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Commission permanente de l'Agriculture et de la
Colonisation
Projet de loi no 4 Loi modifiant la loi du
crédit agricole
Projet de loi no 5 Loi modifiant la loi du prêt
agricole
Proiet de loi no 6
Loi modifiant la loi
de l'amélioration des fermes
Proiet de loi no 7 Loi modifiant la loi favorisant la
mise en valeur
des exploitations agricoles
Proiet de loi no 11 Loi favorisant le crédit
à la production agricole
Séance du vendredi 9 juin 1972
(Onze heures)
M. FRASER (président suppléant de la commission permanente
de l'agriculture et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 4
M. LE PRESIDENT: Nous allons commencer par l'étude du projet de
loi no 4: Loi modifiant la Loi du crédit agricole, article 1.
M. TOUPIN: A l'article 1, nous proposons un amendement.
M. LE PRESIDENT: Peut-être que le ministre aimerait donner
quelques explications pour le bénéfice des lecteurs du journal
des Débats.
Augmentation du maximum de prêt
M. TOUPIN: Peut-être, mais cela ne m'apparaît pas tellement
important. Je peux donner, dans les grandes lignes, les amendements de fond en
ce qui a trait au bill 4. Le principal amendement est que nous voulons porter
le maximum du prêt agricole de $25,000 à $40,000 pour un individu
et de $25,000 à $60,000 pour les exploitations de groupe.
Evidemment, les exploitations de groupe existaient auparavant, mais la
loi n'était peut-être pas tellement articulée en fonction
de ces exploitations dites de groupe. Donc, nous avons apporté certaines
précisions et nous avons augmenté les montants en vue, bien
sûr, de favoriser l'exploitation de groupe.
Il y a aussi une nouvelle catégorie de prêts, ce qui est un
autre point saillant de la loi. Elle interviendra pour porter la limite de la
garantie à 90 p.c. de la valeur de la ferme, au lieu de 80 p.c. dans des
cas de conservation, d'exploita- tion, suivant un plan d'exploitation de ferme
acceptable par l'office. La seule différence qu'il y a vis-à-vis
de ce deuxième aspect, c'est que plutôt que de se porter garant
seulement à 80 p.c, plutôt que de prêter jusqu'à 80
p.c. de la valeur, nous pourrons prêter jusqu'à 90 p.c, mais,
évidemment, dans le cas où un plan d'exploitation sera
accepté par l'office.
Nantissement agricole
M. TOUPIN: Le troisième point est l'intégration d'un
crédit à moyen terme que nous sommes convenus d'appeler le
nantissement agricole dans la Loi du crédit agricole, ce qui
n'existait pas auparavant. J'apporte des exemples. Dans certaines
régions du Québec, la valeur commerciale de la ferme ne permet
pas d'emprunter suffisamment sur la valeur foncière, sur le bien
foncier. Même si le maximum est de $40,000, on ne peut pas atteindre
parfois plus de $18,000 ou de $20,000 sur ces fermes, à cause de leur
valeur commerciale.
Nous avons introduit un nantissement agricole qui peut atteindre
$15,000, qui sera prêté pour une période de quinze ans et
qui viendra compléter le prêt hypothécaire, de telle sorte
que celui qui ne peut pas emprunter plus de $18,000 et qui aurait besoin de
$25,000 ou de $30,000 pourra compléter son prêt sur nantissement,
pour une période de quinze ans, jusqu'à concurrence de $15,000
pour un individu et de $20,000 pour les exploitations de groupe.
M. VINCENT: Pour autant que le maximum ne dépassera pas $40,000
et $60,000.
M. TOUPIN: C'est exact. C'est ce que j'allais dire. Pour autant, bien
sûr, que les maximums prévus seront toujours respectés,
c'est-à-dire $40,000 pour les individus et $60,000 pour les fermes de
groupe.
Ce sont, dans les grandes lignes, les principaux amendements que nous
apportons à la Loi du crédit agricole.
M. VINCENT: Est-ce qu'on n'en oublie pas un?
Taux d'intérêt
M. TOUPIN: Evidemment, celui dont veut parler le député de
Nicolet ne constitue pas un amendement en soi. Tout ce qu'il fait, c'est
enlever de la loi le taux d'intérêt qui y était
fixé. Ce n'est pas nécessairement un amendement. On peut
peut-être appeler cela un amendement, oui, si le mot amendement veut
dire: changer quelque chose pour autre chose, dans une loi. Mais cela ne
s'appliquerait pas vis-à-vis du taux d'intérêt. Tout ce que
nous faisons, c'est que nous ne le fixons plus dans la loi.
Or, le but de cette loi, comme je l'ai dit dans le discours en
deuxième lecture, est simplement de mettre plus de crédit
à la disposition des
agriculteurs, un crédit mieux articulé et correspondant,
par conséquent, davantage aux besoins de l'ensemble des agriculteurs du
Québec. Ainsi, presque tous les agriculteurs du Québec seront
placés sur un pied d'égalité, alors qu'auparavant
certaines régions, notamment les régions
périphériques, se sentaient très souvent brimées,
n'ayant pas accès à tous les avantages qu'offrait la loi du
temps. C'est ce qui explique le fait que nous ayons introduit, dans la Loi du
crédit agricole les $15,000 sous forme de nantissement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Stanstead a demandé
la parole.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, j'aimerais proposer un
rapporteur pour la commission, soit le député de Kamouraska.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que tout le monde est d'accord?
M. VINCENT: M. le rapporteur!
M. le Président, très brièvement, j'ai trois points
particuliers à soulever. Premièrement, nous aurions aimé
je le déplore recevoir les documents que nous avions
demandés à l'Assemblée nationale, sur la correspondance
qui a été échangée entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral, concernant le
crédit agricole. Cela fait déjà, je pense, tout
près de trois mois que c'est au feuilleton de l'Assemblée
nationale. Je pense que cette documentation nous aurait permis de voir dans
quelle situation nous sommes présentement vis-à-vis du
fédéral, dans cette proposition d'un crédit agricole
conjoint. Cela a une certaine implication. Je suis convaincu que si, un jour,
nous pouvons réaliser cette jonction, pour le financement des fermes,
nous aurons fait un pas encore plus considérable vers un meilleur
financement de nos exploitations agricoles, au Québec et,
deuxièmement, nous éviterions ainsi un dédoublement entre
les services offerts par le Québec et ceux offerts par le gouvernement
fédéral.
J'aimerais que tout à l'heure le ministre nous indique
verbalement où en sont ces discussions. Je déplore ce fait. Je
croyais que nous pourrions avoir cette documentation avant d'étudier les
bills 4, 5, 6, 7, et 11.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'augmentation des maximums,
pour l'individu et pour les sociétés d'exploitation, je pense
bien que personne ne peut s'y opposer. En ce qui concerne le nantissement, qui
se greffe à la Loi du crédit agricole, je crois également
que ceci apportera une solution à de nombreux problèmes de
financement qui se posent, à l'heure actuelle, au Québec,
nonobstant l'existence de deux organismes, l'organisme provincial et
l'organisme fédéral. Je pense que c'est un pas dans la bonne
direction.
Ma troisième observation concerne le taux d'intérêt.
Nous y reviendrons quand nous discu- terons de l'article 3. Nous aurions
aimé, comme nous l'avons fait valoir en Chambre, que le taux
d'intérêt, du moins jusqu'au maximum de $15,000 de prêt,
demeure fixé dans la loi, c'est-à-dire qu'il demeure à 2
1/2 p.c. Encore là, je le répète, le problème qui
va poser au cours des prochains mois et des prochaines années, c'est que
chaque année les officiers de l'Office du crédit agricole seront
dans l'obligation d'aller discuter avec nos amis des Finances du taux
d'intérêt à être fixé pour les crédits
agricoles au Québec. Et Dieu sait qu'il est difficile de discuter avec
nos amis financiers de taux d'intérêt, en ce qui concerne
l'agriculture.
L'expérience a été vécue sous une autre
administration, l'administration fédérale.
Il y avait, en 1963 ou 1964, un taux d'intérêt fixé
par la loi de 5 p.c. Ensuite, on a enlevé ce taux d'intérêt
fixé dans la loi pour le remettre au gouverneur général en
conseil. Cela a bien été, au début. A un moment
donné, les officiers des finances ont réussi à obtenir que
le taux d'intérêt du crédit agricole fédéral
grimpe, si ma mémoire est fidèle, jusqu'à 8 1/4 p.c. ou 8
3/4 p.c. Un des principes s'appliquant aux crédits à
l'agriculture a été ainsi mis de côté. Les principes
qui ont présidé aux crédits à l'agriculture
étaient de mettre de l'argent à la disposition des agriculteurs,
par hypothèques, à un taux d'intérêt minimum, pour
leur permettre d'honorer leurs obligations annuelles.
Il est bien entendu, que, si on fixe le taux d'intérêt,
à 4 p.c, 5 p.c. ou 6 p.c, c'est une surcharge additionnelle,
annuellement, à l'agriculteur. Il est bien possible que cette
année, l'an prochain et même dans deux ans, le taux
d'intérêt demeure assez bas, à cause du marché de
l'argent. Il est bien possible également c'est à
prévoir que nos amis des finances exigeront, à chaque six
mois, une augmentation du taux d'intérêt. Cela place le ministre
de l'Agriculture et ses fonctionnaires dans la situation pénible d'aller
discuter et d'aller expliquer, à chaque six mois, les raisons pour
lesquelles il faut avoir un crédit agricole à un taux
d'intérêt moindre que celui du marché courant.
C'étaient les seules observations que j'avais à faire au
début. Je déplore, encore une fois, qu'on n'ait pas pu garder ce
qui existait dans la Loi du crédit agricole. Malheureusement, il est
impossible pour nous d'apporter des amendements à l'article 3, car il
s'agit de dépense d'argent, mais, quand nous arriverons à
l'article 3, j'ai l'intention d'en dire davantage là-dessus. Merci, M.
le Président.
M. BELAND: M. le Président, à mon tour, concernant
l'ensemble du bill, il est bien entendu que, lorsque les fermes ou le fonds de
terre lui-même et les bâtisses constituaient la valeur principale,
l'agencement, au point de vue de l'Office du crédit agricole provincial,
pour le temps, était assez bien. Maintenant, il est entendu que cela
nécessite des augmentations graduelles, compte tenu de ce dont a besoin
un
agriculteur pour se tirer d'affaire dans son entreprise,
aujourd'hui.
Par contre, le bill 4, tel qu'agencé, tourne autour de deux
points bien précis, tel que le député de Nicolet l'a
mentionné: premièrement ce côté est
très bien l'augmentation ou la possibilité d'augmentation
de prêts pour la ferme. Par contre, en sous-main, il y a ce fait qu'on
abolit on l'agencera ensuite par règlement le taux
d'intérêt annuel des prêts. C'est, une tout autre affaire.
C'est difficilement acceptable. C'est d'ailleurs, pourquoi nous avons
voté contre ce projet en deuxième lecture.
Je pose une question au ministre immédiatement: Etes-vous en
mesure de nous dire à quel taux, exactement, pour les six prochains
mois, premièrement, et, deuxièmement, pour la prochaine
année, sera l'intérêt des prêts nouveaux?
M.TOUPIN: M. le Président, il est bien évident qu'il est
difficile de répondre, de façon précise et claire,
à cette question. Si nous avons jugé préférable de
définir les taux par règlement, je ne peux pas engager le
gouvernement.
Il faut bien que les règlements soient rédigés. Il
faut bien que le lieutenant-gouverneur en conseil en ait pris connaissance. Il
faut bien, également, que nous en ayons discuté aussi avec les
autres services gouvernementaux impliqués. Tout ce que je puis vous dire
à cette fin, c'est la philosophie qui nous a animés au moment
où nous avons décidé de fixer le taux
d'intérêt par règlement. Lorsque vous définissez le
taux d'intérêt dans une loi, au premier abord, ça
paraît très avantageux, mais cela a aussi de très
sérieux inconvénients, parce que vous ne pouvez plus agir
d'aucune façon, vous ne pouvez pas articuler votre taux
d'intérêt en fonction des besoins généraux du
crédit dans la province de Québec.
J'apporte un exemple. Si vous fixez 2 1/2 p.c. d'intérêt
pour les premiers $15,000 dans la loi, avec un prêt maximum de $40,000
et, si, pour le reste des $15,000 à aller à $40,000,
l'intérêt est fixé à 8 1/2 p.c. ou à 9 p.c,
vous faites la moyenne et vous arrivez à un taux d'à peu
près 6 1/4 p.c. ou 6 1/2 p.c. d'intérêt. Or, si vous n'avez
pas ces 2 1/2 p.c. dans la loi, vous pouvez, pour différentes
catégories de prêts, établir des taux
d'intérêt qui vont atteindre, au bout de la ligne, une moyenne
peut-être plus basse que celle que nous serions obligés ou
à peu près obligés d'accepter en définissant les
taux d'intérêt dans la loi.
La philosophie qui nous a animés, c'est que nous avons voulu nous
garder assez de latitude pour être en mesure d'articuler le taux
d'intérêt selon les types de prêts que nous consentirons,
selon les régions à l'intérieur desquelles ces
prêts-là seront consentis. Par définition, à
l'intérieur d'un règlement, il n'est pas impossible, en tant que
philosophie, de dire: Bon, pour les régions périphériques
où la valeur commerciale est un peu plus basse et où la
rentabilité agricole est un peu plus difficile que dans les
régions centrales, on aura des taux d'intérêt
préférentiels. Or, par règlement, on peut le faire. Quand
c'est dans la loi, on ne peut pas le faire, à moins de l'articuler dans
la loi même. Alors, ça nous enlève cette marge de manoeuvre
en ce qui a trait à l'articulation du taux d'intérêt en
fonction des besoins des différentes régions de la province et en
fonction également des différents types de prêts que nous
serons appelés à consentir au cours des années à
venir. C'est la philosophie qui nous a animés.
Je n'ai pas besoin de vous dire que nous sommes tous d'accord, au niveau
des agriculteurs et au niveau de l'Assemblée nationale, pour que les
taux d'intérêt en agriculture soient des taux
d'intérêt préférentiels, des taux
d'intérêt plus bas que ceux qu'on retrouve, en
général, ailleurs. En effet l'agriculture, en tant que capital
investi, ne procure pas les rendements que peuvent procurer les capitaux
investis dans d'autres secteurs de l'économie. Par conséquent,
cela mérite que l'Etat intervienne tant à ce niveau qu'aux autres
niveaux en vue d'assurer une rentabilité du capital plus acceptable et
d'intéresser plus de personnes à ce secteur de l'économie.
Nous sommes tous d'accord là-dessus.
Ce qu'il s'agit maintenant de faire, c'est d'articuler les taux, de
sorte que nous parvenions à atteindre véritablement les fins
recherchées, non pas pour une seule région, mais pour toutes les
régions de province. Un exemple assez typique là-dessus, c'est la
politique que nous avons du point de vue de l'insémination artificielle.
Je m'excuse, M. le Président; je l'apporte seulement à titre
d'exemple. Je ne voudrais pas qu'on me dise que je suis hors d'ordre. Bien
sûr, quand j'en discute, je suis hors d'ordre, mais c'est un exemple que
je veux apporter. Lorsque nous avons étendu cette mesure à
l'ensemble de la province, elle n'a peut-être pas tellement
bénéficié aux gars de Saint-Hyacinthe, puis aux gars de
Nicolet, peut-être pas beaucoup non plus aux gars de Champlain et de
Maskinongé, mais, lorsque vous vous éloignez, dans l'Abitibi,
dans le Bas-Saint-Laurent, dans la Beauce, dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
là, vous avez rendu service à l'ensemble des agriculteurs. Vous
avez placé tout le monde sur un pied d'égalité. Les gars
de Saint-Hyacinthe, parfois, viennent me trouver et me disent: Nous, cela ne
nous a pas apporté grand-chose.
C'est vrai que ça ne vous a pas apporté grand-chose, mais
n'oubliez pas que toutes les régions périphériques aux
prises avec un problème à ce chapitre, ça les amène
à débourser plus d'argent que vous. Aujourd'hui elles sont sur un
pied d'égalité avec vous, donc les chances sont égales
pour tout le monde. On peut apporter le même exemple vis-à-vis du
programme de l'assurance-santé animale; dans certaines régions on
y touche peu, mais dans les régions périphériques on y
touche beaucoup.
Vous avez le même phénomène au niveau de
l'assurance-récolte. On dit souvent que les grosses demandes viennent du
Bas-Saint-Laurent, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, d'Abitibi. Cela se comprend, les
agriculteurs de ces régions sont susceptibles d'être plus souvent
atteints par les aléas de la température que les régions
centrales, et ce sont les primes payées par ceux du centre qui
compensent les indemnités de ceux qui sont à l'extérieur
des centres, aux régions périphériques. C'est pour
ça que nous voulons nous donner autant de latitude â
l'intérieur de la réglementation que nous serons appelés
à faire au niveau des taux d'intérêt, en vue de les ajuster
aux besoins de l'ensemble de la province. C'est la philosophie qui nous a
animés.
Vous dire maintenant que les premiers $10,000 seront à 2 1/2 p.c,
les $5,000 qui suivront, à 5 p.c, et les $10,000 qui suivront, â 7
p.c, etc., je ne peux pas mais je peux vous dire la philosophie qui nous anime,
par exemple.
M. BELAND: Ce matin, M. le Président, je pense que le ministre a
pris soin de se procurer un très beau manteau pour camoufler toutes
sortes de choses en ce sens.
M. TOUPIN: ... M. le Président, que d'affirmer de telles
choses.
M. BELAND: J'ai laissé le ministre exposer sa politique, c'est
notre devoir de le faire, mais nous pouvons avoir nos propres opinions.
M. TOUPIN: Je suis parfaitement d'accord.
M. BELAND: Vous parlez d'agencement, compte tenu de la situation
géographique de certaines régions moins bien placées que
d'autres. C'est bien, ces choses, mais par contre, il ne faudrait pas non plus
que ça devienne ou que cela ait tendance à devenir parfois, ce
que je redoute, dans certains cas, des manoeuvres politiques.
Les agriculteurs, parce qu'en somme ce sont eux qui seront
continuellement inquiets, ne sauront pas à l'avance s'ils pourront payer
les termes, faire face à leurs obligations dans un an, étant
donné qu'ils ne peuvent immédiatement établir un budget
parce qu'ils ne savent pas quel sera le taux d'intérêt qu'ils
devront payer dans six mois ou dans un an. Ferez-vous en sorte que les
agriculteurs connaîtront au moins six mois à l'avance le taux
d'intérêt qu'ils auront à payer dans les prochains six
mois?
M. TOUPIN: II n'y a aucun problème là-dessus, parce qu'il
est bien sûr que nous ne jouerons pas dans les règlements tous les
six mois. Nous préparerons, au début, une règlementation
de taux d'intérêt qui, dans mon esprit, sera valable, tout au
moins dans sa base même, pour, je ne sais pas, quatre, cinq ou six ans
à venir ou deux ou trois ans à venir tout au moins, dans le cadre
d'une réglementation, je parle de la base même d'un
règlement. La philosophie dont je vous parlais tantôt
évidemment va suinter dans les règlements que nous
préparerons.
Alors, je ne pense pas que nous puissions, tous les six mois, changer le
taux d'intérêt par règlement. Nous pourrions le faire, bien
sûr, mais il ne sera pas question de changer le taux
d'intérêt à tous les cinq ou six mois.
M. VINCENT: Bien, six mois...
M. TOUPIN: Nous pouvons le faire, il n'y a pas de doute possible, nous
avons les pouvoirs de le faire.
M. BELAND: C'est vous-même qui l'avez dit au début, dans
votre exposé, que vous pouviez le changer tous les six mois.
M. TOUPIN: Dans la loi c'est écrit: tous les six mois.
M. VINCENT: Cela ne pourra pas être changé tous les cinq
mois.
M. TOUPIN: Ce sera révisé tous les six mois dans
l'ensemble...
M. VINCENT: II faut que ce soit révisé tous les six
mois.
M. TOUPIN: C'est-à-dire que nous pouvons le regarder tous les six
mois, mais ça ne veut pas dire qu'il faut le réviser tous les six
mois.
M. BELAND: Oui, mais à ce moment-là...
M. VINCENT: Vous n'êtes pas obligé de changer le taux
d'intérêt tous les six mois.
M. TOUPIN: C'est cela. Il n'y a rien actuellement qui peut placer
l'agriculteur dans une situation d'insécurité lorsqu'un
prêt sera consenti en vertu d'un règlement en vigueur. Il est bien
évident que, dans les règlements à venir, les droits
acquis seront respectés comme les droits acquis actuels seront
respectés au niveau des agriculteurs, il n'y a pas de problème.
Et je suis d'accord avec vous là-dessus et je suis entièrement
d'accord avec moi-même et avec les responsables de l'office, il n'est pas
question de jouer dans les règlements tous les six mois.
M. VINCENT: Juste un instant, M. le Président, je ne voudrais pas
intervenir là-dessus parce que nous sommes dans la discussion
générale, nous allons y revenir à l'article 3, mais le
nouvel article 15 va se lire comme suit: "Tout prêt consenti en vertu des
paragraphes d) et e) de l'article 8 est remboursable dans un délai d'au
plus 39 ans et demi sur une base d'amortissement progressif
déterminée par rè-
glement, par versements semi-annuels égaux et consécutifs
comprenant l'intérêt calculé semi-annuellement ce
qu'il y a dans la loi actuelle au taux de 2 1/2 p.c. par année
sur le premier $15,000 et ce qu'on fait changer c'est ceci: en
remplaçant les sept dernières lignes ...
M. TOUPIN: Je peux bien laisser le député de Nicolet
chercher encore un peu, M. le Président, mais ça ne changera rien
au mode de remboursement, ça ne changera rien aux méthodes de
calcul du taux d'intérêt de l'office. Nous allons procéder
dans ce domaine exactement comme on procédait auparavant, tant au niveau
des remboursements qu'au niveau du calcul de l'intérêt, ça
ne changera rien. La seule chose qui change, c'est qu'au lieu de trouver 2 1/2
p.c. d'intérêt dans la loi, ce n'y sera plus, on remplace cette
partie par les termes suivants: Dorénavant les taux seront fixés
par règlements approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est simplement ce que ça change. Et chaque fois que les taux
d'intérêt seront appelés à changer, si toutefois ils
changent après un, deux ou trois ans, il est bien sûr que les
droits acquis seront respectés. C'est non seulement une obligation,
c'est une coutume qu'on a toujours admise au gouvernement et je ne vois pas
pourquoi on en ferait fi vis-à-vis des agriculteurs. Je peux aller plus
loin et je peux vous l'affirmer, même s'il y a changement
d'intérêt, les droits acquis actuels seront totalement
respectés.
M. VINCENT: C'est entendu.
M. TOUPIN : Cela ne change rien à la chose.
M. BELAND: Pour ce qui est des prêts accordés
jusqu'à maintenant. Mais supposons que, par exemple, l'office accorde un
prêt au taux de 4 p.c, avec remboursement, etc. Au bout de six mois,
changerez-vous également le taux d'intérêt pour ce type qui
a emprunté ou si ce sera seulement pour les autres qui emprunteront?
M. TOUPIN: Ce ne sera que pour les prêts qui s'ajouteront, soit la
partie qui s'ajoute à un prêt déjà consenti ou soit
à un nouveau prêt qui sera consenti à un agriculteur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Seulement quelques observations d'ordre
général au début. La loi no 4 porte de $25,000 à
$40,000 les prêts pour les individus, et à $60,000 pour les
corporations et sociétés d'exploitation agricole. Je voudrais
simplement poser une question au ministre. Pourquoi ce maximum établi
dans la loi? Prenez, par exemple je ne discute pas d'une autre loi, je
fais comme a fait le ministre tantôt, je me sers d'une autre loi comme
exemple la SDI, Société de développement
industriel, je crois que c'est le bill no 20, il n'y a pas de maximum,
c'est-à-dire qu'un prêt est jugé quand au fond, selon les
besoins, les capacités d'emprunt de la compagnie ou de l'industrie.
N'aurait-il pas été préférable dans cette loi
d'enlever les montants maximums et de décider selon le cas, même
si le prêt peut dépasser $60,000 dans le cas d'une corporation,
par exemple, si elle a besoin de $75,000, vous ne pouvez pas dépasser le
montant maximum parce qu'il est écrit dans la loi.
Je me demande pourquoi on a fixé ces maximums qui peuvent
empêcher de dépasser le plafond fixé dans la loi pour
certaines corporations ou même certains individus.
M. TOUPIN: Evidemment pourquoi des plafonds? il y a
plusieurs manières de procéder au niveau des différents
gouvernements pour intervenir soit au terme de subventions soit au terme de
prêts. Vous pouvez par exemple vous baser sur une étude
approfondie de l'industrie en question, qui fait une demande, et vous pouvez
vous entendre par la suite à l'intérieur de règlements
stipulant que le total des subventions ou le total du prêt ne devrait pas
dépasser 25 p.c, 30 p.c. ou 40 p.c. de la valeur ou de l'actif net de
l'entreprise.
Alors, quels que soient les types de prêts que le gouvernement met
à la disposition des entreprises, des fermes ou autres, il y a toujours
une restriction quelque part. Or, nous, nous croyons que la restriction la plus
facile à administrer, celle qui correspond le mieux aux
possibilités de travail, c'est de fixer des maximums, d'autant plus que
les maximums que nous mettons dans la loi correspondent très largement
à 95 p.c. près de l'ensemble des besoins des agriculteurs. C'est
simplement la raison pour laquelle nous mettons 40 et 60.
Un autre élément qui entre en ligne de compte, c'est que,
lorsque nous budgétisons au début de l'année, nous avons
une indication beaucoup plus claire, beaucoup plus précise des
possibilités de prêts aux agriculteurs, parce que ça ne
peut pas dépasser $60,000 dans un cas et ça ne peut pas
dépasser $40,000 dans l'autre. Nous nous basons sur les prêts
consentis antérieurement et nous parvenons à faire des
projections qui se rapprochent passablement de la réalité, mais
ça ne constitue pas en soi un handicap, absolument pas, à
quelques exceptions près peut-être.
Il ne faut pas oublier aussi que, si le total des prêts
n'était pas fixé, que si le montant maximum n'était pas
fixé, nous serions très souvent aux prises avec certaines
pressions, certaines spéculations. Cela exigerait très souvent de
la part de l'office des décisions arbitraires; ça pourrait
indisposer bien des agriculteurs. Cela pourrait même, si on n'avait pas
de plafond, amener certains agriculteurs parfois trop idéalistes par
rapport à ceux qui ne sont pas assez réalistes, à
présenter des programmes de développement de fermes allant
jusqu'à $300,000, et ça amènerait aussi l'office et les
services du gouvernement à faire des études approfondies pour
déterminer si on doit prêter ou pas, etc.
Alors, en mettant des maximums comme ça, on facilite
l'administration et ça correspond à l'ensemble des
critères qu'on retrouve dans les différents gouvernements, au
niveau des différents types de prêts ou de subventions que nous
donnons, et ça facilite aussi en même temps la fabrication du
budget et aussi l'administration générale des prêts.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour ce qui est du maximum de $40,000 pour
un individu, je pense que ça peut aller, mais lorsqu'on parle par
exemple de corporations, de sociétés d'exploitation, une
société d'exploitation, une corporation ça peut être
quoi, surtout lorsque vous-même vous parlez souvent de regroupement des
fermes? Il faut aujourd'hui que l'agriculture soit industrialisée comme
tous les autres domaines, si on veut que ça aboutisse à quelque
chose.
A ce moment-là, un prêt de $60,000 peut être
suffisant pour une petite corporation, une petite société ou
n'importe, mais si c'est une société d'envergure qui regroupe
plusieurs fermes, avec $60,000, vous ne pourriez pas aller au-delà de
ça. Or, il y a des fois où ça pourrait être rentable
de faire un prêt de $100,000 ou de $125,000, une fois que l'Office du
crédit agricole a étudié la demande et juge que ça
peut être rentable. Alors, vous seriez fixés, gelés par un
maximum de $60,000 et vous ne pouvez pas aller au-delà de ça.
Dans les autres cas je donnais en exemple tantôt la
Société de développement industriel on juge la
valeur du cas, de la demande et on donne le prêt approprié si on
veut que l'industrie soit prospère ou rentable et puisse
s'établir. Alors, ça devient une industrie, une corporation ou
une société, soit par regroupement, soit sous forme de
coopérative ou peu importent les modalités de la
société, et c'est fixé à $60,000.
Je pense que c'est de l'investissement rentable, parce que ça
pourrait même aider aussi parfois à créer des emplois. Je
ne sais pas, mais pour l'individu ça va...
M. TOUPIN: Bien sûr.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... mais pour les corporations, $60,000...
Je vous demandais pourquoi cela avait été fixé à
ça.
M. TOUPIN: Maintenant, je vais essayer de prendre la question, la
traiter tout au moins, en deux points. Le premier, c'est que lorsque nous avons
voulu articuler un peu plus les prêts à l'égard des
corporations, nous étions animés là aussi par une
philosophie de base, qui prévaut un peu partout au Canada, dans le
secteur agricole. La commission de planification, par exemple, en a fait
état; au ministère on en a fait état très souvent;
dans des organisations agricoles, on en fait également état
très souvent.
C'est le caractère, disons donc, plus ou moins familial,
semi-familial ou familial de la ferme. Même si on introduit à
l'intérieur de la loi les possibilités de prêt à une
corporation allant jusqu'à $60,000, on ne veut quand même pas,
avec cette disposition, créer des grandes corporations d'exploitation
agricole.
Si toutefois des entreprises sont intéressées à
s'orienter vers l'exploitation de l'agriculture des grandes corporations, soit
à 1,000, 2,000, 3,000 ou 5,000 acres, celles-là pourraient faire
appel peut-être à d'autres lois existantes. La SDI pourrait
peut-être à un moment donné s'intéresser à
des programmes comme ceux-là. Mais le but du crédit agricole,
dans sa philosophie de base, c'est de protéger, jusqu'à un
certain point, l'entreprise familiale ou semi-familiale. Evidemment, ça
peut déborder un peu. On n'a pas d'inconvénient à ce que
deux ou trois voisins se mettent ensemble et créent une corporation. On
n'a pas d'inconvénient à ça, mais de là, par
exemple, à ce que je ne sais pas moi Canada Packers ou les
grandes compagnies de moulées décident de s'embarquer dans
l'intégration par-dessus la tête...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'office jugerait de la demande, à ce
moment-là.
M. TOUPIN : Oui, alors c'est pour ça que nous avons cru bon
encore là, c'est un autre élément qui entre en
ligne de compte de fixer un maximum pour protéger cette
philosophie de base. Cela, c'est la première constatation; la
deuxième, c'est qu'on peut se prévaloir aussi d'autres lois
déjà existantes. On va les voter après, il y a trois ou
quatre autres lois qui viennent compléter celle-là et qui peuvent
prendre un prêt à $60,000 par exemple et le rendre presque
à $100,000. Si vous prenez le nantissement qui est disponible, le
crédit à la production qui est à faire, etc., vous pouvez
vous rendre presque jusqu'à $100,000.
Nous avons voulu articuler tout ça de telle sorte que sur la
ferme on puisse en tout temps emprunter à court, à moyen et
à long termes pour développer une entreprise. Mais,
jusqu'à un certain point. Je ne dis pas que, dans quatre ou cinq ans,
peut-être, même avant, notre philosophie là-dessus sera
changée et qu'on sera beaucoup plus prêt à accueillr des
corporations plus grandes et qu'à ce moment-là on devra par
conséquent ajuster notre crédit à ce besoin nouveau.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai dit une grande corporation; un
regroupement de quatre ou cinq fermes, ça devient déjà une
organisation qui demande de l'investissement.
M. TOUPIN: Ils peuvent déjà atteindre jusqu'à
$100,000 en vertu des lois ou près, en tout cas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai une autre question d'ordre
général. Lorsqu'on parlait, les représentants des autres
partis en ont fait
mention, naturellement la garantie de 2 1/2 p.c. sur les prêts
disparaît. Actuellement ça se fait en vertu des règlements
de l'article 3. Est-ce que dans l'ensemble je ne veux pas vous faire
dire ce que vous ne voudriez pas dire on peut tenir pour acquis que le
taux d'intérêt sera toujours au moins inférieur au taux du
marché courant soit 8 p.c, ou 9 p.c. ou 12 p.c. ou si d'ici un an...
M. TOUPIN: Je pense que oui, M. le Président, on peut
affirmer...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): ... tous les cultivateurs qui pourront se
prévaloir de cette loi pourront s'attendre à payer un taux
d'intérêt de la même façon qu'une hypothèque
sur une propriété ou n'importe?
M. TOUPIN: Non, je pense, comme je le disais tantôt... Tous sont
d'accord, nous du ministère, les agriculteurs également et les
autres partis de l'Opposition du gouvernement pour qu'il y ait un taux
d'intérêt préférentiel en agriculture. Et
là-dessus, je peux vous affirmer que je vais proposer à mes
collègues des taux d'intérêt vraiment
préférentiels. Nous allons proposer des taux
préférentiels.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour autant qu'il n'y a pas d'usuriers parmi
vos collègues qui veulent trop hausser l'intérêt. C'est
tout, on peut passer article par article quant à moi.
M. TOUPIN: Le député de Nicolet craint surtout le
ministère des Finances. Jusqu'à un certain point, ce sont des
luttes à mener, je suis bien d'accord avec ça. Ce sont des luttes
qu'il faut mener avec ceux-là.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 1, adopté?
M. VINCENT: A l'article 1, M. le Président, on mentionne qu'on
ajoute le paragraphe e 1) à une définition de biens nantis,
c'est-à-dire les biens meubles déterminés par
règlement qui font l'objet d'un nantissement agricole en vertu du
paragraphe e 1) de l'article 8.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner une projection sur ces biens
meubles qui seront déterminés par règlement?
M. TOUPIN: Oui, je pense qu'on pourrait vous en donner une liste. Avant,
si le député de Nicolet me le permet, j'aurais un petit
amendement à proposer à cet article qui est nouveau.
J'enlèverais le mot "meubles". Plutôt que d'écrire ou de
lire "les biens meubles déterminés par règlement", on
lirait simplement "les biens déterminés par règlement".
C'est moins restrictif et ça nous donne beaucoup plus de latitude.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous enlevez quoi? Le mot "meubles"?
M. TOUPIN: Le mot "meubles". M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui. M. VINCENT
: On vend les meubles.
M. TOUPIN: C'est le cas de le dire dans l'amendement actuel.
M. VINCENT: C'est parfait. Il faudrait prendre note, M, le
Président, que le premier amendement, c'est-à-dire un
sous-amendement est apporté à l'amendement.
M. BELAND : Que le ministre vend ses meubles.
M. TOUPIN: Oui, c'est ça, je vends mes meubles dans ce
cas-là.
M. VINCENT: Donc, l'article se lirait... est-ce qu'on dit e 1 )?
M. TOUPIN: Oui, je pense, e 1).
M. VINCENT: Cela deviendrait le premier article de e)?
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'il va venir immédiatement
après le paragraphe e) actuel de la loi, il est inséré
entre le e) et le f ).
M. VINCENT: Donc "les biens déterminés par
règlement qui font l'objet d'un nantissement agricole en vertu du
paragraphe d 1) de l'article 8." C'est tout simplement une liste de ces
biens-là qui sont déterminés par règlement.
M. TOUPIN: Je pourrais vous la donner, en gros, c'est toute personne qui
tire une partie de ses revenus de la culture du sol ou de l'élevage
d'animaux...
M. VINCENT: Non, les biens nantis...
M.TOUPIN: Oui, je vais les donner. "... biens nantis en garantie d'un
prêt qu'il contracte pour un terme n'excédant pas..." les animaux
de ferme, les produits de son exploitation présents et à venir,
ses instruments aratoires et sa machinerie agricole, etc. On peut en ajouter un
certain nombre d'autres.
Evidemment, au fond, tous les biens qui seraient susceptibles
d'être nantis sur une ferme. Ceux que je viens de mentionner, on les
retrouve dans la Loi de l'amélioration des fermes, le nantissement
agricole. On va ajouter ceux-là aussi dans les règlements pour
donner le plus de latitude, le champ le plus large possible pour que cette
partie de la loi s'applique.
M. VINCENT: Je pose tout simplement la question, est-ce qu'il n'aurait
pas mieux valu dire "les biens déterminés en vertu de la loi de
nantissement agricole"?
M. TOUPIN: II y a peut-être...
M. le Président, le texte que vient de lire le ministre est de
portée très large et il se peut que, dans l'application de la
loi, il soit opportun pour l'office de préciser la nature de ces biens
pour en éliminer comme, par exemple, peut-être l'automobile
familiale, si on considère que... Alors, les règlements viendront
ici apporter des précisions pour faciliter l'application de la loi tout
simplement.
M. VINCENT: Cela peut même toucher les animaux seulement, la
machinerie de la ferme.
M. TOUPIN: Exactement.
M. VINCENT: Autrement, la Loi de nantissement peut toucher
l'érablière...
M. TOUPIN: II y a des problèmes d'interprétation qui
pourraient surgir; les règlements vont nous permettre de préciser
pour faciliter l'application.
M. BELAND: Dans l'octroi des prêts, cela veut dire que, comme ce
l'est présentement, chaque cas, chaque prêt à être
consenti va être un cas particulier.
M. TOUPIN: Oui. Il y aurait peut-être lieu d'indiquer aussi que,
dans la machinerie comme dans l'outillage agricole, il y a des
développements technologiques constants qui s'ajoutent. Il y a des
adaptations qui doivent être faites, parce que c'est là de
l'outillage très pratique, fonctionnel, efficace pour l'agriculteur et
que doit nécessairement retenir l'application de la Loi du crédit
agricole.
M. BELAND: D'accord. M. VINCENT: D'accord, M. le Président. M. LE
PRESIDENT: Article 1, adopté. M. TOUPIN: Avec un amendement. M. LE
PRESIDENT: Article 2.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre a des amendements ou des
sous-amendements à l'article 2, ou si c'est le texte comme tel?
M. TOUPIN : C'est le texte comme tel.
M. VINCENT: Donc, on se réfère à l'article 8 de la
loi qui a été modifiée je vais essayer de suivre
ça, c'est assez laborieux.
M. LE PRESIDENT: II y a les amendements.
M. VINCENT: Le premier amendement, en remplaçant dans les
troisième et quatrième lignes du paragraphe b) les mots: Et les
immeubles hypothéqués, par les mots: Ainsi que les immeubles
hypothéqués et les bien nantis. C'est pour ajouter les biens
nantis.
M. TOUPIN: D'accord, c'est de concordance.
M. VINCENT: A b) en remplaçant le paragraphe c) par le suivant:
C'est encore une concordance pour les biens nantis
M. TOUPIN: Cela va pour l'article... M. VINCENT: C) oui.
M. TOUPIN: Le paragraphe c) se lisait de la façon suivante:
"Administrer, vendre, hypothéquer, affermer ses biens ou en disposer
autrement à titre onéreux". On va le remplacer par "Administrer,
vendre, hypothéquer ou nantir ses biens, selon le cas, les louer ou en
disposer autrement à titre onéreux".
C'est simplement un changement.
M. BELAND: Est-ce que ça comprend aussi le cas je suis
peut-être hors d'ordre, vous me le direz du fermier qui peut louer
une partie de sa ferme ou des choses comme ça? Cela n'est pas
compris?
M. TOUPIN: II s'agit des biens que peut acquérir l'office ou
qu'il peut réaliser, lorsque l'emprunteur ne paie pas, sur les garanties
et devenir propriétaire d'une ferme et la louer s'il le veut. Il s'agit
de ces biens détenus par l'office.
M. BELAND: Ce sont les pouvoirs de l'office.
M. TOUPIN: On pourrait le lire comme ceci: L'office peut administrer,
vendre, hypothéquer ou nantir ses biens, selon le cas.
M. BELAND : Les louer aussi.
M. TOUPIN: Ou en disposer autrement à titre onéreux. Au
fond, c'est la fonction de l'office qui reprend une ferme, par exemple.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: M. le Président, quand on se réfère en
remplaçant le quatrième alinéa du paragraphe d) par le
suivant, où situe-t-on le quatrième alinéa?
C'est le montant prêté en vertu... est-ce que c'est
celui-là?
M. TOUPIN: Non. Un tel prêt peut également être
consenti jusqu'à concurrence... C'est cet alinéa, dans la loi
actuelle.
M. VINCENT: II ne faudrait pas faire d'erreur. C'est le
troisième.
M. TOUPIN : C'est le quatrième. Le premier : Consentir à
tout emprunteur; le deuxième: Un tel prêt; le troisième: Un
tel prêt; et le quatrième: Un tel prêt peut
également...
M. VINCENT: D'accord. Alors, c'est un changement. On ajoute, par le
suivant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On ajoute: Un tel prêt peut
également être consenti jusqu'à concurrence de 90 p.c. de
cette valeur à un emprunteur qui n'est pas admissible aux
bénéfices des deux alinéas précédents.
Qu'est-ce que ça veut dire, au juste, si cet emprunteur n'est pas
admissible aux bénéfices des deux alinéas suivants? En
vertu de quoi obtient-il un prêt?
M. VINCENT: Ce sont des prêts aux jeunes agriculteurs et aux
corporations. Je pense que le député de Sainte-Marie n'a pas
les...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, je l'ai. Je voulais être certain.
J'avais un petit doute. Je comprends très bien.
M. TOUPIN: Par rapport à l'ancienne loi, plutôt que 80 p.c.
on met 90 p.c.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord.
M.VINCENT: L'ancienne loi existait à 90 p.c. pour les
sociétés et les jeunes agriculteurs.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: Elle s'étend à ceux qui veulent
réaliser un programme d'amélioration foncière. Cela inclut
à peu près tout le monde maintenant, 90 p.c.
M. BELAND: N'y a-t-il pas une petite faille lorsque l'on voit:
Réalise un programme d'amélioration foncière
conformément aux exigences des règlements? En somme,
pourrions-nous avoir quelques explications supplémentaires? Cela laisse
supposer que les agriculteurs vont devoir s'organiser en fonction, justement,
des règlements agencés.
M. VINCENT: S'ils faisaient du drainage souterrain, par exemple.
M. TOUPIN: Je prends un exemple typique. Un agriculteur veut emprunter
de l'office; il a un plan de ferme plus ou moins articulé.
L'office va regarder sa demande et il va lui consentir un prêt
jusqu'à concurrence de 80 p.c. de sa valeur commerciale. Mais, l'office
peut lui dire maintenant: Si tu veux, ajoute l'amélioration de ton fonds
de terre, mets du drainage souterrain, répare une partie de tes
bâtiments mais le drainage souterrain s'appli- que plutôt au
fonds de terre ou améliore un peu l'ensemble de ta
productivité puis nous consentions à te prêter
jusqu'à 90 p.c. de ta valeur. C'est simplement pour amener les gars
à faire des demandes de prêt en fonction d'un programme de
développement de ferme un peu plus articulé. Pour cela, on leur
donne l'avantage de se rendre jusqu'à 90 p.c., par rapport aux autres
qui peuvent se rendre à 80 p.c. seulement. On avait déjà
consenti avant aux jeunes agriculteurs jusqu'à 90 p.c, parce que, eux,
on croyait, parce qu'ils commençaient, qu'il était normal qu'on
leur attribue cette faveur, si je peux m'exprimer ainsi, ou cet avantage,
dès le début. Maintenant, on la pousse jusque chez l'agriculteur
professionnel déjà établi, mais avec des conditions.
M. BELAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELAND: S'il augmente la superficie de sa ferme au moyen d'une
acquisition de terrain additionnel où il a ainsi augmenté au
cours des trois années précédent la date de
réception par l'office de sa demande d'emprunt, est-ce que c'est
à ce niveau-là que des subventions sont accordées pour
agrandissement de fermes?
M. TOUPIN: C'est l'autre loi. Ici, disons que c'est une autre condition,
on dit: Le gars peut améliorer son fonds de terre, pour avoir droit
jusqu'à 90 p.c, il peut aussi, s'il a acquis ou s'il a agrandi, etc.,
ça peut constituer là aussi un élément qui nous
permettrait de prolonger de 80 p.c. à 90 p.c.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça.
M. VINCENT: C'est la loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est la loi de l'amélioration des
fermes.
M. BELAND: A ce moment-là, on y reviendra pour les cas bien
précis.
En ce qui me concerne, je serais d'accord pour l'article 2.
M. VINCENT: ... c'est qu'on ajoute la conversion de l'exploitation
agricole, c'est d'accord.
M. TOUPIN: L'objet de l'article 3, mais l'article 2...
M. VINCENT: C'est 2 et 3.
M. TOUPIN: C'est seulement celui qui réalise un programme de
conversion pour son exploitation agricole conformément aux
règlements.
M. VINCENT: Cela nous amène à $40,000 dans le cas d'un
agriculteur. Jusque-là, je pense qu'il n'y a pas de problème.
Cela nous amène à fixer à $40,000 dans le cas d'un
agriculteur, ça inclut le nantissement et ça amène
à fixer à $60,000 dans le cas d'une corporation d'exploitation
agricole ou l'emprunteur conjoint. Donc, en aucun cas, les maximums ne doivent
dépasser $40,000 pour une personne et $60,000 pour deux, trois ou quatre
personnes.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. BELAND: J'ai eu des représentations demandant si, dans
certains cas, ça peut être nécessaire, dans le cas des
corporations, que les prêts soient augmentés peut-être
à $100,000 ou $115,000. Est-ce que vous avez eu des observations,
voulant que nous devions ou que vous deviez placer un plafonnement à
$60,000, dans le cas de corporations ou de compagnies de gestion ou je ne sais
trop?
M. TOUPIN: Au fond, ça fait longtemps que c'est demandé
par les agriculteurs que nous augmentions les maximums. Une première
étape fut franchie en 1968, je pense, en 1967 ou 1968...
M. VINCENT: En 1969.
M. TOUPIN: En 1969, la deuxième étape, on la franchit
aujourd'hui en élargissant un peu la notion de corporation.
C'était attendu de tous les agriculteurs. Je dois vous dire bien
franchement que quelques groupes de jeunes agriculteurs m'ont demandé,
à quelques reprises, d'examiner dans le cas de corporations, de se
rendre jusqu'à $100,000. Je leur répondais toujours, à ce
moment-là:
Si vous êtes capables, dans un contexte de fermes de groupe,
d'exploiter à 100 p.c. la loi actuelle, vous pouvez obtenir $60,000 sur
les biens-fonds par garantie hypothécaire et vous pouvez après
cela vous prévaloir d'au moins deux autres lois qui existent et
auxquelles vous pouvez avoir accès, par exemple, la loi du nantissement,
qui peut aller jusqu'à $15,000, et la loi du crédit à la
production qui s'en vient et qui peut aller à $15,000 et vous ajoutez
là...
M.VINCENT: Excusez, pour éviter toute confusion quand on parle de
la loi du nantissement, c'est la Loi de l'amélioration des fermes.
Autrement, avec la nouvelle formule de nantissement, cela pourrait prêter
à confusion.
M. TOUPIN: Oui, alors, parlons de la Loi de l'amélioration des
fermes pour éviter la confusion. Donc, en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes, on peut se prévaloir de $15,000, plus,
grâce à la loi du crédit à la production, un autre
montant de $15,000, ce qui fait $30,000 additionnels; cela fait $90,000 et si
toutefois il s'agit d'un établissement, il y a des subventions qui vont
jusqu'à $8,000 et qui peuvent s'appliquer, vous avec donc presque
atteint les $100,000.
M. VINCENT: En vertu de la nouvelle loi fédérale. Est-ce
que la nouvelle loi fédérale sur le crédit agricole est
votée?
M. TOUPIN: Pas encore.
M. VINCENT: Le maximum est de combien pour un agriculteur, en
prêt?
M. TOUPIN: Je crois qu'il est porté à $125,000.
M. VINCENT: Pour une société?
M. TOUPIN: Je ne pense pas que les amendements actuels... $100,000, les
corporations, $125,000. On va vérifier.
M. VINCENT: II faudrait vérifier, parce que le jeune ou la
corporation qui emprunte au crédit agricole fédéral a
quand même droit à la Loi de l'amélioration des fermes du
provincial, au crédit à la production, à la Loi favorisant
la mise en valeur des installations agricoles et éventuellement à
un remboursement d'intérêt.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Tout à l'heure on reviendra là-dessus.
J'aimerais bien que le président vérifie le montant, je sais
qu'il a été augmenté assez considérablement.
M. TOUPIN: Le bill, c'est simple, n'est pas adopté en
troisième lecture,...
M. VINCENT: Non, mais la proposition...
M. TOUPIN: II est actuellement en commission parlementaire.
M. TOUPIN: Je pense que vous avez raison, c'est que là on discute
de l'agriculture devant la commission parlementaire d'une loi au fond, des
propositions qui sont faites dans une loi fédérale.
M. VINCENT: Non, c'est juste pour indiquer...
M. TOUPIN: Ce sont des indications.
M. VINCENT: C'est là que surgit le problème...
M. TOUPIN: On prenait $100,000.
M. VINCENT: ... de ce double emploi qui existe entre l'organisme
provincial et l'organisme fédéral. Je ne veux pas critiquer le
ministre, mais je sais que le gouvernement du Québec, le
gouvernement actuel ou le gouvernement précédent, serait
prêt à en arriver à une entente avec le gouvernement
fédéral, mais je me demande toujours quand le gouvernement
fédéral va accepter de placer cela ensemble, pour que
l'agriculteur n'ait pas à chercher entre deux formules de crédit
qui donnent à peu près les mêmes avantages, à
l'exception qu'une formule va beaucoup plus loin au point de vue du
maximum.
M. TOUPIN: Non, à moins que vous aimiez aborder...
M. VINCENT: Non, on reviendra là-dessus au bill 5.
M. LE PRESIDENT: Article 2. Adopté?
M. TOUPIN : II y a un autre petit amendement qu'on veut apporter.
M. BELAND: Nous étions rendus à l'article 2, sous-article
3.
M. LE PRESIDENT: C'est cela.
M. BELAND: Paragraphe d). Est-ce que...
M. VINCENT: Est-ce que le ministre a un amendement à
apporter?
M. TOUPIN: J'en ai un, un peu plus loin. Si vous adoptez en bloc
l'article 2.
M. VINCENT: Non, non. M. TOUPIN: Article 2.
M. VINCENT: Est-ce dans l'article 2, le sous-amendement?
M. TOUPIN: Non, c'est la loi.
M. VINCENT: C'est plus loin que ça.
M. TOUPIN: C'est dans l'article 2, mais dans un sous-alinéa.
M. VINCENT: Là on est rendu à d 1).
M. LE PRESIDENT: C'est dans l'article 2, sous-article 3. C'est
ça?
M. VINCENT: Oui, cela, c'est pour le nantissement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II y avait un amendement.
M. VINCENT: On a pris 70 p.c. en vertu de la Loi d'amélioration
des fermes, c'est quel pourcentage?
M. TOUPIN: II faut qu'il y ait une mise de fonds de 20 p.c,
actuellement, cela fait 80 p.c.
M. VINCENT: Pour quelle raison on n'irait pas... Souvent, cela peut
permettre de fermer un dossier.
Cela ne poserait pas tellement de problèmes et cela donnerait
plus de latitude à l'Office du crédit agricole, pour fermer un
dossier, si on pouvait aller jusqu'à 80 p.c.
M. TOUPIN: Je fais simplement une remarque. Si on compare avec les prix
consentis par le fédéral, c'est qu'ils ont joint le nantissement,
au point de vue valeur, au prêt à long terme. De sorte qu'ils ne
peuvent pas dépasser 125 p.c. de la valeur globale. Alors que nous
ici...
M. VINCENT: La valeur globale du fonds de terre?
M. TOUPIN : C'est ça. Ce qui veut dire que, pour nous, c'est
beaucoup plus souple, dans un sens, parce que nous les séparons
complètement. Il s'agit de 90 p.c. de la valeur du fonds de terre et de
70 p.c. des biens mobiliers. C'est beaucoup plus large et beaucoup plus souple.
Nous sommes venus à la conclusion que 70 p.c. étaient
suffisants.
M. VINCENT: Si on prend une terre qui vaut $20,000, je parle de petites
propriétés...
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une grande terre.
M. VINCENT: Non, on ne parle pas de la région de Huntingdon. Donc
$20,000. 90 p.c, pour une terre nue, c'est $18,000, tandis qu'au
fédéral les $18,000 ne pouvaient pas dépasser, au total,
sur le fonds de terre et le nantissement, $22,000. C'est ça. Est-ce
qu'ici le cultivateur pourra avoir un prêt de 90 p.c. de ça,
éventuellement ?
M. TOUPIN: C'est $18,000 à long terme sur le fonds de terre.
M. VINCENT: C'est $18,000 sur 39 1/2 ans. S'il avait, par exemple,
$20,000 qu'il pourrait nantir inclus dans les règlements, cela pourrait
aller à $14,000...
M. TOUPIN: Plus $18,000.
M. VINCENT: Cela pourrait aller à $32,000.
M. TOUPIN: C'est très souple comme formule. Cela permet un
maximum assez appréciable.
M. VINCENT: Pour les 70 p.c, je n'en fais pas une proposition formelle.
Si, par règlement, l'Office du crédit agricole voulait
restreindre le nombre de biens qui pourraient être nantis, par exemple,
les animaux de ferme et la grosse machinerie, à ce moment, cela pourrait
peut-être permettre à l'office d'inclure moins de biens à
l'intérieur de son règlement et de se
réserver plutôt les animaux de ferme et la grosse
machinerie. Je pense bien que les 70 p.c. sont une expérience.
M. TOU.PIN: Par ailleurs, sur la nature des biens, il faut
élargir l'éventail le plus possible pour ne pas pénaliser
certains agriculteurs dans des régions périphériques.
Il faut ouvrir l'éventail le plus possible sur la nature des
biens, pourvu qu'on les catégorise dans des règlements et
qu'ainsi ce soit facilement applicable,
M. VINCENT: Ce qui va arriver, c'est que les biens nantis par l'Office
du crédit agricole ne pourront plus être nantis en vertu de la Loi
de l'amélioration des fermes. La Loi du crédit à la
production ne nantit pas de biens, n'est-ce pas?
M. TOUPIN : Oui, cela pourrait être un nantissement. Les banques
sont libres d'accepter les garanties qu'elles jugeront opportun d'exiger.
M. VINCENT: II faudrait que l'office soit très judicieux dans les
biens qu'il va nantir parce qu'autrement, il peut bloquer le crédit de
l'agriculteur vis-à-vis de la banque.
M. TOUPIN: Exactement. C'est la raison pour laquelle il faut que ce soit
très souple pour ne pas geler la possibilité de quelqu'un d'aller
emprunter en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes. Il s'agira
pour nous de nous restreindre dans la portée de notre nantissement, en
vertu du long terme. Il y a un équilibre à créer. C'est
aussi la raison pour laquelle les mêmes lois sont administrées par
le même organisme. C'est ce qui nous permet de faire une coordination
dans le dossier de cet homme.
M. VINCENT: Je vais faire tout de suite une observation pertinente. On a
constaté, avec la loi fédérale depuis 1960 ou 1961
qu'elle est en application pour le nantissement que lorsque le
gouvernement fédéral prenait un prêt agricole ou la
Société du crédit agricole consentait un prêt sur la
partie trois, c'est-à-dire un prêt surveillé, on nantissait
tous les biens. On les gelait pour un montant de $7,000, $8,000 $10,000 ou
$12,000. On gelait tous les biens. On coupait complètement le
crédit à l'agriculteur. En vertu de cette nouvelle
législation, est-ce que l'office pourrait prendre seulement la partie
dont elle a besoin et non pas nantir tous les biens? Si par exemple, quelqu'un
a 60 vaches à lait plus les jeunes animaux...
M. TOUPIN: Absolument.
M. VINCENT: ... il ne faudrait pas tous les englober parce qu'à
ce moment-là, au lieu de rendre service à l'agriculteur, on va
l'étouffer. Nous rencontrons à l'heure actuelle des agricul-
teurs qui ont un nantissement du fédéral pour un prêt
agricole et qui sont bloqués depuis ce temps-là, qui sont
obligés d'aller faire un emprunt à la banque.
M. TOUPIN: C'est précisément là un avantage que je
soulignais tout à l'heure, à l'effet de confier au même
organisme les diverses lois. En vertu des lois fédérales, c'est
la Société du crédit agricole qui consent le prêt
auquel vous faites allusion, selon la partie III. Par contre, c'est un autre
ministère qui l'applique: le Farm Improvement Loans Act, le
ministère des Finances. Cette coordination est plus difficile à
faire à ce moment-là.
Ici, au Québec, toutes les lois de crédit sont
concentrées et administrées par un seul organisme, de sorte que
nous pouvons facilement, à la lumière du dossier, faire un choix
dans l'ensemble des garanties qui peuvent être faites par un agriculteur.
Je crois que c'est difficile d'être beaucoup plus souple que
ça.
M. VINCENT: Mais, dans l'application pratique, je pense que ça va
demander du personnel supplémentaire à l'office, parce que je
vous dis que ça presse, un nantissement, quand le type en rembourse une
partie et qu'à un moment donné il veut avoir une mainlevée
sur une partie de son nantissement pour pouvoir faire autre chose.
