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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du Jeudi 1er mai 1975
(Dix heures vingt-cinq minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'agriculture): a l'ordre, messieurs!
La commission de l'agriculture reprend l'étude des crédits
du ministère de l'Agriculture, au programme 3, élément 4:
Mise en valeur des productions végétales.
Le député de Saguenay.
Mise en valeur des productions végétales
(suite)
M. Lessard: Merci, M. le Président. En 1973, la surface
totale des cultures maraîchères en serre au Québec
atteignait 34 acres, par rapport à 250 acres en Ontario. En avril 1972,
on avait annoncé qu'un comité ou qu'une équipe
multidisciplinaire devait étudier le problème, scruter, en fait,
l'ensemble de ce problème et chercher des moyens de
s'autoapprovi-sionner dans ces cultures. J'aimerais savoir du ministre
où en est rendue cette équipe multidisciplinaire et quelles sont
les mesures qu'on a prises pour développer les cultures
maraîchères au Québec.
Le Président (M. Lafrance): Le ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: Le groupe de travail multidisciplinaire dont parle le
député de Saguenay a effectivement travaillé au cours de
l'année 1972/73. Ce groupe de travail a débouché sur un
colloque qui s'est tenu à Saint-Hyacinthe sur cette question. Les gens
en ont discuté beaucoup entre eux, tous ceux qui ont eu à
travailler, tant au niveau du comité que ceux qui ont participe au
colloque. Cela a eu pour effet d'augmenter la production en serre au
Québec d'environ 10% et 15% depuis ce temps, si on prend les
statistiques de 1974.
Maintenant, le ministère n 'a pas changé ses politiques
pour autant sur la production en serre. C'était surtout la vulgarisation
de la technique qui faisait défaut, et nous avons surtout
vulgarisé la technique à compter de ces études faites par
le comité formé de plusieursdisciplines. En 1972, le
crédit agricole a été amendé et nous avions inclus
en 1972 la culture en serre. Les nouvelles lois que nous allons discuter
contiennent certains amendements généraux qui vont favoriser le
développement de la culture en serre. Mais le ministère n'a pas
de programme particulier, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de subvention
incitative pour le développement de la production en serre.
M. Lessard: Quand le ministre nous dit qu'il n'a pas
modifié ses politiques, est-ce qu'il en a des politiques?
M. Toupin: Evidemment, il y a des politiques
générales qui s'appliquent à ce secteur comme à
tous les autres secteurs, et nous avons ajouté les politiques de
crédit.
M. Lessard: Concernant l'expérience qu'on fait à
Manseau, le ministre a-t-il l'intention d'accorder cette année, en
laissant de côté peut-être ses petites
susceptibilités personnelles, une aide importante pour faire en sorte
que cette expérience de plus en plus valable puisse se
développer?
M.Toupin: Le député de Saguenay a-t-il reçu
une lettre de la coopérative demandant un financement, pour son
autofinancement?
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: Dans la lettre, il était bien convenu qu'il n'y
avait pas d'intérêt, il semblerait, de la part de la
coopérative, actuellement, à s'attaquer au gouvernement.
M. Lessard: Je ne demande pas sur l'investissement personnel que
peut faire le ministre ou que peuvent faire les députés. C'est un
problème personnel que je réglerai moi-même.
M. Toupin: Oui, je ne vous demande pas si vous avez
participé ou non. Je pars de cette lettre pour vous expliquer, pour
donner une réponse à votre question.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: Dans la lettre, si ma mémoire est bonne, la
coopérative dit qu'elle n'a pas tellement l'intention de faire appel
à de l'aide gouvernementale. Elle va essayer surtout de se financer
à compter d'une participation populaire. Elle dit que la meilleure
façon, évidemment, d'investir de façon rentable au
Québec, c'est d'acheter une part sociale de la coopérative de
Manseau, etc., ce sur quoi, je suis, en principe, d'accord.
Si la coopérative peut se financer de cette façon, tant
mieux; c'est une initiative sociale qui me paraît en soi valable. J'ai
déjà soutenu, et je le soutiens encore, que, si la
coopérative veut que le ministère de l'Agriculture l'aide sur le
plan économique, nous n'avons pas d'objection à regarder à
nouveau comment on peut maintenant, dans le contexte actuel, apporter une
collaboration, mais à condition qu'on nous la demande de façon
précise.
Une demande fut faite en 1973, je pense. On leur a fait une proposition;
la proposition qu'on leur a faite contenait des conditions. Les conditions
n'ayant pas été remplies, par conséquent notre proposition
n'a pas été acceptée. Je n'ai eu, depuis ce temps, aucune
demande de la part de la coopérative de Manseau.
M. Lessard: Vous dites qu'une demande avait été
faite, selon certaines conditions et que ces conditions n'avaient pas
été respectées; j'aimerais avoir plus d'explications du
ministre.
M. Toupin: Je peux vous apporter une des conditions. Nous on
avait proposé à la coopérative de Manseau, si ma
mémoire est fidèle, une garantie d'emprunt avec une
possibilité de remboursement d'une partie de l'intérêt. On
avait posé comme condition de base qu'il y ait d'abord un organisme
prêt à consentir un prêt à la coopérative.
Deuxièmement, on avait proposé qu'une aide
particulière soit examinée par le ministère duTravail, via
l'Opération placement, où une subvention devait être
versée. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis.
M. Lessard: Est-ce que vous aviez communiqué avec votre
collègue pour savoir si l'Opération placement voulait
intervenir?
M. Toupin: Oui, l'Opération placement a regardé, a
examiné le dossier et l'Opération placement, il semblerait,
aurait refusé sa participation, parceque cela n'entrait pas dans les
cadres généraux de sa programmation.
Or la garantie d'emprunt, par conséquent, n'a pas
été acceptée par la coopérative dans cette
perspective. Depuis ce temps, on attend qu'on vienne nous demander ce qu'on
pourrait faire de plus.
Il reste que, sur le plan technique, comme le sous-ministre me ledit,
l'université Laval esttoujours présente dans le projet.
M. Lessard: Oui, c'est toujours ce que le ministre nous dit,
à savoir: Nous les aidons sur le plan technique. Mais je pense qu'il y a
un effort que le ministère de l'Agriculture devrait faire, d'autant plus
qu'il s'agit d'une expérience pilote extrêmement importante. Je
suis assez surpris de constater que le ministre ne semble pas être plus
intéressé à suivre ou aider cette expérience.
Le ministre nous dit: On attend ce qu'ils vont fai re. Je suis d'accord
dans le sens qu'il faut que, de leur côté, il y ait un effort et
qu'on fasse la demande en question. Mais d'après les informations que je
possède, sans qu'il y ait eu une demande officielle, il y a eu quand
même une demande de subventions de la coopérative de tomates de
Manseau. En fait le ministre ne semble pas en avoir tenu compte. Est-ce qu'une
demande officielle a été faite au ministère de
l'Agriculture?
M. Toupin: Pas depuis que la première off re leur fut
faite, et qu'ils n'ont pas acceptée.
M. Lessard: Dans la première offre que vous avez faite,
vous parliez d'une garantie; il faut justement obtenir cette garantie. Si la
coopérative de Manseau n'avait pas cette garantie d'une institution
financière quelconque, il me semble qu'on aurait pu quand même
l'aider à obtenir cette garantie.
Si le ministère avait fait son effort de subventions,
peut-être qu'on l'aurait eue cette garantie d'une institution
financière. On ne peut pas forcer une institution financière
à garantir.
M. Toupin: Vous savez que non seulement on ne forçait pas
une institution financière à garantir, on a dit à la
coopérative: trouvez-vous un prêteur, et quand vous aurez votre
prêteur, on garantira le prêt puis on remboursera de
l'intérêt.
M. Lessard : Et malgré cela, on n'a pas trouvé de
prêteur?
M. Toupin: Cela je ne sais pas. Comme je vous l'ai dit, je n'ai
pas eu de réponse de la part de la coopérative. La
coopérative ne m'a pas informé personnellement en tout cas, en
termes officiels. Je n'ai pas de lettre qui me dit: on a refusé votre
offre parce qu'on n'a pas trouvé telle ou telle ou telle chose, ou parce
qu'on ne s'est pas conformé à telle ou telle condition.
Etant donné que notre proposition ne s'est pas
réalisée, j'en ai conclu que les conditions qu'on avait
posées n'ont pas été remplies.
M. Lessard: Est-ce que le ministre aurait l'intention, si une
demande de subvention était faite, de faire plus que répondre
comme on répond de façon officielle normalement: on tient compte
de votre demande. Est-ce que le ministre aurait l'intention de subventionner
cette entreprise, si un demande était faite en bonne et due forme ou
selon les formes du ministre, si vous voulez?
Coopérative de Manseau
M. Toupin : On va répond re aux demandes faites par la
coopérative de la même manière qu'on répond aux
autres demandes. La coopérative de Manseau n'est pas unique dans la
province de Québec. Il existe, dans la province de Québec, au
moins une cinquantaine de coopératives, dans le secteur laitier,
notamment, dans les services d'utilité professionnelle, les meuneries,
etc. Et quand une coopérative a un besoin particulier, elle nous fait
une demande.
On analyse son dossier et, quand on se rend compte que ce dossier n'est
pas rentable, il ne servirait à rien de donner une subvention. Ce
serait, tout compte fait, mettre de l'argent dans un panier percé. Ce
n'est pas parce qu'on fait partie du gouvernement qu'on doive donner de
l'argent comme cela au bout du pouce à tout le monde parce que ces
derniers nous en demandent. On analyse les dossiers, et si ces dossiers sont
conformes aux normes les plus élémentaires d'une administration,
d'une gestion, d'une rentabilité, on prend des risques.
On donne des garanties d'emprunt puis on verse aussi, dans certains cas,
des subventions, mais je ne peux pas aller plus loin pour la coopérative
de Manseau que pour une autre coopérative. Je suis prêt à
mettre à la disposition de cette coopérative ce qu'on met
à la disposition des autres coopératives du Québec. Aller
plus loin pour elle ce serait de la discrimination.
Une Voix: A peu près rien. M. Lessard: Le 7 juin
1974.
M. Toupin: C'est possible que ce ne soit rien, mais il reste que
dans la production laitière,
actuellement, les coopératives contrôlent 85%; si c'est
rien tant mieux, nous on croit que c'est valable.
M. Lessard: Le 7 juin 1974, vous écrivez à
mademoiselle Yolande Guay, présidente de la Coopérative
ouvrière de production des produits maraîchers en serre de
Manseau. Le sujet de cette lettre était une demande officiel le de
financement, et vous disiez ceci: "Suite à votre lettre du 3 juin 1974
relative au sujet plus haut mentionné, je dois vous dire que ma
secrétaire a déjà transmis au service concerné
votre document pour étude. "Aussitôt que cette étude sera
complétée, ce qui devrait se faire dans un bref délai, il
me fera plaisir de communiquer à nouveau avec vous, afin de vous en
faire connaître les résultats. J'aimerais avoir les
résultats de cette étude."
M. Toupin: Evidemment, il faudrait partir de plus loin que cela.
Avant que j'écrive cette lettre et avant que la lettre à laquelle
j'ai répondu m'ait été envoyée, il y a eu des
rencontres. Il y a eu d'abord une rencontre avec le sous-ministre responsable
pour préparer un plan d'aménagement et de développement de
la coopérative de Manseau.
Le sous-ministre adjoint à ce secteur a participé à
cette réunion et on s'est entendu sur les plans de développement.
Une fois ce plan accepté, et la coopérative était
d'accord, on m'a fait une demande de financement. J'ai repris le dossier du
financement, je l'ai remis au service concerné pour étude.
Ce service a étudié le dossier à compter du plan
d'aménagement et en est arrivé à la conclusion que si le
plan d'aménagement était intégralement
réalisé, il y aurait possibilité, par conséquent,
d'emprunt, il y aurait possibilité de rentabilité et il y aurait
à ce moment-là, possibilité d'application de la
programmation du ministère.
Alors, une offre fut faite dans cette perspective à la
coopérative et nous n'avons pas eu de réponse. C'est cela qui est
le dossier.
M. Lessard: II n'y a pas eu de communication suite à cette
offre entre le ministère de l'Agriculture et les responsables de la
coopérative.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que cette
coopérative de tomate, dont on ne connaît pas tellement les
structures, serait admissible à un prêt de l'Office du
crédit agricole?
M. Toupin: Avec la nouvelle loi, probablement qu'elle pourrait
être admissible, mais, en vertu des programmes actuels du crédit
agricole, ces types de coopératives ne se trouvent pas dans la loi.
Cependant, le ministère procède d'une autre façon, puis
arrive aux mêmes fins.
Il dit à une entreprise: Empruntez d'une banque ou d'une caisse
populaire; on va garantir le prêt, puis on va vous donner une subvention
d'intérêt. Au fond, cela revient exactement au même, en
termes d'accès à des prêts à des taux
économiques, sauf que les périodes de temps sont peut-être
un peu plus courtes.
M. Giasson: Vous avez fait cette offre à la
coopérative de tomate de Manseau et c'est suite...
M. Toupin: Oui.
M. Giasson: ...à l'offre dont vous parlez que vous n'avez
pas eu de réponse. Vous attendez toujours la réponse â ces
garanties d'emprunt pour accorder une aide ou subvention au taux
d'intérêt, à peu près selon les mêmes
critères que l'Office du crédit agricole procède?
M. Toupin: Quant au taux d'intérêt, on fait une
offre et on ditqu'on est prêt à regarder la possibilité de
rembourser de l'intérêt, mais, évidemment, il faut prendre
le dossier, le discuter, analyser à long terme ce que cela va donner sur
le plan de la rentabilité, etc. On n'a pas dit: On est prêt
à vous rembourser 4%, 5% ou 6% d'intérêt. On afait une
offre. On a dit: Venez, on va la discuter, on va la regarder.
M. Giasson: Vous savez comme moi que les dirigeants de cette
coopérative tentent de s'autofinancer, en invitant les citoyens
québécois à souscrire, soit des parts sociales sur une
base plutôt honoraire et également des prêts à taux
d'intérêt pas trop élevé. Moi, j'ai dit: Si ces gens
sont obligés de procéder à un tel mode de financement de
leur entreprise, je me demande si l'Office du crédit agricole pourrait
les aider, du moins au niveau du capital nécessaire au
développement et à l'investissement.
M. Toupin: Les lois de crédit actuellement ne le
permettent pas.
M. Giasson: Moi, je les comprends parce qu'à un moment
donné j'ai eu à participer à la construction d'une
entreprise de production agricole et puis on est allé voir ce qui
était possible, soit du côté de l'office provincial, soit
du côté de la société fédérale. On
nousadit: Etant donné que vous êtes en compagnie et que quelques
actionnaires n'ont pas comme principale activité l'agriculture, bien on
ne peut rien faire pour vous. Alors, il a fallu aller sur les marchés
financiers réguliers, ordinaires.
M. Toupin: Mais on garantissait l'emprunt. On leur a
proposé une garantie d'emprunt, comme on fait pour plusieurs
coopératives. Je ne sais pas combien de millions de dollars on a
d'engagés là-dedans. On a plusieurs millions de dollars de
garanties dans plusieurs coopératives du Québec. Cela peut aller
jusqu'à $3 millions et plus.
M. Lessard: Vous étiez prêt à garantir
l'emprunt?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Mais pour autant qu'on trouve cet argent.
M. Toupin: Evidemment, pour autant qu'on trouve cet emprunt, mais
il fallait qu'un certain nombre d'autres conditions soient également
remplies. Il y a des conditions de rentabilité, il y a des conditions de
remboursement, il y a des conditions d'emprunt, etc.
M. Lessard: D'après les informations que vous avez, est-ce
que les conditions de rentabilité sont remplies? D'après les
études que vous avez faites, est-ce que cette coopérative peut
être rentable? On sait que notre auto-approvisionnement, dans le domaine
de la tomate est de 7%. Alors, il me semble que le ministère devrait
avoir des politiques dynamiques pour faire en sorte que, dans ce secteur comme
dans d'autres secteurs, on puisse arriver à augmenter notre production.
Comme il y a une expérience qui paraît, en tout cas, valable, on
devrait l'étudier sérieusement et la possibilité de
développer notre production
Sur le plan de la rentabilité, d'après les études
du ministre, est-ce que cela s'avère ou pourrait s'avérer
rentable?
M. Toupin: C'est bien technique. Tout ce que je peux vous dire,
c'est que la première rencontre a eu lieu, avec le sous-ministre, le Dr
Camille Julien, pour préparer le programme d'aménagement. Dans le
programme d'aménagement préparé par le ministère et
discuté avec la coopérative sur lequel nous étions
d'accord, si ce plan s'était réalisé tel que prévu,
il y aurait eu possibilité de rentabilité. Mais n'ayant pas eu de
réponse de la coopérative, je ne peux pas, ce matin, soutenir si
cette coopérative est rentable ou pas. C'est une institution
privée, une coopérative vis-à-vis d'un ministère.
Je ne peux pas imposer ma présence.
M. Lessard: Quand vous parlez du plan, tel que prévu,
est-ce que cela veut dire du plan tel que proposé par le
ministère?
M. Toupin: C'est-à-dire tel qu'étudié par un
groupe du ministère, en collaboration avec la coopérative.
M. Lessard: Mais est-ce que vous aviez imposé un plan de
développement ou si les gens de la coopératives étaient
d'accord sur ce plan de développement?
M. Toupin: On m'a dit que la coopérative était
d'accord sur le plan de développement. Il s'agissait, maintenant, de
financer le plan avec les conditions. Je n'ai pas eu d'informations plus
récentes que la proposition que nous avons faite à la suite de la
lettre que je leur ai envoyée.
M. Lessard: En tout cas, s'il y a une réussite
là-dedans, ce ne sera pas à cause du ministère.
M. Glasson: M. le ministre...
M. Toupin: Ce ne serait pas une mauvaise chose.
M. Glasson: Au-delà de l'aide technique que votre
ministère a pu apporter, depuis l'existence de la coopérative,
est-ce qu'il y a eu une aide financière de votre ministère?
M. Toupin : II y a eu tout le financement de l'aide
technique.
M. Glasson: Le financement de l'aide technique, mais en
subventions de votre ministère, la coopérative n'a rien
perçu.
Le ministère des Institutions financières, compagnies et
coopératives, à votre connaissance, aurait-il apporté une
contribution?
M. Toupin: Je ne le sais pas. Je sais qu'il y a eu des
discussions avec le ministère des Institutions financières,
compagnies et coopératives, mais je ne puis pas répondre pour
lui. Je ne sais pas si mon collègue, M. Tetley, a décidé
de donner une subvention ou pas. Ce serait probablement
préférable de lui poser la question à lui, parce que je ne
suis assez au courant de la façon dont il percevait le
problème.
M. Glasson: C'est parce que, dans la lettre que nous adressait le
président de la coopérative, il nous disait qu'il avait fait des
représentations auprès de ministères, tant à
Québec qu'à Ottawa, et que, de toutes ces démarches, le
résultat était rien.
M. Toupin: II ne parle pas de l'aide technique. Il ne parle pas
de l'offre qu'on a faite à la coopérative. Il ne parle pas du
plan d'aménagement qu'on a préparé au ministère. Le
président peut bien écrire dans sa lettre ce qu'il veut;
évidemment, ce n'est pas mon problème, c'est le sien. Mais je ne
vois pas en quoi cela peut faire avancer le projet de dire que les
gouvernements lèvent le nez sur cette initiative, n'écoutent pas
ces gens. Quand je lis ces lettres, cela me donne l'impression que ces gens
sont des malmenés, des mal compris et des mal écoutés.
M. Giasson: Mais il semblerait, tout de même,
d'après vos derniers commentaires, M. le ministre, que vous croyez
à une rentabilité possible de la coopérative, puisque vous
êtes prêt à aller jusqu'à garantir des prêts du
marché financier régulier et à leur consentir de l'aide au
niveau des intérêts. C'est que déjà vous pensez que
les producteurs de tomates de Manseau sont capables d'exploiter leur
coopérative avec une certaine rentabilité; sinon, vous n'iriez
pas avec ces garanties.
M. Toupin: C'est sûr. Quand les plans sont
réalisés comme tels, il y a des minimums. Le député
de Montmagny-L'Islet est dans les affaires un peu, indirectement; alors, vous
savez qu'une meunerie, pour qu'elle soit rentable, cela prend un minimum de
marché, puis cela prend un minimum d'équipements, etc. C'est la
même chose dans ce secteur. Il faut correspondre à un minimum de
critères; autrement, ce n'est pas rentable, à moins que les gens
ne travaillent pour rien, à moins qu'on ne fasse cela pour son plaisir
personnel. Mais, si on veut assurer une forme de rentabilité, payer des
salaires, payer
une gérance, payer une technique, payer une mise en
marché, payer une publicité, à ce moment, il faut qu'il y
ait des revenus quelque part. Pour qu'il y ait des revenus, il faut qu'il y ait
une rentabilité. Il y ades expériences au Québec qui se
font ailleurs. Il y a des gens au Québec qui produisent des tomates en
serre. Manseau n'est pas le seul; il y en a plusieurs autres qui produisent des
tomates en serre. Ils ne sont pas venus nous voir. Ils ne nous ont pas dit
qu'ils avaient de gros problèmes, etc. Ils ont simplement pris les
techniq ues que le ministère met à la disposition des producteurs
de tomates et ils font appel à cette technique, de façon
régulière, pour vérifier la plantation, pour
vérifier la cueillette, pour vérifier le mûrissement, etc.
Les expériences de rentabilité, par ailleurs, sont faites. Nous
avons simplement posé ces mêmes conditions qui me paraissent, moi,
bien normales, à moins qu'on ne considère ce problème
comme un problème pas comme les autres.
M. Lessard: Quelle est la superficie des cultures en serres au
Québec, en 1974? Je les cherche et je ne les ai pas; j'aime autant poser
la question au ministre.
M. Toupin: Je peux lès trouver et je peux les faire
parvenir à la commission, cela n'est pas un problème. Ce ne sont
pas de très grandes superficies.
Il y a eu augmentation, depuis une couple d'années.
M. Lessard: Oui. J'aimerais pour faire une relation, obtenir ces
chiffres à partir de 1970.
M. Toupin: D'accord.
M. Lessard: Maintenant, concernant les politiques de financement
des cultures en serre, est-ce que, du côté du ministère de
l'Agriculture, on en a? Est-ce qu'il n'y avait pas un comité qui devait
étudier ce problème? Est-ce que le rapport a été
déposé?
M. Toupin: Le comité n'avait pas tellement pour mandat de
préparer une politique gouvernementale en matière de
développement de la production en serres au Québec. Le
comité multidisciplinaire qu'on a mis en place était beaucoup
plus pour ramasser toutes les données techniques qui existaient au
Québec et dans les autres provinces du pays, mettre ensemble ces
données techniques et les vulgariser par la suite pour ceux qui
étaient dans la production et pour ceux, également, qui,
dorénavant, voulaient s'intéresser à cette production.
La politique du ministère là-dedans ressemble aux
politiques qu'on a pour les autres types de production. Le Crédit
agricole, par exemple. Si le gars est situé dans une région
agricole et s'il démontre qu'il vend pourtant de produits agricoles par
année, il est admissible aux autres programmes du ministère. La
politique de ce secteur est la politique générale pour le
développement des productions agricoles au Québec. Il y a des
particularités. Pour la viande bovine, on a mis des subventions. Pour le
lait, on met des subventions. Pour les oeufs, on en a mis un peu. On a
créé des organismes particuliers. Mais vis-à-vis de la
production de tomates en serres, ce qui est important, pour le moment, c'est de
trouver une technique de production, pour en arriver à rendre rentables
des unités de production. Dans les fleurs, cela va mieux, parce que
l'expérience est plus grande. Mais on n'a pas de politiques qui
dépassent cela actuellement.
M. Glasson: Mais vis-à-vis de la production en serres au
Québec, est-ce que votre ministère a examiné à
fond, a fait de la recherche pour cerner les problèmes que pose la
production en serres, au cours des mois d'hiver, compte tenu du coût du
chauffage?
M. Toupin: Oui, on a ...
M. Glasson: Je pose la question parce que chez moi, j'ai deux ou
trois propriétaires de serres qui depuis l'augmentation du prix du
pétrole, ont été obligés de cesser la production de
certaines variétés qu'ils faisaient, à l'année
longue et ils ont cessé de les produire l'hiver. J'ai justement une
expérience de producteur de tomates en serre qui a débuté
l'an dernier, dans mon comté, à Cap-Saint-Ignace. Heureusement
que l'individu en question, toute son affaire n'est pas axée sur la
production de tomates, il ad'autres productions, mais il croitqu'il y aurait de
la rentabilité à produire de la tomate en serres, sauf pour les
mois d'hiver, à cause du coût prohibitif que représente le
chauffage. Donc peut-être que les recherches faites par le
ministère de ce côté pourraient permettre de structurer une
forme d'aide qui serait apportée aux producteurs en serres, pour les
compenser des coûts énormes qu'ils ont à subir pour les
mois d'hiver.
M. Toupin: Evidemment, la culture en serres, c'est comme toute
autre culture, plus la saison de soleil est longue, moins il en coûte
cher pour produire. Plus vous allez vers le nord et que la saison des chaleurs
raccourcit, plus ça coûte cher. Le chauffage est un
élément fondamental, évidemment; c'est lui qui maintient
le fonctionnement de la serre. Il est possible que dans la région de
Montréal, on puisse produire des tomates en serre à meilleur
coût que dans Montmagny ou même dans la région de
Québec. Est-ce qu'on doit, à ce moment, avoir une politique
particulière? Qu'est-ce qu'on doit faire? Est-ce qu'on doit dire: Tous
ceux qui, dans telle région, veulent se lancer dans la culture en serre,
voici une politique particulière, etc.? A ce compte, on peut bien aller
faire des tomates en serres beaucoup plus loin que cela. On peut en faire
à Fort Chimo. Il s'agit de se demander, dans une production comme
celle-là, où se trouve le climat le plus propice et où
sont les marchés? La région de Montréal offre au moins
deux avantages. Elle offre l'avantage des marchés, d'une part, et elle
offre l'avantage du climat de l'autre. Pour un gars qui est dans le
Bas-Saint-Laurent, concurrencer un gars de Montréal, ce n'est pas
facile.
M. Giasson: Je crois qu'on a assez de marché
dans le Bas-Saint-Laurent, aussi. On n'a pas un marché aussi
énorme que celui de la région de Montréal, mais...
M. Toupin: C'est beaucoup plus limité.
M. Giasson: II se mange de la tomate chez nous aussi et, l'hiver,
vous savez d'où elle vient? Elle vient des Etats-Unis ou de
l'Ontario...
M. Toupin: C'est cela, il en vient des Etats-Unis et de
l'Ontario.
D'ailleurs, au Québec, il y a déjà eu plus de
producteurs de tomates qu'il y en a actuellement. Il y a eu longtemps, dans le
sud de Montréal, des cultures ouvertes, sur le sol naturel, plusieurs
producteurs de tomates. Il y en a moins maintenant, parce qu'il semblerait que
la concurrence venant de l'extérieur était trop forte; il
était difficile de maintenir une rentabilité. Donc, on a choisi
d'autres types d'activités plus rentables. On s'est dit: Qu'est-ce qui
est le plus payant pour le Québec, pour nous? Est-ce que c'est de faire
des tomates ou bien du lait ou bien du maïs, etc.? Les gars ont choisi une
production plus payante. C'est cela qu'ils ont fait.
M. Lessard: Est-ce que le ministre accepterait de déposer
le rapport, à ce sujet?
M. Toupin: S'il y a rapport écrit. Est-ce qu'il y a eu un
rapport effectivement écrit?
M. Lessard: Le rapport Trudel.
M. Toupin: S'il y a eu un rapport écrit, je n'ai pas
d'objection à le déposer.
M. Lessard: Est-ce qu'il existe?
M. Toupin: Sans doute qu'il existe, s'il y a eu un rapport
écrit.
M. Lessard: Vous me dites: S'il ya eu un rapport
écrit.
M. Toupin: Oui, j'ai demandé au sous-ministre. M.
Lessard: Est-ce qu'il y en a un ou pas?
M. Toupin: Le sous-ministre a dit qu'il y en avait un.
M. Lessard: Alors le ministre n'a pas d'objection à le
déposer?
M. Toupin: Au contraire, je vais le déposer. M.
Ostiguy: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Verchères.
M. Lessard: II y a une chose, M. le Président, qu'on
remarque énormément, de plus en plus, à l'intérieur
du gouvernement, c'est qu'on a quantité de rapports, quantité
d'études et on est toujours obligé de demander au ministre de les
déposer. Pourquoi cela n'est pas fait de façon
systématique, pour pouvoir gouverner ouvertement et pour permettre
à l'Opposition d'avoir les informations nécessaires pour discuter
de certains dossiers?
M. Toupin: M. le Président, nous avons rendu publics deux
documents de base. Cela fait au moins quatre mois que ces documents sont
publics.
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: Ils ont été déposés
partout où j'ai eu à donner de l'information. Des documents qui
donnent véritablement la position, la situation agricole au
Québec. On arrive en commission parlementaire, et je suis obligé
de remettre ces documents-là. Il y a un certain nombre d'autres rapports
qui ne sont pas connus du public et qui pourraient être rendus publics,
à un moment donné. On a rendu plusieurs rapports publics.
M. Lessard: Oui, je suis d'accord sur cela. Les grandes
politiques générales du ministère, qui ont
été préparées, présentées et qu'il
n'est pas capable d'appliquer; on les connaît ces rapports. C'est le
deuxième rapport que le ministre nous présente à ce sujet,
la grande planification agricole au Québec. Puis le ministre nous
confirme que, dans ce système de dédoublement des fonctions entre
le fédéral et le provincial, il est impossible d'avoir une
politique globale agricole au Québec. On en a pris connaissance de ces
rapports. Mais on ne prend pas connaissance des actes du ministre, parce qu' il
ne fait rien après avoir déposé ces grands rapports.
Là, je vous parle d' un secteur particulier. Il y a eu une
étude qui a été faite. Je vous demande de la
déposer. Et ces rapports sont faits avec les taxes des contribuables.
Cela permettra aux parlementaires d'être informés de ce qui se
fait et des politiques qu'on propose, des rapports qu'on soumet. Cela ne veut
pas dire que le ministre sera obligé d'accepter les recommandations de
ce rapport, mais au moins on pourra savoir pourquoi il ne les accepte pas,
quand on les connaîtra ces recommandations. Je me demande pourquoi ces
rapports demeurent des rapports internes, au ministère. Ce n'est pas le
seul ministère où cela existe, il y a quantité de
rapports, surtout depuis 1970, qu'on étudie à l'intérieur
de ce gouvernement; il y a quantité d'études qui sont faites dont
on est obligé constamment de demander le dépôt, parce qu'il
semble qu'on fonctionne en cachette. Je comprends qu'il y a des rapports que le
ministre a présentés, cela nous permet de voir la
différence entre ses rêves et la réalité.
Mais il me semble que, sur des secteurs particuliers, on a le droit,
c'est payé avec les taxes des contribuables, d'obtenir ces rapports.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai jamais contesté
le député de Saguenay ce droit. J'ai dit qu'il y a des rapports
qu'on rendait publics automatiquement et qu'une fois rendus publics, aux
commissions parlementaires, les députés de l'Op-
position nous les demandent. On les remet et ceux qui ne sont pas rendus
publics aussi largement... Le rapport sur la question de la production en
serres au Québec, du fameux comité, cela a débouché
sur un colloque à Saint-Hyacinthe. Un colloque, c'est public, il y avait
500 personnes à ce colloque. Alors c'est un rapport qui a
été rendu public.
Je n'ai pas d'objection à en déposer une copie sur la
table de la commission parlementaire. Je vais le faire dans le plus bref
délai.
M. Lessard: Quand le ministre nous dit que c'est un rapport qui a
été rendu public et que ça a débouché sur un
colloq ue, il y a une différence entre le dépôt d'un
rapport comme tel et un colloque.
M. Toupln : Oui mais il y en a des rapports qui se font. Je fais
faire une étude depuis six mois, et des études on va en parler
souvent parce qu'il y a toujours des comités d'étude, au
ministère, qui travaillent. Ils vont toujours travailler parce que les
situations évoluent et il faut être à jour, il faut
étudier ces situations. Il ne faut pas s'arrêter, se borner entre
deux clôtures et dire: à compter de ça la
vérité est là-dedans. Il faut marcher partout. Alors,
chaque semaine, chaque mois, des rapports sortent, viennent sur mon bureau, qui
ne sont pas nécessairement d'intérêt public parce que ce
sont des rapports internes, administratifs, etc.
Quand des gens m'appellent et me disent: Avez-vous des études sur
tel ou tel secteur? Oui, monsieur, on va vous envoyer le rapport ou on va vous
faire rencontrer tel individu. Dans le cas de ce rapport-là, c'est ce
que nous avons fait; nous l'avons déposé devant des gens, 400 ou
500 personnes, intéressés à la chose. Je ne vois pas
d'inconvénient du tout à vous en remettre une copie.
M. Lessard: En parlant de rapport, existe-t-il, à
l'intérieur du ministère, un projet, une étude
d'aménagement agricole qui a été préparée
par un agronome pour les Iles-de-la-Madeleine?
M. Toupln: Oui.
M. Lessard: J'ai posé la même question l'an
dernier.
M. Toupln: Mais ce n'est pas une étude qui était
commandée par le ministère.
M. Lessard: Elle a été faite par un agronome?
M. Toupln: C'est cela, de la région. Actuellement ce
rapport a été remis au ministère, il a été
étudié et il y a une politique, une programmation qui se
prépare.
M. Lessard: Qui se prépare. Actuellement, vous n'avez
aucun projet précis concernant...
M. Toupln: II y a certains éléments qui sont mis en
place mais il faudra pousser plus loin que ce rapport-là. Evidemment
l'agronome qui nous l'a proposé, avait fait un travail pas mal
intéressant, mais il fallait vérifier certaines choses.
Déjà des éléments de politiques sont en application
dans cette région et ça va se préciser avec le temps et la
programmation va prendre forme et ça va déboucher sur des
résultats.
