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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, bonjour. La commission de l'aménagement et
des équipements se réunit ce matin afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires municipales, les programmes 9 et 10, pour
l'année financière 1988-1989. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, hier, à l'ouverture
de l'étude des crédits pour le ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation, j'ai prononcé une allocution d'ouverture
qui touchait à la fois le secteur des affaires municipales et le secteur
de l'habitation, ainsi que celui de la Régie du logement. Je n'ai donc
pas à répéter, ce matin, les propos que j'ai tenus, mais
je n'aurais absolument aucune objection à ce que le critique de
l'Opposition, quant à lui, fasse valoir son point de vue. D'ailleurs,
même si j'en avais, M. le Président, je pense que cela ne
changerait absolument rien.
Le Président (M. Baril): Merci. Avant de donner la parole
au député de Shefford, est-ce que vous avez des remplacements, M.
le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Charbonneau
(Verchères) est remplacé par M. Paré (Shefford) et M.
Thérien (Rousseau) est remplacé par M. Cusano (Viau).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Baril): Merci. Nous allons commencer avec
le programme 9. Excusez-moi, est-ce que vous avez des commentaires, des
remarques préliminaires?
M. Roger Paré
M. Paré: J'ai quelques remarques préliminaires,
même si je n'ai pas eu lé plaisir d'entendre le ministre, hier,
dans son allocution d'ouverture. J'ai quand même pris connaissance du
texte de sa déclaration. Je dois vous dire qu'à l'écouter,
il n'y a pas de problème dans l'habitation; c'est de toute
beauté. Sauf que je vais donner une autre version, qui est probablement
le côté le plus réaliste des choses. C'est bien sûr
que le ministre ne peut pas s'apercevoir qu'il y a des problèmes quand,
pour lui, cela se limite plus à des inaugurations de condos à 250
000 $ ou à 1 000 000 $. C'est plus facile de dire que cela va bien quand
on refuse de rencontrer les groupes qui ont des problèmes. Donc, couper
un ruban pour un codominium sur le mont Royal, c'est sûr qu'on voit la
vie en rose, sauf qu'il faudrait se retourner vers certains quartiers et aller
rencontrer les gens qui demandent à être entendus pour
s'apercevoir que c'est un peu différent.
À écouter le ministre, tout se fait depuis le 2
décembre 1985, rien n'a été fait avant et tout va bien
pour l'avenir. Je vais faire un court historique, très rapidement. Ce ne
sera pas la première fois, mais il faut répéter souvent
parce que le ministre dit toujours la même chose, même si, à
mon avis, très souvent, cela ne tient pas debout.
Je veux seulement rappeler qu'entre 1970 et 1976, sous l'ancien
gouvernement libéral, il n'y a eu aucun nouveau programme; il ne faut
pas oublier cela. Le seul programme d'aide au logement qu'il y avait, qui avait
été amené par M. Duplessis, il a été aboli.
C'était le bon geste du gouvernement libéral de ce
temps-là. Et, en ce qui concerne la construction des HLM, qu'on regarde
les chiffres officiels, on va s'apercevoir qu'il ne s'en était pas
créé énormément. Oui, il s'en faisait, mais il
aurait pu s'en faire plus si on avait eu une véritable politique, une
véritable détermination d'aider les gens dans le besoin.
Il serait peut-être bon de rappeler au ministre ce qui a
été fait entre 1976 et 1985. Cela va peut-être lui donner
des idées pour être capable d'avoir une véritable politique
d'habitation, à un moment donné. Une énumération
très rapide des programmes que nous avons mis sur pied au moment
où nous étions là. Il y a le programme Accès
à la propriété, un programme qui a été
aboli, sauf que, heureusement, dans le discours d'ouverture, le ministre parle
de le ramener, avec peut-être quelques modifications, mais on parle de le
ramener, alors que le ministre l'avait dénoncé. Ce programme a
permis à un grand nombre de Québécois de devenir
propriétaires. Je pense que c'est important.
Il y a eu des programmes comme Équerre, Loginove, Logirente, pour
les personnes âgées, Corvée-Habitation, Logipop pour les
coopératives. C'est grâce à nous si les groupes de
ressources techniques ont été mis sur pied, grâce aux
programmes qu'on a amenés vers la fin des années soixante-dix. On
a construit beaucoup plus de HLM qu'au cours des années
précédentes, et beaucoup plus que ce qui se fait
présentement. C'est nous qui avons modifié la Loi sur la
Régie du logement en lui donnant des pouvoirs additionnels pour
être capables d'amener vraiment une conciliation et d'aider les gens qui
ont des problèmes, spécialement les locataires.
Ce que nous avons fait aussi - c'est pour terminer un peu la
nomenclature, mais c'est aussi pour répondre un peu aux pVopos du
ministre à la fin de son discours, quand il nous laissait entendre
qu'heureusement qu'il est arrivé parce
qu'il ne se faisait rien - en plus de tous les programmes que j'ai
énumérés et la construction dans les HLM, les
coopératives et les organismes sans but lucratif, on avait
créé un ministère avec un véritable ministre
responsable qui se préoccupait de l'habitation comme telle. Probablement
que si on en avait eu un, depuis le 2 décembre, les programmes de
garantie pour les maisons neuves et la rénovation seraient probablement
en vigueur parce que nous avons adopté la loi en juin 1985, pour
être capables de protéger les acheteurs de maisons neuves et ceux
qui font rénover leur maison. Je pense que personne n'a le temps de s'en
occuper. En fait, sa priorité, ce n'est pas encore là, c'est
toujours en attente. Il s'agirait de le mettre en application, mais ce n'est
pas encore fait.
On avait fait une consultation. Même si cela amène de la
critique, même si ce n'est pas facile, la consultation, la discussion, le
dialogue, on n'avait pas peur de cela et on avait sorti le livre vert Se
loger au Québec, qui avait amené une large consultation.
Qu'est-il arrivé depuis le 2 décembre? On s'est rendu compte que
la consultation, ce n'était pas le fort du ministre. C'est bien plus
facile de s'entendre avec des "chums", de discuter entre nous et de
préparer des petites politiques dans un groupe très restreint.
C'est de cette façon que cela fonctionne depuis le 2 décembre.
Entre "chums", les discussions vont toujours mieux. Il y en a moins, ensuite,
on essaie d'imposer et on est obligés de revenir, comme on a vu, avec la
levée du moratoire, à quel point on est obligés de changer
un projet presque intégralement parce qu'on se rend compte, lorsqu'on
discute avec les gens, que ce qu'on propose est inapplicable et qu'il faut tout
chambarder.
Mais il y a eu des abolitions, un peu comme entre 1970 et 1976. Bien
là, on abolit les programmes. On abolit Accès à la
propriété, Équer-re, Loginove, Corvée-Habitation.
On est en train d'abolir Logipop à la pièce ou, du moins dans son
fonctionnement, en s'attaquant au GRT, en ayant moins d'unités qui sont
réalisées chaque année. C'est bien facile, on coupe. On
abolit le ministère. Premier geste important, finalement, on abolit le
ministère et les gens vont dire ensuite que l'habitation est quelque
chose d'important pour eux. On diminue les budgets. On diminue la construction
des HLM, 34 % de moins en 1987 par rapport à 1986; 50 % dans les
réalisations de HLM. On annonce déjà... C'est
déjà commencé, 25 % cette année. On va y revenir
lors de l'étude des crédits par programme. On abolit ensuite
l'aide aux groupes de ressources techniques. Comment peut-il y avoir des
coopératives quand on est en train d'enlever ceux qui amènent
l'esprit et le développement des coopératives d'habitation? En
1987, en plus, on réussit, durant l'Année internationale des
sans-abri, à périmer 33 000 000 $ dans ce ministère. C'est
quand même presque incroyable.
Et à venir, maintenant. Quand on regarde le livre des budgets,
quand on écoute le discours d'ouverture du premier ministre, quand on
regarde les gestes qui sont posés, on se dit qu'on a des bonnes raisons
d'être inquiets. Quand on regarde dans le livre, au départ, on
s'aperçoit que pour la Société d'habitation du
Québec, les crédits à voter passent d'environ 213 500 000
$ en 1987-1988 à 202 000 000 $. Une diminution de 11 300 000 $. Donc,
diminution encore une fois pas très encourageante.
L'annonce du premier ministre. Le premier ministre a dit qu'il y aurait
une politique d'habitation et un programme d'accès à la
propriété. C'était dans le discours d'ouverture. Moi,
comment je prends l'annonce de la politique d'habitation? Premièrement,
cela fait tellement longtemps qu'elle est annoncée et qu'elle ne vient
pas et qu'il n'y aura pas eu de consultation encore, on va en avoir
parlé juste entre "chums", en cachette. Cela va sortir à un
moment donné. Sauf que même si on en parle depuis un an et demi,
il n'y a pas eu de discussion là-dessus. Il n'y a pas eu de
tournée. Tout ce qu'on sait, c'est que cela va venir. Même qu'on a
vu un document, dont on va probablement parler largement aussi, de la
Société d'habitation du Québec sur des orientations qu'il
y a là-dedans, qui, de toute façon, sont publiées et dont
on a déjà entendu parler.
Mais moi, quand je vois venir la politique, je me rends compte d'une
chose. C'est tout simplement le fonctionnement normal du premier ministre
actuel et du gouvernement actuel. Je dis que si la politique d'habitation s'en
vient, c'est que le ministre s'en va. Je ne dis pas que je suis contre,
absolument pas. Mais si la politique s'en vient, c'est que le ministre s'en va.
Je vais vous expliquer comment. On le voit dans tous les ministères. On
le voit dans tous les grands débats de l'heure au Québec. On a
annoncé, on a dit qu'il y aurait des grandes choses, des
améliorations. Il y a des dossiers qui deviennent de plus en plus
chauds, de plus en plus importants. À titre d'exemple, la politique
linguistique et la politique de la famille. Comment le premier ministre a-t-il
réussi à faire pour ne pas qu'il y en ait, pour ne pas que cela
se réalise, pour ne pas que cela se concrétise, pour que cela
demeure latent? Probablement pour qu'on en fasse des promesses, des engagements
qui ne seront probablement pas tenus aux prochaines élections. C'est de
changer le responsable. Donc, concernant la famille, à l'automne, le
dossier était chaud. Les gens exigeaient qu'il y ait une politique de la
famille. C'était mûr. La réflexion s'était faite
depuis plusieurs années. Il n'y avait plus de consultation. De toute
façon, la consultation avait eu lieu. On savait ce qui devait être
fait. Ce qu'a fait le premier ministre, c'est bien simple. Il a enlevé
le dossier de la ministre responsable pour le donner à un autre qui a
dit: Écoutez, vous allez me donner le temps maintenant de me faire une
idée là-dessus, d'étudier le dossier, de recommencer la
consultation et
d'aller voir les gens. Très bonne façon, moyen très
facile de ne rien faire. On change le joueur, on donne le ballon à un
autre et on dit: C'est encore pendant un an ou deux qu'il faut consulter. Ils
ont fait cela avec la politique de la famille; ces gens viennent de faire la
même chose avec la politique linguistique. On enlève le dossier
à quelqu'un que cela n'intéressait pas beaucoup pour le donner
à un autre qui va devoir maintenant commencer à
réfléchir là-dessus, et c'est une bonne façon de ne
rien faire pendant un certain temps. On nous annonce une politique de la
famille, probablement pour qu'elle ne soit pas mise en application. Oui, ils
vont probablement en déposer une, mais pour ne pas qu'elle soit mise en
application, on va donner la balle à un autre et on va dire: II faut au
moins que le coureur se fasse un peu les muscles, qu'il aille voir les gens,
qu'il questionne, qu'il s'interroge et qu'il réfléchisse. Le
temps que cela se fasse, on ne fera rien. La politique de la famille s'en vient
et le ministre s'en va; j'en suis pas mai sûr et je pense que cela ne
fera pas de peine à personne dans le domaine de l'habitation, sauf
peut-être à quelques amis.
Concernant la politique d'accès à la
propriété, c'est un peu la même chose. Il y avait un
programme et on l'a aboli. Je me rappelle les discours du ministre où,
finalement, cela aidait des gens qui n'en avaient pas besoin. Je dois vous dire
que s'il n'y avait pas eu cette politique, il n'y aurait probablement pas eu
tant de mises en chantier et la reprise économique ne serait pas si
accentuée au Québec, parce que c'est cela qui a été
le déclencheur de la reprise pendant la crise économique. Cela a
permis à des Québécois de devenir majoritairement
propriétaires. Si cela n'aidait pas les plus démunis, cela aidait
ceux qui avaient besoin d'un coup de pouce pour pouvoir accéder à
la propriété. C'est probablement le discours que vous allez tenir
quand la politique d'accès à la propriété qui nous
a été promise, si jamais elle est déposée cette
année, sera déposée. C'est dans le discours d'ouverture;
on doit être prêt à l'annoncer, du moins je l'espère.
On va probablement annoncer, encore une fois, un gros montant. Cela passe bien.
Cela paraît bien. On ne le retrouve probablement pas, on va en discuter,
dans les crédits qui sont déposés. Là, vous nous
arrivez avec un gros montant, un beau gros montant, à coups de millions
de dollars, pour nous dire qu'il y aura une politique, qu'on va annoncer
quelque chose d'important. Pourquoi ne l'annonce-t-on pas maintenant? Pourquoi
cela n'est-il pas prêt si on a l'intention de le faire? Non, cela va nous
arriver en cours d'année pour ne pas qu'on dépense tout l'argent
qui sera annoncé. Donc, on peut en annoncer bien plus étant
donné que, comme le PARCQ, on n'aura pas tout dépensé.
Mais on jouera sur les mots: engagé, utilisé, mis de
côté, en tout cas, on s'entendra là-dessus tantôt si
ça peut sortir clairement mais on peut annoncer n'importe quoi, il ne
sera probablement pas dépensé et même s'il l'était,
même si on arrivait avec 5 000 000 $, 10 000 000 $, 11 000 000 $ et
jusqu'à 11 300 000 $, ce sera juste de ramener à ce que
c'était l'année passée, sans indexation parce que, comme
je le disais tantôt, les crédits à voter sont d'une
diminution de 11 300 000 $. Donc, si c'est moins de 15 000 000 $ ou 20 000 000
$, je dois vous dire qu'on n'aura pas avancé beaucoup au niveau de
l'habitation parce qu'on sera à peine revenu au montant indexé de
l'année passée.
Je vais conclure parce que, malheureusement, mes vingt minutes
achèvent. Le beau discours qu'on entend, à savoir qu'il faut
aider les plus démunis et que c'est toujours pour les plus
démunis, je dois vous dire qu'à la lumière de ce qu'on a
vu depuis deux ans, les plus démunis n'ont pas été
très choyés. Écoutez-les parier... Je n'ai pas
l'impression qu'ils se sentent choyés non plus. Tout ce qu'on essaie de
faire sur le dos des plus démunis, c'est de la
récupération, un peu politique, mais surtout financière.
Avec le discours qu'on les aide, on fait le contraire. Ce n'est pas dans ce
seul domaine, mais, dans celui-là, c'est frappant.
Quand on regarde ce qui est sorti dernièrement, le document
d'orientations gouvernementales en matière d'habitation, je dois vous
dire ceci. Est-ce qu'on a un plus beau cas à savoir que ce qu'on essaie
de faire de l'autre côté, c'est de fesser sur les plus
démunis? Toujours les plus démunis, souvent parce qu'ils sont
moins bien organisés ou moins entendus, sauf que le rôle d'un
gouvernement c'est, avant tout, d'aider les plus démunis qui sont moins
organisés. Ils donnent moins à la caisse électorale, c'est
vrai, parce qu'ils n'ont pas les moyens, mais ce sont des gens qui comptent sur
les gouvernements justement parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens que nous
pour faire avancer leur cause et essayer d'améliorer leur sort.
Quand on regarde ce qu'on propose là-dedans, parce qu'il y a des
gens démunis qui vivent un peu mieux dans les HLM, dans les
coopératives d'habitation, on dit que ça n'a pas de bon sens, on
les aide trop. Donc, dans le fond, les HLM ou Ies coopératives sont
censés être pour les plus démunis de la
société, mais là on dit: On va les couper parce que
comparativement à d'autres plus démunis, ils ne sont pas les plus
démunis, donc, il faudrait les rendre comme les plus démunis de
la société. Est-ce comme ça qu'on va les aider? Parce que
quelques-uns sont un peu moins démunis, parce que l'aide que
l'État leur donne fait en sorte d'améliorer un peu leur sort, on
dit: Parce qu'on a amélioré leur sort par rapport à ceux
qui sont dans la misère, on va les ramener dans la misère.
Donc, l'aide aux plus démunis ce n'est pas de les aider à
s'en sortir, ce n'est pas de faire en sorte qu'on aide ceux qui sont
très mal pris à s'en sortir, mais on utilise les plus
démunis comme le barème, comme la base pour amener ceux qu'on a
aidés un peu plus à les aider moins
en justifiant l'équité par la base et non pas
l'équité par rapport, au moins, à un revenu moyen, au
salaire minimum, à un revenu décent, au seuil de pauvreté.
Ah, non! On ne réfère pas à des choses minimales dans la
société. On réfère aux plus pauvres. On dit
publiquement, c'est un beau discours qui se tient: Regardez dans les HLM, ces
gens sont presque choyés. L'aide qu'on leur donne n'a pas de bon sens.
On les aide trop. Je ne vous souhaite pas d'être obligés de vivre
la situation de ces gens qui sont dans les HLM parce qu'ils sont les plus
démunis de la société et qu'ils n'ont, comme seul revenu,
que l'aide sociale. C'est ce qu'on appelle l'existence, et non la belle vie, la
vie en rose. Je ne le pense pas.
Et on s'en vient dire à ces gens: On vous aide trop, vous
êtes choyés, vous coûtez cher à la
société. On va diminuer l'aide pour vous ramener à ce que
c'était. Je n'ai pas été très encouragé
quand j'ai entendu le vice-président de la Société
d'habitation du Québec venir dire: Non, ce n'est pas cela, on ne le fera
pas d'un seul coup, on va le faire progressivement. Je m'excuse, mais cela veut
dire que le principe est passé.
J'ai hâte de vous entendre là-dessus, M. le ministre, on va
y revenir largement au cours de la journée. Si c'est votre orientation,
arrêtez au moins de rire du monde et arrêtez de parler des plus
démunis et de l'aide que vous voulez leur donner. Cela veut dire que ce
que vous allez faire, c'est que ceux qu'on a aidés un peu comme
société, à qui on a permis d'avoir des revenus un peu plus
décents et des conditions de vie un peu plus acceptables, on leur
annonce tranquillement pas vite qu'ils vont redevenir comme ils étaient
avant, c'est-à-dire plus dans la misère. (10 h 30)
Donc, la bonne nouvelle c'est: Ceux qu'on a aidés, on va vous
aider moins et ceux qu'on n'a pas aidés, on ne vous aidera pas tellement
plus parce que nos politiques ne vont surtout pas dans ce sens quand on regarde
ce qui s'est passé lors de l'Année internationale des sans-abri
et ce qui se passe présentement avec la réforme de l'aide
sociale. Finalement, on n'aide pas plus de gens. On les aide moins, et on les
aide moins bien malgré le discours.
Dans votre discours, quand vous disiez: On aide plus de groupes, on aide
plus d'individus, il y a plus de logements ou de personnes qui sont
touchées, qu'on compare au moins la totalité des gens qui ont
été aidés dans le passé avec ceux qu'on aide
aujourd'hui. Quand on compare avec les programmes existants sans comparer avec
les programmes existants dans le temps, c'est bien sûr qu'il manque des
dizaines de milliers de cas qu'on ne compare pas. Donc, à l'heure
actuelle, on prend les cas du PARCQ. C'est cela qui grossit
énormément vos chiffres. Bien oui! 10 000, 16 000 logements, des
couples, des familles vont être aidés. Mais on ne revient pas
à Équerre, à Loginove, à d'autres programmes qui
existaient avant, qu'on a aidés. On ne compare pas parce que le PARCQ
n'existait pas. Donc, on ne met pas le substitut à ce qu'il y avait
avant. Donc, on compare cela avec rien pour dire qu'on aide plus. C'est
facile.
Ce qu'on sait, c'est ce qui se dit, ce que les gens vivent et les
chiffres en fin de compte. Quand on voit que les budgets diminuent, je dis que
c'est inquiétant. À l'heure actuelle, au gouvernement, le
ministre des Finances dit qu'on est en année de vaches grasses. Alors
qu'on est en reprise économique, on parle de stagnation,
malheureusement, ou même de mini-récession. Mais j'espère
que non, de tout mon coeur. Ce qu'on sait, c'est qu'au moment où l'on se
parle, économiquement, cela va bien. On est en période de vaches
grasses. Les revenus de l'État et les dépenses augmentent et
pourtant, en habitation, cela diminue. Pourquoi? C'est que l'habitation, ce
n'est pas important. On n'en fait pas une véritable
préoccupation.
On n'entend pas non plus le ministre parler au sujet d'une politique
globale de la famille alors que, nous, nous en avons parlé durant toute
l'année. Vous vous rappellerez la commission parlementaire sur la
levée du moratoire, comment nous disions que l'habitation c'était
important pour tous et spécialement pour les plus démunis, parce
que c'est là que le pourcentage ou revenu consacré à
l'habitation est le plus important. Cela va même jusqu'à 50 %, 60
%. Quand on parle d'une politique de la famille, on doit s'occuper du logement,
mais cela ne semble pas plus préoccupant que cela. Vous sortirez les
chiffres que vous voudrez, M. le ministre. Pour moi, ce qui compte, ce sont les
chiffres qu'on retrouve dans les crédits et qui nous montrent une
diminution.
Comme je vous le disais tantôt, j'ai hâte que la politique
vienne et j'espère, si cette politique a été faite
jusqu'à maintenant juste en petits groupes et en cachette au stade de
l'élaboration de la proposition qui a été discutée,
si elle l'a été et si elle va l'être au Conseil des
ministres, qu'il y aura au moins auprès de la population, avant qu'il y
ait mise en place de quelque politique que ce soit, une véritable
consultation. Sauf qu'au moment où on se parle, tout ce qu'il y a eu
comme chambardement dans le secteur de l'habitation, comme je vous le disais
tantôt: le ministère qui a été aboli, le moratoire
qui a été levé sur la transformation, les programmes qui
ont été abolis, les budgets qui diminuent, tout cela a
déjà été fait avant une politique globale de
l'habitation. Je dois vous dire que pour ce qui reste à décider
et à changer, la politique va certainement aller juste dans le sens de
ce qu'on retrouve, c'est-à-dire le libre marché et justifier les
coupures de programmes en se basant non pas sur un seuil minimum, un revenu
décent pour les plus démunis, mais en se basant plutôt sur
les plus démunis eux-mêmes, les plus démunis parmi les plus
démunis pour justifier qu'on n'en fasse pas beaucoup.
Pour les notes préliminaires, cela va être tout et on ira
ensuite globalement à l'ensemble des crédits et des programmes du
ministère.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Tout à l'heure,
j'ai passé mon tour, si je peux dire, mais je pense avoir droit à
une certaine réplique. Je suis étonné et pas vraiment
étonné des propos du député de Shefford. Je ne suis
pas étonné, parce que je suis habitué à sa
façon de voir les choses tout en noir. Et puis, je suis
étonné d'une certaine façon, parce que j'avais
pensé que le député aurait été suffisamment
impressionné par les réalisations du gouvernement en
matière d'habitation pour changer de discours. Mais je vois qu'on ne
réussira jamais à le convaincre et qu'il regarde toujours les
choses d'un seul côté, du côté le plus noir possible.
En l'écoutant tout à l'heure, il m'est revenu à la
mémoire une phrase de Boileau que vous me permettrez de citer, M. le
Président, dans "Le lutrin": Tant de fiel entre-t-il dans l'âme
des dévots? Je ne sais pas si le député de Shefford est un
dévot, mais pour ce qui est du fiel, je dois dire qu'il y en a beaucoup
qui transparaît dans ses propos.
M. le Président, nous ne voyons pas de ce côté les
choses de la même façon que le député de Shefford,
mais je présume que c'est le rôle de l'Opposition de tenter de
déformer l'information, de voir les dossiers sous l'angle le plus noir
possible pour essayer de projeter une mauvaise image du gouvernement et de
minimiser les efforts que nous faisons afin de régler les
problèmes d'habitation. Encore là, je présume que la
démocratie est à ce prix et, si c'est le prix qu'il faut payer
pour vivre en démocratie, j'aime autant entendre ce genre de discours,
même si je dois dire que cela me paraît particulièrement
inutile. J'aime autant l'entendre une journée ou plusieurs
journées entières plutôt que de me retrouver dans une
société où la démocratie ne serait pas à
l'honneur. Alors, je suis prêt à entendre le député
de Shefford, mais je me réserve quand même le droit de
réplique et je sais que le député de Shefford me le
permettra. Enfin, même s'il ne me le permet pas, M. le Président,
je vais quand même utiliser mon droit de parole.
Dans un premier temps, vous me permettrez de présenter les gens
qui m'accompagnent, aujourd'hui, pour l'étude des crédits en
matière d'habitation. À ma droite, M. Jean-Paul Ar-senault,
président-directeur général de la SHQ et M. Jean-Paul
Beaulieu qui est l'un des vice-présidents. Immédiatement
derrière moi, M. Jean-Louis Lapointe qui est l'un des nouveaux
vice-présidents de la Société d'habitation du
Québec. Je vais également en nommer certains autres. À ma
gauche, en arrière, Mme Louise Thibault, la nouvelle présidente
de la Régie du logement, M. Paul Angers - peut-être pourrait-il se
lever - directeur général de la gestion des programmes, M.
Raymond Baillargeon, directeur général du financement et de
l'administration, M. Marc Paradis, directeur général du
bâtiment, M. Jean-Pierre Gagnon, adjoint exécutif au
président-directeur général, ainsi que certaines autres
personnes-ressources: à ma gauche, Mme Marie-Claire Ouellet,
attachée de presse et, pour le bénéfice des membres de la
commission, M. Paul Rolland, directeur de cabinet du ministre ainsi que
quelques délégués du bureau du whip et du bureau du leader
qui étaient très offusqués, hier, parce qu'on n'avait pas
fait allusion à leur présence, et qu'on appelle
communément... le KGB!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais souligner aux
membres de la commission qu'effectivement, la Société
d'habitation du Québec ne fait pas toujours les mêmes choses de la
même façon. Cela semble étonner le député de
Shefford et je sens une certaine nostalgie dans les propos du
député de constater que nous évoluons. Effectivement, la
société évolue. Quand on dit évoluer, cela veut
dire faire les choses différemment ou faire des choses nouvelles. Et si
on décide et juge opportun de faire des choses nouvelles ou de faire les
choses différemment, évidemment, à l'occasion, il y a
certaines des choses qu'on faisait autrefois qu'on ne fait plus. Autrement, le
gouvernement deviendrait une machine énorme qui accumulerait de nouveaux
programmes sans laisser tomber les anciens ou ceux qui deviennent
désuets.
La société évolue, je ne sais pas si le
député de Shefford s'en est rendu compte. On s'en va vers une
société où, par exemple, les gens sont de plus en plus
âgés. Cela crée donc des situations nouvelles. Les
ménages ne sont plus aussi nombreux qu'autrefois, hélas! donc,
les besoins en logement sont différents. On doit faire plus de
logements, mais de moins grandes dimensions.
Le gouvernement a décidé de regrouper toutes ses
ressources en matière d'habitation dans un seul lieu, la SHQ; celle-ci
devient, maintenant, responsable d'un secteur qui est plus important
qu'autrefois. Par exemple, le ministre n'est plus responsable uniquement de
l'habitation sociale, nous avons donc également comme vocation tout le
secteur de l'habitation. Quand je vois le député de Shefford se
scandaliser du fait que le ministre a assisté à l'inauguration
d'un projet de construction privé, je ne comprends pas du tout pourquoi
il vient déchirer sa chemise en public et jouer les vierges
offensées, parce que le ministre encourage également l'habitation
privée. Le député de Shefford a voté pour la loi
37, si je me souviens bien, le printemps dernier, laquelle disait que la
société a pour objet
d'aviser le ministre sur les besoins, les priorités et les
objectifs de tous les secteurs de l'habitation au Québec. Si la
société a ce mandat, rien n'empêche que le ministre
lui-même n'attende pas les avis de la société et qu'il
aille se renseigner sur place.
M. le Président, on m'en fait un reproche, mais je dois dire,
quant à moi, que je trouve que je ne le fais pas assez. Je participe
beaucoup plus aux travaux de l'habitation sociale qu'à ceux de
l'habitation privée. Je devrais me faire un devoir de supporter
davantage par ma présence les projets privés et j'ai l'intention
de le faire.
Maintenant, parlant d'habitation privée, cela ne va pas si mal
dans ce secteur depuis que nous sommes là. Le député de
Shefford s'est bien gardé de dire qu'en 1987, en dépit du
très noir tableau qu'il nous a dépeint, nous avons connu au
Québec une année record, un record historique en ce qui concerne
les mises en chantier: 74 179 mises en chantier. On est très loin des 23
000 ou 24 000 que le Québec a connues en 1982 ou 1983 sous l'ancien
régime. La meilleure année après 1987, c'était -
vous l'avez deviné, Mmes et MM. les membres de l'Opposition -
l'année 1986, la deuxième meilleure année depuis les dix
dernières. Il y a eu 60 348 mises en chantier. Et si on veut trouver une
autre bonne année dans les derniers douze ou treize ans, il faut
retourner en 1966, la dernière année du régime Bourassa
où l'on avait eu tout près de 69 000 mises en chantier. Donc, les
trois meilleures années de mises en chantier au Québec au cours
des dernières quinze années, c'est la dernière
année du régime Bourassa avec 68 000 ou 69 000, la
première année du régime Bourassa, deuxième
manière, 60 000 et, finalement, l'année dernière. Donc, on
peut dire en résumé que, sous les gouvernements libéraux,
il semble que l'entreprise privée ait confiance en l'économie et
que les mises en chantier connaissent des sommets. Je dis bravo. Je suis
étonné, d'ailleurs, que le député de Shefford ne
l'ait pas mentionné dans son allocution.
Bien sûr, si on s'intéresse à toutes les formes
d'habitation, on s'intéresse en priorité à l'habitation
sociale. C'est, je pense, le rôle primordial de la Société
d'habitation du Québec. Dans ce sens-là, la société
évolue avec la conjoncture, avec la société. La
Société d'habitation du Québec évolue avec la
société québécoise. On a fait, pendant 20 ans, la
même chose au Québec. C'était facile l'habitation: on
faisait des HLM. On en faisait partout. On n'en faisait pas assez à
certains endroits et on en faisait trop à d'autres endroits. Je ne
cacherai pas qu'à certains endroits au Québec, dans les
régions rurales, il commence à y avoir une saturation de HLM. On
a des HLM qui ne sont pas remplis. Je dois dire que c'est un peu attristant de
voir qu'il y a des logements vacants dans certains villages du Québec
alors que dans des endroits comme Montréal et Québec, il y a des
listes d'attente très importantes.