Je pense qu'il va falloir un personnel beaucoup mieux rodé et
beaucoup plus complet à l'Office du crédit agricole, parce que ce
sont des questions de jours, ce ne sont plus des questions de mois.
M. TOUPIN: C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons un
amendement un peu plus loin sur une délégation de pouvoir dans ce
sens-là, et même accélérer le processus.
M. VINCENT: Je souhaiterais, surtout dans ce domaine-là et
c'est peut-être un des problèmes auxquels nous aurons à
faire face dans notre système de financement au Québec que
l'Office du crédit agricole, avec tous ses pouvoirs, avec toutes ses
lois, agisse d'une façon beaucoup plus autonome qu'à l'heure
actuelle. Qu'on lui enlève l'obligation d'aller au Conseil du
trésor, aux Finances, au service mécanographique. S'il fallait
qu'une banque qui consent des prêts sur nantissement, ou une caisse
populaire, soit obligée à chaque fois de se référer
au siège social ou au bureau régional, je vous dis qu'elle ne
ferait pas beaucoup de prêts.
Plus on va donner de pouvoirs à l'Office du crédit
agricole, plus il va rendre des services aux agriculteurs. Mais, pour rendre
des services aux agriculteurs, il faut que ça se fasse vite. Le
cultivateur qui s'en va acheter une machine ou un troupeau, il ne faut pas
qu'il attende deux mois pour savoir s'il va l'avoir ou non. Il faudrait que le
ministre, avec ses collègues, envisage cette possibilité de
distraire l'Office du
crédit agricole de certains mécanismes gouvernementaux,
même s'ils sont bons en soi et importants.
En définitive, l'Office du crédit agricole va agir comme
une banque et on devrait lui donner la même latitude qu'une banque dans
ma région ou dans la région du Bas-Saint-Laurent. Autrement, le
président va recevoir des lettres d'agriculteurs, pour employer une
expression qui est utilisée assez souvent en Chambre depuis quelques
mois, en maudit.
Je pense que ce sont des observations pertinentes à ce moment-ci.
Il faudrait les envisager au cours des prochains mois.
M. TOUPIN: C'est déjà envisagé d'ailleurs.
Voyez-vous, il faut aller plus loin. On spécule un peu, je pense, parce
que là-dedans c'est à mesure que l'Office et les services du
ministère se développent que nous parvenons à
préciser dans le présent, et dans le temps par après, le
rôle des uns et des autres.
Nous sommes bien conscients qu'à mesure que l'Office prend des
responsabilités nous devons lui donner plus de personnel, mais nous
devons également penser à faire travailler davantage les bureaux
régionaux avec les responsables de l'office, parce que c'est
extrêmement important. Je vais juste vous apporter un exemple. Nous
allons le voir dans le bill 11 quand nous y viendrons, les banques ne
s'équiperont sans doute pas de tout un personnel pour aller
vérifier si le prêt demandé correspond aux
règlements. A ce moment-là il n'y a pas d'inconvénients
à ce que l'Office du crédit agricole collabore avec le bureau
régional et qu'un agronome du bureau régional fasse le plan de
ferme du gars et qu'il fasse le lien directement avec la banque.
Avec la gamme de spécialistes que nous avons dans les
régions nous pourrions avoir une collaboration plus étroite entre
les différents services pour que nous puissions exploiter au maximum
tout ce qu'il y a comme effectif humain et tout ce qu'il y a d'énergies
aussi sur le territoire.
Ce qui est important pour l'office, après en avoir discuté
avec le président et son secrétaire, c'est qu'il ait à sa
disposition un service juridique qui soit le plus rapide possible afin que les
dossiers se règlent, qu'il ait également un système de
comptabilité, d'administration qui soit, lui aussi, toujours à
point, afin de pouvoir répondre immédiatement aux
problèmes que vous soulevez.
Il ne faut pas oublier que l'office a aussi un rôle à jouer
dans le nantissement. Bien sûr. Mais les banques et les caisses vont
continuer à jouer le rôle qu'elles ont joué jusqu'à
maintenant.
M. VINCENT: C'est justement parce que les banques et les caisses vont
continuer à jouer leur rôle avec la Loi de l'amélioration
des fermes que l'office, en jouant son rôle avec la
Loi de nantissement, incluse dans la Loi du crédit agricole, ne
devra pas contrecarrer, par des délais indus, le rôle que les
banques doivent jouer.
Je vais aller plus loin que ça et le ministre va comprendre. J'ai
l'impression qu'à l'heure actuelle j'admets le fait qu'il faut
travailler avec les bureaux régionaux, roder le personnel et l'habituer
à travailler avec les agriculteurs, les banques, les caisses populaires
on agit avec l'Office du crédit agricole, au niveau
gouvernemental, je ne parle pas au niveau ministériel, au niveau des
structures gouvernementales, de la même façon qu'on agit avec le
service de l'expropriation.
Je m'explique. L'Office du crédit agricole consent un prêt,
disons, de $25,000, à un agriculteur. Il faut que ce prêt soit
déboursé. Le service de l'expropriation consent une
indemnité d'expropriation de $25,000 à un agriculteur. Il faut
que ce montant soit déboursé. J'ai l'impression qu'on utilise le
même mécanisme dans les deux cas. Il faut que tout ça passe
par un service des finances. Souvent l'agriculteur reçoit de l'Office du
crédit agricole l'acceptation de son prêt pour un montant de
$25,000 et, avant que les $25,000 s'en aillent chez le notaire ou chez
l'agriculteur, ça passe par le service des finances qui va retarder de
quinze jours, trois semaines ou un mois l'émission du chèque.
Je ne parle pas des cas où ça retarde chez le notaire. On
y reviendra tout à l'heure, parce qu'il y a malheureusement des retards
indus chez les notaires et je n'admets pas ça. Je ne l'admettais pas non
plus et on avait essayé de mettre au point un système qu'il va
falloir roder un peu mieux, parce qu'il y a des notaires qui retardent de six
ou sept mois avant de répondre. Je ne veux pas englober tous les
notaires là-dedans; il s'agit qu'il y en ait quelques-uns qui le fassent
pour semer chez les agriculteurs une haine presque morbide à l'endroit
des notaires. Nous en reparlerons un peu plus loin.
Mais j'ai vu des lettres où l'Office du crédit agricole
informait un agriculteur qu'il était accepté, qu'il recevrait un
prêt de X, et la lettre, datée du 1er mai, est arrivée chez
l'agriculteur le 18, le 20 ou le 22 mai, parce que le délai
administratif pour passer par les finances a pris quinze jours ou trois
semaines. Je crois qu'il faudrait trouver une formule pour que, dès que
l'Office du crédit agricole consent son prêt, accepte le
prêt, il est prêt à envoyer l'argent chez le notaire,
immédiatement il l'envoie et n'ait pas à passer par tous les
dédales administratifs d'autres mécanismes gouvernementaux.
On a vu la même chose pour la Loi de mise en valeur des
exploitations agricoles. Le montant de $2,000 ou de $1,000 était
accepté. On en avait informé l'agriculteur au mois de
décembre, mais il n'a reçu son chèque qu'au milieu du mois
de janvier parce qu'il a fallu passer par les dédales administratifs
imposés pour le contrôle des...
M. TOUPIN: Le chèque peut bien demeurer aussi encore deux ou
trois semaines sur le bureau du notaire.
M. VINCENT: On reviendra là-dessus tout à l'heure. Je
pense que c'est en dehors. Autrement dit, qu'on prenne un peu la formule qui
existe au fédéral, à la Société du
crédit agricole.
M. TOUPIN: Mais ça ne crée pas trop de problèmes.
Les agriculteurs ne se plaignent pas tellement...
M. VINCENT: Ils n'ont pas le choix.
M. TOUPIN: ... du délai que le chèque peut prendre pour
venir. Cela peut peut-être prendre une couple de semaines. Mettons au
maximum trois semaines. Ce n'est pas là où le grief des
agriculteurs se situe. Il se situe au niveau des titres, du travail des
notaires. C'est pour ça que je vous disais tantôt que ce qui sera
important pour l'office et ce qui l'est encore actuellement, et il a
fait tous les efforts pour accélérer ces travaux-là
sera son service juridique.
Il est bon, mais il faut faire appel, bien sûr, à des
notaires de bureaux privés et eux n'ont pas que les cas du crédit
agricole à s'occuper. Il faut qu'ils s'occupent également de bien
d'autres cas.
M. VINCENT: C'est l'agriculteur qui fait appel à des bureaux
privés.
M. TOUPIN: Oui, c'est exact.
M. VINCENT: Mais l'Office du crédit agricole pour réviser
les titres, ce sont des fonctionnaires.
M. TOUPIN: Mais ça, c'est rapide. Cela ne crée pas de
problèmes.
M. BELAND: Cela prend combien de jours?
M. TOUPIN : Si ce n'étaient des délais du notaire, une
fois l'inspection faite...
Il faut dire aussi que souvent le travail d'établissement de
titres et de documents transmis à l'office par les notaires
instrumentants, les notaires des agriculteurs, ne sont pas toujours au point.
On peut même affirmer que, dans plus de 50 p.c. il y a des manquements
qui normalement ne devraient pas exister. Ce qui arrive dans le cours des
choses, il s'engage une correspondance pour compléter le dossier au
niveau du service juridique, afin de mettre au point les titres et les
documents requis.
D'abord les directives sont données. Quand l'office a
déjà consenti un prêt sur une propriété,
où on a eu une hypothèque, l'office à travers toute son
histoire n'a jamais eu de contestation dans les titres de
propriétés. Par conséquent, la révision de titres
dans un prêt qui subsistait antérieurement ne part que de
là au lieu de remonter au cadastre, comme ce fut fait
antérieurement. C'est, par conséquent, une voie
d'accélération du travail juridique. Et c'est une directive qui a
été mise en oeuvre il y a environ six mois. '
M. BELAND: Ce n'est pas sur le principe même de la chose, je ne
veux pas critiquer parce que l'office dans le passé du moins a
travaillé si bien que ça a clarifié des situations qui
auraient pu devenir assez mauvaises dans le cas de ventes éventuelles de
fermes. L'office a réellement joué un rôle excellent
là-dedans. C'est entendu que c'est probablement au niveau de certains
notaires que ça prend énormément de temps.
Ma question, c'était justement, en moyenne, combien de temps peut
prendre le personnel de l'office pour clarifier un cas par exemple?
M. TOUPIN: Un cas bien présenté, avec tous les documents
requis, et la chafne de titres bien établie, ça peut être
une affaire de deux semaines. Parce qu'il y a tout de même le flot
courant du travail qui chevauche à travers tout ça. Au moment
où je vous parle, il y a environ une centaine de dossiers qui peuvent se
débourser d'ici deux ou trois semaines, dont les titres sont
entrés.
Mais il peut y en avoir là-dedans, dans ces 105 ou 106, comme
ceux dont je parlais tantôt, dont les documents et les titres ne sont pas
établis, comme devrait être fait normalement un travail
véritablement professionnel.
M. BELAND: Si c'est quinze jours, ou même trois semaines, nous
n'aurions vraiment rien à dire. Les agriculteurs n'auraient
réellement rien à dire. Mais, comme le député de
Nicolet le disait tantôt, entre la demande et le jour où le gars
se voit accorder son prêt, il se passe parfois plus de six mois. Je pense
que l'intervention qui a eu lieu avant la mienne, c'est un peu à l'effet
qu'il y a un laps de temps trop long où le gars devient en maudit
malgré lui. Et il n'a pas le choix. Il n'ose pas critiquer, parce qu'il
se dit: Peut-être que ça va me faire tort pour obtenir mon
prêt. Il ne critique pas, il attend.
M. TOUPIN: Je ne pense pas qu'on puisse affirmer ça.
M. BELAND: Le ministre ne va pas voir en pratique ce qui se passe. Parce
qu'en réalité c'est ça. Et rares sont les cas où
ça prend moins de six mois.
M. TOUPIN: Au fond, il y a deux problèmes. Le problème
qu'a soulevé le député de Nicolet existe, mais ce n'est
pas le principal, celui de l'administration, ce qu'on appelle les
dédales administratifs du gouvernement. Ce n'est pas trop long, parce
que le président de l'office disait tantôt qu'au moment où
ça arrive à l'office et que les titres sont clairs, on s'en sort
dans quinze jours ou trois semaines.
II y a la première étape qui est longue parfois. Il y a la
demande de prêt et ensuite l'inspection.
Il y a 8, 10, 20, 30 ou 40 inspections qu'un inspecteur régional
doit faire, mais il ne peut pas les faire toutes la même journée.
C'est bien sûr. Cela peut retarder un peu par rapport à la date
où le type a fait sa demande. Celle-là, nous pouvons
l'accélérer, il n'y a pas de problème.
La deuxième démarche, c'est l'établissement des
titres. Ce n'est pas facile. C'est fait par un notaire choisi par
l'agriculteur. Et c'est très lent. Le notaire n'a pas que
celui-là, il en a plusieurs. Le type ne savait pas, lui, qu'il fallait
aller beaucoup plus loin dans l'étude de son affaire pour
découvrir le véritable propriétaire des années
trente ou vingt. C'est tout ça qui prend du temps.
M. BELAND: Excusez-moi, mais ce sont bien 30 ans au maximum que vous
relevez, vous n'allez pas au-delà de cela?
M. TOUPIN: Disons 30 ans en arrière. Il faut que les titres
soient quand même assez clairs. Si jusqu'à maintenant l'office n'a
pas été contesté à ce niveau, c'est parce qu'il a
agi avec beaucoup de prudence. Mais le problème ne se pose pas tellement
vis-à-vis de l'office. Il se pose plutôt vis-à-vis de ce
service qu'offrent les notaires.
Moi non plus, je ne veux pas les critiquer. Ils ont beaucoup de travail.
Ils ne peuvent pas s'occuper seulement de ces cas-là. Mais c'est
là que me paraît être la période la plus longue, la
plus ardue et la plus difficile à traverser pour un agriculteur. C'est
surtout celle-là.
Quant aux autres, l'office peut agir là-dessus assez rapidement;
au niveau de l'inspection, de l'émission, nous pouvons
accélérer quant à nous, c'est de l'administration.
M. BELAND: C'est bien clair que, si le cultivateur demande un
prêt, rendu au 15 novembre ou au 3 décembre, il n'a pas le choix,
il faut qu'il attende au printemps suivant et l'inspection ne se fait pas avant
la fonte des neiges.
M. VINCENT: Mais même dans ce domaine, je pense que l'office est
en train de faire un travail qui a été commencé, du moins,
il y a quelques années. En 1972, avec tous les plans de ferme qu'on a,
il faut en arriver à faire des inspections, pas du fonds de terre, parce
qu'on n'ira pas en dessous de la neige. Mais la grande majorité des
inspections peut quasiment se faire maintenant, même quand il y a de la
neige, quand on voit le troupeau, la récolte, les bâtiments et
quand on a un peu la teneur de ces fermes dans les registres des bureaux
régionaux. Et là je rejoins le ministre.
C'est là, je pense, une des collaborations les plus importantes
avec les bureaux régionaux. Si par exemple, Jean-Louis Béland de
Lotbinière est un agriculteur prospère, connu au bureau
régional, on va rencontrer cet agriculteur au mois de février, il
a un beau troupeau, il a du bon foin dans sa grange et on connaît toute
sa comptabilité, je ne pense pas qu'on doive attendre au mois de juin
pour faire l'inspection pour un prêt agricole. On a pas mal le portrait
du type, même au mois de février.
C'est l'ancienne formule, d'accord; autrefois on n'y allait que
l'été. Mais là, il va falloir étendre la
période d'inspection.
M. TOUPIN: Oui, nous faisons des efforts dans ce sens. Prenez les
remises conditionnelles qui sont des prêts sur lesquels l'office doit
exercer une surveillance pour l'attribution de la remise conditionnelle au
moment de l'échéance. Ce travail est commencé depuis deux
ans maintenant. Nous sommes dans la deuxième année. Cela
représente un travail assez considérable. Parce que là,
même les cas de prêts semblables consentis par la
société arrivent à échéance en 1972. Ils
s'ajoutent, par conséquent, aux cas que nous avions l'an dernier.
Cela va projeter un volume de travail de l'ordre de 800 à 850
visites. Il y a eu des visites antérieures tous les deux ans, mais pour
la visite finale en vue de l'attribution... Mais comme vous indiquez, cela
deviendra possible avec une articulation et les efforts, tant du
ministère que de notre côté, se font dans cette
voie-là, même en période d'hiver, dans certaines conditions
préalablement bien connues par ailleurs. C'est là que devient un
peu difficile le partage.
Parce que l'agriculteur dont la situation financière est plus
difficile d'analyse et où tous les éléments doivent
être bien précisés et connus, alors que le voisin
présenterait une situation financière beaucoup plus favorable et
que son cas resterait plus simple à régler, même au mois de
janvier, il comprendra moins bien ça. Il demeure que c'est une
possibilité et que nos efforts convergent dans ce sens.
M. VINCENT: Mais le président de l'office va admettre avec moi
qu'en janvier, février ou mars, la seule chose que l'inspecteur ne peut
pas voir, c'est le fonds de terre.
M. TOUPIN: Ou les toits de couverture.
M. VINCENT: Mais c'est surtout le fonds de terre, la seule chose qu'il
ne peut pas voir dans les trois ou quatre mois d'hiver. Maintenant, comme le
disait le ministre tout à l'heure, avec les bureaux régionaux
où même les agriculteurs ont des dossiers maintenant complets
à l'assurance-récolte depuis trois ou quatre ans, ils ont leur
rapport d'impôt depuis quatre ou cinq ans... Ils ont tout leur bilan
financier. A ce moment-là, aux mois de janvier, de février ou de
mars, il leur reste seulement à savoir quel genre de fonds de terre ils
ont; par les cartes, on a le genre de terre, on peut également savoir de
quelle façon c'est cultivé. Je pense que nous
sommes rendus au moment où nous pouvons prolonger, même sur
une période de douze mois par année, les inspections, quitte
à retarder au mois de juin la dernière étape dans certains
cas.
M. TOUPIN: II ne faut pas oublier que même l'hiver dernier, nous
en avons fait.
M. VINCENT: Oui, je sais. Et je sais que cela n'a pas apporté de
problème. On a seulement une présomption sur la qualité du
fonds de terre, sur la tenure du fonds de terre et, souvent, la
présomption est si peu forte qu'on ne retarde même pas au mois de
mai avant d'y aller. On l'accepte.
M. TOUPIN: II y a une chose aussi. C'est intéressant ce que nous
discutons présentement parce qu'au fond tous les services
gouvernementaux en matière agricole et je n'en exclus pas
seront efficaces et pourront s'accélérer dans leur pratique de
tous les jours, dans leur réalisation de tous les jours, si on parvient
à amener les agriculteurs à toujours préparer des plans de
ferme et à se tenir à jour dans les plans et programmes de ferme.
Rares sont les agriculteurs qui ont ces plans de ferme. C'est évident
que c'est très exigeant. Une fiche de rentabilité, ce n'est pas
nécessairement un plan de ferme. Un programme de drainage souterrain
n'est même pas tout à fait, en soi, un programme de plan de ferme.
C'en est un pour une partie de la ferme. C'est tout cela ensemble qui donne le
portrait de la ferme et c'est avec le temps qu'on parviendra à former
ces dossiers. C'est avec le temps aussi que les agriculteurs s'habitueront
à le faire. C'est la raison pour laquelle nous insistons beaucoup,
présentement en tout cas, vis-à-vis des bureaux régionaux,
vis-à-vis des services rattachés directement au ministère,
les régies et les offices, pour que des plans de ferme soient
présentés. Nous avons tenté le coup vis-à-vis, par
exemple, du drainage de surface. Nous nous disions: L'idéal c'est que
chaque fois que nous voulons nous prévaloir de quarante heures ou de
cinquante heures, nous devrions amener avec nous un plan de ferme pour que nous
sachions vraiment où nous allons, pour que nous sachions vraiment
comment nous appliquerons par après le drainage souterrain.
Il y a beaucoup d'agriculteurs qui jusqu'à maintenant ont investi
$4,000 ou $5,000 dans le drainage souterrain. Ils n'ont pas prévu le
drainage de surface. Le drainage souterrain joue 20 p.c. ou 30 p.c. du
rôle qu'il devrait normalement jouer. Les services gouvernementaux,
là-dedans, s'appliquent dans la mesure où l'on a à la base
les données et nous insistons beaucoup de ce temps-ci vis-à-vis
des bureaux régionaux... Et toutes les mesures actuellement que nous
tentons d'amender s'orientent vers l'exigence d'un plan de ferme. Ce n'est pas
facile, mais il faudra en venir là un jour, avoir des fiches de
rentabilité, bien sûr, mais avoir aussi des dossiers dans les
bureaux régionaux où il y a des plans de ferme.
A ce moment-là, le crédit agricole s'appliquerait. De
même que nous pouvons penser, par exemple, très facilement
à l'assurance-récolte qui donnerait beaucoup plus de rendement,
qui serait beaucoup plus en mesure de rendre service, si tout cela était
à sa disposition.
Mais c'est une étape à l'intérieur de laquelle nous
entrons actuellement et il faudra accélérer de jour en jour pour
en arriver à avoir dans nos bureaux régionaux des dossiers
à peu près généraux de tous les agriculteurs. C'est
un des rôles que jouera d'ailleurs le bill 64.
M. VINCENT: Sur le plan idéal, j'admets avec le ministre que cela
serait formidable si on pouvait tenir tout cela. C'est un objectif qu'il faut
viser. Mais ceci m'amène à faire une autre observation. Je crois
que nous discutons présentement de façon très positive
avec les officiers de l'Office du crédit agricole et avec le ministre de
l'Agriculture des problèmes auxquels ont à faire face les
agriculteurs. Nous avons parlé de l'inspection et je pense que cela peut
en venir là. Maintenant, nous parlons d'avoir comme objectif de bons
plans de ferme, de bonnes organisations. Cela m'amène à une chose
que je voulais également souligner en présence des officiers de
l'Office du crédit agricole.
Même nous, les députés, nous sommes habitués,
quand nous recevons une lettre, d'y répondre le même jour ou le
lendemain. Nous la dictons à notre secrétaire, elle la
dactylographie, nous la signons et nous l'envoyons. Mais il semble qu'à
l'heure actuelle j'en fais une observation non critique, je constate les
faits avec tous les services gouvernementaux que nous avons et
c'est une plainte que nous recevons des agriculteurs ces gens
reçoivent des lettres d'une page, de deux et quelquefois trois pages et
on leur demande de répondre sur toutes sortes de sujets.
Il faut bien comprendre que, nous-mêmes, si nous sommes
habitués d'avoir un service de secrétariat autour de nous,
l'agriculteur n'a jamais de secrétaire. Souvent, s'il reçoit sa
lettre durant la période des foins, avant qu'il ne prenne le temps de la
lire, de la comprendre, ça va prendre trois semaines et ça va
retarder autant.
A mon sens, c'est nécessaire d'envoyer des lettres. Tâchez,
grand Dieu! de les simplifier le plus possible. Exigez le minimum de
réponse, de la part de l'agriculteur , sur une même lettre. Cela
va rendre service, non seulement à l'Office du crédit agricole,
mais à tous les organismes qui sont au service des agriculteurs et des
petites industries où l'on n'a pas de service de secrétariat,
autour de soi, pour répondre à ces demandes d'information.
On le constate de plus en plus, que ce soit le ministère du
Revenu, que ce soit le service de la taxe de vente sur l'essence. Il y a
je ne parle pas des dirigeants des agents de bureau qui se font un
devoir d'écrire de très belles lettres aux agriculteurs. Quant
à l'agriculteur, il va lui falloir, avant longtemps, une
secrétaire pour
VENDREDI 9 JUIN 1972
répondre à toutes ces lettres, d'abord les comprendre, lui
expliquer.
Ce n'est pas parce qu'il ne les comprend pas, il n'a pas le temps. Et il
en reçoit; Dieu sait qu'il en reçoit! Je suggère
non pas parce que j'ai une déformation fédéraliste,
même le député de Maisonneuve, qui était en Chambre
hier, a admis que, sur bien des points, le fédéral pouvait nous
donner l'exemple ...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur des questions administratives. Il est
hors d'ordre, il parle d'un autre gouvernement.
M. VINCENT: Qu'on regarde tout simplement ce que le gouvernement
fédéral fait à l'heure actuelle, avec les personnes
âgées, comme les formules de revenu garanti, formules de pension
de vieillesse. On a l'occasion, dans nos bureaux, d'en voir et de renseigner
les personnes âgées.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Vous êtes hors d'ordre.
Nous avons discuté du crédit agricole. Maintenant, on
s'éloigne un peu.
M. VINCENT: C'est dans les grandes lignes. Qu'on trouve des formules les
plus simples possible. J'ai même remarqué, sur une formule qu'on
envoyait à quelqu'un, qu'on spécifiait l'endroit où il
devait faire son X; si c'était oui ou si c'était non. Et un peu
plus loin, si c'était une date par exemple, on lui mentionnait
pratiquement la date. Il n'avait qu'à inscrire ça, retourner
ça à l'organisme concerné et, alors, ça ne prend
pas de temps.
M. TOUPIN: M. le Président, si vous permettez, nous avons fait un
effort à l'office, depuis quelques années,...
M. VINCENT: Oui, je sais que l'effort a été fait
puis...
M. TOUPIN: ... pour standardiser toutes nos formules et les rendre les
plus pratiques et les plus faciles possible, de sorte que, la plupart du temps,
le cultivateur n'a qu'un X comme vous mentionnez à faire
ou tout simplement à signer, de façon que ce soit très
articulé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, pour un cultivateur
qui est un ancien ministre de l'Agriculture, ce ne doit pas être un
problème.
M. VINCENT: Même pour moi, quand je reçois toutes ces
formules, je trouve que...
UNE VOIX: II faut qu'il fasse appel à sa secrétaire. Il a
la chance d'avoir une secrétaire!
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbiniè-
M. BELAND: II y aurait une autre question que j'aimerais justement poser
aux préposés à l'Office du crédit agricole. En ce
qui concerne les barèmes en vue d'obtenir un prêt, en pratique, on
a tendance à exiger, pour octroyer un prêt, que si c'est une ferme
laitière, que ladite ferme possède présentement ou soit en
voie d'obtenir un quota de 200,000 livres de lait, est-ce que c'est
précis? Est-ce que vous avez une certaine quantité de
barèmes sur lesquels les inspecteurs doivent se baser? Est-ce que vous
auriez quelques explications à donner?
M. TOUPIN: Dans les cas que vous soulignez, c'est toujours
discuté entre l'agriculteur et notre représentant.
Comme la recommandation du prêt tient à la
réalisation de son programme, il va de soi que nous établissions
le programme mais par entente établie avec lui par
l'intermédiaire de notre représentant. Si cela tient à un
quota, parce qu'il a les moyens, ils ont été discutés, ils
sont présentés dans le rapport, c'est indiqué comme
condition de la proposition de prêt.
M. BELAND: Si je comprends bien, compte tenu de l'agencement de la
ferme, si c'est une ferme laitière, une ferme bovine, une ferme ovine,
une ferme porcine, vous tenez compte d'un approximatif selon les barèmes
de vente, comme quoi le gars peut remplir réellement les conditions qui
lui sont assignées. Pour avoir une idée assez précise,
est-ce que, dans le cas d'une ferme laitière, il s'agit bien d'un quota
de 200,000 livres environ que présentement on exige?
M. TOUPIN: Ce peut être ça. Comme je l'indiquais, tout
dépend du montant d'emprunt dont a strictement besoin l'agriculteur en
question. Parfois, pour l'atteindre, il faut quand même établir un
certain niveau, un seuil de rentabilité qui est prérequis dans
son intérêt à lui, ce dont il convient et qu'il
reconnaît.
Au fond, le prêt est relié à trois facteurs, c'est
relié à des facteurs de propriété, il faut
établir les titres. Le deuxième est relié au facteur de
rentabilité. Le troisième est relié au facteur de la
demande que le gars fait pour telle ou telle fin d'un prêt. Mais le
fondement est la rentabilité. Par exemple, vous pouvez prêter
$15,000 à une ferme et exiger qu'il y ait 200,000 livres de lait. Si on
exige qu'il y ait un quota de 200,000 livres de lait, c'est qu'on croit,
après étude de son dossier, qu'il faut 200,000 livres de lait
pour que le gars puisse rembourser son prêt et vivre en plus. Si on fait
un prêt de $7,000, on peut bien exiger un quota de 90,000 livres de lait.
Si on fait un prêt de $8,000, on peut exiger un quota de 50,000 livres de
lait, avec, à côté, un autre revenu.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est basé sur la capacité de
rembourser.
M. TOUPIN: C'est exact! C'est basé sur la rentabilité de
la ferme et c'est basé sur le type de prêt. C'est pour ça
qu'on n'a pas de critères, de normes rigides et générales.
Tout est basé sur la capacité de payer, la rentabilité de
la ferme, le type de prêt et l'éclaircissement du titre. Une fois
qu'on a tout ça en main, l'office est capable de...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, si tous les membres
de la commission sont d'accord, je proposerais l'ajournement, étant
donné que j'ai...
M. TOUPIN: Mais, avant, M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si les autres membres sont d'accord.
M. VINCENT: Ici, j'avais une question à poser. Je voudrais que le
ministre vérifie quelque chose d'ici mardi. Le leader parlementaire nous
a mentionné peut-être, tout dépendra des
commissions, pourrions-nous ajourner à midi et demi que le
député de Sainte-Marie a présentement un caucus. Mais
j'aimerais qu'au cours de la fin de semaine le ministre analyse avec ses
fonctionnaires la possibilité de modifier la garantie par nantissement
agricole. On parle de $15,000 dans le cas d'un agriculteur. Si on avait
gardé la relation entre $40,000 et $60,000, on aurait parlé de
$22,500 dans le cas d'une corporation. Mais je me demande si on ne devrait pas
je n'ai pas le droit de soumettre un amendement mais je peux faire une
suggestion changer $20,000 par $25,000 dans le cas de
sociétés ou de corporations. Je pense que ce serait un peu plus
réaliste que le montant de $15,000. Je ne voudrais pas que le ministre y
réponde aujourd'hui, cela ne peut pas tellement engager le
ministère...
M. TOUPIN: Sur le nantissement.
M. VINCENT: Oui, sur la politique du nantissement.
M. TOUPIN: Plutôt de $20,000.
M. VINCENT: Plutôt que $20,000, mettre $25,000. Sur le plan
financier, cela ne peut pas être tellement considérable et cela
peut rendre service, parce que c'est préférable à $15,000
pour un seul individu, $20,000 pour deux ou trois; je pense qu'on garderait une
meilleure relation si c'était $15,000, $25,000, parce qu'on a mis
$40,000, $60,000.
M. TOUPIN: C'est l'équivalence.
M. VINCENT: L'équivalence exacte sera de $22,500, mais mettons-en
un peu plus.
M. TOUPIN: C'est l'équivalence du groupe par rapport à
l'individu.
M. VINCENT: C'est cela.
M. TOUPIN: C'est $40,000 $60,000.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous ferez cela pendant la grand-messe,
dimanche!
M. TOUPIN: Est-ce que nous pourrions adopter l'article 2, avant de
terminer?
M. VINCENT: A l'article 2, il nous reste encore plusieurs points a
discuter. M. le Président, tout à l'heure, vous avez
mentionné que nous étions peut-être hors d'ordre. Quand
nous avons discuté les crédits budgétaires, nous n'avons
fait aucune observation, au sujet du crédit agricole, pour pouvoir les
faire ici.
M. TOUPIN: M. le Président, j'approuve la proposition du
député de Sainte-Marie, pour ajourner.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à mardi, dix
heures.
(Fin de la séance à 12 h 41 )
Séance du mardi 13 juin 1972 (Dix heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de l'agriculture
et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'agriculture et de la colonisation continue
l'étude du projet de loi no 4: Loi modifiant la loi du crédit
agricole.
A l'ajournement, je crois que nous en étions au paragraphe f) de
l'article 2. Est-ce que ce paragraphe a été adopté ou s'il
était en discussion?
M. VINCENT: II était en discussion. C'est un peu plus loin. Au
paragraphe d 1), nous avions posé une question. Le ministre devait nous
faire une observation au sujet des $20,000 par opposition aux $25,000.
M. TOUPIN: Pour les fermes de groupe. Nous n'avons pas, pour le moment
tout au moins, d'amendement à apporter. La suggestion du
député de Nicolet est sans doute opportune. Mais dans les
circonstances actuelles et vu qu'il s'agit, je ne dirai pas d'un nouveau type
de prêt, mais vu que nous voulons favoriser les fermes de groupe, nous ne
voulons pas, en même temps évidemment, y mettre trop d'avantages
pour sombrer, peut-être, dans une expérience trop rapide. Dans ce
domaine, donc, nous avons préféré nous en tenir
plutôt aux prescriptions que nous retrouvons présentement dans les
amendements proposés au projet de loi no 4: Loi modifiant la loi du
crédit agricole.
Donc, nous n'apporterons pas d'amendement. Nous garderons les montants
de $20,000 dans le cadre du prêt additionnel garanti par nantissement. Je
pense que c'était la question posée par le député
de Nicolet.
M. VINCENT: Oui, c'est cela. Comme nous ne pouvons pas présenter
d'amendement, il va falloir prendre la parole du ministre. Maintenant, à
ce paragraphe f )...
M. TOUPIN : Comme je vous le disais, la suggestion que vous nous avez
faite est pertinente. Elle viendra peut-être un peu plus tard.
M. VINCENT: En troisième lecture, on ne sait jamais!
M. TOUPIN: II n'y a rien d'impossible, M. le Président.
M. VINCENT: Au même sous-paragraphe, on voit: "Un tel prêt
doit comporter, outre la garantie des biens nantis ce qui est normal
une hypothèque en faveur de l'office sur la ferme de
l'emprunteur, prenant rang immédiatement après
l'hypothèque garantissant le prêt consenti en vertu du paragraphe
d)". Cela signifie qu'en plus des biens nantis, il y aura une deuxième
hypothèque sur la ferme.
M. TOUPIN: C'est exact. C'est une affectation hypothécaire.
M. VINCENT: Vous ne craignez pas que ce soit assez dispendieux? Le
cultivateur sera dans l'obligation de faire enregistrer ses biens qui seront
nantis, plus une deuxième hypothèque sur sa ferme. Et ce
qui va poser un problème, j'en parle puisque nous en discutons
advenant que le père garde, lui également, une hypothèque
sur la ferme, est-ce que le fait de tomber en troisième
hypothèque ne posera pas un problème pour le père ou les
propriétaires de la ferme?
Si un cultivateur achète la ferme de son père, dans
plusieurs cas le père garde une deuxième hypothèque.
M. TOUPIN: Jusqu'ici c'était presque un impératif en
certains cas, compte tenu de la valeur du roulement de ferme. Comme la loi du
crédit agricole ne retenait pas de nantissement, avec cet amendement
concernant le nantissement, la politique visera, bien sûr, à
consolider totalement les dettes et les obligations d'un emprunteur par
hypothèque et par nantissement.
Dans les cas où le nantissement sera effectué, les
politiques retiendront la consolidation totale et complète des
obligations et des dettes.
Et je pense que ça va de soi, lorsque l'on songe que la valeur
marchande et de production de la ferme comporte un prêt
hypothécaire de 90 p.c. dans la très grande majorité des
cas et que, par ailleurs, le prêt sur nantissement est à 70 p.c.
des biens nantis. Alors, il est très raisonnable et admissible que, dans
ces cas, la consolidation totale et complète des dettes et obligations
soit très indiquée et presque impérative, sauf de
très rares exceptions.
M. VINCENT: Chaque fois qu'il y aura un bien nanti, on va prendre une
deuxième hypothèque. La loi l'oblige.
M. TOUPIN: Oui, d'accord.
M. VINCENT: Cela n'aurait pas été préférable
remarquez bien que j'essaie simplement d'ouvrir une porte pour permettre
à l'office, dans certains cas, d'avoir à juger d'inscrire
dans cet article: Un tel prêt... Là, je n'ai pas de formulation,
mais en substance, ça signifierait ceci: donner le pouvoir à
l'office de faire une deuxième hypothèque de prendre les
garanties additionnelles nécessaires, sans l'obliger chaque fois
à prendre une deuxième hypothèque. Est-ce qu'on ne
pourrait pas formuler un article où on donnerait les pouvoirs à
l'office de prendre les mesures nécessaires pour garantir le bien nanti
ou garantir le prêt sur les biens nantis?
Exemple je ne sais si je m'exprime assez bien si, pour un
cas, le père de famille qui aurait $1,000, $2,000 ou encore une
obligation quelconque qu'il serait prêt à consentir, à
céder priorité de première hypothèque, à
l'office,
mais qu'il n'accepterait pas d'être en troisième
hypothèque, à ce moment, l'office est limité par la loi
qui l'oblige, en plus de nantir les biens, à prendre une deuxième
hypothèque. Est-ce qu'il n'y aurait pas une formulation on peut
simplement laisser cela en suspens où on pourrait permettre
à l'office de prendre une garantie additionnelle, que ce soit en
deuxième hypothèque ou d'une autre façon, pour que
l'office ne soit pas pris avec une obligation légale de toujours aller
en deuxième hypothèque? Même si elle y va 95 p.c. du temps,
en deuxième hypothèque, c'est qu'il peut y avoir des cas
d'exception où on entraverait un crédit agricole.
M. TOUPIN: Moi, j'ai l'impression que cet aspect mérite
d'être examiné très sérieusement. Et je me demande
si on ne devrait pas mettre une disposition dans cet article qui pourrait se
décrire de la façon suivante: à moins qu'il en soit
autrement décidé par l'office, un tel prêt doit comporter
une garantie hypothécaire. Le bien nanti une hypothèque en dehors
de l'office, mais au fond une deuxième hypothèque.
M. LE PRESIDENT: Au dernier alinéa, M. le ministre, est-ce que je
pourrais suggérer...? Je ne sais pas si ça marcherait, je lis au
dernier paragraphe: "Un tel prêt doit comporter...," on peut dire: un tel
prêt peut comporter. Alors, il n'y a pas d'obligation à ce
moment-là.
M. TOUPIN: Cela me paraît plus souple encore.
M. VINCENT: Oui. Mais nous pourrions le faire examiner par les officiers
légistes, parce que ça a du sens. Un tel prêt peut
comporter, outre la garantie des biens nantis, une hypothèque en faveur
de l'office sur la ferme de l'emprunteur, prenant rang immédiatement
après l'hypothèque garantissant le prêt...
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, il n'y a pas d'autorisation.
M. VINCENT: II faudrait inscrire cela au règlement.
M. TOUPIN : II faut qu'il y ait quelqu'un qui décide.
M. VINCENT: Tandis que là, c'est toujours "doit". Parce qu'on
sait bien que, ce peut être la mère qui est attachée
à la ferme, le père peut avoir donné la ferme à son
fils, en disant; Je cède priorité d'hypothèque à
l'Office du crédit agricole, mais le fils s'engage à entretenir
la mère pour le reste de ses jours. A ce moment, c'est une
deuxième hypothèque.
M. TOUPIN : Nous allons revenir, M. le Président, à la
suggestion "peut comporter". Un tel prêt peut comporter. Mais avant, on
va regarder comme il faut du point de vue juridique ce que ça
implique.
M. VINCENT: On a juste à suspendre...
M. TOUPIN: Ensuite, on proposera un amendement; si, du point de vue
juridique, il n'y a pas de problème, on est d'accord sur le principe,
sur l'idée d'apporter un tel amendement.
M. LE PRESIDENT: Alors, le paragraphe f) est-il adopté
avec...
M. VINCENT: Avec cette réserve.
M. LE PRESIDENT: ... avec cette réserve?
M. TOUPIN : Oui.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe g).
M. VINCENT: On ajoute "programme d'amélioration...
M. TOUPIN: Et "conversion d'exploitation".
M. VINCENT: D'accord, d'accord, g).
M. LE PRESIDENT: Paragraphe g), adopté. Paragraphe h).
M. TOUPIN: Oui, il y a un amendement, h) c'est tout simplement
parce...
M. VINCENT: II faudrait enlever "meubles" là.
M. TOUPIN: Oui, à f), enlever "meubles", fa1),
M. LE PRESIDENT: Au paragraphe fa1). vous enlevez le mot
"meubles"?
M. TOUPIN: Oui, c'est un amendement qu'on a apporté au
début et il faut qu'il concorde ici aussi.
M. LE PRESIDENT: Alors, h), adopté. Paragraphe i).
M. TOUPIN: C'est encore un amendement de concordance, à cause des
"biens nantis".
M. BELAND: Ici, en ce qui concerne g): "Fixer par règlement les
bases générales d'évaluation des fermes et des biens
nantis", est-ce que vous tenez compte des différents facteurs de
régions, par exemple au point de vue de l'évaluation municipale?
Est-ce que vous pourriez donner une idée de la façon dont
l'évaluation des fermes se fait, en vertu de quelles normes
générales, j'entends?
M. TOUPIN: Quant à l'évaluation de la ferme, la norme de
base est la valeur marchande de la ferme, compte tenu de sa capacité de
production agricole. Ce sont les deux éléments ou les deux
critères de base quant à l'évaluation des fermes par
l'office, la valeur marchande, compte tenu de la capacité de production
agricole de l'exploitation.
M. BELAND: Mais vous ne tenez que très peu compte des
antécédents de l'agriculteur lui-même au point de vue de la
formation agricole ou des choses comme ça?
M. TOUPIN: Disons que ce caractère se réfléchit
dans la mise en valeur de la ferme elle-même; alors, la capacité
de production est quand même un reflet de l'aptitude et des
qualités du gestionnaire.
Mais je ne pense pas, M. le Président, qu'on puisse
régionaliser les critères pour consentir un prêt. Dans le
paragraphe g) dont parle le député de Lotbinière, on dit:
"Fixer par règlement les bases générales
d'évaluation des fermes et des biens nantis." On ne peut pas les fixer
par règlement; on a une série de critères dont on a
parlé d'ailleurs à la première réunion de la
commission parlementaire sur les biens susceptibles d'être nantis. Il
reste maintenant les critères de base sur lesquels on s'appuie pour
consentir un prêt. Normalement, il y en a au moins trois dont on se sert
assez régulièrement. Le premier, c'est toujours celui de la
valeur foncière de la ferme, de sa valeur commerciale, le second, c'est
la rentabilité de la ferme. Ce sont les deux principaux critères
sur lesquels on se base pour consentir un prêt. Et maintenant que nous
introduisons à l'intérieur du prêt du crédit
agricole le nantissement agricole, on va tenir compte encore davantage de la
rentabilité de la ferme, de l'efficacité de l'exploitant.
Evidemment, il y a toujours le troisième facteur qui intervient. Il faut
quand même analyser l'exploitant comme tel. C'est qui l'exploitant,
surtout si c'est un nouvel emprunteur? Il faut quand même savoir s'il est
solvable, s'il est sérieux, on ne fait pas d'enquête
systématique, bien sûr, sur ceux qui font une demande de
prêt, mais, du reste, on s'en préoccupe un peu parce que lorsqu'il
s'agit de prêter $18,000, $20,000 ou $30,000, il est bien sûr qu'il
faut regarder si le gars qui en fait la demande est sérieux et s'il veut
vraiment bâtir une entreprise avec cet argent. Alors, au fond, ce sont
les trois critères qui sont appliqués.
Mais il n'y a pas de critères régionaux, c'est la
souplesse des critères qu'on met dans les règlements qui fait
qu'on peut parvenir à adapter cela à toute la région.
M. BELAND: Alors c'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors i). Adopté. j)?
M. TOUPIN: C'est de la concordance.
Partout où il y a "immeubles" il faut mettre: "biens" pour
couvrir les biens nantis.
M. VINCENT: Et à ce moment-là les biens couvrent la ferme,
les animaux, tout.
M. TOUPIN: Tout.
M. VINCENT: Un peu plus loin on change les termes fermes...
M. TOUPIN: Oui, on s'est adapté à cause de la loi
actuelle. Il fallait employer un vocable plutôt qu'un autre à un
moment donné.
M. VINCENT: "Biens" est plus général. Est-ce qu'on
définit les "biens" au début?
M. TOUPIN: On définit les "biens nantis", puis là c'est
parce qu'il est inséré: ce sont des biens
hypothéqués ou biens offerts en garantie, alors c'est
général. Ce sont les biens dont on parlait au début: les
animaux, la machinerie, le fonds de terre, etc. L'ensemble des biens que
possède un agriculteur.
C'est pour ça qu'on a changé "immeubles" par le mot
"biens," parce que le mot "biens" est beaucoup plus générique, le
mot "immeubles" nous apparaissait plutôt restrictif. Actuellement vous
avez des frais d'évaluation des immeubles offerts en garantie, alors on
enlève simplement immeubles, pour le remplacer par le mot: biens, des
biens offerts en garantie, biens étant alors générique
comprenant à la fois les biens immobiliers et les biens mobiliers.
M. VINCENT: Oui, mais pour les fins de la présente loi, est-ce
qu'on définit "biens" dans les définitions au début?
M. TOUPIN: On a défini la ferme qui constitue en fait l'immeuble
et on a défini les biens nantis. Alors lorsqu'on parle des deux on parle
des biens offerts en garantie.
M. VINCENT: Où sont les biens nantis?
M. TOUPIN: On les a dans les amendements au tout début.
M. LE PRESIDENT: Au tout début, biens nantis, article 1.
M. TOUPIN: Alors vous avez d'une part le mot "ferme" qui est
défini dans la loi existante.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe g). Adopté. Paragraphe j).
M. BELAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe k). Adopté. Paragraphe
1). Adopté. Paragraphe m). Adopté. Article 3, paragraphe a).
M. VINCENT: A l'article 3, M. le Président, on se
réfère à l'article 15 de la loi ici et là on dit:
"en remplaçant les sept dernières lignes par les mots
suivants," mais les sept dernières lignes de l'article a)...
M. TOUPIN: Les sept dernières lignes de l'article 15, ça
comprend a) et b) plus les deux lignes antérieures. Cela part de
semi-annuellement jusqu'à la fin.
M. VINCENT: En remplaçant, c'est-à-dire on remplace, on
fait disparaître a) et b).
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: ... qu'on remplace par "semi-annuellement aux taux
fixés par règlement."
M. TOUPIN: Par a) et b). C'est ça.
M. VINCENT: Cela se lirait: "par versements semi-annuels égaux et
consécutifs comprenant l'intérêt calculé
semi-annuellement aux taux fixés par règlement."
M. TOUPIN: Puis il y a un alinéa ajouté.
M. VINCENT: Maintenant, "aux taux fixés par règlement,"
est-ce que le lieutenant-gouverneur en conseil intervient?
M. TOUPIN: Oui. Vous avez ça à l'article...
M. VINCENT: Semi-annuellement d'après l'article 3, c'est que le
lieutenant-gouverneur en conseil doit fixer un taux d'intérêt.
M. TOUPIN: Les intérêts seront fixés par
règlement et approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Article 9 de la loi actuelle: "Tout règlement de l'office doit,
pour être valide, recevoir l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil." Puis un second alinéa précise les articles, notamment
l'article 15 prévu au second alinéa, où l'on dit: "Tout
règlement adopté en vertu des articles 8, etc. 15, entre en
vigueur à la date de sa publication dans la Gazette officielle du
Québec ou à toute autre date ultérieure qui y est
fixée."
M. VINCENT: Cela signifie qu'à tous les six mois, il y a un
arrêté en conseil?
M. TOUPIN: II n'y a aucune limite de temps prévue.
M. VINCENT: Oui, parce que...
M. TOUPIN: C'est le paiement qui est semi-annuel. Ce n'est pas la
fixation du taux d'intérêt.
M. BELAND: Oui, mais à ce moment...
M. TOUPIN: C'est le remboursement qui est semi-annuel.
M. VINCENT: Tout prêt consenti en vertu des paragraphes...
M. BELAND: Cela nécessite quand même qu'à tous les
six mois il y ait une décision prise, bien spécifique, quant au
taux demandé?
M. TOUPIN : Le taux est fixé et les droits acquis sont
respectés. Lorsque le prêt est signé au
départ il est signé, par exemple, pour 39 1/2 années
le taux va être respecté pour la durée du
prêt, payable, remboursable si vous voulez, semi-annuellement au taux
fixé par règlement du temps.
Maintenant ici, la mécanique prévue à la fin de
l'alinéa, c'est simplement pour les prêts à venir. Il n'y a
aucune norme quant au temps pour fixer ce taux. Cela pourrait être tous
les ans, tous les six mois, tous les deux ans, suivant le cours du
marché. Il est possible qu'il y ait beaucoup de souplesse de ce
côté, comme ça l'est présentement pour la partie du
prêt excédant $15,000. C'est exactement ce qui se fait
présentement.
M. VINCENT: Même si je suis contre l'article, il n'aurait pas
été préférable d'indiquer dans cet article
qu'à telle date ou vers telle date de chaque année, le
lieutenant-gouverneur en conseil confirmera le taux d'intérêt,
comme ça se fait au fédéral?
M. TOUPIN: Le danger qu'il y a dans la suggestion...
M. VINCENT: II n'y a pas de danger.
M. TOUPIN: ... l'assurance des agriculteurs...
M. VINCENT: C'est justement une possibilité de pouvoir
vérifier à chaque fois.
M. TOUPIN: Oui, le problème qui se pose est qu'une fois que nous
avons établi les taux d'intérêt... Disons donc, d'abord,
que nous nous sommes déjà entendus à l'idée que les
taux d'intérêt fixés pour les agriculteurs doivent
être des taux d'intérêt préférentiels.
M. VINCENT: Qu'est-ce que le ministre entend par
préférentiel? Quel est le taux d'intérêt qu'il a
l'intention de suggérer? Il doit quand même avoir une petite
idée.
M. TOUPIN: J'ai dit également qu'il m'était difficile pour
le moment de dire exactement les propositions que nous allons faire au
lieutenant-gouverneur en conseil, puisqu'elles n'ont pas encore
été faites. Il est tout à fait normal que le
lieutenant-gouverneur en conseil soit saisi de vos positions d'office, avant la
commission parlementaire.
M. VINCENT: Oui, il doit quand même y avoir des indications.
M. TOUPIN: Oui, je suis prêt. L'indication qu'on peut vous donner
je vous l'ai dit l'autre jour et je le répète c'est
que dans notre esprit les taux d'intérêt aux agriculteurs doivent
être préférentiels.
M. VINCENT: Préférentiels en quoi?
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'ils doivent être plus bas, au
moins, que le taux courant du marché.
M. VINCENT: Quel est le taux courant du marché, à l'heure
actuelle?
M. TOUPIN: Prenons comme base les obligations d'épargne...
M. VINCENT: Du Québec?
M. TOUPIN : Oui, du Québec qui sont à 7 p.c. ou 7 1/2
p.c.
M. VINCENT: 7 p.c. mais si...
M. TOUPIN: Alors 7 p.c. On peut penser à des taux
préférentiels d'au moins 11/2 p.c. à 2 p.c. plus bas. On
peut penser à des taux préférentiels comme ça. Nous
sommes dans l'échelle des taux préférentiels minimums,
comme taux moyen, je dis bien, d'un prêt agricole.
M. VINCENT: Comme taux moyen, est-ce que ça signifie qu'il peut y
avoir deux ou trois taux d'intérêt?
M. TOUPIN: Ce n'est pas impossible qu'il y en ait deux ou trois. C'est
à envisager. Actuellement il y en a deux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Parce qu'il y a les taux...
M. VINCENT: A l'heure actuelle il y en a deux. Mais même avec ces
nouveaux règlements, il peut y avoir deux ou trois taux
d'intérêt.
M. TOUPIN: Bien sûr, il peut y en avoir deux ou trois,
absolument.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Semi-annuellement ici, c'est au pluriel.
M. TOUPIN : Semi-annuellement, ça concerne les
remboursements.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela veut dire qu'il n'y a pas seulement un
taux. D'ailleurs, il peut y en avoir plusieurs.
M. TOUPIN: II peut y en avoir deux, puis il peut y en avoir trois.
M. VINCENT: II peut y avoir le taux pour le nantissement.
M. TOUPIN: L'ensemble de ces taux peuvent constituer, en moyenne,
précisément ce que nous appelons l'intérêt
préférentiel.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quant au taux d'intérêt
préférentiel, il n'y a rien dans la loi qui garantit
l'intérêt préférentiel.
M. TOUPIN: Le fait de procéder par tranches.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce que vous dites.
M. TOUPIN: Dans la loi actuelle...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On ne dit pas qu'il y aura un taux
préférentiel.
M. TOUPIN : Non, on ne peut pas le dire dans la loi. On ne peut pas dire
dans la loi qu'il y aura un taux préférentiel. Parce que si on
met dans la loi qu'il y aura un taux préférentiel, il faudrait
quand même définir ce que signifie un taux
préférentiel.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce que je dis, c'est que le ministre dit un
taux préférentiel, mais, de par la loi, le cultivateur qui
emprunte ne sait jamais à quel taux il va emprunter parce que ces taux
peuvent changer tous les six mois.
M. TOUPIN: C'est-à-dire que dans la loi actuelle, dans la loi
telle qu'elle est proposée, tant et aussi longtemps que les
règlements ne seront pas votés, il est sûr que
l'agriculteur ne saura pas quel taux d'intérêt il aura à
payer pour les emprunts qu'il va faire dans l'avenir. Pour ceux qui seront
faits à venir jusqu'à maintenant, il n'y a pas de
problème; pour ceux qu'il fera dans l'avenir, tant et aussi longtemps
que les règlements ne seront pas votés, il ne saura pas à
quoi s'en tenir. Mais une fois que les règlements seront votés
pour fixer les taux d'intérêt, là, il saura à quoi
s'en tenir, parce que chaque fois qu'il aura à faire un emprunt ou qu'il
fera une demande d'emprunt, il est bien sûr qu'on lui fera
connaître par règlement, bien avant, le taux
d'intérêt qui sera appliqué sur cette demande de prêt
qu'il fait.
M. BELAND: Alors, dans ce cas-là, étant donné qu'il
y a deux taux, quelle est la moyenne dans les prêts consentis depuis un
an? Est-ce que ça se situe aux alentours de 5 p.c, de 6 p.c., de 4
p.c?
M. TOUPIN: C'est un peu plus élevé. Je pense que le taux
moyen jusqu'à maintenant, on peut le situer aux alentours de 4 1/2 p.c,
c'est en bas de 5 p.c. compte tenu de la moyenne des prêts.
M. VINCENT: La moyenne des prêts était de $16,000?
M. TOUPIN: $14,700. M. VINCENT: $14,700.
M. TOUPIN: Le taux moyen d'intérêt pouvait être
à peu près de 4 1/2 p.c. Il est effectivement plus bas.
M. VINCENT: Même, il était plus bas que ça.
M. TOUPIN: Plus bas que ça. Je crois qu'il était de 3.4
p.c.
M. VINCENT: 2 1/2 p.c. pour les premiers $15,000, puis la
différence à 8 p.c.
M. TOUPIN: Mais quand on parle ici de moyenne, il faut tenir compte de
la moyenne des prêts qui excèdent $15,000. Avec la
pondération du taux de 2 1/2 p.c. jusqu'à $15,000 qui est la
base, quand on indique ici moyenne il faut entendre, la moyenne...
M. VINCENT: Dans le rapport annuel de l'office vous l'avez je
pense; malheureusement, je ne l'ai pas ici, le rapport annuel vous avez
le nombre de prêts qui ont été consentis de $5,000 à
$10,000, puis de $10,000 à $15,000.
M. TOUPIN: Oui, nous avons le nombre. En d'autres termes, un prêt
actuel de $25,000 au taux d'intérêt de 2 1/2 p.c. pour la base de
$15,000 et 8 p.c. sur l'excédent de $15,000 jusqu'à $25,000
représente une moyenne de 4.7 p.c. sur les $25,000.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: Je voulais tout simplement ajouter que le ministre avait
entièrement raison, que vous aviez des taux préférentiels.
Parce que j'ai eu connaissance, il y a quinze jours, d'un prêt consenti
par la SDI à un taux préférentiel à une importante
industrie du Québec, du comté de Rouville, à un taux
extrêmement bas, comparativement à un prêt qui avait
été consenti l'an dernier. Il y avait déjà une
différence de 2 p.c. à 2 1/4 p.c. dans le taux
d'intérêt pour la même industrie en l'espace de six mois.
Alors, c'est donc dire que les taux préférentiels existent tenant
compte du taux de l'argent qui...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous parlez de la SDI.
M. OSTIGUY: De la valeur de l'argent. Oui, la SDI c'est une entreprise
paragouver-nementale comme l'Office du crédit agricole.
M. VINCENT: Est-ce que le député de Rou- ville pourrait me
dire s'il est entièrement favorable au fait qu'on enlève dans la
loi un taux plus que préférentiel, c'est-à-dire 2 1/2 p.c.
d'intérêt jusqu'à concurrence de $15,000?
M. OSTIGUY: Je ne voudrais pas me prononcer là-dessus, M. le
Président, mais...