M. Lessard: Donc, on peut espérer qu'aux prochains
crédits du ministère on pourra avoir des informations concernant
des politiques concrètes qui ont été instaurées au
ministère pour ça, l'aménagement agricole des
Iles-de-la-Madeleine qui est une région, en fait, probablement aussi
agricole que l'île du Prince-Edouard.
M. Toupln: II faudrait garder les proportions climatiques, de
population, de sols, etc. En termes de territoires, je suis bien prêt
à faire des comparaisons, mais en termes de productions agricoles...
M. Lessard: Je comprends que c'est un rapport d'un individu,
maintenant, le ministre aurait-il objection à nous en donner un
exemplaire?
M. Toupln: Moi, je n'ai pas d'inconvénient à
déposer ces rapports mais il faudrait bien que l'auteur m'en donne
l'autorisation.
M. Lessard: Sur ça, je suis bien d'accord, ce n'est pas un
rapport du ministère.
M. Toupin: Ce n'est pas une étude que nous avons
commandée, c'est une proposition faite par un groupe des
Iles-de-la-Madeleine. Ils ont envoyé le rapport, ils ont dit: Etudiez-le
et regardez ce que vous pouvez faire pour qu'on débouche sur une
programmation.
M. Lessard: Mais le ministre pourrait-il s'informer auprès
de M. Thibodeau pour savoir s'il aurait objection à ce que ce
rapport-là soit rendu public?
M. Toupin: Je n'y vois pas d'inconvénient; le
député de Saguenay pourrait le faire aussi.
Agrocentre de La Sarre
M. Lessard: J'aimerais avoir certaines informations concernant
l'agrocentre de La Sarre, en Abi-tibi. On sait que, l'an dernier, on en avait
discuté, le bail de M. Baril, en ce qui concerne la location de
l'agrocentre, avait été renouvelé par le ministère
mais sans que le ministre en soit, semble-t-il, informé. Cette
année, il est question que M. Baril laisse la location pour le mois de
juillet. Est-ce le cas? Avez-vous des négociations à ce
sujet-là? Pourrait-on savoir quels sont actuellement les tarifs de
location, par exemple? Et est-il exact que M. Baril a l'intention de laisser la
location de l'agrocentre?
M. Toupln: Oui, évidemment on a eu certaines
difficultés. Il y a eu tout d'abord une première démarche
de la part des groupes d'agriculteurs de la région, qui s'était
inscrite à ce moment-là dans le cadre des études
d'aménagement du territoire du Nord-Ouest québécois.
Une des recommandations préconisait la création d'un
agrocentre et une autre disait que cet agrocentre devrait utiliser les
bâtisses du ministère.
Donc, une programmation a été préparée qui
contenait trois éléments. Le premier élément
était un endroit pour des encans d'animaux; le deuxième
était un centre d'abattage et le troisième était un
magasin d'utilités professionnelles.
Le ministère a accepté cette programmation, et il a
discuté avec l'OPDQ de la financer. Pendant ce temps, le
ministère ayant quitté, en bonne partie, ses entrepôts et
ses bureaux de La Sarre, nous avons loué à M. Baril une partie,
d'abord, au départ, de ces espaces et, par la suite, le reste des
espaces. Je pensequ'on peut avoir les coûts, etc., les taux, voire
même le contrat, je ne vois pas d'inconvénient à
déposer le contrat du tout...
M. Lessard: J'aimerais bien voir le contrat si le ministre n'y
voit pas d'inconvénient. Est-ce que, d'après les
négociations ou les informations que vous possédez au
ministère, le contrat va être renouvelé en juillet?
M. Toupin: Je vais continuer dans le sens où
j'étais parti. Pour la location, dans le contrat, il était
prévu que le ministère pouvait mettre fin à ces ententes
à condition qu'un avis de trois mois lui soit envoyé par lettre
recommandée. Il y eut un premier avis d'envoyé, mais la lettre
n'étant pas recommandée, M. Baril a soutenu que cette lettre
n'était pas légale et que, par conséquent, ce n
était pas valable. Techniquement, c'était vrai. On a
laissé passer les délais, on s'est repris et cette fois-là
le ministère a procédé dans les normes prescrites à
l'intérieur du contrat. Cela a créé quelques petits
froids, il y a eu quelques petits affrontements entre les producteurs et M.
Baril là-bas, mais, actuellement, le centre de vente à l'encan
est construit, les agriculteurs ont déjà tenu, je pense, un ou
deux encans. M. Baril s'apprête à quitter les lieux pour le mois
de juillet ou d'août, et une fois que les deux seront disponibles, nous
allons commencer immédiatement à construire le magasin
d'équipements et d'utilités professionnels et, par la suite, le
centre d'abattage.
M. Lessard: Donc, il serait maintenant administré
directement par le ministère.
M. Toupin: Par la coopérative. M. Lessard: Par la
coopérative.
M. Toupin: C'est une coopérative de producteurs qui a
été formée et c'est elle qui administrera le centre.
Sirop d'érable
M. Lessard: Concernant la commercialisation du sirop
d'érable, nous pourrons parler au programme 5...
M. Toupin: On peut en parler tout de suite. Pour la
commercialisation du sirop d'érable, cette année, les surplus
vont se faire surtout à la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire à
la suite d'une entente fédérale-provinciale. C'est du surop de
l'an dernier, évidemment, qui est demeuré invendu.
Quant à la commercialisation du sirop de bonne qualité,
elle se fait par la coopérative et par les mécanismes qui
existent présentement.
M. Lessard: Peut-on s'attendre que l'écoulement sera
meilleur cette année que l'an dernier?
M. Toupin: On attend les résultats de la production, on ne
sait pas quelle quantité de sirop on aura à mettre en
marché. Mais une chose est certaine c'est que si on a plus de
qualité A que l'an dernier, les marchés pour la qualité A
sont bons, il n'y a pas de problème, la demande est bonne. Alors, on
peut le vendre sans difficulté.
Si on a une trop grande quantité du sirop que les producteurs
appellent le sirop noir, d'une qualité inférieure, que je ne sais
pas définir en termes de chiffres, il est possible qu'on soit encore
l'an prochain obligés, au ministère, de prendre l'initiative
d'une commercialisation de ces surplus.
De toute façon, nous nous orientons de ce côté avec
les producteurs ou la coopérative. Avec le plan conjoint, nous nous
orientons du côté d ' une mise en marché conjointe, tout au
moins pour le sirop qui est plus difficile à vendre et surtout pour une
promotion dans les différentes régions du Québec et dans
les différentes provinces du pays, notamment l'Ontario, pour trouver de
nouveaux marchés et inciter les consommateurs à en consommer
davantage.
M. Lessard: Outre le marché canadien, fait-on des efforts
pour l'exportation?
M. Toupin: Sur le marché américain, notamment. Sur
le marché américain, il y a eu des efforts de faits dans le
passé, mais il y avait aux Etats-Unis une restriction qui existait pour
la fabrication d'un type de sirop où il était exigé que du
sirop d'érable soit utilisé pour donner le goût de
l'érable, évidemment, à ce sirop. Cette restriction est
tombée l'an dernier, je pense. Les entreprises utilisent de l'essence,
ça coûte moins cher.
Donc, un marché, de ce côté-là, a
été perdu de la part des producteurs. Des recherches se font, par
la coopérative, encore, sur le marché américain. Elle
avait des contacts, elle a continué avec ses contacts. Il y a des
vendeurs privés également qui continuent à faire des
recherches et des efforts. Mais ce qu'il y a de nouveau, c'est que
l'Université d u Québec à Montréal a
créé, il y a deux ans, un centre de recherche et donné
priorité à l'agro-alimentaire, notamment dans trois secteurs en
particulier: celui des bleuets, celui du sirop d'érable et celui du
lait, je pense. Des expériences assez intéressantes ont
été faites et il est possible que nous trouvions, de ce
côté-là de nouveaux marchés pour l'utilisation du
sirop d'érable.
Evidemment, il y a toujours les autres possibilités.
Saint-Hyacinthe aussi a fait beaucoup de recherche pour la crème
glacée. Quant au yogourt, par exemple, on n'en a pas au Québec
qui ait le goût de l'érable. Il y en a aux bleuets, à ci,
à ça. Il y aurait peut-être avantage à en faire un
à l'érable, même si ça ne prend que 8% ou 9% de la
production. C'est un
nouveau marché qui serait disponible. Il y a beaucoup de
recherche au niveau des liqueurs aussi, où on pourra peut-être
mettre... D'ailleurs, il y en a déjà sur le marché.
D'autres recherches se font dans des compagnies privées à
Saint-Hyacinthe et à l'Université du Québec à
Montréal.
Bleuetières
M. Lessard: Concernant les bleuetières, est-ce que
ça couvre particulièrement la région du Lac Saint-Jean?
Mon collègue, Me Bédard, n'étant pas ici, je ne peux pas
discuter le dossier à fond, parce que le député de
Chicoutimi est actuellement en discussion sur les politiques du
ministère des Transports, en commission.
Mais j'aimerais savoir, de la part du ministre, quelles sont les
politiques, s'il y en a, du ministère vis-à-vis du
développement des bleuetières. Le bleuet est un produit bien de
chez nous, qui permettrait peut-être d'aller jusqu'à la production
du vin, comme on le fait actuellement. En tout cas, l'utilisation de ce produit
pourrait être, je pense, beaucoup plus spécialisée. Est-ce
que, du côté du ministère, on a une préoccupation
dans ce secteur?
M. Toupln: Evidemment, il y a eu pas mal de choses de faites dans
ce secteur. Cela ne réglera pas...
M. Lessard: Beaucoup de recherche, surtout.
M. Toupln: Oh! Il y a eu beaucoup plus que ça. Cela ne
réglera pas tous les problèmes parce qu'un des problèmes
du bleuet dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est la commercialisation. On a
développé une mentalité de vendre du bleuet pour fins
commerciales. Or, ce qui est le plus payant, c'est le le vendre pour la
consommation à l'état frais.
M. Lessard: Vers les années 1948,1950, le prix des bleuets
était très élevé, le marché était
très bon et je pense qu'il y avait une production beaucoup plus forte
qu'actuellement. Ce que je trouve curieux, malgré l'inflation et
malgré le fait que la population augmente, etc., c'est que ce
marché semble avoir diminué au Québec.
M. Toupin: II a rencontré des perturbations assez fortes.
Evidemment, le Québec n'est pas le seul à produire du bleuet;
d'autres provinces du pays en font, le Nouveau-Brunswick en produit. L'Etat du
Maine en fait aussi pas mal, mais le problème des prix est un
problème de marché. Evidemment, ce n'est pas
nécessairement un problème d'organisation de production et
d'organisation d'utilisation du bleuet pour d'autres fins que la consommation
à l'état frais.
Le ministère s'est surtout attardé, au cours des
dernières années, à regarder ce qu'il serait possible de
faire avec le bleuet en plus de le consommer à l'état frais.
Il y a d'abord eu l'entrepôt de congélation à
Saint-Bruno qui a été acheté ou repris par le
ministère alors qu'il était avant entre les mains de l'OPDQ. On
s'en sert actuellement à 100% pour la congéla- tion du bleuet et
quand il y a des espaces disponibles on loue parfois certains espaces à
certains autres utilisateurs pour tenter de rendre cette entreprise
rentable.
Le ministère a travaillé en très étroite
collaboration avec une entreprise sur le territoire qui s'apprête
actuellement à mettre sur le marché du vin de bleuet. Les
services du ministère, dans la mesure où il était capable
de collaborer, ont été véritablement
intégrés à ce projet. L'initiative, d'ailleurs, est venue
conjointement des industries privées et du ministère de
l'Agriculture de la région, de son département
régional.
Je pense que cela va aboutir à des résultats concrets. Si
l'entreprise n'est pas en construction, je pense... Oui, elle sera
bientôt en activité.
Donc, c'est un marché nouveau pour le bleuet qui va, sans doute,
permettre l'écoulement d'une certaine quantité du bleuet, pas
tous, mais une certaine quantité du bleuet.
Il reste maintenant le problème à l'état frais
à régler, c'est-à-dire les marchés à
l'état frais à régler. En Abitibi, l'an dernier, on a mis
à la disposition des producteurs je ne sais pas comment on
appelle cette machine un refroidisseur à l'eau glacée qui
a permis de conserver le bleuet à son état frais plus longtemps
et les producteurs de l'Abitibi ont eu des prix plus élevés que
ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à cause de ce traitement qu'on a
donné aux bleuets, pour lui garder sa performance naturelle plus
longtemps.
Le sous-ministre me dit que la promotion qu'on a faite là-bas a
éveillé les restaurants, a éveillé les magasins qui
vendent ce produit et la plupart d'entre eux ont collaboré très
étroitement avec le ministère et avec les producteurs en
Abitibi... Je parle toujours pour maintenir un bon prix pour le bleuet. L'an
dernier, en Abitibi, il n'y a pas eu de problème. Il y en a eu dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean à cause, précisément, de cette
incapacité d'en vendre plus à l'état frais.
Evidemment, ce n'est pas facile. Une saison, tu peux sortir 3 millions
de livres et, l'autre saison, tu peux en sortir 2 millions. C'est relié
à Ia température. C'est relié à la main-d'oeuvre.
C'est relié à un tas d'expériences.
Une Voix: Y a-t-il eu...
M. Toupln: Oui. Dans l'Abitibi, l'an dernier, cela a
été payant parce que les prix étaient bons. Dans le
Saguenay, l'an dernier, cela n'a pas été tellement payant parce
que les prix n'étaient pas très très
élevés.
M. Fraser: Sans doute, quand les salaires augmentent, cela prend
plus d'argent pour encourager les gens à cueillir les bleuets.
M. Toupln: C'est exact. Il y a eu une expérience avec le
service aux étudiants, à leur donner plus ou moins d'avantage. De
toute façon, c'était à l'état
d'expérience.
M. Fraser: Les bleuets, c'est un travail pénible.
M. Lessard: Comme le ministre est responsable de la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean en relation avec l'OPDQ et le ministre a dû
certainement se préoccuper du plan agro-forestier de cette
région... On sait qu'en 1972, un montant de $35 millions avait
été prévu à la suite d'une entente
fédérale-provinciale pour faire le développement de ce
plan agro-forestier. Le ministre pourrait-il nous faire un bilan des
dépenses qui ont été faites dans la région, des
projets concrets qui ont été réalisés puisque je
comprends que cela touche, à la fois, la forêt et l'agriculture,
mais je pense que le ministre est sans doute informé du
développement de ce plan puisque c'est lui-même qui est
responsable de l'OPDQ de cette région?
M. Toupln: J'ai un rapport de performance qui est au bureau.
M. Lessard: Le ministre pourrait-il le déposer?
M. Toupin: Oui. Je n'aurais pas d'inconvénient...
Absolument. Oui, je peux le déposer.
M. Lessard: Quels sont les montants qui ont été
dépensés depuis 1972?
M. Toupin: Si on prend le budget global, on ne les a pas ici. Le
sous-ministre me dit que ce sont des projets spéciaux pour 1972/73.
M. Lessard: Mais il y avait bien un montant de $35 millions qui
était prévu.
M. Toupin: Globalement.
M. Lessard: Globalement pour la région du
Lac-Saint-Jean?
M. Toupin: Cela touchait l'agro-forestier. Cela touchait la
voirie. Cela touchait le tourisme. Cela touchait tout ça, les $35
millions...11 n'y avait pas seulement l'agriculture qui était
là-dedans.
La performance de la programmation du ministère a
été... dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a
des programmes qu'on a mis de l'avant et qui ont été
utilisés au maximum. Si on prend les séchoirs à grain, par
exemple, ils ont été utilisés au maximum. Si on prend les
séchoirs à foin, cela a été acheté
très largement par les producteurs. On a même manqué de
budget à ce niveau. Si on prend le réaménagement foncier,
cela a été la même chose. Le programme a très bien
fonctionné.
Sur le plan du développement des viandes bovines, c'est un peu
plus à long terme. On ne peut pas, un an ou deux ans après,
analyser la performance, mais les budgets se sont, en partie,
dépensés et on sent qu'il y a un renouveau, un esprit nouveau
dans ce secteur.
Evidemment, il y a toute la consolidation du secondaire. Cela a
créé des problèmes, mais en tout cas. Le lait et d'autres
secteurs...
J'ai rencontré récemment les représentants du
Conseil de développement régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Ils m'ont demandé si le ministère était
intéressé à leur verser quelques montants d'argent pour
que ces derniers puissent faire une évaluation du programme
jusqu'à maintenant et de faire des propositions pour les années
à venir. Alors, on leur a versé, je pense, $4,000 ou $5,000 de
subvention et le conseil économique, en collaboration avec les groupes
intéressés, devront vous produire un rapport d'étape d'ici
la fin de mai pour, par la suite, se rasseoir et voir ce qu'on pourrait faire
pour donner suite à cette programmation du ministère de
l'Agriculture. Cela ne comprend pas l'action du ministère des Terres et
Forêts. Cela ne comprend pas non plus l'action du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Lessard: Mais le ministre me dit qu'il possède,
actuellement, un rapport...
M. Toupin: ... une étape...
M. Lessard:... qui fait le bilan de... Alors, le ministre n'a
aucune objection à le déposer.
M. Toupin: Je ne parle pas de l'aspect global. Je parle
toujours...
M. Lessard:... agricole.
M. Toupin: ... de mon secteur, le secteur agricole. C'est l'OPDQ,
évidemment, qui peut présenter l'aspect global.
M. Lessard: D'accord, mais c'est le ministre qui est responsable
auprès de l'OPDQ pour cette région.
M. Toupin: Oui, mais c'est le ministre responsable de l'OPDQ qui
discute de ces questions.
M. Lessard: Comme responsable de la région, le ministre
s'est-il fait une idée concernant l'implantation d'un parc
fédéral dans la région? Le ministre est-il au courant au
moins?
M. Toupin: Je pense que le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche serait plus en mesure que moi de répondre à
cela.
M. Lessard: D'accord. Mais le ministre est responsable
auprès de l'OPDQ de cette région.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Le ministre est-il au courant de la
possibilité d'implantation d'un parc fédéral?
M. Toupin: Non seulement suis-je au courant, j'ai suivi le
dossier de près.
M. Lessard: Vous avez suivi le dossier.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Le ministre s'est-il fait une idée?
M. Toupin: Je m'en suis fait plus qu'une. Je m'en suis fait
trois.
M. Lessard: Peut-être quatre.
M. Toupin: Non. Quatre, c'est trop.
M. Lessard: Mais au moins, il y a quelque chose. Vous commencez
à vous faire des idées.
M. Toupin: Je m'en suis fait trois. Il y a une sélection
à faire maintenant. Je peux vous en passer une.
M. Lessard: Quelles sont vos trois idées?
M. Toupin: C'est un dossier qui ne relève pas de ma
compétence...
M. Lessard: Oui, il relève de votre compétence. Pas
comme ministre de l'Agriculture.
M. Toupin: Est-ce que je peux, M. le Président, lui donner
la réponse?
Le Président (M. Lafrance): Oui, article 96. On va
demander une réponse rapide parce qu'on est loin de la mise en valeur de
la production végétale.
M. Toupin: C'est cela. C'est une compétence...
Le Président (M. Lafrance): Alors, une réponse
rapide parce qu'on va mettre fin à la discussion.
M. Toupin: ... qui relève du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche qui est le responsable de ce
ministère. Ce n'est pas le ministre de l'Agriculture.
M. Lessard: Elément 4. Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Adopté. Elément
5.
Amélioration foncière
M. Lessard: Amélioration foncière, assainissement
des sols et conservation...
Le Président (M. Lafrance): ... des eaux.
M. Lessard: ... des eaux.
Le Président (M. Lafrance): Pas os, mais eaux.
Travaux mécanisés
M. Lessard: Ma question est celle-ci: On sait que c'est un
élément qui soulève passablement de discussions au niveau
des régions. J'aimeraissavoir si le ministère a établi des
normes et des critères concernant l'émission des contrats,
concernant les travaux mécanisés. Je me rappelle qu'en 1971, le
ministère avait décidé de prendre des mesures assez
draconniennes pour faire en sorte que les travaux qui devaient se faire se
fassent; parce qu'on sait qu'il y avait bien souvent des ententes entre
l'entrepreneur et l'agriculteur, et, qu'au lieu de faire 40 heures, on faisait
bien souvent 15 heures et 20 heures, quitte à réclamer 40 heures
auprès du minis- tère. Alors, le ministère a-t-il
émis maintenant des normes, des critères, non seulement sur les
travaux eux-mêmes, mais concernant aussi le choix des entrepreneurs?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Quels sont-ils?
M. Toupin: Evidemment, pour toute la question des entrepreneurs,
il y a des normes de base pour la machinerie. Je ne sais pas exactement... Si
j'avais la mesure, je pourrais vous les donner. C'est technique. D'abord, pour
l'équipement, il y a des normes de base. On n'accepte pas toutes les
machineries. Ceux qui veulent faire des travaux mécanisés font
approuver leur équipement par le ministère. Une fois que
l'équipement est approuvé parce dernier, si dans la
région, le monsieur en question est capable de trouver des travaux, nous
I ui émettons un permis d'exécution des travaux de telle sorte
que cela peut varier de 300 heures à 1,000 heures ou à 1,200
heures selon les entrepreneurs et selon, également, les
régions.
Il y a des entrepreneurs qui se spécialisent plus dans ce type de
travaux, d'autres viennent faire des travaux seulement une fois les travaux de
la voirie terminés ou avant que les travaux de la voirie commencent,
etc. C'est pour cela qu'il y a une aussi grande différence dans le
nombre d'heures que peuvent exécuter des entrepreneurs. Il arrive,
très souvent, que nous devons refuser un permis, parce que
l'équipement n'est pas en assez bon état, l'équipement est
trop vieux ou l'équipement n'est pas complet. Il arrive, de temps en
temps, qu'on refuse d'approuver la machinerie. Mais une fois que
l'équipement est approuvé, les permis, lorsqu'il y a du travail
de disponible, sont émis, parce qu'on fixe aussi des quotas d'heures par
région, quitte, par !a suite, à les prolonger ou à faire
des échanges d'une région à l'autre, selon la performance
de l'application du programme dans les différentes régions.
Par la suite, il y a des inspecteurs q ui inspectent les travaux faits
sur les fermes et des rapports nous parviennent au ministère. Il y a
deux types de politique là-dedans. Il y en a une de 40, heures qui
s'applique à tous les producteurs, et il y en a une autre où les
heures sont presque illimitées. C'est 200 heures, je pense? C'est 150
heures pour ceux qui veulent se prévaloir de cette mesure.
M. Lessard: Dans chacun des cas, le montant versé par
l'agriculteur est différent.
M. Toupin: Dans le cas des 40 heures, le gouvernement paie 60% et
le producteur 40%. Dans le cas des 150 heures, c'est 50% que paie le producteur
et 50% que paie le ministère.
M. Lessard: Le ministre me dit qu'il émet le permis
à l'entrepreneur après qu'il...
M. Toupin: Je m'excuse. Cette année, c'est 50-50...
M. Lessard: C'est 50-50. D'ailleurs, l'Union des
producteurs agricoles a demandé de revenir à 40-60.
M. Toupln: Oui, pour tous les programmes, non seulement pour les
40 heures, mais pour les 150 heures aussi.
M. Lessard: Et puis?
M. Toupln: La décision de cette année a
été prise et on a convenu que cela demeurait à 50-50.
M. Lessard: Le ministre me dit que l'émission du permis de
l'entrepreneur se fait à la suite d'une demande de l'entrepreneur.
M. Toupln: C'est cela.
M. Lessard: Etant donné que le ministre prévoit,
régionalement, des montants pour ces travaux, est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu d'émettre pour l'information des agriculteurs, une liste de ces
entrepreneurs, c'est-à-dire que cela ne soit pas nécessai-remen
à la suite d' une demande, mais qu'on émette une liste des
entrepreneurs qui sont reconnus par le ministère, et les agriculteurs
pourront choisir entre ces entrepreneurs?
M. Toupln: Cette liste est disponible au bureau régional.
L'agriculteur qui veut se prévaloir du programme est obligé de
remplir une formule. Il va au bureau régional, il remplit sa formule, et
le bureau régional l'informe qu'il y a tel ou tel entrepreneur qui est
disponible.
M. Lessard: Ces listes existent?
M. Toupin: Bien sûr, au bureau régional, elles
existent certainement.
M. Lessard: Elles doivent exister aussi au niveau du
ministère de l'Agriculture.
M. Toupln: Oui, elles existent également.
M. Lessard: J'aimerais avoir la liste des entrepreneurs pour les
comtés suivants: Portneuf, Laviolette, Saint-Maurice, Champlain,
Maskinongé, Nicolet-Yamaska...
M. Toupln: Toute la Mauricie... M. Lessard:... et
Saguenay.
M. Toupln: La Côte Nord. Pour que ce ne soit pas trop
compliqué...
M. Lessard: Cela va?
M. Toupln: Oui. Celle de l'année passée?
M. Glasson: Le député de Saguenay n'aimerait avoir
celle de Montmagny-L'Islet?
M. Lessard: Si le député veut faire la demande.
M. Giasson: C'est très bref. Dans I'Islet, il yen a trois:
Maurice Boucher, la Société d'amélioration des terres et
Bertrand Robichaud.
M. Lessard: Si le député veut en faire la
demande...
M. Glasson: Dans Montmagny-L'Islet, 50% des travaux sont
effectués par la coopérative, la Société
d'amélioration des terres. Ce n'est pas compliqué.
M. Lessard: Concernant le drainage souterrain. On se rappelle que
l'an dernier, au mois de juin 1974, le ministre déclarait que l'objectif
de cette année-là était de 48 millions de pieds de drain.
J'aimerais savoir quel a été le résultat.
M. Toupln: Le résultat a été
inférieur à l'objectif et inférieur à
l'année dernière. L'année dernière c'était,
en tout, 42 millions qu'on a posés? Cette année, on n'atteindra
pas les 30 millions.
M. Lessard: Cette année, 26 millions. M. Toupln:
C'est 26 ou 28 millions.
M. Lessard: Est-ce que le ministre a des explications concernant
cette diminution?
M. Toupln: Oui. La première explication... M. Lessard:
L'augmentation des prix. M. Toupln: C'est ça.
M. Lessard: Est-ce que le ministre a révisé ses
normes?
M. Toupln: Oui, de $0.10, on l'a monté à $0.15 et
de $0.15 qu'il était, on le met à $0.20.
M. Lessard: Cela ne compense pas du tout pour l'augmentation
réelle.
M. Toupln: Oui. Cela met les producteurs sur le même pied
d'égalité qu'ils étaient auparavant. Mais
là-dessus, d'ici quelque temps, quand on va discuter les lois de
crédit agricole, vous allez trouver de nouveaux éléments
dans la loi.
Et maintenant qu'on discute du budget, je vous dis que cette
année, ce sera $0.20, par rapport à l'année
précédente... Oui, quoiqu'il y a eu un petit communiqué
d'émis, mais...
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: ... ce n'est pas... C'est $0.20 cette
année.
M. Lessard: Bon! ...
M. Fraser: Le drainage souterrain.
M. Toupin: C'est $0.20 le pied, par rapport à $0.15...
M. Fraser: Est-ce que le prix des tuyaux a monté cette
année?
M. Toupln: Le service m'informait l'autre jour qu'il a tendance
non seulement à se maintenir, mais à diminuer un peu.
M. Fraser: J'ai payé $0.23, l'an passé, pour le
tuyau de quatre pouces.
M. Toupln: Combien dites-vous?
M. Fraser: J'ai payé $0.23 pour le tuyau de quatre pouces
en plastique.
M. Toupln: L'an dernier?
M. Fraser: Oui. Je ne sais pas le prix cette année.
M. Toupln: Cette année, c'est combien? Il se vent $0.19
à l'heure actuelle.
M. Fraser: C'est $0.19? Si j'avais su, j'aurais attendu,
M. Toupln: Cela a été la principale raison,
l'augmentation des coûts, et surtout l'augmentation des coûts
à un mauvais moment. Il y a eu pénurie de tuyaux de plastique
aussi qui a véritablement... Au fond, c'est la crise du pétrole
qui s'est reflétée directement sur les tuyaux de plastique.
M. Lessard: Mais, M. le Président, j'aimerais donner des
chiffres au ministre, qui nous permettent de se poser des points
d'interrogation.
En fait, on a installé, cette année en tout cas, autour de
26 ou 28 millions de pieds. C'est à peu près 50% de ce qu'on
avait prévu, des objectifs qu'on avait prévus.
M. Toupin: C'est plus que cela.
M. Lessard: Un peu plus...
M. Toupln: C'est 65% des objectifs.
M. Lessard: Cela correspond à combien de milliers
d'acres?
M. Toupln: Un million de pieds de drain, cela correspond à
1,000 acres, donc cela veut dire, cette année, 28,000 à 30,000
acres.
M. Lessard: C'est ça. Cela peut aller. Moi, je dirais plus
que cela, peut-être 36,000 acres.
M. Toupln: Cela dépend des régions, cela
dépend des distances qu'on met entre les drains actuellement.
M. Lessard: D'accord! Disons que c'est à peu près
36,000 acres qu'on a drainées cette année. Si on prend les
chiffres du ministre, soit qu'il y aurait un million d'acres de terre drainable
au Québec. Cela va prendre, à ce rythme, 28 ans avant de faire ce
drainage, et on sait que c'est important pour la prétendue politique
d'autoapprovisionnement du ministre de l'Agriculture. Cela va prendre, au
rythme où cela va, 27 ans, si je prends les chiffres du ministre. Par
ailleurs, si on prend les chiffres de la commission royale d'enquête, en
1966, sur l'agriculture, c'est trois millions d'acres qu'il y aurait à
drainer au Québec. Cela va prendre 87 ans...
M. Toupln: Oui, mais il y en a de fait...
M. Lessard: ...pour le faire; 83 ans pour le faire à ce
rythme.
M. Toupln: II y en a de posé.
M. Lessard: Non, pour faire la différence, ce qu'il reste
à faire.
M. Toupin: Combien y a-t-il d'acres de drainées
jusqu'à maintenant? On présume, nous, qu'il doit rester, au moins
pour régler les problèmes les plus pressants, je ne sais pas,
à peu près un million d'acres, dans la région de
Montréal...
M. Lessard: Si je prends les chiffres du ministre, c'est un
million d'acres qu'il resterait.
M. Toupln: Selon le nombre de la commission April, c'est moins de
trois millions.
M. Lessard: C'est près de trois millions.
M. Toupln: C'est moins. Il faut que vous enleviez ce qui est
drainé.
M. Lessard: Oui. Enlevez 250...
M. Toupln: Supposons qu'il resterait deux millions...
M. Lessard: ... il resterait environ 2,800,000... Bon! On peut
bien négocier pour 80 ans si vous voulez.
M. Toupln: Non. Ecoutez! A ce moment, on ne sera probablement pas
ici, ni l'un, ni l'autre.
M. Lessard: Oui. C'est justement là qu'est le
problème. Est-ce que c'est avec une augmentation du budget de $6
millions que vous allez être capable de reprendre le temps perdu?
M. Toupln: M. le Président, l'an dernier, on n'a pas tout
dépensé le budget là-dessus. Il est resté quelques
centaines de milliers de dollars.
M. Lessard: Cela va bien. Vous avez des budgets prévus,
vous avez des supposées politiques pour le drainage, vous avez l'urgence
du drainage souterrain. En fait, il est reconnu par des commissions et reconnu
par les agriculteurs aussi, et vous n'êtes même pas capable de
dépenser complètement vos budgets. Cela dépend de quoi?
Cela dépend de qui?
M. Toupln: Les producteurs...
M. Lessard: Est-ce que cela dépend des pro-
ducteurs? Est-ce que cela ne dépendrait pas du fait que cela
prend énormément de temps avant d'avoir les plans et devis de la
part du...
M. Toupln: M. le Président, on a jusqu'à maintenant
de disponibles pour près de combien de millions? 300 millions de pieds
de drain en banque qu'on est prêt à financer demain matin,
n'importe quand. Il s'agit que les producteurs décident..
M. Lessard: Le problème des producteurs, c'est que les
prix sont rendus tellement élevés qu'aux subventions qui sont
accordées par le ministre de l'Agriculture actuellement, ils n'y sont
pas intéressés.
M. Toupln: On les a ajustés, on les a mises à
$0.20, nos politiques. On va ajouter une politique de crédit que vous
discuterez au moment où on entrera dans le cadre des politiques de
crédit agricole.
M. Lessard: Considérant l'urgence, dont parle le
ministre...
M. Toupln: Oui.
M. Lessard:... du drainage agricole, est-ce qu'il ne devrait pas
y avoir des politiques beaucoup plus dynamiques, parce que cela a des
conséquences énormes sur le développement agricole,
même la commission April disait qu'on pouvait expliquer le
sous-développement agricole au Québec, en grande partie, à
cause du problème du drainage. On pouvait expliquer le manque, en fait,
de productivité agricole, en grande partie, à cause d'une
question du drainage. Comme c'est tellement important, est-ce qu'on ne devrait
pas avoir des politiques plus dynamiques, parce que c'est absolument incroyable
de penser que l'an dernier, il y a eu des montants qui n'ont pas
été utilisés par les producteurs dans le drainage
agricole? Quel est ce montant qui n'a pas été utilisé?
M. Toupin: Cette année, je ne sais pas. Je sais qu'il y a
eu des versements, $1 million peut-être.
M. Lessard: Le budget était de $32 millions. Sur ies $32
millions, combien ont été dépensés?
M. Toupln: Quand vous parlez des $32 millions, cela ne comprend
pas seulement le drainage souterrain, cela comprend aussi les travaux
mécanisés et tout cela.
M. Lessard: D'accord. Drainage souterrain... M. Toupln:
Pas tout à fait $1 million. M. Lessard: Pardon?
M. Toupin: Pas tout à fait $1 million qui n'ont pas
été dépensés.
M. Lessard: Sur combien?
M. Toupln: Sur $9 millions. Pour le drainage souterrain sur $22
millions. De toute façon, c'est qu'il y a eu $1 million, il n'y a pas eu
tout à fait $1 million qui n'a pas été
dépensé sur $32 millions, dans le total du budget. Tenons pour
acquis que to ut le budget prévu pour les travaux
mécanisés a été dépensé. Alors, ce
million n'a pas été dépensé, notamment au chapitre
du drainage souterrain. La performance des dépenses n'est pas trop mal.
