y a 76 gars qu'on a placés dans la province.
M. Roy: C'est pour cela que je ris.
M. Toupin: Cela était à titre expérimental.
On s'est dit: Ce n'est donc pas réaliste de penser à un programme
comme cela. Qu'est-ce qu'on a fait l'an dernier? On est allé plus loin
que cela. On a dit: On va appliquer un programme pour les agriculteurs
marginaux. Les agriculteurs marginaux pourront aller travail 1er sur des
fermes. On va leur payer un bon salaire, $110 par semaine, plus tous les
avantages attachés à un salarié normal. Le gouvernement
payait une partie du salaire. Il y en a 700 et plus qui se sont inscrits au
programme. Ce programme, nous voulons le continuer. Nous le discutons,
présentement, avec le ministère des Affaires sociales, qui est
directement impliqué, et le ministère du Travail qui est
directement impliqué. Si ce n'est pas un programme pour aider les
agriculteurs marginaux, les propriétaires de petites fermes, je me
demande quel programme maintenant on devrait mettre de l'avant.
Revenons maintenant à d'autres alternatives qu'on a
examinées et auxquelles on a dit non. On aurait pu continuer les
politiques des années soixante et des années cinquante. On aurait
pu conti-
nuer encore à donner de petites subventions ici et de petites
subventions là pour garder des gars sur des petites fermes non
productives et non rentables. On ne réglait rien, rien de rien. Non
seulement on a dit non à cela, mais on les a enlevées ces
subventions. On a pris cet argent pour les programmes dont je vous parlais
tantôt. Cela crée des problèmes sociaux. Le
ministère de l'Agriculture n'a pas pour fonction première de
régler un problème social. Le secteur minier n'a pas pour
fonction première de régler un problème social. Le secteur
agricole est non seulement intéressé, mais participe activement
avec le ministère des Affaires sociales, avec le ministère du
Travail, avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, avec tout
autre ministère susceptible d'assurer un développement du milieu
rural, et les Affaires municipales. On est surtous les comités. On a des
programmes qu'on suggère à peu près à tous ces
ministères pour tenter de régler le problème social que
pose le départ d'agriculteurs qui étaient propriétaires de
petites fermes.
Je terminerai, M. le Président, par ceci. Le nombre de fermes
dans une province comme la nôtre est extrêmement important. Si on
avait assez d'acres de terre pour faire travailler 90,000 agriculteurs
activement, je serais le premier à les stimuler comme on le fait
actuellement pour le nombre d'acres de terre que nous avons. Il y a 6 millions
d'acres de terre au Québec, mettons 7 millions de sol A et B. Il y en a
à peine 10 millions quand nous prenons les sols de qualité
inférieure. Si vous prenez une moyenne de 200 acres par agriculteur, et
ce n'est pas beaucoup, faites l'opération mathématique et vous
allez savoir combien d'agriculteurs rentables on peut avoir au Québec,
à peu près.
Si la moyenne veut se rendre à 300 acres, notamment lorsque nous
parlons de production de céréales, vous me le dites en Chambre,
tous les jours: Toupin, tu ne t'occupes pas des céréales. Le
ministre ne s'occupe pas des céréales. Pour que j'aie des
producteurs céréaliers au Québec, il faut que ces
gars-là aient d u sol. Ils ne font pas de céréales sur 80
arpents de terre. Ils ne vivront pas de céréales, sur 80 arpents
de terre; ils vont vivre sur 500, 400 et 300. Hier, j'étais dans le
comté de Verchères, et je rencontrais un producteur de
maïs-grain qui a 1,500 acres de terre qu'il cultive en maïs-grain. Il
n'est pas le seul. Cette année, on produit près de 100,000 acres
de terre en maïs-grain.
M. Lessard: L'a-t-il vendu?
M. Toupin: Le problème de la commercialisation en est un
autre. Ecoutez!
M. Lessard: Agrabec.
M. Toupin: M. le Président, pourrais-je faire appel
à l'article 96?
Le Président (M. Lafrance): Oui. M. Toupin: M. le
Président...
Le Président (M. Lafrance): La parole est au ministre.
M. Toupin: ...je continue à soutenir que, si nous voulons
entrer dans ces secteurs importants pour le dynamisme de l'agriculture
québécoise, il faut sacrifier quelque chose, si on peut
s'exprimer ainsi; et on doit, malheureusement, voir un certain nombre de petits
agriculteurs quitter des fermes pour laisser place à un dynamisme plus
grand d'agriculteurs professionnels, qui veulent rejoindre les grandes
préoccupations des Québécois, pas seulement les miennes,
les vôtres aussi, je l'espère, parce qu'il ne se passe pas une
journée sans que vous m'en parliez en Chambre.
Prenons maintenant le dernier problème soulevé par le
député de Beauce-Sud, le problème du beurre. Cela ne
rentre pas du tout, M. le Président, dans la discussion actuelle. Mais
les producteurs québécois ont choisi ce n'est pas moi qui
l'ai choisi de faire du fromage. Alors, faisons moins de cheddar,
faisons plus de beurre; mais le problème que cela pose, même si le
beurre est à $1.08 sur le marché, quand le fromage est à
$0.85, cela donne $0.45 les 100 livres de lait de plus aux producteurs. Parce
que le producteur s'asseoit maintenant, de temps en temps, et il prend son
crayon. Quand il voit $0.45 par 100 livres de lait dans une livre de fromage,
alors qu'il en voit $0.45 de moins dans une livre de beurre, il
préfère manger et vendre du fromage. C'est ce qu'il a fait. C'est
exactement ce qu'il a fait. Il a décidé, lui, avec sa
coopérative et les industriels laitiers, de fabriquer du fromage et de
retirer un meilleur revenu de son travail. S'il n'avait pas pris cette
décision, vous nous accuseriez comme vous le faites, d'ailleurs,
actuellement de ne pas nous préoccuper des revenus agricoles.
Vous nous diriez : Vous n'exploitez pas les bons marchés. Vous pourriez
produire du fromage et vous n'en produisez pas. Mais voici: On ne peut pas
produire les deux, parce qu'on produit six milliards de livres de lait.
M. Roy: Ah!
M. Toupin: On pourrait produire sept milliards de livres de
lait...
M. Roy: Enfin!
M. Toupin: Oui, mais même si on produisait sept milliards
de livres de lait, on produirait plus de fromage, on ne produirait pas plus de
beurre.
M. Roy: Cela, c'est intelligent!
M. Toupin: Oui, mais c'est l'option que les producteurs agricoles
ont prise, soit celle de produire du fromage d'abord.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre! A l'ordre!
M. Toupin: Alors, qu'est-ce qui se produit à ce
moment-ci?
M. Lessard: Le fromage...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Toupin: Qu'est-ce qui se produit, M. le Président?
Le Président (M. Lafrance): Vous aurez l'occasion de
parler tout à l'heure.