Il faut donc trouver des façons d'être plus souple. Il peut
arriver à un moment donné que, dans un village, le HLM soit plein
mais que subséquemment, après quelques années, il y ait
des logements vides et qu'on n'ait plus de clientèle pour ces logements.
Donc, la formule des HLM, c'est une formule qui, d'une certaine façon,
manque de souplesse. Quand la bâtisse est là, on ne peut quand
même pas la déménager dans le village voisin pour aller
répondre aux besoins. Nous étudions des formes
diversifiées d'habitation et nous évoluons. La
Société d'habitation du Québec est présentement en
train de se diversifier. Nous allons offrir une gamme de produits
diversifiés pour répondre aux besoins nombreux et multiples de la
collectivité.
La société tente aussi d'être plus efficiente dans
ses résultats, autrement dit, de faire plus avec moins d'argent ou, en
tout cas, avec la même somme d'argent. Là encore, je ne vois pas
pourquoi on nous en ferait des reproches, et nous réussissons à
le faire. J'aimerais simplement rappeler qu'en janvier 1987, par exemple,
j'annonçais que près de 4800 ménages additionnels
bénéficieraient des retombées de l'entente-cadre
intervenue en 1986. Ces prévisions ont été
dépassées puisqu'on a rejoint 4922 ménages démunis.
Sur une base annuelle, en comparant avec la moyenne observée durant les
années 1980 à 1985, pour l'ensemble des programmes d'habitation
visant les démunis, c'est près de 39 % de plus de ménages
démunis qui ont été couverts par l'entente. Je pense que
c'est un progrès sensible en ce qui concerne l'aide que nous avons
apportée aux gens les moins fortunés de la société.
(10 h 45)
Avec la nouvelle entente fédérale-provinciale, on mise
beaucoup sur une efficience accrue, comme je le disais tout à l'heure,
afin de servir un plus grand nombre de ménages, et avec le même
budget. À titre d'exemple, j'aimerais souligner qu'avec le nouveau
programme que nous avons mis en vigueur l'an dernier, qui est le
Supplément au loyer, nous avons réussi à rejoindre 922
ménages de plus, des ménages démunis, des familles
démunies, sur le marché locatif privé. C'est dire qu'avec
cette formule de supplément au loyer sur le marché locatif
privé, nous pouvons rejoindre plus de ménages qu'avec les HLM
traditionnels et avec une plus grande souplesse, bien sûr, puisque si
jamais il arrivait qu'un jour, dans un quartier donné ou dans une ville
donnée, il n'y ait plus de clientèle pour les HLM, plutôt
que d'être pris avec les HLM, on peut déménager
d'unité dans le village voisin, avec un supplément au loyer. On
peut donc se rendre, avec ces unités de supplément au loyer,
là où la clientèle est et non pas l'inverse. Je pense que
la SHQ s'est inscrite à l'enseigne de la diversification et à
l'enseigne de l'efficience. Je ne vois pas pourquoi on pourrait lui en faire
grief.
Le député nous parle d'une politique
d'habitation qui viendrait. Le député commence à
avoir peur que la politique s'en vienne et il commence à tenter
d'amoindrir les effets, bénéfiques pour le gouvernement et
maléfiques pour l'Opposition, bien sûr que pourrait avoir
l'annonce d'une politique d'habitation et des bonnes nouvelles qu'elle pourrait
transporter. Et, c'est de bonne guerre pour le député de tenter
d'avance de mettre un genre de couvercle sur la marmite, pour diffuser un peu
l'impact que cela pourrait avoir auprès du public. Mais je dirai au
député d'être patient encore un peu. C'est vrai qu'on l'a
annoncée à quelques reprises mais une politique d'habitation ne
s'improvise pas du jour au lendemain. Cela demande beaucoup de
réflexion.
Contrairement à ce que le député a dit, il s'est
fait énormément de consultation sur cette question-là,
depuis quelques années, au Québec. L'ancien gouvernement en a
fait. Nous avons hérité des mauvais coups comme des bons coups de
l'ancien gouvernement. Et nous ne sommes pas assez stupides pour mettre au
panier les documents qui étaient bien faits. Donc, nous avons
utlisé bien des renseignements qui avaient été
colligés avant que nous arrivions; nous avons poursuivi des
études; nous avons poursuivi des consultations. L'été
dernier le député était présent lors des
consultations qui ont mené à l'adoption de la loi 87 et je pense
que, finalement, nous avons amplement consulté et il est temps
maintenant de passer à l'action.
Et c'est assez étrange de voir que quand on consulte, on nous en
fait le reproche. On nous dit: Vous consultez toujours, mais vous ne
décidez rien. Et quand on décide, on nous dit: Vous improvisez;
vous devriez consulter davantage. Bref, on n'est jamais satisfait. Encore
là, cela fait partie du jeu politique, je présume. Quant à
moi, je pense que le temps de la consultation est maintenant révolu et
le député aura l'occasion, bientôt j'espère, de
prendre connaissance de ce que sera une véritable politique d'habitation
pour le Québec. Et je suis content de dire qu'en à peu
près deux années, nous aurons réussi à faire
connaître ces orientations-là, en soulignant que l'ancien
gouvernement n'y était pas parvenu après neuf ans d'exercice du
pouvoir.
Bref, M. le Président, c'est à peu près l'essentiel
des propos que je voulais tenir à ce moment-ci. Et, bien sûr, je
me réserve le loisir de revenir tout à l'heure au fur et à
mesure que se déroulera l'étude des crédits pour apporter
un complément de réponse aux questions que pourra soulever le
député de Shefford.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres membres qui aimeraient faire des
interventions ou remarques préliminaires?
M. le député de Shefford, très
brièvement.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, très brièvement, pour dire que
je ne suis absolument pas choqué que vous assistiez à des
inaugurations dans le secteur privé. Ce que j'ai dit, c'est que vous
devriez aussi aller un peu plus chez les groupes qui vous invitent. J'ai eu
connaissance qu'il y avait eu plusieurs groupes qui vous avaient invité
à des rencontres sur des sujets concernant les plus démunis. Vous
avez refusé. Et je me suis ramassé très souvent -
spécialement à Montréal, un peu à Québec -
dans des rencontres où j'étais plutôt avec des
députés qui avaient décidé de se présenter
et à qui vous aviez demandé de prendre votre place dans des
débats qui étaient importants à propos dossiers qui
concernaient les plus démunis.
En revenant aux plus démunis, je vais simplement vous rappeler
que ce que vous dites, c'est comme si tout allait bien pour eux et que les
situations étaient moins difficiles, alors que c'est le contraire. Il
faut aussi être réaliste. Depuis 1981 les revenus ont
augmenté beaucoup moins rapidement que le coût des loyers. Cela
veut dire que les gens démunis sont plus dans la misère
maintenant qu'ils ne l'étaient en 1981. Il faut faire attention quand on
semble dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Il y a des dizaines
et des dizaines de milliers de citoyens qui ont plus de misère
maintenant qu'ils en avaient en 1981 à cause de l'augmentation du
coût des loyers et de leur revenu qui lui, n'a pas augmenté.
Vous dites qu'il y a des programmes qui ont été abolis.
Qu'il y ait des nouveaux programmes, qu'on modernise les plans d'action, je
suis tout à fait d'accord. Ce que je dénonce c'est que les
programmes que vous avez abolis, vous ne les remplaciez pas ou, si vous les
remplacez, vous les remplacez par des programmes moins bons. C'est cela qui est
inquiétant. Vous parlez des HLM comme si c'était maintenant une
bête noire: qu'il n'y en avait plus et que cela n'avait que des mauvais
côtés. Vous qui singez l'Ontario comme si elle détenait le
monopole de la vérité, de l'excellence et de tout, n'oubliez pas
que les Ontariens construisent davantage de HLM parce que c'est un acquis
collectif et qu'en même temps cela répond à un besoin
spécifique. Il serait temps de regarder cela. Eux aussi ont ouvert la
catégorie des personnes admissibles aux personnes seules de moins de 40
ans au lieu de les bloquer comme vous faites et de vouloir en bloquer encore
davantage. Ces derniers ouvrent alors que vous fermez. Oui, je suis heureux que
la situation de la construction, en 1977, ait été
celle-là, à cause de la conjoncture économique très
favorable. Ce qui m'inquiète, ce n'est pas que cela ait bien
été en 1987, c'est que vous n'ayez pas annoncé grand-chose
pour les années après 1987, alors qu'on sait qu'il y aura un
ralentissement. C'est déjà prévu; tout le monde le sait;
tout le monde le dit. Qu'est-ce qu'on
fait, nous, comme société? On attend béatement, et
c'est cela qu'on dénonce dans votre rôle. J'espère que vous
allez nous déposer - et je vous le demande - les tableaux comparatifs
relativement aux logements, aux groupes aidés et aux personnes
aidées, de ce qui s'est passé depuis neuf ans, depuis 1981, pour
qu'on s'aperçoive qu'on compare l'ensemble des ménages que vous
aidez présentement avec une partie des ménages qui ont
été aidés dans les années
précédentes.
En concluant, pour ce qui est de la politique de l'habitation, je dois
vous dire que j'ai hâte qu'elle vienne. Cela fait deux ans qu'on la
demande. J'ai hâte que la consultation qui a eu lieu sur le livre vert
donne des aboutissements concrets et le plus vite possible. Donc, je ne la
dénonce pas. Ma crainte, c'est que cela soit un peu comme le PARCQ, un
programme, parmi ceux que vous dites qu'il faut améliorer, qui n'a pas
amélioré grand-chose. C'est un programme qui est
dénoncé par tout le monde et encore par les municipalités.
Entre autres, je pourrais vous sortir des coupures de journaux, et on va
certainement les sortir tantôt; l'Union des municipalités du
Québec dit encore que c'est inacceptable. Je pourrais vous sortir des
journaux qui datent de moins de quinze jours ou trois semaines. Il faut
arrêter de vanter et de vanter des choses qui ne fonctionnent pas. Vous
pouvez penser que cela va bien. Vous pouvez dire que cela va bien. Mais ce
n'est pas ce que les gens disent dans le milieu. Absolument pas. C'est
dénoncé par tout le monde. Je n'applaudirai pas à des
programmes qui sont dénoncés par tout le monde. Je ne suis pas
là pour cacher la vérité et surtout pas pour applaudir
à des choses que je ne partage pas.
Société d'habitation du
Québec
Le Président (M. Saint-Roch): Cela dit, je vais maintenant
appeler le programme 9, Société d'habitation du Québec. M.
le député de Shefford.
Budget
M. Paré: On va commencer par la diminution du budget. Il y
avait aux crédits 1987-1988 un montant de 213 468 300 $. Ce qu'on nous
demande de voter maintenant, c'est 200 281 000 $, une diminution de 11 300 000
$, soit 5, 2 %. Comment, M. le ministre, pouvez-vous justifier une diminution
semblable de 5, 2 % sur des budgets globaux et des crédits à
voter, alors que tous les autres ministères augmentent et que les
dépenses gouvernementales globales augmentent, que les dépenses
de tous les ministères sont plus considérables? On a beau tenir,
de l'autre côté, tous les beaux discours sur l'aide aux plus
démunis, une façon tangible d'aider les plus démunis,
c'est l'habitation. On sait que c'est une façon tangible. On sait que
c'est important. On sait que l'habitation, c'est une préoccupation
majeure. Comme je vous le disais tantôt dans mon discours d'introduction,
les plus démunis consacrent jusqu'à 60 % de tous leurs revenus
simplement pour se loger. On dit qu'on veut aider les plus démunis et
pourtant, alors que, dans tous les autres ministères, il y a une
augmentation, ici il y a une diminution. Il n'y a même pas un maintien.
Si c'était un maintien, ce serait déjà négatif
parce que cela voudrait dire qu'on n'indexe même pas, alors qu'on sait
que l'inflation est au-dessus de 4 %. On n'indexe pas et on coupe. Donc, si
c'est, disons, à 4, 4 % et qu'on coupe de 5, 2 %, c'est donc une
diminution de 9, 6 % à peu près, presque 10 % de diminution en
habitation.
Comment pouvez-vous justifier cela, dans une année de vaches
grasses, comme le dit le ministre des Finances? Pourquoi, en habitation ne
trouve-t-on pas les moyens d'augmenter au moins selon le pourcentage du
coût de la vie? Comment se fait-il que vous défendiez cela au lieu
d'aller au Conseil des ministres défendre l'Habitation comme une
priorité? Comment peut-on justifier cela et comment pourrait-on
justifier cela dans une politique globale d'habitation qui devrait être
déposée cette année? Est-ce que cela veut dire que ce sera
déposé et discuté mais que rien ne sera mis en place ou
que cette politique-là va venir, comme cela s'est fait depuis deux ans,
couper des programmes et de l'aide, donc, moins d'aide? Si on amène une
politique et qu'on ne met aucun sou, au contraire, qu'on en enlève dans
les crédits à voter, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire
que cette politique-là n'amènera aucune aide
supplémentaire à aucun groupe, que ce soient les plus
démunis, les personnes âgées, par toutes sortes de
programmes, en améliorant Logirente, en augmentant le nombre de
personnes admissibles, en amenant cela à 55 ans ou par tous les autres
moyens qui pourraient être envisagés? Comment se fait-il qu'une
politique qui devrait être déposée cette année ne
justifie pas que, dans le budget, il y ait des sommes prévues pour
appliquer certains programmes ou, en tout cas, certaines formules d'aide qui
pourrait être apportée aux plus démunis?
J'ai entendu M. le ministre, dans son discours de réplique,
parler encore des plus démunis: On va s'attaquer à cela et on va
essayer de les aider. Mais les budgets sont coupés, la politique est
supposée être annoncée, mais il n'y a pas d'argent de
rajouté là-dedans. Comment expliquez-vous une diminution de 11
300 000 $, 5, 2 % de moins, dans les crédits à voter pour
1988-1989 comparativement à 1987-1988?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, c'est
facile pour le député de dire: Le gouvernement passe d'une
année à l'autre et diminue les crédits d'une année
à l'autre. Dans l'élaboration des budgets, il faut quand
même tenir compte de
chiffres qui sont comparables. Parfois, on a un budget d'une
année qui est voté, disons, à 200 000 000 $ et on termine
l'année avec 185 000 000 $ de dépenses, cela arrive à
l'occasion. Évidemment, dans l'année suivante, il faut tenir
compte des dépenses qu'on a faites. Autrement dit, il faut comparer le
budget d'une année suivante avec le réel de l'année
précédente pour avoir des chiffres qui se comparent. Quand on
compare budget avec budget, évidemment, parfois, cela ne veut
strictement rien dire si le budget de l'année précédente
n'a pas été réalisé comme tel. Quand on veut
planifier de façon correcte, on tente d'avoir le chiffre des
dépenses réelles de l'année précédente pour
savoir ce que cela a coûté réellement et là, on
regarde ce qu'on prévoit comme budget pour l'année suivante.
Regardons ce qui a été ou ce que sera le budget des
dépenses réelles pour l'année 1987- 1988. Là, on
voit que le budget proposé n'est pas une diminution mais une
augmentation. On prévoit dépenser, pour l'année 1987-1988,
je parle uniquement des fonds provenant de la SHQ et non pas du budget... Parce
que la SHQ a des fonds qui proviennent en partie du gouvernement du
Québec et en partie du gouvernement du Canada. Parlons uniquement des
fonds du Québec. Pour l'année 1987-1988, on prévoit
dépenser 182 223 000 $ et le budget, pour l'année 1988- 1989,
sera de 205 000 925 $. Il s'agit donc non pas d'une diminution, mais d'une
augmentation de 23 000 000 $.
Bien sûr, là-dedans, il y a des postes qui augmentent, les
nouveaux programmes augmentent, par exemple. Qu'on parle du Supplément
au loyer, par exemple, évidemment, cela augmente. Qu'on parle de
Logirente qui augmente, qu'on parle du PARCQ qui augmente, ce sont des budgets
en hausse. Qu'on parle des budgets qui sont en voie ascendante. Par contre, il
y a d'autres programmes qui sont en voie descendante. Il y a la garde montante,
autrement dit, et la garde descendante. Alors, ce qui descend, on comprend que
Loginove descend. Le député sait fort bien que le gouvernement
avait une façon de financer l'ancien programme Loginove telle que les
dépenses se finançaient sur cinq ans. On fait la même chose
avec le PARCQ d'ailleurs: les dépenses sont engagées une
année et le gouvernement paie sur une période de cinq ans. (11
heures)
On a encore des dépenses pour Loginove, on passe de 39 600 000 $
à 31 300 000 $. Donc, le gouvernement dépense moins pour
Loginove, ce qui fait baisser le budget. C'est la même chose, par
exemple, pour les anciens programmes PAAPR, Corvée-Habitation,
Équerre, Logipop, ces programmes sont en diminution. L'an dernier, on
avait au crédit, au budget 1987-1988 tel que modifié, 28 900 000
$ pour ces programmes. Cette année, nous avons au budget 19 300 000 $.
C'est donc dire que ce sont des programmes qui coûtent moins cher au
gouvernement.
Tout cela fait que, d'une année à l'autre, il y a des
coûts qui sont en moins dans des programmes et d'autres qui sont en plus.
Le député ne peut pas affirmer que nous dépensons moins en
matière d'habitation. Je dis au député que nous
prévoyons dépenser cette année, pour l'année qui
vient... M. le Président, je fais une correction. Je crois que j'ai dit
205 000 000 $, ce sont 203 200 000 $ cette année, pour le budget
1988-1989, alors que le budget réel de l'année
précédente, l'année qui se termine, est de 182 200 000 $.
Donc, il y a augmentation du budget par rapport aux dépenses
réellement encourues au cours de l'année qui se termine.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je ne sais pas si le ministre voulait absolument
avoir une médaille du président du Conseil du trésor en
disant qu'il lui a remis un gros montant. On vient justifier qu'on va avoir 11
300 000 $ de moins à dépenser cette année que l'an
passé, c'est ce que cela veut dire. On ne parle pas de chiffres fictifs.
On parle de chiffres qui apparaissent dans les budgets, donc les mêmes
documents. On parle toujours des mêmes affaires. D'une année
à l'autre, on compare les montants prévus avec des
dépenses qui étaient prévues l'an passé par rapport
aux dépenses qui sont prévues pour cette année. On compare
les mêmes chiffres.
C'est clair et net que ce qu'on retrouve dans le budget, ce sont presque
214 000 000 $ qui étaient prévus l'an passé et là,
on tombe à 202 000 000 $. La volonté politique était de
faire de l'habitation quelque chose d'important là, on se retrouve avec
des prévisions à la baisse. Vous me dites: On a moins
dépensé. Et vous ramenez cela à des programmes abolis.
Je sais que les gens de la Société d'habitation du
Québec font un bon travail. Donc, je ne mettrai pas cela sur le dos des
gens qui sont là pour calculer. Sauf que, quand vous me dites: Oui, mais
n'oubliez pas qu'il y a des programmes, comme Équerre, le reste, par
exemple, de Corvée-habitation et tout cela, qui vont en diminuant. C'est
évident que cela va en diminuant. Mais, entre nous, est-ce qu'il y a
quelque chose qui a été plus connu que cela? Les programmes
étaient finis. Les calculs avaient juste à être faits et
les prévisions étaient aussi claires et nettes à ce
moment-là puisque ce ne sont pas des programmes qui continuaient. Ce
sont des programmes qui s'achevaient. Donc, comme c'était sur la fin, le
parachèvement, on pouvait effectivement prévoir globalement le
montant qu'on aurait à dépenser dans des programmes qui
étaient tout simplement en parachèvement. Qu'on ne mette pas cela
sur le dos des anciens programmes qui diminuent. Bien oui, ils diminuent! Ils
sont abolis. On a juste à payer le récurrent de cela et le
récurrent était connu. Donc, ce
n'est pas dans ces programmes qu'on a coupé.
Pour quelle raison n'en a-ton pas profité pour en donner plus
dans des programmes qui, eux, ne sont pas récurrents, qui sont vos
nouveaux programmes? Pour quelle raison dans PARCQ, qui est
dénoncé, on n'en a pas profité pour justement injecter ces
33 000 000 $ par des correctifs, par plus d'aide, par plus de
possibilités aux municipalités? Bien non. On a
décidé de périmer 33 000 000 $. C'est ce que vous
êtes en train de dire. Vous reconnaissez qu'on avait prévu 214 000
000 $ et on en a dépensé effectivement 182 000 000 $. On a perdu
33 000 000 $ dans ce ministère qu'on n'a pas dépensés
alors qu'on les avait. C'est l'argent qui était là pour
l'habitation et ce, dans cette Année internationale des sans-abri.
On parle des plus démunis, on est dans leur année,
l'année qui est supposée être importante pour eux,
où le gouvernement aurait dû faire des gestes concrets - et on va
revenir là-dessus tantôt - mais en faire beaucoup plus que ce qui
a été fait, au lieu d'en profiter parce qu'on a l'argent, on le
retourne au président du Conseil du trésor. On en retourne 33 000
000 $. Je trouve que cela n'a aucun bon sens. Aujourd'hui, le ministre, au lieu
de nous dire: Je suis au moins retourné chercher la même chose
pour en faire plus, alors qu'on peut mettre de nouveaux programmes, alors qu'il
y a une politique qui s'en vient, alors qu'il y a de plus en plus de
démunis, contrairement à ce qu'on pense, et qu'ils sont de plus
en plus dans la misère. Bien non, on se justifie en disant:
Écoutez, on en a dépensé moins l'année
passée, on n'a pas été capable de tout dépenser.
Là, il faut accepter maintenant que ce ne soit pas une diminution par
rapport à l'année passée, que ce soit une augmentation par
rapport à ce qu'on a dépensé, parce qu'on n'a pas assez
dépensé, parce qu'on n'a pas assez aidé. Cela pourrait
être dans tous les domaines: moins de HLM, moins de coopératives,
moins d'aide aux GRT, dans tout ce qui est social, dans tout ce qui est
responsabilisation par les citoyens qui veulent se prendre en main, parmi les
plus démunis. On aide moins et on s'en vient dire: Écoutez, on
n'a pas tout dépensé l'année passée, c'est la
preuve qu'on en a moins besoin. Je trouve que ce n'est pas une grosse
préoccupation qu'on a des plus démunis et de l'habitation en
général.
En plus, quand on regarde le livre des crédits, je n'appelle pas
cela bien bien de la transparence, j'appelle cela plutôt de la
cachote-rie. Quand on regarde, dans les pages 3-10, 3-11, en ce qui concerne
les secteurs dont on va discuter aujourd'hui, je dois vous dire qu'on ne
retrouve pas grands détails. Deux petites colonnes avec quelques
chiffres, mais absolument rien en ce qui concerne les programmes comme tels.
Pour quelles raisons, cette année, on ne retrouve pas, comme dans le
passé, des comparaisons par rapport aux programmes? Pour quelles
raisons, et on va être obligés de vous le demander un par un et on
va vous le demander spécifiquement à part cela, pour quelles
raisons n'est-on pas capables de retrouver combien PARCQ par rapport à
l'année précédente? C'est combien Loginove par rapport
à l'année précédente? C'est combien tous les
programmes existants, Logiren-te, par rapport à l'année
précédente? On retrouve des pages qui auraient pu être
beaucoup plus pleines, le papier est là de toute façon. Pour
quelles raisons n'est-on pas capable de tout retrouver? En détail, tout
ce qu'on retrouve, finalement, à la page 3-12, Affaires municipales,
c'est: Subventions à la Société d'habitation du
Québec. Pour quelles raisons cela n'est pas tout en détail par
programmes? Comme cela n'est pas là, vous allez être obligé
de nous les donner parce que c'est indispensable, c'est essentiel pour tous les
membres de la commission, comme pour tout le monde, pour qu'on puisse au moins
parler de choses connues. Où est-ce qu'on a coupé? Où
est-ce qu'on n'a pas tout dépensé ce qu'on aurait dû
dépenser? Et où est-ce qu'on prévoit des diminutions par
rapport à l'année passée? Êtes-vous en mesure, M. le
ministre, de nous donner maintenant, pour chacun des programmes existants, les
plus importants, en tout cas, pour les HLM, Logirente, PARCQ, Logipop, le
Supplément au loyer, ce qui avait été prévu l'an
passé, ce qui a été effectivement dépensé et
ce qui est prévu pour 1988-1989? Êtes-vous en mesure de nous
donner ces chiffres ce matin?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau:... vous me permettrez de répondre à
certaines des questions du député de Shefford. Le
député de Shefford tente de faire croire que nous
dépensons moins en habitation au Québec cette année que
l'année dernière et, depuis que nous sommes là, moins que
l'ancien gouvernement. Je dis que c'est absolument faux. Il faut quand
même regarder les chiffres tels qu'ils sont. Je sais que le
député de Shefford est très fort en paroles, mais il
faudrait aussi, à un moment donné, qu'il sorte son crayon.
Regardons les faits réels, tels qu'ils existent. Dans l'année qui
se termine au 31 mars 1988, nous aurons dépensé en habitation en
tout, pour le gouvernement du Québec, en tout cas, la SHQ, les fonds
québécois, 182 200 000 $ et nous prévoyons
dépenser, dans l'année qui commence, 203 200 000 $. C'est donc
une augmentation de 23 000 000 $ par rapport aux dépenses que nous avons
faites au cours de l'année qui se termine. Si le député me
dit que c'est une diminution, là je n'y comprends absolument rien.
Maintenant, si on regarde les dépenses totales en habitation au
Québec, c'est-à-dire les dépenses que fait la SHQ dans une
année donnée, qui comprennent les fonds provinciaux et les fonds
fédéraux, bref, ce que nous dépensons sur
le territoire québécois en termes d'habitation, je vais
prendre les dépenses réelles quand je les ai, forcément
pour les années précédentes, et le budget de
l'année courante puisque, évidemment, on saura l'an prochain ce
que nous aurons dépensé. Alors, l'année 1986-1987, les
dépenses totales pour la SHQ: 297 900 000 $. C'est ce que nous avons
dépensé en tout, les fonds fédéraux et les fonds
provinciaux, en habitation sociale au Québec. Pour l'année qui se
termine maintenant, l'année 1987-1988, total: 316 900 000 $, une
augmentation de 6 300 000 $. Donc, on passe de 297 000 000 $ à 316 000
000 $. Pour l'année qui commence, notre budget total est de 374 900 000
$, c'est-à-dire une augmentation de 18, 3 % par rapport à l'an
dernier. Donc, je vous donne les trois chiffres des trois dernières
années: 297 000 000 $, 316 000 000 $ et 374 000 000 $. N'est-ce pas une
augmentation sensible des fonds qui sont dépensés au
Québec en matière d'habitation, qui sont tous gérés
par la SHQ? Tout cela se traduit en bénéfices pour les
Québécois en matière d'habitation. La part du
Québec là-dedans pour l'année courante, par rapport aux
dépenses réelles ou probables de l'année 1987-1988,
l'augmentation au Québec est de 23 000 000 $; c'est quand même un
montant important. Là, vraiment, je ne comprends pas pourquoi le
député de Shefford s'obstine à dire que nous
dépensons moins quand, en fait, les chiffres prouvent que nous
dépensons plus.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je vais revenir là-dessus, parce que c'est
facile de comparer ce qu'on aurait dû faire avec ce qu'on a fait
réellement, au lieu de ce qu'on avait prévu faire avec ce qu'on
prévoit faire cette année. Il faut comparer des choses
semblables, sinon c'est trop facile. L'an prochain, si vous voulez avoir une
image encore meilleure, dépensez seulement 100 000 000 $ et
prévoyez un budget de 190 000 000 $. C'est à peu près
cela, on s'en va en diminuant de toute façon. Vous pourrez dire que
c'est une augmentation de 90 000 000 $ par rapport à ce que vous aurez
dépensé. Je trouve que ce n'est pas une façon de voir les
choses. On compare nos mauvais coups avec des chiffres qu'on veut
budgétiser. C'est pour cela que je vous dis qu'il faut comparer... C'est
cela que nous donnent les budgets, il faut comparer des budgets prévus
l'an passé avec les budgets prévus cette année. C'est sur
cette base sinon on dépense moins et on dira qu'on a une augmentation
par rapport à l'an passé, parce qu'on n'aura pas fait notre job
comme il faut, et parce que le ministre n'aura pas dépensé
l'argent qu'il était autorisé à dépenser, alors que
je me rappelle que l'an passé, on disait que ce n'était pas
suffisant pour l'habitation. Je vous ai posé une question et je vous
demande si je peux avoir une réponse. Est-ce que vous êtes en
mesure de me donner ce qu'on ne retrouve pas là-dedans et qui, à
mon avis, est essentiel pour qu'on puisse discuter ce matin,
c'est-à-dire les budgets prévus de 1987-1988, les dépenses
effectives de 1987-1988 et les budgets de 1988-1989, par programme? Vous
connaissez les programmes, je vais vous nommer les principaux, sur lesquels on
aura à discuter ce matin: les HLM, Logirente, PAAPR, Logipop,
Supplément au loyer. Est-ce qu'on peut avoir ces chiffres pour que,
ensuite, on fasse de véritables comparaisons?
M. Bourbeau: M. le Président, je dois à nouveau
revenir sur les chiffres, parce que c'est important. C'est une
énormité de la part du député de dire que nous
dépensons moins. Je ne sais pas quelle est la formation du
député, mais je peux dire que, lorsqu'on prépare des
budgets dans les municipalités ou dans les compagnies, on regarde les
dépenses réelles de l'année précédente, pour
savoir ce qu'a coûté la société ou la compagnie au
cours de l'année précédente, et on fait le budget par
rapport à la situation réelle. Personnellement, les
dépenses probables, cela ne me dit absolument rien. Ce qui
m'intéresse, c'est ce que cela a vraiment coûté dans une
année et ce qu'on va dépenser par rapport à cela
l'année suivante. On est en mesure d'affirmer s'il y a une augmentation
et une diminution. Pour le reste, cela ne signifie strictement rien. Le
député l'a dit, on aurait pu faire des budgets l'an dernier de
100 000 000 $ de plus et dire qu'on a dépensé moins, cela ne
signifie rien dans la mesure où l'argent n'est pas
dépensé. Ou encore, on aurait pu faire des déficits
d'exploitation, on aurait pu dépenser plus que le budget prévu.
Donc, ce qui compte en réalité, ce sont les montants qui ont
été réellement dépensés dans l'année.