M. VINCENT: Cela va?
M. OSTIGUY: Non, non, un instant. A un taux préférentiel,
je suis entièrement favorable et c'est ce que le ministre vient de
mentionner.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne me dites pas que chaque fois que vous
votez, vous n'avez pas dit pour qui vous vous prononciez.
M. LE PRESIDENT: Le député de Huntingdon a demandé
la parole.
M. FRASER: Je veux demander au ministre si les taux
d'intérêt restent stables pour les prochains 15 ans ou dix ans.
Est-ce que le ministre pourrait prévoir que le coût des taux
d'intérêt des prêts va rester stable ou si ils seront
haussés? Avec les règlements, ça peut même baisser
dans des cas. Cela veut dire que le ministre, par ses règlements,
imposerait un taux qui n'est pas supérieur à des taux qui
existent maintenant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je pourrais avoir la
réponse?
M. TOUPIN: Oui, c'est ça; ce n'est absolument pas impossible que
des taux...
M. FRASER: Dans les règlements, on ne baissera pas les taux
d'intérêt.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas impossible, mais c'est
improbable.
M. VINCENT: II y a une chose qui est certaine, c'est que les taux
d'intérêt vont être haussés, c'est 2 1/2 p.c.
à l'heure actuelle jusqu'à concurrence de $15,000.
M. FRASER: Cela peut être la même chose dans les
règlements.
M. VINCENT: C'est ça qu'on demande au ministre aussi. S'il nous
dit que...
M. FRASER: Cela se peut, mais les règlements n'ont pas encore
dit...
M. VINCENT: Oui, mais le député de Huntingdon a assez
d'expérience, du moins il devrait en prendre assez..
M. FRASER: Avec ce ministre, on est bien content; ça marche.
M. BELAND: Si, justement, le ministre veut enlever le taux
préférentiel de 2 1/2 p.c, c'est parce qu'il a l'intention de
l'augmenter.
M. FRASER: Non, non, c'est simplement pour rendre les choses plus
flexibles. Dans certaines régions de la province, il peut y avoir un
taux moindre que dans les autres, il dit par la loi actuelle que c'est la
même chose partout.
M. TOUPIN: Le député de Huntingdon a entièrement
raison. Plus la politique de prêt du gouvernement en matière
agricole évolue, plus on se rend compte que les prêts ont tendance
à dépasser les $20,000 et les $25,000. Tantôt ce sera
peut-être la moyenne: $28,000 ou $30,000. Nous voulons vous donner un
mécanisme de fixation de taux d'intérêt qui tienne compte
de l'évolution des prêts et avoir une politique de taux qui
s'applique aux véritables besoins de l'agriculture.
M. VINCENT: Nous avons ce mécanisme. Pour tous les prêts
supérieurs à $15,000, le lieutenant-gouverneur en conseil peut
fixer le taux d'intérêt.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Donc, si vous laissiez un maximum de 2 1/2 p.c.
d'intérêt jusqu'à $15,000, on touche tous les agriculteurs
de la province jusqu'à concurrence de $15,000.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Et après, par règlement, de $15,000 à
$40,000 ou à $60,000 dans les cas de sociétés, on pourrait
fixer des taux d'intérêt. Ce serait garanti, même avant, que
ce serait toujours préférentiel, parce qu'il y aurait
déjà une base acceptée par législation et sur
laquelle le ministère des Finances ne pourrait jamais intervenir.
M. TOUPIN: Je peux vous apporter...
M. VINCENT: Là, c'est !e législateur qui doit intervenir
sur la base législative.
M. TOUPIN: ... des exemples à l'effet que la théorie que
vous soutenez est acceptable. Bien sûr qu'elle est acceptable. Elle
pourrait constituer une méthode et une façon pour l'avenir, comme
elle en a constitué une pour le passé. Mais, l'exemple le plus
typique qu'on pourrait apporter, l'agriculture de l'avenir, est-ce que ce sera
celle qui se tiendra dans les emprunts moyens de $8,000 $10,000 ou $12,000 ou
si ce sera celle qui se tiendra dans les emprunts moyens de $25,000 à
$40,000. Nous, nous croyons que la véritable agriculture, qui va
produire et qui déjà fait son apparition de façon assez
évidente, sera précisément celle qui va faire appel
à des crédits plus substantiels. Or, actuellement, la politique
de prêts, vis-à-vis du taux d'intérêt, est surtout
pensée en fonction des petites et moyennes fermes, surtout des petites
fermes. Elle est beaucoup moins pensée en fonction des grosses fermes ou
des fermes qui veulent se développer. Je parle de la politique des taux
d'intérêt. Je ne parle pas de la politique du
cïédit.
M. VINCENT: M. le Président, c'est que le taux
d'intérêt...
M. TOUPIN: Or, il est bien possible que dans les règlements nous
proposions trois types de taux d'intérêt pour ceux dont les
prêts peuvent se rendre jusqu'à $8,000 ou $10,000, pour ceux dont
les prêts peuvent varier entre $10,000 et $20,000 et pour ceux dont les
prêts peuvent varier entre $20,000 et $40,000. On peut avoir une
politique de taux d'intérêt suffisamment flexible, nous permettant
ainsi d'ajouter des incitations au niveau de l'ensemble des agriculteurs qui
veulent emprunter sur le crédit agricole. C'est simplement cette
idée de souplesse qui nous a amenés à demander que les
taux d'intérêt soient fixés par règlement.
M. VINCENT: Mais on veut donner plus que ça au ministre, M. le
Président. Si, par exemple, il laissait, dans la législation, 2
1/2 p.c. jusqu'à concurrence de $15,000 supposons qu'il parle de
ces prêts moyens de $30,000 donc, si le taux
d'intérêt était laissé à 2 1/2 p.c.
jusqu'à $15,000 et si l'autre partie, fixée par le
lieutenant-gouverneur en conseil était de 6 1/2 p.c. le ministre
a parlé de 5 1/2 p.c. tout à l'heure donc le cultivateur
fait un emprunt de $30,000. Si vous faites la moyenne, cela lui fait un
prêt agricole de 4 1/2 p.c. On donne une sûreté au ministre
de ne pas avoir à discuter chaque année un taux
préférentiel avec le ministère des Finances.
M. TOUPIN: Oui, dans la suggestion que vous nous faites...
M. VINCENT: Là, il le retiendrait dans une loi qui lui
permettrait d'avoir les premiers $15,000 à un taux plus que
préférentiel et pour l'autre partie discuter le taux
d'intérêt avec le ministère des Finances. Il y aura
toujours un taux préférentiel et ça répondrait aux
vues du député de Rouville.
M. TOUPIN: Ce n'est pas certain qu'il y ait toujours un taux
d'intérêt préférentiel.
M. VINCENT: Mais là, ce serait garanti. M. TOUPIN: Ce le serait
pour une partie.
M. VINCENT: Oui. Quand vous faites la moyenne, ce serait garanti pour
tout le prêt.
M. TOUPIN: Pour la partie des premiers
$1,000 jusqu'à concurrence de $15,000, vous avez une
garantie.
M. VINCENT: Cela se répercute sur l'autre partie.
M. TOUPIN: Oui, d'accord. Je ne vous dis pas que votre méthode
n'est pas acceptable. Je vous dis que jusqu'à maintenant nous l'avons
toujours utilisée dans la loi. Elle a consisté à faire en
sorte que la loi se développe et qu'on fasse appel aux prêts.
Mais on ne peut pas dire que cette politique de taux
d'intérêt fixé comme dans la loi actuelle constitue la
seule et la vraie politique de taux d'intérêt qu'on doive mettre
de l'avant au niveau du gouvernement.
M. VINCENT: Mais cela constitue la seule garantie certaine.
M. TOUPIN: Ce n'est pas la seule garantie, parce que vous devez
négocier encore avec le lieutenant-gouverneur en conseil une partie du
taux d'intérêt.
M. VINCENT: Ah oui!
M. TOUPIN: Donc, elle n'offre pas tant de sécurité que
ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais il y en aurait une partie qui serait
garantie.
M. TOUPIN: Oui, il y en aurait une partie qui comporterait une
sécurité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tandis que là, il n'y a pas de
garantie de taux préférentiel. Il y a la garantie de la parole du
ministre, mais dans la loi il n'y a rien qui le dit.
M. TOUPIN: C'est un peu comme ça qu'on administre actuellement
partout; on se donne assez de souplesse pour être en mesure d'ajuster les
politiques selon les besoins qui surviennent, selon les besoins qu'on
identifie. C'est la raison pour laquelle on propose une politique
d'intérêt fixé par règlement. C'est la raison pour
laquelle on n'hésite pas à soutenir que les taux
d'intérêt devront être concurrentiels.
M. VINCENT: Préférentiels, regardez ici...
M. TOUPIN: Préférentiels, dis-je, et non pas
concurrentiels.
M. VINCENT: Vous avez le taux d'intérêt et des rendements
ici en pourcentage. Cela a paru dans le Soleil du samedi 28 août 1971. Le
taux d'escompte de la Banque du Canada, à ce moment-là, en
août 1971, était de 5 1/4 p.c; le taux préférentiel
des banques était de 6 1/2 p.c. D'accord? Ce matin, le taux
préférentiel est rendu à 5 1/2 p.c. Mais le taux de la
Société centrale d'hypothèques et de logement pour la
construction unifamiliale était à 8 3/4 p.c. c'est pour
ça que la définition de préférentiel, quand on dit
ça, ce sont des mots et les taux hypothécaires des
prêteurs agréés par la LNH étaient de 8 3/4 p.c.
à 9 1/4 p.c, les prêts personnels des banques étaient de
11.9 p.c. à 12 p.c, les bons du trésor de trois mois
étaient à 3.1 p.c, et les obligations du gouvernement canadien
étaient de 6.89 p.c. Il s'agit de trouver le taux
préférentiel. A ce moment-là, on donne une garantie au
ministre. On lui dirait que si dans sa législation il gardait les 2 1/2
p.c. pour les premiers $15,000, on l'assurerait d'une garantie de toujours
avoir un taux préférentiel, parce qu'il irait discuter avec les
officiers des finances seulement la partie supérieure à
$15,000.
M. TOUPIN: Je ne suis pas contre cette théorie, je dis: Elle est
trop rigide, elle nous encadre et elle ne nous permet pas...
M. VINCENT: Elle encadre le ministre des Finances, pas le ministre de
l'Agriculture.
M. TOUPIN: ... elle ne nous permet pas d'agir avec assez de souplesse.
Le ministre des Finances fait partie du gouvernement comme tous les autres
ministres et celui-là est capable de comprendre comme n'importe qui
qu'en agriculture on peut avoir des politiques préférentielles.
Le ministre des Finances n'est quand même pas ce potentat qui essaie de
nous écraser tous les jours, c'est quelqu'un capable de discuter un peu.
Jusqu'à maintenant, je pense qu'on est parvenu à discuter avec
lui des choses qui avaient du bon sens au niveau de l'agriculture. A l'avenir,
on va continuer à discuter au niveau du gouvernement de nos politiques,
on va défendre et on va soutenir ces politiques au niveau du
gouvernement. Un ministre doit être capable de soutenir ses politiques
aussi.
M. VINCENT: Si l'article 3 fait suite aux discussions avec le ministre
des Finances, ce n'est pas fameux, parce que si le ministre des Finances est
prêt à accepter ce point de vue, il va certainement dire au
ministre de l'Agriculture: Enlevez donc l'article 3. On ne peut pas proposer
d'amendement, on peut faire des suggestions.
M. TOUPIN: Oui, c'est une question.
M. VINCENT: Quand bien même on mettrait le taux
d'intérêt à 7 p.c. ou 6 1/2 p.c. pour le montant
supérieur à $15,000, je le dis au ministre de l'Agriculture,
malheureusement, il ne sera pas assez longtemps à ce poste, dans cinq,
six, sept ans, vous verrez et les fonctionnaires verront surtout la
difficulté d'établir ce taux préférentiel. On a
seulement qu'à se rapporter à la politique fédérale
de crédit agricole. A ce moment-là, c'était fixé
à 5 p.c. pour les premiers $20,000. A un certain moment, le ministre, M.
Harry Hays, a soumis un
projet de loi mentionnant qu'à l'avenir ce serait établi
par règlement à un taux préférentiel. A un certain
moment ce taux préférentiel de crédit agricole
fédéral est venu à 8 3/4 p.c. d'intérêt. Ce
n'était plus un taux préférentiel. Imaginez-vous le type
qui a un prêt agricole de $40,000, quasiment 9 p.c.
d'intérêt, cela lui fait $3,600 par année à
rembourser en intérêt seulement.
M. TOUPIN: Là-dessus je suis d'accord aussi. Mais il ne faut
quand même pas prendre le problème du taux d'intérêt
comme étant le seul élément constituant les dynamismes qui
doivent développer l'agriculture.
M. BELAND: Justement...
M. TOUPIN: Je reste convaincu que les budgets du gouvernement en
matière agricole doivent être sufisamment souples. Dans le temps
on a commencé à le faire au ministère, on espère
toujours être assez souple pour se rendre compte que, lorsqu'un programme
ne nous apparaît pas tellement bon, qu'on le reprenne et qu'on le remette
ailleurs pour répondre à un besoin plus urgent.
Il y a plusieurs façons de stimuler le développement de
l'agriculture et de créer des dynamismes incitateurs pour le
développement de l'agriculture. La politique de prêts en est un,
par l'intermédiaire d'un taux d'intérêt
préférentiel. Mais il ne faut pas mettre tous les oeufs dans le
même panier, Dieu sait ce que cela donne. Lorsque vous concentrez trop
d'argent sur un même aspect, vous n'en avez pas suffisamment pour
développer les autres aspects en agriculture.
Qu'on le veuille ou non, un des vrais problèmes agricoles
actuellement est la commercialisation de ses produits, ses marchés et le
prix de ces produits. On a toujours considéré l'agriculture,
jusqu'à maintenant, comme étant une sorte de parent pauvre. On a
toujours cru qu'on était capable de régler le problème
agricole en donnant des avantages économiques, incitateurs, au niveau
des prêts, au niveau d'un certain nombre de subventions et on est...
M. VINCENT: ... il n'y aurait pas d'agriculteurs.
M. TOUPIN: Peut-être parce qu'on n'est pas parvenu à saisir
le véritable moyen qu'on devrait mettre de l'avant pour
développer l'agriculture. Il faudra bien, un jour ou l'autre, que
l'ensemble des Québécois et que l'ensemble des citoyens canadiens
et du monde prenne conscience que les agriculteurs doivent être
payés pour le travail qu'ils font. Il va bien falloir prendre conscience
de cela un bon matin.
M. BELAND: Justement.
M. TOUPIN: II va falloir agir sur des aspects autres que le taux
d'intérêt. Il faut se laisser assez de souplesse dans nos
politiques économiques pour mettre des incitations là où
elles doivent être mises. On peut apporter un millier d'exemples. Pendant
que le gars économise $100 par année sur son taux
d'intérêt, il en perd $1,000 parce qu'il n'a pas de système
de commercialisation.
M. VINCENT: Cela, c'est un autre problème.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas un autre problème. Le
problème agricole est un problème d'ensemble. Ce n'est pas un
problème qu'on peut déchiqueter de cette façon.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce qu'on fait dans tous les secteurs.
On donne une subvention de $20 millions à une compagnie comme ITT sur la
Côte-Nord pour venir s'établir. Il n'y a pas seulement qu'en
agriculture qu'on donne des préférences et des avantages. Si vous
prenez un cultivateur qui emprunte $40,000 et qui paie au-dessus de $3,000
d'intérêts par année, ce n'est plus 11 fermes par
année qui vont fermer mais 25 et 30.
M. TOUPIN: Vous faites une affirmation, est-ce que vous êtes
capable...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne fais pas une affirmation; je fais des
affirmations qui sont dans votre livre...
M. TOUPIN: Est-ce que vous êtes capable de me donner les raisons
pour lesquelles les gens quittent les fermes? Pouvez-vous me donner les vraies
raisons pour lesquelles les gens quittent les fermes? Il faudrait donner ces
raisons.
M. BELAND: Si le président me le permet... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre, messieurs!
M. TOUPIN: Non, il faut les donner. Il faut arrêter d'affirmer
n'importe quoi autour de l'agriculture et il faut penser à des
politiques qui, dans l'avenir, ne vont pas nous amener à dire qu'il part
tant de fermes, mais vont nous faire voir que le produit brut agricole au
Québec augmente, qu'il y a plus de produits sur la table du consommateur
qui viennent des Québécois. C'est cela qui est important pour une
économie. Quant au reste, si en agriculture il y a des problèmes
sociaux, si en agriculture les fermes au cours des vingt ou trente
dernières années n'ont pas été suffisamment
regroupées, n'ont pas été suffisamment
développées, si le système de commercialisation n'a pas
été suffisamment développé, vous avez cet ensemble
de facteurs qui font qu'aujourd'hui...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le ministre m'a
posé une question, est-ce que vous me permettez...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous le savez. Vous avez
énuméré dans des déclarations les raisons pour
lesquelles cela ne marche pas l'agriculture au Québec. Ne me posez pas
de questions, vous savez les réponses.
M. TOUPIN: L'agriculture au Québec, d'après nous,
aurait...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Prenez l'affaire de Fedco, on produit 50
p.c. de notre consommation d'oeufs au Québec et puis on les vend moins
cher que les oeufs qu'on laisse importer de l'Ontario...
M. TOUPIN: On les a toujours vendus plus cher au Québec. On ne
les a pas encore vendus assez cher et c'est la raison pour laquelle nous nous
sommes battus...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... subventionner les éleveurs de
porc, ce sont indirectement des subventions pour les producteurs de l'Ouest.
Vous savez les problèmes, pourquoi l'agriculture ne marche pas au
Québec...
M. TOUPIN: On ne les subventionne pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le bonhomme Taschereau disait la même
chose que vous et Godbout, tous les ministres de l'Agriculture...
M. TOUPIN: On ne subventionne pas les producteurs de porc.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce qu'on pourrait revenir
à la question? A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quant à la question que vous m'avez
posée, je vais vous en écrire un volume...
M. TOUPIN: Je vais vous apporter d'autres exemples qui sont tout
à fait contraires à ce que vous soutenez...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On s'accorde sur les raisons pour lesquelles
ça ne marche pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TOUPIN: Regardez la production du poulet et regardez la production du
lait au Québec et comparez-les avec ce qui se produit dans les autres
provinces.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce qu'on pourrait
revenir à la discussion du taux d'intérêt?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Si on doit fixer ce taux par règlement ou pas,
c'est ce qu'on discute présentement.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai voulu apporter cela comme
argument...
M. LE PRESIDENT: Le député de Huntingdon. Article 3,
adopté?
M. BELAND: Non, pas adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce qu'on doit fixer par règlement le
taux d'intérêt?
M. BELAND: M. le Président, si vous me donnez la parole,...
M. LE PRESIDENT: D'accord, le député de Lotbinière
va régler le problème.
M, BELAND: II n'est pas question peut-être de régler le
problème immédiatement parce que je n'ai pas le pouvoir. Quand
nous l'aurons en 1974, à ce moment-là on réglera le
problème.
Il est toujours permis de rêver, M. le Président le
ministre tout à l'heure a dit qu'il fallait une plus grande
flexibilité pour faire en sorte que les agriculteurs puissent emprunter
d'une meilleure façon et que ça leur soit davantage rentable.
Est-ce que vous avez analysé les changements que vous apportez en
fonction des besoins de la moyenne des fermes qui sont déjà des
fermes, où il n'y a que transfert entre cultivateurs, ou si vous avez
pensé également au fait que le jeune homme veut s'établir
sur une ferme et qu'il n'a pas les moyens?
Il y a quand même de jeunes agriculteurs qui se sont réunis
il y a quelque temps et ont apporté certaines suggestions que je dirai
très valables. Je me permettrai d'en énumérer une ici, et
ça entre, M. le Président, dans le corps du pourcentage
d'intérêt au cas où vous penseriez déjà
à me rappeler à l'ordre alors que ce ne serait pas logique de le
faire.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député de
Lotbinière à ne pas prêter d'intentions au
président.
M. BELAND: De temps à autre, il arrive que je comprends
votre présidence, c'est très tentant parfois je vous
éveille à ce sujet. Je cite textuellement ce que les jeunes
agriculteurs demandaient: " Le maintien du taux d'intérêt à
2 1/2 p.c. pour les premiers $30,000" Eux-mêmes dépassent
dans leur demande ce qui existe présentement; ils demandent
jusqu'à $30,000 dans le cas d'établissement de jeunes et 5
p.c. d'intérêt pour l'excédent de $30,000; ils sont donc
opposés au fait que l'office fixe
par règlement le taux d'intérêt tous les six mois
car c'est impossible je cite toujours textuellement de faire un
budget si l'intérêt d'un prêt varie et cela peut augmenter
beaucoup le remboursement d'intérêt qu'un cultivateur doit
faire".
M. TOUPIN: Evidemment, le député cite des jeunes, mais la
citation qu'il donne n'est pas juste. On ne peut pas soutenir, il serait
impossible de budgétiser parce que pour tous les taux
d'intérêt qui seront établis, les droits acquis seront
respectés, de telle sorte que, quand le gars demandera un prêt et
si l'office le lui consent, si le taux d'intérêt est fixé
à 2 112 p.c. pour les premiers $10,000, à 5 p.c. pour les $10,000
suivants et à 6 p.c. pour les autres $20,000, il saura à quoi
s'en tenir. A ce moment-là, la politique qui sera appliquée pour
lui sera valable tant et aussi longtemps que son prêt sera en
vigueur.
M. BELAND: Est-ce que vous avez pensé à la
possibilité de faire deux agencements? Il y aurait d'abord ceux qui sont
déjà établis sur une ferme et qui, du jour au lendemain,
éprouvent la nécessité d'un prêt; ils font une
demande à l'Office du crédit agricole; c'est donc un prêt
pour l'amélioration d'une ferme qui existe déjà. D'une
autre part, quant à ce qui concerne les jeunes qui veulent
s'établir, ça nécessiterait peut-être que le
prêt soit agencé d'une façon bien différente,
étant donné leurs besoins bien particuliers.
M. TOUPIN: Vous me donnez un argument de plus à l'appui de ma
thèse. Si vous voulez que nous puissions arriver à faire tous ces
accommodements, il nous faut une souplesse dans la fixation des taux
d'intérêt. Autrement, on n'y arrivera pas. J'apporte un exemple.
Supposons qu'à la suite d'une amélioration sensible, ce qui se
fait sentir de plus en plus au niveau des prix, au niveau des rendements
agricoles, il y ait un plus grand nombre de jeunes qui s'intéressent au
niveau de l'agriculture. Peut-être devrons-nous tout de suite amender nos
règlements et dire: Mettons une incitation particulière pour que
des jeunes s'installent sur des fermes. Et là, on a une politique entre
les mains qui est celle des taux d'intérêt. On n'est pas
obligé de venir devant l'Assemblée nationale et dire: Ecoutez, on
a pensé à telle politique pour aider les jeunes. Est-ce qu'on ne
devrait pas amender la loi dans tel sens ou dans tel autre?
M. VINCENT: II n'y a pas besoin de venir devant l'Assemblée,
à l'heure actuelle. Il ne faudrait pas déplacer le
problème.
M. TOUPIN: Si on y va par règlement, on est capable de donner des
incitations particulières aux jeunes. C'est l'avantage.
M. VINCENT: Que le ministre ne déplace pas le problème.
Les premiers $15,000, qu'on les laisse à 2 1/2 p.c. sur le plan
législatif et à ce moment, jamais, nous ne rouspéterons si
le ministre ne revient pas devant l'Assemblée nationale pour faire
changer le taux d'intérêt de 2 1/2 p.c. Il n'y aura jamais de
critique de l'Opposition, même pas des cultivateurs. Le montant
supérieur à $15,000, de $15,000 à $40,000 et de $15,000
à $60,000 pour les sociétés, qu'il le fixe par
règlement. Qu'il établisse sa fixation de taux
d'intérêt partant de $15,000 à $40,000 et $60,000 mais en
bas de $15,000 qu'on le laisse à 2 1/2 p.c. A ce moment, nous aurons
toujours un taux préférentiel.
M. TOUPIN: Je vous ai répondu que c'était une
méthode et que ce n'était pas la seule qui pouvait être
explorée. Il y en a plusieurs autres qui peuvent être
explorées, qu'on doit explorer. C'est la raison pour laquelle la
souplesse est nécessaire à ce niveau afin que nous puissions
fixer des taux d'intérêt par règlement. Je ne dis pas,
jusqu'à maintenant, les taux d'intérêt fixés par
règlement, en haut de $15,000 et dans la loi, en bas de $15,000, ont
été néfastes pour l'agriculture. Je ne soutiens pas cela.
Je dis qu'on a mis un bon montant d'argent jusqu'à maintenant, qui a
peut-être produit ses effets. Mais qui nous dit maintenant qu'à la
lumière de l'expérience et du développement de
l'agriculture il n'y aurait pas certains avantages à déplacer
certaines masses pécuniaires pour les orienter vers d'autres incitations
qui peuvent rapporter à l'agriculteur davantage que ce que lui rapporte
actuellement les lois à sa disposition?
M. VINCENT: Si cela ne peut être des intérêts
subventionnés pour les agriculteurs, l'autre avenue sera que le
gouvernement deviendra propriétaire des terres et il les sous-louera aux
agriculteurs. Et cela coûtera beaucoup plus cher au gouvernement.
M. TOUPIN: Vous, vous soutenez cela.
M. VINCENT: Non, je ne soutiens pas cela.
M. TOUPIN: Mais ce n'est pas certain que ce soit comme cela.
M. VINCENT: Je le préfère à un taux
d'intérêt subventionné parce que le propriétaire de
la ferme reste propriétaire de la ferme.
M. TOUPIN: Je vais apporter un exemple...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'aide fédérale va contribuer
à acheter les petites fermes.
M. TOUPIN: ... à l'opposé de votre thèse et qui la
détruira. Si tel était le cas, le gouvernement
fédéral serait encombré de fermes.
M. VINCENT: Non, parce que, dans le Québec, on subventionne le
taux d'intérêt du fédéral jusqu'à concurrence
de $15,000.
M. TOUPIN: Et dans les autres provinces?
M. VINCENT: D'accord, dans les autres provinces. Prenez l'Alberta, ce
n'est pas le même problème que le nôtre.
M. TOUPIN: Votre thèse...
M. VINCENT: La Saskatchewan non plus et l'Ontario non plus.
M. TOUPIN: ... se détruit par elle-même.
M. VINCENT: Au Nouveau-Brunswick, on subventionne le taux
d'intérêt.
M. TOUPIN: Dans plusieurs provinces, on le subventionne. Il y a
différents types de subvention qui s'appliquent. Nous sommes d'accord
sur cela. Il y a des provinces qui n'en ont pas, d'autres en ont peu, d'autres
en ont plus.
M. VINCENT: Le ministre essaie...
M. TOUPIN: D'autres sont généreuses. Les provinces,
où il n'y avait pas de rabais de taux d'intérêt se sont
développées au point de vue agricole. Prenez le Manitoba, la
Saskatchewan et l'Alberta, ce sont les provinces qui se sont le plus
développées depuis dix ans.
M. BELAND: Etant donné que le ministre nous ramène tout le
temps au point de vue de cette réglementation qui sera agencée,
étant donné que gouverner, c'est prévoir, administrer,
c'est prévoir, je présume qu'il y a déjà des
embryons de règlements, peut-être agencés sur papier qui
pourraient permettre que l'on accepte plus facilement ce que le ministre tente
de nous faire accepter dans ces amendements. Est-ce que vous pourriez nous
mettre au courant, au moins, des embryons déjà pensés,
s'il y en a?
M. TOUPIN: Si gouverner, c'est prévoir, alors, la prudence la
plus élémentaire et l'éthique parlementaire
également...
M. BELAND: ... c'est de ne rien penser. Ce n'est pas cela que vous
vouliez dire.
M. TOUPIN: ... font en sorte que nous devons d'abord les
présenter au gouvernement, à nos collègues, avant de les
porter devant une commission parlementaire. Vous avez, en tant que
député de l'Opposition, toutes les occasions pour soulever
n'importe quel débat en Chambre sur un aspect d'une politique
gouvernementale, qui d'après vous ne correspond pas aux besoins d'une
catégorie de travailleurs du Québec.
M. BELAND: II est entendu que nous avons l'occasion de faire une motion
que l'on présente au feuilleton de la Chambre. Mais seulement, quand
nous sommes bâillonnés indirectement, très subtilement, et
que nous ne pouvons pas discuter des motions, nous, de l'Opposition, n'avons
pas tellement de possibilités.
M. TOUPIN: Un député qui se sent bâillonné,
C'est que précisément il n'a pas encore découvert la
stratégie qu'il devrait mettre de l'avant pour faire valoir ses
opinions.
M. VINCENT: A l'heure actuelle, si vous prenez, par exemple, un taux
d'intérêt le ministre a parlé de 5 1/2 p.c. tout
à l'heure, approximativement de 2 1/2 p.c. à 5 1/2 p.c.
sur $15,000, cela fait un montant additionnel de $450 pour un agriculteur sur
ses premiers $15,000.
Il faut bien penser que l'agriculteur du Québec est aux prises
avec de sérieux problèmes à l'heure actuelle. Cette
année, il y aura un sérieux problème de sécheresse,
de mauvais temps à peu près dans toutes les régions de la
province.
Quand on regarde le revenu des agriculteurs en 1967: $180,114,000, en
1968: $192,548,000, en 1969: $210,399,000, en 1970: $175,839,000, en 1971: $140
millions, on revient exactement à la même situation qu'en 1964 et
en 1965.
M. TOUPIN: D'accord, en 1970-1971.
M. VINCENT: En 1970, ç'a commencé à baisser et en
1971, on est rendu à un niveau très bas. Les revenus nets, la
rémunération des agriculteurs ont baissé en 1970 de 16.4
p.c. et en 1971 de 20 p.c.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: Si on arrive et on dit: Vous allez payer plus cher
maintenant pour votre taux d'intérêt, vous allez avoir moins de
subventions pour telle ou telle chose. Où est-ce que le cultivateur va
s'en sortir tout à l'heure? Le gouvernement va être obligé
d'acheter les terres et les sous-louer aux agriculteurs, ce n'est pas une bonne
politique.
M. TOUPIN : Non. Je ne vous dis pas que je renie les faits des revenus
agricoles, je ne suis pas le seul à les déplorer. Je ne sais pas
si vous avez écouté récemment le premier ministre d'une
des provinces de l'Ouest, M. Schreyer. lorsqu'il dit et soutient que les
politiques agricoles canadiennes et les politiques agricoles de certaines
provinces doivent être révisées et doivent s'orienter
davantage en vue d'augmenter le revenu net des agriculteurs. On est bien
d'accord sur ça. On prône cette politique-là.
M. VINCENT: Cela fait deux ans que le ministre dit ça, mais c'est
tout le contraire qui se produit, ça baisse.
M. TOUPIN : Cela ne baisse pas. Vous avez eu des baisses qui sont les
effets des années antérieures. Vous avez des cycles dans
l'agriculture, le député de Nicolet le sait fort bien, comment
ces cycles-là se déterminent en agriculture. Ce n'est pas parce
qu'une politique a été mise en place au début de
l'année 1970 que cela fera baisser les revenus de l'année 1970.
Ces effets-là vont se faire sentir seulement en 1971, 1972 et parfois
même en 1973.
M. VINCENT: C'est surtout le prix du porc, de la volaille, comme on a
parlé tout à l'heure
M. TOUPIN: C'est exact, le prix du porc, de la volaille, le prix du lait
s'améliorent de plus en plus et au niveau des viandes, de plus en plus
les politiques du gouvernement mises de l'avant ont pour tendance de stabiliser
les prix et les revenus. Vous avez le problème du poulet qui est
réglé presque en entier avec une politique nationale qui se
dessine de plus en plus parce que nous l'avons fait valoir et ça, assise
sur des politiques provinciales qui se tiennent un peu, qui ne vont pas
à la-va-comme-je-te-pousse. Il faut encadrer nos politiques, et il faut
nécessairement contrôler tout au moins un minimum de l'offre pour
arriver à ce que les prix des produits agricoles s'améliorent.
Nous continuons à soutenir quant à nous, et nous pouvons nous
tromper, l'avenir le dira, qu'il faut absolument agir non seulement par des
mesures d'incitation de base à la ferme, mais il faut agir de plus en
plus sur les prix que doivent recevoir les agriculteurs.
On regarde depuis 1949. La productivité agricole s'est
multipliée presque par dix ou quinze. C'est bien sûr mais on a
toujours prôné dans le passé que les petites fermes
n'étaient pas rentables. Il fallait les mécaniser, les regrouper
et s'en tenir presque exclusivement à cette politique-là et il
fallait laisser jouer l'offre et la demande. Il fallait laisser jouer la
liberté de commerce à 100 p.c. au niveau de la vente des
produits. On est ainsi parvenu à améliorer la productivité
agricole, dix fois plus qu'elle ne s'est améliorée dans tous les
autres secteurs économiques du pays et du monde. Ce n'est pas seulement
au Québec, cela s'est fait sentir partout dans le monde. Aujourd'hui,
cette étape est franchie. La productivité agricole s'est
améliorée au point où on est presque saturé et
sursaturé; on a incité les agriculteurs à acheter
tellement de machinerie et il y a eu tellement de mécanisation
qu'aujourd'hui on est encombré de cet investissement de capital qui a
été mis là-dedans. Ce qu'il faut maintenant, c'est nous
orienter vers une politique de commercialisation en vue d'améliorer les
prix des produits agricoles. Si on veut y parvenir, il faut bien que nos
politiques soient assez souples pour nous permettre de le faire sinon, si nous
maintenons les mêmes roues à la charrette, comment voulez-vous que
nous parvenions à améliorer cette charrette-là, du point
de vue de son accélération sur les routes! Il faut bien que je me
donne des moyens pour être en mesure d'améliorer les roues de la
charrette. Sinon, on va rester dans le même marasme où on se
trouve.
M. BELAND: Puisque vous abondez dans ce sens-là, pourquoi ne
voulez-vous pas toucher aux politiques de grains de provende au Québec?
Vous essayez de tout mettre dans le même creuset.
M. TOUPIN: S'il y a un gouvernement au Québec, s'il y a un
ministère de l'Agriculture au Québec qui s'est battu avec le
fédéral pour essayer d'avoir une politique des grains qui soit un
peu plus acceptable et en plus...
M. BELAND: ... avec des gants de soie.
M. TOUPIN: ... a incité ses agriculteurs québécois
à s'orienter vers la production céréalière en vue
de nous donner de meilleurs moyens de marchander, c'est bien celui-ci.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'est battu pour obtenir quoi?
M. TOUPIN: Attendez, les politiques...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je connais un boxeur qui s'est battu, il est
mort après le combat. Qu'est-ce que cela lui a donné?
M. TOUPIN: II y en a qui gagnent aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II s'est battu avec acharnement. Vous vous
êtes battus pour les grains de provende, parce que vous abordez le sujet,
peut-être que le président va me rappeler à l'ordre...
M. TOUPIN: J'ai déjà soutenu et je soutiens encore que si
c'est impossible d'en arriver à des ententes, le Québec devra se
donner ses propres moyens et c'est ce que nous faisons, nous incitons les
agriculteurs à soutenir la production
céréalière.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... ses propres moyens et selon ses
tendances politiques. C'est cela que vous voulez dire?
M. TOUPIN: II n'est pas question de tendance politique dans cette
question-là. Les autres députés ont tendance à
politiser...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Excusez-moi, j'avais compris cela. Ses
propres moyens
sont les pouvoirs politiques de décision. Vous l'avez dit
vous-même que vous n'aviez pas...
M. TOUPIN: Pas nécessairement, l'agriculteur qui est...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez dit l'autre jour que vous
administrez un bureau à Québec, qu'il n'y avait plus de
ministère de l'Agriculture, continuez...
M. TOUPIN: ... ce n'est pas politique. Je vous ai dit que la tendance
que prenait les interventions fédérales nous amènerait
là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Des voeux pieux, vous ne pouvez rien
faire.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, le paragraphe a) de l'article 30 est
adopté?
M. TOUPIN: ... comme quoi on est prêt à occuper nos
champs...
M. VINCENT: A l'article 3, M. le Président,...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce qu'il y a de pire, c'est que le ministre
pense comme moi.
M. VINCENT: Je pense bien qu'on pourrait discuter pendant des
heures...
M. TOUPIN: C'est-à-dire que le député de
Sainte-Marie pense comme le ministre mais ne veut pas le dire.
M. VINCENT: On pourrait discuter pendant des heures et des heures
à l'article 3, nous avons fait connaître notre position, nous
aurions préférer, et nous le soutenons que le taux
d'intérêt demeure fixé dans la loi à 2 112 p.c.
jusqu'à concurrence de $15,000 et le surplus de $15,000 à $40,000
et do $15,000 à $60,000, qu'il soit fixé par
règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est un amendement ou...
M. VINCENT: C'est cela que nous aurions préféré et
on ne peut pas soumettre d'amendement parce que c'est considéré
comme une dépense d'argent.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, ce n'est pas une dépense
d'argent pour les cultivateurs.
M. VINCENT: Pas pour les cultivateurs, c'est pour le gouvernement. Nous,
en ce qui nous concerne, même si nous discutions pendant des heures et
des heures, le ministre semble avoir pris position, il n'est pas inquiet mais
nous allons enregistrer notre dissidence à cet article 3, nous allons
voter contre. A ce moment-là, M. le Président, je proposerais
qu'on fasse le compte des votes, pas seulement sur division.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés! Sonnez les
cloches. Alors, ceux qui sont en faveur de l'adoption telle quelle de cet
article 3 qui comprend deux paragraphes. Ceux qui sont pour? Six. Contre?
Trois. Adopté. Article 4.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le plaisir de voter contre, cela ne
règle rien.
M. VINCENT: C'est un remplacement complet? En substance, pour aller plus
vite, est-ce que le légiste pourrait nous donner seulement les grandes
lignes du changement? Seulement la substance du changement?
M. BELAND: Ici, on dit par exemple que c'est la cumulation de l'ancien
prêt et du nouveau, compte tenu de l'augmentation que l'emprunteur
demande en vue de solder l'ensemble dans un seul prêt; mais il y a des
droits acquis sur la première partie du prêt. Est-ce que l'on
tiendra compte du taux d'intérêt?
M. FRASER: C'est cela que veut dire l'article.
M. BELAND: Oui, mais est-ce que le taux d'intérêt va
demeurer tel que consenti en tout premier lieu pour l'ensemble du prêt,
même la partie nouvelle du prêt?
M. VINCENT: Sur le plan pratique, un cultivateur qui aurait un
prêt agricole de $10,000 décide d'augmenter son prêt
à l'Office du crédit agricole, il veut avoir $30,000, est-ce que
les $10,000 qu'il possède déjà vont être
privilégiés ou si cela devient un prêt nouveau avec de
nouveaux taux d'intérêt?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): En vertu du nouvel article, il n'est pas
oublié.
M. VINCENT: Les droits acquis.
M. TOUPIN: Les droits acquis sont respectés.
M. VINCENT: Oui, c'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous dites ici: Aux fins de
déterminer le taux d'intérêt payable à l'office sur
un prêt qu'il accorde en vertu de la présente loi, l'office
calcule comme s'ils faisaient partie du même prêt, le solde
dû par l'emprunteur...
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, s'il doit $10,000 à un taux
d'intérêt préférentiel, s'il hausse son prêt
à $25,000, là il retombe sur
le nouveau taux pour les $25,000. Les $10,000 ne sont plus sur l'ancien
taux.
M. TOUPIN: Non, non. Tenant compte de ses droits acquis, il a ses droits
acquis jusqu'à maintenant. De là, évidemment, le calcul se
fait pour la différence qu'il empruntera, si toutefois il y a
augmentation du taux d'intérêt.
M. VINCENT: Donc, pour ses $10,000 qu'il a empruntés à 2
1/2 p.c, cela va toujours lui rester $10,000 à 2 1/2 p.c.
M. TOUPIN: Cela, M. le Président, je peux l'affirmer n'importe
quand, avec vérification tant que vous voudrez.
M. VINCENT: Mais ici, au nouvel article, on dit: Aux fins de
déterminer le taux d'intérêt payable à l'office.
M. TOUPIN: Bien oui.
M, VINCENT: Aux fins de déterminer le taux d'intérêt
payable à l'office sur un prêt qu'il accorde en vertu de la
présente loi.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: Donc, pour un prêt de $30,000, l'office calcule comme
s'il faisait partie du même prêt...
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: ... ce nouveau prêt...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: ... le solde dû par l'emprunteur...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: ... sur tout prêt qui lui a antérieurement
été accordé ou...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: ... dont il assume ou a assumé le paiement et sa part
relative du solde de tout prêt qui lui a antérieurement
été accordé à titre d'emprunteur conjoint.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: Ce n'est pas clair dans mon esprit.
M. TOUPIN: M. le Président, nous prenons un exemple pour
illustrer. Supposons que le taux d'intérêt soit maintenu, tel
qu'il est présentement, à 2.5 p.c.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN : Vous avez un agriculteur qui a emprunté $10,000.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: II arrive, aujourd'hui, à l'office pour emprunter un
autre montant de $10,000. Alors, l'office va maintenir son taux
d'intérêt sur l'ancien prêt de $10,000 à 2.5 p.c.
Mais il va tenir compte de ce prêt pour établir
l'intérêt du deuxième, de sorte qu'il y aura seulement ses
cinq premiers mille dollars du second emprunt qui seront à 2.5 p.c. et
l'autre tranche de $5,000 du second emprunt sera à 8 p.c. C'est tout
simplement ça que veut dire l'article ici.
M. BELAND: Si c'est le taux d'intérêt... M. VINCENT:
Présentement,...
M. TOUPIN: Oui, si l'on garde le taux d'intérêt actuel. Je
prends un exemple à partir du taux d'intérêt actuel.
M. VINCENT: Partons hypothétiquement. Le type est cultivateur. Il
a $10,000 de prêt agricole à 2.5 p.c.
M. TOUPIN : C'est ça.
M. VINCENT: ... d'intérêt. Il contracte un emprunt à
l'Office du crédit agricole de $20,000. Le taux d'intérêt
qui aurait été fixé, par règlement, aurait
été de 6 p.c, hypothétiquement. Donc, il obtient un
surplus de $10,000, c'est-à-dire son ancien prêt de $10,000 plus
un nouveau prêt de $10,000, ce qui fait un total de $20,000. En
première hypothèque sur sa ferme, quel sera son taux
d'intérêt à ce moment-là?
M. TOUPIN: Votre taux d'intérêt, vous dites qu'il est
à 6 p.c. présentement,...
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: ... dans votre exemple?
M. VINCENT: Hypothétiquement, en vertu de la nouvelle loi, le
taux sera à 6 p.c. ...
M. TOUPIN: Bon.
M. VINCENT: ... sur les prêts hypothécaires.
M. TOUPIN: Alors, il avait $10,000 déjà à 2 1/2
p.c.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Bon. Est-ce que votre taux de 6 p.c. est pour tout le
prêt?
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Alors, ses premiers $10,000 vont demeurer à 2 1/2 p.c.
C'est un autre prêt complètement. La nouvelle tranche qui va lui
être prêtée va l'être à 6 p.c. si le nouveaux
taux d'intérêt est à 6 p.c.
M. VINCENT: Donc, pour le nouveau prêt qu'il demande, de $20,000,
autrefois, on disait: Bien, il a une partie de ce prêt qui sert à
rembourser l'office pour le montant de $10,000 et l'autre partie s'en va pour
fins d'organisation.
M. TOUPIN: II y a deux types de prêts. Ou bien nous
procédons par un prêt de conversion, en ce sens qu'il se consolide
et que le nouveau prêt contribue à rembourser le premier. A ce
moment-là, tout l'argent prêté va être
prêté au taux nouvellement établi. Ou bien, nous
procédons d'une autre façon. Il maintient son premier prêt,
tel qu'il était, aux mêmes conditions. Puis nous ajustons les
conditions du second prêt tout simplement suivant les taux
d'intérêt actuels. C'est là que l'article nous permet cette
souplesse de faire la jonction entre les deux prêts.
M. TREMBLAY ( Sainte-Marie ) : Lorsqu 'on dit: L'office calcule, comme
s'il faisait partie du même prêt, le solde dû par
l'emprunteur,...
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce que vous venez d'expliquer tantôt,
s'il a $10,000, il porte son prêt à $20,000, vous êtes
certain que cet article veut bien dire ça?
M. TOUPIN: Je reprends l'exemple, si vous me permettez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, écoutez, je vous le demande.
M. TOUPIN: Un agriculteur a un prêt de $10,000
présentement,...
M. VINCENT: Contracté en 1967.
M. TOUPIN: ... contracté en 1967, disons.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. TOUPIN: Sur cette tranche de $10,000, en 1967, il payait 2 1/2 p.c.
d'intérêt.
M. VINCENT: C'est ça.
M. TOUPIN: II arrive, en 1972, disons le mois prochain, et tenons pour
acquis, sans faire de préjudice, que le taux d'intérêt est
maintenu comme il est présentement, 2 1/2 p.c. et 8 p.c. pour les fins
de l'exemple.
Il vient d'emprunter $10,000 additionnels; nous allons tenir compte de
son ancien prêt, ce qui veut dire qu'il y a simplement une tranche de
$5,000 pour laquelle il aurait droit à 2 1/2 p.c.
d'intérêt, étant donné que le taux actuel est de 2
1/2 p.c. sur les premiers $15,000. On tient compte du solde du prêt. Le
solde ne serait pas de $10,000 en 1967, mais pour les fins de l'exemple, disons
que le solde est de $10,000. Il a $10,000 à 2 1/2 p.c. plus $5,000
à 2 1/2 p.c. et les $5,000 additionnels seront à 8 p.c.
étant donné que la tranche au-delà de $15,000 est de 8
p.c.
M. VINCENT: En vertu de la loi actuelle?
M. TOUPIN: Oui. Autrement, si vous ne tenez pas compte de cette
dimension, ce qui va arriver, c'est qu'un agriculteur va avoir plus que $15,000
à 2 1/2 p.c.
M. VINCENT: Oui, c'est en vertu de la loi actuelle.
M. TOUPIN: C'est en vertu de la loi actuelle. C'est simplement parce que
cet article nous permet une certaine pondération pour nous assurer qu'un
seul agriculteur ne bénéficie pas de plus d'une tranche de 15
p.c. globalement à 2 1/2 p.c. d'intérêt, tout
simplement.
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais reformuler la question? Prenons,
hypothétiquement, le taux d'intérêt de 5 p.c. pour tous les
prêts consentis en vertu des paragraphes d) et e). L'agriculteur en
question qui aurait, en 1967, emprunté $10,000 à ce
moment-là, c'était 2 1/2 p.c en 1972, décide de
faire un nouvel emprunt à l'Office du crédit agricole de $20,000
en première hypothèque, en vertu des paragraphes d) et e). Donc,
l'Office du crédit agricole lui consent $20,000 d'hypothèque,
mais ces $20,000 servent à rembourser les $10,000 qu'il avait.
M. TOUPIN: Si c'est un prêt de conversion, cela va
dépendre.
M. VINCENT: Oui, justement sur un prêt de conversion. $10,000 vont
servir à rembourser son premier prêt. Mais à ce
moment-là, est-ce que les $20,000 seront comptés à 5 p.c.
d'intérêt ou si on garde la portion comme le disait le
ministre des droits acquis à 2 1/2 p.c.
M. TOUPIN: Ils sont toujours maintenus, même dans
l'hypothèse que vous soumettez. S'il y a eu $10,000 en 1967 ou si,
disons, le solde du prêt obtenu en 1967 est présentement de
$10,000, cette partie sera toujours maintenue même par voie d'un
prêt de conversion au moyen d'un taux pondéré
d'intérêt, c'est-à-dire compte tenu des avantages qui
découlent du solde de son prêt original de $10,000 à 2 1/2
p.c, plus l'autre tranche, dans l'hypothèse que vous soumettez et dont
le taux serait de 5 p.c. La partie de $10,000 à 2 1/2 p.c. plus
votre emprunteur, dites-vous, a un prêt de $20,000 par conversion
le solde de $5,000 à
5 p.c, mais qui établira un taux pondéré
d'intérêt...
M. VINCENT: De 3 3/4 p.c.
M. TOUPIN: Oui, ce sera environ 3 3/4 p.c. ou 3 1/2 p.c.
M. VINCENT: Si c'est cela que ça veut dire, parce que je ne le
lisais pas comme cela moi.
M. TOUPIN: Oui, assurément.
M. VINCENT: Si c'est cela que ça veut dire, le cultivateur va
conserver ses droits acquis tant et aussi longtemps qu'il va avoir un
prêt agricole.
M. TOUPIN: Toujours.
M. VINCENT: Même s'il fait un prêt de conversion.
M. TOUPIN: Toujours.
M. VINCENT: Même s'il augmente son prêt, il va toujours
conserver les droits acquis sur le résidu du prêt.
M. TOUPIN: Toujours.
M. VINCENT: Mais ce n'est pas marqué spécifiquement comme
cela.
M. TOUPIN: Remarquez ici que l'article est identique à celui
qu'il remplace sauf qu'a été exclue de cet article la dimension
de la société et de la corporation d'exploitation agricole,
étant donné que, pour les fins d'administration nous les
considérons comme des entités différentes des personnes
qui les composent, juridiquement différentes, disons. A ce
moment-là, nous nous sommes dit: Si c'est la société qui
emprunte, c'est une personne différente de ses actionnaires et, si c'est
l'individu individuellement qui emprunte, ce sera une autre personne pour les
fins de l'office. Cela nous évite de nous immiscer dans la structure des
corporations et des sociétés. Juridiquement, on sait que c'est
une personne morale, qui est différente de la personne qui le
compose.
On a simplement, par la voie du nouvel article 15 a), extrait la
référence à la société et à la
corporation d'exploitation agricole.
Le reste, nous l'avons laissé pour les emprunteurs conjoints,
parce qu'il s'agit de la même personne physique. C'est tout à fait
différent au point de vue de la structure. Nous l'avons laissé
simplement pour l'emprunteur conjoint. Mais c'est la même disposition que
nous avions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce que vous expliquez est très clair.
Je comprends les intentions du ministère. Mais tout simplement je
ne suis pas un spécialiste dans l'interprétation le nouvel
article qui remplace l'article 15, à mon sens, ne dit pas cela. Si vous
lisez l'article 15, cela ne me donne pas la garantie que vous mentionnez.
M. VINCENT: En lisant l'article 15, il faut tenir compte qu'il y a eu
des changements apportés par l'article 3, des amendements, 2 1/2 p.c.
d'intérêt.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne sais pas.
M. VINCENT: C'est ce qui n'est pas clair. Il me semble que s'il y avait
un passage spécifique qui dirait que le résidu des prêts,
les droits acquis sont respectés?
M. TOUPIN: M. le Président, remarquez que l'article 3 ne fait
simplement que changer le mécanisme de fixation. Actuellement, vous avez
deux taux différents. Cet article avait été conçu
relativement aux deux taux différents.
M. VINCENT: D'accord. J'admets ce nouvel argument du conseiller
juridique.Si, par exemple, en vertu du nouvel article 3, du bill 4, le
lieutenant-gouverneur en conseil fixe, par règlement, que le taux
d'intérêt pour les prêts et les résidus de
prêts demeure à 2 1/2 p.c, légalement, c'est d'accord. Mais
il faudra que ce soit fixé par règlement parce que la loi ne le
dit pas.
M. TOUPIN: Non, cela n'a pas besoin d'être fixé par
règlement. Il s'agit de droits acquis. C'est une convention, qui fait
loi entre les parties, entre l'emprunteur et l'office, c'est-à-dire
qu'il emprunte pour 39 ans et demi, à 2 1/2 p.c, sur une portion de
$15,000 et à 8 p.c. sur l'excédent de $15,000. C'est un droit
acquis. C'est la loi entre les parties.
M. VINCENT: Je prends l'exemple du fédéral, ceux qui
avaient un prêt agricole fédéral à 5 p.c., obtenu en
1960, 1961 ou 1962 avant le changement. Si le cultivateur faisait une demande
de prêt de conversion ou encore une augmentation de son prêt
agricole, il perdait son privilège de 5 p.c, parce qu'on lui consentait
un nouveau prêt, lequel avait comme objectif de rembourser l'ancien
prêt, de payer la nouvelle terre qu'il achetait ou de faire des
rénovations sur sa ferme. Il perdait son privilège de 5 p.c.
Il est vrai qu'ici, vous pouvez, en vertu de l'article 3 du bill 4,
fixer par règlement le taux d'intérêt pour les sommes
résiduaires sur les prêts consentis antérieurement. Il est
vrai que, par règlement, vous pouvez le faire. Je pense que vous serez
dans l'obligation de le faire par règlement. En tout cas, la porte vous
est ouverte pour le faire.
M. TOUPIN: Oui. Et sauf erreur, je crois que le fédéral a,
actuellement, la méthode du taux pondéré.
Exactement. C'est l'assurance que nous ont
donnée les autorités de la société. On a pu
le vérifier, chez certains emprunteurs. Ils ont réglé la
situation au moyen du taux pondéré d'intérêt, compte
tenu des avantages qui découlaient du prêt
antérieurement.
M. VINCENT: Si c'est dans la loi ou s'il y a des règlements. Ce
dont j'avais peur, c'est que, sur le plan légal, si on prend seulement
la loi et qu'il n'y a pas de règlements, vous avez l'autorité de
faire les règlements en vertu de l'article 3 du bill 4. Mais dans vos
règlements sanctionnés par le lieutenant-gouverneur, vous donnez
plus de force aux affirmations que vous venez de faire. Pour plus de
sécurité, il serait préférable de le stipuler par
règlement. Autrement, cela peut apporter une fausse
interprétation. Cela reste à analyser. Vous avez la
possibilité de le faire. Si ce n'est pas assez clair dans la loi, vous
avez la possibilité de le faire par règlement. C'est le dernier
argument du conseiller juridique qui m'a ouvert cette porte. Il est possible de
le faire.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté?
Adopté.
Article 5, paragraphe a)?
UNE VOIX: Adopté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est de la concordance.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: II faudrait simplement faire attention. On a les biens
nantis, les biens meubles.
M. TOUPIN: II n'y a que deux cas.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6.
M. VINCENT: M. le Président, j'ai une observation à faire.
Là, il faudra nécessairement une collaboration des bureaux
régionaux, pour éviter que l'on augmente le personnel à
l'Office du crédit agricole.
Je vous dis que si ce sont seulement des agronomes qui vont faire
remarquez bien que les évaluateurs de l'Office du crédit agricole
sont des agronomes, ils ont déjà du travail par-dessus la
tête les inspections des immeubles hypothéqués et
des biens nantis, on n'en finira plus. C'est là qu'il va falloir roder
une structure avec les bureaux régionaux pour en arriver à ce que
cette inspection se fasse par d'autres officiers que les agronomes
évaluateurs. C'est simplement une remarque que je fais en passant.
M. TOUPIN: J'ai déjà donné le point de vue du
ministère lors de la première séance. Je leur ai dit que
c'était nécessaire, essentiel que nous ayons des
mécanismes de collaboration plus étroites entre les
différents services du ministère et il est bien évident
que nous nous orientons de ce côté-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ici on voit que "l'office peut, par ses
représentants ou employés, effectuer en tout temps l'inspection
des immeubles hypothéqués et des biens nantis, et à
défaut d'entretenir ou au cas de détérioration
entraînant la diminution des garantis, faire, aux frais de l'emprunteur,
tous travaux et réparations et prendre toute mesure qu'il juge
nécessaire."
Cela veut dire que c'est le ministère qui déciderait de
faire aux frais de l'emprunteur des réparations nécessaires sur
les bâtisses.
M. TOUPIN: C'est l'office qui en déciderait. C'est simplement en
vue de protéger un prêt. Cela ne s'est jamais produit
jusqu'à maintenant, mais ça peut se produire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est un changement sur l'autre article.
M. TOUPIN : C'est d'ailleurs un pouvoir dont sont dotés la
plupart des créanciers hypothécaires. La plupart des lois le
prévoient et lorsque cela n'est pas spécifiquement prévu
dans la loi, comme nous l'insérons présentement, cela fait partie
d'une clause spéciale dans l'acte d'hypothèque la plupart du
temps. C'est très important. Il ne s'agit pas ici d'une inspection
systématique...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans l'acte d'hypothèque il est dit
qu'on doit conserver les biens qui sont hypothéqués en bon
état, on ne dit pas qu'on a le droit de décider de faire des
réparations.
M. TOUPIN : Très souvent il y a des dispositions à l'effet
qu'après un avis, si les réparations ne sont pas faites, on peut
les faire faire aux frais de l'emprunteur. Très souvent, dans les actes
d'hypothèque, c'est commun.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas quelque chose de nouveau?
M. TOUPIN : Disons que c'est pour faciliter l'application de la loi.
C'est toujours plus formel que ce soit une disposition législative, mais
en pratique très souvent ça se fait via l'acte
d'hypothèque et ça devient quand même la loi entre les deux
parties.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et le gars, s'il ne peinture pas sa grange,
c'est le ministre qui va aller la peinturer?
