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Commission permanente de l'agriculture
Etude des projets de loi nos 2, 3, 4 et 22
Séance du mardi 17 juin 1975
(Onze heures seize minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs! La commission de l'agriculture
siège ce matin pour l'étude de plusieurs projets de loi du
ministère de l'Agriculture. M. le ministre, est-ce que nous
commençons par les lois du crédit agricole?
M. Toupin: Oui, nous allons commencer par la Loi modifiant la Loi
du crédit agricole, le projet de loi no 2.
Le Président (M. Cornellier): Pour passer, après
cela, au numéro 4.
M. Toupin: On va commencer par le projet de loi no 2 et,
après cela, on prendra le projet de loi no 3.
Le Président (M. Cornellier): Loi de l'amélioration
des fermes.
M. Toupin: L'amélioration des fermes. Après, le
projet de loi no 4.
Le Président (M. Cornellier): Le prêt agricole. On
suivra l'ordre lui-même.
M. Toupin: Oui. Et le numéro 5... Il n'y a pas de
numéro 5.
Le Président (M. Cornellier): Oui, le numéro 5 est
la mise en valeur des exploitations agricoles.
M. Toupin: Oui.
M. Ostiguy: M. le Président, me permettez-vous de vous
suggérer un rapporteur pour la commission? Je voudrais suggérer
le député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Cornellier): Du consentement unanime des
membres, le député de Mégantic-Compton, M. Dionne, sera le
rapporteur de la commission.
Projet de loi no 2
Le Président (M. Cornellier): Nous procédons avec
le projet de loi no 2, Loi modifiant la Loi du crédit agricole. Le
ministre a sûrement des commentaires généraux à
faire.
M. Toupin: Sur ce projet de loi, j'ai donné pas mal, dans
les grandes lignes, les orientations que le gouvernement a voulu donner au
financement agricole au moment où j'ai fait mon discours en
deuxième lecture. Essentiellement, je vais rappeler le contenu de ces
nouveaux amendements.
Le premier, et le plus important, concerne l'augmentation des plafonds.
De $60,000, pour une corporation, nous le portons à $200,000 et de
$40,000, pour un individu, nous le portons à $100,000. Sur cette
question, j'avais un amendement à proposer, à l'article 13,
où nous ferons la proposition de porter de $100,000 à $150,000 le
montant pour un producteur individuel, pour un fermier individuel.
Le deuxième élément fondamental de cette loi est
d'ouvrir le crédit à ce qu'on appelle des aspirants agriculteurs,
c'est-à-dire ceux qui, présentement, travaillent avec leur
père sur une ferme ou travaillent dans une entreprise industrielle, mais
qui ont pour objectif à court terme de s'orienter vers l'agriculture sur
une base professionnelle. Nous consentirons des prêts à ces gens,
à ces aspirants agriculteurs et nous leur poserons un certain nombre de
conditions. Si ces derniers, après un certain nombre d'années,
deviennent des professionnels de l'agriculture, nous leur donnerons, à
ce moment-là, les avantages que le crédit agricole donne à
tous les agriculteurs du Québec, notamment les jeunes agriculteurs.
Ils auront droit, par conséquent, au rabais
d'intérêt et ils auront droit également aux subventions
d'établissement, s'ils répondent aux normes fixées par
l'Office du crédit agricole.
Au troisième élément, on ajoute des
possibilités de prêts sur des terres louées,
c'est-à-dire la location. Les locataires pourront se prévaloir
des valeurs locatives pour emprunter à court, moyen ou long termes, en
vertu de la Loi du crédit agricole. Quant aux options offertes, nous
élargissons assez, par rapport aux années antérieures. Au
moins quatre types d'options seront mises à la portée des
agriculteurs, d'abord un producteur individuel, deuxièmement des
producteurs conjoints, troisièmement des coopératives, ce qui
n'existait pas auparavant dans la loi, et quatrièmement, des
corporations d'agriculteurs. Cet ensemble d'options offertes aux producteurs
agricoles permet à tous, quel que soit leur point de vue, sur le type
d'exploitation, de se prévaloir des lois de crédit agricole.
M. le Président, c'est ce que contenait, tout compte fait, le
discours que j'ai fait en deuxième lecture. Je ne voudrais pas
m'attarder plus longtemps, je préférerais prendre article par
article et tenter de passer, dans le plus bref délai, aux autres lois de
crédit qui sont fondamentales et auxquelles les producteurs ont
hâte d'avoir accès.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas de commentaires.
Je suis prêt, pour ma part on a fait nos commentaires
généraux à discuter des projets de loi, article par
article.
A l'article 1, j'aimerais que le ministre nous précise un peu si
les règlements ont été faits, au sous-paragraphe c), dans
l'article 1 a), où on rem-
place le paragraphe c) par le suivant: "agriculteurs", b) par les
insertions, après le paragraphe c) par le suivant, "aspirants
agriculteurs". Je pense que c'est là une réforme qui est assez
importante, puisque les jeunes agriculteurs, en particulier, avaient des
problèmes pour s'établir. L'agriculteur voulait avoir, en fait,
une certaine période de temps, avant de s'établir
définitivement, et bien souvent, cet agriculteur qui acceptait
d'être temporaire, parce qu'il voulait un revenu assuré conservait
son travail. Par la suite, après son travail, il commençait
à préparer sa terre, à faire de l'agriculture, etc.
Mais on dit, dans la définition d'"aspirant agriculteur": "Toute
personne physique âgée d'au moins dix-huit ans et d'au plus
quarante ans, propriétaire ou locataire d'une ferme, qui s'adonne
à l'agriculture sans en faire sa principale occupation et s'engage
à en faire sa principale occupation dans les délais et suivant
les conditions fixés par règlement".
J'aimerais que le ministre nous explique les délais, c'est
la période de cinq ans de quelle façon cela va
s'appliquer. Est-ce que les règlements sont faits à ce sujet?
M. Toupin: Bien, ils sont presque complétés.
L'office travaille actuellement à les compléter. Il faut refaire
les règlements à toutes les lois. On a terminé,
récemment, ceux sur le crédit à la production, pour la loi
qu'on a adoptée l'an dernier. Ces règlements sont prêts; la
loi s'applique. Quant à ce projet de loi, les règlements sont en
rédaction et seront disponibles à temps; je pense que
l'application de la loi est prévue pour le mois d'août ou quelque
chose comme ça. Je pense que cela va être possible, vers le 1er
août ou, au plus tard, le 15 août, de mettre cette nouvelle loi a
la disposition des producteurs agricoles.
Mais, si on n'a pas voulu définir nécessairement, dans la
loi, des délais fixes, des délais arrêtés, c'est que
cela peut varier selon les agriculteurs, selon les aspirants agriculteurs. Il y
en a qui peuvent, par exemple, le faire dans deux ans, il y en qui peuvent le
faire dans trois ans, d'autres peuvent le faire dans cinq ans et d'autres
peut-être pourront le faire dans six ans.
M. Lessard: II n'y a pas de limite.
M. Toupin: Non, on n'a pas de limite. On a, dans notre esprit,
cinq ans.
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: On se dit: Bon, après cinq ans, si cela ne
fonctionne pas, le gars n'est pas sérieux. Mais on n'a pas de limite
fixée dans la loi. Les règlements mettront des limites, mais on
ne voudrait pas que ces limites briment des agriculteurs. On voudrait
être assez souple pour répondre à toutes les demandes des
aspirants agriculteurs. Il n'y a pas à dire, de ce temps-ci, on en a un
bon nombre. Il n'y a pas une semaine qui se passe sans que, personnellement, en
tout cas, j'aie une demande d'un jeune qui travaille dans une entreprise et qui
veut acheter la ferme de son père. Mais on ne peut pas lui donner de
crédit parce qu'il a un salaire à l'extérieur.
Alors, avec une clause comme celle-ci, un article comme celui-là,
ce dernier pourra se prévaloir du prêt, au taux du marché
par exemple, pour commencer, et, au moment où il aura fait la preuve
qu'il devient agriculteur professionnel, on lui donnera les avantages de la Loi
du crédit agricole.
M. Lessard: Mais si, par exemple, la personne en question s'est
engagée à devenir agriculteur sur une période de trois ans
et qu'après trois ans l'aspirant agriculteur décide de fermer les
livres et de ne pas fonctionner, de revenir à son ancien travail,
qu'est-ce qui arrive?
M. Toupin: Evidemment, l'Office du crédit agricole pourra,
à ce moment-là, demander le remboursement total du prêt,
s'il le désire, ou il pourra purement et simplement ajuster son taux
d'intérêt au taux d'intérêt régulier.
De cette façon, le gouvernement ne perdra pas,
c'est-à-dire qu'on ne donnera pas davantage à celui-là par
rapport à un autre. Alors, si les taux courants du marché sont de
12%, l'office ajustera son taux d'intérêt. Si le gars
préfère rembourser immédiatement, on prendra le
remboursement. Mais ce qui est important, là-dedans, c'est de ne pas
offrir à des producteurs, qui ne sont pas professionnels, des avantages
du crédit agricole, c'est-à-dire le rabais d'intérêt
et les subventions d'établissement.
M. Lessard: C'est cela, c'est qu'il y a un danger aussi,
là-dedans, étant donné la nouvelle mode, qu'une personne
décide d'essayer de se qualifier et par la suite, décide que,
bon, cela a été un petit hobby pour elle, un petit repos, etc.
et, par la suite, retourne à son ancien emploi.
M. Toupin: On ajuste, à ce moment-là, les taux
d'intérêt notamment, mais avant de donner la subvention
d'établissement, il va falloir que le gars donne la preuve
évidente qu'il demeure sur sa ferme, qu'il vit de sa ferme et que sa
ferme est rentable. Au fond, on va le considérer comme un autre, comme
celui qui a toujours été dans l'agriculture. Mais, si le gars
décide, par exemple, de dire: A compter du 10 juin I978, je vais devenir
professionnel et l'office juge qu'on devrait, comme première
étape, lui donner le rabattement d'intérêt et si, un an
après, on se rend compte que ce n'est pas vrai, c'était
simplement un moyen pour soutirer de l'argent de l'office, l'office rajustera
ses taux d'intérêt. C'est l'esprit qui nous anime
actuellement.
Dans la loi, cela va se faire par règlement. C'est pour cela
qu'il fallait rendre cela assez souple, à ce niveau, pour ne pas se voir
contraint à subir un prêt qu'on ne veut pas ou se voir contraint
à ne pas accepter un prêt qu'on voudrait accepter.
M. Lessard: D'accord. Je n'avais pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Verchères.
M. Ostiguy: A l'article 1, M. le Président, j'aimerais
avoir certaines explications du ministre ou du président de l'office
concernant la Coopérative d'exploitation agricole. Si je comprends bien,
il faut que, par exemple, les trois agriculteurs détiennent 60% des
actions pour avoir un prêt.
M. Toupin: C'est-à-dire qu'encore là,
évidemment, pour ne pas financer des capitaux qui appartiennent à
des producteurs agricoles, prétendus producteurs, on a fixé un
maximum de 60%. Supposons, par exemple, qu'on est cinq à la table et
qu'on veut bâtir une ferme coopérative, il faut au moins que 60%
d'entre nous on est cinq, 60% de cinq, c'est quatre, quatre et demi,
trois et trois quarts détiennent la majorité des parts
pour pouvoir opérer.
Ainsi, si d'autres personnes, qui ne sont pas dans l'agriculture veulent
financer, elles financeront 40%.
M. Ostiguy: C'est un cas que l'on voit assez
régulièrement chez les agriculteurs; par exemple, trois fils de
cultivateurs se groupent ensemble...
M. Toupin: II n'y aura pas de problème pour eux.
M. Ostiguy: Actuellement, il y en avait.
M. Toupin: C'était la formule de départ. Il y avait
des problèmes, mais c'est déjà ouvert, des prêts
pouvaient être consentis à des corporations d'exploitation
agricole et à des sociétés d'exploitation agricole et
à des emprunteurs conjoints. Il pouvait y avoir des problèmes,
mais j'espère que le projet de loi qui est là, par les autres
articles que nous verrons tout à l'heure, va les résoudre par ce
que l'on appelle l'hypothèque d'accommodement, par le bail, par la
possibilité pour l'office de prendre une partie seulement de
l'hypothèque. Il y avait aussi des problèmes fiscaux: Par
exemple, un cas qui me vient à l'esprit: ils étaient trois
frères, et pour des raisons fiscales, ils voulaient conserver leur
résidence et laisser dans la corporation leur ferme. Ce qui est
arrivé alors, nous ne pouvions pas leur consentir un prêt aussi
substantiel car nous ne pouvions pas évaluer, dans l'ensemble de
l'exploitation, les résidences, les propriétaires étant
différents.
Avec la disposition suggérée dans le projet de loi, cela
nous permettra de consentir un prêt plus substantiel, tenant compte de
ces résidences pour l'évaluation de l'entité globale et
pour fins de garantie.
Ce sont des problèmes de cette nature qui se posaient car,
actuellement, la corporation d'exploitation agricole, la société
d'exploitation agricole de même que les emprunteurs conjoints peuvent
obtenir des prêts. Comme le ministre le men- tionnait au début,
l'ouverture est faite à la coopérative d'exploitation agricole.
C'est nouveau, et à ce moment, la coopérative d'exploitation
agricole, dans le cas d'une société coopérative c'est 25
personnes, à moins, par l'autorisation du ministre, qu'il y ait un
nombre inférieur de personnes, nombre qui ne peut tout de même pas
être inférieur à 5, et dans le cas de l'association
coopérative agricole, le nombre est de 12 personnes. Ce nombre peut
être réduit à 5 personnes, à ce
moment-là.
M. Ostiguy: Comment appelez-vous cela, dans le cas de trois
agriculteurs?
M. Toupin: Cela peut être soit une société
d'exploitation agricole, une société au sens du code civil
cela est déjà prévu dans la Loi du crédit agricole
soit une corporation d'exploitation agricole qui est une
véritable compagnie, ou cela peut même être une exploitation
de groupe, qui répond à la définition de notre Loi du
crédit agricole, d'emprunteurs conjoints. En d'autres termes, ce sont
des exploitants agricoles qui s'unissent pour exploiter ensemble et dont
l'ensemble des fermes constitue une exploitation rentable. C'est, à ce
moment-là, une situation de fait que nous respectons sans
nécessairement les obliger à s'incorporer et leur faire assumer
des frais additionnels.
Si, dans les faits, ils cultivent ensemble, s'ils font la
démonstration que c'est une exploitation de groupe, à ce moment,
les prêts peuvent être consentis à ces emprunteurs
conjoints.
M. Ostiguy: On a des cas terribles.
M. Dionne: M. le Président, je termine. Supposons qu'un
père forme une corporation avec ses deux fils. Quel est le montant des
actions qui doivent être désignées à chacun d'eux?
Faut-il que les deux fils obtiennent plus d'actions que le père?
M. Toupin: Si le père est lui-même fermier... M.
Dionne: Oui.
M. Toupin: ...il peut prendre 33% et les deux fils chacun
33%.
M. Dionne: Chacun 33%. M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: Cela peut même être 40% et 20%-20%.
M. Toupin: Cela peut être 40%, 20%-20%. Cela peut
être 5% et 60%. Cela peut varier, suivant les corporations.
M. Lessard: Pour autant que ce soit 60% qui soient sous
contrôle.
M. Toupin: Qui sont sous le contrôle des exploitants.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lotbinière.
M. Massicotte: M. le Président, si on avait, par exemple,
un agriculteur qui, en plus de son exploitation agricole, possédait des
actions dans une compagnie, soit pour une industrie, ou encore qui aurait
même des maisons à revenu ou des choses comme cela, le fait
d'être propriétaire de ces actions affecte-t-il la capacité
d'emprunter? Si oui, de quelle façon?
M. Toupin: C'est toujours le problème. Etant donné
qu'il s'agit d'un crédit spécial, d'un crédit avantageux
au plan de l'intérêt, si le gars possède des
investissements pour $75,000 sur une ferme et de $150,000 sur des maisons
d'appartements ou des actions dans une entreprise, on va en tenir compte dans
son prêt. On va lui dire: Prends d'abord ton argent avant de prendre
celui de l'Etat.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a des normes, des critères pour
cela? J'ai eu la même question, il y a deux semaines. Est-ce qu'il y a
des normes, des critères? Est-ce qu'il y a un montant précis?
Est-ce que c'est en vertu de règlements ou bien si c'est l'Office du
crédit agricole qui décide?
Supposons que le gars a une propriété à
l'intérieur de son village, qu'il loue, et qu'il possède sa
propre maison sur sa ferme. Par ailleurs, le gars veut construire pour son
fermier une maison à côté. Est-ce qu'il peut profiter du
crédit agricole à ce moment? Sinon, quels sont les
critères ou les normes qui empêchent cet individu de profiter du
crédit agricole? Est-ce qu'on lui dit, par exemple: Vends ta maison au
village et, ensuite, on te prêtera de l'argent?
M. Toupin: Bien là, il faut partir du principe de base.
C'est un crédit agricole; ce n'est pas un financement d'entreprise.
C'est un crédit pour l'agriculture.
M. Lessard: Justement, ce n'est pas en vue de se construire une
maison d'appartements au village qu'il emprunte; c'est en vue de construire une
maison pour son fermier sur sa ferme.
M. Toupin: Mais, si, par exemple, vous avez une maison
d'appartements, et si cette maison rapporte $75, $80 ou $100 par semaine, si
les taux d'intérêt sont de 12% ou de 13%, que le gars a une ferme
et dit: J'emprunte du crédit agricole pour ma ferme, sur ma ferme,
$20,000, $25,000 ou $30,000, dont les premiers $15,000 sont à 2.5% et
les autres à 7% et je rembourse avec cela mon hypothèque sur la
maison, à ce moment-là, on ne finance plus une ferme, on finance
une maison d'appartements. Mais ce n'est pas l'objectif de la loi. Le but de la
loi, c'est de financer le crédit agricole. Si le gars a de l'argent, si
le gars est capable de se financer lui-même, l'objectif n'est pas de
prêter de l'argent à ceux qui en ont déjà.
L'objectif, c'est de financer des fermes incapables de se financer en vertu des
systèmes existants. C'est cela l'objectif final. Autrement, faisons
comme d'autres sociétés, ne donnons pas d'avantages
d'intérêt ni d'établissement. Prêtons comme des
banques; le rôle de l'office, ce n'est pas un rôle de banque.
Le rôle de l'office est d'aider à développer
l'agriculture qui, elle, manque de financement, c'est cela son but. Mais si le
gars n'a qu'une maison par exemple...
M. Lessard: Mais, sa maison, il a l'intention de la construire
quand même sur sa ferme.
M. Toupin: Oui, il peut la construire sur sa ferme; si son
financement présent ne lui permet pas de le faire, l'office va lui
prêter.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, j'aimerais avoir des
précisions. Par exemple, trois jeunes de 18 ou 19 ans décident de
s'acheter une ferme; ils sont sans expérience, entrent dans les normes
de la nouvelle loi, est-ce que le ministère fait une étude par
exemple sur les individus, pour savoir s'ils ont réellement la
capacité de cultiver? On a cela dans le comté; des jeunes
viennent me rencontrer et me disent: II y a une loi qui s'en vient pour
améliorer le crédit agricole. Il y a possibilité d'avoir
$100,000 à $150,000 de prêts, on pourrait cultiver 200 ou 300
acres de terre; on y va, les gars, on part à zéro. Ce sont
peut-être même des fils de cultivateurs, mais ils n'ont à
peu près pas d'expérience, si vous voulez. Ils ont fait des
études, mais ont décidé d'être libres, d'avoir une
certaine liberté, de construire des camps de bois rond, garder des
chevaux, quelque chose comme cela. Ils arrivent et ils disent: L'affaire est
bonne, cela s'en vient bien avec la loi du ministre, c'est parfait, on est
capable de se faire une structure, quelque chose de rentable à notre
façon, mais sortons le prêt avant.
M. Toupin: L'office ne consent pas des prêts sur papier
pour des programmes sur papier, l'office consent des prêts quand le gars
donne la preuve que la ferme qu'il veut financer est déjà
rentable ou est sur le point de l'être. L'office ne peut pas consentir
des prêts comme cela, autrement, vous ouvrez la porte à n'importe
quoi.
Quatre gars vont arriver un matin et vont dire: Nous autres, on veut
acheter 300 acres de terre. Bon, on se forme en corporation, on va trouver
l'office et on dit: On vient d'acheter 300 acres de terre et on a besoin de
$100,000. L'office va dire: Un instant, on va regarder d'abord.
M. Pelletier: C'est de la bonne terre quand même. Il y a
déjà des bâtisses qui existent. Ce sont des petites fermes
qui sont fermées et des gens s'en vont là pour...
M. Toupin: C'est cela, on va regarder s'il y a un cheptel, on va
regarder s'il y a de l'équipement,
etc. L'office prête quand la ferme est rentable. D'ailleurs, la
définition de l'aspirant-agriculteur est très nette
là-dedans.
M. Pelletier: Si la ferme est rentable, vous le savez seulement
après qu'elle est en exploitation.
M. Toupin: On va leur faire un projet, un programme; on va leur
prêter et, dans les conditions de prêt, on va dire: Vous allez
acheter telles choses et vous allez faire telle affaire.
Voici notre politique actuellement. En plus du projet dont nous avons
fait état et qui est étudié, bien sûr, en profondeur
pour voir si c'est réellement réaliste dans la région
proposée, etc., l'office, en plus de l'occupation principale et des
critères de base qui sont prévus dans la loi présentement,
dit ici: II convient de noter que tout requérant doit posséder
des connaissances suffisantes, une expérience valable, une
compétence administrative acceptable et doit être l'exploitant
réel de l'entreprise agricole. En d'autres termes, c'est une
pondération de facteurs.
Vous voyez par là qu'on essaie d'évaluer le bonhomme qui
demande un prêt; on tient compte également de son
expérience, de son milieu, de sa façon d'exploiter et, s'il est
dans un autre commerce, de sa possibilité de gestion, etc.
M. Pelletier: Ce qui sera défini dans la
réglementation.
M. Toupin: Oui.
M. Pelletier: Les points, les critères.
M. Toupin: Dans nos politiques, actuellement, déjà
on en tient compte.
M. Lessard: Vous en tenez compte, d'accord, mais de quelle
façon estimez-vous cela? C'est très discriminatoire dans
l'estimation possible.
M. Toupin: J'admets que ce n'est pas facile, mais, dans la
plupart des cas qui se présentent, l'individu travaille
déjà avec son père. Il a une expérience de deux,
trois ou quatre ans sur la ferme. On est en mesure, par le travail qu'il
réalise, de porter un jugement assez exhaustif sur la valeur de ce
bonhomme, dans la plupart des cas. Lorsque le bonhomme n'a aucune
expérience en agriculture, on peut voir par ses
antécédents s'il y a quand même des possibilités au
niveau de la gestion possible parce que cela ressemble beaucoup à
d'autres secteurs, à certains égards, disons par les
qualifications qui peuvent être requises.
On essaie, le plus sereinement possible, le plus judicieusement
possible, d'évaluer le bonhomme, les risques qu'il représente
pour l'office.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Lotbinière.
M. Massicotte: J'aimerais revenir au sujet dont on discutait
précédemment. En théorie, c'est un fait qu'un agriculteur
qui possède des propriétés à l'extérieur de
sa ferme proprement dite... Je me demande, par contre, s'il y a un pourcentage
à déterminer. Toute personne peut avoir des investissements, mais
il y aurait certainement une question de pourcentage. Si vous avez un
agriculteur qui a un investissement de $150,000 sur sa ferme et s'il
possède une maison de $25,000 au village, je pense que là, ce
n'est pas le revenu principal de son occupation.
Je me demande si, dans les règlements, cela peut être
prévu et de quelle façon.
M. Toupin: Actuellement, la politique relativement aux besoins se
lit comme suit: L'office doit être satisfait que le requérant ne
possède pas les ressources personnelles nécessaires pour
organiser son exploitation agricole sans aide. S'il possède des valeurs
réalisables, l'office doit en tenir compte lors de la
considération d'une demande d'emprunt. De tels cas doivent être
jugés à leur mérite. En d'autres termes, s'il a des
valeurs réalisables, même là, nous allons composer pour lui
accorder un certain délai, advenant le cas où le fait de
l'obliger à s'en départir dans l'immédiat lui fasse
assumer une perte. On va en tenir compte. On exerce cette politique avec
beaucoup de souplesse, de sorte qu'on va lui donner un délai pour s'en
départir et qu'on va en tenir compte également dans le montant du
prêt. On va dire: Si vous avez une valeur X, qui pourrait être
affectée à la réalisation de votre plan d'investissement,
on va en tenir compte et on viendra compléter l'investissement que vous
êtes vous-mêmes prêt à consentir.
C'est cette souplesse que nous apportons dans l'examen des valeurs que
peut détenir un bonhomme comme celui-là. Mais étant
donné que c'est un prêt dont les premiers $15,000, notamment,
portent intérêt à 2.5%, c'est bien sûr qu'on serait
malvenu de ne pas être prudent de ce côté, parce qu'il
pourrait très bien emprunter à 2.5% et reprêter
lui-même à 12% et à 13%, si on n'est pas diligent à
ce niveau.
Alors en fait...
M. Pelletier: ... comme ça.
M. Toupin: Oui.
Si cela est possible, on ne peut pas évidemment suivre les
prêts par la suite...
Une Voix: D'accord, il y en a quelques-uns.
M. Toupin: Si le gars a eu le taux...
Mais je pense que, dans l'ensemble, on est pas mal diligent
là-dessus. Il est assez rare qu'on ait des...
M. Massicotte: Chaque cas, en fait, sera étudié
à son mérite.
M. Toupin: Oui.
M. Massicotte: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, nous remarquons que le
ministre prône intensément le regroupement des petites fermes et
en parle souvent. Je crois que c'est un bienfait pour l'agriculture du
Québec, en vue de la rentabilité de notre agriculture. J'imagine
que dans l'esprit du législateur, inspiré par le ministre, cette
loi sur le crédit agricole accordant des bénéfices
additionnels incitera davantage les gens à se regrouper. J'aimerais que
le ministre nous entretienne un peu là-dessus, pour nous dire
jusqu'à quel point le regroupement des petites fermes peut devenir, au
Québec, un stimulant réel pour l'agriculture de notre
province.
M. Toupin: On assiste, depuis un bout de temps, à des
regroupements assez spectaculaires. Par exemple, il n'est pas rare, au
Québec, si vous faites le tour des 22,000 ou 25,000 fermes d'en voir
qui, vraiment, produisent 500, 600, 700 acres, voire même 1,000 ou 1,500
acres dans certains endroits, et plus même. Ce sont des regroupements qui
se font autour d'un seul individu. Le danger qui nous guette là-dedans,
à long terme, c'est d'assister, dans huit ou dix ans, à un
démembrement. C'est-à-dire que le gars, une fois sa
carrière terminée, va être porté à diviser sa
terre en deux ou trois pour la vendre par parcelles et ainsi démembrer
ce qu'on aura remembré huit ou dix ans auparavant.
C'est pour cela qu'on insiste beaucoup dans la loi actuelle sur les
formes collectives, c'est-à-dire le système de la corporation
où on peut mettre en commun les biens de production sans mettre en
commun nécessairement les fonds de terre. C'est pour cela qu'on insiste
sur la formule coopérative, où on peut mettre en commun des biens
de production, sans nécessairement mettre en commun les fonds de terre,
mais où les fonds de terre peuvent servir d'instrument
hypothécable pour organiser le système. Ainsi, on va probablement
s'orienter graduellement vers des propriétés conjointes, de telle
sorte qu'on n'assistera pas, au cours des années, à des
démembrements. Ces terres demeureront la propriété du
producteur membre et, à un moment donné, on pourra dissoudre
l'entreprise et la ferme demeurera quand même une entité rentable
ou tout au moins assez rentable pour faire vivre une seule famille. Si la
corporation en fait vivre trois, si on la divise, elle peut faire vivre un
individu. C'est pour cela qu'on offre ces formes, pour éviter que les
concentrations se fassent autour de 8,000, 10,000, 15,000, 20,000 ou 25,000
agriculteurs. C'est le danger.
Je discutais l'autre jour avec un groupe de producteurs agricoles qui me
disaient: Ecoutez, la loi de zonage agricole devrait donner toujours
priorité d'achat à un producteur qui est déjà en
place. C'est un peu vrai, jusqu'à un certain point. Moi, je me dis:
Spéculation pour spéculation, qu'elle se fasse à
l'extérieur de l'agriculture ou à l'intérieur de
l'agriculture, c'est toujours de la spéculation. Alors, il faut
éviter cette spéculation. Une des façons de
l'éviter est d'offrir plusieurs options, plusieurs avenues. Notamment,
les compagnies, les coopératives, les corporations puis les emprunts
conjoints viennent répondre à ces nouvelles exigences de
l'agriculture moderne pour éviter une trop grande concentration entre
les mains de trop peu de personnes et, par la suite, assister peut-être
à un démembrement.
On le sent, actuellement.
Je regardais dans la paroisse où, personnellement, je suis
né. Une ferme était à vendre. Il y a cinq ans, on pouvait
obtenir cette ferme pour à peu près $100 l'acre. Elle s'est
vendue, cette année, plus de $250 l'acre parce qu'ils étaient
cinq agriculteurs qui voulaient l'acheter. Alors, tout de suite, on sent
déjà une spéculation, quand on remembre trop vite autour
de quatre, cinq ou dix individus. Alors, il faut éviter, autant que
possible, ces concentrations.
M. Tremblay: Est-ce que...
M. Toupin: Mais c'est nécessaire qu'il y ait encore
regroupement, il n'y a pas d'erreur possible.
M. Tremblay: ... le rôle de l'Office du crédit
agricole, en plus d'être la banque, si vous voulez, des agriculteurs, au
fond, est-ce que ce droit de regard de l'Office du crédit agricole sur
le comportement des fermes, en étudiant leur rentabilité, peut
être une espèce de garantie du comportement normal de
l'agriculture au Québec?
M. Toupin: Plus ou moins, évidemment.
M. Tremblay: Est-ce qu'on regarde la ferme à
l'intérieur de l'Office, par exemple, seulement en termes de dollars ou
si, tout en protégeant les sommes d'argent qui sont
prêtées, on surveille également le comportement du fermier
ou de l'exploitation en question pour qu'elle devienne rentable et que ces
placements d'argent, faits par l'Etat, l'ensemble de la population du
Québec...
M. Toupin: Oui.
M. Tremblay: ... deviennent quelque chose de réellement
profitable pour l'ensemble de la collectivité?
M. Toupin: L'office...
M. Tremblay: Est-ce que c'est un peu l'esprit de l'Office du
crédit agricole, comme définition?
M. Toupin:... n'a pas, pour objectif, en soi, de tracer la voie
aux types d'entreprises agricoles que le Québec devrait avoir. Le
rôle de l'office est de prêter en vertu d'une loi qui est
discutée par nous, en commission parlementaire, et adoptée, par
la suite, par le gouvernement. Le rôle de cet office sera ensuite
d'appliquer cette loi.
Alors, l'office, en vertu de sa loi, même s'il y a
des dangers de regroupement trop grands, ne peut pas refuser des
prêts parce que la loi autorise à faire des prêts.
Maintenant, l'office il l'a toujours fait dans le passé,
il le fait encore maintenant et devra encore, je pense, le faire encore plus
à l'avenir indique au gouvernement, indique au ministère
quels sont, grosso modo, les dangers qui nous guettent à long ou
à court terme dans les types de prêts que nous avons. On sait fort
bien qu'en portant le prêt à $150,000 pour un individu, on donne
une plus-value à la ferme. On met plus d'argent entre les mains des
producteurs agricoles, ainsi, on risque, probablement, avec le temps, de
créer une inflation, de faire monter un peu le prix des terres. Le
crédit étant plus facile, on est porté à mettre
$2,000 ou $3,000 de plus dans une transaction...
M. Tremblay: Immobilisée.
M. Toupin: Quand on est trois qui voulons l'acheter, on est
prêt à mettre $2,000 ou $3,000 de plus. Mais l'office nous donne
des indications de temps et en temps et nous dit: Ecoutez, il y aurait
peut-être avantage pour les premiers $15,000 ou $20,000 de les laisser
à 2.5%, les autres $25,000 les laisser à 7%, mais tout ce qui
dépasse $40,000 ou $50,000 on va les mettre au taux du marché,
pour ainsi atténuer les montées inflationnistes dans le secteur
agricole.
Alors, c'est un peu comme ça que l'office agit. Il applique sa
loi et il nous indique les dangers que la loi comporte et nous indique aussi
les faiblesses de la loi pour que nous puissions l'amender et l'adapter aux
réalités modernes. Mais ce n'est pas le rôle de l'office
que de tracer la politique gouvernementale en matière de
regroupement.
M. Pelletier: Est-ce que, si vous me permettez M. le
Président, dans le même ordre d'idée...
M. Tremblay: Bien, je voudrais finir, M. le Président.
J'ai une autre question...
M. Pelletier: D'accord.
M. Tremblay: ... et le député de
Kamouraska-Témiscouata pourra y aller ensuite. Cela concerne ma
région en particulier, le comté d'Iberville, la région
d'Iberville précisément.
Il se vend un bon nombre de fermes, dans mon coin, à des
Européens, même on dit que c'est l'endroit où il y en a le
plus de concentrés, qui viennent par exemple de Suisse, des Suisses
allemands et des Allemands. Nécessairement, ce sont des agriculteurs
modèles. C'est une autre histoire à discuter. On ne la discutera
pas ici. Mais considérez-vous cela comme un bienfait? Au fond, cela
favorise d'abord l'immigration et, deuxièmement, cela nous amène
des agriculteurs qui, réellement, sont au point dans leurs techniques de
travail.
Mais il faudrait peut-être entendre le ministre nous dire que ce
n'est pas au détriment des
Québécois. Vous savez, le chauvinisme, quand on parle du
Québec, il faut toujours se reporter en termes de régions. Vous
êtes député d'un comté, vous, également, et
le comté de Champlain, c'est comme si c'était à 1,000
milles du comté d'Iberville, tant les mentalités sont
différentes, etc. C'est ça qui fait la beauté de notre
Québec.
Ma question est celle-ci: Est-ce que, M. le ministre, c'est quelque
chose que vous recommandez, même que vous souhaitez qu'il se fasse de
plus en plus?
Ou est-ce un phénomène que tout le monde accepte avec
appréhension ou, enfin, je ne sais pas, dans le domaine de
l'agriculture, dans le milieu, l'UPA, vous-même, le ministère?
M. Toupin: II y aura toujours des réactions, mais un des
objectifs du ministère, évidemment, c'est de faire produire les
sols arables au Québec. Quand il y a des terres disponibles et que des
immigrants viennent s'y installer et les exploitent, cela devient difficile
pour nous de dire non. Autrement, on risque de laisser à l'état
latent des richesses naturelles qui doivent être exploitées et
pour lesquelles il y a des marchés disponibles.
On n'a pas de politique arrêtée là-dessus. On ne dit
pas: On va refuser à telle catégorie et on va prêter
à telle autre. Au fond, on les traite sur le même pied que les
autres. On leur dit: Si vous répondez aux règlements, si vous
répondez aux normes et si vous êtes citoyen canadien, on vous
donne, à vous, les avantages qu'on donnerait à un autochtone. On
n'a pas de discrimination là-dessus, aucune.
Maintenant, il n'y a pas eu encore de mouvements sociaux contre
l'entrée de certains immigrants dans le secteur agricole. J'ai bien
l'impression que, si, à un moment donné, cela devenait une sorte
d'élément de spéculation... Très souvent, ces gens
arrivent au Canada avec de l'argent dans leurs poches; ils vont offrir $500,
$600 ou $700 de plus pour une ferme et, ainsi, favorisent la spéculation
et empêchent les autochtones de prendre l'exploitation de la ferme
à leur propre compte. Mais le problème ne s'est pas encore
posé de cette façon et, d'après les réactions du
milieu agricole, en tout cas, de celui que je connais bien, tant de la part des
syndicats locaux ou régionaux de l'UPA que des syndicats
spécialisés, je n'ai pas vu encore de résolutions, dans
les congrès régionaux, etc. Un peu comme vous, évidemment,
j'entends de temps en temps dire: II faut faire attention à ce que les
étrangers ne s'emparent pas de nos sols, etc. Mais quand on les
exploite, ces sols.
Evidemment, avec le temps, ces gens deviennent des Canadiens et des
Québécois. Ce qui est assez fantastique, c'est que la plupart des
agriculteurs qui s'implantent en milieu rural s'intègrent assez
facilement au milieu, épousent plus facilement les traditions
canadiennes-françaises et sont, très souvent, d'excellents
candidats pour devenir des authentiques Québécois.
M. Tremblay: Ils deviennent des leaders en la matière
parce qu'au syndicat de Venise, de l'UPA,
précisément, je compte certainement, de mémoire,
trois personnes, qui sont arrivées au Québec depuis dix ou quinze
ans, qui sont maintenant des officiers de leur syndicat. Ce sont des
Européens, des gars qui parlent à la française encore. Ils
sont bien respectés.
M. Toupin: Dans mon comté, il y a deux Allemands, il y a
une couple de Hongrois, je pense. C'est très bien. Ils font un excellent
boulot.
M. Tremblay: Alors, c'est souhaitable.
M. Toupin: Pour nous, jusqu'à maintenant, oui.
M. Tremblay: Personnellement, je le vois d'un très bon
oeil. J'espère que la catégorie des agriculteurs le voient aussi
d'un bon oeil, en général.
M. Toupin: Je n'ai pas de réactions de la part des
agriculteurs.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Mégantic-Compton.
M. Dionne: Pour répondre à la question du
député de Kamouraska, à savoir si un jeune est admissible
ou non, je crois que cela appartient plutôt à l'inspecteur du
comté de décider de cela, et de faire son rapport à
Québec, n'est-ce pas?
M. Toupin: C'est ce qui se fait, d'ailleurs.
M. Dionne: A propos des petites fermes, j'ai, dans mon
comté, quelques cultivateurs qui ont de petites fermes. Entre autres, je
suis allé, la semaine dernière, chez un cultivateur qui a
quatorze ou quinze vaches. La femme s'est mise à dire: Vous voyez, nous
avons élevé notre famille et, aujourd'hui, ils nous obligent
à avoir un "bolt tank", ainsi de suite et on n'est pas capable. Alors,
on met notre ferme en vente et on va aller manger nos vaches en ville! Une fois
nos vaches mangées, mon mari va recevoir de l'aide sociale. Il
dépasse 50 ans.
Ne pensez-vous pas qu'on serait mieux de tâcher de donner une
subvention quelconque à ces cultivateurs qui ne peuvent pas se grouper
ils sont dans des endroits où ils ne peuvent pas se grouper
plutôt que de les envoyer en ville vivre de l'aide sociale? Il
faudrait que le gouvernement donne une subvention de quelque manière
pour tâcher de les garder sur leur ferme.
Dans mon comté, je suis près des frontières et les
Américains viennent et ils achètent ces fermes. Ils
achètent ces fermes. Que faire pour empêcher cela?
M. Toupin: Evidemment, il y a plusieurs raisons qui
amènent un producteur agricole à quitter sa ferme. Cela peut
être une question de rentabilité, cela peut être une
question de santé, cela peut être une question de
tranquillité, etc. Il y a un tas d'éléments qui
amènent un producteur agricole à vendre sa ferme.
Si on regarde les politiques sociales, actuellement, pour le milieu
rural, je les trouve très généreuses.
Je pense que le ministère des Affaires sociales accepte,
même si une ferme est évaluée à $20,000 ou $22,000,
de verser des subventions au producteur agricole qui ne peut plus exploiter sa
ferme ou dont la ferme n'est plus rentable.
Dans le comté de Charlevoix, nous tentons une expérience
cette année. Je ne sais pas si vous avez lu toute la documentation qui
est sortie concernant le comté de Charlevoix. Nous donnons des
subventions spéciales pour faire atteindre aux petites fermes une
rentabilité minimale, c'est-à-dire un revenu comparable à
ce que le bien-être social peut verser, plus une plus-value que le type
peut trouver dans ses investissements et qu'il accumule avec les
années.
Nous devrons probablement étendre ces types de programmes
à d'autres régions du Québec, où des
problèmes similaires se posent. C'est encore peut-être un peu plus
crucial dans votre région, parce que ces fermes sont achetées
très souvent par des étrangers, notamment des Américains.
La loi que nous déposerons à l'automne sur le zonage agricole va
donner un coup de pouce, c'est bien sûr, mais nous ne réglerons
pas pour autant le problème du petit producteur; nous ne
réglerons pas le problème du type qui demeure sur une ferme non
rentable, même si nous l'obligeons à la louer ou à
l'exploiter. S'il n'est pas capable de l'exploiter à cause de son
âge, de sa santé ou d'autres éléments
incontrôlables, nous ne réglerons pas le problème de ce
type pour autant. Alors, comment le régler?
Ce que nous faisons dans Charlevoix, nous donnera un indice, à
titre expérimental, et nous verrons, dans le temps, comment nous
pourrions étendre cela dans d'autres régions du
Québec.
M. Dionne: Une dernière question. Le gouvernement ne
permet-il pas à ces cultivateurs de transporter leur lait en bidon,
encore?
M. Toupin: Oui, quand les usines veulent le ramasser. Notre
problème à nous...
M. Dionne: Quand les usines veulent le ramasser.
M. Toupin: Oui, nous n'obligeons pas les usines à le
faire, ce sont les usines elles-mêmes qui décident de ramasser en
vrac ou en bidon.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: Le ministre, par exemple, est-il conscient qu'un
prêt de $200,000 à des individus, à un groupe, cela demande
une surveillance? Prenons l'exemple de la Société de
développement industriel qui a des exigences bien
déterminées pour l'industrie, des taux d'intérêt
préférentiels, qui donne des avantages, mais exige de vrais bons
leaders, de vrais administrateurs. Vous arrivez avec un prêt de l'ordre
de $200,000. Si cela est fait
sur la même base que celle qui existe présentement à
l'Office du crédit agricole où on laisse, par exemple, un
prêt de $40,000 sur une période de 20 ans, 30 ans, ou quelque
chose du genre, ce qui arrive, c'est que cela peut être un fiasco, si
vous voulez, au niveau de la province avec des prêts assez
élevés, s'il n'y a pas de surveillance du côté
administratif. Par exemple, pour déterminer au producteur une
programmation pour le drainage, l'investissement sur les animaux, etc. Y
aura-t-il une structure déterminant, chaque année,
l'investissement qui doit se faire pour améliorer la ferme, pour que
bientôt cette ferme ait pris de la valeur advenant quelle soit vendue
à d'autres individus pour une exploitation saine? Je pense que ce point
est très important, car, auparavant, le ministère de
l'Agriculture faisait des prêts minimes, de $15,000, $30,000. Mais
là, vous arrivez sur le plan administratif, sur le plan industriel, un
peu comme cela.
Vous allez orienter le groupe d'individus qui ont un prêt d'une
valeur assez importante vers un marché pour pouvoir vendre leurs
produits, etc. tout cela se concrétise ensemble. Mais est-ce que
l'inspecteur sera réellement qualifié pour être capable
d'orienter la production, orienter le travail sur un plan administratif
rentable?
