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(Dix heures quatre minutes)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous allons commencer les travaux de la commission, étant
donné qu'il est 10 heures et que tous les intervenants sont
présents. Je rappelle donc que la commission de l'aménagement et
des équipements continue ce matin et cet après-midi
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Environnement pour l'année financière 1988-1989. Nous
étions à discuter du programme 2. Je crois que le
député de Laviolette avait demandé la parole. Oui, M. le
député de Verchères d'abord.
Gestion des milieux environnementaux (suite)
M. Charbonneau: Oui, pour qu'on se situe bien, M. le
Président, on était rendu au programme 2, élément
1, à la discussion sur le milieu aquatique. On avait engagé la
discussion sur le programme d'assainissement des eaux. On avait vu le volet
urbain. On aurait pu avoir d'autres questions à poser, mais on va passer
au volet industriel. Auparavant, on va faire une parenthèse pour
permettre à mon collègue de Laviolette, toujours dans le cadre de
l'élément 1 sur le milieu aquatique, de parler du problème
du flottage du bois. On reviendra ensuite au volet industriel une fois que le
député de Laviolette aura terminé.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela va, M. le
député de Verchères. M. le député de
Laviolette, vous aviez des questions pour le ministre de l'Environnement. Je
vous reconnais, M. le député de Laviolette.
Flottage du bois sur la rivière
Saint-Maurice
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je voudrais que le
ministre comprenne bien l'intervention que je fais aujourd'hui. Je ne voudrais
pas qu'il prenne sa marotte habituelle et qu'il dise que c'est la faute au PQ
si rien n'a été fait dans le passé. Je ne voudrais pas non
plus, de mon côté, dire que les libéraux, dans le temps,
n'ont rien fait. Je pense qu'on va regarder de façon plus honnête
le problème du flottage, le flottage du bois qu'on appelle chez nous le
flottage de la "pitoune", sur la rivière Saint-Maurice, et les
difficultés que cela comporte. D'abord, de façon plus
précise, le débat avait été amené entre La
Tuque et Trois-Rivières et entre le barrage Gouin et La Tuque, dans la
mesure où les gens commencent de plus en plus à en parler. Donc,
des gens ont fait mention que, depuis nombre d'années... Il faut
regarder cela comme un problème de la société en entier.
On a accepté, en vertu des lois fédérales dont le
Québec a la responsabilité, de faire en sorte que le flottage du
bois soit accepté comme un moyen de transporter le bois de façon
plus économique pour les compagnies forestières, et pour les deux
compagnies papetières en particulier, la Consol et la CIP, qui ont
formé une compagnie de flottage de bois. Je dois dire que les gens ont
toujours craint de voir disparaître le flottage et ils disaient: C'est la
survie de nos entreprises situées sur les rives du Saint-Maurice,
à Grand-Mère, à Shawinigan et à
Trois-Rivières, qui pourrait être menacée si on enlevait ce
moyen de transport.
D'un autre côté, plusieurs rapports ont été
faits, aussi bien lorsque le Parti libéral était au pouvoir, dans
les années soixante-dix, qu'à la demande du Parti
québécois - mon collègue, Yves Duhaime - toujours dans
l'hypothèse de regarder d'autres moyens pour en arriver, peut-être
dans un laps de temps de cinq à dix ans, à faire
disparaître complètement le flottage du bois.
Maintenant, je vais donner ma position. J'ai écrit plusieurs
lettres au ministre, que ce soit à l'instigation du Regroupement des
usagers de la rivière Saint-Maurice ou d'autres. Ma position a toujours
été très claire dans ce dossier. On ne peut pas, du jour
au lendemain, enlever le flottage du bois sans mettre des contreparties. Donc,
ma position est la suivante: Oui, le flottage doit être
contrôlé; le flottage doit aussi, en même temps,
peut-être sur un laps de temps X, disparaître. Donc, les gens ont
mis leur espoir dans le ministre de l'Environnement. On a dit que le ministre
délégué aux Forêts allait défendre la
position qui lui appartient, soit de défendre les compagnies
forestières. D'un autre côté, on pourrait parler longuement
en disant que si on faisait du transport par voie terrestre, cela augmenterait
le nombre de camions. D'autres parlent d'une voie de chemin de fer qui existe
déjà. Il s'agirait simplement de remettre en place les structures
nécessaires, qu'on a malheureusement fait tomber il y a quelque temps.
Mais, d'une façon ou d'une autre, toutes les compagnies
forestières, de La Tuque à Trois-Rivières, ont des
entrées par train actuellement et reçoivent par le fait
même des copeaux.
D'un autre côté, vous avez l'ensemble des compagnies
forestières qui ont aussi leur cour à bois. Une compagnie qui a
des difficultés en particulier, c'est CIP Trois-Rivières. Elle
n'a pas de cour véritable, de telle sorte qu'elle a des problèmes
quant à l'emmagasinage du bois. Ce que les gens disent, c'est que nous
n'en avons pas contre le flottage dans la mesure où on va le
contrôler et dans la mesure où il y a aussi l'hypothèse de
l'enlever sur un laps de temps de cinq à dix ans. Dans ce
sens-là, les gens disent: II est anormal, cependant, il y a des
jugements qui ont été rendus à cet effet, de laisser
libre
les deux tiers de la rivière - même si des fois les trois
tiers sont pleins, compte tenu des vents d'ouest qui ramènent le bois -
et les gens disent: Pourquoi on n'applique pas ces obligations que les
compagnies ont de maintenir le bois en termes de descente et non pas en termes
d'emmagasinage. Le problème, c'est le problème d'emmagasinage.
Vous avez du bois qui vient de Nicolet, sur la rive sud, qui est
déchargé sur la rivière - si vous aviez vu cela, avant le
dégel printanier - sur la masse de glace, la masse de bois qui s'y
trouve.
Une fois le dégel arrivé, le bois retourne vers
Trois-Rivières. Donc, du bois qui provient de Nicolet, dans certains cas
des boisés privés, monte à Saint-Jean-des-Piles et
redescend à Trois-Rivières. On trouve que cela n'a pas de bon
sens. Cela sert à quoi? Cela sert de cour à bois, pour
l'emmagasinage.
Nous avons été un peu surpris à la suite de la
discussion qui avait eu lieu et au comité qui avait été
mis sur pied - l'étude de Pluri-tec - de voir encore une fois un
comité. Je vous le dis comme les gens l'ont vu. Ils auraient mieux
aimé en arriver à des solutions à long terme. Voici la
question qui se pose: Pourquoi avoir formé un autre comité
par-dessus d'autres comités qui ont déjà existé? Et
pourquoi ce comité travaille-t-il, malheureusement, à huis clos?
Pourquoi, dans certains cas, avoir limité le temps de certaines
personnes et avoir dit à des gens, comme par exemple, à la
municipalité de Saint-Jean-des-Piles... Cette municipalité
disait: Moi, j'ai une façon de voir les choses, je fais partie d'une MRC
qui a une autre opinion - les municipalités ne sont pas toutes
situées le long de la rivière - et je voudrais être
entendue. Le comité a dit: Nous ne voulons pas vous voir là. La
MRC va parler en votre nom.
D'abord, je trouve cela anormal. Pourquoi n'est-ce pas ouvert au public?
Même si cela ne fait pas partie de son mandat, pourquoi ne pas avoir
donné au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement un mandat
spécial pour regarder cela? Je pense que c'est une discussion qui doit
être faite à ciel ouvert parce que cela amène des
possibilités immenses sur le plan du tourisme, par exemple, entre La
Tuque et Trois-Rivières, la possibilité de mettre en place des
structures à l'extérieur de la route, une voie ferrée
possiblement, tout en améliorant les routes et peut-être
même une voirie forestière interne.
Dans certains cas, la société avait refusé de
forcer les compagnies à reboiser ou à mettre en place des
structures permettant un meilleur équilibre du bois au Québec, et
une politique a alors été mise en place: le gouvernement paie une
partie, les compagnies en paient une autre. Il y a aussi le plan de relance de
l'industrie des pâtes et papiers, où les gouvernements
fédéral et provincial ont payé une partie et les
compagnies une autre. Pourquoi, dans ce contexte, ne pas prévoir
plutôt des actions allant jusqu'à la possiblité pour le
gouvernement d'en arriver à une entente spéciale, aussi bien au
Lac-Saint-Jean, à Gatineau ou en Mauricie, pour en arriver à
implanter un programme qui aiderait les compagnies à mettre en place les
infrastructures nécessaires pour sortir le bois de la rivière
dans un délai de cinq à dix ans, comme des gens le demandent? On
aurait un plan d'eau extraordinaire, en particulier dans ma région,
entre le barrage de Grand-Mère et ce qu'on appelle le lac Matawin,
où vous avez l'endroit idéal pour des activités
touristiques comme la navigation, le ski nautique ou d'autres formules
permettant d'utiliser la rivière à d'autres fins que celle du
flottage.
J'ai essayé de résumer parce que j'en ai beaucoup à
dire; cela fait longtemps que je travaille à ce dossier. Je vous dis
honnêtement, M. le ministre, que j'aurais aimé que mon
gouvernement en fasse plus, à l'époque, et j'ai fait les
pressions qui s'imposaient. C'est maintenant vous qui êtes là, je
vais continuer à exercer des pressions et je le fais dans une optique
positive. D'ailleurs, je pense que vous le regardez comme ministre responsable
de l'Environnement et non pas comme ministre délégué aux
Forêts.
Encore une fois, j'aimerais savoir pourquoi c'était un
comité encore une fois, pourquoi il n'y a aucune action concrète,
pourquoi c'est à huis clos et pourquoi des gens qui auraient voulu
être entendus n'ont pu l'être.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre, les questions sont
posées.
M. Lincoln: Concernant les questions à savoir si on aurait
dû former un nouveau comité et si on aurait dû prendre des
actions à la suite de l'étude Pluritec et les études
précédentes, si on regarde l'étude Pluritec, c'est une
étude qui a été faite spécifiquement sur la
rivière Saint-Maurice. Deuxièmement, c'est une étude qui
n'était certainement pas axée sur l'aspect de l'environnement;
elle mettait beaucoup l'accent sur le côté favorable de
l'économie par rapport à l'environnement. Il fallait qu'une
décision soit prise à la suite de cette étude. Si on avait
réellement suivi les grandes lignes de l'étude Pluritec, on se
serait basés sur un des secteurs et on aurait été
obligés de conclure que le côté économique
était peut-être plus important que le côté
environnemental. (10 h 15)
En créant ce comité, on ne voulait pas dire: Ça va
être encore un autre comité d'étude, mais plutôt un
groupe de travail complètement indépendant du système
politique dans ce sens qu'on ne voulait pas y faire siéger des
députés du gouvernement ou de l'Opposition et en faire une
question qui pourrait, directement ou indirectement, être perçue
ou devenir une question partisane d'une façon ou d'une autre. On a pris
des gens pour leur valeur au plan des
connnaissances techniques, par exemple, M. Slivitsky de l'INRS-Eau, dont
la réputation n'est plus à faire. On a pris un
représentant de l'industrie forestière, parce que faire une
enquête du BAPE comme vous l'aviez suggéré aurait
été perçu comme une enquête environnementale PEC.
Faire aujourd'hui une enquête sur le flottage du bois sans impliquer
l'industrie forestière au premier niveau et comme participant actif dans
l'enquête, je pense que cela ne va pas être concluant parce qu'il
faut avoir l'aval de l'industrie forestière pour tout correctif qu'on va
apporter à moyen et à long terme. Alors on a pris M. André
Duchesne, le président de l'Association des industries
forestières du Québec. On a pris une personne du ministère
de l'Environnement, M. Pierre Fabi, qui s'occupe du milieu hydrique maintenant
et qui est une personne des plus convaincues pour redonner de l'eau aux
citoyens et en même temps Bernard Harvey, qui a fait sa carrière
dans le milieu de l'environnement, du loisir, chasse et pêche, qui est
aujourd'hui avec le ministère de l'Environnement et qui est
réellement un environnementaliste convaincu.
On a dit qu'on ne voulait pas que ce comité passe des mois
à travailler des papiers. On veut que ce soit un comité de
travail auquel on a donné un laps de temps très, très
restreint et auquel on a dit: D'ici le 15 juin, arrivez avec des
recommandations précises. Pour toucher justement toutes les choses que
vous suggérez. On veut que ce soit quelque chose qui touche tout le
Québec, toutes les régions où c'est un problème. Je
suis d'accord avec vous que le problème est peut-être plus aigu
sur la rivière Saint-Maurice, mais il se pose aussi dans la
région de l'Outaouais, quoique un peu différemment de chez vous,
parce que dans la région de l'Outaouais, c'est peut-être un
problème à plus long terme que dans la région du
Saint-Maurice. Quelle est la problématique dans le Saguenay ou dans
certaines régions où il y a des estacades, il y a du flottage,
une grande balise par la Consol et les autres qu'il faudra vérifier? Et
là aussi il y a des problèmes selon les régions et c'est
cela qu'on veut que ce groupe de travail vienne nous dire.
Le groupe de travail a pour mission d'écouter tous les
intervenants qu'il juge lui-même bon d'entendre. Il a toute la liste. Il
a toute la latitude possible. C'est tout ce que je veux vous dire et je dois
reconnaître très, très sincèrement votre
implication, votre pression pour pousser ce travail en avant. Je pense que tout
le monde reconnaît et que tous les gens du comité sont
très, très au courant de ce que vous aurez fait pour cette
question-là tant comme ministre des Forêts, que comme
député et comme citoyen. Je pense que la préoccupation que
vous essayez de véhiculer est partagée par tous les membres du
comité qui veulent trouver une solution. En même temps il faut
admettre que vous avez là une question d'envergure immense. Vous avez
des enjeux économiques extraordinaires. Demain matin, si on disait,
même à moyen ternie, en quatre ans, cinq ans, six ans, dix ans
qu'on arrête le flottage dans la Saint-Maurice ou dans l'Outaouais, on
créerait un problème correspondant sur nos routes. Les camions
que cela demanderait, etc. Il faut évaluer, faire une étude,
savoir toutes les conséquences qui en découlent, quelle est la
pollution qu'on transfère de l'eau en redonnant l'usage complet de l'eau
de nos rivières par rapport à la pollution qui est
créée sur nos routes, si on est obligé d'utiliser de gros
camions sur nos routes. C'est tout cela qu'il faut regarder.
En même temps, je pense que ce que nous cherchons tous, c'est que,
graduellement, on fasse de moins en moins de flottage pour en arriver à
un point où on libérerait nos rivières. Je suis
entièrement d'accord avec cet objectif. Et j'espère qu'on va
arriver à des conclusions en juin où ce sera quelque chose de
concret. Je me suis assis avec le groupe de travail au départ pour lui
dire: Vous avez complète latitude, mais on veut des choses
concrètes. Quelque chose comme le comité Dagenais qui a
siégé sur l'assainissement des eaux et qui n'est pas allé
chercher des choses philosophiques, qui a donné des recommandations
précises de travail afin qu'on puisse mettre des mécanismes en
place. Et là cela va être aussi avec l'aval des industries
forestières et c'est capital.
M. Jolivet: Juste deux choses pour terminer parce qu'on a fait un
bon tour d'horizon. Je dois vous dire d'abord qu'il y a quelque chose qui est
incompréhensible, dans la mesure où on sait que la compagnie qui
fait le flottage au nom de CIP et Consol se serait opposée, à
l'époque, au fait que la compagnie Kruger puisse faire flotter son bois.
Cette situation a été un peu drôle dans la mesure où
Kruger part de Chibougamau-Chapais, 32 voyages par jour vers
Trois-Rivières. Et, à ma connaissance Kruger a investi quelque
400 000 $ pour moderniser son usine. Donc, il y a quelque chose qui ne va pas
là.
La deuxième chose, c'est que vous n'êtes pas sans savoir
qu'en 1969-1970, terminée à ce moment-là, la compagnie
Hydro-Québec, fiduciaire de la Shawinigan Water and Power, a vendu les
rives de la rivière Saint-Maurice à la compagnie de flottage de
bois Saint-Maurice, ce qui a amené certaines complications. Et il y a
aussi le dernier événement qui est arrivé, la mise sur
pied d'une jetée. Je sais que la MRC de Mékinac était
d'accord au départ, mais les gens ont fait des pressions pour leur
demander de réviser leur décision. Ils l'ont fait. Ils se
retrouvent aujourd'hui avec des décisions et des lettres du ministre
délégué aux Forêts qui leur dit: Écoutez,
c'est moi qui décide. Ce n'est pas vos affaires. Et les gens lui
écrivent à nouveau de ce temps-ci et lui disent: Écoutez,
qui a la responsabilité du schéma d'aménagement et des
berges des lacs et des rivières? Si ce n'est pas nous, dites-nous
le, on va arrêter de s'en occuper. C'est simplement pour vous
mettre au courant des discussions que j'ai avec différents ministres. Et
je comprends la difficulté, ayant chacun à défendre vos
positions, je le comprends. Je comprends aussi que votre désir est d'en
arriver à une solution à long terme sur le flottage, si c'est
votre désir, mais entre-temps de s'assurer que la compagnie de flottage
ait aussi des comptes à rendre à la population en
général et à ceux qui veulent utiliser la rivière
pour d'autres fins.
On est en train de mettre en place dans le bassin dont je faisais
mention, Matawin et Grand-Mère, par Saint-Jean-des-Piles, une
activité pour les gens qui font des croisières sur la
rivière Saint-Maurice. Ces croisières rapportent au point de vue
touristique. Nous avons des contacts avec des Français et d'autres
personnes qui viennent ici et on les envoie sur la rivière
Saint-Maurice. Dans ce sens-là, je dois vous dire que nous allons
continuer notre travail positif. Je ne vous dis pas qu'il y en a qui ne sont
pas plus rébarbatifs. C'est normal, il y a toujours des gens qui sont
pour et contre. Une chose est certaine, on veut un travail positif qui
aboutisse un jour. C'est pour cela que je vous proposais un programme qui
aurait pour but de faire le transport du bois en le prenant à La Tuque
et en le déversant à Trois-Rivières, puisque 80 % du bois
qui flotte va à Trois-Rivières. On éliminerait ainsi tout
le secteur Grand-Mère - Shawinigan, des chutes de la rivière aux
chutes des Hêtres, qui est un paysage extraordinaire. J'ai descendu la
rivière encore l'automne passé dans le cadre de la course en
canot entre La Tuque et Trois-Rivières. Au Rabaska de l'espoir de Phil
Latulip-pe, on l'a fait et on a vu la rivière encore une fois. Je le
fais souvent en canot. C'est extraordinaire comme attraction touristique. C'est
dans ce sens-là que je fais mon intervention ce matin.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous faire une suggestion pratique
par rapport au comité? J'aurais voulu que vous...
M. Jolivet: J'ai quelques problèmes parce que c'est
aujourd'hui et demain qu'il siège à Trois-Rivières.
M. Lincoln: On pourrait faire un arrangement. Je suis
disposé à parler à M. Slivitsky n'importe quand. Si vous
voulez vous faire entendre, si vous avez des choses importantes à dire,
je crois que c'est important que vous puissiez les dire et qu'il puisse vous
entendre. Si vous voulez, n'importe quand, je vais dire à M. Slivitsky
de faire, s'il le faut, une audience additionnelle, et il le fera.
M. Jolivet: Personnellement, comme député, je
transmets ce que les gens disent. Je n'ai pas d'objection à le
rencontrer, sauf que, lorsqu'il a demandé à tout le monde de
venir rencontrer le comité, je n'ai pas donné mon nom parce que
je croyais que c'était la population qui devait le faire. Comme
député, je ne voulais pas m'ingérer dans ce dossier dans
le sens que vous disiez tout à l'heure, pour rendre politique une chose
qui, à mon avis, doit être au-dessus de tout cela, un
problème de société. S'il veut me rencontrer, je suis
toujours disponible.
M. Lincoln: D'accord.
M. Jolivet: Ma recommandation principale, c'est dans le but
d'instaurer, dans le cas de la rivière Saint-Maurice, un programme
spécial d'aide aux industries, si jamais le comité en arrivait
à des infrastructures spéciales hors rivière. Vous avez un
principe: pollueur-polluant doit payer. Je dois dire que, dans ce
cas-là, c'est la société qui a accepté qu'elles
polluent. Dans ce sens-là, la société devrait
peut-être aider les compagnies forestières et cela
dénouerait l'impasse dans laquelle se trouve la compagnie qui dit: Si je
n'ai pas d'autre moyen, je ne paierai pas tout. Je comprends cela. Dans ce
sens-là, si la société est prête à instaurer
un programme, bravo. À ce moment-là, on fera peut-être les
cinq à dix ans possibles.
M. Lincoln: Tout ce que je veux vous dire, c'est qu'il faudrait
être sûr que les citoyens qui partagent votre opinion, que vos
idées que vous avez exprimées ici soient véhiculées
devant le comité d'une façon ou d'une autre. Que ce soit par
votre intermédiaire ou celui d'autres, pourvu qu'il soit saisi de ces
idées, c'est cela l'important.
M. Jolivet: II n'y a aucun problème à les
rencontrer.
M. Lincoln: D'accord. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député de Laviolette.
M. le député de Verchères, vous avez la parole.
Assainissement des eaux
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Comme je l'ai
indiqué tantôt, on va maintenant aborder le volet industriel du
programme d'assainissement des eaux. Quand on regarde les chiffres, M. le
ministre, on a l'impression qu'il y a eu une espèce de ralentissement
dans la progression du travail de contacts auprès des entreprises qui
sont concernées par le programme d'assainissement des eaux. Avant
d'aller plus loin dans cette veine, j'ai une question. On nous a dit qu'il y
avait près de 2300 entreprises qui ont été jugées
polluantes. Est-ce qu'on pourrait avoir, d'abord, la liste de ces entreprises
et est-ce qu'il y a une classification, une catégorisation de ces
entreprises en fonction du degré de dangerosité ou de pollution
qu'elles causent? Est-
ce que c'est possible d'avoir également la liste des pollueurs
industriels du Saint-Laurent? Combien d'entreprises déversent dans le
Saint-Laurent? Si, éventuellement, il y avait une classification de
dangerosité ou de gravité des émissions de ces industries,
quelle est l'importance des entreprises polluantes plus dangereuses en ce qui a
trait à la situation du Saint-Laurent?
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre de
l'Environnement.
M. Lincoln: Oui, on a toutes les statistiques que vous voulez. On
pourra vous donner tout ce qu'on a nous-mêmes. Il ne faudrait pas
produire des listes immenses. On est en train de faire un immense travail sur
l'assainissement industriel et j'aurais voulu que mes gens s'y concentrent.
Mais on vous donnera tout ce qu'on a. Il y a 2300 entreprises polluantes dont
environ la moitié, 50 %, sont situées sur le territoire de la CUM
et 50 % en dehors du territoire de la CUM. Environ 87 % des industries sont sur
ou potentiellement sur des réseaux d'égout municipaux,
c'est-à-dire que, lorsque le programme d'assainissement sera
terminé, environ 85 % de plus seront branchés à des
réseaux. Le reste, les industries au réseau, c'est environ 350;
en tout cas, on vous donnera les chiffres. Parmi elles, il y a une cinquantaine
ou plus d'industries de pâtes et papiers qui sont les plus grandes.
C'est sûr que des secteurs sont plus polluants que d'autres. Dans
notre stratégie industrielle, on va identifier quatre secteurs
prioritaires qui sont les secteurs chimiques, métallurgiques, miniers et
surtout pâtes et papiers qui regroupent les grosses usines polluantes. Il
y a aussi des secteurs un peu moins prioritaires, par exemple le secteur du
placage - ce sont les plus petites industries -qui représentent des
charges polluantes importantes.
Nous allons nous concentrer sur les quatre grands secteurs parmi
lesquels vous avez 475 industries qui représentent le gros de la
pollution du Québec. En d'autres mots, on retrouve environ 500
industries au Québec qui représentent près de 80 % de la
pollution. La pollution est restreinte à des secteurs très
précis et, en général, à de très grosses
entreprises. On prendra le reste à la deuxième phase. Nous allons
appliquer la première phase sur les grosses industries et sur les gros
secteurs polluants et, lorsqu'on aura terminé ce travail, on pourra dire
qu'au moins 75 % de la pollution aura été attaquée et
contrôlée.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez un objectif ou un
échéancier?
M. Lincoln: Oui, on a un objectif pour la première phase
de la stratégie industrielle.
Comme je vous l'ai dit, plusieurs choses sont actuellement en discussion
au Conseil du trésor et au Conseil des ministres. Je n'ai pas envie de
vous dire tout ce qu'il y a dedans parce que je ne sais pas ce qui va en
ressortir à la fin. Il faut que ce soit discuté par des
comités interministériels; c'est déjà
commencé dans l'un des comités interministériels et c'est
à l'étude au Conseil du trésor. Cela se rendra finalement
au Conseil des ministres. Je ne sais pas ce qui va en ressortir finalement ni
quel programme exact sera retenu parce qu'il faut qu'on en discute.
M. Charbonneau: Sauf que vous l'annonciez en octobre 1986. Quand
serez-vous en mesure de rendre publique cette politique ou cette
stratégie?
M. Lincoln: Je serai en mesure de la rendre publique
aussitôt qu'elle aura cheminé dans les comités
interministériels, je l'espère, très bientôt,
dès que ce travail sera terminé.
M. Charbonneau: Normalement avant l'été?
M. Lincoln: Ah oui! Je l'espère. Aussitôt qu'on aura
franchi les étapes au Conseil du trésor. Je ne peux pas vous dire
exactement combien... Votre question était sur le nombre
d'industries...
M. Charbonneau: II y avait les statistiques
générales...
M. Lincoln: Ah oui! L'année. Non, c'est un programme de
cinq ans. La première étape est un programme de cinq ans.
M. Charbonneau: Donc, normalement, dans cet
échéancier de cinq ans à terme, on devrait être
intervenu et avoir réussi à contrôler les émissions
des 500 plus importantes entreprises polluantes?
M. Lincoln: Certainement en une première phase. À
ce moment-là, nous allons entreprendre la phase 2 pour l'industrie des
pâtes et papiers. On a déjà fait la phase 1 qui a
débuté en 1979; c'était le premier volet. Là, on
entreprend la phase 2.
Mais ce que le programme de cinq ans signifie, c'est de mettre toute
l'installation et l'équipement en place. Il faut d'abord faire toute une
série de règlements; ce sera une série de six
règlements. Ces règlements vont demander du temps, le temps de
faire la réglementation, même les délais gouvernementaux,
avant que tout cela soit en place, cela ira au printemps ou à
l'été prochain.
En tout cas, notre cible majeure ce sont les 211 usines de pâtes
et papiers dans ce groupe de 475, qu'on a ciblées pour d'ici à
1995; elles sont les premières qu'on touchera de façon
superprioritaire parce qu'elles représentent les gros morceaux. C'est ce
qu'on fera.