C'est une base solide, une base connue. À partir de cela, quand on
présente un budget pour l'année suivante, on est en mesure de
savoir si, oui ou non, on prévoit dépenser plus ou si on
prévoit dépenser moins. Ce que je dis au député,
c'est que, pour l'année 1988-1989, nous prévoyons dépenser
au Québec, seulement pour les fonds québécois, 23 000 000
$ dé plus que l'an dernier. Donc, c'est une augmentation importante, 23
000 000 $ sur des dépenses probables de 182 000 000 $; c'est une.
augmentation de 12 % par rapport à l'an dernier. Si on regarde la
totalité des dépenses de la SHQ comprenant les fonds du
Québec et les fonds fédéraux, on passe de 316 000 000 $
l'an dernier à 374 000 000 $ pour l'année qui vient, une
augmentation de 18, 3 %. Cela n'est pas fondé sur des budgets
théoriques de l'an dernier, ce sont des dépenses réelles,
probables pour l'année qui vient de se terminer. C'est du solide, si je
peux m'exprimer ainsi. Donc, en 1988-1989, nous pensons que nous allons
dépenser au Québec 18, 3 % de plus que l'an dernier, en
totalité, pour tous les fonds dont dispose la SHQ, tant
fédéraux que provinciaux. En ce qui concerne les fonds uniquement
québécois, ce sera 23 000 000 $ de plus. Alors, contrairement
à ce que dit le
député de Shefford, je pense que c'est un grand pas en
avant plutôt qu'un pas en arrière. (11 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Pour être capable de le voir d'une
façon très concrète plutôt que d'aller sur des
principes avec lesquels vous allez toujours dire, même si vous
dépensez moins que ce que vous aviez prévu, que vous avez fait
une bonne année et que vous avez été un bon ministre
responsable de l'Habitation, on peut bien revenir là-dessus n'importe
quand et vous pourrez comparer des pommes avec des oranges n'importe quand et
faire comme si le montant que vous aviez prévu l'année
passée n'était pas important. Je vous ai posé une question
à deux reprises et je vous la pose, ce sont des chiffres qui sont
essentiels et on en a besoin: Quels sont les chiffres qui étaient
prévus, par programme, pour être dépensés l'an
passé, qui ont été dépensés et qui sont
prévus pour être dépensés en 1988-1989? On va y
aller un par un, comme cela on va finir par avoir les chiffres.
En ce qui concerne les HLM, combien d'argent a été
prévu pour être dépensé, les prévisions de
l'an passé? Combien d'argent a été prévu pour les
HLM? Combien d'argent a effectivement été dépensé?
Combien d'argent prévoit-on pour les HLM en 1988-1989?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau:... pour répondre à la question du
député, j'aimerais lui dire qu'à la suite de la mise en
application des modifications à la Loi sur la SHQ, le 1er avril 1987, la
Société d'habitation du Québec n'a plus de structures
budgétaires basées sur les éléments, les
programmes, les catégories et les super catégories, comme on le
voit dans la structure gouvernementale. Son budget de fonctionnement n'est pas
adopté par l'Assemblée nationale car, dorénavant, comme
vous le savez, la Société d'habitation du Québec
reçoit une subvention d'équilibre budgétaire. C'est donc
un budget au net, maintenant, qui apparaît au livre des crédits du
ministère des Affaires municipales, au programme 9. Forcément, la
société devient comme une direction générale, si je
peux dire. Je ne voudrais pas insulter les gens de la société,
mais elle...
M. Paré: Cela n'a pas de bon sens...
M. Bourbeau:... vient comme une société
d'État qui a son propre budget et qui reçoit ses crédits
par transfert du ministère des Affaires municipales. C'est la raison
pour laquelle en suivant les normes qui apparaissent au gouverne- ment, on a
suivi, dans la préparation des crédits, les normes qui existent
au gouvernement et qui sont les mêmes normes qui existaient sous l'ancien
gouvernement.
Pour ce qui est des HLM, le député veut savoir combien on
va dépenser. Je peux donner le renseignement au député, il
n'y a pas de problème. En 1988-1989, nous prévoyons
dépenser pour l'habitation à loyer modique un total de 164 800
000 $; la contribution de la SCHL étant de 98 600 000 $ - je fais
grâce au député des autres chiffres après le 6 -
donc le montant propre de la SHQ, le montant qu'elle fournit est de 66 200 000
$. En 1987-1988, au total, les montants comparatifs étaient de 156 000
000 $, donc une augmentation par rapport à l'an dernier; la contribution
pour les HLM était de 96 900 000 $ et celle du gouvernement du
Québec de 59 100 000 $. Donc, la contribution du Québec passe de
59 100 000 $ à 66 200 000 $.
M. Paré: Est-ce qu'on peut avoir les montants qui ont
été effectivement dépensés...
M. Bourbeau: Oui.
M. Paré:... en 1987-1988 pour les HLM?
M. Bourbeau: Oui, je peux donner cela au député.
Les dépenses probables, pour 1987-1988, pour les HLM, Supplément
au loyer... Alors, je vais vous les donner par programme. Alors, les HLM, les
habitations à loyer modique, les dépenses probables pour
1987-1988... Là, je donne uniquement les montants pour les HLM, le
Supplément au loyer et les autres formes viendront après. HLM,
pour l'année 1987-1988, dépenses probables, 41 900 000 $,
j'oublie toujours les chiffres qui suivent le 9; la Société
canadienne d'hypothèques et de logement, 105 800 000 $; total: 147 800
000 $.
M. Paré: Est-ce que vous avez les mêmes chiffres
pour les autres programmes, M. le ministre?
M. Bourbeau: Oui. Je peux vous donner ceux pour la
Société de gestion immobilière. C'est parce qu'il y a
là une dépense négative, si je puis dire, à cause
des transferts qui ont été faits. On ne dépense rien du
tout, c'est même un crédit de 1 400 000 $ de fonds
québécois. Ce sont des projets qui étaient
gérés par la Société de gestion immobilière
qui sont maintenant transférés aux offices municipaux
d'habitation et la SCHL, quant à elle, contribue pour 3 400 000 $, donc
pour un total de 2 000 000 $.
L'habitation autochtone, on dépensera 12 100 000 $ dans les fonds
SHQ, la SCHL, 8 600 000 $, pour un total de 20 800 000 $. Pour le programme
d'habitation autochtone urbain, 381 000 $ pour la SHQ et 845 000 $ pour la
SCHL; total, 1 227 000 $.
M. Paré: Juste une brève question. Est-ce qu'on
pourrait avoir ces tableaux? Il faudra passer à travers Logirente,
PARCQ, Logipop et Supplément au loyer. Si vous les aviez, ce serait plus
simple de les déposer de façon qu'on puisse juste en
discuter.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux pas remettre au
député un tableau montrant le budget 1988-1989 et les
dépenses probables 1987-1988. Tout ce que j'ai, c'est le budget
1987-1988 par rapport au budget 1988-1989. Comme il y a des différences
importantes entre le budget de l'an dernier et les dépenses probables,
il faut travailler avec les dépenses probables, si on veut avoir des
chiffres réels.
M. Paré: Je comprends que les différences sont
énormes, il y a 33 000 000 $. On n'a pas besoin de se conter...
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à donner au député une copie du document que j'ai ici,
mais je n'ai pas les dépenses probables 1987-1988, je n'ai pas les
montants réels 1987-1988, je les ai sur un autre document ici, mais il
comprend toutes sortes de notes personnelles que je ne peux pas remettre au
député.
M. Paré: Pourquoi n'aurait-on pas les deux documents?
M. Bourbeau: Pardon?
M. Paré: Pourquoi ne déposeriez-vous pas les deux
documents?
M. Bourbeau: Je pourrais vous faire parvenir un autre document,
mais j'ai des notes personnelles là-dessus, qui n'ont pas
d'intérêt pour le député. Le député
serait peut-être intéressé à les voir, mais je ne
tiens pas à les lui donner.
M. Paré: Je trouve assez spécial qu'on soit en
train d'étudier les crédits de quelque chose d'aussi fondamental,
cinq ou six programmes sur lesquels on doit faire des comparaisons entre ce qui
a été voté, ce qui a été
dépensé, ce qu'on a à voter, et qu'on ne soit pas capable
d'avoir un tableau clair. Je trouve cela presque incroyable.
M. Bourbeau: Je suis prêt à donner au
député le tableau qui est ici. D'ailleurs, je pense que c'est ce
qu'il a demandé, on est en train de le distribuer. Pour ce qui est du
livre des crédits, M. le Président, nous avons suivi exactement
la loi. Nous n'allons quand même pas inventer une nouvelle
présentation comptable pour faire plaisir au député de
Shefford, les conventions qui font en sorte qu'on présente les
crédits d'une certaine façon sont des conventions qui existaient
sous l'ancien gouvernement et on n'a absolument rien modifié.
M. Paré: Je ne demande pas de changer quoi que ce soit
dans les structures, dans le fonctionnement, dans les conventions comptables.
Je vous demande seulement qu'on nous fournisse des chiffres simples, de
contrôle ordinaire et tout à fait normal d'une
société d'État qui doit contrôler les
dépenses, administrer et tenir à jour, pour être capable
d'arriver avec des budgets de l'année. C'est obligatoire d'avoir tous
ces chiffres, c'est un minimum, il s'agit de vouloir les rendre publics et de
les présenter de façon simple, ce n'est pas compliqué. Je
ne vous demande pas une mission impossible, je vous demande seulement des
chiffres.
Si on a ici les crédits approuvés 1988-1989, ce qui nous
manque sur les tableaux ici, c'est...
M. Bourbeau: M. le Président, je serai en mesure,
peut-être dans quelques minutes, de donner au député un
tableau avec les dépenses réelles de l'an dernier, de
l'année 1986-1987 et de l'année 1987-1988, les deux
dernières années. Cela permettra au député de faire
des comparaisons un peu plus exacte avec la réalité.
M. Paré: En attendant qu'on ait les autres tableaux,
plutôt que d'attendre des chiffres qu'on aurait dû avoir il y a
longtemps, je vais juste vous demander d'essayer de nous expliquer comment...
On sait qu'il y a une diminution des budgets par rapport aux budgets qu'on a
votés l'an passé. Ce sont des chiffres qui ne mentent pas. Ils
sont dans les livres officiels. On parle du budget global de la
Société d'habitation du Québec. Vous nous dites que c'est
un transfert et les conventions comptables... Maintenant elle l'a et elle le
dépense. Est-ce qu'on peut savoir quel est le pourcentage ou le montant
qui va être consacre spécifiquement à l'administration de
la Société d'habitation du Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, les frais de fonctionnement
de la SHQ. Les dépenses probables pour l'année 1987-1988 sont de
24 600 000 $ et nous avons au budget pour l'année 1988-1989 de 27 000
000 $, juste. En plus de cela, il y a le fédéral qui contribue
à une partie des frais de fonctionnement. En 1987-1988, dépenses
réelles: 2 200 000 $ et en 1988-1989: 2 600 000 $. Pour un total des
frais de fonctionnement les contributions et du Québec et du
fédéral total réel 1987-1988, ou probable en tout
cas: environ 26 800 000 $ et pour le budget 1988-1989, on prévoit 29 600
000 $. Une augmentation de 10, 3 % par rapport au total réel de l'an
dernier.
M. le Président, quand je dis réel, pour l'année
1987-1988, je veux bien indiquer que ce sont les dépenses probables,
parce que les dernières vérifications ne sont pas
terminées. Mais on tiendra pour acquis que, quand je dis réel,
c'est probable.
M. Paré: Donc, il y a une diminution des
budgets, des crédits globaux par rapport à l'an
passé, mais il y a une augmentation quant aux frais de fonctionnement.
Donc, cela veut dire une diminution des transferts.
M. Bourbeau: M. le Président, le député doit
être honnête. Je viens de citer des chiffres de comparaison entre
les dépenses réelles de l'an dernier et les dépenses du
budget de cette année. Pour les frais de fonctionnement, le
député devra également prendre le total sur la même
base. Sur la même base, on passe de 182 000 000 $ à 203 000 000 $,
soit une augmentation de 23 % dans les crédits et, pour ce qui est des
dépenses de fonctionnement, on passe de 24 600 000 $ à 27 000 000
$. Si on parle de la totalité - donc les fonds québécois
et fédéraux - on passe de 316 000 000 $ à 374 000 000 $,
soit une augmentation de 18, 3 %. Pour les frais de fonctionnement, on passe de
26 900 000 $ à 29 600 000 $, soit une augmentation de 10, 3 %. Donc, en
résumé, si on prend la globalité des dépenses en
habitation au Québec, pour l'année qui vient par rapport au
réel de l'an dernier, le budget total augmente de 18, 3 % et les frais
de fonctionnement de 10, 3 %.
Crédits périmés
M. Paré: On a périmé, l'an passé, 33
000 000 $ sur l'ensemble du budget qu'on devait dépenser et qu'on n'a
pas dépensé. Selon des prévisions, il y avait à ce
moment-là un certain montant qui était tout simplement un
pourcentage, un montant qui était du fonctionnement et le reste
était du transfert. Sur les 33 000 000 $ périmés, est-ce
que ce sont 33 000 000 $, seulement pour les programmes de transfert ou il y a
aussi une partie des montants prévus à l'administration qui a
été périmée? (11 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Shefford a sûrement le livre des crédits. À la page XXIII -
en chiffres romains - dans la partie grise, au début, si on regarde les
crédits pour l'année dernière, on avait 214 500 000 $,
mais les dépenses probables sont indiquées comme étant 181
700 000 $; c'est quand les crédits ont été
préparés. Comme je l'ai dit au député, maintenant,
on estime à 182 200 000 $ les dépenses probables. Il y a une
légère différence. Évidemment, cela
évolue.
M. Paré: Vous êtes juste en train de me confirmer
qu'il y a eu 33 000 000 $ de crédits périmés quand vous me
citez cette page-là. Ma question est bien plus claire. Dans les 33 000
000 $ qui sont périmés, quel est le pourcentage ou le montant qui
a été périmé en administration? Est-ce qu'il y en a
eu? Est-ce que les prévisions 1987-1988 ont été
dépassées ou s'il y a eu des montants périmés dans
ce qui était consacré à l'administration de la
Société d'habitation du Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est assez difficile
d'expliquer au député. Il y a des crédits
périmés normaux. Le député sait que, dans tous les
ministères, à chaque année, il y a des crédits
périmés. Cela a toujours existé et cela existera toujours.
Il y a aussi le fait qu'on est passé d'un système comptable
à un autre. Le député sait qu'en cours d'année, on
est passé, avec la nouvelle loi, de l'ancien système à un
nouveau système. Avant la nouvelle loi, la SHQ avait une façon de
comptabiliser ses revenus; le ministère des Finances était le
grand comptable de la SHQ, si je puis dire. Depuis que la SHQ est devenue un
peu plus autonome avec la nouvelle loi, elle a maintenant un budget net. Elle
reçoit une subvention d'équilibre et elle gère
elle-même son propre budget, ses revenus et ses dépenses. Quand on
est passé d'un système comptable à un autre, il y a eu
évidemment des modifications dans les chiffres. Cela peut avoir l'air,
par exemple, d'une certaine péremption de crédits, mais ce n'est
pas exact. Il y a des montants qui ont été périmés,
mais il y a d'autres montants qui s'expliquent par la note à la page 43
- les notes explicatives que le député a sûrement devant
lui - qui dit que les variations observées d'un exercice à
l'autre sont principalement attribuables à l'harmonisation des
contributions du gouvernement du Québec en 1987-1988 avec les revenus
ajustés du gouvernement en 1986-1987 et les revenus de la
société qui en découlent pour l'année 1987-1988. Je
suis sûr que le député comprend très bien ce que
signifient ces choses.
M. le Président, on me signale que des 30 000 000 $ de
crédits périmés dont parle le député, il y a
environ 26 000 000 $ qui sont justement cette variation due à
l'harmonisation des deux façons de comptabiliser les chiffres et il y a
6 000 000 $ qui, en fait, sont des crédits périmés. Donc,
les vrais crédits périmés sont de 6 000 000 $ et l'autre
somme de 26 000 000 $, des 32 000 000 $, le député en retrouvera
l'explication à la page 43. C'est ce que je viens de lire.
M. Paré: Vous allez me permettre de m'interroger sur ce
que vous venez de dire parce que le livre, à l'heure actuelle, tient
compte des conventions comptables. S'il ne tenait pas compte des modifications
apportées par les conventions comptables, cela voudrait dire que la
subvention serait différente aussi. Comment se fait-il que, dans un cas,
les modifications apporteraient des changements et que, dans l'autre, cela n'en
tiendrait pas compte? Cela n'a aucun bon sens. Ou cela en tient compte
totalement, y compris pour la subvention de transferts et pour les
dépenses, ou cela n'en tient pas compte du tout. Cela ne peut pas
être oui dans une page et non dans l'autre page. Vous allez devoir
m'expliquer les 33 000 000 $ un peu plus en détail. Je me rends compte
que cela prend du temps, mais par petits morceaux, on finit... Cela ne semblait
pas
possible; maintenant ce l'est un peu plus. Vous me dites que les vrais
crédits périmés seraient plutôt de 6 000 000 $ et
quelque... Est-ce qu'il y a un montant qui représente des crédits
périmés qui viennent de l'administration comme telle?
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question
précise de l'harmonisation des conventions comptables, si le
député n'a pas d'objection, je vais demander au
vice-président en charge des finances à la SHQ de
répondre. J'espère que le député n'a pas
d'objection. Cela lui permettra peut-être de comprendre, dans des mots
encore plus techniques que ceux que je pourrais moi-même prononcer,
comment on a procédé pour arriver à ces
chiffres-là. Est-ce que le député a des objections?
M. Paré: Non, je n'ai pas d'objection.
M. Bourbeau: Je vais donc demander à M. Jean-Paul Beaulieu
de répondre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Jean-Paul): M. le Président, je sais que les
fonctionnaires utilisent ordinairement un jargon très technique et je
vais essayer de le vulgariser le plus possible. Lorsque la loi a
été sanctionnée le 1er avril, une nouvelle convention
comptable est intervenue entre le ministère des Finances et la
Société d'habitation du Québec. Avant la sanction de la
loi, les comptes à recevoir de la Société d'habitation du
Québec étaient comptabilisés dans les comptes à
recevoir du gouvernement du Québec, dans une rubrique aux Finances.
Dès le 1er avril, à cause du changement de notre loi, on
nous a demandé, parce que, effectivement, l'argent des comptes à
recevoir de 1986-1987 qui étaient comptabilisés aux Finances
était encaissé en 1987-1988 - compte tenu de la loi, au point de
vue légal, c'était de l'argent qui entrait en cours d'exercice -
de les comptabiliser dans notre caisse à nous comme recettes en
1987-1988. C'est ce qui fait que c'est compliqué de comprendre les deux
versions.
Dans le livre des crédits, au chapitre du programme comme tel, la
réflexion des 214 000 000 $ n'est pas complète parce qu'aux fins
comptables, pour avoir travaillé huit ans au Conseil du trésor,
je peux vous dire qu'ils ne peuvent pas intégrer tout le comparatif dans
la colonne 1987-1988. La seule dimension qu'ils peuvent lui donner c'est la
dimension comparative sur les crédits. La dimension concernant la
dépense probable est toujours reflétée dans la section
grise du début. C'est ce qui explique l'ambiguïté des deux
conventions comptables qui ont changé en cours d'exercice.
Les 214 000 000 $ qui tombent à 181 700 000 $, il s'agit
effectivement du trans- fert des conventions comptables en cours d'exercice qui
ne peut être intégré dans le livre des crédits comme
tel à la rubrique du programme, mais seulement dans la section grise.
C'est pour ça que le Conseil du trésor a jugé opportun,
même si c'est très technique, de mettre une petite note
additionnelle dans les renseignements additionnels, dans les notes
explicatives. Même là, c'est très compliqué à
comprendre. On pourrait peut-être prendre, en dehors de cette
séance-ci, du temps pour expliquer un peu, mais c'est effectivement 26
000 000 $ de comptes à recevoir pour 1986-1987 qui ont été
encaissés par la société en 1987-1988. On nous a dit:
Gardez-les parce que, effectivement, notre loi nous oblige à les garder
depuis le 1er avril. C'est ce qui fait l'écart essentiel entre les 214
000 000 $ et les 181 700 000 $, l'autre petit écart qui reste
représente les 7 000 000 $ de crédits périmés,
essentiellement, bon an, mal an, tous les ministères du gouvernement
périment à cause de prévisions un peu trop optimistes des
crédits pour certains programmes.
J'espère avoir été assez clair, M. le
Président, même si c'est très technique.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Beaulieu.
M. le député de Shefford.
M. Paré: On aurait dépensé 33 000 000 $ de
plus et on aurait été à l'intérieur du budget
voté en 1987-1988. Ma question très claire et précise est
celle-ci: Que ce soit sur les 33 000 000 $ ou sur les 6 000 000 $, quant
à ce qui avait été prévu pour l'administration,
est-ce qu'on a dépassé l'argent prévu ou est-ce qu'on a
périmé des fonds?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ce que je pourrais dire au
député de Shefford c'est qu'en ce qui concerne les frais de
fonctionnement, dans le budget original modifié, si le
député veut parler du budget original modifié, on avait
prévu dépenser en tout 26 807 000 $. Les dépenses
probables seront de 26 896 000 $, donc a peu près la même chose.
Il y a à peu près 80 000 $ de plus et, pour le budget 1988-1989
on prévoit 29 672 000 $. Le député pourra donc voir que le
réel de l'an dernier par rapport au budget est à peu près
correct, à peu près le montant qui a été
dépensé. Cette année il y a une légère
augmentation - c'est un budget - et on prévoit dépenser 10, 3 %
de plus.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
HLM M. Paré: Oui. On pourrait maintenant
revenir sur les chiffres. On va toujours avoir des
interprétations qui divergent parce qu'on ne prend pas
nécessairement les mêmes bases, sauf que les chiffres disent
bien... Je pense que la meilleure façon de savoir ce qui s'est
passé c'est de les prendre programme par programme. Si vous n'avez pas
d'objection, on va commencer par un programme qui est important et sur lequel
on a déjà échangé des avis, le programme des
HLM.
Vous avez fait certaines déclarations, à un certain moment
donné, vous avez dit que c'était pour être maintenu. Il a
même été question qu'il y en ait un certain nombre en deux
ans, si je me rappelle bien. Vous avez annoncé qu'il y aurait 3000 HLM
en deux années. Donc, cela fait 1500 par année. C'est pour
septembre 1989.
J'aimerais savoir combien de HLM ont été mis en chantier
en 1987 et combien vous en prévoyez pour 1988.
M. Bourbeau: M. le Président, il faut bien qu'on se
comprenne. On parle de HLM et j'ai dit au député tout à
l'heure que la SHQ évoluait. Il y a quelques années, quand on
parlait de HLM on ne parlait que d'une seule chose: les HLM publics, les
maisons qu'on fait un peu partout au Québec, soit dans les grandes
villes ou les régions rurales, où on bâtit des HLM
gérés par des offices municipaux d'habitation et où on
reçoit ou loge des personnes âgées ou des familles à
faible revenu.
Or, depuis un certain temps, nous faisons plusieurs types de HLM. Donc,
quand le député parle de HLM, on doit comprendre tout ce qu'il y
a dans les HLM. Aujourd'hui, en plus des HLM publics, dont parle le
député, nous avons également des HLM privés, ce qui
n'existait pas sous l'ancien gouvernement. Ce sont des HLM construits et
gérés par des organismes sans but lucratif du secteur
privé ou par des coopératives. Nous avons également nos
HLM privés pour les sans-abri, que nous avons faits l'an dernier, un
autre type de HLM. Nous avons également des HLM pour autochtones hors
réserve. Nous avons également des HLM pour les Inuit; il s'en
faisait aussi sous l'ancien gouvernement.
Donc, le total des unités de HLM pour l'année 1987 est de
3285. Maintenant, si on compare cela avec l'ancien gouvernement, puisqu'on va
essayer de comparer HLM avec HLM, l'ancien gouvernement, pour toutes les
catégories que je viens de nommer - il y en a qu'il ne faisait pas du
tout mais il faisait un peu de HLM pour les Inuit - le total de HLM, la moyenne
pour les années 1982, 1983, 1984 et 1985 est de 2300 par année,
bon an, mal an. Il y a des années où c'était un peu plus
et d'autres, un peu moins. L'ancien gouvernement a fait une moyenne de 2300 HLM
comprenant HLM publics, pour Inuit, etc. En 1987, nous en faisons 3285.
L'ancien gouvernement en faisait en moyenne 2300. Que le député
arrête de charrier. C'est sûr que si le député ne
regarde que les HLM publics, nous en aurons fait 1966 en 1987. Mais le
député doit ajouter à cela 737 HLM privés,
c'est-à-dire des coopératives et des OSBL; il doit ajouter 249
HLM pour sans-abri; il doit ajouter 273 pour autochtones hors réserve;
il doit ajouter 60 pour Inuit. Pour un total de 3285 HLM. Ce sont tous, M. le
Président, des démunis, les citoyens, financièrement, les
moins bien nantis de la société. Donc, 3285 par rapport à
une moyenne de 2300 par l'ancien gouvernement.
Je pense, M. le Président, qu'on a raison d'être fiers de
notre performance dans ce domaine.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Est-ce que je peux demander la suspension deux
minutes, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 46)
(Reprise à 11 h 53)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je vais revenir à ma question de
tantôt en demandant au ministre de ne pas mettre tous les fruits dans le
même panier, mais de s'attarder à un seul secteur pour qu'on
puisse faire des comparaisons basées sur la réalité de ce
qu'on appelle un HLM. Ce que je vous demande, c'est le nombre de mises en
chantier de HLM publics, donc, là on parle de la même chose, et
non pas de toutes les nouvelles formules qui peuvent se rattacher ou être
considérées comme des HLM de près ou de loin, où on
n'inclut pas là-dedans le supplément au loyer privé. Les
HLM publics, propriété de la Société d'habitation
du Québec, administrés par les offices municipaux de
l'habitation, combien y en a-t-il eu de construits en 1987 et combien en
prévoyez-vous pour 1988?
M. Bourbeau: M. le Président, je vais répondre au
député. Je vais lui donner tous les chiffres, mais je tiens
à mettre en garde le député et les membres de la
commission à l'égard de ce que j'ai dit
précédemment. La Société d'habitation du
Québec est en train de modifier son comportement en ce sens que nous
allons vers une plus grande diversification de nos produits. C'est bien
évident, et je pense que je l'ai dit à plusieurs reprises, que
plus on ouvre de nouveaux marchés, plus nous avons de nouvelles
formules, plus nous mettons sur pied de nouveaux
programmes. Si le député de Shefford est
intéressé à la réponse, il pourrait peut-être
écouter un peu. Si nous décidons de traiter nos clientèles
par le moyen de nouveaux programmes, c'est bien évident que nous
n'imprimons pas des centaines de millions de dollars. Alors, si nous venons en
aide à 922 familles par exemple dans le programme Supplément au
loyer, dans le secteur locatif privé, nous allons faire un peu moins de
HLM et accorder beaucoup plus de suppléments au loyer.
En faisant cela, nous dépensons à peu près la
même somme d'argent, mais nous venons en aide à plus de familles
démunies. Si le député de Shefford veut prendre uniquement
les mises en chantier de HLM et oublier les HLM dans le secteur privé
que nous faisons et que l'ancien gouvernement n'a pas fait, oublier les
suppléments au loyer dans le secteur locatif privé que l'ancien
gouvernement ne faisait pas, plus les HLM pour les sans-abri, plus les HLM pour
les autochtones hors réserve, bien sûr, il pourrait faire de la
démagogie et dire qu'on fait moins de HLM. Et il ne se "bâdrera"
pas pour dire "publics": il va dire moins de HLM, point final. Moi j'ai appris
à connaître le député de Shefford et à savoir
qu'il ne s'embarrasserait pas tellement de ces nuances. Mais je tiens à
dire au député de Shefford, et également pour les fins du
Journal des débats, que si le député de Shefford
fait cela, il fait de la démagogie parce qu'il sait que tout ce que nous
faisons en matière de HLM publics, privés, avec les
coopératives, avec les OSBL, à l'égard des sans-abri, pour
les autochtones hors réserve, les Inuit, tout cela, ce sont des HLM pour
le bénéfice des démunis.
Cela dit, compte tenu de la politique de diversification de la SHQ, pour
ce qui est des HLM publics, voici les chiffres des mises en chantier. Je vais
commencer en 1983, si le député veut bien, je ne peux pas
remonter jusqu'à Adam et Ève. En 1983, on en a eu 1353; en 1984,
on en a eu 1792; en 1985, on en a eu 2378 - année d'élection,
bien sûr - en 1986, on en a eu 1564; en 1987, on en a eu 1262. Donc, on
peut dire que l'année 1987 est à peu près au même
niveau, ou un peu plus bas, que l'année 1983. Parallèlement
à cela, nous avons mis en chantier de nouveaux HLM, ce qu'on appelle des
HLM privés. Comme je l'ai dit au député tout à
l'heure, en 1987, nous avons fait 737 HLM privés; même
clientèle, tous des HLM pour les démunis, des clientèles
ciblées à 100 % vers les démunis - le député
a arrêté de prendre des notes - plus 249 HLM privés pour
les sans-abri, qui sont vraiment des démunis parmi les démunis;
également, 273 HLM pour les autochtones hors réserve - je vois
que le député de Terrebonne a l'air tout ravi d'entendre ces
chiffres - également, 60 HLM pour les Inuit. Grand total pour les HLM de
toutes catégories: 3285. C'est une augmentation importante par rapport
à ce que faisait l'ancien gouvernement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui. On va y revenir à vos chiffres
tantôt. Vous parlez de démagogie: Je dois dire que, venant de
vous, c'est un compliment. Quand on parle de HLM, on s'aperçoit que cela
diminue. Moi, je parle des HLM publics. Vous me parlez de HLM privés. On
va y revenir tantôt sauf qu'il faut aussi les appeler par leur nom: les
organismes sans but lucratif, les coopératives d'habitation. C'est bien
facile de tout mêler pour essayer de montrer qu'il y a des gros chiffres.
On va revenir aux attaques que vous avez faites à ces groupes. On va
aller au niveau de ce qui se faisait et... C'est drôle, c'en est presque
ridicule; vous diminuez les HLM publics, vous diminuez les coopératives,
vous diminuez les OSBL, mais pour que cela paraisse bien quand on parle des HLM
publics, vous ramassez tout cela dans un paquet pour faire une comparaison qui
est complètement démesurée. Il y a un bout à tout.
C'est pour cela qu'il faut absolument y aller programme par programme et
prendre les HLM publics, ensuite les HLM privés. Vous mettez tout cela
dans le tas. Mais il faut dire clairement, pour que que les gens sachent de
quoi on parle, lorsqu'on parle de coopératives, que ce sont les
coopératives, les organismes sans but lucratif. On verra le sort que
vous leur avez réservé et celui que vous leur réserverez
pour l'avenir. Mais on va en rester aux HLM publics.
M. Bourbeau: M. le Président, vous permettez? Pour un
complément d'information au député de Shefford, c'est
sûr que, lorsqu'on emploie les mots "HLM privés", cela peut
laisser croire qu'ils sont à but lucratif. Ce n'est évidemment
pas à but lucratif. On les appelle privés, par opposition aux HLM
qui sont gérés par les offices municipaux d'habitation. Les HLM
privés, comme l'a dit le député et comme je l'avais dit
avant, ce sont les HLM qui sont gérés par des coopératives
et par des organismes sans but lucratif. Donc, c'est à la fois à
but non lucratif et pour les démunis. La différence qu'il y a
entre ces coopératives, que nous aidons plus que l'ancien gouvernement,
et les coopératives ordinaires, enfin celles qu'aidait l'ancien
gouvernement, c'est que nos coopératives s'appliquent uniquement aux
démunis. Donc, elles sont ciblées à 100 %,
c'est-à-dire que, pour être admissibles, les gens doivent avoir
des revenus extrêmement bas. Il s'agit donc des gens les moins bien
nantis de la société. Les anciens programmes qui existaient sous
l'ancienne entente privilégiaient plutôt les coopératives
de type classe moyenne. (12 heures)
Je n'ai absolument rien contre la classe moyenne, M. le
Président, j'en suis issu, sauf que nous avons exercé un choix.
