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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements est
ouverte. Je rappelle le mandat de cette commission qui est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires municipales, programmes 1 à 8, pour
l'année financière 1988-1989. Les programmes 9 et 10 concernant
l'Habitation seront étudiés le mercredi 13 avril. M. le
secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Thérien (Rousseau) est remplacé par M. Cusano (Viau).
Le Président (M. Baril): Merci. Alors, je déclare
ouverte cette commission. Je demanderais à M. le ministre de faire ses
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Chers
collègues, vous me permettrez, en début de séance, de vous
présenter les gens qui m'accompagnent et qui m'aideront au cours de ces
travaux à tenter de répondre, au meilleur de ma connaissance, aux
questions qui seront posées. À ma droite immédiate, ici
à votre gauche, M. Jacques O'Bready, sous-ministre; M. Yvon Ver-rette,
directeur de la gestion; Mme Raymonde Fiset, directrice du budget, et M.
Benoît Hébert, du ministère également. À ma
gauche ici, à votre droite, Mme Marie-Claire Ouellet, attachée de
presse.
Nous amorçons aujourd'hui l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales, de la Société
d'habitation du Québec et de la Régie du logement. Ces secteurs
d'intervention gouvernementale se voient, à l'instar des autres,
confrontés au défi de faire face à des besoins de base de
la population, tout en cherchant à ne pas compromettre
l'évolution d'un environnement propice à la croissance
économique et à la création d'emplois. Pour relever ce
défi, il n'y a guère d'autres possibilités que de mieux
contrôler l'évolution du coût des services publics et de
répondre aux besoins nouveaux par une réallocation des ressources
financières existantes.
Cette année, c'est encore le secteur de la santé qui,
globalement, a le plus bénéficié de cette
réallocation budgétaire. Viennent ensuite ceux de
l'éducation et de la sécurité du revenu. Cela correspond
à ces conditions de base qu'il nous faut réunir comme
société pour mieux fonder notre progrès sur
l'épanouissement des individus et des familles. Cette recherche d'une
meilleure équité sociale ne peut progresser que dans le cadre
d'une économie où le désir d'entreprendre et de s'ouvrir
sur l'extérieur n'est pas menacé par les désavantages au
plan concurrentiel que peuvent représenter le poids et la piètre
qualité des dépenses publiques ainsi que le manque de
concertation et de collaboration des intervenants. Une saine gestion des
affaires gouvernementales ne se ramène pas strictement à une
affaire de taux de croissance des dépenses ou au simple désir de
plaire à tout prix au nom d'une idéologie ou d'une utopie qu'on
souhaiterait voir partagée par tout le monde parce qu'elle pourrait
donner le pouvoir à quelques-uns.
En décembre 1985, les Québécois souhaitaient plus
de cohérence, plus de rigueur et une véritable complicité
de la part de leur gouvernement, de façon que soit mieux soutenu le
dynamisme avec lequel ils doivent progresser aux plans économique et
social. Bien des pots cassés ont dû être
réparés, notamment dans le domaine de la santé; bien des
énergies perdues ont dû être récupérées
en privilégiant l'essentiel de la mission gouvernementale plutôt
que l'accessoire. Si tout n'est pas encore parfait et s'il nous faut encore
collectivement remettre en cause certains choix, un meilleur climat de
confiance s'est instauré et la voie à suivre est plus nette et
plus stimulante: faire mieux et faire plus avec les ressources dont on dispose,
tout en soutenant davantage la volonté d'épanouissement de chacun
et en préservant mieux la qualité de notre environnement.
C'est en quelque sorte cette voie qu'ont privilégiée,
depuis maintenant plus de deux ans, le ministère des Affaires
municipales et les organismes qui veillent à l'amélioration des
conditions de logement des Québécois. C'est également la
voie qu'ont accepté de suivre les municipalités, lesquelles,
faut-il le rappeler, comptent pour une large part des ressources publiques
consacrées à une meilleure qualité de vie des
Québécois. Tout le monde a pu constater ce rapprochement
difficile, mais significatif, entre les différents intervenants du monde
municipal et, surtout, à quel point ces municipalités souhaitent
maintenant donner une vision élargie de ce qu'elles peuvent faire
ensemble pour soutenir le progrès économique et social de leur
population. Il y a également eu un rapprochement évident entre
les intervenants qui oeuvrent dans le domaine de l'habitation: entre le
gouvernement central et la SCHL, le gouvernement du Québec et la
Société d'habitation du Québec; entre les
municipalités et les offices municipaux d'habitation et même avec
les constructeurs, les entrepreneurs et leurs associations qui cherchent
ensemble à mieux répondre aux besoins de logement. On peut
même dire que cette volonté de rapprochement a largement
inspiré la réorientation du rôle de la Régie du
logement qui privilégiera le développement de moyens
susceptibles de favoriser l'entente à l'amiable entre
propriétaires et locataires et l'harmonisation de leurs rapports.
Il n'y a pas de miracle dans le fait de ce dialogue nouveau. Les
objectifs sont plus clairs et la volonté de s'entendre sur les moyens
d'y parvenir prime sur les querelles stériles, parce que le respect des
rôles de chacun est plus grand. C'est ainsi que les résultats sont
plus probants.
Au chapitre des affaires municipales et de l'habitation, le gouvernement
du Québec consacrera quelque 612 000 000 $ au cours de l'exercice
1988-1989. Il s'agit d'une croissance de 3, 6 % par rapport aux dépenses
probables de 1987-1988.
Au chapitre de l'habitation, les dépenses probables pour
1988-1989 seront de 217 600 000 $, soit 33 $ par habitant. Pour la
Société d'habitation du Québec, il s'agit d'une hausse de
11, 9 % et, pour la Régie du logement, de 8 % par rapport au dernier
exercice.
Au chapitre des affaires municipales, les crédits dévolus
passeront cette année de 401 000 000 $ à 394 000 000 $, en baisse
de 7 000 000 $. Les dépenses de transfert, à elles seules,
compteront pour 355 000 000 $, en baisse de 14 000 000 $ par rapport à
l'an dernier. Il faut noter qu'un montant de 3 000 000 $ a été
transféré de la super-catégorie transfert à la
super-catégorie fonctionnement autres dépenses pour faire suite
à la recommandation du contrôleur des finances de
considérer comme taxes de service les montants versés sur toute
autre base que celle de la valeur foncière. Il faut noter
également que l'ensemble des dépenses de transfert du
gouvernement vers les municipalités déborde le strict cadre du
ministère des Affaires municipales et qu'elles totaliseront 1 221 000
000 $.
Au plan des effectifs du ministère des Affaires municipales, de
la SHQ et de la Régie du logement, nous connaîtrons, à
l'instar du gouvernement, une légère diminution passant, de 844
postes autorisés à 828.
Une revue rapide des programmes et activités du ministère
permet de constater que, outre l'octroi de la subvention spéciale
à la ville de Québec, les crédits prévus pour le
fonctionnement des MRC ont été augmentés de 2 700 000 $
pour atteindre 7 000 000 $, que ceux dévolus à la
péréquation ont été accrus de 3 500 000 $ et
portés à 17 800 000 $, que 2 300 000 $ de plus seront
versés en guise de compensation tenant lieu de taxe et que les
remboursements annuels des emprunts municipaux seront accrus de 1 300 000 $
pour atteindre 4 100 000 $.
Quant à la réduction des transferts, elle découle
principalement de la diminution des crédits affectés à
l'aménagement du territoire, 13 300 000 $ en moins, à
l'évaluation foncière, 2 100 000 $ en moins, et au programme
PAIRA, 8 300 000 $ en moins. Dans ces domaines, une bonne partie des
engagements du gouvernement est complétée. Les crédits de
transfert sont toutefois accrus pour l'aide et la surveillance administrative
et financière des municipalités, soit une augmentation de 8 500
000 $, et pour le programme Relations avec les municipalités, soit une
augmentation de 1 600 000 $.
Au-delà de ces chiffres qui traduisent un effort de
rationalisation de l'action gouvernementale, le ministère s'est
engagé à fond dans la modernisation des lois qui gouvernent le
monde municipal. L'abondante législation qui vous a été
présentée au cours de la dernière session et les travaux
conduits par la table Québec-municipalités en témoignent
éloquemment.
Après l'importante révision des dispositions concernant
les élections et les référendums dans les
municipalités, nous aborderons la révision des lois traitant de
l'organisation du territoire municipal et de l'organisation administrative
municipale.
Nous avons fait adopter le projet de loi 88 sur les municipalités
régionales de comté au terme d'un fructueux processus de
consultation. L'entrée en vigueur des schémas
d'aménagement se poursuit. Ils sont déjà en vigueur dans
une trentaine de MRC. Le processus de révision des lettres patentes est
également en marche pour concrétiser un nouveau partage du
pouvoir municipal dans les régions.
Du côté du régime de retraite et de la
rémunération des élus municipaux, les travaux sont
très avancés et devraient nous permettre de présenter une
réforme en profondeur de la législation cette année.
Sur le plan de la fiscalité municipale, le travail des
comités formés avec les unions municipales et les consultations
avec diverses municipalités se sont intensifiés depuis l'adoption
du projet de loi 82, lequel venait réduire l'impact des hausses de taxes
draconiennes qu'avaient à subir certaines catégories de
contribuables. Nous cherchons - tout en respectant les principes fondamentaux
à la base de la fiscalité municipale - comment y introduire une
plus grande équité, tant au plan de l'évaluation
foncière et du phénomène des déplacements fiscaux
que sur le plan des bénéficiaires des services municipaux et des
contribuables eux-mêmes. À la lumière des solutions qui
sont en voie d'être définies, nous pouvons d'ores et
déjà prévoir que nous serons en mesure de
présenter, au cours des prochains mois, des modifications substantielles
au régime fiscal actuel.
Le ministère demeure préoccupé par la façon
dont certaines municipalités procèdent au chapitre de
l'évaluation foncière, par les retards dans la mise à jour
des rôles d'évaluation et par certains taux de croissance des
dépenses qui, ajoutés à la spéculation et à
la plus-value des propriétés, viennent frapper durement des
contribuables qui voient croître démesurément leurs comptes
de taxes sans que soit augmentée
la qualité des services dont ils bénéficient. Dans
l'ensemble, toutefois, la situation n'est pas dramatique et nous souhaitons
réussir à temporiser les situations de crise où se
retrouvent maintenant plusieurs municipalités.
Il y a aussi certains dossiers: la restructuration des forces
policières, la Société d'aménagement de
l'Outaouais, la promotion économique dans la région de
Québec, qui devraient également connaître des
rebondissements au cours des prochains mois et d'autres, dont nous pourrons
discuter plus en détail au cours des prochaines heures.
Démocratisation, harmonisation, simplification, efficacité,
concertation et respect de l'autonomie municipale demeureront les leitmotive du
ministère au cours de la prochaine année.
Je remercie les fonctionnaires qui, au cours de la dernière
année, ont dû mettre les bouchées doubles pour atteindre
les objectifs du ministère dans des dossiers à la fois complexes
et délicats en raison de la multiplicité des intervenants et de
la diversité des sujets traités.
L'année qui commence s'avérera également
très productive en matière d'habitation. Les réformes
majeures mises de l'avant au cours des dernières années laissent
entrevoir, tant du côté de la Société d'habitation
du Québec que de la Régie du logement, un plus grand degré
d'efficience dans la poursuite de leurs missions respectives. Le secteur
privé, de son côté, a mis à profit la bonne
conjoncture économique et l'évolution des besoins des
ménages pour enregistrer, en 1987, sa meilleure performance, depuis
1976, au chapitre des mises en chantier de logements avec un peu plus de 74 000
unités. Le prix des maisons neuves et des maisons existantes s'est accru
sensiblement et le taux d'inoccupation commence maintenant à augmenter,
ce qui laisse entrevoir, pour 1988, une certaine stabilisation du
marché. L'offre de logement sur le marché privé, quant
à son volume, sa qualité et sa diversité, apparaît
suffisante pour combler les besoins des ménages. Elle permet aux
différents niveaux de gouvernement de consacrer leurs ressources
à favoriser une meilleure accessibilité financière au
logement pour les plus démunis et la restauration du parc de logements.
Par ailleurs, nous continuerons d'encourager l'harmonisation des rapports
locateurs-locataires, de veiller au maintien d'une offre adéquate de
logements locatifs, tout en octroyant un meilleur apport d'information
auprès des ménages locataires moins informés de leurs
droits.
Depuis un peu plus de deux ans, un travail remarquable a
été accompli par la Société d'habitation du
Québec qui coordonne maintenant l'ensemble des interventions
gouvernementales dans le domaine de l'habitation sociale. Des modifications
à sa loi constitutive ont été adoptées pour ce
faire. C'est elle qui définit et administre également tous les
programmes conjoints arrêtés dans le cadre de l'entente
fédérale-provinciale que nous avons signée en mai
1986.
Cette entente nous a permis de réunir les efforts des trois
paliers de gouvernement et de les orienter vers la résolution des
problèmes de logement que vivent nos concitoyens les plus
démunis. Tous les programmes ont fait l'objet d'une
réévaluation dans la perspective de mieux les cibler, de nous
donner des moyens d'intervention souples tenant compte de la diversité
des situations. Les programmes conjoncturels qui n'avaient plus leur raison
d'être ont été supprimés. Comme l'effort financier
des gouvernements a été maintenu, nous avons pu compléter
la gamme de nos interventions pour atteindre un plus grand nombre de
ménages. C'est ainsi qu'en 1987, nous avons pu engager des unités
qui nous permettront de rejoindre près de 18 000 ménages
additionnels. Cette performance est remarquable si l'on considère que
les prévisions du début de l'année établissaient ce
nombre à 14 800. (10 h 30)
En vertu des engagements pris en 1987, près de 13 000
ménages profiteront d'une aide financière à la
restauration, alors que 4922 bénéficieront d'une aide
financière à long terme, soit pour 35 ans, par le biais de 3285
unités de HLM publics, HLM privés, HLM autochtones ou inuit,
d'une part, et de 1637 unités du programme de supplément au
loyer, d'autre part. Ce total de 4922 nouveaux ménages représente
une hausse de 39 % des unités de logement par rapport à la
moyenne annuelle de 3550 unités réservées aux
démunis, pour les années 1980 à 1985.
Vous me permettrez de souligner que le programme PARCQ, après 14
mois d'existence, a utilisé 89 % des 86 000 000 $ qui lui avaient
été alloués. On se souviendra que l'ancien programme
Loginove, après deux ans également, n'avait pu engager que 69 %
de son enveloppe budgétaire.
En outre, en vertu du programme entièrement
québécois Logirente, 30 622 ménages ont reçu,
durant le dernier exercice, une allocation-logement visant à
alléger le fardeau financier que représente pour eux le
loyer.
Il faut noter, enfin, l'effort spécial fait par le gouvernement
du Québec en 1987 pour le logement des sans-abri. L'entente cadre
Canada-Québec permettra à 42 organismes sans but lucratif de
réaliser et d'exploiter 567 logements, chambres ou lits. Le coût
de réalisation de ces projets est évalué à 13 000
000 $, alors que l'aide financière à l'exploitation
excédera 1 000 000 $ par année durant 35 ans. Un fonds
spécial de 2 500 000 $ a également été
autorisé par le gouvernement du Québec. La plus grande partie de
ce fonds spécial a permis de venir en aide à 157 organismes
communautaires oeuvrant déjà auprès des sans-abri pour
leur permettre d'acquérir de l'ameublement et de l'équipement.
Trente-deux organismes ont également pu bénéficier de
subventions pour réaliser des projets spéciaux de
démonstration, de sensibilisation, d'aide directe ou de recherche dans
le cadre de
l'Année internationale du logement des sans-abri.
L'automne dernier, devant les commentaires suscités par le projet
de règlement sur la sélection des locataires que la SHQ avait
élaboré en collaboration avec environ 20 offices municipaux
d'habitation du Québec, j'ai demandé à un comité de
députés d'élargir la consultation auprès des
principaux intervenants intéressés par cette question. Par cette
démarche, nous poursuivons toujours comme objectif d'introduire une
cohérence minimale dans la sélection des locataires,
d'uniformiser les procédures et d'assurer une plus grande
équité entre les requérants.
Quant aux nouvelles orientations gouvernementales en matière de
logement, elles ont été présentées pour
décision au Conseil des ministres. Le document, qui fait le point sur la
situation québécoise au chapitre du logement, vient encadrer
l'ensemble des efforts accomplis depuis plus de deux ans et tracer les
perspectives dans lesquelles l'ensemble des intervenants seront appelés
à fixer leur action. On peut s'attendre à ce que certaines des
recommandations qu'on y retrouve puissent être concrétisées
dès cette année. Est-il besoin de souligner ici que l'ancien
gouvernement n'avait pu réussir, au cours de ses neuf années de
mandat, à se doter d'orientations en matière d'habitation?
Notre préoccupation pour les démunis et pour les personnes
dont les conditions de logement sont plus précaires s'est traduite
également par la loi adoptée l'an dernier pour contrer le
harcèlement, les reprises de possession par des indivisaires et les
évictions injustifiées par suite de travaux majeurs dont les
locataires pouvaient faire l'objet. Cette loi a confié à la
Régie du logement le mandat de surveiller et de contrôler tout le
domaine de conversion en copropriété pour l'ensemble des
immeubles comportant ou ayant comporté au moins un logement au cours des
dix années précédant l'année de demande de
conversion. La loi prévoit une série de mesures d'encadrement et
reconnaît le caractère distinct de chaque municipalité en
ce qui a trait à son marché locatif. En outre, la loi est
assortie de sanctions sévères afin d'offrir une protection juste
et des garanties essentielles à l'équilibre des parties en
cause.
La Régie du logement, conformément à l'esprit de
cette loi, orientera désormais davantage son action en fonction de
l'harmonisation des rapports entre propriétaires et locataires
plutôt que de se contenter de trancher des litiges. La régie
deviendra donc un organisme d'aide auprès des locataires et des
propriétaires afin qu'ils puissent mieux prendre en charge le
règlement de leur propre conflit. Elle consacrera plus d'efforts
à informer la population de ses actions, et fera la promotion de la
conciliation comme mode d'intervention quand les parties n'auront pu
s'entendre. Dans cette veine, elle entend privilégier les
clientèles les plus défavorisées au plan de l'information
que sont les petits propriétaires, les personnes âgées, les
familles monoparentales, les Québécois de souche récente,
les analphabètes, les handicapés et les gagne-petit. Cette
orientation pourrait mener d'ici quelques mois à une loi qui viendrait
simplifier et préciser son rôle pour qu'il soit mieux compris de
tous.
En somme, tant du côté des affaires municipales que de
l'habitation, l'année 1988-1989 promet d'être des plus laborieuses
parce que nous voulons répondre aux besoins qui s'expriment dans les
régions en unissant nos efforts a ceux des intervenants publics et
privés, tout en étant soucieux de la capacité de payer des
contribuables et du degré d'autonomie et d'indépendance dont tant
les municipalités que les entreprises et les individus ont besoin pour
progresser. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
porte-parole de l'Opposition officielle, avez-vous des remarques?
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, avant de commencer
l'étude des crédits 1988-1989 du ministère des Affaires
municipales, j'aimerais saluer et souhaiter la bienvenue à tous les
fonctionnaires qui accompagnent le ministre, plus spécialement celui que
je connais plus particulièrement, le sous-ministre O'Bready.
D'entrée de jeu, je dois dire que la présence du ministre
aujourd'hui me surprend quelque peu, et cela pour deux raisons. D'abord, si ce
n'était de mon travail à l'Assemblée nationale qui
m'oblige à côtoyer le ministre, je pourrais croire que M. Bourassa
a oublié de nommer un ministre des Affaires municipales en
décembre 1985. C'est d'ailleurs tellement vrai que l'Union des
municipalités du Québec, qui ne siège pas au Parlement, a
cru bon, faute du ministre bien en charge, de rencontrer directement M.
Bourassa pour discuter avec lui des dossiers importants pour le monde
municipal. Faut-il croire que l'UMQ a constaté, elle aussi, l'oubli du
premier ministre?
Deuxièmement, je suis surpris de voir que le ministre est
présent car, il faut bien le dire, l'étude des crédits de
1988-1989 ressemblera à celles des crédits de 1986-1987 et de
1987-1988. Pourquoi? C'est bien simple. Aucun des problèmes
soulevés lors des deux dernières années n'est
réglé. Bien entendu, les comités d'étude sont sur
pied. Combien de fois entendrons-nous cette réponse dans les huit heures
qui vont suivre? Peut-être 10 fois, 20 fois, 30 fois. Nous aurons
également, au cours de ces huit heures, le temps de relever les
multiples propos du ministre recueillis au cours des deux dernières
études des crédits, et à la suite desquelles il promettait
des solutions dans les semaines à venir aux problèmes
soulevés. Eh bien, un an après, parfois deux, les
problèmes existent toujours. Au mieux, un comité d'étude a
été formé.
M. le Président, permettez-moi d'illustrer mon propos à
l'aide de quelques exemples. On peut citer le cas de la ville de Schefferville
où le ministre a dit, en 1987, qu'un déblocage était
imminent. Aujourd'hui, il menace de retirer ses offres. Le ministre promettait,
également en mai 1987, et ce pour l'automne 1987, un projet de loi pour,
contrer les transferts fiscaux qui se font vers le secteur résidentiel.
On attend toujours. À cette même date, le ministre
annonçait qu'un comité d'étude travaillait à la
réforme de la taxation. Une chance qu'on apprenait, le mois dernier, que
le comité intensifiait ses travaux. Dans le cas de l'évaluation
industrielle, le ministre prévoyait, toujours en mai 1987, des solutions
dans les prochaines semaines. Là aussi un comité s'active. Bien
sûr, il ne faudrait pas oublier tout le dossier de la hausse vertigineuse
de l'évaluation foncière et dans lequel nous talonnons le
ministre depuis presque deux ans.
Comme seule solution, le ministre a proposé la loi 82, solution
imparfaite et temporaire. Il s'en est pris aux évaluateurs et a
formé un comité d'étude. On pourrait citer encore le cas
de la réforme policière, des incubateurs industriels, de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, du rapport Lapointe,
du rapport Parizeau, du rapport Lemieux et le statut de la ville de
Québec comme capitale nationale. Bref, la liste est longue et s'allonge
de crédits en crédits, les difficultés s'accumulant par
l'inertie du ministre.
M. le Président, ce gouvernement dont fait partie le ministre des
Affaires municipales s'enorgueillit d'être un bon gestionnaire et
pourtant aucun des problèmes fondamentaux et urgents du monde municipal
ne s'est réglé depuis maintenant plus de deux ans. Les
problèmes du monde municipal ce sont les problèmes de tous les
citoyens du Québec. M. Robert Bourassa n'a pas seulement oublié
de nommer un ministre responsable des Affaires municipales capable de
régler les problèmes, mais il a surtout oublié de nommer
un ministre fier de son ministère, un ministre prompt à
défendre les intérêts des municipalités. Bref, un
ministre capable d'enrayer l'appétit vorace de certains confrères
qui n'ont que peu de considération pour le monde municipal. Encore ici,
les exemples sont multiples et nous y reviendrons. Mais qu'il suffise de dire
que l'UMQ a dû, lors de sa rencontre avec le premier ministre, lui
rappeler qu'il existait une table de concertation
Québec-municipalités, et qu'il était impérieux que
tous les projets de foi ayant une incidence sur le monde municipal y soient
débattus. N'était-ce pas là la fonction d'un ministre des
Affaires municipales? Nous avons donc un ministre incapable de régler
les problèmes sauf en créant des comités d'étude.
Un ministre incapable de défendre adéquatement les dossiers
municipaux au sein de ce gouvernement. Nous avons surtout un ministre qui n'a
aucune vision, aucun projet d'avenir à long ou à court terme pour
les municipalités. En fait, nous sommes devant une situation où
le président du Conseil du trésor, lui, n'a pas oublié que
M. Bourassa avait oublié de nommer un ministre des Affaires municipales.
Les crédits aux Affaires municipales sur la base de 1986-1987 ont
diminué en 1987-1988 à 590 000 000 $ pour augmenter
légèrement à 612 000 000 $ pour cette année. Ce
sont seulement des prévisions. C'est évident qu'il y a toujours
des montants périmés à la fin de l'année, ce qui
nous permet d'affirmer que le budget du ministère des Affaires
municipales est en nette diminution. Aucun argent neuf n'est investi dans le
cadre de programmes spéciaux pour les municipalités. Les sommes
accordées aujourd'hui ne sont que le fruit de programmes mis sur pied
par le gouvernement du Parti québécois. Le seul programme auquel
le ministre actuel peut associer son nom est le programme PARCQ. Si on constate
les résultats, ce n'est guère reluisant.
Alors qu'il se présente devant nous pour la troisième
fois, on constate que le ministre a fait bien peu pour le monde municipal. Quel
contraste avec l'administration péquiste! M. le Président, je
crois qu'il serait profitable, pour illustrer mon propos et pour le ministre,
d'y aller d'une courte énumération des programmes mis sur pied,
de 1976 à 1985, pour les municipalités: programme d'aide à
l'implantation des services incendie, programme PAISI; programme d'aide
à la construction d'équipements municipaux, PACEM; programme
d'aide à la rénovation d'équipements municipaux, PAREM;
programme d'aide à l'implantation de réseaux d'aqueduc, PAIRA;
programme liquidation; plan quinquennal de sensibilisation des incendies;
création des SIDAC; programme d'iniatives municipales pour l'emploi,
RIME; programme de création d'emplois en milieu municipal, PCEM;
programme d'aide à la revitalisation des centres-villes, ReviCentre;
programme de formation des élus; création de la fameuse table
Québec-municipalités. La liste n'est pas exhaustive et, en plus,
je fais abstraction de nombreux programmes dans le domaine de l'habitation. Il
ne faudrait pas oublier non plus les grandes réformes
législatives: aménagement du territoire, démocratie
municipale, fiscalité municipale, etc.
La seule grande loi que le ministre actuel a à son actif, c'est
la refonte des lois municipales. Or, il s'agissait là d'une initiative
de notre gouvernenement. Que restera-t-il au budget des Affaires municipales
lorsque les fonds alloués aux grands programmes péquistes auront
été dépensés? Rien, car le ministre, qui n'a aucune
vision de l'avenir, n'aura pas prévu la relève. Finalement, le
ministre des Affaires municipales refuse d'assumer le rôle premier qu'il
doit jouer en ce qui a trait à la transparence de la gestion municipale.
Alors que des citoyens portent à son attention de
présumées irrégularités, comme le cas de la ville
de Saint-Laurent, de Ponsonby et autres municipalités dont on aura
l'occasion de parier durant la journée, le ministre est lent
à
intervenir et refuse d'aller au fond des choses. Franchement,
l'administration municipale a un message qui n'est pas celui de la
fermeté et de la transparence, et c'est très malsain. D'ailleurs,
à ce niveau, le ministre des Affaires municipales devrait prêcher
par l'exemple; malheureusement, on ne peut pas dire que ce soit le cas ici. Je
conclus, M. le Président, en disant que l'Union des municipalités
du Québec a soumis un programme d'intervention législative
concret au gouvernement libéral. Il est à espérer que le
ministre mettra les bouchées doubles et ce, dans l'intérêt
de toute la population du Québec. Voilà, merci, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie beaucoup. Est-ce
que d'autres députés auraient des commentaires ou des remarques
préliminaires? Je vous remercie beaucoup. Nous sommes prêts
à commencer l'étude des crédits avec le programme 1.
Est-ce que certains ont des remarques? Cela va? M. le député de
Jonquière.
Aménagement du territoire municipal
M. Dufour: Au programme 1, l'évolution des MRC, selon les
statistiques... Le ministre peut-il nous donner l'heure juste en ce qui a trait
aux schémas d'aménagement? Sont-ils tous acceptés dans
leur version définitive? Combien sont actuellement en vigueur? Combien
font encore l'objet de discussions avec divers ministères? Quand
prévoit-on que tous les schémas seront en vigueur?
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Est-ce que le
député peut répéter sa question, s'il vous
plaît? (10 h 45)
M. Dufour: Je vais poser les questions différemment, une
à la fois, parce que je sais qu'il est un peu difficile de
répondre à cinq questions en même temps. Le ministre
peut-il nous donner l'heure juste en ce qui a trait aux schémas
d'aménagement?
M. Bourbeau: Si le député veut avoir des
réponses...
M. Dufour: Où en est-on rendus avec les schémas
d'aménagement?
M. Bourbeau: Ah bon!
M. Dufour: Les MRC en ont fait quelques-uns, ils en ont
déposé, où est-ce rendu?
M. Bourbeau: L'opération d'adoption des schémas
d'aménagement progresse d'une façon satisfaisante. À
l'heure actuelle, nous avons une trentaine de schémas qui sont
entrés en vigueur. Les négociations se poursuivent d'une
façon très active entre le gouvernement et les MRC pour assurer
l'entrée en vigueur des autres schémas d'aménagement. Des
réunions ont lieu chaque jour, du moins, certainement chaque semaine, et
plusieurs jours par semaine entre les fonctionnaires des divers
ministères, principalement celui de l'Environnement et, bien sûr,
le ministère des Affaires municipales, d'une part, et les MRC, d'autre
part, afin d'accélérer le règlement des quelques points
qui demeurent encore en litige.
Jusqu'à ce jour, nous n'avons pas eu besoin d'utiliser la
méthode des décrets pour faire entrer en vigueur des
schémas d'aménagement. Dans tous les cas où les
schémas sont en vigueur, il y a eu entente entre les parties et j'ai bon
espoir que nous réussirons, au cours des prochaines semaines ou des
prochains mois, à mettre en vigueur la majorité, sinon la
totalité des schémas d'aménagement.
M. Dufour: Ce que vous nous dites, c'est que dans les prochaines
semaines ou dans les prochains mois, je ne sais pas, même dans les
prochaines années... Quand on examine la loi 125, il y avait un temps
prévu pour que le schéma soit adopté à des dates
déterminées. Il me semble que c'était aussi vrai pour le
gouvernement. Est-ce que vous pouvez nous dire, par exemple, que d'ici à
la fin de septembre ou octobre tous les schémas devraient être
acceptés? Il y en aurait un ou deux, je pense bien que je ne vous en
tiendrais pas rigueur. Est-ce que vous pouvez dire que 90 % des schémas
devraient être acceptés d'ici à ce temps-là, ou si
les discussions que vous avez avec les différents intervenants sont sur
des questions de fond et que c'est difficile à faire évoluer?
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'il faut bien penser que la
préparation des schémas est. un processus qui a duré cinq
ans. Il n'est pas étonnant qu'en dernière analyse il y ait des
petits accrochages qui subsistent encore. Il faut penser que, quand on parle de
schémas d'aménagement, on planifie à long terme. Ce ne
sont pas six mois ou un an de plus qui vont faire une très grosse
différence sur plusieurs années. Cela vaut la peine de prendre le
temps qu'il faut pour s'entendre, de sorte que, éventuellement, on
puisse retirer un bénéfice maximum de l'opération.
Il faut bien réaliser également que le Québec est
le seul endroit, le seul gouvernement en Amérique qui accepte
d'être lié, comme gouvernement, par un schéma
d'aménagement préparé par des instances locales, et que
c'est une modification importante dans la façon de penser du
gouvernement et de ses ministères. Il n'est donc pas étonnant que
les ministères du gouvernement aient parfois quelques réticences
à accepter toutes et chacune des dispositions des schémas
d'aménagement, compte tenu du fait que le gouvernement sera lié
par les schémas. C'est donc tout à fait normal, je crois, que des
discussions poussées aient lieu entre le gouver-
nement et ses ministères et les élus municipaux pour
s'assurer que tous les fils sont bien attachés et que, finalement, les
schémas peuvent entrer en vigueur avec l'adhésion de tout le
monde.
M. Dufour: En fait, je pense que vous laissez des portes
suffisamment grandes, et j'ai l'impression que les discussions en cours peuvent
durer pas mal longtemps. Si on dit, dans un temps, que cela a pris cinq ans aux
municipalités pour se préparer - et cela fait déjà
depuis 1980, si ma mémoire est exacte, cela fait huit ans que c'est en
marche - à un moment donné, il va falloir que cela arrête
quelque part. Je trouve que vous ne vous donnez pas d'échéancier.
Encore là, ce n'est pas nécessairement une bonne indication pour
les municipalités, ou même pour les ministères. À un
moment donné, il faut bien que quelqu'un tranche quelque part pour que
le schéma soit en fonction pour aider les municipalités. Pendant
ce temps-là, il évolue tout le temps, cela fait que... Quand il
va être en marche, va-t-il toujours... Il faudrait peut-être ne
jamais l'accepter pour que cela dure le plus longtemps possible. Il sera
toujours en évolution. Je pense que c'est comme un plan d'urbanisme. Il
faut que cela arrête quelque part. Et là vous nous dites que cela
peut durer encore suffisamment longtemps. Cela veut dire que ce n'est pas
nécessairement en 1988 qu'on va en voir la fin. Cela pourrait être
en 1989, même plus.
M. Bourbeau: Si le député veut mon opinion, je
pense qu'à la fin de 1988 tous les schémas seront en vigueur.
Nous passons présentement par une phase intensive de négociation.
94 schémas sur 95 ont été adoptés. Donc, les
schémas sont tous adoptés et une trentaine sont en vigueur. La
différence, c'est que, dans le cas de ceux qui ont été
adoptés mais qui ne sont pas en vigueur, le gouvernement a envoyé
des avis pour négocier certains points du schéma. Ces
points-là, en général, tournent presque toujours autour de
questions d'environnement. Le ministère de l'Environnement
négocie très ferme présentement avec les
différentes MRC pour tenter d'éclaircir certains points. Dans
bien des cas, il s'agit de points extrêmement mineurs, de points
très peu nombreux. Parfois, il y a seulement un point qui accroche,
parfois deux, et nous voyons présentement, à chaque semaine, des
schémas qui entrent en vigueur parce que le gouvernement est satisfait
des modifications. Je pense que la situation a évolué
relativement rapidement, surtout au cours des derniers mois, et nous verrons,
au cours des prochaines semaines, une augmentation importante du nombre de
schémas qui vont entrer en vigueur. Le gouvernement fait des efforts, et
le ministère de l'Environnement aussi fait des efforts pour tenter de
concilier sa position avec celles des MRC. Je suis tout à fait optimiste
et je pense que nous n'aurons pas à utiliser l'exception que constitue-
rait l'adoption d'un décret dans bien des cas.
M. Dufour: Cela me semble un peu plus satisfaisant comme
réponse. Vous nous informez qu'il y a des discussions surtout entre le
ministère de l'Environnement et les municipalités. Est-ce que
votre ministère est toujours présent et impliqué dans ces
discussions?
M. Bourbeau: Bien sûr. C'est notre ministère qui
amorce les rencontres, qui agit un peu comme médiateur dans ces
rencontres et qui tente d'amener parfois le ministère sectoriel à
rapprocher sa position de celle des MRC. Nous avons enclenché ce
processus de médiation depuis le début, et je dois dire que cela
a donné d'excellents résultats. Quant à nous, nous
préférons qu'un schéma attende quelques mois avant son
entrée en vigueur, mais que son entrée en vigueur se fasse d'une
façon volontaire ou, enfin, d'une façon qui soit le
résultat d'une entente entre le gouvernement et la municipalité
régionale plutôt que d'être obligés de
procéder par un décret, ce qui laisse toujours des
séquelles.
M. Dufour: Donc, il y a 94 schémas sur 95 d'adoptés
par les MRC. Si des changements sont demandés par les ministères
et, selon votre propos, ce sont des changements mineurs qui sont
demandés par les différents ministères, surtout par le
ministère de l'Environnement, s'il y avait des changements majeurs qui
exigeraient des coûts importants, comment la municipalité
régionale de comté pourrait-elle faire ces corrections? Qui
paierait pour les corrections apportées au schéma
d'aménagement?
M. Bourbeau: La situation ne se présente pas comme cela.
Il n'est pas question de coûts importants. Les schémas
d'aménagement ne portent que sur les grandes orientations dans une MRC.
Donc, il n'est pas question de projets concrets. On parle de grandes
politiques, de grandes orientations à l'échelle d'un territoire
donné. Il s'agit donc d'objets de discussion qui portent sur des
situations qui pourraient se présenter. Par exemple, les marges de recul
par rapport aux berges, à savoir combien de mètres on doit
laisser entre des constructions, la limite des talus, les zones inondables.
Est-ce qu'on doit ou non permettre la construction d'habitations dans les zones
de glissement de terrain ou dans les zones inondables? Quelles doivent
être les marges si on doit faire des agrandissements de bâtisses le
long des cours d'eau? Est-ce qu'on peut s'approcher à moins de trois
mètres de la rive, etc. ? Ce sont des notions comme celles-là qui
sont en discussion. Donc, il n'y a pas de coût encouru par la MRC, comme,
par exemple, si on parlait de construire un stade olympique. Ça ne porte
que sur des sujets de discussion, sur des normes, des critères et des
marges de recul.
M. Dufour: Actuellement, M. le ministre, après la loi 88,
il semble que le moratoire soit levé concernant le découpage des
MRC. Des changements pourraient se produire dans les municipalités
régionales de comté. Je suis déjà informé
que des municipalités régionales de comté pourraient
être amputées de certaines municipalités. Il y a aussi des
territoires qui pourraient être rattachés ou enlevés
à certaines MRC. Il y a des coûts qui seront imputés. Il y
a certainement des études supplémentaires qui seront
nécessaires pour ajuster les schémas les uns par rapport aux
autres. Est-ce qu'il y a des sommes prévues pour ces différentes
actions-là? Voulez-vous que je souligne mon propos par un cas
précis? Je vais le donner, par exemple.
M. Bourbeau: Je sais très bien de quel cas le
député veut parler. On peut bien en parler.
M. Dufour: Est-ce que ma question est suffisamment claire?
M. Bourbeau: Elle est relativement claire. Le
député veut savoir si on déboursera des sommes pour
compenser une MRC du départ de certaines municipalités dans le
cas où on accepterait de modifier les lettres patentes. La
réponse est non. Je pense qu'il n'y a pas de coûts importants qui
seraient occasionnés par des départs semblables. De toute
façon, lors du redécoupage d'une MRC ou du départ d'une
municipalité d'une MRC pour une autre, il doit y avoir un partage de
l'actif et du passif entre les municipalités qui partent et la MRC. Tous
les coûts doivent être répartis entre les
municipalités.
M. Dufour: Le découpage, par exemple, ou les lignes qui
sont tracées, est-ce que cela a été fait par
décret? Il faut qu'il y ait des tracés assez précis des
découpages de territoires. Normalement, je pense que le ministère
de l'Énergie et des Ressources a des cartes pour ça. Je ne sais
pas si c'est suffisamment clair, mais qui absorbera ces
coûts-là?
M. Bourbeau: Quand le gouvernement accepte de modifier les
limites territoriales d'une MRC, ça se fait à la demande d'un
certain nombre de municipalités. Ce n'est pas le gouvernement qui prend
l'initiative, c'est le milieu. Donc, c'est le milieu qui paiera.
Quand on émettra de nouvelles lettres patentes, les cartes seront
préparées par le ministère de l'Énergie et des
Ressources.
M. Dufour: Ça va.
On peut lire dans le rapport annuel de 1986-1987 que les quatre
municipalités régionales de comté dont le schéma
est entré en vigueur ont reçu une aide particulière
concernant la mise en oeuvre de ce schéma. De quel ordre était
l'aide financière et quels sont les problèmes qui l'ont
justifiée? Est-ce qu'il y a d'autres municipalités
régionales de comté qui peuvent recevoir cette aide?
M. Bourbeau: Je m'excuse, j'ai mal saisi la question. Une aide
financière, pour quoi?
M. Dufour: Le rapport annuel de 1986-1987 fait mention de quatre
municipalités régionales de comté qui ont reçu une
aide spéciale pour la mise en oeuvre du schéma
d'aménagement. On va vous donner la référence.
M. Bourbeau: On m'indique que cela a été la
même aide financière pour tout le monde. Toutes les
municipalités ont eu la même aide financière.
M. Dufour: C'est la même aide spéciale que vous avez
décidé de continuer pour le fonctionnement. C'est ça? Il y
avait l'aide de fonctionnement que vous avez acceptée. C'est
peut-être ça qui fait le... C'est ça?
M. Bourbeau: Si le député peut préciser un
peu sa question... Je dis que nous avons des programmes qui s'appliquent
à toutes les MRC... Nous avions un programme qui s'appliquait à
toutes les MRC. S'il y a des cas d'exception, si le député peut
nous citer des cas, on va donner les explications.
M. Dufour: C'est à la page 24 du rapport annuel.
M. Bourbeau: Le rapport annuel de quelle année? (11
heures)
M. Dufour: De 1986-1987. On l'a toujours en retard et c'est un
peu normal. Chapitre 1, intitulé: Aménagement du territoire
municipal. "Enfin, les quatre municipalités régionales de
comté dont le schéma d'aménagement est entré en
vigueur ont reçu une aide particulière concernant la mise en
oeuvre de ce dernier. " Une aide particulière, c'est un peu
différent?
M. Bourbeau: Est-ce que vous pouvez les nommer? Non?
M. Dufour: Si vous n'avez pas cru bon les nommer, c'est que vous
pensiez probablement que c'était clair. Mais je peux vous montrer
la...
M. Bourbeau: Écoutez, on m'indique que c'est la même
aide financière qui est accordée à toutes les MRC.
M. Dufour: Non, mais vous admettrez que cela peut prêter
à interprétation. Voulez-vous que je vous montre le document?
M. Bourbeau: On va l'envoyer chercher et on va tenter de
comprendre. Prendre un docu-
ment en dehors d'un ensemble de documents, c'est parfois...
Je voudrais signaler au député de Jonquière que ce
texte de la page 24 du rapport fait partie d'un chapitre qui a pour titre:
Assistance technique. Il ne s'agit donc pas d'aide financière, mais
d'assistance technique. Comme, à ce moment-là, quatre MRC avaient
vu leur schéma d'aménagement entrer en vigueur, nous avons
délégué des fonctionnaires sur place pour aider ces
municipalités à démarrer, si je puis dire, avec leur
schéma d'aménagement. Mais cette aide spéciale, qu'on a
donnée à ces quatre MRC est la même que celle qu'on va
donner à toutes les autres dont le schéma entrera, en vigueur.
Comme il n'y en avait que quatre à ce moment-là, ce ne sont que
ces quatre-là qui ont reçu de l'aide, mais la même aide est
accordée à toutes les autres.
M. Dufour: Cela va.
Une autre question, concernant les transferts pour le fonctionnement de
la MRC. Durant l'année, il a été décidé que,
pendant les cinq prochaines années, les MRC allaient être
assurées d'une enveloppe pour leur fonctionnement. Elles sont
assurées pour cinq ans, mais, durant ces cinq années, allez-vous
les aider à développer de nouvelles sources de financement? Au
bout de cinq ans, qu'est-ce que vous prévoyez - c'est sûr qu'il
pourrait y avoir un changement de gouvernement et on ne sait pas ce qui
arrivera pendant ce temps-là - dans votre esprit qui pourra arriver pour
ces questions-là? Si vous ne développez pas de nouvelles sources
de financement, comment cela va-t-il continuer? Cela va-t-il arrêter?
M. Bourbeau: Disons que cette aide a été
décidée pour cinq ans. D'ailleurs, l'ancien gouvernement avait
aussi établi un horizon de cinq ans quand il a créé les
MRC et avait donné cinq ans pour terminer le travail de la
préparation des schémas. Nous avons un peu suivi la voie
tracée par nos prédécesseurs et avons également
tracé un horizon de cinq ans pour ce programme. Quant à moi, le
gouvernement a décidé que les MRC étaient là pour
demeurer de façon permanente, bien sûr, et que leur vocation
principale était toujours l'aménagement du territoire et les
suites à donner au dépôt et à l'adoption des
schémas. Je pense que les MRC vont continuer à vivre et à
survivre indéfiniment.
M. Dufour: Je comprends votre point de vue. J'apprécie la
prise de position gouvernementale concernant les MRC et je suis convaincu que
c'est un organisme excessivement important pour le Québec et pour les
municipalités. Mais, concernant leur fonctionnement, parce qu'il y a eu
un réel problème dans cette opération, qu'est-ce qui va
arriver ou qu'est-ce que vous prévoyez? Allez-vous sensibiliser les MRC
au fait qu'il faut qu'elles se reprennent en main complètement ou si
vous croyez que le ministère devrait continuer à les aider? Il y
a une façon de préparer le terrain. C'est bien sûr que
pendant cinq ans elles peuvent bien dire: On va dormir et il n'y a rien
à faire, le gouvernement va nous donner de l'argent et cela va
continuer. Je suis convaincu qu'il y a une participation gouvernementale
possible et qui est possiblement nécessaire à mon point de vue.
Mais quelle est votre opinion par rapport à cela? Je suis convaincu que
les MRC vont continuer, mais est-ce que des volontés vont se
développer quelque part? Est-ce que vous allez faire des recherches, par
exemple, pour trouver de nouvelles sources de financement sans qu'ils aient le
pouvoir de taxer? Je comprends qu'ils n'auront jamais le pouvoir de taxer.
M. Bourbeau: Quand le gouvernement a octroyé la
subvention, on a reconnu le principe qui avait été établi
au début de la réforme de la fiscalité municipale voulant
que le gouvernement ne transférerait pas de nouvelles
responsabilités aux municipalités sans transférer
également de nouveaux crédits afférents. Or, nous avons
reconnu, lors de la réforme de la fiscalité municipale, que
l'aménagement du territoire était une responsabilité qui
n'appartenait pas aux municipalités et qu'en confiant cette
responsabilité aux municipalités le gouvernement avait
également l'obligation de leur transférer des ressources fiscales
équivalentes. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a
accepté de financer le fonctionnement des MRC à même le
programme que vous connaissez.
M. Dufour: Si je suis votre raisonnement, considérant les
schémas d'aménagement qui vont être adoptés, et
comprenant qu'immédiatement de grands changements ne sont pas
nécessaires, comme le gouvernement du Québec a payé en
grande partie ces schémas d'aménagement, est-ce que lorsqu'il y
aura des révisions en profondeur, votre attitude demeurera ou est-ce que
votre prise de position se collera à ce que vous venez de nous dire?
Vous nous dites: Pas de transfert d'obligations sans ressources
correspondantes. Je pense que cela va dans le sens des principes de la
fiscalité municipale. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Quant au schéma d'aménagement, est-ce que votre attitude
est ouverte par rapport à cela pour l'avenir? Il va certainement y avoir
des réformes ou des changements en profondeur dans certains
schémas d'aménagement avec le temps. Est-ce que vous pensez
déjà que cet engagement que vous nous indiquez actuellement ou
que cette vision que vous avez ou que cette prise de position pourrait
s'appliquer?
M. Bourbeau: Bien, elle s'applique déjà. Alors, je
ne comprends pas le sens de la question.
M. Dufour: Elle s'applique pour le moment,
mais il y a des schémas d'aménagement qui, pour certaines
raisons, devront à être révisés en profondeur un de
ces jours. Les schémas d'aménagement ne sont pas ad vitam
aeternam. Il faut qu'ils soient remis en question à des dates
prévisibles. Cela peut être trois ans, quatre ans, cinq ans.
Est-ce qu'à ce moment les municipalités auront accès
à des sources de revenus pour ces changements?
M. Bourbeau: Écoutez, la révision des
schémas d'aménagement n'est pas une opération semblable
à la confection originale d'un schéma d'aménagement. Quand
on a commencé à zéro, il a fallu faire tout un travail
d'inventaire de la MRC et des lieux. C'est un travail qui n'avait jamais
été fait. On est parti de zéro. Là, quand on voudra
faire la mise à jour des schémas, cela fera partie à
toutes fins utiles des dépenses de fonctionnement. La MRC doit
continuellement mettre à jour son schéma d'aménagement.
C'est un travail incessant. Un schéma d'aménagement n'est pas un
objet statique, cela évolue avec la société
elle-même. De sorte qu'il n'y aurait pas lieu, selon nous, de mettre sur
pied un nouveau programme pour confectionner des nouveaux schémas. On
n'a qu'à maintenir les schémas en bonne condition. C'est un peu
comme une résidence ou une automobile. Si on ne s'en occupe pas pendant
quelque temps, évidemment, il peut y avoir des problèmes majeurs.
Mais si on les entretient continuellement, qu'on s'en occupe et qu'on les fait
évoluer au fil de la conjoncture, je crois qu'on n'aura jamais à
investir des sommes importantes pour repartir de zéro.
M. Dufour: Ce que vous dites est vrai en partie, à savoir
que, si on tient cela en bon ordre, cela devrait être bon tout le temps.
Mais, comme il y a plusieurs ministères qui sont impliqués sur le
territoire du Québec, il peut arriver, pour certaines raisons, que les
orientations changent en cours de route. Moi je peux vous dire que dans des
plans d'urbanisme j'ai vu des réformes en profondeur pour certaines
raisons, parce qu'il y avait eu des changements, des modifications. Quand il y
a trop de modifications... C'est comme une automobile, si je reprends votre
exemple. L'automobile qui est entretenue, etc., à un moment
donné, il faut la changer quand même. On ne peut pas mettre une
aile et coller une automobile après. Il faut, à un moment
donné, décider de changer et regarder en profondeur. Cela
pourrait arriver et je pense que c'est un point de vue. Ce que j'exprime, c'est
que vous devez être conscient que cela peut se produire pour certaines
raisons.
On parle d'hydroélectricité et on pourrait parler d'autres
phénomènes qui pourraient arriver dans la nature: par exemple,
des disparitions de municipalités. En tout cas, je pense qu'il y a une
infinité de problèmes qu'on n'a peut-être pas à
l'esprit actuellement au moment où on se parle, mais qui sont
susceptibles d'arriver sur l'ensemble du territoire du Québec. Que vous
me disiez qu'il n'y aura pas de schémas qui vont être
révisés en profondeur dans les cinq prochaines années, moi
j'ai de la difficulté à accepter cela à première
vue. L'expérience qu'on a dans le domaine municipal, comme dans le
problème d'urbanisme surtout - c'est surtout cela qu'on connaît -
nous dit que parfois ça demande des réformes relativement
profondes. Il peut y avoir des terrains qui... ou des choses qui se produisent
en cours de route qui ne sont pas prévisibles, mais qui vont demander
des sommes d'argent. Cela pourrait aussi être demandé par des
ministères. On pourrait découvrir dans une MRC qu'il y a une zone
à haut potentiel de risque qu'on ne connaît pas actuellement. On
parle de tout ce qui se passe dans l'environnement. On n'entendait pas parler
de cela avant; ces dépotoirs où on enterrait et on enfouissait
des choses, ça ne causait pas de problème. À un moment
donné, cela coûte des fortunes. La ville de La Salle est un
exemple. Il y a d'autres municipalités où on parle de la
même chose: des BPC, des HAC, des HUP, je ne sais trop. Il y a un paquet
de phénomènes qui se produisent et qui pourraient amener des
changements profonds aux MRC. À ce moment, cela pourrait vouloir dire un
nouveau schéma, à toutes fins utiles. Si je prends ce que vous
avez dit au départ, "pas de transfert de responsabilités", c'est
évident que si ces cas se présentaient, j'imagine qu'il pourrait
y avoir de l'aide spéciale de la part du ministère. C'est une
hypothèse, bien sûr, mais une hypothèse plausible qui va
sûrement arriver.
M. Bourbeau: M. le Président, de toute façon, les
schémas sont en vigueur pour au moins cinq ans. Pour les cinq
premières années, il n'y a pas de problème. Au bout de
cinq ans, on verra. Si jamais il appert qu'on ait besoin d'une mise à
jour tellement importante que ce serait assimilable à la confection de
nouveaux schémas, à ce moment, le gouvernement étudiera la
question.
M. Dufour: D'accord. A la suite de l'adoption du projet de loi
88, il y a eu le pouvoir de demander des changements. Pourriez-vous nous
dresser un tableau sur cette question depuis l'adoption de la loi 88? Toutes
les municipalités qui pouvaient demander des changements, soit pour la
représentation, certains pouvoirs, etc., ont actuellement fait leurs
demandes. Sur 95 MRC, combien, par exemple, ont demandé des changements
ou ont fait des résolutions?
M. Bourbeau: Le député parle-t-il...
M. Dufour: Du projet de loi 88. Ils avaient jusqu'au mois
d'avril?
M. Bourbeau: Vous voulez parler de la
réouverture des lettres patentes.
M. Dufour: De la réouverture des lettres patentes. C'est
cela. Ma question est plus claire.
M. Bourbeau: Environ 70.
M. Dufour: Environ 70. Auriez-vous une idée, un peu de ce
que seraient ces changements qui sont demandés? Est-ce que c'est pour la
représentativité, le nombre de votes... ?
M. Bourbeau: Je crois qu'il est trop tôt pour le dire parce
que tout ce que les municipalités avaient à faire pour le 1er
avril, c'était de faire parvenir une résolution à la MRC,
disant qu'elles avaient l'intention de rouvrir les lettres patentes. Elles
n'avaient pas besoin de donner d'explication, à ce moment. Il s'agissait
simplement de la décision de rouvrir les lettres patentes. La loi 88
disait que si une seule municipalité, dans une MRC, voulait une
réouverture des lettres patentes, il devait y avoir une telle
réouverture automatiquement. Donc, il est un peu tôt pour savoir
quels seront les sujets de discussions. Tout ce qu'on peut dire à ce
moment, c'est qu'il semble que ce soit très majoritairement les villes
ou les grandes villes qui demandent la réouverture des lettres patentes.
