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Commission permanente de l'Agriculture et de la
Colonisation
Projet de loi no 64 Loi du syndicalisme
agricole
Séance du mardi 15 février 1972
(Dix heures trente-cinq minutes)
M. FRASER (président de la commission parlementaire permanente de
l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs!
Messieurs, si on est prêt, je voudrais souhaiter la bienvenue
à tout le monde ici, aujourd'hui. Nous allons commencer l'étude
du bill 64, Loi du syndicalisme agricole, article par article. J'invite le
ministre à faire ses commentaires, s'il en a à faire, avant de
commencer l'étude article par article.
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai pas de très longs
commentaires à faire. Je voudrais simplement manifester le désir
que nous arrivions, dans les quelques jours qui suivront, à
étudier ce projet de loi article par article et à nous entendre
pour que nous puissions en faire un projet de loi qui soit acceptable pour
toutes les parties impliquées, plus particulièrement
peut-être pour les agriculteurs du Québec.
Nous avons proposé un certain nombre d'amendements que nous avons
déposés en deuxième lecture. J'espère que tous les
membres de la commission ont eu l'occasion de prendre connaissance de ces
amendements, de les étudier à fond pour être en mesure,
aujourd'hui, de faire les commentaires qu'ils jugeront bon de faire sur les
amendements et sur la loi comme telle.
Je n'ai rien d'autre à ajouter, M. le Président, sauf que
je voudrais que l'on commence dans le plus bref délai le travail et
l'étude du projet de loi article par article.
M. VINCENT: M. le Président, juste une question au ministre, pour
l'information des membres de la commission: Le ministre peut-il nous dire s'il
y a d'autres amendements?
M. TOUPIN: Non. Les seuls amendements qui devaient être
apportés l'ont été au moment du dépôt en
deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Article 1. Définitions
M. VINCENT: Nous étudierons l'article 1 paragraphe par
paragraphe, n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: Oui. Premier paragraphe, "association".
M. VINCENT: " Association". Je pense qu'à ce moment-là
l'association...
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. VINCENT: Au paragraphe a), je n'ai pas de commentaires.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes à l'article 1.
M. VINCENT: Article 1 a).
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous avez des commentaires?
M. VINCENT: Non, je n'ai pas de commentaires sur le paragraphe a).
M. BELAND: En ce qui concerne le paragraphe a), "association", je n'ai
pas de commentaires spécifiques, car tout semble assez normal selon la
définition ordinaire du mot "association" y compris ce qui est contenu
dans les Statuts refondus de 1964, chapitre 146.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe b).
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Adopté.
M. VINCENT: M. le ministre, pour les fins de cette loi, toute
association qui sera éventuellement reconnue c'est-à-dire
une association seulement par la Régie des marchés,
deviendra l'association accréditée. C'est ça?
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: Et advenant que la Régie des marchés agricoles
reconnaisse, si on se fie aux amendements que vous avez apportés,
après une période de deux ans c'est ça
d'après les amendements une autre association, l'association qui
serait accréditée part. Il n'y a qu'une association, en vertu de
la présente loi, qui est accréditée.
M. TOUPIN: Après deux ans, elle pourra en accréditer une
autre. Il n'y en aura jamais plus qu'une d'accréditée, mais elle
pourra, après deux ans, en accréditer une autre si l'ensemble des
agriculteurs du Québec le juge à propos et si c'est là le
désir de la majorité des producteurs du Québec.
M. BELAND: Si on ajoute le paragraphe b) à a), est-ce que vous
n'y voyez pas des droits brimés, du fait de n'accréditer qu'une
association bien déterminée? Est-ce que, s'il y a des demandes
expresses pour d'autres associations spécialisées dans un domaine
bien précis, étant donné qu'il y a quand même une
très grande différence entre chaque section de producteurs, d'une
section spécialisée à l'autre... J'apporte comme exemple
les producteurs laitiers d'une part et les apiculteurs d'autre part. Il y a
tellement de différences entre les obligations ou l'agencement
constitutif des règlements, entre l'un et l'autre, n'y aurait-il pas
possibilité quand même d'en faire un mariage pour viser les buts
déterminés par les producteurs?
M. TOUPIN: Si je comprends bien, si vous lisez bien la partie a), c'est
marqué que l'association est une confédération
constituée en vertu de la Loi des syndicats professionnels et groupant
des syndicats, des syndicats spécialisés, des
fédérations ou des fédérations
spécialisées.
Alors ça veut dire que vos producteurs de miel, par exemple,
peuvent se former en fédération. Il peut y avoir des syndicats de
producteurs de miel dans chacune des régions, plus une
fédération provinciale. Elle est susceptible, dans le temps, si
elle est capable de se faire appuyer par l'ensemble des autres producteurs du
Québec, d'être accréditée, après une
période de deux ans d'accréditation d'une autre association.
Il en est ainsi pour les autres fédérations
spécialisées. Exemple, la Fédération des
producteurs de lait, la Fédération des producteurs de porcs, la
Fédération des producteurs de miel pourraient ensemble former une
confédération. Si elles ont l'appui de la majorité des
agriculteurs du Québec, elles pourront être
accréditées elles aussi, après un délai de deux ans
de l'accréditation d'une association qui aura déjà
été accréditée.
M. LEDUC: M. le Président, je me sens un peu mal à l'aise
pour poser des questions dans cette affaire-là; chez nous, je maintiens
qu'il y a toujours 40 jardiniers maraîchers. Les jardiniers
maraîchers semblent avoir un problème quant à cette loi.
Est-ce qu'ils peuvent se former en groupe et être reconnus comme
tels?
M. TOUPIN: Bien, pas nécessairement comme jardiniers
maraîchers. Si vous regardez, cette loi-là n'a pas pour fonction
de reconnaître des groupes spécialisés de mise en
marché comme tels. Elle a pour fonction de reconnaître une
profession agricole et non pas des groupes de producteurs particuliers. Alors,
les maraîchers peuvent, comme les producteurs de miel dont on parlait
tantôt, se former des syndicats, se former une fédération
eux aussi et peuvent, s'ils ont l'appui de l'ensemble des producteurs du
Québec, demander une accréditation.
M. LEDUC: Parfait.
M. BELAND: A ce moment-là, compte tenu de l'explication
apportée par notre collègue, M. Leduc, à savoir cette
différence qui peut exister entre différents groupes d'individus
et compte tenu, comme je le signalais tantôt, de la très grande
différence ou de la parenté très lointaine entre les buts
visés des différentes sections spécialisées, je
vois très facilement la possibilité, à un moment
donné, qu'un groupe d'individus à l'intérieur d'une
spécialité n'accepte pas, pour des raisons peut-être
très valables, de faire partie de la confédération des
syndicats ou des syndicats spécialisés.
D n'y a pas ou du moins je n'ai vu à aucun endroit dans le bill
un paragraphe les insérant ou leur permettant de s'organiser
collectivement.
M. TOUPIN: II faut bien comprendre que cette loi-là ne vise pas
des groupes de producteurs spécialisés en particulier. Cette
loi-là vise la profession agricole, c'est-à-dire le producteur de
lait, le producteur de porc, le producteur de produits maraîchers, le
producteur de miel et, au fond, tous les producteurs qui sont
considérés, en vertu de la loi existante, comme producteurs
agricoles; c'est l'objectif que vise cette loi.
Il existe, à côté, d'autres lois qui peuvent
permettre à ces groupes de producteurs spécialisés de
s'organiser en syndicat, en fédération ou en office de
producteurs et de défendre là leurs intérêts de mise
en marché. Ils peuvent même aller un peu plus loin parce qu'on
peut administrer un office de producteurs en vertu de la Loi des syndicats
professionnels et on peut prévoir, dans les règlements
constituant un syndicat professionnel, d'autres actions que celle de la mise en
marché.
Si vous lisez, par exemple, les règlements qui constituent la
Fédération des producteurs de lait, la Fédération
des producteurs de porc ou les autres fédérations, vous allez
trouver les éléments, dans les règlements, qui permettent
de déborder un peu le cadre de la mise en marché. Donc, cette
structure juridique existe déjà, cette structure qui permet aux
groupes de producteurs spécialisés de se grouper pour
défendre des intérêts non pas professionnels comme tels
mais des intérêts de groupe, des intérêts de
commercialisation, des intérêts de mise en marché. Cela
existe déjà et c'est déjà organisé pour
plusieurs groupes, non pas pour tous mais pour plusieurs. J'en ai
mentionné plusieurs.
Cette loi-là ne vise pas cela. Tout ce qu'elle permet, c'est
l'affiliation d'une fédération de producteurs
spécialisés avec une association accréditée. Elle
permet en outre une désaffilia-tion si la fédération
spécialisée déjà affiliée veut se
désaffilier. Donc, elle peut oeuvrer, si elle le désire, avec
l'association accréditée et elle peut aussi se désister si
toutefois elle n'est pas d'accord sur les politiques générales de
l'association accréditée.
Je pense qu'à ce chapitre il y a passablement de
démocratie et de souplesse pour permettre aux différents
syndicats spécialisés d'entrer ou de sortir des cadres de
l'association accréditée et de faire valoir très
clairement leurs vues tant à l'extérieur qu'à
l'intérieur de l'association accréditée.
M. BELAND: J'ai quand même un certain doute quant à la
défense d'un droit professionnel, étant donné le
très grand décalage qu'il peut y avoir. Ces
éléments peuvent très bien n'être pas compris
à leur juste valeur par les autres syndicats.
M. TOUPIN: Là-dessus, je ne pense pas que nous devions mettre de
restriction; mais, que nous puissions nous poser certaines questions, je suis
d'accord. Il y a peut-être une quinzaine ou une vingtaine de groupes de
producteurs spécialisés, au Québec. Les faire travailler
ensemble et dire qu'ils vont s'entendre tout le temps, ce serait se raconter
des histoires. Mais mettre à leur disposition une structure qui leur
permettra de travailler ensemble et de s'entendre sur les grands objectifs, je
pense que c'est extrêmement important.
Il y a des problèmes qui sont particuliers à des groupes
de producteurs. Je suis convaincu que le problème des maraîchers
n'est pas le problème des producteurs de lait, quoiqu'ils puissent se
ressembler dans l'ordre des grands principes. Par exemple, la commercialisation
des fruits et légumes au Québec est un problème qui
ressemble énormément, dans ses principes, au problème de
la commercialisation du lait. Au fond, il s'agit d'une structure de
commercialisation à mettre en place, selon les besoins, parce que la
commercialisation d'un produit, qu'il s'agisse du lait ou des produits
maraîchers, ça veut dire la mise en marché, l'empaquetage,
la transformation, etc. Donc, il y a là, au niveau des grandes
données générales, certaines similitudes et des
intérêts communs.
Si je prends des exemples, nous avons souvent vu la
Fédération des producteurs de porc appuyer la
Fédération des producteurs de lait dans ses revendications. Nous
avons souvent vu la Fédération des producteurs de lait appuyer la
Fédération des producteurs de poulet à griller dans ses
revendications. Nous avons aussi vu deux ou trois autres
fédérations appuyer d'autres types de producteurs; par exemple,
actuellement l'ensemble des producteurs sont très inquiets de la
situation des grains et tout le monde en parle. C'est un problème qui
touche non seulement une production spécialisée en particulier,
mais presque 75 p.c. des productions agricoles au Québec.
Il y a là des problèmes communs qui font en sorte que ces
groupes, à l'intérieur des cadres d'une loi professionnelle
je dis bien d'une loi professionnelle; il ne s'agit pas ici d'une loi de
commercialisation peuvent trouver des intérêts communs; ils
peuvent et doivent même mettre en commun leurs efforts pour
défendre ces intérêts qu'ils ont en commun.
M. BOIVIN: Est-ce que ce sera la régie qui aura à
établir des normes d'accréditation de cette
société? Cette société qui sera
accréditée pourra-t-elle avoir d'autres pouvoirs que des
fonctions de mise en marché? Pourra-t-elle représenter la classe
agricole?
M. TOUPIN: Elle n'aura aucune fonction de mise en marché, elle
n'aura aucune fonction de commercialisation. La fonction principale de
l'association accréditée sera de défendre les
intérêts généraux de la profession et les
intérêts particuliers d'un groupe donné qui sera
affilié à l'association accréditée. Par exemple,
l'association accréditée pourra même réclamer un
plan conjoint pour un groupe de producteurs qui n'est pas organisé.
L'association accréditée pourra même réclamer des
amendements à la Loi des marchés agricoles pour essayer de
satisfaire les besoins d'un groupe en particulier. Mais, l'association
accréditée ne s'attardera pas, comme le fait un plan conjoint,
à mettre en marché un produit, cela ne relève pas de sa
compétence dans le cadre de cette loi. Cela relève de la
compétence des syndicats spécialisés qui administrent des
plans conjoints.
Maintenant, quant aux critères qui sont à la base de
l'accréditation, on va les voir dans les articles suivants.
M. BOIVIN: Est-ce que les fédérations de syndicats,
agrès avoir lu toute la loi, auront le droit de faire des
règlements internes de chacun de leurs syndicats?
M. TOUPIN: Oui.
M. BOIVIN: Est-ce que c'est donné par cette loi ou par d'autres
lois?
M. TOUPIN: Par la loi qui les a constitués. Si, par exemple, une
fédération spécialisée existe en vertu de la Loi
des syndicats professionnels, alors, ces règlements sont faits en vertu
de cette loi et elle peut les amender dans le cadre de la Loi des syndicats
professionnels. Mais la Loi des syndicats professionnels est tellement souple
qu'elle permet des amendements de règlements chaque fois que vous
convoquez une assemblée générale. Vous pouvez alors
amender presque tous les règlements à l'exception d'un certain
nombre qui sont statutaires comme, par exemple, le type de
représentation des agriculteurs à l'assemblée
générale, les délégués, etc. Cela n'est pas
prévu comme tel dans la loi, mais c'est exigé dans la loi qu'il y
ait des moyens de prévus dans les règlements.
Or, toute association, tout syndicat spécialisés ou
fédération spécialisée qui veulent amender leurs
règlements internes peuvent toujours le faire, même s'ils sont
affiliés à l'association accréditée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous le permettez, le
député de Dubuc parlait il y a un instant d'accréditation.
Lorsqu'on parle d'accréditation, il n'y a qu'une seule
accréditation...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... qui va accréditer en
l'occurrence...
M. TOUPIN: ... cela sera l'association qui sera
accréditée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour le moment, il n'y a pas
d'accréditation pour les fédérations
spécialisées.
M. TOUPIN: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce ne sont pas des
accréditations.
M. TOUPIN: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ces fédérations
spécialisées pourront s'affilier à l'association qui sera
accréditée ou se désaffilier...
M. TOUPIN: Ou se désaffilier après.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... même si elles se
désaffilient ou si elles ne s'affilient pas. Les membres de cette
fédération spécialisée vont payer la cotisation
quand même en admettant qu'elle devienne obligatoire. Il n'y a qu'une
seule accréditation. Il n'y en a pas plusieurs. Un organisme pourrait
être accrédité, actuellement c'est l'UCC, et les autres
n'ont pas d'accréditation.
M. BOIVIN: La Régie des marchés est la haute
autorité sur l'accréditation. Les membres ne sont jamais
consultés. Ultérieurement, il peut y avoir une autre association
qui s'organise pour avoir son accréditation.
M. TOUPIN: Je pense que je l'ai expliqué tantôt. D'abord,
on va voir un peu plus loin qu'il y a des mécanismes de
prévus.
M. VINCENT: II y aurait peut-être un point, M. le ministre,
à clarifier. Tout à l'heure, le ministre en répondant
à une question du député de Taillon, il est vrai le
ministre dira si c'est exact ou non que sur le plan théorique,
les producteurs maraîchers pourraient devenir une association
accréditée.
M. TOUPIN: C'est un fait.
M. VINCENT: Mais, à ce moment-là, il faut quand même
pour être bien explicite se référer au
paragraphe b) où il est bien mentionné que "l'association
reconnue par la Régie comme association représentante de
l'ensemble des producteurs du Québec". Donc, sur le plan pratique, les
producteurs maraîchers ne pourraient pas être reconnus comme
représentant l'ensemble des producteurs du Québec parce
qu'à ce moment-là la Régie des marchés va toujours
tenir compte des producteurs de lait, des producteurs d'oeufs.
M. TOUPIN: Je ne pense pas, M. le Président, que cette
affirmation soit tout à fait exacte. Si j'ai dit tantôt que les
maraîchers, s'ils sont formés en fédération, peuvent
demander une accréditation. Par exemple, cette association-là
peut aller trouver la Fédération des producteurs de pommes, elle
peut aller trouver la Fédération des producteurs de poulet, la
Fédération des producteurs de lait et essayer de les convaincre
de s'associer avec elle pour former une confédération et demander
une accréditation. C'est dans ce cadre, je pense, que j'avais maintenu
que aucun groupe en particulier ne peut demander une accréditation comme
telle...
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: ... à moins qu'il soit convaincu qu'il
représente l'ensemble des producteurs; plus que convaincu, il faut qu'il
fasse la preuve qu'il représente au moins l'ensemble des producteurs du
Québec ou la majorité des producteurs du Québec.
M. LEDUC: M. le Président, j'avais bien compris les explications
du ministre; elles étaient assez claires. Cela a, si vous voulez,
nettoyé un petit problème mais ça ne change pas le
problème de base, je pense qu'il faut accepter puisque la loi est
là. Il demeure qu'il n'y aura quand même qu'un seul organisme en
haut et qu'il faudra qu'on soit jardinier maraî cher ou producteur de
lait, si je comprends bien, être avec ce groupe si on veut faire partie
de l'ensemble. Il n'y a pas tellement de choix, c'est là qu'on va.
M. TOUPIN: Ce qui est évident, et ce que la loi prévoit,
c'est que l'association qui sera accréditée sera
nécessairement une association qui représente l'ensemble des
producteurs du Québec.
M. LEDUC: Merci.
M. BELAND: M. le Président, à ce moment-là
peut-être que, enfin il y aurait encore un point à
développer à mon avis c'est nécessaire de savoir si
ce serait, par exemple, dans le cas d'un litige, le ministre lui-même,
par les lois dont il dispose, ou encore la Régie des marchés
agricoles qui le règlera. Supposons qu'un groupe
spécialisé agricole d'une production donnée désire
s'occuper à fond, par exemple, de la mise en marché de son
produit et que l'ensemble des autres syndicats organisés refuse
d'accepter qu'il s'occupe justement aussi à fond de leur mise en
marché à eux.
M. TOUPIN: J'ai expliqué, M. le Président, cet aspect
tantôt. Je vais tenter de l'expliquer encore une fois en essayant
d'apporter certaines précisions. Il y a une association qui est
accréditée, au Québec. Je présume qu'elle est
accréditée. A l'intérieur de cette association, se
trouvent, par exemple, les maraîchers. Les maraîchers veulent, eux,
se donner un mécanisme de commercialisation; par exemple, les
associations veulent se donner une agence de vente. Or, l'association
accréditée dont ils font partie n'a rien ou peu à voir
dans cette question. Ce sont les maraîchers eux-mêmes qui
décideront, dans leur propre fédération, s'ils
veulent ou non avoir un office. Si, toutefois, il y a un vote, ce sont
ceux-là seulement qui seront appelés à voter pour ou
contre un office ou un mécanisme de commercialisation, de telle sorte
que, lorsqu'on aborde le problème de la commercialisation, ce sont les
groupes intéressés, pris individuellement, qui voient à
approuver ou à désapprouver un mécanisme de
commercialisation. Or, l'ensemble des autres producteurs, à ce
moment-là, ne se trouvent pas impliqués, mais l'ensemble des
producteurs à l'intérieur de l'association peuvent aider les
marafchers à s'organiser. Ils peuvent, par exemple, mettre à la
disposition des maraîchers tout un mécanisme d'information, un
mécanisme d'éducation, des services généraux, etc.
Ils peuvent le faire, mais ils ne peuvent pas voter à la place des
maraîchers.
M. BELAND: Si vous me le permettez, disons qu'en ce qui concerne le plan
conjoint, comme vous venez de l'expliquer, je pense qu'il y a une confusion, du
moins pour un certain nombre de producteurs, à savoir que les plans
conjoints semblent être un complément à une chose, alors
que ce n'est pas cela du tout. C'est tout simplement un outil pour parvenir
à une meilleure utilisation ou à un meilleur rendement financier
ou pour défendre leurs intérêts, etc.
Je pense qu'il faut aller beaucoup plus loin que le plan conjoint parce
qu'il y aura une nécessité de regarder plus
d'éléments après le plan conjoint. C'est sur ces
éléments que je table pour dire, par exemple, qu'il est quand
même possible que l'ensemble des autres syndicats puissent refuser
d'aller plus loin, à cause des déboursés, par exemple,
peut-être assez onéreux, pour organiser le départ
d'envergure d'une mise en marché complète.
M. TOUPIN: Non. Je voudrais que ce soit clair dans notre esprit. La
commercialisation d'un produit, la mise en marché d'un produit,
d'après les lois qui existent actuellement, ne se fait pas en vertu du
bill 64 et elle ne se fera jamais en vertu de ce bill. Elle se fera en vertu de
la Loi des marchés agricoles. Dans un plan conjoint, tout est
prévu, la plupart du temps, pour aller aussi loin qu'on veut dans
l'organisation de la commercialisation. Mais encore faut-il que les producteurs
acceptent le mécanisme que certains veulent donner au plan conjoint pour
aller plus loin dans la commercialisation. Mais l'association
accréditée, elle, en soi, n'a rien à voir
là-dedans.
Je ne sais pas, évidemment, quelle attitude prendront, dans le
temps, l'ensemble des membres d'une profession donnée. J'apporte un
exemple. Si les producteurs de poulet veulent mettre de l'avant un
mécanisme de commercialisation qui, dans son application nuira aux
autres productions, il me parait évident que l'association
accréditée, à ce moment-là, pourra intervenir et
dire: Ecoutez, ce que vous voulez vous donner nuira énormément
aux autres productions.
Ne serait-il pas préférable que vous vous entendiez pour
trouver un mécanisme qui fasse en sorte que l'ensemble des productions
soit protégé; qu'un groupe ne travaille pas au détriment
de l'autre? A ce niveau, je pense que l'association accréditée
peut avoir un rôle à jouer, mais non pas dans la commercialisation
comme telle, aussi loin qu'elle peut aller.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe c),
"fédération".
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe d), "fédération
spécialisée".
M. VINCENT: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe e), "syndicat".
Adopté.
Paragraphe f), "syndicat spécialisé". Des questions?
M. OSTIGUY: Au paragraphe d), M. le Président, ça veut
dire que tous les syndicats accrédités ou
spécialisés doivent être affiliés à la
fédération?
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'ils ne sont pas obligés.
M. OSTIGUY: S'ils veulent rester en dehors du secteur de la
fédération, ils le peuvent?
M. TOUPIN: Oui.
M. OSTIGUY: C'est pour dire que, si l'association des pomiculteurs
décide de ne pas s'affilier à la fédération, elle
le peut.
M. TOUPIN: Oui, c'est-à-dire à l'association
accréditée. Nous allons le voir un peu plus loin.
M. VINCENT: C'est-à-dire qu'ils ne sont pas obligés de
s'affilier, mais, advenant que le référendum soit majoritaire,
ils seront obligés de payer leur contribution.
M. TOUPIN: Oui, les producteurs. M. OSTIGUY: A la
fédération.
M. VINCENT: A l'association accréditée.
M. TOUPIN: Pas la fédération, mais les producteurs seront
tenus de payer leur cotisation.
M. VINCENT: Ils sont financièrement, mais pas moralement
obligés.
M. TOUPIN: Ni juridiquement.
M. VINCENT: Mais, financièrement, chaque membre sera
obligé de payer sa contribution et même, un peu plus loin, on
verra que les fédérations devront payer une contribution annuelle
allant jusqu'à 20 p.c. des cotisations.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe f), "syndicat spécialisé".
M. VINCENT: Adopté. Au paragraphe g), "mise en marché",
"la mise en marché au sens de l'article 1 de la Loi des marchés
agricoles", est-ce que le ministre pourrait nous dire où en sont les
travaux du comité spécial formé pour faire une
étude sur la mise en marché?
M. TOUPIN: Le comité qui a été formé a remis
récemment son rapport préliminaire. Nous sommes, au
ministère, en train d'étudier les principales propositions qui y
sont contenues. D'autres réunions sont prévues pour
préciser davantage certaines suggestions préliminaires faites par
le comité.
M. VINCENT: C'est un rapport préliminaire qui pourrait
éventuellement devenir un rapport plus général?
M. TOUPIN: Qui pourrait, par exemple, se concrétiser dans un
projet de loi, dans tout autre document que nous jugerons utile ou
nécessaire à ce moment-là de préparer.
M. VINCENT: Je sais que c'est un travail interne du ministère,
mais est-ce que le ministre a l'intention peut-être pas tout de
suite mais d'ici quelques semaines de rendre public ce rapport ou de le
remettre aux membres pour que nous puissions l'analyser, l'étudier?
M. TOUPIN: Non, je ne pense pas que nous rendions public du moins
au cours des trois ou quatre prochaines semaines ce document. Je ne peux
me prononcer immédiatement, je n'ai pas eu le temps de l'approfondir
à ce point et, vu qu'il s'agit d'un rapport préliminaire, il faut
rencontrer encore les membres du comité pour avoir certaines
précisions. Et le travail qui découlera de ces rencontres, s'il
est, soit contenu dans un projet de loi ou dans un document particulier, nous
déciderons s'il sera utile et nécessaire que nous le portions
à l'attention du public.
M. VINCENT: Présentement le rapport est confidentiel.
M. TOUPIN: Oui, c'est un rapport préliminaire de comité
interne et c'est un travail que nous avons confié à un
comité.
M. VINCENT: Mais, à part les membres de ce comité et les
officiels du ministère de l'Agriculture, personne d'autre n'a
accès présentement à ce rapport?
M. TOUPIN: Pour le moment, non, personne d'autre.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: Même si c'était seulement dans un mois ou dans
deux mois, avant la présentation d'un projet de loi pour refaire la Loi
des marchés agricoles, si le ministre pouvait déposer ce
rapport-là, ce serait peut-être une bonne chose qu'il prenne
ça en considération.
M. TOUPIN: Tout ce que j'ai à vous dire là-dessus, c'est
qu'il s'agit là d'un projet de loi très sérieux, la Loi
des marchés agricoles au Québec. Il s'agit d'une loi très
sérieuse et très importante et je ne pense pas que le
gouvernement pose à ce sujet quelque geste fondamental que ce soit sans
au moins en avoir discuté avec les principales organisations de
producteurs intéressés, évidemment avec les membres de
l'Assemblée nationale.
M. VINCENT: Non, c'est parce que je voulais simplement mettre le
ministre en garde au cas où nous lirions le rapport dans les journaux un
de ces prochains jours.
M. TOUPIN: Ce n'est pas arrivé encore.
M. VINCENT: Nous aimerions en prendre connaissance, parce que ça
arrive qu'il y ait des fuites de documents confidentiels...
M. LEDUC: Nous ne sommes pas à Ottawa pour que ces
rapports-là coulent facilement.
M. TOUPIN: Pas au ministère de l'Agriculture.
M. VINCENT: On ne sait jamais. M. TOUPIN: Jadis, peut-être.
M. VINCENT: Donc, avis aux journalistes: il y a un rapport confidentiel
sur la mise en marché, si vous pouvez l'obtenir. C'est simplement un
tuyau qu'on vous donne.
M. LEDUC: Vous ne l'avez pas officiellement là. Je dois
comprendre que la fuite vient.
M. VINCENT: Cela pourrait. Non, mais le ministre pourrait
peut-être le publier et ceci pourrait donner suite à une remarque
récemment faite par les dirigeants de l'UCC. Le ministre pourrait
simplement le publier comme document de travail, comme livre blanc, pour ouvrir
les discussions et ça éviterait d'arriver avec des projets tout
cuits, tout préparés à l'avance, sans consultation
préalable et je sais que le ministre a beaucoup de consultations
présentement.
M. TOUPIN: Cela dépend de ce que l'on entend par consultation. Je
ne voudrais pas engager un débat sur cette question.
M. LE PRESIDENT: g) adopté, h), office...
M. VINCENT: Mais à g), là encore, c'est assez important
quand même, la Loi des marchés agricoles, on en parle depuis
quelques années, à quel moment le ministre croit-il qu'il pourra
présenter un projet de loi, pas à cette session-ci?
M. TOUPIN: Je n'ai aucune idée, M. le Président, je ne
voudrais pas m'aventurer sur ce terrain.
M. VINCENT: Cela peut aller à l'automne?
M. TOUPIN: Je n'ai aucune idée. Il faut absolument que
j'étudie davantage tout ce document de travail, vous connaissez tout
autant que moi l'importance de cette loi et je ne pense pas qu'on puisse y
aller publiquement avec des rapports préliminaires, avec des
idées plus ou moins précises. Vous savez la confusion que cela
crée à ce moment-là.
Alors, nous tentons avec non seulement de la prudence, mais avec de
l'efficacité, de ne pas créer dans l'esprit des gens trop de
confusion et c'est pour ça que nous ne sommes pas tellement
disposés à dire: Bien oui, demain matin, on aura tel document qui
circulera. Au moment où on jugera bon de le faire circuler, si toutefois
on juge bon de le faire, on verra à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Adopté, h), office, i), plan conjoint.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais un amendement à
présenter, si vous me le permettez, parce que, tel que
rédigé, je n'accepte pas le paragraphe j).
M. LE PRESIDENT: j) ou i)?
M. BELAND: j). Oh, pardon!
M. LEDUC : Vous voulez aller trop vite.
M. BELAND: Pardon?
M. LEDUC: J'ai essayé de faire un jeu de mots.
M. VINCENT: Non, mais tout à l'heure on arrive à j).
A i), M. le Président, sur les plans conjoints, c'est
peut-être l'occasion de demander au ministre des précisions. En ce
qui concerne les plans conjoints, nous en avons quelques-uns ici au
Québec, il existe maintenant le bill C-176 qui touche très
directement nos plans conjoints surtout en ce qui concerne le poulet de gril et
les oeufs. Est-ce que le ministre pourrait nous dire où en sont les
pourparlers avec les autorités fédérales concernant
l'application du bill C-176? Si on se souvient bien, le ministre a
jubilé quand le bill C-176 a été sanctionné
à Ottawa.
M. TOUPIN: Pas à ce point.
M. VINCENT: Ah! j'ai lu un communiqué de presse du ministre
où il disait qu'il était très heureux de voir cette loi
enfin atteindre le stade de la mise en application; et, par la suite, une
semaine plus tard, le ministre a reculé, avec raison, en disant que le
Québec ne pouvait pas céder au gouvernement fédéral
des pouvoirs et que le partage des marchés devait se faire à
l'intérieur des provinces.
Où en sont les pourparlers avec les autorités
fédérales en ce qui concerne le bill C-176 et les plans
conjoints, surtout en ce qui concerne les oeufs et le poulet de gril?
M. TOUPIN : A la dernière réunion que nous avons eue
pas celle d'hier, parce qu'hier, nous avons également
rencontré les représentants du gouvernement fédéral
en décembre, je pense, nous avions demandé au gouvernement
fédéral d'amender son projet de loi C-176 pour le rendre un peu
plus souple.
M. VINCENT: Vous dites "de l'amender"?
M. TOUPIN: C'est-à-dire d'amender son projet, parce qu'au
début de décembre...
M. VINCENT: Ah bon!
M. TOUPIN: ... il était encore à l'état de projet.
Il était en deuxième ou en troisième lecture, je pense,
à la Chambre des communes. Nous avions demandé au gouvernement
fédéral d'apporter certains amendements pour assouplir un peu les
cadres généraux du projet de loi C-176. Nous lui avions
demandé d'inclure deux productions dans l'immédiat, notamment
celles du poulet et des oeufs, parce que nous vivions, à ce
moment-là, au pays, des problèmes assez sérieux en regard
de ces deux productions-là.
Nous avons exigé, dans le bill C-176, qu'aucun office de
commercialisation ne soit mis en place à moins que l'ensemble des
producteurs du Québec et des différentes provinces n'arrivent
à s'entendre d'abord sur un mécanisme de commercialisation;
c'est-à-dire que le bill C-176 sanctionne au fond des ententes
interprovinciales. Pour arriver à ces ententes interprovinciales, il
fallait créer des mécanismes de travail. Ce sont des
comités techniques qui ont été mis en place sur le plan
national: un pour le poulet et un pour les oeufs.
Hier, on nous disait, au gouvernement fédéral, que le
comité technique sur les oeufs en était arrivé presque
à une entente. Les producteurs d'oeufs du Canada, des différentes
provinces, étaient parvenus à s'entendre sur une
formule. On est précisément à rédiger les
documents nécessaires relatifs à cette entente qui serait
intervenue et, après, sera mis en place un office de commercialisation
sur le plan national. Après, les provinces décideront quels
pouvoirs elles sont prêtes à céder au fédéral
pour appliquer cette entente intervenue entre les producteurs.
Il y a plusieurs façons: les provinces peuvent donner au
fédéral tous leurs pouvoirs, comme elles peuvent en donner un
minimum, lui permettant d'appliquer sa loi sur le plan interprovincial,
c'est-à-dire pour le commerce interprovincial, et laisser au commerce
intraprovin-cial, aux offices de commercialisation provinciaux, le soin de
vaquer à leurs occupations de commerce intraprovincial. C'est là,
d'ailleurs, la philosophie que nous avons soutenue et que nous allons continuer
à soutenir. Le commerce intraprovincial doit demeurer aux provinces et
le commerce interprovincial doit être régi en vertu des
mécanismes de commercialisation prévus dans ce projet de loi
C-176.
Quant au comité technique sur le poulet, les gens se sont
réunis il n'y a pas tellement longtemps la
Fédération canadienne des producteurs de poulet ou le Conseil
canadien des producteurs de poulet et sont parvenus à une
entente. Les producteurs, par exemple, de certaines provinces, eux, ne voient
pas nécessairement l'obligation d'appliquer le bill C-176 parce que leur
philosophie de commercialisation ne correspond pas tellement à la
nôtre. Eux, ils ont développé une philosophie de
commercialisation provinciale, alors que nous croyons à une philosophie
de commercialisation nationale avec un contrôle du commerce
intraprovincial pour ce qui a trait au commerce intraprovincial. Les
producteurs ne sont pas parvenus encore, au niveau du poulet, à
s'entendre définitivement, mais, là aussi, nous sommes sur la
voie d'une entente qui peut prendre encore trois ou quatre mois
peut-être, mais il y a un comité technique, sur le plan national,
qui travaille et qui va tenter de concilier les intérêts des
différents producteurs pour que l'on puisse, là aussi, appliquer
dans le plus bref délai le bill C-176. Au fond, c'est la situation
actuelle.
M. VINCENT: Est-ce que le noeud du problème n'est pas le partage
des marchés?
M. TOUPIN: C'est un des aspects. Il y a le partage des marchés et
également la délégation de pouvoirs; ce sont les deux gros
problèmes de fond qu'affrontent les producteurs. Une province
déficitaire, par exemple, hésite à embarquer dans un
partage des marchés parce qu'à ce moment-là elle se dit
qu'il sera beaucoup plus long pour elle de reprendre une partie de son
marché provincial.
Ceux qui ont des excédents de production disent: Si nous ne
voulons rien perdre, il faudrait nous entendre immédiatement. L'on voit
tout de suite qu'il y a là des intérêts divergents mais
ça ne veut pas dire qu'il y a incompatibilité totale. Cela ne
veut pas dire qu'il n'y a pas possibilité d'entente. Or, ce
problème de partage des marchés est très sérieux,
mais pour ces deux productions, nous sommes presque sur la voie d'une entente
parce que chacune des provinces, je ne dirai pas est autosuffisante mais
presque, sauf le Québec qui a des surplus d'à peu près 20
p.c. et qui est intéressé à garder ses marchés
interprovinciaux. Il a exploité un marché en Ontario et dans
certaines autres provinces, mais notamment en Ontario, et il n'est pas
intéressé à perdre son marché. Il est tout à
fait normal que nous le gardions comme les autres provinces garderont une
partie du marché des oeufs qu'elles ont au Québec. Cela
crée certains problèmes de partage des marchés mais ce
n'est pas inconciliable. Je pense qu'il sera possible, au moment voulu, d'en
arriver à des ententes au niveau du partage des marchés.
Après, se posera le problème de la délégation de
pouvoirs.
M. VINCENT: Si, par exemple nous élaborons
là-dessus, parce que ça touche les plans conjoints, c'est un
problème d'actualité nous attendons que le comité
technique arrive à une entente, lorsque cette entente du comité
technique sera écrite, il faudra que les offices provinciaux acceptent
cette entente. Par la suite, lorsque les offices provinciaux auront
accepté cette entente, c'est alors que les gouvernements provinciaux
prêteront ou céderont temporairement le ministre a
employé "donné" tout à l'heure, mais je n'aime pas
l'expression "donné" des pouvoirs; ça peut prendre des
mois.
M. TOUPIN: Je pourrai les céder.
M. VINCENT: Oui, mais ça peut prendre des mois et des mois.
M. TOUPIN: Je suis bien d'accord avec vous.
M. VINCENT: Si je me souviens bien je parle de mémoire
à la conférence d'Ottawa, en novembre 1969, il avait
été décidé d'établir des chiffres de
production des oeufs et des poulets. On devait, si je me rappelle bien, soit le
1er novembre ou le 1er septembre, définir quelle était la
production des oeufs et des poulets pour chacune des provinces et ceci aurait
servi de critère pour établir le partage des marchés
futurs. Je pense qu'il faudra nécessairement avoir un peu plus
d'imagination, non seulement de la part des autorités provinciales du
Québec mais de toutes les provinces et du gouvernement
fédéral, pour en arriver à une entente. Car, on le sait,
on le voit dans les journaux, nous rencontrons les producteurs d'oeufs, les
producteurs de poulet de grill, la situation ne peut pas continuer
indéfiniment comme ça existe présentement avec le prix des
oeufs et du poulet, nous pouvons avoir des guerres qui pourraient durer encore
plusieurs
semaines et c'est une question de jours quand nous regardons la
situation des. producteurs d'oeufs et de volaille, il y en a qui sont sur le
bord de la faillite.
M. TOUPIN: Je ne pense pas que ce soit le cas des producteurs de
volaille, actuellement la situation au niveau du poulet à griller est
très bonne.
M. VINCENT: Elle est bonne présentement, mais c'est une question
de jours, si la guerre recommence.
M. TOUPIN: Je suis bien d'accord avec vous là-dessus, nous jouons
dans un mécanisme où dix juridictions, dix intérêts
particuliers se rencontrent et je ne pense pas qu'une province puisse ainsi
imposer aux autres provinces ses seules vues. Il faut bien, évidemment,
entamer des négociations et essayer de s'entendre, dans le plus bref
délai. Les producteurs d'oeufs du Québec ont des
problèmes, ceux du Manitoba et de l'Ontario en ont également.
J'écoutais, hier, le ministre de l'Agriculture de la
Colombie-Britannique demander à M. Olson d'intervenir dans le plus bref
délai au niveau des produits fruitiers. Il y a des problèmes
très difficiles actuellement avec les marchés d'exportation, avec
le Mexique, par exemple, qui vient inonder son propre marché.
M. VINCENT: C'est un problème extérieur... M. TOUPIN: Oui,
mais...
M. VINCENT: ... qui ne touche pas le bill C-176.
M. TOUPIN: Oui, le bill C-176 touche théoriquement toutes les
productions, mais il touche d'une façon plus particulière deux
produits, le poulet et les oeufs, parce qu'on les a inclus immédiatement
dans la loi.
Donc, ce que je veux dire, c'est que nous sommes une des dix provinces
du Canada et il faut essayer de nous entendre avec les neuf autres. C'est pour
cela que nous avons insisté très fortement depuis deux ans, nous,
du Québec, pour créer des mécanismes nationaux de
commercialisation. Nous avons réussi à amener les autres
provinces autour de la table pour négocier un partage équitable
dans le domaine des oeufs et nous y sommes presque parvenus.
Il fallait avoir le bill C-176 pour appliquer ces ententes intervenues
entre provinces. Là, nous travaillons au niveau du poulet. La situation
est, au niveau de poulet, économiquement un peu meilleure, mais les
provinces sont un peu plus rigides, un peu moins intéressées au
niveau des négociations; les marchés sont bons, les prix sont
bons. Tout le monde essaie de tirer du marché tout ce qu'il peut tirer,
autant du Québec que d'ailleurs. Il faudrait appliquer dans
l'immédiat aussi, au chapitre du poulet et de la chair de volaille, le
bill C-176.
Il y avait le bill C-176. On aurait bien pu, dans le projet de loi
C-176, dire au gouvernement fédéral: On va vous donner les
pouvoirs. Dans votre loi, on va vous dire: Lorsque vous serez
décidés de créer un office de commercialisation,
automatiquement, prenez les pouvoirs que vous jugerez bon de prendre dans les
lois provinciales. On aurait pu le faire. A ce moment-là, les
négociations n'auraient pas existé. Le gouvernement
fédéral a dit: D'accord, il y a des problèmes pour les
oeufs et le poulet. On va créer un office de commercialisation national.
Les normes de commercialisation sont les suivantes, le partage du marché
sera le suivant et on va fonctionner de cette façon-là.
Nous avons choisi, au contraire, la voie de la négociation avec
le gouvernement fédéral et, par conséquent, de
défendre nos intérêts d'abord locaux. C'est pour ça
que c'est un peu plus lent. Nous avons choisi une formule qui est plus lente
mais qui est beaucoup plus sûre à la longue pour les producteurs
du Québec et les producteurs des autres provinces.
M. BELAND: Etant donné la prise de position et également
la discussion concernant le bill C-176, je me demande si on n'a pas tué
le veau gras et fêté avant de connaître les
conséquences des décisions que prendront les personnes
mandatées pour voir à scruter tous les aspects du
développement massif de certains secteurs de production dans d'autres
provinces suite aux répercussions qui arriveront au Québec,
apportant de ce fait une déficience ou une possibilité de
destruction de certains marchés possibles pour les producteurs du
Québec. Est-ce qu'on n'a pas été un peu trop vite dans ce
sens-là avant d'avoir apporté toutes les données
statistiques basées sur cette année et sur l'année
dernière, 1971? Est-ce qu'on n'a pas fêté un peu trop vite?
On a misé sur l'avenir parce qu'ils ont encore un certain nombre de mois
en avant d'eux pour décréter quelle sera la statistique
précise à ce moment-là. Il y a développement massif
là.
M. TOUPIN: On a des données statistiques, depuis 1968-1969, de la
production des oeufs et de la production du poulet. On a cela année par
année. On l'a pour l'année 1971. Pour les oeufs, on a ça
tous les mois; dans le poulet, je pense que c'est à tous les trois mois
à cause des élevages. Nous avons des statistiques à notre
portée et même des projections de marché. Je pense que nous
avons techniquement tout ce qu'il faut pour agir. Il n'y aura pas de
problème à ce niveau-là. Le problème se pose
seulement au niveau des intérêts particuliers des
différentes provinces; c'est un problème que je comprends et que
j'essaie, quant à moi, de régler du mieux que je peux à
l'intérieur des négociations interprovinciales.
Jusqu'à maintenant, le Québec n'a rien
perdu. Au contraire, on a fait beaucoup plus au cours des six ou sept
derniers mois qu'on a pu faire au cours des six ou huit ou dix dernières
années dans le domaine de la commercialisation nationale pour ces deux
productions en particulier. Nous avons les données-statistiques à
ce niveau-là, ce sont simplement des ententes. Il reste que la
théorie de partage des marchés est une théorie discutable
mais qui nous apparaît être la plus valable dans le contexte
actuel.
M. BELAND: Puisque vous abondez dans ce sens-là, est-ce qu'il y a
eu augmentation de consommation per capita dans les deux domaines
précités dans la province de Québec?
M. TOUPIN: La consommation se maintient assez bien et, quant à la
production", on l'a ramenée à la consommation. Au Québec,
avec le problème que nous avons vécu avec l'Ontario, nous avons
dû reculer un peu du point de vue du poulet mais nous rattrapons nos
marchés maintenant que les barrières interprovinciales sont
tombées; nous rattrapons nos marchés graduellement. Nous
négocions dans le cadre des marchés que nous avions en
1967-1968.
M. VINCENT: Comment se fait-il...
M. TOUPIN: ... j'aimerais autant m'en tenir aux différents
articles de la loi.
M. VINCENT: ... c'est parce qu'on touche les plans conjoints.
M. TOUPIN: Nous sommes rendus plus loin que les plans conjoints.
M.VINCENT: Non, un plan conjoint: "un plan de producteurs établi
en vertu de la Loi des marchés agricoles et approuvé par la
Régie, y compris les règlements qui s'y rattachent".
M. TOUPIN: Nous avons un plan conjoint...
M. VINCENT: Nous avons un plan conjoint provincial pour les oeufs.
Comment se fait-il que récemment on ait annoncé une
réduction de $0.08 la douzaine sur les oeufs et qu'on ait donné
comme raison: Pour éviter le dumping des oeufs ontariens?
M. TOUPIN: Oui, je pense, M. le Président, que le
député de Nicolet sait fort bien que ce sont les producteurs
à l'intérieur de la fédération, par
l'intermédiaire du comité des prix, qui ont pris cette
décision. Au cours des sept ou huit derniers mois, le prix des oeufs au
Québec a toujours été plus élevé de $0.05
à $0.06 par rapport aux autres provinces et, notamment, par rapport
à l'Ontario. La fédération a tenté de maintenir une
structure de prix qui correspondait un peu plus au coût de production
quoiqu'on ne soit pas parvenu encore, à tous les mois, à
atteindre véritablement le seuil de rentabilité. Certains mois,
on l'a fait; certains autres mois, on ne pouvait pas y arriver, alors que dans
les autres provinces, le prix étant beaucoup plus bas, on venait faire
du dumping sur le marché du Québec.
M. VINCENT: C'était possible?
M. TOUPIN: Bien sûr que c'est possible.
M. VINCENT: Mais pour quelle raison avons-nous adopté les projets
de loi 15 et 16? Le ministre, à ce moment-là, nous avait dit que
c'était justement pour éviter tout cela à l'avenir...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: ... le dumping.
M. TOUPIN: La loi 15 a été appliquée à deux
reprises et c'est la loi 15 qui a amené le gouvernement de l'Ontario
à retirer sa loi 10 pour ouvrir le marché du poulet. Et lorsque
l'Ontario a ouvert le marché du poulet, il m'apparaissait tout à
fait légitime et normal que nous ouvrions le marché des
oeufs.-
M. VINCENT: Mais est-ce que le gouvernement de l'Ontario a retiré
sa loi 10?
M. TOUPIN: Si, la loi 10 a été retirée. M. VINCENT:
Complètement? M. TOUPIN: Totalement.
M. VINCENT: Est-ce que nous, nous avons retiré la loi 16?
M. TOUPIN: Les lois 15 et 16 restent encore.
M. VINCENT: Est-ce que la loi 16 s'applique présentement?
M. TOUPIN: La loi 16 ne s'applique pas pour les oeufs comme pour les
produits commercialisés. Elle s'applique pour les produits non
commercialisés.
M. VINCENT: Non, la loi 15.
M. TOUPIN: La loi 15 ne s'applique pas actuellement telle qu'elle est
structurée. D'autres lois s'appliquent, par exemple, dans le domaine de
la commercialisation mais la loi 15 ne s'applique pas. Nous sommes à
négocier avec les autres provinces des partages de marchés et je
pense que nous serions très mal venus de fermer les frontières du
Québec ou de tenter de les fermer à l'entrée des oeufs ou
d'un produit en particulier alors que déjà nous sommes parvenus
à convaincre l'Ontario et les autres provinces que le marché des
produits agricoles
était un marché national et non pas un marché de
province.
M. BOIVIN: Dans le paragraphe i)...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le bill 10, en Ontario, n'a pas
été retiré. Le gouvernement a suspendu les mesures du bill
10 mais il peut appliquer de nouveau ces mesures n'importe quand.
M. TOUPIN: Oui, d'accord. On parle du bill 10 et de ses effets, ses
règlements.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le gouvernement a suspendu les
règlements...
M. TOUPIN: Oui, c'est la Régie des marchés
agricoles...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... il peut toujours les appliquer...
M. TOUPIN: Ce n'est pas la régie, je pense que c'est le
gouvernement de l'Ontario qui a obligé, c'est le ministère de
l'Agriculture qui a cassé le règlement qui émanait du bill
10 afin de laisser la porte ouverte.
M. BOIVIN: Dans le paragraphe i), quand on dit: "... y compris les
règlements qui s'y rattachent", qui fait ces règlements?
M. TOUPIN: ..."plan conjoint"...
M. BOIVIN: "... la Régie, y compris les règlements qui s'y
rattachent".
M. TOUPIN: ... ce sont tous les règlements qui se rattachent
à un plan conjoint. Je vais apporter un exemple: le plan conjoint des
producteurs de lait a au moins quatre règlements dont un qu'on appelle
"le règlement de quota", "le règlement de contingent". Il est
prévu dans chacun des plans conjoints plusieurs pouvoirs, et ces
pouvoirs des plans conjoints s'exercent par règlements comme cela se
fait au niveau souvent de la province ici, les lois permettent d'édicter
les règlements et, ces règlements, une fois qu'ils sont
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil, ont la même
valeur qu'une loi.
M. BOIVIN: Est-ce que l'association a son mot à dire dans ces
règlements?
M. TOUPIN: Non.
M. BOIVIN: Est-ce que l'association, s'il arrivait un...
M. TOUPIN: Non, l'association accréditée...
M. BOIVIN: ... conflit entre l'association et la régie, qui
règlerait le conflit?
M. TOUPIN: II ne peut pas y avoir de conflit entre l'association et la
régie, ni entre un plan conjoint et la régie parce que la
régie, d'après la loi, a l'autorité finale. C'est elle qui
décide si ce règlement-là s'appliquera ou ne s'appliquera
pas et c'est elle qui peut amender les règlements de n'importe quel plan
conjoint.
M. BOIVIN: L'association n'a rien à dire sur ça.
M. TOUPIN: L'association n'a rien à voir juridiquement dans ce
secteur.
M. PELLETIER : Par contre, s'il y a un conflit entre l'association
spécialisée et l'association accréditée, qu'est-ce
qu'il arrive à ce moment-là?
M. TOUPIN: II ne peut pas y avoir de conflit dans les règlements
parce que les règlements relèvent d'une association en
particulier. Par exemple, les règlements relèvent seulement de la
Fédération des producteurs de lait et l'association
accréditée n'a rien à y voir. Mais si, par exemple, les
règlements qui émanent du plan conjoint des producteurs de lait
viennent en conflit avec les règlements qui viennent de la
Fédération des producteurs de lait nature, ce n'est pas
impossible que l'association accréditée essaie, pour concilier
les intérêts des deux groupes, d'amener les deux groupes à
s'entendre.
M. BOIVIN: Alors, l'association peut intervenir entre deux syndicats qui
sont en conflit?
M. TOUPIN: Elle le peut si elle le désire. C'est dans ses
pouvoirs généraux. Ce n'est pas un pouvoir juridique; c'est un
pouvoir général.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe i), adopté? Paragraphe j).
M. TOUPIN: Au paragraphe j), il y a un amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Au paragraphe j), M. le Président, le
ministre a un amendement.
M. TOUPIN: II y a un amendement à j).
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une question de procédure. Vous
avez un amendement. Je crois que le représentant du Ralliement
créditiste a aussi un amendement et nous, nous avons un sous-amendement
à votre amendement. Alors, est-ce que nous allons disposer de votre
amendement, de celui du Ralliement créditiste et de notre
sous-amendement après?
M. VINCENT: Au paragraphe j), ii ou iii?
M. TOUPIN: J'ai déjà proposé mon amendement.
M. VINCENT: Il y a un amendement du ministre à ajouter
après le paragraphe j), iii, soit un autre paragraphe.
M. BELAND: Si vous me le permettez, d'abord, je pense qu'il faudrait
amender la définition même du paragraphe j), au départ,
avant de procéder aux autres paragraphes i, ii, iii, k), etc.
M. VINCENT: C'est cela. Nous sommes au paragraphe j).
M. BELAND: C'est donc simplement du paragraphe j) qu'il est
question.
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: Au paragraphe j) comme tel, je n'ai pas d'amendement à
apporter. J'ai simplement un amendement à apporter à l'article 1,
qui serait le paragraphe j, sous-paragraphe iiii.
M. VINCENT: Sous-paragraphe iiii.
M. TOUPIN: Après le sous-paragraphe iii.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Après le sous-paragraphe iii, vous
ajoutez le sous-paragraphe iiii, c'est-à-dire une personne...
M. TOUPIN: C'est cela.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, à l'amendement du ministre,
j'ai un sous-amendement.
M. TOUPIN: II me semble que le député de Lotbinière
a un amendement à apporter, lui, au paragraphe j).
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parfait.
M. BELAND: C'est tout simplement au paragraphe j) qu'il faut commencer.
Après cela, s'il y a des amendements ou des sous-amendements à
apporter aux autres paragraphes, il s'agira de les apporter. Je pense que c'est
dans l'ordre des choses.
En ce qui concerne le paragraphe j), où il est dit: "producteur":
une personne engagée dans la production d'un produit agricole sauf...",
j'apporte l'amendement suivant, à savoir: "producteur": une personne
engagée dans la production d'un ou de produits agricoles et forestiers
sauf...", au lieu des mots "d'un produit agricole sauf".
Voici pourquoi j'apporte cet amendement. Plus loin, malheureusement nous
devons vider ce sujet avant d'aller plus loin, on se rend compte qu'il y a un
deuxième "sauf" qui annule automatiquement le premier et qui exclut une
certaine quantité de producteurs forestiers sur terrains privés.
Ces personnes ou ces organisations ont été le cauchemar des
petits producteurs agricoles et, plusieurs fois, leur ont causé de
graves préjudices.
Je pense que, si nous acceptons la définition telle qu'elle est
inscrite dans le bill 64, sans l'amendement que je propose, à ce
moment-là, encore une fois, nous protégeons certains requins qui
mangent les profits possibles des producteurs forestiers privés et
lèsent leur juste droit. C'est pour cela que je présente cet
amendement. Je demande ce qu'en pense le ministre de l'Agriculture. Ensuite,
j'y reviendrai.
M. TOUPIN: Je pense que l'amendement serait pertinent si on ne se
référait pas à la Loi des marchés agricoles pour la
définition du mot "producteur". Si vous vous référez
à la Loi des marchés agricoles pour la définition du mot
"producteur", la forêt constitue un produit agricole.
M. VINCENT: Au paragraphe k) dans la loi présente, nous
l'avons.
M. TOUPIN: Donc, la forêt est incluse automatiquement. Il y a des
sections d'exploitation de forêt qui sont exclues, cependant, dans
"sauf". Mais l'amendement que vous proposez au fond, essentiellement, veut dire
que vous voulez inclure la forêt "at large", c'est-à-dire toute la
forêt.
M. BELAND: Tous les producteurs sur lots privés ou territoires
privés.
M. TOUPIN: C'est inclus dans la Loi des marchés agricoles et
c'est à cela qu'on se réfère pour prendre la
définition de "producteur" dans le bill 64. Donc, la forêt est
déjà incluse; les boisés privés de ferme, c'est
déjà inclus dans le bill 64. Tous les producteurs assujettis au
plan conjoint des producteurs de bois au Québec sont assujettis
présentement à la loi, avec des restrictions que nous verrons
tantôt au niveau de la définition d'un producteur. On verra que le
petit producteur de quatre, cinq ou dix cordes de bois n'est pas inclus, parce
que précisément ses revenus ne répondent pas aux exigences
de la loi actuelle. Mais ça ne change rien à son statut
vis-à-vis de la Loi des marchés agricoles.
M. VINCENT: A mon sens, au premier abord peut-être que le
député de Lotbinière pourra nous donner des détails
supplémentaires ça n'ajoutera rien qu'on inclue "et
forestier" parce que, quand on parle du producteur, on dit "une personne
engagée dans la production d'un produit agricole" et, au paragraphe k),
on a la définition du produit agricole...
M. TOUPIN: C'est inclus.
M. VINCENT: ... "tout produit de l'agriculture, de l'horticulture, de
l'aviculture ou de la
forêt, à l'état brut ou transformé,
partiellement ou entièrement, par le producteur, y compris, entre
autres, les animaux de ferme et de basse-cour, vivants ou abattus, la viande de
ces animaux, la volaille, les oeufs, la laine, les produits laitiers, les
grains, les fruits, les légumes, les produits de l'érable, le
miel, le tabac, le bois, les breuvages ou articles d'alimentation..."
M. TOUPIN: Au fond, c'est ce qu'on retrouve dans la Loi des
marchés agricoles.
M. VINCENT: En définitive, on pourrait ne pas ajouter "et
forestier"; c'est déjà à l'intérieur de la
définition du produit agricole; "Produit agricole" englobe tout.
M. TOUPIN: Sans aucun doute.
M. BELAND: II faut rattacher également le sous-paragraphe ii,:
"une personne qui exploite la forêt, sauf quand elle exploite la partie
boisée de sa ferme". Donc, il faut absolument comprendre que le
deuxième "sauf" annule le premier au paragraphe j).
M. TOUPIN: II l'inclut. Sauf s'il s'agit de son boisé de
ferme.
M. VINCENT: C'est pour être plus spécifique que la loi le
mentionne.
M. TOUPIN: Nous pourrions changer les mots, mais c'est exactement ce que
ça veut dire.
M. BELAND: Mais si on les rattache. Et je relis: "Producteur": une
personne engagée dans la production d'un produit agricole sauf une
personne qui exploite la forêt... Donc ça l'enlève.
Ensuite, pour la replacer à l'intérieur de l'obligation,
on dit "sauf quand elle exploite la partie boisée de sa ferme". D est
possible qu'une certaine quantité de personnes dans la province de
Québec et effectivement ça arrive comme ça
possèdent effectivement des lots boisés. Là, je ne
détermine pas de grandeur, ça peut varier
énormément, mais il reste que, là, on précise ceux
qui exploitent la partie boisée de leur ferme, mais les autres qui n'ont
pas de ferme, à mon sens, sont exclus.
M. TOUPIN: S'ils n'ont pas de ferme, il n'y a pas de
problème.
M. BELAND: Oui, mais qu'entendez-vous par ferme?
M. TOUPIN: C'est la définition de la ferme. Nous ici, nous nous
adressons aux agriculteurs et nous considérons que le bois qui fait
partie d'une ferme doit être défini comme un produit agricole.
Toutes les autres propriétés privées sont exclues.
J'apporte un exemple. Il est bien possible que la Consolidated ait des
propriétés privées boisées au Québec; je ne
verrais pas pourquoi la loi couvrirait la Consolidated. Je ne vois pas pourquoi
la Consolidated deviendrait membre de l'association accréditée,
parce qu'elle exploite la forêt pour des fins industrielles.
Il peut bien y avoir d'autres entreprises qui ont des
propriétés privées. Je connais de petites entreprises
canadiennes-françaises qui ont des propriétés
privées et je ne vois pas pourquoi on pourrait les inclure dans ce
projet de loi.
M. BELAND: A tout événement, je donne un exemple...
M. TOUPIN: C'est pour ça qu'on a mis "sauf".
M. BELAND: ... encore plus précis. J'imagine que le ministre
possède le lot no 37 du rang Raguenot, comté d'Abitibi; c'est la
seule chose qu'il possède, c'est un territoire de 100 arpents de bois
exclusivement et puis ce n'est pas sa profession, mais il possède cela.
Il désire le mettre en exploitation, c'est-à-dire exploiter le
bois dessus. Sa principale profession, c'est autre chose. Mais, à ce
moment-là, le bois qu'il va exploiter là, est-ce qu'il va
être soumis au plan conjoint?
M. TOUPIN: Actuellement il est soumis au plan conjoint. Lisez ce qui est
marqué sous le terme "forêt" dans la Loi des marchés
agricoles. On parle de l'horticulture, de l'agriculture ou de la forêt
à l'état brut ou transformé partiellement ou
entièrement par les producteurs, y compris... Bon, par les producteurs.
Alors c'est très large comme définition dans le domaine de la
mise en marché. C'est pour ça que présentement certains
propriétaires de lots privés sont assujettis au plan
conjoint.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'étudier l'application
d'un règlement dans la région des Cantons de l'Est, alors vous
vous êtes rendu compte que là il y a eu des confrontations entre
les producteurs agricoles qui avaient des lots boisés privés et
des entreprises de coupe de bois qui elles aussi avaient des boisés
privés. Ces deux groupes sont entrés en conflit, parce que les
intérêts n'apparaissaient pas tout à fait les mêmes.
Quand il y a des conflits, c'est parce que les intérêts sont
divergents. Le problème est réglé maintenant, mais
ç'a créé un problème au début.
Nous ici, dans cette loi-là, nous visons les producteurs
agricoles d'abord. Nous ne voulons viser ni les producteurs forestiers ni les
producteurs miniers, mais les producteurs agricoles, le fermier, le
propriétaire d'une ferme. Si sur cette ferme se trouve du bois, on
définit que cette partie-là de la ferme qui est boisée est
considérée comme étant une partie agricole et que le bois
est considéré par conséquent comme un produit agricole.
Seulement pour cette section-là.
M. BELAND: Mais dans l'exemple que vous
avez cité concernant les Cantons de l'Est, est-ce que ça
ne résultait pas du fait qu'il n'y avait pas possibilité de
percevoir les $0.35 exigés ou demandés par les plans conjoints ou
la Régie des marchés?
M. TOUPIN: Cela allait beaucoup plus loin, le problème de fond
était la commercialisation. Les producteurs de bois des Cantons de l'Est
ont voulu se donner un mécanisme de commercialisation qui voulait que le
contrôle de la production soit sous l'autorité de l'agence,
c'est-à-dire que ce soit l'agence qui décide des quantités
que tel producteur allait couper à chaque année et qui avait
aussi un autre objectif de rationaliser le transport, voire même de le
mettre sous la responsabilité de l'agence.
Alors les producteurs de bois privés, essentiellement, disaient:
Nous nous trouvons brimés, parce que nous ne pourrons plus couper les
quantités que nous voulons couper. Nous serons assujettis à un
régime de contingentement qui va nous empêcher de couper toutes
les quantités. Les petits producteurs de bois privés disaient:
Oui, mais quand vous autres vous coupez plus que les besoins du marché,
vous vendez d'abord votre bois puis nous nous ne sommes plus capables de vendre
le nôtre, parce que vous êtes en même temps des acheteurs et
des transporteurs.
C'est pour ça que ç'a créé un conflit. Il
est réglé maintenant, parce qu'ils sont venus à s'entendre
les deux ensemble. C'est ça qui était le problème de fond.
Quant aux $0.35 qui étaient prélevés, ça fait dix
ans que le plan conjoint existe dans les Cantons de l'Est et ça fait dix
ans que les gars payent les $0.35. Alors, ce n'était pas là le
problème.
M. BELAND: Et à ce moment-là la régie
possède, d'après ce que vous dites, parce que je tiens à
vous le faire préciser, les pouvoirs nécessaires, auprès
de quiconque possède des territoires privés que ce soit
individu ou entreprise, association, compagnie, peu importe pour
percevoir les $0.35. C'est ça que vous dites?
M. TOUPIN: Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que la régie
approuve un plan conjoint et tout ce qui est prévu dans le plan
conjoint, les règlements qui en découlent. La régie doit
sanctionner ces règlements-là ou les refuser ou les amender. Elle
a ce pouvoir. Mais, une fois qu'il est sanctionné, le règlement
est appliqué par un office de producteurs et c'est l'office de
producteurs qui voit à faire appliquer le mécanisme.
Si $0.35 sont dus par un producteur, ce n'est pas la régie, c'est
l'office des producteurs qui voit à percevoir les cotisations qu'il a
lui-même prévues dans ses règlements.
M. BELAND: Mais si l'office même ne possède pas les outils
en totalité pour les percevoir, comme cela s'est vu souventefois,
à ce mo- ment-là qu'est-ce que vous apportez comme correctif
à la situation?
M. TOUPIN: Presque tous les pouvoirs sont prévus dans les plans
conjoints ou dans la Loi des marchés agricoles de laquelle
émanent les plans conjoints. Presque tous les pouvoirs sont
prévus pour amener un producteur à se conformer au
règlement. Il reste quand même qu'il y a des cas isolés qui
ne sont pas toujours faciles à régler par la loi et qu'il faut
régler par voie de négociation; parfois, cela prend un peu plus
de temps. Je pense que je n'ai pas besoin de vous apporter d'exemples.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, une question d'information.
Une personne qui exploite la forêt est exclue.
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bon.
M. TOUPIN: Sauf...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sauf quand elle exploite la partie
boisée de sa ferme.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Que comprend la partie boisée de sa
ferme? Est-ce que cela comprend, par exemple, un cultivateur qui, en plus de
faire d'autres cultures, exploite une partie boisée de sa ferme?
M. TOUPIN: C'est exact.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ou si cela peut comprendre un individu qui
fait seulement de l'exploitation forestière, qui a un lot, par exemple,
et qui fait seulement de l'exploitation, celui qui bûche son lot et qui
vend son bois? La partie boisée de sa ferme, cela comprend quelle
catégorie de producteurs de bois? Quelle est la définition de
cela? On le sait, mais cela englobe qui?
M. TOUPIN: Cela englobe toutes les personnes considérées
comme propriétaires de ferme. Il y en a 30,000 ou 35,000 au
Québec qui ont des parties boisées attenantes à leur ferme
ou parties intégrantes à leur ferme. Par exemple, vous pouvez
avoir...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'il a seulement un ou deux lots
boisés dont il fait l'exploitation, est-il inclus dans la loi?
M. TOUPIN: S'il fait exclusivement de l'exploitation forestière
et s'il vit exclusivement de l'exploitation forestière,
théoriquement on peut dire qu'il n'est pas inclus.
M. LEGER: II est exclu.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II est exclu. M. TOUPIN: Il est exclu.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est un producteur agricole.
M. TOUPIN: C'est tout le problème de savoir jusqu'où la
forêt doit être incluse comme produit agricole.
M. BOIVIN: S'il payait...
M. TOUPIN: Est-ce que ce doit être...
M. BOIVIN: ... ses $15 à l'association et qu'il dise: Je suis un
sylviculteur. Il n'a pas de ferme mais il peut être
considéré comme un producteur régi par l'association ou un
syndicat.
M. TOUPIN: Ce seraient des cas isolés, je pense bien, si on prend
les fermiers...
M. BOIVIN: On a l'air de dire...
M. TOUPIN: D'abord, pour vivre exclusivement de la forêt, cela
prend plus qu'une partie boisée d'une ferme, cela prend une grande ferme
forestière; on l'évalue actuellement à 300 arpents ou 300
acres boisés comme minimum, si on veut vivre exclusivement de la
forêt dans une ferme.