M. Toupin: Le Canada, et le Québec, parce que c'est la
grosse province laitière, vend du fromage dans huit ou dix ou quinze
pays du monde, et pour arriver à vendre son fromage à un bon prix
qui donnait $0.45 de plus aux producteurs, il accepte de faire entrer du
beurre. C'est moins payant. Je trouve que le raisonnement est logique et que
l'industriel laitier et le producteur laitier ont pris une décision
raisonnable. Leur faire prendre une autre décision que celle-là
serait leur faire prendre une décision politique qui, d'ailleurs,
n'émanerait pas du gouvernement dans le contexte actuel. Cela
émanerait d'une autre source, qui serait probablement l'Opposition.
Parce que nous croyons, nous, que des décisions rationnelles, cela se
soutient n'importe quand et des thèmes politiques, cela peut se
défen-dre n'importe où aussi, mais cela ne met pas d'argent dans
la poche des producteurs.
M. Lessard: ... 100,000 emplois...
M. Toupin: C'est cela qui est important pour nous, pour
l'agriculture du Québec actuellement. Ce n'est rien d'autre. Si, demain
matin, les producteurs décident de faire du beurre, ils en feront.
Je me rappelle, M. le Président, la lutte menée sur la
margarine. Comment on a protégé le marché du beurre au
Québec, par toutes sortes de moyens. On disait: On ne fabriquera pas de
margarine colorée, parce que c'est trop dangereux, cela devient une
concurrence artificielle pour le beurre. Avec le temps, la margarine a pris sa
place, on lui adonné, il y a deux ans, la place qu'elle devait avoir.
Cela n'a même pas eu d'influence sur la consommation. Cela a simplement
donné plus de valeur à la margarine. Il ne s'est pas mangé
plus de beurre ni moins de beurre. La consommation per capita est
demeurée ce qu'elle était, mais, parce que la margarine
était un peu meilleur marché, il y a des consommateurs qui
prenaient la margarine plutôt que de prendre du beurre.
On n'a presque rien réglé en voulant protéger le
beurre au Québec. Cela fait quinze ans que la Colombie-Britannique fait
cela. Cela fait vingt ans que la Suède fait cela. La Suède est
allée bien plus loin que cela, elle fait maintenant de la margaraine et
elle oblige les margariniers à mettre dans leur margarine 20% de gras
animal, c'est-à-dire du gras de lait. Elle règle ainsi son gras
de lait, son surplus de gras de lait et vend du lait en poudre sur le
marché international. C'est payant à vendre du lait en poudre.
Nous, cela nous a pris cinq, six ou dix ans au Québec avant de
réaliser cela à un moment donné. Mais quand on l'a
réalisé, en I972, on a changé nos politiques. On s'est
ajusté aux marchés modernes. Ainsi, on répond à une
demande du marché et on répond à un désir des
agriculteurs.
M. le Président, je vais prendre le temps qu'il faut pour
répondre à cette question.
Je vais maintenant prendre le problème de la vente des terres aux
Américains. Vous m'accusez de ne pas avoir de statistiques.
M. Lessard: On revient à nos moutons.
M. Toupin: M. le Président, je discute avec les moutons
qu'on m'a mis sur la table tantôt. Les statistiques qu'on a sur les
fermes qui se vendent aux Américains, on va vous les donner. Je vous ai
dit qu'il y a six mois, moins de l% de toutes les transactions faites au
Québec étaient des ventes aux étrangers. Encore là,
je n'ai pas été capable d'avoir la statistique parce que le
Fédéral ne l'avait probablement pas. Au Québec, ici, on
n'est pas équipé pour aller chercher ces types de statistiques
parce que c'est un secteur qui relève en particulierdu
Fédéral, c'est-à-dire de l'Immigration. Là-dessus,
on ne sait même pas combien il y a d'immigrants qui ont acheté ces
terres. Supposons que 40% de ces gens qui ont acheté des terres, ceux
qu'on appelle les étrangers, sont des immigrants désireux de
s'implanter et de rester au Canada. Qu'est-ce qu'il reste? Il reste un
dizième de l% à peine des transactions qui sont faites à
l'extérieur du Québec par des étrangers.
M. Lessard:... vos hypothèses.
M. Toupin: C'est une statistique, M. le Président, qui
mérite non seulement d'être écoutée, mais
d'être entendue comme il faut.
M. Lessard: Elle est basée sur quoi? Qu'on arrête de
mentir!
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Toupin: M. le Président, je ne mens pas et je
demande...
M. Lessard: Supposons que votre hypothèse...
M. Toupin: M. le Président, ce ne sont pas des
hypothèses.
M. Lessard: On vous demande des faits, des chiffres.
Arrêtez donc de patinerl
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! Vous avez demandé de faire respecter le
règlement. On va le faire respecter.
M. Lessard: Mais qu'il arrête de patiner!
Le Président (M. Lafrance): Vous aurez droit de
réplique tout à l'heure.
M. Lessard: C'est ridicule!
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: M. le Président, quand on a choisi d'être
cuisinier on endure la chaleur de la cuisine.
M. Lessard: Arrêtez de patiner!
M. Toupin: M. le Président, c'est une statistique que
j'apporte et que le député de Saguenay essaie de me
démontrer le contraire. Je dis que, sur les transactions de terre faites
au Québec, toutes les transactions de terre agricole faites au
Québec il y a six mois, il y avait moins de 1% de ces transactions qui
étaient faites avec des étrangers. Est-ce une statistique cela,
M. le Président?
M. Lessard: Je répondrai tout à l'heure. M.
Toupin: Et là, je veux être honnête.
M. Lessard: L'avez-vous? Publiez-la. Déposez votre
statistique.
M. Toupin: Je dis que, dans cette statistique... Je ne l'ai
pas.
M. Lessard: Bon!
M. Toupin: ...Ecoutez, on ne me laisse pas terminer. Je dis que,
dans cette statistique-là et je veux être honnête
jusqu'au bout, M. le Président, je ne veux induire personne en
erreur nous n'avons pas les régions, c'est-à-dire par
région, où les transactions avec des étrangers se font en
plus grande quantité. Nous n'avons pas non plus le nombre d'immigrants
qui ne sont pas encore Canadianisés, qui ont acheté de ces terres
en arrivant au Canada. Nous n'avons pas ces statistiques. Nous allons les
chercher, nous allons les avoir bientôt parce qu'avec la Loi de
l'aménagement du territoire et de la protection du territoire agricole
qui s'en vient, nous allons nécessairement mettre la main sur toutes ces
transactions parce que ces transactions devront être enregistrées.
Actuellement, on les prend dans les bureaux d'enregistrement et on les compile
dans les bureaux d'enregistrement et on en sort une statistique
générale. La région du Bas-Saint-Laurent a
été un peu plus affectée. La région de la Beauce a
été un peu affectée aussi à cause de ses
périphéries sur les frontières américaines,
c'est-à-dire à cause des frontières qui sont plus proches
et, également un peu, la région de Montréal.