M. TOUPIN: Avec le président de l'office.
M. BELAND: Advenant le cas où il y aurait nécessité
de travaux de réparation, est-ce qu'on les effectuera jusqu'à
concurrence de la créan-
ce? J'ai préparé un article similaire que je propose. Je
ne sais si vous voulez en prendre note. J'intitulerais ça l'article 18
a): "L'office peut par ses représentants ou employés"
parce que pour tenir compte des observations du député de
Nicolet, d'ailleurs vous l'aviez déjà inscrit ici dans le
vôtre "effectuer en tout temps l'inspection des immeubles
hypothéqués et des biens nantis, et à défaut
d'entretien ou au cas de détérioration entraînant la
diminution des garanties, recourir de l'emprunteur personnellement les dommages
résultant de ces détériorations jusqu'à concurrence
de sa créance, et au même titre de prêt sur nantissement ou
hypothèque, et le montant qu'il en perçoit est imputé sur
et en déduction de sa créance, assurant ainsi l'exécution
du prêt consenti."
M. TOUPIN: C'est que vous consacrez un principe qui existe en vertu du
droit commun et du droit civil.
M. BELAND: Je me demande si, dans l'article qui était
agencé, il n'y a pas possibilité d'abus de la part je ne
voudrais pas présumer de la mauvaise volonté d'employés ou
de représentants de l'office, ce n'est pas ça mais au cas
où il aurait idée dans ce sens pour un cas donné ou une
ferme qui s'apprête à revenir à l'office parce que, depuis
un certain nombre de mois ou d'années, il y a réticence à
payer et à acquitter les sommes dues ou l'emprunt total.
Il y a plusieurs cas. J'ai pris connaissance d'un cas
dernièrement où on demande que le prêt en entier soit
remboursé dans un certain délai compte tenu du fait que le
fermier a moins d'animaux sur sa ferme. En somme, c'est un cas bien
spécifique. C'est le cas précisément. Le fermier a
été très malchanceux. Il a l'intention d'acheter d'autres
animaux pour en venir à travailler strictement sur sa ferme.
Présentement, compte tenu de toutes ses obligations, même au point
de vue de la maladie et le reste, il a des difficultés. Mais il montre
qu'il est de très bonne volonté et sa situation financière
semble s'améliorer constamment; il sera en mesure d'acheter d'autres
animaux et de redevenir un cultivateur à temps plein. Or, si
c'était son cas là ce n'est pas son cas si ses
bâtisses, par exemple, étaient endommagées de quelque
façon, je crois qu'il faudrait prévoir ce cas. C'est pour
ça que j'avais agencé quelque chose, mais j'aimerais avoir vos
observations à ce sujet.
M. TOUPIN: Je pense que vous touchez un autre problème avec
l'exemple que vous apportez. Vous touchez le problème du gars qui ne se
conforme pas aux obligations auxquelles il s'est engagé au moment
où le prêt lui a été consenti. Alors, si les
obligations auxquelles, lui, il s'est engagé ne sont pas remplies,
l'office peut toujours demander que le prêt soit remboursé. Mais
en ce qui concerne l'article 18 a), c'est un droit que tous les prêteurs
du Québec ont, surtout ceux qui prêtent sur hypothèques ou
qui prêtent sur nantissement. C'est un droit qu'ils ont et c'est un
principe qui est reconnu, c'est un principe qui est accepté, c'est un
principe dont tout prêteur doit se prévaloir. Ce n'est pas parce
que c'est le gouvernement qui prête qu'on doit laisser les individus ne
pas s'occuper de leur affaire. Si nous prêtons $40,000 ou $50,000 sur une
ferme, il m'appa-raft bien important, en tout cas quant à moi, en tant
que prêteur du gouvernement, que nous suivions de près
l'évolution de l'entreprise et que nous intervenions à un moment
précis pour lui dire: Au rythme où tu administres ton
organisation, c'est l'office tantôt qui sera pris pour reprendre ta ferme
et pour y investir encore $8,000 ou $10,000 avant de la rendre
véritablement acceptable au point de vue de l'exploitation. Donc, il est
bien normal que le prêteur prenne ses responsabilités et que
surtout l'emprunteur prenne aussi les siennes. Il n'y a rien d'odieux à
ce qu'un représentant de l'office aille trouver un emprunteur un matin
et lui dise: Tes bâtisses se détériorent, nous avons une
hypothèque sur elles, nous avons un nantissement sur ta machinerie. Tout
se détériore et tu ne semblés pas vouloir renouveler, tu
ne sembles pas vouloir réorganiser ton affaire en vue de nous assurer,
à nous, un minimum de sécurité. Or, il me semble que
là il n'y a absolument rien d'odieux dans ça. C'est simplement le
mécanisme des affaires qui fonctionne en vertu d'un principe reconnu
partout, vis-à-vis de toutes les institutions prêteuses au
Québec et au pays. Evidemment, même si vous ajoutez dans ça
certaines dispositions qui pourraient amener l'office à consentir
à nouveau une partie de prêt à l'emprunteur qui n'a pas vu
à prendre soin de ses biens hypothéqués ou même si
vous ajoutez la disposition qu'une partie du prêt peut lui être
consentie jusqu'à concurrence de son maximum qu'il avait accepté
auparavant, ça ne change absolument rien à la chose.
Si l'emprunteur a besoin, d'un nouveau prêt pour
réorganiser son affaire, il n'a qu'à en faire la demande et on
reconsolide ses dettes, on lui prête à nouveau et on le remet sur
le plancher des vaches, si je peux m'exprimer ainsi.
M. BELAND: Le ministre a donné quelques opinions pendant que le
conseiller juridique prenait connaissance de ce que j'ai suggéré.
Le conseiller juridique aurait-il quelque chose à suggérer?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! Je ne sais pas si le
député de Lotbinière pourrait nous donner le texte qu'il
propose après les mots "entraînant la diminution des garanties,"
parce que c'est la modalité à ce moment-là. Que dites-vous
après les mots: Ou au cas de détérioration
entraînant la diminution des garanties?
M. BELAND: Recourir...
M. LE PRESIDENT: Recourir.
M. BELAND: ...de l'emprunteur personnellement les dommages
résultant de ces détériorations.
M. TOUPIN: Cela veut dire que l'emprunteur serait obligé de payer
les dommages de la réparation?
M. BELAND: Nous avons essayé de tenir compte de tous ces faits et
il ne s'agissait pas ici, de ma part, d'essayer de soustraire l'emprunteur
à ses obligations. Cela, c'est bien entendu. C'est pour ça que
j'ai pensé l'inscrire, pour tâcher de démontrer que je veux
bien y aller d'une façon objective. Je tiens donc à ce que le
conseiller juridique donne son opinion de façon bien nette sur cet
énoncé.
M. TOUPIN: Si vous permettez, M. le Président, la première
réserve que j'aurais à faire sur ce texte, c'est du point de vue
technique, parce que, d'une certaine façon, on ne fait que consacrer un
principe de droit commun qu'a tout individu s'il a subi des dommages. Il y a
toujours un recours personnel à ce moment, il peut toujours se
prévaloir des tribunaux et obtenir justice.
L'autre aspect, c'est l'aspect pratique. Dans la plupart des cas
où nous avons des difficultés, il s'agit de fermes, dans bien des
cas du moins, qui ont été désertées. Ou souvent
ça nous est arrivé notamment sous l'empire de la Loi de
l'amélioration des fermes des machines qui étaient nanties
à la banque, par exemple, sont laissées à l'abandon et
souvent, ce qui arrive, c'est que soit les voisins, soit des passants vont
aller tout simplement là et prendre une charrue en passant ou prendre
une autre machine. Nous constatons après, lorsque nous apprenons que le
bonhomme est parti, que malheureusement les objets qui avaient
été nantis, nous les trouvons difficilement. Cet article nous
permettrait d'éviter précisément les recours parce que ce
serait préventif au lieu de curatif comme technique du point de vue
pratique. Si nous avons insisté pour insérer dans la loi cette
disposition, c'est que nous arrivons avec les prêts sur nantissement. Et
c'est surtout important, comme je viens de le mentionner avec l'exemple pour
l'illustrer, pour les biens nantis, les biens meubles, de sorte que l'on
s'assure ainsi que les effets nantis ne se déroberont pas au
nantissement, à la garantie, que ce soit pour les banques ou pour
l'office. C'est extrêmement important.
Maintenant, au sujet des abus que le député a
mentionnés. Evidemment, il pourrait à ce jour, on n'en a
jamais mentionné se glisser des abus et encore là,
l'intéressé aura toujours le recours que vous suggérez ici
pour faire corriger ces abus, pour être indemnisé s'il le faut. Il
lui est toujours loisible, si l'office commettait des abus à un moment
donné, de recourir aux tribunaux pour faire corriger de tels abus. Je
pense que le texte, du point de vue pratique et technique, devrait être
maintenu tel que présenté.
M. BELAND: J'aurais peut-être un autre détail. Ah bon!
D'accord.
M. VINCENT: En ce qui me concerne, j'ai lu l'amendement
suggéré par le député de Lotbinière. Je
pense qu'en l'occurrence, comme le disait le ministre par la bouche du
conseiller juridique, M. Moreau, c'est qu'en vertu de ce nouveau principe de
nantissement, pour justement permettre à l'office du crédit
agricole d'aller assez loin avec de l'argent qu'il met à la disposition
de l'agriculteur, il faut que l'office ait assez de sûreté.
Je comprends le point de vue du député de
Lotbinière. Mais je pense qu'à ce moment-là cela
compliquerait, premièrement, l'émission du prêt sur des
biens nantis, parce que peut-être l'office n'aurait pas suffisamment de
garanties, deuxièmement, cela compliquerait également
l'administration. Tandis que là, c'est bien clair. Le type s'en vient,
il obtient son prêt. Cela ne veut pas dire que l'objectif poursuivi par
le député de Lotbinière n'est pas bon. Il reste que pour
permettre, justement, de verser des sommes d'argent aux agriculteurs, on parle
de plus en plus de garanties morales qu'on exige de l'agriculteur, il faut
quand même avoir de bonnes garanties physiques. Pensez simplement
à un tracteur qui serait en train de se détériorer, que le
moteur soit fini ou qu'il y ait un problème. C'est bien dommage mais,
s'il ne le fait pas réparer, on le fait réparer et on envoie le
compte. Je pense que dans 99.9 p.c. des cas, le type étant averti, il va
le faire réparer lui-même. Mais il reste que l'office a toujours
le dernier recours. On va lui envoyer une lettre: Si tu ne fais pas
réparer ton tracteur, en vertu de la loi, on va être dans
l'obligation de le faire réparer et de t'envoyer le compte. Cela va
régler 99.9 p.c. des cas.
Je pense que cette sûreté, l'office en a besoin.
M. TOUPIN: Si j'ai bien saisi les remarques du député de
Lotbinière, une de ses préoccupations vise, principalement, le
fait que l'office protège l'agriculteur, l'emprunteur, en ne
s'enrichissant pas sans cause. Il est bien sûr que l'office, à
travers son expérience, n'a jamais eu d'aventure de telle nature parce
que, dans ces matières, il faut agir avec sagesse, avec prudence et
compréhension des aspects humains du problème de l'agriculteur.
Je pense que c'est véritablement ce que l'office a fait dans tout le
cours de son histoire.
Jamais, à aucun moment, l'office n'a abusé à cet
égard. Il est bien certain que dans des cas semblables nous y mettons
tout l'éclairage, toute la compréhension de la situation de
l'agriculteur; encore faut-il que l'office soit pourvu des moyens
nécessaires pour assurer la protection des deniers publics.
M. BELAND: Loin de moi était l'idée que, justement,
l'office a déjà abusé, disons, d'un emprunteur quelconque.
Loin de là était mon idée. Il me semblait, selon mon
optique, que cela aurait précisé davantage parce qu'on essaie
toujours d'améliorer les lois déjà existantes, selon la
compréhension que l'on en a ou la possibilité d'évaluation
que l'on a. Par contre, je me permettrai ici, parce que cela entre quand
même en ligne de compte avec cet article précis que l'on tend
à vouloir amender...
Il y a eu même dernièrement certains cas où il y a
eu faillite en agriculture, où il y avait des prêts consentis ou
qui avaient déjà été consentis par l'Office du
crédit agricole. Sur la même ferme, il y a eu également
d'autres consentements effectués de la part de l'emprunteur par la force
des choses, entre autres, la fameuse Société financière du
Québec qui a amené vers la faillite plusieurs agriculteurs,
jusqu'à présent, et contre laquelle on ne semble pas bouger. Dans
le même temps, une petite facette mériterait d'être
regardée. J'ai au moins deux cas où justement le père
avait prêté, disons, de la machinerie au fils; le fils avait
oublié de dire à l'inspecteur de l'Office du crédit
agricole que cela ne lui appartenait pas mais que cela appartenait bien
à son prère. Cela avait été prêté par
contrat. Etant donné que cela a été oublié par le
fils, cela faisait, ni plus ni moins, partie de l'ensemble, selon la fameuse
société financière.
M. TOUPIN: Si je comprends bien, votre exemple, l'Office du
crédit agricole n'est pas concerné comme tel mais l'autre, la
Société financière du Québec.
M. BELAND: Non, c'est vrai. Mais là, c'est la
Société financière du Québec. Seulement, au point
de vue juridique, et je m'adresse au conseiller juridique on a
dit au père qui avait prêté sa machine au fils qu'il
faudrait qu'il revienne d'abord contre l'Office du crédit agricole au
lieu de revenir d'abord contre la société financière. Je
me mêle, parce que je ne suis pas avocat.
M. VINCENT: Le fils aurait donné des machines en garantie alors
que ces machines ne lui appartenaient pas?
M. BELAND: Par le fait même.
M. VINCENT: A ce moment-là, cela devient une fraude sur le plan
juridique. Il donne en garantie des biens qui ne lui appartiennent pas.
M. BELAND: Cela devient peut-être une fraude involontaire. Je ne
sais pas. Je ne veux pas situer exactement à qui est la faute et
pourquoi. Mais c'est parfois à la lumière de tels exemples, de
faits frappants, qu'on peut améliorer une loi.
M. OSTIGUY: Si je comprends bien ce que vous expliquez, c'étaient
des machines que le fils avait donnés en garanties à la
Société financière du Québec. C'étaient des
machines qui ne lui appartenaient pas?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II a donné l'auto de son père
en garantie?
M. BELAND: Et ce qui arrive, c'est que, lors de la faillite, le
père ne peut pas reprendre les machines données. Il faudrait
qu'il aille devant la cour.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela arrive qu'il y ait des garçons
qui fassent cela.
M. BELAND: Aujourd'hui, aller devant la cour, lui coûterait
peut-être deux ou trois fois la valeur de la machinerie.
M. OSTIGUY: Cela est arrivé avec la Société
financière du Québec et cela peut arriver avec d'autres
compagnies de finance.
M. BELAND : Oui, mais cela pourrait arriver également dans le cas
de l'office. Même si la Société financière du
Québec n'était pas venue, par la suite, compliquer les
choses...
M. TOUPIN: Qu'est-ce que nous pouvons faire, M. le Président,
pour pallier un problème comme celui-là? Que voulez-vous que nous
fassions? C'est de l'astuce de leur part. C'est de la fausse
représentation. Supposons que l'Office du crédit agricole nantit
deux, trois ou quatre tracteurs sur une ferme, que le propriétaire
affirme que cela lui appartient et qu'effectivement, c'est vrai. Six mois
après, il donne cette machinerie à son fils. Il sait fort bien
qu'il n'a pas le droit de la lui donner parce que c'est nanti en son nom. Il
faudrait qu'il avertisse l'office, avant de donner à son fils cette
machinerie qu'il veut lui donner, parce qu'autrement, l'office n'a plus aucun
recours. La machinerie n'appartient plus au père. Ce dernier "a
donnée. Qui poursuivra-t-on? Le père ou le fils
M. BELAND : Le père n'a pas donné la machinerie, il l'a
prêtée par contrat.
M. TOUPIN: II l'a prêtée par contrat; à ce
moment-là, elle lui appartient et elle ne lui appartient pas.
M. VINCENT: Mais le garçon a permis... M. TOUPIN: C'est cela qui
est l'idée.
M. VINCENT: ... à la Société financière du
Québec de nantir ces biens.
M. TOUPIN: ... de nantir une machinerie qui lui était
prêtée.
M. VINCENT: Et, à ce moment-là, la société a
fait enregistrer au bureau d'enregistrement les biens nantis.
M. TOUPIN: C'est cela. Ce sont des cas sur lesquels il n'y a
pratiquement pas de contrôle. Que voulez-vous qu'on fasse? Pour ne pas
avoir ces problèmes, il ne faudrait pas prêter du tout.
M. VINCENT: Je pense que la nouvelle loi résoudra une partie de
ces problèmes, parce qu'à ce moment-là, l'office aura
l'hypothèque sur la propriété et aura également une
hypothèque sur le nantissement, c'est-à-dire sur les biens
nantis.
M. TOUPIN: Oui, sur les biens nantis.
M. VINCENT: Cela réglera une série de problèmes qui
se sont présentés avec ces sociétés de prêts
à haut taux d'intérêt.
M. BELAND: Au taux d'intérêt de 28 p.c.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous donniez comme exemple, tantôt,
une ferme abandonnée pour laquelle l'office consent un prêt et
qu'on laisse détériorer la machinerie, dans ces cas, qu'est-ce
que l'Office du crédit agricole fait pour récupérer?
M. TOUPIN: Quand nous l'apprenons, c'est déjà fait. Le
monsieur ira travailler en Ontario. Nous ferons l'impossible pour entrer en
contact avec l'intéressé et essayer d'en arriver à des
conditions avec lui. Si, effectivement, il ne peut plus cultiver, nous aurons
des versements spéciaux, étant donné qu'il gagne
maintenant un salaire, pour rembourser son prêt, s'il consent à
louer sa ferme à un autre.
Tout dépendra des conditions établies entre lui et
l'office, ou bien nous procéderons à la réalisation des
garanties et, à la vente de la ferme, étant donné qu'il
était en défaut de rembourser son prêt.
Il demeure toujours responsable de son prêt. Ou encore, on fera
une exploration en vue d'obtenir de sa part une procuration. C'est un acte en
vertu duquel notre débiteur désigne un mandataire, un
fondé de pouvoir, pour agir comme lui. On pourra alors vendre sa terre
par mandat de procuration à un voisin qui voudra s'agrandir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même si cela ne couvre pas l'emprunt,
il est toujours responsable de la valeur, peu importe la
disponibilité.
M. VINCENT: C'est toujours de voir la règle dans chaque cas.
M. TOUPIN: Ce sont toujours des cas d'espèce.
M. VINCENT: Qu'est-ce qui se produit à l'heure actuelle? On
m'informe que les mutuelles d'assurance de comté ont de plus en plus
tendance, et peut-être avec raison, à ne plus assurer les
bâtisses, pas celles abandonnées mais celles non utilisées,
comme les granges-étables. Les mutuelles de comté ont
probablement de bonnes raisons de ne plus assurer du tout une grange ou une
étable qui n'est plus occupée, mais cela pose tout un
problème à l'Office de crédit agricole.
M. TOUPIN: Dans ces cas-là, on a recours à une assurance
spéciale des caisses populaires et le taux est fixé en
conséquence. Les taux sur les bâtisses non occupées sont
d'environ $0.45 les $100 supérieurs aux taux sur celles occupées.
En d'autres termes, pour les bâtisses occupées en vertu de notre
police, c'est de $0.80 les $1000 et pour les bâtisses non
occupées, $1.25.
M. VINCENT: C'est vrai, par exemple, que si le type possède
déjà une hypothèque à l'Office du crédit
agricole, il y a toujours un acheteur éventuel, tandis que le feu prend
plus facilement où il n'y a pas d'acheteur éventuel et ce sont
les assurances qui paient.
M. TOUPIN: Oui mais disons qu'en somme...
M. VINCENT: Si vous avez une police d'assurance spéciale, cela
couvre l'office.
M. TOUPIN: II y a une couverture pour ces cas-là.
M. BELAND: Je reviens à l'objectif, à l'idée du
député de Nicolet. J'ai l'honneur de faire partie du bureau de
direction d'une mutuelle paroissiale et ce n'est pas sans raison que cette
décision est arrivée. C'est parce qu'un cultivateur pouvait
acheter et qu'avec les lois d'agrandissement de ferme les possibilités
de subventions, etc., plusieurs cultivateurs ont été
amenés à acheter une ferme dans un rayon de trois milles,
même parfois davantage, cela dépend. Souvent sur cette ferme, en
contre-bois ou loin du chemin, dans un endroit quelconque, de toute
façon, sur la ferme, il y avait une grange pour abriter la machinerie
agricole ou un surplus de foin, de céréales. Cette grange prenant
de l'âge, on constatait que ce n'étaient malheureusement pas les
anges qui y avaient mis le feu. Il prenait beaucoup plus facilement. Cela avait
adonné que quelqu'un était passé là. Par contre, en
certains cas, il a été bien déterminé que le feu
avait été mis intentionnellement, de façon bien
précise. C'est pour cela que l'assemblée générale
des mutuelles a décidé qu'une attention spéciale serait
portée dorénavant à ce sujet.
Cela se complique, mais le point soulevé par le
député de Nicolet va peut-être aider, l'idée que
vous émettez va obliger le fermier à prendre de l'assurance par
exemple par l'entremise d'une caisse populaire. Il pourrait peut-être y
avoir des suggestions bien précises émises par
l'Office du crédit agricole aux différentes mutuelles dans
la province. Elles pourraient peut-être réviser non pas
complètement, mais en partie, leur position, avec cette obligation
supérieure. Je ne sais trop par quel mécanisme cela pourrait
être agencé, mais il reste que cette position pourrait
certainement être révisée, parce que, dans certains cas,
chez certaines mutuelles, on a une position très draconienne: on
n'assure pas s'il n'y a rien dans la grange, aucune discussion.
Cela cause des malaises chez les agriculteurs qui, par exemple, cette
année peuvent avoir une grange qu'ils n'utilisent pas. Par contre,
ça peut s'adonner comme ça. Mais l'an prochain, ils peuvent
être dans l'obligation de l'utiliser. Et c'est à y revenir chaque
fois. Afin que tout soit conforme à une date donnée ou dans un
laps de temps donné, il faut communiquer avec l'office et il y a
quelques échanges de correspondance. Il y a un mécanisme assez
lourd, même dans certains cas, assez onéreux, pour la mutuelle et
pour l'office, par ces échanges de correspondance assez longs ou assez
nombreux.
Je me demande si l'office ne pourrait pas donner quelques suggestions
aux différentes mutuelles, pour améliorer cette situation.
M. TOUPIN: Nous sommes en relation étroite et de façon
courante avec les secrétaires-trésoriers de mutuelles de
comté ou de paroisse. Il y a toujours une compéhension
très étroite de part et d'autre. Quand l'office est en mesure
d'ajuster, par ses exigences, les besoins particuliers d'une mutuelle, nous le
faisons à coeur joie. Il y a des cas où nous avons à
recourir à notre propre assurance, qui est l'assurance des caisses
populaires comme je l'indiquais tout à l'heure et qui est
à la charge du débiteur. Est-ce que nous pourrions adopter
l'article 18 a), à moins qu'il y ait d'autres interventions?
M. LE PRESIDENT: Article 6. Adopté.
M. BELAND: Même si j'ai apporté des suges-tions, compte
tenu des explications du conseiller juridique, j'accepte l'amendement tel que
suggéré.
M. LE PRESIDENT: Article 7.
M. VINCENT: A l'article 7, est-ce que la même chose s'applique
à ce dont on a parlé tout à l'heure au sujet de "un tel
prêt doit comporter"? Le président nous avait
suggéré, en l'analysant, "un tel prêt peut comporter".
Est-ce que le même problème se poserait? Je n'ai pas eu le temps
de le lire.
M. TOUPIN : Je faisais justement la relation, moi aussi, en le relisant
une deuxième fois...
M. VINCENT: Je veux toujours laisser une porte ouverte à l'Office
du crédit agricole, dans des cas bien légitimes.
M. TOUPIN : Celui-là ne se lit pas tout à fait...
M. VINCENT: Non, ça ne se lit pas de la même façon.
Mais on pourrait permettre au conseiller juridique d'en prendre connaissance.
Nous pouvons suspendre celui-là.
M. TOUPIN: Ici ce n'est pas tout à fait le même
problème.
M. VINCENT: C'est pour un prêt supplémentaire.
M. TOUPIN: Oui, mais l'article 19 a été conçu pour
fins de concordance avec le nantissement. En fait, c'est sensiblement le
même texte qui existait antérieurement. Alors, nous sommes
obligés, encore ici, si nous consentons un prêt
hypothécaire, d'exiger une hypothèque et, si nous consentons un
prêt sur nantissement, d'exiger le nantissement. C'est ce que
réclame cet article.
On dit "garanti par une hypothèque prenant rang
immédiatement après toute hypothèque que l'office
détient déjà ou par nantissement agricole assorti d'une
telle hypothèque". "Ou par nantissement agricole assorti d'une telle
hypothèque", c'est à ce lambeau de phrase qu'il faudrait
peut-être apporter un peu plus de souplesse. Vous, vous aimeriez que ce
ne soit pas nécessairement assorti d'une telle hypothèque.
M. VINCENT: C'est-à-dire donner assez de liberté à
l'office, pour des cas marginaux.
M. TOUPIN: Vous avez ici "l'office peut consentir au départ". Je
pense que la souplesse permet...
M. VINCENT: II peut consentir un prêt supplémentaire, mais
garanti par une hypothèque prenant rang immédiatement
après toute hypothèque.
M. TOUPIN: Oui, c'est nécessaire. La loi nous impose toujours une
première hypothèque. La deuxième hypothèque qui
sera consentie est immédiatement après celle de l'office, de
sorte que nous sommes le premier créancier hypothécaire, à
toutes fins pratiques.
M. VINCENT: Je pense toujours à des cas le
président, M. Hurtubise, va se reconnaf-tre de vieilles filles
qui sont attachées sur des terres. Nous en voyons dans la province. Cela
a été fait par testament en 1932, 1940 et la demoiselle en
question âgée de 72, 73 ans ne s'est pas mariée. Quand le
père a donné la terre au fils, il a déclaré: Mon
fils, je te donne la terre mais à la condition que tu gardes ta soeur
jusqu'à sa mort. A ce moment-là, c'était une
hypothèque, pas la vieille fille mais le fait que ce soit attaché
dans le contrat. Si la demoiselle en question, même si elle est
âgée de 72 ans, ne
signe pas pour céder priorité d'hypothèque à
l'Office du crédit agricole, l'Office du crédit agricole est
obligé d'arrêter le prêt parce qu'il n'a pas la signature de
la demoiselle. Nous voyons de tels cas.
M. TOUPIN: C'est le même problème que tantôt, il
s'agit de donner assez de souplesse à l'office de façon qu'il
puisse prendre une deuxième hypothèque et aussi à ne pas
le faire.
M. VINCENT: Généralement cela n'affecte jamais le
prêt mais parce qu'on n'a pas la signature de mademoiselle Unetelle
âgée de 72 ans, on ne peut pas consentir le prêt. J'aimerais
que l'on cherche une formule qui permette à l'office d'y aller quand
même.
M. TOUPIN: M. le Président, nous allons regarder l'article 19
à nouveau, en rapport avec le premier article.
M. VINCENT: Non, qu'on le laisse en suspens.
M. TOUPIN: M. le Président, deux questions se posent: Est-ce que
l'office, lorsqu'il consent un prêt hypothécaire, doit prendre une
première hypothèque ou s'il peut consentir un prêt sans
obtenir une première hypothèque? C'est un principe sérieux
en jeu.
M. VINCENT: C'est cela.
M. TOUPIN: Jusqu'à maintenant la philosophie de la loi a
imposé une première hypothèque et c'est dans cet esprit
que l'article a été conçu.
C'est une deuxième hypothèque qui vient
immédiatement après l'autre, de sorte que nous avons, à
toutes fins utiles, un premier créancier hypothécaire.
L'autre aspect est que l'on fait référence à
l'article que nous avons vu il y a quelques instants où il a
été question, à la suggestion du président, de
mettre "peut" au lieu de "doit", en ce sens que le nantissement qui serait
requis par l'office serait nécessairement sorti d'une affectation
hypothécaire, c'est une autre question. Si vous voulez suggérer
la même souplesse que le président a suggérée
relativement à l'article que nous avons vu précédemment,
nous pourrions faire peut-être ceci. Simplement à titre de
suggestion qui pourrait être étudiée plus en profondeur et
dont rapport sera fait ultérieurement à la commission. Nous
pourrions écrire : Prenant rang immédiatement après toute
hypothèque que l'office détient déjà par
nantissement agricole, assorti d'une telle hypothèque s'il y a lieu, et
aux autres questions. Nous aurions exactement le pendant de la souplesse que
vous avez proposée à l'article antérieur?
M. VINCENT: Qu'on l'analyse, qu'on l'étudie et si...
M. TOUPIN: Le changement de l'un entraf-nerait le changement de l'autre
dans le même sens.
M. BELAND: Cela aurait beaucoup de sens.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'avec ce changement l'article 7...
M. VINCENT: Ce n'est pas un changement définitif.
M. LE PRESIDENT: On a ajouté après le mot d'une telle
hypothèque: S'il y a lieu.
M. TOUPIN: C'est une suggestion, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous allons suspendre l'étude de cet
article.
M. TOUPIN: Nous allons l'examiner, ce sera discuté dans le
rapport. Il n'est pas nécessaire que nous revenions, peut-être que
nous y reviendrons à la fin, si nous avons des doutes.
M. VINCENT: Oui, à la fin, avant de faire le rapport.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'étude de l'article 7 est suspendue,
nous passons maintenant à l'article 8.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, si un prêt est
accordé conjointement à une association, cela veut dire que la
part qu'il doit dans ce prêt conjoint est déductible du montant
auquel il a droit comme emprunteur individuel. S'il doit déjà
$15,000 dans un emprunt conjoint, il a droit à $25,000 et non pas
à $40,000 comme prêt individuel.
M. TOUPIN: C'est ça. C'est pour fixer un maximum du montant afin
qu'il n'excède pas le montant de $40,000 ou $60,000 selon le cas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II doit $15,000...
M. VINCENT: II peut emprunter $40,000 au gouvernement mais jamais
$60,000.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... dans un plan conjoint et $25,000 dans un
plan individuel, ce qui fait $40,000, c'est le maximum, c'est ça.
D'accord.
M. VINCENT: En plus de cela, il devait y avoir le prêt
d'amélioration des fermes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Article 8, adopté, pour ma
part,...
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... qui amende l'article 20 de la loi.
M. LE PRESIDENT: Article 9. M. TOUPIN: De concordance. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Article 10.
M. VINCENT: C'est assez important. Je le redis encore une fois: Le plus
de mains levées possible et le plus rapidement possible.
M. TOUPIN: D'accord.
M. VINCENT: Autrement dit, quand on peut donner une mainlevée,
qu'on le fasse le plus vite possible.
M. TOUPIN: C'est notre préoccupation, à cet article.
M. VINCENT: Cela a joué des tours à des agriculteurs.
M. TOUPIN: II faut que ce soit très souple. Par
téléphone, on peut aviser notre homme d'y aller.
M. BELAND: Dans l'ordre normal des choses, alors qu'il y a un
échange minimum de correspondance en vue d'une mainlevée, combien
peut coûter à l'Office du crédit agricole une telle
mainlevée?
M. TOUPIN: Parlez-vous d'un coût administratif ou d'un coût
que nous exigeons?
M. BELAND: Du coût administratif.
M. TOUPIN: Au point de vue de l'enregistrement, la radiation serait au
coût de $8 et l'enregistrement du nouvel objet de nantissement de $7. Les
frais sont actuellement à ce niveau.
M. VINCENT: Ce sera l'agriculteur qui sera obligé de payer. Que
ce soit en partie ou en totalité, c'est toujours le bureau
d'enregistrement.
M. TOUPIN: N'est pas incluse là-dedans l'incidence
administrative, la correspondance et le temps. Je parle simplement des frais
qui nécessitent un déboursement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quand on obtient une mainlevée en
cour, c'est toujours l'individu qui paie les frais, dans le cas d'une
mainlevée sur une saisie, par exemple.
M. VINCENT: L'office exige le paiement des frais seulement pour le
bureau d'enregistrement, non pas pour son travail.
M. TOUPIN: Non, évidemment, pour l'enregistrement. Les
déboursés, en fait.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté. Article 11, adopté.
Article 12, adopté. Article 13.
M. VINCENT: Qu'est-ce qu'on avait avant cela? Ah! c'est pour ajouter le
nantissement.
M. TOUPIN: C'est cela.
M. VINCENT: C'est pour avoir une saisie d'exécution.
M. TOUPIN: D'une certaine façon, nous suivons de plus en plus la
procédure prévue au code de procédure civile, à
l'article 88, notamment. Un affidavit appuyé d'une requête, etc.
C'est la même disposition, si vous voulez.
M. VINCENT: Article 13, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 13, adopté. Article 14, adopté.
Article 15.
M. VINCENT: Là, on retranche la dernière ligne.
M. TOUPIN: C'est un article de concordance.
M. VINCENT: A la présente loi, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 15, adopté. Article 16, adopté.
Article 17, adopté.
M. BELAND: Un instant.
M. VINCENT: C'est pour ajouter le nantissement.
M. BELAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 17, adopté. Article 18.
M. VINCENT: A quel moment pensez-vous que cette loi va entrer en
vigueur? Nonobstant la procédure parlementaire, est-ce l'intention du
ministre de faire sanctionner ce projet dé loi avant l'ajournement?
M. TOUPIN: Notre objectif était que nous puissions... Cela va
dépendre...
M. VINCENT: "Etait", c'est au passé.
M. TOUPIN: Notre objectif est encore, si possible, de procéder
à son application, avec les règlements, au 1er juillet.
Evidemment, je ne sais pas si on va y parvenir.
M. VINCENT: Au 1er juillet?
M. TOUPIN: Probablement que ça ira au 1er août. Il faut
rédiger les règlements. Cela prend passablement de temps,
à l'office, pour les rédiger. On va tenter de la mettre en
vigueur le 1er août.
M. VINCENT: Qu'arrive-t-il de tous les prêts en marche
présentement?
M. TOUPIN: Ils vont continuer à fonctionner. Ils sont consentis
en vertu de la loi actuelle. Cela ne change pas la loi actuelle tant que
celle-ci n'entre pas en vigueur. Ceux qui manifesteront l'intention, parmi les
agriculteurs, d'attendre, de différer pour bénéficier des
avantages des amendements, on le leur permettra.
L'article 18 est clair là-dessus: "La présente loi entrera
en vigueur à la date qui sera fixée par proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil."
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: Nous allons faire proclamer la loi une fois que les
règlements seront adoptés.
M. VINCENT: Mais ceux qui présentement sont en instance non pas
devant les tribunaux, mais devant l'office...
M. TOUPIN: Mais, comme nous venons de le dire, c'est qu'à leur
goût ils attendent pour se prévaloir de la nouvelle loi ou
procèdent en vertu de l'ancienne loi.
M. VINCENT: Disons, par exemple, que j'ai un prêt de $25,000 en
instance devant l'office et qu'on l'accepte suivant le taux
d'intérêt de 2 1/2 p.c. jusqu'à $15,000 et de 8 p.c.
jusqu'à $25,000, mais que le prêt ne soit pas
déboursé, est-ce qu'il se continue comme s'il avait
été déboursé sous l'ancienne loi?
M. TOUPIN: Oui, c'est la date d'acceptation officielle du prêt par
l'office qui le rend admissible aux dispositions de la loi actuelle.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'il est accepté avant
l'entrée en vigueur de la loi.
M. TOUPIN: Celui qui sera accepté en vertu de l'ancienne loi,
avant l'entrée en vigueur de celle-là, sera effectif selon les
ententes.
M. VINCENT: Est-ce l'intention du ministre d'avoir cela au mois de
juillet?
M. TOUPIN: Nous avions fixé cela au 1er juillet, mais je pense
que cela ira au 1er août, parce qu'il faut se donner un mois, tout au
moins, pour préparer les règlements.
M. VINCENT: Je dirais même le 1er septembre. Le ministre m'en
reparlera!
M. TOUPIN: Je suis bien d'accord avec le député de
Nicolet.
M. VINCENT: Qu'il se compte chanceux s'il l'a pour le 1er septembre.
M. TOUPIN: Ce n'est pas toujours facile, mais le gouvernement y
travaille d'arrache-pied. Il y a d'ailleurs pas mal de travail de fait.
M. BELAND: M. le Président, étant donné que cela
peut encore prendre deux, trois ou quatre mois pour préparer les
règlements, j'ai certains cas où la demande de prêt est
faite et où on a semblé vouloir assurer l'emprunteur qu'en vertu
de ce projet de loi no 4, de ces amendements, devrais-je dire, il y aurait
possibilité d'avoir le prêt demandé, parce que ce
prêt entrerait amplement à l'intérieur des cadres du
montant pouvant être prêté sur leur ferme. Or, le type est
acculé au pied du mur. Il a acheté des vaches laitières et
différentes autres choses, je ne me rappelle pas quoi exactement, mais
il est rendu presque au point de se faire enlever son troupeau si le prêt
ne lui est pas accordé. Etant donné que cela va prendre encore
quelques mois, est-ce qu'il y aurait possibilité, dans des cas comme
celui-là, si cela entre dans les cadres de l'acceptation prévue
par l'inspecteur qui a visité les lieux, qu'il y ait un genre de lettre
d'approbation pour qu'il puisse passer à la caisse populaire ou à
la banque, pour tâcher de se tirer d'affaire dans l'intervalle et
jusqu'à ce que le prêt soit replacé de façon
correcte?
M. TOUPIN: Je verrais très difficilement cette
possibilité, parce que l'Office du crédit agricole n'a de pouvoir
que lorsque le législateur lui en confère. C'est l'entrée
en vigueur de la loi qui habilite l'office à agir. Je trouverais une
anticipation comme celle-là irresponsable de la part de l'office.
M. BELAND: Ah bon!
M. VINCENT: C'est toujours la date d'acceptation du prêt
signé par l'agriculteur qui compte.
M. TOUPIN: C'est la date d'acceptation du prêt par l'Office du
crédit agricole qui vaut.
M. VINCENT: Si, par exemple, l'office fait une offre de prêt
il n'est pas encore accepté et que l'agriculteur l'accepte
le 29 août 1972, qu'il retourne sa formule à l'office et que ce
prêt soit accepté le 3 septembre, si la nouvelle loi est en
vigueur le 1er septembre, qu'arrive-t-il?
M. TOUPIN: C'est, une hypothèse qui ne peut pas se
présenter, parce que si l'agriculteur accepte la proposition, il nous en
fait part. Dès le moment où nous sommes informés de son
acceptation, parce que la proposition de prêt a déjà
été signée par deux régisseurs c'est ce qui
est requis pour la validité des actes de l'office la date de la
proposition peut tout aussi bien faire comme date d'acceptation, puisque
l'offre a été signée par deux régisseurs.
A l'heure actuelle, notre façon d'agir à l'égard
des propositions de prêt engage la décision même de l'office
sur la proposition, parce que celle-ci est signée par deux
régisseurs. C'est ce qui est requis pour l'acceptation officielle,
lorsque le quorum est de deux à l'office, c'est donc ce qui est requis
pour la validité de l'acceptation d'un tel prêt.
Maintenant, dans des cas comme ceux-là, il sera toujours loisible
à l'intéressé, s'il s'aperçoit que les amendements
lui offrent des avantages sensibles, de demander à l'office de
reconsidérer l'offre de prêt.
M. VINCENT: Oui, ou de la suspendre.
M. TOUPIN: Tant et aussi longtemps que le montant n'est pas
déboursé, l'office pourrait toujours, dans un cas comme
celui-là, reconsidérer l'offre et peut-être lui consentir
une offre qui collerait davantage aux avantages qu'offrent les amendements.
M. OSTIGUY: J'imagine que lorsque l'office fait une offre au
cultivateur, celui-ci peut quand même écrire avant de la signer et
mentionner qu'il va attendre l'application de la nouvelle loi.
M. VINCENT: A ce moment-là, s'il attend la nouvelle loi, il
attend le nouveau taux d'intérêt aussi. Il va y avoir une ligne.
C'est pour cela que la ligne est toujours préférable, si nous
étions arrivés au cours de l'hiver, dans une saison
terminée. Il est bien entendu qu'il est impossible de retarder
l'application de la loi jusqu'au mois de janvier, mais il aurait
été de beaucoup préférable que la ligne de
démarcation soit entre deux saisons, entre deux saisons de chasse!
M. LE PRESIDENT: L'article 18 est adopté? Le projet de loi no 4:
Loi modifiant la loi du crédit agricole est adopté, à
l'exception de l'article 7, qui est en suspens, jusqu'à ce que nous
ayons la version du conseiller juridique.
M. TOUPIN: Les articles 2 et 7.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article 2 était aussi en
suspens?
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: C'est vous qui l'aviez proposé.
M. TOUPIN: Vous avez proposé: "peut", au lieu de "doit".
M. VINCENT: M. le Président, il faudra souligner que l'article 3
a été voté, non pas sur division, mais par vote à
main levée. Il faudrait que le rapporteur indique cela dans son
rapport.
M. LE PRESIDENT: Alors, la commission ajourne ses travaux jusqu'à
16 heures, à la même salle, pour l'étude du projet de loi
no 5.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 16 h 26
M. PICARD (président de la commission permanente de l'agriculture
et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'agriculture et de la colonisation entreprendra
maintenant l'étude du projet de loi 5, Loi modifiant la loi du
prêt agricole.
M. VINCENT: M. le Président, avant de terminer l'étude du
projet de loi numéro 4, si...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez apporter les...
M. TOUPIN: Oui, je pense que...
M. LE PRESIDENT: ... les changements aux articles suspendus?
M. TOUPIN: Très rapidement, la suggestion qui a été
faite par le président, ce matin, conviendrait et laisserait à
l'office suffisamment de latitude pour répondre aux
préoccupations, légitimes d'ailleurs, du député de
Nicolet.
M. VINCENT: ... par "peut".
M. TOUPIN: C'est ça, l'article 2, "doit" est remplacé par
"peut", au haut de la page 3.
M. VINCENT: Le sous-paragraphe d 1).
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. VINCENT: Au haut de la page 3.
M. LE PRESIDENT: L'amendement est à l'article 2 au paragraphe f),
sous paragraphe d l); dernier paragraphe, changer le quatrième mot pour
lire "peut" au lieu de "doit".
M. TOUPIN: L'autre changement, M. le Président, est à
l'article 7.
M. LE PRESIDENT: L'article 7.
M. TOUPIN: Alors, à la dixième ligne de l'article 19,
après le mot "agricole", il y aurait une virgule et à la
onzième ligne du même article, après le mot
"hypothèque", on ajouterait "s'il le juge à propos ,".
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous placez une virgule après le mot
"agricole"?
M. TOUPIN: Oui, parce que c'est une explication qui est uniquement
relative pour le nantissement. Ceci veut dire que ça se lirait comme
suit: "Toute hypothèque que l'office détient déjà
ou par nantissement agricole, assorti d'une telle hypothèque s'il le
juge à propos, et aux autres conditions qu'il détermine dans
l'acte de prêt". Dans la douzième ligne, au lieu de "l'office", on
pourrait dire "qu'il".
M. LE PRESIDENT: Avez-vous dit "s'il le juge à propos" au lieu de
"s'il y a lieu"?
M. TOUPIN: "S'il le juge à propos" serait mieux.
M. LE PRESIDENT: "S'il le juge à propos".
M. TOUPIN: Et le mot "office" dans l'autre ligne serait substitué
par l'expression "qu'il détermine". Ce serait plus léger, au lieu
de répéter une autre fois, "l'office;" dans la ligne
suivante.
M. LE PRESIDENT: C'est à la douzième ligne?
M. TOUPIN: La douzième ligne, c'est ça.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ces changements sont acceptés? Alors,
ceci termine l'adoption du projet de loi no 4. C'étaient les seuls
changements aux articles suspendus. Adopté?
M. TOUPIN: II y a eu deux petits amendements. On a enlevé le mot
"immeubles", je pense. Oui, le mot "immeubles" a été
enlevé devant les autres articles. C'est très mineur. A l'article
1 et à l'article 3.
M. VAILLANCOURT: Le mot "immeubles" a été
enlevé.
M. LE PRESIDENT: C'est à l'article 1 et à l'article 2 que
le mot "immeubles" a été enlevé?
M. TOUPIN: Aux articles 1 et 3, si je me souviens bien.
M. LE PRESIDENT: Apparemment, c'est 2.
M. TOUPIN: Un instant, je vais vérifier, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'article 1, au sous-paragraphe e 1) le dernier mot
de la première ligne, on enlève le mot "meubles". Cet article
donnera la description suivante: "biens nantis": les biens
déterminés par règlement, qui font l'objet d'un
nantissement agricole en vertu du paragraphe d de l'article 8". L'article 2,
paragraphe h), sous-paragraphe fa l) se lira maintenant comme suit:
"Déterminer par règlement les biens mentionnés à
l'article 1979 a)...". On aura à ce moment enlevé le mot
"meubles".
Alors, le projet de loi 4 est adopté avec amendements.
Projet de loi no 5
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi 5, Loi modifiant la loi du prêt
agricole. Est-ce que le ministre aurait des commentaires de caractère
général à faire sur ce projet?
M. TOUPIN: M. le Président, très
généralement, oui. Le bill 5 a simplement pour objet d'être
concordant avec le projet de loi 4 de telle sorte que le lieutenant-gouverneur
en conseil pourra, aux conditions qu'il détermine, autoriser l'office
à rembourser, sur le taux d'intérêt du crédit
agricole fédéral, le différence qu'il pourrait y avoir
entre son taux d'intérêt et celui fixé par
règlement, au Québec, en ce qui a trait à ces politiques
de crédit.
Dans les grandes lignes, c'est ce que vient faire le projet de loi de
telle sorte que tous les agriculteurs québécois, quelle que soit
la source de crédit à laquelle ils font appel, soient sur le
même pied qu'il s'agisse d'un crédit agricole
fédéral ou d'un crédit agricole provincial. S'il y a une
politique de rabais d'intérêt, chaque agriculteur du Québec
pourra en bénéficier. C'est ce que nous avons appelé ce
matin les taux d'intérêt préférentiels pour les
agriculteurs.
M. LE PRESIDENT: Ce projet de loi est donc simplement un projet de loi
de concordance avec le projet de loi no 4 que nous venons d'adopter. Est-ce
qu'il y a des questions à l'article 1?
M. VINCENT: Concernant les concordances, il est bien entendu que je ne
pense pas que nous ayons à discuter sur les virgules, sur chaque article
et sous-article. C'est une concordance avec le projet de loi no 4 parce que,
dans ce dernier, on a changé le taux d'intérêt fixé
jusqu'à $15,000 il était de 2 1/2 p.c. pour en
faire à l'avenir l'objet d'un règlement sanctionné ou
préparé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. VAILLANCOURT: A un taux flottant.
M.VINCENT: Oui, à un taux flottant au lieu d'avoir un
intérêt privilégié à 2 112 p.c. Cela signifie
qu'à l'avenir il ne sera plus question de remboursement entre le taux
d'intérêt de 2 1/2 p.c. pour les premiers $15,000 et le taux
d'intérêt chargé par la Société du
crédit agricole fédérale. Mes premières questions
seront les suivantes et je le dis tout de suite, je pense que le
ministre est certain que nous voterons contre premièrement:
Est-ce qu'il y aura un remboursement? Le ministre me répondra: Tout
dépendra du taux d'intérêt fixé par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Encore là, est-ce que le remboursement
se fera jusqu'à concurrence de $60,000 advenant qu'il y ait un taux
d'intérêt inférieur fixé par le
lieutenant-gouverneur en conseil pour les sociétés? Et est-ce
qu'il y aura un remboursement jusqu'à concurrence de $40,000 advenant
que le taux d'intérêt qui sera fixé par le
lieutenant-gouverneur en conseil soit inférieur au taux chargé
par la Société du crédit agricole?
M. TOUPIN: Non. Si toutefois, il y a une différence de taux
d'intérêt entre celui du fédéral et celui du
provincial, nous nous enga- geons à payer seulement pour les premiers
$15,000...
M. VINCENT: Ah! c'est seulement sur les premiers $15,000.
M. TOUPIN: Les premiers $15,000, il n'est pas question que nous
subventionnions le crédit agricole fédéral passé
$15,000, si toutefois ses taux d'intérêt sont supérieurs
aux nôtres.
M. VINCENT: Mais à ce moment-là, sur le plan pratique, si
vous avez un cultivateur du Québec qui a un emprunt hypothécaire
de l'Office du crédit agricole, un emprunt hypothécaire de
$40,000, au maximum, là il paiera le taux d'intérêt
à l'Office du crédit agricole qui sera fixé par le
lieutenant-gouverneur, si c'est 5 p.c, 5 1/2 p.c. ou 6 p.c. ce sera son taux
d'intérêt pour le montant total du prêt, si ce taux
d'intérêt est uniforme. Si le taux d'intérêt est
établi suivant les proportions du prêt, c'est là que
ça complique la situation à l'heure actuelle. On ne sait pas si
le taux d'intérêt qui sera fixé par le
lieutenant-gouverneur sera un taux uniforme pour tout le montant du prêt
ou si ça sera réparti sur des portions de prêt. Je
m'explique. Est-ce qu'il y aurait un taux d'intérêt, par exemple,
pour les premiers $15,000? Est-ce qu'il y aurait un autre taux
d'intérêt pour les $15,000 à $25,000? Est-ce qu'il y aurait
un autre taux d'intérêt pour les $25,000 à $40,000?
M. TOUPIN: Ce n'est pas impossible, M. le Président, c'est
même probable.
M. VINCENT: Donc, il pourrait y avoir deux ou trois taux
d'intérêt différents, tout dépendra de la portion du
prêt.
M. TOUPIN: Tout dépendra de la portion et tout dépendra
également du taux d'intérêt moyen que nous recherchons pour
que nous puissions ainsi mettre au moins tous les agriculteurs sur un pied
d'égalité.
M. VINCENT: Mais il est bien entendu que la...
M. TOUPIN: La partie...
M. VINCENT: ... portion de remboursement se fera jusqu'à
$15,000.
M. TOUPIN: Jusqu'à $15,000, c'est marqué dans les notes
explicatives d'ailleurs.
M. VINCENT: Cela va empêcher cette concordance qu'on recherche
entre les deux lois.
M. TOUPIN : Remarquez bien que la loi précédente,
c'est-à-dire la loi actuelle plutôt, n'était pas une loi de
concordance avec le gouvernement fédéral. Entre vous et moi, ce
que le Québec a fait à ce moment-là, c'est qu'il a
simplement accepté de payer aux producteurs du Québec une
subvention d'intérêt sur un prêt fait par le gouvernement
fédéral. C'est simple-
ment ce qu'il a accepté, il n'a rien accepté d'autre chose
que ça et à venir jusqu'à maintenant, c'a profité
aux producteurs du Québec et c'a profité aussi à l'Office
du crédit agricole fédéral. Il faut le dire bien
clairement.
M. VINCENT: Non, ça n'a pas profité du tout...
M. TOUPIN: Cela a aidé les agriculteurs du Québec
à...
M. VINCENT: Cela a aidé les agriculteurs du Québec, mais
pas à la Société...
M. TOUPIN: Cela a aidé les agriculteurs du Québec à
s'adresser à la société fédérale
plutôt que de s'adresser à la nôtre. Ecoutez, il ne faut pas
jouer avec les mots, je suis bien d'accord.
M. VINCENT: Justement, il ne faut pas jouer avec les mots. Cela n'a pas
aidé la société, cela a permis au gouvernement du
Québec...
M. TOUPIN: Cela a aidé la société dans le sens
qu'elle était sur un pied d'égalité avec nous. Au fond,
notre politique de crédit n'était pas
préférentielle vis-à-vis de notre crédit agricole.
Elle était préférentielle vis-à-vis de l'ensemble
des agriculteurs du Québec, peu importe d'où provient la source
de crédit. Quand c'était une source de crédit
fédéral, on payait le taux d'intérêt. On sortait de
l'argent des coffres du gouvernement pour payer le taux d'intérêt.
Je ne dis pas qu'on a mal fait en le faisant; ce que je soutiens, ce que nous
disons, c'est que c'est une loi de concordance dans le sens qu'elle vient
purement et simplement compléter ce qu'on avait déjà
auparavant. Ce n'est rien que ça. Il n'y a aucune autre concordance
là-dedans, que d'inciter l'Office du crédit agricole, par
l'intermédiaire d'un arrêté en conseil, à dire: Tu
vas remettre, sur un emprunt de Jos Lemire qui a emprunté du
fédéral, 2 p.c. d'intérêt. C'est ce que vient faire
le projet de loi. Il n'y a rien d'autre.
M. VINCENT: Vous avez incité également l'agriculteur
à aller chercher des fonds au gouvernement fédéral.
M. TOUPIN: C'est dans ce sens...
M. VINCENT: En vertu de la Loi du prêt agricole canadien, la
Société du prêt agricole a prêté combien
d'argent l'an dernier, aux agriculteurs du Québec?
M. TOUPIN: Une vingtaine de millions peut-être.
M. VINCENT: Donc, la société a prêté presque
autant et même un peu plus que l'Office du crédit agricole. C'est
à peu près la même chose.
M. TOUPIN: On est à $19 millions et quelques centaines de mille.
C'est à peu près la même chose à la
société.
M. VINCENT: Quel est le taux d'intérêt présentement
chargé par la Société du crédit agricole.
M. TOUPIN: C'est 7 p.c.
M. FRASER: Les gens sont forcés d'y aller parce que la loi limite
les cultivateurs à $25,000. S'ils ont besoin de plus que ça,
alors il faut qu'ils aillent au fédéral, c'est le seul endroit
où aller.
M. VINCENT: Cela a été baissé le 31 mars 1972?
Parce que du 1er octobre 1971 au 31 mars 1972, c'était de 7.5 p.c;
maintenant, ce serait baissé à 7 p.c. Cela signifie que si la loi
fédérale qui est présentement en discussion au Parlement
canadien...
M. TOUPIN: C'est 7 p.c.
M. VINCENT: ... était sanctionnée, le taux
d'intérêt est établi à 7 p.c. jusqu'au 1er octobre
1972. Parce qu'au fédéral on change le taux
d'intérêt tous les six mois. C'est formel.
M. TOUPIN: Formel, mais c'est dans les règlements et dans la
loi.
M. VINCENT: D'ici le 1er octobre 1972, il y aura le remboursement entre
le taux fixé par le lieutenant-gouverneur en conseil, le taux
d'intérêt fixé au Québec et les 7 p.c. exigés
par le gouvernement fédéral et ce, jusqu'à concurrence de
$15,000. Le surplus de $15,000 à $40,000, à $60,000 pour une
société, demeurera à 7 p.c.
M. TOUPIN: A 7 p.c. ou à 7 1/2 p.c , je ne sais pas quels seront
les taux du...
M. VINCENT: C'est 7 p.c. jusqu'au 1er octobre. A ce moment-là,
est-ce que c'est 7 p.c. par ricochet pour nous indiquer...
M. LE PRESIDENT: Une minute, s'il vous plaît. Est-ce que le
député de Nicolet n'est pas en train de reprendre toute la
discussion que nous avons eue à ce sujet lorsque nous avons
discuté le projet de loi no 4?
M. VINCENT: Non, parce que là on touche la société
...
M. LE PRESIDENT: C'est cette discussion qu'on a eue justement à
propos du taux d'intérêt pour les premiers quinze ans.
M. VINCENT: C'est justement...
M. LE PRESIDENT: C'est la quatrième fois que vous nous
répétez la même chose.
M. VINCENT: On est justement sur la Loi modifiant la loi du prêt
agricole et la loi du prêt agricole, c'est la loi fédérale.
C'est la loi provinciale qui permet de rembourser à la
Société du crédit agricole fédérale une
portion d'intérêt, je veux dire que la Commission du prêt
agricole canadien, autrefois, est devenue la Société du
prêt agricole fédérale et c'est très pertinent, M.
le Président.
M. FRASER: Ce sont les agriculteurs qui paient le fédéral
sur le même pied que ceux qui paient à la province. Ils
bénéficient du même avantage.
M. TOUPIN: M. le Président, l'assiette de la subvention a deux
dimensions importantes. D'abord au point de vue de la nature du prêt qui
est consenti par la société, il faut que ce soit un prêt
hypothécaire, parce qu'une portion de prêt sur nantissement qui
serait consentie par la société ne serait pas
subventionnée. Deuxièmement la tranche du prêt, c'est
uniquement sur les premiers $15,000 de prêts hypothécaires
consentis par la société. Alors, cela c'est pour donner le
même avantage à l'agriculteur du Québec qui emprunte de la
société qu'un autre agriculteur peut obtenir s'il emprunte de
l'office mais cela se limite, et c'est la loi telle qu'elle existe
présentement, même avant l'amendement, à une subvention
pour $15,000 de prêts hypothécaires.
Maintenant, lorsqu'on parle de concordance, c'est tout simplement afin
de prévoir un mécanisme dans la Loi du prêt agricole qui
ferait en sorte que nous ne soyons pas obligés d'amender cette loi,
chaque fois que le taux d'intérêt sous l'empire de la Loi du
crédit agricole, serait modifiée par règlement.