La plupart de ceux que nous voulons couvrir avec cela, ce sont des gars
qui ont des fermes et qui tirent une partie substantielle de leurs revenus de
la forêt. Ce sont ceux-là qu'on veut couvrir d'abord; quant aux
autres, ils sont déjà couverts par la Loi des marchés
agricoles au niveau de la commercialisation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je comprends. On parle d'une partie
boisée de sa ferme mais, au sens de la loi, le producteur, même
celui qui fait seulement de l'exploitation forestière, est un producteur
agricole. Non?
M. TOUPIN: Cela peut en être un.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Comment va-t-on interpréter les mots
"producteur agricole" si quelqu'un a un lot et fait seulement de l'exploitation
forestière?
M. TOUPIN: Le critère, c'est la ferme.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, sa ferme. S'agit-il d'une ferme, pour
quelqu'un qui a seulement des lots de bois?
M. TOUPIN: C'est pour cela qu'on a jugé bon de mettre "partie de
sa ferme" pour être sûr que nous serons en mesure de définir
ce qu'est une ferme. Un fermier, c'est un producteur agricole au sens large du
mot. La partie boisée de sa ferme, c'est une section de son exploitation
de ferme. C'est à partir de ce critère que nous allons
définir celui qui sera fermier ou non au sens de la loi.
M. PELLETIER: Le nombre d'arpents de terre est
déterminé...
M. TOUPIN: Non. Ce peut être un gars, par exemple, qui exploite
une ferme de 50 arpents, qui a six ou sept vaches laitières mais qui,
à côté de cela, a 150 arpents de terrain boisé. A ce
moment-là, il est considéré comme un fermier au sens de la
loi.
M. LEGER: Ni plus ni moins, il faut que la plus grande partie de son
terrain soit exploitée d'une façon agricole. Il faut qu'il ait
plus de parties boisées...
M. TOUPIN: II faut qu'il en ait au moins une partie pour nous permettre
d'appliquer le critère.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On ne dit pas dans quelle proportion.
M. BELAND: En d'autres mots, pour préciser encore davantage,
parce que je ne suis vraiment pas satisfait, jusqu'à présent, on
n'est pas allé assez loin encore. Supposons, à ce moment-ci, que
l'honorable ministre possède 5,000 acres de bois...
M. TOUPIN: Je n'en ai que 300.
M. BELAND: ... enfin, 5,000 acres de bois, dans une partie ou l'autre de
la province, tiens, dans le haut du comté de Bellechasse pour être
encore plus précis. Il n'est pas ministre mais il les exploite, c'est
strictement son travail durant 365 jours par année, s'il travaille le
dimanche et les jours de fêtes. Sera-t-il soumis obligatoirement à
la cotisation de $0.35?
M. TOUPIN: C'est un autre problème. Au sens du bill 64, il n'y
est pas soumis, mais au sens de la Loi des marchés agricoles, dans le
cadre d'un plan conjoint, il est susceptible d'être soumis au plan
conjoint.
M. BELAND: Susceptible, mais il y a une nuance.
M. TOUPIN: II l'est, mais là aussi il faut apporter une certaine
nuance, nous ne pouvons pas définir ça d'une façon aussi
catégorique. Je vais pousser votre raisonnement plus loin: supposons que
j'aie 5,000 acres de terre boisée et que je produise là-dessus
500 cordes de bois par année, mais que je produise à
côté de ça 1,500,000 de pieds de bois et que j'aie mon
propre moulin pour le transformer. Qui suis-je? Un producteur de bois ou un
industriel? Voyez-vous comme il est important à un moment donné
d'apporter certaines nuances?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes les deux.
M. BELAND: II y a également la possibilité de cette autre
section de producteurs qui existe effectivement.
M. TOUPIN: Oui.
M. BELAND: Mais, par contre, il y a quand même ceux qui, à
un certain moment, achèteront un, deux, trois, cinq, dix lots
boisés, qu'ils vont couper entièrement, ce que l'on appelle
communément brûler un lot et c'est strictement leur revenu de
l'année, leur besogne continuelle, leur profession, ils ne font en
aucune façon de transformation.
M. TOUPIN: Ceux-là sont tous couverts ou à peu près
par la Loi des marchés agricoles; ils ne sont pas inclus ici comme
producteurs agricoles, mais ils sont inclus dans la Loi des marchés
agricoles comme producteurs de bois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais actuellement, y a-t-il des producteurs
agricoles qui ne font que de l'exploitation forestière et qui sont
membres de l'UCC?
M. TOUPIN: Je ne pense pas, à quelques exceptions
près.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A quelques exceptions près, ils
peuvent l'être.
M. TOUPIN: Avec les cadres actuels, théoriquement oui, j'ai
même déjà vu des propriétaires de magasins
généraux être membres de l'UCC. Des curés, des
députés, des ministres.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Par l'application de la loi, ceux qui font
partie de l'UCC actuellement et qui ne font que de l'exploitation agricole
seront exclus de l'UCC, c'est-à-dire de l'exploitation...
M. TOUPIN: Encore là, il y a certaines nuances, il y a tout un
secteur à côté que nous n'avons pas touché, que nous
appelons les chantiers coopératifs. Cela, c'est un secteur qui,
actuellement, est considéré comme une association de producteurs
et qui peut s'affilier à l'association accréditée. Si
toutefois le secteur des chantiers coopératifs s'affilie à
l'associaiton accréditée, il n'est peut-être pas impossible
qu'il y ait entente entre l'association accréditée et la
coopérative pour dire: Chacun de vos membres, même s'ils ne sont
pas des fermiers, peuvent payer une cotisation à l'association
accréditée. Il n'est pas impossible que de telles ententes
interviennent, à cause évidemment de certains cas particuliers
que l'on retrouve un peu partout dans la province de Québec, en ce qui
concerne les producteurs agricoles. Mais, pour être précis, dans
la définition de cet article, nous nous sommes donné un
critère de base pour être capables d'agir, du moins, que celui qui
aura à appliquer la loi soit capable d'agir, de dire à un
producteur: Oui, tu es inclus; non, tu es exclus. Le critère de base,
c'est celui d'une ferme et si la ferme inclut une partie boisée, elle
fait partie intégrante de la ferme. En ce qui concerne la partie
boisée, on a inclus un critère de $1,000, c'est la proposition
d'amendement que nous avons faite tantôt, pour la définition du
producteur. Il est possible, par exemple, qu'un fermier aille chercher $500 ou
$600 sur sa ferme, au niveau, je ne sais pas, de la vente de poulet ou d'oeufs,
et qu'il complète son revenu avec la forêt pour atteindre $1,000,
$1,500 ou $2,000.
C'est pour ça qu'on inclut la forêt comme étant
susceptible, si elle fait partie intégrante de la ferme, de faire partie
des revenus de l'agriculture qui constitue un des critères aussi pour
définir ce qu'est un fermier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsqu'il sera temps d'appliquer la loi,
c'est la Régie des marchés agricoles qui va définir tout
ça.
M. TOUPIN: Cela va se définir un peu avant, parce qu'il faut
dresser une liste des producteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le monde ouvrier, lorsqu'un syndicat
est accrédité, on s'assoit à une table de
négociation et on discute pour savoir quels sont ceux qui sont inclus
dans l'unité de négociation et ceux qui sont exclus. Je
présume que la même chose va se faire avec...
M. TOUPIN: Cela va se faire aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... l'association accréditée,
en l'occurrence l'UCC, et la Régie des marchés agricoles, pour
discuter, pour interpréter la loi et exclure ou inclure certaines
personnes. Cela doit se faire.
M. TOUPIN: II y aura des négociations, non seulement, je pense,
avec l'association accréditée et la régie, mais
également entre les groupes de producteurs et même un producteur
en particulier avec l'association accréditée et la régie
pour s'entendre et pour définir: "Bon, tu ne l'es pas, agriculteur."
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II le faudra nécessairement; sinon,
vous allez faire des mécontents.
M. TOUPIN: Ce n'est pas facile d'appliquer une loi comme
celle-là. Il n'y a pas seulement celle-là. On pense à la
Loi des marchés agricoles. C'est un problème très
sérieux. Il y a d'autres lois aussi qui s'appliquent au niveau de
l'agricul-
ture et qui ne sont pas faciles d'application à cause,
précisément, d'une définition très très
difficile d'une ferme, d'un fermier et d'un producteur agricole.
M. BELAND: Je ne retire pas mon amendement. Nous devrons passer au vote
pour le rejeter ou l'accepter.
M. VINCENT: Adopté sur division.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. VINCENT: C'est rejeté sur division.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que l'on passe ça au vote
ici?
M. VINCENT: C'est rejeté sur division. Cela peut être
rejeté sur division.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: L'article 1, j) est adopté. Le paragraphe j) i se lit
comme suit: "Une personne engagée dans cette production à titre
de salarié au sens du code du travail".
M. TOUPIN: Adopté.
M. VINCENT: A ce moment-là, c'est un employé de ferme.
M. TOUPIN: C'est ça. C'est un employé de ferme. Ce sont
surtout ceux-là qu'on visait: les salariés, les employés
de ferme au sens du code du travail.
M. BELAND : Y compris ce que vous apporterez si vous représentez
le bill 3?
M.VINCENT: Le bill 3)? On touche à quoi?
M. BELAND: Le salaire minimum pour les employés de ferme.
M. TOUPIN: Les amendements à la loi. C'est évidemment un
tout autre champ. Il s'agit de savoir si les employés de ferme seront
assujettis au salaire minimum. C'est une autre affaire.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 j) ii.
M. TOUPIN: L'article 1 j) ii est celui qu'on vient de discuter.
M. VINCENT: L'article 1 j), iii est normal. Nous avons un amendement du
ministre qui serait le sous-paragraphe iiii: "Une personne dont la production
agricole destinée à la mise en marché est d'une valeur
annuelle inférieure à $1,000." J'aurais deux questions à
poser. Est-ce que cela sous-entend, quand on parle d'une personne dont la
production agricole destinée à la mise en marché est d'une
valeur annuelle inférieure à $1,000, une production brute?
M. TOUPIN: Vente.
M. VINCENT: Cela est assez spécifique sur le plan juridique pour
ne pas spécifier que c'est $1,000 de vente brute.
M. TOUPIN: C'est au sens qu'il met en marché pour $1,000 de
produits.
M. VINCENT: Ma deuxième question est: Pourquoi $1,000 quand on a
la Loi des affaires municipales qui mentionne $2,000? On a dans la loi $1,000
et, dans une autre loi, $2,000.
M. TOUPIN: Je vais essayer de vous donner rapidement les critères
qui nous ont amenés là. On était face à une
difficulté. D'ailleurs, plusieurs d'entre vous l'aviez soulevée
et, lorsque nous avions préparé le projet de loi, nous nous en
étions nous-mêmes rendu compte. On se demandait si le gars qui
vend deux ou trois cordes de bois devrait être soumis à la loi.
Est-ce que celui qui vend pour $50 ou $75 de produits, de fruits, de pommes ou
de légumes devrait être assujetti à cette loi-là? On
s'est rendu compte, évidemment, que la plupart de ceux-là
étaient non pas des agriculteurs ni des fermiers, mais des gens qui,
occasionnellement, allaient chercher quelques dollars dans les produits
agricoles et, souvent, cela était sous forme de hobby ou de loisirs,
etc.
Donc, on a voulu ne pas les inclure au départ. Il s'agissait de
savoir maintenant jusqu'où on pouvait aller pour les exclure au niveau
des revenus. On ne pouvait pas se baser sur l'acrage parce que ça
devenait extrêmement complexe que de mesurer toutes les terres du
Québec. Il a fallu se baser sur les revenus.
On considère que tout producteur qui met en marché pour
moins de $1,000 par année n'influence pas nécessairement toute
l'économie agricole. Celui qui met en marché plus de $1,000 par
année d'un produit, on considère que celui-là peut avoir
une certaine influence sur le comportement général de
l'agriculture. Et, la plupart du temps, celui qui dépasse le seuil de
$1,000 devient un résident dans une ferme et devient, en même
temps, presque un fermier à 40 p.c, à 50 p.c. ou à 60 p.c.
Donc on peut le considérer comme fermier. Evidemment, il y a toujours la
marge entre $999 et $1,000. Ce n'est pas facile de préciser, tout d'un
coup, le moment où la régie appliquera la loi. Mais les
critères qui nous ont inspirés sont ceux que je viens de vous
donner et, en particulier, celui de l'influence que peut avoir pour $1,000 de
mise en marché un produit agricole dans l'ensemble de l'économie
agricole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, si vous me
permettez, avant de disposer de l'amendement du ministre, j'ai un
sous-amendement à votre amendement...
M. VINCENT: J'ai un sous-amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, il faudrait disposer du
sous-amendement avant de disposer de l'amendement.
M. VINCENT: Mais nous n'avons pas encore de sous-amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien, j'en ai un.
M. VINCENT: Nous avons l'amendement du ministre...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et, moi, j'ai un sous-amendement à
l'amendement du ministre, qui se lit comme suit: Que la motion d'amendement
soit sous-amendée en remplaçant dans le sous-paragraphe iiii le
mot "mille" par les mots "deux cent cinquante". On va disposer du
sous-amendement et, après cela, on disposera de l'amendement principal,
comme la procédure normale le veut.
M. VINCENT: D'accord mais nous n'avons pas encore le sous-amendement,
nous avons seulement l'amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je l'ai, moi. C'est moi qui propose un
sous-amendement. Vous avez l'amendement...
M. VINCENT: On peut procéder de cette façon mais si, par
exemple...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voici, il y a le député de
Nicolet, le ministre a...
M. VINCENT: Si j'ai un sous-amendement, moi? Il faut disposer du mien
avant de disposer de l'autre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'avez-vous déposé? Vous
proposez un sous-amendement?
M. VINCENT: Pardon?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est un sous-amendement que vous
proposez?
M. VINCENT: Voici, je ne voudrais pas quand même chicaner pour
rien...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La procédure, le ministre arrive ici,
il dit: L'article 1 est modifié en ajoutant après le
sous-paragraphe iii du paragraphe j)...
M. VINCENT: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... le sous-paragraphe suivant: "Une
personne dont la production agricole destinée à la mise en
marché est d'une valeur annuelle inférieure à $1,000."
C'est l'amendement du ministre.
M. VINCENT: C'est ça et je prends la parole sur l'amendement du
ministre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, écoutez, c'est facile: J'arrive
avec un sous-amendement à l'amendement du ministre, qui se lit comme
suit: "Que la motion d'amendement soit...
M. VINCENT: On peut s'éterniser sur une discussion semblable. Le
ministre présente un amendement à l'article 1 ; je prends la
parole sur l'amendement du ministre et, à ce moment-là, je pose
certaines questions. Si les questions ne me donnent pas satisfaction, j'apporte
un sous-amendement avant de laisser la parole. Et là, nous allons
disposer, après cela, du sous-amendement quitte à permettre au
Ralliement crédi-tiste de présenter un autre sous-amendement ou
de poser des questions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Monsieur l'ancien ministre, lorsqu'on
discute d'un...
M. TOUPIN: J'aurais une suggestion à faire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... amendement, quand quelqu'un arrive avec
un sous-amendement, on dispose du sous-amendement.
M. VINCENT: Mais il n'est pas arrivé encore.
M. TOUPIN: J'aurais une suggestion à faire, M. le
Président. Pourquoi le député de Sainte-Marie
n'accepterait-il pas que chacun des membres de la commission se prononce sur
l'amendement que j'apporte? Une fois que chacun aura discuté
l'amendement, si personne d'autre n'a rien à ajouter, je serais
prêt à prendre d'abord le sous-amendement de celui qui a pris la
parole le premier sur mon amendement.
M. VINCENT: Si on procédait par ordre. Si, par exemple, il y a un
sous-amendement, si on procède par ordre numérique...
M. TOUPIN: II y a deux sous-amendements sur la motion principale.
M. VINCENT: ... il s'agirait pour nous de passer, comme on le fait
à l'Assemblée nationale. Le sous-amendement pourrait être
apporté par nous, deuxièmement par le Ralliement
créditiste et troisièmement par... Il s'agit d'établir la
procédure.
M. LEGER: M. le Président, sur ce point d'ordre, je voudrais
quand même ajouter que je n'ai pas d'objection à ce que le
sous-amendement du député soit étudié avant mais je
ne voudrais pas qu'on accepte comme fait... Il n'y a jamais eu, en commission
parlementaire, une priorité d'un parti sur l'autre au moment de prendre
la parole. A l'Assemblée nationale, pour la période des
questions, c'est établi. Nous l'avons accepté de bonne
grâce. Mais ce n'est
pas une habitude qui se répète nécessairement en
commission parlementaire. Il n'y a aucune place réellement où
cela se fait.
Si vous avez la parole, je n'ai pas d'objection. Proposez votre
amendement avant, mais non pas en vous servant de cette affirmation à
savoir qu'en commission parlementaire les membres du parti
Unité-Québec passent avant. Cela n'a jamais été
établi d'une façon formelle et nous ne l'avons jamais
accepté.
M. VINCENT: Qu'est-ce qu'une commission parlementaire? C'est le reflet
de l'Assemblée nationale. Regardez le nombre de membres.
M. LEGER: Cela n'a jamais été accepté. M. VINCENT:
Ecoutez, si on voulait...
M. LEGER: Je n'ai pas d'objection. Vous aviez la parole, donc vous
pouvez le proposer avant. Mais il ne faut pas prendre comme principe ce fait.
Nous ne l'avons pas accepté ici.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! On se chicane pour
rien et nous perdons du temps. Le député de Nicolet a la
parole.
M.VINCENT: M. le Président, avant de penser à un
sous-amendement, je voulais quand même que le ministre nous
éclaire sur ce point. Il y aurait peut-être possibilité de
présenter un sous-amendement pour en arriver à un montant
inférieur ou supérieur.
Mais je me pose une question. La première idée aurait
été de présenter un sous-amendement pour hausser ce
montant de $1,000 à $2,000. Pourquoi? Parce que nous avons
déjà la Loi du ministère des Affaires municipales qui
établit à $2,000 ce qu'une personne dont la production agricole
destinée à la mise en marché est d'une valeur annuelle
supérieure à $2,000. Aux Affaires municipales, quand cela
dépasse $2,000, cette personne peut profiter du titre d'agriculteur pour
son évaluation foncière. C'est cela n'est-ce pas?
Donc déjà, dans nos municipalités, dans nos
régions rurales, on fera un travail pour disséquer des listes
tous les agriculteurs qui auront un montant supérieur à $2,000 de
production agricole annuelle. Donc déjà, il y a un travail qui va
se faire au niveau des municipalités. Nous allons revenir avec une autre
loi, le bill 64, et nous allons redemander de faire un autre travail pour
enlever des listes de $1,000 à $2,000. Ne pensez-vous pas que nous nous
plaçons dans une situation où l'agriculteur aura à faire
face à une autre "paperasserie", à un autre exemple de
compléter des formules pour faire valoir que cela dépasse ou que
cela ne dépasse pas $2,000 ou $1,000?
Le problème qui se posera est le suivant : Un agriculteur, dans
sa paroisse, dans sa région rurale, dira: Moi, si je vends pour plus de
$2,000 de produits agricoles dans un an, je suis considéré comme
agriculteur pour l'évaluation foncière; mais, si je vends pour
plus de $1,000 par année, il faut que je paie ma cotisation syndicale.
Donc, d'une part, je suis considéré comme agriculteur et, d'autre
part, je ne suis plus considéré comme agriculteur. Cela posera un
problème.
Alors si le ministre a des arguments assez solides pour nous dire qu'il
faut rester à $1,000, je les accepterai, mais si les arguments sont plus
ou moins solides, je me demande si nous ne devrions pas envisager de placer,
dans cette loi, un montant de $2,000 pour rendre le bill 64 semblable à
la Loi du ministère des Affaires municipales.
Le premier ministre nous parle souvent de planification horizontale.
Nous donnerions là un exemple de planification horizontale entre
différents ministères où on établit un chiffre et
ce chiffre devient le chiffre officiel pour tous les ministères. Nous
éviterions ainsi que, dans les municipalités, on charrie, comme
cela, entre $1,000 et $2,000. Je pose la question même pas en
présentant un sous-amendement tout de suite. Mais ma première
idée était de présenter un sous-amendement pour hausser ce
montant à $2,000.
M. TOUPIN: Je pense que la confusion dont fait mention le
député de Nicolet est juste et véridique. Il y aura
confusion chez les agriculteurs, je suis entièrement d'accord avec vous
là-dessus. Mais j'aimerais quand même connaître votre
opinion. Personnellement...
M. VINCENT: Mon opinion personnelle, pour le moment, ce n'est pas
à analyser, ce serait $2,000...
M. TOUPIN: Personnellement...
M. VINCENT: ... pour éviter ce charriage.
M. TOUPIN: Mettons de côté le charriage et tentons
d'analyser la situation des agriculteurs. Par exemple, on a proposé des
chiffres. A $2,000 de revenu, on ramène le nombre des agriculteurs au
Québec à peu près à 45,000, alors que, pour les
différentes lois fédérales, les statistiques donnent
70,000 à 75,000 agriculteurs.
Si on ramène ce revenu à $1,000, ça nous met
à environ 55,000. Moi, je pense qu'à ce moment-là nous
sommes beaucoup plus réalistes. Je reste persuadé ou à peu
près je pense que plusieurs sont d'accord avec nous; vous n'avez
qu'à lire les journaux; ceux qui connaissent un peu l'agriculture et qui
font des déclarations le soutiennent qu'il n'y a pas beaucoup
plus au Québec que 50,000 à 55,000 agriculteurs qui sont
productifs, qui influencent le plus le marché agricole.
Si vous allez à $2,000, on ramène ce nombre à
45,000. C'est bien sûr que cela influence encore davantage. Mais on met
de côté une portion d'une dizaine de milliers de gars qui
sont considérés comme des agriculteurs, parce qu'ils
vendent pour $1,000. Celui qui vend pour plus de $1,000 de produits agricoles,
personnellement, au ministère, nous considérons qu'il doit
être défini comme un agriculteur.
Cela pose des problèmes avec d'autres lois qui sont
déjà en vigueur. Moi, je ne sais pas ce que le ministère
des Affaires municipales va faire, mais je serais intéressé
à discuter avec mon collègue de la possibilité de conflits
que ça peut créer et à regarder objectivement, encore une
fois ensemble, comment on peut uniformiser ces deux questions-là.
Si je soutiens la thèse des $1,000, c'est
précisément parce que je veux être objectif et que le
ministère aussi veut l'être à l'égard de tous les
producteurs du Québec. Si nous allons en bas de $1,000, nous touchons
certainement à des couches de la société qui ne tirent pas
10 p.c. ou 15p.c, même pas 5 p.c. de leur revenu de l'agriculture, et
nous allons les considérer comme des agriculteurs. Ce n'est pas logique
en soi. La norme de $1,000 nous parait raisonnable.
Le revenu moyen des agriculteurs est d'à peu près $2,300.
Or, évidemment, celui qui va chercher la moitié de son revenu
peut être considéré comme agriculteur. C'est pour ça
que nous avons pris le critère de $1,000. Je pense que nous sommes
objectifs.
M. PELLETIER: Les $2,300, c'est du profit? Tantôt, c'était
un revenu brut.
M. TOUPIN: C'était un revenu brut.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, si vous me le
permettez...
M. TOUPIN: Mais c'est plutôt le critère d'influence sur
l'ensemble.
M. LEDUC: Si je comprends, il y a une dizaine de milliers d'agriculteurs
qui sont reconnus comme agriculteurs aujourd'hui qui ne le seraient plus si on
va à $2,000.
M. TOUPIN: Exact.
M. LEDUC: Qu'est-ce qui arrive au ministère
peut-être que ma question n'est pas pertinente; qu'on me le dise et je
n'irai pas plus loin de l'Agriculture si quelqu'un, qui actuellement est
dans la catégorie des gens considérés comme agriculteurs,
par le fait qu'on dise $2,000 ne l'est plus? Si ce bonhomme a besoin d'aide
financière, qu'il veut prendre de l'expansion, etc., est-ce que le fait
qu'il n'est plus reconnu comme agriculteur parce qu'on a changé
la norme de $1,000 à $2,000 peut lui nuire pour donner de
l'expansion à sa ferme et aller faire un revenu brut de $15,000 ou s'il
n'y a aucun rapport du tout?
M. TOUPIN: Pas dans les lois actuelles.
M. LEDUC: D'accord.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Le chiffre de $1,000, à mon avis, est
déjà trop élevé. Si vous prenez le dernier
recensement fédéral, en 1966 il y en a eu un autre en
1971; je crois que les chiffres ne sont pas sortis il y avait environ
80,000 fermes au Québec. De ces 80,000 fermes, il y en avait 22,534 qui
avaient un revenu en bas de $1,200.
Actuellement il y en a environ 65,000; ça veut dire que,
même actuellement, si vous le laissez à $1,000, vous excluez
encore à peu près 18,000 producteurs dans le Québec.
M. TOUPIN: Là il faut s'entendre. Quel est le critère
qu'utilise le gouvernement fédéral pour définir ce qu'est
une ferme? C'est $50 et plus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais je comprends, ça veut dire,
si vous laissez ce chiffre à $1,000, que tous ceux qui sont en bas de
$1,000 sont exclus, vous excluez par le fait même environ 18,000 fermes,
18,000 producteurs.
En 1966, vous en aviez 28 p.c. ou 22,534 qui avaient un revenu
moindre...
M. TOUPIN: Cela fait quatre ans de ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais tout de même, aujourd'hui,
on calcule qu'il en reste à peu près 65,000, c'est donc dire
qu'il y aurait 18,000 producteurs qui seraient exclus. C'est pour ça que
j'ai un amendement, moi, pour réduire le montant, je ne sais pas
là, je pense que le député de Nicolet a proposé un
sous-amendement pour monter ça à $2,000?
M. VINCENT: Non, le sous-amendement pourra être
présenté tout à l'heure. Je pense qu'on est aussi bien de
vider la question, puis après ça on pourra présenter les
sous-amendements.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, vous excluez de la loi, justement,
les gens qui auraient le plus besoin d'un syndicalisme agricole.
M. TOUPIN: Non, je ne pense pas. Je ne pense pas, ce n'est pas juste que
de dire ça. Il faut quand même s'entendre à un moment
donné sur une profession agricole et ça fait longtemps qu'on
essaie de trouver un critère qui soit acceptable. Peut-être en
avons-nous trouvé dans le passé, mais on n'était pas
certain si on devait l'appliquer, et c'était encore plus confus dans le
passé que ça l'est maintenant.
Mais je pense que tout le monde va être d'accord là-dessus,
parce qu'on avait un beaucoup plus grand nombre de petits fermiers qu'on en a
aujourd'hui et on se rend compte aujourd'hui qu'on s'oriente vers des
fermes
beaucoup plus rentables. C'est tellement vrai, ça, que les
gouvernements, tant provinciaux que fédéral au Canada et
même dans les autres gouvernements, les autres pays, mettent de l'avant
des politiques pour essayer de venir en aide aux petites fermes, non pas sous
forme de subsides ou de subventions, mais sous forme de regroupement des
fermes, sous forme d'aide à l'aménagement de la ferme pour rendre
la ferme rentable.
Alors ça c'est l'objectif que poursuit la profession agricole. Et
si, par exemple, on est obligé de faire supporter par la profession
agricole, au niveau de la définition du producteur, tout le
problème social ou une partie du problème social de
l'agriculture, je ne pense pas que ça soit objectif.
Je ne pense pas que ça soit logique et je ne pense pas que ce
soit juste à l'égard de la profession agricole, qui vit en bonne
partie ou en totalité des revenus de sa ferme. Je ne pense pas que ce
soit juste. C'est la raison pour laquelle nous avons cru prendre le
critère de $1,000. Peut-être que dans quatre, cinq ou dix ans, le
critère ne sera même plus valable, parce qu'un gars qui vendra
pour $1,000 de produits sur sa ferme sera considéré comme un gars
qui a un hobby, pas plus que ça. Mais pour le moment, le gars qui
produit pour $1,000, il n'y a pas de doute possible dans notre esprit, il
influence le comportement de l'économie agricole au Québec; mais
celui qui met pour $250 de produits en marché n'influence pas du tout le
comportement.
Ce bonhomme-là va vendre la plupart du temps de porte à
porte ou il va vendre à ses amis à ses voisins ou à ses
frères ou à ses soeurs. Mais ça ne dépassera pas
ça. Cela n'influencera pas les mécanismes de mise en
marché. Cela n'influencera pas non plus les autres lois qui viennent
aider l'agriculture. On pense aux lois de crédit par exemple. On pense
aux lois d'aide au regroupement des fermes, etc. Alors, là on aura un
critère sur lequel on pourra s'asseoir un matin et dire: Les lois,
à l'avenir, au niveau de l'agriculture, vont s'appliquer
conformément à une définition comme celle-là et, si
on a pris cette définition-là, c'est parce qu'on croit que les
agriculteurs qui gagnent plus que $1,000 influencent assez l'agriculture pour
les considérer comme des industriels de l'agriculture ou, tout au moins,
comme des fermiers, comme des exploitants de ferme.
Si vous allez en bas de ce critère-là, je pense qu'on ne
corrige absolument rien et qu'on laisse encore, accrochés à la
profession agricole, d'autres citoyens qui vivent un peu de l'agriculture,
mais, pour qui, la solution ne se trouvera pas là. Elle va se trouver
ailleurs que dans l'agriculture.
Si on veut mettre $250 pour augmenter le nombre de membres de
l'association accréditée, je pense que ce n'est pas logique.
L'association n'est pas là pour représenter le plus de monde
possible; elle est là pour représenter ceux qui sont
représentatifs de la profession. C'est pour cela qu'elle y est et c'est
pour cela qu'on a mis $1,000.
M. LEDUC: Les chiffres du député de Sainte-Marie sont
basés, je pense, au niveau du gouvernement fédéral
qu'on me corrige si j'ai tort sur une exploitation qui rapporte $50 par
année. Evidemment, si on baissait à $25 par année, on
monterait peut-être à 110,000 cultivateurs. Je ne pense pas que
les chiffres que vous citez au départ soient logiques si on se fie sur
un revenu de $50 par année.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'après les statistiques de 1966, il
y avait 80,000 fermes au Québec. De ces 80,000 fermes, il y en avait
22,534 qui avaient un revenu moins de $1,200 par année, ce qui veut dire
28 p.c. Aujourd'hui, on présume qu'il y a environ 65,000 fermes. Si vous
laissez cela à $1,000, vous en excluez 18,000 automatiquement.
Lorsque vous syndiquez un groupe d'employés prenons un
autre secteur ce ne sont pas les gens avec les plus gros revenus qui
sont enthousiasmés et qui en ont besoin; c'est surtout pour
protéger ceux qui ont un faible revenu. De ces 18,000, il ne s'agit pas
d'inclure celui qui vend pour $15 de patates par année. Je pense qu'il y
a une ligne de démarcation qui serait plus juste. On pourrait diminuer
le chiffre de $1,000, car vous en excluez 18,000 qui sont de petits
producteurs, qui auraient bien plus besoin d'un syndicalisme puissant et fort
que ceux qui ont une production de $25,000.
M. TOUPIN: Ce ne sont pas de petits producteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien...
M. TOUPIN: Je voudrais bien que le député de Sainte-Marie
me comprenne à ce sujet. La définition du gouvernement
fédéral, c'est la vente de $50 de produits agricoles. Prenez les
$50 et ramenez-les à $250 et peut-être allez-vous déboucher
avec seulement 2,000 ou 3,000 de ces gars-là qui ne seront pas couverts
par les $1,000 plutôt de parler de 18,000.
Le gouvernement fédéral essaie, autant que possible
à partir des statistiques qu'il a, de déterminer quelles sont les
terres arables au Canada, quelles sont les terres susceptibles d'être
cultivées. Ce que nous voulons couvrir par la loi, ce n'est pas une
terre; c'est un fermier qui exploite une ferme, une terre. C'est ce que nous
voulons couvrir. Le problème des fermes marginales, on ne le
réglera pas par la commercialisation des produits agricoles; on ne le
réglera pas, non plus, en obligeant cette personne à devenir
membre d'une association professionnelle.
Si la profession agricole, dont on est considéré comme
membre avec $1,000 de revenu et plus, est responsable, elle va s'occuper du
regroupement de ces petites fermes-là. Elle va
demander au gouvernement ou élaborera elle-même des
politiques sociales pour venir en aide à ceux qui seront appelés
à quitter ces petites fermes-là. A ce moment-là, les
membres vont consolider leur propre profession et ils ne trameront pas avec eux
des personnes qui ne sont pas considérées comme des agriculteurs
non pas au sens d'une loi, mais au sens le plus simplement objectif du
terme.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'après les dernières
statistiques, quelle est la moyenne de revenu du cultivateur au
Québec?
UNE VOIX: C'est $2,300.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, $2,300,...
M. VINCENT: Justement, M. le Président,...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même si vous diminuez ce revenu
à $250, vous allez en exclure encore environ 6,000 ou 6,500; si vous le
mettez à $2,000, comme le suggère le député de
Nicolet,...
M. TOUPIN: Le principe n'est pas sur le nombre, je voudrais bien que
vous me compreniez là-dessus. Il ne s'agit pas d'un nombre
d'agriculteurs, il s'agit d'essayer de trouver celui qui peut jouer un
rôle positif dans l'exercice d'une profession donnée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous les excluez tous, vous n'avez pas
besoin de loi.
M. TOUPIN: D n'y aurait plus d'agriculture à ce
moment-là.
M. VINCENT: Justement, M. le Président, cette intervention du
Parti québécois, qui sort d'un colloque sur l'agriculture, me
surprend réellement. Les péquistes veulent garder 18,000
agriculteurs, mais des agriculteurs qui ont $250 de revenu brut par
année, ça veut dire à peu près $100 de revenu
net...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela n'a aucun rapport.
M. VINCENT: ... quand on sait...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'ils sont là actuellement, nous les
protégeons, s'ils viennent à disparaître...
M. VINCENT: ... qu'on a établi aux Affaires sociales que le seuil
de la pauvreté est de $3,400 net par année, le PQ veut nous
garder 18,000 agriculteurs avec un revenu brut de $250 par année, il va
en tenir des colloques pour des semaines et des semaines à venir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, si vous voulez charrier, nous
allons charrier ensemble. Nous n'avons pas fixé le maximum du revenu de
l'agriculteur à $2,300. Nous avons parlé de statistiques, elles
en sont là avec ce revenu.
M. VINCENT: Justement, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Laissez-moi finir de répondre
à votre affirmation.
M. VINCENT: C'est justement ce qui fausse les statistiques. Par le
passé, nous l'avons surtout remarqué au colloque du Parti
québécois à Drummondville, on prend le nombre total
d'agriculteurs qui figurent sur les listes statistiques, on dit qu'il y a tant
d'agriculteurs au Québec, nous faisons la moyenne et ça ne donne
qu'un revenu de $2,300 ou $2,400 par année; mais si on enlève des
listes ceux qui ne sont pas des agriculteurs, les 18,000 que veut inclure le
Parti québécois, qu'il veut considérer comme agriculteurs,
cela va remonter la moyenne à $3,000, $3,500, $4,000, $4,500 et,
à ce moment-là, il sera plus difficile de faire de la politique
sur le dos des agriculteurs en prenant ceux qui n'ont pas un revenu exclusif de
l'agriculture mais qui vivent de toutes sortes d'autres choses que
d'agriculture et qui n'ont qu'un revenu de $250 ou $300 par année brut
qui ne leur procure même pas un revenu net de $100 ou $150 par
année.
Je pense que ce n'est pas le point sur lequel il est très
important de discuter aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous me permettez, à l'occasion du
colloque, quand nous avons fait des statistiques,...
M. VINCENT: Oui, mais en partant de tous les agriculteurs qui sont
enregistrés sur les listes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... nous n'avons pas calculé la ferme
de l'ancien ministre, elle n'était pas incluse là-dedans.
M. VINCENT: Oui, elle est incluse, parce que si j'avais une ferme de
$250 de revenu brut par année seulement, je pourrais être membre
du Parti québécois, je n'aurais rien à perdre.
M. LEGER: M. le Président, il faudrait quand même
définir les objectifs à atteindre avec la création du
syndicalisme agricole. Le ministre disait tantôt que le but principal
était de pouvoir influencer l'économie, d'établir une mise
en marché. Nous sommes d'accord, mais est-ce qu'un but aussi important
n'est pas justement de protéger ceux qui ont un revenu quel que
soit le pourcentage, il faut l'établir provenant de la ferme?
Alors, s'il faut établir une sorte de surveillance, de protection pour
ceux qui ont un revenu, quand la moyenne de revenu est de $2,300 par
année actuellement et que... M. le Président, je pense que j'ai
la parole. J'ai laissé parler tantôt le député.
M. VINCENT: Non, à ce moment-là...
M. LEGER: Alors, $2,300 de revenu. Si vous le laissez à $1,000,
ceux qui gagnent de $500 à $1,000 ont quand même besoin
d'être protégés. Si on met au départ comme principe
que c'est uniquement pour pouvoir faire une mise en marché et influencer
l'économie, on oublie la protection du cultivateur qui gagne une partie
importante de son revenu. Parce que $500 à $1,000 ce n'est pas loin du
quart à la moitié des revenus d'un agriculteur. Très
souvent, dans ce domaine-là, on a besoin de ce quart ou de ces deux
cinquièmes...
M. VINCENT: C'est faux.
M. LEGER: ... de revenu pour boucler son budget. Je comprends, par
exemple, que le ministre a peut-être d'autres points de vue à
faire valoir mais il y en a un qui me frapperait, entre autres, c'est au niveau
du référendum. S'il faut 60 p.c. des cultivateurs pour
établir un référendum et qu'on laisse peut-être
70,000 ou 75,000 cultivateurs, cela peut être plus dur à obtenir
les 60 p.c. qui voteront en faveur de l'affaire. Quand même, il faut
tenir compte que ceux qui ont un revenu de $500 à $1,000 provenant de la
ferme, peut-être qu'ils en ont absolument besoin. Ce sont eux qu'on va
peut-être forcer à se regrouper. Avant qu'ils ne partent, ils
voudraient bien avoir leur mot à dire dans ce domaine-là. Je
pense qu'il faut tenu-compte des deux aspects.
M.TOUPIN: Je pense que le député de Lafontaine va me
comprendre au moins sur un point. Je suis d'accord avec lui sur une certaine
partie. J'espère qu'il va me comprendre sur le point suivant: Je
voudrais qu'il fasse une distinction entre un résident de ferme et un
fermier. Si vous voulez regrouper les fermes, vous ne vous baserez pas sur le
revenu. L'agriculteur qui a $5,000, $6,000, $7,000 ou $10,000 de revenu a sa
ferme", lui. C'est un professionnel. S'il a besoin d'agrandir sa ferme pour
atteindre $20,000 de revenu, il va essayer d'acheter la ferme du gars qui, lui,
est résident et vend pour $100, $200, $300, $500 ou $600 de produits par
année. C'est celle-là qu'il va viser à aller chercher.
C'est de l'aménagement du territoire par un agriculteur,
professionnel qui essaie d'acquérir une autre terre pour augmenter son
revenu. Si celui qui a $200 ou $250 veut devenir un agriculteur, il n'a qu'une
chose à faire, c'est d'acheter deux, trois ou quatre autres terres
d'autres producteurs qui vont chercher seulement $250 et se former une
entité rentable. Ainsi, il sera considéré comme un
agriculteur.
H ne faut pas confondre le problème de la profession agricole
avec le problème du regroupement des fermes et de l'aménagement
du territoire et du résident sur les fermes. Il ne faut pas les
confondre. Vous pouvez trouver un gars qui a cinq ou six arpents de terre et
qui va aller chercher ses $250 de revenu par année là- dessus. On
va le considérer comme un agriculteur? Le gars travaille à la
CIP, travaille à Reynolds, travaille je ne sais où, un peu
partout, on le considère comme un agriculteur. Les statistiques sortent
à la fin de l'année et on fausse toute la notion des revenus de
l'agriculture et, après cela, on est prêt à dire n'importe
quoi sur l'agriculture. On est prêt à dire n'importe quoi:
l'agriculture s'en va à la ruine au fond alors qu'on fausse absolument
les statistiques parce qu'on a peur de se prononcer à un moment
donné sur un critère qui soit objectif par rapport à une
profession donnée, notamment celle de l'agriculteur.
C'est la raison pour laquelle on soutient les $1,000. On est beaucoup
plus objectif à ce moment-là. Si vous voulez régler le
problème de l'aménagement du territoire, ne procédez pas
par le projet de loi 64, procédez par d'autres lois. Vous pouvez
procéder par la Loi du crédit agricole, vous pouvez
procéder par d'autres lois qui, celles-là, peuvent au moyen de
motivations financières, au moyen de zonage d'un secteur donné,
inciter au regroupement des fermes.
M. LEGER: Autrement dit, votre principe est de sauver l'agriculture et
pas nécessairement l'agriculteur.
M. TOUPIN: Ici, cela ne sauve rien.
M. LEGER: C'est pouvoir faire un réaménagement.
M. TOUPIN: C'est que ça donne aux agriculteurs professionnels
l'occasion de se regrouper et de travailler ensemble pour sauvegarder leurs
intérêts. Mais nous considérons que l'agriculture
professionnel n'est pas celui qui gagne $250 par année sur sa ferme,
c'est celui qui fait au moins $1,000.
M. LEGER: D'accord.
M. VINCENT: Quant à l'autre, c'est le problème social du
milieu rural.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quand on dit qu'on devrait réduire
cela à $250, je comprends que l'ancien ministre a voulu faire de la
petite politique avec cela tantôt, il a voulu mêler les cartes, je
pense que son affaire n'a pas collé tellement, en tout cas... mais cela
ne veut pas dire que le Parti québécois se satisfait de ce revenu
et dise: C'est ça un cultivateur. Vous n'aviez qu'à régler
le problème quand vous étiez là et le ministre n'a
qu'à le régler.
M. LEDUC: M. le Président, je voudrais vous faire remarquer qu'il
est midi trente.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A mesure qu'on réglera le
problème, ils en sortiront ou ils feront autre chose.
M. LE PRESIDENT: Nous reprendrons à 2 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 14 h 35
M. FRASER (président de la commission parlementaire permanente de
l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs!
Est-ce qu'on est prêt? Nous commençons.
M. VINCENT: Nous en étions à discuter, M. le
Président, l'amendement proposé par le ministre de
l'Agriculture.
M. TOUPIN: Oui, c'est exact.
M. VINCENT: C'est un amendement qui ajoute à l'article 1 j) un
quatrième paragraphe, qui se lit comme suit: "Une personne dont la
production agricole destinée à la mise en marché est d'une
valeur annuelle inférieure à $1,000".
M. le Président, d'abord, je voudrais dire que ce n'est pas
tellement sur la question du montant que nous en sommes présentement,
mais plutôt sur des circonstances qui nous ont amenés, quelques
jours avant la période des Fêtes, à adopter un autre projet
de loi qui exemptait de l'impôt foncier les agriculteurs dont la ferme
avait une production annuelle de moins de $2,000, soit le bill 48.
M. le Président, je pourrais faire un très bref historique
des circonstances qui ont amené le ministre des Affaires municipales
à changer cet article de son projet de loi qui, en définitive,
améliorait considérablement le projet de loi no 48. Le ministre
des Affaires municipales nous avait dit, à ce moment-là, qu'il y
aurait consultation entre lui et son collègue de l'Agriculture pour en
arriver à une meilleure définition. Lorsque nous avons
adopté le projet de loi no 48 soit dit en passant, il devra
revenir devant la Chambre si le ministre ou le gouvernement y consent, avec des
amendements majeurs pour protéger les agriculteurs; c'est le souhait que
je fais nous n'avions pas les amendements que le ministre devait
apporter au bill 64. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas
discuté de ce montant de $2,000 inclus dans le bill 48, car,
peut-être de bonne foi ou de mauvaise foi, nous pensions que ce montant
serait le même officiellement inclus dans le bill 64.
Mais là où j'en suis aujourd'hui, c'est que, d'une part
remarquez bien ce qui se produira dans nos régions rurales
les agriculteurs nous diront ceci: Lorsqu'il s'agit de payer, comme
agriculteur, une cotisation syndicale, on nous parle d'un montant de $1,000 et,
lorsqu'il s'agit de recevoir des exemptions, on nous parle d'un montant de
$2,000.
Et je voudrais revenir ici en disant que ce n'est pas tellement sur le
montant que ce soit $1,000, $1,500 ou $2,000 mais il aurait fallu
nécessairement comme le prêche souvent le premier ministre
une planification horizontale, qu'on ait le même montant dans les
deux ministères; ou, dans les deux définitions, il faut que ce
soit le même montant qui s'applique. De cette façon, ça
éviterait une foule de problèmes qui vont se poser au niveau de
la fabrication des listes, parce qu'on ne pourra pas se servir des mêmes
listes pour l'évaluation foncière et pour la Loi du syndicalisme
agricole, et vice versa.
Si nous étions certains que le gouvernement a l'intention de
rappeler le bill 48, y apporter certains amendements surtout en ce qui
concerne la classe agricole et de remettre à $1,000, dans le bill
48, le montant qui est inscrit à $2,000, ce serait beaucoup plus facile
pour nous aujourd'hui de dire: Allons-y pour $1,000 en ce qui concerne la Loi
du syndicalisme agricole, parce que les deux montants seront les
mêmes.
Mais, si nous n'avons pas cette certitude, je croirais qu'il faudrait
nécessairement inscrire dans cette loi un montant de $2,000. Et
ça va beaucoup plus loin que ça. Si nous inscrivions le montant
de $2,000, vu que ça existe déjà dans une autre loi, nous
pourrions ainsi commencer à établir des listes d'agriculteurs
dans la province de Québec, des listes qui se tiennent.
Il faut quand même se rendre compte que, lorsqu'un agriculteur a
des ventes brutes pour $2,000 par année, ce ne sont pas $2,000 de
profit, c'est $800, $500 ou $1,000 de profit, à peu près la
moitié, surtout quand on considère l'industrie
laitière.
On pourrait commencer ainsi à établir des listes
réelles d'agriculteurs du Québec, au moins ceux qui ont $2,000 et
plus de revenu, et éviter de tomber dans ces extrêmes comme
nous l'a démontré le député de Sainte-Marie cet
avant-midi qui ont toujours existé dans le passé,
où sur le plan statistique on prenait le recensement
fédéral. Au recensement fédéral on inscrit tous
ceux qui vendent pour plus de $50 de produits agricoles par année; ils
sont considérés comme agriculteurs. Et, à la fin de
l'année, on dit qu'il y a 75,000 ou 80,000 agriculteurs au
Québec; on divise le revenu brut ou le revenu gros de toute
l'agriculture du Québec par 72,000 ou 75,000 ou 80,000 et on arrive
à une moyenne de $2,300 par année.
Cela a fait dire au député péquiste de Sainte-Marie
que l'agriculture est dans le marasme. Cela a fait dire au député
péquiste de Sainte-Marie qu'en agriculture c'est illogique d'avoir un
revenu moyen. Quand on se sert de ces statistiques, le député de
Sainte-Marie a raison. Et ç'a fait dire également aux
journalistes, aux gens qui sont sur la place publique, que l'agriculteur du
Québec est une partie insignifiante de notre économie. Si on est
pour laisser 72,000 ou 80,000 agriculteurs vivre avec un revenu brut de $2,300
par année, bien ç'a fait dire à des organismes, comme on
l'a vu la semaine dernière quand ils ont disséqué le
budget du ministère de l'agriculture, des sottises, quand on a dit par
exemple qu'il y a seulement $5 millions qui s'adressent à la
commercialisation, qu'il y en a un autre pourcentage qui s'adresse par exemple
aux fonctionnaires qui sont payés.
Je ne veux pas reprendre le mémoire du conseil de l'alimentation,
mais il faudrait quand
même mentionner qu'il y a là des inspecteurs, des
médecins vétérinaires et une foule de fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture qui travaillent pour la mise en
marché, en inspectant les fruits et légumes, en voyant à
la salubrité du lait, à la salubrité des aliments.
Cela éviterait justement qu'on parte d'un secteur aussi important
que l'agriculture et qu'on prenne ces statistiques-là et qu'on fausse le
sens réel de l'économie agricole du Québec. Et même
si, à la fin de l'année, on arrivait avec 45,000 ou 48,000
personnes qui sont dans l'agriculture et qui ont un revenu brut
supérieur à $2,000, même à ce moment-là, moi,
je serais plutôt d'avis qu'un vrai agriculteur ou un agriculteur qui a
une organisation valable, au lieu de payer $15 de contribution annuellement,
pourra en payer $20 ou $25 et ça sera beaucoup plus intéressant
pour lui d'avoir des services que d'aller chercher, comme le
député de Sainte-Marie le mentionnait, 18,000 personnes qui,
statistiquement, sont agriculteurs mais qui ne l'ont jamais été
de leur vie.
Je présume du sous-amendement qu'apportera le
député de Sainte-Marie, s'il l'apporte, mais avant de voir son
sous-amendement, si je n'ai pas cette assurance qu'on apportera des
modifications à la loi 48 sur le montant de $2,000 qui est inscrit, moi
je propose, comme sous-amendement, que l'amendement du ministre soit
sous-amendé en remplaçant les mots "à $1,000" par les mots
"à $2,000".
J'en fais un sous-amendement pour les raisons que j'ai
invoquées.
M. TOUPIN: M. le Président, je pense que le député
de Nicolet pose des conditions qui ne m'apparaissent pas vraiment valables.
Cette loi-ci est une loi qui tente de déterminer, de façon assez
précise, la profession agricole.
Le bill 48 n'avait pas cette prétention, tout comme le projet de
loi sur l'évaluation foncière ne visait pas à
définir un agriculteur. Il visait, dans le cadre de l'impôt
foncier, à protéger un peu l'agriculture. Ce sont deux lois qui
ont un caractère bien différent.
L'essentiel de la loi actuelle n'est pas l'essentiel du bill 48 ou de la
Loi sur l'évaluation foncière. Je ne vois pas pourquoi le
député de Nicolet pose cette condition. Je l'ai assuré
tantôt, et je suis prêt à l'assurer encore, que je vais en
discuter avec mon collègue des Affaires municipales et avec des
députés ici présents qui ont participé très
activement à la rédaction de cette loi, qui la connaissent
très bien. Je suis prêt à entamer avec lui des
négociations et regarder quelle serait la répercussion sur sa loi
d'un ajustement à $1,000, de la définition qu'il donne, lui,
à l'agriculteur pour les fins de sa loi, mais je ne vois vraiment pas
pourquoi on pose telle condition.
Objectivement parlant, si le député de Nicolet est
objectif comme je sais qu'il peut l'être, de temps en temps tout
au moins il va comprendre que si nous nous entendons nous qui
oeuvrons dans l'agriculture et qui connaissons un peu mieux l'agriculture que
les autres sur une définition, cela deviendra plus facile,
après, d'ajuster l'ensemble de nos autres lois. Dans le passé,
c'était difficile parce qu'on n'avait pas d'endroit, où l'on
pouvait se référer de façon claire. Maintenant, on aura un
endroit, on aura la Loi du syndicalisme agricole qui tente une
définition objective de l'agriculteur. Théoriquement et
objectivement, toutes les autres lois qui traiteront dorénavant de
l'agriculture et qui auront certaines incidences sur la définition de
l'agriculteur devront adopter cette définition-là qu'on retrouve
dans la loi qui s'adresse, pour une fois, à une profession agricole, qui
s'adresse assurément à la profession agricole.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le ministre, vous nous avez dit la même
chose lors de l'étude du bill 48 je me rappelle bien de cela
quand on vous a demandé la définition d'un agriculteur.
Vous nous avez répété ce que vous venez de dire.
M. TOUPIN: Non.
M. LAVOIE (Wolfe): Ce n'est pas encore défini.
M. TOUPIN: Quand j'ai discuté le bill 48 je l'ai dit
même lorsqu'on a présenté le bill 64 en première
lecture et lorsqu'on l'a discuté en commission parlementaire j'ai
dit que nous n'avions pas de définition de l'agriculteur. On avait,
à ce moment-là, décrit l'agriculteur comme une personne
qui met en marché un produit. On n'en avait pas. On n'en avait pas plus
lorsqu'on a discuté le bill 48 mais on s'est entendu, au niveau du bill
48, sur ce montant de $2,000.
On a fait, au ministère, des statistiques qu'on n'avait pas
avant. Quand je vous disais tantôt que les agriculteurs qui produisent
pour $1,000 et plus peuvent avoir une incidence sur le développement de
l'agriculture, du moins sur le développement économique, on avait
des statistiques. Ceux qui produisent entre $1,000 et $2,000 par année
de produits agricoles, ils en vendent pour $18 millions. Ils sont assez
nombreux on l'a vu avant midi ils sont au nombre de 10,000 ou
11,000; ils étaient, en 1969, au nombre de 12,000 mais en 1971-1972 on
présume qu'ils vont se ramener à peu près à 9,500.
On sent qu'il y a là un impact. Ceux qui sont en bas de ça, cela
peut représenter peut-être, tout au plus, $1 million ou $2
millions de vente de produits agricoles sur un total de $700 millions. On voit
absolument que ça ne peut avoir aucune influence économique sur
l'agriculture alors que les autres peuvent en avoir une. C'est à partir
de ces données qu'on s'est rendu compte que les $1,000 nous
apparaissaient être une définition objective. Mais, si on pose une
condition d'amender une autre loi
lorsqu'on discute celle-ci, je pense qu'on manque un peu
d'objectivité et qu'on devrait discuter les lois chacune dans leur
cadre. Maintenant qu'on s'entend sur une loi-cadre de l'agriculture...
M. LAVOIE (Wolfe): Un jour tout de même, il va falloir
définir ce qu'est un agriculteur.
M. TOUPIN: Mais si le député de Nicolet pose cette
condition-là pour le bill 48, qu'il la pose pour toutes les autres lois
où on parle de l'agriculture et où on tente de trouver une
définition. A ce moment-là, amendons toutes les lois où on
parle de ça. A mesure que les lois pourront s'amender dans le temps et
à mesure qu'on en aura des nouvelles, on tiendra compte de ce
facteur-là qui, présentement, a été établi
avec objectivité, qui a fait le consensus et qui se trouve dans une loi
professionnelle.
M. VINCENT: J'en conviens avec le ministre que dans le bill 48, on a
évité, après ces discussions, de définir le mot ou
le terme "agriculteur" ou "producteur". Cela a été une
amélioration qu'on a eue pour le bill 48. On ne définit pas, dans
le bill 48, le terme "agriculteur" ou "producteur", on définit seulement
le terme "ferme", pour évaluation foncière. J'admets que le
gouvernement à ce moment-là a fait un effort pour enlever une
ambiguïté qui existait et pour laquelle nous, et également
d'autres organismes, avons fait des démarches. Là où j'en
suis présentement, c'est que, pour la première fois et le
ministre en conviendra avec moi on inscrit dans des projets de loi des
montants d'argent.
Dans un projet de loi, on inscrit: la ferme devra produire pour plus de
$2,000 pour qu'on bénéficie des exemptions comme agriculteur ou
pour être considérée comme une ferme agricole. Dans une
autre législation, on dit $1,000 pour que l'agriculteur puisse
être cotisé; si c'est moins de $1,000, il n'est pas
cotisé.
Donc, je pense que nous sommes d'accord que l'on n'ait pas, dans le bill
48, défini le terme "agriculteur", mais on le définit dans la Loi
du syndicalisme agricole. A ce moment-là, on dit que toute personne
produisant pour $1,000 et moins est exemptée. C'est là que je me
pose la question. Si, dans les lois futures, nous inscrivons des chiffres,
n'aurait-il pas été mieux, pour être logique, de ne pas
inscrire, dans une loi, une somme d'argent, mais plutôt de la
définir par arrêté en conseil, par règlement? Parce
qu'il ne faut pas oublier que c'est inscrit dans la loi, $2,000, et, dans dix
ou quinze ans, si la loi n'est pas amendée, ce sera encore $2,000. Dans
la Loi du syndicalisme agricole, dans un, deux ou trois ans, si la loi n'est
pas amendée, ce sera encore $1,000.
Il me semble qu'il y a eu un manque de communication. Je ne veux pas en
faire un reproche au ministre, parce que je sais et je suis même
porté à croire que les autorités ou les responsables du
ministère de l'Agriculture ont été beaucoup plus saisis du
problème, l'ont beaucoup mieux compris que les autorités ou les
officiers du ministère des Affaires municipales. Ce n'est pas un
reproche au ministre que je veux faire, mais c'est quand même un reproche
que je veux faire au gouvernement, quand il prépare des lois, de ne pas
assez tenir compte des revendications ou des démarches qui peuvent
être faites par un ministère comme le ministère de
l'Agriculture. A ce moment-là, je suis certain que le ministre des
Affaires municipales n'aurait pas inscrit dans son projet de loi une somme de
$2,000 sans avoir l'approbation complète, à 100 p.c, du ministre
de l'Agriculture. Le ministre de l'Agriculture le sait, il va le constater
à l'avenir, ça va poser des problèmes dans les
municipalités et chez les individus.
M. TOUPIN: Je suis d'accord avec le député de Nicolet sur
ce point. D'ailleurs, je l'ai dit tantôt. Tout ce qui peut être de
nature, dans l'avenir, à porter confusion au niveau des agriculteurs, je
pense qu'il faut absolument l'éliminer. Il faut éviter cette
sorte d'interprétation de la définition de l'agriculteur. C'est
la raison pour laquelle nous avons convenu d'inscrire un chiffre dans la Loi du
syndicalisme agricole. D'ailleurs, dans les autres lois, c'est beaucoup plus
souple. Dans le bill 48, la définition d'une ferme, c'est dix arpents en
culture ou une somme de $2,000 de revenu.
Encore là, il y a peut-être encore un peu
d'ambiguïté, mais il y a au moins deux critères, et
l'agriculteur ou l'administrateur municipal peut prendre l'un ou l'autre des
critères. On sait comment cela se produit la plupart du temps, ou prend
toujours le critère le plus favorable. Alors le critère le plus
favorable sera probablement dix arpents en culture. Ce sera celui-là que
nous allons utiliser probablement dans le temps.
M. VINCENT: II faudra faire attention, ce n'est pas "ou", c'est "et
d'une superficie supérieure à dix acres et de toutes fermes
produisant un revenu brut supérieur à $2,000 par année."
Si le gars a, par exemple, 15 acres et s'il ne produit pas $2,000 par
année, est-il exclu?
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Ce n'est pas "ou"?
M. TOUPIN: C'est "et".
M. VINCENT: Ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est l'un avec l'autre.
M. TOUPIN: II y a quand même un critère de souplesse qu'on
ne retrouve pas dans le bill 64 et c'est la raison pour laquelle,
personnellement, je ne peux pas m'engager à dire: Oui, je vais
rencontrer mon collègue et nous allons décider demain matin
d'amender sa loi et de
mettre $1,000. Alors il faudra peut-être regarder quel impact cela
peut avoir dans le cadre de sa loi et peut-être qu'il y aurait lieu de
jouer sur les deux critères, soit les "15 arpents" ou les "$2,000", ou
les 15 acres, je ne sais pas si ce sont des acres ou des arpents. Des acres. Il
y aurait donc lieu de regarder cela sérieusement. Si vous me la posez
comme condition dans le cadre de la discussion de cette loi-là, je ne
sais pas remarquez bien que je ne préjuge pas et je ne veux
prêter d'intention à personne mais il m'apparaît
évident qu'objectivement on ne devrait pas mêler les deux, mais
qu'objectivement on devrait à l'avenir tenir compte de la
définition qu'on retrouve dans la Loi des syndicats professionnels.
M. VINCENT: C'est ententu qu'on ne devrait pas mêler les deux,
c'est la raison pour laquelle nous n'aurions pas aimé que les deux se
mêlent ou s'entremêlent. Si, par exemple, le ministre était
arrivé, dans sa loi, avec $2,000 et que nous ayons déjà
$2,000, cela ne poserait aucun problème. Le problème ne se pose
pas sur la somme, sur le montant, sur le calcul de ce montant-là, c'est
qu'il y aura deux lois dont l'une parlera de $2,000 et l'autre, de $1,000.
M. TOUPIN: Mais qui n'ont pas tout à fait les mêmes fins,
quand même.
M. LEDUC: On compare, M. le Président, deux choses qui sont
totalement différentes, je pense. Je suis bien d'accord avec le ministre
de l'Agriculture qui dit au député de Nicolet qu'il ne veut pas
S'engager au nom de son collègue, le ministre des Affaires municipales,
en disant qu'il y aurait un amendement à la loi 48. Cependant, si ma
mémoire est bonne, le ministre de l'Agriculture a dit qu'il était
prêt à rencontrer le ministre des Affaires municipales. On ne peut
pas, je pense bien, s'engager au nom du ministre des Affaires Municipales qui
n'est pas ici. Dieu merci, il est en vacances; qu'il en profite et qu'il
revienne bien bronzé. En attendant, nous avons quand même une loi
qui a été faite en fonction du syndicalisme agricole. Est-ce
qu'il y a anomalie entre les deux montants, est-ce qu'il y a correction
à apporter? C'est possible. Je ne veux pas dire qu'il y en a pu qu'il
n'y en a pas, mais le législateur demeure humain et il peut se tromper
quelquefois.
Il n'y a aucune honte à faire des amendements si c'est
nécessaire ou à maintenir la loi telle qu'elle est si c'est
jugé valable. Les critères ou les normes qui ont
été utilisés pour établir ces termes de quinze
arpents et de $2,000 dans le projet de loi 48 et ce que nous avons ici dans le
projet de loi 64, c'est probablement bien défendable dans les deux
cas.
Mais on ne peut pas, je pense, M. le Président, demander au
ministre de l'Agriculture plus que ce qu'il a offert lui-même,
c'est-à-dire de rencontrer son collègue et essayer de voir s'il
n'y a pas moyen de créer une espèce de standardisation des
chiffres ou des montants. Il est possible qu'il puisse y avoir un amendement
comme il est possible qu'il n'y en ait pas. Mais c'est assez difficile pour
nous et je pense bien que le député de Nicolet va
être le premier à l'admettre d'accepter l'amendement ou de
ne pas l'accepter, selon ce changement qui pourrait arriver dans la loi 48. On
ne peut pas s'engager à cela ici. Je pense qu'il est bien placé
pour le comprendre.
M. VINCENT: M. le Président, j'admets; si j'étais avocat,
je dirais: Mon savant collègue, le député de
Dorion,...
M. LEDUC: Taillon, j'aime bien Dorion mais je préfère
Taillon.
M. VINCENT: ... alors qu'il présidait la commission parlementaire
des Affaires municipales...
M. LEDUC: Président, j'étais neutre.
M. VINCENT: ... alors que le député de Taillon
était neutre, il a pu constater que nous avons eu exactement, presque
mot pour mot, la même discussion aux Affaires municipales. Et, à
ce moment-là, le ministre des Affaires municipales nous disait : Je ne
peux pas m'engager pour le ministre de l'Agriculture, c'est une loi
différente; nous allons avoir des consultations et nous arriverons,
probablement, à une certaine uniformité. Nous avions cru que
cette uniformité serait atteinte. Nous avons adopté la loi 48
nous avons vu le montant de $2,000 à la demande du premier
ministre nous disant: Si vous voulez avoir le syndicalisme agricole,
votez-nous, comme des bons garçons, la loi 48. Et, à ce
moment-là, tout le monde s'est dit: Nous allons voter la loi 48, quitte
à revenir avec des amendements. Et d'ailleurs, plusieurs l'ont compris
comme ça. Quelques minutes plus tard, à 11 h 10 exactement,
après avoir voté la loi 48, nous avons eu des amendements au
projet de loi 64 qui parlaient de $1,000.
C'est là que, je pense, nous avons eu cette surprise de voir que
la consultation n'avait pas donné les fruits qu'on aurait
espérés. En ce qui me concerne, je reviens simplement
là-dessus, je sais que je ne peux pas présenter un
sous-amendement conditionnel mais j'ai mentionné: Comme nous ne savons
pas si la loi 48 sera ou ne sera pas amendée, je propose comme
sous-amendement on ne sait pas si la loi 48 le sera ou ne le sera
pas qu'on inscrive une somme de $2,000 au lieu de la somme de $1,000.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. LEDUC: Est-ce que le député de Sainte-Marie me permet
une question au député de Nicolet? Est-ce que l'objectif que le
député de
Nicolet vise en disant $2,000 plutôt que $1,000 est exclusivement
pour qu'il y ait une continuité au sein de la législation ou si,
effectivement, pour l'agriculteur, ça lui rend service d'avoir $2,000
dans le projet de loi 64?
M. VINCENT: Les deux.
M. LEDUC: Entre nous, je pense bien qu'on peut viser une standardisation
des chiffres à l'intérieur de lois présentées par
le gouvernement mais l'objectif que l'on vise avec la Loi du syndicalisme
agricole est de donner un autre outil aux agriculteurs.
M. VINCENT: Aux vrais agriculteurs.
M. LEDUC: Oui, aux vrais agriculteurs non pas à ceux qui, comme
moi, vendent pour $200 de pommes par année. Ce n'est pas mon boulot
principal, je pense bien. Alors, donner aux vrais agriculteurs un autre
outil.
M. VINCENT: Ce sont...
M. LEDUC: Est-ce que les $2,000 lui rendent service ou si c'est
strictement de la standardisation?
Je ne parle pas de rendre service au niveau d'une loi face à une
autre, mais dans la vie de tous les jours, dans le pratique, est-ce que cela
lui rend service?
M. VINCENT: Les deux sont à considérer. D'abord, nous
avons discuté à plusieurs reprises sur la définition du
terme "agriculteur". On en est arrivé, par exemple, à des
suggestions: celui dont la principale occupation serait l'agriculture et qui en
tirerait la majeure partie de son revenu. C'est une définition. La
deuxième définition, c'est le ministre des Affaires municipales
qui l'a apportée, en mentionnant $2,000 et plus. C'est une autre
définition. Une autre définition, celle du ministre de
l'Agriculture, soit $1,000 et plus. Tout cela peut s'atteindre par
étapes. Cela peut être $1,000 cette année; dans cinq ans,
ce sera peut-être $2,000, ce sera peut-être $3,000. Mais là
où j'en suis, c'est que, même s'il faut, à un moment
donné, circonscrire dans un groupe donné les agriculteurs qui
dépassent un certain stade, s'il faut les englober dans un groupe
donné, il faut que ce soient les vrais agriculteurs de la province, pour
éviter ce que j'ai mentionné tout â l'heure; je ne veux pas
me répéter. Mais qu'on commence par un critère. Si le
critère est établi à $1,000, qu'on l'établisse
à $1,000. Dans deux ans, dans trois ans, ce sera peut-être $1,500,
ce sera peut-être $2,000, ce sera peut-être $2,500. Donc, c'est un
premier point.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on commence à $1,000 ou
à $2,000. Chaque montant peut avoir ses avantages et ses
désavantages. Mais là où l'objection se pose, c'est que
si, par exemple, dans une loi on commence à $2,000 et dans l'autre on
commence à $1,000, il faudra se rejoindre à un moment
donné. Il aurait été préférable de faire
venir Salomon et de lui dire; Tranche donc cela en deux, mets cela à
$1,500. Là, nous aurions peut-être donné satisfaction
à tout le monde.