Cela est très important car on voit que même la
Société de développement industriel a des problèmes
et, quelquefois, ce n'est qu'à cause de l'administrateur. Elle a des
exigences, des endossements d'individus où le type est réellement
impliqué. Si vous arrivez dans cela, c'est tout l'ensemble. On se dit:
On s'en fout, on a $200,000 de prêt sur une période de X
années, ça va bien, on est capable de vivre 10, 12 ans, on a 38,
35 ans. Les gars se laissent plutôt aller; on voit ce que cela fait des
sociétés. Mais si vous donnez un prêt assez important, je
pense qu'il devrait y avoir des normes très sévères de
sorte qu'on puisse être sûr qu'il y a une administration saine. Les
renseignements au niveau de la vente, etc., allez-vous assez loin de ce
côté?
M. Toupin: A l'article 10 de la loi actuelle, il y a une
disposition qui permet à l'office de faire un certain contrôle de
l'administration des fermes, tout d'abord avant de consentir le prêt, et
peut-être même après que le prêt aura
été consenti. Mais, avant que le prêt soit consenti, il n'y
a pas de problème, car l'office fait une inspection et il faut que le
type prouve qu'il a besoin d'argent. Nous, on va l'obliger à faire des
investissements pour améliorer sa rentabilité. Par exemple, dans
certains cas, nous l'obligerons à faire du drainage de surface; dans
d'autres cas, à faire du drainage souterrain ou des choses comme
ça.
Nous n'avons pas encore de mécanismes pour suivre les
prêts, c'est-à-dire ce qu'on pourrait appeler suivre la
gestion.
M. Pelletier: Suivre la gestion, avoir un bilan à tous les
six mois.
M. Toupin: Nous n'avons pas encore de poli- tique
là-dessus. Maintenant, il y a actuellement un comité de
productivité. L'année dernière, quand j'ai
rencontré les producteurs agricoles et qu'ils me demandaient $5 l'heure,
je leur ai fait une contre-proposition. Je leur ai dit: Tentons, maintenant,
d'améliorer le revenu agricole par la gestion de ferme et par la
productivité. Un comité a été mis en place. Il y a
un premier document de travail qui a été porté à
mon attention, il y a à peine huit ou dix jours. Nous allons reprendre
le travail d'ici quelques semaines pour roder un peu plus ce premier document.
Un comité sera mis en place par la suite. Il sera composé de
l'Office du crédit agricole, du ministère et des producteurs
agricoles, pour compléter le système de ce qu'on a appelé
le plan global de productivité, à l'intérieur duquel se
retrouveront nécessairement des méthodes de gestion, où on
obligera, par exemple, le producteur agricole à être membre de son
syndicat de gestion. On pourra l'obliger à poser son drainage
souterrain. On pourra également l'obliger à faire appel à
des politiques de fertilisation auxquelles il n'avait pas accès,
jusqu'à maintenant, etc. C'est une politique qui se prépare, et
précisément, en vertu d'une générosité plus
grande des prêts, il est nécessaire que nous allions maintenant
plus loin dans la gestion.
M. Pelletier: Ce que je veux dire, c'est que le demandeur
à l'Office du crédit agricole doit présenter un programme
de l'administration à venir. Par la suite, l'office regarde, sur le plan
administratif, ce qui vient, avant de donner des subventions au producteur.
M. Toupin: II y a déjà un bon bout de fait,
là-dessus.
M. Pelletier: Oui.
M. Toupin: Comme je le disais tantôt, dans le domaine des
prêts et dans le domaine des subventions, notamment, l'office pose des
conditions précises. Nous allons vous donner votre subvention, mais vous
allez en faire telle chose, pour améliorer la productivité du
producteur.
M. Pelletier: Avec une surveillance assez étroite, pour
que le développement se fasse graduellement.
M. Toupin: Pour les investissements de capitaux.
M. Pelletier: Oui.
M. Toupin: Mais une fois que les capitaux sont investis, nous
n'avons pas de méthode, actuellement, véritablement
complète, de surveillance des prêts.
M. Pelletier: C'est un danger quand même.
M. Toupin: C'est là peut-être où des dangers
peuvent se poser.
M. Pelletier: II peut se poser de très grands dangers.
M. Toupin: C'est le genre de productivité qui va nous
amener là.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Nicolet-Yamaska:
M. Faucher: Merci, M. le Président. Actuellement, la
personne de 55 ans et plus peut vendre sa propriété au maximum
$20,000. Elle a le droit d'aller chercher une subvention fédérale
de $3,500 si elle vend sa propriété $20,000. Maintenant, si elle
vend sa propriété en bas de $20,000, c'est proportionnel, ce qui
veut dire qu'il faut que la propriété soit vendue pour
l'agrandissement ou l'établissement. Le provincial peut-il faire
pression auprès du fédéral pour que ce montant de $20,000
je calcule qu'il n'est pas très élevé, si la
personne est très intéressée à vendre, c'est
plutôt rare qu'on ait une propriété, aujourd'hui, de
$20,000 s oit plus élevé?
M. Toupin: C'est déjà fait, M. le
Président.
M. Faucher: C'est fait? A quel montant, à peu
près?
M. Toupin: Oui. Nous avons porté ce montant à
$30,000.
M. Faucher: Cela a été monté à
$30,000.
M. Toupin: Nous avons ajouté $10,000 et, l'an prochain, si
ce n'est pas suffisant, nous avons même proposé au comité
provincial national d'aller un peu plus loin dans sa politique, parce que le
gouvernement fédéral avait là-dessus un budget de $150
millions. Il y a à peine une dizaine de millions dépensés
actuellement. C'est un programme de cinq ou sept ans. Donc, on pourrait amender
avantageusement cette politique, pour répondre à beaucoup
d'autres besoins en plus des besoins de regroupement. On pourrait
répondre à des besoins comme ceux soulevés par le
député de Mégantic-Compton tantôt. Rien
n'empêcherait le gouvernement fédéral, en collaboration
avec les provinces, dirigé par un comité
fédéral-provincial, d'établir des programmes de
productivité, d'aide aux petites fermes, sans les agrandir, mais
d'améliorer leur productivité.
Nous avons fait des propositions dans ce sens. Il est possible que, l'an
prochain, le programme soit encore amendé. Pour le moment, ce sont
$30,000 au lieu de $20,000.
M. Faucher: Peut-il se faire un peu plus de publicité?
Plusieurs cultivateurs ne connaissent pas ce programme.
M. Toupin: II y en a un qui a été mis au point
cette année.
M. Faucher: Je pense que c'est l'agronome qui s'occupe du
régional ou du local, pour régler le problème du
cultivateur de 55 ans en montant. Merci.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: A l'article 4, peut-on parler de...
Le Président (M. Cornellier): Non, nous sommes toujours
à l'article 1.
M. Toupin: J'ai un amendement à proposer à
('article 1.
M. Tremblay: Je vous ai devancé. M. le Président,
juste un petit mot, pour enchaîner avec le député de
Témiscouata. Je m'adresse au président de l'Office du
crédit agricole qui est avec nous. Est-ce qu'il peut nous dire, lui, en
tant que président de l'office, quel est le droit de regard, le droit de
contrôle que l'office peut exercer sur chaque prêt de $100,000 et
plus qui est octroyé à un exploitant agricole? Est-ce que vous
avez réellement l'oeil ouvert à tout moment de
l'année?
M. Toupin: Actuellement, on peut dire qu'on a l'oeil ouvert, mais
on n'a pas de surveillance systématique.
M. Tremblay: Deux yeux l'année prochaine, avec la nouvelle
loi.
M. Toupin: Ce qui arrive, c'est que, à l'article 10 du
projet, vous avez une disposition qui nous habiliterait à
requérir même un programme, mais toujours au niveau de la
structure financière. En d'autres termes, ce n'est pas la gestion
agricole qui nous préoccupe, nous, autant que la gestion
financière de l'entreprise. C'est de savoir si elle est saine
financièrement. Alors, nous travaillons en étroite collaboration
avec l'agronome de la région, qui, lui, se préoccupe de gestion
agricole. Les deux hommes, en collaboration, d'un commun accord, sont en mesure
de porter un jugement et de faire une certaine surveillance. La
préoccupation fondamentale de l'office est d'abord la structure
financière, ce que nous appelons chez nous, le suivi d'un prêt.
Nous sommes à mettre au point des mécanismes pour être en
mesure, comme vous le mentionnez, de suivre de plus près la structure
financière de ces agriculteurs.
Maintenant, nous ne pourrons pas couvrir, bien sûr, tous les
agriculteurs qui empruntent de l'office, qui sont par milliers
présentement. Nous allons procéder par catégories de
prêts, en d'autres termes, des prêts de $100,000 et plus ou les
prêts de certaines régions ou des prêts reliés
à telle production agricole. Alors, nous allons commencer par cela.
C'est non seulement valable, à ce moment-là, au niveau de
l'agriculteur, mais nous sommes conscients que ce serait très valable
pour l'office également, pour calibrer notre action, pour être en
mesure de faire des recommandations sur le comportement de l'ensemble de la
structure financière de ces agriculteurs. Je pense que ce serait
très valable à ce moment.
M. Tremblay: Alors c'est l'article 10 qui va ouvrir le
deuxième oeil.
M. Toupin: Oui.
Le Président (M. Cornellier): Alors, à l'article 1,
le ministre a présenté un amendement qui doit être
inséré dans l'avant-dernière ligne du paragraphe k).
M. Toupin: L'avant-dernière ligne du paragraphe k) dit
ceci on va lire seulement une partie de l'article "les revenus de
l'ensemble de ces fermes, pourvu qu'au moins 60% de l'ensemble des
intérêts dans cette ferme soient la propriété de
plusieurs agriculteurs". Alors, on ajoute, après le mot
propriété "d'un ou plusieurs agriculteurs".
M. Lessard: Concordance.
M. Toupin: Concordance, c'est cela.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Alors l'article 1,
adopté. Article 2?
M. Lessard: A l'article 2, on nomme un régisseur de plus.
Le ministre nous a expliqué que c'était en vue justement de
créer le crédit forestier. Est-ce que le crédit forestier
comme tel va avoir son propre organisme de prêt?
M. Toupin: Je vais vous donner les explications qu'on a
là-dessus, suite aux ententes qu'on a eues avec le ministère des
Terres et Forêts. Plutôt que de créer de toutes
pièces un organisme pour consentir et suivre les prêts du secteur
forestier, on s'est entendu avec le ministère des Terres et Forêts
pour qu'il y ait un régisseur qui s'ajoute à l'office actuel,
lequel s'occuperait de façon plus spécifique du secteur
forestier. Alors, on ajouterait, au fond, un service à l'office. Il y a
le service des prêts, il y a le service juridique, etc. On ajouterait le
service des prêts aux propriétaires de boisés
privés. Les budgets additionnels, les dépenses
extra-budgétaires se retrouveraient dans le budget du ministère
des Terres et Forêts, mais le budget administratif de l'Office du
crédit forestier se retrouverait au budget de l'office. A la fin de
chaque année, le ministère de l'Agriculture présenterait
son rapport concernant les activités agricoles et le ministère
des Terres et Forêts présenterait son rapport concernant les
activités forestières, mais le responsable premier de tout le
secteur du crédit sera le président de l'office, avec ses quatre
régisseurs. C'est l'entente qu'on a eue avec le ministère des
Terres et Forêts.
M. Lessard: Autrement dit, le régisseur s'ajoute aux
quatre autres régisseurs, mais les décisions vont se prendre au
niveau des quatre.
M. Toupin: Au niveau des quatre.
M. Lessard: II faudrait peut-être que vous ayez...
M. Toupin: Un spécialiste en matière de
forêt.
M. Lessard: ... l'intention de spécialiser au moins un
régisseur dans le crédit forestier.
M. Toupin: C'est cela. M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Article 2, adopté.
Article 3.
M. Lessard: C'est le déplacement du siège
social.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
4.
M. Lessard: A l'article 4, je pense que le ministre a un
amendement à faire. En ce qui me concerne, pour les paragraphes a), b)
et c), il n'y a pas de problème. C'est au paragraphe e) que j'ai plus
particulièrement des questions à poser.
Le Président (M. Cornellier): Article 4; paragraphes a),
b), c) et d), adoptés. Article 4, e).
M. Lessard: Le ministre a un amendement, au paragraphe 1, qui
augmente le montant de $100,000 à $150,000.
M. Toupin: C'est exact.
M. Lessard: Avant de discuter de l'amendement, tout à
l'heure, on demandait si, dans cette loi, il y avait des mesures incitatives
pour amener des producteurs à se regrouper. Je constate que le ministre
a l'intention d'augmenter de $100,000 à $150,000 les prêts pour
les individus. Je constate, par ailleurs, et je le soulignais lors de mon
intervention en deuxième lecture, que dans le cas d'une corporation
d'exploitation agricole, d'une coopérative d'exploitation agricole et
d'une société d'exploitation agricole, ou d'un emprunteur
conjoint, on continue de limiter ce montant à $200,000.
La question que je pose au ministre est: Comment voulez-vous que les
agriculteurs soient intéressés à se regrouper, soit sous
forme de corporations d'exploitation agricole, soit sous forme de
coopérative ou société d'exploitation agricole, lorsque
leur prêt est limité à $200,000? On comprendra que s'il y a
trois, quatre ou cinq agriculteurs qui se regroupent et qui forment des
sociétés, ils sont limités dans leur prêt à
$200,000, alors que s'ils empruntent individuellement, ils vont avoir le droit,
mettons dans le cas de trois, à trois fois $150,000, soit $450,000. Moi,
je trouve que ce ne sont pas des mesures d'incitation et je me demande un peu,
comme l'UPA l'a déjà de-
mandé, s'il n'y aurait pas lieu d'augmenter le montant
prévu pour les fermes de groupe.
Je ne crois pas du tout que ce soit une mesure incitative. Au contraire,
cela limite passablement l'incitation au regroupement parce qu'on est
bloqué dans un maximum de prêt.
M. Toupin: Au départ, sur le principe, je pense que c'est
valable. On pourrait soutenir la même chose, d'ailleurs, pour les
prêts individuels. Il y a des producteurs agricoles qui me disent: Moi,
je ne suis pas intéressé à une coopérative, je ne
suis pas intéressé à une corporation privée et
j'aimerais avoir accès aux $200,000, individuellement, parce que je
serais intéressé, moi aussi, à m'acheter une grande ferme.
Il y a des inconvénients des deux côtés.
Il ne faut pas oublier que dans le cas d'une corporation on exige que
60% du capital proviennent de ceux qui sont les exploitants réels. Il y
a donc 40% du capital qui peuvent provenir de l'extérieur. C'est
là...
M. Lessard: Qui peuvent provenir mais qui ne proviendront pas
nécessairement.
M. Toupin: Pas nécessairement, mais qui peuvent provenir.
J'apporte toujours l'exemple suivant. J'ai quelque $50,000 ou $60,000 à
investir. Investir sur une ferme, cela m'intéresserait. Je me trouve
deux ou trois exploitants.
Ces derniers sont prêts à mettre, eux, $200,000 en vertu de
la loi actuelle et moi je suis prêt à ajouter mes $50,000. Cela
fait une possibilité de $250,000. Si on ouvre trop de ce
côté, on risque, tantôt, de se retrouver avec
l'impossibilité de prendre du capital à l'extérieur du
crédit agricole. En le faisant de cette façon on offre une
alternative à un groupe de producteurs d'investir plus de leur argent
dans le secteur agricole et même on les oblige à aller chercher
des capitaux à l'extérieur, pour un gars qui serait
intéressé à investir dans le secteur agricole. C'est un
peu la raison qui nous a amenés à le limiter à
$200,000.
Maintenant, il est possible que l'an prochain, à la suite d'une
expérience d'un an ou deux de l'application de cette section de la loi,
on soit porté à en arriver à la même conclusion.
Mais ce serait peut-être aller trop vite, actuellement, de mettre le
double. On pourrait purement et simplement dire ceci: Pour une corporation
c'est le double du prêt individuel, on pourrait faire cela, mais on
pourrait faire le raisonnement suivant, s'ils sont cinq, est-ce que c'est cinq
fois? S'ils sont huit est-ce que c'est huit fois? A ce moment, cela devient $1
millions, $1.5 millions.
M. Lessard: Vous conviendrez avec moi, M. le Président,
que la différence entre une ferme à propriétaire
individuel qui peut aller jusqu'à $150,000 en vertu de l'amendement que
va nous soumettre tout à l'heure le ministre, et comparativement au
regroupement où on impose un maximum de $200,000, je trouve quand
même qu'il n'y a certainement pas d'incitation pour les produc- teurs
à se regrouper. Les producteurs dans ces circonstances sont beaucoup
mieux de rester producteurs individuels et d'aller chercher chacun
$150,000.
M. Toupin: Cela peut être cela, on peut faire appel au
prêt conjoint. Quand ils font appel au prêt conjoint, si les deux
propriétés ont des valeurs équivalentes de $100,000 ou de
$150,000, c'est possible que les gars fassent des emprunts individuels et, une
fois les emprunts individuels faits, qu'on forme une corporation. C'est
possible que cela se produise ainsi, pour des grosses fermes, mais elles sont
peu nombreuses au Québec ces fermes, actuellement. Mais cette
disposition de la loi vient répondre à un besoin bien
spécifique de fermes moyennes où le gars ne veut pas se
fusionner. Il serait intéressé à mettre son capital avec
deux ou trois qui sont du même type que lui, et avec $200,000, on
répond très largement aux besoins de ces gens. On ne voudrait pas
non plus ouvrir le crédit à tel point qu'on va se retrouver dans
huit ou dix ans ou même avant, avec des compagnies qui pourront
posséder à elles seules 30% ou 40% des fermes.
M. Pelletier: C'est cela.
M. Toupin: II y a ces extrêmes à éviter. Moi,
j'ai hésité personnellement, quand on a parlé des
$200,000, j'avais pensé à $300,000 au double de l'individuel.
Mais j'ai analysé la question avec l'office et j'ai consulté
certains spécialistes du crédit, dans les autres provinces et
dans les autres pays. L'office a des contacts constamment. Le président
de l'office arrive de l'Allemagne, je pense, où il a eu à
rencontrer des gens là-bas et regarder comment le crédit dans ce
coin fonctionnait. Avec ces idées, on parvient à trouver des
modes de financement qui correspondent pas mal à la philosophie qu'on se
fait, nous, au Québec, actuellement, de la propriété
agricole. Parce qu'on ne voudrait pas se retrouver avec des
multipropriétaires. Il faut faire attention.
M. Lessard: Vous avez quand même le cas où cela
commence à se développer, les multifamilia-les.
M. Toupin: Oui, cela répond aux multifamiliales
très largement. Il peut y avoir trois fils de cultivateur avec cela. Je
prends le cas d'une ferme, celle du président de l'UPA, parce qu'on le
connaît un peu plus, il a peut-être 1,000 ou 1,500 acres de terre,
ses trois fils sont avec lui, mais lui, avec $200,000 demain matin il
règle son problème, il forme sa corporation.
Il va se chercher une liquidité de $200,000 pour sa corporation.
Il a déjà des biens acquis avec le temps. Lui, il sort de la
corporation. Mais sur les $200,000 que ses fils vont lui payer pour sa ferme,
si toutefois il la vend ce prix, il peut prendre $100,000 et les investir dans
sa ferme. Alors, si je mets $300,000, je me prive du capital de l'ancien
propriétaire pour entrer dans cela, voyez-vous? Mais ce sont deux
théories qui sont discutables.
M. Lessard: J'ai certaines réserves. On pourra attendre
pour voir ce qui va se passer.
M. Toupin: Ce sont des théories qui sont discutables.
M. Lessard: Moi, j'aurais trouvé un peu normal que
d'autant plus que le ministre arrive avec un amendement à $150,000
l'on puisse aller, parce qu'il y a toujours un certain contrôle de
la part de l'Office du crédit agricole, jusqu'à la
possibilité de $300,000, sans que, pour autant, par exemple, on ouvre la
possibilité que, s'il y a cinq exploitants, ce sera cinq fois
$150,000.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Nicolet-Yamaska.
M. Faucher: Je pense que, M. le Président, pour
compléter un peu la question, ce ne sera pas la majorté des gens
qui va chercher à emprunter $l50,000.Si, dans l'article, on insiste
à ne pas donner des capitaux trop élevés, on va conserver
l'industrie familiale. Si vous donnez des capitaux trop élevés,
vous allez vous ramasser avec des compagnies tout à l'heure qui vont
prendre le contrôle.
M. Pelletier: Cela est un danger.
M. Faucher: Je pense que c'est à y penser
sérieusement.
M. Toupin: Oui. Voyez-vous, la moyenne des prêts
étant de $25,000 ou de $28,000 actuellement avec $200,000, on
répond largement à trois ou quatre fermes qui veulent investir
ensemble et augmenter jusqu'à $200,000, leur capital emprunté,
évidemment, à part du capital déjà introduit dans
la ferme. Cela peut atteindre $300,000, $350,000. Encore là, il y a des
dangers de spéculation dans les corporations. Je ne voudrais pas voir,
tantôt, des compagnies, par exemple, qui vont s'entendre avec deux ou
trois agriculteurs.
M. Pelletier: II y a un danger là.
M. Toupin: Ils sont prêts à mettre $25,000 et
à aller soutirer de l'office $300,000 et financer ainsi une entreprise
à côté. Il y a toutes sortes de dangers qui nous
guettent...
M. Pelletier: II y a un danger.
M. Toupin: ... pour le moment.L'expérience actuelle, pour
moi en tout cas, m'incite à la prudence là-dessus, parce qu'on
joue avec beaucoup d'argent à ce moment-là.
M. le Président, si nous nous référons aux
statistiques de 1971, en essayant de les indexer suivant l'évolution
qu'on a connue depuis un certain nombre d'années, depuis la date de ces
statistiques-là, nous arrivons à la conclusion, comme valeur
moyenne des fermes, qu'il y aurait 1,028 fermes qui vaudraient plus de
$155,000, il y en aurait 260 qui vaudraient plus de $236,000...
M. Lessard: Une minute, si vous voulez, c'est intéressant.
1,028 fermes...
M. Toupin: ... 1,028 qui vaudaient plus de $125,000, 260 qui
vaudraient plus de $236,000 c'est la valeur moyenne indexée, la
valeur à la fois du cheptel, des animaux, de la machinerie et du fonds
de terre et au-delà de $450,000, il y en aurait 167.
M. Lessard: Au-delà de $4... M. Toupin: De
$450,000.
M. Pelletier: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir
une copie de cela?
M. Toupin: Oui.
M. Pelletier: Ce serait très important pour nous,
ça.
Le Président (M. Cornellier): Oui. Nous allons demander au
président de l'office de nous prêter sa copie. Nous allons en
faire faire des photocopies pour tous les membres de la commission.
M. Lessard: En bas de $125,000, est-ce que vous avez des
chiffres?
M. Toupin: Non. C'était précisément pour
voir jusqu'où notre recommandation devait porter, c'est là
qu'était l'impact de notre étude, en fait.
Maintenant, comme le ministre vous l'a dit tout à l'heure, le
prêt moyen se situe entre $25,000 et $28,000. La grande moyenne des
prêts, ce sont encore des prêts bien en deçà du
maximum qu'on prévoit.
M. Lessard: Dans le cas des 167, est-ce qu'il s'agit de fermes
multifamiliales? Est-ce que vous avez fait des études à ce sujet?
Ou est-ce qu'il s'agit de fermes, propriétés de compagnies?
M. Toupin: Je n'ai pas ici les statistiques relativement aux
types de fermes qui sont prévus là. On pourrait faire une
recherche dans ce sens. Personnellement, je pense que, pour une bonne
proportion, ce sont de grandes fermes de compagnies, je le crois. En tout cas,
on pourrait cerner davantage ces statistiques...
M. Lessard: II serait quand même extrêmement
intéressant qu'on puisse cerner ces statistiques parce qu'on pourrait en
arriver à une certaine analyse, à savoir jusqu'où une
ferme peut rester familiale et à quel investissement les
propriétaires de fermes familiales s'arrêtent. Je comprends, comme
le ministre le soulignait tout à l'heure, qu'il peut aussi y avoir un
danger. C'est que lorsqu'il arrive sur une grosse ferme, l'individu ou la
famille perd le contrôle de la ferme.
M. Toupin: M. le Président, j'ajouterais ceci. C'est que
l'avantage que les agriculteurs auront,
bien sûr, à se grouper, ce n'est pas pour les fins d'un
prêt. Ils ont avantage à se grouper pour une utilisation
communautaire de la machinerie, dans un grand centre, une meilleure utilisation
des bâtiments, pour éviter des désuétudes ou du
dédoublement et également pour l'économie
d'échelle. C'est là, en fait, qu'ils vont trouver leur avantage
à se grouper.
Le rôle de l'office, là-dedans, est simplement de ne pas
les pénaliser, de reconnaître une situation de fait et non pas de
mousser nécessairement ces types d'exploitation. Il s'agit en fait d'en
tenir compte et d'être en mesure de répondre à leurs
besoins. Compte tenu de ceci, c'est beaucoup plus la dimension de la ferme ou
l'envergure de la ferme qui doit déterminer le montant d'un prêt
que le nombre d'exploitants. Un propriétaire individuel pourrait avoir
trois personnes à son emploi et obtenir les mêmes résultats
du point de vue de l'envergure de l'exploitation qu'une corporation qui serait
composée, elle, de trois agriculteurs directement engagés dans
l'agriculture.
M. Lessard: Est-ce qu'au ministère, soit au crédit
agricole, on a fait certaines études de comparaison entre, par exemple,
la rentabilité d'une ferme toutes choses étant
égales de 450,000 par rapport à la rentablité d'une
ferme de 200,000 ou par rapport à la rentablité d'une ferme de
100,000?
M. Toupin: Oui. Il y a eu certaines études de faites.
Jusqu'à maintenant, on les fait surtout par l'intermédiaire des
cercles de gestion, des syndicats de gestion.
M. Lessard: Les GERA.
M. Toupin: Les GERA. On atteint, dans des cas individuels, des
seuils de rentabilité maximale. Si on prend la ferme laitière,
par exemple, pour une ferme individuelle, plus de 450,000 livres de lait, cela
commence à être moins rentable. Il semblerait que la
rentabilité se situe, pour une ferme individuelle, à peu
près vers 400,000 et, pour une ferme collective, il ne faut pas que cela
dépasse beaucoup 750,000.
Evidemment, ce sont des chiffres qui changent très rapidement,
parce que les méthodes de gestion sont améliorées à
tous les ans...
M. Lessard: Est-ce qu'il y a des rapports de faits par les GERA?
Est-ce qu'il y a eu des rapports de faits à ce sujet?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Ce serait quand même assez intéressant
si ...
M. Toupin: On est toujours encore dans l'ordre des
hypothèses.
On a beaucoup de données actuellement, d'ailleurs c'est à
même ces données que l'on est parvenu à établir des
coûts de production qui soient acceptables. Mais au chapitre de la
gestion et de la rentabilité, on a beaucoup de données qui nous
permettent d'émettre des hypothèses, de soutenir, par exemple,
que ce n'est peut-être pas plus avantageux qu'il ne le faut d'encourager
des fermes qui produisent un million de livres de lait, quoiqu'il y en a un
certain nombre de celles-là, les plus efficaces, qui s'orientent vers un
million de livres de lait.
M. Lessard: Cela veut dire 450,000 ou 500,000 livres de lait,
cela correspond à peu près à une ferme de 50 vaches
laitières.
M. Toupin: Oui, 50 vaches avec une moyenne de production de
10,500 livres, c'est quelque chose comme 75...
M. Lessard: C'est à peu près la ferme qui
correspond...
M. Toupin: Une plus grande rentabilité. Là
où on prend le maximum de ce qu'on peut sortir, si tous les
éléments sont réunis, la productivité, etc.
Le Président (M. Cornellier): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou commentaires à l'article 4?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): L'article 4 est
adopté. Article 5.
M. Toupin: Avec des amendements.
Le Président (M. Cornellier): Adopté avec les
amendements proposés.
M. Lessard: Est-ce que le ministre a lu, en fait...
M. Toupin: Au fond, il s'agit de changer dans le
paragraphe...
M. Lessard: Je voudrais simplement...
M. Toupin: ...le mot I00 par le mot I50, et de remplacer, dans la
première ligne du paragraphe I remplacé par le paragraphe h), le
mot 40 par le mot 60.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Article 5.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 5, adopté.
Article 6.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): L'article 6 est
adopté. Article 7.
M. Lessard: Concordance, 7 et 8.
Le Président (M. Cornellier): L'article 7 est
adopté. L'article 8...
M. Carpentier: Un instant, M. le Président. A l'article
20, vous avez un amendement: Remplacez cet article par les suivants: l'article
6 entre en vigueur le jour de la sanction de la présente Loi.
Le Président (M. Cornellier): Nous ne sommes pas rendu
là, nous sommes...
M. Carpentler: C'est de concordance? M. Lessard: Non.
M. Carpentler: Vous l'avez dans les amendements ici.
Le Président (M. Cornellier): A l'article 6...
M. Carpentler: On parle justement de l'article 6 dans cet
amendement à l'article 20. Qu'est-ce que c'est?
Le Président (M. Cornellier): Pourquoi l'article 6 entre
en vigueur le jour de sa sanction?
M. Toupin: C'est l'article 6 du projet de loi qui entrerait en
vigueur lors de la sanction de la loi. C'est à l'article 20 que l'on
dit: l'article 6 entrera en vigueur le jour de la sanction, et les autres
dispositions de la loi entreront en vigueur sur proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est tout simplement un article pour la mise en vigueur de la loi.
Pour bien comprendre tout le problème, divisons en deux la
section. Il y a une partie administrative de l'office. L'office,
évidemment, doit administrer tous les jours. Alors, on amende donc
l'article qui a trait à l'administration de l'office pour que l'office
continue à fonctionner dès demain matin; cette partie de la loi
entre en vigueur le jour de sa sanction. Quant aux autres articles, qui
commandent la rédaction de règlements, etc., la nouvelle loi,
cela va entrer en vigueur le jour de la proclamation, c'est-à-dire quand
les règlements seront prêts. On présume qu'ils seront
prêts vers le 15 août.
On s'organise pour que l'office puisse continuer à fonctionner
avec la loi actuelle et, un peu plus tard, quand les règlements seront
prêts, la nouvelle loi sera en application par proclamation.
M. Carpentier: Très bien. Cela répond à ma
question.
Le Président (M. Cornellier): Alors, l'article 6 demeure
adopté. Article 7, adopté. Article 8, adopté. Article
9?
M. Lessard: A l'article 9, dans l'ancienne loi, le taux
d'intérêt, dans le cas de principal ou d'intérêts non
acquittés à échéance, était de 5%, alors que
maintenant ce sera déterminé par le lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est-à-dire que cela va être déterminé par
règlement. Quel est l'objectif? Pourquoi a-t-on décidé
cela? Pour avoir plus de force pour pouvoir augmenter les prêts non
acquittés à l'échéance?
M. Toupin: Le taux de 2.5% d'intérêt est simplement
pour donner un peu plus de souplesse à l'application de la loi. Il est
possible, par exemple, qu'après une étude un peu plus approfondie
on se rende compte que les premiers $25,000 pourraient être à 5%
d'intérêt et la différence à 8%, plutôt que
les premiers $15,000 à 2.5% et la différence à 7%.Il
s'agit de donner à l'office le minimum de souplesse qui lui permettra
d'être le plus efficace possible, le moment venu, afin de ne pas
être tenu de revenir à l'Assemblée nationale pour amender
cette réglementation pour une question d'intérêt.
M. Lessard: Je ne sais pas si on se comprend bien. Il s'agit tout
simplement de l'article 16 de l'ancien projet de loi où on dit: "Tout
versement de principal ou d'intérêt non acquitté à
échéance produit lui-même, de plein droit et sans mise en
demeure, un intérêt au taux de 5% par année à
compter du jour de l'échéance."
M. Toupin: D'accord.
M. Lessard: L'article 9 de la nouvelle loi vient modifier cet
article 16 et, dorénavant, le taux d'intérêt sera
fixé par règlement lorsqu'il s'agira de versements de principal
ou d'intérêts non acquittés à
échéance.
M. Toupin: C'est cela. C'est pas mal technique.
Il s'agit ici d'une disposition qui est assujettie à la
disposition de la loi fédérale sur les intérêts.
Cette loi prévoit que le taux d'intérêt de
pénalité sur les intérêts ne peut dépasser le
taux d'intérêt sur le principal. Etant donné que la
première partie était de 2.5%, cela veut dire que dans
cette disposition, il y avait un hiatus et normalement cet article sert
très rarement, il faut l'avouer normalement c'est à 2.5%
que ce taux d'intérêt devrait être fixé. Pour avoir
plus de souplesse et une concordance avec la loi fédérale dont je
vous parlais sur les intérêts, on prévoit que cela pourrait
être fixé par règlement.
En d'autres termes, on dirait dans le règlement que la
première tranche de 2.5% des intérêts sur les
intérêts ne devrait pas dépasser 2.5%. Pour la tranche de
7%, cela ne devrait pas passer 7% et s'il y a une autre tranche, ce sera la
même chose.
M. Lessard: Autrement dit, à ce moment-là, il n'y
aurait aucune pénalité.
M. Toupin: Oui, il y aurait une pénalité, sauf que
cette pénalité aura une meilleure concordance avec la loi, si
vous voulez, répondra davantage à la loi sur les
intérêts tout simplement.
M. Lessard: Si vous dites que pour la première partie on
est dans l'obligation de respecter
les 2.5%, que pour l'autre partie on est dans l'obligation de respecter
les 7% et que, par la suite on est dans l'obligation de respecter le taux en
vigueur, alors où va être la pénalité?
M. Toupin: La loi est ainsi faite. En d'autres termes, le
maximum, c'est sur les intérêts, cela, ce n'est pas le taux
d'intérêt. Ce ne sont que les frais. Les intérêts sur
les intérêts, en vertu de cette loi, la loi concernant les
intérêts ne peuvent pas dépasser le taux original. C'est la
raison pour laquelle nous voulons l'ajuster suivant la mécanique
prévue pour la fixation du taux d'intérêt tout
simplement.
M. Lessard: Mais, en dernier ressort, cela demeure encore assez
intéressant de retarder ses paiements.
M. Toupin: C'est la loi, il faudrait changer la loi. Il y a les
frais de capital, il y a le maintien, c'est peu de chose. En d'autres termes,
à supposer qu'il y ait un coût d'assumé par l'office pour
la conservation des garanties, cette loi ne vise pas ce coût. On pourrait
exiger 5%, 7%, mais pour ce qui est de la tranche reliée strictement au
coût de l'intérêt qui n'aurait pas été
payée, l'intérêt sur l'intérêt, à ce
moment-là, suivant cette loi, nous ne devrions pas dépasser le
montant prévu pour l'intérêt, pour la tranche
concernée.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Cornellier): Article 9, adopté.
L'article 10, on en a discuté largement précédemment.
M. Pelletier: Oui, mais j'aurais une petite question à
poser à l'article 10 au président de l'office, à savoir,
par exemple, dans le cas de trois individus, si l'office va demander des
endossements personnels des trois personnes.
C'est important.
Une Voix: Sur des prêts hypothécaires. M. Toupin:
Disons que...
M. Pelletier: Mais il reste que c'est l'intérêt
marqué du producteur là. Vous n'avez que la garantie de la mise
de fonds que le gars a faite, si vous ne prenez pas de garantie personnelle. Si
le gars fait un endossement personnel sur un prêt de $200,000 il est
motivé.
M. Lessard: Mais c'est toujours celui qui a les reins les plus
forts qui paie de toute façon.
M. Pelletier: C'est très important quand même. Un
instant! Prenez, par exemple, la Société de développement
industriel ou d'autres organismes; ils font des prêts, ils demandent des
endossements personnels. C'est très important et cela peut vous amener
sur un terrain assez glissant. Pour le ministère de l'Agriculture, cela
pourrait être dangereux, très dangereux.
M. Toupin: Je pense que ce n'est pas exclu. L'article 18 de la
loi actuelle, telle qu'elle existe, nous autorise à requérir
toutes sortes de conditions accessoires. Il se lit comme suit: "L'office peut
fixer les conditions accessoires ou secondaires auxquelles les prêts sont
soumis, quant aux titres de l'emprunteur, aux actes d'obligation," etc. Il y a,
de ce côté-là, une réserve qui paraît
déjà dans la loi. Ce n'est pas exclu que nous ayons des exigences
additionnelles. Par le passé, cela ne s'imposait pas parce que nos
prêts il faut bien l'avouer sont largement garantis
à cause, précisément, des limites que prévoit la
loi, 80% ou 90% de l'évaluation faite par l'office, une première
hypothèque et un nantissement également.
Nous pouvions dire que nos prêts étaient tellement bien
garantis que le risque était relativement infime. Maintenant, c'est bien
sûr qu'avec des prêts de $150,000 et $200,000 il se peut que, dans
certains cas, le risque étant accru, surtout dans les cas auxquels nous
faisions allusion tout à l'heure, lorsqu'il était difficile
d'évaluer la personne, le requérant, il se peut que nous ayons
certaines exigences additionnelles. La loi le permettrait. Là, chaque
cas va être un cas d'espèce. C'est à la lumière de
l'expérience que nous allons cheminer dans cette voie. Disons qu'au
départ, présentement, nous sommes largement satisfaits par les
garanties que la loi requiert, telles que la première hypothèque
et le nantissement agricole.
Ce sera à déterminer, comme je vous le mentionnais, avec
l'expérience que nous allons acquérir au cours des prochains
mois.
M. Pelletier: Ce qui peut arriver c'est qu'une personne
possédant des biens, comme des immeubles, s'associe avec deux
agriculteurs, si vous voulez, et dans le but de jouer le jeu de l'impôt,
etc., le gars, à ce moment-là, n'a peut-être pas
d'intérêt aussi marqué à la rentabilité de la
ferme. C'est le premier qui a la valeur, mais il n'endosse pas le
prêt.
M. Tremblay: II le ramasse.
M. Pelletier: II ramasse l'argent. Il y a un danger de ce
côté-là.
M. Tremblay: II ramasse l'argent.
M. Pelletier: La Société de développement
industriel est très sévère de ce
côté-là. Je peux vous dire que quand ils font des
prêts de ce genre, de $300,000 ou de $400,000 avec des rabais de taux
d'intérêt, ils exigent même le bilan au départ, puis
l'étude de rentabilité, etc.
Tout cela est au dossier et je pense qu'il y a un danger là si
l'office ne prend pas ces précautions.
M. Toupin: M. le Président, nous avons les mêmes
exigences et nous allons les appliquer également au niveau de la ferme.
Nous faisons une projection de trois ans, parfois de cinq ans, pour voir
où le bonhomme va se situer à ce moment, quels sont ses revenus,
les revenus projetés, le développement de son exploitation
à la faveur du
prêt ou des subventions qui sont accordées, etc. Nous
tenons compte de cela. Vous savez, il y a une enquête qui se fait qui est
assez rigoureuse au début, avant de consentir un prêt. Vous
comparez avec la Société de développement industriel; je
ne veux pas faire de comparaison...
M. Pelletier: Non, l'idée, c'est que cela fonctionne sur
une base d'affaires et je pense que vous vous en venez sur une base d'affaires
dans l'agriculture.
M. Toupin: Oui, mais c'est également nous aussi, sur une
base d'affaires; vous pouvez être assuré de cela. Il faut qu'il y
ait rentabilité, capacité de remboursement et tous les autres
critères que les organismes d'affaires exigent.
M. Pelletier: Remarquez bien qu'on a vu dans le passé, par
exemple un type qui avait 60 acres de terre; il avait un prêt de l'Office
du crédit agricole et il achetait un tracteur de $12,000. Est-ce que
c'était rentable d'investir sur un tracteur de ferme $12,000? Je pense
que l'office aurait un rôle à jouer, à ce moment. Il aurait
été mieux d'en louer un pour la grandeur de ferme qu'il avait. Ce
sont des choses qui peuvent se produire avec des prêts de l'ordre de
$150,000.
M. Toupin: Oui, mais à ce moment...
M. Pelletier: Cela peut être rentable dans un cas comme
cela, mais je dis qu'il y a un danger.
M. Toupin: M. le Président...
M. Pelletier: II y a un danger sûrement.
M. Toupin: ... j'aimerais apporter une précision. Il se
peut qu'il ait obtenu un prêt d'une banque ou d'une caisse, en vertu de
la Loi de l'amélioration des fermes, pour aller acheter son tracteur de
$12,000.
M. Pelletier: Garanti.
M. Toupin: Oui, garanti, d'accord. C'est très difficile
pour nous d'assujettir les caisses et les banques, qui sont autonomes, à
nous soumettre avant le prêt et à nous demander notre approbation.
Evidemment, vous allez voir, par un autre projet de loi qui s'en vient et que
nous allons avoir l'occasion prochainement d'étudier, qu'il y a des
réserves qui sont apportées au niveau de ces lois. Il y a des
précisions qui sont apportées. Dans l'économie actuelle
des lois, telles qu'elles existent, nous n'avions pas ce contrôle, avant
que le prêt soit consenti, au niveau de ces investissements, de
l'équilibre entre ces investissements. Evidemment, il y a une autonomie
qui est laissée aux banques et aux caisses, et nous respections cette
autonomie.
Mais, lorsque les prêts sont consentis par l'office même,
vous pouvez être assuré que nous surveillons très
attentivement cet équilibre, cette en- vergure des divers
éléments qui constituent la nature de ces investissements, bien
sûr.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: Juste une question, M. le Président. Est-ce
que vous avez dans vos dossiers plusieurs cas de faillites proprement dites
où l'office a été obligé de reprendre la ferme et
de la revendre? Est-ce qu'il y en a beaucoup?
M. Toupin: C'est extrêmement rare, M. le Président,
à tel point que si vous voulez avoir l'envergure de nos pertes, cela se
situe à $3 et une fraction par $10,000 prêtés. C'est
pratiquement nul.
Une Voix: Bon.
M. Toupin: Ce sont des cas extrêmement rares qui se
présentent, des cas de faillites et des cas où l'office est
obligé de reprendre des fermes.
M. Pelletier: Des fermes en difficultés
financières, par exemple, combien y en a-t-il? Des fermes qui ont des
problèmes financiers, dont l'administration est plus ou moins bonne,
dont les fermiers sont endettés, les cultivateurs, combien en avez-vous?
Est-ce que vous avez des documents là-dessus? Pouvez-vous nous dire quel
est le nombre de fermiers pour qui cela va bien dans la province de
Québec?
M. Toupin: C'est-à-dire...
M. Pelletier: Parce que avec les prêts étant
à long terme, le gars étire, étire et il s'endette. Au
moment de la faillite, il en revient très peu parce que vous avez
très peu de prêts aussi...
M. Tremblay: M. le Président... M. Pelletier:
...dans l'ensemble.
Une Voix: II est tannant, ce matin, c'est effrayant!
M. Tremblay: Rappelez donc le député de Laviolette
à l'ordre, s'il vous plaît, M. le Président.
M. Toupin: Non, je ne pense pas, M. le Président...
M. Lessard: Notez que le député de Laviolette a
fait, ce matin, sa première intervention à la commission de
l'agriculture.
M. Tremblay: En 1975?
M. Lessard: Oui.
M. Tremblay: Oh! Cela a été sa
première...
M. Lessard: II faut souligner aussi que, à ma
connaissance, il est président du comité agricole du Parti
libéral.