Automatiquement la base de la subvention s'ajusterait sur les
modifications apportées au taux d'intérêt, en vertu de la
Loi du crédit agricole. C'est la portée de l'amendement.
M. VINCENT: Ce qui me surprend dans le projet de loi no 5, c'est qu'on
conserve le critère indiqué dans cette loi, qui est de $15,000 et
qu'on l'enlève dans le bill no 4. Dans le bill no 4 même si
on a voté contre on enlève le critère de $15,000.
On le conserve dans le projet de loi no 5.
M. TOUPIN: M. le Président, à la lecture du bill, on
s'aperçoit qu'il s'agit de la portion correspondante d'une portion ou
d'un prêt consenti par l'office. Je vais me servir d'un exemple. Disons
que le taux d'intérêt serait de 2 1/2 p.c. sur les premiers
$10,000 et de 4 p.c. sur les $10,000 additionnels. Alors, que viendrait faire
maintenant cette disposition de la Loi du prêt agricole? Il y aurait
seulement l'avantage suivant: Automatiquement la diffé- rence,
payée aux cultivateurs qui empruntent du fédéral, serait,
sur les premiers $10,000, de 2 1/2 p.c. et de 7 p.c. en l'occurence
l'intérêt payé actuellement à la
société et, sur les $5,000 additionnels, s'il emprunte
$15,000, serait de 4 p.c. et 7 p.c. Alors, c'est la même coupe de $15,000
de prêt hypothécaire qui est l'assiette de la subvention, la seule
modalité qui peut intervenir par la suite. C'est le quantum de la
subvention qui sera conditionné par le quantum fixé, en vertu de
la Loi du crédit agricole.
M. VINCENT: Ce que je veux exprimer, M. le Président, c'est ceci.
Le conseiller juridique du ministère, M. Moreau, par la bouche du
ministre, vient de me donner un exemple. Le type fait un emprunt
hypothécaire, à l'Office du crédit agricole du
Québec, pour $20,000, pour employer l'exemple qu'il nous a donné,
l'exemple pratique. Si le taux d'intérêt était fixé,
pour la première portion des $10,000, à 2 1/2 p.c.
d'intérêt, c'est son taux d'intérêt. Si
c'était fixé à 4 p.c. pour la deuxième portion des
$10,000, c'est encore son taux d'intérêt. Mais le même
cultivateur s'en va à la Société du crédit
agricole, au fédéral, pour différentes raisons. Il
profiterait d'un remboursement de 4 1/2 p.c. sur la première tranche des
$10,000; sur une partie de l'autre tranche des $10,000, c'est-à-dire la
moitié, soit $5,000, il profiterait d'un remboursement de 3 p.c. Les
autres $5,000, il serait obligé de payer 7 p.c.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Pourquoi imposer un critère, un chiffre, dans une
loi, le situer à $15,000 quand on ne sait même pas, à
l'heure actuelle, quels seront les critères qui seront fixés par
règlement ou les portions d'intérêt payables sur la
première tranche, la deuxième tranche ou la troisième
tranche qui seront fixées par règlement?
Autrefois, dans le bill 4 et dans le bill 5, c'était $15,000.
Donc, il y avait une concordance; c'était $15,000. C'était 2.5
p.c. au provincial jusqu'à concurrence de $15,000 et c'était la
différence entre 2.5 p.c. et le taux chargé par la
Société du crédit agricole canadien jusqu'à
concurrence de $15,000. Mais à ce moment-ci, si on garde le chiffre de
$15,000, il ne faudrait pas que le règlement qui sera voté par le
lieutenant-gouverneur en conseil change cette portion.
M. TOUPIN: Cela voudrait dire, M. le Président, ceci. Supposons
que vous gardiez 2.5 p.c. d'intérêt dans la loi, ±el que
prévu auparavant pour les premiers $15,000 et que pour les $1,000
additionnels, le règlement de la province de Québec dirait: C'est
maintenant 6 p.c. sur tout ce qui est additionné aux $15,000, est-ce
que, dans les lois actuelles, l'Office du crédit agricole serait tenu de
demander au lieutenant-
gouverneur en conseil de l'autoriser à rembourser le 1 p.c.
d'intérêt de différence entre les 7 p.c. du
fédéral et les 6 p.c. établis par le provincial?
Non, parce que nous avons accepté un critère basé
sur 2.5 p.c. jusqu'à concurrence de $15,000 et nous avons
continué, purement et simplement, à administrer le même
critère, de telle sorte que jusqu'à cette étape de
prêts, pour respecter, évidemment, ces ententes
antérieures, pour respecter l'application de nos politiques
antérieures...
M. VINCENT: II n'y a pas d'entente; les droits acquis existent.
M. TOUPIN: Les droits acquis, si on peut s'exprimer ainsi.
M. VINCENT: Non, mais pour être... M. TOUPIN: Je sais, je vais
continuer.
M. VINCENT: Pourquoi ne pas simplement enlever le chiffre $15,000 et
fixer par règlement?
M. TOUPIN: Je sais qu'on peut le faire, mais je vais maintenant
continuer.
M. VINCENT: Pour être logique.
M. TOUPIN: Oui, ça dépend. Il y a bien des façon
d'être logique. Supposons maintenant que nous parvenions avec le temps,
à trouver un taux d'intérêt qui ne soit peut-être pas
tellement préférentiel pour les premiers $2,000, $3,000, $4,000,
$5,000 ou $10,000 mais, qui, pour les premiers $25,000, pourrait être un
taux d'intérêt préférentiel, par exemple à
4.5 p.c. ou à 5 p.c...
M. VINCENT: Mais là, vous allez...
M. TOUPIN: Je le sais bien que nous allons être barrés
à $15,000. Il n'y a pas de doute possible là-dessus. Cela veut
dire que si on ne met pas un critère dans la loi, chaque fois qu'on va
jouer sur nos taux d'intérêt, pour les ajuster à l'ensemble
des besoins dont on pourra se servir pour trouver des solutions, il faudrait,
en même temps, toujours envisager une politique de remboursement pour
tout l'argent que les producteurs agricoles du Québec emprunteraient de
la part du crédit agricole fédéral.
Tout ce que nous avons voulu faire, c'est conserver les droits acquis
jusqu'à maintenant.
M. VINCENT: Vous les conservez? M. TOUPIN: Oui. C'est dans la loi,
à part ça. M. VINCENT: De fait, vous les conservez... M. TOUPIN:
Pour tout ce qui sera supérieur à ça, nous espérons
que le gouvernement fédéral ajustera ses politiques de taux
d'intérêt aux nôtres.
M. VINCENT: J'y reviens. Si par exemple, le ministre, dans sa politique
de taux d'intérêt qui sera présentée devant le
lieutenant-gouverneur au cours des prochains mois ou des prochaines semaines,
décidait qu'on établit trois catégories différentes
de taux d'intérêt...
M. TOUPIN: Exact.
M. VINCENT:... $10,000, $20,000, $40,000, de zéro à
$10,000, c'est un taux d'intérêt; de $10,000 à $20,000,
c'est un autre taux et, de $20,000 à $40,000, un autre taux.
A ce moment-là, le ministre va dire: On aide avec un taux plus
spécial les agriculteurs pour les premiers $20,000. A ce
moment-là il perd tous les agriculteurs qui iront éventuellement
à la Société de crédit agricole
fédérale.
Je fais simplement la suggestion et, remarquez bien, je pense que la
suggestion se tient, si on veut être logique avec le principe
même si on a voté contre du bill 4 que le ministre a voulu
faire accepter dans le bill 4, qu'on fasse la même chose dans le bill 5,
qu'on enlève les $15,000 et que le lieutenant-gouverneur en conseil fixe
le taux. Et là, le ministre pourra intervenir autant chez les
agriculteurs qui ont emprunté de la Société de
crédit agricole fédérale que chez des agriculteurs qui ont
emprunté de l'Office du crédit agricole.
Je pense que c'est très logique. Cette loi ne donne aucune
espèce d'obligation financière au ministre. Elle va simplement
lui permettre d'être avec le bill 4...
M. TOUPIN: Cela veut dire que, purement et simplement, si j'ouvre
ça "at large"comme vous le suggérez...
M. VINCENT: Non, vous ne l'ouvrez pas à ce moment-là.
M. TOUPIN: Bien oui, si on dit: On ajustera ça aux
règlements qui seront passés. Supposons que, dans nos
règlements, nous, pour les premiers $15,000, sommes d'accord pour un
taux d'intérêt plus préférentiel, nous sommes pour
les $10,000 suivants un peu moins préférentiels et nous sommes
pour tous les autres $1,000 plus préférentiels que le
gouvernement fédéral ne l'est. Cela veut dire qu'on va être
tenu de rembourser toujours l'intérêt aux agriculteurs du
Québec qui emprunteront en vertu de la loi fédérale et
ainsi on ne forcera jamais le fédéral à ajuster ses taux
d'intérêt aux nôtres. C'est ce que nous cherchons, au fond,
vis-à-vis d'une partie de la loi pour que nous soyons sur le territoire,
sur un même pied. C'est la logique que nous voulons...
M. VINCENT: Justement, si c'est là l'objec-
tif du ministre, je n'ai aucun problème. Si c'est son objectif,
il le dit clairement. A ce moment-là, qu'il le laisse à
$15,000.
M. TOUPIN: Oui, sûrement. C'est notre objectif.
M. VINCENT: Je pense que ce n'est pas un bon objectif pour les
agriculteurs.
M. TOUPIN: C'est-à-dire que ce n'est pas...
M.VINCENT: C'est un bon objectif sur le plan financier mais non pas un
bon objectif pour les agriculteurs.
M. TOUPIN: II y a longtemps qu'on dit que les juridictions sont
conjointes dans le domaine agricole, bien que les charges soient conjointes et
que chacun prenne ses responsabilités dans ce domaine-là.
M. VINCENT: A ce moment-là, si le ministre veut pousser sa
logique jusqu'au bout, qu'il enlève tout remboursement
d'intérêt à la Société du crédit
agricole canadien et qu'il invite les agriculteurs à venir emprunter au
Québec.
M. TOUPIN: Nous sommes prêts comme les autres provinces.
M. VINCENT: C'est $50 millions de prêts par année que nous
ferions au lieu de $20 millions.
M. TOUPIN: Nous sommes prêts comme les autres provinces...
M. FRASER: Est-ce qu'il n'y a pas la possibilité que bien des
emprunts étant limités à moins de $40,000 au
fédéral, si les taux d'intérêt sont meilleurs
à Québec, soient effectués ici pour rembourser l'emprunt
déjà fait à Ottawa? On pourrait transférer son
emprunt à l'office du Québec. Il n'y a pas de raison de ne pas le
faire. Si on a une ferme qui vaut ça, si on a du fédéral
disons $35,000 ou $38,000, on peut transférer ça au provincial et
bénéficier de meilleurs taux d'intérêt.
M. VINCENT: En définitive, ce n'est pas sur le principe, c'est
simplement sur le chiffre, la posssibilité de le faire disparaître
de la loi.
M. TOUPIN: C'est pour ça, quand vous disiez tantôt qu'en
toute logique...
M. VINCENT: Simplement faire disparaître ça et...
M. TOUPIN: ... avec l'histoire, avec ce que l'on a voulu faire lorsqu'on
a présenté ce projet de loi, normalement ça devrait
s'inscrire dans les termes que vous mentionnez. Il reste quand même que
Québec est la seule province au pays à avoir un organisme de
crédit tel que l'Office du crédit agricole.
Nous ne sommes pas la seule province, par exemple, à donner des
remboursements d'intérêt. Plusieurs provinces le font. Maintenant,
parce que nous avons un organisme et que le fédéral a le sien, il
est normal que nos politiques puissent tenter d'amener le gouvernement
fédéral, pour les agriculteurs du Québec, à
épouser une partie, tout au moins, des charges, que nous croyons devoir
être épousées par les deux gouvernements puisque nous
sommes tous les deux dans le même champ d'action, dans le même
champ d'activité. Ne serait-ce pas, au fond, la première
démarche qui devrait être faite pour que nous arrivions, dans le
temps, à ce qu'il y ait un seul organisme de crédit au
Québec et que ce soit celui du Québec? Tant et aussi longtemps
que nous favorisons à 100 p.c. les prêts fédéraux
je n'ai rien, quand je me place comme agriculteur, au contraire, c'est
qu'on a l'impression qu'on veut pénaliser les agriculteurs du
Québec tant et aussi longtemps que nous maintenons cette
politique, nous n'incitons pas, par conséquent, le gouvernement
fédéral à rajuster ses taux d'intérêt. Au
contraire, on l'incite à maintenir un taux d'intérêt qui,
pour lui, est beaucoup plus rentable en vertu de ses politiques de
crédit. Au lieu d'aller chercher 2 1/2 p.c. ou 3 p.c.
d'intérêt, comme nous le faisons au niveau des agriculteurs, il va
en chercher 7 p.c. et 8 p.c. et il finance beaucoup mieux leur entreprise.
Quand je vous disais tantôt que nous aidions un peu la
Société du crédit agricole fédérale, c'est
de cette façon que nous l'aidons. Alors, avec des incitations comme
cela, nous espérons en arriver, un jour ou l'autre, au moins pour la
partie qui dépassera les $15,000, à quelque chose qui soit
uniforme pour la province de Québec.
Quant aux $15,000, droits acquis, nous sommes prêts. Toutes les
provinces ne dépassent pas cela. Nous sommes peut-être la seule,
au fond, à subventionner jusqu'à $15,000. Or, nous conservons les
droits acquis. Nous plaçons les agriculteurs sur un pied égal, au
moins jusqu'à $15,000. Quant au reste, nous espérons qu'avec le
temps les politiques de taux d'intérêt sur le plan national
s'ajusteront.
M. VINCENT: Ce n'est quand même pas nous qui avons incité
le gouvernement fédéral à changer ses taux
d'intérêt. Avant le 1er avril 1971, le taux d'intérêt
de la Société de crédit agricole fédérale
était de 8 3/4 p.c. Nous avions un taux d'intérêt de 2 1/2
p.c. jusqu'à $15,000 et 8 p.c. pour la différence entre $15,000
à $25,000. Nous avons toujours gardé le taux
d'intérêt de 8 p.c. Le fédéral avait un taux
d'intérêt de 3/4 p.c. plus élevé que le nôtre
au 1er avril 1971. Présentement, il a un taux d'intérêt de
7 p.c. Donc, il a baissé ce taux de 13/4 p.c. La législation n'a
même pas été changée. Le taux d'intérêt
de 8 p.c. a été
conservé pour la portion de $15,000 à $25,000. Le
fédéral l'a baissé à 7 p.c.
M. TOUPIN: D'accord, mais nous avons notre politique de remboursement de
2 1/2 p.c. Faisons une hypothèse. Est-ce que cela n'est pas
préférable actuellement, pour un agriculteur au Québec, de
payer 2 1/2 p.c. pour $15,000 et 8 1/2 p.c. pour le solde? Si nous faisons une
moyenne, est-ce que cela n'est pas plus avantageux pour lui que d'emprunter
à 7 p.c. et 7 1/4 p.c. à la Société de
crédit agricole fédérale? C'est beaucoup plus avantageux.
Nous avons voulu placer tous les agriculteurs sur le même pied, dans le
passé, et payer cette portion au fédéral, qu'on paie aux
emprunteurs au provincial. Tout cela nous amène très souvent,
pour essayer d'équilibrer nos budgets, à exiger davantage. Cela
ne dérange pas du tout le fédéral. Cela ne change en rien
son affaire. Mais cela nous dérange, par exemple, parce que cela
déplace tout le taux d'intérêt moyen.
M. VINCENT: Ce n'est pas le principe que je discutais. Dans la Loi du
crédit agricole, on avait autrefois avant cet après-midi
un taux de 2 1/2 p.c. par année sur le premier $15,000. On a fait
disparaître cela dans la Loi du crédit agricole.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: Donc, en faisant disparaître le chiffre de $15,000
dans la Loi du crédit agricole, pourquoi le laisse-t-on dans l'autre
loi? Simplement, en toute logique, j'aurais cru qu'on aurait pu faire la
même chose pour les deux lois. Si on fait disparaître, dans une
loi, le montant de $15,000, pourquoi ne pas le faire disparaître dans
l'autre?
M. TOUPIN: H me semble que je vous ai donné les raisons...
M. VINCENT: Oui, mais le ministre aura à vivre avec, parce que
cela posera des problèmes.
M. TOUPIN: ... ce matin, pourquoi nous avons demandé, par les
amendements...
M. VINCENT: Non, moi...
M. TOUPIN: ... que ce soit fixé par règlement. Nous avons
donné les raisons. Maintenant, nous donnons les raisons pour lesquelles
nous avons cru bon de laisser dans le bill 5, la Loi du prêt agricole, le
maximum de $15,000, étant un droit acquis, comme si cela était un
droit complémentaire.
M. VINCENT: Dans l'autre aussi, c'est un droit acquis.
M. TOUPIN: C'est un droit acquis dans le sens d'une politique de
crédit.
Rien ne dit que cette politique de crédit à venir ne sera
pas plus généreuse que celle du présent; rien ne me dit
ça.
M. VINCENT: Justement, ce matin, on a voté contre les
supposées bonnes raisons que le ministre nous donne. Là, je lui
dis, pour qu'il soit logique avec lui-même, qu'il pourrait faire la
même chose pour l'autre. Il nous donne d'autres arguments qu'on a
donnés ce matin pour lui dire de laisser ça dans la loi. Ce
matin, il l'a enlevé de la loi, même si on a voté contre;
et cet après-midi, il ne veut pas l'enlever même si on lui
suggère d'être plus logique.
M. TOUPIN: Vous êtes d'accord qu'il ne s'agit pas du tout du
même problème, si vous l'examinez à fond.
M. VINCENT: En tout cas.
M. LE PRESIDENT: A la suite des explications du ministre, je pense que
le député de Nicolet aura toujours le choix de renverser son vote
lorsque le projet de loi arrivera à l'Assemblée nationale.
M. VINCENT: Ah non! Ah non! le député de Rouville n'a
même pas voté.
M. BELAND: M. le Président, pour faire suite aux observations du
député de Nicolet et aux discussions de ce matin relativement au
remboursement ou à la demande d'un taux préférentiel
d'intérêt pour les agriculteurs, est-ce qu'à ce moment-ci
il ne serait pas opportun de demander au gouvernement fédéral
d'accorder immédiatement le taux préférentiel pour que le
Québec ne soit pas obligé de débourser pour combler la
différence? Par exemple, si dans le premier projet de loi, ce matin,
vous n'avez pas tenu compte des demandes des jeunes agriculteurs qui
désirent s'établir, est-ce que ce ne serait pas le bon moment de
vous reprendre pour que tous les jeunes agriculteurs qui désirent
s'établir puissent avoir un prêt non pas seulement de $15,000,
mais de $25,000 ou de $30,000, une possibilité avec taux
d'intérêt préférentiel venant du gouvernement
fédéral? Je regrette même de ne pas avoir apporté un
amendement, parce qu'à ce moment-ci ce serait pour épargner des
deniers à la province. Je profite quand même de l'occasion,
même si je n'ai pas d'amendement de préparé, pour demander
au ministre qu'il intercède auprès du gouvernement
fédéral afin que, à même cette loi de la
Société du crédit agricole, l'on puisse obtenir des
prêts à taux très préférentiel. D'ailleurs,
ces montants à être distribués lui coûtent
peut-être 1/4 de 1 p.c, s'il sait s'organiser en conséquence.
Quand même, le gouvernement canadien fait de l'argent avec les
agriculteurs par le taux d'intérêt qu'il demande et le
Québec est aussi obligé de débourser un montant fort
appréciable. Est-ce que vous avez l'intention de deman-
der au gouvernement fédéral qu'il accorde des prêts
aux agriculteurs à un taux d'intérêt très
préférentiel?
M. TOUPIN: Bien sûr que nous sommes entièrement d'accord
sur ça. Nous avons discuté à plusieurs reprises du dossier
du crédit agricole avec le gouvernement fédéral. Dans le
document que les ministres de l'Agriculture ont remis au ministre de
l'Agriculture du fédéral il était question,
précisément, de politiques de crédit un peu plus
coordonnées, un peu plus articulées sur le plan canadien, en
tenant compte des provinces. Mais ces suggestions de notre part n'ont pas
été agréées, elles ne l'ont pas été,
pour le moment, par le gouvernement fédéral; cela ne nous
empêche pas d'élaborer des politiques de crédit qui soient
conformes aux besoins des agriculteurs. Si toutefois le gouvernement juge
à propos que nos politiques sont meilleures que les siennes dans le
domaine du crédit, j'espère bien qu'il va tenter d'ajuster ses
taux d'intérêt aux nôtres ou ses avantages aux nôtres.
C'est le seul moyen de pression, au fond. Je pense que la plus belle indication
que nous pouvons lui donner c'est en occupant le champ et en lui disant:
Ecoute, nous, nous croyons que c'est comme ça que cela doit s'appliquer.
Il me semble que c'est la voie la plus sûre, la voie la plus
concrète. C'est une voie d'action. Ce n'est pas une voie de parole,
c'est une voie d'action. A la suite de ça, je ne vois pas pourquoi je
devrais aller, encore une fois, rencontrer mon homologue fédéral
et l'inciter à changer ses politiques.
Il donne une indication très claire et c'est là la
politique de mon gouvernement, et s'il croit que c'est la meilleure pour le
Québec, qu'il ajuste ses politiques à la nôtre.
M. BELAND: Je me permettrais même de faire une suggestion au
ministre. Je ne sais pas s'il y a pensé, probablement que non, j'ose lui
faire la suggestion, un argument très valable, on parlait de grains de
provende ce matin, vous disiez que le Québec était la seule
province qui avait un système semblable de prêt agricole, l'Office
du crédit agricole, et que les autres provinces avaient des prêts
nettement inférieurs au point de vue de la rentabilité et des
services aux agriculteurs. A ce moment-là, étant donné que
le Québec est nettement placé sur un terrain inférieur
quant à sa possibilité d'accès aux grains de provende
à un prix le moindrement normal, comparatif, l'argument serait donc
très valable pour tâcher d'obtenir des prêts à taux
préférentiels directement pour les agriculteurs.
M. TOUPIN: M. le Président, on ne réglera pas le
problème des grains de provende en donnant des subventions au
crédit.
M. BELAND: C'est à vous y faire penser le plus souvent possible
que vous pouvez peut-être un jour vous décider.
M. TOUPIN: On a pensé à ça et à bien
d'autres choses vis-à-vis de ces politiques et on se rend compte que ce
problème va se régler d'une seule façon, il n'y en a pas
deux ni trois, il n'y en a qu'une, c'est de briser ce monopole qui règle
le sort des prix, des conditions de transport, etc. Supposons qu'on
supplée encore sous d'autres formes, on supplée par des
subventions aux producteurs sans solde, on va suppléer par des
subventions au crédit agricole, il m'apparaft évident que ce
n'est pas là la voie qu'il faut prendre pour régler cet autre
problème qui est un problème bien différent de celui dont
on parle.
La seule solution à ce problème est de mettre tous les
producteurs du Canada sur le même pied comme nous tentons de placer tous
les producteurs du Québec sur le même pied dans le cadre des
politiques fédérales.
M. BELAND: Vous parlez de briser le monopole, je me demande
jusqu'à quel point vous avez travaillé dans ce sens-là. Je
pense que cela a été le contraire jusqu'à
présent.
M. LE PRESIDENT: On s'éloigne pas mal du sujet.
M. TOUPIN: M. le Président, je pense qu'on m'a posé assez
souvent la question. J'ai donné assez de précisions sur cette
question. Le député de Lotbinière peut, s'il le veut, se
procurer un document rendu public et expliquant la position du Québec
très clairement. Ce document a été agréé par
tous les autres ministres de toutes les autres provinces. Je ne pense pas qu'on
puisse blâmer à ce sujet le gouvernement de ne pas avoir fait le
bout qu'il avait à faire.
M. LE PRESIDENT: Permettez-moi, M. Lau-rin. J'ai été
informé par le leader du Parti québécois que M. Laurin,
député de Bourget, remplacera pour la présente
séance, M. Tremblay de Sainte-Marie. C'est agréé. Le
député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je me pose la question à
savoir si ce projet de loi n'aura pas exactement l'effet contraire de celui que
vous espérez. Je vous soumets la crainte que j'ai. Si vous remboursez,
comme le dit le texte de loi, d'une façon plus généreuse
qu'auparavant, loin d'inciter le cultivateur québécois à
aller chercher des prêts à la société
fédérale, cela va l'amener, le pousser, l'inciter à aller
chercher des prêts à la société
québécoise. La société fédérale va se
frotter les mains. Elle en aura moins à prêter aux cultivateurs du
Québec et c'est le budget de l'office provincial qui va monter, alors
que celui de l'office fédéral, en ce qui concerne le
Québec, va diminuer. Même si vous lui offrez un exemple, c'est ce
que nous faisons, tâchez de faire la même chose, si le
fédéral ne le fait pas, il va dire: L'Office du crédit
agricole est tellement cave, tellement
poisson, on va le laisser faire, on va épargner de l'argent. Cela
peut donc avoir l'effet contraire de ce que vous estimez.
Non pas que, sur le plan du mérite, je ne sois pas d'accord avec
vous, je suis plus que d'accord avec vous. On devrait même être
plus généreux étant donné que la situation agricole
au Québec est probablement pire que dans la plupart des autres provinces
canadiennes. Chez nos cultivateurs, on voit le nombre de fermes qui diminuent
constamment, le revenu du cultivateur décroft constamment. On aurait
plus besoin de politiques de crédit.
Il me semble que, par votre argumentation, on peut penser que cela va
avoir un effet absolument contraire à celui que vous
suggérez.
Moi, c'est ma crainte. D'ailleurs le député de Huntingdon
l'a laissé entrevoir tout à l'heure. Si cela devient plus
alléchant pour le cultivateur québécois, il va
délaisser l'office fédéral pour se tourner vers l'office
provincial. Là aussi, j'aurais une question. Il semble bien que l'on
prête plus aux cultivateurs québécois qu'à n'importe
quel autre cultivateur puisqu'en plus des $25 millions que donne l'office
provincial, il y a encore $25 millions donnés par l'office
fédéral, qui s'ajoutent, alors que dans les autres provinces il
n'y a qu'un seul office. Je me demandais si ce montant offert aussi bien par le
fédéral que par le provincial et surtout par le
fédéral est plafonné, s'il fluctue selon les
années, s'il est fixé selon le nombre de cultivateurs, parce que
cela aussi sera peut-être une façon de rajuster, d'être
sûr qu'au moins on a notre quote-part. Si cela doit être rentable,
il faut que cela soit rentable d'une certaine façon. Donc, c'est cela ma
crainte.
M. TOUPIN: Votre crainte est fondée. Précisément ce
que nous tentons de faire avec nos politiques de crédit, c'est d'essayer
de mettre tous les agriculteurs québécois sur le même pied.
C'est là notre objectif. Jusqu'à maintenant, les $15,000 inscrits
dans la loi correspondaient au taux préférentiel qu'on avait
alors que, sur le plan fédéral, souvent le taux
d'intérêt était supérieur pour la somme
excédant les $15,000 ou parfois inférieur pour la somme
excédant les $15,000.
M. VINCENT: C'est impossible parce que c'est seulement depuis 1969 qu'on
dépasse $15,000. Depuis 1969, on est à 8 p.c.
d'intérêt provincial pour le montant qui dépasse $15,000.
Le fédéral est rendu à 7 p.c. pour ce montant-là.
C'est pour cela que, tout à l'heure, et le député de
Bourget a raison quand il le dit... Il ne faut quand même pas faire
d'erreur. Dans le bill no 5 on n'est pas plus généreux, on est
moins généreux à l'endroit des agriculteurs qui empruntent
du fédéral et à ce moment-là par ricochet on va
forcer l'Office du crédit agricole du Québec à sortir plus
de millions par année.
M. TOUPIN: Cela n'est pas sûr, on verra comment les taux
d'intérêt vont s'ajuster dans le temps. Il y a bien des
façons d'élaborer une politique de taux d'intérêt
qui peut favoriser autant des prêts fédéraux que des
prêts provinciaux. Il y avait une formule auparavant et cette formule est
conservée tout au moins pour la partie de prêts qui a toujours
été subventionnée, la partie des prêts du
fédéral, et l'autre est subventionnée par le gouvernement
du Québec.
M. VINCENT : Est-ce que le ministre aurait objection...
M. TOUPIN: Nous reconnaissons ce principe-là, il n'y a pas de
doute possible. Maintenant que nous excédons les $15,000, depuis 1969,
il y a des prêts au Québec qui sont consentis et qui
excèdent $15,000. La moyenne est de $15,000 et quelques cents, il y a
donc des prêts qui excèdent $15,000. Nos taux
d'intérêt à nous pour ces excédents depuis 1969
étaient parfois plus élevés que ceux du
fédéral et parfois étaient à peu près
égaux aux taux du gouvernement fédéral. Alors, il n'y a
pas eu de remboursement ni de part ni d'autre, ni du gouvernement
fédéral ni du gouvernement provincial pour ce qui excédait
$15,000. Cela a toujours été comme cela. Nous, nous conservons ce
principe-là. Je prends un exemple bien typique: supposons que nous
fixons le taux d'intérêt à 4 p.c. pour les premiers $15,000
et que nous le fixons pour la différence à 6 1/2 p.c, 1/2 de 1
p.c. en bas du fédéral, est-ce que nous allons nous donner les
moyens de rembourser cette différence au fédéral pour ce
qui excède $15,000 alors que lui ne l'a jamais fait dans le
passé? C'est cela que je veux dire.
M.VINCENT: Cela dépend de ce que le ministre a comme objectif.
Cela va répondre aux observations des membres de l'Opposition. Si le
ministre avait comme objectif, pour les prêts agricoles consentis aux
agriculteurs québécois, soit par le fédéral, soit
par le provincial, parce qu'il y a $20 millions d'Ottawa et $20 millions du
Québec à peu près, que ce soit l'un ou l'autre, le
gouvernement du Québec dit: Notre objectif c'est que l'agriculteur qui
emprunte du fédéral ou du provincial paie à peu
près le même taux d'intérêt. Si c'était
l'objectif du ministre de l'Agriculture, il devrait enlever du bill no 5 le
montant de $15,000 et là il établirait par règlement ses
taux d'intérêt remboursables ou payables par les agriculteurs
d'une part et remboursables aux agriculteurs d'autre part qui empruntent du
fédéral sur la même base, proportionnellement au montant du
prêt.
On dirait par règlement, par exemple, que le taux
d'intérêt fixé, au provincial pour les premiers $15,000,
est 4 p.c. Donc, pour ceux qui empruntent du fédéral, pour les
premiers $15,000, on rembourse la différence entre 4 p.c. et 7 p.c.
M. TOUPIN: Pour autant que cela joue des deux côtés.
M. VINCENT: Cela ne jouera pas des deux côtés. Ne nous
leurrons pas.
M. TOUPIN : II va falloir que cela joue un moment donné.
M. VINCENT: Le fédéral ne remboursera jamais d'argent, sur
le taux d'intérêt.
M. TOUPIN: Ce sera remboursé sur le taux
d'intérêt.
M. VINCENT: D'autre part si le ministre continue son raisonnement en
disant: On établit un autre taux d'intérêt à 6 p.c,
par exemple, entre $15,000 et $30,000. L'agriculteur, qui emprunterait du
fédéral, aurait un remboursement de 1 p.c. sur la partie de
$15,000 à $30,000. Pour les laisser sur le même pied.
M. TOUPIN: Je suis bien d'accord sur le principe, mais je pense...
M. VINCENT: Si le ministre est d'accord sur le principe, qu'il ne le
fasse pas demain ou après demain, mais qu'il enlève, dans la loi,
le chiffre $15,000.
M. TOUPIN: On ne peut pas l'enlever. M. VINCENT: Qu'il établisse
sa politique.
M, TOUPIN: On ne peut pas l'enlever parce qu'on veut donner aux
agriculteurs une indication précise; jusqu'à $15,000 sera
probablement la partie de taux d'intérêt la plus
préférentielle.
M. VINCENT: On l'a enlevé dans l'autre. M. TOUPIN: Oui, on
l'enlève dans l'autre...
M. VINCENT: On a demandé au ministre de le garder, de le
conserver dans l'autre. Il a dit non, il faut l'enlever parce qu'autrement on
ne pourra plus faire de planification.
M. TOUPIN: M. le Président, on poursuit deux objectifs bien
différents. Le député de Nicolet devrait le comprendre. Je
ne pense pas qu'il s'agisse pour nous ou pour les gouvernements, même qui
nous ont précédés, de subventionner tout le taux
d'intérêt, de tous les milliers de dollars que nous
prêterons aux agriculteurs. Nous avons toujours, jusqu'à
maintenant, limité notre action à $15,000. On s'est dit: Cela est
un droit acquis, donc on va le laisser de ce côté. On pourrait
mettre la même chose dans le bill 4, dans la Loi du crédit
agricole, mais ça ne changera rien à la chose, parce que c'est un
autre problème. Ce problème, celui qu'on propose, se situe dans
le corps d'une politique fédérale. Nos politiques de subventions
d'intérêts seront exactement celles qui existaient auparavant, du
point de vue des droits acquis. Cela peut varier sur le taux
d'intérêt. Quant à la différence, il faut laisser
les mécanismes jouer, pour que les différents gouvernements
puissent ajuster leurs taux d'intérêt. C'est simplement ce qu'on
veut faire. C'est l'objectif qu'on tend à poursuivre. Si je
subventionnais le taux d'intérêt, de $15,000 à $40,000,
à 2 p.c. par exemple, il est évident qu'on viendrait emprunter au
Québec. Mais si je fixe à 1/2 p.c. plus bas que celui du
gouvernement fédéral, est-ce que je ne le forcerais pas, un peu,
à ajuster ses taux aux nôtres pour qu'il puisse, lui aussi,
être dans la province et continuer à prêter?
M. VINCENT: Le ministre emploie exactement les arguments qu'il aurait
dû employer sur le bill 4, pour voter en faveur de notre amendement ou de
notre suggestion. A ce moment, c'était fixé dans la loi, $15,000
à 2 1/2 p.c; il y aura seulement cette portion du prêt qui est
à subventionner. C'est-à-dire cette portion du taux
d'intérêt qui était subventionnée...
M. TOUPIN : C'est un tout autre problème.
M. VINCENT: Le solde est à fixer par le lieutenant gouverneur en
conseil.
M. TOUPIN : C'est un tout autre problème.
M. VINCENT: Là, en définitive je le
répète encore une fois on n'a pas voté contre le
principe mais contre la logique. Si on fait ça dans le bill 4, pourquoi
ne le fait-on pas dans le bill 5? On était d'accord sur le fait qu'on
laisse $15,000 dans la loi, tant fédérale que provinciale, que
sur ces $15,000, on laisse le taux d'intérêt à 2 1/2 p.c,
tant au fédéral qu'au provincial et que, sur le surplus de
$15,000 à $40,000, on laisse le lieutenant gouverneur en conseil fixer
le taux qu'il jugera approprié.
M. TOUPIN: II s'agit de deux problèmes différents.
M. VINCENT: C'était notre principe. C'est pour ça qu'on a
voté contre le bill 4 et contre le bill 5. Malgré tout ça,
il faudrait quand même que le ministre reste logique avec lui-même.
Qu'il fasse la même chose, dans le bill 5, qu'il a faite dans le bill
4.
M. TOUPIN: Ce sont deux lois différentes. Ce sont deux objectifs
différents.
M. VINCENT: Oui, mais c'est le même cultivateur.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: C'est le même argent.
M. TOUPIN: On est bien d'accord que c'est le même agriculteur.
M. VINCENT: C'est le même portrait sur l'argent.
M. TOUPIN : C'est le même agriculteur. C'est le même
portrait sur l'argent. On n'a rien contre le fait qu'il y ait le même
portrait sur les $5, les $20 ou les $10.
M. VINCENT: On ne s'est jamais plaint de ça.
M. TOUPIN: Ce qu'on croit, c'est que les provinces ont un rôle
à jouer en agriculture et qu'elles doivent se donner des
mécanismes. Pour autant, elles ne doivent pas pénaliser les
producteurs qui font appel à d'autres sources de crédit. Surtout,
on ne doit pas faire fi des droits acquis, de ce côté, des autres
politiques qui existent. Cela ne nous empêche pas d'avoir une politique
de crédit qui soit authentiquement la nôtre. Nous avons notre
propre organisme de crédit. C'est bien normal que nous ayons nos propres
politiques de crédit, parce que nous avons un organisme de
crédit.
Si nous n'avons pas besoin d'un organisme de crédit, qu'on
l'enlève et qu'on laisse le crédit fédéral entrer
partout et qu'on subventionne l'intérêt, purement et simplement.
Ainsi, on règlera tout le problème dont vous faites mention. Mais
puisque nous avons un organisme de crédit, il faut bien s'en servir.
C'est pour ça qu'on amende nos lois et qu'on essaye de les
articuler.
Cet organisme doit jouer un rôle pour aider au
développement de l'agriculture.
M. VINCENT: Mais quand le ministre nous parle de droits acquis, pour
être bien clair, est-ce que le ministre pourrait préciser sa
pensée? Un jeune agriculteur, un cultivateur qui arrive sur le
marché de l'agriculture pour la première fois, en vertu des bills
4 et 5, quels seront ses droits acquis? Aucun.
M. TOUPIN: II acquerra ses droits... M. VINCENT: II n'a aucun droit
acquis.
M. TOUPIN : C'est bien évident qu'il n'a aucun droit acquis.
M. VINCENT: Ce sont ceux qui bénéficient
déjà du crédit agricole qui ont des droits acquis.
M. TOUPIN: Vous me posez la question...
M. VINCENT: Le ministre parle continuellement des droits acquis. On
respecte les droits acquis. Bien entendu qu'on les respecte.
M. TOUPIN: Poser la question, c'est donner la réponse.
M. VINCENT: Toute personne qui, à partir d'aujourd'hui, n'a
jamais eu de prêt agricole, tant fédéral que provincial,
n'a pas de droits acquis. Des droits acquis, c'est conserver ce qu'on a, ceux
qui sont présentement en agriculture.
M. LAURIN: M. le Président, si mon hypothèse est juste,
celle que je développais tout à l'heure et le ministre
semble penser qu'elle est assez juste est-ce que ceci, encore une fois,
n'incitera pas un cultivateur qui a besoin d'un prêt à regarder
d'abord du côté de l'Office du crédit agricole du
Québec? Est-ce que ça ne fera pas une forte pression sur l'Office
du crédit agricole au point que, à un moment donné,
l'Office du crédit agricole va être obligé de dire: C'est
assez; mon budget pour l'année c'est $20, $21, $23 ou $24 millions et je
ne peux plus faire face aux demandes qui me sont faites?
Et c'est à partir de ce moment-là que les autres
cultivateurs qui ont des besoins, qui sont en retard ou qui n'y ont pas
pensé, vont être obligés d'aller à l'office
fédéral où ils vont payer plus cher.
M. BELAND: Ils n'auront pas besoin d'y aller, il n'y a plus de jeunes
cultivateurs qui s'établissent.
M. FRASER: On peut avoir des budgets supplémentaire.
M. LAURIN : Oui, mais les budgets supplémentaires, dans la
conjoncture actuelle du Québec, je me méfie de ça.
M. TOUPIN: Non, il n'est pas question de budget supplémentaire
dans la Loi du crédit agricole.
M. LAURIN: La question, en somme, c'est que le cultivateur
québécois va d'abord penser à l'office
québécois et c'est quand celui-ci va manifester des signes de
fatigue, parce qu'il a atteint un plafond que le ministre des Finances lui a
fixé, qu'il va aller au fédéral. Le fédéral
va se frotter les mains; au fond, il n'est pas tellement pressé de
prêter. Le fédéral va se frotter les mains; au fond, il
n'est pas tellement pressé de prêter. Il n'y a personne qui soit
pressé de prêter son argent tant que ça à des taux
d'intérêt de ce genre. Ceci fait que la proportion de
Québécois qui profiteront de la Société
fédérale du crédit agricole sera peut-être moindre
et celle qui profitera du crédit provincial va avoir tendance à
augmenter.
M. TOUPIN: C'est très possible. Je vais vous apporter un autre
exemple, encore plus typique que celui-là. Le gouvernement
fédéral ne prête
presque plus dans les régions prériphériques en
Abitibi et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple. Je pense qu'il n'a
même plus de représentant dans ces régions. C'est l'Office
du crédit agricole du Québec qui les dessert et ce sont les
régions où ça comporte le plus de risques.
Vous avez le Bas-Saint-Laurent aussi où les prêts sont de
plus en plus réduits de la part du gouvernement fédéral.
On semble concentrer ces prêts à l'intérieur même du
Québec, où il y a de gros centres intéressants. Chaque
fois que nous voulons tenter, par une politique de crédit, d'aider les
agriculteurs des régions périphériques, nous devons, bien
sûr, payer de nos propres deniers pour nous introduire dans ces
régions et leur donner les mêmes services que ceux du centre de la
province ont.
Et parce que ce sont des régions périphériques, il
est bien possible qu'on ait des politiques spéciales pour elles, comme
on en a présentement. Est-ce qu'on doit, parce qu'il y a deux organismes
de crédit dans la province, se priver d'avoir des avantages particuliers
pour certaines régions périphériques, parce que le
fédéral n'y aura pas accès ou parce qu'on va plutôt
venir au Québec avant d'aller au fédéral? C'est tout
ça le problème du fond; il y a deux organismes de crédit
dans la province de Québec, il y a le nôtre et il y a celui du
gouvernement fédéral.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a un plafond pour celui du
fédéral, en ce qui concerne les cultivateurs
québécois?
M. TOUPIN: Le plafond, c'est $100,000.
M. LAURIN: $100,000.
M. TOUPIN: Et il est de $65,000 ici.
M. LAURIN: Non, mais est-ce qu'il y a un plafond sur la somme totale
accordée?
Je ne parle pas du maximum du prêt qui peut être
accordé, je parle du montant global qui est donné chaque
année par le fédéral pour les cultivateurs du
Québec.
M. TOUPIN: Cela va selon les demandes. Si vous avez, par exemple, pour
$20 millions de demandes d'emprunt, on prête $20 millions; si vous avez
pour $25 millions, on prête $25 millions; l'année suivante, on
prête $15 millions, ça varie. Actuellement, on sépare
moitié moitié,
M. LAURIN: J'imagine que vous préféreriez qu'on vous donne
ces $25 millions et que vous puissiez les accorder selon un besoin.
M. TOUPIN: L'idéal serait qu'il y ait un organisme de
crédit dans la province. Ou, s'il y en a deux, que les politiques de
l'un et de l'autre soient exactement correspondantes.
M. LAURIN: Là, il ne me semble pas que...
M. TOUPIN: On discute entre nous. Oui, c'est un problème, on est
bien d'accord sur ça, mais on a une institution et c'est la raison pour
laquelle je posais la question tantôt. On a une institution, on doit la
garder; si on doit la garder, on doit l'Utiliser pour des fins efficaces de
l'agriculture. Si, toutefois, il n'est pas nécessaire qu'on la garde
parce qu'il faudrait laisser le fédéral occuper tout le champ du
crédit, il faudrait se retirer et laisser...
M. LAURIN: Vous n'avez pas répondu à mon objection quand
j'ai dit que je craignais que cette politique préférentielle
amène une diminution de la part accordée par la caisse
fédérale aux cultivateurs québécois.
M. TOUPIN: Premièrement, les taux d'intérêt qu'on va
exiger par règlement ne seront pas tels qu'on va insister d'abord sur le
crédit agricole provincial; on va articuler le taux
d'intérêt pour peut-être aider certaines régions
périphériques davantage, peut-être aussi pour aider
certaines catégories d'agriculteur de façon particulière.
On parle beaucoup des jeunes. Le député de Lotbinière
disait tantôt qu'on a refusé sa suggestion. Ce n'est pas vrai; il
nous l'a faite et on lui a dit: On va en tenir compte.
Bien sûr, les jeunes sont venus nous voir, ils nous ont
demandé un taux d'intérêt préférentiel pour
$40,000 pour $60,000. Nous allons regarder cet aspect, peut-être
aurons-nous une politique de crédit spéciale, de prêt
spéciale pour cette catégorie d'agriculteurs. Nous pouvons
articuler notre taux d'intérêt de telle sorte que si nous voulons
insister davantage sur le développement de telle production par rapport
à telle autre, si nous voulons aider à corriger un
problème dans une région par rapport à une autre
région, il faut avoir la souplesse d'articuler les mécanismes que
nous avons, nous, du gouvernement pour créer les incitations que nous
voulons créer.
Evidemment, on n'atteint pas les fins, c'est pour ça qu'on a un
organisme de crédit. Mais, tout ça, on va essayer de le faire,
bien sûr; pas seulement essayer, on va le faire dans le cas des
politiques existantes.
M. LAURIN: Cette politique que vous semblez préconiser et sur
laquelle je suis tout à fait d'accord, est-ce que vous ne la rendez pas
très difficile en vous barrant les jambes avec les $15,000?
M. TOUPIN: Je ne pense pas.
M. LAURIN: Puisqu'on semble penser que certaines installations ont
besoin de $40,000 ou $50,000, vous auriez plus le temps d'élaborer une
politique souple en ne vous barrant pas les jambes d'avance avec un
chiffre.
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas me les barrer dans le sens contraire non
plus.
M. LAURIN: Comment ça?
M. TOUPIN: Si j'enlève les $15,000, je vais peut-être avoir
plus de difficultés à articuler mes taux d'intérêt
parce que là. on va...
M. LE PRESIDENT: Le député de Huntingdon.
M. TOUPIN: ... être obligé de subventionner,
peut-être, les taux d'intérêt de l'Office du crédit
agricole.
M. FRASER: Je crois que le chef du Parti québécois a mal
saisi le problème. $15,000, c'est seulement pour le remboursement
d'intérêt sur un total, disons, de $100,000. Le gouvernement
fédéral essaie de répondre à un besoin et
prête à travers le Canada. En Saskatchewan, le groupement des
fermes a pris bien plus de force qu'ici et, là-bas, les $25,000 qu'on
aurait ici, c'est une "peanut", les gens auraient besoin de $75,000, $100,000
pour acheter des milles carrés. Là-bas, il y a beaucoup de grands
terrains. Et dans certaines régions du Québec, comme la
nôtre, chez nous, $25,000 n'étaient pas suffisants du tout dans
bien des cas. Pour avoir cet argent, on s'adresse au fédéral,
c'est la seule place où on peut l'obtenir. Si le fédéral a
tant de demandes, ce n'est pas parce qu'il est venu chercher les cultivateurs
pour leur offrir de l'argent. Ce sont les cultivateurs qui sont allés
voir le fédéral pour avoir de l'argent. Il a tant d'argent pour
le Québec; le Québec a demandé tant d'argent et il l'a eu.
Dans la province, pour les premiers $15,000, c'est 2 1/2 p.c. Les prêts
du fédéral sont à 7 p.c., à 8 p.c; le provincial a
donné le remboursement entre 2 1/2 p.c. et 7 p.c. aux cultivateurs qui
ont emprunté du fédéral, dans la même proportion que
ceux qui ont eu du provincial.
M. VINCENT: Comme nous en sommes aux relations
fédérales-provinciales, pour l'intérêt des membres
de la commission, j'aimerais citer ici le rapport de la Commission de
planification de l'agriculture canadienne. A ce moment-là, si le
fédéral acceptait ces recommandations qui sont déjà
entérinées par le Québec, en très grande partie, on
réglerait le problème A la page 412, on dit ceci: "En 1967, le
crédit à long terme accordé par la Société
du crédit agricole fédérale se montait à $251
millions et celui accordé en vertu de la Loi sur les terres
destinées aux anciens combattants atteignait $31 millions. Au cours de
la même année, les organismes provinciaux de crédit
agricole ont versé $64 millions aux agriculteurs du Canada. Ainsi le
gouvernement fédéral a fourni 82 p.c. environ du crédit
total accordé aux agriculteurs par les organismes de crédit tant
fédéraux que provinciaux." Et là on continue en disant:
"Un compromis raisonnable consisterait à laisser le gouvernement
fédéral fournir 75 p.c. des capitaux nécessaires et 50
p.c. des frais d'administration du système de crédit
fédéral-provincial mixte et que chaque province apporte le solde
des capitaux nécessaires et couvre l'autre moitié des frais
d'administration. Si le système de crédit
fédéral-provincial proposé était adopté, les
changements apportés aux structures actuelles de crédit seraient
relativement faibles."
Je pourrais continuer la lecture de ces recommandations et même
les énumérer. Il y en a douze. Le Québec, en 1969, est
allé beaucoup plus loin que cela, avant la publication du rapport. Le
Québec a même été jusqu'à dire: "Nous serions
satisfaits, non pas de 75 p.c. des capitaux nécessaires investis par le
fédéral mais nous serions satisfaits de 50 p.c. seulement."
M. FRASER: Si vous avez les chiffres, c'est peut-être seulement 33
p.c. que le gouvernement a prêté aux cultivateurs.
M. VINCENT: Dans cette formule de régie
fédérale-provinciale de crédit agricole, là on
continue: "... dont les membres seraient nommés par les gouvernements
fédéral et provinciaux et qui seraient responsables à ces
gouvernements." A ce moment-là, on recommande ici que le gouvernement
fédéral fournisse 75 p.c. des capitaux et que les provinces en
fournissent 25 p.c. Que le gouvernement fédéral paie 50 p.c. de
l'administration et que le gouvernement provincial paie les autres 50 p.c. "La
régie fédérale-provinciale du crédit agricole
mettrait sur pied un crédit hypothécaire qui serait uniforme."
Mais le Québec en 1969 est allé encore plus loin que cela. Il a
dit: Non pas 75 p.c. des capitaux d'Ottawa, donnez-nous seulement 50 p.c. des
capitaux et nous fournirons les autres 50 p.c. Payez 50 p.c. des frais
d'administration et nous paierons les autres 50 p.c, pour éviter le
dédoublement pour avoir un seul système de crédit. Je n'en
fais pas un reproche au ministre, mais je pense qu'il faudra prendre position.
Et il me semble bien que toutes les provinces, à l'heure actuelle, sont
prêtes et acceptent ce rapport de la commission de planification; elles
sont prêtes à entériner un tel projet et c'est le
fédéral qui se laisse pousser dans le dos, qui se laisse tramer.
Quelles sont les raisons?
M. LE PRESIDENT: Concernant les positions qui ont été
prises par le provincial, est-ce que c'étaient les propos tenus par le
ministre de l'Agriculture de l'époque?
M. VINCENT: Pourvu que ce soit encore la prise de position...
M. LE PRESIDENT: Je parle du ministre de l'Agriculture provincial.
M. VINCENT: Oui, je pense que c'est encore la position du Québec
aujourd'hui.
M. TOUPIN: Tous les ministres de l'Agriculture du Canada, lors de la
dernière rencontre d'octobre, ont proposé au gouvernement
fédéral une politique nationale qui incluait non seulement le
crédit mais également les problèmes sociaux en
agriculture, le problème de l'importation, de l'exportation, le
problème du commerce interprovincial, etc. Nous avons de la recherche,
tout cela. Nous avions préparé un document très bien
articulé d'ailleurs. Les dix provinces étaient d'accord sur cela.
Nous l'avons remis au gouvernement fédéral et la proposition,
à quelques exceptions près, était incluse dans le rapport.
Lorsque nous l'avons discutée avec le gouvernement
fédéral, on nous a dit que cette proposition ne suscitait pas
tellement d'intérêt au niveau de ce dernier. Certaines provinces,
bien sûr, trouveraient peut-être un peu lourd certaines sont
équipées, d'autres ne le sont pas de remettre en place une
structure et de se voir obligées de prêter leur propre argent
alors qu'elles peuvent l'avoir pour rien ou à peu près du
gouvernement fédéral.
Alors, tout ça ensemble a fait et fait encore que les
négociations à ce niveau sont extrêmement difficiles, et
voire ardues et je peux répéter la parole même du ministre
de l'Agriculture fédéral lorsqu'on a posé la question: II
n'est pas question pour nous de discuter du crédit. Or, les
négociations à ce moment-là sont assez difficiles à
continuer. Nous avons, quant à nous, choisi après ces
premières rencontres d'articuler notre loi pour aider d'abord les
agriculteurs qui, actuellement, ne peuvent avoir accès au crédit
fédéral, notamment les régions
périphériques. Deuxièmement, pour tenter d'élaborer
chez nous, dans la province, une politique de crédit qui corresponde aux
besoins des agriculteurs. C'est pour ça que nous en sommes
arrivés à ces amendements que nous vous proposons aujourd'hui.
Evidemment, ça n'empêchera pas, dans le temps, que des ententes
interviennent. Nous sommes, je pense bien, au Québec non seulement les
plus disposés, mais nous sommes ceux qui avons prôné et qui
prônons encore, nous sommes ceux qui avons influencé,
probablement, la commission canadienne de planification. C'est l'Office du
crédit agricole du Québec qui l'a influencée à ce
moment-là pour inclure une proposition comme celle-là qui
correspondait et qui correspond encore aux besoins généraux du
pays dans une politique articulée de crédit.
M. VINCENT: II est bien entendu que je ne voudrais pas faire un grief au
ministre de l'Agriculture...
M. TOUPIN: Non, non, je sais, je comprends.
M. VINCENT: ... mais j'aurais une suggestion assez pertinente à
faire. Si on discute la question de financement des fermes en vase clos, entre
le ministère de l'Agriculture fédéral et le
ministère de l'Agriculture provincial, ça n'a pas la
répercussion politique que ça pourrait avoir si, par exemple, on
obtenait...
M. TOUPIN: Entièrement d'accord.
M. VINCENT: ... de deux provinces, l'Ontario et le Québec, qu'un
tel sujet soit inscrit à l'ordre du jour d'une prochaine réunion
au sommet fédérale-provinciale.
M. TOUPIN: C'est déjà fait, M. le Président.
M. VINCENT: D'ailleurs, c'était dans l'échéancier
avant 1970. Lorsque nous aurions des rapports de la commission de
planification, il était question que ça devienne un instrument de
travail entre les mains des premiers ministres pour que ce soit inscrit
à une prochaine conférence fédérale-provinciale et
qu'on en fasse une priorité. Le ministre va voir que tout ceci va
s'insérer dans les autres politiques fédérales. Si la
province de Québec, de l'Ontario et d'autres provinces qui le veulent
pouvaient obtenir un système conjoint de crédit agricole ou une
régie fédérale-provinciale de crédit agricole, il
n'y aurait plus de problèmes avec le réaménagement des
fermes, avec la nouvelle politique fédérale de rachat des petites
terres. C'est autour de tout ça que tourne le problème de
l'administration d'un office ou d'une régie de crédit agricole.
Le fédéral veut garder la main haute là-dessus, on peut le
dire clairement, pour pouvoir s'introduire dans le réaménagement
des fermes, dans la régie interne des fermes, dans la
comptabilité sur les fermes, notamment Canfarm, etc. Le seul moyen qu'on
a à l'heure actuelle, c'est la Société du crédit
agricole qui permet de s'introduire par la porte d'en arrière dans tous
les programmes provinciaux. Si on perdait ce programme, il n'y aurait plus de
problèmes. Il y en aurait encore, mais beaucoup moins, en ce qui
concerne le financement, le réaménagement des fermes; il
resterait seulement les problèmes de commercialisation et là,
avec une nouvelle loi fédérale, avec un peu d'imagination, on
pourrait réussir à les régler.
Alors, je suggère que ce soit le voeu de la commission
parlementaire de l'agriculture et de la colonisation que le premier ministre du
Québec, avec son collègue de l'Ontario, inscrive à l'ordre
du jour de la prochaine réunion fédérale-provinciale,
comme priorité, le crédit agricole ou le financement des fermes.
Cela représente quand même quelques centaines de millions au cours
des prochaines années et peut-être comme répercussion cela
a-t-il autant d'importance que la discussion qu'on a à l'heure actuelle,
non pas au point de vue fiscal, mais au point de vue constitutionnel, que le
problème des Affaires sociales, que le problème des allocations
familiales.
M. TOUPIN: Evidemment, il y a des pro-
blèmes égaux au gouvernement du Québec. 11 ne
s'agit pas de savoir si tel problème est plus...
M. VINCENT: Je dis que cela a autant d'importance sur le plan
constitutionnel.
M. LAURIN: II y a $251 millions qui sont accordés à des
cultivateurs du Québec, du crédit agricole.
M. TOUPIN: II faut s'entendre dans quel sens.
M. LAURIN: Bien sur, les $251 millions, cela fait un dixième si
c'est $20 millions par année.
M. TOUPIN: Prenons le Québec comme tel... M. LAURIN: C'est
très faible.
M. TOUPIN: C'est 50-50, le crédit agricole provincial prête
à peu près 50 p.c, il consent 50 p.c. des prêts et le
gouvernement fédéral consent les autres 50 p.c. Au Canada, c'est
68 p.c. pour la participation du fédéral. Cela veut dire que,
dans des provinces, le fédéral y est à 100 p.c. alors
qu'il est ici à 50 p.c.