Les coûts ont augmenté, nous, on a augmenté notre
subvention. Là où la performance s'est fait sentir moins bonne,
c'est que les gars se sont découragés, voyant,
évidemment... Spontanément,le prix du drain a augmenté.
Plus que cela, je connais beaucoup de producteurs qui m'ont dit: On veut bien
en poser, mais il n'y a plus de tuyaux de plastique de disponibles. Cela a
été un élément aussi. C'est peut-être
l'élément qui a le plus influencé le posage des
drains.
M. Lessard: Je note quand même qu'à ce rythme, cela
va prendre 27 ans pour faire...
M. Toupln: Oui, je suis prêt à...
M. Lessard: Selon les chiffres du ministre et si on se fie sur
les chiffres de la commission April, cela va prendre autour de 80...
M. Toupln: Oui, mais...
M. Lessard:... alors que l'Ontario est pas mal plus
avancée que nous autres dans cela.
M. Toupin: On est au courant. En Ontario, je ne sais pas,
exactement, comment la mentalité du producteur ontarien se compare avec
la mentalité du producteur québécois.il n'y a pas de
subvention, ce sont des prêts qu'on fait, seulement à long terme,
pour le posage du drain. Il se pose plus de drains qu'il ne s'en pose au
Québec. Il faut dire que pendant qu'on a 1 million ou 2 millions de
drain à poser, en termes d'acre de terre, ils en ont beaucoup plus.
M. Lessard: Les revenus sont meilleurs aussi.
M. Toupln: Les revenus de l'an dernier, par rapport à
l'Ontario, étaient de combien? Est-ce qu'il y avait $1,000 entre
l'Ontario et le Québec?
M. Lessard: Pas mal. $8,000 et $13,000 à peu
près.
M. Toupln: C'est $9,000 à $11,000. Les revenus ont
baissé un peu aussi l'an dernier. Il y a toujours eu $1,000 à
$1,200 de différence entre le revenu net de l'Ontario et celui du
Québec, attribuable, notamment, à tout le secteur des fruits et
légumes. Quand on compare l'agriculture de l'est de l'Ontario avec le
Québec, où il y a des comparaisons valables, on est pas mal...
D'ailleurs, le drainage en Ontario ne se fait pas dans l'est, il se fait dans
l'ouest. Il y a les céréales, les fruits et légumes, etc.
Cela coûte aussi cher en Ontario pour poser du drain qu'ici, il y a
peut-être $1,000 ou $2,000 de plus de revenu net, dépendant du
type de culture dans lequel on se trouve.
M. Lessard: Quel est le budget pour cette année, en ce qui
concerne le drainage souterrain?
M. Toupin: $38 millions.
M. Lessard: Non, c'est le programme complet. Je demande...
M. Toupin: Seulement pour le drainage? J'aimerais ajouter que,
depuis 1971, la performance du ministère, en termes de posage de drain,
s'est grandement améliorée. On a plus que doublé le
posage, depuis 1971.
M. Lessard: Cela s'est beaucoup amélioré, en effet.
On est parti de $48 millions, je pense, et on est rendu à $28
millions.
M. Toupin: M. le Président, je dis que, depuis 1971, en
moyenne, par année, la performance s'est améliorée. Je ne
compare pas cette année avec l'année passée.
M. Lessard: C'est facile d'améliorer quand on part de
zéro.
M. Toupin: On n'est pas parti de zéro, on est parti de $18
millions.
M. Lessard: Vous êtes partis, à peu
près...
M. Toupin: Cette politique a été mise en place,
en... On a mis en place la politique du drainage souterrain, en 1965. En quelle
année? Le gros s'est fait en 1963, à peu près...
M. Lessard: C'est facile d'améliorer la performance quand
on n'en faisait à peu près pas, à ce moment.
M. Toupin: Oui, je suis bien d'accord avec vous. Quand on n'en
fait pas et qu'on n'en fait pas, il n'y a pas d'amélioration de la
performance, mais quand on n'en fait pas et qu'on en fait, c'est cela qu'est
l'amélioration de la performance. Ce n'est pas plus que cela.
M. Lessard: Mais, au rythme où vous allez...
M. Toupin: Je suis d'accord avec vous, on n'en fait pas assez.
C'est 50 millions de pieds de drain, par année, au minimum qu'on devrait
poser au Québec.
M. Lessard: Ne devrait-on pas avoir une autre conception du
drainage souterrain dans le sens que, le sous-sol, en fait, ou le drainage ou
le sous-sol agricole ou l'aménagement du sous-sol agricole, pour en
arriver à une meilleure reproductivité, est-ce que cela ne
devrait pas être la responsabilité de l'Etat? Parce que une terre
qui se transmet de père en fils ou qui se vend et qui est
drainée, aménagée, c'est quelque chose qui demeure pour la
société québécoise, c'est une chose, à un
moment donné, qui va être là constamment. Au lieu de
laisser cette responsabilité exclusivement aux producteurs, est-ce que
cela ne devrait pas être la responsabilité de l'Etat?
M. Toupin: En tout cas, l'Etat a reconnu sa responsabilité
puisqu'il investit plus de 60% pour le drainage, actuellement. Il y a les
coûts. On paie 50% des coûts du posage. Les études sont
faites gratuitement. Est-ce $10 qu'on demande au producteur pour son plan? $10.
On fait toutes les études gratuitement. Donc, on vous remet plus de 65%
déjà, dedans, en investissements.
Pour le moment, je considère que, pour certaines régions
du Québec, notamment, pour certaines fermes du Québec, c'est
suffisant, parce que, poser du drain, en 1972/73, pour bâtir des maisons
dessus, en 1977, cela ne marchera pas. Il va falloir d'abord protéger ce
sol et, quand il sera protégé, on pourra regarder jusqu'où
l'Etat peut aller comme investissement dans le fonds de terre.
Je vais plus loin que cela. Personnellement, je considère que, si
on veut améliorer davantage notre performance là-dedans, si on
veut se rendre à 45 millions ou 50 millions de pieds de drain par
année, il y a deux choses qu'il va falloir faire: il va falloir mettre
des politiques de crédit plus alléchantes, à la
disposition de ceux qui posent du drain, à long terme et faire plus de
vulgarisation auprès des producteurs. Mais, il va falloir
prévoir, en même temps, qu'il y a assez d'entreprises au
Québec qui produisent du tuyau de plastique et du tuyau de ciment ou de
terre cuite pour ne pas être pris avec un programme de promotion qui ne
pourra pas retrouver, sur le marché, les équipements qu'il faut
pour se réaliser.
Il ne faudrait pas non plus qu'un programme de promotion et qu'une
mesure trop généreuse fassent monter à tel point le tuyau
et que nos investissements se perdent dans l'inflation. Donc, il faut en
même temps inciter les entreprises à en faire.
M. Lessard: Je suis d'accord avec le ministre sur ce sujet, de
faire en sorte que ces terres où il y a eu des investissements, dans le
drainage ou pour le développement agricole, ne soient
cédées, par la suite, à un moment donné, pour la
construction domiciliaire ou pour la construction d'immeubles d'habitation ou
d'autres choses.
M. Toupin: C'est cela qu'il faut régler.
M. Lessard: A ce sujet, le ministre a-t-il analysé le
coût d'investissement, de la part du ministère de l'Agriculture,
dans les 93,000 acres qui ont été expropriées par le
gouvernement fédéral dans la région de Mirabel?
M. Toupin: Dans le secteur, là où les... sont
construites... comment...
M. Lessard: Combien est-ce que cela a coûté à
la société québécoise pour aménager les
terres agricoles?
M. Toupin: Je ne le sais pas, on n'a pas fait d'analyse
économique de ça; mais tout ce que je peux dire, c'est que les
sols qui sont actuellement
réservés et qui sont expropriés, mais qui ne seront
pas utilisés concrètement, le ministre responsable de l'OPDQ a
donné hier une réponse en Chambre; on regarde maintenant comment
on va utiliser ces sols dans le temps pour des fins agricoles.
Quant à ce qui est dépensé présentement et
exproprié pour des investissements de Mirabel, je ne sais pas, au cours
des cinq ou dix dernières années, ce que le ministère
avait déjà investi dedans. Il ne faudrait pas compter que le
drainage. Il faudrait compter toutes les politiques d u ministère.
M. Lessard: C'est ça, justement, à la suite d'une
absence de politique...
M. Toupin: C'est censé être plusieurs millions de
dollars.
M. Lessard: A la suite d'une absence de politique du
gouvernement, on constate que cela a coûté cher, l'investissement
dans cette région, pour, parla suite, perdre une grande partie de ces
territoires au profit du gouvernement fédéral.
M. Toupin: On peut tirer cette conclusion, je n'ai pas
d'inconvénient à ce qu'on tire cette conclusion. Si
l'aéroport avait été construit ailleurs, il aurait aussi
coûté au gouvernement québécois et aux citoyens
québécois certains millions d'acres.
M. Lessard: Ce n'étaient pas les mêmes terres
agricoles.
M. Toupin: Je vous ai dit que le comparaisons pourraient se faire
si des études étaient faites.
M. Lessard: Le ministre est sans doute au courant qu'à
Pickering, le fédéral na pris que 18,000 acres?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Au Québec, on peut se permettre n'importe
quoi.
M. Toupin: II aurait fallu questionner l'ancien gouvernement.
M. Lessard: De toute façon, le nouveau gouvernement
continue exactement les mêmes politiques de l'ancien, que ce soit
Forillon, que ce soient les politiques dans la région du Lac Saint-Jean,
etc., on continue, la Mauricie, Gatineau, etc.
J'aimerais savoir quels ont été les résultats du
comité consultatif en machinerie agricole du ministère de
l'Agriculture.
M. Ostlguy: Est-ce que vous avez terminé sur le
drainage?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: Si le député de Saguenay me permet,
j'ai une question sur le drainage.
M. Lessard: Je vous permets tout, mon cher collègue.
M. Ostlguy: II y a une politique qui a été
annoncée par le ministère de l'Agriculture, à savoir que
les municipalités peuvent faire du drainage, j'imagine que c'est du
drainage de cours d'eau, soit verbalisés ou d'autres cours d'eau, et
qu'une subvention de 40% leur est accordée. J'aimerais que le ministre
nous élabore cette politique, cette aide de 40% fournie aux
municipalités. Si le ministre aime mieux attendre cet après-midi,
ça ne me fait rien.
M. Toupin: Au départ, j'ai discuté longtemps avec
les sous-ministres de cette question et on n'était pas tout à
fait d'accord, on a fini par trouver le moyen de pallier un peu ce
problème. Il y a bien des municipalités qui nous disaient ceci:
nous avons des petits cours d'eau dont les coûts de construction
pourraient varier de $10,000 ou $20,000 ou même moins, des demandes
étaient faites et ça prenait plus de temps. C'était toute
la question d'approbation et de réglementation. J'avais alors
demandé qu'on regarde la possibilité d'aider les
municipalités à se financer d'une part, avec une aide du
ministère de l'Agricultured'autre part; mais pour les petits cours d'eau
seulement, parce qu'on ne voulait pas entrer dans les grands cours d'eau
où il y a des investissements de $300,000, $400,000 ou $500,000, parce
qu'à ce moment, les municipalités, au lieu de passer des
règlements d'emprunt, etc... probablement que la Commission des affaires
municipales ne nous aurait pas autorisé à le faire, parce que
déjà, la Commission des affaires municipales a des
problèmes avec les municipalités qui veulent emprunter pour
d'autres services que les services de creusage de cours d'eau.
On a offert cette politique aux municipalités et si les
municipalités veulent s'en prévaloir, pour les petits cours
d'eau, cette politique tient. Je n'ai aucune municipalité, actuellement,
qui s'est prévalu de cette programmation.
M. Ostiguy: Vous dites que vous remboursez seulement 40%, il
serait alors obligé de défrayer 60%, pour ce qui est un cours
d'eau verbalisé. S'il attend, au contraire, le ministère de
l'Agriculture le fait à titre gratuit.
M. Toupin: Mais cela ne coûterait pas cher. Cela
coûterait très peu de chose, à chaque citoyen, je ne sais
pas combien. A chaque gars qui part un cours d'eau, ça coûterait
$8 ou $10 par année, d'autant plus qu'on lui rembourserait 40% sur ses
impôts fonciers là-dessus. Evidemment, je croyais que
c'était une politique très avantageuse, en ce qui concerne
notamment les petits cours d'eau. Pour les grands cours d'eau, ça
n'aurait pas marché, ça n'était pas suffisant. Pour les
petits, ce ne sont pas de gros investissements, vous pouvez financer ça
avec un emprunt à une caisse, à une banque.
M. Ostiguy : Un petit cours d'eau, à l'intérieur de
la municipalité, qui peut toucher trois ou quatre cultivateurs.
M. Toupin: Trois ou quatre cultivateurs, cinq ou six, quelque
chose comme ça. Pour les gros, ça ne marche pas, j'ai vu des cas
à Saint-Hyacinthe, des gars se sont mis dix ensemble, ils ont dit: Cela
coûte quoi, $3,000 pour avoir cela jusque chez nous? On va le faire.
Inondations
M. Lessard: En parlant de cours d'eau et de conséquences
que peuvent avoir les eaux sur les terres agricoles, est-ce que le ministre
s'attend cette année à ce que les inondations du Richelieu ou
d'autres cours d'eau du Québec vont avoir des conséquences moins
néfastes que celles de l'an dernier? Est-ce que la négociation
avec la Commission mixte internationale des eaux limitrophes a donné ou
donnera des résultats positifs pour le Québec? Est-ce que vous
avez été entendu, je sais que vous avez présenté un
mémoire, mais concrètement, cela a donné quoi?
M. Toupin: A la commission mixte pour le contrôle des eaux,
il y aurait avantage que la question soit posée au ministre des
Richesses naturelles, parce que c'est lui qui est responsable de ce secteur au
Québec.
Nous avons joué là-dedans le rôle que nous avions
à jouer, c'est-à-dire que nous avons fait valoir auprès de
la commission nos points de vueen ce qui concerne l'inondation des terres
agricoles au Québec. Je n'ai pas en main ce rapport et je ne sais pas
non plus à quelle étape il est rendu, il y aurait plutôt
avantage à discuter de cela aux crédits du ministère des
Richesses naturelles.
Quant aux possibilités d'inondation cette année, la
différence qu'il y a avec l'an dernier, c'est que, l'an dernier, j'ai eu
un tas de demandes au ministère pour intervenir parce qu'il y a eu
inondation et cette année, je n'en ai pas reçu encore.
M. Lessard: Est-ce que le ministre de l'Agriculture comme tel a
présenté un rapport à la commission?
M. Toupin: On a présenté notre point de vue. M.
Lessard: Votre point de vue. M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Est-ce qu'on pourrait obtenircopie de ce point de
vue?
M. Toupin: Cela s'est fait par l'intermédiaire d'un
mécanisme provincial. Je vous disais tantôt que c'était le
ministère des Richesses naturelles qui en était responsable; pour
notre part, on a participé au comité qui a préparé
le document qui devait être amené par la suite au
comité.
M. Lessard: Alors, il y a eu un seul document qui a
été présenté par le gouvernement du Québec
à l'intérieur duquel étaient comprises les recommandations
du ministre de l'Agriculture à ce sujet.
Concernant les compensations des agriculteurs, c'est la
responsabilité du ministre, je pense. Est-ce qu'il est exact qu'on y ait
consacré seulement $30 mi liions des $75 mi liions prévus au
chapitre des dommages causés par les inondations?
M. Toupin: C'est tout le budget, c'est tout le total. Dans notre
secteur...
M. Lessard: Est-ce que c'était le ministère des
Richesses naturelles qui avait la responsabilité ou le Conseil
exécutif?
M. Toupin: C'est un comité spécial du Conseil
exécutif.
Machinerie agricole
M. Lessard: Je reviens au comité consultatif en machinerie
agricole du ministère de l'Agriculture du Québec.
M. Toupin: Je vais laisser parler le sous-ministre, c'est lui qui
est le plus au courant, parce que je n'ai pas eu...
M. Lessard: Je voudrais que le sous-ministre nous précise
les points suivants: L'UPA a présenté à ce comité
un mémoire dans lequel on demandait que chaque compagnie ait un
entrepôt central au Québec, une normalisation des pièces et
que les instructions accompagnant la machinerie, qui sont actuellement
unilingues, soient au moins traduites en français. J'aimerais obtenir
les commentaires du ministre à la suite de ce mémoire.
M. Toupin: II est vrai qu'il existe...
Le Président (M. Lafrance): La réponse est
considérée comme la réponse du ministre.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: II est vrai qu'il existe, au sein du service de la
construction de la machinerie agricoles, un comité consultatif que nous
avons créé, il y a maintenant deux ans, qui regroupe, bien
sûr, des représentants de l'UPA et aussi des représentants
du secteur de machinerie agricole de la plupart des principales compagnies
fabricantes de machinerie agricole et aratoire au Québec.
Il est exact que ce comité consultatif a eu de nombreuses
discussions sur un ensemble de points, non seulement sur celui auquel vous vous
référez.
Jusqu'ici, sur le point spécifique que vous mentionnez, la
réceptivité des entreprises fabricantes de machinerie agricole a
été fort importante et des améliorations ont
été apportées qui seront, nous l'espérons,
complétées en cours d'année, en ce qui regarde les points
spécifiques que vous mentionnez.
Lorsque vous vous référez plus particulière-
ment à cette question de disponibilité de pièces,
je pense bien que le problème de fond ne se pose pas pour la
majorité des principales compagnies fabri-cantes de machinerie aratoire
au Québec. Peut-être qu'il se pose au niveau, plus
particulièrement, d'un réseau de distribution adéquat,
pour certaines firmes et pour certaines compagnies, ce sur quoi il y a eu de
nombreuses discussions et une étude un peu plus en profondeur est en
cours.
Sur la disponibilité de pièces pour des firmes
déjà existantes, où il y a un volume... Un des
problèmes qui s'étaient posés, c'était avec
certaines firmes qui s'établissaient avec un minimum de ventes au
Québec. Dorénavant, je pense bien que, dans ces cas-là,
nous exigerons, d'une façon beaucoup plus ferme, la présence de
pièces de rechange au moment où ces équipements sont
vendus au Québec.
M. Lessard: Avec entrepôt central?
M. Toupln: Entrepôt central ou entrepôt pour assurer
que le réseau de distribution convienne et ne porte pas de délai
majeur lorsqu'une pièce d'équipement est brisée et que
l'agriculteur ne soit pas obligé de se retrouver à faire des
milles et des milles avant d'avoir accès à ces pièces.
M. Lessard: Le problème qu'on affrontait, c'était
que, bien souvent, les entrepôts étaient situés en Ontario
et qu'on n'avait pas les pièces disponibles au Québec.
M. Toupin: Pour la majorité des firmes importantes au
Québec, elles ont maintenant un centre, un inventaire complet,
localisé au Québec, de pièces de rechange.
M. Lessard: Est-ce que le comité consultatif a
préparé ou a déposé un rapport à la suite
à cette étude?
M. Toupln: Le comité consultatif, d'une façon
progressive et continuelle, discute et porte des avis à notre attention
sur des points très vastes qui touchent l'ensemble du secteur de la
machinerie agricole au Québec. Il y en a eu sur la mise en place de
certains plans particuliers reliés à des plans d'étable ou
des choses comme cela auxquels nous avons donné suite.
Il y a eu des représentations sur un ensemble de points et,
chaque fois où c'est possible, il y a eu une action concrète de
posée par les services concernés.
M. Lessard: Est-ce que le ministre a l'intention de mettre un
frein aux profits excessifs de ces compagnies, Massey-Ferguson en particulier,
qui a augmenté ses profits de 690% en deux ans, pendant que le
ministère accorde des subventions?
M. Toupin: Le ministère de l'Agriculture n'accorde pas de
subvention pour l'achat de machinerie agricole. Le ministère finance, au
titre des politiques de crédit, l'achat d'équipement agricole.
Sur toute cette question d'enquête concernant les prix, j'ai
déjà donné mon point de vue là-dessus, M. le
Président.
M. Lessard: II n'y a pas de profit excessif?
M. Toupin: Je ne crois pas... M. le Président, je ne
voudrais quand même pas que le député de Saguenay dise
à ma place les choses que je ne veux pas dire.
Si le député de Saguenay est convaincu qu'il y a des
profits excessifs, il n'en tient qu'à lui à le dire publiquement
et à le prouver. S'il ne le prouve pas, cela va passer comme un coup
d'épée dans l'eau. S'il le prouve, il amènera des
statistiques qui vont dépasser la multiplication de profits, etc., sans
parler des années où il y a eu des pertes et tout cela.
Cela est la responsabilité du député de Saguenay et
je ne m'embarquerai pas dans ce secteur. Je considère que ce n'est pas
la responsabilité du ministère de l'Agriculture de regarder
comment se comportent les prix des biens industriels dans l'ensemble de la
province de Québec.
On devrait beaucoup plus adresser une question comme celle-là au
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, ou au ministère de l'Industrie et du Commerce.
Tant que je n'aurai pas davantage d'information, je me refuse à
commenter, sous quelque forme que ce soit, les affirmations du
député de Saguenay.
M. Lessard: Est-ce que je peux informer le ministre des profits
de Massey-Ferguson en 1971 et en 1974?
M. Toupin: Je n'ai pas d'inconvénient.
M. Lessard: En 1971, pour un chiffre d'affaires de $1 milliard,
Massey-Ferguson faisait des profits, d'après ses propres chiffres, de
$9.3 millions.
En 1974, avant impôt...
M. Toupin: En 1971?
M. Lessard: En 1971, profit de $9.3 millions.
M. Ostiguy: Sur un chiffre d'affaires de...?
M. Lessard: De $1 milliard. En 1974...
M. Toupin: C'est en bas de 1%, avant impôt.
M. Lessard: En 1974, chiffre d'affaires de $1,900,000,000.
Profit: $63.9 millions. Augmentation de 690%.
M. Ostiguy: Est-ce que le député de Saguenay est au
courant qu'en 1969 et 1970...
M. Lessard: Source officielle, la Gazette, Montréal, le 31
octobre 1974.
M. Ostiguy: En 1969 et 1970, quelles étaient les pertes de
Massey-Ferguson? Cela a été des années où il y a eu
des pertes considérables. Je pense qu'elles ont été de
l'ordre de...
M. Giasson: Le député de Saguenay n'a pas
intérêt à les citer. Il cite ce qui fait son affaire.
Point.
M. Lessard: Elles font donc pitié, ces compagnies
multinationales!
M. Giasson: II faut être objectif.
M. Ostiguy: C'est une question administrative à ce
moment-là.
M. Giasson: ...du tout, mais cela ne veut pas dire qu'on ne doit
pas être objectif.
M. Lessard: L'inflation, c'est juste pour le consommateur
québécois. Les compagnies, pendant cette période
inflationniste, ont augmenté leurs profits entre 250% et 400%.
M. Ostiguy: Le député de Saguenay ne cite pas les
années où elles ont été à perte.
M. Lessard: Pauvres compagnies multinationales! Je suis heureux
de constater que les députés libéraux viennent
défendre les compagnies multinationales.
M. Ostiguy: On ne défend pas les compagnies
multinationales, on constate les faits, tels qu'ils sont.
M. Giasson: C'est faux. Absolument faux.
M. Toupln: M. le Président, personnellement, je ne veux
commenter aucune de ces données, parce qu'elles m'apparaissent beaucoup
trop globales pour porter des jugements objectifs.
M. Lessard: Elément 4, adopté.
Le Président (M. Lafrance): Elément 5 et
élément...
M. Lessard: Si vous voulez des informations, je peux vous en
donner plus que cela. Je peux vous parler des profits de Maple Leaf; je peux
vous parler des profits de International Harvester of Canada; de Canadian
Industries Limited, etc. Je peux tout vous descendre cela. Augmentation dans le
cas de Maple Leaf: 333% en 1973. Augmentation des profits à
International Harvester of Canada: 299%.
Je constate que les députés libéraux sont...
M. Ostiguy: Je ne vois pas pourquoi le député de
Saguenay s'en prend à une compagnie et qu'il ne regarde pas les
autres.
M. Giasson: Je connais aussi des entreprises qui ont fait des
profits de 200,000%.
M. Lessard: Les compagnies de pétrole, par exemple...
M. Giasson: Non, non, des compagnies de chez nous...
M. Lessard: ...qui n'ont pas payé d'impôt au
gouvernement du Québec.
M. Giasson: ...qui ont traduit un déficit par un surplus
d'exploitation, d'une année à l'autre. Si vous allez en
pourcentage, vous savez ce que cela donne. Votre objectivité est
absolument incroyable.
M. Lessard: Les compagnies pétrolières...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giasson: Vous manipulez les chiffres, sans tenir compte de la
réalité fondamentale. Vous êtes absolument non
objectif.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre! Nous en
étions à l'élément 5 et l'honorable
député de Huntingdon a une question à poser.
M. Fraser: Non. Je veux retourner, pour un moment, au programme 3
pour féliciter le ministre de l'Agriculture...
M. Lessard: Si c'est pour cela, je vais refuser. M.
Masslcotte: Pas d'affaire à refuser. Le Président (M.
Lafrance): L'article 96...
M. Lessard: Pour le programme 3, je n'ai pas d'affaire à
refuser? Je regrette, je soulève une question de règlement.
Le Président (M. Lafrance): Soulevez-la, dites-la-moi.
Article 96: J'ai accordé la parole au député de
Huntingdon...
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): ...quand le
député de Huntingdon aura fini, je vous accorderai la parole.
M. Lessard: Je soulève une question de
règlement.
Le Président (M. Lafrance): Sur une question de
règlement, le député de Saguenay.
M. Lessard: Quand le député de Huntingdon me dit
qu'il veut revenir au programme 3...
Le Président (M. Lafrance): On est encore au programme 3,
il n'a pas encore été adopté. Vous l'avez adopté,
mais la commission ne l'a pas adopté; nous sommes encore au programme
3.
Une Voix: C'est cela.
M. Lessard: Quel élément?
Le Président (M. Lafrance): Elément 5. Il n'a pas
été adopté encore.
M. Fraser: J'en ai pour deux minutes.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre s'il vous
plaît!
M. Lessard: Je vous l'aurais permis.
Le Président (M. Lafrance): La parole est au
député de Huntingdon.
Une Voix: Cré petit major!
M. Fraser: Je veux féliciter le ministre et le chef du
service de drainage hydraulique pour avoir résolu le problème de
la rivière La Guerre, dans le comté de Huntingdon, qui date de
1928. Cela veut dire que ça faisait presque 50 ans que cela durait, que
la paroisse de Saint-Anicet, aux deux tiers, était
égouttée par cette rivière. Il n'y a jamais eu
d'amélioration depuis presque 50 ans dans ce cours d'eau.
Le ministre a accordé un contrat l'an passé pour une
station de pompage pour pomper l'eau de ce bassin dans le lac
Saint-François. Ce problème était causé dans le
temps du canal Beauharnois qui arrosait le lac et la rivière La Guerre
était de trois pieds en bas du lac. L'eau était mise dans la
rivière Saint-Louis et les propriétaires, le long de la
rivière Saint-Louis, ont toujours menacé de porter plainte contre
les gens d'en haut. Cela a causé de grands problèmes.
Maintenant, la station de pompage marche à merveille, à ce
qu'on m'a dit. D'après M. Proven-cher, le système sera
creusé d'un bout à l'autre. Le contrat sera donné cette
année. Je remercie le ministre. Cela résout un problème
qui date de 50 ans. Mes sincères félicitations.
Une Voix: Cela est positif.
M. Toupin: C'est un projet qui aura coûté
près de $750,000.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Verchères.
M. Ostlguy: M. le Président, je voudrais revenir...
M. Fraser: C'est dans le programme 5.
M. Ostlguy: ...tout à l'heure, à la question qui a
été posée par le député de Saguenay,
relativement au service du machinisme agricole, lorsqu'on parlait de
dépôt de pièces et peut-être de problèmes que
rencontraient certains agriculteurs, de s'approvisionner en pièces. Le
sous-ministre mentionnait que cet approvisionnement en pièces ne
découlait pas, bien sûr, des grandes sociétés, parce
qu'elles ont une organisation assez bien structurée dans la province de
Québec. Sauf que je voudrais suggérer au ministre peut-être
la possibilité d'étudier l'émission de permis à des
concessionnaires de machines agricoles dans la province de Québec,
tenant compte, maintenant, que vous avez structuré un service du
machinisme agricole. Je pense que cela éliminerait une quantité
de petits vendeurs qui sont des vendeurs d'occasion, si vous voulez, qui se
créent vendeurs d'une journée à l'autre avec une compagnie
qui vient soit de l'Europe ou de pays étrangers. Ils deviennent des
vendeurs et n'ont peut-être pas le capital nécessaire,
l'organisation nécessaire. Ils commencent à vendre de la
machinerie et n'ont pas d'inventaire j'allais dire le mot "stock", je
cherchais le mot français de pièces suffisantes pour
répondre à la demande. A la suite de la mise en structure du
service de la machinerie agricole, le ministère dirait: On va tenter de
contrôler en émettant des permis à des concessionnaires de
machines agricoles. Je pense que ce serait vraiment bénéfique
pour les agriculteurs du Québec, parce qu'il faut tenir compte que,
lorsqu'un agriculteur a besoin de pièces, c'est durant la saison et
c'est toujours urgent. Ils travaillent en fonction de la température.
S'il est en train de presser du foin, par exemple, si sa presse à foin
casse à 4 heures de l'après-midi, et le foin est sur le champ, il
a besoin de la pièce absolument. Avec peut-être certaines
machineries qui nous arrivent des marchés européens ou des
marchés étrangers, les pièces ne sont pas en
quantité suffisante. Avec un contrôle, en émettant des
permis aux concessionnaires, je pense qu'on aurait vraiment un contrôle
de la part du ministère de l'Agriculture.
M. Toupin: D'accord, M. le Président, je prends avis, bien
sûr, de la suggestion du député de Verchères. On
verra. Le travail continue. Le sous-ministre me disait tantôt que cette
possibilité est déjà examinée. Je pense que la
suggestion non seulement est bienvenue, mais est également pertinente
dans le contexte actuel.
M. Ostlguy: Cela pourrait être un permis qui pourrait
être émis en fonction du chiffre d'affaires ou du personnel,
enfin, tenir compte des régions, tenir compte de tout cela. Je pense que
ce serait très valable.
M. Toupin: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Les éléments 5
et 6 du programme 3 sont adoptés. Alors, la commission suspend ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 9)
Reprise de la séance à 16 h 39
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'agriculture reprend ses travaux sur les
crédits du ministère de l'Agriculture au programme 4:
Régie de l'assurance-récolte du Québec.
M. Lessard: Ne pourrait-on pas fermer les portes?
Le Président (M. Lafrance): Et les barrer pour qu'il n'en
sorte pas.
Pour la séance de cet après-midi, M. Veilleux remplace M.
Tremblay.
Voulez-vous barrer les portes pour qu'il n'en sorte pas, s'il vous
plaît?
Le ministre de l'Agriculture.
Assurance-récolte
M. Toupin: Avant de discuter article par article, j'aurai
seulement un petit exposé rapide à faire.
Le Président (M. Lafrance): II n'y a pas
d'élément.
M. Toupin: C'est vrai. Il n'y en a qu'un. Il n'y a qu'un
programme. Alors, il n'y a pas d'élément. Cela sera une
discussion générale, par conséquent.
Je voudrais simplement dire qu'au cours de l'année I974, la
régie a assuré 10,000 agriculteurs au Québec. Elle a
perçu pour $2,700,000 de primes. Elle a payé, jusqu'à
maintenant, $1,700,000 d'indemnités...
M. Lessard: $2 millions de primes. M. Toupin: $2,700,000
de primes. M. Lessard: Oui.
M. Toupin: Jusqu'à maintenant, elle a versé
$1,700,000 en indemnités et elle prévoit verser encore $200,000
sur les dossiers qui sont présentement en révision.
M. Lessard: Cela commence à être payant!
M. Toupin: Les dossiers en révision sont
réglés pour plusieurs régions. Pour certaines autres,
à régler, notamment la région de Nicolet et la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans le secteur des pommes, il y a eu
révision et le responsable me disait tantôt que de nouveaux
chèques seront expédiés demain relativement aux
révisions qui ont été faites et qui totaliseront une
centaine de milles dollars.
Des indemnités ont ètê payées un peu partout
au Québec et peut-être plus particulièrement dans la
région de l'Abitibi pour les problèmes de céréale
et d'avoine. Dans le centre de la province, évidemment, cela variait;
culture industrielle, culture commerciale, etc.
On a déjà discuté en commission parlementaire du
problème des règlements. Je voudrais en dire un mot avant de
prendre la discussion générale.
Actuellement, la régie a rédigé presque tous les
règlements, sauf que ces derniers ne sont pas tous adoptés. Il y
en a présentement six qui sont adoptés et en vigueur. Il y en a
trois autres qui sont publiés dans la Gazette officielle, mais qui ne
sont pas encore adoptés parce que le délai de publication n'est
pas terminé.
Il y en a deux autres dont la rédaction est terminée, les
deux derniers, et qui seront expédiés vers l'imprimerie pour la
Gazette officielle au cours des prochaines semaines ou la semaine
prochaine.
M. le Président, je ne voudrais pas aller plus loin à ce
sujet laissant plutôt venir les questions et tentant de leurtrouver la
réponse la plus objective possible.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: Tout d'abord sur le budget, vous estimez donc avoir
un surplus de $800,000 cette année, par rapport aux primes.
M. Toupin: Pas sur le budget.
M. Lessard: Par rapport aux primes qui ont été
versées...
M. Toupin: C'est-à-dire le fonds d'assurance.
M. Lessard: ... soit $2,700,000, et vous avez versé
$1,900,000 avec les $200,000 oui sont dans les dossiers en révision, ce
qui fait que vous avez un surplus de $800,000. Ce surplus est
déposé en fonds de roulement.
M. Toupin: A la Caisse de déôt, je pense, qui, elle,
fait les placements au nom du gouvernement du Québec dans presque tous
les secteurs.