Puisque nous avons tant de dollars à dépenser, plutôt que
de diriger nos dollars vers la classe moyenne, nous avons décidé
de les diriger vers les gens les moins fortunés de la
société. C'est le virage majeur que
nous avons fait en habitation depuis deux ans. Si on peut résumer
l'action du nouveau gouvernement, depuis deux ans, c'est que nous avons
décidé de consacrer la totalité pratiquement des fonds du
gouvernement vers les classes les moins bien nanties de la
société, ce que ne faisait pas l'ancien gouvernement; je dois le
dire. Le député de Shefford le sait, mais il ne veut pas le
comprendre et s'il le comprend, il ne veut pas le dire, je ne le sais pas.
L'ancien gouvernement dépensait des fonds en habitation. Il y en
avait une bonne partie qui était pour la classe moyenne, dans les
programmes publics comme dans les programmes privés. Dans les programmes
publics, il y avait beaucoup d'argent qui allait vers les coopératives.
Ce n'étaient pas des unités qui étaient axées sur
les plus démunis. C'étaient des gens ordinaires. On a vu des
professeurs d'université; on a vu des gens qui gagnaient en haut de 60
000 $ dans les coopératives. Le député de Shefford le
sait, on pourrait en nommer quelques-uns.
M. Paré: De la démagogie.
M. Bourbeau: II y a même des cas proprement scandaleux de
gens qui vivent dans les coopératives et qui devraient se situer
ailleurs. Évidemment, on ne reviendra pas sur le passé...
M. Paré: Ah oui, on va y revenir!
M. Bourbeau:... cela existe, mais ce sont quand même des
gens qui ont joui et qui jouissent encore de fonds publics pour se loger, alors
qu'ils ont des revenus très importants même par rapport à
la classe moyenne. Ils sont payés bien plus cher que des
députés, je dirais même, dans certains cas. C'est ce que
faisait l'ancien gouvernement.
Également, l'ancien gouvernement avait des programmes de
stimulation à la construction. On a parié d'Équerre et de
PAAPR qui ne s'appliquaient pas aux plus démunis, ils s'appliquaient
plutôt à la classe moyenne. Je ne ferai pas un grief à
l'ancien gouvernement, on pourrait en parler longtemps. Il reste quand
même que c'était plus que des dizaines, mais jusqu'à des
centaines de millions de dollars. Le programme PAAPR aura coûté
160 000 000 $; il n'était pas limité. Ce n'était pas un
programme qui s'adressait aux plus démunis, il s'adressait à tout
le monde, au pauvre comme au riche. Il s'agissait d'avoir une maison qui ne
coûtait pas plus que... En tout cas, je ne veux pas revenir...
M. Paré: En tout cas, certain!
M. Bourbeau:... sur les détails, ce n'était pas un
de nos programmes. Je les ai oubliés. Il reste une chose, c'est que la
philosophie de l'ancien gouvernement n'était pas axée
essentiellement sur les gens, comme maintenant, sur les gens les moins bien
nantis de la société. Je pense que c'est un constat qu'on peut
faire. L'ancien gouvernement a mis ses fonds en partie vers les plus
démunis et en partie vers la classe moyenne.
Nous avons choisi, de concert avec le gouvernement
fédéral, de faire un virage majeur et dé faire en sorte
que, dorénavant, tous nos programmes vont vers les classes les plus
démunies. C'est ce qui veut dire que, l'an dernier, nous avons fait 39 %
de plus d'unités de logement pour les démunis que l'ancien
gouvernement, en moyenne, pendant les cinq dernières années. Les
chiffres sont là, nous avons fait 4922 unités par rapport
à une ' moyenne de 3550. Cela fait plusieurs fois que je le dis au
député de Shefford et il semble ne pas comprendre. C'est le
virage majeur que nous avons fait en habitation depuis deux ans. Je suis fier
de ce virage parce que je me dis que puisque nos fonds sont limités,
aussi bien les employer pour le bénéfice de ceux qui sont
financièrement les moins bien nantis. C'est une question de
philosophie.
Pour ce qui est des HLM, qui sont également toutes des
unités ciblées, donc toutes des unités qui sont
dirigées vers les moins bien nantis, les gens qui gagnent le moins
d'argent dans la société, nous avons fait, en 1987, un total de
3285 HLM de toutes catégories visées, alors que la moyenne
effectuée par l'ancien gouvernement, dans les cinq dernières
années, était de 2300. Donc, encore là, nous n'avons pas
de raison de ne pas nous réjouir; au contraire, je pense que la
performance est excellente.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui, quelques chiffres là-dessus, parce
qu'il faut revenir... Premièrement, on peut bien dire qu'il y en a eu
1353 de construites en 1983, c'est quand même plus que 1264 en 1987.
N'oublions pas...
M. Bourbeau: Vous ne faisiez rien d'autre. M. Paré:
Attendez un peu, c'est mon tour. M.Bourbeau: Vous ne faisiez
rien d'autre.
M. Paré: En plus de tous les programmes qu'on avait.
N'oubliez pas qu'on était en période de crise économique,
alors que là on est en période de vaches grasses. Il ne faudrait
pas oublier cela.
Quand vous parlez des plus démunis, c'est vous qui avez
arraché, par année, 30 000 000 $ aux assistés sociaux en
coupant l'indexation trimestrielle. C'est bien beau de donner l'impression d'en
donner un petit peu plus aux plus démunis quand on leur en arrache
davantage que ce qu'on leur donne. Je ne pense pas qu'on ait augmenté
les budgets de 30 000 000 $ par année, par rapport à l'indexation
trimestrielle qu'on leur a coupée. On coupe les plus démunis,
mais on leur donne de petits cadeaux à côté parce
que, donner 1 000 000 $ ou 2 000 000 $, ça paraît bien. Mais les
30 000 000 $ qu'on prend dans leurs poches, dans l'acquis, c'est autre chose,
et cela fait mal aux plus démunis, et ils le savent très
bien.
Quand vous parlez des coopératives, vous pouvez prendre n'importe
que! extrême, n'importe quel cas. Oui, un professeur d'université
peut décider d'habiter dans une coopérative, je peux
décider d'habiter dans une coopérative parce que c'est un
principe qui fait mon affaire, et cela me regarde, mais ce n'est pas
représentatif de l'ensemble de la clientèle des
coopératives, contrairement à ce que vous laissez entendre dans
vos exemples complètement démesurés. Parmi la
clientèle des HLM, 57, 6 % des gens gagnent moins de 17 500 $ par
année, 40, 5 % des gens gagnent moins de 13 000 $ par année. Si
cela n'aide pas des démunis, franchement, je ne sais pas qui cela aide.
Ce sont des chiffres réels, concrets, qui viennent des
coopératives, des gens qui connaissent le milieu. Il faut aussi faire
attention.
Concernant les coopératives comme telles, combien en
prévoyez-vous pour 1988?
M. Bourbeau: M. le Président, pour ce qui est des
coopératives, je ne prétends pas que tous ceux qui demeurent dans
les coopératives sont des gens à l'aise; d'ailleurs, j'ai dit que
c'étaient des exceptions, il y en a un certain nombre qui gagnent
beaucoup d'argent. Autrement dit, dans le système des
coopératives, on n'a pas de façon de contrôler qui entre
dans les coopératives, c'est laissé à la discrétion
des coopérants. Je leur fais confiance et, en général, on
ne privilégie pas la classe aisée. Il y a des exceptions
notables, dont le nombre est un peu plus élevé que ce qu'on
pourrait penser. Je sais fort bien que les coopératives comprennent des
gens de la classe moyenne et de la classe modeste même, mais si j'ai
à choisir de venir en aide à quelqu'un avec les fonds publics,
entre quelqu'un qui gagne 17 000 $ et quelqu'un qui gagne 11 000 $, je vais
commencer par venir en aide à celui qui gagne 11 000 $ par année.
Après cela, quand on sera venus en aide à tous ceux qui gagnent
11 000 $ et moins, on viendra en aide à ceux qui gagnent 12 000 $, 13
000 $, et on en viendra peut-être éventuellement à ceux qui
gagnent 17 000 $. Mais pour l'instant, notre choix comme gouvernement est de
commencer par ceux qui sont vraiment au bas de l'échelle salariale et
des revenus. Dans ce sens, nous privilégions ce groupe.
Maintenant, j'ai une bonne nouvelle à annoncer au
député de Shefford. Tout à l'heure, je lui ai donné
les chiffres de mise en chantier pour les 50 dernières années; je
voudrais lui donner les prévisions pour 1988. Nous prévoyons,
pour 1988, mettre en chantier environ 1800 logements de HLM publics. Le chiffre
un peu bas de 1987 s'explique par le fait qu'un certain nombre de HLM n'ont pu
être mis en chantier, vers la fin de l'année 1987, parce que les
dossiers n'étaient pas tout à fait assez avancés, mais
tous ces dossiers seront mis en chantier au début de 1988 ou dans la
première partie, de sorte qu'on escompte, en 1988, avoir un nombre de
mises en chantier qui sera à peu près de 1800. Je pense que la
situation, sans revenir au niveau de 1985, se replace un peu.
C'est bien évident qu'étant donné tout ce qu'on
fait dans les autres secteurs de HLM, les HLM dans les coopératives,
dans les OSBL, pour les sans-abri, pour les autochtones hors réserve,
pour les Inuits, bien sûr, en ce qui concerne la totalité des HLM,
on ne peut pas maintenir un rythme de 2500 HLM publics par année en
faisant tout ce qu'on fait, par ailleurs, dans les autres types de HLM.
M. Paré: Est-ce que le ministre peut me dire combien de
HLM publics avaient été prévus pour 1987?
M. Bourbeau: Ont été livrés?
M. Paré: Ont été prévus. Combien en
aviez-vous annoncés l'an dernier?
M. Bourbeau: De HLM privés?
M. Paré: Oui.
M. Bourbeau: Annoncés à quel moment?
M. Paré: Dans les HLM publics, on en a fait 1264 en 1987.
Combien avaient été annoncés?
M. Bourbeau: M. le Président, on doit dire qu'au cours de
l'année 1987, nous avons amorcé des virages majeurs, comme le
sait le député. Entre autres, nous avons décidé
d'augmenter les HLM dits privés dans le secteur des coopératives
et des OSBL. Bien sûr, nous en avons fait 737 au cours de l'année.
Nous avons également décidé de faire des HLM pour les
sans-abri. Nous en avons fait 249. Quant au Supplément au loyer, parce
que tous ces fonds-là sont intercommunicants, nous avions prévu
en faire 855 en 1987, nous en avons fait 1637. Et, pour chaque
supplément au loyer, c'est un ménage démuni qui est
aidé. Donc, pour le Supplément au loyer, il y en a 787 de plus.
Ce sont, évidemment, des chiffres très importants.
Alors, M. le Président, si on doit avoir le total, je donne cela
au député. Je vais le donner pour toutes les catégories.
Prévisions en janvier 1987, et dépenses réelles,
décembre 1988, je pense que cela va donner une bonne idée.
Alors je commence par les HLM inuit. Aussi bien commencer par les
Inuits. Nous avions prévu en faire 139, nous en avons fait 60, donc 79
en moins. Les HLM autochtones, nous avions prévu en faire 266, nous en
ferons 273, 7 de plus. Ce qu'on appelle les besoins spéciaux: nous
en
avions 300, nous en avons fait 249, donc 51 en moins. HLM privés,
nous avions prévu en faire 400 nous en aurons fait 737, donc 337 en
plus. Supplément au loyer, je l'ai dit tout à l'heure: 855
prévus, réels, 1637, 782 en plus. Et, finalement, les HLM
publics: nous avions prévu en faire 2005 et nous avons réduit
cela à 1966 - je parle des engagements, bien sûr - ce qui fait une
diminution de 534. Quand je parle des prévisions 1987, c'est avec les
engagements. Au 31 décembre 1987, nous avions engagé,
auprès de la SCHL, 1966 unités de HLM publics, donc une
diminution de 534, mais cette diminution-là est compensée par les
unités additionnelles que nous avons décidé de faire dans
d'autres domaines.
M. Paré: Votre prévision de cette année
m'inquiète beaucoup parce que je me rappelle aussi le chiffre, c'est ce
que je voulais vous faire dire. L'an passé, à cette table-ci,
connaissant les orientations que vous aviez et les autres programmes existants,
vous nous aviez dit - et je me le rappelle - en grande pompe: Nous allons en
bâtir 2500 cette année. Et, il s'en est fait moins de 50 %. Vous
pouvez nous faire le même petit stratagème cette année en
parlant de 1800, à moins que ce ne soit une année
préélectorale, j'ai hâte de voir l'an prochain quels
chiffres on apportera comme réalisation sur les 1800 prévus.
Une question sur les 1800 possibles, non probables. Je me rappelle aussi
le discours que vous teniez ici aussi l'an passé, en disant: II faut
regarder l'orientation qu'on donne aux HLM. Il faut s'ajuster. Il faut
s'adapter au contexte qui change et nous, étant donné que,
maintenant, on veut aller, à titre expérimental c'est ce que vous
disiez il y a un an - avec 400 suppléments au loyer, dans le secteur
privé, il nous semble tout à fait logique et normal de favoriser
des HLM pour des personnes âgées. Puisque la population vieillit,
c'est une clientèle qui augmente. Il faudrait donc envisager des HLM
pour les personnes âgées. C'est exactement le discours que vous
nous teniez à ce moment-là. On va aller de plus en plus vers les
HLM pour des personnes âgées et on va plutôt réserver
les suppléments au loyer privés pour les familles. Est-ce que
vous tenez toujours le même discours? Et, si oui, comment est-ce que cela
va se concrétiser en termes d'unités consacrées aux
personnes âgées, sur les 1800?
M. Bourbeau: M. le Président, je disais tout à
l'heure au député de Shefford que nous sommes dans une
société mouvante. La conjoncture évolue et le gouvernement
aussi. Nous n'avons pas un gouvernement statique. Et le député se
surprend qu'après avoir prévu, en 1987, engager 2500
unités de HLM public de type traditionnel, nous en ayons engagé
534 de moins. Et le député semble me faire un reproche de ne pas
avoir annoncé cela il y a un an. Le député sait bien que -
je l'ai dit tout à l'heure - la Société d'habitation du
Québec est en train d'effectuer un virage. Il était temps qu'on
fasse un virage. Cela faisait 20 ans que l'on faisait la même chose, que,
sous l'ancien gouvernement, on ne se posait pas de question sur
l'évolution de la société québécoise. Et le
député de Shefford semble se scandaliser du fait que nous
évoluons. (12 h 15)
Comme société, nous sommes en pleine évolution et
la SHQ également est en pleine évolution. Il ne faut quand
même pas être des dinosaures et penser que, parce qu'on faisait
quelque chose dans les temps préhistoriques, on doit continuer à
faire la même chose. Le temps des fossiles est révolu. Il est
temps, M. le Président, de se mettre à la page et d'aller trouver
des solutions qui sont les plus susceptibles de venir en aide aux besoins
réels du monde ordinaire, des ménages québécois.
Or, les ménages québécois, je l'ai dit
précédemment et je le répète, leur constitution
change. Ils ne sont plus comme avant. Nous avons des ménages
québécois qui, dans bien des cas, sont maintenant beaucoup plus
monoparentaux qu'autrefois. Il y a les familles qui sont moins nombreuses. Les
besoins changent. Les personnes âgées sont en perte d'autonomie
beaucoup plus qu'avant. Nous devons tenir compte de ces situations et s'adapter
à la réalité des choses, c'est ce que fait la SHQ. Nos
programmes évoluent en même temps. Si je n'ai pas annoncé,
il y a un an, au député de Shefford les modifications qui s'en
venaient, le député devrait connaître un peu le
mécanisme gouvernemental pour savoir qu'un ministre ne peut pas, sur la
place publique, faire des annonces avant que le gouvernement n'ait pris un
certain nombre de décisions. À un moment donné, on annonce
des choses parce que c'est ce qui est prévu, selon la tradition, selon
les budgets et, en cours de route, on s'adapte.
L'an dernier, ce fut une année d'adaptation. On a amorcé
un virage. Que le député attache bien sa ceinture, M. le
Président, parce que le virage n'est pas terminé. Le virage va se
continuer. C'est ce que le député pourra voir quand on annoncera
la politique du gouvernement en matière d'habitation. Le
député peut voir un peu dans quelle direction on s'en va. Un
virage, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Cela s'amorce si on ne veut
pas déraper en cours de route. Le virage est amorcé. Je pense
que, jusqu'à maintenant, cela va assez bien et c'est très bien
accueilli d'ailleurs par la population. Je pense qu'à force de le
répéter, le député va peut-être finir par
comprendre cela, mais je sens que le député de Terrebonne semble
mieux comprendre que le député de Shefford.
Des voix:...
M. Bourbeau: Je le vois d'ailleurs par ses réactions, M.
le Président. Le député de Terrebonne semble plus sensible
à ces problèmes. J'aimerais que le député de
Terrebonne fasse comprendre au député de Shefford la
réalité des
choses.
M. Paré: Plus vous pariez plus vous m'inquiétez et
plus je me rends compte que vous ne connaissez pas votre dossier. C'est cela
que je ne trouve pas drôle. Vous dites n'importe quoi. C'est cela qui n'a
pas de bon sens. Je vais vous lire un petit bout de ce que vous avez dit l'an
passé, dans le Journal des débats, alors qu'on
était ici pour faire la même chose. C'est presque incroyable - je
vais vous lire juste un petit paragraphe et, ensuite, on conclura - ce que vous
venez encore de dire. Vous n'avez jamais rien de clair. Vous dites n'importe
quoi pour passer le temps et, ensuite, vous n'êtes pas responsable de ce
que vous avez dit. Vous êtes en train de dire, alors que vous êtes
censé... Les qualités d'un ministre, en tout cas ce que cela
devrait être, et une société d'État, c'est
d'être capable de prévoir au moins pour un an à l'avance.
Je ne demande pas pour 100 ans, mais un an à l'avance.
Quand on étudie les budgets, on est censé savoir de quoi
on parle et ce qu'on va réaliser. C'est cela l'exercice qu'on est en
train de faire et, pour ie faire, il faut connaître son dossier. Vous me
dites que la situation change tellement - c'est comme si cela changeait tous
les jours - que, là, on peut faire des prévisions, mais on n'en
tiendra pas compte. Dans six mois, si vous avez changé d'idée,
c'est que la situation aura changé. Oui, c'est vrai que la
société québécoise est une société en
mutation. Il y a des choses qui changent et il y a des groupes qui grossissent,
que ce soient les personnes âgées, les femmes chefs de famille
monoparentale, mais ce n'est pas depuis 48 heures.
Vous dites que tout le monde est content. On verra samedi, lors de la
manifestation, des gens viendront ici parce que, dans le domaine de
l'habitation, ils ne sont pas contents. On verra. C'est sûr que,
ceux-là, vous ne les rencontrerez pas. Vous n'êtes pas
intéressé. Ce sont des gens qui sont tellement à bout
qu'ils vont venir le dire et le crier dans la rue. C'est rendu comme cela.
Je vais vous rappeler ce que vous disiez l'an passé à
cette même table à la suite d'une question. Finalement, vous
preniez l'engagement d'en avoir 2500 de faits en 1987. Normalement, quand on ne
dit pas n'importe quoi, c'est que c'est dans la machine; on sait qu'on va le
faire et on a les budgets pour le faire. Si vous aviez dépensé
les 33 000 000 $ de périmés, au lieu d'être à 1264,
on serait peut-être à 2500 cette année. Sauf que vous
n'aviez pas la volonté ni la détermination l'an passé. De
la façon dont vous parlez des HLM, vous ne l'avez pas cette année
non plus.
Mais vous disiez à ce moment-là: II va y en avoir 2500.
C'est tellement sûr qu'il y en a 3300 dans la machine, parce qu'on ne
peut pas tous les réaliser. N'ayez pas peur, ne manifestez pas et ne
criez pas; il va y en avoir 2500 de faits.
Je vous cite au texte: "M. le Président, on n'a jamais nié
la volonté d'en construire 2500. Je n'arrête pas de dire qu'on en
a construit 2500. J'ai répété ce chiffre-là au
moins 25 fois depuis trois ans. J'ai même dit aujourd'hui même,
lors de la première partie de l'étude des crédits, que la
programmation faisait en sorte que, cette année, nous construirons 2500
unités de HLM et cela fait partie d'un total de 4860 unités pour
les plus démunis. " Et là, vous nous pariez de 3285 avec toutes
vos additions que vous ne cessez pas de répéter depuis un an.
Alors, il n'y a rien là qui vient en contradiction avec ce que j'ai dit
précédemment. Vous passez votre temps à faire cela. Pour
les HLM, ce sont 2500 unités au coûts de la présente
année et le total de 4800 unités comprend, entre autres, les
unités de Supplément au loyer, les HLM privés, les
unités pour les Inuit, etc.
Si on se fie au discours comme je viens de le lire, que vous nous avez
répété 25 fois, l'an passé: 2500 et 4800, et qu'on
se ramasse avec 1264 et 3285, je dois vous dire que je trouve cela
inquiétant.
Je reviens à la question que je vous ai posée
tantôt, en espérant que, ce coup-là, je vais avoir une
réponse, en espérant, parce que je ne l'ai pas eue tantôt.
Vous nous disiez, je pourrais le retrouver dans le texte de l'an passé,
vous vous lirez, vous êtes très intéressant parfois... Il y
a quelque chose que vous disiez l'an passé, exactement la même
chose: La société est en mutation. La population
québécoise vieillit et c'est pour cela qu'on va
privilégier davantage les HLM pour les personnes âgées et
qu'on va réserver le Supplément au loyer pour les familles.
Est-ce que vous maintenez toujours ce discours et, si oui, de quelle
façon est-ce que cela va se traduire en nombre de logements pour les
personnes âgées? Sur les 1800 cette année, combien y en
aura-t-il de réservés pour les personnes âgées?
M. Bourbeau: M. le Président, je dois
reconnaître, avec le député qui vient de me citer au texte
de l'an dernier, que j'ai fait une erreur l'an dernier. Effectivement, je le
confesse, j'avais dit qu'on ferait 2500 HLM comme le député l'a
cité à deux ou trois reprises et je me suis trompé, on en
a fait 3285. Dans ce sens-là, je confesse mon erreur. Le
député vient de citer mon texte à deux reprises: Nous
ferons 2500 HLM. L'an dernier, quand je parlais de HLM, je pariais de HLM pour
des ménages démunis. Par ménages, j'entends familles
démunies ou personnes âgées démunies. Nous avons
donc fait 3285 HLM en 1987. Je fais amende honorable auprès des membres
de cette commission, je m'étais trompé. J'avais prévu
qu'on en ferait moins que ce qu'on a fait réellement.
Quand le député nous dit que j'ai mêlé tout
cela avec d'autres chiffres pour faire 4922, ce que je veux dire au
député, c'est qu'en plus des HLM de toutes catégories qui
sont tous ciblés
vers les démunis et dont le chiffre atteint 3285, il y a
également le programme Supplément au loyer qui, lui aussi,
comprend ce qu'on appelle des unités d'habitation.
Or, dans le Supplément au loyer, nous en avons fait 1637 l'an
dernier, c'est-à-dire 982 dans le secteur locatif privé, 333 dans
le secteur des coopératives et des OSBL, existant en vertu de l'ancien
programme Logipop, et 322 dans les coopératives créées en
vertu du programme fédéral d'hypothèque indexée,
pour un total de 1637 unités de Supplément au loyer, toutes pour
des démunis. Pour un total, 3285 HLM plus 1637 suppléments au
loyer, 4922 unités de logement pour les ménages démunis,
ce qui est une augmentation de 39 % par rapport à la moyenne des cinq
dernières années de l'ancien gouvernement.
Je pense que c'est clair. Les chiffres se recoupent toujours, ce sont
les mêmes chiffres mais que je représente sous une nouvelle
formule pour que le député comprenne. Si le député
prend des notes, M. le Président, qu'il les regarde, qu'il relise les
textes et il verra que ce sont toujours les mêmes chiffres qui
reviennent. Donc, je pense que les chiffres sont exacts et que nous avons
raison d'être fiers.
Je souligne maintenant au député, qui dit que nous avons
laissé périmer 33 000 000 $, que c'est faux. Je dis aussi au
député que l'ensemble des crédits prévus à
l'entente-cadre Canada-Québec sur l'habitation sociale ont
été totalement engagés au 31 décembre 1987 et que
nous n'avons laissé aucun dollar sur la table. Tous les crédits
sont engagés. Cela veut dire que tout sera dépensé, que
cela n'a pas été nécessairement tout dépensé
en 1987, mais que ce qui n'a pas été dépensé en
1987 le sera en 1988. Nous avons engagé la totalité des
crédits.
Je vois que le député a un grand sourire et qu'il est
content, de même que les députés de la partie
gouvernementale. Je pense que nous avons lieu de nous réjouir. Nous
avons engagé la totalité des crédits, nous n'avons rien
laissé sur la table, même pas des miettes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je ne ris pas parce que je suis content, je ris
parce que c'est drôle. On dépose les crédits et les
chiffres nous disent qu'il y a 33 000 000 $ en moins, qu'il y a une diminution
et le ministre nous dit qu'il n'y a rien là et que ce n'est pas vrai.
Cela fait dix fois que le ministre répète ses chiffres.
Je n'ai peut-être pas parlé franc tantôt, mais je
vais essayer de parler franc maintenant. Vous dites: Oui, j'ai fait une erreur,
le député n'a pas bien compris. Je vais juste vous dire ce que
vous disiez: "On n'a jamais nié la volonté de construire 2500
HLM. " Vous ne parliez pas de l'ensemble des programmes, vous parliez de
construire. Vous n'aviez pas à construire les logements privés
pour le Supplément au loyer. Vous parliez de construire. On était
dans les HLM publics, sous la rubrique HLM publics. Quand vous parliez des
autres, vous ne parliez pas de 2500, mais de 4800. Ce sont vos chiffres. Vous
vous relirez, cela vaut la peine.
Mais vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Je
vais vous la reposer. Cela prendra le temps qu'il faudra. On est ici
jusqu'à 18 heures. Vous disiez l'an passé, et je ne vous citerai
pas parce que vous en dites long, parfois, pour arriver à la même
conclusion. Vous disiez textuellement: La population change, la population
québécoise est vieillissante, il y a de plus en plus de personnes
âgées de 65 ans et plus et comme on a un nouveau programme... On
va y revenir tantôt et on va voir les budgets, programme par programme.
Là, on est dans le programme HLM publics. Vous nous disiez à ce
moment: II va falloir réserver plus de HLM publics aux personnes
âgées parce que c'est un secteur privilégié par les
personnes âgées à cause de la sécurité et
tout cela. On va avoir plus de HLM pour les personnes âgées
étant donné que le supplément au loyer pour les
familles... Est-ce que vous maintenez toujours ce discours? Comment cela
va-t-il se concrétiser par rapport au nombre de HLM publics
réservés aux personnes âgées sur les 1800 HLM
prévus?
M. Bourbeau: M. le Président, le député nous
pose des questions mais il les précède toujours de
préambules dans lesquels il y a des faussetés. Évidemment,
le député s'étonne que je ne réponde pas à
ses questions. Je ne peux quand même pas laisser le Journal des
débats enregistrer des faussetés du député de
Shefford auxquelles il n'y aurait pas de réponse.
Ce que je dis au député de Shefford, ce que j'ai toujours
dit, c'est qu'en 1987 nous ferions 2500 unités de HLM. Je n'ai jamais
dit HLM publics ou HLM privés. J'ai toujours parlé de HLM. Quand
le député a, tout à l'heure, cité au texte mes
paroles, on parlait toujours de HLM.
Quand j'ai dit que nous étions pour cons-tuire, évidemment
le député joue sur les mots. Quand nous fournissons les fonds
pour 249 unités pour sans-abri, pour nous c'est comme si nous
construisions 249 unités. Que ce soit nous qui les construisions...
D'ailleurs, la SHQ n'a pas de menuisier à son service. Elle n'a pas non
plus de plombier ni d'électricien. La SHQ fournit les fonds et fait
construire par l'entreprise privée. Le député sait fort
bien que même les HLM publics sont construits par l'entreprise
privée, les sociétés privées qui font des
soumissions lors d'appels d'offres. Donc, le député essaie de
jouer sur l'équivoque quand je dis: Nous construisons ou nous faisons
construire... C'est la même chose. D'ailleurs, nous faisons toujours
construire. Alors, soyons bien clairs. Les HLM sont toujours construits par
l'entreprise privée.
Maintenant, je le répète, l'an dernier, ce ne sont pas
2500, ce sont 3285 unités de HLM qui
ont été construites au Québec. Donc, je le
répète: Bravo!
Maintenant, pour le député qui veut savoir pour
l'année 1988. Si je comprends bien sa question, il veut savoir, de 1800
unités de logement qui seront mises en chantier en 1988, quelle est la
proportion pour personnes retraitées? Le chiffre qu'on m'indique ici est
931 unités pour personnes retraitées. Donc, un peu plus de 50 %
des HLM, à peu près 50 % seront pour personnes retraitées,
le solde, bien sûr, devant être pour des familles à faible
revenu.
M. Paré: Je n'aurais pas voulu faire de préambule
mais je vais être obligé d'en faire un parce que ce que vous avez
répondu au sujet des HLM n'a pas de bon sens.
Je vais vous citer d'où venaient les 3300 et les 2500. À
ce moment, vous pourrez blâmer les gens du ministère si vous
n'êtes pas d'accord parce que ce sont des chiffres officiels. Ces
chiffres étaient pris dans Mini-Express de mars 1987, le bulletin
d'information du ministère des Affaires municipales envoyé
à chaque municipalité.
Il est écrit que dans le cadre du programme de logements à
but non lucratif du secteur public, HLM, 3300 unités de logement sont
actuellement à l'étude à la Société
d'habitation du Québec. De ce nombre, compte tenu de certaines
réalisations, 2500 unités seront vraisemblablement mises en
chantier au cours de la présente année. Ce sont là des
chiffres sur des logements à but non lucratif du secteur public, HLM.
Les chiffres de votre ministère et le discours que je vous ai fait
tantôt sur les 2500 unités à constuire, c'était pour
des HLM publics. Quand vous parliez des autres, ce que vous appelez des HLM
privés, vous parliez de 4800.
Je n'aurais pas voulu faire de préambule mais, à un moment
donné, il faut corriger les choses, il faut être clair.