Ce sont donc les deux objectifs qu'il faut poursuivre:
l'uniformité et, également, en arriver un jour à voir,
à la fin de l'année, s'il y a 50,000 ou 60,000 agriculteurs au
Québec, que ce soient réellement des personnes qui se donnent la
peine d'être en agriculture.
M. LEDUC: Mais, en créant l'uniformité, par exemple,
est-ce qu'effectivement on rend service? Il y a une priorité ou un
choix, si vous voulez, qu'il faut établir face à la loi actuelle.
Je ne dis pas qu'il ne faudra pas changer la Loi de l'évaluation
municipale. S'il faut la changer, nous la changerons. Je pense bien que
personne ne sera assez "con" pour essayer de tenir tête juste pour
l'idée de tenir tête. Je pense bien que nous avons des gens
intelligents.
M. VINCENT: Vous avez même le ministre des Finances du
Québec...
M. LEDUC: Est-ce que, dans la discussion d'aujourd'hui, face à la
Loi du syndicalisme agricole, les $1,000 ne rendent pas effectivement plus
service à l'agriculteur que les $2,000?
M. VINCENT: Nous pourrions discuter de cela longuement. Il y a des pour
et des contre, il y a des avantages et des désavantages. Même le
ministre des Finances, juste avant les Fêtes, nous a annoncé qu'il
y aurait une loi pour placer le contribuable du Québec sur la même
base d'exemption d'impôt que les contribuables du gouvernement
fédéral, pour avoir une certaine uniformité, pour que le
type ne dise pas: Quand je paie au fédéral, on m'exempte de
$2,850 et, quand je paie au provincial, on m'exempte seulement de $2,000.
Sur le plan pratique le député de Taillon le
comprendra psychologiquement, vous arriverez devant les agriculteurs et
ils vous diront: Quant il s'agit pour moi de payer, que ce soit ma cotisation
syndicale ou autre chose, on me donne une exemption de $1,000. Donc, prenez
l'agriculteur qui a une production annuelle de $1,250. D'après le bill
64, il est obligé de payer sa cotisation syndicale, d'accord, si la loi
est adoptée comme telle. Mais, d'un autre côté, le
même agriculteur peut dire: Lorsqu'il s'agit de faire considérer
ma ferme comme une ferme et non pas comme un emplacement quelconque, on exige
un revenu brut de $2,000. Donc, quand c'est le temps de payer, on me donne une
exemption de $1,000 et, quand c'est le temps de recevoir Une compensations, on
exige $2,000. Psychologiquement, on place l'agriculteur dans une position
où il peut critiquer sévèrement le gouvernement.
Vous savez que nous, dans notre travail d'Opposition, nous ne voudrions
pas qu'on critique le gouvernement actuel.
M. LEDUC: Vous faites bien votre boulot comme Opposition.
M.VINCENT: II y a assez des 100,000 nouveaux emplois. Lorsque nous
prenons les chiffres exacts, nous voyons que ce ne sont que 26,000 au cours de
la dernière année.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. LEDUC: Nous pourrions parler longuement aussi des 100,000...
M. TOUPIN: ... le député de Nicolet présente les
chiffres à sa façon.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le ministre a
proposé un amendement pour fixer cela à $1,000.
M. TOUPIN: Le député de Nicolet s'improvise
économiste.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Ceux qui ont $1,000 et plus sont inclus dans
la loi et ceux de moins de $1,000 sont exclus. Le député de
Nicolet propose de hausser ce chiffre à $2,000. Nous, nous parlons de
$250. Nous sommes pas mal à l'opposé les uns des autres. Voici
pourquoi. Même à $1,000 vous excluez 18,000 producteurs environ,
dans le Québec.
M. TOUPIN: Non, moins que ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): En prenant les $1,000, vous en excluez
combien d'après vos chiffres?
M. TOUPIN: C'est-à-dire que si nous partions de $2,000
plutôt que de $1,000...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça, un revenu de $1,000 et
plus. Vous allez en exclure combien?
M. VINCENT: Avant de donner votre chiffre, il faudrait quand même
s'entendre: exclure des agriculteurs ou des noms. Parce que le
député de Sainte-Marie s'imagine que, quand on exclut des
personnes qui ont $250, $50, $200, $300, ce sont des agriculteurs qu'on exclut,
c'est faux. Ce ne sont pas des agriculteurs qu'on exclut, ce sont des noms qui,
dans les statistiques, sont considérés comme des
agriculteurs.
M. LEDUC: Ce sont des gens qui ont un "hobby" et qui s'amusent à
cultiver des carottes et des pommes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vais vous dire la définition du
mot "producteur", actuel- lement: ce sont tous ceux qui ont un revenu venant
des produits de la ferme, etc. Il faut que ce producteur ait $1,000 et plus de
revenu de sa ferme pour être inclus dans la loi. S'il a $1,000 ou moins,
il est exclu. C'est votre amendement. Le député de Nicolet dit
que ce chiffre devrait être de $2,000. A $1,000 vous en excluez 18,000
qui ne seront pas inclus dans la loi.
M. TOUPIN: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quel est votre chiffre, M. le ministre?
M. TOUPIN: Vous avez les statistiques de 1966. Alors, en 1971-1972, en
bas de $1,000, je ne sais pas s'il en reste encore 6,000 ou 7,000, tout au
plus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Disons autour de 10,000.
M. VINCENT: De $1,000 à $2,000.
M. TOUPIN: De $1,000 à $2,000, il y en aurait 8,000
actuellement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Moi, je dis 18,000; le ministre dit 6,000
à 7,000 et les deux ont fait des calculs. Pour vous faire plaisir,
disons 7,000. Ces gens-là, ça ne veut pas dire que si on veut les
inclure dans la loi, on est satisfait de leur situation économique.
Comme vous dites, ces petits producteurs ont des incidences sur toute
l'agriculture du Québec. Si vous les excluez, il va y avoir les
mêmes incidences, ça ne règle pas leurs problèmes,
ils sont là. Cela ne les efface pas de la carte, ça ne les
enlève pas. Ils vont continuer à produire pour $300, $400 ou
$500.
Lorsque vous allez dans la définition du mot "syndicat", on dit
bien: "dont les membres sont des producteurs et qui a comme objet
l'étude, la défense et le développement des
intérêts économiques, sociaux et moraux des producteurs de
façon générale". C'est le but. On croit ou on ne croit pas
au syndicalisme agricole.
Si vous présentez le bill 64, M. le ministre, c'est parce que
vous croyez que ça va être important, que ça va être
nécessaire et que ça va être utile aux producteurs
agricoles, aux cultivateurs du Québec, sinon vous n'auriez pas
présenté la loi. Donc, vous pensez que cette loi va aider les
producteurs, va aider les agriculteurs du Québec.
Quels sont les agriculteurs du Québec qui ont besoin des services
d'un syndicat accrédité, fort, puissant, qui va défendre
leurs intérêts? Ce sont surtout ceux qui n'ont pas un gros revenu
dans l'agriculture.
M. LEDUC: Voyons donc!
M. GIASSON: Ce sont ceux qui vivent de l'agriculture, ce n'est pas
compliqué.
M. LEDUC: Si vous allez à $250, quant à moi, ça
fait mieux mon affaire à $200 pour vendre mes pommes et être
considéré comme cultivateur, ce n'est pas mon gagne-pain
principal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous réfuterez ce que je dis.
Voulez-vous me laisser finir! Je vous ai laissé parler tantôt, je
n'ai pas dit un mot et je n'étais pas d'accord. Nous sommes ici pour
discuter du projet de loi et je n'ai pas l'intention d'en faire une discussion
politique. Je peux me tromper, comme vous pouvez vous tromper. Laissez-moi
donc...
M. LEDUC: Certainement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... donner mes arguments et vous en
discuterez après.
M. GIASSON: D'accord, continuez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous direz que ça n'a pas de bon sens
ou que ça en a, mais si j'y crois à cette argumentation. Je ne
crois pas être possesseur tranquille de la vérité,
j'espère que vous non plus. Bon, laissez-moi dire ce que j'en pense.
Ces agriculteurs, qui ont un très petit revenu, que ça
soit $500, $600 ou $700, ont besoin d'un syndicat qui va défendre leurs
intérêts économiques, sociaux, moraux. Ils ont
intérêt à avoir un organisme qui va s'occuper d'eux. Si
nous voulons les sortir de ce marasme, de cette situation économique et
si on croit qu'un syndicat va aider les agriculteurs...
M. TOUPIN: Je pense que le député de Sainte-Marie est
capable de faire la différence entre 2 plus 2 et 6 plus 6. Je suis
convaincu de ça.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Moi, j'en suis sûr.
M. TOUPIN: S'il est capable de faire cette différence-là,
il va être capable de comprendre que la loi que nous avons devant nous,
ce n'est pas une loi sociale, c'est une loi économique qui a pour
fonction de définir une profession économique. Or, si vous vous
attardez à discuter des problèmes sociaux dans le cadre de cette
loi-là, vous ne saisissez pas l'objectif véritable poursuivi par
le projet de loi.
Il y a des agriculteurs dans la salle ici. Allez leur demander si le
gars qui gagne $250 par année est un agriculteur.
C'est un gars qui vit dans le milieu rural, qui réside dans une
ferme, qui essaie de s'en sortir du mieux qu'il peut. Mais si les agriculteurs
veulent, eux, les professionnels, dans le temps, exploiter sa ferme à
lui, ils l'achèteront. Et si ça crée un problème
social, on y pourvoira d'une autre façon. On ne réglera pas, par
l'intermédiaire de l'agriculture puis du bill 64, tous les
problèmes des gars en milieu rural qui ne gagnent que $250, plus ou
moins, par année.
C'est se raconter des histoires, c'est rêver en couleur. Et si on
continue à mettre ça dans les lois, on va encore voir partout
comme le député de Nicolet le disait ce matin puis je vais
le répéter des gars, des députés et d'autres
personnes qui vont dire à la télévision et ailleurs que
l'agriculture est dans le marasme, que les agriculteurs sont pauvres. Le revenu
moyen est de ci et de ça. On fait porter sur le dos des professionnels
un problème social.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce que vous dites dans...
M. TOUPIN: Mais c'est faux en soi. C'est totalement faux en soi. Je
pense que le député de Sainte-Marie est capable de comprendre
ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ah! je l'ai compris depuis longtemps.
M. TOUPIN: Si vous comprenez ça, je me demande pourquoi vous
soutenez votre sous-amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense qu'on est sur la même
longueur d'onde, vous savez; ça ne sert à rien de me dire: Est-ce
que vous avez compris ou non? Si vous les excluez de la loi, vous ne
réglez pas leur problème. Et puis que l'accréditation soit
accordée par une carte d'adhésion ou par un
référendum, si ces gens-là sont exclus dans la loi, ils
vont se prononcer pour ou contre. Vous dites: Ils se disent qu'ils ne sont pas
des agriculteurs, ils sont pour, ce sont eux qui décideront.
M. TOUPIN: Pourquoi demander à un non-agriculteur...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si un cultivateur a un revenu de $400...
M. TOUPIN: Pourquoi demander à un non-professionnel de se
prononcer sur un statut de professionnel?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si un cultivateur a un revenu de $400 et se
dit: Moi, je ne suis pas un agriculteur, un producteur, il votera contre. C'est
lui qui va le décider, ce n'est même pas le gouvernement, la
loi...
M. GIASSON: Au contraire, vous allez vous faire battre à un
référendum.
M. LACROIX: Votre affaire, c'est de monter les cultivateurs, les vrais
cultivateurs contre les amateurs.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Tiens, des
procès d'intention. Je discute ça en toute
honnêteté puis en toute objectivité.
M. LACROIX: On a vu en fin de semaine ce qui s'est passé. Vous ne
connaissez rien dans l'agriculture, vous êtes des habitants de ville.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): En toute objectivité, je discute
ça et je ne cherche pas du tout à faire de la politique avec
ça.
M. LACROIX: Combien avez-vous d'habitants vous, dans votre comté,
des cultivateurs dans votre comté de Sainte-Marie? Qu'est-ce que vous
connaissez là-dedans, qu'est-ce que tous vos spécialistes
connaissent là-dedans?
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): J'en ai 2,000.
M. LACROIX: Mais si on mettait $250 par exemple ou $400 dans la loi,
naturellement, pour le président de l'UCC, ce serait très bien
pour recevoir des cotisations syndicales, mais ça ne
représenterait rien au point de vue de l'avenir de l'agriculture. Les
cultivateurs qui sont de vrais cultivateurs, qui vivent de leur terre ne
demandent pas ce que vous exigez, c'est purement électoral ce que vous
faites là. Puis on essaie par le biais du bill 64 de donner aux
cultivateurs un statut de professionnel que vous réclamez pour tous vos
innocents de n'importe quelle profession. Ceux qui font vivre la population,
vous leur demandez d'accepter dans leurs rangs des gens qui n'ont jamais fait
d'agriculture, qui n'ont jamais été des cultivateurs, qui n'en
seront jamais à part ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, à
présent que le député des Iles-de-la-Madeleine fait partie
de la commission, je pense qu'on va avoir beaucoup de difficultés
à discuter du projet de loi.
M. LACROIX; Si vous discutez intelligemment, ça va bien aller;
mais continuez à discuter en fou, comme vous l'avez fait à
Drummundvil-le en fin de semaine ou dans vos congrès où tous les
habitants de ville ont parlé des habitants de campagne, ça va mal
aller.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Que c'est... M. LEDUC: M. le
Président...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est bête ce que vous dites.
M. LACROIX: C'est la réalité complète, vous essayez
de tromper les cultivateurs. Mais sachez une chose, ils sont plus intelligents
que tous vos intellectuels ou vos pseudo-intellectuels, parce qu'ils sentent un
pied en avant de leur nez votre socialisme intégral que vous voulez leur
imposer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsqu'on a discuté des
problèmes d'agriculture à l'occasion du colloque de la fin de
semaine, c'étaient tous des agriculteurs qui faisaient partie du
colloque. Il y avait à peu près 125 agriculteurs des quatre coins
de la province de Québec.
On ne leur a rien imposé, on a discuté en atelier, tout
simplement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est faux de nous prêter des
intentions d'électoralisme.
M. LE PRESIDENT: Je vous demande de retourner au bill.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est dans votre habitude, vous n'avez pas
changé. Je m'attendais à cela.
M. GIASSON: Est-ce que le député de Sainte-Marie me
permettrait une remarque? Si, éventuellement, on doit reconnaître
comme cultivateur au Québec celui qui produit n'importe quel produit
agricole d'une valeur de $250 ou $300 et plus, à ce moment-là,
vous donnez la meilleure arme pour battre un référendum face
à un vote qui serait pris sur une reconnaissance syndicale d'un
organisme accrédité, parce que vous savez à l'avance que
celui qui a $500 de produits agricoles n'est pas un cultivateur. Pour
être cultivateur, il faut vivre de la profession agricole et il ne peut
pas vivre de la profession agricole.
Ces gens-là, face à un référendum, vont
certainement voter contre. Ce n'est pas leur prêter des intentions; c'est
réaliser tout simple' ment quel devra être le comportement logique
et honnête de ces personnes. Le bill 64 a comme fonction principale
d'aider l'agriculture du Québec et d'aider surtout le cultivateur.
Qu'est-ce qu'un cultivateur? C'est d'abord un individu qui vit de
l'agriculture. Pour vivre de l'agriculture, en 1972, cela prend un minimum de
revenu net qui ne devrait pas descendre, à mon sens là, je
suis extrêmement conservateur en bas de $3,000 net. Vous allez me
dire qu'il y en a qui ne l'ont pas, mais cela ne devrait pas être en bas
de cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis d'accord avec vous.
M. GIASSON : Vous ne pouvez pas sauver l'agriculteur qui a $500 de
revenu par une Loi de syndicalisme agricole. Vous l'aiderez seulement par une
loi d'allocations sociales. Vous allez lui laisser son petit revenu agricole et
vous allez compléter cela par une loi de revenu garanti, que cela
s'appelle les allocations sociales ou autrement. On peut argumenter pendant des
heures là-dessus et vous ne pouvez pas arriver à une solution
différente de celle que je viens d'énoncer.
M. VINCENT: Pour amplifier ce que vient de dire le député
de l'Islet, certaines personnes, â grand renfort de publicité,
quand elles parlent d'un gaspillage de $84 millions qui a trop duré
le Conseil d'alimentation de Québec à propos du budget
québécois de l'agriculture en arrivent à dire ceci:
A quoi riment ces dépenses publiques puisque en 1970 le nombre
impressionnant de 24,306 présumés producteurs agricoles du
Québec émargeait au budget de l'assistance publique pour un
montant de $36 millions? C'est cela qui est dangereux, quand on voit tous ces
chiffres-là dans tous les journaux. Ces 24,000 ne sont pas des
agriculteurs; ce sont des personnes qui vendent des carottes et des oignons
pour plus de $50 par année et qui sont inscrites dans les statistiques
comme des agriculteurs. C'est cela qu'il faut éviter de faire dire dans
les journaux et de faire faire des analyses par des économistes qui ne
connaissent absolument rien au problème de l'agriculture et qui s'en
viennent avec des grands chiffres nous démontrer qu'on gaspille $84
millions par année pour l'agriculture. C'est cela qu'il va falloir
résoudre un jour.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis bien d'accord.
M. VINCENT: C'est même choquant quand on voit cela. C'est
censé être des économistes qui font ces analyses et
publient cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, si vous me le
permettez, je suis d'accord avec le député de Nicolet pour dire
qu'il va falloir régler le problème des agriculteurs qui gagnent
$200, $300 ou $400 et qui sont obligés d'aller travailler ailleurs. Si
vous les excluez de la loi, cela ne règle pas leur problème.
M. VINCENT: Mais cela évitera de faire dire qu'il y en a 24,000
qui vivent sur l'assistance sociale avec $36 millions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense tout simplement...
M. VINCENT: Ce ne sont pas des agriculteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... que, s'ils faisaient partie du
syndicalisme agricole, ce serait peut-être un moyen...
M. VINCENT: C'est insultant pour les agriculteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... de les éveiller à leur
problème et de les aider.
M. LACROIX: Cela leur permettrait d'émarger au budget du
ministère de l'Agriculture qui est déjà trop petit pour
les vrais cultivateurs de la province de Québec.
Il faut bien se mettre dans la tête que ce n'est pas le nombre ni
la quantité, mais bien la qualité. Il faut absolument aider les
cultivateurs professionnels, les cultivateurs qui vivent de leur ferme. Je ne
suis pas un cultivateur, mais j'ai deux de mes beaux-frères qui sont
cultivateurs.
Je sais que ces gens-là travaillent dur et ferme mais qu'ils
gagnent plus de $4,000 par année du revenu de leur ferme. Comme le
disait tantôt le député de Nicolet, les chiffres sont
faussés à cause des gens qui possédaient, d'après
les statistiques fédérales, trois acres de terre et plus et qui
étaient considérés comme des cultivateurs. On diminue le
revenu du cultivateur. Si on prend le cultivateur dans l'ensemble familial, on
a un revenu fort appréciable. Si on prend, par exemple, le cultivateur
dont le revenu doit être partagé entre le père, les fils et
les filles, c'est là que le problème se crée. Je pense que
le problème de l'agriculteur ne se résoudra jamais par des
petites mesures qui tendent à discréditer le cultivateur
professionnel. On dit que les cultivateurs sont pauvres, que les cultivateurs
sont dans une situation difficile; c'est vrai qu'ils travaillent fort, c'est
vrai qu'ils ont connu des situations difficiles; ils ont connu des
périodes plus faciles et des périodes plus difficiles. Il y a
$2.5 milliards en dépôt dans les caisses populaires.
Considérez ce qu'il y a de dépôt dans les
différentes banques et calculez ce que chaque génération
de cultivateurs peut apporter dans une génération à la
communauté comparé à ce qu'un ouvrier peut apporter
à la société en général et vous verrez que
la seule différence qu'il y a c'est que le cultivateur doit travailler
sept jours par semaine. Il a un capital d'investi mais il n'est pas
défendu par une association professionnelle valable.
Aujourd'hui, je pense que l'association professionnelle qui veut le
représenter est bien plus intéressée à faire un
front commun avec certaines autres associations qui n'ont aucune relation avec
lui. Ce qui me choque c'est de voir que les gens des villes, par nos
comités de citoyens, montent les gens des villes contre les gens de la
campagne et qu'à la campagne on monte les gens de la campagne contre les
gens des villes alors qu'à la campagne ce sont les terres des fils ou
des filles. On veut détruire la société. On veut
créer une situation qui est fausse. Le cultivateur au Québec a
besoin d'une aide substantielle du gouvernement du Québec pour avoir une
industrie viable, une industrie qui doit se perpétuer, mais elle ne doit
pas brailler pour avoir arraché des cotisations syndicales, pour faire
des fronts communs pour détruire l'autorité ou pour essayer de
faire une société nouvelle dans laquelle ils ne savent même
pas quelle participation ils auront.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'espère qu'après ce qu'a dit
le député des Iles-de-la-Madeleine il va avoir l'audace de voter
contre le
bill 64. Vous êtes contre l'accréditation de l'UCC, c'est
ce que vous venez de dire.
M. LACROIX: Je n'ai jamais dit que j'étais contre
l'accréditation de l'UCC.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous parlez de l'organisme qui va les
représenter.
M. LACROIX: Seulement, il faudra un référendum.
Voilà la peur que j'ai d'un référendum. Un
référendum, c'est facile. Si le gouvernement le conduit et qu'il
y a $5 millions pour vendre le référendum, et si celui ou ceux
qui veulent le combattre ont $200, il y a une forte chance que le gouvernement
l'emporte. Vos maudites folies de référendum, vous autres dans le
PQ, j'en ai marre. Vous êtes le parti le plus anti-démocratique
qu'il y a. Vous essayez de nous imposer des règles que vous n'êtes
même pas capables de respecter vous-mêmes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me permettez-vous une question?
M. LACROIX: Quant à moi, je voudrais que les cultivateurs soient
parfaitement libres de voter mais qu'on le fasse par vote secret et par vote...
Naturellement, vous avez toujours vos gars dans une assemblée de mille.
Lèves-tu le bras droit ou le bras gauche? Si tu ne lèves pas le
bras droit, on va te casser le bras gauche et tu ne pourras pas voter contre
tantôt.
Seulement, vous savez, vous avez été tellement longtemps
dans les syndicats, et moi j'ai quelqu'un de ma famille qui a été
un des chefs communistes de la province de Québec, je peux vous en
parler librement et d'ailleurs je reconnais plusieurs personnes dans votre
parti que j'ai rencontrées chez mon beau-frère. Mais, de toute
façon, je veux vous dire que la liberté syndicale, ça doit
exister non pas selon le critère de certains individus qui veulent
s'assurer un poste, qui voudraient gouverner la province par-dessus le
gouvernement, créer un gouvernement parallèle, un front commun,
et sans avoir le courage de se présenter pour se faire élire.
Tous les chefs syndicaux, à partir de M. Allain qui est
là, et à partir de MM. Pepin, Laberge et Charbonneau, qu'ils
aient donc le courage de se présenter, de dire ce qu'ils veulent et
qu'ils se fassent élire. Là, ils gouverneront. Mais,
jusqu'à ce temps-là, c'est nous qui allons gouverner. Nous allons
essayer de le faire dans le meilleur intérêt de la province de
Québec, avec une Opposition officielle qui est responsable, qui sait ce
qu'elle a à faire, qui n'a pas comme vous l'idée de
détruire ce que nous avons bâti de père en fils, avec
beaucoup de difficultés. Quant à moi...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes hors du sujet mais ça
me plaît quand même de vous écouter.
M. LACROIX: ... j'aimerais que des gars comme vous, qui n'aimez pas le
système dans lequel nous vivons, aillent vivre dans d'autres
systèmes. Vous nous reviendrez et nous vous vendrons une terre et, avec
le même travail que vous faites pour détruire le pays ou la
province, vous gagnerez plus que $4,000 sur votre terre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je pense avoir le
droit de préciser certaines choses. Le député des
Iles-de-la-Madeleine parle de nos référendums et il dit qu'il est
contre.
M. LACROIX: Je n'ai jamais dit ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas ça? Alors, vous
n'êtes pas responsable de ce que vous dites.
M. LE PRESIDENT: II est contre votre manière d'amener les
référendums.
M. TREMBLAY(Sainte-Marie): A toutes les séances de la commission
parlementaire, c'est toujours la lutte que nous avons faite...
M. LE PRESIDENT: Je vous demande, messieurs...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): ... contre le ministre, nous sommes contre
les référendums pour l'accréditation, pour la cotisation.
Nous avons toujours demandé une carte d'adhésion signée
volontairement par...
M. LE PRESIDENT: ... depuis un bon moment...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, le député des
Iles-de-la-Madeleine a assez charrié, laissez-moi lui répondre un
peu au moins ou alors je vais me taire et on lira ça dans le journal des
Débats, il était rendu à parler de son beau-frère
qui était communiste, je ne sais pas trop.
M. LACROIX: C'est là que j'ai connu la plupart de vos amis.
M. LEDUC: M. le Président.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes fidèle à
vos...
M. LEDUC: ... nous discutions tantôt de la question des sommes de
$1,000, de $2,000 ou de $250. Quand au montant de $250, je pense
honnêtement que ce ne sont pas nos affaires en commission parlementaire
de l'Agriculture d'en discuter pour la simple et bonne raison que les gens qui
ont un petit lopin de terre et qui ont un revenu de $200 ou de $250 ou $300, ce
n'est pas la responsabilité du ministère de l'Agriculture. Cela
peut être la responsabilité du ministère de l'Industrie et
du Commerce, du Travail et de la Main-d'Oeuvre, des Affaires sociales. Ce sont
eux qui doivent s'occuper de
ces gens-là. Quant à nous, que nous discutions la question
des sommes de $1,000 ou de $2,000, c'est valable, mais que nous perdions un
temps considérable à discuter des problèmes et je
reconnais qu'il peut y avoir des problèmes au niveau de certains
groupes de la société qui ont un revenu très minime de la
terre, ce n'est pas, à mon sens, une responsabilité du
ministère de l'Agriculture. Je me permets de suggérer que nous
revenions à la discussion du député de Nicolet
tantôt, quant à savoir si nous devons oui ou non mettre un montant
de $1,000 ou un montant de $2,000 en oubliant gentiment la suggestion du
député de Sainte-Marie et en lui suggérant qu'au cours de
la prochaine session, soit à l'un des trois ministères que je
mentionnais tantôt, qu'il ramène ce sujet qui sera, je crois,
l'endroit approprié pour en discuter, mais sûrement pas ici.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, nous cherchons à
définir qui sera un producteur et qui sera inclus dans la loi. Alors,
nous cherchons une ligne de démarcation, à quel revenu, le
ministre propose une somme de $1,000, l'ancien ministre propose une somme de
$2,000 et moi je propose $250, je me demande pourquoi vous dites que ce n'est
pas dans l'ordre.
M. LEDUC: Nous cherchons quand même, par le biais de cette loi,
à créer un climat beaucoup plus favorable à l'image de
l'agriculteur actuellement et je pense que c'est ça qui est positif dans
la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tout de même, M. le Président,
je veux que mon sous-amendement à l'amendement du ministre soit au
journal des Débats et je le propose quand même: "Que la motion
d'amendement soit sous-amendée en remplaçant, dans le
sous-paragraphe iiii, le chiffre $1,000 par le chiffre $250." C'est un
sous-amendement que je propose à l'amendement du ministre de
l'Agriculture.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez un secondeur, M. le
député?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'il y en a qui veulent des copies. On en a
discuté avant que je le propose.
M. LEDUC: Est-ce que le député de Sainte-Marie a un
secondeur?
M. VINCENT: Présentement, il y a déjà un
sous-amendement.
M. LEDUC: C'est ça, on veut bien suivre...
M. VINCENT: Nous allons donc éliminer le sous-amendement que nous
avons.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quel sous-amendement?
M. VINCENT: Le sous-amendement qui a été proposé,
soit $2,000 au lieu de $1,000.
M. LEDUC: Vous êtes toujours avec nous?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pensais que vous aviez fini.
M. VINCENT: Rejeté sur division? Sur le sous-amendement?
M. BELAND: Oui. J'ai écouté attentivement ce qui a
été dit de part et d'autre, tant du côté
ministériel que du côté des autres Oppositions. Je voulais
écouter bien attentivement parce qu'il s'est dit certaines choses qui
ont peut-être dépassé, à un moment donné, les
cadres d'une discussion normale. Probablement qu'il fallait, quand même,
que cela se dise. Tout de même, il y a une chose que je constate ici;
c'est entendu qu'il y a cette différence qui va certainement apporter
des discussions assez épineuses relativement, par exemple, au bill 48 et
à ce qui nous est apporté par cet amendement, à propos des
$1,000, proposé par le ministre lui-même, l'honorable Toupin.
Cependant, je pense qu'il faut aller un peu plus loin. Il faut se poser
la question: Qu'est-ce que les agriculteurs veulent exactement comme outil de
travail et dans quelle mesure cela peut-il les aider? Les agriculteurs veulent
avoir les outils pour se développer eux-mêmes sur le plan
professionnel, c'est bien clair, tout en respectant les normes fondamentales
d'une association accréditée. Mais, de là à
accepter qu'une régie puisse rejeter ou modifier les actions qu'ils
auraient décidé d'entreprendre, il y a certainement toute une
différence. De toute façon, on y reviendra tout à
l'heure.
Les professionnels du sol veulent être en mesure d'administrer
leur propre association. Cela est bien clair et ils le demandent depuis
longtemps. La régie ne doit avoir qu'un rôle supplétif en
cas de différend entre les différentes associations provinciales
et autres corps organisés. Je tiens à dire cela, M. le
Président, parce que j'apporte un parallèle pour justifier ce que
j'avance. Le rôle d'un gouvernement responsable est de pourvoir le groupe
d'individus déterminé d'outils susceptibles de les aider pour
faciliter leur développement. Donc, on ne doit pas imposer une camisole
de force à un groupe professionnel donné sous quelque
prétexte que ce soit. Je pense à ceux qui ont un revenu allant,
je dirais même, jusqu'à $1,500. C'est peut-être leur imposer
une camisole de force inutile, parce qu'à ce moment-là, comme il
a été dit d'ailleurs, il y a beaucoup d'assistés sociaux
qui font partie justement de cette catégorie d'individus que l'on
pourrait inclure et que le fédéral inclut comme producteurs,
alors qu'à
juste titre ce ne sont pas des agriculteurs du tout, loin de
là.
Je pense qu'à ce moment-là ils n'entravent pas tellement
la mise en marché générale des produits. La production
qu'ils mettent en marché ou qu'ils utilisent eux-mêmes est si peu
importante ou d'importance tellement faible que cela n'entrave absolument rien.
Il est clair que le malaise d'aujourd'hui chez les agriculteurs résulte
non pas d'une carence des techniques telles que celles qui ont
été énumérées tout à l'heure, mais de
la carence du système économique qui doit avoir pour mission de
distribuer les produits et de les faire consommer en toute justice sociale. Or,
ils produisent pour un montant de $1,500 et moins. Etant donné que cela
n'entrave pas la mise en marché normale des produits dans une province
comme la nôtre, il faut donc s'interroger sérieusement sur, entre
autres, la suggestion à $250 et cela peut aller jusqu'à ceux qui
produisent $50 et moins. Ils peuvent, s'ils le veulent, payer leur cotisation
syndicale. Us peuvent également contribuer d'autres façons aux
divers plans conjoints. Cela ne brime pas leurs droits.
Je pense qu'il ne faut pas aller trop loin dans ce sens-là, parce
que c'est priver du minimum vital plusieurs personnes dans la province de
Québec qui sont obligées aujourd'hui et pas par plaisir, d'avoir
recours aux services du bien-être social.
Maintenant, situons le centre de décisions.
Les décisions doivent se prendre au niveau d'un centre de
renseignements opportuns. Et pour l'agriculture, où est le centre de
renseignements si ce n'est une assemblée générale groupant
chaque spécialité de production, après quoi, une ou des
personnes sont mandatées en vue d'exécuter la ou les
décisions prises? Ceci toujours selon l'acheminement des désirs
formulés par les membres.
Alors, au lieu d'être tout simplement, pour une certaine
quantité de gens, une cage "toupi-nante", à ce moment-là
je pense qu'il est nécessaire de garder...
M. TOUPIN: "Toupinante", c'est un nouveau mot et je suis
intéressé. Une table toupinante, c'est ça?
M. BELAND: Une cage "toupinante". M. TOUPIN: Une cage "toupinante", bon!
M. VINCENT: Cela vient du mot "toupin"? M. TOUPIN: Ce doit être
ça, c'est...
M. VINCENT: Ce doit être parent avec ce qu'a déjà
dit le député de Saint-Maurice qui parlait de "toupinette".
M. BELAND: A tout événement, il reste un fait que le
centre de décision doit partir d'une assemblée
générale où, justement, les intéressés ou
les participants à cette assemblée générale doivent
être des personnes sérieuses, ce doivent être des gens qui
sont réellement intéressés comme professionnels, non pas
comme des personnes à part qui viennent contribuer dans une très
petite part à l'agriculture. C'est très important ce que je vous
dis là.
Justement ce centre de décision, il n'appartient pas à la
Régie des marchés agricoles, ce n'est pas là qu'il doit
être. Le centre de décision, c'est justement l'assemblée
générale des membres, peu importe dans quelle association dans la
province de Québec.
A ce moment-là, qu'est-ce qui est présenté par le
ministre de l'Agriculture avec son minimum de $1,000? Enfin, c'est son optique
à lui. Quant à moi, j'irais même jusqu'à $1,500; je
trouve que les personnes qui produisent moins de $1,500 et qui participent
à la mise en marché sont tellement peu nombreuses dans la
province de Québec qu'on doit presque les ignorer. Et, à ce
moment-là, je pense que ça ne brimera pas et ça
n'empêchera pas non plus les gens de bonne volonté ou les
producteurs de bonne volonté de participer activement à la mise
en marché générale des produits agricoles. Je pense
qu'alors il n'y aura aucun droit de brimé, il n'y aura probablement
aucune perte de cotisation.
Je vois Cela dans cette optique-là.
M. TOUPIN: Je ne pense pas, M. le Président, qu'on doive, nous,
envisager le problème dans cette perspective. Notre rôle est
beaucoup plus de regarder ce que veut dire et ce que signifie fixer un montant
dans la loi pour définir un producteur agricole.
Evidemment, on pourrait mettre $1,500 et on pourrait mettre $2,000.
Peut-être que, dans deux ou trois ans, ce sera nécessaire qu'on
mette $1,500 parce que des $1,000 il n'en restera peut-être plus. Ce
n'est pas impossible. Mais pour le moment, personnellement, je pense que la
somme de $1,000 se situe à peu près dans ce qu'on pourra appeler
le centre.
M. BELAND: Je n'ai pas saisi...
M. TOUPIN: Le seuil de la définition d'une profession.
M. BELAND: Est-ce que vous avez malheureusement je ne les ai
pas les chiffres nécessaires? Par exemple, à combien se
situe la quantité d'agriculteurs qui entreraient dans les normes si on
se rendait à $1,500?
M. TOUPIN: Malheureusement, je ne les ai pas. Cela n'aurait pas une
grosse influence; vous pourriez peut-être avoir une influence de 3,000 ou
4,000 tout au plus.
M. VINCENT: M. le Président, à la lumière de ces
discussions, supposons que nous adoptions l'amendement proposé par le
ministre
comme tel, le ministre pourrait quand même, la Chambre ne
siégera pas avant quinze jours faire analyser par ses
fonctionnaires les implications que pourraient avoir $1,000, $1,500, $2,000;
voir les implications avec le ministère des Affaires municipales et
peut-être qu'en revenant avec des chiffres, nous dire pourquoi c'est
$1,000, $1,500 ou $2,000. A la lumière des discussions, car on ouvre
quand même des volets que le ministre pourrait analyser.
M. TOUPIN: Personnellement, je suis prêt à refaire les
statistiques; on les a faites pour les $1,000 et les $2,000, on les a faites
aussi pour moins de $1,000; on va les avoir très bientôt. Pour les
$1,500, on peut les produire aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce que vous avez fait, vous ne les avez pas
présentement?
M. TOUPIN: C'est-à-dire que j'ai pris seulement des
résumés; les cahiers ne sont pas terminés.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous dites que vous avez fait les
statistiques; à $1,000, combien y en aurait-il d'exclus, vous n'avez pas
ces statistiques-là?
M. TOUPIN: Oui, pour les $1,000 et moins?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, c'est-à-dire...
M. TOUPIN: entre $1,000 et $2,000, par exemple, en 1972, cela peut
vouloir dire à peu près entre 8,000 et 9,000 agriculteurs. Si
nous allons en bas de $1,000, cela veut dire à peu près
peut-être le même nombre actuellement, peut-être même
moins.
Ceux qui quittent l'agriculture, actuellement, sont surtout ceux qui se
situent en bas de $1,000, si on peut appeler cela quitter l'agriculture.
M. VINCENT: Des personnes qui se sont inscrites comme agriculteurs.
M. TOUPIN: C'est cela. Les résidents de ferme, au fond, qui
à un moment donné décident de ne plus produire, se situent
surtout en bas du chiffre de $1,000.
M. VINCENT: II faut tenir compte que, depuis trois ou quatre ans, tous
ceux qui avaient deux ou trois vaches à lait sont disparus
complètement parce qu'ils ne peuvent plus produire.
M. TOUPIN: C'est exact. De même que celui qui avait un petit
poulailler ou une petite porcherie. Ce n'est plus rentable de toute
façon. Il n'y a plus un cent à faire avec cela.
M. VINCENT: A cause des niveaux de salubrité, à cause des
niveaux de subsides et des conditions auxquels ils doivent se conformer.
M. TOUPIN: Les exigences de commercialisation, etc.
M. VINCENT: Un type peut garder deux ou trois vaches et...
M. TOUPIN: D'accord?
M. PERREAULT: M. le Président, sur l'amendement du
député de Nicolet, celui qu'il a mentionné tout à
l'heure, j'ai écouté son argumentation à propos des $2,000
dans le bill 48 mais le problème est bien différent.
La raison d'être des $2,000, dans le bill 48, c'est pour fins
d'évaluation, le maximum d'évaluation à l'acre. Celui qui
a $2,000 bénéficie de $150 l'acre. Mais ceci s'applique
spécifiquement et en pratique dans les banlieues parce que dans les
régions rurales, éloignées des grands centres,
l'évaluation ne dépasse pas $150 l'acre. Elle est
inférieure, et de beaucoup, à cela.
M. TOUPIN: Elle n'atteint pas les $100, en passant, actuellement.
M. PERREAULT: Alors ce n'est pas un problème du tout. Cela a
été mis dans le bill 48 pour les terres en banlieue, pour des
gens qui possèdent...
M. TOUPIN: Pour les fins de l'application de la loi.
M. PERREAULT: Pour les fins de l'application de la loi.
M. LAVOIE (Wolfe): Il aurait fait un bon ministre. Vous auriez fait un
bon ministre, vous, je pense.
UNE VOIX: Surtout pour la région de Montréal, la
banlieue.
M. TOUPIN: Tous les députés du Parti libéral
feraient de bons ministres, j'en suis sûr.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre vient de nous affirmer
que tous les députés du Parti libéral pourraient faire de
bons ministres. Il faudrait dire cela au premier ministre plus souvent.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que l'amendement du ministre est
adopté?
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: Sur division. Préféreriez-vous sur
division?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A l'amendement du ministre, je propose
toujours mon sous-amendement pour que ce soit réduit à $250.
M. TOUPIN: Je pense que le député de Sainte-Marie l'a dit
assez de fois que cela doit sans doute être inscrit au...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui mais tout de même...
M. VINCENT: Comme suggestion, pas comme amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A chaque fois que je l'ai
proposé...
M. VINCENT: Vous n'avez personne pour l'appuyer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... on a toujours eu peur, on m'a toujours
dit que ce n'était pas le temps. Alors j'espère...
M. VINCENT: Vous n'avez personne pour l'appuyer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tout de même, je le propose quand
même.
M. VINCENT: Une bonne suggestion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je savais que vous ne m'appuyeriez pas.
M. TOUPIN: Nous poursuivons.
M. VAILLANCOURT: Vous ne voulez pas que nous passions au vote
toujours.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
UNE VOIX: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Sur division.
M. TOUPIN: Au paragraphe k), c'est la définition du produit
agricole telle que nous la retrouvons dans la Loi des marchés
agricoles.
M. BELAND: Mais, à ce moment-là, je pense que cela
nécessiterait que nous le regardions quand même de près. On
dit: "Produit agricole: tout produit de l'agriculture, de l'horticulture, de
l'aviculture ou de la forêt, à l'état brut ou
transformé". J'aimerais savoir, dans l'esprit du ministre,
jusqu'à quel point le mot "transformé" peut être applicable
selon les diverses productions parce que cela peut drôlement prêter
à confusion selon le produit.
M. TOUPIN: C'est toute la transformation, c'est toute la chaîne de
transformation.
UNE VOIX: L'avoine en viande...
M. VINCENT: L'avoine en viande, le foin en lait.
M. TOUPIN: Cela peut être, par exemple, la transformation des
grains en viande. A ce moment-là, nous avons une transformation
intégrale de tout le produit. Cela peut être la transformation du
lait en crème et de la crème en beurre, etc.
M. BELAND: Même de foin en pourriture s'il périt durant
l'automne.
M. TOUPIN: C'est une mise en marché naturelle que nous n'avons
pas prévue dans la loi.
M. BELAND: Ah bon! UNE VOIX: Adopté?
M. VINCENT: La définition des mots "produit agricole" est la
même que celle qui se lit dans la Loi des marchés agricoles et
cela n'a jamais apporté de complications.
M. TOUPIN: Non, aucune, sauf dans quelques cas isolés. Cela se
produit d'ailleurs. On apportait des exemples de forêt ce matin. Mais ce
sont simplement des champs de production sur lesquels il faut statuer de temps
en temps, selon les problèmes qu'on peut avoir.
M. BELAND: Mais ici, par exemple... M. TOUPIN: Même... Oui? M.
BELAND: Allez-y.
M. TOUPIN: Non. C'est que je voulais demander si tout le monde
était d'accord. Nous l'adopterions.
M. BELAND: J'ai quand même quelques explications à
demander. En ce qui concerne, par exemple, les produits de l'érable, tel
que stipulé un peu plus loin, j'imagine qu'à ce moment-là
le producteur qui livre une partie de son produit transformé par les
maisons, il distribue...
M. TOUPIN: II n'est pas couvert par la loi.
M. BELAND: Mais est-ce que l'on peut nous assurer de cela?
M. TOUPIN: Dans la Loi des marchés agricoles, vous avez l'article
du plan conjoint. Producteur: une personne engagée dans la production
sauf une personne engagée dans cette production à titre de
salarié au sens du code, une personne qui exploite la forêt, un
individu engagé dans la production d'un produit agricole consommé
entièrement par lui-même et les membres de sa famille.
M. BELAND: Mais ça ne veut pas nécessairement dire...
M. TOUPIN: II n'est pas couvert par la Loi des marchés agricoles,
mais il est couvert par le bill 64, au niveau des $1,000, si ça
correspond à un revenu de $1,000.
M. BELAND: S'il livre pour $3,000 de produits de porte à porte,
dans les villages voisins, durant le printemps et qu'il existe un plan conjoint
pour les produits de l'érable...
M. TOUPIN: Ce n'est pas couvert par le plan conjoint. La Loi des
marchés agricoles prévoit que tout producteur qui fait sa mise en
marché seul, de porte à porte, n'est pas couvert.
M. BELAND: D'accord.
M. VINCENT: M. le Président, c'est peut-être revenir et
c'est peut-être à l'intérieur aussi du produit agricole,
mais qui va déterminer le montant de produits agricoles annuel de
$1,000? Est-ce le producteur lui-même qui va dire: Moi, je dépasse
$1,000? Qui va le déterminer, et, dans le cas d'un conflit, qui va
devenir l'arbitre?
UNE VOIX: Quelles sont les sanctions?
M. TOUPIN: II y a un mécanisme prévu pour ça. Je ne
me rappelle pas à quel article, mais un mécanisme est
prévu pour ceux qui ne sont pas couverts par des plans conjoints.
M. GIASSON: Le problème de la confection des listes.
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: Et de la définition du producteur. Tout producteur
pourra en appeler, etc. Il y a un mécanisme prévu pour ça,
qui protège pas mal tous les producteurs. Nous allons y arriver
tantôt.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe 1)?
M. VINCENT: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe m)?
Adopté.
Droit d'association, article 2?
Droit d'association
M. TOUPIN: Ici, ça répond un peu à quelques
questions qu'on m'a posées ce matin... Si une fédération
ou, tout au moins, un syndicat peut avoir le droit de s'affilier ou de ne pas
s'affilier. On parle plutôt d'un producteur ici. Nous avons prévu
à ce chapitre qu'un producteur est libre d'appartenir au syndicat de son
choix.
C'est une liberté que nous avons laissée.
M. BOIVIN: Pas avec l'association de son choix.
M. TOUPIN: Non.
M. BOIVIN: Le syndicat de son choix, mais pas à l'association de
son choix.
M. TOUPIN: L'association, il va la choisir sous une autre formule.
M. BOIVIN: Mais c'est la régie qui choisit l'association.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas la régie qui choisit l'association;
ce sont les producteurs qui se choisissent une association.
M. BOIVIN: C'est la régie qui l'accrédite?
M. TOUPIN: La régie l'accrédite, mais il y a des
mécanismes de prévus pour cela. La régie
n'accrédite pas une association parce qu'elle a rencontré le
président au coin de la rue Sainte-Catherine un bon matin.
M. LAVOIE (Wolfe): Qu'ils l'acceptent ou qu'ils ne l'acceptent pas, ils
sont obligés d'y appartenir, quand même, et de payer la
contribution.
M. TOUPIN: C'est-à-dire que, si l'association est
accréditée selon les normes prévues dans la loi, à
ce moment-là, tous les syndicats deviennent liés à
l'association accréditée, mais les syndicats et les
fédérations ont droit de désaffi-lier s'ils le
désirent. Le producteur comme tel, si toutefois la loi est
acceptée par les producteurs, n'aura pas le choix de payer ou de ne pas
payer sa cotisation. C'est ce qui va faire la différence entre
l'adhésion syndicale et le paiement de la cotisation, l'obligation de
payer ou de ne pas payer une cotisation.
M. VINCENT: Puis, même si le producteur appartient à un
syndicat, si ce syndicat a un plan conjoint, à ce moment-là il
est obligé de payer sa cotisation.
M. TOUPIN : Oui si le produit est commercialisé...
M. VINCENT: Qu'il en fasse partie ou qu'il n'en fasse pas partie, qu'il
démissionne ou qu'il réintègre...
M. TOUPIN: C'est la même chose, les mêmes producteurs sont
prévus dans les syndicats professionnels qui forment les
fédérations spécialisées.
M. LAVOIE (Wolfe): Une vraie formule Rand.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. TOUPIN: C'est exact, c'est-à-dire une forme.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. VINCENT: Article 3, adopté aussi.
M. TOUPIN: C'est la même chose que la première.
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. VINCENT: A l'article 4, c'est là que c'est important, je pense
bien que tous les membres de la commission le comprennent bien: "Un syndicat
est libre d'adhérer ou de ne pas adhérer à une
fédération; un syndicat spécialisé est libre
d'adhérer ou de ne pas adhérer à une
fédération spécialisée et une
fédération ou une fédération
spécialisée est libre d'adhérer ou de ne pas
adhérer à une association accréditée." Mais,
même si une fédération n'adhère pas à
l'association accréditée, à ce moment-là ses $15
par année, comme membre de ce syndicat-là, sont
prélevés. C'est-à-dire ses $15 sont prélevés
et, si c'est un produit commercialisé, le montant qu'on indique un peu
plus loin, soit les 20 p.c, sera quand même versé obligatoirement
à l'association accréditée.
M. TOUPIN : Pas par le producteur, mais par l'association dont il fait
partie, c'est-à-dire l'association spécialisée dont il est
membre.
M. GIASSON: Même si la fédération
spécialisée ou un syndicat affilié à une
fédération spécialisée décide de ne pas
adhérer à l'association accréditée, le jeu des 20
p.c, pris à même les cotisations de plans conjoints ou de
syndicats spécialisés, devront être remis à
l'association accréditée.
M. TOUPIN: ... mais il y a des conditions. M. GIASSON: II faut le
comprendre.
M. TOUPIN: II y a des conditions quand même qui sont
exposées un peu plus loin, on les verra, je pense que c'est relié
à une notion de service, à l'idée d'un service. Je prends
un exemple: si la Fédération des producteurs de lait
décide de se désaffilier et par conséquent de ne plus
vouloir verser les 20 p.c, elle pourra le faire si elle est capable de
démontrer, à la satisfaction de la régie, que les services
qu'elle attendait de ces 20 p.c. de l'association accréditée ne
lui sont pas donnés.
M. GIASSON: Elle pourrait le faire comme ça, si elle peut en
donner la preuve à la Régie des marchés agricoles.
M. TOUPIN : C'est ça, si elle en fait la preuve à ce
moment-là, une fédération spécialisée pourra
le faire, ce n'est pas textuel dans la loi, mais les 20 p.c. sont reliés
un peu à cette notion de service qu'on va voir un peu plus loin.
M.VINCENT: II faudrait bien être spécifique un peu plus
loin.
M. TOUPIN: Oui, on va le voir un peu plus loin.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Aux articles 31, 32, 33, on trouvera tout le
mécanisme.
M. VINCENT: S'il paie sa cotisation comme producteur de lait, ses $15
seront quand même versés.
M. TOUPIN: Oui. Assurément, c'est qu'il devra devenir membre de
l'association accréditée qui, elle, se trouve l'association
professionnelle et non pas l'association des producteurs de lait.
M. VINCENT: En résumé, si le vote du
référendum donne 60 p.c, pour éviter de donner en
détail la formule, dès ce moment-là, c'est obligatoire que
tous ceux qui sont inscrits sur les listes de producteurs au Québec
versent les $15 annuellement.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Mais il est possible qu'une fédération
spécialisée, si elle fait la preuve devant la Régie des
marchés agricoles du Québec qu'elle ne reçoit pas les
services qu'elle est en lieu de s'attendre de l'association
accréditée, la Régie des marchés agricoles peut
l'exempter de son montant de 20 p.c.
M. TOUPIN: Cela pourrait.
M. VINCENT: Cela est possible.
M. TOUPIN: Oui, on va le voir un peu plus loin.
M. VINCENT: On dit que la loi n'est pas...
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'on ne peut pas l'inscrire de
façon claire à ce point. La régie a quand même
là-dedans une responsabilité assez précise puisqu'il
s'agit d'un plan conjoint qui, lui, est sous sa responsabilité, et
chacun des plans conjoints doivent à chaque année faire rapport
à la Régie des marchés agricoles du Québec de
l'utilisation qu'ils font de la cotisation.
Alors, dans cette perspective-là, la régie peut
évidemment considérer telle chose ou telle autre, et peut prendre
des décisions. La régie peut arbitrairement, par exemple, dans le
cas de certains règlements, les amender tout d'un coup toute seule. Elle
peut le faire, dans d'autres elle ne peut pas le faire, mais dans certains cas
elle peut le faire, et dans le cadre de la loi ici, la
régie pourrait, mais elle ne le fait jamais, par ces
représentations faites par les producteurs, fédération
spécialisée, porter un tel jugement et en arriver à une
telle conclusion.
On verra, un peu plus loin, jusqu'où cela peut se préciser
mais ce n'est pas explicite à ce point dans la loi. Je voudrais
être clair là-dessus.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous voulez être clair mais vous n'êtes
pas clair.
M. TOUPIN: Je veux être clair pour ce qui est écrit dans la
loi. Je vous dis que ce n'est pas explicite à ce point.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On pourra en discuter plus
précisément à la section VIII, Cotisations et
contributions, aux articles 30, 31, 32, 33.
M. TOUPIN: Au fond, l'article 4 donne simplement la liberté
d'adhésion à un syndicat. Il peut adhérer à une
fédération ou une fédération peut adhérer
à l'association mais elle peut aussi se désaffilier et par la
suite se réaffilier, etc.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté. Article 4,
adopté.
Accréditation, article 5.
Accréditation
M. TOUPIN: C'est un article d'ordre général. M. LE
PRESIDENT: Adopté. Article 6. M. VINCENT: Un instant, M. le
Président.
M. TOUPIN: Oui, l'article 5 est un article d'ordre
général.
M. VINCENT: Lorsqu'une requête ainsi que les documents
visés à l'article 5 sont présentés à la
régie, celle-ci doit s'assurer du caractère représentatif
de l'association en regard des producteurs et s'assurer que les
règlements... Ah bon! L'article 6 est modifié.
M. TOUPIN: Oui, il y a un amendement à l'article 6.
M. VINCENT: C'est au paragraphe d).
M. TOUPIN: Alors, le paragraphe a) est bon.
M. VINCENT: II reste quand même que "toute association" peut
signifier plus d'une.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Ce peut être une, deux ou trois associations
d'agriculteurs.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: A ce moment-là, il faut qu'ils aient les
règlements. Sur le plan pratique, à l'heure actuelle, il n'y en a
qu'une.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Sur le plan pratique. Théoriquement il peut y en
avoir plus d'une.
M. TOUPIN: Mais il pourrait y en avoir deux demain matin.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: II pourrait y en avoir deux si, par exemple, les deux
fédérations de producteurs de lait décidaient de former
une confédération et de demander une accréditation.
M. VINCENT: Oui, mais il faut qu'ils fassent la preuve qu'ils
représentent les intérêts de la majorité des
agriculteurs du Québec ou des producteurs du Québec, incluant les
oeufs, la volaille, etc.
M. TOUPIN: Oui, mais ils partiraient quand même avec un bon
nombre.
M. VINCENT: Oui, mais il faudrait qu'ils fassent cette preuve.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Sur le plan pratique, est-ce que la Régie des
marchés agricoles du Québec, advenant la sanction du bill 64, a
un délai ou si, par exemple, dès qu'une association a
présenté sa requête d'accréditation la régie
procède tout de suite? A ce moment-là, cela barrerait
théoriquement la porte aux autres associations qui pourraient
éventuellement, toujours sur le plan théorique, présenter
une requête.
M. BOIVIN: C'est ce que je demandais ce matin. Les
règlements...
M. VINCENT: Je pense que c'est là...
M. BOIVIN: ... d'accréditation de la régie.
M. VINCENT: Remarquez bien que, sur le plan pratique, cela n'arrivera
pas mais cela peut théoriquement arriver. Toute association qui veut
être accréditée pour représenter les producteurs
doit transmettre à la régie une requête à cette fin
et y joindre une copie certifiée conforme de ses règlements.
A l'heure actuelle, on sait que l'UCC est déjà une
association reconnue comme teille dans les faits, même si implicitement
elle n'est pas reconnue, dans les faits elle est reconnue comme étant
une association qui représente les producteurs de toute catégorie
dans le Québec. Le ministre mentionne que demain ou après demain
il peut y en avoir une autre. A ce
moment-là, je pense qu'il n'y a pas de délai à la
régie. Non, il n'y a pas de délai. Là, c'est laissé
au bon jugement de la régie.
M. TOUPIN: Je sais qu'il y a des délais prévus pour
l'accréditation.
M. VINCENT: Oui, pour l'accréditation et la
désaccréditation.
M. TOUPIN: C'est peut-être une lacune et il y a peut-être
lieu de réviser cet aspect-là.
M. VINCENT: A l'intérieur des deux ans, une autre peut
s'organiser.
M. TOUPIN: Même avant. Me Gagné vient de m'apporter comme
argument et je pense que c'est fort valable que pour
établir le caractère représentatif d'une association, une
fois la demande d'accréditation faite, il faut que la régie
procède à une enquête. On le verra tantôt à
l'article 7. Le temps que la régie fait cette enquête, toute autre
association qui veut se faire accréditer peut, par conséquent,
présenter elle aussi une requête en accréditation.
M. BOIVIN: Qui fait les normes d'accréditation? Qui compose les
normes? Qui fait les règlements?
M. VINCENT: Les associations.
M. BOIVIN: Non, c'est la régie qui serait censée faire les
normes d'accréditation, c'est elle qui accrédite. Est-ce par la
loi ou par des règlements que la régie...?
M. TOUPIN: Là, ce ne sont pas les normes de
l'accréditation. Ce qui est nécessaire...
M. BOIVIN: Les conditions d'accréditation.
M. TOUPIN: Pour que l'association puisse d'abord être
accréditée, il faut qu'elle soit formée en vertu de la
loi. C'est la première chose. Si elle veut être
accréditée, il faut qu'elle en fasse la demande. La
deuxième chose, c'est qu'il faut qu'elle fasse la preuve qu'elle est
représentative. C'est la régie qui, par la suite, peut, au moyen
d'enquête ou d'échantillonnage, essayer de confirmer cette preuve
ou de l'infirmer.
M. BOIVIN: Est-ce qu'elle pose des conditions précises avant
à toute association qui veut se faire accréditer?
M. TOUPIN: II faut que l'association qui demande l'accréditation
soit représentative, c'est-à-dire qu'il faut qu'elle
représente 50 p.c. des agriculteurs du Québec.
M. BOIVIN: C'est la seule norme?
M. VINCENT: Non, il faut que les règlements...
M. TOUPIN: II faut que les règlements soient conformes à
la loi. Il faut qu'il y ait eu une déposition de requête, etc.
C'est toute la formule technique que l'on retrouve partout dans tout
syndicat.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsque vous dites qu'il faut qu'elle
représente 50 p.c, c'est suivant l'amendement que vous proposez, pas tel
que la loi le dit.
M. TOUPIN: Non, il y a des amendements qui viennent compléter
ça. C'était pour répondre à la question. Cette
précision apportée par Me Gagné me paraît
répondre pas mal à la question du député de
Nicolet.
M. BOIVIN: Quelle différence y a-t-il entre une corporation
professionnelle et cette confédération syndicale qu'est
l'association?
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas m'embar-quer dans toute la question d'une
définition d'une corporation. Je vais essayer d'apporter deux exemples:
la Corporation des agronomes est créée en vertu d'une loi
spéciale et l'Association des agriculteurs ou le syndicalisme agricole,
puisqu'on l'appelle comme ça, est formé en vertu de la Loi des
syndicats professionnels. La loi, ici, reconnaît que ceux qui devront se
faire accréditer devront d'abord avoir une organisation basée sur
les syndicats professionnels.
M. BOIVIN: L'association est, tout de même, une corporation
fermée.
M. TOUPIN: Non, elle n'est pas fermée. M. BOIVIN: Elle est
obligatoire.
M. GIASSON: Ce n'est pas ça une corporation professionnelle
fermée.
M. BOIVIN: II en faut une.
M. GIASSON : Demain matin, si je veux être cultivateur, je
m'achète une ferme et je cultive et on ne pourra pas me bloquer, tandis
que, si je veux devenir médecin, comptable, etc., j'ai d'autres paliers
à atteindre pour être accepté par le Collège des
médecins, le cas échéant.
M. BOIVIN: Oui, mais vous payez votre cotisation à la
confédération, même si vous n'en faites pas partie.
M. GIASSON: Une corporation fermée existe en vertu d'une loi
particulière à l'intérieur d'un groupe donné.
M. BOIVIN: Je comprends. Je vois dans
cette confédération-là des attributions d'une
corporation professionnelle.
M. TOUPIN: La différence réside d'abord dans le fait qu'un
membre est libre d'adhérer à un syndicat ou de ne pas y
adhérer, alors que, dans une corporation professionnelle, vous n'avez
pas le choix. Si vous voulez pratiquer, vous devez être membre de votre
corporation.
M. BOIVIN: Oui, mais vous payez la cotisation, tout de même.
M. TOUPIN: Cela est un autre problème. L'essentiel des pouvoirs
de la corporation, c'est qu'elle a droit de statuer non seulement sur sa
profession, mais sur la pratique de l'individu et même sur les normes.
C'est beaucoup plus rigide. D'ailleurs, cela ne se compare pas. Ici, vous avez
le droit d'adhérer ou de ne pas adhérer. Tout agriculteur qui
arrive sur le marché demain matin n'est pas tenu de s'astreindre
à telle ou telle norme. La seule preuve qu'il a à donner, c'est
qu'il produit pour $1,000 de produits agricoles et qu'il met son produit en
marché.
M. BOIVIN: Mais il paie sa cotisation.
M. TOUPIN: La cotisation est une formule comme on en retrouve dans les
syndicats professionnels.
M. GIASSON: D'ailleurs, on peut affirmer que le système de plan
conjoint avec quota de production se rapproche plus du système
corporatif professionnel que l'association accréditée en vertu du
bill 64. Si, demain matin, vous voulez produire du porc et que vous n'avez pas
de quota de production, à quel moment et à quel endroit
allez-vous le mettre sur le marché, votre porc, si vous faites de
l'agriculture et que vous êtes assujetti à des quotas pour
être eligible à la production? Les pouvoirs du plan conjoint sont
plus étendus en cette matière-là et peuvent se rapprocher
un peu plus des pouvoirs que détiennent les corporations
professionnelles que la similitude qui pourrait exister entre une association
accréditée en vertu des dispositions du bill 64.
M. TOUPIN: A l'article 6, j'apporte un amendement, il est très
simple; c'est à l'alinéa d). Est-ce que l'article 6 a), ça
va?
M. VINCENT: C'est 10 p.c. au lieu de 5 p.c.
M. TOUPIN: Oui. C'est 5 p.c. de plus, ce n'est pas beaucoup.
M. VINCENT: Cela double, quand même, les premières
idées du ministre. C'est beaucoup!
M. TOUPIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'amendement est-il adopté?
M. VINCENT: J'approuve entièrement cet amendement, surtout quand
on considère que nous avons éliminé les noms de tous ceux
qui avaient $1,000 et moins de production.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Ce serait davantage acceptable si le montant était
$2,000 mais, tout de même, je pense que 10 p.c. est acceptable, dans les
circonstances, parce qu'il y a quand même 8,000 ou 10,000 de moins.
M. LE PRESIDENT: Amendement adopté?
Adopté.
Article 6.
M. VINCENT: Article 6, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 7.
M. VINCENT: L'article 7, c'est un nouvel article.
M. TOUPIN: Oui, nous changeons en entier l'article 7. Prenons le texte
original: "Aux fins de s'assurer du caractère représentatif d'une
association qui demande l'accréditation, la régie doit ordonner
la tenue d'un référendum auprès des producteurs." Nous
avons donc jugé à propos qu'il n'était pas
nécessaire, pour donner l'accréditation, d'en appeler aux
règlements.
M. VINCENT: Le référendum sera plus loin.
M. LAVOIE (Wolfe): "L'association qui demande l'accréditation
doit établir à la satisfaction de la régie et par le mode
de preuve que cette dernière juge approprié." Mais quelles sont
les preuves qui...
M. TOUPIN: Si vous me permettez, je vais maintenant lire l'amendement.
Vous venez de le lire. Pour ma part, j'ai lu l'article original qui exigeait,
pour qu'une association soit accréditée, un
référendum. Nous avons cru, après coup, qu'il
n'était pas nécessaire, pour accréditer une association,
d'aller au référendum. Nous avons alors procédé
autrement. Nous avons dit: "Une association qui demande l'accréditation
doit établir, à la satisfaction de la régie, et par le
mode de preuve que cette dernière juge approprié, qu'elle
représente la majorité des producteurs du Québec la
majorité qui se trouve sur les listes que nous établirons
aux fins de s'assurer de ce caractère représentatif, la
régie peur procéder à des enquêtes auprès des
producteurs." Plutôt que de procéder par référendum,
par exemple, si demain matin une association dit: Moi, je représente
30,000 des 54,000 noms inscrits sur vos listes; voici nos listes, etc. La
régie dit: Nous n'en sommes pas certains. Pour nous assurer de ce que
vous affirmez, nous irons dans les régions, nous ferons des
échantillonnages et si ces échantillonnages ne sont pas
suffisants, nous procéderons à des enquêtes plus
serrées.
M.VINCENT: Cela pourra même aller jusqu'à un
référendum.
M. TOUPIN: Cela pourra même aller, à la rigueur,
jusqu'à un référendum.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, avec cet amendement
à l'article 7, évidemment l'on fait sauter le
référendum pour l'accréditation. On dit ceci: "Une
association qui demande l'accréditation doit établir, à la
satisfaction de la régie et par le mode de preuve que cette
dernière juge approprié, qu'elle représente la
majorité des producteurs du Québec." De quelle façon cette
association fera-t-elle la preuve de représentativité? Est-ce que
ce sera par cartes d'adhésion, par les cartes que l'association a
actuellement?
M. TOUPIN: Nous avons discuté de deux possibilités. Un
registre des membres tenu à jour ou une carte que possède chacun
des membres qui se disent membres de l'association. Je pense que le type de
carte est beaucoup plus susceptible de recevoir l'approbation de la
régie, parce qu'il est vérifiable, d'une part, à
l'association qui demande l'accréditation et, d'autre part, aux
producteurs que l'association dit qu'ils sont membres. Probablement que le
système de cartes sera définitivement adopté par la
régie dans cette forme-là, mais nous n'avons quand même pas
voulu écarter d'autres possibilités.
M. VINCENT: Je pense que le député de Sainte-Marie a
posé une question très pertinente mais je ne pense pas que la
régie exige 50 p.c. plus un, la majorité.
M. TOUPIN: Non, parce qu'à ce moment-là ce serait comme un
référendum.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Qu'elle représente la majorité
des producteurs...
M. VINCENT: Par le mode de preuve que cette dernière juge
approprié, qu'elle représente la majorité des producteurs
du Québec. Il peut bien arriver que, sur la liste, il y ait 55,000 ou
60,000 producteurs, mais que, pour une raison ou pour une autre, on n'a pas eu
le temps d'aller chercher les cartes de membres dans telle ou telle
région, mais on est à peu près convaincu...