M. Lessard: Le ministre, lors de la discussion sur la Loi de
l'assurance-récolte, nous avait indiqué qu'il avait l'intention,
dans l'application comme telle, même s'il avait refusé de scinder
son projet de loi au point de vue du principe, à l'Assemblée
nationale, de le scinder dans son application et de n'introduire le
régime d'assurance-récolte collectif qu'après avoir
consulté des associations concernées, groupements
d'éleveurs, syndicats, et après avoir fait les règlements,
les avoir soumis à discussion. Est-ce que ces consultations se font
réellement? Est-ce qu'il s'agissait simplement de temporiser ou de
laisser passer la tempête en attendant pour ne pas créer trop de
conflits? Est-ce que ces consultations se font? De quelle façon se
font-elles? Est-ce qu'elles se font au niveau de l'UPA, des principaux
responsables de l'UPA, ou si elles se font au niveau des
fédérations aussi? Quel délai le ministre
prévoit-il pour instaurer l'assurance-récolte obligatoire?
M. Toupin: D'abord, le système d'assurance-
récolte obligatoire touche seulement les grandes cultures et ne
touche pas les cultures industrielles. Ce que la régie a dû faire
depuis que la loi a été votée, elle a dû surtout
consacrer tout son temps à la question des règlements, et elle a
fait, dans le cadre de la rédaction de ces règlements, des
consultations auprès des groupements de producteurs concernés.
Chaque groupe de producteurs touché par les règlements a
été consulté sous une forme ou sous une autre. Cela a
été la première responsabilité de la
régie.
Par la suite, il a fallu que la régie refasse un peu, à la
suite des amendements à la loi, son administration, prépare la
vente pour l'année 1975, donc, elle n'a pas eu le temps d'approfondir
tellement, en termes de règlement, le système
d'assurance-récolte obligatoire que nous, d'ailleurs, prévoyons
appliquer seulement en 1976. Il n'est pas possible de rappliquer pour
l'année 1975.
Présentement, un groupe de travail, à la régie,
prépare la réglementation relative au type d'assurance
obligatoire. Une fois que la réglementation va être
préparée, elle va être discutée en commission
parlementaire tel qu'il a été convenu que nous le fassions. Une
fois la commission parlementaire saisie du problème, nous pourrons alors
entendre les parties et après, les consultations avec les groupements de
producteurs se feront pour la rédaction finale des règlements
relatifs à ce type d'assurance.
M. Lessard: Donc, on peut dire qu'on n'a pas eu le temps de faire
de la consultation concernant l'établissement de la loi...
M. Toupln: La partie obligatoire.
M. Lessard: ... l'application de la Loi de
l'assurance-récolte.
M. Toupin: La partie obligatoire. Pour la partie optionnelle, les
contacts ont été faits sur la rédaction des
règlements avant de les proposer au lieutenant-gouverneur en conseil,
les groupes de producteurs ont été consultés.
M. Lessard: Lorsque le ministre nous dit que les
règlements vont être analysés en commission parlementaire,
est-ce que ça veut dire exclusivement par des députés ou
est-ce que le ministre va...
M. Toupln: Non, je suis prêt pour cette commission...
d'ailleurs, à la demande de la commission, lorsqu'on a discuté de
projets de loi, je suis prêt à recevoir et à entendre les
mémoires de tous ceux qui voudront bien s'y présenter.
M. Lessard: Concernant l'aspect administratif de la régie,
est-il exact que la régie n'aurait pas encore réussi, depuis
qu'elle existe, à préparer elle-même ses états
financiers? On dit que le Vérificateur général souligne
même le fait qu'il n'existerait pas de comptes généraux
à la régie.
M. Toupin: M. Fortin qui est responsable de la
comptabilité à la régie peut donner, au nom du mi- nistre
de l'Agriculture, des explications relatives à cette question.
Je crois, M. le député, que vous faites état des
remarques du Vérificateur en ce qui a trait à l'année
1973, son rapport couvrait l'année 1973. Pour ce qui est de
l'année 1974, je peux vous dire que la régie a tout ce qu'il faut
en main pour les employés du Vérificateur général
qui sont d'ailleurs chez nous dans le moment, parce qu'ils doivent faire deux
travaux cette année, car notre année aura quinze mois, vu que la
nouvelle loi reporte l'année financière de la régie au 31
mars.
Pour l'année financière passée, nous aurons donc
une année de 15 mois. Les employés du Vérificateur
général sont venus chez nous, après le 31 décembre.
Vous le verrez dans le rapport du Vérificateur général,
j'en suis sûr, mais je puis vous assurer que toutes les recommandations
du Vérificateur général ont été mises en
application et que la régie a non seulement des comptes
généraux, mais elle tient elle-même sa comptabilité
à tout point de vue, y inclus le budget.
M. Lessard: II s'agit quand même du dernier rapport du
Vérificateur général, pour 1973?
M. Toupln: Oui, non pas pour 1974.
M. Lessard: Est-ce que, par exemple, il y a eu des corrections
concernant les faits suivants, autant y aller immédiatement. Il y aurait
de nombreuses variations inexpliquées quant à l'étendue
des fermes, d'une année à l'autre. Deuxièmement, dans le
cas d'un nouvel assuré, absence de normes précises pour
l'établissement du rendement moyen total. Troisièmement, carence
dans la vérification et la révision des demandes; dans un bureau
régional donné, parexemple, le Vérificateur
général souligne que quatre dossiers sur 24 étaient
erronés sur quelques points. D'abord, les variations quant à
l'étendue des fermes, le cas des normes pour le nouvel assuré et
le cas des bureaux régionaux où il y aurait des erreurs dans les
dossiers.
M. Toupln: Les problèmes que vous venez de mentionner ont
été corrigés, en ce sens que c'est un fait qu'il y a eu
des rendements qui étaient imprécis, dans certains cas. Avec
notre système de plan de ferme, aujourd'hui, on corrige le
problème des étendues.
La régie a décidé d'établir des plans de
ferme dans toutes les régions et on a une équipe de techniciens,
à la régie, qui rédigent des plans de ferme à nos
frais, pour rendre service aux cultivateurs, pour qu'ils puissent
déterminer, avec exactitude, ces variations dont vous parlez. Cela a
été corrigé par le système des plans de ferme.
M. Lessard: Et les normes?
M. Toupln: Les normes? On s'approche des normes, parce qu'en
ayant le plan de ferme, en ayant la grandeur et la superficie des champs, on
est en mesure d'établir, avec plus de précision, ces normes dont
vous parlez.
M. Lessard: Les rendements moyens. M. Toupln: Les rendements
moyens.
M. Lessard: A ce moment-là, cela veut dire que les bureaux
régionaux auront probablement des dossiers plus exacts.
M. Toupin: Exactement.
M. Lessard: Concernant le fait que le Vérificateur
général souligne qu'il n'y a pas d'envol de certificat
amendé à l'agriculteur, suite à une modification du
programme, ceci serait contraire à l'article 4 de la section 6 des
règlements et l'article 31 de la loi, doit-on avertir l'agriculteur
quand il y a une modification?
M. Toupin: Quand un agriculteur ou un assuré nous fait
parvenir une modification de programme après la période
d'assurance, la date limite est le 1er juillet, nous considérons cette
modification de programme comme une correction à son certificat. Quand
nous réglons son indemnité avec lui à la fin de
l'année, nous tenons compte de ces changements à la modification
du programme.
M. Lessard: Mais le Vérificateur souligne aussi le fait
que la régie modifie passablement ces règlements, comme bon lui
semble, sans l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Toupin: Celle-là, je ne la comprends pas. M.
Lessard: Vous ne la comprenez pas?
M. Toupin: Qu'est-ce qu'il veut dire par cela? Qu'on change les
règlements? Oui, probablement qu'il doit parler du contrat, des
appropriations que vous mettez sur les contrats. Quand le Vérificateur
général a parlé de cette question, la régie n'avait
pas de règlement. Elle procédait par résolution.
Maintenant, ces règlements sont adoptés.
M. Lessard: Je lis le rapport du Vérificateur. Il est
quand même très important qu'on sache cela pour qu'on puisse
vérifier pour les corrections, l'an prochain. On m'affirme qu'il y a eu
des corrections, mais, quand le rapport du Vérificateur
général va revenir, on précise à
"règlements": Certains articles des règlements avaient
été modifiés sur simple résolution de la
régie et d'autres avaient été ajoutés sans
approbation du lieutenent-gouverneur en conseil On se rappelle que cela a
déjà créé des problèmes.
M. Toupin: C'est vrai. Le problème que vous mentionnez,
c'est le problème de l'année dernière. Mais, avec nos
nouveaux règlements, qui sont approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil pour 1975, même les dates limites pour
les semis et les dates limites pour les récoltes sont entrées
dans ce règlement, et on ne peut pas déroger à cela.
Autrefois, on donnait peut-être une petite extension pour la
période de la récolte.
M. Lessard: Etant donné qu'on agissait toujours dans une
certaine illégalité.
M. Toupin: C'était pour rendre service aux
cultivateurs.
M. Lessard: On a corrigé la situation on l'a
légalisée. On espère que, sur la question administrative
sur laquelle le Vérificateur général avait soulevé
beaucoup de questions, ceci pourra être corrigé. On m'affirme que
c'est corrigé actuellement.
M. Toupin: Cela l'est, à l'heure actuelle.
M. Lessard: Espérons que le Vérificateur
général n'aura pas à revenir sur ces faits.
Au sujet des membres de la régie, le ministre se rappelle que
j'avais demandé que soit déposée la liste annuelle
complète des agriculteurs ayant payé des cotisations à la
Régie de l'assurance-récolte dans le district de Nicolet, en 1972
et 1973, de même que la liste des bénéficiaires
d'indemnisation avec les montants des cotisations et des indemnisations
versées par année et par agriculteur.
Alors la réponse, même si on a dit: Répondu,
n'était pas une réponse, elle était à peu
près celle-ci : La Régie de l'assurance-récolte du
Québec a toujours refusé de communiquer ce genre d'informations
afin de respecter la confidentialité des dossiers de ses assurés.
Est-ce qu'on pourrait, au moins, avoir des statistiques régionales?
M. Toupin: Oui, on pourrait donner plus que cela. On pourrait
donner des statistiques régionales et on pourrait donner des
statistiques par production, dire combien on a reçu de primes dans tel
secteur de production, dans tel programme et combien on a payé dans
chacune des régions pour chacun de ces programmes. Je pense que c'est
possible. Voulez-vous prendre en note et les envoyer...
M. Lessard: Alors, il est donc possible que je puisse obtenir ces
informations. En ce qui concerne les oiseaux migrateurs dans la région
particulière de Nicolet-Yamaska, j'avais parlé l'an dernier,
j'avais souligné l'an dernier que le gouvernement fédéral
avait négocié une entente avec les provinces des Prairies
à ce sujet et qu'un programme de protection des récoltes des
agriculteurs était instauré pour le Manitoba, à la suite
à ces négociations. Est-ceque le ministre a
négocié, au cours de l'année, avec le
fédéral pour pouvoir obtenir les mêmes avantages que les
trois provinces des Prairies, soit le Manitoba, la Saskatchewan et I'Alberta,
en ce qui concerne justement les oiseaux migrateurs?
M. Toupin: M. le Président, les négociations ne
sont pas entamées de ce côté. Je dois dire aussi que je
n'ai eu de rapport d'aucun agriculteur, aucune demande à ce niveau.
Maintenant, il y aurait un autre avantage à ce qu'on regarde ce que
contiennent ces ententes avec les provinces des prairies et peut-être en
essayer une pour nous.
M. Lessard: Je reçois la même réponse que
j'avais reçue l'an dernier de la part du ministre.
M. Toupln: Oui, je vous donne la même réponse pour
une raison très simple, c'est que je ne négocierai pas d'entente
si je ne vois pas le besoin d'en négocier. Pourquoi? Je n'ai pas de
demande de la part des gens qui se plaignent qu'il y a de la destruction des
céréales par les oiseaux migrateurs.
M. Lessard: M. le Président, je comprends qu'il n'y a pas
de demande peut-être individuelle, mais dans la région de Nicolet,
en fait, on a soulevé le problème. L'UPAde la région de
Nicolet l'a soulevé. Les agriculteurs ont même eu des rencontres.
On dit, par exemple, dans le journal La Parole, du 22 mai 1974: "La
Fédération de l'Union des producteurs agricoles de Nicolet vient
d'être saisie du problème que pose, pour les terres
cultivées, l'émigration massive des oiseaux au printemps.
Il y a eu une réunion qui groupait, dit-on, environ 40
agriculteurs et qui a démontré que tout près de 2,000
acres de terre étaient affectées par ce fléau passager,
plus particulièrement les agriculteurs riverains. On précise, M.
le Président, qu'on veut d'abord que le ministère du Tourisme, de
la Criasse et de la Pêche donne des permis de chasse aux agriculteurs
pour la période du printemps. Mais on dit, sur ce point: On souhaite
l'intervention positive des députés des comtés de
Nicolet-Yamaska. Je présume que le député a pris
connaissance de ces problèmes qui existaient dans sa région, et
je présume qu'il a certainement fait valoir auprès du ministre de
l'Agriculture les conséquences néfastes, pour ces agriculteurs,
de ne pas avoir de protection, au moins contre ces conséquences. Le
ministre me répond, aujourd'hui, qu'il faudrait qu'il s'enquière
ou qu'il prenne connaissance du programme négocié entre le
gouvernement fédéral et les trois provinces des Prairies, soit le
Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta. Je lui précise que l'an dernier,
alors que je l'avais informé de ce programme, il m'avait donné
exactement la même réponse, soit qu'il avait l'intention de
s'informer du programme, et de voir s'il n'y aurait pas lieu de signer une
entente, de négocier une entente.
Le ministre va plus loin, cette année, parce qu'au moins, l'an
passé, il m'avait déclaré qu'il était conscient de
ce problème. Là, le ministre me dit que non seulement il ne
semble pas en être conscient, mais que pour lui, il ne semble pas y avoir
de problème, puisqu'il n'y a pas eu d'intervention, ni du
député peut-être, ni des organismes
intéressés.
M. Toupin: Mais, M. le Président, je pense que le
député de Saguenay devrait comprendre que je n'ai pas eu de
demande de la part des producteurs pour les indemniser, relativement à
cette perte. Bon! Je vais aller plus loin, maintenant. Le secrétaire
général de l'UPA, M. Jean-Marc Kirouac, a envoyé une
lettre à mon sous-ministre, la semaine dernière, lui demandant
d'examiner le problème. Alors, on va mettre un comité en
place...
M. Lessard: Un comité libéral.
M. Toupin: Un comité intérieur... Un comité
de fonctionnaires. Si les fonctionnaires sont libéraux, tant mieux. Ils
ont pris une bonne décision.
On va mettre un comité de travail en place, et on verra, au bout
du compte, ce que cela va donner.
Si j'arrive, moi, auprès du gouvernement fédéral et
je dis: Je veux négocier une entente sur les pertes de récoltes
subies dans le Québec à cause des oiseaux migrateurs et je n'ai
pas de données, je n'ai pas de demandes de la part des producteurs;
qu'est-ce que je vais aller foutre là-dedans? Il faut bien être
sérieux, lorsqu'on discute des choses autant avec le gouvernement
fédéral qu'avec un autre gouvernement...
M. Lessard: Le ministre...
M. Toupin: C'est simplement pour cela qu'on n'a pas
négocié d'entente encore.
M. Lessard: Je suis bien d'accord avec le ministre, mais je
pense...
M. Giasson:... officiellement c'est enregistré au
journal des Débats au nom d'un certain nombre de producteurs de
Montmagny-L'Islet...
M. Toupin: Oui.
M. Giasson: Je demande de l'aide, non pour des dommages aux semis
de printemps, mais pour les dommages aux prairies.
M. Toupin: Les prairies, oui.
M. Giasson: Quand les oiseaux migrateurs arrivent dans nos
régions et tant que les joncs qui servent à nourrir ces oiseaux,
c'est-à-dire la racine des joncs, tant que cela n'a pas commencé
à pousser, les volées d'oiseaux s'en vont dans les prairies et
les gars qui ont des semis de luzerne et de trèfle voient tous ces
champs entièrement gaspillés. Je demande également,
au-delà de l'aide qu'on doit apporter aux producteurs, une intervention
personnelle du ministre de l'Agriculture auprès du ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche afin qu'au moins nos gens aient la
possibilité d'aller dans leurs champs avec des fusils, pour tirer, non
pas nécessairement pour abattre les oiseaux, mais au moins les
affoler.
C'est rendu que les gardes-chasses se tiennent dans cette région,
chez nous, pour surveiller si les cultivateurs n'iraient pas tirer sur des
oiseaux, même tirer en l'air pour leur faire peur.
M. Lessard: Mais le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche n'a aucune juridiction...
M. Giasson: Quelques cultivateurs m'en ont parlé, il va se
perdre des dizaines de milliers de dollars en dommages causés aux
champs.
M. Lessard: Puis-je informer le député de
Montmagny-L'Islet que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, comme tel, sur les oiseaux migrateurs, n'a aucune juridiction?
M. Giasaon: II y a eu un transfert de juridiction et une entente
entre le fédéral et le provincial pour permettre aux
gardes-chasse du Québec d'aller faire la surveillance.
M. Lessard: Oui, mais cela prend les deux permis de chasse,
fédéral et provincial. C'est la Gendarmerie royale du Canada qui
a comme telle... Il peut y avoir eu un transfert de juridiction, mais...
M. Giasson: J'ai demandé la venue de la Gendarmerie royale
du Canada et on m'a dit qu'elle ne viendrait pas parce qu'elle a confié
tous ses pouvoirs aux gardes-chasse du Québec par une entente avec le
ministère.
M. Toupin: Je suis...
M. Giasson: Si le garde-chasse, au lieu d'aider les cultivateurs,
vient pour essayer de les saisir et de les prendre en défaut, si, par
hasard, il les trouvait dans des champs avec des fusils...
M. Toupin: II faudrait évidemment voir le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche là-dessus.
Le Président (M. Lafrance): Avant de répondre, sur
le même sujet, le député de Nicolet-Yamaska.
M. Faucher: J'aimerais vous faire remarquer ici qu'il y a
beaucoup d'études de faites jusqu'à maintenant sur la question
des oiseaux migrateurs. Quand on dit que les gens de notre comté n'ont
pas porté de plaintes, les gens ont porté des plaintes.
Seulement, il y a des plaintes qui sont fondées et il y a des plaintes
qui ne sont pas fondées. Les études faites jusqu'à
maintenant ont prouvé que, dans l'estomac des oiseaux migrateurs, on ne
trouvait pratiquement pas ce qu'on pensait être des regains de prairies.
Je pense que, d'après les rapports qu'on a, des rapports
desspécialistesdu fédéral, des spécialistes du
provincial, et d'après les rapports également des cultivateurs,
quand il n'y a qu'un peu d'eau, et que l'oiseau va essayer de se faire un nid,
à ce moment, il brise le terrain. Mais dans tous les autres rapports,
dans toutes les études faites jusqu'à maintenant il y a
tout un dossier là-dessus les oiseaux migrateurs, en somme, ne
causent pas autant de dommages, et on dramatise beaucoup ce
problème.
M. Giasson: Chez nous, de toute façon, ces oiseaux se
nourrissent de racines de grain, de luzerne, de légumineuses. C'est
réel. Je suis allé personnellement visiter les champs
endommagés et, véritablement, tant que les racines de jonc n'ont
pas suffisamment poussé, les oiseaux se nourrissent dans les champs et
quand cela a poussé sur les berges du fleuve, on les retrouve sur les
berges.
M. Lessard: Je me pose une question. Est-ce que les oiseaux
migrateurs de l'Ouest, à savoir des provinces du Manitoba, de la
Saskatchewan et de l'Alberta, seraient plus voraces lorsqu'ils passent
là que lorsqu'ils passent ici?
M. Giasson: Ce n'est pas toujours la même chose. Il y a
beaucoup de canards dans les prairies tandis que, chez nous, ce à quoi
je fais allusion, ce sont les oies et les outardes. Il n'est pas question de
problèmes causés par les canards.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai pas tellement à
ajouter. Il y a une demande officielle de faite par les producteurs.
M. Lessard: L'an dernier, je me le rappelle, des
députés étaient intervenus sur cela et avaient
parlé de la nécessité de pouvoir corriger le
problème, mais le ministre semble l'avoir oublié.
L'amnésie est monnaie courante de ce temps-ci.
M. Toupin: M. le Président, je continue à soutenir
que, si j'avais eu des demandes des producteurs pour des pertes de
récoltes occasionnées par des oiseaux migrateurs, j'aurais, dans
ce secteur comme dans d'autres secteurs, mis en place une programmation. Il y a
peut-être des raisons pour lesquelles les producteurs ne se plaignent
pas.
M. Lessard: Mais il y a des députés qui se
sont...
M. Veilleux: On vous en a parlé, M. le ministre, au mois
de décembre, l'an passé, lorsqu'on a fait la chose. Le
député de Saguenay vous a posé la question, vous aviez dit
que vous vous informeriez pour savoir si c'est vrai qu'au Manitoba,
c'était contenu et si c'était vrai, vous demanderiez au
gouvernement canadien de l'inclure parmi les choses.
M. Toupin: C'est une entente particulière qu'il y a entre
les provinces de l'Ouest et le gouvernement fédéral.
M. Veilleux: Oui, mais il n'y a pas moyen de l'avoir, cette
entente?
M. Toupin: Oui. Le gouvernement fédéral n'a pas de
politique nationale sur ce problème. Les seules ententes qui existent
actuellement, c'est avec les provinces des Prai ries. Ce sont les seules.
L'entente a été signée l'an dernier. Les provinces des
Prairies en ont parlé très souvent parce que les désastres
sont plus graves dans ces coins-là que cela peut l'être ici.
M. Veilleux: M. le ministre, vous ne pourrez pas avoir de
demandes de nos producteurs, ce n'est pas contenu dans
l'assurance-récolte. S'ils faisaient la demande à
l'assurance-récolte, on leur répondrait tout simplement: Ce n'est
pas contenu dans la loi et les règlements, on ne peut rien faire. Nous,
on vous le demande. Je vous l'ai demandé au mois de décembre pour
les producteurs de ma région. Je vous la redemande encore.
Une Voix: Ce sont les canards dans l'Ouest...
M. Veilleux: ...de faire cette entente particulière avec
le Québec.
M. Lessard: D'ici 1977...
M. Giasson: II y a des choses qui prendraient moins de temps que
cela, si on prenait une décision au niveau du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, afin de permettre au moins aux
cultivateurs d'avoir des dispositifs pour sortir les oiseaux des champs. On a
institué un système, et c'est accepté par le
fédéral, de petits canons qui partent à intervalles
réguliers. Mais il vient un moment donné où les oiseaux
s'habituent à cela. Quand le coup part, ils sont partis et, au bout de
quelques minutes, ils sont revenus se poser dans le champ et ils repartent
avant le prochain coup. Ils synchronisent les départs.
M.Lessard: Ils se perchent même sur le canon. M.
Giasson: Ils s'habituent, ils découvrent cela.
M. Lessard: J'indique au ministre que, d'ici 1977, les provinces
des Prairies profiteront probablement d'une somme de $8 millions en vertu de
cette entente. Je pense qu'il serait aussi important, dans ce
fédéralisme rentable, que nos agriculteurs du Québec aient
une protection contre ces dévastations.
M. Toupin: Si on est capable d'identifier les pertes
réelles, si on est capable d'identifier des besoins réels,
à la demande des producteurs, des premiers impliqués, il est
évident qu'il n'est même pas nécessaire qu'il y ait une
entente fédérale-provinciale pour que nous intervenions. Quand
les groupes de producteurs viennent nous voir et nous disent: Une tempête
est passée. Les granges sont tombées. Les rivières ont
débordé, elles sont sorties de leur lit. On a perdu des acres de
terre. L'an dernier, nous avions un programme là-dessus. Les pluies
abondantes pour les secteurs où il n'y a pas d'assurance-récolte,
nous avons un programme là-dessus. Tous les ans, on intervient.
Là où il n'y a pas de programme d'assurance-récolte, le
programme est presque permanent. Chaque fois qu'un programme
d'assurance-récolte s'instaure, on se retire. Mais c'était
à la suite de demandes et d'enquêtes menées,
d'identification du problème. Il y a de la recherche qui se fait
là-dessus, comme le disait le député de Nicolet-Yamaska.
Il y a beaucoup de recherche qui se fait dans ce secteur, à savoir:
Est-ce que c'est bien vrai que les oiseaux migrateurs détruisent. Pour
le savoir, il semblerait qu'il faudrait aller fouiller dans les estomacs.
M. Lessard: II faut les tuer.
M. Toupin: C'est ce qu'on fait actuellement.
M. Lessard: C'est défendu de les tuer.
M. Toupin: En tout cas, le député de
Nicolet-Yamaska soutient, je pense que, scientifiquement, cela se soutient.
Mais ça ne veut pas dire pour autant que, s'il y a des pertes de ce
côté, on doive se fermer les yeux. Je n'ai jamais soutenu cela. Je
suis prêt à négocier une entente sur une demande de la part
de l'UPA pour regarder avec le fédéral ce qu'il y aurait
possibilité de faire. On va le tenter, à condition qu'on puisse
identifier le problème.
M. Giasson: M. le ministre, s'il y avait entente avec votre
collègue du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, vous
atteindriez le résultat qui est celui qu'on trouve l'automne. La chasse
étant permis, l'automne, vous avez différents chasseurs qui s'en
vont dans les champs et les oiseaux, à un moment donné, ne
veulent plus se poser dans les champs, ils restent sur les berges du fleuve ou
même s'en vont sur les îles en face, ils se font poivrer, comme on
dit chez nous, lorsqu'ils vont dans le champs.
Tu viens que tu ne peux plus les chasser dans les champs, il n'y en a
plus nulle part. Pourquoi? Parce qu'il y a des gens qui sont là pour les
tirer, ils font des dégâts un peu dans les troupeaux. Si, au
printemps, on permettait au moins à nos cultivateurs je ne parle
pas d'encourager des braconniers de sortir les oiseaux de leurs champs,
les dommages qu'on aurait à payer seraient nettement minimes par rapport
à la situation qui existe présentement. On ne peut pas rien
faire, le fédéral n'a pas d'ententes avec le Québec. Nos
cultivateurs ne peuvent pas toucher à cela, parce que c'est une
infraction à la Loi de la chasse s'ils se font pincer, nos gardes-chasse
ont un mandat de surveiller cela; vous ne les voyez pasdans notre
région, sauf l'automne et le printemps. A part cela, ils sont au sud,
dans la forêt. Mais l'automne et le printemps, il y a la meute des
gardes-chasse, ils s'en viennent travailler dans cette zone.
Ils font leur devoir, je comprends, mais quand on regarde la
conséquence que cela pose...
M. Lessard: Le problème est que cela comporte aussi des
conséquences énormes sur la faune et sa reproduction. C'est
d'ailleurs pourquoi c'est défendu, au printemps, d'en faire la
chasse.
M. Giasson: Si vous en abattez trop au printemps, ce sont des
oiseaux qui s'en vont...
M. Lessard: Dans le Nord.
M. Giasson: ... dans la baie d'Ungava, dans le Grand Nord , ils
s'en vont là pour se reproduire. Si vous en tuez trop au printemps, vous
diminuez la capacité de reproduction.
M. Lessard: Avec la possibilité du braconnage qui se
développerait.
M. Faucher: II y a des lois... il ne faut pas oublier
ça.
M. Lessard: Je prends...
M. Giasson: Immédiatement, si vous aviez l'occasion
d'aborder sérieusement le problème avec les hauts fonctionnaires
et le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ça peut
être encore plus rapide que de négocier une entente avec le
fédéral et on diminuerait, de façon appréciable,
les pertes que nos gens vont subir encore cette année.
M. Toupin: Evidemment, à la suite de la demande qu'on a,
on va regarder le problème avec les producteurs d'abord, on va consulter
les ouvrages scientifiques qui ont été menés
là-dessus et, si ça devient un problème, à tel
point qu'il faille mettre un programme en place, c'est bien sûr que nous
en aurons un et le mettrons en place.
M. Lessard: Nous espérons que le ministre prendra note des
discussions que nous avons eues à cette commission parlementaire, comme
nous en avions eu en décembre dernier, alors que j'avais informé
le ministre de cette entente entre les trois provinces de l'Ouest et il pourra
peut-être arriver avec une solution d'ici quelques mois. Peut-être
avant quelques mois, puisque, au printemps, nous sommes justement dans la
période où les dévastations sont les plus
sérieuses.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: J'aimerais revenir un peu en arrière sur
l'explication qu'on a donnée au député de Saguenay, quant
aux plans de fermes qu'est, présentement, en train de construire la
Régie de l'assurance-récolte. Quelle est la méthode que
vous employez pour faire ces plans de...
M. Toupin: Nous avons, dans chaque bureau régional,
où nous avons un représentant régional pour la
régie, des lignes de vol, avec une photo aérienne d'une paroisse,
d'un rang ou d'une partie de paroisse.
Cette année, lorsque les représentants autorisés ou
les vendeurs allaient vendre un contrat d'assurance chez un producteur, ils
apportaient généralement, cette photo aérienne, pour
identifier la ferme du producteur.
Supposons que cet agent identifiait correctement, avec le producteur,
quelle était sa terre, au crayon rouge, on faisait un
développement, un agrandissement de cela, on en faisait des photocopies
et, autant que possible, on essaie de faire initia-ler, par le producteur, que
c'est réellement sa ferme, avec ses champs, et on inclut les grandeurs
de chaque champ là-dedans, 12 acres, 20 acres, ou si c'est du bois.
On avait, l'année dernière, environ 2,000 plans de ferme
comme cela. Cette année, notre objectif est augmenté à
7,000 ou 8,000 plans de ferme. Nous avons une équipe au bureau, une
géographe, des étudiantes en dessin, qui travaillent
là-dessus. Nous avons une équipe, à l'Institut de
technologie de Saint-Hyacinthe, qui va passer l'été à
faire des plans de ferme. Cela va être la même chose à
Saint-Hyacinthe.
M. Veilleux: Sur vos plans de ferme, à part les photos
aériennes, la longueur de la ferme, l'endroit où va semer
l'agriculteur, de quelle façon cela est-il mesuré?
M. Toupin: Nous avons des roues, nous avons des gallons.
M. Veilleux: Ce qu'on appelle des roues de bicyclette?
M. Toupin: Oui, avec un compteur. M. Veilleux: A cinq
pieds de diamètre?
M. Toupin: Non. Cela mesure deux pieds et demi par tour de
roue.
M. Veilleux: Deux pieds et demi. Est-ce que, sur vos plans de
ferme, vous indiquez quelle sorte d'égouttement de terrain on retrouve,
l'état du drainage, ou si vous ne l'indiquez pas sur vos plans de
ferme?
M. Toupin: Pas sur le plan de ferme. M. Veilleux: Vous
n'indiquez pas cela.
M. Toupin: Ce qui nous intéresse, dans le plan de ferme,
c'est de savoir la grandeur du champ, ce qu'il va y avoir dans ce champ et, en
1975, ce qu'il va mettre dans ce champ, si c'est un champ pour de l'avoine, du
maïs-grain ou une prairie, ou un pâturage. On veut connaître
son programme de culture, par son plan de ferme.
Autrefois, avant le plan de ferme, les mesures n'étaient pas
justes, parce que c'est assez rare que quelqu'un puisse dire, sans avoir un
plan de ferme mesuré, quelle est exactement la superficie de son
champ.
M. Veilleux: Quand vous mesurez la longueur du champ en culture
avec la fameuse roue de deux pieds et demi, est-ce que vous mesurez cela quand
la terre est sèche ou après la pluie?
M. Toupin: Quand nous avons des avis de dommages et qu'il faut
mesurer absolument ce champ, on le mesure quand on va faire la
constatation.
M. Veilleux: Si vous vous adonnez à mesurer après
une pluie, est-ce que, au bout du champ, la roue a encore deux pieds et demi de
diamètre ou si elle pourrait être plus grande, un peu?
M. Toupin: II pourrait y avoir de la terre, autour de la roue,
cela pourrait changer; mais celui qui fait la mesure avec la roue doit
certainement se servir de son jugement pour enlever de la terre, s'il y en
avait, parce que cela fausse certainement les mesures si ce pneu est rempli de
deux pouces de terre, cela ne donne pas la même mesure, c'est
sûr.
M. Lessard: Pas nécessairement.
M. Veilleux: C'est pour cela que je vous pose la question. La
méthode n'est peut-être pas mauvaise, mais c'est la période
où on va mesurer tout cela, parfois, qui peut être mauvaise, parce
que, comme vous l'avez dit, quand vous allez mesurer cela après une
pluie, étant donné que la vase s'imbrique à la roue, vous
pouvez vous retrouver avec une roue de
trois piedsde diamètre, à la fin, au lieu de deux pieds et
demi, même de plus de trois pieds, avec le résultat qu'on se
retrouve avec des problèmes comme ceux, en tout cas, que les producteurs
de ma région m'ont donnés.
Je me fais le porte-parole des producteurs de ma région et je
vais employer vis-à-vis de vous, l'argumentation que les producteurs de
ma région ont donnée. Ce sera à vous de me dire s'ils ont
raison ou pas, de la manière qu'ils ont argumenté, et je leur
donnerai votre réponse.
Quand je lis les fiches de paiements de la Régie de
l'assurance-récolte pour les producteurs de ma région, j'ai 46
cas, de ma région, qui ont été soumis. Il y en a
même qui sont venus m'en porter d'Iberville, de Châteauguay et de
Missisquoi. On dit que le vendeur pour la police d'assurance-récolte se
rend, au début de l'année, rencontrer le producteur. Je m'imagine
qu'ils s'entendent sur une longueur de champ à culture, parce que le
gars a quand même une prime à payer.
Si le champ en culture a 30 acres au lieu de 35 acres, je pense que le
coût de la prime est différent, au départ. On semble
s'entendre sur une longueur de champ et, quand arrive le temps de mesurer les
pertes de récoltes, on n'a plus la même longueur. C'est parce
qu'on s'en va mesurer avec la fameuse roue. C'est pourtant, le même
champ, pour qui on a vendu une prime au début. Le résultat que
vous obtenez avec ceci, je vais vous donner des exemples, j'en ai 46.