C'étaient vos chiffres. C'est le discours de l'année
passée et c'est cité. On peut le ressortir n'importe quand et ce
qui est contenu dans Mini-Express n'est pas venu du Parti
québécois mais de votre ministère, en mars 1987. Je pense
que vous ne devriez plus essayer de contester ce que vous avez vous-même
dit l'an passé. (12 h 30)
M. Bourbeau: Le député cite un document émis
par la SHQ. C'est un communiqué de presse émis par la SHQ et qui
a été repris par le Mini-Express, qui est le journal du
ministère des Affaires municipales. Moi, ce que j'ai dit ici en Chambre,
je n'ai pas repris à mon compte les propos du communiqué, j'ai
affirmé au député que nous allions faire construire 2500
unités de HLM. Je n'ai pas dit publics, j'ai dit HLM. La SHQ, au
début de 1987, estimait pouvoir construire ou faire construire,
réaliser 2500 unités de HLM. Le député sait qu'elle
en a engagé 1966 auprès de la SCHL au 31 décembre
1986.
Quant au solde, comme le député le sait, nous avons fait
amorcer le virage en 1987 vers le programme Supplément au loyer sur le
marché locatif privé où nous avons construit 782
unités. Chaque unité, M. le Président, de HLM de
supplément au loyer est destinée à la même
clientèle que celle des HLM publics. Ce sont les offices municipaux
d'habitation qui gèrent les HLM publics. Ils gèrent
également le programme Supplément au loyer sur le marché
locatif privé. Ce sont également les mêmes listes
d'attente. La clientèle est prise à partir des listes d'attente
pour des HLM. Ce sont les mêmes familles qui sont sur les listes
d'attente qui sont admises dans le programme Supplément au loyer sur le
marché locatif privé. Donc, nous venons en aide plus rapidement
à la même clientèle.
Pour nous, nous répondons exactement aux mêmes besoins en
mettant sur pied des unités de Supplément au loyer qu'en
construisant des HLM publics. Le député ne peut pas nous faire un
grief d'avoir amorcé ce virage en cours d'année. Si on additionne
les 1966 unités engagées avec les 782 de plus de
Supplément au loyer qui ont été réalisées,
tel que prévu, plus les HLM privés, 337 de plus, on excède
largement les prévisions de l'année 1987.
M. Paré: Je ne réciterai plus le texte. Cela ne
sert, à rien. Le ministre va continuer de dire que le cheval blanc de
Napoléon est noir tant et aussi longtemps qu'il ne sera pas tanné
de le dire. Cela ne sert à rien. Il n'aura qu'à relire le texte
pour s'apercevoir qu'il ne dit absolument pas la même chose.
Dans les orientations gouvernementales en matière d'habitation de
la SHQ, il y a quelque chose de très intéressant à la page
34. Je pense que c'est bon de le rappeler. C'est marqué "dans la
période de 1980 à 1986, le plus important programme d'habitation
orientait sa programmation en faveur des ménages âgés.
"
M. Bourbeau: Est-ce que je peux interrompre le
député? Le député cite un document, je ne sais pas
de quoi il parle. Fait-il référence à un document du
gouvernement ou du ministère?
M. Paré: Oui.
M. Bourbeau: Le député peut-il nous en donner une
copie? Je ne sais pas de quoi parle le député. Il peut citer un
texte, mais je ne peux pas commenter un texte que je ne connais pas. A-t-il
objection à faire circuler le texte qu'il a entre les mains? Est-ce que
cela a été écrit par le Parti québécois? Par
qui le document a-t-il été écrit?
M. Paré: Non, par la Société d'habitation du
Québec. C'est ce qui a paru dans les journaux et je vais vous demander
tout simplement votre point de vue sur de grandes orientations qui ont sorti.
Il est dit là-dedans...
M. Bourbeau: Maintenant, le député peut-il faire
circuler le document? Tout à l'heure le député voulait
avoir des chiffres, on lui en a envoyé. Si le député veut
citer un document, il faudrait quand même qu'on soit en mesure de savoir
de quoi il s'agit.
M. Paré: Je suis prêt à vous en faire faire
une photocopie. Vous l'aurez à la reprise.
M. Bourbeau: Je tiens pour acquis que c'est écrit par le
député de Shefford.
M. Paré: Non, c'est écrit par la
Société d'habitation du Québec. Ne commencez pas... En
tout cas, vous avez dû certainement le voir parce qu'il y a des
orientations qui sont en application là-dedans de toute façon. Ce
qui compte là-dedans et ce qu'on dit, il y a des choses très
importantes. Il y en a deux en particulier concernant les HLM. Je veux avoir
votre idée là-dessus. Il est dit que le gouvernement du Parti
québécois a privilégié, entre 1980 et 1986, les
personnes âgées. Tant mieux. Je trouve que c'est une fleur de plus
à notre chapeau et c'est parfait que ce soit comme cela parce que c'est
une clientèle qu'on a favorisée au niveau des HLM. Il est dit
là-dedans deux changements qu'on devrait apporter. D'ailleurs, les gens
vont venir contester là-dessus. Il est dit que, parce qu'on a beaucoup
aidé les personnes âgées, maintenant ce serait une
clientèle en soi favorisée et qu'il faudrait faire en sorte que
les personnes âgées demeurant dans des HLM voient la part de leur
revenu consacrée au logement passer de 25 % à 30 %. J'aimerais
que le ministre me dise ce qu'il pense de cette proposition qui est contenue
dans une orientation soumise par la Société d'habitation du
Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a pas d'orientation,
que je sache. Dans le texte que lit le député, je ne reconnais
pas le document que moi j'ai vu. Si le député veut me donner une
copie du document pour qu'on puisse le regarder. Est-ce qu'on pourrait
suspendre une minute ou deux, M. le Président? Le député
pourrait nous montrer le document, on pourrait tenter de le regarder avec les
dirigeants de la SHQ et voir s'il s'agit d'un enfant légitime ou
illégitime de la SHQ et on pourrait savoir s'il y a une quelconque
paternité de ce côté-ci. M. le Président,
jusqu'à preuve du contraire, je dois dire que je ne reconnais pas le
document, enfin, moi, je n'ai jamais vu le document dont parle le
député. Alors, comment puis-je commenter un document dont je ne
reconnais pas la paternité? D'ailleurs, les dirigeants près de
moi, a priori, ne semblent pas penser que la SHQ ait entériné un
tel document. M. le Président, j'ajoute ceci: Le député
dit que cela a été écrit à la SHQ. Il y a à
peu près 500 employés à la SHQ, tous d'un très haut
niveau de quotient intellectuel et ce sont des gens qui ont une très
grande facilité pour écrire; on a donc beaucoup
d'écrivains. Que des gens écrivent des textes à la SHQ,
c'est normal, ce sont des gens qui pensent beaucoup et qui, parfois,
écrivent beaucoup. Qu'un fonctionnaire quelque part ait écrit des
pages et des pages, c'est possible, mais aussi longtemps que le document n'est
pas approuvé par la direction de la SHQ, par son conseil
d'administration, évidemment, il n'est pas reconnu par la SHQ comme
étant officiel, et aussi longtemps que le ministre ne l'a pas
autorisé, il n'est pas partie de la politique du gouvernement. Que des
documents circulent dans la machine gouvernementale, il y en a des tonnes de
documents qui circulent, mais je ne suis certainement pas pour
reconnaître un document ou pour dire qu'il s'agit d'une politique
gouvernementale quand le député n'ose même pas me le
montrer de peur que je lui dise que ce n'est pas un document qui émane
de la SHQ. Ce n'est pas très sérieux ce que fait le
député de Shefford. Si le député pense vraiment
avoir découvert quelque chose d'important, il devrait avoir au moins le
courage de le montrer.
M. Paré: Tel que je vous l'ai dit tantôt, je vais
vous en donner une copie; si vous n'avez pas le temps de prendre connaissance
de l'habitation parce que cela ne vous intéresse pas, je vais vous tenir
au courant, mais là où on n'a pas besoin de document pour s'en
parler franchement. Est-ce que vous, tant et aussi longtemps que vous serez
ministre de l'Habitation, vous prenez l'engagement que le taux d'effort
consenti par les personnes âgées pour payer leur loyer dans les
HLM va être maintenu à 25 % et qu'il n'est pas question que ce
soit augmenté à 30 %? Est-ce que vous en prenez l'engagement?
M. Bourbeau: M. le Président, le député fait
allusion à un problème qui est tout à fait
différent de ceux dont on a parlé jusqu'à maintenant. Le
taux d'effort qui est consacré par les personnes âgées ou
par les démunis de la société peut varier grandement. Il y
a des personnes démunies dans la société, des
ménages démunis qui consacrent 40 %, 50 % et même 60 % de
leur revenu pour se loger. On le voit à l'aide sociale, c'est parfois
tragique de voir comment les gens... Si le député faisait comme
moi et se promenait un peu dans les quartiers, s'il allait faire un tour
à Pointe-Saint-Charles, par exemple, ou dans l'est de Montréal
comme je l'ai fait à plusieurs reprises, quoi qu'en pense le
député, il verrait des situations assez déplorables. Le
gouvernement, actuellement, a une politique pour venir en aide au plus grand
nombre de démunis possible. Que ce soient des personnes
âgées, que ce soient des familles, nous voulons être plus
justes et plus équitables dans la redistribution des fonds publics. Le
député s'en rend compte, avec le nouveau Programme de
supplément au loyer sur le marché locatif privé, nous
réussissons à venir en aide à plus de familles avec le
même montant d'argent que nous
utilisons ou un peu plus mais, enfin, avec des sommes comparables. Donc,
plutôt que de donner beaucoup à peu de gens, avec le programme
Supplément au loyer, nous venons en aide à un plus grand nombre
de personnes en ne dépensant sensiblement pas plus. C'est donc un
programme efficient. Nous voulons de cette façon essayer d'être
plus efficaces avec nos fonds pour faire une meilleure redistribution des
richesses. Prenons, par exemple, le programme Logirente qui tente de venir en
aide aux personnes âgées qui consacrent un taux d'effort important
pour se loger, qui consacrent des sommes d'argent plus importantes que la
moyenne des gens pour se loger. Logirente est un programme qui a
été mis en vigueur par l'ancien gouvernement avec des normes qui
font en sorte que les personnes âgées sont aidées à
partir du moment où elles consacrent au moins 30 % de leur revenu pour
se loger. Je dirais même que c'est plus que cela, parce qu'il y a dans le
programme Logirente un ticket modérateur qui fait en sorte que la
personne âgée de 60 ans et plus qui bénéficie de
Logirente doit elle-même consacrer 25 % de l'excédent. Autrement
dit, le gouvernement ne supplémente pas l'excédent en haut de 30
%, mais la personne âgée doit consentir elle-même une autre
partie de 25 % de la différence. Donc, le gouvernement
supplémente les trois quarts de la différence et non pas 100 % de
la différence en haut du taux d'effort de 30 %. C'est ce qui fait que le
taux d'effort, finalement, dans le cas de Logirente, est peut-être de 32
%, 33 %, 34 % ou même 35 %. C'est le programme mis en vigueur par
l'ancien gouvernement à l'égard des personnes âgées
démunies.
Dans les HLM, actuellement, le taux d'effort est de 25 %. Par contre, en
dehors des HLM, vous avez des listes d'attente, dont le total au Québec,
actuellement, se situe aux environs de 30 000 personnes, si on prend la
totalité des offices municipaux du Québec. Sur ces listes
d'attente, vous avez des gens qui consacrent beaucoup plus que 25 % de leur
revenu pour se loger. Vous avez des 30 %, 35 %, 40 %, 50 %, 60 % et
peut-être plus dans certains cas particulièrement tragiques. Tout
ce que je peux dire au député, c'est que nous
réfléchissons présentement sur l'ensemble des
problèmes en habitation et qu'il n'y a absolument aucune décision
qui a été prise par le gouvernement. Une diversification et une
meilleure efficience des programmes, de façon à atteindre le plus
grand nombre possible de démunis, c'est là l'objet de toutes nos
préoccupations.
M. Paré: Je reviens exactement à ce que j'ai dit
dans mon discours d'ouverture, où j'ai conclu en disant: Ce
gouvernement, dans le discours sur les plus démunis, s'attaque encore
aux plus démunis. Comment? En comparant les plus démunis qui ont
peut-être un petit peu moins de misère aux pires, aux plus
démunis, et en faisant une espèce de rattrapage par le bas.
Ce que le ministre vient de me dire m'inquiète beaucoup, peu
importe qu'on se réfère à un document ou pas, c'est sur ce
que le ministre vient de dire. Il est en train non pas de dire qu'il n'est pas
question que cela monte à 30 %, il est en train de justifier que ce
serait tout à fait normal que les personnes âgées dans les
HLM paient plus que 25 % ou 30 % et peut-être même plus, une
question d'équité; pas d'équité avec les
travailleurs, pas d'équité avec le salaire minimum, pas
d'équité avec le revenu minimum garanti, pas
d'équité avec ce qu'on appelle le seuil de pauvreté, mais
l'équité avec les plus pauvres de la société. Donc,
si eux ont la chance de respirer un petit peu, s'ils ont la chance d'être
mieux que les plus pauvres, comme l'équité, par le bas et non pas
par le haut, pourrait se justifier en les pénalisant davantage, donc,
comme dans les autres programmes, ils sont moins favorisés parce que
ceux qui ne sont pas dans les HLM sont moins favorisés, faisons en sorte
de nous attaquer à ces plus démunis qui ne sont quand même
pas des riches, ne rêvons pas en couleur. Faisons en sorte que ces
gens-là, maintenant, soient pénalisés et que cela passe
à 30 % et même peut-être plus.
Le ministre se réfère à Logirente que l'ancien
gouvernement a mis sur pied. Tant mieux et heureusement parce que j'ai
l'impression que si on ne l'avait pas mis sur pied, il n'existerait pas. Quand
on prend Logirente, et qu'on veut le comparer aux gens de 65 ans et plus dans
les HLM, Logirente, c'est dans le secteur privé et c'est pour permettre
aux personnes de 60 ans et plus d'avoir une contribution gouvernementale pour
payer leur loyer. L'on dit: C'est 30 %; mais quand on fait le calcul - et vous
avez raison - le surplus de 30 % est payé à 75 % par le
programme; donc, cela veut dire 32 % ou 33 % qu'ils doivent consacrer à
leur logement. Donc, on se rend compte qu'il y a disparité entre les
personnes âgées qui profitent de Logirente et les personnes dans
les HLM. Là, si on veut vraiment s'occuper des plus démunis de la
société, si on veut les garder dans leur milieu, au lieu de dire:
Oui, il y a disparité, travaillons et utilisons l'équité
en faveur des plus démunis, on devrait dire: II faudrait
améliorer Logirente. Au lieu de périmer 33 000 000 $, si on avait
décidé d'améliorer le programme Logirente, peut-être
qu'on aurait pu faire l'équité, amener la justice par le haut et
non par le bas et, à ce moment-là, on aurait pu améliorer
Logirente pour permettre que ce soit la même chose, 25 %. Mais non, au
lieu de faire cela, on dit: Comme Logirente, ce n'est pas 25 %, question
d'équité, il faudrait regarder dans les HLM s'il n'y aurait pas
moyen d'augmenter les plus démunis.
Ma question était claire et nette: Est-ce que le ministre a
l'intention de faire en sorte que cela ne dépasse jamais 25 % pour les
personnes du troisième âge que nous avons grandement aidées
lorsque nous étions au pouvoir? Le ministre dit: On est en train
d'étudier. Quand on
étudie et qu'on a un discours de quelques minutes pour justifier
qu'il devrait y avoir une augmentation, je dois vous dire que je suis plus
inquiet maintenant que j'ai eu la réponse.
Toujours concernant les HLM, il est de plus en plus question - on en
parle publiquement, on en parle partout - entre autres, à une autre
commission sur l'aide sociale à laquelle participait le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, de considérer
le loyer payé par les assistés sociaux. Les assistés
sociaux, ce sont les plus démunis de la société. Il faut
arrêter de les culpabiliser, il faut arrêter de dire que ce sont
des gens qui abusent du système, qu'ils vivent grassement et qu'ils sont
bien à l'aide sociale. J'en vois tous les jours quand je suis à
mon bureau de comté. Ce sont les gens les plus démunis de la
société. Pour y avoir droit, il ne faut rien avoir; si on a
quelque chose, il faut le brûler avant d'être admissible. Ceux qui
ont travaillé toute leur vie et qui perdent leur emploi à un
moment donné pour toutes sortes de raisons, pour qu'ils aient droit
à l'aide sociale, on leur dit: Vendez vos maisons et grugez votre
affaire et, après cela, vous viendrez nous voir. Ils n'ont plus rien.
(12 h 45)
Une voix:...
M. Paré: Cela, c'est une autre affaire. Vous êtes au
pouvoir, maintenant, assumez vos responsabilités.
M. Camden:... au moment où vous étiez
là.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paré: Ceux qui essaient de dire, aujourd'hui, par des
campagnes de dénigrement, que les assistés sociaux sont des
profiteurs ont tort. C'est faux, et vous le savez. Que cela n'ait pas
été changé avant, vous avez peut-être raison. On
sait qu'en période de crise, on ne pouvait pas faire plus. Mais on a
indexé les assistés sociaux tous les trois mois, alors que vous
avez coupé cela en période de croissance économique.
Cela dit, on est encore en train d'envisager de fesser sur les
assistés sociaux qui sont dans les HLM. Concernant le loyer, ce ne sera
plus la même politique que nous avons toujours maintenue, soit 25 % de
leur revenu. Ce qu'on propose plutôt, c'est que le loyer que ces gens
devront payer, ce sera ce qui est retenu comme un loyer dans le barème
de l'aide sociale. Qu'est-ce que cela donne comme chiffre? Pour une femme chef
de famille monoparentale avec un enfant, elle verrait son loyer passer de 166 $
à 338 $ par mois. C'est une augmentation de plus de 100 %.
Je veux savoir si, dans votre esprit, c'est quelque chose à quoi
vous êtes en train de réfléchir. Est-ce que vous jugez que
ce serait acceptable et que cela viendrait aider les plus démunis? C'est
le beau discours d'aide aux plus démunis qui ferait en sorte que les
plus démunis qui ont réussi à obtenir un logement HLM et
qui pensent s'en sortir un peu plus et qui vivent un peu mieux parce qu'ils ont
leur prestation totale d'aide sociale, qui est sous le seuil de la
pauvreté... Ces gens qui sont dans les HLM et qui paient 25 %, parce que
c'est le barème qu'on a maintenu quand on était là, on
souhaite qu'il soit maintenu.
Vingt-cinq pour cent de leur revenu d'aide sociale servent à
payer leur loyer. On dit maintenant qu'on oublie les 25 %; donc, on vient
briser le barème, on vient briser le principe, on vient faire ce beau
discours sur les plus démunis qu'on fesse davantage. On enlève
l'indexation, on enlève toutes sortes de frais pour les plus
démunis qui sont à l'aide sociale. Ceux qui sont dans les HLM,
arrêtez de penser aux 25 %, il y a un x là-dessus. C'est le
barème d'aide sociale, le montant qui est retenu dans le calcul de
prestations comme un loyer normal ou un loyer selon le marché. C'est ce
que les autres payent et c'est ce que vous devriez payer dans les HLM et c'est
à cela qu'on réfléchit et dont on est en train de
discuter.
Est-ce que, M. le ministre, vous êtes aussi en train de
réfléchir sur cette possibilité? Est-ce que vous en avez
discuté avec votre collègue de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu comme une possibilité dans une belle
politique d'aide aux plus démunis, dans une belle politique d'aide
à la famille? Est-ce que vous vous orientez dans le sens de faire en
sorte que le loyer pour les plus démunis soit augmenté dans les
HLM? Avec l'exemple que je vous ai donné, la femme chef de famille
monoparentale verrait son montant consacré au loyer doubler d'un coup
sec. Est-ce que vous êtes d'accord avec cela? Est-ce que cela fait partie
de vos réflexions? Est-ce que vous en avez parlé d'une
façon positive ou négative avec votre collègue, ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, dans le cadre de
la nouvelle politique en matière de sécurité du revenu
qu'on appelle l'aide sociale?
Et si vous me dites que non, vous avez certainement vu des
représentants de la Société d'habitation du Québec,
tels que mandatés, faire une déclaration récente pour
dire, il n'y a pas longtemps - je pourrais même vous trouver la date -
pour le principe qu'on met en doute: Oui, cela va se faire progressivement,
petit à petit.
Et je vais citer, parce que cela vaut la peine, le vice-président
de la Société d'habitation du Québec, M. Jean-Paul
Beaulieu, qui a catégoriquement nié ces chiffres, hier. Le
document de la SHQ - ce n'est pas moi qui cite le document, c'est M. Beaulieu -
est un document de travail. Et M. Beaulieu a démenti, avec la
dernière énergie, que la SHQ envisage de telles mesures de loyer
pour les assistés sociaux vivants dans un HLM. Et là je cite:
"C'est évident qu'on veut
harmoniser les différentes politiques du gouvernement. Mais il
n'est pas question de hausser le logement d'un seul coup. Il va y avoir une
transition et cela se fera graduellement. " Est-ce que cela peut être
plus clair?
On va effectivement vers cette attaque, que je dénonce depuis un
certain temps, faite par tous les ministères du gouvernement sur les
plus démunis. Et on essaie de faire cette équité, cette
justice sociale qu'on dit, par le bas, sur ceux qui respirent un peu pour les
ramener vers les plus bas de la société. C'est l'aide aux plus
démunis. Faire en sorte qu'au moins ils puissent dire: Si on est
pauvres, on est pauvres également et on est pauvres en gang. On fait
l'équité par le bas.
Est-ce que vous êtes d'accord avec la déclaration de M.
Beaulieu, qui fait en sorte qu'on vient briser le principe des 25 %, s'attaquer
aux plus démunis, c'est-à-dire les assistés sociaux et
faire en sorte que graduellement, petit à petit et non pas d'un seul
coup, on vienne faire en sorte que le montant consacré au logement pour
les assistés sociaux, ne soit plus de 25 % de leur revenu d'aide
sociale, mais le barème retenu à l'intérieur des
prestations d'aide sociale consacrées au loyer?
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez de
répondre à la totalité des propos qu'a tenus le
député de Shefford dans son homélie. Je suis
malheureusement obligé, avant d'en venir au point dont il vient de
traiter en dernier lieu, de revenir sur certains autres sujets qu'il a
traités précédemment.
Le député a répété que le
gouvernement avait laissé périmer 33 000 000 $ en 1987. C'est
faux, M. le Président. La SHQ a engagé la totalité de ses
crédits auprès de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement au 31 décembre 1987. Même plus
que cela, j'annonce au député, pour son édification
personnelle, que la SHQ, en plus d'avoir engagé tous les budgets
à l'entente fédérale-provinciale prévus avec le
fédéral, a obtenu du gouvernement fédéral une somme
additionnelle de 6 000 000 $, en 1987; cette somme qui n'avait pas
été utilisée par les autres provinces. Non seulement nous
avons utilisé tous nos fonds, mais nous avons réussi à
amasser 6 000 000 $ qui avaient été laissés sur la table
par d'autres provinces. Que le député ne vienne pas nous dire que
nous n'avons pas engagé tous nos fonds. Nous avons engagé plus
que nos fonds.
Pour ce qui est de la question fondamentale dont parle le
député qui se fait le grand champion des démunis et des
assistés sociaux, je lui ferai remarquer que des assistés
sociaux, il y en a un grand nombre au Québec qui ne sont pas dans les
HLM. En fait, la plus grande partie, la presque totalité ne sont pas
dans les HLM. On peut peut-être dire qu'au Québec il n'y a
même pas 10 % des assistés sociaux qui sont dans les HLM. Les
autres sont soit sur des listes d'attente, s'arrangent seuls ou ne demandent
même pas d'aide du gouvernement en matière de logement.
M. le Président, qu'est-ce que je dois conclure de tout cela? Les
vrais assistés sociaux, ceux qui sont les plus défavorisés
de la société, sont ceux qui ne sont pas aidés,
présentement, par le gouvernement. Le député de Shefford,
en nous demandant de consacrer des sommes énormes à un tout petit
nombre, par exemple en maintenant le programme de HLM publics à son
maximum sans utiliser les autres formes plus efficaces ou plus efficientes que
nous avons déjà commencé à utiliser, nous demande
de nous limiter à un petit nombre et à laisser les autres sur le
carreau. C'est cela que le député de Shefford nous demande, M. le
Président. C'est facile, sur son ton démagogique, de faire la
leçon à tout le monde. Mais les 360 000 ménages qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale et qui ne sont pas actuellement
dans les HLM, qu'est-ce qu'on va faire avec eux? Comment pourra-t-on leur venir
en aide? N'y aurait-il pas moyen d'être un peu plus juste dans la
distribution des fonds publics affectés aux démunis? C'est la
question que je pose.
Le gouvernement précédent l'avait compris un peu lorsqu'en
1982, en pleine crise économique, il avait lui-même
décidé - il avait compris cela - d'amorcer un certain virage dans
les HLM en décidant d'augmenter le montant que payaient les locataires
dans les HLM. Le député se souvient qu'avant 1982, certains
locataires dans les HLM payaient aussi peu que 10 % ou 15 %, certains
même jusqu'à 10 % de leur revenu pour se loger dans un HLM.
L'ancien gouvernement avait amorcé ce virage et, en mars 1982, il avait
demandé que les locataires dans les HLM consacrent 25 % de leur revenu
pour se loger, sans compter l'électricité. Cela a fait en sorte
que, dans les HLM actuellement, le taux d'effort est d'à peu près
27 % ou 28 %. C'est l'ancien gouvernement lui-même qui l'a reconnu
à cette époque-là et il n'a pas hésité,
même en pleine crise économique, à augmenter le loyer des
assistés sociaux dans les HLM, enfin de tous les locataires,
reconnaissant certainement qu'il était injuste et inéquitable que
des assistés sociaux sur les listes d'attente paient 40 %, 50 % ou 60 %
de leur revenu pour se loger alors que dans les HLM on payait aussi peu que 10
% ou 15 %. En plus, dans les HLM il y a une qualité de logement
supérieure, qu'on ne retrouve pas dans le secteur privé, surtout
dans ce type de ménages-là. Donc, raison additionnelle pour
être équitable et juste envers tout le monde. Ce sont des sujets
sur lesquels on réfléchit présentement.
Pour ce qui est de la dernière question du député,
je peux lui dire qu'en ce qui me concerne il est impensable et impossible que
le gouvernement admette que des familles monoparentales avec un enfant qui
paient présentement 166 $ puissent voir leur loyer augmenter à
338 $. C'est absolument contraire à tout ce en quoi je crois et je peux
assurer le député qu'il n'est absolument pas question que, tant
que je serai
là, les familles monoparentales avec un enfant voient leur loyer
dans les HLM passer de 166 $ à 338 $.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: C'est facile de faire des comparaisons, sauf que
le ministre, quand il dit qu'il ne prend pas d'engagement, est plutôt en
train de justifier des changements à venir et il fait des comparaisons.
Il n'y a rien de plus facile que de diviser les plus démunis entre eux
autres pour justifier qu'on les aide moins. Il dit que les assistés
sociaux qui sont dans des logements privés, paient bien plus cher, et
qu'il faudrait donc qu'il y ait une certaine équité avec ceux qui
sont dans les HLM et qui profitent d'un programme du gouvernement, donc, qu'on
baisse ceux-là au lieu d'augmenter les autres. On pourrait plutôt
augmenter le budget pour aider les autres, si on veut vraiment être
sérieux et parler en termes d'aide aux plus démunis.
Si on continue à étudier l'ensemble des
possibilités, on va avoir des taux variables dans les HLM. Cela voudrait
dire que le principe de base pourrait être maintenu pour les autres
à 25 %, c'est-à-dire les travailleurs, les gens qui ne sont pas
assistés sociaux ou des personnes du troisième âge. Le
troisième âge serait à 30 % et les assistés sociaux,
on ne le sait pas. Ce qui se discute présentement, ce serait 50 % dans
certains cas, c'est-à-dire dans le cas que je vous ai donné,
parce qu'une femme seule avec un enfant vont chercher 700 $ ou 800 $;
même pas tant que ça, c'est plutôt autour de 600 $. Elle
paierait 366 $, soit 50 %.
Le ministre dit: II n'est pas question qu'ils paient tant que ça,
mais aussi il n'est pas non plus question qu'ils restent là où
ils sont. Cela veut dire qu'ils vont se ramasser quoi? Est-ce que cela va
être comme les personnes âgées, qu'il va y avoir deux ou
trois sortes de citoyens au Québec, même dans les HLM? Est-ce
qu'on va dire: Dans les HLM, ceux qui vivent des prestations d'État,
cela va être 30 % et ceux qui vivent de revenu de travail, cela va
être 25 %. Ou est-ce qu'on va justifier l'équité en disant
que, maintenant, comme il faut avoir aussi l'équité pour tout le
monde, à l'intérieur d'une même bâtisse, d'un
programme gouvernemental, mais comme on peut justifier - et c'est ce que le
ministre a tenté de faire tantôt - pour les personnes
âgées maintenant, il faut que cela monte. On est en train de
l'envisager. Justifier pour les assistés sociaux? Oui, mais c'est vrai
que le chiffre que j'ai donné est tellement gros. Allons un peu moins
fort, mais augmentons. Donc, cela pourrait être 30 %. On pourrait donc
dire: Comme on augmente de 30 % pour l'ensemble de ceux qui vivent de
prestations d'État, faisons la même chose pour les autres. Cela
viendra donc justifier une augmentation pour l'ensemble des résidents
des HLM.
En plus, la justification, le ministre l'a depuis tantôt.
Logirente, c'est 30 %. Donc, vous voyez, c'est 30 %, c'est normal. C'est
même plus que 30 % qu'on pourrait justifier. Donc, au lieu d'amener
Logirente à 25 %, au lieu de bonifier des programmes, venons
plutôt rendre des programmes moins généreux pour ceux qu'on
aide, mais toujours sous le beau discours pour les plus démunis. C'est
toujours juste le discours, mais la réalité est à
l'opposé. Le ministre ne m'a absolument pas rassuré pour le
maintien des 25 % dans les HLM. C'est même presque acquis que ce n'est
pas cela.
On y reviendra cet après-midi dans un autre dossier où,
déjà, des gestes ont été posés dans le sens
qu'il y a eu des jugements de rendus. Il en sera certainement question aussi
avec le président de la Régie du logement concernant le montant
du revenu consacré au logement dans les coopératives, parce qu'il
y a déjà eu des jugements de rendus là-dessus. On est en
train de faire la même chose dans les coopératives. Dans les
coopératives, c'est la même affaire. Ceux qu'on est en train de
pénaliser, ce sont les plus démunis vivant dans les
coopératives même s'il n'y a pas juste des plus démunis,
ceux qu'on veut pénaliser sont encore les plus démunis dans la
coopérative. Ce sera certainement un des premiers sujets que nous aurons
à traiter en revenant après la période de questions cet
après-midi.
Le Président (M. Saint-Roch): II est maintenant 13 heures,
je me vois dans l'obligation de suspendre les travaux jusqu'après la
période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 49)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales, programmes 9
et 10.