M. Carpentier: M. le Président, je suis bien conscient des
remarques de mes collègues mais je suis conscient aussi des bons
avantages que vient nous accorder le projet de loi que nous discutons
présentement. Je crois que c'est très important,
considérant tous les arguments qui ont été apportés
ce matin.
Le Président (M. Cornelller): II nous faut constater que
le député de Laviolette a bien étudié le projet de
loi...
M. Carpentier: Beaucoup.
Le Président (M. Cornellier): ...et endosse
complètement les amendements et les modifications que l'honorable
ministre nous a servis dans ce projet de loi no 2.
Alors, est-ce que l'article 10 est adopté?
Adopté.
Article 11?
M. Carpentier: L'article 10 est adopté.
M. Lessard: Cela rejoint la même chose, M. le
Président, que l'article 10, à savoir des fins d'enquête.
D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Article 11,
adopté.
Article 12?
M. Lessard: Les articles 12, 13, 14, 15 et 16 sont de
concordance.
Le Président (M. Cornellier): Article 12, adopté. A
l'article 13, il y a des modifications, un amendement...
M. Toupin: De concordance, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): De concordance aussi, pour
changer le chiffre $100,000 par le chiffre...
M. Toupin: $150,000.
Le Président (M. Cornellier): ...$150,000.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier: Article 13, adopté.
Article 14, adopté. Article 15...
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): ...adopté. Article
16...
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): ...adopté. Article
17?
M. Lessard: Oui. Là, on ajoute en fait des personnes
compétentes en foresterie. D'accord.
M. Toupin: C'est cela, c'est exact. M. Lessard:
D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Article 17,
adopté.
Article 18?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
19?
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article 20.
Il y a un petit amendement concernant l'article 6.
M. Tremblay: A la demande du député de
Laviolette.
M. Toupin: On ajoute, M. le Président, à l'article
20, remplacer cet article par les suivants. Alors, on change l'article 20. "
L'article 6 entre en vigueur le jour de la sanction de la présente loi:
Et on ajoute un article, l'article 21, qui dit: "Sous réserve de
l'article 20, la présente loi entrera en vigueur à la date qui
sera fixée par proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil,
à l'exception des dispositions exclues par cette proclamation,
lesquelles entreront en vigueur à toute date ultérieure qui sera
fixée par la proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil."
C'est simplement pour s'ajuster aux règlements.
M. Lessard: C'est cela. En fait, si vous mettez cet article,
c'est dans le but de respecter la réglementation...
M. Toupin: La réglementation, pour ne pas... M.
Lessard:... qui n'est pas encore prête.
M. Toupin: C'est cela, et pour ne pas attendre toute la
réglementation Supposons, par exemple, que tel article de la
réglementation soit prêt avant, on le proclame et on s'en va comme
cela.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Article 20 amendé,
adopté.
Le nouvel article 21, adopté.
Le projet de loi no 2 est donc adopté.
M. Lessard: Avec amendements.
Le Président (M. Cornellier): Avec amendements.
Avant la suspension des travaux de la commission de l'agriculture, je me
permets de souligner la participation très active du président du
comité de l'agriculture du Parti libéral.
M. Tremblay: Fantastique!
Le Président (M. Cornellier): La commission suspend ses
travaux...
M. Toupin: Sine die.
Le Président (M. Cornellier):... sine die. Nous attendrons
les ordres de la Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
Reprise de la séance à 16 h 17
M. Cornellier (président de la commission de l'agriculture):
A l'ordre, messieurs! La commission de l'agriculture reprend ses travaux et
devra procéder à l'étude du projet de loi no 3, Loi
modifiant la Loi de l'amélioration des fermes.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
Projet de loi no 3
M. Toupin: M. le Président, cette loi fait partie du
programme général de financement agricole. Nous avons
commencé par le bill 2 parce que c'est la loi centrale qui offre aux
producteurs agricoles le financement à long terme. S'ajoutent, à
ces lois, des financements à court et à moyen termes qui viennent
compléter les emprunts faits à long terme. Nous avons, dans cette
loi, adapté un certain nombre de définitions que nous retrouvons
dans la Loi du crédit agricole, c'est-à-dire que nous avons
ramené à 60% la partie des intérêts devant
être détenus par des exploitants. Nous avons ouvert cette loi
également à des aspirants agriculteurs et il y a comme
particularité dans cette loi, le fait que nous portons le maximum de ces
prêts, qui sont d'ailleurs consentis par les banques et par les caisses,
à $50,000 alors qu'ils étaient de $15,000 seulement auparavant.
Deuxièmement, nous avons étendu à quinze ans plutôt
qu'à dix ans notamment deux aspects de cette loi, pour favoriser d'une
part l'achat de fermes en vertu de cette loi sur une période de quinze
ans plutôt que de dix, et d'autre part la question du drainage souterrain
qui n'est pas incluse présentement dans la loi, mais qui, à
l'aide d'un amendement, sera proposée au moment où nous
arriverons, je pense, à l'article 5. C'est un deuxième volet des
lois qui constituent le financement agricole au Québec.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: Alors, M. le Président, encore comme je
l'indiquais ce matin, nous avons eu l'occasion de préciser nos remarques
générales en ce qui concerne ce projet de loi, d'autant plus que
les projets de loi qui suivent, soit particulièrement le projet de loi
no 3 et le projet de loi no 4, sont des projets de loi de concordance,
c'est-à-dire qu'ils vont en relation avec la Loi du crédit
agricole. Alors, j'aurai quelques questions à poser au niveau des
articles.
Le Président (M. Cornellier): Alors, nous pouvons
procéder à l'article 1.
M. Lessard: A l'article 1 a), M. le Président, cela
va.
Le Président (M. Cornellier): II y a un amendement
proposé par l'honorable ministre, à l'article 1, afin
d'insérer après le mot propriété, dans
l'avant-demière ligne du paragraphe g) ajouté par le paragraphe
f), les mots "d'un ou...
M. Toupin: C'est le même amendement que nous proposons.
M. Lessard: II n'y a pas de problème, mais avant de passer
à l'article 1 g), c'est pour cela que j'avais parlé de 1 a)
adopté, ou 1 b) ou 1 c), j'avais une question au niveau de l'article 1
d), concernant les coopératives d'exploitation agricole. Est-ce que cela
veut dire qu'une coopérative, par exemple, comme la coopérative
agricole de Man-seau va être capable de se prévaloir de cet
article pour obtenir des crédits agricoles?
M. Toupin: Oui, M. le Président, si c'est une
coopérative de production. Par conséquent, elle pourra se
prévaloir de cet article et elle pourra aussi se prévaloir, si
ses membres sont à 60% des exploitants, de la Loi du crédit
agricole.
M. Lessard: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Paragraphe d),
adopté. Paragraphe e).
M. Massicotte: Puisqu'il y a un mot qui a été
mentionné, Manseau se trouve dans mon comté et je peux dire que,
comme agronome et comme député, je leur avais recommandé
de s'adresser au ministère de l'Agriculture pour profiter des programmes
existants.
M. Lessard: Je ne comprends pas quand même. On a eu
l'occasion d'en discuter. Comment se fait-il que, malgré le fait qu'on
ait écrit une lettre officielle au ministère de l'Agriculture, on
n'ait pas réussi, pour la coopérative de Manseau, à
obtenir une subvention?
M. Toupin: Je ne rouvrirai pas le dossier. J'ai donné
suffisamment d'information jusqu'ici sur ce sujet. Nous avons fait des
propositions de financement à la coopérative et nous n'avons pas
eu de retour.
M. Lessard: Alors, l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Ajouter dans le paragraphe
f) les mots "d'un ou" après le mot "propriété" dans
l'avant-dernière ligne du paragraphe g).
M. Lessard: C'est concordant avec l'amendement que vous aviez
proposé ce matin.
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: Cela va, M. le Président, pour l'article
1.
Le Président (M. Cornellier): Article 1, adopté.
Article 2.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 2, adopté.
Article 3.
M. Lessard: On a un amendement.
M. Toupin: Oui, on a un amendement à l'article 3.
Le Président (M. Cornellier): A l'article 3, l'amendement
demande de remplacer, dans la quatrième ligne du paragraphe 2 de
l'article 4 remplacé par cet article, les mots "mais à
l'exclusion de tout autre véhicule automobile" par les mots "et tout
autre véhicule automobile permis par règlement".
M. Lessard: Je ne comprends pas, M. le Président.
M. Toupin: Dans le projet de loi original...
M. Lessard: Cela s'applique à l'article... D'accord, M. le
Président. Achat ou réparation d'instruments...
M. Toupin: ... aratoires, d'outillage ou de machinerie agricole
et d'équipement de ferme, y compris un tracteur de ferme, mais à
l'exclusion de tout autre véhicule automobile.
Ce qui se produit, à la lecture de cet article, originellement,
c'est qu'il arrive très souvent qu'un producteur agricole ait besoin
d'un équipement qui n'est pas nécessairement un
véhicule-automobile, et qui n'est pas non plus nécessairement un
tracteur de ferme ou de l'équipement de ferme traditionnel. Par exemple,
un camion pour faire le transport. Il était exclu dans la
première rédaction. Dans l'amendement que nous apportons,
l'Office du crédit agricole, après discussion avec le producteur
et après identification du véhicule, pourra ajouter aux
équipements agricoles traditionnels certains équipements
additionnels qui sont nécessaires à l'exploitation de la ferme,
à l'exclusion, bien sûr, d'une automobile.
M. Lessard: C'est-à-dire qu'on remplace les mots "mais
à l'exclusion de tout autre véhicule-automobile" par les mots "
et tout autre véhicule-automobile permis par règlement". A
l'intérieur de vos règlements, je présume que vous allez
énumérer...
M. Toupin: Un certain nombre de véhicules.
M. Lessard: ... des véhicules-automobiles, selon un
certain nombre de conditions.
M. Toupin: C'est cela.
M. Ostiguy: Dans l'article 4, achat, construction ou
amélioration des bâtiments de ferme, est-ce que cela inclut l'aide
qui peut être apportée à la construction de serres, par
exemple, pour la culture maraîchère?
M. Toupin: Les serres sont couvertes par la Loi sur le
crédit agricole et par la Loi sur le nantissement agricole pour
l'amélioration des fermes.
M. Ostiguy: Lorsqu'on dit achat, construction
ou amélioration de bâtiments de ferme, cela inclut tout ce
qui peut être construit.
M. Toupin: Tout ce qui peut toucher la production primaire
agricole et la production secondaire, si on considère que l'industrie
laitière est une production secondaire, parce qu'il y a une usine de
transformation qui s'appelle une vache. Mais, pour la production primaire, tout
est couvert.
M. Ostiquy: Cela inclut aussi, j'imagine, les prod
ucteurs-maraîchers?
M. Toupin: Oui. Si vous permettez, M. le Président, si on
va à l'alinéa 4 ou au sous-paragraphe 4, on remarque que "achat,
construction ou amélioration de bâtiments de ferme", c'est
précisément pour couvrir également l'habitat agricole pour
la main-d'oeuvre. Cela s'imposait depuis un certain temps. Une question qui a
été posée par le député de Saguenay, ce
matin.
M. Massicotte: C'est une question qui a été
posée ce matin, un genre d'entrepôt
réfrigéré...
M. Toupin: Tout ce qui touche l'exploitation de la ferme.
M. Ostiguy: Est-ce que cela inclut la maison du
propriétaire?
M. Toupin: Oui, et aussi la maison de l'employé de la
ferme. On va leur faire attention. S'il devient un aspirant-producteur, selon
la loi et, par la suite, producteur professionnel à temps plein, il
aurait accès aux mêmes avantages.
M. Tremblay: II faut évoluer.
M. Lessard: Est-ce que, par exemple... C'est cela, c'est que, par
la norme d'aspirant-agriculteur, en autant qu'il se classe à
l'intérieur de 21 ans-40 ans, il peut y avoir accès, mais dans
des délais prescrits.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Dans ces circonstances, on va naturellement tenir
compte de ses revenus extérieurs aussi.
M. Toupin: Aussi, comme dans les autres cas.
M. Ostiguy: Un agriculteur qui avant que ces lois, les 2,
3 et 4 ne soient sanctionnées travaille à
l'extérieur. Sa maison passe au feu pour une raison, il a
déjà un prêt agricole, mais il veut effectivement ravoir un
prêt de l'Office du crédit agricole pour reconstruire sa maison,
même s'il travaille à l'extérieur. Est-ce qu'il va
être éligible maintenant? Il ne l'était pas auparavant.
M. Toupin: Vous dites un gars qui a obtenu un prêt...
M. Lessard: II a déjà un prêt agricole.
M. Ostiguy: II a déjà un prêt agricole et il
travaille à l'extérieur.
M. Toupin: II travaille à l'extérieur. Quand il a
eu son prêt, il ne travaillait pas à l'extérieur...
M. Ostiguy: II ne travaillait pas à
l'extérieur.
M. Toupin: Et il est obligé de se bâtir une maison.
Ce sont ces cas que l'office doit analyser les uns après les autres et
voir à ce qu'il n'y ait pas de discrimination à l'égard de
quiconque.
M. Ostiguy: II n'y a pas longtemps, j'ai eu un cas et je sais que
l'office n'a pu accepter sa demande de prêt.
M. Toupin: C'est parce qu'il travaillait à
l'extérieur. A ce moment, il faut qu'il corresponde, toujours, lorsqu'il
s'adresse à l'office pour obtenir un prêt, à la
définition d'agriculteur qui correspond à la définition
d'occupation principale des règlements. Maintenant, s'il est dans la
catégorie des gens de 18 à 40 ans, à ce moment, cela ne
créera pas de problème. On pourra le considérer comme un
aspirant agriculteur. S'il a dépassé 40 ans, à ce moment,
il ne se qualifie peut-être plus pour répondre à la
définition d'occupation principale.
M. Ostiguy: Justement, sur cette affaire de 40 ans, vous ne
pensez pas que c'est un plafond d'âge qui est peut-être un peu trop
bas. A 40 ans, quand même, un type qui veut s'établir sur une
ferme, on dit: à 40 ans, il est en pleine croissance physique, il est en
pleine forme, il peut cultiver.
Une Voix: II commence à 40 ans.
M. Ostiguy: II commence à 40 ans, oui. Je me demande si le
plafond de l'âge n'est pas trop bas à 40 ans.
M. Toupin: En croissance physique, peut-être pas, mais en
pleine croissance mentale...
M. Ostiguy: Vous le savez fort bien vous-même, M. le
ministre. Depuis que vous avez 40 ans, vous êtes meilleur que quand vous
aviez 38 ans.
M. Toupin: Oui, là-dessus, vous avez raison.
M. Ostiguy: Ce qui se prouverait d'ailleurs. Regardez les lois
que vous nous apportez depuis que vous avez 40 ans.
M. Toupin: Evidemment, il ne faut pas oublier que cette
loi...
M. Ostiguy: Le député de Saguenay aussi a 40
ans.
M. Lessard: 36 ans. 39 ans et demi.
M. Toupin: Cette disposition d'aspirant agriculteur correspond
à l'établissement. A l'établissement, on met la norme de
18 à 40 ans. On présume que les aspirants agriculteurs seront de
nouveaux exploitants, c'est-à-dire de nouveaux établissements.
C'est pour cela qu'on a mis le plafond à 40 ans.
M. Ostiguy: Oui, mais M. le ministre, actuellement l'âge
moyen des agriculteurs, je pense que cela a déjà
été donné, vous avez sûrement cela dans vos
statistiques...
M. Toupin: Environ 50 ans, cela a diminué d'un an ou
deux...
M. Ostiguy: Bon, cela se situe aux environs de 50 ans, n'est-ce
pas, la moyenne d'âge des agriculteurs? Cela veut dire que les pauvres
gars qui ont dépassé 40 ans, comme le cas que je vous mentionnais
tout à l'heure, ne peuvent plus se qualifier pour avoir un prêt.
Parce que sa maison a passé au feu et qu'il a définitivement
dépassé 40 ans il doit avoir 42 ou 43 ans il ne
peut plus être considéré comme aspirant agriculteur.
M. Toupin: II ne faudrait plus parler, alors, dans nos
lois...
M. Ostiguy: Je trouve que le plafond de l'âge à 40
ans, c'est trop bas. Cela pourrait être augmenté.
M. Toupin: A ce moment, il faudrait changer toute notre notion
d'établissement.
M. Ostiguy: Pas nécessairement. Cela pourrait être
45 ans.
M. Toupin: Oui, c'est cela. Il faudrait changer notre notion. Si
on l'a mis à 40 ans, c'est parce qu'on présume que le gars, il
lui reste encore combien? 30 ans de vie active au maximum, jusqu'à 70
ans. S'il fait un prêt au crédit agricole de 39 ans et demi, il a
le temps qu'il lui faut pour rembourser.
M. Ostiguy: Le prêt est de combien d'années,
avez-vous dit, M. le ministre?
M. Toupin: C'est de 39 ans.
M. Ostiguy: Oui, mais à ce moment, si l'âge
était changé, au lieu de 40 ans, si c'était 45 ans, vous
pourriez dire: On va plafonner l'échéancier de son prêt
à 29 ans, au lieu de le mettre à 39 ans.
M. Toupin: A ce moment, cela prendrait toute une autre
disposition par strate d'âges.
M. Ostiguy: Oui, je comprends, mais il reste quand même, M.
le ministre, qu'à 40 ans, nos agriculteurs sont de bons agriculteurs
dans la force de l'âge. Selon les lois qu'on adopte aujourd'hui, les gars
de 40 ans et plus ne sont pas favorisés. Il y en a beaucoup.
M. Toupin: II demeure une chose, M. le Président, c'est
qu'on parle d'établissement. Dans l'esprit du législateur, on a
voulu inciter. C'est un incitatif, ce n'est pas une discrimination par rapport
à d'autres. C'est un incitatif pour une certaine catégorie
d'agriculteurs qui devraient normalement s'établir. Cela n'empêche
pas les autres de s'établir à un autre âge, mais ils ne
bénéficient pas d'un incitatif spécifique relativement
à leur établissement.
M. Ostiquy: Je souris, M. le Président, parce que le
président de l'Office du crédit agricole dit: Dans l'esprit du
législateur. Mais dans l'esprit du législateur, ce n'est pas 40
ans, c'est 45 ans. Regardez tous les membres de la commission, ici, et je suis
convaincu...
M. Toupin: Non, mais on parle du passé.
M. Ostiguy: Oui. Mais dans l'esprit du législateur
aujourd'hui, je suis convaincu que si on demandait à tous nos
collègues, ils opteraient plutôt pour 45 ans, parce que je
prétends qu'on est trop bas là-dessus, à 40 ans.
M. Toupin: II faudrait opter aussi, M. le Président, pour
50 ans, parce que quand on arrive dans l'activité agricole, c'est une
activité libre et il est difficile d'arrêter un âge. On est
obligé d'être discriminatoire. Si on allonge l'âge pour
essayer de rejoindre les 40 à 45, il n'y a rien qui nous empêche,
en principe et même pas en argumentation de prolonger de 45 à 50,
et rendu à 50, autant dire: Tous ceux qui s'établiront sur des
fermes dans l'avenir, comme aspirant agriculteurs ou comme agriculteurs,
pourront avoir accès aux politiques d'établissement.
C'est une loi plutôt qu'un établissement. Il ne faut pas
oublier que dans la Loi du crédit agricole, quel que soit l'âge,
vous avez accès au crédit agricole.
M. Massicotte: M. le Président...
M. Toupin: Mais il y a des...
M. Tremblay: Vous avez accès à...?
M. Lessard: Pas comme aspirants agriculteurs...
M. Toupin: Cela s'applique seulement comme aspirant
agriculteur.
M. Lessard: Autrement dit, quand il aura 39 ans et demi, il
faudra qu'il se dépêche.
M. Ostiguy: Je comprends, mais les cas que je mentionnais tout
à l'heure se multiplient dans toute la province de Québec, le cas
d'un "type qui passe au feu"...
M. Tremblay: Le retour à la terre, etc.
M. Ostiguy: Le gars a plus de 40 ans, il a 45 ans. Alors, il n'a
pas le droit d'avoir un prêt.
M. Toupin: C'est-à-dire que votre bonhomme... M.
Lessard: II reste avec...
M. Toupin: ... normalement, travaille à
l'extérieur. Ces individus ne sont plus considérés comme
des agriculteurs professionnels. Normalement, voici ce que nous faisons, nous
réduisons son prêt ou nous demandons des versements additionnels.
Nous en réduisons la durée ou nous demandons des versements
additionnels et précisément parce qu'ils ne répondent plus
à la définition de l'agriculteur professionnel. Alors, vous
voudriez que, par la disposition nouvelle de l'aspirant agriculteur, on rende
admissibles ces bon-hommes qui, en fait, font défaut de
répondre...
M. Ostiguy: Non, M. le Président. Je m'excuse. Ce bonhomme
dont on parle a fait sa demande de prêt lorsqu'il était
considéré comme un aspirant agriculteur. Cela n'existait pas,
mais cela existe. Il a fait son prêt à l'âge de 30 ans,
peut-être. Alors, aujourd'hui, parce qu'il aura 42 ans et qu'une
épreuve lui arrive, il ne peut plus revenir, il ne peut plus avoir de
l'aide de l'Office du crédit agricole. Il travaillait à
l'extérieur auparavant et il a continué parce qu'il a voulu
améliorer sa ferme continuellement.
M. Toupin: Je prends toujours le cas de l'aspirant agriculteur.
Il ne faut pas se mêler. Un aspirant agriculteur, pour nous, c'est un
établissement. C'est un nouvel agriculteur qui arrive sur le
marché.
Le gars a 35 ans, il travaille à la Domtar, à
Trois-Rivières, gagne $10,500 par année et il décide
d'acheter la ferme de son frère qui est située à
Saint-Narcisse. En vertu de l'ancienne loi, on ne pouvait pas lui prêter.
Il vient nous trouver. Il dit: La terre vaut $25,000. On lui prête
$25,000 au taux courant du marché. En 1977, ce bonhomme décide de
laisser son emploi à la Domtar et de devenir producteur permanent. On
lui donne à ce moment les avantages du crédit agricole, quel que
soit son âge, 42 ans, 48 ans, 50 ans, peu importe. On va lui donner ses 2
1/2% d'intérêt. S'il avait moins de 40 ans, au moment où on
lui a consenti son prêt et même s'il a passé 40 ans
lorsqu'il décidera de devenir producteur permanent, il aura droit
à ses subventions d'établissement, si j'ai bien compris l'esprit
de la loi.
Ce qui est important est qu'il fasse sa demande de prêt avant 40
ans parce qu'il se situe dans le groupe des établissements
agricoles.
Supposons qu'il reste à la Domtar, qu'il ne revient pas sur sa
ferme, l'Office du crédit agricole va lui poser les conditions
suivantes: On t'a donné quatre ans pour penser à ton affaire. On
t'a prêté pour 39 ans au taux courant du marché, 9 3/4% ou
10%, et tu ne réponds pas aux exigences qu'on a posées au
départ.
L'office pourra lui dire: Tu vas nous rembourser, non pas dans 39 1/2
ans, mais dans 20 ans. On va doubler tes paiements. C'est cela, le
problème de l'aspirant agriculteur. Cela vaut égale- ment pour
l'autre, pour celui qui n'est pas aspirant agriculteur. C'est pour cela
qu'à mon point de vue le fédéral met 35 ans
lorsqu'on met 40 ans, nous ne sommes pas discriminatoires parce que les
subventions qu'on verse jusqu'à maintenant à ceux qui
s'établissent, à ceux qui commencent, se situent pas mal en
deça de 40 ans et ce sont des cas assez exceptionnels que de donner des
subventions à rétablissement des gars de 40 ans. On va retrouver
cela chez le gars qui reste avec le père et le père a pris bien
du temps à se décider à lui vendre sa ferme. Il a
décidé de la lui vendre avant 40 ans; mais c'est exceptionnel. La
plupart du temps, les jeunes qui achètent des fermes commencent plus
jeunes que cela. Cela se fait entre 28 et 35 ans.
M. Ostiguy: Sauf qu'il y a eu un temps où, à 50
ans, on était déjà une personne âgée et je
pense qu'en 1975, à 50 ans, avec tout le conditionnement physique qu'il
y a, notre système de vie, on est encore jeune à 40 ans et on est
encore jeune à 50 ans. C'est pour cela que je posais la question.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lotbinière a demandé la parole depuis un bon bout de temps sur le
même sujet.
M. Massicotte: Comme on aime respecter votre autorité, M.
le Président, je me soumets à votre compétence. J'aimerais
souligner un fait. Si on dit un chiffre, que ce soit 35, 40 ou 50, c'est quasi
arbitraire en fait et, comme M. le ministre vient de le souligner, si vous avez
des personnes, pour des raisons personnelles, qui veulent s'établir
à un âge assez avancé, est-ce qu'on ne pourrait pas prendre
comme critère... Comme on dit au Canada et au Québec: La moyenne
d'âge et d'espérance de vie canadienne est de 68 ans pour un
homme, et si le prêt s'applique pour une période maximale de 15
ans, est-ce qu'on ne pourrait pas prendre 68 ans moins 15 et dire: Cet
âge-là, ou même ne pas spécifier d'âge. Quand
on spécifie un âge, on se limite à une certaine chose et,
comme vous dites, ce seraient simplement des cas spécifiques qui vont
s'appliquer dans ces cas et ils sont minimes.
M. Toupin: Vous allez nous créer un tas de
problèmes avec cela. Si on s'oriente de ce côté, il y a des
gens qui, à 55 ans, vont prendre leur retraite, vont
bénéficier d'un prêt et vont bénéficier des
avantages du crédit agricole, des subventions de $3,000 à $5,000
et, avec les corporations, il n'y a rien qui les empêche de se mettre
avec un de leurs collègues et de faire la même chose.
M. Lessard: Même un député pourra profiter de
cela.
M. Toupin: On va se diriger vers une ouverture trop large des
avantages qu'offre le crédit agricole, à mon point de vue. Parce
que jusqu'à maintenant, on n'a pas eu, de la part des agriculteurs, de
pression de ce côté-là.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, le cas que mon
collègue de Verchères a souligné tout à l'heure
m'intrigue pas mal. Est-ce que c'est un cas qui devrait réellement
être étudié au mérite par le président de
l'office?
M. Ostiguy: Non, ce sont des cas...
M. Tremblay: Mais s'il a 43 ans, c'est un homme tout jeune, tout
vert. Ce n'est pas vous toujours?
M. Ostiguy: Non, ce n'est pas moi. Je n'ai pas de ferme, M. le
Président.
M. Tremblay: Je trouve cela un peu discriminatoire, qu'à
un moment donné, un citoyen du Québec désire se
prévaloir de certains avantages, et n'y ait pas droit. Le seul
critère qui l'empêche d'obtenir ces avantages du gouvernement,
c'est son âge, je n'accepte pas cela, M. le ministre,
respectueusement.
M. Toupin: Mais, vous avez la même chose dans la Loi sur
l'habitation.
M. Tremblay: Je ne respecte pas cela non plus.
M. Toupin: Vous avez la même chose dans un tas de lois au
Québec.
M. Tremblay: Je suis plus démocrate que les
législateurs.
M. Toupin: Ce sont des lois incitatives.
M. Tremblay: On devrait avoir une porte ouverte finalement qui
reposerait sur les bons offices du président.
M. Toupin: A ce moment, vous devenez vraiment discriminatoire.
Vous demandez à un président d'office d'interpréter...
M. Lessard: La loi.
M. Toupin: ... une mentalité de l'Assemblée
nationale.
M. Tremblay: Ou le ministre.
M. Toupin: Je ne sais vraiment pas, même là on a
encore déjà assez de problèmes quand il s'agit par exemple
de décider de petits éléments.
M. Tremblay: Au nom de l'agriculture du Québec.
M. Lessard: Pas au nom du patronage.
M. Tremblay: II n'y a rien qu'on ne pourrait pas faire.
M. Toupin: Je ne pense pas, M. le Président, qu'on puisse
vraiment répondre à un besoin fondamental de l'agriculture
québécoise en changeant le chiffre 40 par 45.
M. Tremblay: Vous nous faites vieillir avant notre temps.
M. Toupin: Remarquez bien que ce n'est pas une évaluation
de l'âge, des capacités de l'individu...
M. Tremblay: Moi qui avait encore des espoirs, je n'en ai
plus.
M. Toupin: C'est le principe de l'établissement.
M. Lessard: M. le Président, j'aimerais quand même
poser une question au ministre qui peut être assez badine, mais à
un moment donné, j'aimerais avoir une réponse. Admettons qu'un
député ait actuellement 45 ans et prévoie des
élections, ce sont toujours des hypothèses, d'ici 1978. Il y a
donc encore une période de trois ans. Est-ce que le député
qui est assuré d'une pension, si c'est le cas, pourrait se
prévaloir de la loi comme aspirant agriculteur?
M. Toupin: II s'agirait de savoir si le député
demeure député et où est son temps plein. Est-ce que c'est
un député à temps plein ou est-ce un producteur à
temps plein?
M. Lessard: En vertu de la loi...
M. Toupin: Rien dans la loi n'empêche cela.
M. Pelletier: II n'y a rien dans la loi, parce qu'en fait, c'est
à temps partiel.
M. Lessard: Non, mais si rien dans la loi n'empêche
cela...
M. Lessard: Non, ce n'est pas cela, il faudrait quand même
revenir à la notion d'aspirant agriculteur. Toute personne physique d'au
moins 18 ans et d'au plus 40 ans, propriétaire ou locataire d'une ferme,
qui s'adonne à l'agriculture sans en faire sa principale occupation,
s'engage à en faire sa principale occupation dans des délais et
suivant les conditions fixées par règlement. C'est certain que,
pendant la période d'un maximum de cinq ans, ce ne sera pas sa
principale occupation, mais il peut dire par exemple, que, dans cinq ans, d'ici
les prochaines élections, il prévoit se retirer. "Donc, comme
j'ai déjà une pension, cela ne me prend pas un salaire
énorme pour vivre en vertu de cette loi, je peux donc me qualifier comme
aspirant agriculteur."
M. Toupin: II n'y a rien dans la loi qui l'en empêche, sauf
dans la loi qui a trait à l'éthique des
députés.
M. Tremblay: Mais s'il n'a pas dépassé 40
ans...
M. Lessard: C'est cela. Il y a le code d'éthique. Est-ce
qu'il n'y aurait pas risque de conflit d'intérêts?
M. Toupin: Le code d'éthique fait exclusion des
agriculteurs. Ce sont des propriétaires de ferme. Il fait exclusion de
cela. Si on ne faisait pas exclusion de cela, cela voudrait dire que M. Dionne
et tous ceux qui possèdent une ferme devraient s'en départir au
moment où ils entrent en politique. Je ne pense pas qu'il y ait de
conflit d'intérêts entre être propriétaire d'une
ferme et siéger à l'Assemblée nationale.
Le seul conflit qu'il peut y avoir, non pas un conflit, mais la seule
chose qui peut exister, c'est si l'Etat peut, au niveau d'un des membres du
Parlement, donner des avantages que l'Etat donne à ceux qui ne sont pas
membres.
M. Lessard: Cela rejoint un peu la préoccupation de fixer
par exemple un âge de 40 ans. Je prenais l'exemple du
député. Mais je prends l'exemple du fonctionnaire qui
prévoit prendre sa retraite si on ne fixe pas de normes
même un ministre de l'agriculture, même le président de
l'office...
M. Tremblay: II n'est pas intéressé.
M. Lessard: Si cet individu prévoit prendre sa pension
dans cinq ans, il peut, à ce moment-là, s'il n'y a pas une nonne,
une loi, se qualifier comme aspirant agriculteur, obtenir un crédit qui
est assez facile à avoir de la part du gouvernement et, ensuite, devenir
agriculteur à temps plein, quitte à être un agriculteur
bien secondaire, parce que, pour lui, cela va être
particulièrement un revenu d'appoint, étant donné la
retraite qu'il obtient parce qu'il a été fonctionnaire ou
député.
M. Toupin: Dans le code d'éthique, si ma mémoire
est fidèle vous l'avez tous lu je pense que le fermier, la
ferme est exclue, le propriétaire de ferme est exclu, s'il est
exploitant agricole. Donc, il pourrait se prévaloir de cette loi.
M. Tremblay: A moins que l'exploitant agricole soit un
ministre.
M. Toupin: Aspirant. Il n'a pas le droit d'acheter une ferme et
de l'exploiter. Moi, j'aurais droit demain matin de m'acheter une ferme et de
l'exploiter et si j'ai besoin de crédit agricole...
M. Tremblay: Comme député.
M. Toupin: II s'agirait de savoir si, en tant que ministre de
l'Agriculture, ce serait une bonne chose pour moi d'aller fouiller dans les
affaires de l'Office.
M. Tremblay: Je ne pense pas, non.
M. Toupin: Je ne prendrais pas de chance, dans le climat
actuel.
M. Tremblay: Vous auriez des amis pour vous rappeler à
l'ordre.
M. Lessard: Mais si un député de l'Assemblée
nationale a la possibilité de se prévaloir d'un crédit qui
est voté par l'Assemblée nationale, je trouve quand même
qu'il peut y avoir un certain conflit d'intérêts.
Moi, je me dis que cette loi m'apparaît satisfaisante,
m'apparaît bonne, parce que je pourrais l'utiliser plus tard.
M. Toupin: Vous présumez qu'un député pense
à son avenir, c'est tout à fait normal. Dans le cadre de son
avenir, s'il voit dans les lois gouvernementales des moyens d'assurer un
minimum de sécurité à ses aspirations, rien ne
l'empêche de le penser, tout au moins. Jusque-là, il n'est pas en
conflit d'intérêts.
En bas de 40 ans il est censé, en principe, en avoir le droit. Il
n'y a rien dans la loi qui empêche cela.
M. Tremblay: Pour autant qu'il sera en bas de 40 ans...
M. Ostiguy: En tant que député, si j'avais à
m'acheter une ferme demain matin, je me prévaudrais du crédit
agricole.
M. Tremblay: De la loi de la Société du
crédit agricole, et non pas de l'Office du crédit agricole. Il y
a quand même une différence entre les deux.
M. Toupin: C'est un avantage.
M. Ostiguy: Aussi bien que le député
fédéral peut emprunter de l'Office du crédit agricole, le
député provincial peut emprunter de la Société du
crédit agricole.
M. Lessard: II y a une interrogation que je me pose et
j'arrête là la discussion, je me demande si, à un moment
donné, pendant que le député occupe une fonction
législative, il aurait normalement le droit ou s'il devrait avoir le
droit de se prévaloir des avantages d'une loi?
Il reste qu'il faut quand même dire que je ne verrais pas pourquoi
un député ne se prévaudrait pas des allocations
familiales. Il a quand même voté la loi, il a des enfants, il
entre dans les critères prévus par la loi.
M. Massicotte: Je ne verrais pas de conflit
d'intérêts. Si une personne aime l'agriculture et veut se lancer
dans l'agriculture, ce n'est pas pire qu'un gars qui va faire financer son auto
ou autre chose. Les lois sont pourtant acceptées par le Parlement.
Cela dépend d'une question d'éthique professionnelle, si
la personne ne veut pas passer par le provincial, il y a quand même le
fédéral. Cela s'applique aussi aux séparatistes. Je pense
que, de ce côté, ce sont des moyens.
M. Lessard: Qu'est-ce qu'un séparatiste?
M. Massicotte: On devrait quand même utiliser les lois qui
sont votées. C'est fait pour tout le monde. Que le gars soit
député ou qu'il soit citoyen, on est tous comme cela.
M. Lessard: Qu'est-ce qu'un séparatiste?
M. Ostiguy:...
M. Massicotte: D'accord.
M. Lessard: D'accord. M. le Président, étant
donné qu'on a utilisé un terme antiparlementaire vis-à-vis
du député de Saguenay, j'aimerais qu'on me précise ce que
c'est qu'un séparatiste.
Le Président (M. Cornellier): Un instant! Les
règlements de la Chambre ne prévoient pas que le mot
"séparatiste" soit antiparlementaire.
M. Massicotte: Si vous en avez honte, c'est peut-être
cela.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 3, adopté.
Article 4.
M. Lessard: On l'avait adopté, M. le Président.
M. Toupin: On avait adopté l'article 4, je pense.
M. Lessard: Nous étions à l'article 5.
Le Président (M. Cornellier): A l'article 5, il y a un
amendement qui est proposé par l'honorable ministre afin
d'insérer, dans la troisième ligne de l'article 6, après
le mot "additionnelle", les mots "ou pour amélioration au fonds de terre
au moyen de drainage souterrain".
M. Lessard: Je pense que cela entre, M. le Président, dans
l'investissement nécessaire pour une ferme.
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: C'est bien heureux qu'on ait envisagé cette
modification.
M. Toupin: C'est un amendement qui a été
demandé déjà depuis quelques années par les
producteurs agricoles. On attendait des amendements généraux aux
lois. Cette année, on profite de l'occasion pour l'insérer dans
cette loi.
Le Président (M. Cornellier): L'article 5, tel que
modifié, est adopté.
M. Ostiguy: Par cet amendement, le ministre de l'Agriculture aide
davantage à promouvoir le drainage souterrain, puisqu'il a
augmenté la subvention à $0.20. En leur permettant du
crédit, cela veut dire que les agriculteurs du Québec vont
être intéressés à faire de plus en plus de drainage
souterrain, ce qui est une excellente chose.
M. Toupin: C'est cela, pour une période de quinze ans.
Le Président (M. Cornellier): Article 6. M. Lessard:
Une minute! Cela va.
Le Président (M. Cornellier): Article 6, adopté.
Article 7? Article 7, adopté. Article 8?
M. Toupin: C'est une concordance à l'article 8.
Le Président (M. Cornellier): Une concordance.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Cornellier): Article 8, adopté.
Article 9?
M. Lessard: C'est abrogé.
Le Président (M. Cornellier): Article 9, adopté.
Article 10?
M. Toupin: C'est une disposition technique, à l'article
10, qui va faciliter l'administration de l'office et va rendre plus claires les
dispositions de la loi vis-à-vis de l'emprunteur.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 10, adopté.
Article 11.
M. Toupin: L'article 11 prévoit un droit d'enquête
ou d'inspection de la part du prêteur...
Le Président (M. Cornellier): Comme dans la loi
précédente.
M. Lessard: On l'a déjà adopté, au
crédit agricole.
Le Président (M. Cornellier): Article 11, adopté.
Article 12?
M. Toupin: C'est de concordance, évidemment, avec les
lois. Seules ies dépenses admises par règlement relatives aux
pertes de capital et d'intérêts pourront être incluses dans
des montants remboursables par le gouvernement.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 12, adopté.
Article 13.
M. Lessard: A l'article 13, je pense que la réglementation
du lieutenant-gouverneur en conseil pourra être très importante
ici, puisqu'on dit: Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut en fait, on modifie
l'article 18 de l'ancienne loi et on dit définir par
règlement les expressions "principales occupations", "activités
principales", "culture du sol", et "élevage d'animaux de ferme"
employées dans l'article 2. Est-ce que ces expressions dans le
crédit agricole n'ont pas été définies? Est-ce
qu'on n'avait pas cette définition au niveau de la Loi sur le
crédit agricole?
M. Toupin: M. le Président, l'article en question est un
article qui est plutôt technique dans le sens suivant, c'est que nous
avions un article qui était une disposition omnibus, qui
prévoyait un pouvoir de réglementation, mais sans
préciser, sans se référer à un article
spécifique en vertu duquel la réglementation était
conçue. En procédant à un réaménagement de
cette loi, il a été suggéré de préciser
chacun des articles auxquels on se réfère pour concevoir la
réglementation. C'est une précision. En fait, c'est plutôt
technique qu'autre chose. Ce qui existe dans les règlements
actuellement, l'était en vertu d'une disposition omnibus, alors qu'en
vertu des amendements, ces dispositions le seraient spécifiquement en
référence à chacun des articles visés.
M. Lessard: Je ne sais pas... D'accord, mais je me demande
pourquoi on n'aurait pas pu, étant donné qu'on l'utilise dans la
loi, en particulier, parce que là, on parle de définitions de
principales occupations, activités principales, culture du sol, etc. Or,
dans la définition d'aspirant agriculteur, en particulier, on parle de
ce terme "sa principale occupation" et "s'engage à en faire sa
principale occupation dans les délais et suivant les conditions". On
parle aussi, à un moment donné, dans la loi, d'activités
principales, culture du soi, etc. En tout cas, ce que je peux constater, c'est
que le législateur vote en vertu de la loi, un article et une
définition de l'aspirant agriculteur sans connaître les
définitions des termes qui sont utilisés pour définir ce
qu'est un aspirant-agriculteur. Le terme utilisé dans la
définition, telle qu'inscrite dans la loi, va être défini
plus tard par règlement. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut tout
simplement par une modification à la définition de "principales
occupations" modifier complètement ce que nous, législateurs, on
a compris par "aspirant agriculteur".
M. Toupin: M. le Président, il s'agit de définir
par règlement des notions qui viennent compléter la
définition actuelle dans la loi, lesquelles notions sont susceptibles de
modifications avec l'évolution dans l'agriculture présentement.
Si vous remarquez, la réglementation actuelle, ce qu'on définit
dans les règlements, c'est "principales occupations" qui n'est pas
défini dans la loi. Je prends un exemple, voici ce que nous disons dans
la loi telle qu'elle existe présentement pour la définition d'un
agriculteur: Toute personne physique qui est propriétaire ou locataire
d'une ferme et dont l'agriculture est la principale occupation. Que vient faire
le règlement? Le règlement vient définir ce qu'on entend
par principale occupation tout simplement. On ne retouche pas à la
définition en tant que telle, on vient préciser par
règlement des éléments d'une définition et c'est la
loi qui nous réfère, à ce moment, à cette
réglementation. Cela existe présentement, sauf, comme je le
mentionnais tout à l'heure, que en vertu d'une disposition omnibus, en
vertu de l'article actuel de la loi et du point de vue technique il
était préférable de se référer
spécifiquement à chacun des articles qui prévoyaient une
telle réglementation. En d'autres termes, on a apporté dans la
Loi sur l'amélioration des fermes la même dimension que nous
avions dans la Loi sur le crédit agricole au niveau du pouvoir de
réglementation. C'est de la concordance que nous faisons au lieu de
procéder par un articlle omnibus. C'est tout simplement la nature de cet
article.
M. Lessard: Mais vous conviendrez quand même que, lorsque
le législateur donne une définition du terme "agriculteur" ou du
terme "aspirant agriculteur", et que pour donner cette définition, il
utilise des mots tels que, par exemple, "principale occupation",
"activité principale", "culture du sol", le législateur se fait
lui-même une idée de ce qu'il entend par ces termes. Si nous
avions les définitions dans la loi, on pourrait beaucoup mieux
comprendre ce que c'est qu'un aspirant agriculteur ou un agriculteur. Mais,
maintenant, notre définition d'aspirant agriculteur ou d'agriculteur va
être déterminée en fait par la définition que
donnera le lieutenant-gouverneur en conseil, de "principale occupation", d'
"activité principale", de "culture du sol".
M. Toupin: Pas nécessairement. Il est certain que
l'idéal on a déjà discuté de cette question,
pas seulement sur ces lois-ci, mais sur bien d'autres lois serait de
trouver dans les lois tout ce qui est nécessaire pour qu'une loi
fonctionne bien, c'est-à-dire éviter autant que possible les
réglementations ou les extensions de pouvoir. Cela serait
l'idéal. Mais on ferait des lois très épaisses et on
discuterait très longuement des points techniques qui, d'ailleurs, sont
susceptibles de changer très souvent, à cause, par exemple
je ne sais pas, moi des conditions de mise en marché, des
techniques nouvelles d'exploitation, d'alimentation, etc.