Après le mesurage de vos étendues par nos inspecteurs, vous
auriez 7.42 acres au lieu de 8 et, par conséquent, un rendement garanti
de 28.20 au lieu de 30.40. Autres cas, 9.13 acres au lieu de 10 et un rendement
garanti de 24.32 au lieu de 26.64; 11.9 au lieu de 10 acres avec un rendement
garanti de 31.41 au lieu de 33.98. Je vais vous en donner où la
différence est beaucoup plus grande, parce qu'il y en a plusieurs
où cela joue d'une demi-acre, d'une acre à une acre et demie.
Mais on arrive avec des distances de parfois 14.44 acres au lieu de 17.
J'imagine que lorsque le vendeur de la prime s'en va là au début,
qu'au début de la saison il a 17 acres et que, à la fin, il se
ramasse avec 14.44, ce n'est pas tout à fait la même longueur.
C'est la même chose ici, 20.40 acres, quand c'est le temps pour la
régie de payer et, quand c'est le temps de vendre la prime, on dit que
c'est 24.98 acres; 33.26 acres, quand il s'agit de payer et 45 acres, quand il
s'agit de vendre la prime; 40.29 acres, lorsqu'il s'agit de payer, 54 acres,
lorsqu'il s'agit de vendre la prime. Mes 46 cas, ce sont des affaires comme
cela qu'on rencontre continuellement.
J'aimerais bien c'est la première question que je pose,
parce que, sur tous ces cas, je vais soulever d'autres problèmes
que vous m'expliquiez comment vous vous y prenez pour dire qu'au début,
vous vendez une prime pour 45 acres et que le gars se ramasse avec 34.98 acres
quand ses récoltes sont perdues.
M. Toupin: Pour commencer, je dois vous dire que, dans le contrat
d'assurance, il est spécifié que le producteur est responsable
des déclarations qu'il fait quant à la grandeur de ses champs,
quant aux étendues et au rendement. C'est lui qui a le fardeau de la
preuve, s'il se trompe, de prouver que c'était plus grand ou plus petit.
Il est arrivé des cas aussi où c'était exactement le
contraire de ce que vous dites. Il y a un type qui s'est assuré pour 60
acres en grain et il avait eu une perte de 80%. Cela sortait de l'ordinaire
parce que la moyenne était à peu près de 40% dans la
région. On est allé mesurer et on en a trouvé 37. Vous
savez, il faut que le producteur demeure responsable des déclarations
quant aux étendues et quant à ses rendements.
Quand il y a des avis de dommage et qu'on fait des expertises ou des
échantillonnages chez lui, c'est dans ce temps qu'on mesure les champs.
C'est cela qui arrive, on trouve des différences dans les étend
ues.
M. Giasson: Alors, l'assureur...
M. Veilleux: II y en a un qui a écrit en arrière de
cette lettre. Lorsqu'on dit, à un certain moment... Lui, c'est 20.40
acres lorsqu'il s'agissait de payeret, lorsqu'il s'agissait de percevoir,
c'était 24.98 acres. L'agriculteur vient me porter cela à mon
bureau et il écrit, en arrière de cette affaire, textuellement
ceci, c'est à vous qu'il adresse cela, à la régie: En
réponse à votre lettre, il n'y a pas d'erreur dans les mesures du
terrain. J'étais avec l'inspecteur, la mesure est 24.98 acres. Quand
l'inspecteur arrive, il dit: C'est 20.40 acres. Je vais être franc avec
vous. Quand un électeur répète cela après la perte
de ses récoltes et écrit ce que je viens de vous lire, moi, comme
député de Saint-Jean, je suis porté à croire
l'électeur qui écrit plutôt que l'inspecteur qui fait un
rapport, après cela, à la régie.
M. Toupln: Si l'inspecteur et l'assuré sont allés
mesurer ensemble le champ et qu'ils ont trouvé 24 acres et que
l'inspecteur dit ensuite dans son rapport qu'il y en a 20, il faut, comme vous
venez de le dire, prendre le premier chiffre comme le chiffre réel.
Alors, s'il y a eu quelque chose dans ce cas, c'est un cas qui peut venir en
révision.
M. Veilleux: Je reparlerai de la révision tout à
l'heure, parce que le mécanisme, je n'y crois pas trop. Je vous dirai
pourquoi tout à l'heure, ce n'est pas nécessairement à
cause de la régie. C'est l'histoire qu'on vend des primes à
partir de tant d'acres et, quand arrive le temps, on dit que c'est moins.
J'aimerais bien, parce qu'on ne peut pas refaire ce travailde l'an
passé, parceque vous allez vendre vos primes cette année, qu'on
spécifie, au moment de la vente de la prime ou de l'achat de la prime
par l'agriculteur, sur le contrat: C'est cela, les acres. Mais qu'on n'arrive
pas, deux ou trois mois après, en disant que ce n'est plus cela, parce
qu'on vend d'une façon et on paie de l'autre. J'ai demandé tout
à l'heure, monsieur, si, dans vos plans de ferme, vous indiquiez quel
était l'état du drainage et quel était l'état de
l'égouttement des terrains. Vous m'avez dit: Ce n'est pas prévu.
Je vous suggère fortement de le prévoir.
M. Toupln: J'ai dit qu'on ne le fait pas à l'heure
actuelle, mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas prévu.
M. Veilleux: C'est urgent que vous le fassiez, comme c'est urgent
que vous délimitiez la grandeur du terrain avant la saison. Je vais vous
dire pourquoi. On vend des primes... Sur les mêmes rapports de paiements
de la régie, sur les 46 que j'ai ici, en plus de changer
j'espère que je m'exprime bien la longueur de la terre
cultivée, là, on dit: II a été jugé
c'est à la fin de la saison, on ne l'a pas jugé quand on a vendu
la prime, on a jugé cela après que l'égouttement de
la ferme était sujet à amélioration. Il s'agit donc d'un
risque non couvert par l'assurance. Pourquoi lui avoir vendu une prime si le
risque était non couvert par l'assurance? Pourquoi lui dire cela
à la fin de la saison plutôt que de le lui dire au début,
au moment où l'inspecteur va vendre la prime? La même chose se
retrouve sur pratiquement les 46 cas que j'ai ici. Cela me fait penser un peu
à un agent d'assurance qui viendrait chez moi, si j'étais
propriétaire d'une maison, et qui dirait: M. Veilleux... Il examine la
maison. Je m'imagine que le vendeur de police examine la terre avant. Alors, il
examine la terre comme mon vendeur de police d'assurance, pour des assurances
sur ma maison va venir examiner la maison.
Je paie ma prime pour la maison, trois mois après, la maison
passe au feu, le vendeur de la compagnie d'assurance me dit: Monsieur,
étant donné que votre maison est en bois, c'est un risque non
couvert par l'assurance, donc, bang! vous y goûtez. Il n'avait
qu'à ne pas me vendre de prime, si ma maison en bois n'étais pas
assurable au début de la saison.
M. Toupin: Je dois dire tout de suite, par exemple, qu'avec nos
règlements de 1975, qui sont adoptés par le lieutenant-gouverneur
en conseil, le plan de ferme est devenu obligatoire dans le contrat
d'assurance. Il ne l'a peut-être pas tout de suite, le gars qui va
s'assurer en 1975, maison va lui faire son plan de ferme au cours de
l'année. Il va falloir que l'assuré l'accepte avant que la
régie le mette en pratique. Cela va peut-être corriger les
affaires des étendues.
M. Glasson: Mais ne croyez-vous pas que vous devriez respecter un
principe de base, en assurance, qui veut que, quel que soit l'assureur, il
doit, avant de souscrire un risque, connaître de la façon la plus
détaillée possible le risque qu'il doit assurer?
M. Toupin: Oui.
M. Giasson: Vous dites: C'est le fardeau de la preuve qu'on
laisse au gars qui décide de s'acheter une prime. Cela va contre un
principe en assurance, un principe très important.
M. Toupin: Supposons, en assurance, que quelqu'un
déclarerait qu'il a une maison d'une valeur de $35,000 et il veut
l'assurer contre le feu. En fait, on trouve que cela vaut $25,000 ou
$20,000...
M. Glasson: Oui, mais c'est moi, comme courtier, ce n'est pas lui
qui va décider qu'il va souscrire $30,000...
M. Toupin: Non.
M. Giasson: Si, en inspectant son risque, je dis: Mon ami,
ça vaut $20,000 et moi, je ne peux pas te souscrire plus que $20,000
d'assurance.
M. Toupin: Oui.
M. Giasson: Si tu en veux plus que ça, va voir un autre
courtier. Je ne peux pas te souscrire plus que cela, parce que je ne peux pas
t'assurer au-delà de la valeur réelle de ta
propriété.
M. Toupin: C'est exact.
M. Glasson: C'est comme une automobile. Si une compagnie assurait
n'importe quel véhicule, sans tenir compte de la condition de ce
véhicule, l'état des pneus, la vieillesse du véhicule.
M. Toupin: Non, je suis d'accord sur votre suggestion...
M. Glasson: Cela ne tiendrait pas.
M. Toupin: Seulement, quand on assure au printemps, il y a une
forte partie de la classe agricole qui n'a pas de plan de ferme; certes, ces
gens connaissent leur terre. J'ai même vu des contrats où le gars
pensait être propriétaire du lot qui était de l'autre
côté du chemin de fer; quand il a examiné son contrat, il
s'est aperçu que ce n'était pas à lui. Ceux qui n'ont pas
de plan de ferme n'ont pas à l'idée la grandeur exacte de leurs
champs. Ils peuvent se tromper un peu, et parfois, ils peuvent se tromper de
beaucoup.
Je suis l'accord que quand on vend une police d'assurance, ilfaudraitque
les détails soient donnés de telle façon que celui qui la
prend sait de quoi il va être redevable à la fin de
l'année.
M. Glasson: Mais votre vendeur de primes doit avoir les
qualités d'un courtier.
M. Toupin: Oui.
M. Glasson: S'il arrive dans une ferme, il faut, à mon
sens, qu'il la visite, qu'il voie la nature du sol de cette ferme. S'il
réalise qu'il n'y a pas d'égouttement et que les chances de
pertes sont à peu près certaines, il doit dire à son
client: Mon ami, c'est bien dommage, mais ton risque ne répond pas aux
normes minimales qui sont nécessaires pour assumer ce risque.
M. Veilleux: II y a aussi, M. le Président, pour
revenir...
M. Glasson: L'assurance ne se fait pas n'importe comment. Il y a
des gens qui sont là-dedans depuis deux cents ans, et ils ont appris,
avec l'expérience, comment cela devait se faire. Allez voir une
entreprise comme les Lloyd's de Londres. Elle en a des principes.
M. Lessard: C'est d'ailleurs ces faits qui font que la
régie j'aurais un cas, je vais laisser le député de
Saint-Jean est énormément contestée par les
agriculteurs, dés qu'on discute de ce problème. J'aurai
tantôt un autre cas où l'agriculteur dit avoir été
fortement pénalisé.
M. Vellleux: II y a aussi, M. le Président... J'ai
parlé de la longueur des terrains, et je viens de frapper un cas, 40.29
acres au lieu de 54, c'est quand même une marge de 14 acres.
M. Lessard: Concernant la longueur du terrain, je voudrais poser
une question. Est-ce que c'est vraiment le sommet de la technique, votre
système de mesurage, parce qu'il me semble qu'il y a des moyens beaucoup
plus développés maintenant, soit par voie des airs ou
autrement.
M. Giasson: II y a des coûts là...
M. Toupin: C'est ce qu'on fait. On se sert de la ligne de vol de
l'avion qui a pris une photo aérienne, et on la développe avec un
agrandissement standard. Cela donne, avec le point de repère, les
grandeurs exactes. Ceux qui ne font pas d'avis de dommages, on fait leur plan
de ferme quand même, mais quand il s'agit d'une indemnité et s'il
y a une perte, on prend peut-être des précautions
supplémentaires, on mesure ce champ dont il est question.
M. Lessard: A ce moment-là, ça vient que vous
déterminez donc une longueur du terrain, et, par la suite, lorsque vous
prenez des précautions supplémentaires, comme vous dites, cela va
diminuer la longueur du terrain, alors que l'individu, lorsqu'il s'est
assuré, s'est assuré pour telle longueur.
M. Fraser: Mais non......longueur...
M. Lessard: Oui, d'accord, pour telle superficie, la longueur
multipliée par la largeur égale tant.
M. Ostlguy: J'ai un cas semblable, moi aussi. J'ai un type qui
avait I83 acres et on lui en a accorde I67. Il m'a écrit une lettre
disant que son terrain avait été mesuré deux fois par les
hommes de l'assurance-récolte, ce qui fait une différence de
$2,408. Il me donne le nom du type qui a été mesuré, soit
M. Jean-Marc Létourneau. Il a porté plainte à M.
Létourneau. M. Létourneau lui a dit: A la Régie de
l'assurance-récolte, on m'a dit qu'il n'y avait rien à faire. Le
préposé à la Régie de l'assurance-récolte
ainsi que le cultivateur ont mesuré le terrain, ensemble. Il sont tous
les deux d'accord qu'il mesure I83 acres et sur la fiche de paiement, on lui en
donne I67.
M. Toupin: C'est un autre cas comme je disais tout à
l'heure.
M. Ostiguy: De I83 à I67...
M. Toupin: S'il est allé mesurer avec l'inspecteur et le
cultivateur...
M. Ostiguy: Deux fois.
M. Toupin :... deux fois, si c'est I83, cela sera I83.
M. Ostiguy: Je suis un peu comme le député de
Saint-Jean. On est dans nos bureaux et le gars dit: J'ai mesuré deux
fois I83 acres et on lui en accorde I67.
M. Toupin: Ce sont des choses qui peuvent être...
M. Fraser: II y a autre chose, M. le Président. Pour
l'engrais chimique, bien des fois, dans les réclamations, le gars est
coupé parce qu'il n'a pas assez mis d'engrais chimique. C'est pour cela
que je crois que la régie devrait établir que, pour une telle
sorte de sol, cela prend tant d'engrais chimique pour l'avoine, telle
récolte de tant de minots et la même chose pour toutes les
récoltes pour que le gars ne soit pas "fourré" avec l'inspecteur
à la fin de l'année quand il fait sa réclamation, et avoir
comme réponse qu'il n'a pas mis assez d'engrais chimique. Je suis
allé personnellement voir un agronome et le gars a mis 300 livres de
5-20-20 sur du blé. J'ai été cultivateur toute ma vie et
je sais qu'en temps normal c'est suffisant. Le gars a été
coupé sur le rendement, sur la prime qu'il a reçue. J'ai
porté une plainte et l'inspecteur a dit: C'est vrai. Tu as raison. Il a
réglé l'affaire. Après cela, ils sont allés mesurer
le champ, ils ont coupé la grandeur du champ et le gars est
arrivé avec presque le même argent qu'il avait reçu la
première fois. Ce sont ces choses qui découragent les
cultivateurs de s'assurer parce qu'ils essaient, par tous les moyens, de couper
la ristourne sur leur assurance.
M. Lessard: C'est pour cela qu'on ne voulait pas que cela
devienne obligatoire.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jean.
M. Vellleux: C'est là que j'arrivais, au troisième
article, parce que j'ai un cas ici et je reprends le député de
Huntingdon qui m'a volé les mots de la bouche. Il a été
jugé qu'un manque de fertilisation est un risque non couvert par
l'assurance. Là aussi, j'ai la très nette impression, compte tenu
de la rencontre que j'ai eue avec les producteurs de ma région, que
c'est très mal défini à la Régie de
l'assurance-récolte au moment où l'achat d'une police se fait par
l'agriculteur ou la vente par la régie.
Ce qui m'amène à plus qu'espérer, mais à
désirer pour dès cette année, qu'au moment où on
vendra la prime... Si le gars, le vendeur n'est pas assez bon ou s'il ne
connaît rien, changez-le, parce qu'on retrouve de ces vendeurs
d'assurance-récolte, les mêmes qui existaient au début de
l'assurance-récolte. Les gens se plaignent de ces vendeurs depuis le
début parce que plus tu en vends, plus cela rentre, l'affaire. Ce n'est
pas ainsi qu'on va donner confiance aux producteurs de la Régie de
l'assurance-récolte.
Je dis qu'il faut absolument, dès cette année,
indiquer sur les contrats, la superficie des terrains, pas seulement
faire un trait rouge sur une photographie aérienne et dire: Est-cela
votre terrain ou non? Et le gars signe et écrit à
côté: Oui, c'est cela. Plus que cela. Il va falloir qu'on
délimite la longueur. Il va falloir que le vendeur ou nos agronomes dans
nos bureaux régionaux ou locaux, les techniciens agricoles dans ces
bureaux... Ils doivent connaître quelle sorte d'égouttement et
quelle sorte de drainage il y a dans les régions. Qu'on indique aussi la
quantité et la qualité des fertilisants et des intrants que cela
prend parce qu'on arrive à la fin de la saison et on dit: Tu n'en avais
pas assez ou tu en avais trop et là, on coupe.
On a la très nette impression, dans le monde agricole de ma
région et le député de Saint-Jean a la même
impression, on est venu ici pour dire la vérité... Compte tenu de
ce qu'un fonctionnaire de la régie, à Longueuil a
déjà dit devant témoins je ne nommerai pas le
fonctionnaire pour ne pas lui faire perdre sa réputation, je vous
donnerai le nom et vous agirez en conséquence et je l'ai
cité à certains moments: On ne travaille pas pour les
agriculteurs, mais contre les agriculteurs.
Si l'inspecteur part avec cette idée préconçue dans
la tête, imaginez-vous quelle sorte d'inspection il peut faire au nom de
la régie. Les emmerdements, ce n'est pas l'inspecteur qui les a, c'est
moi, monsieur, et c'est vous. Parce que, quand l'électeur vient me voir
et me dit tous les emmerdements qu'il peut recevoir de la régie, mon
rôle est de vous transmettre les emmerdements et, à votre tour,
vous êtes emmerdés à cause d'un gars, dans la ligne de feu,
tout près, qui fait mal sa "job" ou qui agit très mal.
Je dis qu'il faut que ce soit délimité avant. Si vous
n'êtes pas capables de le fai re, c'est aussi bien de ne pas vendre de
police d'assurance, parce que, si je suis propriétaire d'une terre et
que ma terre est drainée, qu'elle est bien égouttée, je
m'imagine que ma police va me coûter un peu moins cher que si je n'ai
aucun drainage et aucun égouttement. A ce moment-là, vous
chargerez des primes plus élevées à ceux qui ne veulent
pas se drainer et qui ne veulent pas s'égoutter. Ils paieront. Pourquoi
faire payer ceux qui ont déjà investi sur une terre pour leur
égouttement et leur drainage? Pourquoi ces gars-là paieraient-ils
pour les autres qui n'ont pas eu le même courage d'investir sur les
terres? Je dis que c'est cette méthode qui devrait être
employée. Je ne suis pas un spécialiste en
assurance-récolte et encore moins en agriculture, mais j'ai quand
même écouté les producteurs de ma région depuis cinq
ans et deux jours, comme disait le député de Saint-Jacques ce
matin. J'ai été élu, moi aussi, le 29 avril 1970. Cela
fait cinq ans et deux jours que je les écoute, que je les rencontre. On
vous a même rencontrés plusieurs fois, notamment une fois à
Longueuil, les gens de la régie. On vous a fait part de certains griefs
comme ceux-là. Je vous en fait part à nouveau. Je vous le dis,
c'est la dernière fois que je vous en fait part.
M. Toupln : Je pourraisexpliquer, tout de même, que
certains assurés qui veulent avoir un rendement supérieur
à leur performance nous fournissent un programme de culture. Je vous
parle de quelques cas exceptionnels. Ils nous disent, dans ce programme, quelle
variété de semence ils vont utiliser, dans quel champ ils vont
faire leur culture et quelle quantité d'engrais chimique ils vont
utiliser avec la formule qu'ils vont utiliser.
On n'a pas d'objection à les assurer à un rendement
supérieur dans ce cas, mais, à la fin de l'année, quand on
va faire une expertise et qu'ils nous disent qu'ils n'ont pas été
capables de mettre la quantité d'engrais chimique qu'ils avaient
prévu y mettre, à ce moment-là, s'ils n'ont pas atteint le
rendement, ce n'est pas toujours en raison des causes climatiques. Il ne
faudrait peut-être pas éliminer ce principe, mas l'utiliser avec
bon jugement.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Verchères.
M. Veilleux: Vous savez, lorsqu'on établit des
étendues et toutes ces choses, l'égouttement, et qu'on dit que le
rendement garanti est de $2,965.34 au lieu de $3,974.40, immédiatement,
il vient de recevoir une taloche dans la face d'une perte de $1,000. Comme il a
un rendement réel de $2,498, il y a une perte de $467.31 au lieu de
$1,467.31. C'est une bonne taloche qu'un gars reçoit par la tête
lorsqu'on tient compte de tout cela à la fin de la saison. Je pense
qu'il est essentiel dans tout cela on vient de parler du contenu des
polices qui sont vendues que vous révisiez les capacités
que cela prend à un vendeur et les capacités q ue cela prend
à un inspecteur. Parce que c'est très dommageable lorsque... Si
mon courtier d'assurance n'était pas un bon courtier, j'aurais
l'avantage de changerde courtier, mais, en assurance-récolte, on n'a pas
l'avantage de changer. On est pris avec le "pas-bon". Si le "pas-bon" n'est pas
bon depuis cinq ans, on est encore pris avec lui. Pour l'inspecteur, c'est la
même chose. J'aimerais bien que vous révisiez vos normes
là-dedans.
Je pense que cela a peut-être été la faiblesse de la
régie jusqu'ici de présumer qu'un vendeur
d'assurance-récolte, étant donné qu'il a de
l'expérience comme agriculteur, c'est un bon vendeur. Ce n'est pas
nécessairement cela. Il a pu être autrefois un très bon
producteur mais il peut être un très mauvais vendeur
d'assurance-récolte.
Je fais donc cette demande au nom des producteurs de ma
région.
M. Giasson: Avez-vous l'impression que ce mode de
rémunération que vous utilisez pour payer ceux qui font la vente
est suffisant pour que ces gens prennent véritablement le temps de faire
une inspection, un examen des lieux assurés?
M. Toupin: Etes-vous au courant des taux qu'on paye cette
année?
M. Giasson: Je ne les connais pas, je ne les ai jamais
examinés.
M. Toupin: Avec la nouvelle Loi de l'assurance-
récote, le cultivateur a le choix d'assurer la récolte
qu'il veut. Il peut assurer seulement son foin, il peut assurer seulement ses
céréales, il peut assurer seulement son maïs ensilé,
il peut assurer les deux, il peut en assurer trois. Cette année, on
donne au vendeur un taux de base de $20 par contrat d'assurance et on lui
donne, en plus c'est la première année qu'on fait
ça une commission sur la prime de 5% dans la plupart des
régions de la province et de 10% dans des régions telles que le
Bas-du-Fleuve, l'Abitibi et le Lac Saint-Jean. Quelqu'un qui vendrait une
police d'assurance dans le Bas-du-Fleuve de $400 de cotisations, ça lui
donne $40 plus $20 pour la signature du contrat, soit $60 pour un contrat
d'assurance pour une visite chez un cultivateur. Quelquefois, c'est assez long
à faire et il peut en faire deux ou trois par jour.
M. Giasson: Deux ou trois, c'est beaucoup s'il se donne la peine
d'inspecter tous les champs où il va assurer la récolte.
M. Toupln: Dans le moment, quand on a vendu pour l'année
1975, on a commencé dans le mois de mars, il y avait de la neige aans
les champs, on n'a pas fait la visite des champs, on a vendu sur diagramme. On
a un diagramme avec lequel on fait le dessin de la ferme et on divise ça
en champs et on mentionne les étendues, ainsi que les cultures qui
seront là-dedans cette année. C'est vendu sur diagramme pour
commencer et on s'engage à faire le plan de ferme pour chacun de nos
assurés en I975.
M. Giasson: Comme ça, votre vendeur n'est pas tenu d'aller
voir les terrains sur lesquels il vend une police d'assurance.
M. Ostiguy: Qui va faire l'inspection à l'automne, lorsque
vous faites des attributions, par exemple?
M. Toupin: On a un inspecteur...
M. Ostiguy: N'est-ce pas le même type qui fait les
inspections qui a vendu dans certaines céréales?
M. Toupin: Non.
M. Ostiguy: Ce n'est pas le même?
M. Toupin: II ne faut pas.
M. Ostiguy: Est-ce que ça n'a pas déjà
été le même?
M. Toupin: Cela a pu l'être. M. Ostiguy: L'an
passé.
M. Toupin: Peut-être, oui, il a pu y avoir un ou deux cas
où c'était l'inspecteur et le vendeur...
M. Ostiguy: Parce qu'il est très difficile pour un homme,
lorsqu'il va vendre une police d'assurance le printemps, et dans le cours du
mois d'août ou au mois de septembre, d'aller faire l'inspection des lieux
pour faire l'évaluation. Remarquez que ce n'est pas le fond de
l'assurance-récolte comme tel qu'on met en cause. Je n'ai pas besoin de
répéter ce que mon collègue de Saint-Jean a dit, quoique
j'ai une attribution qui a été donnée à un de mes
agriculteurs et qui m'a fait bien rire. On dit ceci: Nous avons ajouté
à votre rendement la somme de $784.51, il a été
jugé que l'égouttement de la ferme était sujet à
amélioration et je m'arrête pour vous dire que le type
avait une terre drainée et que la préparation du sol
était insuffisante. C'est au mois d'août. Il s'agit donc de
risques non couverts par l'assurance. Après le mesurage de vos
étend ues par nos inspecteurs, vous auriez 27.24 acres au lieu de 32.3
acres et par conséquent, un rendement de $3,185 au lieu de $3,720.
C'est surtout sur les attributions, j'ai remarqué le cas chez les
agriculteurs du comté de Saint-Jean et chez les agriculteurs de mon
comté, c'est exactement la même chose. C'est toujours dans
l'attribution.
Vous avez un autre cas, qui était couvert pour 38 acres, à
$124, pour un montant de $5,092, moins la dépréciation pour
rendement garanti qui le ramenait à $4,073.60 et là, on lui
enlève un autre 20% pour les raisons que je viens de vous signaler, ce
qui le ramène à $3,055.20. Il perd la différence, soit
$1,018.40. Parce que l'inspecteur qui est allé faire l'inspection a
jugé que le sol n'était pas suffisamment
préparé.
M. le Président, je veux bien croire que des cultivateurs,
quelquefois, peuvent donner des mesures qui ne sont pas tout à fait
exactes, mais de là à ce qu'un inspecteur, au mois d'août,
dise que le cultivateur n'a pas bien préparé son terrain au mois
de mai, c'est impensable.
M. Toupin: S'il y a un inspecteur qui a donné des faits,
tels que relatés, son rôle est d'aller constater dans le champ,
pour connaître les faits. Il n'a pas de jugement à faire. Il
rapporte son rapport au bureau régional et c'est le représentant
de la régie qui prend la décision en se basant sur le rapport d3
l'inspecteur, pour faire les attributions, tel que vous le dites.
M. Ostiguy: Les attributions se font dans le bureau
régional?
M. Toupin: Oui. Maintenant, si le cultivateur conteste le rapport
que l'inspecteur a pu présenter au bureau régional, sur le fait
que son sol était très bien préparé, alors que
l'inspecteur dit qu'il était mal préparé, c'est un fait
nouveau qui mérite d'être revisé.
M. Ostiguy: Justement, vous avez un comité de
révision, un comité ad hoc, je pense, de révision. Ce
comité ad hoc n'est pas connu, bien sûr. J'imagine qu'il est
formé de qui? D'agriculteurs? D'intermédiaires? De
négociants?
M. Toupin: Le comité de révision est
constitué de deux représentants de l'UPA qui sont choisis par la
Fédération de l'UPA dans le territoire. C'est la
régionale de la régie qui est responsable du bureau, qui
interprète les faits pour la régie, soumet les dossiers aux deux
producteurs qui ont été nommés par l'UPA et c'est eux qui
font les recommandations à la régie.
M. Ostlguy: Qu'est-ce qui nous arrive, si les deux
représentants de l'UPA et on connaît les milieux ruraux,
pas besoin de faire d'histoire n'aiment pas Monsieur X qui est
cultivateur, et que ces deux représentants sont assis dans un
bureau?
Encore une fois, je ne comprends pas comment ils peuvent juger, dans un
bureau, même le comité ad hoc, que l'égouttement
n'était pas suffisant, puisque le type avait une terre qui était
drainée. Les cas les plus frappants de ma région, sont pour la
culture de pois verts, par exemple, principalement dans les régions de
Varennes et Verchères. Excès de pluie, excès de pluie,
excès de pluie, sur toutes les fiches.
On sait fort bien que c'est une région qui a été
touchée très fortement l'an dernier par la pluie. Les
fossés débordaient, les routes... En tout cas, il yavait un
vallon qui passait.
Comment peut-on juger, quand on sait que c'est une terre qui avait du
drain souterrain?
M. Toupln: Si le cultivateur veut faire réviser son cas,
il nous écrit et nous dit: Je veux faire réviser mon dossier
1974, concernant les pois verts, pour telle, telle raison. S'il a un fait
nouveau, on l'admet et on le soumet au comité de révision qui
l'envisage.
M. Vellleux: Justement, le comité de révision
je veux revenir là-dessus quant à ceux qui sont
dans ce comité de révision, vous dites que ce sont des gens de
l'UPA. Je n'ai rien contre l'UPA.
Dans ma région, il y a quand même un groupe de producteurs
et l'UPA n'aime pas trop cela. Mais c'est fait comme cela, dans ma
région. C'est une constatation.
Il est vrai que le nom du producteur n'est pas sur le dossier lorsqu'il
est présenté aux deux personnes en question. Je vous le
concède, sauf que, lorsque vous avez des producteurs de grain industriel
qui ne veulent rien savoir de l'UPA et que ces dossiers passent devant les deux
gars de l'UPA, en révision, je pense que vous vous imaginez quelle sorte
de réponse est donnée par le comité de révision. Je
laisse cela à votre évaluation.
M. Lessard: Mais, M. le Président...
M. Toupin: Je n'ai pas d'objection à écouter ce que
vous dites pour former un comité spécial, lorsqu'il s'agit de
cultures industrielles. Admettons que, dans les autres régions où
on travaille jusqu'à maintenant, c'est pour les récoltes de foin,
de grain, de maïs ensilé et de maïs-grain que les
comités de révision ont été mis sur pied et que
deux représentants de l'UPA font partie de ces comités.
Quand aux légumes de conserverie, au tabac, aux pommes, je n'ai
pas d'objection à faire un comité de révision qui serait
constitué de producteurs, de responsables...
M. Vellleux: D'accord. Si je vous comprends bien, pour
résumer, pour être clair, lorsque arrivera la production
maraîchère, vous êtes prêts à prendre des gens
spécialistes de la production maraîchère pour faire
l'analyse de la révision.
M. Toupln: Exactement.
M. Vellleux: Lorsqu'arrivera le temps de la production de grains
industriels, c'est la même chose, c'est l'Association des producteurs de
grains industriels qui enverra quelqu'un. Je suis très heureux d'avoir
gagné cela aujourd'hui. Je vous en rend hommage. Vous êtes un
homme de décision. Continuez comme cela.
M. Fraser: Pour l'an passé, le comité
était-il le même pour les autres choses que pour les pommes ou
avez-vous eu un comité spécial pour les pommes? On m'a fait
connaître une dizaine de cas.
M. Toupln: Je vais vous donner le tabac à cigarettes
où il y avait trois cas en révision. Cela a été
fait avec les producteurs de tabac, M. Ratz, M. Vincent et M. Massicotte, qui
est régisseur chez nous, et M. André Gagnon de Longueuil.
On paiera les pommes pour la première fois demain. S'il y a des
cas de révision, je suis prêt à organiser un comité
formé de pomiculteurs pour étudier ces cas.
M. Fraser: C'est cela que j'ai compris l'an passé, que ce
seraient les pomiculteurs qui jugeraient les pomiculteurs. Cela ne s'est
pasfait. Je suis déçu.
M. Toupin: Non, cela, c'est prévu.
M. Fraser: Est-ce que cela se faisait l'an passé?
L'automne passé, j'ai dit à ces gars: Ecrivez une lettre disant
que vous voulez aller en révision et cela va passer devant le
comité de révision. Si cela ne s'est pas fait...
M. Toupln: On n'a pas encore eu les cas de révision pour
les pom mes de l'année dernière. On va les avoir...
M. Fraser: Cela me surprend beaucoup. Il y avait sept ou huit cas
et je connais les gars personnellement; ils vous ont écrit pour demander
d'aller en révision.
M. Toupln: Vous parlez de 1973, non pas de 1974.
M. Fraser: Non, de 1974, l'an passé.
M. Toupin: On va régler les pommes. Pour la
première fois, c'est la dernière récolte qu'on
règle pour les indemnités. Les chèques vont partir demain.
Les cultivateurs qui auront des cas de révision vont nous écrire
s'ils en ont, et on formera un comité...
M. Fraser: II yen a eu, en 1973, comme cela. Ils
sont passés devant quel comité, celui des pomiculteurs ou
celui de l'UPA?
M. Toupin: Cela devait être devant celui des pomiculteurs,
dans ce temps.
M. Ostlguy: Est-ce que, de mon côté, je peux vous
demander, au nom des producteurs de pois verts qui ont fait affaires avec la
Conserverie Buis-sières Inc., parce que c'est toujours la même
conserverie, dans une même région, Varennes et Verchères,
qu'une révision de tous les dossiers... Vous pouvez vous adresser
très facilement à la Conserverie Buissières Inc., à
Verchères.
Ce sont tous des cas semblables. L'égouttement était
insuffisant o u le sol était mal préparé. Que cela arrive
sur une ferme, soit, cela peut arriver, mais que cela arrive dans deux
municipalités rurales qui produisent du pois vert, quand même, je
pense qu'il y a eu un peu exagération. Je vous demande, au nom de ces
gens, parce qu'ils ne veulent pas s'assurer cette année, d'abord, s'il
n'y a pas une possibilité de contacter la conserverie Bussières,
elle a tous les dossiers en main. On ne peut pas rester là-dessus.