M. Roy: Ce n'est pas à cause de cela.
M. Toupin: M. le Président, le député de
Beauce-Sud tirera, là-dessus, la conclusion qu'il voudra. Nous, nous
croyons que, parce que c'est plus près de la frontière, il y a
plus de chance d'une transaction. On voit très rarement ces transactions
se faire dans le Saguenay-LacSaint-Jean. Dans l'Abitibi il y a eu un
mouvement.
Une Voix: Bob!
M. Toupin: Oui, oui, je l'ajoute là. Il y a eu un
mouvement qui maintenant veut di re peu de choses. Plusieurs fermes ont
été achetées, je n'ai pas la statistique, je l'avais pour
1973. On n'a pas fait faire le travail pour l'année 1974. Mais pour
l'année 1973...
M. Lessard: Vous avez arrêté.
M. Toupin: ...nous avions les statistiques du nombre de terres
qui avaient été achetées par une soi-disant compagnie
américaine. Ce n'était pas alarmant, au contraire, mais ce sont
quand même des mouvements que nous devons cesser de laisser se continuer
parce que, avec le temps, cela pourrait devenir dangereux.
Je termine par ceci: Quand vous nous dites que nous n'avons pas de
statistiques, nous vous disons qu'au Québec, actuellement, il y a au
moins 300,000 acres de terre qui sont sous spéculation et il y a au
moins 300,000 acres de terre dont une bonne partie ne sont pas
cultivées, sont incultes; d'où la décision du gouvernement
de mettre en place une loi qui sera déposée
évidemment, je n'ai pas à en dire davantage là-dessus
et qui réglera ce problème en partie.
M. le Président, c'étaient les quelques opinions que je
voulais émettre sur les propos tenus et par le député de
Beauce-Sud et par le député de Saguenay.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, le ministre a dit que j'avais
parlé de trois classes de personnes qui avaient recours à la
vente à l'encan.
M. Toupin: Vous avez parlé de trois raisons qui amenaient
un agriculteur à vendre.
M. Roy: Trois raisons. J'en ai nommé deux, j'en ai
oublié une troisième. J'ai oublié ceux qui arrivaient
à l'âge de la retraite. Ce n'est pas très grave.
Le ministre a parlé de 50,000 fermes, dont 20,000, actuellement,
faisaient de la production à 80%, autrement dit, réussissaient
à produire à 80% de la production totale agricole. Le
problème n'est pas là. Je voudrais bien qu'on se comprenne une
fois pour toutes. Le problème se situe au niveau des autres qui n'ont
pas encore atteint ce haut degré de rentabilité. Ce n'est pas en
les faisant disparaître, ou encore en les fusionnant, comme c'est sa
politique et c'est ce que je reproche au ministère de
l'Agriculture que nous allons régler le problème.
Il y a quantité de terres abandonnées actuellement au
Québec qui sont bonnes pour la culture. Il y en a partout. Il y a
beaucoup plus que 300,000 acres. Le ministre a des statistiques qui ne sont pas
réelles, qu'on fasse le tout, à un moment donné, des
différentes régions de Québec, il y a plus que cela.
M. Toupin: Vous avez le droit de contester ces chiffres.
M. Roy: Si on faisait en sorte que ces 30,000 fermes deviennent
des unités agricoles rentables, mais qu'on n'examine pas uniquement la
question de la rentabilité agricole, parce qu'il y a des régions
où l'agriculteur le ministre ne m'écoute pas!
M. Toupin: J'écoute.
M. Roy: II y a des régionsoù l'agriculteur n'a pas
comme seuls revenus les revenus de l'agriculture.
M. Toupin: C'est vrai.
M. Roy: Et il ne faudrait pas le faire disparaître, parce
que, si vous faites disparaître cet agriculteur, vous en faites
automatiquement un assisté social, car, 50 ou 55 ans, ce n'est plus
l'âge de se recycler et d'aller travailler dans d'autres secteurs de
l'activité économique, surtout avec les restrictions qu'on
retrouve un peu partout. Je dis que le ministère de l'Agriculture aurait
intérêt, et ce serait l'intérêt du Québec,
actuellement, à axer ses politiques, non pas pour permettre aux 20,000
de produire 90% de la production agricole, mais pour faire en sorte qu'on
permette aux 30,000 autres de reprendre leur place et de jouer leur
rôle.
C'est un équilibre économique dont le Québec a un
urgent besoin. Le ministre nous disait tout à l'heure que les
agriculteurs ont décidé de faire du fromage Cheddar, parce que
c'était plus payant. Je suis d'accord que le fromage est plus payant,
mais il reste quand même un fait, la production du beurre a toujours eu
une place prépondérante au Québec actuellement, il ne
faudrait pas faire du fromage pour l'entreposer, comme disait le ministre,
parce que je sais qu'il a exagéré sa pensée, tout à
l'heure, faire du fromage inconsidérément.
Si on parle de l'autosuffisance au niveau des grains de provende, alors
qu'il y a des problèmes de concurrence, des problèmes de
coût de production qui entrent en ligne de compte pour bien des
régions du Québec, il faudrait également parler de
l'autosuffisance au niveau de la consommation, sur le plan alimentaire. C'est
un point qu'on doit regarder, parce que, si on importe, qu'on continue à
importer et qu'on fait en sorte d'accroître l'importation des produits
agricoles au Québec, il se trouve qu'au niveau de l'économie en
général on a à payer pour cela, on a à payer
d'autres façons.
C'est la raison pour laquelle j'insiste, actuellement, pour qu'au niveau
des 30,000 fermes, on fasse en sorte de tenir compte de chacune des
régions. Chacune des rég ions a des caractéristiques
particulières. Je pense qu'on doit tenir compte de cela. Qu'on tienne
compte, dans l'élaboration des politiques, des possibilités que
les gens de ces régions ont dans leur milieu.
Si on regarde la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a des
possibilités dans le domaine du bleuet, il y en a qui vont chercher des
revenus additionnels. Lorsqu'on regarde dans le Nord-Ouest
québécois et dans le Témiscamingue, pour certaines
régions agricoles qui sont proches de la forêt, il y a des revenus
d'appoint; lorsqu'on prend une région comme la mienne, la Beauce, il y a
la forêt, l'érable qui a toujours été un apport
assez important, assez appréciable pour l'agriculture. Ce qui fait en
sorte que, si l'agriculteur réunit les trois, il devient une personne
qui vit par lui-même, il n'est pas à la charge de la
société, il est un actif dans la société. Si, dans
nos localités, on est capable de maintenir ces effectifs
économiques, il s'ensuit que c'est toute l'économie de la
région qui s'en trouve améliorée et, si on améliore
chacune des économies des régions du Québec, c'est
l'économie du Québec qu'on améliore automatiquement.