On peut présumer que les modifications recherchées par ces villes
tourneront autour du vote au sein des MRC, du pouvoir décisionnel des
villes par rapport aux villages ou aux municipalités rurales. (11 h
15)
M. Dufour: J'ai été informé d'un nouveau
découpage qui va se présenter pour la MRC d'Acton. Ces lettres
patentes ont été ouvertes par la loi 88, j'ai examiné la
loi et je n'ai pas vu... Comme les territoires avaient été
adoptés par décret gouvernemental, j'ai l'impression qu'ils
peuvent être changés par décret aussi. Est-ce que la
décision que vous venez de prendre concernant la MRC d'Acton, est une
indication que le moratoire concernant le découpage des MRC serait
levé?
M. Bourbeau: Depuis la mise en vigueur des MRC, ou la
constitution des MRC, il y a des cas problèmes qui subsistent depuis le
tout début. Le cas le plus virulent et le plus connu est certainement
celui de la MRC d'Acton. C'est un des premiers dossiers dont on m'a
parlé dès mon accession au poste de ministre des Affaires
municipales. Mes prédécesseurs avaient toujours soutenu et
affirmé qu'ils ne voulaient pas toucher aux limites territoriales des
MRC pour un certain temps. Vous parlez d'un moratoire et c'est effectivement
l'équivalent d'un moratoire. Quant à moi, j'ai
déclaré aux municipalités ou aux MRC qui me parlaient de
rouvrir les lettres patentes pour modifier les limites territoriales que, pour
être logique avec moi-même, je voulais en premier lieu
régler la question fondamentale et plus globale de l'avenir des MRC. Une
fois qu'on aurait réglé d'une façon définitive la
question de l'avenir des MRC dans leur globalité, on regarderait les
problèmes spécifiques des MRC qui avaient des problèmes de
limites territoriales. Étant donné que nous avons adopté
la loi 88 en décembre 1987, je dois dire que dès le début
de 1988 le ministre est passé à l'action, qu'il a donné
suite à ses engagements et qu'il a commencé à regarder
avec les fonctionnaires les quelques problèmes qui subsistent, dont, au
premier chef, le problème des limites territoriales de la MRC d'Acton.
J'ai délégué sur place une équipe de
fonctionnaires, dirigée par le sous-ministre adjoint aux Affaires
municipales qui s'occupe de ces dossiers, qui a fait une enquête en
profondeur et qui a rencontré toutes les parties
intéressées et tous ceux qui ont voulu se faire entendre: les
maires et les deux MRC en question. Nous sommes également
retournés au dossier que nous avions au ministère. Nous avions un
dossier très épais sur la question de la MRC d'Acton. Les quatre
municipalités dissidentes n'avaient, essentiellement, à peu
près jamais assisté à aucune des réunions de la MRC
au cours de toutes ces années. Elles avaient demandé à de
très nombreuses reprises d'être détachées de cette
MRC, elles avaient tenu un référendum et elles avaient
intenté des actions en justice. Bref, elles avaient à peu
près tout fait ce qui est possible de faire pour indiquer leur manque
d'intérêt dans la MRC d'Acton et pour tenter de prouver leur
manque d'appartenance à ce milieu. Alors, à la suite de cette
étude technique qui a été faite par les fonctionnaires du
ministère, j'ai décidé de donner suite aux conclusions de
cette étude et de recommander le détachement de la MRC d'Acton
des quatre municipalités dissidentes. Voilà, M. le
Président. Le député de Jonquière n'a pas beaucoup
écouté, mais en tout cas!
M. Dufour: Voulez-vous compléter?
M. Bourbeau: Je disais que le député de
Jonquière n'avait pas beaucoup écouté la réponse,
mais il semble qu'il soit plus intéressé par les questions que
par les réponses.
M. Dufour: Cela ne fait rien, je vais le relire c'est parce que
je parlais... Mon problème c'est que j'aurais du matériel pour
peut-être plus d'une journée. Il va falloir condenser et il va
falloir sauter des morceaux de nos questions, malheureusement. Je suis
convaincu qu'on aurait pu faire un travail d'au moins une couple de jours sur
cela. Ce ne sont pas les questions qui vont manquer. Je prendrai sur moi de
lire les réponses que vous nous donnez concernant les questions. Il me
semble que les questions qu'on pose sont assez importantes. C'est pour cela que
je vais essayer de les ramasser un peu plus pour faire avancer le dossier plus
vite.
La table Québec/municipalités
A la table Québec-municipalités, des problèmes ont
été soulevés par bien des municipalités du
Québec concernant le peu de cas que faisaient les différents
ministères de cette table. M. Bourassa s'est engagé à
sensibiliser les différents ministères ou les différents
ministres à cette table. Est-ce qu'il y a maintenant une
amélioration? Est-ce que ce message est transmis? Est-ce que les
différents ministres sectoriels vont en tenir compte plus qu'avant?
M. Bourbeau: M. le Président, la table
Québec-municipalités n'existe pas depuis tellement longtemps,
depuis quelques années à peine, et, dès mon arrivée
en poste, j'ai déclaré mon intention de continuer à
utiliser ce véhicule et même d'accentuer son usage, si possible.
Contrairement à ce qu'affirme le député, je pense, quant
à moi, que les ministères reconnaissent de plus en plus
l'importance de ce forum qu'est la table Québec-municipalités
pour tenter de communiquer avec le monde municipal, d'obtenir son
adhésion, enfin pour l'informer et aussi obtenir son opinion sur un
grand nombre de sujets qui affectent non seulement le ministère des
Affaires municipales, mais aussi d'autres ministères. Selon les
indications que j'ai, sous le présent gouvernement, certainement autant
de ministres, sinon plus, sont venus à la table
Québec-municipalités que sous l'ancien gouvernement. Je dois dire
que nous avons une table Québec-municipalités prévue pour
cette semaine, où il y a trois ministres au programme autres que le
ministre des Affaires municipales. C'est donc dire que le gouvernement se
préoccupe grandement de la table Québec-municipalités et
qu'elle est considérée comme un forum très
intéressant pour les ministères, pour la discussion de leurs
projets de loi.
Je peux dire de mémoire que, parmi les ministres qui sont venus
à la table Québec-municipalités depuis deux ans, il y a
certainement le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, le ministre de l'Environnement, le Solliciteur
général, le ministre des Transports, le président du
Conseil du trésor, et que, cette semaine, il y aura le ministre
délégué aux Affaires sociales, la ministre
déléguée à la Condition féminine, et j'en
passe, M. le Président, je suis sûr que j'en ai oublié.
M. Dufour: J'aimerais juste faire une mise un point. Il ne
faudrait pas que vos propos soient contradictoires quand vous dites qu'il y a
plus de ministres qu'avant et que vous nous dites en même temps
que la table Québec-municipalités n'existe pas depuis longtemps.
J'en suis bien conscient, j'ai été pratiquement à
l'origine de cette table Québec-municipalités. Cela a
commencé en 1984, si ma mémoire est fidèle, ou en 1983, et
il y avait peut-être un peu moins de problèmes et on en
réglait peut-être un peu plus.
Les schémas d'aménagement n'étaient pas
acceptés à ce moment, et on ne se plaignait pas des rencontres
des ministères; j'ai participé à ces tables avec plusieurs
ministres. Je pense que c'est votre responsabilité comme ministre des
Affaires municipales de la faire évoluer et d'amener vos
collègues à venir discuter avec les élus municipaux. Cela
va de ce côté, mais concernant le blâme à
l'égard de l'ancien gouvernement selon lequel les ministres
n'étaient pas là, je voulais juste faire cette mise au point: ils
étaient là quand on en avait besoin et ils n'étaient pas
là quand on n'en avait pas besoin.
M. Bourbeau: Je constate, M. le Président, que pour une
fois le député de Jonquière et moi sommes sur la
même longueur d'onde et nous constatons que le présent
gouvernement utilise beaucoup la table Québec-municipalités comme
canal de consultation entre les différents ministères et le monde
municipal. Bravo!
M. Dufour: Excepté que l'UMQ a une vision que tout n'est
pas tout à fait correct et qu'elle s'attend à plus de
collaboration.
M. Bourbeau: M. le Président, je regrette. Le
député de Jonquière n'était pas présent
à la rencontre que j'ai organisée entre l'UMQ et le premier
ministre. La demande est venue de l'Union des municipalités et j'ai
recommandé au premier ministre de rencontrer l'UMQ. Lors de cette
rencontre, l'UMQ a reconnu que la table Québec-municipalités
était un canal important et a demandé au premier ministre de
continuer à la privilégier. Elle n'a pas prétendu que les
ministres ne la reconnaissaient pas. Elle a simplement demandé qu'on la
reconnaisse davantage, qu'on accentue cette reconnaissance et elle a
demandé qu'on institue cette rencontre annuelle des élus
municipaux avec le premier ministre. Pour moi, il n'y a rien d'anormal
là-dedans. La chambre de commerce rencontre également le premier
ministre annuellement et un grand nombre de groupes représentatifs de
secteurs de la population ont l'habitude de rencontrer le premier ministre. Il
n'y a donc pas à penser, parce que cela se fait dans le monde municipal,
que c'est un vote de non-confiance envers le ministre. De toute façon,
je ne le vois pas comme cela.
M. Dufour: En tout cas, je ne peux pas faire autrement que de
citer les écrits du président de l'Union des municipalités
du Québec qui parle des "difficultés que le monde municipal a
connues l'an dernier face aux différents ministères qui tentaient
d'imposer d'en haut leurs politiques. Il devenait essentiel de sensibiliser le
gouvernement tout entier et d'abord son chef... " Après cela, il parle
de la table Québec-municipalités. Il veut que ce soit une
structure formelle de concertation et le seul véhicule de consultation
officielle du monde municipal.
M. Bourbeau: C'est ce qu'elle est présentement.
M. Dufour: Donc, je ne pense pas que je sois dans l'erreur en
disant cela, même si je n'y ai pas assisté. Vous, comme d'autres,
il y a des fois où vous n'y assistez pas. Quand même que je vous
dirais que c'est vous qui faites toutes les actions dans votre
ministère, ce serait de la folie furieuse. Vous en êtes le
responsable. Je suis convaincu que vous ne pouvez pas voir à tout ce qui
se passe, à moins d'être partout. Vous ne me demanderez pas
d'être là. D'abord, il y a une bonne raison, je ne suis pas
invité. Je ne peux pas être là. C'est clair que je suis
obligé de prendre ce qui passe et que je suis obligé
d'interpréter.
M. Bourbeau: Ce sont des débats paisibles, M. le
Président.
M. Dufour: Je suis obligé de dire que par rapport...
Allons au programme ReviCentre. Il y a 4 200 000 $ qui semblent
être des crédits périmés. Est-ce que c'est le cas ou
si ce sont des fonds de programmes?
M. Bourbeau: On est au programme 1? D'accord.
M. Dufour: Toujours au programme 1.
M. Bourbeau: M. le Président, le niveau des
dépenses autorisées était de 32 300 000 $. Les
dépenses au 31 mars 1988 sont de 50 681 555 $, laissant un solde de 1
618 444 $ pour les dépenses autorisées. Ce montant-là n'a
pas été dépensé et, à toutes fins utiles, ce
sont des fonds périmés. Ce n'est pas parce que le gouvernement
n'était pas disposé à verser ces fonds-là, c'est
parce que certaines municipalités n'ont pas dépensé la
totalité de l'enveloppe qui leur avait été consentie.
Forcément, le gouvernement, à ce moment-là, ne peut pas
débourser des fonds, puisque les municipalités n'ont pas fait les
travaux.
M. Dufour: II y aura 1 618 444 $ périmés. Mais,
actuellement, il y a plusieurs municipalités qui demandent, qui
insistent, pour que ce programme ait une suite. En même temps, il y a des
municipalités qui n'ont pas pu en profiter et qui demandent,
carrément, que ce programme-là soit remis en fonction pour
pouvoir en profiter. Est-ce que c'est votre intention d'examiner cela
sérieusement?
M. Bourbeau: Le programme ReviCentre est un programme de relance
économique qui a été mis en vigueur en 1984. Il a
été pensé en 1983 et mis en vigueur en 1984. Il avait pour
but, bien sûr, d'aider à la création d'emplois dans un
contexte économique difficile. Présentement, le contexte n'est
pas forcément le même. Le taux de chômage a diminué.
La création d'emplois est assez remarquable, une des meilleures,
d'ailleurs, depuis de très nombreuses années. On ne voit pas, au
départ, qu'il soit important, pour la relance économique en tout
cas, de remettre sur pied le programme ReviCentre tel quel. Maintenant, je ne
dis pas que le gouvernement, éventuellement, ne pourrait pas mettre sur
pied un programme comme ReviCentre. On verra.
M. Dufour: Donc, le montant qui demeure est
périmé.
M. Bourbeau: Forcément, puisqu'il n'a pas
été dépensé par les municipalités. On ne
peut pas le distribuer si les municipalités n'ont pas fait les
travaux.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Baril): Je comprends que le programme 1
des Affaires municipales est adopté. Est-ce que j'ai compris qu'il est
adopté?
M. Dufour: Le programme 1?
Le Président (M. Baril): Le programme 1, oui.
M. Dufour: Oui, oui.
Le Président (M. Baril): C'est parce que je n'avais pas
compris.
M. Dufour: Je ne l'avais pas dit. Je m'excuse. (11 h 30)
Le Président (M. Baril): Je comprends. Programme 2?
Aide et surveillance administratives et
financières
___M. Dufour: Concernant la surveillance de la gestion
municipale, est-ce que vous pourriez nous donner un portrait global de ce qui
se passe dans les municipalités? Est-ce qu'il y a beaucoup de
municipalités qui font des plaintes? Est-ce qu'il y a eu une
augmentation des plaintes? Est-ce qu'on peut avoir un tableau a peu près
complet de ce qui se passe dans les municipalités parce que, quand on
regarde le tableau dans le rapport annuel, on n'a pas beaucoup d'informations
là-dessus?
M. Bourbeau: M. le Président, comme le
député le sait, ce programme d'aide, et de surveillance
administratives et financières vise à fournir aux
municipalités et aux communautés urbaines et régionales
l'assistance technique, à exercer la surveillance requise en
matière de gestion financière et administrative ainsi qu'à
alléger leur fardeau fiscal. Le ministère fait
périodiquement des vérifications dans des cas qui sont
portés à l'attention du ministère. On m'indique que,
depuis quelque temps, le nombre de plaintes a augmenté sensiblement et
nos services doivent travailler d'arrache-pied pour faire les
vérifications qui sont nécessaires dans les cas où les
plaintes nous apparaissent sérieuses.
M. Dufour: II y a un certain nombre de plaintes qui ont
été faites durant l'année. Sur ce nombre, combien y en
a-t-il qui ont été transférées à la
Commission municipale plutôt qu'à, non pas des inspecteurs, mais
à des vérificateurs ou à des comptables? Des plaintes ont
été faites durant l'année, combien y en a-t-il qui ont
été transférées à la Commission
municipale?
M. Bourbeau: Les dossiers qui sont traités par la
Commission municipale sont essentiellement le dossier de Schefferville et celui
de Chibougamau. Ce sont les deux cas où la Commission municipale fait
actuellement une enquête et où les municipalités sont en
tutelle.
M. Dufour: Ce sont les plaintes que vous avez
transférées. Est-ce que la Commission municipale elle-même
a pris sur elle de faire certaines enquêtes?
M. Bourbeau: Non. La Commission municipale a agi à la
demande du ministre ou du gouvernement, selon le cas, et elle n'a pas pris
d'initiative personnelle dans ces cas-là. Bien sûr, il s'agit
d'enquêtes sur l'administration des municipalités. Il ne s'agit
pas de plaintes de fonctionnaires qui auraient été suspendus ou
démis de leurs fonctions et qui font appel à la Commission
municipale. Dans ces cas, la Commission municipale entend les plaintes de son
propre chef sans qu'il y ait aucune intervention de la part du ministre, du
ministère ou du gouvernement.
M. Dufour: Je reviendrai à la surveillance de la gestion
municipale. Je vais passer aux éléments 2, 3 et 4 en même
temps. À l'élément 2, autres rémunérations,
il y a une augmentation de 170 000 $ à 226 000 $. Cette hausse est-elle
pour des contrats supplémentaires que vous prévoyez donner? C'est
dans la ventilation des crédits, traitements et autres
rémunérations, 170 000 $ à 226 000 $.
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait me dire
à quel...
M. Dufour: C'est toujours au programme 2, aide et
surveillance...
M. Bourbeau: À quel élément?
M. Dufour: Ventilation des crédits, élément
2.
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: 1. Traitements; 2. Autres rémunérations.
En 1987-1988, il y a 170 000 $; en 1988-1989, 226 000 $. Est-ce que ce sont des
contrats que vous donnez ou des employés que vous embauchez? C'est
à fonctionnement-personnel.
M. Bourbeau: Ce sont des emplois occasionnels accordés
selon les politiques en vigueur actuellement au gouvernement.
Pour ce qui est des contrats dont pariait le député, les
services professionnels, il faut regarder à l'élément 4.
La somme consacrée passe de 185 500 $ à 179 300 $, soit une
réduction de 6, 2 %.
"M. Dufour: II y a une augmentation assez importante au fonds de
péréquation. Est-ce qu'il y a une explication à
ça?
M. Bourbeau: Oui, effectivement, les crédits sont de
l'ordre 17 858 500 $, une augmentation de 3 558 500 $. Pour ce qui est des
explications au sujet de cette augmentation, c'est un programme normé et
on doit prévoir les fonds nécessaires pour faire en sorte que les
municipalités qui ont droit au fonds de péréquation
reçoivent leur subvention. Au moyen de ce programme, comme vous le
savez, le gouvernement vient en aide aux corporations municipales dont la
richesse foncière par tête est inférieure à 66 2/3 %
de celle de l'ensemble des municipalités.
Le montant de la subvention est établi en fonction de deux
facteurs: l'ampleur de l'écart entre la richesse foncière par
tête de la municipalité bénéficiaire et celle de
l'ensemble des municipalités et, deuxièmement, l'effort fiscal
fourni par les contribuables de la municipalité concernée.
En 1988, comme je l'ai dit tantôt, la somme de 17 858 500 $ sera
répartie entre 550 municipalités. Le paiement moyen devrait se
situer à 32 470 $ pour chacune de ces 550 municipalités. J'ai
donné au député les normes de base et les sommes. Tout ce
qu'on peut dire, si les montants augmentent cette année, c'est qu'on
estime que l'ampleur de l'écart entre la richesse foncière
uniformisée par tête de la municipalité
bénéficiaire et celle de l'ensemble des municipalités sera
plus importante cette année que l'an dernier ainsi que l'effort fiscal
fourni par les contribuables.
M. Dufour: Si l'augmentation est plus que l'indexation du
coût de la vie et que l'augmentation des budgets municipaux - je suis
convaincu de ça, c'est 3 sur 14, c'est-à-dire près de 20 %
- est-ce que cela veut dire que les municipalités sont plus pauvres? On
est supposé de vivre dans un temps de richesse actuellement. Cela
veut-il dire que les municipalités sont plus
pauvres par rapport à ce qu'elles étaient?
M. Bourbeau: M. le Président, disons que, entre 1986 et
1988, on est passé d'un nombre de municipalités admissibles au
programme de 501 à 550. Le député sait qu'il y a 1500
municipalités au Québec. Donc, une augmentation des
municipalités admissibles. On est passé d'une somme, en 1986, de
28 429 $ à 32 470 $ par municipalité. On peut donc conclure
qu'à cause de l'augmentation de la richesse foncière de
l'ensemble des municipalités du Québec, l'évaluation
foncière ou la richesse foncière de certaines
municipalités plus petites augmente moins rapidement que celle de
l'ensemble des municipalités du Québec. Dans ce sens-là,
l'écart s'est certainement accru depuis 1986 par rapport à 1988,
mais le gouvernement corrige cet écart avec le fonds de
péréquation, d'où l'utilité du fonds de
péréquation.
M. Dufour: Oui, mais une augmentation de 10 % du nombre de
municipalités qui ont accès au fonds de péréquation
semble un phénomène assez important. Quant à moi, en tout
cas, je pense qu'il devrait y avoir une étude plus approfondie pour
s'assurer que cela ne se poursuivra pas indéfiniment. La
fiscalité, ce n'est pas dans ce sens-là; je pense que cela
devrait être l'exception. Mais là, plus du tiers des
municipalités ont accès au fonds de péréquation.
Cela veut donc dire qu'il y a un phénomène qui se passe. Vous
avez peut-être raison de dire que certaines municipalités voient
leur évaluation foncière augmenter plus, mais il faut dire aussi
qu'il y a de très petites municipalités - et ce devrait
être celles-là, je suppose, qui devraient avoir accès au
fonds de péréquation - qui n'ont pas les moyens. À ce
moment-là, cela devient un phénomène significatif à
mes yeux.
Je ne sais pas si je peux prendre les explications que vous nous donnez
sans chercher plus longtemps, mais il me semble que le ministère serait
bien avisé de voir un peu en long et en large de quoi il en retourne
avec cette affaire-là. C'est un phénomène impressionnant,
10 % d'augmentation des municipalités qui auront accès au fonds
de péréquation. Est-ce que c'est dû au fait que l'assiette
fiscale des grosses municipalités augmente beaucoup? Mais, cela
n'enlève pas les problèmes, d'après ce que je vois, parce
qu'on continue à éprouver des problèmes majeurs dans ces
coins-là. C'est un phénomène différent de celui
qu'on est habitué de vivre. Est-ce parce que le ministère donne
de l'argent, que cela a pas augmenté le coût de la vie dans ces
petites municipalités, ou est-ce juste à cause des normes et des
calculs que cela arrive comme cela? Je serais curieux de voir le
phénomène, pourquoi cela se produit ainsi pour 49
municipalités.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'il est trop
tôt pour tirer des conclusions, comme le fait le député,
sur un état de détérioration appréhendée de
la situation financière des petites municipalités. On pourrait
fort bien penser également que, depuis 1985, depuis deux ou trois ans,
nous avons vécu une période de relance économique
importante qui a été accompagnée d'une poussée
inflationniste importante en ce qui concerne la valeur des immeubles. La
spéculation foncière s'en est également mêlée
et, d'une façon générale, les propriétés
immobilières ont pris une plus-value extrêmement importante,
principalement dans les grandes villes et dans les villes.
On pourrait aussi penser que la richesse foncière est plus stable
dans les villages et les municipalités rurales. Peut-être qu'en
période de spéculation, la spéculation frappe moins fort
dans les petits villages, mais peut-être qu'en période de
récession ceux-ci sont également moins frappés. Alors, je
pense qu'il faudrait attendre quand même un certain nombre
d'années pour voir si la situation ne se résorbera pas. Il est
possible qu'à court terme la plus-value, la spéculation
foncière cesse ou plafonne dans les grandes villes et que la situation
se rétablisse. Quant à moi, je réserverais mon jugement
encore pour un an ou deux avant de tirer des conclusions définitives.
(11 h 45)
M. Dufour: M. le Président, j'admire le stoïcisme du
ministre des Affaires municipales devant les problèmes qui s'accumulent.
Il n'a pas l'air de vouloir réagir. Il me semble que ma question
était simple. Je vais la poser différemment. Quelqu'un qui est
intéressé par le monde municipal et qui voit des
phénomènes comme cela se produire, le moins qu'il puisse faire
c'est d'aller regarder ce qui se passe et non de dire: Je vais attendre pour
voir s'il y aura encore une détérioration dans cinq ans, dans
trois ans ou dans quatre ans. Il me semble que, logiquement, il y a un
phénomène qu'on peut identifier de 501 à 550. C'est gros,
c'est 10 % d'un coup. Quelqu'un qui est préoccupé par le monde
municipal va regarder cela. Cela ne veut pas dire qu'il doit prendre peur et
dire qu'il va arranger cela demain matin, mais, au moins, qu'il étudie
le phénomène. Si cela s'accentue, il aura des réponses
avant que le problème ne devienne cancéreux. Il faut prendre des
décisions avant. J'imagine qu'il doit être pareil dans sa vie
privée. Il doit regarder ce qui se passe et se dire que cela ne
dérange pas. On va attendre et voir ce que cela va donner. Puis, quand
viendra le temps de se faire couper le bras, eh bien, il se le fera couper.
Moi, ce n'est pas comme cela que je vois cela.
Je pensais ma question très pertinente. Je disais au ministre
qu'il y a un phénomène qui est là. Le feu n'est pas pris.
Mais, avant qu'il ne prenne, on regarde pour voir quelle est la tendance. S'il
faut faire des études, on ne recommence pas toujours, on ne
réinvente pas la roue. On commence par faire des choses et
ensuite on regarde comment cela se suit. M. le ministre dit: On va
attendre plus tard. C'est son problème. Quand il y aura quelque chose
à faire, on jouera le rôle de pompier, on réglera les
problèmes quand ils seront arrivés plutôt que d'essayer de
les prévoir. C'est sa décision, non la mienne. Cela va pour moi
pour cette question.
Si vous voulez revenir à la ville de Québec et à la
subvention spéciale. J'ai devant moi le montant que prévoyait la
ville de Québec en revenus ou en pertes de revenus concernant le
gouvernement, soit les baisses de subventions du gouvernement du Québec.
Il y a une baisse de...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que le
député pourrait me dire à quel endroit ou poste des
crédits?
M. Dufour: Je parle de la subvention. C'est toujours à
l'élément 21, aide financière aux municipalités.
Une aide spéciale a été accordée à la ville
de Québec, un montant de 5 000 000 $.
Quand j'examine La Gazette de Québec que la ville de
Québec fait parvenir à nos domiciles, pour ceux qui demeurent
à Québec, il y avait une diminution aux organismes communautaires
de la part du gouvernement du Québec - pour le gouvernement
fédéral, c'est un peu moins gros, 300 000 $ - il y a une
diminution ou un manque à payer de la part du gouvernement du
Québec à cause de différentes diminutions, probablement
dues à des transferts fiscaux ou des choses semblables. Cela
représentait 4 650 000 $. Cela veut dire que la subvention de 5 000 000
$ qui a été accordée à la ville de Québec
était juste un remplacement de ce que vous n'aviez pas à donner.
Ce n'est pas un plus dans le fond.
M. Bourbeau: M. le Président, le gouvernement a
accepté de payer 5 000 000 $ par année à la ville de
Québec pour compenser ses dépenses à titre de capitale.
Nous avons versé les 5 000 000 $. Je ne sais pas pourquoi le
député parle de cela.
M. Dufour: C'est que cela ne vous coûtait pas cher.
Quelqu'un a fait l'analyse avant de donner 5 000 000 $. C'est un remplacement
de ce que vous n'aviez pas à donner cette année. Cela ne
coûte pas plus cher au gouvernement.
M. Bourbeau: Bien, ce n'est pas un remplacement du tout. C'est de
l'argent nouveau. Ce sont 5 000 000 $ qui n'étaient pas payés
l'année précédente.
M. Dufour: Je suis obligé de vous dire, quand je regarde
les "en lieu" qui ont été payés en 1987 à la ville
de Québec par rapport à 1988, qu'il y avait une différence
de 4 650 000 $. Vous avez accordé 5 000 000 $.
M. Bourbeau: M. le Président, le député
mélange des pommes et des oranges. On est au programme 2,
élément 2. Si on regarde les crédits pour l'année
1987-1988, on avait 524 000 $. Cette année, on a 5 542 000 $. C'est donc
dire qu'on a ajouté 5 018 000 $ et, là-dessus, il y a 5 000 000 $
pour la ville de Québec. Que le député ne vienne pas dire
que c'est moins. Ce n'est pas moins. C'est 5 000 000 $ en argent nouveau qui
est accordé à la ville de Québec pour la compenser les
dépenses qu'elle encourt à titre de capitale.
M. Dufour: D'accord. Les municipalités, au printemps de
1987, se sont plaintes qu'il y avait des transferts fiscaux et qu'il y avait
des diminutions prévisibles des montants qui seraient accordés
par les différents gouvernements. Je fais allusion et j'ai en main le
rapport ou le budget de la ville de Québec concernant les recettes. Ce
chapitre est intitulé: "Compensations tenant lieu de taxes". Pour le
gouvernement du Canada, il y a 5, 6 % de diminution. Cela représente 300
000 $. Il y a le gouvernement du Québec, compensation à la suite
du dépôt du nouveau rôle d'évaluation...
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. M. le Président, question de règlement.
M. Dufour:... il y a une diminution de 3 000 000 $...
Le Président (M. Baril): Un instant! M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais que le
député nous dise si on est toujours au programme 2,
élément 2. Pour moi, le député fait
référence à des postes que je n'ai pas devant moi. Si le
député veut qu'on discute intelligemment, il faudrait qu'on
discute sur les sujets qui sont devant nous. Je suis rendu au programme 2,
élément 2. Alors, j'aimerais bien qu'on discute de cela.
M. Dufour: Toujours...
M. Bourbeau: Sans cela, ce sera une cacophonie, M. le
Président. On ne se retrouvera pas.
M. Dufour: M. le Président, je suis toujours à
l'élément 2. Il s'agit d'une subvention qui a été
accordée par le gouvernement du Québec à la ville de
Québec.
M. Bourbeau: D'accord.
M. Dufour: Donc, ce montant, je veux bien croire qu'il est
inscrit, comme les 5 000 000 $ que vous avez donnés. Ce que je voulais
juste» vous faire dire, c'est que les 5 000 000 $ que vous avez
donnés n'ont pas coûté cher globalement au gouvernement du
Québec, parce qu'il a joui d'une diminution de 4 600 000 $ dans ses
"en lieu" de taxes.
M. Bourbeau: Mais cela...
M. Dufour: C'est cela. Vous les donnez les 5 000 000 $, mais s'il
n'y avait pas eu ces transferts ou ces changements fiscaux qui sont difficiles
à expliquer d'ailleurs, et il y a un comité qui étudie
cela,... Il y a 4 600 000 $; donc, net, net, net, au gouvernement du
Québec, cela lui coûte 400 000 $.
M. Bourbeau: M. le Président, le député
oublie les fonds qu'on a ajoutés pour les MRC.
Si le député veut faire des ajouts et des
réductions...
M. Dufour: Pour la ville de Québec.
M. Bourbeau:... le député prend un poste où
l'on voit les diminutions au profit du gouvernement et prend un autre poste
où l'on ajoute 5 000 000 $. Moi, je peux en ajouter beaucoup d'autres
postes là-dessus dans la même comptabilité où le
gouvernement dépense plus d'argent cette année que l'an dernier
et revirer encore les calculs savants du député en une perte pour
le gouvernement. Il s'agit d'ajouter dans une seule colonne tous les chiffres,
tous les postes où le gouvernement dépense plus cette
année et on va faire la preuve que le gouvernement dépense plus.
Ce n'est pas en prenant au hasard deux postes dans le budget que le
député peut tenir un langage semblable.
M. Dufour: Ce ne sont pas des calculs savants. J'ai
démontré au départ que le budget des Affaires municipales
avait diminué. Vous avez beau me faire les entourloupettes que vous
voulez, à la fin il va manquer de l'argent par rapport à
1986-1987...
M. Bourbeau: C'est évident...
M. Dufour:... parce qu'il y a des coupures qui se font. Je dis
simplement qu'il y avait un rapport qui demandait de traiter votre capitale
comme il faut. C'est évident qu'il y a eu 5 000 000 $ de donnés,
mais ce sont des remplacements qui sont des pertes que la ville de
Québec a subies par rapport aux "en lieu" de taxes. Donc, c'est un
remplacement qui a été donné. Si cela avait
été 10 000 000 $, là, je serais obligé de vous dire
que, oui, vous avez fait un effort sensible. C'est 5 000 000 $. Espérons
que le rapport sur la réforme de la fiscalité que vous avez
entreprise va trouver d'autres solutions que celles-là. C'est dans ce
sens qu'allait mon intervention. Si la ville de Québec, en fin de
compte, n'a pas eu plus d'argent, si elle a eu 5 000 000 $, elle doit
être bien contente de cela, mais, dans le fond, cela a juste
remplacé le manque à gagner qu'elle avait par rapport aux
différents gouvernements. C'est juste cela que je voulais faire
ressortir et je pense que c'est clair. C'est une addition purement et
simplement. Elle n'a pas de subvention de MRC eux autres. C'est la ville de
Québec comme capitale. C'est dans ce sens que les 5 000 000 $ ont
été accordés.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, mais les "en lieu" de
taxes ce n'est pas au poste 2. Si le député veut parler de ce
poste, on en parlera tantôt, comme on parlera d'autre chose.
M. Dufour: Oui, mais je pense bien qu'on ne pourra pas faire
cette gymnastique-là indéfiniment. Je pense bien que, pour
quelqu'un qui est familier avec le municipal, vous comprenez ce que je dis. On
va peut-être parler tout à l'heure des "en lieu" de taxes. Moi, je
suis obligé de faire un rapprochement. Il y a eu 5 000 000 $
donnés. On va dire: C'est ça, 5 000 000 $ ont été
donnés, ils proviennent d'ailleurs. C'est 4 600 000 $ que vous n'avez
pas à donner. C'est habile, cela paraît bien vis-à-vis du
public, mais il faut toujours bien dire ce qui existe et ce qui s'est
passé réellement. Est-ce que vous avez l'intention de continuer
à travailler avec le rapport Lapointe concernant l'avenir de la capitale
ou si vous considérez que ce dossier est fermé?
M. Bourbeau: M. le Président, la commission Lapointe a
étudié pendant un bon bout de temps la question de l'avenir de la
capitale. Elle a fait des recommandations. Nous avons commencé à
étudier ces recommandations il y a un an. Nous avons conclu à
certaines décisions qui ont été annoncées à
la fin de l'année 1987 et au début de l'année 1988 de
sorte qu'une certaine partie, je dirais au moins 50 %, des conclusions de la
commission Lapointe sont traduites par des décisions prises par le
gouvernement. Nous continuons à réfléchir sur les autres
points qui restent en suspens. Je ne pense pas qu'on doive, à ce
moment-ci, nous reprocher de ne pas avoir pris position sur la totalité
des recommandations de la commission Lapointe. Cela a pris des années et
des années, sinon des décennies, avant que le gouvernement du
Québec s'intéresse d'une façon concrète comme cela
à la capitale. Nous avons déjà réglé 50 %
des dossiers qui ont été soumis par la commission Lapointe et, en
temps et lieu, nous réglerons les autres.
M. Dufour: On va suivre cela avec intérêt. À
la Commission municipale, le service quasi judiciaire en gestion municipale, on
n'a pas encore de rapport annuel. Tout à l'heure, j'ai essayé de
vous demander s'il y avait des changements. Pour revenir avec mes questions,
est-ce que vous êtes capable de nous tracer un tableau un peu succinct de
tout ce qui se passe? Nous avons de la difficulté à avoir le
rapport de la Commission municipale. Il arrive tard. En tout cas, nous ne
l'avons pas encore en main.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je pourrais
interrompre le député une seconde fois? Est-ce que le
député veut commencer des discussions sur la Commission
municipale maintenant et poser des questions sur la Commission municipale?
M. Dufour: Non, cela va aller directement à vous.
J'espère que vous allez me faire la même offre quand je vais
parler de la SAO.
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
veut qu'on discute de la Commission municipale - je croyais que c'était
à l'élément 5 - je vais immédiatement demander au
président de la Commission municipale de venir de sorte que, s'il y a
des questions tout à fait précises, la commission soit à
même d'avoir des renseignements de premier ordre. Alors, comme nous on
était à l'élément 2, je n'ai pas d'objection
à ce qu'on passe tout de suite à la Commission municipale. Il
faudrait peut-être attendre que le président soit ici. Est-ce que
le député accepterait de retarder de quelques minutes ses
questions pour nous permettre d'avoir la présence du président de
la Commission municipale?
M. Dufour: Je n'ai pas beaucoup de questions pour la Commission
municipale. Ce n'est pas là qu'est l'essentiel de mes propos. Je voulais
vous amener à certaines demandes d'enquêtes qui ont
été faites. C'était surtout adressé à vous.
Ce n'était pas à la Commission municipale, donc, je peux laisser
cela de côté. Je n'aurai pas nécessairement beaucoup de
questions pour la Commission municipale.
Enquête sur la ville de Saint-Laurent
Je vais passer immédiatement à l'enquête sur la
ville de Saint-Laurent. Il y a un problème. Le 1er novembre 1987, le
journal La Presse révélait qu'un changement de zonage
avait fait tripler la valeur d'un terrain appartenant au fils du commissaire
industriel de Saint-Laurent. D'autres citoyens avaient déjà fait
la demande sans résultat. Le lendemain, La Presse
révélait qu'en 1984 la ville avait acquis un terrain
appartenant au responsable des finances du parti du maire, et cela a pris
forme. La Sûreté du Québec a été saisie d'un
certain nombre de plaintes entourant des allégations de conflit
d'intérêts et de favoritisme. En novembre, le ministre s'est dit
troublé et exprimait son intention d'aller au fond des choses. Des
enquêteurs du MAM devaient aller sur place vérifier les
informations de La Presse. Le 13 février, le maire Laurin
réclame une enquête de la Commission municipale sur son mandat. Le
ministre Bourbeau refuse. Le porte-parole de l'Opposition - c'est-à-dire
moi - là-dessus estime que les deux vérificateurs ont fait un
travail superficiel refusant de consulter les dossiers de l'Opposition. Mes
questions sont les suivantes: Quels étaient ces vérificateurs?
Quel était leur mandat? Qu'est-ce qu'ils ont vérifié? (12
heures)
M. Bourbeau: M. le Président, les vérificateurs que
nous avons dépêchés à la ville de Saint-Laurent
étaient M. Réjean Ouellet et M. Frédéric Prescott,
comptables agréés, qui sont deux employés du
ministère des Affaires municipales et que nous considérons comme
étant parmi nos meilleurs et nos plus chevronnés
vérificateurs que compte notre service. Le mandat qu'ils ont reçu
du sous-ministre des Affaires municipales était de vérifier le
bien-fondé des allégations apparaissant dans une série
d'articles du journal La Presse relativement à des transactions
immobilières survenues dans la ville de Saint-Laurent.
M. le Président, j'attends les questions.
M. Dufour: Je ne pensais pas que vous aviez fini, vous aviez
l'air de chercher des choses.
M. Bourbeau: Pas du tout.
M. Dufour: Pourquoi refusez-vous toujours l'enquête? Vous
avez eu un rapport...
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour:... tellement concluant que vous n'avez pas
bougé. Vous avez dit: C'est concluant, on n'a plus besoin
d'enquête, on ferme les livres. Mais cela continue à brasser dans
ce coin-là.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends que le
député de Jonquière aimerait bien que cela brasse plus,
mais je ne peux quand même pas déclencher des enquêtes
royales ou une inquisition si je n'ai pas des éléments concrets
qui me permettent d'affirmer qu'il y a eu malversation. Les enquêteurs
que nous avons envoyés là, qui sont des gens d'expérience,
des fonctionnaires - non pas des politiciens qui pourraient être partiaux
ou avoir des velléités quelconques - des gens de carrière,
des comptables agréés, des vérificateurs qui sont
allés là sans aucune espèce de conclusion
préétablie, ces gens-là en sont venus à la
conclusion suivante, et c'est ce que j'ai dit dans ma lettre au maire de
Saint-Laurent: Les vérifications effectuées et l'information
colligée, tout comme l'étude qui en a été faite,
les consultations dont elles ont été assorties et les avis
obtenus ne permettent pas d'établir que l'administration de
Saint-Laurent aurait agit de façon irrégulière et qu'elle
aurait contrevenu aux lois ou réglementations municipales.
M. le Président, que veut le député de
Jonquière? Que moi, comme politicien, je m'arroge le droit de modifier
les conclusions de nos vérificateurs et de déclarer
unilatéralement que, contrairement à ce qu'affirment nos
vérificateurs,
il y a là matière à scandale? Je ne suis pas celui
qui est autorisé à faire les enquêtes, je ne suis pas un
enquêteur de carrière. Quand j'ai des fonctionnaires, en qui j'ai
confiance, qui me disent qu'après avoir fait tout ce qu'ils avaient
à faire les vérifications ne permettent pas d'établir que
l'administration de Saint-Laurent a agi de façon
irrégulière ou qu'elle aurait contrevenu aux
réglementations municipales, je suis obligé de convenir avec eux
que je ne peux pas continuer à faire des enquêtes s'il n'y a pas
matière à enquête.
M. Dufour: C'est évident que, dans l'esprit de ce que vous
me dites, c'est facile, on pourrait fermer des enquêtes sur n'importe
quoi, il s'agit de prendre des gens et de dire: Vous allez regarder cela de
cette façon. On comprend que des comptables agissent en comptables. Mais
il y a tout de même des facettes qui ont été
soulevées, les règlements de zonage, par exemple, les amendements
qui ont été apportés. Cela n'est pas nécessairement
comptable. Est-ce que cette facette des plaintes qui ont été
faites a été examinée en réalité? Est-ce que
les comptables, malgré toute leur compétence, étaient en
mesure de porter un jugement de valeur par rapport à cette partie de la
plainte? Ce n'est pas seulement une plainte pécuniaire.
M. Bourbeau: M. le Président, ce dossier n'a pas
été traité à la légère, le
député doit bien s'en rendre compte. Je ne veux pas être
celui qui condamne les gens sans aucune forme de procès. Je ne peux pas
conclure qu'il y a des malversations ou de la mauvaise gestion lorsque mes
vérificateurs me disent qu'il n'y en a pas. C'est bien beau de vouloir
jeter de l'huile sur le feu, mais encore faut-il qu'on ait des raisons de le
faire. Le député procède par insinuations, mais je
voudrais avoir des preuves, des allégations concrètes, des faits
précis. Que le député m'amène un seul fait
précis et on va recommencer les vérifications. Tout ce qui a
été porté à notre attention a été
vérifié et contrevérifié. Et, M. le
Président, j'ai donné tout à l'heure au
député les conclusions des vérifications que nos
vérificateurs ont faites. Je ne peux pas aller plus loin que cela.
M. Dufour: Je ne suis pas prêt à dire que je fais
des insinuations. Je vais y aller directement. Il y a même une
enquête policière. Je ne sais pas quel en est le mandat, quand
elle sera finie, si elle est finie, mais je suis obligé de faire
allusion à un Telbec qui a été porté à
l'attention des chroniqueurs politiques, des chefs de pupitre. Cela vient de la
ville de Saint-Laurent, de la majorié des conseillers du conseil de la
ville de Saint-Laurent qui posent un certain nombre de questions publiques. Et
je me demande si vos comptables ont été capables de
répondre à cela. Je n'ai pas eu de réponse. Il y avait
quatre ou cinq questions. Par exemple, concernant un directeur de corporation
municipale de développement... Vous me dites qu'il n'y a pas de conflit,
qu'il n'y a rien. Je ne sais pas. Il me semble que le ministre des Affaires
municipales est aussi le gardien de la moralité publique en ce qui
concerne les municipalités. Il y avait cette question: Si un directeur
de corporation municipale de développement économique
siège à la commission d'urbanisme de la ville, est-il est confit
d'intérêts? Et, si oui, ne doit-il pas être déchu de
sa charge si un changement de zonage partiel accordé à ses fils
fait tripler la valeur de leurs terrains alors que d'autres demandes
répétées de changement de zonage dans le même
secteur avaient précédemment été
refusées?
Je ne pense pas que le comptable puisse nécessairement donner une
réponse à cela. Ce sont des questions très
précises, sur la place publique. Ce ne sont pas des insinuations. Ce
sont des faits précis que je soulève. Je peux continuer avec les
quatre questions, d'un coup sec.
M. Bourbeau: M. le Président, le député fait
allusion à un point de vue qui a été exprimé par
des conseillers dissidents, si je peux dire, ou des conseillers qui se sont
séparés de l'ancienne administration de la ville de Saint-Laurent
pour passer dans l'Opposition. Bien sûr, sans vouloir contredire les
paroles de ces gens-là, c'est un point de vue qui est sujet à
caution. Ce sont des conseillers municipaux qui ont un intérêt
dans la chose, sans vouloir dire qu'ils sont en conflit
d'intérêts. Ils sont intéressés, puisqu'ils sont
conseillers municipaux, à faire valoir un point de vue qui est le leur.
Il y a aussi, bien sûr, l'autre point de vue qui a été
exprimé, le point de vue de l'administration, disons, du maire de la
ville de Saint-Laurent. Nous ne prenons position en faveur ni d'un camp ni de
l'autre. Nous ne sommes pas partie dans ce dossier-là. Tout ce que nous
faisons, c'est que nous prenons acte des accusations, si je peux dire, qui ont
été portées et nous envoyons des vérificateurs
indépendants qui n'ont aucun intérêt dans la chose et qui
vont voir, sur place, ce qui se passe. Ce que je peux dire au
député, c'est que la conclusion à laquelle nous en sommes
venus est que les décisions du conseil municipal et les actes du conseil
municipal, autant en ce qui a trait aux transactions immobilières qu'aux
modifications d'un règlement de zonage, semblent, d'après nos
vérificateurs, avoir été engagés et
réalisés en conformité avec les lois municipales.
Et pour ne pas, M. le Président, qu'il y ait de doute quant
à l'autre aspect dont vient de parler le député, j'ai fait
parvenir copie de ce rapport-là au ministre de la Justice, lui demandant
d'examiner le rapport en question de l'angle du ministère de la Justice.
Et ce que le ministre de la Justice m'a répondu - et que j'ai rendu
public d'ailleurs - c'est ceci. Le ministre de la
Justice affirme avoir fait examiner par la Direction
générale des affaires criminelles et pénales du
ministère de la Justice le rapport que je lui ai fait parvenir et qu'on
n'y a trouvé aucune indication, affirmation ou information pouvant
laisser croire à la perpétration d'une infraction criminelle par
qui que ce soit et pouvant ainsi justifier une demande d'enquête
policière. Et le ministre de la Justice d'ajouter: Le seul contenu de
ces documents ne semble donc pas justifier une intervention de ma part dans
cette affaire. Je considère donc n'avoir aucune suite à leur
donner.
M. le Président, à partir du témoignage-là,
d'une part, de fonctionnaires du ministère des Affaires municipales, qui
sont des gens d'expérience, comptables agréés par
surcroît, et du témoignage du ministère de la Justice,
comment le député veut-il que je puisse continuer à
prétendre qu'à la ville de Saint-Laurent il y a eu des actes qui
ont été posés et qui sont de nature à enclencher
une enquête? Si le député veut porter à notre
attention d'autres faits qui n'ont pas été portés à
notre attention, nous verrons s'il y a lieu d'envoyer encore des
vérificateurs.
M. Dufour: Le problème ou la question qui se pose en
général, c'est que les municipalités comme le
gouvernement, cela doit être transparent. Il y a suffisamment, en tout
cas à mes yeux, d'éléments dans les questions qui sont
soulevées pour ne pas qu'on se contente simplement de dire: Mon
ministère a enquêté et c'est réglé comme
cela; un autre ministère a enquêté et il n'y a rien
là. Il y a des conflits d'intérêts, on vient d'adopter la
loi 100 dans le domaine municipal, il me semble que cela existe aussi au
Québec. Quand il y a des conflits d'intérêts, il faut que
ce soit examiné et je pense qu'il faut le dénoncer pour qu'il y
en ait le moins possible, et c'est cela, le problème. On fait des
enquêtes maisons - appelons cela une enquête maison, parce que ce
n'est pas tellement public; les conclusions ne viennent pas tellement sur la
place publique - vous nous dites: II n'y a rien là. Je ne sais pas
quelle sorte d'enquête est-ce. Je ne sais pas comment cela a
été fait, comment cela a été mené, qui sont
les personnes... Vous nous avez donné tout à l'heure le nom des
personnes, etc. Si vous me dites que les résolutions de la
municipalité étaient correctes, je pense que, pour le conseil
municipal d'une ville comme Saint-Laurent, ce serait lui faire injure de dire
qu'il n'est pas capable de faire une résolution correcte. Je pense bien
qu'il doit y avoir des gens qualifiés pour faire le travail.
Ce n'est pas là-dessus que je parle. Le problème que je
soulevais, c'est qu'il y a toujours des conflits d'intérêts
potentiels qui sont soulevés. Et qui va le faire? La municipalité
qui va être en conflit, ce n'est pas elle qui va faire ces
enquêtes. En principe, cela prend une personne neutre pour le faire.
Comment la municipalité va-t-elle faire si elle pense qu'il y a des gens
qui sont en conflit d'intérêts? Elle va porter des accusations?
Qui va le faire? Je pense que cela ne peut pas être clair comme cela. Par
exemple, un maire est en conflit d'intérêts s'il siège
comme maire tout en agissant comme notaire d'un promoteur immobilier qui
transige avec sa ville. Je pense que c'est une question directe. Je pense que
personne ne peut dire nier que la question n'est pas directe. Si ce n'est pas
vrai, pourquoi n'en entend-on pas parier et pourquoi n'y a-t-il pas de
démenti à ce sujet? Cela a l'air d'être correct, qu'il n'y
a pas de conflit là-dedans.
Je ne comprends plus rien. Il y a eu des transactions de 20 000 000 $.
Une petite enquête a été faite comme cela et c'est
réglé. N'êtes-vous pas inquiet, vous, de ce qui se passe
dans le domaine municipal? Il y a aussi une municipalité qui a
été mentionnée et qui a des problèmes qui
ressemblent à cela. J'ai l'intention d'en parler tout à l'heure.
Il me semble qu'il y a un message que vous faites qui ne se rend pas quelque
part ou qui se rend trop bien. Les gens pensent que ce n'est pas bien grave,
qu'on peut faire n'importe quoi dans les municipalités. Qu'il y ait une
enquête de faite, qu'elle soit publique et que les résultats
soient négatifs, tant mieux, mais, de temps en temps, il faut le faire.
Si vous ne le faites jamais et vous dites: Nous, on fait juste nos petites
enquêtes et cela se règle ainsi et le monde va prendre tout cela
pour de l'argent comptant...
Mais ce n'est pas tout à fait ce qui se produit dans les faits.
Dans les faits, les administrateurs municipaux vont perdre leur
crédibilité, parce qu'il n'y a peut-être rien pour
étayer les accusations, mais encore moins pour étayer leur
disculpation par rapport à des actions qu'ils ont posées. C'est
intrigant. Cela a justifié des démissions. Par exemple, six
conseillers d'un parti qui s'en vont dans l'opposition, c'est impressionnant
comme décision. Ce sont tous des gens mal intentionnés, qui ont
mal vu? Ils sont peut-être dans l'erreur, mais ce sont des
décisions qui sont importantes.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Jonquière revient toujours avec ses questions de conflit
d'intérêts. Ce sont des mots faciles à prononcer et cela
peut jeter un grand discrédit sur la réputation de certaines
personnes, mais encore faut-il le prouver. La loi est là pour
déterminer ce qu'est un conflit d'intérêts et ce qui ne
l'est pas. Or, nos vérificateurs se sont penchés longuement sur
cette question du conflit d'intérêts dans lequel aurait pu
être placé le directeur général de la Corporation de
développement économique de Saint-Laurent et qui est membre du
comité d'urbanisme par rapport à son fils qui, lui, a fait des
transactions avec la municipalité. (12 h 15)
Or, après avoir regardé ce problème de façon
très sérieuse et avec l'expérience et les
connaissances qu'ils ont, les enquêteurs sont d'avis qu'en ce qui
les concerne il n'y a pas ici ce qu'on peut appeler un conflit
d'intérêts. En effet, si on se réfère à
l'article 116, paragraphe 4, de la Loi sur les cités et villes, un
employé d'une municipalité peut occuper sa charge
d'employé d'une municipalité même si un membre de sa
famille transige avec la municipalité, sauf s'il existe entre cet
employé et l'autre membre de la famille une association par contrat. Or,
les vérificateurs ont également vérifié ce
point-là et en sont venus à la conclusion qu'il n'y a pas de tel
contrat et qu'en conséquence le directeur général de la
Corporation de développement économique de Saint-Laurent
n'était pas en conflit d'intérêts.
Qu'est-ce que je peux faire de mieux ou de pire, M. le
Président?
M. Dufour: Quand les gens soulèvent la question qu'il y a
eu des changements de zonage qui ont favorisé certaines transactions,
est-ce que vous avez un rapport aussi clair par rapport à cela? Est-ce
que vos enquêteurs ont été aussi loin que d'examiner
combien il y a eu de demandes sur ces terrains-là auparavant, combien il
y a eu de refus et pourquoi il y a eu un changement qui a permis des
transactions? C'est surtout sur cela que se pose la question. Peut-être
que le fonctionnaire avait le droit de le faire, je ne porte pas de jugement
par rapport à cela, mais il y a un certain nombre
d'éléments qu'un comptable ne voit pas nécessairement,
d'après moi.