M. Lessard: N'avez-vous pas l'impression qu'il va avoir
révision de très nombreux cas?
M. Ostiguy: C'est ce qu'on souhaite.
M. Lessard: Vous savez qu'on a discuté de ce
problème en décembre dernier et qu'il y a de nombreuses critiques
concernant la discrimination de la régie à l'intérieur des
règlements et des estimations telles que pour l'égouttement, etc.
qui sont pratiquement fondés sur un jugement.
M. Ostlguy: Chose assez étonnante, c'est que j'ai un
groupe de producteurs faisant affaires avec Bussières et c'est toute la
même attribution: il y a un autre groupe, dans les pois verts encore, qui
fait affaires avec David Lord, de Saint-Jean, et c'est encore la même
attribution. Ce sont les étendues qui ne sont pas bonnes. Pour les
conserveries, c'est le même problème.
M. Lessard: J'ai deux cas, pas ici, quant à des
délais d'avertissement. Il y a une personne qui a rendu son cas public,
elle a atteint l'opinion des lecteurs, dans la Terre de chez nous du 19 mars
1975. C'est Mme Carrier, de Saint-Honoré-de-Beauce, qui donne un autre
cas où il s'agit encore, à mon sens, de discrimination de la part
de la régie. Elle écrit: Ayant fait une demande pour compensation
de la perte du foin de l'été dernier, à cause du gel du
sol qu'a connu la Beauce l'hiver précédent, on m'a envoyé
un inspecteur. On m'a fait une fiche qui m'accordait47.4 tonnes. On a
refusé le paiement de cette perte parce que je n'ai constaté les
dommages qu'en commençant mes foins. Elle continue: Pourquoi alors avoir
envoyé un inspecteur, avoir fait travailler chefs de bureaux et
secrétaires pour établir une fiche pour me dire ensuite que
j'aurais dû faire ma demande en mai? Pourquoi ne pas me l'avoir dit au
téléphone quand j'ai fait ma demande? Bien sûr, dit-elle,
cela donne des emplois, il faut bien dépenser l'argent quelque part.
Suis-je la seule à ne pas savoir qu'il faut avertir en avril ou mai?
Ayant lu le feuillet de publicité de la régie, si vous voulez,
nulle part je n'ai découvert qu'il fallait avertir en avril ou mai. Il
est bien écrit que l'avis de dommages doit être formulé
à une époque où les dommages peuvent être
normalement constatés."
Je me rappelle avoir discuté de cette chose, et que quand on
parlait du délai d'avertissement, en décembre dernier, pour ceux
qui régissent cette assurance, écrit-elle, il n'y a que les mots
"sans délai" qui retiennent leur attention. Ils s'en servent à
volonté. Or, que ce soit sur l'égouttement, que ce soit sur des
délais ou que ce soit sur les engrais chimiques qu'ils doivent utiliser,
cela m'apparaît passablement discriminatoire. C'est que c'est basé
exclusivement sur le jugement des personnes à la régie.
M. Toupin: Dans le cas que vous me présentez pour le gel
du sol, on commence à avoir des avis de dommages en I975, parce que
c'est la première chose que les cultivateurs font quand la neige est
fondue. Il faut qu'ils aillent voir si leur prairie de première
année, pour laquelle on paie des travaux urgents, est gelée
etqu'ils nous avertissent. Ce n'est pas rendu au mois de juillet qu'il faut que
nous sachions qu'il y a eu du gel du sol dans tel et tel champ; c'est au mois
de mai, et la date limite dans les règlements est fixée au 1er
juin de chaq ue année, pour nous aviser du gel du sol. Cette dame
n'était peut-être pas couverte pour le gel du sol, parce qu'il
fallait être assuré deux années de suite. Quelqu'un peut
s'assurer rien que les années où il y a gel du sol...
M. Lessard: Mais votre date du 1er juin... M. Toupin:
Oui.
M. Lessard: ... l'avez-vous inscrite dans vos feuillets?
M. Toupin: Dans le règlement, oui.
M. Lessard: Et dans les feuillets que vous envoyez?
M. Toupin: Non. Elle était dans le règlement,
l'année dernière aussi.
M. Lessard: Oui, mais dans les feuillets que vous envoyez aux
agriculteurs...
M. Toupin: On a un calendrier qu'on remet à chaque
assuré au moment de la vente, et chaque mois, c'est marqué
dedans. La dernière date pour l'avis de dommages pour gel du sol: 1er
juin. C'est sur le mur de la cuisine. On n'a pas fait de feuillet
spécial.
M. Lessard: Un autre cas...
M. Vellleux: A un certain moment, il reçoit un feuillet
disant: II faut que vous fassiez cela avant telle date, pour telle chose.
M. Lessard: II y a un autre cas, ici, qui a aussi
été rendu public, dans la Tribune de Sherbrooke, du 17 mars 1975,
où M. Jean-Pierre Patry écrit ce qui suit: Ayant semé, au
mois de mai 1974, douze acres de céréales, j'en ai
récolté, à l'automne, 1,350 livres, plus 100 balles de
paille à 40 livres chacune, ce qui fait une valeur d'environ $100 pour
les céréales et de $25 pour la paille, un total de $125. Ce champ
aurait été censé produire, au minimum, 15,000 livres de
grain, plus 300 balles de paille, soit une valeur totale d'environ $1,100. On
attribue cette récolte, presque détruite, à un
excès de pluie. C'est là qu'entre encore l'égouttement.
Pour cultiver cette terre, écrit-il, avant l'ensemencement, il en a
coûté l'achat de l'assurance-récolte, $65; labour, quatorze
heures estimées à $8, donc, $112; hersage, douze heures à
$8, donc $96; achat d'engrais chimiques, deux tonnes de 5-15-15, $250; achat
des grains de semence certifiés: $110.40; le battage: $45, soit un grand
total de $678.40 pour les dépenses.
Savez-vous ce qu'il aobtenu de la régie? $68.67.
M. Toupin: C'était sa perte. On ne peut pas payer plus que
cela. L'assurance-récolte est faite pour couvrir les coûts de
production...
M. Lessard: Un gros chèque de $68.67.
M. Toupin: ...et on ne paie pas pour la paille, on paie pour le
grain. C'est assuré pour le grain. Il compte sa paille, tout cela. C'est
dommage qu'on n'ait pas toujours...
M. Lessard: La paille ne fait pas un gros montant. Enlevez la
paille, calculez le grain, $68.67 et le coût de $678.40, qui concernait
exclusivement ses dépenses. Il calculait, exclusivement, ce que cela lui
a coûté.
M. Toupin: Donne-t-il le pourcentage de perte qu'il a eu?
M. Lessard: Malheureusement, je ne l'ai pas.
M. Toupin: Maintenant, il a fallu qu'il ait de l'argent...
M. Lessard: II y a une chose et c'est pour cela que c'est
tellement contesté. Je pourrais reprendre la discussion que j'ai eue
tantôt, quand on a discuté de l'assurance-récolte et
j'utilise son terme c'est que les producteurs commencent à avoir
leur maudit voyage.
M. Toupin: Vous savez, on pourrait parler longtemps des
problèmes dans le champ. Seulement il a fallu qu'il ait de l'argent
quelque part parce qu'on a ramassé $5 millions des cultivateurs et on a
versé $20 millions d'indemnités dans le champ. Il a fallu qu'il y
en ait quelque part.
M. Lessard: Combien en avez-vous ramassé?
M. Toupin: $5 millions en primes et on a versé $20
millions...
M. Lessard: Oui, mais depuis quelques années, vous
êtes en train de vous reprendre, particulièrement depuis l'an
dernier. Vous avez établi des critères extrêmement
sévères, où vous avez établi de la discrimination,
parce que cette année, vous arrivez avec un surplus de $800,000. On se
demande si vous n'êtes pas en train de vous reprendre pour toutes les
années.
Le Président (M. Lafrance): On va s'entendre avant de
donner le droit de parole à quelqu'un d'autre. Je constate qu'il est six
heures. Il semblerait qu'il y a d'autres questions. Alors, si vous êtes
d'accord, on reviendra à 8 h 15 avec le même programme.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 22
M. Lafrance (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons l'étude des crédits, toujours au programme
4. Le député de Huntingdon avait demandé la parole
à la suspension de la séance, à 18 heures, et le
député de Verchères par la suite.
M. Fraser: Je voudrais poser une question à propos de la
date limite pour avertir la Régie de l'assurance-récolte pour les
récoltes comme le pois vert. Les gars ne s'aperçoivent pas qu'il
y a des dommages et, quand la récolte est finie, ils reçoivent la
pesée de leur récolte et ils savent que c'est loin de ce que cela
devrait être. Des fois, il est trop tard pour avertir la régie
qu'il y a une perte de récolte. Ils perdent tout.
Est-ce qu'on ne peut pas mettre une date limite, lorsque la
récolte est prise du champ? S'ils s'aperçoivent, à ce
moment-là, qu'il n'y a pas de récolte, ils avertissent la
régie, ils poursuivent en conséquence.
M. Toupin: Je ne sais pas comment on pourrait le faire, avec les
règlements que nous avons aujourd'hui.
M. Fraser: C'est ce que je veux, qu'on change les
règlements pour que ce soit à la date où la récolte
est sortie du champ, que le gars le sache, il peut voir qu'il y a des pois,
mais il ne sait pas combien. Il n'est pas pour ouvrir chaque petite chose pour
voir s'il y a trois pois dedans, ou quatre, ou s'il y en a dedans.
M. Toupin: C'est parce que nos avis de dommages, tels qu'ils sont
rédigés, disent qu'il faut que le cultivateur nous avertisse
quand il s'aperçoit qu'il y a une récolte qui va avoir une perte
de rendement. On va le constater dans le champ pour connaître la cause de
l'ampleur des dommages. Quand quelqu'un nous avise quand toute sa
récolte est engrangée, dans la grange ou à
l'entrepôt ou à la conserverie, on appelle cela un avis de perte
de rendement, mais la régie n'a pas été capable de
contrôler, dans ce temps-là, la raison pourlaquelle il y a eu une
perte de rendement, si c'est une cause assurée. C'est cela, la
difficulté que je ne suis pas capable de comprendre.
M. Fraser: Mais il faut que ce soit réglé d'une
manière ou d'une autre. Si un gars paie une prime d'assurance pour un
tel rendement, s'il n'a pas eu le rendement, il devrait être payé.
Une cause ou une autre, il y a certainement une cause.
M. Toupin: Mais il faut qu'un avis de dommages soit donné
à une période de l'année où la régie peut
constater le dommage. Cela serait simplement une perte de rendement qui serait
rendue sur la pesée à la conserverie.
M. Fraser: Les pois verts se récoltent de bonne heure. Ce
n'est pasen octobre ou en novembre, c'est en juillet et août que c'est
récolté. Je ne sais pas si c'est juste et quelles sont les
causes. Je l'ignore.
M. Toupin: De toute façon, je vais prendre note de votre
recommandation et on en reparlera.
M. Fraser: II y avait 27 ou 28 personnes qui étaient
assurés par l'entremise de la Green Giant de Sainte-Martine et elles
n'ont pas été payées, ni l'une ni l'autre.
Le Président (M. Gratton ): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: M. le Président, pour faire suite au
député de Huntingdon, je voudrais parler un peu de la
façon que la régie reçoit les avis de dommages. C'est un
autre problème. Au moins un producteurde betterave à sucre de mon
comté l'a déploré. Il semblerait que, le 21 octobre, il
aurait avisé la Régie de l'assurance-récolte à
Longueuil qu'il y avait des dommages. Il n'avait pas eu de nouvelles, les 5 et
6 novembre. Le 18 novembre, il a téléphoné à
Montréal, le numéro de téléphone était
873-4224, et c'est bien celui de la Régie de l'assurance-récolte
à Montréal. M. le président de la régie
m'écrit: "Dois-je quand même vous signaler que, suite à la
situation de 1973, les avis de dommages à Longueuil ont
été colligés par la téléphoniste dans un
grand livre."
Auparavant, il disait qu'il n'avait jamais reçu d'avis
partéléphone. Mon producteurde betterave à sucre m'a quand
même apporté une photocopie du compte de téléphone.
Si un producteur ou un cultivateur, quelle que soit sa production, donne un
avis de dommages par lettre ou par téléphone, il est possible
qu'il y ait des erreurs, il faut l'admettre, on est tous des humains. Si le
type, en date du 5 novembre je pense que la date limite était le
30 octobre dit qu'il l'a fait le 21 octobre, ne trouvez-pas qu'on tente
d'être un peu rigide sur les avis de dommages pour un type...
M. Toupin: Dans un cas comme ça, je dirais...
M. Ostiguy: ...qui avait 16 1/2 acres de betteraves à
sucre? Il n'a récolté que 100 tonnes de betteraves pour ses 16
acres, quand on sait que le rendement moyen, à la raffinerie de sucre,
était de 14 tonnes; c'est donc dire qu'il a 100 tonnes de perte. Cela
m'apparaît rigide de la part de la Régie
d'assurance-récolte. C'est un cas que je vous soulève. Il y en a
d'autres semblables. Il me semble qu'un agriculteur s'assure et que les
représentants de la Régie d'assurance-récolte devraient
être un peu plus flexibles pour une question de journées, pour
trois ou quatre jours.
Je comprends que, si on n'établit pas des barèmes, cela va
être un laisser-aller, mais quand il y a un, deux ou trois cas
particuliers dans des régions, il me semble qu'on devrait quand
même les considérer. Le gars a payé son
assurance-récolte. Il a eu des dommages.
Est-ce que vous avez une position très rigide, dans vos avis de
dommages, ou si vous êtes flexible et non pas rigide?
M. Toupin: Autant que possible, et vous serez d'accord avec moi,
quand il y a une date limite pour donner un avis de dommages, par exemple, pour
le gel du sol, c'est le 1er juin, pour une modification de programme, c'est le
1er juillet, et le cas que vous me donnez, c'est le 30 octobre, pour le
maïs-grain et pour la betterave sucrière, c'est la date limite.
Si le type a donné son avis de dommages et peut prouver par son
compte de téléphone qu'il l'avait donné le 21 octobre, il
y a peut-être eu une erreur de la part de l'employé, à
Longueuil, qui n'a peut-être pas enregistré l'avis de dommages qui
est entré. Je crois que c'est un cas qui pourrait être
révisé.
Il ne faudrait pas être trop flexible, non plus, dans le cas des
avis de dommages. S'il faut faire respecter le règlement, si la date
indiquée est le 30 octobre, on ne pourra peut-être pas en
recevoir, à moins que cela tombe un samedi ou un dimanche, quelque chose
comme cela. On ne devrait pas être obligé de recevoir des avis de
dommages après la date limite fixée dans le règlement.
M. Ostlguy: C'est cela qui arrive. C'est la question. Est-ce que
la régie a l'intention de toujours être rigide comme cela, ou peut
quand même être un peu flexible? Ce sont des agriculteurs. Il y a
des situations...
M. Toupin: Disons que, l'année dernière, pour le
gel du sol, la date limite était le premier juin. A cause de la saison
du printemps, on l'a étendue d'une semaine. On a donné jusqu'au 7
juin pour donner tout avis de dommages.
M. Ostlguy: On parlait d'assurance cet après-midi.
Lorsqu'on est assuré pour une automobile ou pour une maison, je
comprends qu'on doive rapporter l'accident le plus tôt possible à
l'agent d'assurance, sauf que, si je ne le rapporte pas demain matin, si je le
rapporte deux jours après, la compagnie d'assurance va quand même
m'indemniser des dommages que j'ai eus. Tandis qu'avec la Régie de
i'assurance-récolte, il semble qu'on veuille être très
rigide et s'arrêter à une date.
M. Toupin: Je peux vous dire qu'à notre dernière
assemblée de la régie, on nous a soumis justement des cas
d'assurés qui avaient signifié leur avis de dommages deux ou
trois jours en retard et la régie s'est réservé ces
cas-là pour les étudier séparément. On n'a pas tenu
compte du retard, on a donné un petit délai dans ce cas-là
et on les a réglés.
M. Vellleux: Cela m'amène à poser une
question...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jean.
M. Vellleux: ...au représentant de la régie sur les
dates. Vous avez mentionné avant le souper au député de
Saguenay que la réglementation prévoyait des dates où les
semences devaient être faites et des dates extrêmes où les
récoltes devaient être faites. Je ne sais pas si je vous ai mal
compris, mais vous ayez semblé dire, à ce moment, que vous vous
en tiendriez à ces dates et qu'il était difficile de
déroger à ces dates. Est-ce qu'il y a des raisons parfois qui
peuvent amener la régie à étendre, à prolonger la
date pour les semences et à prolonger la date pour les
récoltes?
M. Toupin: Oui, c'est ce que nous avons fait dans le nouveau
règlement. Je vais vous donner un exemple: Pour quelqu'un qui assure du
bléet qui assure de l'avoine ou de l'orge, la date limite pour le
blé, c'est à la fin de mai; la date limite pour l'avoine, c'est
le 15 juin. S'il a assuré ses céréales... S'il avait
assuré simplement du blé, par exemple, s'il veut faire une
négociation avec la régie, on va lui offrir d'assurer son avoine
avant de lui payer la protection spéciale. Mais, la date limite qu'on
considère pour les céréales, dans la province de
Québec, c'est le 15 juin et, s'il n'a pas été capable
d'ensemencer son champ de céréales le 15 juin pour l'avoine et
l'orge, la protection spéciale, on pourrait la lui payer avec cette
nouvelle disposition du bill 20.
M. Vellleux: Ce qui me fait peur dans les dates qui sont
fixées comme cela, par règlement, c'est que c'est la même
date qu'on retrouve pour tout le territoire du Québec. Vous n'êtes
pas sans savoir que je parle pour ma région, je n'ai pas une
vision provinciale, j'ai plutôt une vision locale ou régionale
dans ma région, parfois, les semences peuvent se faire plus tard,
compte tenu du problème des inondations qu'on peut avoir dans le
Richelieu. C'est dans la rivière Richelieu, non pas dans la
rivière Saint-Jean, comme pensait le chef de l'Opposition à
certains moments, dans la rivière Richelieu il y a des inondations
à chaque année. On va régler cela prochainement, les
inondations, mais tant que ce n'est pas réglé, parfois les
semences peuvent se faire pi us tard dans la région chez nous et on sait
que dans la région chez nous, l'hiver arrive plus tard que dans d'autres
régions, qu'il s'agisse de mentionner la Gaspésie et l'Abitibi.
Lorsqu'on fixe une date identique qui couvre à la fois le centre du
Québec, l'Abitibi, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Gaspésie,
cela peut jouer des tours dans des régions comme la nôtre.
M. Toupin: Je suis d'accord avec vous que la régie devrait
établir des dates différentes pour différentes
régions de la province. Mais, pour la première année
d'assurance, cette année, on a mis une date fixe pour toute la province.
Mais on devrait faire cela par région. Les semences finissent plus
tôt dans la région de Montréal et les récoltes
finissent plus tard aussi dans la région de Saguenay, du Bas-du-fleuve
et de l'Abitibi.
On a une disposition dans nos règlements qui dit que la
régie peut étendre la date limite à la condition qu'on
modifie le rendement. Parce que quelqu'un qui assure 50 minots d'avoine, s'il
les sème à temps, s'il est quinze jours en retard, il ne pourra
peut-être pas s'attendre d'avoir le même rendement. Alors, le
Conseil de la production végétale, le CPVQ, recommande, pour le
maïs-grain, que quelqu'un sème le maïs-grain après le
21 mai. Notre date limite, c'est le 5 juin.
Je n'ai pas d'objection à assurer du maïs-grain après
le 5 juin, mais on ne pourra pas donner le même rendement que s'il le
semait dans le mois de mai.
M. Vellleux: Si je vous comprends bien, c'est que, peu à
peu, compte tenu des années d'existence de la Régie de
l'assurance-récolte, vous prévoyez être capable, l'an
prochain, de déterminer des dates par région avec des rendements
par région, nécessairement.
M. Toupin: Certainement.
M. Ostiguy: Vous n'avez pas peur, M...
M. Vellleux: C'est une bonne nouvelle, en tout cas, pour la
région.
M. Toupin : C'est parce que j'ai rencontré
dernièrement des gens du Lac-Saint-Jean et ils m'ont souligné que
le 25 septembre n'est pas assez tard pour récolter leur avoine. C'est
sûr, il va falloir étendre leur période de récolte.
C'est d'accord pour la région de Trois-Rivières et
Montréal, mais, dans le Bas-du-fleuve, le 25 septembre, la plupart des
récoltes ne sont pas entrées.
M. Vellleux: On va vous faire venir plus souvent. On règle
les problèmes.
M. Ostiguy: Vous ne craignez pas que, l'an prochain, on se
retrouve peut-être, en n'ayant pas appliqué cette
réglementation par région, avec des cas non réglés,
des casen suspens comme cette année?
M. Toupin: Non.
M. Ostiguy: Vous savez que, dans la région de
Montréal, actuellement, les semailles sont déjà
commencées?
M. Toupin: Oui.
M. Ostiguy: Ici, dans la région de Québec, on est
encore sur la neige.
M. Toupin: Maintenant, pour vous mettre en forme, je vais vous
expliquer comment on va faire pour la vente cette année, en 1975. Vous
savez, on a eu une nouvelle loi qui a été adoptée le 24
décembre 1974. Il a fallu préparer onze règlements en
conformité avec cette nouvelle loi. En plus de cela, il a fallu
entraîner les vendeurs pour vendre de l'assurance dans les mois de mars
et avril 1975, pour l'année d'assurance en cours. Ce que la
régieenvisage, c'est de changer ses méthodes de vente. Je pense
que je vais être d'accord sur ce que disait le député de
Montmagny-L'Islet cet après-midi. Nous avons douze bureaux
régionaux dans la province et, dans chaque bureau régional, il y
a un préposé aux réclamations et un préposé
à la vente. Ce sont généralement des agronomes, des
techniciens agricoles ou encore des gens qui sont habitués dans la
vente.
Au mois d'août 1975, ceux qui sont dans la vente, comme ils ont
moins de travail à faire que ceux qui sont dans les réclamations,
vont faire la visite de leur territoire et vont rencontrer chacun des
cultivateurs pour leur demander s'ils sont intéressés à
s'assurer pour l'année 1976.
S'il dit oui, on va faire son plan de ferme, on va visiter sa ferme, on
va savoir s'il est drainé. On va pouvoir faire l'échantillonnage
chez lui, on va connaître ses rendements. Il y aura au moins deux maux de
têtes qui seront disparus pour le producteur et pour la régie. On
va avoir plus de précision dans les étendues et on va avoir plus
de précision dans les rendements. On va connaître la
capacité de production de sa terre. S'il paie sa prime avant le 31
décembre I975, on pourra peut-être lui accorder un rabais de 15%
à 20% sur sa prime pour l'année d'assurance I976...
M. Vellleux: Est-ce que la prime va être identique pour
celui qui a une terre drainée et celui qui a une terre non
drainée ou si cela peut différer?
M. Toupin: C'est un problème que la régie n'a pas
encore étudié.
M. Vellleux: C'est parce qu'un gars qui a une maison en bois,
cela lui coûte plus cher, normalement, en assurance qu'une maison de
pierre.
M. Toupin: II faudra faire attention, par exemple, dans les
terres drainées, parce que j'ai vu des cas où il y avait plus de
gel du sol dans une luzer-nière qui était drainée
souterrainement, parce qu'il n'y avait pas d'égouttement de l'eau de
surface. On a eu des cas de gel du sol à payer dans la luzerne,
où il y avait du drainage souterrain. Il ne faut pas dire q ue cela
règle tous les poblèmes.
M. Vtilleux: Ce problème de drainage, pas de drainage,
mais...
M. Toupin: D'égouttement superficiel...
M. Vellleux: Oui. On a une rencontre la semaine prochaine. On va
le régler.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Lotbinière.
M. Massicotte: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
avoir, par exemple.en 1974, le nombre total d'assurés, le nombre de
réclamations qui ont été réglées à la
première demande, le nombre de révisions et voir même aussi
les possibilités d'annulation de demandes, s'il y en a?
M. Toupin: Je les ai donnés ce matin. A quelques-uns
près, il y a eu 10,000 assurés. On a payé, cette
année, pour $1,700,000 d'indemnités et les primes ont
rapporté $2,700,000. La régie prévoit débourser
encore $200,000 pour régler les dossiers en révision.
M. Massicotte: D'accord! Maintenant, ce que je voulais aussi,
c'était pour faire une proportion entre le nombre de réclamations
qui ont été réglées à la
première demande, et le nombre de celles qui ont
été réglées aux révisions.
M. Toupin: C'est à peu près 5%, grosso modo,
à peu près 500 cas de révisions.
M. Veilleux: Est-ce que c'est trop tard pour envoyer les demandes
de révision à l'heure où on se parle, celles de 46
cas?
M. Toupin: Non. On n'a pas fixé de date limite pour la
révision jusqu'à maintenant, mais il va falloir en fixer une dans
un avenir rapproché.
M. Veilleux: Si je leur dis: Lundi, envoyez cela. Il ne sera pas
trop tard?
M. Toupin: Non.
M. Lessard: ... rester bloqué...
M. Toupin: Là, il faudrait que tous les cas...
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Verchères.
M. Ostiguy: Pendant le souper, le président, qui ne peut
prendre la parole, étant président, me signalait que, dans son
comté, le comté de Rivière-du-Loup, des
réclamations ont été faites le 1er novembre, ou
plutôt un avis de dommages a été refusé à un
cultivateur, tandis que l'avis d'un autre cultivateur donné le 10
novembre a été accepté. Comment peut-on définir
cela?
M. Toupin: Je ne peux vous comprendre tout de suite, sans avoir
le dossier. Il y a peut-être eu une raison que je ne connais pas. Je n'ai
pas le dossier devant moi, mais...
Le Président (M. Lafrance): Dommage que je ne sois pas
capable de parler. De toute façon, je vais vous contacter.
M. Veilleux: Prenez la parole pour deux minutes.
Le Président (M. Lafrance): Non. M. Lessard: Pour cinq
minutes.
Le Président (M. Lafrancj): Non. Par expérience et
par acquis de conscience, j'ai déjà fait cela et j'ai
été obligé de me faire remplacer en permanence sur la
commission. Alors, je n'entrerai pas dans le débat.
Alors, programme 4. Adopté?
M. Veilleux: On peut aller vous remplacer deux minutes.
Le Président (M. Lafrance): Non. Le député
de Témiscouata-Kamouraska.
M. Pelletier: Je ne sais pas si le président de la
régie est conscient que, dans Kamouraska, les se- mences peuvent
même débuter le 20 juin. Or, jusqu'à maintenant, vous
prolongez les délais jusqu'au 15 juin. J'ai eu des remarques, des appels
à ce sujet, et je voulais en faire mention. Si vous en tenez compte
jusqu'au 20 juin, c'est très important dans le territoire de
Témiscouata-Kamouraska. D'accord?
Le Président (M. Lafrance): Le ministre de
l'Agriculture.
M. Ostiguy: Je voulais tout simplement signaler que cette
discussion a été très amicale, très cordiale.
J'espère que vos hauts fonctionnaires des bureaux régionaux
prendront le temps de lire le journal des Débats, les discussions
échangées aujourd'hui à cette table...
M. Veilleux: On va leur en envoyer un exemplaire.
M. Ostiguy: ...et plus précisément au bureau
régional de Longueuil. Ils en ont besoin. Ils ont besoin de lire.
M. Veilleux: Oui.
M. Ostiguy: Je pense que le député de Saint-Jean et
le député de Verchères vont prendre soin de leur envoyer
des exemplaires du journal des Débats.
M. Veilleux: Pour être sûr qu'ils le recevront, on va
aller le leur porter et on va se faire donner un reçu comme quoi ils
l'ont effectivement reçu.
Le Président (M. Lafrance): Le ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: En terminant, j'ai noté personnellement un
certain nombre de problèmes qui rn'appa-raissent fondamentaux, notamment
celui des acra-ges, et je pense que la régie a donné des
explications. Les attributions, cela crée un problème assez
sérieux, les dates de semis également et aussi les dates d'avis
de dommages.
Alors, dans la révision de la programmation de 1976, la
régie et le ministère verront à corriger dans le plus bref
délai ces différentes anomalies, ces différents
problèmes pour ainsi, l'an prochain, avoir des programmes plus conformes
aux intérêts des producteurs.
Je voudrais remercier les membres de la régie, d'avoir bien
voulu, notamment M. Blanchet, je pense, répondre aux questions et donner
également les précisions. Je le fais au nom de la commission, M.
le Président.
Le Président (M. Lafrance): Programme 4,
adopté.
M. Veilleux: On est applaudi M. le ministre, c'est rare.
Le Président (M. Lafrance): Programme 5.
Commercialisation agricole
M. Lessard: Au programme 5, M. le Président, est-ce que le
ministre a des remarques générales à faire?
M.ToupIn: M. le Président, j'ai avec moi, ce soir, le
président de la Régie des marchés agricoles du
Québec ainsi qu'un des vice-présidents. Est-ce qu'on pourrait
regarder le programme 6 et inclure dans le programme 6, le programme 5? Les
deux pourraient se faire en même temps, parce que les deux touchent la
commercialisation.
Le Président (M. Lafrance): Aucune objection si les
membres de la commission ne s'y opposent pas. Cela peut se discuter globalement
et être adopté globalement par la suite.
M. Toupin: Les deux touchent à la commercialisation,
essentiellement.
Le Président (M. Lafrance): D'accord?
M. Toupin: Et je ne verrais pas d'inconvénient à ce
qu'on verse de temps en temps d'un programme de commercialisation du
ministère à un programme de commercialisation de la
régie.
Le Président (M. Lafrance): De toute façon on vous
l'accorde parce que c'est toujours ce qui se fait.
M. Toupin: On peut commencer par le programme 5.
M. Lessard: M. le Président, c'est plus
particulièrement au programme 5, mais je pense qu'il est toujours
possible aussi d'obtenir des informations supplémentaires de la part du
président de la Régie des marchés agricoles. D'abord, une
discussion, en fait une mise au point qui sera générale pour
demander au ministre certaines informations par la suite, concernant tout le
dossier agro-alimentaire qui, nous en conviendrons, est un dossier fort
important à l'intérieur du secteur agricole. Parce qu'on en
conviendra, le producteur, au niveau primaire, s'il n'est pas assuré
d'être présent au niveau de l'agro-alimentaire ou au niveau de la
transformation, risque d'avoir des problèmes considérables et je
pense qu'à plusieurs reprises, le ministre l'a souligné.
Or, quand je dis que l'agro-alimentaire est important, on sait que cela
équivaut en fait à des dépenses totales ou à un
marché de près de $3 milliards par année. L'avantage que
nous avons, comme d'autres pays d'ailleurs, quand nous parlons de
l'agro-alimentaire, c'est que le marché est là. Le marché
est existant, le marché, c'est l'ensemble des Québécois
qui l'assurent.
Si on prend ce dossier général de $3 milliards par
année, on constate ceci: la part de l'industrie secondaire dans le
dollar alimentaire était de 44% en 1950. Elle est actuellement, environ,
de 65% à 70% en 1974. Autrement dit, la part de l'agriculture primaire
diminue sans cesse. Dans le dollar qui va à l'agriculture, il y a de
plus en plus une forte partie qui s'en va au niveau de la transformation aux
dépens du niveau primaire. Comme je le soulignais, la production
agricole est, en grande partie, dépendante des possibilités de
commercialisation dans un secteur ou dans l'autre. On vit le problème
particulièrement en ce qui concerne le sirop d'érable.
M. Fraser: Question de règlement, M. le Président,
vous mentionnez des chiffres, des pourcentages, sur quoi est-ce que c'est
basé?
M. Lessard: Ces chiffres proviennent de Statistique
Québec, Statistique Canada et d'un discours du ministre de l'Industrie
et du Commerce dont j'ai parlé l'an dernier.
En fait, au niveau de la transformation ce sont les chiffres du
ministère de l'Industrie et du Commerce on sait que le ministre
de l'Industrie et du Commerce et le ministre de l'Agriculture ne s'entendent
pas tellement sur ces chiffres, comme cela nous a été
précisé l'an dernier, en particulier sur le fait que l'industrie
de transformation agricole appartient aux étrangers alors qu'on ne
contrôlerait strictement que 30%. On constate que, dans cette industrie,
ce sont les grandes compagnies qui ont, en grande majorité le
contrôle, que ce soit Kraft, Nestlé, Canada Packers, Swift ou
Burns Food, etc. Pour les viandes, 15% des entreprises contrôlent 80% des
ventes. Je serais heureux, suite à l'intervention du
député de Huntingdon, de me faire dire, si les chiffres ne
correspondent pas à la réalité, que c'est le cas, que mes
chiffres...
M. Fraser: Ils sont exagérés...
M. Lessard: ...ne correspondent pas à la
réalité. Dans les grandes entreprises de viandes, 15% de ces
entreprises contrôlent 80% des ventes. Je pense, le ministre en est
conscient, que, dans le secteur de la transformation, il va falloir que le
producteur, au niveau primaire, prenne de plus en plus une place importante. De
quelle façon? Ce sera selon les politiques du ministère.
Disons que, du côté primaire, grâce aux plans
conjoints et aux coopératives, la mise en marché se fait
particulièrement, pour 60% à 65% des produits agricoles, par les
producteurs.
Au niveau secondaire, les agriculteurs ne contrôlent à peu
près rien, sinon la Coopérative fédérée,
où il se fait une transformation et où si on excepte le domaine
du lait, dans la fabrication du lait industriel, à 90%, et du lait
nature, ce sont les organismes agricoles. Au niveau de l'industrie de
transformation, si on excepte ces deux secteurs, le min is-tre de I" Industrie
et d u Commerce affirmait lui-même que les Québécois comme
tels ne contrôlaient, com me intérêts
québécois, que 30% de ce secteur et que 70% étaient sous
contrôle étranger. Ce sont justement, pour répondre au
député de Huntingdon, les chiffres donnés par le ministre
de l'Industrie et du Commerce lors d'une conférence agroalimentaire au
Château Champlain, le 1er novembre 1972.