M. le Président, le ministre a parlé de 1% des fermes qui
sont actuellement au niveau des transactions qui ont été faites,
avec des Américains, ce qu'on pourrait appeler des étrangers, des
non-résidants.
M. Toupin: L'un ou l'autre, en tout cas...
M. Roy: Le problème est qu'il faut aller plus loin que
ça parce qu'il y a des gens qui ont donné des mandats, ce qu'on
appelle des options et je pense que c'est là-dessus que le
député de Saguenay, tout à l'heure... Je l'appuie
là-dessus. C'est qu'il y a un grand nombre d'agriculteurs qui ont
donné des options et c'est assez difficile d'avoir des statistiques
là-dessus. Mais si, au niveau du ministère de l'Agriculture, il y
avait des discussions au niveau du conseil exécutif, au niveau du
gouvernement, pour quelle raison c'est une suggestion que je pourrais
faire à ce moment-ci qu'on n'impose pas une taxe on va
rester surpris pour ceux qui achètent des fermes au Québec
et qui sont non-résidants? Qu'on impose une taxe ou un droit particulier
aux non-résidants. Alors, je pense que ce serait un excellent moyen de
protéger l'intégrité de notre territoire, de faire en
sorte que notre territoire demeure notre propriété et ce doit
être une des premières préoccupations du gouvernement,
faire en sorte de garder l'intégrité de notre territoire parce
que, si toutes les terres qui sont sous option étaient vendues en
l'espace de deux mois aux Américains, il serait trop tard pour agir,
beaucoup trop tard parce que le mal serait fait. Je pense que le ministre
devrait prendre note de cela, qu'on fasse en sorte d'arriver avec une mesure
assez draconienne, une loi qui a des dents. C'est le temps, actuellement, de
faire en sorte que notre territoire demeure notre propriété et,
s'il y a un domaine où on doit imposer une taxe, c'est bien
là.
C'est bien là qu'on devrait imposer une taxe qui
découragerait ces initiatives et qui ferait en sorte d'éloigner
ces spéculateurs, qui ne viennent pas ici pour nous faire plaisir ni
pour nous faire des cadeaux. Je pense que le ministre en conviendra.
M. Toupin: M. le Président, cette suggestion du
député de Beauce-Sud, j'aimerais bien qu'il l'apporte lorsqu'on
discutera la Loi de l'aménagement du territoire. C'est sans doute une
option qui mérite d'être examinée. L'Ontario a choisi cette
voie pour une partie de son territoire. La Colombie-Britannique a
préféré procéder autrement. Elle a
procédé par un zonage et ne s'est pas préoccupée de
savoir qui achèterait la terre ou non. Elle a dit:Celui qui
l'achètera devra cultiver, peu importe le propriétaire. Pour ces
provinces, ce qui est important, c'est que la terre soit cultivée.
Alors, un Américain ou un étranger n'est pas
intéressé à acheter une ferme, demeurer sur celle-ci et
l'exploiter. Si toutefois il le fait, il deviendra citoyen canadien. A ce
moment-là, il sera un Canadien comme les autres Irosqu'il sera devenu
citoyen canadien.
II y a ces deux options possibles. La Saskatchewan a choisi une autre
option. Elle achète les terres, elle les reloue aux agriculteurs. Elle
les reloue très souvent à des Immigrants qui ne sont pas encore
naturalisés Canadiens.
Voyez-vous comme il y a plusieurs options? Nous, on en a choisi une
autre, que vous connaîtrez lorsqu'on déposera la loi, et qui
essaie de marier ces ensembles de moyens que les autres provinces ont pris,
pour en arriver à fermer le plus de portes possible. On en discutera
plus à ce moment-là.
M. le Président, je reviendrais à l'article 2 si...
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saguenay.
Vente aux étrangers
M. Lessard: M. le Président, je reviendrais encore sur la
question des encans. Je demanderais au ministre sur quels chiffres ou sur
quelles statistiques il se base pour affirmer que moins de 1% des fermes sont
actuellement entre les mains des étrangers ou font l'objet de ventes aux
étrangers? D'où vient sa statistique? Du
fédéral?
M. Toupin: C'est de la statistique qu'on peut trouver au
Québec, parce que toute vente se fait par contrat; cela se fait dans les
bureaux d'enregistrement. Ce sont des compilations que nous faisons à
compter de communications avec les bureaux d'enregistrement et on arrive
à peu près à donner une statistique comme
celle-là.
On n'est pas capable, comme je vous le disais tantôt, d'avoir une
statistique absolue. Si vous parlez du problème des encans, il est
possible d'avoir une statistique un peu plus déterminante, en termes de
quantité tout au moins, parce que chaque encanteur est obligé de
faire un rapport chaque année au ministère. A ce
moment-là, on a le nombre d'encans.
M. Lessard: Le minimum qu'on devrait exiger lorsque le ministre
répond à une question, c'est de se baser sur des statistiques
véritables, des statistiques réelles. Le ministre dit: On l'a, on
ne l'a pas, on peut la retrouver, on ne la retrouve pas, etc.
Je pense, M. le Président, que le ministère s'est
dégagé complètement de sa responsabilité comme le
ministère des Terres et Forêts, d'ailleurs, vis-à-vis des
ventes aux Américains. Il y a une chose que je ne comprends pas. Je
comprends qu'il y a unequestion d'option et qu'il y a une question, en fait, de
vente directe, mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'on retrouve un peu
partout, lorsqu'on feuillette les journaux, des cris d'alarme à ce
sujet.
Dans le Soleil du mardi 16 juillet 1974, on pouvait lire ce qui suit, en
titre: "Le gouvernement du Québec doit agir pour empêcher que les
terres agricoles passent à des Américains." C'était une
déclaration de M. Lucien Bédard. Un autre article signé
par Paul-Henri Drouin était en provenance de Saint-Joseph : "Le
gouvernement du Québec se doit d'agir bientôt s'il désire
empêcher que les terres agricoles, dans les régions
défavorisées, passent aux mains des capitaux américains,
comme c'est le cas présentement devant l'américanisation
progressive des terres à bois." Ce phénomène, selon M.
Lucien Bédard, directeur-gérant de l'Association
forestière des Cantons de l'Est, n'est pas exclusif aux Cantons de
l'Est, car il a déjà été signalé en Abitibi,
dans Lotbinière, la Beauce et ailleurs. Voici un autre article, dans la
Tribune, le 24 mai 1974: "Les terres passent aux mains des Américains",
cet article de la Tribune concerne Chartierville. C'est un M. Alcide Laflamme
qui dit qu'on estime qu'à peu près 38% du sol de Chartierville et
des environs appartient maintenant aux Américains. "Si cela continue,
plus de la moitié du sol leur appartiendra et cette perspective fait
peur à bien des gens", conclut M. Laflamme.