M. FRASER: L'année passée, il a prêté $20
millions...
M. LAURIN: Donc, $20 millions sur $251 millions, cela veut dire
seulement un dixième. Ce n'est pas beaucoup.
M. TOUPIN: C'est le problème qu'on soulevait tantôt. Je
pense qu'on peut dire carrément que vis-à-vis des
problèmes comme ceux-là, on n'a pas beaucoup le choix selon la
philosophie qu'on se fait, évidemment, de l'administration d'un
gouvernement provincial. J'ai déjà déclaré qu'il
n'y a pas de problème à ça, c'est qu'au rythme où
ça va, si on n'occupe pas certains champs, nous deviendrons purement et
simplement des succursales, il n'y a pas de doute là-dessus.
L'énumération que le député de Nicolet a faite
m'apparaît bien évidente. Cela m'apparaît bien clair. Cela
se fait tous les jours, cela revient tous les jours, cela entre tous les jours.
On a dit récemment que le ministre du Travail venait de mettre en place
une politique de main-d'oeuvre pour les agriculteurs, il mettait $20 millions
à la disposition des agriculteurs du pays. Il est bien évident
que, de ce côté-là, on sent qu'il y a une percée
fédérale qui est de plus en plus forte. Qu'est-ce qu'il s'agit de
faire? Quelle attitude devons-nous prendre? Nous avons dit que des champs nous
sont réservés parce que les gouvernements provinciaux doivent
jouer des rôles précis dans certains domaines, notamment dans le
domaine de l'orientation de l'agriculture et de l'utilisation des ressources du
territoire.
Pour y arriver, si les ententes n'aboutissent pas, il faut bien agir
d'une autre façon. Sinon, c'est purement et simplement du verbalisme
qu'on fait. Nous agissons de ce côté et nous croyons qu'avec le
temps nous parviendrons à des ententes, comme on disait tantôt,
qui soient favorables aux provinces et que nous conservions ces champs d'action
qui historiquement ont toujours été occupés par nous, pas
seulement au Québec mais dans les autres provinces. Les autres ministres
de l'Agriculture sont d'accord avec moi là-dessus. On a fait le
consensus au niveau d'un certain nombre de priorités en agriculture.
Cela coûte quelques millions de dollars au Québec, c'est
malheureux. Cela coûte quelques millions de dollars pour occuper des
champs qui sont à nous. Mais il faut le faire si on croit à ce
qu'on dit, si on croit à ce que l'on pense. Il faut y aller, c'est
coûteux. Le crédit agricole coûte de l'argent à la
province de Québec et il en coûte également pour aider une
politique fédérale.
D'autres provinces ne se payent pas ce luxe-là, c'est le
fédéral qui prête et elles n'ont qu'à rembourser les
taux d'intérêt. Je n'ai qu'à prendre un autre
problème, si vous me permettez, M. le Président, pour illustrer
davantage ma pensée. Dans le domaine de la commercialisation, nous
demandons depuis longtemps une politique nationale. Nous sommes parvenus au
bill C-176, nous semblons nous orienter vers une entente vis-à-vis d'une
production d'oeufs en particulier. Mais cela a coûté au
Québec depuis ce temps $3 millions ou $3 millions et demi, pour
articuler une politique nationale qui tienne compte de nos
priorités.
C'est comme ça dans plusieurs champs.
M. VINCENT: Est-ce qu'il n'y a pas une entente qui va se signer ou se
concrétiser la semaine prochaine ou dans l'autre concernant le poulet de
gril?
M. TOUPIN : C'est-à-dire qu'il y a eu entente entre provinces,
pas dans le cadre du bill C-176.
M. VINCENT: Entre la province de l'Ontario et la province de
Québec, est-ce que l'entente est ratifiée, signée ou
acceptée?
M. TOUPIN: C'est une entente provisoire. Evidemment, entre les deux
fédérations.
M. VINCENT: Est-ce que je peux faire une suggestion au ministre? Qu'il
fasse bien attention avant de ratifier cette entente et qu'on détienne
également une entente sur les oeufs.
M. TOUPIN: M. le Président, c'est ce que nous avons toujours
fait.
M. VINCENT: Au même moment.
M. TOUPIN: C'est ce que nous avons su faire.
M. VINCENT: En donnant les pouvoirs concernant le poulet de gril, on est
déficitaire. C'est-à-dire qu'il faut exporter, expédier ce
poulet en Ontario. On est excédentaire.
M. TOUPIN: C'est reconnu.
M. VINCENT: Seulement quant aux oeufs, c'est le contraire qui se
produit. Si on signe l'entente, on favorise les producteurs de poulet de gril
de l'Ontario. On n'a pas encore favorisé nos producteurs d'oeufs du
Québec. Il faudrait faire attention. C'est simplement un
avertissement.
M. TOUPIN: II faudrait peut-être, M. le Président, faire
plus de déclarations ministérielles, à cet effet, avant
que les ententes n'interviennent. On ne fait pas suffisamment de
déclarations ministérielles. En ce qui a trait notamment aux
échanges de poulet, à l'entente entre l'Ontario et le
Québec, un fonctionnaire du gouvernement a toujours été
présent. Notre philosophie était très simple.
M. VINCENT: Oui, mais on sépare le marché. D'après
ce que j'ai lu dans les journaux, on sépare le marché 50-50.
M. TOUPIN: Non, on n'a pas passé d'entente.
M. VINCENT: C'est ce qu'on a dit dans les journaux. Je ne me rappelle
pas des chiffres. Un montant de 240 millions de livres de poulet de gril
je parle de mémoire on dit 120 millions de livres pour le
Québec et 120 millions de livres pour l'Ontario.
M. TOUPIN: 120 millions de livres, c'est la production du
Québec.
M. VINCENT: Oui, mais 120 millions de livres pour le Québec et
120 millions de livres pour l'Ontario. Donc on met sur le même pied, les
producteurs du Québec et les producteurs de l'Ontario. Alors que
déjà on produit plus de poulet que l'Ontario en produit.
M. TOUPIN: L'important pour nous, dans le domaine du poulet...
M. VINCENT: Si on fait la même chose pour les oeufs, il n'y a pas
de problème.
M. TOUPIN: ... c'est de conserver les droits qu'on avait sur les
marchés extérieurs. L'Ontario s'est gardé beaucoup de
possibilités d'augmentation.
M. VINCENT: On est en dehors du sujet, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je cherchais l'article pour vous répondre.
M. VINCENT: C'est une parenthèse.
M. LAURIN: Pour revenir au crédit agricole, M. le
Président, il semble bien, parce que nous avons notre propre office, que
nous sommes pénalisés et que nous ne retirons pas la proportion
qui nous revient des $251 millions accordés, par tout le Canada, pour le
crédit agricole. En somme nous sommes un peu pénalisés
parce que nous faisons montre d'initiative et que nous voulons répondre
à nos propres besoins, d'une part. D'autre part, avec ce que vous nous
proposez aujourd'hui, le balancier va encore incliner davantage vers l'Office
du crédit agricole du Québec puisque cela va être plus
avantageux et que les cultivateurs du Québec vont se porter davantage
vers l'Office du crédit agricole du Québec. On risque de voir
encore diminuer, plus bas que 1/12 ce qui est le taux actuel la
proportion des crédits fédéraux affectés aux
cultivateurs du Québec. Même si moi, je reconnais que c'est tout
à fait juste qu'on ait notre propre office, qu'on connait mieux nos
besoins que les autres qu'on peut élaborer une politique plus souple
même je voudrais qu'elle soit encore plus souple il reste
quand même que, chaque fois que nous faisons un bon coup, nous sommes
pénalisés et nous risquons de l'être encore.
M. FRASER: Nous ne sommes pas pénalisés. Les cultivateurs
ont demandé $20 millions et ils ont eu $20 millions. Ils n'ont pas fait
un bénéfice. Ils ont demandé tant et ils ont eu tant. Cela
dépend de la demande. S'il n'y a pas d'argent...
M. LAURIN: Si vous ajoutez aux $20 millions accordés par le
fédéral et aux $25 millions accordés par le Québec,
là par exemple, c'est différent.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission retiennent la
suggestion formulée par le député de Nicolet, tout
à l'heure?
M. TOUPIN: Pour la première partie, M. le Président, si
vous permettez, je pense que je l'ai expliqué clairement
tantôt nous occupons ce champ et eux également. Est-ce
qu'on doit continuer à l'occuper ou ne pas l'occuper? Si on croit qu'un
seul organisme de crédit serait suffisant, il y a deux choix. Ou on
essaie de s'entendre avec l'autre qui existe, ou on se retire. L'autre choix,
c'est qu'on s'entend pour qu'il y ait un organisme au Québec, et c'est
celui du Québec, et le fédéral se retire et contribue dans
une proportion de 75 p.c, 50 p.c. ou 40 p.c. Il y a ces deux choix qui restent,
qui nous sont offerts. Tant et aussi longtemps que l'un ou l'autre des choix ne
sont pas réalisés, nous vivons dans un champ occupé par
deux personnes.
En théorie, est-ce que nous devons pour autant laisser nos
politiques de crédit plus ou
moins désuètes, ou au moins, pas tout à fait
adaptées aux besoins en attendant qu'une politique d'entente intervienne
ou si nous devons nous servir de notre propre organisme pour essayer de
stimuler notre agriculture? C'est pour ça que nous vous proposons ces
amendements et les $15,000 que nous voulons laisser dans cette loi, c'est
simplement ça.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre aurait objection, quand on soumettra
le rapport le ministre me dira s'il veut l'accepter oui ou non
sur le bill numéro 5 qu'on inscrive dans le rapport qu'il y a eu un voeu
unanime exprimé par les membres de la commission qu'à l'occasion
de la prochaine rencontre au niveau des premiers ministres, conférence
fédérale-provinciale, on inscrive comme priorité le
crédit agricole?
M. TOUPIN: M. le Président, c'est le voeu de la commission...
M. VINCENT: Mais, on peut penser à cela. Ce serait fort. Je pense
qu'il n'y a pas de politique là-dedans. On exprime le voeu que ce soit
inscrit. On va saisir les journaux de ce problème et on va placer
l'agriculture une fois de plus ce n'est malheureusement pas assez
souvent au niveau des grandes discussions politiques du Québec et
du Canada.
M. TOUPIN: Jusqu'à maintenant, M. le Président, nous
n'avons pas manqué notre coup.
M. LE PRESIDENT: C'est de cette question que je m'informais tout
à l'heure, si les membres de la commission l'acceptaient.
M. VINCENT: Qu'on y pense, et d'ici quelque temps...
M. LE PRESIDENT: Si les membres l'acceptaient.
M. TOUPIN: Evidemment, je ne vois pas d'inconvénient à ce
que la commission en formule le voeu, mais que ça fasse partie du
rapport, c'est une autre question. Je ne pense pas que je puisse
m'engager...
M. VINCENT: Oui, cela pourrait faire partie du rapport.
M. TOUPIN: ... avec la commission et l'Assemblée nationale,
M. VINCENT: La commission est maîtresse de ses travaux. Si la
commission disait: On a, par exemple, passé en revue le bill
numéro 5, mais on exprime le voeu que la question du crédit
agricole, tant sur le plan provincial que fédéral, fasse l'objet
prioritairement de discussions à la prochaine conférence
fédérale-provinciale.
M. TOUPIN: Ecoutez! Que la commission en formule le voeu, je n'y vois
pas d'inconvénient. Que ce soit partie du rapport, c'est une autre
question.
M. VINCENT: C'est-à-dire qu'il fasse rapport de ce qu'on a
discuté.
M. TOUPIN: Le problème que ça pose, c'est que la politique
gouvernementale en matière de relations
fédérales-provinciales est normalement tracée par le
gouvernement par le conseil des ministres, ce qui n'empêche pas,
évidemment, une commission de faire des voeux, n'est-ce pas?
M. VINCENT: C'est ça!
M. TOUPIN: Maintenant, que cela fasse partie du rapport...
M. VINCENT: Qu'on rédige simplement un court paragraphe exprimant
le désir de la commission de voir cette question inscrite comme
priorité à la prochaine réunion
fédérale-provinciale des premiers ministres.
M. TOUPIN: Je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'on le
mette, M. le Président, mais tout compte fait, j'ai l'impression que
ceux qui sont membres de la commission peuvent faire valoir ce voeu
publiquement. Mais que cela fasse partie du rapport de façon
générale, je n'en suis pas certain.
M. LE PRESIDENT: On pourrait inscrire dans le rapport quelque chose
à l'effet que les membres de la commission expriment le voeu qu'on
étudie la possibilité de donner un caractère prioritaire
au problème du crédit agricole lors d'une prochaine
conférence fédérale-provinciale. "Exprime le voeu
d'étudier la possibilité", cela n'engage ni le ministre ni le
gouvernement. C'est un voeu exprimé par les membres de la
commission.
M. VINCENT: En tout cas, d'une façon ou d'une autre, je pense
bien que le rapport de la commission va mentionner en substance les discussions
que nous avons eues ici. Lorsque nous revenons en Chambre, nous l'amplifions ou
nous faisons des observations de faits. En rédigeant le rapport de la
commission, nous mentionnons les discussions que nous avons eues ici.
M. TOUPIN: Je pense qu'il y a assez de moyens, de la part des membres de
la commission, de faire...
M. VINCENT: Mais c'est un moyen; quand on va faire rapport en
Chambre.
M. TOUPIN: Je ne sais pas si la commission peut tracer là-dedans
la politique gouvernementale...
M. VINCENT: Non, pas la politique gouvernementale. On exprime le voeu
que ce soit inscrit comme priorité.
M. TOUPIN : Je ne sais pas ce que les autres membres de la
commission...
M. LAURIN: Pour ma part, M. le Président, comme je n'ai aucune
confiance que ça apporte le moindre résultat, je m'abstiens de ce
voeu.
M. BELAND: Disons que je pose tout simplement une question au ministre.
Devant le voeu de la commission de planification de l'agriculture canadienne en
vue de la création d'un office de crédit agricole
coopératif, sur le plan canadien, est-ce que le ministre a
déjà apporté son idée là-dessus? Est-ce
qu'il y a pensé? Quelle est son optique là-dessus, en vue d'une
application sur le plan québécois?
M. TOUPIN : J'ai donné assez clairement mon opinion tantôt
et les possibilités sont offertes; la commission de planification en
propose, l'office de crédit agricole en a proposé
déjà, nous cherchons également d'autres options que
celles-là. Quant à nous, il nous apparaît bien
évident qu'au Québec, l'Office du crédit agricole est
implanté, il doit demeurer et il doit jouer le rôle qu'il a
à jouer et que le fédéral participe à
l'administration et participe aux prêts ou à une partie des
investissements consentis. Bien sûr que nous sommes entièrement
d'accord.
Notre politique là-dessus est très simple, c'est qu'il
faut reconnaître la priorité à l'Office du crédit
agricole du Québec pour le crédit agricole au Québec.
Qu'il y ait ensuite des ententes avec l'Office du crédit agricole
fédéral pour l'administration avec nous, il n'y a pas
d'inconvénient, au contraire, on préconise à 100 p.c.
cette façon de procéder.
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui me concerne, dans le bill
5, il n'y a qu'un principe en cause et je suis contre. J'enregistre ma
dissidence et si la commission veut...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. VINCENT: ... procéder à l'adoption sur division...
M. LE PRESIDENT: Globalement, le bill 5, est-ce que...
M. LAURIN : Pour revenir à ce que je disais, M. le
Président, je suis partagé entre deux parties d'une alternative.
D'un côté, pour venir davantage en aide aux agriculteurs du
Québec, il me semble que ce serait avantageux de hausser davantage
l'exception de $15,000, à $30,000 ou à $35,000. Par ailleurs, ce
qui me retient un peu de proposer cet amendement, c'est que ça
inciterait encore davantage les gens à ne pas profiter de l'argent qui
est dans la caisse fédérale du crédit agricole.
J'aurais préféré que le ministre lui-même
propose un amendement. Je ne sais pas s'il a l'intention d'en proposer un. Je
ne sais pas quel sera l'impératif qui lui parlera le plus: aider
davantage les cultivateurs du Québec en remboursant, jusqu'à
concurrence d'un montant supérieur à celui de $15,000, les
intérêts ou s'en tenir simplement à la préservation
des droits acquis jusqu'ici, de ceux qui en profitent déjà.
M. TOUPIN: Je ne pense pas, M. le Président, qu'on puisse se
permettre, pour le moment, d'être plus généreux, dans une
politique de subventions d'intérêt, en termes de milliers de
dollars. $15,000 constituent, actuellement, au moins 60 p.c, en
général, du prêt que le cultivateur contracte. Donc,
ça ne peut pas être plus généreux que ça.
Tout ce que nous avons voulu dans le bill 4, c'était de laisser un peu
plus de souplesse pour les taux d'intérêt. Dans le bill 5, nous
avons voulu indiquer aux agriculteurs et au gouvernement fédéral
que notre politique de taux d'intérêt préférentiel
n'excéderait probablement pas $15,000.
M. LAURIN: Donc, M. le Président, en exprimant le regret que
cette limite ne soit pas portée à un niveau supérieur, par
exemple $30,000, je vais quand même voter pour ce projet de loi, pour cet
article.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: En ce qui concerne les modalités et compte tenu
également des observations que j'ai apportées tantôt, les
modalités ne me plaisent pas du tout. Alors, forcément, je vais
être obligé de voter contre les modalités de ce projet de
loi.
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi no 5 est adopté, avec les
dissidences des représenta-tants de l'Unité-Québec et du
Ralliement créditiste et avec l'approbation...
M. LAURIN: Mitigée mais réelle, effective.
M. LE PRESIDENT: ... du représentant du Parti
québécois. Le projet de loi no 5, Loi modifiant la loi du
prêt agricole, est adopté.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15 ce soir,
même salle.
M. VINCENT: On siège jusqu'à 10 heures ce soir?
M, LE PRESIDENT: Jusqu'à 11 heures. (Suspension de la
séance à 17h58)
Reprise de la séance à 20 h 28
M. PICARD (président de la commission permanente de l'agriculture
et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
Avant de continuer les travaux de la commission de l'agriculture et de
la colonisation, j'aimerais attirer l'attention des membres sur l'importance
que les débats soient bien enregistrés au journal des
Débats. Un des premiers problèmes réside dans le fait que
les jeunes filles ont de la difficulté à nous entendre.
M. BELAND: Est-ce que vous voulez dire que les jeunes filles sont des
problèmes?
M. LE PRESIDENT: Non, les problèmes, ce sont les
députés. Il faudrait tout d'abord parler dans le micro et, autant
que possible, un seul député à la fois.
M. VINCENT: Avez-vous eu des problèmes cet après-midi?
M. LE PRESIDENT: C'est arrivé à quelques reprises cet
après-midi. Entre autres, j'ai remarqué que le
député de Rouville s'adressait au conseiller juridique par en
arrière des chaises. Il était loin du micro. Je me souviens de
cela.
M. OSTIGUY: Je n'ai pas parlé de l'après-midi. J'invoque
le règlement. J'étais assis à l'autre bout.
M. VINCENT: En arrière des chaises.
M. OSTIGUY: Si loin que cela? Cela faisait partie du débat?
M. LE PRESIDENT: Je demanderais la collaboration de tous les
députés. Premièrement, de parler dans le micro et,
deuxièmement, de ne parler qu'un seul à la fois. A ce
moment-là, nous nous comprendrons.
Projet de loi no 6
M. LE PRESIDENT: La commission entreprend l'étude du projet de
loi no 6: Loi modifiant la loi de l'amélioration des fermes. Est-ce que
le ministre a des commentaires de caractère général
à faire sur ce projet de loi?
M. TOUPIN: Rapidement, M. le Président. Je voudrais simplement
donner en gros quels sont les objectifs que poursuit cette loi et quels sont
également les amendements que nous proposons. L'objectif de cette Loi de
l'amélioration des fermes, le terme le dit, est d'aider les agriculteurs
à améliorer leur ferme, sous toutes les formes prévues
dans la loi. Au fond, c'est un crédit à moyen terme qui est
nécessaire à l'agriculture et qui vient compléter le
crédit à long terme du crédit agricole,
c'est-à-dire, le bill 4.
Les maximums des prêts qui auparavant étaient de $10,000
sont portés à $15,000 dans les amendements que nous proposons,
pour tout emprunteur. Le deuxième amendement que nous proposons est la
possibilité pour un locataire, celui qui loue une ferme, d'emprunter
pour réaliser des travaux de drainage, de construire ou d'installer des
serres. Au fond, nous introduisons la possibilité pour un locataire de
se prévaloir des avantages de cette loi alors qu'auparavant cela
n'existait pas. Nous apporterons un amendement vis-à-vis de cet aspect
lorsque nous arriverons à l'article en question, nous le
proposerons de façon plus précise mais nous
insérons également la possibilité pour les
sociétés locataires de se prévaloir également de
cette loi.
Dans le premier amendement nous avions prévu seulement le
locataire, une personne prise individuellement, alors que là nous allons
également introduire les sociétés. C'est un amendement que
nous proposons.
Le troisième amendement que nous proposons à la loi,
évidemment, est l'insertion dans la loi actuelle d'un nouveau moyen de
production sur la ferme, d'un nouveau moyen, tout au moins d'exploitation sur
la ferme, c'est-à-dire les séchoirs à mais. A mesure que
se développe le mais-grain au Québec, il est nécessaire
que des équipements nouveaux soient ajoutés aux fermes. Nous
avons prévu dans les amendements d'insérer les séchoirs
à mais. Nous ajouterons, vis-à-vis de cet article, un
sous-amendement qui permettra au producteur agricole d'emprunter pour l'achat
de quotas de lait ou toute autre forme de quota, je pense au quota de lait,
quota de chair de volaille ou quota d'oeufs, etc. ce qui n'était pas
prévu auparavant. Il y a plusieurs raisons qui nous amènent
à proposer ces sous-amendements et également ces amendements,
mais la principale est de mettre des sommes plus substantielles à la
disposition des agriculteurs. Deuxièmement, d'ajouter certains aspects
de la vie économique de l'agriculture qui ne se trouvaient pas avant
dans la loi. Troisièmement, de permettre aux agriculteurs de se procurer
rapidement de l'argent pour l'achat, par exemple, de quotas ou de tout autre
moyen de production essentiel pour le développement de la ferme.
M. le Président, c'est ce que j'avais à dire au
début sur ce projet de loi no 6.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre pourrait nous fournir des copies
des amendements qu'il entend apporter?
M. TOUPIN: Oui, on pourra les distribuer immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, à l'article 1, si vous
permettez, je vais vous lire le texte.
M. VINCENT: Des amendements?
M. LE PRESIDENT: De l'amendement, parce que l'article 1 est
amendé.
M. VINCENT: On pourrait faire les commentaires généraux
avant d'aller à l'article 1.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. VINCENT: Nous souscrivons aux objectifs et aux principes du bill 6
qui, à mon sens, vont bonifier une loi qui a rendu d'innombrables
services à la classe agricole. Pour rester dans la note, je voudrais
revenir à un point que nous discuterons un peu plus tard dans la loi. Ce
que j'ai déploré à l'Assemblée nationale, je le
déplore encore, c'est qu'on ait malheureusement laissé à 8
1/2 p.c. le taux d'intérêt autorisé, c'est-à-dire
celui que les banques à charte ou les caisses d'épargne pouvaient
exiger de l'agriculteur, en vertu de la Loi de l'amélioration des
fermes. Le taux d'intérêt est resté stable à 81/2
p.c, alors qu'à mon sens il aurait dû, déjà depuis
plusieurs mois et même depuis l'an dernier, et il aurait pu descendre.
Voyez-vous, les prêts aux syndicats agricoles fédéraux sont
descendus au 31 mars 1972 à 6 3/4 p.c. Sans descendre à 6 3/4
p.c, ce taux d'intérêt aurait dû descendre l'an dernier
à 7 1/2 p.c, c'est-à-dire au début de l'année, et
à ce temps-ci ce taux d'intérêt devrait être à
7 ou 7.5 p.c.
M. TOUPIN: Si je me rappelle bien, M. le Président, lorsque vous
avez soulevé le point en Chambre, je vous avais dit que la soumission
que vous faisiez à ce moment-là me paraissait normale, et que
j'allais demander au responsable de l'office de me faire de nouvelles
propositions sur les taux d'intérêt. Je pense que le travail est
déjà commencé. Nous allons sans doute en profiter, lorsque
nous rédigerons les règlements, pour régulariser toute la
situation du point de vue des taux.
M. VINCENT: II ne faudrait pas retarder ça; si vous remarquez,
lorsqu'on a établi le taux d'intérêt à 8 1/2 p.c, la
province empruntait à 9 1/4 p.c. et même jusqu'à 9 1/2 p.c.
d'intérêt. Le taux de 8 1/2 p.c. était déjà
de 3/4 de 1 p.c. et même de 1 p.c. inférieur au taux d'emprunt de
la province de Québec.
Le taux d'emprunt de la province de Québec est d'environ 8 p.c.
à l'heure actuelle, soit 7 p.c. et quelque chose, tout près de 8
p.c. Je ne parle pas des obligations d'épargne. Le taux
d'intérêt des banques ou des caisses d'épargne et de
crédit exigé en vertu de la Loi de l'amélioration des
fermes devrait être, à mon sens, à 7 1/2 p.c.
déjà depuis presque un an.
Maintenant, il est bien entendu que les caisses populaires et les
banques vont préférer avoir un taux de 8 1/2 p.c. mais il y a une
garantie gouvernementale à l'heure actuelle, le gouvernement garantit
jusqu'à concurrence de 10p.c. du prêt total d'une banque. Il n'y a
à peu près pas de pertes. Les banques n'ont jamais eu de pertes
là-dessus et, même à l'heure actuelle, si je vais à
n'importe quelle banque, que ce soit la Banque de Commerce ou la Banque
provinciale, si j'emprunte de l'argent en donnant des garanties
collatérales, en déposant des obligations, on va me prêter
à l'heure actuelle à 6 1/2 p.c. Là je fais une suggestion
je sais que le ministre va réviser le taux d'intérêt
à savoir que ce serait très important, au début de
chaque saison, au printemps, par exemple, que l'Office du crédit
agricole révise le taux d'intérêt.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Si je comprends bien, M. le Président, le
député de Nicolet fait allusion à l'article 10 de
l'ancienne Loi de l'amélioration des fermes.
M. VINCENT: Où le taux d'intérêt était
fixé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LAURIN: Le taux d'intérêt sur les emprunts donnant lieu
à remboursement d'intérêt prévu par la
présente loi ne doit pas dépasser le maximum fixé par
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil, c'est cela? Et comme ce
taux est souvent inférieur au taux en vigueur par les instances
prêteuses, il se peut que plusieurs prêts ne tombent pas sous
l'article 1 de la présente loi ou sous l'article 3 de l'ancienne loi et
qu'on ne puisse pas les rembourser parce que le taux obtenu à la caisse
est supérieur au maximum prévu par les règlements
établis par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. VINCENT: A ce moment-là, pour qu'une caisse populaire ou
qu'une banque puisse donner les avantages de la Loi de l'amélioration
des fermes, il faut que son taux d'intérêt ne dépasse pas 8
1/2 p.c.
M. LAURIN: Quel est le maximum prévu actuellement?
M. TOUPIN: II est de 8 1/2 p.c.
M. VINCENT: C'est 8 1/2 p.c fixé par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Mais même à ce moment-ci il pourrait être à
7 1/2 p.c. parce que les banques et les caisses populaires ont quand même
de très bonnes garanties en vertu de cette loi.
M. LAURIN: Mais elles prêtent quand même à un taux
très élevé.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, il n'y aurait pas moyen
d'organiser, de négocier avec les banques et les caisses populaires pour
trouver un mécanisme comme par exemple 1 p.c. ou 1 1/2 p.c. du taux
préférentiel que les banques accordent. Je pense que ce serait un
mécanisme qui serait assez souple et il ne serait pas question de 7 p.c,
8 1/2 p.c. ou 9 p.c, ce serait un taux d'intérêt qui s'ajusterait
automa-
tiquement avec le taux préférentiel des banques.
M. VINCENT: Quel est le taux d'intérêt,
présentement, en vertu de la loi fédérale sur les
prêts de la Loi de l'amélioration des fermes?
M. TOUPIN: C'est 6 3/4 p.c, et 7 p.c. lorsqu'il s'agit de l'achat de
terrains d'appoint.
M. VINCENT: Et 7 p.c.
M. LAURIN: Cela va encore amener les gens à s'adresser au
fédéral pour avoir...
M. VINCENT: Non, parce qu'au provincial on rembourse 3 p.c. et on ne
rembourse pas au fédéral.
M. TOUPIN: ... Je vais donner un peu plus d'explication. Dans cette loi,
comme le député de Nicolet l'a mentionné tantôt, et
c'était juste, le gouvernement se porte garant de 10 p.c. de l'ensemble
des prêts pour une banque. Si là banque emprunte $10 millions, on
garantit 10 p.c. Donc les banques ne perdent pas. Jusqu'à maintenant,
elles n'ont pas perdu un sou. Deuxièmement, il y a un rabais
d'intérêt de 3 p.c. Le gouvernement rembourse 3 p.c.
d'intérêt. Si nous n'avons pas révisé les taux
jusqu'à maintenant, c'est que nous étions en contact assez
régulier avec les banques, notamment la Banque Canadienne Nationale qui
prête le plus, davantage que les caisses populaires. C'est elle, au fond
qui est la grosse prêteuse. On se tient en contact assez
régulièrement avec elle. En dépit de la différence,
du taux d'intérêt, vous pouvez voir que la façon dont les
agriculteurs vont agir est vraiment déconcertante. Alors que le taux
d'intérêt fédéral était plus bas que celui du
provincial, à un moment donné, je ne dis pas tout le temps, les
demandes de prêts ont été faites surtout en vertu de la loi
du gouvernement du Québec.
M. VINCENT: Cela s'explique facilement, on rembourse 3 p.c.
d'intérêt.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Même si le taux d'intérêt au
Québec est de 8 1/2 p.c., on rembourse 3 p.c, cela fait 5 1/2 p.c. Au
fédéral, vous payez encore 7 p.c. Je veux dire qu'au
fédéral, le taux d'intérêt est de 7 p.c. sans aucun
remboursement, tandis qu'au provincial il est de 8 1/2 p.c. avec un
remboursement de 3 p.c. Donc indirectement on subventionne les banques et les
caisses populaires.
M. TOUPIN: C'est exact. Je suis bien d'accord.
M. VINCENT: Cela explique la différence pour laquelle les
cultivateurs du Québec aiment mieux emprunter en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes du Québec, même si le taux
d'intérêt est supérieur, parce qu'on rembourse 3 p.c.
d'intérêt.
M. TOUPIN: C'est un élément qui entre en ligne de
compte.
M. VINCENT: C'est un élément.
M. TOUPIN: Mais même si le gouvernement fédéral
diminue parfois ses taux d'intérêt pour se rapprocher des
nôtres, il y a quand même, de la part des agriculteurs
québécois, plus de tendances à emprunter en vertu des lois
québécoises.
M. VINCENT: Question de cents.
M. TOUPIN: C'est une tendance qui se manifeste quand même. J'ai
donné d'ailleurs ces chiffres. Qu'on regarde seulement la
différence, au fédéral on a prêté combien? Le
fédéral a prêté $1 million alors que le
Québec a prêté $147 millions. C'est bien sûr que cela
s'explique par le remboursement du taux d'intérêt, mais même
si parfois le fédéral baisse un peu son taux
d'intérêt, cela n'attire pas plus chez eux tellement plus de
gens.
M. VINCENT: Avec le remboursement c'est encore moins dispendieux au
provincial.
M. TOUPIN: II est encore moins dispendieux. La tendance est vraiment
marquée du point de vue du provincial.
Si nous n'avons pas cru bon d'ajuster nos taux d'intérêt
jusqu'à maintenant, c'est que nous voulions que nos agriculteurs,
lorsqu'ils se présentent à une banque, ne soient pas
handicapés par un taux d'intérêt trop bas, car les banques
et les caisses, alors que l'argent est passablement en demande, ne sont pas
tellement portées à prêter à l'agriculteur à
taux d'intérêt égal. Elles vont plutôt prêter
à des commerces ou ailleurs.
M. VINCENT: Non.
M. TOUPIN: Mais en vertu de cette loi, quand les taux
d'intérêt sont trop bas, les banques sont moins
intéressées à prêter que si les taux
d'intérêt sont un peu plus élevés, d'autant plus
qu'il y a un remboursement de la part du gouvernement. C'est pour ça que
nous n'avons pas cru bon, jusqu'à maintenant, d'y toucher. Mais nous
regardons actuellement s'il n'y aurait pas lieu de baisser un peu, d'au moins 1
p.c, ces taux d'intérêt et de les ramener à 7.5 p.c. au
moins.
M. OSTIGUY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: Le taux est fixé par les banques et non pas par le
ministère.
M. TOUPIN: Par le ministère. M. VINCENT: C'est-à-dire
que...
M. TOUPIN: Le ministère fixe le taux maximum
d'intérêt dans sa loi. Néanmoins, ça n'empêche
pas une banque de prêter à moins, si elle le veut. Elle peut
prêter à 7 p.c, à 6. 5 p.c. Le député de
Nicolet disait tantôt: "Quand j'arrive avec des obligations et que je
mets autant d'obligations en garantie que le montant de prêt qu'on me
consent, n'importe quel agriculteur, même en vertu de cette loi, se
prévalant des privilèges de cette loi, peut procéder de
cette façon, peut obtenir des crédits au taux
d'intérêt le plus bas parce que son crédit est bon, parce
qu'il emprunte plus que les autres, parce qu'il y a un roulement constant,
etc."
M. LAURIN: Mais par ailleurs, M. le Président...
M. OSTIGUY: Je me souviens que lorsque le taux d'intérêt
était à 7 p.c, les banques ne voulaient plus prêter;
c'était impossible de vendre de l'équipement aux agriculteurs.
Les banques refusaient de faire des prêts.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: Le taux d'intérêt était alors de 9. 25
p.c, 9. 5 p.c, c'est pour ça qu'il a été rajusté
à 8. 5 p.c.
M. OSTIGUY: Je pense bien que les agriculteurs préfèrent
payer un taux d'intérêt de 8. 5 p.c. avec un remboursement de 3
p.c. que d'être à 7 p.c. et de ne pas pouvoir avoir d'emprunt de
la part des banques ou des caisses populaires.
M. VINCENT: Non, je ne pense pas que ça se calcule de cette
façon.
M. TOUPIN: Qu'il y ait une diminution, ce n'est pas une question d'aimer
ou de ne pas aimer ça, il faut suivre le taux
d'intérêt.
M. OSTIGUY: Mais, à un moment donné, les banques
gèlent les prêts.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Par ailleurs, M. le Président, si un cultivateur
obtient un prêt de la Banque canadienne nationale, par exemple, à
10 p.c. et si le taux d'intérêt maximum prévu par la
présente loi est de 8. 5 p.c, il ne sera pas admissible au remboursement
de 3 p.c.
M. TOUPIN: Non, si la banque prête en haut de 8 p.c
M. LAURIN: Oui. En haut de 8. 5 p.c, le cultivateur ne sera pas
admissible au remboursement.
M. TOUPIN: En haut, il n'est pas admissible.
M. LAURIN: Alors, ça peut le pénaliser si le
règlement, tel qu'édicté par le lieutenant-gouverneur en
conseil, demeure à ce taux.
M. TOUPIN: Supposons que le taux d'intérêt fixé
serait à 7. 5 p.c. et que les banques ne seraient pas trop
intéressées à prêter, elles prêteraient
plutôt à 8 p.c. et à 8. 25 p.c. A ce moment-là, on
pénalise l'agriculteur parce qu'on fixe un maximum de 7 p.c. et les
banques exigent 8 p.c, 8. 25 p.c.
Souvent, l'agriculteur va dire: Plutôt que de me priver de
crédit, je vais le prendre quand même. C'est la conséquence
d'un taux d'intérêt parfois trop bas; les banques sont moins
intéressées. Mais si le taux d'intérêt est
fixé à 8. 5 p.c dans la loi, même à 7 p.c. ou 8. 5
p.c, si la banque veut prêter à l'agriculteur à 6 p.c. ou
à 5 p.c, il est capable de se prévaloir des avantages de la Loi
du remboursement agricole.
Même si on a 1/2 p.c parfois en haut du taux
d'intérêt fixé par le fédéral, ou parfois 1
p.c, les banques sont beaucoup plus ouvertes à prêter, ce qui est
important pour l'agriculteur, lorsqu'il fait ses semences, par exemple, ou
lorsqu'il veut s'acheter, je ne sais pas, du bétail pour le finir sur sa
ferme. Il a immédiatement une source de crédit disponible. Les
banques ne lésinent pas quand il y a un taux d'intérêt
intéressant, qu'elles ont des garanties et un remboursement
d'intérêt, en plus. Les banques ne lésinent pas et les
caisses non plus. Le type peut se procurer son crédit dans l'espace
d'une demi-heure, trois quarts d'heure, avec sa banque.
M. LAURIN: Est-ce que votre intention serait d'édicter un taux
qui fluctuerait davantage avec les fluctuations du marché?
M. TOUPIN: Ce serait peut-être bon. Il faudrait avoir un
mécanisme comme le suggérait l'adjoint parlementaire
tantôt pour s'entendre avec les banques et les caisses, et dire:
Bon, à mesure, on peut peut-être prendre 1 p.c, jouer avec 1 p.c.
Automatiquement, sans être obligé de rédiger un
règlement et de le faire approuver par le lieutenant-gouverneur en
conseil, ça pourrait s'appliquer. Mais ça ne m'apparaît pas
être un mécanisme légalement applicable.
M. LAURIN : De toute façon, le but que vous poursuivez pourrait
être détruit si les règlements édictés par le
lieutenant-gouverneur en conseil ne concordaient pas avec les besoins du
cultivateur, d'un côté, et avec la fluctuation du crédit,
de l'autre.
M. TOUPIN: C'est vrai.
M. VINCENT: C'est pour ça que ça se fait par
règlement. En aucun temps, le lieutenant-gouverneur en conseil ne peut
changer son taux d'intérêt. Cela a été placé
dans la loi pour que l'Office du crédit agricole, en négociation
avec les banques et les caisses populaires, à intervalles
irréguliers, adapte son taux d'intérêt aux circonstances du
temps.
Il serait éloquent de savoir, pour nous, quels ont
été les taux d'intérêt depuis que la loi existe en
opposition au taux d'intérêt régulier. Quand la loi a
été formulée, quel était le taux
d'intérêt fixé par règlement?
M. TOUPIN: II était de 6 p.c., au début. M. VINCENT: De 6
p.c. au début. M. TOUPIN: En 1961.
M. VINCENT: Le taux d'intérêt courant était à
peu près à 6 p.c, 6 1/2 p.c?
M. TOUPIN: Oui.-c'était le taux courant. Des prêts
consentis par les banques au niveau des prêts de consommation, de petits
commerces ou de petites entreprises.
M. VINCENT: Après ça, c'est passé de 6 p.c.
à...
M. TOUPIN: A 7 1/2 p.c.
M. VINCENT: ... 7 1/2 p.c. et le taux d'intérêt des banques
a varié entre 8 p.c, 8 1/2 p.c.
Si je me souviens bien, en vertu de la Loi de l'amélioration des
fermes, le taux d'intérêt a toujours été de 1/2 p.c.
inférieur au taux exigé au commerce.
M. TOUPIN : Oui, mais là si vous allez dans le taux exigé
au commerce...
M. VINCENT: A cause des garanties qu'on donnait.
M. TOUPIN: II convient d'indiquer que nous sommes en constant rapport
avec les fédérations de caisses populaires et les grosses
banques, celles qui font les plus grosses affaires en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes, notamment, la Banque Canadienne Nationale, la
Banque Provinciale et, encore une fois, les fédérations de
caisses populaires. Les caisses populaires nous ont indiqué,
constamment, qu'elles ne seraient pas intéressées à
consentir des prêts à un taux inférieur à 8 1 /2
p.c. et de façon claire. Et ceux qui font affaires avec les caisses
populaires savent très bien qu'à l'heure actuelle, parce que la
demande du crédit de consommation est très forte et les taux
d'intérêt que paient aux épargnants, les caisses
populaires, font que le taux d'intérêt peut les intéresser
et ne peut pas être inférieur, à l'heure actuelle, à
8 1/2 p.c.
M. VINCENT: En vertu d'à peu près les mêmes
garanties, pourquoi les caisses populaires font-elles des prêts aux
étudiants à un taux d'intérêt inférieur
à 8 1/2 p.c?
M. OSTIGUY: Ce ne sont pas les mêmes montants.
M. TOUPIN: II n'y a aucune garantie, le gouvernement se porte
garant...
M. VINCENT: Non, non, il n'y a pas plus de garantie que cela...
M. VAILLANCOURT: Les prêts aux étudiants sont garantis
à 100 p.c...
M. TOUPIN: ... par le gouvernement.
M. VINCENT: Cela aussi c'est garanti. Combien les banques ont-elles
perdu depuis 1961?
M. TOUPIN: Moins de 0.21 p.c. C'est inférieur à leurs taux
de perte au niveau de leurs propres opérations.
M. VINCENT: Quel est le taux d'intérêt exigé par les
caisses populaires sur les prêts aux étudiants?
M. TOUPIN: Je sais bien par les réflexions que les
fédérations nous ont faites que les prêts aux
étudiants, elles n'en veulent plus.
M. OSTIGUY : Ce ne sont pas les mêmes montants.
M. VINCENT: Les prêts aux étudiants, cela est plus
grave.
M. OSTIGUY : Les montants sont bien inférieurs aux prêts
consentis pour l'amélioration des fermes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière m'a
demandé la parole.
M. BELAND: Nous sommes assez avancés dans l'élaboration en
ce qui concerne les taux d'intérêt et les prêts. Je tiens
à dire que je suis heureux que le maximum de prêt soit
porté de $10,000 à $15,000, par l'intermédiaire des
caisses d'épargne, de crédit, de banques, etc. C'est une
possibilité supplémentaire pour l'agriculteur.
Peut-être pour la première fois mais je le fais
quand même je remercie le ministre d'avoir tenu compte de ma
suggestion d'inclure les quotas de lait, les achats de contingentements de lait
à l'intérieur des possibilités d'emprunt parce que,
réellement, c'étaient des problèmes majeurs que l'on avait
couramment chez les agriculteurs. Au moins, cela sera inclus dans ce bill.
D'autre part, est-ce qu'il y a un autre bill étant
donné que nous sommes dans une
kyrielle de bills que nous étudions tour à tour
où l'on inclura la possibilité d'emprunt pour le matériel
à érablière? Dans la loi originale, à l'article 4,
sous-article 3, paragraphe h) on y lit: Cabane à sucre.
M. TOUPIN: A l'article 5 b): Outillage d'érablière, dans
la même loi.
M. BELAND: Dans la même loi.
M. TOUPIN: Article 4, paragraphe 5, sous-paragraphe b). Vous avez
outillage...
M. BELAND: Outillage d'érablière, bon d'accord; je
m'excuse, je ne l'avais pas vu. Alors, disons que probablement les personnes
informées, d'ailleurs moi-même je l'ignorais, j'avais mal lu
probablement la loi, étant donné que c'est inclus, c'est
très bien. Maintenant, pour avoir inclus également le cas des
personnes qui ont à se construire des séchoirs à mais,
c'est là une nette amélioration aussi. Pour ma part, j'en suis
très heureux.
Egalement concernant la construction de serres, d'une façon bien
spécifique, la loi note "serre". Mais, par contre, est-ce que cela a
amené des complications? Là, je ne sais trop. Pour de
l'outillage, de l'aménagement à l'intérieur de serres, il
y a eu des problèmes. Maintenant, est-ce que selon la définition
que vous en faites, dans le bill 6, la personne qui a un aménagement
quelconque d'outillage à l'intérieur de la serre, y sera
comprise?
M. TOUPIN: Outillage agricole. Maintenant, M. le Président,
"serre", il serait bon de mentionner qu'il est déjà inclus dans
la loi, il fait déjà partie de la loi actuelle. Si on y fait une
référence, c'est simplement pour rendre admissible au
bénéfice de la loi le locataire pour les fins d'installation de
serres. Mais d'ores et déjà, l'installation de serres fait partie
intégrante des autres fins de la loi présentement.
M. BELAND: Bon, alors c'est très bien dans ce cas. Egalement, je
tiens à remercier non pas seulement le ministre, mais peut-être
surtout les personnes qui l'accompagnent, d'avoir bien voulu penser à ce
fait aujourd'hui où il y a beaucoup de personnes...
M. TOUPIN: C'est moins généreux, ça, M. le
Président.
M. BELAND: ... qui louent des fermes. Ces personnes après avoir
loué, soit pour une période de trois ans, cinq ans et même
peut-être davantage, peuvent apporter certaines améliorations.
Elles peuvent emprunter en conséquence pour effectuer les
améliorations qu'elles auraient eu à faire dans le passé
et qu'elles ne pouvaient pas faire à cause d'un manque de
possibilités d'emprunt. Aujourd'hui elles peu- vent se conformer avec
les changements apportés. Alors, en ce qui concerne les observations
principales de départ, c'est tout, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Oui, j'aimerais poser une question au ministre. Est-ce
qu'à votre connaissance des cultivateurs et, si oui, combien, ont obtenu
des prêts à un taux tel, qu'ils ne pouvaient être
admissibles au remboursement de 3 p.c. prévu par l'article 10 de
l'ancienne loi?
M. TOUPIN: Très infime, cela peut être inférieur
sûrement à une centaine qui se sont vus refusés pour les
raisons que vous indiquez.
M. LAURIN: C'est déjà trop.
M. TOUPIN: Quand je dis cent, j'exagère probablement parce que
là c'est une statistique qui n'es pas tenue.
M. LAURIN: Parce que cette centaine de cultivateurs, au fond, doit avoir
été obligée de faire cela en raison de situation
urgente.
M. TOUPIN: II y a bien des facteurs qui influencent. On peut, par
exemple, prendre certains cas typiques. A $10,000, très souvent,
l'agriculteur devait s'adresser à d'autres sources parce que $10,000, ce
n'était pas assez élevé.
Par ailleurs, souvent, les emprunteurs ne peuvent offrir le minimum de
garantie qui est exigé ou encore ils sont considérés comme
plus ou moins solvables; ceux-là devront souvent s'adresser ailleurs et
vont malheureusement à des sources de financement très
onéreuses, notamment les compagnies de finance.
On retrouve aussi, malheureusement, dans des contrats
d'intégration, au niveau des fermes, certaines exigences de la part des
entreprises intégrantes, qui vont poser certaines conditions et qui vont
empêcher, de temps en temps peut-être, un agriculteur de se
prévaloir des avantages et des droits. C'est la raison pour laquelle
nous avons porté le montant à $15,000, c'est une de raisons, en
tout cas, qui nous a amenés à porter le montant à $15,000.
Cela va éliminer peut-être même 50 p.c. des cas dont parlait
le président de l'office. Ils pourront peut-être se
prévaloir davantage des avantages de cette loi. Il restera toujours,
sans aucun doute, une petite minorité qui ne pourra pas entrer dans les
cadres de la loi. Mais c'est très difficile à
contrôler.
M. LAURIN: De toute façon, on devrait pouvoir réduire ces
exceptions au minimum d'une part; je me demande aussi si une des façons
de réduire ces exceptions au minimum ne serait pas de mettre un peu de
pression sur les institutions prêteuses pour les amener à diminuer
des taux d'intérêt qui nous paraissent
d'autant plus excessifs que la loi fédérale comporte des
taux d'intérêt très inférieurs à ceux que
consentent les institutions prêteuses. Est-ce qu'il y a des moyens pour
amener les banques ou les caisses populaires à consentir des taux
d'intérêt réduits?
M. TOUPIN: Evidemment, la seule chose qu'on peut faire dans ça,
ce n'est pas tellement de travailler au niveau des banques comme de travailler
au niveau des agriculteurs, de dire souvent aux agriculteurs: Si vous avez un
pouvoir de marchandage qui est plus alléchant par rapport à un
autre agriculteur, servez-vous-en lorsque vous irez négocier votre
prêt avec la banque. C'est très important, parce que même si
la banque prête en bas de 8 1/2 p.c, elle peut quand même se
prévaloir des 20 p.c. ou des 10 p.c. de garantie et elle peut se
prévaloir également des 3 p.c. de remboursement. Ce serait
plutôt de travailler au niveau des agriculteurs que de travailler au
niveau des banques, à ce chapitre.
Le député de Nicolet apportait un exemple qui est assez
typique, je pense, celui dont le pouvoir d'emprunt est le plus bas, qui lui
donne un meilleur marchandage, je pense qu'il devrait s'en prévaloir
davantage. C'est peut-être une des faiblesses de bien des agriculteurs.
Mais, par ailleurs, plus ça va, plus on se rend compte que les
agriculteurs sont plus d'affaires qu'ils ne l'étaient avant. Maintenant,
ils vont négocier des prêts avec la banque. Ils n'arrivent pas
là avec les mains vides; ils arrivent avec un bilan, des chiffres en
disant: C'est mon état financier, voici les revenus, voici mes avoirs
nets, etc. Est-ce que vous pouvez me prêter $20,000 ou $30,000? Je vais
en prendre $15,000 en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes et
les autres $10,000, prêtez-les-moi sur billet. Faites-moi un taux
d'intérêt qui a du bon sens, faites-le à 7 p.c. par
exemple. C'est plutôt là qu'on doit travailler.
Les banques et les caisses populaires ne sont pas tellement
équipées pour étudier les besoins précis des
agriculteurs, surtout lorsque ces derniers arrivent avec des petits bouts de
papier. Mais lorsqu'ils arrivent avec des bilans bien constitués, ils
peuvent avoir des avantages très sérieux. Lorsque j'étais
en région, je suis intervenu bien des fois, à plusieurs reprises,
auprès des banques et j'ai obtenu des taux d'intérêt
parfois de 1 p.c. plus bas que ce qui était fixé par la loi.
M. LAURIN: C'est un des rôles que peut remplir l'UCC?
M. TOUPIN: La profession. C'est un des rôles que devrait remplir,
aussi, l'information au niveau du ministère. On doit le déplorer
un peu. Ce n'est pas parce que l'information ne soit pas bien faite. Elle est
bien faite mais elle n'est peut-être pas assez descendue, ses tentacules
ne vont peut-être pas assez bas. Il faut faire attention parce que cela
prend tout un personnel nouveau et cela coûte très cher.
M. LAURIN: Est-ce que, finalement, des pressions peuvent être
exercées par le gouvernement, votre ministère, sur les
institutions prêteuses?
M. TOUPIN: Oui, bien sûr. Lorsqu'on rencontre les institutions,
les caisses populaires notamment, elles sont d'accord avec nous. Lorsque le
crédit de l'agriculteur est bon, elles n'hésitent pas. Elles sont
prêtes à négocier avec lui, d'homme à homme, en
termes d'affaires. Là-dessus, les banques et les caisses sont assez
sensibilisées.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: Lorsqu'on parle de séchoir à mais, est-ce que
cela inclut les séchoirs station-naires, mobiles? Est-ce que cela inclut
les silos d'entreposage? Est-ce que cela inclut les convoyeurs, tout ce qui
peut servir à la manipulation du mais-grain?
M. TOUPIN: C'est tout l'outillage agricole.
M. OSTIGUY: Tout l'outillage qui est relié à la culture du
mais-grain, mobile ou stationnaire.
M. TOUPIN : Les accessoires, tout.
M. LE PRESIDENT: Le député de Huntingdon.
M. FRASER: J'aurais un commentaire à faire pour éclairer
le chef du Parti québécois. Certains cultivateurs vont dans les
banques. Les banques pensent que leur crédit n'est pas bon et, dans
certains cas, c'est vrai. Elles ne veulent pas prêter $1,000 ou $2,000
à un type lorsqu'elles pensent qu'il n'est pas capable de rembourser.
C'est pourquoi il y a des refus, dans certains cas. C'est comme les docteurs,
il y en a des bons et d'autres qui ne le sont pas.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Voici l'observation que j'avais à faire
là-dessus. A la suite des observations faites par le Dr Laurin et
quelques autres, il est entendu que présentement, à
l'intérieur de ce bill, on joue encore à l'intérieur de
conséquences du manque de revenu net suffisant chez les agriculteurs.
Lorsqu'ils auront un revenu net suffisant, c'est bien clair qu'ils
lésineront moins pour payer 1 p.c. ou 2 p.c. de plus
d'intérêt sur les prêts effectués soit dans les
banques ou dans les caisses populaires.
Au moment où la situation générale de l'agriculture
sera améliorée, les demandes seront moins pressantes. En ce qui
concerne les pressions à faire sur les banques, on a vu ce que cela
a donné dans le passé. Ce n'est pas sur la banque qu'il
faut faire pression. Mais c'est la responsabilité du gouvernement
provincial. C'est de faire en sorte que dans le secteur public, non pas dans le
secteur privé, cela c'est tout autre chose... C'est pour cela que nous,
nous voulons tant que les emprunts se fassent directement à la Banque du
Canada, ce qui est inclus à l'intérieur du mécanisme
même de la constitution. Cela libérerait davantage le secteur
privé. Les banques recevraient la population d'une façon beaucoup
plus sensée que, parfois, elles reçoivent présentement les
gens qui vont emprunter. Avec la fluctuation du dollar et avec tout le
système qui existe par la multiplication, soit de douze ou quatorze fois
la possibilité de prêter d'une banque, c'est bien clair que 1 p.c,
pour eux, représente beaucoup, au bout de l'année.
Comme toute société et toute banque, c'est un corps sans
âme, il ne faut pas se surprendre des résultats.
Présentement le bill 6, tel qu'il est, étant voué
à apporter un changement à l'amélioration des fermes, nous
jouons sur les conséquences continuellement. Tant et aussi longtemps que
nous n'irons pas aux causes, il faudra revenir probablement dès l'an
prochain, ou tout au moins dans deux ans pour encore amender, mettre à
jour, en vertu des besoins nouveaux, la kyrielle de bills que nous venons de
commencer à étudier et que nous en avons peut-être encore
pour deux ou trois jours.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il n'y a pas d'autres commentaires sur le
caractère général de ce projet de loi no 6, j'aimerais
vous faire lecture du nouvel article no 1 qui est proposé comme
amendement par le ministre. Vous en avez une copie, je crois, devant vous.
Article 1 : L'article 2 de la Loi de l'amélioration des fermes,
statuts refondus 1964, chapitre 109, modifié par l'article 1 du chapitre
40 des lois 1965, première session et par l'article 1 du chapitre 43 des
lois de 1969 est de nouveau modifié. A) en insérant dans la
sixième ligne du paragraphe f), après le mot
"propriétaire" les mots "ou locataire". B) en remplaçant dans la
onzième ligne du paragraphe g) les mots "d'entre eux" par les mots
"d'entre eux ou dont elle est locataire".
Cela sera le nouvel article 1 qui remplacera celui que vous avez
présentement dans la copie imprimée du projet de loi 6.
M. VINCENT: Agréé, M. le Président. M. LE
PRESIDENT: Agréé. M. BELAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 1. Adopté. L'article que vous voyez
comme 1 a), devient l'article 2 au texte imprimé. L'article
amendé se lit comme suit: L'article 3 de ladite loi modifié par
l'article 3 du chapitre 40 des lois de 1965, première session et
remplacé par l'article 2 du chapitre 43 des lois de 1969, est
modifié en remplaçant dans la quatrième ligne le mot "dix"
par le mot "quinze". Ceci devient l'article 2 du texte imprimé.
M. LAURIN: Accepté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. VINCENT: Au cours de la dernière année, quel a
été le nombre de prêts entre $8,000 et $10,000?
M. TOUPIN: En vertu de la Loi de l'amélioration des fermes?
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Je regrette, mais je n'ai pas ce renseignement ici.
M. VINCENT: Est-ce que la moyenne des prêts est environ de
$3,000?
M. TOUPIN: C'est environ de $2,750 pour la dernière année.
Mais, il s'est effectué 8,700 prêts.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN : Mais il ne faut pas oublier qu'un même emprunteur peut
obtenir plusieurs prêts. C'est la moyenne d'un prêt, mais il peut
avoir trois ou quatre prêts, ce qui veut dire, pour le même
emprunteur, que ça dépasse sensiblement cette moyenne. Le maximum
prévu ici, vous avez une autre disposition de la loi qui présente
un maximum nouveau de $15,000, mais l'agriculteur peut fort bien avoir cinq ou
sept prêts qui pourront monter jusqu'à ce maximum de $15,000
globablement.
M. VINCENT: J'aurais aimé savoir, à l'heure actuelle,
combien d'agriculteurs sont à la ligne de ce maximum ou rendus au
maximum?
M. BELAND: Si nous pouvions avoir la moyenne exacte des emprunts par
agriculteur. Il y a peut-être deux ou trois fois le nombre de prêts
pour ce qu'il y a d'agriculteurs qui ont emprunté, mais peut-on avoir la
moyenne, par exemple, d'agriculteurs qui ont emprunté, la moyenne du
montant d'argent?