M. TOUPIN: Evidemment, la régie pourrait répondre plus
adéquatement que moi à votre question. Mais il m'apparait
évident que, de la façon que c'est rédigé, de la
façon que nous avons aussi voulu que ce soit rédigé, il
faut que l'association qui demande l'accréditation fasse au moins la
preuve qu'elle est représentative de la majorité des agriculteurs
du Québec.
M. VINCENT: II serait préférable alors que l'association
arrive avec ses inscriptions. Avec quelque chose de précis, ainsi elle
est plus certaine de passer.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si l'association doit faire une preuve
qu'elle détient la majorité, si c'est par un système de
cartes, naturellement, il faudra qu'il y ait au moins 50 p.c. plus un des
producteurs qui aient signé une carte de membre, comme ça se fait
dans tous les autres secteurs d'ailleurs.
Lorsqu'on demande une accréditation au ministère du
Travail pour un syndicat d'un secteur ouvrier ou autre, il faut donner une
preuve qu'on a la majorité. C'est par les cartes d'adhésion, qui
sont vérifiées par le ministère du Travail, pour voir si
les cartes ont été signées en pleine connaissance de
cause, s'il y a eu des pressions. La Régie des marchés agricoles
fera probablement la même chose. Moi, j'aimerais savoir si l'association
qui sera accréditée en vertu de la loi, si les cartes que
détient actuellement cette association vont suffire pour donner la
preuve de représentativité...
M. TOUPIN: Théoriquement oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... oui si vous pensez que l'on va exiger
l'adhésion par la signature d'une autre carte avec une autre formule,
par exemple, je ne le sais pas.
M. TOUPIN: Théoriquement, je pense que l'on peut soutenir que, si
sur la carte sont inscrits par exemple le nom de l'association, la date
d'adhésion, la date d'échéance, cela représente une
carte officielle, connue de tout le monde et de tous les agriculteurs. A ce
moment-là, je ne verrais pas pourquoi il y aurait une carte
spéciale.
Je ne peux présumer des décisions de la régie sur
ce point, mais cela m'apparait évident que, de cette
façon-là, il est possible de procéder.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela voudrait dire que, si actuellement,
pour faire un chiffre, pour se comprendre, il y a par exemple 50,000
producteurs qui seraient inclus dans la loi et si l'association, qui sera en
l'occurrence l'UCC, a 50 p.c. plus un des producteurs qui ont
déjà une carte, c'est une preuve de
représentativité pour obtenir l'accréditation.
M. TOUPIN: Cela m'apparait ainsi, pour vous donner l'esprit de l'article
et de l'amendement; à la façon dont vous le discutez, vous
m'apparaissez être dans l'esprit de l'article. Mais nous avons voulu
laisser à la régie assez de latitude. Si, à un moment
donné, la régie n'est pas satisfaite de cela, elle pourra imposer
elle-même son système de cartes et dire: Ecoutez, apportez-moi la
majorité des producteurs. Allez essayer de chercher la majorité
des pro-
ducteurs inscrits sur vos listes pour leur faire signer des cartes comme
on vous le propose. Cela peut aller jusque là aussi.
M. BELAND: A ce moment-là, comment allez-vous trouver la ligne de
démarcation étant donné qu'elle vient d'être quasi
faite tout à l'heure, à savoir le montant pour être reconnu
comme agriculteur, soit $1,000? Il peut y avoir, par exemple 3000 cartes qui
proviennent de gars qui ne satisfont pas à cette norme-là. Ils
ont pris la fameuse carte en question et c'est quand même un contrat.
C'est un consensus. C'est une acceptation. Comment va-t-on
décréter ou dire: II y a un tel pourcentage d'une façon
définitive en vue de l'acceptation par la régie ou pas? De quelle
façon va-t-on procéder?
M. TOUPIN: La première chose, c'est que peut-être il
faudrait dresser une liste de tous les producteurs du Québec en
conformité avec les exigences qu'on retrouve dans la loi. Le
ministère est présentement...
M. LAVOIE (Wolfe): Voulez-vous me dire, en passant, qui fabrique la
liste?
M. TOUPIN: Je suis en train de l'expliquer. Le ministère,
actuellement, prépare cette liste. Probablement qu'à la fin de
mars elle sera terminée. La liste que nous sommes en train de dresser,
au fond, ce sont des fiches pour chacun des agriculteurs du Québec, avec
leurs revenus, leur adresse et leur nom. Nous aurons ainsi, vers la fin de mars
ou tout au plus tard au milieu d'avril, une liste presque complète des
agriculteurs du Québec, par fiches. Peut-être que certains petits
îlots nous échapperont, mais, après l'avoir
révisée avec la régie, si nous constatons qu'il y a
certaine lacune, avant de s'en servir comme liste officielle, nous irons de
nouveau faire des enquêtes.
Nous pourrons même discuter cette liste-là avec
l'association ou les associations qui demanderont des accréditations
pour s'assurer qu'elle nous apparaît être la liste la plus
complète qui existe au Québec des agriculteurs. Et nous
comparerons cette liste avec le mode de représentation que nous fera
l'association qui demande une accréditation. Alors, si c'est un mode de
cartes, nous allons vérifier carte par carte, par rapport aux noms qui
sont sur la liste, et tous ceux qui ont payé une cotisation et dont les
noms ne correspondent pas à ce qu'on retrouve sur nos listes devront
être automatiquement éliminés.
M. BELAND: Si je comprends bien, vous ne vous fiez pas aux diverses
associations pour donner la quantité de même que le nombre, etc.
de membres à l'intérieur de chacune d'elles mais plutôt
vous vous fiez aux compilations statistiques qui vous entrent comme, par
exemple, au niveau de l'impôt. C'est à cela que vous vous
fiez?
M. TOUPIN: Non, nous ne touchons pas du tout à l'impôt. Je
veux bien que ce soit clair entre nous, il n'est pas question sur nos fiches
d'établir des revenus nets ou des revenus bruts des agriculteurs; il est
question de faire une fiche de l'agriculteur, avec son adresse et ses
productions et les quantités de produits approximatives qu'il peut
vendre. Cela va nous donner à peu près l'équivalent des
revenus qu'il peut retirer. A partir de là, on va établir si le
gars a vendu pour $1,000 ou moins, ou plus de produits agricoles. C'est la
liste de départ; il faut bien partir de quelque part.
Une fois que cette liste sera terminée, je ne vois pas
d'inconvénient, personnellement, et je ne pense pas que la régie
en voie non plus, à ce que nous rencontrions les associations de
producteurs qui demandent des accréditations, voire même celles
qui existent les associations d'agriculteurs et qui n'ont pas
demandé d'accréditation pour vérifier si,
véritablement, ce nombre correspond à ce qu'on croit être
comme nombre dans leur groupe de producteurs. Une fois que nous aurons
réalisé tout ce travail, nous pourrons dire que nous avons,
à jour, une liste des agriculteurs du Québec sur laquelle figure,
à 99.9 p.c, le nom de tous les agriculteurs du Québec dont les
revenus ou les ventes de produits excèdent $1,000 par année.
M. GIASSON: N'avez-vous pas l'impression de compliquer ce
système?
M. TOUPIN: Non, c'est très simple, ça va très bien
présentement.
M. GIASSON: Je prends mon cas personnel, est-ce que vous allez me
classer comme agriculteur au Québec?
M. TOUPIN: II y a des restrictions dans la loi qui exemptent les
industriels et les députés aussi.
M. GIASSON: Je ne suis même pas industriel.
M. TOUPIN: Non, les députés.
M. GIASSON: Prenons un gars qui va faire ce que je pourrais faire et qui
n'est pas député: en 1971, par exemple, j'ai mis sur le
marché 110 cordes de bois; mon épouse fait un peu de culture
maraîchère, elle a vendu 225 gallons de fraises, 65 gallons de
framboises. Est-ce que, partant du volume de produits en valeur que j'ai mis
sur le marché, je suis assujetti à un référendum au
moment de l'accréditation?
M. TOUPIN: Oui, si ça dépasse $1,000, tu es certainement
sur la liste.
M. GIASSON: On a un tas de gens qui ne font pas une exploitation de
ferme dans le sens qu'on l'entend couramment et qui ont des boisés, des
terres à bois et qui ne cultivent pas une ferme.
Si on prend les définitions que nous retrouvons là-dedans,
ils seraient assujettis comme forestiers.
M. TOUPIN: C'est exact.
M.VINCENT: Si cela dépasse $1,000 de produits agricoles bruts
vendus annuellement...
DES VOIX: C'est cela.
M. VINCENT: ... d'après la définition, il est sur la
liste.
M. GIASSON: Incluant le produit de la forêt.
M. TOUPIN: Nous avons discuté du produit de la forêt ce
matin. La définition veut que seulement la partie boisée de la
ferme soit incluse comme produit agricole. Les boisés privés.
M. GIASSON: Chez nous, la plupart des cultivateurs...
M. TOUPIN: Ils ont un boisé.
M. GIASSON: ... ont leur terre à bois en dehors de la ferme en
culture.
M. TOUPIN: Cela ne fait rien. Ils sont propriétaires, ils sont
fermiers.
M. GIASSON: Sur une ferme, il peut y avoir ou ne pas y avoir de
boisé, mais, par contre, les gens possèdent presque tous une ou
deux terres à bois. Alors, c'est un boisé de ferme?
M. TOUPIN: Dans le bois de pâte, c'est là que cela va aller
le plus vite, je pense, parce qu'il y a des plans conjoints partout. Tous les
producteurs de bois du Québec sont couverts par des plans conjoints et
sont déjà, par conséquent, sur des listes.
M. BELAND: Disons que nous ne taillons pas comme le duc des grands bois,
mais j'aimerais que le député de L'Islet émette
également son opinion à la suite des observations de ce matin.
Nous verrions ce que l'honorable ministre répondrait, à ce
moment-là.
M. GIASSON: Je regrette, mais, ce matin, j'étais pris par une
autre commission.
M. TOUPIN: C'est très Simple. Pour essayer non pas
d'empêcher le député de Lotbinière de poser une
colle à mon collègue au contraire, il s'en sort toujours
bien mais pour ne pas lui faire gaspiller de temps, c'est que, ce matin,
nous avons discuté purement et simplement à savoir si les
boisés privés comme tels étaient considérés
comme des fermes. La loi dit non. C'est que les boisés qui sont
considérés aux fins de cette loi doivent être des
boisés de fermes déjà existantes, c'est-à-dire des
fermes agricoles.
M. GIASSON: Oui, mais si vous vous servez des listes de producteurs que
vous retrouvez dans les différents offices de mise en marché de
la pâte...
M. TOUPIN: Les plans conjoints. C'est exact.
M. GIASSON: ... vous aurez là une foule de noms de gens qui ne
possèdent même pas de sol arable et qui paient des cotisations au
plan conjoint.
M. TOUPIN: On va les exclure.
M. GIASSON: Vous allez les exclure?
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Mais les 225 gallons de fraises et de framboises et de
culture maraîchère?
M. TOUPIN: Cela ne fait pas $1,000. M. VINCENT: Cela dépend.
C'est 225... M. TOUPIN: C'est 225 gallons de fraises. M. VINCENT: ... gallons
de fraises. M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Y aurait-il un inspecteur d'impôt dans
la salle? Non?
UNE VOIX: Y aurait-il un inspecteur?
M. TOUPIN: Est-ce qu'on est d'accord sur l'amendement?
M. VINCENT: C'est tout. Pas autre chose, pas de carottes?
UNE VOIX: Qui va faire cela?
M. TOUPIN: Les bureaux régionaux et les agronomes locaux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, est-ce que j'ai bien compris
qu'actuellement on est à dresser les listes de ceux qui sont des
producteurs?
M. TOUPIN: C'est exact.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cette liste serait prête vers la fin
de mars.
M. TOUPIN: Vers la fin du mois de mars ou peut-être le milieu du
mois d'avril. Cela dépendra de la façon dont cela va aller pour
faire nos vérifications de base. Il y a, par exemple, le
problème que posait tantôt le député de
L'Islet. Cela dépendra du temps qu'il nous faudra pour éclaircir
cela; les boisés de ferme et les boisés privés. Cela
prendra peut-être un peu plus de temps, une ou deux autres semaines pour
mettre de l'ordre dans tout cela.
M. VINCENT: Vous avez déjà la liste, par exemple, de tous
les producteurs laitiers, soit 36,000 qui sont déjà, ipso facto,
inclus dans les $1,000 et plus.
M. TOUPIN: Les producteurs de lait nature également.
M. VINCENT: Les producteurs d'oeufs, les producteurs de porc.
M. TOUPIN: Les producteurs d'oeufs, les producteurs de poulet.
M. VINCENT: Les producteurs de lait nature, c'est déjà
fait.
M. TOUPIN: Oui. Nous avons seulement les maraîchers.
M. VINCENT: Vous avez déjà la majorité. Simplement
à titre de suggestion. C'est peut-être même
déjà fait. Il y a des suggestions qui viennent en retard. Vous
pouvez quand même sortir vos listes: supposons les 36,000, plus les
2,000, plus les 4,000. Cela permettra, quand même, tout de suite,
à la fin de mars, à la Régie des marchés agricoles,
pour autant que la loi soit adoptée...
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: ... de vérifier le caractère
représentatif de l'association qui veut se faire accréditer,
parce que la liste finale ne viendra peut-être qu'au moins de mai, ou au
mois de juin.
M. TOUPIN: Nous avons prévu un "timing" assez précis.
M. VINCENT: Est-ce que le référendum va avoir lieu avant
ou après les élections fédérales ou
provinciales?
M. LEDUC: Cela n'a rien à voir avec ça. Sûrement
avant les élections provinciales.
M. VINCENT: Sans faire de politique, je pense que ça serait
physiquement très regrettable qu'on amène un
référendum en même temps qu'une élection, tant
fédérale que provinciale.
M. LEDUC: Ou municipale, parce qu'il y a plusieurs municipalités
qui votent en bloc au mois de novembre...
M. VINCENT: Non, je pose simplement cette question, parce qu'il s'agit
d'en tenir compte, car ce serait assez mêlant.
M. TOUPIN: L'association qui sera accréditée
déterminera avec la régie les dates et les mois qui lui
conviendront le mieux pour préparer et faire le
référendum.
M. VINCENT: Ce n'est pas pour une raison politique que je mentionne
ça. Supposons qu'il y ait une élection fédérale de
déclenchée au mois de septembre ou octobre, on le sait, il y a un
référendum qui a été annoncé. A ce
moment-là, je pense que ce serait mieux de ne pas tenir un
référendum en même temps qu'une élection
fédérale.
M. TOUPIN: II faudra le suggérer à l'association qui sera
accréditée.
M. VINCENT: Non, c'est à nous de prendre nos
responsabilités.
M. TOUPIN: Moi, je n'ai pas d'inconvénient à...
M. VINCENT: II y a moyen de coordonner tout ce travail pour
éviter qu'en pleine campagne électorale...
M. TOUPIN: Le député de Nicolet doit savoir probablement
à quelle date sont les élections fédérales.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II semble au courant de bien des choses.
Est-ce que le député de Nicolet pourrait nous dévoiler la
date des élections fédérales?
M. LEDUC: Serait-il le futur chef conservateur du Québec?
M. VINCENT: Peut-être qu'il y en a plusieurs qui prennent
ça seulement pour une boutade, mais ce serait assez malheureux...
M. TREMBLAY (Sainte-Maire): Non, il ne faudrait pas que ça
coincide.
M. VINCENT: ... de faire un référendum d'importance
provinciale qui touche quand même des milliers et des milliers de
personnes, de l'organiser en même temps qu'il y a l'organisation
politique d'une campagne électorale de trois ou quatre partis. Parce que
là, ça pourrait apporter des problèmes assez
sérieux.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a une association autre que l'UCC qui est
aussi polyvalente qu'elle? Il n'y en a pas d'associations. Je n'en vois
qu'une.
M. TOUPIN: Actuellement il y en a une de
structurée, mais j'apportais un exemple tantôt. Supposons
que la Fédération des producteurs de porc, que la
Fédération des producteurs de lait, etc., décident demain
matin de...
M. BOIVIN: Ce n'est pas assez polyvalent, elles ne représentent
pas tout le monde.
M. TOUPIN: ... se désaffilier de l'association
accréditée et de former une confédération, elles
ont le droit de le faire. Tout de suite, elles peuvent demander à la
régie une accréditation.
M. LEDUC: Est-ce que le député de Dubuc veut dire
polyvalente ou politisée?
M. BOIVIN: Polyvalente, c'est-à-dire qui représente toute
la classe agricole. Les producteurs de lait...
M. TOUPIN: II n'en existe pas d'aussi... M. BOIVIN: Actuellement.
M. TOUPIN: ... polyvalentes ou multiprofes-sionnelles que celles qui
existent actuellement, mais il existe des syndicats spécialisés
qui peuvent très facilement se fédérer.
M. BOIVIN: En former un autre. M. TOUPIN: En former un autre...
M. GIASSON: Si jamais la Fédération des producteurs de
lait, qui ne sera pas...
M. BOIVIN: Ce serait plus facile de changer...
M. TOUPIN: Elle seule est capable d'aller chercher la majorité
des agriculteurs du Québec.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je pourrais vous demander une
information, J'entends des observations souvent, encore tantôt là,
on demande toujours au député de Sainte-Marie quel est le nombre
d'agriculteurs qu'il a dans son comté. Est-ce que le ministre...
M. GIASSON: C'est bien choquant, ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... qui est membre du cabinet, pourrait me
dire combien il y a de concessions forestières dans le comté du
ministre des Terres et Forêts, qui est député de Westmount.
Est-ce qu'il y en a beaucoup?
M. TOUPIN: II y aurait peut-être juste le mont Royal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, mais étant donné qu'on me
demande combien il y a d'agriculteurs dans mon comté, j'aimerais savoir
le nombre de concessions forestières qu'il y a dans le comté du
ministre des Terres et Forêts?
M. LEDUC: Bien dans le comté du ministre des Terres et,
Forêts il y a certainement plus d'arbres que de cultivateurs dans le
comté de Sainte-Marie.
M. LE PRESIDENT: II a au moins une ferme et un boisé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que ça inclut le mont Royal?
Le cimetière de Côte-des-Neiges?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: II y a beaucoup de poteaux de téléphone, s'il
y a l'électricité.
M. TOUPIN: On continue. Article 7, adopté.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question à poser,
étant donné qu'on est à l'article 7. Si, par exemple, un
groupe de producteurs d'une association donnée à
l'intérieur d'une association donnée ou l'ensemble de ces
producteurs-là à l'intérieur de l'association
donnée prétendent à un moment donné qu'à
cause d'une force économique quelconque leur vote a été
influencé, est-ce qu'à ce moment-là ils peuvent faire
appel au bill 45, Loi de la protection du consommateur?
M. TOUPIN: Je ne vois pas le lien.
M. BELAND: Oui, la Loi de la protection du consommateur est là
pour protéger le public contre certains contrats
d'adhésion...
M. TOUPIN: Là on ne parle pas de la même chose, c'est que
les gars qui adhèrent à une association ne mangent pas les
cartes, ils les signent.
M. BELAND: Oui, mais quand même le type qui achète un
aspirateur, pour la maison, a un laps de temps pour résilier le contrat,
alors c'est un contrat d'adhésion comme toute carte d'ailleurs constitue
en elle-même un contrat d'adhésion.
M. GIASSON: C'est la partie de la loi qui régit les vendeurs
itinérants.
M. TOUPIN: II faudra que vous prouviez que celui qui travaille...
M. GIASSON: Je pense qu'au référendum il est un vendeur
itinérant, s'il n'en est pas un, ça ne s'applique pas au bill 45,
ça.
M. TOUPIN: II y a une partie dans la loi qui prévoit des
règlements à cet effet, c'est-à-dire que...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le bill 45 il parle de contrat
d'achat.
M. TOUPIN: Quiconque peut, par intimidation, etc. etc..
M. VINCENT: II y a contrat de service aussi.
M. TOUPIN: II y a le contrat de service qui pourrait peut-être
s'apparenter davantage à cela.
M. VINCENT: D'autres fédérations.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une carte d'adhésion, ce n'est pas un
contrat de service.
M. VINCENT: Probablement que la fédération se servira de
cela pour faire valoir à la régie que les gens n'ont pas les
services auxquels ils s'attendent.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté?
M. VINCENT: Adopté. C'est le nouvel article au complet.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, est-ce qu'on ajourne
à 4 h 30?
M. LE PRESIDENT: Oui, à 4 h 30.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je crois que l'article 8 est très
important. Je pense qu'il y aura une assez bonne discussion là-dessus.
Est-ce qu'on pourrait remettre l'étude de l'article 8 à la
prochaine séance, étant donné qu'il est 4 h 30?
M. LE PRESIDENT: Nous ajournons la séance à demain matin,
10 h 30.
M. TOUPIN: Oui, M. le Président, je n'ai pas
d'inconvénient à ajourner. Je pense que l'article 8 est
simplement le pendant de l'article 7.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous avons un amendement à l'article
8.
M. TOUPIN: Vous avez un amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pourrais même vous le remettre ce
soir. Sur l'article 8, je pense qu'on ne pourrait terminer ce soir, puisqu'il
est d'ailleurs 4 h 30 et que, ce matin, vous avez dit que nous terminerions
à 4 h 30.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Vous allez vous reposer. Parfois, la nuit porte conseil.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, je peux le distribuer.
M. VINCENT: Vous pouvez simplement le lire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Puisque le député des
Iles-de-la-Madeleine n'est pas ici, on va s'entendre.
M. GIASSON: Est-ce qu'on pourrait deman- der au député de
Sainte-Marie de lire son amendement?
M. VINCENT: Oui, simplement le lire.
M. TOUPIN: Oui, si vous le lisiez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Que la motion d'amendement... Vous avez un
amendement à l'article 8?
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors c'est un sous-amendement... soit
sous-amendée en remplaçant les mots "établit son
caractère représentatif" par les mots "a fait la preuve qu'elle
représente la majorité des producteurs et que cette
majorité a accepté de payer la cotisation et la contribution
obligatoire visées aux sections VIII et DC et que cette association
remplit les autres conditions prévues à la présente loi".
Notre sous-amendement je vais vous le distribuer propose que pour
autant qu'une association a donné une preuve qu'elle détient la
majorité cela vaut pour l'accréditation et la cotisation
obligatoire.
M. VINCENT: Cela éliminerait le référendum qui
vient par la suite.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui. M. VINCENT: C'est la substance.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimerais bien en discuter...
M. VINCENT: Oui, d'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... sérieusement.
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je peux vous distribuer l'amendement ce
soir.
M. VINCENT: Si je comprends bien, ce sous-amendement aurait pour effet
d'éliminer le référendum qui vient pour la cotisation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour la cotisation, c'est cela.
M. VINCENT: Ah bon!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimerais bien avoir le temps d'en
discuter, mais étant donné l'heure...
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à 10 h 30
demain matin.
M. TOUPIN: Demain matin, 10 h 30, cela me va.
(Fin de la séance à 16 h 31 )
Séance du jeudi 16 février 1972
(Dix heures trente-neuf minutes)
M. FRASER: (président de la commission parlementaire permanente
de l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs! Nous
étions hier à l'article 8.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, à
l'ajournement hier soir, j'ai distribué aux membres de la commission un
sous-amendement à l'amendement qui est proposé par le ministre
à l'article 8. Je pense que ceux qui ont reçu le sous-amendement
ont eu le temps de le lire. Le sous-amendement dit: "Que la motion d'amendement
soit sous-amendée en remplaçant les mots "établir son
caractère représentatif" par les mots "a fait la preuve qu'elle
représente la majorité des producteurs et que cette
majorité a accepté de payer la cotisation et la contribution
obligatoires visées aux sections VIII et IX et que cette association
remplit les autres conditions prévues à la présente loi."
Là, cela retombe dans le texte de l'amendement du ministre.
Si nous proposons ce sous-amendement, c'est qu'actuellement il est
prévu deux mécanismes pour reconnaître l'association, pour
l'accréditer, c'est-à-dire un mécanisme pour
l'accréditation, qui sera une preuve de représentativité
et un autre mécanisme, un référendum pour la cotisation
obligatoire. Cette loi spéciale n'est pas régie par le code du
travail, mais, si vous vous inspirez du code du travail, le processus pour
accréditer l'association et donner la cotisation obligatoire, genre de
formule Rand, c'est absolument le même processus, le même
mécanisme qu'on préconise dans le code du travail. Actuellement,
par la loi, pour que l'association accréditée ait la cotisation
obligatoire, on exige que 60 p.c. des producteurs se prévalent de leur
droit de vote et que 60 p.c. des gens qui votent se prononcent pour. Ceci veut
dire que 36 p.c. des producteurs, des agriculteurs pourraient se prononcer pour
la cotisation obligatoire. Je ne dis pas que c'est antidémocratique.
J'en ai même déjà défendu le principe à
l'Assemblée nationale. En toute objectivité, je ne dis pas que
c'est antidémocratique parce que, comme on le disait dans les
commissions antérieures: qui ne dit mot, consent. Si quelqu'un ne vote
pas, bien, il consent à la décision que prendront ceux qui
votent, mais il reste que 36 p.c. des producteurs peuvent décider de la
cotisation obligatoire.
Nous proposons d'enlever le référendum pour
l'accréditation. Sur une preuve de représentativité, de
carte de membre, en autant que ce sera 50 p.c. plus un, la Régie des
marchés agricoles accorde l'accréditation. Pourquoi ne pas faire
une seule opération, c'est-à-dire avoir une carte
d'adhésion que l'association ferait signer aux producteurs où il
serait dit que le producteur adhère au syndicalisme agricole et accepte
de payer la cotisation à la source, se prononce pour la cotisation
obligatoire? Cela ferait une seule opération et il n'y aurait pas besoin
de référendum. Cela prendrait 50 p.c. plus un des producteurs
pour décider de la cotisation obligatoire et cela enlèverait tout
le mécanisme de référendum qui est prévu en vertu
de la loi. C'est dans cet esprit-là que je présente ce
sous-amendement.
Maintenant je pose la question au ministre. Je lui demande tout
simplement la raison qui le porte à enlever le référendum
pour l'accréditation mais à laisser le référendun
pour la cotisation obligatoire. Pourquoi faire une exception pour la classe
agricole quand la chose ne se fait jamais dans les autres secteurs? Il y a des
référendums dans l'industrie. Il y a des
référendums je peux vous en donner un exemple
c'est-à-dire un vote d'adhésion syndicale à
l'Hydro-Québec. Je cite souvent l'Hydro-Québec parce que j'ai
vécu le problème. Mais ce référendum-là est
imposé par le ministère du Travail lorsqu'il y a un litige,
lorsque deux associations revendiquent l'accréditation. Ce qui est
arrivé à l'Hydro-Québec, c'est que le syndicat canadien de
la fonction publique disait qu'il avait la majorité et la CSN disait
qu'elle avait la majorité. Les deux syndicats ont alors fait des
représentations auprès du ministère du Travail, ont
demandé l'accréditation. A un moment donné, cela a
passé en audition à la Commission des relations de travail dans
le temps, et pour trancher le litige, on a déclenché un vote pour
savoir qui des deux aurait la majorité.
Ici, il n'y a pas ce problème-là. Il n'y a pas deux
associations qui prétendent avoir la majorité. Il n'est pas
question de voter pour savoir qui a la majorité. La loi accrédite
une association, qui sera en l'occurrence l'UCC. Il s'agit tout simplement de
savoir si les producteurs sont pour ou contre la cotisation obligatoire. Donc,
pourquoi ne pas faire signer une carte qui dirait: Je me prononce pour
l'accréditation et pour la cotisation obligatoire.
Je demande donc au ministre les raisons qui l'empêchent de
procéder comme dans tous les autres secteurs, qui le poussent à
créer un précédent et à trancher cette
question-là par un référendum.
M. VINCENT: M. le Président, avant que le ministre ne
réponde, j'aurais quelques questions à poser au
député de Sainte-Marie. Si on lit le sous-amendement à
l'amendement, je me pose la question: Qu'est-ce qui va après
"association"? L'amendement se lirait comme suit: "Lorsqu'une association qui
demande l'accréditation on dit: Remplacer les mots
"établit son caractère représentatif" par les mots "a fait
la preuve" a fait la preuve qu'elle représente la majorité
des producteurs et que cette majorité a accepté de payer la
cotisation et la contribution obligatoires visées aux sections VIII et
IX et que cette association...
M. TREMBLAY (Sainte-Maire): Et que cette association, et là, si
vous allez...
M. VINCENT: ... remplit les autres conditions prévues à la
présente loi, la Régie doit lui conférer
l'accréditation." C'est ça?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui. Vous voulez savoir ce qui vient
après "cette association"?
M. VINCENT: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous allez à l'amendement
proposé par le ministre, à l'article 8: "Lorsqu'une association
qui demande l'accréditation établit son caractère
représentatif et que cette association remplit les autres conditions
prévues â la présente loi, la régie doit lui
conférer l'accréditation."
M. VINCENT: Deuxième question, si c'est ça, le
député de Sainte-Marie ne croit-il pas qu'en insérant ce
sous-amendement à l'amendement il va rendre encore plus laborieuses les
conditions imposées à une telle association pour être
accréditée? En plus, si on regarde bien l'économie de la
loi, le député de Sainte-Marie obligerait l'association à
faire la preuve que la majorité plus un des producteurs seraient
consentants, par une carte d'adhésion, à payer la contribution
obligatoire. Même si on insère cela, plus loin dans la
législation, cela n'enlève pas le référendum.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourquoi?
M. VINCENT: Parce que la section ne concerne que
l'accréditation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, écoutez, le sous-amendement que
je propose, pour le simplifier on pourra changer le texte si on veut. C'est
tout simplement, au lieu d'avoir un article qui dit que l'association sera
accréditée sur preuve de représentativité, sur
preuve qu'elle détient la majorité, la même carte...
M. VINCENT: M. le Président, il reste quand même ceci
le ministre l'a expliqué : Dans cette législation,
il y a deux phases.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. VINCENT: Premièrement, l'accréditation d'une
association, qui est la section III et, deuxièmement, il y a la
contribution obligatoire lorsqu'une majorité l'a
décidée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. VINCENT: Si le député de Sainte-Marie insère
dans la section III cette obligation additionnelle, c'est que l'association,
avant d'être accréditée, sera dans l'obligation de faire la
preuve que la majorité plus un des producteurs veut payer la cotisation
obligatoire sans enlever pour autant la section IV. On oblige donc
l'association à faire la preuve avant référendum...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non!
M. VINCENT: ... que la contribution obligatoire serait acceptée
par la majorité des producteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le député de Nicolet, je
pense qu'il y a certaines choses que vous avez mal saisies. Je m'explique. Au
lieu que l'association donne une preuve qu'elle détient la
majorité et, ensuite, fasse un référendum pour prouver que
la majorité est pour par référendum, ce ne serait
pas la majorité mais 36 p.c. tout de même, en vertu du
mécanisme de la loi, pour prouver que les producteurs sont pour la
cotisation obligatoire, on veut qu'il n'y ait qu'une seule opération,
une carte d'adhésion. Je dis au député de Nicolet que cela
se fait dans les autres secteurs. C'est une carte d'adhésion qui dit:
J'adhère au syndicalisme agricole je simplifie, il restera
à décider de la formulation sur la carte et en même
temps, sur cette même carte, on indique qu'il se prononce pour la
cotisation obligatoire. Dès que l'association a 50 p.c. plus un des
membres, c'est inscrit sur ces cartes, les gens qui ont signé ces cartes
adhèrent au syndicalisme agricole et se prononcent pour la cotisation
obligatoire.
M. LEGER: Ce sont deux décisions en même temps.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce sont deux décisions. Quand
vous...
M. VINCENT: Mais à l'heure actuelle, M. le Président, je
pense que le député de Sainte-Marie est en train d'errer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non.
M. VINCENT: A l'heure actuelle, dans la loi, le gouvernement a
accepté d'enlever le référendum pour
l'accréditation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. VINCENT: Le gouvernement propose une loi donnant
l'accréditation à une association lorsque celle-ci a fait la
preuve qu'elle représente la majorité des producteurs du
Québec, un point.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. VINCENT: C'est la seule chose qu'on leur demande, soit de faire la
preuve qu'elle représente la majorité des producteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui mais...
M. VINCENT: Juste un instant, parce que là, il ne faut pas se
mêler. Nous parlons seulement d'accréditation. Nous ne parlons pas
de cotisation, dans la section IV ou dans la section III de la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, oui.
M. VINCENT: En ce qui me concerne, pour qu'une association soit
accréditée, la section III a enlevé l'obligation du
référendum.
Nous ne sommes pas pour obliger, en plus de ça, l'association
à faire la preuve que la majorité plus un des agriculteurs sont
prêts à payer la cotisation obligatoire. Là, ça
deviendrait impossible.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourquoi?
M. VINCENT: On l'a dit et on l'a répété à
plusieurs reprises dans les commissions parlementaires: Inutile de demander
à une association pour être accréditée qu'elle donne
la preuve que la majorité des producteurs sont prêts à
payer la cotisation obligatoire. L'accréditation et la cotisation, ce
sont deux choses.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Moi, je ne vous dirai pas que vous errez.
Tout simplement, je pense que nous ne nous entendons pas sur les termes. Si on
le fait par référendum, il va falloir que...
M. VINCENT: Vous ne le ferez pas par référendum.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, pour la cotisation.
M. VINCENT: Bien ça, c'est dans l'autre section.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Justement, dans l'amendement, vous incluez
ces deux preuves là: preuve qu'elle détient la majorité et
preuve que la majorité est pour la cotisation obligatoire, dans une
seule opération: une carte d'adhésion. Vous l'amenderez comme
vous voudrez, vous proposerez une autre formule. Ce que nous voulons, c'est
qu'il n'y ait pas une carte d'adhésion et, ensuite, un
référendum pour la cotisation.
Qu'il y ait une carte d'adhésion, qu'ils se prononcent pour
l'accréditation et pour la cotisation. Point. Lorsque vous faites signer
des cartes pour établir un syndicat dans l'usine "X", justement, c'est
écrit sur la carte. La personne qui adhère au syndicat signe une
carte et il y a en même temps une formule qui dit: J'autorise mon
employeur à prélever la cotisation à la source.
M. VINCENT: Le syndicat est accrédité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, c'est pour l'accréditation et,
en même temps, sur la carte, il s'est prononcé sur la cotisation.
Laissez-moi un peu expliquer.
M. VINCENT: D'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le secteur ouvrier, la formule Rand
ce n'est pas tout à fait ça dans le projet de loi, mais
c'est un genre de formule Rand, de cotisation obligatoire ce n'est pas
accordé en vertu de la Loi du code du travail. La formule Rand se
négocie entre l'employeur et l'employé. Même s'il y a 100
p.c. des 1,000 employés de l'usine "X" qui adhèrent au syndicat,
ça ne leur donne pas automatiquement la formule Rand. Elle se
négocie entre l'employeur et l'employé. Il n'y a rien dans le
code du travail qui impose la cotisation obligatoire.
Tandis qu'ici elle ne se négocie pas; elle est accordée en
vertu de la loi. Le bill 64 prévoit que la cotisation obligatoire est
accordée à l'association, autant que la majorité se
prononce pour. Pas la majorité. On dit que, dans le
référendum, 60 p.c. doivent se prévaloir de leur droit de
vote et 60 p.c. de ceux qui votent doivent se prononcer pour. Cela veut dire
que 36 p.c. peuvent décider de la cotisation obligatoire.
Tandis qu'avec une carte d'adhésion qui dit qu'on adhère
au syndicalisme agricole et qu'on se prononce pour la cotisation obligatoire
ça prendra à l'association 50 p.c. plus un.
C'est tout simplement, avec quelques variantes, la même formule
que dans les autres secteurs.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Justement la formule Rand n'est pas
négociée entre les producteurs et la Régie des
marchés agricoles. Elle est accordée en vertu de la loi. C'est
une loi spéciale qui n'est pas régie par le code du travail,
alors pourquoi pas une seule opération? D'ailleurs, dès que 50
p.c. des membres vont avoir adhéré au syndicalisme agricole, ceux
qui vont y adhérer vont automatiquement, même si ce n'est pas
marqué sur la carte, se prononcer pour la cotisation obligatoire. Ils
veulent la cotisation obligatoire s'ils signent une carte de membre. Mais en
plus on le marque sur la carte.
Alors, le type qui signe une carte le fait en toute connaissance de
cause. Cela a été la formule que le député des
Iles-de-la-Madeleine employait hier, même si on pense qu'il y a eu des
tordages de bras, la Régie des marchés agricoles pourra faire une
enquête, aller voir ceux qui ont signé des cartes, leur demander
si ça leur a été bien expliqué, s'il y a eu des
pressions de faites sur eux.
C'est une opération; par une carte de membre le type se prononce
pour l'accréditation, pour la cotisation. Il n'a pas besoin de
référen-
dum, ils se sont prononcés en signant une carte. C'est ça
dans le secteur ouvrier, c'est la même chose.
M. VINCENT: Donc, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Laissez le ministre répondre et peut-être
que ça va vous éclairer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'avais demandé une réponse au
ministre. C'est l'ancien ministre qui avait répondu.
M. VINCENT: Non, j'avais seulement une question...
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas qu'on s'enlise trop trop, dans toute cette
discussion, avant qu'on ait fait un peu la part des choses. Le
député de Sainte-Marie devrait convenir avec nous, au
départ, que cette loi n'est pas une loi qui s'applique en vertu du code
du travail.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça que j'ai dit.
M. TOUPIN: II devrait en convenir. Deuxièmement, s'il en
convient, il devrait convenir que le secteur agricole ne peut se comparer au
secteur ouvrier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord.
M. TOUPIN: S'il en convient, il ne devrait pas, dans l'étude du
projet de loi, procéder par comparaison, secteur agricole, secteur
ouvrier. S'il procède par comparaison, à ce moment-là il
n'est plus logique avec ses deux premières affirmations. Alors, si on
veut être logique jusqu'au bout, il faut rester dans la même ligne,
pas marcher sur des lignes parallèles.
J'aimerais tout d'abord faire une différence fondamentale entre
l'accréditation d'une association et le paiement obligatoire d'une
cotisation. Majoritairement, un groupe professionnel a le droit qu'on
reconnaisse officiellement et légalement sa propre association. C'est
son droit le plus légitime. Et ça, nous le faisons dans la loi,
c'est clair.
Il n'est pas question de référendum à ce
chapitre-là, il est question que l'association, qui se dit
représentative des agriculteurs, puisse nous faire la preuve, sous forme
de cartes ou de registre de membres, qu'elle est représentative
majoritairement des agriculteurs.
Nous, pour nous assurer que tel est le cas, nous avons prévu un
mécanisme beaucoup plus souple que le référendum: des
sondages, la régie pourra aller faire certains sondages dans le milieu
pour voir si les noms qui apparaissent sur les listes de l'association sont
conformes aux noms qui figurent sur la liste que nous aurons établie
avec la régie et avec les producteurs. L'association est, à ce
compte, accréditée; elle est reconnue par le gouvernement, via la
régie, comme étant celle qui représente les agriculteurs
du Québec. Nous faisons là un pas très important, mais
à mon point de vue, cela ne confère pas pour autant le droit de
retenir une cotisation obligatoire.
On pourrait indiquer, comme vous le laissiez sous-entendre tantôt
que l'on signe la carte et pour une adhésion en vue de la
représentativité, et pour la retenue de la cotisation
obligatoire, à celui qui va signer cette carte-là. Encore
là, cela vaudrait seulement pour celui qui la signe et encore
faudrait-il prévoir qu'elle soit révocatri-ce,
c'est-à-dire que l'on pourrait révoquer cette signature n'importe
quand après un ou deux ans.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TOUPIN: C'est ce qui se produit... M. LEGER: Juste une courte
question.
M. TOUPIN: ... au niveau d'une carte. Si vous voulez que la cotisation
obligatoire soit instaurée, on n'a pas le choix, il nous faut consulter
les agriculteurs.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une courte question?
M. TOUPIN: II faut absolument aller les voir chez eux et, pour cela, on
a prévu un mécanisme . Je ne pense pas qu'on puisse passer outre,
il faut que tous les agriculteurs du Québec aient l'occasion de se
prononcer alors qu'autrement il n'y a que 50 p.c. qui se prononcent. Nous
croyons que tous doivent être consultés.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous me permettez une
remarque?
M. TOUPIN: C'est pour cela que l'on prévoit un mode de
référendum.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me permettez-vous une remarque?
M. TOUPIN: Ce n'est pas pour...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous n'exigez pas que tous les producteurs
se prononcent. La loi exige 60 p.c. et les autres 40 p.c. ne se seront pas
prononcés.
M. TOUPIN: Tous seront appelés à se prononcer, tous, sans
exception.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, si vous me permettez je
voudrais ouvrir une parenthèse.
M. TOUPIN: Nous allons beaucoup plus loin que cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tous seront
appelés à signer une carte aussi; ceux qui ne signeront
pas de carte...
M. TOUPIN: Cela n'est pas certain.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... ce sera de l'absentéisme comme
ceux...
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas certain.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... qui ne se prononceront pas à un
référendum.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas certain.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Personne ne pourra signer de carte...
M. TOUPIN: Ce n'est pas certain. Vous voulez un référendum
sous forme de carte. C'est une autre affaire. Vous pouvez en faire un
référendum sous forme de carte. La formule que vous
préconisez n'oblige pas tous les agriculteurs à se prononcer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous le permettez, M. le
Président, je ne voudrais pas passer pour quelqu'un qui manque de
respect. Est-ce que vous permettez que j'enlève mon veston?
M. TOUPIN: Ce n'est pas arrivé à Drummondville?
M. VINCENT: J'ai mentionné tout à l'heure c'est un
point d'ordre que je soulève que présentement nous sommes
à parler de l'accréditation d'une association. Il n'est pas du
tout question, dans la section III, de cotisation, et le député
va le comprendre. Nous parlons présentement d'accréditation.
Quand nous parlerons de cotisation à la section IV, à ce
moment-là, on pourra parler de cotisation obligatoire, de mode de
consultation, mais on est complètement hors d'ordre à l'heure
actuelle, à l'article 8, quand on parle de cotisation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous le permettez...
M. VINCENT: Plus que ça, M. le Président, si vous jugez
l'amendement, il est recevable seulement pour l'accréditation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si on veut amender la loi dans le sens de
mon sous-amendement, il faut amender l'article 8. C'est pour ça que j'ai
apporté ce sous-amendement-là à l'article 8. L'article 8
parle d'accréditation. Je veux qu'en même temps ce
mécanisme prévoie l'accréditation et la cotisation
obligatoire. Il faut que vous l'amendiez à l'article 8. La preuve, c'est
que si le sous-amendement était accepté, vous seriez
obligés de rayer du projet de loi les articles 13 à 17 qui sont
le mécanisme du référendum. On n'en aurait plus besoin; il
n'y en aurait pas.
M. TOUPIN: II faut changer la section IV.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Peu importe la section.
M. TOUPIN: Toute la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous comprenez le sens de mon
sous-amendement?
M. TOUPIN: Bien sûr.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous pouvez l'amender comme vous le voulez.
Insérez-le, peu importe l'article, pour autant que la loi dirait que
c'est une carte d'adhésion pour l'accréditation et la cotisation.
IL faut amender l'article 8 si on change le mécanisme.
M. LEGER: M. le Président, je ne pense pas que l'argument que le
député de Nicolet apporte en disant que, parce qu'à la
section III on parle d'accréditation et qu'à la section IV on
parle de cotisation par référendum et parce que ce sont deux
sections différentes, il ne peut pas y avoir un article qui parle des
deux sujets quand il y a interrelation. Je pense que ce n'est pas un argument
qui vaut pour dire qu'on n'a pas le droit d'en parler et de proposer un
sous-amendement dans une section parce qu'on ne doit en parler qu'à
l'autre section. S'il y a interrelation, il faut en parler quand il faut. La
question que je voulais poser au ministre tantôt il ne semblait
pas vouloir me le permettre à ce moment-là c'est la
suivante. Je vais attendre qu'il m'écoute...
M. LE PRESIDENT: Je crois que tout le monde comprend le sous-amendement
du député de Sainte-Marie. Pour ne pas retarder l'étude du
bill, on devrait voter sur ça et on va régler le problème
tout de suite.
M. LEGER: Un instant. Je n'ai pas posé ma question qui
s'adressait au ministre. Je n'ai pas encore posé ma question.
J'attendais que le ministre m'écoute, mais il était en train de
parler à quelqu'un; c'est pour ça que j'attendais pour poser ma
question. Ma question est la suivante: Comment concevez-vous qu'un groupe de
personnes puisse former une association représentative, qu'il
reçoive une carte de membre d'une association et qu'il n'ait même
pas un minimum de cotisation à donner?
Autrement dit, pourquoi séparez-vous absolument la question de
former une association et celle de payer un montant pour en faire partie? On
voit rarement des associations qui doivent s'autofinancer, accepter des membres
qui n'aient pas à payer un minimum de cotisation. Je ne vois pas
pourquoi. Au départ, cela ne peut pas se faire, il faut absolument que
ce soient
deux sujets séparés, parce qu'il y en a un sur lequel tout
le monde doit se prononcer, à savoir si on doit payer, et quant à
l'autre, il s'agit seulement d'un pourcentage suffisant pour que l'association
existe. Je ne vois pas pourquoi, de facto, vous dites que cela ne peut pas se
faire. Est-ce qu'une association qui doit être reconnue comme
représentative des membres qui ont des intérêts à
faire défendre, n'aurait pas en même temps, dans le même
geste, un minimum de cotisation à exiger? Autrement, faire partie d'un
mouvement auquel on ne contribue même pas pour le faire fonctionner, ce
n'est pas être membre de ce mouvement-là, à moins
d'être membre honoraire.
M. TOUPIN: Je suis d'accord avec vous là-dessus. Je ne dis pas
que les gars ne contribuent pas et je ne dis pas que l'on doit faire signer des
cartes sans contribution. Les associations qui existent actuellement paient une
cotisation; cela peut varier de $1 à $10 à $15 ou à $20.
C'est bien sûr, on paie une cotisation; la plupart du temps, une
association qui décide de se former, si elle veut se financer, il faut
absolument qu'elle exige une contribution de la part de ceux qui veulent en
devenir membres. Cela, c'est le financement de l'association, ce sont des
conditions pour en devenir membres. Mais cela ne confère pas pour autant
le droit à ce groupe d'individus-là d'imposer à tout le
reste l'obligation de payer la même chose qu'eux. Cela n'oblige pas
ça pour autant. C'est un engagement individuel que tu prends à ce
moment-là; ce n'est rien d'autre. Puis, l'ensemble des engagements
individuels, lorsqu'il a atteint 50 p.c, nous croyons et c'est tout
à fait logique, tout à fait démocratique que nous
devons reconnaître ce groupe-là comme formant une association qui
représente la profession, qui la représente comme telle. Mais
cela n'oblige personne pour autant à payer obligatoirement une
cotisation; c'est cette distinction que je veux que vous fassiez.
Et, quand vous regardez dans les autres secteurs, dans le secteur
ouvrier ou ailleurs, pour obtenir la formule Rand, pour obtenir la cotisation
obligatoire, vous procédez non pas par voie d'accréditation;
l'accréditation ne confère pas cela. Il y a des mécanismes
dans une convention collective qui donnent des moyens pour atteindre ces
fins-là mais ce sont d'autres mécanismes que celui de
l'accréditation. Dans les syndicats ouvriers on procède sous
forme de négociations avec l'entreprise. Nous, dans le secteur agricole
qui nous concerne, il n'y en a pas de ces négociations-là
à moins que l'association accréditée négocie la
formule Rand, avec tous les acheteurs de produits. Mais imaginez ce que cela va
créer comme problème. C'est presque impensable, c'est presque
intenable du point de vue technique. On ne peut pas penser dans cette
perspective. Donc, il nous faut trouver une autre formule. Il y a certains
secteurs de la fonction publique qui ont été appelés
à se prononcer par voie de référendum sur la cotisation
obligatoire et pourtant, on aurait pu purement et simplement la négocier
cette cotisation-là; mais non, on a jugé bon et les associations
représentatives du temps ont accepté cette consultation
auprès de leurs membres. Alors, pourquoi, dans notre projet de loi,
conférerait-on tout de suite ce droit à l'association sans avoir
donné l'occasion à tous ceux qui, demain matin, seront
appelés à payer, de se prononcer par un oui ou par un non? Les
agriculteurs peuvent bien dire: On est d'accord avec l'association
accréditée mais on n'est pas d'accord pour payer une cotisation
obligatoire. Ils peuvent dire cela et c'est démocratique.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur la carte.
M. TOUPIN: Ils ne peuvent pas le dire sur la carte.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Concernant ce que vient de dire le ministre,
si vous me permettez...
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi a demandé
la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois que nous tournons en rond...
M. LE PRESIDENT: Après cela, le député de
Lotbinière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et le ministre l'a expliqué tout
à l'heure de façon assez claire, il y a deux temps
là-dedans.
Il faut d'abord qu'un organisme soit constitué, qui
représente officiellement les producteurs ou les cultivateurs.
Appelons-les comme on voudra. C'est à cette section de
l'accréditation que se pose ce problème de l'organisation de ce
corps représentatif de ceux qui sont identifiés dans la loi comme
agriculteurs, producteurs, ainsi de suite.
C'est le premier temps, la première étape, le premier
stade que nous devons franchir pour qu'il y ait une organisation syndicale
agricole dûment reconnue en vertu de la loi. Une fois cette organisation
constituée, une fois ce corps organisé, il appartient aux
cultivateurs qui en sont membres de déclarer par quel mécanisme
ils veulent que leur organisation fonctionne. C'est à ce
niveau-là, à ce stade-là que se pose le problème de
l'acceptation du paiement d'une cotisation.
Je crois que c'est mélanger deux problèmes
différents, c'est mettre de côté toute technique
législative que de vouloir insérer dans une section qui ne traite
pas de la cotisation une prescription impérative au chapitre de
l'accréditation qui, elle, a comme objectif d'organiser la profession et
d'en faire ce qu'on appelle un syndicat agricole. Il me parait et cela
prima facie que l'amendement, sous-amendement présenté par
le député de Sainte-Marie est irrecevable parce qu'il va
au-delà de cette étape
de l'étude de la loi que nous sommes en train de faire et je ne
vois pas pourquoi, à moins que le député de Sainte-Marie
ne me l'explique de façon très nette, il veut absolument lier la
question de l'accréditation à celle de l'obligation du paiement
d'une cotisation. Je crois que c'est là mettre la charrue devant les
boeufs et que c'est imposer aux agriculteurs, qui, éventuellement,
feront partie de cette association, tout de suite une obligation dont on ne
sait pas s'ils l'accepteront puisqu'il faut les consulter et leur demander un
à un ce qu'ils en pensent. Il me parait, par conséquent, que ce
sous-amendement est irrecevable à ce stade-ci de nos
délibérations puisqu'il devance l'analyse d'une autre section de
la loi et que l'on voudrait dans un même article procéder à
l'organisation de la profession aux termes de la loi et en même temps
imposer à ceux qui en seront membres l'obligation d'une cotisation sans
qu'on ait pu les consulter.
Alors, M. le Président, j'estime que cet amendement est
irrecevable et devrait être rejeté, tout simplement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que quelqu'un a demandé la parole?
M. BELAND: Je désire quand même exprimer mon opinion au
sujet de cet amendement qui a été apporté par le
député de Sainte-Marie. Evidemment, à l'intérieur
il faut regarder de très près jusqu'où cela peut nous
conduire et si l'on scrute parmi les divers éléments qu'il y a
à l'intérieur de structure de production et de défense
objective professionnelles, il faut se rendre compte que parmi cela on nous
dit, par exemple, que l'exploitant agricole n'est pas un entrepreneur.
L'exploitation des biens agricoles n'est pas une entreprise dans le sens
propre du mot. Ensuite, on nous dit également: L'exploitation agricole
est un type particulier d'entreprise au sens que donnent certains
économistes. C'est un sens très particulier d'entreprise, et
c'est vrai.
Présentement, nous sommes devant cette énumération
d'articles, à savoir référendum vis-à-vis d'une
chose donnée ou deux choses données bien précises. Je
pense quand même que l'article 8 tel que rédigé de nouveau
par le ministre de l'Agriculture est très bien. Il dit: Lorsqu'une
association qui demande l'accréditation établit son
caractère vraiment représentatif et remplit les autres conditons
prévues à la présente loi, la régie doit lui
conférer l'accréditation. J'accepte cela parce que, justement, il
ne faut pas y mêler l'autre aspect de la question, qui est la cotisation
obligatoire.
L'agriculteur, étant donné que ce n'est pas un
entrepreneur, que ce n'est pas non plus, sous certains aspects, un
employé au sens propre du mot, on ne peut pas, comme ça a
été dit tantôt, copier le code du travail tel
qu'énuméré pour d'autres professions. Parce que la
profession agricole est quelque chose de très spécial, bien
à part. C'est un tout, c'est un état de vie, je dirais,
l'agriculture. Ce n'est pas simplement prendre un outil et effectuer certains
travaux, c'est un état de vie.
Il faut donc faire bien attention de ne pas brimer des droits naturels;
il ne faut pas brimer certains droits. Je pense que, comme législateurs,
nous n'avons pas le droit d'entrer dans un domaine ou de décider
et la régie non plus, d'ailleurs sans qu'il y ait consultation au
préalable, bien précise, sur la cotisation obligatoire. Je pense
qu'il ne faut pas faire en sorte, comme législateurs, de faire semblant
ou de donner un syndicalisme de façade alors qu'en réalité
cela peut ne pas être voulu de la façon bien précise qu'on
voudrait nous faire croire; cela peut être pensé tout autrement
par les agriculteurs eux-mêmes. Ce sont eux qui connaissent leurs
besoins.
Dans ce cas, décider, nous, comme législateurs, du devenir
de tous les producteurs, nous ne le pouvons pas. Nous ne le pouvons pas sans
qu'eux-mêmes décident sur cet élément bien
précis qui est la cotisation obligatoire.
Cela ne peut absolument pas être décidé par nous et
encore moins par un intermédiaire que j'appelle une régie ou la
Régie des marchés agricoles. Il faut absolument que ce soient eux
qui le décident par vote. Que l'on appelle cela un
référendum ou autrement, ou que l'on trouve une autre
façon de procéder, il faut qu'ils se décident ou se
prononcent eux-mêmes, verbalement ou de façon écrite.
Quelle que soit la façon, il faut, tout de même, qu'ils se
prononcent. C'est tout simplement normal. Mais cela va un peu plus loin.
D'ailleurs, aux sections VII et VIII, nous y revenons.
Mais, à ce moment-ci, où il n'est question que de
règlements d'accréditation, de possibilité ou de
non-possibilité d'accréditation pour l'une ou l'autre des
associations, s'il y a une association et si elle est reconnue, je pense qu'il
ne faut pas mêler les cartes. Il ne faut pas aller trop vite. Il faut
tout simplement y aller de façon normale, en toute logique. S'il existe
une association qui donne la preuve que, justement, c'est elle qui a le plus de
membres, pourquoi la placer dans un contexte inférieur aux autres
associations professionnelles qui peuvent exister dans la province?
L'article 8, tel qu'il a été corrigé et
réagencé à l'intérieur du projet de loi, pour ma
part, je l'accepte. D'autre part, c'est évident, je refuse les
allégations contenues à l'intérieur de l'amendement
proposé par le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que nous pouvons en discuter. Vous
pourrez la rejeter, mais je pense qu'en commission nous sommes ici pour
discuter.
Je pense que nous sommes tous d'accord sur le projet de loi, à
savoir que l'association ne sera certainement pas accréditée si
la majorité des producteurs ne se prononcent pas pour
l'accréditation. Nous sommes tous d'accord, ici, au-
tour de la table, pour la cotisation obligatoire, pour autant que les
producteurs se seront prononcés pour, au point de départ. Nous
discutons présentement, tout simplement, sur deux mécanismes.
Lorsqu'on dit qu'on n'a pas le droit d'imposer cela ou peu importe,
c'est une consultation. Si vous faites signer une carte, le type lit sa carte
avant de la signer. Cette carte lui est expliquée et il se prononce pour
quelque chose. Ce qui est paradoxal, c'est qu'on semble vouloir dire que c'est
antidémocratique. Souvent, on entend de ces réflexions, qu'il y a
des centrales syndicales...
M. LE PRESIDENT: Comme je l'ai dit tout à l'heure, tout le monde
comprend votre point de vue.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, oui, mais...
M. LE PRESIDENT: Allons-nous retarder les travaux de la commission?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je pense qu'en
commission nous avons le droit de parler autant de fois qu'il est
nécessaire.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais cela n'a pas de bon sens de retarder les
travaux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Puis-je continuer?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Toutes les centrales syndicales se sont
prononcées pour cette formule d'une carte d'adhésion. Pourtant,
elles savent que cela prendre 50 p.c. plus un des agriculteurs, tandis que la
formule qui est préconisée par le ministre, dans le projet de
loi, c'est que 36 p.c. des agriculteurs peuvent décider de la cotisation
obligatoire. Laquelle des deux formules est la plus démocratique? Je ne
dis pas que l'autre est démocratique; les gens n'auront qu'à
voter.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais il reste qu'en pratique 36 p.c. des
producteurs agricoles du Québec peuvent décider de la cotisation
obligatoire. D'après la mécanisme du référendum, 60
p.c. peuvent voter et 60 p.c. se prononcer en faveur.
Ce qui veut dire que 36 p.c. vont décider pour 64 p.c. Tandis que
pour la carte d'adhésion ça prend 50 p.c. plus 1.
M. TOUPIN: C'est fausser totalement la notion...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça le référendum
sur la cotisation.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TOUPIN: C'est fausser totalement l'esprit du 60 p.c. et...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourquoi?
M. TOUPIN: ... tenter de trouver des arguments, d'ailleurs très
faibles, pour faire valoir l'autre technique de consultation des agriculteurs
là-dessus. Le député de Sainte-Marie devrait comprendre
ceci: Est-il d'accord sur le fait que pour qu'une association soit
accréditée il faut qu'elle soit représentative de la
majorité des agriculteurs?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. TOUPIN: Alors, s'il est d'accord sur ça...
M. VINCENT: C'est tout ce que nous voulons.
M. TOUPIN: ... l'autre section qui traite de la cotisation obligatoire,
on défendra la section IV, on défendra notre
référendum, vous défendrez votre système de
carte.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A quelle section?
M. TOUPIN: La section IV, la section qui va venir, les
référendums, l'accréditation.
M. VINCENT: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous voulez procéder par le
mécanisme qui est proposé dans le sous-amendement qu'il faut
amender, c'est à l'article 8.
M. TOUPIN: Cela va de soi. Si toutefois votre amendement est
adopté, nous amenderons la loi en conséquence.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais il y a une chose que je ne comprends
pas. Lorsque je dis que 36 p.c. peuvent décider de la cotisation
obligatoire, expliquez-moi pourquoi c'est faux.
M. TOUPIN: C'est totalement erroné de faire des affirmations
comme celle-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dites-moi pourquoi.
M. TOUPIN: C'est très simple, c'est un processus de consultation.
Dans le référendum que nous proposons, tous les agriculteurs
auront l'occasion de se prononcer. Et nous exigeons qu'il y en ait au moins 60
p.c. qui se
prononcent. Et nous présumons que s'il y en a 50 p.c. qui sont
d'accord sur l'accréditation, que ces 50 p.c. vont voter au moins. C'est
tout à fait logique.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et nous présumons que si 50 p.c.
adhèrent au syndicalisme agricole, ils vont être
nécessairement pour la cotisation obligatoire. Pourquoi deux
mécanismes?
M. TOUPIN: Oui, mais les autres n'auront pas été
consultés, alors que là nous allons les consulter avec un
système...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils n'auront pas été
consultés. Pensez-vous que l'UCC, en l'occurrence, s'il y a une campagne
de recrutement de cartes d'adhésion, il y a des cultivateurs qui n'en
entendront pas parler et qui n'auront pas été
consultés?
M. TOUPIN: Je ne pense rien.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'ils ne signent pas de carte, ils vont
s'abstenir de se prononcer comme ceux qui vont s'abstenir de voter au
référendum.
M. TOUPIN: Tout ce que je voudrais que le député de
Sainte-Marie comprenne avec moi...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans ce cas-là tout ce
mécanisme dans les autres secteurs fausse la démocratie depuis
que les syndicats existent.
M. TOUPIN: Ecoutez, il ne faut pas se raconter d'histoires trop
là-dessus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est le même mécanisme.
M. TOUPIN: II ne faut pas sombrer non plus dans des affirmations trop
gratuites.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout à fait contraires.
M. TOUPIN: Si vous êtes d'accord sur cette section de
l'accréditation, passons aux autres sections et après nous
aborderons votre question du processus de consultation pour la cotisation
obligatoire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais si vous l'acceptez, il faudra revenir
à l'article 8 et l'amender.
M. TOUPIN: Oui, nous prévoirons un mécanisme total.
M. VINCENT: Je pense que le député de Sainte-Marie va
comprendre. C'est qu'à l'heure actuelle nous parlons
d'accréditation d'une as- sociation. Nous ne parlons pas de cotisation
obligatoire. Pourquoi imposer à une association qui veut être
accréditée qu'elle exige que ses membres signent une carte disant
sur cette carte qu'ils sont prêts à payer la cotisation
obligatoire? C'est ajouter une obligation additionnelle. D'abord, dans la loi
actuelle...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... référendum. Vous jouez
avec les mots.
M. VINCENT: ... il y a deux phases bien distinctes:
l'accréditation d'une association d'une part, et d'autre part c'est la
cotisation obligatoire. Dans le projet de loi initial on exigeait un
référendum tel qu'on le voit à l'article 13
où on demandait aux producteurs de se prononcer deux fois:
premièrement sur l'association, s'ils étaient prêts, s'ils
voulaient que cette association les représente aux fins de la
présente loi, et deuxièmement, s'ils veulent que cette
association soit investie du pouvoir de prélever des cotisations.
Tout le monde a été d'accord sur le fait que ça
n'avait aucun sens d'obliger un référendum à deux volets,
où on demandait aux producteurs de se prononcer sur deux choses bien
distinctes. Donc, le ministre a accepté ces représentations et a
éliminé cette consultation en ce qui concerne
l'accréditation.
Si une association veut devenir accréditée, si elle le
désire, ça ne veut pas nécessairement dire que
l'association veut je parle sur le plan théorique avoir
des cotisations obligatoires.
Et l'agriculteur doit se prononcer sur deux choses bien distinctes.
Si la majorité des agriculteurs du Québec veut avoir dans
une première phase une association reconnue, on demande dans la section
III que cette association fasse la preuve qu'elle représente la
majorité des agriculteurs. C'est facile, c'est accepté par tout
le monde, puis je pense que la section III est excellente à ce point de
vue-là. On donne l'accréditation à l'association. C'est
une affaire de quinze jours, trois semaines. La deuxième phase viendra
et si le député de Sainte-Marie, dans cette deuxième
phase, veut apporter autre chose qu'un référendum, à ce
moment-là il pourra revenir avec son amendement ou des amendements, pour
changer le mode de consultation, au lieu d'y aller par
référendum. A ce moment-là, le député de
Sainte-Marie pourra proposer d'y aller avec une carte de membre, signée
en bonne et due forme, c'est son droit de le faire.
Mais, dans la section III ou dans la discussion présente, M. le
Président, je ne crois pas que nous devions accepter l'amendement ou le
sous-amendement proposé par le député de Sainte-Marie. Si
on l'acceptait, imaginez-vous, demain matin, toute association, pour être
accréditée, devrait faire la preuve qu'en plus du fait qu'elle
représente la majorité des agriculteurs du Québec,
celle-ci est prête à payer une cotisation obligatoire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est la loi qui leur donne ça. Il
s'agit de savoir s'ils sont en faveur. C'est tout simplement pour simplifier le
mécanisme, c'est ce que vous avez dit, ça ne change absolument
rien. C'est le mécanisme dont on va se servir pour savoir si les
producteurs agricoles du Québec sont pour la cotisation obligatoire,
c'est tout simplement ça. Je discute sur le mécanisme. Nous
sommes tous ici pour que ce soit démocratique et pour qu'ils se
prononcent. Mais on veut qu'ils se prononcent pour l'accréditation et
pour la cotisation en même temps, au lieu de se prononcer pour
l'accréditation, puis organiser un référendum dans les
quatre coins de la province, puis un vote. Comme vous le disiez hier, il ne
faudrait pas que ça coincide avec l'élection
fédérale je ne sais pas. On simplifie le mécanisme. On
veut arriver au même but et on vise la même chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette volonté de simplifier le
mécanisme, justement, est antidémocratique, parce que ce que l'on
recherche dans la première phase...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Expliquez-moi pourquoi c'est
antidémocratique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que l'on recherche dans la première
phase c'est de faire en sorte que les gens se prononcent, afin de savoir si on
constitue un organisme qui s'appellera un syndicat agricole.
La deuxième phase, on va demander aux gens qui seront membres
s'ils acceptent de payer une cotisation, s'ils acceptent cette obligation. Par
conséquent, si, par le truchement de l'amendement que vous voulez faire
inclure, on lie les deux problèmes, à ce moment-là
ça devient antidémocratique, parce qu'on ne sait pas si les gens
qui accepteront d'être membres de ce syndicat accepteront aussi de
cotiser.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien oui, ce sera sur la carte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont deux questions différentes. Ce
sera sur la carte, selon votre volonté, mais pas nécessairement
selon la volonté des gens qui auront accepté le mécanisme
d'accréditation. Le problème qui vous préoccupe, ce
qui...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais, il y a, si le député de
Chicoutimi me permet...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, ce qui à mon sens
empêche le progrès de la discussion, c'est qu'il y a un blocage
dans votre esprit, je ne dis pas ça au sens péjoratif du
terme.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'espère. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Vous avez trop tendance à lier la question du syndicalisme agricole
à la question de l'organisation syndicale ouvrière. Ce sont deux
domaines absolument différents et expliquez-moi quelle est la relation
de travail, dans le cas des gens qui feront partie de cette association dite du
syndicalisme agricole. Cela n'est pas du tout de la même nature, si tant
est qu'elle existe, que celle qui existe dans les différentes
associations syndicales ouvrières, où il y a relation directe
entre employeur et employé.
Du reste, si la question avait été semblable, on aurait
tout simplement appliqué, dans le cas du syndicalisme agricole,
exactement les prescriptions du code du travail et toute autre loi connexe.