Mais quand vous regardez le paragraphe c) de l'article, il est
très évident que toute personne physique, âgée d'au
moins 18 ans et d'au plus 40 ans, propriétaire ou locataire d'une ferme,
qui s'adonne à l'agriculture sans en faire sa principale occupation, si
elle fait une demande de prêt, on doit lui consentir un prêt, et on
lui consent le prêt en vertu d'une réglementation qui
définit "principale occupation", "activité principale" et
"culture du sol". On pourrait mettre cela dans la loi, mais on met alors un tas
de définitions dans une loi qui ne sont pas nécessairement...
M. Lessard: M. le Président, cela va me satisfaire, parce
que je viens de voir, en vertu des an-
ciens règlements, la définition de "principale occupation"
et d' "activité principale". Mais vous conviendrez que, pour le
législateur, adopter une loi comme celle-là laisse la porte
ouverte à des pouvoirs extraordinaires du lieutenant-gouverneur en
conseil. Il pourrait même aller, si on veut aller loin, jusqu'à
annuler ce qu'a adopté le législateur, en vertu d'une autre
définition qui n'aurait pas été la nôtre. On
pourrait très bien dire que "principale occupation", par exemple, au
lieu d'être l'occupation prioritaire de l'individu, pourrait très
bien être, par exemple, celle de quelqu'un qui utilise son temps,
à 40%, dans l'agriculture et le reste dans deux autres emplois.
C'est dans ce sens que, pour le législateur, lui, qui ne voit
pas... Je viens de la voir, la définition. La culture du sol, je pense
qu'on peut jouer beaucoup plus sur la culture du sol que sur "principale
occupation", parce que celle-ci définit. Mais le législateur voit
une loi, lui, à l'intérieur de laquelle on utilise certains
termes, et on dit: Maintenant, les termes, on va les définir plus tard.
Ce n'est pas votre responsabilité.
M. Toupin: Si vous prenez par exemple, M. le Président,
l'élevage du lapin, du lièvre, de la chèvre, il y a
énormément d'évolution qui se fait en agriculture; il y a
des productions qui n'existaient pas il y a dix ans, il y a même cinq
ans, et qui, à un moment donné, nécessitent une
modification. Nous serions obligés, comme vous en avez vu ici
l'énumération, de recourir à des amendements à la
loi pour chacune de ces modifications qui sont mineures, à toutes fins
pratiques. C'est un des avantages de procéder. C'est une explication, en
fait, des dispositions législatives.
M. Lessard: Je dis bien qu'il y a toujours des avantages à
adopter des lois très larges pour donner tous les pouvoirs au
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est certain que cela va plus vite, mais la
démocratie exige que le législateur ait un contrôle de ces
lois. C'est certain que, à un moment donné, ce serait plus
avantageux d'avoir un Parlement où il n'y aurait que quinze
députés ou 25 députés, cela pourrait aller plus
vite.
Au nom de la démocratie, on accepte, des principes et, parfois,
cela prend plus de temps. Mais la pire des démocraties est meilleure que
la meilleure des dictatures, comme on dit souvent.
Alors, c'est dans ce sens qu'on dit bien souvent que le
législateur est en train de perdre un de ses rôles très
importants, à savoir le contrôle sur ses lois.
Je suis d'accord. J'ai vu la définition des termes qu'on utilise
à l'article 13. Cependant, si on ne veut pas avoir de critiques de la
part du législateur, quand on propose une telle loi, on devrait avoir,
en contrepartie, la réglementation.
M. Massicotte: Par contre, M. le Président, est-ce
que...
Le Président (M. Cornellier): Article 13.
Adopté?
M. Massicotte: J'aurais un commentaire dans la même ligne
de pensée. C'est peut-être un fait du côté juridique,
naturellement on n'est pas avocats, mais cela ne serait-il pas recommandable
d'avoir des références uniques qui, elles, s'appliqueraient aux
différentes lois? Alors, quand on parle d'une définition
d'agriculture, c'est un fait que la même définition devrait se
retrouver dans les différentes lois qui sont adoptées par la
suite. Cela pourrait être fait sous un mode de référence
quelconque.
M. Toupin: Effectivement, toutes les lois relatives au
financement agricole contiennent des définitions analogues. Pour autant
que nous sommes concernés, la Loi du crédit agricole, dont les
amendements ont été adoptés aujourd'hui, la Loi de
l'amélioration des fermes et les deux autres lois que nous allons
étudier un peu plus tard contiennent les mêmes définitions
et les mêmes références pour la réglementation.
M. Lessard: Je vais donner un exemple. A "élevage
d'animaux", vous avez votre définition qui est très large. Mais
admettons, par exemple, qu'un député, qui a à
étudier la réglementation, constate que dans son comté, il
se fait tel genre d'élevage qui n'est peut-être pas
généralisé dans tout le Québec. A ce moment, il
peut inscrire cet élevage à l'intérieur de la
réglementation tandis que là, c'est contrôlé par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Le député n'a aucun pouvoir ou
à peu près aucun pouvoir, à moins que cela ne soit soumis
à une commission parlementaire, d'inscrire cette chose.
Je trouve que les articles 13 à 18 donnent des pouvoirs
considérables au lieutenant-gouverneur en conseil, en ce qui concerne la
définition de termes qui sont utilisés dans notre propre loi, de
telle façon qu'à l'aveuglette, sans avoir lu les
règlements d'application de la Loi de l'amélioration des fermes,
je peux tout simplement me dire que ce que j'ai voté, je ne le sais plus
parce que les termes qui sont utilisés pourront être
modifiés ou corrigés par la définition qu'en donnera le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Toupin: C'est-à-dire la définition de production
ou de la culture du sol.
M. Lessard: C'est cela.
M. Toupin: II ne pourra pas infirmer l'article qui définit
l'aspirant agriculteur.
M. Lessard: Je suis d'accord, mais l'aspirant agriculteur est
fonction d'une définition très importante, sa principale
activité.
M. Toupin: Oui. C'est complémentaire. J'ai
déjà donné mon point de vue là-dessus et je pense
que du point de vue de la réglementation il y a des dangers. Dans
certaines autres lois du ministère, on définit ce qu'est la
culture du sol et ce que sont les différents types de production. Mais
quand une nouvelle production arrive, on est obligé, évidem-
ment, d'amender la loi, et il y a tellement de productions connues
à venir jusqu'à maintenant. L'économie de cette loi
devrait être changée presque en totalité pour inclure dans
la loi toutes les définitions qui se trouvent dans les
règlements.
On pense déjà à une refonte de toutes les lois, les
mettre toutes ensemble parce qu'on commence à en avoir plusieurs. Il y a
un comité à l'office qui se prépare là-dessus. Il y
aurait peut-être lieu, à ce moment, de retoucher cette
question.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Cornellier): Article 13. Adopté.
Article 14.
M. Toupin: Par proclamation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Lessard: Cela va.
Le Président (M. Cornellier): Article 14.
Adopté?
M. Ostiguy: Cette loi, la Loi de l'amélioration des
fermes, sera en force à peu près vers quelle date? A compter de
sa sanction?
M. Toupin: Non. Sur proclamation du lieutenant-gouverneur en
conseil. Cela va prendre quelques mois. Il y a toute la réglementation
qu'il faut mettre au point. Il y a également les formules à
préparer pour les distribuer aux organismes traiteurs, les banques et
les caisses. Alors, il faut pratiquement compter trois ou quatre mois. Par la
suite, il y a des délais qui ne sont pas nécessairement dus au
niveau de la conception, mais qui sont plutôt techniques, l'imprimerie,
etc.
M. Ostiguy: On peut s'attendre à quatre mois. M.
Toupin: Pour l'application de cette loi?
Le Président (M. Cornellier): Le projet de loi no 3 est
adopté avec amendements. Nous passons maintenant au projet de loi no 4,
Loi modifiant la Loi du prêt agricole. L'honorable ministre de
l'Agriculture.
Projet de loi no 4
M. Toupin: M. le Président, c'est une loi de concordance.
C'est simplement une loi qui nous permet de donner aux jeunes agriculteurs du
Québec les avantages que les lois du crédit agricole du
Québec leur offrent, par exemple le remboursement
d'intérêt, etc. C'est une loi de concordance, sauf qu'on va lui
apporter un amendement qui est un peu technique. Est-ce que le président
de l'office pourrait donner quelques précisions sur l'amendement qu'on
apporte? Il n'y a pas beaucoup d'articles d'ailleurs dans cette loi.
M. Lessard: Deux.
M. Toupin: II y en a seulement deux. L'amendement vient à
l'article 1. Je pourrais lire l'amendement. C'est peut-être ce qui serait
l'idéal. A compter de la même date, on ajouterait le
deuxième alinéa suivant à l'article 5 a)
édicté par cet article. A compter de la même date,
lorsqu'un prêt visé à l'article 3 est consenti à un
particulier dont l'agriculture n'est pas la principale occupation
conformément aux dispositions de la partie 4 de la loi sur le
crédit agricole, ledit article ne s'applique en outre qu'à
compter du moment où ce particulier fournit à l'office une preuve
jugée satisfaisante que ce particulier a fait de l'agriculture sa
principale occupation dans les mêmes délais et conditions que ceux
fixés à un aspirant agriculteur pour faire de l'agriculture sa
principale occupation en vertu du paragraphe c) 1 de l'article 1 de la Loi du
crédit agricole édicté par l'article 1 de la Loi modifiant
la Loi du crédit agricole.
Cela veut simplement dire ceci: La Société du
crédit agricole fédérale a inclus dans sa loi une
disposition similaire à la nôtre, c'est-à-dire celle
d'aspirant agriculteur, et elle a mis un délai de cinq ans. On n'a pas
voulu se lier par le délai de cinq ans du gouvernement
fédéral. Pour la Société du crédit agricole,
ceux qui emprunteront en vertu de sa loi recevront les avantages du
crédit agricole tels que déterminés par l'Office du
crédit agricole du Québec. C'est ce que veut dire cet
amendement.
En d'autres termes, au moment où le projet de loi no 4 a
été conçu, le projet de loi sur le crédit agricole
fédéral n'avait pas été déposé. Il a
été adopté au niveau fédéral et le
même projet de loi contient une disposition sensiblement analogue
à la nôtre relativement à l'aspirant agriculteur. Le but de
l'amendement proposé au projet de loi est d'apporter cette concordance
pour s'assurer que l'aspirant agriculteur au niveau de la loi
fédérale répond également aux normes de l'aspirant
agriculteur au niveau de la Loi du crédit provinciale. C'est le but de
l'amendement ici.
Il ne faudrait pas que la loi fédérale dicte à
l'Office du crédit agricole quand ce dernier devra intervenir pour
donner les avantages du crédit agricole à l'aspirant
agriculteur.
M. Roy: Autrement dit, c'est la loi provinciale qui va le
préciser.
M. Toupin: Qui va le préciser et qui va le
définir.
Le Président (M. Cornellier): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
2.
M. Roy: A l'article 2, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre. La présente loi entrera en vigueur
à la date qui sera fixée par proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Est-ce que le ministre peut nous donner une
date
approximative, à savoir quand cette loi va entrer en vigueur?
M. Toupin: Aussitôt que les règlements de l'office
seront prêts relativement à la Loi du crédit agricole. Je
m'étais entendu avec l'office. Je ne sais pas si les mêmes
délais vont tenir. Il était entendu que les dispositions de la
Loi du crédit agricole devraient être mises à la
dispositions des agriculteurs pour le 1er août.
M. Roy: Le 1er août. Alors, on peut dire que le 1er
août sera la date.
M. Toupin: La date d'application de la proclamation. On la
proclamerait en même temps qu'on proclamerait la Loi du crédit
agricole.
Le Président (M. Cornellier): Alors, article 2,
adopté? Adopté.
Le projet de loi no 4 est donc adopté avec l'amendement
proposé. Nous passons maintenant au projet de loi no 5, Loi modifiant la
Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles.
M. Lessard: M. le Président, à l'article 1, il
s'agit exclusivement de définitions, je pense...
Le Président (M. Cornellier): Qu'on a vues dans le projet
de loi no 2.
M. Lessard: ... que nous avons déjà adoptées
en vertu de la Loi du crédit agricole. Quant à moi, je n'ai pas
d'intervention à faire à ce titre puisque nous en avons
discuté ce matin.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai pas compris...
M. Lessard: Je disais tout simplement que...
Le Président (M. Cornellier): ... l'article 1 est
adopté parce que c'est une répétition de ce qu'on trouve
dans le projet de loi no 2.
M. Lessard: C'est à peu près une
répétition conforme à ce que nous avions vu ce matin.
M. Toupin: C'est exact!
Le Président (M. Cornellier): L'article 1,
adopté.
M. Lessard: Article 2, M. le Président. Le
Président (M. Cornellier): Article 2.
M. Lessard: A l'article 2, je trouve quand même que la
subvention de... Je comprends que là, on ajoute un élément
important pour le jeune agriculteur, à savoir qu'on lui reconnaît
la possibilité d'être aspirant agriculteur et de pouvoir profiter
de la Loi du crédit agricole. Mais, je ne peux pas, en vertu de
l'article 64 des règlements, mais je constate que l'article 2 de ladite
loi, modifié par l'article 29 du chapitre 85 des lois de 1971, est
remplacé par le suivant: "Le ministre peut, sur la recommandation de
l'office, accorder une subvention pouvant atteindre $1,000." C'est encore moins
précis que cela l'était dans l'ancienne loi. Dans l'ancienne loi,
on dit: "Le ministre peut, sur la recommandation de l'office, accorder une
subvention de $1,000 à tout agriculteur âgé d'au moins 21
ans et d'au plus 40 ans." C'était précis parce qu'on disait:
C'est $1,000. Mais encore là, M. le Président, je trouve, comme
l'a dit un de nos collègues, il l'a dit en anglais, je vais le dire en
français: Autres temps, autres moeurs, "other ways, other..." je ne sais
quoi. Je trouve qu'avec l'inflation, avec l'augmentation du coût de la
vie et avec tout ce que nous avons vécu, il me semble qu'on aurait
dû augmenter ce montant et surtout avec le problème que nous
vivons actuellement. Malgré le fait qu'on ait une amélioration de
la loi puisqu'on reconnaît l'aspirant agriculteur, je pense qu'on disait
tout à l'heure que la moyenne de vie des agriculteurs,
c'est-à-dire la moyenne d'âge des agriculteurs du Québec
était de 50 ans, autour de 50 ans. Il va falloir faire un effort pour
avoir de la relève, parce qu'en agriculture, il va falloir se dire une
chose, c'est qu'il n'y a pas un peuple du monde qui accepte de se faire vivre
et de se faire nourrir par d'autres. Alors, il me semble, M. le
Président, qu'on aurait pu, en tout cas je le soumets au ministre,
analyser la possibilité d'augmenter, de façon assez
substantielle, cette subvention de $1,000 parce que c'est quand même par
rapport aux coûts d'établissement sur la ferme. Je trouve que
c'est quand même minime et surtout que je constate qu'on les donnait dans
le passé, ces $1,000, je ne sais pas quand, c'est en octobre... La Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles a été
sanctionnée le 23 octobre 1969. Je vous dis que, depuis 1969, il y a eu
une augmentation considérable du coût de la vie et les $1,000
qu'on donne aujourd'hui n'équivalent aucunement aux $1,000 qu'on donnait
dans le temps, malgré le fait, et je le reconnais maintenant, qu'il y
ait une amélioration sensible au niveau de l'aspirant agriculteur. Quant
à moi, j'aurais souhaité qu'on analyse la possibilité de
verser un montant beaucoup plus élevé, en tout cas plus
élevé que celui qui est prévu en vertu de l'article 2 de
cette nouvelle loi.
M. Roy: M. le Président, si on me permet d'ajouter quelque
chose à ce que vient de dire mon collègue, cette subvention de
$200 est accordée depuis de très nombreuses années pour
l'établissement agricole. Il a été longtemps que cette
subvention de $200, c'était une subvention de $200 qui se
répétait pendant cinq années consécutives,
subvention qui totalisait la somme de $1,000 et qui était donnée
uniquement sur le principe de l'établissement agricole. Il n'y avait pas
d'autres conditions pour pouvoir bénéficier de cette subvention;
c'était une subvention d'établissement, point. C'est en 1969,
lorsque les lois ont été changées, parce qu'il y avait
quand même d'autres lois à ce moment qui prévalaient, il y
avait une loi qui prévoyait le remboursement du tiers de l'emprunt
de l'Office du crédit agricole après dix ans, si la
personne avait satisfait à certaines normes, certains règlements;
on réduisait le prêt du tiers, si ma mémoire est bonne. Je
m'en souviens, c'était au moment où, au niveau des
établissements, nous faisions un certain travail, au niveau du
regroupement des fermes. En 1969, les lois ont été
amendées et le cultivateur devenait admissible à une subvention
totale de $4,000. Cette subvention pouvait lui être accordée au
cours des deux ou trois premières années de son
établissement. La prime de $200 pendant cinq ans a été,
à toutes fins pratiques, abolie et remplacée par cette loi qui
semblait mieux répondre aux problèmes et besoins des
cultivateurs.
Si ma mémoire est bonne, je pense qu'en 1964, cette loi de $200
à l'établissement existait. Même il y a une loi qui a
existé, antérieure à celle-là, qui relevait du
temps de l'administration de l'Union nationale, du temps où M. Duplessis
était premier ministre de la province.
Je pense que l'origine de cette loi de primes à
l'établissement agricole relevait du temps de l'Union nationale.
Actuellement, ces $1,000, comme le disait le député de Saguenay,
comparativement à ce qui se donnait antérieurement, c'est
minime.
Etant donné le montant que doit investir un jeune agriculteur,
est-ce qu'on peut réellement compter que c'est possible de lui donner la
marge de manoeuvre suffisante, par ces subventions, d'augmenter son
équité? En augmentant son équité, cela garantit
davantage les prêts qui sont consentis par l'Office du crédit
agricole et les prêts qui sont consentis en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes.
Je suis entièrement d'accord pour dire que cette subvention de
$1,000 est complètement dépassée, désuète,
par rapport à l'esprit qu'a voulu lui donner le gouvernement dans le
temps.
Je lisais en fin de semaine le rapport d'un économiste qui
parlait du dollar de 1961, par rapport au dollar de 1974. Il nous dit qu'il
valait $0.53 ou $0.54.
Si on fait le parallèle avec la subvention qui est actuellement
accordée, c'est une subvention de $500, par rapport à celle de
1961. Mais, si on va plus loin que 1961, c'est une subvention qui
représente peut-être $200 ou $300 aujourd'hui. Le prêt
agricole fédéral, dans le temps, n'existait pas ou à peu
près pas. Il y avait très peu de cultivateurs au Québec
qui étaient éligibles. C'est uniquement au prêt provincial
qu'on était admissible. La moyenne des prêts...
L'établissement d'une exploitation rentable dans l'agriculture
nécessitait des prêts agricoles moyens.
Je prends la région de la Chaudière, la région de
l'amiante, même dans le bas de Dorchester, où il y avait de belles
fermes, il y avait des investissements de $12,000 en vertu de la Loi du
crédit agricole. Aujourd'hui, c'est complètement différent
et on est encore accroché à nos petits $1,000.
C'est pour cela que je dis que, si on veut réellement
intéresser les jeunes à aller dans l'agriculture on sait
que les jeunes d'aujourd'hui s'éta- blissent un peu plus vieux dans
l'agriculture, parce qu'ils tentent de bénéficier des
possibilités d'enseignement qu'il y a... Il fut un temps où le
futur agriculteur quittait la petite école du rang en quatrième
ou cinquième année et commençait à travailler sur
la ferme à treize ans. A 17 ou 18 ans, il était prêt en
quelque sorte. Il avait même réussi, dans certains cas, en allant
travailler dans la forêt, à accumuler des capitaux pour avoir de
la liquidité, avoir de l'argent pour pouvoir s'établir.
Aujourd'hui, nos jeunes sortent des études avec des dettes
d'étude. C'est différent; complètement
différent.
M. Lessard: M. le Président, je sais que je n'ai pas le
droit de proposer, parce que c'est une dépense de deniers publics, en
vertu de l'article 74 des règlements...
M. Roy: C'est la raison pour laquelle...
M. Lessard: En vertu de l'article 74 des règlements, dans
le dernier paragraphe, il est possible, à cette commission
parlementaire, de faire au moins des voeux.
Je soumets qu'on puisse augmenter ce montant... Ce n'est pas l'article
74, c'est l'article 64. "Toutefois, cette règle ne s'applique pas
à une motion qui exprime seulement une opinion abstraite sur une
matière énumérée ci-dessus".
Je soumets simplement qu'il serait probablement possible au
ministère de l'Agriculture d'analyser la possibilité d'augmenter
ce montant en tenant compte de la dévaluation du dollar depuis 1969.
Le Président (M. Cornellier): Les honorables
députés de Saguenay et de Beauce-Sud ont fait une suggestion
à l'honorable ministre de l'Agriculture. Nous attendrons les
commentaires du ministre de l'Agriculture.
M. Roy: Je remarque et je tiens à signaler qu'il n'y a eu
aucune objection de la part de nos collègues. Je regarde le
député de Lotbinière qui a bien hâte de voir la
réponse du ministre.
M. Toupin: II faut, pour discuter de ce problème, regarder
tout le contexte du crédit agricole. On ne peut pas se limiter à
une seule subvention.
Je n'ai pas besoin de vous dire que, chaque fois qu'on augmente les
subventions, notamment à l'achat de fermes ou à tout ce qui a
trait aux intrants sur la ferme, nous risquons de créer une
spéculation. C'est-à-dire que le producteur n'y touche pas
toujours à plein. Souvent, le vendeur va profiter de l'occasion pour
mettre $500 de plus, etc. Au bout du compte, il n'est pas certain que le jeune
soit vraiment favorisé. C'est un premier argument qui a voulu qu'on ne
touche pas tout de suite à ce montant.
Deuxièmement, c'est qu'il existe, dans cette même loi, une
subvention possible de $3,000. Si elle est ajoutée à celle-ci,
cela fait $4,000 pour celui qui s'établit sur une ferme. S'il s'agit
d'une ferme de $100,000, il est évident que $4,000, cela
représente peu de chose, c'est 4%. $4,000, pour un jeune qui
s'établit sur une ferme, ce n'est pas un montant énorme, mais
c'est au moins un élément qui lui permet de démarrer et de
tenter de développer son entreprise par la suite.
Mais, je pense que ce qui est fondamental dans les lois du crédit
agricole, actuellement, ce ne sont pas nécessairement les subventions
qu'on verse directement, ce sont les taux d'intérêt auxquels
peuvent avoir accès les producteurs lorsqu'ils empruntent à long
terme. $1,000 ou $5,000 ou $10,000 donnés dans l'immédiat, sur
une ferme, ne règlent pas nécessairement le problème du
financement à long terme. Mais, le problème de l'agriculture,
tout compte fait, en terme de financement, c'est de se trouver des capitaux en
quantité suffisante et à des taux d'intérêt
abordables. C'est le premier élément qui nous a fait nous pencher
sur le financement général de l'agriculture et qui nous a
amenés à la conclusion suivante: II vaut mieux maintenir notre 2
1/2% d'intérêt et notre 7%, passé les $15,000, pour le
moment, et ne pas toucher aux subventions, plutôt que d'augmenter
à 8%, comme le fédéral le fait je pense, 8 1/4%
passé les $15,000 et d'augmenter notre subvention de $1,000 ou de
$2,000, à la base. On a préféré maintenir nos taux
d'intérêt. On a préféré également
élargir notre champ d'application de cette subvention. Si deux, trois ou
quatre jeunes agriculteurs se regroupent ils peuvent avoir accès
jusqu'à $20,000 de subvention, en vertu d'une loi comme celle-là.
Si la propriété achetée vaut $200,000, à ce moment,
c'est plus que 4%, c'est 10% à ce moment. Etant donné qu'on a
tendance à s'orienter vers les organisations de groupes, on a
préféré être plus généreux
vis-à-vis des organisations de groupes plutôt que de l'être
vis-à-vis des jeunes pris individuellement pour tenter d'introduire au
Québec des organisations, soit par coopératives ou soit par
compagnies, ce qui en même temps règle un problème de
loisirs pour l'agriculteur. Il peut, à ce moment, se libérer en
fin de semaine et prendre du temps pour dépenser l'argent qu'il fait. Si
tous n'en font pas, certains me disent qu'ils en font, mais qu'ils n'ont pas le
temps de le dépenser.
C'est la philosophie de base qui nous a inspirés. Il faut relier
maintenant le crédit aux revenus des agriculteurs. Les agriculteurs
préfèrent avoir du crédit à long terme, à
des taux d'intérêt bas et à une politique de revenus qui
soit garantie au moins au niveau des coûts. Ainsi, ils seront capables de
penser à long terme, à se faire des plans de
développement. Plutôt que de toucher $8,000 ou $10,000 dès
le départ, le gars pense à long terme. Il dit: J'ai de l'argent
à un bas taux d'intérêt. Les politiques gouvernementales
m'assurent un revenu qui rencontre au moins mes coûts, plus un salaire.
Les marchés sont, en partie, contrôlés, pour le moment,
dans certaines productions, quand, bien sûr, la surproduction ne vient
pas trop souvent. On donne ainsi à l'agriculteur une
sécurité plus grande, à long terme. C'est la raison qui
nous a amenés à ne pas modifier nos subventions.
M. Roy: M. le Président...
M. Toupin: Je ne vois pas ce que cela pourrait apporter de plus
pour l'établissement que de mettre $1,000, $2,000 ou $3,000 de plus
à la base.
M. Roy: ... lorsque le ministre parle de crédit à
la ferme, de crédit à l'exploitation, de crédit à
l'investissement et tout cela, je suis bien d'accord avec lui. Nous n'avons pas
demandé qu'on augmente une suvention de façon à
réduire les autres. Ce n'est pas le problème Le point sur lequel
je veux attirer l'attention du ministre, actuellement, c'est qu'il n'y a pas
suffisamment de relève en agriculture. Lorsque le ministre nous a
donné des chiffres, il n'y a pas tellement longtemps, au niveau des
nouveaux prêts agricoles qui ont été faits, on pourrait
ajouter à cela le multiplicateur de $1,000, pour démontrer qu'il
n'en coûterait pas énormément de millions au gouvernement
pour accorder cette mesure supplémentaire. Ce serait très bien vu
dans l'agriculture.
Je tiens à dire au ministre, actuellement, ce qui se fait. Je
tiens à aviser le ministre, actuellement, et à l'informer de ce
qui se fait précisément dans bien des régions du
Québec.
Nous assistons actuellement à la prise en charge de l'agriculture
dans bien des régions par des gens qui n'ont rien à voir ou
à peu près rien à voir avec l'agriculture. Les fermes se
vendent. Je pourrais même montrer un certain nombre de fermes au ministre
pour lui démontrer que les plus belles fermes de certaines
localités sont entre les mains de médecins, d'avocats, de
professionnels, d'industriels, d'hommes d'affaires, etc. On a même
acheté des rangs complets. Le ministre serait en mesure de
vérifier la véracité de mes propos par le montant des
subventions qui ont été accordées dans le cas des
éleveurs de bovins de boucherie. Le ministre pourrait avoir des
indications. C'est que l'agriculture a actuellement tendance à sortir
d'entre les mains de l'agriculteur comme tel. Dans certains rangs, dans
certaines régions de la province, des compagnies sont en train de se
former. On achète la ferme de l'agriculteur et on l'engage à
salaire. Il n'y a pas de meilleure: formule pour installer le
prolétariat complet dans le domaine agricole.
Si quelque chose ne se fait pas au niveau du gouvernement, si quelque
initiative nouvelle ne se prend pas au niveau du gouvernement de façon
à encourager et à stimuler le jeune cultivateur qui lui,
actuellement, ne fait pas connaître son point de vue au ministre
le ministre parlait des agriculteurs qui faisaient connaître leurs points
de vue tout à l'heure ce ne sont pas de ceux-là que je
parle actuellement, je parle de ceux qui ne sont pas de l'agriculture. Si
quelque chose se fait pour les encourager, ils iront dans l'agriculture. Ces
gens n'ont pas pu faire connaître leur point de vue au gouvernement.
C'est pourquoi je dis qu'au niveau des subventions, la subvention de $1,000 est
complètement différente de l'autre de $3,000 qu'on retrouve
à l'article 5 et l'autre qu'on retrouve dans l'article 7 est
donnée peut-être pour les mêmes considérations...
M. Toupin: Question de rentabilité.
M. Roy: ... mais elle fait suite à une politique
gouvernementale différente de l'autre. C'est le point sur lequel
j'insiste. Autrement, si elle n'était pas donnée pour des fins
différentes, le gouvernement aurait tout simplement à fusionner
les deux articles, à cesser de nous parler de l'article 2, de l'article
5, et de l'article 7, et de mettre tout cela dans un seul et même
article, puisqu'il s'agit de servir une même cause.
M. Toupin: Je suis absolument d'accord.
M. Roy: On a voulu donner une portée nouvelle à la
subvention de $1,000, mais on a maintenu le principe de la subvention de $1,000
à l'établissement. Actuellement, ce qu'on veut dire à
l'attention du ministre, et je le dis au ministre, et c'est sa
responsabilité comme titulaire du ministère de l'Agriculture,
s'il ne se fait pas quelque chose en 1975, 1976, 1977, nous aurons de gros
problèmes dans les années 1980 et dans les années qui vont
suivre dans le domaine agricole. Il en coûtera beaucoup plus cher
à l'Etat. Il y aura des conséquences économiques et
sociales très lourdes. On pourrait commencer aujourd'hui à
évaluer ce que cela pourrait nous coûter. Quand je vois des gens
actuellement qui vendent leurs fermes et qui deviennent des salariés,
à l'âge de 50, 52 ans et 55 ans, et, parce que le travail est
saisonnier, que ces gens ne peuvent pas avoir d'assurance-chômage, on est
en train de les précipiter les mains et les pieds liés
vis-à-vis des budgets d'assistance-sociale. Les $1,000, le gouvernement
les paie et les débourse, mais dans un autre poste budgétaire,
dans un autre ministère.
M. le Président, il y aurait lieu à ce moment, de faire en
sorte que, dans le domaine de l'agriculture au Québec, nous ayons de
meilleures politiques que celles que nous avons au niveau de
l'établissement agricole à l'heure actuelle. C'est une question
urgente.
M. Lessard: M. le Président, je voudrais ajouter ceci. La
formulation de l'article 2, deuxième alinéa, je constate qu'elle
est à la fois discriminatoire et limitative. L'ancienne loi disait
très clairement: Le ministre peut d'accord, il y avait une
certaine discrimination sur la recommandation de l'office, accorder une
subvention de $1,000 à tout agriculteur âgé d'au moins...
et ainsi de suite. On dit maintenant: Le ministre peut la discrimination
reste, d'accord sur la recommandation de l'office, accorder une
subvention pouvant atteindre $1,000. Cela laisse encore entendre que c'est
possible. On verra que c'est à peu près la même formulation
dans l'article 5 de l'ancienne loi, c'est-à-dire qu'il n'est même
pas sûr que les $1,000 soient accordés, tel que formulé,
selon la nouvelle rédaction, puisque cette subvention pourra atteindre
$1,000, mais elle pourra aussi ne pas atteindre $1,000.
Moi, j'aime mieux l'ancienne formulation, si le ministre ne veut pas
accéder à notre demande d'augmenter cette subvention. Au moins,
le jeune agriculteur serait assuré d'obtenir sa subvention de $1,000,
tandis que là, ce n'est pas le cas.
M. Roy: D'ailleurs, M. le Président, l'ancienne loi est
très spécifique pour démontrer que chacune de ces
subventions avait un caractère bien particulier. La subvention de
$2,000, qui était accordée en vertu de l'article 7, était
une subvention de $2,000, mais qui était spécifique à
l'agrandissement des fermes. C'est encore cela aujourd'hui.
M. Toupin: C'est encore cela, mais...
M. Roy: Mais la subvention de $1,000, c'était une
subvention à l'établissement des jeunes agriculteurs. L'autre
subvention qu'on a limitée à $3,000 alors que, dans l'ancienne
loi, elle pouvait aller à tout près de $4,000...
M. Toupin: Sans excéder $3,000.
M. Roy: C'était le tiers sans excéder $3,000. Je
vous remercie de me le rappeler. C'était plafonné à
$3,000. Vous avez raison là-dessus.
Mais c'est une subvention de consolidation qui était
accordée après dix ans, lorsque l'agriculteur avait fait ses
preuves. Il s'agissait de trois subventions qui étaient accordées
pour des fins complètement distinctes l'une de l'autre. On maintient le
principe dans le nouveau projet de loi qu'on nous accorde aujourd'hui, mais
maintenant, c'est justement à partir de ce principe qu'au niveau de
l'établissement de jeunes agriculteurs, la subvention de $1,000 est
complètement insuffisante actuellement et ne tient aucunement compte de
l'évolution des coûts, de l'augmentation du coût de la vie
et de la dévaluation du dollar depuis 1969.
M. Toupin: Oui, mais je ne pense pas qu'on puisse, M. le
Président, baser une subvention versée à une initiative
quelconque prise par quelque individu que ce soit sur la valeur du dollar. Si
nous maintenons cette subvention dans la loi, c'est que c'est un droit acquis.
Personnellement, je reste profondément convaincu que ce n'est pas la
principale incitation à l'implantation de jeunes agriculteurs sur les
fermes. La principale incitation pour conserver ceux qui y sont
déjà et pour en attirer de nouveaux, c'est un financement
à long terme, à des taux d'intérêt abordables et une
politique de revenu garanti. C'est cela qui fait l'objet des discussions
actuellement dans le milieu agricole.
Les congrès de l'UPA ont parlé de $8,000 ou de $10,000 de
subventions pour l'établissement. On n'aurait pas d'inconvénient,
nous, à regarder, comme je vous le disais tantôt... Je l'ai offert
aux producteurs: On peut vous donner, en vertu d'une administration saine d'un
secteur économique donné, de l'argent au coût du
marché, à quelques pourcentages près, prendre les
pourcentages d'intérêts qu'on verse actuellement et vous les
donner sous forme de subventions. Cela ne coûterait pas cher. Il y a
1,200 établissements en moyenne par année, grosso modo, entre 800
et 1,200, mais, depuis quelques années, cela augmente assez
substantiellement de 200 par année; 1,200. $1,000 de plus, cela fait
$1.2 million. Ce ne sont pas des montants énormes, mais si je prends le
taux d'in-
térêt à 7% pour ce qui excède $15,000, si je
le mets à 9%, je ne parle plus de $1.2 million...
M. Roy: Ce n'est pas ça qu'on vous dit.
M. Toupin: Non, je veux m'expliquer aussi. D'accord?
Je veux m'expliquer, parce que le secteur agricole... Je suis bien
d'accord avec vous autres. Plus on va en donner au secteur agricole, plus cela
sera important et intéressant pour l'agriculteur. Je n'en doute pas.
C'est comme l'assisté social qui reçoit $5,000 par année;
il ne refusera pas qu'on lui en donne $10,000. Mais le gars qui gagne $10,000
ou $12,000, si on lui garde $3,500 d'impôt, lui, il commence à
chialer et commence à dire: Ecoutez! Cette répartition des
revenus, je trouve cela bien intéressant, mais c'est moi qui paie la
note. Très souvent, plus vous augmentez vos versements d'aide sociale,
plus vous découragez l'initiative du travail. Ce n'est plus
compétitif. On n'est plus capable de travailler. On cherche à
vivre, mais on ne cherche plus à travailler.
Dans le secteur agricole, vous risquez de faire face à des
problèmes similaires. Si vous mettez des subventions trop
généreuses, il se trouvera toujours des gars pour dire: Je vais
l'acheter, ta ferme, mais tu as une subvention de $4,000. Je vais te la payer
$2,000 de moins, ou $3,000 de moins. Ou au jeune qui veut acheter une ferme, le
gars dit: Tu as déjà une subvention d'achat de $4,000, on va la
"splitter" en deux. Je vais mettre $3,000 sur ma ferme. Bien oui, mais ce sont
des choses...
M. Lessard: ... négociations.
M. Toupin: ... évidentes en soi. On vérifie cela
tous les jours, nous autres, ces affaires. C'est évident. Là, on
augmente le crédit agricole. Je suis convaincu que le prix des terres va
augmenter, seulement parce qu'on augmente le maximum du crédit agricole.
Vous pouvez être sûr de cela. Avec les prix augmentés du
lait, le prix des terres a augmenté presque de 30%, 35% en milieu
agricole depuis une couple d'années. Evidemment, cela suit
l'inflation.
Le taux d'intérêt, quant à lui, semble-t-il, a moins
d'influence sur l'inflation que peuvent en avoir des prix et des subventions
directes. D'ailleurs, le gouvernement fédéral c'est
peut-être la seule chose sur laquelle j'étais d'accord au
lieu de donner la subvention à l'acheteur, il donnait la suvention au
vendeur. Mais, encore là, cela vaut ce que cela vaut. Le vendeur cherche
à aller chercher dans le marché tout ce qu'il peut, plus la
subvention fédérale, mais cela a au moins un effet contraire.
Plutôt que de stimuler l'inflation, cela a plutôt tendance à
la maintenir et à l'abattre. C'est une façon.
C'est peut-être le seul principe sur lequel j'étais
d'accord dans le programme des petites fermes.
Je demeure convaincu, M. le Président, qu'on pourrait augmenter,
je pense, les subventions, mais je préférerais qu'on regarde avec
les agriculteurs plutôt la possibilité et cela n'appellera
pas d'amendements à la loi de réduire encore le taux
d'intérêt à 2 1/2% pour les premiers $15,000. On pourrait
le ramener à 1% pour les premiers $15,000. Là, on va donner une
chance à un jeune pour qu'il s'installe. On pourrait le mettre à
6% pour les $15,000 additionnels jusqu'à $50,000 et le reste, on
pourrait le mettre à 9% et 10%. Une fois qu'une ferme a atteint une
taille raisonnable, elle peut se financer à long terme plus
facilement.
M. Lessard: II reste quand même ceci. J'aimerais bien
savoir je n'ai pas les chiffres en main combien coûte
à l'Etat la création d'un emploi dans l'entreprise privée
avec les subventions fédérales et provinciales. Vous savez que
lorsqu'une compagnie crée un emploi, par exemple, cela coûte tant.
Je pense que c'est de $5,000 à $6,000, plus quantité d'autres
subventions, mais $6,000 dès la création d'un emploi,
multipliés par le nombre d'emplois créés. Je ne vois pas
pourquoi l'agriculture ou l'agriculteur ne se verrait pas verser des montants
semblables. C'est vrai qu'à un certain moment on voit de plus en plus
les différents gouvernements encourager la création d'emplois
sous forme de subventions directes, alors que dans ce cas-ci il me semble qu'on
aurait pu avoir une certaine concordance et l'augmenter.
De toute façon, c'est toujours sous la responsabilité du
ministre. J'avais le deuxième argument que j'apportais. J'aimerais
savoir du ministre pourquoi il modifie sa formulation. Je soulignais, tout
à l'heure, que dans la formulation, telle que rédigée en
vertu de la nouvelle loi, il y a des mesures de discrimination, à mon
sens, et l'aide limitative dans le sens que... Le ministre parlait, tout
à l'heure, de droits acquis alors que dans la loi telle que
formulée, il est possible, pour un agriculteur, de ne pas recevoir les
$1,000 puisqu'on dit: accorder une subvention pouvant atteindre $1,000... Elle
peut être de $800, elle peut être de $700, elle peut être de
$600 dans les circonstances actuelles, en vertu de la nouvelle loi.
Je pense que, si on parle de droits acquis, il faudrait, au moins,
reconnaître la formulation telle qu'elle existait dans l'ancienne
loi.
M. Toupin: Oui. On parle de plus en plus de productivité
dans le secteur agricole. Les agriculteurs, de plus en plus, commencent
à penser, comme nous, qu'il faut tenter d'améliorer la
productivité qui est un élément de base pour
l'augmentation des revenus. Alors, si on a marqué "peut" par rapport
à "doit", c'est qu'on pose la condition au producteur que la subvention
de $1,000 sera versée, moyennant tels travaux, tels travaux et tels
travaux.
Si le producteur ne veut pas faire ces travaux pour qu'il
améliore sa productivité, on ne lui donne pas sa subvention.
M. Lessard: Les $1,000 vont à rencontre... C'est afin de
l'aider à mettre...
M. Toupin: Non.
M. Lessard: ... cette ferme en valeur selon
l'ancienne loi et conformément aux anciens règlements.
M. Toupin: C'est cela. On met une ferme en valeur. On peut exiger
de lui qu'il utilise ses $1,000 pour le drainage souterrain plutôt que de
s'acheter un tracteur pour tondre le gazon. On peut l'obliger à les
utiliser pour la réparation de son bâtiment plutôt que pour
un paiement sur son automobile. C'est pour cela qu'on dit "peut". Si le gars
dit: Ecoutez, je suis prêt à mettre $400 là-dessus, on
répond: Très bien, on va te donner $400. L'année
prochaine, je mettrai un autre montant de $400. Très bien, on te donnera
$400 l'an prochain. Ainsi tu améliores la productivité de la
ferme. C'est seulement pour cela qu'on a mis cet élément.
M. Lessard: La productivité ne s'améliorera
certainement pas quand l'Etat va intervenir, à un certain moment, par
des choses comme celle-là, à l'intérieur des
décisions mêmes de l'agriculteur. Je ne pense pas que l'Etat nous
ait prouvé qu'il soit très très productif dans ce sens. Je
ne pense pas que l'Office du crédit agricole ait la possibilité,
à un certain moment, de contrôler là aussi rigidement ces
conditions ou ces raisons pour obtenir le prêt agricole.
En ce qui me concerne, je trouve qu'on va peut-être un peu
loin.
M. Toupin: M. le Président, ce n'est pas de la
rigidité du tout. Il n'y a absolument rien de rigide là-dedans.
Le gouvernement s'engage sur une ferme à lui prêter jusqu'à
90%, voire parfois 100%.
M. Lessard: Je parle de la subvention, M. le
Président.
M. Toupin: II accompagne ce prêt, un prêt qui est
consenti à taux d'intérêt plus bas, très avantageux,
d'une subvention de $1,000 au départ et de $3,000 un peu plus tard. Je
ne pense pas que le gouvernement pose au dictateur vis-à-vis d'un
producteur agricole. Avec les deniers publics, il m'apparaît que l'Etat
doit poser un minimum de conditions. Parmi ces conditions, nous jugeons qu'il
serait préférable de les mettre dans la productivité
plutôt que de mettre cela dans les loisirs. Je suis bien d'accord que,
sur une ferme, un téléviseur est aussi important qu'un tracteur
en termes d'information, mais, pour la productivité, un tracteur est
plus important.
M. Lessard: Mais on dit très bien dans la loi: Aux fins de
"aider à mettre cette ferme en valeur...
M. Toupin: En valeur.
M. Lessard:... conformément aux règlements. La loi
n'ira pas jusqu'à préciser: Dans tel cas, vous vous achetez un
tracteur plutôt que tel autre.
M. Toupin: Non, mais, par exemple...
M. Lessard: Vous allez fixer des normes géné- rales
qui, à un moment donné, font que cela devra être
utilisé pour l'amélioration de sa ferme et non pas
l'amélioration de son automobile de l'année.