Alors au moment de notre suspension, nous en étions à M.
le député de Shefford.
Processus de nomination au conseil
d'administration des offices
municipaux d'habitation
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. On va faire
encore un petit bout sur les HLM, secteur public, très rapidement, avant
de passer aux autres programmes. Mais, avant d'aller aux HLM, on va remettre au
ministre, tel que promis, un document sur une orientation proposée par
la Société d'habitation du Québec, en espérant
qu'il
puisse le lire, si ce n'est pas déjà fait, pour commencer
à s'occuper un peu de l'habitation. Alors, tel que promis, le document
va être remis au ministre immédiatement.
On revient aux HLM, secteur public. Deux petites choses
là-dessus. On a parlé du nombre de HLM qui vont être
construits cette année, priorité ou pas donnée aux
personnes âgées par rapport aux familles, la possibilité de
monter à 30 %, pour les personnes de 65 ans et plus, la participation de
leur revenu pour payer le loyer. C'est un peu la même chose concernant
les assistés sociaux, la possibilité qu'ils doivent payer non pas
25 % de leur revenu, mais la partie budgetée ou reconnue à
l'intérieur des barèmes de l'aide sociale pour un montant
consacré au loyer.
Deux petites choses, une totalement à part: il s'agit des
nominations. On sait qu'il y a une nouvelle philosophie qui est en train de
s'installer pour ce qui est des nominations. On l'a vu avec les notaires, sur
recommandation des députés. On l'a aussi vu à la SIQ
à la suite de recommandation des députés, pour les
constructions, les contrats sans appel d'offres de 5000 $ et moins. Mais aussi
les nominations sur le plan du conseil d'administration des offices municipaux
d'habitation. Je vais vous amener un cas très précis puisque vous
le connaissez et que vous avez échangé des lettres avec les gens
de la région du comté de Joliette et les représentants de
l'Office municipal d'habitation de Saint-Liguori.
Ce que disent ces gens-là, je trouve important de l'amener non
seulement parce que c'est un cas qui m'a été soumis mais parce
que, en fait, cela touche à l'ensemble des autres et il faut savoir si
le principe est encore bon ou si ces nominations, maintenant, cela se fait sans
tenir compte du processus de recommandation qui a été mis en
place il y a déjà plusieurs années. Dans ce cas
précis, quand on fait la lecture du dossier et des documents qui nous
ont été remis, il fallait remplacer deux membres du conseil
d'administration qui représentent les groupes socio-économiques.
Tel que convenu, avec les procédures établies, les instances
locales font des recommandations par le truchement de différentes
personnes, différents groupes sociaux, avec des recommandations, pour
suggérer des gens qui sont impliqués dans le milieu. Dans le cas
précis de Saint-Liguori, il y avait des gens en place qui avaient
manifesté l'intérêt de rester en poste et de continuer.
Cela faisait l'unanimité dans ia région. Vous avez eu des
résolutions du conseil d'administration, de l'Office municipal
d'habitation de Saint-Liguori, et vous avez aussi eu une résolution
municipale approuvant ces deux personnes pour les garder en place. J'ai une
copie de la corporation municipale de la paroisse de Saint-Liguori qui dit: "II
est proposé par M. Guy Latour, appuyé par M. Roger Gaudet et
résolu unanimement que le conseil municipal de Saint-Liguori appuie la
résolution 1988-08 de l'Office municipal de Saint-Liguori, à
savoir que le conseil d'administration de l'Office municipal d'habitation de
Saint-Liguori dénonce la position du ministre Bourbeau et de son
adjointe parlementaire, Mme Violette Trépanier, face au renvoi de Mme
Mireille Jetté et de M. Paul Larochelle, administrateurs de l'Office
municipal d'habitation de Saint-Liguori, et du non-respect de la
procédure à suivre pour ce faire."
Si je comprends bien ce qui s'est passé dans ce dossier, la
procédure établie a été suivie comme telle,
c'est-à-dire qu'il y a eu des suggestions venant de Saint-Liguori -
c'étaient les seuls en plus - de renommer ces personnes qui sont
là depuis un certain nombre d'années, qui sont compétentes
et qui ne sont pas non plus d'allégeance péquiste; c'est un fait
reconnu dans le coin. Ce n'est pas important, elles sont compétentes et
intéressées. Elles ont demandé à être
renommées et elles ont eu les appuis nécessaires. Ce sont les
seules recommandations qu'il y a eu et, maintenant, le ministre leur
répond que, de toute façon, c'est lui qui a le pouvoir et nomme
les gens au conseil d'administration représentant les groupes
socio-économiques.
Voici la question que j'ai à vous poser: Est-ce que la
procédure de recommandation venant des groupes tient toujours ou si
c'est peine perdue que les gens soient recommandés ou pas, quand vous
déciderez de nommer des gens à votre goût, que la seule
recommandation viendra de vos connaissances du Parti libéral en
régions? C'est inutile de suivre le processus de recommandation. Si
c'est cela, aussi bien qu'on le sache tout de suite. Comme cela, on perdra
peut-être moins de temps en régions dans différentes
municipalités pour que des groupes délèguent des gens, les
recommandent, envoient des formules, espèrent et attendent inutilement.
Si la nouvelle procédure, c'est comme dans tous les autres domaines que
le gouvernement est en train d'installer, on nomme qui on veut et comme on
veut, aussi bien le savoir tout de suite.
Est-ce que la procédure de recommandation... Je connais
déjà en partie votre réponse, vous allez me dire: Vous
pouvez, au-delà des recommandations, déléguer des gens ou
choisir parmi des listes. C'est comme cela que nous le voyons, en tout cas,
dans l'esprit de la procédure, pas nécessairement dans la lettre,
mais aussi dans ia lettre, dans l'esprit: À l'intérieur des
recommandations, s'il y en a plusieurs, vous pouvez faire des nominations.
M. Camden: Question de règlement, M. le Président,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur une question de
règlement, M. le député de Lotbinière.
M. Camden: J'ai beaucoup de difficulté à percevoir
le lien qu'ont avec l'étude des crédits les nominations. Cela ne
m'apparaît pas du tout être le moment de discuter de la disposition
et
de la façon de procéder aux nominations par rapport
à l'étude des crédits dont on doit prendre connaissance
aujourd'hui. Cela n'a aucune espèce d'incidence financière.
M. Paré: Je ne voudrais pas m'étendre
là-dessus, là. Je veux bien croire qu'il n'y a pas longtemps que
le député est ici...
M. Camden: Moi non plus, M. le député...
M. Paré:... mais il va falloir qu'il apprenne... Une
minute!
M. Camden: Pardon?
M. Paré: II va falloir que le député
apprenne ce qu'est la période des crédits. On se le fait assez
dire à la période des questions et tout le temps de toute
façon: la coutume, la procédure, c'est comme cela que cela
fonctionne. L'étude des crédits est le temps idéal...
M. Camden: M. le Président, j'ai demandé un avis au
président et non au député de Shef-ford.
M. Paré:... le temps tout choisi pour parler de
l'ensemble. J'ai droit à mon interprétation.
M. Camden: J'ai posé ma question d'abord au
président. Si vous avez l'intention d'y répondre, vous y
répondrez ensuite.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lotbinière. M. le
député de Shefford.
Après avoir écouté les deux interventions, je suis
prêt à rendre ma décision. Comme j'ai eu à statuer
hier soir que, lors de l'étude des crédits,
l'interprétation de notre règle de pertinence est plus
libérale, pour autant qu'on a un élément ou une question
ou un point qui relève de l'un des éléments du programme
étudié, à ce moment-là, eh bien, la
présidence se doit d'interpréter le règlement avec
très grande largeur. Alors, pour ces raisons, vous pouvez continuer M.
le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Alors, est-ce que,
dans les nominations qui sont faites à partir de maintenant ou qui le
seront dans l'avenir, cela va être ce même esprit très
libéralisé qui va entrer en ligne de compte ou si, peu importe
les recommandations, à l'avenir, ce sera vraiment une surprise? Lors des
nominations, les gens apprendront comme ils l'ont appris présentement
que ce sont des personnes que ces gens-là ne connaissaient pas et qui
n'avaient pas été recommandées qui ont été
nommées. Est-ce que la procédure de recommandation mise en place
au cours des dernières années tient toujours?
M. Bourbeau: M. le Président, dans un premier temps, je
remercie le député de Shefford de m'avoir fait parvenir le
document inédit dont il tirait ce matin des extraits. Je dois dire que
c'est un document que je n'avais jamais lu, personnellement. C'est donc ce que
je pourrais appeler un fils illégitime. Je n'en reconnais pas la
paternité. Maintenant, il est possible que ce document-là ait
été rédigé par des gens à la
Société d'habitation du Québec. Comme il est possible
qu'il ait été rédigé ailleurs, soit dans les
officines du Parti québécois, soit à la CSN, soit au
Conseil du patronat, on ne sait pas. Évidemment, il a une page
frontispice qui semble dire que cela vient de la Société
d'habitation du Québec mais, moi, qui suis le ministre responsable, je
n'ai jamais approuvé ce document. Alors, cela étant dit, je
laisse le député tirer ses conclusions. Je prendrai, cependant,
le temps de le lire. Il est possible qu'il y ait là-dedans des choses
intéressantes et qu'on pourrait ajouter ou incorporer, d'ailleurs, si
c'est intéressant, dans nos propres documents de politique d'orientation
en matière d'habitation pour l'avenir.
Deuxièmement, la question du député, à
savoir si la procédure qui était utilisée sous l'ancien
gouvernement pour effectuer la nomination de membres socio-économiques
au conseil d'administration des OMH tient. La réponse, c'est oui. Non
seulement elle tient, M. le Président, mais nous la suivons
scrupuleusement. Non seulement nous suivons l'esprit, mais nous suivons
également la lettre du règlement ou de la procédure.
L'ancien gouvernement avait décidé d'introduire dans les conseils
d'administration des offices municipaux des représentants dits
socio-économiques nommés par le ministre responsable. Je dois
souligner au député, lui rappeler, qu'en vertu de cette
procédure, de cette directive-là, c'est le ministre qui nomme et
qu'il a un pouvoir discrétionnaire. C'est ainsi que l'avait voulu
l'ancien gouvernement.
En théorie, donc, je pourrais nommer d'office tous les
représentants socio-économiques des offices municipaux
d'habitation. Je ne le fais pas, M. le Président, et je respecte une
procédure qui a été établie par l'ancien
gouvernement et qui fait en sorte que, lorsque des postes deviennent vacants,
l'Office municipal d'habitation fait paraître dans la municipalité
des avis demandant des candidatures. Elle reçoit les candidatures et
elle les fait parvenir à la SHQ, avec ou sans recommandation. La SHQ,
quant à elle, les transmet au ministre telles quelles, sans commentaire.
Et après cela, le ministre choisit les représentants, soit dans
cette liste, soit ailleurs, si le ministre a reçu par ailleurs d'autres
candidatures.
M. le Président, voyons quels sont les faits. Depuis que j'ai
à m'occuper de ce dossier-là - j'ai des chiffres ici qui datent
de janvier 1987, donc d'il y a un an et quelques mois - depuis environ quinze
mois, nous avons eu à combler 453 postes dans les offices municipaux
d'habitation au titre de représentant socio-économique.
Les offices municipaux nous ont transmis 587 candidatures. Évidemment,
il y a plus de candidatures que de postes à combler. On nous a
recommandé 395 candidatures sur les 587. Donc, parfois on en recommande
certaines et on n'en recommande pas d'autres. Maintenant, il y a
également eu 60 candidatures qui ont été soumises aux
offices municipaux sans aucune recommandation.
M. le Président, nous avons retenu 299 des recommandations qui
ont été faites par les OMH, soit les deux tiers qui ont
été retenus par le ministre. 12, 8 % ont été
nommés par le ministre en dehors des listes qui ont été
soumises, seulement 12, 8 %. Également, nous avons accepté 13, 2
% des noms qui ont été soumis par les offices municipaux sans
recommandation. Finalement, il reste à nommer 7, 9 % de cas
pendants.
Alors, si on regarde cela, si on prend 100 % des cas, là, devant
nous, dans 12, 8 % des cas, j'ai exercé mon pouvoir
discrétionnaire et, dans tous les autres cas, j'ai accepté les
noms sur les listes transmises par les OMH, qu'ils soient recommandés ou
non, mais qui étaient sur les listes, et il reste 7, 9 % des cas
à nommer.
M. le Président, je pense que cela est tout à fait
raisonnable, et j'aimerais dire ceci au député. Si on admet que
le ministre a un pouvoir discrétionnaire, encore faut-il qu'il soit en
mesure de l'exercer. Si l'ancien gouvernement a voulu que le ministre ait le
pouvoir d'exercer une certaine discrétion, il faut qu'il ait une marge
de manoeuvre. Sans cela, cela ne serait pas un pouvoir discrétionnaire,
cela serait de faire du "rubber stamp" ou approuver automatiquement toutes les
demandes faites par les offices municipaux d'habitation. Auquel cas, il aurait
fallu que l'ancien gouvernement y pense et change la réglementation
avant qu'on arrive. Quant à nous, nous pensons que c'était une
bonne façon de procéder. Dans la très grande
majorité des cas, nous acceptons les recommandations faites par les OMH;
dans certains, nous recevons des recommandations d'ailleurs, qui nous
paraissent également excellentes et, à l'occasion, nous pouvons
les accepter.
Je pense, M. le Président, que le système fonctionne bien.
Je n'entends pas de plainte, vraiment, sauf quelques cas isolés et, pour
l'instant en tout cas, je n'ai pas l'intention de faire de modification.
Maintenant, il peut arriver que, dans certains cas, certaines personnes
n'aient pas apprécié de ne pas voir leur mandat renouvelé.
Mais dans aucun cas - je souligne cela pour le bénéfice des
députés - jamais nous n'avons mis quelqu'un à la porte. Ce
n'est pas exact; le député a employé cette expression tout
à l'heure.
Notre tâche, notre devoir est de nommer des gens. Lorsque les
mandats sont terminés, il faut nommer des gens. Nous pouvons nommer les
mêmes personnes, les nommer à nouveau, ou en nommer d'autres.
C'est comme les électeurs dans un comté. Comme dans le
comté de Shefford, les gens peuvent, lors de la prochaine
élection, réélire le député de Shefford ou
ils peuvent en élire un autre, mais on ne peut pas dire qu'ils l'ont mis
à la porte. On dira qu'ils en ont choisi un autre. C'est la même
chose pour les OMH. En aucun cas, nous n'avons signifié à un
individu que nous mettions fin péremptoirement à son mandat. Les
mandats se terminent normalement et le gouvernement, le ministre doit
procéder à de nouvelles nominations. Dans tout près de 80
% des cas, nous avons nommé à nouveau les mêmes personnes.
Dans au-delà de 80 % des cas, dans 87 % ou 88 % des cas, nous avons
procédé au renouvellement des mêmes personnes. Donc, je
pense que la moyenne est assez importante.
Ce n'est que dans des cas très exceptionnels que nous avons
trouvé d'autres candidatures, qui nous paraissaient aussi
intéressantes, de gens qui voulaient servir dans ces conseils
d'administration et nous avons pensé que, dans ces cas-là, il
était peut-être bon d'amener un peu de sang neuf, de sang nouveau,
dans ces offices municipaux d'habitation pour éviter que ne s'installe
une certaine sclérose. Je pense que c'est important d'assurer une
certaine relève. Je pense que les statistiques sont là pour le
prouver. Nous respectons d'une façon vraiment exemplaire la voie qui a
été tracée par nos prédécesseurs.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Très rapidement sur cela, parce qu'il y a
beaucoup d'autres dossiers auxquels je veux toucher. Premièrement, sur
le document que j'ai déposé, vous avez dit que vous ne saviez pas
d'où il venait...
M. Bourbeau: Je n'ai pas très bien compris.
M. Paré: Sur le document que j'ai déposé,
vous dites que vous n'êtes pas sûr qu'il vienne de la
Société d'habitation du Québec.
M. Bourbeau: Oui.
M. Paré: Je vais vous dire que, moi, je n'ai pas de doute
qu'il vienne de la Société d'habitation du Québec,
premièrement. Avec les commentaires que vous avez passés ce
matin, le sens que vous êtes en train de donner au logement social, j'ai
hâte que vous le lisiez. Vous allez voir que vous aviez exactement le
discours dans le sens de la lecture qu'on peut faire de ce document. C'est une
remarque que je voulais faire. Maintenant...
M. Bourbeau: Peut-être que les gens qui l'ont écrit
se sont inspirés de mes discours.
M. Paré: Ou ils ont inspiré vos discours, ou
vous en avez inspiré l'écriture, c'est l'un des deux et,
à mon avis, ce sont les deux. Sur le pouvoir discrétionnaire,
c'est vrai que les lois, si on a des tribunaux, si on a des avocats et des
juges, tout cela est toujours une question d'interprétation. À
mon avis, l'esprit de la procédure de nomination par rapport à
des recommandations est de maintenir le pouvoir discrétionnaire, parce
que, très souvent, vous l'avez dit vous même - vous m'avez
donné des chiffres: 587, et 299 de retenus et tout cela - il y a plus de
recommandations que de nominations a effectuer, donc, le
discrétionnaire, dans mon esprit à moi, c'est le choix à
l'intérieur des recommandations, alors que, là, c'est le choix
à l'extérieur.
Je ne sais pas qui vous a recommandé ces personnes-là.
Quand vous dites que cela prend du sang neuf, qu'on nomme ou qu'on remplace des
gens, quand dans des HLM, dans des municipalités, il y a de la critique,
il y a des gens insatisfaits, je dois vous dire que c'est
compréhensible. Mais, quand cela va très bien, amener du sang
neuf pour remplacer des gens qui ont été recommandés par
je ne sais qui, là, c'est une autre paire de manches. Seulement une
petite question bien courte sur cela, parce que vous savez que les gens
à Saint-Liguori continuent à espérer. Répondez-moi.
Oui ou non, est-ce que votre décision dans ce cas précis est
définitive?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne pourrai pas
répondre au député. Le député me parle du
cas de Saint-Liguori. Il y a quelque 600 offices municipaux au Québec -
650 - et je n'ai pas un souvenir très précis du cas de
Saint-Liguori. Tout ce que je peux dire au député, c'est que je
vais prendre avis de sa question, faire faire des vérifications dans le
dossier de Saint-Liguori pour voir si vraiment la procédure a
été suivie et pour voir si, en aucune façon, je peux
rendre une décision qui pourrait faire en sorte de rendre heureux le
député de Shefford. M. le Président, dans la mesure
où la personne est compétente et le poste vacant, je n'ai pas
d'objection. On fera les vérifications.
J'aimerais apporter un complément de réponse, toutefois,
à ce que j'ai dit tout à l'heure au sujet des nominations. C'est
évident que le ministre peut exercer un pouvoir discrétionnaire,
mais je n'exerce pas mon pouvoir discrétionnaire sans avoir suivi quand
même certaines procédures. Il arrive parfois que des noms nous
soient soumis par des organismes du milieu, mais qui ne les font pas transiter
par l'Office municipal d'habitation pour diverses raisons, soit qu'ils ne
connaissent pas exactement la réglementation, soit parce qu'ils jugent
à propos de nous faire parvenir directement les propositions. Il arrive
parfois que ces noms soient des noms très valables. Je n'écarte
pas automatiquement toutes les candidatures qui nous sont envoyées par
des organismes du milieu, si on juge que ces candidatures sont bonnes. Alors,
dans tous les cas, dans 12, 8 % des cas, où nous n'avons pas
procédé à la nomination de gens qui étaient sur les
listes des OMH, dans tous ces cas, ce sont des noms qui nous ont
été soumis par des organismes du milieu et non pas des noms qui
ont été inventés par le ministre ou par des
députés, comme semblait le dire tout à l'heure le
député de Shefford. Ce sont toujours des noms qui sont des
recommandations des organismes du milieu. D'autre part, en terminant,
j'aimerais souligner que dans ces 12, 8 %, il y a quand même les
candidatures des nouveaux offices municipaux d'habitation. À chaque
année, il y en a de nouveaux qui se créent. Dans ces
cas-là, il n'y a pas d'offices municipaux d'habitation qui existent au
départ; les offices sont créés. Donc, il arrive parfois
que nous procédions à des dénominations sans qu'il y ait
recommandation des offices, puisqu'il n'existe pas d'office. Donc, si on
enlève ces cas, il reste que la proportion de noms qui sont choisis hors
les listes des OMH est très faible. De toute façon, ces noms
proviennent toujours de recommandations qui émanent d'organismes du
milieu.
HLM secteur
public
M. Paré: D'accord. Je prends bonne note de vos
commentaires. Maintenant, toujours dans les HLM, secteur public, au cours de
1987, il y a eu un débat passablement important sur les fameux
critères du règlement de sélection concernant les listes
d'attente de bénéficiaires de logements sociaux dans les HLM
publics. On parle, et c'est confirmé de toute façon, de 35 000
personnes qui seraient sur les listes d'attente pour les HLM, dont 10 000
à 15 000 seulement à Montréal. C'est tout à fait
normal, parce que c'est là où il y a 75 % à 78 % des
citoyens qui sont locataires. C'est là où l'on retrouve, je
pense, les quartiers les plus vétustes au Québec et là
où il y a le plus à faire dans le domaine du logement,
spécialement dans le logement social. Il y a eu des expériences
pilotes qui ont été tentées, il y a eu des suggestions qui
ont été faites et, finalement, il y a un document, qu'on nous dit
véridique, qui a coulé, sur lequel il y a eu beaucoup de
discussions et qui amène des changements et fait en sorte de ratatiner,
de rétrécir la liste en excluant des gens. On parle des gens qui
sont en attente de leur citoyenneté. Ils n'y auront pas droit,
contrairement a l'Ontario, et il y a aussi les personnes seules de moins de 40
ans qui ne sont pas admissibles. Et on veut faire une discrimination. On ne
peut pas être contre une discrimination quand c'est positif, je dois le
dire. De la discrimination positive, on en voit. On en voit sur le
marché du travail pour permettre à plus de femmes d'avoir des
postes importants dans la fonction publique. Cela s'en va un peu dans le
système privé. On ne peut pas être contre cela, au
contraire. On va en voir aussi dans les communautés culturelles pour
leur permettre une meilleure intégration sur
le marché du travail, dans les organismes et tout cela. De la
discrimination positive, oui, on est pour, sauf que, là, c'est tout
à fait le contraire. Selon le fameux document qui a circulé et
sur lequel tout le monde a discuté, on veut faire une discrimination
négative, c'est-à-dire permettre à des gens moins mal pris
de prendre la place de gens plus mal pris sur les listes pour avoir des
clientèles plus diversifiées dans les HLM.
Si la réalité veut qu'au Québec, comme vous le
dites et comme vous l'avez dit ce matin, la société soit
mouvante, que les clientèles grossissent dans certains secteurs et
diminuent dans d'autres, il y a de plus en plus de foyers, de chefs de famille
monoparentale avec des enfants - pour ceux-là, malheureusement,
ça ne fait pas toujours leur affaire - la population vieillit et tout
cela. Mais là, on semble maintenant vouloir dire que, parce qu'il y en a
plus, il va falloir les pénaliser. S'il y en a plus qui sont choisis sur
les listes, c'est que ce sont les personnes les plus mal prises. C'est pour
cela que, sur les listes, elles sont plus nombreuses. Qu'on doive les approuver
selon les critères, c'est normal aussi. Mais là, on veut faire
une discrimination parce qu'elles sont plus mal prises, qu'elles ont plus de
besoins. Parce qu'elles sont plus nombreuses, on va les pénaliser en
mettant une espèce de quota.
À la suite des discussions qu'il y a eu et surtout des plaintes
des différents groupes, finalement, le ministre a décidé
de ne pas l'appliquer et plutôt de faire en sorte de former un
comité. Ce comité, comme on le voit très souvent,
malheureusement, a été qualifié par beaucoup de
comités bidons dans le sens... Habituellement, quand on fait une
commission et qu'on veut écouter des groupes, on veut entendre les
groupes qui ont quelque chose à dire, mais non pas tous les groupes et
ceux qu'on n'a pas le goût d'entendre. Donc, cela a été un
comité qui s'est réuni à huis clos, qui a invité
les gens qu'il voulait entendre, qui les a écoutés chacun dans un
temps très limité. Selon les commentaires que j'ai eu de beaucoup
de ces groupes, c'était bien plus pour leur expliquer pour quelles
raisons on voulait aller dans ce sens-là plutôt que de vouloir
écouter les raisons qui faisaient qu'on était contre cette
procédure-là. (17 h 15)
Donc, ce comité n'était pas une commission parlementaire,
ce n'était pas une commission publique, ce n'était pas une
commission itinérante, c'était un comité de
députés qui préparait le chemin à la
décision ministérielle, qui essayait d'amener des arguments ou de
détruire les arguments amenés par ces gens-là pour
justifier la non-pertinence de ce règlement, de certains critères
de ce règlement. Ce que le ministre a tenté de faire, c'est
justement d'empêcher la vapeur qui montait à l'automne, venant de
groupes qui s'opposaient à cette fameuse réglementation sur les
listes de gens bénéficiaires potentiels. Comme on l'a vu ce
matin, le nombre de HLM diminuant, il va falloir mettre la hache dans les
listes si l'on ne veut pas que cela devienne trop catastrophique.
Donc, on amène un document. Comme il ne passe pas, parce qu'il y
a trop de critiques, le ministre essaye d'enlever la vapeur en mettant un
comité et en disant: Regardez comme on est ouvert, on va vous
écouter. Sauf que ce comité bidon, effectivement, ce sont
seulement des députés ministériels qui convoquent des
gens, qui les écoutent le temps qu'ils veulent pour amener des
arguments. C'est la réalité des choses. Le ministre nous avait
dit que le comité devait remettre - je ne veux pas diminuer les
députés en disant cela; c'est le comité et non pas les
députés... Un comité où seulement un
côté de la table était représenté, si vous
aimez mieux. Ce n'était pas le genre de commission de consultation qu'on
avait connu dans le passé. On ne sait pas ce qui sort de cela, sauf
quand on réussit à rencontrer les groupes et à discuter
avec eux. Ce qui avait été dit à l'automne, si on regarde
le mandat que vous aviez donné à ce comité par
télex - j'en ai une copie ici -: que le dossier en cours... Au mois de
janvier, le comité entend remettre ses recommandations au ministre
à la fin du mois de février 1988. On est rendu tout près
du milieu du mois d'avril, cela fait longtemps que le mois de février
est terminé. Est-ce que le ministre a en main le rapport de son
comité de députés ministériels à la suite
des auditions prédéterminées de groupes qu'on a
entendus?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, je n'ai pas encore reçu le rapport du
comité Laporte sur la question. Je voudrais quand même saisir
l'occasion qui m'est donnée de faire un rappel sur ce dossier. Je dois
dire en commençant que l'objectif que nous recherchons dans cette
affaire est de s'assurer que les fonds publics servent d'une façon
équitable, juste en venant en aide, en priorité, aux gens qui
sont les plus mal pris de la société et les plus démunis,
que ce soit des personnes seules, des familles, des familles monoparentales ou
avec deux parents. Nous avons un objectif d'équité et de justice
sociale. C'est l'objectif majeur que nous recherchons et nous n'en avons aucun
autre. Il faut que ce soit très clair en commençant.
Est-ce que nous avons erré? Est-ce que la SHQ a erré?
Est-ce que les gens ont erré? Je ne le sais pas. Je ne le crois pas non
plus. Le député le prétend. Tout ce que je peux dire,
c'est qu'il y a un an environ, un document a été
préparé par la SHQ, à la suite d'une expérience
pilote qui a duré deux années et qui a comporté la
participation d'offices municipaux d'habitation gérant 20 000
unités de logement sur le parc de 50 000. Donc, on peut parler d'une
expérience pilote qui était importante en pourcentage, en
échantillonnage. On parte de 40 % des unités de logement
du parc qui était sujet de l'expérience pilote. À la suite
de cette expérience qui a été tenue de façon
très sérieuse et en collaboration avec l'Association des offices
municipaux du Québec, ce document a été
préparé et a été diffusé. M. le
Président, on n'a pas tenté de le cacher sous le tapis, on l'a
diffusé, on l'a rendu public lors du congrès annuel de
l'Association des OMH pour fins de discussion. C'est ce que nous recherchions,
de la discussion publique.
Or, certaines personnes provenant de certains groupes ont émis
des objections. C'était leur droit, c'était peut-être
même leur devoir. Nous avons écouté les objections. J'ai
toujours dit au député de Shefford, depuis le début, que
le gouvernement n'avait pas pris de décision dans ce cas-là, ni
le ministre. Nous étions en train de procéder à des
consultations comme le député aime qu'on le fasse et comme il
nous demande continuellement de le faire. Le député, parfois,
nous dit de consulter et de ne pas prendre de décisions rapidement.
Parfois, il nous dit de décider, d'arrêter de consulter.
Évidemment, cela dépend des dossiers. Là, le
député nous demande de consulter. Or, c'est exactement ce que
nous faisons. Donc, le député devrait être content.
Nous sommes en train de consulter. Nous avons consulté de
plusieurs façons, et, pour ajouter à la consultation, j'ai
demandé la collaboration de députés. Bien sûr, c'est
une consultation ministérielle. C'est le ministre qui, dans ce cas-ci,
plutôt que d'aller lui-même sur place rencontrer les groupes -
parfois, son temps est limité et il rencontre beaucoup de groupes - a
donné mandat à des députés particulièrement
intéressés par le dossier et particulièrement
compétents, je dois le dire, dans ce dossier, d'entendre des groupes.
Tous les groupes qui voulaient se faire entendre ont été
entendus. C'est sûr que le député de Shefford aurait
aimé qu'il y ait eu, là, des caméras de
télévision. Il aurait pu se faire voir pendant 50 % du temps avec
sa mine réjouie. On aurait pu voir sa photo tous les soirs à
Radio-Canada en train de contre-interroger les témoins. Il a eu
d'ailleurs l'occasion de le faire amplement, l'été dernier, lors
de la commission parlementaire sur la levée du moratoire. Cette fois-ci,
nous avons choisi une façon de procéder qui est peut-être
moins spectaculaire, qui ne donne peut-être pas l'occasion au
député de Shefford de se faire voir à la
télévision, mais qui a peut-être donné l'occasion
à des groupes de se faire entendre d'une façon un peu plus
intime, si je puis dire. Les discussions ont peut-être été
un peu plus franches, puisqu'il n'y avait pas de microphone ou de caméra
devant les députés. On a entendu le point de vue de ces groupes.
Un nombre important de groupes est venu se faire entendre.
Le comité est en train de rédiger son rapport. Je n'ai pas
encore reçu le rapport. Il est difficile pour moi de me prononcer sur ce
que sera le rapport et encore plus de tirer des conclusions. Si j'avais
déjà tiré mes conclusions, cela voudrait dire que le
rapport, ou le comité, était un comité bidon, comme semble
le dire le député. Or, ce n'était justement pas un
comité bidon. C'est pour cela que j'attends le rapport du comité
avant de prendre des décisions.