M. VINCENT: Ou encore est-ce qu'on peut nous donner l'estimation du
nombre de prêts ou du nombre d'agriculteurs qui vont dépasser ou
qui vont se situer entre $10,000 et $15,000 pour la prochaine année? On
a certainement dû faire des projections de cela.
Là, les objectifs principaux de la loi, sont de les porter
à $15,000 et à quinze ans. Maintenant, quinze ans, je doute que
bien des banques
acceptent d'aller jusqu'à quinze ans. Naturellement, je pense que
c'est bon de l'ouvrir jusqu'à quinze ans, parce qu'il y a certains cas
où cela va rendre service à l'agriculteur. Mais en
général, les banques ne sont pas portées à nantir
des biens pour plus de dix ans.
D'ailleurs, l'expérience nous le montre: sur 8,794 prêts
l'an dernier, il n'y en a que 1,227 qui ont été consentis pour
une période maximum de dix ans. Cela ne fait rien, cela vaut la peine
même s'il n'y en avait que deux.
M. TOUPIN: La moyenne des prêts, la première année,
est de $1,813. Progressivement, pour l'an dernier, en 70/71: $2,700. Nous
projetons dans nos estimations de 71/72 une moyenne de $2,900. En 72/73:
$3,100. L'augmentation est très pondérée sur la moyenne
parce que la masse des prêts est grande. Bien que certains agriculteurs
aient recours à la Loi de l'amélioration des fermes pour deux,
trois, quatre ou cinq prêts, ce n'est quand même pas le cas
commun.
Ainsi, par exemple, l'an dernier, il s'est fait environ 8,740
prêts pour $24 millions et quelques centaines de milliers de dollars.
M. VINCENT: Cela n'a pas encore été consenti à
6,000 ou 7,000 agriculteurs.
M. TOUPIN: Absolument.
M. VINCENT: Sur le plan pratique, je peux m'acheter un réservoir
en vrac. Le lendemain, je vais acheter un tracteur et, le surlendemain, je vais
acheter un nettoyeur de tables, cela fait trois prêts dans la même
année.
M. TOUPIN: Cela arrive en effet. C'est d'ailleurs ce qui fait que la
moyenne n'est pas tellement élevée.
Non, la moyenne se pondère d'une façon très
ténue.
M. VINCENT: Peut-on avoir le nombre d'agriculteurs, qui sont rendus au
maximum, qui sont barrés, qui sont limités par le maximum de
$10,000?
M. TOUPIN: Je peux vous donner une statistique en passant, M. le
Président. Ici, par exemple 796 emprunteurs ont obtenu 1,592
prêts, ce qui veut dire deux prêts exactement par personne. Il y a,
par exemple, 207 prêts pour 69 emprunteurs. Cela vous donne une
idée. Il y en a 69 pour l'année 70/71 qui ont obtenu trois
prêts. Quatre et cinq prêts, c'est beaucoup plus rare. Mais disons
qu'il y en a 796 qui en ont obtenu deux au cours du même exercice
financier.
M. VINCENT: Si le député de Rouville était ici, on
pourrait dire qu'il y a 60 p.c. de ces prêts qui servent pour l'achat de
machinerie.
M. BELAND: II n'est pas intéressé à cela.
M. VINCENT: Je pense bien que c'est juste une question de
détails, la nécessité existe d'aller à $15,000.
M. TOUPIN: Oui, même si cela rendait service à seulement
100 ou 150 gars dans l'année. Assez souvent ce sont ceux-là qui
ont le plus besoin, qui sont les plus pressés.
M. VINCENT: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Maintenant, nous étudions
l'article 3. J'aimerais que vous me suiviez très attentivement parce
qu'il peut y avoir des erreurs. L'article 2 du texte imprimé devient
l'article 3. Alors, si vous prenez la deuxième feuille qu'on vous a
remise, qui porte les amendements, cette feuille se lit: Article 1, l'article 2
de la loi modifiant... C'est cela qu'il faudrait changer. Maintenant, c'est
l'article 3. C'est clair?
Alors, je vais lire l'article 3, tel qu'on vous demande de l'adopter, en
entier. Article 2 qui devient l'article 3. L'article 4 de ladite loi,
remplacé par l'article 4 du chapitre 40 des lois de 1965,
première session, et modifié par l'article 3 du chapitre 43 des
lois de 1969, est de nouveau modifié: A) en insérant après
le sous-paragraphe s) du paragraphe 4, le sous-paragraphe suivant: t)
séchoir à mais.
Je vais vous lire le sous-paragraphe b): "en remplaçant, dans les
sixième et septième lignes du dernier alinéa, les mots "au
sous-paragraphe a) du paragraphe 4o" par les mots "au sous-paragraphe a) du
paragraphe 3o, aux sous-paragraphes a) et m) du paragraphe 4o".
M. TOUPIN: C'est le b) ici qui remplace le c) actuel.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas à la fin que vous ajoutez 8o?
M. TOUPIN: Non, c'est l'autre qui vient à la fin parce que c'est
le dernier alinéa de l'article en question qu'on modifie. Le 8o vient
tout de suite après le 7o de la loi actuelle et l'autre, c'est
l'alinéa suivant. Alors le b) qui apparaît sur la feuille
annexée devient le b) actuel de la loi et le b) actuel de la loi est
repoussé en c)...
M. LE PRESIDENT: Je comprends, alors je reprends. Après le
sous-paragraphe t) que j'ai qualifié de séchoir à malice
tantôt, c'est bien séchoir à mais. A ce moment-là,
on a le nouveau sous-paragraphe b). L'amendement dit qu'en insérant
après le paragraphe 7o le paragraphe suivant: "8o pour l'achat de
contingents et de quotas dans les cas et suivant les conditions prévues
par le règlement." Et le sous-paragraphe b) que vous voyez dans le texte
imprimé devient maintenant le sous-paragraphe c).
M. TOUPIN: Ce n'est pas le même, il est changé
légèrement.
M. LE PRESIDENT: II est changé, alors je vais le lire. Ce nouveau
sous-paragraphe c) se lit comme suit: "en remplaçant, dans les
sixième et septième lignes du dernier alinéa, les mots "au
sous-paragraphe a) du paragraphe 4o ou au paragraphe 5o", par les mots "au
sous-paragraphe a) du paragraphe 3o, aux sous-paragraphes a) et m) du
paragraphe 4o, au paragraphe 5o ou au paragraphe 80".
Je crois que je vais remettre une copie de ce texte au journal des
Débats parce que c'est assez difficile de bien saisir le sens seulement
par des intonations, parce qu'il y a beaucoup de virgules ici et de points.
M. LAURIN: La haute voltige légale et présidentielle.
M. LE PRESIDENT : Pardon?
M. LAURIN : C'est de la haute voltige légale, juridique et
présidentielle.
M. LE PRESIDENT: A qui le dites-vous? Maintenant, le...
M. VINCENT: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Ceci complète l'article 2.
M. VINCENT: ... si c'était possible, à cause des
implications, vu que la commission accepte les amendements et les
sous-amendements, comme il y a seulement six articles dans ce bill, pour
éviter toute confusion, je pense que ça vaudrait la peine de le
réimprimer.
M. LE PRESIDENT: Faire réimprimer le bill. Est-ce que les membres
de la commission sont d'accord?
M. VINCENT: II y a trop de sous-paragraphes et de paragraphes, c'est un
très court bill d'ailleurs.
M. VAILLANCOURT: Avant la troisième lecture.
M. VINCENT: Oui, entre la commission et la troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Les membres de la commission expriment le voeu que le
bill soit réimprimé avec les amendements proposés et
adoptés ce soir.
M. TOUPIN: Avant la troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Avant la troisième lecture.
M. VINCENT: On m'informe qu'il faudrait mentionner que cette proposition
soit indiquée au rapport avant qu'il ne soit déposé en
Chambre.
M. LE PRESIDENT: Qui est le rapporteur?
M. VAILLANCOURT: C'est le député de Kamouraska.
M. LE PRESIDENT: Le député de Kamouraska prend note
d'insérer au rapport le voeu exprimé par les membres de la
commission à l'effet de faire réimprimer ce bill, première
lecture.
M. VINCENT: Surtout que cette loi va aller dans les caisses populaires,
dans les banques.
M. VAILLANCOURT: Cela va être la copie sanctionnée.
M. TOUPIN: M. le Président, il ne faut pas oublier que nous
allons en faire une codification administrative dès que la loi sera
adoptée. Pour les banques et les caisses, ce sera relativement facile
parce qu'elles auront une refonte complète et des règlements et
de la loi.
M. VINCENT: A ce moment-là, j'invite tout de suite la
régie à nous en faire parvenir un bon petit dossier comme
ça, c'est bien intéressant.
M. LE PRESIDENT: Alors, le nouvel article 3, est adopté.
L'article 3 devient l'article 4 et se modifie comme ceci: "en remplaçant
dans la neuvième ligne le chiffre 7e par le chiffre 8e". Adopté?
L'article 4 devient l'article 5 et l'article 9 dé ladite loi
modifiée par l'article 9, il est tel qu'il est imprimé. Article
5, adopté?
M. VINCENT: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 5 devient 6, adopté? L'article 6
devient 7, adopté?
Il est bien entendu que les membres de la commission demandent que la
copie de première lecture soit réimprimée avec les
amendements.
M. TOUPIN: La deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Nous avons passé le stade de la deuxième
lecture, de toute façon. Si nous disons la troisième lecture,
c'est le bill sanctionné. A ce moment, il est trop tard. Si nous disons
avant la troisième lecture, il faudra qu'elle soit
réimprimée comme étant la première lecture.
M. VINCENT: D'un autre côté, M. le Président, si on
évite du travail à la commission comme un des
régisseurs nous le mentionnait tout à l'heure c'est qu'on
va faire une codification administrative. On pourrait sanctionner le bill comme
tel, en demandant au conseiller juridique d'arriver avec les amendements pour
éviter toute erreur. Dans les codifications administratives, je ne pense
pas que cela soit nécessaire à ce stade de demander la
réimpression du bill. Ce serait dédoubler le travail.
M. VAILLANCOURT: Je ne vois pas l'utilité de le
réimprimer.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, les institutions
financières seraient bien mal...
M. VINCENT: D'ailleurs, un des conseillers du leader parlementaire
m'informe que, dans le rapport, le bill sera reproduit tel qu'amendé. Il
n'y aura pas de problème.
M. TOUPIN: Le rapport sera...
M. VINCENT: Le rapport reproduira le bill tel qu'amendé.
M. TOUPIN: II remplacera la réimpression que nous voulions.
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi no 6: Loi modifiant
l'amélioration des fermes est adopté tel qu'amendé?
M. LAURIN: Avec plaisir.
Projet de loi no 7
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le projet de loi no 7 : Loi modifiant la
loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles. Est-ce que le
ministre a des explications à donner sur ce projet de loi?
M. TOUPIN: Très rapidement, M. le Président. Cela
s'applique surtout aux subventions.
M. FRASER: Adopté.
M. BELAND: Si vous étiez dans l'Opposition, est-ce que vous
l'adopteriez aussi facilement?
M. TOUPIN: Le maximum des subventions est porté de $1,000
à $2,000, de $2,000 à $4,000 et de $3,000 à $6,000 pour
les exploitations de gros. C'est l'essentiel de la loi.
M. VINCENT: Le maximum des subventions est porté...
M. TOUPIN: Les subventions qui étaient accordées.
M. VINCENT: C'est pour les sociétés? M. TOUPIN: Pour les
sociétés.
M. VINCENT: Pour un agriculteur seul, cela demeure le même
montant.
M. TOUPIN: Cela demeure ce que c'était.
M. VINCENT: Un montant de $1,000, $200 par année pendant cinq
ans. Un montant de $3,000...
M. TOUPIN: Le montant de $1,000 sera donné en totalité.
Nous ne l'échelonnerons plus pendant cinq ans. C'est un amendement. Le
montant de $1,000 sera donné en subvention directe, comme nous donnons
le montant de $2,000 et de $3,000.
M. VINCENT: C'est-à-dire que le montant de $1,000 ne sera plus
donné...
M. TOUPIN: ... sur une période de cinq ans. Il sera donné
directement, en entier, sur programme de ferme approuvé par
l'office.
M. VINCENT: II s'additionnera au montant de $3,000.
M. TOUPIN: Oui, et au montant de $2,000 et de $1,000. C'est cela.
M. VINCENT: Pour un prêt d'établissement, le jeune
agriculteur recevait $200 par année pendant cinq ans. Cela n'existera
plus.
M. TOUPIN: Cela demeure mais nous le lui donnerons en totalité.
Au lieu de le verser pendant cinq ans, ce montant sera versé en deux
ans, suivant le programme accepté par l'office, c'est-à-dire, de
la même façon que sur le dossier des subventions en vertu de
l'article 5, de $3,000 et l'article 7, dans les cas d'agrandissement, avec
programmation présentée par l'agriculteur et acceptée par
l'office.
M. VINCENT: On fait un tout avec les deux subventions...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: ... qui étaient encore divisées.
M. TOUPIN: Exactement.
M. VINCENT: En général, dans la subvention
d'agrandissement pour un montant de $2,000, est-ce qu'il y a eu des changements
dans les règlements? Est-ce que c'est encore 120 acres? Le ministre nous
a dit, l'autre jour, qu'il y avait des changements.
M. TOUPIN: Nous en avions discuté ensemble. Je pensais que
c'était apporté. C'est dans nos objectifs de dépasser les
120 acres. C'était $50 l'arpent qui s'appliquait avec un maximum de
$2,000 de subvention et un maximum de 120 acres. Nous allons enlever le maximum
de 120 acres mais nous allons garder le maximum de $2,000, de telle sorte que
celui qui a 100 acres pourra s'agrandir de 20 acres, de 40 acres ou de 50 acres
et il aura droit à ses $2,000.
M. VINCENT: Est-ce que vous laisserez les $50 l'acre ou si dans
certaines régions, vous abaisserez le montant à l'acre et
augmenterez la superficie?
Je veux tout simplement situer mon exemple. Prenons le Bas-Saint-Laurent
ou l`'Abitibi.
M. TOUPIN: Cela revient au même.
M. VINCENT: A ce moment-là, les terres valent entre $25 et $50
l'acre et on donne $50 l'acre. Mais dans la région de Saint-Hyacinthe on
donne $50 l'acre et ça vaut $150 à $200 l'acre. Si on
régionalise les politiques d'aménagement de fermes, est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu qu'en faisant disparaître le maximum de $120 ou en
l'augmentant à $160 on change également le tarif à
l'acre?
M. TOUPIN: Oui. Evidemment, je ne sais pas...
M.VINCENT: II faudra faire une étude comparative
là-dessus.
M. TOUPIN: Cela deviendrait vraiment compliqué. Il y a deux ou
trois lois qui sont en préparation ou qui sont en amendement ou qui
seront peut-être amendées un peu plus tard...
M. VINCENT: C'est par règlement, ça.
M. TOUPIN: Oui. Il s'agit de trouver le mécanisme pour nous
assurer de cette différence qui peut exister dans la valeur commerciale
des terres. Evidemment, on ne peut pas dire que c'est méthodiquement
organisé. On sait, à l'oeil, si on peut dire ainsi que dans le
Bas-Saint-Laurent cela vaut $20 ou $30 l'acre selon où elles sont
situées. Dans la région de Saint-Hyacinthe, ça peut varier
entre $100 et $160, selon où elles sont situées. Dans la
région de Montréal, cela peut varier de $200 à $300, cela
dépend où elles sont situées. Alors, cela devient fort
complexe. Je pense que là où on doit agir, si jamais le
gouvernement parvient à mettre en place cette politique
d'aménagement du territoire par zones, une fois que nous aurons
zoné le territoire et que nous aurons de nouvelles politiques
d'encouragement à la fusion des fermes, à l'agrandissement des
fermes, nous pourrons peut-être établir des incitations et tenir
compte précisément de ces différents facteurs. Mais tant
et aussi longtemps que nous n'aurons pas atteint ce stade de zonage,
d'étude vraiment approfondie d'une zone en particulier, je ne pense pas
que ce sera possible d'agir dans ce secteur avec efficacité. C'est la
raison pour laquelle nous nous en sommes tenus à ce qui prévalait
auparavant.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le gouvernement
fédéral, en vertu de l'ancien programme ARDA, contribue encore
à ce programme de mise en valeur des fermes ou de l'agrandissement des
fermes?
M. TOUPIN: Oui, vous vous rappelez que lorsque nous avons
étudié les crédits, quand nous sommes arrivés
à l'Office du crédit agricole, il y avait un remboursement de je
ne sais combien de milliers de dollars.
M. VINCENT: Est-ce qu'il contribue seulement pour certaines
régions ou dans l'ensemble du territoire?
M. TOUPIN: II contribue, je pense, là où il y a des
ententes. Dans l'ensemble, sur l'article 7.
M. VINCENT: Sur l'article 7. Ceci a donc été
renouvelé.
M. LAURIN: Nous avons adopté ça lors de l'étude des
crédits du Conseil exécutif.
M. VINCENT: Je pense que c'était pour le Bas-Saint-Laurent.
M. TOUPIN: A l'OPDQ.
M. VINCENT: L'OPDQ pour le Bas-Saint-Laurent, tandis que l'autre cas est
une entente...
M. TOUPIN: II y a d'autres ententes. C'est une entente
fédérale-provinciale en vertu...
M. VINCENT: Avant ça, c'était administré par la Loi
ARDA et le ministère de l'Agriculture. En 1969, on a
déféré tout ça à l'Office du crédit
agricole. Le fédéral contribuait à 50 p.c. de ces
montants.
M. TOUPIN: Via l'OPDQ. M. VINCENT: Via l'OPDQ. M. TOUPIN: Même en
1969.
M. VINCENT: Oui, à ce moment, il existait. C'est ça!
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière sur le
bill no 7. Vous allez parler du bill 7 mais non de l'ARDA.
M. VINCENT: Non, mais l'ARDA fait partie de ça!
UNE VOIX: Adopté.
M. BELAND: Je n'ai pas l'intention de parler de TARDA, M. le
Président.
M. VINCENT: Mais l'ARDA fait partie de ça.
M. LE PRESIDENT: Le bill 7.
M. BELAND: II y a suffisamment de matière dans le bill et
suffisamment de choses à suggérer encore dans le bill...
M. LE PRESIDENT: Je l'en remercie d'avance.
M. BELAND: ... pour discuter à l'intérieur du bill no 7.
Voici mes premières observations. Premièrement, le bill tend
à porter la subvention aux jeunes agriculteurs de $1,000 à $2,000
et ensuite, la subvention à l'amélioration foncière de
$3,000 à $6,000, tel que stipulé dans l'explication. En ce qui
concerne une société d'exploitation agricole, j'en avais
parlé en deuxième lecture, je me demande si ça ne portera
pas quelque peu préjudice à la possibilité d'accorder un
prêt d'une façon à peu près semblable tant à
l'agriculteur qui part seul qu'à la société
d'exploitation, advenant le cas où ils sont trois. Je mettrais un
maximum de trois.
Mais au lieu de porter le prêt de $3,000 à $6,000 dans le
cas d'une société d'exploitation agricole où il y a trois
membres, trois propriétaires de l'entreprise, est-ce que vous avez
envisagé la possibilité de porter à $9,000 la subvention
d'amélioration foncière? Est-ce que vous y avez pensé?
M. TOUPIN: Bien sûr qu'on y a pensé. On s'est posé
la question comme vous vous la posez probablement et on est venu à la
conclusion que le double constituerait une incitation suffisante pour
encourager les exploitations de groupe. Comme on l'a déjà
mentionné, il faut faire quand même attention pour ne pas rendre
nos lois trop généreuses vis-à-vis des exploitations de
groupe. Il ne faut précisément pas qu'on prenne prétexte
d'une loi pour former une société de groupe. Il faut faire
attention à ça. On n'a pas voulu mettre l'incitation trop forte
parce qu'on a voulu laisser plutôt un élément naturel
d'entente entre les individus. Si l'entente intervient, il y a une sorte de
récompense, si on veut, de $2,000 de plus que si l'individu était
seul.
M. BELAND: Sur cet élément précis, au cas où
il y a une société d'exploitation agricole qui se forme. Les gens
vont pour acheter une ferme donnée ou une agglomération de fermes
données en vue d'une exploitation. Ils font leur demande. Si à
l'intérieur de ce groupe, il y a une personne qui n'est pas
mariée ou a moins de 18 ans est-ce que vous allez prêter quand
même?
M. TOUPIN: Je ne sais pas si le statut matrimonial intervient dans les
prêts. Je ne pense pas.
M. BELAND: C'est parce que justement dans le cas...
M. VINCENT: II intervenait autrefois pour les $1,000.
M. BELAND: ...de prêts agricoles, non pas seulement pour les
$1,000 mais pour les prêts agricoles, je crois que le jeune qui
n'était pas marié ne pouvait pas bénéficier de
prêts agricoles.
M. TOUPIN: Si cela a existé il y a longtemps. Cela n'a jamais
été un critère appliqué. Un statut matrimonial
n'est pas nécessairement un critère économique. Il prend
ses sources dans d'autres éléments que dans
l'économie.
M. BELAND: Dans d'autres cas bien précis, j'ai eu connaissance de
prêts qui ont été refusés et c'est ce qu'on a
allégué comme raison. Je ne sais trop. Peut-être que
c'était strictement pour la subvention, II faudrait que je
vérifie.
M. TOUPIN: Le député a un peu raison en indiquant cela,
parce qu'avant que les amendements à la Loi du crédit agricole ne
soient apportés en 1970, la remise conditionnelle concernant les
prêts aux jeunes agriculteurs était attribuée à deux
conditions, l'habitation en permanence, pendant dix ans et l'exploitation de la
ferme. L'habitation en permanence pendant dix ans pour un garçon
agriculteur, ça devenait assez difficile. Cela se voit mais très
rarement.
M. VINCENT: Sa soeur, sa mère ou sa voisine.
M. TOUPIN: Cela causait certaines entraves. Cela n'existe plus.
M. VINCENT: Cela existait surtout pendant la loi de $200 pendant cinq
ans. Après la troisième année, si le type n'était
pas marié...
M. TOUPIN: Oui, mais il y a longtemps.
M. VINCENT: ...on retardait de lui verser sa quatrième
subvention. Cela a existé.
M. BELAND: A ce moment-là, puisqu'il en est
précisément question à l'article 2, est-ce que le facteur
d'un minimum de 18 ans entre encore en ligne de compte dans le cas d'une
société d'exploitation agricole où il y en aurait un qui
aurait 17 ans?
M. TOUPIN: Evidemment, s'il a atteint sa majorité, selon la
loi...
M. VINCENT: II ne peut pas former une société s'il n'a pas
18 ans.
M. TOUPIN: C'est clair qu'il ne peut pas former une
société. Il faut absolument qu'il ait 18 ans.
M. BELAND: Je tenais à le faire préciser, au cas où
il y aurait des demandes dans ce sens-là.
Est-ce que vous avez aussi pensé à corriger le fait que le
cultivateur, le fermier en question qui réside sur sa ferme, a sa
famille? Dans le cas d'une demande de subvention d'amélioration de
l'exploitation, supposons qu'il ne travaille pas
sur sa ferme, mais qu'il travaille les trois quarts du temps à
l'extérieur. Par contre le fils, de façon bien spécifique,
demeure sur la ferme et continue de travailler sur la ferme. La raison
alléguée par le père est que justement le père a
ses cartes de compétence et le fils n'en a pas. Le fils veut demeurer
sur la terre, veut continuer, il projette même, de s'établir sur
une ferme. En attendant, il travaille sur la ferme du père, il est
employé du père parce qu'il reçoit un salaire. J'ai un
cas, j'avais d'ailleurs attiré l'attention du ministre à ce
sujet. J'en ai même deux maintenant, deux cas semblables. Rien n'a
été fait. La subvention n'a pas été accordée
et on apporte comme raison que le père n'avait qu'à rester chez
lui et le garçon aller travailler ailleurs. En 1972, il va falloir
être un peu plus large. Quant aux jeunes qui justement veulent continuer
sur la ferme, au moins prêtons leur les outils nécessaires pour
les encourager à demeurer sur la ferme.
M. TOUPIN: Si je comprends bien l'intervention du député
de Lotbinière, c'est un jeune qui veut travailler sur la ferme de son
père, qui n'en est pas le propriétaire. Il n'est pas
établi sur la ferme comme telle, dont le père est
propriétaire et dont le père est d'une part employé et
d'autre part producteur. Là, les critères de la loi entrent en
ligne de compte. Il faut être agriculteur permanent pour
bénéficier des avantages des lois. Jusqu'à maintenant,
c'est toujours ce qui a prévalu.
M. BELAND: Le père est agriculteur permanent par le fait
même puisque justement la ferme donne un revenu suffisant pour la
famille. La preuve est qu'il engage son garçon. Il ne travaille pas pour
rien. Au lieu que ce soit lui-même le père qui travaille chez lui,
étant donné qu'il peut gagner un revenu supérieur à
l'extérieur par ses cartes de compétence, le garçon
continue et apprend son métier. Il professera plus tard.
M. TOUPIN: Je vais finir mon raisonnement. Premièrement, le
père ne peut pas y avoir droit parce que précisément c'est
lui qui est propriétaire de la ferme et qu'il ne peut être
considéré lui, comme tel, comme un agriculteur permanent, comme
un exploiteur permanent puisqu'il travaille à l'extérieur. S'il
demeurait sur la ferme et faisait travailler son fils à salaire, ce
serait une tout autre question. Mais il va chercher probablement ses revenus
personnels à l'extérieur et son fils prend ses revenus sur sa
ferme.
A mon point de vue, c'est très facile avec les amendements que
nous apportons aux lois de pallier très facilement ces problèmes
par une société. C'est pour cela que nous les avons introduits.
C'est une des raisons qui nous a amenés à les introduire.
Le père et le fils forment une société, il n'y a
pas de problème à ce moment-là, le fils a droit aux
avantages.
M. BELAND: Ce qui complique la chose, c'est que justement ce n'est pas
le seul garçon dans la famille. Il y a peut-être six ou sept
autres enfants, tous d'âge scolaire. Il y en a d'assez jeunes.
Peut-être pour cinq, six ou quinze ans...
M. TOUPIN: II y a actuellement des facilités d'incorporation qui
ne peuvent absolument pas porter ombrage à quelque entente que ce soit.
Je ne sais pas, une part de $10 ou de $25 peut faire en sorte que deux
agriculteurs forment une société. Ce n'est pas un gros
problème. Il y a actuellement des problèmes en agriculture que
les lois ne peuvent pas régler.
M. BELAND: J'apporte un cas bien précis. Je me rends compte que
peut-être on déroge quelque peu aux règlements. Je l'avoue,
M. le Président, j'étais au courant. Par contre, on part parfois
d'un cas bien particulier et cela peut nous amener à trouver la solution
pour améliorer bien des détails dans les lois comme celles-ci.
Comme vous venez de le dire, dans l'agriculture il y a tellement de cas
différents que c'est très difficile parfois d'avoir une loi qui
soit juste pour l'ensemble dans un secteur donné.
M. TOUPIN: II y a des problèmes que les lois ne peuvent
régler. Ecoutez, on fait face à des problèmes qui ne sont
pas faciles. Prenez ceux qu'on a soulevés hier quand, dans un testament,
le père attache à sa ferme les trois soeurs, le gars qui
travaille à Montréal, l'autre qui travaille à Shawinigan.
Le fils qui reprend la terre au bout, arrangez ça comme vous voudrez, il
est mal foutu, pour employer une expression un peu populaire, il est mal
enculotté, Même si, assez souvent, on prête à ce gars
beaucoup d'argent, il ne s'en sort pas parce que l'argent qu'on lui
prête, c'est pour payer des engagements pris par le père dans un
testament. Ce sont des problèmes que les lois ne peuvent pas
régler. Il faudrait changer le système juridique qui régit
les testaments.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires de
caractère général. Nous allons commencer à
l'article 1.
M. VINCENT: Y a-t-il des sous-amendements aux amendements?
M. TOUPIN: II y en a un, je pense, à l'article 5.
M. LE PRESIDENT: L'article 1. Adopté. L'article 2.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4. M. VINCENT: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5, on me dit qu'il y a des amendements.
M. TOUPIN: On va vous distribuer les amendements.
M. BELAND: J'oubliais, M. le Président, est-ce que vous avez
vérifié à l'intérieur des demandes que vous avez pu
avoir pour bénéficier de cette loi, le cas de personnes
au-delà de 40 ans? Parce qu'on stipule bien 40 ans au maximum. Est-ce
que cela n'a pas causé préjudice assez grave par le fait que,
dans bien des cas à 40 ans, il y a beaucoup de cultivateurs qui sont
dans l'âge moyen?
M. VINCENT: Dans le cas d'établissements seulement, dans le cas
de nouveaux établissements pas dans le cas d'agrandissements. Dans le
cas d'agrandissements, il peut avoir plus de 40 ans. C'est ça, M, le
Président. Dans le cas d'agrandissements, la subvention de $2,000 et de
$4,000, il n'y a pas de limite d'âge.
M. TOUPIN: II n'y a pas de limite d'âge.
M. VINCENT: C'est seulement dans le cas de l'établissement de
jeunes en agriculture. Il faut quand même définir à quel
moment un type commence à être moins jeune.
M. TOUPIN: En d'autres termes, pour la subvention prévue à
l'article 2 et celle prévue à l'article 5, il y a une limite
d'âge, et pour la subvention prévue à l'article 7, dans les
cas d'agrandissement, il n'y a pas de limite d'âge. Les limites sont
quant à la superficie.
M. LE PRESIDENT: A l'article 5, vous avez une modification qui est
apportée à l'article 13 a) en y ajoutant un alinéa
à la fin du paragraphe et qui se lit comme suit: "Pour fixer le maximum
d'une subvention à accorder à un groupe d'agriculteurs
visés aux articles 13 a) à 13 d), l'office doit déduire le
montant de toute subvention déjà obtenue par chaque agriculteur
faisant partie d'un tel groupe et ce, nonobstant les articles 15 et 16 et la
limite quant au maximum des subventions prévues aux articles 2, 5 et 7."
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. LAURIN: Adopté.
M. VINCENT: C'est pour permettre que ceux qui ont reçu une
subvention l'an dernier puissent se rajuster cette année.
M. TOUPIN: Pas nécessairement se rajuster, c'est pour
éviter que des groupes fantômes ne se constituent, à partir
d'agriculteurs qui auraient déjà bénéficié
de la subvention et que, par là, on dépasse les maximums
prévus et que, quelque temps après, ces groupes se dissolvent.
C'est pour éviter des abus et c'est une concordance avec le second
alinéa qui est prévu à l'article 4. C'est exactement la
même portée d'amendement qui a été apportée
à l'article 4.
A l'article 5, il faut un correspondant ou un pendant à cet
alinéa qui avait été oublié.
L'essentiel, au fond, est d'éviter de verser deux fois une
subvention à un même individu qui peut l'avoir individuellement et
peut tenter de la ravoir à l'intérieur d'une
société.
M. VINCENT: Un instant, M. le Président, si vous me le permettez.
Le député de Lotbinière a fait une observation tout
à l'heure. Quelle en est la cause? Je ne le sais pas, je l'ignore. A
l'heure actuelle, il y a une fausse impression répandue à travers
la province à l'effet que c'est limité à 40 ans,
même pour les prêts agricoles. Et le député de
Lotbinière mentionnait 40 ans. Cette impression est fausse
également quand on dit que, pour l'agrandissement, c'est encore
limité à 40 ans. Et malheureusement je le déplore
je ne parle pas en général, mais il y a des exceptions
à l'intérieur même du personnel du ministère de
l'Agriculture je ne parle pas de l'Office du crédit agricole
qui ont cette impression que, passé 40 ans, ils n'ont plus droit
à la subvention d'agrandissement des fermes.
De mémoire, je me souviens d'un cas: Dans ma propre paroisse,
dans le comté, un officier du ministère avait renseigné un
agriculteur que, s'il dépassait 40 ans, il n'avait plus droit à
la politique d'agrandissement. Je parle de mémoire mais ça m'a
été rapporté. Il faudrait faire une campagne d'information
auprès de nos fonctionnaires de l'Agriculture pour bien les renseigner,
afin d'éviter...
M. TOUPIN: II faudrait même recycler le député de
Lotbinière parce que, lui aussi, avait cette impression.
M. VINCENT: Probablement que ça lui a été
rapporté. Après qu'il eut fait son intervention, je me suis
remémoré un cas d'un agriculteur de 52 ou 53 ans qui avait
reçu cette information d'un officier du ministère.
M. TOUPIN: II y aurait avantage, comme on le disait tantôt, que le
ministère et notamment l'office donnent un peu plus d'information,
notamment aux employés du ministère et également aux
agriculteurs.
M. VINCENT: Et combien de fois, à nos bureaux, recevons-nous la
visite d'agriculteurs qui ont dépassé 40 ans et qui s'imaginent
qu'ils n'ont plus droit aux bénéfices des lois du crédit
agricole? A cause de la fausse impression répandue et en vertu de
l'article 3 de la loi fédérale, il ne fallait pas dépasser
40 ans. On
s'est imaginé que c'était pour tous les crédits
agricoles.
M. TOUPIN: Cela a dû faire le thème d'une campagne
électorale.
M. LAURIN: Est-ce que votre ministère va procéder à
cette information lui-même ou par le biais du ministère des
Communications?
M. TOUPIN: Evidemment, le service d'information se fait par le
ministère de l'Agriculture.
M. VINCENT: Dans les pages de la Terre de chez nous.
M. BELAND: M. le Président, je tiendrais à corriger
l'insinuation que le ministre de l'Agriculture a lancée à mon
endroit...
M. TOUPIN : Je retire mes paroles.
M. BELAND: ... à l'effet qu'il faudrait que je sois
recyclé.
M. TOUPIN: C'est lui qui a soulevé la question. Il a parlé
de 40 ans au départ. Cela nous a donné l'impression que le
député de Lotbinière avait cette impression.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais faire remarquer aux membres de la commission
que l'amendement que je vous ai lu tantôt s'applique après
l'article 13 e) et non pas après l'article 13 a).
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, je crois que l'article 5 est
adopté.
M. LAURIN: Oui M. le Président. M. VINCENT: Oui, avec...
M. LE PRESIDENT: L'article 6, qui est un article de concordance,
adopté?
M. LAURIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 7, adopté? Article 8,
adopté?
M. VINCENT: A quel moment cette loi sera-t-elle en vigueur? Il n'y a pas
de règlement à faire.
M. TOUPIN: Le plus tôt possible. Il y a certaines corrections
à apporter.
M. VINCENT: Est-ce qu'on a l'intention de faire entrer toutes ces lois
en vigueur le même jour?
M. TOUPIN: J'ai l'impression que oui. On va tout préparer en
même temps. On voudrait profiter dé l'occasion pour faire une
bonne campagne d'information. Peut-être même profiter de l'occasion
pour corriger cette impression dont le député de Nicolet parlait
tantôt.
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi 7: Loi modifiant la loi favorisant la
mise en valeur des exploitations agricoles est donc adopté avec ses
amendements.
M. LAURIN: Avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi 11 : Loi favorisant le crédit
à la production agricole. Est-ce qu'il y a des commentaires de la part
du ministre?
M. TOUPIN: Je vais sortir mon dossier.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce qu'on commence ce soir le
bill 11?
M. LE PRESIDENT: Comme vous voulez.
M. VINCENT: II reste seulement dix minutes pour entreprendre le bill 11,
je pense qu'on serait mieux de revenir. Il nous reste seulement cette loi; si
on revient demain après-midi, entre 4 heures et 6 heures, on a le temps
de la passer.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez, on peut suspendre les travaux
jusqu'à demain après-midi, 16 heures.
M. VINCENT: Les travaux au bon vouloir de la Chambre. Cela peut arriver
que, demain après-midi, si la Chambre siège, il y ait seulement
une commission.
M. LE PRESIDENT: Ce sera la seule commission qui s'annonce.
M. VINCENT: Alleluia! On pourrait passer le bill 11 demain
après-midi à 4 heures.
M. TOUPIN: A moins qu'on prenne le quart d'heure qu'il nous reste pour
donner nos impressions personnelles?
M. VINCENT: Aussi bien entreprendre le bill 11 demain.
M. LOUBIER: Cela pourrait conditionner psychologiquement les
députés de l'Opposition à être plus longs demain
après-midi.
M. VINCENT: On a bien collaboré ce soir.
M. LOUBIER : Le ministre devrait être plus prudent que
ça.
M. TOUPIN: Vous savez, M. le Président, quand il s'agit de
conditionner l'Opposition, je suis entièrement d'accord parce que,
très souvent, il faut la conditionner.
M. VINCENT: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission suspend ses travaux
jusqu'à demain après-midi.
M. LOUBIER: Disons qu'il faudrait reconditionner le ministre!
(Fin de la séance à 21 h 50)
Séance du mercredi 14 juin 1972 (Seize heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de l'agriculture
et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 11
M. LE PRESIDENT: La commission de l'agriculture et de la colonisation
débutera cet après-midi par l'étude du projet de loi 11:
Loi favorisant le crédit à la production agricole. Est-ce que le
ministre a des commentaires à faire sur ce projet de loi?
M. TOUPIN: M. le Président, les seuls commentaires que j'aurais
à faire, c'est que c'est un nouveau projet de loi, c'est une nouvelle
façon de mettre à la disposition des agriculteurs un
crédit et, cette fois-ci, il s'appliquera à la production.
C'est-à-dire qu'un agriculteur pourra emprunter jusqu'à $15,000
en vertu de cette loi, en vue de financer tout ce qui a trait à
l'alimentation d'animaux de ferme ou à l'achat d'animaux de ferme pour
fins de production de viande, mais dans un contexte bien particulier. Nous
avons voulu donner ce caractère à la loi, pour que ces
productions de viande ou de céréales, autant que possible, soient
des productions intégrées. De telle sorte que celui qui voudra
produire des viandes pourra se prévaloir de la loi, en principe, s'il
consent à produire en même temps des céréales pour
alimenter ce bétail.
Le vrai but de cette loi, c'est d'amener les agriculteurs
québécois à produire plus de céréales et,
par conséquent, à devenir moins dépendants des politiques
fédérales en cette matière et des approvisionnements des
autres provinces. C'est le but que poursuit cette loi. Voilà,
c'étaient les quelques commentaires que j'avais à faire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Moi aussi, M. le Président, très
brièvement. D'abord, comme nous l'avons dit et
répété à l'Assemblée nationale lorsque nous
avons voté en faveur du principe de ce projet de loi, celui-ci permet
une nouvelle ouverture de crédit pour la classe agricole du
Québec, ouverture de crédit qui, je crois, est nécessaire
dans le contexte de 1972. Nous ne pouvons que remercier le ministre d'avoir
déposé ce projet de loi car, à mon sens, il arrive
à point.
Maintenant, sur les détails administratifs, nous verrons article
par article, à la lumière des réponses données par
le ministre. S'il y a des suggestions ou des changements à proposer,
nous allons les faire à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, en ce qui concerne les articles du
projet de loi 11, apporté en étude de façon terminale,
dans ces premières observations je ne puis faire autre chose que
souligner les quelques observations du ministre, lui-même, lorsqu'il a
dit qu'il voulait justement intensifier la production de céréales
par cette possibilité d'emprunt de la part des agriculteurs. Cela va
certainement faciliter les possibilités d'emprunt pour la culture de ces
céréales et également pour l'achat d'animaux
destinés à la production de la viande, d'oeufs ou autre
chose.
Je ne sais s'il faut que ce soit inclus d'une façon bien claire
dans le bill, mais il y a également d'autres productions qu'il faut
toucher également par cela: Les pommes de terre, les légumes, les
fruits. Parmi ces productions, certaines sont très saisonnières,
et demandent des montants d'argent très appréciables, très
forts pour un court laps de temps. Je crois que ce bill va rendre service,
à condition qu'il ait la flexibilité nécessaire.
Je me réfère également à une
déclaration du ministre, du 6 avril 1971, dont l'en-tête
était "Québec veut prendre en main le programme d'orientation
agricole"; c'était dans le journal le Soleil. Il fait une certaine
énumération, une très belle enumeration, une très
belle phraséologie. Mais qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur
de cette énumération, qui va situer les agriculteurs quant
à la possibilité de vendre leur production? C'est bien beau de
faciliter les choses pour qu'ils puissent produire plus de
céréales, des animaux de toutes sortes, des fruits en grande
quantité et des légumes. Mais a-t-on pensé d'agencer un
projet de loi qui pourrait les assurer et qu'il y ait moins d'importation qui
dérange la possibilité de ventes qu'ont les agriculteurs du
Québec?
Un tel bill est encore entendu dans ce sens. Je ne lirai pas à
mon tour ce que le ministre avait déclaré le 6 avril 1971
cela fait déjà au-delà d'un an mais je m'y
réfère parce que le ministre, s'il avait aujourd'hui à
faire une déclaration, compte tenu des déclarations qu'il a
déjà faites en Chambre, dirait à peu près les
mêmes mots. A ce moment-ci les agriculteurs du Québec ne sont pas
davantage rassurés qu'ils ne l'étaient à ce
moment-là.
M. TOUPIN: C'est aussi fantastique que cela?
M. BELAND: Québec veut prendre en main le programme d'orientation
agricole. C'est à la suite du dépôt des changements
apportés dans les politiques agricoles gouvernementales que vous avez
faits le printemps dernier. Vous y incluez naturellement une certaine
quantité d'allégations concernant l'ARDA; il y a beaucoup de
choses d'énumérées mais ce sont des
énumérations qui, en somme, étaient creuses à ce
moment-là et le sont davantage aujourd'hui parce qu'il n'y a pas eu de
suite logique d'agencée. En effet, lorsque nous parlons d'orientation
agricole, je pense qu'il faut arrêter de jouer sur les mots.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais rappeler au député de
Lotbinière qu'il s'éloigne considérablement du but de ce
projet de loi.
M. OSTIGUY: Comme d'habitude.
M. LE PRESIDENT: Ce projet de loi a surtout pour but de créer un
régime de garantie du gouvernement à l'égard des emprunts
pour la production de récoltes destinées à l'alimentation
d'animaux de ferme ou pour l'amélioration des troupeaux. Ce n'est pas
pour la commercialisation et ce n'est pas une question concernant toute la
politique agricole du gouvernement que nous discutons actuellement. Nous sommes
en commission pour étudier un projet de loi bien précis. Est-ce
que vous pourriez revenir un peu sur le sujet?
M. BELAND: M. le Président, je puis revenir sous divers angles
exactement dans le bill mais je pense que les observations que je faisais se
rattachent au bill. Mais, compte tenu de l'observation malveillante du
député de Rouville, je crois que, si, par exemple, il a des
pomiculteurs dans son comté et si justement, ces pomiculteurs... C'est
dans l'ensemble du Québec.
Je fais l'observation partant de votre observation même. Disons
que les pomiculteurs, comme les autres producteurs de fruits ou légumes,
à l'intérieur d'une saison très courte, ont besoin d'un
montant d'argent très appréciable, il est entendu que ce bill
vient combler un vide qui existait. Je suis d'accord là-dessus. Mais,-
par contre, ce n'est pas tout de vouloir que les cultivateurs ou les
producteurs agricoles puissent emprunter, il faut également qu'un
gouvernement responsable s'assure que ces mêmes producteurs pourront
vendre leurs produits à un prix qui pourra au moins acquitter leur
coût de production plus un profit raisonnable.
M. OSTIGUY: Cela fait trois jours que vous nous répétez la
même chose.
M. BELAND: Et c'est la vérité.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais faire part aux membres de la commission que
le député de Bourget remplace, pour cette séance, le
député de Sainte-Marie et je lui cède la parole.
M. LAURIN: Nous avons accueilli, M. le Président, avec beaucoup
de sympathie et d'intérêt cette loi. Depuis le temps qu'on se
plaint des répercussions très néfastes au Québec de
la politique fédérale en ce qui concerne les grains de provende
et en ce qui concerne la politique des productions sans sol, il était
temps que le gouvernement réagisse par un geste positif à ces
inconvénients. Voilà un premier pas dans la bonne direction qui
est fait. Nous sommes tout
à fait d'accord sur la mesure et nous espérons qu'elle
incitera beaucoup de cultivateurs à se lancer dans la production
céréalière afin qu'ils puissent utiliser à des
coûts plus avantageux les ingrédients dont ils ont besoin pour
l'élevage des animaux de ferme. Nous pouvons penser que l'ampleur du
projet de loi laisse peut-être encore à désirer, mais comme
il s'agit d'un premier pas, il est peut-être intéressant
d'attendre les résultats de cette initiative avant que le
ministère ne s'engage plus avant dans cette direction ou étoffe
ce projet de loi par d'autres projets de loi qui viendraient le
compléter et améliorer la situation des cultivateurs. Pour le
moment, nous sommes intéressés à savoir l'avantage,
l'utilisation que tireront les cultivateurs de ce projet de loi, et c'est avec
enthousiasme que nous l'adopterons.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, l'article 1, qui touche la description des
expressions et mots utilisés dans le projet de loi, est-il
adopté?
M. VINCENT: Ce sont les mêmes définitions qu'on retrouve
dans les autres lois du crédit agricole?
M. TOUPIN: Oui, à quelques exceptions près. Cependant, on
a un amendement à apporter à celui-ci et que nous avons
apporté à ceux d'hier, les bills 5 et 6. Les questions de
locataires.
M. VINCENT: Mais comme corporation d'exploitation agricole, c'est la
même définition qu'on retrouvait dans la Loi du crédit
agricole?
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: La même chose pour société
d'exploitation.
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez, je vais vous lire le premier
amendement qui touche le paragraphe f ) de l'article 1, où, après
la septième ligne de ce paragraphe et après le mot
"propriétaire;" on ajoutera "ou locataire;". Cet amendement est
adopté.
Au paragraphe suivant, le paragraphe g) toujours de l'article 1, dans la
dixième ligne...
M. VINCENT: Le paragraphe d).
M. LE PRESIDENT: ... non, le paragraphe g), article 1 )...
M. VINCENT: Oui, excusez-moi.
M. LE PRESIDENT: Alors, la dixième ligne, les mots "d'entre eux;"
sont remplacés par les mots "d'entre eux ou dont elle est locataire;".
Je crois que c'est en concordance avec...
M. TOUPIN: Avec les amendements qu'on a apportés.
M. LE PRESIDENT: Cet amendement est adopté. Ce sont les deux
seuls amendements que vous avez à l'article 1. L'article 1 est
adopté.
M. VINCENT: Pour les articles 2 et 3, il n'y a aucun problème. Si
les autres...
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3, adopté.
Article 4.
M. VINCENT: "Le gouvernement du Québec garantit au prêteur
le remboursement des pertes de principal et d'intérêt
résultant d'un prêt". Même si à l'autre paragraphe on
mentionne qu'un emprunteur peut bénéficier de cette garantie pour
plusieurs emprunts, mais ici est-ce qu'il n'y a pas contradiction en disant
"résultant d'un prêt n'excédant pas $15,000? " Est-ce que
ce ne serait pas mieux de le mentionner au pluriel, "de prêts"?
M. TOUPIN: Non.
M. VINCENT: C'était seulement pour poser la question.
M. TOUPIN: Etant donné que le deuxième paragraphe est
précisé, il y aurait ambiguïté s'il n'était
pas précisé. Mais le deuxième paragraphe dit qu'un
prêt peut constituer, disons, contracter plusieurs emprunts
jusqu'à concurrence de $15,000. Il n'y a pas de problème, je
pense.
M. VINCENT: Ici, on marque: "un emprunteur qui s'adonne à la
production de récoltes destinées à l'alimentation
d'animaux de ferme conformément aux conditions établies par
règlement".
J'ai à l'esprit les producteurs de pommes de terre, les
producteurs également de culture maraîchère qui ne sont pas
couverts par cette loi-là. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de les
ajouter?
M. TOUPIN: Ils sont couverts par la Loi du crédit agricole
elle-même. L'office prête beaucoup aux maraîchers.
M. VINCENT: D'accord, mais en vertu de cette loi spéciale, c'est
parce que là on permet à des producteurs, à un emprunteur
qui s'adonne à la production de récoltes destinées
à l'alimentation d'animaux de ferme conformément aux conditions
établies par règlement et on mentionne les travaux de
préparation et d'ensemencement du sol, l'achat et l'application
d'amendements et de fertilisants et le reste. Si vous regardez et je le
fais à titre de suggestion surtout les producteurs de pommes de
terre, ceux-ci ont quand même des préparations assez
coûteuses de terrain et ont des achats assez importants d'engrais
chimiques; la même chose s'applique pour les producteurs de culture
maraîchère dans la région de Montréal et de
Québec. Je me demande si on ne devrait pas
généraliser cette loi à toutes les productions, non
seulement aux récoltes destinées à l'alimentation
d'animaux de ferme. Vous savez, les producteurs s'attendent à un tel
projet de loi qui s'appliquerait également à eux. Les producteurs
de pommes de terre achètent, le printemps, et pour certains producteurs
cela peut aller à $15,000, $20,000 d'engrais chimiques.
M. TOUPIN: Je ne sais pas si on a voulu restreindre aux types de
production que nous avons inclus dans la loi; au fond, il s'agit des animaux de
ferme et on a ajouté à cela les oeufs. Alors, on peut, en vertu
de cette loi, emprunter pour produire tous les animaux de ferme, pour
l'engraissement, plus la production des oeufs. Nous nous sommes limités
parce que, d'abord, il n'y a pas de problème du point de vue des
marchés dans le domaine des viandes actuellement. Là où il
y avait des dangers de problèmes on les a réglés avant. Le
poulet par exemple. On a réglé le problème du
marché avant avec le plan conjoint, les contingents, le partage des
quotas, etc. On est, ou à peu près, à la fin du
règlement du problème des oeufs. Etant donné que ces
productions assurent un minimum de sécurité au départ,
parce que la mise en marché est organisée pour un certain nombre
de produits et que la demande est bonne pour un certain nombre d'autres
produits, nous avons jugé mieux de nous limiter à ces deux
productions pour le moment, les viandes et les oeufs.
Il reste maintenant toutes les autres productions
maraîchères, comme la pomme de terre, etc., mais on inclut
indirectement aussi dans ce projet de loi, les productions
céréalières comme l'orge, le blé de printemps, le
mais, etc. Le but de cette loi était précisément
d'accentuer la production des céréales pour nourrir les animaux
de boucherie au Québec et se créer une production de viande
intégrée autant que possible à la production des
céréales. C'est le but essentiel de cette loi, c'est à
cela que nous nous sommes limités, à ces deux productions.
Maintenant, il n'y a pas d'inconvénients à ce qu'on
regarde les autres productions. Je ne pense pas qu'on soit prêt. Je vais
vous apporter seulement l'exemple des pommes de terre. Présentement, on
ne peut pas dire qu'au Québec on a une production de pommes de terre qui
est véritablement bien organisée, tant du point de vue technique
que du point de vue de la commercialisation, de la conservation, etc. Il faut,
jusqu'à un certain point, refaire un peu toute notre politique de
production des pommes de terre. On n'a à se rappeler qu'à tous
les ans, qu'il faut intervenir avec $700,000 ou $800,000 pour pallier toujours
des problèmes de producteurs qui cultivent dans des zones qui ne sont
pas trop trop favorables, qui ne sont peut-être pas suffisamment
équipés du point de vue technique, ce qui fait que les
récoltes n'aboutissent pas. Quant aux productions
maraîchères, nous avons préféré, pour les
années qui viennent de se terminer et pour celle qui commence, agir
plutôt sur la commercialisation, en mettant à leur disposition
tout un système d'entrepôt avec refroidissement, etc., qui,
d'ailleurs, donne d'excellents résultats. La carotte, cette
année, c'est fantastique de constater comme ce qu'on a appelé les
"jacketed storage" a eu un effet formidable; les gars ont augmenté le
prix de presque $0.50. On a des politiques de ce côté-là
qui sont les premières et viendront par la suite des politiques de cette
nature, si ça devient nécessaire, d'autant plus qu'on peut se
prévaloir déjà des autres lois avec ces autres
productions.
M. VINCENT: Je ne voudrais pas que le ministre ferme complètement
la porte, même si ce n'était pas tout de suite. Je
préférerais si c'était tout de suite, parce que ça
pose un problème. Mais qu'il ne ferme pas la porte parce que cette loi
va être demandée par également les producteurs
maraîchers.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: Si le conseiller juridique me le permet. Si on regarde
l'article 4, on dit: "Le gouvernement du Québec garantit au
prêteur le remboursement des pertes de principal" et je vais un peu plus
loin, à la sixième ligne: "à un emprunteur qui s'adonne
à la production de récoltes destinées à
l'alimentation d'animaux de ferme conformément aux conditions
établies par règlement".
Donc, en vertu de l'article 4, la garantie est donnée au
prêteur pour un emprunteur qui s'adonne à la production de
récoltes destinées à l'alimentation d'animaux. C'est la
définition de l'emprunteur. Et si vous partez de l'article 4 et que vous
allez à l'article 5,2°, on dit: "La garantie visée à
l'article 4 peut être accordée relativement à tout emprunt
contracté pour une ou plusieurs des fins suivantes: Acheter des animaux
de ferme destinés exclusivement à la production de viande ou
d'oeufs".
Est-ce que ça signifie qu'un emprunteur qui ne s'adonne pas
à la production de récoltes destinées à
l'alimentation d'animaux de ferme n'est pas admissible pour acheter des animaux
de ferme destinés exclusivement à la production de viande et
d'oeufs?
M. TOUPIN: C'est là l'incitatif.
M. VINCENT: Et que ça signifie également que l'emprunteur
qui ne s'adonne pas à la production de récoltes destinées
à l'alimentation d'animaux de ferme ne pourra pas défrayer les
dépenses courantes se rapportant à l'élevage d'animaux de
ferme?
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: II faut que ce soit un tout.
M. TOUPIN: Oui, c'est exact. L'assiette même de la garantie est
prévue à l'article 4; c'est là qu'on circonscrit notre
clientèle et les règlements vont définir quel est le
pourcentage requis de production de céréales sur la ferme pour
être admissible à cette loi. En d'autres termes, ce serait
peut-être 50 p.c. du volume de la production nécessaire pour
l'alimentation ou bien, à partir d'une base de superficie, ce serait
déterminé dans les règlements.
Mais cette prescription de l'article 4 est requise pour l'application de
l'article 5.
M. VINCENT: Cela signifie que le producteur d'oeufs qui n'aura que deux
ou trois poulaillers sur dix arpents ou dix acres de terrain n'est pas
admissible à cette loi-là. Cela signifie également...
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'il n'est pas éligible...
M. VINCENT: Non, il n'est pas admissible.
M. TOUPIN: S'il ne fait que la production des oeufs, il n'est pas
admissible.
M. VINCENT: En premier, pour être considéré comme
emprunteur, il faut qu'il cultive...
M. TOUPIN: II faut qu'il produise des céréales.
M. VINCENT: ... des céréales pour l'alimentation du
bétail.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: Mais le producteur d'oeufs, comme tel, s'il avait deux ou
trois poulaillers sur dix ou quinze acres de terrain, n'est pas admissible aux
avantages de la loi. Il n'est pas considéré comme emprunteur.
M. TOUPIN: S'il ne répond pas aux exigences quant à la
superficie. Cela dépend évidemment de la superficie de sa
ferme.
M. VINCENT: Et la même chose pour un producteur de lait. S'il ne
produit pas de céréales pour l'alimentation d'animaux de
ferme...
M. TOUPIN: La même chose.
M. VINCENT: ... le producteur de ferme n'est pas admissible...
M. TOUPIN: Exact. Dans le cas du producteur de lait, l'article 2 ne
s'appliquerait pas. Il ne pourrait pas acheter des animaux parce qu'il s'agit
d'animaux de boucherie. Cela lui sert à la viande et pour les oeufs. Il
pourrait toutefois bénéficier du premièrement et du
troisièmement de l'article 5, s'il répond aux exigences de
l'article 4, préalablement.
M. VINCENT: La loi est quand même très limitative ou
très limitée à une catégorie d'emprunteurs,
c'est-à-dire celui qui s'adonne à la culture de grains pour
alimentation de bétail. Prenez la région de Saint-Hyacinthe, pour
le mais-grain. Celui qui a 60 ou 70 acres ou 150 acres de mais-grain, c'est
pour l'inciter à consommer sur sa ferme le mais-grain.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. VINCENT: Si le type de la région de Saint-Hyacinthe ou le
producteur ne fait que... Oui, il est admissible, même s'il vend ce
grain. S'il vend à un voisin pour l'alimentation...
M. TOUPIN: II est admissible.
M. VINCENT: ... il est admissible à bénéficier de
la loi.
M. TOUPIN: C'est destiné à l'alimentation animale.
M. VINCENT: II faut avoir à l'esprit que c'est toujours le
premier critère. Il faut qu'il produise les céréales.
M. TOUPIN: Au fond, il ne faut pas produire essentiellement pour fins de
spéculation des grains, pour alimentation. Par exemple, entre voisins,
il peut produire pour son voisin.
M. VINCENT: Cela limite la loi. Comme première expérience,
je n'ai pas de reproche à faire au ministère...
M. TOUPIN: C'est limitatif.
M. VINCENT: ... mais la loi est très limitée dans son
application. Il faudrait, le plus tôt possible, envisager la
possibilité de l'étendre à certaines autres
catégories parce qu'elle est trop limitée.