Parce que le domaine agricole est un domaine très particulier, parce
qu'il y a là un ensemble de gens qui sont en somme des travailleurs
autonomes, nous sommes obligés de procéder par une loi
spéciale et nous sommes obligés de prévoir des
mécanismes qui nous fassent voir que les gens, d'une part, sont d'accord
pour se constituer en organisme dit de syndicalisme agricole.
Il nous faudra, par la suite, savoir s'ils acceptent l'obligation de
payer une cotisation. Cela se fait en deux temps. Le ministre a amendé
le projet initial qu'il nous avait soumis, et je ne vois pas pourquoi on
poursuivrait inutilement cette discussion puisque le député aura
l'occasion, à l'autre section de la loi, de proposer à nouveau
cet amendement ou un autre amendement analogue pour en arriver à ses
fins, si tel est le désir de la majorité.
M. PERREAULT: M. le Président...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'aurais juste une
explication à donner au député de Chicoutimi.
M. PERREAULT: M. le Président, j'ai demandé la parole.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: Le député de Sainte-Marie lie l'existence de
l'association à la cotisation obligatoire. L'association
accréditée, qui est là pour représenter et
promouvoir le bien-être économique de ses membres et de
l'agriculture en général, peut très bien exister
même à base de cotisation volontaire. Tout ce qu'elle a à
faire pour parler au nom des agriculteurs, c'est de prouver qu'elle
représente 51 p.c. des agriculteurs. Ceci peut être à base
de volontariat comme de cotisation obligatoire.
Ce n'est pas une condition sine qua non que les cultivateurs acceptent
une cotisation obligatoire pour que l'association puisse représenter les
agriculteurs. Ils peuvent très bien refuser les cotisations obligatoires
et rester à base de volontariat et elle pourrait encore
représenter les agriculteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A ce moment-là, ils refusent le bill
64.
M. PERREAULT: Ce sont les deux conditions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne compare pas le syndicalisme agricole
au syndicalisme ouvrier. Je compare les mécanismes de fonctionnement, le
processus à suivre pour que les gens se prononcent
démocratiquement. Le code du travail prévoit, dans le secteur
ouvrier, que, lorsque vous signez une carte d'adhésion, vous signez pour
la cotisation obligatoire. Là, cela se négocie entre l'employeur
et l'employé, mais, ici, la loi l'accorde.
Je compare les mécanismes, tout simplement. Le code du travail
n'a pas été fait par les centrales syndicales. Il y a eu des
consultations et le code du travail a été fait par le
ministère du Travail. C'est le mécanisme prévu. Le
député de L'Assomption a vu, à l'Hydro-Québec quand
on a syndiqué les employés, comment cela fonctionne. Vous en avez
vu, des cartes d'adhésion. Je compare les mécanismes; je ne
compare pas, comme le député de Chicoutimi le disait, les deux
formes de syndicats. Le syndicalisme agricole est une loi spéciale, ce
n'est pas la même chose. On peut appeler cela un syndicalisme
professionnel, mais on pourrait en parler longtemps. Ce n'est pas la même
forme de syndicalisme, mais, pour accréditer, pour la cotisation
obligatoire, on peut prendre l'exemple des lois du code du travail. C'est comme
cela que l'on procède.
En vous proposant cela ce matin, je ne crée pas de
précédent. La loi du ministre crée un
précédent, cependant. On fait une exception pour les cultivateurs
du Québec. Ils n'ont pas à se prononcer par
référendum. Ils auront à se prononcer par un
référendum s'il y a un litige, s'il y a campagne entre deux
associations, ce qui n'est pas le cas actuellement; il y en a une qui sera
accréditée. Il s'agit tout simplement de savoir s'ils sont pour
la cotisation. Je propose cette formule qui est un mécanisme qui existe
depuis 30 ans. La seule différence, lorsqu'ils se sont prononcés
pour, c'est que, dans le secteur ouvrier, la formule Rand se négocie et,
ici, une fois qu'ils se seront prononcés pour, la loi leur donne la
formule Rand. C'est dans la loi en autant que la majorité est pour.
C'est une question de mécanismes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'argumentation du député se
détruit par elle-même, par ce qu'il vient de dire. Il admet avec
nous que le domaine agricole n'est pas semblable au domaine ouvrier de
façon générale.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour les mécanismes, ce devrait
être la même chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par ailleurs, le député voudrait
que les mécanismes qui valent dans l'organisation syndicale
ouvrière soient applicables à un corps organisé, à
un groupe de citoyens dont il a dit lui-même qu'ils ne sont pas, sur le
plan du travail, de même nature que ceux qui appartiennent au mouvement
ouvrier syndicalisé.
Par conséquent, si le domaine est différent, il se peut
fort bien que les mécanismes que nous devons appliquer dans le cas des
agriculteurs soient aussi différents, et c'est ce que nous propose la
loi. Je trouve cette discussion inutilement longue...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela ne touche pas au principe...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... puisque le député aura
l'occasion de revenir à l'autre section.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... de la loi; cela touche aux
mécanismes d'application de la loi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Sainte-Marie a expliqué sa proposition cinq ou six fois. Les autres
députés ont le même droit que vous ici, et je leur demande
de se prononcer sur votre sous-amendement.
Si la majorité est en faveur, cela va être adopté.
Si la majorité est contre, cela va être rejeté.
DES VOIX: Au vote.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis pour.
M. LE PRESIDENT: II y a une personne pour et il y a combien de personnes
contre? C'est rejeté.
M. VINCENT: C'est rejeté sur division.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je m'y attendais.
M. VAILLANCOURT: Même votre chef est contre votre amendement.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, il a voté pour. Mon chef ne fera
jamais ça.
M. LE PRESIDENT: A l'article 8, l'amende ment est adopté?
UNE VOIX: II est rejeté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-amendement est rejeté?
M. VINCENT: Le sous-amendement est rejeté sur division et
l'amendement est accepté.
M. LE PRESIDENT: Je veux dire que le sous-amendement est rejeté
et l'amendement est adopté maintenant. Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 9.
M. TOUPIN: C'est une disposition technique. C'est l'effet de l'article
8.
M. BELAND: C'est peut-être primaire mais on ne constate pas le
même délai pour diverses choses quant à la parution dans la
Gazette officielle. En l'occurence, selon l'article bien précis,
l'accréditation entre en vigueur à compter de la publication par
la régie d'un avis dans la Gazette officielle du Québec.
Après que la preuve aura été faite de
l'accréditation, combien cela peut-il prendre de temps avant que
ça ne paraisse dans la Gazette officielle?
M. TOUPIN: C'est une affaire d'une semaine.
M. VINCENT: La régie prépare son avis.
M. TOUPIN: Cela prend le temps de préparer l'avis et celui de
l'imprimer. C'est une question technique.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ordinairement, c'est de huit à quinze
jours.
M. VINCENT: Cela ne pose pas de problème.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. VINCENT: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 10.
M. VINCENT: A l'article 10, vous avez un amendement qui a
été proposé par le ministre. L'article 10 est
modifié en remplaçant...
M. TOUPIN: Le deuxième alinéa.
M. VINCENT: Je vois qu'on enlève seulement "d'une association
visée" et on dit que le deuxième alinéa se lit comme suit:
"Ces règlements, de même que toute résolution d'une
association visée par la présente loi, doivent être
adoptés par l'assemblée générale de ses membres."
Et là, l'amendement proposé se lirait comme suit: "Ces
règlements, de même que toute résolution visée par
la présente loi, doivent être adoptés par
l'assemblée générale de l'association."
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'on enlève "de toute
association".
M. VINCENT: C'est une association visée.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: "De même que toute résolu- tion d'une
association visée" et là, on dit: "De même que toute
résolution visée par la présente loi".
M. TOUPIN: C'est ça. C'est toute résolution de
l'assemblée générale qui peut se rédiger dans le
cadre de la loi. Dans le cadre de la loi simplement.
M. VAILLANCOURT: Les seuls mots qui sont changés c'est "de ses
membres par...
M. VINCENT: Non, "d'une association visée". On enlève
"d'une association".
M. TOUPIN: C'est ça et "de même que toute résolution
d'une association visée par la présente loi".
M. VINCENT: II y a un changement majeur. On parlait des
résolutions d'une association et là on dit: "Les
résolutions visées par la présente loi".
M. VAILLANCOURT: On enlève "de ses membres".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement, M. le ministre, il y a quand
même un changement assez important.
M. TOUPIN: Je ne pense pas, c'est plutôt technique.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Expliquez-nous la modalité technique
afin que nous comprenions bien.
M. TOUPIN: Celui qui l'a rédigée et
préparée, Me Trudeau est...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'un côté, on dit: "visée
par la présente loi" et dans l'autre on disait: "de même toute
résolution d'une association visée". Cela change le sens du
paragraphe.
M. LE PRESIDENT: L'amendement devrait se lire comme suit: "les
résolutions visées par la loi qui devraient être
adoptées par l'assemblée générale".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement ce que nous voulons savoir.
Pourquoi cela a été changé, tout ça?
M. TOUPIN: C'est une meilleure phraséologie. C'est simplement
une...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Puis-je me permettre de vous poser une
question précise? Quand vous disiez, dans le premier texte, au second
alinéa de l'article 10: "Ces règlements de même que toute
résolution d'une association visée par la présente loi",
qu'est-ce que vouliez
dire par "résolution d'une association visée par la
présente loi? Qu'est-ce que cela voulait dire?
M. TOUPIN: C'est une association accréditée.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une association
accréditée.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, dans le nouveau texte vous dites:
"toute résolution visée par la présente loi".
Est-ce tout simplement pour décharger le texte et qu'il s'agit
des résolutions de l'association visée par la loi?
M. BELAND: La nuance qu'on peut...
M. TOUPIN: J'ai l'impression que oui là-dessus.
M. BELAND: ... constater, c'est comme si la résolution ou les
résolutions étaient préparées par la régie
pour être adoptées par l'assemblée générale
des membres de l'association accréditée. C'est là toute la
nuance, alors que normalement les résolutions doivent partir de
l'assemblée générale des membres pour ensuite être
acceptées, être confirmées ou enfin...
M. TOUPIN: Si vous lisez le premier alinéa de l'article 10 et
faites le lien avec l'autre, vous allez comprendre. C'est simplement, je pense,
une question de phraséologie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est une question de
phraséologie, M. le ministre, mais...
M. TOUPIN: On dit, par exemple, que si...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question de phraséologie qui,
dans le second paragraphe, peut porter à équivoque. D'accord,
c'est bien expliqué dans le premier paragraphe.
M. TOUPIN: "Toute modification de tels règlements d'une
association en instance d'accréditation ou d'une association
accréditée n'entre en vigueur qu'après avoir
été approuvée par la régie." C'est "toute
modification aux règlements de l'association accréditée."
Si l'association veut, au moment où elle est en instance devant la
régie ou au moment où elle est accréditée, changer
ses règlements, ces règlements doivent être
approuvés par l'assemblée générale. On dit ici dans
le texte original: "Ces règlements, de même que toute
résolution d'une association visée par la présente loi,
doivent être adoptés par l'assemblée générale
de ses membres..."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. TOUPIN: Et on dit ici: "Ces règlements, de même que
toute résolution visée par la présente loi, doivent
être adoptés par l'assemblée générale de
l'association."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut lire les deux paragraphes pour bien
comprendre l'amendement que vous apportez.
M. TOUPIN: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont les explication que je voulais
avoir.
M. PERREAULT: Pour bien se situer, si je comprends bien, M. le ministre,
les membres ne sont pas les producteurs, ce sont les syndicats
spécialisés et les fédérations.
M. TOUPIN: Non, les membres, tous les membres.
M. PERREAULT: Ce ne sont pas les producteurs eux-mêmes.
M. TOUPIN: Oui, ceux qui composent l'assemblée
générale.
M. PERREAULT: Quand on regarde au début, l'association n'est pas
formée par des délégués de syndicats et de
fédérations?
M. VINCENT: C'est tout simplement ainsi que je le comprends, si vous
permettez que je vous réponde; par exemple, il existe des syndicats
spécialisés mais il y en a d'autres qui ne le sont pas encore.
Or, si ces syndicats-là font partie de fédérations, soit
spécialisées ou non, cela ne change absolument rien. Cela peut
parvenir de l'une ou de l'autre des fédérations et partant de
syndicats. Disons que cela peut partir soit de syndicats
spécialisés ou de syndicats non spécialisés. C'est
comme cela que je le comprends.
M. LE PRESIDENT: L'article 10 avec l'amendement est adopté?
M. TOUPIN: L'assemblée générale purement et
simplement doit adopter les règlements.
M. VINCENT: Adopté.
M. TOUPIN: Je vais essayer d'apporter un exemple typique. Supposons que,
dans l'association accréditée, l'exécutif ou le conseil
d'administration veut changer ses règlements au moment où elle
est en instance devant la régie, au moment où elle est
accréditée, elle ne peut pas le faire sans qu'elle ait
consulté l'assemblée générale. C'est tout
simplement cela.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 11.
Référendum.
Référendum
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 11 : "Tout
référendum prévu par la présente loi est tenu par
la régie qui doit dresser la liste des producteurs." En ce qui concerne
la liste des producteurs, le ministre nous a dit hier qu'elle était
déjà en voie d'être complétée; le travail se
fait: le droit de vote et les règlements pour déterminer la date
et les modalités du référendum. Nous aimerions quand
même savoir les grandes lignes de ces règlements. Parce que
là on dit dans a): les endroits où la liste des producteurs peut
être consultée; b) le délai accordé à toute
personne qui croit être un producteur; c) le délai accordé
pour contester la qualité; d) les formalités pour rendre publique
la liste définitive des producteurs. Voici pour quelle raison je pose
cette question. Est-ce que la consultation se fera par la poste ou à une
date déterminée? Si, par exemple, la régie décide
par règlement que le référendum a lieu le 12 septembre
1972 à travers toute la province, est-ce que cela se fera dans une
journée, à tous les endroits à travers la province, ou si
le référendum va se faire sur une période d'une semaine,
quinze jours, par la poste? Je pense qu'il y a quand même une très
grande différence là parce que, si on regarde l'économie
des lois, des référendums, généralement la
consultation, dans une municipalité, dans une ville, se fait à
une journée donnée.
C'est de telle heure à telle heure, pendant deux jours. Les gens
se prononcent et le soir on dépouille le scrutin et on donne alors les
résultats. Aussi, dans l'esprit du ministre, la régie, dans son
règlement, consultera certainement le ministre, et va établir la
même consultation qui n'est pas un référendum, mais la
même consultation qui existe dans la Loi des marchés agricoles
où on fait cela par la poste. On envoie des bulletins de vote par la
poste et on donne une semaine ou quinze jours pour répondre; un peu plus
tard on peut émettre une autre ordonnance qu'on retarde d'une semaine,
quinze jours, le dépouillement du vote, je pense que cela a une certaine
importance.
M. TOUPIN: II y a des précédents vis-à-vis des
référendums qui se créent auprès des agriculteurs
et ces précédents-là concernent des plans conjoints. Les
règlements du plan conjoint, ou le corps du plan conjoint est
expédié à chacun des producteurs accompagné d'une
enveloppe qui contient une autre enveloppe, et cette dernière contient
un bulletin de vote. Après cela, le bulletin est expédié
à la régie.
C'est une consultation à domicile et les délais varient.
On peut donner deux, trois ou cinq semaines. Il y a des plans conjoints qui ont
déjà pris deux mois avant d'être votés. C'est une
formule qui est éprouvée présentement et qui n'a pas
été contestée encore par les agriculteurs ou par les
autres organismes impliqués dans la commercialisation des produits.
Evidemment, on l'a déjà discutée un peu, mais on n'a
jamais discuté la formule comme telle, comme on a pu discuter la
liste.
On a déjà soutenu, par exemple, que la liste était
peut-être mal dressée ou qu'on aurait pu mettre des délais
plus longs pour permettre à un producteur d'aller vérifier si son
nom y était inscrit ou encore à un autre de se faire rayer de la
liste parce qu'il ne se considérait plus comme producteur. Il y a
déjà eu quelques critiques à ce sujet notamment dans la
votation des plans conjoints de producteurs de bois, etc.
Ici, il paraît évident que la liste devra être
dressée et devra être bien claire avant la consultation. C'est un
mode de consultation qui a été éprouvé. Mais
l'article est assez souple, de telle façon que cela peut permettre
à la régie de mettre de l'avant un autre mode de consultation.
Cela pourrait être un mode de consultation par bureaux de scrutin. On
pourrait établir des bureaux dans certaines localités et demander
aux producteurs, lors d'une journée donnée ou d'une semaine
donnée, de se rendre à un de ces bureaux où il y aurait
des scrutateurs et d'y déposer leur bulletin dans une boîte. Des
gens surveilleraient tout le système de votation pour qu'il se fasse
selon les normes les plus justes et les plus équitables.
M. VINCENT: M. le Président, pourquoi faut-il une autre
formule?
M. TOUPIN: C'est une autre formule qui pourrait être
inventoriée mais, de toute façon, avant que cette formule
s'applique, il faudra que la régie expédie aux agriculteurs qui
sont sur la liste, le contenu des articles qui concernent la cotisation
obligatoire. C'est écrit dans la loi, il faudrait que chaque producteur
reçoive au préalable les sections VIII et IX.
M. VINCENT: Voyez-vous pourquoi je pose une question, M. le
Président. Le ministre va le comprendre. Supposons que j'aie une
certaine influence...
M. TOUPIN: Je voudrais, M. le Président, que le
député de Nicolet comprenne que c'est quand même assez
souple et que cela peut permettre au moins ces deux modes de consultation. Il y
en a un qui a été éprouvé.
M. VINCENT: II reste que présentement on pourrait, à la
lumière des discussions de tous les membres de la commission, orienter
la décision de la régie sur le mode de scrutin qui sera tenu.
Parce que la régie, avant d'établir un mode de scrutin, va
certainement envisager ou peser le pour et le contre, savoir les raisons qui
pourraient militer en faveur de tel mode de scrutin et les raisons qui
pourraient militer contre lui également.
Voici pourquoi je pose la question. Supposons que, dans une paroisse
donnée, j'ai beaucoup d'influence auprès des agriculteurs,
que
j'occupe un poste de président de l'UCC ou de meunier, ou
n'importe quel autre poste.
Si cela se fait par enveloppe ou par envoi par la poste, c'est assez
facile dans la paroisse chez moi de demander à cinquante agriculteurs:
Avant d'envoyer votre bulletin, de voter, vous allez passer par mon bureau.
Vous allez me donner votre bulletin, que je posterai moi-même. Supposons
qu'il y aurait une campagne organisée pour avoir un vote négatif
ou même positif et qu'on exigerait des agriculteurs de déposer
leur enveloppe, leur bulletin de vote chez quelqu'un en particulier avant de
l'envoyer par la poste, cela fausserait complètement ce principe de
consultation.
Je pourrais dire: M. Toupin, vous êtes agriculteur dans le
comté de Champlain, vous me devez $1,000 mais, avant d'envoyer votre
bulletin de vote, j'aimerais bien que vous passiez à mon bureau.
Voyez-vous l'influence que ça peut avoir? C'est très vrai. Le
mode de scrutin qu'on utilise aux élections provinciales,
fédérales ou municipales a été changé; par
exemple, on avait un scrutin ouvert où les gens votaient ouvertement
devant les organisateurs, cela pouvait influencer joliment le résultat
du vote. Quand une personne va voter consciencieusement, en arrière d'un
rideau, il n'y a personne pour l'influencer; elle peut aussi bien dire oui que
non. A ce moment-là, la seule personne qu'elle consulte en
arrière du rideau, c'est elle-même. Elle n'a pas Pierre, Jean ou
Jacques qui aurait telle et telle influence sur elle.
M. GIASSON : Elle peut passer par le bureau avant.
M. VINCENT: Oui, elle peut passer par le bureau mais, dans le bureau de
votation, elle est seule, elle vote seule.
M. TOUPIN: Sur ce point...
M. VINCENT: II peut s'entreprendre des campagnes.
M. TOUPIN: Les règlements que la régie va établir
là-dessus, je pense qu'on peut lui faire confiance sur ce point. Elle a
passablement d'expérience maintenant dans les référendums.
Et je ne pense pas qu'un de ces référendums tenus en vertu de la
Loi des marchés agricoles ait été contesté à
ce point.
M. VINCENT: A ce moment-là, ça touchait seulement les
producteurs d'une spécialité.
M. TOUPIN: Oui, mais il était encore beaucoup plus
vulnérable parce que les producteurs d'une spécialité
prenons les producteurs de porc, par exemple, qui sont
intégrés à 60 p.c; les producteurs de poulet, qui sont
intégrés à 70 p.c. pourraient être
influencés beaucoup plus par les grandes entreprises que les producteurs
en général.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Déjà ici le
référendum commence à causer des problèmes.
M. COITEUX: M. le Président,...
M. TOUPIN: Vous allez avoir la même chose au niveau de quelque
système que ce soit.
M. COITEUX: ... à l'encontre de l'opinion... M. TOUPIN: C'est de
l'intimidation.
M. COITEUX: ... émise par le député de Nicolet,
dans les paroisses rurales, je crois qu'on ne peut se borner à donner un
référendum d'une journée. Je connais personnellement des
gens qui vivent en très grande partie des revenus en-dehors de leurs
fermes, suivant des périodes de l'année. Je connais, pour en
avoir employé moi-même lorsque j'étais gérant des
opérations d'une compagnie forestière, quantité de gens
venant de la cote sud. Si on donne un référendum d'une
journée, on ne peut pas exiger que ces gens-là partent de la
Côte-Nord et se déplacent pour aller voter chez eux.
Je pense que c'est un des arguments à l'encontre et je
favoriserais davantage personnellement, un système par la poste
malgré ses inconvénients. Je pense qu'on pourrait tout aussi
facilement fausser le résultat par l'absence de gens qui sont
réellement intéressés à se prononcer mais qui ne
pourraient physiquement le faire sans s'occasionner des dépenses
considérables. Un père de famille qui consent à s'exiler
pour trois ou quatre mois, je pense que c'est parce qu'il a besoin d'argent.
Dans ces circonstances, exiger qu'il vienne se prononcer en personne sur un
référendum serait charger le budget familial d'une façon
considérable.
Je pense que je me fais l'interprète d'une très grande
quantité de cultivateurs ou producteurs de l'Est de la province en
exposant ceci.
M. VINCENT: M. le Président, je pense que le député
de Duplessis va comprendre que ce n'est pas à titre de suggestion que je
le fais. On se pose des questions présentement parce que le bill 64
n'indique pas le mode de scrutin.
Le bill 64, à l'article 11, indique simplement que la
régie doit faire des règlements pour déterminer la date et
les modalités du référendum. Donc, c'est la régie
qui doit déterminer cela par règlement. Mais ce que je
mentionnais au ministre, c'est qu'avant que la régie établisse ce
mode de scrutin ou de référendum par règlement elle
devrait analyser tous ses inconvénients, ses pour, ses contre, les
avantages et les désavantages.
Le député de Duplessis a mentionné des
désavantages, j'en conviens, mais il y a des désavantages et des
avantages dans différents modes de scrutin. Egalement, la régie
pourrait aussi bien dire, par exemple, qu'il y aura deux jours ou trois jours
de référendum, pour autant qu'on ne divulgue pas le
résultat du scrutin de la première journée, comme on le
fait aux
élections provinciales, avec des bureaux provisoires. Il y a
différents modes, comme cela, qui peuvent être analysés.
Mais je voudrais qu'on évite, autant que possible, qu'à
l'occasion de cette consultation populaire des gens qui seraient contre le
syndicalisme agricole, contre la cotisation obligatoire ou même, par
extension, qui seraient en faveur, lors d'une visite à domicile, ne
viennent dire: Voici ton bulletin de vote; j'aimerais bien le voir avant que tu
l'envoies.
M. COITEUX: Ce n'est pas une campagne électorale.
M. VINCENT: Cela deviendra, je pense, plus important qu'une campagne
électorale. Vous verrez, tout à l'heure, que cela touchera des
centaines et des milliers d'agriculteurs. Il se fera une campagne assez dure en
faveur et assez dure contre également.
M. GIASSON: Personnellement, je partage l'opinion du
député de Nicolet. J'ai vécu des expériences de
vote sur des plans conjoints et je connais les petits trucs. Sur les plans
conjoints, admettez-le ou non, il y a plusieurs bulletins de vote, dans chacune
des spécialités agricoles, qui ont été
utilisés, mais pas par le producteur concerné. Il a
été remis et c'est une autre personne qui a posé la croix.
Cela a été jeté à la poste par l'autre personne. Je
ne vous dis pas cela à peu près, car j'ai vécu ces
expériences.
M. VINCENT: C'est parce que cela s'achète, des bulletins de
vote.
M. TOUPIN: On n'a pas défini le mode de consultation dans la loi
parce qu'on a cru préférable de laisser à la régie
le soin de le déterminer. Mais il y en a quand même un qui a fait
ses preuves actuellement et qui n'a pas été contesté. Je
ne pense pas qu'il y ait des groupes de producteurs ou des groupes
d'industriels...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Les pauvres cultivateurs.
M. TOUPIN: ... qui aient contesté les référendums
mis de l'avant par la Régie des marchés agricoles pour les plans
conjoints. Je ne pense pas qu'ils aient été contestés. Si
un, au moins, avait été contesté à ce point, nous
pourrions nous poser de sérieuses questions sur cette
méthode.
M. VINCENT: Le ministre a mal saisi, je pense. Ce n'est pas une critique
à son endroit.
M. TOUPIN: Non mais...
M. VINCENT: C'est simplement une discussion ouverte...
M. TOUPIN: Je comprends.
M. VINCENT: ... des membres de la commission sur le mode de scrutin qui
devra être déterminé par la régie. Je suis convaincu
que les membres de la régie prendront connaissance des commentaires du
député de Duplessis, du député de L'Islet et
d'autres députés qui se prononceront avant d'établir le
mode de scrutin. C'est donc avantageux pour le ministre que les membres de la
commission posent des questions, tiennent des propos sous forme d'interrogation
pour que la régie nous trouve le mode de scrutin qui serait le plus
acceptable et qui éviterait, autant que faire se peut, la fraude ou
encore les influences indues.
M. TOUPIN: Là-dessus, je suis d'accord. Vous m'avez posé
la question, tantôt, à savoir ce que cela voulait dire exactement.
J'ai tenté de vous expliquer quels étaient les modes de
consultation qui pourraient être utilisés. Je vous dis qu'il y en
a un qui a été éprouvé jusqu'à maintenant.
Je ne dis pas que la régie adoptera celui-là. On peut aussi, par
exemple, élaborer un autre système avec des boîtes de
scrutin, déterminer des bureaux dans les régions ou dans les
paroisses. Nous pourrions établir d'autres modes de consultation. Bien
sûr, l'article est assez souple pour cela. Nous l'avons fait souple
à ce point pour donner à la régie l'occasion
d'édicter des règlements, après consultation sans doute.
Les organismes de producteurs seront consultés. Probablement que le
ministère de l'Agriculture sera consulté sur cette question, je
le crois bien, quoique cela relève essentiellement de la régie de
préparer ces règlements. Je ne vois pas d'inconvénient
à ce qu'on en discute et je ne veux pas soutenir une thèse
plutôt qu'une autre. Je voudrais simplement laisser voir que cet article
est assez souple pour permettre à la régie d'adopter
différents systèmes, mais qu'il y en a déjà un qui
existe et qui a été éprouvé par ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait attirer
l'attention de la régie, dans le cas des mécanismes de ce
scrutin, sur la question du moment où doivent être
divulgués les résultats de ce scrutin? Parce que vous savez qu'il
arrive assez souvent que des résultats partiels sont divulgués et
cela est de nature, bien entendu, à influencer les résultats qui
viennent par la suite. Il ne faudrait pas que cela soit échelonné
sur une période de temps qui ferait qu'il y aurait en somme influence
sur les groupes qui se préparent à donner leur avis par voie de
scrutin. Je crois que...
M. TOUPIN: Sur le dépouillement du scrutin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le dépouillement du scrutin et la
divulgation des résultats, que tout ça se fasse au même
moment, afin qu'il n'y ait pas d'influence.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, sur le
référendum, il y a une chose sur laquelle je suis d'accord, c'est
que ça va créer des emplois, parce que ça va être
une grosse organisation. Là-dessus ça va faire du bien au
parti.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière a
demandé la parole.
M. TOUPIN: Vous pouvez voir jusqu'où le gouvernement profite de
toutes les occasions.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela va créer des emplois
temporaires.
M. VINCENT: II ne s'en est crée que 26,000 l'an dernier,
ça en fera un peu plus.
M. TOUPIN: J'espère que le député de Nicolet ne
parle pas en tant qu'économiste.
M. LEDUC: ... de la même qualité.
M. VINCENT: Cela vient du grand frère d'Ottawa: Tableau de
l'embauche au Canada.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ce n'est pas dans les affaires de la
commission.
M. OSTIGUY: Le député de Nicolet ne lit pas les
mêmes journaux que nous.
M. VINCENT: II y a 2,107,000 personnes ayant un emploi au Québec
en janvier 1971 et 2,133,000 en janvier 1972. Si je fais le calcul ça ne
fait que 26,000 emplois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'avance pas nos discussions.
M. GIASSON: C'est dans la revue "deux zéros".
M. TOUPIN: Je pense que nous employons mal notre temps, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Est-ce que nous sommes encore à l'intérieur du
bill 64?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faudrait rester là-dedans.
M. BELAND: Cela a pris du temps pour avoir la parole, mais enfin je
l'ai. En ce qui concerne cet article 11, j'ai été grandement
surpris d'en constater la phraséologie. Je m'attendais à tout
autre chose. Je m'attendais qu'avant l'article 11 on verrait quelque chose de
bien précis en ce qui concerne les règlements. C'est un manque
flagrant de véritable autorité gouvernementale en
n'agençant pas ici les règle- ments bien précis sur
lesquels devra se baser la régie pour faire exécuter le vote.
Je dis mon opinion franche et nette. J'avais même commencé
à rédiger un amendement et j'ai tout fouté par terre parce
qu'il manquait trop de choses à l'intérieur et je n'ai pas voulu
aller trop d'avant là-dedans. Il a même été
cité des choses tantôt concernant des votes ou des façons
de procéder lorsqu'il y avait des scrutins généraux
à travers la province. C'est vrai. Il y a même un
député du côté ministériel qui a dit
tantôt que lorsqu'un vote s'est pris pour un plan conjoint bien
déterminé, certaines anomalies se sont produites; c'est vrai, je
l'ai constaté, moi aussi. Il se peut qu'il y ait une quantité de
bulletins de votes amassés par une personne donnée, qui notera de
façon négative, si cette personne justement entretient des
sentiments négatifs parce que pour cette personne même, à
cause de son entreprise personnelle, ça peut nuire dans l'avenir. C'est
aussi bête que ça.
On a constaté dans le passé des choses lors des votes qui
ont été pris sur des plans conjoints ou en vue de faire adopter
un tel plan conjoint. Ici, je m'attendais à quelque chose de
précis et même dans le début de l'article, lorsqu'on lit:
"Tout référendum prévu par la présente loi est tenu
par la régie qui doit dresser la liste des producteurs ayant droit de
vote et faire des règlements pour déterminer la date et les
modalités du référendum, j'avais tout simplement
ajouté: "et ce qui suit".
Je disais "ce qui suit" et non "notamment", parce que notamment
ça veut dire qu'entre autres il peut y avoir les choses
énumérées à l'intérieur de a), b), c) et d),
alors que, justement, je pensais qu'on pouvait trouver quelque chose de
précis, de bien déterminé qui pourrait éclairer la
régie et surtout éclairer tous les producteurs afin qu'ils
sachent exactement à quoi s'en tenir. Nous autres, comme
législateurs, nous aurions su exactement dans quel bateau s'engagent, et
la Régie des marchés agricoles, d'une part, lorsqu'elle aura
à procéder au vote et, d'autre part, les producteurs
eux-mêmes. Il faut qu'ils sachent à quoi s'en tenir pour qu'il y
ait le moins de fraude possible. On a parlé ou on parle très
souvent de démocratie. Parfois, je pense que c'est la plus grande putain
qui existe, la démocratie, parce que, justement, on emploie ce mot
à toutes les sauces. Je pense qu'à un moment donné il va
falloir prendre position. Si l'autorité existe, elle existe ou elle
n'existe pas.
Or, dans ce sens-là, il aurait fallu, à mon sens,
justement, agencer d'une façon bien définie tout ce qui concerne
les règlements sur lesquels devra se baser la régie pour tenir un
vote, afin qu'il n'y ait pas toutes sortes de bouillies comme dans le
passé. Il y en a peut-être eu seulement un peu comparativement
à ce qu'il y aura dans le cas présent et cela aboutira à
quoi? Cela aboutira peut-être à ce que les agriculteurs
sincères ne puissent pas avoir leur association professionnelle bien
à
eux, accréditée. C'est à ça que ça
conduit. Je le pense sincèrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, si mon collègue me le
permet, juste un petit mot sur ce que vient de dire le député de
Lotbinière. Il signale avec justesse qu'il y évidemment beaucoup
de problèmes, beaucoup d'éléments qui sont
impliqués ici qui n'apparaissent pas dans le texte de la loi.
Est-ce que le ministre serait d'accord pour que nous puissions voir ces
règlements dès le moment où ils seront
rédigés, que la commission puisse les examiner, de sorte qu'on
sache exactement quelles sont les obligations qui sont formulées par
ceux qui sont responsables de la rédaction de ces règlements,
pour les cultivateurs, enfin, pour les gens qui auront à se soumettre
à ce référendum.
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais ajouter ceci à l'appui de mon
collègue de Chicoutimi? A l'article 11, ce sont des règlements
préparés par la Régie des marchés et il n'est pas
nécessaire que le lieutenant-gouverneur en conseil les ratifie. C'est
simplement un règlement préparé par la Régie des
marchés agricoles du Québec. Si le ministre acceptait la
suggestion du député de Chicoutimi, la commission parlementaire
pourrait siéger tel jour, même si c'est durant l'intersession, et,
là, les règlements pourraient venir devant nous et nous pourrions
faire des suggestions et les retourner à la Régie des
marchés agricoles, avec les suggestions que les membres de la commission
pourraient faire.
D'ailleurs, cela a été fait en ce qui concerne la Loi de
la protection du consommateur. Les règlements ont été
discutés.
M. LEDUC: Cela avait été approuvé par le
lieutenant-gouverneur, tandis que là...
M. VINCENT: Non, ils n'étaient pas approuvés à ce
moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand ils ont été soumis,
c'étaient des règlements à être
approuvés.
M. LEDUC: Bien oui, à être approuvés tandis que
là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais, étant donné que nous
avons, comme législateurs, une responsabilité, il n'y a rien qui
nous empêche de faire des suggestions à la régie.
M. VINCENT: Et ça n'oblige pas la régie à les
accepter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement, mais, si nous les avons vus avant,
nous pouvons, encore une fois, indiquer à la régie qu'il y a
telle et telle lacune dans la réglementation qui sera soumise.
M. LEDUC: M. le ministre, si vous me le permettez, avant que vous
répondiez, quant à moi, je crois que ce serait peut-être
créer un précédent. Juste un moment, laissez-moi finir,
s'il vous plaît. Que je sache, les régies, en
général, ne soumettent pas à des commissions
parlementaires ou aux législateurs leurs règlements, mais je suis
favorable à cette idée-là pour une simple et bonne raison,
c'est que la régie, qui est un corps apolitique et qui va, je pense
bien, très consciencieusement préparer des règlements,
pourra avoir, dans l'application de ces règlements-là, des
critiques et infailliblement, à tort ou à raison, ce sont les
législateurs qui seront critiqués.
Je pense qu'il est temps, sinon officiellement ou indirectement, par le
biais d'une commission parlementaire, que nous sachions au moins comme
législateurs... Les bons coups de la régie, nous n'en entendrons
pas parler, mais pour les mauvais coups, on va nous blâmer. Je pense que
ce serait une excellente idée que nous commencions comme
législateurs, nous avons la responsabilité, en fait, de
l'administration de toutes les régies, peu importe ce que l'on dit
ailleurs, on a quand même la responsabilité de cette
administration tranquillement, gentiment et poliment à dire aux
régies: Vous avez un mandat, remplissez-le. Si vous remplissez le mandat
comme il faut, chapeau bas! Si elles ne le remplissent pas comme il faut, c'est
nous qui sommes blâmés. Quant à être
blâmés, on voudrait savoir pourquoi on l'est.
M. TOUPIN: Si on procédait un peu dans le sens que suggère
mon collègue, d'abord, la régie rédige des
règlements, elle les fait paraître dans la Gazette officielle
avant qu'ils deviennent...
M. VINCENT: Non, pas ceux-là. M. TOUPIN: Pas ceux-là?
M. VINCENT: Non. Il n'y a pas l'obligation du lieutenant-gouverneur. On
dit simplement dans la loi: "Tout référendum prévu par la
présente loi est tenu par la régie qui doit dresser la liste des
producteurs ayant droit de vote et faire des règlements pour
déterminer la date et les modalités du référendum
et notamment..." Ce n'est pas dans la Gazette officielle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 12...
M. TOUPIN: Ce que l'on peut faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... si le ministre le permet, il est
simplement dit que "...la régie dresse la liste définitive des
producteurs... et elle la rend publique." De quelle façon? Il n'est pas
indiqué de quelle façon elle la rend publique.
M. TOUPIN: Elle va la définir dans ses règlements. On va
la regarder en haut.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, cela rejoint tout ce que nous avons
dit.
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme l'a dit tout à l'heure le
député de Taillon c'est très juste il arrive
souvent que nous adoptions des lois. Il y a règlements,
réglementation afférante à la loi et il se trouve souvent
que dans ces règlements, la loi que nous avions voulue de telle et telle
façon, qui devait poursuivre tel objectif, est contredite par une
réglementation qui devient extrêmement tatillonne et dont on n'a
pas eu le loisir de prendre connaissance.
Dans la Loi de la protection du consommateur nous l'avons fait, ici nous
la confions à une régie. C'est peut-être, comme le disait
le député de Taillon, un précédent, mais c'est
peut-être un précédent qui s'impose à l'heure
actuelle, où les régies ont beaucoup d'importance. Elles ont une
importance très grande, mais les conséquences de leurs actes, ce
sont les législateurs et le gouvernement qui en portent les
conséquences.
M. TOUPIN: Si j'avais terminé tantôt, j'aurais probablement
rejoint les préoccupations du député de Chicoutimi. La
régie va édicter ses règlements et elle va décider
qu'à telle date ils entreront en vigueur. Laissons la régie
édicter ses règlements et laissons-la fixer également la
date de leur entrée en vigueur. Demandons-lui, après, de venir
devant la commission parlementaire pour discuter avec nous de ses propres
règlements.
M. BELAND: Les règlements seront en vigueur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, il ne faut pas...
M. TOUPIN: II n'y a plus de discussion, à ce
moment-là.
M. BELAND: La régie peut toujours changer ses règlements
n'importe quand.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre...
M. TOUPIN: Si on lui demande de venir devant la commission
parlementaire, elle devra y venir avec ses règlements. Ce seront des
règlements en vigueur, ce ne seront pas de prétendus
règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement, c'est là-dessus que nous
voulons insister. Est-ce que ce ne sera pas déjà trop tard?
M. TOUPIN : On peut le faire avant que la régie ne mette les
règlements en vigueur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Dès le moment où les
règlements sont en vigueur...
M. VINCENT: Son projet de réglementation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est son projet que nous devrions voir.
M. TOUPIN: A ce moment-là, la commission parlementaire...
M. VINCENT: La régie n'a même pas besoin de venir les
défendre.
M. TOUPIN: ... se substitue un peu à la régie.
M. VINCENT: Non, la régie n'a même pas besoin...
M. TOUPIN: Que la régie rédige ses règlements et
après...
M. VINCENT: Son projet de règlement. M. TOUPIN: Son projet de
règlement.
M. VINCENT: Que la régie les remette au ministre et que le
ministre consulte ses collègues. Les suggestions viennent et à ce
moment-là...
M. TOUPIN: Ce ne serait pas préférable que ce soit la
régie qui vienne?
M. VINCENT: Ce n'est pas nécessaire. Elle peut toujours venir
nous donner les raisons.
M. TOUPIN: Qu'elle vienne expliquer pourquoi et que nous donnions notre
opinion là-dessus. Elle pourra en tenir compte parce qu'elle peut
amender ses règlements. Elle peut faire entrer ses règlements en
vigueur à neuf heures à dix heures, elle peut réunir ses
membres et les amender; ce n'est pas un problème pour elle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut que la régie comprenne, une
fois pour toutes, qu'elle est au service de l'Etat et des citoyens.
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... autonome, elle a des comptes à nous
rendre.
M. LEDUC: C'est très vrai.
M. TOUPIN: II faut que nous comprenions aussi que nous lui avons
donné, par une loi, certaine autorité, certains pouvoirs que nous
ne pouvons pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous nous
sommes réservé le droit de juger ses actes en temps
opportun, y compris celui de l'abolir si on veut.
M. TOUPIN: C'est ça, sans aucun doute.
M. VINCENT: Présentement, on ne lui a pas donné ces
pouvoirs-là...
M. LEGER: ... pouvoirs du législateur.
M. TOUPIN: Cela penche pour un principe. Je me demande si on ne devrait
pas examiner les modalités. Sur le principe, je suis d'accord.
M. VINCENT: On parle d'une loi spéciale. C'est un pouvoir qu'on
donne à la régie à l'article 11 de faire des
règlements, mais ce pouvoir-là, la régie ne l'a pas
encore...
M. TOUPIN: Je sais.
M. VINCENT: ... de faire des règlements pour une consultation
populaire.
M. TOUPIN: On va le lui donner.
M. VINCENT: Ce n'est pas une ordonnance que la régie rend. Je ne
serais pas d'avis que nous convoquions la Régie des marchés
agricoles du Québec quand elle doit rendre une ordonnance, qu'on la
consulte sur des ordonnances très litigieuses. Cela serait plus
difficile. Mais, quand il s'agit de règlements pour déterminer la
date et les modalités d'un référendum, cela touche des
milliers de personnes.
M. TOUPIN: II ne faut pas éterniser la discussion
là-dessus, le temps passe rapidement. Je suis d'accord sur le principe
et personnellement, je suis d'accord pour que l'on examine, à la
commission parlementaire, les règlements. H s'agirait de trouver les
moyens, soit que la régie vienne ou soit nous, on les apportera et on
convoquera la commission parlementaire. Je voudrais examiner un peu plus la
question juridique de cet aspect-là avant de m'engager
définitivement sur une formule.
M. VINCENT: Ce n'est pas nécessaire que le moyen soit
légal. Le ministre peut simplement dire: La régie prépare
ses règlements, elle prépare son projet de règlements pour
déterminer la date et les modalités de référendum
et à ce moment-là, avant que le projet de règlements ne
devienne définitif, moi, comme ministre de l'Agriculture, je m'engage
à consulter et recevoir les suggestions de la commission parlementaire
de l'Agriculture et je retourne le tout à la Régie des
marchés agricoles du Québec qui prendra par la suite ses
décisions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, pour plus de précaution, M.
le Président, à l'article 12, nous allons y revenir...
M. LE PRESIDENT: Nous allons finir avec l'article 11.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, cela se rejoint, c'est parce que
les deux articles se lisent ensemble. Il y a la façon de rédiger
les sujets et l'objet de la réglementation, et ensuite, la façon
de rendre publique ladite réglementation. Quand nous verrons l'article
12, nous pourrons insérer dans le texte de la loi une disposition afin
qu'il soit obligatoire que la régie nous soumette la
réglementation avant son adoption finale. Moi, je fais confiance aux
membres de la régie les yeux fermés, seulement, je ne suis pas
prêt à donner à tout le monde l'absolution sans
confession.
M. TOUPIN: Le député de Chicoutimi serait-il d'accord pour
ne pas l'inscrire dans le projet de loi, parce que là, je crois qu'on
créerait un vrai précédent législatif. Mais sans le
mettre dans une loi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai rien contre les
précédents dans ce domaine-là parce que nous en sommes
à une étape, dans l'évolution de nos institutions, qui a
exiger que les parlementaires prennent en main l'administration et que les
législateurs aient un mot à dire dans le travail de toutes ces
régies qui travaillent souvent dans le dos des citoyens, dans le dos du
gouvernement et des régies à qui on ne peut pas demander de
compte. Alors, c'est grand temps que nous assumions nos responsabilités
tout en leur donnant cette autonomie en vertu de la loi dans des cadres
très précis. Il faudrait exiger d'eux...
M. TOUPIN: Nous permettez-vous quelque temps pour
réfléchir sur cette question-là?
M. LEDUC: M. le Président, je pense qu'une commission quelle
qu'elle soit, si ma mémoire est bonne, peut en tout temps convoquer une
régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si, si.
M. LEDUC: Ce n'est pas créer un précédent, en
autant que la régie est concernée...
UNE VOIX: Le mettre dans la loi.
M. LEDUC: Le mettre dans la loi, peut-être que cela ne sera pas
nécessaire, en faisant confiance, et je n'ai pas de raison de croire
que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas de précédent, nous
l'avons fait dans la loi no 50 pour la baie James.
M. LEDUC: Pour la baie James, d'accord, c'est vrai. Il y a une autre
chose aussi dans la question des modalités on parlait des
modali-
tés il est bien évident que la régie,
légalement, ne peut pas faire de règlements tant que la loi n'est
pas sanctionnée. Mais, connaissant l'administration gouvernementale et
son efficacité, je suis convaincu que la régie a commencé
à penser au moins qu'elle aurait un jour à préparer des
règlements.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez le sens de l'humour.
M. LEDUC: Alors, je crois que, même si la loi n'est pas
sanctionnée, on prépare déjà, on prévoit
l'avenir, ce qui est intelligent. En conséquence, lorsque la loi sera
sanctionnée, on pourra avoir la régie devant nous ou pas devant
nous, peu importe, mais les règlements, quitte à savoir s'il y a
une date pour son entrée en vigueur. Personnellement, je
préférerais de beaucoup qu'au moment où nous
étudierons ou verrons les règlements de la régie ils ne
soient pas en vigueur. Je pense que la sanction de cette loi se fera assez
rapidement. La régie va avoir le temps de préparer ses
règlements, nous serons probablement en session et ce n'est
sûrement pas l'Assemblée nationale qui va nous empêcher
à la commission, même si l'Assemblée siège, de nous
réunir pour étudier les règlements.
M. LAURIN: M. le Président, n'y a-t-il pas eu aussi un
précédent pour la loi 45 de la protection du consommateur,
où les règlements ont été soumis à la
commission, ont été étudiés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a deux semaines nous avons...
M. LAURIN: Le ministre ne m'écoute pas, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT : Le ministre est d'accord avec vous.
M. LAURIN: II y a eu un précédent pour la loi no 45. Si
vous ne voulez pas inscrire cet article-là disant que les
règlements doivent être soumis à la commission
parlementaire, est-ce que vous pouvez vous engager solennellement, comme le
ministre des Institutions financières s'est engagé
solennellement, à soumettre aux membres de la commission parlementaire
le texte des règlements avant qu'ils ne soient adoptés?
M. TOUPIN: Oui, je suis d'accord sur le principe, comme je vous disais
tantôt, mais...
M. LAURIN: Vous êtes prêt à vous engager?
M. TOUPIN: ... j'aimerais mieux qu'on suspende les articles 11 et 12. Je
vais examiner toute la question et demain on pourra y revenir
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais seulement poser une question au
ministre à propos de cet article-là. On discute en somme des
modalités du référendum dans le moment. M. le ministre, je
voudrais vous poser la question. Si on avait laissé à
l'association l'obligation de donner la preuve qu'elle détient la
majorité pour l'accréditation et la cotisation obligatoire, ne
constatez-vous pas tout de suite que toute cette discussion on l'aurait
évitée? On rend le mécanisme d'une loi tellement difficile
que, tout de suite, on entre dans les problèmes. Si on avait
laissé cette obligation à l'association par une carte comme je
demandais tantôt, tout cela, on n'aurait pas eu la peine d'en discuter,
de convoquer une commission parlementaire, d'étudier les
règlements pour le référendum. C'est cela qui rend
l'administration lourde, qui rend le mécanisme lent et c'est pour cette
raison que des lois sont parfois difficiles d'application.
M. TOUPIN: II aurait quand même fallu, M. le
Président,...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non.
M. TOUPIN: ... que le député de Sainte-Marie
précise exactement ce qu'est une carte. Il aurait quand même fallu
qu'il préconise des mécanismes pour vérifier si tel
agriculteur est un agriculteur réel; il aurait fallu aussi qu'il
prévoit des mécanismes pour éviter l'intimidation, le
chantage. Ce sont simplement des mécanismes juridiques que l'on
prévoit pour toute formule de consultation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est le gouvernement en l'occurrence qui
prend l'obligation de faire la preuve que la majorité des producteurs du
Québec est pour la cotisation obligatoire tandis que, par le
système de cartes, c'est l'association qui donnait la preuve.
C'était beaucoup plus simple, et vous le savez.
C'est parce que vous ne voulez pas l'accepter.
M. LE PRESIDENT: Article 11 et 12 en suspens. A l'article 13, il y a un
amendement.
M. VINCENT: Article 13, il y a un amendement, c'est-à-dire un
nouvel article au complet.
M. TOUPIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: II est remplacé.
M. VINCENT: Sur requête d'une association accréditée
qui veut être...
M. TOUPIN: ... investie des pouvoirs de
percevoir les cotisations et contributions obligatoires visées
aux sections VIII et IX, la régie doit ordonner la tenue d'un
référendum. Lors d'un tel référendum, la
régie doit, dans le bulletin de vote, demander à chaque
producteur s'il veut que l'association soit investie de ce pouvoir. Et la
régie doit porter à la connaissance des producteurs, avant le
référendum, un résumé explicatif desdites sections
VIII et IX.
M. VINCENT: La question qui devra être posée sur le
bulletin de vote devra être très claire et très
précise pour éviter toute ambigui-té, encore là. Je
pense que cela s'est déjà vu dans le passé. Il y a eu un
vote dans la région de Montréal pour les producteurs de lait.
M. TOUPIN: II y avait cinq questions.
M. VINCENT: Oui, il y avait cinq questions, mais, quand on regardait
toutes les questions, cela pouvait être interprété de
différentes façons. Je ne dis pas par la régie, mais par
le producteur. Lorsqu'il regardait les questions, il pouvait les
interpréter de différentes façons, ce qui a amené
une requête de deux mille quelques cents noms pour et de deux mille
quelques cents noms contre, alors qu'il y avait seulement 2,800
producteurs.
M. TOUPIN: Mais c'est parce que les gars ont voté trois fois.
M. VINCENT: Les gens ne le savaient pas au juste.
M. TOUPIN: Une question demandait s'ils étaient d'accord et une
autre question demandait s'ils n'étaient pas d'accord. Les gars
étaient d'accord, mais ils n'étaient pas d'accord en même
temps.
M. VINCENT: Ils ne savaient pas sur quoi ils n'étaient pas
d'accord. Il fallait qu'on sache sur quoi ils étaient d'accord et sur
quoi ils n'étaient pas d'accord.
M. TOUPIN: Alors, je pense que, sur cette question-là, c'est
clair. La question ne devra pas être tellement longue. C'est oui ou non
et les producteurs se référeront aux documents que la
régie insérera pour bien comprendre le contenu des sections VIII
et IX.
M. VINCENT: Et, encore là, pour le document en question qui devra
être transmis aux agriculteurs, moi, je conseillerais qu'on demande
à la régie de consulter un agent d'information qui pourrait
vulgariser ce document c'est assez important, cela et en faire un
résumé. Parce que, si l'agriculteur reçoit une
documentation de 4 ou 5 pages, il ne la lira pas. Si on est capable de
vulgariser le document, d'en faire un résumé on a des
journalistes qui sont bons pour faire cela je pense que cela serait
préférable. On nous a résumé, hier, les
interventions du député des Iles-de-la-Madeleine d'une
façon parfaite.
M. TOUPIN: Alors, ça va. Moi, je suis d'accord, je ne dirai pas
sur les restrictions, mais sur les commentaires qui sont faits.
Je suis d'accord sur les commentaires qui sont faits, je suis bien
d'accord avec le député de Nicolet sur les commentaires, mais
vous êtes d'accord sur l'amendement à l'article 13?
M. VINCENT: Oui. Les journalistes du Journal de Québec et du
Soleil arrivent.
M. TOUPIN: L'article 14 dit qu'il faut qu'il y ait au moins 60 p.c. des
producteurs qui se prononcent.
M. VINCENT: Quel est le barème qu'on utilise dans la Loi du
crédit agricole?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est démocratique, votre
affaire.
M. TOUPIN: C'est la même chose à la Régie des
marchés agricoles du Québec, je vais essayer de me rappeler.
M. VINCENT: C'est 60 p.c.
M. TOUPIN: II faut qu'il y ait 60 p.c. des agriculteurs qui
votent...
M. VINCENT: C'est 66 2/3...
M. TOUPIN: ... et de ceux qui votent, il faut que les deux tiers soient
en faveur.
M. VINCENT: Donc, si la liste officielle, qui sera rendu publique par la
régie selon l'article 12, contient 52,000 agriculteurs, en
éliminant les pseudo-agriculteurs que voulait inclure le
député de Sainte-Marie...
M. TOUPIN : La Régie des marchés agricoles du
Québec, c'est 50 p.c. Il faut que 50 p.c. se prononcent et il faut que
les deux tiers de ces 50 p.c. soient en faveur.
M. yiNCENT: Ah bon! Alors, à ce moment-ci, c'est plus
sévère encore...
M. TOUPIN: C'est plus sévère, on a ajouté 10
p.c.
M. VINCENT: ... il faut qu'il y ait 60 p.c. et ça confirme ce que
le député de Duplessis mentionnait tout à
l'heure( il peut y avoir des situations assez confuses à
certains endroits et c'est pour cela que dans la préparation des
règlements, c'est une bonne chose que le ministre y participe, accepte
que la commission regarde les règlements.
M. LE PRESIDENT: Article 13, adopté.
M. BELAND: A ce moment-là, ne serait-ce pas
préférable de mettre ça sur le même pied que les
autres professions, à savoir l'acceptation des 50 p.c. au départ.
Là, on parle de 60 p.c. Compte tenu des explications du
député de Duplessis, il y a plusieurs autres endroits à
travers la province, ce n'est pas unique. Alors, il y a une certaine
quantité de perte de bulletins, de gens qui ne votent pas pour diverses
raisons. Je pense qu'on place nettement sur un pied inférieur les
agriculteurs comparativement à d'autres professions. Pourquoi ne pas
inclure simplement 50 p.c. au départ?
M. VINCENT: C'est une majorité en partant. Il est certain
qu'à ce moment-là il y a une majorité d'agriculteurs qui
se sont prononcés, que ce soit en faveur ou contre. Et d'ailleurs, si on
regarde les précédents dans les régions rurales, les
agriculteurs, que ce soit à n'importe quelle élection, votent
entre 70 p.c. et 90 p.c. Si c'était dans les villes, comme le
comté de Sainte-Marie, on pourrait exiger seulement 30 p.c.
On lui en veut au député de Sainte-Marie!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, pas du tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et son pommier!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Nicolet dit qu'en
somme la majorité va se prononcer en faveur...
M. VINCENT: Non, pas en faveur. La majorité des agriculteurs va
se prononcer, que ce soit pour ou contre.
M. TREMBLAY (Sainte-Maire): Non, non, pour le vote, très
bien.
M. VINCENT: Non, pas pour.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour le vote.
M. VINCENT: Qu'ils soient pour ou contre, ils se prononceront.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour le vote, très bien. Je m'excuse,
j'avais mal compris.
M. TOUPIN: C'est la raison pour laquelle l'interprétation que
vous donniez tantôt aux 36 p.c. me paraît un peu simpliste, au
fond.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez...
M. TOUPIN: Si on l'interprète littéralement, je suis un
peu d'accord, mais...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, pour votre référendum
cela prend quel pourcentage?
M. TOUPIN: ... si vous dites par exemple, qu'il y a 50 p.c. des
agriculteurs qui ont déjà accepté de faire partie de
l'association pour autoriser son accréditation, je ne verrais pas
pourquoi ces 50 p.c, au premier abord, ne pourraient pas voter en faveur d'une
retenue obligatoire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si, en même temps qu'ils
adhèrent, ils se prononcent pour, c'est aussi simple que cela.
M. TOUPIN: Déjà, cela dépasse les 37 p.c.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous compliquez les affaires.
M. TOUPIN: L'essentiel de cela, c'est que vous donnez l'occasion aux
producteurs de se prononcer. C'est l'essentiel. Tous les producteurs pourront
se prononcer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous pensez que l'association n'ira pas voir
tous les producteurs pour leur faire signer des cartes.
M. TOUPIN: Je ne le sais pas. C'est pour cela que, tantôt, dans
votre système de cartes, il aurait fallu que vous élaboriez un
règlement et que vous disiez à l'association: Allez visiter tous
les agriculteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne prenez pas les cultivateurs pour une
classe plus imbécile que les autres. Cela fait longtemps qu'ils savent
qu'ils auront à se prononcer pour l'accréditation et pour la
cotisation par référendum. Vous allez dans les quatre coins de la
province et ils sont tous au courant de cela. D'ailleurs, nous avons fait un
colloque et nous leur en avons parlé. Nous leur avons parlé de
bien des choses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y avait 25 personnes. Cela ne
représentait pas une majorité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous aimez mieux faire une campagne
électorale avec des gens pour ou contre le référendum.
Vous commencez à être dans les problèmes, là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce n'est pas une
question de savoir si les agriculteurs sont moins informés que les
autres; c'est tout le contraire. Dès lors que les cultivateurs se seront
prononcés pour l'accréditation, il y a de fortes chances de
croire qu'ils se prononceront également pour la cotisation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, surtout si c'est sur la carte de
membre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est leur donner la chance de
réfléchir sur les obligations qui seront les leurs à
partir du moment où ils feront partie de cette organisation. C'est
respecter les principes de la démocratie.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, il est midi et demi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas de l'embrigadement
forcé.
M. LE PRESIDENT: Adoptons-nous l'article 13 avant la suspension?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous créez un précédent
pour eux.
M. VINCENT: L'article 13 est adopté. L'article 14 est
adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 14 adopté.
M. VINCENT: Nous reviendrons à l'article 15 amendé.
M. LEDUC: A deux heures trente, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Oui, à deux heures trente.
(Suspension de la séance: 12 h 31)
Reprise de la séance à 14 h 40
M. GIASSON (président de la commission parlementaire permanente
de l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs!
La commission poursuit son travail. Je pense qu'avant de suspendre ses
activités la commission avait procédé à l'adoption
de l'article 14, sauf erreur. Nous pourrions donc continuer à l'article
15.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, est-ce que je dois
vous rappeler que le président doit être impartial dans les
discussions?
M. LE PRESIDENT (Giasson): Vous pouvez facilement me rappeler ça,
mais je dois immédiatement vous rappeler à l'ordre. Je ne sais
pas si c'est une preuve d'impartialité.
M. TREMBLAY(Sainte-Marie): Vous le saviez.
M. VINCENT: Donc, M. le Président, dans votre
impartialité, nous en sommes à l'article 15 qui est un nouvel
article, d'après l'amendement déposé par le ministre.
M. TOUPIN: Sous réserve de l'article 14, évidemment, dans
un référendum tenu en vertu de l'article 13, une réponse
affirmative de 60 p.c. des producteurs qui se sont prévalu de leur droit
de vote doit être considérée par la régie comme un
vote favorable aux fins de l'application des sections VIII et IX à
l'égard de l'association accréditée.
M. VINCENT: C'est le principe du 60/60. M. TOUPIN: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons tenir pour acquis que l'article
15 est adopté? Adopté.
Article 16?
M. VINCENT: A l'article 16, il n'y a aucune modification.
C'est pour reprendre après deux ans.
M. TOUPIN: C'est le délai prévu pour un refus
d'accréditation. C'est le même délai, d'ailleurs...
M. VINCENT: Pas un refus, c'est pour la cotisation obligatoire.
M. TOUPIN: C'est pour une reprise sur la cotisation obligatoire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, le référendum
pour la cotisation obligatoire, ceci veut dire que, parmi ceux qui vont voter
en poussant le raisonnement à l'extrême même
si 100 p.c. se prononçaient pour la
cotisation obligatoire, si seulement 59 p.c. des producteurs se
prévalaient de leur droit de vote, le référendum serait
annulé et ça ne reviendrait que dans deux ans.
Cela veut dire que, pendant deux ans, la loi ne s'appliquerait pas.
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'elle s'appliquerait au niveau de
l'accréditation seulement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, au niveau de l'accréditation
mais, pour la cotisation obligatoire, il n'y aurait pas...
M. VINCENT: C'est un autre point que le député de
Sainte-Marie soulève. Quand la régie va faire sa
réglementation, s'il y avait seulement 59 p.c. des producteurs inscrits
sur la liste qui exerçaient leur droit de vote, je pense que la
régie pourrait, par règlement, proclamer que le résultat
n'est pas... A ce moment-là, on élimine tout de suite le
scrutin.
S'il y a 58 p.c. ou 59 p.c. seulement qui votent, on ne fait pas le
décompte.
M. TOUPIN: Je ne pense pas.
M. VINCENT: Je pense que le décompte ne se fait pas. Je pense
qu'il serait important...
M. TOUPIN: Non. S'ils n'ont pas la majorité au départ, qui
constitue le premier critère,...
M. VINCENT: Le dépouillement ne se fait pas.
M. TOUPIN: ... le dépouillement ne se fait pas. Il peut se faire,
mais non officiellement.
M. VINCENT: Qu'est-ce qui est arrivé pour les porcs?
M. TOUPIN: On avait atteint les 50 p.c. du vote et, au lieu des 2/3 de
ceux qui avaient voté, c'était 51 p.c. ou 52 p.c. qui avaient
voté en faveur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aurais une autre question, M. le
ministre.
M. TOUPIN: Dans le cas, par exemple, de la chair de volaille, à
la première tentative qui a été faite, le
dépouillement du scrutin n'a pas eu lieu.
M. VINCENT: Et le résultat n'avait pas été
connu.
M. TOUPIN: II n'a pas été connu.
M. VINCENT: II faut que le premier critère soit
dépassé avant d'aller au deuxième.
M. TOUPIN: C'est cela, oui. M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce
référen- dum pour la cotisation, qui va décider de la
date? Est-ce une entente qui aura lieu entre la régie et l'association
ou si la régie a un droit strict là-dessus et dit: C'est telle
date?
M. TOUPIN : C'est la régie qui a évidemment le dernier mot
à dire mais, historiquement, la régie a toujours consulté
les groupes de producteurs dans le cadre des référendums des
plans conjoints, et je ne pense pas qu'elle se refuse à consulter les
producteurs à ce chapitre-là.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Je présume qu'il y aura une
consultation dans ce référendum.
M. TOUPIN: II y aura une consultation et on essaie de s'entendre sur les
périodes, les dates qui conviendraient le mieux.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté. Article 17?
M. BELAND: Article 16, adopté sur division.
Je n'apporte pas immédiatement mes observations parce qu'il faut
se référer passablement plus loin dans le bill; j'y viendrai en
temps et lieu, mais présentement disons qu'on l'adoptera sur
division.
M. LE PRESIDENT: Cela va. Article 17? Adopté.
UNE VOIX: Sur division également.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 18.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A l'article 18, la régie peut, pour
les fins d'un référendum, prescrire toute mesure
nécessaire pour renseigner les producteurs sur les dispositions de la
présente loi." On en discutait un peu cet avant-midi. En fait, c'est la
régie qui va renseigner les producteurs sur les dispositions.
M. TOUPIN: Selon la loi actuelle, elle a des obligations. Elle doit, par
exemple, faire parvenir un résumé des sections VIII et IX, mais
si toutefois elle se rend compte que ces renseignements-là ne sont pas
suffisants, elle pourra prendre d'autres mesures, elle pourra peut-être
utiliser des journaux, elle pourra peut-être utiliser des brochures
publicitaires, elle pourra peut-être utiliser d'autres moyens pour
renseigner davantage les agriculteurs sur le contenu du projet de loi.
M. BELAND: Au point de vue des renseignements à être
apportés, est-ce que dans votre esprit cela veut dire qu'il y aura des
renseignements sur le pour et le contre ou strictement l'avantage?
M. TOUPIN: C'est écrit "sur les dispositions de la
présente loi".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur le contenu de la loi.
M. VINCENT: II faut que l'information soit objective sans
être...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les objectifs de la loi, ses
modalités.
Effets de l'accréditation
M. LE PRESIDENT: Section V: Effets de l'accréditation, article
19.
M. TOUPIN: Alors, on a déterminé dans la loi un certain
nombre d'objectifs généraux qu'on devra retrouver dans les
règlements de l'association qui veut se faire accréditer.
M. BELAND: Etant donné...
M. TOUPIN: C'est-à-dire que ce n'est pas nécessaire qu'on
les trouve dans les règlements. La loi confère ces sortes de
pouvoirs généraux aussitôt que l'association est
accréditée et que le référendum et même dans
le cadre d'une accréditation, cette partie de loi-là s'applique.
Ce sont des objectifs généraux: "promouvoir, défendre et
développer les intérêts économiques, sociaux et
moraux de ses membres etc., représenter les producteurs en
général auprès des pouvoirs publics, de toute agence,
régie, commission ou groupement, chaque fois qu'il est de
l'intérêt général des producteurs de le faire, et de
coopérer avec tout organisme poursuivant des fins similaires; concilier
et coordonner les activités des différentes
fédérations, fédérations
spécialisées, syndicats et syndicats spécialisés
affiliés ainsi que celles de leurs membres et les intérêts
particuliers des producteurs avec le bien commun des producteurs en
général; faire des recherches et des études, etc.;
accepter l'affiliation d'une fédération, etc; sous réserve
de l'article 17, établir, prélever, recevoir et redistribuer les
cotisations et contributions conformément aux sections VIII et IX. On le
vera un peu plus loin dans le domaine des cotisations.
M. BELAND: Mais ici par exemple, au sous-article b) que vous avez
énuméré, à la toute fin, soit à la
7ième ligne, après les mots "des fins similaires" est-ce que ce
ne serait pas nécessaire d'ajouter "ou complémentaires"? Si vous
relisez ce paragraphe: "représenter les producteurs en
général auprès des pouvoirs publics, de toute agence,
régie, commission ou groupement, chaque fois qu'il est de
l'intérêt général des producteurs de le faire, et
coopérer avec tout organisme poursuivant des fins similaires;" alors,
pour "fins similaires", mon interprétation est "fins semblables". Bon.