J'aimerais dire au député que la situation qui
prévaut actuellement n'est pas idéale. Elle n'est pas
idéale en ce sens qu'il n'y a pas présentement de
règlement qui régisse cette question au Québec. Les
offices municipaux ne sont pas obligés de s'en tenir à des
règles semblables partout, à des règles qui seraient les
mêmes partout. Pourtant, ce sont des fonds publics qui sont en cause. Les
offices municipaux qui n'ont reçu que des directives peuvent exercer
localement une certaine discrétion et cette discrétion fait en
sorte que les citoyens ne sont pas traités de la même façon
partout et qu'il peut y avoir des iniquités. Pour s'assurer que les
fonds publics soient bien dépensés et qu'on ait le maximum
d'efficience dans les programmes que nous avons, nous recherchons une
cohérence pour l'admission des gens dans les HLM, pour la
sélection des locataires. Je pense que nos objectifs sont louables. Ils
sont nobles. Je serais étonné que le député de
Shefford ne les partage pas. On a besoin de cette cohérence et de cette
justice distributive. Comment arriver à la formule idéale? C'est
ce que nous recherchons présentement et je compte sur la collaboration
du député de Shefford pour nous venir en aide.
M. le Président, je soulignerai au député de
Shefford, pour son information, que l'Association des offices municipaux
d'habitation a adopté récemment une résolution demandant
au ministre, priant le ministre d'adopter un règlement qui assurerait,
tel que je l'ai dit précédemment, une plus grande
équité que celle qui prévaut dans la situation actuelle.
Ce règlement est demandé; on l'attend. Dès que nous aurons
terminé toutes les consultations qui sont en cours et dès que le
député de Shefford nous aura fait valoir son point de vue sur la
question, et d'autres, j'espère que nous serons en mesure de prendre des
décisions dans ce dossier.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Les consultations, on n'est pas contre. On est
pour, en autant qu'elles soient publiques. Ce n'est pas une question de passer
à la télévision, c'est une question d'être capable
d'émettre des opinions. Ce n'est pas la même chose. Vous venez de
dire: En espérant que le député de Shefford nous fasse
valoir son opinion... Quand on n'est pas invité à la commission,
qu'elle se tient à huis clos et sur invitation, on ne peut pas
émettre notre opinion. Je ne sais pas où c'en est rendu. Comme
vous dites que vous n'avez pas le document, ce n'est pas fini. Est-ce que les
consultations du comité ministériel sont terminées? Quand
prévoit-il
déposer son rapport?
Une dernière question là-dessus. Vous avez commencé
votre intervention tantôt - je trouvais cela très
intéressant - en disant: On veut une politique - je le notais au fur et
à mesure, je n'ai pas de sténo, malheureusement, mais je le
notais à mesure, parce que cela a été très court -
la plus équitable et la plus juste possible et une priorité aux
personnes les plus démunies. Je suis tout à fait d'accord avec
cela. On ne peut pas faire autrement que d'embarquer cent milles à
l'heure dans cela, mais, comme je le disais, si vous suivez la recommandation
qui a été faite dans le document qui a été
déposé, soit une discrimination négative par rapport aux
plus démunis de la société, les gestes vont à
rencontre de ce que vous venez de dire, et c'est là où on
n'embarque pas.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais faire une
proposition au député de Shefford, pour lui montrer ma grande
ouverture d'esprit. Si le député de Shefford peut m'indiquer les
organismes qui n'ont pas été entendus et qui aimeraient
l'être, je serais prêt à organiser une rencontre, soit avec
le ministre, soit avec les députés, pour ouvrir à nouveau
le dossier, si je puis dire, pourvu que ce soit des organismes,
évidemment, qui n'ont pas déjà été entendus
et qu'ils en fassent formellement la demande. Je pense que nous avons
consulté tous ceux qui voulaient être consultés. Il y a une
liste importante de groupes qui ont été consultés. Je
regarde la liste, il y en a quand même un bon nombre. S'il y en a
d'autres qui n'ont pas été consultés et qui sont des
groupes représentatifs, pas des individus - je ne voudrais pas qu'on se
retrouve dans la situation où le député nous ferait
parvenir la liste des membres du Parti québécois du comté
de Shefford, encore que cela risquerait de ne pas être une très
longue liste -...
M. Paré: Vous seriez surpris.
M. Bourbeau: Si c'est sérieux, si ce sont des groupes
intéressés et qui n'ont pas été entendus, je serais
disposé à organiser une rencontre pour entendre leur point de vue
s'ils ont un point de vue à faire valoir. Il faudrait qu'on le fasse
rapidement et que les groupes indiquent leur volonté d'être
entendus.
En disant cela au député de Shefford, je prouve que la
consultation que nous faisons est sérieuse et que nous n'avons pas
l'intention de bousculer les événements et de prendre des
décisions prématurées ou trop hâtives. Maintenant,
je dis au député que, quand nous aurons décidé
quelque chose, qu'un règlement sera préparé, celui-ci
suivra le cours normal des choses. Il fera l'objet d'une prépublication
dans la Gazette officielle et, pendant les 45 jours que dure cette
période, tout groupe qui pourrait faire connaître son objection
pourra le faire. C'est prévu dans la Loi sur les règlements. Ce
n'est qu'après cette période que le règlement pourra venir
en vigueur et, encore là, il devra être publié dans la
Gazette officielle. Ce n'est qu'après une période de 90
jours, je crois, sous toute réserve, que le règlement pourra
entrer en vigueur. Je le dis sous toute réserve, parce que je ne suis
pas un expert en règlement, mais il me semble que d'autres ici,
derrière moi, ne sont pas des experts non plus. La procédure est
quand même assez longue et nous la respecterons entièrement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Vous en prenez bien l'engagement. Comme personne
ne peut vous dire le nombre précis de jours après la
prépublication, vous prenez l'engagement qu'il y aura
prépublication pour une période suffisamment importante. Je me
rappelle un des grands débats qu'on avait eu sur la loi 137,
c'était qu'il n'y ait plus cette obligation de prépublication
pour les décisions, les programmes venant de la Société
d'habitation du Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, je prends l'engagement de
faire en sorte qu'il y ait une prépublication du règlement.
M. Paré: Je vous remercie de votre offre de permettre
à des groupes de se faire entendre, en autant que ce n'est pas dans le
but d'étirer encore inutilement la fin des travaux de la commission et
le dépôt du rapport, parce que c'était supposé
être terminé à la fin de février. On est rendu au
milieu d'avril et on attend toujours. Vous n'avez pas répondu à
ma question. Quand prévoyez-vous que les travaux seront terminés
et que le rapport sera déposé?
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
me dit que d'autres groupes que semble connaître le député
n'ont pas été entendus et qu'ils veulent être entendus, je
vais attendre d'entendre les groupes et, par la suite, on produira le rapport.
Il ne faudrait quand même pas attendre, que le rapport soit
déposé et, par la suite, nous demander d'entendre des groupes. Je
vais donner quelques jours au député pour me faire savoir s'il
souhaite que je rencontre d'autres groupes et s'il en connaît. Quand
cette période sera passée - je vais lui donner dix jours - si
d'ici dix jours je ne reçois pas de nouvelles du député de
Shefford m'indiquant que des groupes veulent être entendus, à ce
moment-là, je demanderai au comité s'il veut déposer son
rapport. Je sais que le comité achève ses travaux, ils sont
presque terminés. On pourra peut-être suspendre une dizaine de
jours, cela en vaudra peut-être la peine d'ailleurs. Après cela,
le comité pourra tirer ses conclusions, à condition que ces
rencontres-là soient de nature à modifier ses conclusions.
Peut-être que cela les
modifiera, peut-être que cela ne les modifiera pas, on le verra
à la suite de ces consultations-là. (17 h 30)
M. Paré: Cela ne prendra certainement pas dix jours avant
que je vous fasse connaître l'intention et surtout l'intérêt
des gens à participer, étant donné, comme je vous l'avais
dit, que les gens croyaient plus ou moins à l'utilité de
soumettre des mémoires ou de venir discuter à ce
comité.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'il n'est pas
absolument essentiel qu'il y ait des mémoires. Est-ce qu'il y avait des
mémoires dans tous les cas? Non. Les gens n'ont pas
nécessairement à préparer des mémoires.
Étant donné que c'est une consultation qui n'est pas dans le
cadre officiel des commissions parlementaires, cela peut être une
discussion franche entre un groupe particulièrement
intéressé et le groupe des députés. Ils peuvent
aussi déposer un mémoire. Bien sûr, il ne faudrait pas que
ce soient les mêmes groupes qui reviennent. Il ne faudrait pas faire
perdre du temps à la commission inutilement.
Coopératives d'habitation et organismes sans
but lucratif
M. Paré: Bon, je pense qu'on n'a pas besoin d'aller plus
loin là-dessus. J'ai eu les réponses que je voulais. Je suis
déçu que ce ne soit pas encore terminé, en tout cas.
J'aimerais maintenant qu'on aille à un autre programme. Il s'agit
aussi d'un programme, même si le ministre le considère plus ou
moins social, de logement social. À mon avis, c'en est un, avec les
chiffres que j'ai donnés cet avant-midi et que je vais pouvoir rappeler.
Il s'agit des coopératives d'habitation et des organismes sans but
lucratif.
De ce côté-là, on sait qu'il y a une diminution
constante du nombre de logements mis en chantier à des
coopératives d'habitation. Le budget de 1987, entre autres, a
été réduit de plus de 2 100 000 $. Alors, on peut bien
faire comme ce matin, regrouper les HLM privés et publics et faire
entrer les coopératives là-dedans. Mais, quand on les prend un
par un et non pas tous regroupés sous les HLM, mais dans leur
catégorie respective de programmes d'aide à l'habitation, on
s'aperçoit que, quant aux coopératives seules, c'est beaucoup
moins glorieux en réalisations. Comme je le disais aussi ce matin, on a
de la difficulté à le voir de la façon dont est
présenté le budget cette année. Vous allez me dire que ce
sont les nouvelles normes et les nouvelles conventions comptables, mais, la
seule façon, c'est de poser des questions pour savoir des
réponses ici. Est-ce que je peux savoir quel est le budget prévu
dans le programme Logipop pour 1988-1989? Combien d'unités de logement
ont été réalisées en 1987 et combien sont,
prévues pour 1988?
M. Bourbeau: M. le Président, ce ne sera pas long. On va
sortir les chiffres. Le programme Logipop est un programme exclusivement
québécois auquel ne participe pas le gouvernement
fédéral. En 1987-1988, donc pour l'année qui vient de se
terminer, la SHQ a dépensé 3 739 100 $ dans ce
programme-là. Et pour l'année 1988-1989, nous prévoyons y
dépenser 1 474 500 $.
M. Paré: Là, vous avez parlé budget, de
montants. Si on parlait maintenant d'unités.
M. Bourbeau: M. le Président, le montant de 1 474 500 $
que j'ai indiqué au député de Shefford est prévu
pour l'année 1988-1989 et représente le montant que nous paierons
pour financer les derniers projets qui ont été retenus, soit 578
unités. Ils l'ont été dans le cadre de la catégorie
2 de l'appel de propositions 1986-1987. Je peux dire au député
qu'au 31 décembre 1986, 16 296 unités Logipop avaient
été subventionnées par le gouvernement du Québec,
incluant, bien sûr, toutes les unités provenant du programme 56. 1
du gouvernement fédéral.
M. Paré: Vous n'avez pas répondu à ma
question par contre sur le nombre d'unités. Quand vous me dites 16 000,
on retrouve ces chiffres-là. Ils sont publics. Il y a donc 16 296
logements réalisés à la fin de 1986, dont 1973 ont
été réalisés en 1986. Mais ma question, c'est:
Combien y en a-t-il eu en 1987?
M. Bourbeau: En 1987. Je viens de donner au député,
au 31 décembre 1987, les derniers projets retenus. 578 unités ont
été retenues dans le cadre de la catégorie 2 de l'appel de
propositions 1986-1987.
M. Paré: Donc, cela veut dire qu'il y en a 578 seulement
en 1987.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais souligner au
député que si, bien sûr, Logipop est un programme en phase
terminale, nous l'avons remplacé par un autre programme qui s'applique
également aux coopératives. Donc, coopératives pour
coopératives. J'ai expliqué au député, ce matin,
que nous étions en train de faire des virages. Alors, le virage que nous
faisons à l'égard des coopératives, c'est que nous
continuons à faire des logements avec les coopératives, mais
plutôt que d'être dans la catégorie 2, c'est dans la
catégorie 1, que le député connaît très bien
d'ailleurs. Ce sont des logements ciblés à 100 %. Nous avions
prévu en faire 400 pour l'année 1987, nous en avons fait 737.
Donc, c'est une augmentation de 337 unités au cours de l'année
1987. Ce programme de catégorie 1 s'applique et aux coopératives
et aux organismes sans but lucratif. Les deux peuvent soumissionner
dans les appels de propositions. Donc, on voit les effets du virage que
le gouvernement a fait lors de la signature de l'entente ou après la
signature de l'entente avec le gouvernement fédéral, l'entente
Canada-Québec sur l'habitation sociale. On voit que les effets de la
nouvelle politique du gouvernement font en sorte de privilégier
dorénavant les coopératives qui s'occupent en totalité des
démunis, des gens qui sont les moins bien nantis de la
société.
Donc, en réponse aux questions du député, nous
continuons à faire affaire avec les coopératives, à les
subventionner, mais nous privilégions maintenant celles dont la
clientèle se situe parmi les gens les moins bien nantis de la
société.
M. Paré: Bon! Je vais essayer de résumer pour
être bien sûr qu'on se comprenne bien. Le chiffre qu'on retrouve
dans le rapport de la Société d'habitation du Québec de
1986, quand on regarde le nombre de logements réalisés en 1986,
c'est 1973; cela comprend les catégories 1 et 2. Là, on parle de
coopératives, peu importe que ce soit les catégories 1 ou 2, peu
importe la clientèle qu'on vise. Je parle de logements, d'unités
coopératives réalisées: 1973 en 1986. En 1987, si on parle
maintenant de 737 unités de catégorie 1 et de 578 unités
de catégorie 2, on arrive à 1315 unités
réalisées. Est-ce que je me trompe en disant que c'est cela pour
1987? Donc, encore une diminution. Selon vos prévisions, combien
d'unités seront réalisées? Est-ce qu'il y aura appels
d'offres, cette année? Si oui, pour combien d'unités?
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais quand même
- c'est un sujet qui est assez complexe - rappeler au député que
tant le gouvernement fédéral que nous avons effectué le
virage dont j'ai parlé tout à l'heure. Le gouvernement
fédéral avait, dans les années précédentes,
investi énormément d'argent, des centaines de millions de
dollars, en vertu du programme de l'article 56. 1 de la Loi nationale sur
l'habitation. En vertu de cet article, le gouvernement fédéral
donnait des fonds importants à des coopératives en
réduisant le taux d'intérêt sur les hypothèques
à 2 % et en absorbant la différence. C'étaient,
évidemment, des programmes extrêmement coûteux qui
s'adressaient à une clientèle de classe moyenne dans une
proportion de 60 % à 70 %. Donc, les seuls logements dans ces
coopératives qui étaient vraiment destinés aux
clientèles les moins favorisées, représentaient une
proportion de 30 % à 40 %, donc, en moyenne un tiers. Les deux tiers
étaient des clientèles normales, n'étant pas celles qui
sont les moins favorisées de la société. Alors, le
gouvernement fédéral a décidé de mettre fin
à ce programme-là, de ne plus subventionner en vertu de l'article
56. 1 de la Loi nationale sur l'habitation. Il a effectué son virage,
dont je vous parlais, et nous avons également effectué le
nôtre dans la même direction. Donc, les deux gouvernements - d'ail-
leurs tous les gouvernements - ont signé de nouvelles ententes, à
ma connaissance, et c'est la tendance actuelle de faire en sorte que les fonds
publics en matière de logement aillent vers les clientèles les
plus démunies. Nous sommes d'accord avec cela, comme gouvernement, c'est
également notre politique. Cela veut dire quoi? Cela veut dire que,
dorénavant, il y aura plus d'argent, encore plus de fonds disponibles
pour les plus démunis et un peu moins pour la classe moyenne. Le
député le sait; je lui ai dit à plusieurs reprises. C'est
sûr que, en 1986, nous avions fait 1973 unités de logement
réalisées dans le cadre du Logipop au Québec, mais cela
incluait toutes les unités qui avaient été
financées en grande partie par le gouvernement fédéral en
vertu de l'article 56. 1 de la Loi nationale sur l'habitation. Mais le
gouvernement fédéral s'est maintenant retiré, alors le
nombre a diminué, forcément, en 1987, à 680 unités.
Ce programme-là se termine cette année et ce sont les chiffres
que j'ai donnés au député tout à l'heure, de 578
unités. Pour l'avenir, nous allons continuer à faire affaire avec
des coopératives, mais dans le cadre des nouveaux programmes, enfin,
selon la nouvelle philosophie que nous avons, c'est-à-dire les
coopératives qui vont s'occuper des éléments les plus
démunis de la société. Alors, nous allons certainement
encore continuer à faire des logements pour ces
catégories-là et les coopératives pourront soumettre leurs
projets dans le cadre des appels de propositions que nous faisons chaque
année, bien sûr, non seulement les coopératives, mais aussi
les organismes sans but lucratif.
M. Paré: Bon. On va reprendre globalement en ce qui
concerne le logement coopératif. Il avait été
prévu, dans le budget 1987-1988, 7 200 000 $. Là, on nous dit que
le budget a été de 3 700 000 $. Donc, cela veut dire qu'on ne l'a
même pas dépensé ou à peine à 50 % et
quelques. Donc, on ne s'est pas vraiment préoccupé du logement
coopératif en 1987-1988. On a fini par réaliser 1315
unités, comparativement à 1973. Donc, en 1985, on en avait, nous,
3949. Maintenant, en 1986, on se rammasse à 1973, en 1987 à 1315
et là le ministre nous dit qu'on ira en appel d'offres, mais ce sera
seulement pour la catégorie 1. On abolit la catégorie 2. Si je me
rappelle bien - et là je suppose que cela met fin à toute
négociation ou proposition possible - en commission parlementaire, au
mois d'août à Montréal, sur la levée du moratoire,
le ministre avait dit aux représentants du mouvement coopératif
en habitation: La catégorie 2 n'est pas encore en place; notre intention
est qu'elle soit en place et que ce soit un nouveau programme qui soit mieux
adapté, qui soit modernisé, mettez-en tant que vous voulez et on
attend vos suggestions. Là, on leur dit: Faites prendre le bord de la
poubelle à vos suggestions, la catégorie 2, dans notre
idée, est abolie; il reste la catégorie 1 seulement, pour les
plus démunis. Ce
n'est pas très encourageant et cela laisse entendre qu'on va
encore aller en diminuant. (17 h 45)
Quand le ministre dit: Cela va nous permettre d'aider davantage les plus
démunis, en faisant en sorte qu'on va aller seulement dans la
catégorie 1, il y a des chiffres qu'il faut regarder. C'est facile de
dire des choses, mais on a vu ce que vous avez dit l'an passé et ce qui
a été réalisé dans les HLM d'après les
chiffres qu'on a mentionnés ce matin. Ce que vous dites encore
aujourd'hui concernant les coopératives ne me rassure pas tellement, au
contraire, cela m'inquiète énormément. Si on a
dépensé 3 700 000 $ seulement du budget de Logipop en 1987-1988,
et qu'on nous dit en même temps, en nous laissant miroiter beaucoup de
choses, que le budget était de 7 200 000 $ l'an passé...
Même si vous me le dites, on ne l'a pas dépensé. Vous
pouvez faire des mea culpa là-dessus si vous y croyez, mais vous ne
croyez pas au mouvement coopératif. Ce qui est prévu pour cette
année, c'est 1 474 500 $. Je vous jure que ce ne sont pas des budgets
à faire "flipper" grand monde. Donc, il y a diminution
considérable de budget. J'ai hâte de voir en appels d'offres
combien cela va permettre de réaliser d'unités. Quand vous dites:
les coopératives sont pour les riches et il faut que cela cesse et qu'en
même temps, le premier ministre, dans son discours inaugural dit qu'il
faut qu'il y ait un programme d'accès à la
propriété. Quand on dit - encore à la période de
questions cet après-midi - qu'il faut avoir une grande
préoccupation pour le logement - c'est le ministre
délégué à la famille qui disait cela - et parmi les
quatres grands plans importants sur lesquels H faut avoir une
considération très forte pour l'aide à la famille, il y a
l'habitation, donc, ce sont de beaux discours. En même temps, c'est une
façon d'accéder à la propriété, non pas pour
les riches, mais pour ceux qui ne le peuvent pas individuellement, mais qui le
peuvent en se regroupant. C'est une politique d'accès à la
propriété. Ce n'est pas vrai que ce ne sont seulement que des
riches qui sont là-dedans. Ce ne sont surtout pas des riches.
Je vous ai donné les chiffres ce matin. 57, 6 % des gens,
près de 60 % font 17 500 $ et moins par année. Vous ne me ferez
pas accroire que ce sont des gens riches. Leur seule façon
d'accéder à la propriété d'une façon
collective, ce sont les coopératives d'habitation. Et là, on
vient leur dire que cela ne leur sera plus possible. Ce sera vraiment juste
pour les plus démunis. C'est un beau discours, mais en même temps,
quand on regarde les jugements qui sont rendus - cela va regarder un peu la
Régie du logement quand on reviendra, mais je vais tout de suite en
parler parce qu'on parle des coopératives d'habitation - les jugements
qui ont été sortis... Je parle de jugements dans notre
région, M. le ministre, dans la Montérégie parce que c'est
surtout là que c'est mis en application, où on vient faire en
sorte que les plus démunis dans les coopératives sont encore ceux
qu'on attaque en faisant en sorte qu'on vienne reconnaître - il y a des
jugements de sortis là-dessus et je peux vous les déposer si vous
voulez - que les assistés sociaux, dans les coopératives
d'habitation, sont pénalisés parce qu'ils sont dans une
coopérative au lieu d'être dans un autre logement, un logement
dans le domaine privé. Donc, les assistés sociaux qui s'en vont
dans des coopératives et qui ont comme seul revenu leurs prestations
d'aide sociale, ils paient un certain montant, le montant au bail. Mais cela
les oblige à une participation. Une coopérative, c'est cela.
C'est la participation des gens. Le système coopératif fait en
sorte qu'il y a des sociétaires, donc des gens qui décident de
s'embarquer dans une coopérative pour payer moins cher de loyer, pas
pour avoir un salaire parce qu'ils sont dans une coopérative, mais pour
payer moins cher parce que la façon de fonctionner d'une
coopérative, c'est d'abord que cela coûte moins cher pour
différentes raisons: on participe à l'administration
bénévolement, on donne du temps; on participe à
l'entretien, on n'est pas obligés de donner des contrats et de payer.
Comme c'est une coopérative, on ne retourne pas non plus de salaires ou
de ristournes. À la place, on ne fait pas de profits, c'est ce qui
permet d'avoir des loyers moins élevés. Donc, les gens ont
décidé d'aller là où ils sont obligés
d'être plus actifs, de prendre part aux décisions, à
l'entretien et il n'y a pas de profits, ce qui fait que le logement est moins
cher. Voilà qu'on décide maintenant que pour les assistés
sociaux... Même que vous dites qu'on veut les aider à l'avenir;
à eux, on leur dit: Ah! Bien écoutez, étant donné
que si vous n'étiez pas sociétaires, vous paieriez plus cher, on
considère la différence entre ce que vous paieriez si vous
n'étiez pas sociétaires et ce que vous payez comme un revenu et
on vous le déduit de l'aide sociale. Est-ce que c'est une façon
d'aider les plus démunis en faisant en sorte que, non pas ceux qu'on dit
qu'on va aider dans les futures coopératives d'habitation, mais ceux qui
sont déjà en place on leur dit: Écoutez, votre loyer au
bail, c'est un revenu par rapport au loyer de contrat. Donc, cela veut dire que
c'est un revenu et on vous coupe l'aide sociale. J'aimerais vous entendre
là-dessus pour que vous me donniez votre interprétation sur ce
loyer au bail considéré comme un revenu par rapport au loyer au
contrat.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Shefford a, à mon avis, une bien piètre idée de ce qu'est
une coopérative. Dans son esprit, il réduit la coopérative
au programme Logipop, en matière de logement. Je trouve cela malheureux
parce que dans les coopératives d'habitation, ce ne sont pas uniquement
des clients de Logipop. Les coopératives peuvent très bien
évoluer en dehors de Logipop. Le député retarde un peu, si
je peux dire, selon mon optique, quand on regarde l'évolution de la
société. On a fait
Logipop pendant un temps, comme on a conduit des automobiles, des Ford
en formule T. On a eu aussi pendant longtemps des façons de vivre qu'on
a abandonnées. Logipop cela passe, d'autres choses vont survenir, M. le
Président, des outils qui sont peut-être plus adaptés
à la conjoncture actuelle.
Le député pense qu'en dehors de Logipop on ne peut rien
faire pour les coopératives, on ne peut pas les encourager, on ne peut
pas les aider. Au contraire, le député devrait réaliser
que les coopératives peuvent exister en dehors de Logipop. Nous avons
actuellement un programme qui s'appelle nos HLM privés, catégorie
1, où les coopératives, les GRT, les groupes de ressources
techniques peuvent susciter des coopératives ou elles peuvent
elles-mêmes se former en coopérative et obtenir du gouvernement
des fonds pour des habitations pour des personnes en coopérative qui
seraient des personnes qui peuvent se qualifier en vertu de nos critères
pour les gens qui ont des besoins impérieux. En ce qui concerne les
besoins impérieux, donc la clientèle que nous admettons dans ces
coopératives, ce ne sont pas uniquement des gens qui gagnent 8000 $ par
année. Les plafonds sont quand même plus élevés que
ce que semble dire le député de Shefford.
À titre d'exemple, M. le Président, dans la région
métropolitaine de Montréal, pour une personne seule, en 1988, le
plafond de revenu est de 17 500 $. À ce plafond la personne est
admissible. On ne parle pas de gens qui gagnent uniquement le bien-être
social. Dans les ménages de quatre à cinq personnes, les plafonds
impérieux peuvent aller jusqu'à 25 000 $; un ménage de six
ou de sept personnes, jusqu'à 28 500 $. C'est le groupe de gens qu'on
considère au bas de l'échelle des revenus, les gens qui sont
financièrement les moins bien nantis et que nous admettons dans nos
projets de catégorie 1. Donc, je ne voudrais pas que le
député fasse croire qu'on réduit cela à ceux qui
sont vraiment dans la rue, qui n'ont même pas d'argent pour s'acheter
La Presse le samedi.
J'aimerais aussi insister sur le fait que dans le programme
fédéral de PHI, Programme hypothèque indexé, le
gouvernement fédéral subventionne quand même 1500
unités pour les coopératives. C'est déjà un nombre
d'unités dont peuvent bénéficier les coopératives.
Nous ajoutons évidemment des unités dans notre programme de
catégorie 1.
Le gouvernement fera connaître dans les prochaines semaines ses
orientations en matière d'habitation. Que le député de
Shefford prenne son mal en patience. Il y aura peut-être des choses
intéressantes pour les coopératives qui ne seront peut-être
pas ce que le député voudrait avoir. Cela ne sera peut-être
pas dans la tradition de ce qu'a vu le député jusqu'à
maintenant, mais je pense qu'il faut évoluer. Il faut faire preuve
d'innovation. Peut-être que dans ce que le gouvernement annoncera
éventuellement, il y aura des nouvelles intéressantes pour les
coopératives. L'avenir nous le dira. Je conseille au
député d'attendre encore quelque temps et peut-être que sa
patience pourrait être récompensée.
Le député s'est permis de nous faire une leçon tout
à l'heure sur ce que sont les systèmes coopératifs. M. le
Président, j'ai été étonné d'entendre un
représentant du Parti québécois venir nous donner des
leçons de coopératisme, quand on sait ce que le gouvernement du
Parti québécois a fait à l'égard des
coopératives dans le dernier mandat, celui qui s'est terminé le 2
décembre 1985. J'ai été à même de voir ce que
le gouvernement pensait des coopératives. Le gouvernement a
trituré l'esprit de coopératisme au Québec comme jamais un
gouvernement ne l'avait fait avant lui. Afin de réussir à mettre
en oeuvre un programme loufoque - il n'y a pas d'autre mot - de privatisation
des succursales de la Société des alcools du Québec, le
gouvernement du Québec de l'époque, le gouvernement du Parti
québécois a imaginé de triturer la Loi sur les
coopératives, de façon à réduire de douze personnes
à trois le nombre minimum requis d'individus pour former une
coopérative. Encore là, le projet initial du gouvernement
était de réduire à deux personnes le nombre minimum requis
pour susciter une coopérative. Cela n'avait absolument aucun bon sens,
mais le gouvernement a tordu les bras du Conseil de la coopération du
Québec, et je sais ce dont je parle par les commentaires que j'en ai eu,
pour obtenir son adhésion à une décision semblable.
Pourquoi? Non pas parce que le gouvernement se préoccupait de l'esprit
du coopératisme au Québec, mais parce qu'on voulait
réussir à faire en sorte que les succursales de la
Société des alcools puissent être achetées par des
coopératives.
Or, comme il y a en moyenne dans les magasins de là
Société des alcools deux ou trois personnes qui travaillent
là, on ne pouvait pas conserver la norme de douze personnes
forcément, on déqualifiait toutes les succursales. Donc, on a
tenté d'adapter la loi aux besoins du moment: Plutôt que de
respecter les principes et de s'y adapter, on a tenté d'adapter les
principes à la conjoncture de l'heure. Évidemment le projet a
avorté et la loi est encore là. On se retrouve aujourd'hui avec
une loi qui ne respecte plus l'esprit du coopératisme. Ce ne sont pas le
mari et la femme, avec leur fils aîné, qui peuvent
prétendre former une coopérative. Ils peuvent peut-être le
faire, mais cela ne respecte pas l'esprit d'une coopérative. M. le
Président, le Parti québécois a rendu un très
mauvais service aux coopératives et à l'esprit du
coopératisme en triturant comme cela la Loi sur les coopératives.
Je pourrais citer au député beaucoup d'autres cas semblables qui
se sont produits à cette époque-là où on a
tenté de jouer avec les lois pour passer un programme ou un projet qui,
de toute façon, ne tenait pas debout. Je peux dire au
député qu'on connaît la Loi sur les coopératives et
qu'on connaît également l'esprit du coopératisme.
Je dirai au député qu'une coopérative ne s'impose
pas par le haut, mais cela se suscite par le milieu. Ce sont les gens qui
s'organisent en coopérative. Un gouvernement ne réussira jamais
à imposer des coopératives par des lois ou par des
règlements. C'est ce que tentait de faire l'ancien gouvernement avec sa
présumée privatisation des succursales de la SAQ.