On pourrait continuer. En fait, on sait que, même chez nous et
dans différentes régions du Québec, on voit constamment,
à un moment donné, des annonces, des rubriques publiées
sous le titre de petites annonces: Propriété demandée avec
rivage, doit avoir au moins un mille de rivage ou davantage, avec du terrain
d'une superficie considérable. S'il vous plaît, envoyez les
détails à G. Jones, boîte postale 852, Station "K",
Toronto, Ontario.
Plus cela va au niveau de la discussion des crédits, plus j'ai
l'impression qu'il y a seulement le ministre qui a le pas. C'est drôle,
en fait. Les articles qu'on peut voir... Ou bien tout le monde a menti en
même temps, ou bien il y a seulement le ministre qui a raison. Mais, ce
qui m'inquiète, dans tout cela, c'est qu'on affirme un peu partout le
problème de l'achat de nos terres par les Américains.
On trouve cela dans tous les journaux du Québec. Le ministre dit:
Non, il n'y a pas de problème, mais le ministre ne peut nous fournir une
statistique véritable, une statistique qui soit basée sur quelque
chose. Cela m'inquiète drôlement. D'ailleurs, je voudrais avoir
des informations concernant un "supposé", parce que, que ce soit dans
n'importe quel problème, le ministre nous dit toujours: Cela va bien, il
a le pas, pas de problème dans l'agriculture. Cela va bien, le revenu
net a diminué de 9%, mais cela va encore bien, il n'y a pas de
problème. On sait qu'en 1971, le premier ministre du Québec,
suite à des questions que le député de Beauce et
moi-même avions posées à l'Assemblée nationale,
avait annoncé la mise sur pied d'un comité
interministériel chargé d'étudier la question,
chargé d'étudier la question, non pas nous fournir une
statistique comme celle que nous donne le ministre actuellement qui est une
statistique dans les nuages, mais étudier la question.
Parmi les ministères impliqués se trouvaient les
Institutions financières M. Tetley est parti, cela aurait
été le temps d'intervenir les Terres et Forêts,
l'Agriculture, le Tourisme. On sait que ce comité a effectué au
moins une réunion.
M. Toupin: II s'est repris après.
M. Lessard: En tout cas, on verra. Au cours de cette
réunion, on s'est aperçu qu'on n'avait à peu près
aucun renseignement ou donnée fiable sur l'étendue des achats de
terres par des non-résidents, Américains pour la plupart, et
aussi un
bon nombre de la province voisine, soit en provenance de l'Ontario.
Même plus que cela, il y a eu le comité interministériel.
Je demande au ministre où en sont rendues les études de ce
comité ministériel. Plus que cela, l'Office du crédit
agricole a effectué une enquête sur la question en Abitibi et dans
Mé-gantic. Le ministre nous a dit qu'il n'a pas continué
l'enquête cette année. Probablement que cela allait trop mal, je
ne sais quoi. J'aimerais savoir, et cela m'inquiète, parce que c'est en
1971, ce n'est pas en 1973, qu'on avait soulevé ce problème et
que le premier ministre lui-même, le chef de l'Etat
québécois on sait qu'il souffre d'amnésie de ce
temps-ci nous avait dit qu'il y avait un comité
interministériel qui se constituait pour cela, pour étudier
l'ensemble du problème. Ce soir, je comprends qu'on peut affirmer
certaines choses. On n'est pas, nous autres, ministre de l'Agriculture, on n'a
pas tous les fonctionnaires derrière nous pour étudier le
problème, on n'a pas toutes les statistiques qui vous sont fournies par
les différents organismes agricoles, mais, comme ministre de
l'Agriculture, je pense que vous devriez agir, parce que ce n'est pas la
première fois qu'on discute de ce problème, ce n'est pas la
première étude de crédits où on soulève ce
problème.
Cela fait depuis 1971 qu'on discute de ce problème. Il me semble
qu'en 1975, le ministre devrait avoir des réponses. Or, le ministre n'a
pas de réponse. Il nous parle de moins de 1% mais le problème
global, l'avez-vous étudié? Le comité
interministériel, qu'est-ce que cela a donné? L'étude de
l'Office du crédit agricole, en Abitibi et dans Mégantic, cela a
donné quoi? J'aimerais avoir des commentaires sur ces deux points. On
devrait demander aussi, parce que des comités... Toutes les fois qu'on
soulève une question en Chambre, le premier ministre se lève et
dit: Pas de problème! On étudie et on va former un comité
interministériel après quoi on vous fera rapport. Des rapports! Y
a-t-il des rapports qui ont été déposés? Non, mais
est-ce qu'on pourra obtenir les rapports si c'est positif ou si c'est
négatif? Pourra-t-on les avoir, ces rapports?
M. Toupin: Est-ce que je peux répondre? M. Lessard:
Oui. Allez-y!
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: L'enquête que l'office a faite, en 1971, on en
avait discuté à l'Assemblée nationale, et cela venait
surtout de l'Abitibi à ce moment. On avait soulevé le
problème qu'en Abitibi, c'était très sérieux, qu'il
y avait des centaines de terres qui passaient entre les mains des
Américains, etc. L'office a fait enquête et a découvert
treize cas, à la suite d'enquêtes assez approfondies faites sur le
territoire abitibien. C'était là qu'était le gros
mouvement. On n'en parlait pas ou presque pas ailleurs dans le Québec,
à ce moment-là. Pas longtemps après, on a entendu dire que
cela commençait à se manifester dans la région sud. On
s'est dit: II faudra voir aussi dans ce coin ce qui se passerait, mais le
président de l'office m'a dit que les études faites sur ce
territoire auraient été moins poussées que celles qu'on
avait faites en Abitibi. Ceci est pour la question du travail que l'office a
fait.
Pour la question du comité interministériel, qui a
été créé à la suite de ces discussions sur
l'achat de terres par les Américains, et à la suite
également d'une décision que l'Ontario avait prise d'imposer une
taxe spéciale non pas sur l'achat de terres par les étrangers en
Ontario il faudrait être réaliste c'était
pour contrer la spéculation, c'est-à-dire que pourtout sol que le
gouvernement de l'Ontario jugeait propice à l'agriculture et qui
était sous spéculation, le propriétaire du sol, s'il
vendait cette terre pour d'autres fins que pour des fins agricoles, on lui
imposait une taxe assez forte, de sorte qu'il n'était pas
intéressé à la vendre pour d'autres fins que pour des fins
agricoles. C'est la politique de fond de l'Ontario, vis-à-vis de ce
problème.
A la suite de cela, un comité interministériel a
été mis en place. Il y a eu ces quatre ministères au
début, et par la suite, d'autres ministères se sont
ajoutés. L'OPDQ s'est ajouté à cela. Il y a eu, par la
suite je pense, le ministère des Affaires municipales, bien sûr,
et je crois que le ministère de l'Industrie et du Commerce s'y est joint
aussi.