En tout cas, tout cela sera amorcé de façon
que, d'ici à l'an 2000, on ait fait le plus gros du travail par
rapport aux grosses industries polluantes au Québec. La CUM s'occupe
maintenant d'environ la moitié du nombre; c'est-à-dire que parmi
les 2300 ou 2400, il y en a environ 1250 sur le territoire de la CUM, que la
CUM fait ce travail de concert... Alors, nous sommes de plus en plus en train
d'harmoniser nos actions à celles de la CUM. Nous rencontrons la CUM de
façon soutenue afin que tout ce que nous faisons, harmoniser nos
réglementations, nos services d'inspection, les amendes, que ce travail
se fasse de concert. Mais, comme je vous le dis, nous allons mettre l'accent
sur les quatre gros secteurs. (10 h 30)
M. Charbonneau: Si je comprends bien ce que vous nous dites, vous
pensez que, dans un délai d'environ douze ans, on serait en mesure
d'avoir réduit d'à peu près 75 % les émissions
polluantes dans les eaux du Québec.
M. Lincoln: Oui. L'objectif, c'est que d'ici dix ans, le volet du
programme d'assainissement agricole qui s'échelonnera sur dix ans, de
1988 à 1998, on peut compter l'an 2000, et le PAE, l'assainissement
urbain qui est supposé être terminé vers 1994, mais il y a
toujours des délais avant de mettre toutes ces usines en place. Vous
pouvez dire que d'ici la fin de ce siècle, l'objectif est de faire
converger les trois volets afin qu'on arrive à un taux de 75 % à
80 % de dépollution au Québec.
M. Charbonneau: Je répète ma demande de
tantôt. Je pense que vous étiez d'accord. Si on pouvait avoir les
listes. Même si cela peut paraître peu intéressant, j'ai
l'impression que cela pourrait justement être très
intéressant pour nous de pouvoir connaître qui.
Éventuellement, le public aussi pourrait être
intéressé de savoir qui sont... D'ailleurs, à ce propos,
est-ce que vous entendez publier, à l'occasion de votre politique, une
espèce de catalogue ou...
M. Lincoln: Au moment où on lancera cette politique, on
donnera un bilan de tout cela. Si cela ne vous fait rien, je
préférerais le rendre public à ce moment-là, parce
que c'est présentement discuté au Conseil du trésor.
Beaucoup de ces choses sont maintenant confidentielles. J'ai envie de rendre
toute la gamme publique, avec tout le bilan et toutes les statistiques. Je vous
enverrai cela avant que cela devienne public.
M. Charbonneau: D'accord. Mais ce que je trouverais important
pour nous et aussi pour l'opinion publique c'est que, par ce bilan statistique,
les gens sachent qui sont les pollueurs et qu'ils puissent interroger vous, moi
ou n'importe qui d'autre qui, dans ce laps de dix ou douze ans, aura à
assumer des responsabilités pour qu'on puisse suivre un peu
l'évolution et voir comment se comportent certaines entreprises à
cet égard.
Est-ce que, dans le bilan que vous pourriez présenter à
l'occasion de la publication de votre politique ou de votre stratégie,
on aura aussi un état de situation des entreprises qui ont
déjà commencé à faire quelque chose? Par exemple,
à la suite de notre rencontre à Saint-Jean il y a quelques
semaines, le sous-ministre m'avait fait parvenir un état de situation de
trois entreprises qui concernait la rivière Richelieu. On savait que,
par exemple, à la CIL, il y avait un certain nombre de choses qui
avaient été amorcées et d'autres qui devaient
l'être.
M. Lincoln: Oui. On vous donnera ce bilan aussi.
M. Charbonneau: C'est la même chose pour FBI. Cela pourrait
aussi être intéressant de savoir que, dans tel et tel cas, on est
rendu à l'étude de caractérisation, dans un autre
cas...
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Écoutez, pendant qu'on y est...
M. Lincoln: En fait, je pense que c'est bon aussi, pour les
entreprises qui dépensent beaucoup d'argent aujourd'hui et qui
reçoivent très peu de publicité sur ce qu'elles font,
qu'on mette l'emphase sur les entreprises qui se conforment réellement
et dépensent beaucoup d'argent aujourd'hui pour se dépolluer.
M. Charbonneau: C'est cela. Peut-être qu'on pourrait taper
moins parfois sur celles qui font des efforts et...
M. Lincoln: D'accord.
M. Charbonneau:... insister un peu plus.
Dans ce contexte, selon les informations qu'on m'avait données,
je sais qu'une étude de caractérisation vient de se terminer ou
devait se terminer à la mi-avril ou au printemps à l'entreprise
CIL de mon comté. Est-ce le cas? Est-ce que les études de
caractérisation seront accessibles au public? Autrement dit, une fois
que c'est terminé, est-ce qu'on peut savoir quelles sont les
émissions que telle entreprise ou quel type de rejet une entreprise fait
dans un cours d'eau, par exemple?
M. Lincoln: Le programme d'assainissement avec CIL est en
négociation en ce moment. Généralement, lorsqu'on est en
négociation avec une compagnie, c'est comme une espèce de contrat
qu'on négocie. On préfère à ce moment... Il y a des
circonstances, c'est psychologique. En même temps, on ne rend pas tout
cela public pendant qu'une négociation se fait. Si la compagnie est
prête à signer un contrat avec nous, si la compagnie est
prête à accepter une conven-
tion, naturellement, on ne va pas rendre public tout ce moment de la
convention. Une fois que c'est signé, c'est sûr que tout cela
devient public avec tous les paramètres de rejets et d'effluents.
Je dois vous souligner que lorsque la stratégie industrielle sera
en place, le public pourra savoir exactement quelle est la situation, par
rapport aux normes, pour toutes les compagnies. Justement, ce sera un des
volets de notre stratégie.
M. Charbonneau: Je me rappelle encore que récemment, une
entreprise importante faisait faire un sondage et demandait, entre autres - je
ne sais pas si elle l'avait demandé au grand public - à des
personnes dans l'appareil politique ou gouvernemental ce qu'elles pensaient de
leur effort, etc. Je pense qu'il y a des entreprises qui sont très
chatouilleuses sur leur image. J'ai l'impression que la publication d'un
certain nombre de données va créer une pression.
M. Lincoln: Je suis entièrement d'accord avec vous et une
des choses que nous avons voulu faire, c'est de travailler de plus en plus avec
les associations industrielles. Toutes ces compagnies sont
représentées par de grosses associations industrielles, les
producteurs chimiques, l'Association des pâtes et papiers, etc. Dans
l'association, il y a un genre - je ne connais pas le mot français - de
"peer pressure" qui se fait d'une compagnie à l'autre. Les gens de ces
compagnies n'aiment pas les moutons noirs. De même, cela fait du mal
à leur image. Alors, vous verrez qu'au sein d'une association, les
compagnies qui, elles, ont fait un effort extraordinaire de dépollution
se trouvent complètement préjudiciées par celles qui
continuent à polluer. Elles exercent des pressions. En fait, sans vous
citer des noms, je peux vous dire que, dans deux cas très significatifs,
on a obtenu des conventions beaucoup plus vites à cause du "peer
pressure" qui se faisait au sein des associations industrielles parce que
j'avais été contacté par l'association elle-même,
qui avait fait des pressions immenses sur ces... Je suis d'accord avec
vous.
M. Charbonneau: Dans votre politique, est-ce que vous envisagez
de faire un peu comme dans le secteur...
M. Lincoln: Excusez-moi. Pour votre information, sur les 2300, il
y a environ 800 conventions qui sont déjà terminées,
signées, en cours de travail, qui sont en voie. Là, il reste le
travail des autres.
M. Charbonneau: Je vais revenir sur cela. Juste sur la politique
que vous envisagez. Est-ce que vous envisagez d'introduire un
élément d'aide financière quelconque comme il y avait eu
dans le secteur des pâtes et papiers ou si le principe pollueur-payeur va
être totalement respecté? Il n'y aura pas d'aide financière
gouvernementale?
M. Lincoln: Non. Cela va être le principe pollueur-payeur.
En même temps, il faut vous dire que lorsqu'une compagnie améliore
sa technologie, elle a tous les droits, comme toute autre compagnie, comme tout
citoyen, d'aller au MIQ ou à ia SDI, ou au gouvernement
fédéral pour demander de l'aide. Pour cela, il n'y a pas de
problème. Dans le cas d'Expro, par exemple, pour vous donner un exemple,
ils sont allés à la SDI et au gouvernement fédéral.
Si cela aide la dépollution, c'est leur affaire, mais nous, on
n'intervient pas. Tout ce qu'on nous demande, c'est une autorisation que cette
compagnie respecte les normes. On donne des idées du programme qui va
être établi, c'est tout. On n'intervient pas. Ces compagnies sont
tout à fait libres de le faire. À part cela, cela va être
le principe pollueur-payeur. Dans tous les cas des grosses conventions qui ont
été signées récemment, les compagnies assument
elles-mêmes tous les frais elles-mêmes.
M. Charbonneau: Actuellement, combien y a-t-il de personnes qui
travaillent au ministère dans le cas des discussions à
l'égard des ententes avec les entreprises? Vous avez le staff ou le
personnel qui est affecté aux discussions avec les entreprises?
M. Lincoln: II y en a 125.
M. Charbonneau: II y en a 125.
M. Lincoln: Mais là, cela va être augmenté
avec la stratégie industrielle.
M. Charbonneau: On peut penser que ce chiffre va être
substantiellement augmenté, si on veut atteindre des
résultats.
M. Lincoln: Je peux vous donner un peu une idée du nombre
de personnes qu'on va avoir. On va demander 100 personnes de plus. C'est pour
cela qu'on est en négociation. Naturellement, cela va se faire par
phases parce que c'est un programme immense qui sera mis en place. On ne peut
pas avoir 100 personnes qui vont venir s'asseoir. Alors, cela va être
graduel. Je pense qu'on va commencer avec 38 cette année-ci qui vont
entrer, sur les 100 additionnels.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est déjà acquis ou si
c'est en négociation avec le Conseil du trésor?
M. Lincoln: Non, c'est acquis.
M. Charbonneau: C'est acquis. Donc, 38 de plus?
M. Lincoln: Oui, 38 de plus.
M. Charbonneau: Mais, est-ce que ce seront 38 occasionnels ou 38
permanents?
M. Lincoln: Cela nous est égal que ce soit un occasionnel
qui reste là durant deux ou trois ans. Pour nous, c'est la même
chose, c'est purement une technique pour avoir des gens.
M. Charbonneau: Donc, il n'y a pas de lien entre le fait que vous
ayez 11 permanents de moins et que vous demandiez 38 personnes de plus.
M. Lincoln: écoutez, pour nous, tout cela, c'est de la
sémantique. Aujourd'hui, pour des raisons quelconques, le Conseil du
trésor nous alloue des gens et si vous avez un occasionnel qui reste
là durant deux ou trois ans, cela fait tout à fait notre affaire
si c'est la bonne personne qu'on prend.
M. Charbonneau: II y a une chose qui me chicote un peu,
peut-être que cela vous chicote aussi, c'est qu'on a déjà
dit qu'il y avait une espèce de pollution contrôlée. Une
fois que les entreprises ont soumis leur programme, il y a comme une
espèce d'absolution ou de période de grâce qui fait
qu'à partir de ce moment, il n'y a plus de poursuites qui peuvent
être prises contre elles. Souvent, les entreprises prennent un temps
exagéré pour analyser, corriger, approuver et même signer
les protocoles. Autrement dit, l'important pour une entreprise, pour avoir la
paix, c'est de soumettre quelque chose; une fois qu'elle l'a fait, elle est
tranquille.
M. Lincoln: Ce n'est pas tout à fait exact. Ce qui arrive,
c'est que la Loi sur la qualité de l'environnement - c'est comme cela
que la loi est écrite - précise que, lorsqu'une compagnie a
signé une convention formelle avec le gouvernement du Québec,
aussi longtemps qu'elle respecte la convention, on ne peut pas la toucher. On
ne peut pas prendre des procédures tant qu'elle respecte les
conventions. En d'autres mots, on admet le fait qu'à tort ou à
raison, on a signé une convention avec les deux parties, donc, la
convention gère. Mais, en même temps, cela ne veut pas dire que,
si la compagnie ne respecte pas sa convention, elle est intouchable.
Aussitôt que la convention n'est pas respectée, on a tous les
droits de prendre des procédures contre elle.
M. Charbonneau: Mais est-ce que cela suppose que vous pouvez
prendre des procédures avant que la convention soit signée? Ce
qu'on nous dit, c'est que, dès qu'il y a une convention qui est
soumise...
M. Lincoln: Non, on peut prendre des procédures aussi
longtemps que la convention n'est pas signée.
M. Charbonneau: D'accord.
M. Lincoln: C'est sûr que si, demain matin, nous sommes en
négociation, qu'une compagnie soumet de bonne foi quelque chose,
à moins que ce ne sort quelque chose de délibéré,
mais si c'est une pollution déjà existante que la compagnie
voudrait rectifier... Prenons le cas de Tioxyde, de NL Chem, qui envoient 250
tonnes d'acide par jour dans le Saint-Laurent; cela a toujours
été le cas. Elles ont soumis une convention et la convention est
signée maintenant, mais pendant qu'on négociait, si on avait pris
une procédure contre elles trois jours avant la signature parce qu'elles
envoyaient 250 tonnes d'acide, on le savait et elles le savaient très
bien, cela aurait été un non-sens. Si, demain matin, on voyait
qu'il y a quelque chose de délibéré, qui n'est pas
accidentel, on prendrait des procédures.
M. Charbonneau: En ce qui concerne le dossier plus particulier du
plan d'action pour la mise en...
M. Lincoln: D'après ce que je comprends, la loi, à
l'article 116. 3, semble dire que, lorsqu'on négocie, on ne poursuit pas
et, dans la stratégie industrielle, on veut mettre cela au clair. On va
régler cette question afin qu'il n'y art aucune équivoque. Si une
compagnie est polluante, aussi longtemps que la convention n'aura pas
été signée et qu'on n'aura pas établi de balises
très claires, contractuelles, on va pouvoir prendre toutes les
procédures. Je dois admettre avec vous que cette question est floue.
M. Charbonneau: Est-ce que vous allez vous donner les moyens,
dans les années qui viennent et où on va appliquer la
deuxième phase du volet industriel, pour vérifier s'il y a
aggravation de la situation? Par exemple, vous avez les entreprises les plus
polluantes qui sont dans les quatre champs identifiés comme les plus
stratégiquement importants où il faut intervenir, est-ce que,
néanmoins, on va pouvoir se donner des moyens pour voir s'il n'y a pas
aggravation de la situation pour qu'on puisse... D'une certaine façon,
est-ce que, dans l'idée des bilans annuels environnementaux, dont on
parlait mardi, il y aura un volet industriel où, annuellement, on pourra
faire le point? (10 h 45)
M. Lincoln: II y a plusieurs choses qu'on va faire. D'abord, sans
vous dire tout ce qu'il y a dans la stratégie Industrielle, puisque,
comme je vous l'ai dit, c'est en négociation avec le Conseil du
trésor, le Conseil des ministres qui n'ont même pas statué
là-dessus... Je dois rencontrer le ministre des Finances très
bientôt parce qu'il y a des implications pour l'avenir des industries,
etc. Il faut avoir leur aval, c'est le système. Je ne peux pas tout vous
dire, mais je peux vous dire qu'on a pris des modèles sur beaucoup de
juridictions qui ont déjà des systèmes en place. Il y aura
pour les industries un programme de
responsabilisation beaucoup plus onéreux que dans le
passé, puisque ce sont elles qui sont responsables, prima facie. Ce sont
elles qui ont le fardeau. Si jamais il y a une aggravation de leur pollution,
on aura des mécanismes pour suivre cela de jour en jour.
Deuxièmement, nous ferons des échantillonnages sur les
rivières. Nous allons commencer avec 64 postes sur des rivières
clés où on fera un "monitoring" par des stations
d'échantillonnage où il y aura des prélèvements de
façon systématique et continue. Par exemple, si vous prenez le
Richelieu, il y aura plusieurs stations. On pourra vous donner des statistiques
sur le nombre de cours d'eau qu'on a choisis, les cours d'eau principaux
où il y a des industries, de l'agriculture, de façon
accentuée par rapport à d'autres. On aura des stations
d'échantillonnage où on pourra dire tout de suite s'il y a une
aggravation. Il y aura des échantillonnages, les laboratoires vont nous
dire si c'est industriel, agricole ou quoi, et on pourra tout de suite
déceler cela.
À ce moment-là, avec le système de correspondance,
avec les mécanismes qu'on a mis en place dans l'assainissement
industriel, on pourra cibler les compagnies, on pourra avoir un "monitoring"
presque immédiat auprès des compagnies. Par exemple, j'ai
été voir un modèle au Wisconsin, parce qu'on a un accord
avec eux depuis quelques années, ils ont un suivi presque
instantané de leurs industries. Ils peuvent lire de mois en mois quelle
est la charge polluante d'une industrie à l'autre, si cela change, si
cela s'aggrave. C'est ce modèle qu'on va suivre.
Quant au programme de suivi de la qualité de l'eau, par exemple,
on le fait sur la rivière L'Assomption. Il y a des stations
témoins, des stations principales, des stations secondaires. Ce
programme réussit tellement bien qu'on va l'étendre à
d'autres cours d'eau, et nous commencerons cette année.
M. Charbonneau: Pour le Richelieu, est-ce que ce sera cette
année? Ce serait bien dans la logique de ce qu'on a déjà
fait.
M. Lincoln: Oui, et la gestion par résultat aussi dont on
parlait l'autre jour par rapport aux données qu'on vous donnera dans le
rapport annuel, comparativement aux champs d'action, ainsi que le bilan. On
pourra comparer d'année en année.
M. Charbonneau: Dans les nouvelles cibles, est-ce qu'on pourrait
vous inviter à prendre le bassin de la rivière Richelieu?
M. Lincoln: Je peux vous confirmer que c'est dedans.
M. Charbonneau: Pour cette année?
M. Lincoln: Cette année. Cela va commencer au cours de
cette année, je ne sais pas quand...
M. Charbonneau: Comment appelez-vous cela?
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: Comment appelez-vous la procédure?
M. Lincoln: C'est un rapport de suivi et
d'échantillonnages sur les cours d'eau ciblés. Cette
année, il y a déjà des stations témoins sur la
rivière L'Assomption. On va commencer sur les rivières Richelieu,
Yamaska, Saint-François et Chaudière.
M. Charbonneau: Ce sont les prochains. M.Lincoln:
Cela commencera cette année.
M. Charbonneau: Vous aviez une expérience pilote sur la
rivière L'Assomption.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Charbonneau: II serait intéressant de savoir si vous
avez un bilan quelconque concernant la rivière L'Assomption.
M. Lincoln: Oui, on aura un bilan sur la rivière
L'Assomption au mois de novembre. Ce sera public.
M. Charbonneau: Vous disiez tantôt que vous aviez quelque
chose que vous pourriez me remettre.
M. Lincoln: Oui, on va vous le donner tout de suite.
M. Charbonneau: Je pense que, dans notre coin, les gens sont
très intéressés par cela.
M. Lincoln: À l'AQTE, l'autre jour, j'ai rendu publics
tous les mécanismes des stations de surveillance, comment cela va
travailler, où cela va se passer, et je vous enverrai cela.
M. Charbonneau: J'aimerais cela parce que je pense que les
médias, dans notre coin, n'en ont pas eu connaissance. J'ai l'impression
que cela pourrait intéresser la population de la région.
Quant au comité d'action que vous avez mis sur pied pour le
fleuve Saint-Laurent, qu'est-ce qui explique que cela a pris un anentre
le moment où il a été annoncé et le moment
où, finalement, il y a quelques semaines, vous avez
concrétisé un peu la structure?
M. Lincoln: Je pense que la raison principale est celle-ci.
J'avais fait une demande au
gouvernement fédéral pour 100 000 000 $, comme vous le
savez, il y a à peu près 18 mois de cela. Et l'idée
d'avoir des fonds du gouvernement fédéral, c'était pour
des champs très, très précis qu'on avait
identifiés. Nous voulions d'abord attendre le dépôt du
rapport Économie-Environnement parce que cela avait été
choisi comme projet démonstrateur pour le Québec. Cela aurait
alors été un petit peu illogique de le rendre public avant que le
rapport soit déposé. C'était la première
raison.
Le rapport a été déposé en septembre 1987.
À partir de septembre 1987, je ne l'ai pas rendu public parce que je
négociais toujours avec le gouvernement fédéral et j'avais
grand espoir qu'avant la fin de l'année, le gouvernement
fédéral se joigne à nous. S'il avait mis de l'argent
dedans, naturellement que la composition du comité aurait
été un peu différente. Il y aurait eu des
représentants fédéraux. Il y aurait eu des équipes
fédérales conjointes avec nous. Quand j'ai réalisé
que cela tardait plus que je ne le pensais, on a choisi de le rendre public
parce qu'on ne voulait pas attendre indéfiniment. On l'a rendu public en
disant au ministre fédéral: Écoutez, branchez-vous, mais
branchez-vous vite parce que vous allez manquer le train. Nous partons avec
notre groupe de travail tout de suite. En janvier, on a commencé et cela
a eu le bon effet, je pense; les négociations avec le
fédéral se sont accélérées aussitôt
après qu'on eut commencé.
M. Charbonneau: Écoutez, je reviendrai sur le
comité. On a vu récemment que vous avez indiqué que cela
devrait aboutir prochainement et on s'est rendu compte que, selon un
attaché politique du ministre fédéral - vous venez de le
confirmer - cela ne serait pas... Autrement dit, votre demande de 100 000 000
$, qui n'était pas claire au début, n'était pas une
demande de transfert, mais une demande de participation fédérale.
Autrement dit, vous vous contenteriez d'une dépense
fédérale de 100 000 000 $ dans certains champs particuliers.
M. Lincoln: Dans des champs très, très
précis. D'abord, il faut le dire...
M. Charbonneau: Mais ce n'est pas une demande de transfert de
fonds où le Québec aurait 100 000 000 $ à utiliser
à sa guise?
M. Lincoln: Non, ce qui arrive, c'est que l'argent va être
balisé de façon très claire afin que ce soit très
clair dans les faits et prouvé que c'est de l'argent nouveau,
premièrement. Deuxièmement, on va Identifier très
clairement les dépenses qui vont être faites et il faudra que ce
soit par rapport au Saint-Laurent comme tel et au plan d'action du
Saint-Laurent.
M. Charbonneau: Donc, c'est la priorité... Autrement dit,
c'est ce que le gouvernement du
Québec veut.
M. Lincoln: Ce sont les conditions expresses.
M. Charbonneau: D'accord.
M. Lincoln: Troisièmement, que le gouvernement du
Québec ait un droit de regard sur tout cet argent. Il faudra que cet
argent aille pour le Saint-Laurent et que cela se rapporte au travail que le
comité Saint-Laurent fait. Si le fédéral veut faire de
l'additionnel, nous sommes d'accord là-dessus, s'H veut aller plus loin.
Mais, en tout cas, quant aux cibles qu'on a identifiées, on a
demandé au fédéral, on a eu des rencontres pour se mettre
d'accord que ces cibles-là vont être respectées, que
l'argent va être fourni par le gouvernement fédéral et que
cela va être prouvé que c'est du nouvel argent. Cela pourra
consister, par exemple, à donner du personnel de recherche que nous
aurions employé. C'est facile de comptabiliser tout cela. En tout cas,
avec le gouvernement fédéral, toutes ces conditions-là
sont scrupuleusement mises sur papier. Il y a eu des échanges de
correspondance. C'est validé par le ministère des affaires
canadiennes. Donc, c'est très clair que cela ne doit pas entrer dans les
programmes courants ou quoi que ce soit. C'est complètement
séparé. C'est complètement de l'argent neuf et des
structures neuves qui vont être mis par le gouvernement
fédéral.
M. Charbonneau: Mais qu'est-ce qu'il reste à
négocier qui fait que...
M. Lincoln: Ce qu'il reste à négocier c'est... Je
vais vous dire comment la machine travaille. C'est arrivé au sein du
Conseil des ministres du fédéral. Je ne sais pas quelle est la
dernière étape à franchir. Avec le ministre
fédéral de l'Environnement et toute son équipe, on est
tout à fait d'accord sur toute la structure, etc. Il est en train de
transiter cela dans les derniers échelons de sa machine. Il m'a dit que
c'était une affaire imminente et qu'il allait me donner une
réponse. Alors, j'attends cela.
M. Charbonneau: Avant les élections?
M. Lincoln: Les élections aident beaucoup. Et là,
je vois que M. Turner a fait une déclaration là-dessus. Cela
aussi aide beaucoup.
M. Charbonneau: il faudrait peut-être demander à M.
Broadbent d'en faire une aussi.
Des voix: Ha, ha!
M. Charbonneau: Quelle est la durée du mandat du
comité que vous avez mis sur pied?
M. Lincoln: II y a trois groupes de travail. Il y a d'abord un
groupe directeur qui va être
comme une espèce de conseil d'administration qui va recevoir les
recommandations, qui les filtrera. Ensuite, il y a le groupe de travail qui est
réellement l'oeuvre ouvrière, le groupe central, parce que c'est
lui qui fait tout le travail de base. Enfin, il y a un groupe ressource. Le
mandat est de six mois. Je pense que c'est la fin de juin ou le début de
juillet. Je ne peux pas vous dire la date exacte, mais je pourrais la trouver.
C'est une durée de six mois.
M. Charbonneau: Le groupe présidé par M. Dagenais,
c'est le groupe...
M. Lincoln: De travail.
M. Charbonneau:... de travail.
M. Lincoln: M. Dagenais est le seul du groupe de travail qui
siège au comité directeur...
M. Charbonneau: Je n'ai rien contre M. Dagenais. La seule chose
qui m'a inquiété quand j'ai regardé cela, c'est que M.
Dagenais a fait, à un moment donné, une déclaration qui
avait d'ailleurs été quelque peu dénoncée par
plusieurs personnes, où il donnait à entendre que, finalement,
quand il y a une espèce d'arbitrage entre les priorités ou les
intérêts économiques et les intérêts
environnementaux, les intérêts économiques, de son point de
vue, avaient l'air à primer. Il donnait l'exemple de la ligne de
transmission de Grondines. À son avis, on n'aurait pas dû passer
par le sous-fluvial parce que cela coûtait trop cher. Ne trouvez-vous pas
qu'au départ, il aurait été préférable qu'on
ait quelqu'un qui donne au moins l'impression qu'il n'a pas un penchant ou un
parti pris? Cela ne remet pas en cause le travail que M. Dagenais a fait par
ailleurs sur l'évaluation du programme d'assainissement.