M. Toupin: II est déjà arrivé qu'on a
versé des subventions dans le passé, qu'il y avait pas mal
d'améliorations de faites sur des fermes et qu'on cherchait le moyen
d'améliorer davantage et qu'on ne pouvait pas; on versait les $1,000
quand même, mais on n'était pas certain de les verser pour de la
productivité.
M. Roy: Je m'arrête à ce moment-ci. Je me pose une
question.
Si les agriculteurs du Québec, dans l'esprit du ministre, ont un
minimum d'intelligence ou s'ils n'en ont pas, quand on est rendu M. le
Président, à vouloir établir des normes et des
normes...
M. Toupin: Cela n'a rien à voir avec l'intelligence des
agriculteurs.
M. Roy: C'est un genre de normalité qui est en train de
devenir une maladie au Québec à un point tel qu'on ne peut plus
rien faire sans savoir si la norme va être respectée. Quand cette
subvention de $1,000 a été accordée aux agriculteurs du
Québec, il se peut qu'il y ait eu des abus à un moment
donné de la part de certaines personnes. C'est même possible,
parce que, la perfection, on ne la retrouvera dans aucun secteur de
l'économie.
M. Toupin: On peut chercher à l'atteindre.
M. Roy: On peut chercher à l'atteindre, d'accord. Mais
lorsque c'est rendu que, dans une subvention, comme le ministre le dit, le
cultivateur, au lieu de mettre son argent sur son automobile, a
décidé d'aller au devant du gouvernement et de payer des
améliorations et d'investir, mais en se fiant que la subvention de
$1,000 va lui être accordée par exemple et au moment je
prends les propos que le ministre vient de tenir ou l'inspecteur du
gouvernement se rend chez l'agriculteur pour dire: Voici, nous sommes rendus au
terme, le délai est expiré, le temps est venu de vous faire
parvenir, monsieur, votre subvention de $1,000, on lui dit: Vous avez fait
toutes les améliorations nécessaires et on ne sait plus quelle
sorte d'amélioration vous suggérer. A ce moment-là, parce
que le cultivateur a fait cela, vous allez le priver de la subvention de
$1,000. Je pense que c'est aller trop loin. M. le Président, je dis
qu'il y a quand même des subventions qui devraient être
honorées. Cette subvention, si on veut en respecter le principe,
était une subvention statutaire. Actuellement, des jeunes agriculteurs
du Québec se sont établis sur des fermes, et il me fera plaisir
de rencontrer le président de l'Office du crédit agricole pour
lui citer un cas particulier. Ce jeune s'est installé sur une belle
ferme dans une localité donnée, il a fait sa demande pour le
financement à l'Office du crédit agricole, et elle a
été refusée au niveau des subventions; il s'est
établi quand même en se finançant autrement et,
aujourd'hui, il a une exploi-
tation rentable, sans avoir eu l'aide du gouvernement.
M. Toupin: Alors...
M. Roy: Quand on arrive dans ces cas...
M. Toupin: Vous détruisez votre thèse et vous
confirmez la mienne.
M. Roy: Non, je ne détruis pas votre thèse. Je dis:
Pour quelle raison cet agriculteur a-t-il été
pénalisé, pourquoi ne lui a-t-on pas accordé les
subventions qui étaient prévues? Parce que justement...
Pardon?
M. Fraser: C'était un libéral.
M. Roy: Non, si cela avait été un libéral,
vous savez très bien ce qui se serait produit. On aurait pu se passer de
l'intervention du député de Huntingdon. C'est le seul genre
d'intervention que vous pouvez faire ici. C'est très positif et c'est
très avantageux pour nos travaux parlementaires.
M. Massicotte: II est toujours malin... M. Toupin: Ce
serait sans doute dans...
M. Roy: C'est ce que je veux dire, M. le Président. Si le
ministre dit: D'accord, à l'avenir cette subvention de $1,000 va
être plus restreinte, le gouvernement va agir avec plus de
discrétion, nous allons être plus exigeants pour la donner, nous
n'augmenterons pas le montant, c'est la responsabilité du ministre.
C'est la responsabilité du ministre comme tel. Je dis au ministre,
à ce moment-ci, que je ne suis pas d'accord parce qu'au lieu de
rétrécir les mesures à l'endroit des agriculteurs, on
devrait les élargir et pour moi, dans mon esprit, c'est clair que c'est
un rétrécissement, c'est une fermeture de porte autrement dit. On
ferme la porte et on la rend de plus en plus difficile d'accès, cette
subvention de $1,000 et ceci aura certainement des conséquences qui vont
porter préjudice aux agriculteurs du Québec. Mon collègue
de Saguenay, tantôt, parlait de certaines subventions qui sont
accordées pour la création d'emplois dans l'entreprise, soit dans
n'importe quel type d'industries, actuellement, au Québec. C'est
drôle comme le gouvernement est généreux à ce
moment-là. Je pourrais ajouter ceci à ce qu'a dit le
député de Saguenay: Les subventions qu'on a accordées dans
le cas de ITT-Côte-Nord, combien cela a-t-il coûté au
gouvernement pour chacun des emplois créés?
M. Toupin: 5,000 emplois.
M. Roy: Combien cela coûte-t-il actuellement et combien
coûterait ce qu'on demande au gouvernement, d'être plus
généreux à l'endroit des jeunes cultivateurs qui
désirent s'établir sur des fermes? Il y a des régions au
Québec où l'établissement agricole est plus difficile.
Cela ne veut pas dire que la ferme ne pourrait pas être rentable, mais
l'établissement est difficile, le point de départ est plus
difficile parce qu'il y a des travaux à faire. Il y a des choses qui
nécessitent plus d'investissements au point de départ en vue de
rendre la ferme rentable. Si le gouvernement se limite et si le gouvernement se
conditionne davantage, au lieu d'avancer, j'ai l'impression qu'on recule.
M. Pelletier: M. le Président, dans le même ordre
d'idées.
M. Toupin: C'est possible qu'à l'avenir on change...
M. Pelletier: Dans le secteur industriel il y a des
critères à respecter quand le ministère donne des
subventions a l'industrie. Je pense que le député de Beauce en
est conscient. Il faut que le type soit recyclé sur une période
de douze semaines et le gouvernement va payer un montant dès que le gars
est rentable au niveau...
Une Voix: C'est un autre problème.
M. Pelletier: C'est un autre problème, mais quand
même, au ministère de l'Agriculture...
M. Lessard: II y a deux programmes. Il y a le programme du
recyclage et le programme de l'investissement en direct quand il y a
création d'emplois.
M. Pelletier: Quand il y a création d'emplois, mais il y a
quand même des normes à respecter. Je pense que le ministre de
l'Agriculture quand il donne des subventions, doit porter attention pour que
l'argent soit bien investi pour des fins agricoles. Là-dessus, j'appuie
mon...
M. Roy: C'est normal, M. le Président, mais avant que le
ministre ne réponde, j'aimerais inviter mon collègue de bien
s'assurer quand il nous le dit je ne peux laisser cette chose passer
inaperçue que les industries, le monde industriel, respectent les
normes. J'inviterais mon collègue à regarder le dossier de United
Aircraft pour voir si les normes ont été respectées.
M. Toupin: C'est un cas spécial.
M. Roy: Non, c'est un cas qu'on a eu à étudier
à une commission parlementaire et si on en avait d'autres à
étudier devant une commission parlementaire on en trouverait
d'autres.
M. Lessard: On a une utilisation scandaleuse des fonds publics de
la part de certains industriels au Québec.
M. Pelletier: II peut y avoir eu des abus sur des cas
spéciaux.
M. Toupin: M. le Président, quand on fait des comparaisons
avec ce que coûte l'entrée d'un jeune sur le marché du
travail du secteur industriel, on est obligé, bien sûr, de
regarder ce que cela coûte en termes d'éducation et ce que cela
coûte, par la suite, en termes d'entrée sur le marché du
travail. On peut ajouter à cela, par têtes de pipe qui
travailleront là, les subventions qui sont versées à
l'industrie.
Avez-vous déjà fait la comptabilisation de ce que
coûte au gouvernement l'installation d'un jeune agriculteur lorsque vous
lui versez $4,000 de subvention au départ, lorsque vous lui prêtez
$50,000 à un taux d'intérêt moyen de 5% alors qu'il est de
10% sur le marché constant, et que vous lui prêtez cela pour 39
ans? Avez-vous déjà calculé ce que cela voulait dire
à l'Etat en terme de coût à long terme?
Les subventions qui sont versées, au moment où les prix
des marchés sont bas, mais de ces subventions on n'en parlera pas parce
qu'à ce moment-là ce sont les conditions du marché. Les
subventions versées pour le drainage souterrain; les subventions
versées pour le drainage des cours d'eau; les subventions versées
pour l'assurance-santé animale, pour l'insémination artificielle;
les subventions versées pour les programmes de drainage de surface,
avez-vous calculé ce que cela voulait dire une main-d'oeuvre sur une
ferme, au bout du compte?
M. Lessard: L'avez-vous déjà calculé? M.
Toupin: Oui, je l'ai déjà calculé.
M. Lessard: J'aimerais que le ministre nous fasse une comparaison
entre ce que cela coûte dans l'industrie privée, ce que cela
coûte, M. le Président...
M. Toupin: Je n'aurais pas peur de faire des comparaisons.
Là où j'aurais peur d'en faire...
M. Lessard: ...en agriculture. C'est peut-être le seul
secteur qui nous reste actuellement, et on va attendre que ce soit les grandes
compagnies multinationales qui en prennent le contrôle avant d'aider
l'agriculteur.
M. Toupin: Là où j'aurais peur de faire des
comparaisons c'est pour les coûts de l'éducation d'un
professionnel. Ce que coûterait, par exemple, l'éducation d'un
enfant a compter de 6 ans jusqu'à 30 ans, s'il fait son secondaire, son
CEGEP, son université et son doctorat au bout, etc. Cela est
peut-être moins comparable parce que ça coûte très
cher pour le nombre d'années de vie active que le type fait. Comparer un
ouvrier spécialisé avec un agriculteur, en termes d'aide, je ne
pense pas que l'Etat, vis-à-vis de l'agriculteur, soit vraiment
réticent.
Je n'ai d'ailleurs jamais prétendu que nous réglions tous
les problèmes des agriculteurs avec des lois comme cela. Je soutiens que
c'est une loi qui améliorera les conditions actuelles, et à me-
sure que va évoluer l'économie agricole, l'économie des
fermes, l'idéal, tantôt, sera peut-être purement et
simplement de consentir des prêts à très bas taux
d'intérêt et de faire disparaître toute subvention pour
faire tomber l'inflation. C'est bien possible que l'on soit pris avec ce
problème dans cinq ans.
M. Lessard: Pourrais-je indiquer au ministre, par exemple, que la
création je le fais très vite avec toute
l'infrastructure je le calcule très vite avec tous les
avantages que l'on a accordés, la création d'environ cent emplois
dans la région de la Côté Nord, a coûté
$115,000 environ par emploi créé, aux deux gouvernements.
M. Toupin: On présume, actuellement, que ça
coûte en moyenne $10,000 par emploi créé dans l'ensemble de
l'industrie.
M. Lessard: Dans l'industrie primaire, cela coûte
au-delà de $100,000.
M. Toupin: Dans l'ensemble de l'industrie, au Québec, cela
coûte $10,000 en moyenne pour créer de l'emploi.
M. Lessard: $10,000 c'est au niveau du tourisme pour créer
un emploi. Mais, dans l'industrie primaire, vous allez jusqu'à $100,000.
M. le Président, nous avons fait valoir nos remarques à ce
sujet.
M. Toupin: C'est votre droit, je ne le contredis pas.
Le Président (M. Cornellier): L'article 2
M. Lessard: Sur division.
Le Président (M. Cornellier): Adopté sur division.
L'article 3?
M. Lessard: Sur division.
Le Président (M. Cornellier): Adopté sur division.
Article 4?
M. Lessard: A l'article 4, c'est encore la même chose, M.
le Président. Le ministre peut, sur la recommandation de l'office,
accorder une subvention pouvant atteindre $2,000 à tout agriculteur qui
en fait la demande, qui soumet à l'office un programme
d'amélioration foncière, et qui, de façon à rendre
rentable la ferme dont il est propriétaire ou locataire, ou à en
accroître la rentabilité, augmente à compter du... la
superficie de cette ferme au moyen d'une acquisition ou d'une location de
terrain additionnel. Là, je pourrais continuer, mais je souligne
simplement que cette loi, par rapport à 1969, ne fait que respecter les
montants qui étaient prévus alors, et, depuis ce temps, il y a eu
des coûts considérables. On n'en tient pas compte.
M. le Président, ce sont encore les mêmes remarques que je
faisais aux autres articles. Sur division.
Le Président (M. Cornellier): Article 4, adopté sur
division. Article 5?
M. Lessard: C'est de la concordance, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Article 5, adopté.
Article 6?
M. Lessard: Même chose, c'est de la concordance.
Le Président (M. Cornellier): Article 6, adopté.
Article 7.
M. Roy: J'aurais une question à poser au ministre à
ce moment-ci. Elle peut s'appliquer à l'un ou l'autre des articles.
Quelle est l'attitude du gouvernement provincial, du ministère de
l'Agriculture, plus particulièrement de l'Office du crédit
agricole chargé de l'administration de cette loi, si un père de
famille, ayant déjà bénéficié, il y a dix
ans, des subventions prévues de $1,000 plus les $3,000, ce qui donne
$4,000, décide, avec ses fils de former une société?
C'est-à-dire, si le père, en quelque sorte, demeure l'actionnaire
majoritaire, dans un plan de transfert d'actions à ses fils avec les
années, compte tenu de l'investisse'ment que ses fils pourront apporter
dans l'exploitation agricole, et demande, comme nouvel établissement, de
pouvoir bénéficier des primes, quelle est l'attitude de l'office
à ce sujet?
M. Toupin: Auparavant, le problème que vous
décrivez se posait. Avec les nouvelles dispositions, il ne se posera
plus. Si un père, propriétaire d'une ferme qui a
bénéficié d'une subvention d'établissement
les $4,000: les $1,000 et les $3,000 a 45 ans et son fils a atteint
l'âge de 18 ans, si son fils veut devenir partenaire de la même
ferme, le fils aura droit à la subvention, alors qu'auparavant il n'y
avait pas droit, parce qu'on donnait seulement une subvention par ferme. Mais
dans la situation actuelle, si le fils est partenaire pour au moins 20% des
actions, il aura droit à sa subvention.
M. Roy: S'il a deux fils?
M. Toupin: S'il a deux fils, ce sera le double. S'il a cinq fils,
ce sera le quintuple, cinq fois.
M. Roy: Chacun des fils qui a au moins 20% des actions...
M. Toupin: 20% des actions.
M. Roy: ...devient admissible à la subvention.
M. Toupin: Jusqu'à cinq. Si le père en garde 20%
aussi, il va y en avoir seulement quatre.
M. Roy: C'est-àdire la subvention jusqu'à
concurrence de $4,000, les $1,000, plus les $3,000.
M. Toupin: Toutes les subventions. La subvention de $1,000 qu'on
vient de discuter...
M. Roy: $3,000.
M. Toupin: On peut aller jusqu'à $15,000. Cela fait
$20,000 en tout que cinq jeunes peuvent...
M. Roy: C'est-à-dire qu'ils ont droit chacun... M.
Toupin: Chacun les mêmes subventions.
M. Roy: ... aux trois subventions chacun pourvu qu'ils aient 20%
des parts dans l'entreprise.
M. Toupin: C'est cela.
M. Roy: Maintenant, si une personne fait un
réaménagement, c'est bien important, si une personne fait une
redistribution des actions ou si elle fait de nouvelles ententes et que ces
personnes ont essuyé un refus au cours des six derniers mois, par
exemple, une fois la nouvelle loi adoptée, est-ce qu'elles pourront
faire une nouvelle demande à l'office?
M. Toupin: Pour le passé, c'est la raison pour laquelle
les articles ont été scindés ici, la limite de trois ans
demeure. En d'autres termes, tant et aussi longtemps que la loi ne sera pas
promulguée et entrée en vigueur, la norme de trois ans demeure.
S'il revient dans le délai de trois ans prévu actuellement dans
la loi, il sera admissible. S'il revient une fois que la loi sera
promulguée, à ce moment, il aura droit aux multiples. Un des
avantages des amendements proposés, c'est qu'on fait disparaître
le délai de trois ans. Dans sa vie, tant et aussi longtemps que le jeune
n'aura pas dépassé, si vous voulez, la limite de 40 ans, il
pourra revenir à l'office, notamment lorsque, lors de sa première
demande, sa ferme n'était pas rentable; il pourra revenir deux ans,
trois ans plus tard, tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas
dépassé la limite de 40 ans, pour obtenir ladite subvention.
M. Roy: Bon. Maintenant, si la ferme est rentable au point de
départ et que c'est prouvé qu'elle est rentable, mais parce que
la loi n'était pas amendée lorsque les marchés se sont
faits, lorsque les transactions, les ententes ont été faites, la
loi une fois adoptée et la prescription de trois ans une fois abolie,
est-ce que ces gens pourront faire une nouvelle demande à l'office pour
pouvoir bénéficier de la subvention?
M. Toupin: La prescription de trois ans est abolie à
compter de l'entrée en vigueur de cette loi et évidemment cet
avantage ne vaut que pour l'avenir. Les cas qui auront été
traités antérieurement devront revenir, mais dans la limite de
trois ans qui était prévue à ce moment. C'est
l'entrée en vigueur de la loi qui va tirer la ligne.
M. Roy: C'est l'entrée en vigueur de la loi qui
va tirer la ligne. Autrement dit, si une personne avait 5% des actions
d'une entreprise et qu'une fois la loi adoptée, elle devient
propriétaire de 22% ou de 25% des actions, à ce moment, elle
répond aux normes d'admissibilité établies par les
règlements et par la loi.
M. Toupin: C'est exact.
M. Fraser: Dans l'article 11...
Le Président (M. Cornellier): Nous sommes à
l'article 7.
M. Fraser: L'article 11 de ladite loi est modifié par
l'article 3 du chapitre 34, et ainsi de suite. A l'article 11, c'est une
corporation d'exploitation agricole, n'est-ce pas?
Le Président (M. Cornellier): ... bien...
M. Fraser: Un peu plus loin: La subvention, dans ce cas, peut
atteindre une somme égale au montant de $2,000, multipliée par le
nombre d'exploitants agricoles. Ce n'est plus $4,000, c'est $2,000, s'il y en a
plus que deux ou...
M. Toupin: II y a les autres subventions... Les $1,000 dont on
parlait tantôt s'appliquent aussi.
M. Fraser: Ajoutés à... M. Toupin: C'est
cela. M. Fraser: Cela va être $3,000, comme cela.
M. Toupin: En somme, vous avez deux subventions prévues
pour les cas d'établissement, soit la subvention de $1,000 à
l'article 2, pour les améliorations générales sur la
ferme, soit la subvention de $3,000 à l'article 5, pour des
améliorations foncières sur la ferme. Cela, c'est pour
l'établissement des jeunes.
Maintenant, il y a un autre volet à cette loi pour
l'agrandissement, la consolidation des fermes, qui est une subvention de
$2,000, et dans les trois cas, ces subventions peuvent être
multipliées, suivant le nombre d'agriculteurs intéressés.
Cela peut aller très loin. Cela peut aller jusqu'à cinq fois, si
vous voulez, la subvention...
M. Fraser: II n'y a pas de différence entre le gars qui
est seul ou le gars qui en a trois ensemble. Ils sont tous traités de la
même façon.
M. Toupin: C'est ça.
Le Président (M.Cornellier): L'article 7 est
adopté? Adopté. L'article 8?
M. Toupin: ... des corporations qu'on a retrouvé dans les
autres lois. On a repris cela, pour qu'il y ait concordance.
Le Président (M. Cornellier): Article 8, adopté.
Article 9?
M. Toupin: C'est pour la coopérative. M. Lessard:
... c'est cela. D'accord!
Le Président (M. Cornellier): Article 9, adopté.
Article 10?
M. Lessard: Cela va!
M. Toupin: Le problème... Propriétaire par...
Le Président (M. Cornellier): Article 10, adopté.
Article 11?
M. Roy: L'article 11 répond à la question que j'ai
posée tantôt.
M. Toupin: D'accord!
Le Président (M. Cornellier): Article 11, adopté.
Article 12?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 12, adopté.
Article 13?
M. Lessard: Concordance.
Le Président (M. Cornellier): Article de concordance,
adopté. Article !4?
M. Lessard: Cela va!
Le Président (M. Cornellier): Concordance encore. Article
14, adopté. Article 15?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
16?
M. Lessard: D'accord!
Le Président (M. Cornellier): Article 16, adopté.
Article 17?
M. Lessard: Une minute. J'aimerais bien le lire.
M. Ostiguy: L'homme et la femme ne peuvent pas se rendre
admissibles à la subvention. C'est cela?
M. Lessard: C'est-à-dire que l'unité familiale est
considérée. Ainsi, un homme, même s'il crée une
corporation avec son épouse, ne peut pas profiter des doubles
subventions. Il ne s'agit pas dans ce cas, en fait, d'une corporation.
M. Toupin: C'est cela. A moins que ce soient deux fermes. La
femme est propriétaire, d'une
ferme, et ils l'exploitent et le mari est propriétaire, d'une
autre ferme, et ils l'exploitent aussi. Ils peuvent faire chacun une demande de
prêt et avoir chacun leur subvention, mais à condition que ce
soient deux fermes distinctes.
M. Roy: Deux fermes distinctes.
M. Toupin: Distinctes et rentables. A part cela, ils peuvent
travailler conjointement. Il n'y a pas de problème. On veut
éviter le double des subventions. Pas besoin de vous dire que si on ne
faisait pas cette distinction, tous ceux qui sont mariés demanderaient
une double subvention, demain matin.
M. Ostiguy: Cet article s'applique uniquement au conjoint?
M. Toupin: Au conjoint... Droit commun...
Le Président (M. Cornellier): Article 17.
Adopté?
M. Lessard: Une minute. Deux époux de droit commun
habitant ensemble ne peuvent rendre admissible telle corporation, telle
coopérative, telle société. S'ils n'habitent pas ensemble,
ils peuvent le faire?
M. Toupin: En principe, oui.
M. Roy: C'est intelligent! C'est très intelligent!
Autrement dit, l'homme peut s'associer avec la femme de son voisin et recevoir
des subventions, mais il ne peut pas s'associer avec la sienne. S'ils
décident de changer de femme tous les deux, qu'est-ce que vous
faites?
M. Toupin: Ce n'est pas mon problème, c'est le tien. Si un
gars décide de changer de femme demain matin, c'est parce qu'il n'est
pas content de vivre avec celle qu'il a déjà!
M. Roy: C'est pour rendre la femme égale... M. Toupin:
...sur la ferme.
M. Roy: ...dans le cadre de l'année de la femme.
M. Toupin: C'est cela.
Le Président (M. Cornellier): Article 18.
M. Toupin: Elle a les mêmes droit que les hommes, les
mêmes obligations, par ailleurs.
M. Ostiguy: A l'article 18, dans le cas d'un aspirant
agriculteur, toute subvention qui lui est accordée ne peut cependant lui
être payée qu'à compter du jour où il fait de
l'agriculture sa principale occupation, dans les délais suivant les
conditions fixées par règlement. On a dit, ce matin, que
l'aspirant agriculteur... il n'y a pas de délai. Ce n'est pas cinq
ans?
M. Toupin: II faut être prêt.
M. Ostiguy: Mais, cela veut dire que tant et aussi longtemps que
cet aspirant agriculteur travaille à l'extérieur, qu'il n'a pas
fait de la ferme sa principale occupation, il ne peut pas retirer la
subvention. Si cela prend dix ans, il l'aura après dix ans seulement.
Pendant ces dix ans, même s'il avait besoin d'une aide quelconque...
M. Toupin: On présume que s'il y a un travail
extérieur, il a un revenu quelque part.
M. Ostiguy: Oui, bien sûr. Cela veut dire qu'au moment
où il a décidé de quitter son emploi, il avise l'Office du
crédit agricole et là, il remplit les formules demandant la
subvention de mise en valeur. C'est cela?
M. Toupin: C'est-à-dire que les formules seraient remplies
au moment de son établissement, comme pour le cas des autres
agriculteurs et son plan serait arrêté et accepté au moment
de son établissement, sauf que le versement de la subvention
conformément à ce plan ne sera fait que le jour où il
répondra à la définition de l'agriculteur professionnel
comme on fait pour le crédit agricole. Il paie à un taux
économique et le jour où il fait de l'agriculture sa principale
occupation, il a droit au taux subventionné. C'est la même
philosophie qui préside à cette disposition.
M. Lessard: Je comprends l'esprit du législateur ou
l'esprit du ministre. Un aspirant agriculteur pourrait s'organiser pour
recevoir $6,000 et laisser par la suite la ferme, puisque cela n'est pas
remboursable, je pense.
M. Ostiguy: C'est assez difficile de passer autrement.
M. Toupin: A ce moment-là, je pense que ce serait
discriminatoire à l'endroit des vrais agriculteurs. On donnerait
à un gars qui a un revenu extérieur des subventions qui,
jusqu'à maintenant, ont été versées seulement
à ceux qui étaient dans le secteur agricole, comme
profession.
M. Roy: Cela m'amènerait à poser une question ici.
Quels sont les revenus? Il y a quand même des revenus qui peuvent
être extraagricoles sur le plan de la ferme comme telle, mais qui font
partie quand même de l'occupation de l'agriculteur. On va songer, par
exemple, à un cultivateur qui, dans certaines régions, surtout
avec la loi du crédit forestier, est propriétaire de lots
boisés et fait de la sylviculture. Il va chercher, sur sa ferme
sypvicole, à peu près autant d'argent qu'il peut aller en
chercher dans l'industrie laitière. Est-ce que c'est
considéré comme étant un revenu agricole?
M. Toupin: La sylviculture par incidence est
considérée comme étant de l'agriculture,
M. Roy: L'érablière également parce qu'il y
a plusieurs régions du Québec pour qui la forêt et
l'érablière sont des revenus d'appoint extrêmement
importants qui ont permis à des fermes, dans des régions pas
aussi avantageuses que la vallée du Richelieu au point de vue du sol, de
devenir très rentables à cause de ces revenus d'appoint.
M. Toupin: Pour établir une démarcation très
nette, tous ceux qui ne sont pas à temps plein dans un travail
donné se glissent pas mal dans la catégorie. Le gars qui
travaille trois mois à la voirie l'été, par exemple, pas
de problème.
Le Président (M. Cornellier): Article 18? M. Lessard:
Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
19?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 20?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 21?
M. Roy: A l'article 21, est-ce la même réponse
à la même question que je pourrais poser?
M. Toupin: Exactement.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): L'article 21 est
adopté. Le projet de loi no 5 est donc adopté, sur division.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h 30, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 8)
Reprise de la séance à 20 h 43
M. Cornellier (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'agriculture poursuit ses travaux ce soir et
entreprend l'étude du projet de loi 22, Loi constituant la
Société québécoise d'iniative agro-alimentaire.
Je cède immédiatement la parole à l'honorable
ministre de l'Agriculture.
Projet de loi no 22
M. Toupin: Cet après-midi, on a discuté de ce
projet de loi et, comme je l'ai déjà soutenu dans mon discours de
deuxième lecture à l'Assemblée nationale, nous avons
présenté des projets de loi de financement qui touchent
directement la production primaire, c'est-à-dire l'entreprise de base
dans l'agriculture.
Il est évident qu'il est impossible de penser, tant dans la
province de Québec que dans d'autres provinces du pays ou d'autres pays
du monde, au développement du secteur primaire si nous ne regardons pas
en même temps ce que peut apporter, pour aider le secteur primaire, le
secteur secondaire et le secteur tertiaire, c'est-à-dire celui de la
transformation et celui de la distribution, de la conservation et de la
commercialisation des produits de la ferme.
Au fond, cela donne suite au programme agro-alimentaire que nous avons
mis de l'avant déjà depuis quelque douze ou quinze mois dans
lequel il était affirmé très nettement qu'il n'est pas
possible de développer le secteur primaire, sans que nous ayons les
mêmes moyens incitatifs, le même dynamisme pour les autres
éléments qui composent la chaîne agro-alimentaire.
Il existe au Québec des marchés particuliers, des
marchés qui, de plus en plus, se dessinent, à compter de
l'orientation que semblent vouloir prendre les consommateurs
québécois.
On retrouve, dans ces tendances des marchés de consommation, des
goûts nouveaux pour les produits congelés, pour les produits
surgelés, etc., et nous n'avons pas, présentement, au
Québec, de sociétés particulières qui
s'intéressent de façon spéciale à des
problèmes comme ceux-là.
Cette société que nous proposons dans la loi 22, vient
répondre à ce besoin de donner à la ferme une continuation
de son activité en même temps qu'au désir et au goût
des consommateurs. C'est ainsi qu'on parviendra, je pense, à doter le
secteur agricole du Québec d'une politique intégrée:
c'est-à-dire qu'on commence avec la ferme, on entre dans le secteur des
entreprises et on va jusque sur la table du consommateur.
Déjà, nous avons introduit dans nos programmes, dans nos
politiques, des éléments de promotion.
Nous avons, par exemple, le mois de la salade, la semaine du poulet, la
promotion de la pomme, la promotion du sirop d'érable, etc. Ces
programmes donnent suite au secteur de la transformation, au secteur de la
distribution et aussi,
bien sûr, au secteur de l'entreposage, de la congélation ou
de la conservation.
C'est l'objectif premier, M. le Président, de ce projet de
loi.
Son deuxième volet touche, de façon plus
particulière, les intrants. On nous dit, depuis quelque temps, que le
gouvernement du Québec devrait se doter d'un office de commercialisation
des grains de provende. Lorsqu'une motion fut présentée, à
l'Assemblée nationale, par le député de Saguenay, qui
demandait qu'un office des grains de provende soit créé au
Québec, j'avais voté contre cette motion et j'avais
demandé à mes collègues d'en faire autant, parce que nous
avions déjà préparé un projet de loi, qui est
présentement devant nous, ce soir, lequel prévoyait des
activités commerciales, c'est-à-dire des mesures permettant
d'acheter, d'entreposer et de revendre des produits agricoles ou tout produit
qui pourrait servir directement ou indirectement au développement de
l'agriculture.
Donc, cette société que nous proposons pourra aussi
s'occuper d'un problème comme celui-là. Elle pourra
également s'occuper d'explorer les marchés nationaux, les
marchés internationaux et tenter ainsi de libérer les surplus de
production que nous avons dans certains secteurs au Québec. Elle pourra
tenter aussi de signer des contrats à long terme, de vente de produits
agricoles avec les autres provinces du pays ou avec les autres pays du monde.
Ce sont des initiatives nouvelles, je pense. C'est la première fois,
sans aucun doute, dans toute son histoire, que le ministère de
l'Agriculture du Québec prend l'initiative d'aller aussi loin que de
commercialiser les produits en pensant à signer, à court,
à moyen ou à long terme, des contrats avec des acheteurs
éventuels.
M. le Président, c'est ce que nous nous étions fixé
comme objectif, en 1970, et c'est ce qui se concrétise de plus en plus
avec les projets de loi que nous discutons, que nous avons discutés et
que nous discuterons également dans l'avenir. Ce sont les quelques
propos que je voulais tenir, au début de l'étude article par
article de ce projet de loi.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas l'intention, ce
soir, de reprendre les remarques que j'ai faites au sujet de ce projet de loi
22, concernant la Société québécoise d'initiative
agro-alimentaire. Vous savez, M. le Président, que, à plusieurs
reprises, nous sommes intervenus auprès du ministre pour demander la
création d'une telle société.
Nous espérions qu'on présente un projet de loi complet, un
projet de loi précis, un projet de loi qui détermine
véritablement des pouvoirs d'intervention. J'avais dans l'idée
que la Société québécoise d'initiative
agro-alimentaire pourrait ressembler à la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, ou encore que
sa loi pourrait ressembler à ce qu'est, au niveau de l'industrie et du
commerce, la Loi de l'aide au développement industriel du
Québec.
Ce que j'ai fait valoir, concernant ce projet de loi, c'est qu'on nous
présente une société d'Etat dans laquelle on propose des
objectifs très larges, mais par ailleurs très vagues. Quand on
compare les objectifs qui sont prévus dans la Loi de l'aide au
développement industriel, on constate qu'il y a une précision; on
constate, à un moment donné, qu'il y a un certain nombre de
montants qui sont indiqués, alors que dans la loi qui nous est
présentée actuellement, la société a pour objet,
comme je le disais, de favoriser l'implantation, la modernisation, l'expansion,
le développement, la consolidation ou le regroupement des industries du
secteur alimentaire et de participer ou d'intervenir dans la production, la
transformation, le conditionnement et la commercialisation de tout produit
relié au secteur agricole ou alimentaire ou aux pêcheries
commerciales.
Je remarque, M. le Président, qu'on n'a même pas
oublié les pêcheries commerciales. C'est déjà cela.
Mais je vois que ce projet de loi couvre à peu près tout et peut
intervenir dans à peu près toute l'entreprise agricole et
même les pêcheries commerciales. Cependant, quand je vais plus
profondément à l'intérieur de ce projet de loi, je
constate que les pouvoirs d'intervention ne sont pas très bien
précisés. La définition des interventions est absolument
imprécise, absolument vague. C'est pourquoi je demandais au ministre et
je lui demanderai ce soir quels seront, en fait, les pouvoirs d'intervention de
cette société. Est-ce que, tel que prévu pour la
Société de développement industriel, aux articles 5
à 10 de la loi, on peut prévoir des prêts
préférentiels, ou d'autres prêts au taux du marché
ou à des taux réduits dans certains cas, ou est-ce que cela sera
par des subventions ou par des prises de capital-actions? En fait, le ministre
m'a répondu: Cela va être par tout cela. C'est déjà
cela. On peut intervenir un peu partout et selon à peu près tous
les moyens qui peuvent être acceptables, en tout cas, qui pourraient
être acceptables par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Par ailleurs, M. le Président c'est le dernier point que
j'aurai l'occasion de souligner; comme je l'ai dit, je ne veux pas
développer, j'aurai l'occasion de le faire en posant des questions au
ministre contrairement, par exemple, à ce qu'on trouve dans
d'autres lois, particulièrement la Loi de développement
industriel, on constate ici que les pouvoirs de la société sont
limitatifs. En effet, à l'article 17, au lieu de souligner que la
société pourra faire telle chose, etc., on limite la
société à: "ne pourra sans l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil..."
Je suis d'accord, M. le Président, qu'il ne faut pas instaurer,
lorsqu'on crée des sociétés d'Etat, un Etat dans l'Etat,
mais cependant, je pense que nous avons été habitués... Le
ministre nous indiquait, lors de son discours de deuxième lecture, que
c'était une modification des objectifs du gouvernement. Peut-être
qu'on sent l'influence du ministre des Finances, qui avait eu certains
problèmes avec Hydro-Québec et qui a décidé,
à un moment donné, de contrôler cette fois ou de mettre en
tutelle ces futures sociétés d'Etat. Cependant,
si on veut véritablement que ces sociétés puissent
intervenir de façon efficace, il faut, au moins à
l'intérieur d'un certain nombre de cadres, leur reconnaître une
certaine autonomie.
Ce sont là, M. le Président, les questions que j'avais
posées. Je suis d'accord sur les objectifs verbaux du ministre, mais je
constate qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. Il ne faudrait pas que
cette société ne soit jamais créée, que cette
société constitue un ballon publicitaire pour faire oublier un
certain nombre de situations néfastes au Québec, telle la
situation qu'on vit actuellement concernant la viande avariée, ou encore
un étemel prétexte d'intervention prochaine dans le domaine des
grains de provende. J'aurais voulu qu'on précise à
l'intérieur de la loi la constitution de cette
société.
En fait, M. le Président, à moins que le ministre ne me
corrige, j'ai l'impression que la lutte dont on avait parlé dans les
journaux, entre M. Saint-Pierre et M. Toupin et le ministre des Finances et le
ministre de l'Agriculture, a été gagnée non pas par le
ministre de l'Agriculture, mais par le ministre de l'Industrie et du Commerce
qui, par la loi du développement industriel, se garde un pouvoir de
contrôle de SOQUIA, par l'intermédiaire du conseil des ministres.
Il est même précisé que la société devra
faire connaître ses plans de développement trois mois, je pense,
avant son activité financière. Cela veut donc dire que le
ministre des Finances, comme le ministre de l'Industrie et du Commerce, pourra
scruter les objectifs de la société, et, à ce moment, aura
certainement un contrôle sur cette société.
De toute façon, M. le Président, un peu comme l'a
précisé le député de Beauce-Sud, je suis prêt
à donner une chance à cette société, mais je ne
peux, par ailleurs, présenter des amendements, puisque chaque amendement
que je pourrais présenter constituerait des dépenses de deniers
publics, et vous savez qu'en vertu de l'article 64 des règlements, cela
m'est défendu.
Alors, nous analyserons au mérite, chacun des articles et je
ferai les commentaires à ce moment, pour demander des précisions
au ministre.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, même si nous avons
voté en faveur de ce projet de loi, pour donner une chance au ministre,
pour donner une chance au gouvernement de faire ses preuves, je dois dire,
à ce moment-ci, que je suis loin de partager son optimisme, parce que
dès l'instant où il y a des problèmes, à partir
de... Non. Si le député de Rouville veut intervenir, il pourra
revenir tout à l'heure. Il peut rire, mais on aura certainement
l'occasion de revenir sur ce sujet avant longtemps...
M. Ostiguy: Oui.
M. Roy: ... et le député aura l'occasion de se
rendre compte...
M. Ostiguy: Oui.
M. Roy: ... que nos appréhensions étaient
fondées et, si nous nous trompons, j'en serai des plus heureux. Ce que
je veux dire, d'abord, au ministre, à ce moment-ci...
M. Ostiguy: Le député me permet-il une
question?
M. Roy: Non. Je ne permets pas de question. M. Ostiguy: C'est
pour vous montrer...
M. Roy: Ce que je veux dire au ministre... M. le
Président, le député doit s'adresser à la
présidence.
M. Ostiguy: M. le Président, je soulève une
question de règlement.
M. Massicotte: Un point de règlement. M. Roy: J'ai le
droit de parole.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Verchères sur une question de règlement.
M. Ostiguy: Sur la question de règlement, je voudrais tout
simplement, bien amicalement, demander au député de Beauce-Sud
comment il peut être au courant d'un projet de loi quand c'est depuis
I973 que je siège ici...
M. Roy: Ce n'est pas un point de règlement.
M. Ostiguy: ...un instant. ... et que je suis le
député de Verchères et non pas le député de
Rouville. Alors, comment pouvez-vous être au courant d'un projet de loi
comme cela?
M. Roy: M. le Président, le député doit
toujours s'adresser à la présidence et non à ses
collègues. Ce n'était pas un point de règlement.
M. Ostiguy: Oui. Vous me mentionnez comme le député
de Rouville. Je suis député de Verchères.
M. Pelletier: Un point de règlement est que le
député de Beauce-Sud a attaqué le député de
Verchères. Donc, je pense que son point de règlement est
justifié.
Le Président (M. Cornellier): Maintenant, la parole
revient au député de Beauce-Sud.
M. Toupin: Le député de Beauce-Sud devrait savoir
que le député de Verchères a fait ses preuves dans le
cidre. Il a été "l'auteur" d'un certain nombre d'entreprises. Il
a donné à la pomiculture du Québec une place qu'elle
n'avait jamais eue au Québec depuis le début de son
existence.
M. Roy: Peut-on en dire autant dans le cas de la raffinerie de
sucre...
M. Ostiguy: Oui.
M. Roy: ... livrée pieds et mains liés... M.
Carpentier: Encore plus.
M. Roy: ... au cartel du sucre? C'est ce que vous avez fait.
Peut-on revenir à l'essentiel du projet de loi, M. le
Président?
M. Carpentier: Oui. Cela presse parce que vous êtes un peu
égaré.
Le Président (M. Cornellier): II serait important, en
effet, de revenir, comme le député de Beauce-Sud vient de le dire
si bien, à l'essentiel du projet de loi 22.
M. Roy: Je dis que je suis loin de partager l'optimisme du
ministre à ce moment-ci parce qu'il y a une tentation, au niveau du
gouvernement, suite aux problèmes qui peuvent se poser dans un certain
secteur en particulier, de fonder une société d'Etat.
Il y a tellement de sociétés d'Etat à l'heure
actuelle qu'elles sont en concurrence les unes avec les autres. On a vu, au
moment où le ministre de l'Agriculture a parlé de former sa
Société québécoise d'initiative agro-alimentaire,
les problèmes que le ministre Saint-Pierre a soulevés parce que
la SDI, la Société de développement industriel, a quand
même certains pouvoirs en vertu des lois que nous avons votées
à l'Assemblée nationale pour lui permettre d'agir et de
développer des entreprises québécoises.
Actuellement, nous sommes en train de voter une loi en commission
élue, article par article, pour créer de l'illusion. Je suis
obligé de le dire, M. le Président, parce que c'est cela. Nous
sommes en train de créer une grande illusion au niveau des agriculteurs
parce que cette Société d'initiative agro-alimentaire sera
obligée de fonctionner à l'intérieur du Québec au
même titre que d'autres sociétés québécoises
fonctionnent, c'est-à-dire dans un marché concurrentiel. Elle
aura des problèmes avec l'Ontario, des problèmes avec les autres
provinces canadiennes, des problèmes de mise en marché sur le
plan local, sur le plan national comme sur le plan international, et
également des problèmes de concurrence au niveau des importations
qui peuvent nous venir de l'extérieur et dont le contrôle nous
échappe.
M. le Président, FEDCO, qui a été quand même
une société qui avait reçu l'exclusivité de faire
la mise en marché des oeufs au Québec, n'a pas
réglé le problème encore aujourd'hui, à ce que je
sache. Combien de millions ont été dépensés,
à même le trésor public, pour tâcher de venir
à la rescousse de FEDCO? Je prends cela à titre d'exemple, M. le
Président. Combien de millions?
Le Président (M. Cornellier): Un instant s'il vous
plaît. L'honorable ministre sur une question de règlement.
M. Toupin: M. le Président, le député de
Beauce-Sud affirme des choses que, d'ailleurs, il connaît
véritablement. Le député de Beauce-Sud sait fort bien que
l'Etat n'a versé aucune subvention à la Fédération
des producteurs d'oeufs de consommation du Québec. Absolument aucune
subvention. Le député de Beauce-Sud sait cela. Quand il parle de
millions, il peut bien se référer à des garanties
d'emprunt. On en a donné l'an dernier pour au-delà de $40
millions à des entreprises québécoises, et il me semble
que le ministère de l'Agriculture du Québec était bienvenu
d'aider une association de producteurs. Ce n'est pas une corporation, FEDCO,
c'est une association de producteurs. Ce sont les producteurs qui se sont
donné cette affaire. Ce n'est pas le gouvernement qui la leur a
donnée ce sont eux-mêmes qui se sont donné cette
organisation. C'est normal, je pense, qu'on les aide dans la commercialisation
de leur produit. Le député de Beauce-Sud dépasse sans
doute sa propre pensée parce que je le connais assez pour savoir qu'il
connaît bien le problème.
M. Roy: M. le Président, quel était le point de
règlement qu'a soulevé l'honorable ministre?