M. Bourbeau: M. le Président, tous les aspects dont traite
le député ont été vérifiés et
contrevérifiés par la direction générale du
ministère qui s'occupe d'urbanisme et d'aménagement du territoire
et qui a compétence pour regarder ces questions de changement de zonage.
Donc, en plus de l'expertise de nos vérificateurs chevronnés dont
j'ai parlé tantôt et en plus de l'expertise du ministère de
la Justice pour déterminer l'angle criminel ou pénal, nous avons
également regardé la question sous l'angle des changements de
zonage, bien sûr. Nous avons regardé toutes les transactions, tous
les faits. Nos gens ont interrogé toutes les parties
intéressées dans le dossier. Ils ont fait un travail très
important et très sérieux. Je peux dire au député
que la conclusion à laquelle on en vient, c'est que ces changements de
zonage ont été faits correctement sans qu'il n'y ait eu aucune
personne de privilégiée par rapport à d'autres. Selon nos
enquêteurs, ce sont des décisions administratives qui n'ont rien
à voir avec les pseudo-scandales dont on parle.
Ce n'est pas parce qu'un individu a le malheur d'avoir son père
quelque part qu'il doit nécessairement être totalement exclu de
toute activité économique. Les députés ont des
enfants et les ministres aussi et, s'il fallait que l'on exclue de toute la vie
économique tous ceux reliés de près ou de loin à
des gens du milieu municipal, on créerait un préjudice
très sérieux à des individus. Certains individus ont des
épouses qui travaillent pour le gouvernement - l'ancien gouvernement en
avait pas mal - et l'Opposition du temps ne s'est jamais opposée
à ce que l'épouse d'un député ou d'un ministre
travaille à la fonction publique même si, à l'occasion, on
aurait pu penser que ces postes auraient pu être obtenus en vertu de
certains contacts, comme on dit. Les individus ont le droit de travailler, de
gagner leur vie et je ne vois pas pourquoi, dans ce cas-ci en tout cas, si
aucun conflit d'intérêts n'a été prouvé, on
jetterait la pierre et on condamnerait au départ un individu, alors que
tout tend à prouver que, non, il n'y a pas de conflit
d'intérêts.
M. Dufour: C'est peut-être vrai, M. le ministre, qu'on ne
choisit pas nos parents, mais on choisit nos amis, par exemple. La question 4,
c'est: Est-il normal qu'un maire approuve l'imposition d'une réserve sur
une vaste partie du territoire de sa ville, que le premier trésorier de
son parti et d'autres grands promoteurs immobiliers fassent alors l'acquisition
de terrains sous le coup de cette réserve que le maire propose et que le
maire propose alors de lever la réserve?
Donc, il y a des affinités. On peut choisir ses amis. Je dis que
les questions soulevées sont publiques. On ne fait pas de cachette ou
d'insinuation. Quand on regarde ce qui s'est passé à
Saint-Laurent - et je n'en veux pas au maire, je le connais très bien,
on n'a pas la même profession, mais je le connais très bien. Je
pense que c'est un gars correct, mais il y a peut-être des choses qui se
sont faites à son insu ou autrement, je ne sais pas comment cela se
passe. Je dis que beaucoup de questions ont été posées sur
la place publique et qu'il y aurait intérêt à ce que la
question soit vidée sur la place publique. Vous ne pouvez pas dire qu'il
n'y a pas de conflit d'intérêts. Je vous ai posé une
question tout à l'heure concernant les conflits d'intérêts:
un notaire qui est maire, qui voit passer des contrats et qui agit comme
notaire d'un promoteur immobilier qui transige avec la ville. Il me semble
qu'il y a quelque chose là-dedans, cela me surprend. Je ne sais pas si
cela se fait ou non. Ce sont des questions qui sont posées sur la place
publique.
Vous dites qu'il n'y a rien de prouvé. Qu'est-ce qu'on va devoir
faire pour prouver que ce n'est pas correct et qu'il faut une enquête?
Est-ce que les citoyens du Québec devront se rassembler devant le
parlement pour dire au ministre des Affaires municipales: Vous êtes le
gardien de la transparence, de la justice dans les municipalités ou de
l'honnêteté des administrateurs municipaux? Vous dites qu'il n'y a
rien de prouvé. Quand ce sera prouvé, qu'est-ce qu'il faudra
faire pour prouver quelque chose à vos yeux? J'ai de la misère
à vous suivre sur ce terrain-là. Ce sont des questions graves qui
sont
soulevées, ce ne sont pas des affaires d'enfants d'école.
Il est question de 20 000 000 $ qui sont faits en un mois dans un territoire de
12 000 000 de pieds carrés. Vous dites que ce n'est pas tellement grave.
Je ne le sais pas.
Vous attendez que le déluge arrive pour dire qu'il faut s'acheter
un parapluie et se bâtir une chaloupe. Je ne suis pas d'accord avec vous
là-dessus. Je ne peux concourir à votre décision en
disant: Faites deux enquêtes maison. Est-ce que les rapports sont
publics? Ont-ils été déposés? Je n'en ai pas vu.
Là, vous dites: II n'y a pas de conflit; ce n'est pas prouvé.
Qu'est-ce que cela prend pour prouver quelque chose? D'habitude, cela prend une
enquête et une décision d'un enquêteur public ou d'un juge
et, à ce moment-là, cela devient public et tout le monde est
correct. Si cela ne l'est pas dans votre esprit, je ne sais pas ce qu'on va
faire. J'ai d'autres municipalités qui ne sont pas... Ponsonby, par
exemple, il n'y a rien là. On va vivre avec cela. Pourtant, on en a des
échos assez importants. Vous avez un enquêteur qui a
travaillé là-dessus.
On parle de la ville de Saint-Laurent. Ce n'est pas Saint-Glin-Glin,
Saint-Laurent, c'est dans le comté du premier ministre. Ce sont de
graves accusations. En tout cas, être le maire de ce coin-là, voir
ce qui s'y passe et me faire poser des questions comme celles-là, si je
n'ai rien à me reprocher, je peux dire que je regarderais pour savoir,
ceux qui parlent comme cela - parce qu'ils n'ont pas l'immunité
parlementaire - ce qui se passe dans leur tête. Je sonderais certainement
les reins et les coeurs. Ce ne sont pas des accusations comme cela qui sont
envoyées. Il y a un journal impliqué. Il y a des responsables
dans cela. Si vous me répondez que le maire, même s'il
était notaire, a le droit... On va regarder dans votre vie si vous avez
fait cela avec votre municipalité anciennement. Ce ne serait pas
correct, n'est-ce pas? Mais quand on dit que ce sont tous des organisateurs
politiques qui sont dans les transactions et qu'il y a un montant de 20 000 000
$ faits dans un mois, peut-être que les parents ne remarquent pas, mais
les amis et tout cela, c'est une autre affaire. Et est-ce qu'on peut faire
déposer le rapport de l'enquête qui a été faite?
M. Bourbeau: M. le Président, vraiment, je dois dire que
le député de Jonquière me déçoit
passablement. Un homme comme lui qui a été maire longtemps et qui
se prête, ce matin, à ce petit jeu d'insinuations malveillantes,
d'accusations voilées. Il se cache derrière son immunité
parlementaire pour tenter de salir à peu près tout le monde
à gauche et à droite. Le député devrait être
un peu plus rigoureux et être conscient que quand on a des accusations
à porter on les porte, on met des faits sur la table et on n'essaie pas
de salir un peu tout le monde comme cela sans salir personne en
particulier.
Je dirai au député que, s'il fallait que j'annonce
à chaque semaine le nom des municipalités à l'égard
desquelles on a des plaintes au ministère, le député
serait peut-être surpris. Et s'il fallait qu'on envoie, à chaque
jour, des enquêteurs pour voir sur place ce qui se passe parce qu'un jour
un individu écrit une lettre anonyme, n'ose même pas signer son
nom, lance des accusations, des insinuations sans aucune preuve,
peut-être qu'on serait rendus dans la ville de Jonquière depuis un
bout de temps en train d'étudier l'administration de l'ex-maire de
Jonquière. Peut-être qu'on en trouverait des choses aussi, si on
commence à parier comme cela.
Je ne veux pas commencer à lancer des accusations comme cela ou
des insinuations sans des faits précis. Quelqu'un nous écrit au
ministère et ne signe pas sa lettre ou n'est capable d'apporter aucun
fait, aucun document, mais il n'aime pas la face du maire ou la face d'un
conseiller, ou encore, quand les élections municipales s'en viennent, au
ministère, dans les six mois qui précèdent, on est envahis
de demandes d'enquêtes, mais on sait que souvent ce sont des
enquêtes qui ont pour but de tenter de discréditer une
administration en place. On agit avec un peu plus de sérieux et de
rigueur que cela.
Je suis déçu de voir le député qui
mélange tout dans une salade où on ne peut pas se retrouver. Tout
à l'heure, il a commencé à parier d'un autre dossier de
Saint-Laurent, qui est le dossier de spéculations foncières
où il y a eu des réserves foncières. Mais cela n'a pas
fait l'objet d'une étude de la part du ministère. Ce n'est pas
partie de notre étude parce qu'il n'y avait pas eu d'accusations
portées là-dedans. Encore là, récemment, il n'y a
pas eu d'accusations non plus. On n'a aucune demande d'enquête ou de
vérification sur ce dossier spécifique dont vient de parier le
député de Jonquière en dernier lieu. C'est quoi ce
dossier? Semble-t-il que ce sont des promoteurs immobiliers qui ont
acheté les terrains. Ils ont spéculé sur les terrains.
Jusqu'à maintenant, je n'ai jamais pensé que la
spéculation était un crime. Enfin, il n'y a aucune loi, aucun
article de loi qui interdit à quelqu'un d'acheter un terrain ou une
maison en espérant qu'il va prendre de la valeur.
Maintenant, il semble que ces gens qui ont acheté ces terrains
espéraient que le conseil municipal abandonne des expropriations ou des
réserves foncières et qu'à ce moment les terrains auraient
pris une plus-value. Or, le député de Jonquière sait fort
bien ou il devrait savoir que, si la municipalité a envoyé des
avis d'expropriation ou de réserve foncière, la
municipalité ne paiera pas la plus-value qui s'accumule après la
date d'envoi de son expropriation. Donc, les spéculateurs ont pris un
gros risque ici. Ils ont pris un gros risque parce que, si la
municipalité donne suite à son intention d'exproprier, cette
plus-value pour laquelle ils ont payé davantage va être une perte
pour eux. Tant que la munici-
palité n'aura pas abandonné ses avis d'expropriation de
réserve foncière, on ne peut porter aucune accusation puisqu'il
n'y a absolument rien qui s'est produit.
D'autre part, si jamais la municipalité abandonnait ses avis
d'expropriation et de réserve foncière, il faudrait être
capable de prouver que ces spéculateurs savaient d'avance que la
municipalité était pour abandonner ses avis. Il y a encore un
petit bout de chemin à faire avant qu'il y ait scandale. Je prierais le
député d'attendre que le scandale éclate avant de venir
nous inonder de son verbe un peu nauséabond, je dois dire.
M. Dufour: M. le ministre, je ne me sens pas coupable, je ne me
sens pas du tout mai à l'aise. Vous avez le droit de jouer à la
vierge offensée. Mais moi je vous dis, par rapport à cela, que ce
ne sont pas des insinuations et ce n'est pas n'importe quoi et ce n'est pas
n'importe qui. Moi le Telbec que j'ai est public, il a fait le tour de la
province. Les conseillers municipaux formant la majorité au conseil
municipal de Saint-Laurent, il y a des noms: Michel Biron, Roland Bouchard, je
ne les connais pas. Jacques Bourbonnière, Maurice Cohen, Jean-Louis
Cousineau, François Ghali, Peter Gold, Jean-Guy Robitaille, ce sont des
gens qui sont connus. Cela ne vient pas de n'importe qui. En tout cas,
j'aimerais savoir ce qu'ils font dans la vie. Eux autres ont signé et
ont fait ces choses et ils l'ont fait sur la place publique.
Vous nous dites: II n'y a rien qui s'est passé. Il n'y a
probablement rien. Ce n'est pas mauvais. La spéculation ce n'est pas
défendu. C'est juste défendu si c'est la population ou si c'est
le public en général qui en paie les frais. Je pense que la
spéculation, à ce moment, il faut faire attention si elle joue
sur l'ensemble de la population. Un individu qui fait de la spéculation,
on ne pourra jamais l'empêcher. Je pense bien que ce ne sera pas
possible. Moi, je pose des questions claires. Vous avez dit, au mois de
novembre, que vous étiez troublé quand on vous a parlé de
la ville de Saint-Laurent. Vous étiez juste troublé. C'est
réglé votre affaire, il n'y a pas d'accusation, il n'y a rien.
Vous me dites qu'il ne s'est rien passé dans ce coin. Ils ont le droit
de faire des affaires, les fils, c'est bien sûr. Sur ce que vous avez
dit, il y a des choses sur lesquelles je suis d'accord. On ne choisit pas nos
parents, mais nos amis on les choisit. Comme il y a beaucoup d'affinités
entre les groupes - Saint-Laurent, ce n'est pas aussi grand que Montréal
- les gens finissent par se recouper quelque part. S'il y a des conflits
d'intérêts comment est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qui va se
passer pour aller au fond des choses? Vous dites qu'il n'y a rien là. Il
faudrait voir et il faudrait quand il y aurait conflit... Cela va faire quoi
quand cela va arriver? Est-ce qu'on pourrait demander le dépôt du
rapport qui a été fait sur Saint-Laurent? Est-ce que vous voulez
le dépo- ser?
M. Bourbeau: Certainement, vous pouvez le demander.
M. Dufour: Est-ce que vous allez le déposer?
M. Bourbeau: Si le député le demande, je vais le
déposer.
M. Dufour: Je demande s'il y a la possibilité d'avoir
accès au rapport qui a été fait sur Saint-Laurent.
M. Bourbeau: II n'y a aucun problème. Tous ceux qui ont
demandé une copie du rapport, jusqu'à maintenant, l'ont obtenue.
On va en faire parvenir une copie au député de Jonquière
sans aucun problème.
M. le Président, en ce qui concerne le trouble dont faisait
état le député, tout à l'heure, c'est possible
qu'au mois de novembre ou de décembre, quand j'ai lu les journaux et que
j'ai vu la nature des accusations, j'aie été troublé parce
que les accusations étaient sévères. C'est pour cela que
nous avons envoyé des vérificateurs pour tenter de
contrôler ces accusations. Je peux dire aujourd'hui au
député que mon trouble a beaucoup diminué à la
lecture du rapport que j'ai devant moi. Maintenant, je veux qu'on me comprenne
bien. Je n'affirme pas ex cathedra qu'il n'y a jamais rien qui s'est produit
à Saint-Laurent qui pourrait être répré-hensible. Ce
que j'ai dit au député, c'est que les faits qui ont
été portés à notre attention par des gens qui se
sont plaints ne nous permettent pas de conclure à des gestes
répréhensibles. Ces faits-là. S'il y a d'autres faits, si
le député sait autre chose et qu'il veut nous en informer, M. le
Président, je ne demande pas mieux que de faire éclater la
vérité. Il faut quand même que cela soit fait d'une
façon sérieuse et non pas agir comme Savonarole, qui
lançait sur la place publique des accusations dans le style inquisitoire
et qui n'était pas capable de prouver quoi que ce soit. Ce n'est pas mon
style.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, si vous
permettez, je dois vous demander de conclure. Il est 12 h 30 et nous avons le
mandat de terminer à 12 h 30. Si nous devons continuer j'ai besoin de...
Il n'y a pas consentement.
M. Bourbeau: Ce n'est pas prévu comme cela. À moins
que le député veuille finir plutôt ce soir en fin de
séance.
M. Dufour: C'est quoi, l'affaire?
Le Président (M. Baril): Nous avons une période de
questions à 14 heures. En ce qui me concerne, c'est prévu
à 12 h 30; donc, je dois terminer à 12 h 30.
M. Dufour: Avant d'ajourner, est-ce qu'il y aurait moyen de poser
une question? Est-ce qu'on pourrait avoir ce rapport...
Le Président (M. Baril): Si vous voulez, je peux vous
laisser 30 secondes.
M. Dufour: Est-ce qu'on pourrait avoir ce rapport le plus
tôt possible?
M. Bourbeau: On va le faire parvenir au député, au
début de la séance de cet après-midi.
Le Président (M. Baril): Pour être certain qu'on
soit dans l'ordre, je voudrais que ce document soit remis à la
commission pour que des copies soient remises à tous les
députés.
Nous ajournons jusqu'après les affaires courantes.
Je vous remercie beaucoup et bon appétit!
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits des
Affaires municipales. Au moment de notre suspension, nous en étions au
programme 2. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je veux remercier le ministre. Il a
déposé tous les documents pertinents qu'on avait demandés.
Il y a l'enquête faite par le Solliciteur général qu'on n'a
pas. Je ne sais pas s'il est en possession de cette enquête. Remarquez
que je ne l'ai pas demandée ce matin. Je ne fais que le mentionner.
Est-ce que vous avez aussi en main le résultat de l'enquête qui a
été faite par la Sûreté du Québec?
M. Bourbeau: Je ne peux pas avoir d'enquête en main.
Premièrement, c'est le ministère de la Justice qui conduit
l'enquête et le Solliciteur général. Je ne crois pas que
l'enquête soit terminée. Je pense qu'elle est encore en cours.
M. Dufour: Dans les documents ou la lettre que vous m'avez
donnée tout à l'heure, que vous avez déposée
à l'Assemblée nationale, il semblait que le Solliciteur
général disait qu'il n'y avait aucun motif d'enquête.
M. Bourbeau: Le député a mal lu la lettre. La
lettre fait rapport...
M. Dufour: La lettre qui vous a été adressée
le 3 mars par M. Marx qui dit que...
M. Bourbeau: Le député de Jonquière fait
référence à une lettre que m'a fait parvenir le ministre
de la Justice en réponse à la mienne lorsque je lui faisais
parvenir le rapport des vérificateurs du ministère. La lettre du
ministre ne porte que sur son analyse du rapport du ministère des
Affaires municipales, et sur rien d'autre. Le ministre de la Justice dit
justement dans cette lettre qu'il a fait examiner les documents que je lui ai
fait parvenir le 5 février dernier et qu'à la lecture de ces
documents il n'a trouvé aucune indication, affirmation ou information
pouvant laisser croire à la perpétration d'une infraction
criminelle par qui que ce soit et pouvant ainsi justifier une demande
d'enquête policière. Il dit, dans le paragraphe suivant: "Le seul
contenu de ces documents ne semble donc pas justifier une intervention de ma
part dans cette affaire. Je considère donc n'avoir aucune suite à
leur donner. " Mais cela ne veut pas dire que le ministère de la Justice
ne peut pas continuer à faire ses propres enquêtes sur des sujets
autres que ceux traités dans les documents qui sont devant nous,
même sur les mêmes sujets, étant entendu que les
enquêteurs de la Sûreté du Québec ont des pouvoirs
d'enquête beaucoup plus élaborés que ne peuvent en avoir
les comptables agréés qui vont vérifier pour le
ministère des Affaires municipales. Donc, il n'est pas impossible,
théoriquement, qu'éventuellement le ministère de la
Justice en arrive à des conclusions différentes, étant
donné les moyens différents dont il dispose.
M. Dufour: Si je comprends bien, vous me dites qu'actuellement le
ministre de la Justice continue l'enquête sur la question de la ville de
Saint-Laurent.
M. Bourbeau: Le ministre de la Justice a déclaré,
il y a quelques semaines, que le Procureur général
enquêtait sur des allégations relatives aux agissements de
certains individus à Saint-Laurent. À ma connaissance,
l'enquête est toujours en cours.
M. Dufour: D'accord. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Peut-être en gros, sur le document que vous avez
déposé, le résultat de l'enquête des fonctionnaires.
J'ai posé des questions ce matin qui ont été posées
par les conseillers de Saint-Laurent concernant des conflits
d'intérêts possibles du maire, du fils, etc. Il semble que, dans
le dossier qu'on a, le rapport ne se prononce pas sur les conflits
d'intérêts; par exemple, que le maire, qui est aussi notaire,
fasse des transactions ou transige pour le promoteur immobilier avec la ville.
Ce sont des questions qui ont été posées ce matin.
Je ne sais pas, par exemple, quand ils ont demandé
l'enquête, ce qu'ils devaient chercher. Devaient-ils chercher du
côté des transactions de terrains? Il y avait peut-être
autre chose qui se passait en même temps.
M. Bourbeau: M. le Président, la vérification des
experts du ministère des Affaires municipales portait sur trois
dossiers. Le premier était l'acquisition par la Société de
gestion DHP Construction inc. d'un lot situé à l'angle du
boulevard Poirier et de la rue Bégin. Le deuxième, la
modification au zonage et la vente subséquente d'une partie de lot
situé à l'angle du boulevard Timmins et de la rue Stewart
à Immeubles JAD inc, et, troisièmement, la modification au
programme particulier d'urbanisme et au règlement de zonage dans la zone
qui s'étend de part et d'autre de Côte Vertu, entre les rues
Ouimet et Sainte-Croix.
M. Dufour: D'accord. Comme des faits ont été
soulevés autres que ceux que vous mentionnez et pour lesquels il y a eu
une enquête, ne trouvez-vous pas que la Commission municipale serait la
mieux habilitée à faire l'enquête d'une façon...
Parce que c'est un organisme neutre normalement, judiciaire, que je sache. Ne
trouvez-vous pas qu'avec les éléments nouveaux qui ont
été soulevés sur la place publique, il serait temps que,
vous, vous décrétiez une enquête par la Commission
municipale, qu'on aille au fond des choses, qu'on vide le dossier?
M. Bourbeau: M. le Président, à partir du moment
où la Sûreté du Québec est en train d'enquêter
sur les mêmes objets, le député ne trouve-t-il pas que ce
serait un peu exagéré que de faire faire en même temps, aux
frais des contribuables, deux enquêtes parallèles par deux
organismes également neutres, pour employer le mot du
député, et tous les deux très bien habilités
justement à faire la lumière sur des dossiers comme
ceux-là? À partir du moment où la Sûreté du
Québec est là et qu'elle fait enquête, je crois, quant
à moi, qu'une enquête additionnelle de la Commission municipale du
Québec serait un peu redondante.
M. Dufour: Cela veut dire que, dans votre esprit, les conflits
d'intérêts qui pourraient être le fait, dans l'exercice des
fonctions de maire... Qu'il fasse des transactions avec la ville, la
Sûreté du Québec va se prononcer là-dessus.
M. Bourbeau: La Sûreté du Québec
enquête sur tous les aspects du dossier, je pense bien. Je n'ai pas vu le
mandat, mais, en général, la Sûreté du Québec
est là pour faire des enquêtes qui portent sur tous les actes
répréhensibles au point de vue criminel, au point de vue
pénal.
M. Dufour: Je ne suis pas sûr de cela, moi, que la
Sûreté du Québec va se prononcer là- dessus.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais également
spécifier au député que la Commission municipale, quand
elle fait enquête, cela porte sur des sujets qui ont trait à
l'administration financière des municipalités. À partir du
moment où il y a des aspects criminels ou pénaux, les dossiers
sont transmis au Procureur général pour enquête par la
Sûreté du Québec. Comme la Sûreté du
Québec est déjà sur les lieux, il n'y a plus de raison de
maintenir, ou de commander, ou de demander à la commission de faire une
deuxième enquête en même temps que celle de la
Sûreté du Québec.
M. Dufour: Le ministre pourrait-il s'engager à faire des
pressions auprès de son collègue pour que cette enquête
soit déposée au même titre que celle qui a
été faite par les officiers de votre ministère et qu'on
puisse la rendre publique? Il n'y a rien à cacher.
M. Bourbeau: Le député veut-il parler du rapport de
l'enquête?
M. Dufour: Du rapport de l'enquête, oui, pour savoir si
tous les aspects ont été traités.
M. Bourbeau: II appartiendra au ministre de la Justice de
décider, en temps et lieu, s'il veut rendre public le rapport de
l'enquête qui est faite par ses policiers.
M. Dufour: Mais vous, comme ministre, vous engagez-vous à
le demander ou à faire des pressions dans ce sens?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas à faire
des pressions sur le ministre de la Justice.
C'est un grand garçon. Il connaît très bien ses
devoirs.
M. Dufour: Indépendamment de cela, comme ministre,
allez-vous le lui demander? Je vous le demande à vous directement. Vous
êtes un grand garçon, vous aussi. Parfois, il y a des grands
garçons en culottes courtes, j'ai déjà vu cela. Cela
arrive. Vous, comme ministre des Affaires municipales, allez-vous essayer de
prendre connaissance des conclusions de cette enquête et savoir si tous
les points ont été touchés? C'est cela que je vous dis
depuis le début. J'ai l'impression que la moralité, dans la
municipalité cela ne vous dérange pas trop. Moi, cela me
dérange.
M. Bourbeau: J'ai vu que le député est
fortement....
M. Dufour: Des administrateurs municipaux, je ne parle pas de la
moralité de tout le monde. Je n'en donnerai pas plus que vous êtes
capable d'en porter.
M. Bourbeau: Le député est fortement épris
de moralité et fait peu de cas des distinctions entre les rumeurs et les
faits. Quant à nous, je fais confiance au ministre de la Justice.
L'enquête de ses policiers est en cours et, en temps et lieu, le ministre
de la Justice prendra ses responsabilités.
M. Dufour: On va en prendre npte. Il y a un autre dossier dont je
voudrais parler. La ville de Laval vit des problèmes un peu particuliers
concernant certaines transactions de terrains. Je pense que, ce matin - le
ministre doit être au courant - il y a eu une conférence de presse
qui a soulevé trois dossiers qui, à mes yeux, revêtent une
importance. Ce sont aussi des dossiers qui concernent des transactions de
terrains.
Le Parti d'unité lavalloise a demandé au ministre de faire
enquête dans les dossiers de Corbu Holding et de Gestion Roussin, il y a
plus d'un an. Il semble qu'il n'y ait pas eu de suite à ces questions
qui ont été posées. Donc, après un an, tout le
monde est devenu procureur général. Ils sont donc obligés
de faire du travail, de fouiller... Si vous ne donnez pas de réponse,
les gens vont continuer à chercher et c'est cela qui, actuellement,
jette un peu de discrédit sur les administrations municipales. Il y a
des choses qui se passent et les gens se questionnent. Quand il y a des
demandes ou des questions qui sont posées, il semble qu'il y ait sinon
des fins de non-recevoir, du moins pas tellement de volonté d'aller loin
là-dedans.
M. Bourbeau: M. le Président, encore ici, je
déplore un peu l'attitude très peu rigoureuse du
député de Jonquière qui, tel Don Quichotte,
s'élance à l'assaut des moulins sans avoir absolument aucune
espèce d'élément, de renseignement ou de preuve en sa
possession. Ce que le député de Jonquière vient de dire
n'est pas exact. Le ministère n'est pas demeuré impassible devant
les informations, les demandes d'enquête qui nous ont été
faites par le parti d'opposition de Laval. Même si nous sommes toujours
très prudents lorsque des demandes sont faites dans ce sens-là,
surtout lorsque cela vient de partis d'opposition ou de conseillers municipaux
en mal de se faire élire maire, nous faisons des vérifications
régulières dans tous les cas où il nous apparaît
qu'il y a un semblant de sérieux dans les accusations qui sont
portées.
Dans le cas de Laval, une vérification complète a
été faite de toutes les allégations qui ont
été portées, à notre connaissance, il y a environ
un an, je crois. Une réponse a été envoyée aux deux
plaignants, dont je ne me souviens pas des noms, mais qui étaient des
échevins de Laval. À ma connaissance, cette réponse a
été rendue publique, l'automne dernier, soit par les plaignants
eux-mêmes, soit par la direction de l'hôtel de ville de Laval.
M. Dufour: Quand vous me dites qu'il n'y a pas de cause à
effet ou qu'on manque de rigueur, un instant, là! Vous pouvez dire
à peu près n'importe quoi, on va vous reprendre. Je pense que
j'ai autant de rigueur que vous pouvez en avoir, autant dans mes questions que
vous dans vos réponses. Je n'ai rien à cacher, je regarde par
rapport à cela. À Laval, il s'est passé des choses dans
des dossiers et vous en avez eu connaissance. Vous avez dit, à un moment
donné: Il n'y a pas de problème là-dedans. Quand on a
accepté le projet de loi public de la ville de Laval, au mois de
décembre 1987, vous étiez au courant de certaines choses et vous
n'en avez pas informé l'Opposition. À ce moment-là, il y
avait des plaintes sur certaines transactions de terrains. Il y avait une
résolution ou un règlement du conseil municipal; vous avez
répondu qu'il n'y avait pas de problème, mais vous avez
ratifié la loi publique de Laval, comme quoi il n'y avait pas
d'irrégularités et qu'il n'y avait rien à faire. Il me
semble que vous dites une chose et que vous faites autre chose. Il faudrait
bien que vous m'éclairiez aussi. Je me fie un peu sur ce que vous
faites. Vous nous dites, d'un côté, qu'il n'y a pas de
problème et, ensuite, vous adoptez une loi pour empêcher qu'il y
ait des problèmes. Ce n'est pas la première fois que je vous vois
faire cela.
Donc, je dis que, dans la question de la ville de Laval, vous êtes
au courant qu'il y a eu des transactions importantes. On se pose des questions
sur la place publique. Quand vous dites: II n'est pas de la
responsabilité du ministère, ni de sa compétence de
contrôler la qualité des marchés à intervenir, la
pertinence de l'avis professionnel émis à l'attention du conseil
et appuyant ses décisions, je pense bien que ce n'est pas ce que les
gens vous ont demandé. Ils demandent: Ce qui se passe à Lavai,
est-ce que c'est correct? Est-ce que le ministre des Affaires municipales
regarde cela du haut de son siège lorsque la ville de Laval lui demande
des améliorations ou des changements à sa loi municipale? Est-ce
qu'il va entériner tout cela? (15 h 45)
On peut faire n'importe quoi, on est certain que le ministre va avoir
une réponse à donner. Il va dire: On va passer un projet de loi
privé, on va vous arranger cela. Le message est clair. On vient de
parler longtemps de la ville de Saint-Laurent. Il y a eu des transactions de
terrains. Il y a pas mal d'argent là-dedans. À la ville de Laval,
depuis un an... Vous êtes au courant de certains faits. Vous avez dit:
Cela ne nous regarde pas. Il n'y a rien là. Mais les dossiers continuent
à fonctionner. Ce qui est drôle...
M. Bourbeau: M. le Président, je regrette, le ministre n'a
pas dit: Cela ne nous regarde pas. Le ministre s'est occupé du dossier.
Le député dit n'importe quoi, il lance des accusations. Je n'ai
pas dit que cela ne me regardait pas. Au contraire, nous avons
immédiatement dépêché des
vérificateurs sur place, contrairement à ce que vient de
dire le député. Le député devrait faire attention
à ce qu'il dit. Je m'excuse d'avoir interrompu le discours du
député de Jonquière, M. le Président.
M. Dufour: Non, non.
M. Bourbeau: C'est ma nature spontanée qui m'a fait lever
de mon siège.
M. Dufour: Actuellement, si les conseillers ou le Parti
d'unité lavalloise de la ville de Laval vous demandent une
enquête, est-ce que vous allez donner suite à cela? Cela a
été cela la nature de la conférence de presse, on vous a
demandé de prendre certaines actions à la suite de cela. Je ne
parlerai pas de la démission du maire, je ne me mêlerai pas de
cela. Je parle du point de vue de l'administration publique, je n'irai pas dans
les chicanes personnelles entre les individus. Ce n'est pas le point que je
veux défendre. Je défends le fait que l'administration municipale
est responsable vis-à-vis de ses électeurs. Il y a des lois qui
régissent les municipalités et c'est le ministre des Affaires
municipales qui est le gardien de ces lois. Il est le défenseur des
municipalités, mais il en est aussi le gardien dans le sens où il
doit s'assurer que tout se fait correctement dans ces dossiers-là. Quand
des éléments sont portés à son attention, la
première chose qu'il doit faire - même s'il est grand
garçon - c'est de regarder, d'examiner, non pas de donner des
réponses évasives comme pour se débarrasser. Cela
n'arrête jamais. Si vous ne donnez pas des réponses
précises, claires, élaborées et étayées en
public, vous allez continuer à faire ce qui se passe là. Je vous
prédis que vous allez être débordés au
ministère des Affaires municipales de la façon qu'on est parti.
Cela ne lâchera pas. Si on s'aperçoit que cela ne dérange
pas le ministre, tout le monde va mettre la main dans le pot. C'est normal. Les
gens comprennent vite. Le message se rend vite, dans ce coin-là comme
partout ailleurs. Si vous ne prenez pas le taureau par les cornes et si vous ne
dites pas: On va essayer de regarder si vraiment... Si les gens sentent que le
ministre des Affaires municipales a la volonté de garder le milieu
municipal le plus propre possible, le plus transparent possible, le plus
responsable possible, vous allez avoir des dividendes. Ce sont aussi les
municipalités qui vont avoir des dividendes. Cela répond à
l'ensemble des besoins des élus municipaux.
M. Bourbeau: M. le Président, il est bien évident
que, si le député de Jonquière continue à colporter
des ragots, des rumeurs ou des potins comme il le fait à la
journée longue, cela va continuer à être dans
l'actualité. Il s'agit de jeter continuellement de l'huile sur le feu
pour qu'on en parle. Je dis au député de Jonquière: Je
veux bien faire toutes les enquêtes qu'il veut, encore faudrait-il que
quelqu'un porte à ma connaissance des faits ou des accusations
précises, qu'on nous fasse parvenir un dossier un peu
étayé pour qu'on sache de quoi cela retourne.
M. Dufour: D'accord.
M. Bourbeau: Actuellement, on m'indique qu'au ministère
des Affaires municipales il n'y aucune demande d'enquête à
l'endroit de la ville de Laval.
M. Dufour: Pour moi, il va y en avoir.
M. Bourbeau: Est-ce que je dois décider
spontanément d'aller faire une enquête? Sur quoi vais-je
enquêter? Si, demain matin, je décidais d'enquêter dans des
municipalités sans avoir aucun indice, pourquoi ne pas aller
enquêter sur l'administration de la ville de Jonquière...
M. Dufour: Pourquoi pas?
M. Bourbeau:... au cours des quinze dernières
années?
M. Dufour: Allez-y!
M. Bourbeau: Est-ce que le député serait content
d'annoncer demain matin lors d'une conférence de presse que je vais
enquêter sur l'administration de la ville de Jonquière?
M. Dufour: Je n'ai rien à cacher. Allez-y, si vous voulez
y aller.
M. Bourbeau: Cela serait bien. Le député serait
content. On enverrait des policiers et on laisserait courir la rumeur, des
potins, des ragots, qu'il y aurait peut-être eu dans l'administration de
la ville de Jonquière depuis quinze ans des choses
répréhensibles, pour conclure, finalement, au bout de deux ans
qu'on n'a rien trouvé. Pendant ce temps, la réputation du
député aura été remise en question. Est-ce cela que
le député veut qu'on fasse? Qu'on décide comme ça,
sur le coin de la table, d'aller enquêter sans raison valable? Je dis au
député que je ne connais pas le Parti d'unité lavalloise
dont le député a fait mention tout à l'heure. Je ne
connais pas de partis municipaux. Il peut y avoir trois, quatre ou cinq partis
à Laval, je ne les connais pas. Tout ce que je connais, ce sont les
administrations municipales qui sont en place, élues
démocratiquement, et qui sont présumées bien administrer.
La bonne foi se laisse présumer, comme le député le sait
fort bien.
À moins qu'on porte à mon attention des faits
sérieux qui tendent à prouver qu'il y aurait peut-être des
malversations, je ne suis pas pour déclencher une inquisition dans toute
la province, d'autant plus que, que je sache, la réforme de la
fiscalité municipale des années quatre-vingt a
fait en sorte d'émettre le souhait que le ministère des
Affaires municipales soit de moins en moins un ministère de
contrôle et de surveillance - le député de Jonquière
lui-même était partie à ce voeu - que le ministère
devienne de plus en plus un ministère d'aide et d'appui aux
municipalités. C'est ce qu'on appelait la valorisation du pouvoir
municipal. Le député voudrait qu'on se transforme en une
espèce de gestapo qui passerait son temps à aller dans les
municipalités faire des enquêtes préventives. Ce n'est pas
le rôle du ministère.
J'aimerais citer un extrait d'un discours prononcé par le
député de Jonquière lui-même en avril 1984, dans
lequel il disait: "Malheureusement, le gouvernement provincial n'a pas toujours
agi en tenant compte de cette réalité. Bien sûr, en
théorie, cela fait plus de six ans qu'on parle de revaloriser le pouvoir
municipal, mais en même temps ce pouvoir est de plus en plus
encerclé, circonscrit, surveillé et étouffé par des
lois et des règlements qui témoignent d'un manque de confiance en
la maturité des institutions municipales." Le député de
Jonquière devrait être conséquent avec lui-même,
à moins qu'il n'ait changé depuis les jours où il faisait
de beaux discours sur la revalorisation du pouvoir municipal.
M. Dufour: M. le ministre, je trouve que ce que j'ai dit est beau
et je le répéterais encore aujourd'hui. Je trouve cela beau. Je
veux juste ajouter une chose. Ce n'est pas parce qu'on parle de contrôle
qu'on doit laisser tout débridé. En pariant de laisser aller
certaines surveillances, il y a des choses qui sont pointilleuses et
tatillonnes, qui ne vont nulle part et qui ne causent de problème
à personne; c'est ce à quoi je faisais allusion, c'est ce dont je
pariais. Mais, quand c'est sur la place publique, je pense que le ministre n'a
pas le choix à ce moment-là. Qui va décider si c'est
important ou non? Je pense que cet après-midi, au départ, en
pariant de la ville de Saint-Laurent, il y avait des cas importants, il y avait
1 000 000 $ en transactions. Ce n'est pas important! Il y a des conflits
d'intérêts potentiels. Ce n'est pas important! Quand cela
sera-t-il important? Je ne le sais plus. Mais je sais une chose. Quand c'est
sur la place publique, quand c'est devenu une question publique qui prend de
l'importance, avec des gens... On ne parle pas de ragots de bas étage,
on peut nommer des gens qui soulèvent des questions et qui le disent
publiquement. Ce sont des élus municipaux qui soulèvent ces
questions, ils n'ont pas l'immunité parlementaire et ils vont sur la
place publique. A ce moment-là, vous n'avez pas le choix, M. le
ministre. Vous êtes obligé de dire: Je vais regarder cela et je
vais le regarder comme il faut.
M. Bourbeau: On est allé aussi. On l'a fait. M. Dufour:
Mais ce n'est jamais important.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit cela, M. le Président. C'est
tellement important qu'on a envoyé des vérificateurs qui ont
passé trois semaines là, peut-être plus même, et qui
ont fait rapport. Qu'est-ce que le député voudrait? Le
député voudrait qu'on écrive d'avance... Que le
député m'envoie les conclusions du rapport et je vais envoyer
cela aux vérificateurs pour voir si cela peut être ajouté
à la fin de leur rapport. Mais, si le député veut faire,
des rapports écrits d'avance, dont les conclusions sont connues, ce
n'est pas le genre d'argument qu'on fait. On envoie des vérificateurs
qui prennent connaissance des faits, pas des ragots, des potins, mais des
faits. Ils regardent des documents, ils interrogent des personnes et, à
la fin, ils tirent des conclusions. Parfois, la conclusion est de demander
à la police ou à la Commission municipale de faire enquête.
C'est ce qu'on a eu dans le dossier de Chibougamau, par exemple. Le
député ne parle pas du dossier de Chibougamau où la
vérification a mené, effectivement, à une mise en tutelle
et à une enquête formelle de la Commission municipale. Dans
d'autres cas, la conclusion est différente. Dans d'autres cas, il n'y a
pas vraiment d'indices sérieux permettant de faire enquête.
À ce moment-là, c'est une conclusion inverse. Mais je suis au
regret d'annoncer au député de Jonquière que,
malheureusement, jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de scandale
ici. Je voudrais bien faire plaisir au député, mais je ne peux
quand même pas écrire d'avance les conclusions des rapports. Dans
ce cas-ci, il semble qu'il n'y ait rien de répréhensible sur le
plan de la gestion municipale.
M. Dufour: On verra bien. On va regarder la suite des choses.
Une question sur la ville de Malartic. On vous a adressé des
lettres en date du 15 mars, M. le ministre. Certains événements,
certaines choses se passent à la ville de Malartic. Est-ce que vous avez
des raisons particulières de ne pas donner de réponse à
ces gens-là et pourquoi n'y a-t-il pas d'action de la part du
ministère des Affaires municipales concernant Malartic?
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
préciser...
M. Dufour: Cela doit être encore des ragots, j'imagine.
J'ai des lettres qui vous ont été adressées le 15 mars,
deux lettres qui parient de démocratie municipale, qui parlent aussi
d'augmentation pour les élus et de certains problèmes de
démocratie. Cela a été porté à votre
attention et les gens n'ont pas encore eu de réponse. Donc, ma question:
Est-ce qu'il y a une raison particulière pour ne pas avoir
répondu à ces gens-là? C'est rendu au folklore. Les gens
vont se tuer dans le coin, si cela continue.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis très heureux,
vraiment heureux que le député de Jonquière...
M. Dufour: Là, cela va être grave. Vous allez en
parler.
M. Bourbeau:... aborde le dossier de Malar-tic, une petite
municipalité du nord-est québécois avec une population
d'environ 4000 habitants et qui a eu des problèmes financiers
sérieux au cours des dernières années. Je vais simplement
dire au député de Jonquière ce que j'ai fait dans le
dossier de Malartic. Il y a environ un an, on a porté à mon
attention un règlement d'emprunt de la ville de Malartic qui avait pour
objet de consolider, par un emprunt à long terme, les déficits
accumulés par la municipalité au cours des deux ou trois
dernières années. J'ai demandé aux fonctionnaires du
ministère de me brosser un tableau de l'histoire récente du
dossier de Malartic pour me rendre compte qu'au cours des dix ou quinze
dernières années la ville de Malartic avait été
frappée d'une maladie contagieuse. Tous les deux ou trois ans, cette
ville se présentait au ministère avec un règlement de
consolidation des déficits accumulés au cours des
dernières années.
Alors, la ville accumulait pendant, trois, quatre, cinq ou six ans, des
déficits et se présentait au ministère pour demander
d'emprunter à long terme pour consolider ses déficits. Or,
jusqu'à celui qui vous parle, on avait toujours accepté de
consolider les déficits accumulés de Malartic. On l'a fait
à plusieurs reprises. L'ancien gouvernement a accepté de
consolider et de reporter sur les générations futures, si je peux
dire, les dettes accumulées par la ville de Malartic au cours des
dernières années jusqu'à ce que je refuse. J'ai
carrément refusé, à ce moment-là, de permettre la
consolidation du déficit accumulé de Malartic au cours des
dernières années.
On m'indique que, dans le passé, à cinq reprises, le
gouvernement avait accepté de consolider les dettes de Malartic et,
donc, d'emprunter à long terme pour payer ces dettes-là. La
sixième fois, M. le Président, j'ai refusé. J'ai
refusé et j'ai dit que, dorénavant, je n'accepterais pas ce genre
de consolidation de dettes et que les administrations municipales devraient
vivre selon leurs moyens et taxer aujourd'hui pour les dépenses
d'aujourd'hui. Bien sûr, il pourrait y avoir des cas d'exception. Si un
désastre naturel se présentait, je ne dis pas qu'on ne pourrait
pas permettre la consolidation, mais on n'est certainement pas pour permettre
aux municipalités ce que l'on ne veut pas faire au gouvernement du
Québec, c'est-à-dire, emprunter à long terme pour payer
l'épicerie. (16 heures)
Or, à la suite de ce refus-là, j'ai
dépêché sur place des responsables du ministère des
Affaires municipales qui ont travaillé d'arrache- pied avec le conseil
municipal à un plan de redressement de la municipalité. Cela a
donné lieu à un certain brasse-camarades, je dois en convenir. La
municipalité a dû congédier temporairement des
employés. On a probablement fermé le club de golf municipal. Le
terrain de camping soi-disant régional, qui occasionnait des
déficits énormes à la municipalité, a
également fait l'objet de compressions sérieuses. Bref, on
était en présence d'une municipalité qui vivait
carrément au-dessus de ses moyens.
M. le Président, je voudrais vous dire que c'est avec beaucoup
d'énergie que j'ai agi dans ce dossier. J'ai convoqué le maire et
les dirigeants municipaux pour me rendre compte qu'on ne suivait pas toutes les
prescriptions de la loi. Je les ai mis en demeure de le faire et, heureusement,
à la fin de l'année dernière, la municipalité non
seulement pour la première fois depuis longtemps avait réussi
à boucler son budget, mais elle avait fait un profit, un surplus au
cours de l'année. Pour la première fois depuis des temps
immémoriaux, Malartic avait terminé l'année avec un
surplus. C'est donc dire que, les gestes et les décisions prises par le
ministre ont été bénéfiques pour la ville de
Malartic et pour les citoyens. Cependant, je dois dire qu'au cours des derniers
mois, au début de l'année 1988, il semble que la maladie ait
refait surface, d'après ce que je peux voir, que la guérison
n'était pas complète et que le conseil municipal, heureux, je
présume, d'un surplus qu'on n'avait pas vu depuis très longtemps,
a décidé de s'adonner à des décisions qui avaient
pour objet d'engager un chef de cabinet pour M. le maire, d'augmenter la
rémunération des élus, maire et conseillers, ce qui n'a
pas, semble-t-il, fait l'objet d'un très large consensus dans la
population qui s'est opposée, avec raison, je présume, à
des augmentations de salaire aussi importantes. Toujours est-il que,
récemment, le maire m'a fait parvenir une copie de sa démission.
Le maire a démissionné au cours des derniers jours et je pense
que la démocratie va jouer son rôle. Voilà un exemple d'une
municipalité dont les citoyens n'acceptaient pas une décision du
conseil municipal. On aura probablement l'occasion très bientôt
d'avoir une élection à la mairie et ce sujet de la
rémunération des élus municipaux sera certainement au
centre des débats lors de la campagne électorale. Quant à
moi, M. le Président, j'estime avoir fait mon devoir et je suis bien
fier des décisions que j'ai prises dans ce dossier.
M. Dufour: Mais vous n'avez pas donné réponse aux
lettres qui vous ont été adressées. C'est curieux de vous
voir aller dans le cas de cette petite municipalité. Je trouve cela le
"fun". Je trouve cela correct. Vous êtes correct dans les petites
municipalités. Vous n'êtes pas correct dans les grandes. Il
faudrait que cela soit plus équilibré, à mon point de vue.
C'est un gros problème ce que vous me dites là et, ailleurs, vous
laissez tout passer. Il me semble que cela
manque un peu de mesure. Je suis content que vous connaissiez bien le
dossier de Malartic. D'ailleurs, cela a paru. Vous avez parlé pendant
plusieurs minutes là-dessus. Je vous ai laissé aller. Vous
connaissez le dossier. Parfait! Je trouve cela correct, sauf qu'il y a des gens
qui vous ont écrit et à qui vous n'avez pas répondu. On va
peut-être être obligé de leur envoyer les minutes de ce que
vous avez dit. Vous avez trouvé que vous avez fait votre job, parce que
tout est réglé.
Encore là, je reviens à la charge avec ma question. Est-ce
qu'il y a des raisons particulières pour lesquelles vous n'avez pas
répondu aux personnes qui vous ont adressé ces lettres?
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait me
donner la date de ces lettres?
M. Dufour: Le 15 mars.
M. Bourbeau: M. le Président.
M. Dufour: C'est M. Jeannot Couture.
M. Bourbeau: Le député de Jonquière n'est
pas sérieux. Il ne fait vraiment pas sérieux. Le
député me parle de lettres qui ont été
écrites le 15 mars par des individus dont je ne sais pas les noms, par
des particuliers, et qui ont été envoyées par la poste.
Donc probablement qu'elles ont été reçues au
ministère vers le 20 mars: Elles sont passées par la
procédure d'enregistrement du ministère, ce qui prend encore deux
ou trois jours: elles ont été mises dans la machine du
ministère - on reçoit des milliers de lettres à tous les
jours - et on s'étonne que la réponse ne soit pas encore
parvenue. Je dirai au député de Jonquière de ne pas s'en
faire. Nous répondons à toutes les lettres, absolument à
toutes les lettres. Les députés en sont témoins...
Des voix:...
M. Bourbeau: II y a des témoignages, à ma gauche,
M. le Président, de gens qui...
M. Dufour: C'est cela. Vous travaillez sur la gauche. On en
parlera tantôt, un peu plus tard.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: On vous dira cela tout à l'heure, ce que vous
faites là-dessus.
M. Bourbeau: Même au député de
Jonquière. Je réponds au député de Jonquière
chaque fois qu'il m'écrit, mais de grâce...
M. Dufour: Je n'écris pas souvent.
M. Bourbeau:... laissez-moi le temps de réfléchir
un peu et de me renseigner avant de répondre.
M. Dufour: En tout cas, on pourrait peut-être vous parler
d'un dossier où vous n'avez même pas répondu aux gens, et
je suis convaincu que c'est vous qui le bloquez. Ce n'est pas là-dessus
qu'on va parler. On va parler de la question de Malartic.
Des voix:...
M. Dufour: La question de Malartic, vous la connaissez. C'est un
dossier sur lequel vous vous êtes penché. Vous l'avez
examiné. Il n'y a pas de raison, quand te dossier Malartic arrive
à votre bureau, qu'il ne revienne pas chez vous rapidement. Vous avez
mis tellement de temps et tellement de coeur là-dedans que n'importe qui
à votre ministère devrait être au courant que le ministre a
travaillé tellement là-dessus que, quand on voit cela, cela va
directement à son bureau. C'est parce qu'il y a des choses qui sont
assez graves. Êtes-vous au courant que chaque fois que quelqu'un veut
écrire une lettre à un journal, il reçoit des actions par
la tête: $100 000 $, 50 000 $, 5000 $? Les citoyens ne peuvent plus
parler, ils ne peuvent plus écrire de lettres ouvertes dans les
journaux. J'en ai des lettres ouvertes, il n'y a pas grand bêtise
là-dedans. Quand quelqu'un a travaillé dans le domaine municipal,
il connaît cela, des lettres comme cela. Il n'y a pas d'accusations
tellement graves, mais ils ont des lettres envoyées par la ville, par
ses avocats. Ce sont des avocats payés par la ville qui envoient des
lettres de menaces aux citoyens. Je suis convaincu, à part cela, que
vous avez entendu parler de ce qui se passait à Malartic. Je suis
convaincu que vous deviez y avoir des antennes. Je savais que le maire avait
démissionné il n'y a pas tellement longtemps. Son agent est parti
aussi. À ma connaissance, il y en a au moins deux qui ont
démissionné. Vous avez ici le député du coin, de la
région qui peut vous donner ces nouvelles-là.
Vous me dites que vous allez leur répondre sur tout cela? C'est
ce qu'on voudrait savoir.
M. Bourbeau: Je vais leur répondre, M. le
Président, comme je réponds à tous ceux qui
m'écrivent.
M. Dufour: D'accord. Dans les plus courts délais?
M. Bourbeau: M. le Président, nous répondons
toujours dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de Jonquière... Vous, dites que des
gens vous ont écrit en rapport avec le même dossier. Est-ce que ce
sont les mêmes citoyens? À quelle date vous ont-ils
écrit?
M. Dufour: Ce sont les copies des lettres qui ont
été envoyées au ministre.
M. Gauvin: Ah bon! Des gens vous ont envoyé des copies de
lettres.
M. Dufour: Oui. Elles me sont transmises par le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gauvin: Leur avez-vous répondu?
M. Dufour: Je viens de les recevoir aujourd'hui.
M. Gauvin: D'accord.
M. Dufour: Je ne peux pas répondre aujourd'hui, mais je
vais leur répondre à partir des réponses du ministre.
À part de cela, ce n'est pas à moi de répondre à
ces questions, d'une façon ou de l'autre.
M. Gauvin: Non, non, mais c'est pourvoir...
M. Dufour: Non, non. Je suis très ouvert par rapport
à cela.
M. Gauvin:... si vous avez autant de suivi que vous souhaitez que
le ministre en ait.
M. Dufour: Oui, oui. Et, en plus, je n'ai pas le même
personnel, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: Pas la même quantité de lettres non
plus.
M. Dufour: Non. Vous avez fait les deux. J'aimerais voir les
autres choses.
La question de vos fournisseurs, en date du 8 décembre 1987, il y
a un montant qui a été payé à Me Jean-Claude
Boutin, Corporation municipale de Saint-Denis-de-Brompton contre Gérard
Filteau et Procureur général, 1600 $. Le montant n'est pas
nécessairement élevé. Est-ce que ce M. Jean-Claude Boutin
est celui qu'on pense?
M. Bourbeau: Je ne sais pas à quoi vous pensez. Le
député pourrait-il me dire à qui il pense.
M. Dufour: Est-ce qu'il s'agit de Jean-Claude Boutin qui a
été député à l'Assemblée nationale,
qui a démissionné, etc?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai aucune espèce
d'idée de qui est l'avocat en question. Si le député veut
nous donner une seconde, je vais faire sortir les documents. Le
député pourrait-il nous dire où il est rendu, à
quel programme, à quel élément?