M. Lincoln: Je vais vous faire une évaluation de M.
Dagenais et les raisons pour lesquelles j'ai pensé qu'il était la
meilleure personne dans les circonstances. Je vais vous le dire bien
franchement parce que je pense que je l'aurais dit devant lui. M. Dagenais est
un gars qui a des opinions très marquées. Ce n'est pas quelqu'un
qui se cache pour vous dire ce qu'il pense. En même temps, je pense que
sa plus grande qualité est d'admettre la collégialité des
décisions. Je crois qu'il est un grand démocrate. C'est quelqu'un
qui travaille en comité mieux que personne. J'ai été
associé de très près avec lui dans le programme
d'assainissement des eaux parce que, de temps en temps, j'ai eu à le
voir a ce sujet. Après avoir constitué le comité, on a vu
comment il travaillait. Cela a été sans doute le groupe de
travail le plus efficace que j'aie rencontré, ayant moi-même
travaillé dans plusieurs domaines communautaires. C'est quelqu'un qui a
des idées arrêtées, c'est sûr, sur beaucoup de sujets
comme nous tous, mais il est toujours ouvert à être convaincu.
C'est en même temps quelqu'un qui est très conscient de
l'environnement. Pour lui, le fleuve Saint-Laurent, c'est presque une obsession
de le nettoyer. Il m'a dit cela tant de fois, même bien avant le
comité, que j'ai pensé que si on pouvait avoir quelqu'un...
Sa plus grande qualité, c'est d'agir. C'est quelqu'un qui peut
arriver à des décisions concrètes, qui peut amener des
gens à travailler ensemble. Il est réellement la personne
idéale pour ce genre de travail. Il ne tolère pas beaucoup
l'inefficacité. Il respecte ses échéanciers. Si un
comité commence ses travaux à neuf heures, il commence à
travailler à neuf heures. S'il faut travailler deux ou trois jours, il
va faire en sorte que tous les gens soient là pour travailler deux ou
trois jours. Il va respecter tous les échéanciers. Je peux vous
dire, pour avoir discuté de tous les mandats, qu'il ne va certainement
pas favoriser l'industrie. Il est très conscient. En fait, de
façon confidentielle, je lui ai donné les grandes lignes de notre
stratégie industrielle afin qu'il soit sûr que le principe
pollueur-payeur est un principe qui va s'appliquer de la façon la plus
intransigeante en ce qui concerne le Saint-Laurent.
M. Charbonneau: Quelle est l'image que vous voyez? Quels sont
l'utilité et les objectifs que vous avez par rapport à ce
comité, eu égard à la stratégie industrielle,
à la politique du volet industriel de l'assainissement des eaux?
Pourquoi avoir mis cela sur pied si vous avez d'autres éléments?
(11 heures)
M. Lincoln: Parce que le Saint-Laurent dépasse cela de
beaucoup. Lorsqu'on a constitué le groupe de travail
environnement-économie, c'était la première fois, au
Canada, que les grands industriels, surtout des compagnies polluantes comme
Noranda, Inco, Dow Chemical, s'assoyaient à la même table avec des
groupes environnementalistes, des gens du secteur académique, etc.
C'était la première fois qu'il y avait une fusion de façon
officielle. Tous ces gens ont signé ce rapport. Le président de
Dow Chemical, le vice-président exécutif de Inco et le
président de Noranda ont signé le rapport
économie-environnement qui dit que l'environnement, c'est capital. Ils
ont pris, l'industrie comme telle, des responsabilités immenses dans ce
rapport en le signant.
On a demandé à chacune des provinces d'avoir un projet
démonstratif de l'intégration de l'environnement et de
l'économie. Donc, le projet Saint-Laurent va encore beaucoup plus loin
que la pure question d'assainissement industrielle. On veut dire qu'on va
dépolluer le Saint-Laurent, que c'est l'un des grands objectifs, mais,
plus encore, on va rendre les usages polyvalents du Saint-Laurent aux citoyens:
loisirs, récréation et économie car tout ça peut
marcher ensemble. La conservation est l'un des grands volets.
Pour montrer que la conservation et le développement
économique peuvent aller de pair, il faut avoir la stratégie
d'assainissement industriel par rapport au Saint-Laurent, et aussi pour le
reste du Québec. Mais il faut aussi mettre en valeur le volet
conservation. On va avoir un projet écologique, un Fleuve, un Parc, qui
sera l'un des grands volets de ce plan d'action Saint-Laurent. On a
déjà recapturé environ 25 îles dans les processus
gouvernementaux ou par des agences de conservation et on va valoriser cela. On
veut rendre les usages du Saint-Laurent à la population, dans toutes ses
latitudes, dans tous les secteurs.
M. Charbonneau: En novembre dernier, les États-Unis et le
Canada ont reconduit l'accord canado-américain sur les Grands Lacs qui
introduit des modifications permettant au Québec de participer au pian
d'intervention d'assainissement des sources de pollution situées en
amont. Le problème, c'est que l'entente n'a pas permis d'inclure le
Saint-Laurent à titre de partie intégrante, si on veut, du bassin
des Grands Lacs, bien que, de notre côté, on puisse participer au
plan d'intervention. Comment pensez-vous qu'on pourra arrimer ça pour
que cela ait une incidence et qu'on n'ait pas l'impression que... Dans le fond,
j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi le Saint-Laurent
n'est pas intégré à cette entente, d'autant plus qu'une
partie du Saint-Laurent revêt un aspect international où autant
les États-Unis que l'Ontario et le Québec sont
concernés.
M. Lincoln: Le Saint-Laurent est une partie intégrante. Ce
qui n'est pas inclus, c'est que le Québec n'est pas un membre
signataire, comme l'Ontario l'est pour les Grands Lacs. C'est la grosse
différence.
M. Charbonneau: Mais pourquoi?
M. Lincoln: C'est ce que je vais essayer de vous expliquer. La
position du Québec est celle qui a été
véhiculée par les gouvernements du Québec jusqu'à
maintenant, et j'y souscris. Il y a deux façons de la voir.
Il y a une théorie qui est véhiculée très
très fortement par la SVP. Daniel Green, qui a été le
représentant du Québec à l'une des agences des Grands
Lacs, Great Lakes United, a fait de cette question son grand moteur. C'est
aussi une question très valable qu'il faut considérer très
sérieusement. Il dit que le Québec n'aura pas la chance d'avoir
une voix assez prépondérante s'il n'est pas signataire au
même titre que l'Ontario. Il y a la correspondance de ça, donc
l'avis officiel du Québec qui dit: Aussitôt que vous entrez dans
une entente internationale où nous n'avons pas de voix
prépondérante, dans le sens que nous sommes sous l'ombrelle du
gouvernement fédéral qui signe une entente bilatérale,
parce que l'entente des
Grands Lacs, c'est une entente bilatérale surtout entre les
États-Unis et le Canada, et l'Ontario travaille sous l'ombrelle du
fédéral, que si nous la signons, nous aurons tous les
désavantages de l'entente, tandis que nous avons maintenant tous les
avantages sans en avoir les désavantages. Je vais expliquer
ça.
Aujourd'hui, le Québec est reconnu dans l'entente comme une
province participante, sans l'avoir signée comme partie prenante au
même titre que l'Ontario, et il a exactement les mêmes avantages
que l'Ontario. On assiste à toutes les rencontres, on a des
représentants permanents qui y siègent de la même
façon que l'Ontario; nous sommes consultés pour toutes les
décisions prises concernant l'écosystème Grands Lacs -
Saint-Laurent et nous avons tous les avantages d'y participer. Ce qui pourrait
être un désavantage si nous signions l'entente comme partie
prenante avec juridiction gouvernementale, c'est qu'à ce
moment-là on a un droit de regard sur tous les États des Grands
Lacs sur le Saint-Laurent. On leur donne un droit d'ingérence et, comme
presque 90 % du Saint-Laurent est situé à l'intérieur des
frontières du Québec et que, contrairement aux Grands Lacs, ce
n'est pas une voie internationale au sein du Québec, parce que les
balises du Québec sont les deux côtés du Saint-Laurent -
c'est presque une route intérieure du Québec - le gouvernement
fédérai et nous, nous nous sommes mis d'accord pour dire que nous
avions tous les avantages dans la formule que nous avons prise sans avoir les
désavantages que des États des Grands Lacs viennent nous imposer
des normes, par exemple, qui iraient complètement au-delà de nos
politiques d'assainissement.
M. Charbonneau: Si je comprends bien, c'est que, si on avait
signé, la conséquence aurait été que les
États américains qui sont sous l'ombrelle du gouvernement
fédéral américain auraient pu imposer, soit directement -
je ne sais pas s'ils sont signataires eux aussi - ou par l'intermédiaire
du gouvernement fédéral américain, des exigences à
la partie canadienne, donc à nous comme signataires, sur des attitudes
ou des gestes à poser.
M. Lincoln: Oui. C'est l'intervention par le biais du
gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral
aurait pu accepter des choses qui nous auraient automatiquement inclus parce
qu'on aurait été signataires.
Ce que nous avons préféré faire c'est de rester
comme observateurs avec des pouvoirs accrus. Dans le renouvellement de
l'entente, on a fait accepter une clause qui, aujourd'hui, donne les
mêmes droits au Québec que n'importe quel État des Grands
Lacs et que la province de l'Ontario. Nous avons fait reconnaître dans
l'entente des Grands Lacs que le Québec, comme province, avait un droit
de regard, avait un pouvoir d'observateur avec tous les pouvoirs de
représentation complets similaires à ceux de l'Ontario, en
plus de quoi aucune action ne serait prise, par rapport à
l'écosystème Grands Lacs - Saint-Laurent, sans nous consulter.
Nous avons obtenu cela dans le renouvellement.
Ce que nous n'avons pas fait, c'est de ne pas être une province
signataire au même titre que l'Ontario. Mais, en même temps, nous
avons pris d'autres choses. Le Conseil des ministres du Québec a
approuvé la signature de l'entente sur les Grands Lacs. Nous avons
signé la charte des Grands Lacs sous votre gouvernement, il y a
peut-être trois ans. Maintenant, nous avons signé l'entente des
Grands Lacs ou la détoxication des Grands Lacs pour dire que nous nous
joignons au mouvement de la dépollution des Grands Lacs et du
Saint-Laurent. C'est signé par tous les États riverains,
l'Ontario et nous-mêmes. C'est accepté par le Conseil des
ministres. Cela doit être signé par le Québec et l'Ontario
très prochainement.
Alors, nous avons tous les avantages de travailler avec les États
des Grands Lacs et avec l'Ontario pour un programme de dépollution
commun. La seule chose que nous n'avons pas faite aujourd'hui c'est de signer
formellement l'entente bilatérale canado-américaine comme une des
provinces sous l'ombrelle du fédéral.
M. Charbonneau: Mais cela ne nous enlève pas de fric, cela
ne nous enlève pas de fonds fédéraux.
M. Lincoln: C'est sûr que cela nous a enlevé des
fonds. C'est tout l'argument qu'on a fait avec le fédéral parce
que sous l'ombrelle de la dépollution des Grands Lacs, l'Ontario avait
eu... Tous ces chiffres restent à être validés. L'Ontario
dit qu'elle avait eu bien moins, le fédéral dit la même
chose. Mais d'après nos chiffres nous croyons que l'Ontario a
reçu un maximum d'environ 145 000 000 $ en l'espace d'à peu
près dix ans. C'est pourquoi nous avons fait la proportion de 100 000
000 $ per capita, parce que la question de l'Ontario, de population et tout, on
a demandé 100 000 000 $ pour le Saint-Laurent. Lorsque nous aurons cela,
nous pensons qu'on aura eu l'équivalent de ce que l'Ontario a
reçu au fil des années.
M. Charbonneau: D'accord. En même temps, la réponse
que vous donnez fournit une autre explication, c'est-à-dire que les 100
000 000 $ que vous demandez au fédéral pour le Saint-Laurent ne
sont pas une compensation pour ce qu'on n'a pas eu dans le programme
d'assainissement urbain.
M. Lincoln: Ah non! Cela n'a rien à voir avec cela. C'est
une équivalence...
M. Charbonneau: On est d'accord pour dire qu'on est en
déficit quant à l'assainissement urbain par rapport
à...
M. Lincoln: C'est une tout autre question. Pour l'assainissement
urbain, il y avait un programme jusqu'en 1979 où le gouvernement
fédérai avait un programme par le biais de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement pour tout
le système. Pendant que ce programme existait, l'Ontario a
utilisé le programme à blanc. Pour plusieurs autres raisons, et
on pourra faire un débat là-dessus, on est arrivé à
la fin de ce programme parce que notre effectif n'était pas encore assez
embarqué. On a reçu une proportion d'environ 19 % pour la
Communauté urbaine de Montréal. Le programme a pris fin en 1979.
Les maires de toutes les provinces canadiennes sont en train de faire des
pressions sur le gouvernement fédéral pour subventionner des
infrastructures municipales. Là, la Fédération des maires
est dedans et cela se transige avec le comité consultatif canadien, le
comité des ministres des Ressources et de l'Environnement. Ces
discussions vont bon train. Nous on ne voit aucune correspondance
là-dessus. On ne veut pas que les 100 000 000 $ soient traités
comme une espèce de fin possible si jamais il y avait un programme
canadien ce à quoi les maires et toutes les provinces sont en train de
travailler avec le gouvernement fédéral. Jusqu'à
présent, il y a eu une fin de non-recevoir là-dessus. Mais si
jamais cela devenait réalité les 100 000 000 $ n'ont rien
à faire avec cela.
M. Charbonneau: On revient en arrière. Y a-t-il eu une
demande spécifique du Québec chiffrée ou pas
chiffrée pour une participation fédérale dans le programme
d'assainissement urbain?
M. Lincoln: Non, il n'y a pas eu de demande spécifique
pour le programme d'assainissement urbain parce que la Fédération
des maires du Canada a travaillé cela avec le gouvernement
fédéral d'un bout à l'autre du Canada pour toutes les
infrastructures. C'est plusieurs milliards de dollars. J'ai eu de la
correspondance à ce sujet avec l'Union des municipalités du
Québec. Tout ce qu'on a dit, c'est que certainement, on n'allait pas
entraver le programme. On n'allait pas rien faire. Alors, on travaille dans le
Conseil canadien des ministres des Ressources pour essayer d'embarquer le
gouvernement fédéral dans cette chose. On n'a pas fait de demande
par rapport aux PAË spécifiquement.
Dioxines et furannes
M. Charbonneau: Récemment, vous m'avez envoyé un
mémoire sur les dioxines et les furannes dans l'industrie des
pâtes et papiers. Onavait eu un échange de propos à
la période de questions au mois de décembre. Rapidement,
pourriez-vous faire un peu le point sur la situation à cet égard?
J'imagine que cela va entrer dans la politique industrielle. Peut-on s'attendre
à ce qu'il y ait un déblocage plus
rapide dans ce dossier?
M. Lincoln: Écoutez, concernant le déblocage,
d'abord, il faut vous dire que cette année-ci, on commence pour la
première fois au Québec un échantillonnage. On fait, cette
année, pour la première fois au Québec, une soixantaine
d'échantillonnages de dioxines et furannes par rapport aux effluents de
pâtes et papiers; par rapport à dix effluents, parce qu'il y a
certaines usines, justement, qui... Au Québec, on n'a pas la dimension,
je pense qu'on avait parlé de cela une fois à l'Assemblée
nationale. Aux États-Unis, c'est plusieurs centaines de types d'usines
de pâtes et papiers qui produisent des dioxines et furannes. Au
Québec, c'est une dizaine seulement. Il y a une soixantaine
d'échantillonnages qui vont être faits par rapport à dix
effluents au Québec. En plus de cela, le ministère va investir
dans un appareil, un spectomètre de masse du type MSS, qui va nous
permettre, justement, de faire un échantillonnage beaucoup plus
perfectionné sur ces dioxines et furannes. C'est un appareil qui
coûte environ 1 000 000 $, qui va être installé d'ici l'an
prochain dans le laboratoire de Montréal.
Maintenant, dans le laboratoire de Québec il y a un
spectomètre de masse mais les échantillonnages ne sont pas aussi
perfectionnés et on ne peut pas en faire un aussi grand nombre. Il faut
vous dire aussi qu'on suit de près ce qui se fait en Ontario. On a un
accord avec l'Ontario par lequel tous les tests faits pour l'Ontario sur les
dioxines et les furannes, et eux ont des paramètres de tests sur l'eau
potable, nous sont donnés de façon régulière. On
consulte aussi les données américaines. Mais là, au
Québec, on va commencer ce programme de 60 échantillonnages,
cette année.
M. Charbonneau: Vous m'avez dit, au mois de décembre, que
vous attendiez les résultats d'une équipe de chercheurs qui
avaient été dépêchés en Suède. Les
résultats ont-ils été... Ce sont des chercheurs ontariens.
Les résultats sont-ils parvenus?
M. Lincoln: C'est une mission que l'Ontario avait envoyée
en Suède. Oui, le rapport a été fourni; il est à
l'assainissement industriel où on est en train de l'évaluer en ce
moment.
M. Charbonneau: Est-ce un rapport qui pourrait être rendu
public? (11 h 15)
M. Lincoln: Éventuellement, oui. Je dois vous dire
franchement que je n'ai pas encore vu le rapport, mais il est au
ministère, à l'assainissement industriel. C'est un rapport qui
nous a été communiqué par l'Ontario avec la permission de
le rendre public. Il faudrait le voir parce que c'est un rapport qu'ils nous
ont prêté mais je n'y vois aucune objection. La compagnie CIP est
en train d'examiner les conclusions de ce rapport pour voir s'il est possible
d'installer le système chez elle. Au lieu de faire le blanchiment au
chlore, on le fait à l'oxygène. C'est un système que les
Scandinaves ont adopté.
M. Charbonneau: Êtes-vous au courant que le Syndicat
canadien des travailleurs du papier revendique que l'industrie troque le
procédé de blanchiment au chlore contre celui à
l'oxygène et qu'il y a des gouvernements qui aident
financièrement les entreprises à procéder à la
conversion?
M. Lincoln: Écoutez... On va regarder cela ici, on va
d'abord évaluer le rapport et si cela s'impose, j'aurai les rencontres
nécessaires avec mes collègues du ministère de l'Industrie
et du Commerce. Je ne peux pas vous dire à ce stade-ci qu'on va faire
quoi que ce soit en ce sens. Il faudra évaluer le rapport et voir la
nécessité en fonction des tests que nous allons prendre, cette
année surtout, des échantillonnages sur ces dix effluents.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez un échéancier
là aussi pour arriver à des conclusions quelconques?
M. Lincoln: D'abord, on va évaluer le rapport, mais c'est
surtout l'échantillonnage qu'on va faire au Québec pour la
première fois qui va être la chose concluante, parce que ce qui se
passe ailleurs n'est pas exactement la même chose que chez nous
dépendant du débit des cours d'eau, etc. Les
échantillonnages qui vont être faits cette année vont nous
démontrer le sérieux de la question et la gravité et,
selon les résultats, peut-être qu'une usine sera plus
ciblée que l'autre. C'est sûr qu'il y en a qui vont être en
priorité.
M. Charbonneau: Ce que je voulais dire, pour votre
opération d'échantillonnage, quand allez-vous procéder et
dans quel délai pensez-vous avoir des conclusions de cette
opération d'échantillonnage pour être en mesure, par la
suite, de prendre une direction ou une autre?
M. Lincoln: Cela va prendre environ un an pour que le programme
d'échantillonnage produise des résultats concrets qui vont nous
permettre de situer quelle usine est plus prioritaire que l'autre, quel
effluent est touché et à quel point et si c'est du dioxine.
Alors, d'ici le printemps de l'an prochain, nous le saurons exactement. Les 60
échantillonnages sur les dix effluents vont être faits cette
année. Il faut du temps pour les analyser parce que ce sont des analyses
très compliquées et les résultats nous dicteront la marche
à suivre.
L'aciérie de Contrecoeur
M. Charbonneau: Une dernière question sur
le dossier du volet industriel. Hier, on a parlé en Chambre du
cas de SIDBEC. Vous m'avez parlé d'une étude de
caractérisation. La vérification que j'ai faite, c'est qu'il n'y
a pas d'étude de caractérisation qui concerne l'aciérie et
que l'étude de caractérisation est partielle. Est-ce que vous
entendez faire en sorte que l'aciérie et les autres blocs de production
au complexe de Contrecoeur puissent être intégrées dans
l'opération de caractérisation?
M. Lincoln: II y a cinq volets qui sont touchés pour
SIDBEC. L'étude de caractérisation que nous allons terminer au
printemps 1989 va toucher un programme global pour SIDBEC dans lequel tous les
volets vont être inclus.
M. Charbonneau: Est-ce que... Là, il n'y a pas
d'échantillon de pris à l'aciérie...
M. Lincoln: Écoutez, on m'informe que l'étude de
caractérisation va sans doute être terminée avant
l'année prochaine, peut-être même à la fin de
l'été 1988.
M. Charbonneau: Est-ce que vous pouvez vous assurer - parce que
Contrecoeur, SIDBEC, ce n'est pas une usine, c'est un complexe
sidérurgique - que les autres usines qui ne sont pas visées
actuellement par l'opération vont finir par l'être? Parce que
l'aciérie, il n'y a rien, ce n'est pas inclus et j'ai
vérifié. Je ne vous donnerai pas de nom pour éviter que
les gens aient des difficultés pour rien.
M. Lincoln: Oui, je peux vous assurer que tout le complexe sera
inclus. Il y a 35 effluents et les 35 vont être inclus.
M. Charbonneau: Bon. Hier, j'ai posé la question au
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. J'aurais pu vous la
poser à vous, parce que je pense que vous...
M. Lincoln: J'espérais que vous me la poseriez parce que
je vais vous répondre, avant même que vous ne la posiez, qu'on
fait une enquête sur SIDBEC. Si c'est quelque chose d'accidentel, ce sera
démontré. C'est pourquoi il y a des enquêteurs, des
investigateurs. S'il est prouvé qu'il y a une pollution par
négligence, une pollution délibérée, nous prendrons
toutes les mesures qui s'imposent. S'il faut prendre des actions
légales, on ne va pas hésiter une seule minute. SIDBEC sera
traitée de la même façon qu'un agriculteur qui pollue,
Noranda ou n'importe qui. On n'hésitera pas une seule minute.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a une opération de
caractérisation pour l'usine voisine, l'autre compagnie d'acier, Stelco.
À Contrecoeur, il y a deux complexes sidérurgiques: il y a celui
de SIDBEC et celui de Stelco.
M. Lincoln: C'est prévu pour le présent exercice
financier.
M. Charbonneau: Donc, ce n'est pas commencé, mais cela va
commencer.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Charbonneau: On peut dire aux gens de SIDBEC que leurs voisins
vont y passer bientôt.
M. Lincoln: Tout à fait.
M. Charbonneau: Ce ne serait pas correct, pour le même
secteur, qu'il y en ait une...
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec vous. Pour
vous situer, le secteur métallurgique est un des quatre secteurs
prioritaires qu'on a choisis dans la stratégie industrielle pour ces
mêmes raisons.
Milieu agricole
M. Charbonneau: Au sujet du volet agricole, il y a une question
qui me vient immédiatement à l'esprit. On a eu le mémoire
que vous avez présenté au Conseil du trésor. Vous
demandiez 640 000 000 $, vous en avez eu 388 000 000 $. Qu'est-ce que le
Conseil du trésor n'a pas inclus dans vos priorités? Qu'est-ce
que vous avez été obligé de laisser tomber et que vous ne
vouliez pas, a priori, laisser tomber? Je sais comment cela fonctionne, je
comprends qu'on n'a jamais tout ce qu'on veut du Conseil du trésor, mais
ne considérez-vous pas qu'il y a une sacrée différence
entre votre demande et ce que vous avez eu, et que cela peut compromettre
sérieusement tout au moins le rythme de progression et
d'efficacité des résultats dans le secteur de l'assainissement
agricole?
M. Lincoln: Non, aucunement. À partir du moment où
on a commencé à faire des esquisses de travail, naturellement, on
demande toujours le maximum. Mais en même temps, avec les esquisses de
travail, les consultations qu'on a faites auprès des agriculteurs et qui
se sont poursuivies pendant tout le mois de négociation, nous sommes
arrivés à une enveloppe globale et un plan d'action qui
représente exactement ce que les agriculteurs et nous-mêmes
cherchons. Au cours des négociations, on a changé beaucoup de
choses dans notre programme. Par exemple, la méthode incitative 60-90,
je pense que c'est une grande amélioration par rapport à ce que
c'était. D'abord, cela demande moins d'argent, mais je pense que c'est
beaucoup plus efficace.
En fin de compte, on a réussi à en faire un programme
coopératif entre les agriculteurs et nous. Je crois que c'est beaucoup
plus important. De leur côté, les agriculteurs devront investir
près de 150 000 000 $, 148 000 000 $. Le programme total c'est 536 000
000 $. C'est cela qu'il
est important de réaliser. Les agriculteurs feront un effort
significatif. Comme ils devront injecter des sommes importantes, je pense que
le programme sera beaucoup plus efficace parce qu'ils sont des partenaires et
ils le font de façon volontaire.
Entre les premières négociations avec le Conseil du
trésor et l'enveloppe finale, plusieurs négociations se sont
faites non seulement avec le Conseil du trésor, mais aussi avec le
domaine agricole. Je crois qu'on est arrivés à un consensus
où les deux parties injectent de l'argent. L'enveloppe totale, 536 000
000 $, représente tout ce qu'on peut absorber nous-mêmes, le
travail, les équipes qui sont en place. Nous réaliserons tous nos
objectifs d'ici à dix ans.
M. Charbonneau: II y a un petit bout qui n'est pas clair et qui
chicote l'UPA, c'est la question des 60 % de la fraction non amortie qui pourra
faire l'objet de crédits d'investissement. Cela veut dire que pour qu'un
agriculteur puisse bénéficier de cela, il faut qu'il fasse des
travaux supplémentaires. S'il n'en a pas besoin, il ne pourra pas
récupérer une partie de son investissement.
M. Lincoln: Non, il y a un volet où il peut le
récupérer. Par exemple, ceux qui ont déjà...
M. Charbonneau: Oui, mais il me semble que, d'après ce
qu'on comprend - peut-être que vous pourriez nous donner des explications
- II va falloir qu'ils fassent des travaux supplémentaires et, dans le
fond, vous aller les financer sur les travaux supplémentaires et non pas
sur ceux qui ont déjà été faits.
M. Lincoln: Parlez-vous des crédits sur l'amortissement,
pour ceux qui ont des structures?
M. Charbonneau: Oui, c'est cela.
M. Lincoln: Us seront admissibles en fonction de toutes les
réparations qu'on aura besoin de faire, des réparations à
leur système et pour tous les investissements qu'ils doivent faire sur
leur ferme. Là, de la façon dont on va travailler, on va...
M. Charbonneau: Ce sont des investissements reliés
à l'environnement.
M. Lincoln: Des investissements reliés à
l'environnement c'est-à-dire des réparations...
M. Charbonneau: On se comprend bien, c'est-à-dire que,
pour ce qu'ils ont fait, ils ne récupèrent rien. Il faut qu'ils
fassent soit des réparations...
M. Lincoln: D'accord.
M. Charbonneau:... soit d'autres types de travaux qui sont
reliés à la protection de l'environnement pour que
là...
M. Lincoln: C'est cela, la conservation des sols, etc.
M. Charbonneau:... ils soient admissibles.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Charbonneau: Mais dans le fond...