Alors, il me semble qu'il manque quelque chose, parce que l'association
elle-même peut poursuivre une certaine quantité de buts mais qui
ne constituent pas des compléments en eux-mêmes. Il peut y avoir
d'autres groupements ou d'autres institutions qui peuvent exister à
l'intérieur de la province qui poursuivent d'autres fins mais si les
deux ensemble coopèrent, soit l'association accréditée et
les autres, parce qu'il peut y en avoir plus qu'une, je crois, alors qu'il est
nécessaire de demander à cette association
accréditée de bien vouloir essayer de coopérer avec
d'autres organismes qui peuvent avoir des buts complémentaires.
M. TOUPIN: Je voudrais avoir des exemples.
M. LEDUC: Est-ce que le député de Lotbinière entend
par cela, par exemple, que s'il se forme un front commun de la FTQ, la CSN, la
CEQ et l'association accréditée pour combattre la
pollution...
M. BELAND: Premièrement.
M. LEDUC: Je crois alors que nous n'avons pas besoin de l'inclure dans
la loi.
M. BELAND: Premièrement, si vous me permettez, ici vous jouez sur
des conséquences alors que justement on doit regarder en tout premier
lieu les causes qui provoquent l'agencement de fronts communs, comme vous
dites.
M. LEDUC: Disons que je parle peut-être des conséquences,
mais de toute façon cette loi-là aura des conséquences,
quelles qu'elles soient. Je pense qu'on donne à cette association
accréditée avec ce qu'il y a là, sans ajouter le terme que
vous mentionniez...
M. TOUPIN: Je voudrais quand même, M. le Président, qu'on
m'apporte un exemple précis; je ne comprends pas. Je vais vous dire
tel que c'est rédigé que cela m'apparaît
assez évident que tout organisme qui oeuvre dans le secteur agricole
peut collaborer avec l'association accréditée. Si vous prenez
tous les articles, cela va très loin. On peut collaborer avec les
sociétés coopératives. Il n'y a pas de problème. On
peut collaborer avec le secteur de l'alimentation. On peut collaborer avec le
secteur de la distribution, de la transformation, même avec les
consommateurs.
On peut collaborer avec les chambres de commerce parce qu'elles doivent
défendre et développer les intérêts de leurs
membres; c'est une porte ouverte sur n'importe quoi.
M. TOUPIN: Qu'est-ce qui peut-être complémentaire à
ça?
M. BELAND: Disons que, présentement, en ce qui concerne
l'association qui sera accréditée ou qu'on prétend, du
moins, qu'elle sera accréditée ou qui a le plus de chances de
l'être, elle poursuit des buts bien précis de défense des
intérêts des membres, etc., je n'ai pas besoin de
les énumérer tous. Par contre, est-ce qu'elle couvre tous
les champs d'activités nécessaires pour qu'il y ait justement
complément en tout et partout de l'atmosphère de
l'activité économique? Est-ce que cela couvre tous les champs
d'activités? Si justement on le laisse comme cela, à mon sens
peut-être que mon horizon est étroit; s'il l'est,
éveillez-moi présentement, poursuivant des fins
similaires", cela veut dire que de prime abord, on refuse d'aller plus loin ou
qu'on refuse de regarder ce qui peut se passer alentour ou de regarder des
compléments de travail ou d'exécution de tâches dans
d'autres domaines.
M. TOUPIN: Non, voyez-vous. Prenons le premier paragraphe seulement; on
dit: "promouvoir, défendre et développer des
intérêts économiques c'est très vaste
sociaux et moraux de ses membres et des producteurs on dit de ses
membres et des producteurs et, à ces fins, agir de façon
générale comme porte-parole des producteurs." C'est très
vaste. Si vous prenez le paragraphe b): "représenter les producteurs en
général auprès des pouvoirs publics, de toute agence,
régie, commission ou groupement, chaque fois qu'il est de
l'intérêt général des producteurs de le faire, et
coopérer avec tout organisme poursuivant des fins similaires".
Là, on précise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, si vous me le permettez,
l'expression "similaire" est beaucoup plus large que l'expression
"complémentaire", puisque, par mesures similaires, on dit tout organisme
qui poursuit des fins semblables se rapprochant de près ou de loin
à l'activité poursuivie par l'organisme que nous voulons
créer. Alors, le mot "similaire" est plus large que le mot
"complémentaire" et tout est couvert par ce moyen-là.
M. OSTIGUY: Toujours dans le domaine de l'agriculture.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et toujours dans le domaine de l'agriculture et
dans le domaine aussi de tous les organismes qui sont des agents de
l'économie, comme le dit le premier paragraphe.
M. BELAND : C'est-à-dire peut-être pas
nécessairement dans le domaine de l'agriculture parce que...
M. TREMBAY (Chicoutimi): Oui, mais donnez-nous donc un exemple.
M. BELAND: Bien, c'est quoi ça, dans le domaine de
l'agriculture?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, si vous voulez, donnez un exemple
concret.
M. BELAND: C'est tout simplement parce que j'essayais de trouver le mot
exact qui pourrait aller le mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... exprimer un exemple concret.
M. BELAND: C'est tout simplement parce que j'essayais de trouver le mot
exact qui pourrait aller le mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le mot exact qui va aller le mieux c'est
similaire. A moins que vous nous donniez un exemple précis qui ne serait
pas couvert par l'épithète similaire. C'est la formulation la
plus générale.
M. BELAND: Disons que je n'ai jamais enseigné la langue
française nulle part...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas nécessaire d'avoir enseigné
la langue française; il s'agit d'avoir consulté un dictionnaire
et de savoir le sens du mot similaire, qui vient de similis, ce qui veut dire
semblable.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La CSN poursuit des fins similaires.
M. BELAND: Pas tout à fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mutatis mutandis, elle poursuit des fins
similaires.
M. TOUPIN: Là, ce n'est pas pareil, si, par exemple, vous voulez
inclure dans la loi le mot complémentaire, si vous pensez à
d'autres organisations, d'autres professions, je ne sais pas. Quand vous dites:
Défendre les intérêts économiques, sociaux et moraux
des agriculteurs, qu'est-ce que ça veut dire, les intérêts
économiques? Cela veut dire toute la gamme, à partir du moment
où on met un produit dans le sol jusque sur la table du consommateur.
C'est cela l'activité économique de l'agriculture.
Quand on parle des fins sociales, c'est toute l'organisation de la
société non seulement rurale mais de toute la
société dans laquelle se trouve intégrée la
société rurale. Et le mot social touche tous les aspects de la
vie; cela peut toucher à l'éducation, à l'information,
à tous les champs d'activité de la vie; et moraux
également.
Evidemment, s'ils veulent collaborer avec des organismes à
caractère moral, on pense, je ne sais pas, à la FAO, à des
organisations nationales ou internationales qui s'intéressent pour des
fins morales, etc. à l'agriculture. Je pense qu'on couvre à peu
près tout dans cela et je ne vois pas ce que vient faire le mot
complémentaire à moins qu'on ne me dise: Pour couvrir tel champ,
il faudrait ajouter le mot complémentaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tout organisme qui poursuivrait...
M. LAVOIE (Wolfe): Qui poursuivrait des fins complémentaires.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... des fins complémentaires,
automatiquement, ce sont des fins similaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le mot le plus large.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est large, ça comprend cela.
M. LE PRESIDENT: Giasson): Alors, est-ce que ça va?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Complémentaire, cela veut dire ce qui
manque, ce qui ajoute un complément qui manquait. Tandis que similaire
veut dire tout ce qui est semblable. Donc, le mot similaire est beaucoup plus
large.
M. BELAND: Complémentaire, dans le sens que je l'entendais, c'est
ce qui peut manquer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, c'est ce que je vous dis.
Complémentaire, c'est ce qui peut manquer et, en mettant le mot
similaire, on les couvre tous, y compris ceux qui peuvent manquer, ou faire
défaut, pour m'exprimer en un français plus correct.
M. LE PRESIDENT: (Giasson): Article 19.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A l'article 19, on dit ici:
"L'accréditation confère à une association les droits,
pouvoirs et devoirs suivants: a) promouvoir, défendre et
développer les intérêts économiques, sociaux et
moraux de ses membres..." C'est tout simplement que je pense à hier,
lorsqu'on me reprochait d'en faire un problème social quand on pensait
à des producteurs agricoles. On dit ici que c'est bien pour
défendre les intérêts économiques, sociaux et
moraux.
M. TOUPIN: II faut que le député de Sainte-Marie sache
bien qu'une profession qui se porte bien économiquement peut avoir
également des problèmes sociaux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous m'accusiez hier d'en faire un
problème social.
M. TOUPIN: Mais un problème social, tel qu'on l'entend, au sens
général du mot, veut dire que c'est un groupe particulier
d'individus qui vit un problème social, c'est-à-dire un
problème d'intégration dans la société.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela suffit, vous m'avez compris...
M. TOUPIN: Mais toutes les professions vi- vent des problèmes
sociaux, y compris tous les partis politiques, peut-être même plus
le vôtre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un mot du général...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous m'avez compris.
M. LE PRESIDENT: Puis-je rappeler au député de
Sainte-Marie, puisqu'il se réfère à des choses qui ont
été dites hier...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous n'avez pas le droit de prendre parti
dans la discussion.
M. LE PRESIDENT: Comme président, je dois rectifier.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. A une commission parlementaire, le président a le
droit de participer aux délibérations.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je m'excuse, dans ce cas. Continuez.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous d'autres considérations à
apporter à l'article 19?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non.
M. VINCENT: Oui, M. le Président. A l'article 19, ni a), ni b),
ni c), ni d), ni e), ni f). Je voudrais simplement faire une suggestion au
ministre, une suggestion très simple. Je ne voudrais pas que le ministre
se prononce sur le bien-fondé de cette suggestion aujourd'hui. Qu'il
prenne le temps de l'analyser et, s'il y a lieu, de rédiger un
amendement.
Je crois que nous devrions ajouter un paragraphe. On dit:
"L'accréditation confère à une association les droits,
pouvoirs et devoirs suivants", je suggère qu'on ajoute un paragraphe g)
qui obligerait l'association accréditée à déposer
annuellement au ministre de l'Agriculture et de la Colonisation un bilan
financier.
M. LEDUC: M. le Président, si on me permet, je n'ai pas, moi non
plus, l'intention de demander au ministre de se prononcer aujourd'hui. Je pense
que la suggestion du député de Nicolet est excellente ainsi que
son commentaire à l'effet de donner l'occasion au ministre d'y penser et
d'en connaître les conséquences, d'en causer avec ses conseillers.
Mais pour ma part, j'endosse en totalité la suggestion du
député de Nicolet. Je crois que c'est très valable. Cela
éviterait toutes sortes de critiques inutiles qui pourraient être
faites à l'association accréditée. Je pense que nous
partons tous, avec cette loi, de bonne foi et avec un seul objectif, soit de
rendre service à une société dont nous avons besoin, au
Québec. Pour ma part, je crois que c'est une excellente suggestion.
Je me permets donc de suggérer au ministre d'y penser et d'y
penser sérieusement. Ce sont les seuls commentaires que j'ai à
faire pour le moment, mais j'apprécie la suggestion du
député de Nicolet et je l'endosse personnellement, sans vouloir
engager qui que ce soit du côté ministériel. Je suis
d'accord.
M. LE PRESIDENT (Giasson): Est-ce que le député de Nicolet
voulait formuler le paragraphe?
M.,VINCENT: Non, c'était simplement une suggestion.
M. LE PRESIDENT: Une suggestion.
M. VINCENT: Comme suggestion, qu'on ajoute soit un sous-paragraphe g) ou
peut-être, si les avocats regardaient ça cet après-midi ou
demain avant-midi, que ça irait mieux aux dispositions diverses et
finales ils l'analyseront mais en quelque sorte pour les $1
million, $1.5 million ou $1,200,000 qui seront perçus chaque
année, qu'il y ait un rapport financier déposé au
ministère de l'Agriculture.
M. BELAND: Est-ce que l'ancien ministre me permettrait de lui faire une
suggestion? Est-ce que vous demanderiez en même temps que la Régie
des marchés agricoles dépose elle aussi son bilan financier?
M. VINCENT: La Régie des marchés? M. BELAND: Oui.
M. VINCENT: Elle n'a pas de bilan financier.
M. BELAND: II va certainement en avoir un, puisqu'il va y avoir
ici...
M. VINCENT: Non, ça c'est dans le budget annuel du
ministère. Annuellement, on vote des sommes au ministère, et la
Régie des marchés agricoles...
M. BELAND: Oui, mais nous les connaissons seulement globalement.
M. VINCENT: Oui, mais nous pouvons aller dans les détails.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II nous appartient, lorsqu'on fait l'examen du
budget du ministère de l'Agriculture, de demander tous les
détails pertinents à la Régie des marchés
agricoles.
M. LE PRESIDENT: Chaque année lors de l'étude des
crédits.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quant à la suggestion du
député de Nicolet, on sait que depuis quelque temps il est
question d'obliger les centrales syndicales à faire déposer un
bilan financier. On en entend parler souvent, surtout de la part du chef
d'Unité-Québec. Encore hier soir je l'écoutais à la
télévision. On parle de présenter un projet de loi
à l'Assemblée nationale qui obligerait ainsi toutes les centrales
syndicales: CSN, FTQ, CEQ.
Je ne vois pas pourquoi on insère dans le bill 64 un article qui
obligerait l'association de déposer son bilan tous les ans, s'il n'y a
pas une loi qui oblige aussi les autres centrales syndicales. Pourquoi faire
une exception? Je ne crois pas qu'on puisse insérer ça dans la
présente loi.
S'il y a une loi qui est adoptée à l'Assemblée
nationale, elle sera probablement obligée comme les autres de le faire.
Mais si on insère dans la loi que seulement cette association-là
sera obligée de déposer son bilan, les autres ne seront pas
obligées de le faire. Cela sera encore une loi d'exception pour un
groupe qui, en l'occurence, comprendra les agriculteurs qui seront
représentés par l'UCC.
M. OSTIGUY: Est-ce que le député de Sainte-Marie me
permettrait de lui poser une question? Est-ce que la Loi du syndicalisme
agricole est le même genre de syndicat ou de loi syndicale que celle de
la CSN? Quant à moi, je pense que c'est une loi tout à fait
différente. C'est une loi de syndicalisme professionnel qui est tout
à fait différente des autres lois syndicales.
M TREMBLAY (Sainte-Marie): J'admets avec le député de
Rouville que le syndicalisme agricole est une loi spéciale. Ce n'est pas
la même forme de syndicalisme que le syndicalisme ouvrier, etc. Mais
pourquoi, en créant cette loi-là, insérer dans la loi tout
de suite l'obligation pour l'association de déposer un bilan financier?
Pourquoi créer un précédent?
Attendons, s'il y a un projet de loi présenté à
l'Assemblée nationale, il sera discuté, il sera adopté ou
rejeté. A ce moment-là, toutes les centrales syndicales seront
sur un pied d'égalité. Même si la loi n'est pas
acceptée à l'Assemblée nationale, ici, ce sera inclus et
seulement cette association-là sera dans l'obligation de le faire. C'est
un peu comme si, à un moment donné, on oblige un parti politique
à faire un bilan tous les ans et qu'on n'oblige pas les autres à
le faire.
J'espère que, s'il y a un jour une loi dans ce sens-là,
tous les partis politiques seront obligés de le faire.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député de Sainte-Marie
à écouter les commentaires du député de Chicoutimi.
Il a demandé la parole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie, M. le Président. Je
pense qu'il ne s'agit
pas d'une exception, puisque déjà, dans la loi-cadre qui
régira les professions il y a une analogie entre l'organisme qui
va être créé par la Loi du syndicalisme agricole et les
professions il y aura obligation de présenter un bilan, un bilan
vérifié et certifié par un comptable.
Je crois que le fait d'insérer une disposition à cet effet
serait de nature à montrer la volonté des législateurs
d'exiger de quelque groupe syndical que ce soit la présentation
d'états financiers détaillés, et non pas simplement d'un
bilan pro forma pour un usage maison. J'invite le ministre, étant
donné que déjà la Loi des professions va l'imposer aux
autres corps organisés, à réfléchir sur la
suggestion qu'a faite mon collègue et que j'endosse, comme le
député de Taillon, d'ailleurs, afin qu'il n'y ait pas
d'équivoque là-dessus et qu'on se rende bien compte que le
gouvernement entend surveiller les activités de cette association comme
il a l'intention, semble-t-il, de le faire pour les activités de toute
autre association similaire.
M. OSTIGUY: Si le gouvernement pense que cette Loi du syndicalisme est
justement pour le bien des cultivateurs, j'endosse, moi aussi, cette suggestion
et je demande au ministre de l'Agriculture d'y songer et d'étudier, avec
ses conseillers juridiques, les possibilités.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je proteste parce qu'on fait une
exception pour une association. Cette obligation n'existe pas pour les autres
centrales syndicales. Il est question que l'on adopte une loi et, à ce
moment-là, ils feront comme les autres. Mais, si la loi n'est jamais
votée à l'Assemblée nationale, seule cette
association-là sera obligée, parce qu'elle représente les
cultivateurs, de déposer un bilan, alors que la CSN, la FTQ et la CEQ ne
seront pas obligée de le faire. Pourquoi ne pas attendre une loi dont il
est rumeur qu'elle sera présentée à l'Assemblée
nationale? Pourquoi l'insérer dans la loi? On ne l'a pas
inséré dans le code du travail pour obliger les centrales
syndicales à le faire et, là, on va l'insérer dans cette
loi spéciale.
M. OSTIGUY: Justement, on se demande si cela n'a pas été
oublié.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Continuez à faire des lois
d'exception pour un groupe de la société.
M. VINCENT: Ce n'est pas une loi d'exception.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je regrette.
UNE VOIX: C'est de la démagogie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas de la démagogie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est de la démagogie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, ce n'est pas de la démagogie. Si
vous appelez cela de la démagogie... Le député de
Chicoutimi connaît assez son français pour savoir que ce n'est pas
de la démagogie. Ce n'est pas vrai et vous savez que ce n'est pas de la
démagogie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
faire observer ceci...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous, vous en faites de la
démagogie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il ne s'agit pas du tout d'une loi
d'exception. Il ne s'agit pas du tout...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, c'est une loi d'exception.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ici de soulever des passions à
propos d'un groupe que tout le monde connaît bien et pour lequel tout le
monde a énormément d'estime, les cultivateurs et tous les gens
qui exercent ce métier. Nous avons, par l'expérience que nous
connaissons, constaté bien des anomalies dans l'organisation des
professions, dont font preuve les lois-cadres...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Comme dans les partis politiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un autre problème, cela viendra
et vous pourrez en parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II y a autant d'anomalies...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, des lois-cadres sur les diverses
professions. Voilà que nous avons aussi: une loi pour une profession
pour un ensemble de travailleurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne posez pas à la vierge
offensée.
M. VINCENT: Qu'est-ce qui fait tant mal là-dedans?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est que vous faites une exception pour un
groupe de personnes de la société.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est faux, monsieur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela n'a jamais été fait pour
d'autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai pris la parole,
si le député de
Sainte-Marie veut faire ses commentaires après.
M. TREMBLAY(Sainte-Marie): Je suis capable de me calmer, n'ayez pas
peur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député de Sainte-Marie
veut faire ses commentaires après, il les fera.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Laissez-moi défendre mon point et
laissez-moi faire.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II reste que nous sommes à discuter d'un
projet de loi qui groupera une classe particulière de travailleurs et,
insérant une disposition en vue d'exiger un rapport financier, ce n'est
pas un précédent, cela se situe dans la ligne d'évolution
de nos institutions, de nos organismes administratifs puisque dans les
lois-cadres des professions, il y a semblables dispositions. Les cultivateurs
étant soumis à cette obligation, il y a de fortes chances que le
gouvernement, prenant conscience de la situation des autres organismes
syndiqués, exige de la même façon le dépôt
d'un bilan financier.
Le député parlait tout à l'heure des partis
politiques; s'il est nécesssaire de le faire pour les partis politiques,
je serais le premier à demander, avec mon collègue de
Sainte-Marie, que les partis politiques fassent de même. Il ne s'agit pas
du tout d'une exception puisque la loi n'est pas encore votée,
qu'éventuellement il peut y avoir une loi qui exigera des autres
centrales qu'elles fassent la même chose. Je crois que c'est indiquer une
volonté des législateurs qu'à l'occasion de l'étude
de ce projet de loi, nous insérions une disposition particulière
sur ce problème-là.
On ne peut pas dire que c'est une loi d'exception puisque même le
gouvernement se soumet à cette obligation. Tous les mois, à la
commission des engagements financiers, le gouvernement est obligé de
déposer des bilans partiels qui sont ensuite complétés
lors de l'étude des budgets. Tous les engagements du gouvernement sont
scrutés à la loupe, chaque mois, en plus du grand examen
général qu'on fait subir au ministre lorsqu'on étudie son
budget.
Je ne vois pas pourquoi un groupe de citoyens n'accepterait pas cela,
même s'il y a un certain délai entre le moment où on
l'exigera d'autres organismes syndiqués et le moment où on
l'exigera de ce groupe particulier de cultivateurs. C'est pour ça que je
demande au ministre d'examiner la situation et de voir à quel endroit
dans la loi je crois qu'à l'article 19 ce serait le meilleur
endroit cette disposition pourra être insérée afin
qu'on sache tout de suite qu'on entend bien savoir ce qui se passera dans cet
organisme et l'usage qu'on fera des fonds qui seront perçus des
cotisants qui seront des cultivateurs.
L'association en tirera bénéfice et les ci- toyens seront
renseignés sur l'utilisation des fonds. Il n'y aura plus de jeux de
cache-cache et personne ne pourra plus accuser celui-ci ou celui-là de
faire des choses qui ne soient pas conformes à une éthique. Au
fond, l'exigence d'un rapport ici se relie à une question
d'éthique dans le fonctionnement d'un organisme organisé. Cela
est déjà prévu au paragraphe a) de cet article 19,
lorsqu'on dit: "promouvoir, défendre et développer les
intérêts économiques, sociaux et moraux de ses membres". Le
dépôt d'un rapport financier fait partie de ces exigences de
promotion, de défense et de développement des
intérêts économiques, sociaux et moraux des membres. Alors,
les membres ne peuvent qu'en tirer bénéfice et, à mon
sens, ce n'est pas du tout faire une exception pour une catégorie
particulière de travailleurs puisque, comme je l'espère,
très bientôt, tous les organismes seront soumis aux mêmes
exigences.
M. LE PRESIDENT (Giasson): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND : Je pense que présentement on s'éloigne quelque
peu du travail que nous avons devant nous parce que réellement, en ce
qui concerne l'alinéa a) du présent article 19, c'est entendu que
le terrain sur lequel on peut discuter est très vaste
c'est-à-dire promouvoir, défendre, dévelpper les
intérêts économiques, sociaux, moraux, etc. C'est entendu
que cet article-là est très vaste. On peut en discuter
très longuement.
On peut se demander même si un tel a trop d'argent dans ses poches
ou s'il a un cent de trop ou s'il a un cent qu'il a oublié de donner
à l'impôt; cela permet d'aller aussi loin que cela.
En même temps, il faut se référer aux deux
très courtes lignes qui sont le départ de l'article 19, au
chapitre Effets de l'accréditation: "L'accréditation
confère à une association les droits, pouvoirs et devoirs
suivants". Plus nous avançons dans le bill, plus il faut se poser
certaines questions; on semble à première vue faire preuve de
très bonne volonté pour donner tous les droits, pouvoirs et
devoirs, etc. mais où est-ce que nous aboutirons en
réalité d'une façon concrète? Si je fais une
analyse rapide, est-ce que, réellement, les producteurs vont avoir plus
de droits, plus de pouvoirs ou plus de devoirs après l'adoption de ce
bill et même l'association qui héritera de l'accréditation?
Je ne le pense pas parce qu'effectivement même l'association
bénéficiera de moins de droits et de pouvoirs parce que tous les
pouvoirs et droits devront d'abord et avant tout être acceptés par
la régie des marchés agricoles. Or, nous pouvons dire ceci
à ce moment-ci je pense que c'est bon que cela se dise: D'une
main, d'une façon très voilée, pour ne pas
répéter la cage "toupinante" d'hier, peut-être d'une
façon très voilée, on tente ou on fait mine de donner aux
agriculteurs ou aux produc-
teurs quelque chose qui n'a pas été pensé ailleurs
ou on essaie de faire semblant de donner quelque chose de tout à fait
nouveau, quelque chose de complémentaire à ce qu'ils peuvent
avoir présentement comme pouvoirs. Mais, par contre, je pense que ce
sera tout simplement le contraire après que nous en aurons fait
l'analyse complète, rendus à l'article 58. Je pense que tout
simplement nous serons obligés de déduire le contraire
après avoir scruté plus à fond certaines
ambiguïtés à quelques articles donnés.
Or, je pense que présentement nous avons dévié
quelque peu en parlant de finance, de syndicat, peu importe pour quel syndicat
cela puisse exister dans la province de Québec; c'est tout simplement
l'acheminement vers des discussions, vers des questions très
épineuses, qui font suite à des conséquences dont on ne
touche jamais la base. Je pense qu'à ce moment-là il faut tout
simplement laisser de côté cette discussion au point de vue
monétaire et regarder, plus avant dans le bill, d'autres articles bien
précis parce qu'on pourrait aller très loin dans ce
sens-là et cela pourrait faire mal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne comprends
absolument pas, dans la mesure où j'ai pu entendre très bien le
député, le sens de son intervention. Voilà qu'on discute
des effets de l'accréditation et qu'on parle ensuite de droits, pouvoirs
et devoirs. Or, dans les devoirs, on invite le ministre à penser
à insérer, dans l'ensemble des devoirs qu'aura l'organisme en
question, une disposition exigeant un rapport. Cela se rattache par
conséquent de façon très nette, très directe,
très précise à l'article que nous étudions
actuellement. Et nous avons demandé au ministre d'y penser, nous n'avons
pas voulu aller dans le détail de l'affaire mais nous lui avons dit
qu'après le sous-article f) il y aurait peut-être lieu
d'insérer une disposition imposant un devoir additionnel. C'est le seul
objectif de l'intervention qu'a faite mon collègue le
député de Nicolet et qui se rattache très directement
à cet article.
Ce n'est pas par conséquent errer ni retarder les discussions que
de vouloir ajouter quelque chose, puisque le député
lui-même déclare que tous les pouvoirs qu'on prétend
donner, on va se rendre compte un peu plus tard qu'en réalité ils
sont inexistants ou qu'ils ne donneront rien de plus aux cultivateurs qui sont
appelés à en bénéficier. Alors, je reviens à
ce que disait le député de Nicolet et dont a pris note le
ministre. Je demande que l'on examine la question afin de voir s'il y a lieu
d'imposer ce devoir additionnel à l'organisme qui sera nanti de tous les
autres pouvoirs et soumis à tous les autres devoirs que prescrit la loi
par l'article 19.
M. BELAND: Je tiens quand même ici à rectifier parce que le
député qui vient de terminer vient de dire que, justement,
j'aurais allégué que cela ne donnerait rien de plus que ce qu'ils
peuvent avoir actuellement comme producteurs. Je n'ai pas dit cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je relirai la version française du
journal des Débats. Je vous laisse le bénéfice du
doute.
M. BELAND: J'ai parlé du phénomène qui existe
effectivement, soit la différence entre une chose qui est donnée
réellement et l'autre qui est donnée par transfert de droit.
C'est de cela que j'ai parlé.
M. LE PRESIDENT: Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, je n'ai pu faire autrement
qu'endosser la suggestion du député de Nicolet étant
donné que je reviens d'une tournée de mon comté où
j'ai exprimé, au cours des dernières semaines, le même
point de vue. J'aimerais souligner ici une chose, c'est qu'il faut faire une
très grande différence entre une association à base de
cotisation volontaire et une association où la cotisation est
obligatoire.
Dans une association à cotisation obligatoire, tous, qu'ils
soient d'accord ou pas d'accord, sont obligés de verser une cotisation.
Alors, c'est là qu'est la différence avec d'autres associations.
Le député de Sainte-Marie mentionnait les partis politiques.
Personne n'est obligé de souscrire quelque montant que ce soit à
un parti politique. C'est une liberté de chacun, tandis que, dans une
association accréditée, c'est une obligation qu'il va y avoir de
fournir pour un participant. Je crois qu'à ce moment-là cela
tombe dans le domaine public et que tout le monde doit être
renseigné.
M. VINCENT: On peut ajouter à ce que vient de dire le
député de L'Assomption que c'est bien spécifié dans
la législation qu'une fédération, qu'un syndicat
spécialisé peut se désaffilier de l'association, mais,
même si elle est désaffiliée de l'association comme membre
ou comme groupe, elle est quand même obligée de payer une
contribution. C'est un argument que le député de L'Assomption
apporte. Je ne vois aucun problème, moi-même comme agriculteur,
à verser $15, $20 ou $30 par année. C'est très normal que
le bilan financier soit public et que le ministre de l'Agriculture l'ait. Le
député de Lotbinière s'éloigne du sujet. Il
faudrait quand même qu'il relise le sous-article f où on dit:
"sous réserve de l'article 17, établir, prélever, recevoir
et redistribuer les cotisations et contributions conformément aux
sections VIII et IX". Pour être conforme aux sections VIII et IX le
législateur dit: On vous donne le pouvoir de cotiser et de redistribuer
suivant les sections VIII et IX, mais, pour avoir la réponse à
cela, il faut quand même avoir le bilan financier pour voir si tout a
été fait
suivant les pouvoirs qu'on a donnés. Il n'y a rien à
cacher là-dedans.
M. BELAND : On pourrait aussi aller plus loin que cela et même se
référer aux fameux bills 15 et 16 et se reporter à ce qui
fut décidé dernièrement par la Régie des
marchés agricoles, à savoir le prix du permis pour vendre des
oeufs dans la province de Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un autre problème.
M. BELAND: C'est un autre problème, mais on peut se rendre, par
contre, jusque-là quand on parle de tous les droits, pouvoirs et devoirs
transférés. A ce moment-là, il faut penser à toutes
ces choses éventuelles.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le
député de Chicoutimi, tantôt, nous donnait comme exemple
que bien des organismes du gouvernement sont obligés de faire des
rapports publics sur leurs états financiers. Je suis d'accord, mais
seulement l'association qui est mentionnée ici on peut parler de
l'UCC; il n'y en a pas d'autres actuellement sur les rangs qui demandent
l'accréditation n'est pas un organisme gouvernemental. C'est un
organisme autonome qui est responsable devant ses membres, comme toutes les
autres centrales syndicales et qui, tous les ans, est obligée de faire
un rapport financier à l'occasion de son congrès, de rendre
compte des revenus, des dépenses, ainsi de suite.
Maintenant, à savoir si, par une loi, on obligera les centrales
syndicales, y compris l'association dont il est question, à faire un
rapport financier, s'il y a une loi à l'Assemblée nationale,
toutes seront sur un même pied d'égalité. Mais si vous
l'incluez dans la loi, je dis, encore une fois, je l'ai dit tantôt, et
s'il n'y a pas une loi qui oblige les autres syndicats, les autres centrales
syndicales à faire ce bilan financier, il y aura une exception pour
cette association.
Le député de l'Assomption dit que même ceux qui sont
contre seront obligés de payer. Dans les syndicats, actuellement, c'est
la formule Rand; même ceux qui sont contre les syndicats sont
obligés de payer et aucune loi n'oblige ces syndicats, ni au niveau
local, ni au niveau des centrales, à faire un rapport au gouvernement de
leurs états financiers.
On le fait dans la loi; on les oblige à le faire.
M. PERRAULT: Je le sais...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce qu'on va obliger tous les autres? Je
donne le même exemple que tantôt...
M. PERRAULT: Personnellement...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... si vous me permettez de finir...
M. PERRAULT: ... c'est mon opinion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... il y a quatre partis à
l'Assemblée nationale, et si on en obligeait un à faire un
rapport de son état financier et on laissait faire les trois autres, ce
serait la même situation. S'il y avait une loi à ce sujet, je
serais d'accord, mais que les quatre partis soient sur un pied
d'égalité. C'est la même chose; on devrait attendre et s'il
y a une loi à l'Assemblée nationale, elle sera adoptée ou
refusée. A ce moment-là, elles seront incluses dans la loi.
Là, on fait encore une exception. Depuis le matin qu'on fait des
exceptions, référendum, rapports obligatoires, ça revient
à dire ce que je dis depuis hier: On considère cette classe de la
société comme une classe à part. On crée des
précédents dans des lois...
M. LAVOIE (Wolfe): Si le député de Sainte-Marie pense que
c'est une loi d'exception...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même si c'est une loi d'exception, on
ne doit pas commettre les bêtises et on ne doit pas être
ridicules...
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget a demandé la
parole depuis quelques instants.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est du monde comme les autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, voyons, tout le monde l'admet. Ne faites
pas de démagogie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Agissez en conséquence.
M. LAVOIE (Wolfe): ... député de Sainte-Marie qu'on a
autant de considération qu'il peut en avoir. Sans faire de
démagogie, nous pouvons prendre la part de la classe agricole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne vous ai pas dit que vous n'aviez pas
de considération pour les cultivateurs. Pourquoi est-ce que vous me
dites cela? On discute des lois.
M. LAVOIE (Wolfe): Nous sommes dans des comtés agricoles, nous
les connaissons; nous ne sommes pas dans des comtés de ville où
les gens ne les connaissent pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je les connais.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Bourget.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai grandi dans le même comté
que celui du député de Chicoutimi. Tous les deux avons
été élevés...
M. LAURIN: M. le Président, l'idée émise par le
député de Nicolet est intéressante en soi. Je pense
qu'elle ne surprend guère, étant donné la campagne
à cet effet que mène son chef depuis quelques semaines. Elle
s'inscrit dans le même contexte. Cependant, je crois qu'il importe
d'accorder à cette proposition intéressante en soi une
très grande attention, parce qu'il s'agit à toutes fins pratiques
d'un fait général, d'une législation à
portée générale que l'on voudrait introduire ici à
l'occasion d'un projet de loi particulier.
C'est tellement général que d'autres pays ont
déjà légiféré en ce sens et qu'il y aurait
intérêt, pour les membres de l'assemblée, de prendre
connaissance de ce qui s'est fait dans les autres pays à cet
égard pour régler ce problème que l'on soulève
aujourd'hui. Je sais par ailleurs que même le gouvernement du Canada a
légiféré en ce sens. Une loi très importante a
été édictée il y a quelques années et qui,
d'ailleurs, justement, porte beaucoup plus que sur les centrales syndicales
mais porte également sur les compagnies, sur la publication des rapports
financiers des compagnies. Et il me semble qu'avant de se prononcer illico sur
cette proposition à l'occasion de l'étude d'un projet de loi
particulier, il serait beaucoup plus sage, beaucoup plus opportun, de soumettre
à l'attention des membres de l'Assemblée nationale, à
l'occasion d'un projet de loi général, tous les documents
pertinents de façon à ce que nous puissions avoir une discussion
générale sur l'ensemble d'un projet analogue. Car, autrement, ce
serait mettre, quant à moi, la charrue devant les boeufs et ce serait
risquer de faire des erreurs, que nous aurions à payer cher par la
suite, ou encore d'être incomplets.
En ce qui concerne l'aspect particulier qui peut se poser aujourd'hui,
il y a un inconvénient qui me vient tout de suite à l'esprit,
cela pourrait déséquilibrer les rapports de force entre
l'association accréditée et tous les autres organismes à
l'endroit desquels cette association accréditée pourrait,
à l'occasion, avoir des rapports et parfois même des conflits.
Si, par exemple, on oblige une association accréditée
à dévoiler complètement l'état de ses revenus et de
ses dépenses et qu'on n'obliqe pas les autres corps avec lesquels cette
association accréditée pourrait avoir, parfois, des conflits,
ceci, dans une contestation tout à fait légitime des organismes,
pourrait débalancer les rapports de force, dans ce sens qu'un des
côtés, à une contestation, aurait toutes les informations
pertinentes alors que l'autres ne les aurait pas. Ceci pourrait préjuger
de l'issue d'un conflit qui pourrait survenir entre cette association
accréditée et les autres.
Ceci vaut pour le secteur agricole, d'autant plus que nous nous
avançons de plus en plus vers un système de plans conjoints ou
l'association accréditée aura à discuter de plus en plus
de questions de commerce, de questions d'argent et tous les conflits qui
peuvent s'ensuivre avec un nombre de plus en plus grand d'organismes dans le
secteur industriel et même dans le secteur commercial.
Précisément à cause de cette incidence, simplement un des
aspects, il me semble que ceci est justiciable d'une discussion
générale avant qu'on en arrive à une solution sur le plan
particulier.
Donc, autant je trouve cette proposition intéressante et digne
d'une discussion approfondie et surtout bien documentée, autant je
trouverais prématuré et inopportun que nous inscrivions d'ores et
déjà cet article dans un projet de loi car cela me semblerait
préjuger de l'examen de la situation générale, de l'examen
de tous les documents que nous pourrions et que nous devrions étudier
sur le sujet et aussi parce que cela me paraîtrait comme
privilégier dans le sens négatif une certaine catégorie de
travailleurs, les travailleurs agricoles, à l'encon-tre d'autres classes
qui ne sont pas des travailleurs mais qui, justement, sont appelés
à entrer en relation, de plus en plus, avec des travailleurs dans le jeu
normal de la contestation d'une société.
A cause de ce privilège négatif indu qui me semblerait
être accordé à une catégorie de travailleurs et
à cause de la qualité de précédent qu'elle pourrait
constituer pour les autres catégories de travailleurs on pourrait
faire valoir ce précédent à l'occasion du bill 64 pour
l'imposer immédiatement, par exemple, dans le code du travail
très prochainement il me semble que notre commission ferait mieux
d'attendre que le gouvernement se décide à faire une
enquête ou à présenter un projet de loi qui nous
permettrait un examen général de tout le problème avant
que nous puissions nous décider pour l'inclusion de tel ou tel article
dans un projet de loi particulier.
M. LE PRESIDENT (Giasson): Avec l'accord des membres de la commission,
la présidence aurait une question à poser au ministre de
l'Agriculture. C'est tout simplement pour éclairer ma lanterne.
On parle justement de la nécessité de publier un rapport
financier, de voir de quelle façon la perception des sommes se fait et
quelle utilisation peut également en être faite. Est-ce que les
organismes qui appliquent les plans conjoints qu'on retrouve en agriculture
sont obligés de soumettre un rapport financier à la Régie
des marchés agricoles ou encore lorsqu'ils doivent apporter un
changement aux prélèvements qu'ils font sur le produit mis en
marché, sont-ils obligés de se justifier vis-à-vis de la
Régie des marchés agricoles, par un dépôt d'un
état détaillé des opérations? Ils doivent le faire
présentement.
M. TOUPIN: Pour les plans conjoints, la régie peut exiger un
rapport financier. C'est écrit comme ceci, dans les grandes lignes: La
régie a accès en tout temps à tout document pertinent de
nature à l'aider à prendre ses
décisions dans l'application de la loi. C'est tellement vrai et
cela va tellement loin qu'elle peut exiger un rapport financier, par exemple,
d'une des plus grosses entreprises laitières du Québec pour
essayer, par exemple, de prendre une décision objective dans
l'augmentation du prix du lait, dans la décision d'une ordonnance, etc.
C'est assez vague mais cela doit être tenu confidentiel.
M. LE PRESIDENT (Giasson): Les informations que la régie se
procure sont confidentielles.
M. TOUPIN: Cela doit être tenu confidentiel. Ce ne sont pas des
documents qui deviennent publics. Cela doit être tenu confidentiel.
M. VINCENT: Cet argent, quand même...
M. TOUPIN: Par exemple, dans les fédérations
spécialisés, lorsqu'il s'agit de l'augmentation d'un
prélèvement, il est certain qu'il faut que le plan conjoint ou
l'Office de producteurs qui administre le plan conjoint doive faire la preuve
qu'elle a besoin de cet argent pour mettre en place soit des nouveaux
programmes, etc. Mais la régie peut en tout temps demander à
n'importe quel plan conjoint de lui faire part de son rapport financier. Cela
se fait actuellement au niveau de la Fédération des producteurs
d'oeufs, par exemple, qui doivent produire à tous les mois un rapport
financier. A cause d'une introduction gouvernementale bien précise,
c'est-à-dire le projet de loi qui a autorisé le gouvernement
à garantir $500,000, on peut se permettre de rendre publics ces
documents, comme nous l'avons fait. Nous avons déposé, je pense,
un bilan, la dernière fois à la fin de la session, concernant les
opérations de la Fédération pour les deux ou trois
derniers mois.
M. VINCENT: C'était exigé par la loi. M. TOUPIN: Oui,
c'est cela.
M. VINCENT: On exigeait dans la loi, le dépôt d'un bilan
financier.
M. TOUPIN: C'est ça. A cause d'une garantie gouvernementale de
$500,000.
M. VINCENT: Mais ici quand on parle des plans conjoints...
M. TOUPIN: Si vous permettez, je voudrais continuer...
M. VINCENT: II faudrait faire attention parce que le
prélèvement d'un plan conjoint sert seulement à
l'administration du plan conjoint; il ne sert pas à promouvoir,
défendre et développer les intérêts
économiques, sociaux et moraux de ses membres.
M. TOUPIN: Je ne porte pas de jugement sur la proposition qu'on m'a
faite.
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: On m'a fait une suggestion et on m'a dit:
Réfléchissez au tout. Je suis d'accord pour
réfléchir. Vous me posez une question et j'essaie d'y
répondre. C'est que, dans le domaine des plans conjoints, la
régie a énormément de pouvoirs et elle peut aller
très loin, aller jusqu'à donner ses pouvoirs à un office
de producteurs; elle peut les donner si elle le désire. Mais elle peut
même, si elle les donne, fouiller plus loin pour établir certaines
normes qui lui permettraient de prendre des décisions sur d'autres plans
conjoints qui sont en vigueur.
Mais il ne faut pas oublier aussi que les fédérations
spécialisées qui administrent les plans conjoints doivent
soumettre à l'assemblée générale des membres
non pas des membres du syndicat, mais des membres couverts par les plans
conjoints un bilan des activités. C'est-à-dire que chaque
membre d'un plan conjoint pourrait exiger n'importe quand que la régie
lui fasse parvenir un rapport financier de l'administration de son office de
producteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. TOUPIN: Je veux bien qu'on comprenne que je ne porte pas de jugement
sur la suggestion que vous me faites.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Je veux faire simplement un bref
commentaire sur ce qu'a dit le député de Bourget. Ce qu'il a dit
est valable, bien entendu, parce que le député de Bourget tient
toujours des propos intéressants. Il a argué qu'il s'agirait
d'une mesure d'exception, que d'autre part cela pourrait fournir à
d'autres organismes des outils, des renseignements dont ne disposerait pas
l'organisme agricole.
Mais les sources de revenus seraient dévoilées du fait que
la cotisation est de tant, il y a tant de membres qui cotisent, par
conséquent tous les renseignements sont là. Le problème
c'est de savoir l'utilisation qu'on en fait.
Le député de Bourget dit: On met la charrue devant les
boeufs, on va au-delà de ce qu'on pourrait éventuellement faire
en présentant une loi générale obligeant tous les
organismes syndiqués à produire tel rapport. Moi je conclus de
l'argumentation du député de Bourget, qu'il serait le premier
à appuyer une mesure gouvernementale visant à faire voter une loi
pour exiger de toutes les centrales syndicales qu'elles déposent des
documents...
M. LAURIN: Ne préjugez pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais vous faire dire.
Je ne préjuge pas, par conséquent je me dis que vous avez
certaines réticences à accepter tel rapport officiel sur
l'utilisation des fonds perçus par les centrales syndicales.
M. LAURIN: Non, j'ai simplement dit, et je le répète, que
j'aurais objection à ce qu'on traite d'un cas particulier avant d'avoir
étudié l'ensemble de cette question qui a des ramifications dans
toutes sortes de domaines, dans toutes sortes de secteurs et d'organismes
publics, semi-publics...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de Bourget
me permet une question? Est-ce qu'il ne s'inquiète pas, lui, comme
député, comme citoyen, comme législateur surtout, de
l'utilisation des fonds dont disposent les centrales syndicales justement au
regard de tous les organismes publics et au regard aussi des droits des
citoyens...?
M. LAURIN: Je pourrais répondre au député que
depuis très longtemps je m'inquiète également de
l'utilisation de certains fonds des grandes compagnies, depuis longtemps. Et,
justement, je voudrais qu'on étudie les deux aspects
simultanément.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme on ne peut pas tout faire à la
fois, je pense que nous pourrions commencer par ceci.
M. LAURIN: Mais ce serait préjuger de cet examen
général que d'insérer un article dans une loi qui est
quand même particulière, qui s'intéresse à un
secteur particulier.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela aurait une valeur de stimulant, ça
permettrait à tout le monde de mettre ses papiers en ordre en vue de
l'adoption d'une loi.
M. LAURIN: Mais ça irait contre l'esprit de rigueur logique que
le député de Chicoutimi manifeste habituellement en ces
matières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, il ne s'agit pas ici de rigueur logique,
parce qu'il est arrivé très souvent que des représentants
du Parti québécois ont voulu faire insérer dans des
projets de loi des dispositions qui paraissaient aller au-delà de ce
qu'on se proposait de voter ou d'adopter plus tard.
Nous étions toujours d'accord...
M. LAURIN: En s'appuyant sur des documents les plus complets
possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à ce moment-là, avec le
Parti québécois pour dire: Très bien, peut-être
qu'on devance un peu toutes les études que nous devrions faire, mais
posons un geste. Si on posait un geste dans le cas présent, je pense que
ce geste ne serait pas d'une gravité telle que cela empêcherait
toutes les autres études dont vous parlez.
M. LAURIN: Etant donné que c'est la première fois que
l'Assemblée nationale en est saisie, je pense que c'est un peu
prématuré de décider immédiatement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi: Nous n'avons pas demandé de
décider immédiatement. Nous avons demandé au ministre de
penser à la possibilité d'insérer une telle disposition.
Je retiens ceci de l'argumentation du député de Bourget, et je
lui dis cela sous forme de blague, qu'il serait d'accord avec moi pour que nous
adoptions une telle loi pour toutes les autres centrales syndicales.
M. LAURIN: J'ai simplement voulu ajouter quelques caveat à votre
intention à l'adresse du ministre.
M. LEDUC: M. le Président, hier, je crois que nous avons
vécu une petite expérience, alors que le député de
Nicolet mentionnait qu'il devrait y avoir une espèce de standardisation
entre le projet de loi 48 et le projet de loi 64 quant aux $1,000 et $2,000. Ce
que nous discutons ici, la suggestion qui est faite au ministre à propos
de cette standardisation-là, on la retrouve justement dans les projets
de loi 250 et autres où l'on demande à des associations
d'employeurs plus que d'employés, en fait, de bien vouloir faire un
rapport financier.
Si j'ai bien compris, l'association accréditée sera une
association d'employeurs. Cela ne se compare pas du tout avec d'autres
syndicats comme la CSN, la FTQ et la CEQ qui représentent des
employés face à des employeurs. Ce n'est pas la même chose
du tout. Quand on demande qu'un rapport financier soit fait par l'association
accréditée, tout ce qu'on fait, c'est de continuer ce qui a
été commencé et dont l'Assemblée nationale a
été saisie lors du dépôt du projet de loi 250 et
d'autres lois similaires. Ce n'est pas nouveau; ce n'est pas la première
fois qu'on est saisi de cette idée ou de ce projet-là. Je pense
qu'on ne fait que continuer ce qui est commencé.
Quant aux autres centrales syndicales, si on veut qu'elles fassent un
rapport ou un bilan financier et qu'elles le déposent, c'est un autre
problème, parce que ce n'est pas le même genre du tout. C'est
l'interprétation que je lui donne. J'ai peut-être tort, qu'on me
corrige. Tantôt, le député de Rouville mentionnait cette
situation-là. Je renchéris un peu sur ce qu'il disait. Quant au
rapport financier, le député de Chicoutimi disait tantôt:
On va savoir ce que l'association accréditée va avoir. S'il y a
55,000 membres et qu'ils paient $20 chacun, on sait qu'ils vont avoir $1
million et quelque cent mille dollars. Qu'est-ce qu'ils vont en faire? Pourquoi
la
profession médicale devra-t-elle déposer un bilan
financier? On sait ce qui va entrer, combien il y a de médecins et
combien ils paient. On va leur demander l'utilisation de leur fonds.
Pourquoi ne pas demander la même chose à l'association
accréditée? En fait, c'est, à mon sens, à peu
près la même chose, le même groupe ou le même type de
gens auxquels on s'attarde actuellement qu'avec le bill 250. Ce n'est pas
nouveau. Ce sont des professionnels; il y a une ou plusieurs lois qui s'en
viennent pour régir les groupes professionnels. On continue, tout
simplement. En blaguant un peu, j'irais peut-être jusqu'à faire
reproche au ministre d'avoir oublié cela, puisque cela devrait
normalement et logiquement y être, si on veut avoir une continuité
dans notre législation.
M. LAURIN: Malgré que l'UCC ne soit pas une corporation
professionnelle.
M. LEDUC: Que je sache, l'association accréditée, pour
moi, n'est pas l'UCC. C'est une association accréditée. Remarquez
bien que ce serait difficile que ce soit une autre que l'UCC. Dans la loi, on
parle d'une association accréditée. Cette association
accréditée sera l'UCC ou l'organisation X, Y, Z parce qu'il peut
y en avoir d'autres. La loi permet qu'il y en ait d'autres. On doute, dans les
faits de la vie, qu'il y en ait d'autres.
M. LAURIN: Mais vous admettrez avec moi que c'est imposer
déjà une tutelle à certains organismes, qu'on impose pas
à d'autres. C'est les privilégier négativement, c'est les
montrer du doigt, alors qu'on ne montre pas du doigt certains autres organismes
qui auraient peut-être plus besoin de se faire montrer du doigt que
l'association accréditée.
M. LEDUC: Si j'ai bien lu les quelques projets de loi que nous allons
commencer à étudier, pas la semaine prochaine, mais l'autre, on
fait la tutelle de 24 autres professions aussi.
M. LAURIN: Oui, comme je le dis...
M. LEDUC: Alors, on en ajoute une 25e. Ces 25 projets de loi, ils seront
tous à l'étude à une commission parlementaire. Ayons cette
continuité. J'admets que les suggestions du député de
Bourget sont faites de bonne foi. On parle de faire une étude globale.
Parfait, faisons une étude globale. Là, je me dissocie du
gouvernement, en ce sens que je n'attaque pas le gouvernement; je parle
à titre personnel. Les études globales de X Y Z sont à peu
près le plus bel accessoire pour retarder une décision qu'on a
peur de prendre.
On leur donne un mandat d'un an pour faire une étude et pendant
cette année-là, on s'aperçoit que si on leur donnait six
mois de plus peut-être que cela irait mieux. Alors, on allonge le mandat,
pendant ce temps-là il ne se fait rien.
Quant à moi, c'est une continuité, avec le bill 64, des 24
autres projets de loi. C'est logique. Bon, 34. Continuons la logique, on ne
prévilégie pas négativement un groupe, on fait tout
simplement prendre un groupe de professionnels et on les intègre aux
autres professions. Enfin, c'est la façon dont je le vois. Qu'on fasse
toutes les études qu'on voudra.
M. LAURIN: II faudrait être logique pour tout le monde.
M. VINCENT: C'est justement pour être logique avec tout le monde.
Que le député de Bourget vérifie le bill 250. Nous avons
là, à l'annexe 1, les 34 corporations professionnelles:
agronomes, médecins, vétérinaires, etc., et dans les notes
explicatives à la page 4 a), on mentionne: "Enfin les membres de chaque
corporation devront tenir au moins une assemblée générale
chaque année. Le président de la corporation produira alors un
rapport sur l'activité du bureau et l'état financier de la
corporation et ce rapport sera transmis à l'office et au ministre
chargé de l'application du code des professions qui le déposera
à l'Assemblée nationale."
M. LAURIN: Le député de Nicolet admettra avec moi
qu'à part les professions, les agriculteurs, il y a le très vaste
réseau de toutes les compagnies qui peuvent être
intéressées aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, est-ce que le député de
Bourget ne sait pas aussi, même si ce n'est peut-être pas complet
et satisfaisant, à notre avis, que les sociétés
industrielles, commerciales sont obligées de déposer des bilans.
Il y a la Commission des valeurs mobilières aussi qui scrute...
M. LAURIN: L'UCC aussi dépose un bilan, les centrales
ouvrières aussi déposent un bilan chaque année devant
leurs membres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis tout à fait d'accord qu'elles
le déposent devant leurs membres. Mais là, nous voulons qu'elles
le déposent au bureau du ministre de l'Agriculture afin que nous, les
législateurs, nous puissions examiner dans quelle mesure l'utilisation
des fonds sert les fins de l'association qui sera accréditée.
C'est là le problème. Dans le cas des compagnies qu'évoque
le député de Bourget, je suis parfaitement d'accord avec lui
à savoir qu'il va nous falloir revoir toute cette question afin de voir
si les états financiers présentés par les
sociétés industrielles, commerciales, etc..
M. LAURIN: Et les partis politiques.
M TREMBLAY (Chicoutimi): ... sont satisfaisants, si ces états
nous renseignent suffisamment sur ce qu'elles font et de quelle façon
leur activité s'articule à l'activité économique
du
Québec et à toute cette activité
socio-économique de l'Etat. Je suis tout à fait d'accord avec le
député de Bourget et c'est pour ça que je disais tout
à l'heure qu'il va être d'accord avec moi pour exiger des
sociétés industrielles et commerciales comme des centrales
syndicales le dépôt d'un rapport qui nous renseigne exactement sur
l'utilisation des fonds et sur la façon dont l'activité qui
découle de l'utilisation de ces fonds-là s'articule à
l'ensemble de l'activité du Québec.
M. LAURIN: C'est bien la raison pour laquelle je dis que ce serait
mettre la charrue avant les boeufs. Si nous pouvions examiner toute cette
législation d'un seul coup et ensuite en faire les applications à
tel ou tel secteur comme on a commencé à le faire pour le bill
250, on pourrait continuer par la suite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En tout cas, M. le Président, je ne
veux pas prolonger la discussion là-dessus. Nous avons fait une
suggestion au ministre, nous lui avons demandé d'étudier la
question. Le projet de loi va revenir devant nous en Chambre. A ce
moment-là, nous pourrons reprendre la discussion d'une façon plus
formelle mais, en tant que membre de cette commission, nous avons fait cette
suggestion. Nous avons donc sensibilisé le ministre à un
problème et il nous restera à sensibiliser d'autres ministres
à d'autres problèmes qui touchent tous ceux qu'a
évoqués tout à l'heure le député de
Bourget.
M. LE PRESIDENT: Article 19, adopté?
M. LEDUC: Non, M. le Président, si vous le permettez, je
préférerais que l'on suspende jusqu'à au moins demain
l'article 19. Le ministre pourrait peut-être demain nous faire des
recommandations et des suggestions. Si les membres de la commission sont
d'accord, on pourrait globalement suspendre cet article-là, y revenir
plus tard et passer à l'article 20.
Révocation
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ça va à la commission? Oui.
Section VI: Révocation, article 20.
M. VINCENT: Cet un nouvel article 20 avec l'amendement.
M. TOUPIN: Le premier alinéa de cet article-là est
remplacé.
Dans la version originale, on dit: "La régie doit, après
la tenue d'un référendum sujet aux conditions prévues
à l'article 14, révoquer l'accréditation d'une association
qui n'a plus le caractère représentatif selon le vote de la
majorité absolue des producteurs qui se prévalent de leur droit
de vote." Et on le remplace par: "La régie doit, après lui avoir
fourni l'occasion d'être entendue, révoquer l'accréditation
d'une association qui n'a plus le caractère représentatif,"
c'est-à-dire qu'on donne dans l'amendement l'occasion à
l'association accréditée, avant que la régie ne prenne sa
décision pour la désaccréditer, de se faire entendre.
M. VINCENT: Le deuxième alinéa le demande quand
même?
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: "La Régie peut également, d'office,
révoquer l'accréditation d'une association,...
M. TOUPIN: ... après lui avoir donné l'occasion
d'être entendue, si cette association ne remplit plus les autres
conditions..."
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, concernant votre amendement
à l'article 20, celui-ci est modifié en remplaçant le
premier alinéa par le suivant: "La régie doit, après lui
avoir fourni l'occasion d'être entendue, révoquer
l'accréditation d'une association qui n'a plus le caractère
représentatif nécessaire." Quand la régie entendra-t-elle
l'association pour savoir si elle doit révoquer son
accréditation? A la demande de qui? De quelle façon va-t-elle
procéder?
M. TOUPIN: Cela peut se faire sous plusieurs formes. Par exemple, cela
peut être une autre association qui demande à la régie de
réviser le caractère représentatif de l'association
déjà accréditée.
UNE VOIX: Comme dans le cas...
M. TOUPIN: C'est cela. Cela peut être des groupes qui disent
croire que l'association n'est plus représentative; même si on
paie des cotisations, on se rend compte que l'association n'est plus
représentative et que plusieurs producteurs ne sont plus d'accord.
Alors, la régie, à ce moment-là, peut mener des
enquêtes, peut, comme elle l'a fait pour l'accréditation,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le requérant a le fardeau de la
preuve.
M. TOUPIN: ... faire des sondages, etc. Si elle se rend compte que ce
n'est plus représentatif, avant de prendre sa décision, elle
donne le droit à l'association de se faire entendre.
M. VINCENT: Elle est obligée.
M. TOUPIN: Et peut-être qu'après qu'elle aura entendu
l'association accréditée elle changera d'opinion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, M. le ministre, j'ai un
sous-amendement à votre
amendement. Si vous permettez, je vais vous le lire. C'est une
suggestion. D'ailleurs, on en avait discuté à l'occasion des
commissions parlementaires avant l'adoption en deuxième lecture. Le
sous-amendement, se lirait comme suit: "Que le premier alinéa soit
remplacé par les suivants à l'article 20: Dans les 90 jours qui
précèdent l'accomplissement de trois années après
l'entrée en vigueur d'une accréditation ou son renouvellement,
toute association non accréditée qui veut le devenir peut
transmettre à la régie une requête à cette fin et y
joindre une copie certifiée conforme de ses règlements et d'une
résolution l'autorisant à présenter une telle
requête. Lorsque la régie ne peut établir avec certitude
que l'association représente la majorité absolue des producteurs,
elle peut ordonner la tenue d'un référendum." C'est ce que
j'expliquais ce matin, lorsque deux associations se disputent pour
représenter un groupe concerné. "La tenue d'un
référendum suivant les modalités de la section IV.
Lorsqu'aucune nouvelle requête n'est reçue par la régie
dans les délais prescrits, l'accréditation est automatiquement
renouvellée pour une période de trois ans." Voici pourquoi.
Vous me faites souvent le reproche de faire des comparaisons dans les
autres secteurs mais c'est toujours du syndicalisme sous une autre forme, tout
de même. Dans le secteur ouvrier, par exemple, il y a une période
de maraudage. Lorsqu'un syndicat est accrédité, il l'est pour le
temps de la convention collective et à la fin de celle-ci, qu'elle soit
pour deux ans ou trois ans, entre le 60e et le 30e jour, un autre syndicat peut
revendiquer l'accréditation en disant qu'il a la majorité des
employés. Ici, cela ne peut pas procéder de la même
façon parce qu'il n'y a pas de convention collective, alors il n'y a pas
de période de maraudage. Pourquoi l'association accréditée
ne serait-elle pas là pour trois ans et au bout de trois ans, pendant 90
jours, pourquoi une autre association, si elle donnait une preuve qu'elle
détient la majorité, ne pourrait-elle pas essayer de placer
l'autre?
M. TOUPIN: Je pense que vous avez cette disposition-là à
l'article 22, amendé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie: L'article 22 ne dit pas tout à fait la
même chose.
M. TOUPIN: Non, il ne dit pas tout à fait la même chose. Au
fond, ce que vous voulez, si une autre association veut demander son
accréditation, c'est qu'on lui donne l'occasion, dans les 90 jours qui
suivent la fin du mandat de la première accréditation, de
présenter une requête. Mais c'est automatique, c'est prévu
à l'article 22.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Par contre...
M. TOUPIN: La seule différence que j'y vois, c'est que vous
demandez un délai de trois ans au lieu de deux ans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. Par contre, ici, on dit: "Lorsqu'aucune
nouvelle requête n'est reçue par la régie dans les
délais prescrits, l'accréditation est automatiquement
renouvelée pour une période de trois ans". S'il n'y a pas de
requête d'une autre association, l'association qui détient
l'accréditation est renouvelée automatiquement.
S'il y a une requête, il faut que les gens donnent une preuve
qu'ils ont la majorité. A ce moment-là, c'est à la
régie...
M. TOUPIN: A ce moment-là, il y a une contestation de
l'association accréditée et, par conséquent, la
régie doit se pencher sur l'idée de retirer
l'accréditation accordée déjà ou de la laisser
là. A ce moment-là, elle procédera, d'une part, selon
l'article 20, premier alinéa, et, d'autre part, selon l'article 22.
M. VINCENT: Si le député de Sainte-Marie veut relire sa
motion, il va constater qu'elle ne tient plus. Vous dites: "Dans les 90 jours
qui précèdent l'accomplissement de trois années
après l'entrée en vigueur d'une accréditation ou de son
renouvellement, toute association non accréditée qui veut le
devenir peut transmettre à la régie une requête à
cette fin et y joindre une copie certifiée conforme de ses
règlements et d'une résolution l'autorisant à
présenter une telle requête." Là, vous continuez dans votre
document." "Les articles 6 et 7 s'appliquent à cette requête".
Là, vous dites: "Lorsque la régie ne peut établir avec
certitude quelle association représente la majorité absolue des
producteurs, elle peut ordonner la tenue d'un référendum suivant
les modalités de la section IV." Le député de Sainte-Marie
veut nous rembarquer dans un référendum. Alors, si le
député de Sainte-Marie veut se reporter à l'article 7,
l'article 7 n'existe plus comme tel.
M. TOUPIN: Si vous me le permettez, M. le Président, à ce
moment-là, le député de Sainte-Marie met l'association
accréditée et la régie dans une situation fort
délicate, à tel point que la régie se verra presque
obligée de commander un référendum après chaque
prolongation de mandat qu'elle a donnée dans une accréditation
précédente, de telle sorte que n'importe quel groupe de
producteurs dans les 90 jours peut arriver et dire: Moi, je présente une
demande en accréditation et la régie doit faire son
enquête. Vous allez plus loin; vous dites: Elle doit ordonner un
référendum. Or, vous savez qu'à tous les deux ans on est
presque dans l'obligation de faire un référendum si un groupe de
producteurs ou une association "y", qui représente 8 p.c. ou 10 p.c. des
agriculteurs, veut précisément se faire reconnaître. Le
mécanisme prévu est beaucoup plus simple que cela. Si les
agriculteurs, par la voie d'une association ou par la voie d'un groupe, veulent
contester la représentativité de l'association
accréditée, ils en font part à la régie et la
régie, elle, convoque les parties et prend sa décision.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Agriculteurs, vous dites?
M. TOUPIN: Elle reprend le même mécanisme et cela se
poursuit comme ça. On procède par la contestation. Elle a le
droit et le devoir de tenir un autre référendum au
préalable.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, ce ne sont pas les
employés qui vont dire au ministère du Travail: Notre syndicat ne
détient plus la majorité. Cela arrivera quand une autre
association revendiquera le droit à l'accréditation. Remarquez
bien, dans la loi, vous enlevez le premier référendum pour
l'accréditation et vous dites: "Sur preuve de
représentativité, de la part de l'association," et vous parlez de
carte. Lorsqu'ici une autre association viendra devant la régie et dira:
C'est nous qui avons la majorité, avant de décréter un
référendum si nécessaire, il faudra qu'ils donnent une
preuve qu'ils détiennent cette majorité par des cartes, tandis
que, pour un groupe de cultivateurs, vous ne l'exigez pas, cette
preuve-là.
Si une association dit: C'est nous qui avons la majorité des
producteurs agricoles, il faudra que ces gens prouvent à la régie
qu'il ont la majorité. Le référendum ici c'est la
même chose dans les autres secteurs c'est quand deux syndicats
revendiquent la majorité et qu'on ne sait pas qui détient la
majorité. A ce moment-là, le ministère du Travail
décrète un vote. Vous votez pour tel ou tel syndicat. C'est le
même mécanisme. Cela ne change pas la loi; cela simplifie le
mécanisme. Au bout de trois ans, si une autre association ne donne pas
la preuve qu'elle détient la majorité, la régie n'a pas
à décréter un référendum. C'est à
l'association qui revendique l'accréditation de prouver qu'elle a
enlevé la majorité à l'association déjà
accréditée avant. S'il y a un litige et qu'on ne sait pas qui a
la majorité, à ce moment-là, on peut
décréter un référendum, ou appelez cela un
vote.
C'est tout simplement le même mécanisme, avec des
variantes, qui est prévu dans le code du travail pour les autres
syndicats...
M. TOUPIN: Vous l'avez...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... excepté qu'on ne peut pas le
coller à la convention collective, il n'y en a pas en l'occurrence de
convention collective.
M. VINCENT: Le député de Sainte-Marie...
M. TOUPIN: Je vais essayer d'expliquer un peu ce que contient la loi.
Vous avez d'abord les deux principes qui nous ont inspirés. Ce sont les
suivants: premièrement, on s'est dit qu'une association qui est
accréditée peut être contestée par des producteurs
qui ne sont pas nécessairement organisés dans une autre
association mais qui peuvent, purement et simplement, vouloir faire
disparaître une association qui est accréditée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quelle preuve vont-ils apporter devant la
régie...
M. TOUPIN: Evidemment...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... pour que l'association...
M. TOUPIN: ... ceux-là vont faire des protestations, des
requêtes et vont s'adresser à la régie pour qu'elle
révise sa décision d'accréditation. Et nous avons
prévu pour cela un mécanisme que nous retrouvons à
l'article 20, premier alinéa. A l'article 21, nous nous sommes dit: II
faut maintenant donner l'occasion à toute autre association qui veut se
former dans les deux ans, c'est-à-dire après l'expiration du
mandat de la première accréditation, de se présenter
à la régie et de faire valoir ses droits. C'est prévu aux
articles 21 et 22; la régie a 90 jours pour cela. Et si, toutefois, la
régie se rend compte qu'une autre association fait la preuve de sa
représentativité, elle décrète un
référendum où les producteurs auront à choisir. Le
mécanisme est prévu. C'est pour ça que je vous dis: La
seule différence qu'il y a, c'est que nous prévoyons une
période d'accréditation de deux ans, et vous, vous parlez de
trois ans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une bonne différence, vous
prévoyez une période de deux ans et nous prévoyons une
période de trois ans. Seulement, pour la continuité de
l'accréditation, il y a une grosse nuance avec votre amendement. S'il
n'y a pas d'autre association qui demande l'accréditation,
l'accréditation est renouvelée automatiquement pour l'association
qui est en place. Seulement, il y a une question...