M. Dufour: Bon, c'est dans les mandats. C'est toujours dans la
questions des requêtes spéciales en honoraires en vertu du
règlement 15 du Tarif des honoraires judiciaires. C'est toujours dans la
question des municipalités.
M. Bourbeau: À quel élément, M. le
député, s'il vous plaît?
M. Dufour: C'est dans les éléments des contrats que
le ministère donne. Traitements aux fonctionnaires, à services
quasi-judiciaires en gestion municipale. Élément 4.
M. Gauvin: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: Avant qu'on aille trop loin, pour notre information,
est-ce qu'il serait possible d'avoir des copies de lettres qui vous ont
été adressées, des lettres adressées au ministre et
dont vous avez reçu copies?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, je veux juste donner une
information. Le député d'Abitibi-Ouest m'a donné ces
documents pour que je puisse poser des questions là-dessus. Ce n'est pas
le dossier du député de Jonquière. Donc, à ce
moment-là, je peux juste me faire l'interprète pour demander au
député d'Abitibi-Ouest s'il veut qu'on vous remette des
copies.
M. Gauvin: M. le Président, c'est parce que cela pourrait
être intéressant pour nous pour suivre le débat. C'est un
document que le député de Jonquière a cité.
J'aimerais être capable de suivre.
M. Dufour: Je ne suis pas un ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Montmagny-L'Islet, je pense que M. le député de
Jonquière, dans son rôle de critique de l'Opposition, peut citer
sa correspondance.
M. Dufour: Mais ce n'est pas comme un ministre.
M. Gauvin: Ah bon!
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, on peut exiger le
dépôt de documents, de la part d'un ministre et non de M. le
député de l'Opposition.
M. Gauvin: Mais pour mieux suivre, est-ce qu'il pourrait d'abord
nous la lire?
M. Dufour: Non, elle est correcte; si vous voulez la lire, on va
la lire. On va en prendre connaissance ici.
Une voix: Donnez-moi une copie. Envoyez donc!
M. Dufour: II y en a deux. Si vous voulez la lire. Je ne suis pas
propriétaire de la lettre, moi. Je ne peux pas en faire des copies, mais
si vous voulez en avoir des copies, on vous en donnera. Là, on va finir
cet élément. C'est la même... Ce sont deux
différentes.
Une voix: Deux différentes?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On me dit qu'on est rendu au programme 4.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous étions à
une question sur l'élément 4 de la part de M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Toujours.
M. Bourbeau: Concernant la question des honoraires qui auraient
été payés à un bureau d'avocats pour des avocats
nommés Boutin et Ouellet, voici de quoi il s'agit. Il s'agit d'une cause
concernant la Corporation municipale de Saint-Denis-de-Brompton, qui avait
édicté un règlement municipal prohibant ou
contrôlant les embarcations à moteur sur le lac Brompton. Or, un
des citoyens a décidé de faire fi du règlement municipal
et d'utiliser son embarcation à moteur sur le lac Brompton. La
municipalité a pris des procédures judiciaires pour forcer le
citoyen à respecter le règlement municipal. La cause est
allée en Cour supérieure. Subséquemment, la cause est
allée en appel devant la Cour d'appel du Québec. Dans les deux
cas, la municipalité a perdu. Il s'agit d'une petite
municipalité, bien sûr, dont les moyens financiers
n'étaient pas très importants.
À ce moment-là, le gouvernement du Québec, sur la
recommandation du ministre des Affaires municipales, M. Jacques Léonard,
avait décidé d'absorber une partie des frais judiciaires du
dossier étant donné qu'il s'agissait d'une cause type qui mettait
en cause le pouvoir des municipalités de contrôler les
embarcations à moteur sur les lacs et les plans d'eau du Québec.
Les procureurs sont les procureurs de la municipalité; je ne connais pas
personnellement ces procureurs, mais l'ancien gouvernement du Parti
québécois avait convenu de payer les honoraires de la
municipalité. Ces avocats sont au dossier depuis le début, me
dit-on, donc, bien avant l'arrivée du présent gouvernement.
Finalement, en octobre 1987, lorsqu'il a été décidé
de ne pas porter le jugement de la Cour d'appel en Cour suprême, parce
qu'on estimait que les chances de gagner étaient à peu
près nulles, les avocats ont fait parvenir au ministère la note
de leurs honoraires et le ministère de la Justice nous a demandé
d'acquitter cette note d'honoraires, étant donné les engagements
qui avaient été pris précédemment.
Voilà.
La fermeture de Schefferville
M. Dufour: Il y a un autre dossier, évidemment, que je ne
pourrais pas passer sous silence, un dossier qui est bien connu, que vous
connaissez bien, qui ne va pas vite, c'est le dossier de Schefferville. C'est
un dossier qui a été déposé ou qui a
été complété, en principe, selon la loi 67, au mois
de juin 1986. Tantôt, il y aura donc deux ans que ce dossier fonctionne.
À plusieurs reprises et en 1987, lors de l'étude des
crédits budgétaires, vous nous aviez informés que le
dossier était à la veille d'aboutir, que cela pourrait marcher.
Bon. Cela allait bien. Mais cela allait en douce. Là, cela fait
pratiquement deux ans et non seulement le dossier ne va pas bien, mais vous
avez menacé les gens en disant: Si vous ne prenez pas d'entente d'ici
à la fin de mars, si je ne me trompe pas, ou à la fin d'avril, on
va retirer nos offres. Est-ce que cette affaire-là était
sérieuse, de retirer les offres?
M. Bourbeau: Y a-t-il une question? (16 h 15)
M. Dufour: Oui, oui. Vous nous avez dit que le dossier allait
bien, mais là, il va moins bien, parce qu'il y a eu certaines offres qui
ont été faites à des gens, à des résidents,
des propriétaires, des locataires concernant leur départ ou la
vente de leur propriété. Comme cela n'aboutit pas trop vite,
parce qu'il y a encore plusieurs personnes qui n'ont pas encore pris entente,
vous avez menacé dernièrement de retirer ces offres-là.
Autrement dit: Vous n'êtes pas intéressés à partir,
parce que vous nous faites de l'obstruction. Vos positions ne sont pas claires,
ne sont pas suffisamment décidées. Est-ce que la question de
retirer vos offres était sérieuse ou si ce n'était qu'une
menace?
M. Bourbeau: Très sérieux, M. le Président,
M. Dufour: Quand se terminent ces offres?
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Jonquière se souvient que lorsque nous avons été
appelés aux affaires de l'État, la ville de Schefferville
était passée d'une population d'au-delà de 3000 habitants
à environ 300 après que la mine eut été
fermée par la compagnie Iron Ore du Canada.
Un sondage qui avait été fait par le conseil municipal du
temps indiquait que la majorité des citoyens était très
désireuse de quitter Schefferville et de se reloger dans le sud, comme
on dit.
Pour, le gouvernement, il était bien évident qu'à
très court terme la municipalité allait connaître de
très sérieuses difficultés financières, puisque 300
citoyens ne peuvent pas absorber seuls le coût des services municipaux
d'une municipalité équipée pour servir 3000 personnes. Il
y avait un hôpital, des écoles, des infrastructures, une usine de
filtration, l'enlèvement de la neige, la tonte du gazon, etc. Bref, on
s'en allait vers un désastre financier de la municipalité.
Or, comme le gouvernement ne peut pas se permettre de faire en sorte
qu'une seule municipalité au Québec ne fasse défaut sur le
paiement de ses obligations envers les créanciers, il a jugé bon
d'intervenir et de tenter de trouver une solution. À la suite du sondage
dont j'ai parlé tout à l'heure, il était évident
qu'un très grand nombre de citoyens, sinon la très grande
majorité, voulaient quitter les lieux. Mous avons procédé
à l'adoption de la loi 67 et donné au ministre des Affaires
municipales les pouvoirs d'acquérir, de gré à gré
ou par expropriation, les immeubles. Nous avons choisi la voie du gré
à gré, parce que nous ne voulions pas forcer les gens à
partir malgré eux. Or, certains individus, dont, probablement, le
député de Duplessis qui n'est pas ici aujourd'hui, mais
j'aimerais bien qu'il y soit, ont contribué à créer une
psychose chez les propriétaires en leur disant: N'acceptez pas les
offres du ministère, il va procéder par voie d'expropriation et
là vous pourrez décrocher le gros lot. On faisait miroiter des
sommes de 50 000 $, 60 000 $ et même 70 000 $ par résidence pour
les propriétaires occupants, alors que la très grande
majorité d'entre eux avaient acquis leur maison pour 1 $ au cours des
deux ou trois années précédentes, c'est-à-dire
après que la mine eut été fermée.
Il faut se souvenir, dis-je, que la compagnie Iron Ore, après
avoir fermé la mine, se retrouvait avec plusieurs centaines de maisons
sur les bras; elle devait payer les taxes foncières, le chauffage et
l'entretien, ce qui menaçait de lui coûter très cher. La
compagnie a décidé de donner les maisons à qui en voulait
et même d'en donner plus qu'une. Il y a des individus qui ont
acheté jusqu'à sept ou huit maisons à 1 $ pièce. Ce
sont ces mêmes gens-là à qui on promettait - pas nous, mais
les individus qui les conseillaient - d'attendre l'expropriation qui leur
aurait rapporté 60 000 $ ou 70 000 $. Pour moi, il eut été
facile de régler rapidement le dossier de Schefferville, je n'avais
qu'à aller en expropriation; on aurait acquis les immeubles dans
l'espace de quelques semaines ou quelques mois et on se serait retrouvé
après avec une facture extraordinaire aux frais des contribuables du
Québec.
Je n'ai pas voulu suivre ce chemin-là qui eut été
facile, mais qui n'aurait pas été le signe d'un bon gestionnaire.
J'ai plutôt préféré continuer à
négocier, de gré à gré, avec des gens qui
étaient mal conseillés, je dois le dire. Au bout d'un an, j'ai
convoqué le conseil municipal, le nouveau conseil municipal pour dire
essentiellement aux gens qu'on ne procéderait pas par voie
d'expropriation et que, s'ils ne voulaient pas partir de Schefferville, on ne
les obligerait pas à le faire. J'ai déjà dit cela il y a
un an aux citoyens de Schefferville. Et que, s'il n'y avait pas moyen d'avoir
un consensus sur les montants à payer, nous modifierions
complètement notre stratégie. J'ai laissé passer sept ou
huit autres mois de négociations au cours desquels un grand nombre de
propriétaires occupants ont accepté les offres du gouvernement.
Nous avons actuellement une proportion intéressante de citoyens qui ont
accepté nos offres, d'autres sont en négociations intenses. Je ne
peux pas dire, pour l'instant, quelle sera là proportion des citoyens
qui accepteront éventuellement nos offres. Tout ce que je peux dire,
c'est que les montants que nous offrons à Schefferville sont
éminemment comparables aux sommes payées par l'ancien
gouvernement lors de la fermeture de la ville de Gagnon, avec cette
différence que le gouvernement était beaucoup plus responsable et
sujet à payer dans le cas de Gagnon que dans le cas de Schefferville,
car dans le cas de Gagnon, le gouvernement avait une responsabilité
évidente dans la décision de fermer la mine et que le
gouvernement était copropriétaire de la mine, par
SIDBEC-Normines. Donc, le gouvernement se sentait responsable de la fermeture
de la mine. À Schefferville, ce n'était pas le cas, nous n'avions
aucune responsabilité dans la fermeture de la mine; donc, raison
additionnelle pour offrir des sommes moins importantes. Malgré cela, les
sommes d'argent que nous offrons se comparent, d'une façon
générale, aux sommes payées à Gagnon.
Récemment, considérant que la période de temps pour
réfléchir était suffisante, j'ai indiqué, à
tous les propriétaires occupants de Schefferville que la période
de négociation se terminerait sous peu et que si nos offres
n'étaient pas acceptées, nous allions les retirer - nous n'allons
pas les laisser là indéfiniment - et faire en sorte que les
citoyens de Schefferville qui veulent demeurer à Schefferville puissent
le faire, mais cela ne sera pas dans une ville comme maintenant, cela sera dans
un village, un tout petit village d'environ 200 personnes, avec les
équipements et les infrastructures propres à un village de 200
personnes. Cela ne sera plus une grosse ville. On n'aura pas les mêmes
équipements. Il ne serait pas question de garder un corps de police.
D'ailleurs, il a été fermé. On a mis fin au corps de
police. Il n'est pas question, non plus, de conserver des rues entières
déneigées en hiver alors qu'il n'y a qu'un seul occupant sur 20
maisons. Nous allons resserrer le tissu urbain. Nous allons démolir les
maisons qui sont sur des rues non occupées. Nous allons faire en sorte
que Schefferville soit le petit village qu'il doit être
dorénavant.
M. Dufour: Le seul point qu'on puisse dire,
c'est que le ministre, s'il était si conciliant... Il laisse
souvent pourrir des dossiers. Dans le dossier de Schefferville, il vient de
prendre une décision en disant: On va régler cela. C'est
contraire à ce que je l'entends dire depuis longtemps. Il m'a dit, tout
à l'heure, que je colportais certaines choses, des insinuations. Pour
moi, ce sont des insinuations quand il dit: II y a des gens qui ont dit
à ces gens: Attendez, le gouvernement va vous exproprier, vous allez
avoir 50 000 $. Cela me semble des ragots ou des histoires de ma
grand-mère. Je m'appuyais sur des faits précis et des individus
qui affirmaient des choses. Ce que le ministre me dit sur ce qui se passe
à Schefferville, je ne suis pas au courant de cela. Je ne sais pas si
c'est vrai ou pas. Je ne peux pas prendre cela comme de l'argent comptant. Une
seule chose, c'est que, quand on fait des expropriations, règle
générale, cela passe devant un tribunal d'expropriation. Il y a
une négociation. Des montants sont déposés. Cela oblige le
Tribunal de l'expropriation à se prononcer. Le Tribunal de
l'expropriation, normalement, ne donne pas cela "at large". Il y a des preuves
à faire, autant pour l'individu qui offre le prix que pour celui qui le
reçoit. Cela va, quant à moi. La question du député
de Duplessis, qui n'est pas ici, malheureusement, lui aussi a d'autres travaux,
on vous dit que l'histoire de Schefferville n'est pas terminée. On va
sûrement y revenir. Au cours des prochaines semaines, vous en entendrez
sûrement parler. À nos yeux, Schefferville n'est pas le meilleur
dossier qui a été mené. Pourtant, Dieu sait si
l'Opposition vous avait ouvert les yeux ou avait essayé de vous ouvrir
les yeux! Peut-être qu'on n'a pas réussi à ouvrir les
oreilles suffisamment, mais on a amené des faits probants. Il s'agirait
de retourner à la commission parlementaire. Il y avait peut-être
des moments où des choses se disaient qui n'étaient pas parfaites
à 100 %, mais il y avait tout de même des éléments
qui démontraient ou cherchaient à démontrer que
Schefferville ne se fermerait pas aussi facilement que vous le mentionnez.
Je pourrais vous poser encore plusieurs questions a ce sujet. Par
exemple, est-ce que le gouvernement est prêt à embarquer pour que
cela soit un village. Cela devait devenir une réserve. On ne sait
même pas ce qu'il en est. Cela me semblait juste des mots pour des mots
ou des façons de dire: On va arranger tout cela, cela ne coûtera
plus rien. Vous parlez de resserrer le réseau, le tissu urbain, mais
d'autres éléments avaient été soulevés,
où le gouvernement fédéral prenait tout à sa
charge. Dans le fond, vous transfériez des comptes à payer au
gouvernement fédéral, et il ne semble pas que cela ait
donné beaucoup de suite par rapport à ce qui existe
actuellement.
On est juste dans la question des gens. Par exemple, est-ce que le
comité de reclassement des gens a cessé à fonctionner?
Est-ce qu'il continue à fonctionner? Est-ce qu'il y a des suites
à l'intervention du fédéral ou si c'est
complété, ou c'est terminé parce qu'on a manqué
notre coup? Est-ce que, actuellement, le dossier... Vous nous informez qu'il
n'y a plus rien à faire dans ce dossier: c'est le resserrement du tissu
urbain, il n'y aura plus de négociation avec les gens et on met la croix
sur le reste. C'est à peu près cela?
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a pas la même
vision des choses. Je suis assez fier de la performance du ministère et
du ministre dans le dossier de Schefferville. Nous avons choisi la solution la
moins facile, mais, je pense, la meilleure comme gestionnaires. Il aurait
été très facile de dilapider les fonds publics et de payer
des sommes d'argent faramineuses à tous les propriétaires sans
tenir compte de la réalité des faits. Ce n'est pas ma
façon de voir les choses et j'ai préféré faire
preuve de bonne gestion des fonds publics en tenant compte de
l'intérêt de tous les contribuables et non pas de certains qui
auraient pu recevoir des sommes très importantes.
Il ne faut pas oublier que, si nous avions été en
expropriation - c'était la route facile et rapide - les tribunaux
d'expropriation n'auraient pas tenu compte du coût d'acquisition de
l'immeuble. Pour eux, c'est un fait qui n'importe pas. Ils regardent quelle est
la valeur de l'immeuble et, forcément, se prononcent sur le montant de
l'expropriation.
Dans le cas de Schefferville, il y avait un élément
additionnel très important, c'est que ces gens, dans 80 % ou 90 % des
cas, avaient acquis l'immeuble au cours de l'année
précédente ou des deux années précédentes
pour la somme de 1 $. Bref, on la leur avait donnée. Sur le plan moral,
est-ce qu'il était correct de payer à même les fonds
publics des sommes de 60 000 $ à 70 000 $ à des gens qui avaient
reçu cet immeuble en cadeau un an, deux ans ou trois ans avant? Comme
gestionnaire de fonds publics, je n'ai pas voulu accepter d'aller en
expropriation et de me faire dire: Vous devez payer 70 000 $ une maison
payée 1 $ l'an dernier. Peut-être que le député de
Jonquière trouve que j'ai mal agi; moi, je trouve que j'ai bien agi.
C'est sûr que cela m'a causé des problèmes, en ce sens que
le dossier a retardé pendant un an additionnel, mais je pense que, sur
le plan de la gestion des fonds publics, c'est une décision correcte,
bonne, c'était la décision qu'il fallait prendre. Ce n'est pas la
plus facile, cela peut apporter des critiques à l'occasion, mais je
pense que c'est une décision qui est bonne pour les finances publiques
et qui est très équitable pour les citoyens de Schefferville.
M. Dufour: Dans les comités de reclassement, si vous
retirez vos offres, est-ce que vous considérez que tout votre travail
est complété à Schefferville? Après avoir
resserré le tissu urbain, est-ce que vous pensez que tout sera
réglé? Si vous retirez vos offres, c'est fini;
donc, vous serez obligé de resserrer le tissu urbain. Il y avait
un comité de reclassement des travailleurs, il y avait des
hôpitaux, il y avait toutes sortes de choses qui se passaient dans ce
coin-là. Qu'est-ce qui advient de tout cela? Il y a aussi des Inuit, des
Montagnais ou des Attikameks. Je ne sais trop comment ils s'appellent.
M. Bourbeau: Quelle est la question précise?
M. Dufour: II me semble qu'elle est claire. Une fois que vous
retirez vos offres, il faudra que cela finisse quelque part, vous avez dit que
cela allait finir, ce sera la troisième fois que je le
répète.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, c'est tellement
confus...
M. Dufour: Une fois que c'est complété, il y avait
des comités de reclassement mis sur pied; vous avez dit, lors de
l'adoption du projet de loi: On va arranger cela avec le fédéral,
il va faire une réserve avec cela, une réserve qui va servir aux
Indiens de la région. Il y avait un comité de reclassement, des
services étaient donnés à la population, qu'advient-il de
tout cela à partir de maintenant? (16 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, le député
mêle plusieurs choses ensemble. La réserve, c'est une chose, le
comité de reclassement, c'est une autre chose. On va parler du
comité de reclassement. Bien sûr, à partir du moment
où les gens ne déménagent plus, ceux qui n'ont pas
accepté nos offres, le comité de reclassement n'a plus d'objet,
il ne peut pas reclasser des gens qui ne partent pas. Donc, le comité de
reclassement va être terminé aussi.
M. Dufour: Est-ce que vous avez encore la question de la
réserve à l'esprit dans vos négociations avec Ottawa?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président...
M. Dufour: Vous étiez bon avec Ottawa, avant. Maintenant,
qu'est-ce que vous faites avec?
M. Bourbeau:... les négocations se poursuivent toujours
avec le gouvernement fédéral. Bien sûr qu'on a
procédé moins rapidement qu'on ne l'aurait prévu parce que
le gouvernement du Québec n'était pas en mesure de livrer des
maisons ou des terrains au gouvernement fédéral ou
d'échanger, si je peux dire, des terrains pour faire en sorte que les
Amérindiens puissent s'amener sur la réserve. Mais,
aussitôt que nous aurons terminé nos travaux, nous pourrons de
nouveau nous asseoir avec le fédéral. D'ailleurs, nous sommes
toujours en négociation avec lui pour déterminer s'il y a lieu de
faire en sorte que la réserve se prolonge un peu sur le territoire de
l'ancienne ville de Schefferville et dans quelle mesure cela pourrait se
faire.
Le Président (M. Sairrt-Roch): Est-ce que ceci
complète l'élément 4, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Dans le moment, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
éléments 1, 2, 3 et 4, est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous en
sommes maintenant au programme 3.
M. Dufour: Avec votre permission, M. le Président,
j'aimerais qu'on refoule le programme 3 à ce soir. J'avais un de mes
collègues qui demandait de pouvoir venir intervenir par rapport à
cela. C'est un dossier important. C'est toute la fiscalité
municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas d'objection. Je
suis là pour donner des réponses à tous les
députés. Dans l'ordre ou le désordre, cela m'est
égal.
Le Président (M. Saint-Roch): En vous remerciant, M. le
ministre.
Administration générale
Nous allons maintenant passer au programme 4.
M. Dufour: Nous allons passer aux éléments 1 et 2,
Direction et gestion. On va parier de la police municipale.
Police municipale
L'Union des municipalités du Québec, à plusieurs
reprises et depuis plusieurs années, a toujours été et est
encore préoccupée par l'ensemble du dossier de la police. Il y a
deux dossiers qui touchent sûrement les municipalités et qui ont
été soulevés, c'est l'arbitrage et la
désyndicalisation des cadres policiers. En 1986-1987, en 1987-1988, on a
parié de ces dossiers-là. Dans une réponse du 26 mai 1987,
le ministre nous disait: Le député verra, au cours des prochaines
semaines ou des prochains mois, comment évoluera le dossier. On est
actuellement rendu au 12 avril et ce dossier-là est encore en suspens.
Il n'a pas avancé encore. On avait même parié de semaines
et de mois pour pouvoir régler le dossier, mais, là, on va parier
d'années tantôt.
On pense, nous aussi, qu'un des problèmes
qui fait que le dossier des polices municipales ne fonctionne pas, c'est
qu'il n'y a plus de Solliciteur général. Le ministre des Affaires
municipales doit être conscient qu'il n'y a pas de Solliciteur
général, actuellement. Il y en a un, mais il ne semble pas que ce
soit sa première préoccupation. J'ai d'ailleurs l'intention de
lui en parler demain. Mais est-ce que le ministre des Affaires municipales est
prêt à nous aider? Parce qu'on veut faire des pressions pour que
le poste de Solliciteur général soit occupé par une
personne distincte du ministre de la Justice pour que ce dossier-là
puisse fonctionner. Est-ce que le ministre des Affaires municipales
prévoit des actions quelconques pour faire avancer ce dossier-là?
Il me semble que ce dossier a assez duré.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que vous pourriez
m'indiquer à quel endroit au livre des crédits se situe la
question du député de Jonquière?
M. Dufour: Je pense que, dans l'administration
générale des municipalités... Il y a des questions qui
sont posées par les municipalités. Il y a l'administration
générale des municipalités. Dans le programme 4, on parle
de direction et de gestion de tous les programmes. Ce qu'on demande par rapport
à cela...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne vois aucune mention du
Solliciteur général dans le livre des crédits.
M. Dufour: Mais vous devez être préoccupé par
le dossier de la police municipale. Je pense que, dans le temps des
crédits, vous ne vous arrêtez pas à cela. Vous allez au
moins répondre aux questions que l'on vous pose. Et le dossier de la
police municipale doit vous préoccuper quelque part. Parce qu'il s'en
passe des choses dans ce dossier-là.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, cela me
préoccupe.
M. Dufour: Bon, à ce moment-là, est-ce que vous
allez faire quelque chose pour faire avancer ce dossier? Est-ce que vous faites
des choses pour faire avancer ce dossier-là?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour: Est-ce que c'est une préoccupation qui,
actuellement, fait l'objet de certaines études de votre part ou de
certaines démarches?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour: Vous avez assisté à la rencontre entre
l'Union des municipalités du Québec et le premier ministre du
Québec.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour: Vous avez été préoccupé
par les demandes de l'Union des municipalités concernant le dossier de
la police.
M. Bourbeau: En effet, M. le Président.
M. Dufour: Je pense, M. le ministre, que vous traitez
l'Opposition d'une façon cavalière quand vous répondez par
un oui ou par un non. Vous n'êtes pas sérieux à ce
moment-ci et je pense que vous ne prenez pas votre job au sérieux ou que
vous êtes sur la voie d'évitement et prêt à vous en
aller, et que cela ne vous dérange plus ce qui se passe dans le dossier,
mais il me semble qu'un ministre des Affaires municipales qui entend parier du
dossier de la police, qui entend parler des préoccupations du monde
municipal, ne peut pas rester indifférent. Ce n'est pas par un oui ou
par un non qu'on donne des réponses sensées ou qu'on montre son
intérêt dans un dossier, à moins que vous ne me disiez que,
dans un mois ou dans deux mois, vous ne serez plus là, que cela ne vous
concerne plus, que vous êtes en train de vous laver les mains, de laisser
aller cela et que cela vous embarrasse. Mais c'est un dossier - en tout cas, on
en a parlé avec d'autres ministres des Affaires municipales - qui est
préoccupant. Des ministres des Affaires municipales ont essayé de
faire avancer le dossier. Vous, c'est un oui ou un non, et je ne trouve pas
cela fort fort de votre part.
M. Bourbeau: M. le Président, quand le
député de Jonquière commence ses questions par me demander
si je fais des pressions auprès du premier ministre pour faire nommer un
Solliciteur général, il reconnaîtra que ce sont des
questions totalement en dehors de l'objet de la présente discussion. Si
le député veut poser des questions qui portent sur les
crédits du ministère, je n'ai pas d'objection à y
répondre et même à aller un peu au-delà, mais pas
des questions du genre: Est-ce que je vais faire des pressions auprès du
premier ministre? Ce n'est pas le genre de questions auxquelles on
répond ici.
M. Dufour: Mais vous admettrez avec moi que le dossier de la
police a une influence sur les finances municipales. Ce matin, on a
parlé de 49 nouvelles municipalités qui vont participer au fonds
de péréquation du Québec. Le fonds de
péréquation, c'est parce qu'il n'y a pas suffisamment d'argent.
Cela veut dire que les municipalités sont plus pauvres qu'elles
n'étaient. Il y a moins d'argent à leur disposition. Donc, le
ministère est obligé de compenser. Il y a 49
municipalités, donc, 10 % de plus des municipalités qui ont
accès à ce fonds-là. C'est ce qu'on a appris, ce matin. Le
dossier de la police est un dossier préoccupant pour les administrations
municipales. Cela augmente les coûts d'administration. Je pense que,
d'une façon directe ou
indirecte, vous finissez par être touché par ce dossier
même si vous me dites que ce n'est pas votre dossier. Je suis convaincu
que vous ne pouvez pas vous en tirer comme cela. Cela touche les
municipalités, donc, cela touche forcément le ministre des
Affaires municipales.
M. Bourbeau: M. le Président, le fonds de
péréquation dont parle le député est un fonds qui
fait qu'une certaine redistribution d'argent est faite aux municipalités
dont l'indice de richesse est moins élevé. Mais le fait qu'une
municipalité ait accès au fonds de péréquation ne
veut pas dire que la municipalité est plus pauvre qu'elle ne
l'était l'année précédente. Cela veut simplement
dire que son évaluation foncière n'a pas progressé au
même rythme que la moyenne québécoise, si je puis dire. Et,
dans un certain sens, c'est peut-être un avantage pour la
municipalité parce que cette municipalité ne va pas chercher plus
d'argent ou moins d'argent dans les poches de ses contribuables parce que son
évaluation a augmenté plus vite ou moins vite. Le
député connaît un peu la façon dont sont
perçues les taxes foncières. D'une certaine façon, quand
une municipalité devient admissible au fonds de
péréquation, c'est de l'argent en plus qu'elle reçoit sans
qu'elle n'ait eu aucune dépense additionnelle. Finalement, ce n'est pas
une si mauvaise nouvelle.
M. Dufour: Si je me réfère à la commission
parlementaire de l'an passé, à l'étude des crédits
du 26 mai 1987, en réponse aux questions que je posais concernant le
dossier de la police, vous aviez répondu: "Cela étant dit, le
dossier progresse. C'est un dossier qui est piloté par le Solliciteur
général. Le député verra, au cours des prochaines
semaines et des prochains mois, comment évoluera le dossier. " Il y a un
certain nombre de réponses que vous donnez sur cette question. Il me
semblait que, l'an passé, vous étiez un peu plus
préoccupé, mais cela n'a pas changé grand-chose. Je me
fais peut-être des illusions en vous posant des questions et je perds mon
temps et fais perdre le temps de la commission parce que vous n'avez pas le
goût de vous en occuper, et j'en prends bonne note. La question de la
police, les élus municipaux sauront que cela ne vous intéresse
pas. Je pense que c'est ce que vous m'avez dit en quelques mots. C'est moi qui
suis le porte-parole de l'Opposition concernant les affaires municipales. C'est
un dossier qui intéresse les municipalités. Vous me dites: Cela
ne nous dérange pas. C'est bien. On va dire au municipalités: Ne
comptez pas sur le ministre, ce n'est pas votre défenseur, il ne
s'occupera pas de vous autres dans ce dossier.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai absolument pas dit
cela. Je n'ai pas dit au député que le dossier ne
m'intéressait pas et qu'on ne poussait pas dessus. Absolument pas. Tout
ce que j'ai dit au député, c'est que ce n'est pas l'en- droit,
ici, pour faire des déclarations sur les représentations que
pourrait faire le ministre des Affaires municipales auprès du premier
ministre quant à la nomination de nouveaux députés au
Conseil des ministres. Cela ne me regarde pas de donner des conseils au premier
ministre quant à qui ou quand il devrait nommer des gens. Je pense que
ce n'est pas l'endroit, ici, pour discuter de ces questions. C'est dans ce sens
que j'ai dit au député que ses questions étaient mal
articulées en début de dossier.
Depuis ce temps, le député s'est "raplombé" un peu.
Je peux lui dire que j'ai autant d'intérêt dans le dossier que
j'en avais l'an dernier. Je fais régulièrement des
démarches auprès de mes collègues pour tenter de faire
avancer le dossier. J'espère qu'il va avancer le plus tôt
possible.
M. Dufour: Mais, l'an passé, vous nous disiez que votre
plus haut fonctionnaire, le sous-ministre des Affaires municipales, le
numéro un de la fonction publique du ministère, était
délégué au dossier. Est-ce qu'il y a quelque chose qui a
débloqué depuis ce temps? Si vous ne voulez pas faire nommer un
Solliciteur général, on va vous le laisser, on va le laisser
comme cela. Mais, vis-à-vis du Solliciteur général, est-ce
qu'il a encore le dossier pour lequel il avait été nommé,
pour l'étude de ces questions? Est-ce qu'il fonctionne encore ou si le
dossier est mort?
M. Bourbeau: M. le Président, le sous-ministre est
toujours membre du comité et le sous-ministre est toujours vivant.
M. Dufour: Le sous-ministre, oui, mais est-ce que le
comité est actif? Vous pouvez bien me répondre: Bien oui,
même si quelqu'un est mort le temps continue à couler. Je
comprends cela. Mais est-ce que le comité fonctionne ou si le dossier
concernant la police est arrêté depuis les changements qu'on
connaît depuis un an?
M. Bourbeau: C'est bien sûr, M. le Président, que le
départ du Solliciteur général a causé un temps
d'arrêt dans le dossier. C'est bien normal. Mais j'ai bon espoir qu'on
devrait assister très bientôt à une reprise des
activités dans ce secteur.
M. Dufour: Donc, si je prends bonne note, c'est que le
comité n'a pas été actif, mais que cela ne vous a pas
préoccupé plus qu'il ne le faut. Quand a-t-il siégé
la dernière fois?
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
dit. J'ai même dit le contraire. J'ai dit que cela me préoccupait
tout à l'heure. Alors, le député ne devrait pas
conclure...
M. Dufour: Cela ne vous préoccupe pas beaucoup parce qu'il
ne siège pas et que vous ne le savez pas. Quand le comité a-t-il
siégé la
dernière fois?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne pourrais pas donner la
date précise. On ne tient pas un horaire jour après jour des
allées et venues du sous-ministre. Ce serait d'ailleurs assez difficile
parce que le sous-ministre est très occupé. Je ne pense pas que
j'aie avec moi l'horaire de ses déplacements. Je peux assurer le
député de Jonquière que c'est un dossier qui
m'intéresse au plus haut point.
M. Dufour: Je me charge de poser la même question au
Solliciteur général demain pour savoir quand le dossier a... Je
comprends que vous ne voulez pas le dire. Ce serait gênant pour vous de
me répondre parce que j'ai l'impression qu'il n'a pas
siégé beaucoup.
Cela étant dit, on va passer à la table
Québec-municipalités. Avez-vous l'intention d'augmenter les
rencontres avec la table, de la consolider ou de mieux l'utiliser par rapport
aux préoccupations du monde municipal? Je pense qu'il y a eu un
engagement qui a été fait, qu'on a vu quelque part que le premier
ministre s'était engagé... Est-ce que, au moment où on se
parle, on peut dire que la table Québec-municipalités va vraiment
devenir la table la plus représentative du gouvernement par rapport aux
municipalités?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est la seule table de
concertation qui sert de forum, de lieu de rencontre entre le monde municipal
et le gouvernement. Ce matin, on en a discuté longuement, je crois.
À plusieurs reprises, j'ai indiqué que le gouvernement voulait
continuer, même intensifier les rencontres au sein de la table
Québec-municipalités. Le premier ministre, lors de sa
récente rencontre avec les dirigeants de l'Union des
municipalités du Québec, a parlé dans le même sens.
(16 h 45)
M. Dufour: Cela va. On va continuer avec l'incubateur industriel.
Au cours de la campagne électrorale...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je m'excuse. Est-ce qu'on est encore au programme 4?
M. Dufour: Toujours. Ce sont des préoccupations des
municipalités que ce soit de la loi ou des décisions par rapport
aux municipalités. Je ne suis pas obligé de le prendre à
la direction générale, il n'y a pas d'autre place pour y toucher.
Moi je pense, par exemple, qu'à la période électorale au
mois de novembre 1985 il y avait des engagements de la part du gouvernement
pour les incubateurs industriels. Je pense bien que parler d'incubateur
industriel cela doit intéresser les municipalités. C'est une
grande préoccupation. On en avait même parlé au discours
d'ouverture du 16 décembre 1985.
Actuellement, on ne sait plus où cela est rendu: II y a du pour
et il y a du contre. Cela prend des modifications législatives. On ne
sait pas trop trop où c'est rendu. Mais c'est dangereux. À part
cela, il y a des municipalités, et je me fais l'interprète de
certaines municipalités, qui insistent pour qu'il y ait une
réponse à leurs préoccupations. Je pense que de ce
côté, si cela a bougé, ce n'est pas publiquement. On n'a
pas vu grand-chose qui se soit fait jusqu'à maintenant. Je voudrais
savoir ce qui se passe dans ce dossier. S'il y avait une loi, j'imagine que
c'est aux Affaires municipales qu'elle serait adoptée.
M. Bourbeau: M. le Président, j'avais rédigé
un avant-projet de loi avant Noël l'automne dernier et qui a
circulé un peu dans les comités interministériels. Il a
été retourné, si je peux dire, à la table de
travail pour être modifie et amélioré. Actuellement, nous
avons un comité conjoint de hauts fonctionnaires du ministère des
Affaires municipales et du ministère de l'Industrie et du Commerce qui
s'affaire à fignoler encore davantage la position du gouvernement dans
ce dossier, position qui n'est pas très facile à articuler, je
dois dire. Au cours des prochaines semaines, j'ai la certitude que le
comité va conclure et que nous pourrons préparer un
mémoire au Conseil des ministres en vue d'une loi à l'automne
1988.
M. Dufour: Mais entre-temps - ce discours, je l'ai
peut-être pas entendu de votre part, par exemple, je vais être le
plus honnête possible - il y a des municipalités, en tout cas, qui
ont dit publiquement, l'automne passé, que vous étiez favorable
à l'adoption d'une loi au cours de la session d'octobre à
décembre. On est rendu à la session qui va jusqu'au mois de juin
et vous nous parlez de l'automne. Il faut admettre que le dossier n'avance pas
vite. Vous ne mettez pas beaucoup de pression sur vos collègues. Il me
semble que cela va à petits trots, et il y a beaucoup de
municipalités qui sont impliquées par rapport à cela. J'en
connais quelques-unes qui sont préoccupées et aussi anxieuses
d'avoir des réponses. Vous nous remettez cela à l'automne
prochain. C'est encore un an.
M. Bourbeau: Le député de Jonquière dit la
même chose que moi. Je lui ai dit tout à l'heure avoir
indiqué à plusieurs reprises mon intention de
légiférer pour permettre les incubateurs d'entreprises ou les
motels industriels. Je l'ai dit à des municipalités. C'est
toujours ma préoccupation. C'est toujours mon intention. Le document a
circulé l'automne dernier, document qui ne s'est pas traduit en une loi.
Présentement, nous nous activons pour tenter d'améliorer encore
le projet de loi ou le document de base. J'ai fortement l'intention de
présenter un projet de loi dans les meilleurs délais. Bien
sûr, il est trop tard pour adopter une loi au cours de la pré-
sente session. Le député connaît très bien
les règles qui prévalent et qui font en sorte qu'il ne serait pas
possible d'arriver avec un projet de loi à ce stade-ci.
M. Dufour: Le moins que je puisse dire, c'est que vous allez
désappointer quelques municipalités.
M. Bourbeau: M. le Président, le plus
désappointé c'est peut-être le ministre des Affaires
municipales lui-même, mais, que voulez-vous, la machine gouvernementale
est une machine qui est lourde et il y a beaucoup d'intérêts qui
se heurtent et qui s'affrontent dans ces dossiers. Il faut faire en sorte de
concilier tous les points de vue pour avoir une loi qui soit cohérente
et qui puisse être dans l'intérêt de tous les contribuables
quels qu'ils soient.
M. Dufour: C'est heureux que vous n'ayez pas trop de lois
innovatrices parce que j'ai l'impression que là, c'est vrai qu'on
arrêterait de bouger.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Matapé-dia.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, c'est
simplement pour ajouter un commentaire à ce que le ministre vient de
dire. Je ne voudrais pas que la commission prenne les propos du
député de Jonquière, à savoir que le gouvernement
du Québec ne s'est pas préoccupé des motels industriels ou
des incubateurs d'entreprises. Je dois vous dire que bien que les
municipalités n'aient pas eu le droit au chapitre comme tel comme
investisseurs directs, il n'en demeure pas moins que le gouvernement du
Québec, par le biais de l'OPDQ, a soutenu de façon substantielle
plusieurs projets de motels industriels qui avaient été mis sur
pied par des corporations de développement économique dans
certaines municipalités du Québec. Je pense que la nuance
m'ap-paraît importante. Au moment où on se parle, les
municipalités veulent, dans certains cas, être maîtres
d'oeuvre, ce que ne permet pas la loi actuelle. Mais je dois dire que le
gouvernement du Québec, par le biais de l'OPDQ, a soutenu plusieurs
projets. J'ai été appelé, dans certains cas, à me
déplacer et à représenter le ministre responsable du
Développement régional pour aller inaugurer ce genre
d'infrastructures.
M. Dufour: Je comprends...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour:... et le député ne m'apprend pas de
nouvelles fraîches par rapport à cela. Je sais que cela s'est fait
et que cela va se faire encore, sauf que si cela force des intervenants ou des
municipalités à prendre des moyens différents par des
corporations dont le contrôle n'est pas semblable... Il peut arriver
aussi, dans certains endroits, qu'il y ait des actions qui doivent être
entreprises par différents corps publics. À ce moment-là,
il n'y a pas de corporation privée parce que c'est sur des terrains et
ce sont des actions de corps publics. C'est la difficulté qu'ont
certaines municipalités. Je pense que, lorsqu'on ouvre une porte, on ne
doit pas l'ouvrir par des corporations privées.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, je voulais
tout simplement apporter la nuance...
M. Dufour: Ah! Je parle de la loi.
M. Paradis (Matapédia):... parce qu'elle m'apparaîit
importante. Mais si vous me rappelez que les municipalités, de plus en
plus, sont appelées à jouer un rôle moteur au plan du
développement économique, je souscris parfaitement à cet
énoncé puisqu'on exige de plus en plus la concertation de tous
les agents d'un milieu, notamment, les municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Matapédia. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au programme 4?
M. Dufour: Oui, concernant les voyages et dépenses
diverses. Je n'ai pas beaucoup de questions par rapport à cela, mais
quelques-unes quand même.
Dans les mandats qui ont été confiés à
certains individus, contrats de services de moins de 25 000 $ octroyés
à des professionnels, cela va? Il y a M. Raymond Lecours... Contrats de
services de moins de 25 000 $.
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: D'accord?
M. Bourbeau: Oui, cela va.
M. Dufour: Raymond Lecours, membre du Bureau de révision
de l'évaluation foncière, engagé à honoraires.
Est-ce que M. Lecours a fait seulement un contrat ou s'il est devenu un membre
permanent du bureau de révision? Il est à contrat pour... Dans le
bas de la page.
M. Bourbeau: Je cherche l'endroit.
M. Dufour: Oui. Il n'y a pas de numéro de page.
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'un décret
du gouvernement du Québec en date du 19 novembre 1986 qui concerne la
nomination de M. Raymond Lecours, comme membre du Bureau de révision de
l'évaluation foncière du Québec. Il
dit: En vertu des articles 87 et 94 de la Loi sur la fiscalité
municipale, que M. Raymond Lecours soit nommé membre à temps
plein du Bureau de révision de l'évaluation foncière; que
M. Lecours reçoive, à ce titre, ses honoraires de salaire. C'est
pour la nomination de M. Lecours pour une période se terminant le 30
juin 1987.
M. le Président, il s'agit d'une décision, d'un engagement
plutôt, du contrôleur des finances afin de défrayer les
honoraires professionnels de M. Raymond Lecours du Bureau de révision de
l'évaluation foncière, conformément au décret
1710-86 du 19 novembre 1986, qui stipule que M. Lecours sera payé
à honoraires pour la période du 1er avril au 30 juin 1987.
Dans le décret dont j'ai parlé tout à l'heure on
disait que M. Lecours recevrait à titre des honoraires versés sur
une base annuelle de 48 000 $, lesquels honoraires comprennent une majoration
de 20 % pour tenir compte des congés et des contributions de l'employeur
au chapitre des avantages sociaux. Le montant de 12 000 $ ici est justement le
paiement pour la période du 1 er avril 1987 au 30 juin 1987 de ces
honoraires.
M. Dufour: Quand il a été engagé, est-ce
qu'il y avait une raison spéciale pour laquelle il a été
engagé avec honoraires plutôt que de façon permanente?
M. Bourbeau: M. le Président, le problème qui se
pose touche des questions d'ordre technique et le représentant du Bureau
de révision de l'évaluation foncière était ici
précédemment. Mais, comme c'est dans le programme 3 et que vous
avez dit que le programme 3 serait étudié ce soir, il est parti
avec mission de revenir ce soir à 20 heures. Si le député
n'avait pas demandé de reporter le programme 3 à ce soir, il
serait encore ici. Si le député veut attendre, peut-être
qu'on pourrait poser la question ce soir.
M. Dufour: D'accord. Je reviendrai avec la question ce soir.
M. Bourbeau: Très bien.
M. Dufour: Est-ce que M. Chartes Lebrun, relationniste au
congrès de l'UMQ, vient chaque année?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un contractuel que le
ministère engage depuis de nombreuses années, lors du
congrès de l'Union des municipalités, pour s'occuper du transport
de caisses et de matériel du ministère au congrès, et qui
est payé pour ses travaux...
M. Dufour: Son titre est peut-être mal nommé.
M. Bourbeau:... la somme de 500 $.
M. bufour: "Jack of all trade. " J'avais l'intention de demander
son adresse et où on pouvait le rejoindre.
M. Bourbeau: M. le Président, le mot relationniste est
pris dans son sens très large.
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: "II relationne" plutôt des boîtes et des
caisses, semble-t-il.
M. Dufour: Je vais passer à l'autre question concernant M.
Edmond Desjacques, la personne-ressource qui a accompagné le ministre
dans le Nord. Est-ce que vous pourriez me dire ce qu'il fait dans la vie et son
adresse?
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'un architecte
suisse qui fait des investissements au Québec et qui a fait partie d'un
voyage lors d'une visite des villages nordiques. La SHQ avait
intérêt à démontrer le type de constructions que
l'on fait présentement dans le Nord québécois, chez les
Inuit.
M. Dufour: Vous me dites que c'est un investisseur suisse. Donc,
il ne demeure pas au Canada?
M. Bourbeau: C'est un architecte qui a la citoyenneté
suisse et la citoyenneté canadienne, et qui se propose de faire des
investissements...
M. Dufour: Est-ce qu'il a une adresse au Québec?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, il a une adresse au
Québec.
M. Dufour: Est-ce que vous pourriez nous fournir son adresse au
Québec, tout comme celle en Suisse?
M. Bourbeau: Je ne la connais pas par coeur, mais... (17
heures)
M. Dufour: Non, mais pourriez-vous le faire? Est-ce que cela
pourrait arriver qu'il demeure sur la rue Queen, à Saint-Lambert?
M. Bourbeau: Oui, effectivement, M. le Président.
M. Dufour: Est-ce qu'il est possible qu'il demeure sur une rue
où vous demeurez?
M. Bourbeau: Non, M. le Président, je ne demeure pas sur
cette rue.
M. Dufour: Son numéro de téléphone, est-ce
que vous le connaissez? 465-2306, est-ce possible?
M. Bourbeau: Non. Je l'ignore, M. le Président. Je ne
connais pas par coeur tous les numéros de téléphone des
citoyens de Saint-Lambert.
M. Dufour: Est-ce possible que vous ayez d'autres relations que
seulement les relations d'affaires que vous nous mentionnez? Est-ce que vous ne
le connaissez pas d'une autre manière?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, c'est un individu que
je connais très bien. D'ailleurs, il nous accompagnait lors du voyage.
C'est un individu qui a des relations très importantes avec des
banquiers suisses, qui est particulièrement intéressé dans
le financement des immeubles ici au Québec et qui négocie
lui-même avec des banquiers suisses pour des investissements très
importants dans le secteur immobilier. Peut-être qu'au cours des
prochaines semaines ou des prochains mois le groupe qu'il représente
pourra faire des annonces très importantes concernant le financement
hypothécaire au Québec.
M. Dufour: Est-ce que vous pensez que cet individu peut investir
dans le Grand-Nord?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un individu qui
présentement a un projet d'exporter en Europe des maisons
fabriquées au Québec, des produits et des matériaux
fabriqués au Québec. La SHQ a une expertise tout à fait
particulière dans le sens qu'elle fabrique, dans le Grand-Nord
québécois, des maisons à partir de plans qui sont faits
à la SHQ et dont tous les matériaux sont exportés en vrac,
mais précalculés, dans le Grand-Nord et sur place, on
reçoit les matériaux et on construit les maisons avec les
constructeurs qui ont fait des soumissions. La méthode employée
par la SHQ pour construire des résidences dans le Grand-Nord est une
méthode que voudrait répéter cet individu pour faire des
maisons en Suisse avec des matériaux québécois et
même avec des fonctionnaires, pas des fonctionnaires...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau:... des menuisiers, des ouvriers
québécois. Or, ce qu'il y a de particulier là-dedans,
c'est que ce serait probablement la première fois que la totalité
des matériaux seraient québécois et que ces
matériaux seraient utilisés pour fins de construction en Europe.
Le projet en question comporterait environ 400 à 500 unités de
maisons qui seraient construites totalement à partir de matériaux
québécois et de main-d'oeuvre québécoise. C'est
l'expertise unique qu'a la SHQ dans l'art de calculer les lots de
matériaux, dans l'art d'aller en soumission pour commander ces
matériaux, dans l'art de les emballer, de les livrer par bateau à
partir de Montréal jusqu'à la baie d'Hudson ou à la baie
d'Ungava, selon le cas. Toute cette expertise est unique, il n'y a que la SHQ
qui l'ait puisqu'elle est la seule à faire cela actuellement et c'est
dans ce but que M. Desjacques a fait le voyage pour voir comment on s'y prend
sur place, dans le but de réaliser une telle opération en Suisse.
J'espère que le député ne s'oppose pas à ce que
l'expertise québécoise et les matériaux
québécois soient exportés à l'étranger.
M. Dufour: Non. Je voudrais bien qu'on soit tous de bons
promoteurs et qu'on fasse avancer le Québec, je n'ai pas d'objection
à cela. Moi, je fais juste vous poser des questions concernant ce M.
Desjacques qui n'accompagnait pas le ministre pour le conseiller, mais
plutôt pour faire un voyage de prospection pour lui-même, pour son
entreprise ou autre. Ce n'est pas coutume, vous l'admettrez avec moi, c'est
rare que quelqu'un va accompagner un ministre dans le Grand-Nord qui va faire
des inspections de villages inuit. C'est pour cela que mes questions sont un
peu plus précises. Je veux continuer en disant: Est-ce que, ce type,
vous le connaissiez avant? Comment est-ce arrivé, cette
affaire-là? Je ne sais pas, c'est la première fois que je vois un
individu que je ne suis pas capable d'identifier. Si vous m'aviez dit que
c'était un spécialiste des affaires autochtones...
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit au
député, dès le départ, que c'était un
architecte suisse, qui a la résidence canadienne et suisse, qui est venu
au Canada comme immigrant investisseur, qui dispose de ressources
financières importantes et qui a deux projets importants en vue: l'un
consiste à exporter non seulement des matériaux, mais de la
main-d'oeuvre pour construire des maisons de style canadien en Suisse, ce qui
ne s'est jamais fait parce que toutes les constructions, là-bas, se font
à partir de pierres et de matériaux solides. Donc, ce serait
peut-être la première fois que des maisons en bois seraient
construites là-bas. Deuxièmement, il a également
l'occasion d'avoir accès à des fonds très importants, des
fonds hypothécaires qui pourraient éventuellement être
utilisés ici au Québec.
M. le Président, je signalerai au député que ce
n'est pas la première fois que des investisseurs québécois
qui viennent ici font l'objet de réception de la part de divers
ministres. Le ministre de l'Industrie et du Commerce reçoit
continuellement des investisseurs étrangers, des gens qui viennent faire
des investissements ici et on ne se gêne pas pour faciliter leurs projets
autant que possible, si ces projets sont susceptibles de créer de
l'emploi et des investissements chez nous.
M. Dufour: C'est évident qu'un montant de 300 $, ce n'est
pas la mer à boire. Ce n'est pas la question du montant d'argent. Vous
m'avez dit, tout à l'heure, que c'était un type qui avait de
l'argent; donc, vous le connaissez plus que je ne le connais, c'est
évident. Est-ce que c'est
possible que vous ayez eu des relations d'affaires avec cette personne?
Autrement dit, est-ce que vous, dans vos actions, dans vos rencontres, vous
connaissez ce gars-là différemment de ce que je le connais?
Est-ce que vous avez déjà eu des relations avec cette personne?
Est-ce que vous avez fait des placements, est-ce que vous avez fait des choses
avec cet individu?
M. Bourbeau: Cela fait une dizaine d'années que je connais
cet individu. C'est un individu que je connais depuis à peu près
1977-1978. C'est un individu actif dans le milieu des affaires que je connais
très bien et qui, je l'espère, pourra, dans les années
à venir, faire profiter les Québécois de son expertise et
de ses moyens financiers. Je n'ai aucune espèce de crainte. Chaque fois
que je rencontre des gens qui sont intéressés à faire des
travaux, des projets qui ont pour objet de générer une
activité économique au Québec, M. le Président, que
ce soit des parfaits étrangers ou des amis intimes, je n'ai aucune
espèce d'objection à les inciter à continuer davantage
pour faire en sorte de susciter du développement économique.
Je peux dire au député - c'est la question que posait le
député, j'ai oublié d'y répondre -que je n'ai
aucune espèce de lien économique avec cet individu. D'ailleurs,
je n'ai pas d'affaires avec lui parce que je n'ai pas d'affaires, point. C'est
un individu avec qui, autrefois, j'ai déjà eu des relations
d'affaires, mais ces relations sont terminées depuis très
longtemps et il agit pour son propre compte.