M. Lincoln: On ne peut pas... Ils voulaient une
rétroactivité presque totale dans le programme. C'est presque
Impossible, c'est impossible. En fait, juridiquement, c'est impossible. Il
aurait fallu là... Comment allez-vous faire un programme de
rétroactivité totale? Alors là, on est arrivés le
plus près possible à une rétroactivité, mais qui
est beaucoup plus constructive en disant: On va vous donner un crédit
puisque vous avez à faire toutes sortes de réparations, etc.,
à votre structure. Quand ce sera terminé, si vous faites des
bonifications à votre ferme, il y aura des crédits pour cela. Si,
après avoir fait cela, vous faites des travaux de conservation, de
préservation des sols, etc., là aussi, ces crédits seront
admissibles.
Dans tout cela, il faut dire que, selon l'objectif final, la plus-value
de la ferme va augmenter à travers ces crédits, parce que ce sont
tous des travaux qui vont bonifier la ferme en général.
C'était la seule façon d'apporter une
rétroactivité. On ne pouvait pas faire une
rétroactivité en argent blanc en disant: Écoutez, vous
avez dépensé 60 000 $ en 1970, on va vous donner 60 000 $. Cela
aurait été impossible. D'abord, le coût aurait
été astronomique, on n'aurait jamais pu le faire.
M. Charbonneau: Vous avez dit tantôt que, pour le volet
industriel, cette année, vous auriez une quarantaine de personnes de
plus dans le secteur. Dans le volet agricole, combien vous attendez-vous
à en avoir de plus cette année?
M. Lincoln: Nous sommes en discussion avec le Conseil du
trésor, mais nous pensons qu'on aura une quarantaine de personnes
additionnelles.
M. Charbonneau: Une quarantaine là aussi.
M. Lincoln: Une quarantaine de personnes additionnelles.
M. Charbonneau: Mais cela, c'est...
M. Lincoln: Plus, naturellement, tout l'effectif existant du
MAPAQ. Il y a 45 personnes qui y travaillent maintenant. On va sans doute
doubler l'effectif.
M. Charbonneau: Mais contrairement...
M. Lincoln: Mais pour le réseau MAPAQ, les gens seront mis
à contribution. Ce réseau est immense, comme vous le savez.
M. Charbonneau: Oui, oui.
M. Lincoln: Toutes les directions régionales du MAPAQ
seront les organismes de base pour tout le processus de financement, de
préparation, alors tout le système administratif va...
M. Charbonneau: Y aura-t-il une espèce de guichet unique
pour éviter que les...
M. Lincoln: Le guichet unique sera le guichet du MAPAQ.
M. Charbonneau:... agriculteurs se promènent de
l'environnement à l'agriculture.
M. Lincoln: Non, non. Le guichet unique va être celui du
MAPAQ pour tout le processus de validation des crédits, etc. C'est 80
bureaux du MAPAQ qui seront impliqués.
M. Charbonneau: Et 45...
M. Lincoln: Et tout le processus pour fabriquer les formules,
etc., sera fait par un comité conjoint et le ministère de
l'Environnement est responsable de tout leur argent. Alors, tout passe par le
ministère de l'Environnement pour tout ce qui est des crédits,
etc., mais le processus de distribution du système, des formules, etc.,
cela va se faire par les bureaux du MAPAQ.
M. Charbonneau: Mais les quelque 90 personnes qui travailleraient
à la fin de l'année dans un programme du ministère de
l'Environnement, vont-elles travailler dans les bureaux du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation?
M. Lincoln: Non, non, elles vont travailler dans les bureaux du
ministère de l'Environnement. M. Audet, qui est ici, sera la directeur
du service.
M. Charbonneau: Quelle sera leur job, à eux, par rapport
à ceux du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation?
M. Lincoln: L'inspection environnementale. M. Charbonneau:
D'accord.
M. Lincoln: Toute la question de façonner la
réglementation. Aujourd'hui, vous avez une directive, un
règlement. Alors, la directive de l'air sera changée en
réglementation, la directive de l'eau sur le règlement de l'eau
sera modifiée, mise à jour, parce que ce règlement est
entièrement désuet et qu'il ne répond plus aujourd'hui aux
critères de l'agriculture moderne. Tout ce programme sera agencé.
C'est le gros du programme aujourd'hui, de constituer la réglementation.
Alors, tout cela, c'est surtout de l'inspection. (11 h 30)
M. Charbonneau: C'est surtout de l'inspection.
Le Président (M. Saint-Roc h): M. le député
de Verchères, je vais maintenant reconnaître M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): J'ai une question concernant
l'assainissement agricole. On connaît les sommes qui vont être
allouées pour ce volet. On a parlé beaucoup de la rivière
L'Assomption et de certaines rivières qui sont extrêmement
polluées. Est-ce que le ministère va aussi tenir compte des
urgences dans certaines régions? Par exemple, à Rimouski
où il y a quelques producteurs qui contaminent la source d'eau potable.
Est-ce qu'on va mettre l'accent sur la rivière L'Assomption ou certaines
rivières qui sont polluées par les gros producteurs ou si on va
tenir compte de l'ensemble des urgences dans toutes les régions du
Québec?
M. Lincoln: On a mis les priorités sur les cours d'eau qui
sont les plus affectés aujourd'hui au Québec. Toutes les
statistiques le prouvent, c'est la grande pollution agricole et on a pris cela
comme priorité. En même temps, on a dit que le programme est
définitivement universel et, bien qu'une priorité sera
donnée, il y a assez d'argent dans le programme pour couvrir toutes les
localités. S'il y a une urgence dans les localités, ça
aussi sera pris en considération. Aussitôt qu'il y aura une
urgence, cela deviendra prioritaire. On a eu à cibler certains cours
d'eau où, naturellement, des actions vont être beaucoup plus
soutenues par rapport à l'inspection, à la promotion, etc., parce
que c'est là que le gros des dommages se fait. Cela ne veut pas dire que
les autres régions qui ont des urgences vont être ignorées.
C'est pourquoi tous les bureaux du MAPAQ vont y participer. Ils pourront
identifier les problèmes et en tenir compte de façon
significative.
M. Paradis (Matapédia): Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Matapédia. Sur le même sujet, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Merci, M. le Président. M. le ministre, les
producteurs de porc qui sont actuellement en production, qui sont non conformes
et qui ont reçu des avis au cours des derniers mois, seront-ils en
priorité dans l'examen? Dans l'hypothèse où ces
mêmes individus
ont des projets d'expansion de production, d'accroissement de
production, est-ce que le programme s'applique à ce moment-là de
façon intégrale où si on impose des limites, compte tenu
du fait qu'on veut augmenter la production et qu'on ne considère pas le
surplus de production qu'ils pourraient accumuler, ce qui pourrait occasionner
des...
M. Lincoln: On va faire trois choses. Premièrement, on va
certainement s'attaquer aux problèmes les plus pressants. C'est
sûr qu'on va avoir des priorités. Si, par exemple, il y a un
problème criant qui crée de la pollution, on va mettre l'accent
là-dessus.
Deuxièmement, en donnant des incitatifs financiers, on va
être beaucoup plus sévères qu'avant. On a eu l'aval de
l'UPA en ce sens qu'en attendant que la réglementation soit refaite, on
va commencer à ne plus donner la moindre latitude, aucune latitude.
Avant, il y avait l'excuse des agriculteurs - qui était légitime
- qui disaient: Vous appuyez les municipalités; nous, on n'a pas les
moyens de faire ce que vous voulez. Maintenant qu'on a des programmes
incitatifs, on va être beaucoup plus sévères envers les
pollueurs.
Troisièmement, dans la réglementation on va mettre des
balises, des correspondances entre la superficie agricole et le nombre de
têtes de bétail ou de troupeaux porcins. A un moment donné,
la rivière L'Assomption a été le gros problème; il
n'y avait pas assez de superficie de terres agricoles. Alors, on a
réduit, par réglementation, le nombre de têtes de
bétail. Là, on va forcer le contraire. Par réglementation,
on va obliger les producteurs à avoir une superficie de terres
adéquate. S'ils ne l'ont pas eux-mêmes, ils seront obligés
de louer des terres par bail enregistré ou d'en acheter et nous apporter
la preuve juridique qu'ils ont un droit sur ces terres, par
propriété ou par bail à long terme, avant de pouvoir faire
une production accrue. C'est comme cela qu'on va contrôler le
problème.
M. Camden: En complémentarité, M. le
Président. De façon concrète, M. le ministre, un
producteur de porc qui a 1000 unités en engraissement et qui aurait
l'intention de porter ce nombre à 1400 unités, donc d'ajouter 400
unités à sa production, qui aurait la superficie de terrain,
est-ce qu'à ce moment-là, l'aide financière qui serait
octroyée, par exemple, si l'on prend une capacité de
rétention de fumier de 200 jours, serait limitée à une
capacité de 1000 et, compte tenu de son projet d'expansion, il devra se
conformer, mais sans aide financière pour les 400 unités
supplémentaires?
M. Lincoln: On n'a pas décidé cela
spécifiquement, mais il me semble logique qu'on mette l'accent sur les
problèmes existants et que l'expansion sera certainement un volet moins
prioritaire pour nous que de corriger les problè- mes existants. Si
l'expansion doit se faire sur une ferme, il me semble que cela sera une moins
grande priorité pour nous que les problèmes existants
vécus aujourd'hui par les agriculteurs dans des situations existantes.
On va sûrement en faire une priorité.
Mais les agrandissements seront reconnus au sein du programme. Ils
seront inclus dans le programme, mais il me semble que les priorités
vont logiquement aller d'abord aux problèmes existants. Mais il n'y a
pas de raison pour laquelle un agrandissement ne serait pas
considéré. Logiquement, je pense qu'on va mettre l'accent sur les
problèmes existants.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais vous
reconnaître une dernière intervention, M. le député
de Lotbinière, sur le même sujet.
M. Camden: Est-ce que nous sommes limités, M. le
Président? Par la tradition?
Une voix: Ce n'est pas écrit nulle part.
M. Camden: J'ai constaté que la tradition vous favorisait
bien ce matin. M. le ministre, dans ce sens-là, comment
considérera-t-on les interventions du ministère de l'Agriculture,
plus particulièrement lorsqu'une expansion de l'exploitation porcine
favoriserait une plus grande rentabilité de la firme; à ce
moment-là, je pense que c'est un considérant qu'on...
M. Lincoln: C'est sûr que rien ne va se faire en vase clos.
Le programme en est un environnemental. Mais ce n'est pas seulement un
programme environnemental; c'est sûr que c'est un programme conjoint et
que toute l'idée de ce programme est la promotion, la meilleure pratique
agricole, la recherche de meilleures alternatives et aussi les bonnes pratiques
agricoles, la conservation des sols et une meilleure agriculture.
C'est sûr qu'on travaille presque de façon conjointe avec
le ministère de l'Agriculture. Ce programme est à 100 %
Environnement-Agriculture. Aucune décision ne sera prise sans l'apport
du ministère de l'Agriculture, au contraire! Cela commence par le bureau
qui fera valoir toutes les considérations qui seront prises en ligne de
compte. Je vous donne ma perception personnelle qu'il me semble qu'on va
d'abord s'attaquer aux gros problèmes. Mais c'est sûr que toutes
ces questions seront évaluées. Il n'y aura pas de fiat qui dira:
On n'accorde pas de subvention à celui-ci parce qu'il va augmenter la
superficie de sa ferme, mais cela sera pris en considération.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Lincoln: Le code de gestion est agréé par le
MAPAQ et c'est un cas de cogestion.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Verchères.
Micropolluants dans l'eau potable
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Au sujet du
programme d'analyse des micropolluants dans l'eau potable, on a fini le
programme d'assainissement des eaux, mais on reste toujours dans le milieu
aquatique. Vous avez dix-huit municipalités cibles...
M. Lincoln: Dix-huit municipalités cibles, oui.
M. Charbonneau: C'est ça. La question que je me pose et je
sais qu'on vous l'a posée l'an dernier, mais vous avez maintenant des
résultats, cela a avancé. Pourquoi ne pas étendre
l'échan- tillonnage ou est-ce que c'est suffisant?
M. Lincoln: Non. On a discuté de deux choses. Soit
d'étendre l'échantillonnage. À un moment donné, on
avait une proposition d'étendre l'échantillonnage de 18 à
30 municipalités. On a préféré rester avec 18
municipalités parce que cela représente la moitié de toute
la consommation d'eau potable au Québec et nous donne un
échantillonnage tout à fait correct parce que c'est typique de
toutes les régions du Québec. On a donc tous les résultats
à ce sujet. On a préféré mettre l'argent sur des
paramètres additionnels.
On a pris l'argent pour faire un blitz sur les triallométhanes
qui n'existaient pas avant. On a augmenté de 47 paramètres
à 60 paramètres. On a ensuite ajouté les pesticides. C'est
là qu'on va mettre l'effort maintenant parce qu'on a
réalisé que l'étendue de l'échantillonnage est plus
qu'adéquate pour nous donner une image globale du Québec, parce
que cela contient, comme je vous dis, 50 % de la population totale
alimentée par l'eau potable de surface, par la tuyauterie et les
aqueducs.
Nous allons nous concentrer sur le perfectionnement des
paramètres et apporter plus d'échantillonnages dans des domaines
qu'on ne couvre pas maintenant.
Fluoration de l'eau
M. Charbonneau: Le dossier connexe, d'une certaine façon,
de la fluoration de l'eau, les gens ont de la misère à comprendre
un peu la logique de la position que vous avez prise. Ils se disent: On regarde
le ministère de la Santé et des Services sociaux. C'est
très logique qu'ils soient en faveur pour des raisons médicales
et autres. Puis, les gens qui se battent pour cette approche ont eu l'aide
financière du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Les gens qui contestent l'à-propos, notamment pour des raisons
écologi- ques et environnementales, n'ont pas l'impression que le
ministère de l'Environnement est avec eux de la même façon
que le ministère de la Santé est avec l'autre partie. Ils
n'arrivent pas à avoir une aide financière de votre
ministère. Pourquoi?
M. Lincoln: C'est bien simple. Pour nous, au ministère de
l'Environnement, la responsabilité gouvernementale est tout à
fait claire là-dedans.
Elle appartient au ministère de la Santé et des
Services sociaux. C'est sûr que le côté environ-
nemental est capital là-dedans.
Nous avons demandé un avis au Conseil consultatif de
l'environnement sur la question. Le
Conseil consultatif de l'environnement nous a donné un avis
négatif quant à la fluoration, mais il faut aussi regarder les
recommandations principales du conseil consultatif.
Lorsque la décision a été prise par le
ministère de la Santé d'aller de l'avant avec la fluoration, on
nous a demandé notre avis. J'ai consulté les spécialistes
du ministère et, ce n'est pas un secret, je peux vous le dire bien
franche- ment, les opinions sont très partagées. C'est une
question où, je pense, vous allez renier les scientifiques. Vous en
aurez 50 % qui vont vous dire oui, 50 % qui vont vous dire non. C'est un peu le
cas du ministère.
J'ai eu à trancher. Ce que j'ai voulu obtenir, ce sont des
recommandations importantes que le ministère de la Santé puisse
inclure dans sa décision finale parce que le ministère de la
Santé avait décidé d'aller de l'avant de toutes les
façons. La ministre de la Santé avait les pouvoirs. Elle voulait
le faire. Elle m'avait dit très catégoriquement que
c'était la décision de son ministère. Ce que j'ai obtenu
là-dedans, c'est que nous ajoutions des recommandations clés qui
sont venues du ministère et du conseil consultatif, par rapport au suivi
de toute la question de la fluoration par rapport à des balises pour
qu'on mette des normes sur les effluents et sur les tests de l'eau potable.
Cela a été inclus comme recommandation ministérielle et
c'est venu de notre ministère.
M. Charbonneau: Quelles sont ces balises?
M. Lincoln: Ces balises sont que nous avons mis des normes qu'on
a prises de l'EPA, de l'OMS sur les normes maximales dans les effluents, le
contrôle des effluents, des milieux récepteurs qui n'auraient pas
été inclus du tout et aussi une recommandation très
importante qu'un suivi systématique soit fait sur la fluoration dans
l'eau et dans les milieux récepteurs pour voir si on aurait les niveaux
existants et pour les suivre de façon continue. Lorsque la ministre de
la Santé a annoncé la chose en conférence de presse, elle
a dit: On a inclus cette recommandation. Si les études prouvaient
justement qu'il fallait changer de bord, je suis disposée à
regarder cela. Cela a été des recommandations qui sont venues de
notre ministère.
Depuis, il y a la coalition contre la fluora-tion; pas officiellement,
c'est seulement un membre qui m'a téléphoné un jour. Je
n'ai jamais eu de demande officielle d'eux. Mais un membre de cette coalition
m'a téléphoné à titre personnel. Il m'a dit: Cela
ne semble pas être juste que nous ne soyons pas financés par le
ministère de la Santé pendant que les autres reçoivent 40
000 $.
Je lui al expliqué deux choses. Je lui ai dit: Écoutez,
juridiquement, je suis responsable, par exemple, de la loi sur le tabac. J'ai
le droit de prendre des décisions là-dessus. Je prends des
décisions avec lesquelles les autres ministères ne sont
peut-être pas d'accord. Mais c'est la juridiction donnée par le
gouvernement du Québec. Ce sont eux qui décident si on va donner
des subventions ou non. Je n'ai pas de programme pour vous donner des
subventions. Même si j'en avais, je ne sais pas où je l'aurais
trouvé, mais je trouverais cela très mal placé...
M. Charbonneau: Sauf votre budget discrétionnaire. (11 h
45)
M. Lincoln: Oui, d'accord. Mais j'aurais trouvé
très mal placé que, dans une position gouvernementale où
le gouvernement du Québec a pris une décision, par une ministre
qui a toute la responsabilité de le faire, moi, j'aille m'ingérer
dans cette question en prenant une partie dedans. J'ai dit: Écoutez,
allez au ministère de la Santé...
M. Charbonneau: On est mieux de ne pas faire comme pour la loi
101, payer le pour et le contre en même temps.
M. Lincoln: Ce que la ministre de la Santé et des Services
sociaux a fait ressortir dans ses déclarations publiques, c'est que les
40 000 $ qu'elle avait donnés, c'était pour promouvoir la
politique choisie par le ministère, enfin, par le gouvernement, la
fluoration dans tout le Québec. Elle n'a pas donné 40 000 $ pour
l'audience publique. C'est cela qu'elle a fait ressortir. Ce n'est pas 40 000 $
qu'elle a donnés à ces gens pour les faire représenter
à l'audience publique. C'est 40 000 $ qu'elle a donnés à
la coalition pour promouvoir la fluoration à travers le Québec.
Tandis que les autres demandaient un budget pour défrayer les
coûts, pour faire venir des experts de la Suède, etc. Elle n'avait
donné aucun argent à ce groupe pour cette fin. Elle donne de
l'argent, comme elle en a donné bien avant l'audience, pour promouvoir
la fluoration au Québec. Je pense qu'elle l'avait donné l'an
passé aussi.
M. Charbonneau: À votre ministère, y a-t-il eu -
vous dites qu'il y avait des pour et des contre - une équipe qui a
été constituée, comme vous en avez constitué sur
d'autres sujets, pour faire des vérifications à
l'étranger? Vous parlez de la Suède. Le ministère de
l'Environnement, lui, a-t-il fait des vérifications pour tirer des
conclusions, à un moment donné?
M. Lincoln: Oui. Il y a eu un groupe de travail qui a
travaillé dessus. En fin de compte, nous avons eu des réunions au
plus haut niveau. Le sous-ministre était là, le sous-ministre
responsable de l'assainissement des eaux et des spécialistes, dont celui
qui est responsable de l'eau potable. C'est sûr que, dans tous ces
ministères, à part celui de la Santé où la question
a l'air d'être très claire, mais dans le ministère de
l'Environnement, c'est clair que vous avez des disciplines où il y a
beaucoup de doute quant à l'effet sur l'environnement, c'est sûr
que c'est reflété. Moi, je ne vais pas dire que tous les gens
sont d'accord là-dessus. En fin de compte, pour les raisons que je vous
ai données, il a fallu trancher. Il y a eu cette réunion finale
où on a décelé une politique, où on a dit: On va,
nous, essayer d'obtenir des positions très claires quant au
contrôle sur les effluents, sur les milieux récepteurs et sur
l'eau potable et aussi un suivi qui était deux recommandations du
conseil consultatif et de l'AQTE.
Une troisième recommandation qui - cela était
partagé par la ministre de la Santé - était de rendre le
programme optionnel, de ne pas le rendre obligatoire selon une loi. Ce qui est
le cas aujourd'hui au Québec. On a laissé la latitude aux
municipalités d'entrer dedans ou de ne pas entrer.
Il faut souligner toutes les différences que nous avons eues au
niveau des discussions. C'étaient des différences philosophiques
et pas techniques. Du côté technique, je pense que les gens savent
que, si on prend des échantillonnages dans les milieux
récepteurs, etc., ce sont des différences qui sont beaucoup plus
philosophiques. Je pense que cela se reflète au niveau de tout ce qu'on
entend. Ce sont des différences philosophiques. C'est une question
très controversée, où il y a beaucoup
d'émotivité. À un moment donné, il a fallu
trancher, parce que le gouvernement avait à se brancher. Il ne pouvait
pas se cacher pour toujours derrière des "non-décisions".
Protection des rives
M. Charbonneau: D'accord. Sur un autre sujet: la politique de
protection des rives. Le ministre peut-il nous dire s'il existe encore un
contentieux entre les deux unions de municipalités, l'Union des
municipalités du Québec et l'UMRCQ et le ministère,
relativement à l'application de cette politique qui a fait l'objet d'un
certain nombre de critiques de la part des deux unions? Celles-ci reprochaient
au ministère de l'Environnement de bafouer la reconnaissance de la
complexité et des particularités régionales.
M. Lincoln: C'est sûr que, quand vous
mettez, aujourd'hui, dans le cadre actuel où il y a une autonomie
immense, une décentralisation des systèmes de plus en plus grande
- on le vit nous-mêmes au niveau d'une province, et c'est la même
chose qui se répète au niveau des municipalités - il est
clair que, dans le système qui est de plus en plus
décentralisé et autonome à la base, ce n'est jamais facile
d'établir une politique à l'envergure du Québec. C'est
sûr qu'aujourd'hui les MRC, qui ont le contrôle de
l'aménagement dans la loi 125, trouvent cela très difficile
d'accepter une politique qui va dans tout le Québec selon des normes
établies sur une base provinciale. C'est certain que cela ne se fait pas
en un jour. Il faut un changement des mentalités. Il faut des compromis
de part et d'autre.
On ne s'attendait pas, nous, que cette politique soit reçue
à bras ouverts. C'est sûr qu'il y a beaucoup de réticence
de la part de beaucoup de municipalités et de MRC, mais ce que je
conçois, c'est que tant l'esprit que le mot à mot de la politique
s'ingèrent de plus en plus dans les schémas d'aménagement.
Les MRC, aujourd'hui, acceptent qu'il faut une politique des rives et du
littoral et c'est un grand pas en avant. Il y a peut-être des ajustements
à faire dans certains schémas d'aménagement, mais
j'espère qu'ils vont être mineurs. Il y a sûrement beaucoup
de retouches à faire entre nous. On est en train de travailler de
près avec le ministère de l'Agriculture, pour essayer d'atteindre
une situation où on interprète la politique de la même
façon. Même cela, c'est difficile, parce que c'est tout à
fait nouveau pour nous tous. Mais je pense que, d'ici à un an, toutes
ces discussions vont être complètement académiques.
M. Charbonneau: Le temps nous presse, je vais... Dans le
même ordre d'idées, vous avez sans doute pris connaissance de la
situation de plusieurs municipalités, entre autres le long du
Saint-Laurent, où il y a des promoteurs qui veulent construire des
condominiums et des projets. Il y en a, entre autres, à Brossard et
à Saint-Lambert, mais il y en a également ailleurs que le long du
Saint-Laurent: je pense à la controverse du lac Brome. Mais, en
particulier, au niveau du Saint-Laurent, compte tenu de ce que vous avez mis en
place comme mécanismes, dont le comité sur le Saint-Laurent dont
on parlait tantôt, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir un moratoire
sur la construction de condominiums le long des berges du Saint-Laurent? Est-ce
que le ministre de l'Environnement entend intervenir de façon quelconque
pour qu'on protège les berges qui restent plutôt que de voir des
constructions? Avez-vous un pouvoir quelconque d'intervention?
M. Lincoln: Écoutez, tout d'abord, du point de vue
philosophique, je ne peux être plus d'accord avec vous. Cela me
déchire le... Ce à quoi je crois, c'est à la conservation
des rives; c'est le point le plus névralgique qu'il faut
protéger. De voir qu'on est en train de bâtir mur à mur, de
voir que plus on met une bâtisse près de la rive, mieux cela
semble être, je trouve cela déplorable. Tout récemment,
nous avons créé un comité de travail sous l'égide
de la direction générale de la conservation - M. L'Heureux qui
est ici en est le directeur général - pour établir une
politique précisément relativement à la construction sur
les rives. Malheureusement, il faut être clair, le ministère de
l'Environnement, aujourd'hui, n'a aucun droit juridique là-dessus. Le
seul droit que nous avons, c'est par la politique des rives et des plaines
inondables. On peut protéger une certaine balise qui va de dix à
quinze mètres. Dans le domaine agricole, c'est trois mètres, mais
parfois, dans les plaines inondables, il faut aller un peu plus loin. À
part cela, on n'a aucun droit de regard. Même là, nous sommes
contestés à mort. Nous avons des équipes qui sont
allées sur place pour essayer de convaincre certains conseillers
municipaux et certains maires. Il y a un cas, sans citer la mairie, où
on a fait reculer un projet pour protéger les quinze mètres qui
sont bâtis. Ce que nous tentons, c'est de voir ce qu'on peut faire du
point de vue du ministère de l'Environnement dans nos propres lois pour
insérer des mécanismes qui vont donner une protection. Il faudra
le faire de concert avec d'autres ministères. En même temps, je
crois qu'il devient presque urgent d'établir une politique. Au moins, si
on peut lancer une politique dans tout le Québec pour rendre les gens
conscients qu'on ne peut pas continuer à construire mur à mur, de
plus en plus près des rives.
M. Charbonneau: Excusez-moi de vous interrompre.
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a chez vous ou ailleurs, est-ce
que le gouvernement, dans son ensemble, ne dispose pas de mécanismes
législatifs qui lui permettraient au moins de décréter un
moratoire jusqu'à ce qu'une politique soit établie? Le danger,
c'est que vous arriviez avec une politique dans deux ou trois ans et que,
durant ce temps, il y ait tellement de construction... Ce dont je me rends
compte, c'est qu'en Ontario, entre autres à Toronto, il y a eu un
moratoire... Je sais que les promoteurs de Toronto ont été
bloqués dans le... Il y a eu un prolongement du moratoire qui avait
été décrété là-bas, mais ce qui
arrive, c'est que les promoteurs de Toronto s'en viennent ici construire des
condominiums et des centres commerciaux le long du Saint-Laurent.