Ce que je voudrais savoir du ministre, une fois que j'ai tenté de
tracer la situation, si elle est pessimiste, et que le ministre me corrige ou
corrige mes affirmations, en tenant compte de ces faits, c'est quelles sont les
politiques du ministère de l'Agriculture, qu'il s'agisse de politiques
d'achat, comme on en parlait hier, je pense, par l'intermédiaire des
organismes publics, parapublics, etc.
Quelles sont les politiques du ministère de l'Agriculture pour
favoriser le développement du secteur agro-alimentaire, mais en faveur
des producteurs, soit en développant des coopératives à ce
niveau ou d'autre façon? Est-ce qu'il y a une politique ou est-ce qu'on
est conscient de la nécessité de le faire?
M. Toupin: M. le Président, j'ai déjà
parlé très largement des programmes du ministère avant
aujourd'hui. On peut énumérer les principaux, mais, avant,
j'aimerais seulement donner quelques impressions sur les statistiques
avancées par le député de Saguenay.
Il est vrai que la part du dollar que dépense le consommateur est
de plus en plus réduite dans la poche du prod ucteur; de 42% ou 45% que
c'était il y a sept, huit ou dix ans, c'est peut-être rendu,
aujourd'hui, à 35% ou 36%. On parle de 35% dans les statistiques ou
à peu près.
Il ne faut pas oublier une chose, c'est que la commercialisation des
produits alimentaires, en 1975, ne se compare pas avec la commercialisation des
produits alimentaires des années cinquante. Quand on allait chercher sa
poche de pommes de terre à l'épicerie du coin, on partait de chez
soi à pied pour aller la chercher cela coûtait moins cher pour la
commercialiser.
Mais aujourd'hui, quand vous partez avec votre automobile, vous avez un
terrain de stationnement, vous entrez dans un magasin à succursales,
vous avez un carrosse qui vous attend, vous avez toute une gamme de
réfrigérateurs qui vous conservent vos produits à
l'état frais, à l'état congelé, à
l'état transformé, de toute nature. Vous n'avez qu'à
entrer dans les magasins à succursales pour savoir jusqu'où,
aujourd'hui, on donne une transformation aux produits. C'est fantastique. On
présente le lait sous mille et une formes; on présente les fruits
transformés, à l'état nature, à l'état
presque surnaturel. Aujourd'hui, on achète des oranges sans
pépin, etc.
Il est évident que les coûts de commercialisation ont
augmenté, ce qui ne veut pas dire, tout compte fait, que le producteur
reçoit moins pour le travail qu'il fait aujourd'hui par rapport au
travail qu'il faisait autrefois. C'est le consommateur qui en dépense
plus, mais cela ne veut pas nécessairement dire que le producteur en
reçoit tellement moins.
Mais il reste que, si les proportions s'étaient maintenues, il
aurait fallu que les prix aux consommateurs augmentent d'autant, pour que le
producteur touche autant, en termes de pourcentage.
Pendant ce temps, les revenus agricoles ont augmenté. La
productivité agricole a augmenté, les fermes se sont
consolidées, les entreprises, également, ont
amélioré leur productivité et, ainsi, on a maintenu les
coûts à l'alimentation à des prix abor- dables, au Canada,
comparativement, par exemple, à ce qu'on peut retrouver dans certains
pays d'Europe.
Ceci dit, M. le Président, je voudrais revenir sur ce que le
député de Saguenay a affirmé, c'est-à-dire qu'il
pouvait y avoir contradiction entre ce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce dit et ce que le ministre de l'Agriculture dit.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, l'an dernier, a
expliqué assez clairement sa position et, par la suite, j'ai
discuté avec lui, non pas des différences d'opinion que nous
avions sur la façon dont il concevait le pourcentage d'entreprises
québécoises dirigées par des non-Québécois,
pour satisfaire les besoins de la transformation et de la distribution des
denrées alimentaires. On est d'accord. Mais, lorsque vous entrez dans le
domaine de la transformation, tous les produits consommés par les
consommateurs québécois, ceux surtout qu'on ne produit pas au
Québec vous n'avez qu'à prendre le thé, le sucre,
un tas de produits, fruits et légumes, qu'on ne produit pas ici et qu'on
ne transforme pas ici.
Dans cette perspective, bien sûr que je suis d'accord que 65% ou
68% des entreprises ne sont pas nécessairement la
propriété des Québécois. Mais quand vous prenez les
produits faits au Québec, les produits agricoles
québécois, en excluant ce qu'on ne produit pas, et qu'on va
regarder les entreprises qui transforment ces produits, c'est un autre aspect
qu'on donne à la statistique, c'est celui-là que je soutenais et
c'est celui-là que je soutiens encore, la transformation des produits
québécois.
Il y aurait avantage, bien sûr, que des entreprises
québécoises achètent de l'extérieur des produits
à l'état brut, les transforment sur notre territoire et les
revendent, par la suite, aux magasins à succursales ou aux
distributeurs, tout au moins. Mais, en ce qui concerne les produits
fabriqués au Québec, les statistiques ne sont plus du tout les
mêmes. Quand vous dites, par exemple, que... Pour la
Fédérée, on les a donnée, l'an dernier, nous, l'an
dernier, on se situait dans les 60%. Il faudrait que je regarde les
déclarations que j'ai faites, je ledissous réserve, on se tenait,
si ma mémoire est bonne, entre 60% et 65%. Le lait, il ne faut pas se le
cacher, le lait est transformé par le Québec. C'est 40% de la
production québécoise. Au moins, on contrôle ces 40%.
Le poulet, on le transforme en entier sur notre territoire. Les oeufs,
c'est la même chose. Les fruits et les légumes à
l'état frais, les pommes, les salades, etc., le jus de pommes, le cid
re, ce sont des entreprises québécoises qui font cela, non pas
les entreprises de l'extérieur. Mais, lorsqu'on entre dans les produits
qui proviennent de l'extérieur, on est d'accord sur la statistique que
le ministère de l'Industrie et du Commerce avance. Mais le
ministère de l'Industrie et du Commerce est d'accord avec nous aussi,
lorsqu'on dit, quand on parle des produits québécois, que cela
veut dire cela en termes de pourcentage.
Les politiques que nous avons, grosso modo, sont de trois ans.
M. Lessard: Le ministre parle d'intérêts
québécois, d'intérêts francophones...
M. Toupin: La Coopérative de Granby, c'est
entièrement francophone. Vous parliez tantôt de la
Coopérative Fédérée, cela vous apparaît peu
de choses. Une entreprise qui met en marché pour $450 millions par
année...
M. Lessard: Je n'ai pas dit que...
M. Toupin: ...cela commence à être fichument
intéressant pour une population comme la nôtre, 6 millions
d'habitants, qui réussit bien quand même à maintenir une
entreprise dans le domaine de la transformation des produits avec un chiffre
d'affaires de $450 millions. L'acquisition que vient de faire la
Fédérée de Québec Poultry, va probablement porter
son chiffre d'affaires de $400 millions à $500 millions. Cela commence
à être des entreprises importantes. On ne regarde pas d'autres
magasins à succursales, comme Provigo, qui est une entreprise
essentiellement québécoise. On peut en nommer, comme cela,
plusieurs autres. Ce ne sont pas de petites entreprises. Ce ne sont pas des
entreprises qui ont des ramifications, comme peuvent en avoir, par exemple,
IGA, Canada Packers ou, je ne sais pas, Agua Food, etc., mais ce sont quand
même des entreprises qui jouent un rôle important dans le
développement économique du Québec.
Les politiques que nous avons, au ministère, dans le domaine du
développement agroalimentaire, sont actuellement de trois ordres.
Alimentation
M. Lessard : Cela va donner suite probablement aux
réponses que le ministre me donne, j'aimerais demander au ministre s'il
trouve normal que, dans le secteur de l'alimentation je ne sais pas si
les chiffres ont été changés, mais, je pense bien que,
cela doit correspondre, à peu près, à la
réalité québécoise encore actuellement 23.1%
de la valeur ajoutée dans l'industrie québécoise des
aliments l'était par des entreprises sous contrôle francophone.
Autrement dit, 23.1%, moins du quart de ce qu'on consomme, en fait, sont
contrôlés par des entreprisesfrancophones, contre 34.1%, par des
entreprises canadiennes-anglaises et 42.8%, par des entreprises
étrangères. Ce sont là les chiffres qui avaient
été donnés, d'ailleurs, par la commission
Laurendeau-Dunton. Ces chiffres ont pu être modifiés, mais j'ai
l'impression que, s'ils ont été modifiés, ils n'ont pas
été modifiés en notre faveur.
M. Toupin: Quand vous englobez tout le secteur de l'alimentation,
au complet, dans tous les domaines de la transformation, de la distribution, de
l'entreposage, de la congélation, etc., il y a peut-être un
minimum de réalité dans ces chiffres. Peut-être qu'ils sont
changés, mais cela s'approche passablement de la réalité,
probablement. Mais, le mot est peut-être un peu fort, il ne faut quand
même pas se prendre pour d'autres. Nous sommes 6 millions d'habitants,
ici, au Québec.
M. Lessard: On est habitué de ne pas se prendre pour
d'autres.
M. Toupin: Oui. Surtout, le gros danger qui nous guette, ce n'est
pas de s'habituer à se prendre pour d'autres, c'est de croire qu'on
n'est pas comme les autres. C'est cela le grand danger qui nous guette.
M. Lessard: On ne se prend même pas pour ce qu'on est.
M. Toupin: Ces statistiques peuvent s'avérer justes, non
seulement au Québec. Elles peuvent s'avérer justes dans plusieurs
autres pays du monde également.
M. Lessard: La Suède, par exemple.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: La Finlande.
M. Toupin: II faudrait avoir les statistiques.
M. Lessard: Le Danemark.
M. Toupin: Oui, mais il faudrait que vous ayez des statistiques.
Les entreprises américaines ne sont pas seulement sur le territoire
québécois.
M. Lessard: La Suisse.
M. Toupin: Elles sont partout dans le monde, les entreprises
américaines. Il y a des entreprises françaises qui sont partout
en Europe. Il y a des entreprises italiennes qui sont partout en Europe. Je
suis bien conscient, je suis bien d'accord que ces statistiques peuvent avoir
un minimum de sens valable, véridique, mais cela n'empêche pas les
entreprises québécoises de tenter de se donner une meilleure
structure, à se consolider et à devenir de plus en plus fortes.
Les entreprises multinationales au Québec, on n'en a pas beaucoup. On en
a une ou deux, peut-être, contrôlées par des
Québécois. Les multinationales, cela veut dire quoi encore? Cela
veut dire avoir des filiales dans un ou deux pays du monde. On a combien
d'entreprises comme cela? Deux ou trois au Québec, peut-être trois
ou quatre. Au Canada, on n'en a pas tellement non plus dans l'ensemble, des
entreprises multinationales, comme vous les appelez si bien..
Alors, il y en a plusieurs américaines et il y en a des
européennes qui sont sur le marché canadien, sur le marché
québécois et qui procurent de l'emploi aux
Québécois, qui procurent de l'emploi aux Canadiens. Maintenant,
est-ce que c'est dangereux à ce point? C'est une question qu'on devrait
aborder ailleurs qu'à cette commission, parce que le but n'est pas de
savoir si on doit contrôler les investissements étrangers ou pas.
Le but de cette commission n'est pas non plus de savoir jusqu'où le
Québec doit pénétrer dans le secteur des muntinationales.
Le rôle de notre commission est bien plus de regarder comment les
problèmes se posent en matière d'ali-
mentation, à compter de l'agriculture québécoise,
à savoir quels sont les mécanismes que nous avons au
Québec pour transformer ces produits et les mettre à la
portée des consommateurs québécois.
M. Lessard: Alors, quelles sont les politiques?
M. Toupln : Les politiques, je vous disais, tantôt, qu'on a
des politiques dans le domaine de l'agro-alimentaire, si on se situe au niveau
de l'industrie. Jusqu'à maintenant, on a trois ordres: on a des
politiques de recherche, d'analyse de dossiers, on a des politiques, par la
suite, qui viennent compléter ces recherches, qui sont des politiques
d'aide technique et, le troisième volet, c'est une politique d'aide
financière.
Evidemment, je ne parle pas de toute la publicité qu'on fait, des
campagnes de publicité qu'on fait, de promotions qu'on fait et de
certaines initiatives qui sont prises dans le domaine des produits
maraîchers, dans le domaine des bleuets, dans le domaine du sirop
d'érable, etc. Je vous donne les trois grandes politiques. Nous
ajouterons à ces politiques une politique d'intervention qui va venir au
niveau d'une loi, une politique d'intervention dans le domaine des initiatives
tant de transformation des produits agricoles que de la commercialisation des
produits agricoles.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, est-ce qu'il y aurait une
possibilité de savoir le pourcentage dans le secteur du congelé,
dans la viande congelée qui est vendue au Québec, qui vient de
nos agriculteurs québécois, un pourcentage dans le secteur du
congelé?
M. Toupin: Sans parler de pourcentage, vous parlez des
viandes?
M. Pelletier: Du secteur des viandes.
M. Toupin: Oui, c'est peut-être là où on est
le plus développé ou le plus faible. Dans le domaine des produits
congelés, à tous les niveaux au Québec, on a
presque...
M. Pelletier: D'après les informations, disons que c'est
1%.
M. Toupin: II n'y a pas une grosse consommation encore. Les
tendances sont bonnes.
M. Pelletier: D'après les informations, il y a seulement
1% des produits du Québec qui sont transformés et congelés
présentement.
M. Toupin: Des produits congelés transformés au
Québec?
M. Pelletier: C'est cela.
M. Toupin: Je sais, par exemple, qu'on a une entreprise de
volailles qui met en marché du produit congelé. On a quelques
autres petites entreprises qui mettent en marché de ces types de
produits. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que le plan agroalimentaire l'a
dénoté très clairement. Notre présence...
M. Lessard: Est-ce que c'est le plan agroalimentaire ou la
Société d'ingénierie Cartier? Est-ce que vous avez pris
connaissance du rapport concernant ce secteur particulier des produits
congelés? C'est la Société d'ingénierie Cartier qui
a étudié le marché québécois dans ces
produits.
M. Toupin: Puis?
M. Lessard: Ce n'était pas commandé par le
ministère de l'Agriculture?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Est-ce que vous avez pris connaissance de cette
étude?
M. Toupin: Bien sûr. Vous allez la trouver dans le petit
livre qu'on vous a remis. Lisez-le.
M. Lessard: Cela donne quoi?
M. Toupin: Vous allez trouver ces statistiques, toutes les
données. Je vous le dis, notre présence est presque peu apparente
dans le domaine des produits congelés.
M. Pelletier: M. le Président, il me semble que c'est un
peu l'idée du ministre de l'Industrie et du Commerce qui laisse entendre
qu'il serait intéressé de participer, sous forme de subventions,
à aider la transformation des produits congelés au Québec
en déterminant le pourcentage des produits québécois chez
nos agriculteurs, qui ne sont pas assez transformés, si vous voulez.
D'après les études qui ont été faites, il y
aurait environ 1% de ces produits de nos producteurs qui seraient
transformés au Québec, dans les produits congelés, secteur
de la viande principalement.
M. Toupin: C'est 1% des produits québécois... M.
Pelletier: Québécois.
M. Toupin:... qui seraient des produits congelés, vendus
au Québec et congelés au Québec.
M. Pelletier: C'est un peu l'idée du ministre de
l'Industrie et du Commerce qu'il y aurait un marché à
développer dans le territoire.
M. Toupin: C'est sûr, parce que la tendance de la
consommation est très nette. Quand vous regardez les courbes à la
consommation, les consommateurs, de plus en plus, cherchent à s'orienter
vers la consommation des produits congelés. On est bas ici, au
Québec, comparé à l'ensemble du Canada et des
Etats-Unis.
M. Pelletier: Est-ce que le ministère de l'Agriculture a
l'intention d'aider, de quelque façon que ce soit, à y
participer, en zonant ou en orientant l'investisseur dans un secteur où
il y a une production donnée, par exemple? Est-ce que le
ministère de l'Agriculture peut apporter une aide technique ou...
M. Toupln: Oui.
M. Pelletier:... est-ce que vous avez cela dans votre
programme?
M. Toupln: Oui. Non seulement on l'a, mais on a
déjà des projets, un en particulier qui a été
réalisé un petit projet dans la région de
Montréal, qui est une usine qui va se spécialiser dans les
produits congelés. Mais ce n'est pas beaucoup. C'est une petite
initiative, mais on y a participé sous forme de garantie d'emprunt, sous
forme d'aide technique et sous forme, également, d'analyse des dossiers,
d'analyse de la gestion. Au fond, les trois politques que je vous ai
données tantôt.
M. Pelletier: D'accord!
M. Toupln: Lorsque la société agro-alimentaire sera
créée, on pourra devenir des participants actifs de ces types
d'entreprise.
M. Lessard: Pour l'information des députés,
particulièrement pour le député de Témiscouata,
est-ce que le ministre accepterait de déposer l'étude de la
Société d'ingéniérie Cartier, concernant le
marché québécois dans les produits congelés? On y
confirme, par exemple, en ce qui concerne la pomme congelée au
Québec, qui est consommée au Québec, qu'elle provient
surtout de l'Ontario et des Etats-Unis, que la grande partie le ministre
le confirme d'ailleurs des légumes congelés au
Québec provient, c'est-à-dire qu'ils sont achetés ici, par
des compagnies étrangères, et sont transportés en Ontario
ou ailleurs, et nous sont revendus par la suite.
M. Toupln: Oui.
M. Lessard: C'est là qu'est le problème, et je
tenais à cette question. Il y a beaucoup d'études qui ont
été faites par le ministère de l'Agriculture, concernant
l'agro-alimentaire, mais on se demande si ce n'est pas dans
l'intérêt du ministre de les cacher, ces études.
M. Toupin: M. le Président, cacher des études! Les
études les plus importantes au ministère de l'Agriculture ont
été rendues publiques. Tout le plan agro-alimentaire donne le
portrait le plus exact que vous pouvez trouver, en 1973, de l'agriculture
québécoise. Vous avez tout là-dedans. Vous avez
également des études spéciales, dont l'une que vous avez
dans les mains, et qui pourrait être déposée. Ce n'est pas
un problème que de déposer des études. Moi, cela ne
m'inquiète pas. Si les membres de la commission veulent avoir
l'étude spécifique de- mandée par une firme sur tel
produit en particulier, il n'y a pas de doute possible, ce sont des dossiers
qui doivent être rendus publics. On a fait cela précisément
pour que les Québécois connaissent la situation.
M. Lessard: C'est cela que je ne comprends pas. Je suis d'accord
sur le fait que vous avez fait cela, à un certain moment, pour
connaître la situation, mais ce que je ne comprends pas, par exemple,
c'est que ces études demeurent à l'intérieur du
ministère. On saitque, par exemple, souhaitant l'intervention des
groupes québécois dans le secteur de la transformation, le
ministère de l'Agriculture avait chargé la Société
Cartier de la préparation de tout un projet dans ce secteur. Le 16
août 1972, un contrat fut signé avec la société, qui
comprenait l'exécution, en fait, d'un projet en trois phases. Les firmes
Victus Consultants, Operational Marketing Inc., Gelfand Derry ont
étudié la phase 1, et ont étudié aussi tout le
problème du marché québécois ou le marché de
l'agro-alimentaire, surfout au niveau, naturellement, de la transformation.
J'aimerais savoir, étant donné qu'on est encore
obligé de demander au ministre de rendre cette étude publique...
Le ministre dit qu'il n'a pas d'objection à la rendre publique. C'est
quand même le temps qu'on commence à gouverner un peu,
publiquement au Québec, et qu'on informe les Québécois de
ce qui existe dans la réalité de la transformation et de la
congélation. Le député de Témiscouata
soulève un problème qui est très grave...
M. Pelletier: Si le député de Saguenay me le
permet, je n'avais pas terminé ma question au ministre de l'Agriculture.
Est-ce que je peux continuer dans le même ordre d'idées?
C'est qu'advenant, par exemple, qu'arrive dans mon comté un
investissement de l'ordre de $10 millions à $15 millions, pour la
transformation des produits agricoles, comme le boeuf, à mettre sur le
marché et des aliments congelés, ne trouvez-vous pas qu'il
pourrait y avoir une contradiction entre la politique du ministère de
l'Industrie et du Commerce, qui participe dans l'ordre, comme vous le savez, le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le fédéral
jusqu'à 60% en subventions et tout à coup, on réalise que
le territoire n'est pas fonctionnel au secteur donné.
Supposons que ce soit du mouton ou du boeuf ou quelque chose comme cela,
y a-t-il un échange qui se fait entre le ministère de l'Industrie
et du Commerce et le ministère de l'Agriculture pour orienter la
politique des produits agricoles sur la transformation dans le domaine des mets
congelés?
Je peux vous donner un exemple. Je peux aller au but.
Présentement, une industrie est en construction dans mon comté.
Elle produira 10,000 repas par jour de mets congelés. Elle aura besoin
de 3,000 boeufs par année. Où va-t-elle les prendre? Va-t-elle
aller les chercher à Montréal? Y a-t-il eu une rencontre avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère de
l'Agriculture pour savoir de quelle façon la politique du
ministère de l'Agriculture s'oriente face à un tel projet?
M. Toupin: Je vais apporter des exemples pour démontrer la
collaboration qu'il y a actuellement et celle qui sera encore plus grande dans
l'avenir parce que le ministère de l'Agriculture va se doter d'un
mécanisme vers lequel tous les dossiers agro-alimentaires se dirigeront
et, à ce moment, le ministère de l'Industrie et du Commerce, par
la SDI, jouera le rôle qu'il a à jouer, c'est-à-dire le
rôle du financement, rachat d'intérêts, garantie d'emprunt,
subvention et le gouvernement fédéral, également.
Le gouvernement fédéral, actuellement, notamment dans le
domaine du lait, n'accepte aucun dossier sans qu'il n'ait été
approuvé par le ministère de l'Agriculture dans le cadre de la
loi ou du ministère de l'Expansion économique
régionale.
La même chose se fait pour ces dossiers avec le ministère
de l'Industrie et du Commerce actuellement.
Il y a d'autres dossiers qui ont été étudiés
avant 1971/72 et qui ne parvenaient pas au ministère parce qu'on avait
l'équipement qu'il fallait dans le secteur laitier, mais on
n'était pas tellement équipé dans les autres secteurs. Il
fallait d'abord que le ministère se dote d'un service d'analyse, ce
qu'il a fait en 1972 en créant son service économique
agro-alimentaire où on retrouve des spécialistes en gestion, en
analyse de marché, en profil de consommateurs, etc, et maintenant, les
dossiers reçus au ministère de l'Industrie et du Commerce sont
dirigés vers ce service économique, lequel les analyse et fait
des recommandations à la SDI. C'est la collaboration qui existe
présentement et il y a eu, dans le passé, des dossiers
agro-alimentaires qui ont été acceptés dans certaines
régions du Québec et, à l'expérience, cela s'est
avéré infructueux parce qu'on n'avait pas pris le temps,
précisément, de voir toutes les sources d'alimentation, le
comportement des marchés, etc. Mais maintenant, ces études sont
faites au ministère chaque fois qu'un dossier nous est acheminé.
Il arrive parfois que des dossiers peuvent passer tout droit à la
SDI.
M. Lessard: Mais où en est...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Huntingdon avait demandé la parole sur le même sujet. Le
député de Huntingdon.
M. Fraser: A propos de tous les chiffres que le
député de Saguenay a mentionnés tout à l'heure,
cela veut simplement dire que tu peux prouver n'importe quoi avec des chiffres.
Tu peux dire...
M. Lessard: Quand les chiffres font votre affaire.
M. Fraser: ...que cela prouve ceci ou l'inverse. Pour les
économistes, c'est la même chose. Prenez quatre économistes
et vous avez quatre réponses ou plutôt cinq ou six.
M. Lessard: C'est pour cela que le ministre veut nous
organiser!
M. Fraser: Le ministre a dit: On prend pour quelqu'un parfois et
c'est vrai parce que vous avez ici six millions de population dans une grande
région et les transports des choses sont chers. Et un peuple de six
millions est égal à la ville de Chicago. Les achats d'aliments
pour la ville de Chicago sont égaux aux nôtres. Quelle est
l'influence de la ville de Chicago sur le marché nord-américain?
Pas grand-chose. Et notre poids dans le marché nord-américain?
Pas grand-chose non plus.
M. Lessard: Que le ministre se le tienne pour dit. On peut faire
dire n'importe quoi aux chiffres.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: Je reviens à ma question. Où en est
rendu cette étude de la Société d'ingénierie
Cartier? A quelle phase? Il y a eu la phase un.
M. Toupin: On va commencer par le début. Lorsque nous
avons décidé au ministère, en 1972, de vous orienter vers
l'agro-alimentaire, nous avons créé notre propre service de
recherche et, par la suite, nous avons fait appel à des firmes
spécialisées pour des secteurs donnés. Les principales
conclusions se retrouvent dans un dossier qu'on a appelé une esquisse de
développement agro-alimentaire au Québec. Le mot esquisse va de
soi. C'était simplement l'ouverture d'une fenêtre sur le monde de
l'agro-alimentaire dans lequel on ne se trouvait pas auparavant.
Maintenant, pour donner suite à tout cela, qu'est-ce qu'il
fallait faire?
C'est bien d'avoir des études, c'est bien d'avoir un minimum de
politique, mais il fallait aller plus loin, d'où l'idée d'une
société qui a été discutée longuement et qui
verra bientôt sa structure en place. C'est une première
étape. Pour la deuxième étape, nous sommes en contact
présentement avec tout le secteur agro-alimentaire au Québec et
nous regardons, dans le cadre de ces études, comment on peut
développer certains secteurs par rapport à certains autres
secteurs. Quels sont les choix qu'on doit faire dans les investissements
futurs, dans les investissements immédiats? On peut prendre des secteurs
en particulier. Prenons le secteur, par exemple, des conserveries au
Québec. Ni l'une ni l'autre, dans leurs structures actuelles, en termes
de financement, en termes de "know how", en termes de technique de toute sorte,
ne peut entrer dans un programme de produits congelés' pour le moment.
Alors, il faut penser une structure pour cela. Nous sommes en contact avec
elles. Dans le lait, on a fait un bout. Il reste encore quelques
problèmes. Il s'agit de prendre un autre secteur maintenant et d'essayer
de l'orienter. Il y a tout le secteur des abattoirs sur lequel on commence
à travailler également.
Etape par étape, ce sont des dossiers qui s'acheminent
graduellement vers, probablement, et c'est notre espoir, des initiatives
nouvelles qui vont faire qu'on sera peut-être un peu plus présent
dans ce secteur à l'avenir, mais c'est une étude qu'on a fait
faire et dont on se sert, non seulement nous, mais tout le secteur
agro-alimentaire présentement.
Le Conseil d'alimentation du Québec, par exemple, s'inspire de
ces études présentement pour conseiller à ses membres
l'orientation des investissements.
M. Lessard: Ce projet ou cette étude a coûté
combien au ministère?
M. Toupin: Avez-vous apporté les chiffres? On n'a pas les
chiffres, mais on me dit que c'est entre $150,000 et $175,000.
M. Lessard: C'est vrai que je possède l'étude faite
sur la congélation, mais je n'ai pas celle concernant la transformation.
Est-ce que le ministre a objection à nous fournir ces documents pour
qu'on puisse être renseigné sur la situation, malgré le
fait qu'il est vrai que le ministre, dans son document préliminaire,
utilise une partie de ces études? Je pense qu'il serait quand même
important qu'on sache d'où cela vient exactement et sur quelle base se
fondent certaines affirmations qu'on retrouve dans le document du ministre.
M. Toupin: Oui. Je ne vois pas d'inconvénient. On va le
prendre en note. Est-ce qu'ils sont disponibles, ces documents? On envoie cela
au président de la commission. On s'organisera pour les distribuer
à ceux qui voudront les avoir.
Boulangeries
M. Lessard: Dans le domaine de la boulangerie, où en
sommes-nous rendus?
M. Toupin: On n'a pas fait d'étude, au ministère de
l'Agriculture, sur les boulangeries. Le ministère de l'Industrie et du
Commerce a des études là-dessus, mais nous, au ministère,
nous n'en avons pas fait beaucoup. Je ne suis pas du tout en mesure, ce soir,
de vous donner quelque opinion que ce soit sur le secteur des boulangeries.
M. Lessard: Est-ce que le ministre s'aperçoit que la
pénétration américaine est de plus en plus forte dans ce
secteur?
M. Toupin: C'est possible, mais je n'ai pas les données
à ma disposition. Je sais qu'il y a plusieurs entreprises anadiennes
françaises qui sont présentes, mais je ne peux pas aller plus
loin dans le secteur, parce qu'on ne l'a pas approfondi au
ministère.
M. Lessard: De toute façon, on peut espérer que
SOOUIA va venir régler tous les problèmes.
M. Toupin: Non, il ne faut pas non plus rêverde ce
côté. Il faut prendre une structure avec ses faiblesses et sa
force et tenter de la faire travailler du mieux qu'on peut.
M. Lessard: AGRABEC? AGRABEC
M. Toupin: Sur le dossier AGRABEC, j'ai donné, en Chambre,
une explication là-dessus. Le dossier
AGRABEC est un dossier, actuellement, qui est figé, à
l'état latent, à cause du prix du soya sur le marché
international. C'est le colza? On craint qu'il y ait découragement des
producteurs et on attend que la situation se représente pour reprendre
le dossier. C'est même possible qu'on reprenne le dossier avec une autre
entreprise qu'AGRABEC.
M. Lessard: L'éventualité d'un investissement de
$12 millions dans un projet d'usine est en suspens actuellement?
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: Le ministre nous avait dit, l'an dernier, qu'il avait
bien confiance en cette société.
M. Toupin: Oui. Je veux être bien franc avec le
député de Saguenay; personnellement, je suis déçu
que la chose ait pris cette tournure, parce que le dossier était
très bien amorcé.
Sucre
M. Lessard: La raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, cela va bien
cette année? Vous participez au cartel?
M. Toupin: Oui, ç'a bien été cette
année et on présume que cela va bien aller l'an prochain
aussi.
M. Lessard: Tant que les prix seront aussi
élevés.
M. Toupin: Oui, tant que les prix gardent un niveau raisonnable,
évidemment.
M. Lessard: Le ministre est presque gêné lorsqu'il
parle des profits presque excessifs...
M. Toupin: Je n'ai pas dit ça, M. le Président.
M. Lessard:... de la raffinerie de sucre, mais ça devrait
nous aider à...
M. Toupin: La seule différence qu'il y a, c'est que
l'entreprise du Québec verse plus que la moitié de ses profits
aux producteurs.
M. Lessard: Voici, c'est qu'il faudrait quand même... je
suis d'accord avec le ministre qu'un certain nombre de producteurs font de
l'argent à cause du cartel et que le ministère participe
indirectement au cartel par son contrat qu'il a signé avec Redpath
Sugars Ltd. Cependant, le ministre doit aussi se rendre compte qu'il y a
quantité de consommateurs québécois qui se font spolier
à cause véritablement, de ce cartel. Si la raffinerie de
Saint-Hilaire fait, aujourd'hui, des profits, comme vous dites, presque
excessifs, il s'agit d'un secteur témoin qui nous démontre les
profits excessifs des autres compagnies dans ce secteur du sucre en
particulier.
M. Ostlguy : Cela reste à prouver parce que c'est un
cartel, d'abord, parce que c'est en cour actuellement.
M. Lessard: Non, vous n'avez pas suivi les journaux, les
contestations...
M. Ostiguy: Deuxièmement, la production de la
raffinerie...
M. Lessard: Le fédéral semble mieux informé
sur ça.
M.Ostiguy: C'est une production d'à peu près 5% de
la consommatin québécoise...
M. Lessard: 6%, oui.
M. Ostiguy: Cela a même baissé en bas de 5%.
M. Fraser: A quel prix est vendu le sucre de la raffinerie de
Saint-Hilaire à Redpath, le prix à la livre?
M. Toupin: C'est un prix basé sur une échelle
évidemment, mais le sous-ministre va donner une réponse en tant
que président de la raffinerie.
M. le Président, pour clarifier la situation en ce qui regarde la
transaction de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire avec Redpath, le prix de
vente du sucre à l'état brut, venant de la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire à cette entreprise, varie et tient compte du prix du sucre
mondial évalué quotidiennement, de sorte que, si le 30 octobre,
le sucre sur le marché mondial, en livres sterling traduit en argent
canadien, était de $0.70 la livre, le prix du sucre vend u par la
raffinerie de sucre ce jour-là sera de $0.70. Nous évaluons, sur
une base de six mois, allant du 1er octobre au 30 avril, le prix moyen
pondéré qui devient le prix moyen pondéré que la
raffinerie reçoit pour le sucre vendu à cette firme. On doit dire
que, pour l'année qui vient de se terminer le 30 avril, cela a permis de
passer du paiement au producteur de betteraves à sucre qui était
de $20 la tonne en 1973 à $42, plus quelques cents, la tonne qui seront
payés aux producteurs de betterave livrée à la raffinerie
de sucre de Saint-Hilaire, qui ont livré en 1974.
M. Lessard: Est-ce que l'entreprise a été
modernisée?
M. Toupin: II y a eu, au sein de l'entreprise, des modifications
mineures jusqu'à maintenant, ayant trait à certains
équipements qu'il nous fallait soit modifier ou changer. Quant à
la modification de fond, c'est dans un processus d'évaluation,
actuellement, aux divers niveaux du rouage gouvernemental.
M. Lessard: II me semble que cela avait été presque
décidé l'an dernier lors de la discussion des crédits, le
ministre nous avait confirmé qu'il avait l'intention de s'engager dans
un programme de modernisation, exigeant plusieurs milliers de dollars.
M. Toupin: C'est le projet...
M. Lessard: $500,000 je pense.
M. Toupin: Je ne peux pas parler tout de suite là-dessus
parce qu'on est, justement, en train de compléter... faire une
programmation là-dessus et je ne voudrais pas trop m'avancer. L'objectif
demeure, mais les moyens à prendre sont, présentement, à
l'étude et je ne veux pas m'avancer plus pour l'avenir.