M. Dufour: Est-ce que, depuis ce voyage, vous avez eu des
réponses ou des indications selon lesquelles son projet est toujours en
progression?
M. Bourbeau: Oui, je suis en contact assez
régulièrement avec lui et je pense que ses divers projets
évoluent favorablement. Maintenant, je pense qu'il est
prématuré, aujourd'hui, de donner des renseignements additionnels
au député. Si le député veut patienter encore
quelques mois, je pense qu'éventuellement le groupe que
représente M. Desjacques sera en mesure de faire des annonces qui
pourraient être très intéressantes.
M. Dufour: En fait, cela semble être des frais de voyage;
en tout cas, je ne sais pas s'il y a une autre façon dont cela peut se
faire. "Personne-ressource pour accompagner le ministre dans un voyage dans les
villages nordiques. " Dans les villages nordiques, il n'y a pas beaucoup de
choses à acheter, que je sache. Comment avez-vous établi les 300,
90 $ pour cette personne? Est-ce que ce sont les frais du voyage, de l'avion?
Vous n'y êtes pas allés seulement une journée,
aller-retour. Le prix d'un architecte, c'est plus que cela. Comment en
êtes-vous venu à la décision que c'était 300, 90
$?
M. Bourbeau: M. le Président, il ne s'agit pas
d'honoraires. Il s'agit de frais de séjour, à ce qu'on me
dit.
M. Dufour: Je ne savais pas qu'il y avait des hôtels dans
le nord.
M. Bourbeau: Il s'agit d'un remboursement de dépenses
effectuées pour frais de séjour, lors de ce voyage-là. Il
n'y a pas d'honoraires comme tels là-dedans. Ce sont uniquement des
dépenses, des frais de séjour.
M. Dufour: Comme on n'a pas de curriculum vitae - vous n'engagez
pas une personne comme cela, juste parce que vous la connaissez - est-ce qu'il
serait possible d'avoir les coordonnées de cette personne-là?
M. Bourbeau: M. le Président, nous n'avons pas
engagé l'architecte Desjacques comme un professionnel qui vient faire un
travail. Comme il a un projet intéressant en termes de création
d'emplois et d'exportation de matériaux et que nous avions une expertise
dans ce domaine-là, nommément, l'expédition de
matériaux en vrac calculés d'avance, maison par maison, pour
construction sur un site très éloigné et "shipping", si je
peux dire, par voie fluviale, ce qui est à peu près
l'équivalent de ce qu'il faudrait faire pour exporter les maisons en
Suisse, nous avons jugé intéressant de l'inviter à venir
voir sur place comment cela se fait, de façon à pouvoir
améliorer les chances que son projet se réalise. Donc, il s'agit
de remboursement de frais de voyage et les montants qui sont ici
représentent uniquement la somme totale des frais de voyage et de
séjour au village de Kuujjuaq, lors de cette expédition.
M. Dufour: S'il s'était agi de quelqu'un que vous ne
connaissiez pas, je ne sais pas si vous auriez eu les mêmes
préoccupations et s'il aurait eu droit aux mêmes égards.
Là, on lui donne l'expertise et, en lui donnant l'expertise, non
seulement on le fait profiter du voyage dans l'avion du gouvernement, mais, en
plus, on lui paye ses dépenses. Moi, Edmond Desjacques, je ne le connais
pas. Ce n'est pas Chirac, de France. Je regarde cela et je dis que cela fait
curieux. Je ne m'en cache pas. J'ai posé un certain nombre de questions.
Cela me dérange un peu dans le sens que c'est quelqu'un que vous
connaissez; ce doit être un de vos amis puisque cela fait au moins dix
ans que vous le connaissez. Vous avez eu des relations d'affaires avec lui.
Vous me dites que vous n'en avez plus. Je suis bien obligé de prendre
tout ce que vous me dites. Mais il y a des projets d'investissement.
Vous me dites aussi, en même temps, que c'est quelqu'un qui a de
bonnes ressources financières. On lui paye le voyage. Cela ne
coûtait pas nécessairement cher au gouvernement. Ce n'est pas
tellement grave, mais il y en a qui
se font prendre pour moins que cela. Et on lui paye toutes ses
dépenses. Vous m'avez dit qu'il avait de l'argent. Donc, je me dis que,
si c'est une bonne offre, il faudrait peut-être la publi-ciser pour que
les gens qui auraient des choses dans le nord, et il pourrait y en avoir...
Vous n'avez pas demandé de CV. On est obligé de croire que c'est
un gars compétent et qu'il a bien des capacités. Mais je ne suis
pas sûr que quelqu'un qui aurait les mêmes préoccupations,
mais qui serait dans un autre domaine et qui aurait besoin d'aller dans le
nord, aurait droit aux mêmes égards de votre part. Là, ce
n'est pas pire, vous le connaissiez. Mais je ne suis pas sûr que, si
quelqu'un vous posait les mêmes questions et que vous le connaissiez
moins, vous accepteriez qu'il bénéficie du voyage d'avion du
gouvernement et qu'en plus vous paieriez ses dépenses. Même si
c'est pour une bonne cause, comme on dit.
M. Bourbeau: Si on peut me présenter quelqu'un qui me
donne des indications sérieuses de pouvoir apporter des investissements
très importants au Québec, et de pouvoir générer
des exportations importantes de matériaux et de main-d'oeuvre, et que je
pense que je peux faire avancer le projet en faisant en sorte de permettre
à ces investisseurs-là de se rendre compte sur place de la
façon dont on procède au Québec, je n'ai aucune
espèce d'objection, au contraire, à favoriser ces projets
d'investissements ou d'exportations. Tous les ministères le font.
Lorsque le ministre du Commerce extérieur se déplace avec des
gens d'affaires en dehors du pays, il y a des frais assez importants qui sont
engagés très souvent pour tenter de générer des
exportations. De même, lorsque le ministre de l'Industrie et du Commerce
se rend à l'étranger pour générer des
investissements au Québec, c'est également le même type de
dépenses qui sont faites. Le Québec essaie continuellement de
promouvoir ce genre d'investissements ou ce genre d'exportations. Un
remboursement de 300, 59 $ n'est certainement pas une dépense qui,
à mon avis, est significative et devrait empêcher de favoriser des
contrats comme ceux-là. (17 h 15)
M. Dufour: Je l'ai dit, ce n'est pas le montant. Il n'est pas
dérangeant plus qu'il ne faut. C'est évident que, s'il avait pris
un avion personnel pour aller là-bas, le montant aurait
été beaucoup plus élevé. Vous pouviez le faire de
cette façon. Tout à l'heure, je vous ai demandé s'il y a
moyen d'avoir les coordonnées de cet individu.
M. Bourbeau: M. le Président, je peux obtenir sans
problème, pour le député de Jonquière, les
coordonnées de l'individu.
M. Dufour: Cela va. Cela complète le programme.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 4,
éléments 1 et 2, est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 5, Relations avec les municipalités.
Relations avec les municipalités
M. Dufour: Pourriez-vous nous dresser, en deux secondes ou en
deux minutes, un court tableau des bureaux régionaux? Comment cela
fonctionne-t-il? Est-ce que cela fonctionne encore? C'est quoi, leur
utilité par rapport aux régions? Est-ce que toutes les
régions sont couvertes? Est-ce qu'il y a des gens qui sont
remplacés au fur et à mesure? En quelques mots.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons toujours le
même nombre de neuf bureaux régionaux dont le plus important est
situé à Montréal et le deuxième en importance
à Québec. Un certain nombre de fonctionnaires sont dans ces
bureaux régionaux et tentent de répondre aux besoins des
régions. Il y a, en tout, entre 25 et 30 personnes dans ces bureaux
régionaux dont, bien sûr, les neuf délégués
régionaux. Essentiellement, leur mission est de venir en aide aux
municipalités, aux, citoyens des régions, pour tenter de bien
faire comprendre les lois et les règlements qui régissent le
monde municipal.
M. Dufour: Est-ce qu'on peut savoir pourquoi il y a une baisse
des transferts? Ces derniers ont baissé de 135 000 $ à peu
près, ou 140 000 $.
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
préciser à quel élément?
M. Dufour: Oui. Dans les transferts. Si vous regardez Affaires
municipales, ventilation des crédits... Un instant, je ne l'ai pas
là.
M. Bourbeau: Le député veut savoir, au sujet de
l'élément 2, le poste 5211?
M. Dufour: Non.
M. Bourbeau: M. le Président, on a de la
difficulté...
M. Dufour: Un instant. Sommaire des dépenses de transfert,
vous en parlez un peu.
M. Bourbeau: Oui, mais des dépenses de transfert, il y en
a partout dans le livre des crédits, M. le Président.
M. Dufour: La restructuration municipale.
M. Bourbeau: À quel programme, à quel
élément, M. le Président?
M. Dufour: Sommaire des dépenses de transfert.
M. Bourbeau: À quel programme, M. le
député?
M. Dufour: Restructuration municipale. M. Bourbeau: Ce
n'est pas un programme. M. Dufour: Je l'ai donné tout à
l'heure. M. Bourbeau: Ce n'est pas un programme.
M. Dufour: Ce n'est pas un programme, mais c'est toujours bien
une dépense quelque part. Cela concerne les municipalités.
M. Bourbeau: Programme 5, quel élément? M.
Dufour: C'est l'élément 1.
M. Bourbeau: L'élément 1. Je vais le trouver. C'est
l'aide institutionnelle et l'assistance technique, la DGRM. M. le
Président, je suis prêt à écouter les questions
concernant le programme 5, élément 1.
M. Dufour: II y a une diminution. Est-ce qu'il y a une
explication par rapport à cela?
M. Bourbeau: II n'y a aucun transfert dans cet
élément, M. le Président.
M. Dufour: Pardon?
M. Bourbeau: II n'y a aucun transfert dans cet
élément. Dans le programme 5, élément 1, il n'y a
pas de transferts.
M. Dufour: La restructuration municipale, dans quel programme
est-ce que cela va? Il y avait un montant de 1 163 200 $. Il y a un montant de
1 027 600 $.
M. Bourbeau: C'est l'élément 2, M. le
Président.
M. Dufour: L'élément 2 du programme 5? M.
Bourbeau: C'est cela. Oui.
M. Dufour: D'accord. Est-ce qu'il y aurait une explication?
M. Bourbeau: À la réduction de 135 600 $?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: C'est une évaluation qui est faite. C'est le
programme qui favorise le regroupermet des municipalités. Les
subventions que nous donnons lors des fusions de certaines municipalités
sont normées. Les montants sont, donc, déterminés par des
normes approuvées par le Conseil du trésor. Alors, une
évaluation est faite en début d'année des perspectives de
fusions au cours de l'année qui vient. Il semble qu'on a
évalué, pour l'année qui vient, que des crédits de
1 027 600 $ seraient suffisants, d'où une coupure de 135 600 $.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 5,
Relations avec les municipalités, éléments 1 et 2, est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
J'appelle maintenant le programme 6, Aide financière à la
construction de réseaux d'aqueduc et d'égout.
Aide financière à la construction de
réseaux d'aqueduc et d'égout
M. Dufour: On a discuté beaucoup, en 1986-1987 et en
1987-1988, de ce programme. Le ministre nous avait informés, dans le
temps, qu'on pourrait peut-être continuer ces programmes, mais qu'il n'y
avait rien de définitif. Au moment où on se parle, il n'y a plus
d'argent dans ce programme. Le programme PAIRA 1985 est complètement
épuisé, à ce que je sache.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. En principe, il n'y a
plus de crédits dans le programme PAIRA 1985.
M. Dufour: Mais cela, c'étaient des programmes
normés. Actuellement, on commence à constater qu'à tout
bout de champ l'OPDQ intervient, puis donne des montants à un certain
nombre de municipalités pour pallier l'absence du programme PAIRA. Je
prends pour exemple ici: Subvention de 4 000 000 $ de Québec à
quinze municipalités à l'est de la capitale, des programmes qui
ressemblent à de la réfection d'égout, à un peu
toutes sortes de choses: aqueduc, camions à incendie, cela va
partout.
Il ne semble pas que vous ayez l'intention, en tout cas, je n'ai pas
encore vu de volonté de votre part, ni du gouvernement indiquant que ces
programmes devraient être remis en place. On en entend beaucoup parler.
Les municipalités se plaignent qu'elles ont de moins en moins de
programmes, qu'elles n'ont plus accès à des programmes. Mais
là, on sent que le Père Noël, qui est dans le paysage, va
distribuer cela d'une façon discrétionnaire. Bien oui! J'appelle
cela discrétionnaire. Même si les municipalités ont
vraiment des besoins et peuvent aller vendre cela à l'OPDQ, le
développement régional, cela peut être facilement
taxé de favoritisme parce que, comme par hasard, parmi les
municipalités qui ont eu accès à ces programmes depuis
deux ans, il n'y en a pas beaucoup qui sont allées à l'OPDQ et
qui ont profité de cette manne. C'est quoi, l'idée de passer par
l'OPDQ quand on sait qu'il y a des programmes qui sont nécessaires dont
les municipalités ont besoin pour progresser? Moi, je vous le dis:
L'automne passé, lorsqu'on a fait la tournée au Québec, il
y a beaucoup de municipalités qui ont manifesté le désir
ou exprimé la nécessité que le ministère revienne
avec des programmes pour permettre à des gens d'avoir un meilleur
environnement, une meilleure qualité de vie. C'est impensable que les
municipalités le fassent elles-mêmes.
Est-ce que vous n'avez pas l'intention de faire revivre ces programmes?
Vous n'avez pas suffisamment de demandes? Selon l'évaluation que vous
avez faite de ces programmes, ce n'était pas nécessaire, cela
pouvait s'organiser autrement.
M. Bourbeau: Non, M. le Président. Je pense que ce sont de
très bons programmes. Les programmes PAIRA, qui existent, d'ailleurs,
depuis très longtemps, ont leur importance. Ils ont rendu de grands
services aux populations essentiellement rurales au Québec. Quant
à moi, je pense que ce sont des programmes qui devraient, à court
et à moyen termes, être réinstallés.
M. Dufour: Actuellement, les subventions sont données un
peu partout comme cela. On a déjà un peu discuté lors de
l'autre commission parlementaire. Je reviens à la charge en vous
demandant: Cela ne vous inquiète-t-il pas, actuellement, que d'autres
ministères, d'autres organismes subventionnent des municipalités
où vous, comme ministre des Affaires municipales, vous n'avez aucun
contrôle, aucune décision à prendre par rapport à
cela? Il pourrait arriver que des ministères aillent donner des
subventions aux municipalités, permettent de faire des choses. De ce
côté-là, est-ce que cela vous préoccupe?
Êtes-vous au courant de ces choses? Êtes-vous consulté?
M. Bourbeau: Quand l'OPDQ verse une subvention dans ses
programmes de développement régional, une entente administrative
que nous avons avec l'OPDQ fait en sorte que c'est le ministère des
Affaires municipales qui verse la subvention de l'OPDQ et qui voit à ce
que les travaux soient effectués selon les ententes prises, et voit
à faire les déboursés au fur et à mesure que
l'avancement des travaux le permet. Donc, il serait faux de dire que le
ministère est absent. Au contraire, le ministère est très
présent. Contrairement à ce que dit le député, moi,
je suis tout à fait heureux que d'autres ministères
décident d'ajouter des sommes d'argent aux sommes déjà
versées par le ministère des Affaires municipales.
Plus il y aura de fonds gouvernementaux provenant de toutes sources qui
seront distribués aux municipalités, plus je serai content. Je ne
m'opposerai certainement jamais à ce que les municipalités
reçoivent des sommes, des centaines de milliers de dollars ou des
millions de dollars pour des fins de développement de réseaux
d'égout et d'aqueduc. Tant mieux si d'autres ministères ont des
fonds disponibles. Nous allons gérer ces fonds et les distribuer avec
beaucoup de plaisir parce que je pense que les municipalités ont besoin,
dans le cas des petites municipalités, qu'on leur vienne en aide. Je ne
suis pas susceptible au point de priver les municipalités de ces fonds
pour la simple raison qu'ils viendraient d'un autre ministère que des
Affaires municipales.
M. Dufour: Quand ces montants ou ces subventions sont
accordés, est-ce que c'est vous, à votre ministère, qui
avez fait la demande ou si cela se fait par d'autres instances?
M. Bourbeau: Non. La demande est faite auprès de l'OPDQ
qui a une vocation. Si l'OPDQ estime que sa vocation lui permet ou lui dicte de
venir en aide à telle ou telle municipalité selon les
règles qui prévalent à l'OPDQ, à ce moment l'OPDQ
peut accorder des subventions. Règle générale,
lorsqu'elles sont données à des municipalités, les
subventions sont gérées par le ministère des Affaires
municipales en vertu des ententes administratives que nous avons avec
l'OPDQ.
M. Dufour: Est-il possible que ces demandes qui n'ont pas
passé chez vous soient refusées sans que vous en ayez
connaissance? Quand elles sont accordées, j'imagine qu'ils vous
interrogent, qu'ils vont vous demander un certain nombre
d'éléments. Quand c'est refusé? (17 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, si une municipalité
fait une demande à l'OPDQ et que celui-ci refuse la demande, on n'est
pas saisis du dossier. On est saisis du dossier uniquement dans la mesure
où une subvention est faite. À ce moment-là, l'OPDQ fait
un transfert de fonds au ministère des Affaires municipales et nous
administrons la subvention pour l'OPDQ.
M. Dufour: Comme pour l'ensemble des municipalités.
Peut-être qu'elles ne l'ont pas encore appris, mais elles vont
l'apprendre, on va se charger de le dire à quelques personnes. Elles
peuvent passer par l'OPDQ, c'est évident. Ma question par rapport
à votre action, c'est que l'OPDQ peut bien décider, d'une
façon arbitraire, qu'il dit oui à des gens et qu'il dit non
à d'autres. Je pense qu'il serait important de connaître
l'ensemble des gens qui font une
demande pour savoir de quelle façon ils sont traités.
C'est ce que j'appelle traiter le monde avec transparence, sans cela, il
pourrait y avoir, pour les mêmes bonnes raisons, un refus et, pour les
mêmes bonnes raisons, un O. K. C'est ce que j'appelle des programmes
discrétionnaires. Ma question était juste. Oui, c'est vrai, ce
qu'on dit là. Cela pourrait être des éléments
discrétionnaires qui permettraient une certaine forme de traitement
différent des municipalités les unes par rapport aux autres.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais ajouter que,
quand l'OPDQ décide de faire une subvention à une
municipalité, le ministère est, quand même, consulté
préalablement à la décision finale de l'OPDQ, non pas sur
l'opportunité de faire une subvention, mais sur des aspects plus
techniques, par exemple, la capacité financière de la
municipalité d'absorber l'emprunt qu'elle devra faire. Comme, en
général, l'OPDQ ne subventionne pas 100 % des coûts, donc,
cela implique des emprunts par la municipalité. Nous, au
ministère, nous faisons des études pour déterminer si la
municipalité, par exemple, a la capacité financière
d'absorber ces emprunts. Nous faisons rapport à l'OPDQ. Nous envoyons un
avis sectoriel à l'OPDQ et, éventuellement, il prend sa propre
décision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, j'aimerais
faire un commentaire. À partir de la réforme de la
fiscalité municipale qui avait été entreprise il y a
plusieurs années, on avait inclus, je pense, dans les transferts ou dans
la péréquation, des montants d'argent qui permettaient au
gouvernement de dire: Dorénavant, les municipalités s'assumeront
de plus en plus. C'est là qu'on a vu apparaître les programmes
PAIRA, de beaucoup moins généreux et très normes.
Finalement, mon propos concerne surtout l'OPDQ. Le député
de Jonquière semblait dire que l'OPDQ va subventionner des
réseaux d'aqueduc et d'égout de façon
discrétionnaire dans certaines municipalités du Québec. Je
pense que les transferts qui ont eu lieu pour les Affaires municipales
s'adressaient beaucoup plus à des infrastructures qui pouvaient
permettre un développement industriel ou commercial dans certaines
municipalités. À titre d'exemple, j'aimerais dire, entre autres,
qu'à Amqui, dans mon comté, on a pu par, l'intermédiaire
de l'OPDQ, développer une zone industrielle qui a permis la mise sur
pied de quatre entreprises. Alors, c'est beaucoup plus dans ce sens-là
que l'OPDQ intervient pour doter les municipalités d'infrastructures
d'aqueduc et d'égout.
M. Dufour: Comme vous ne connaissez pas la nature de l'ensemble
des demandes qui sont adressées, il pourrait y avoir des demandes aussi
justifiées et justifiables que les vôtres à Amqui qui ont
été refusées ailleurs. C'est dans ce sens-la que je dis
que cela devient discrétionnaire. Il y a un ministre qui est
chargé de l'OPDQ. Il pourrait dire "oui ou non". Je ne connais pas les
raisons. Ma question reste aussi pertinente qu'au départ. Si c'est vrai
qu'on accorde des subventions et que le ministère donne seulement sa
collaboration quand c'est accordé, donc toutes les demandes qui sont
faites à l'OPDQ, comme elles sont faites hors de notre connaissance, on
peut toujours dire qu'il peut y avoir une forme de discrétion
exercée. Il se peut que ce soit correct, tout ce qui s'est fait
jusqu'à maintenant, mais il se peut aussi qu'il y ait eu une
discrétion qui n'ait pas été correcte.
Ce n'est pas la même chose qu'un programme normé auquel
tout le monde a accès; tous vont cogner à la porte et ils savent
pourquoi. À ce moment-là, c'est évident que de la
politique, on en fait beaucoup moins, par exemple. Le député et
n'importe qui peut pas être aussi fin, parce que ce sont des programmes
normés. Les gens font une demande; s'ils y ont droit, ils l'ont et,
s'ils n'y ont pas droit, ils ne l'ont pas. C'était le sens de ma
question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Oui, M. le Président. Comme
dernier commentaire, j'inviterais peut-être le député de
Jonquière à se joindre à nous, lorsqu'on étudiera
les crédits du ministre responsable du Développement
régional et, à ce moment-là, on pourra peut-être
clarifier davantage la situation.
M. Dufour: Je suis entièrement d'accord. Si j'ai une
chance d'aller étudier les crédits d'un autre ministère -
dans certains domaines, pas sur l'ensemble - pour certaines questions
précises, j'aimerais le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Donc, est-ce que cela va
pour le programme 6?
M. Dufour: Cela va. Je pense que j'ai posé toutes mes
questions. Le ministre pourrait peut-être en faire son profit.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 6,
Aide financière à la construction de réseaux d'aqueduc et
d'égout est adopté?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle le
programme 7, Aide financière aux sociétés
d'État.
Aide financière aux sociétés
d'État Société d'aménagement de l'Outaouais
M. Dufour: Vous vous doutez bien, je l'avais dit au
départ, que je ne pouvais pas laisser passer les crédits sans
regarder la question de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, surtout que cela a fait l'objet de nombreuses discussions au cours
des deux dernières années. Je veux juste vous rappeler que, le 27
mai 1987, dans une réponse que vous aviez donnée, à la
suite des deux années précédentes, vous nous aviez dit: La
SAO elle-même s'occupe de liquider certains de ses actifs. L'an dernier,
nous avons annoncé que nous effectuerions - on pariait de 1986 - une
compression de 1 200 000 $. La compression s'effectue cette année et
nous poursuivons donc sur la même lancée. Le député
verra l'an prochain lors de l'étude des crédits ce qui se passera
avec les subventions à la SAO.
Je veux juste vous rappeler en quelques mots que les discussions ont
tourné sur le fait que vous coupiez dans les fonds de la SAO. Oui, vous
le faisiez, mais pratiquement sans que les élus ou les gens de la
société en aient connaissance. Il y a eu un réveil. Disons
que vous commencez à aller un peu plus lentement. Au lieu de 1 200 000
$, vous coupez de la moitié. Qu'est-ce qui vous empêche de
continuer comme vous étiez partis? Est-ce à cause
d'élections qui pourraient s'en venir ou de pressions du milieu?
Qu'est-ce qui se passe avec la SAO?
M. Bourbeau: Non, M. le Président. On continue les
compressions. L'objectif souhaité aurait été de
réduire encore de 1 200 000 $, mais il y a ce qu'on souhaite et ce qu'il
est possible de faire. Nous avons des contraintes importantes dans notre
objectif de compression des dépenses. L'une de ces contraintes, ce sont
les conventions collectives qui sont signées avec les travailleurs,
spécialement dans tous les endroits où il y a des
équipements touristiques. Dans tous les terrains de camping - il y en a
une demi douzaine - les marinas, les plages. Tous les équipements de la
SAO sont gérés par des administrateurs. Il y a également
des ouvriers, des travailleurs qui sont syndiqués. Ces contrats font en
sorte qu'il y a une sécurité d'emploi qui ne nous permet pas de
mettre la hache du jour au lendemain facilement, comme cela, dans les
dépenses autant qu'on le voudrait. Donc, d'une façon plus
réaliste, on estime que, pour cette année, on pourra
réduire le budget de 600 000 $ soit à 3 093 000 $, comme le voit
le député. Il reste, quand même, que c'est un pas dans la
bonne direction, c'est un assainissement des finances publiques. Je signale au
député qu'il y a deux ans, lorsqu'on est arrivés, l'ancien
gouvernement dépensait 6 000 000 $ par année...
M. Dufour: Prends cela en note.
M. Bourbeau:... du ministère des Affaires municipales.
Nous avons réussi à réduire cela de moitié,
à 3 000 000 $, tout en tentant de réorienter les objectifs de la
SAO pour en faire véritablement un organisme de développement
économique et non pas un fabricant de patates frites. C'est à peu
près cela. Quand on voit sur les terrains de camping des employés
de l'État payés 14 $ l'heure pour faire des patates frites ou
vendre des hot-dogs ou des hamburgers, il ne faut pas se surprendre qu'on fasse
6 000 000 $ de déficit. Nous, nous pensons que ce n'est pas le
rôle de l'État de fabriquer des patates frites, en tout cas
certainement pas celui du ministère des Affaires municipales, et que
d'autres, probablement, peuvent le faire beaucoup mieux et à meilleur
compte. C'est pour cela que nous tentons de réorienter... L'État
n'a pas affaire dans les patates frites, M. le Président, c'est ce que
dit le député de Matapédia. Nous tentons d'orienter la
vocation de l'organisme pour en faire véritablement un organisme de
promotion économique, de développement économique, de
développement industriel. Nous tentons de faire en sorte que le volet,
si je puis m'exprimer ainsi, de gestion d'équipement touristique soit
confié à d'autres, qui soient plus qualifiés pour faire ce
genre de gestion et possiblement qui soient capables de rentabiliser ces
équipements. C'est à peu près dans cette direction que
nous nous acheminons. Donc, le mandat que la SAO a reçu est de modifier
son comportement pour devenir un organisme de développement
économique et industriel, alors que le volet gestion des
équipements récréatifs serait abandonné au profit
du secteur privé ou d'autres organismes qui seraient mieux
équipés pour faire la gestion de ces équipements.
M. Dufour: À l'exception que moi, vous ne me convaincrez
pas nécessairement qu'il y a assainissement des affaires publiques. Vous
aviez dit aussi, à cette occasion: "De sorte qu'après trois ans
le gouvernement n'aurait plus à soutenir la SAO". Vous êtes un peu
plus raisonnable. Je pense que l'exercice du pouvoir apporte un peu plus de
sagesse. Cela permet de se "col-letâiller" avec la réalité
de tous les jours. Ce n'est pas réaliste de vouloir se
débarrasser de 32 000 000 $ d'actifs comme cela. Vous l'avez
essayé. Il y a une soumission acceptée et elle n'est pas
complétée, à ce que je sache, selon les rapports qui nous
ont été donnés.
En plus, quand vous parlez d'assainir, ce sont vos amis qui sont
là, vous les avez nommés. Des changements ont été
apportés à la direction un peu partout. Ils commencent à
crier famine. Ils commencent à se sentir étouffés pas mal
fort. Cela veut dire qu'il y a des choses que vous ne pourrez pas
réaliser. Vous ne livrez pas tout. Si vous voulez vraiment vous
débarrasser des 32 000 000 $, qu'est-ce qui va advenir de tout cela? Il
y a des fonds publics. Est-ce que c'est assainir les finances publiques de
prendre
l'argent et de le disperser à tout vent? Si ce n'est pas rentable
pour certains, cela ne sera pas plus rentable pour les autres, ne vous en
faites pas.
D'habitude, l'administration privée prend ce qui est payant. Ce
qui n'est pas payant, c'est pour l'administration publique. Ce n'est pas
gênant. Il y a bien des administrations publiques qui pourraient se
comparer à des administrations privées, avec les mêmes
critères et les mêmes objectifs si elles subissaient la même
chose. Sauf que ce qui est payant, il faut laisser cela à
l'administration privée. Ce qui n'est pas payant, il faut le garder.
M. Bourbeau: C'est l'inverse qu'on va faire.
M. Dufour: Ce qu'on dit, c'est qu'il y a 32 000 000 $ d'actifs.
Vous aviez dit: On va s'en débarrasser, cela ne marche pas.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est l'inverse qu'on veut
faire. On veut prendre ce qui n'est pas payant, le donner à l'entreprise
privée pour que le député ne nous blâme pas.
M. Dufour: C'est vrai, sauf que cela ne va pas vite. Cela ne va
pas comme vous le voudriez. En tout cas, je ne le sens pas. Les paroles que
vous nous avez dites ne correspondent pas au résultat. Vous aviez dit:
Dans trois ans, plus rien.
M. Bourbeau: Oui, mais cela fait seulement deux ans, M. le
Président. Que le député attende!
M. Dufour: Non, non. Je m'excuse, M. le Président, je suis
obligé de dire que c'est la troisième année. 1 200 000 $
deux fois, vous avez coupé 2 400 000 $. Là, c'est la
troisième coupure. Après trois ans, c'était fini, on ne
devrait plus rien.
M. Bourbeau: C'est récurrent. Je souligne au
député que ces coupures sont récurrentes. Donc, c'est
très payant pour l'État du Québec d'épargner,
chaque année, 2 400 000 $. Cela va être 3 000 000 $
d'économie par année.
Le député cite des paroles; j'aurais dit qu'il n'y aurait
plus de déficit après trois ans. Attendons, dans le budget de
l'an prochain, cela fera trois ans. On pourra voir ce qu'il y aura dans le
budget de l'an prochain.
M. Dufour: Le pire, c'est que vous ne serez peut-être pas
là pour en discuter.
M. Bourbeau: Le député me fera venir, il m'enverra
un subpoena.
M. Dufour: À part cela, vous voulez m'éloi-gner
pour ne pas avoir de mal à répondre aux questions.
M. Poulin: On est sûr d'une chose: Vous ne serez pas
là...
M. Dufour: Je regarde le rapport annuel de 1986-1987 -
malheureusement je n'avais pas celui de cette année; cela prend assez de
temps -c'est très bien fait, d'ailleurs. Il y a beaucoup de
renseignements.
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Dufour: On parle de privatisation. Ce que je vous dis c'est
que cela n'a pas l'air d'être fort sur la privatisation. Ils vont avoir
des problèmes sur le parcours. Je ne suis pas sûr que vous allez
être capable de livrer la marchandise. On voit bien aussi que, même
si vous privatisez - pour continuer sur la même lancée - 31 mars
1987, le déficit ou l'excédent des dépenses sur les
revenus était augmenté. En 1986, il était de 22 478 $. En
1987, il est à 625 218 $. Quel est le but de cela? Quel est votre
exercice? Vous coupez encore de 500 000 $. Il y a un déficit de 600 000
$. Est-ce que vous voulez vraiment les affamer pour dire, après cela,
à tout le public: Voyez-vous, il n'y a plus rien à faire? C'est
tout le temps dans le trou. On vient de mettre la hache là-dedans. (17 h
45)
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, je ne sais pas
où le député prend ses chiffres, mais le déficit
d'exploitation annuel de la SAO a toujours été beaucoup plus
important que ce que vient de dire le député.
L'aéroport, à lui seul, accuse un déficit annuel de
600 000 $. Donc, il n'est pas question d'avoir un déficit de 22 000
$.
M. Dufour: Non je parlais, moi, du fonds administration, revenus
et dépenses, de tout ce qui était dans l'administration.
M. Bourbeau: Ah! Oui. Mais, là, le député
prend un fonds parmi...
M. Dufour: Oui, oui, je prends un fonds.
M. Bourbeau: II faudrait prendre la situation globale.
M. Dufour: Bien oui, mais, quand le gouvernement, le
ministère des Affaires municipales subventionne, c'est dans les revenus.
J'allais directement aux dépenses. Je faisais juste un rapprochement.
Cela me semblait d'une certaine logique.
M. Bourbeau: Bien écoutez!
M. Dufour: C'est une subvention du ministère des Affaires
municipales de 4 615 000 $. En 1986: 5 555 000$.
Donc si, dans l'administration, il y a moins, on couvre moins dans ce
dossier-là, cela veut
dire que les subventions que vous donnez commencent à faire mal.
Puis, à un moment donné, cela va se répercuter quelque
part.
M. Bourbeau: M. le Président, la SAO doit
équilibrer son budget, bon an mal an, avec ses revenus. Nous, cette
année, nous nous sommes engagés à verser 3 000 000 $
à la SAO et la SAO va nous produire un budget, un budget
équilibré.
Maintenant, qu'est-ce que cela sera à la fin de l'année,
cela c'est autre chose. Est-ce que la SAO réussira à boucler son
budget? On ne peut pas le savoir d'avance.
Il y a des municipalités qui font des surplus. Il y en a
même qui font des déficits à l'occasion. Mais nous avons
toutes les raisons de croire que la SAO pourra, cette année,
équilibrer son budget avec la subvention d'équilibre de 3 093 700
$ que nous avons prévue.
M. Dufour: Mais à l'exception que, lorsque vous nous
disiez, au départ, que cela se répercuterait à
zéro-zéro, c'est beaucoup moins vrai. Parce que je ne pense pas
que vous ayez l'intention de fermer l'aéroport. L'aéroport de
Gati-neau, vous n'avez pas l'intention de le fermer?
M. Bourbeau: Non, M. le Président, cela n'est pas notre
intention.
M. Dufour: Donc, le zéro, cela pourrait être un
transfert au ministère des Transports?
M. Bourbeau: Quel zéro?
M. Dufour: L'avenir de l'aéroport...
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour:... à Gatineau, là, qui ferait partie des
meubles, des biens meubles de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, si un jour... Parce que, là, vous nous dites qu'au 31 mars
1989 elle va être terminée, la société.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que le député veut dire par:
la société va être terminée?
M. Dufour: La société de l'Outaouais a des
subventions et, là, vous n'en donnerez plus; qu'est-ce qui va arriver,
par exemple, parce que ce n'est pas... Un aéroport, c'est un instrument
de promotion industrielle, mais on peut faire de la promotion industrielle sans
aéroport.
Qu'est-ce qui va arriver, par exemple, de l'aéroport?
M. Bourbeau: De l'aéroport de Gatineau?
M. Dufour: Oui, comme tel, ce qui appartient à la SAO,
à ce que je sache.
M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a aucun plan,
présentement, pour fermer l'aéroport de Gatineau.
M. Dufour: Mais si, un jour, votre ministère décide
qu'il ne donne plus d'argent pour la SAO, il arrive quoi?
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'une question
hypothétique. Pour l'instant, on met 3 093 700 $ et le budget de la SAO
est équilibré.
M. Dufour: C'est évident que c'est une question
hypothétique, mais, pour moi, elle n'est pas hypothétique parce
que je prends vos phrases: "... de sorte qu'après trois ans le
gouvernement du Québec n'aurait plus à soutenir la SAO". Plus
à soutenir, cela veut dire pas plus pour la promotion industrielle, pas
plus pour l'aéroport, puis pas plus pour le réseau
touristique.
C'est ce que cela veut dire. À moins que les mots... Pourtant,
vous m'avez presque habitué à être très prudent
quand on emploie des mots.
M. Bourbeau: M. le Président, le député fait
état de paroles que j'ai prononcées alors que je...
M. Dufour: Que vous avez prononcées, oui.
M. Bourbeau:... donnais nos intentions au bout de trois ans. Or
cela fait deux ans et trois mois qu'on est là. Attendons la
troisième année, on verra.
M. Dufour: II y a une chance que ce soit un autre qui me
réponde. C'est ce que vous êtes en train de me dire.
M. Bourbeau: Ah! Je ne sais pas lequel de nous deux sera encore
ici, M. le Président, on verra.
M. Dufour: Je ne devrais pas avoir trop de problèmes.
M. Bourbeau: Non, c'est votre parti qui en a.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Actuellement, la SAO... On va attendre qu'eux
réagissent par rapport à vos affaires. Donc, on ne peut pas aller
beaucoup plus loin que ce que je vous dis là. C'est un organisme qui a
fait ses preuves. J'ai regardé son rapport et il y a des dossiers
intéressants. Il y a beaucoup de régions du Québec qui
aimeraient bien avoir les mêmes instruments pour se développer.
Vous avez décidé de mettre la hache là-dedans, ce qui
revient à dire que, même quand on est représenté par
100 % des députés du bon bord, cela ne veut pas dire que c'est
beaucoup plus payant.
M. Bourbeau: M. le Président, la hache dans le SAO, ce
n'est pas exact. Je dois relever ces paroles du député.
M. Dufour: C'est pas mal cela.
M. Bourbeau: La SAO doit devenir un instrument de
développement économique au profit de l'Outaouais
québécois et cette vocation doit être maintenue. Ce que
j'ai dit au député, c'est qu'il n'est pas essentiel que la SAO
continue à être un gestionnaire d'équipements
récréatifs, fonction qu'elle a très mal remplie, je dois
dire, sur le plan de la gestion des fonds publics. Et elle n'était
peut-être pas bien placée ou bien équipée pour faire
la gestion des équipements touristiques. Pour ce qui est de la promotion
du développement économique, c'est autre chose. Je souhaite et je
présume que cela va continuer.
Maintenant, quant à l'équipe de gestionnaires que nous
avons nommés, je dois dire que j'en suis particulièrement fier.
Cette équipe a remplacé une équipe de gestionnaires qui
avaient été nommés par l'ancien gouvernement. Ce que je
peux dire, c'est que, depuis que de nouveaux gestionnaires sont là, le
déficit a diminué de moitié. C'est bien beau, pour nous,
de couper 1 200 000 $ par année, mais il faut que l'équipe en
place soit capable de livrer des coupures équivalentes parce que si nous
avions coupé la subvention et que la SAO avait fait un déficit de
1 200 000 $, on n'aurait pas été plus avancé à la
fin de l'année qu'au début. Il fallait donc que,
parallèlement à nos coupures, aux coupures que nous avons
imposées, l'équipe administrative en place soit capable de
répondre et elle a répondu par une meilleure gestion, je pense,
ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui, on est encore capable de présenter
un budget équilibré même si la subvention gouvernementale a
été réduite de 3 000 000 $. Je pense que c'est de la bonne
gestion et je suis très fier de cela. Je peux en témoigner
aujourd'hui. Je peux dire que les gestionnaires que nous avons nommés
là, nous avons raison d'en être fiers et je le souligne
publiquement.
M. Dufour: Je n'avais pas l'intention de revenir
là-dessus, mais je peux juste dire qu'à travers leurs revenus ils
ont trouvé moyen de vendre la maison Hammond et l'entrepôt pour
900 000 $. Les gestionnaires, il faut faire attention, coupent dans une place,
mais il faut aller chercher l'argent quelque part ailleurs. Ne nous faisons pas
d'illusions. De ce côté, vous ne m'impressionnerez pas. Je sais
comment fonctionnent ces affaires.
Cela étant dit, je suis prêt à passer à
l'élément protection incendie. On va se garder pour ce
soir...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 7,
Aide financière aux sociétés d'État,
éléments 1 et 2, est vérifié? M. Dufour:
Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
J'appelle maintenant le programme 8, Sécurité-incendie.
Sécurité-incendie
M. Dufour: Sécurité-incendie, il y a
déjà eu de nombreuses discussions concernant ce dossier puisqu'il
y avait des coupures de personnels et de montants d'argent qui avaient
été apportées. On avait dit qu'en principe, même si
on est si bon gestionnaire, si on rationalise, si on coupe, si on assainit,
cela peut amener d'autres problèmes. Quand on voit le nombre d'incendies
au Québec, je ne suis pas sûr que nos programmes municipaux de
sensibilisation ou autres ont apporté des éléments de
diminution. Quand on regarde le rapport annuel de la Direction de la
prévention des incendies, il y a une augmentation de pertes de vie.
C'est 143, en 1986, par rapport à 135, en 1985. En 1987, on ne l'a pas;
alors, c'est difficile de faire la part des choses. Quand on regarde les pertes
matérielles, il y a eu 14 359 incendies, en 1986, qui ont
occasionné 384 000 000 $ de dommages, comparativement à 13 917
incendies et 285 000 000 $ de dommages. Donc, dommages et pertes de vie, il y a
des augmentations de 1985 à 1986. J'imagine qu'en 1987, cela a
augmenté. Mais, en 1987, vous avez pris aussi une décision qui a
fait problème puisqu'à un moment donné vous avez
bloqué des fonds pour la formation des pompiers. Donc, je ne peux pas
dire que, dans le programme 8, qui concerne la sécurité-incendie,
il y a eu de l'amélioration depuis trois ans. Vous m'aviez dit, dans ce
temps-là: Attendez! On a attendu, mais les faits sont là, les
statistiques sont là pour nous donner l'heure juste. Je serais surpris
que 1987 soit moins pire que 1986. Ma première question est: Comment
pouvez-vous en venir à la décision de couper ou de diminuer quand
il y a des pertes de vie et que le nombre d'incendies est à la
hausse?
M. Bourbeau: M. le Président, le député
parle de quel programme qu'on a coupé?
M. Dufour: Le programme des incendies. On est rendu au programme
8.
M. Bourbeau: Je comprends, c'est le programme, mais quel
élément du programme a été coupé?
M. Dufour: Les éléments, ce n'est pas
compliqué. Il y a une petite indexation qui couvre les salaires. Le
personnel, il y a peut-être une personne de plus. Je ne sais ce qu'elle
fera. On pourra peut-être nous le donner tantôt. Quand on regarde
les éléments, les rémunéra-
tions, 1 215 000 $ en 1987-1988, 1 280 000 $ c'est une petite
indexation. Vous n'apportez pas une action plus grande dans ce domaine. Vous ne
faites que tenir le "swing", comme on dit.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne comprends pas le
député. Il y a une augmentation de crédits au programme 8,
programme Sécurité-incendie. On passe d'un budget de 1 570 000 $
en 1987-1988 à un budget de 1 637 200 $ en 1988-1989, soit une variation
à la hausse de 67 200 $ ou à peu près 5 % d'augmentation.
Je ne comprends pas pourquoi le député dit qu'on coupe des
programmes, puisqu'on augmente le budget.
M. Dufour: On ne peut pas dire qu'il a augmenté, vous
suivez le coût de la vie minimum. L'augmentation des employés et
des salaires doit être à peu près de cet ordre. Il n'y a
pas d'augmentation dans le programme Sécurité-incendie. Donc, je
vous dis qu'un par rapport à l'autre, s'il n'y a pas d'augmentation, si
c'est constant, cela revient à une diminution. Rien ne se produit.
M. Bourbeau: M. le Président, on a une augmentation...
M. Dufour: L'aide aux municipalités diminue de 3000 $. Il
n'y a pas d'indexation, à l'élément 2: 829 000 $, 826 000
$, diminution de 3000 $. La différence c'est pour couvrir les salaires
du personnel. Il n'y a rien ailleurs.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a une augmentation de
67 200 $ dans le budget du programme Sécurité-incendie, ce qui
est une augmentation d'environ 5 % par rapport au budget de l'an dernier.
M. Dufour: On n'a pas beaucoup de temps, mais, face à
l'augmentation des décès, des incendies, avez-vous l'intention de
mettre un peu plus de pression ou d'action dans ce programme?
M. Bourbeau: M. le Président, nous travaillons
présentement à des propositions d'éléments de
politique de sécurité-incendie au Québec. La direction
générale travaille actuellement à ces orientations en
matière de sécurité-incendie. J'espère qu'au cours
des prochains mois le ministère pourra faire connaître
publiquement quelles sont ses orientations, quelle est sa politique en
matière de sécurité-incendie. C'est un document qui aurait
dû être publié depuis très longtemps, même par
l'ancien gouvernement - je dois le dire - et nous nous appliquons, depuis une
couple d'années, à faire en sorte de préparer une telle
politique qui sera annoncée en temps et lieu.
M. Dufour: Si ce programme est en analyse, etc., et si cela
suppose des augmentations de coûts, qu'est-ce qui va arriver?
M. Bourbeau: Ce n'est pas...
M. Dufour: Est-ce que cela veut dire que vous allez attendre le
prochain dépôt des crédits budgétaires pour donner
suite?
M. Bourbeau: Ce n'est pas un programme. Je n'ai pas dit au
député qu'il y avait un programme en préparation.
M. Dufour: L'étude que vous êtes en train de faire
pour la réorganisation pour essayer d'améliorer la
sécurité-incendie, je pense que c'est cela le but de ce
programme.
M. Bourbeau: C'est un document d'orientation qui
établirait une politique générale du gouvernement, en
matière de sécurité-incendie. Ce document est au stade de
la rédaction. Il a fait l'objet de consultations un peu partout, non
seulement au ministère, mais en dehors. En temps et lieu on verra quelle
est la nouvelle politique du gouvernement en matière de
sécurité incendie.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au programme 8?
M. Dufour: Vous me dites que ce programme est en
rédaction, donc vous en avez pris connaissance. C'est ce que vous venez
de me dire.
M. Bourbeau: De quel...
M. Dufour: II est en rédaction. C'est rare qu'un programme
qui est en rédaction, vous n'en ayiez pas pris connaissance. Est-ce que
vous pouvez m'informer actuellement s'il y aura des coûts
impliqués là-dedans et, s'il y a des coûts, est-ce que vous
êtes prêt à faire des démarches pour obtenir les
fonds nécessaires pour le rendre applicable cette année
plutôt que l'an prochain?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit au
député qu'il ne s'agit pas d'un programme, qu'il s'agit d'une
politique générale en matière de
sécurité-incendie qui fera en sorte de préciser les
grandes orientations du gouvernement en cette matière. Il est trop
tôt pour conclure, on est en consultation présentement sur ces
orientations et en temps et lieu, si jamais le gouvernement décidait de
proposer des programmes qui découleraient de ces orientations,
évidemment le gouvernement devra financer des programmes si tant est
qu'il y en a. Pour l'instant, c'est prématuré de dire qu'il y
aura de nouveaux programmes.
M. Dufour: Le point que j'avais soulevé...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je m'excuse, il est maintenant 18 heures. J'aurais besoin
d'un consentement,
sinon...
M. Dufour: Non, non. On recommencera à 20 heures. Il y
aura une question...
M. Bourbeau: Une question, M. le Président. Est-ce que le
député de Jonquière a l'intention d'interroger en
début de séance sur la question de la
sécurité-incendie? Si c'est le cas, je vais demander au directeur
du service d'être ici à 20 heures.
M. Dufour: Non. Ne déplacez pas le directeur des incendies
pour une question. Je voulais juste vous faire prendre conscience... D'abord,
est-ce que le rapport de 1987 sera disponible rapidement? Le rapport de la
Direction générale de la prévention des incendies
où on donne la population, les blessés, les pertes par habitant,
etc.
M. Bourbeau: Est-ce que le député fait allusion au
rapport annuel du ministère?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: II est en rédaction présentement et on
espère pouvoir le rendre disponible au cours des prochaines
semaines.
M. Dufour: Je fais juste vous rappeler que si je regarde ce qui a
été fait depuis deux ans, les pertes par habitant sont
passées de 43 à 57 en 1985, de 58 à 62 en 1986. Si cette
courbe se maintient, j'inviterais le ministre à être très
actif dans ce dossier pour diminuer... Parce que c'est une question
d'éducation du public et d'intervention.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, est-ce que ceci termine le programme 8?
M. Dufour: Oui. Je ne veux pas faire venir le chef pour cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 8,
Sécurité-incendie, éléments 1 et 2, est
adopté?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Sur ceci, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Évaluation foncière
La commission reprend maintenant ses travaux pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires municipales. J'appelle donc maintenant le programme 3,
Évaluation foncière.
M. Dufour: On a gardé ce programme pour la fin parce que
je pense que c'est probablement le programme où il y a eu le plus
d'interventions au cours de l'année, où il y a vraiment eu des
problèmes majeurs. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas ailleurs;
celui-là a fait l'objet de beaucoup de discussions sur la place
publique. En même temps, il y a des déplacements fiscaux qui se
sont faits ou qu'on a pu constater à partir des propriétés
non résidentielles vers les propriétés
résidentielles. Il semblerait, à première vue, que les
charges fiscales des compagnies sont plafonnées comme les charges
fiscales gouvernementales, comme les charges fiscales commerciales, ce qui fait
que, si on plafonne, les municipalités ont besoin de plus de revenus. On
constate aussi hors de tout doute la volatilité du marché
immobilier comme des augmentations brusques des évaluations qui font
que, par rapport à cela, on peut déceler une espèce de
glissement du fardeau fiscal.
Ce matin, je faisais allusion à la ville de Québec
où il y a eu des sommes d'environ 4 600 000 $ provenant du gouvernement
supérieur sur le plan de l'évaluation des
propriétés gouvernementales, donc des "en-lieu" de taxes qui ont
diminué de 4 500 000 $. On se rend compte que, de ce côté,
le gouvernement a compensé par un montant de 5 000 000 $. Il a pu dire:
Nous faisons quelque chose pour la capitale, mais je pense qu'il a seulement
remplacer le manque à gagner de la capitale, il n'a rien fait
jusqu'à maintenant, à mon point de vue, il n'y a pas d'argent
nouveau par rapport à ce qu'on connaissait.
La ville de Montréal subit les mêmes affres ou les
mêmes problèmes. Souvenons-nous aussi que l'an passé, le
printemps passé, la ville de Montréal avait soulevé le
problème. J'avais demandé, à ce moment-là:
Considérez-vous que le problème devrait avoir une solution un de
ces jours? Le ministre nous avait dit à l'Assemblée nationale: II
n'y a pas de problème, il faudrait que les maires se serrent la
ceinture, il faudrait que cela fonctionne différemment. On a
constaté qu'après peu de temps le ministre a été
obligé de réviser sa position et a dit: Oui, il y a certainement
un problème, on va mettre sur pied un comité. Après un an
de constatations dans ce dossier d'évaluation foncière, est-ce
que le ministre peut nous dire si sa cogitation, si ses réflexions l'ont
amené un peu plus loin que le comité ou si, parallèlement,
lui aussi a réfléchi? C'est beau de prendre un problème et
de le transmettre à un comité, mais je pense que cela
n'empêche pas le ministère de réfléchir à
ce
dossier-là. Donc, à partir de maintenant, est-ce que le
ministre peut dire si lui-même ou ses fonctionnaires ont commencé
à réfléchir, en dehors du comité technique, au
dossier du glissement du fardeau fiscal? On va appeler cela comme ça
parce qu'il n'y a pas de...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est bien sûr que la
fiscalité municipale de même que la fiscalité provinciale
ou la fiscalité fédérale ne constituent pas un dossier
facile. Quand on parle de gros sous c'est toujours un sujet qui est très
délicat. Les municipalités, depuis la réforme de la
fiscalité municipale, se financent dans une proportion de 96 % par des
revenus de source locale. Ce qui est probablement un sommet en Occident. Et,
bien sûr, toute variation dans les évaluations ou dans les comptes
de taxes est ressentie par les contribuables qui payent les comptes de taxes.
Et il y a là une sensibilité qui est la même, d'ailleurs,
que celle qu'éprouvent les contribuables provinciaux du Québec
quand le gouvernement augmente les taxes.
Nous avons hérité d'une situation qui était
existante. Ce que l'ancien gouvernement a fait, en termes de réforme de
la fiscalité municipale, est louable à bien des égards et
je ne serai pas mesquin au point de ne pas le reconnaître. Mais la
réforme de ta fiscalité municipale, après huit ans, avait
besoin d'être mise à jour. Des problèmes sont survenus. Des
problèmes qui ont trait surtout, bien sûr, à
l'évaluation foncière.
En 1980, lors de la réforme de la fiscalité municipale, on
avait convenu de certains grands, principes. On avait convenu d'asseoir la
fiscalité sur l'évaluation foncière calculée
à la valeur marchande et c'est encore la norme qui prévaut. C'est
d'ailleurs la norme qui prévaut partout en Amérique. On peut
avoir des modifications dans la façon de l'appliquer, mais un peu
partout on s'en tient encore, sauf exception, au critère de 'a valeur
marchande.