M. Lincoln: Sans m'avancer sur les questions juridiques qui sont
très complexes, jusqu'ici, dans notre ministère, on a eu des
études juridiques, on a poussé le débat très loin,
II y a quelque temps déjà, parce que plusieurs requêtes
nous ont été faites. D'après ce que nous savons, on
n'a pas le pouvoir, aujourd'hui, de faire des moratoires parce que toute la
question de zonage est municipalisée, et tout cela s'est fait dans la
légalité. Avant de donner un permis de construction, les
municipalités doivent vérifier toutes les lois afférentes,
et elles le font dans la légalité. Les seuls empêchements
aujourd'hui, ce sont des choses comme les égouts, les aqueducs, la
politique riveraine qui vient d'être établie, la politique des
zones inondables. Même là, je peux vous dire que certaines
municipalités sont en train de contester cela dans les cours de justice
aujourd'hui. Les municipalités ont des pouvoirs concernant le zonage,
les permis de construction et si elles respectent toutes les lois du
Québec, je ne crois pas que le gouvernement du Québec ait un
pouvoir d'ordonner un moratoire dans les municipalités.
En même temps...
M. Charbonneau: Oui, mais écoutez, les
municipalités sont sous la juridiction du gouvernement du Québec.
Il pourrait très bien adopter une loi interdisant aux
municipalités, le long de certains cours d'eau stratégiques, ou
même...
M. Lincoln: C'est peut-être facile de le dire, mais vous
avez un propriétaire qui fait une demande selon toutes les lois du
Québec. Vous feriez un moratoire non seulement pour une
municipalité, mais pour un propriétaire qui pourrait le contester
parce que c'est illégal. Tout ce que je peux vous dire, c'est que les
études que nous avons obtenues jusqu'à présent
révèlent que c'est un domaine très complexe qui est
régi par plusieurs lois. Les gens font des choses qui ne sont pas
illégales, et ils le font selon les règlements existants qu'il
faudrait changer. Notre politique, c'est d'arriver le plus tôt possible
à quelque chose.
Nous espérons que cela pourra être fait dans deux ou trois
ans. Cela peut prendre six mois avant qu'on arrive à déceler
toute la chose, pour arriver à quelque chose qu'on pourra
présenter officiellement aux autres ministères, aux
comités interministériels. Je n'ai pas envie de jouer un peu mes
cartes ici parce que je sais qu'il y a des promoteurs qui travaillent dans
notre sens. C'est pour cela que je ne peux pas tout divulguer ici. Il y a
certains outils que nous sommes en train de regarder. Nous pensons que nous
pourrions avoir certains outils de travail très intéressants.
Nous sommes en train de regarder toutes ces choses maintenant, et on le fera
dans un échéancier le plus court possible. Je suis d'accord avec
vous, je pense que c'est une espèce de construction sauvage qui est
faite parce que c'est déplorable. Il y a des montagnes qui disparaissent
dans les Laurentides, des citoyens nous appellent chaque fois. Le
ministère peut émettre des voeux, etc., on fait des
négociations avec les maires. Je dis aux citoyens: D'abord, soyez
sûrs d'élire le conseiller, le maire qui protégera votre
environnement. Dans beaucoup de municipalités, il y a eu des
élections et je crois que dans six élections, des gouvernements
ont été renversés pour des questions écologiques.
Je crois que c'est le plus grand pouvoir.
Le député de Rousseau est à côté de
moi, et je crois que c'est le cas. Dans la municipalité où j'ai
mon chalet, on avait élu un groupe qui était contre
l'environnement. Il voulait changer toutes les réglementations. On
s'était battus pendant des années et on a réussi à
les sortir parce que le mouvement environnementaliste dormait et on l'a
réveillé, encore une fois. On les a fait sortir et on a
maintenant des environ-nementalistes. C'est la meilleure protection qu'on
puisse offrir aux citoyens.
M. Charbonneau: Le problème, parfois, c'est que cela
arrive trop tard.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord. Entre-temps, il
faut faire quelque chose. Nous nous activons parce que nous réalisons
que c'est probablement le problème majeur auquel on fait face par
rapport aux berges.
M. Charbonneau: C'est d'autant plus important que, d'une certaine
façon, il y a une incohérence par rapport à tout le
travail qui se fait, entre autres, sur le Saint-Laurent. Vous avez mis sur pied
un comité, Économie et Environnement. Je veux bien croire que le
développement d'un centre commercial sur le bord du Saint-Laurent,
à Brassard, peut être économique, mais c'est l'envers de la
médaille.
M. Lincoln: Entre-temps, je peux vous dire que j'ai
rencontré le président et le vice-président de la
commission de l'aménagement de la CUM. Le maire Décarie, de
Lachine, n'est pas considéré comme un environnementaliste, et
beaucoup de gens le critiquent. Pourtant, si vous allez visiter sa ville, c'est
étonnant de voir la quantité d'espaces verts qu'il a
récupérés. Le projet qu'il m'a présenté,
c'est d'essayer, au moins autour de l'île de Montréal, où
le problème est le plus grave, de convaincre tous les maires de
décréter une zone verte tout autour de la ville de
Montréal. (12 heures)
On ne peut rien faire avec les bâtisses qui existent, mais n'en
bâtissons pas de nouvelles, essayons de récupérer ces
terrains petit à petit. Et lui, c'est la politique qu'il a
adoptée dans sa ville. Je pense que La Salle a fait un peu la même
chose. D'autres villes le font. Au moins, on est en train d'essayer de
sensibiliser les gens de plus en plus. Je peux vous dire qu'on va mettre
l'accent le plus rapidement là-dessus, pour essayer de déceler
une politique par la direction de la conservation. On a quelques outils de
travail qu'on est en train d'examiner à nouveau
et qui pourraient changer beaucoup la perspective.
M. Charbonneau: En tout cas, j'apprécierais que vous me
teniez au courant, entre autres, parce que...
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Charbonneau:... j'ai deux cours d'eau importants chez nous
et...
M. Lincoln: Oui. Vous savez, dans votre région, pour vous
donner un exemple de ce à quoi on fait face, il y a toute une
région de plaines inondables. Nous avons des pressions, presque
incessantes, des maires et des MRC pour construire là-dessus. Dans un
endroit où il n'y a même pas de réseau d'égout
adéquat, où il y a des fosses septiques qui sont
déficientes et où on veut faire de grosses constructions. On se
bat comme contre la marée, on essaie de les... On prend tous les moyens
avec les groupements environnementaux, mais c'est presque une ligue...
M. Charbonneau: Oui.
M. Lincoln:... officielle pour aller construire.
M. Charbonneau: Chez nous, dans la MRC de la Vallée du
Richelieu, si je ne me trompe pas de nom - oui, je pense que c'est cela - je
sais que vous avez bloqué un peu l'approbation du schéma
d'aménagement, et cela a fait pas mal l'objet de chiâlage. Mais
une petite vite, pouvez-vous nous dire, en termes de bilan, quel type
d'intervention vous avez fait sur les schémas d'aménagement?
Combien en avez-vous stoppé ou combien en avez-vous amendé?
M. Lincoln: Écoutez, tout d'abord, ce sont des
réunions interministérielles qui sont confidentielles. Tout ce
que je vous demanderais de dire, tout ce que je vous suggérerais, c'est
d'aller causer avec le ministre des Affaires municipales pour demander à
ces gens comment je suis perçu par tous ces gens. Je suis perçu
comme une espèce d'empêcheur des MRC de tourner en rond; elles
sont en guerre rangée là-dessus. On ne peut pas tout stopper. Il
est impossible de stopper toute la machine gouver-nementale. Il y a 67
schémas d'aménagement en suspens maintenant. Mais tout ce que je
peux vous dire, c'est qu'on défend notre position de la façon la
plus vigoureuse possible. Si des politiques sont établies, on les fait
respecter.
M. Charbonneau: Écoutez, je ne vous demande pas le
détail des réunions, mais je pense qu'il y a autour d'une
centaine de MRC, il serait intéressant de savoir sur combien de
schémas d'aménagement le ministère de l'Environnement a
mis son poids et a fait en sorte que...
M. Lincoln: Je pense qu'on pourra vous donner des
informations.
M. Charbonneau: Écoutez, un dernier sujet...
M. Lincoln: Pour les plus grosses régions, on peut dire
qu'il y a les prises d'eau, les mouvements de terrain, les plaines inondables
et les rives.
M. Charbonneau: Bien, c'est cela.
M. Lincoln: Ce sont les grosses questions qui sont toujours
litigieuses.
M. Charbonneau: Dans le cas de la MRC de la Vallée du
Richelieu, paraît-il, certains se sont vantés qu'il y avait eu une
réunion au sommet. Remarquez que le préfet de notre MRC est bien
placé. Il a été le président du sommet
économique de notre région et il s'entend bien avec le ministre
responsable de la région, qui s'adonne à être le ministre
des Affaires municipales. Est-ce que c'est réglé?
M. Lincoln: Tous les schémas qu'on a demandé de
renvoyer, c'est parce que la politique n'était pas définie
là-dedans. Tant qu'elle ne sera pas définie, on insistera pour
que le schéma ne soit... Généralement parlant, je ne
connais pas d'exceptions jusqu'à présent. Les modifications ont
été faites.
M. Charbonneau: Dans le cas de la MRC de la Vallée du
Richelieu, s'il était possible, sans que cela vous fasse
révéler des secrets d'État, j'aimerais bien cela avoir
l'heure juste. Pas nécessairement maintenant...
M. Lincoln: Oui, on me dit - je ne sais pas, quitte à
faire une vérification - que le schéma a été
passé, après correction par eux.
M. Charbonneau: Bon.
M. Lincoln: Mais on va vérifier et on va vous le laisser
savoir.
Neiges usées
M. Charbonneau: Une dernière question sur le programme en
milieu aquatique, les neiges usées. L'an dernier, à
l'étude des crédits, vous nous aviez promis une politique pour
bientôt. On a eu un hiver depuis ce temps-là et il n'y a pas eu de
politique. Combien d'hivers va-t-on passer avant d'avoir une politique?
M. Lincoln: Je vais vous dire bien simplement sur le programme
des neiges usées: notre politique est prête, elle l'est depuis
plusieurs mois. Pour faire une politique des neiges usées, cela passe
par les municipalités et les MRC naturellement parce que la politique
les touche
directement. J'ai été à la table
Québec-municipalités pour présenter la politique -
c'était en novembre?
M. Charbonneau: Cela ne vous aide pas que le maire de
Québec soit contre?
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: Cela ne vous aide pas que le maire de
Québec, qui est le président de l'UMQ, soit contre?
M. Lincoln: Je n'ai pas de commentaire à faire
là-dessus.
M. Charbonneau: Ha, ha, ha! La réponse est un commentaire
en soi.
M. Lincoln: Je peux vous dire qu'en novembre 1987, nous avons
présenté notre politique à la table
Québec-municipalités. Cette dernière nous a demandé
de réviser la politique parce qu'elle s'opposait à certaines
constatations que nous y avions faites. Depuis, il y a des négociations
et des discussions qui se font avec les municipalités de façon
presque continue. La dernière, c'était le 9 mars avec l'UMRCQ. Je
vais me renseigner pour ce qui est de l'UMQ. C'est l'UMQ qu'on a
rencontré en mars et, à la suite des représentations des
municipalités, surtout Montréal qui est le gros morceau, nous
avons eu des négociations avec Montréal, ils ont produit des
documents par rapport à notre politique et les négociations
arrivent à un stade final. Nous espérons que, d'ici le mois de
juin, on pourra publier la politique.
M. Charbonneau: Qui va concerner tout le monde?
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: Qui va concerner tout le monde ou juste
Montréal?
M. Lincoln: Cela va concerner toute la province.
M. Charbonneau: Ah bon!
M. Lincoln: Mais Montréal représente presque le
tiers du problème, 30 % du problème et si on ne peut pas le
régler... À Montréal, il y a un problème
spécifique. La Communauté urbaine de Montréal est en train
de considérer la possibilité de recevoir les dépôts
de neige dans les intercepteurs et cela demande des tests et aussi beaucoup
d'investissements, 40 000 000 $. Il fallait négocier avec
Montréal. Toute cette discussion se reflétera dans notre
politique et, d'ici le mois de juin, on va la rendre publique.
M. Charbonneau: Est-ce que cela suppose que vous devrez aller au
Trésor?
M. Lincoln: Non. Pour les 40 000 000 $, c'est leur affaire. Ce
n'est pas admissible au programme d'assainissement des eaux. Alors, s'ils le
font, ils devront l'assumer eux-mêmes. Le budget de la ville de
Montréal pour l'enlèvement de la neige, c'est 40 000 000 $
à 50 000 000 $. C'est plusieurs millions de dollars par année. En
tout cas, c'est beaucoup plus que 30 000 000 $ ou 35 000 000 $. On
espère que Montréal et la CUM feront quelque chose dans ce
sens.
M. Charbonneau: M. le Président, cela complète, en
ce qui nous concerne, l'étude de l'élément 1 du programme
1. On pourrait passer à l'élément 2.
Une voix: Le programme 2.
M. Charbonneau: Le programme 2, élément 2.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous pouvez continuer, M. le
député de Verchères.
Déchets dangereux
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Au sujet des
déchets dangereux, la Société pour vaincre ta pollution
accusait le ministère, au mois de décembre dernier, de ne pas
faire respecter son règlement sur les. déchets dangereux à
la suite du rapport sur le volume et le type de déchets
générés par 3500 entreprises, et plus de 2700 d'entre
elles n'avaient pas encore obtempéré aux prescriptions
réglementaires. Au mois de décembre, vous procédiez
à des mises en demeure à l'endroit de 174 entreprises parmi un
premier groupe de 1700 devant faire l'objet d'un suivi prioritaire, et vous
avez intenté d'autres poursuites au mois de janvier. Où en est-on
dans les poursuites contre les 17? À quoi s'exposent-elles en termes de
sentence? C'est relié à ce dont on avait déjà
parlé. Pour les entreprises qui sont poursuivies, le risque de sentence
se situe entre quoi et quoi? C'est quoi le volume approximatif des
déchets qui sont générés par ces 17 entreprises
récalcitrantes?
M. Lincoln: On a pris des procédures. D'après le
système judiciaire, il faut envoyer des mises en demeure. Alors, on a
envoyé des mises en demeure à 179 entreprises. Il est
évident qu'on ne pouvait pas prendre des procédures contre des
milliers d'entreprises. On a alors pris 179 entreprises. Entre-temps, beaucoup
d'autres entreprises ont été déficientes et ont
envoyé leur rapport, aussitôt que la publicité a
été faite. Les 179 entreprises contre lesquelles on a pris des
procédures dans les délais de la mise en demeure, ont soumis leur
rapport. En fait, on n'a pas continué les procédures judiciaires
devant la cour parce que les entreprises ont fourni leur
rapport. Cette année, on est arrivé à l'expiration
de la date, le 1er avril. Dès janvier, nous avons commencé un
suivi systématique avec les groupes d'entreprises. Je vais vous donner
un relevé des chiffres.
On a contacté, depuis janvier, environ 2000 entreprises. Parmi
ces 2000 entreprises, on en a rejoint 1250 qui n'avaient jamais
été contactées auparavant. L'année dernière,
un suivi a été fait auprès de centaines d'entreprises. On
a pris neuf secteurs industriels prioritaires pour solliciter une
première fois les 1250 entreprises nouvelles.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on peut avoir la liste des entreprises
de ces secteurs-là?
M. Lincoln: Oui, on pourra vous envoyer le relevé. On a
envoyé 750 lettres de rappel aux entreprises qui avaient fourni des
rapports antérieurement; 1000 lettres de rappel sont prévues dans
le plan d'action. Mais entre-temps, les entreprises nous envoient leur rapport.
Des centaines nous sont déjà parvenus.
Ce qu'on a fait cette année et qu'on n'avait pas fait
l'année dernière, c'est qu'on a pris des secteurs, par exemple,
celui de tous les arts graphiques du Québec qui regroupe environ 1000
imprimeurs. Ces 1000 imprimeurs ne réalisaient même pas, dans le
passé, qu'ils étaient obligés de produire un rapport de
déchets dangereux. Cette fois-ci, au lieu de contacter des entreprises
individuelles comme on l'avait fait plusieurs fois dans le passé, on a
pris certains groupes, surtout ceux des plus petites entreprises, et on a
commencé à travailler avec des groupes d'entreprises. Les
imprimeurs se sont engagés à nous fournir tous les rapports d'ici
juin. Vous pourrez dire: entre avril et juin, elles sont déficientes
selon la loi. Et c'est vrai.
Il faut aussi vous dire que ce rapport est des plus complexes et il
demande de la part d'une entreprise beaucoup d'argent, de temps et de soins
même seulement pour savoir comment le compléter. Et nous avons
accepté, en échange de l'engagement de l'association de nous
fournir tous les rapports, de lui accorder ce laps de temps. Nous
espérons que, d'ici à juin, un nombre conséquent
d'entreprises auront fourni leur rapport. On est en train d'analyser tous ceux
qui nous parviennent actuellement et, en fin de compte, on prendra les mesures
qui s'imposent contre les compagnies délibérément
déficientes.
M. Charbonneau: On dit que 3500 entreprises sont
concernées. Je ne sais pas si le chiffre est exact, mais ce sont les
données qu'on a.
M. Lincoln: Ce qui est arrivé, c'est qu'au départ,
lorsque la réglementation a été mise en vigueur, en 1985,
qu'on n'avait jamais fait un inventaire systématique au Québec.
On aurait dû commencer par l'inventaire avant de faire le
règlement. Après avoir fait le règlement, il a fallu
laisser cela aux données de l'entreprise parce qu'il n'y avait aucune
façon de savoir combien, parmi toutes les entreprises du Québec,
avaient des déchets dangereux, selon le sens du règlement.
Pour les 3500, on avait pris les données du CRIQ et fait une
estimation complètement théorique du nombre d'entreprises qu'il y
avait. Il faut vous dire qu'on n'a pas de relevé exact du nombre
d'entreprises qui ont des déchets dangereux, mais on fait une estimation
de 3500 entreprises certainement prioritaires. Les entreprises où il y a
des déchets dangereux de façon conséquente, c'est bien
moins que cela. Mais il y a toutes sortes de petites entreprises. Chaque
buandier, chaque nettoyeur a des déchets dangereux; chaque imprimeur, du
plus petit au plus grand, a des déchets dangereux. Là, nous
sommes en train de mettre un accent prioritaire sur les secteurs où il y
a des déchets dangereux de façon conséquente. Il faut
aussi certainement prendre en considération... (12 h 15)
Lorsque SVP avait fait son rapport ou sa conférence de presse, il
parlait d'un chiffre total. Mais, dans ce chiffre total, nous avons aussi
identifié beaucoup d'entreprises immenses qui ont des programmes de
recyclage industriel. Je vais vous donner l'exemple de la compagnie Ivaco qui a
un programme de recyclage et qui a de grandes quantités de
déchets, mais où on fait du recyclage industriel maintenant.
Donc, toutes ces quantités ne sont pas considérées comme
des déchets dangereux parce que ce sont des déchets
recyclés dans l'entreprise. C'est tout cela qu'on est en train de faire
maintenant. On est en train de faire une évaluation complète de
tout le système. C'est un travail immense.
M. Charbonneau: Combien avez-vous d'inspecteurs ou de
vérificateurs affectés actuellement à ce dossier? C'est
bien beau de demander à des entreprises d'avoir des listes. On envoie
des lettres. Ce n'est pas compliqué, la machine peut faire cela. Mais
combien avez-vous de personnes qui analysent ces rapports et qui peuvent dire
finalement, bien écoutez...
M. Lincoln: C'est tout l'appareil régional. Par rapport
à votre question sur le nombre d'inspecteurs ou de vérificateurs,
je vais faire un relevé préliminaire que je vais vous donner
presque tout de suite. Combien de personnes font un travail d'inspection au
ministère de l'Environnement? Ils font un travail d'inspection...
M. Charbonneau: Ah oui! La question qu'on avait posée
mardi.
M. Lincoln: La question que vous m'avez posée mardi. Par
exemple, on dit que 57 personnes sont actuellement à l'emploi du
ministère de l'Environnement comme inspecteurs en hygiène
publique; 151 sont à l'emploi du ministère comme
techniciens en eaux et assainissement; 134 autres personnes travaillent
en tant que techniciens ou inspecteurs dans différentes autres
disciplines.
Si on considère que 342 personnes sont à l'emploi du
ministère de l'Environnement en tant qu'inspecteurs ou techniciens vu
que 20 % de leur temps est consacré exclusivement à l'inspection,
on peut affirmer avec une très faible marge d'erreurs que 68, 4
personnes-années sont assignées à des tâches
d'inspection au ministère de l'Environnement. C'est là un
minimum. Beaucoup d'autres personnes, qui sont des techniciens ou des
inspecteurs dans d'autres domaines, font aussi ce genre de travail. Comme je
vous le disais, on va ajouter des inspecteurs dans le domaine industriel.
M. Charbonneau: Et agricole. M. Lincoln: Et agricole,
oui.
M. Charbonneau: Est-ce qu'ils vont être à 100 % ou
à 20 %?
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut vous faire une suggestion purement
par rapport au personnel? On pourra revenir parce qu'il reste du temps. Si on
pouvait faire l'élément 4 du programme 2 qui est le service de la
dette du programme d'assainissement des eaux. Si vous vouliez poser des
questions spécifiques sur ce programme, cela pourrait libérer
beaucoup de gens.
M. Charbonneau: On n'a pas de questions sur cela.
M. Lincoln: D'accord.
M. Charbonneau: On en a parlé au début et on ne
veut pas revenir là-dessus.
M. Lincoln: D'accord.
M. Charbonneau: J'aurais peut-être voulu, mais les
contraintes de temps font qu'il y a d'autres sujets sur lesquels...
M. Lincoln: Par rapport à ce qu'on est en train de faire,
il y a le règlement sur les déchets dangereux. Cela a
été une grande chose d'avoir ce règlement. On critique
souvent l'argent octroyé, mais je félicite l'administration qui a
mis cela en place. Je suis d'accord pour dire qu'il fallait absolument un
règlement sur les déchets dangereux.
Mais, lorsqu'on fait toutes ces choses pour la première fois, on
réalise en cours de route qu'il y a certaines choses qui ont
été faites à un moment où on n'avait pas de
réponses au départ. On est en train de réviser le
règlement sur les déchets dangereux. Il faut absolument le
réviser.
Ce qu'on est en train de faire c'est ce que l'Ontario fait aujourd'hui
qui, d'après moi, est bien plus intelligent. Ce que l'Ontario fait,
c'est qu'il ne donne pas un certificat à un transporteur de
déchets dangereux avant que ce transporteur puisse donner une
évidence que ce même producteur de déchets dangereux a
soumis son rapport. Alors, rien ne bouge en Ontario dans le domaine des
déchets dangereux tant que le transporteur n'a pas pu produire ce
rapport. Donc, si un producteur veut faire transiter des déchets
dangereux comme tous font transiter, aussi longtemps qu'ils n'ont pas fourni un
document prouvant qu'ils ont produit un certificat au ministère ils ne
peuvent pas transporter de déchets dangereux. C'est cela qu'on va mettre
de l'avant. On va avoir une espèce de politique immédiate sur
toute l'affaire.
Aujourd'hui, on est obligé de contacter ces gens, de les amener
en cour. Combien de milliers d'entreprises pouvez-vous amener en cour? Je peux
vous dire qu'il y a une entreprise en cour, que je ne veux pas nommer ici pour
des raisons très évidentes, mais qui nous tient en cour. Je pense
qu'elle a tenu plusieurs journées. Elle a eu quelque chose comme quinze
renvois sur la Charte des droits et libertés de la personne.
Aujourd'hui, on est complètement bloqués dans les cours de
justice. Alors, on peut faire des mises en demeure à 175 firmes, on ne
peut pas en mettre 3000. Alors, on prend des cas symboliques. Mais je pense que
la prévention est la clé de toute l'afffaire.
Si vous, dans le règlement sur les déchets dangereux, on
vous propose de suivre le système de l'Ontario, ils vont craindre ce qui
va bouger au Québec et ils seront obligés de bouger.
M. Charbonneau: En termes de prévention - une idée
qui m'est venue tantôt, peut-être qu'elle existe déjà
- existe-t-il un "kit" du parfait entrepreneur à l'égard des
exigences environnementales? Le ministère de l'Environnement ou le
ministère de l'Industrie et du Commerce sont-ils en mesure de fournir
à quelqu'un qui se lance en affaires un certain nombre
d'indications?
M. Lincoln: Vous voyez, tous les gens ont de bonnes idées.
Je vous félicite. C'est une bonne idée. On va inscrire cela. Je
crois que c'est une bonne idée de suivre cela.
M. Charbonneau: Je n'ai pas encore enregistré mes droits
d'auteurs.
M. Lincoln: Vous êtes auteur et journaliste.
Peut-être que ce serait un gros travail à faire pour vous.
M. Charbonneau: On y retournera peut-être un jour.
M. Lincoln: Non, mais c'est une bonne idée.
M. Charbonneau: Supposons que je me lance en affaires - je prends
l'exemple de vos imprimeurs tantôt...
M. Lincoln: C'est une bonne idée.
M. Charbonneau: Je n'ai aucune idée là-dessus, je
ne suis pas préoccupé par cela et je ne pense pas être en
infraction. Mais tout à coup, trois ans après, je reçois
la visite du ministère de l'Environnement et paf! Écoutez, vous
m'inviterez à la conférence de presse quand vous lancerez votre
"kit", par exemple.
M. Lincoln: Oui, c'est une très bonne idée. On ne
peut pas vous dire qu'on va le faire demain matin. Cela demande des ressources
et tout, mais je pense que c'est quelque chose qu'on va certainement prendre en
considération, étudier de façon sérieuse. Je vous
promets que vous aurez tout le crédit d'avoir eu l'idée.
M. Charbonneau: Je pense que ce serait quelque chose d'utile.
M. Lincoln: Le sous-ministre me dit que la commande est
déjà passée.
M. Charbonneau: Je n'en attendais pas moins de vous. En Ontario
c'est clair, ils ont l'avantage dans le sens où vous venez d'en parler.
Mais le problème n'est pas complètement réglé.
S'ils sacrent cela dans leur cour et que cela reste là des
années...
M. Lincoln: Bien oui. Pour cela, nous sommes entièrement
d'accord. Excepté que cela réduit le nombre d'inspections qu'on a
besoin de faire de façon dramatique parce que la plupart sont des gros
déchets qu'ils transitent.
M. Charbonneau: Mon recherchiste aurait le goût de vous
poser des questions. Que pensez-vous de la proposition de la
Société pour vaincre la pollution à savoir de modifier la
certification d'autorisation de Stablex pour y spécifier qu'elle doit
traiter un minimum de 7 % de déchets québécois, limitant
ainsi les importations de déchets toxiques des États-Unis aux
seules fins de rentabiliser les installations? C'est 75 %, c'est une erreur de
dactylographie.