M. OSTIGUY : Ce qui veut dire pour faire suite à la
question du député de Nicolet que le producteur de
mais-grain, qui produit évidemment pour la Schenley ou les distilleries,
ne serait pas admissible.
M. TOUPIN: Uniquement pour fins de production...
M. OSTIGUY: Uniquement pour l'engraissement des animaux.
M. VINCENT: Oui, il serait admissible, au pourcentage.
M. TOUPIN: Cela dépend. S'il vend toute sa production à
Schenley, il n'est pas admissible. Mais s'il en vend 20 p.c. à Schenley
et 20 p.c. à son voisin qui produit des viandes, il devient
admissible.
M. OSTIGUY: Où est la ligne de démarcation?
M. VINCENT: II faudrait que le règlement le spécifie.
M. TOUPIN: Ce sont les règlements qui vont le
spécifier.
M. VINCENT: D'après la lettre de la loi, il serait admissible
parce qu'on dit : " A un emprunteur qui s'adonne à la production de
récoltes destinées à l'alimentation d'animaux de ferme
conformément aux conditions établies par règlement."
M. TOUPIN: C'est cela.
M. VINCENT: Le règlement peut alors devenir restrictif.
M. TOUPIN: C'est-à-dire...
M. VINCENT: II sera restrictif.
M. LAURIN: En fait, le règlement ne peut être situé
qu'à l'intérieur du cadre de la loi et le but de cette
dernière est de diminuer la dépendance de ceux qui
élèvent des animaux de ferme...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. LAURIN: ... à l'endroit d'autres sources de production. Et
l'autre but de la loi est de diminuer les coûts de production de
l'élevage des animaux de ferme.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. LAURIN : Cela ne va pas plus loin.
M. TOUPIN: C'est le but que nous poursuivons... au niveau des viandes
parce que nous voulons absolument que les grains produits au Québec
servent à l'alimentation et nous voulons inciter les agriculteurs
à s'intéresser à la production des grains.
M. OSTIGUY: Cela s'applique à toutes les sortes de grains? Que ce
soit l'orge, le blé...
M. TOUPIN: Toutes les céréales. M. OSTIGUY: Toutes les
céréales.
M. TOUPIN: Toutes les céréales qui servent à
l'alimentation comme le mais, l'orge, le blé, l'avoine...
M. LAURIN: Les grains comestibles.
M. TOUPIN: ... même la fève soya entre là-dedans
parce que le tourteau de soya sert évidemment à l'alimentation
animale.
M. OSTIGUY: C'est pour intéresser l'agriculteur du Québec
à produire au Québec au lieu de...
M. TOUPIN: ... à produire au Québec plutôt que
d'acheter de l'extérieur.
M. OSTIGUY: De l'Ouest.
M. TOUPIN: Quant aux producteurs sans sol, il y avait une conjoncture et
il s'avérait important au départ, dans une expérience
comme celle-là, de mettre toutes les chances de notre côté,
en ce sens que la conjoncture n'était pas tellement favorable à
ce moment-là.
M. VINCENT: Pour les producteurs sans sol, il faudra revenir au bill 26
pour inclure tous les producteurs toutes les productions, sans sol.
M. TOUPIN: Mais...
M. VINCENT: Ce serait ça en définitive.
M. TOUPIN: Non, le bill 26 poursuit un tout autre but que
celui-là.
M. VINCENT: D'accord mais seulement, les producteurs sans sol... Prenez
le cas des oeufs, c'est le bill 26...
M. TOUPIN: C'est cela.
M. VINCENT: ... qui règle le problème.
M. TOUPIN: Oui. Ce qu'il y a d'important dans cela, quand on dit que la
loi est restrictive, c'est dans le sens qu'elle ne touche que deux
catégories de producteurs, les producteurs de céréales et
les producteurs de viande. Dans ce sens, elle est restrictive. Elle ne touche
pas les autres productions.
M. VINCENT: C'est-à-dire qu'elle touche les producteurs de viande
pour autant qu'ils produisent des céréales.
M. TOUPIN: Vous verrez qu'on peut aller très loin
là-dedans. Ceux qui sont locataires de ferme peuvent avoir accès
à l'emprunt.
M. VINCENT: Pour autant qu'ils produisent des
céréales.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Sur la ferme.
M. TOUPIN : Bien sûr. Mais il y a un tas de fermes actuellement,
au Québec, qui ne sont pas utilisées. C'est une autre incitation
qui amènera le producteur d'oeufs, par exemple, plutôt que d'aller
acheter sa moulée, à la produire sur la ferme qui est à
côté et qu'il peut louer à $100 par année. C'est
cela le but. C'est
arriver à faire utiliser tout le territoire du Québec en y
incluant les locataires. On inclut également les corporations. Cela peut
amener, pour seulement cette partie de l'exploitation de la ferme, deux
agriculteurs à s'associer. L'un produira les céréales, et
l'autre le grain. Et à la fin de l'année, ils se partageront le
paquet. C'est une autre façon de bénéficier de la loi.
Elle est restrictive parce qu'elle couvre seulement deux productions mais elle
est très ouverte dans les deux productions qu'elle couvre.
M. VINCENT: Mais sur le plan pratique, le type qui
élèverait des animaux de boucherie, qui aurait 150 têtes et
qui se servirait seulement de ses terres de pâturage, pour avoir son
foin, qui achèterait des grains à l'extérieur par train ou
par bateau, ne pourrait pas utiliser la loi pour faire un emprunt de $15,000
pour acheter ses grains à meilleur marché.
M. TOUPIN: Non.
M. VINCENT: II faudra qu'il les produise.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Ou qu'il en produise une partie tel que c'est écrit
dans le règlement.
M. TOUPIN: II pourrait s'en servir pour acheter des animaux ou pour
payer l'ensemencement. Il fait son choix. Supposons le gars qui produit
actuellement des céréales, il sera plus intéressé
à emprunter pour acheter des animaux. Le gars qui a des animaux et qui
ne produit pas de céréales sera porté à
emprunter...
M. VINCENT: II ne peut pas emprunter.
M. TOUPIN: ... pour produire des céréales. Oui, il peut
emprunter. Il ne produit pas de céréales, il décide d'en
produire.
M.VINCENT: Ah bon! s'il décidait d'en produire. Avec son plan, il
peut emprunter.
M. TOUPIN: C'est cela qui est l'idée.
M. OSTIGUY: Et cette loi est complémentaire à toutes les
autres lois. Que cela soit la Loi de l'amélioration des fermes, la Loi
du crédit agricole. Cela s'ajoute.
M. TOUPIN: Oui, c'est un pouvoir.
M. OSTIGUY: Si je veux avoir un prêt de $50,000 de l'Office du
crédit agricole, et un prêt de $15,000 pour l'élevage et la
production, je l'obtiens.
M. TOUPIN : Je peux vous donner un exemple. Le gars peut se servir de la
Loi du crédit agricole pour financer son fonds de terre, peut se servir
de la Loi de l'amélioration des fermes pour l'outillage...
M. OSTIGUY: La machinerie.
M. TOUPIN: ... et peut se servir de la loi du nantissement pour se
bâtir un silo et pour sa production. Vous avez toute la chaîne,
toute la gamme,
M. VAILLANCOURT: La Loi du nantissement agricole va avec la Loi de
l'amélioration des fermes?
M. TOUPIN: Oui, la Loi du nantissement agricole est une section du code
civil qui s'applique en fait à tous les nantissements. En vertu des
derniers amendements apportés à la Loi du crédit agricole,
nous avons d'ores et déjà un nantissement de sorte que nous nous
prévaudrons de cette section du code civil qui traite du nantissement
agricole pour prêter et les banques prêtent en vertu de l'article
88 de la Loi des banques, sous l'empire de la Loi de l'amélioration des
fermes. Mais les caisses populaires prêtent en vertu de la section du
nantissement agricole et en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes
également.
Ici, les garanties, lorsqu'elles seront requises par les caisses, seront
prises sur nantissement agricole.
M. VINCENT: II va y avoir trois lois de nantissement.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: II va falloir mettre ça ensemble pour en faire un
tout.
M. TOUPIN: C'est-à-dire que c'est un mécanisme. Il pourra,
par exemple, nantir son cheptel en vertu d'une loi, sa machinerie en vertu de
la Loi de l'amélioration des fermes, ou autre chose, même sa
récolte s'il le veut, en vertu d'une autre loi; comme ici la
récolte pourrait former un entier, aussi.
M. VINCENT: Un jour il faudra que les savants juristes ne
présentent qu'un seul projet de loi, qui couvrirait tout ça. Cela
peut se faire.
M. TOUPIN: Cela pourrait se faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: Vous avez dit...
M. VINCENT: Cela peut se faire dans un seul projet de loi.
M. TOUPIN: II y a la loi du ministère qu'on travaille ce
temps-ci.
M. VINCENT: Je pense que cela pourrait se faire.
M. VAILLANCOURT: On pose cette question à savoir pourquoi ce
n'est pas tout inclus
dans une même loi pour chapeauter, par exemple, pour qu'il y ait
un contrôle?
M. TOUPIN: Cela s'explique...
M. VINCENT: On pourrait appeler ça la Loi du financement
agricole. C'est notre programme d'ailleurs. On pourrait commencer à
travailler dessus.
M. TOUPIN: ... Jusqu'à maintenant, le long terme, ce
n'étaient pas les mêmes prêteurs. Le moyen terme,
c'étaient les banques et les caisses populaires. Le long terme,
c'était l'Office du crédit agricole. Au point de vue pratique,
pour l'application de la loi, on procédait de cette façon. Avec
les autres lois qui ont été apportées, nous nous sommes
dotés d'un véritable faisceau de lois. Il y aurait
peut-être lieu, éventuellement, de procéder à une
sorte de consolidation de tout ça, une coordination, avoir une seule loi
avec diverses sections: long terme, moyen terme, court terme et peut-être
un bill de crédit spécial. On pourra prévoir une
section.
M. VINCENT: La Banque agricole du Québec.
M. VAILLANCOURT: Ce serait beaucoup facile à administrer.
M. VINCENT: Cela ferait plaisir au Ralliement créditiste, la
Banque agricole du Québec, pas la Banque du Canada.
M. LE PRESIDENT: II y a toujours le danger que cette loi soit tellement
compliquée que vous ne soyez pas capables de l'expliquer aux
agriculteurs.
M. TOUPIN: On a des experts.
M. VINCENT: Ce sera très facile de l'expliquer à ce
moment-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville.
M. OSTIGUY: Peut-être suis-je un peu à l'avance dans ma
question? D'après cette loi no 11, les prêts vont se faire,
là aussi, par le truchement des banques, j'imagine avec une garantie de
10 p.c. Quel est le pourcentage?
M. TOUPIN: Une garantie de 100 p.c.
M. OSTIGUY: Une garantie de 100 p.c. Et le taux d'intérêt
n'est pas encore fixé?
M. TOUPIN: Celui des banques.
M. OSTIGUY: C'est celui des banques.
M. VINCENT: Au taux courant, à moins qu'il soit fixé par
règlement?
M. OSTIGUY: Aucun remboursement, aucune ristourne?
M. TOUPIN: Aucune ristourne.
M. LE PRESIDENT: Le député de Stanstead.
M. VAILLANCOURT: Selon cette loi, l'emprunt doit se faire aux banques et
être garanti à 100 p.c. par le gouvernement.
M. TOUPIN: Exact!
M. VAILLANCOURT: Maintenant, un cultivateur qui va emprunter, va
hypothéquer sa ferme pour obtenir un prêt agricole de $40,000
le maximum est de $40,000 il va pouvoir avoir $15,000 par la Loi
de l'amélioration des fermes.
M. TOUPIN: C'est exact!
M. VAILLANCOURT: Cela veut dire qu'il pourra avoir un prêt de
$70,000.
M. VINCENT: C'est-à-dire pour autant que dans cette loi...
M. VAILLANCOURT: Pour autant qu'il ait les valeurs.
M. VINCENT: Pour autant qu'il produise des céréales, selon
la loi.
M. TOUPIN: Pour autant qu'il se qualifie. M. VINCENT: Cela se limite
aux...
M. VAILLANCOURT: D'accord. Un cultivateur qui fait la culture du
mais-grain peut avoir une récolte de $25,000...
M. VINCENT: On parle d'un maximum.
M. VAILLANCOURT: ... un semeur de pommes de terre la même
chose.
M. TOUPIN: La pomme de terre n'est pas incluse là-dedans. Nous
incluons seulement les producteurs de céréales.
M. VAILLANCOURT: Oui.
M. VINCENT: On va penser aux producteurs de pommes de terre et cela peut
arriver qu'on les inclue.
M. VAILLANCOURT: Les producteurs d'arbres de Noël ne sont pas
inclus non plus?
M. VINCENT: Autrefois on soignait les animaux avec des patates. Oui.
Cela se fait encore dans certaines régions. Est-ce que cela peut
être considéré comme une récolte destinée
à l'alimentation d'animaux?
M. TOUPIN: Ce n'est plus une récolte destinée à
l'alimentation...
M. LE PRESIDENT: Les animaux raisonnables...
M. VINCENT: Si le type produisait des patates pour les faire cuire et
les donner aux cochons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget. UNE VOIX: Bien
sûr, faire la preuve.
M. TOUPIN: ... faire la preuve que les pommes de terre sont...
M. VINCENT: Ah! Cela sent assez mauvais quand on...
M. LAURIN: M. le Président, ma question est autre. Est-ce que
vous pourriez nous dire les raisons qui vous ont fait établir le plafond
à $15,000?
M. TOUPIN: La raison est très simple. Nous nous sommes dit
qu'avec $15,000 un producteur peut être capable de s'organiser un
troupeau les fermes actuelles un troupeau de boucherie, de poulet
ou d'oeufs suffisant pour rendre sa ferme rentable. C'est le seul
critère qui nous a inspiré. Mais, on se pose de très
sérieuses questions sur le plafond. On se demande même si on ne
devrait pas l'augmenter à $20,000 ou $25,000. On se pose la question
sérieusement.
M. VINCENT: Est-ce qu'on peut vous le suggérer? Si on le
suggère, cela veut dire non.
M. TOUPIN: Non, non!
M. VINCENT: On ne le suggérera pas.
M. TOUPIN: Vous pouvez en faire la suggestion.
M. VAILLANCOURT: Je vous ferais une suggestion. Ce serait de l'enlever
complètement sur toutes les lois, à part ça. Ce n'est pas
nécessaire, ça!
M. TOUPIN: Oh cré bateau!
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'article
4?
M. LAURIN: Le ministre réfléchit tout haut. Je ne sait pas
si...
M. VAILLANCOURT: Enlever le maximum.
M. TOUPIN: C'est bien possible qu'il y ait un amendement en
troisième lecture. Je ne peux pas vous le dire tout de suite parce qu'il
faut que je consulte mes collègues là-dessus. C'est une
dépense additionnelle. Il faut que je voie s'ils sont d'accord.
Je n'ai pas d'inconvénient à ce que l'on monte à
$25,000. Mais à $15,000, on ne peut pas dire que la loi ne sera pas
efficace. Elle sera efficace; il n'y a pas de doute. A $25,000 cela
répondrait peut-être davantage aux besoins d'un minimum de fermes
peut-être une couple de cents au Québec qui sont un
peu plus grosses, dont la production est plus volumineuse. Pour eux, $15,000
serait peut-être un peu trop restrictif; $25,000 conviendrait mieux.
M. LAURIN: En fait, c'est toujours dangereux de fixer des plafonds parce
que cela élimine, d'avance, les cas exceptionnels qui souvent ont bien
besoin d'être aidés et qui pourraient se qualifier autrement.
M. TOUPIN: Depuis deux ou trois jours, on y pense
sérieusement.
M. VINCENT: La meilleure suggestion serait d'aller à $25,000,
surtout pour les sociétés, et en même temps en profiter
pour faire un amendement à la Loi du crédit agricole pour aller
également à $25,000 pour les sociétés. Les
barèmes seraient les mêmes, soit $15,000 pour un agriculteur et
$25,000 pour deux agriculteurs et plus.
M. TOUPIN: Dans ce cas pour les sociétés, c'est le
même montant.
M. VINCENT: Oui, c'est le même montant.
M. LAURIN: Je ne voudrais simplement pas que le ministère se lie
les mains à l'avance.
M. VINCENT: C'est toujours malcommode à ce moment-là.
M. TOUPIN : C'est sûr que des plafonds, au niveau du
crédit, sont toujours malencontreux; c'est évident. C'est
toujours embarrassant un peu; il n'y a pas de doute. Il faut en mettre.
Autrement, on risque des abus. Si une loi, comme ça, vit deux ou trois
mauvaises expériences, c'est assez pour que le législateur dise
un matin: Ecoutez, le gouvernement ne peut pas se permettre de perdre de
l'argent comme ça. Ce sont les fonds publics.
M. LAURIN: Oui, mais comme vous avez d'autres critères, par
exemple des critères de rentabilité, des critères
techniques, des garanties que vous exigez du cultivateur, vous pouvez, par
d'autres moyens, vous assurer que l'emprunt ne sera pas accordé à
des insolvables ou à des incompétents.
M. TOUPIN: Quand il n'y a pas de plafonds, cela crée des
appétits parfois un peu trop forts. Ceux qui jugent un dossier ne sont
pas toujours
les responsables des services. Cela crée certains
problèmes, d'autant plus que les banques et les caisses sont directement
impliquées. Probablement que pour les caisses et les banques, cela fait
leur affaire d'avoir des maximums. Cela leur donne un critère bien
précis. Ils disent: On ne peut pas régler ton cas; le maximum est
de $15,000, etc.
Je pense que c'est un embarras qui est compensé par certains
avantages. Jusqu'à maintenant, cela n'a pas constitué un handicap
majeur, quelques problèmes. Le montant n'est peut-être pas assez
élevé. Et on est prêt à regarder; on ne fait pas une
proposition.
M. VINCENT: Oui, mais en le regardant, avant la troisième lecture
comme je le répétais tout à l'heure qu'on
regarde, en même temps, pour avoir les mêmes montants dans les
trois lois. Vous avez établi, dans la Loi du crédit agricole,
$15,000 pour un agriculteur; pour deux agriculteurs et plus: $20,000. H a
même été question de $25,000 pour deux agriculteurs et
plus; vous l'étudiez, ça.
Vous portez à la Loi du crédit agricole $15,000 et
$25,000. Vous allez à la Loi du nantissement qui sera encore $15,000 et
$25,000 et, dans cette loi-ci, $15,000 et $25,000. On conserverait les
mêmes montants ou la même philosophie sur les trois lois. Cela
permettrait à nos savants conseillers juridiques, quand ils
prépareront la réforme de toutes ces lois, d'arriver avec les
mêmes montants.
La suggestion mérite d'être analysée.
M. TOUPIN: Je suis entièrement d'accord.
M. VINCENT: C'est une question d'uniformité.
M. TOUPIN: L'uniformité est toujours souhaitable. Il n'y a pas de
doute là-dessus. Je suis bien d'accord avec vous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville. M. OSTIGUY: A
l'article 5, paragraphe a)...
M. LE PRESIDENT: Vous vous référez à l'artile 5
mais l'article 4 n'est pas adopté.
M. VINCENT: Je pense que c'est par référence.
M. LE PRESIDENT: Ah! si c'est par référence.
M. OSTIGUY: C'est par référence, oui. C'est indiqué
dans la loi: "Les travaux de préparation et d'ensemencement du sol".
Est-ce que cela impliquerait, par exemple, les travaux mécanisés?
Si le type n'a pas suffisamment de 40 heures, pourrait-il emprunter, selon le
bill 11, pour poursuivre des travaux de drainage?
M. TOUPIN : Cela peut être la préparation de son sol, soit
par le drainage de surface, soit par le drainage souterrain. Cela peut
être l'achat de la semence, même la location d'un tracteur pour
faire le hersage et l'ensemencement. Cela peut aller jusque-là. C'est
tout ce qui a trait à l'ensemencement, y compris la préparation
du sol, les semences, les engrais, les herbicides, etc. Y compris
l'assurance-récolte, je pense, la prime d'assurance-récolte.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Huntingdon.
M. FRASER: M. le Président, je pense au cas des gens qui
achètent des nourrisseurs pour garder les boeufs l'hiver ou
jusqu'à ce qu'ils soient gras. Si on les limite à $15,000, cela
coûte $250 ou $300 pour un seul nourrisseur.
Cela veut dire que l'on peut acheter avec un prêt de $15,000 de 60
à 70 nourrisseurs. Ce n'est pas assez d'en avoir seulement 75. Il faut
en avoir 200 ou plus pour que ce soit rentable.
M. TOUPIN: Le député de Huntingdon a entièrement
raison. Quand je vous parlais tantôt que ce n'était pas suffisant
$15,000 c'était surtout à cela qu'on pensait. Ce sont surtout
ceux qui veulent acheter précisément...
M. FRASER: C'est seulement du crédit, ce n'est un cadeau à
personne, ce n'est que du crédit.
M. TOUPIN: Oui.
M. FRASER: Si le gars a le sens des affaires et s'il est solvable,
pourquoi ne pas emprunter $30,000 ou $40,000 s'il a besoin de cela, si cela a
du bon sens?
M. VINCENT: II n'y a aucun fonds gouvernemental qui va sortir à
part les pertes?
M. TOUPIN: Absolument aucun.
M. VINCENT: C'est une garantie et aucun remboursement
d'intérêt, seulement s'il y a perte.
M. TOUPIN: Seulement s'il y a perte.
M. VINCENT: Mais ce n'est pas bon de limiter cela à un certain
pourcentage pour éviter que les risques soient trop grands, comme dans
la Loi de l'amélioration des fermes.
M. TOUPIN: C'est purement théorique.
M. VINCENT: Oui, c'est théorique, mais il reste quand même
que les banques font une surveillance de leurs prêts tandis que là
c'est garanti à 100 p.c, il n'y a aucun problème. Ils n'ont
même plus besoin de le surveiller.
M. TOUPIN: Là-dessus il y a des ententes avec les banques et, vu
les conditions qui sont posées...
M. VINCENT: Oui, sur le plan de l'éthique bancaire, elles ne sont
pas intéressées à perdre.
M. TOUPIN: ... probablement que les banques auront à contribuer
avec les bureaux régionaux, les agronomes, c'est un autre aspect de la
question. Cela va inciter beaucoup plus d'agronomes, beaucoup plus
d'employés du ministère à faire des plans de ferme, des
programmes de ferme; cela va amener également les agriculteurs à
le faire, parce qu'on va prêter surtout presque en fonction d'un plan de
ferme avec cela, un plan de développement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND : En vue de la préparation de ce bill-là,
étant donné que vous avez mis comme cela un montant bien
précis de $15,000, est-ce que vous avez procédé en vertu
de statistiques établies ou d'expériences analogues ailleurs? Je
prends par exemple ce qui est inclus dans l'article 5, soit les légumes.
On produit au Québec de 10 p.c. à 11 p.c. de nos légumes,
c'est-à-dire des légumes qui se consomment, en vue d'intensifier
la culture des légumes au Québec, c'est entendu que les $15,000
vont apporter quelque chose de bon...
M. TOUPIN: Cela ne touche pas les produits maraîchers. Ce n'est
pas visé.
M. VINCENT: Si le type a des betteraves pour l'alimentation des
vaches?
M. TOUPIN: Cela touche la betterave indirectement: production
destinée à l'alimentation d'animaux de ferme.
On peut les mentionner, il y aurait la betterave, le navet, le mais et
aussi l'ensilage, le foin, la luzerne, le trèfle, le mil, etc.
M. VINCENT: Des carottes si le gars élève des lapins.
M. TOUPIN: Les lapins ne sont pas inclus.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député de
Lotbinière à lire les notes explicatives, il va voir ce que cela
couvre...
M. BELAND: Oui, je les ai lues mais quand je parlais de légumes,
c'était justement de légumes et légumineuses...
M. TOUPIN: D'accord.
M. BELAND: ... qui sont consommés par les animaux de ferme.
M. TOUPIN: Ce qu'on appelle les légumes fourragés, par
exemple. Des légumes qui servent à l'alimentation animale.
M. BELAND: Est-ce que vous avez tablé que d'ici cinq ans cela
peut augmenter la production de légumes et légumineuses ce
sont deux choses différentes que cela va augmenter de X pour
cent? Est-ce que vous avez tablé quelque chose?
M. TOUPIN: Comme on le disait tantôt, au fond, deux
critères nous ont inspirés. D'abord on s'est inspiré des
lois qui existent, la loi du nantissement, la Loi de l'amélioration des
fermes et il est très rare qu'on ait atteint les $15,000 jusqu'à
maintenant. La moyenne, on l'a vu hier, c'était $2,000 presque $3,000.
Il y en avait qui avaient plus d'un prêt, alors peu avaient atteint le
maximum. Cela a été une première chose, le premier
critère. Le deuxième critère, c'est quand on regarde la
dimension des fermes au Québec, qu'on regarde également les
individus qui présentement sont intéressés ou semblent
s'intéresser, mais ce ne sont pas de très grandes unités.
Ce sont des unités moyennes où, par exemple, on va investir
$6,000 ou $7,000 sur le cheptel et on va investir $2,000 ou $3,000 dans la
production de céréales. Cela correspond à ces
besoins-là. Un nouveau problème est surgi et c'est celui que
soulevait le député de Huntingdon; il y a déjà des
fermes un peu plus grandes qui se développent, qui achètent le
veau à six mois ou sept mois pour l'engraisser et qui vont le payer
$100, $150 ou parfois $200. Avec $15,000, ces fermes ne vont pas tellement
loin. Pour elles, cela constitue un handicap.
Est-ce qu'on a projeté pour l'avenir? Bien sûr qu'on a
projeté. Ce qu'on vise avec ça, c'est l'augmentation des
productions céréalières, notamment le mais, les
différents blés de printemps et d'automne l'opal et le
pitic je pense les productions fourragères, les cultures
industrielles qui peuvent servir pour fins d'alimentation animale. Ce sont les
objectifs que nous nous sommes fixés. On peut parler du grand objectif.
Encore là, je n'ose pas parler trop. Quand j'en dis trop et qu'on
n'arrive pas à atteindre l'objectif, six mois après, vous dites:
Le ministre parle à l'extérieur, parle à
l'intérieur et il ne dit pas la même chose.
M. VINCENT: Vous le reconnaissez.
M. TOUPIN: Mais en agriculture, ce n'est pas comme partout ailleurs.
C'est lent en agriculture. Ce n'est pas l'industrie de la chaussure ou
l'industrie de l'automobile. On vise comme objectif 50 p.c...
M. LAURIN: Cela ne va pas mieux là.
M. TOUPIN: ...d'autosuffisance au Québec,
en matière d'alimentation animale, dans les
céréales ou dans les différentes plantes
impliquées. C'est l'objectif que nous poursuivons.
M. BELAND: Etant donné qu'on inclut la production d'animaux ou
d'engraissement, de toute façon le facteur d'engraissement d'animaux, M.
le ministre est certainement au courant que de plus en plus, dans
l'élevage du porc, ça nécessite, dans les grandes
maternités, des cages pour élevage de porcs. Ceci
représente un montant très appréciable pour le type qui
s'organise dans ce domaine comme pour celui qui s'organise des cages pour
l'élevage de volailles ou la production d'oeufs.
M. TOUPIN: On voit cela dans les autres lois. On voit ça dans la
Loi de l'amélioration des fermes, dans la Loi du crédit agricole.
Mais cette loi n'est pas destinée pour ces fins.
M. BELAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 4. Adopté.
M. VINCENT: Avant de l'adopter, ce n'est pas parce que l'honorable
président de l'Assemblée nationale est à côté
de moi, mais je lui mentionnais que ça ne touchait pas ses producteurs
maraîchers. Je reviens là-dessus...
M. LAVOIE (Laval): Avez-vous une faveur à me demander?
M. VINCENT: Je connais vos producteurs maraîchers et je connais
également des producteurs de pommes de terre. Il s'agirait d'un simple
amendement...
Un emprunteur qui s'adonne à la production de récoltes
destinées à l'alimentation d'animaux de ferme est peut-être
éventuellement un emprunteur qui s'adonne à la culture
maraîchère.
M. TOUPIN: Concernant ces deux productions, la pomme de terre et les
produits maraîchers, on préfère présentement
affecter les budgets dans la commercialisation, cela au niveau des produits
maraîchers.
M. VINCENT: Non, c'est la seule remarque que j'avais.
M. LAURIN: ...les cultivateurs de Rouville.
M. TOUPIN: C'est aux produits maraîchers que c'est important.
M. LAVOIE (Laval): Cette année on va investir quoi?
UNE VOIX: Est-ce que le ministre a des demandes pour les
maraîchers?
M. TOUPIN: Un peu, mais pas fortes.
M. VINCENT: Est-ce qu'on peut donner la parole au président de
l'Assemblée nationale?
M. OSTIGUY: Dans ce cas, est-ce qu'on n'aurait pas pu inclure les
pomiculteurs?
M. TOUPIN: On pourrait en principe inclure toutes les productions.
M. OSTIGUY: Toutes les productions.
M. VINCENT: En principe, si on change la loi, si on apporte un
amendement.
M. TOUPIN: On pourrait, en pratique, si on amende la loi, couvrir toutes
les productions.
M. OSTIGUY: Je pense aux pomiculteurs qui veulent faire des plantations
nouvelles...
M. BELAND: Tantôt, l'honorable député de Rouville
n'a rien changé lorsque je parlais des agriculteurs.
UNE VOIX: II y en a qui se changent eux-mêmes.
M. VAILLANCOURT: Pourquoi ne mettez-vous pas les producteurs de pommes
de terre?
M. TOUPIN: La pomme de terre. Je l'ai dit tantôt; M. Dionne est
ici. J'aimerais vous apporter quelques exemples. Si on fait des comparaisons,
ce qu'on donne actuellement chaque année pour aider les producteurs de
pommes de terre, remarquez bien que les plus efficaces au Québec ou
à peu près les plus efficaces, ne sont pas touchés ou ne
touchent presque jamais à ces mesures. Ceux qui y touchent sont ceux qui
sont moins efficaces. Je ne dis pas que ces gens ne sont pas efficaces du tout.
Souvent ils produisent dans des zones où ce n'est pas favorable. On va
produire aussi parce qu'on n'a pas suffisamment de techniques à notre
portée. Si on introduit une telle loi, on risque de perdre beaucoup dans
ce secteur, parce que, premièrement, la commercialisation n'est pas
suffisamment bien organisée et, deuxièmement, on n'est pas
parvenu encore à déterminer les zones où on devrait
s'assurer quel tel type de production, il n'y a pas de problème, c'est
rentable. J'apporte souvent comme exemple: Avoir une loi comme celle-ci pour
produire des fraises dans le Bas-Saint-Laurent sur le bout de la
Péninsule, ce serait se raconter un peu d'histoires, parce que la saison
est très courte et t'as de très fortes chances de geler. Cela
n'empêche pas les gens de là-bas d'en produire, alors qu'on as des
zones au Québec où ça se produit très bien. Ce sont
ceux-là qu'il faut encourager.
M. VAILLANCOURT: Ça se fait par région. M. TOUPIN: Ce
serait le zonage des produc-
tions. Pour la pomme de terre, on n'est pas encore prêt à
mousser des lois comme celles-là. Alors que dans les grandes cultures,
il n'y a pas de problème. On peut produire, au Coeur du Québec et
dans la région de Montréal, presque toutes les
céréales recommandables pour le Québec.
On peut produire dans les régions périphériques
presque toutes les plantes fourragères: le mais en silo, le
trèfle, la luzerne, etc.
M. LE PRESIDENT: Le député de Huntingdon.
M. FRASER: Je pense qu'il y a une autre sorte de culture qui est la
culture sans sol, la culture du sol avec les serres.
M. TOUPIN : Oui, c'est déjà dans la loi dont on a
discuté hier. C'est la Loi de l'amélioration des fermes. En vertu
de la Loi de l'amélioration des fermes, un agriculteur peut maintenant
se prévaloir du crédit pour financer la construction d'une serre
et tout l'équipement requis.
M. FRASER : En Ontario, la production est plutôt importante. Il y
a des acres et des acres de serres et je crois que c'est profitable. Je ne suis
pas trop au courant, mais je pense que c'est...
M. BELAND: Une serre au Québec pour 27 en Ontario, pour votre
information.
M. VINCENT: Le gros problème...
M. TOUPIN: ... la proportion est très forte.
M. VINCENT: Mais le gros problème qui se pose pour les
producteurs maraîchers ou les producteurs de pommes de terre, c'est
surtout l'achat d'engrais chimiques. Il n'y a aucune loi qui permet à un
producteur maraîcher d'aller à la banque et d'emprunter $10,000,
$15,000, $20,000 pour l'achat d'engrais chimiques, excepté s'il
transigne avec les compagnies ou s'il se fait endosser par les compagnies.
M. TOUPIN: Oui, il y a peut-être là... Il y a des marges de
crédit pour plusieurs producteurs.
M. VINCENT: Oui, mais il n'y a pas de garantie...
M. TOUPIN: II n'y a pas de problème...
M. VINCENT: Le ministre considère que presque tous les membres de
la commission veulent qu'il analyse cette possibilité d'inclure les
pomiculteurs, les producteurs de pommes de terre et les producteurs
maraîchers.
M. TOUPIN: Oui, mais je pense que...
M. VINCENT: Qu'il nous revienne à l'automne ou l'an prochain avec
un amendement.
M. TOUPIN: Nous discutons librement mais, pour le moment, je pense que
ce ne serait pas prudent pour le ministère d'étendre trop
largement cette loi. On risquerait...
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez, on va revenir...
M. TOUPIN: ... de vivre de mauvaises expériences et de
créer un mauvais climat autour de ces types de prêts.
M. LE PRESIDENT: Article 4. Adopté? M. VINCENT:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5. Adopté. Article 6. Adopté.
Article 7.
M. TOUPIN: L'article 7 est le plus important, c'est le remboursement. Il
y aurait peut-être lieu de regarder un peu. C'est la forme de
remboursement qu'on a prévue. On dit que le remboursement de chacun des
montants d'un emprunt correspondant aux diverses catégories de fins
prévues à l'article 5 doit être effectué dans les
délais suivants: un délai de 30 jours suivant la date de la vente
des récoltes destinées à l'alimentation d'animaux de
ferme, sans dépasser, dans aucun cas, un délai de deux ans
à compter de la date de l'emprunt.
Au fond, on finance pour la période d'engraissement, pour la
saison. C'est une saison pour les productions de céréales et
c'est un cycle pour les productions des viande. Un délai de 30 jours
suivant la date de la vente des animaux de ferme destinés exclusivement
à la production des viandes ou d'oeufs, sans dépasser, dans aucun
cas, un délai de deux ans à compter de la date de l'emprunt.
Evidemment, on prévoit toujours quelques mois de plus, mais le
maximum sera toujours de deux ans pour le remboursement, un délai de
douze mois.
M. VAILLANCOURT: Pour les boeufs de boucherie, M. le Président,
il me semble que c'est un peu court.
M. TOUPIN: Dix-huit mois, de façon générale.
Passé 18 mois je ne sais pas si je fais erreur il semble
que ce n'est pas tellement rentable.
M. BELAND: Douze, quinze, dix-huit mois au maximum.
M. VAILLANCOURT: Parce qu'il y en a qui vendent des bouvillons
d'embouche de trois ans.
M. BELAND: De plus en plus jeunes maintenant.
M. TOUPIN: Non. Il semble qu'il n'y a pas beaucoup de rentabilité
là-dedans.
M. VAILLANCOURT: Ce n'est pas rentable.
M. TOUPIN: Non. Il ne faut pas que ça dépasse de beaucoup
une saison et demie, semble-t-il.
M. FRASER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7. Adopté. Article 8.
M. BELAND: A l'article 8...
M. VINCENT: A l'article 8, M. le Président, le taux
d'intérêt va demeurer à la discrétion des
institutions prêteuses, à moins que l'office n'en décide
autrement et pour autant que c'est approuvé par le lieutenant-gouverneur
en conseil. C'est parce que nous ne sommes pas encore situés sur le taux
d'intérêt qui sera demandé.
M. TOUPIN: Disons que s'il y avait...
M. VINCENT: Mais s'il y avait des abus, par exemple, des
exagérations, il faut laisser une porte ouverte pour que le
lieutenant-gouverneur dise: Voici, c'est ça.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: Vous voulez tenter l'expérience librement avant
de...
M. TOUPIN: C'est ça. L'idée, au départ, c'est que,
souvent, pour un agriculteur, 1 p.c. de plus, ça ne le fatiguera pas
trop pour un prêt à court terme. Supposons qu'on fixerait les taux
à 8. 5 p.c, ça deviendrait pour lui difficile de se procurer de
l'argent si ça l'intéresse, lui, de payer 9. 5 p.c. et puis avoir
un prêt peut-être plus élevé.
M. VINCENT: II ne faudrait pas non plus que les institutions
bancaires...
M. TOUPIN: C'est qu'on voulait permettre passablement de latitude.
M. VINCENT: ...c'est sûr d'être garanti.
M. TOUPIN: Là-dessus, on est entièrement d'accord.
Ces prêts seront en totalité garantis par le gouvernement.
La concurrence va jouer de façon serrée parce que l'agriculteur,
s'il peut emprunter à 7 p.c, ira emprunter à 7 p.c de
préférence à 71/2 p.c. ou 8 p.c. Cela va également
influencer le taux d'intérêt de la LAF indirectement. Parce que
les banques et les caisses populaires se font de bons clients avec les bons
agriculteurs.
M. VINCENT: Dans nos régions rurales, la concurrence est presque
partie...
M. TOUPIN: Les banques sont bien implantées aux quatre coins du
territoire agricole, j'entends, bien sûr. Il y en a de la concurrence. Il
y a la Banque Provinciale, la Banque Canadienne Nationale, les banques
anglaises aussi, les caisses.
M. le Président, nous avons déjà amorcé un
dialogue sur ce sujet avec la Fédération des caisses populaires,
avec l'Association des banquiers canadiens, de même que la
Fédération des caisses d'établissement.
Généralement, on s'accorde à reconnaître que le taux
préférentiel actuel des banques il y a quelques mois
se situait aux environs de 6 p.c. Présentement, il peut
être de 51/2p.c. plus 2 p.c, le taux, ce qu'on appelle ici, courant.
Généralement, on s'accorde là-dessus...
M. VINCENT: Si c'est ça, ç'a du sens.
M. TOUPIN: ... à la faveur de nos négociations avec ces
institutions, nous voulons précisément en arriver à un
mécanisme uniforme pour toutes les institutions qui prêteraient en
vertu de cette loi et essayer d'atteindre un taux d'intérêt qui
soit également uniforme. Disons que, dans les prochaines semaines, nous
espérons être en mesure d'en venir à des résultats
concrets à ce sujet.
M. VINCENT: Je suis très satisfait qu'on ait ajouté la
provision du lieutenant-gouverneur en conseil. C'est ce que je voulais dire
dans mon intervention. Si on avait laissé ça absolument ouvert,
ç'aurait pu être dangereux. Adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Article 8. Adopté. Article 9.
M. VINCENT: Adopté également.
M. LAURIN: M. le Président, à l'article 9, on dit "le
paiement des intérêts". Est-ce que le paiement des
intérêts, à moins que le prêteur et l'emprunteur en
aient convenu autrement, peut être effectué après les deux
ans prévus à l'article 7?
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'il ne doit pas s'effectuer
après les deux ans à moins, évidemment...
M. LAURIN: Comme ce n'est pas mentionné...
M. TOUPIN: ... qu'il en ait été convenu autrement entre
l'emprunteur et le prêteur. A tous les six mois, par exemple.
L'emprunteur et le prêteur peuvent bien s'entendre sur tous les
six mois, par exemple.
M. LAURIN: ... que vous fermez la porte.
M. TOUPIN: Cela ne devrait pas excéder deux ans.
M. LAURIN: Si vous êtes sûr que ça ferme la porte,
d'accord.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: II peut y avoir une entente entre l'emprunteur et sa caisse
populaire à l'effet que les intérêts soient payés
à tous les six mois.
M. TOUPIN: A l'intérieur des deux ans.
M. VINCENT: Le capital est remboursé seulement dans deux ans.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que ça veut dire, par exemple, qu'un
emprunteur qui va emprunter $5,000 pour engraisser des boeufs de boucherie va
payer, si le taux est fixé, intérêt sur
intérêt?
M. TOUPIN: Evidemment, ce sont les ententes que nous voulons. Nous
voulons laisser assez de latitude là-dedans mais, normalement, si le
gars emprunte pour un an, par exemple, à 7 p.c, $1,000, il va payer $70
d'intérêt au moment où il va rembourser ses $1,000.
M. VAILLANCOURT: Dans la deuxième année, s'il ne paie pas
son intérêt à la fin de l'année, il va payer
l'intérêt sur le capital et l'intérêt de
l'année précédente.
M. TOUPIN: Bien, en principe...
Ce serait à la faveur d'une entente entre les deux, s'ils
consentent à cela, ils s'entendront à ce moment-là.
M. VAILLANCOURT: L'entente va se faire entre l'emprunteur et...
M. TOUPIN: Et le prêteur.
M. VAILLANCOURT: ... l'office.
M. TOUPIN: Les institutions prêteuses conservent leur autonomie
là-dessus et la loi et les règlements ne font que leur donner des
lignes, des directives à l'intérieur desquelles elles
évoluent mais tout en demeurant libres de prêter ou pas et il y a
certaines conditions quant à l'octroi des prêts
également.
M. LE PRESIDENT: Article 9. Adopté. Article 10.
M. VINCENT: A l'article 10, M. le Président, je pense bien
qu'ici, quand on mentionne "les animaux achetés à même le
produit d'un emprunt contracté aux fins du paragraphe 2 de l'article 5",
c'est que l'emprunteur va certainement épuiser les possibilités
qu'il offre en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes avant de se
servir de cette loi. Il faut quand même remarquer que, dans l'autre loi,
il y a un remboursement de 3 p.c. et ici il ne l'aura pas. Donc, il va
épuiser l'autre loi pour acheter ses animaux à cause du
remboursement de 3 p.c.
M. TOUPIN: La LAF vise les animaux de troupeaux de base, ici ce sont des
animaux d'engraissement qui ne sont pas admissibles en vertu de la LAF.
M. VINCENT: II peut quand même y aller avec des troupeaux pour
faire de l'engraissement, à moins que ce soient des nourrisseurs, il y a
bien des producteurs d'animaux de boucherie qui vont s'établir ou se
donner des troupeaux de base.
M. TOUPIN: Oui pour les troupeaux de base en vertu de la LAF, mais non
pour le bétail d'engraissement.
M. VINCENT: Ah oui! pour les nourrisseurs. Non.
M. TOUPIN: C'est précisément la raison pour laquelle nous
avons rédigé l'article de cette façon. Dans la loi de
l'amélioration des fermes, c'est la même technique lorsqu'il
achète des animaux, ou lorsqu'il achète la machinerie, en vertu
du paragraphe 1 à 3 de l'article 4, à ce moment-là, il
doit nantir. S'il fait des améliorations foncières, c'est la
banque qui peut requérir les garanties qu'elle juge nécessaires
pour un montant de plus de $2,000 qui pourrait être le nantissement
d'autres machineries. Mais lorsqu'il achète, l'agriculteur doit le
nantir. Ici, c'est le même principe. S'il achète en vertu du
deuxième paragraphe de l'article ici, à ce moment-là, il
le nantira. Mais s'il emprunte pour les fins du premier et du troisième
paragraphe, pour moins de $2,000, il pourra soit nantir d'autres machineries
agricoles, soit consentir une seconde hypothèque ou nantir même sa
récolte dans certains cas.
M. VINCENT: Je suis d'accord sur le premier paragraphe de l'article 10.
Je pense qu'il faut accepter cela d'emblée. Il faut qu'il nantisse le
troupeau. Mais quand nous arrivons au deuxième paragraphe: "Lorsqu'un
emprunt comprend des sommes supérieures à $2,000 consenties pour
l'une ou plusieurs des fins mentionnées au paragraphe 1 et 3 de
l'article 5, l'emprunteur doit fournir des garanties mobilières ou
immobilières". Cela peut poser des problèmes. Le principe,
d'accord. Il faut qu'on se protège. Mais si, avec une banque, il y a un
producteur qui veut acheter de l'engrais chimi-
que pour $2,500, à ce moment-là, il sera obligé de
payer les frais de nantissement même si la banque sait très bien
qu'avec son bilan financier il n'y a aucun problème. La loi le dit bien.
"... l'emprunteur doit fournir des garanties mobilières ou
immobilières jugées satisfaisantes par le prêteur." Il doit
fournir cela.
M. TOUPIN: ... "jugées satisfaisantes par le prêteur". Il y
a donc la discrétion qui est laissée au prêteur à ce
moment-là. C'est dans la même ligne de pensée que je
mentionnais tout à l'heure en ce sens que les institutions
prêteuses sont autonomes et elles apprécient si c'est un bon
risque et quelle est l'étendue des garanties qu'elles doivent exiger
dans les circonstances. La dernière partie de la phrase est très
importante.
M. VINCENT: C'est la raison pour laquelle je me pose la question.
Supposons que je veuille acheter de l'engrais chimique pour $3,000. Mon
gérant de banque me dit: II n'y a pas de problème, je te
prête les $3,000. Mais en vertu de la loi, tu dois quand même me
"fournir des garanties mobilières ou immobilières jugées
satisfaisantes par le prêteur".
M. TOUPIN: Prenons un exemple.
M. VINCENT: II faut que je lui en fournisse si ce n'est pas jugé
satisfaisant.
M. TOUPIN: Cette loi...
M. VINCENT: S'il dit: Je n'en ai pas besoin. Avec ton bilan financier,
il n'y a aucun problème. Mais il faut que tu m'en fournisses. Si
c'était $1,995, tu n'en as pas besoin.
M. TOUPIN: Est-ce que ce n'est pas préférable de
procéder de cette façon pour la raison très simple: Si
l'on inclut le mot "doit"...
M. VINCENT: Comme garantie générale, je l'admets.
M. TOUPIN: Même comme principe. En incluant le mot "doit", on
oblige bien sûr à une garantie. Donc, là on se
protège du point de vue du principe. On exige au moins une garantie. Un
peu plus loin, on ouvre la porte et on dit que cette garantie doit être
jugée satisfaisante. C'est tellement large et tellement vaste que le
gars peut acheter pour $2,500 ou $2,700 d'engrais chimiques et donner en
garantie sa récolte. Il peut simplement donner en garantie une petite
partie de son troupeau.
M. VINCENT: Mais à ce moment-là, il faut qu'il
l'enregistre. Pour le donner en garantie, il faut que cela soit
enregistré.
M. TOUPIN: Oui, il y a un enregistrement. On peut nantir une
récolte. Si la banque accepte le nantissement d'une récolte, il
n'y a pas d'inconvénient. Il faut que cela soit assez rapide. Cela ne
pose pas de problème. C'est là où nous avons voulu mettre
la souplesse. Si on mettait "peut" à la place... Je pense que le seul
moyen pour répondre un peu à l'idée qu'émet le
député de Nicolet, cela serait peut-être de mettre $3,000
au lieu de $2,000. Cela serait peut-être la seule façon. Mais le
montant de $2,000 d'après les calculs que nous avons faits... D'abord,
c'est l'équivalent de la Loi de l'amélioration des fermes.
M. VINCENT: C'est cela. C'est la même équivalence.
M. TOUPIN: Cela peut couvrir pas mal. Une disposition identique a
été apportée à la Loi de l'amélioration des
fermes en 1969 et le montant de $2,000 pour fins d'application des deux lois
est préférable...
M. VINCENT: Oui, mais là, c'est pour...
M. TOUPIN: ... parce que l'autre prévoit également $2,000,
pour l'application de la loi. Nous faisons tout de même affaires avec
1,071 prêteurs, d'après le dernier exercice de l'office, alors
c'est tout de même, au point de vue de l'application, plus facile si nos
normes concordent d'une loi à l'autre. Maintenant, ça n'a pas
causé de problèmes jusqu'ici étant donné
précisément la dernière partie de la phrase qui laisse la
latitude à savoir si le prêteur est satisfait ou non.
M. VINCENT: Si ça laisse assez de latitude au prêteur, sur
le plan juridique, d'accord.
M. TOUPIN : II n'y a aucun problème présentement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Stanstead.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, je voudrais poser une question
au conseiller juridique. Dans le cas où une banque ou une caisse
populaire prête et prend en nantissement, soit des animaux ou une
récolte, et que ce cultivateur se fait saisir sa récolte ou ses
animaux pour une autre dette, est-ce qu'il est obligé de passer par tout
le processus de la loi, c'est-à-dire que la banque est obligée de
passer pour...
M. TOUPIN: II y a priorité.
M. VAILLANCOURT: ... faire une opposition et pour protéger ses
biens qui ont été nantis?
M. TOUPIN : Oui, à ce moment-là elle a un privilège
de créancier à cause du nantissement et elle va faire opposition
à la saisie, tout simplement. Maintenant, il se peut, dans l'exemple que
vous apportez, que le privilège d'un
vendeur soit prioritaire à celui de la banque. Là, ce
serait à la banque de se protéger, de s'assurer qu'il n'y a aucun
lien sur les effets qu'elle va nantir. Cela pourrait arriver, disons que
ça se glisse un cas comme celui-là où il y aurait un
privilège du vendeur qui pourrait primer celui de la banque, dans les
circonstances. Mais normalement les banques sont bien avisées, elles
prennent des précautions à ce sujet-là pour être
certaines que leur lien est bien valable.
M. VAILLANCOURT: Mais admettons que la banque a le premier
privilège sur les biens en question, est-ce que l'autre créancier
qui fait saisir, soit les objets, soit les animaux, les boeufs de boucherie ou
la récolte, est obligé de faire vendre ça? Est-ce qu'il
est obligé de vendre les produits en question ou bien si, en vendant les
produits, c'est entendu que si c'est la banque qui a un nantissement, elle va
être payée la première? Mais les frais juridiques des
avocats, c'est payé par qui?
M. TOUPIN: Cela s'accumule aux pertes. Si la banque
récupère suffisamment pour couvrir tous les frais, incluant les
frais de cour, etc., à ce moment-là il n'y a pas de
problème. Si elle ne récupère pas suffisamment, ça
va être mis au compte des pertes et la garantie gouvernementale joue pour
la partie du prêt que n'a pas pu récupérer la banque ou la
caisse, dans les circonstances.
M. VAILLANCOURT: Alors, c'est le gouvernement qui rembourserait les
banques des pertes?
M. TOUPIN: Oui, des pertes. Mais disons, pour répondre à
votre question, que généralement la banque épuise tous les
recours avant d'adresser une réclamation pour pertes à l'office.
Elle a exercé tous ses recours elle-même au point de vue de la
récupération, de la réalisation des garanties et une fois
que son dossier est clos, qu'elle n'a plus de chance de récupérer
davantage, eh bien, elle va adresser une réclamation à l'office
dans les délais prévus dans les règlements pour la
différence entre ce qu'elle a récupéré et ce
qu'elle perd, et le gouvernement rembourse le montant en question.
M. VAILLANCOURT: Mais il n'y aurait pas possibilité, par exemple,
de mettre dans une loi de nantissement, lorsque quelqu'un donne sa marchandise
en garantie par nantissement, qu'un deuxième créancier ne soit
pas capable d'arriver et de saisir une marchandise d'animaux qui est
donnée en nantissement.
M. TOUPIN: Oui, mais là ça devient purement
académique. En d'autres termes, c'est à celui qui veut exercer un
droit à se prévaloir de son droit si véritablement son
droit est fondé. Et dans les circonstances, si l'objet a
été nanti, il ne peut pas prétendre exercer un recours
pour récupérer cet objet-là, il y a déjà un
lien sur cet objet-là. Alors, lui, il pourra faire prévaloir ses
droits, une réclamation pour se faire rembourser, je ne sais trop, la
nature de la créance, mais il ne pourra pas saisir l'objet qui a
déjà été nanti et qui est valablement nanti.
M. VINCENT: A moins de payer le privilège. M. TOUPIN: C'est
ça, payer le privilège.
M. VINCENT: C'est comme une hypothèque.
M. VAILLANCOURT: Mais il arrive assez souvent qu'une marchandise va
être nantie, donnée en garantie par nantissement à un
prêteur. Un deuxième, soit un cultivateur, ou n'importe qui, va la
prendre en nantissement, va avoir une dette envers quelqu'un d'autre. L'autre
va arriver et va saisir la marchandise. Celui qui a un nantissement en garantie
est obligé de se défendre. Cela lui occasionne des frais, tout
ça. Moi je dis: Est-ce que ce serait possible, dans une loi de
nantissement, qu'un avocat, avant de saisir, ou de faire le processus de
saisie, s'informe à un bureau d'enregistrement pour savoir si une
marchandise est déjà en garantie par nantissement alors qu'il n'y
touche pas?
M. VINCENT: Les prêts deviennent privilégiés
aussi.
M. VAILLANCOURT: A ce moment-là, si j'ai fait encourir des frais
à une personne, elle peut toujours récupérer par la suite
ces frais que j'aurai indûment fait encourir. Je suis d'accord pour les
frais d'une banque pour protéger ses biens, mais, dans la loi de
nantissement des autres, un individu, un particulier va prêter de
l'argent ou aider quelqu'un à améliorer son troupeau ou n'importe
quoi, en dehors de ces lois-là, s'il prend en nantissement en se servant
de la Loi de nantissement agricole, il est obligé de faire tout le
processus pour défendre ses biens parce qu'un autre est arrivé et
a saisi la même marchandise. Il doit se défendre; il a des
frais.
J'ai un exemple qui s'est produit.
M. LE PRESIDENT: C'est adopté. Le député de
Lotbinière.
M. BELAND : Compte tenu de l'esprit qui existe d'une façon
continue dans les banques, suite à ce que vous avez dit tantôt
à l'effet que tous les frais encourus seraient remboursés,
même les frais juridiques ou des choses comme ça, est-ce que vous
n'avez pas peur qu'il y ait un abus, étant donné qu'il y a
garantie gouvernementale de remboursement?
M. TOUPIN: La nature des éléments de la réclamation
sont prévus par règlement. Il est bien sûr que, lorsqu'il
s'agit des frais d'avocat,
nous allons vérifier afin que ce soit conforme aux tarifs, etc.
C'est bien sûr que les règlements prévoient ces
cas-là pour éviter les abus de cette nature.
M. VINCENT: Justement, ce sont les tarifs qui sont élevés.
Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté. Article 11...
M. VINCENT: M. le Président, je ne sais pas si les autres membres
de la commission ont des questions, mais les autres articles sont de la
concordance. Moi, en ce qui me concerne, ce serait adopté en bloc.
M. LE PRESIDENT: Articles 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22. Adopté. Nous allons arrêter à 20. Excusez, je n'avais
pas tourné la page. On arrête à 20. C'est
adopté.
M. VAILLANCOURT: Je voudrais poser une question au ministre avant
d'adopter l'article 20. La présente loi entrera en vigueur à la
date ou aux dates fixées par proclamation par le lieutenant-gouverneur
en conseil. Quand croyez-vous que cette loi va être proclamée?
M. TOUPIN : Nous aurions voulu la proclamer avant les autres à
cause de son caractère, mais on va l'adopter en même temps que les
autres. On avait dit le 1er août. On donne le mois de juin, d'abord, pour
la troisième lecture; le mois de juillet pour la préparation des
règlements et, au 1er août, ce sera la proclamation.
M. VINCENT: Comme nous connaissons le gouvernement, cela veut dire le
1er septembre.
M. BELAND: Si ce n'est pas le 1er octobre.
M. VAILLANCOURT: Non, j'espère qu'elle va être en vigueur
le plus vite possible parce que ceux qui veulent s'organiser pour faire de
l'élevage l'année prochaine, doivent y penser d'avance.
M. VINCENT: Il serait bon de faire une gageure avec vous. Si on dit le
1er septembre, vous nous obstinez; vous dites le 1er août. On l'aura le
quinze.
M. VAILLANCOURT: Je marque la date.
M. LE PRESIDENT: Au nom des membres de la commission, je désire
remercier les hauts fonctionnaires qui accompagnaient le ministre. La
commission est ajournée sine die.
M. BELAND: Un instant.
M. TOUPIN: Si je peux me permettre...
M. BELAND: M. le Président, je tiendrais à remercier les
hauts fonctionnaires de même que le ministre. Etant donné que cela
fait plusieurs projets de loi que nous adoptons, nous avons eu, je pense, des
explications très valables, très bonnes et je pense que cela a
renseigné toute la population, étant donné que c'est
inscrit de façon continue.
M. VINCENT: M. le ministre devrait présenter les hauts
fonctionnaires aux membres de la commission. Il a oublié. C'est une
bévue.
M. TOUPIN: M. le Président, je peux vous les présenter. M.
Hurtubise est président de l'office; M. Moreau est conseiller juridique,
il est également secrétaire de l'office et régisseur; et
M. Lussier est mon sous-ministre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget. M. LAURIN: Merci.
Ter repetita placent!
M. VAILLANCOURT: L'autre, là-bas, c'est le chauffeur du
ministre.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 36)