Les secousses du marché foncier, au cours des diverses
périodes et crises que nous avons connues, ont fait en sorte que les
propriétés foncières ont connu des hausses et parfois des
baisses, mais surtout des hausses brusques qui ont eu pour effet, souvent, de
perturber les comptes de taxes, en ce sens que certains contribuables ont vu
l'évaluation foncière de leur propriété augmenter
plus rapidement que pour la moyenne des contribuables, ce qui a
provoqué, à l'occasion, des hausses brusques et non
souhaitées. Lorsque j'ai pris en charge le ministère des Affaires
municipales, après quelques mois il est devenu évident qu'il
fallait qu'on commence à regarder sérieusement cette
question.
Au début de 1987, lorsque le premier rôle a
été déposé après mon assermentation, le
rôle 1987, on a vu que cela créerait des problèmes. En
fait, cela commençait à créer des problèmes et,
immédiatement, j'ai alerté la table
Québec-municipalités qui, d'ailleurs, avait déjà
des comités techniques au travail. Nous avons convenu avec le monde
municipal d'un programme qui aurait pour but de tenter de régler les
problèmes importants que causait la fiscalité municipale,
qu'était susceptible de causer la fiscalité municipale. Nous
avons convenu d'un programme où notre plan d'action aurait deux volets,
un volet à court terme et un volet à moyen terme. Le volet
à court terme avait pour objet de contrer les hausses brusques de
comptes de taxes susceptibles d'être engendrées par le
dépôt des rôles d'évaluation en 1988. Il faut bien se
souvenir qu'en 1988 c'était l'année où tant la CUM que la
CUQ devaient déposer leur rôle nouvelle génération.
Quand on parle de la CUM, on parle d'à peu près 40 % de la valeur
foncière du Québec et, quand on parle de la CUQ, on parle
également d'un organisme qui est important. Je corrige: la CUQ pour la
ville de Québec. C'étaient les villes de Québec et
Sainte-Foy qui devaient déposer leur rôle. Donc, une bonne partie
des contribuables de l'agglomération de Québec devaient avoir un
rôle d'évaluation nouvelle génération
déposé. On savait qu'il y avait des possibilités de
soubresaut dans ces endroits et c'était, à n'en pas douter, pour
une partie importante de la population du Québec.
Avec les deux unions municipales, nous avons confié au
comité technique élargi formé par la table
Québec-municipalités un mandat bien précis de voir
à trouver à court terme des solutions aux hausses brusques des
comptes de taxes qui pourraient être engendrées par le
dépôt des rôles d'évaluation en 1988. Le
comité technique élargi était composé et est
d'ailleurs encore composé probablement de ce qu'il y a de meilleurs
cerveaux au Québec en matière d'évaluation
foncière: des représentants des principales municipalités,
des plus grandes municipalités, des communautés urbaines, des
communautés régionales. Il y a aussi des gens du secteur
privé. Enfin, on a formé une équipe importante qui s'est
attaquée au problème et qui a analysé une foule de
solutions possibles pour en retenir finalement deux. Ces deux solutions qui
sont le plafonnement de l'évaluation foncière et
l'étalement du compte de taxes ont été proposées
par le comité technique à la table
Québec-municipalités et, ensuite, aux assises du monde municipal
au mois d'août 1987. Ces assises regroupaient 120 maires
représentant toutes les parties du Québec dont 60 mandatés
par l'Union des municipalités du Québec, essentiellement les 60
plus grosses villes du Québec, et 60 par l'UMRCQ dont un grand nombre de
préfets, surtout des préfets et des maires de plus petites
municipalités.
Ces élus, lors des assises du mois d'août dernier, ont
entériné à l'unanimité, si ma mémoire est
bonne, les recommandations du comité technique et ils ont prié le
ministre d'adopter dans les meilleurs délais une loi qui aurait pour
effet de mettre en vigueur les recommandations du comité technique,
c'est-à-dire le plafonnement de l'évaluation foncière et
l'étalement du compte de taxes, ce que je me suis engagé à
faire et ce
que j'ai fait. J'ai livré la marchandise, si je puis m'exprimer
ainsi, en déposant et en pilotant l'adoption du projet de loi 82
à l'automne 1987, projet de loi qui mettait justement en vigueur les
recommandations du comité technique élargi.
Pendant ce temps-là, le comité technique élargi a
continué et a accéléré ses travaux sur le volet
plus fondamental de la réforme, c'est-à-dire l'étude des
autres problèmes, les déplacements fiscaux
appréhendés, le problème de la taxe d'affaires, les
problèmes d'application des techniques d'évaluation, les
problèmes de tarification, qui est une source de revenus pour les
municipalités et, enfin, certains autres problèmes qui font
l'objet de discussions au sein du monde municipal, également les
formules de répartition des quotes-parts entre les municipalités
de la CUM, par exemple.
Nous avons formé huit sous-comités du comité
technique élargi et chacun des sous-comités a une tâche
très précise d'étudier en profondeur chacun des points
précis de façon à accélérer les travaux.
J'ai également formé un comité "aviseur" composé
des représentants du secteur privé de l'évaluation
foncière dont la mission est également de conseiller le
comité technique sur certains points. A-t-on fait autre chose à
part cela? J'ai pas mal fait le tour.
En gros, M. le Président, ce sont les gestes que nous avons
posés depuis qu'on a terminé les travaux sur le projet de loi 82
pour préparer le terrain pour une législation en 1988. Nous avons
également procédé à une analyse systématique
des budgets et des performances des municipalités, de 25
municipalités types ou pilotes au cours des huit dernières
années, pour voir s'il y a effectivement eu des déplacements
fiscaux dans ces municipalités pilotes que nous avons
identifiées.
Ces municipalités ont collaboré avec le comité
technique pour fournir toute la documentation dont nous avions besoin parce
qu'il n'est pas suffisant de savoir que le taux de taxes foncières a
connu des variations et qu'il aurait pu y avoir un déplacement fiscal
à partir du simple taux de taxes foncières. Il y a toute une
série d'outils dont disposent les municipalités et qui ont pu
être utilisés pour contrer les déplacements fiscaux. Par
exemple, la taxe d'affaires est utilisée pour contrer les
déplacements fiscaux en allant chercher des sommes importantes dans le
secteur non résidentiel.
Ce qu'il faut se demander, c'est: Est-ce que la proportion du budget
municipal que payait le secteur résidentiel en 1980 est la même en
1988 ou si elle a varié? Cela implique plus que la taxe foncière.
Cela implique l'ensemble des revenus de la municipalité.
Bref, cette analyse est terminée. Nous sommes maintenant en train
d'étudier les possibilités, les solutions possibles qui
pourraient être appliquées. Plusieurs solutions ont
été avancées par toutes sortes de groupes. Il pourrait y
avoir des taux de taxes variables, l'abolition de la taxe d'affaires. On
pourrait faire en sorte que les rôles d'évaluation ne soient
déposés maintenant qu'aux trois ans plutôt qu'à
chaque année. On pourrait prévoir que l'évaluation d'un
individu pourrait être la moyenne de ses trois ou cinq dernières
années pour éviter justement qu'il y ait des hausses brusques...
En fait, plusieurs formules peuvent être utilisées et on les
étudie présentement.
L'ordre du jour que nous nous sommes donné fait en sorte que
d'ici la fin de mai les élus municipaux et le ministère des
Affaires municipales réunis au sein de la table
Québec-municipalités devront avoir indiqué quelle est leur
préférence, ce qui est souhaite par le monde municipal. Ensuite,
le gouvernement tirera ses propres conclusions. Mon intention est de
déposer au Conseil des ministres, pour le 15 juillet, un mémoire
et un projet de loi qui, idéalement et avec l'appui de l'Opposition bien
sûr, pourrait être adopté en fin d'année 1988 pour
entrer en vigueur à temps pour la prochaine année fiscale.
Voilà, M. le Président.
M. Dufour: Pour votre successeur.
M. Bourbeau: Si tel est le bon vouloir du premier ministre.
M. Dufour: D'accord. C'est évident que vous avez fait le
tour du dossier. La première question vis-à-vis des hausses
brusques de taxes. Vous avez dit à ce moment... Cela a pris plusieurs
mois avant d'accoucher de la loi 82. Vous cherchez toujours la règle de
l'unanimité. Vous devriez commencer à vous méfier de la
règle de l'unanimité. D'après les élus municipaux,
il semble que vous ne vous domptez pas. C'était unanime aussi
vis-à-vis de la loi 82, c'était unanime vis-à-vis de la
loi 88, mais, comme par hasard, il y a des problèmes après. Cela
ne règle pas nécessairement les problèmes parce qu'il y a
unanimité. Je pense que non seulement vous devez chercher
l'unanimité, mais si vous ne l'avez pas, vous devriez vous baser sur un
certain nombre d'expériences.
Lors de l'acceptation de la loi 82, je vous avais dit qu'on était
presque forcés, nous, comme Opposition, d'appuyer le projet de loi
malgré qu'il attaquait quatre principes sur cinq de la fiscalité
municipale. Je pense qu'on ne s'en est pas caché. On l'a dit à
l'Assemblée nationale et cela a pris du temps parce que c'était
la proposition que la ville de Montréal avait donnée au mois
d'avril. Donc, cela a pris huit mois avant de transmettre dans une
volonté politique... De ce côté, je ne peux pas dire que
cela va rapidement. On ne peut pas dire non plus que vous n'étiez pas au
courant des problèmes qui se soulevaient. Cela faisait deux ans qu'on
vous disait qu'il y avait un problème quelque part dans
l'évaluation. (20 h 30)
II y a un certain nombre d'éléments sur
lesquels on peut revenir. On peut en discuter. On pourra parler de
différentes décisions et pourquoi. Les comités que vous
avez formés, que vous avez mis sur pied, vous me dites qu'il y a des
municipalités, les communautés régionales, les
communautés urbaines, l'UMRCQ, les petites municipalités. Il y a
aussi le secteur privé. Le secteur privé, est-ce que ce sont des
gens que vous, vous avez engagés, que votre ministère a
engagés, ou bien des gens qui viennent sur le tas?
M. Bourbeau: M. le Président, d'abord, je relève
une remarque du député qui dit qu'il a été
pratiquement forcé de voter pour la loi 82. Il n'y a personne ici qui
force qui que ce soit à voter pour ou contre un projet de loi. Le
député a simplement constaté que l'ensemble des
élus municipaux était pour le projet de loi 82. Le
député semble me faire le reproche d'avoir réussi à
susciter l'unanimité tant chez les élus municipaux ruraux
qu'urbains. Si le député pense que je devrais avoir une attitude
de confrontation, c'est peut-être sa façon à lui, mais moi,
je cherche plutôt à faire des consensus. Quand je peux en avoir,
c'est bien plus facile de présenter des lois que de le faire en faisant
en sorte de rentrer dans la gorge des élus des projets de loi qui ne
leur conviennent pas.
Maintenant, quand il faut prendre ses responsabilités, je les
prends. Le député l'a noté tout à l'heure. Dans la
loi 88, il y avait des petits points qui accrochaient. C'était minime
parce que sur 250 points qui avaient été réglés, il
y en avait peut-être 2 qui accrochaient. Mais quand cela accroche, qu'on
est rendu à une semaine de la fin de la session et qu'il n'y a pas moyen
d'avoir un consensus, le ministre prend ses responsabilités et il
tranche. C'est ce que j'ai fait.
Finalement, malgré tout, j'ai obtenu une lettre du
président des deux unions municipales acceptant la loi 88 dans sa
version finale et définitive. Quoi qu'en ait dit le député
de Jonquière, ce ne sont pas des représentations du
député de Jonquière, ou ses menaces, ou ses
déclarations sur ta place publique qui ont eu quelque influence que ce
soit sur les négociations qui ont trait à la loi 88. Le ministre
a consulté, bien sûr, un peu tout le monde, mais je regrette, le
député de Jonquière là-dedans était comme la
mouche du coche: il pouvait piquer un peu, mais il ne faisait pas avancer le
bateau plus vite. Je dois dire qu'en ce qui me concerne les négociations
ont eu lieu et cela a passé comme cela a passé. Le
député de Jonquière a voté pour. Donc, je
présume que cela ne devait pas être si mauvais.
Pour ce qui est de la question précise du député,
c'est que dans ces comités, certains des membres ont
désigné comme leurs représentants des gens de l'entreprise
privée. Par exemple, l'Union des municipalités régionales
de comté a délégué un évaluateur, membre
d'une firme privée, pour siéger au comité technique sur la
fiscalité municipale. Donc, c'est elle qui l'a
délégué. Quand je dis qu'il y a des gens du secteur
privé, ce sont des gens qui sont délégués par des
membres de la table Québec-municipalités. Je répète
qu'il y a des représentants du ministère des Affaires municipales
- j'avais peut-être oublié de mentionner ce fait tout à
l'heure - des deux grandes unions en plus de toutes les municipalités et
des communautés urbaines ou régionales, etc.
M. Dufour: Les firmes privées qui sont là, ce sont
des gens qui sont engagés par les municipalités. C'est cela?
M. Bourbeau: Ils sont désignés par les unions
municipales et payés par elles...
M. Dufour: Et le ministère n'a pas de firmes
privées à son service?
M. Bourbeau:... s'ils sont payés. Pardon?
M. Dufour: Le ministère n'a aucune firme privée
à part ses propres fonctionnaires?
M. Bourbeau: Non, nous n'avons désigné aucun
mandataire privé, aucun expert du secteur privé, sauf que nous
avons donné - mais cette personne n'est pas membre du comité
technique - un contrat à un chercheur de l'Université Laval pour
étudier un point bien précis. C'est une étude sur
l'évaluation foncière et les déplacements fiscaux. Il
s'agit, pour ce professionnel qui est un expert en la matière, de
remplir un mandat pour analyser et caractériser les déplacements
fiscaux au niveau de la fiscalité municipale, d'identifier les causes de
ces déplacements observés en distinguant les causes techniques
reliées à la méthodologie et aux techniques
utilisées en évaluation foncière, d'identifier les causes
économiques associées aux variations réelles des
marchés immobiliers, de soumettre et d'analyser les correctifs et les
limitations possibles de ces déplacements fiscaux et de la
variabilité des hausses du secteur résidentiel. Ce mandat est en
cours et on devrait avoir un rapport préliminaire d'ici environ trois
semaines.
M. Dufour: Est-ce qu'on pourrait avoir la composition du
comité technique avec les noms des gens?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, on fera ce
dépôt à la première occasion.
M. Dufour: Immédiatement? L'avez-vous?
M. Bourbeau: Si on peut faire des photocopies, on pourra vous
remettre une photocopie du document.
M. Dufour: Je ne voudrais pas terminer cette intervention sans
relever certaines choses
que vous venez de dire. Je ne sais pas si cela va faire avancer le
dossier, mais je voudrais rappeler au ministre qu'avant de jouer au fanfaron et
au gars qui connaît tout et qui n'a pas de problème, je peux dire
que, pour un gars qui avait l'unanimité... Je trouve que le ministre,
quand il a du renfort, est un petit peu plus fantasque, mais cela ne
dérange pas. Je veux rappeler que la loi 82 contenait 53 articles. Il y
a eu seulement 44 amendements et 57 articles à la fin, quand elle a
été adoptée. Donc, il n'y a pas eu de changement, je ne
comprends pas ce que cela a apporté et je me demande comment il se fait
que le ministre a cru bon de se déplacer pour rencontrer le
représentant de l'Opposition dans le dossier s'il ne faisait rien. Je ne
vois pas pourquoi ces choses se sont passées. Vous avez beau dire ce que
vous voudrez, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
En ce qui a trait à la loi 82, je pense que vous devriez
commencer à comprendre que, quand vous faites des lois et qu'en fin de
compte on vous dit des choses et que le public réagit comme il a
réagi, on ne peut pas dire que vous avez été bien
conseillé. Le moins que je peux dire, c'est qu'à écouter
et à regarder ce qui se passe peut-être que vous auriez
intérêt, parfois, à écouter les arguments de
l'Opposition. On n'est pas seulement là pour faire de l'obstruction,
parfois, on vous donne de bons conseils. Vous semblez penser que la
vérité sort seulement de la bouche... Peut-être qu'en
allant chez les Inuits et dans les villages du Nord, faites attention à
ce que vous allez faire. Il n'y a pas de problème à la ville de
Saint-Laurent, mais cela fait sept mois que cela dure. Il n'y a pas de
problème à Laval; vous attendez que cela vous tombe dans la face?
Parfait. Il n'y avait pas de problème non plus dans l'évaluation
municipale; vous avez dit qu'il n'y en avait pas. Ce sont vos propres paroles.
L'an passé, il n'y avait pas de problème. Vous l'avez dit en
pleine Assemblée nationale: II n'y a pas de problème, les maires
ont seulement à se serrer la ceinture, à ménager et
"tordez-vous la pipe". Vous avez dit cela. Trois semaines après, il y a
un problème! Écoutez un peu, tenez le même langage devant
tout le monde. Ne faites pas votre drôle ici. Si vos collègues
comprenaient exactement ce que vous dites, s'ils avaient l'esprit un petit peu
plus critique et qu'ils regardaient ce qui se passe, savez-vous que vous auriez
des coups de pied quelque part. Il me semble qu'il y a des choses sur
lesquelles vous n'êtes pas correct.
Vous ne pouvez pas dire une journée qu'il n'y a pas de
problème et, le lendemain, qu'il y en a. Dans l'évaluation, je
vous mets au défi. Regardez ce que je vous ai dit. Vous avez beau dire
que je ne connais pas cela ou que je ne suis pas un expert. Ce n'est pas moi,
par exemple, qui suis allé écurer les évaluateurs
municipaux pour leur dire qu'ils ne faisaient pas leur job, qu'ils
n'étaient pas compétents. Ce n'est pas moi qui ai dit cela, c'est
vous. Vous êtes allé les soulever comme vous êtes
allé les provoquer. C'est vous qui avez fait cela. Vous dites: II n'y a
pas de problème. Cela vous prend des évaluateurs, c'est parfait.
Faites attention, quand on regarde un dossier, on le regarde sous toutes sortes
de facettes.
L'évaluation, vous dites que c'est une science et, un autre
tantôt, ce n'est pas tout à fait cela. Qu'est-ce que c'est? C'est
une technique, ce n'est pas une science, c'est l'art du possible. J'ai une
autre expression pour l'évaluation, ce n'est pas parfait. Il y a moyen
de perfectionner ces choses, on vous a fait des suggestions et on a dit: II
faut que tout le monde s'entende. Cela fait deux ou trois fois que vous arrivez
avec "le monde s'est entendu" et "les maires se sont tous entendus" et,
après cela, cela ne marche pas. Il faudrait peut-être que vous
écoutiez. Quand vous écoutez et que tout le monde vous dit qu'il
est d'accord, peut-être lorsque vous présentez vos projets,
peut-être qu'à ce moment-là vous devriez écouter
aussi l'Opposition. Peut-être que cela pourrait aider à faire
l'accord un peu plus grand plutôt que de vous en aller comme cela et
dire: Ce n'est pas plus grave, on s'en va. Je me rappelle concernant la taxe
d'affaires... On va en parler tantôt. Vous disiez: II n'y a pas de
problème là-dedans, tout le monde va être correct.
Qu'est-ce que la loi 16 a fait? Vous devez vous le rappeler. Une loi pour faire
une loi et une autre loi pour corriger la loi que vous aviez faite. Ce n'est
pas toujours le passé, c'est le présent là. Cela fait deux
ans que vous faites la "job", c'est-à-dire que cela fait deux ans que
vous êtes assis sur un siège. À ce moment-là, on
vous pose la question: Est-ce que vous allez faire la "job" ou est-ce que vous
ne la ferez pas? Il me semble que cela commence à être le temps.
Combien de temps est-ce que le comité technique va durer? Vous me dites
que cela va durer jusqu'au mois de mai. Là, vous avez tellement mis de
monde à l'ouvrage, huit sous-comités, un comité "aviseur".
Il y a seulement vous qui allez comprendre cela. Comment allez-vous nous sortir
de cela? Est-ce que vous vous engagez carrément... À court terme,
vous avez donné une réponse. Il y a certainement d'autres
réponses qui s'en viennent, cela ne peut pas rester ainsi, la loi 82 est
une loi d'exception ou une loi d'urgence. Quand on parle de fiscalité,
c'est plus grave que cela, c'est plus global. Est-ce que, au mois de mai, tous
les travaux seront terminés? Est-ce que vous allez consulter les gens
quand vous allez présenter un projet de loi ou si ce sera un projet de
loi concocté par un petit groupe et avec lequel on va s'en aller? Quand
ce projet de loi sera-t-il prêt? Vous avez dit à l'automne, mais
est-ce que vous avez l'intention de proposer des mesures et de les soumettre
à une consultation pour savoir comment cela fonctionne? Pour une fois,
vous pourriez le faire.
M. Bourbeau: M. le Président, il est très
difficile de répondre au roman-fleuve du député de
Jonquière parce qu'il pose à peu près 25 questions dans la
même phrase. J'ai beau prendre des notes, je voudrais quand même
commencer par les premiers propos et finir par les derniers. Je demande la
clémence non pas de la cour, mais de la commission si jamais j'en oublie
quelques-uns parce que ma sténographie n'est pas assez rapide pour
prendre tout cela en note.
Je dirais au député de Jonquière que, quand il nous
fait des remarques constructives ou qu'il nous propose des choses qui nous
apparaissent intéressantes, on en prend toujours note. C'est faux de
dire que nous n'écoutons pas les propos du député de
Jonquière, je les écoute avec beaucoup d'attention. Parfois, dans
ses propos, on peut trouver des choses intéressantes et on en tient
compte; parfois, on n'en tient pas compte. C'est normal, on n'est pas toujours
obligé de tenir compte de ce que dit le député de
Jonquière. D'abord, on n'est pas capable de tout noter ce qu'il dit
parce qu'il parle beaucoup, mais à travers cela, à l'occasion, je
peux assurer le député que, si ses propositions nous paraissent
correctes, on tente d'y donner suite.
En ce qui concerne les problèmes, le député dit: Le
ministre dit qu'il n'y a pas de problème en évaluation
foncière. Évidemment, j'y répondrai par une phrase un peu
simpliste: II n'y a pas de problème tant qu'il n'y en a pas, c'est bien
évident. Mais, à un moment donné, les problèmes
surgissent un jour, dans le temps. Avant qu'ils n'arrivent, il n'y a pas de
problème. C'est comme quand un Boeing 747 s'écrase: la veille, il
n'y avait pas de problème; le lendemain, il y a de sérieux
problèmes. Le rôle d'évaluation de 1988 a été
préparé non pas par le gouvernement, mais par les.
municipalités, par leur propre service d'évaluation. Je ne suis
pas celui qui prépare les rôles d'évaluation. Le
gouvernement n'est pas celui qui mandate les évaluateurs, ce ne sont pas
nos évaluateurs, ce sont les évaluateurs des
municipalités. Je dirais ceci: Le gouvernement du Québec est
probablement le seul gouvernement en Amérique et peut-être
même en Occident qui accepte que ses propres immeubles soient
évalués par des évaluateurs engagés, payés
et retenus par une autre juridiction que la sienne. Donc, nous nous livrons
pratiquement pieds et poings liés à des évaluateurs qui
sont nommés par d'autres, engagés par d'autres, payés par
d'autres. Donc, on ne peut pas dire que le gouvernement du Québec a
vraiment une responsabilité dans la préparation des rôles.
Le gouvernement du Québec est responsable de la loi, bien sûr. La
loi a été votée par qui? Pas par nous, par l'ancien
gouvernement. Je présume que c'est une loi qui, au départ, ne
peut pas être si mauvaise parce que c'était sous l'ancien
gouvernement; vous n'admettrez certainement pas que vous faisiez de mauvaises
lois quand vous étiez là.
J'ai tenu pour acquis au départ que la loi est bonne, donc, que
les rôles devraient être bien faits. Ce n'est pas dans fa loi
elle-même qu'est le problème, mais dans son application par les
autorités locales, par les services d'évaluation. À partir
de là, tant que le rôle de 1988 n'est pas déposé, on
ne peut pas présumer qu'il sera mal fait ou qu'il y aura des
problèmes. Je ne dis pas non plus qu'il est mal fait, mais je dis qu'il
y a eu des problèmes lors de son dépôt. Cela m'autorisait
très bien, en 1987, à dire qu'à ce moment-là il n'y
avait pas de problème. Enfin, il y avait toujours de petits
problèmes à l'évaluation, mais ce n'était
certainement pas le genre de problèmes qu'on a vécus avec le
rôle de 1988. Voilà!
En ce qui concerne la loi 16 dont parlait le député,
encore là, ce n'est quand même pas moi qui rends les jugements de
cour. Quand un tribunal rend un jugement et que le tribunal vient dire que ce
que le législateur avait dit deux ans avant ce n'est pas cela et que
l'intention du législateur qui avait été exprimée
dans un projet de loi, n'a pas été retenue par la cour, bien, il
ne faut quand même pas blâmer le gouvernement de reprendre sa loi
qui était la vôtre, si je me souviens bien à part cela, une
loi votée par le Parti québécois, et de préciser
que l'intention du législateur était bien celle-ci et non pas
celle qu'a retenue le tribunal. Donc, encore là, je ne pense pas que le
ministre puisse être tenu responsable de légiférer
lorsqu'un tribunal vient interpréter incorrectement l'intention du
législateur.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le Président. Je
voudrais, moi aussi, poser au ministre un certain nombre de questions sur la
fiscalité municipale à cause des nombreux problèmes qu'on
a pu observer dans la région de Montréal, notamment.
D'abord, le ministre nous annonce une loi pour adoption à
l'automne 1988. Est-ce le cas?
M. Bourbeau: C'est notre ferme intention, M. le
Président.
M. Rochefort: Qu'est-ce que cela veut donc dire par rapport aux
échéances des municipalités quant à la
préparation de leur budget?
M. Bourbeau: Cela veut dire que, quelque part au début de
l'automne, on sera en mesure de faire connaître les intentions du
gouvernement en matière de législation comme on l'a fait l'an
dernier avec la loi 82. Le projet de loi sera déposé à
temps, j'espère, pour permettre aux municipalités d'en tenir
compte dans la préparation de leur budget. En général les
municipalités préparent leur budget à cette
époque-là. De toute façon, le projet de loi n'influera pas
sur le budget des municipalités. Les municipalités feront leur
budget de dépenses comme elles doivent le faire. Cela ne devrait pas
occasionner des
dépenses additionnelles. Mais, dans la perception des revenus, il
pourra y avoir là des avantages ou, j'espère, des changements qui
permettront aux municipalités, soit d'accroître leurs revenus,
soit de mieux répartir les revenus entre les contribuables.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le ministre...
M. Bourbeau: Et cela pourra attendre, évidemment, quelques
semaines plus tard étant donné que les comptes de taxes ne sont
jamais envoyés, de toute façon, avant le mois de janvier de
l'année suivante.
M. Rochefort: M. le Président, je veux juste suivre le
ministre comme il faut. Pour prendre un cas que je connais peut-être
mieux que les autres, le cas de Montréal, ce n'est pas en janvier qu'ils
décident comment ils tireront les revenus nécessaires quant au
budget de dépenses qui est déposé à l'automne.
Alors, je veux m'assurer auprès du ministre que les intentions
législatives qu'il nous annonce seront... (20 h 45)
M. Bourbeau: Montréal adopte son budget, comme toutes les
municipalités, en décembre, mais...
M. Rochefort: Or, c'est à ce moment-là qu'ils
décident...
M. Bourbeau: Oui.
M. Rochefort:... du taux de taxation, etc.
M. Bourbeau: Sauf que si, à ce moment-là, la loi
n'est pas encore adoptée, comme cela a été le cas cette
année avec la loi 82, le ministre accorde des prolongations, des
délais pour adopter le budget. Cela s'est fait dans bien des cas cette
année. Montréal a eu un délai d'un mois ou deux cette
année. Et c'est ainsi qu'on a fonctionné.
M. Rochefort: Mais reconnaissez-vous, M. le ministre, que les
travaux qui se font actuellement chez vous et dans les comités à
la table Québec-municipalités doivent absolument donner des
répercussions concrètes sans les prochains budgets des
municipalités? On se comprend bien là-dessus.
M. Bourbeau: Absolument. Je l'ai dit à plusieurs reprises
et je peux l'affirmer.
M. Rochefort: En conséquence, il faut s'assurer qu'elles
auront en temps entre les mains l'ensemble des éléments que
pourrait et que devrait contenir cette loi, pas seulement pour déposer,
mais pour préparer le budget. Si vous me permettez, en troisième
lieu, compte tenu du fait qu'on pourrait et qu'on devrait, cette
fois-là, s'attendre à autre chose qu'un taux de plafonnement,
c'est pas mal plus compliqué à appliquer qu'un simple taux de
plafonnement qui, lui, pouvait être connu un peu tardivement. Finalement,
la formule était assez simple d'application, mais, dans la mesure
où il devrait se retrouver d'autres types de mécanismes, ne
reconnaissez-vous pas qu'il y aura là un travail très important
au chapitre du calendrier de dépôt, d'étude et d'adoption
de la loi, pour permettre aux municipalités d'avoir l'ensemble des
instruments qui doivent être à leur disposition pour
préparer leur budget?
M. Bourbeau: De toute façon, si un projet de loi est
déposé, le député sait fort bien que la date limite
pour le déposer est le 15 novembre, date préalable à
l'adoption des budgets municipaux. Il n'y a rien qui empêche que le
projet de loi soit déposé avant cette date. Il pourrait
être déposé à la fin d'octobre. Avec le consentement
de l'Opposition, on pourrait l'adopter rapidement si on veut voir un projet de
loi devenir loi rapidement. Également, les mesures qui pourraient
être incorporées dans ce projet de loi pourraient être des
mesures... Par exemple, si on décidait de permettre les taux de taxes
variables, là il n'y a rien qui presse d'une certaine façon parce
que les taux de taxes variables apparaissent sur les comptes de taxes
uniquement et non pas dans le budget. La municipalité pourrait
connaître, à la mi-décembre, sa possibilité d'avoir
des taux de taxes variables et, dans la préparation de ses comptes de
taxes, elle pourrait appliquer les taux de taxes variables, si c'était
le cas. Je n'annonce pas, ce soir, que nous allons permettre des taux de taxes
variables. Je donne des exemples au député de Gouin.
M. Rochefort: On va y revenir. M. le Président, je suis
toujours un peu surpris quand j'entends le ministre me dire: Mais les
municipalités pourraient connaître seulement à la
mi-décembre des choses qui, de toute façon, ne sont
envoyées qu'en janvier. Je veux simplement qu'on se comprenne. Dans la
mesure où on sont du plafonnement qu'on a utilisé l'année
dernière qui, lui, est automatique dans la mesure où il n'y a pas
de taux de taxes variables, cela n'est pas compliqué. Mais, dans la
mesure où il y a un taux de taxes variable, est-ce que le ministre
comprend que ce n'est pas seulement une question d'impression de comptes de
taxes et que cela doit être compris et connu dès le moment de la
préparation du budget de dépenses parce que cela peut avoir une
influence directe sur le montant des dépenses qu'une municipalité
projettera de faire?
M. Bourbeau: Écoutez! Le député veut dire
que si, par exemple, une municipalité avait la possibilité
d'aller chercher plus d'argent, disons, dans le secteur commercial ou
industriel, elle pourrait dépenser plus, sachant que son
réservoir de revenus est plus grand. C'est ce que le
député
veut dire.
M. Rochefort: Non, mais dans la mesure où elle sait
qu'elle peut jouer avec la notion, le concept de taux de taxes variable dans la
perception de ses revenus, la modulation est telle qu'il y a là une
marge de manoeuvre nouvelle qui est créée, ne serait-ce qu'en
termes de répartition de l'assiette. Ce n'est pas une équation
automatique comme quand on joue avec la mesure de plafonnement.
M. Bourbeau: De toute façon...
M. Rochefort: Au fond, M. le Président, si le ministre me
le permet, je veux avoir la garantie de sa part qu'on ne sautera pas une autre
année.
M. Bourbeau: Cela fait trois fois que le député
pose la même question. Je lui fais la même réponse. C'est
mon intention ferme de faire adopter, au cours de l'année 1988 - je l'ai
dit aujourd'hui dans...
M. Rochefort: Pour application aux budgets qui suivront à
la fin de l'année 1988.
M. Bourbeau: Si le député avait été
présent au début de nos travaux ce matin, il aurait lu, dans le
texte que j'ai prononcé et qui est certainement consigné au
Journal des débats, l'engagement que j'ai pris de faire adopter,
de tenter de faire adopter avec ou sans le consentement de l'Opposition, un
projet de loi au cours de l'année présente qui permettrait
d'apporter un certain nombre de solutions. Je dirai au député,
à titre d'exemple, que la Loi sur la fiscalité municipale a
été adoptée après le 20 décembre 1979 par le
gouvernement dont faisait partie le député de Gouin. Elle est
entrée en vigueur le 1er janvier 1980. Donc, l'ancien gouvernement n'a
pas trop donné l'exemple d'une loi adoptée longtemps d'avance et
les municipalités se sont fort bien accommodées de la Loi sur la
fiscalité municipale et je pense qu'aujourd'hui personne ne se souvient
de ce problème-là.
M. Rochefort: M. le Président, je veux souligner au
ministre qu'on ne parle pas simplement des municipalités, mais aussi des
contribuables municipaux, qui sont des citoyens, et des individus qui doivent,
à l'occasion, endosser les conséquences des retards des lois,
comme cela a été le cas.
M. Bourbeau: M. le député de Gouin pourra
accélérer l'adoption du projet de loi dès qu'il sera
présenté.
M. Rochefort: M. le Président, il faudra au moins qu'il
soit déposé et bon pour qu'on puisse en accélérer
l'adoption.
Dans le même ordre d'idées, le ministre nous dit: On a fait
l'analyse de 25 municipalités représentatives et, je pense,
importantes du Québec, quant à la proportion de secteurs
résidentiels, secteurs commerciaux et institutionnels des taxes et quant
à l'évolution qu'a connue cette proportion. Vous nous avez dit:
L'évaluation est terminée, l'analyse est complétée.
Est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les conclusions de
l'étude de l'évolution des proportions de ces
municipalités?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
donner cette information. Les rapports viennent d'être
déposés par les sous-comités qui étudient ces
questions-là et ils n'ont pas encore fait l'objet d'analyse. On est
présentement en train d'analyser tous ces rapports et il est trop
tôt, aujourd'hui, pour que je puisse dégager pour le
député les grandes lignes de ce que cela peut contenir, mais je
pense qu'on sera en mesure, d'ici quelques semaines, d'avoir un bon portrait de
la situation.
M. Rochefort: Oui, mais j'imagine, M. le Président, qu'on
a déjà une indication - ce n'est pas une longue analyse -
à savoir s'il y a eu, oui ou non, déplacement de la proportion.
J'imagine qu'à sa face même, compte tenu de ce que le ministre
nous a dit tantôt, le rapport est complété, reçu,
entré, regardé et qu'il y a eu, oui ou non, évolution et
déplacement dans un sens ou dans l'autre ou maintien. J'imagine que le
ministre doit avoir des indications, compte tenu des déclarations qu'il
a faites récemment.
M. Bourbeau: M. le Président, les rapports viennent
d'être déposés en vrac. Il y en a plusieurs. C'est
volumineux. C'est complexe. On est en train de commencer l'analyse. Il y a une
réunion du comité technique, lundi prochain, pour tenter de
dégager des conclusions de tout cela. Je n'ai présentement, entre
les mains, aucune indication relative à ce que dit le
député.
M. Rochefort: D'accord. On va attendre des nouvelles du ministre,
M. le Président.
Dans un autre ordre d'idées, sur la question du taux de taxes
variable, j'ai entendu de mes oreilles et vu de mes yeux le ministre à
la télévision, il n'y a pas longtemps, sûrement moins de
deux semaines, probablement même moins de dix jours. Je ne sais pas trop
à quelle occasion. En tout cas, il a été interviewé
justement sur les questions de fiscalité municipale. J'imagine qu'il
était dans la région de Montréal parce que c'est là
que cela a été particulièrement agité concernant
cette question et avec raison en ce qui me concerne.
J'ai vu le ministre presque nous faire une présentation
dithyrambique du concept du taux de taxes variable. J'avoue que je suis
littéralement tombé en bas de ma chaise parce que la
dernière fois qu'on avait parlé de cela, c'était en
décembre. Il m'avait expliqué que j'étais à peu
près ce qu'il y avait de pire en termes de sensibilité et
de connaissance de la fiscalité municipale, que c'était une
aberration que de parler de taux de taxes variable et que cela n'avait pas
d'allure.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer ce qui s'est passé
entre décembre et avril pour lui permettre d'évoluer aussi
rapidement quant au concept du taux de taxes variable? Je vous le dis, je vous
ai vu de mes yeux, de mes deux yeux, et je vous ai entendu de mes deux
oreilles. Je vois quelqu'un à côté de vous qui hoche de la
tête. Donc, on doit être au moins deux. Vous avez dû vous
entendre. Alors, on est peut-être trois.
M. Dufour: J'ai entendu aussi.
M. Rochefort: Bon, on est quatre. Il y a M. le
député de Jonquière.
M. Bourbeau: M. le Président, tout est question de
nuance.
M. Rochefort: Oh! mon dieu! Vous n'étiez pas très
nuancé en décembre. Je peux vous fournir cela.
M. Bourbeau: Le député de Gouin est en train de
tomber dans les travers du député de Jonquière,
c'est-à-dire que...
M. Rochefort: Pourvu que je ne tombe pas dans les
vôtres.
M. Bourbeau: II affirme des choses ex cathedra. Il emploie des
mots aussi exagérés que "dithyrambique" pour...
M. Rochefort: Vous n'étiez pas pondéré quand
je vous ai entendu parler de taux de taxes variable.
M. Bourbeau: Le député caricature. De dire que j'ai
prétendu que le taux de taxes variable était l'équivalent
de l'anathème, je ne pense pas que j'aie dit cela. J'ai même dit,
récemment -et le député a dû m'entendre - qu'en
pratique nous avons au Québec depuis très longtemps des taux de
taxes variables. C'est ce que j'ai dit à l'émission "Le Point" il
y a à peu près un mois.
Quand nous avons, par exemple, le secteur du monde des affaires,
commercial et industriel, qui paie la taxe foncière au même titre
que tout le monde, que le secteur résidentiel et qui paie une
deuxième taxe, la taxe d'affaires par-dessus la taxe foncière
ordinaire, nous avons, dans les faits, un taux de taxes variable parce qu'une
catégorie de contribuables paie un taux et l'autre paie le même
taux plus une autre taxe pardessus. Cette autre taxe, qui est la taxe
d'affaires, est variable en ce sens que le taux peut varier selon le
désir de la municipalité jusqu'à un maximum.
Donc, nous avons effectivement, depuis très longtemps au
Québec, un taux de taxes variable. Je dois dire qu'en ce qui concerne le
taux général de taxe foncière le monde municipal, depuis
la réforme de la fiscalité municipale, s'était toujours
opposé énergiquement à ce qu'on permette un taux de taxes
variable au chapitre de la taxe foncière.
Je crois que la pensée municipale a évolué. Je
crois le percevoir.
M. Rochefort: Cela vous inclut-il?
M. Bourbeau: Oui, cela m'inclut au plus haut point. Je dirais
depuis quelques mois ou depuis un an. Je ne dis pas que cela va être fait
comme proposition mais, si le comité technique faisait la proposition
aujourd'hui d'introduire un taux de taxes variable, je ne sais pas, il est
possible qu'on rencontre moins de résistance aujourd'hui qu'on n'en
aurait rencontré il y a un, deux ou cinq ans. Est-ce que l'introduction
d'un taux de taxes variable s'accompagnerait de la disparition de la taxe
d'affaires? C'est un autre point qui reste à considérer.
Pourrait-on avoir à la fois une taxe d'affaires et un taux de taxes
variable? Cela reste à voir également. Je ne sais même pas
si on aura un taux de taxes variable, de toute façon, parce que c'est
une possibilité que j'ai évoquée et je suis loin
d'être certain que cela va être la conclusion à laquelle
vont en venir le comité technique, les élus municipaux et le
gouvernement. (21 heures)
M. Rochefort: M. le Président, vous allez me permettre un
certain nombre de commentaires. J'avoue là que le ministre est plus
pondéré et nuancé que la dernière fois que je l'ai
entendu à la télévision.
M. Bourbeau: J'espère que le député de Gouin
va faire comme moi.
M. Rochefort: Là, je comprends - pour moi, il n'y a pas de
problème là - qu'effectivement il y a un déplacement parce
que le ministre - et j'imagine que son attaché de presse sera en mesure
de lui fournir l'information - a visiblement laissé entendre, je ne dis
pas malhonnêtement et de mauvaise foi... Mais le citoyen contribuable
municipal qui était aux prises avec un problème d'augmentation
substantielle de taux de taxation et de compte de taxes à cause de
l'évaluation foncière qui a écouté ce que j'ai
entendu comprenait que le ministre était favorable et je me souviens, je
pense être en mesure de vous citer mot à mot que vous avez conclu
cette entrevue, la partie qu'on nous a présentée - ce
n'était pas une émission, c'était au bulletin de nouvelles
- en disant qu'il était fort possible, vraisemblable qu'on s'en aille
vers le taux de taxes variable, qu'il était bien possible que ce soit
cela.
Là, aujourd'hui, je vous sens beaucoup plus
nuancé par rapport aux propos que vous avez vous-même tenus
à ce moment. Je peux vous dire que, pour le citoyen, cela
représente quelque chose de très important, la déclaration
que vous avez faite, en termes d'espoir pour la prochaine époque
épopée rock des taux de taxes à Montréal, dans la
grande région de Montréal. Deuxièmement, M. le
Président, je veux attirer l'attention du ministre pour ne pas commencer
à jouer sur les mots. Ne venez pas me faire un discours selon lequel on
a déjà le taux de taxes variable et me dire que, en
conséquence, on pourrait continuer de l'avoir sans rien faire ou que si,
tout à coup, on l'avait, on pourrait aussi abolir la taxe d'affaires
parce qu'on l'avait déjà et que, puisque le taux de taxes
variable l'introduit un peu plus, il ne faut quand même pas l'introduire
trop fort.
Dans l'esprit de tout le monde qui s'est consacré à ce
dossier, quand on parle du taux de taxes variable, ce n'est pas un concept
théorique sorti directement de la planète Mars. C'est donc de
faire en sorte, à partir des données qu'on connaît et que
connaissent tous ceux et toutes celles qui se sont impliqués dans le
dossier de la fiscalité municipale, sachant qu'il y a la taxe d'affaires
et même on pourrait dire que, par exemple, à Montréal, il y
a une taxe d'eau pour les entreprises, donc, pour le secteur d'affaires
commercial et institutionnel et industriel alors qu'on ne l'a pas pour le
secteur résidentiel... Là aussi, en soi cela pourrait être
une forme de taux de taxes variable. Dans les faits, ce n'est pas à cela
que le monde fait allusion.
Ce à quoi tout le monde fait allusion - j'espère au moins
qu'on se comprend sur ce dont on parle - c'est de faire en sorte que le taux de
taxation général, à partir de l'évaluation
foncière soit différent d'un secteur à un autre - et ce
que tout le monde comprend quand le ministre en parle à la
télévision, je suis convaincu que c'est ce à quoi il fait
référence - et de faire en sorte que le secteur
résidentiel ait un taux de taxation inférieur à celui
qu'on retrouve dans le secteur industriel, commercial et institutionnel. Dans
ce sens, M. le Président, je veux être bien certain que le
ministre n'est pas en train de nous expliquer qu'il fait
référence à des notions selon lesquelles, dans le fond,
cela existe déjà avec le taux de taxe d'affaires et tout
cela.
Quand on parle de taux de taxes variable, on parle d'une modification
à venir qui irait dans le sens d'un taux de taxes différent dans
le secteur résidentiel et les autres secteurs. C'est bien à cela
que vous faites allusion.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est bien évident
que si, un jour, il y a des taux de taxes variables, il y aura un taux de taxes
pour le secteur résidentiel, il y aura un autre taux de taxes pour le
secteur commercial et possiblement un troisième taux de taxes pour le
secteur industriel.
M. Rochefort: D'accord. Je vais vous poser une autre
question.
M. Bourbeau: Maintenant, il n'y a rien qui empêche la
municipalité, si elle avait le choix ou le droit d'établir des
taux de taxes variables, de décider si elle veut que le taux de taxes
résidentiel soit inférieur ou supérieur à un autre.
Je dirai ceci au député de Gouin, qui me cite au texte et
à l'oreille et à la mémoire, qu'il semble avoir entendu un
extrait d'une entrevue radio-phonique quelque part.
M. Rochefort: Non. Je ne peux pas vous voir à la radio, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Ou à la télévision. Le
député sait fort bien...
M. Rochefort: C'était un bulletin de nouvelles.
M. Bourbeau:... que, quand on va chercher dix secondes d'une
déclaration...
M. Rochefort: C'était 45.
M. Bourbeau:... qui a pu durer deux minutes, on ne peut aller
chercher uniquement la partie qui faisait l'affaire du journaliste qui voulait
prouver un point, et j'ai pu, j'ai certainement été cité
hors contexte puisqu'on n'a pris que dix secondes.
M. Rochefort: J'ai dit 45.
M. Bourbeau: Donc, je mets en garde le député
contre ce genre d'extrait où peut-être j'ai paru vouloir faire
l'apologie des taux de taxes variables, mais possiblement que, dans le reste de
l'entrevue, on était beaucoup plus nuancé. Cela
m'étonnerait, ce que dit le député, parce qu'en
général je suis plutôt nuancé dans mes propos. Le
député me connaît bien, de toute façon.
M. Rochefort: C'est surtout dans ses gestes, M. le
Président, qu'il est nuancé.
Je veux bien que le ministre soit déçu de ce qu'il a pu
déclarer, mais je vous dirai que c'est ce que j'ai entendu. Je vous
dirai aussi, compte tenu du métier que nous faisons, vous comme moi, que
le citoyen, lui, prend ce qu'il entend le soir aux nouvelles. C'est avec cela
qu'il fait ses réflexions. Ce qu'il a vu ce soir-là, c'est ce que
j'ai vu et ce qu'il a entendu ce soir-là, c'est ce que j'ai entendu.
La question que je veux adresser au ministre... Il nous dit beaucoup: Le
monde municipal a évolué, moi aussi - c'est le ministre qui parle
- par rapport à cette question, et il n'est pas impossible qu'il nous
recommande cela. Vous, comme ministre des Affaires municipales, qui vous
apprêtez à piloter un projet de loi réfor-
mant la fiscalité municipale, est-ce que vous avez l'intention de
donner suite à cette proposition qui circule actuellement? Vous
êtes un intervenant, vous n'êtes pas passif, vous n'êtes pas
simplement un courrier entre le monde municipal et l'Assemblée
nationale, j'imagine. Alors, vous, comme ministre des Affaires municipales,
comme ancien élu municipal en plus, quelles sont vos intentions au plan
du concept de taux de taxes variable?
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
de Gouin s'imagine que je vais lui faire une déclaration, ce soir, quant
aux intentions que je pourrais avoir relativement aux façons de
régler le problème de la fiscalité municipale, il va
être très déçu. Je n'ai absolument pas l'intention
de livrer ce soir au député de Gouin, ni à personne
d'ailleurs, le contenu de mes pensées profondes sur le sujet. Cela ne
serait dans l'intérêt de personne ni des contribuables de laisser
croire que, déjà, à l'avance, les solutions sont toutes
trouvées et que les travaux qu'on est en train de faire avec le monde
municipal sont des travaux bidon qui ne serviraient à rien. Que le
député prenne son mal en patience. S'il est encore là
à l'automne, il verra quelles sont les décisions que le ministre
aura prises.
M. Rochefort: M. le Président, s'il y a des chances que
quelqu'un n'y soit pas à l'automne, c'est plutôt pour celui en
face de moi que pour celui assis sur ma chaise que cela devrait se passer.
D'autre part, ce n'est pas mon mal, c'est plutôt le mal des
contribuables. Ce que je comprends, c'est que le ministre est en train de dire
aux contribuables: Prenez votre mal en patience. On leur transmettra vos bons
mots à leur endroit.
M. le Président, il y a un autre volet que je veux aborder avec
le ministre au sujet de la fiscalité municipale, si mon collègue
de Jonquière est d'accord. Oui?
M. Bourbeau: Votre ex-collègue.
M. Rochefort: Non, c'est toujours mon collègue, il est
toujours député de l'Assemblée nationale, moi aussi et
vous aussi jusqu'à nouvel ordre, on est tous des collègues. J'ai
assisté à un exercice qui m'a fort surpris, cet hiver, à
la suite de la période de réception des comptes de taxes et de
préparation des avis d'augmentation de loyer que deux citoyens de mon
comté sont venus me présenter. On sait qu'on est à
Montréal - vous nous l'avez si bien dit - avec un rôle
d'évaluation nouvelle génération, c'est sa première
année, il faut lui permettre de grandir. Il y a donc des quartiers et
des secteurs de Montréal qui ont connu des baisses de taxes municipales
substantielles. Ah oui! Je vois ma collègue de Dorion...
Mme Trépanier: Pas chez nous.
M. Rochefort: Peut-être pas chez vous, j'avoue, mais j'ai
vu cela dans mon comté, entre autres. Il y a des citoyens qui sont venus
me présenter cela. Le ministre pourrait bien me référer
à demain, mais je considère qu'on parle de fiscalité
municipale, c'est le même ministre, cela fait un lien plus direct, je
pense, avec la discussion qu'on a. J'ai découvert, à la suite de
la présentation du problème que les deux citoyens
séparément m'ont soumis, que, dans le formulaire de calcul
approximatif d'augmentation du loyer de la Régie du logement du
Québec de cette année, qui est toujours le même vieux
formulaire depuis quelques années, lorsqu'il y a une baisse
réelle de taxes, pas du taux mais de taxes municipales, c'est à
80 % au moins au bénéfice du locataire - je parle de duplex
occupés par le propriétaire au rez-de-chaussée et à
l'étage par un locataire, ils sont donc un peu 50-50 dans l'affaire -
c'est à 80 % et plus au profit du locataire que la baisse de taxes
municipales profite, même si le propriétaire a fait des
réparations, a connu des augmentations d'assurances, etc. Quand il y a
augmentation des taxes municipales, la répartition, disons donc, est
tout autre, vous reconnaîtrez cela avec moi facilement. Je me dis: Je
veux au moins attirer l'attention du ministre; j'ai eu deux cas de comté
qui m'ont été soumis et j'ai refait le formulaire avec eux.
Effectivement, c'est ce que cela donnait. Je pense qu'on a peut-être
là une faille, un trou qui est un petit peu inéquitable. Je
comprends qu'il faut avoir des lois - et je pense que le ministre connaît
mes orientations par rapport à cela - qui protègent bien les
locataires socialement. Je pense que l'existence de la régie, avec ses
responsabilités et ses procédures, est là pour cela. Au
fond, quand on voit ce que l'augmentation des taxes a impliqué pour des
propritaires et que, tout à coup, la baisse de taxes réelle
profite essentiellement aux locataires, annulant même des augmentations
qui pourraient être normales à la suite de coûts encourus
pour des réparations, l'entretien, des augmentations d'autres natures,
les coûts de l'électricité ou du chauffage... Vous
connaissez cela aussi bien, sinon mieux que moi.
Je pense qu'il y a là, peut-être, quelque chose à
revoir. Je me suis dit, sans pouvoir aller plus loin que cela, que
c'était peut-être dû au fait que, lorsque ce formulaire a
été mis en place, des diminutions de taxes n'étaient pas
très fréquentes, disons-le. En conséquence, on n'a pas
pensé à cela. On n'a pas vu venir la répercussion que cela
pouvait produire. J'avoue que, pour les propriétaires qui, dans les
années précédentes, avaient connu des augmentations
substantielles et pour lesquelles ils avaient dû assumer une part
majoritaire de l'augmentation de taxes, de voir que, lorsqu'il y a diminution,
c'est complètement l'inverse qui se produit pour eux, il était
difficile de comprendre nos mécanismes et notamment les
procédures de la Régie du logement.
Je ne sais pas si le ministre a eu d'autres
cas qui lui ont été soumis, mais je pense que ce serait
utile qu'il y ait une analyse de cette question et par son groupe qui travaille
à la fiscalité municipale du côté de la Régie
du logement. J'avoue que, pour ces deux contribuables, un peu avec raison, je
pense, cela faisait un peu particulier.
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement il arrive,
à l'occasion, que des contribuables subissent une baisse du compte de
taxes. Les baisses d'évaluation sont très rares; essentiellement,
il ne devrait pas y en avoir, à moins qu'il n'y ait eu des incendies ou
des trucs comme cela ou des erreurs dans les évaluations des
années précédentes et qu'un contribuable ne se soit plaint
au Bureau de révision de l'évaluation foncière. Quand un
contribuable subit une hausse d'évaluation personnelle, qui est
substantiellement inférieure à la hausse globale du rôle
d'évaluation, forcément à cause du jeu des taux de taxes,
il est possible que son compte de taxes soit inférieur.
À Montréal, cette année, nous avons eu un
rôle d'évaluation qui était augmenté de 23 %, si ma
mémoire est fidèle. Si un contribuable a vu son évaluation
personnelle n'augmenter que de 10 %, il ne serait pas étonnant qu'il ait
eu une légère baisse du compte de taxes.
Pour ce qui est de l'anomalie dont parle le député
de...