M. Toupin: C'était simplement pour rappeler au
député de Beauce-Sud qu'il était dans l'erreur dans son
affirmation.
M. Roy: M. le Président, je pense quand même...
Une Voix: C'est l'article 96 des règlements.
M. Roy: D'après l'article 96 des règlements, vous
avez le droit de rétablir les faits une fois que j'ai fini mon
exposé. Je disais donc à l'honorable ministre, M. le
Président, puisqu'on semble vouloir encore jouer sur les mots à
ce sujet... Je sais que cela déplaît au ministre, je sais que cela
déplaît à plusieurs personnes, mais il faut quand
même dire les choses telles qu'elles sont et cesser de jouer sur les
mots. A une question que j'ai posée au ministre à la suite de
l'intervention inopportune qu'il vient de faire à l'Assemblée
nationale, à savoir si la subvention qu'on venait d'accorder aux
producteurs d'oeufs de consommation du Québec allait être
accordée à tous les producteurs d'oeufs du Québec...
M. Toupin: Pas à tous.
M. Roy: Seulement à ceux qui sont membres de la
société FEDCO...
M. Toupin: A ceux qui sont en règle avec les
règlements de la fédération.
M. Roy: ... de la fédération, pour leur permettre
de payer les arrérages qu'ils doivent à la
fédération, pour faire en sorte que les producteurs demeurent en
règle avec la fédération et pour les inciter à
demeurer à l'intérieur.
M. Toupin: Aux fins de recevoir...
M. Roy: On sait que la Régie des marchés agricoles
a quand même organisé des fuites au niveau de FEDCO. Une
ordonnance a quand même permis cela a été dit et
répété aux grandes chaînes d'alimentation de
s'approvisionner. Le ministre est suffisamment intelligent et je sais
qu'il connaît suffisamment la situation puisqu'il est ministre de
l'Agriculture au Québec pour savoir que tout le problème
vient de là, du moment où la Régie des marchés
agricoles a permis à une grande chaîne d'alimentation de
s'approvisionner à 55% en dehors des cadres de FEDCO. Ceci a
nécessité une deuxième ordonnance de la Régie des
marchés agricoles pour permettre à d'autres chaînes
d'alimentation de s'approvisionner à 45% en dehors de FEDCO.
M. Toupin: II n'y a pas d'ordonnance...
M. Roy: II y a eu, M. le Président, des ordonnances
rendues à ce sujet.
M. Toupin: II n'y a pas eu d'ordonnance.
M. Roy: II y a eu des décisions prises pour permettre
à ces grandes chaînes d'alimentation... Le ministre lui-même
l'a déjà admis, je n'ai pas les notes du journal des
Débats à ce moment-ci, mais ce que je veux illustrer...
M. Toupin: C'est une convention entre producteurs et acheteurs,
ce n'est que cela, l'entente entre la fédération et les
chaînes de magasins. Ils ont le droit de le faire, à part cela et
je n'empêcherai pas les producteurs de signer une convention de vente
pour garder un marché; soyez sûr de cela.
M. Roy: On pourrait reparler de cela, et on pourrait en parler
longtemps.
M. Toupin: Ils ont gardé leur marché, à part
cela. Ils ont augmenté leur production.
M. Roy: On pourrait en parler longtemps. C'est justement
là le problème pour lequel FEDCO n'a jamais pu marcher et a
encore énormément de difficultés.
M. Toupin: ... en avoir.
M. Roy: Les conventions faites à ce niveau sont des
conventions... Le ministre pourra dire que ce sont les producteurs qui les ont
faites. On pourra dire n'importe quoi, mais il reste quand même un fait:
c'est que si on leur avait donné l'exclusivité pour permettre une
mise en marché rationnelle, pour permettre aux producteurs d'avoir des
prix garantis et des prix minimaux au Québec...
Le gouvernement a joué son rôle là-dessus. On a
permis à d'autres de s'approvisionner en dehors et de couper les prix,
ce qui a forcé ceux qui avaient l'obligation de s'alimenter
exclusivement chez FEDCO à avoir recours au marché noir, ce qui a
contribué aussi à la décadence, ce qui a contribué
à tous les problèmes que les produc- teurs d'oeufs de
consommation du Québec ont vécus.
M. Toupin: C'est exact.
M. Roy: Je ne ferai pas le procès de FEDCO, mais je veux
dire au ministre que FEDCO a été une illusion pour les
producteurs d'oeufs du Québec et c'en est encore une. On est en train
d'en créer une autre, parce qu'il y a trop d'autres choses qui entrent
en ligne de compte. Dans cette loi, on ne prend pas les moyens, on ne fait pas
le nécessaire pour avoir les outils véritables qui permettraient
de corriger la situation, de corriger les problèmes et de
protéger correctement les producteurs du Québec parce qu'il y a
trop de facteurs qui entrent en ligne de compte et pour lesquels cette loi ne
peut rien, absolument rien. Le ministre le sait.
C'est un premier point que je veux soulever. Il y a un deuxième
point. Le ministre a parlé du sirop d'érable. On veut organiser
la mise en marché du sirop d'érable au Québec.
Il y a, au niveau des producteurs de sucre et de sirop d'érable,
énormément de problèmes. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il
pas pris ses responsabilités jusqu'à maintenant?
On n'a jamais demandé au gouvernement de s'organiser et de faire
la mise en marché du sirop d'érable lui-même. Ce qu'il
fallait, dans le domaine de la production de l'érable, c'était
l'appui du gouvernement, et non que le gouvernement fasse la mise en
marché lui-même et aille concurrencer la Coopérative de
Plessisville et ceux qui font la transformation. Ce n'est pas de cela que les
producteurs de sucre et de sirop d'érable ont besoin.
M. Ostiguy: On ne l'a pas fait.
M. Roy: II fallait un organisme qui aurait agi au Québec
exactement comme la commission canadienne du blé a agi avec les
producteurs de céréales de l'Ouest. Il aurait fallu, au moment de
la production du sirop d'érable, que ce sirop soit entreposé. Il
aurait fallu que des paiements d'appoint soient donnés, pour permettre
aux producteurs d'avoir de l'argent à la livraison de leurs
produits.
Une fois les produits entreposés, il y avait des entreprises qui
étaient intéressées, qui étaient organisées,
qui étaient capables, qui avaient les débouchés pour faire
la mise en marché des produits de l'érable au Québec et
qui auraient pu donner aux producteurs un marché, pourvu que le
gouvernement joue son rôle, pourvu que le gouvernement garantisse des
prix minimaux, pour empêcher la spéculation à outrance qui
s'est faite dans ce secteur.
Il y a eu cette conséquence heureuse que, pour une fois, le
gouvernement, l'an dernier, a décidé, juste avant l'ouverture de
la session, à la suite d'une entente intervenue avec le gouvernement
fédéral, d'entreposer le sirop d'érable de classe c et de
classe d, au prix de $0.35 la livre, et de négocier une entente
ultérieure avec la raffinerie, au cas où, au mois de septembre ou
au mois d'octobre, mais à une date déterminée, le sirop
n'aurait pas trouvé preneur sur le marché régulier.
Cela a été une initiative, je l'ai dit au ministre et je
l'en félicite. Je le dis encore à ce moment-ci, mais qu'on me
laisse terminer, qu'on me laisse m'expliquer, M. le Président.
Qu'est-ce que ce même gouvernement a fait cette année? Au
lieu de continuer d'appliquer une mesure pour laquelle j'avais pris la peine
j'avais même pris le risque, parce qu'il y avait quand même
là un risque de féliciter le ministre de l'Agriculture,
quel prix, cette année, les producteurs de sucre et de sirop
d'érable recevront-ils pour le sirop de classe c et de classe d? Quel
prix recevront-ils?
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas pris la responsabilité de
prolonger son programme de façon à ne pas décourager les
50% de producteurs qui ont continué à exploiter leur
érablière? Je tiens à dire au ministre, à ce
moment-ci, que les producteurs de sucre et de sirop d'érable,
aujourd'hui, le 17 juin 1975, n'ont pas encore reçu un seul cent pour
leur sirop de classes c et d de leur production de 1975.
Les producteurs de sucre et de sirop d'érable, actuellement,
n'ont pas reçu encore un seul cent. Quel est le prix? $0.15 ou $0.20 la
livre? Pour quelle raison n'avons-nous pas maintenu le prix de $0.35, alors
qu'il aurait fallu maintenir un prix de $0.40. M. Le Président, compte
tenu des coûts de production? Le gouvernement a reculé alors qu'il
avait les pouvoirs. Il y avait eu une entente de faite. Le gouvernement
provincial avait la possibilité de prolonger cette entente de
façon à empêcher la coupe des érablières,
comme c'est en train de se pratiquer dans la région des Bois-Francs,
comme c'est en train de se pratiquer dans la région de la Beauce,
à l'heure actuelle. Or, les entreprises qui font le marché du
sucre et du sirop d'érable sont capables de trouver de nouveaux
débouchés, avec la collaboration du gouvernement provincial mais
non pas en ayant le gouvernement provincial comme concurrent. C'est le point
sur lequel je veux attirer l'attention du ministre et que je veux souligner,
à ce moment-ci de nos travaux parlementaires.
S'organise-t-on pour aller faire une concurrence? Je dis, M. le
Président, que si je me réfère au projet de loi qui est
ici, le ministre, le ministère de l'Agriculture, par l'entremise de
cette société, a les pouvoirs de contrôler et de prendre
possession de tout le secteur agro-alimentaire. Il a les pouvoirs, dans cette
loi, de s'approprier tous les secteurs dans le domaine de l'entreposage, de la
transformation, de la mise en marché, du commerce de détail. Il
peut même aller jusque là. Il se donne les pouvoirs de tout
contrôler dans le secteur agro-alimentaire.
Autrement dit, nous donnons, ce soir, au ministre de l'Agriculture, par
cette loi, le pouvoir d'étatiser, de permettre a l'Etat de tout
contrôler, de tout posséder dans le secteur agro-alimentaire.
Mais, par contre, il n'y a a, dans cette loi, aucune disposition qui oblige le
ministre à intervenir à un endroit donné. Cela veut dire
que c'est une carte blanche qui permet tout, mais n'oblige en rien. C'est cela,
M. le Président.
Le ministre se donne un outil, actuellement. Qu'est-ce qu'il va faire
avec cet outil? C'est un peu comme donner un fusil de chasse. Si on donne un
bon fusil de chasse à un chasseur d'expérience, il pourra
utiliser le fusil de chasse sans faire de tort, mais si on donne un fusil de
chasse à un enfant de quatre ans, il y a risque qu'il y ait des
désastres. Je me demande actuellement si, dans l'esprit du ministre,
nous avons affaire à un chasseur d'expérience ou si nous avons
affaire à un enfant de quatre ans.
M. Ostiguy: On voit que vous n'êtes pas sérieux.
M. Roy: Je le dis, M. le Président, et je veux quand
même... Je m'excuse d'apporter cette image à ce moment-ci, mais
c'est pour bien illustrer la portée réelle de la loi. C'est tout
cela la loi: le droit de tout faire, de tout prendre, de tout contrôler,
d'organiser toute la mise en marché, mais sans aucune obligation de
faire quoi que ce soit. C'est pour cela que j'ai apporté mon exemple du
fusil de chasse. Cela peut tout faire, cela peut faire énormément
de ravages, comme cela peut faire énormément de bien et comme
cela peut ne faire absolument rien. On n'a aucune garantie, on n'a aucune
certitude.
Je pense que le gouvernement du Québec aurait eu
intérêt à préparer un programme dans le secteur
donné, faire en quelque sorte une expérience pilote et se donner
les pouvoirs d'une loi pour mener à bien son projet pilote, mais
à condition toutefois que le législateur, que les membres de
l'Assemblée nationale puissent quand même garder une certaine
autorité, en ce sens que, si l'expérience pilote s'avère
malheureuse, on puisse mettre les freins à d'autres intentions du genre
ou à d'autres grandes ambitions.
M. le Président, je n'ai pas à expliquer au ministre la
foi que j'ai envers les sociétés d'Etat. Je pense qu'il a eu
l'occasion de se rendre compte assez souvent que je ne crois pas aux
sociétés d'Etat. Nous en avons au Québec un grand nombre
de sociétés d'Etat. Elles sont rares celles qui sont
réellement efficaces et qui jouent un rôle vraiment valable dans
l'économie québécoise comme telle, alors qu'un grand
nombre d'autres sont des éléphants blancs, des châteaux en
Espagne qui coûtent des millions et des millions de dollars aux
contribuables du Québec et qui constituent une série de
problèmes pour la société québécoise comme
pour l'administration gouvernementale.
Or, M. le Président, j'ai eu l'occasion, lors du débat de
deuxième lecture, de parler davantage sur ce projet de loi. Le ministre
nous en a parlé tout à l'heure. Il y a quand même un autre
secteur sur lequel j'aimerais revenir, c'est la question des grains de
provende. Le ministre va régler le problème des grains de
provende avec la Société québécoise d'initiative
agro-alimentaire. Comment? C'est une question qu'on se pose. On n'a pas de
réponse à ce moment. On n'a aucune indication sur la façon
dont le ministre a l'inten-
tion d'agir ou a l'intention d'intervenir. On n'a aucune indication sur
le fait que le gouvernement a effectivement l'idée bien
arrêtée, dans son programme de cette année, de faire une
intervention, de façon que, l'automne prochain, lorsque la saison
d'hiver arrivera, dans les entrepôts de grains de l'Est, dans les silos
à grains du Québec, il y ait un entreposage de grains suffisant
pour garantir un approvisionnement régulier, un approvisionnement normal
aux éleveurs, aux producteurs sans sol qui s'alimentent à
même les élévateurs à grains pour nourrir leur
bétail. On n'a rien, on n'a aucune indication, mais, quand même,
le ministre nous dit: Voici, j'ai une loi ici, nous allons tout régler
avec la loi.
M. le Président, j'ai d'autres questions à poser, mais je
termine en disant ceci au ministre: Même s'il est optimiste, je suis loin
de partager son optimisme parce que je dois lui dire, à ce moment,
même si j'ai voté en faveur de la loi en deuxième lecture,
que je n'ai aucunement confiance qu'il y ait des résultats pratiques,
des résultats concrets, des résultats bénéfiques
pour la classe agricole avec cette Société
québécoise d'initiative agro-alimentaire. Il appartient
maintenant au ministre de prouver que j'ai tort. Si le ministre réussit
à prouver que j'ai tort, je serai heureux de l'admettre.
Le Président (M. Cornellier): Le ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai pas de réplique
à faire, seulement quelques précisions que je voudrais apporter.
Le député de Beauce-Sud a des propos qui me font parfois sourire,
mais qui, en soi, lorsqu'ils ne sont pas analysés, peuvent
paraître logiques. Sur le sirop d'érable, il m'a accusé,
d'une part, d'avoir été le concurrent des sociétés
appartenant aux producteurs, et, sur le même ton et en même
temps...
M. Roy: Je n'ai pas dit que vous aviez été le
concurrent...
M. Toupin: ... il m'a dit: Vous...
M. Roy: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Le ministre se l'est permis tantôt, je vais faire
la même chose.
Une Voix: M. le Président, qui a la parole?
Le Président (M. Cornellier): Un instant. Le ministre,
tantôt, a posé une question de règlement et j'ai dû
l'entendre. Alors, si vous voulez interrompre le ministre sur un point de
règlement, vous devez demander la parole à cet effet.
M. Toupin: Sur le même ton et en même temps, il
m'accusait de ne pas avoir été assez loin, de n'être pas
intervenu pour assurer des prix aux producteurs, etc. Ou on intervient ou on
n'intervient pas. On est intervenu l'année passée pour le sirop
d'érable. Le député de Beauce-Sud sait fort bien que notre
programme là-dessus était excellent. Les producteurs de sirop
d'érable étaient satisfaits. On leur a garanti un prix de $0.35
pour tout le sirop d'érable que les producteurs auraient de toute
façon perdu si le gouvernement n'était pas intervenu.
Si nous sommes intervenus à cette période le
député de Beauce-Sud sait aussi pourquoi nous sommes intervenus
à cette période c'est qu'on ne voulait pas, encore une
fois, en laisser profiter ce que vous appelez les sociétés
multinationales. On ne voulait pas, en annonçant une mesure trop rapide,
voir les acheteurs courir après le sirop et offrir $0.02, $0.03 et
$0.05. On a laissé jouer les mécanismes du marché
jusqu'à la fin de la saison et, à la fin de la saison, on est
intervenu, sachant fort bien que le sirop de la saison qui venait allait
être sur le marché en même temps et là, on obligeait
les acheteurs à acheter le sirop de 1975 plutôt que le sirop de
1974, les obligeant ainsi, à payer un prix normal sur le marché.
C'est cela qui a été notre intervention. Je pense que cela a
profité aux producteurs très largement. Très
honnêtement, M. le Président, je n'ai eu, de la part d'aucune
association de producteurs de sirop d'érable, quelque reproche que ce
soit. Je n'ai pas eu une lettre, je n'ai pas eu un télégramme,
aucun mémoire, même pas de coup de téléphone me
disant: Votre intervention est injuste. Vous favorisez des groupes par rapport
à nous autres. Vous nous payez moins que les autres. Non, les gars
étaient contents des politiques annoncées. Ce sont des politiques
efficaces, d'après nous, qui viennent répondre à des
besoins immédiats. Cela demande des interventions de l'Etat au bon
moment.
Pour l'année 1975, il n'était pas non plus de notre
intérêt de garantir un prix aux producteurs. Si on l'avait
garanti, quel prix les acheteurs auraient-ils payé, encore une fois?
C'est cela le mécanisme du marché dans lequel nous vivons.
M. Roy: Oui? Donnez-moi donc des exemples.
M. Toupin: Nous intervenons au moment où les
marchés ne sont pas capables de soutenir les coûts de production.
C'est cela que nous faisons. Pour les oeufs, nous avons fait la même
chose. La subvention que nous avons versée, c'était simplement
pour garantir un prix aux producteurs qui affrontaient les coûts de
production. C'est cela que nous avons fait. C'était logique avec la
politique annoncée l'année passée. Le gouvernement
était d'accord pour maintenir des prix se comparant aux coûts de
production. C'est pour cela qu'on est intervenu pour le poulet aussi. C'est
pour cela qu'on est intervenu pour la dinde. C'est pour cela qu'on est
intervenu pour le porc, l'année passée.
M. Lessard: Sans contrôler vos marchés.
M. Toupin: C'est notre politique de soutien
des revenus des agriculteurs qui s'applique. Elle va s'appliquer encore
cette année.
M. Lessard: Le soutien des profits des compagnies.
M. Toupin: Elle va s'appliquer encore l'année prochaine.
C'est comme cela qu'elle va s'appliquer, mais seulement après
l'année, pas pendant la fixation des prix.
M. le Président, je ne voudrais pas argumenter plus longtemps
là-dessus. Sur la société, les députés de
Beauce-Sud et de Saguenay disent, également, tous les deux c'est
le dernier argument, évidemment, on n'en trouve pas d'autres que
cette société englobe tout, touche tout. Le ministre de
l'Agriculture peut tout faire avec cela: il peut acheter, peut vendre, peut
transformer. C'est vrai! C'est ça qu'on voulait. On ne voulait pas
être pris au dépourvu. Quand un problème se posera dans le
domaine des pommes, on sera présent. Quand il se posera dans le domaine
des viandes, on sera présent, nonobstant ce qui se dit actuellement.
Quand le problème se posera au niveau des pommes de terre, on sera
présent. C'est pour cela qu'on s'est donné de la place dans cette
loi. On ne s'est pas limité à un petit canal large comme
ça, parce que l'agriculture, c'est plus large que ça.
L'agriculture, c'est tout ce que la loi comporte. La loi va s'appliquer
à toutes ces productions, non pas en même temps, par exemple, mais
on procédera par secteurs prioritaires. Si le député de
Beauce-Sud veut savoir les priorités qu'on s'est données, qu'il
prenne le temps de lire notre plan agro-alimentaire et il va les trouver
dedans.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Verchères.
M. Ostiguy: M. le Président, je voudrais quand même
rectifier certains faits énoncés par le député de
Beauce-Sud en Chambre, il y a quelques jours et encore aujourd'hui, sur
l'administration de la raffinerie de sucre. Je ne peux pas laisser passer ces
paroles en l'air, parce que je m'aperçois que le député de
Beauce-Sud n'est pas au courant du tout des faits qui se sont produits à
la raffinerie de sucre.
D'abord, je voudrais lui dire qu'en 1974, 6,300 acres ou à peu
près avaient été mises sous contrat entre la raffinerie de
sucre et les producteurs. Parce que, d'abord, le principal but de la raffinerie
de sucre du Québec est de donner des débouchés à
l'agriculture, diversifier l'agriculture, les cultures chez l'agriculteur.
A peu près 6,300 acres, en 1974, ont rapporté à
l'agriculteur $42 la tonne, et cela, comparativement à $20 en 1973 et
à $13 en 1972.
M. Lessard: Cela ne règle pas le problème du
consommateur.
M. Ostiguy: Une minute. C'est une autre affaire. On parle du
cultivateur. On reviendra au consommateur. Je voudrais quand même dire au
député de Beauce-Sud qu'en 1975, 9,500 acres de betteraves ont
été mises sous contrat par les cultivateurs. Le prix? Cela
dépendra, bien sûr, de la teneur en sucre de la betterave; cela
dépendra du prix mondial du marché du sucre. Je voudrais dire
aussi à mon collègue de Saguenay, qui dit que cela ne
règle pas le problème du consommateur, que la Raffinerie de sucre
du Québec produit à peu près 5% à 6%, au maximum,
au gros maximum, de la consommation.
Or, comment voulez-vous qu'avec une production de 5% à 6%, on
puisse contrôler 95% du marché? Même si la raffinerie avait
fait la commercialisation de son produit, on n'aurait pas pu changer le prix du
sucre. Je reviens là-dessus.
M. Lessard: Vous connaissez le cartel.
M. Ostiguy: Non. Je reviens au fait, au point de départ.
La raffinerie de sucre a été mise en place en 1943 dans le but,
uniquement, d'aider le cultivateur à développer l'agriculture au
Québec. Les gestes que j'ai posés comme membre du conseil
d'administration je ne réponds pas pour les autres membres du
conseil d'administration je n'ai pas honte de les avoir posés et
je suis fier, aujourd'hui, de dire que les agriculteurs des régions
agricoles, nos 4, 6 et 7, plus particulièrement, qui produisent de la
betterave à sucre, ont retiré un montant très convenable
et très valable, ce qui leur donnait à peu près $300
à $400 l'acre net pour la betterave à sucre qu'ils ont produite
en 1974. C'est pour cela qu'en 1975, les cultivateurs de cette région...
J'invite le député de Beauce-Sud à venir dans notre
région leur parler, comme il nous parle ici, contre la raffinerie de
sucre. Vous allez voir que... Il ne viendra pas, effectivement. Il ne viendra
pas parce qu'il va avoir peur de venir.
J'invite le député de Beauce-Sud et le
député de Saguenay d'ailleurs, le député de
Saguenay est déjà venu dans ma région à
venir rencontrer les producteurs de betterave et vous allez voir que le son de
cloche ne sera pas le même.
M. Lessard: Lâche cela! Lâche cela!
M. Ostiguy: Une minute. Je n'ai pas terminé. J'ai la
parole. Le député de Beauce-Sud parlait de SOQUIA, tout à
l'heure. Il parlait de la non-responsabilité du ministre de
l'Agriculture. Je peux vous dire que le ministre de l'Agriculture a pris ses
responsabilités vis-à-vis des producteurs de pomme de terre parce
qu'il y a à peu près deux mois les producteurs de pomme de terre
étaient en difficulté au Québec. Lundi, j'ai parlé
avec un gros producteur de pomme de terre de mon comté qui m'a dit: M.
Ostiguy, cela va bien. On a maintenant un prix convenable pour nos pommes de
terre. Bien sûr, grâce à une aide du gouvernement
fédéral. Mais c'est le ministre de l'Agriculture de la province
de Québec qui est allé la chercher. C'est le ministre de
l'Agriculture du Québec qui est allé faire ses
représentations. Je vous en prie...
M. Lessard: Pas du tout. Il l'a appris par un petit
télégramme...
M. Ostiguy: Le ministre de l'Agriculture n'a pas eu peur de
prendre ses responsabilités et, aujourd'hui, nos producteurs de pomme de
terre de la province de Québec sont satisfaits.
M. Lessard: Vous dites des faussetés.
M. Ostiguy: Avant de faire des commentaires, j'inviterais le
député de Beauce-Sud à penser et à regarder les
lois que le ministre de l'Agriculture apporte, actuellement, devant
l'Assemblée nationale.
Si, dans un an ou deux, SOQUIA n'a pas fait ses preuves, le
député de Beauce-Sud aura raison de venir critiquer, mais
aujourd'hui, c'est une société d'initiative. Avez-vous
déjà regardé dans le dictionnaire ce que le mot initiative
veut dire? C'est une Société d'initiative agro-alimentaire.
Alors, donnons la chance de partir à SOQUIA, à cette
société d'initiative et, après cela, si ça ne va
pas, on dira au député de Beauce-Sud: Vous avez raison de nous
critiquer. Mais, dans le moment, je pense que le député de
Beauce-Sud fait fausse route. Que le député de Beauce-Sud
continue d'agir de la façon dont il agit actuellement et je pense bien
que l'agriculteur de la province de Québec lui réserve des
petits...
M. Tremblay: ... surprises.
M. Ostiguy:... des petits souvenirs. Je termine en disant que les
gestes que j'ai posés comme administrateur de la raffinerie de sucre, je
n'en ai pas honte et j'en suis fier.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Lotbinière.
M. Massicotte: J'aimerais ajouter des mots, pas de
félicitations encore, mais d'encouragement à notre ministre de
l'Agriculture parce que je pense que ce projet répond à des
besoins réels.
Depuis toujours, nos agriculteurs ont demandé des industries,
soit agricoles ou para-agricoles. Je pense que cela serait irresponsable de
notre part de ne pas encourager un tel projet, quelle que soit notre
manière de penser et d'agir, parce que je pense qu'on doit voir le bien
de nos agriculteurs aussi bien que celui de la population en
général. Cela ne veut pas dire que le projet est parfait. S'il
était parfait, on ne serait pas ici ni les uns, ni les autres, mais je
pense que cela mérite d'être encouragé.
Il faut travailler positivement pour aider à résoudre le
genre de surplus de main-d'oeuvre qu'on peut avoir dans le milieu rural et
qu'on pourrait utiliser à bon escient dans les industries agricoles et
para-agricoles. Dans ce sens, on se doit, tous et chacun, d'encourager ce
projet de loi.
Le Président (M. Comellier): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, on a vanté les
mérites de notre ministre de l'Agriculture pour son inter- vention dans
le domaine du sirop d'érable. Il y a quand même des choses qui
doivent être dites parce que la vérité a ses droits.
Je reconnais que le ministre de l'Agriculture j'ai eu l'occasion
de le lui dire, je le répète encore aujourd'hui a fait
quelque chose dans le domaine du sirop d'érable l'an passé. C'est
très bien. Qu'on se rappelle...
Une Voix: C'est ce qu'il vous a dit tantôt.
M. Roy: M. le Président, qu'on se rappelle ce que je viens
de dire. Mais je voudrais dire à mes honorables collègues, parce
que je suis convaincu qu'ils ne le savent pas, oui, je suis convaincu qu'ils ne
le savent pas...
M. Ostiguy: ... le député de Beauce-Nord s'occupe
de ses gens.
M. Roy: ... que le sirop d'érable est une production
essentiellement québécoise. Il n'y en a pas en Ontario, à
ce que je sache. S'il y en a, c'est très local, mais il n'y a pas de
mise en marché de sirop d'érable qui se fait en Ontario. Il n'y a
pas de marché de sirop d'érable non plus au Nouveau-Brunswick.
J'ai appris que le gouvernement allait faire quelque chose, dans le domaine du
sirop d'érable, non pas de la bouche du ministre de l'Agriculture du
Québec, mais, de la bouche même de l'honorable ministre
fédéral de l'Agriculture, M. Eugene Whelan et mon
collègue, le député de Beauce-Nord, était avec moi
à ce moment-là. Nous étions à Ottawa. Il a fallu
que le gouvernement fédéral se décide pour que le
Québec agisse dans un domaine relevant du Québec.
M. Ostiguy: Le député de Beauce-Nord...
M. Roy: Non, je l'ai comme témoin, M. le Président.
C'est le ministre fédéral qui nous a appris que c'était
grâce à l'intervention du fédéral et aux fonds que
le fédéral voulait mettre à la disposition de la province
que les producteurs de sucre et de sirop d'érable du Québec
allaient pouvoir avoir de l'aide.
J'étais loin d'être fier là. J'étais content
pour les producteurs de chez nous, mais j'étais loin d'être fier
qu'encore une fois nous ayons un gouvernement à Québec qui ne
faisait qu'exécuter les décisions des autres. C'est un premier
point.
Deuxième point. Le député de Verchères parle
de la betterave. Je n'ai jamais parlé contre les cultivateurs
producteurs de betterave. Je n'ai jamais dit que les producteurs de betterave
avaient trop cher pour leur betterave. Je n'ai même jamais parlé
des producteurs de betterave comme tels. J'ai parlé de la
société qu'on appelle la betterave-rie de Saint-Hilaire, qui a
administré avec des déficits, pendant un certain nombre
d'années...
M. Ostiguy: Raffinerie, non pas betteraverie.
M. Roy: La raffinerie de betterave à sucre de
Saint-Hilaire parce qu'on lui donne les deux
noms administré avec des déficits pendant de
nombreuses années, et a fini par conclure un accord avec le cartel du
sucre. Or, par un concours de circonstances, à cause de la conjoncture
internationale, le prix du sucre est passé de $0.08 à $0.85 la
livre. Cela, on n'en parle pas. Qui a payé M. le Président? Ce
sont les Québécois qui ont payé le gros prix. Notre
raffinerie a joué un rôle parce que, lorsqu'elle mettait du sucre
sur le marché, elle aurait pu continuer à organiser sa mise en
marché si on avait eu plus d'initiative de ce côté, de
façon à contrer les ambitions démesurées des
cartels internationaux du sucre. On aurait pu alors donner aux cultivateurs de
Saint-Hilaire un prix encore meilleur et on aurait pu éviter que le
consommateur québécois se fasse exploiter de la façon
qu'il s'est fait exploiter.
M. Ostiguy: Est-ce que le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Si le prix du sucre a augmenté de dix fois, il
faut dire que le prix de la betterave est passé, en 1973, de $0.20
à $0.42. Il n'a fait que doubler. Doubler, c'est déjà une
très bonne marge et je comprends que c'est intéressant pour les
producteurs, mais il faut regarder à quel prix le sucre s'est
payé au niveau de la consommation. Je dis, à ce moment-là,
M. le Président, que nous avions une société
québécoise qui n'a pas joué tout le rôle qu'elle
aurait dû jouer. Elle n'a pas joué au complet le rôle
qu'elle aurait dû jouer et qu'elle aurait pu jouer dans
l'intérêt des consommateurs du Québec. C'est une preuve de
plus...
M. Ostiguy: Est-ce que le député de Beauce-Sud me
permet une question?
M. Roy: ... que les sociétés d'Etat... M. le
Président, j'ai beaucoup de réserve, bien que j'aie dit tout
à l'heure qu'on va donner la chance au ministre de faire voter son
projet de loi no 22. Je l'ai appuyé en deuxième lecture...
M. Ostiguy: Est-ce que le député me permet une
question sur la raffinerie? Est-ce que vous me permettez une question, M. le
député de Beauce-Sud?
M. Roy: Oui.
M. Ostiguy: Est-ce que vous croyez que si la Raffinerie de sucre
de Mont-Saint-Hilaire, parce que c'est son vrai nom, avait commercialisé
son sucre, cela aurait changé le prix du sucre à l'échelle
mondiale avec une production de 5% de la consommation? Est-ce que le
député de Beauce-Sud peut répondre à cette
question?
M. Roy: Je pourrais vous répondre que si cela n'avait pas
changé le prix comme tel, et cela est complètement
hypothétique, la réponse du...
M. Ostiguy: Non, ce n'est pas hypothétique.
M. Roy: La question du député est
hypothétique. Je ne peux pas faire autrement que de lui donner une
réponse hypothétique. Lorsqu'il y a concurrence quelque part, il
est sûr et certain que ceux qui jouent sur le marché sont
obligés d'en tenir compte.
M. Ostiguy: A 5% de la consommation?
M. Roy: Même à 5% ils sont obligés d'en tenir
compte. Mais en supposant que la raffinerie...
M. Ostiguy: Est-ce que le député de Beauce-Sud
aurait aimé mieux......
M. Roy: M. le Président, je vais continuer à donner
ma réponse. En supposant que la raffinerie de sucre aurait
bénéficié du plein prix au niveau de la vente, il y aurait
encore plus d'argent à distribuer, la raffinerie de sucre aurait fait de
plus grands bénéfices et les producteurs auraient peut-être
pu avoir davantage...
M. Ostiguy: Seulement une petite question. Est-ce que le
député de Beauce-Sud aurait aimé mieux qu'on paie les
producteurs de bettrave $20 la tonne, tenant compte du coût de la
production et des intrants aux agriculteurs, ou plutôt que $42 comme on
les a payés cette année? Cela, strictement sur le plan agricole.
Que le député de Beauce-Sud me réponde
là-dessus.
M. Roy: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Lessard: Est-ce que le député de
Verchères voudrait dire que les organismes d'Etat, malgré qu'ils
ne commercialisent, par exemple, en ce qui concerne la raffinerie de sucre du
Mont-Saint-Hilaire, que 5% de la consommation québécoise, doivent
confirmer les cartels?
M. Ostiguy: Loin de là!
M. Lessard: L'Etat est là, justement, pour essayer de
casser les cartels. Parce que ces cartels vous financent, vous n'y touchez
pas.
M. Ostiguy: Non, je m'excuse, loin de là. Ce que je
voulais dire au député de Beauce-Sud, c'est qu'avec 5% de la
consommation, comment voulez-vous qu'on contrôle le marché mondial
du sucre?
M. Roy: Je n'ai jamais parlé de contrôler le
marché mondial.
M. Ostiguy: Oui, c'est ce que vous avez dit.
M. Roy: Bien non, M. le Président, il n'a rien
compris.
M. Ostiguy: Vous avez dit que si on avait commercialisé on
aurait concurrencé...
M. Lessard: Sur le marché québécois.
M. Roy: Sur le marché québécois.
M. Ostiguy: Bien oui, le marché
québécois...
M. Roy: Je n'ai pas parlé du marché international,
j'ai parlé du marché québécois.
M. Ostiguy: M. le Président, où se serait-on
procuré les autres 95%?
M. Lessard: Mais on contrôle l'amiante, à un moment
donné, dans le monde occidental, et que faites-vous avec?
M. Toupin: Est-ce qu'on pourrait, M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît!
M. Ostiguy: Je m'aperçois qu'au niveau...
Le Président (M. Cornellier): Nous nous éloignons,
je pense bien, des buts de la commission de ce soir qui est d'étudier
article par article le projet de loi 22. Nous sommes en train de faire le
procès de l'économie québécoise et je ne crois pas
que ce soit notre rôle ce soir. Cependant, le député de
Beauce-Nord avait demandé la parole, avant qu'on entame l'article 1.
M. Sylvain: Est-ce que la commission, M. le Président, me
permettrait de faire une brève intervention, puisque je ne suis pas
membre permanent de la commission?
M. Lessard: Certainement, c'est demandé avec tellement de
gentillesse.
Le Président (M. Cornellier): II y a consentement.
M. Sylvain: C'est simplement, parce que j'ai été
cité comme témoin important de cette déclaration du
ministre Whelan sur la question de l'aide financière apportée aux
producteurs de sirop d'érable. C'est vrai, cela est factuel, alors,
comme témoin, je me bornerai à... Pas factuel, mais j'aurais une
opinion à émettre devant la commission, justement, sur cette aide
financière apportée aux producteurs de sirop d'érable. Il
est vrai que le ministre Whelan nous a appris officiellement qu'une aide
financière serait apportée aux producteurs de sirop
d'érable eu égard à l'achat de la production et à
sa distribution. Ce qui est vrai davantage pour moi, c'est que
déjà l'acheteur Beau-dry, dans la région de la
Chaudière, la coopérative et le sous-ministre Yvon ou Yvan
Jacques avaient participé à des ententes
fédérales-provinciales qui eurent lieu de quatre à six
mois avant l'annonce officielle. J'ai toujours su bien avant que M.
Whelan annonce cette aide financière au niveau du fédéral,
peut-être un mois ou deux avant que l'entente de principe soit
donnée qu'il restait à débloquer des crédits
fédéraux.
La seule chose que je voudrais demander au ministre, cependant, si on
devait installer ce genre d'aide financière à nouveau chez les
producteurs de sirop d'érable, serait peut-être de ne pas
installer en soi le même genre de politique mais prévoir un
règlement à plus long terme pour cette production agricole. La
seule critique que les producteurs avaient eu à formuler, c'est que ceux
qui avaient à faire effectivement le transport de ce sirop
d'érable des régions du Québec aux acheteurs
n'étaient pas ceux qui avaient fait des démarches durant toute
l'année auprès des producteurs de sirop d'érable et des
acheteurs éventuels.
Les deux ou trois cents la livre, je pense, qui étaient
donnés aux transporteurs, à moins que je ne me trompe, allaient
à des compagnies de transport qui étaient engagées par les
acheteurs. Ce ne sont pas les transporteurs habituels, les coopératives
ou des acheteurs comme Beaudry qui ont eu à faire ce transport.
Si on doit, dans nos régions, laisser des agents d'affaires de
coopératives, de syndicats ou d'entreprises privées faire
certaines démarches, il faudrait, à mon sens, prévoir
qu'au moins le transport de ce sirop sera dorénavant fait par ceux qui
avaient l'habitude de le faire ou par ceux qui étaient gérants de
ces entreprises dans les régions.
Ce sont les seules remarques que j'ai eues, de toute façon, au
niveau de mon comté, de la part de ceux qui se sont occupés, pour
les coopératives, les syndicats et les entreprises privées, de la
question du sirop d'érable.
M. Toupin: Pour terminer là-dessus, pour éviter
toute ambiguïté, historiquement, c'est très facile de situer
le problème du sirop d'érable. Le Québec a introduit un
programme, il l'a proposé au gouvernement fédéral. Le
gouvernement fédéral a dit: On participe à 50/50. Le
fédéral n'a pas encore versé un sou.
M. Roy: Parce que le sirop n'a pas encore été
à la raffinerie.
M. Toupin: Attention, on peut vous donner des statistiques, mon
cher monsieur, des endroits où on vend le sirop actuellement sur le
marché et on le vend bien, notre sirop, sur le marché. On les a
trouvés, les marchés nous autres.
M. Lessard: Un autre cas de fédéralisme
rentable.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs!
M. Toupin: Je m'excuse, mais c'est cela qui est le
fédéralisme rentable.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, à l'ordre
s'il vous plaît!
M. Lessard: II ne paie pas. Ah! Ah!
M. Toupin: Ce n'est pas nécessaire non plus.
Le Président (M. Cornellier): Nous sommes suffisamment
éloignés de l'objectif de notre réunion qui est de faire
l'étude du projet de loi 22, article par article. J'aimerais que nous
passions à l'article 1.
M. Roy: M. le Président, on a permis une intervention au
député de Beauce-Nord et le ministre a répondu.
M. Toupin: C'est la première fois que le
député de Beauce-Nord prend la parole. Cela fait au moins six ou
sept fois que le député de Beauce-Sud prend la parole.
M. Roy: J'avais seulement une autre question à poser au
ministre.
M. Toupin: Les règlements l'interdisent, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Roy: J'avais seulement une autre question à poser
là-dessus et cela aurait clos le débat. En vertu des articles 2
et 3 du projet de loi, ce sont des domaines que vous vous proposez de
toucher.
J'estime que la question que j'ai à poser entre en tous points
dans le projet de loi comme tel. Comme le député de Saguenay nous
l'a dit tout à l'heure, au projet de loi, on ne peut pas proposer
d'amendements comme tels. Il suffit de questions que nous avons a poser pour
savoir quelle sera l'action du gouvernement concernant ce projet de loi. Une
fois que j'aurai fini les questions, en ce qui me concerne, on pourra disposer
du projet de loi.
Avec votre permission, M. le Président, j'aimerais demander au
ministre, s'il est capable de me répondre, puisqu'il a dit que le sirop
a été commercialisé, c'est vrai, si, effectivement, le
sirop a été entreposé à Saint-Hilaire ou s'il est
demeuré dans les entrepôts qui avaient été
prévus par l'entente, soit à la coopérative, soit chez les
transformateurs.
Je ne sache pas qu'une seule livre de sirop se soit rendue à
l'usine de Saint-Hilaire.
M. Toupin: Peu importe l'endroit où le sirop est
entreposé. Ce qui est important pour nous, là-dedans, c'est que
le producteur reçoive, pour le sirop qu'il avait à l'entreposage,
$0.35 la livre. C'est cela qui a touché le producteur.
Maintenant notre rôle, avec la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire, c'est de le commercialiser. Si on est capable de tout le
commercialiser à l'état nature, on ne le transformera pas. C'est
simplement ce qui restera qu'on transformera. Actuellement, les marchés
qu'on a trouvés nous permettent de le vendre à l'état
nature.
M. Roy: Dernière question sur le sirop d'éra- ble.
Pour quelle raison le prix a-t-il été établi à
$0.20 cette année? J'ai une lettre qui vient du ministère
provincial de l'Agriculture, du bureau du sous-ministre, signée par M.
Jacques, lettre datée du 5 juin 1975, selon laquelle le sirop, sur le
marché, en 1975, est payé $0.20 au lieu de $0.35 pour les sirops
de classe c et de classe d.
Deuxième partie de ma question: Pour quelle raison les
producteurs n'ont-ils pas encore reçu un cent?
M. Toupin: Je suis d'accord là-dessus.
M. Roy: Je tiens à dire au ministre, à ce moment-ci
que ceci constitue un problème, jusqu'à maintenant, qui contribue
à décourager les producteurs et à faire en sorte qu'un
nombre encore plus grand l'an prochain n'entailleront pas leur
érablière et ne produiront pas de sucre et de sirop
d'érable.
Le ministre n'a peut-être pas de données. J'ai eu de
nombreuses rencontres. Je pense que je représente la région non
pas pilote, mais la région clef de la production du sucre et du sirop
d'érable. J'ai rencontré des gens, pas seulement d'un
comté, mais d'au moins cinq comtés qui m'ont fait part des
mêmes réserves, des mêmes appréhensions. Un certain
pourcentage d'agriculteurs, s'il n'y a pas autre chose qui se fait que ce qui
s'est fait jusqu'ici, vont abandonner purement et simplement cette production
qui constitue pour l'économie de la région un revenu d'appoint et
qui a joué un rôle considérable.
M. Toupin: M. le Président, je voudrais qu'on passe
à l'article 1 rapidement. Ce sont des questions auxquelles on pourra
répondre. J'ai donné, je pense, ma version là-dessus. Le
gouvernement s'est engagé à payer $0.35. Les producteurs les
recevront. La raffinerie de sucre de Saint-Hilaire s'est organisée pour
commercialiser le sirop, elle le commercialisera. Si les coûts de
commercialisation sont inférieurs à $0.35, les frais en seront
partagés entre le fédéral et le provincial, mais,
jusqu'à maintenant personne d'entre nous n'a eu encore à payer.