M. Lessard: J'ai l'impression que le ministre était plus
avancé l'an dernier.
M. Toupin: Je dis exactement ce que j'ai dit l'an dernier, on
avait trois étapes à franchir.
M. Lessard: Un an après.
M. Toupin: Mais, M. le Président, je suis bien d'accord,
un an après. On a pris combien d'annéesà décider de
construire une telle usine à tel endroit. Il y a des projets qui
prennent cinq ans avant de voir le jour. Ce n'est pas un trop gros
problème que de regarder où on va.
M. Lessard: Pour ça, je ne suis pas inquiet avec le
gouvernement actuel.
M. Toupin: L'an dernier, je vous ai dit qu'on avait une
étape de franchie et il fallait assurer le marché, alors on a
réglé ce problème. Maintenant, il s'agit de voir à
la modernisation et jusqu'où les producteurs sont
intéressés à produire, etc.
M. Lessard: Est-ce qu'on a l'intention d'organiser la raffinerie
de sucre, pour lui permettre de transformer du sirop d'érable en sucre
blanc?
M. Toupin: La mécanique existante peut faire cela.
C'est déjà possible de faire cette opération.
M. Fraser: Est-ce une capacité de prendre plus de
betteraves qu'il y en a déjà, par les contrats?
M. Toupin: La question que vous touchez, M. le Président,
elle est fort pertinente et intéressante. Pour prendre l'exemple des
contrats actuellement en cours avec la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire,
nous avons un peu pi us de 9,200 acres actuellement sous contrat, ce qui est
une augmentation de pratiquement le tiers, par rapport à l'an
passé et si nous avons une bonne saison de végétation, on
peut espérer 100,000 tonnes et plus de betteraves, qui pourront
être livrées l'automne prochain, à la raffinerie de sucre
de Saint-Hilaire. Plus spécifiquement, la capacité de
transformation actuelle de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire est aux
environs de 160,000 tonnes de betteraves annuellement.
M. Fraser: Vous avez des réserves en capacité?
M. Toupin: Oui, c'est exact.
M. Ostiguy: Je pense bien que cela doit dissiper le doute qui
avait été semé l'an dernier, lorsqu'on avait signé
une entente avec Redpath, parce que le but premier de la raffinerie, c'est
justement la pro-
duction de la betterave sucrière, dans la région. Les
producteurs de betteraves ne demandent pas mieux qu'à être bien
payés. Ils ont été payés $42, presque $43 la tonne,
cette année. Je pense que la raffinerie poursuit très bien ses
buts premiers, pour lesquels elle a été construite.
M. Lessard: C'est-à-dire la participation au cartel?
M. Ostiguy : Le but premier pour lequel elle avait
été construite, c'était pour aider à
développer un secteur d'agriculture qui est la betterave
sucrière.
M. Toupln: Le député de Saguenay arrive à
des conclusions qui sont vraiment déconcertantes.
M. Ostiguy: II voit des cartels partout.
M. Toupin: Des cartels et des multinationales, c'est comme des
étoiles.
M. Ostiguy: C'est comme son Massey-Ferguson, avec son 680%...
M. Lessard: Je n'ai pas compris, M. le Président.
Concernant les fruits, est-ce que le ministère de l'Agriculture
participe au programme fédéral d'aide aux entreprises
d'entreposage des fruits?
M. Toupin : Ce qui est arrivé, c'est que le Québec
a entrepris ce programme en 1972/73 et le fédéral a exactement
copié la politique québécoise là-dessus. Cette
politique est disponible pour tout le Canada.
M. Lessard: Est-ce que vous participez? Elle est disponible
actuellement...
M. Toupin: On ne participe pas actuellement. On a notre
politique, au ministère, et le gouvernement fédéral a la
sienne. Si une entreprise ou un producteur veut s'en prévaloir, il
pourras'adresserà l'un ou à l'autre.
Actuellement, on a réglé pas mal de problèmes, en
1972/73.
M. Lessard: Donc, le Québec ne va pas chercher les
montants d'argent fédéraux de ce côté-là, qui
sont mis à la disposition des provinces, comme la Colombie-Britannique,
le Nouveau-Brunswick, l'Ontario. Mais est-ce que le Québec obtient au
moins une compensation, étant donné qu'il a établi un
service semblable?
M. Toupin: On a établi une politique en 1972...
M. Lessard: Est-ce que vous obtenez la compensation?
M. Toupin:... qui a débouché sur des constructions,
où on versait un octroi jusqu'à $100,000. Il y a je ne sais
combien d'entrepôts qui ont été construits et une
année après, ou une année et demie après, le
gouvernement fédéral a mis une politique similaire à la
disposition de tous les producteurs canadiens. Si un producteur
québécois ou un transformateur québécois veut se
prévaloir de cette politique, évidemment, il pourra le faire,
parce que nous, ce que nous avions, c'était un programme de trois ans et
il s'est terminé l'an dernier. Mais on est entré dans ce secteur
avant l'Ontario, cette fois-ci.
M. Lessard: C'est-à-dire avant le
fédéral.
M. Toupin: Avant le fédéral et avant les autres
provinces du pays.
M. Lessard: Mais est-ce que le ministre obtient la compensation
pour le fait qu'il ne participe pas au programme?
M. Toupin: Non. On ne l'a pas demandée.
M. Lessard: Donc, vous perdez de l'argent encore? Chevauchement
des systèmes.
M. Toupin: Vous allez finir par me faire dire des choses que je
ne voulais pas dire ce soir.
M. Lessard: Non, je ne veux pas vous faire dire des choses que
vous ne voulez pas dire.
M. Toupin: Si on n'avait pas implanté ce programme, vous
nous auriez reproché de ne pas nous occuper du secteur des fruits et
légumes. On décide, en 1972, d'investir là-dedans
$500,000, on construit quatre ou cinq entrepôts frigorifiques et
l'expérience s'avérant concluante, le gouvernement
fédéral met une politique sur pied, ensuite.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: Je suis conscient qu'on a dépensé
$500,000 et que le fédéral aurait probablement pu participer
50/50 dans ce programme-là. Le temps de négocier le programme, le
temps de s'entendre sur ceci et de s'entendre sur cela, les carottes restaient
dans les caveaux et pourrissaient et ne se vendaient pas. Alors on a
décidé d'embarquer dedans. On appelle cela une initiative
gouvernementale.
M. Lessard: Je ne blâme pas le ministre d'avoir eu une
initiative gouvernementale. Je demande au ministre, un peu comme son
collègue, M. Jérôme Choquette, s'il a l'intention de
négocier avec le fédéral pour obtenir une compensation,
étant donné qu'il a ses propres politiques.
M. Toupin: La politique, pour nous, c'est un programme de trois
ans qui a atteint sa fin, qui a atteint son objectif. On l'a terminé
l'an passé. Les producteurs qui voudront s'en prévaloir pourront
aller au fédéral.
Si, d'ici trois ou quatre ans, les producteurs québécois
vont chercher $500,000, au fédéral, on aura
récupéré indirectement, sans le dire trop fort, ce qui
nous revient comme...
M. Lessard: Maintenant, votre programme provincial n'existe
plus?
M.Toupin: Non, on avait un programme de trois ans
là-dessus.
M. Lessard: Reste-t-il actuellement le programme
fédéral?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Les producteurs québécois ont-ils
actuellement accès au programme fédéral?
M. Toupin: Oui, c'est un programme canadien. Ils n'ont
qu'à s'y inscrire, comme, à notre programme, d'ailleurs,
où nous avons eu plusieurs inscriptions, mais on n'a répondu
qu'à cinq ou six, parce que les autres ne correspondaient pas aux
normes. Les mêmes normes ou à peu près existent au
gouvernement fédéral, sauf que cela s'adresse plus à des
syndicats. Les nôtres s'adressaient à des coopératives,
à des syndicats et à des individus, à condition qu'ils
répondent aux normes. On s'est opposé aux légumes des
voisins.
Poulet et oeufs
M. Lessard: J'aimerais que le ministre nous fasse le point
concernant une transaction entre, d'une part, le ministre de l'Agriculture et,
d'autre part, une société de transformation de la viande ainsi
que la Fédération des producteurs de volaille au Québec,
qui s'est faite entre le gouvernement cubain et le Québec. On sait que
le coût de cette transaction est estimé à $400,000. On en
arrive à une estimation, en fait, à un coût de $1.2
millions qui devrait être défrayé, d'une part, par le
ministère de l'Agriculture, d'autre part, par la
Fédération des producteurs de volaille et, troisièmement,
par les producteurs eux-mêmes. J'aimerais que le ministre nous fasse le
point et nous dise quelle a été la compagnie intermédiaire
entre la Fédération des producteurs de volaille, le ministre de
l'Agriculture, les producteurs eux-mêmes et le gouvernement cubain.
M.Toupin: D'abord, les contacts ont été
établis au départ par l'Association des abattoirs; par la suite,
la Fédération des producteurs de volaille du Québec a
rencontré l'Association des abattoirs; les deux ensemble en sont
arrivées à la conclusion que cela pouvait être un
marché valable. On s'est rencontré au ministère. On nous a
fait la proposition et on nous a demandé de participer à ce
programme. On leur a dit: II s'agit d'un programme d'exportation et, selon les
ententes internationales, les gouvernements ne peuvent pas intervenir autant
qu'ils le voudraient dans ces types de transactions. On leur a dit: Signez vos
contrats avec Cuba, entendez-vous sur des cédules de livraison, etc.
Nous, ce qu'on est prêt à faire là-dedans, c'est une forme
de promotion.
Jusqu'à maintenant, la participation du ministère
là-dedans s'est limitée à la promotion.
M. Lessard: Aucune participation financière?
M. Toupin: Pour le moment, aucune.
M. Lessard: D'ailleurs, justement, d'après les
informations...
M. Toupin: J'exclus la promotion. On a mis de l'argent pour la
promotion.
M. Lessard: La transaction a eu lieu?
M. Toupin: La transaction a eu lieu, mais le ministère
n'avait rien à voir à la transaction. La transaction s'est faite
par l'Association des abattoirs du Québec.
M. Lessard: II faut dire que tout cela s'est fait verbalement,
d'ailleurs.
M. Toupin: S'est fait? M. Lessard: Verbalement.
M. Toupin: Je ne sais pas, il faudrait poser la question à
l'Association des abattoirs.
M. Lessard: Le $1.2 million de déficit... En fait, je
reprends ma question. Le ministère de l'Agriculture n'a pas à
participer au $1.2 million de déficit de cette transaction.
M. Toupin: Le ministère n'a pas participé au $1.2
million. C'est une entente producteurs-transformateurs. La seule participation
que le ministère a apportée jusqu'à maintenant, c'est sa
participation au niveau de la promotion.
M. Lessard: Dans quel sens parlez-vous de la participation au
niveau de la promotion? Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Toupin: Une aide à la fédération pour
promouvoir la vente du poulet.
M. Lessard: Une aide à la Fédération des
producteurs...
M. Toupin: De poulet.
M. Lessard: De quel montant était cette aide?
M. Toupin: $20,000 ou à peu près.
M. Lessard: De $25,000.
M.Toupin: De $20,000.
M. Lessard: En fait, il y a eu un engagement financier qu'on a eu
à accepter, l'autre jour, justement de $25,000, pour faire une campagne
de promotion pour la consommation de poulet.
M. Toupin: C'est une autre affaire. M. Lessard: C'est interne,
cela.
M. Toupin: C'est le programme régulier de promotion que le
ministère a mis en place.
M. Lessard: Pendant ce temps, on importe de la volaille en
provenance des Etats-Unis.
M. Toupin: On en exporte aussi parce qu'on produit plus que nos
besoins.
M. Lessard: Le ministère n'a pas eu, comme tel,
à...
M. Toupin: A participer économiquement dans les pertes
encourues, non.
M. Lessard: Je ne comprends pas de quelle façon,
maintenant, le déficit de cette transaction va être payé,
parce qu'il semble que ce soit un engagement verbal entre trois agents
promoteurs, si vous voulez, le ministère de l'Agriculture, la
Fédération des producteurs de volaille et les producteurs
eux-mêmes.
M.Toupin: M. le Président, je ne sais pas. Tout ce que je
puis dire là-dedans, c'est que le rôle du ministère, et je
veux bien que ce soit compris, dans ces types de transaction, se limite ou
s'est limité, à venir jusqu'à maintenant, à trouver
un marché, à mettre en contact un marché disponible avec
des exportateurs possibles, et, une fois rendu sur le territoire, à
mettre en contact les personnes qui étaient capables de fournir le
produit pour répondre aux besoins du marché disponible. L'autre
participation qu'on a apportée, a été celle d'une
promotion. Dans ce cadre, il y a toujours des rencontres au ministère
entre l'association des abattoirs, la Fédération des producteurs
de volaille ou la Fédération des producteurs d'oeufs ou la
Coopérative fédérée, la Fédération
des producteurs de lait, etc.
Il y a toujours des rencontres qui se font pour que les parties
discutent ensemble. Par exemple, il n'y a pas longtemps, la
Fédération des producteurs de volaille et le ministère ont
rencontré toutes les grandes chaînes de distribution au
Québec pour voir comment se comportait le marché des oeufs au
Québec. Cela a été bon, les contacts ont été
fructueux, et cela a permis à la fédération d'ouvrir plus
de contrats avec les chaînes. C'est l'action du ministère. On
n'est pas allé plus loin que cela, à l'exception... Il y a eu la
transaction à Cuba, il y a deux ou trois ans. Cela s'est produit
à peu près de la même façon, sauf que le
ministère a donné également là une participation de
promotion qui est un peu plus élevée celle-là.
M. Lessard: Est-ce que le ministère a influencé le
choix de l'intermédiaire?
M. Toupin: Non, ce ne sont pas nos problèmes. C'est le
problème de l'exportateur avec l'importateur.
M. Lessard: Le problème, c'est que c'est
l'interprétation du ministre. Il ne semble pas que ce soit
l'interprétation de la Fédération des producteurs de
volailles.
M. Toupin: Quelle est son interprétation?
M. Lessard: On laisserait entendre, en fait, que l'entente
originale prévoyait qu'en cas de déficit il se divisait entre
trois agents, si vous voulez, le ministère de l'Agriculture, la
Fédération de producteurs de volaille et les producteurs comme
tels.
M. Toupin: Notre participation est toujours au niveau de la
promotion. Elle peut varier de $20,000, de $30,000, de $40,000 ou de $50,000,
selon l'ampleur qu'on va donner à la promotion qu'on va faire. La
Fédération des producteurs de poulets, d'ailleurs, à sa
dernière assemblée générale, a accepté de
créer un fonds spécial pour l'exportation, etc....
M. Lessard: Pour payer cela.
M. Toupin:... des produits agricoles. Pour payer cela et pour
ramasser de l'argent dans l'avenir et ainsi être capaDle de
répondre à des marchés au moment où ces
marchés sont présents.
M. Lessard: Le ministre nous assure, ce soir, devant la
commission parlementaire, qu'il n'aura pas à participer
financièrement à la compensation du déficit.
M.Toupin: La seule chose qu'on peut faire dans des
problèmes comme ceux-là, c'est de la promotion, rien de plus.
M. Lessard: FEDCO? En fait, encore dernièrement, le
ministre de l'Agriculture accordait une subvention aux aviculteurs en
règle avec FEDCO ou qui faisaient partie d'un plan conjoint provincial.
L'association des producteurs québécois d'oeufs a
dénoncé cette entente comme une véritable reconnaissance,
la faillite d'une politique. On y disait, en particulier: La subvention du
ministre Toupin se veut le prolongement naturel d'une politique avicole de
cataplasme qui n'a jamais réglé, au cours des cinq années
d'existence de FEDCO, aucun des problèmes de fond dans la production et
la mise en marché des oeufs au Québec. J'aimerais avoir les
commentaires ou avoir les explications du ministre concernant cette autre
subvention. J'aimerais savoir quel est le montant total de subventions qu'a
reçu FEDCO depuis sa naissane?
M. Toupin: On va établir un principe au départ.
FEDCO n'a jamais eu de subvention du ministère.
M. Lessard: Des prêts.
M. Toupin: Elle a eu une garantie d'emprunt de $500,000. Elle a
eu une subvention de départ pour l'étude du système de
commercialisation qui a été consentie par le gouvernement
antérieur.
M. Lessard: Dès le départ, $500,000?
M. Toupin: Oui. Actuellement, les dus sont de $150,000. Il reste
encore à peu près $150,000 à rembourser au gouvernement
sur ces $500,000, non pas au gouvernement, mais à la banque, sur la
garantie
de $500,000 qu'on avait donnée. La subvention qu'on a
versée cette année...
M. Lessard: Sur les premiers $500,000, c'est en 1971, je pense,
en 1972?
M. Toupin: On a été élu en avril 1970, c'est
en 1971...
M. Lessard: A la fin...
M. Toupin: C'est à l'automne 1971.
M. Lessard: Bon! Sur les premiers $500,000, c'est ça,
automne 1971, une dette de $150,000 est due.
M. Toupin: A peu près, qui reste à payer. M.
Lessard: D'accord! Après?
M. Toupin: Boni C'est ce qu'on a fait pour FEDCO comme
organisme.
M. Lessard: Au départ, $500,000.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Est-ce qu'après, vous avez...
M. Toupin: Après, les subventions qu'on a versées,
c'était simplement pour soutenir un revenu des producteurs, pas plus que
cela. On a versé une subvention en 1972. On en a versé une autre
en 1974. Celle de 1974, d'ailleurs, correspond à la politique
d'assurance-revenu que le gouvernement est en train d'instaurer au niveau des
productions. On fait la même chose, d'ailleurs, pour les dindons.
M. Lessard: En 1972, elle était de combien, la
subvention?
M. Toupin: On a donné $0.04, je pense, $0.035? Cela fait
longtemps. C'est versé directement aux producteurs.
M. Lessard: En 1974? En fait, c'est versé aux producteurs,
mais c'est un moyen de subventionner indirectement FEDCO quand même,
à la suite du fait que FEDCO n'ayant pas la possibilité de payer
des prix qui correspondent aux coûts de production, le ministre,
indirectement, vient compenser...
M. Toupin: Ce que vous venez d'affirmer, c'est
précisément une affirmation d'un gars qui n'a pas vu comment le
problème se posait. Si vous voulez, on va regarder ce problème
avant de faire de telles affirmations.
La subvention est versée au titre d'une assurance-revenu.
M. Lessard: Ce n'est pas moi qui suis ministre. Ce n'est pas moi
qui ai négocié.
M. Toupin: Je sais.
M. Lessard: Moi, je suis ici pour interroger le ministre...
M. Toupin: Si vous interrogez, arrêtez d'affirmer, mais
interrogez.
M. Lessard: Non, le ministre a à répondre...
M. Toupin: Je vais répondre aux questions, et je vais
réfuter les fausses affirmations.
Cette année, la subvention est essentiellement versée au
titre du revenu. Elle n'est pas versée à d'autre titre que cela.
On aurait pu facilement, cette année, ne pas verser de subvention, et le
marché actuel des oeufs aurait fait face aux coûts de production
minimale. On s'est engagé, nous, à une politique de revenu un peu
plus élevé pour les producteurs. Donc, on a contribué et
là et au chapitre des dindons. C'est $0.03 la douzaine pour les six
derniers mois de l'année 1974, c'est-à-dire de juillet à
décembre 1974. Ces subventions sont versées à tout
producteur qui est membre en règle, c'est-à-dire qui assume ses
obligations vis-à-vis de la Fédération des producteurs
d'oeufs de consommation du Québec. Il y a un groupe de producteurs
dissidents à la Fédération des producteurs d'oeufs du
Québec. Ces producteurs bénéficient du soutien des prix
que la fédération est parvenue à mettre dans la mise en
marché, peut-être pas en totalité, mais au moins en partie,
des structures nationales qui sont présentement en place et qui
coûtent de l'argent aux producteurs québécois. Eux, ces
producteurs, n'y participent pas. C'est l'équivalent de quoi? De $0.03
ou $0.04 la douzaine, ou de $0.02 ou $0.03 la douzaine. Or, ils mettent dans
leur poche $0.02 ou $0.03 la douzaine en n'y participant pas,
bénéficient, par conséquent, de tous les avantages. C'est
la raison pour laquelle nous en sommes venus à la conclusion que les
producteurs qui devaient bénéficier de cette subvention devraient
être ceux qui font partie de l'organisation de mise en marché. Je
peux aller plus loin que cela. Même les producteurs qui ne paient pas de
dus se servent des $0.02 ou $0.03 que les autres producteurs mettent dans la
fédération pour couper les prix et essayer de prendre des
marchés. C'est comme cela que le problème se pose à ce
niveau.
M. Lessard: Est-ce que le ministre croit que le problème
des oeufs au Québec et même des prétendus "surplus", en
tenant compte de ce que j'ai expliqué en ce qui concerne la pomme de
terre, ce sont les producteurs québécois qui l'ont
créé, qui ont créé la crise, à un moment
donné, dans les oeufs ou que c'est suite au fait que le plan conjoint
national n'aurait pas été respecté par d'autres
provinces?
M. Toupin: Le Québec n'est pas responsable,
peut-être à une période près, des surplus
présentement au Canada. Les contingents ont été
respectés.
M. Lessard: Les contingents ont été
respectés. M. Toupin: C'est ça.
M. Lessard: Mais, par ailleurs, du côté des autres
provinces, est-ce que...
M. Toupln: L'Ontario est pas mal responsable. Le Manitoba a pas
mal respecté ses ententes. Maintenant, il y a bien d'autres
problèmes là-dessus. Le président de la régie me
dit et c'est un fait aussi; à la dernière rencontre des
ministres, on en a discuté qu'on avait surévalué au
départ la oonsommation nationale.
M. Lessard: Mais le 2 novembre 1974, devant un comité
spécial de la Chambre des communes, les délégués de
la commission Plumptre déclaraient que les questions de juridiction
concurrente ou commune étaient à la source des difficultés
de l'Office canadien de commercialisation des oeufs et la commission Plumptre
recommandait alors l'élimination pure et simple des barrières
provinciales afin de permettre à l'organisme central de jouer un
rôle efficace et prépondérant. On prévoyait d'ores
et déjà un remaniement de l'Office canadien de commercialisation
des oeufs, l'OCCO, en faveur d'une plus grande centralisation des pouvoirs
entre les mains du gouvernement fédéral.
En fait, il y a eu plusieurs changements, mais la situation en est
où maintenant?
M. Toupin: Nous ne sommes pas d'accord avec Mme Plumptre.
M. Lessard: Vous n'êtes pas d'accord avec Mme Plumptre?
M. Toupin: Nous du Québec ne sommes pas d'accord avec Mme
Plumptre, sur la question des pouvoirs, notamment.
M. Lessard: Notamment en ce qui concerne les pouvoirs, le
ministre a-t-il l'intention de céder des pouvoirs à l'organisme
national...
M. Toupin: Non.
M. Lessard:... tel que proposé, tel que
suggéré, à savoir que les autorités provinciales
chargent l'OCCO d'assurer l'application des règlements en matière
de contingentement?
M. Toupin: Non.
M. Lessard: Non. Il n'y a pas eu d'accord entre le Québec
et le gouvernement fédéral de ce côté?
M. Toupin: Ce n'est pas signé encore, mais c'est
préparé.
Ce sera signé bientôt.
M. Lessard: Mais dans l'accord...
M. Toupin: II y a eu un accord original en 1972.
M. Lessard: Mais dans l'accord que vous avez l'intention de
signer, vous avez l'intention de conserver vos pouvoirs québécois
dans ce secteur?
M. Toupin: On n'a pas d'inconvénient à ce que les
autres provinces les cèdent, si elles le veulent.
M. Lessard: On va suivre le dossier. Une fois que le ministre
aura signé cette entente, acceptera-t-il de la déposer?
M. Toupin: Oui, c'est public.
M. Lessard: Aucun problème. Pendant que le
président de la Régie des marchés agricoles est ici,
j'aimerais peut-être lui poser la question à moins que le ministre
préfère répondre. Je vais lui poser la question suivante
étant donné que cela le concerne directement et que certains
organismes sont intervenus pour demander que la Régie des marchés
agricoles applique certains pouvoirs qu'elle possède en vertu de la loi,
à savoir le pouvoir de faire enquête sur les grandes compagnies,
sur les profits des compagnies d'alimentation.
Le président de la régie a-t-il l'intention d'utiliser ses
pouvoirs ou le président de la régie est-il convaincu, un peu
comme le ministre qu'il n'y a pas de problème de profits excessifs dans
les grandes compagnies d'alimentation...?
M. Toupin: M. le Président, j'invoque le règlement.
Cela ne m'arrive pas souvent.
M. Lessard: Allez-y.
Le Président (M. Lafrance): Question de règlement,
le ministre de l'Agriculture.
M. Toupin: Le député de Saguenay me fait dire des
choses que je n'ai pas dites et je ne trouve pas cela honnête de sa part.
Je le dis ouvertement. Je ne trouve pas honnête qu'il fasse ça. Il
y a tellement d'autres moyens pour dire ce qu'il a à dire sans mettre
dans la bouche des autres ce que lui voudrait que les autres disent.
M. Lessard: Vous n'avez pas dit... affirmé...
M. Toupin: Je trouve cela malheureux que le député
de Saguenay agisse de cette façon-là, parce qu'il ne m'arrive
jamais de mettre dans la bouche du député de Saguenay des paroles
qu'il n'a pas dites. Cela ne m'intéresse pas de lui en mettre.
M. Lessard: Qu'est-ce que vous avez dit?
M. Toupin: J'ai dit que le problème de ce
côté était entre les mains d'une commission nationale et
que le Québec n'avait pas, en tant que tel, des pouvoirs assez
étendus pour pouvoir mener une enquête valable là-dessus.
C'est tout ce que j'ai dit et je le soutiens.
M. Lessard: Le ministre est-il au courant que l'Ontario a fait
une telle enquête?
M. Toupin: L'Ontario a fait plusieurs enquêtes dans bien
des secteurs, dans bien des domaines, mais non dans le domaine des prix des
viandes d'alimentation.
M. Lessard: On va être obligé d'informer le
ministre!
M. Toupin: Sans doute pas cette année. Peut-être au
cours des années passées.
M. Lessard: De 1967 à 1972, déposée en avril
1974.
M. Toupin: C'était sur la commercialisation des...
M. Lessard: Etude des profits de seize compagnies dans
l'industrie de l'alimentation.
M. Toupln: II y a une enquête qui est faite par le
gouvernement fédéral.
M. Lessard: A ce moment, la Régie des marchés
agricoles n'a pas l'intention d'utiliser les pouvoirs qui lui sont
accordés en vertu de la loi pour faire une telle enquête, suite
aux revendications des sociétés de consommateurs?
M. Toupin: Je pense qu'il y a des choses là-dedans. La
question, en fait, nous a été posée à une audience
publique. Il y a la partie des intrants. Pour nous, il y a des domaines, du
côté des intrants, où il faudrait réellement
interpréter la loi de façon très large pour aller fouiller
dans les multinationales. Le fait que notre juridiction est issue de la
juridiction provinciale, il nous est très difficile d'avoir accès
aux livres, en dehors des cadres géographiques de la province. On le
fait, sur une base volontaire, avec une multinationale présentement. Je
peux vous la citer, c'est le cas de Dominion Dairies. Cette firme tient toute
sa comptabilité à Toronto. On ne dira pas sous aucune menace,
mais, faisant affaire au Québec, on réussit à obtenir
accès aux livres, parce qu'il faut connaître l'utilisation qu'elle
fait de la matière première qu'elle reçoit des
producteurs. On nous donne accès. C'est un échange de bons
procédés, tout simplement. Je pense que, si on voulait aller plus
loin, par exemple, sur la question de l'essence, sur la question des pneus, sur
la question des machines agricoles, ce serait quand même, pour la
régie, nettement rêver.
M. Lessard: M. le Président, je prends encore bonne note
je pense que je ne déforme pas les paroles du ministre que
dans ce secteur, c'est le gouvernement fédéral qui possède
encore la responsabilité. Cependant, j'indique au ministre qu'il peut
toujours...
M. Toupin: M. le Président, je soutiens que le
gouvernement fédéral est mieux placé que nous pour mener
de telles enquêtes.
M. Lessard: ...obtenir copie du rapport de l'étude qui a
été faite par le gouvernement de l'Ontario et
préparé par le ministre de la protection du consommateur et des
relations commerciales, le rapport déposé en avril 1974, en trois
copies. Si le ministre en veut des copies, on peut lui en faire parvenir. En
trois tomes différents, dis-je.
M. Toupin: II vaut ce qu'il vaut quand même. Que l'Ontario
ait décidé de mener une enquête, c'est son problème,
ce n'est pas, nécessairement, le nôtre.
M. Lessard: Au moins, il a fait quelque chose.
M. Toupln: Une telle affirmation va à rencontre de
thèses politiques bien connues.
Abattoirs
M. Lessard: Comment cela va-t-il, maintenant, dans l'application
des règlements pour les abattoirs? Est-il exact que le gouvernement
fédéral aurait fermé une usine de viande à Magog,
il y a quelques jours ou aujourd'hui même? Il semble que cette usine
produisait de la viande contaminée telle que de la saucisse à
hot-dog depuis près de trois ans. Le fédéral aurait
dû intervenir, parce que le gouvernement du Québec n'ayant pas de
normes et de critères à ce sujet...
M. Toupin: II y a seulement une compagnie dans cela.
M. Lessard: Oui, vous devez la connaître. M. Toupin:
C'est celle-là, je suppose. M. Lessard: Laquelle?
M. Toupin: Je ne sais pas si c'est elle, mais je donne le nom de
la compagnie et je ne veux pas la mêler du tout avec ce que vous avez
dit. Celle que je connais, qui reste, c'est Federal Packing.
M. Lessard: C'est cela. La Federal Packing aurait
été fermée, d'après les informations que je
possède, par la Gendarmerie royale aujourd'hui même.
M. Toupin: C'est "Approuvé Canada".
M. Lessard: C'est "Approuvé Canada", mais est-ce qu'on va
arriver, à cause justement de la loi 31, qu'on a votée au
gouvernement du Québec, à ce que les abattoirs acceptent le
"Approuvé Québec" et que ce soit sous la supervision du
Québec?
M. Toupin: Ceux qui voudront se prévaloir de l'estampille
"Approuvé Québec", mais qui voudront exporter dans les autres
provinces ou les autres pays, devront avoir l'estampille "Canada approved".
M. Lessard: Actuellement, vous négociez
particulièrement avec les grands abattoirs?
M. Toupin: Non. On a rencontré le conseil de salaison, on
a rencontré, par la suite, le groupe d'abattoirs qui représente
"Quebec approved" et on a rencontré ceux qui représentent
"Québec produit" et "Quebec non approved", tous ceux qui ont de petits
abattoirs. On a rencontré plusieurs petits groupes et on discute,
présentement, avec eux pour savoir comment on peut appliquer cela sans
tout briser, trop rapidement, toute cette structure.
M. Lessard: C'est cela. Est-ce que, d'après les
négociations que vous avez, d'après les études que vous
avez faites, la concrétisation, l'établissement des normes et des
critères qui ont été préparés par la
réglementation, faisant suite au projet de loi 31, est-ce que ça
peut amener la disparition de petits abattoirs?
M. Toupin: Sans doute, mais, encore là, il faut s'entendre
sur ce qu'est un abattoir. Si vous parlez d'un centre d'abattage où le
gars abat trois bêtes par semaine, c'est à se demander si c'est un
abattoir. Mais je suis conscient qu'un certain nombre de ces centres d'abattage
qui existent devront fermer leurs portes avec le temps.
M. Lessard: Je comprends que les règlements ont
été étudiés très vite, parce qu'on avait
à étudier la Loi de stabilisation des revenus agricoles, mais le
ministre a certainement dû recevoir des protestations depuis le
dépôt des règlements, de la part des petits abattoirs?
M. Toupin: Actuellement, les règlements sont prêts,
sauf une section, celle des animaux mâles, qui n'est pas tout à
fait prête mais qui va l'être bientôt, mais la
réglementation n'est pas encore approuvée, elle devra être
approuvée je ne sais pas dans quel délai; il faut, bien
sûr, informer avant l'application des règlements tous ceux qui
sont directement impliqués. Inutile de vous dire que ça va
être difficile d'application.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Programme 5. Adopté.
Programme 6, adopté, parce qu'on avait conclu de l'étudier avec
le programme 5. Programme 7.
Des Voix: Adopté.
Gestion interne
M. Lessard: Non, M. le Président. Au programme 7, j'aurais
une question et je sais que le ministre ne pourra me répondre
aujourd'hui, mais j'aimerais qu'il me fasse parvenir la réponse. J'aime-
rais avoir la liste des permanents contractuels et détachés
d'autres fonctions au sein du ministère oeuvrant au niveau du cabinet du
ministre.
M. Toupin: Je peux vous la donner. M. Lessard:
D'accord.
M. Toupin: Mais je n'ai pas de contractuels au niveau de mon
bureau.
M. Lessard: Vous n'avez pas de contractuels.
M. Toupin: Je vais vous donner les cinq noms. Léon Toupin,
mon frère, qui est chef de cabinet, Gabriel Biron, qui est mon
attaché de presse, Maxime Plamondon, qui est secrétaire
particulier adjoint, et Jean Beaudin, qui est secrétaire particulier
adjoint, ils sont tous permanents. Il y a aussi Maurice Dupont, qui est dans
mon comté, au Cap-de-la-Madeleine, et qui est aussi permanent.
M. Lessard: Est-ce qu'on pourra obtenir la date de leur
engagement ainsi que leurs traitements?
M. Toupin: Oui, je vais vous envoyer tout ça rapidement,
sans problème. Cela reste aux comptes publics.
M. Lessard: M. le Président, je ne suis pas chicanier, je
vais adopter le programme 7.
Le Président (M. Lafrance): Programme 7. Adopté.
L'étude des crédits du ministère de l'Agriculture est
terminée. Les 7 programmes sont adoptés en entier.
Je remercie tous les membres de la commission de leur belle
collaboration, ç'a été un plaisir pour la
présidence.
M. Lessard: II faut dire que j'ai accordé une excellente
collaboration.
M. Toupin: Parfait.
Le Président (M. Lafrance): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 59)