M. Rochefort: Bien, anomalie... Disons donc...
M. Bourbeau:... Gouin, évidemment, il serait
préférable de soulever la question demain, lorsque la
présidente de la Régie du logement sera ici. On pourrait en
traiter un peu plus en profondeur puisqu'il s'agit d'une question technique. Je
ne sais pas si le député de Gouin sera ici demain, je
souhaiterais qu'il vienne. Enfin, s'il n'y est pas, on tentera d'aller aux
nouvelles. La présidente de la Régie du logement m'a fait
état récemment - cette semaine, d'ailleurs - de certaines
anomalies qui ont été décelées, justement dans des
jugements de la régie, où les régisseurs ont conclu
à des baisses du loyer de contribuables, ce qui ne s'était jamais
vu jusqu'à maintenant. On avait vu des loyers qui n'augmentaient pas ou
qui n'augmentaient plus, mais on n'avait jamais, jusqu'à présent,
vu des régisseurs rendre des jugements ayant pour effet de
réduire le loyer de l'année subséquente.
La présidente me disait justement qu'on était à
regarder de très près...
M. Rochefort: Le formulaire.
M. Bourbeau:... la question des formules et de tout cela, je
crois même qu'un mandat avait été donné, dans les
jours qui ont précédé, pour tenter de faire l'analyse de
la situation, pour voir s'il n'y avait pas des correctifs à apporter
à la situation. Si le député est là demain, on
pourrait reprendre la question un peu plus en profondeur avec la
présidente de la Régie du logement.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je veux simplement
dire au ministre que, demain, je serai au comité sur la réforme
électorale, mais qu'il est mon intention, dès que les travaux
seront terminés, de venir ici. Je ne sais pas si on sera rendu ou si on
aura dépassé l'étude des crédits de la Régie
du logement. Je voulais lui souligner, comme responsable des deux volets de
responsabilité, tant de la Régie du logement que du Bureau de
révision de l'évaluation foncière, que dans les deux cas
que j'ai vus, il n'y avait eu aucune différence de qualité de
propriété et qu'il y avait non seulement baisse de taxes, mais
baisse d'évaluation. (21 h 15)
M. Bourbeau: Je dirai deux choses au député.
Premièrement, c'est un problème dont on semble s'occuper
dès maintenant à la Régie du logement.
Deuxièmement, s'il s'amène demain et qu'on a terminé
l'étude de la Régie du logement, je n'aurai pas d'objection
à ce qu'on rouvre la discussion au sujet de ce point précis avec
le député de Gouin.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Vous avez parlé tout à l'heure d'un
comité technique. J'ai la liste des membres, je n'ai pas
nécessairement le mandat. Ce comité a été
formé à votre demande, j'imagine, et les gens qui y ont
été nommés... Le mandat que vous avez donné a fait
en sorte que l'Union des municipalités a nommé des gens. Est-ce
que les membres de ce comité technique n'auraient pas pu être des
élus plutôt que des fonctionnaires?
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'un comité
technique. Il y a très peu d'élus qui sont experts en
évaluation foncière. Ce comité technique est formé
par la table Québec-municipalités, donc, il comprend des
représentants nommés par chacune des parties et il fait rapport
aux élus, à la table Québec-municipalités. Ce sont
les élus qui, éventuellement, prendront les décisions.
Cela me paraît la meilleure façon de procéder.
M. Dufour: Effectivement, il y a l'analyse de l'évaluation
foncière comme telle. Avant de proposer des plafonnements, des ci et des
ça, est-ce que le comité a déjà commencé ses
travaux concernant les techniques d'évaluation comme telles? Par
exemple, la valeur du marché a été admise comme technique
fondamentale d'évaluation. Est-ce que d'autres analyses se font par
rapport à cela? On comprend qu'il y a une analyse de marché, mais
on comprend aussi que ce n'est pas applicable à toutes les sections.
Il
n'y a pas de marché pour les HLM, ni pour les édifices
gouvernementaux; H n'y en a pas beaucoup pour les industries; pour le commerce,
pas tellement.
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne la
question précise des techniques d'évaluation, c'est le consultant
dont j'ai parlé tout à l'heure qui travaille à ce dossier
et il doit faire rapport, comme je l'ai dit, le ou vers le 4 mai prochain.
M. Dufour: Comment s'appelle ce consultant?
M. Bourbeau: II s'agit de M. Pierre-A. Letarte...
M. Dufour: Pierre Hogues?
M. Bourbeau: Pierre-A. Letarte, PhD, MBA, 1221, avenue des Pins,
Sillery, Québec. M. Letarte a une formation universitaire, il est PhD de
l'Université de Californie, Los Angeles, 1982, en "urban planning
program", spécialisé en finances publiques urbaines et en
planification et évaluation de projets. Il est également MBA de
l'University of California, Los Angeles, 1973, de la "Graduate School of
management", spécialisé en finances et économie urbaine et
immobilière. Il est bachelier en architecture de l'Université de
Montréal, 1971, École d'architecture, faculté
d'aménagement. Il a également un BA de l'Université de
Montréal, faculté des arts. Il a obtenu certaines mentions
universitaires - je donne cela pour le bénéfice de la commission
- le prix d'excellence de l'American Institute of Real Estate Appraiser en
1973, le Beta Gamma Stigma Honour Society in business administration, 1972, la
médaille d'excellence de l'Institut royal d'architecture du Canada en
1971, etc. Il a eu des bourses d'études, du Conseil de recherche en
sciences humaines du Canada, du ministère de l'Éducation du
Québec, de la Société canadienne d'hypothèques et
de logement, de l'Ordre des architectes, de l'American Institute of Architects.
Il est professeur à la faculté des sciences de l'administration
à l'Université Laval depuis 1974 et professeur
agrégé depuis 1983. Il a des activités d'enseignement et
de recherche, un baccalauréat en administration des affaires, un
baccalauréat en architecture. Il a été directeur de la
section gestion urbaine et immobilière à l'université
également et il est membre de nombreux comités, expert-conseil
auprès de nombreuses sociétés, auprès du
ministère d'État aux Affaires urbaines à Ottawa, en
1973-1974. Il est membre de nombreuses associations professionnelles. Il a
également publié énormément. Il a publié un
nombre impressionnant d'études, de textes et de documents dans toute une
série de revues. J'en cite quelques-unes comme cela. Dans
L'actualité immobilière, à l'Université
Laval; laboratoire de recherche en sciences de l'ad- ministration,
également à l'Université Laval; le projet BDPME, Base de
données, petites et moyennes entreprises, encore à
l'Université Laval; Public Finance and Population Change Analysis of
Expenditure Differences Between Growing and Declining Local Governments,
encore à l'Université Laval. Il a également
écrit Management of Urban Decline, An Empirical Study of Selected
Impacts of Population Change on Public Finance and Local Government,
à l'Université de Los Angeles, Californie, et ainsi de suite,
M. le Président. J'en passe. Il a également prononcé de
nombreuses conférences au Canada et aux États-Unis. J'en ai une
page et demie. Bref, je pense qu'il a toutes les qualifications requises pour
mener à terme un tel mandat.
M. Dufour: En tout cas, quel est le montant du contrat qui a
été accordé? Est-il payé à la ligne de son
curriculum vitae ou s'il est payé pour ce qu'il va faire?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un contrat d'un
maximum de 20 000 $.
M. Dufour: Quel est son échéancier pour ce
travail-là?
Une voix: II vient de finir le contrat.
M. Bourbeau: M. le Président, il doit présenter un
rapport préliminaire au début de mai 1988, et un rapport final en
juin 1988.
M. Dufour S'il y avait des recommandations concernant
l'évaluation, je pense qu'elles seraient difficilement applicables pour
l'année prochaine. S'il y avait des recommandations qui devaient
s'inscrire dans la loi concernant l'évaluation, ce serait difficile. Je
pense que vous devez être conscient de cela. Cela ne pourrait pas
s'appliquer en 1989. Cela pourrait s'appliquer en 1990, mais difficilement en
1989.
M. Bourbeau: Pour répondre à cette question, c'est
sûr que, si les rôles d'évaluation sont en
préparation à ce moment-là, il va être difficile de
changer les rôles d'évaluation pour 1989, mais je ne veux pas
m'avancer trop et présumer d'avance à quelle époque on
pourra amender les règles, ou les méthodes, ou les normes qui
régissent la préparation des comptes d'évaluation.
M. Dufour: Est-ce qu'à travers l'étude qui est
faite actuellement sur la question de la mise à jour des rôles
d'évaluation, vous êtes au courant qu'il y a plusieurs
municipalités, sinon l'ensemble des municipalités du
Québec, qui ne font pas nécessairement de mise à jour du
rôle d'évaluation chaque année puisque cela prend un mandat
- et cela a été fait dans votre temps - du conseil municipal? Il
semblerait actuellement que, si on laisse faire les rôles
comme cela, ils vont devenir moins corrects par rapport à ce
qu'on a vécu anciennement. Il y a une espèce de
permissivité dans la loi qui fait que les municipalités ont
commencé cela et cela va faire des distorsions assez rapidement. Mais il
faut faire attention quand on parle de techniques d'évaluation. Comme on
parle d'évaluation comme telle, de petites différences font que,
modulées sur un grand rôle, cela peut changer drôlement des
coins, et je pense qu'on l'a vécu avec certaines affaires.
M. Bourbeau: M. le Président, la loi actuelle n'oblige pas
les municipalités...
M. Dufour: C'est ce que j'ai dit.
M. Bourbeau: Oui, mais je confirme ce que dit le
député. Les municipalités sont obligées de tenir le
rôle à jour, mais ne sont pas obligées, chaque
année, de balancer le rôle ou de toucher aux valeurs qui
apparaissent au rôle d'évaluation. La loi tend à ce que les
propriétés soient toutes portées au rôle à
une égale valeur par rapport à la valeur marchande, mais il n'y a
rien qui fait en sorte que les propriétés soient toutes à
la valeur marchande. On est censés faire en sorte que tous les immeubles
aient une proportion égale entre eux par rapport à la valeur
marchande. C'est sûr que, si des municipalités ne touchent pas
à leur rôle d'évaluation pendant longtemps, il peut
s'installer des distorsions. C'est pour cela qu'idéalement chaque
municipalité devrait, chaque année, faire équilibrer son
rôle de sorte qu'aucune distorsion ne puisse s'y introduire.
M. Dufour: Je peux vous dire qu'actuellement il y a des
municipalités qui ne le font pas. Je vous le dis d'avance et vous ne
direz pas que vous ne le savez pas. Ce n'est peut-être pas vous qui aurez
à le vivre, mais vous êtes censé écouter de temps en
temps ce que l'Opposition vous suggère. Vous devriez peut-être
vous référer à votre grand spécialiste, même
si cela coûtait 5000 $ ou 10 000 $ de plus, et regarder cet
aspect-là. On pourra faire les lois qu'on voudra, on pourra prendre les
moyens qu'on voudra pour arriver a des choses parfaites, s'il n'y a pas de mise
à jour ou d'équilibrage des rôles
régulièrement, on va se ramasser encore avec d'autres sortes de
problèmes. On ne réglera donc jamais ce problème.
M. Bourbeau: M. le Président, je signalerai au
député de Jonquière que, dès que la proportion
médiane tombe en bas des 60 %, il y a obligation de remettre le
rôle à la valeur marchande. Cela peut se présenter assez
rapidement avec les augmentations d'évaluation qu'on a connues au cours
des deux ou trois dernières années. Il est bien possible que la
médiane tombe rapidement en bas des 60 % et que donc une
municipalité soit obligée de refaire le rôle à la
valeur marchande.
M. Dufour: Ne trouvez-vous pas, M. le ministre, qu'entre 100 % et
60 % il y a une marge de manoeuvre de 40 %? C'est beaucoup. Le contribuable va
avoir une augmentation de 30 %, 35 % d'un coup. Ils disent: Nous autres, la loi
nous le permettait. Je pense qu'on peut bien dire que cela ne dérange
pas, mais il y a des phénomènes qui vont se produire parce que ce
n'est pas nécessairement sur l'ensemble. C'est chaque évaluation
qui subit cela, quand on fait une médiane, une proportion. D'abord, la
preuve que ce n'est pas cela, c'est qu'il y a des contestations individuelles
qui se font; 60 %, avant d'équilibrer, c'est un peu fort. Il me semble
que, si on a apporté autant de soin à faire une réforme
fiscale municipale, il faut que cette réforme, dans les faits concrets,
se transmette quelque part. C'est un moyen d'exiger que cela soit toujours
à peu près en parfait ordre. Ce qui est arrivé à la
ville de Montréal, je l'avais dit un peu. H y avait des distorsions qui
se faisaient parce qu'il n'y avait pas de rôle qui se faisait chaque
année. Le rôle nouvelle génération n'était
pas fait. Cela a pris sept ans. Ce n'était pas une découverte, on
le savait. Cela a pris sept ans. La ville de Québec a fait la même
chose. La ville de Gatineau, même phénomène.
Une voix:...
M. Dufour: Gatineau aussi. N'était-ce pas l'an
passé, Gatineau? Cette année, n'était-ce pas...
M. Bourbeau: Hull.
M. Dufour: D'accord. Vous avez raison, pour une fois. Je vais
vous le concéder. À la ville de Hull, il y avait une distorsion.
Pourquoi? Parce que cela faisait plusieurs années qu'elle n'avait pas
touché au rôle d'évaluation. Ces phénomènes
peuvent se transporter d'une place à l'autre et on n'a pas
intérêt, en tout cas, vous n'avez pas intérêt, pas
plus que moi, à ce qu'on ait des feux ou des...
M. Bourbeau: Alors, que propose le député de
Jonquière?
M. Dufour: Je vous dis, avant de garder votre proportion de 60 %,
de voir si le rôle est tenu à jour et peut-être que vous
devriez la ramener à 75 %.
M. Bourbeau: On va prendre note de la suggestion du
député de Jonquière. Actuellement, la moyenne c'est 80 %.
Si la moyenne actuelle des rôles au Québec est de 80 %, c'est donc
que les municipalités n'attendent pas que cela soit rendu à 60 %.
Dès que cela va en bas des 80 %, on s'active à
rééquilibrer les rôles. La loi actuelle fait obligation aux
municipalités d'équi-
librer les rôles d'évaluation au minimum tous les cinq ans,
et encore plus rapidement si la médiane tombe en bas des 60 %. Il n'y a
rien qui empêche les municipalités qui sont prudentes de faire
équilibrer le rôle chaque année ou tous les deux ans et, ce
faisant, elles s'évitent bien des problèmes. (21 h 30)
M. Dufour: Je concours un peu à ce que vous dites dans le
sens qu'en général, les municipalités doivent être
prudentes, mais vous savez que, si on ne transmet pas ce message de
façon claire et précise, c'est toujours l'exception. Ce ne sont
pas nécessairement toutes les municipalités qui vont subir ces
problèmes, mais s'il y en a quelques-unes, on sait... Quand un feu est
assez fort quelque part, dans la région de Montréal ou ailleurs,
c'est ce qui ressort. À ce moment-là, tout le monde veut avoir
des solutions et on sait que la solution, dans le fond, c'est de
prévenir avant que le malaise ne devienne trop grand. C'était le
point de vue que je voulais faire ressortir.
Vous parlez de soumettre une loi par rapport aux comités mis sur
pied. Est-ce que vous prévoyez qu'il y aura, en dehors des élus
municipaux et de votre groupe restreint de fonctionnaires, une consultation un
peu plus élargie? Quelles solutions seront apportées? Avez-vous
l'intention de soumettre ces questions à une consultation, s'il y avait
des changements majeurs, par exemple? Vous avez dit, à un moment
donné, que vous aviez rencontré, il n'y a pas très
longtemps, des évaluateurs qui ne faisaient pas beaucoup de travail. Si,
en parlant... Oui, vous avez dit cela. J'ai vu votre discours. Vous êtes
allé dire, au congrès des évaluateurs, que vous ne les
aviez pas vus s'impliquer, que vous ne les aviez pas vus travailler, faire des
travaux. Si des changements ou des suggestions étaient apportés
au point de vue de l'évaluation, est-ce que ce ne serait pas une bonne
façon que de les inviter à réagir aux propositions d'un
comité technique que vous avez mis sur pied vis-à-vis leurs
propositions? L'erreur qu'on fait assez souvent, c'est d'apporter des
changements, mais les gens qui vivent avec n'en parlent pas.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Jonquière a mal lu mon discours ou ne l'a pas tout lu. C'est exactement
ce que j'ai dit dans mon discours aux évaluateurs municipaux. Je leur ai
dit d'arrêter de demeurer sur les "sidelines" pour regarder passer la
parade et de se joindre à nous pour tenter d'améliorer le
système. Donc, si je les ai invités à se joindre à
nous, c'est parce que je veux qu'ils s'impliquent et, en ce sens-là, non
seulement ils seront consultés, mais ils seront partie prenante des
décisions et des recommandations que l'on fera.
Je voudrais signaler au député que, deux ou trois semaines
après l'allocution devant l'Association des évaluateurs
agréés, j'ai reçu une lettre du président me
remerciant du discours que j'avais prononcé et se déclarant
totalement d'accord avec les propos que j'avais tenus. Je pense que les
évaluateurs ont finalement assez bien reçu les propos que je leur
ai servis et qu'ils se sont déclarés essentiellement d'accord
avec ces propos. J'ajouterai, pour ce qui est d'associer les évaluateurs
agréés à nos travaux, que le député sait que
le comité consultatif en évaluation foncière que j'ai
formé est constitué d'évaluateurs agréés
venant tous ou presque tous du secteur privé. Donc, les
évaluateurs agréés sont partie prenante, si je puis dire,
de nos travaux dorénavant et ils devraient, j'espère, apporter
une excellente collaboration.
M. Dufour: Les membres du comité technique sur la
fiscalité municipale ne sont pas des évaluateurs. C'est ce que
j'ai en main. Je ne vois pas beaucoup d'évaluateurs là-dedans. Il
y en a un qui s'appelle Réjean Carrier, et il y a probablement M.
Fournier qui connaît quelque chose là-dedans, Michel Fernais... et
Gaétane Martel qui n'est plus à l'Union des municipalités
régionales de comté.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a des
évaluateurs agréés dans le comité technique
élargi; il y en a surtout dans les sous-comités techniques qui
traitent d'évaluation. Il y en a, bien sûr, dans le comité
consultatif en évaluation foncière où il n'y a que des
évaluateurs agréés. Il y en a huit. Il s'agit du
comité consultatif en évaluation foncière dont j'ai
traité tout à l'heure. Peut-être à l'exception d'un
seul, ce sont tous des évaluateurs agrées. Je pourrais faire
parvenir au député de Jonquière une copie du
communiqué de presse que j'ai émis lorsque j'ai annoncé la
formation de ce comité consultatif en évaluation foncière.
Le député serait-il intéressé à en avoir une
copie? Je crois que le député en a déjà une
copie.
M. Dufour: Probablement qu'on l'aura, mais je ne l'ai pas devant
moi. Comme j'avais posé la question tout à l'heure sur les
membres du comité technique, je sais qu'il y a un comité
formé de certaines personnes qui travaillent pour des compagnies. Je ne
sais pas si c'est à cela que vous faites allusion. Quelle date ce
communiqué a-t-il été émis?
M. Bourbeau: C'est un communiqué qui a été
émis le 25 février 1988. Il fait justement état de la
formation de ce comité consultatif en évaluation foncière
constitué de professionnels travaillant à la confection des
rôles d'évaluation et à l'application de politiques
administratives dans ce domaine.
M. Dufour: Si je me réfère à la liste que
j'ai, je ne vois là aucun évaluateur.
M. Bourbeau: Oui, il y en a. Je regrette, M. le
député, il y a des évaluateurs dans la liste
que vous avez devant vous.
M. Dufour: Oui. J'ai dit qu'il y en avait, mais je n'en reconnais
pas tellement. Quand je parle de Raymond L'Italien...
M. Bourbeau: Cela, c'est le comité...
M. Dufour:... de l'union des municipalités
régionales, de l'UMRCQ, il n'y a pas beaucoup d'évaluateurs.
Même Charles Martel, directeur général adjoint, est
comptable.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a Robert Lamontagne qui
est évaluateur agréé; il y a Réjean Carrier qui est
évaluateur agréé, et Yves Lachapelle qui n'apparaît
pas sur la liste présentement. On me dit qu'il est directeur du Service
de l'évaluation de la ville de Laval et qu'il est membre du
comité. Je ne sais pas pourquoi le nom n'apparaît pas sur la liste
que vous avez devant vous. On me dit que c'est parce qu'il s'est ajouté
subséquemment. Il faut bien penser qu'on parle du comité
technique élargi quand le député de Jonquière fait
allusion à ce groupe. Évidemment, les spécialistes en
évaluation foncière se retrouvent aussi et surtout dans les
sous-comités, et certainement dans le comité consultatif dont
j'ai parlé tantôt.
M. Dufour: Tout à l'heure, je ne pense pas avoir dit... Ce
que vous avez dit là-bas, c'est ce que j'ai dit, dans le fond. Vous
êtes allé dire aux gens qu'ils ne s'impliquaient pas suffisamment.
Vous avez dit aux évaluateurs qu'ils ne s'impliquaient pas, qu'ils ne
faisaient pas d'études particulières, qu'ils se tenaient un peu
à l'écart. Ce qui a été dit, c'est qu'ils faisaient
peut-être de l'argent avec leur travail, mais qu'ils ne s'impliquaient
pas au point de vue de la collectivité comme telle.
M. Bourbeau: Écoutez, je n'ai pas prononcé ces
paroles, M. le Président. J'ai tenu certains propos devant les
évaluateurs. Le député en fait une adaptation locale. Ce
ne sont certainement pas les propos que j'ai tenus.
M. Dufour: D'une façon ou de l'autre, vous êtes dans
votre droit. Vous avez le droit de dire ce que vous voulez. Vous êtes
responsable, jusqu'à un certain point, de ce que vous dites. Si vous
dites aux évaluateurs qu'ils ne s'impliquent pas... Quand vous allez
apporter des changements, des améliorations - cela est clair - si vous
les consultiez, peut-être pourront-ils examiner ce qui se passe dans
cela, s'impliquer et vous dire ce qu'ils en pensent. Si vous ne leur demandez
rien, ils ne vous donneront rien.
M. Bourbeau: M. le Président, ils sont tous là.
M. Dufour: Bien non. Il y a d'autres évaluateurs que ceux
que vous avez nommés. Voyons!
M. Bourbeau: Le député a devant lui la liste. Je
lui ai fait la liste tantôt du comité consultatif
d'évaluation où il y a quelque chose comme huit ou dix
évaluateurs agréés. Je peux encore faire la liste au
député. Je vais vous en faire la liste. Le député
prétend qu'on ne consulte pas les évaluateurs. Je vais faire la
liste pour l'édification du député de Jonquière.
Dans les sous-comités du comité technique, il y en a un ici, M.
Yves Lessard, représentant de l'UMRCQ, qui est un évaluateur, me
dit-on. Dans le sous-comité, M. le Président, sur
l'évaluation foncière: MM. Mario Plamondon et Gérald
Lellbach, évaluateurs; M. Rosaire Cayer, évaluateur; M. Jean-Guy
Kirouac, évaluateur de la CUQ; M. Réjean Buteau,
évaluateur. Dans le sous-comité de justification de la taxe
d'affaires, M. Robert Lamontagne. Dans le comité de la taxe d'affaires,
M. Dominique Dufour, évaluateur. Je ne sais pas si le
député de Jonquière le connaît?
M. Dufour: Non.
M. Bourbeau: Non. M. Marc Guilbert, évaluateur; M.
François Sylvain, évaluateur également. Maintenant, au
sous-comité sur la taxe d'affaires encore, M. Gérald Vachon, qui
est évaluateur également. J'aimerais également, pour le
bénéfice du député, donner le nom des
évaluateurs qui font partie du comité consultatif: M.
Réjean Carrier, bien sûr, qui est président du
comité et évaluateur agréé; M. Alain Raby,
évaluateur agréé, le secrétaire du comité;
M. Robert Beaudry, évaluateur agréé et ingénieur,
qui est le directeur général de la firme Les estimateurs
professionnels Leroux, Beaudry, Picard et associés. Il y a
également M. Jean-Pierre Cadrin, évaluateur, qui est membre du
conseil d'administration de l'Association des évaluateurs municipaux du
Québec. Il y a également M. Claude Chevalier, évaluateur
agréé, qui est le président de la Corporation
professionnelle des évaluateurs agréés du Québec.
Il y a également M. Jean-Guy Kirouac, évaluateur, qui est chef de
division au service de l'évaluation de la Communauté urbaine de
Québec. M. Roger Mayrand, évaluateur agréé, qui est
directeur du service de l'animation à la Direction
générale de l'évaluation foncière du
ministère des Affaires municipales. M. Gilles Racicot, qui est directeur
adjoint du service de l'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal, et M. Jacques Tremblay, évaluateur agréé,
directeur du service de l'évaluation de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Je pense quand même que j'ai
nommé un bon nombre d'évaluateurs agréés au
député depuis dix minutes. Tous ces gens, le président de
l'Association des évaluateurs agréés du Québec, le
représentant des évaluateurs municipaux, bref, on a l'essentiel,
je pense, des gens qui oeuvrent dans le domaine de l'évaluation
foncière et qui sont actifs dans nos comités et nos
sous-comités. Je pense que les évaluateurs sont maintenant
très actifs dans les travaux que nous menons.
M. Dufour: Comment ces évaluateurs ont-ils
été choisis? Ont-ils été recommandés par des
unions municipales? Par l'association des évaluateurs?
M. Bourbeau: M. le Président, les comités ont
été formés, les membres ont été
recommandés soit par les unions municipales, soit par les associations
professionnelles elles-mêmes, soit par les experts en évaluation
du ministère des Affaires municipales.
M. Dufour: Vous n'avez pas demandé à des compagnies
de vous suggérer des évaluateurs?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, j'en ai nommé
tout à l'heure qui font partie...
M. Dufour: Des compagnies privées. M. Bourbeau:
Oui.
M. Dufour: Elles ont suggéré des
évaluateurs.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que nous avons des
représentants de compagnies dont les noms nous ont été
référés par les unions municipales, par exemple. Tout
à l'heure, je vous ai nommé M. Robert Beaudry. Il est le
directeur général de la compagnie Les estimateurs professionnels
Leroux, Beaudry, Picard et associés. Voilà donc un
représentant du secteur privé.
M. Dufour: Êtes-vous assuré que les
représentants des évaluateurs viennent de l'ensemble des
régions du Québec? (21 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, on m'assure que nous avons
fait un effort de représentation. Nous avons des représentants
des trois communautés urbaines régionales incluant les
municipalités, les MRC, et on me dit que les évaluateurs qui
siègent à nos comités sont en charge de
l'évaluation de 80 % des unités d'évaluation au
Québec.
M. Dufour: Mais on n'a pas l'assurance que, par exemple, dans les
régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et en
Abitibi... Il n'y a pas de représentants... L'Abitibi par exemple?
M. Bourbeau: M. le Président, les représentants
nommés par les MRC représentent évidemment... L'UMRCQ a
ses membres dans les régions dont parle le député. Il y a
également les firmes privées qui sont représentées
par leurs dirigeants qui oeuvrent également dans ces régions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Duplessis.
La fermeture de Schefferville (suite)
M. Perron: M. le Président, je vous remercie. Je pense que
le ministre sait très bien de quel dossier je vais lui parler, c'est
celui de Schefferville.
M. Bourbeau: M. le Président, ce dossier a
été étudié durant longtemps aujourd'hui. Nous avons
passé au moins une heure sur ce dossier et cela a été
adopté.
M. Perron: M. le Président, excusez-moi, mais on parle du
rôle d'évaluation.
M. Bourbeau: Ah bon! C'est autre chose.
M. Perron: Alors, si le ministre veut relier le rôle
d'évaluation seulement aux autres municipalités qui sont à
l'extérieur de Schefferville, je pense qu'il a du pain sur la planche
pour nous convaincre.
M. Bourbeau: Si le député veut parler
d'évaluation, on est là pour cela.
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez
sûrement de faire le point sur le traitement qui est fait actuellement
par le gouvernement libéral aux citoyens et citoyennes de Schefferville
dans le dossier de la fermeture. Il y a actuellement - et tout le monde le sait
- une détérioration du climat social dans Schefferville.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. Le député de Duplessis n'est pas en train de
parler d'évaluation foncière, il est en train de rouvrir le
débat sur le dossier de la fermeture de Schefferville. Nous avons
traité de cela en abondance, aujourd'hui, cela faisait partie d'un
programme qui a été adopté, le programme 2. Nous sommes
présentement au programme 3 où nous discutons d'évaluation
foncière et je suis convaincu qu'il y a des députés ici en
cette Chambre qui ont encore des questions à poser sur
l'évaluation foncière. Je ne vois pas pourquoi on
pénaliserait les députés et qu'on reviendrait sur des
dossiers qui ont déjà été discutés et
adoptés, je vous le signale, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur la question de
règlement, M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, sur la question de
règlement que vient de soulever le ministre, si on veut en arriver
à discuter de la question de l'évaluation de Schefferville, vous
me permettrez sûrement de faire le point sur la situation
actuelle pour en arriver justement à discuter sur le fond de la
question de l'évaluation. Pour ce faire... Je sais que le ministre
n'aime pas cela parce que ce dossier, il s'en fout comme de l'an quarante, mais
il reste que, compte tenu de révolution de ce dossier qui est
directement relié à la question de l'évaluation
foncière par rapport au rôle de 1985, au rôle de 1986, par
rapport à l'étude d'Évimbec en 1986, par rapport aux
décisions gouvernementales prises par la suite, à savoir quel
rôle on était pour prendre afin d'indemniser les citoyens et
citoyennes de Schefferville, je pense qu'il faut discuter sur le fond pour en
arriver à la question de l'évaluation. Si le ministre n'aime pas
ce que j'ai à dire sur son attitude en rapport avec le dossier de
Schefferville, ce ne sont pas mes problèmes, ce sont les siens.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis, cet après-midi, lorsque nous sommes passés à
cet élément de programme, votre collègue, le
député de Jonquière a énormément
parlé de la commission parlementaire qui s'est tenue sur le dossier de
Schefferville. J'aimerais vous rappeler que nous en sommes au programme 3,
à l'évaluation foncière, et je vous demanderais votre
collaboration. Je vais vous reconnaître, M. le député de
Duplessis, sur les évaluations de Schefferville, la synthèse du
dossier ayant été très bien accomplie par votre
collègue, le député de Jonquière, cet
après-midi.
M. Bourbeau: Un très bon travail, d'ailleurs, je dois
dire.
M. Perron: M. le Président, je voudrais d'ailleurs
remercier mon collègue de Jonquière qui a fait un travail
énorme en rapport avec le dossier de Schefferville et l'ensemble du
dossier des municipalités du Québec. Surtout avec le ministre que
nous avons en face de nous, nous nous devons de poser toutes les questions qui
s'imposent et de faire le point sur certains dossiers. Si le ministre veut
vraiment parler de la question de l'évaluation, je voudrais lui rappeler
certaines déclarations qu'il a faites qui sont directement
reliées au rôle d'évaluation et qui sont les suivantes:
Premièrement, le 13 juin 1986, le gouvernement du Québec
s'engageait à indemniser tous les résidents de Schefferville
avec, comme base, les normes ayant servi pour la ville de Gagnon. Je
rappellerais au ministre des Affaires municipales que, les personnes
résidentes de la ville de Gagnon et qui étaient
propriétaires de certaines résidences - pas à 100 %, bien
sûr, c'est à peu près de l'ordre de 20 % des
résidences de Gagnon, parce qu'on sait que le reste des
résidences appartenaient à SIDBEC-Normines -de roulottes, de
chalets, ont été indemnisées selon l'entente intervenue
entre les parties et selon les dépôts qui avaient
été faits à ce moment-là par le gouvernement du
Québec, à savoir de quelle façon on allait indemniser les
gens de Gagnon.
Votre gouvernement s'engageait, en date du 16 juin, trois jours plus
tard, à agir avec les résidents de Schefferville avec une telle
magnanimité qu'ils ne se sentent pas obligés d'aller devant le
Tribunal de l'expropriation. Par son attitude actuelle face au Tribunal de
l'expropriation, en vertu de l'article 4 de la loi 67 qui a été
adoptée le 19 juin 1986, je comprends pourquoi le ministre ne veut pas
aller devant le Tribunal de l'expropriation. Il veut essayer de régler
les dossiers de gré à gré avec des gens qui fonctionnent
à fa va-comme-je-te-pousse dans le milieu en faisant non seulement des
offres arbitraires, mais en demandant même aux gens qui veulent vendre
leur propriété au gouvernement de faire des offres
eux-mêmes, alors que ce n'est pas l'attitude qui devait être prise.
Ce n'est pas ce que le ministre nous a dit en commission parlementaire et
à l'Assemblée nationale en 1986.
Plus loin encore, le 16 juin 1986, le ministre lui-même
déclarait: que le gouvernement s'engageait à verser aux
résidents de Schefferville des indemnités qui leur permettraient
de s'acheter une maison comparable, dans un état comparable et dans un
endroit comparable. Ce n'est pas ce qui est en train de se faire actuellement.
J'écoute le député de Matapédia qui dit: À
Gagnon... Je m'excuse, mais le ministre faisait cette déclaration en
rapport avec le dossier de Schefferville et non pas en rapport avec celui de
Gagnon. Il s'est engagé justement, à ce moment-là,
à faire en sorte qu'à Schefferville, cela soit
réglé de la même façon qu'à Gagnon, avec
équité et avec justice. Ce n'est pas cela qui est en train de se
passer actuellement.
La question que je voudrais lui poser est la suivante: Quel est le
rôle d'évaluation dont le ministre s'est servi pour indemniser les
gens de Schefferville? Est-ce que c'est le rôle de 1986? Est-ce que c'est
le rôle de 1985 ou est-ce que c'est le rôle qui a été
préparé à sa demande par Évimbec en juillet et
août 1986? Est-ce que c'est ce rôle-là dont on se sert?
C'est ma première question.
M. Bourbeau: M.. le Président, je vais corriger un certain
nombre de faussetés que vient de prononcer dans sa fougue le
député de Duplessis. Premièrement, nous n'avons pas fait
faire de rôle d'évaluation par la firme Évimbec à
l'été 1986. Évimbec a procédé à un
certain nombre d'études pour nous, un certain nombre
d'évaluations privées pour le gouvernement, mais n'a pas
déposé ou préparé de rôle
d'évaluation. Deuxièmement, il est faux de prétendre,
comme vient de le faire le député de Duplessis, que nous avons
demandé aux citoyens de Schefferville de nous faire des offres. Ce ne
sont pas les citoyens de Schefferville qui font des offres, c'est le
gouvernement qui fait des offres ou qui entend faire des offres. Cependant, un
des problèmes que nous avons depuis le début et qui
ne nous permet pas de faire des offres, c'est que nous ne
réussissons pas facilement à obtenir des citoyens de
Schefferville les renseignements pertinents qui nous permettraient de faire des
offres. C'est une chose de vouloir faire des choses, c'est une chose de pouvoir
faire des offres. Or, pour pouvoir offrir, par exemple, à un
propriétaire ou à un locataire une somme d'argent, étant
donné que nous avons des critères stricts et qui sont les
mêmes pour tout le monde, il faut qu'on soit en mesure de connaître
un certain nombre de choses. Par exemple, depuis combien d'années la
personne demeure-t-elle à Schefferville? Quel était son salaire
au moment où la loi a été votée, etc. ? Si nous
n'avons pas ces renseignements-là et si nous ne pouvons pas
contrôler ces renseignements-là, il est difficile de formuler
notre offre.
Notre offre tient compte de toute une série de critères et
les offres peuvent varier de l'une à l'autre selon ces critères.
Les critères, ils sont objectifs, ce sont les mêmes pour tout le
monde, mais l'offre n'est pas le même pour tout le monde parce que la
situation n'est pas la même pour tout le monde. J'ai déjà
dit que nous allions traiter les gens de Schefferville avec autant
d'équité qu'à Gagnon, et j'affirme que nous l'avons fait.
Nous sommes aussi généreux à Schefferville que le
précédent gouvernement l'a été à Gagnon,
compte tenu de la situation. Je répète d'ailleurs tout ce que
j'ai dit ce matin et je m'excuse auprès des députés de la
formation gouvernementale qui sont obligés de subir pour la
deuxième fois tous ces arguments parce que le député de
Duplessis n'a pas eu le temps de se présenter devant la commission ce
matin quand on a étudié ces dossiers.
J'ai dit ce matin qu'à Gagnon, c'est le gouvernement qui
était responsable de la fermeture de la mine, le gouvernement
étant actionnaire dans la propriété de la mine par
l'entremise de SIDBEC. C'est une différence fondamentale d'avec
Schefferville où le gouvernement n'a eu aucun rôle à jouer
dans la fermeture de la mine. La mine était la propriété
privée de Iron Ore Company of Canada et c'est la compagnie qui a
fermé la mine en 1982, de sorte que, quand nous sommes intervenus dans
le dossier en 1986, on ne pouvait pas nous reprocher d'avoir posé le
geste social d'avoir fermé une mine. Nous sommes venus à la
rescousse des citoyens de Schefferville qui avaient subi la fermeture de la
mine. C'est une différence fondamentale quand on parle de la
responsabilité du gouvernement.
Une autre différence fondamentale, c'est qu'à
Schefferville la compagnie, après avoir fermé la mine, s'est
rendu compte qu'elle était propriétaire de centaines de
propriétés, d'immeubles, de résidences susceptibles de lui
coûter très cher en termes d'entretien, de réparations, de
chauffage, surtout quand on parle du climat de Schefferville, des taxes
foncières, etc. La compagnie a littéralement donné la
très grande majorité des immeubles aux citoyens qui
étaient propriétaires résidents quand nous sommes
intervenus. Ces gens avaient acheté les immeubles et les maisons dans
une proportion d'au-delà de 80 % pour 1 $, ou l'équivalent de 1
$, 200 $, 400 $, des trucs comme cela. Est-ce que, en toute justice, le
gouvernement pouvait offrir des sommes de 60 000 $ à 70 000 $ à
des gens qui venaient d'acheter la maison pour 1 $ l'année
précédente? Le député de Duplessis peut dire oui,
mais, moi, en tant que gestionnaire des fonds publics, je dis non. Je n'ai pas
été élu ni nommé à ce poste par M. Bourassa
pour dilapider les fonds publics, et je n'ai pas l'intention non plus de
dilapider des fonds publics. Les offres d'achat que nous faisons à
Schefferville se comparent avantageusement à celles de Gagnon, si on
tient compte du prix d'achat des maisons payé par les gens de Gagnon par
rapport aux gens de Schefferville et quand on tient compte du fait que ce n'est
pas le gouvernement qui a fermé la mine à Schefferville, alors
que c'est le gouvernement qui avait fermé la mine à Gagnon.
Malgré cela, les sommes que nous offrons à Schefferville sont
très près des sommes qui ont été offertes pour
Gagnon. Dans ces conditions, je peux dire au député de Duplessis
que je suis parfaitement à l'aise avec ma conscience que nous agissons
avec beaucoup d'équité et beaucoup de justice envers les gens de
Schefferville.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, si le ministre veut me dire
que son gouvernement agit d'une façon équitable envers les
citoyens et les citoyennes de Schefferville dans le dossier qui se rapporte,
par exemple, à l'accord de mobilité, je suis d'accord avec lui.
Mais comme l'accord de mobilité n'est pas de sa juridiction, mais que la
question de l'évaluation comme la question de la fermeture de
Schefferville sont de sa juridiction - il en est le maître d'oeuvre,
puisqu'il a parlé d'Évimbec il y a quelque temps - est-ce que le
ministre pourrait me dire quel est le mandat exact qui a été
demandé à Évimbec, en 1986, à la suite de sa
décision de fermer, par loi, la ville de Schefferville? Quel est le
mandat exact?
M. Bourbeau: M. le Président, la firme Évimbec
avait pour mandat de fournir les services de coordination, d'évaluation,
de négociation et de représentation pour les dossiers concernant
la ville de Schefferville, point.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait répéter?
Il avait un mandat de coordination...
M. Bourbeau: De coordination, d'évaluation...
M. Perron:... évaluation... (22 heures)
M. Bourbeau:... de négociation et de représentation
pour les dossiers concernant la ville de
Schefferville et, évidemment, concernant l'acquisition des
propriétés, des biens situés à Schefferville.
M. Perron: Le ministre a parlé de quatre sujets
précis. Il a parlé de coordination, d'évaluation, de
négociation et de représentation. Concernant l'évaluation
elle-même, quel était le mandat de la firme Évimbec...
M. Bourbeau: Évaluer.
M. Perron:... se rapportant à l'évaluation? Alors,
comment se fait-il que le ministre m'a dit antérieurement que la firme
Évimbec n'avait pas à faire d'évaluation dans le dossier
de Schefferville?
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Duplessis n'est pas très fort sur les nuances. J'ai dit tout à
l'heure...
M. Perron: Non, mais vous, vous êtes fort sur les
nuances!
M. Bourbeau: Oui. Mais il le faut, M. le Président.
J'ai dit au député, tout à l'heure, que la firme
Évimbec n'avait pas comme mandat de préparer un rôle
d'évaluation. Le député a affirmé, au début
de son allocution, tout à l'heure, que Évimbec avait pour mandat
de préparer un nouveau rôle d'évaluation à
l'été 1986. Or, Évimbec n'avait pas pour mandat de
préparer un nouveau rôle d'évaluation. Elle avait pour
mandat de faire des évaluations pour des fins de préparation
d'offres aux gens de Schefferville. Mais faire des évaluations pour
préparer une offre c'est différent que de préparer un
rôle d'évaluation pour le compte de la municipalité.
M. Perron: Combien à coûté le dossier
d'Évimbec se rapportant à la coordination, à
l'évaluation, aux négociations et aux représentations?
Combien ce dossier a-t-il coûté au gouvernement du
Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, on va fournir l'information
au député dans quelques instants. S'il veut être patient.
On m'indique que les services d'Évimbec ont coûté 208 568 $
au 28 février 1988.
M. Perron: Strictement dans le dossier de Schefferville?
M. Bourbeau: Dans le dossier de Schefferville.
M. Perron: Sur l'ensemble des 5 400 000 $ qui avaient
été autorisés par le gouvernement en 1986, lors de la
fermeture, combien d'argent a été dépensé
actuellement pour la firme Évimbec?
M. Bourbeau: 208 568 $.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, sur les 5
400 000 $, combien d'argent a été actuellement
déboursé par ce gouvernement? Toujours en rapport avec le fameux
rôle d'évaluation qu'il a choisi lui-même
d'interpréter pour indemniser les résidents et les
résidentes propriétaires.
M. Bourbeau: Avec le rôle d'évaluation, M. le
Président, je suis encore obligé de répondre 208 568, 93
$. Le député parle d'évaluation et la firme Évimbec
s'est préoccupée principalement d'évaluation.
M. Perron: Non, non, ce n'est pas ce que je veux dire. Le
ministre comprend ce qu'il veut comprendre.
M. Bourbeau: Je comprends ce que j'entends.
M. Perron: Ce que je lui demande... C'est cela. Il entend ce
qu'il veut entendre. C'est ce que je voulais dire. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire combien, des 5 400 000 $ qui avaient été
autorisés en 1986 par son gouvernement, ont été
dépensés pour indemniser les citoyens et les citoyennes de
Schefferville propriétaires en fonction du rôle
d'évaluation qu'il a lui-même choisi? Pas en fonction du
rôle d'évaluation de 1985 ou de 1986.
M. Bourbeau: Est-ce que le député veut savoir
combien nous avons dépensé dans le dossier de Schefferville
jusqu'à ce jour? Est-ce que c'est ce qu'il veut savoir? Non?
M. Perron: C'est à peu près cela.
M. Bourbeau: II faudrait quand même qu'il le
précise. Les questions ne sont pas très claires. J'essaie de
répondre au député autant que je le peux. Mais c'est parce
qu'il commence à poser ses questions...
M. Perron: Non, non, je m'excuse, M. le Président. Le
ministre comprend ce qu'il veut comprendre.
M. Bourbeau: M. le Président, le député
commence à poser...
M. Perron: Je lui ai posé une question directe se
rapportant aux indemnisations qui avaient été versées par
son gouvernement aux propriétaires de Schefferville...
M. Bourbeau: Bon!
M. Perron:... aux résidents et résidentes
propriétaires de Schefferville. C'est ce que j'ai posé comme
question.
M. Bourbeau: Bon, là, c'est un peu plus clair.
M. Perron: En fonction des décisions qu'il a
lui-même prises en se servant du rôle dont il a bien voulu se
servir.
M. Bourbeau: Si le député se limitait à la
première partie de sa question, ce serait plus clair. C'est dans la
deuxième partie que cela se gâte un peu.
M. le député comprendra que le ministre ne tient pas une
comptabilité journalière des dépenses. Alors, je suis en
train de vérifier cela avec les gens qui m'accompagnent.
M. Perron: M. le Président, le ministre vient de faire une
affirmation que je comprends très bien parce qu'il ne suit pas ses
dossiers, de toute façon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perron: Alors, il est obligé de les faire suivre par
les autres.
M. Bourbeau: Je comprends également que le
député ne sera jamais ministre s'il s'imagine qu'il pourra suivre
la comptabilité de chacun de ses dossiers à tous les jours.
M. Perron: Je n'en doute pas, M. le Président, mais, si
jamais je le suis, je serai sûrement meilleur que l'actuel ministre des
Affaires municipales.
M. Bourbeau: On verra.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, en date du 8 mars 1988,
c'est pour l'ensemble du dossier de Schefferville, toutes dépenses
comprises: les honoraires, les indemnisations aux résidents, l'accord de
mobilité, l'acquisition, les indemnités, etc.
M. Perron: Combien?
M. Bourbeau: La totalité des sommes que nous avons
dépensées dans le dossier de Schefferville, jusqu'à
présent, est de 1 346 012 $. C'est en date du 8 mars 1988.
M. Perron: De ce montant de 1 346 012 $, combien d'argent a
été affecté à l'indemnisation des
propriétaires résidents? Je parle des propriétaires
résidentiels de Schefferville.
M. Bourbeau: Les montants engagés et émis
totalisent 565 375 $.
M. Perron: Est-ce que ces montants ont été
versés?
M. Bourbeau: Une partie a été versée et une
autre partie sera versée aussitôt que la totalité des
documents sera complétée. Cela varie tous les jours.
Évidemment, il y a des contrats qui sont signés et, dès
que les contrats sont enregistrés et que les gens sont partis... On
verse la première tranche à la signature et la deuxième
tranche lorsque les gens ont quitté les lieux.
Une voix: Au départ.
M. Bourbeau: Lorsqu'ils quittent les lieux.
M. Perron: De cette somme de 1 346 012 $, est-ce que le ministre
peut nous dire combien de propriétaires commerçants ont
été indemnisés jusqu'à présent?
M. Bourbeau: Aucun, M. le Président. M. Perron:
Pour quelle raison?
M. Bourbeau: Essentiellement parce que nous avons
énormément de difficulté à obtenir des
propriétaires commerçants tous les renseignements qui nous
permettent de compléter les offres. Nous avons demandé aux
commerçants de nous faire parvenir leurs états financiers des
cinq dernières années avant l'adoption de la loi, avant 1986.
Pour des raisons que j'ignore, il semble très difficile d'obtenir ces
renseignements. Or, nous estimons qu'il est difficile de faire préparer
une offre tant que nous n'avons pas en main ces renseignements. On m'indique
que ces renseignements, depuis la lettre que j'ai fait parvenir, il y a
quelques semaines, à tous les résidents de Schefferville, ont
tendance à arriver un peu plus rapidement qu'auparavant.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire, quant aux résidents et résidentes de
Schefferville, combien des 565 000 $ ont actuellement été
versés en réalité et combien il reste à verser?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux pas dire au
député en date d'aujourd'hui ce que c'est parce que les chiffres
évoluent tous les jours...
M. Perron: Une date récente. Je ne demande pas cela pour
demain.
M. Bourbeau: On me dit qu'en date du 15 mars, il y avait 93 000 $
de déboursée, payés, et il y en a eu d'autres de
versés depuis ce temps-là. Nous avons 565 000 $
d'engagés.
M. Perron: Sur une possibilité de combien?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux
pas dire la possibilité. On n'a pas encore fait d'offres dans
bien des cas. Il va falloir que nous soyons en possession de tous les
renseignements provenant tant des propriétaires et des locataires que
des commerçants. Quand nous aurons tous les renseignements, nous
pourrons faire les offres et la date limite que nous avons donnée aux
résidents de Schefferville pour nous faire parvenir les renseignements,
c'est le 15 avril 1988. Nous nous sommes engagés, après le 15
avril, à faire parvenir des offres au plus tard le 30 avril pour ceux
qui n'en auraient pas reçu, et la date limite pour accepter nos offres
sera le 31 mai 1988. C'est l'échéance que nous avons
signifiée aux propriétaires et locataires résidents de
Schefferville. Je ne peux pas dire quel sera le montant total puisque je ne je
ne sais pas quels seront les citoyens de Schefferville qui accepteront de nous
faire parvenir les renseignements, ceux qui décideront de rester
à Schefferville et je ne peux non plus prévoir quels seront les
coûts du resserrement du tissu urbain que nous ferons
éventuellement pour les propriétaires ou les locataires qui
auront décidé de ne pas quitter Schefferville.
M. Perron: M. le Président, est-il exact que le
gouvernement du Québec, à la suite de la recommandation du
ministre des Affaires municipales, a décidé de ne rien
régler face aux locataires de Schefferville qui demeuraient dans des
résidences privées tant et aussi longtemps que les
propriétaires ne seront pas réglés?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'ai cru comprendre, M. le Président, que la
question s'adressait à vous.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, je pense, M. le
ministre, que le député du Duplessis est conforme à nos
règles de procédure en s'adressant continuellement au
président.
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Perron: Je viens de comprendre que le ministre veut patiner
sur la réponse, M. le Président.
M. Bourbeau: Non, mais le député a dit: "M. le
Président, est-il exact que le gouvernement"... Alors, je croyais que la
question s'adressait au président.
M. le Président, la loi 67 que nous avons adoptée
ensemble, M. le député de Duplessis, autorise le ministre
à acquérir des immeubles, soit de gré à gré,
soit par expropriation...
M. Perron: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement. On n'a pas adopté la loi ensemble; on a
voté contre. Lui, il a déposé la loi, il l'a
défendue en disant à peu près n'importe quoi, en
commission parlementaire et à l'Assemblée nationale. Par la
suite, on s'est défendus et on a défendu les gens de
Schefferville, mais il a décidé de faire adopter la loi à
la vapeur comme un rouleau compresseur. Alors, il ne faut pas qu'il s'embarque
dans un dossier comme celui-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais considérer
cela non pas comme une question de règlement, mais comme une
précision, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Une précision parce que je n'aime pas qu'on
m'induise en erreur, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre peut
acquérir des immeubles. Pour acquérir des immeubles, bien
sûr, s'il y a un locataire dans un immeuble - et c'est ce à quoi
le député fait allusion - pour acquérir l'immeuble, il
faut que le locataire soit parti. Le gouvernement n'est pas
intéressé à acheter un immeuble et à se trouver
propriétaire d'un immeuble avec des locataires; le gouvernement n'est
pas un spéculateur qui achète des immeubles pour les seules fins
de les garder, c'est bien évident.
Donc, dans la mesure où le propriétaire veut bien nous
vendre l'immeuble, nous faisons des offres au locataire, mais, si le
propriétaire refuse de nous vendre l'immeuble, nous n'avons aucun
intérêt à faire une offre au locataire; pourquoi
achèterions-nous le départ du locataire si nous n'obtenons pas la
propriété de l'immeuble? Premièrement, nous allons
augmenter le préjudice que subit le propriétaire: si nous faisons
partir son locataire, il va nous demander plus pour son immeuble qui ne sera
pas loué. Deuxièmement, on ne pourra pas acheter l'immeuble parce
que le propriétaire ne voudra pas le vendre. Donc, il est bien
évident qu'il faut que le propriétaire consente à nous
vendre pour que nous puissions faire une offre au locataire, sans cela nous ne
serions pas logiques avec nous-mêmes. Voilà l'explication que je
donne au député.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre est
conscient...
M. Bourbeau: Je suis très conscient, M. le
Président.
M. Perron: Non, il ne l'est pas. Il est mieux d'attendre la
question que je vais lui poser.
Est-ce que le ministre est conscient qu'ac-. tuellement, comme l'accord
de mobilité, sous la juridiction du ministre du Travail et en même
temps ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
fonctionne très bien, que des
résidents de Schefferville, propriétaires ou locataires,
à cause de l'accord de mobilité, envoient leurs biens personnels,
leur ménage, leur linge, etc., dans d'autres endroits à
l'extérieur de Schefferville - le ministre peut rire tant qu'il veut -
et que ces personnes, ayant envoyé leurs biens personnels à
l'extérieur de Schefferville, sont actuellement en plan à
Schefferville jusqu'à coucher dans des sacs de couchage, à
manquer de biens personnels? Cela concerne autant les propriétaires que
les locataires. Le problème de fond ne vient pas du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et du Travail, mais bel
et bien de son ministère puisque c'est ce dernier qui doit régler
la question des propriétaires résidents, des propriétaires
commerçants et des locataires eux-mêmes. (22 h 15)
Comment le ministre peut-il nous dire ce qu'il vient de nous dire,
après la façon dont je viens de m'exprimer, pour expliquer ce qui
se passe actuellement à Schefferville? Comment le ministre peut-il
justifier une telle réponse?