Une Voix:... soupe.
M. Toupin: En tout cas, vous le verrez quand la soupe sera sur la
table, si elle est gâtée ou non. Le comité avait eu pour
fonction de regarder quel moyen il fallait prendre pour protéger le sol
du Québec et, plus particulièrement, en ce qui concernait le sol
arable. Or, le comité a travaillé pendant presque deux ans, il
s'est transformé, l'OPDQ a regardé les problèmes du
même ordre et on en est venu à des lois sectorielles sur le plan
du zonage, d'où le dépôt par le ministre des Terres et
Forêts de sa loi des réserves écologiques et d'où,
également, la Loi du ministère de l'Agriculture qui va venir
bientôt sur l'aménagement et la protection du territoire agricole.
Au fond, c'est ce qu'a été le rôle du comité. Vous
allez trouver dans la loi, surtout celle de l'aménagement du territoire
agricole, les moyens qu'on prend pour protéger le territoire agricole.
Ce sont les résultats du rapport du comité.
M. Lessard: II n'y a pas de problème.
M. Toupin: C'est qu'il y a une loi qui sera déposée
bientôt.
M. Lessard: Une loi sera déposée bientôt.
M. Toupin: Oui, on en discutera lorsqu'elle sera
déposée.
M. Lessard: Bon! Un instant!
M. Toupin: II y en a déjà une de
déposée, la Loi sur les réserves écologiques du
ministère des Terres et Forêts est déposée. Je crois
qu'elle est adoptée aussi.
M. Lessard: Un instant là! Ce n'est pas la question que je
pose. Je sais qu'il y a une loi qui va être bientôt
déposée.
M. Toupin: Vous m'avez demandé un rapport du
comité, je vous le donne.
M. Lessard: Oui. Les statistiques? La situation? M. Toupin:
Vous le verrez...
M. Lessard: L'étude du problème complet, du
problème global?
M. Toupin: M. le Président...
M. Lessard: C'est ridicule, ce ministère...
M. Toupin: Vous ne voulez pas croire aux statistiques qu'on vous
donne. Je vous ai dit tantôt qu'il y avait dans la province de
Québec, dans le sol A, le meilleur sol, au moins 300,000 acres de terre
qui étaient sous spéculation...
M. Lessard: Sur cela je suis d'accord!
M. Toupin: ...qui étaient plus ou moins exploité
dans la province de Québec. Ailleurs, peut-être qu'on pourra
trouver un autre montant de 100,000 acres, les statistiques se compilent
actuellement vis-à-vis des autres secteurs parce que les cartes de
zonage se compilent également pour les autres secteurs de la province de
Québec. Mais on a commencé par la grande région de
Montréal. C'est celle-là qui est la plus importante sur le plan
agricole. On vous donne cette statistique et vous ne la croyez pas.
M. Lessard: Non, non...
M. Toupin: On vous dit, en plus...
M. Lessard: ...365,000 acres, en fait, j'ai une statistique plus
précise que la vôtre, je ne suis pas ministre de l'Agriculture.
J'affirme même que c'est 365,000 acres qui sont sous
spéculation.
M. Toupin: Dans la région de Montréal. Bon! C'est
bien possible, 365,000.
M. Lessard: Disons que c'est cela. On les a les chiffres. Je
comprends que cela ne vient peut-être pas du ministre de l'Agriculture,
en tout cas, on les a.
M. Toupin: Qu'est-ce que vous voulez de plus. M. Lessard:
Mais, par exemple, concernant...
M. Toupin: C'est un article qui est écrit dans quoi,
cela?
M. Lessard: Dans Maclean.
M. Toupin: Maclean, ce n'est pas un problème, les
statistiques ont été prises au ministère.
M. Lessard: En tout cas, cela doit être de bonnes
statistiques. Donc, quand il parle des encans de ferme, cela doit être de
bonnes statistiques aussi.
M. Toupin: Ce n'est pas là qu'il parle de cela. M. Roy:
...sur la régie, vous.
M. Lessard: Cela doit être.quand ils parle des fermes qui
se vendent, etc., des bonnes statistiques.
M. Toupin: Oui, mais quand...
M. Lessard: En tout cas là, on le sait que pour les encans
de fermes, il ne les a pas prises au ministère parce qu'il n'y en a pas
de statistiques au ministère. C'est ce que vous nous avez dit...
M. Toupin: Je vous ai dit qu'au ministère on a les
statistiques globales, mais qu'on n'a pas les statistiques par secteur.
M. Lessard : Mais sur les transferts de terres aux
étrangers.
M. Toupin: Je vous ai donné une statistique tantôt,
les éléments de statistiques qu'on a à compter des bureaux
d'enregistrement dans la province de Québec dénotent qu'il y a
moins de 1% de ces transactions, je ne parle pas des options, des
transactions...
Le député de Beauce-Sud tantôt a parlé des
options, il peut bien y en avoir 2% qui sont sous option ou 3%, c'est possible,
mais comment savoir qu'Antoine Latulippe, qui demeure dans l'Etat du Maine,
décide de prendre une option chez Gustave Larocque qui demeure dans le
comté de Lotbinière. Ce n'est pas moi qui me promène dans
l'automobile de Antoine Latulippe à tous les matins pour savoir ce qu'il
fait dans la journée.
M. Roy: Cela, il y a moyen de le savoir, c'est une enquête
qui permettrait de découvrir l'ampleur de l'affaire.
M. Toupin: Oui, je vais le savoir pour aujourd'hui, à midi
quinze, mais demain à midi quinze, cela va être quoi? Et
après-demain à midi trente, cela va être quoi?
M. Roy: Un instant.
M. Lessard: Le ministre charrie là!
M. Toupin: Je ne charrie pas, ce sont simplement des options.
M. Vaillancourt: II n'est pas possible d'établir des
statistiques à partir d'options.
M. Roy: Non, justement, et je l'ai dit tantôt.
M. Toupin: C'est tout...
M. Roy: La seule chose sur laquelle le gouver-
nement pourrait agir là-dedans, c'est de faire une enquête
poussée dans un territoire donné pour pouvoir mesurer l'ampleur
de l'affaire. Si on se réfère aux statistiques, et pour les
statistiques il y a une chose, avant qu'elles ne soient compilées, il y
a quand même une période de temps d'au moins six mois. Alors,
lorsque les statistiques sont rendues publiques, on sait qu'elles sont
déjà désuètes. C'est pour cela que j'estime qu'il
faut aller plus loin et plus vite là-dedans car il sera trop tard
tantôt.
M. Toupin: Les mouvements se suivent. En fait, on ne peut pas
dire qu'une statistique devient désuète à ce point; les
lois de la moyenne dans le domaine des statistiques ne trompent
guère.
M. Roy: Ce que vous affirmez actuellement pour les statistiques,
vous venez de le nier au niveau de l'enquête. Moi, j'aimerais bien vous
suivre et vous comprendre un peu.