C'est cela qu'on appelle chez nous de l'initiative de marché et de la
promotion de marché.
Deuxièmement, le prix de $0.20 fut négocié entre
les producteurs et les acheteurs et sanctionné par la Régie des
marchés agricoles du Québec. Si ce prix n'est pas suffisant, on
fera l'an prochain ce qu'on a fait cette année. On négociera avec
les producteurs, à compter des coûts de production, ce que cela
vaut de faire du sirop d'érable.
M. Roy: Le ministre nous dit qu'il a négocié avec
les producteurs; quels sont les organismes qui ont négocié ce
prix de $0.20?
M. Toupin: C'est le syndicat des producteurs et la
coopérative. Ce sont eux qui négocient les prix chaque
année. Jamais le ministère n'a fixé un prix pour le sirop
d'érable.
M. Roy: Vous dites que c'est la coopérative qui a
négocié ce prix de $0.20?
M. Toupin: C'est le plan conjoint qui l'a négocié
avec la fédération ou le syndicat, je ne sais trop.
M. Roy: C'est le plan conjoint qui a négocié ce
prix de $0.20. Le ministre...
M. Toupin: Le prix minimal...
M. Roy: Le prix minimal de $0.20...
M. Toupin: ... sanctionné par la Régie des
marchés agricoles du Québec.
M. Roy: ... qui a été sanctionné par la
Régie des marchés agricoles du Québec.
M. Toupin: C'est cela.
M. Roy: C'est bien important. Je note que c'est au journal des
Débats.
M. Toupin: Pour que la Régie des marchés agricoles
du Québec puisse sanctionner une telle entente, il fallait qu'elle ait
eu lieu entre deux parties concernant le prix minimal, non pas le prix du
marché. Si le prix du marché est $0.22, $0.23 ou $0.25, c'est une
autre affaire, mais comme prix minimal...
M. Roy: Le ministre accepterait-il de déposer à la
commission parlementaire des copies de la décision de la régie;
de cette ratification?
M. Toupin: Ce sont des conventions entre producteurs. Vous
pourriez vous procurer cette convention n'importe quand, auprès de
n'importe qui.
M. Roy: Vous ne pouvez pas vous procurer cela auprès de
n'importe qui.
M. Toupin: Téléphonez à la
Fédération des producteurs de sirop d'érable ou à
la Régie des marchés agricoles du Québec. Elles vont vous
fournir cette documentation.
M. Roy: Le ministre pourrait-il me dire si la Coopérative
de Plessisville est intervenue dans cette entente de $0.20?
M. Toupin: La coopérative négocie avec ses membres.
La coopérative ne négocie pas avec les acheteurs, parce qu'elle
est elle-même acheteur.
M. Roy: Mais la coopérative n'a pas négocié.
Ce prix a été négocié par la
fédération...
M. Toupin: II faut connaître ses normes. Je ne les sais
pas.
M. Roy: ... et le plan conjoint des producteurs de sucre et de
sirop d'érable.
M. Toupin: Je ne sais pas si la coopérative a
négocié avec ses membres. Tout ce que je puis dire, c'est qu'il y
a eu un prix minimal de $0.20 pour cette année, sur lequel on s'est
entendu.
M. Roy: Pour le prix, vous vous êtes entendu avec la
fédération?
M. Toupin: On ne s'est pas entendu, on n'a rien eu à voir
à cela. Le ministère n'a eu rien à voir à cela.
M. Roy: C'est la Régie des marchés agricoles...
M. Toupin: Ce sont des ententes entre producteurs et
acheteurs.
M. Roy: II y a eu une entente entre les producteurs...
M. Toupin: On m'informe qu'il y a eu une entente, que cette
entente a été sanctionnée ou, sinon, qu'elle a
été présentée à la Régie des
marchés agricoles du Québec comme étant susceptible de
provoquer une entente légale entre les deux groupes.
M. Roy: Une entente est intervenue entre la
Fédération des producteurs de sucre et de sirop
d'érable...
M. Toupin: Le plan conjoint, c'est la
fédération.
M. Roy:... et le plan conjoint; le prix minimal a
été établi à $0.20. Je remercie le ministre de
cette précision. C'est bien important que cela se sache. Comme c'est
inscrit au journal des Débats, je vais pouvoir donner ces informations
en réponse aux questions que des gens me posent à ce sujet.
M. Toupin: C'est cela. Ce sont les producteurs qui... Oui, et je
vais faire sortir la documentation. Je vais téléphoner à
la régie. Je vais lui demander si tel est le cas, si les informations
que j'ai eues, personnellement sont véridiques, sont fondées. Je
ne vois pas d'inconvénient à déposer les documents
là-dessus.
M. le Président, on pourrait prendre l'article 1.
Le Président (M. Cornellier): Oui. Nous passons maintenant
à l'article 1.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 1, adopté.
Article 2.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 2, adopté.
Article 3.
M. Lessard: L'article 3, M. le Président, est l'article
où on détermine les objectifs de la société.
C'est justement par la détermination de ces objectifs, qui sont
si vastes et si larges, qu'on peut même reprendre toute la discussion des
crédits du ministère de l'Agriculture à l'intérieur
de ce projet de loi. Je pourrais poser des questions au ministre concernant le
programme F-1, mais je les poserai à un autre moment. Cela
démontre justement qu'on pourrait étudier ce projet sur une
période très longue.
J'aimerais savoir du ministre quelles sont ses priorités pour
cette année; quelles seront en fait les priorités pour la
Société québécoise d'initiative
agro-alimentaire.
En ce qui concerne les abattoirs et en ce qui concerne l'Office des
grains de provende, est-ce que le ministre, au cours de cette année
pas dans cinq ans ou dans six ans, mais au cours de cette année
a déjà préparé un certain programme, un
certain nombre d'objectifs prioritaires qui seront fixés, puisqu'il
avait même le pouvoir d'analyser les objectifs de la
société? Est-ce que le ministre pourrait nous préciser
quels sont les objectifs prioritaires de la société à
brève échéance? Les abattoirs, par exemple, est-ce
que...
M. Toupin: M. le Président, le programme agro-alimentaire
qu'on a préparé depuis 1973 et qui a été rendu
public en 1974 indique les grandes lignes auxquelles le ministère de
l'Agriculture devra travailler dans l'avenir. Il y a au moins deux secteurs qui
actuellement nous paraissent prioritaires au Québec. Le premier de ces
secteurs, si toutefois son économie se maintient telle qu'elle est,
auquel on aimerait travailler concerne les conserveries. On aimerait être
capable au Québec, avec les conserveries actuelles et c'est
là un objectif d'en créer de plus grandes, de plus
dynamiques et de plus diversifiées pour que nous puissions entrer sur
des marchés plus importants que ceux que nous exploitons actuellement.
C'est un premier objectif et il est décrit assez nettement dans le plan
agro-alimentaire.
Le deuxième objectif que la société pourra se fixer
pour l'année qui vient... Et, quand on parle de l'année qui
vient, cela peut être 1975, mais la société ne Dourra pas
commencer à agir avant le mois de septembre ou le mois d'octobre, pas
avant d'avoir été constituée, d'être munie de ses
instruments techniques, de son personnel, etc.. Elle ne pourra donc pas agir
avant l'automne.
La deuxième priorité, dis-je, sur laquelle personnellement
et la loi me le permet je vais demander à la
société de se pencher, c'est le secteur des abattoirs. Comment
cette société pourra participer avec deux ou trois abattoirs
"Approuvé Canada", "Approuvé Québec", "Approuve CUM", peu
m'importe dans l'avenir, tous les abattoirs seront inspectés,
même les charcuteries seront inspectées en entier il
s'agira d'essayer de faire, avec deux ou trois de ceux-là, une
entreprise de taille plus grande que celles que nous avons présentement
au Québec pour que nous puissions aller plus loin que transformer
seulement les viandes à l'état primaire. On voudrait entrer dans
la transformation. On voudrait regarder ce qu'on pourrait faire
là-dedans au niveau des mets surgelés, des mets
préparés, etc. Donc, ce sont les deux priorités que nous
nous fixons à plus ou moins courte échéance en ce qui
concerne les activités de la société.
Il est possible, par ailleurs, que les programmes que nous allons
annoncer bientôt, de fusion, d'aide à la fusion des abattoirs, les
abattoirs les fassent par eux-mêmes, sans qu'on ait besoin d'intervenir
auprès de la société. Il est possible que cela se produise
ainsi. Il est possible aussi que cela se produise ainsi dans le domaine des
conserveries. On regardera ailleurs ce qu'on pourra faire.
Il y a d'autres secteurs actuellement qui font l'objet de recherches de
la part du ministère de l'Agriculture. Il y a tout le secteur de la
distribution des produits alimentaires, le secteur du commerce interprovincial
et international qui font l'objet de recherches et qui pourront peut-être
éventuellement faire l'objet d'ententes avec la Société
québécoise d'initiative agro-alimentaire; la même chose
avec la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire qu'on veut entrer dans le cadre
général de cette Société québécoise
d'initiative agro-alimentaire; la même chose avec le magasin de
médicaments vétérinaires au niveau des services; la
même chose avec l'entreprise de congélation des bleuets de
Saint-Bruno. On veut tout regrouper autour d'une administration et savoir
exactement où s'oriente l'agro-alimentaire.
M. Lessard: En ce qui concerne, particulièrement, un
office des grains de provende...
M. Toupin: En ce qui concerne les grains de provende, j'ai
déjà soutenu ceci et je continue à le soutenir: En 1972 ou
1973 avant ou après les élections, je pense que c'est
avant, en tout cas c'est entre 1972 et 1973 vous vous rappelez les
mémoires qu'on a présentés conjointement, le
ministère, la Coopérative fédérée et les
producteurs au gouvernement fédéral, à la Commission
canadienne du blé, demandant qu'on corrige l'inégalité qui
existait entre les prix que les producteurs de l'Ouest payaient par rapport aux
prix que payaient les producteurs de l'Est.
Il y a eu un correctif d'apporté, de telle sorte qu'on peut payer
à peu près dans tout le Canada le même prix. Il existe un
autre problème dans les provendes, qu'on a vécu depuis quelque
temps de façon assez intense, mais qui n'a pas évidemment eu les
effets néfastes qu'on a bien voulu lui donner sur le plan des
déclarations qu'on a faites.
Je n'ai pas, moi, trouvé de producteurs, au cours de la crise,
qui aient manqué de grains ou de moulées. On a pourtant fait bien
des enquêtes. Or, cela est un problème assez sérieux et
assez grave.
J'ai rencontré récemment les courtiers de ce domaine des
grains. On est actuellement en contact constant avec les meuniers du
Québec et avec les producteurs, également, ensemble. La
société n'ira pas là toute seule. Si les producteurs et
les meuniers sont d'accord pour assurer un en-
treposage plus permanent, la société n'hésitera pas
à y aller.
M. Lessard: La société?
M. Toupin: La société n'hésitera pas
à prendre une initiative là-dedans, mais avec les producteurs et
avec les meuniers et non pas seule.
M. Lessard: Mais voici, M. le Président... Une Voix:
Cela consiste en quoi?
M. Toupin: Cela pourrait consister en de l'entreposage, en de
l'achat et de la revente, en tenant compte des réseaux
présentement existants. C'est une initiative qui, normalement, devrait
régler le problème des entreposages. Le problème avec
lequel les producteurs sont actuellement aux prises est un problème
d'entreposage.
M. Lessard: Les prix?
M. Toupin: Non, au niveau des prix, c'est passablement
égal avec les producteurs de l'Ouest.
M. Lessard: Non, ce n'est pas une question
d'égalité. M. le Président, le ministre conviendra que,
quand les prix montent dans l'Ouest, cela n'a pas les mêmes
conséquences que l'augmentation des prix dans l'Est, puisque ce sont les
gens de l'Est qui paient des prix élevés.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Cela n'a pas du tout les mêmes
conséquences. Je pense qu'un office des grains de provende
c'était dans les objectifs du ministre depuis 1971 ou 1972
pourrait négocier des contrats avec les producteurs et profiter des prix
peut-être avantageux pour pouvoir entreposer.
M. Toupin: Oui, ce peut être cela. Il n'y a qu'un moyen de
régler le problème des coûts de production dans le domaine
des provendes, il n'y en a pas beaucoup: c'est de donner des subventions aux
producteurs au niveau des prix des provendes. C'est un commerce libre à
l'intérieur du pays, actuellement, tout au moins, avec la nouvelle
réglementation du gouvernement fédéral en cette
matière, et c'est un commerce libre sur le plan international.
M. Lessard: C'est un commerce libre, c'est-à-dire que ce
n'est pas un commerce libre pour les Québécois. C'est un
marché captif pour l'Ouest.
M. Toupin: A l'intérieur du Canada, actuellement, on peut
dire qu'il y a passablement de liberté. Sur le plan international, c'est
évident que c'est la Commission canadienne du blé qui
négocie les contrats. Mais, sur le plan canadien, les achats se font au
niveau de la Bourse ou au niveau de transactions entre producteurs,
entrepositaires et acheteurs.
La Commission canadienne du blé influence les prix, c'est
évident. Quand la Commission canadienne du blé négocie des
prix sur le plan international, il est évident que, sur le plan
domestique, les prix ne peuvent pas être inférieurs...
M. Lessard: Le ministre m'informe qu'il n'est pas rendu plus loin
que cela en ce qui concerne la création d'un office des grains de
provende.
M. Toupin: Je vous ai expliquée, à trois ou quatre
reprises ce que cela signifie...
M. Lessard: C'est vraiment ridicule, parce que le ministre,
à maintes et maintes reprises je ne les ai pas ici, mais on
pourrait lui sortir des déclarations tant à l'Assemblée
nationale qu'en commission parlementaire et partout au Québec, se
gargarisait avec la création de son office des grains de provende. Or,
il nous dit qu'il est prêt à constituer cette
société, pour autant que les meuniers et tout le monde
embarqueront là-dedans. Moi, je pensais vraiment, M. le
Président, que, depuis 1971 que le ministre nous annonce la
création de cet office, c'était rendu plus loin que cela.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai jamais annoncé
la création d'un office de grains de provende. Quand la crise est
survenue et avant que le gouvernement fédéral établisse un
prix uniforme dans tout le pays, j'ai soutenu que si ce problème ne se
corrigeait pas, on prendrait les moyens, au Québec, pour tenter de le
corriger. Le problème s'est corrigé sur le plan canadien. Il
reste que l'autre problème maintenant, c'est celui des entreposages. Si
les producteurs continuent à avoir des problèmes comme ceux avec
lesquels ils sont aux prises, c'est totalement en dehors des grains de
provende, c'est simplement une question de grève de débardeurs.
C'est à cause des grèves des travailleurs des ports. Par
ailleurs, il y aurait avantage à regarder, avec les producteurs et avec
les meuniers, comment on pourrait entreposer. Mais une politique d'aide aux
producteurs en ce qui concerne les provendes, c'est purement et simplement une
politique de subsides, à moins que les producteurs
québécois décident de produire eux-mêmes tous leurs
grains pour alimenter leur bétail. Et, encore là, quand le prix
des grains est élevé, les producteurs vendent des provendes
plutôt que de faire des viandes. C'est ce que font les producteurs de
l'Ouest, d'ailleurs. La production du porc au Québec a augmenté
cette année je ne sais pas de combien, de 27%, de 28%? Dans l'Ouest,
elle est tombée, parce que les producteurs font des grains et les
vendent. C'est plus payant pour eux de faire des grains. C'est ce qui explique
aussi les revenus plus élevés des producteurs de l'Ouest,
d'ailleurs.
M. Lessard:... ils visent un marché
québécois.
M. Roy: Ce que le ministre oublie de nous dire et ce qu'il
devrait nous dire, c'est que toutes ses initiatives vont faire en sorte de ne
pas déranger la
bourse du grain. Cela se résume à cela, en somme. On ne la
dérangera pas, et on oublie une autre chose aussi...
M. Toupin: II y aurait peut-être une possibilité de
regarder avec les producteurs de...
M. Roy: Les élévateurs de l'Est... M. Toupin:
Oui.
M. Roy: ... ont servi, en quelque sorte, de coussin,
d'entrepôt supplémentaire pour permettre aux exportateurs de
s'approvisionner dans les ports, alors que, s'il y a une difficulté au
niveau de la voie maritime du Saint-Laurent, s'il y a une difficulté
dans les Grands Lacs, s'il y a des difficultés à
l'intérieur du pays, ce sont toujours les élévateurs
à grain de l'Est qui servent de dépanneurs pour les
élévateurs internationaux, et on place toujours en otage les
agriculteurs et les producteurs du Québec.
Cela fait deux hivers que nous sommes aux prises avec les mêmes
problèmes. Lorsque le ministre me dit qu'il veut intervenir, il y aurait
une intervention qui ne coûterait pas cher au gouvernement provincial,
à ce moment-ci. Cela serait d'intervenir directement auprès de la
Commission canadienne du blé pour s'assurer à quelle date les
élévateurs de l'Est seront pleins de grain. A ce moment, cela
serait une intervention véritable qui ne coûterait pas tellement
cher pour éviter la pénurie de grain. Cela ne règle pas le
problème des prix. Cela ne règle pas le problème qu'a
soulevé mon collègue, le député de Saguenay, mais
cela pourrait quand même permettre une garantie d'approvisionnement dans
l'Est. Tant et aussi longtemps qu'on laissera les élévateurs de
l'Est à la disposition du commerce mondial, du commerce canadien des
grains de provende pour tâcher de satisfaire d'abord les marchés
internationaux avant de satisfaire le marché de l'Est, on sera toujours
ceux qui devront être les coussins amortisseurs ou encore ceux qui
devront toujours prendre les risques à chaque année.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, la société
SO-QUIA, d'après le projet de loi c'est bien écrit
peut investir jusqu'à concurrence de 100%, d'après ce que je peux
voir parce que...
M. Toupin: Elle peut être propriétaire en entier de
n'importe quelle entreprise si elle le désire.
M. Pelletier: A ce moment, elle peut venir en concurrence quand
même avec d'autres organismes existants.
M. Toupin: Bien sûr, et elle le sera, en concurrence,
à part cela. Elle pourra se prévaloir...
M. Pelletier: Le ministre a-t-il quand même le pouvoir
d'intervenir pour protéger au moins l'entreprise privée? Cela
devient quand même un danger.
M. Toupin: Le but de cette loi il faut bien en comprendre
l'esprit n'est pas de remplacer qui que ce soit. La loi n'a pas pour but
de remplacer l'industrie privée. Elle n'a pas pour but de remplacer la
coopérative. Elle n'a pas pour but de remplacer la SDI. Elle n'a pas
pour but de remplacer SOQUIP, SOQUEM, etc. Le but de cette loi est d'occuper
des champs qui ne sont pas occupés présentement, des champs
où le secteur privé n'est pas présent, où le
secteur coopératif n'est pas présent, et d'aller dans ces champs.
On peut y aller en collaboration avec le secteur privé, en collaboration
avec le secteur coopératif, en collaboration avec les producteurs
agricoles ou en collaboration avec toute autre société d'Etat qui
voudra bien s'associer avec nous pour prendre une initiative.
M. Pelletier: D'accord, mais a-t-elle le droit quand même
d'investir en capital de risque pour...
M. Toupin: Bien sûr.
M. Pelletier: ... aider à participer dans l'ordre
raisonnable...
M. Toupin: C'est son objectif premier que d'investir du capital
de risque pour développer l'entreprise.
M. Pelletier: Dans l'ordre de 100%? Elle peut aller
jusqu'à 100%...
M. Toupin: Cela peut être 100%.
M. Pelletier:... advenant que ce soit un besoin dans une
région?
M. Toupin: Cela peut être 50%, 60%, 80%.
M. Pelletier: II n'y a pas de chef d'entreprise, quelque
chose?
M. Toupin: Non. Il n'y a pas de limite. M. Pelletier: II
n'y a pas de limite? M. Toupin: Non.
M. Pelletier: Si un secteur n'est pas couvert, donc, cette
société peut s'implanter dans un territoire donné.
M. Toupin: Absolument.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: La société a pour objet de favoriser
l'implantation, la modernisation et le développement. Tout à
l'heure, le ministre parlait d'une
collaboration, d'un dialogue avec l'association des meuniers de la
province de Québec. Est-ce l'intention du ministère, avec SOQUIA,
d'aller jusqu'à la fusion, jusqu'au regroupement des meuneries de la
province de Québec, par exemple? On sait qu'actuellement, il y a
beaucoup de petites meuneries dans la province de Québec, et je pense
que c'est un voeu pieux exprimé par l'association des meuneries de la
province de Québec d'un certain regroupement.
M. Toupin: Avec l'association des meuniers, ce qu'on va chercher,
pour le moment, c'est, peut-être je ne parle pas d'une, deux,
trois ou quatre meuneries de regarder comment on peut régler un
problème d'approvisionnement et d'entreposage des provendes au
Québec.
Jusqu'où les meuniers sont-ils liés avec les entreprises
à caractère national? Je ne le sais pas. Jusqu'où, par
exemple, telle meunerie a-t-elle des contrats avec Ralston Purina ou avec
d'autres grandes entreprises qui fabriquent des moulées? Nous sommes
prêts à offrir aux meuneries des avantages d'entreposage et de
transport pour les provendes, même si cela contribuait seulement à
pallier les difficultés de grève auxquelles les meuniers ont
à faire face. C'est surtout dans cette perspective qu'on va regarder
avec eux comment on peut régler le problème de l'entreposage des
provendes. Il est possible aussi que quatre, cinq ou six meuniers je
prends, par exemple, le secteur de la Beauce où il y en a plusieurs
veuillent développer une plus grosse meunerie. Ils ont besoin de
$5 millions d'investissement. Ils viennent nous voir et disent: Nous sommes
prêts à y mettre $4,500,000; êtes-vous prêt à y
mettre $500,000? On ne refusera pas une telle initiative pour doter une
entreprise plus grande d'équipement plus efficace pour répondre
davantage aux besoins du marché. C'est surtout avec cela, dans cette
perspective, qu'on va travailler avec les meuneries. On va faire la même
chose d'ailleurs avec les abattoirs. On va faire la même chose dans le
secteur des conserveries. On va tenter de créer des complexes un peu
plus grands pour donner plus de force à notre économie de base
dans le domaine agroalimentaire.
M. Ostiguy: Est-ce que cela voudrait dire que SOQUIA, par
exemple, deviendra propriétaire de silos d'entreposage? Est-ce que le
ministre peut nous dire si elle va entreposer les grains pour ces meuneries ou
pour l'association?
M. Toupin: Elle pourrait le faire. L'association pourrait dire,
avec la société... D'abord, il faut dire qu'on n'a pas vu la loi,
mais les directives vont être données par le ministère. Ce
n'est pas la société qui va décider d'aller "picosser"
partout. C'est le ministère qui va préparer son plan et qui va
dire à la société: C'est dans ce secteur qu'on oeuvre
cette année. Une fois le plan préparé, la
société pourra prendre ses initiatives dans les secteurs
où nous aurons travaillé au préalable.
Dans le domaine des provendes, dans d'au- tres secteurs, la
transformation, par exemple, la société pourra dire à
l'association des meuneries: Est-ce que vous êtes prêts à
mettre $1,500,000 pour que nous puissions créer quatre ou cinq
entrepôts dans le secteur de la Beauce et en même temps
négocier des prix sur le marché de la bourse de Winnipeg ou
ailleurs pour négocier par la suite, avec la Commission canadienne du
blé, des taux de transport pour assurer un approvisionnement plus stable
et plus permanent des provendes au Québec? Elle peut faire cela.
M. Ostiguy: Si je comprends bien, SOQUIA va s'inspirer du livre
vert déposé par le ministère de l'Agriculture, qui
était un document de base, un outil de travail en vue de préparer
la venue, sur le plan économique, de la province de Québec dans
le secteur de l'agriculture, de SOQUIA. C'est cela?
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, je ne sais pas si le
ministre est conscient du fait que, dans le territoire de l'ODEQ, il y a eu des
regroupements concernant les meuneries. Des subventions ont été
accordées à des meuniers pour qu'ils ferment leurs portes et ces
meuniers sont repartis en affaires sous d'autres noms. C'est bien marqué
dans la loi: le regroupement si nécessaire. SOQUIA a tous les pouvoirs
d'améliorer le territoire, mais il n'y a pas de réglementation.
Il n'y a pas de loi qui dit qu'on empêche quelqu'un d'exploiter une
meunerie dans un territoire, même s'il ne fait pas partie d'une
association, je crois.
M. Toupin: Cette loi n'a rien à voir avec un regroupement
obligatoire ou un regroupement facultatif des meuneries. Ce qu'on peut faire
avec cette loi, plutôt que de fermer des meuneries, c'est
d'intéresser les gars à investir avec nous dans une meunerie qui
soit plus grande que les petites qu'ils ont. Ainsi, tout le monde va être
dans le même paquet.
M. Pelletier: Cela a été le but, un peu, dans le
territoire de l'ODEQ.
M. Toupin: Oui, mais dans le territoire de l'ODEQ, cette
expérience je l'ai déjà dit et je le
répète à mon point de vue, n'a pas atteint les
objectifs visés. Si, personnellement, j'avais à recommencer un
tel programme, je ne le recommencerais pas parce que l'expérience nous
démontre que, dans le domaine des meuneries, cela se fait difficilement.
Dans le domaine du lait, cela va bien. Il y a des permis qui sont émis.
Dans le domaine des abattoirs, cela va bien se faire aussi parce qu'on
émettra des permis. Celui qui n'aura pas de permis ne pourra pas
fonctionner. Dans le domaine des meuneries, il n'y a pas de permis. N'importe
qui peut, demain matin, monter une meunerie et exploiter sa meunerie.
M. Pelletier: A ce moment-là, il y a quand
même un danger. C'est là que vient le danger. Est-ce que
vous avez l'intention d'avoir le pouvoir de décider des permis dans un
territoire en fonction du potentiel qui est là. Il y a un danger.
M. Toupin: Pas pour les meuneries, la loi actuelle dit que...
M. Pelletier: Le même problème va se reproduire,
surtout dans mon comté, dans le secteur des meuneries.
M. Toupin: Je pense que vous n'avez pas compris tout à
fait le rôle de la loi. Pour bien l'expliquer encore davantage, disons
que vous êtes propriétaire d'une meunerie, le député
de Verchères aussi, le député de Nicolet-Yamaska aussi,
etc. Supposons que vous avez chacun une meunerie dans un territoire
donné; moi j'ai la société. Tous les trois ensemble vous
venez me trouver et vous dites: Nous serions prêts à mettre en
commun nos capitaux et nous voudrions développer une meunerie plus
grande, ajouter la moulée en cube, ajouter les meuneries mobiles, etc.,
et ça demande des investissements de $3.5 millions. Nous n'avons pas
assez d'argent ensemble. Etes-vous prêt à nous aider? Je vais
dire: Oui, nous allons embarquer avec vous autres, nous allons prendre le
même risque que vous autres. Mettez $2 millions et nous allons mettre $1
million, et là nous allons concurrencer le milieu.
M. Pelletier: D'accord, mais est-ce que la société,
par exemple, va subventionner pour la fermeture d'une meunerie dans le but
d'une fusion...
M. Toupin: Non.
M. Pelletier: ... qui peut apporter l'ouverture d'une usine par
l'entremise d'une autre société, d'une compagnie qui
détient une clientèle? C'est ça qui est arrivé dans
le territoire.
M. Toupin: Oui, mais je vous l'ai dit tantôt. M.
Pelletier: C'est ça que...
M. Toupin: Le programme qui a été lancé dans
le cadre de l'ODEQ était le même programme qu'on avait
commencé dans le lait. On disait au gars: Si tu fusionnes ta meunerie
avec Jos, on va te payer pour fermer ta meunerie. Le gars acceptait le paiement
et, une fois que le paiement était fait, il allait dans une autre
paroisse et ouvrait une autre meunerie. C'est arrivé une fois. Une fois,
c'était assez. Nous avons arrêté le programme après,
parce que nous nous sommes rendu compte que ce n'était pas
contrôlable. Dans le cas de la société, elle ne donne rien,
elle ne donne pas de subvention, pas d'intérêt à personne,
elle ne garantit pas de prêt, elle prend un risque d'investissement de
capital. D'accord? Ce n'est que ça qu'elle fait.
M. Pelletier: D'accord. C'est ça que je voulais
savoir.
M. Toupin: Et si la SDI veut lui donner des subventions, elle
fera vis-à-vis d'elle comme elle fait vis-à-vis des autres
entreprises.
M. Pelletier: C'est parfait.
Le Président (M. Cornellier): Article 3...
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ... sur les meuneries, le ministre m'a donné un
exemple tout à l'heure qui me laisse perplexe, de trois meuneries dans
une région donnée. Il s'est même permis au début de
son intervention de citer notre région, la Beauce, parce qu'il y a
plusieurs meuneries dans notre région.
Il y a trois meuneries qui sont en concurrence et, évidemment,
elles 63 disputent le marché, c'est normal. Elles se sont
fatiguées un bon matin d'être en concurrence. Si nous pouvions
nous organiser pour être toutes les trois ensemble et avoir une seule
meunerie, les cultivateurs auraient une seule source d'approvisionnement et la
concurrence, on l'éliminerait. J'aimerais que le ministre me dise si
c'est ça qu'il veut favoriser, parce que je vais me poser de
sérieuses questions.
Actuellement, les agriculteurs du Québec sont poignes par de plus
en plus de cartels parce qu'ils n'ont plus le choix; cela est un des
problèmes majeurs de l'agriculture. Je veux savoir du ministre si c'est
ça qu'on se propose de faire. C'est bien important. Si c'est ça
qu'il a l'intention de faire, qu'il le dise. Si ce n'est pas ça, qu'il
nous rassure.
M. Toupin: Je ne sais pas, moi. Le secteur des meuneries, nous
sommes sur ça ce soir. Nous avons dit tantôt que ce n'était
pas une priorité, sauf pour les provendes, où ça pourrait
peut-être devenir une priorité si toutefois l'ensemble des
éléments qui composent ce secteur, y compris les producteurs,
voit là un intérêt particulier. J'ai déjà
offert aux producteurs agricoles un type de programme comme celui-là et
ils m'ont dit: Nous allons y penser. Donnez-nous le temps d'y penser et nous
vous donnerons notre réaction un peu plus tard. Nous ne l'avons pas eue
encore, leur réaction. Je vais l'attendre et nous verrons par la suite
comment on pourra agir dans ce secteur.
Donc, dans le domaine des meuneries, il n'est pas question pour nous ce
soir...
M. Lessard: Mais quand vous dites que vous avez
déjà offert aux producteurs agricoles un tel type d'intervention,
est-ce que vous voulez dire que vous avez offert ce type d'intervention
à l'Union des producteurs agricoles?
M. Toupin: Bien sûr.
M. Lessard: C'est drôle. Encore l'autre jour je voyais
l'Union des producteurs agricoles faire une conférence de presse au
cours de la crise et demander la création d'un office des grains de
provende. J'en perds mon latin.
M. Toupin: C'est exact, et je leur ai dit la même chose que
j'ai dit à l'Assemblée nationale: Le projet de loi s'en vient.
Quand ce projet de loi de la société d'initiative
agro-alimentaire sera en place, vous viendrez nous voir et on s'entendra
là-dessus; vous nous ferez des propositions et on s'entendra
là-dessus.
C'est cela que ça veut dire, la commercialisation des grains.
Cela ne veut pas dire autre chose pour le moment. Un office des grains de
provende au Québec, office ou société, cela veut dire
quoi? Ce sont des mots qu'on donne aux choses: office, société ou
corporation. Il n'y a pas une grosse différence. C'est l'activité
qui compte.
Pour revenir au secteur des meuneries, il n'est pas question pour nous
de forcer les meuneries à se fusionner. Il n'est pas question pour nopus
de forcer une meunerie à agrandir son entreprise, si elle ne veut pas
l'agrandir. C'est son affaire.
Mais si, à un moment donné, par exemple, on se rend compte
que les meuniers du Québec ne sont plus capables de soutenir la
concurrence, parce que leur entreprise est trop petite, il y a avantage
à ce que la société s'intéresse à ce
problème. Vous n'êtes pas d'accord?
M. Roy: Non.
M. Toupin: Vous n'êtes pas d'accord. On va les laisser
crever les uns après les autres, comme les petits magasins du coin.
M. Roy: Ce n'est pas une question de laisser crever les meuneries
...
M. Toupin: On va leur donner des subventions?
M. Roy: II n'est pas question de laisser crever les meuneries
actuellement.
M. Toupin: On va leur donner des subventions.
M. Roy: Qu'il y ait des politiques. Si c'est de la mauvaise
gestion, si c'est de la mauvaise administration, c'est une chose. Mais, M. le
Président...
M. Toupin: Cela va écoeurer les entreprises.
M. Roy: Je pense quand même que le problème n'est
pas là.
M. Toupin: Je vous ai dit tantôt qu'il n'était pas
là.
M. Roy: II n'est pas là, le problème. Je dis au
ministre, a ce moment-ci, que si on parle de fusionner les meuneries qui
désirent le faire, il faut faire bien attention d'éliminer une
concurrence nécessaire pour éviter l'exploitation de la classe
agricole. Les cultivateurs sont suffisamment exploités. Il faut
éviter une exploitation par le fait qu'on les soumette, qu'on les oblige
à faire affaire uniquement avec tel type d'entreprises ou avec une seule
entreprise dans un territoire donné.
M. Toupin: Le ministère ne les a pas exploités.
M. Roy: Ce n'est pas tout à fait la même chose,
parce que les cultivateurs expédiaient leurs produits là. Ce
n'est pas garanti que le gouvernement n'aura pas de fichus problèmes
tout à l'heure, à ce niveau. Il a déjà
commencé à en avoir. Si les usines étaient
demeurées plus petites, on aurait pas eu à faire face aux
problèmes que mon collègue de Saguenay et moi-même avons eu
à affronter vis-à-vis des petits producteurs qui ont
été obligés de s'éliminer automatiquement, de se
faire hara-kiri parce que les grosses usines n'étaient plus capable de
tolérer de petits producteurs qui leur créaient de petits
problèmes, une multitude de petits problèmes.
Au lieu de permettre à une catégorie d'agriculteurs de
vivre de leur exploitation agricole comme ils avaient vécu depuis un
certain nombre d'années, pour être en mesure d'attendre un an,
deux ans, trois ans avant de vendre leur exploitation agricole, on les a tout
simplement éliminés ipso facto de la carte.
C'est la raison pour laquelle je dis qu'actuellement il y a beaucoup de
questions qui restent en suspens et beaucoup de points d'interrogation. Je suis
en train de me demander sérieusement si nous sommes sur la bonne voie
pour améliorer le secteur agricole ou si ce n'est pas tout simplement
pour revenir à ce que je disais tantôt, créer
l'illusion.
Je suis obligé de revenir là-dessus, parce que, pour moi,
c'est toujours de l'illusion. Au fur et à mesure que les questions se
discutent, je ne veux pas avoir suffisamment de précision pour penser
autrement.
M. Lessard: A l'article 3, est-ce que le ministre a l'intention
de faire revivre la société qu'il avait annoncée,
Agrabec?
M. Toupin: Agrabec est une entreprise indépendante qui
s'est intéressée à un moment donné à la
transformation des huiles végétables au Québec. Si ma
mémoire est fidèle, la compagnie Agrabec n'existe plus. Elle a
été dissoute. La compagnie existe encore? Elle existe encore,
mais elle a abandonné son projet de Montréal et on est
actuellement en discussion avec d'autres groupes pour continuer le même
projet.
M. Ostiguy: M. le ministre, Agrabec n'était pas une
société gouvernementale, c'était une entreprise
privée. Cela n'avait rien à voir avec le gouvernement.
M. Lessard: Ce n'était pas une société
gouvernementale, mais c'était une société qui
s'intégrait, qui entrait dans la transformation. Est-ce que le ministre
a l'intention de consolider cette société, puisque son projet de
Montréal, prévu pour $11 millions, a été
abandonné?
M. Toupin: Agrabec a abandonné le projet à la suite
de problèmes que la compagnie a eus. Elle s'est d'ailleurs
débarrassée d'un certain nombre d'entreprises qu'elle avait au
pays, car elle avait des problème et nous, nous continuons dans le
même sens. On croit toujours à une société de
transformation des huiles végétales au Québec.
M. Lessard: Article 3, adopté.
Le Président (M. Corneillier): Article 3, adopté.
Article 4?
M. Lessard: A l'article 4, je soulignais dans mon discours de
deuxième lecture qu'on avait l'impression qu'on ne sait pas trop encore
ce qu'on entend faire avec cette société.
Je considère que c'est un article qui est assez inhabituel,
puisque, à l'article 4, on détermine que le "ministre peut, dans
le code des responsabilités et pouvoirs qui lui sont confiés et
des ententes auxquelles il est partie, émettre des directives portant
sur les objectifs et l'orientation de la société dans
l'exécution des fonctions qui lui sont confiées par la loi." Ce
n'est pas de la double affirmation. On précise, à l'article 3,
les objectifs et, tout à coup, a l'article 4, on a l'impression,
à un moment donné, d'écrire un nouveau projet de loi sous
forme de directives à la société. "Ces directives doivent
être soumises au lieutenant-gouverneur en conseil pour approbation. Si
elles sont ainsi approuvées, elles lient la société qui
est tenue de s'y conformer." J'aimerais savoir, de la part du ministre, ce
qu'il entend, en fait, par ces directives par rapport à l'article 3.
Deuxième question: Des directives ont-elles déjà
été émises ou préparées, à un moment
donné, selon l'objectif de cet article?
M. Toupin: L'article 3, M. le Président, si je comprends
bien la loi, détermine les objectifs. On est d'accord avec cela?
M. Lessard: C'est cela.
M. Toupin: L'article 4 ne détermine pas les objectifs. Il
donne l'autorisation au ministre de l'Agriculture d'émettre des
directives dans le cadre des objectifs, de telle sorte que ce n'est pas la
société qui va déterminer les secteurs dans lesquels elle
aura à oeuvrer, mais c'est le ministère de l'Agriculture qui
déterminera ces secteurs, donnera des directives à la
société, mais dans le cadre de ces objectifs. Ainsi, la
société ne pourra pas oeuvrer dans tous les secteurs à la
fois. Elle devra s'orienter dans le sens que le gouvernement, par son
ministère de l'Agriculture, lui donnera des directives
précises.
Je vous ai donné tout à l'heure deux champs d'action sur
lesquels des directives vont se préparer. C'est le champ d'action
possible des conserveries et le champ d'action possible des abattoirs.
M. Lessard: J'aime bien, cependant, le paragraphe suivant, quand
on dit: "Toute directive émise en vertu du présent article doit
être déposée devant l'Assemblée nationale, si elle
est en session, dans les quinze jours de son approbation par le
lieutenant-gouverneur en conseil."
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: "Si la directive est émise alors que
l'Assemblée nationale n'est pas en session, ou si elle est en session,
entre le moment où elle s'ajourne et la date fixée pour la
reprise de ses travaux lorsque cette date est postérieure au
vingtième jour suivant la date de l'ajournement, la directive doit
être déposée devant elle dans les quinze jours de
l'ouverture de la session suivante ou, suivant le cas, dans les quinze jours de
la reprise de ses travaux."
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: En tout cas, j'aime au moins cette partie de
l'article, parce qu'on pourra voir si le ministre a l'intention de mettre la
société sous tutelle ou pas. J'ai donc l'impression qu'il s'agit
de directives générales à l'intérieur desquelles
elle devra fonctionner.
M. Toupin: Ce n'est pas de l'administration. On peut bien
être réaliste. C'est que le ministère de l'Agriculture va
préparer ses directives dans tel secteur. Il va préparer une
réglementation, c'est-à-dire une gamme de directives dans le
secteur des conserveries ou des abattoirs. Il va présenter ces
directives au conseil des ministres. Le conseil des ministres les approuvera ou
les amendera et, par la suite, j'ai demandé que l'Assemblée
nationale soit informée de ce que le gouvernement décidera dans
ce secteur. Parce que, même si, parfois, on est porté à
soutenir que l'Assemblée nationale est une perte de temps, je crois que
l'Assemblée nationale doit être informée des directives que
le gouvernement donne à ses sociétés. Je n'ai pas
d'objection à les déposer devant l'Assemblée nationale. Au
contraire, c'est dans la loi.
Donc, tous les députés seront au courant de ce que la
société fera et des directives que le ministère va
émettre. L'Assemblée nationale saura également le contenu
des directives que le ministère va émettre.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 4...
M. Roy: M. le Président, avant qu'il soit adopté,
il y a... J'y reviendrai à l'article 8.
Le Président (M. Comellier): Article 4, adopté.
Article 5?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
6?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
7?
M. Lessard: A l'article 7, M. le Président, il est
prévu que pour la première année d'activité, la
société devra recevoir ou recevra la somme de $3 millions, sous
forme d'achat d'actions par le gouvernement. Cette première année
est-elle 1975/76?
M. Toupin: La société va être formée
avant la fin de l'année financière.
M. Lessard: Quand le ministre a défendu son budget, lors
des crédits, il nous avait alors expliqué que la baisse des
crédits au programme 5, Commercialisation, pour l'année 1975/76,
qui avait été de $41.6 à $12.7 millions, était due
au fait qu'il allait obtenir des budgets spéciaux lors de la
création de la société québécoise
d'initiative agricole et de la mise en valeur de la loi de stabilisation des
revenus agricoles.
Comme cela fait une différence, entre $12.7 millions et $41.6
millions, de $29 millions, est-ce qu'on peut prévoir justement que ces
deux lois vont compenser pour la diminution des crédits à ce
titre, à ce programme?
M. Toupin: M. le Président, je soutiens toujours
là-dessus la même thèse. Il ne s'agit pas pour moi de
compenser une diminution de crédit à un poste donné et il
ne s'agit pas de savoir si mon budget de l'an prochain sera de $1 million, de
$1.5 million ou de $2 millions supérieur ou inférieur. On a des
objectifs au ministère, on a des programmes. Les objectifs qu'on s'est
fixés, on cherche à les atteindre dans le plus bref délai,
et les programmes, on les réalise non pas dans toute la mesure du
possible, mais avec tout ce qu'il est possible de dépenser à
l'intérieur d'un programme. L'an dernier, le bovin a coûté
$20 et quelques millions; cette année, je ne sais pas ce qu'il
coûtera. Je ne sais pas ce que coûtera cette année non plus
l'intervention du gouvernement dans certaines productions dont les prix
reçus par le marché seront en bas des coûts. Il est
possible que cela coûte $8 millions, il est possible que cela coûte
$10 millions, il est possible que cela coûte $15 millions et il est
possible que cela coûte $20 millions. C'est la loi de stabilisation,
l'assurance qui va déterminer cela, parce qu'au cours de sa
première année, on puisera à même les fonds
consolidés de la province. Ici, ces $3 millions, ce sont de
l'extrabudgétaire. Ce n'est pas pris à même le budget
régulier, c'est pris à même des emprunts. On ne les
retrouvera jamais dans les budgets réguliers, sauf le budget
d'administration, qui sera présent l'an prochain, de la
Société québécoise d'initiative agro-alimentaire.
On fera la même chose que vis-à-vis de l'Office du crédit
agricole.