M. TOUPIN: Elle est renouvelée automatiquement s'il n'y a pas
d'autre association qui la conteste.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce que mon sous-amendement dit.
M. TOUPIN: C'est prévu.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsque vous dites qu'un groupe
d'agriculteurs peut venir devant la Régie des marchés agricoles
et dire que l'association en place ne représente plus la
majorité...
M. TOUPIN: C'est une première...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... sur quels critères va se baser la
Régie des marchés agricoles pour le savoir?
M. TOUPIN: Elle va se baser sur les critères
qui sont prévus au début; le même mécanisme:
elle va faire des sondages, encore une fois, et des enquêtes et elle va
essayer de voir si l'association est représentative.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voulez-vous que je finisse ma question? Il
arrive devant la Régie des marchés agricoles un certain nombre de
cultivateurs qui disent: L'Association en place n'a plus la
majorité...
M. TOUPIN: D'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... tout de suite, vous êtes
obligé de déclencher un référendum...
M. TOUPIN: Non, après deux ans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, vous allez déclencher un
référendum.
M. TOUPIN: Non, la régie va dire ceci: II y a une disposition
dans la loi qui dit que vous pouvez aller à votre assemblée
générale; 10 p.c. des membres peuvent convoquer une
assemblée générale spéciale; convoquez votre
assemblée générale et faites valoir là vos points
de vue. Si vous n'êtes pas capables de vous faire entendre à
l'assemblée générale, la régie pourra toujours, en
vertu de la loi, faire des sondages, mener des enquêtes et
vérifier si, effectivement, l'association est représentative ou
non. Et si elle se rend compte qu'elle n'est pas représentative...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Comment? Par la signature de nouvelles
cartes, quoi? Elle va visiter les cultivateurs un par un?
M. TOUPIN: Non, elle va faire... c'est une disposition dans cette loi
qu'on ne retrouve pas dans les autres lois. On a voulu la mettre
spécialement pour donner l'occasion aux producteurs de faire valoir
leurs points de vue à la régie sans être obligés de
se former en une autre association. C'est pour ça qu'on a mis cette
disposition, c'est un élément nouveau qu'on ne retrouve pas dans
les autres lois et qui m'apparaît très important.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsqu'un syndicat est
accrédité, qu'il représente un groupe d'employés,
à la fin de la convention collective, si aucune association demande
l'accréditation, son accréditation est renouvelée
automatiquement.
M. TOUPIN: C'est aussi...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, ce n'est pas une autre association qui
demande l'accréditation, c'est un groupe de producteurs. Vous dites: Ils
viennent devant la régie et demandent un référendum sous
prétexte que l'association n'a plus la majorité. Ce n'est pas une
autre association qui demande l'accréditation, vous dites: "Un groupe de
producteurs, de cultivateurs".
M. TOUPIN: Vous ne m'avez pas compris, je pense.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous ai compris, c'est vous qui ne me
comprenez pas.
M. TOUPIN: Je dis qu'il y a deux possibilités dans cette loi. La
première est la suivante: C'est qu'un groupe de producteurs non
organisé peut contester l'association accréditée pendant
son délai d'accréditation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie: Où un groupe de producteurs non
organisé?
M. TOUPIN: Je ne le sais pas, moi. H peut y avoir 7,000 ou 8,000
agriculteurs au Québec qui, à un moment donné, se
décident de dire: Nous contestons l'association qui est
accréditée et nous ne voulons pas d'autre association.
Alors que font les gars? Ils peuvent procéder par
l'assemblée générale ou ils peuvent aller à la
régie et dire à la régie: Nous considérons que
cette association n'est plus représentative.
Le mandat est donné pour deux ans. Il n'y a pas de
problème. L'association accréditée fera son mandat de deux
ans mais ce groupe, après deux ans et après s'être fait
entendre, obligera la régie à mener des enquêtes, à
faire des sondages. Après le délai, la régie a 90 jours
vous devez l'avoir à l'article 22 pour prendre une
décision. Elle convoquera alors l'association accréditée.
Si elle se rend compte que cette association n'est plus représentative,
elle peut la désaccréditer tout d'un coup, comme cela, même
si une autre association ne demande pas l'accréditation.
Mais supposons que, pendant cette période de mandat de deux ans,
une association se forme. Elle peut procéder de la même
façon et la régie devra, après deux ans, dans les 90
jours, prendre encore là sa décision et dire: On ordonne un
référendum ou on n'en ordonne pas, selon les
représentations que fera la nouvelle association qui sera formée.
Tout cela est prévu dans la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, pour ne pas éterniser
les discussions là-dessus, la différence, c'est que l'association
peut perdre son accréditation à la demande d'une autre
association, ici, tandis que vous, c'est à la demande d'un groupe de
producteurs.
M. TOUPIN: Non, les deux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les deux.
M. TOUPIN: Cela peut être un groupe structuré en
association et cela peut être un groupe non structuré.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tandis que si vous avez un syndicat dans la
manufacture, vous avez un syndicat.
M. LE PRESIDENT: C'est encore du syndicalisme ouvrier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Durant la convention collective, même
si un groupe dit: Nous ne voulons plus faire partie du syndicat et nous
demandons la désaffiliation, il y a la période légale. Il
faut venir devant le ministère du Travail et prouver qu'on a fait signer
des cartes en majorité.
M. TOUPIN: Cela, c'est le syndicalisme...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Là, l'autre association
accréditée devient minoritaire.
M. TOUPIN: C'est cela. C'est le code du travail.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est exactement le même processus que
je propose. Vous, ce n'est pas cela.
M. TOUPIN: II existe dedans, ce processus-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour quelle raison cela ne peut-il pas
être?
M. LE PRESIDENT: C'est parce que nous faisons du syndicalisme agricole
dans le bill 64, et que vous êtes imbu de syndicalisme ouvrier. Quand on
vous écoute, il faudrait calquer une loi de syndicalisme agricole sur
les méthodes du syndicalisme ouvrier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je ne parle pas du principe de la loi,
de l'esprit de la loi. Je parle des mécanismes d'accréditation et
tout cela. On peut s'inspirer des mécanismes du code du travail qui sont
exactement cela.
M. LE PRESIDENT: Mais vous allez tout de même reconnaître,
M. le député de Sainte-Marie, qu'à chaque fois que vous
commencez une argumentation, elle a toujours comme point de départ les
modes de fonctionnement du syndicalisme ouvrier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans les mécanismes pour appliquer la
loi, oui.
M LE PRESIDENT: Là où il y a des conventions collectives
qui se terminent, qui expirent à telle date, tandis qu'en agriculture
nous n'en sommes pas encore au stade des conventions collectives.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est cela. Je dis qu'on ne peut pas
attendre l'expiration de la convention collective car il n'y en a pas.
M. TOUPIN: Si le député de Sainte-Marie me le permet, je
vais procéder à l'envers.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Procédez à l'envers.
M. TOUPIN: Quand un groupe d'ouvriers, en vertu du code du travail,
s'est prononcé une fois sur une accréditation, tant et aussi
longtemps qu'un autre syndicat ne l'a pas contestée son
accréditation demeure. Même s'il n'y a que 10 p.c. des membres qui
sont d'accord, elle demeurera.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. TOUPIN: Je considérais, à ce moment-là, qu'en
regard du syndicalisme agricole, c'était une lacune. Il est bien
possible qu'un groupe d'employés, à un moment donné,
décide de ne plus se prévaloir d'un syndicat. Ce n'est pas
impossible. Si on donne l'occasion à un groupe d'agriculteurs, soit 10
p.c, de demander une assemblée générale, ils peuvent
convoquer une assemblée générale. Ils peuvent le faire.
Ces 10 p.c. peuvent aller à la régie et peuvent la forcer
à examiner la représentativité de l'association
accréditée sans être tenus, pour autant, de former des
syndicats, des fédérations et une association. C'est simplement
ce que nous avons voulu faire comme première étape.
Comme deuxième étape, nous leur avons dit: Maintenant,
vous voulez former une autre association, formez-en une. Dans les 90 jours qui
suivront la fin du mandat donné à une première
association, vous avez le droit de demander à la régie de
décréter un référendum. Nous avons prévu les
deux mécanismes au lieu d'un. C'est simplement cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'était une formule pour appliquer le
même mécanisme.
M. TOUPIN: C'est trois ans au lieu de deux ans. Vous avez une
année de plus.
M. VINCENT: Je pense que c'est la seule différence qu'il y a
entre les deux.
M. TOUPIN: Moi aussi.
M. VINCENT: Si on prend toute l'argumentation du député de
Sainte-Marie, toute l'argumentation du ministre, conformément à
la loi, la seule différence qui existe entre les deux, c'est que d'une
part, dans la loi actuelle, c'est deux ans, et la proposition du
député de Sainte-Marie serait de trois ans.
Si le député de Sainte-Marie apportait comme amendement
trois ans au lieu de deux ans, nous atteindrions les mêmes fins, parce
que la procédure est semblable.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais avec cette nuance que ce n'est pas un
groupe de
producteurs qui pouvait contester l'accréditation, c'était
une autre association.
M. VINCENT: Mais il faut quand même qu'un groupe de producteurs,
avant que la régie se penche vers une accréditation
éventuelle...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le député, dans mon
amendement, si l'autre association voulait déplacer la première,
il faudrait qu'elle fasse une campagne de recrutement, qu'elle dise:
L'association présente, ce n'est pas bon; la nôtre va être
meilleure! Et elle fait signer des cartes d'adhésion.
Elle arrive devant la Régie des marchés agricoles et dit:
Voici, nous avons la majorité et nous demandons l'accréditation.
Et là, s'il y a de l'hésitation à savoir qui a la
majorité, on décrète un vote ou un
référendum pour trancher le litige. C'était ça mon
amendement.
M. TOUPIN: C'est ça qui est prévu dans la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, pas la vôtre. Ce n'est pas une
autre association qui demande un vote et qui demande de faire perdre
l'accréditation à l'association en place, c'est un groupe de
producteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela revient exactement au même.
M. TOUPIN: Et l'association peut le demander.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le fonctionnement de la loi ça ne
revient pas au même.
M. LE PRESIDENT: Article 20, adopté?
M. LEDUC: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sur division?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'ici à la fin, pensez-vous que nous
allons pouvoir changer une virgule au moins?
M. TOUPIN: Le député de Sainte-Marie va me comprendre.
Nous avons mis déjà quelques restrictions. Remarquez bien que je
ne m'oppose pas aux amendements que vous m'apportez pour le plaisir de la
chose. J'essaie bien de soutenir mon projet de loi, et c'est tout à fait
normal, mais il m'apparaft que les amendements que vous m'avez proposés
jusqu'à maintenant n'apportent rien de tellement original et de nouveau.
C'est tout simplement ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'il était venu d'un
député de l'autre côté.
M. TOUPIN: De ce côté-ci. Cela a été fait
auparavant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et on l'aurait rejeté.
M. TOUPIN: II y a plusieurs idées qui sont venues et nous les
avons écoutées.
M. LE PRESIDENT: Article 21.
M. VINCENT: II n'y a pas d'amendement à l'article 21.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous allez avoir des problèmes.
M. LEDUC: Pour faire plaisir au député de Sainte-Marie,
est-ce qu'il y aurait un endroit où nous pourrions ajouter une virgule
et nous pourrions lui suggérer qu'il fasse une proposition, un
amendement? A ce moment-là au moins il aurait satisfaction.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vais être obligé de dire au
député de Taillon que c'était une farce. Il n'avait pas
compris ça, lui.
M. VINCENT: Une virgule pourrait changer la signification de
l'article.
M. LEDUC: Vous n'avez pas compris que j'avais fait ça pour faire
une farce, moi aussi.
M. LE PRESIDENT: Article 21 adopté. Article 22.
M. VINCENT: C'est un nouvel article?
M. TOUPIN: II y a un amendement, nous changeons l'article en entier. Je
vais lire d'abord l'article 22 original: "Toute révocation visée
aux articles 20 et 21, devient exécutoire après la publication
par la régie d'un avis dans la Gazette officielle du Québec."
Nous l'avons changé pour entrer dans une formule similaire à
celle que proposait le député de Sainte-Marie. "Une
révocation visée au premier alinéa de l'article 20 ou de
l'article 21 ne peut être faite par la régie que dans les 90 jours
qui précèdent immédiatement l'expiration d'une
période de deux ans à compter de l'accréditation ou, selon
le cas, de l'application des sections VIIII et IX, et par la suite, dans le
même délai précédant immédiatement
l'expiration de chaque période additionnelle de deux ans."
A chaque période additionnelle de deux ans, de sorte qu'à
tous les deux ans la régie se réserve 90 jours pour recevoir
d'autres requêtes ou pour recevoir d'autres suggestions de la part
d'autres associations.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question de procédure, à
quelle heure sommes-nous censés ajourner?
M. VINCENT: A 4 h 30.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parce que j'ai un rendez-vous. Bon,
très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 22, adopté.
M. VINCENT: A l'article 22, il ne faudrait pas oublier quand même
d'ajouter l'autre alinéa.
M. TOUPIN: Oui, toute révocation visée à l'article
20 et à l'article 21 devient exécutoire à la date de la
publication par la régie d'un avis dans la Gazette officielle du
Québec.
M. VINCENT: C'est la reprise de l'article. M. LE PRESIDENT: Article 22,
adopté. M. TOUPIN: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Section VII: Affiliation. Article
23.
Affiliation
M. TOUPIN: Evidemment, il n'y a rien de tellement particulier dans cette
section. C'est simplement l'affiliation des associations, des
fédérations et des fédérations
spécialisées.
M. LE PRESIDENT: Cet article est-il adopté?
M. BELAND: Pour apporter plus de clarté, les règlements
seront, je présume, agencés conjointement entre les divers
syndicats ou associations avec les fédérations de façon
à satisfaire aux normes de part et d'autre?
M. TOUPIN: Oui.
M. BELAND: Bon, merci.
M. LE PRESIDENT: Article 24.
M. TOUPIN: Article 24: "L'association accréditée doit
accepter l'affiliation de toute fédération ou
fédération spécialisée qui remplit les conditions
déterminées par les règlements de cette association".
M. VINCENT: C'est normal. M. LE PRESIDENT: Adopté. Article
25.
M. VINCENT: A l'article 25, M. le Président, j'aimerais poser une
question au ministre. On dit: "L'affiliation peut être
révoquée par l'association accréditée si une
fédération ou une fédération
spécialisée ne se conforme pas à la présente
loi..." Donc, l'association accréditée pourrait
éventuellement révoquer...
M. TOUPIN: Une affiliation. M. VINCENT: ... une affiliation.
M. TOUPIN: Comme une fédération affiliée peut se
désaffilier si elle le désire.
M. VINCENT: Oui, d'accord, mais quand c'est l'association
accréditée qui révoque une affiliation? Il faut quand
même s'imaginer qu'à ce moment-là la
fédération est encore dans l'obligation de verser ses
cotisations.
M. TOUPIN: Oui, on en a dit un mot hier et on va voir, un peu plus
loin...
M. VINCENT: C'est parce que là ça fait une nuance.
M. TOUPIN: Oui, c'est très important. C'est une nuance qui
mérite d'être examinée très sérieusement.
M. VINCENT: Je ne sais pas si plus loin on en tient compte.
M. TOUPIN: Je disais hier qu'il y avait une disposition dans la loi qui
permettait à une fédération qui s'affilie de faire valoir
auprès de la régie les raisons pour lesquelles elle se
désaffilie. La régie, à ce moment-là, pourrait
peut-être prendre la décision, en même temps, de
différer le versement de 20 p.c. des prélèvements.
M. VINCENT: Si je laisse de moi-même une association, on m'oblige
quand même à verser ma cotisation mais, si on m'exclut ou si on
m'expulse, à ce moment-là, en m'expulsant on m'oblige quand
même à verser ma cotisation. Je me demande si on ne devrait pas
regarder cet article en regardant également l'autre article, là
où le ministre a mentionné que la régie...
M. TOUPIN: II ne faut pas oublier qu'ici cela prend des raisons valables
pour qu'une association accréditée...
M, VINCENT: On ne le mentionne pas. On dit simplement: "L'affiliation
peut être révoquée par l'association
accréditée si une fédération ou une
fédération spécialisée ne se conforme pas à
la présente loi,...
M. TOUPIN: ... à une ordonnance ou à un règlement
adopté en vertu de cette loi ou à une décision pertinente
de la régie".
M. VINCENT: Oui, mais c'est l'association qui prend la
décision.
M. TOUPIN: C'est cela.
M. VINCENT: Ce n'est pas la régie qui prend la
décision.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas la régie mais probablement
que...
M. VINCENT: C'est l'association accréditée.
M. TOUPIN: Ou à une décision pertinente de la
régie. Cela peut aller jusqu'à la régie.
M. VINCENT: Non.
M. LEDUC: C'est-à-dire, si on lit l'article 26, qu'il y a un
droit d'appel à la régie.
M. VINCENT: C'est pour cela, je pense que cela va ensemble. Bon,
d'accord.
M. TOUPIN: Selon l'article 26, il y a appel à la régie,
à ce moment-là. L'article 26 dit: "II y a appel à la
régie de toute décision d'une association
accréditée refusant ou révoquant l'affiliation. Cet appel
doit être fait par la fédération ou la
fédération spécialisée dont l'affiliation est
refusée ou révoquée, par un avis écrit transmis
à la régie dans les 30 jours suivant la réception de la
décision écrite de l'association accréditée".
M. VINCENT: Là, on continue. La régie peut...
M. TOUPIN: "La régie peut, à la demande de la
fédération, ou fédération spécialisée
intéressée, rendre d'office une décision sur une demande
d'affiliation lorsqu'une association accréditée a
négligé ou a omis de se prononcer par écrit dans les
trente jours de la réception d'une telle demande".
M.VINCENT: Ah bon! Il y a un droit d'appel, d'accord.
M. TOUPIN: "Tout appel à la régie suspend
l'exécution de la décision de l'association
accréditée révoquant l'affiliation. Toute décision
de la régie en vertu du présent article est finale et
exécutoire".
M. VINCENT: C'est ça, avec un droit d'appel. Très
bien.
M. LE PRESIDENT: Les articles 25 et 26, adoptés? Adopté.
Article 27, adopté? Adopté. L'article 28, adopté?
M. VINCENT: II y a un petit changement à l'article 28.
M. TOUPIN: Oui, on va le voir.
M. VINCENT: On change le mot "percevoir" par "recevoir".
M. TOUPIN: "Dans le cas où les sections VIII et IX s'appliquent
à l'association accréditée, l'affiliation donne droit
à la fédération ou à la fédération
spécialisée et aux syndicats ou syndicats
spécialisés qui la composent de percevoir de l'association
accréditée une part des cotisations des producteurs
conformément aux articles 31, 32 et 33". Dans le texte original, le mot
"percevoir" voulait dire qu'une association affiliée pourrait percevoir
de la centrale de l'association accréditée une part des
cotisations, alors que ce n'est pas ça. C'est l'association qui, elle,
répartit. Donc, ce n'est pas une perception; elle ne perçoit pas,
mais elle reçoit.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi: Ce n'est pas un droit, mais c'est une
possibilité.
M. LE PRESIDENT: Article 29, adopté?
M. TOUPIN: L'article 29 se lit comme suit: "Une fédération
ou fédération spécialisée peut mettre fin à
son affiliation en transmettant à l'association accréditée
une copie certifiée d'une résolution à cette fin, au moins
trente jours avant la date indiquée dans cette résolution pour
mettre fin à l'affiliation".
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELAND: C'est en quelque sorte ce qui existe dans le moment dans
d'autres corps organisés semblables.
M. TOUPIN: Dans les fédérations
spécialisées, un syndicat spécialisé peut le faire
dans sa fédération.
M. LE PRESIDENT: Section VIII: Cotisations et contributions. Article
30?
Cotisations et contributions
M. TOUPIN: "Sous réserve de l'article 17, les dépenses de
l'association accréditée sont défrayées au moyen de
cotisations des producteurs et de contributions des fédérations
et des fédérations spécialisées, ainsi que de
contributions des syndicats spécialisés qui ne sont pas membres
de fédérations spécialisées; les contributions
peuvent être acquittées à même les deniers
perçus par les offices en vertu du sous-paragraphe h) de l'article 21 et
du sous-paragraphe b) de l'article 47 de la Loi des marchés agricoles".
Ces deux articles-là permettent à un office de producteurs de
percevoir des prélèvements pour fins d'administration du plan
conjoint. Le présent projet de loi ajoute qu'on pourra percevoir
à même ces deux articles-là une cotisation syndicale.
M. BELAND: Par contre, si une association ou un syndicat n'acceptent pas
de faire partie de l'association accréditée, est-ce que les
sommes perçues serviront sans aucune distinction à l'ensemble ou
si elles seront gardées dans une section à part, au cas où
il y aurait autre chose de déterminé?
M. TOUPIN: Là-dessus, il faudrait se référer
à la Loi des marchés agricoles, si ma mémoire est
fidèle.
Peut-être que M. Gagné pourrait nous donner plus de
précisions. Mais dans la Loi des marchés agricoles, il est
prévu que la régie peut
en tout temps demander à une fédération
spécialisée ou à un office de producteurs de lui remettre
un bilan de ses opérations. Or, vu que cette partie de 20 p.c. provient
des prélèvements, probablement que l'association
accréditée devrait tenir deux comptabilités
différentes: une pour les cotisations de $15 et l'autre, 20 p.c, pour
services rendus aux fédérations spécialisées, de
telle sorte que la régie pourra n'importe quand demander à
l'association accréditée: Qu'avez-vous fait de ces 20 p.c.
là?
M. VINCENT: C'est-à-dire un maximum de 20 p.c?
M. TOUPIN: Oui. Cela peut être 2 p.c, 5 p.c, 10 p.c Alors cela va
probablement présupposer deux comptabilités
séparées; néanmoins, dans la Loi des marchés
agricoles, il y a des dispositions qui prévoient que l'association
accréditée devra se conformer, pour cet aspect-là,
à un certain nombre d'exigences de la loi.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 31.
M. VINCENT: Ce qui fait, M. le Président, qu'à l'article
31, il n'y a pas eu moyen de faire de distinction ou de séparation entre
la Loi des marchés agricoles et les contribuables parce que là on
englobe quand même les 50,000 ou 60,000 producteurs agricoles du
Québec.
M. TOUPIN: Si vous voulez, on va lire...
M. VINCENT: Mais dans une autre section...
M. TOUPIN: Si on lisait tout l'article 31, peut-être serais-je
plus en mesure de répondre à votre question. On dit: "Le montant
des cotisations et des contributions visées à l'article 30 et les
modalités de paiement sont déterminées par
règlement de l'association accréditée". Cela c'est tout
à fait normal. "Le règlement doit fixer une cotisation annuelle
fixe exigible de chaque producteur par l'association accréditée.
Sous réserve de l'article 35, le maximum d'une telle cotisation ne doit
pas excéder quinze dollars." L'article 35...
M. VINCENT: C'est pour chaque individu. M. TOUPIN: Oui. Cela
touche...
M. VINCENT: "Les contributions payables à l'association
accréditée par les fédérations et les
fédérations spécialisées et par les syndicats
spécialisés visés à l'article 30 peuvent être
d'un montant fixe ou variable selon la nature, l'importance et l'étendue
des services qui leur sont rendus par l'association accréditée,
le nombre de leurs membres ou le nombre de producteurs
intéressés, directement ou indirectement, par leurs
activités. "Dans le cas d'un office, les contributions ne doivent pas,
sous réserve de l'article 35, excéder 20 p.c. des montants
exigibles des producteurs soumis au plan conjoint en vertu du sous-paragraphe
h) de l'article 21 et du sous-paragraphe b) de l'article 47..." qui sont
précisément les deux articles qui autorisent un plan conjoint
à faire des prélèvements. Donc, on a relié aux 20
p.c. la notion de service à rendre aux fédérations
spécialisées.
M. VINCENT: Et c'est négociable. M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Si on prend comme exemple le plan conjoint de lait
industriel, vous le prélevez de combien?
M. TOUPIN: Présentement il est d'un cent et demi, deux cents et
demi avec le taux de publicité. Alors, il y a un cent et demi de
prélevé et un cent qui va pour fins de publicité, si ma
mémoire est fidèle.
M. VINCENT: Mais, comme tel, le prélèvement n'est pas de
deux cents et demi?
M. LE PRESIDENT: Oui, mais la publicité est incluse.
M. VINCENT: A ce moment-là, est-ce que c'est 20 p.c. des deux
cents et demi ou 20 p.c. du cent et demi?
M. TOUPIN: C'est du cent et demi. C'est le prélèvement
pour fins d'administration du plan conjoint, alors que l'autre cent, c'est pour
des fins de publicité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un cent et demi, plus un cent.
M. TOUPIN: Cela fait deux cents et demi, je pense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. VINCENT: Je ne sais pas si on nous permettait d'avoir une indication.
Le prélèvement tel que voté n'était pas de trois
cents et demi?
M. TOUPIN: Le prélèvement était de trois cents et
demi. Il y a eu entente après.
M. VINCENT: II ne faut pas, quand même, se mêler. Le
prélèvement tel que voté par référendum au
mois de mars 1966 était de trois cents et demi. Si j'interprète
bien la loi, dans le cas d'un office, les contributions ne doivent pas, sous
réserve de l'article 35, excéder 20 p.c. des montants exigibles
des producteurs soumis au plan conjoint, au sous-paragraphe h).
M. TOUPIN: Oui, c'est là qu'est définie l'utilisation des
prélèvements et de la perception.
M. VINCENT: Prenons un autre exemple qui est plus facile
peut-être: le lait nature. A l'office des producteurs de lait nature, le
prélèvement est de combien? Six cents et demi?
M. TOUPIN: Ah non! Il y a trois prélèvements dans le plan
conjoint des producteurs de lait nature. Il y a un prélèvement de
base, il y a un prélèvement pour fins publicitaires, il y a un
prélèvement pour fins d'administration de l'agence de vente.
M. VINCENT: Des montants exigibles des producteurs.
M. TOUPIN: Cela s'applique seulement aux prélèvements pour
fins d'administration du plan et non pas de ses agences ou de tout autre
service.
M. VINCENT: Oui, mais si, par exemple, l'association
accréditée veut centraliser la publicité, qu'est-ce qu'il
arrive à ce moment-là?
M. TOUPIN: Je ne pense pas qu'elle puisse le faire en vertu de la
présente loi. Ce n'est pas de son ressort; c'est du ressort des plans
conjoints et des offices de producteurs.
M. LEDUC: Je m'excuse, là; vous me perdez un peu dans ces
choses-là, je n'ai pas de cultivateurs chez moi, mais il y a juste une
chose à la suite des commentaires que vient de faire le
député de Nicolet à l'effet que l'association
accréditée veut faire une centralisation de la publicité.
Est-ce que l'association accréditée, à ce
moment-là, ne peut pas se servir du prétexte de ses devoirs
à l'article 19 a): promouvoir, défendre et développer les
intérêts économiques, sociaux et moraux de ses membres?
M. TOUPIN: Non, parce que c'est très clair dans la Loi des
marchés agricoles, toutes ces questions-là; c'est que la question
de publicité est reliée directement aux offices de
producteurs.
M. LEDUC: D'accord.
M. TOUPIN: Si l'association accréditée veut faire de la
publicité, elle pourra en faire à même ses cotisations
à elle pour défendre ses propres intérêts et non les
intérêts des producteurs pris individuellement et non la vente
d'un produit.
M. LEDUC: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Autre question? Adopté. Article 32.
M. BEL AND: Sur division, s'il vous plaît. M. TOUPIN: Sur
division, à l'article 31. M. BELAND: Oui.
M. TOUPIN: Est-ce que vous avez des amendements?
M. BELAND: J'y reviendrai. Disons qu'il y a autre chose qui revient plus
tard et, de toute façon, au fur et à mesure...
M. LE PRESIDENT: Article 32, adopté. Article 33.
M. TOUPIN: L'article 33 exige des explications, je pense. "L'association
accréditée doit, par règlement, déterminer la
quote-part de chaque cotisation qu'elle doit verser respectivement aux
fédérations ou fédérations
spécialisées affiliées et aux syndicats qui les composent,
en compensation des services qu'ils rendent aux producteurs. "Dans le cas d'un
office et des syndicats spécialisés qui le composent,
l'association accréditée peut se dispenser de déterminer
une telle quote-part si le règlement qui prescrit la contribution
exigible de l'office mentionne expressément qu'il a été
tenu compte dans l'établissement de cette contribution des quote-parts
qui pourraient revenir, en vertu du présent article, à cet office
et aux syndicats qui le composent".
Voici, très rapidement, il y a les fédérations
régionales qui existent actuellement et il y a les
fédérations spécialisées qui administrent des plans
conjoints. Dans le cas des fédérations régionales qui
n'administrent pas de plans conjoints, l'association accréditée
doit remettre une part des cotisations prélevées à ces
fédérations. Et la fédération en question devra,
elle, en remettre une part à son syndicat qui lui est affilié.
C'est pour les fédérations régionales qui n'administrent
pas de plan conjoint.
S'il s'agit d'une fédération qui administre un plan
conjoint, l'association accréditée peut se dispenser de remettre
cette quote-part puisqu'elle va déterminer avec elle, au cours des
négociations, les services qu'elle peut lui rendre dans le cadre d'une
remise d'une partie de ses contributions n'excédant pas 20 p.c.
Je ne sais pas si c'est assez clair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour moi, ça l'est. Il est 4 h 30, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: On me signale qu'il est 4 h 30. A la suite d'une
entente à l'effet que la commission devait suspendre ses travaux, nous
ajournons le travail de la commission, quitte à reprendre demain matin
à 10 h 30. Il faudra prendre note au début des travaux, demain,
que l'article 19 a été suspendu.
On me signale que, éventuellement, il y aurait d'autres articles
demeurés en suspens.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Les articles 11 et 12.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on accepte de commencer la séance
de demain en reprenant ces articles?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépendra du ministre.
M. VINCENT: Si le ministre est prêt. Il pourra peut-être
seulement demain après-midi. Laissons en suspens les articles 11,12
et...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et l'article 19.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain.
(Fin de la séance à 16 h 31 )
Séance du jeudi 17 février 1972
(Dix heures trente-cinq minutes)
M. GIASSON (président de la commission parlementaire permanente
de l'Agriculture et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs!
Articles suspendus
M. LE PRESIDENT: A la reprise des travaux de notre commission, M. le
ministre me signale qu'il serait prêt à revoir les textes des
trois articles qui ont été suspendus lors de la séance
d'hier, soit, sauf erreur, les articles 11, 12 et 19.
M. TOUPIN: Le dernier?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Les articles 11, 12 et 19.
M TOUPIN: Les articles 11 et 12, évidemment, nous les avions
suspendus afin de savoir s'il était possible de réunir la
commission parlementaire pour discuter des règlements pour la tenue d'un
référendum. Alors, je suis d'accord. On convoquera la commission
parlementaire et on étudiera les règlements relatifs au
référendum avant qu'ils ne soient adoptés
définitivement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prenons donc la parole du ministre. Ce ne
sera pas inscrit dans la loi comme tel...
M. TOUPIN: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais le ministre nous donne l'assurance
que nous pourrons étudier les règlements avant publication.
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. TOUPIN: Quant à l'article 19, il s'agissait d'ajouter...
M.VINCENT: Aux articles 11 et 12, nous avions demandé de
revoir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les règlements.
M. VINCENT: ... les règlements devant la commission
parlementaire.
M. BELAND: Cela, c'est d'accord. J'ai écouté, d'ailleurs,
le ministre. En ce qui concerne les articles 11 et 12, justement, je suis
d'accord, comme vous les citez. D'ailleurs, lorsque nous reviendrons en
Chambre, je présume qu'il y aura possibilité de faire une
espèce de résumé de ce que nous étudions
présentement, si on le désire. Il y a des points
principaux sur lesquels il y aura nécessité de revenir, de
les revoir quelques instants, je le présume, du moins.
M. TOUPIN: Nous pourrons faire un résumé sommaire des
travaux de la commission.
M. BELAND: Pardon?
M. TOUPIN: C'est ce que vous voulez dire, n'est-ce pas, par faire un
résumé sommaire des travaux de la commission lorsque nous
reviendrons en Chambre?
M. BELAND: Oui et ensuite, également, peut-être quelques
observations, s'il y en a qui en ont à faire.
M. VINCENT: Cela va aller en troisième lecture.
M. TOUPIN: En troisième lecture. M. BELAND: Oui, oui.
M. VINCENT: En troisième lecture, nous avons plein droit.
M. BELAND: Parce qu'en somme ce que nous faisons présentement,
c'est une étude préalable à l'étape de la
troisième lecture.
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: Quant à l'article 19, vous m'avez demandé de
regarder la possibilité d'ajouter un paragraphe g) qui demanderait que
l'association accréditée soit obligée de déposer
annuellement un bilan de ses activités.
Tel que la suggestion est faite, cela me parait, jusqu'à un
certain point, acceptable.
Présentement je pense que n'importe quel membre de
l'Assemblée nationale peut se procurer le bilan des activités
d'une association du caractère de celle qui sera
accréditée, si toutefois, il y en a une qui est
accréditée.
Si toutefois nous nous rendons à cette demande, il faudra aller
beaucoup plus loin que de formuler simplement dans le projet de loi:
"L'association accréditée devra déposer son bilan". Il
faudra aller beaucoup plus loin que ça. Il faudra l'assortir de
certaines conditions, sinon ça veut dire peu ou pas grand-chose.
Là-dessus, je ne peux personnellement m'engager parce que
j'engagerais mon gouvernement donc je préfère en discuter
davantage avec mes collègues du conseil des ministres et les
députés, avant de me prononcer de façon
définitive.
M. VINCENT: Cela nous convient.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. C'est un minimum acceptable.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le ministre a été très
sage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a confessé qu'il
était d'accord. Nous en sommes très heureux. Il a
été plus sage que ceux qui s'opposaient hier.
M. TOUPIN: Je voudrais quand même apporter une précision.
J'ai dit que j'étais d'accord sur la suggestion, telle qu'elle me fut
faite, c'est-à-dire inscrire dans la loi cinq ou six mots qui
demanderaient qu'un bilan soit présenté à la fin de chaque
année, mais il faudra examiner beaucoup plus en profondeur toute cette
question-là avant de donner un avis final.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour l'information du député
de Chicoutimi, le ministre parle dans le même sens que nous avons
parlé hier.
M. VINCENT: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous avons dit d'attendre pour
étudier le problème, il n'était pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, ce n'est pas ce que nous avons dit? Que
ce n'était pas le temps d'inscrire ça dans la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Sainte-Marie a le
sens de l'humour ce matin.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II y en a toutes sortes de Tremblay, vous
savez.
M. VINCENT: Comment est son bras ce matin?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils sont tous bons.
M. LAURIN: La première attaque a manqué, nous attendons la
prochaine.
Cotisations et contributions (suite)
M. LE PRESIDENT: Article 34, adopté?
M. TOUPIN: Oui, je pense, il s'agit simplement de dire que "tout
règlement adopté en vertu de l'article 31 doit être
approuvé par la régie et entre en vigueur à la date de sa
publication dans la Gazette officielle du Québec ou à toute autre
date ultérieure qui y est indiquée". C'est une question
technique.
M. LE PRESIDENT: Article 35.
M. TOUPIN: Article 35.
M. VINCENT: C'est un nouvel article.
M. TOUPIN: Oui, nous avons un amendement à l'article 35.
L'article 35 traitait de l'augmentation des cotisations. Je vais lire l'article
35 original, après ça je pourrai vous donner lecture de
l'amendement que vous n'avez pas. L'article 35 original se lit de la
façon suivante: "La régie peut, par règlement, augmenter
les maxima des cotisations ou des contributions visés à l'article
31 si l'augmentation proposée fait au préalable l'objet d'un vote
favorable de la majorité absolue des producteurs qui se prévalent
de leur droit de vote au cours d'un référendum
décrété par la régie, sous réserve de
l'article 14. "Un règlement adopté par la régie en vertu
du présent article entre en vigueur le jour de sa publication dans la
Gazette officielle du Québec ou à toute date ultérieure
qui y est indiquée."
Nous suggérons purement et simplement, dans l'amendement, qu'il
n'y ait pas de référendum pour l'augmentation de la cotisation,
c'est-à-dire des maximums des cotisations et des contributions, mais que
ça se fasse par l'assemblée générale des membres et
que ce règlement soit approuvé par la régie et entre en
vigueur à la date de sa publication dans la Gazette officielle ou
à toute date ultérieure qui y est indiquée.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est dans la ligne de pensée que nous
avons exprimée.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, pour informer les
membres de cette commission, je voudrais dire que cet amendement fait suite
à une suggestion du Parti québécois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour informer les
membres de cette commission, je voudrais vous dire que cet amendement fait
suite à une suggestion du Parti québécois, laquelle avait
été faite par le député de Nicolet.
M. TOUPIN: M. le Président, je ne voudrais pas pousser trop
loin.
M. BELAND: Peut-être que ¸,'a l'air d'une marotte ce matin,
mais nous en avions également discuté, parce que nous voulons,
nous du Ralliement créditiste, que le tout parte de la base.
Nous l'avons dit et pas rien qu'une fois, au sujet des décisions,
peu importe par rapport à quel objet bien précis, et en
l'occurrence il s'agit de l'augmentation du maximum des cotisations; nous avons
dit que ça devait partir de l'assemblée générale
des membres et justement le ministre, dans son amendement, apporte cette
possibilité. C'est très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie, M. le Président, le
député de Nicolet d'avoir pensé à ça le
premier.
M. LAURIN: Consensus qui rejoint le bon sens.
M. TOUPIN: M. le Président, je veux simplement dire que c'est
à la suite des travaux parlementaires et des réflexions que nous
avons faites sur des suggestions qui nous furent faites que nous avons
décidé d'apporter un amendement.
M. VINCENT: Mais la seule chose évidente, M. le Président,
c'est que ce n'était pas l'intention du ministre dans sa première
version ou dans le premier projet de loi et que...
M. TOUPIN: M. le Président, on n'a pas le droit de discuter des
intentions.
M. VINCENT: Oui, on a le droit parce que nos intentions sont...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En plus des intentions, apportez-nous donc une
preuve.
M. TOUPIN: On peut en prêter mais on ne peut en discuter.
M. LE PRESIDENT: Article 36, adopté. M. VINCENT:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Section IX: Perception. Article 37.
Perception
M. TOUPIN: C'est le processus de la perception des cotisations.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Adopté.
M. TOUPIN: "Tout office de producteurs doit, en même temps qu'il
perçoit d'un producteur ou de toute personne pour le compte d'un
producteur les deniers exigibles sous l'autorité du sous-paragraphe h)
de l'article 21 et du sous-paragraphe b) de l'article 47 de la loi..." Au fond,
cela autorise un office de producteurs à retenir, en plus des
cotisations pour le plan conjoint, les cotisations de base de $15 de chacun des
producteurs qui sont membres du plan conjoint.
M. VINCENT: S'il n'y a pas de plan conjoint?
M. TOUPIN: II y a un autre processus prévu plus loin.
M. BELAND: Je pense qu'à ce moment-ci il est entendu que, pour la
rédaction d'un bill, il
fallait absolument sectionner. Par contre, que ce soit 37, 38, 39 ou 40,
c'est un tout qui a été sectionné. Plus
précisément aux articles 38 et 39, j'aurai des observations
à faire.
Pour ce qui me concerne, avant l'adoption de l'article 37, je
réserve mes observations pour plus tard, soit aux articles 38 et 39
quant à la perception des cotisations, la façon de
procéder, les personnes qui devront justement percevoir les cotisations
par obligation, etc.
M. LE PRESIDENT: Nous passons à l'article 38.
M. TOUPIN: Si j'ai bien compris, le député de
Lotbinière réserve ses réflexions sur l'article 37
lorsqu'il discutera les articles 38 et 39, c'est cela?
M. BELAND: C'est exact.
M. TOUPIN: Pour l'article 37, cela irait?
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Article 38. "Toute personne qui est tenue de retenir des
deniers d'un producteur en vertu de la Loi des marchés agricoles, d'un
règlement adopté par la régie, etc.. A défaut de se
conformer... etc." Ce sont les obligations des personnes impliquées dans
l'application de l'article 37.
M. BELAND: Ici, à l'article 38, ne trouvez-vous pas que nous
allons un peu loin dans le sens cité? J'apporte un exemple.
En ce qui concerne l'ensemble de la situation au Québec
relativement à la possibilité de vendre nos produits agricoles
à l'intérieur du Québec. Vous savez c'est hors de
tout doute qu'il y a une baisse présentement chez certains
produits agricoles à cause de certains faits qui nuisent à une
demande constante ou à une demande allant de plus en plus en
s'amélio-rant. Je vais apporter un exemple. Je ne dis pas cela contre un
plan conjoint quelconque ou contre un organisme quelconque, non. Je dis cela
tout simplement parce que je me pose la question à savoir si on a
mesuré tout l'impact et si on a essayé, tout au moins, de trouver
la possibilité de contourner les obstacles pour arriver
véritablement au but que l'on s'était fixé. Comme exemple
frappant, je dirai que, la semaine dernière, à Hauterive,
quelqu'un est allé acheter une douzaine d'oeufs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oeufs.
M. BELAND: Une douzaine d'oeufs, c'est probablement plus
français.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ça: c'est un oeuf, des
oeufs. C'est la grammaire, la phonétique qui dit ça.
M. BELAND: J'avais complètement oublié ça. Je
m'excuse, honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ça. Excusez-vous
auprès des poules.
M. BELAND: Je me demande à quel endroit se trouvent les poules
dans le comté de Chicoutimi, dans les maisons ou dans les
poulaillers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépend. Vous demanderez les
adresses à vos collègues plus âgés.
M. BELAND: Merci des observations. L'état de fait est le suivant:
dans une épicerie, la seule douzaine d'oeufs... c'est bien ça,
honorable député, une douzaine d'oeufs?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Demandez ça aux poules.
M. BELAND: ... qui restait, c'étaient des oeufs "A moyen" et on
vendait cette douzaine d'oeufs $0.50. La personne a acheté la douzaine
d'oeufs qui restait et elle l'a emportée à la maison. Elle a
cassé les oeufs, évidemment, en vue de les faire cuire. Cela
était en même temps que les producteurs recevaient $0.18 pour la
même douzaine d'oeufs "A moyen". Ce qu'il y avait de cocasse, c'est que
les oeufs n'étaient plus en état d'être employés
pour consommation domestique étant donné...
M. OSTIGUY: Cela dépend comment ils étaient cuits.
M. BELAND: ... que la coquille se décomposait
littéralement.
M. OSTIGUY: C'est un oeuf au miroir.
M. BELAND: Pour une personne qui s'y connaît, dès qu'on
casse un oeuf qui est vieux, tout se mêle, le jaune, le blanc et cela
fait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait des oeufs brouillés.
M. BELAND: Vous rigolez présentement, mais c'est sérieux.
C'est à un tel point sérieux qu'il y a une baisse de la
consommation et, en ce qui concerne les oeufs au Québec, je me demande
si nous ne sommes pas à franchir le cap de 40 p.c. de la
consommation.
M. TOUPIN: M. le Président,...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Où allons-nous?
M. TOUPIN: Je ne veux pas empêcher le député de
Lotbinière de donner son opinion, au contraire, mais j'aimerais savoir
dans quel but il parle de pourcentage de consommation par rapport à la
production, etc.
M. BELAND: J'y arrivais...
M. LE PRESIDENT: Serait-il possible de rattacher les commentaires que
vous faites à l'article 38 lui-même ou à 37?
M. BELAND: C'est ce que j'allais faire, parce que ça concerne les
articles 37, 38 et 39. Imaginez, demain, le producteur qui vendra, par exemple,
au magasin du coin, à l'épicerie...
UNE VOIX: II n'a pas le droit.
M. TOUPIN: Si vous me permettez, M. le Président, je pense que ce
sont les articles 39 et 40 qui traitent de cela, c'est la perception de la
cotisation...
M. BELAND: Tout se rattache.
M. TOUPIN: ... par une personne autre que celle liée par un plan
conjoint.
M. BELAND: Tout se rattache.
M. TOUPIN: Pas nécessairement, parce que tout ce qui est
lié par un plan conjoint, ça ne cause aucun problème,
parce que déjà ces perceptions se font. Nous allons simplement
prendre le procédé qui existe actuellement. Cela ne cause pas de
problème. Là où ça peut en causer un peu, c'est
lorsque nous nous adressons à des groupes de producteurs qui ne sont pas
liés par ces plans conjoints. A ce moment-là, les acheteurs de
ces produits seront tenus à certaines exigences, notamment à
celle de retenir de l'argent du produit vendu le montant de la cotisation. Je
pense que c'est plutôt à cet aspect de la question que vous
référez plutôt qu'à l'article 38, qui parle
seulement de ceux qui sont liés par les offices de producteurs.
M. BELAND: Pour le rattacher, puisque c'est ce que vous voulez, et c'est
ce que je veux moi aussi, pour celui ou ceux qui effectueront des transactions,
des achats en vue de vendre des produits agricoles, nécessairement, il y
aura de ces produits qui seront soumis à des plans conjoints, d'autres
qui ne le seront pas, c'est bien clair.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. BELAND: Mais, que ce soit dans un cas ou l'autre, il faudra tenir des
registres à jour, vérifiés par des inspecteurs
attitrés par la Régie des marchés agricoles, qui viendront
fouiller dans les livres de tout le monde, et il est entendu que ces registres
devront être tenus à la lettre.
C'est entendu que, pour l'association accréditée, il sera
relativement facile de tenir des registres parce qu'elle est déjà
obligée comme organisation véritablement sérieuse d'en
tenir à jour. Mais, par contre, pour un peu tout le monde, ou pour la
personne qui effectue seulement très peu de ventes de produits agricoles
à l'intérieur de son petit magasin du coin, c'est très
clair que l'on fait en sorte d'essayer de tuer dans l'oeuf toute
possibilité d'écoulement sous cet aspect-là.
Je prends cela sous cet aspect-là. J'essaie d'y aller au plus
noir afin de faire ressortir les aspects sur lesquels il faut tabler parfois
pour voir véritablement clair à l'intérieur d'une
législation comme telle. Vous savez, il faut absolument qu'on
arrête de se prendre pour d'autres dans la province de Québec. Et
si l'on a besoin à un certain moment de quelqu'un pour s'occuper de
marketing, qu'on aille le chercher; si l'on a besoin d'un comptable
véritablement expert dans une section donnée, qu'on aille le
chercher; si l'on a besoin qu'une tête soit laissée de
côté pour la remplacer par une autre meilleure qui s'y
connaît dans un autre domaine, il faudra essayer de la remplacer.
C'est à la suite de cela qu'il faudrait peut-être
également dire: C'est bien d'accord, l'association
accréditée fera certainement son possible mais, par contre,
compte tenu de toutes les erreurs passées, je me demande si
présentement il n'y a pas acheminement vers certaines situations de fait
qui ont été voulues ou sensiblement voulues pour se justifier
d'apporter certaines lois correctrices ou pour que cela aille moins mal, afin
de nous imposer des carcans un peu partout et à n'importe quelle
occasion.
Le printemps passé, lorsque nous avons discuté des bills
15 et 16 c'était en relation avec cela puisque justement on a dit qu'il
y aurait possibilité d'engagement d'inspecteurs, d'aménagement de
postes d'inspection. On peut rattacher cela également au bill du
syndicalisme agricole et, de ce fait, étant donné qu'on s'occupe
de mise en marché ou que, subséquemment, il y aura continuation
de l'occupation du terrain de mise en marché par l'association
accréditée, à ce moment-là, il faut essayer de
prévoir dans les moindres détails et faire en sorte que les
personnes attitrées pour faire les vérifications, que ce ne soit
pas une entrave à la consommation de produits du Québec.
Est-ce que vous êtes au courant, M. le ministre, de ce qui se
passe présentement au Nouveau-Brunswick en ce qui concerne la vente de
timbres par le gouvernement, ces timbres étant ensuite remboursés
aux producteurs pour chaque douzaine d'oeufs par exemple? Est-ce que vous
êtes au courant de cela?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que ça vient faire
dans...
M. BELAND: Est-ce que vous êtes au courant des $0.02 1/2 ou $0.02
3/4 qui sont remboursés par le gouvernement après la vente
d'oeufs comme cela? Dans la province de Québec, ne peut-il pas y avoir
possibilité d'une plus grande consommation présentement le
marché n'est pas trop favorable qui ferait
davantage vendre de produits du Québec? Est-ce que vous
êtes au courant de ce qui se passe là-bas? H faut tout rattacher
à cela. Est-ce que vous êtes au courant de cet état de fait
au Nouveau-Brunswick?
M. TOUPIN: Je sais que le Nouveau-Brunswick a des politiques de soutien
de prix; il peut procéder par voie de coupons comme on l'a
déjà fait au Québec, ici, par exemple, vers 1965,
concernant les moulées. On avait émis, cette
année-là, des coupons. Je sais que le Nouveau-Brunswick...
M.VINCENT: C'était pour les pertes de récolte.
M. TOUPIN: Les pertes de récolte. Je sais que le
Nouveau-Brunswick actuellement a certaines politiques de soutien de prix.
L'Ile-du-Prince-Edouard ou la Nouvelle-Ecosse, par exemple, a établi une
nouvelle politique récemment concernant le porc, une sorte de "pool" de
prix pour les producteurs de porc. L'Ontario a un autre système de
soutien des prix sur le lait, par exemple; on a un "pool" provincial pour le
lait et tous les producteurs reçoivent le même prix, quel que soit
l'endroit où est destiné le lait et quelle que soit l'utilisation
qu'on en fait.
Vous avez d'autres moyens comme cela au Canada; par exemple, on a la Loi
de soutien des prix. Le gouvernement fédéral vient d'intervenir,
récemment, avec un subside de $5 par porc jusqu'à une concurrence
de 200 porcs...
M. VINCENT: En vertu de la loi votée par mon collègue,
Jean-Noël Tremblay, alors qu'il était député
fédéral.
M. TOUPIN: C'est vrai? M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: C'étaient sans doute de bonnes intentions mais la loi
ne produit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas fait que du mal.
M. TOUPIN: ...pas tout ce que les producteurs...
M. VINCENT: En vertu de cette loi-là.
M. TOUPIN: Et aussi pour les pommes de terre, le gouvernement
fédéral intervient actuellement. Ce sont des politiques de
soutien de prix, des politiques de commercialisation qu'on retrouve dans
différentes provinces. Mais je ne vois pas le lien avec les articles 38
et 39.
Ce que je voudrais essayer d'expliquer très rapidement, c'est que
dans l'article 38 cela ne crée aucun problème et aucune
obligation additionnelle à quiconque, sauf de retenir sur la vente d'un
produit, d'un producteur lié par un plan conjoint, une cotisation de $15
annuellement. C'est la seule exigence posée à ceux qui sont
liés par un plan conjoint.
Pour ceux qui ne sont pas liés par un plan conjoint, les
exigences posées sont de deux ordres: ça en pose une à
l'acheteur du produit et ça en pose une au vendeur du produit. La
régie devra édicter des règlements et obliger toute
personne non liée par un plan conjoint, qui achète un produit
agricole, à retenir à même le prix payé pour ce
produit un montant équivalent à $15 comme cotisation syndicale.
Cela n'entrave d'aucune façon la vente du produit. Cela ne vient pas
empêcher un producteur de vendre son produit et ça ne vient pas
non plus empêcher un acheteur d'acheter un produit.
Cela pose purement et simplement une obligation additionnelle. Alors, je
ne vois pas pourquoi on tente de relier les articles 38, 39 et 40 à la
commercialisation des produits.
M. BELAND: Cela a un lien. Je m'excuse, M. le ministre, mais, par
contre, il y a quand même une augmentation du coût d'administration
qui arrivera justement à ce petit magasin ou à cette petite
épicerie du coin. Il y aura une augmentation du coût
d'administration qui retombera, encore là, sur le dos du producteur. Si,
malheureusement, le type en question ne se conforme pas aux exigences, ne
produit pas les listes, les adresses, etc., il n'a pas le choix c'est $500 ou
$1,000 d'amende.
M. TOUPIN: Oui, mais je...
M. VINCENT: M. le Président, cela ne veut pas
nécessairement dire que, dans le cas actuel, toutes les personnes qui
achèteront un produit agricole devront...
M. TOUPIN: Cela ne veut pas dire cela du tout.
M. VINCENT: La régie pourra, à l'intérieur de cette
législation, aller chercher, par exemple, dans certaines régions,
des acheteurs de produits non commercialisés. Mais si l'épicier
du coin achète des oeufs de Fedco, achète du fromage,
achète de la viande, déjà, le prélèvement
aura été pris, sur les producteurs de lait industriel.
M. BELAND: Oui, mais justement...
M. VINCENT: Déjà, le prélèvement aura
été pris, par exemple, pour les vendeurs d'animaux dans les
abattoirs; déjà, le prélèvement aura
été gardé par Fedco pour les vendeurs d'oeufs. C'est
seulement dans les cas où, par exemple, un acheteur prenez un
abattoir local achèterait deux animaux d'un producteur
quelconque. C'est pour permettre d'aller chercher les $15 partout.
M. BELAND: Sur cet aspect bien précis, je suis d'accord. Par
contre, c'est tout l'impact que cela causera. Egalement, à la suite du
raisonnement que le député de Nicolet fait, la plupart de ces
petits magasins ne seront-ils pas tentés, à un moment
donné, d'abandonner complètement tout achat des producteurs pour
n'acheter que de grandes agences, détruisant parfois de petits
producteurs? On l'a vu, d'ailleurs, dans la province de Québec, à
la suite de l'agencement de Fedco, à cause d'une ignorance des faits
réels. Cela ne leur enlevait pas ces droits, mais il y a eu, parfois,
dans certains coins, une mauvaise publicité. Cela a empêché
un certain nombre de petits producteurs de continuer à vendre leurs
oeufs directement au consommateur dans le village voisin. C'était un
apport nécessaire, à un moment donné, pour la survie de
l'entreprise familiale.
M. VINCENT: En ce qui me concerne, je comprends le problème
soulevé par le député de Lotbinière, mais, à
ce moment-ci, je crois bien que ce problème relève plutôt
de la Loi des marchés agricoles et non pas de cette loi.
Le député de Lotbinière a raison quand il parle de
commercialisation, de publicité, de mise en marché
ordonnée des produits agricoles, mais cela n'entre pas dans le cadre du
bill 64. Tout à l'heure, quand il soulevait le problème des
oeufs, il avait raison sur ce point.
M. BOIVIN: II avait raison. Il n'y a plus d'oeufs frais.
M. VINCENT: C'est une suggestion que nous devrions faire au ministre, vu
que cette question est tellement soulevée. Je sais que,
présentement, Fedco est en train de négocier avec les producteurs
indépendants une procédure pour en arriver à régler
ce problème, mais il y aurait peut-être lieu j'en fais la
suggestion au ministre qu'au cours des prochaines semaines, pas trop
lointaines, on convoque la commission parlementaire de l'Agriculture et qu'on
entende Fedco pour vider cette question de la commercialisation des oeufs.
Le député de Lotbinière a parlé, à
propos de Hauterive, d'une douzaine d'oeufs dans un magasin.
M. BELAND: Ce n'est pas la seule place.
M. VINCENT: Non. Cela existe dans d'autres endroits de la province.
Peut-être qu'un jour il y aurait lieu, si le ministre y consent je
pense que c'est une suggestion valable qu'on se réunisse en
commission parlementaire, avec les responsables, les administrateurs de Fedco,
et qu'on fasse un tour d'horizon complet sur les deux ans d'activité de
Fedco, sur les projets d'avenir, sur les difficultés qu'elle
éprouve, sur les plaintes que nous recevons tous les jours, à nos
bureaux. Nous pourrions vider cette question des oeufs pour revenir plus tard
sur la Loi des marchés agricoles qui sera amendée, comme le
ministre l'a annoncé au cours des derniers jours. Nous toucherions alors
tout le problème de la mise en marché ordonnée des
produits agricoles et non pas le problème, comme à l'heure
actuelle, de la perception des cotisations.
M. BELAND: L'élément parfois qui se rattache...
M. TOUPIN: Je voudrais bien être clair, je n'ai pas annoncé
que j'amenderais la Loi des marchés agricoles. J'ai dit que nous avions
eu un rapport préliminaire fait là-dessus et que nous
l'étudiions, mais je n'ai pas...
M. VINCENT: Le ministre a dit qu'il avait reçu un rapport sur la
Loi des marchés agricoles et que peut-être nous aurions l'occasion
au cours de l'été ou de l'automne, ensemble, d'analyser ce
rapport, de faire des suggestions pour éventuellement arriver à
des amendements à la Loi des marchés agricoles pour l'adapter aux
exigences de 1972.
M. TOUPIN: Pour donner un peu plus d'explications, ça parait
compliqué, mais je pense que ça peut se régler assez
facilement, toute la question des producteurs qui ne sont pas liés par
des plans conjoints. D'abord, il n'y en a pas beaucoup. Ils sont assez peu
nombreux, parce qu'au-delà de 75 p. c. des producteurs agricoles du
Québec sont liés par des plans conjoints: les producteurs de
bois, de lait, d'oeufs, de volaille. Il reste les producteurs de porc, mais il
est fortement question d'un plan conjoint pour bientôt. C'est du moins ce
que certains producteurs me disent, le consensus est en train de se faire
autour d'une possibilité d'un système de commercialisation du
porc. Il restera deux ou trois autres productions, qui sont déjà
d'ailleurs, pour la plupart d'entre elles, touchées par une autre
production qui existe sur la même ferme.
Donc les producteurs qui ne sont pas couverts par un plan conjoint
et qui seront assujettis notamment à l'article 39 et à
l'article 40 sont assez peu nombreux. Mais, quel que soit leur nombre,
on peut procéder par individu et aussi par groupe d'individus. Il n'y a
aucun inconvénient, par exemple, à ce que la régie
s'entende avec l'Association des distributeurs des denrées alimentaires,
avec l'Association des magasins à succursales, avec l'Association des
maraîchers, avec l'Association des pomiculteurs. D'ailleurs ces deux
dernières productions tentent présentement de former une
fédération.
Rien dans la loi n'empêche ça. La régie peut
édicter des règlements et essayer de s'entendre avec eux pour
faciliter l'application de cette partie de la loi, qui sera un peu plus
difficile d'application que la partie qui porte sur les plans conjoints.
Là-dessus, j'en conviens, mais il y aura sans doute possibilité
de trouver des
ententes. Cela n'entrave d'aucune façon le commerce, sauf que
ça lui pose certaines obligations, comme ça lui en pose par
exemple lorsqu'elle perçoit des taxes, la taxe de 8 p.c. ou de 6 p.c.
pendant qu'elle était à 6 p.c. bien sûr mais
ça lui pose des obligations.
La retenue de la cotisation va également poser certaines
obligations et notamment celle de retenir ce montant de cotisation sur le fruit
de la vente du produit. Mais ça ne peut entraver, je pense, d'aucune
façon la commercialisation d'un produit. D'ailleurs, ça ne vise
absolument pas la commercialisation d'un produit, c'est totalement en dehors de
la commercialisation.
M. VINCENT: M. le Président, je voudrais demander au ministre si
le raisonnement que je vais faire peut être accepté par la
régie, parce qu'en définitive l'objectif poursuivi par les
articles 37, 38 et 39 est de permettre la perception d'une cotisation maximum
de $15 par producteur qui sera inscrit sur la liste des 50,000 ou 60,000. C'est
ça? C'est l'objectif principal...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: ... d'aller chercher $15 par producteur qui sera inscrit sur
la liste des 50,000 ou 60,000. Partant de là on sait qu'à la fin
de l'année, si un producteur a été cotisé deux
fois, on sera dans l'obligation de lui remettre sa deuxième ou sa
troisième cotisation. Pour éviter ce qu'on appelle en langage
courant toute chinoiserie administrative et je pense bien que la
régie ne sera pas intéressée de percevoir deux, trois fois
la cotisation pour être dans l'obligation de la remettre à la fin
de l'année je pense que la procédure la plus simple serait
de prendre la liste des 60,000 et 65,000 producteurs et procéder par
retenue.
Si par exemple 40,000 producteurs de lait industriel sont
déjà cotisés, il s'agit d'éliminer ces 40,000
producteurs et d'ajouter les autres producteurs d'autres syndicats
spécialisés qui ont un plan conjoint. On arrive à la fin
à probablement 1,500 ou 1,200 producteurs qui ne seront pas
cotisés d'aucune façon.
Et là c'est le travail de la régie d'édicter des
règlements pour aller chercher ces 1,000 ou 1,200 producteurs. Mais,
d'un autre côté, il est possible qu'en éliminant les 40,000
producteurs de lait industriel 36,000 ou 38,000 il y ait un
producteur, par exemple Clément Vincent, Sainte-Perpétue,
comté de Nicolet, producteur de lait industriel. Déjà je
vais être cotisé de $15.
Il est bien possible qu'à part ça, je vende à un
autre endroit d'autres produits agricoles. A ce moment-là il s'agirait
de faire bien attention, en édictant les règlements, de ne pas
les cotiser une deuxième fois pour être dans l'obligation de
remettre à la fin de l'année cet argent-là. Partant de la
liste, je pense bien qu'il y a une possibilité de procéder par
élimination, et rendu à la fin, les 1,000 ou 1,200, ça ne
sera peut-être même pas ça 1,000 ou 1,200, ce sera
peut-être surtout avec l'exemption de $1,000. Il n'y en aura probablement
pas 1,200 qui seront éliminés de la liste quand on aura
enlevé tous les noms des plans conjoints, tous les noms des groupes
spécialisés.
M. TOUPIN: C'est la procédure logique prévue par la loi.
Je suis bien d'accord avec ça, c'est bien sûr, d'autant plus que
tous les producteurs qui vendent eux-mêmes leurs produits à un
consommateur ne sont pas touchés par la loi.
Ceux qui le vendent à un épicier...
M. VINCENT: C'est déjà une exemption... M. TOUPIN: C'est
déjà une exemption...
M. VINCENT: Une autre exemption de $1,000.
M. TOUPIN: Une exemption de $1,000 et il y a toutes les exemptions de
ceux qui sont liés par des plans conjoints.
M. BELAND: C'est entendu, mais que l'exemption soit de $1,000 ou d'un
autre montant, peu importe, qui va décider à un moment
donné? Il va y en avoir des cas comme ça, tous ceux qui vont
être dans la marge ou ceux qui vont vendre des produits agricoles pour
$500 ou $1,000 de plus que le maximum fixé où ils ne seront pas
obligés de donner la cotisation, c'est entendu qu'ils vont dire qu'ils
ont vendu pour $950. Cela est bien clair. Alors, à ce moment-là
ça va nécessiter, je vois très bien, tantôt des
inspecteurs spéciaux qui vont vérifier chez le gars, pour voir si
réellement, effectivement il n'a pas vendu pour plus de $1,000 dans
l'année.
C'est entendu que ça va arriver. Il va y avoir une espèce
de descente chez le type pour tâcher de savoir ce qui se passe au point
de vue de ses chiffres réels. Il faut penser à tout
ça.
M. TOUPIN: Non, mais je ne pense pas qu'il faille aller aussi loin que
de dire: On va faire des descentes.
M. BELAND: C'est en quelque sorte une espèce de descente.
M. TOUPIN: De toute façon, il va y avoir une liste sur laquelle
tous les producteurs susceptibles d'être cotisés seront
inscrits.
Alors, supposons, comme on l'expliquait tantôt, qu'on se rende
compte qu'il en reste à la fin 1,000 ou 1,200. Il y a un processus de
prévu, la régie va édicter des règlements pour
ceux-là. Encore là, si ceux-là se disent non
éligibles, ils auront le droit de se faire entendre, ils auront le droit
de faire valoir leur point de vue et ça ne cause pas trop de
problèmes de ce
côté. Quant aux entreprises qui achètent les
produits de ce bonhomme-là, il n'y en a pas beaucoup qui peuvent les
acheter. Il y a des abattoirs puis il y a les magasins à succursales. IL
n'y a pas beaucoup d'autres personnes qui peuvent acheter présentement
des produits agricoles. Il y a les magasins à succursales, les
distributeurs, et il est très facile actuellement de s'entendre avec
eux.
On a déjà des conventions avec eux, avec les
distributeurs, à l'Association des distributeurs en alimentation, puis
avec les magasins à succursales. On a déjà des ententes
avec eux puis ils collaborent très bien. On n'a aucun problème de
collaboration là-dessus, et j'ai discuté avec eux de ces
différents articles-là. Eux, disent: C'est entendu, nous ne
voyons pas d'inconvénient à respecter les règlements et
les lois. Ce n'est pas notre intérêt d'ailleurs de ne pas les
respecter. Nous n'avons eu aucune difficulté avec eux
là-dessus.
M. BELAND: Je ne veux pas mettre de doute dans l'esprit de la
population, que l'on doit, par exemple, émettre certaines objections ou
certains...
M. TOUPIN: Cela peut causer quelques problèmes. Je suis d'accord
avec vous que ça peut causer, dans l'application, certains
problèmes comme certains producteurs peuvent soutenir qu'ils ne gagnent
pas $1,000, c'est-à-dire qu'ils ne vendent pas pour $1,000. Alors,
à ce moment-là, la régie sera peut-être
appelée à faire une enquête un peu plus approfondie. Je ne
pense pas qu'elle aille fouiller dans les livres de comptabilité des
magasins puis dans les livres de comptabilité du producteur.
C'est assez facile à voir si le gars vend pour $1,000 ou pour
$1,500. D'ailleurs on ne s'attardera pas tellement sur la marge de $1,000. On
va se rendre compte si le gars vend pour $1,500 ou $2,000. On va savoir
immédiatement si le gars en vend pour plus de $1,000.
M. BELAND: Présentement, en vertu, justement, des pouvoirs que le
ministère du Revenu possède, il va bien fouiller
présentement dans les magasins et relever cinq ans en arrière;
même lorsque les papiers ont été très bien tenus,
ils trouvent les procédures nécessaires de tricotage puis
d'acrobatie pour faire sortir au gars encore $1,000, parfois $1,500, parfois
$2,000 de plus qu'il n'a effectivement payé en taxes.
Or, à ce moment-là, il faut se rappeler ces
choses-là. C'est entendu qu'il faut faire confiance et je fais confiance
à ceux qui administrent ou qui ont administré jusqu'ici les plans
conjoints ou les offices de producteurs ou enfin même l'UCC, tout
ça.