M. Bourbeau: M. le Président, je déplore que des
gens, presque deux ans après l'adoption de la loi, n'aient pas encore
été indemnisés. Je peux dire ceci au député
de Duplessis: Cela fait deux ans que je tente de faire des offres d'achat, tant
aux propriétaires qu'aux locataires et aux commerçants. À
de nombreuses reprises, nous avons insisté auprès de tous ces
gens pour qu'on nous fasse parvenir les renseignements qui nous permettraient
de faire des offres d'achat. Nous avons écrit des lettres aux avocats
qui représentent ces gens. Nous avons eu de nombreuses conversations
téléphoniques. Nous avons presque menacé, à un
moment donné, parce qu'on ne nous fournissait pas les informations.
À plusieurs reprises, les proccureurs du ministère sont
intervenus auprès des procureurs des gens de Schefferville pour les
inciter à se dépêcher à nous envoyer les
renseignements dont nous avions besoin.
Récemment, j'ai insisté pour qu'on fasse des
communications, qu'on écrive directement aux citoyens de Schefferville,
par-dessus la tête de leurs procureurs, ce qui ne se fait pas normalement
dans l'éthique des avocats. Mais, comme il ne semblait pas que nous
puissions communiquer avec les gens de Schefferville, qu'il semblait y avoir un
genre de blocage systématique par leurs représentants et
procureurs, j'ai insisté pour que le sous-ministre écrive
directement aux citoyens de Schefferville pour les mettre en garde, pour leur
dire que, si nous ne recevions pas les renseignements que nous demandions
depuis deux ans, il serait impossible de faire des offres parce qu'on ne fait
pas d'offre au "pifomètre". On fait des offres basées sur les
critères très précis que nous avons.
Je pense que les gens de Schefferville ont compris. J'espère
qu'ils ont compris qu'aucune offre ne serait faite tant que nous n'aurions pas
en main tous les renseignements pertinents. La date limite est le 15 avril
1988. C'est très près d'aujourd'hui. Je souhaite de tout mon
coeur que ces gens se réveillent et nous envoient les renseignements
dont nous avons besoin, sans quoi on tiendra pour acquis qu'ils ne veulent pas
partir de Schefferville et qu'ils ont décidé d'y rester.
M. Perron: M. le Président, compte tenu de ce que vient de
dire le ministre concernant la lettre qui a été envoyée,
je voudrais savoir si cette lettre est celle qui a été
envoyée à Schefferville par le sous-ministre aux Affaires
municipales.
M. Bourbeau: M. le Président, peut-être que le
député pourrait être un peu plus précis. Je ne sais
pas si le sous-ministre en a envoyé plusieurs. Est-ce que le
député pourrait donner des dates?
M. Perron: M. le Président, pour être plus
précis, j'ai reçu une lettre qui concernait un paquet de folies
qui provenait du ministre des Affaires municipales et ce, en date du 17 mars
1988.
M. Bourbeau: Ce n'est sûrement pas la lettre du
sous-ministre, M. le Président.
M. Perron: La même journée.. D'ailleurs, le ministre
ne parle même pas du rôle d'évaluation qu'il a choisi dans
sa lettre... M. le Président, contrairement au ministre, je voudrais
vous dire qu'il va avoir une réponse. Elle va être rendue publique
comme il a rendu la sienne publique, comme j'ai rendu publique la lettre que
j'ai envoyée à M. Bourassa. La réponse que je vais lui
donner va être publique. Et elle va être point par point parce que
le ministre ne connaît pas son dossier, il ne sait pas du tout de quoi il
parle et fait allusion à des dossiers qu'il ne connaît pas
lui-même.
Je parle de la lettre du 17 mars qui a été signée
par le ministre...
M. Bourbeau: C'est un point de vue que je ne partage pas, M. le
Président.
M. Perron: M. le Président, je parle de la lettre qui a
été signée par le sous-ministre O'Bready en date du 17
mars, la même journée. On dirait qu'il y avait une pression
politique faite sur le sous-ministre pour qu'il puisse écrire la
même journée mais à des résidents de Schefferville.
Le ministre a-t-il pris connaissance de cette lettre envoyée par le
sous-ministre O'Bready?
M. Bourbeau: C'est évident, M. le Président, que
j'en ai pris connaissance. J'ai même été celui qui a
insisté pour que la lettre soit envoyée.
M. Perron: Est-ce que le ministre peut me confirmer que cette
lettre a été envoyée à tous les résidents et
résidentes de Schefferville?
M. Bourbeau: M. le Président, le sous-ministre, qui est
à côté de moi, m'indique que la lettre a été
envoyée à tous les propriétaires résidents,
à tous les locataires, les propriétaires de maisons mobiles, tous
les propriétaires non résidents des propriétés
vacantes ou barricadées ainsi qu'aux propriétaires de
commerces.
M. Perron: Le ministre peut-il me confirmer combien de personnes
ont été touchées par l'envoi de cette lettre? Combien de
personnes?
M. Bourbeau: II est impossible de donner aujourd'hui un chiffre
au député, mais, si le député connaît bien le
dossier, il n'a qu'à faire l'addition de tous les gens qui sont à
Schefferville.
M. Perron: Non, M. le Président, je ne suis pas ici pour
répondre aux questions du ministre. C'est le ministre qui doit
répondre à nos questions. Je m'excuse, mais c'est la façon
dont cela fonctionne. S'il y a des députés ministériels
qui veulent avoir des réponses aux questions qu'ils voudraient me poser,
je vais leur donner, mais pas au ministre.
Une voix:...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Perron: Je comprends cela parce que le dossier de
Schefferville ne vous intéresse pas. On vous regarde autour de la table
et vous ne dites pas un mot. Vous regardez, vous écoutez.
M. Poulin: Les questions sont là, elles ne sont pas
ici.
M. Perron: M. le Président, pourriez-vous dire au
député...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'aimerais...
M. Perron:... de Chauveau, s'il veut intervenir, qu'il le fasse
de la façon dont j'interviens.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Chauveau.
M. Perron: Qu'il demande la parole comme je l'ai fait. C'est la
première fois que je l'entends parler depuis que je suis ici, M. le
Président, et c'est probablement la première fois qu'on l'entend
parler depuis le début de cette commission.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Perron: M. le Président, le ministre pourrait-il
s'engager à me donner une réponse concernant...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Duplessis.
M. Perron: Le ministre pourrait-il s'engager - je comprends un
peu pourquoi il ne peut pas nous donner une réponse immédiatement
- à nous fournir la réponse éventuellement dans les
prochains jours, les prochaines heures, à savoir à combien de
personnes a été envoyée cette lettre du 17 mars
signée par le sous-ministre O'Bready.
M. Bourbeau: Que veut dire le député quand il dit
que le ministre ne veut pas, qu'il comprend très bien que le ministre ne
veut pas? Que veut dire le député par cela?
M. Perron: Non. Je demande si le ministre peut s'engager
à... Je n'ai pas dit que le ministre ne veut pas.
M. Bourbeau: Dans son préambule...
M. Perron: Je sais que le ministre ne veut rien régler
dans le dossier de Schefferville.
M. Bourbeau: Ah, bon!
M. Perron; Mais ce que je veux savoir, c'est s'il peut s'engager
à ce que l'on sache, nous, les membres de cette commission, combien de
lettres ont été adressées...
M. Bourbeau: La réponse, c'est oui, M. le
Président.
M. Perron:... par le sous-ministre O'Bready en date du 17 mars
dernier.
M. Camden: Question de règlement. Pouvez-vous me
préciser quelle est la pertinence d'une évaluation de ce qui
s'est passé au cours de la dernière année par rapport
à l'étude des crédits dans le cadre de la prochaine
année financière? Voulez-vous m'indiquer comment on voit
cela?
M. Perron: M. le Président, pour votre information...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M...
M. Camden: M. le Président, si vous me permettez, je vous
ai adressé la question.
Le Président (M. Saint-Roch):... le député
de Duplessis, M. le député de Lotbinière. Nous en sommes
maintenant au programme 3, Évaluation foncière. J'aimerais vous
rappeler de quelle façon doit s'appliquer la règle de la
pertinence lors de l'étude des crédits. Je crois que c'est ce
à quoi fait référence votre question. La décision
qui a été rendue par mes prédécesseurs est la
suivante: Lors de l'étude des crédits, la règle de la
pertinence doit être appliquée avec moins de
sévérité que lors de l'étude
détaillée de projets de loi. Ainsi, les interventions des membres
peuvent se rapporter à l'ensemble des activités d'un
ministère pour autant que ces interventions aient un lien avec un
élément du programme.
M. Camden: M. le Président, peut-on nous démontrer
le lien entre tout cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, si vous permettez je vais vous
aider à rendre votre décision.
Le Président (M. Saint-Roch): Je crois que ma
décision est rendue à ce moment-ci, M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Ayant reconnu la pertinence
des propos, je vous reconnais pour la suite des débats.
M. Perron: Pour l'information du député de
Lotbinière...
Des voix:...
M. Perron:... c'est qu'il ne comprend rien au dossier de
Schefferville.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Perron: II ne comprend rien au dossier de Schefferville, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Duplessis, y a-t-il d'autres
questions concernant le sujet?
M. Perron: J'ai parlé tout à l'heure au
début de mon intervention, j'ai posé quelques questions au
ministre se rapportant au rôle d'évaluation. C'est parce que tout
est interrelié dans le dossier de la ville de Schefferville. Je pense
qu'on peut comprendre cela, c'est à cause de la décision
gouvernementale de juin 1986. Est-ce que le ministre pourrait nous informer
éventuellement par dépôt de documents... Cela ne se fait
pas, à moins que le ministre ne consente, en commission parlementaire,
à déposer des documents. Est-ce que le ministre pourrait me faire
parvenir et faire parvenir au critique des affaires municipales,
c'est-à-dire au député de Jonquière, une copie du
contrat qui a été signé entre le ministère des
Affaires municipales et la firme Évimbec?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
répondre au député de Duplessis présentement s'il y
a possibilité ou non de donner copie de ce document qui est en notre
possession. Nous allons faire des vérifications pour savoir s'il peut
être rendu public, parce qu'il ne faut pas oublier que c'est un document
qui concerne non seulement le gouvernement, mais également une firme
privée. Je vais prendre avis de la question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va? M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Concernant le rôle d'évaluation qui a
servi au ministre pour faire des offres ou imposer des offres, ou demander aux
résidents et résidentes propriétaires à
Schefferville de faire des offres au gouvernement, parce que c'est ce qui est
arrivé dans plusieurs cas, est-ce que le ministre pourrait nous dire
quel est le rôle exact qui a servi pour indemniser les citoyens et
citoyennes de Schefferville? Est-ce le rôle de 1985, celui de 1986 ou si
ce sont les recommandations de la firme Évimbec qui ont servi au
ministre pour faire des offres, dans les dossiers où il a fait des
offres?
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez, dans un
premier temps, de corriger encore une autre des faussetés que vient de
proférer le député de Duplessis quand il dit que nous
avons demandé aux citoyens de Schefferville de nous faire des offres. En
aucun cas, nous n'avons demandé aux citoyens de Schefferville de nous
faire des offres et en aucun cas, d'ailleurs, nous n'avons reçu ou
sollicité des offres ou considéré des offres qui auraient
pu nous être faites. Nous avons procédé nous-mêmes
par voie d'offres faites par le gouvernement, mais nous n'avons pas
sollicité d'offres de la part des citoyens de Schefferville.
M. Perron: M. le Président, je voudrais juste...
M. Bourbeau: M. le Président, le rôle
d'évaluation qui a été utilisé pour la
préparation des offres, c'est le rôle d'évaluation qui
était en
vigueur à Schefferville le 1er janvier 1986.
M. Perron: Est-ce que je comprends bien le ministre qui vient de
dire que c'est le rôle qui était en vigueur le 1er janvier 1986
qui sert à faire des offres?
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons utilisé
les évaluations qui apparaissaient au rôle d'évaluation en
vigueur le 1er janvier 1986. Est-ce que le député veut que je
répète une troisième fois?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: J'ai seulement un commentaire à faire
concernant la question de Schefferville. À la suite de ce que vient de
dire le ministre, à savoir que jamais le gouvernement n'a demandé
des offres aux gens en place mais que c'est plutôt le gouvernement qui a
fait des offres aux résidents propriétaires et locataires de
Schefferville, je voudrais le mettre en garde sur l'affirmation qu'il vient de
faire parce qu'il peut avoir des petites nouvelles, et cela, très
prochainement, d'un certain dépôt que je pourrais faire à
l'Assemblée nationale qui pourrait le contredire...
Une voix: Les grosses menaces.
M. Perron: Non, ce n'est pas une menace. ... qui pourrait le
contredire carrément...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! (22 h 30)
M. Perron:... à la suite des attitudes d'un certain M. Guy
Leclerc qu'il avait mandaté lui-même dans le dossier de
Schefferville et même d'un certain Me Villeneuve qui est actuellement
impliqué dans le dossier de Schefferville. Alors, excusez-moi, M. le
Président, mais je prends en considération - et je termine
là-dessus - les paroles qui viennent d'être prononcées par
le ministre face aux affirmations qu'il vient de faire sur le dossier de
Schefferville. Il aura sûrement des nouvelles du député de
Duplessis et du critique des affaires municipales dans un court délai,
M. le Président. Je vous remercie de votre compréhension.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre.
M. Bourbeau: Mon sous-ministre me fait remarquer un certain
point. Je pense que le député de Duplessis joue sur les mots un
peu. J'ai compris de sa question, à savoir si nous demandons aux
citoyens de nous faire des offres, que le député de Duplessis
voulait me faire dire que nous demandions aux citoyens: Faites-nous une offre,
peut-être que nous ne l'accepterons pas, peut-être que nous
l'accepterons. En réalité, dans la technique que nous employons
actuellement, nous demandons aux citoyens de nous faire parvenir des
renseignements, tous les renseignements dont nous avons besoin pour
établir les montants d'argent que nous pouvons payer en vertu des
critères existants. Ces montants d'argent sont additionnés et
sont remis aux avocats des contribuables en disant: Voici le montant d'argent
que le gouvernement est prêt à payer compte tenu des
critères existants. Nous demandons aux avocats: Est-ce que votre client
est disposé à vendre à ce prix-là? Le
député joue peut-être sur les mots. On pourrait
peut-être interpréter cela comme disant aux gens: Faites-nous une
offre pour ce montant-là. Le montant d'argent est établi par le
gouvernement à partir des critères qui sont déjà
établis.
Maintenant, il n'est pas question de dire aux gens: Offrez-nous un prix
quelconque et nous allons accepter votre offre ou nous ne l'accepterons pas.
Les sommes d'argent sont établies par nous, par nos procureurs. Le
montant d'argent que nous sommes prêts à payer est indiqué
aux citoyens et les citoyens, à ce moment-là, ont
l'opportunité d'accepter ce montant-là, ou de signer un document
sur ce montant ou de ne pas l'accepter. Dans ce sens-là, on pourrait
dire que l'offre pourrait venir du citoyen si elle est exactement conforme au
montant que nous avons indiqué être prêts à payer.
Qu'elle vienne d'un côté ou de l'autre, cela ne change rien. Mais
ce que nous ne faisons pas - ce que j'avais compris de la question du
député - c'est dire aux citoyens: Faites-nous une offre quelle
qu'elle soit et on verra si on l'acceptera ou non. Cela, on ne le fait pas.
M. Perron: C'est ce que j'avais compris effectivement de la
réponse du ministre, M. le Président. C'est la question que
j'avais posée, le ministre vient de me confirmer ce qu'il avait compris
de la question que je lui avais posée et le ministre vient me confirmer
que ce n'est pas exact ce qu'il vient de dire là et la preuve sera faite
dans les prochaines semaines.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: Nous attendrons avec beaucoup de nervosité la
bombe que fera éclater le député de Duplessis sur le
plancher de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
Évaluation industrielle
M. Dufour: Je vais revenir avec l'évaluation. On a
beaucoup discuté tout à l'heure d'évaluation, de formation
d'un comité, de problèmes soulevés. Il y a un point qui
n'a pas été touché, ce qu'on appelle l'évaluation
industrielle. Elle n'a
pas été touchée cette année, cela ne veut
pas dire qu'on ne l'a pas touchée au cours des deux années
précédentes. Est-ce que le ministre est toujours sur le
même principe, en ce sens que, s'il n'y a pas d'unanimité dans ce
dossier-là, il ne bougera pas? Pour autant que je sache, il l'a dit en
commission parlementaire, il me l'a dit personnellement, il ne veut pas jouer
à Jeanne d'Arc - je ne savais pas qu'il était
féminisé à ce point-là. Quelle est votre attitude
par rapport à l'article 65. 1 sur l'évaluation industrielle?
M. Bourbeau: Quelle est la question?
M. Dufour: Je pense que le ministre est peut-être
fatigué. On pourrait prendre deux minutes pour le laisser revenir
à de bons sentiments. Je pense qu'on a à prendre le même
temps pour les mêmes dossiers. Je vous pose la question concernant
l'évaluation industrielle, l'article 65. 1.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis rempli de bons
sentiments. Je ne vois pas pourquoi le député me
prête...
M. Dufour: Je ne vous demande pas de quoi vous êtes rempli,
je me demande ce que vous êtes capable de donner. Bien sûr, je sais
que vous pouvez être rempli de n'importe quoi. Je ne serai pas grossier,
je pense à bien des choses.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Seulement, je vous dis juste une chose.
Le Président (M. Saint-Roch): Pensez surtout à la
présidence, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, je vais juste dire au ministre
que je ne veux pas savoir de quoi il est rempli, je veux savoir ce qu'il va
donner. Je pose la question concernant l'évaluation industrielle. Cela
cause des problèmes, cela en cause encore et je sais qu'à
Montréal c'est commencé et cela continue, les contestations
continuent. Le ministre a toujours dit: II faut qu'il y ait unanimité
dans ce dossier-là avant que je bouge. Est-ce que vous avez
changé d'idée ou si vous attendez que votre successeur prenne des
décisions pour vous?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: Ma question s'adresse au ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que j'ai
suffisamment indiqué au cours de la dernière année que,
quand c'était le temps de prendre des décisions, on en prenait.
Je ne suis pas celui qui a la témérité de vouloir imposer
continuellement au monde municipal des solutions qui auraient été
dessinées uniquement par le ministre des Affaires municipales. C'est
peut-être la façon du député de Jonquière de
procéder, ce n'est pas la mienne. Je peux simplement lui dire que,
jusqu'à maintenant, avec cette méthode qui est la mienne, on a
quand même réussi à faire un grand nombre de consensus dans
le monde municipal, à faire adopter la loi 82, l'automne dernier, sur la
fiscalité municipale, qui a permis les mesures visant à contrer
les hausses brusques des comptes de taxes. Nous avons fait adopter la loi 87,
avec cette méthode, qui a permis de lever le moratoire sur la conversion
en copropriété et d'apporter également un certain nombre
de protections aux locataires. Nous avons, avec cette méthode, fait
adopter la loi 88 qui a assuré l'avenir des municipalités
régionales de comté et qui a modifié sensiblement, je dois
le dire, les perspectives dans ce domaine.
Voilà trois projets de loi importants dont la portée
était très importante et que nous avons réussi à
adopter dans une seule session, à l'automne 1987. Donc, je pense que la
méthode qu'emploie le ministre n'est pas si mauvaise que cela quand on
considère les positions souvent diamétralement opposées
qu'avaient, au départ, les deux unions des municipalités: l'Union
des municipalités du Québec, qui représente
essentiellement le monde urbain, et l'UMRCQ, qui représente
essentiellement le monde rural. Quand on connaît les positions qui
animaient ces deux unions au début des négociations, je dois dire
que ce n'était pas une mince tâche que de rapprocher les parties.
Je pense que la méthode de l'actuel ministre en vaut certainement une
autre.
Quant à moi, je peux dire au député de
Jonquière que, en ce qui concerne l'évaluation industrielle, je
n'ai pas l'intention de changer de méthode. J'ai fait savoir aux parties
qui négocient présentement, soit le monde municipal et le monde
de l'industrie et du commerce, qu'elles devraient s'entendre sur la question de
l'évaluation industrielle. Je crois comprendre que les discussions
progressent entre les deux groupes. J'attends toujours une réponse de la
part du comité formé des représentants des deux groupes
qui négocient présentement pour tenter de trouver des solutions
de compromis. Bien sûr, les représentants du ministère des
Affaires municipales assistent à toutes les réunions et me font
rapport périodiquement de l'évolution des travaux.
M. Dufour: Même si vous prétendez que votre
méthode donne des résultats, je ne suis pas fondamentalement
convaincu que vous n'aurez pas de petits problèmes en cours de route. Ne
vous en faites pas, la loi 82, cela rebondit quelque part. La loi 88, attendez,
vous commencez à vivre avec elle. J'ai lu des articles du
président de l'Union des municipalités, comme des articles de
l'Union des municipalités régionales de comté.
Faites attention avec les certificats de compétence que vous vous
distribuez allègrement à vous-même.
M. Bourbeau: Je ne serais pas étonné que ce soit le
député de Jonquière qui ait lui-même écrit
les articles.
M. Dufour: Je pense que j'ai laissé parler le ministre; il
devrait avoir au moins la bienséance, la politesse d'écouter ce
que j'ai à dire. Il interviendra à son tour. Je n'accepterai pas
que vous m'interrompiez, c'est votre façon d'essayer de noyer le
poisson. Écoutez quand on vous parle. On vous dit des choses. C'est mon
tour de parler, j'ai demandé la parole, M. le Président, je peux
parler et intervenir. Que le ministre arrête de se donner des certificats
de compétence et de se les distribuer allègrement à
lui-même. Je pense que, de ce côté-là, le temps va
lui donner soit des leçons de sagesse ou des leçons à
savoir que, de temps en temps, il faut porter les culottes. Jeanne d'Arc
portait les culottes aussi. Vous savez cela? Vous vous êtes
comparé à elle, ce n'est pas parce que c'était une femme,
mais elle portait les culottes de temps en temps. Vous devriez mettre vos
culottes comme ministre des Affaires municipales.
Ce n'est pas vrai que vous devez laisser faire tous les intervenants en
disant: Après cela, on va régler cela. C'est gérer par
l'absurde, cela n'a pas d'allure. Vous ne devriez pas être satisfait de
cela. Il y a des municipalités qui sont... Vous attendez qu'elles soient
étouffées. L'année dernière, vous aviez
prédit que la ville de Jonquière serait en faillite, elle ne
l'est pas, la cause est réglée, mais pas nécessairement au
profit des contribuables, ce n'est pas vrai. Vous avez été
coupable, vous étiez témoin de cela, un témoin silencieux,
un témoin qui aurait pu intervenir, et vous ne l'avez pas fait. De ce
côté-là, vous manquez à votre devoir. Je vous le dis
carrément, vous ne faites pas votre job, vous n'intervenez pas. Vous
dites: Vous réglerez l'affaire. Mais ce n'est pas un ministre qu'on a.
Je l'ai dit ce matin. Le premier ministre a oublié de nommer un ministre
des Affaires municipales. On le sent bien. Les municipalités se font
étouffer. Mais comment trouvez-vous cela que des municipalités
acceptent de geler des rôles pendant cinq ans avec des compagnies? Vous
acceptez cela. Savez-vous qu'il y a des rôles gelés pendant cinq
ans? Trouvez-vous que c'est correct? Je trouve, en tout cas, que votre sourire
veut tout dire. Restez comme cela. Vous êtes dans votre béatitude
et vous achevez. Cela paraît.
Je vous dis que vous êtes endormi dans le dossier de
l'évaluation industrielle. Mais vous ne l'emporterez pas en paradis. Il
va vous suivre. Vous n'êtes pas correct d'avoir fait cela. Vous
n'êtes pas correct. Et il y a des contribuables... Ce ne sont pas les
unions qui souffrent. Ce sont les municipalités et les contribuables.
Laissez cela comme cela. Laissez faire cela. Il y en a quelques-uns qui en
profitent et ce ne sont pas nécessairement... Ceux qui sont
pénalisés, ce sont les petits. Ce ne sont pas les gros.
Et, de ce côté-là, quand vous vous appuyez sur le
BREF parce qu'il a donné des sentences, on sait que la cour a
donné d'autres sentences, vous ne devriez pas avoir cette apparence ou
cette attitude que tout est correct parce que le BREF s'est prononcé. Il
commence actuellement à être contesté en cour. Il y a un
jugement qui a donné le contraire de ce qui avait été
donné par le BREF. Peut-être que les municipalités vont
commencer à s'outiller pour se défendre. Mais, jusqu'à
maintenant, on peut dire que vous avez laissé porter les
problèmes. Vous avez beau être satisfait de cela, je trouve que
vous êtes satisfait de pas grand-chose. Parce qu'on n'a pas besoin de
ministre pour cela. Quand on laisse aller les affaires, on n'a besoin de
personne. Et pourtant vous décidez que vous avez besion des cours pour
prendre les décisions à votre place. Il faudrait que vous soyez
cohérent jusqu'au bout. Vous décidez que ce sont les cours qui
décident à votre place. C'est juste ce qu'elles peuvent
décider. Comme ministre, vous laissez aller les choses. Vous dites: Cela
va bien. Je suis bon. J'ai fait voter des lois. Et vous avez dit, dans votre
discours ce matin: Regardez le nombre de lois que j'ai fait adopter. Voyons
donc!
Il n'y a pas de programme nouveau. Les municipalités sont
orphelines. Il y a des choses que j'ai dites et que je maintiens parce que vous
ne faites pas face à vos responsabilités. Et, le dossier de
l'évaluation industrielle, vous voulez le laisser aller. Laissez-le
aller. Je ne poserai pas de questions. Mais je vous dis que vous allez laisser
de l'héritage à votre successeur. Je reviendrai à la
charge contre votre successeur, quelqu'un qui voudra régler les
problèmes à un moment donné, non pas les subir, non pas
attendre que tout le monde soit mort, mais quelqu'un qui voudra décider.
Je ne pose plus de question sur la question de l'évaluation
industrielle. Laissez-la comme cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Jonquière fait continuellement allusion à mon successeur. Je
pourrais peut-être lui citer la fable de Lafontaine qui disait: "Qui de
nous, des clartés de la voûte azurée, doit jouir le
dernier?" On verra, M. le Président...
M. Dufour: Jouissez, jouissez! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je ne suis pas nécessairement convaincu... M.
le Président, pour ce qui est de la question de l'évaluation
industrielle, puisque le député de Jonquière vient
d'ouvrir cette porte
toute grande, je ne peux pas accepter facilement les réprimandes
et les reproches...
M. Dufour: On pourrait demander... M. Bourbeau:... que
m'adresse...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: Si vous êtes fatigué, allez vous
coucher.
M. Bourbeau:... à profusion le député. M. le
Président, je ne peux accepter...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez entendre la réplique de M. le ministre.
M. Dufour: Je vais essayer de vous écouter, M. le
ministre.
M. Bourbeau:... les reproches... M. le Président, je ne
peux pas accepter sans répliquer les reproches que m'adresse le
député de Jonquière en ce qui concerne la question de
l'évaluation industrielle. Je sais que c'est un sujet qui lui tient bien
à coeur et qu'il le ramène continuellement sur le tapis. Mais je
dois dire que le député de Jonquière n'est pas très
objectif dans le dossier de l'évaluation industrielle. Le
député de Jonquière a fait carrière à
combattre la société Alcan, à Jonquière, alors
qu'il était maire. Après plusieurs années, il semble,
d'après les tribunaux en tout cas, que la ville de Jonquière
avait surévalué d'une façon très importante le
contribuable qu'était l'Alcan, la vache à lait de la ville de
Jonquière, si j'ai bien compris. Un jour, qu'est-ce que les tribunaux
ont dit? Ils ont dit à la ville de Jonquière: Vous avez agi avec
un manque de sagesse; vous avez exagéré; vous avez
surévalué d'une façon grossière un contribuable qui
est l'Alcan et qui a les mêmes droits que les autres. En
conséquence, vous devez lui rembourser une somme d'argent
extrêmement importante. Le député de Jonquière,
plutôt que d'admettre ses erreurs - les erreurs de la municipalité
- a voulu changer la loi. C'est bien plus facile, M. le Président. Si la
loi ne fait pas notre affaire et qu'on n'est pas capable de vivre avec,
plutôt que de se soumettre à la loi on demande de la changer.
C'est très facile et, évidemment, cela aurait réglé
les problèmes de Jonquière. Je ne suis pas sûr que cela
aurait réglé les problèmes d'évaluation
foncière au Québec. (22 h 45)
Alors, qu'est-ce que les tribunaux ont dit? Les tribunaux ont dit
à la ville de Jonquière: Vous avez exagéré; vous
avez été injuste ou inéquitable envers un contribuable;
vous lui devez tant de millions de dollars. C'était pour une seule
année, 1976. Il y avait dix ou onze années qui attendaient
après et, en projetant le jugement de l'année 1976 sur les onze
années suivantes, la ville de Jonquière devait une somme
absolument astronomique à l'Alcan. Cela aurait effectivement mis la
ville de Jonquière en faillite. C'est pour cela que je disais l'an
dernier - et le député de Jonquière n'était pas
d'accord - que, sur la base de ce jugement, il y avait une menace qui planait
au-dessus de la ville de Jonquière. Heureusement, le successeur du
député de Jonquière, l'actuel maire de
Jonquière...
M. Dufour: Un bon rouge.
M. Bourbeau:... a été plus sage. Plutôt que
de tenter de modifier la loi pour essayer de la faire coïncider avec les
intérêts de Jonquière, il a décidé de
s'asseoir avec l'Alcan et il a négocié, je pense, un bon
règlement; en tout cas, un règlement qui semble faire l'affaire
de toutes les parties et qui a été, je pense, très
équitable aussi pour la ville de Jonquière, qui a accepté
évidemment de rembourser une partie de l'argent qui avait
été perçue en trop. Autrement dit, sous l'ancienne
administration, on taxait trop pour faire payer par les
générations futures. C'est ce qui est arrivé, au fond.
À partir de maintenant, le cas de Jonquière est régie par
le maire actuel.
C'est le député de Jonquière qui a ouvert la porte,
M. le Président. Moi, je n'en ai pas parlé du cas de
Jonquière. J'avais décidé, cette année, de ne pas
rouvrir cette blessure béante du côté du
député. Malheureusement, le député a rouvert la
porte et je suis obligé de rétablir les faits. Les faits, c'est
cela. C'est que le député de Jonquière avait une obsession
systématique envers l'Alcan et cette obsession a coûté
beaucoup d'argent aux citoyens de Jonquière. Si on n'avait pas
surtaxé l'Alcan dans les années soixante-dix et quatre-vingt,
aujourd'hui on ne serait pas pris pour rembourser, et même emprunter
à long terme, si j'ai bien compris, pour payer les sommes dues à
l'Alcan.
M. Dufour: Vous ne connaissez pas le dossier. Vous dites
n'importe quoi.
M. Bourbeau: M. le Président, cela étant dit, je
suis bien prêt à oublier le cas de Jonquière. Je
répète au député que le dossier d'évaluation
foncière est un dossier qui nous préoccupe et j'espère
que, dans les plus brefs délais possible, on pourra faire en sorte de
présenter une loi qui amènera à ce dossier une solution
définitive et ce, avec l'accord de toutes les parties
intéressées.
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je veux simplement faire une mise au point sur la
question de l'Alcan. L'Alcan est assez grande pour se défendre et dans
les démêlés que j'ai pu avoir avec l'Alcan, il n'y a pas eu
que des mauvaises choses. Vous avez beau dire n'importe quoi, vous ne
connaissez pas le dossier. Vous le savez que vous ne connaissez pas le dossier.
Vous vous êtes fait pisser dans les oreilles par quelqu'un et vous pensez
que vous avez la vérité. Vous n'avez jamais eu le coeur de lire
tout le dossier.
À Baie-Comeau il y a des problèmes d'évaluation
industrielle. Est-ce le maire de Jonquière qui est en responsable?
Est-ce le maire de Jonquière qui est responsable des problèmes de
Sept-Îles? Des problèmes qu'il y a eu à Beaupré?
À Ultramar? À Montréal-Est? Connaissez-vous le dossier de
l'évaluation industrielle? Je vais répondre pour vous, non, vous
ne le connaissez pas. Shawinigan, ça ne touche pas le maire de
Jonquière; ça ne touche pas les évaluateurs de
Jonquière. Quelle est cette affaire-là? Vous n'êtes pas
biaisé, il n'y a que vous qui pouvez juger, du haut de votre splendeur
et du haut de votre siège. Vous allez tomber en bas. Je vous le dis,
vous allez finir par tomber. Vous vous prenez pour un autre. Arrêtez donc
de dire n'importe quoi. Vous êtes un ministre. Peut-être que, comme
député, je peux dire n'importe quoi, et vous pouvez me le
reprocher. Mais vous, vous êtes ministre et vous avez accès
à tous les dossiers. C'est vrai que je vous ai déjà dit,
une fois, que vous dormiez sur la "switch"; vous dormez dessus.
Vous ne connaissez pas le dossier de l'évaluation industrielle.
Je vous le dis carrément, vous ne le connaissez pas. Vous colportez
n'importe quoi. La ville de Jonquière va régler son
problème cette année. Quand vous dites qu'elle a fait un bon
règlement, que vous parlez du maire actuel, etc., voyons donc! C'est
quoi votre problème? Vous n'avez rien à sauver. Il ne vous fera
pas élire dans ce coin-là. Ce n'est pas à lui que vous
avez des comptes à rendre, c'est à l'Assemblée nationale.
Dites-le donc ce que vous avez. Vous ne connaissez pas le dossier,
l'évaluation industrielle vous passe quatre pieds par-dessus la
tête et vous êtes trop bien servi par ces gens-là pour
prendre une décision. C'est cela votre manque de courage. C'est un
manque de courage politique que vous avez. Arrêtez de dire que je discute
du cas de Jonquière. Je discute de l'ensemble des municipalités
où il y a de l'industrie et je demande seulement justice pour les
municipalités. Ce n'est pas vrai quand vous dites que les
municipalités ont voulu exploiter les industries et qu'elles ont voulu
les écraser. Des industries qui font 550 000 000 $ de profits, rien que
pour le "fun". Voyons donc! Ce n'est pas la taxation municipale qui va tuer ces
industries-là.
Quand il s'agit des petites municipalités ou des petits
contribuables, vous vous levez debout. Là, vous avez du courage, mais du
courage emprunté à qui? Je me pose des questions
là-dessus. Montrez donc une fois pour toutes que les compagnies ont un
rôle à jouer. Ce sont des entités importantes; elles sont
importantes pour les municipalités. Elles doivent être
traitées comme tout le monde et non pas avoir des traitements
particuliers. Dites-leur donc qu'elles prennent leur place et qu'il y a des
règlements et des lois et que vous avez à protéger les uns
et les autres. Si c'est vrai qu'on voulait exploiter, vous auriez pu vous lever
et dire qu'on voulait exploiter. Non, vous attendez que cela s'arrange.
Arrangez donc ça, on va étouffer cela, les petits gars!
Vous parlez du BREF. Ce n'est pas un tribunal, que je sache, avec des
juges. Il faut que cela commence par passer par des juges. Je vous ai dit tout
à l'heure qu'il y en avait un qui était passé par des
juges. Cela fait deux fois et le BREF a été renversé.
Quand il était question des implantations dans les forêts, vous
n'avez pas dit que les compagnies voulaient être exploitées... Ce
sont les compagnies qui voulaient exploiter les municipalités; elles ne
voulaient plus payer de taxes pantoute. Le BREF avait dit: Cela a bien du bon
sens; elles ne paieront pas de taxes. Cela a été en appel et
elles ont gagné. Et je vais vous dire mieux que ça, j'ai une
copie d'une de vos lettres qui disait à ce moment-là: Si la cour
ne se prononce pas comme il faut, on prendra action. Je trouvais cela pas si
mal, je trouvais que c'était raisonnable et que c'était cela
l'esprit de législateur.
Mais on dirait que le dossier municipal a commencé le 2
décembre 1985. Il a commencé avant vous et il va finir
après vous. N'oubliez pas ça. J'ai commencé avant et je
suis certain qu'il a commencé avant que je ne sois là et qu'il va
continuer après moi encore. Alors, ne vous faites pas d'illusion - vous
êtes un instrument dans cette démarche. Je vous dis que
l'instrument est bon pour autant qu'il prenne des décisions qui montrent
que vous avez du courage. Je parlais des dossiers et il y a des dossiers en
Abitibi aussi dans l'évaluation industrielle et ce ne sont pas les
évaluateurs de Jonquière. Là encore, ils ont
été obligés de négocier et de dire: Arrangez-vous,
les petits garçons! Les villes minières de Fermont et de
Baie-Comeau... J'en ai nommé plusieurs et il y en a sûrement
d'autres que j'oublie, mais ne vous faites pas d'illusions. Quand on parle
d'évaluation industrielle, gardez le sourire béat comme vous
avez. Faites des gorges chaudes, ce n'est pas Montréal, laissons-les
aller. Mais qu'on dise: C'est le député de Jonquière, cela
dépend de lui, il veut défendre sa cause, voyons! Je ne suis plus
maire, je suis député. Je défends la cause des
municipalités. Je ne parle pas juste de Jonquière quand je parle
de cela. Oubliez donc cela. Ce n'est pas la première fois que vous me
faites le coup. Je suis peut-être tombé dans le panneau. Je vous
le dis d'avance, vous n'êtes pas correct. Cela empêche vos petits
gars de dormir l'autre côté. C'est
peut-être une bonne chose. Mais je reste encore sérieux
dans le dossier, par exemple.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député.
M. Camden:... de rétablir les faits. On est loin de dormir
à cette commission. On écoute fort religieusement et fort
poliment le député de Jonquière. Malheureusement, je dois
vous dire que les minutes sont fort longues. Mais, en tout cas, on
l'endure.
Le Président (M. Saint-Roch): Votre mise au point
étant faite, M. le député de Lotbinière, M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux simplement rectifier
une couple de propos. Le député de Jonquière dit que tous
les contribuables doivent être sur le même pied. Je suis
parfaitement d'accord avec lui. D'ailleurs, je crois bien que la cour doit
appliquer la loi de cette façon. Mais le député de
Jonquière a dit ceci tantôt, en parlant d'Alcan - et c'est une
phrase qui est peut-être passée inaperçue, mais qui est
très intéressante: Une compagnie qui fait 550 000 000 $ de
profits. M. le Président, cela indique que le député
estime qu'Alcan devrait payer plus de taxes parce qu'ils font des profits. Or,
cela va à rencontre de l'esprit de la réforme de
l'évaluation foncière, parce que les contribuables ne paient pas
les taxes en fonction des profits qu'ils font, mais en fonction de la valeur
des immeubles qu'ils détiennent. Donc ce n'est absolument pas important
qu'Alcan fasse des profits ou des pertes. Que pour une année elle fasse
des pertes ou qu'une année elle fasse des profits, elle devra toujours
payer le même montant de taxes foncières puisque les taxes
foncières n'ont strictement rien à voir avec la richesse
personnelle des individus ou avec les profits que peuvent faire les
corporations. À telle enseigne que deux individus qui sont
propriétaires de deux maisons identiques sur la même rue devraient
normalement payer le même montant de taxes, que l'un soit millionnaire et
que l'autre soit travailleur en chômage, en vertu des lois existantes qui
veulent que ce soit la valeur foncière ou la valeur marchande qui
prévale. Les municipalités rendent des services aux citoyens et
ces services sont remboursés de façon égale par tous les
citoyens, par rapport à la valeur marchande de leur immeuble. Ce sont
les principes à la base du système que nous avons
présentement.
Cela étant dit, quand le député de Jonquière
vient nous dire qu'Alcan devrait payer parce qu'elle fait 550 000 000 $ de
profits, je dirai, M. le Président, que le jupon commence à
dépasser un peu et qu'on commence à se rendre compte que le
député de Jonquière fait entrer dans ses
considérations des éléments qui n'ont rien à voir
avec la fiscalité municipale. C'est là que je commence à
me poser de sérieuses questions sur les notions que possède le
député de Jonquière, sur sa compréhension, et sur
sa connaissance du dossier de l'évaluation foncière.
M. le Président, si quelqu'un ne connaît pas le dossier
c'est bien celui qui affirme qu'on doit payer plus de taxes si on a plus
d'argent. Cela n'a rien à voir avec l'évaluation foncière.
Je présume que les paroles du député ont dû
excéder sa pensée et je vais lui laisser la parole pour qu'il
retire ses propos.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je me demande si le ministre ne rêve pas tout
haut ou s'il n'a pas compris ce que j'ai dit. J'ai dit qu'une compagnie qui
fait 500 000 000 $ de bénéfices, ce n'est pas une compagnie
à l'agonie. Il a été un temps, peut-être, où
on a fait des lois pour protéger les compagnies. Mais aujourd'hui le
problème ne se pose pas là. On dit qu'il y a même eu des
remboursements de taxes à des compagnies, vous savez cela. Je n'invente
rien. Des remboursements de taxes aux compagnies parce que cela les mettait en
difficultés. Il n'y a rien de scandaleux par rapport à cela. Ce
que je dis actuellement, par rapport aux principes qui ont été
avancés, par rapport à la contestation, par rapport à ce
que moi je pense et ce que d'autres pensent, c'est que, quand les principes de
l'évaluation ont été mis sur pied et que la loi a
été adoptée, c'était pour améliorer le sort
de quelqu'un. Les compagnies devaient passer comme tout le monde. Je n'ai
jamais dit qu'on devrait taxer plus ou qu'on devrait taxer moins.
Je vous en ai nommé suffisamment de compagnies. Je ne sais pas
quels profits font les autres. Je vous ai dit que ce n'est pas un
problème particulier à Jonquière. Il y en a eu à
Alma; il y en a eu à La Baie. Je peux continuer à vous faire une
nomenclature. Je peux vous en nommer plusieurs de ces municipalités. On
parle d'Alcan, mais on peut parler d'autres compagnies. Je vous dis que de ce
côté vous avez laissé aller les choses. Arrêtez de
jouer au défenseur, je ne sais pas moi, vous ne voulez pas être
Jeanne d'Arc pour être brûlé, mais vous êtes
prêt à jouer Jeanne d'Arc pour défendre les compagnies. Ne
montez pas aux barricades. Moi, l'Alcan, je suis capable de m'arranger avec
cela, ne vous en faites pas. J'ai travaillé 27 ans pour eux. Je ne leur
en veux pas. Ils ne me doivent rien et je ne leur dois rien. J'ai
travaillé pour eux autres. Ils m'ont payé et cela vient de finir.
Salaire pour services rendus, salaire donné, point final. Cela ne me
dérange pas plus que cela. Je ne suis pas en éternelle adoration
devant la compagnie. Je ne leur dois pas, à chaque jour, ma contribution
ni mon adhésion. Pas besoin de le dire. Je sais que l'Alcan vit à
Jonquière et je sais que, quand cela ne fera plus l'affaire, ils vont
s'en aller ailleurs. De ce côté là, je pense qu'on est
clair.
Est-ce que, cette année, le gouvernement
prévoit apporter des améliorations concernant les "en
lieu" de taxes? Ils sont gelés depuis un bout de temps, les "en lieu" de
taxes que vous donnez. Il y a le réseau des écoles, etc. Est-ce
que vous prévoyez qu'il y aura des augmentations des "en lieu" de taxes?
Est-ce que vous prévoyez que le gouvernement va s'ajuster à 100 %
au plus tôt?
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne les "en
lieu" de taxes que paie le gouvernement, ou les compensations tenant lieu de
taxes sur les immeubles des réseaux des affaires sociales et de
l'éducation, nous prévoyons cette année, en 1988-1989, des
crédits de 233 720 000 $ par rapport à 231 336 000 $ l'an
dernier, soit une augmentation ou une variation à la hausse de 2 383 600
$.
M. Dufour: Vous savez bien que quand vous dites cela, vous nous
contez des peurs. Cela va en diminuant. Vous voyez bien que cela ne marche pas,
ce n'est même pas l'indexation.
M. Bourbeau: M. le Président, je viens de citer au
député les crédits du programme 3, élément
3: Compensation tenant lieu de taxes sur les immeubles des réseaux des
affaires sociales et de l'éducation. Le ministère prévoit
dépenser 233 720 000 $ par rapport à 231 336 000 $ l'an dernier.
Alors, ce n'est pas une diminution, c'est une augmentation. Je crois que le
député n'est pas très fort en chiffres, puisque c'est une
augmentation. Le député n'est même pas
intéressé à écouter la réponse, M. le
Président.
M. Dufour: On a commencé quinze minutes en retard. Ce
n'est pas la faute du porte-parole de l'Opposition; j'étais ici à
20 heures. Moi, je pense qu'on pourrait peut-être prendre cinq minutes
pour compléter le dossier.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement pour compléter l'étude du programme 3?
M. Dufour: Peut-être à peu près cinq minutes,
parce qu'on a commencé quinze minutes en retard.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement. M. le
député de Jonquière. (23 heures)
M. Dufour: Vous êtes bien gentil. Est-ce que vous avez
l'intention de faire des représentations? Je comprends que le dossier
est fermé actuellement, mais il va il y avoir un discours... Avez-vous
fait des représentations pour aller de ce
côté-là?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne me suis pas
prononcé sur la demande de prolongation après 23 heures...
M. Dufour: II y a un comité ici. Vous êtes
invité.
M. Bourbeau: Quel est le consensus qui est fait?
M. Dufour: C'est correct.
M. Bourbeau: La séance est-elle ouverte ad infinitum ou si
on a...
Une voix: Cinq minutes.
M. Dufour: On a commencé quinze minutes en retard, ce
n'est pas ma faute à moi. Vous n'êtes pas arrivé à
20 heures vous non plus.
M. Bourbeau: M. le Président, j'étais ici...
Le Président (M. Saint-Roch): Pour clarifier, nous avons
commencé à 20 h 14, alors quatorze minutes en retard. Y a-t-il
consentement pour poursuivre le débat au programme 3 et le terminer ce
soir, et si oui, en combien de temps?
M. Bourbeau: M. le Président, jusqu'à 23 h 5, je
serais d'accord personnellement.
M. Dufour: Si vous n'êtes pas trop long dans vos
réponses, je ne serai pas trop long dans mes questions. Si vous ouvrez
les portes, je vais entrer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Avez-vous fait des représentations, puisque les
municipalités en ont demandé... Elles se plaignent de temps en
temps et elles disent que le gouvernement devrait être un contribuable
à part entière et que sa quote-part monte à 100 %. Cette
année, avez-vous fait des représentations dans ce
sens-là?
M. Bourbeau: M. le Président, le député
devrait savoir que je ne suis pas autorisé à dévoiler les
discussions qui peuvent avoir lieu au Conseil des ministres, donc, au nom de la
solidarité ministérielle, je ne peux pas répondre à
cette question.
M. Dufour: Donc, si je comprends bien, vous n'avez pas fait de
représentations.
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas... M.
Dufour: Ah! non, non. C'est correct.
M. Bourbeau: Je regrette. Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Moi, c'est ce que j'ai compris!
M. Bourbeau: Je ne suis certainement pas
pour dévoiler au député le contenu des discussions
qui ont lieu au Conseil des ministres sur ces questions.
M. Dufour: Correct, correct. J'ai bien compris. Concernant les
contestations de comptes de taxes, je sais que Taxe-Action a fait un certain
nombre de plaintes pour la cassation d'un rôle d'évaluation. Si
cela se produisait, quelle serait votre position par rapport à cela?
M. Bourbeau: M. le Président, premièrement, la
question est hypothétique et, deuxièmement, il s'agit d'une cause
qui est devant les tribunaux et je pense qu'il ne sied pas de commenter une
cause qui est devant les tribunaux.
M. Dufour: Je ne parle pas d'un commentaire, je vous demande si
vous avez analysé cette question jusqu'à maintenant? Cela arrive
ce que je dis et c'est plublic: Taxe-Action fait des contestations, et on
essaie de faire casser le rôle.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président... M. Dufour:
Bon.
M. Bourbeau:... une action a été entreprise en cour
pour faire annuler les rôles d'évaluation de 1988 à la
CUM.
M. Dufour: Le ministre ou le ministère a-t-il eu le temps
d'examiner les conséquences que cela pourrait avoir par rapport à
l'effet d'entraînement, par exemple?
M. Bourbeau: M. le Président, le ministère
étudie continuellement la situation. Pour l'instant, je pense qu'il est
prématuré de tirer des conclusions. L'action vient à peine
d'être entreprise. On est très loin d'un jugement éventuel
et encore plus loin d'un jugement de la Cour d'appel. Je pense qu'il n'y a pas
lieu présentement de passer trop de temps à faire des simulations
là-dessus et on a amplement le temps de voir venir les choses.
M. Dufour: Mais vous êtes conscient du fait qu'une cause
comme celle-là qui commence peut prendre quelques années. Mais
cela laisse toujours un certain sentiment d'incertitude et cela peut aussi
amener un effet d'entraînement. Par rapport à ce qui se passe
là, s'il y avait un effet d'entraînement - c'est peut-être
hypothétique mais, dans les faits, c'est cela...
M. Bourbeau: M. le Président, on n'aura pas une
décision finale pour un dossier comme celui-là avant cinq ans
probablement ou même plus, comme votre adjoint me fait signe, si cela va
jusqu'en Cour suprême. Alors, à ce moment-là, l'effet
d'entraînement aura disparu parce que, quand la Cour suprême se
sera prononcée en 1990 ou en 1995, il serait assez surprenant qu'un
individu vienne attaquer le rôle de 1988 en 1995. Alors, je pense qu'il
n'y a pas trop à s'en faire là-dessus, M. le Président. Le
rôle de 1988 d'une autre municipalité, bien sûr.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il une ' autre
intervention?
M. Dufour: Je pense qu'on va respecter notre temps. Il y a
d'autres tribunes où on peut poser des questions ou examiner ces
dossiers. Le programme aura été examiné, mais il est
adopté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Le programme 3,
Évaluation foncière, éléments 1, 2, 3, 4 et 5,
est-il adopté?
M. Dufour: Sur division.
Adoption des crédits
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. L'ensemble des
crédits, les éléments 1 à 8 inclusivement, est-il
adopté?
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Dufour:... à cause d'un qui est sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division.
M. Bourbeau:... non pas les éléments 1 à 8,
mais les programmes.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse,
M. le ministre, vous avez raison. Ce sont les programmes 1 à 8.
Sur division, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y aurait des
brèves remarques de conclusion, M. le ministre?
Conclusions
M. Bourbeau: M. le Président, en terminant - je sais qu'il
est très tard - je tiens à remercier sincèrement les
membres de la commission, les députés de la partie
gouvernementale pour leur assiduité et leur intérêt, le
député de l'Opposition aussi, bien sûr, pour ses questions
toujours très intéressantes. Le député de
Duples-sis nous a malheureusement quitté pour d'autres lieux. M. le
Président, je vous remercie pour votre grande sagesse et votre
impartialité, de même que les gens qui vous accompagnent.
Finalement, vous me permettrez de remercier tous les fonctionnaires qui m'ont
accompagné tout au long de cette journée et les membres de
mon cabinet pour les précieux conseils qu'ils m'ont
donnés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je dois seulement dire qu'on ne peut pas prêter
attention au député de Duplessis. Il paraît qu'on n'a pas
le droit de faire de remarque quand quelqu'un n'est pas là. J'avais
déjà été rappelé a l'ordre parce que j'avais
dit une fois que le ministre des Affaires municipales n'était pas
présent à l'Assemblée nationale et qu'il était en
voyage. J'avais été rappelé à l'ordre. Je n'avais
pas le droit de faire allusion à cela. Je suis convaincu que, si le
député de Duplessis a quitté, c'est sûrement pour de
bonnes raisons.
Je voudrais aussi dire que la journée a été
instructive. Si ce sont les adieux du ministre, je peux lui dire que je
commençais peut-être à m'habituer à lui. On va
peut-être finir par sortir certains éléments. C'est
évident qu'il y a des dossiers qui sont en évolution et qui vont
sûrement amener des contestations, encore. Je pense que cela fait partie
de la vie.
Moi aussi je voudrais remercier tous ceux qui ont participé
à la commission. Il y a des questions et des réponses, même
si elles sont imparfaites et même si elles ne satisfont pas
nécessairement l'Opposition, je pense que, de ce
côté-là, il faut s'accepter comme on est.
Le Président (M. Saint-Roch): Avant de clore nos
débats, j'aimerais rappeler aux membres de la commission que nous
reprendrons nos travaux demain matin à 10 heures, dans cette salle, pour
procéder à l'étude des programmes 9 et 10.
Sur ceci, la commission ajourne ses travaux jusqu'à 10 heures,
demain matin.
(Fin de la séance à 23 h 7)