M. Lessard: Le ministre compte toujours, lorsqu'il répond
à certaines questions que nous posons, soit à l'Assemblée
nationale ou en commis- sion parlementaire, que la mémoire va nous faire
défaut.
M. Toupin: Qu'est-ce que j'ai dit qui...
M. Lessard: C'est comme lorsqu'il prend avis de nos questions.
Là, il avait dit simplement que cela serait compensé, ce montant,
par les lois qu'il devait voter.
M. Toupin: Oui, mais attendez.
M. Lessard: M. le Président, de toute façon, nous
sommes habitués au patinage du ministre.
M. Toupin: Attendez à la fin de l'année et vous
verrez les dépenses du ministère de l'Agriculture.
M. Lessard: Article 7, adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 7, adopté.
Article 8?
M. Lessard: A l'article 8, est-ce que les membres ont
été choisis?
M. Toupin: Non.
M. Roy: Est-ce que le ministre, actuellement, a quelqu'un de
retenu ou a quelqu'un à l'esprit comme devant faire partie de ce
conseil?
M. Toupin: Non.
M. Roy: Vous n'avez personne.
M. Toupin: On va confier à une firme probablement, le soin
de déterminer un certain nombre de personnes, à compter de
critères. Il existe des firmes au Québec. On l'a fait pour la
raffinerie de sucre de Saint-Hilaire à deux reprises. Pour vous montrer
jusqu'où là-dedans on est vraiment détaché des
questions politiques ou autres, on va confier à une firme
spécialisée le soin de nous indiquer le meilleur homme dans la
province de Québec qui pourrait assumer de telles
responsabilités.
M. Roy: Maintenant, quelle est la firme dont les services ont
été retenus dans le cas...
M. Toupin: Elle n'a pas été retenue encore.
M. Roy: Non, mais dans le cas de Saint-Hilaire?
M. Toupin: Dans le cas de Saint-Hilaire, c'est la firme
Paquin-Drouin.
M. Roy: Est-ce que vous avez l'intention de retenir la même
firme? Est-ce qu'il y en a d'autres? Il n'y a pas... Vous n'êtes pas en
mesure à ce moment...
M. Toupin: II y en a deux ou trois au Québec
qui se spécialisent là-dedans. Cela ne veut pas dire qu'on
prend leurs recommandations non plus.
M. Roy: Est-ce l'intention du gouvernement de nommer quelqu'un
qui fait partie de l'administration gouvernementale comme telle ou si c'est un
critère qui n'est pas retenu?
M. Toupin: La loi le dit. Il y a deux fonctionnaires qui devront
être membres du conseil d'administration.
M. Roy: Plus que ces deux? Est-ce que vous avez
pensé...
M. Toupin: II est possible qu'il y en ait un troisième qui
soit fonctionnaire, mais pas au ministère. Il est possible qu'il y ait
un membre de la SDI qui compose le conseil d'administration.
M. Roy: C'était le compromis, cela.
M. Lessard: Le ministre de l'Industrie et du Commerce
était...
M. Toupin: Non, c'est simplement la collaboration... Est-ce que
vous savez que mon sous-ministre, M. Yvan Jacques est membre de la SDI depuis
deux ans, depuis qu'il est arrivé au ministère?
M. Lessard: On n'a pas d'opposition à cela. Il y a
tellement de manque de coordination entre un ministère et un autre que
c'est absolument ridicule. Il y a des décisions qui se prennent en vertu
de la même loi et qui...
M. Toupin: C'est fantastique de constater un tel raisonnement.
Avant cela, on nous disait: II n'y a pas de collaboration entre la SDI et tel
organisme, ils ne se voient pas, ils ne se rencontrent pas. Là, on prend
un gars du ministère et on le met à la SDI et on prend un gars de
la SDI et on le met au ministère, c'est effrayant comme il y a de
l'anarchie là-dedans!
M. Lessard: Ce n'est pas cela qu'on vous dit. Je viens de vous
dire justement le contraire.
M. Toupin: Ah! vous avez dit le contraire. C'est vrai? Je
m'excuse.
Une Voix: Le député parle souvent.
M. Tremblay: II veut vous féliciter et il ne sait pas
comment le dire.
M. Toupin: Je m'excuse, j'avais vraiment mal compris.
M. Roy: Cela veut dire que du côté de l'Opposition,
il faut être très prudent dans nos félicitations.
M. Lessard: Je ne voyais pas du tout où vous alliez.
M. Roy: II faut être très prudent du
côté de l'Opposition dans nos félicitations, parce qu'on
risque toujours d'être mal compris.
Le Président (M. Cornellier): Article 8,
adopté?
M. Toupin: On l'est si peu souvent qu'on ne comprend pas
lorsqu'on l'est.
Le Président (M. Cornellier): Article 8, adopté.
Article 9?
M. Lessard: Adopté.
M. Toupin: Je n'avais pas compris cela.
Le Président (M. Cornellier): Article 10?
M. Roy: Maintenant, au niveau du conseil d'administration, est-ce
que ces administrateurs vont avoir les mêmes privilèges que les
personnes... Par exemple, je vais prendre le cas des sous-ministres, entre
autres je ne veux pas faire allusion aux sous-ministres qui sont ici
pour qui, une fois qu'ils sont déjà engagés, il y a
une question de sécurité d'emploi et la garantie d'être
replacés ailleurs. Autrement dit, s'ils sont retenus pour faire partie
du conseil d'administration comme tel...
M. Toupin: Non. Evidemment, on va le voir un peu plus loin dans
l'engagement, les fonctionnaires du ministère qui seront nommés
n'auront probablement pas d'émoluments additionnels. Ils seront
régis par la Commission de la fonction publique si, toutefois, ils sont
permanents. S'ils ne sont pas permanents, ils auront leur salaire de
fonctionnaires et ils prendront une partie de leur temps pour participer
à la société.
Quant aux deux autres personnes qui viendront de l'extérieur, on
fera avec eux comme on fait, je pense, dans les autres organismes. On va les
nommer pour un mandat de cinq ans, de huit ans ou de dix ans.
Le Président (M. Cornellier): Article 10? M. Lessard:
Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
11?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
12?
M. Roy: L'article 12...
M. Lessard: A l'article 12, je présume que le directeur
général n'est pas nommé encore.
M. Toupin: Article 12, directeur général. Non, il
n'est pas nommé.
M. Roy: Est-ce qu'il y a quelqu'un d'attitré? Parce qu'on
sait une chose, M. le Président...
M. Toupin: Non, pas nécessairement. On regarde
actuellement un peu partout.
M. Roy: Ce n'est pas une loi, ce n'est pas une série de
règlements qui font l'entreprise.
M. Toupin: Non.
M. Roy: On sait que ce sont ceux qui ont à administrer,
à diriger l'entreprise. C'est vrai dans tous les domaines, et c'est
surtout vrai dans les sociétés d'Etat, parce que les quelques
rares qui fonctionnent, c'est parce qu'il y a des bons hommes à la
gouverne.
M. Ostiguy: La raffinerie de sucre, cela a bien
été. On avait un bon directeur.
M. Roy: Pourquoi gâter la discussion, M. le
Président?
M. Ostiguy: Non. Je voulais souligner qu'on avait un bon
directeur.
Une Voix: C'est une constatation.
M. Roy: C'est parce qu'avant de s'aventurer dans la
création d'un organisme de ce genre, il est bien important que les
personnes à qui on a l'intention de confier la responsabilité de
l'administrer, le mandat de diriger cette entreprise, soient pressenties, et,
si elles ne sont pas pressenties comme telles, que le gouvernement sache
d'avance à qui on va en confier la responsabilité. Si le
gouvernement me dit, à ce moment-ci, qu'il n'a personne en vue
jusqu'à maintenant, on va attendre, on va voir. Il y a un petit
paragraphe à la fin...
M. Toupin: Ici comme ailleurs...
M. Roy: ... qui dit que cela va entrer en vigueur à la
date fixée par proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil;
ça peut prendre du temps.
M. Toupin: L'an prochain, même quand la loi sera
adoptée, quand le conseil d'administration sera nommé, je ne
verrai pas d'inconvénient à déposer à
l'Assemblée nationale la liste des membres du conseil
d'administration.
M. Lessard: C'est normal. Est-ce qu'elle va être
obligée de faire rapport, cette société?
M. Toupin: Bien sûr!
M. Lessard: En tout cas, on le verra plus loin.
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Si on ne le voit pas, je reviendrai. Article...
Le Président (M. Cornel lier): Article 12,
adopté?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Cornellier): Article 13?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
14?
M. Lessard: A l'article 14, j'aimerais avoir des explications du
ministre concernant... On précise d'abord, à l'article 4, comme
je le soulignais tout à l'heure, les directives que devra, justement,
émettre le ministre vis-à-vis de la société,
portant sur les objectifs et l'orientation de la société, et,
à l'article 14, on dit: "Le conseil d'administration doit, au moins
trois mois avant le début de chaque année financière,
préparer un budget d'investissement et un budget de fonctionnement et
les soumettre pour approbation au ministre de l'Agriculture".
M. Toupin: Oui, c'est la suite logique. Vous avez d'abord les
objectifs de la société, les directives du ministère, qui
ne seront pas des programmes... Le ministère de l'Agriculture ne dira
pas: Vous allez investir tant de millions à tel endroit, etc. Ce n'est
pas cela que le ministère va dire. Il va lui donner des directives, dans
le sens que la programmation devra, en priorité, travailler sur tel ou
tel secteur et, par la suite, on va demander à la société,
dans le cadre de ces directives, de nous préparer un budget
d'investissement.
M. Lessard: En tout cas, ce sera la seule société
qui va avoir un contrôle aussi rigide de la part du ministre.
M. Toupin: Oui, c'est exact. Je l'ai demandé.
M. Lessard: La seule société que je connaissance
actuellement.
M. Toupin: On va la contrôler aussi.
M. Lessard: J'espère que ce ne sera pas une tutelle.
M. Toupin: II n'y a absolument pas de tutelle là-dedans.
C'est le gouvernement qui la crée et le gouvernement se donne les moyens
de la contrôler.
Le Président (M. Cornellier): Article 14,
adopté.
M. Roy: Les pouvoirs sont déjà suffisamment larges
dans la loi et je ne serais pas prêt à confier à cinq ou
six personnes une loi comme telle et à leur dire: Faites ce que vous
voudrez.
M. Toupin: C'est cela.
M. Roy: Je pense que, là-dessus, au moins, on
a cela comme garantie, et c'est drôlement important.
M. Toupin: L'Assemblée nationale va y être
mêlée parce qu'on va déposer à l'Assemblée
nationale les directives qu'on va donner à la société.
M. Roy: Le ministre n'aurait pas pu se réjouir de mon
appui?
Le Président (M. Cornellier): Article 15? M. Lessard:
Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
16?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
17?
M. Lessard: A l'article 17, les pouvoirs sont extrêmement
limitatifs. J'avais souligné à un certain moment que, dans
d'autres lois, on constatait que les pouvoirs étaient donnés de
façon beaucoup plus positive. A l'article 14, on limite. A l'article 17,
on limite encore. C'est probablement dû à la mauvaise
expérience que le ministre des Finances a eue avec Hydro-Québec
quand il a voulu la casser et que cela ne s'est pas passé exactement
comme on l'aurait voulu.
De toute façon, on verra, puisque l'Assemblée nationale
aura un certain contrôle.
M. Roy: A l'article 17, je suis d'accord pour que les portes ne
soient pas ouvertes trop grandes et que le ministère, ou le ministre
comme tel, qui est responsable devant l'Assemblée nationale, puisse
suivre, pour ne pas donner carte blanche ou un blanc seing je ne parle
pas d'un sein blanc...
M. Tremblay: Vous avez toujours cela à la bouche!
Le Président (M. Cornellier): Article 17. Adopté.
Article 18?
M. Lessard: Adopté.
M. Toupin: L'article 18 est le rapport.
Le Président (M. Cornellier): Article 18, adopté.
Article 19?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
20?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Adopté. Article
21?
M. Lessard: Je ne suis pas sûr. En tout cas... Le
Président (M. Cornellier): Adopté.
M. Ostiguy: L'article 154 et l'article 158, qu'est-ce que
c'est?
M. Lessard: La Loi des compagnies.
M. Ostiguy: Ah oui!
M. Lessard: C'est bien indiqué.
M. Ostiguy: Oui, M. le Président. Je m'excuse.
Le Président (M. Cornellier): Article 21, Adopté.
Article 22?
M. Roy: Article 22. Quand?
M. Toupin: Je vais vous donner une date possible. Attendez un
peu. Nous sommes le...
M. Roy: ... 17 juin I975.
M. Toupin: Juillet, août... Notre objectif pour cette loi
était de l'appliquer en septembre, c'est-à-dire que le conseil
d'administration serait nommé en septembre et le ministère de
l'Agriculture aurait déjà une partie de ses directives de
prêtes pour qu'elle commence à fonctionner de façon
concrète peut-être vers octobre ou novembre. Cela va prendre au
moins deux ou trois mois pour roder toute l'administration, trouver le
personnel, préparer les directives.
M. Lessard: Avant de l'adopter en bloc, j'aurais certaines
suggestions à faire au ministre en relation avec la Loi de l'aide au
développement industriel. Il y a dans cette Loi de l'aide au
développement industriel une section qui s'appelle: "Conflits
d'intérêt et de confidentialité". Je me demande s'il n'y
aurait pas lieu d'inscrire dans ce projet de loi à peu près la
même chose ou des choses identiques. Je vais simplement vous donner
quelques exemples. C'est à partir de l'article 41 de la Loi de l'aide au
développement industriel. A l'article 36, on dit: "II est interdit
à la société de faire une opération
financière avec un de ses membres ou un de ses fonctionnaires ou avec le
conjoint ou l'enfant de l'un d'eux." A l'article 37, on dit: "II est interdit
à la société de faire une opération
financière avec une compagnie dont un administrateur est
député à l'Assemblée nationale et de prendre en
garantie des titres émis par une telle compagnie, sauf s'il sagit
d'actions d'une compagnie dont les actions sont inscrites à une bourse
reconnue par le lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation de la
Commission des valeurs mobilières du Québec." Je ne continue pas
de lire, mais je pense que ces garanties, il serait quand même important
de les inscrire à l'intérieur de la loi parce que, actuellement,
si on excepte le code d'éthique comme tel on n'a abso-
lument rien dans la loi. Je trouve qu'il y a une protection
supplémentaire dans la Loi de l'aide au développement
industriel.
M. Toupin: Si on ne l'a pas mis dans cette loi vous vous
rappelez que le premier ministre a annoncé que des directives
étaient émises pour les sous-ministres et pour les principaux
fonctionnaires du gouvernement c'est que les directives émises
par le bureau du premier ministre sont exactement de cet ordre. Dans l'avenir,
on ne retrouvera plus, pour les nouvelles sociétés qui vont
être créées, de telles dispositions. Ce seront les
dispositions générales qui s'appliqueront.
M. Roy: Oui, mais je tiens bien à dire une chose à
ce moment-ci et je pense qu'il est important que cela soit noté. Quand
c'est écrit dans la loi, c'est la loi, mais les directives du premier
ministre ne sont pas une loi.
M. Toupin: Ce n'est pas une loi, mais c'est approuvé par
le conseil des ministres et c'est approuvé en vertu de la Loi du Conseil
exécutif. Alors, cela a la valeur d'une loi.
M. Lessard: Non, c'est un arrêté en conseil.
M. Toupin: C'est cela. Un arrêté en conseil, c'est
le lieutenant-gouverneur en conseil qui passe... C'est un édit, au fond,
c'est une ordonnance.
M. Roy: C'est une ordonnance qui est émise...
M. Toupin: C'est une forme de loi. C'est la même chose
qu'un arrêté en conseil qui va autoriser la dépense de $1
million pour le ministère de la Voirie.
M. Roy: Si c'est une ordonnance, c'est différent.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 22, adopté.
Le projet de loi no 22 est adopté sans amendement.
Messieurs, vous êtes invités maintenant à
entreprendre l'étude du projet de loi no 39, Loi modifiant la Loi sur
les produits agricoles et les aliments.
M. Roy: J'aimerais savoir, avant d'entreprendre l'étude de
ce projet de loi, M. le Président, comme il est 10 h 35, quelles sont
les intentions du gouvernement en ce qui a trait à l'horaire de nos
travaux parlementaires. Quelles sont les intentions du gouvernement? Etant
donné que le député de Saguenay ne sera pas à
l'Assemblée nationale demain, si ce projet de loi n'était pas
accepté avant 11 heures ce soir, serait-il reporté à une
autre journée ou serait-ce l'intention du gouvernement de l'imposer
quand même demain?
M. Toupin: Le député de Saguenay est-il parti pour
la journée de demain?
M. Lessard: M. le Président, on peut attaquer la loi et
voir exactement où on en sera rendu. Quant à moi, je n'ai pas
l'intention de reprendre, à ce stade-ci, des discussions que nous avons
eues à l'Assemblée nationale, quoique j'aie un certain nombre de
questions. Quelle que soit la loi c'est là le problème
fondamental que nous aurons à adopter ce soir ou demain, si on ne
prend pas de mesures pour la faire appliquer, cela sera encore une loi telle
que nous en avons connues dans le passé, une loi inappliquée, une
loi qui n'existe pas dans les faits.
J'aimerais quand même, M. le Président, souligner, à
ce stade-ci, une affirmation que je retrouve au rapport annuel 1973/74,
à la page 39, du ministère de l'Agriculture, section de
l'inspection des viandes. 1) Surveillance des opérations des abattoirs
et des établissements de conditionnement de viande dans lesquels
l'estampille "Approuvé Québec" est utilisée. Les
établissements qui bénéficient de la surveillance
officielle "Approuvé Québec" sont soumis à une inspection
régulière et permanente. Trente-deux abattoirs et quarante-neuf
établissements de conditionnement des viandes ont opéré
sous surveillance officielle au cours de l'année. Vingt-huit
médecins-vétérinaires et soixante-neuf inspecteurs ont
assumé cette responsabilité. L'inspection s'applique à
toutes les phases qui ont cours dans cette industrie: Examen des animaux avant
et après l'abattage; application des règles d'hygiène
pendant tout le cycle des opérations jusqu'à l'expédition;
surveillance de l'emballage et de l'étiquetage, confiscation des
carcasses écoutez, c'est grave cela ou de parties de
carcasses impropres à la consommation, lesquelles sont dirigées
vers un fondoir approuvé où les produits sont transformés
en supplément protéique pour nourriture animale ou en engrais
chimique.
M. le Président, c'est assez curieux de lire, dans le rapport
annuel 1973/74 du ministère de l'Agriculture, cette affirmation et de
constater la situation absolument dégueulasse et déplorable que
nous vivons actuellement. Ce matin, et je voudrais revenir sur cela, je posais
un certain nombre de questions au ministre de l'Agriculture, à savoir,
entre autres, s'il avait été informé que le
ministère de la Santé refusait depuis 1971 l'émission de
permis aux abattoirs. Ce que je voudrais souligner, c'est que cela fait
à peu près deux semaines et peut-être trois semaines que le
ministre de l'Agriculture du Québec me dit qu'il a nommé un
observateur pour assister aux séances à huis clos et qu'il lui
fait rapport continuellement.
Cela veut dire, M. le Président, que l'observateur en question a
dû certainement prendre des notes concernant les témoignages qui
ont été rendus publics dernièrement, en particulier celui
du Dr Léveillé. Je trouve absolument curieux que le ministre de
l'Agriculture ne soit pas capable de répondre aux questions qu'on lui
pose à l'Assem-
blée nationale, et qu'il soit dans l'obligation de prendre avis
de ces questions. Normalement, s'il est exact qu'un observateur est
nommé à la Commission d'enquête sur le crime
organisé, le ministre aurait dû, par la suite, vérifier les
faits, il semble que le ministre prend cela à la légère.
Il semble que le ministre ne vérifie pas les faits. Je voudrais avoir
une réponse du ministre à ce sujet. A chaque fois que nous
discutons de cela, le ministre nous dit: J'ai un observateur qui est là
et il me fait rapport.
Quand je lui ai posé la question, on sait qu'il a
été obligé de consulter le ministre de la Justice,
à un moment donné, avant de répondre. Cela
m'inquiète passablement. J'ai l'impression que le ministre de
l'Agriculture prend la situation à la légère. Avant
d'adopter un tel projet de loi, il faudrait être assuré que le
ministre prend ses responsabilités. Il faudrait être assuré
que le ministre va faire appliquer cette loi. Il faudrait être
assuré que le ministre va vérifier, comme on le lui a
demandé à plusieurs reprises, le travail de ses inspecteurs. Il
faudrait d'abord que le ministre nous assure que ses inspecteurs sont
compétents.
Je ne sais pas si le ministre a eu l'occasion de prendre connaissance du
témoignage d'un de ses inspecteurs, hier, concernant les
bactéries. A ce moment, je doute passablement de la compétence
des inspecteurs.
Il faudrait aussi que le ministre nous assure d'un budget
supplémentaire, pour augmenter le nombre des inspecteurs, puisqu'il y
aura beaucoup plus d'abattoirs qui devront être surveillés, cette
fois. En vertu de l'article 6 de l'ancienne loi 31, qui est amendée par
la loi 39, actuellement, tout abattoir devra obtenir un permis.
M. le Président, le ministre a-t-il l'intention d'instaurer des
programmes de formation de ces inspecteurs? Le ministre a-t-il l'intention
d'établir un service public et obligatoire de ramassage des animaux
morts ou malades, tel qu'on le laisse entendre, en tout cas, à la page
39 du rapport du ministère? Le ministre a-t-il l'intention de proclamer,
dans le plus bref délai possible, cette loi, et de la faire appliquer
surtout?
Je ne voudrais pas non plus que le ministre profite de la situation
actuelle pour écraser les petits abattoirs; le problème qui s'est
posé, ce n'est pas au niveau des petits abattoirs, à ce qu'on
sache actuellement. Le problème s'est posé au niveau des grands
abattoirs. De plus en plus, il y a des gens qui n'ont plus confiance et qui ont
l'intention, à l'avenir, d'acheter directement leurs animaux chez les
producteurs agricoles, et d'aller les faire tuer aux petits abattoirs. Il ne
faudrait pas que le ministre profite, actuellement, de la situation
déplorable et surtout de son inertie et de son incurie, pour
écraser les petits abattoirs, en vertu des règlements, et les
faire disparaître tout simplement.
Ce que j'ai dit, et ce que je répète, c'est que cette loi
ne viendra absolument rien changer, si le ministre n'a pas la volonté et
le courage de la faire appliquer. Le ministre avait des lois qui avaient
été adoptées par l'Assemblée nationale. Il avait
même deux lois qu'il pouvait utiliser, soit la Loi de l'hygiène
publique et la Loi des produits agricoles et des aliments, et il n'a rien fait.
C'est une incurie absolument inacceptable, absolument condamnable.
Je l'ai dit, M. le Président, je n'ai jamais affirmé que
le ministre était complice directement de ces gens-là. Je n'ai
jamais affirmé que le ministre était complice du crime
organisé.
Mais le ministre, par suite du fait qu'il a fermé les yeux et par
suite du fait qu'il n'a rien fait pour corriger la situation, parce qu'il
connaissait la situation, est indirectement complice de cette situation que
nous vivons actuellement.
Je l'affirme, M. le Président. Je suis prêt à donner
tous les pouvoirs qui seront nécessaires au ministre pour corriger la
situation. Cependant, il faudrait être assuré que ces projets de
loi que nous votons à l'Assemblée nationale vont être
appliqués.
C'est là qu'est le problème fondamental, depuis 1962. En
1967, on a parlé du scandale de la viande avariée. En 1973, le
ministre a été informé, par l'Association des
consommateurs de Trois-Rivières, qu'il circulait de la viande
avariée dans cette région. En 1968, il y a eu un rapport
présenté par le médecin vétérinaire du
ministère, sur la viande avariée... "Le commerce de la viande
avariée au Québec", rapport qui, semble-t-il, aurait
été remis, selon une déclaration du médecin en
question, au ministre actuel de l'Agriculture.
Rien n'a été fait. Je trouve que c'est absolument
dégueulasse et jamais je termine sur cela et pourrais reprendre
tout ce que j'ai dit mais ce n'est pas mon intention jamais le ministre
de l'Agriculture du Québec ne pourra nous rentrer dans la tête,
qu'il s'agisse de moi, comme député de l'Opposition, ou de la
population du Québec, jamais le ministre de l'Agriculture ne pourra nous
rentrer dans la tête qu'il n'était pas au courant de la
situation.
C'est là qu'est le problème fondamental, M. le
Président. Malgré le fait qu'on puisse adopter une loi qui sera
probablement meilleure que celle qui existait déjà, si le
ministre n'a pas la volonté ni le courage de la faire appliquer, cette
situation continuera de se perpétuer au Québec.
M. Roy: M. le Président, à la suite des propos
tenus par mon collègue de Saguenay, qui a parlé des petits
abattoirs, on se rappellera les discussions qui ont eu lieu au moment où
la commission parlementaire a siégé pour étudier les
propositions de règlement sur les aliments. On se rappellera les
inquiétudes qui ont été suscitées, de part et
d'autre, dans les différents milieux.
Toute l'action gouvernementale, actuellement, semble centrée sur
le fait qu'on doit fermer la plus grande partie des petits abattoirs au
Québec, pour mettre un terme au commerce de la viande avariée,
pour assainir le climat.
Je pense que c'est faire fausse route complètement. La charogne
qui a été mise sur le marché n'est jamais passée
par les abattoirs. Elle n'avait pas besoin de passer par les abattoirs. Je
pense
que je n'apprends rien à personne en disant ces choses.
Si la charogne qui a été mise sur le marché n'est
pas passée par les abattoirs, je pense qu'il ne serait pas juste
actuellement de sauter sur le dos des propriétaires de petits abattoirs
des régions rurales, des régions éloignées, qui ont
permis et qui permettent encore aux agriculteurs du milieu d'alimenter le
marché local et d'obtenir de meilleurs prix, et, pour le marché
local, de s'approvisionner avec une viande de qualité, une viande de
choix dans le milieu, favorisant ainsi les échanges d'activités
économiques dans ce milieu lui-même.
Fermer les petits abattoirs, à l'heure actuelle, ne ferait que
favoriser la concentration de tout le marché de la viande entre les
mains des grandes entreprises, de ceux qu'on a dénoncés souvent
comme étant les trusts de l'alimentation dans le secteur des viandes.
Les abattoirs, je n'en nommerai pas, M. le Président, je n'ai pas
l'intention de leur faire de publicité, mais le ministre et mes
collègues du côté ministériel savent très
bien de qui je veux parler. Si on fait en sorte, en éliminant les petits
abattoirs du Québec, d'obliger le producteur agricole qui met quelques
têtes de bétail sur le marché, durant l'année,
à se diriger vers les grands abattoirs, on sait, M. le Président,
que l'absence ou la quasi-absence de concurrence le livre à la merci de
ces gros qui ont droit de vie ou de mort et qui paient les prix qu'ils veulent
aux producteurs. On sait que ces gros de l'alimentation, actuellement, sont en
concurrence directe ou sont intéressés directement dans
l'importation des viandes qui viennent soit des Etats-Unis ou, encore, du
marché international. Quand je parle du marché international, je
parle particulièrement de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande,
parce que ce sont les deux plus grands fournisseurs de viande, actuellement, au
Québec.
C'est tout le problème qu'il y a. Je dis que le gouvernement, au
lieu de fermer des petites entreprises honnêtes, des petites entreprises
qui ont joué leur rôle, qui jouent leur rôle, au lien de
multiplier les chômeurs, devrait engager plus d'inspecteurs. Il devrait
avoir un meilleur budget et s'organiser justement pour faire les inspections
qui peuvent se faire et qui doivent se faire dans ce milieu. Il y a une
possibilité d'organiser une rotation. On sait que ces abattoirs
n'abattent pas six jours par semaine. On sait que l'abattage des viandes se
fait dans les trois premiers jours de la semaine. Il est assez facile, pour un
petit abattoir local qui fait de l'abattage seulement deux jours par semaine
seulement de quelques têtes de s'entendre et d'abattre ces
animaux un jour désigné, un jour où il y a eu des ententes
et, où l'inspecteur sera présent pour inspecter les viandes.
Je pense que c'est un domaine où le gouvernement n'aurait pas le
droit, dès le moment où la loi sera mise en vigueur, d'interdire,
du jour au lendemain, la vente et l'abattage d'animaux par ces petits
propriétaires d'entreprises qui, comme je le disais tout à
l'heure, ont exercé un commerce honnête.
Pour ceux qui ont exercé un commerce malhonnête, je n'ai
pas de pitié et je ne réclamerai aucune tolérance de la
part du gouvernement. Je veux que ce soit bien compris, à ce moment-ci,
de façon qu'on ne vienne pas me dire, soit en commission parlementaire
ou ailleurs, que j'ai favorisé le statu quo dans le domaine de la mise
en marché de la viande. Je ne favorise pas le statu quo, au contraire.
Il y a des inspecteurs au niveau du ministère provincial de
l'Agriculture. Le gouvernement peut en engager d'autres, parce qu'il y a
plusieurs demandes, actuellement, de la part de personnes qui s'y connaissent
dans le domaine des viandes qui ont postulé au bureau du
ministère de l'Agriculture et qui seraient heureuses, actuellement,
d'être employées, d'être engagées et d'exercer ce
métier.
Je pense qu'on devrait y aller avec discernement. On devrait faire
attention de façon à ne pas considérer les gens comme
étant tous des coupables et comme étant tous des malfaiteurs.
Mais je dis qu'il devrait y avoir une directive gouvernementale
générale j'insiste sur ce point en ce sens, que si
un petit atelier d'abattage, de charcuterie ou autre se permet de mettre sur le
marché de la viande avariée et de la charogne, que tout le monde
le sache, c'est la fermeture de l'entreprise ipso facto. Chat
échaudé craint l'eau froide, et je dis que la crainte est le
commencement de la sagesse.
Si le ministère de l'Agriculture se donnait la peine,
actuellement, de donner une directive de ce genre, je pense que cela pourrait
permettre au consommateur de retrouver une certaine confiance, confiance qu'il
a perdue en ce qui a trait aux actions du gouvernement provincial et en ce qui
a trait aux établissements qui ont satisfait aux normes et aux exigences
du gouvernement et qui utilisaient ou qui utilisent encore l'estampille "Quebec
Approved".
M. le Président, j'ai eu l'occasion de le dire en deuxième
lecture de ce projet de loi , il y a actuellement des entreprises qui ont
exercé un commerce tout à fait honnête, des gens qui ont
accepté les rigueurs de la loi, des gens qui ont voulu exercer leur
commerce et diriger leur entreprise selon les normes de la loi. Ces gens se
trouvent actuellement fortement pénalisés par le climat qui
prévaut dans le secteur du commerce des viandes. If y en a même un
certain nombre qui ont dû pratiquement fermer leurs portes, et un
très grand nombre d'autres ont vu baisser leur chiffre d'affaires de
40%, 50% et même 60% dans certains cas.
M. le Président, je n'ai pas à revenir sur les propos
tenus par mon collègue, je les partage entièrement. On nous
disait à chaque année, dans le rapport du ministère
provincial de l'Agriculture, que tout allait bien. Nous étions
informés d'un autre côté qu'il se faisait un commerce de
charogne à l'intérieur de la province de Québec par le
fait qu'il y avait certaines saisies à certains moments. Des
dénonciations ont été faites, des rapports ont
été faits au ministère de l'Agriculture, mais ces rapports
n'ont pas reçu l'attention qu'ils auraient dû recevoir. Ils
auraient nécessité que le gouver-
nement agisse mais le gouvernement a négligé de le
faire.
M. le Président, nous avons devant nous le projet de loi 39, Loi
modifiant la loi sur les produits agricoles et les aliments. Ce projet de loi
amende le chapitre 35 des lois de 1974, sanctionné le 31 juillet 1974
à la suite d'une discussion assez longue à l'Assemblée
nationale. Or, ce chapitre 35 n'a jamais été mis en vigueur,
puisqu'il n'y a pas encore eu de proclamation de la part du
lieutenant-gouverneur en conseil pour ce faire. Ce sont les points sur lesquels
je voulais attirer l'attention du ministre. J'aurais cependant un autre point
sur lequel certaines personnes compétentes du milieu ont attiré
mon attention et m'ont demandé d'attirer celle du ministère de
l'Agriculture. Dans le règlement sur les aliments et le règlement
sur les viandes, ce volumineux règlement, on parle de la classification,
mais il semblerait qu'il y a un problème au niveau de la classification
des bovins, de la classification du boeuf de boucherie. Ceci ferait qu'un
certain nombre de gens se font rouler, se font duper royalement, parce que le
règlement provincial et la loi provinciale n'insisteraient pas
suffisamment sur la classification des viandes.
L'inspection des viandes, c'est une chose; la classification en est une
autre. Si, dans les grandes chaînes d'alimentation, on a plutôt
utilisé l'estampille "Canada Approved", c'est parce qu'avec cette
estampille il y a une classification des viandes, A-1, A-2, etc. Je n'ai pas
toutes la nomenclature de ces classifications, n'étant pas un
spécialiste de l'affaire, mais on ne peut faire autrement qu'admettre
qu'il y a une absence de classification au niveau provincial. J'aimerais bien
savoir, de la part du ministre de l'Agriculture, si on a l'intention, au niveau
du ministère, d'adopter et de mettre en vigueur un système de
classification du boeuf dans les abattoirs qui utiliseront l'estampille "Quebec
Approved". Cela éviterait d'abord que le boeuf québécois
soit tout organisé, autrement dit que la mise en marché se fasse
selon une seule et même classe. Il faudrait différentes classes,
au niveau de la classification, qui permettraient je pense que c'est
extrêmement important pour les éleveurs de bovins de boucherie
d'avoir le juste prix lorsque les animaux sont des animaux de choix
susceptibles de bénéficier d'une bonne classification. Cela
permettrait, autrement dit, un meilleur prix lorsque cette viande est mise sur
le marché.
M. le Président, j'aimerais bien avant que nous entreprenions
l'étude article par article, que le ministre nous donne des
précisions à ce sujet.
M. Carpentier: M. le Président...
M. Lessard: M. le Président, si le ministre ou si le
député me le permet, immédiatement, quand j'ai
parlé du Dr Léveillé, j'ai fait une erreur. Il s'agit du
Dr Lavallée.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Laviolette.
M. Carpentier: M. le Président, juste une très
courte remarque, suite aux propos tenus par le député de
Beauce-Sud. Ce dernier nous a dit, au cours de son intervention, que suite au
rapport qu'il a lu il était informé, d'un autre
côté, de ce qui se passait dans le commerce de la viande. Comment
se fait-il qu'étant informé de cette situation il ne soit pas
intervenu au bon moment pour avertir les autorités concernées? Je
ne vais pas m'étendre plus qu'il ne le faut sur cette situation, sur ces
propos qui ont été tenus. Je laisse au ministre le soin de lui
répondre. Mais je trouve assez drôle, assez fort de voir que
quelqu'un qui est informé d'une pareille situation il le
déclare lui-même n'ait jamais agi. Je laisse au ministre le
soin de lui répondre.
M. Roy: M. le Président, je vais en faire une question de
règlement, si c'est nécessaire. Je ne voudrais pas prendre une
responsabilité que je n'ai jamais eue. Je n'étais pas ministre de
l'Agriculture. Je n'ai jamais été inspecteur des viandes pour le
ministère de l'Agriculture. Lorsque je dis que j'étais
informé, j'étais informé comme tout le monde, parce que je
lisais les journaux de la province.
Lorsque j'ai fait mon intervention en deuxième lecture, j'ai pris
une série de coupures de journaux publiés, édités
au Québec, qui ont été mis à la portée des
lecteurs québécois, et j'ai fait un certain inventaire de ces
articles de journaux pour démontrer qu'au Québec, il se faisait
un commerce de viande avariée.
Nous avons reçu, à un certain moment, comme d'autres, des
renseignements de la part de personnes qui sont venues devant une commission
parlementaire, à la suite de déclarations ou à la suite de
pressions qui ont été faites au niveau du gouvernement.
Autrement dit, comme tout le monde, mais pas plus que tout le monde,
j'ai été informé de la situation. Si j'ai dit que
j'étais informé de la situation, je dis que le
député qui m'a posé la question a certainement eu
l'occasion de lire les mêmes articles de journaux que moi. Il disposait
des mêmes renseignements que moi, mais le problème n'est pas
là.
Le problème est que lorsque le gouvernement a confié
à la commission Dutil, la CECO, le mandat de faire enquête sur le
commerce de la viande avariée, il savait qu'il se faisait un commerce de
viande avariée au Québec. A ce moment, je ne cite pas les propos
de mon collègue, mais les propos qu'a tenus le premier ministre
lui-même, à l'occasion d'une conférence de presse ou
à l'occasion d'une émission de radio ou de
télévision. Ce sont des choses qu'il a dites publiquement, qui
ont été rapportées dans les journaux et que les gens ont
eu l'occasion d'entendre à la télévision.
Je ne voudrais pas laisser l'impression à mon collègue de
Laviolette que j'étais au courant, d'une façon spéciale et
toute particulière, que, dans un établissement quelconque, il se
faisait un commerce de viande avariée et que je n'ai pas
averti le gouvernement. Ce n'est pas de cela que j'ai parlé du
tout.
Je me suis tout simplement référé à des
renseignements dont tout le public québécois était au
courant, et cela pas seulement depuis six mois ou un an, mais depuis au moins
une douzaine d'années.
M. Carpentier: M. le Président, lorsqu'on pose la question
directement, on s'aperçoit que le député change
d'idée. Je soutiens que lorsque quelqu'un, surtout un membre de
l'Assemblée nationale, est au courant d'une situation anormale, c'est
son devoir premier d'en avertir les autorités. C'est ce qu'a
laissé entendre tantôt le député de Beauce-Sud et je
maintiens cet état de fait: il a dit tantôt qu'il était
informé de cette situation, et il n'a pas agi. C'est bien beau charrier!
C'est bien beau crier sur tous les toits la situation actuelle, mais s'il
soutient qu'il a été informé, pourquoi n'a-t-il pas agi?
Encore une fois, je laisse au ministre le soin de répondre.
M. Roy: Le député de Laviolette est un vulgaire
petit politicailleur.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre!
M. Massicotte: Madame Valentine n'a pas rencontré le
député de Beauce-Sud, elle a rencontré le ministre.
M. Carpentier: Je ne suis pas un politicailleur.
M. Roy: Un vulgaire petit politicailleur.
M. Carpentier: Je ne suis pas un politicailleur.
J'interprète les faits tels que vous les avez mentionnés
tantôt.
M. Roy: ... les responsabilités, il n'a pas le coeur de
prendre ses responsabilités et il fait reporter sur un
député de l'Opposition l'odieux de la situation qu'il y a au
Québec.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre! M. Toupin:
M. le Président...
M. Roy: II aura beau dire ce qu'il voudra, M. le
Président, jamais le député de Laviolette ne me fera
croire que c'est nous, les députés de l'Opposition, qui sommes
responsables de la situation actuelle.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Je dis que le gouvernement était là et
c'est le ministre de l'Agriculture qui avait la responsabilité de faire
appliquer sa loi, son règlement.
M. Toupin: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, le député de
Laviolette n'est qu'un vulgaire petit politicailleur.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Carpentier: M. le Président, je n'accepte pas les
accusations que le député de Beauce-Sud porte à mon
endroit.
M. Roy: Acceptez-les ou ne les acceptez pas, je les
répète. Un vulgaire petit politicailleur.
M. Carpentier: J'ai tout simplement rapporté les propos
qu'il a lui-même tenus en disant qu'il était informé et il
n'a pas agi. Je n'accepterai pas...
M. Roy: J'étais informé comme tout le monde, M. le
Président, parce que je lisais les journaux du Québec.
M. Carpentier: ...d'être accusé de politicailleur.
Loin de là, parce que ce sont vos propres propos, et vous les avez
lancés dans le public. Si vous les avez lancés à tort et
à travers, c'est votre responsabilité. Je n'accepterai jamais
l'accusation que vous portez contre moi présentement.
M. Roy: Je ne me laisserai pas insulter sans dire un mot. Je lis
les journaux.
M. Carpentier: Quand on vous rapporte les faits
véridiques, cela vous fait très mal.
M. Roy: Tout le monde savait qu'il se faisait un commerce
illicite dans la province de Québec et vous avez honte, M. le
Président, d'en porter l'odieux parce que c'était votre
gouvernement qui était chargé de l'applicaiion des lois. Ce
n'était pas le député de Beauce-Sud.
M. Carpentier: C'est vous-même qui avez
déclaré que vous étiez informé de la situation et
vous n'avez pas fait votre devoir.
M. Roy: Je n'avais pas de devoir à faire à ce
sujet.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre! J'ai donné
tantôt la parole à l'honorable ministre de l'Agriculture.
Procédons dans l'ordre, s'il vous plaît.
M. Toupin: M. le Président, j'ai déjà dit
beaucoup de choses sur cette question et je n'ai pas l'intention d'en dire
davantage. Le député de Saguenay a cru bon de
répéter encore les mêmes phrases et porter encore les
mêmes accusations voilées, bien sûr, mais tendancieuses,
susceptibles de créer dans l'esprit des gens toutes sortes
d'insinuations. Je passerai par-dessus ces questions, M. le Président,
parce que ce n'est pas mon habitude de porter des jugements de valeur sur les
gestes...
M. Lessard: C'est une simple application des
lois au Québec. Prenez donc vos responsabilités une fois
pour toutes. C'est ridicule!
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre!
M. Lessard: C'est ça, être complice d'une situation
quand on ne fait rien.
M. Toupin: Ce n'est pas mon habitude, M. le Président,
d'accuser quelque membre de l'Assemblée nationale que ce soit de quelque
geste qu'il pose.
M. Lessard: Le Cournoyer de l'Agriculture.
M. Lessard: Mme Valentine a rencontré le ministre, elle
n'a pas rencontré le député de Beauce-Sud en 1973.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît! L'incident est clos et la parole est au ministre de
l'Agriculture.
M. Lessard: Laissez-nous donc tranquilles.
M. Roy: Quand cela fait mal, on dit des stupidités dans le
genre de celles...
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre!
M. Roy: ...du député de Laviolette, M. le
Président. Je ne me laisserai pas insulter sans dire un mot...
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre!
M. Carpentier: Lorsque l'on dit la vérité, cela
vous fait mal.
M. Toupin: Je crois que chaque membre de l'Assemblé
nationale est capable de prendre ses responsabilités, y compris celles
relatives à l'éthique vis-à-vis de ses
collègues.
Là-dessus, le député de Beauce-Sud a agi avec
beaucoup plus de gentilhommerie que le député de Saguenay. Je
continuerai à dire à tous ceux qui me poseront la question en
public que le député de Saguenay est un homme qui insinue dans
l'esprit des gens des accusations qu'il ne pourra jamais prouver par
ailleurs.
M. Lessard: Allez-y! Allez-y! Je continuerai de dire que vous
êtes un irresponsable et un incompétent.
M. Toupin: Je continue, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: M. le Président, je dois vous faire remarquer
qu'il est onze heures et qu'il n'y a pas de consentement unanime pour que la
commission siège plus longtemps.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, il a
été annoncé ce soir, en Chambre, que si nécessaire,
la commission de l'agriculture devrait siéger demain, à la salle
9I-A, à 10 h 30.
M. Lessard: D'accord. Nous selons là.
(Fin de la séance à 23 h 4)