M. Lincoln: Tout est basé sur la réglementation des
déchets dangereux. Il y a une correspondance entre le règlement
des déchets dangereux, l'élimination des déchets dangereux
et le rapport. Tout cela s'enchaîne. Nous sommes en train de faire une
révision du règlement des déchets dangereux où
cette question va être adressée, pas spécifiquement en ce
sens, mais pour voir comment nous pouvons mettre de plus en plus de pressions
sur les entreprises pour acheminer les déchets vers Stablex afin que de
plus en plus Stablex puisse s'occuper des déchets
québécois et n'ait pas à importer des déchets
américains. Je pense que l'objectif va être le même. Comment
va-t-on y arriver? Cela pourrait être un peu différent.
Certainement que c'est l'objectif que nous poursuivons.
M. Charbonneau: À l'égard des centres
d'entreposage, de transfert, combien, à qui, à quel endroit ont
été délivrés, l'année dernière, des
certificats de conformité et des permis d'exploitation?
M. Lincoln: Vous parlez des centres de transfert pour
déchets dangereux?
M. Charbonneau: En vertu de l'article 20 du règlement sur
les déchets dangereux, on dit: Une personne, une municipalité qui
établit, modifie ou agrandit un centre de transfert en entreposage de
déchets dangereux qui ne soient pas produits sur ce lieu, doit, au
préalable, obtenir un certificat de conformité...
M. Lincoln: On va vérifier, on va vous le laisser savoir.
Mais d'après ce que je sais, c'est Tricil, Service central, il y a
Senneterre qui est en construction; ce sont de nouveaux centres de transfert
pour lesquels on a demandé l'autorisation du ministère. Je crois
que c'est tout ce qu'il y a eu. Naturellement, des centres d'entreposage, c'est
toutes sortes d'entreprises. Mais il n'y a pas eu de nouveaux centres de
transfert comme tels dans le règlement des déchets dangereux qui
invoquaient une autorisation, à part ceux que j'ai cités.
M. Charbonneau: Au mois de mars l'an dernier, vous aviez
annoncé, à titre de président...
M. Lincoln: Mais je vais vérifier cela, et je vais vous le
laisser savoir.
Harmonisation des politiques
M. Charbonneau: Oui, d'accord. Vous aviez annoncé l'an
dernier, à titre de président du Conseil canadien des ministres
des ressources et de l'environnement, l'adoption d'un plan intergouvernemental
de gestion des déchets dangereux visant à harmoniser les lois,
les politiques et les programmes. Où en est-on dans ce travail
d'harmonisation?
M. Lincoln: Le CREM, le comité technique sur les toxiques,
fait cette harmonisation maintenant. Les sous-ministres vont faire le point
là-dessus en juin. En fait, toute notre idée de revoir notre
réglementation sur les déchets dangereux, va essayer de
s'harmoniser justement avec ce que les autres provinces font et le
comité technique nous donne des idées afin que, justement, on se
serve des mêmes techniques, des mêmes pratiques et qu'on essaie
d'harmoniser le
plus possible nos réglementations.
M. Charbonneau: Par rapport à ce qui se fait sur toutes
les questions de protection de l'environnement, par exemple, dans les pays ou
les États qui sont plus avancés que nous, je pense aux pays
européens comme la Scandinavie et peut-être certains États
américains, seriez-vous en mesure de qualifier un peu le retard ou la
situation du Québec dans le contrôle des déchets dangereux
par rapport à ce qui se fait de mieux ailleurs?
M. Lincoln: Cela dépend de quelle juridiction vous...
M. Charbonneau: Par rapport aux meilleurs. J'imagine que, dans ce
domaine-là, on vise à se comparer et à performer comme les
meilleurs et non pas comme les moins bons.
M. Lincoln: Si vous prenez l'exemple des Européens, des
Hollandais, des Allemands et des Suisses, je pense qu'il y a 12 ou 15 ans de
cela, ils avaient déjà des mécanismes en place pour une
élimination complètement sécuritaire des déchets
dangereux. Plusieurs États américains l'ont aujourd'hui. Mais par
rapport aux Hollandais, aux Suisses ou aux Allemands, je pense que nous sommes
plusieurs années en retard. Je ne peux pas vous dire combien
d'années, mais je suis allé visiter un centre à Rotterdam
en Hollande, j'en ai visité un en Suisse, le sous-ministre a
été au Danemark et en a visité un, et plusieurs personnes
du ministère sont allées dans différents endroits
où il y en avait. Ils ont certainement un mécanisme en place qui,
aujourd'hui, si on avait à le mettre en place au Québec, cela
pourrait prendre trois, quatre ou cinq ans avant d'avoir quelque chose de
comparable. C'est pourquoi c'est une urgence pour nous d'avoir un site
d'élimination de déchets organiques au Québec. Il est
impensable de croire que nous pourrons toujours nous fier, par exemple,
à des exportations vers l'Angleterre ou d'autres endroits pour
régler nos problèmes. C'est là qu'ils sont de beaucoup en
avance. Aujourd'hui, nous avons Stablex qui fait des déchets
inorganiques, c'est déjà un grand pas en avant; il y a Tricil qui
fait une petite partie des déchets inorganiques. Mais il faudra, pour
l'élimination des BPC, pour l'élimination des déchets
organiques, avoir notre propre centre de déchets au Québec. Je
dirais que, par rapport à cela, un centre des déchets organiques
prend de trois à quatre années à contruire. On est ce
nombre d'années en retard, c'est sûr.
M. Charbonneau: Votre objectif est-il d'être en mesure de
construire un centre dans l'année qui vient, pas exemple?
M. Lincoln: Écoutez, cela dépendra beaucoup de ce
qui se passe: Comme vous savez, c'est sujet à une étude d'impact
aux audiences publiques. Là où il y a une seule
possibilité concrète en ce moment, c'est le suivi du projet de
Senneterre. Mais comme vous savez, la compagnie en question a
décidé, en principe, de construire un centre d'élimination
des déchets organiques. D'abord c'était un centre pour les BPC.
Ils sont en train de regarder ce qu'ils vont construire, quel genre de
système. Tout cela est sujet à une étude d'impact du
Bureau des audiences publiques. Selon la façon avec laquelle cela va
marcher, on aura ou on n'aura pas un centre; cela dépendra beaucoup des
discussions qui vont se faire et si la population le veut ou ne le veut pas.
D'une façon ou d'une autre, on ne peut pas s'en départir, il en
faudra un. Je vois le temps...
Par exemple, il y a un seul centre moderne technologique de pointe au
Canada, celui de l'Alberta qui vient d'être institué à Swan
Hills et l'Alberta a fermé ses frontières. L'Ontario va commencer
aussitôt que possible, je suppose, dans les prochaines années, je
ne sais pas quand, mais on pense que d'ici trois ou quatre ans, il va en avoir
un. Si l'Ontario ferme ses frontières, que l'Alberta garde ses
frontières fermées et que cela devient pratique courante de plus
en plus, je ne sais pas ce qu'on va faire avec nos déchets, c'est cela
qu'il faudra voir. Il faudra prendre des arrangements avec l'Ontario, avec
d'autres aussi, avec les Américains. Pour les BPC, par exemple,
aujourd'hui, la frontière américaine est fermée. À
un moment donné, il faudra qu'on soit indépendants de ce point de
vue. (12 h 30)
M. Charbonneau: Peut-être avant - on va jusqu'à 12 h
30 - la suspension pour reprendre cet après-midi. À
l'Assemblée nationale, au mois de décembre, le ministre me disait
que, d'ici le printemps - là, on y est au printemps, même si,
parfois, cela ne paraît pas trop encore dans certaines régions du
Québec - il y aurait une politique de gestion des déchets
toxiques, en fait, des déchets pathologiques et biomédicaux, qui
serait implantée. Où est-ce qu'on en est dans cette...
M. Lincoln: Je dois vous avouer, M. le député - je
l'avoue bien candidement et franchement - que lorsqu'on a décidé
de faire cette politique, nous croyions que nous avions tout le temps
nécessaire pour la rendre publique au printemps. Quand on s'est mis
dedans, on a réalisé qu'il y avait des données très
complexes et nombreuses à trouver, qu'il y avait une harmonisation, un
appareillage à faire avec le ministère de la Santé ce qui
a demandé beaucoup plus de temps qu'on pensait. Il faut faire un
inventaire complet de tous les déchets biomédicaux dans tous les
centres hospitaliers du Québec, dans tous les centres de santé
qui s'en servent et dans les laboratoires universitaires. Cela s'est
révélé un travail beaucoup plus large qu'on le pensait.
Les entreprises pharmaceutiques,
plus on fouillait là-dedans, plus on réalisait
l'étendue du problème.
Là, nous sommes en train de faire un inventaire complet. Nous
avons des discussions très fréquentes, presque soutenues, avec le
ministère de la Santé là-dessus. Nous avons accompli
beaucoup de travail. Je vais voir quel est l'échéancier qu'on
peut vous donner. Dans le plan de travail, enfin la phase terminale, on pense y
arriver vers la mi-juin, avec l'esquisse d'une politique.
M. Charbonneau: Mi-juin. M.Lincoln: Mi-juin.
M. Charbonneau: Combien y a-t-il de personnes qui travaillent
à cette politique?
M. Lincoln: II y en a quatre de notre ministère, deux du
ministère de la Santé et deux des centres hospitaliers.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est une politique qui fera l'objet
d'une consultation ou encore, une fois que ce sera prêt...
M. Lincoln: La consultation touche des milieux très
spécialisés, alors nous sommes en train de faire ces
consultations avec tous les milieux qui sont touchés. Lorsqu'on produira
la politique, ce sera une politique qu'on lancera dans le public. Alors, s'il y
a des retouches à faire lorsque la politique va être
lancée...
M. Charbonneau: Quand vous parlez d'une politique, à quoi
pensez-vous? À des directives ou vraiment à des modifications au
règlement?
M. Lincoln: Les choix ne sont pas définitifs. On va lancer
une politique et après cela, on décidera si cela doit aboutir
à une directive ou à une réglementation comme telle. On
n'a pas encore fait ce choix. Cela dépendra de la politique finale,
comment on va l'agencer et quelles seront les conséquences d'un choix ou
de l'autre.
M. Charbonneau: Est-ce que vous entendez, entre-temps...
M. Lincoln: Excusez-moi. Ce qu'on ne veut pas faire, c'est de se
lancer dans une politique qu'on ne peut pas renforcer après, de
façon... Il faut faire un inventaire complet; il faut avoir tous les
paramètres en place et on va être sûrs à 100 % avant
de décider si on fait une réglementation ou si on fait cela par
étapes.
M. Charbonneau: Est-ce que vous entendez, prochainement, lever le
moratoire sur la construction d'incinérateurs reliée à ces
déchets?
M. Lincoln: II y a un incinérateur, aujour- d'hui,
à Hull. Il y a eu toutes sortes de problèmes avec. Il y avait une
autorisation qui avait été donnée à cet
incinérateur. Il y a eu toutes sortes de retouches à faire, des
épurateurs additionnels à ajouter. Là, il y a des tests
presque continus qui se font. Cet incinérateur a toutes les
capacités d'absorber tous les déchets biomédicaux du
Québec.
Il y avait une autre demande qui avait été faite pour un
incinérateur semblable dans votre région, je pense, à
Iberville. Là, dans la municipalité, il y a eu forte controverse.
Nous avons dit à la municipalité que même si c'était
quelque chose que le ministère pouvait autoriser, ce serait d'abord
à la municipalité de nous dire si elle veut ou non quelque chose
comme cela sur son territoire. La municipalité l'a refusé.
Entre-temps, nous avons donné une autorisation à
l'hôpital Notre-Dame pour un centre biomédical autorisé.
Nous pensons que déjà, au Québec, il y a assez de
capacité pour subvenir aux besoins. L'Université McGill, par
exemple, a un centre qui peut s'occuper de certains déchets
biomédicaux avec l'autorisation du ministère. Je pense qu'on a
déjà l'appareil. S'il y a d'autres demandes, cela va suivre son
cours. Nous, jusqu'à présent, nous n'avons pas eu de demande
formelle. La plus récente demande a été refusée par
la municipalité en question.
M. Charbonneau: Une dernière question sur ce sujet et on
reprendra cet après-midi. Est-ce que le ministère a
été invité à participer au groupe de travail
conjoint de l'Association des hôpitaux du Québec et du
ministère de la Santé et des Services sociaux qui a un mandat de
produire un guide sur la gestion des déchets hospitaliers?
M. Lincoln: II y a un projet de guide qui est déjà
en place. La discussion vise à le réviser, le rendre
complètement à jour. Cela se fait dans le cadre de la discussion
sur la politique, où il y a des représentants des centres
hospitaliers qui travaillent avec nous.
M. Charbonneau: Est-ce vrai que vous ne procédez à
aucune vérification, qu'il n'y a aucun examen de conformité sur
les incinérateurs des hôpitaux actuellement?
M. Lincoln: C'est une des choses de la politique qu'on est en
train d'examiner. Par exemple, on a fait une étude sur l'hôpital
Notre-Dame, pour tout son service d'élimination des déchets
internes. On a donné l'autorisation. On est en train de faire cela. Ce
sera une partie de la politique d'élaborer des mesures de suivi
d'inventaire et de contrôle des déchets biomédicaux dans
les hôpitaux.
M. Charbonneau: D'accord, mais actuellement, autrement dit, le
ministère ne procède pas à des examens de
conformité pour l'ensemble des
incinérateurs?
M. Lincoln: Non, pas maintenant. M. Charbonneau:
D'accord.
M. Lincoln: Mais il y a une révision du règlement
sur la qualité de l'air qui est en voie et qui inclura ce genre de
systèmes. Les normes de la qualité de l'air s'appliquent de toute
façon.
Je voudrais dire en terminant, M. le Président, si vous me le
permettez, qu'hier, j'ai donné des chiffres un peu au pied levé
sur la question des amendes et des condamnations. Ce n'était pas
exactement le nombre que j'avais dit. C'est un nombre beaucoup plus
significatif. Je vais donner les détails au député de
Verchères. Il y a eu 294 accusations qui ont été
portées. J'avais dit 50, mais c'était seulement dans un secteur.
Ce sont 295 accusations contre 112 contrevenants. Je vais donner une liste des
amendes.
M. Charbonneau: Je voudrais une liste avec tous les
détails.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Sur ceci, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 h
30.
(Suspension de la séance à 12 h 38)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits
financiers du ministère de l'Environnement.
M. le député de Verchères.
Le GERLED
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Si vous me laissez
trente secondes pour me resituer.
Au mois d'octobre 1983, le ministère de l'Environnement du
Québec créait le Groupe d'étude et de restauration des
lieux d'élimination des déchets dangereux, le GERLED, dont
l'inventaire comptait, en avril 1987, il y a donc un an, 324 inscriptions de
produits. Ce qu'il serait intéressant de savoir à ce moment-ci,
c'est quelles ont été les principales interventions du GERLED en
1987-1988 et quelle est un peu sa programmation pour l'année qui vient.
Est-ce qu'il y a des crédits qui sont dévolus
spécifiquement? En complémentaire peut-être, est-ce que le
ministre pourrait nous dire combien de lieux ont été
restaurés en 1988?
M. Lincoln: D'accord. Le GERLED est une équipe
régulière du ministère, donc il profite des crédits
réguliers du ministère. Je pourrais vous donner l'étendue
des crédits dont il dispose. Pour ce qui est des sites
contaminés, nous avons retenu un nombre de 326 lieux qui sont
potentiellement dangereux. Ces 326 lieux occupent trois catégories: la
catégorie 1, qui est la catégorie la plus problématique,
la catégorie 2 et la catégorie 3. Il y en a 64 dans la
catégorie 1; 98 dans la catégorie 2, on vient d'en ajouter deux
dans la région de Montréal, cela en fait une centaine; il y en a
164 dans la catégorie 3.
M. Charbonneau: J'avais des chiffres qui étaient presque
identiques, mais un peu différents. J'avais 324 inscriptions: 66 dans la
catégorie 1, 98 dans la catégorie 2 et 160 dans la
catégorie 3. Y en a-t-il qui sont moins dangereux maintenant?
M. Lincoln: Cela change un peu, selon les dates et selon le
travail de caractérisation qui est fait. Mais, en général,
c'est cela. Pour ce qui est des réalisations majeures, on peut parler du
terrain de La Salle Coke, qui est en voie d'être terminé. On a
fait la caractérisation exhaustive des parcs à résidus
miniers de East-Sullivan et Canadian Malartic, en Abitibi. On a commencé
le début de la caractérisation de Desruisseaux, Bertrand,
Bouchard et Denis, à Montréal, qui a fait la manchette depuis
quelque temps. Le résultat de cela: il y a deux de ces sites qui ont
été caractérisés catégorie 2. On a fait la
restauration des bassins du site des vidangeurs de Montréal. On a fait
la caractérisation des sites de la compagnie Alcan, à
Jonquière, et la restauration du site de Rivière-des-Prairies. Ce
sont les opérations majeures.
Parmi les programmes, il y a une caractérisation
préliminaire de 16 sites. C'est fait par le ministère de
l'Environnement. Il y a une caractérisation exhaustive de 53 sites qui
est en cours et une caractérisation exhaustive de 12 qui est
terminée. Ces 65 caractérisations exhaustives sont toutes
payées par les propriétaires. Finalement, il y en a 19 qui ont
été l'objet de mesures correctrices. C'est le propriétaire
principalement et parfois le ministère qui s'impliquent, comme dans le
cas de La Salle et, dans une certaine mesure, Rivière-des-Prairies. Pour
ce qui est des réalisations de mesures correctrices, il y en a 11 en
cours maintenant. Il y en a 10 de terminées; 13 subissent le
contrôle d'évaluation des mesures correctrices et 5 sont en suivi.
On pourra vous donner un document sur ces statistiques. On va poursuivre le
traitement de 53 dossiers en 1988-1989. Ces dossiers sont présentement
à l'étape de la caractérisation. On va ajouter 4 dossiers
de catégorie 1 à la liste d'actions à entreprendre. C'est
un peu l'esquisse principale du dossier.
Le programme GERLED "eau potable", qui
est relié au programme GERLED, se poursuit en même temps.
Il y a 328 stations qui ont été retenues pour
l'échantillonnage d'eau potable. Ce sont les stations d'eau potable, les
puits, les procédés d'alimentation en eau qui sont
potentiellement contaminés par les sites GERLED. Et GERLED eau potable
fait des caractérisations pour s'assurer que l'eau est propre à
la consommation.
M. Charbonneau: Si je regarde les chiffres, les 66 ou 64 lieux
d'élimination de déchets dangereux présentant un potentiel
à risque élevé pour la santé publique et
l'environnement, près de la moitié, soit 30, sont des
dépotoirs miniers. L'Abitibi-Témiscamingue, qui compte par
ailleurs 23 autres lieux à risque moyen et 26 à faible risque,
est une région favorisée, semble-t-il, par les sites de
déchets dangereux à différents niveaux de risque. Le
comité permanent sur l'environnement à Rouyn-Noranda juge, quant
à lui, que ces parcs à résidus miniers dégagent une
pollution encore plus nocive que celle des pluies acides parce que davantage
concentrée. Il évalue à 50 000 000 $ les travaux
destinés à neutraliser par chaulage ou recouvrement les 51 parcs
abandonnés toute catégorie à résidus miniers de
l'Abitibi. Est-ce qu'il y a un programme quelconque de restauration ou de
neutralisation de ces parcs à résidus miniers abandonnés
dans la région d'Abitibi?
M. Lincoln: Oui, il y a deux programmes en fait. Il y a d'abord
le programme qui relate aux résidus miniers des mines qui sont des mines
d'ordre public aujourd'hui. Il y a des mines abandonnées qui sont
maintenant sur le territoire du ministère de l'Énergie et des
Ressources où il y a un programme de restauration qui va être mis
de l'avant par ce ministère conjointement avec nous-mêmes. Ce
n'est pas terminé, mais c'est en cours de préparation en ce
moment par le ministère des Mines sous l'égide du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Pour ce qui est des centres miniers privés, il y a deux choses
qui ont été faites. D'abord, dans la nouvelle Loi sur les mines,
nous avons introduit - je dois souligner l'implication du député
de l'Opposition qui vous précédait dans l'Environnement, qui a
appuyé cette mesure fortement, donc cela l'a rendue beaucoup plus facile
à adopter - une mesure législative disant que dorénavant,
il serait Impossible pour un propriétaire de mine de laisser une mine
sans prendre de mesures correctives avant que la mine devienne
désuète, comme c'était le cas dans le passé.
Maintenant, la loi rend obligatoire pour le propriétaire de prendre des
mesures correctrices avant de pouvoir avoir un certificat d'autorisation pour
laisser la mine, pour terminer son exploitation, ce qui va être de la
prévention pour l'avenir.
Pour ce qui est des sites miniers privés, j'ai eu une rencontre
l'an dernier avec l'industrie minière, l'association des entreprises
minières, et je la rencontre encore la semaine prochaine. Ils sont en
train de travailler et ils vont travailler en collaboration, naturellement,
avec le ministère des Mines et aussi le ministère de
l'Environnement pour créer un fonds pour la restauration ou le
contrôle des sites abandonnés privés qui ne sont pas les
sites du MER. Alors, il y a toutes ces mesures qui sont prises en
considération. C'est à peu près la position pour les sites
miniers.
M. Charbonneau: On a abordé, il y a quelques semaines,
à l'Assemblée nationale, à la période de questions,
la nouvelle politique de réhabilitation des terrains contaminés.
J'avais demandé à ce moment-là au ministre s'il n'avait
pas été préférable d'édicter un
règlement. La période de questions n'étant pas
nécessairement le lieu par excellence pour approfondir la question, je
voudrais y revenir un peu. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas utilisé
l'approche réglementaire, d'une part? D'autre part, est-ce qu'il est
disposé, néanmoins, à se rendre à l'avis de la
Chambre des notaires qui suggère qu'une mention d'éventuel
péril soit inscrite à l'index des immeubles au bureau
d'enregistrement?
M. Lincoln: Avant qu'on quitte les sols, les GERLED comme tels,
j'ai omis de vous dire dans ma réponse que, parmi les sites à
venir qui vont être touchés par les actions du GERLED, il y a
l'achèvement de la restauration des sites de La Salle Coke, il y a des
travaux de restauration à Shawinigan Chemical, le dépotoir de la
compagnie Texaco, la restauration des lagunes de boue huileuse de Petro-Canada,
les deux à Montréal, la caractérisation des parcs à
résidus miniers de la compagnie Mines Noranda, à Rouyn-Noranda,
la caractérisation des sites de la compagnie Alcan à
Jonquière et la poursuite de la caractérisation des lieux de
raffinerie de pétrole à Montréal-Est de Texaco et
Petro-Canada. Dans tous ces cas, à part La Salle Coke où,
naturellement, c'est un projet conjoint, les frais seront payés par les
compagnies elle-mêmes.
Pour ce qui est des sols contaminés...
M. Charbonneau: Juste avant, dans ce cas... M. Lincoln:
Oui.
M. Charbonneau: Polir enchaîner sur votre nouvelle
réponse, est-ce qu'il serait possible d'avoir, au moins pour la
catégorie 1, pour les plus dangereux - vous avez donné plusieurs
éléments de réponse - une espèce de tableau
où on verrait quel est le type d'intervention, quelles sont les
entreprises, où on en est rendus, là où il n'y a pas eu
des interventions, les dates d'intervention et les
échéanciers?
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Surtout pour la catégorie 1?
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Charbonneau: Si vous aviez cela pour les trois
catégories, ce serait intéressant.
M. Lincoln: Oui, avec plaisir. On vous fera parvenir cela.
M. Charbonneau: Merci.
M. Lincoln: Pour ce qui est de la politique sur les sols
contaminés, nous avons voulu procéder avec cette première
étape. On ne dit pas que, à l'avenir, si la
nécessité est prouvée, on n'irait pas vers une
réglementation. Pour le moment, nous croyons que nous avons là
tous les éléments qui nous permettent de faire une action
efficace, bien contrôlée parce qu'elle réunit tous les
intervenants. Pour ce qui est de la Chambre des notaires, nous allons discuter
avec eux. Si des ajustements devaient être faits, on serait ouverts
à considérer cette chose. C'est sûr que nous pensons
aujourd'hui que la politique, telle qu'elle est conçue et puisqu'elle a
été faite de concert avec eux, réunira tous les
éléments principaux qui nous permettront de contrôler le
système, et de pouvoir arriver à une prévention et
à un recyclage des sites industriels actuels.
Je voudrais reprendre ici la discussion qu'on a eue à
l'Assemblée nationale. La différence entre ces sites et les sites
de déchets dangereux, c'est que ces sites restent comme ils sont
aujourd'hui. Ce ne sont pas des sites qui présentent, dans leur contexte
actuel, un danger pour la santé humaine de jour en jour. Ce sont des
sites occupés aujourd'hui par des entreprises, ou des industries, ou des
entrepôts, ou des bâtiments industriels et qui ne causent pas de
tort direct à la santé des citoyens. Mais si, par contre, ces
mêmes sites étaient occupés de façon
différente, ou par un commerce, ou par une résidence, à ce
moment-là, ils provoqueraient des effets sur la santé humaine ou
sur l'environnement là où ils sont aujourd'hui. Je vais vous
donner un exemple. Il y avait un site occupé par la compagnie Peinture
internationale (Canada) ltée qui se trouvait au centre de
Montréal. Peinture internationale est déménagée sur
un site industriel où elle a bâti une nouvelle usine moderne. Il
est sûr que l'usine elle-même là où elle se trouve,
ne pose aucun danger, mais si demain matin un nouveau propriétaire
allait se servir de ce site, qui est un site d'une valeur commerciale
indéniable, et allait détruire la vieille usine ou la changer ou
faire de cela un site commercial où l'on aurait, ou encore plus un site
résidentiel, à ce moment-là, selon le zonage qu'on
pourrait lui donner, cela pourrait poser des problèmes pour
l'environnement et la santé. Alors, c'est pourquoi notre politique aura
pour objectif de réhabiliter des sites, de leur donner une vocation
différente, de permettre que ces mêmes terres puissent être
utilisées différemment. Alors, c'est une perspective toute
différente de celle d'un site de déchets dangereux qui
aujourd'hui, est déjà dangereux pour la santé ou l'est
potentiellement, et cela dans une complète et différente mesure
de celle des sites contaminés.
M. Charbonneau: Je m'excuse, je n'ai pas entendu, peut-être
parce que j'ai été distrait. À l'égard de la
proposition de la Chambre des notaires, est-ce que vous avez une ouverture?