M. Toupin: Je ne le nie pas. Ce que j'ai dit et je continue
à le soutenir et c'est le député de Beauce-Sud
lui-même qui l'a dit tantôt; il a dit qu'il comprenait que
c'était difficile de suivre de près les options qui se prennent
au Québec, mais on devrait avoir des données là-dessus.
C'est vrai que c'est difficile et je ne sais pas quel moyen on devrait prendre,
parce qu'une option, ce n'est pas enregistré, c'est un document que deux
personnes signent et le seul recours de celui qui se sent lésé
peut avoir, ce sont les droits civils, il va régler cela devant un juge.
Il ne règle pas cela ailleurs.
M. Roy: Est-ce que je peux faire une suggestion au ministre?
M. Toupin: Mais écoutez, ce n'est pas facile de suivre
toutes les options que les individus peuvent prendre dans une
journée.
M. Roy: Est-ce que je peux faire une suggestion au ministre?
M. Toupin: Oui, je suis très "ouvert" à cela.
M. Roy: Je pense qu'à ce niveau, si le ministre demandait
aux fédérations de l'UPA de lui faire un rapport de chacune des
régions, je pense qu'elles seraient en mesure de lui fournir des
statistiques assez précises.
Elles ont des réunions de cultivateurs qui connaissent les
problèmes de leur localité, ils représentent chacune des
localités là-dedans...
M. Lessard:... là-dessus qu'est le problème. M.
Toupin: J'ai déjà demandé...
M. Roy: Pas les statistiques complètes au niveau des
options, mais il y a possibilité d'être en mesure d'avoir une
bonne idée de l'ampleur de la situation. Je ne dirai pas la
précision parce qu'on ne peut pas forcer une personne à rendre
son option publique, mais on sait très bien que, pour ceux qui font du
courtage immobilier, vous avez, dans certaines régions, comme le
Saguenay, une caisse d'établissement qui s'occupe d'aménagement
rural. Les caisses d'établissement jouent ce rôle de plus en plus
dans les régions et ce sont des organismes qui ont actuellement des
données là-dessus, tant au niveau des options qu'au niveau
des...
M. Toupin: Lorsque vous étiez gérant de la caisse
d'établissement dans la Beauce, est-ce que vous étiez capable, en
tant que gérant, de mettre la main sur des statistiques comme
celles-là, à savoir qui avait une option sur la terre d'Antoine
Dubuc, dans le rang 6 de la paroisse de Sainte-Eulalie?
M. Roy: Lorsque j'ai occupé cette fonction, j'ai pu
savoir, dans telle ou telle localité, à la suite de recherches
que nous avions faites... Ce n'était pas notre mandat comme tel, mais on
devait s'en préoccuper parce que nous avions un service
d'aménagement de territoire. On a pu mesurer le danger dans certaines
localités et voir l'ampleur de la situation.
M. Toupin: Oui.
M. Roy: On a pu le faire, sans subvention gouvernementale, sans
demande du gouvernement, uniquement au niveau de la préoccupation d'une
institution qui est consciente des responsabilités qu'elle a dans le
territoire donné. Je me dis qu'il n'y aurait pas besoin de faire
l'inventaire de chacune des fermes, mais il y a suffisamment d'organismes en
place, il y a les secrétaires des municipalités qui sont assez
souvent au courant de ces choses, il y aurait possibilité sans
faire l'inventaire de la province de se servir des moyens qui existent
actuellement pour avoir une bonne idée de la situation. Je dis que c'est
important que le ministère de l'Agriculture soit au fait de la
situation. Demain, il sera trop tard.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai pas entendu de
municipalités encore, sauf dans le Nord-Ouest québécois
où un maire en avait parlé. Mais, dans le Québec, je n'ai
pas sur mon bureau, ni des conseils de comité, ni de l'Union des
municipalités, ni des municipalités elles-mêmes, à
l'exception d'une ou deux, des résolutions ou des lettres qui me mettent
en garde contre ce mouvement si vaste et si grand, comme vous le dites, de
l'achat et des options d'achat de la part des Américains ou des
étrangers dans leur localité.
M. Roy: Je suis un peu surpris parce que j'ai des copies de
lettres qui ont été adressées au ministre à ce
sujet.
M. Toupin: II y en a un certain nombre...
M. Roy: II y aurait peut-être lieu de faire des recherches
dans votre bureau et de demander à votre personnel... Parce que je sais
que le ministre a une correspondance beaucoup trop volumineuse pour en faire la
letcture personnellement.
M. Toupin: Je vous ai dit que, dans le temps de la crise, en
1971/72, il y a une couple de maires qui m'ont envoyé des lettres. J'en
ai eu à ce moment-là. Mais des mouvements... quand il y a un
danger qui se prépare je vais vous apporter un exemple
dans le secteur agricole, q ue ce soit à quelque niveau que ce soit et
que le danger devient imminent, c'est-à-dire aussi grave comme,
quelquefois, on est porté à le laisser croire, il entre quelque
chose comme 75 à 80 lettres par jour et 20 à 25
télégrammes, pendant une période de crise.
Dans ce secteur-là, on n'a pas vécu cela. Je peux apporter
un exemple. Quand, en 1971, la crise des oeufs a commencé, il y avait
1200 producteurs à ce moment-là au Québec. Il y en avait
un paquet de petits, de 200, 300 ou 500 pondeuses, mais je recevais au moins 25
à 30 télégrammes par jour.
Quand les gens sentent vraiment le mal dans les milieux, ils le font
voir assez clairement. On n'est pas la seule autorité, au Québec,
à s'occuper de l'intégrité du territoire, de la protection
des populations, de la sauvegarde du patrimoine, etc. Il y a un tas de gens qui
s'en occupent. Les municipalités sont souvent les premières,
surtout les municipalités rurales, qui sont vraiment attachées
à leur patrimoine.
Mais, il n'y a pas de ces mouvements, comme souvent on est porté
à le laisser entendre, tout au moins, ce n'est pas venu à mes
oreilles, sauf en Abitibi, où on a senti le besoin de faire une
enquête, et dans certaines régions périphériques du
sud.
Dans la région de Montréal, il y en a des transactions.
Prenez par exemple, les Allemands. Depuis deux ou trois ans, il y a plusieurs
Allemands qui achètent des terres dans la région de
Montréal.
M. Roy: Des Allemands de l'Est ou des Allemands de l'Ouest?
M. Toupin: II s'agit sans doute des bons.
M. Roy: II y en a dans la région des Cantons de l'Est.
M. Toupin: Ces gars-là achètent les terres pour les
exploiter. Ils ne les achètent pas pour spéculer, ils les
achètent pour les exploiter. Cela devient des agriculteurs permanents et
professionnels.