Quand on forme justement une coopérative, le but recherché
est l'entraide entre les membres. C'est cette espèce d'entraide, cette
coopération qui fait en sorte que les gens mettent en commun leurs
efforts, leurs connaissances et leur savoir-faire pour réussir à
améliorer leur qualité de vie, leur milieu de vie. C'est cela une
coopérative et le député peut réaliser que le Parti
libéral connaît aussi bien que le Parti québécois ce
que c'est.
Bref, M. le Président, en ce qui me concerne, nous allons
continuer à faire affaire avec les coopératives, nous allons
continuer à mettre des fonds à leur disposition pour
réaliser des unités d'habitation, mais en respectant la
philosophie des gouvernements, tant du gouvernement du Canada que du
nôtre, qui est d'aider en priorité les ménages les plus
démunis, et ces coopératives, nous allons les traiter avec
beaucoup d'égards.
M. Paré: Oui. Je vais revenir sur quelques petites
affaires, mais avec des questions bien directes. La première. Je dois
vous dire, sur les coopératives en habitation, heureusement qu'il y a eu
le Parti québécois.
M. Bourbeau: Quoi?
M. Paré: Heureusement qu'il y a eu le Parti
québécois, parce que si on est rendu à 16 296 à la
fin de 1986, c'est en très grande partie grâce, entre autres, aux
programmes qui ont été mis sur pied, aux GRT qui ont
été lancés sous le gouvernement du Parti
québécois. Il ne faut pas oublier que, juste en 1985, presque
4000 unités ont été réalisées. Alors, il
faut aussi être conscient de cela.
Quand vous dites que cela vient par la base, c'est évident. Un
mouvement coopératif, quand on adhère à une
coopérative... Je suis membre d'un paquet de coopératives et j'ai
travaillé dans une coopérative; il faut avoir l'esprit et il faut
accepter d'embarquer. Mais si on veut qu'il y ait des coopératives, il
faut aussi susciter et donner les moyens aux gens qui veulent. Je reviens
à la question que je vous ai posée il y a déjà un
certain temps: vous prévoyez un budget de 1 474 500 $ pour 1988-1989 et
vous avez parlé d'appels d'offres cette année. Quelle
quantité d'unités prévoyez-vous que ce budget va
amener?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une question à
poser au député de Shefford, puisqu'il prétend et je sais
qu'il est d'ailleurs un expert en matière de coopératives. Je
sais que le député de Shefford a travaillé pour la
Coopérative agricole de Granby, devenue Agropur. Il est d'ailleurs
président fondateur du Syndicat national des employés de bureau
de la coopérative agricole de Granby. Il a même été
coordonnateur des ventes à cette coopérative, de 1978 à
1981. Le député a fait carrière dans le milieu. Je le
reconnais comme un expert en la matière. À ce titre-là,
est-ce que le député de Shefford, qui était membre de
l'ancien gouvernement comme député, était d'accord avec la
décision du gouvernement de l'époque de réduire de douze
à trois le nombre de membres fondateurs d'une coopérative? (18
heures)
M. Paré: Je dois vous dire que je ferai seulement
ressortir... vous ne m'amènerez pas sur un autre terrain pour ne pas
répondre à mes questions. Je vais seulement vous répondre
ceci. Vous sortirez, parce que je suis intervenu sur cette loi-là qui a
été déposée à l'Assemblée nationale,
je me le rappelle... J'ai fait une intervention et j'ai voté pour. Cela
répond à votre question. Maintenant, répondez à la
mienne d'une façon aussi courte, j'ai voté pour. Combien
d'unités vont être réalisées en 1988-1989 avec le
budget de 1 000 000 $, même pas 1 500 000 $ pour 1988-1989, dans votre
fameux appel d'offres qui va venir, j'espère?
M. Bourbeau: M. le Président, d'abord je voudrais apporter
une précision. Le député tout à l'heure a
prétendu que le gouvernement du Parti québécois avait
suscité quelque 16 000 unités de logement réalisées
par les coopératives au Québec au cours des dernières
années... C'est faux, c'est archi-faux. Le député a induit
la commission en erreur, M. le Président. Parce que ces unités,
dans une très large proportion, au-delà de 90 %, étaient
des unités financées par le gouvernement du Canada à 100
%. Ce sont des unités qui émanaient du programme 56. 1
fédéral, payées à 100 % par le gouvernement du
Canada. Le gouvernement du Québec de l'époque a financé,
en termes d'unités de coopérative, le grand total de 1528
unités avec le programme québécois Logipop. Donc, entre 16
000 quelque chose et 1528, il y a une marge, une marge importante que le
député de Shefford s'est bien gardé de franchir. Donc,
revenons à des proportions plus humbles, M. le Président, et
parlons de 1528 unités que le gouvernement du Parti
québécois a réalisées. Maintenant, pour
répondre spécifiquement à la question du
député, j'ai déjà répondu à cette
question à deux ou trois reprises. J'ai dit au député que
le programme Logipop était en phase terminale, en ce sens que nous
terminons les unités qui sont dans la machine présentement et que
ce programme, dorénavant, sera remplacé par le programme
catégorie 1 qui, lui, s'applique aux coopératives et aux OSBL qui
veulent réaliser des unités ciblées à 100 % sur les
ménages les plus démunis. Cela est la réponse.
M. Paré: Cela ne me donne pas le nombre d'unités
qui vont être réalisées.
Seulement un petit point pendant que vous allez chercher les
réponses. On n'a pas réalisé les 16 000. Si vous m'aviez
écouté quand j'ai dit que c'est parce qu'on a pris des mesures
pour qu'on soit rendu à 16 296. S'il n'y avait pas eu les groupes de GRT
qui ont été amenés par nos programmes à la fin des
années soixante-dix, je me demande si on serait rendu à 16 000.
Mais cela ne répond pas à ma question et je me demande si on ne
bloquera pas dans les 16 000, si cela continue. Combien d'unités on
espère? Vous m'avez dit vous-même tantôt: On va aller en
appel d'offres pour des unités à réaliser. Vous
prévoyez aller en appel d'offres pour combien d'unités avec vos 1
474 000 $?
M. Bourbeau: M. le Président, le député
comprendra que je ne peux pas présentement répondre à
cette question. Les décisions qui seront annoncées
ultérieurement seront en fonction des décisions qu'aura prises le
Conseil des ministres en temps et lieu, et je ne peux pas présumer
aujourd'hui des décisions du Conseil des ministres et encore moins les
annoncer.
M. Paré: Comment pouvez-vous expliquer que dans les autres
programmes, que ce soit les HLM ou autres choses, un gouvernement normalement
qui présente des crédits, des budgets, parce qu'il a
planifié, il est capable de dire et vous l'avez fait pour les HLM: On va
avoir tel montant et cela veut dire tel nombre d'unités. Comment cela se
fait-il que dans ce programme, on a été capable de mettre un
montant qu'on ne respectera probablement pas, moins de 1 500 000 $, mais qu'on
n'est pas capable de dire en combien d'unités cela va se
générer? Comment cela se fait-il? Expliquez-moi cela. Si vous
n'êtes pas capable de me dire le nombre, dites-moi pourquoi vous
n'êtes pas capable de me dire le nombre.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux pas annoncer au
député d'avance les décisions que prendra le Conseil des
ministres. Tout ce que je peux lui dire, c'est qu'en 1988, nous allons
réaliser des unités qui ont fait partie de l'appel de
propositions que nous avons fait l'an dernier qui portait sur deux ans. L'an
dernier, nous avions fait un appel de propositions et nous prévoyons
cette année, en 1988, réaliser 735 unités avec les
coopératives et les OSBL dans le cadre du programme catégorie 1,
pour lequel des appels de propositions avaient été lancés
l'an dernier.
M. Paré: Si je comprends bien, il n'y aura pas de nouvel
appel de propositions en 1988?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas dit cela du
tout.
M. Paré: Et les 735 dont vous nous pariez, est-ce que ce
sont les mêmes que vous m'avez donnés tantôt pour arriver
à 1315?
M. Bourbeau: 1315. Quel 1315?
M. Paré: Tantôt vous m'avez dit qu'on avait fait la
fin, les derniers, catégorie 2, 578. Et vous m'avez dit 737
catégorie 1.
M. Bourbeau: Non, M. le Président, les 578,
c'étaient les Logipop de catégorie 2, qu'on termine.
M. Paré: Oui.
M. Bourbeau: Cela, c'est la queue...
M. Paré: Oui, oui.
M. Bourbeau:... du programme Logipop. Là, on est en train
de parler du programme catégorie 1.
M. Paré: Non, non, laissez-moi finir. Je vous ai dit
tantôt, et ce sont les chiffres que vous m'avez donnés: 1987-1988,
au 31 décembre 1987, c'est comme cela que vous l'avez pris, vous aviez
578 qui sont les derniers de la fin de catégorie 2. Et il y avait 737,
au lieu des 400 prévues de catégorie 1, qui ont été
réalisées. 737 plus 578 donne 1315. Là vous me ramenez
735: deux de moins de 737, est-ce que ce sont les mêmes ou s'il s'agit
d'autres? Et si cela en sont d'autres, vous venez de répondre à
ma question, vous prévoyez en avoir 735?
M. Bourbeau: M. le Président, tout à l'heure j'ai
donné au député, c'est vrai, deux chiffres. La fin du
programme Logipop: 578 unités, pour lesquelles il y a au budget de
l'année qui vient 1 474 000 $; et j'ai donné également
l'utilisation des crédits pour l'année 1987, pour les HLM
privés, catégorie 1, 737 unités, qui ont été
engagées au 31 décembre et qui constituaient une augmentation de
337 par rapport aux prévisions de 400 unités qui avaient
été faites en janvier 1987. Cela c'est une chose.
Ce que j'ai dit au député, c'est que dans le cadre de
l'appel de propositions qui a été fait au printemps 1987, l'an
dernier, où il y avait des unités pour deux ans, on demandait des
propositions sur deux ans, réalisations 1987 et réalisations
1988, il reste à parfaire et à constuire et réaliser, et
engager, 735 unités au cours de l'année 1988, jusqu'au 31
décembre 1988. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'autres appels
de propositions au cours de l'année courante, je dirais même que
je serais très étonné qu'il n'y ait pas de proposition au
cours des prochains mois, des appels de propositions au cours des prochains
mois.
M. Paré: Si on se fie au budget qui est voté, en
tout cas, et au nombre d'unités réalisées, qui
était de 1315 pour 3 700 000 $, et là on a 1 500 000 $, les 735
qui restent, cela veut dire que si on arrive, cela ne sera qu'une annonce, un
appel d'offres pour des réalisations sur des budgets futurs, puisqu'on
n'a pas mis d'argent dans les budgets pour être capable d'en
réaliser plus cette année. Et même le montant de 500 000 $
ne réalisera pas les 735, normalement, à moins qu'encore une fois
on diminue l'aide.
M. Bourbeau: M. le Président, le député
entretient peut-être une équivoque ou peut-être que, pour le
député, cela n'est pas très clair dans son esprit. Le
député nous a parlé de Logipop, tout à l'heure.
Alors, évidemment, j'ai répondu sur Logipop, qui sont les
logements de catégorie 2. Ce qu'on appelle de catégorie 2, c'est
destiné uniquement aux coopératives et financé à
100 % par le gouvernement du Québec. Cela, c'est le programme qui est en
"phasing out".
Par contre, il y a les logements de catégorie 1, qui sont des
logements subventionnés par les deux ordres de gouvernement,
Québec et Ottawa, et qui s'adressent aux coopératives, aux OSBL
qui s'occupent des démunis, des citoyens qui entrent dans nos
critères de gens qui ont des besoins impérieux. Ce
budget-là, pour l'année 1988-1989, au total, est de 7 061 100 $.
Je parle des organismes sans but lucratif privés, de ce qu'on appelle
les projets spéciaux. Alors que le budget de Logipop, le
député s'en souvient, était de 1 474 500 $. J'aimerais
dire au député que ce montant, pour les organismes sans but
lucratif privés, les spéciaux, catégorie 1, de 7 061 000 $
pour l'année 1988-1989, est une augmentation de 539 % par rapport
à l'année précédente, le réel de
l'année précédente. Donc je pense que c'est une
augmentation importante.
M. Paré: Je ne reviendrai pas sur les chiffres parce que
cela n'a pas de bon sens; on va tourner en rond et on va mêler les gens
qui liront les galées, finalement. On va plutôt se fier au budget
qui est déposé, soit 1 500 000 $ pour les coopératives.
C'est clair et net, au moins, on sait cela.
Je veux vous poser une question relativement aux
coopératives.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que le
député peut répéter ce qu'il vient de dire? Je
crois qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
M. Paré: Je vous ai demandé tantôt - et c'est
ce que vous me dites - le montant qui était réservé pour
Logipop. C'est 1 474 500 $ par rapport à ce qu'on avait l'an
passé. Donc, c'est une diminution.
M. Bourbeau: 1 474 000 $ pour Logipop.
M. Paré: L'autre montant...
M. Bourbeau: M. le Président, ce montant, c'est l'aide aux
GRT, dans le cadre du programme Logipop.
M. Paré: Justement, c'est aux GRT que je veux en venir. Si
on veut qu'il y ait du développement en habitation coopérative,
il faut absolument, à mon avis, que des gens soient là pour le
promouvoir ou juste pour aider ceux qui ont l'intention de partir en
coopérative. Pour les GRT, vous avez annoncé une diminution
graduelle de l'aide d'ici à 1990 pour que, en 1991, il n'y en ait plus.
Effectivement, vous avez tenu parole et vous avez déjà
commencé à couper cette année 25 %, pour en arriver, en
1991, à aider onze groupes pour onze régions administratives,
selon l'ancienne carte, même si, maintenant, on est rendu avec seize
régions administratives, vous le décidez par décret
gouvernemental. C'est une diminution.
Les groupes vous ont demandé de réviser votre position, de
les aider davantage parce qu'ils sont essentiels au développement et au
maintien des coopératives d'habitation actuellement construites. Ils
demandent qu'on revienne à l'ancienne politique. Et on a la preuve que
le logement coopératif va se développer dans les endroits
où il y a des groupes de ressources techniques. C'est évident.
Quand les ressources ne sont pas là, les groupes ont de la
difficulté à s'implanter et, on sait comment c'est ardu de monter
un projet comme cela. De plus, on a des "deadlines" parce que quand l'offre de
propositions est lancé, on a un temps très court. S'il n'y a pas
eu de préparation, s'il n'y a pas eu un groupe pour soutenir les groupes
pendant tout ce temps, particulièrement dans la période
critique... Il n'y en a pas. On n'a qu'à regarder, surtout dans les
régions où il y a des groupes de ressources techniques, le nombre
d'unités qui ont été mises en chantier par rapport aux
régions où il n'y a pas de groupes. Je peux prendre l'exemple de
Granby où il n'y en a pas; regardez le nombre de logements
coopératifs réalisés par rapport à Saint-Hyacinthe,
par rapport à Lon-gueuil, par rapport à Sherbrooke, d'autres
municipalités où il y a effectivement un groupe de ressources
techniques. La différence est majeure.
Si on abolit des groupes de ressources techniques, cela veut dire qu'on
est en train, encore une fois, de s'en prendre au système
coopératif d'habitation pour faire en sorte qu'il y en ait moins. On va
justifier que les budgets diminuent, on diminue les budgets, on diminue l'aide
aux ressources techniques et on les prend les uns par rapport aux autres en
disant: On a moins besoin de groupes parce qu'il s'en fait moins; il s'en fait
moins, on a moins besoin des groupes parce qu'on investit moins d'argent pour
en développer. C'est vraiment facile de tuer un mouvement en l'attaquant
des deux côtés à la
fois.
Un des arguments amenés par les groupes - ils ont raison, j'en ai
visité dans plusieurs régions du Québec - c'est que si,
dans chaque région, on ne maintient qu'un groupe de ressources
techniques, par exemple, dans la grande région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, comment pourrons-nous espérer développer
du logement coopératif dans de petites municipalités, dans les
régions éloignées quand elles n'auront pas de soutien
technique? En plus, les appels d'offres diminueront, donc il y en aura moins.
C'est tout à fait logique puisqu'ils devront se financer; ils n'auront
pas le choix, de prendre ce qui est le plus payant soit de bâtir sur
place. Il y a moins de déplacements avec des projets plus payants et
plus gros, qui se feront où? Dans les plus grandes municipalités,
c'est évident. (18 h 15)
Donc, on vient de limiter le logement coopératif dans les grands
centres, dans les centres où c'est payant. Pour quelle raison le groupe
qui doit se financer va-t-il partir de Chicoutimi pour aller à Dolbeau,
avec toutes les rencontres que cela implique; pour aller rencontrer ce groupe
pour un petit projet moins payant? J'ai pris Dolbeau, mais je pourrais parler
de municipalités beaucoup plus petites où il y en a eu. Comme les
petits projets de coopérative ne seront pas payants et seront trop
coûteux, le GRT n'aura pas le choix. On ne fui demande plus maintenant de
travailler pour aider les petits projets. On lui demande de commencer par
penser à se financer, cela veut dire: Se financer dans les grands
centres et pour les grands projets. Donc, on vient de faire en sorte que le
logement coopératif soit maintenant circonscrit dans les plus grandes
municipalités ou en périphérie des plus grandes
municipalités et non pas maintenant dans les régions. Encore une
fois, on empêche que ce mode de logement, qui pourrait être
favorisé par des groupes, le soit parce qu'on ne leur donne pas le
financement et on ne leur donnera plus non plus les ressources techniques qui
étaient fournies par les GRT, justement. Ma question est bien simple:
Est-ce que vôtre décision est définitive ou est-ce qu'on
peut espérer que vous soyez prêt à reviser votre
décision par rapport au financement des groupes de ressources
techniques, comme ils vous l'ont demandé par écrit
dernièrement?
M. Bourbeau: M. le Président, encore là,
évidemment, le député s'assoit sur des acquis, sur des
notions qui datent de quelques années et il ne voudrait pas que nous
évoluions. Or, nous évoluons continuellement, M. le
Président et parfois j'ai l'impression que le député
retarde. La conjoncture change; la conjoncture évolue. Il faut s'adapter
à la conjoncture. Les GRT, c'est sûr, ont joué un
rôle important dans le développement des coopératives au
Québec alors que les gouvernements avaient beaucoup de fonds disponibles
- le gouvernement fédéral surtout bien sûr - pour susciter
des coopératives dans la population. On avait besoin d'un très
grand nombre de GRT pour être capable de faire en sorte de livrer cette
marchandise, si je peux m'exprimer ainsi.
Le gouvernement du Canada, qui était le très grand
pourvoyeur de fonds dans une proportion d'au moins 90 %, a modifié sa
politique d'une façon importante et il faut évidemment en tenir
compte. Maitenant, ce que nous avons dit aux GRT, c'est que nous pensions que
les GRT pouvaient subsister et, doivent subsister même, mais qu'ils
devraient se réorganiser et tenter de diversifier leurs sources de
revenus. Et je signale au député que le Québec est la
seule province au Canada qui subventionne des groupes de ressources techniques.
Même le gouvernement fédéral ne le fait pas; ne le fait
plus. Le gouvernement fédéral le faisait sur une base de trois
ans je crois, il y a quelques années, et ce budget-là
était en réduction sur les trois années et il a
été complètement annulé de sorte que le
Québec reste le seul endroit au Canada où on subventionne des
GRT. Nous avons annoncé une bonne nouvelle aux GRT. Nous leurs avons dit
que nous continuerions à les subventionner, mais pas 38 GRT à 54
000 $ chacun, ce qui coûtait au-delà de 2 000 000 $ par
année au gouvernement du Québec. Parce que les besoins pour ce
type de coopératives ne sont plus aussi importants qu'ils
étaient.
Nous avons alors proposé aux GRT une diminution progressive de la
subvention sur quatre ans, de sorte qu'à la fin de la compression, nous
aurons une subvention de 54 000 $ disponible par région administrative
qui sera remise au GRT de cette région ou qui sera répartie entre
les GRT s'il y en a plus d'un par région, étant entendu que dans
la région de Montréal nous pourrons subventionner trois GRT
étant donné le très grand volume de population qui se
situe dans cette région-là. C'est la décision que nous
avons prise. Je pense que c'est une bonne décision.
Les GRT, quant à eux, M. le Président, ont des
façons de se financer en dehors de la subvention gouvernementale. Et je
dirais que, par exemple, pour les années 1986, 1987 et 1988 de
l'entente-cadre, le gouvernement du Québec a octroyé 2128
unités sur le marché sans but lucratif privé,
c'est-à-dire les HLM privés et pour les sans-abri, au lieu des
1200 qui avaient été prévus initialement. Or, je suis
heureux de constater que 96 % de ces unités-là seront
vraisemblablement réalisées avec l'aide des GRT. Maintenant, si
on met un coût moyen de 50 000 $ par unité, cela permettra,
à raison de 4 % des honoraires qu'exigent les GRT, de
générer pour eux des revenus de 4 400 000 $. J'aimerais signaler
que les GRT retirent actuellement, enfin retiraient, en 1985, 70 % de leurs
revenus de ces services professionnels, qu'ils facturent à leurs clients
à raison de 4 % du coût de réalisation des unités.
On peut donc dire que
le gros des revenus des GRT, déjà en 1985, provenait des
honoraires qu'ils exigent dans la réalisation des programmes. Puisque
nous avons l'impression, presque, la certitude que 96 % des unités que
nous avons mises sur le marché, dans le cadre de l'entente
Québec-Canada sur l'habitation sociale pour les années 1986, 1987
et 1988, seront réalisées par des GRT, je pense que les GRT ont
là une excellente façon de diversifier leurs revenus et de se
financer ailleurs. J'aimerais également signaler au député
que le programme fédéral qui s'adresse aux coopératives
offrira quelque 4200 unités au cours de la période 1986, 1987 et
1988. Sur la base des mêmes paramètres, on peut dire que 8 100 000
$ additionnels viendront s'ajouter à la faveur des GRT,
c'est-à-dire les honoraires qu'ils retireront de ces unités qui
sont mises à leur disposition par le gouvernement du Canada; les 4200
unités, pour la période. Si on ajoute ces 8 100 000 $ aux 4 400
000 $ dont j'ai parlé précédemment, on peut dire que,
d'ici juillet 1989, pour les trois années de l'entente, les GRT auront
retiré des honoraires de 12 500 000 $. M. le Président, ce sont
des sommes d'argent importantes. Si les GRT se regroupent et rationalisent
leurs activités, ils peuvent fort bien s'en tirer sans que le
gouvernement ait à distribuer une somme de 54 000 $ pour chacun des 38
GRT qui oeuvrent présentement sur le territoire
québécois.
M. Paré: Ça, c'est évident. Ils pourront se
regrouper et se financer. Mais, comme je vous le disais, il y a des
régions qui vont y goûter. Malheureusement, on ne pourra pas faire
le tour des dossiers, sauf deux, très brièvement, en
espérant que vous aurez le temps de donner des réponses, à
moins qu'on ait le consentement pour poursuivre après 18 h 30? Ça
n'a pas l'air. Très brièvement, même si on a perdu
au-delà d'une demi-heure au début.
Concernant les sans-abri, je me rappelle le beau discours de l'an
passé. Cela devait être non pas l'année des sans-abri, mais
le commencement de la préoccupation des sans-abri. Vous pourrez me
refaire tout le discours des 13 000 000 $, des 2 500 000 $, etc. Comme cela a
été dénoncé par les groupes, avec raison, c'est
arrivé en retard au lieu d'être planifié. On a fait
quelques annonces au cours de l'année, mais on a fait augmenter
globalement, au gouvernement, le nombre des sans-abri plutôt que de le
diminuer. Je donne un seul exemple. On a beau dire qu'on a ajouté 637
unités pour les sans-abri, aux organismes sans but lucratif, et que tout
cela a coûté 13 000 000 $, pour ce qui est du financement des
maisons des jeunes qui étaient déjà en place et des
maisons d'hébergement, la politique de l'autre ministère
était loin d'être avantageuse. On n'a pas planifié. On en
ajoute plutôt que de faire en sorte que celle qui était
déjà là soit bénéfique. En même temps,
la ministre de la Santé et des Services sociaux a annoncé, au
cours de la même année des sans-abri, une
récupération d'au-delà de 10 500 000 $, je pense, en
coupant 1500 places dans les foyers d'accueil. C'est une belle politique pour
l'Année internationale des sans-abri. On peut bien se donner 637 places
ou 627 logements - c'est environ ce nombre - mais, en même temps, ce
même gouvernement coupe 1500 places dans les foyers d'accueil et
récupère 10 000 000 $ de l'autre main. Je ne suis pas sûr
que ce ne soit pas cette clientèle justement qui devienne des sans-abri.
S'ils n'ont plus de foyers d'accueil et s'ils ont besoin de cette ressource
sociale, ils ne la trouvent plus. C'est la seule remarque que j'ai à
faire, parce que je n'ai pas le temps.
L'autre remarque concerne le programme PARCQ. Là-dessus aussi,
vous pouvez bien dire ce que vous voulez, mais j'aimerais que vous puissiez me
répondre ou me rassurer. Vous allez me dire, quand on regarde le bilan
du programme PARCQ à la fin de 1987, qu'il y a d'engagés ou
d'utilisés 78 000 000 $. Mais de payé à la fin de 1987,
par exemple, sur les 70 000 000 $ plus les 16 000 000 $ de 1986 parce qu'on
chevauche avec les années pour être capable de faire de beaux
chiffres, on se ramasse avec un montant de près de 30 000 000 $. Si on
prenait seulement 1987, pour essayer de simplifier les choses: on avait un
montant de 70 000 000 $ de planifié, de prévu, dont 35 000 000 $
du fédéral et 35 000 000 $ du provincial et il y a, selon les
chiffres, un montant de 17 500 000 $ de terminé, de payé sur les
70 000 000 $. Vous allez me dire que le reste est engagé; d'accord, le
reste est engagé, sauf que l'État administre en fonction de
budgets votés. On est ici pour cela. Ce sont des budgets prévus
et votés. Donc, un montant de 70 000 000 $ qui était
planifié; 17 000 000 $ qui ont dû être normalement
payés; la différence devrait être payée cette
année. Si c'est payé cette année et que le budget diminue,
qu'est-ce que cela veut dire? On va toujours pelleter en avant dans les autres
années, mais est-ce que... Si je comprends bien, les 35 000 000 $ ne
sont pas pris au fédéral, ils sont pris au provincial; chacun
leurs 35 000 000 $, donc 70 000 000 $, déposés dans un coffre de
la SHQ et payés plus tard. C'est payé par le gouvernement.
Est-ce que le fait qu'on ait payé seulement 17 500 000 $,
effectivement, au cours de l'année financière qui est
terminée, se trouve à nous faire perdre le reste de la subvention
fédérale? Sinon, comment va-t-on l'avoir? Est-ce que ces gens
aussi garrochent d'une année à l'autre? Finalement, on va se
ramasser, avec les années, à payer des arrérages tout le
temps, mais les budgets ne s'additionnent pas parce que la différence
des 17 000 000 $ qui sont ici, donc la moitié du Québec et la
moitié du fédéral, veut dire que les 35 000 000 $ qui
avaient été prévus n'ont pas été
dépensés. Ils se sont en allés en crédits
périmés ou on aurait pu les dépenser ailleurs, mais je
pense que ce n'est pas ce qu'on a fait. Qu'est-ce qui arrive avec cet
argent
prévu non dépensé?
Les sans-abri
M. Bourbeau: M. le Président, je sais qu'on est
pressé, je vais aller aussi rapidement que le député,
quoique le député ne va pas très rapidement. D'abord, pour
ce qui est des sans-abri, puisque le député en a parlé, le
député dit que nous avons fait de beaux discours; je lui dirai
que nos beaux discours se sont traduits par de belles réalisations, quoi
qu'en pense ou quoi qu'en dise le député. Si j'avais su que le
député était pour porter un jugement semblable, j'aurais
apporté ici la montagne de lettres de félicitations et de
remerciements que nous avons reçues de tous les groupes qui ont
été aidés, de tous les gens qui s'occupent des sans-abri;
ils témoignent et ils ont témoigné de la justesse des
décisions du gouvernement dans ce dossier.
PARCQ
Pour ce qui est du programme PARCQ, je peux rassurer le
député. Nous procédons avec le programme PARCQ, pour ce
qui est du financement, comme l'ancien gouvernement procédait avec le
programme Loginove, c'est-à-dire que nous engageons les fonds au cours
de l'année - les montants sont connus - et le remboursement des
dépenses se fait sur cinq ans. Nous payons sur cinq ans pour les
dépenses de l'année courante. Le gouvernement faisait la
même chose avec Loginove. C'est pour cela que vous allez encore voir au
budget de cette année des sommes d'argent pour Loginove; nous payons
encore aujourd'hui, et ce pour deux ou trois ans, les coûts de Loginove
réalisés par l'ancien gouvernement puisque c'était
financé sur une période de cinq ans. D'ailleurs, le
député a devant lui les chiffres; il peut les regarder. Nous lui
avons fait parvenir les chiffres. Cette année, nous payons 31 351 000 $
de fonds québécois pour Loginove sans qu'il y ait de travaux
d'engagés puisque ceux-ci ont été engagés par
l'ancien gouvernement et ce sont des travaux payables sur cinq ans.
Alors, nous faisons la même chose pour PARCQ. Nous engageons, nous
faisons les travaux et nous les finançons sur cinq ans. Si nous ne
faisions pas cela, nous nous trouverions à payer dans la même
année tous les travaux comptant pour cette année, plus tous les
travaux que le Parti québécois faisait faire et que nous payons
aujourd'hui. Alors, nous ne sommes pas caves, si je peux dire, à ce
point-là, de tout payer d'un coup et les travaux du Parti
québécois et les nôtres. Donc, nous continuons exactement
de la même façon que celle du gouvernement du Parti
québécois; nous payons sur une période de cinq ans. Le
gouvernement fédéral procède différemment: il paie
comptant. Donc, quand nous engageons, dans une année, 70 000 000 $ de
restauration pour le programme PARCQ, la part du fédéral est mise
ou est engagée; cela va être payé comptant quand les
travaux seront exécutés. Nous, nous engageons également
nos fonds et ils sont financés sur cinq ans. À la fin, cela
revient à la même chose puisque nous payons du Loginove
passé et du PARCQ présent, le total est sensiblement le
même pour les deux gouvernements.
Le Président (M. Baril): Messieurs de la commission, M. le
ministre, quant à moi, pour continuer après 18 h 30, j'ai besoin
d'un consentement. Est-ce que je l'ai?
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais bien continuer,
mais j'ai des engagements qui m'attendent ailleurs, d'ici quelques minutes, et
je suis vraiment incapable de continuer, à moins que la commission exige
qu'on le fasse. Nous avons pris la totalité des heures qui nous
étaient dévolues. Je déplore simplement que le
député de Shefford ait fait des discours si longs. On n'aura pas,
semble-t-il, l'occasion d'entendre la Régie du logement. Peut-être
que, l'an prochain, on pourrait commencer par la Régie du logement.
Le Président (M. Baril): À l'heure. Une voix:
À l'heure.
Adoption des crédits
Le Président (M. Baril): Alors, est-ce que les programmes
9 et 10 sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Baril): Adopté. La commission
ajourne ses travaux jusqu'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 30)