M. Lincoln: Oui. On va explorer avec la Chambre des notaires si
on peut le faire dans le cadre de la politique, mais toutes les suggestions
qu'elle a mises de l'avant, parfois, cela pourrait demander des amendements
significatifs aux lois existantes. On n'en a pas envie, on croit qu'on a tous
les outils nécessaires maintenant pour plusieurs raisons. La principale
raison, c'est que c'est dans l'intérêt de toutes les parties
impliquées d'appliquer la politique. On fait une réglementation,
lorsqu'on est obligé de forcer quelqu'un à appliquer une
politique qui n'est pas applicable parce que les gens ne veulent pas
l'appliquer. Dans ce cas-là, nous avons des intervenants qui tous
veulent appliquer la politique, parce que, c'est dans leur intérêt
d'appliquer la politique. Ce mécanisme qu'on a suivi veut dire
qu'à partir de la partie qui a pollué le terrain jusqu'à
la partie qui veut recycler le terrain, tous ont un intérêt
définitif à suivre la politique.
M. Charbonneau: Mais dans le cas de la proposition de la Chambre
des notaires, ce n'est pas un changement législatif, c'est simplement de
faire en sorte qu'au bureau d'enregistrement, lorsqu'il y a des transactions,
les gens...
M. Lincoln: Pour ce qui est de cela, on va certainement regarder
cette affaire-là. On est ouvert à cela. On va en discuter pour
voir si c'est possible.
M. Charbonneau: Bon.
M. Lincoln: On en a pris note; on va le regarder et on va en
discuter.
Élimination des BPC
M. Charbonneau: Au sujet de la stratégie de
l'élimination des BPC, on a eu de longs arguments sur le cas de
Senneterre en particulier. Il semble là que, finalement,
l'entrepôt est en construction malgré les objections.
M. Lincoln: Ah! Vous parlez de Senneterre. M. Charbonneau:
Oui, c'est cela.
M. Lincoln: Ah oui! Excusez, je n'avais pas saisi que
c'était Senneterre; oui, d'accord.
M. Charbonneau: Je suis rendu à la stratégie de
l'élimination des BPC.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Charbonneau: Je m'excuse, mais c'est parce que le temps file
et si je veux couvrir le maximum.
M. Lincoln: Non, non, je comprends.
M. Charbonneau: L'entrepôt est en construction et il semble
que vous ayez fait votre lit. On ne peut rien y faire, qu'on soit pour ou
contre. Avez-vous une idée de ce qui arrive à l'égard de
l'usine d'élimination elle-même?
M. Lincoln: Écoutez, la position que j'ai prise a toujours
été la même. Je n'ai jamais changé de position. Je
l'ai dit à vous, comme à Sanivan qui est le promoteur de ce
projet, comme je l'ai dit en public aux gens de Senneterre que j'ai
rencontrés pendant plusieurs heures et aux gens de la région.
Pour ce qui est de l'entrepôt, c'est une chose, il est permis selon la
loi. L'entrepôt rencontre toutes les exigences de la loi.
L'entrepôt, selon moi, est tout à fait sécuritaire, des
plus sécuritaires qui soient, avec la technologie la plus moderne. Il
est en construction et ce sera terminé vers juin ou juillet. Alors,
c'est une chose qui sera en place. Mais pour ce qui est de l'autre phase, de ce
que le promoteur veut installer, soit une usine d'élimination, c'est
à lui de faire tout le nécessaire selon la loi. Il devra produire
une étude d'impact qui sera extensible naturellement pour un
procédé comme celui-là. Il est inévitable que cela
devienne le sujet d'une audience publique. En fait, vous pouvez voir,
d'après le sentiment de plusieurs noyaux dans la population de la
région, que ce sera le sujet d'une audience publique. Alors, ce sera au
promoteur de faire toutes les preuves, d'amener tous les constats
nécessaires pour convaincre le Bureau des audiences publiques sur
l'environnement du bien-fondé de son projet. S'il le fait, à ce
moment-là, le BAPE va se prononcer.
M. Charbonneau: Je savais cela, ce bout-là. M. Lincoln:
Oui.
M. Charbonneau: Ce n'est pas nouveau ce que vous venez de dire
aujourd'hui. Mais moi, ce qu'il m'intéresserait de savoir, c'est:
où est-ce que cela en est? Avez-vous des indications ou des rapports de
l'entreprise?
M. Lincoln: Le promoteur travaille à préparer son
projet. Il ne nous a soumis aucun projet ou il ne nous a pas dit
définitivement s'il allait de l'avant ou quoi. D'après ce que je
comprends, il a décidé, en principe, qu'il allait se diriger vers
un centre d'élimination, mais ce n'est pas plus avancé que
cela.
M. Charbonneau: Et l'initiative d'Hy-dro-Québec d'aller
faire éliminer une partie de son matériel et de son stock
de...
M. Lincoln: Ah oui! Excusez. Je vois qu'on a reçu
officiellement un avis de projet. L'étude d'impact est en
préparation et cela va suivre le cours nécessaire.
M. Charbonneau: Mais avez-vous eu des indications à savoir
si cette usine se limiterait uniquement aux BPC? Y a-t-il d'autres produits
également?
M. Lincoln: II est sûr que, selon les prévisions du
promoteur, pour lui, les BPC sont une étape qui va conduire à une
usine de destruction de tous les déchets organiques. Par exemple,
Sanivan nous avait présenté un projet pour les BPC. Si, demain
matin, le promoteur nous dit: J'ai modifié mon projet, je vais aller
vers un projet global de destruction de tous les déchets organiques,
nous aurons, quant à nous, en conséquence, à modifier
notre directive pour les études d'impact et il aura à
présenter un projet selon les directives modifiées. On aura
naturellement à établir beaucoup plus de paramètres pour
la directive...
M. Charbonneau:... mais...
M. Lincoln:... et là, il devra suivre cela et faire une
nouvelle...
M. Charbonneau: L'étude d'impact va-t-elle tenir compte
des problèmes de transport?
M. Lincoln: Mais oui, évidemment. Ce qui arrive avec une
étude d'impact, cela suit une directive que le ministère met en
place. Lorsque le promoteur nous donne un avis de projet, ce projet est
balisé d'après certaines normes et il va nous dire: J'ai envie de
faire un projet pour les BPC. Nous faisons une directive relative à
cela. C'est cela qui a été fait. Là, il prépare une
étude d'impact. Mais si, demain matin, il modifie sa procédure et
qu'il dit qu'il va aller vers une usine qui va couvrir tous les
déchets... (15 h 45)
M. Charbonneau: Mais l'avis que vous avez maintenant en main,
est-ce que c'est pour une usine pour l'ensemble des déchets organiques
ou uniquement pour les BPC?
M. Lincoln: Si c'est une usine pour les BPC? C'est une usine pour
les BPC.
M. Charbonneau: Donc, actuellement, cela se limite à
ça?
M. Lincoln: Cela se limite à ça. Tout cela devient
public lorsque l'étude d'impact est reçue. Cela devient un
document public incluant la directive.
M. Charbonneau: Incluant la directive?
M. Lincoln: Incluant la directive. Pour le moment, c'est une
demande pour une usine pour les BPC. Nous, nous nous attendons à
recevoir une étude d'impact sur l'avis qu'il nous a donné, sur sa
demande. Mais s'il amplifie sa demande et s'il change sa demande pour une
autre, à ce moment-là, on préparera une directive
appropriée et il aura à faire une étude d'impact en ce
sens.
M. Charbonneau: Mais l'initiative d'Hydro-Québec d'aller
faire éliminer une partie de son stock de BPC et de son matériel
en Angleterre, cela ne compromet pas ou cela...
M. Lincoln: J'ai rencontré Hydro-Québec deux fois
au sein du comité des utilisateurs de BPC. Elle nous a avisé, la
première fois, qu'elle allait aller vers l'exportation en Angleterre,
puisque les Anglais ont une politique d'importation de BPC, pour rendre plus
viables leur processus d'élimination.
Nous avons demandé à Hydro-Québec de nous fournir -
parce qu'elle a fait une évaluation du premier transfert de BPC, un
premier chargement ou voyage de BPC de 45 tonnes - une évaluation
technique du suivi du premier chargement, du premier envoi qu'elle a fait, il y
a quelque temps. Elle nous a fourni cela. On vient de recevoir cela. Elle nous
a présenté cela la semaine dernière. On a rencontré
le comité des utilisateurs la semaine passée et elle nous a
fourni cela. C'est en évaluation au ministère.
On va évaluer tout ce qu'il y a de circonstances se rapportant
à cela. Ce qui nous préoccupe naturellement le plus, c'est toute
la période du voyage jusqu'à ce que cela ait quitté les
côtes du Québec.
M. Charbonneau: C'est cela. D'ailleurs, à ce
propos-là, je voulais vous demander si vous avez eu à
émettre une autorisation pour qu'il se déplace. Il aurait pu y
avoir un accident sur le Saint-Laurent ou dans le golfe.
M. Lincoln: Notre autorisation, naturellement, est une
autorisation purement pour des permis de transport sur terre. Tout le reste,
c'est de juridiction fédérale, le transport maritime et tout.
Mais de toute façon, comme cela transite par le Saint-Laurent, comme
cela transite par le port de Montréal, on a demandé à
Hydro-Québec une évaluation des premiers 45 tonnes pour
vérifier cette partie-là presque au compte-gouttes. Elle nous a
donné un rapport que nous sommes en train d'étudier, parce que,
ce qui nous préoccupe surtout, c'est que je sais que j'ai vu des
rapports, par exemple, à la télévision des gens
d'Hydro-Québec disant que si les conteneurs coulaient dans le fleuve, ce
serait facile de les retirer avec des scaphandres et tout.
Moi, je reste à être convaincu de ces choses-là. Je
prends cela avec beaucoup de circonspection. Il y a aussi le fait que cela
transite par le port de Montréal. J'ai envie de savoir, par exemple, si
on fait des exportations assez conséquentes. Car, si c'est 45 tonnes,
c'est une chose; si c'est 300, 400 ou 500 tonnes, il y a des questions. Combien
de temps cela va-t-il rester au port? Par où cela transite-t-il? Etc.
C'est cela qu'on est en train d'évaluer maintenant. On vient de recevoir
ceia, comme je vous le dis, il y a quelques jours. Mais c'est sûr qu'on
regarde cela avec le plus grand sérieux possible.
Entre-temps, j'ai demandé formellement à
Hydro-Québec de mettre sur la glace les futures exportations.
Légalement, c'est sûr, si HydroQuébec prend toutes les
mesures selon les lois du Québec et les lois du Canada, pour nous, il
faudrait avoir des raisons très majeures pour dire: Écoutez, vous
ne pouvez pas faire ce que normalement la loi vous permet de faire. Mais, en
même temps, je pense que ce sont des choses graves, importantes, surtout
le transit maritime et le transit par le port de Montréal, parce que je
crois que le côté terrestre c'est tout à fait dans les
normes, cela suit les normes.
C'est cela que nous sommes en train d'évaluer avec le plus...
M. Charbonneau: Est-ce qu'elle a accepté de...
M. Lincoln: Elle m'a dit que, pour le moment... Elle voudrait
avoir un temps très restreint. Elle ne veut pas que ce soit
indéfini. Alors, là, on s'est engagé, de part et d'autre,
à se rencontrer le plus tôt possible, après qu'on aura eu
le temps de faire l'évaluation pour donner la position du
ministère. C'est là que l'on se trouve maintenant.
Entre-temps, il y a quelqu'un de mon cabinet qui a rencontré les
gens qui font le transit, qui s'occupent du transit pour cela, pour avoir
toutes les informations. Nous sommes en train de cueillir toutes les
informations, afin de pouvoir faire une évaluation la plus
sérieuse possible pour prendre une décision définitive
avant de renconter Hydro-Québec. Ce que nous ne voulons pas, c'est qu'il
y ait mouvement de masse, Hydro-Québec donnant le signal,
HydroQuébec étant une entreprise de grande envergure qui suit ses
mesures de contrôle, etc. Ce que l'on ne veut pas, c'est qu'il y ait un
exemple qui soit donné et que la moindre petite boîte qui a des
BPC commence à faire la même chose sans sécurité.
Tant au point de vue d'Hydro-Québec que de tous les autres, on veut
être certain de la situation avant de prendre une décision d'une
façon ou d'une autre.
Lieux d'enfouissement sanitaire
M. Charbonneau: Rapidement, au sujet des lieux d'enfouissement
sanitaire et de la politique intégrée de gestion des
déchets domestiques, c'est pour quand? Il y a eu le colloque...
M. Lincoln: C'est imminent. Nous sommes en train de mettre les
derniers petits bouts en place et d'ici à trois ou quatre semaines, tout
cela va devenir officiel.
M. Charbonneau: Est-ce que vous pouvez nous dire à ce
moment-ci si vous avez considéré sérieusement et si vous
envisagez peut-être de donner suite à la suggestion qu'on avait
faite, d'avoir un mécanisme d'audiences publiques un peu impartial?
Souvent le ministère est suspect aux yeux de certains groupes de
citoyens, parce que personne ne veut avoir en partant de site d'enfouissement
sanitaire chez lui. C'est évident, dans la mesure où il y a un
incendie, ce que j'appelle un incendie, une espèce de controverse
locale. Il y en a un peu partout au Québec, il y en a beaucoup, et c'est
souvent difficile de ramener le débat à un niveau où
l'émotivité est absente. On pensait que le BAPE aurait pu jouer
un rôle intéressant dans cela. Souvent, ce que les
municipalités ont besoin de savoir, il faut qu'elles assument leurs
responsabilités, mais à l'inverse, les citoyens ne sont pas
toujours satisfaits et convaincus qu'elles le font dans l'intérêt
général. Ils soupçonnent parfois les fonctionnaires qui
ont donné des autorisations d'être partie liée, alors que
s'il y a un organisme...
M. Lincoln: Je comprends très bien.
M. Charbonneau: Sans nécessairement que ce soit une
obligation?
M. Lincoln: Vous avez suggéré le BAPE comme
exemple, mais on a pris un peu l'idée qui avait été
véhiculée. On va prévoir dans la politique un
mécanisme de concertation pour que tous les intervenants aient voix au
chapitre et qu'on arrive à une décision qui reflétera un
peu les vues du milieu.
M. Charbonneau: Comme on pourrait dire, un mécanisme de
gestion des conflits.
M. Lincoln: Ce sera un peu cela, mais j'espère que ce sera
une gestion de prévention d'abord. Ce sera un peu tous ces
éléments-là dans le mécanisme qui seront
prévus.
M. Charbonneau: II y a plusieurs sites d'enfouissement sanitaire
qui sont encore prévus malheureusement, même s'il y en a
plusieurs...
M. Lincoln: C'est inévitable.
M. Charbonneau: C'est évident, mais dans quelle mesure
votre politique aura-t-elle suffisamment de moyens et de vigueur pour que l'on
puisse éviter le problème suivant, c'est-à-dire, dans la
mesure où la plupart des sites d'enfouissement sanitaire qui auront
à être établis, ceux qui restent à être
établis, devront l'être, que c'est clair que ce sera dans des
zones vertes, dans les zones protégées agricoles. C'est
évident qu'il n'y a personne qui veut installer un site d'enfouissement
dans une zone blanche et bien des gens se disent: Chaque fois que l'on
altère le territoire agricole pour un site d'enfouissement, on gruge
dans le territoire agricole qui n'est pas si énorme que cela au
Québec, malgré l'impression qu'on peut avoir. Au contraire.
Est-ce que vous êtes conscient que, dans la mesure où l'on
pourrait réduire le nombre de sites d'enfouissement à
établir parce qu'on aurait un développement plus rapide du
recyclage et de la récupération, on pourrait à cet
égard...
M. Lincoln: C'est exactement l'objectif de la politique qui est
de réduire le débit et le volume des déchets domestiques
à un point tel que le site d'enfouissement sanitaire devienne la
nécessité ultime, que ce soit vraiment le dernier bout du filon
et que nous ayons besoin de sites de moindre étendue et densité
et aussi moins de sites. En fin de compte, que l'on puisse se diriger vers des
sites, entre guillemets, régionaux ou qui comprendraient plus d'une
municipalité, des sites qui répondraient aux besoins de plusieurs
localités en même temps. C'est vers cela qu'on se dirige. Alors,
la clé du système, c'est un programme de
récupération et de recyclage de grande envergure auquel nous
sommes en train de travailler avec tous les moyens afférents, afin que
l'on puisse y insérer le plus grand nombre de municipalités. La
clé du système sera l'île de Montréal. Si on peut
réussir là, on aura réussi partout, parce que dans
plusieurs endroits il y a des programmes de recyclage et de
récupération qui sont bien enracinés, mais l'île de
Montréal était très réfractaire. Le projet de la
ville de La Salle est en train d'aboutir. En mai, on aura les statistiques du
projet de la ville de La Salle. Il y a cinq municipalités pilotes
choisies comme localités très précises: Saint-Laurent,
Saint-Léonard, Mont-Royal, Outremont et une dans le West Island,
Beaconsfield, qui vont être inscrites dans le programme comme projets
pilotes de leur région et, après cela, on va ajouter des
municipalités graduellement. On a réussi à trouver des
marchés pour le recyclage du papier, du verre et du plastique. Alors, on
va pouvoir faire cela sur une assez grande échelle. C'est cela la
clé du succès, pour répondre à ce que vous dites.
Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Charbonneau: II y a une chose qui m'inquiète et me
surprend un peu. Quand je regarde le programme PARFAIR, qui est un
précurseur de cette politique et un complément d'une
certaine façon, je me dis qu'avec les années, ce
programme-là est en diminution ou tout au moins dans une espèce
de stabilisation qui n'est pas tellement prometteuse à l'égard de
tout le travail de sensibilisation qui reste encore à faire un peu
partout au Québec. Nous ne sommes pas rendus à un point où
nous pouvons dire que l'ensemble des dirigeants municipaux et même des
citoyens sont à ce point sensibilisés qu'on n'ait plus besoin de
ce programme-là. Si on regarde, en 1984-1985, on avait 950 300 $ pour 45
projets. En 1985-1986, on a eu 802 400 $ pour 27 projets; en 1986-1987, 830 000
$ pour 30 projets; l'an dernier 850 000 $ pour 29 projets. Cette année,
on a 825 000 $ pour on ne sait pas combien de projets. Est-ce que, dans la
logique de ce que vous êtes en train de faire, il n'y aurait pas lieu
d'augmenter le budget du programme PARFAIR et d'augmenter le nombre
d'organismes qui peuvent avoir recours à ce programme pour, justement,
s'assurer qu'on ait une conscientisation à plus d'endroits au
Québec et des projets pilotes de démarrage?
M. Lincoln: Oui. On a pris une approche très
différente. L'approche qu'on prend, c'est de dire: On va mettre un
"pool" d'argent, mais on va le multiplier. Je cherchais la fiche dont je me
servais l'autre jour, par exemple, pour vous dire qu'on est allé
chercher des partenaires. C'est cela l'idée. Au lieu de faire PARFAIR
comme un programme en soi qui se tient de lui-même, on s'est servi de
PARFAIR pour aller chercher des alliés. Si vous regardez les chiffres de
progression d'année en année, vous allez voir... Je vais vous
donner les chiffres tout à l'heure, lorsque je vais trouver ma fiche.
Malheureusement, je l'ai égarée temporairement. Mais, ce qui est
arrivé avec les partenaires qu'on a trouvés, c'est qu'on a
presque triplé le "pool" d'argent disponible pour les projets de
recyclage et de récupération. Je vais vous donner les chiffres
que j'ai de mémoire. En 1985-1986, le montant total d'argent que
mettaient PARFAIR et les autres intervenants, c'était 1 600 000 $. En
1986-1987, c'était 3 000 000 $. En 1987-1988, c'était 3 200 000 $
et en 1988-1989, ce sera plus de 4 000 000 $. C'est ce qui arrive, nous mettons
maintenant beaucoup plus d'argent ensemble.
Je vais vous donner l'exemple d'un seul programme où l'on a pris
l'argent de PARFAIR. On a fait le programme qu'on appelle le FRRR. On a fait ce
programme pour l'éducation au recyclage et à la
récupération, à la pratique du recyclage et de la
récupération dans les écoles. On a commencé avec 50
000 $ par an mis par le ministère. Mais là, au lieu de faire cela
seul, on a été chercher les commissions scolaires catholiques, la
CEQ, les caisses populaires Desjardins et le réseau Pathonic. On a pris
ces intervenants, on a bâti un système qui est d'environ 1 000 000
$ pour trois ans en partant d'une petite contribution du ministère. Tous
les inter- venants se sont impliqués et on a pris des secteurs
représentatifs. Ce qui arrive aujourd'hui, c'est qu'on a commencé
avec un programme qui touchait, la première année, de
mémoire je pense, 7000 enfants. On est arrivé l'année
dernière à 35 000 enfants. Cette année, on va toucher
près de 70 000 étudiants avec ce programme. Alors, PARFAIR est un
moyen pour nous d'arriver à la même chose. (16 heures)
Je vais vous donner des chiffres totaux. Il faut prendre PARFAIR plus
les intervenants. En 1983-1984, en total, recyclage, récupération
et financement du développement, on a mis 631 000 $ en tout. En
1984-1985, on a mis 1 400 000 $; en 1985-1986, 1 600 000 $. C'est monté
en 1986-1987 à 3 300 000 $ et, en 1987-1988, à 4 080 000 $. C'est
là qu'on a ajouté, on va chercher des intervenants. C'est cela la
politique. Je crois qu'on a un fonds qui est suffisant pour permettre aux
groupes de prendre le départ, mais aussitôt qu'ils ont pris le
départ, ce qu'on cherche, c'est à donner des alliés, des
associés et de multiplier l'oeuvre, c'est ce qu'on essaie.
Pneus usés
M. Charbonneau: J'aurais bien d'autres questions, mais le temps
file vite. Par expérience, si jamais je continue avec ce dossier
l'année prochaine, on ne sait jamais, on va demander plus de temps pour
l'environnement, parce que huit heures ce n'est pas beaucoup.
Ce qui m'inquiète un peu en ce qui concerne la politique de
gestion des pneus usés, c'est qu'on a eu des nouvelles un peu
alarmantes, à l'effet que l'entreprise qui menait un projet pilote
à Saint-Amable avait des difficultés financières,
était sur le bord de la faillite, ou était en faillite. On se
demande ce qui va arriver.
M. Lincoln: C'est vrai que Petro-Sun a fait faillite. Petro-Sun
n'est pas dans le dossier. On a essayé des catalyseurs et essayer
d'amener d'autres remplaçants. C'est presque certain que Petro-Sun a
trouvé un remplaçant pour Petro-Sun et que le projet pilote va
aller de l'avant, va continuer...
M. Charbonneau: C'est Petro-Sun qui s'est donné la
responsabilité ou qui a trouvé le remplaçant?
M. Lincoln: C'est sûr que cela nous intéressait. Les
intervenants potentiels étaient venus nous voir, ils étaient bien
inquiets d'avoir l'appui du ministère pour savoir qu'on appuyait le
projet. Je pense qu'on a trouvé un intervenant qui va prendre la
relève de Petro-Sun. La pétrolyse sous vide est seulement une des
méthodes qu'on favorise. Il y a d'autres compagnies qui veulent faire
d'autres choses. Il y a Animat, qui est une
compagnie qui travaille déjà dans ce secteur, qui fait des
choses remarquables dans la transformation des pneus usagés. Ce qu'on va
faire, c'est inclure dans la politique de gestion intégrée des
déchets une politique pour les pneus usagés qui va
s'établir autour d'un système de consigne quelconque afin de
favoriser plusieurs types de recyclage des pneus.
M. Charbonneau: Cela fait déjà un certain temps que
vous nous parlez de cette politique.
M. Lincoln: Non. C'est à l'intérieur de la
politique de gestion intégrée des pneus.
M. Charbonneau: Parfait. Je comprends.
M. Lincoln: On voulait harmoniser les deux. C'est sûr que
cela marche. C'est une partie de cela.
Protection des boisés urbains
M. Charbonneau: D'accord. Sur un autre dossier qui est plus large
encore là qu'un cas de comté, mais le ministre le connaît
bien. À travers le dossier de l'île Bizard, on a été
un peu sensibilisé à tout le problème de la protection des
boisés urbains, un peu de la même façon dont on
parlé ce matin des problèmes de la protection des berges, entre
autres le long du Saint-Laurent. Il y a aussi d'autres cours d'eau. Est-ce que
le ministre ne trouverait pas pertinent d'intervenir d'une façon assez
vigoureuse? Encore là, il est clair qu'il y a une responsabilité
municipale d'aménagement du territoire, mais les boisés, dans
certains cas, c'est aussi les ressources. Il y a des écosystèmes.
Dans quelle mesure êtes-vous intéressés a intervenir pour
faire en sorte que les boisés urbains soient mieux
protégés, surtout dans la grande région de
Montréal?
M. Lincoln: Je suis intéressé au premier niveau.
Seulement, je vais vous dire bien candidement ma position, afin que tout soit
bien clair et que je ne donne pas l'impression que, demain matin, le
ministère de l'Environnement ou tout ministère peut aller
protéger d'un jour à l'autre tous les boisés prives et
tous les boisés en territoire municipal. Je vais vous dire d'abord, du
point de vue philosophique, que je suis 100 % pour la protection des
boisés, c'est clair. Ce que nous avons fait, au ministère, c'est
d'abord, pour la première fois, d'essayer d'harmoniser nos efforts avec
ceux de la division du patrimoine écologique du ministère qui est
une partie de la nouvelle direction de la conservation, sous M. Gaudreau et qui
travaille sous M. L'Heureux. Elle a d'abord produit un manuel de foresterie
urbaine. C'est la première fois que cela est produit au Québec et
maintenant ils travaillent à le perfectionner. Dans toutes les
municipalités, on donne des cours sur la préservation de la
forêt urbaine. Cela est déjà commencé.
Deuxièmement, nous avons rencontré des gens du
ministère de l'Énergie et des Ressources parce que ce
ministère est responsable des forêts et il a une expertise immense
dans ce domaine. Pour la première fois, nous leur avons demandé
d'harmoniser leur travail avec le nôtre pour protéger les
forêts urbaines. Ils ont accepté. Un comité de travail
conjoint a été formé. Là nous commençons
à impliquer le MAM. Nous avons demandé au ministère des
Affaires municipales de faire partie du comité. C'est donc, un
comité tripartite, Affaires municipales, Environnement et Énergie
et Ressources, Forêts qui travaille à la protection des
forêts urbaines. Ceci étant dit, nous allons fournir tous les
outils nécessaires et les outils de sensibilisation. Comme je vous l'ai
dit, déjà des cours sont donnés aux municipalités,
avec des manuels, pour essayer de les sensibiliser à la protection. De
toute façon, il faut réaliser que, bien souvent, on se trouve
dans des cas où, d'abord le zonage dépend des MRC, des
communautés urbaines et des municipalités; deuxièmement,
ce sont des instances privées qui possèdent ces boisés.
Pour pouvoir les protéger, il faut aussi les exproprier ou les acheter.
J'ai porté cette question, pas plus tard que samedi dernier, devant des
maires d'une région. Je leur ai demandé: Qu'est-ce qu'on fait
pour ce qui est des boisés privés? Cette question est venue sur
le tapis. Un membre de la Commission de l'aménagement de la
Communauté urbaine de Montréal m'a dit que si on ajoutait
seulement les demandes de boisés privés qui ont été
faites, c'était je pense 63 000 000 $ ou 363 000 000 $. Au bas mot,
c'était énorme. Alors il faut trouver des fonds. On n'a pas les
fonds pour seulement continuer à maintenir l'aménagement des
boisés privés dans le territoire de la Communauté urbaine.