M. Roy: Lorsque le ministre parle de mouvement de masse, il
faudrait bien comprendre une chose. Lorsque le ministre fait comparaison avec
les producteurs d'oeufs, il s'agissait de producteurs qui étaient aux
prises avec un problème personnel.
Ce n'est pas la même chose. La personne qui vend à un
Américain ne se plaint pas, elle. Il s'agit de personnes qui portent des
plaintes lesquelles ne sont pas impliquées personnellement. Cela ne peut
jamais être un mouvement de même nature et un mouvement aussi fort.
Je dis que lorsqu'une municipalité se donne la peine d'écrire au
ministre de l'Agriculture et d'adopter une résolution, parce que cela a
été étudié à la table du conseil municipal,
c'est parce que c'est devenu un problème. Une municipalité, un
conseil municipal, n'adopte pas une résolution et n'étudie pas un
sujet de ce genre pour rire.
M. Toupin: Non.
M. Roy: Si un conseil municipal décide d'écrire au
ministre, c'est parce qu'il y a un problème qui demande que l'attention
du gouvernement soit attirée, autrement dit, qu'il demande l'attention
immédiate du gouvernement.
Si le ministre attend des mouvements de masse, comme on en a vu sur la
question des oeufs, des poulets ou, encore, comme on en voit actuellement
vis-à-vis des pommes de terre, je pense qu'on comprend mal le
problème, on situe mal la situation.
M. Toupin: Evidemment, toute comparaison est boiteuse.
Celle-là l'est peut-être plus que l'autre, mais je vais vous
apporter un exemple qui est peut-être plus proche: la spéculation.
Si on prend le problème de la spéculation, les
municipalités, par exemple, de la région de Montréal,
celles qui sont proches, la plupart d'entre elles m'ont écrit et m'ont
dit: Ecoutez, il y a des problèmes sérieux dans la
spéculation. Cela influence tout. Cela influence la construction
domiciliaire et cela influence l'agriculture, etc.
On sent que les municipalités ont été saisies du
problème, qu'elles l'ont vu. C'est pour cela que j'apportais cette
comparaison tantôt.
M. Roy: Sur le programme 2, M. le Président, j'aurais une
question à poser, parce que je ne voudrais quand même pas que le
président de l'Office du crédit agricole soit venu ici pour rien,
ce soir. Il faudrait quand même lui permettre de travailler un peu.
Le Président (M. Lafrance): II a parlé.
M. Roy: II y a une question qui a peut-être
été posée par mon collègue de Saguenay ou par un
autre tout à l'heure. En tout cas, s'il a été
répondu à cette question, on pourra tout simplement la laisser
tomber. J'aimerais savoir, actuellement, s'il y a un grand nombre de fermes qui
sont devenues la propriété de l'office ou qui sont en voie de le
devenir par des abandons de fermes, par des gens qui ont décidé
tout simplement, de laisser aux créanciers hypothécaires la
propriété comme telle.
M. Toupin: Nous avons présentement, M. le
Président, sept fermes, qui sont la propriété de l'office;
sauf qu'il y en a une dans Roberval et une autre dans Rivière-du-Loup,
toutes les autres sont dans le Nord-Ouest québécois; elles sont
en possession de l'office et l'office a consenti un bail
présentement.
M. Roy: Un bail.
M. Toupin: A des agriculteurs. Il y a six cas de fermes, toutes
dans le Nord-Ouest québécois, sauf une dans la région de
Matane, qui sont des fermes dont l'office pourrait disposer, qui sont en vente,
si vous voulez.
On a, il y a quelques instants, donné les raisons pour lesquelles
ces fermes se situaient dans ces régions où le marché est
moins considérable, etc.
J'aimerais, M. le Président, si vous le permettez,
apporter simplement une statistique relativement à deux
comtés qui ont été mentionnés tout à l'heure
et pour lesquels je n'ai pas donné de réponse. Il s'agit de
statistiques pour l'année 1973/74, étant donné que les
statistiques afférentes aux mêmes comtés ne seront
disponibles que dans une dizaine de jours pour l'année 1974/75.
Les comtés visés qui ont été
mentionnés quelques instants plus tôt, étaient les
comtés de Témiscouata. Je peux dire qu'en 1973/74, 24 prêts
ont été déboursés dans le comté de
Témiscouata pour un montant de $305,200, si on prend le cumulatif depuis
le début, depuis I937, cela fait 1,077 prêts pour un montant de
$3,428,000. Pour le même exercice financier, dans le comté de
Kamouraska, il y a eu 37 prêts de déboursés pour un montant
de $536,000. Si l'on considère le cumulatif, encore là, il s'est
déboursé dans ce comté, 1,277 prêts pour
$7,109,750.
M. Roy: Quand vous parlez de 1,277, vous faites
référence aux statistiques depuis la création...
M. Toupin: Oui, depuis, c'est cumulatif.
M. Roy:... de l'office. Autrement dit, ce sont des dossiers
encore en vigueur.
M. Toupin: Un certain nombre. M. Roy: Ah!
M. Toupin: II a pu y avoir des conversions de prêts, c'est
pour cela que je dis bien que c'est cumulatif depuis les débuts...
M. Roy: Ce ne sont pas les dossiers actifs, ce sont les dossiers
cumulatifs.
M. Toupin: Pas nécessairement. Les faits importants, ce
sont les nombres de 37 et de 24 pour relier à la question qui avait
été posée plus tôt à savoir qu'il y avait
très peu de prêts consentis. Je pense que la courbe se maintient
dans ces comtés également.
M. Roy: II faut quand même remarquer que le montant des
prêts varie considérablement en moyenne, comparativement avec
d'autres régions de la province, parce que si on regarde 37 prêts
pour $537,600, c'est cela qu'on a dit, mes chiffres sont exacts...
M. Toupin: Oui, 37 prêts pour $536,000.
M. Roy: Cela fait des prêts à peu près, en
moyenne de $15,000 chacun.
M. Toupin: Oui, évidemment les prêts sont moins
élevés que la moyenne qui, pour le même exercice,
étaient de $22,000, la moyenne dans la province. Evidemment, cela
dépend de l'envergure des fermes à ce moment.
M. Roy: Oui, cela renforcit un peu les arguments que j'avais
donnés tout à l'heure pour dire que c'est différent d'une
région à l'autre.
M. Toupin: Absolument. Cela démontre aussi que les
politiques de crédit s'appliquent aux fermes moyennes.
Le Président (M.Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, quant à moi, je n'ai
plus de question. En terminant, je voudrais remercier le président de
l'Office du crédit agricole du Québec de ses informations. Si je
peux exprimer un souhait, c'est qu'il puisse être reconnu le plus bel
homme de l'année, l'année prochaine.
Le Président (M.Lafrance): Le programme 2, les
éléments 2,3,4,5 6 et 7 sont adoptés? La commission
permanente de l'agriculture ajourne ses travaux à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 22 h 33)