J'ai confiance mais, par contre, on se réveille à un
moment donné devant certains états de fait où l'on
constate que la consommation baisse, que certains paliers ont été
complètement oubliés ou laissés de côté pour
une raison ou une autre. Présentement, comme législateurs, nous
tentons, par tous les moyens, de déléguer nos pouvoirs. Nous
tentons, par tous les moyens, de faire en sorte que ce soit tout simplement un
col blanc qui soit assis et qui décide tout parce que nous lui
déléguons nos droits et pouvoirs; cette personne-là va
faire la pluie et le beau temps dans la province de Québec tantôt,
si ce n'est pas l'agencement de fronts communs contre toute la population et
contre le gouvernement.
Il faut penser à tout cela. Vous savez, c'est globalement qu'il
faut regarder la situation. C'est peut-être un tableau sombre que je
brosse mais, parfois, du tableau sombre on trouve le moyen très simple
et nécessaire pour remédier à la situation.
M. PERREAULT: M. le Président, à l'article 39 tel que
rédigé, la loi permettrait de forcer l'épicier du coin
à retenir une cotisation. J'espère bien que la Régie des
marchés agricoles n'émettra pas d'ordonnance ou de
règlement de façon à causer des chinoiseries aux petits
épiciers du coin.
M. TOUPIN: L'expérience prouve que la régie ne va jamais
si loin que cela. La régie, sur ces questions-là, est très
souple et cela ne cause pas tellement de problèmes.
M. BELAND: Non, cela ne vas pas si loin que cela, c'est entendu.
M. TOUPIN: Je ne pense pas que les épiciers de la province de
Québec se soient plaints, par exemple, jusqu'à maintenant de ce
que la régie leur ait imposé certaines contraintes. Au contraire,
on collabore très bien. Je sais, par exemple, que quand la régie
a besoin d'un document concernant l'exploitation d'une entreprise
laitière pour prendre une décision, les entreprises
laitières se prêtent très bien à cela. Elles savent
fort bien que, si la régie veut prendre une décision objective,
elle a besoin de ces documents-là, mais ces documents doivent être
tenus confidentiels.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas entendu dire que la régie
avait divulgué quelque renseignement que ce soit concernant les
renseignements qu'elle avait en main.
M. BELAND: Non, cela ne va certainement pas si loin que cela, tout le
monde est d'accord; tout le monde prend la chose de bonne foi, de la meilleure
façon possible. Mais dans la belle province, par exemple, si on rattache
cela au palier de la construction, on refuse du travail à des
étudiants qui veulent travailler dans la belle province à des
chantiers de construction ou, s'ils ont un marteau entre les mains, c'est tout
simplement pour défaire les formes d'un solage de maison. C'est dans la
belle province. C'est dans la loi, c'est dans les décrets du
travail.
En l'occurrence, on en aura tantôt des
chinoiseries parce qu'on travaille seulement sur des conséquences
et non sur des causes.
M. LEGER: J'aurais une question à poser. Quelle sera la
façon de contrôler la remise des cotisations perçues dans
les différents endroits de la province? Aurez-vous des inspecteurs qui
passeront régulièrement? Comment sera vérifiée la
perception qui ne sera pas remise?
M. TOUPIN: Evidemment, on va toujours partir de la liste des producteurs
établis, après avoir éliminé tous ceux qui sont
liés par des plans conjoints parce que là, cela ne pose pas de
problème; ce n'est pas l'agriculteur qui est impliqué, c'est
l'acheteur. Il s'agit de suivre le déroulement normal d'un plan
conjoint. Si une cotisation de $15 n'a pas été perçue, on
va trouver l'acheteur et on lui dit: Tu perçois des cotisations pour le
plan conjoint, tu dois en même temps percevoir $15 de cotisation. De ce
côté-là, cela ne créera pas de problème. La
vérification se fait toujours auprès de l'acheteur du
produit.
En ce qui concerne ceux qui ne sont pas liés par des plans
conjoints et qui sont sur la liste, des ententes interviendront entre la
régie, d'une part, l'acheteur du produit de l'autre part et le
producteur. Une fois cette première entente intervenue, la régie
va concrétiser cela dans des règlements. Après, ce peut
être l'association accréditée qui nous dise: Tel groupe de
producteurs ne paie pas de cotisation. On croit que ceux-là devraient en
payer. A ce moment-là, la régie peut faire des enquêtes;
elle peut aller vérifier auprès du gars si vraiment il vend pour
plus de $1,000 de produits. Si tel est le cas, il sera assujetti aux
mêmes exigences que ceux qui ont déjà été
déclarés comme étant des producteurs vendant pour plus de
$1,000.
Si un épicier, par exemple, se sent lié au point où
quatre ou cinq vendeurs de produits, producteurs, vont le trouver et lui
disent: Maintenant, nous ne vendons plus pour $1,000; tu nous retenais $15,
arrête de les retenir.
Ce peut être alors l'épicier qui s'adresse à
l'association accréditée et qui lui dit qu'à partir de ce
matin, il ne retient plus les cotisations, parce que je crois que ces
gars-là ne vendent pas pour $1,000 de produits agricoles. Encore, la
régie peut alors faire une enquête. Donc, la plainte peut venir du
producteur lui-même, elle peut venir de l'épicier et elle peut
venir de l'association accréditée. Mais, c'est toujours la
régie qui, dans ce cas-là, aura à prendre la
décision.
M. LEGER: La personne qui vend plus de $1,000 de produits peut les
vendre à différents endroits et c'est difficile à
vérifier si elle a vendu pour $1,000 ou non.
M. TOUPIN: Oui, c'est exact. Il y a des cas j'en conviens avec
vous sur lesquels ce ne sera pas trop facile de travailler. Quand il
restera huit, dix ou même cent ou cent cinquante producteurs au
Québec, où il deviendra difficile d'appliquer la loi, je ne pense
pas qu'on s'acharne à ce point. Probablement que d'ici quatre ou cinq
ans, toutes les productions agricoles au Québec seront couvertes par des
plans conjoints et à ce moment-là cela ne créera plus de
problème.
M. LEGER: Mais ceux qui sont liés par des plans conjoints et dont
la cotisation n'entre pas, comment allez-vous être capable de
vérifier qu'on aurait dû la payer à tel endroit ou à
un autre? Il y a tellement d'endroits où on peut payer sa cotisation.
Est-ce qu'il y aura des inspecteurs qui passeront régulièrement
partout ou un système quelconque ou une vérification?
M. TOUPIN: Non, elle va être retenue à une seule place. On
ne pourra pas la retenir à plusieurs endroits. Je pense que l'article 40
est assez explicite sur cet aspect.
M. LAVOIE (Wolfe): II doit bien y avoir un endroit où il va y
avoir un reçu.
M. TOUPIN: Du moment où on trouve un endroit où la
cotisation est perçue, il n'y a plus de problème.
M. VINCENT: II devrait y avoir des listes qui pourraient être
tenues par l'association accréditée, il y a deux
contributions...
M. TOUPIN: Par l'association accréditée, par la
régie et également par les plans conjoints. Si les acheteurs
veulent avoir ces listes-là en main, on peut les leur procurer n'importe
quand.
M. PERREAULT: L'épicier devrait avoir ces listes en main pour
voir à qui il a affaire.
M. TOUPIN: II n'y a aucun inconvénient à ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, l'article 40 peut exclure
une personne de l'application des articles 37, 38 et 39, justement pour que la
cotisation ne soit pas perçue à différents endroits. Il
arrivera certainement des erreurs avant que tout soit fonctionnel.
M. TOUPIN: On présume que, la première année,
probablement que la loi ne s'appliquera pas intégralement pour tous
ceux-là. La régie va agir avec beaucoup de prudence dans
ça, elle va établir des normes sûres, elle va
déterminer l'acheteur de façon claire et, après, elle
pourra édicter ses règlements.
M. VINCENT: A l'article 40, est-ce que c'était l'article que le
ministre mentionnait hier ou avant-hier où la régie pouvait,
après avoir entendu...
M. TOUPIN: Oui, pour un producteur. Pour une fédération
spécialisée, c'est avant.
M. VINCENT: A quel article mentionne-t-on la fédération
spécialisée?
M. TOUPIN: C'est relié au service dont je vous parlais. Vous
l'avez à l'article 31, au deuxième paragraphe: Le
règlement doit fixer une cotisation annuelle fixe exigible de chaque
producteur par l'association accréditée. Sous réserve de
l'article 35... Les contributions payables à l'association
accréditée, par les fédérations et les
fédérations spécialisées et par les syndicats
spécialisés visés à l'article 30, peuvent
être d'un montant fixe ou variable selon la nature, l'importance et
l'étendue des services qui leur sont rendus par l'association
accréditée, le nombre de leurs membres, ou le nombre de
producteurs intéressés, directement ou indirectement, par leurs
activités.
Dans le cas d'un office, les contributions ne doivent pas
dépasser 20 p.c, je pense, des prélèvements d'un plan
conjoint. Plus loin, on dit que la régie peut, si un syndicat
spécialisé le veut, se désaffilier. La régie peut
alors étudier les raisons pour lesquelles elle veut se
désaffilier et elle peut, par conséquent, analyser si les
services prévus à l'article 31 sont réellement
donnés et si ces services-là ne sont pas donnés, je
présume que la régie peut dire: A compter de ce moment-ci, ce
syndicat spécialisé peut se désaffilier et, en même
temps, n'est plus tenu de payer les 2 p.c, 3 p.c, 5 p.c. ou 8 p.c. que
l'association lui a imposés par règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'après la loi, en aucun temps, la
régie peut empêcher un syndicat ou une fédération
spécialisée de se désaffilier.
M. TOUPIN: Elle peut l'empêcher de se désaffilier ou c'est
la régie qui va trancher le problème.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La régie peut empêcher une
fédération de se désaffilier.
M. TOUPIN: Les règlements de l'association
accréditée doivent, premièrement, prévoir que tout
syndicat spécialisé peut s'afflilier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ou se désaffilier aussi.
M. TOUPIN: Deuxièmement, les règlements et la loi doivent
prévoir qu'une association, ou qu'un syndicat spécialisé
qui est déjà affilié à l'association, peut se
désaffilier. C'est clair. Mais il reste maintenant l'obligation de
payer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Payer les $15 de cotisation.
M. TOUPIN: Oui, ou 20 p.c. des cotisations prélevées. Le
premier montant de $15 est relié aux producteurs et les 20 p.c. sont
reliés à la fédération spécialisée
à laquelle est rattachée une notion de service. Si le service
exigé par le syndicat spécialisé n'est pas rendu par
l'association accréditée, la régie pourra exempter le
syndicat spécialisé de verser les 20 p.c. Cela va
jusque-là. La régie a des pouvoirs, jusqu'à un certain
point, étendus; en tout cas, elle a un pouvoir d'arbitre assez fort.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ceci veut dire que la régie ne peut
pas empêcher une fédération de se désaffilier.
M. TOUPIN: Non, elle ne peut pas l'empêcher de se
désaffilier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous vous référez à
l'article 4, c'est bien dit qu'elle est libre d'adhérer...
M. TOUPIN: ... ou de ne pas adhérer à une
fédération spécialisée.
M. LE PRESIDENT: Elle ne peut pas l'empêcher, mais elle peut
l'obliger, tout de même, à payer ses 20 p.c, sa quote-part.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, c'est une autre chose. Je parle de
désaffiliation.
M. TOUPIN: C'est-à-dire jusqu'à un maximum de 20 p.c.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Tenons-nous pour acquis que les articles 37, 38, 39 et
40 sont adoptés?
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Adoptés, quant à moi.
M.BELAND: Les articles 37, 38 et 39, adoptés sur division.
Article 40, d'accord?
M. VINCENT: Et l'article 40, oui. M. LE PRESIDENT: Article 41?
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Adopté, quant à moi.
M. BELAND: Le ministre disait qu'il n'y a pas nécessité de
produire les registres, même pour ceux qui vendent des produits non
commercialisés ou qui achètent d'un producteur un produit
agricole non soumis au plan conjoint. C'est tout simplement le contraire de ce
qui est inscrit à l'article 41, parce que, là, c'est pour tout
produit agricole. Il doit y avoir un registre de la part de l'acheteur
éventuel de ce produit en vue de le revendre. Il le faut, c'est bien
indiqué.
M. TOUPIN: Oui, pour les fédérations
spécialisées qui administrent des plans conjoints,
déjà, en vertu de la Loi des marchés agricoles, elles
doivent tenir à jour un registre des membres. Il n'y a pas de
problème de ce côté. Il resterait ceux qui ne sont pas
couverts par les plans conjoints. A ce moment-là, à la suite des
règlements que la régie aura édictés et des
ententes qui interviendront entre la régie, l'acheteur du produit et le
producteur, il s'agira simplement d'établir une liste. Comme me le
disait, tout à l'heure, mon collègue de l'Assomption, ces listes
pourraient être remises j'irai même plus loin devront
être remises à tous les acheteurs de produits qui auront à
retenir une cotisation, de telle sorte que tout le monde saura exactement
où il va.
M. BELAND: Les noms des personnes qui sont reconnues comme vendant pour
plus de $1,000 de produits agricoles.
M.TOUPIN: Qui sont reconnues comme producteurs agricoles.
M. BELAND: Mais ici, vous complétez avec l'article 41 en disant,
à la cinquième ligne: "Ou, le cas échéant, de
produits agricoles non commercialisés...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. BELAND: ...le nom et l'adresse du producteur qui lui a livré
ce produit, les sommes qui reviennent à ce producteur et tout autre
renseignement déterminé par ordonnance de la régie".
M. TOUPIN: Oui.
M. BELAND: Cela comprend tous les produits agricoles, même ceux
qui ne sont pas commercialisés, d'une part, et également ceux qui
sont vendus par des personnes qui ne vendent pas pour $1,000 de produits
agricoles.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est à la condition que ces
personnes soient visées par les articles 38 et 39.
M. TOUPIN: C'est ça, c'est exact.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce qui fait la différence.
M. VINCENT: Ce sont ceux visés par les articles 38 et 39.
M. TOUPIN: Les articles 38 et 39 parlent de ceux qui sont susceptibles
d'être cotisés.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'ils ne sont pas visés par les
articles 38 et 39, ils ne sont pas soumis à cet article. Lisez les
articles 38 et 39 et vous comprendrez le raisonnement.
M. TOUPIN: C'est simplement la continuation normale de l'application des
articles 37, 38 et 39.
M. VINCENT: La régie se servira de l'article 39 pour aller
chercher les quelques noms sur la liste, de ceux qui ne sont pas
cotisés. L'article 39 permet à la régie d'aller chercher
les quelques noms qui restent. Il n'y en a que quelques-uns, pas tous.
M. BELAND: II y a les quelques noms qui restent, oui, de ceux qui
normalement doivent donner le montant de $15, je suis d'accord.
Par contre il y a non seulement cela mais, pour tous les producteurs qui
vendent un produit agricole, commercialisé ou non, il faut absolument
qu'ils tiennent quand même les registres, c'est marqué.
M. VINCENT: Non, regardez, le député de Lotbinière.
"Toute personne visée par les articles 38 et 39."
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils ne sont pas tous visés par ces
articles.
M. VINCENT: Toute personne visée par les articles 38 et 39. Dans
certains cas, ce sont les syndicats, les plans conjoints, c'est-à-dire
les grosses organisations. Mais les autres n'ont pas affaire
là-dessus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est cela.
M. VINCENT: Et ce sera décidé par ordonnance.
M. BELAND: Mais c'est marqué, et je relis depuis le début:
"Toute personne visée par les articles 38 et 39 doit tenir un registre
mentionnant la date d'achat et de réception et la quantité de
produits commercialisés ou, le cas échéant,..." Cela veut
dire exactement quoi?
M. TOUPIN: Cela veut dire que lorsque... M. BELAND: C'est vaste,
cela.
M. TOUPIN: ... le producteur qui n'est pas lié par un plan
conjoint vend pour plus de $1,000 par année il devient par
conséquent oui, c'est lui qui est visé, le cas
échéant c'est celui visé aux articles 38, 39 et 40; c'est
celui qui est visé, on ne vise pas d'autres producteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est seulement lorsque cela se produit.
M. TOUPIN: C'est seulement lorsque se produit cette chose-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que veut dire le cas
échéant.
M. BELAND: Ce sera un très petit nombre.
M. TOUPIN: Comme on le disait tantôt, ils sont très peu
nombreux. Là-dessus, je voudrais être assez clair; lorsqu'on fait,
par exemple, la statistique du nombre de producteurs qui vendent un produit
sans passer par un plan conjoint, à qui est-ce qu'ils le vendent?
Très rares sont ceux qui vendent à l'épicier du coin,
exceptionnellement rares. On vend, soit à des coopératives, soit
à des abattoirs ou à d'importants magasins à succursales.
Je pense à tous les producteurs maraîchers, par exemple; la
plupart d'entre eux vont vendre, soit à une coopérative, soit
à un important magasin à succursales. Ce n'est pas un
problème.
Ceux qui vendent sur le marché public ne sont pas couverts. Ils
ont le droit d'y vendre. Pour ceux-là il n'y a pas de problème
même s'ils en vendent pour $2,000, $3,000, $4,000, $5,000; ils
commercialisent eux-mêmes leurs produits. On n'ira pas trouver le
consommateur pour lui dire: Ecoute, tu as acheté tant de pommes du
producteur, tu vas me remettre $15 de ce que tu lui as vendu; c'est une affaire
qui ne se tient pas. Donc, celui-là n'est pas touché; est
touché seulement celui qui va, par exemple, signer avec Steinberg un
contrat de vente de $10,000 de pommes de terre. Ils sont assez faciles à
dépister. Ce n'est pas un problème tellement grave. Si on prend
les producteurs laitiers, les producteurs qui vendent le lait cru, il y en
avait 600 ou 700 il y a quatre ou cinq ans; il en reste 150 à peu
près, me dit-on, actuellement. Ceux-là ne sont pas atteints, ne
sont pas touchés parce qu'ils vendent leur lait directement aux
consommateurs. Alors, ceux-là, on ne s'en occupera pas.
M. BELAND: Pardon, présentement il y a des inspecteurs sur les
lieux. Ils vont visiter le type ou ils apportent une pinte de lait vide...
M. TOUPIN: Cela c'est pour...
M. BELAND: ... pour essayer de le faire tomber dans le pétrin. Si
le type ne se conforme pas aux exigences au point de vue des bactéries,
etc., à ce moment-là, c'est...
M. TOUPIN: C'est la protection du consommateur.
M. BELAND: C'est la protection du consommateur mais c'est en vue de lui
faire abandonner ses ventes, autant que possible pour permettre seulement aux
organismes qui vendent du lait, soit pasteurisé, enfin le reste, de
pouvoir continuer leur commerce.
M. TOUPIN: Non, ce n'est surtout pas cette raison-là. La raison
est simple: des règlements existent dans la province de Québec
concernant le contenu des bactéries dans le lait.
M. BELAND : Pour ce qui est de l'hygiène, je suis d'accord.
M. TOUPIN: C'est tout simplement pour cela. Ce n'est pour aucune autre
fin que celle-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question de salubrité publique.
M. TOUPIN: Une question de salubrité. H faut que la laiterie soit
propre, il faut que les bactéries dans le lait soit de telle
quantité et c'est pour cela que les inspecteurs y vont.
M. BELAND: Maintenant, si on revient à l'article 41, est-ce que
vous avez l'intention de conseiller à la Régie des marchés
agricoles d'imposer un permis au montant de $25, comme dans le cas des oeufs,
à tous ceux qui vendront tous les autres produits agricoles?
M. TOUPIN: II n'est pas question de permis dans cette loi.
M. BELAND : Non, mais je vous le demande parce que ce sont des choses
qu'on vit.
M. TOUPIN: Pour tous les autres produits agricoles?
M. BELAND: C'est cela.
M. TOUPIN: Je ne le sais pas. Cela peut s'avérer
nécessaire qu'à un certain moment des permis soient émis.
Ce n'est pas impossible pour régulariser la commercialisation d'un
produit. Ce n'est absolument pas impossible. Supposons qu'on veut savoir
exactement, par exemple, comment les producteurs de l'Ontario vendent de
produits maraîchers sur le marché du Québec. C'est
très facile de le savoir. C'est qu'on peut simplement demander à
tous ceux qui achètent des produits de se procurer un permis et partir
de là on les identifie et on établit des statistiques. C'est une
façon.
M. BELAND: Mais si vos postes d'inspection, par exemple, avaient des
inspecteurs appropriés et qu'il y aurait une possibilité
d'étiquetage des produits du Québec et, à ce
moment-là, également, avec une possibilité d'escompte
à la consommation de produits du Québec.
M. TOUPIN: Cela n'enlève rien à l'affaire.
M. BELAND: Cela favorise la consommation de produits du Québec
et, en même temps tout se rattache ça élimine
les soupçons, ça élimine les mauvaises paroles contre des
agences qui sont de très bonne foi et qui veulent mettre de l'ordre dans
la mise en marché des produits agricoles.
M. TOUPIN: Non, écoutez, la question des permis existe
déjà. Ainsi, par exemple, aucun industriel laitier au
Québec ne peut transformer du lait s'il ne détient pas un permis
de la régie.
C'est exactement la même chose pour le transport. S'il y a un
secteur où on a véritablement mis si on peut appeler
ça comme cela de l'ordre, c'est bien dans le système du
transport. On a zone la province de Québec et on a émis un permis
pour une zone et seuls les détenteurs de ces permis ont le droit
d'exploiter leur entreprise.
Vous avez le dernier projet de loi sur la protection du consommateur et
on va passablement loin là-dedans. C'est normal, c'est pour
protéger d'une part le consommateur et le producteur. Cela peut faire
mal de temps en temps mais si, un jour ou l'autre, vous décidez de
donner un escompte je ne sais pas quand, probablement que je ne le
verrai jamais, mais si toutefois cela se produisait...
M. BELAND: Non, parce que le gouvernement libéral n'accorde pas
d'escompte.
M. TOUPIN: Ce que je voulais dire par là c'est que, probablement,
le Crédit social ne sera jamais au pouvoir.
M. BELAND: Ce sera après la prochaine élection
provinciale.
M. TOUPIN: Si jamais cela se produisait, ce n'est pas parce qu'on a un
permis entre nos mains qu'on va chercher un escompte, d'autre part.
M. VEILLEUX: Ils sont en train de perdre leur chef.
M. TOUPIN: Cela n'a rien à voir avec les escomptes.
M. VEILLEUX: Avez-vous un chef? M. BELAND: Ce n'est pas un
problème.
M. COITEUX: Si vous défendiez la province, ce serait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question oiseuse.
M. BELAND: Je pense qu'on est en dehors de l'article.
M. VEILLEUX: En lisant les journaux ce matin, on disait que le
député de Lotbinière était...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! Cela n'a rien à voir...
M. LE PRESIDENT: Revenons au projet de loi 64.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a déjà assez
tramé.
M. LE PRESIDENT: Article 41, adopté. Article 42.
M. VINCENT: Article 42, c'est la remise des cotisations qui sont
perçues en trop?
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: II y a un amendement là-dessus.
M. TOUPIN: On va le lire le seul amendement qu'on a
apporté concerne l'année financière: "L'association
accréditée doit tenir de la façon approuvée par la
Régie, des registres mentionnant le nom de tous les producteurs pour
lesquels elle a reçu des cotisations au cours d'une année. Au
plus tard le premier mars de chaque année, l'association
accréditée doit, le cas échéant, remettre au
producteur tout montant qu'elle a reçu pour son compte au cours de
l'année précédente et qui excède le montant de la
cotisation fixé en vertu de l'article 31." L'amendement qu'on a
apporté est le suivant: Plutôt que de fixer une date dans la loi,
on a simplement dit: Cela se fera au moment, c'est-à-dire, ce sera
conforme à l'année financière déterminée par
l'association accréditée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, c'est normal.
M. TOUPIN: Cet article veut que, si, par exemple, on a retenu deux
cotisations à un producteur par erreur, l'association
accréditée, à la fin de son année
financière, lui rembourse les trop-perçus.
M. LE PRESIDENT: Article 42, adopté. Section X: Inspection.
Article 43.
Inspection
M. TOUPIN: a propos de l'article 43, on retrouve presque tous ces
articles dans la Loi des marchés agricoles. Au fond, ce sont les moyens
que la loi donne à la régie pour appliquer la loi actuelle et
tous les pouvoirs que la régie peut exercer en vertu de cette loi sont
déterminés dans cette section. Alors, vous avez les articles 43,
44 et 45.
M. VINCENT: Une seule chose, M. le Président, à l'article
43 je vais revenir chaque fois qu'il y aura un article semblable
c'est une très mauvaise représentation de dire à l'article
43, deuxième paragraphe, "Tout renseignement obtenu en vertu du
présent article doit être tenu confidentiel, utilisé
exclusivement pour les fins de la Régie et divulgué seulement sur
l'ordre d'un tribunal; cependant, la Régie peut communiquer à
l'association accréditée tout renseignement qu'elle juge
nécessaire à l'exercice des
recours que l'association accréditée a droit
d'exercer."
Je reviens chaque fois que nous aurons un article comme ça pour
dire que c'est de la fausse représentation. On a adopté une loi
à l'Assemblée nationale récemment, une loi du
ministère du Revenu, qui annule tout cela et qui dit que le ministre du
Revenu peut, partant de cette législation, recevoir ces renseignements
confidentiels pour frais d'impôts.
Si on voulait être logique et dire réellement ce que cela
veut dire, on devrait dire: Tout renseignement obtenu en vertu du
présent article, nonobstant toute loi du ministère du Revenu,
doit être tenu confidentiel.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nonobstant toute disposition contraire de la
Loi du ministère du Revenu.
M. VINCENT: Parce que là, les gens lisent cela et croient encore
que c'est confidentiel, alors que ce n'est plus confidentiel.
M.TOUPIN: Non, M. le Président. Cela demeure confidentiel.
M.VINCENT: Bien non!
M. TOUPIN: II ne faut quand même pas mêler les cartes. Quand
la régie a entre les mains un document je prends un exemple
soit le bilan d'une entreprise laitière en vue d'établir
un programme de fusion des entreprises, il n'est pas impossible que le
ministère du Revenu, tel que la loi le prescrit, puisse demander
à la régie, avec l'approbation du ministre de l'Agriculture, de
lui divulguer ces renseignements. Ce n'est pas impossible qu'il le fasse. Mais
ce n'est pas seulement le ministère du Revenu qui peut être
intéressé à avoir ces documents. Une autre entreprise peut
être intéressée à avoir ces documents.
M. VINCENT: Oui, oui. Sur cela, je suis d'accord.
M. TOUPIN: L'entreprise de l'Ontario peut bien être
intéressée à avoir ces documents.
M. VINCENT: De cela, j'en conviens.
M. TOUPIN: C'est la raison pour laquelle nous inscrivons cela.
M. VINCENT: On a également exempté les statistiques,
après discussion.
M.TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Sur le plan fédéral, c'est la même
chose. Le ministère du Revenu fédéral n'a pas accès
à des documents semblables. Je reviens là-dessus; cela pose une
entrave au travail de la Régie des marchés agricoles du
Québec parce qu'en tout temps, à l'avenir, contrairement
à ce qui était inscrit dans les lois précédentes,
on pourra se servir de ces rapports confidentiels qui sont divulgués
à la Régie des marchés agricoles pour retourner contre
l'individu avec l'impôt sur le revenu. C'est bien clair. C'est
stipulé dans la loi adoptée l'an dernier.
M. TOUPIN: Ne s'agit-il pas là, M. le député de
Nicolet, d'un autre champ d'action? Je sais que le ministère du Revenu
peut, en vertu de la dernière loi, demander à la régie de
lui donner de ces documents, si on croit que le régie les a. Il ne peut
pas obliger la régie, cependant, à aller les chercher. Il ne peut
pas dire à la régie: A partir de ce matin, tu vas aller faire
telle enquête.
M. VINCENT: Non, non. Il ne peut pas dire à la régie
d'aller les chercher, mais il va chercher les règlements.
M. TOUPIN: Mais si, toutefois, la régie a ces documents, si le
ministère du Revenu les lui demande et s'il y a le consentement du
ministre du ministère concerné, le ministère du Revenu
peut obtenir ces renseignements. Il me semble qu'il y a là une
responsabilité ministérielle à laquelle on doit faire
confiance.
M. VINCENT: Non.
M. TOUPIN: II me semble qu'il y a là une nouvelle structure
d'efficacité que nous avons mise en place pour faire agir de
façon plus rapide le ministère du Revenu. Outre cela, il y a
quand même tout le reste, tous les autres secteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre se rend compte,
lorsqu'il déclare, dans le second paragraphe "tout renseignement obtenu
doit être tenu confidentiel", que c'est au fond de la fausse
représentation...
M. TOUPIN: Vis-à-vis d'une loi, si on peut l'expliquer comme
cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... puisque le ministère du Revenu a
tout pouvoir pour obtenir tout renseignement de toute nature, de qui que ce
soit?
M. VINCENT: En vertu du bill 5. M. BELAND: Cinq à onze.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, si on veut que ce paragraphe ait un
sens et que les garanties de confidentialité soient respectées,
il faudrait inclure un amendement et dire: Nonobstant toute disposition
contraire de la Loi du ministère du Revenu.
M. VINCENT: Même plus, M. le Président.
Je vais reformuler une suggestion que j'ai faite en Chambre à
l'occasion de l'étude des bills 15 et 16. Nous avons accepté
d'exempter de la Loi du ministère du Revenu les statistiques du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous avons accepté cela.
Donc, nous avons admis le principe qu'il ne serait pas bon que le bureau de la
statistique du ministère de l'Industrie et du Commerce divulgue ces
renseignements au ministère du Revenu. Nous avons accepté ce
principe, mais je voudrais qu'on aille plus loin, même si on ne fait rien
dans la législation présente. Je suis convaincu que, dans la
législation présente là, je présume de ses
intentions le ministre n'acceptera pas d'amendement à l'article
43. Pourtant, je demande au ministre d'analyser globalement la situation. ...
La Régie des marchés agricoles du Québec fait
réellement un travail statistique pour établir des normes, pour
préparer ses ordonnances. Elle est obligée d'aller recueillir des
statistiques à différents endroits, dans différentes
usines. Et c'est réllement un travail statistique.
Et on devrait tout de suite envisager cette possibilité.
J'aimerais que le ministre fasse une séance spéciale avec les
membres de la régie pour analyser toutes ces implications et voir les
difficultés qu'elle devra éprouver au cours des prochaines
années. Et qu'on aille au ministère du Revenu et qu'on amende la
loi pour exempter la Régie des marchés agricoles de cette loi,
soit le bill 5 ou le bill 11 je ne me rappelle pas le numéro du
bill parce qu'autrement le travail de la Régie des marchés
agricoles va certainement être entravé à l'avenir à
cause de la Loi du ministère du Revenu.
Je le souligne à l'article 43. Nous l'avons souligné quand
nous avons discuté du bill 15 et du bill 16. Nous l'avons
souligné à l'Assemblée nationale. Je voudrais que le
ministre fasse préparer par ses fonctionnaires, et également par
les membres de la régie, une documentation pertinente à ces cas
spéciaux qui sont réellement des statistiques et qu'on obtienne
la même exemption qu'on a obtenue pour le ministère de l'Industrie
et du Commerce et que cette même exemption s'applique à la
Régie des marchés agricoles.
Je pense que c'est une demande logique qui va permettre à la
régie de continuer son travail statistique qui lui est absolument
nécessaire.
M. TOUPIN: Là-dessus, je suis d'accord avec le
député de Nicolet. Je pense que ça mérite
d'être examiné. Nous n'avons peut-être pas examiné
assez à fond la question. Je suis d'accord que nous devrions, avec la
régie si jamais une demande m'est faite par le ministre du Revenu
de fouiller là-dedans, et peut-être même avant ça
...
M. VINCENT: Non, tout de suite.
M. TOUPIN: ... regarder très sérieusement quelles sont les
implications de cet article de la loi dont on parle sur le travail de la
régie.
Vous soutenez que ça peut entraver le travail de la régie.
Cela peut l'entraver dans le sens que ça peut rendre inquiètes
les entreprises auprès desquelles la régie a des enquêtes
à mener. Je pense que ça mérite d'être
examiné. Je suis d'accord avec le député de Nicolet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous savez d'ailleurs la façon de
procéder du ministère du Revenu, c'est que non seulement
ça peut entraver, ça peut paralyser complètement à
un moment donné, parce que quand les gens du ministère du Revenu
arrivent quelque part, n'oubliez pas une chose, ils ne s'assoient pas là
pour regarder les documents, ils les apportent. Ils les apportent pour certain
temps. Les gens qui ont des entreprises le savent. Cela peut durer
jusqu'à six mois.
M. TOUPIN: Cela pourrait peut-être inciter les entreprises aussi
à faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas de la Régie des
marchés agricoles, c'est différent.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans la loi, on dit: ... "Tout renseignement
obtenu en vertu du présent article doit être tenu confidentiel,
utilisé exclusivement pour les fins de la régie et
divulgué seulement sur l'ordre d'un tribunal;...". Tandis que la Loi du
ministère du Revenu ne dit pas que c'est divulgué seulement sur
l'ordre d'un tribunal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est d'office.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela contredit la Loi du ministère du
Revenu.
M. VINCENT: Oui, parce que la Loi du ministère du Revenu dit:
"... nonobstant toute disposition contraire de toute loi...".
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le ministère du Revenu n'a pas besoin
d'un ordre du tribunal pour aller fouiller dans les documents.
M. TOUPIN: Si vous permettez, pour continuer les travaux, moi je ne vois
pas d'inconvénient à le suspendre et je vais examiner toute cette
question avec la régie.
M. VINCENT: Pas nécessaire de le suspendre, parce qu'en
définitive...
M. TOUPIN: Si vous êtes d'accord pour l'adopter, nous
l'adopterons.
M. VINCENT: Ce qui va se présenter au cours de l'année qui
s'en vient, c'est que les officiers de l'impôt vont se présenter
dans une usine laitière. Ils vont dire: Nous avons tel, tel et tel
renseignements. Le type va dire: Où avez-vous obtenu ça? Ce sont
des renseigne-
ments que j'avais donnés à la régie,
confidentiellement, et c'était bien entendu qu'à ce
moment-là c'était pour préparer une ordonnance sur le prix
du lait nature ou sur le prix du lait industriel. Et on m'avait affirmé,
confirmé que ça resterait seulement propriété de la
régie. Mais pour une raison ou pour une autre, le ministère du
Revenu a obtenu ces renseignements.
Là, on ferme la porte à tous les renseignements futurs que
la régie est dans l'obligation d'obtenir pour donner ses ordonnances.
Avant qu'il ne soit trop tard pour garder cette confiance que la régie a
toujours eue à l'endroit des industriels, des transformateurs, je pense
que nous devrions tout de suite préparer comme le
ministère de l'Industrie et du Commerce l'a fait...
Quand on l'a discuté en Chambre à main levée, on
s'est aperçu que ce serait mauvais sur le plan statistique, que
ça fausserait les statistiques du ministère de l'Industrie et du
Commerce et tout de suite on a apporté un amendement. Mais on n'a pas
été assez loin, on n'a pas regardé les implications que
ça pouvait causer autour de la régie.
M. TOUPIN: Peut-être que pour gagner...
M. VINCENT: Si, tout de suite, on préparait un document avec les
officiers de la régie, donnant les arguments, et si on le
présentait au ministre du Revenu qui l'exposerait aux membres du
cabinet, peut-être que dès la prochaine session, on apporterait
une exemption surtout pour la Régie des marchés agricoles.
M. TOUPIN: Oui, peut-être pourrions-nous seulement aussi
déclarer que les renseignements de la régie sont des
renseignements statistiques.
M. VINCENT: Non, il faudrait amender la loi. C'est très facile,
on ajoute une exemption, en plus du Bureau provincial de la statistique, on
ajoute la Régie des marchés agricoles du Québec, parce
qu'il s'agit réellement de la statistique.
M. TOUPIN: Très bien, ça me convient.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 44, adopté. Article
45.
M. TOUPIN: Oui, c'est dans toutes les lois. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Section XI.
M. BELAND: Pardon, à l'article 45, étant donné
qu'il est question justement des inspecteurs, d'enquêteurs: nul n'a le
droit d'entraver leur travail de quelque façon dans l'exercice de leurs
fonctions... ou ceux-ci de tromper, tenter de tromper par des réticences
etc., etc. Il est clair que là on développe un aspect du
problème, mais il s'avère parce que dans d'autres articles
c'est bien écrit que nul ne peut revenir contre une
décision d'un membre quelconque de la régie ou d'une personne
mandatée par elle.
C'est dit sensiblement de cette façon-là. Or, si
malheureusement un inspecteur fait erreur, qu'est-ce qu'il en advient. De
quelle façon pouvons-nous avoir recours, ou que le producteur
donné ou les producteurs donnés peuvent avoir recours? C'est ma
simple question.
M. LE PRESIDENT: Face à une erreur fondée devant la
régie, la régie enquête.
M. TOUPIN: II s'agit de savoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une disposition commune, M. le
Prédident, quant au rôle de tout inspecteur et de tous ceux qui
sont appelés à exercer des fonctions similaires. On retrouve cela
dans le code pénal, on retrouve cela dans tous les organismes où
il est question d'inspecteurs qui doivent fournir des rapports et qui sont
nantis des pouvoirs que l'on retrouve à l'article 44. Alors, c'est une
attribution normale et ça ne pose aucun problème, parce que
ça fait partie de l'ensemble des obligations et des droits que
possèdent les enquêteurs qui sont régis, en somme, qui ont
des pouvoirs similaires à tous ceux qui font partie des commissions
d'enquête.
M. OSTIGUY: Vous le retirez.
M. BELAND: D'ailleurs je ne suis pas contre le fait que la personne qui
occupe un poste d'inspecteur ou d'enquêteur et très loin de
là soit, dans un certain sens, protégée. C'est bien
clair. Mais seulement, il peut arriver certains cas que l'on ne peut deviner
d'avance où cette personne-là pourrait se tromper, à la
suite de faux renseignements ou je ne sais quoi.
M. VEILLEUX: J'ai bien l'impression qu'on trouve la réponse
à l'article 46, premier paragraphe.
M. TOUPIN: D'ailleurs les inspecteurs du gouvernement ou de ses
régies sont tous protégés de cette façon-là.
Supposons qu'un des inspecteurs de la Régie des alcools ou de la
Régie des marchés commet une erreur ou agit à l'encontre
de la loi, même s'il est mandaté, ce n'est pas à
l'inspecteur que l'établissement doit s'en prendre, c'est à la
régie qui a autorisé cet inspecteur-là. C'est pour
ça que la régie, elle, peut être poursuivie parce qu'elle a
mal appliqué la loi qu'elle avait la responsabilité d'appliquer,
et après, l'individu en question sera jugé par sa propre
régie, par son employeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a tous les recours civils du reste.
M. TOUPIN: Oui, tous les recours civils.
M. LE PRESIDENT (Giasson): D'ailleurs le premier alinéa de
l'article 46 permet justement, donne un pouvoir assez vaste à la
Régie des marchés agricoles et toute personne impliquée
dans un litige a le droit de demander à la régie
d'intervenir.
M. TOUPIN: C'est bien sûr que si le gars, dans son travail
d'inspecteur, commet un meurtre, c'est une autre affaire.
M. VINCENT: M. le Président, au dernier paragraphe de l'article
45: "Cet inspecteur ou enquêteur doit, s'il en est requis, exhiber un
certificat, signé par le président de la régie, attestant
sa qualité." Voici, je vois simplement que le ministre...
M. BELAND: Je mettrais ça comme obligation.
M. VINCENT: Oui, je voudrais simplement que le ministre fasse une
vérification.
Si ma mémoire est bonne, c'est la première fois, dans une
loi, qu'on exige que ce soit le président de la régie qui signe
le certificat attestant que telle ou telle personne est un enquêteur ou
un inspecteur. Je pense que tous les enquêteurs et tous les inspecteurs
du ministère de l'Agriculture, tant à la Régie des
marchés agricoles que dans d'autres services, les cartes qui les
reconnaissent comme inspecteurs sont signées par le ministre
lui-même. Je sais qu'au début de l'année on signe 150 ou
200 de ces cartes.
M. TOUPIN: Le ministre peut déléguer ce
pouvoir-là.
M. VINCENT: Je sais que le ministre peut déléguer ce
pouvoir-là mais je me demande si c'est une bonne chose. J'ai toujours
plus confiance que le ministre soit plus connu qu'un fonctionnaire. Je voudrais
simplement que le ministre analyse cette possibilité parce que si c'est
la première fois qu'on inscrit dans une loi que le président de
la régie signe un document. Le ministre déléguera ses
pouvoirs s'il le veut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'autant plus que c'est bien indiqué
à l'article 57 que c'est le ministre qui est responsable de
l'application de la loi.
M. VINCENT: Cela restera en conformité avec les autres
inspecteurs qu'on a.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 57. M. VINCENT: Qu'il l'analyse et
puis...
M. TOUPIN: Me Gagné vient de me dire un mot et l'une des raisons
pour lesquelles on l'a mis de cette façon. C'est que ces
inspecteurs-là seront directement sous l'autorité de la
régie et seront des employés de la régie. Ils ne seront
pas des employés du ministère. Tous les inspecteurs laitiers, par
exemple...
M. VINCENT: Sont du ministère.
M. TOUPIN: ... et tous les inspecteurs des fruits et légumes sont
sous la responsabilité du ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, M. le ministre, ils sont sous la
responsabilité de la régie, je comprends bien, mais la
régie est sous la responsabilité du gouvernement.
M. TOUPIN: C'est exact.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Par conséquent, delegatus non
delegati.
M. TOUPIN: Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il faut faire attention à cela. A
l'article 57, il est bien dit que le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation est chargé de l'application de la présente loi.
C'est donc lui le grand patron.
M. TOUPIN: Non, je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je peux donner au ministre un exemple qui va
se produire bientôt. On va bientôt déposer un projet de loi
sur la protection du patrimoine et on va permettre à des inspecteurs de
faire la visite des collections privées de tous les citoyens dans le
Québec. Ils devront être munis d'une lettre du ministre pour faire
telle inspection, même s'ils dépendront d'un service particulier,
qui est celui des monuments historiques et de la conservation du
patrimoine.
Je crois que les observations du député de Nicolet sont
pertinentes et que le ministre devrait revoir cette question-là afin que
ce ne soit pas exorbitant à notre droit.
M. TOUPIN: Je n'ai pas d'inconvénient.
M. VINCENT: Qu'on tienne compte, pour les avocats, que le
président de la régie...
M. TOUPIN: Si toutefois cela crée un précédent, je
ne suis pas d'accord.
M. VINCENT: ... a pratiquement un statut de juge, parce que c'est un
corps quasi judiciaire. On a même déjà eu un juge comme
président de la régie. A l'heure actuelle, il a pratiquement un
statut de juge. Il est arbitre dans bien des cas.
M. TOUPIN: Maintenant, on a des présidents de régie qui
sont juges.
M. VINCENT: Cela peut peut-être poser un problème.
M. LE PRESIDENT: Le premier président était le juge
Héon.
M. VINCENT: Oui, le juge Héon. Ce pourrait même être
un juge, il a pratiquement le statut d'un juge. Qu'on l'analyse sur le plan
juridique et, si l'on voit que c'est préférable un certificat
signé par le ministre de l'Agriculture, si le ministre de l'Agriculture
peut déléguer ses pouvoirs, il pourra le faire.
M. TOUPIN: Je n'ai pas d'inconvénient. D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 45, adopté. Section XI touchant le
domaine qui relève de la régie, article 46. Adopté?
La régie
M. BELAND: Un instant. On discute du droit du producteur
d'adhérer ou de ne pas adhérer à un syndicat ou syndicat
spécialisé de son choix conformément à l'article 2;
on voit cela au paragraphe a). Il est entendu que la phraséologie, tel
que vous l'indiquez, est très bien, ce n'est pas là le
problème. Mais qu'ad-viendra-t-il de ce ou de ces quelques producteurs
qui n'ont pas voulu adhérer à un syndicat ou syndicat
spécialisé, lesquels ont des produits en vente, c'est
évident? Il y a une certaine réticence qui naît à un
moment donné, soit de part et d'autre, soit d'acheteurs éventuels
ou acheteurs habituels, chez les autres producteurs, de son produit.
Que va-t-il advenir dans ce cas-là? C'est peut-être un
palier très mince sur lequel je discute. Je le fais au cas où il
y aurait discussion à ce sujet-là, au cas où cela
arriverait. Je ne crois pas que cela puisse arriver dans bien des cas.
M. TOUPIN: Non, au cas où cela arriverait; c'est pour ça
qu'on l'a prévu. Quand vous lisez le début de l'article 46:
"Outre les pouvoirs que lui confère la présente loi, la
régie peut arbitrer, décider, concilier, ou régler tout
différend survenant à l'occasion ou dans le cours de
l'application de la présente loi" et, notamment, le droit d'un
producteur d'adhérer ou de ne pas adhérer à un syndicat,
le droit d'un syndicat ou d'un syndicat spécialisé
d'adhérer ou de ne pas adhérer à une
fédération.
Chaque fois qu'un conflit va intervenir entre un producteur et un
syndicat spécialisé, un syndicat spécialisé et une
fédération spécialisée, de même qu'une
fédération spécialisée et l'association
accréditée, la régie a les pouvoirs de servir de juge,
d'arbitre et de décider.
M. VEILLEUX: C'est un tribunal d'arbitrage avec décision
exécutoire.
M. TOUPIN: II faut le mettre, parce qu'autrement, cela crée des
conflits qui se perpétuent.
M. VEILLEUX: Au lieu que le type aille se présenter devant
d'autres tribunaux pour régler son conflit, on en a un.
M. TOUPIN: Lui, il en a un dans sa loi et il règle son
problème avec sa régie.
M. BELAND: S'il s'agit d'un petit producteur ou d'un très petit
producteur, est-ce qu'il va être traité sur le même pied
qu'un très gros producteur qui met peut-être en marché ce
qu'il produit à partir de 300,000 poules? Si je me réfère
au passé, il y a quand même eu certaines négociations et,
compte tenu des résultats, le type en question pouvait
bénéficier, le lendemain de la décision, de
privilèges très spéciaux que les autres, qui avaient
continuellement payé leur cotisation aux divers syndicats, n'avaient
même pas.
M. TOUPIN: Je voudrais avoir des exemples là-dessus. Je ne pense
pas que la régie soit à ce point discriminatoire.
M. BELAND: Je vais au plus noir des choses afin de voir s'il n'y aurait
pas possibilité de statuer quelque chose pour ces cas-là.
M. TOUPIN: Evidemment, il faudrait essayer de choisir à la
régie des hommes qui sont à ce point complets, qu'ils ne peuvent
jamais se tromper. A part ça, je pense qu'on est toujours susceptible de
faire des erreurs. Jusqu'à maintenant, comme je le disais hier et au
cours des séances précédentes, je n'ai pas à
l'esprit des cas qui me permettent de croire que la régie a
été injuste ou discriminatoire. Je ne le vois pas.
M. VEILLEUX: Cet article, d'ailleurs, veut empêcher d'une certaine
façon le maraudage syndical qui peut exister dans d'autres secteurs.
M. TOUPIN: Les conflits qui interviennent entre les syndicats
spécialisés.
M. VEILLEUX: Les conflits intersyndicaux, les conflits fratricides.
M. TOUPIN: La régie pourra, sur le coup, prendre sa
décision. Une fois sa décision prise, elle est exécutoire.
Donc, le problème, juridiquement, tout au moins, est
réglé, s'il ne l'est pas socialement.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. OSTIGUY: Combien y a-t-il de membres à la régie?
M. TOUPIN: II y a sept régisseurs avec le président. Tous
les secteurs sont représentés.
M. LE PRESIDENT: Article 47, adopté. Article 48?
M. VINCENT: II y a un amendement à l'article 48.
M. TOUPIN: II y aurait deux amendements à proposer: un que je
vous ai déjà remis, c'est à l'article 48 b). A l'article
48 b), ce sont des concordances avec le code de procédure civile. Cela
n'ajoute rien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait examiner cet
article-là avec les fonctionnaires de son ministère et
particulièrement les fonctionnaires avocats afin de voir exactement
quelles sont les dispositions qui sont incluses dans les articles 834 à
850 afin de voir si cela est exorbitant à notre droit et si c'est la
coutume dans le cas des régies? Je demande simplement au ministre de
réexaminer ça et nous pourrons en reparler.
M. TOUPIN: Dans les grandes lignes, il semblerait que ce sont des
prérogatives données spécialement au président et
aux commissaires à la régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II reste à savoir si c'est exorbitant
aux droits et particulièrement aux prescriptions...
M. TOUPIN: Je n'ai pas d'objection à les examiner et à
donner plus de précisions.
M. LE PRESIDENT: Article 48, adopté?
M. BELAND: Un instant, M. le Président, j'ai un amendement
à proposer, si vous me permettez, à l'article 48...
M. TOUPIN: Si le député de Lotbinière permet, j'en
aurais un à proposer à l'article 48a). Celui que j'ai
déjà proposé, c'est à b); alors, nous allons
l'examiner du point de vue juridique, comme l'a souligné le
député de Chicoutimi, mais à a), après les mots:
"De la régie", ajouter les mots: "En vertu de la présente loi".
"Les décisions de la régie...
M. VINCENT: On explicite davantage.
M. TOUPIN: C'est marqué: "Les décisions de la
régie." et nous ajouterions: "En vertu de la présente loi.".
M. VINCENT: Oui, parce que les autres décisions peuvent
être révisées par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. TOUPIN: Pour éviter les ambiguïtés: "En vertu de
la présente loi, ne peuvent être révisées que par la
régie elle-même..."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comment cela se lirait-il, dites-vous?
M. TOUPIN: Cela se lirait comme ceci: "Nonobstant toutes disposition
législative inconciliable avec la présente loi, a) les
décisions de la régie, en vertu de la présente loi..."
Nous ajouterions: "En vertu de la présente loi."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Edictées en vertu de la présente
loi parce que...
M. TOUPIN: Est-ce que l'on édicte une décision ou si on la
prend?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On prend une décision. C'est parce que
la formulation est difficile. Vous demanderez à vos fonctionnaires de
remettre ça en bon français.
M. TOUPIN: Nous pourrions dire: "Les décisions prises par la
régie, en vertu de la présente loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On pourrait référer cela
à Mme Kirkland-Casgrain.
UNE VOIX: L'Office de la langue française.
M. BELAND: Concernant ce sous-article a) présenté par le
ministre, je suis d'accord, mais pour compléter, l'amendement que je
vous présente, je l'ai indiqué à a) mais ce pourrait
très bien être à d): "Avant qu'elles ne deviennent en
vigueur, les décisions contestées de la régie devront
faire l'objet d'une étude à la commission parlementaire de
l'Agriculture qui entendra les représentations de la régie et
celles des autres parties en cause et fera rapport."
Même à la suite des allégations du
député d'Iberville, j'ai quand même certains droits
parlementaires...
M. VEILLEUX: Le député de Saint-Jean. M. BELAND: De
Saint-Jean, pardon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'Apôtre bien-aimé.
M. BELAND: J'ai quand même autant de droits que lui à cette
table.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas là le problème,
expliquez nous le sens de votre amendement.
M. VEILLEUX: C'est comme le député, il est le
bien-aimé de ses électeurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas pour longtemps.
M. BELAND: Voici pourquoi j'apporte cet amendement. Dans certains cas,
nous l'avons vu, notamment dans cet article de même qu'à d'autres
endroits, ce n'est pas tout à fait normal que la régie puisse
être et le juge et la défense dans une cause donnée. Pour
certains petits problèmes, ça peut aller, parce que ce sont des
personnes responsables qui sont là ou qui seront nommées
là. Mais, lorsqu'il s'agit d'une section ou d'une
spécialité de production, là où peut survenir un
différend majeur, si la commission parlementaire de l'Agriculture
pouvait être con-
voquée pour étudier le litige, entendre les deux parties
en cause et aider la régie, on enlèverait un poids énorme
du dos de ceux qui ont à administrer la régie ou qui doivent se
prononcer. C'est tout simplement un complément à l'article, qui
devrait être inséré quelque part dans cet article, afin que
nous puissions convoquer la commission parlementaire sur un sujet
donné.
Non pas brosser un tableau complet de l'agriculture, non, mais le sujet
donné sur lequel il peut y avoir un litige et qui concerne toute la
production donnée ou toute la spécialité donnée,
strictement ce secteur-là pas tout l'ensemble de l'agriculture mais
strictement le sujet donné.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense...
M. BELAND: Pardon?
M. OSTIGUY: Vous mettez en doute la compétence des
régisseurs.
M. BELAND: Ce n'est pas mettre en doute la compétence des
régisseurs.
M. OSTIGUY: Mais oui.
M. BELAND: C'est tout simplement pour éviter toutes sortes de
choses possibles dont les régisseurs vont être accusés
parce qu'ils vont être et le juge et le défendeur dans une cause
donnée, ce qui est une chose quand même difficilement acceptable
dans la province de Québec de par nos lois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que si le
député de Lotbinière avait consulté un avocat, si
tant est qu'il en est dans leur groupe, il se serait rendu compte...
M. BELAND: II y en a même plusieurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que l'amendement qu'il propose est
irrecevable à sa face même parce qu'il enlève justement
à la régie les pouvoirs qui lui sont normalement
conférés par la loi. Si, toute les fois qu'une décision
est contestée et qu'il y a jugement, on est obligé d'en appeler
et de convoquer la commission parlementaire de l'Agriculture, ce n'est plus la
peine d'avoir une régie qui, elle, est appelée à trancher
ces questions. Par conséquent, cela ne demande même pas d'examen
parce qu'à sa face même cela va contre toute l'économie
générale des lois, contre les techniques législatives;
c'est introduire dans nos lois un principe qui ferait que toute décision
de tout tribunal, quel qu'il soit, pourrait faire l'objet d'un examen en
commission parlementaire. Il y a le Protecteur du citoyen qui
déjà s'occupe d'un tas de choses et qui crée à
certains égards des embarras, il y a toutes sortes de commissions de
révision à droite et à gauche, et en plus on voudrait que
toute décision de la régie sur des matières pertinentes
à sa responsabilité soit soumise à l'examen d'une
commission parlementaire de l'Agriculture. Nous siégerons 365 jours par
année...
M. BELAND: Question de privilège, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour écouter des choses qui ne sont
pas d'une importance capitale et qui ne relèvent pas de notre
responsabilité puisque nous avons délégué une
partie de nos pouvoirs à une régie qui a quand même pas mal
de devoirs, d'obligations et pas mal de comptes à nous rendre.
M. BELAND: Question de privilège, M. le Président.
Justement l'honorable député de Chicoutimi charrie pas mal ce
matin.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous fais
observer...
M. BELAND: II ne s'agissait pas de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement pour faire observer qu'en commission parlementaire il n'y a
pas de question de privilège, il n'y a que des rappels aux
règlements.
M. BELAND: Or, je continue, à la suite de mon savant
confrère, à dire que justement les allégations que
j'apportais, le député de Chicoutimi dit exactement le
contraire de ce qu'il a dit en Chambre maintes et maintes fois sont
à l'effet que, lorsqu'il y a un problème majeur dans
l'agriculture, il serait nécessaire de convoquer la commission
parlementaire de l'Agriculture.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, un instant. M. le Président,
j'invoque le règlement. Nous avons dis que, lorsqu'il y a des
problèmes majeurs en agriculture, il est important que nous convoquions
la commission parlementaire de l'Agriculture, mais nous n'avons jamais dit que
lorsque la Régie des marchés agricoles prend des
décisions, qu'elle édicte une réglementation, nous devions
absolument convoquer la commission parlementaire de l'Agriculture. C'est toute
la différence du monde entre une question litigieuse soumise à un
tribunal et un problème d'envergure générale qui pourrait
toucher l'intérêt des cultivateurs dans leur ensemble ou dans une
partie de leur activité. Je pense que, si le député de
Lotbinière comprenait parfaitement le français ou si tout au
moins il se référait à la version française du
journal des Débats...
M. BELAND: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il se rendrait compte que ce n'est pas
cela du tout que j'ai dit...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur les
allégations...
M. BELAND: Les allégations sont finies?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mettons la question aux voix. C'est
irrecevable, M. le Président.
M. BELAND: Je tiens quand même à le souligner de
nouveau...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je discute sur la
recevabilité de la proposition. Or, elle est irrecevable à sa
face même parce qu'elle va contre l'économie
générale des lois et qu'elle tend, au fait, à
détruire la Régie des marchés agricoles en lui enlevant
les droits que nous avons bien voulu lui donner.
M. BELAND: Une preuve encore qu'il charrie ce matin !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si on peut charrier assez pour
débarrasser le Québec de tous ces démagogues et de ces
ignorants...
M. BELAND: De même de tous les Uniquis-tes du parti ou de la
province.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de la nature de celui qui parle!
M. BELAND: Justement, il y a possibilité de convoquer la
commission parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation pour discuter
ou voir tous les aspects possibles de cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que vous
pourriez vous prononcer sur la recevabilité? Je vous ai demandé,
M. le Président, une décision sur la recevabilité.
M. BELAND: M. le Président, est-ce que j'ai la parole ou non?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai invoqué le
règlement. Cette proposition d'amendement est irrecevable parce qu'elle
va à l'encontre de toutes nos dispositions législatives. Il
existe un corps, qui s'appelle la Régie des marchés agricoles,
qui a des pouvoirs quasi judiciaires et qui les exerce à la façon
d'un tribunal dans le cas qui nous occupe à l'heure actuelle. Par
conséquent, apporter un amendement qui viserait à enlever
à la régie ces pouvoirs que nous lui avons conférés
et que nous confirmons par la présente loi, c'est apporter dans nos lois
un élément qui ne peut pas exister. C'est pour cette raison que
je vous demande, M. le Président, de déclarer cette proposition
d'amendement irrecevable.
M. TOUPIN: Le député de Chicoutimi me permettrait-il
seulement une observation avant que le président se prononce sur la
recevabilité ou l'irrecevabilité de cet amendement?
Je voudrais simplement rappeler dans les grandes lignes au
député de Lotbinière qu'il est toujours possible au
gouvernement de convoquer la commission parlementaire. Il n'est même pas
nécessaire que nous inscrivions dans une loi les problèmes sur
lesquels doivent porter les discussions d'une commission parlementaire. Ce sont
des prérogatives gouvernementales et de l'Assemblée nationale.
Vous pouvez exiger, vous, comme le député de Chicoutimi peut
l'exiger et tous les autres députés, que le ministre de
l'Agriculture convoque la commission parlementaire pour discuter des effets
néfastes, par exemple, d'une décision prise par la Régie
des marchés agricoles du Québec. Vous pouvez toujours convoquer
la commission parlementaire.
Je pense que le député de Chicoutimi a apporté une
précision tantôt, qui m'a plu beaucoup. Il a parlé de
problèmes importants. Jusqu'à maintenant, on n'a pas encore
établi l'importance de ces problèmes. C'est la raison pour
laquelle nous...
M. VINCENT: Cela a coûté $5 millions à la
province...
M. TOUPIN: ... n'avons pas cru bon la convoquer.
M. VINCENT: ... et ça aurait dû coûter $20
millions.
M. TOUPIN: Justement, $5 millions étaient suffisants dans l'ordre
des responsabilités du gouvernement du Québec. C'est ainsi que le
gouvernement fédéral a fait sa part et c'est ce qu'on appelle,
chez nous, le fédéralisme rentable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La recevabilité...
M. BELAND: C'est très rentable'.
M. VINCENT: On se reparlera des petites fermes.
M. BELAND: Assis chez nous à crever. M. VINCENT:
Fédéralisme rentable!
M. TOUPIN: Les députés et l'Assemblée nationale
peuvent toujours demander la convocation de la commission parlementaire.
Si vous exigez qu'on l'indique dans la loi là-dessus je
suis d'accord avec le député de Chicoutimi vous
détruisez toute l'économie
de la loi, et la commission parlementaire, au fond, se substitue
à la Régie des marchés agricoles du Québec. Il est
à se demander s'il est nécessaire, à ce moment-là,
que la régie prenne une décision.
La régie peut simplement dire: Avant de prendre ma
décision, je présume que cette décision peut être
contestée. Donc, je vais demander au ministre de convoquer la commission
parlementaire. La régie pourrait faire siéger ainsi, à
longueur d'année la commission parlementaire. On paralyse, par
conséquent, l'administration, les travaux et les décisions de la
régie, alors que c'est tellement plus simple, en vertu des droits que
l'Assemblée nationale a déjà, de demander que la
commission parlementaire soit convoquée.
M. VEILLEUX: A ce moment-là, on est mieux de la faire
disparaître.
M. VINCENT: Et toute décision est généralement
contestée, même par une personne.
M. BELAND: II n'est peut-être pas nécessaire que nous
parlassions...
M. LE PRESIDENT: Je vais rendre ma décision sur la question de
recevabilité. Me basant sur...
M. VINCENT: L'expérience.
M. LE PRESIDENT: ... la loi qui a créé la Régie des
marchés agricoles, sur les pouvoirs et les droits que cette loi a
réservés à la régie, il m'apparaît qu'il
faudrait d'abord amender ladite loi, qui concerne la Régie des
marchés agricoles, pour donner un pouvoir d'appel sur une
décision qui, présentement, à l'intérieur de la Loi
de la Régie des marchés agricoles, est sans appel, avant
d'accepter, à l'intérieur d'une autre loi, de créer un
droit vis-à-vis de la régie, droit qui n'existe même pas
dans la loi qui la concerne. Donc, nous ne pourrions pas faire indirectement ce
qui devrait être fait directement au niveau de la loi qui concerne la
régie.
M. VINCENT: Vous avez des paroles justes, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est irrecevable.
M. LE PRESIDENT: La motion me paraît irrecevable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très bien, M. le
Président.
M. BELAND: Je me fie, M. le Président, à vos grandes
connaissances en agriculture et en affaires pour accepter votre verdict.
Seulement, je n'accepterai cet article que sur division.
M. OSTIGUY: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division. Article 49.
M. VINCENT: L'article 49, c'est normal. M. LE PRESIDENT: Article 50.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les articles 50 et 51 sont des articles de
concordance.
M. VINCENT: Alors c'est d'accord pour les articles 50 et 51.
UNE VOIX: Oui. Adopté. Infractions
M. VINCENT: Aux articles 52, 53, 54 et 55, est-ce que ces montants
correspondent aux autres lois?
M. TOUPIN: Les lois 15 et 16, oui. C'est la même chose.
M. VINCENT: Et la Loi des produits agricoles est en
conformité...
M. TOUPIN: Toutes les lois qui ont été amendées
récemment et les nouvelles qui ont été adoptées par
l'Assemblée nationale comportent ces exigences.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. OSTIGUY: Ce sont les mêmes que dans le bill...
M. VINCENT: La Loi des marchés agricoles, la Loi des produits
laitiers en 1969, aussi. Je pense que nous avions indiqué les
mêmes montants.
M. TOUPIN: Oui. Il y avait eu une augmentation.
M. VINCENT: Donc, notre travail a servi d'exemple.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une amende de $1 et plus. De $1
à $1,000.
M. VINCENT: Ce n'est pas une affirmation gratuite. D'ailleurs, cela a
permis au député de Rouville d'avoir...
M. TOUPIN: C'est fantastique comme le député de Nicolet
sent souvent le besoin de nous dire que son travail a été
efficace !
M. VINCENT: Bien oui, le ministre de l'Agriculture l'a prouvé une
fois de plus hier.
M. TOUPIN: Ce serait si simple qu'il nous laisse le constater
nous-mêmes.
UNE VOIX: H nous admire. Il admire notre travail.
M. VINCENT: Le ministre de l'Agriculture l'a prouvé une fois de
plus hier en annonçant les travaux à la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire, qui avaient été annoncés au mois de mars
1970.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai relevé tous les journaux
et j'ai vu bien des comités d'étude en place. On a une
décision de prise.
M. VINCENT: Non, non. Que le ministre prenne les journaux du mois de
mars 1970. Il verra que ce qu'il a annoncé hier avait été
annoncé...
M. OSTIGUY: M. le Président, n'y a-t-il pas eu des études
en 1966, en 1967 et en 1968?
M. BELAND: M. le Président, on sent encore plus que ce sont
toutes des affirmations gratuites.
M. VEILLEUX: Nous pourrions revenir au projet de loi.
M. OSTIGUY: Attention, M. le député de Nicolet. Nous avons
les preuves à l'appui.
M. VINCENT: Ah oui!
M. OSTIGUY: En 1966, 1967 et 1968.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je tiens pour acquis que
l'article 52 est adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 53 de même.
UNE VOIX: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 54 aussi, c'est normal.
M. LE PRESIDENT: Article 54, adopté. UNE VOIX: Article 55,
adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 55, cela va de soi aussi.
M. TOUPIN: Oui, nous retrouvons tout cela dans les autres lois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 55, cela va de soi.
M. TOUPIN: On retrouve tout ça dans les autres lois.
M. LE PRESIDENT: Section XIII, article 56.
Dispositions diverses et finales
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 57.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec réticence.
M. VINCENT: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Article 58.
M. VINCENT: M. le Président, à quelle date?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a des règlements qu'il faudra
revoir.
M. TOUPIN: A quelle date ce sera proclamé?
UNE VOIX: Quand les règlements seront connus.
M. TOUPIN: II faudra que je demande au lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faudra que la loi soit adoptée
aussi.
M. VINCENT: Est-ce qu'il peut nous laisser espérer une date
prochaine?
M. TOUPIN: J'ai l'impression, sans faire d'affirmations
définitives, qu'aussitôt que la loi sera adoptée en
troisième lecture nous ne tarderons pas à proclamer cette
loi.
M. VINCENT: C'est la meilleure affirmation, parce que c'est très
normal.
M. TOUPIN: Cela veut donc dire que le député de Nicolet
s'en est servi à plusieurs reprises alors qu'il était ministre de
l'Agriculture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous ajournons sine die?
M. LE PRESIDENT (Giasson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
M. TOUPIN: En terminant, si vous permettez, M. le Président, je
voudrais remercier tous les membres de la commission, tant du côté
de l'Opposition que du côté ministériel, de leur
collaboration et personnellement je dois vous avouer bier sincèrement
que ça s'est fait en collaboration. Il y a eu quelques petites prises de
bec tout à fait normales, mais les travaux se sont très bien
déroulés et même nous n'avons pas utilisé tout le
temps que nous avions prévu utiliser pour l'étude de ce projet de
loi. Merci de votre collaboration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Grâce à nous. M. TOUPIN: C'est de
la rentabilité.
(Fin de la séance à 12 h 24)