Cela prend des millions de dollars chaque année. Alors il faudra,
à un moment donné, trouver des ressources quelconques. On ne
pourra pas protéger tous les boisés. Il faudra établir des
priorités. Mais tout ce que le ministère peut faire pour
sensibiliser les municipalités, pour mettre l'accent sur les
boisés privés, pour donner des techniques d'appui, pour faire
donner des techniques de soutien, des cours, on va tout faire, mettre tout en
mesure, maintenant surtout avec l'appui du maire, qui est immense, et l'appui
du ministère des Affaires municipales, pour faire des recommandations
aux municipalités, compte tenu que, malgré tout, c'est leur
territoire.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez pu prendre en
considération ou en note la situation qui vous concerne indirectement,
parce qu'il est clair que c'est administré par le ministère des
Loisirs, le problème des parcs régionaux, d'une certaine
façon. Ce sont aussi des espaces verts et un milieu à
protéger. En 1985-1986, le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche et l'OPDQ consacraient un total de 5 100 000 $ pour des parcs
régionaux. En 1986-1987,
2 600 000 $ et l'année dernière, 1 100 000 $. Vous nous
parlez de la protection des boisés urbains qui nécessiterait des
sommes considérables et, de l'autre côté, vous avez un
autre ministère, en fait deux autres ministères qui, finalement,
mettent de moins en moins d'argent pour la constitution de parcs
régionaux. Or, une des alternatives justement, pour l'utilisation des
boisés urbains, c'est les parcs régionaux.
M. Lincoln: Écoutez, je trouve cela très
délicat, aujourd'hui, d'aller défendre les crédits du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Charbonneau: Je comprends mais...
M. Lincoln: Vous comprenez que je n'ai pas... j'en ai assez avec
ce que j'ai a faire moi-même. Ce que je peux vous dire, c'est que je
pense que dans nos objectifs on se rejoint. Il y a toujours cette question de
budget, elle sera toujours là. C'est toujours une question d'argent. En
tout cas, je prends note de ce que vous dites. Je le soulignerai à mon
collègue et j'en discuterai avec lui. Mais je ne peux pas vous dire,
là, je ne sais pas...
M. Charbonneau: Non, écoutez, je profitais de l'occasion
pour vous le dire parce que je pense, on en avait parlé d'ailleurs quand
on avait discuté de la loi sur..
M. Lincoln: Oui, je me souviens très bien.
M. Charbonneau:... la fusion des conseils. On disait que le
ministre de l'Environnement avait une espèce de rôle de
catalyseur. Or, si d'un côté vous êtes philosophiquement
d'accord avec une approche et que, de l'autre côté, on ne fait
rien pour être cohérents avec une approche qui devrait être
partagée...
M. Lincoln: Écoutez, je ne pense pas que ce soit un manque
de bonne volonté de leur part. Ce n'est sûrement pas cela...
M. Charbonneau: C'est peut-être un manque de prise de
conscience.
M. Lincoln: Je ne peux pas dire quelle est la situation
budgétaire dans les régions. Tout ce que je peux dire, c'est que
je prends note de ce que vous dites. J'en discuterai avec mon
collègue.
M. Charbonneau: Cela me ferait bien plaisir d'avoir un retour de
la discussion.
M. Lincoln: D'accord.
M. Charbonneau: Pour que tout cela ait une suite.
Sur l'élément 3...
M. Lincoln: Vous pourrez passer une note à votre
collègue qui défend les crédits du MLCP.
M. Charbonneau: On va s'échanger des notes, quoi. La note
est déjà faite ici. On a un avantage, on a le même
recherchiste.
M. Lincoln: En passant, c'est un bon gars. Si jamais il est
fatigué, dites-le nous. Il fait du bon travail.
M. Charbonneau: Je sais mais ne me l'enlevez pas, par exemple. Je
suis bien conscient qu'au salaire où on peut le payer, il serait
peut-être plus intéressé au salaire que vous pouvez le
payer, mais il a des convictions aussi.
Juste sur l'élément 3, avant de prendre quelques instants
pour le programme des organismes-conseils, pouvez-vous nous dire si c'est 16
000 000 $ ou 29 000 000 $?
Une voix: C'est passé de 16 000 000 $ à 29 000 000
$.
M. Charbonneau: Ah, d'accord! C'est passé de 16 000 000 $
à 29 000 000 $ pour les opérations régionales. C'est
l'ajout d'inspecteurs? L'élément 3, programme 2.
M. Lincoln: La gestion des fumiers vient s'ajouter à cela.
C'est le plus gros morceau. Mais aussi, on a changé certains secteurs
pour les fins budgétaires pour les rassembler dans le secteur
"opérations" - c'était toujours disséminé dans
différents programmes - pour que cela soit un peu plus uniforme. La
grosse différence, c'est la gestion des fumiers.
M. Charbonneau: Pour qu'on se comprenne, en finale du programme
2,...
M. Lincoln: II y a plusieurs postes prévus en industrielle
qui vont être ajoutés là-dedans.
M. Charbonneau: Cette réponse m'introduit bien ce que j'ai
demandé. En finale du programme 2, vous avez donné des chiffres
sur les effectifs qui ont une certaine mission de surveillance ou d'inspection
au ministère. Ce qui serait intéressant, ce serait d'avoir le
portrait de ce que vous allez ajouter, une quarantaine ou 45 dans le secteur
agricole d'assainissement, une quarantaine dans le volet industriel. Vous avez
quelques politiques additionnelles que vous voulez rendre publiques cette
année. J'imagine que vous aurez quelques inspecteurs additionnels. Je
l'espère pour vous. On peut s'attendre à combien d'inspecteurs de
plus cette année?
M. Lincoln: Ce sont 243 qu'on va chercher en plus.
M. Charbonneau: En plus?
M. Lincoln: Non, ce n'est pas 243 en plus. C'était 167
occasionnels l'année dernière. On ira en chercher 243. Si vous
faites la différence...
M. Charbonneau: C'est quoi la différence? M. Lincoln:
C'est 86.
M. Charbonneau: 86. Je fais juste calculer ce que vous m'avez dit
ce matin. On n'est pas loin du compte. Cela va aller seulement pour
l'assainissement industriel et l'assainissement agricole, les surplus.
M. Lincoln: Mais c'est surtout cela, c'est sûr. Les gens
des pesticides sont déjà en place. Est-ce que vous attendez une
réponse?
M. Charbonneau: Je pensais que vous étiez en train de vous
consulter pour me donner une réponse.
M. Lincoln: Non, je vous dis qu'on va en ajouter 86 par rapport
à l'année dernière.
M. Charbonneau: Pour le programme 2, M. le Président, cela
va.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que le
programme 2 Gestion des milieux environnementaux, éléments 1, 2,
3 et 4 sont adoptés? Adopté.
Organismes-conseils
J'appelle maintenant le programme 3 Organismes-conseils. M. le
député de Verchères. (16 h 15)
M. Charbonneau: M. le Président, en ce qui concerne le
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, il faudrait peut-être
prendre un cas qu'il serait intéressant de regarder. Il y a eu un
rapport d'enquête et d'audiences publiques sur le projet de
réaménagement du chemin de la montagne dans la ville de Hull. Il
y avait une recommandation qui pouvait être de nature plus
générale et qu'il pourrait être intéressant de
revoir, en ce qui concerne les autres projets du même type. À la
page 7. 3, on disait: "À la lumière du présent dossier, la
commission estime que le ministère de l'Environnement exerce un
contrôle insuffisant dans le cadre de la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts. Le ministère de
l'Environnement doit scruter avec plus de rigueur l'identité du
promoteur, la désignation de la zone d'étude et la nature du
projet. Le ministère doit s'assurer que l'étude soumise
correspond réellement aux directives de l'étude d'impact du
ministère, tant en ce qui concerne les données qu'à la
méthodologie. " Dans ce cas-là, le promoteur était le
ministère des Transports. Est-ce que le ministère a pris des
dispositions particulières pour donner suite à la critique, qui
est une critique positive d'une certaine façon, qui avait
été présentée dans le rapport du BAPE pour corriger
un peu l'approche?
M. Lincoln: Oui, le ministère a pris des mesures
immédiates. On a fait un document de travail qui a été
préparé de concert avec le BAPE, entre le ministère et le
BAPE. La direction des évaluations et de la planification a fait un
document de concert avec le BAPE qui est maintenant en discussion avec le
ministère des Transports. Les discussions vont bon train. Il y a un
représentant du BAPE et du ministère qui discute avec le
ministère des Transports et je pense que toutes les questions qui ont
été adressées vont être touchées et vont
recevoir une conclusion satisfaisante.
M. Charbonneau: Maintenant, M. le ministre, est-ce qu'on peut
avoir l'assurance du nouveau président du BAPE que, dans l'avenir, les
projets qui seront soumis par le ministère des Transports, si jamais le
même genre de problème ou d'anomalie se produisait, que le BAPE
aura à le signaler... ou tout autre promoteur.
M. Lincoln: Avec votre permission, M. le Président.
M. Charbonneau: Finalement, qu'on pourra avoir un retour,
c'est-à-dire que le BAPE ayant fait une recommandation au
ministère, le ministère disant: Bon, bien, on a pris un certain
nombre de mesures. Je voudrais savoir si le président du BAPE entend
s'assurer que, dans l'avenir, il puisse vérifier si, effectivement, ce
qu'ils avaient constaté comme anomalie aura été
corrigé? Est-ce qu'on pourrait savoir, par exemple, dans quelques mois
ou si on voit le président du BAPE, l'an prochain, qu'il puisse porter
attention à cela et qu'il puisse nous dire: Écoutez,
effectivement, cela a été corrigé ou pas.
M. Lincoln: Comme vous le savez, toutes les recommandations du
BAPE sont faites au ministre et c'est à nous de faire le suivi des
recommandations du BAPE. Je n'ai aucune hésitation à demander
à M. Goldbloom de faire un commentaire sur cela, M. le Président,
si cela est permis dans les crédits de donner la permission. Je veux
bien que le docteur Goldbloom fasse un commentaire sur cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître M. Goldbloom.
M. Charbonneau: Cela va lui rappeler certains souvenirs.
M. Goldbloom (Victor): M. le Président, je ne peux que
répéter ce que le ministre vient de dire. Il y a un groupe de
travail actuellement à l'oeuvre afin de regarder les divergences de
points de vue et de façons de procéder qui
peuvent avoir existé afin d'éviter qu'il y ait des
difficultés à l'avenir. Un certain nombre de projets seront
portés à l'attention du Bureau d'audiences publiques dont le
ministère des Transports sera promoteur ou auquel le ministère
des Transports sera associé. Donc, il est dans l'intérêt de
tout le monde que le BAPE, le ministère de l'Environnement et le
ministère des Transports se concertent afin d'éviter des
divergences de compréhension des façons de procéder.
M. Charbonneau: Sur un autre sujet, M. le ministre, compte tenu
de ce qui se produit, semble-t-il, dans le dossier du champ de tir au
Lac-Saint-Jean, est-ce que ce n'est pas la démonstration que, dans le
fond, il y aurait eu intérêt à ce que le BAPE soit
l'organisme intervenant dans cela? Je pense aux commentaires que M. Goldbloom
et son homologue fédéral ont formulés pas plus tard
qu'hier en ce sens que, compte tenu de ce qui se produit, eux, finalement, vous
auraient recommandé à vous, si cela avait été eux
qui avaient été chargés du dossier, de reprendre cela
à zéro. Est-ce que, dans le fond, on n'a pas intérêt
à faire en sorte que l'organisme spécialisé dans ce genre
d'intervention soit le seul et qu'on ne multiplie pas les mécanismes ad
hoc de consultation publique dans le secteur environnemental avec des gens qui
n'ont pas tous la même expertise.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous
avez...
M. Charbonneau: Et la jurisprudence du BAPE est là
aussi.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous
dites en principe. Mais, pour ce qui est du champ de tir comme tel, Je pense
que la réponse que le Dr Goldbloom a donnée, c'était en
réponse à une question d'ordre général qu'un
journaliste lui avait posée. Il disait: Écoutez, s'il y a un
changement d'envergure, est-ce qu'il devrait y avoir de nouvelles audiences? Il
a répondu oui, c'est vrai. Mais, dans les circonstances
spécifiques du champ de tir, lorsqu'on regarde tous les
paramètres en question, la nature du mandat qui a été
donnée aux audiences publiques est exactement la même. Elle est
inchangée. Ce matin, à la radio, j'ai écouté une
interview assez longue avec M. Scullion, le chef de la coalition contre le
champ de tir. Tout ce qu'il disait: Voici, on est arrivé au bout de la
séance d'information. D'un jour à l'autre, le
fédéral vient nous dire que ce qui était un projet de 1
000 000 $ est devenu un projet de 11 000 000 $. Il disait: J'ai envie de savoir
si la nature du projet reste la même, si le territoire reste le
même. Ce qu'on a envie de savoir, c'est si l'envergure du projet a
changé. Y aura-t-il autant de missions? On aurait voulu une
séance additionnelle d'information. C'est ce qu'il a demandé. La
nature du projet et du mandat n'a jamais changé. C'est
complètement la latitude du président de la commission de lui
accorder ou non, s'il le veut bien, une séance d'information
additionnelle.
Pour ce qui est de la question, à savoir si, oui ou non, le BAPE
aurait dû être utilisé, la question est fondamentale. J'ai
répondu, au Lac-Saint-Jean, à plusieurs reprises à cette
question, y compris à la conférence de presse. Ce qui est
arrivé, c'est un cas qui a été vu, tant par le
gouvernement antérieur que par le gouvernement actuel comme un cas
très spécial. D'abord, cela implique le ministère de la
Défense nationale, qui a une juridiction complètement autonome
dans le domaine de la défense nationale. Deuxièmement, cela
impliquait plusieurs ministères; il y en avait six, je crois, au
Québec qui étaient impliqués. Le ministère de
l'Environnement n'était pas le seul, il y avait le MER, le MLCP, le MIC,
le ministère des affaires internationales et plusieurs autres. La raison
pour laquelle ce dossier n'a pas été donné au ministre de
l'Environnement c'est que celui-ci été confié par le
gouvernement antérieur au ministre des affaires canadiennes vu sa
juridiction multidisciplinaire. Cela aurait été un peu
étonnant qu'un ministère, qui est responsable d'une fonction
confiée par deux gouvernements, implique un appareil pour lequel il
n'est pas responsable lui-même. Cela aurait été la
première anomalie, que le président du BAPE me fasse rapport
à moi qui ne suis pas le ministre responsable du dossier. Normalement,
d'après la loi du BAPE, c'est clair: Le BAPE me fait un rapport. Je suis
responsable de faire rapport au Conseil des ministres. Comment aurais-je pu
faire rapport au Conseil des ministres en ignorant le ministre à qui le
gouvernement a confié la tâche de mener à bien ce dossier?
Pour des raisons très évidentes: qu'il a à transiger avec
le gouvernement fédéral sur une question de défense
nationale. Cela était la première raison fondamentale.
Deuxièmement, le mandat même du ministre était de
vérifier trois questions. C'était de vérifier l'impact
économique. Qu'est-ce qui arrive si on ne prend pas ce champ de tir?
Est-ce que Bagotville ferme? Quel est l'impact sur les populations, sur
l'économie et sur le travail? Il y avait la question de la
sécurité, de la protection civile - là aussi, c'est d'un
autre ministère que relève la protection civile - et de
l'environnement dans son sens large, MLCP Loisir, Chasse et Pêche. Pour
toutes ces raisons, après avoir étudié tous ces
paramètres et toutes les questions juridiques qui étaient
impliquées, après en avoir discuté avec mes conseillers
juridiques qui connaissent la loi du BAPE, on a convenu que, pour ce cas
très spécifique... Qui plus est, le ministre de la Défense
nationale nous avait dit: Si vous faites une audience du BAPE et que vous nous
envoyez une sommation, je ne viendrai pas. On se serait retrouvé dans la
situation où le BAPE aurait été là et le promoteur,
qui a à
répondre aux questions, n'aurait pas été
présent. Là, on a réussi, par ce mécanisme,
à embarquer le gouvernement fédéral pour que ces gens
viennent témoigner; ils ne voulaient pas témoigner dans le cadre
d'une audience du BAPE.
M. Charbonneau: À la limite, pourquoi? Remarquez que dans
le cas actuel, peut-être que vous vouliez - ce n'était
peut-être pas une mauvaise idée - que ce ne soit qu'une instance
québécoise. Il n'y a pas eu de discussion entre le
fédéral et vous pour qu'il y ait un mécanisme conjoint des
deux instances d'audience publique ou de consultation?
M. Lincoln: Tous ces mécanismes ont été
évalués. Il faut voir que le gouvernement fédéral,
dans toutes ses instances, travaille très différemment de nous.
Ici, nous sommes solidaires par une loi. Il y a des études d'impact qui
rendent tous les ministères assujettis à la loi. Au gouvernement
fédéral, un ministère peut accepter ou non de se
soumettre. La procédure est tout à fait floue. Ils sont en train
de tout réviser leur loi. Le ministère de la Défense
nationale n'est pas tenu d'accepter la procédure qui a été
entérinée par le ministre de l'Environnement avec nous. Donc, il
ne voulait aucune procédure qui soit ou conjointe ou du BAPE. Alors, on
se serait trouvé dans la situation où le promoteur ne serait pas
venu pour nous donner des informations. Ce qu'on veut nous, ce sont des
informations. Là, à travers ce mécanisme que nous avons
mis en place, on a réglé plusieurs choses. On a maintenu le fait
qu'une commission du Québec, sur son territoire, va avoir des audiences
tout à fait légitimes couvrant tous les autres paramètres
répondant au ministre responsable de la chose, ce qui a
été le cas. Et suivant toutes les procédures, on a mis
tout en place afin que le public soit informé et ait une chance
d'être informé, de pouvoir être représenté et
que le ministère fédéral de la Défense nationale
accepte de venir nous donner des informations, ce qui a été le
cas. En fait, la question qui a été soulevée, c'est
grâce à un témoignage du fédéral. Si cela
avait été le BAPE qui avait fait cela en vase clos, il aurait
pris l'étude d'impact qu'on avait et peut-être qu'on n'aurait
même pas su ce que nous savons aujourd'hui. Moi, je trouve que, dans les
circonstances, on est arrivé à un compromis qui, à toutes
fins utiles, est un compromis constructif et intelligent.
M. Charbonneau: Une dernière question concernant l'autre
organisme: le Conseil consultatif de la conservation et de l'environnement.
Avant-hier, vous nous avez dit que vous avez donné à ce nouvel
organisme, mais vous l'aviez donné déjà au Conseil
consultatif de l'environnement, le mandat de préparer la charte de la
qualité de l'environnement...
M. Lincoln: De la qualité de la vie, oui.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on peut savoir où est en rendu
le travail spécifique sur ce mandat? Qu'est-ce qui a été
fait? C'est quoi les échéanciers?
M. Lincoln: Le président du conseil consultatif m'informe
qu'ils en sont arrivés à la troisième version. Ils ont
travaillé plusieurs versions. Ils pensent avoir terminé le
travail et pouvoir me remettre un avis d'ici à la fin de
l'été. Il y a déjà eu des consultations qui avaient
été entamées avec plusieurs groupes. Ils ont
continué les consultations avec plusieurs groupes. Ils ont
examiné toute la question juridique internationale et dans tous les
domaines. Là, ils vont aboutir à une recommandation. Donc, le
travail est bien avancé. Si vous voulez avoir les questions
spécifiques, si le président le permet, le président du
conseil consultatif est là, peut-être qu'il pourrait vous
répondre plus directement.
M. Charbonneau: Dans les recherches que le conseil a faites pour
préparer la charte, est-ce qu'il est en mesure de nous dire s'il y a des
précédents ailleurs, s'il y a d'autres pays ou d'autres
États qui disposent d'un tel instrument juridique?
M. Junius (Marcel): Oui, il y a de nombreux
précédents. Il y a des chartes mondiales, comme vous le savez.
Par exemple, il y a des chartes mondiales de la nature. Le Conseil de l'Europe
a émis une série de chartes: sur le sol, sur l'aménagement
du territoire, sur l'eau, sur le littoral et sur d'autres choses. On s'est
inspiré précisément un peu de toutes ces chartes et
principalement de celles-là qui sont issues du Conseil de l'Europe, qui
son! dirigées vers les pays qui sont membres de ce conseil et qui les
adaptent, si vous voulez, dans leur législation. Mais, comme telle, une
charte de la qualité de la vie, nous n'en avons pas trouvé
encore. C'est là précisément le défi que nous
avons. C'est d'essayer de ramasser l'ensemble des éléments que
nous pouvons trouver dans les chartes internationales ou nationales et
d'essayer d'en faire quelque chose d'original pour le Québec. Il est
évident que la charte de la qualité de la vie incluait beaucoup
de choses. Dans la mission qui nous est dévolue, dans les discussions
que nous avons eues avec le ministre et dans les déclarations publiques
qui ont été faites, il me semble que l'on s'orienterait
probablement vers, peut-être pas une charte comme telle, pas une charte
qui soit une loi, mais vers autre chose, une autre formule que nous sommes
à regarder pour le moment. C'est la même chose pour la
qualité de la vie, nous pourrions nous orienter davantage sur le milieu
de !a vie, la qualité du milieu de vie, considérant que la Charte
des droits et libertés et que la charte canadienne font partie
déjà, qu'il y a déjà dans les organismes sociaux
pour le droit au travail, le droit à la santé et d'autres
choses, font déjà le corps, si vous voulez, de ce que le
Québec s'est doté comme charte ou déclaration sur la
qualité de vie. Mais le secteur du milieu de vie manquait, aussi bien
dans la Charte des droits et libertés que dans d'autres institutions.
C'est pour cela que la charte...
M. Lincoln: En ce sens-là, si je peux ajouter quelque
chose, le professeur Humphrey était là, à la
conférence du droit constitutionnel sur l'environnement. Il a
été l'un des auteurs de la déclaration des droits de
l'homme des Nations Unies. Il faisait le point - c'est un juriste de
renommée internationale - à savoir qu'il faut faire bien
attention avec des chartes spécifiques, pour être sûr
qu'elles ne détraquent pas une charte peut-être plus globale. Il
faisait le point à savoir que, si on faisait des chartes sur la
qualité de la vie, il fallait faire bien attention de ne pas retirer
d'impact des déclarations plus larges, de principes fondamentaux pour
les droits de l'homme. Lorsque j'ai eu des discussions avec le président
du conseil, c'est toujours cela qui est ressorti. Et il faudrait bien faire
attention de ne pas faire quelque chose de tellement large ou de tellement
global, que cela puisse diminuer l'impact, par exemple, de la Charte des droits
et libertés québécoise ou d'autres documents qu'on a
déjà publiés. C'est pourquoi il faut faire bien attention.
Toutes ces formulations sont importantes et, une fois qu'on les a
publiées, il faut qu'elles aient un sens précis.
M. Charbonneau: En terminant, M. le Président, avez-vous
l'intention, une fois que cela sera prêt, de procéder à une
consultation publique sur le document? Je présume que c'est le genre de
document...
M. Lincoln: Écoutez, ce n'est pas fini. Je vais prendre
beaucoup les avis du conseil consultatif. On a laissé au conseil
consultatif une latitude presque totale là-dessus.
M. Charbonneau: Oui, mais dans ce cas-là, c'est plus une
décision politique...
M. Lincoln: Non, non, mais c'est cela.
M. Charbonneau:... de savoir si vous entendez soumettre ce
document à la consultation publique.
M. Lincoln: Je ne sais pas. Cela dépendra de ce que le
conseil consultatif va nous proposer comme document. On verra à ce
moment-là. Mais il est sûr qu'il faudra le rendre public. Je ne
sais pas du tout quelle décision on prendra. J'aurais voulu en discuter
avec mes collègues du Conseil des ministres mais je ne peux pas vous le
dire à ce stade-ci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Verchères. Le pro- gramme 3,
Organismes-conseils, éléments 1 et 2, est-il adopté?
L'ensemble des programmes du ministère de l'Environnement est-il
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il de brèves
remarques de conclusion, M. le ministre?
M. Lincoln: Très brèves, pour remercier le
député de Verchères pour son implication dans les
crédits. Je pense que cela a été un travail constructif de
part et d'autre. Beaucoup de matières ont été
discutées et c'est bon pour nous. Il y a même une suggestion de
grande qualité qui a été faite par le député
de Verchères - dont je veux le remercier - qui va être suivie.
J'aurais aussi voulu remercier mes collègues du côté
ministériel. Je sais ce que c'est de venir assister à
l'étude des crédits qui dure plusieurs heures et je sais qu'ils
le font pour plusieurs crédits. Alors, je voudrais les remercier tout
particulièrement pour leur implication, leur attention et leur
participation. Merci aussi, M. le Président, pour votre aimable
coopération comme toujours.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Lincoln: Et tous les gens qui m'accompagnent et qui sont venus
ici pour m'appuyer dans l'étude de ces crédits.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: En conclusion simplement, M. le Président.
Je lisais hier dans La Presse quelque chose que je conseille au ministre
d'utiliser auprès de son collègue du Conseil du trésor et
du ministre des Finances. Il semble, selon un sondage, que neuf Canadiens
sur...
M. Lincoln: C'est déjà fait.
M. Charbonneau:... 75 % de la population du Canada, dont celle du
Québec, est disposée à payer des taxes et des impôts
plus élevés pour lutter contre la pollution. Alors, je pense que,
dans le contexte d'une étude de crédit comme celle qu'on vient de
faire où on a des défis énormes et beaucoup de pain sur la
planche, j'ai la prétention de penser que peut-être le ministre
pourrait se rappeler cela et le rappeler à ses collègues en temps
opportun. Pour le reste, j'ai été satisfait de l'exercice.
C'était ma première expérience avec le ministre de
l'Environnement et je pense que cela a été, en tout cas en ce qui
me concerne, aussi profitable que, je l'espère, cela a pu l'être
pour le ministre. Je vous remercie, M. le Président.
M. Lincoln: En passant, la première chose que j'ai faite
quand j'ai vu l'article, c'est d'en donner une copie au ministre des
Finances.
M. Charbonneau: Ha, ha, ha!
M. Lincoln: Alors, si vous le voyez en passant, vous pourrez lui
en toucher un mot vous aussi et lui donner votre copie.
M. Charbonneau: Je voudrais également, M. le
Président - pour que ce soit enregistré - remercier mon
recherchiste. Je pense qu'il a fait un travail considérable pour faire
en sorte que votre humble serviteur puisse faire son travail efficacement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous rermercie, M. le
député de Verchères. La commission de l'aménagement
et des équipements ayant maintenant accompli son mandat, soit de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Environnement pour l'année financière
1988-1989, ajourne ses travaux à mardi, 10 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 16 h 35)